BR1600 .C82 1570
Crespin, Jean, d. 1572.
Histoire des vrays tesmoins de la vâeritâe <
IT-vantale : oui de leur sani? l'onl siynâee. <
HI S TO IRÈT
des vrays Tcfmoins de la ven-
TE <DB L'6 V*,4*dg j LE, QJJ /
de leurfing tonts fignéc^Jepais Jean If hs
iufqucs au temps prefent.
C 0 U\f PRIX S E E N VI IL L I V R ES CO N TE N of N S
Aûçs mémorables du Seigneur en l'infirmité des fiem : non reniement
contre les forces & efforts du monde, nuis aufsi à l encontre de dmerfes
fortes d'aiTatus & Herefies mpnftrucufes .
L E S Trefaces monfirervts me conformité des l'efîat Scclefi ijth
que-; en ce dernier fieclcs, à celuy de L pwmtmcs Egli-
JedejEsrs Qhrist.
p 0 C A L. VI. IX.
Itj> vy fow l'autel les urnes des ceux qui 4noytnt tfte tuez. Mut lapantes des J>ieu%érf$ur
les tefmoignages qu'ils maintenoyent. x . Et elles irioyent à hautes v»ix-,dtfans , luj-
nues a quand.SeigneurfuncI & véritables, »cs iugestu,& nés venges-tu n§flresfang
des ceux qui habitent en la terres f
L'ANCRE bE ÏJEAN CB.ES PIN.
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Jeanlfooper. jçr
par le commandement du Chancellerie peu de liberté que i'auoye me fut conuerty en
vne prifon bien eftroite, où ié dcmeuray l'efpace de trois mois en grande poureté Se ex-
trémité Finalement par le moyen d'vne damoifelle i'obtin liberté de venir au repas,
auec condition Se promefTe folennelle que ie ne parleroye à perfonne de mes amis:ains
quefoudainapreslerepasiemeretireroycenma chambre. Eftant aux heures du dif-
aer ou foupper,le Geôlier &: fa femme ne s'cftudioyent qu'à s'informer auec moy , Se s -
enquérir des caufes de mon emprisonnement, pour voir ce que l'en diroye :Sc à fonder
tous les moyens par lefquels ils pourroyent me mettre de plus en plusen lamale-grace
& indignation du Chancelier .de façon que trois ou quatre mois après nous euimes
quelque différent enlemble touchant la MeiTe:dequoy s eftant pleint au Chancelier, il
fit r,ât qu'on me remua de ma chambre,qui eftoit dans la petite tou*rnelle,pou r me met-
tre bas en vncroton au plus profond de la prifon, où n'y auoic qu'vnelitticre de paille
auec vn mefehant couuertoir puant : c'eftoit le repos qui m'eftoit apprefté, iufquesà ce
que quelques gens de bien ayans compaflion de ma poureté , me Secoururent d'vn lift
& de quelques linceux.
Or ce lieu-la reumatique&: faletantdefon naturel que de la vilenie qui s'y engen-
droit, fe rendoit encore plus infeft &: puant en ce que d'vn cofté il eftoit enuironné de
l'ordure Se efgouft de toutela prifon:de l'autre samaffoyét les immondices &: cloaques
de toute la ville: tellement que prcfTé merueilleufemét de cefte pua nteur Se infection, jbîSîïÛ?
ietombay en diuerfes maladies, & telles que i'encuiday mourir. Eftant doneques bien quelhoo.
fouuent malade, &: les portes de ma chambre clofes Rembarrées par derrière auec P*"1»™
doubles ferrures, verroux& cadenas de fer, de peur que perfonne vinft pour parler à cnkrré'
moy,on m'oyoit fouuent crier auec telle extrémité &deftrefle, que la mort fembloit
me menacer,^ s'auacer de bien pres:toutesfois le Geôlier n'en eftoit efmeu,& ne fouf-
froit que perfonne fîft office d'humanité Se s'approchaft de moy.
Les priionniers efmeusdemon mal Se affliction, l'importunoyent d'auoir pitié Se
compaflion de moy. mais luy au contraire crioit,& menaçoit qu'on n'euft àsappro-
cherde moy:difant qu'on melainraft,& qu'il feroit bié aife d'en eftre defpefché. Quand
il eftoit queftion de payer,f eftoye du nombre des plus grans:& me falloit bailler toutes
les fepmaines trois efcus,outre la defpenfe de mon fcruiteur,&: ne fay quels autres frais
pour le droit de la prifon . ce qui dura tant que l'Euefché me demeura. Mais après qu'il
me fuft ofté, ie commençay de bailler quelque peu raoins,ainfi que feroit vn médiocre
gentilhomme toutefois i'eftoye traité plus vilement que les plus énormes prifon-
nieris&lespluscontemptiblesdecemonde. Outre celail retint mon feruiteur nom-
mé Guillaume Dounton, auquel il oftatousleshabillemens, pour voir s'il portoit au- rj>ount0n
cunes lettres que ie luy eufle baillées .&toutesfois il ne trouua qu'vn billet touchant feruiteur de
certain argent que quelques bonnesgens m'auoyent donné pour Dieu,cftât en prifon. Hoo?cr'
Encore porta-il ce billet au Chancelier , pour me fafcher dauantage. C'eft-cy le dixhui-
tieme mois queie trepe céans en prifon , abandonné Se defprouueu de la iouiflance de
tout ce qui eftoit à moy,de mesamis,de mes familiers, bref de toute confolation. A ve-
nir à bon conte,la Roine trouuera qu'elle me doit plus de quatre vingts liurcs fterlines
monhoye d'Angleterre,& toutcsfojs quand elle m'enuoya en prifon, elle ne m'aida pas
d'vn feul denier fi ne permit qu'homme viuantparlaft à moy. Encorcs outre tout ce-
la, ce qui megrieue le plus eft langueur SitudefTe que me tient ce cruel Geôlier &fa
femme plus cruellertellemct que fi ce bô Dieu ne m'aflifte,ie n'atten finon l'heure qu'il
me faillemourir en prifon auant la détermination Se iugement définitif de ma caufe.
BSBQ I L A le traitemét qu'il eut en la prifon : de laquelle il enuoya vne requefteam-
{§i||jple , dattee du vingtfeptieme d'Aouft, m. d. l mi ,en forme d'appel au parle-
ment d'Angleterre, tant en Ion nom que de tous vrais fidèles qui lors soppofoyent aux
împictezdelaMefle&del'Antechrift Romain. Et d'autant qu'icelle requefte ft ruira
d'aduertiflemét des maux & griefs qu'on fait aux fidèles durant leur emprifonnemept,
nousl'auons icy inférée extraite de les eferits.
I L eft monftré en cèftc fupplication , commcntlcs gratis de ce monde ont efte miferablement abufez par la mafque
du fiege Romains faux titre & mefehantes enfeignes nommé Apoftohque.
Treshomio&b 2feigneurs,quadlaparoliefacrcedeDieueftempefcheeparfuper-
Ee.iîi.
L<«ro ////• J*** M 00P*r'
(lition ou impiété des malins,ou quand ceux qui défirent lauancement d'icellc font at"
fligez&: opprimez ; on a accouftumé d'appeler à l'authorité fouueraine &c au Magiftrat
Aa.i4.aa$ fuperieur: corne faind Paul appela à Ceiàr, à celle fin qu'il defendift là fa caufepluftoft
deùant gens qui n'auoyét nulle cognoilTance de Dieu(ie confiant à l'équité &c humani-
té des Gentils)quc deuant les gens defanation,qui touteffois le vantoyent d'auoir toi*,
te cognoifianec de la parolle de Dieu. Par lequel appel fait au fiege iudicial de Cefar,
non feulement la vie luyfut prolongée, mais auflî il eut plus grande commodité de
publier la doctrine de Chrift plus diligemment, laquelle il defiroit eftre faindemen t &
en diligence auanece par toutes les régions du mondc:& ce non feulemét de viue voix,
quand par deux ans entiers il fut détenu, mais aufli par plufieurs Epiftrc s fort excellen-
tes, qu'il efcriuitdela prifon:lefquelles par vne bonté linguliere &prouidencc admi-
rable de Dieu, font îufques à cefte heure conferuees pour noftre inftrudion &: confola-
Lacaufcde tion. Pour cefte raifon l'appelé au Parlement: afin que la contention des queftions
foo appel. qUj (bnt debatues entre nous &C les nouueaux docteurs , foyent appaifees fclon la véri-
té de la parolle de Dieu, & les tefmoignages des fainds Pcrcs ?& que cela fc face publi-
quement &c en la prefence des fidèles: afin aufll quenous-nous déchargions finalemêc
deuant voftre tribunal treicquitable, de tout diffame &blafme d'herefie, lequel nos
aduerfaires nous on t mis-fus à grand tort : d'autant qu'en premier lieu nous attribuons
feulement au ciel la prefence corporelle du corps du Seigneur , félon les faindcs.Efcri-
tures. Item d'autant que nous nerecognoufons point aucun facrifice propiciatoire,
par lequel le courroux de Dieu foie appaifé enuers les pécheurs : & par le prix ôc digni-
té duquel foyons receus en grâce &c faneur aucc Dieu, fors la feule mort de IefusChrift,
& l oblation qu'il a faite vne fois feulement en la croix.
O a tous les liures des fain£tes Efcritures, tous les Patriarches & bon Prophètes , Ie-
fus Chrift le Sauueur du monde , les Euangcliftes, les Apoftres, les Canonsfc Conciles
anciens, Scprcfque tous les fainds Pères, tefmoignent de cefte noftrefoy, quelle eft
fainde& falutaire. Et nous promettons hardiment de monftrer cecy deuant cefte vo-
ftre faindeaffemblce, par argumens clairs &raifonstrefeuidentes,àpeine de perdre
la vie: moyennant que nous qui auons longuement enduré les liens & prifons aucc fort
grande difHculté,puimx>ns impctrer quelque temps compétent pour refraifehir noftre
mémoire , & loiiir pour relire les liures des bons Pères. Nous demandons feulemenc
cecy, que puiflïons eftre ouyspaifiblementenfcmblc auec nos aduerfaires deuant ce
fte voftre faindeaffemblee, & que toutes affections foyent mifes bas :&quc lafainde
Bible foit iuge entre nous &c nos aduerfaires , à laquelle nous fubmettons & nous-mef-
mes &c lacauié treffainde que nous maintenons.
Qv £ fi par Tau thorité& grâce de ce treffaind Sénat, nous pouuons obtenir que les
queftions pour lefquellcs il y a auiourdhuy différent entre nous , foyent examinées, de-
batues &: finies par lauthorité de la parolle de Dieu, & par les tefmoignages des Pères:
c'eftehofetouteaffeuree que lors lameilleurc partie obtiendra vidoireparlabontéde
Dieu, &: la fainde& catholique foy &: religion fera reftituecaux eglifes de Chrift. Il
n'eftbefoin d'vfer de long propos pour monftrer quel œuure le Sénat facré feroit agré-
able à Dieu, s'il rendoit aux eglifes d'Angleterre les chofes diuines &: celeftes , U oftoic
les chofes humaines U terreft res.
Osl donc file Sénat débonnaire admet nos humbles requeftes,&:nousottroye de
plaider noftre caufe publiquement, tous fidèles entendront facilement que les chofes
que ces nouueaux dodeurs font auiourdhuy és eglifes, ne font que menfonges& inuen
lions faulfes de l'Antechrift Romain , qui non feulement ont efté introduites outre la
parolle de Dieu , mais auffi font directement répugnantes à icellc : comme eft la Meffc
du Pape. Car nous fauons que Chrift a dit, Prenez, mangez, &c. Prenez, beuuez-en
tous. Mais les preftres Romains prennent du pain &: duvinàpart, rous feuls, &: fans
qu'il y ait aucun qui lcur'ticnne compagnie. Chrift a ordonné les Sacremens à cefte
fin qu'ils fuftent lignes ou leaux facrezdefon alliance, faite par fa mort auec le genre
humain ,aufquels tant le miniftredel'Egliiéquctous fidèles deuffent participer éga-
lement : mais ces nouueaux dodeurs ont ofté au peuple cefte communication , laquel-
le Chrift a ordonnée à toute l'Eglife : & au lieu d'icellc ont introduit l'adoration des
Sacremens.
L'idole exécrable (affauoir ce dieunouueau , que ces nouueaux d odeurs imagi-
nent
Jean Ifooper. jp t
nent forgé du pain U du vin)a elle premièrement fourré es eglifes de Chrift parla bar-
barie du Pape:& par le mefme vfage de la Ccne du Seigneur a efté ietté hors des^eglifcs
duFilsdcDieu,quandilapropofcfes refuerics&mcnfonges pour les faire receuôir à
tous.Lesefcrits des bons Peres,& les fain£ts Canons condamnçnr les Méfies priuees,
&c non feulement permcttent&: commandent l'vfagede.lafaincte Cene du Seigneur
es eglifes à tous tant au Miniftrc qu'au peuple,mais auffi mcnftrent auec quel ordre on
la doit prendre. Il y a ordonnance expreuc ésCanons du concile de Nicce:qu'en pre-
mier ordre les Prcftres,puis les Diacres , confequemment tout le peuple communient
à la faincte Cene du Seigneur. Mais le jfilsaifaéderAntechrift,a chafTé dcseglifcslc
fainft vfage dt la Cene par feu & glaiue.il eft ordonné par la parolle de Iefus Chrift,que
fa mort &c paflSon foit déclarée à tout le peuple par la prédication de fa parolle : au con-
traire la tyrannie du Pape commande que cela fe face par l'enforcellemét d'eau,ou par
coniurationdcpain,ou parenchanrcmentde cendres,deraroeaux,de branches & de
cierges. Si vous voulez donc obéir à la volonté de Dieu,ô noble aflemblee, il faut que
vous ofticzxles eglifes toutes traditiôs humaines farcies d'impieté,& remettiezau def-
fus les chofes diuines&fainttes.Si vous refufez de ce fairc,vous en lerezgrieuement pu
nis:car Dieu requerra de vos mains la perdition & ruine du peuple , qui fera procedee
des peruerfes& faufTcsdoctrines.Ccn'eft pas afTez>& cecy n exeuferapas deuant Dieu,
le fouuerain Sénat du Parlement» aflâuoir ce que ces fuppoftsRomanifques difcnt,Qu'
ils fauent pour certain que les chofes qui fe font maintenant és eglifes , font bonnes,
fainctes & diuines.Car il n'y a point d'autres chofes fain&es & bonnes , linon celles que
la parolle de Dieu recognoift pour fain&es & bonnes. Et quant à toutes autres chofes,
encore qu'elles femblent hautes & excellentes aux hommes , toutefois elles font abo-
minables deuant la face de Dieu : &: feront finalement arrachées comm e plantes que
Je Pcre celefte n'a point plantées.
Or donc,magnifiquesfeigneurs, puis qu'ainfi eft que tout l'ordre des fâin&es Ef-
critures nous admônefte,quc pour obtenir la vie éternelle il faut fur toutes chofes queMac if .ij
nous fuyons les confeils,do&rincs& ordonnances de ceux qui tafehent nous deftour-
ner du vray feruice de Dieu,rendcz»rcndcz, di-ie , aux Eglifes de noftrc Seigneur Iefus
Chrift leurs y euz & luminaires,par lefqucls elles puiflec efprouuer les doctrines, les reji
giôs U feruices de tous hômes,afïâuoir û tout cela eft de Dieu. O vous,mes freres,puis q
toute noftre foy U religion dépend de la feule parolle de Dieu,contcnrons-no^s d'elle
feule,mefprifans hardiment tous les tourmés &c toutes les efpeces de mort que les nou
ueaux doreurs exerceront contre nous,mouransglorieufcment pour Chrift. Il nous
fuf fit aufïî, que félon le tefmoignage que nous rendent nos confcienccs en IefusChrift,
nous ne fommes point venus à exercer le miniftere facré de TEuangile pour y ccrchcr
noftre profit particulier^ epourcha/Tcr noftrc gloire, ains pour obéir à la vocation de
Dieu,& à la volonté &: commandement de noftrc bon roy Edouard fixieme. Et en ce
que nous ne confentons à l'impiété & fauffc adoration des nouueaux do&eurs,nousn -
ofFenfons point les droicts diuins ou humains ;fculeméc nous orfenfons(fî toutefois c'eit
offenfc quand on oppofe la parolle de Dieu contre l'Antechrift pour le falut de nos a-
mes) contre les ordonnances tyranniques du Pape Romain: à l'authorité feinte Ô£ con-
trefaite duquel nous autres Anglois fommes cftroitemen t obligez par ferment de refi-
fter.Cependant nous n'entendons pas refifter à la maiefté de la Roine , ncparparolles
ny auffi p ar fai&s & œuurcs,non pas mefme de penfee,s 'il plaît à Dieu .
X) r toutefois les grans feigneurs & tous les eftats du royaume d'AngIeterrc,ordô-
nez de Dicu,tiennét noftre foy obligée enChrift,la quelle nous leurgarderôs toufiours
fauue bL entiere.mais(ce que Dieu ne vueille permettre)s'ils nous aftreignent à des fer-
uices eftranges &c infideles,comme font les inuoeations des Sain&s , les adorations du
pain ôc du vin,les menf«ngcs& fables dufacrifice propiciatoire és MeiîesfaufTement
controuuees,les purgations des péchez par l'eau coniurec, qu'ils appclent Eau bénite,
parenchantemensdu pain,desluminaires,chandelles,ciergcs , branches, rameaux 6c AStcs ltf
autres chofes femblables:noftre dcuoir eft de rendre obeifTance à Dieu pluftoft qu'aux
homes^i de mefprifcr hardiment &C en bonne confeiéce tous tels décrets, autant qu'-
on en propofera:& nous y fommes obligez parle commandement de Dieu. Et nous taf
cherons autant qu'il nous fera poffible,dc porter paifiblement toutes les iniures te ou-
Ee. hii.
L/tf ro ////. ffooper.
trages qu'on nous fera:& nous garderons de fafchei les autres,OrDieu eft le Seigneur,
i. Sam ?. 18 |e Sejgneur face ce qui eft bon deuant les yeux:la vengeance luy appartienr,ôdl Jafera.
Rom.urp Et quanta nous,quelques outrages, iniures, violences &extorfions que nos ennemis
nous auront faites,toutefois nous prierons noftre bon Dieu & Perc celefte en lefus
Chrift,qu'il ne leur imputepoint leurs ofrenfes& péchez, ains qu'il les,reduife à vnc
meilleure vie. Et aufïï nous recommanderons à Dieu par nos prières afuduelleslama-
iefté de la Roine,les Princes &c rous les cftar s de ce royaume d'Angleterre , à ce qu'vn
chacun s'employe fain&emcnt &: fidèlement en fa charge en ce monde , &c après cette
viemiferableque nous tous enfembleiouiffions de la vie bien-heureufe 6c éternelle.
Ainfi ibk-il. Delà prifon ce vingtfeptieme d'Aouft.
Voftretrefhumbleferuiteur Ie an Hoope R,naguereseuefquede Vvigorne
&: de Gloccftrc, Anglois non feulement de nature , mais aufli félon les loix:
6c de bonne volonté.
C E qui s'enfuit iufques i la fin,eontient l'heureuJc iffue dudit Hooper.
a v R e s tous ces combats 6c rudes aifauts qu'a fouftenu ce feruitcur de Dieu, finale -
Amène l'an (uy uant,qui fut m . n . l v ,1e vingtdeuxieme de Ianuier, on commanda au
Geôlier d'amener Hooper deuant les Cômillàires députez par la Roine. où le Chance-
lier prendoit,lequel tant en fon nom que de fes compagnons commença d'exhorter
Hooper qu'il laiifaft celle tau fie 6c corrompue religion (ainfi l'appela- il) laquelle du vi-
uant du feu roy Edouard auoir efté en vfage:& qu'il fe retiraft au giron de l'eglife catho
lique,& que luy auec eux recogneuft le Pape pour chef d'icelle,(uyuant ce qui en auoic
efté ordonné par areft,& prononcé publiquemét.Que s'il le faifoit,il ne doutoit nulle-
ment que la mefme douceur & clémence de la Roine,enfemblc la bénédiction du Pa-
pe(laqucllé les auoit tous conferuez&:abfous)nelc receuft , 6c pardonntft fcmblablc-
ment. Hooper refpondit en premier lieu, qu'en ce qui touchoit le Papc,d*autantquc
fa doftriné repugnoit directement à la religion de IefusChrift,il ne l'cftimoit pas digne
d'eftre receu entre les membres deChrift.tant s'en falloit qu'il le recogneuft pour chef
de l'Eglife,laquelle efeoute la feule voix de fon erpoux lefus Chrift,& reiette toutes les
autres eft rangeres 6c incognues. Touchant à la Roinc,s'il auoit iamais offenfc fa maie
fté par imprudence ou au tre m en r, qu'il la fuppîioittreihumblementde luy vouloir par-
donner, fi cela fepouuoit faire fans greuer fa confeience 6c fans offcnferDicu. On luy
refpondit tout court,qué laRoinc ne pardonnerons nullement à homme qui fuft enne-
my du Pape. CAinfi on le remit en prifon en vne chambre plus baiTe&crcufc que la
première: où il demôura fix iours entiers, cependant que le docteur Martin fouilloit eh
îautrc chambre,pour voir s'iltrouueroit lettres ou liurcs qu'ils péfoyét auoir efté com-
pdfez par luy en prifon. Apres ces fix iours,Hooperfut derechef amené deuant le Cha-
cclier& autres commis pour la decifion deceftematierc.Et après plufieurs altercatios
faitesentreeux,on commanda à Hooper de fe retirer vn peu a part , tant que Rogers
Hooper & qu'on auoit peu deuant amené de prifon,tuft examiné. Apres que les luges eurent mis
Swagcn" fin à leursdehberations,on bailla charge à deux CherifFes de Londres de les prendre
î vn l'autre, tous deux,& lesmcner foigneufement vers les quatre heures en la prifon prochaine du
logis de l'Eucfque.auec charge de les rendre 6c ramener le lendemain à neuf heures,
pour voir fi laiflfans leurs erreurs,ils fe feroyét rengez à l'eglife catholique. Hooper paf-
fale premier,accofté de fon Chcriffe: Rogers venoir après auecques l'autre. Eftans for-
tisdutemple,Hoopers'arreftantvnpeu,attendoitque Rogers s'approchaft : puis luy
dit,Susdonc,mon frère Rogers, ferons-nous les premiers qui commencerons à tenir
bon contre le feuîl'efpere bien qu'ouy,dit Rogers, s'il plaift au Seigneur nous en faire la
grâce. Ne doutez,dit Hooper,que le Seigneur ne befongne en nous,&: qu'il ne nous dô
ne force 6c puifTance*d'y refifter. Puis eftans venus plus outre à la place, voicy venir vne
grandefoule de peu pie cou rat vers eux, auec vne ioye merueilleufe de ce qu'ils auoyét
perfeueré fi constamment en laconfeffiondela verité:ô£ cftoit la prefiê fi trefgrande
qu'on ne pouuoic paflfer.En cheminât le Cheriftè difoit à Hooper,qu'il s'efmerucilloit
de ce qu'il auoit refpondu il hardiment 6C auec fi peu de patience au Chancelier. Hoo-
per luy dit qu'il ne s eftoit point monft ré impatient: maisÇpeut eftre) vn peu véhément:
6c pourlafain&e querelle defon Maiftre^duquelilfouftenoitlacaufe^quelachofelc
meri toit &: requeroit ainfi neceflairemét: laquelle n'eftoit pas de fi petite côTequencci
qu'elle n'emportaft de la vie 6c de la mort non feulementprcfentc , mais aufli de celle
qui
Jean hfooper. %o$
qui eft perdurable. Finalement ils furent tous deux baillez en garde au Geôlier, aucc
charge qu'ils fuirent mis à part &: feparezen diuerfes chambres pourcèftenui&:cn for-
te qu'ils n'euifcnt moyen de parlercnfemble,ny auffi perfonne de venii à eux.
Le lendcmain,quifutle xu. dclanuier, vers les neuf heures furent ramenez par
les Chcriffesdeuant les Seigneurs. lefquels après plufieurs inrerrogatoires , voyansla Con«jam(U
perfeuerance de Hooper ôt qu'il n'eftoit polïible de rien gaigner fur luy , ils ne feurent non de
autre choie tàirc,finon recourir à ce feul &: dernier remède de leur force &c violence ac HooPcr-
eouftumec. Premièrement ils l'excommunièrent. puis le degradcrent:&: finalement
donnèrent contre luy fentence de mort. Autant en firent-ils contre Rogers , 'ainlî qu'il
a eité déduit en l'on hiftoire.Quoy fait,tous deux furent mis en la puilfance du bras fe-
culier.& les deux Cherirfes les mencrét eh la prifonla plus prochaine du logis du Cha-
cciier-.&: les gardèrent iufques à la nuiôt. Lanuicteftantvcnue,Hooper fut mené en
la priion de la ville,qui eft delà la riuierc, nommée Nev vgat : &c le paflerent première -
ment par le logis du Chancclier,&: puis fur le pont de Londres : auec grand' garde &C
compagnie de gens en armes:&: auant que paifer par les rue»,on donna ordre d'enuoy-
cr premieremêt des fergeas pour efteindre les chandelles &: lumière des frui&iers &: re
ucndeui s,craignans le tumulte du pcuple,s'ils le menoyent à la veue d 'iceluy. Par ainlî
ils aymerent mieux le mener denuicl,ahn de le conduire plus aifeui émcnt la par où ils
proiettoyent.& celas accordoit fort bien, afin que le prince des ténèbres (duquel les ai
faites fe raiioycnt ) fift auffi (on cas en ténèbres par ceux qui ruyent la lumière. Mais
tout cela nempefcha point queplulieurs des bourgeois aduertis du tait, nefortiifent
de leurs mailons&: vaillent audeuant de Hooper, lefaluaffentà raifon de fa ferme-
té & conftâce,&: que tous nemercia/Tcnt Dieu,& lepriaffentdc lefaireperfcuereriuf ^^>atdc
ques à la fin. Hooper de fon cofté les exhorta inftamment auffi de vouloir prier Dieu laprifon.
pour luy. Ainfi donc eftant Hooper mené par la grand' place, fut baille en la garde du
G eolie i ,ou il demoura fix iours entier. Ce teps durant , fi hardy q perfonne de fes amys
l'olalt aller voir:mais au lieu d'eux, Boncr euefque de Lodres, Chadfec,Harpsfeld auec
quelque bien peu de mefme farine le venoyct trouuer par fois: pour le ployer & fléchit
àleur poiUspataducrtiircmens,allechemensptomeflcs& flatteries méfiées d'eftonne
mcns& menaces. Brcf,ils n'oublièrent aucun artifice pour l'aiTaillir par lequel ils e-
ftimairentpouuoirchanget oudiftrairedefon opiniommais le confiant perfonnage de
meura touiiours arrefté en Dieu. Les ennemis voyans qu'il ne pouuoit eftre diuerty en
façon qu'il fuft pour fatiffaire aucunement au regret que le peuple auoit de Hooper fi-
rent femer vn brui t par leurs leruiteurs que Hooper s'eftoit deldit. Ce qu'eftant receu
de pluficurs,& entendu de quelques vns de Londres, qui venoyent tous les iours vers
Hooper,il en tut aduerty:&: cfmeu de la crédulité du menu peuple, trouua moyen de re
couurcr papier &: encre,&: d'eferire ce qui s'enfuit:
I E A N Hooper à fes- frercs en Iefus Chrift & aux prifonnjers poui vne mefnie doctrine.
Sf^^ A grâce de noftrc Seigneur Iefus Chrift foit aucc ceux qui défirent l'aduenemet
Hrâg iu Sauueur& Rcdempteur,&c.Mes chers frères &; fœurs en IefusChrift,partici-
pans des liens &: pnfon auec moy au Seigneur,pour raifon de fon Euangile: ie vous adui
fequefuistrefaifede voftre fermeté & perfeuerace en la pcriecution &c affliction que
vous foufFrez,&: en ren grâces au Seigneunfouhaittant bien fort qu'il vous face la gra-
ce de perfiftet& tenir bon iufques à la fin. Et comme ie me fen bien aile de voftrccon- Faux bruis
ftance pour voftre grand bien &c proufit : ainfi fuis-ic bien delplaiiant pour l'amour de [*mé Suc,
i- i r i y • n ' » J ^ Hoopci S-
nos autres frercs, leiquclsn ont encore rien goutte des maux que nous enduros en par- cftoudcd»&
tic en celle prifon5en partie d'autres plus griefs, fauoir-eft du feu par lequel il nous faut
palî'er'Et toutefois i'enten quelque bruit s'cftrcleué demoyxomme fi Ican Hooper, a-
pres .mon tnntpaffé de tourmens en prifon, après tant de moieftes&trauaux pour l'a-
mour de Chrift, finalement après la condamnation par laquelle il cftiugéàmorrcom-
me fi après auoir affranchi le faut,il foit venu a le dcfdire,& defmetir tout ce qu'il a pref-
ché cy deuant en fes fermtms.Ie fay alfczles premiers autheurs de ce bruit: c'eft Boner
ceft euefque de Londres 8c fes complices , lefquels me venoyent ttouuer quafi tous les
iours. Or les frercs deuoyent bien penfer que c'eft que ledit Euefque &£ fes fuppofts euf
fent iuge de moy>fi ïeufte ou relufé ou defdaigné de parler à eux : 6c comme ils euflcnt
dit incontinent ou que par ignorance ie n'ofoye,ouquepar gloire &c orgueil ie nedai-
UmelIIL JeanHoopèr,
gnoyeVenir en difputc auec eux,tcllement que pour euiter toucfoufpeçonicme tiens
centenc de leur auoir monftré barbe,ô£ fuis preft de le faire iufques au bour,moyennâc
mon Dieu. Au moyen de quoy ie vous prie aduercir ceux que pourrez de ce que vous
voyez en moy:& comme tancs'en faut que ic me fente efpouanré de rien,que mefme ic
voos aifeure que i'en fins plus refolu te aflèuré que iamais. Ainfi doneques ie vous prie
félon ks moyens te occafions que chacun de vous aura , d'efenre aux frères qui font en-
cores infirmes, te les aduertir qu'ils ne me rompent plus la cefte de cela:mais ayent cou
te autre. qpiniondc moy.I'ay perdu des biens:i'ay foufFert les peines te pourcrez indici-
bles en prifon:& maincenanc encore en l'infirmité de ce pourc corps mortel, iefuis a«f
li preft de foufFrir la more que, iamais. Ils euiTenc mieux fait leur deuoir de prier Dieu
pour nous,quc non pas fauorifer à tel bruicou le receuoir.Nous auons ailez d'ennemis
lefquels ne demandent que noftre ruine-.fans que nos frères infirmes nous doublenc en-
core noftre croix.Ie prie Dieu par Iefus Chrift, qu'il vous tienne tous en bonne p'rofjfe-
ritéj VousfuppliantaiFedueufementqucnous prions tous les vns pour les autresyafin
que ce qu'il a commencé en nous,forte finalcméc (on plein te entier effect. I'ay iufques
icy mopftré conftammét,tant par parollequc parefcrir,la pure vérité du Seigneur Jte\ç
fuis prçft auec la grâce de Dieu de la feclicrôt ratifier par mon lang. Efcric enla'prçfon
de Nevvgac,ce fécond iour de Feurier. Par voftre frère en Chrift, I s anHo^pei.
LE lendemain croiffemeiourdudic mois de Feurier, le Geôlier luy donna aucurie-
rtemenç à cognoiftre qu'il falloir qu'il allaft à Gloceftre pour y cftre exécuté: dont il
s'en efiouit grandemenc:fique leuant les mains te les yeux au ciel,rendit grâces à Dï^u,
que fon bon plaifir eftoit qu'il m pu ruft entre ceux defquels il auoit eftéPafteur,& à^'edi
fication defqueis principalement il defiroic d'expofer fa vie, s'afleurant qu'il parferoic
enèuy ce.qu'ilauoit comme ce à la gloire & louange de fon nom.Ec incontinent manda
àfoa içruiteur qu'il appreftaft fes bottes te cfperons,& fon mateau,& le refte:affii\ que
tQut fu& preft quand il faudrait monter à chcual.Le lendemain enuiron quatre heures
cj u m trin,voicy venir les CherifFes te autres gens de la ville»aufquels auoit cfté comma
d c\le faire forcir de nuidHooper,Sdie mener hors la ville en cerraî lieuaux faux-bourgs»
où ils ctouueroyent fjx hommes en armes cmioyez de- par la Roine, qui le prendroyenc
pour 1 ecinaener i Gloceftre. Il y auoit encore* au ce ce s fix quelques gentils-hommes,
Ht* « «a îeû«^rSandcbnfeiilicr,lefieur Vvik,& quelques aucres,auiquels on auoicbaiiféchar-
toco«à ofo g€<^alleràGloçcftre,&aulfteràrexeeiiti5X'ayansenIeureharge,ferecirerét foudam
çcftrc cny^fogisqui eftoit de làmômc (âin&-Ànge,pour defiuner^: auec eux Hoopcr man-
gea autant aUigremenc qu'il n'auoit pieçafak.Le foleil commençant à poindre , ils fe
mettent en chemin , montent: à cheual, te s'en vcncHooper monta (ans q perfonne luy
aidaft,Çe pendan t iî s luy enfoncèrent le chappeau fort auant fur le vuage,& l'attachè-
rent en façon de chapperon de moine,afin qu'il ne ruft recogueu par les chemins.Cela
fait ils t ire m vers Gloceftre. Le Ieudy fuyuant ils arriuetent enuiron midy à Ciceftrc
ville de fon diocefe,loin de Gloceftre enuiron fept ou huit heures. Us diuiererft lâchez
vne femrné,laqlle iufques alors auoit hay la vérité^ fonEuefqucHoopcr encoies plus.
Çcftc fe me après auoir veu Hoopcr,& feu la caufe de fa venue, côuerciiTanc foudain ce-
2jJ£5jî $ck**nc ca amour te en iarmes,vinc àle reccuoir autant humaineméc qu'illuy fWpof-
oe (cmac . fiblc*&à defplorer fa m iferc,confeiTan t pu bhquemét deuact cous quelle auoit /oyucc
mal pt nfé te dicque fi Hooper fe crouuoic en Heu où il falluft à bon efeient fouftenit Ja
do&rmc,& mourir pour iccllc,quil s'en garderoit bien. Apres difncr eftans montez à
che^ual,SC s appkochans de Gloceftre^vnt grande compagnie de gens luy vindrenc au
douane hors de la ville auec ple«rs&:gemi^emcns,fi crâUuTecliônezàleurPaftcur que
les foldats te gentils hommes quMe conduifoyont, craignans qudqucvioîence popu-
laircrdefpefchcrer?c vndelcursgensçrrdiîfgcacç , rwur aller* àîa vijle, demander main
force ai?nom dè ï*Koîuc:te qu auîrçraent il y^aiwit danger quet> fi grand' foutle^ cô-
curiencc de peuple,le prifonnier ne Jcasruft cilé.Ei de fai& les gens tant de iuftjee que
de la police Ichaftercnrdt vcfirjaccomp^n^ d'vh nombre digehs armez à 1 aciuan-
tagdOh.commandàaopeu«pie d^ fe renltéstnaiion's:^ air» fi entrerenc a Gloceftre: te
fogerehc Hooper chez vn romméïngram,où il f9upa.Sc coucha «eftonuiûaffezen re-
por,iufqucs enuiron vne hsurea[>rcw,iuy-nutït,ain {i qu'daimiracçcuftumc de faire fur
le chemin ( comme onc dit ceux m^fhie qu: le^garcJoycnc)touclc reftç de lanui&ikveil
kte ptia.Sa^ardcne bougea df f%cha«brc^eUewcn: qne quand il fui^leue', il leurde»-
manda
Jean Hooper. 304.
manda de fe retirer en vne autre chambre prochaine pour prier. Ce qu'ayant impetré
d'eux,il employa tout ce îour en prières , fînô le temps qu'il mit à prendre ion repas, ou
à parier à ceux que fa garde laifîbit entrer pour parler à luy. Entre lefquels fut Ahtoine
Kyngfton chcualienlequel ayant efté par le paflé grand amy de Hooper , lors par corn- Kpgfto»
mandement & lettres expreilcs de laRoine,fu t côtraint de faire côme les âutres.Entré
qu'il fut en la chambre,il le trouua en prieres:& ayant ietté les yeux fur luy , les larmes
cômencerent à luy tôber.Hooper ne le cogneut pas,iufques à ce qu'il Juy die, Comenr,
necognoifïcz-vous pas Antoine Kyngfton voftre amyîMaintenant que je vousaduife,
dit Hooper,ie vous recognoy afléz,mon(ieur Kyngfton -&c fuis bien aife de vous voir en
fanté,&: en loue Dieu .Ec moy,dit Kyngfton,ie fuis marry deyoftre inconuenient: car f-
enten qu'on vous a amené icy pour vous faire mourir.mais ( helas ! ) confiderez ic vous
prie combien doit eftre chère la vie:& au contraire,combien eft rude la mort. Par ainfî
puisque vous pouuezviure;faitc s-le.la vie vous pourra encores fcnpir~& aux autres. le
confeiî'eîmôfieurKyngfton^itHoope^queie fuis venu maintenant pour mourir, par
ce que ie ne veux rcuoquer la do&rine laquelle^'ayprefchce tant icy deuat vous autres
iufques à cefte heure,qu'ailleurs:vous merciant de voftre confeiJ, combien qu'il nefoic
telqueicdefireroye. lefay de vrayquelamorteft vne chofe bien dure , &quclavie
eft douce.mais confiderez auffi que c'eft de la mort éternelle qui vient après, & de
la vie que nous attendons. CognoifTant donc l'horreur de l'vne , & la douceurde l'au-
tre,ie ne crain pas beaucoup la mort prefente,&: fi ne me foucie pas de viure. Et par ce
moyen ie me fuis refolu d'attendre l'ifîue de toutes chofes , pluftoft que de renoncer la
vrayedottrine,vous priât cepepdant,enfemblc tous les autres,de me vouloir affifterôc
recommander à Dieu en vos prières &c oraifons.Kyngftô luy dit, Or fus,puis que ie voy
que vou s eftes en cefte délibération arreftec,ie vous dy A-dieu,auquel ie ren grâces per
petuelles de m'auoir fait ce bic de vous auoir veu &c cogneu.car tel a efté le bô plaifir du
Seign.Dieu,q moy qui ay efté autrefois vn enfat perdu,fornicateur,adultere & du touc
melchant,ie fuis maintenant par voftre moyen & fain&e remonftrance amené à vn
meilleur chcminiufqucs à detefteràbonefcient ma première vie. Hooper refpondit,^^"""
Si Dieu par fa grâce & mifericorde vous a fait ce bien , que vous foyez deuenu meilleur Kyngfton,
par mon moyen,ie luy en ren grâces immortelles:fînon,ie prie que vous le deueniez.
^"Or a*pres ces propos ainfî qu'ils vouloyét prédre côgé l'vn de l'autre,tous deux fe prin-
drét à plourer:&: Kyngfton plus abondâment.Hooper luy protefta qu'en tatdeprifons
où il auoit efté, rien ne luy eftoit aduenu fi grief , qu'il ait peu tirer autant de larmes des
yeux,ne fentir autant de douleur du cœur. ^ Ce mefme iour après difner vn ieune
garçon aueugle des deux yeux, après grades prières impetra finalement des fergeans Leug!?°^
de parler à Hooper.il auoit cfte peu auparauat détenu prifonnier pour la vraye do&ri vicnl *
ne. Hooper ayant efprouué fa foy,&cogneu la caufe pourquoy il auoit efté mis enpriHoopcr'
fon,le regarda attéuuement,&: pleurant luy dit,Mon enfanr,noftre Seigneur t'a ofté la Les parol-
veue des yeux corporels,&: ce pour vne caufe fecrete, laquelle nul ne cognoit que luy lcs<kH
feulrtoutcfois luy-mefme t'a redonné des yeux d'autantplus excelles : c'eft qu'ila doué Jk *r*
ton ame de la lumière de la foy,ô£ de vraye intelligence. Ce bon Seigneur face par fa
miiericorde &: bonté que tu l'inuoques continuellement , à ce que tu ne perdes iamais
ces yeux,de peur que par ce moyen tu ne deuiennes aueugle & de corps &: d efprit.
^ Âpres cela vn autre furuint,lequelHooper cognoiffoit eftre Papifte,quifaifoit femr
blanc d eftre marry de telle calamité:en luy difant, Monfîcur, ie fuis marry de vous voir
cnteleftat.Hoopcrluydir,Commcnt,demevoirain/î?Lautrcluyrefpondit, De vous
voir en ceft eftat miferablexar iay entendu qu'on vous a icy amené pour vous faire Jy? jSTiva
mourir.Hoopcr luy dit,Soyez pluftoft fafché de vous-mefme &: de voftre infidélité, car nyp°c»<c«
qnant eft de moy,ie m eftime bien porter,veu qu'il ne m'eft pas grief d'endurer la more
pour le Fils de Dieu.
En cefte mefme nuidles gardes ayans fait félon qu'il leurauoit efté ordonné, man-
dèrent à Ienkin &: Bond preuofts de Gloceftre,qu'ils prinfTent la charge du prifonnier:
&ainii s'en defchargerent.Lorsceux-cyauec le Maire de la ville & autres de la iufticc
vind rent au lieu où eftoit Hooper,& à la première abordée le faluerent,& luy baillercc
les mains l'vn après l'autrc.aufquels ce faine* Eucfque parla en cefte manière , Môfieur
le Maire,ie vous mercie grandement &c tous ces bons feigneurs qui font icy auec vous
00-
Liurc^ Il IL Jean Ifooper,
decequevousauezdaignémedonnerlamain. Cela me donne quelque matieiedc
ltfaux mÎÎ ioye &aireurancc,qucvoftrc bonne volonté & charité ancienne cnucrs moy , n'eftpas
re&con- encore du tout amortie. Cela auffi me fait eftimer que la femence& doctrine del'Euan
hn\k dC n e^ Pomt encore eftouffeeenvousdaquelle auec grand labeur i'ay femee,lors que
faifoye encore office de Pafteur entre vous. Et pour ce que ie ne veux point maintenat
contreueniràicelIedoctnne,& félon l'inconftance de plufieurs, tenir pour fau/fes les
choies vrayes que i'ay annoncées, i'ay efté par ordonnance &: commandement de la
Roineicyenuoyé pour endurer l'opprobre de mort au milieu de vous : afin que tout
ainfi comme ie vous ay eu iadis difciplcs d'icelle doctrine , ie vous aye auffi maintenant
pourtefmoinsdemamort&delaperfeuerancc que Dieu me donnera : pour confir-
mer parjc dernier argument de mon fang, ce que ie vous ay enfeigné. Et pour ce que
i'ay ouy maintenant par ces miens conducteurs(lefquels ie remercie pour la bénignité
&c humanité delaquelleils ont vie enuers moy par le chemin ) que ie fuis mis en voftre
garde & fous voftre charge' pour cftie demain bruflé: ie vous prie que vous m'ottroyez
Hoopcr fc vne choie fclon voftre debonnaireté&humanité,que vous faciez tellement apprefter
difpoiant à le feu,que ie foye bien-toit defpefchc. Au refte ie me rendray obeiflant à tout ce que bô
prîecftrc vous femblcra.que fi vous voyez que ie m'en deftourne aucunement, faites feulement
ioft bruûé fignedudoigt,&:i'acquiefceray . Peu/Te bien euité cefte necefiité de mourir, fi i'eufle
vouju receuoir les conditions de vie qui m'ont efté propofees,comme vous iàuez. mais
pource que cela ne conuenoit à mon deuoir,&: encore moins expédient pout voftre e-
dification:ie iuis icy volontairement , preft à endurer pluftoft toutes oppreffions , que
défaillira voftre falut&: édification . Et ay bonne efperance que cefte fidélité que ie
vous doy,me deliurera demain de telle forte,quc ie mourray fidèle feruiteur de Dieu,ôc
fuiet à laRoine.
Venu cft
admirable
aux plus
barbares.
Ce s t e harenguecaufavnemerucilleufetriftefîeés cœurs prefque de tous : &plu-
.ieurs ne fe pouuoyent contenir de larmoyer.cepédant les deuxPreuofts ie retircret
vn peu à part,& pnndrent côfeil enfemble de tranfporter Hooper en la prifon commu-
nique Ion dit Delà porte de Scptcmrion,ou du cofté de la Biie. Mais les conducteurs
officiers de la Roine ne pouu ans endurer ccla,hrent inftanecaux Prcuorts de ne pro-
céder en façon fi rude enuers leur Euefque:&: remonftrerent comment il s'eftoit mon-
ftré doux & bénin toutle long du chemin. &c quand us ne luy donneroyent qu'vn en-
fant pour le mener,il ne faudroit qu'ils craigniflent. Que s'ils en ont quelque doute ou
crainte,ils s'ofFroyent d'employer toute cefte nuict à le garder,que de le voir emmener
en cefte prifon. Finalement il fut conclu,qu'on commeteroit gens fuffifans pour le gar-
der au logis où il eftoit.Hooper pria qu'il luy fuft loifible de fe coucher de bonne heure
ceitenuid la,d'autan: qu'il auoit plufieurs chofes en mémoire , lefquelles il euft bien
voulu remettre en fon entendeme t à part ioy,en y méditant. En cefte forte il fe coucha
à cinq heures,dormit & repofaaflez bien au premier fommeil félon fa couftume : &: le
furplus de la nuict,fe pafi'a en oraifon& prières. Se leuant au matin , requit q de rechef il
fuft à part,&: qu'il luy fuft loifible de demourer feul iufques à l'heure du fupplice. ^ Sur
leshuit heures le feigneurlcan Bridges auec grand nombrede gens armez , Antoine
Kyngfton,&: Edmond Bridges,& autres députez par la Roine commandèrent que
Hooper fe préparai!: à la mort.IncontinëtlesPreuofts l'ameneret:&: auffi toft qu'il vit la
trouppe de gés armez &c munis de glaiues,arcs &c hallebardes, il dit aux Preuoft s,Ic n'ay
point c5m is crime de lefe maiefté côcre laRoine,ô£ ne luy ay point efté rebelle : & n'e-
ftoit befoin de faire fi grad appareil de gés armez contre moy.fi vous m'cufficzfait cô-
mandement feulement de parolles,de m'aller ietter fur ce tas de bois , ie vous cufTe o-
Gudc mul- bey.Or la multitude qui eftoit là afieblee,eftoit enuiron de fept mille homes. Plufieurs
î^vP°ur d'entre eux eftoyét venus aumarché^maislapluipartyeftoitpour voir cefte tragédie.
Hooper iettant fesyeux fur cefte airemblee,dit à ceux qui eftoyentpresde luy,Hclasî
il fe peut faire que cefte compagnie eft icy efperant qu'elle orra quelque chofe de moy,
comme de couftumemais maintenant on m'a ofté toute faculté de parler :côbien que
i'eftime que la caufe de macondamnation ne vous foit point cachée. Quant ie faifoye
entre vous office dePafteur,ie vous inftruifoye en la pure ôd'alutaire doctrine de l'Euan
gile:& maintenant pource que ie ne veux reprouuer contre ma confeience la doctrine
queie vous ay enfeignee&: publiee,ne confentir ou fouferire aux traditions de l'eglife
Romaine,
le voir
brullcr
Jean hfooper. jof
Romaine, ie fuis icytrainé au fupplice. 11 eftoit veftu de la longue robbedefon hofte,
laquelle il luy auoit prefté, Se auoit vn chapeau fur Ja telle, &c s'appuyoit fur vu ballon, à
caufe d'vncfciatique qu'il auoit gaignee en la longue détention des priions. Aptes ce-
la, defenfe luy fut faite de ne parler plus au peuplc:à quoy il rendit obcillance, lans ion-
ner mot ny aux vns ny aux autres:feulcmcnt il icrtoit les yeux tantoft fur le peuple faifi
detriftclfc:cantoftillescflcuoit auxcieux. Et comme aucuns ont tefmoigné, on ne le
vit oneques auoir la face plus ioyeufe ne plus vermeille qu'il l'eut tout ce iour- Ia,qui luy
eftoit ordonné pour mettre fin à fesangoiiîcs. . Quand il fut venu au lieu deilinepour
le martyre, premièrement il regarda comme en fouinant lepofteau où il deuoitctlre
attaché, &c le bois & la matière qui eftoit là arna/fee. Ce lieu eftoit vis à vis du temple &c
collège" des preftres, auquel Hooper auoit accouftumé de prefe lier au pcuple,&: à la rô-
de tout elloit couucrt &: rcmply de gens qui cftoyent là venus pour regarder. Là auilî e-
ftoyent les preftres, qui de la tour prochaine audit temple regardoyent , pr< nans plailir
en te fpeclaclc.Cependât ce Martyr de leius Chrift fc prépare au dernier combat, pour
furmonter par la patience la mort ion dernie r ennemy. Il le mit à genoux pour prier : &Z u morc
quai & quât tix ou (ept de l'es plus familiers amis miret aufîi les genoux en terre , arrou- dt'rn,cr ;>
fans de larmes,& approch.ms le plus près qu'ils pouuoyent de leur Euefquc , afin qu'ils "™!) *
entendirent les parolles de fbnorailon. Sa prière eftoit comme vne méditation iur le
Symbole, en laquelle il demeura prefquevne demie heure. Cependant que Hooper
faifoitoraifonà Dieu, vn ieunchommcleprefcntadeuantluy , lequel( comme depuis ParJon n.
ona péfé )eftoitcnuoycdeparlaRoinc,aueclettresqu'ildeuoi[ mettre lut l clcabeau 1^0>,^U
deuant le pofteau, par lefquelles pardô pour lauuer la vie luy eftoit propoie. Alors Hoo-
perdit, Sivousmaimez& mon falut,oftez-moy cecy. Et derechef répétant ce meime
propos, il s'efenadifant, Si vous délirez le falut de celle ame, oftcz-moy cecy. Le léi-
gneur Iean Bridges, dont a efté parle cy deftus, ayant /a principale commillion de celte
exécution :& voyant qu'il n'y auoit aucune efpcrancc de deftourner Hooper de fono-
pinion, commanda de defpefcher ce qui reftoit de l'exécution. Hooper luy dit, Mon
feigneur,ie vous prie donnez-moy congé d'acheuer ma prière que ie veux faire. Iceluy
commanda fur cela à Ion fils Edmond, difanr, Aduife qu il ne face autre chofe finon de
paracheuer fa prière: que s'il fait autre chofe outre cela, vien m'enaduertir: carie ne
veux point qu'il nous tienne îcy plus longuement. En ces entrefaites, deux forts hom-
mes rompans la foule, firent tant qu'ils s'approchèrent de luy , &c l'ouyrent prier en ce-
lle forte .
O Se igne v R,icfuisrabyfrned'enfer,&:tucsleciel:iefuis vnretraicl de toutes or- rrartJe
dures de peché:mais,ô mon Dieu, tu es la fontaine de tous biens. Rédempteur plein de Hooper.
toute bénignité, lois propice à moy trefmifcrablc pecheur,felon ta grande compaffion
ôù bonté. Toy qui es monté par-deffus tous lescieux, tire- moy à toy qui fuis le basabyi-
me des cnrçrs, afin que ie foy' fait participant de ta gloire & fclicite:de toy, dy -ie, qui es
aflîs à la dextre de ton PereÀ eileué en vne mefme gloire. De fai& , tu cognois la vraye
caufcpouiquoy mesaduerfairestraincnttonpourefcruiteur iufques à ce feu: ccn'eft
point poui forfait que i'aye comm is contre eux, mais pource que ie ne confen point àl*
impieté de ceux qu; polluent ton fang,&que ie neveux point, pour leur aggtecr,me
defuoyer de la vérité que tu m'as apprife par ta bonté &: mifericorde : laquelle i'ay pu-
bliée iufques à prefent, félon mon office $C vocation , autant qu il m'a elle poflîble, à la
gloire de tyn nom. Hclas Seigneur, tu n'ignores point combien de tourmens me font
apprêtiez pour endurer celle gricuc mort , àmoy qui fuis ta poure créature : Il tu ne me
lecourspar ta puillànce ,'cne fuis pas allez fort pour endurer des tourmes ilgricfs,ains
ilfaudra neceiîàircment que iefuccombe. Parquoy Seigneur, donne prompt iecours
àcefte poure ame par ta bonté, de peur qu'au milieu de l'apprêté de ces flammes ie ne
vienne àoutrepaner les limites de la patience Chreftienne : ou bien appaife tellement
îa véhémence d'icelles, comme tu cognoiftras qu'il fera principalement txpediét pour
ta gloire, &c pour la confirmation de ta doctrine.
e Maire de la ville ayant entendu que ces deux courtifans seft oyent approchez bien
près de Hooper pour recueillir 1-s parollcs de fa prière, les fît incontinent oiier de là-
EtapresqueHoopereut hny ion oraifon, il fe prépara au dernier combat. Première-
ment il defpouilla cefte longue robbe qu'il auoit emprûtee de (on hofte, auquel elle fut
redue parle cômandemécdu Preuott.puisil hift defpouilléde fes autres accouftremêsj
iufques au pourpoint &C aux chauffes, ei'perant que pour le moins on luy lairroit le reftc
de les veftemcns,à celle fin qu'il ne mouruft tout nud. mais les Preuofts(defquels lacu-
pidité ne pouuoit eftre raffafiee)commanderent que ce refte d'habillemens luy fuft en-
core ofté. A quoy il obtempéra volontairement. Voyant qu'on neluy auoit rien laiffé
fur Ion corps que fa chemife, il print vne efguillette de fes chauffes, de laquelle il lia les
deux bords d'vn petit fachet,& l'attacha à l'entour de fes iàmbcs, dedans lequel fachec
y auoit vn bien peu de poudre à canô,& autant en auoit il fous fes deux aiffcllestlaquel-
le poudre luy auoit efté baillée auparauant par les fergeans &: officiers de la Roine , afin
que cela luy auançaft la mort.
O r quand tout cela fut fait, il fe difpofa pour eftre attaché au pofteau, & alors il pria
toute la multitude de prier Dieu inftamment pour luyxe que tous firent diligemment
auec grande abondance de larmes, durant tout le temps du lupplice. Incontincnt^on
mit en auant trois chaincs de fer: l'vne luy fut appliquée au col , l'autre à l'endroit du
nombril, Se auxiambeslatroifïeme. Et combien quecefte rigueur luy fuft dure à por-
ter, comme (i les autres fe fulfent derfiez ou de fa conftance , ou de Ion obcilîance : tou-
tesfois afin que luy auffi ne mift par trop fa fiance en l'infirmité humaine , il les laiffa fai-
te tout ce qu'il leur (cmbla bon, fans replicquer. Parquoy les bourreaux fecontentans
d'vne chaine, l'attachèrent par le milieu du corps au pofteau. Mais pourtant que cefte
chaine eftoit iicourtequ'ellene pouuoit pas cmbrallèr ou faire tout le tour du cofps,
qui eftoit deuenu enflé pour la lôguc détention des prifonsjuy-mefme referroit de fes
propres mains le bas de l'on vetre, iufques à ce qu'on euft peu faire venir la chaine à fon
point. Ces bourreaux tafeherent défaire lefemblableà Ion col: mais ils s'en déporte-
rent, voyansquelepourc patient refîftoit à cela, trouuant eft range vne fi eftroite liai-
fon de tant de chaines. En cefte forte donc ce faind Martyr de noftre Seigneur Icfus,
preft à eftre offert en facrifice, fut eflcué debout, regardant toute la multitude qui e-
ftoitlàprefenteence piteux fpe&acle de fon Euefque. Il eftoit daflezgrandeftature,8c
dauantage il y auoit vne fcabellefous fes pieds, en forte qu'il pouuoit voir , &c eftre veu
facilement de tous. On cogneut lors facilement de quelle force eft l'innocence & vet-
tu enuers tous hommes:moycnnant toutefois qu'ils foycnthômcs,&: non point beftes.
S v r ces cntrefaites,ainli que ce fainft perfonnage auoit les yeux elleuez au ciel priât
à part foy ,1e bourreau qui ledeuoit brufler, fe mit enauant, 8c luy demanda pardon.
Auquel ce vray pafteur dit, Pourquoy te pardonnerois-ie , veu que tu ne m'as point of-
fenfé que ie fâche? Et le bourreau luy dit , Helas i mon feigneur, il m'eft ordôné de met-
trelcfeu. EtHooperluy refpondic,Ilny anulle offenlecncecy. le prie au Seigneur
qu'il te pardonne, au demeurât fay ton office. Alors on ietta autour de luy des fafeines
de rofeaux ou canes humides, lefquelles ce bon perfonnage empoignant deux à deux
de fes propres mains, premièrement les baifa, puis après les agença fous fes deux aiffeL
les -,&C quant& quant faifoit ligne de la main où il failoit entaffer les autres. Quand le
bois& les fagots eurent efté ainlî accouftrez, commandement fut donné de mettre le
feu. Mais pource qu'il n'y auoit gueres de ces fafeines, aifauoir feulement la charge de
deux cheuaux, ce qui eftoit là de bois fec, print plus facilement le feu:& fut prefque du
tout confumé & bruflé auant que la flamme fut paruenue iufques au plus haut. Et fina-
lement le feu faifit les fagots qui le couuroyent par deffus, &c commencèrent auffi à fla-
boyer. mais le vent qui eftoit véhément ce iour-la, chaifoit à tous propos la flamme de
l'endroit de la telle Se efpaules,lefquellcs parties à grand' peine furent atteintes du feu.
Horrible On apporta donc derechef d'autres fagots (car la paille &: les fafeines de canes eftoyent
fpcaadedu t'aiUies)lefquels d'autant qu'ils eftoyent fecs, baillèrent facilement :mais ils attei-
fyre gnirent feulement aux parties baflés,à l'endroit dcfquelles ils auoyent efté mis:&: le feu
Iloopcr. n'auojt gueres touché aux parties hautes du corps, linon qu'il apparoilfoit que la flam-
me auoic comme lefché en palfant Se vn peu bruflé l'vne de fes oreilles auec la peau
prochaine. Cependant ce fain£t Martyr en ce fécond feu fe porta paifiblement com-
me il auoit fait au premier :Sc(c ferrant en foy-mcfme, demouroit ferme comme ce-
luy qui n'euft point fenty de douleur, priant en cefte façomO Seigneur Iefus fils de Da-
uid,aye pitié de moy,& reçdy mon ame.
O r quand ce fécond feu eut eftéainfi confumé , il effuya fes yeux de fes mains , Se re-
gardant le peuplc,dit d'vne voix allez baffe, Hommes frères, pour l'amour de Dieu ap-
pliquez icy plus de feu. Cependant duranc cecemps-la les iambes&le gras des iam-
bes
Damian V 'vit coq. 30 f
bes luy brufloycnt , & les autres parties prochaines . car comm e il a efté dit , ij y au oit Ci
peu de fagots, que le feu ne pouuoit atteindre iufques au plus haut du corns, Dauan-
tage, entre Tes pieds & la terrey auoit aflfezlongue efpace.ee qui luy tourna a grade faf-
cherie. ^"11 y eut vntroifieme feu adiouftévn peu plus afpre&; véhément que les deux
premiers:maisilneprofitagueres pour le faire pluftoft mourir, ou pource qu'il eftoic
mal mis, ou pource que le vent contraire oftoit la vertu.Derechef ceft heureux Martyr
en ce troifieme feu inuoqua d'vne voix plus-haute difant, O Seigneur Iefus Chrift, ayes
pitié de moy. O Seigneur Iefus , reçoy mon efprit. On ne l'ouit plus parler: & combien
que la face luy fuft deuenue toute noire à caufe de la grand' fumee,&que fa langue auflî
fuft tellement enfleç & roide qu'il n'euft peu proférer vn feul mot : tant y a neantmoins
qu'il remuoit fes leures,autant qu'il luy eftoit poflîblciufqu a ce qu'elles auflî furent re-
(errees par l'ardeur du feu , &C la peau reftreinte. Il ne luy reftoit plus qu 'vne chofe, aiTa-
uoir qu'il frappoit continuellement fa poiftrine du poing, tant que l'vn des bras luy
tomba bas. Et iufqu'à ce que lesliaifons des nerfs fulTent coupées du feu, il continuoit
encore de faire le femblable de l'autre main, cependant que la graille & le fang meflé
auec de leaujdecouloyét en bas par le bout des doigts,en horrible fpe&acle.Finalemét
la flamme ayant repris nouuelle force, luy ofta toute vertu, & fa main demeura fichée à
la chaine contre fa poitrine. Et tout foudain ce S.Euefque rendit l'efprit.
Il demeura en ce grand combat de la mort &c tourment de feu par l'efpace de trois
quarts d'heure ou plus, auec fi grande patience & confiance, que fans bouger fon corps
il ne fe tourna ny auant ny arnere.Et ia-foit qu'il euft le ventre tout bruflé U les iambes,
Ô£ que les entrailles luy tombaient bas au milieu des flammes ardentes : neantmoins il
rendit l'efprit fort paifiblement, &c fans fe tourmenter en façon quelconque.^ mainte-
nant il iouit d'vn repos bien-heureux en noftre Seigneur Iefus le çrand Pafteur fie Prin-
ce des Euefques.
DAMIAN VVITCO Q^Hainuyer.
L A parolle 4e Dieu nous inftruit de nous afTembler en fon nom, auec promcûe quM fera au milieu de nous , auec toute fa -
ueur & afsiltence. Quant aux moyens, il fait luy leul ce qui cA le plus profitable pour le fàlut des fiens , & pour l'édifica-
tion de fon Eglife:& ce qui eft le plus conuenable à fa gloire.
N ce temps s'efleua vne perfecution en la ville de Mqs en Hainaut: ou pluf- M
toft celle qui eft icy defliis mentionnée en la mort de Iean Malo , continua
refafpre contre les fideles,à loccafion de certaines a/Temblees quefaifoyet
les fidèles en ladite ville pour ouyr la parolle de Dieu. Vn iour qu'ilseftoyée
enlamaifon d'vn orfeure nomme Damian Vvitcoq , pour prier Dieu, il y entre vne
ieune fille coufinedudit Vvitcoq: laquelleayant donné quelque apparence de pieté,
fut enfeigneeenlapure vérité, mais enuiron deux ou trois iours après fut diuertre par
aucuns: fi qu'eftant appelée deuant le magiftrat de la ville,& enquifede ceux qu'elle y
auoit veus,Sc de ce qu'on y auoit fait,declara tout ce qu'elle en fauoitrparquoy plufieurs
furent recerchez& mis en prifon : &: lors plus que parauant la fureur des ennemis s'al-
luma furies fidèles de telle rigueur, que fans garder aucune forme de droit, incontinéc
onprefentoitlaqueftionauxprifonniers,pourles forcer d'aceufer les autres, puis a-
pres fans les interroguer de leur foy &c religion , on les condamnoit â la mort:non pour
autre caufe , finon pour auoir contreuenu aux edits & placars de l'Empereur , &: s'eft re
trouué és afTemblees défendues, &c. Entre autres, lefufdit Damian orfeure, homme
honnorable, fut condamné à eftre décapité «.lequel ayant ouy fa fentence, dit aux lu-
ges, l'abandonne volontiers ma vie &c mon iàng pour le Seigneur Iefus. Les ennemis
oyans qu'il parloitau peuple qui là eftoit, le menacèrent d'entrer derechef en iugemét
de fon fait, &: le faire brufler après midy. Et nonobftât toutes ces menaces ce faind per-
fonnage perfeuera toufiours en cefte confiance ,fii paiTa de ce monde, glorifiant Dieu,
& confermant les fidèles par fon exemple. Quelques autres furent exécutez après
luy , defquels tantoft fera parlé.
Ff.ii.
Liuret ////. Roland Taylor.
ROLAND TAYLOR.
I L y a en cefte hiftoire grande variété de procédure & interrogations diucrfes,qui de coup à autres furent prefcn-
tees à ce perfonnage durant fon emprisonnement: par lefquelles on pourra facilement cognoiftre les grâces fin-
gulieres que Dieu auoit mifes en ce vailfeau, pour s'en feruir au temps aufsi diuers qu'autre de noftre mémoire.
M. d. LV. Ifç^^$k& Vmcfmc temps & fous la perfecution de Marie roine d'Angleterre, Rolad
Taylor dodeur en droic~r,miniftre de 1 'eglife deHaldey au duché de SufFolc,
homme de grande érudition & pieté, ayant efté côftitué prifonnier, fut ex-
aminé par plufieurs fois de fa foy.Efticnne Gardinercy defl us nommé euef-
qae de V vinceftre, Chancelier au pays d'Angleterre , luy fît fon procezauec l'euefque
de Du nel me , & Burne premier fècretaire. &: en premier examen l'aborda en la maniè-
re qui s'enfuit:
llarégucdu Ta ï i or, nous auons efté d'aduis qu'entre autres tu tulles icy appelé des premiers,
iT^ytor." afin que tu puiifesiouirauec nous dclafaueurck: mifericorde delà Roinedaquellet'eft.
maintenant prel'entcc&: offerte: moyennant qu'ente releuantdc cefte cheute com-
mune & mortelle ( en laquellenous auons efté prefque tous enueloppez,& delaquel-
le nous fom mes derechef tirez par vn bénéfice fingulier de Dieu, ou pluftoft par vn mi-
racle) tu vueilles eftre réduit enfembleauec nous,&: reuenir au bon chemin, autreméc
fi tu refuies cefte grâce & pardon volontairement offert , maintenât on te fera ton pro-
cez ainfi que tu le mérites. Taylor refpondit, Mon feigneur, fe releuer de cefte fa-
çon, ccft tomber d'vne cheute grieue &c mortellc:c'eft choir de Chrift pour tomber fur
l'Antcchrift. ma raifon eft làarreftee &fuis refolu furcepoin<ft,Qjjelaformedereligio
que le roy Edouard a introduite, conuient à la fainÊte parolle de Dieu,&: aux inftitutiôs
des anceftres. Parquoy îe ne pourroye iamais fouffrir d'eftre deftourné d'icelle,tat qu'il
me fera donné de viure icy.bas au mode, moyennant la grâce du Seigneur Iefus. B v r-
ne Se cre t. Quelle ordonnance de religion entens-tu? Car tu fais qu'il y auoit plu-
fieurs fortes de feruice diuin du temps'du roy Edouard. &c entre tat de diuerfes efpeces
de Religion, il y en auoit vne fous le nom de Catechifme, mife en auant par larcheucC
quedeCantorbie. Eft-ce decefte-lade laquelle tuentens parler, à laquelle tu te fois
Cuechifme rengé? T a y l . Vray eft qu'iceluy a traduit vn petit liure de Catechifme compofé par
ion^1" *u^us I°nas:& combien qu'il n'en fuft point l'autheur, toutesfois il luy a femblé bon de
o us* le propofer aux eglifes en fon propre nom . & pour certain ce liuret a fait grand profit.
Puis après vn autre petit liuret a efté mis en lumière fous le nom & authorité du roy E.,
douard, Prince digne de grande louange,& pour lequel nous rendons grâces immortel-
les à Dieu:& cela n'a point efté fait lans le confentement &: approbation des plus fauâs
Théologiens : &: outre cela , le liure a efté cmologué par le iugeraent public de tout le
Parlement. Or combien que ce liure ait efte reueu 8c reformé (qui n'a efté qu'vne feule
fois)neantmoins cefte reformation vnique a efté fi pleine 8c parfaite , & fi bien & fi pro-
prement rapporté à la pureté de la religion Chreftienne,qu'il peut facilement conten-
terla confeience de tout homme Chreftien &c fidèle , fans y laiffer aucun fcrupule. Et
Le liure de c'eft de cefte reformation que ie veux 6c entens parler. Le C h a n c . As-tu iamais veu
Gardmcr. ]e liure que i'ay fait des Sacremcs? Ta v l . Ouy,iel'ay leu. Le Ch an c . Que t'en fem-
blec Surcela vn des Cômi/faireslouadeflattcrieimpudentecefte demande duChan-
celier,difant,Mon feigneur, cefte demande que venez de faire, a efté fi bien à propos
que rien plus. Car ie peux bien dire cecy ouuertemét, que ce liure-la a fermé la bouche
à tous ces gens-cy,& les rend du tout muets. Tatl. Ce liure ( comme il femble ) con-
tient plufieurs chofes eftoignees de la vérité de Dieu. Le C h a n c . Que faut-il que ie
parle plus auec toy? tu es homme qui te méfies déboutes chofes.Tu es vn fot& baboin
ignorant. T a y l . la foit qne ie ne me mette du rang Sesjauans:tant y a toutesfois que
ie ne fuis pas h mal exercc,que ie n'aye leu, voire plufieurs fois 8c iufques au bout , les li-
ures de la fain&e Efcritureutem aufîi bien les œuurcs de S. Auguftin, de S.Iean Chryfo-
ftome, d'Eufebe &: O rigene, de Grégoire Nazanzenien & autres , voire 8c les liures du
Droit Canon. Et ma profefîîon eftoit de lire en Droit ciuil: comme vous-mefme , mon-
iteur le Chancelier,en faifiez profefîîon par cy deuant. Le Chanc.Tu as peu auoir
leu toutes ces chofes : mais ç'a efté d'vn iugemen t corrompu. Au refte quant à ma pro-
fefîîon,
RdlandTaylor. 307
fcffion, c'cft lafain&e Théologie, enlaquelle matière i'ay mis en lumière plufieurs œu-
ures. Ta y i.U eft vray:mais vous aueZ compolé vn liure entre autres s qui eft intitulé
De la vraye obeùTance:à la mienne volonté que tous vos autres liures fu/fent correfpô-
dans à ceftuy-là. Le C h A n c . Pluftoft tu deUois parler de ce petit liûre qu'ay fait con- Gardincr »
tire Bucer, qui eft contre le mariage des Preftres:mais quelque chofe qu'il y ait; ie fay bié myeîbcif
que tels liures Refont gu ères agréables à ceux de ton opinion &c fecle, qui deûa dé long fcnee.
temps aue2 des femmes efpoufees. Ta t l ; le coqfeffe voirement que ie fuis marié, Se
que Dieu m'a baillé neufenfans en faincl mariage . auquel ie ren grâces immortelles &c
de bon cœur, comme à celuy qui eft donateur de tous biens, au contraire,quant à cefte
voft ie do6trine,& ce que faites profeflîon de défendre le mariagei i ofe bien affermer a-
presle S.Apolhe,quec'eft vne do&rine de diables xcomme dirc&ement répugnante i.Timôt.4.
non feulement aux loix & ordonnances diuines, maisauflià la nâtiîre commune: au
Droit Ciuil, voire &: au Droit canon, aux Côcilcs généraux, aux traditions &: ordônah-
cesdes Apoftres,& finalement à l'opinion des anciens Docteurs fidèles. L'e ves.de
D v n s l Tu dilbis nagueres que ta profeflîon eft de Droit ciuil , auquel les Inftitutes
font comprifes : ie penlè bien que n'ignores pas qu'entre les loix & ordonnances de Iu-
ftinian cefte-cy eft entre autres,de prendre le lerfnent des Prcftres:par lequel tous ceux
qui ont intention de fe faire Prèftres ; iurent que iamais auparauant n'ont efté liez par
mariage . & en ce lieu-la il allègue le Canon & ordonnance des Apoftres. T a y l . Il he
me fouuient point qu'en toutes les loix de Iuftinian il y en ait vne telle. le fay bic qu'en
quelque part Iuftinian fait cefte ordonnance : Si quelcun par droit de teftament laiffe Jfoîdtf
quelque chofe à fa femme, à condition qu'elle n'entré point en fécondes nopces,&fi ute.cap.
outre cela il prend ferment d'elle pour plus leure confirmation de la foy de fa promeffe: *™&g^
cefte condition &mefme le ferment né doit empekher qu'elle lepuiffe marier fi bon cond.&ke-
luy (emble, après la mort du teftateur . &: dauantage,ie penfe que le ferment n'a gueres monft-L
plus d'efficace à obliger leur foy à Dieu , que les vœuz Papiftiques. Et és" Digc ftes il y a L j!
vne prouifiô prefque femblable pour les filles &c femmes férues &c cfclaues: Que fi quel- Audilciu.
cun a affranchy fa feruante fous cefte condition, qu'après l'affrahchiffement elle ne fe rc p«">na-
puifTe marier , ii eft-ce qu'elle n'eft point empefehee par vne telle obligation de fe ioih- tus'
dre à quelcun par mariage,&c. Le Chanc.Tu difois qu'il eftoit permis par les loix
diuines aux Prèftres de le marienpar quelle forte de probation nous pourras-tu côùein-
cre en ceft endroit? T a y l . Les parolles de faind Paul en la première Epiftre à Timo- rTim- 3- 1»
thee, &: en l'Epiftre à Tite font tant claires que rien plus : aufquels lieux il parle ouuer- Ttos ' t> €
tement &C expreffément du mariage dés Prèftres, Diacres & Euefques. Outre-plus , S.
Iean Chryioltome fur le paiTage de Tite déclare aufh* ouuertemcnt , que le fainft Apo-
ûre approuuant là le droit du mariage, ferme la Bouche à tous les hérétiques qui répu-
gnent &c contredifentaux mariages légitimes.
LeChancelie r. Tu attribues fauffement à fainft Iean Chryfoftome ce qui he
fe trouuera aucunement en tous fesceuures:&: cela eft félon la façon commune &àl-
exemple de vos gens, qui n'ont point de honte de parler à fauffes enlèighes des fainites
Efcritures & des anciens Docteurs de l'Eglife. Ne difois-ru pas auiîî que le Droit canon
approuuoit le mariage des Prèftres? ce qui eft faux & contre toute vérité. Taylor.
Il appert par les Décrets, que les quatre Conciles généraux, aiîauoir de Nicee,de Cô- Difom rr.
ftantinoble,d'Ephefe&dc Chalcedoine, font d'aufll grande authorité que les quatre cap ilcut-
Euangcliftes. Puis donc que ces Décrets metmes , qui font tenus pour la principale
partiede toutes lesloixôi ordonnances des Papes ittfmoignentquele concile de Ni-
cee, à la perfuafion de Paphnuce ratifia que (es mariages des Prèftres eftoyét légitimes:
pourquoy ne dirions nous que le mariâge des^reftres eft eftably par le Droit canon &:
authorité des Papes, comme vne chofe légitime? LeChancelier. Ce que tu as
forgé des Conciles généraux, procède de ce mefme menfonge: comme ainfi foit qu'-
en ces mefmes Décrets ileftdemonftré ôuuerterheht comment les Prèftres eftoyent
côtraints de répudier leurs femmes,voire autant qu'il y en àuoit de mariez. Taylor.
S'il eft parlé aucunement de cela en ce lieu que vous allègue^ , ie veux pèrdre la vié:faï-
tes-vous apporter le liure.
L'evï jqye ûbDvnelme. Combien que telles parolles n'y foyent point,
tant y a qu'on les peut trouucr en l'hiftoire Ecclefiaftique , laquelle Eufebe a eferite,
Km.
Lmre II IL Roland Taylor.
& de laquelle ces Decrets'ontefté tirez. Ta y l. Ilnîeft pas croyable que le Pape ait
voulu tailler "palier celieu,&:lafentenced'vn Concile fi notable,veu mefme qu'elle dô-
noit authoricé fi grande &c tel poids pour confermer fon intention. Le C h a n c . Gra-
tien n'a tait autre choie linon que ramafler plulieurs Canôs de diuers lieux: &C toy auffi,
tu en prés par tout où te femble bon , &c ramalles de tous coftez des chofes que tu accô-
modestellementquellementpourfairevaloirtonerrcur. Ta y l. Monfeigneur,iem*
efbahy comment vous aucz vne telle opinion de ceperfonnage la,qui eftcôme vn por-
te-cnleigne de l'eglife du Pape, Qu'il foit feulement vn ramafieuç ou rapetafTeur. Le
C h a n c. Maisc'eft toy que fappele Rama/Teur. Mais pour mettre fin à tout cecy,dy-
moy maintenant: Es-tu en délibération de retourner derechef à l'eglife catholique,ou
non?& le Chanceliercndifantcelafe drefla fur fes pieds. Ta y l. le n'aynullemct de-
libéré , moyennant la grâce & bonté de mon Dieu , de m'aliener iamais de l'Eglife de
Chrift. A pics celaTaylor leur fit requefte,que pour le mois ils luy ottroyafîènt qu'il fuit
licite à aucuns de les familiers Garnis, de le venir voir en la prilon. LeChanc. rc-
lpondir,Ton procezfera paracheué,S<: fentence donnée contre toy,auât que feptiour*
fe pa/ïent. Ainlî on le remena en prifon.
Déclaration de Roland Taylor docteur en Droit ciuil, touchant la caufe de fa condamnation.
N mon accufation&: condanacion,ily a eu deux principaux poin&s pourlefqueb
on m'a iugé hérétique. Premièrement à caufe de la de&nfe du mariage des Prc-
ftres, qui eft du tout illégitime & illicite: pource que c'eft vn erreur faifant violencc,8C
manifeftement répugnant à l'El'criture diuine. Sainct Paul en les Epiftres à Timotcc
& à Tire, eft bien loin de détendre le mariage aux Prcftres, Diacres & Euefqucs:veo
qu'il appelle doctrine diabolique, la doctrine de ceux qui le défendent: & fi veut que
tous fidèles miu iftrcs de Iefus Chrift enfeignét cela mefinc, de peur que le peuple fidè-
le &C Chreftien ne foit tiré en erreur par telles fallaces . Et tout ainfi qu'ils n'ignorent
point l'intention de S.Paul , auffi peuuent-ik fauoir(finon qu'ils n'entendent rien du
tout)que par l'ordonnance de Dieu mefme , la liberté de fe marier n'eft oftee à perfon-
ne, ains permife à tous ceux qui au demeurât ne fe peuuent contenir : mefme que cefte
ordonnance a elle faite en Paradis terreftre auant qu'il y euft quelque ordure &c macule
dépêché, voire entre les plus nobles créatures de Dieu , qu'il eftoit bon que l'homme
ne fuft point feul&: fans aide. ^"IIs ont mefmes appris de fainctCyprian,&de S. Au-
Confirma- gUftin, qu'il n'y a vœu de fi grande force,qui doyueou puifTe rien valoir contre le maria*
mge pIT ge, foit que le mariage foit à contracter, ou qu'on le vueilleabolir.Ils ne font point auffi
authoritez jgnorans de quelle opini<5n eft S. Ambroife en ceft endroit, lequel eft d'aduis qu'il ne
desAnciens. point donner commandement, ains feulement confeil degarder virginité. Ils en-
tendent &:fauenteomment Iefus Chrift le Fils de Dieueftant inuitéaux nopees auec.
famere&rfes Apoftrcs,n'afait difficulté de s'y trouuer:&nô feulemét a fandifîé le ma-
riage par fa prefence,ains l'a honoré, faifant là le premier miracle deuant fes Apoftres.'
L'a v t r e caufe pourquoy iefuis condamné comme hérétique, eft que ie con-
feflelc Sacrement du corps & du fang de Iefus Chrift eftre tellement fon corps Se
fon fang, que cependant les natures du pain &du vin demeurent fans aucun chan-
gement. &: que ie maintien que la doctrine de la Tran/Tubftantiation, par laquelle les
Papiftes enfeignent qu'après les parollcs le pain du Sacrement eft foudain conuer-
ty en la fubftance du corps de Chrift , &c que là flefus Chrift luyjmcfme le Fils de
Dieu, nay de la vierge Marie , non feulement eft adoré de nous en telle nature qu -
il eft, mais auec cela eft offert à Dieu fon Perepour les vifs & pour les morts: eft du
tout friuole,& pleine d'erreur & de menfonge. Touchant cefte matière, il y eut bien
peu de propos ten9 entre nous:mais auffi toft que i'eu reierté cefte do&rinc Papiftique,
ou pluftoft cefte idolâtrie & impieté, & ce blafpheme&hercfie exécrable: ie fu con-
damné comme hérétique. Outre toutes ces chofes il me fut auffi parlé de quelques
autres articles, comme de laprimauté du Pape. Auquel article iefy refponfe , Que le
Pape eftoit Antechrift, &C que la Papauté eftoit vne religion côtraire à la religion Chre-
ftien ne, &: que le fer ment que nous autres Angloisauions fait contre la primauté du
Pape, eftoit de droit légitime: comme le ferment que nous auions fait au Roy ou à la
Roine, de recognoiftre &receuoir leur prééminence. I'admonncftay en outre lés E-
uefques à repentance & amendement , comme ceux qui auoyent ofté le règne â
Chrift
Roland Taylor. joS
Chrift pour le tranfferer à l'Antechrifticonuerty la lumière en tenebres,&: amené lave
rite en mcnfongc. ^ le t'ay déclaré icy lefommairede mon dernier examen &c corida-
nation.Pne pour moy, comme auffi ie fuis en cefte voloncé de prier pour toy , Grâces à
mon Dieu,depuis le teps que l'ay efté condamnera neceffité de mourir n'a point trou-
blé mon eiprit. La volonté du Seigneur foit faite en toutes choies. Si ie medeftour-
ne de li vérité que i'ay receuc,il y a grand danger qu'vne telle mort ne m'aduien-
ne comme celle du iuge Alifius. Mais ie ren grâces à mon Dieu de tout mon cœur,on
m'a ofté tous moyens &defià de long temps i'ay mis toute ma fiance en fa ferme Pier- a1UÎUj
re,ne me deffiant nullement defamilencorde qu'il ne face& paiiace en moy iuiques à Londres!
la fin ce qu'il y a commencé vne fois:& non feulemét en moy,mais aufîï és au tres.Gloi-
re foit à luy,&: a&ion de grâces perpetuelles,par noftre Seigneur Iefus Chrift feulSau-
ueur& Rédempteur, Amen.
LE teftament du dofteur Taylor, lequel il fit vn peu deuant qu'il mouruft. A ù femme 5c àfesenfans.
P^E Seigneur vous a donnez à moy:maintenant le Seigneur m'ofte de vous,& vous
fef de moy.U luy a (cm blé bon de le faire ainfi:fon nom foit bénit. le crov &c fay pour
>y.II luy a icm ble bon de le taire ainti:ion nom îoit bénit, le croy &c iay pour
certain que ceux qui meurent au Seigneur/ont bienheureux. Iceluy a conté tous les
cheueux de nos teftes:&: mefmc les petits oiieaux font conduits par fa prouidenceluf- Luc lii
ques icy i'ay toufiours expérimenté fa benignité,voire& plus prefte à me bié faire que
pere ou mere de ce monde. Faites donc que toute voftre fiance foit arreftee en luy,ne
vous appuyans fur vous mefmes,ains fur noftre Sauueur vnique IcfusChrift le Fils bien-
ayméde Dieuxroyez en luy,cfperezenluy,craignez-le,ferucz lc,rédezluy obcifTance,
demandez luy fecours,veu qu'il l'a promis. Ne penfez pas que faille mourir : carie ne
mourray point,ains viuray c n luy perpetuellement.De fait ie m'en vay maintenant de-
uant vous,& vous viendrez finalement aprez moy au repos éternel du ciel,& à lafelici
té perdurable.Ie m'en vay deuanr,dy ie , après mes autres enfans qui font allez deuant
moy,Suianne,George,Helene,Rupert &2acharie.Ie vous ay recommandez^ vous re ^
commande derechef au Seigneur.
Qv an t à vous autres mes amis,& vous tous qui par cydeuantauezouy mes predi-
cations,ie vous teftifie que ie m'en vay de ce monde auec grand repos de confcicnce.
Ie defire querendiez grâces à Dieu auec moy, que félon la mefure ou portion de mon
talent ^ie ne vous ay enfeigné autre chofe que ce que i'ay fidèlement appris de la paroi-
le facrec de Dieu,& de l'Efcnture canonique de la Bible. le vous prie parle Seigneur,
que vous-vous donniez garde de vous deftourner de fa parolle,de peur qu'iceluy ne de-
ftourne fa face de vous,& que ne periffiez éternellement. Donnez vous garde de la re-
ligion Papiftiquejlaquelle monftre bien quelque mafqued'vnité :& nonobftant toute
cefte vnité n'eft de fait autre chofe que vanité des fallaccs de l'Antechrift,en laquelle il
n'y a rien de veritc.Et pource que vous auez efté vne fois illuminez en la cognouTance
fpirituelle d'iccIuy,gardez-vous de pécher contre fon S.Efprit, par lequel vous Anglois
eftes appelez à la celcfte cognoi flance.Or le Dieu de toute grâce te confolatioh vueille
infpirerôi multiplier en vous ion bon Efprit,auec toute fapience (pirituelle,mefprisde
ce mondes defir des biens celcftes:afin qu'eftâs de plus en plus enflammez d'vn vray
zele,vous defdaigniez les ordures de T Antcchnft:& afpiricz de bon cœur à cefte felici- uorTdè* fc
té qui côfifte en la focicté du Seigneur Iefus & de fes fidèles: à laquelle iceluy noftre Sei Êardcr dy*
gneur&:fanaificateurdetous,leFilsde Dieu, noftre feul aduocatleius Chrift, noftre lJ*?iSme'
vie,iuftice &£ rédemption vous face paruenir: A men. Priez, priez. Le toutvoftre R o -
iandTayl'or décédant de cefte vie prefente auec vne certaine efperance de iouyr
delà vie éternelle &bien-heureufe:Ce y. de Feurier, m. d.l v.
Ïy E v de iours après que ces chofes furent faites^ecefmom du Fils de Dieu futmené
par quelques officiers de la Roine,de Londres à Hadley ( qui eft vne petite ville de
Suftblc où il auoit efté miniftre de la parolle deDieu)pour y eftre bruflé.Par le chemin, ^finquel*
Pfeaumes furet châtezés lieux où il paifoit:& ceux qui le menoyent firér la plus grade' 5*^*7
diligence qu'ils peurent,de pattir de bon matin, craignans que ie peuple s'afiemblaft. Taybrt
Quand ils furent paruenus audit lieu,Taylor îettantfes yeux fur la multitude qui e-
ûoitlàefpandued'vncofté &d'auttc,parlaàeux enfomme: Commepar laprouiden-
M. hii,
LiurcjIIlI' Plufieurs M artys
ce mefme il eftoit prcfent au milieu d'eux,pour confcrmer par fa mort &: fon fang la foy
U la vérité de la do&rine>en laqlle il les auoit inftruits au Seign.Et côme il pcrfcueroa
d'exhorter le peuple à vne féblable conftâce,leGouuerneur de la prouince,qui eftoit à
cette cxecutiô,rôpit fon ptopos,luy remôftrat qu'il fe fouuint de la promelTe qu'il auoit
faite de ne dire mot.Et il relpondir,Môficur le Gouucrncur , i'ay fait ce que ie defiroye
faire. & incontinent il defpouillafeshabillemës,&auec grade afleurace decœurabâ-
donna fon corps aux bourreaux. Le peuple efmeu dezele,le folicitoit inftammcntà
prendre bon courage,& le prioit de seiiouir & eftrc fort au Seigneurd'appelant parplu
iieurs fois,Bon pafteur expofant fa vie pour fes brebis.On le ietta dedans le fcu,&:mou-
rut heureufement au Seigneurie ii.iour de Ianuier de cette année m.d.lv.
VVAVLDRVE CARLIE R,H«inuyere.
D E ceft exemple & autres pareils.nous pouuons cognoiftre que les cruautez des aducrfaires non feulement donnent aduan-
cament au cours de la parolle du Seigncurmais aufli que leurs prifons feruent d'cfcole à plufîcurs,quj autrement n'e-
ftoyent que petitement & médiocrement îhftruirs en la vrày c religion quand ils y font entrez.
EPENDANT que les ennemis de l'Euâgilc tonnent à tous codez tant
horriblement contre le troupeau du Seigneur, par cdi&s foudroyans, il y
eue vne femme vefueen la ville.de Mons en Henaur, nommée Vv*auldruc
Carlier,qui fut emprifonnee pour les mefmes efTe&s &c caufe que Damian
Vvitcoq cy deuant dit. Le plus grand poind de fon aceufation que les iuges luy met-
toyent au deuant,pour la condamner à mort , eftoit qu elle auoit fouftenn en fa maifon
gens lifan s les Efcritures fainttes,en contreuenan t au mandement de l'Empereur. Itc
qu'elle auoic fouftenu fon fils en fa maifon,fans l'accufer de ce qu'il lifoit la fain&eEfcri-
ture.La femmefqui n'eftoit q petitement inftruitc es premiers rudimés de la Religion)
fe voyant tant inhumainement traitée pour auoir fait vn a&e làin& Ôdcôuenable à tous
Chreftiens,fut de tant plus confirmée en la vérité de l'Euangile>&: fe difpofa totalemét
de conrefTer Iefus Chrift,quelque chofe qu'on luy deuft faire. Vn iour eftant deuant
les Iugcs,clleloua Dieu de la grâce qu'il luy auoit faite depuis quelle eftoit prifonnic-
re,d'auoirplus appris en cette prifon qu'en nulles efcolesauparauâc:& dit haut &clair,
Bénit foit mon Seigneurjc'eft pour luy que ie fuis ainfi traitée. ^Sa lentence luy fut pro
nonccejafTauoir d'eftre enterrée viue , qui eft vn fupplice cruel âc eftrange inuenté pe-
culierement au pais bas par les Placars de l'empereur Charles r . contre celles qui per-
les fruits feucreïu en *a verit^ ^c l'Euangile. Ce iugement cruel eftant donné,ellc demanda
de la pr.fon de cœur prompt &: allègre aux Iuges,Eft-ce tout cela que vousmeferez ? Dieu donne
a '''eft? Par mcwre * Cfiacun ^a portion du breuuagc que nous deuons boirc.il me donnera pa-
^c c c em t jcnce pU js qU'jj vous p|aift ainfi. Au Seigneur ie me refiouy que ie ne fourTre point pour
larrecinne meurtrc,mais pour Iefus Chrift.^" Aptes le difncr,à heure accouftumecclle
fut menée au fupphce,retenant toufiours vne fimplicité confiante , laquelle eftonnoic
tous ceux qui la eftoyent,fpecialement de ce qu'en vne mort tant hideufe à voir , elje
louoit le nom du Seigneur,iufqu a ce que la terre l'euft du tout couuerte*
IÈAN P O R C E À V, Hainuycri
3^ E V de iours après la mort de cefte vertueufe vefue,il y eut vn nomme Iean
iPorceau aufli de la ville de Morts en Hainaut , lequel eftant du nombre du
jpetit troupeau inftruit eh la veriré du Seigneur i enduralamortfort Chré-
tiennement. Ilferoitàdefirèrqaenouscuffions les a&es & confeffions de
ceux qui fourTrirent d'vn mefme temps le martyre au pais de Haynaut: &c eft befoin qu -
en cela les fidèles foyent exhortez de faire leur deuoir , comme dcnoftrepart&dccc-
ftuy-cy &c de pluficurs autres noûs en donnons feulement la mort bien-heureufe , n'ay-
ansefté plus auant informez de* procédures tenues en leur endroit.
LÀ V-
L aurent Saunders. 30 p
LAVRENT SAVNDER Sanglots.
S A VND E RS s'oppofcauxcnncmisderEuangilc:fcntintericurcmcntgrandcafsiftenccduS. Ffprit: confolc par lettres
ceux qui eftoycnt au melme combat : puis fortifie aufsi par lettres & de bouche fa femme : & en voyant fon petit en-
fant reuoquc fà ioye plus haut.bref, en toute cefte procédure nous y voyons des affections e«ellcntes,par lelquellesil
efpand ion cœur deuaut Dieu pour la dtfenfe de fa cauJe. ■
A V R E N T Saundersi/Tu de bons parens premièrement fut mis au col- M.dxv;
leged'Etone poureftreinftruit: puisapresonl'enuoyaà Cambrige poure-
ftreaduancédauantage.& là demeura au collège du Roy l'efpace de trois
(ans,durant lelquels il fît grand profit : mais il ne tint point à fa mere & à les
autres parens qu'il ne fuft entièrement deftourné de l'eftude,prenans occalion de quel-
que fomme d'argent que ion pere luy auoit laiflee. A leur folicitation il s'appliqua au
fait de marchandifc,&: elTaya comment il fe pourroit accommoder à cefte façon de vï-
ure.Pour ce faire s'eftant retire chez vn marchant de Londres , comme en vne nouuel- Saunders
le elcole,bientoft il s'ennuya de ceftcftat,& retourna à Cambrige pour y côtinuerfes
eftudes.il auoit l'efprit vif,& eftoit d'vn bon naturel , & propre à comprendre tout ce à
quoy ils appliquoit. Sur toutilauoitafFe&ionàla Theologie:&: cogneutquepoury
paruenii il falloit qu'il apprinft les langues : parquoy il s' adonna tellement qu'auec ce
qu'il eftoit délia bien verfé à la langue Latine,il apprinft les lâgues Grecque ôc Hebrai-
que. Muny de tels aides,il eftima qu'ouuerture luy eftoit faite pour cercher les fontai-
nes &: fources de la cognoiiTance de Dieu. Il y profita tellement , qu'on apperceut que
fes trauaux 6c peines n'auoyent point efté vaines. Le but auquel il tendoit en cefte eftu-
de de Theologie,cen'eftoit point pour fe faire valoir , oupourmonftrerla viuacitéde Ladelibcra-
fon efprit,ou pour contentions friuolesrmais pour profiter à l'eglife Chreftienne. Ou- "on df
î i' j M * cr j i t-l i • Saunders.
tre cela vn autre moyen 1 auança grandement a la cognoiliance de la vraye Théologie:
aifauoir qu'il eftoit exercé interieuremenr en diuerfes façons , &: auoitpratiqué en iin-
cerité de vie les chofes (pirituelles.
Comme ainfi l'oit donc que Laurent Saunders fuft venu iufques à ce pointt,de pou-
uoir paruenir aux honneurs &: charges de l'Vniuerfité : il donnaaiTez à cognoiftre qu'il
ne defiroit autre chofe que de voirie temps , auquel comme vn marchand heureux , il
peuft defploycr les marchandifes pour le profit & bien commun des autres . Il ne fut
point longuement fans auoir félon fon defir ce temps & occalion pour s'employer . car
quand le bon roy Edouard fils de Henry fut entré en polTeffion du royaume , auquel
temps les affaires de l'Eglife requeroyent des miniftres fauas &c de bonne prudence , ce
bon perfonnage eut congé entre autres de prefeher publiquement : auquel office il fe
porta fi vertueufement,qu'il fut depuis ordonné profefleur en Théologie, première- Saunders
ment au collège de Fodrigal,puis après au collège de Lycofeld, qui eftoit plusrenom- ^u min»-
mé.IlfutaufliefleuauminiftereaudiocefedeLycofeld , auquel il fit diligemmentfon
dcuoir,iufqucs à ce qu'il fut appelé en la ville de Londres. ^ Or ainfi que Laurent Le temps
penfoit de venir à Lôdrcs,l'orage delà roine Marie furuint,com me vntourbillô impe- deMane-
tueux qui troubla tout T Angleterre,^ le temps fe dônaauqtielle Seign. voulut difeer-
ner les vrais Pafteurs des faux&mafquez,& monftrer que c'eft de faire vray office de vente des
Preftreau temple deDieu. Il y auoit pour lors en Angleterre &: Irlandegrand no mbre bénéfices
de Prcftres &: Euefques qui faifoyét de grades brigues ôc pourchas pour auoir des bene lousMane<
fices&preuoftezd'egliie.delqls tout le bruit eftoit de viure en oifiueté chacun corne
fur ion fumienFoires de permutations &: vêtes de bénéfices rendoyét allez fuffifant tef
moignage de cela. Presque tous ceux-eyfe retirèrent au party delà roine Marie , reue-
nans à leur première religion . Il y en eut d'autres,non point du tout malins, qui par
crainte &: frayeur des perfecutions abandonnèrent leur troupeau ,& comme iettasbas
le bouclier s'enruirent,fe banniilans d'eux-mefmes.Il y en eut qui demeurerét en leurs
cglifes,&: furet afiaillis par fraudes fecretes des malins-.entre lefquels fe trouua Hugues ^Ja*".
Gudaker,primat,&: métropolitain en Irlande . Selon la commune opinion,quelques Armaque
prcftres confpirerent contre luy enuiron le temps du deces d'Edouard roy: &: l'empoi- «» IrUndc*
fonnerent.
Qv a n d le feu de laperfecution de Marie eut commencé ietter ks premières flam
L iurc^ 11 IL Laurent Saunders,
mes,Laurent Saunders poùuoit fauuer fa vie par fuitte: toutefois ayma mieux encou-
rir les dangers que d'abandonner Ton troupeau, à la charge duquel il eftoit commis.
„ , . Tât s'en faut qu'il perdift courage,&: qu il ait taille de faire office dePafteur, qu'il fe mic
Saunders s" j i u if C J r i
oppofe aux au premier reng de la bataille , comme vn mur joppole aux aduertaires pour la
ennemis, defenfe de lamaifon de Dieu: txhoi tant ouuertement &: publiquement le peuple en
la ville de Northampton,à perléuerer fidèlement &C conftamment en la doctrine en la-
quelle ils auoycnt efté inftruits.Et ne tailla de continuer ce qu'il auoit com mencé : iuf-
ques à ce que finalement par l'aduis 6c edit commun de tous les Eftats du royaume les
bouches furent fermées aux prefcheurs,&: cômandement eut efté fait à tous de fe taire
es eglifes.mais rien ne l'empelcha de fatisfaire à fon office.Quâd il eut a/Tez ainfi exploi
té enl'vnedefes eglifes, voyant que la force & violence l'empefchoit de plus profiter
aux champs,il s'en alla à Londres pour faire le mcime en fon autre eglife &: paroifle, fé-
lon que fon office le requeroit. Ces deux paroifîes eftoyent diftantes l'vne de l'autre
enuiron de trois iournees. Ainfi que Laurent eftoit en chemin allez près de la ville,ily
Lecheua eut vn du confeil de la Roine nommé le an Mordant , cheualier,qui le vint aborder le
lierMor- quatorzième iour d'Octobre, en luy demandant où il alloit, Saunders refpondit , I'ayi
daût ufche Londres certain bénéfice, auqueUe me retire maintenant pour fane office de Pafteur
neolu1^ enuers mes brebis. Mordant l'admunnefta qu'il fe donnait garde de faire ce qu'il difoic
ders. Laurent dit, De quelle façon m'acquitteroy'-ie de la charge qui m'eft commife,& met-
troy'-ie ma confeience en repos, s'il aduenoit qu'aucun des miens tombait en maladie,
qui euft bcloin &c defir de ma confolatiô ou s'il aduenoit qu'aucunes de mes brebis ruf-
fent tirées en erreur & quelque feruice impur? Et Mordant luy dit , N'es-tu pas celuy
qui as ces iours paflez prelché àLondres?& quant & quant luy nomma la rue,& I edroic
&c le iour. Auquel Saundcrs,Ie recognoy celle paroùîe pour mienne. Mordant dit, Et
certes il me fouuient queie fu ce iour la à ton fermon,&:t'ouy prefcher.&: maintenancy
penfes-tu encore prcfcher?Saunders dit,Si bon vous femble de vous y trouuer encore
demain,vous entendrez que derechef icconfermeray par raifons fermes des fain&es
Efcritures,au mefme lieu, tout ce que i'ay enfeigné par cy deuant,&: tous les propos qu'
on m'a ouy tenir là mefme.Mordant lad monnelia qu'il ne le fift point.&: Saunders luy
refpondit,Si ainfi eft que par quelque puiflance ou authorité légitime vous m'empef-
chez de ce faire,il me faut rendre obeififance. Mordant luy dit , le ne le te defen point:
de Mordit* m2Lls ^eu^cment *c te baille confeil. Sur ces entre- faites tous deux entrèrent enfem
e °r ble en la ville. Mordant d'vne malice pernicieufe s'en alla droit à l'euefque de Londres
pour luy faire fauoir que Saunders prefeheroit le lendemain. Saunders s'en alla en fon
logis ordinaire, pour fe préparer à ce qui eftoic de fon office. Et auffi toft qu'il y fut arn-
ué monftrant vne chere plus trifte q de couftume,quelcun luy demada que c'eftoit qui
^ le troubloitrll refpôdirje fuis pour certain en prifon,iufques à ce que ie foye mis en pri-
fon:(îgnifiât par cefte façon de parler,que fon efpnt feroit trifte iufqucs à ce qu'il fe fuft
acquitté de fon fermon;&: que lors fon efprit feroit en plus grand repos,ia-loit qu'il feuft
qu'on le deuoit mettre en prifon.
L e lcndemain,qui eftoit le iour de Dimanche,Saunders fit vn fort beau fermon, tc-
dant àadmônefter& confei merfon troupeau. L'argumét de fon fermô eftoit du chap.
deslunder" onzicmc de ^a féconde aux Corinthiens: le vous ay conioincs à vn mary, pour vous pre-
ienter vne vierge chafte à Chrift. mais ie crain que comme le ferpent a feduit Eue par
facautelle,vos fens ne foyent femblablement corrompus,en déclinant de la fimplicité
qui eft en Chrift :&; ce qui {'enfuit. ^ Ayant commencé par cefte matière, première-
ment il propofa la fomme de la pure doctrine , par laquelle il eft monftré comment les
fidèles font conioints à lefus Chnft,&: gratuitement iuftifiez en falut par foy. Au con-
traire,il demonftra que la doctrine du Pape eft femblable à la fraude &C déception du
fevpenr. Et afin que lefaict d'iccluy fuft euident deuant lesyeux d vn chacun, il fit vne
antithefe entre fes deux dodrines,oppofant la parolle de Dieu contre celle du ferpéc
Papiftiquc:pour donner à entendre au peuple quelle differéce il y auoit entre les deux
feruiccs& les deux fortes de religion. Etcompaioitle feruice Papiftiqueà vnbreu-
uage de poifon,où on auroit meflé quelque miel parmy , pour tromper plus facilement
ceux qui en beuuroyent. Voila prefque toute la fomme de cefte prédication.
<[I l deuoit faite vn autre fermon après difnerjau peuple : maison luy enuoya
vn
Laurent Saunders. ji o
vn officier qui le cita decomparoift re deuant Boner euefque de Lôdres:&par ce moyé
fut empefché de prcfcbcr.Laurent comparut deuat ceft Euefque,&; parla à luy en pre- s^
fencedeMordât,duqlil aefté nagueresparlé.Laurétaccuféde trois crimes:deleie ma «cuiède
iefté,de {"édition &c herefie, Boner promettoit de luy pardonner les deux premiersimais trois ti-
quant à rhcrelie,qu'ilauoit délibéré de former procès contre luy, &c tous autres qui mcs'
prefehoyent de ceftemaniere.il remonftra que l'mftitution del'eglife Chrcftienne &
fidele,la plus parfaite &approuuee,eftoit celle qui approchoir de plus près du patron
de l'cglile primitiue:&: que l'cglife de Chrift qui ne faifoit que naiftre alors n'auoit peu
porter ces charges pelantes des cérémonies &de plus grande perfe£tion,lefquelles de-
uoyent fucceder apres.Et q ç'a efté la raifon pourquoy IelusChrift &c les Apoftres après
luy ont enduré l'imbécillité de l'eglife naiifante,qui eftoit encore rude, n'eftant encore
domtee. ^ Saunders refpondit à cela félon le ccfmoignage de iaind Auguftin , Que reremo-1
Jes ceiemoniesauoyent efté premièrement introduites pour aides,parlefquelles la foi ««pour-
bleflc àc imbecilité des rudes eft aucunement auacee à mieux cognoiftrcDieu .&: pour- 32s >na°
tant,quec'eftoit vn telmoignagequ'cn la primitiueegliieilyauoit plus grande per-
fection: affauoir que les fidèles n'eftoyent contreints oupreflez de garder telles céré-
monies. Et qu'il ne falloit raifon meilleure pour monftrer la fuperftition de l'eglife
Papiftique,queceftc-cy:aurauoirquemeime en ce grand amas de tant de cérémonies,
la plus part contiennent blafphemc manifefte,ou font friuoles & inutiles. ^ A- Tranfl-ub.
prespluiîeurs propos Boner luy demanda fon opinion touchant laTranflubftantiatio, ftancution.
& qu'il la luy donnaft par eferit. Saunders luy dit, le voy que vous auezfoif démon
fang: ôdeertes vous beuurez ce dont vous auezfoif.&ie prie noftre Seigneur que vous
puiîîiez cftre baptifé en iceluy en nouucauté de vie. L 'Euefque ayant obtenu ce qu'il
dcfiroit,& tiré ceft eferit de la main deSaunders(c'eft à dire le glaiue duquel il luy deuft
couper la gorge)incontinent le liura à quelques officiers pour le mener au Chancelier
euefque de V vinceftre. Mais pource que le Chancelier n'eftoit point pour lors en ùl
maifon,on contreignit Saunders de l'attendre quatre heures en vne chambre , iufques
â ce qu'il fuft retourné de la Cour. Cependant qu'il attédoit,le chapelain de l'euefque
Boner paftbit fon temps à iouer au tablier auec quelques gentils-hommes : &fembla-
blementpluiieursiuppoftsdecefte belle famille s'cfbatoyent àmefmeieu. &Saun;
ders eftoit debout contre vn buffet , &: fe tenoit là à tefte defcouuerte : & Mordant qui
pour lors eftoit de l'ordre du Parlemente promenoir .
L e Chancelier retournant de la Cour, il rencohtra vne grande troupe de gens plai-
dans,tellcment qu'vne demie heure paifa auan t qu'il entrait. A la fin il vint en la cham-
bre où eftoit Saunders:& de là en vne autre,où Mordant luy prefenta vn billet , auquel
la caule de Saunders eftoit contenue. Quand le Chancelier eut leu ce billet,il dit,Où
eft-ilîEtainli on luy amena Saunders au lieu auquel on auoit accouftumé d'examiner;
A uant toutes chofes Saunders fe ietta bas en terre en toute humilité deuât la table où
le Châcelier eftoit aflïs: lequel luy dit,Comment s'eft fait cela,que tu as ofé prefeher pu
bliquement contre ledit public de la Roine? Saunders refpondit qu'eftant admonne- £zc J& J}
fté par le prophète Ezechiel,auoit exhorté fes brebiettes de perfeuerer conftamment
en la dodrine qu'ils auoyentreceue,& qu'à l'exemple des Apoftres,Ilfaut obéir àDieu
pluftoft qu'aux hommes:&: que fur tout,fa confcience le preffoit fort à cela. Le Châ- Aft j
celierluy dit, Vrayement voila vne belle confcience ! mais cefte confcience pour-
roit-elle rendre noftre Roinebaftarde ? Saunders dit, Nous ne déclarons ne pronon-
çons la Roine baftarde: &: defaid nous n'atten tons rien de femblable. Que fi on y vou-
loir aduiier,c'eft à faire à ceux defquels les eferits font encore entre mains, lefquels ren
dent tefmoignage de cela au grand deftionneur de ceux qui les ont eferits. Il taxoit
occultementle Chancelier mefme: lequel auparauat auoit compofé & fait imprimer
vn liure inritulé, De lobeiflance:auquelil declaroit expreffémentMarie eftre baftarde*
pour gratifier au roy Henry v 1 1 1 .
Savnd e r s doncpourfuyuantfon propoSjdifoitîNousnenousmeflôsdautrecho
fe,finon que d'annoncer purement la Parolle:& combien que maintenant on nous dé-
fende delà confefTer de bouche,toutefois il ne faut douter que cy après noftre fang ne
la prefche.Le Chancelier atteint au vif de ces propos,dit,Prenez-moy ce frenetique,&
le menez en prifon.Et Saunders dit,Ie ren grâces à mon Dieu, de ce que maintenant ij
Liure II IL Laurent Saundets.
m'a donné lieu de repos pour faire prière pour vous & pour voftre conuerfion, Ç Ot
f n "ne" ce^uY qui depuis couchoic envn mefme hd auec luy,a recité qu'il luy auoitouy dire que
coïfoîicion cependant qu'on l'cxaminoit il auokfenty vncconfolation finguliere : comme fi vne
intérieure. douceYecreation luy fuft entrée par tous les membres de fon corps iufques au fiege du
cœur.
O r il fut détenu en celle prifon par l'efpace de i j. mois, durant lequel temps il eferi-
uitfouuentefois à phificurs de fes familiers, comme à Cranmer, àRidlé,àLatimer , à
fa femme &: autres, les admonneftant de la calamité publique,des choqs qu'il auok fou
ftenus contre lesaduerfaires:comme Vvefton, duquel entre autres choies efcriuant à
vn ficn amy recice ce qui fenftiit. L E docteur Vvefton nous eft venu voir en la prifon
auec mailtrc Gnmoalu,&: saddrelfa droit à moy,difant qu'il me venoit viiîtcr : me fai-
iant de grandes promefles,&:e{pcrances magnifiques, mais voyant q ie n'en faifoye pas
grâd côte il me dit, Vous autres eftes du tout édormis en péché. le rclpôdi , Quât à moy
Mu1i J J iem'efueilleray,n'ayâtmis en oubly ccquefEglifc m'a dés long temps enfeigné, Veil-
MÏrc 14. 36 lcz& priez. Vvefton fur cela dit, Quelle eglife y auoit-il deuant trente ans, le luy
demandayaufli,Quelle eglife y auoit-il du temps du prophète Elierll me ditJaneCan-
tieme eftoit de voftre cgHÏe.Non eftoit:(dy-ie)car les noftres la chailerent.Et il dit,Qui
VvidefF, eftoit donc de cefte voltre eglife auant tretc ans?Ceux (dy-ie)que V Antechrift Romain
ThorpeA: & fcs côphces ont condanez &reiettez pour heretiques.Ic penfe bien,ditVvcfton,que
îo^yid- c'eftoit voirement Ican Vviclctf;Thorpe,01dcaftel&: leurs féblables.Ceux-la(dy-ie)&.
lusau 1. h- beaucoup d'autres, delqls le catalogue eft côtenu es hiftoires. Vvefton dit, Or fus, iulqs
urc' icy vous auez en vos predicatiôs pleines de mcldifances,fait muer vn rolle au Pape tel
quevousauezvoulu:maintenantil iouera vn perfonnagetelpofîîble que vous ne vou-
drez paz.Et ic luy dy , Tant plus nous en faut-il eftre marris, cependant toutefois cecy
nous apporte foulagcment,que le mcfme eft toujours aduenu aux plus fauans& gens
de bien de tous les voftres,combicn que pluiîeurs en ces mutations ont tourné viiagc.
Vvefton rclpondit , Que dis-tu .? m'as- tu ouy,ou quelque autre,iamais ptefeher contre
le Paperle luy dy,ll y a bien plus,ie ne t ouy ïamais preicher . &: toutefois ie n'ay point
cefte opinion de toy,que tu lois feul plus fage que tant d'autres. Outre cecy il y eut bien
d'autres propos, &c principalement du Sacrement. Mais toy m on amy, prie Dieu, prie
Dieu.
I l efcriuit en outre de la prifon lettres à Cranmer,Ridlé & Latimer : «1 partie les
exhortant à conftanec, en partie les aduertiifant de fa conftanec & des autres au Sei-
gncur,commcil fcnfuit:
(-oIlIJ 2§Ppk vous defne falutdebon cœur, Pères ScFret-es honorables en noftre Seigneur
^S^^eUJS Rendons grâces à Dieu immortel &: viuant,Pete de toute miferieorde, de
ce qu il nou s a faits idoines pour participer à l'héritage des Sain&s en lumière: qui nous
atirtzhorsdelapuiflancedestenebresj&traniferez au royaume de fon Fils bien-ai-
mé, auquel nous auons rédemption par Ion fang. O combien eft heureufe la condition
Co] 3 3- de noftre vocationîveu que d'vne façon incomprehc/ible noftre vie eft cachée en Dieu
auec Chi ift:à ce que quand Chrift noftre vie fera apparu , nous auffi apparoiffions auec
i.Cor.13. a. ^UY cn gloit'e. Cependant tout ainfi que maintenant nous voyons comme par vn miroir
en obfcuricé:aufli cheminons-nous par foy,& non par veue. toutefois combien qu'icel-
i.Cor.s.7 le noftre foy fcmble eftre légère &imbecille, félon le iugement des hommes:tanty a
quelcseleus de Dieu fauent bien que la fin & le poids de noftre foy eft d'vne gloire fi
excellente^ d'vne félicité habôdante,que laprudence ou vanitéde la chair ne lafau-
1.C01.1. TO[t tant peu que cefoit comprendre par toutes fesopinions&: imaginations. Ilnya
nuls biens que nous ne poftedions par cefte foy- voire tels blés que l'œil n'a iamais veus,
ne l'oreille iamaisouis,&: ne font iamais montez au cœur de l'homme. ^Iufques à
prefent nous auons fenty grande délectation de voftre prefence corporelle.mais main-
tenant nous fommes beaucoup plus viucmentfoulagez de ceft allégement que nous
recelions de vous en efprit,àcaufe de voftre perieuerâceau Seigneur,& que voftre foy
refplcndit deuant les yeux de tous donnant vngraticuxlpccrtacle& aux Anges , Seaux
i Cor.4.? hommes. Ce que de rai£t nous expérimentons en vous auec grande confolation: vous
m ci mes aulii le pouuez trefbie èftimer à part vous , afTauoir que les chofes qui nous fÔc
a'iucnuesjfont aduenues pour l'auancement del'Euangile:en forte que nos liens ont e-
ftcmanifeilcz en Chrift par toute l'Europe: tellement que pluiîeurs d'entre les Frères
au
Laurent Saunders. jrr
a» Seigneut ont eu côriance,&: à caufe de mes lien s on t pris hard jtefle de parler en beau-
coup plus grande abôdance la parolle du Seigneur fans crainte. ^"Quanç a ce qui vous
toucheen particulier, combié que Chrift vous foir gain& en la vie & en la mort, & que
vous ayez grand detir d'eftre fe parez de ce corps, & eftre. auec Ieius Ch rifbtan t y * qu'il
Vous cft beaucoup plus neceftaire pour 1 attente commune de i'Eglife fidèle , que vous ^jQtcZt
demeuriez encore. Et noftrp Dieu vous vueille ottroyer cela par ion Filslefus Chrift : à '
ce qu'il y ait plus grand profit pour Ton Eglife , & plus grande ioye pour tous Tes fidèle s,
U que leur licife abonde en Iefus Chrift quand vous luy ferez rendus : Amen , A mcn.
Màis s'il a déterminé en fon cofcil que par voftre mort fon nom foit de* plus en plus glo-
rifié & magnifié : quecequifemblc bon deuantfes yeux, foit fait. Toutainfi donc que
cela a vous U à nous feroit en grande refîouiflancc , ii par noftre vie la maiefté Se gloire
de Dieu pouuoit eftre mieux cogneuëdes hom mes: au (Il ce ne nous feroit pas moindre
gloire, fi nous poumons obtenir cela mefme par noftre mort. le ren grâces à Dieu pour
cela en voftre nom , qu'il vous fait ce bien d'endurer pour le nom de Chrift , & que tou-
te l'Eglifcfera vn iour enrichie par le tefmoignage de vous trois. O bon Dieu { pour- ^ fritte
rions nous tous aiTez fuffi&mment te remercier pour cefte tienne bonté & libéralité? So!?Sci
No v s auons dés long temps receu la parolle de vérité, l'Euangile de noftre falut: lents Eud-
auquelcroyans nous fommes lignez par rÉfprit de promefle( quieft legage de noftre Çi.13.14
héritage) en rédemption: lequel Efprit rend tefm oignage à noftre efprit que nous fora- Ro. «. ijjtf.
mes enfans de Dieu: & pourtât nous auons receu i'eiprit d'adoption,auquel nous criôs,
Abba,Pcre. Ainfi donc fel on cefte mefure de don, par lequel eniemble auec l'Egliie de
Chrift ac voftre pieté nous auons receu vn mefme efprit de foy (comme il eft efent, I'ay
creu,& pourtant ieparlcray,& nous auflî croyans nous parlons )ayans vn mefme com- Pk*"-11*'
bat , nous ne fommes point eftonnez pour quelque chofe que nos aduerfaires nous fa-
cent . Et ppurce que cefte adminiftration nous eft impofee,felon ce que nous auons ob-
tenu mifericordemous ne fourlignons point, & ne fommes point abaftardis , ains félon
la mefure de noftre talent nous manifeftons Ja veritérfachans bien queia-ioit que nous
portiôs ce threfor en des vaifleaux de terre , que neâtmoins nous ne fommes point fou-
lez ne brifez.Nous fommes contriftez,mais nous ne fommes point deftituez: nous fom-
mes abatus, mais nous ne periflbns point : nous foumrons toute perfecution, mais nous
ne fommes point abandonnez : portans toufiours la mortification du Seigneur Iefus en
noftre corps, afin que la vie de Ieius Chrift foie auflî manifeftee en noftre chair mortel-
le. Car c'eft vne parolle fidèle , Si nous mourons auec luy, nous viurons auffi auec luy: G xTm- *•
nous foufFrons auec luy, nous régnerons auffi auec luy , fi nous le nions , il nous deiad-
uouêra auiû. Et pourtant aduifons à nous,qup noftre homme extérieur fe corrompant, «•Com.
l'intérieur fe renouuelle de iour en iour. Car noftre tribulation, qui eft de peu de durée
& légère à mcrueilles, produit en nous vn poids éternel de gloire éternelle. Nous vous iÉucn.3.
teftinons qu'en ioye nous puifons les eaux des fontaines du Sauueur , & efpere qu'auec
perpétuelle action de grâce nous célébrerons le Seigneur des fontaines d'lfrael,& mef- pfcau.*8.
mes que nous reiiouyrons à iamais au banquet de l'Agneau , duquel nous fommes l'e-
fpouie par f<gy,& là nous chanterons cefte nouuelle chanfon & éternelle > Hallelu-iah,
Amen: voire 6 Seigneur Iefus , vien . La grâce de noftre Seigneur Iefus Chrift foit a»
uec vous , Amen.
C O P I E de la lettre qu'il enuoya à fa femme , par laquelle il remercie Dieu d' vn véhément courage, de luy
auoir donné fa lumière pour fa/onfolation & adreûe.
|R A C E & confolat ion en Iefus Chrift, qui nous confole en toute noftre affli&iô,
[Amen. Mon Dieu comment cefte chair débile, rebelle &retiue fuit volontiers J^j^J^
les chofes que l'efprit embrafle! ô£ com me cefte nature groffiere & pefante eft à grande ^acte v&
difficulté pou/Tee à ce qu'elle chemine es voyes du Seigneur. Si la vertu de la foy, com- p"1-
me vn agu ilion des promeifes diuincs , ne l'aguillonnoit outre fon gré , il y au roit dan-
ger qu'elle ne defaillift au milieu de la courfe. Mais bénit foit noftre bon Dieu , Pere
des mifericordes, en noftre feul Sauueur fon Fils bien-aimé, duquel le bon plaifiraefté
d'efclairer nos coeurs par la cognoiflance de fa gloire en la face trefglorieufe de Iefus
Chrift. Eftans donc appuyez fur l'aide de Chrift, nousnedefaudrons point eftans
laflez , quand nous fommes efprouuez par le feu d'afflictions ( qui nous cft enuoyé
Gg.
LittrLj TNÎ. Ldturtnï S ami* s.
pournotis Wfâtnintr)Comme fTquelane chofènoutjçHe rtdas adutnurc : mais comanj-
niquans aux payons de Cnritt, nous-nuua icuouiirons > aim aum <{uc nous ayons IfrHfe
Vkia.n6. en la reuelationrde la gloire. Ceux qui fement en larmes, moiffonneronten ioye: enrff-
lantilsplouroyentjiettans leurs {èmencesunaisenretourrrtmciïsteuicncfrontchanrâs,
i.Cot.ij.^4. portâs leurs gerbes. Lors Dieu cfluycra toutes larmes : 6C fera accomplie la parolle qui
eft eferire, La mort eft englouticcn victoire s Mort où eft ton aguillon i Enfer * où eft ta
ofee 13.14. victoire? Oi 'laguillondela mort,c'eft peché^lapuilianceaepcchëjc'ellla Loy.MaiS
grâces à Dieu, qui nou s a donné viitoire par noftre Seigneur Ienis Chrift. ^1* «*fte Ce-
pendant que fuyuant le confeiîdefainct Pierre, nous qui fouffrons félon la volonté de
i.Pier.4.j5>. Dieu, recommandions nos ames au fidèle Createur,en bien faifant. Cariceluyeft no-
ftre Créateur, & nous fommes les œuures de (es mains : 6c il ne nous abandonne point
après qu'il nous a vne fois formez, comme vnfaifeur de r\auires*qui ayant paracneué
vn nauire ou autre vaifTeau demer , le iaifleià , 6c l'abandonne à l'agitation des flots 6c
. ondes: mars noftre bon Dieu non feulement maintientceuxqu'ilacreez,&:a foind-
Aa. 17.181 eux: comme défait nous vnions,auonsmouuement&:eftreen luy : maisauffi nous re-
forme eh Chrilt, nous purifiant pour foy mefme tomme fon propre héritage, au fang
de fon' Filsrlccjucl nous aime d'vne affection 6c bénignité telle que quand il aduiendroit
quelafemmemetrroit fon enfant en oubly, encorenerious publieroit-il iamais. Et
ï.Pier.jV pourtant il nous admonnefte par fon Apoftre , que nous remettions toute noftre foli-
citude fu r juy,prômettant qu'il aura foin de nous. Et combien que quelque Fols 11 nous
enuoyc des tempeftés&: orages de téntations,commc s'il nous auoit du tout mis en ou-
bly, & comme s'il eftoit courroucé contre ne perdons point efperan*
iob 13. ij. ce , ains difons auec lob, Encore qu'il rn'euft ôccy, fi eft-ce que i'efperéray enfuy.Et fuy-
uant la fc>y inufncible d'Abraham, qui fous' clperancc creut contre efperance.Helasien
miellés & combien dé fortes nous fommes tenus Se obligez à noftre bon Dieu*pour lef-
quelles bous-nous deUons grandement refiouyri Et pourtant ayans iufte occafîon de
pfriu.130. rendregracés, chantons auec Dauid, Beny le Seigneur,© mon aroe:& tdutes IcVchoics
quieftes dédansmby, benin^zfohfaindbom. Monàmc, beny le Seigneur, Sine mets
point en oubly toutes fesliberaiitez.
M a femme 6c compagne bien-aimee,ie n'a*y point de bien pour Vous Iâifler,ne pour
vous enrichir après thoy fëîonîa façon ordinaire de ce mondermais voicy ce que ie vous
Lcteihmct IaiirepârteftâmétauSeigneurjâcequirvou^demcurcperpetueileméta^i nos enlans
cSaun pft bicn;aimcZ:ainiuôirïèthrefoir'dela îieUc&r jîâixfpirituelle,que vous auez gouftee&r
receueinterieurement:delaqueIlelaconicicncc afïàmee eft tërh plie en Tefus Chrift
par vn fentirnent fecret. Priez Dieu , priez Dieu. Or quant àu refte , iefuis Joyeux & a-
laigre au Sci£ neur,& efpere que ce bien me demeurera à jamais en del^uVdes portes d -
enferST dé toûs les diables.Et certes ic me refîgne entièrement 6c recommande au Sei-
gneur ïefusi 6c ay fiance ferme qu'il rn'adminiftrera force 6c vertu félon que matfeceffi-
téle requerra. Priez, priez, priez le Seigneur.
Voftre mary 6c compagnon en Chrift, LavrêntSavkdirs.
Qr ire ces lettres, on en a trouué encore plufîeurs autres eferites à d'autres Frères
détenus es mefmes prifons , faites en rythme Angloife a/Tez proprement : par lef-
quellesil les exhortoitàla vraye crainte de Dieu, & a obéir àfesfaincts comrnandeJ
mens,&: à viurc fainctement &c honneftemerit.Item d'autres lettres eferites i piuiîcurs
amisparcy,parlà, qui luy adminiftroyent de leurs biens en la p ri fon. Entre autres ily
auoit yne fem me noble, à laquelle il efcriuoitprefque en ce ièns : Qyji t auoit «eccu
grande commodité 6c confolation de fa libéralité &c benefîcencc, d'autant que par
cela on pouuoit b'ien cognoiftre vne finguliere bonté de Dieu cnuers les iiens , pluftoft
qu'vnebeneficence humaine. Et comme iccluynous a tous conïoinéts enfembJepar
Pourquoy foy en Iefus Chrift fon Fils noftre feul chef& efpoux , auffi nous conioint-ii Ici vns a-
maTha- ucc^csaufrcsentrcnousparferuicesmutuelss.lefquelsnousd^
rité. vns aux autres- par charité, prerhieiement à la gloire de Dieu&: de fon Fils noftre Sei-
gneur Iefus Chrift : puis àce quenous-mcfmes fpyons en bonne confeience conioinâ:s
enfemble : &: finalement p.our fermer les bouches aux aduërlaircs. Encecy tous co-
Ican 13. gnoiftront , dit le Seigneur , que vous eftes rues difcipJes j fi vous - vous aimez
l'va
Laurent Saunders. $ii
iVnlautre,commeicvousay aimez, Ccfte arjhc de charité nionftre bien aufli quelle
eft la prouidence fingulierc de Dieu enuers tous fes fidèles, car combien que ce foitluy:
feul qui donne nourriture à toutes fes créatures : tant y a qu*U difpenfe tellement çcftç
fienne prouidence, qu'en diftribuant à vn chacun chofes diuerfe$,il a, voulu qu'vn cha-
cun euft befoin du feruice ou fecours mutuetl de fon compagnon. Et cela pour certain *&W7*\
fert de beaucoup , non feulement à nousrendre honnorables » mais aufli pour entrete-
nir vne mutuelle beneuolence, nous qui fommes membres, de ce corps myftique.Que
s'il aduient que foyons forclos de la compagnie les vns des autres , ou par faute de biés*
ou par diftance des lieux, ou par quelque autre occafion : pour cela nous ne fommes
point empefehez d affifter &: donner fecours par prieresl fi plus auant nous ne pouuôs)
lefquelJespuifent les grâces celeftes en Chrift leur chef fpirituel, pour les efpandre &ç
verfer de l'vnen l'autre au fournifîement de tout le corps.
pvv r a*s t le temps que Saunders eftoitprifonnier,lesEuefque$ rirent vne defenfee^
^droite auec menaces , que la porte de la prifon ne fuft ouuerte à perfonne pour l'al-
ler voir. Sur ces defenfes fa femme vint auec fon fils nommé Samuel, cuidant entrer Ô£
parler à luy. Je Geôlier ne luy ofa donnner entrée , mais print le petit garçon d'entre les
bras de la mere,& le mena à fon pere.Et Saunders ayant fon fils deuant les yeux fut gra- Saundcns^
dément refiouy:& afferma qu'il auoit eu plus de contentement de la prefence d'keluy, jj^i^-
que fi on luy euft apporté trois ou quatre talens d'argent. Et le monftrant à ceux qui e- faut>
ftoyent prefens , qui auflï tous comme d'vne mefme bouche louoyent la beauté &ù la fa-
ce de l'enfant, dit, Quand moy & mes femblables n'aurions autre caufe, cefte-cy ne fu£
firoit-elle pas pour nous faire endurer la mort alaigrement , pluftoft que defirer la vie
prefente, & en la rachetant déclarer tels petis enfans baftards,& les mères adulteres,&;
nous paillards? ^"11 efcriuit à fa femme, qu'elle ne le vinft plus voir en la prifon , pour fe
mettre en fi grand dangcnluy remonftrant que quand on ne fe prefenteroit aux dagerç
de fon propre gré,encore viendroyent-ils d'eux-mefmes fans les cercher. Et la pripit de
continuer en la méditation des fain&es Efcritures(laquelle il appeloit la pafture de l'a-
me)&en oraifons fréquentes. & que ces deux chofes principalemét font que nous ap-
prochons de iour en iour & de plus en plus à la iouyfTàncedu royaume de Chrift &C de la
gloire d'iceluy, Par ce moyen ,difoit-il,iladuiendroit quelque fois que tous deux fe-
royét participans en vraye focieté , de l'immortalité bien-heureufe auec Iefus Chrift ô£
fes Sain&s : & que fans cela on ne peut attendre en ce monde finon toutes fortes de mi-
feres & fafchcrics. Etadiouftoit, Quefid'vn commun accord tous deux tafehons de
nous conioindre en Chrift le Fils de Dieu, il aduiendra par ce moyen que la focieté de
telle bénédiction diuine s'cfpâdra aufîî fur noftre petit fils Samuel. Et ia-fôit qu'en bref
(comme il femble) la vie prefente deufteftreoftee à tous deux, &que noftre petit Sa-
muel demeure deftitué de tout fecours corne pou r e orphelin : toutesfois il ne faut dou-
ter qu'iceluy n'expérimente quelque iour la bonté de Dieu , qui luy fera tuteur &: cura-
teur bénin. Car de fait ce bon Pere & Seigneur,qui comme il ne peut eftre trompé,auf-
iine peut-il tromper, a fait cefte pro méfie, le feray ton Dieu,& detafeméce aprestoy.
Et quan.d il faudroit mourir pour la cÔfeffion de Chrift, ou endurer quelque autre cho-t
fe femblable , en forte que vous ne peufliez pouruoir aux necefïîtez de l'enfant , &: qu'i-
celuy feroitlaiflenud en vndefert:tantyaqueceluyquiaeu compaflîon du petit en-
fant de la feruante Agar ietté au defert , encore moins mettra -il en oubly ceftu^ npftre
petit Samuel, ou le fils de quelque autre que ce foit qui aura la crainte du Seigneur, &
mettra fa fiance en luy .Que fi noftre foy eft fi foible (comme il aduient afTez de fois)que
nous ne puiffions croire cela, prions noftre Seigneur en toute humilité , tant pour cela
que pour quelconque neceffité que ce foit. Bref ,m'amie& aimée compagne, ie vous
prie afFe&ueufement& exhorte que vous-vous efiouyfiiez au Seigneur. O quelle ma-
tière de refîouyfTance nous auons en luy, quand nous confiderons ce royaume éter-
nel, qui eft propofé en ce bon Seigneur és lieux celeftes par la pure grâce de Pieu,
àceuxquirenonçans àeux-mefmesenont finalement la iouifiance! Et pour certain
cela eftvrayement fuyure Iefus Chrift, qu'vn chacun porrefa croix. Et lors fi nous
endurons auec luy, nous regnerpn s au ffi auec luy à perpétuité. Ainfifpit-il:£; en bref,
& en bref,
Gg. ii,
Laurent Saunders.
Revénans à l'hiftoire de Saunders, il refte de réciter comment on procéda cô
tre luy pour la féconde fois, quand il fut rappelé deuât le fîegc iudicial des Inquifiteurs
&: CornmiiTaires:&: comme il refpondit. Le Chancelier l'interrogua en cefte façon:
T y ne peux ignorer, Saunders , que delîa dés long temps tu es détenu à caufe de tes
herefies exécrables, &: mefehante doctrine que tu as femee . maintenant le temps & le
iour eft venu auquel fi tu veux, tu peux obtenir mifericorde,te rendant obeiiTant,& de-
rechef te reduifant au bon chemin auec nous, voila, le pardon t'eft offert. Nous deuons
bien tous côfeffer auec toy,que prefque tous fommes tombez en erreur commun auec
les autrcsrmais nous fommes derechef releuez par repentance, & ramenez à l'eglifé ca-
tholique, delaquellenous-nouseftionsdeparris. Saunders en toute reuerence dit au
Chancelier, & aux autres feigneursqui eftoyent làaflemblez, Vos reuerences fauues,
magnifiques feigneurs, ic demande terme pour aduifer de refpondre comme ie doy fur
Calomnies ce que vous me demandez. C h a n c e l. Laifle-Ja ce fard de parollèspôpeufes,& cefte
celS"" rhétorique ambitieufe.car défait cela vous eft peculier& familier à vo'autres, que vo9-
vous plaifez merueilleufemenr en ces braues façons de parler, dy nous icy que c'eft que
tu veux affermer ou nier. Savnd. Monfieurle rcueréd,le temps ne pei met pas main-
tenant que nous-nous lafehions la bride à defguiicr&- farder nos parolles . la condition
où ie fuis pour cefte heure, me rend allez efloigné de cefte arrogance, laquelle vous m -
attribuez. le cognoy mon petit fauoir&pouuoir , cependant touttsfois i'ay befoin de
bonaduispour refpondre prudemment à vos demandes fi hautes &de figrande im-
portance : comme ainfi foit que neccflairement il me faille tomber en l'vn de ces deux
dangers .ou que ie perde ma confeience, ou la vie prefentede cecorps. Et pour dire
franchement, cefte vie & liberté m'eft vne chofe precieufe, moyennant que iela peufîe
contregarderfansbleffer ma confeience. Chanc. C'eft bien à propos, confeience.
vous autres n'en auez poinr, mais plus d'orgueil &: d'arrogance qu'ilne feroit de befoin.
car vous-vous plaifez tellement en vous-mefmes, que vous vous retirez de la commu-
nion de l'eglife. Savnd. I'ay vn tefmoin ,& iuge de ma confeience, afTauoir le fouue-
rain Seigneur qui feul fonde les cœurs. Et quant à cequevous memettezenauant,que
ie me fuis retiré de cefte egljfe laquelle jous tenez maintenant pour catholique : ie re-
Saundcrs rc fpon à cela, le n'ay encore changé de cefte foy &: Eglife , laquelle m efme vous nous a-
i^eficu/" utZ aPPr,n^e» l°rs 9ue ie n'auoye que quatorze ans : afTauoir que n'adiouftifîîons foy. au
incôftmcc. fîege Romain, ny a fes abus : & ne luy donniflïons aucune authorité ou crédit. Nous a-
uons, dy ie,puifé &: tiré ces chofes de vous mefmes : comme de ceux qui nous eftoyent
conducteurs ôimaiftres. Chanc Or fus,dy-nous Vn peu ,Qui font les autheurs qui
vous ont abbreuuez de ces herefies, touchant le fain&facrcmentde J'autel'S a v n d-.
S'il eftoit licite de commettre de deux maux rvn,icpenfe quilyauroit moindre cau-
fe de punition de couper vn bras ou vn pied d'vn corps, ou quelque autre membre,que
fi on trenchoit la tefte du corps . Et vous autres meilleurs les reueTends, &c tout voftre
Confdsion ordre &'afTcniblce auez donné vos voix publiquement,*: confenty quelquefois que la
dcSauiidcr5 primauté du (iege Romain fuft retrenchee de cefte republique(comme vn chef baftard
ôc vicieux) laquelle vous talchez maintenant de remettre au dcfTus , ayans changé d'o-
pinion. L'e v e s qj/ e de Londres, dit au Chancelier, Monûeur, s'il plaift à voftre re-
uerence ie produiray icy vne confeffion eferite de fa main contre le fainét facrement de
l'autel* Toy, Saunders , que refpondras-tu à cela? Savnd. Il ne faut point attendre
que par cy après ie m'aceufe moy-mefme. Et vous-mefmes n'auez rien contre moy, dot
à bon droict vous-vous puifliez pleindre. Chanc. Continueras-tu d'endurcir ainfi
ton efprit?ne reccuras-tu la liberté laquelle nous te voulons offrir ? Savnd. le vou-
droyefupplier vos reuerences, de moyenner vers lamaiefte delaRoine,que fon bon
plaifir fuft de me donner tellement la vie, que cependant il me fuft loifible de garder
ma confeience fauueauec ma vie. Et de ma part i'efperebien tellement viurefous fa
fubie&ion, qu'elle cognoiftra que ie luy feray fidèle & obeillant : finon,i'ay délibéré
d endurer pluftoft toute extrémité de maux, moyennant l'aide de mon Dieu, que de
La façô des bleffer ma confeience. Chancei. C'ef^ bien à propos , qu'il foit licite à vous au^
Donauftcs. tres de viure comme bon^us femblera. Tels eftoyent iadis les Donatiftes , lefquels
voulans fuyure vne façon particulière de vie, cerchoyent de viure toutautrement que
les autres : &: tototes'fois ne meritoyent pas que la terre les fouftinft vifs, comme aufïï
elle ne
Laurent Sauniers. jtj
clic ne vous fouiliendrapas longuement : ce que vous expérimenterez auant qu'il foie
feptl ours. Ayant ainfi parlé, il fit ofter Saunders de là. lequel leur dit» Ce que le Sei-
gneur nous enuoyera , foit fait, foit la vie ou la mort. Et de ma part, ie vous veux bien
dire qu'il y a long temps que iay appris a mourir. Cependant ie vous aduerty de vous
garder d'efpandre le fang innocent, croyez-moy, qu'vn iour il criera au Seigneur,& de-
mandera vengeance contre vous.
Apres ces chofes ainfi faites , lefquelles appartenoyent à l'examen &c à la cognoif-
fance de la caufe : les officiers prindrent Saunders , & le tirèrent hors de la foule , & le
gardèrent iufques à ce que fes compagnons fuflentdefpefchez de mefme façon, pour
les mener tous enfemblecnprifon. Saunders donc attendant quelque temps dehors,
ainfi quele peuple eftpitailem blé pour voir ce qui fefaifoit, il l'exhorta de grande ve- Remonftr-
hemence ceux qui là eftoyent, à garder la doctrine qu'ils auoyent receuë: ôcrepnntde cède saun-
legereté &inconftance, ceux qui foudainement s'eftoyent reuoltez deChnit, pourd"s auPcu
fuyurel'Antechrift. Illesadmonneftaque fe rcdreflans de bonne heure par repencan- pC'
ce,ils retournafTent à Iefus Chrift auec vne foy entière, maugré l'Antechrift, le péché,
la mort & Satan, &qu'ainfi ils auroyent repos en toute feurtê& félicité en lafaueur&
benedidion du Seigneur.
Sa v nd e r s «ut plufieurs pareils combats &difputes contre les Euefques.lefquels
finalement Tayans déclaré excommunié, le dégradèrent & Jiurerent entre les mains côdamna-
du bras feculier, comme on a accouftumé de faire. Le Maire de Londres le pnnt , &c le 5°^^
mit en la prifonqui eft dedans les limites de la cure de Saunders. La rue eft appelée au° 6
Bradftref.h prifon Counter. Celaluy apporta vn fort grand foulagemeut, & ce d'autant
qu'il trouua en cefte prifon Cardmakerion amy,ôc compagnon d'v ne mefme caufe 6c
affliction :&: pour cefte raifon principalement qu'eftant entre fes brebis, il auoit recou-
uré cefte opportunité de les inftruire & exhorter de la prifon,comme s'il euft efté mon-
té en chaire: voire eux pour l'amour defquels il eftoit détenu prifonnier.
COPIE <fvne lettre qu'il cfcriuit de cefte prifon à fa femme, & a quelques autres fes familiers & amis , après que la fentence
de mort eut efté prononcée contre luy, eferice le dernier iour de Ianuier, M. D.LV.
^"La grâce de noftre Seigneur Iefus Chrift , & la confolation du fainct Efprit vous
conlerue par foy & confeience entière , afin que vous foyez vaifteaux de fa gloi-
re fan s fin, Amen.
J^IfSE quelles actions de grâces &: louanges pourrons nous allez célébrer la bonté &:
g|j§^mifericorde de noftre Dieu,&: fadile&ion infinie cnuers nous;& moy iepremier,
qui fuis le plus ingrat de tous les hommes du monde? Pour cela ie vous prie afFcctueufe-
ment que priez Dieu par fon Fils Iefus Chrift pour moy, qu'il luy plaiie mefaire pardon
tant de mes autres forfaits griefs & infinis, que pour cefte mienne grande ingratitude
enuersluy. Or de vouloir reciter par parolles, ou comprendre par penfees cefte mife- Lamiferi-
ricordç& bénignité de Dieu en fon Fils Iefus Chrift , qui eft vne chofe du tout infinie JSeîeftin-
& inénarrable , ce feroit autant comme fi i'entreprenoye de puifer &: verfer toute la finie,
grand' mer Oceane en vn petit gobelet , ou de comprédre les eftoilles en certain nom-
bre. Omafemme bien-aimee,& vous mes amis lie vous prie de bonne affection que
vous-vous efiouifTiez auec moy, rendans grâces à noftre bon Dieu de ce qu'il m'a fait
ceft honneur, que ie glorifie fon Euangilc non feulement par cefte mienne vie, ôc ces
leures,& ce cœur incirconcy : mais auffi par vn tefmoignage fi grand de ma mort &c de
mon fang. Et afin que ie die ce qui en eft, mon Seigneur Iefus m'a tellemêt ofté iufques N.alIoirhot
àprefent toute crainte & fentiment de la mort , que ie n'ay point horreur d'icelle. mais reur de b.
fi ceft efpoox bien-aimé mon Seigneur Iefus Chrift , retirant fon Efprit de moy vn bien J^y1}™
pcumclaifToit,helas mifcrable! ienefayqueiepourroye deuenir. Et quand enco- (p™
re il luy plairoit de le faire pour m'efprouuer, fi eft-ce que ieconçoy en mon efprit Dic"î
vne bonne efperance qu'il ne fera pas ne loing,ne long temps abfent de moy: ains
félon le cantique myftique de Salomon, eftant derrière la paroy regardera par les fe-
neftres ou par quelque rendafTe de la paroy, pour ouyr que ie fay. Ceft ce Iofeph
tant plein de grand amour: que combien qu'il femble parler rudement à fes frères:
fie menace Beniamin fon frère bien-aimé & germain, de le faire mettre en prifon:
tant y a qu'il ce fc peut tenir de plourçr auec nous , &c quant & quant de fe ruer
Gg.iii.
Lùtrcj II IL Laurent Saunders.
fur nous pour nous embraflfer de fes deux bras.Quc rien donc ne vous deftourne de luy:
ceiwfc 4j. pluftoft delahTans toutes chofes allez à luy auec Iacob le pere & fes enfans, qui ont bif-
fé & leur pays &c toutes leurs amitiez acquifes. Ce Iofeph a obtenu pour nous que Pha-
raon mefme nous fournira de haquenees & chariots pour nous faire pafTer outre félon
noftre defir. Et nous expérimentons auffi comment nos aduerfaires nous abrègent fort
le chemin, pour faire que nous paruenions pluftoft aux repos bien-heureux:& nous ad-
miniftrent toutes choies feruates à cela mefme. Beny foit le Seigneur. le vous prie doc
ne vous efpouuâtez aux bruits de fonnettes , ny à ces vains fpe&acles & fantofmes , lcf-
quel< fe viennent offrir par le chemin-.mais pluftoft craignezle feu de la géhenne , crai-
gnez ce ferpent ennemy,qui a l'aguillon de la mort ecernelle:auquel tous ceux qui font
fans foy,pnu.ezdela familiarité fcfocieté du Fils de Dieu ( qui feula commandement
fur la mort ) font fubiets & deftinez à la mort . ^ A u refte , nous , ma bon ne amie , 8c
vous aulfi mes frères bien-aimez en lefus Chrift,lefquels Dieu a tirez hors de la puiflan-
Le triôphe ce de ténèbres , vous defpouillant du vieil homme , &: faifant veftir le nouueau , qui eft
font^i^ noftre Seigneur lefus Chrift,lafapience,lafandification,laiuftice& rédemption d'icc-
CkV luy:nous(dy-ie)auons dequoy triompher auecgrandeaffeurâce contre Satan le dragon
horrible, contre-la mort,le péché, la gehenne& toutes fortes de maux. Noftre Serpent
d'airain a rebouché &c aneanty l'aguillon mortel du vieil Serpent;& pourtant il ne nous
refte plus maintenant, à nous qui iouyiTons du gracieux regard de cefte victoire , fin.cn
de chanter vn chant royal au Roy victorieux lefus Chrift,recueillans le butin 8c les dc-
Ofce 13.14. fpouilles du Serpent abbatu,& difans auec le fainct Prophète, Mort, où eft ton aguillô?
Enfer,où eft ta victoire? Nous rendonsgraces à noftre Dieu , qui nous a fait obtenir vi-
ctoire par noftre Seigneur lefus Chrift. ^ Ayez touûours fouuenance du Seigneur,ayez
hefTe en efpcrance, patiéce en tribulatiompriezfans ce/re,&: fuppliez le Seigneurpour
moy qui fuis maintenir deftiné à occifion.afîn que ie foye fait facrifîce agréable à Dieu.
A grand' peine me donne-on loiûr de vous efcrire. Pour cefte raifon pardonnez-moy G.
pour l'heure prefente ie vous enuoy e des lettres plus brieues &c reftreinteis que ne vou-
driez Et quant & quant ie vous prie les receuoir comme vn deuoir de recommadation
tant enuers vous ma femme, qu'enuers tous les autres qui nous aiment au Seigneur,
principalement vers mes parochiens,entrelcfquels Dieu m'a maintenat conftitué par
fa faindteprouidence : combien que ce ne foit auec telle condition que ie puuTc pref-
cher félon la façon accouftumce entr'eux , affauoir qu'il ne m'eft loihble de monter en
chaire : tant y a que ça efté en telle forte que mes liens ne font point du tout fans fruict
entr'eux,puis que Dieu l'aainu* voulu par fa mifericorde & bonté. Et combien que ic
Leminifte- foye indigne d'vn tel miniftere, neantmoins il faut bien rendre gloire &: honneur au
« de Saun- Seigneur lefus fouuerain Pafteur,duquel la vérité leur a efté manireftee> & feraencorc
glorifiée par ma mort , en la vertu d'iceluy qui les repaift par moy.
• Vo v s ferez fauoir de mes nouuellesà madame G.femmehonnorable,& me recô-
derez à elle, & luy communiquerez ces lettres :iefày bien qu'elle faluerales autres en
mon nom. M'amie, ne vous tourmentez point: remettez toute voftre folicitude au Sei-
gneur, auquel ie vous prie me recommander par vos prieres&oraifons larmoyantes:
comme auffi ie vous recommande à luy,& noftre petit fils Samuel , lequel i'ay délibère
eftantvenu au pofteau prelenter en oblation au Seigneur ne plus ne moins que moy-
mefme. Ainli ie délire de bon coeur que vous-vous portiez bien tous au Seigneur lefus,
eftans fortifiez d'vne bonne efperance , que cy après ieferay conioint ensemble auec
vous en vie bien-heureufe&: éternelle. Cefte efperance eft profondement enracinée
en mon cœur : Amen, Amen, A mem Noftre Seigneur & bon Dieu foit loue & bénit
éternellement: Amen. Priez, priez.
A près que TEuefque de Londres l'eut dégradé le quatrième lourde Feurier de fa
preftrife , Saunders déclara qu'il rendoit grâces à Dieu , d'eftre feparé& mis hors de
cefte eglife,à laquelle il ne pouuoit eftre conioinct que ce ne fuft a fa ruine & perdition.
^"Lc Maire de Londres le liura aux officiers de la roine Marie pour le mener à Couéti-
re,lieu ordôné pour (ô dernier fupplice.Eftâs môtez à cheualja première repeuëfut en
vne petite ville nômé faict- Aubin, Là Saûders rencôtrant maiftre Grimoald l'exhortaà
M môftrer meilleure côftâce qu'il nauoit fait , luy demadant s'il levoudroit fuiure à boire
ino«dd. de ce calice.Grimoaldfau demeurant home de fauoir,& qui auoit grâce de bien parler)
dit
Robert F mûr. 314.
dit qu'il refpôdroit biéde ce gobelet qu'il cenoit en fa main: mais qu'il ne fe prbmettoit
rien de la coupe de laquelle Saunders entendoit parler. Êt Saunders luy refpôdic, Mais
quoyfmon Seigneur Iefus Chrift n'a point fait difficulté de boire pour l'amour de moy
d'vû breuuage beaucoup plus fafcheux.Et moy ne beuuroy-ie point après luy,veu qu'il
me femond à boire? Le croiûeme iour après ils arriuerent à Couentric de nuici : là vn
certain cordonnier citoyen de la ville,vint à luy:& après l'auoir falué,luy dit,Noftre bô
maiftrele Seigneur vous vueille confotter & confoler. Auquel Saunders refponditj Fre
reô£ amy,ie vous mercie grandement:^ prie qu'ayez fouuenacc de moy, & me recom-
mandez à Dieu par vos prières :& faites-le de tant meilleure affection, que ie fuis indi-
gne de ce miniftere que ie doy pat acheuer. Cependant iay bonne efperance en Dieu
mon PcretrefbeninjduquellapuifTancemepeu^armer contre toutes aduerfîtez pro-
chaines.Sur cela il fut mis en pnfon publique entre les mal-faicteurs , où il dormit bien
peu:de manière qu'il employa piefque toute cefte nuict en prières &c oraifôns fainctes;
ou en deuis falutaires qui appartenoyent à rinftru&ion des autres. Le iour enfuyuant,
qui cftoit le huitième du mois de Feurier,on le mena en la place pour eftre exécuté vn
peu hors la ville,pres vn bofeage aflez prochain de la ville de Couentrie,n'ayant fur foy
qu'vne longue robbe fort vfee &c fa chemifè defîbusrau demeurât il auoit la tefte &c les
pieds nuds.En allant il fe iettoit fouuent à terre,& prioit Dieu: & comme il approchoit
du lieu vn de ceux q. auoyét la charge de le faire brufler,parla à luy,reprochat qu'il eftoit saunders fc
vn de ceux qui auoyét corrôpu le Royaume de laRoine par faufTe doctrine &herefic: & fouuét
l'appcloit Perturbateur de la république,^ qu'à bon droid il deuoit eftre pUny : & tou-
tefois reiettat fes opinions,s'il venoit à fe réduire de bonne heure au bon chemin,enco Dieu. J
re y auoit-il efperance que pardon luy feroit fait, & la vie luy feroit fauuee parla grâce
de la Roine.finon,il voyoit là le feu prcparé,dedans lequel on le ietteroit promptemêc
s'il ne fe repentoit.Saunders fit cefte refponfc,Nous qui fommes ambaffadeurs de la ve
rite diuine,fommes fauffement aceufez de cecy,comme fi nous auiôs offenfc la Roine*
ou troublé la republique. Pluftoft cefte aceufation doit eftre reietteefur toy & fur tes
femblables,quiiufquaprefentaueztoufioursreflftéopiniaftrement à la parolle eter-
helle de Dieu. De moy,ie ne maintié aucunes herefîes,ains la droite difeipline deDieu;
&; le faind Euangile de fon Fils.C'cft ce que ie maihtien& croy,& ce que i'ay enfeignéi
& que ie ne reuoqueray iamais.Ceftuy-cy ayant ouy parler Saunders de cefte façon, cô-
xnanda qu'on leiettaft foudain dedans le feu.&: incontinentSaunders fe mit de fon bon
gré en la main des bourreaux pour eftre lié. mais auant que faire cela , il fe profterna en
rerre,& pria Dieu. Puis fe leuant embraffa le pofteau auquel il deuoit eftre attaché>&: ApoftrrV
dit,0 croix de mon bon Seigneur lefusilncontinent après il fut lié:& eftant enuironné^1^11
de flamme &c de feu> rendit paifîblement l'efpnt au Seigneur.
ROBERT FERROR, euefque Knglois.
S I nos afrîi £Hons prennent commencement par quelque aceufation pour choies temporelles, coiifofons-nous à l'exemple Je ce
fainA Euefque, & nous humilions deuant Dieu.a ce que puissions refifter à tentations: & que la rage de ceux qui pour-
chaffentnoitre mortpour haine fecrete qu'Us portent i 1* tuangile/oit furmonteepar noftrefoy & patience.
E premier Euefque qui fetrouue au catalogue de ceux qui ont enduré la MJXLV"
mort après Iean Hooper euefque de Gloceftre,c'eft Robert Ferror euefque
deSaind-DauidaupaysdeGalles,lequelauoit efté appelé à cefte dignité
_ par le moyen du duc de Sommcrfet,protedeur d'Angleterre du viuant du
roy Edouard v i .Plufieurs iniures & fafçhcries luy furent faites du temps dudit Roy , z-
près la morr du PVotecteur,à la fufeitation ( comme la plus commune opinion eft ) d'vn
nommé Conftantin,quifedefpita contre loy à caufe qu'il auoit refufé vne prébende à
qlcun qui eftoit ignorant.Quelq chofe qu'il y ait* foit que ce Conftantin fuft proUoqué
pour cefte caufe ou quelque autre,on pourchafTa cefte fafcherie à ce bon Euefque en iu enpeîneT
gement contradictoire.Le nœud de fon aceufation eftoit, qu'il auoit retenu longue ef-
caule d'vne
pace de temps quelques prébendes de fon eglifc* iufques à ce qu'il euft trouué des per- Prebender
Gg* iiii.
fonnes idoines pour leur côferer ces benefices-.en partie auffipoUrce qu'on difoit qu'il
auoit acheté pour foy des terres & pofleflions,qui eftoit contre les loix publiques, caril
y auoit vne dercnfe faire aux Ecclefiaftiques,par les loix & ordonnances du pays , de ne
s'entremefler des affaires du monde. Et nonobftant Ferror auoit toujours elle efloignc
d'vne telle conuoitife.mais voicy comment il en alloit : Vn fien voifin home noble eut
quelquefois bcioin d'argenr,&: pour cela mit en vente certaines terres, Ferror voyant
la neeefikédecegentil-homme,tutefmeu de faire quelque tranfaction auecluy, pluf-
toft que de le voir contreint à vendre ion héritage. Et combien qu'il ne fuit fort pecu-
nicux,toutefoispourfubuenii àla neceffitéprclente de (on voifin,il luy fit ceft offre de
luy prefter argent autant qu'il en auoit befoin,fous condition qu'iceluyluy bailleroic
vne partie defa terre correfpondante à la fomme , comme pour gage ou aiïeurancede
fon argent : &: rc prendroit derechef la tcrre,quand il auroit payé la (omme. Ainlî vou-
loit-il poui uoir qu'à l'aduenir il ne fuft point en danger de perdre la fomme qu'il au roic
preftec:d'autrc part que le gentil homme euft moyen de fubuenir à fa necefhté, en fau-
uant Ion héritage. Et ne faut douter que ceft Eucique,qui eftoit homme de bonne vie,
n ait fait cela pour gratifier à fon voifin , pluftc ft que faire profit de luy.Iladuint depuis
quele gentil-hommeayant délibéré de vendre fon bien, s'adreiTa à Ferror première-
ment^ voyant qu'il ne le vouloitacheter,ilfe retira à vn autre gentil homme , qui de
long long temps vouloit mal à Ferror. <j L'Euefque ayant entendu le tout,& confi-
derant quelle ralcheric&: inconuenient ce luy feroit fi vn voifin haineux occupoit vne
fois ces terres qui luy eftoyent prochaines, marchandaluymefme le fond de ceft herita-
ge,en forte toutefois que le gentil-homme vendeur auroit faculté de reemerer, ceft af
L'inimitic lauoit racheter (on bien toutefois & quantes que bon luy fembleroit. Onlcchargea
de Nor- aulfi qu'il n'auoit payé au threlor du Roy le reuenu de la première année. Cependant
th°d"contr le duc de Northomberland,qui luy vouloit mal de mort (poffible de ce que le duc de
So nmcS Sommerfet luy portoit faueur) tafehoit en toutes fortes de luy ofter fon euefché , pour
le faire tomber és mains de quclcun qui fuft de fa faction. Ceft Euefque donc eftanten-
ueloppé de tels troubles,&: exercé de telles prceuues,fut arraché &: feparé de fon eglife
&: détenu es priions de Lôdres prefquc deux ans entiers, vers la fin du règne du roy Edo-
uard v i . CTous ceux qui furent autheu rs de ce trouble &c tempefte , furent caufe
de îetter ceft Euefque dedans la tempeftexar cependant qu'il eftoit détenu en la pnfo
nommeeFletien,laperfecutiondelaroine Marie furuint , durant laquelle Ferror fut
là trouué tout à propos comme entre les premiers. On cerchoit à tous coftez les autres
Euefqucs pour les conftituer prilbnniers: mais la prifon le prefenta à (es aduerfaires
pour luy faire fon procés:&: Dieu voulut cju'il leur fuft vn rocher inuincible. Nous
pourrions icy dire comment Ferror a efte traité rudement par fes aduerfaires Papiftes,
quel a efté le procès tenu contre luy,& quelle fut fa condamnation: m ais à grand peine
a-on peufauoir encore la procédure en tout cecy, ûnon qu'après M.Iean Hooper on le
mit hors de la prifon pour eftre interrogué. Et les luges voyans qu'ils ne le pouuoycnt
deftourner de la verité,laquelle il maintenoit,prononcerent fen tence contre luy, telle
qu'ils auoy ent faite contre Hoopenfi que le douzième îour après il fut mené au pays de
Galles,en la ville de Carmarden, de laquelle il eftoit Euefque,pour eftre bruflé auec
grief tourment-car alentour de luy il y auoit bien peu de feu : mais princlpalemet d'au-
tant qu'en lieu de bois ils n'ont en cefte contree-la que des mottes égalons, qu'il tirer
d'vne terre grade & m oit te. Le feu donc allumé de telle matiere,faifoit plus de fumée
que de flamme,&; là fut ietté ce S. Martyr de Iefus Chrift,& bourrelé d'vne façon autâc
rcuelle qu'on a gueres vcu.
O r ceft EuelqucR.Ferror eftoit homme de ftature allez grande,&:robufte de corps,
de couleur noire,conftât &:ferme en fes fai&s &: dicts,graue en fes mœurs autat que nul
autre qui tuft.^ Et outre les vertus excellentes,il auoit cecy de fingulier ( &c à grand pei-
ne en eult-on trouué vn autre qui euft cela que luy)aiTauoir qu'il auoit retenu fi bie par
cœur les paifages,lesfentenccs&: chapitres tant du vieil que du nouueau Tcframent,
qu'il ne luy ta! ioit point de liure pour monftrer le lieu duquel on parloit. Ce Martyr fi-
dèle de Chrilt,euefque de lainct-Dauid^ut bruflé enla ville deCarmarden,l'an du Sei-
gneur m . d . l v .le xxvi .iour de Feurier.
THOM.
Plujteurs Martyrs .
THOMAS
*lf a-il vn Mutius SceuoLa rant célébré des anciens Roma4ns,qui puifle eftre accomparé en vertu & conftancea ce Martyr: au-
quel la mainfutmife àl'eiprœuue lur la flamme ardente auant que le lurplus du corps ait efte misau feuî
N celte forte donc il y eut cinq excellons Prefcheurs brûliez au mois de Fe-
(iJÏCr^ urier,entre lefquels il y auoit deux Euefqs. Au mois de Mars liiyuant il y en
""eut huit autres exécutez pour le teimoignage de cefte doctrineChreftiéne.
Le premier futThomasTomkins, citoyen de Londres,tiiferand de Ton me
M. D.LV.
ftie: .Or les cinq defquels il a efté parlé iufques icy,furent condamnezpar eftienne Gar
diner euefque de Vvinceftre, qui pourlorseftoitgrand Chancelier du royaume d'An-
gleterre. Depuis s 'ennuyant de la peine &C fafcherie qu'il luy falloir prendre, ilrenuoya
les procès des autres prifonniers à Edmond Bonci euefque de Londres, pour les con-
damner : comme nous pourrons ouyr cy apres,s'il plaift à Dieu . Il eft parlé de Gar
diner cy de/Tus en l'hiftoire de Rogers,maintenant on poun oit parler de Boner,pource
qu'il en eft fait mention fouuentcy apres:aiTauoir quec'eftoit vn homme merueilleu-
femét cruel à efpâdre le fang : &fembloit que nature ne l'euft mis au mode q pour cela,
mais pource que nous orrôs cy après q les Martyrs qu'il a condânez à mort, ont fait leur
deuoir en ceftendroir,il vaut mieux lelailTer là,& venir au récit de l'hiftoire de Tom-
kins. ^ Tomkins,ti/rerand,duquel il eft icy fait mention,fut amené deuant Edmond
Boner euefque de Londres. Entre tous autres Martyrs qui depuis ont efté exécutez en
grand nombre,ceftuy-cy fut le premier qui iouftint la fureur de ceft Euefque : lequel
comm ençant par ceftuy-cy,monftra ouuertement l'cfprœuue de fa cruauté. Car com-
bien que Tomkins fuft homme fans lettres,ncantmoins il auoit allez de fauoir pour ne
pouuoircftrecôutincu parl'Euefque.&: eftoitiifermeenicelle,qu'ilne voulut ïamais
donner lieu aux erreurs qui eftoit reprouuez. Comme ainfi foit donc que ceft homme
de meftier ne peuft eftre deftourné de la profefiîon qu'il maintenoit , Boner vfa d'vne
nouueile ruic:c'eft que ne le pouuât veincre par raifons&: argumens , il luy voulut faire
fentir quelques angoilîes mortelles auantquclefairemourir, pourl'eftonner du tout.
Il fît apporter par fes feruiteurs vn flambeau ardant , &: dit à Tomkins,Mefchat garne-
mcnt,fi tu penies qu'il y ait fi grand plaifir à endurer le tourment du feu, ie te monftre-
ray en cefte flammc,&: ientiras par expérience que ceft d'eftre bruflé:puis après fi tu es
fage tu changeras d'opinion. &c quant &c quant fit commandement qu'on luy arreftaft
la main fur cefte flamme ardantepenfant par ce moyen eftonner le poure homme par
la vehem ence de la douleur,&: le deftourner de la doctrine quil auoit maintenue. Mais
cetilferand,bruflantau dedans de plus grand' flamme de zele,endura cefte bruflure ex
terieure de telle conftance,quefon tyran ne profita de rien , linon qu'il deuint beau-
coup plus cruel.car ne fe contentant de luy auoir défia bruflé la main , ne cetfa iamais à
ce qu'il l'euft fait tout réduire en cendres.ee fut en vne place de Lpdres nomee Smyth-
fild,le cinquième de Mai s, m . v . l v ,
Le Chance--
lier enuoye
les procès à
Boner,
TomKinç
end:.re la
main eftre
fîamboyeC;
THOMAS H YGBY,^THOM AS C A V S S O N,
Ç E S deux gentils-hommes furent bruflez en vn mefme iour pour la verité,& pour la confeffion qu'ils ont ren-
due à lâ vraye doûrine de l'Euangilejlacnftlle confelfion eft icy inférée.
N ne pourra nommer que bien peu de contrées ou diocefes en tout le roy- m.D.LV,
!aumed'Angleterre,quclquegrâd'qu'il foit, qui ayent efté du tout exéptees
rde cefte perfecution faite fous la Royne Marie : &c entre les autres à grand
Jpeiney en a-il qui ayent tant produits de Martyrs fidèles , que la contrée d'-
■»Eilexie & l'autre voifine, aflauoir Cantier. En ce mois de Mars il y en eue
plufieurs qui fourfrirentmartyre,defquels il fera parlé cyapres-.mais il y eut deux per-
sonnes notables entre les autres,&: de maifons notables,l'vn nommé Thomas Hygby,
l'autre Thomas Caulïbn;ce dernier eftoit plus aagé , & tous deux eftoyent allez riches.
Lime II IL T bornas Ifygbj, & Thomas Çaujfon,
Leur vertu ôc religion ne peut pas demeurer longuement cachce,que finalement, eftas
trahis &: empoignez,les Gouuerneurs deColcellre les rirent emprifonner. ^On cnv
prifonna auec eux vn feruiteur deThomasCaufibn,qui fe monftra confiant en la vrayc
religion. L'euefque de Londres eut charge de faire leur procès: &: s y trouua auec maia
forte à caufe qu'ils eftoyent de bonne maifon,&: auoyét la faucur de leur peuple:& crai-
FeKnam. gnoit qu'il n'y euft qlque tumulte. Là auffi fe trouua Fcknam,duquel cy deflus en l'hi-
ftoire de Iane G raye eft faite mention , lequel fut là appelé tant pource qu'il eftoit ftila
&ruféàinterroguer, que pource qu'il auoit défia de quelque temps familiarité auec
CaufTon.Et comme il fit tout fon pouuoir à perfuadcr,auffi Cauifon fit tout effort à luy
refifter &: fu rmonter fa rufe.Les autres pareillement fi eiTayerent de faire tout ce qu'ils
peurcnt par douces paiollesjmenacesjpromefies&cftonnemens.tellement qu'on vint
iuiques à ce poin&,que les prifbnnicrs demandèrent loifir pour y penfer. Cela donna
quelque crainteaux fideles,qui auoyent peur que leur fermeté ne vinft à ployer,ou que
par infirmité ils ne feufitnt deceus par fraude. Mais tat s'en fallut que le terme qui leur
fut donné amoindrift leur confiance & fermeté, que pluftoft ils fe monftrerent puis a-
pres, plus munis que parauant,&: firent conteffion de leur foy en la façon qui s'enfuit:
No v s croyons & confefibns que nous renonçons à Satan & à (es œuures& toutes
fes pompes:au monde & à la chair auec toute la vanité fes flateries &: mefehantes
concupiicences: eftans regenerez parle Baptefme. Qutreplus,que nous fommes necef-
fairement obligez & aftreins à garder de toute noftre affecïiô,la loy facree du Dieu tout
puiflant,&: fes fain&s commande mens & ordonnances, &: cheminer en icelles tous les ,
iours de noftre*vie. ^ Nous croyons tous les articles de la foy Chreftienne,qui font
contenus au Symbole.Que toutes les choies que l'vfage tant du corps que de lame re-
quieit,(orucontenuesertroraifon Dominicale, &: que toutes nos demandes doiuent
eftie adreflees à Dieu feul,& non point auxSain£ts,n'y aux Anges mefmcs. ^"Nous
recognoiflfons qu'il n'y a qu'vne Eglife catholique,qui eft la communion des Saincts , e-
Epheri. 20 difiee fur le fondement des Apoftrcs &: Prophetes,dont Iefus Chrift eft la pierre angu-
laire,qui a expofé fa propre vie pour icelle , afin qu'il la rendift glorieufe &c fans ridede-
uant fa face. Quelque chofe que cefte Eglife foitglorieufe,toutefois nous confeflbns q
de fa nature elle eft infirme & fuiette à péchez: &c pour cefte caufe elle a befoin de faire
cefte requefte à Dieu,Pardonne-nous nos on°enfes,&: ce au nom de Iefus Chrift, qui eft
AO.4- » ]c (cul nom fous le ciel donné aux hommes(fclon le tefmoignage de fainit Pierre es A-
&cs)auquel il nous faille eftrc fauuez. Et comme iceluy eft noftre Sauueur vnique,
i.Tim.3.7 aufti tenons-nous cecy pour refolu , qu'il eft noftre feul Médiateur. carl'Apoftre parle
ainfi,Vnfeul DieujVnleulMcdiateurde Dieu &: des hommes , Iefus Chrift homme.
Comme ainfifoit donc qu'il n'y en ait point d'autre à qui ces noms , Dieu &c homme,
compete qu'à noftreScigneurlefus: pour cefte mefme raifon nous ne recognoiflbns
point vn autre Médiateur que luy feul.
No v s ci oyons que cefte Egliie eft fouuentefoisexpofee aux perfecutions&oppref
ican-if. u fions,(elon que le Seigneur Iefus luy-mefme l'a predit,difant, Comme ils m'ont perfe-
cuté auffi vous perfecuteront-ils : carie difciple n'eft point plus grand quefonmai-
ftre.& ne nous eft point feulement donné de croire en luy : mais auffi d'endurer pour
i.Tim.3. 12 lUy.Et com me l' Apoftre auffi teftifie , tous ceux qui voudront viure religieufement en
Chrift îbuffriront perfecurion. Outre-plus,que cefte mefme Eglife propofe pure-
ment la parolle deDieu (ans la corrôpre,n'y adiouftant ne diminuant rien. Elle admini-
itre auffi les Sacremens purement félon la fain&e inftitution de fon Seigneur. Elle per-
met également à tous de lire les fainctes Efcritures , à laquelle auffi Iefus Chrift inuite
Aft * 3* C°US nommes ^c quelque eftat ou condition qu'ils foyent,Sondez les Efcritures : car ce
font elles qui redent tefmoignage de moy.Et au liure des Actes après la prédication de
fainét Paul la multitude conleroit auec les Efcritures ordinairement , pourfauoirfi les
chofes dites par faincr Paul,eftoyent vrayes ou non. Les Prophètes exhortent de prier
F ^ti.io.i7 auccmcc'ngcncc',ans laquelle comment le peuple refpondra-il Amen? Etn'yachofe
fineceirairequelafoy,laquellceftparrouyt,& rouyeparlaparollede Dieu-
^Aufsi nous croyons &c confelTons que Dieu ne peut cftreferuy nyhonnoré linon
félon l'ordonnance de fa parolle,&: non point félon le iugement des hommes,ne les de
cre ts que la raifon humaine a forgez;leiquels le Seigneur luy-mefme redargue &: rcier-
te
P lufatrs Martyre 3**
te enfEuangi|eiâlleguant Iè tefrnoignagc des Prophètes , difant j Ils m'honnorent en
VâiD,enleignaoscommandcmens&: traditiohs cThommes.ii commande cxpreiTemènc
parfonProphete que nous ne cheminions point es décrets ^traditions de nos peres»
ains que nous nous arreftions à fesconimanderncns. Et quaha le Fils de Dîeii commâ-
de de laiifer pere &c mere,afin quenous Jèfuy uicns , on peut facilement cognbiltrc, par
cela>que beaucoup pluftoft nous deuonsiaiflèrles oed^nnaces & traditions huitaines
cuu' ne & accordent à la parolle. Quant à llnftitution delà Cene du Scigneurjncws auô$ t3t h «oe;
cela pour tout refolu , qu'il n y faut rien remuer ne changer en fortequecefoit,cftans
certains que Iefus Chrift luy mefme,qui cft la fapience du Perejî 'a.<w:donnee U laûTec à
fop Eglifc.C eft chofe notoire que délia des long temps on a introduit de grans abns &
deformitez en cefte S.Cene.prcmierement'd'eftre offerréau commun populaire (bus
\pe efpeceïeulement,au lieu que deux cfpeces y ont efté inftîtuees.Secondement,que
la çommqnion de plufieurs mangeas U beuuans a efté tranfferee en vne Me/Te priuee.
Eljkeftmalheureufementcohuertieenfacriflce,aulieuqûeIef ils de Dieu TalauTee Les abusa*
pour vn mémorial & gage facré des enofesqui ont efté faites. &r principalement ençô- j^jj?1^
mwnoration de ce facrificc.eternel qui a efté offert vne fois, &: parachcué en la croix* -
Ceft envain qu o réitère derechef ce qui a efté vne fois fi parfaitemétaccôp.ly.On ado-
re le pain de la Cene:qui cft chofe dire&ement co traire au commâdement qui défend
d'adorer aucune image ou femblance. Que la Cene eft admmiftree en langue eftran
ge & incognue:& qucle poure peuple neft pas in&Vuit au vray vfage de ce myftcre , à
fauoir que IefusChnft eft mort pour nos péchez &: oftefes,& eft reCutcite' pour nQftrchi
ftification;paclequel auffi nous obtenons paix enuersDieus& de cecy ceSacrement eri
cft vn ûgnefic feau infallible.Finalcment qu'on, a acconftumé de pendre ce (acrement
en haut,5i f enfermer en vne boitte, & fouuentcfois fi long temps qu'il eft mangé de
vers , ou tellement relenty, qu'il pourrit . & de cela mefme les rudes & ignorans pren-
nent occafion d'en parler irreucremment : ce qu'ils ne feroyent fioncorrigeottlV
bus . Parquoy ce que le commun populaire a ce Sacrement en fi grand mefpris*
Vous doit cttre Imputé principaïement:& non point à nous qui prions affectueufemét
le Seigneur,que ce facremét foit remis quelque fois en fa première pureté,& àfon vray
vlace.
Q v a n t aux parolles de Iefus Chrift,ctefquelîes il a vfé en adminiftratceftëfàincte
Cene>nous ne nions poiht ces parolles: mais hous efpluchons le vray fens d'icelles , en
conférât les autres paffages de l'Efcriture auec ceftuy-cy:laqllefait bien dôner la vraye
interprétation à foy-mefme.car nulle prophetiede l'Efcriture n'appartient à particu-
lière declaration,comme dit S.Pierre»ainfi aduiendra-il que quand les faindes Lettres *' p,ctI
nous feront pour guidc,nousparuiendrons facilement au ferts myftique de l'Efcriture.
Or eft-îl aihfi que par toutes les faindes Efcritures on trouucra telle façon de parler j &
principalement au nouueauTeftàment:commequâd le Seigneur Iefus dit, Cefte cou- luc.h.k,:
pe eft le Teftament en mon fàng:&: faindt Paul dit,La pierre cftoit Chrift. Item Iefus i-Çor jo.4
Chrift dit jQuiconque reçoit,voire vn enfant eh mon nom,il me reçoit : & autres telles Nhrc,,: *7
formes de parler iftfinies.Et côme ces façons de parler fontfpirituellesiauffi il y avnc au
tr-e intelligence cachée en icelles,que celle que les parolles monftren t.finon que de no
ftre propre gré nous vueillions errer auec ces Capernaites,qui oyans parler Iefus Chrift
de la manducation de fon corps,conceurent cefte opinion tout incontinent , qu'il eri-
tendoit de la manducation de fa chair.LeSeigneur Iefus voulant corriger leur erreur,a
enfeigné que la manducation externe de la chair, faite par la chair, ne profite de rien,
La chair ne profite rien,c'eftrefprit qui viuific: mes parolles fontefprit& vie.Pbûrce- lean*.<fj
fte raifon quiconque fe voudra approcher de ce banquet facré, qu'il apprefté la foy , SC
non point le palars:l'efprit&hoh point les dents,afin qu'il mange &: boiue dighementi
eftancpoulféd vnefaim&roiffpiritueile.PourtantiaindtPauldit, Qu'vn chacuns'ef- i.Cor.u.x8
prouue,6i qu'en cefte forte il mange de ce pain îafTauoir lï noftre conlciencc rend tet
moignage à noftre foy,que nous croyons purement au Fils de Dieu félon la vràye raifô
de l'Elcriture.Pour confirmation de cecy il y a des tefmoignages infinis & inuihcibles.
touchant lamutation des GgneSjOu tranfubftantiatiomceque les hommes en bnt inïa-
ciné,eft vne chofe friuole & ridicule* veu que le pain ne laifle rie de fanaturc j aittî de-
meure tel qu'il eftoit auparauant quant à la fubftahce. Nous auons en S.Iean vne atte- iwn
ftation euidente du Seigneur Iefus Chriftiquâmi il dit, Vous aurez toujours les pôtire $
Liarc^ II IL Efiermc Kn^kt.
auec vous-.maisvous ne m'aurez pas toujours: car ic laifle le mode, & m'en vay à mon
Pere:& fi ie ne m'en vay,le Confolateur ne viendra pas:lcqucl le vous enuoycray. Par-
^uoy lélon (a promefle iceluy eft monté lai/Tant la terre,commc l'Ange l'a teftifié. Et
ia; ntt Pierre accordant a cela dit ,11 faut q^u'il tienne les cieux iufques au temps auquel
il doit retourner. ^ Finalement, quant a la puiffance infinie de Iefus Chnft, voicyçe
que nous refpondons félon fain& Auguftin : Qu'ilyaautreefgardà fa diuinité,autrc à
fon humanitéda'diuinité eft: par tout, &: fc fait (en tir prefente par tout:& fon humanité
ne peut eft re fînon envn lieu ccrtain:coïïime de faid félon ce regard il eft à la dextre de
b 18. < £)jeu je pcre< 11 cft cjic qu'Un eftoit point au lieu où les fémesje cerchoyét. Quâd il cô-
UIJ uerfoit en terre,il n 'eftoit point en Bethanie lors que Lazare mourut:&: s'efiouifToit de
ce qu'il n y eftoit pas. Or donc eftans appuyez fur l'authorité.des fain&es Efcritures,
nous affermons ouucrrement , qu a la vérité noftre Seigneur Iefus Chrifteften la Cè-
ne d'vne façon facramentale & fpirituelle:mais il eft au ciel félon fa prefence corporel-
le. ^Or vous auez maintenant la vraye confefiion de noftre foy,laquclle nous vous
Srefentons fans obftination ne contention,ains d'vne fimple confeience : &: fur tout e-
ans perfuadez &C ainfi enfeignez par la fain&e parolle de Dieu. Et auons imploré lc'fe-
cours de noftre bon Dieu d'vn defir & affeiuon ardente,auant que nous entrepriffions
ceft afraire,à ce au'il nous gouuernaft tellement par la grâce de fon faind Efprit,quc ne
fiffions rien qui contraire à fa parolle falucaire,&:qui ne fuft refpondant en tout à fa
fainfte & bonne volonté. En quoy la bonté n'apoint permis que nos prières fulTcnt
inutiles,ains a parfait fa vertu en noftre foibleffe& infirmité. Au refte, nousnepourrôs
iamais faire que luy rendions grâces d'vn ù bon cœur que nous deurions. A luy foie éter-
nellement louange Se action de grâces par noftre Seigneur Iefus Chnft, Amen.
DE quelle fin le Seigneur couronna ces ûens feruitcurs.
J^^PR E S que le temps qui leur auoitefté donné pour délibérer fut pafle,on les in-
|||gccrrogua s'ils auoyent toufiours vn mefme propos & volonté:pour refpôfe ils ren-
dirent telimoignage de leur do&rine &: de leur foy comme auparauant &C repoufTerent
leurs aduerfaires auec plus grande confiance que parauant,&foi tifierent tât plus leurs
amis:cequerEuefque Bonerne pouuant foufFtir fortit de la ville de Londres, les fit
quant & quant emmener,^ quelques autres auec eux,qui pour lors aufïi eftoyentpour
vne mefme eau fe prifonniers,côme menant en triôphe. Finalement après qu'il les eut
afTez tourmentez,il y eu t fentence de mort donnée contre Thomas Cauflbn, Thomas
Hygby,Guillaume Hunter,Eftiennc Knygth,Guillaume Py^at tifTcrandJeanLaurcn»
ce Minittrc. qui tous eftans condamnez à mort,furét menez a Effexieau mois de Mars:
&: le Magiftrat ordonna à tous les gctils-hommes de la prouince de fe tenir prefts pour
donner fecours,s'il eftoit befoin. Puis on les fepara,fi que les vns furent brûliez en vn
lieu,les autres en vn autre. Cauflbn fut bruflé de grand matin à Rayly le vingteinquie-
me iour de MarsrGuillaumePygat à Braintrie le vintfeptieme iour dudit mois:Thomas
HygbyàHorndonauiïî levingteinquieme : Hunter Burnovvood le mefme iour: Ican
Laurence miniftre,à Coiccftre le vingtfeptieme du mefme mois.
ESTIENNE KNYGHT, ^nghb.
PAR l'oraifon que ce faindt perfonruge fit à Dieu auant que mourir.on peut cognoiftrç de quelle affection & elprit il eftoit
mené & conduit à endurer la mort.
^^^^^J^Y delTusaefte touché d'EftiéneKnyght,qui eftoit de meftier déboucher,
^^^^^homme de grande pieréfii véhément d efprit:lequel ayant receu fentence
condamnation, fut exécuté à Maulden.Le Seigneur a voulu que la priè-
re qu il fit auanc qu'endurer la mort, ait efté recueillie £>C mife par eferit
pourentcigncment& certification de l'heureufe iffue qu'il eut: laquelle a efté tradui-
te en la manière qui s'enfuir:
O Se 1 g n e v r Iefus Chrift,pour l'amour duquel iexpofevolôtiers&d^ cœur alai-
gre cefte vie,aimant mieux endurer ce grief tourment de la croix , Se perdre tous biens
facultez,quc conféntir à ceux qui blafphement ton fainct nom, & reiettent tes com.
man.
Plufîetsrs Martyrs, 317
niandemens: tu vois, 6 Seigneur, qu'on meprefentede vrureencemonde>en quittant
k vray ferUice de ton nom, 6c me rendre cfclaue à ton aduerfaire ; mais i ay eboifi par ta
grâce ces tour mens du corps,& la fortie de cefte vie:eftimant toutes chofes côme bal-
Heures,afin que tu fois mon gain en la mort.Ét certes ta charité a imprimé en roô poure
coîurvn tel amour enuerstoy, que toute mon amefoufpire après toy, comme vn cerf pfcau.4i.ï.
lanefic altéré bruyt après lesfbntaines des eaux.O Seigneur,aflifte.-moy par |a grâce de
ton S.Efprit, par laquelle cefte imbécillité de mon corps foit munie & fortifiee,qui fans
cela eft deftituçc de toute force. Tu cognois, Seigneur, que ie ne mis que poudre , inu-
tile à tout. p*rquoy,ô Seigneur, tout ainfi que par ta miiericorde, laquelle tant fbuuent
i'ay fentic, tu m'as fait ce bien de me mettre au reng de tes efleus,& m'en donner main-
tenant tefmoignage par cefte coupe que ie doy boire : auffi que ta dextre tout-puiûante
me conferme contre ceft élément de feu:lequel comme en apparence fembleeftre ter-
rible & horrible, auflî par ton ordonnance & commandement me foit rendu tolerable
6C paflkble : afin qu'eftant en cefte forte armé de la vertu & force de ton S.Efprit , ie fois
receu en ton fein par l'afprecé de ce feu:& comme purgé au fourneau, ie defpouille tou
te corruption pour eftre reueftu d'incorruption auec toy. O Pere mifericordicux , fay
que ceft holocaufte 6c facrifice te foit de bonne odeur , pour l'amour du grand (acrifice
de ton Fils vnique.au nom duquel ie t'offre tout ce mien facrifice-cy tel qu'il peut çftre:
me pardonnant tous mes péchez, comme ie pardonne à tous ceux qui m'ont offenfé.
Eften mr moy tes ailes, ô Seigneur tres-beninrô Efprit fouuerain, transfère la vie bien-
heureufe 6c éternelle en moy, recommandant mon efprit en tes mains.
1 1 endura conftamment la mort à Maulden,le vingteinquieme iour du mois de
Mars audit an, m. d. l v.
GVILLAVME HVNTER,^.
SPECTACLE* exemple digne de mémoire en la perfoone de G. Hunten la vertu confiante de fo parens en là mort
cft pareillement digne que tous pères & mer a ay eut en admiration.
N T R E ceux defquels il a efté parle cy deflùs, Guillaume Hûter eftoit fort md.lv.
[icune,& cependant iflu de nobles parens 6c craignans Dieu : lefqucls outre
jee qu'ils l'auoy ent inftruit à aimer 6c honnorer Dicu,aufîi 1 auoy entrils con.
ffirmé à endurer la mort.furmontans les affe&ions naturelles par vn vray 2e-
*k de l'honneur de Dieu. Eux voyans emmener leur fils ,n'vfercnt oneques
4e parolles lamentables pour le deftournet de fon bon propos : mais fuyuans l'exemple
4e la femme yertueufe mere des Machabees , bailloyent courage à leur fils , 6c comme ••Maoto»
5'efiouiyrtos ï incitoyent tant qu'ils pouuoyent à perieuerer, tellement que fur l'heure
qu'illuy talloit endurer lamorr,ils luy prefenterent du vin â boire pour le fortifier & ac-
couraget* Et en ceft endroit à grand peine euft-on feu dire de qui plus on s 'efrnerueil-
lok,ou du pere & de la mere,ou du fils . Le fils en fon tourment recita le Pfeaume 84. 6c
mourut auec grade coftance. Le pere 6c la mere en leur endroit aufli endurans vn mar-
tyre en la mort de leur fils,furmonterent en ce regard leurs partions naturelles. Le fils
expofant ion corps à la mort , a furmonré la mort,a veincu les tourmens 6c toute la cru-
auté des tyrans. Les tourmens que le fils enduroit dehors en fon corps , ceux-cy les en •
duroyét dedans en leur efprit. Cefte precieufe mort fut le quinzième de Mars, m. d . l v .
IE AN L A V RE NT, RAVLIN V VHYGTH &> GVIL^
LAVME DlGEU^ngois
£ A N Laurêt eftoit pafteur de Lexdouie : lequel ayant efté comme moulu M. d.lv.
.d'ennuis, de la pefanteur des chaines>& delà longue détention de la prifon,
auoit acquis vn tel mal de piedsxqu'il le falloit porter où on le vouloir auoir:
^Jmais cepedant il eftoit fort de courage, 6c puiffant en faî&es 6c bônes parol-
lés:& fe monftra vaillant champion de IefusCnrift,au dernier côbat auquel il eftoit ap-
Hh.
Liurcs II IL Jean zAkock. (jeorgu M arche.
pelé. Combatanc donc pour la vrayc doctrine , fut finalement bruilé à Colceftre , lez8.
iour du mefnie mois de Mars. Outre les fufnommez il y en eut deux autres autfi bruf-
kzcedicmois:afTauoirR a v linVVhygh TàCardifflelezy.iou^&G y il l a y m e
Di gel à Dam burie le iour mefme que lean Laurent fut exécuté.
IE AN ALCOC K^ngbis.
M V fecôd iour du mois d'Auril enfuyuantjean Alcock, ayât efté détenu quel-
que temps en la pril'on nommée de la nouuelle porte, pour le tefmoignage
de Iefus Chnft , mourut de maladie, & par ce moyen euita le martyre du feu
.qui luy eftoit apprefté.Onie ietta inhumaineroét dans les fumiers auxchâps
près la ville de Londres, en quoy les ennemis accomplirent ce qui eft dit par le Prophc
ricaurp.1. te,Ilsoncdonnélcs corpsmorts de tes féiuitcurs, pour viande auxoifeaux duciel:3c
la chair de tes débonnaires aux belles de la terre.
1 1 E M que la pieté & doctrine de Ce perfonnage nous eft manifeftec tant par fa vie & propos ordinaires , que par U
cruelle exécution qui en fut faite : fi eft-ce quelle eft grandement approuuce par deux excellentes Epiftrej., que nous
cy de1 ~
M. D. LV.
GEORGE MARCHE, Anglais.
0 M B I E M que la pi
cruelle exécution i
auons inférées cy dedans pour lefruictfinguiier<juiy eft.
iN y fa de mefme cruauté cotre George Marche le 3,4. d'A uril, audit an m. d;
[l v. lequel Laurent Saunders(dontcydcuâtrhiftoire eft defcrite)av^oit or-
donné miniftre en l'Eglife de Langthon , qui eft vne petite ville en la iurif.
ldiction& feigneurie de Lancaftre , auec certaine peniion qu'il luy bailioit
âimuelîëment pourviurefii sentretenir.Et toutainfi qu'il l'anoit eu pour compagnon
& coadiuteur en l'ccuure de la prédication du S. Euangile fa vie durant , auffi l'eut-il en
fa mort,combien que tous deux ne moururét pas en vn mefme iour. Saunders fut bruf.
lé à Couentric, comme il a efté dit cy deffus : &c Marché fut bruflé toft après à Vyeftce-
ftrç.Au demeurant, pour plus ample hiftoire,on peut inférer icy deux fiennes Epiftres,
efciices auantla mort de Saupders.
^George Marché auxfaiflt3:s& fidelesquifbnt à Langthon,fesfreres«n IciusCnrifr.
' ~]R AC E&: paix vous foit multiplieeenla cognoiifance du Seigneur Idfës Chrift,
^jAmen. Frères & compagnons d'armes en Chrift, vous qui eftes dentéurans à.
La'ngthon,il m'à femblé bon de vous admonnefter à perfeuerance , comme Barnabas
homme rcmply du S.Efprit & de foy,a iadis admonnefté les habiians d'Antioche , â ce
que demeuriez fermes en efperace de TEuangile, lequel vous auez receu par voftre pib-
fleur M.Laurent Saunders, &c par plufîeurs autres feruiteurs fidèles de Iefus Ghrift^qui
fefont monftrez prompts &c alegres, à perdre non feulement tous leurs biens , leurs a-
mis & pays pour 1 amour de vous, mais aufj&à endurer toutes choCes hifqtfcs à i'ciîùfîon
de leur fong,la neceffité le requérant ainfi. ^"Piiis qu'ainfi eft;vous mc^es^oneJucz
lefquelsvous aimez mieux receuoir pour do&eurs&miniftresîou ceux qui' s'eftudienc
à vous affaifonner du fel de leur prédication , combien qu'ii fbitafpre:oU c"eux;qui n-
ayansrien debien falé,nep'refcntentque chofe infecîe &: puante, les traditions fades
des hommes, & lesxehieriesdc l'AntechrifL Mes frères, receuez en touttf manfuenufe
la parolier iadis plantée, laquelle peut fauùec vos ames, à tel\c fin que puifficiî titre c6«
parez à ce fage baftiffeur, duquel noftre Seigneur Iefus fait mention en l'Euangile ,1c-
Matth.7. quel édifia fa maifon fur vn roc :& la pluye eft tombée, & les torrens font venus, & les
vêts ont louf¥lc,&: ont heurté contre eefte:maifon-la,& n'eft point tôbee:car elle eftoit
fondée fur la roche. C'eft que- quand Satan eftant muny de toutes fortes de rufes & de
folicitations vehementcs,& le monde armé de la puiflâncc des grans Rois &Princes 6c
de confeils pleins de fraudes &: deccptions,nous courront fus , nous ne perdions point,
courage pour cela : mais d'yn cœur confiant & alegre perfiftions&: tenionsfenfceen 1*
i.Timot. 3. vérité que nous auons receu.è, qui eft la doctrine de l'Euangile. Nous n auons point d*-
accez au royaume bien heureux des cieux , que par plufîeurs tribulations/ S'il faut en-
durer pour le royaume des cieùx, ou pour là luftice: nous auons Chrift, les Apoftres
& Martyrs , defquels l'exemple nous ehVw bôn'appuy.. Car ils ont tous paffe
deuant
Çeorgutftf arche. 318
deuant nous par cette porte baffe Se voye fort eftroite, laquelle mené à la vie.Et fi nous
ne portons la croix de Chrift, renÔçans à toutes chofes, voire à nous-mefm^s;& li nous Mwh? •
ne le fuyuons en cette façon,nous nepouuons pas eftre fes difciples. Si nous/ref ufons d*-
endurer auec Chrift & fes fain&s,ceiera vn argumét que nous ne régnerons poinràuuî
auec eux. Au contraire, fid'vne patience confiante & ferme nous endurons toutes a-
fpretez pour l'amour de Chrift,ceft vn tefmoijgnage qu'il nous fait repute dignes de
fon royaume. Et comme dit fam& Paul, c'eft dhofe iufte enuers Dieu , qu'il rende affli- *TMI*
ction à ceux qui vous affligent & opprimer: & à vous qui eftes affligez, repos auec nous
en cette iournce-la, quand le Seigneur Iefus femanifeftera du ciel auec les Anges de fa
puifTance , & en flamme de feu, faifant vengeance cotre ceux qui ne cognonTent Dieu,
& ne rendent obeifTanceà l'Euangile de Ieriis Chriftriefquels fbuffriront peine,affauoir
perdition éternelle deuant la race du Seigneur, & la gloire de fa puiifancc,quandil vié>
dra pour eftreglonfic en fc s-fain&s,&: eftre fait admirable en tous les croyans. Il nout
faut propofesrecyincefTammenc deuant nos yeux,& le porter engraué en noscœurs:a*
fin qu'en ice temps. d'aduerfité & opprelfion,nous demeurions fermes &conftans: car
tant plus que nous auonsefté abondamment abbreuuez parla prédication de l'Euan-
gHcvoirc par dcfTus les autres, tant plus -Di'cusious punira grieuement/i nous reiettos ^
fa cognoiflancetfic le royaume fera ofté , &c dône à vn autre natioa qui fera fiuiets ^lignes
d'iceluy. Parquoy frères bien-aimez en noftre Seigneur lefus, aduifez à vos affaires,&:
confiderez de bien presen voùs-mefmes quel grand & horrible danger c'efode tom ber
es mains du Dieu viuant : gardez-vous bien de receuoirl a parolle de Dieu envain.tr*-
uaillez en la foy,&monftrezvoftrefoy par bonnes &c fàinctes œuures, lefqueltas font
vifs refmoignages.En toutes chofes monftrez- vous exemplaires de bônes œuures : en- i-Tun.*.
tre ïefquelles vne prompte & docile obcilTance enuers vos Magiftrats obtient le pre-*001-^
mierlieu; comme de faitils font ordonnez de Dieu, quels qu'ils foyent, bons ou mau-
uais:ûnon qu'ils commandent chofes qui répugnent ouuertement à la pure Religion,
car en ce cas-la il faut perpétuellement garder la reigle de TA poftre.On doit pluftoft o-
beir à Dieu qu'aux hommes. Et en cecy il ne refte qu'vne feule defenfe à l'homme fide- Aft*
k & Chrefticn : affauoir le glaiue fpiritucl , qui eft la parolle de Dieu , & la prière ardeft- E* —
tefaitc en humilité & abie&ion d efprit , eftantprefi d'endurer pluftoft tontes choies,
que d'attirer quelque macule de rébellion. Qui refifte autrement â la puifTance , reïu iob 34.
ftc à l'ordonnance de Dieu : &ceux qui y refiftent , receuront damnation fut eux- Roœ «'
mefmes. Et comme nous honnorons pet es & mères en toute fubmiffion, auffi ceux qui
tiennent leur lieu , & ont foing de novtpU de nos affaires. Nous ne deuons auffi met- EPhcf-*%
tre enoubly le foing de nos familles , fur lefquelles nous fommes commis pour y auoir
l'œil , afin qu'elles n'ayent faute non feulement des chofes neceflaires au corps,mais fut lTunî«
tout de celles qui appartiennent à la nourritureinterieure de lame. Er pour vn troifie-
me deuoir, ayôs auffi foin des affaires de nos frères & prochains , comme fi c'eftoit pour
nous-mefmes. Bref, tels que nous voulons que les autres foyent enuers nous , tels mon-
ftrons-nous enuers lesautrestfans faire chofe à autruy que ne vueilliôs eftre faite àno9-M»td,-7«
mefmes. Car cela cft lefommaire des chofes que laLoy &: les Prophètes nous enfei- i.Tinu«
gnent. Finalement la charité Chreftienne & fraternelle comprend auffi nos ennemis
félon la reigle & ordonnance de l'Euangile du Seigneur,lequel commande de bien fai-
re à ceux qui nous ont en haine, prier pour ceux qui nous perfecutent,& qui nous 0£.
fenfent& blefTent. Si nous le faifonsainfi, iladuiendraque nous rendrons certaine U %jbîb*.
ferme l'efperance de noftre vocation. Maintenant donc ie vous recommande à noftre
bonDieu,& à la parolle de fa grace:lequcl a bie cefte puiftance de baftir par defTus.&de
vous dôner héritage entre tous les fan&ifiez: vous fuppliant arfe&ueufement, mes frè-
res, que vous nous affiftiez par vos oraifons,& priez de défi r ardent pour monfieur Saû-
ders& pour moy vos Paftcurs, &c pour tous ceux qui fonc détenus pnfbnniers , à ce que
(oyons deliurez de la main des infidèles , & des hom mes peruers ôc orgueilleux , U que
cefte noftre affliftion tourne à la gloire de Dieu,&àrauancemétde l'Euangile. Saluez
de par moy les frères fidèles en Chrift. Et pourcp que ic n'ay pas eu le loifir ny opportu-
nité d'eferire en particulier, ie vous fupplie faires que ces lettres foyét leuès de tous , ou
bien qu'elles foyent ouyes en commun. La grâce de noftre Seigneur foit auec vous, A-
mcn. Ce 18. iour de Iuin. ^ Sauucz-vous de cette génération peruerfe. Priez , priez,
priez,vous n'en eûtes iamais plus grand befoin
Hh.ii.
Liurcu 1111. (jeorgu éftt aféi.
L'A VT R E epilfre de Marché-d aucuns de les amis bourgeois de Manceftre en la coûté de Lincaftrc : cibortatoke i per-
feucranee au combat.
ÇgME vous mercie grandement de h fainct.e affection que vous auez emiers ihoy:&
§|[l|de ma part aufli Tay louuenance de vous non feulement en mestettrçs» mais aufli
en mes prières &c oraifons que ie fay afliducllemeht poux vous:vous fouhaitant vne tel-
le coniolation , qu'ayans vrayement goufté les riche/Tes celeftes, vous batailliez perpé-
tuellement en foy &: en chàritéjvous perfeucriez fermement en cfpcranCe,& foyczpa-
tiens en tribulations afHi&ion iufques à la fin,& iufques à la yenue de Chrift. I'ay bien
voulu vous exhorter maintenant par lettres,& prier afFechieufement enChrift,que cô-
CoU. me vous auez receu lefus Chrift , aufli vous cheminiez , eftans enracinez en lay & fon-
dez fur luy -M que ne foy ez nullement eftonnez par vos aduerlaires, quelque grâd nom-
bre qu'ils (oyent , ou puiflans : &: nous foyons en bien petit nombre , & contcmptibles.
- Car pour certain cefte guerre que vous iouftenez, ri'eft point voftre,ajns du Scigneuri
lequel comme il afouuentaflïfté à AbràhàmiUàacIacob^oyrcDauid^auxMacha-
bees,& tant d'autres qui auoyent à fouftenirle choq de leurs ennemis : femblabJement
fa promette ne faudra iamais,comme il a dit à Iofué : Ainli que i'ay efté auec Moyfe,auf-
iofué r. u feray-ie auec toy : ie ne te lairray & ne t'abandonneray point . fois fort & robuftet ne
crain point : car le Seigneur ton Dieu eft auec toy en toutes chofes que tu feras. Si dbrie
Rom.8. Dieu eft auec nous, qui fera contre nous ? Nul n'eft vaincu en cecombat fpi rituel, û'non
celuy qui s'enfuit &laifle le camp de fon chef,ouquiparlafcneté décourage iette bas
fon bouclier, ou qui par couardife fe rend aux ennemis.
îpheu. Parqjoï mes frères, foyez forts en Chrift :& en la puiflatice de fa vertu,vcftez 1-
armure de Dieu, afin que vous puillîez fubùftcr cotre les aflauts du diable. Si nous vou-
lons fauoir de quelle forte d'armés nous deuons eftre munis de pied en cap pour bien
Aacs m. entreprendre vn tel combat, faine* Paul, quia efté vn bon champion & bien exercé en
cecy,lesadefcrites,lequel le Seigneur a deliuré miraculeufemc»t& tât de fois desern-
bufehes de fes ennemis , au milieu de tât de dangers &c par mer & par terrevoire au mi-
lieu des ondes lors qu'il n'y auoit efperancc de (àuueté,il luy a tendu la main pour le de-
-..Timot.4: liurer:& eft demeuré toujours fain &c fauf contre tous orages de maux,iufques à cequ -
pÏÏj!*' avant paracheué vne longue continuation dcfafcheries& trauaux,il confe/Te^ Tay par-
acneué mon cours:iefuis maintenant facrifié:ie délire d eftre feparé du corps, & eftre
auec Chrift;
C e s chofes fonteferites pour noftre doctrine & cohfolation ,&pour eftrè admoîù
neftez qu'il n'y a fi grande violence laquelle il nous faille craindre, moyennât que nous
obeiflîons à Dieu & à fa parolle : & n'y a danger duquel il ne nous deliure : Voire de la
mort mefme. Puis qu'ainii eft, courons au combat qui nous eft propofé,icttans lesyeux
Heb.u au Capitaine de la foy teconfommateurlefus, qui pour la ioye laquelle luyfut propo-
fee , a enduré la croix , ayant mefprifé la honte. Ce que nous deuons faire aufli à fon ex-
emple. Auflî toft qu'il eut efté baptizé& déclaré manifeftement le Fils de Dieu, Satan
fe trouua là incontinent pour luy faire ennuy. De tant plus auflî qu'vn chacun tafehera
à bien viure, de tant plus furieufemefit fera-il aflailly du mefme ennemy: auquel il nous
faut refifter à l'exemple du Fils de Dieu jprincipalerft ent par les fainctes Efcritures & la
parolle facree de Dieu,qui eft noftre armure celefte, & le glaiue de lefprit. ^Et ce qu'il
aieufnénousfoiten exemple de fobrieté Se attrempanoe perpétuelle, non pas pour
quarante iours à la façon des finges Papilles, ains toute noftre vie tant que nous aurons
à combatre contre Satan en ce defert du monde. Il ne pourra rien , que le Seigneur né
luy permette, non pas mefme contre les porceaux:tant moins contre nous, qui vallons
beaucoup mieux que grand nombre de porceaux deuant le Seigneur, pourueu que de
foy ferme adhérions àlefus Chrift noftre chef. ^Etpour eftre dauantage munis de fer-
meté propofons-nous la vie des mondains ,lefquels pour vne volupté bien courte, te
pour accomplir l'appétit &: ledefir qu'ils ont, fe mettent en danger, ie ne dy pas d eftre
icy mis en pnfon, mais d'eftre menez au gibet éternel. Autant donc qu'il y a de diffé-
rence entre la vertu & les vices, entre Dieu & le diabie, d'autant plus deuôs-nous eftre
hardis en cefte guerre fpirituelle.Et pource qu'il a pieu à Dieu d'ainfi ordonner,que M.
IeanBradfort&moy, qui fom mes d'vn mefme pays auec vous, foyons mis au premier
reng de cefte bataille, où eft le principal danger de toute cefte guerre , mes bons frères
& amis , ie vous prie que vous faciez prières au Seigneur pour nous,& pour tous nos com-
pagnons
pagnons de guerre, combatans en ce fort dangereux, à ce qu'eftans tous munis de fa
grâce &: bonté, nous-nouspuilfions maintenir chacun en (à garnifon où nous tommes z'Tltr' 1
pofez:&:quepar ce moyen nouseleuionsdeuantnosyeuxenhaut vncxemplc de con- iicao*.
ftancc&:patience,comme vne banieïcafinqucfuyuiez: voire&: qu aullî envoftre en_ Col-3-
droit prouoquiez les foiblcs par voftrc exemple , le tenir fermes en vos pa s , pour achc-
uercefteguerreheureu(cmcnt:Ainfifoic. \ Entendez bien ce que ledy, Le temps eil
bref:)! relte que ceux qui vfent de ce monde , en vfent comme n'en vfans point: car la h- EphcU,
guredecemondepailc.N'aimezpoinclcmondejnelcs chofesquilontau monde:mais
cercliez les chofes qui font d'enhau t, où ChriU cil à la dextre de Dieu. Soyez mife ncor-
dieux>doux& bénins les vns enuers lesautres, edifians enfemble vn chacun félon le ta- Fpkf.;
Jent qu'il a receu. Donnez vous garde de l'aftuce des doctrines eftrangcs &c diuerlcs.O- l-Via *
ftezle vieil homme lequel le corrompt felô les defirs d'erreurs. Que touteimmondici-
té,auaricc,paillardife,& babil loit bien loin de vos mœurs. Ne vous enyurcz point de
vin,enquoy certes y a dhîolucion: pluiloftfoyez remplis dcl Efprit, chantans,pfalmo-
dians & relonnans en vos cœurs au Seigneur , louanges & a&ion de graceà Dieu. Em-
ployez le refte de voftrc temps à m éditer la volonté de Dicu:& aimez vous l'vn 1 autre:
&quelagloiredeDieu(oitlcfeulbutdevoftre vie, auec ladikdion du prochain. Re-
pentez-vous de voftre vit pailéc , & aduifez mieux à vous pour l'aduenir,&: loyc z iagts.
A dherez en toutes chofes aceluy leul qui eft mort pour nos offenfes &: pechez,&: elt re-
fufcicé pour noftre iuftification: Auquel foit honneur & action degraces auec lePerc
& le S. Efprit, Amen. De Lancallrc ce jo.d'Aouft, m. d . l i 1 1 1.
Sa l v e 2 en Chnft tous ceux qui nous aiment enfoy,&aufli faites les participans
de ces lettres félon voftre prudëce. Et pour la fîn,priez tous pour moy &: pour tous ceux
qui lont emptifonnezpour l'Euangile, afin que le Seigneur, qui nous a iadis tirez de la
Papauté pour nous faire venir à la vraye religion Chreftienne, & qui efprouue mainte-
nant noftre foy & patience par affl i&ions,nous vueille félon fa milericorde &c par le bras
de (a puiflance deliurer de ces angouTes ÔÎtourmcns , foit par mort ou par vie , àla gloi-
re de fon nom , Amen.
V4ARCHE efcriuit ces lettres à Lancaftre le 3o.d'Aouft en l'an m.d.liiii. &par^
tant comme fa détention &c priibn a efté longue,aufii la perfeuerace fut de mefmc,
femonftrantvray champion de l'Euangile, accompagné de deux autres fidèles ferui-
teurs de Dieu. Il fut bruilé à V vcftcheftrc, qui eft vue ville au conté de Lancaftre : le 24.
d'Audi de ceft an, m.d.l v. E mefmeiour on bruila à Vveft-mmfter lieu prochain Guillaume
de Londres, vn nommé Guillaume Flovver,autremcnt dit Brancherpour auoir donné Hww-
vn foufHet à vnPreftre en difant fa Melfe, au commencement du règne de Marie, lors
que les chofes eftoyent encore en crouble Se mutination.
GVILLAVME DE D O N G N O N, Lymofn.
L £ S interrogations &a£tes iudkiaircs de ce Martyr, donnent fuffifante approbation que la vérité de rFuangile ne dépend
point de la prudence ou inftruction que pourroit auoir l'homme, mais de Pc/prit du Seigncur,qui façonne les plus rudes
& îgnorans quand il s'en veut feruir pour les faire fes hérauts deuant les homme»:.
Hfô^^ONTIN V ANT ledifcoursdecefteannee,qui a efté fur toutes abon- ^ D Lv
il fêfec^damment arroufee decenoble fangdcstefmoinsde rEuangilc,il nousfaut
ÇÀ teL^^vn peu fortir d'Angleterre &: venir en France, où maintenant nous appelle
ly^Ê^Jf le martyre de M. Guillaume de Dôgnon;natif de la Ionchere, bourg au pays
bas de Lymo!ïn,diftant enuiton de^lieués de la ville de Lymcges. Il feruira d'exemple
pouv de cane plus magnifier les grâces que le Seigneur iournellenient cllargit aies pe-
rfts,en l'infirmité defquels il veut manifefter fa grande louange. Car combien que ledit
Dongnon ne fuft fi auant inftruit en tous les poin&s de la religion Chreftienne que plu
fieurs autres que nous auonsveucy deuant, fia-il toutesfois,lelonla mefurede fa foy,
fouftenu le combat contre fes aduerfaires. L'horreur des tourmcns,ne les allechcmens
de ce mode, ne la mort cruelle ne l'ontdeftourné de l'œuure auquel le Seigneur l'auoit
appelé,à l'honneur duquel il a employé &c fait valoir le petit talent qu'il auoit receu de
luy, demeurant ferme fur ce leul &vray fondement, qui eft Iefus Chrift. Nous a-
uons icy inlcré quafi de mot àmotleptocez qui luy a efté fait &: formé au fiege des
Hh. ïii.
Lime 1111. (jttilUumcs rfo Dongwn.
aduetfaire$:par lequel auflî oncognoiftraleftile& manière de procéder des Lymofins
contre les enfans de Dieu:commcnt ils interrogucnt diuerlèment , tant en la géhenne
que dehors. Et puis que ce perfonnage n'a eu le moyen &ù faculté de mettre l'es propres
refponfes par efcrit:Dieu a Voulu par a&es & efcrits iudiciaires manifcfter fa confiance.
&: ceftc variété ne fauroit cftre qu agréable aux Lecteurs.
] Ehuiticmeiourd'AurilM.D. l v, M.Guillaumede Dôgnon fut déféré en iuftice:ô£
le lendemain 9. dudit mois conllitué prrfonnier au bourg delà Ionchere, qui eft aa
baspaysdeLymofin. Le 17. cnfiiyuant fut mené enlacitédeLymogespar deuant M.
Pierre Benoift Licentié es droits, allelfeur de rOfHcial dudit Lymoges,&: interrogué
comme s'enfuit: D Où as tu demeuré deuant qu'eftre preftre ,& aufii depuis que tu
l'es f R. Eftant ieune garçon on menuoyaàl'efcoleàS. Léonard, auec mon oncle M.
Guillaume Bourdeys. EtaptesàTouloufe, oùiefu feruiteur de M. laques Mafiyot,à
prefent confciller à Bourdcaux: chez lequel ic demeuray quelque temps: luy portât fes
hures quand il alloit aux efcoles publiques. D. N'as-tu eftudié ailleurs qu'audit Tou-
loufe& à faind Léonard? R. Non. D. Le Dimanche des rameaux dernier parte, as-tu
fait comme vicaire ce qu'il te conuenoit faire en l'eglife de la Ionchercafiàuoir procef-
fion , benedi&ion, grand' Meire, & telle qu'il te conuenoit célébrer : à qui te confeflas-
tu? R. Leiourdes rameaux (helasi)ie fis l'office tel qu'on a accouftumé de faire entre
vous, &C me confeiîay à mefTire Noël Royauld : mais ce fut penfant euicer fcandalc, fa-
chanc neanemoins qu'il ne nous faut confeifer qu'à vn fcul Dieu, & qu'autant a de puif-
fance vn laie de pardonner les péchez quvn preftre. D. As-tu autres-foiseelebré Mef-
fe fans te confeifer? R. Ouy: voire quâd ie ne trouuoye point de prcltrc:mais ie vous dy
que ie ne mefuife confefie depuis Noël en ça,ne pareillement célébré Méfie , n'euft e-
ftévne crainte feruile qui lors me tenoit, de fcandale qu'eufient peu prendre les aueu-
gles , menez par des conducteurs aueugles. Car ie fay que la confeftion auriculaire , ne
pareillemenc la Méfie ne feruent de r^en, &: que les laies ont autant de puiffance de re-
mettre les péchez comme ceux qu on appelle Prellres:& que tous fidèles &: efleus de
Dieu font frères en vn mcfme chef Iefus Chrift.^Dauantage auparauant Noël i'eûoye
en doute fila Méfie eftoitbonneounonrmaisàcefte heure iecognoy quelle ne Vaut
rien. D. Quelles gens font-ce que tu appelles fidèles? R. Ceux qui font Chreftiens,&:
qui gardent les commandemens de Dieu. D. Le lour des rameaux ne dis tu pas les pa-
rollesfacramentalesefcrites au canon dé la Méfie, touchant le précieux corps deno-
ftre Seigneur Iefus Chrift? &: ne crois-tu pas qu'après la côfecration du pain , vin &c eau,
là foit le corps d'iceluy? Ledit iour ie dy Méfie, comme i'ay depolé cy defius,& pris l'ho-
ftie,& mis du vin &: de l'eau dedans le calice, proférant les parolles facramentales , par
ce qu'il y auoit des preftres derrière moy: mais mon intention n'eftoit de confacrer, Se
ne croy aucunement qu'en celle confecration le corps denoftre Seigneur Iefus Chrift
foit côpris:mefme que ce neft qu'abus : àc n'auoye plus délibéré de dire Méfie , ains de
m'en aller par le pais gagner ma vie au trauail de mes mains. D. Ne faut-il pas aller àl-
eglile pour prier Dieu,& le remercier des biens & grâces qu'il nous fait iournellement,
foïïcs d"' & auffi la gloricu(e vicrgc Maric » s- Pierrc & S.Paul, les fainds & fainctes de Paradis , a-
monftrcnt fin qu'ils foyent nos aduoears pour impetrer grâce &: pardô pour nous entiers noftre Sei
derdm" gneurIellls Chrilbporter honneur au S. crucifix,&: autres images des Saincls. R. Dieu
dcwduer- eft par tout,&: partant il le faut prier en tous lieux. Au refle ie ne croy point que l'hoftie
qui eft mile dans la euftode, foit dieu. Item que nous n'auôsautreaduocatcnuersDieu,
que Iefus Chrift fon Fils, lequel a foufrert mort &: paillon pour nous racheter. Il ne faut
prier les fain&s ain s feulement iceluy Ielus Chrift.Que les images qui font dedans TÇ-
glifene font qu idoles,lcfquelles deuroyent cftre rompues& abatues. D. Tuasromp-U
&; brife les images de l'eglife de la Ionchere* Il eft vray quele Lundy fuyuant le Diman^
chc des ranu aux, ie prins de ladite eglife vne petite image de bois , & la portant en ma
maifon la vouloyc faire brufler, mais en fortant quelcun me l'ofta. Et auoye délibéré d-
abatre les images tan r de ladite eglife de la Ionchere que d'ailleurs au moindre fcanrçU*
le qucicufle peu. D. Où as-tu appris cefte doctrine & feience malheureufe? & en quel
palfagele monftreras-tu? R. le ne fuis pas fi grand clerc que ie puilfe dire par cœur les
partages. mais fi vous me permettez d'aller quérir mônouueau Teftament,&: vn petit li
ure intitulé Dominic£ precationes ,ic les vous monftreray. D. Nas-tu point d'autres liures cj
les fufdits qui foyet venus dcGeneue?R. Il eft bié vray que i'en ay eu , lcfquelseftoyét en,
Fran-
Cjutiiaume de Dongnon. $20
François, m aïs craignant d'eftrefurprislcs bruflay :& pourleprefentn'ay que les deux
fufnommcz. D. Ne cognois-tu perfonne en ce pais de ta fe&e 5c* doctrine? R. Non.
D. Or fus il fauc que eu pries Dieu, Iaglorieufe vierge Marie,lesSaindts&:Saincl:es de Touchanc
Paradis,&: te mettes à genoux pour demander pardon à Dieu , afin qu'il luy plaife de te l'inuoeatio
remettre en la foy &" vniondereglireraufllquetudifesle^/wewgïwrtàla Vierge, la priât dcs SalQÛ"
d'eftre ton aduoeate enuers noftre Seigneur IefusChrift. R. Volontiers ie prieray Iefus
Chrift,afin qu'il luy plaifeimpetrer pour moy grâce &c pardon enuers Dieu l'on Pere:
mais quât à la vierge Marie & les S.&: fain&es de paradis, ie ne (les prieray aucunement:
car tous enic mble n otaucune puiflance de maider,tat s'en faut q ie-voufiflé dire le Sal
ueregma^Sc peur ce faire me mettre à genoux. D. Necrois-tu pas qu'ily ait vn purgatoi Pur§at0ire-
re auql les ames vôt pour faire penitéce de leurs péchez, &: q parles fupplications des
gés de bien,par Méfies, vigiles,oraifons,ieufnes& aumofnes elles font releuees de leurs
t«urmcns,&*enuoyees en la gloire de Dieu en Paradis? R. Ierefpon qu'il n'y a autre
purgatoire que le feul fang delefus Chrift,duqUel nous fommes rachetez>d'autant qu'-
il a louftert mort &* paflîon pour nous:& que les Méfies, vigiles , àc autres chofes ne 1er-
uent de rien aux ames des trefpaffez. D. Necrois-tu pas qu'il faille obferuer les feftes Lesfcites.
de commandement , corne eft le iour du Dimanehc,fcftes de Pafques, Noël &; Noftre-
dame,Ô* autres feftes commandees,&* en icelles cefTer de toute ceuureferuile , comme
de labourer &: faire autres ouurages?R. le fay qu'il faut obferuer leDimache pour certai
nés raifbns,mais des autres feftes,ie n'en croy rien. D. Ne crois-tu pas qu'il faille ob-
feruer les autres feftes cômandees de noftre mere fain&c eglifc,encore que cela ne foit
eferit au vieil &nouueauTeftament? R. le ne croy aucunement auxeonftitutions
& ordonnances forgées & faites par les Papes ou leurs adherans. D. Veux-tù perii-
fter en tes mefehantes opinions? R. le croy& veuxfouftenir cequei'ay depofé,&:
veux viure& mourir en la foy €hreftienne,&:enfuyure les commandemens de Dieu:
^"Les affiftans fur cela dirént,Or bien, puis que nous perdons temps auec toy,& que
tu te déclares hérétique pertinax &* obftiné * nous ordonnerons que tu fois priué & de-
gradé de la tonfure cléricale &c ordres facrez,& remis & laifîé au bras feculier & juridi-
ction temporelle .^Celaf ait,on procéda à la fentence, laquelle luy fut prononcée peu
après en cette forme &c teneur qui fenfuit.
k
L A fentence donnée par L'Afleffeur contre M.GuiIlaume de Dongnou , afin d'eftre priué des ordres de preftrife, laquelle fut
prononcée le 4.dc May,audit anM.D.LV.
Entre le Procureur de reuerend pere en Dieu monficurl'euefque de Lymoges
demandeur &c aceufant en crime d'herefie : &c M.GuiIlaume de Dongnon natif de
Ionchere,preftre àc vicaire dudit îieu,defendeur & pnfonnier détenu. Veu les charges
SL informations interrogatoires par nous faites audit Dongnon concernantes la foy ca-
tholique,herefies& erreurs y contenues,fes refponfes &confeffions,perfonnellemeht
faiceipar deuant nous,&: réitérées par plufieurs fois,voire fignees de luy : par lefquelles
appert c^ue de cœur endurcy &obftiné il a toufîours ci eu, fouftenu &: défendu plufieurs
proportions erronees,hereriques &fcandalcufes contre la do£trineEuangelique,deter
minationdefa*nâ:emereegiife&: foy catholique,mefme contre le fainct facremet de
reudhariftie,contre la vénération des fain&s,côfefiîon auriculaire,purgatoire , ieufnes
& oraifons,& autres facremens &c inftitutions de l'egîife : plufieurs admonitions &: ex-
hortations quiluyonteftéfaitestantparnousquepar plufieurs honnorables perfon^
nés afliftans auec nous,pour le réduire ôc remettre en la vraye foy Se vniô de fain&e me-
re egliie. A quoy n'a voulu entendreiains par grande obftination a rcfiflé , répugné,
&: demeuré en fefdites herefîcs &: erreurs. Le tout veu & confideré auec meure délibé-
ration du confeilqu'auons eu auec plufieurs prédicateurs de la parolle deDieu,qu'a^
uions auffi appelcz:le nom de Dieu premièrement inuoqué, par cefte noftre fentence
difhnitiue auons^ déclaré &c déclarons ledit de Dongnon vray hérétique pernicieux &C
obftinérauons ordonné &: ordonnons qu'il fera priué & dégradé de la tonf ure cléricale
& facrez ordres , & comme tel delaifîé au bras feculier&* iuiïdidtion téporelle; fanons
condamné &* condamnons à l'amende de cent Jiures.t.applicables à œuures telles qu-
ittera befoin & de raifon:&* aux defpens du procès &:des officiers,la taxe d'iceux à nous
referoce. Ainfifigné, Àlphonfus Verfelhs Vicarius, P.BenedidusafTefTor domini Orri-
Hh. iiii
Liurc^jIllL Cjuillaumz^dt-} Dongnon.
cialis, M. de muret, I. Beaubrueil, F. Bechameil, G. Poylenç, Eflenault,M.Balifte.
D e celte fentêce ledit de Dongnon appela par deuant les gens du Roy au fiege pre-
u'onCuittc filial duditLy mogcs:afin de réduire les torts &c griefs qui luy cftoyent faits,difanc qu'il
volouwi- n'ciloir point preltre,^: que ce n eftoit qu'abus de leurs ordres qu'il auoit pnns : &C que
rement. partât il le s quittoit de loymefme,&: n'eltoit befoin que quelque Euefque les luy oftaft.
mais nonobftant l'es appelations tut dégrade actuellement le dixncuficme dudit mois
de May,& delaillc à la iurifiidion temporelle. Et le vingtième îour dudit mois les lu-
ges temporels s'affcmblerent pour 1 interrogucr,& remontrer comme les autres-mais
ne seftonnant aucunement, perfifta toujours comme il auoit fait en fes premières dé-
polirions.Ce que voyanslefdits luges, ordonnèrent qu il failoitauoir quelque homme
de lauoit pour l'exhorter,afin de le faire rcuenir &c remettre en la loy,s'il efloit poffible.
&: tut cnuoyéquerit M.Pierre deMcns,curé,auquel enjoignirent d'admonnefter ledit,
&: le leduiredetoutfon pouuoir. Aulîi qu'il ieroit mandé à toutes les eglifes de lapre-
fente ville &C aux faux-bourgs, qu'ils fe mettent en deubtiô &: pnet Dieu qu'il luy plaife
întpirer ledit de Dongnô de fa fain&egrace&:mifericorde,afin qu'il delaiife les erreurs
fauiles& reprouuees qu'il a de la vraye& tainétc foy catholique. Et d'autant que ledit
de Dongnon auoit demadé vnnouueau Teltament pour eftudier & penfer bien à fou
affaire, luy en fut baillé vn.Et le lendemain z 1 .dudit mois les luges eltansairemblezea
la chambre roy ale,ledic M. Pierre de Mons ayant fait fon polïible enuersM. Guillaume
de Dongnon fit la relation,& dit qu'il eftoit obftinc en fes reprouuees opinions,& qu'il
luy auoit elle im poflible de le rcmettrc,combien qu'il luy ait produit beaueoup de paf-
fages de la taincteEfcriture.dont eft ans les luges indignez, donnèrent le iour tuiuât fen
tence contre luy ,dc laquelle la teneur f enfuit de mot à mot :
Ve v le procéscriminel par nousfait,requis Je procureur duRoy,àl'cncôtredeGuil-
laumedc Dongnon, auditions interrogatoires &: refponlesreiterees:aurre procedu
refaite par rOffiaalde Lymogesoufon AfTefTeur,fentéceparluy baillée àl'encontre
duditdeDongnonlequatriemeduprefentmois:parlaquelle il l'a déclaré hérétique:
conelufîonsdudit procureur du Roy ,&c. Le tout confiderc par aduis du confeil, pour
réparation des cas &c crimes fcandaleux&: pernicieux contenus audit procès &c procé-
dure, auons condamne ledit Guillaume de Dongnon, à eftre traîné fur vne claye des
prifons royales du prêtent liège iufques à la grâd place pubhque,&illec eftre ars& bruf-
le vif. Déclaré & déclarons les biens d'icc luy eftre acquis & confifquezau Roy , &: or-
dônôsqu'auparauât l'exécution du prefent iugemet, il fera mis en la torture ôîquefti6
pour déclarer 6c enfeigncrlcsfautcurs,alliez& complices Vautres gens defafedeôi
erreur:&: refpondrefur cet tains interrogatoires que par nous luy feront faits, afin que
la mémoire de la punition en demeure pour exemplc,& baillecrainte aux mauuais de
cômcttreféblablcs crimes & errcurs.Signé I. Beaune,F.Lamy,P.Martin,De la borne,
De gi and chaut, Barmy,P.Guc,l.Cibot , Carneys Pradier.De laquelle fentéce ledit de
Dongnon appela deuant Dieu &: le Roy,difant qu'il louftenoit la foy Chreftienne 6c la
parolle de Dieu. mais luy fut relpondu que nonobftant fon appel ladite fentence feroic
exécutée.
ET DE F AIT tout à l'heure tut mené & mis fur le banc de la torture en la pre-
fence des fufdits:ÔJ întcrrogué d'où îlà apprinsceftedoctrine qu'il fouftient . R.Ie l'ay
Lj qi cfiion apprifc(dit-il)au vieil & nouueau Teftament&: Euangile de Dieu. D. Necognois-tu
donna a perlonr.c de ta fcrïe ? R. Non. melmeau parauantNoel l'erroyeenlafoycomme les
gnôn! °" autres:mais depuis Dieu m'a infpirc de croire ce que iecroy. D. N'as-m pointeftéen
quelque lieu fecret pour apprendre ladite doctrine ? &: n'y a-il pcrlonne qui t'ait fuiuyî
R. Ien ayeltéen aucu lieu fecret pour l'apprédre,& n'ay ouy pi cfche ne lecture ne paro
le reprouuce.& croy q ce que i'ay depofé eft la vraye foy. D. Qui t'a induit à louftenir
Icldites parolles&d allerà Gcncue? R. Perlonne n'a parlé à moy de cela, tant s'en faut
qu'on m'ait induit à ce faire:mais ça efté de mon efprir,&: y vouloye aller pour fauoir s'-
ils tenoyent autre toy que celle cjue i'ay icy dcpofee:&: comment ils viuoycnt.
h r après luy auoir fait attacher pieds & mains fur ledit bac,& vne pierre à d'osd'af-
ne lui le dos, ôdfait tu er vn tour de rouet, cftant au pied, luy demanderét qui eftoyet fes
côphces:& qu'il pnaft la vierge Marie & les Saincts luy eftre en aide enuers Dieu:& qls
hures il auoit en fa maifon quand il fut pris. Le pourepatient en s eferiant dit , Miferi-
corde,
{juMUtme *D* Dcingim j jr
corde, ôlefus,ien'ay nuls complices hcliurcsjfinon le npuueau Teftament &Ie liure
Dominkxpreçattonestéc ne fay s'ils ont eftéprins. Aufsiy âuoitvn JiuredeS. Auguftiri
furS.îéan.
Et loy baillant vn autre tour de rouet , luy demandèrent la place où oh prefchoic, &c
où premieremët ilauoit appris cette do&rine.Il refpôditjc vbus ay défia dit que nul ne
me l a enfeignée: bien eft vray qu'vh Do&eur paflSt par S. Leonard,me dit que fi ie vou^
loye aller àGencue,il nie hourriroit, mais n'eut la puïflacc quand fut en chemin. Et fur
cela fu c lafche,&: la pierre oftêe;& derechefrn rerro£ué. D. Ne te veux-tu pas réduire a
là foy catholique,&declarer qui t'a appris cette doftrinefR.Ie perfifte en ce que fay dit.
ï>. Pourquoy ne crois-tupas ces gens dotées qui t'ont remonftre tes erreurs? R. Iene
fay s'ils font do&es, mais non gens de bien,de me tirer & condamner ainfi âtortrtoutes-
foisieprendrayla mort en grét& ncmedemadezilitrc chofe,car vous perdrez temps.
Or voyans lesiuges la côftancëaJtiditDôgnon,firent venir deux corde/ièrs pour le
fcorifefler, penfans par la bien befqnghèrrmais ce patient refpondit qu'il nevôùloitdë
telles gens delguifez; né fe voulant côfe/Ter qu'à Dieu (eul:& du'ils eftudiaflent le nou-
veau TeftameiK,& fe rendirent comme luy a la Loy & vérité de Pieu.bref,qu'ils le faf-
choyent. Mais euxnoncontensladraonnefterent derechef quilfe Cônfelfaft àquel-
quepreftte en Ihonneùr de la.pMôn de Icfus CUtid . aufquels refpondit qu'il n'en fe-
roit rien,& qu'il n'y a Pap'e3&efque ne preftte, qui ait la puafance de l'abfpudre.
Pb v après l'ayans tire des prifôs dii Roy<fut Hure entre les mains du boûrreaù,&fut
mis fur vue çlaye,ayanc vne bride qui luy tenoit vn efteuf dedans là bôuchcqui le ren-
ddlt tout deffiguré:&: ce afin quil ne parlaft.Et eftànt parUenu à la place pùblique,ap^e
léq Des bancs,fut defbridé.là eftoitle Lieutenât criminel qui luy dit, que s'ilfe vpuloic
defdire il luy ferôit grace:auquel ne refpôdit rienrmais perfiftâc conftâmenti ihuoquoit
le Seigneur.dont eftarit iafcJbé ledit Lieutenant, dit au bourrcâu,Bride, bride.& incoti
nenttut^ttachéaupofteaujiceiliâd'vne chaîne de fer autour du corps , & audit po-
fteau y aubit,vn pertuis par lequel paûbit viie petite corde qu'on auoit hiiîe pour l'eftrâ
gler;mais comme le bourreau l'accouftroit, ce Lieutenant efmeu de rage & dedefpit,'
voyant la confiance &ç patience de ce Martyr,cria à haute voix au bourreau, Ôfte,ofte,
deipefche: ie veux qu'il foie bru/Ic vif.Et le bpurreau ayat mis le feu au bois,l'efteuf qu'il
auoit dedans £a bouche plein de poudre à canon,feritât lafiame du feu fe creua, &fufïb
cjua ledit Dongnon,lequel à tefte bauTee humantla furnee,expira.Il endura celle more
il cônftamroent &alaigremenr;que combien qu'il ne peuft parler; fi demôftrPit-il alfez
par geftes& contenance* exterieUres,que tout fôn bien eftoit aù Ciel,y ayant toufiours
les yeux e{leiiez&: fichez.
-I E A >î CARDMAKER^IEAN VVAREN.
£ N l'èxemplcdc CardnuKer nous pouifons voir combien eft grand & excellent le fecours du Seigneur Ion que le fidèle eft
en «ioufc.oa qu'il eft agité de Eeaucions:& que ûns Ton adrefîe toute la fcicncè que nous aurons acqûïlc ne fera que
poudre ou paille qui fera menée au gré de nos ennemis.
L aefté parlé cydelTus dé lean Cardmakcr,aû lieu où mention a cfte faite
deremprifonnemehtdéSâunders.Iceluy tenant vne prébende de l'eglilè MdLV
de Vvellendu temps: du royEdouard,s'eftoit fidèlement employé à publier
la parolle derEuangile,maintehant eh cefte diflîpation se ruine derÈglï-
Ce,il fut empoigné auecBarleEuefq du diPcele de Bàden : éiaprcscela bnlcmepapri B"\^**k
fonnier à Londres. Les Parlemensn'auoyeht encores aboly les ordonnahces&ftatuts
cjue le roy Edouard auoit fait publier auparauant:& la loy iudiciaire ( laquelle ils appe-
Ict d'Office)n'eftoit encore remife és mains des Eûefqs*Or aùfli toft que là pui(Tance&:
faculté hit ottroyce aux Euefques de maintenir leur auchoricé, on fit venir entre plulL
eurs autres ces deux-cy de la prif6,pour cftrc interroguez&examinez de leur doânne.
Le Chahcelicr euefquedc Vvinceftrc retournant à fa vieille chanfon, léurpropôfala
mifericotde délaRoine,moycnat qu'ils châgealTent de foy & deReligiô,& qu'ils fe mô-
Liurcs ////- Jean Cardt,;aker, & feanVVaren .
ftrafTcnt dociles te obeifÇms à leur Princeflè.Eux rçfpondirent de telle force que ÏEacC
que &: fes complices les laifferent aller fauues.^icomme les cttimansaflez catholiques.
Et foit que ces deux ayent fait cela par infirmitc,ou pluftoft que cela ait efté fait par l'a-
ftucedefeucfquede Vvinceftre,&: pardiffimulation cauteleufe:onnefauroitdire corn
ment cela fc fir,finon que ce dernier eft plus vray femblablcîaflauoir afin que ce renard
de V vjnceftre euft quelq argumét & couleur de rctra&a&ion feinte,'! aqlle il peuft pro
pofer aux autres pour imiter,oupourlé mettre en fàce à ceux aiifqucls il auroit affaire.
Ec en aduint ainli:car toutes fois &c quantés que depuis il eut quelque caufe à démener
contre quelques autres,il leur mettoit en auant les norris de Cardmaker& Barle,&les
louoit comme gens de grande grauité,prudence & doctrine. Tant y a que quant à leur
rcfponf^quelque chofe que ce fuft, on commanda à Barle de retourner en prifomdc la-
quelle il forcit par ie ne fay quel moyen,&: de là alla en l'Alemagne : & eftan t là comme
relegué/fùprofeffionouuerte dcl'Euangile.Mais Cardmakerfutmisà part en vne au-
tre prifon,en laquelle vn peu après L. Saunders fuir mis , comme on a veû cy dcrTus. Ec
celanefut point fait fans quelque fingulierc prouidece deDiéu.Et de faicc,Cardmakec
ayant la familiarité de Sâunders,recueillit plus de force à défendre l'Ëuangile. De là
aduint que Boncr cuefquc de Londres,fe promettant toures chofes de Cardmakcr, di-
uulgûo'jt par roàt qu'il lelafcheroit en bref de la prifô,apres qu'il auroit fôufcrit à laTrâf
fubftantiatfon& autres articles. Cardmakcr demeurant ferme en (on bon propos, Se
fie'rtechiflaht pour belles promeffes ou menacés qu'on îuy feuft faire, montera combic
là vât'erïe de l'Êuefqueauoicefté vaine,& comment le peuple aufsi y auoierrop légère-
ment creu.
O r après que Saunders eftant feparc de luy eut efté mené àla mort(eommeil aefté
dit'cy demis )& que Cardmakcr eut efté laifTéfeul en prifon , il eut beaucoup d'aflaux
par les Papiftes,& long temps: lefqucïs conceurent grande efperancedciaturèrâ leur
cotdéllc. Plulïeurs trauaillerentàccla:&:y vcnoycncfcMuêntefôispartrotip es,&fai-
foyerit tout ce qu'ils pouuoycnt àduifcrp
çoyent,ils rèfpeuuantoyent,ils le prioycnt,ilsle fiattoyenr. Se voyant doncaffailly dq
tant déport cït&cpc fc pouuant defpeftrer bonnement de leurs lâqs,il lespriadé mettre
ïçu . s raiibns par efcrit,& qu'il leur refpondroitauflî par eferit.
V m db£reurLegifte entre autres pria que cefte charge luy fuft donnee,de refpondrc.
Ce docteur auoit nom Martin?& eftoit de la facture de l'eucfquc de Vvinccftre , ayant
cire* fort inftruit en fon efcole à tromper & deceuoir:hommcau demeurant d'auez bon
efpric entre les Papiftes,s'il euft voulu employer les grâces qu'il auoir, à défendre la vé-
rité &c droiture, plu ftoft que s accômodcr a vilaines Saterics : ou s'il fe ruft modeftemec
contenu en fes bornes,dedanslefquellesfaprofeu1onrauoitb'mité>& qu'il ne fe ruft in
géré plus auant que fa vocation le portoit. Tout ainfi qu'en celail fe raonftra plus im-
pudent mainteneur que prudent Theologiemauffi il acquit plus de deshonneur à foy-
mefmé, que de profit aux aucresr&fufcita beaucoup plus de riotes oifiuesenl'Eglife,
que d'édification necefFaire. Cela fut affezdeclaré par vnpctitliure,lequelluy-mcfmc
compofacn langue vulgaire,lan m.d. l i i i i:parlequelil efmeut de grandes tragédies
contre le mariage des Prcftres. Ce gentil do&eurdonccntraau combat contre Card-
maker,pour maintenir la Tranffu bftan nation &: autres articles. Cardmakeraufficfcri-
uit contre luy,&: reprima fort dextrement la fiere audace de ce do&cur,luy remonftrâc
que s'il euft efté bien fagc,il fe fuft contenu dedans fes bornes.
E n cefte forte Card maker ayant efté long temps & par plufieu rs fois pourfu iuy , de-
meura toutefois confiant iufques au tourmét de la mort trefcruelle , laquelle il endura
peu apres,au marché de Smythfild en la ville de Londres , & l'endura autant paifibie-
ment qu'il auoit conftamment maintenu fa caufe.
t i an Vvarcnjreuendeurdemeurantenlavillcdc Londres , fut condamné à eftrc
* bruflé auec Cardmakcr, Quand tous deux furent paruenus au lieu du fupplicc,
Cardmakcr fut appelé à part par les Efcheuins de la villc,aufquels il tint fi long propos
que Vvaren eut loifîr d'acheuer fon oraifon,& de fcdefpouillcr de fes habtflcmens, ÔC
d cftre attaché a u pofteau:& finalement toiy ce qui eftoit propre à le brufler eftoit déf-
ia preparé&dcrneura là quelque temps à attendre que le feu fuft mis dedans le bois du
quel il eftoit enuironnné. Durant le temps que Cardmaker fut retenu parlant aux Ef-
cheuins,
Récit iKifioire, j*j
cheuins Je peuple eftoit en grand (ointe crainte:car ilsfauoycnt auparauaot ouy mur-
murer ie ne fay quoy de la rétractation de Cardmaker& eftans amenez à quelque fôup*
çon » ils n'attendoyent autre chofefinonqu'iceluy fuft contreint de fe defdire auprès
des cendres de Vvarcn.mais après que les propos furentachcuez : CardmakerlaùTanc
les Efclieuins-s'en vint au lieu où fon compagnon eftoit défia attaché. & eftant encores
veftu des habillcmens qu'il auoit lors,fc mit incontinct à genoux,& pria lôg téps à parc
foy,fanseltre ouy des autres»Et cela encore augmeta la foupçon dupeuple,d'autatqu'é
premier lieu ileftoit encore veftUi&qu'ilprioittacitemét:&dauâtage qu'il ne môftroic
aucû ligne qu'il vouluft faire quelq exhortatiÔ.bref,Cardmakcr eftoit en vn eftat dou-
teux & tort dangereux. On luy donnoit encoreliberté de le defdire. S'il refufoit la con-
dition qui luy eftoit offerte au no de la Roine,il voyoit la mort prefente deuant fesyeux
&c la chofe ne pouuoiteftre difteree.il n'auoit pas loifir défaire longues délibérations.
Des deux parts on attendoit ce qu'il reipondroit &; feroit II voyoit Je danger de tous co
ftez.Je danger du corps d'viiile danger de lame d'autre. Sa confeience le tourmentoit
d'vncofté:&: d'autre part fon efprit eftoit miferablement agité pour l eftonnemenc de
la mort.Mais tout ainfi qu'il voyoit le danger des deux coftez,auflipreuoyoit-il leguer-
donja vie Se la vi6toire:l'vne en ce monde,qui eftoit facile,mais temporelle: l'autre au
ciel,immorcclle,mais dangereufe.encore ce chois luy eftoit en liberté , laquelle il euft
voulueflire des deux. Les Efcheuins luy auoyent permis ( comme on le pouuoit facile-
ment coniedurer)dc choifir ce qui luy fembleroit le meilleurJl auoit bien befoin du fc
cours prefenc de Dieujlequeln'âbandonna point ce poure homme en fa neceflîté. Caf
après que Cardmakereutacheuéde faire fon oraifon,il fe leuafur fes pieds,& fedefha-
billaiufques à la chemife de fon bon gré.& ayant fait cela, accourut à fon compagnon
Vvaren au lieu où il eftoit attaché pour eftrc bruflé , &c tendant fes bras &: les mains , il
baifa le poftcau,& donna la main à Vvarcn,lexhortant à prendre bon courage:puis a-
près fe prefenta alaigrement & fans refiftence pour eftre attaché.Le peuple voyant ce-
la contre toute fon attente,fut autant reliouy qu'auparauant il auoit efté troublé.& cô-
mençaàgrandcry,voire autant grand que iamais on ouyt enfemble tel : & touscri-
oyencd'vnemefme bouche& con lentement, Dieu foitbenit:Cardmaker, leSeigneutf
te vueille fortifier: Le Seigneur Iefusreçoiue ton efprit. Etlepeuplenecefla de con-
tinuer cette acclamation iufques à tant quele feu fut mis, & que tous deux eurent ren-
du ïefprit au Seigneur en facrifice de bonne odeur. Cela fut le dernier iour de May,
l'an m. ï> vit.
O r yvaren, qui eftoit bourgeois de la ville de Londres,auoit fait entière confefsiô
de fa fpy le iour deuant qu'il fut mcné,ayant expliqué en bref le Symbole des Apoftres:
& auec cejl déclara apertemeht fon opinion touchant la doctrine des Sacremés» fepuf
géant fuffifamment contre la condamnation de fes aduerfaires.
RECIT &Hifloire touchant certains perfonnages qui ont efte' deterres^en ce temps , &brusk%jt*
près leur mort.
Ë récit qui de prime face Semblera ridicuie,nous eft icy propofé pour remarquer
la cruautéj,ou pluftoft forcenerie que les aduerfaiées exercent contre les morts:
enquoy nous noterons qu'il y a diuerfes efpeces de perfecutions que Satan fufeite au
cœur de fes fuppoftsjes mettant en inquiétude & rage continuelle .^"Les Efpagnois
en ce remps auoy ent la vogue en Angleterre , a raifon du mariage de la roine Marie a-
uec Philippe roy d'Efpagne. Il y auoit en la ville de Londres vn nommé Guillaume
Toulee,du nombre de ceux qui n'oht autre moyen de viure que de feruir és cours des
Princcs,ou és familles des grands.
Advint qu'ayat rencontré vn Efpagnol,il luy ofta par force fon argent. Cela eftoit Lesiçpii
vn forfait deteftable& énorme : & encore eftimé tant plus griefde ce qu'il auoit efté gnolscaref
commis contre vn qui eftoit du pays auquel la Roine portoit grande faueur,&: toute la {f cn An*
Cour auec elle. Apres que la iuftice eut cogneu du fait , Toulee conueincu de larrecin, 8
fut condamné à eftre pendu.on le mena donç auprès de la croix de Charing pour eftrc
exécuté. Deuant mourir il dit beaucoup dechofes au peuple, comme par forme de re-
montrance :& fie vne prière que les Anglois auoyent accouftumé de dire és eglifes, du
Urne 1IIL
Thomas tf aux.
le carJi-
fcii i'OiUS
pcrfècutc
le* morts.
L» femme
de Pierre
Martyr de-
icnccc
temps du roy Edouard, Que le Seigneur les deliuraft des erreurs deteftables de la Pa-
pauté^ de la cruelle tyrannie de l' Antechrift Romain. Toulee à loccafiori dételle
priere3tomba après fa mort en cefte tyrannie dcfbordec par tout. Auffi toft que le bruit
eut efté ferné,&:paruenuiuiques aux oreilles des Preftres &Euefques,felon leur cou-
ftume ils rirent des bruics merueilleux:fe tempefterent & prindrent confeil qu'il ne fai
loir endurer vn tel outrage fait contre le iicgeRomain. Ayans aflemblé Jcur fynagogue
comme pou r mettre chofe neccllairc &: de grande importance fur le bureau,on propo
l"aiefaitdeToulee:onprendconfeil,on détermine, finalementapres longues enque-
ftes,combicn que les opinions futfent diuerfes,on s'arrefta à l'opinion de ceux qui fu-
rent d'aduis que la faincteté du treiïainct Pere de Rome, quiauoit efté ainfi outragée,
deuoit eftre vengée par feu. On veut dire que le cardinal Pol fut autheurdeceft aduis:
car tout ainlî que le Chancelier Gardiner &: l'Euefque Boner efeumoyent leur rage co-
tre les vifs,fcmblablementlesfulminations dePol nefedefployoyétgueresque contre
les moi ts.U luy feul vouloir bien prédre cefte charge particulière^ ne fauroic-on dire
pour qu elle railon il faifoit cela,finon qu'il ne voulojt pas eftre fi cruel contre les viuans
(il auoit cogneu la vérité' auant eftre Cardinal) que ces deux-cy:& ( peut eftre ) penfoic
par ce moyen maintenir fa réputation , & donner à en tendre comment il fauorifoit au'
party des Papiftes.
To v l e e donc après auoir efté pendu &: eftranglé,& felô la couftume enterré: par
ordonnance des Euefques fut tiré hors de la folle en laquelle il auoit efté mis. Et (ans
rien obmettre de leur ftil,le firent citer comme hérétique^ condamner à eftre brufle1.
On attacha des breuets de citation aux portes du temple de faind Paul à Londrcs.Ec
comme ainfi foit qu'eftant ainfi cité il ne comparuft point,la fufpenfion fut iettee félon
la façon accouftumee:&: d'autant qu'vne feule fuipéfion ne fuffifoit pas,on adiouftaauf
fi l'excommunication. ^"A près qu'on eut ainfi gardé la forme Se iolennrte, on apofta
vn procureur qui deuft au lieu du mort refpondre aux articles publiquement recitez
en iugement. Il fut conueincu comme hérétique U liuré au bras feculier, aftauoir aux
iuges criminels de la ville de Londres.Ils prindrent ce pendu excom raunic,conucincti
& condamné comme heretique,& le firent mettre fur vn tas de bois pour le brufler,a-
fîn que la mémoire de ce fait en £uftàiamais:& que l'odeur d'vn lacrifîce fi fouef , par*,
uint aux nareaux du Pape leur feigneur. ^"Ce s chofes furent faites à Lo ndres le qu*.
triemedeluindeceft an m.d.l v.
D £ deux premiers homme* en renommée a\5&we&pieté:ai^^
Pierre Martyr,deterrez âpre» leur mort.
A meime foudre de ce cardinal Pol pénétra iufques aux os d'autres perfon»
nagesdememoire&renômeebié-heureufeiaftauoirsMA ktinBvcir,
^PaviFagivs ,profe(Teurs des fainctes lettres en rvniuerfite'deCahi-
_ brige:où ils eftoyent décédez quafi d'vn meime temps l'vn apresTautrc. Ils
furent déterrez, &: de pareille folennité, que le précèdent, condamnez.&cequi fus
trouué de 1 eu rs os,fut bruflé &C réduit en cendres,enuiron deux ans après leur tf efpas. ^
E t afin que ceC ardinal ne faillift à donner auffi quelque mémorial de fa fidélité en-
uersle nege Romain(comme Légat fouuerain dudit) en l'autre vniuerfitéd'Angleter-
rc,qui eft Oxford,il mit en exécution vne chofe femblable,fauf que par faute d'vn tteC-
pafle de renom,il fît déterrer &c brufler en ladite ville lafemme de PierreMartyr(lequeI
eftoit efchappé d'Angleterre après auoir efté profefTeur en Théologie en ladite vniuer
fité)fem m e de bonne &c fain&e renommee:& ce qu'on trouua de fon corps fut par op-
probre ietté fur vn fumier prefque trois ans après fa mort.
M.DXV.
THOMAS HAVX,^,
C E S T exemple s'adreffe à ceux part iculiercment qui ont eu ce priuilcge d'auoir efté inftruits des leur ieuneûc en la pure de»
étrine de Dieutcar Hauxs'eft tellement porté cala fleur defon aage.cju'u n'a pas fait grâd conte de fa vie au regard de ladite do
£trine:& eft tellement mon qu'il a monftré qu'en icelle il efperoit trouuer la vie. Il y a des chofes oompareiÙes i coefiderer.
N T R E plufieurs excellens perfonnages qui moururent au mois de
Iuin,il y eut vn ieune homme nommé Thomas Haux,qui rendit cefte perfe
cution illuftre.Il eftoit du pays d EiTexie,nTu d'vnc famille honnefte, dé po-
ble race,& fuyuant laCour,&:dés fon entance itourry en délices & aboftdan
ce.
Thomas H aux. $23
ce. Ileftoit beau decorps&deftaturc,& orne' degraces extérieures . mais ilauoit vne
vertu qui furmontoit tout cela, a/Tauoir vne rôdeur Ôc affection à la vraye Religion, voi-
re telle,qu a peine y en a-il en telle ieunefle qui fe foie maintenu plus fagemêt en fa cau-
fe,ne plus honneftemon t en fa vie,ne plus conftamment en la moi t.^ Ayant cômencé à
future la Cour, il fut au feruice du côced'Oxone affezjong téps.agreablc à tous en celte
famille tant quele roy Edouard vefquit,&que la vertu auoit iieu:mais après la mort du-
dit Roy,la Religion ettat renuerfec, la crainte de Dieu nô (eulemét refroidie, mais auffi
expofee aux dangers, Haux changea de lieu abandonnant laCour>$£ fe retira chezi'oy, JJjJJîgjJ
afin de librement iouyr de fa confciencc,& s'adonner au feruice de Dieu. Cependant cour,
qu'il cftoit en repos en fa maifon , vn fils luy nafquit , duquel il auoit délia 1 1 îrferé le jia-
ptefme lefpace de trois fepmaines.pourautât qu'il ne vouloir foufïrir que fon enrâc fuit
baptifé àla façon des Papiftcs.Les aduerfaires ne pouuans endurer cela, firent tant que
premièrement il fut mené au conte d'Oxone,& aceufé de mefprifer les tacrem t ns de 1-
eglife,& le baptefme principalement* Ce Conte renuoya toute la caufe & l'hom me a-
uec lettres fi£ vn meflager à l'cuefque Boner. L'Eucfque retint quelque temps Haux en
fa famille, auec lequel il eut beaucoup depropos,&: l'eiTayaen plufieurs fortes : mais
voyant qu'il n'y auoit plus d'efoerance de le deftourner de fon opinion, n'admettant au-
cune condition qui fuil au deuduantage de fa confeience , le fit mettre en laprifon de
Vveftmonftier.
Ma i s'auant que procéder plus outre en l'hiftoire,notons les pourfuites &c inftanecs
que fit ce Boner cotre Haux, qui ont efté eferites par luy-mefme: &L depuis traduites co-
rne s'enfuit : Le x x i i i i . de Iuin, l'an m . d . l i 1 1 1 , le conte d'Oxone me donna en
garde àvn fien feruitcur, pour me mener à Boner euelque de Lôdres , auec lettres qu'il
luy efcriuoit » en cefte fubftance :
Rbverik© perc en Chrift, ie vous enuoye vn certain Thomas Haux , qui a gardé ^^q.
vn fien enfant en la conté d*Eflexie par trois feprnames fans le faire baptizer.Enquis fur xoneàBo.
ce faicï, il refpond qu'il ne fera point bàptizer fon fils félon la façon qui eft auiourdhuy nef*
receuè en l'eglifc. Et pourtant nous auons procuré de le vous enuoyer, afin que vous en
ordonniez de luy félon voftre prudence. ^ Apres que l'Euefque eut receu ces lettres,
fit qu'il les eut leucs,il me les bailla:ayant ku le contenu, ief>enfay en moy-mefme, que
ce ne feroit pas bien mon auantage que leiugemét du fai&fuft commis à ceft euefque.
Boner me demanda, Quelle fantafie m auoit prins de tenir mon fils fi long temps en
ma maifon fans le faire baptizer, R. Pource qu'il nous eft commandé ne rien rece-
uoir contre la fainetc ordonnance delà parollc de Dieu. D. Maisquoy? Le Baptcf-
me a efté inftitué par la parolle & ordonnance du Seigneur. R. le ne mcfpriie pas
l'inftitution du baptefme, veu que c'eft la chofe que ie deba principalement^ requier
de vous fur tout. D. Que rcprouues-tu donc? R. Toutes les chofes qui ont efté ad-
iouftees d'ailleurs par leshom mes, outre l'ordonnance diuine. D. Qui font-elles?
R. L'huyleje chrcfme,lefel,lc crachat, le cierge, I'exorcifme ou coniuration de l'eau, te* chofes
& autres chofes fèmblàbles. D. Reietteras-tu les chofes lefquelles tout le monde 6c 2*^^
tespredeceffeursontpar leur authorité fit d'vn fi grand confentementapprouueesiuf- me.
ques à cefte heure en l'eglife,&: nous ont efté données corn me de main en main? R. le
ne fay que mes anceftres ont fait , ne ce que tou tle monde a ordonné: mais c'eft à nou s
d'acquiefeer à tout ce que Iefus Chrift a commandée ordonné. D. L'eglife catholi-
que l'a ainfienleigné. R. L'Eglife catholique eft la congrégation des fidèles difper-
fez par tout le monde, don tle chef eft Iefus Chrift. D. N as-tu point leu comme
Iefus Chrift promet en fainct Iean de bailler fon Efprit confolatcur àfes fidèles pour
lesenfeigner,& mener en toute vérité* R. le le confeiîc, à cefte fin qu'il enfeignaft
toute vérité accordante àla parollede Dieu,& non les ordonnances & traditions des
hommes. D. le voy bien que tu es du nombre de ceux qui ne peuuent rienfouffrirou
admettre en l'Eglife , que les Efcritures feulement. Et certes il y en a beaucoup de tels
en ton pays,qui font de cefte faction. Ne cognois-tu point Knygth & Piggot qui font Knygth &
detonpays? R. le cognoy bien Knygth: mais ie ne cognoy point l'autre. D. I'auoye l%èot-
bien penfé que tu auois acquis cognoiflance& familiarité auec telle manière de gens,
qui font de ta focieté àc manière deviure: & cela aufij eft afifez déclaré par le iuge
ment fit opinion que tu as des Efcritures. Dy-moy quels prefeheurs vous auez là en
II
Thomas H aux.
EfTexie. R. le n'en fay point. D. Entre autres ne cognois tu pas vn nommé Baget? R.
Ielecognoy bien. D. Lecognoiftrois-tufitulevoyois? R. Ouy,commeie penfe. Ba-
feaget. g e t euoqué enua fui fes entrefaites, auquel Tcuefquc Boncr dit, Bagct, cognois-tu
ceft homme de bienr Bagct refpondir, le le cognoy.Et quant & quant nous donnafmes
la main l'vn àl'autre.Sui- ce Bonerluy demanda, Qu'endis tu Baget.? ce ruftre-cyàvn
entant qu'il garde en fa maifon fans lé taire baptizer.Et perfifte en l'on opinion, qu'il ne
feroitadminiftrerle Baptefme à fon fils félon la façon que le Baptefme eft auiourdhuy
adminiftré. Dy-moy ton opinion fur celar Baget, à la façon de Cour luy rcfpôdit, Mon-
fieurlcreuerendjienaynenàdirefurcela. Bonerfafché luy dit, Tu ne veux doc rien
dire rietrouueray bien le moyen pour te faire déclarer Ci cefte façon & cérémonie du
facrement du Baptefme, qui cft en i'cglife,eft louable ou non. Baget infifta,Monlïeur ie
vous prie nvfez point de rigueur enuers moy. il a de l'aage,qu'il refpondc pour foy. Bo-
ner appela vn officier,&: luy dit, Fay-moy venir le portier.Ie te feray donner des fouliers
de bois,& ferrer eftroitement en pnfon,& n'auras que çlupain à manger, &: de l'eau à
boire.ie voy bien que ie t ay par trop cfpargné iufques à prêtent.
To s t après rEuefqueiè retira aux iardins, où il s'affiti fie commanda qu'on Juyfiffc
venir Baget ,auec lequel aulÏÏ on m'appela . ôc l'Euefque commença à dire ainfi , Que
dis-tu du Baptefme lequell'cglife a maintenant? parle ouuertement: as-tu opinion qu'-
on en doyue vfer en l'eglife,ou non ? Refpon-moy à cela, Baget. B a g . le te penfe ainfi,
monfieurlereuerend. D. Vrayement tu mérites bien qu'on tedifè desiniures &ou-
trages. Fol que tu es,pourquoy n'as-tu ainfi parlé dés le corn mencement? car tu âs bief-
fé auparauant la continence de ce poure homme ignorant, par ta folle refpôfe. Et tour-
nant ton propos à Haux,dit , Tu vois bien que ceft homme-cy retourne à fôn bon fens,
H a v x .Ma foy n'eft point appuyée fur ceft homme-cy,ne fur vous,monûeur,ne fur hô-
H<br. u.ij. me qui foit au monde : mais elle eft fondée fur vn feul Iefus Chrift , authetir &c confom-
mateurdenoftrefoy. D. Iecognoy que tu es rebelle ôid'vn cceurobftiné . parquoy il
nous faut trouuervn autre moyen pour te faire flefehir. R. Ié fuis defîa réfolu & preft
d'endurer tout ce qu'on ordonnera contre moy.
S v r ces entrefaites on s'en alla difner. De moy , ie fu mis à la table du maiflrc dlio-
ftel:& après qu'on eut acheué de difner, les Preftres& autres eftafiers de l'Euefque c5-
mencerent à mettre des propos en auant d'vn cofté Se d autre.Entre autres il y auoic vn
Vj du colîc PrinciPâl du collège d'Oxfordiparét bien prochain de l'Euefque, qui difoitquei eftoye
gcd'Eurypii curieux plus qu'il n'eftoit debefoimfis ten'oit ce propos: Vous autres ne pouuez rie ifouf-
frirque ce beau liure diuimainfiappeloit-il le nouueauTeftament. Haux îûy dit , Ne
penfez-vouspasquece liure fuffifeàfalut?l€eluy dit, le penfe bien qu'il fuffit afalut,
non pas à inftru&ion. R. le dcfîre que ce falut m'aduienne : &c quant à c: fte inftru-
ûion,gardez-la pour vous. ^"Cependant que nous tenions ces propos , l'Euefque fur-
uint. Bo n e r» Mais quoy?nc t'auoy'-ie pas défendu de parler à perfonne? R. le vous a~
uoye auffiprié de mon cofté , que nul de vos docteurs ou feruiteurs ne me prouoquaft à
refpondre? ^De là nous fufmes derechef menez au iardin : où l'Euefque commença à
parler en cefte façon:Que dis-tufPermettras-tu point que ton fils foit receu au Baptef-
me félon le formulaire du liure qui eflpit en vfage du temps du roy Edouard fixième?R«
Certes ie le defire grandement &: de toute mon affection. 3 o . le l'ay bien penfé ainfi:
mais voicy tu as maintenant vn mefme formulaire de faicr. La forme &: fubftancedela
vérité Ceft, AunomduPere&duFils,&:dufàinctEfprit. Ceque mefmeie neniepas
eftre afTezcn temps de neceflïté. Or afin qu'il nefemble que nousncvueillions rien
faire pour toy,tu pourras demeurer en ma maifon , s'il te femble bon: 8c cependant ton
enfant fera baptifé fans ton feu. R. Si l'eufTe voulu accepter cefte condition , il n'eftoit
befoin qu'on m'amenaft icy.car cefte mefme condition m'a efté offerte premièrement
chczle conte d'Oxone. Boner. Tuesplusaudacieuxquetonaageneporte:&:ilfe
peut bien faire* que quelque opinion de réputation te meine, afin que tu acquières lou-
ange. Ne penfes-tu pas qu'il foit en la ptnffance de la Roine Se de moy , de commander
que cela foit fait,encore que tu y contredifes? H a v x .le ne deba point maintenant que
peut valoir l'authorité de la Roine ou la voftrermais entât que touche ma confeienec»
i'efpere qu'elle demeurera ferme.& immuable. B b ,Tu es vn ieune home mcrueilleufe-
metopiniaftre.il faut q ie t aye par vn autre moyen. H. Vo9&c moy fômes en la main de
Dieu,moyénant fa bôté Se grâce: ie foufFriray patiement tout ce que bon luy femblera.
Bon.
Thomas H aux. 3 24-
B o . Quelque opinion que tu ayes de cecy en ton cœur, ie ne veux point que tu en Ton-
nes vn feul mot dcuant moy. En celle forte le propos fut rompu , &C chacun fc retira.
Cependant l'Euefque m ayant fait venir en fa chapelle, me dit , Haux , ie voy que tu es
beau ieune homme, à qui Dieu a diftribué de fes grâces . i'ay telle afFc&ion enuers toy,
que voudroye te faire plaihr en toutes fortes. Tu fais que ie f uis ton pafteur , & qu'il me
faudra rendre conte du ialut de ton amedeuant le luge fouuei ain, fi tu n'es purement
inftruit &: comme il appartient. H a . Ce conte que vous aurez à rendre ne fera pas que
iedemeureimpuny quand ïeferay quelque faute. Parquoy iciuisrefolude perfcuerer
hifques à la mort en ce que i'ay dit, moyennant l'aide de mon Dieu: &t n y a créature qui
medeftourne démon propos. Bon. Haux,nedy point cela», & ne le mets point en ta
fantafie. Ne fais-tu pas que Iefus Chrift enuoya deux hommes en fa vigne: &l'vn dit Mattli u is
qu'il iroif ,& toutefois n'y alla point. Ha. Le dernier y alla. Bon. Fay le femblable.&
de moy, ie te veux traiter aimablement. Que veux-tu direfll eft efcrit, le fuis le pain de fc
vie:& le pain que ie bailleray, c'eft ma chair, laquelle ie bailleray pour la vie du monde.
Qui mangera ma chair & boira mon fang,demeure en moy,&: moy en luy, &: aura la vie
eternellei Ne crois-tu pas ces chofes eftre vrayes? H a . Ouy biemcomme de fait il nous
fau t nçceflairement adioufter foy aux parolies de l'Efcriture. B o . le n'ay donc point de
peur que tu ne fois pur fie entier en la foy du Sacrement. Ha. Monfieur,ie vous prie de
ne mettre aqtrechofe en auanr,n en d'autres queftions que celles defquelles on m'ac-
eufe. Bo n ; Allons maintenant ouyrvefbrcs. Et l'Euefque voyant que ie tournoyé le
dos, ô£que ie fortoye de la chapelle,me dit, Commet, pourquoy n affilieras tu pas à ve-
fpresaueenous? Ha. Pource qu'il n eft expédient à édification &sfalutque faille ouyr
ce que ien'enten point. Bo. Mais quoy? Tu pourras cependant prier fecrettement à
part.Q^elslrares as-tu? H A.LenoriueauTeftament,lesPrôuérbesde Salomon, &c le
Pfautier. Bo. Mais tu pourras prendre des prières du Pfautier. Ha. Ien'ay point affe-
ction de prierencelieu-Ia ou vn autre femblable. Alors vn de fes preftres dit , Qu*ils'-
cn aillc-Jl ne fera point participant auec nous. H a . Pour celle raifon mefme m'eftime-
ie plus heureux, quand ieferay bien loin de vous. Et pourtant ië defeendy de ceft ora-
toireou chapelle, & m'en allay pourmener au paruis au dehors, qui eftoit entre la cha-
pelle 8£ la fait. Bien toft après ils acheuerent leurs vefpres , &c l'Euefque me mena en
vnechambrefecrette auectrois preftres, &c commença à m'interroguer derechef ti-
rant, Ne te fouuient-il point du dernier propos que i'ay eu auec toy touchant fe Sacre-
ment, quand tu me requerojs que ie ne preflaffe point ta confeience plus auant que les
chofes defquelles tu es aceufe? H a v x . Fefpere que vous ne ferez pas iuge &c partie co-
tre moy. B o . Ceft cela:mais tu me refpondras du facrement de l'autel , du Baptcfme,
du Mariage,&: de Pénitence. Premièrement en ce qui touche le facrement de l'autel,il
femblequetuy es a/Tez pu r&: entier. H. Qu'appelez-vous facremét del'autel?Demoy
iené cognoy point vn tel facremét. B. Et bien bien,nous donnerôs bien ordre que tu le
fauras,& quetuyadioufterasfoyauatquetû partesd'icy. H. Vous ne le pourrez jamais
faire,moyénant la gtacc de Dieu. B. Mais les fagots le feront faire. H a . le ne me fbucie
point de tous vos fagots.vous ne me ferez non plus qu'il femblera bon à Ja volonté Di-
uine. B.Ne crois-tu pas qu'en ce trefTainct facremét de l'autel le pain n'y demeure plus
pain après les parolies de confecratiomains que feulemet y demeure le vray corps &: le
vray fang de Iefus Chrift?(& en difat cela il ofta fon bônet). H. le ci oy tout ce que Iefus
Chnf| a exprimé par fafain&e parolle.B.Mais IefusChrift nous enfeignant par fa parol-
le,n'a-il pas dit ainfi, Prenez mâgez,cecy eft mon corps? H a . le côfeflê que ces parolies
font deChtrift'.toutefois il ne s'enfuit pas de cela que voftre facremét de l'autel foit ainfi.
& de fait IefusChrift ne l'a iamais ainfi môftré de loin au peuple par defllis la tcfte,&:n'a
rié enfeigné de tout ce qu'auez en vfage. B. Toutefois l'eglife catholique l'a ainli enfei-
gné. H. Les Apoftres qui ont efté les Docteurs de la première Eglife,ne lot pas ainfi en-
feigné. B. Quelle raifon as-tu pour môftrer qu'ils n'ont pas ainli enfeigné? H. Lifez le i.
& zo. chap.des Actes des Apoftres. S. Pierre fie faincl Paul n'ont iamais inftruit les Egli-
(es de cefte façô. B. Ce ruftre-cy ne reçoit rie en l'eglife,finô ce cnii eft côtenu feulemet
en l'Efcriture^ce que Iefus Chrift a laiffé nuemët.H.Ie n'adioufteroyc poît foy à celuy
qui m'éfeigneroit d'vne autre façô que Chrift luy-mefme nem'a enfeigné. B. Il faut doc ,
que vous aurres faciez laCene auec vn agnèàa,s'il ne faut rién receuoir finô félon finfti
tutioa de Iefus Chrift. H a . Cela n eft point neceilàire: car quand la Cene a efté intre
L imc^IIIL Thomas H aux.
duitc,quanr& quant les cérémonies de la Loy ancienne ont efté abolies. Bo. Pourc
homme que tu es, ne fçais-tu d'où la Cene a eu fon origine première, ou d'où eft procc-
dee l'inftitucion d'icclle? H a .le voudroyc bien que vous me fiffiez plus fauarit queie ne
fuis. Bo . Et nous délirerions volontiers de remédier à ton ignorance , pourueu que tu
te rendides docile .H a .Quant à moy, fi vous ne m enseignez chofes meilleures ou plus
pures par la parolle de Dieu, vous ne ferez iamais queie vous adiouftefoy , encore que
vous raciez cous vos efforts. ^ L'Euefque fut cela foufriant àfcsefta/îers de Preftrcs,
dit, Iefus, Iefus, quel homme ignorant &opiniaftre nous auonsicy ! Ces chofes fe fai-
ioyent en fa chambre fecrette. Or il parla derechef à moy en cefte forte , Defccnaprcs
moy,&: demande à boirexar il eft auiourdhuyiourdeieufne, a/fauoir la veille de la fe-
fte Carnet IcanBaptifte: mais iepenfe que vous-autrrtne tenez conte deieufnernc
de faire orailon. Ha. I'approuueoc les ieufnes&lesoraifons, félon que l'vn&rautre
eft infticue par la parolle de Dieu. Sur cela nous mifmes fin au propos de ce îour.
LE lendemain qui eftoic Dimanche, Bonerfedifpofa pour aller à Londres: car cc-
Xok le iour folcnnel auquel Feknam deuoit eftre inftallé Doyen de4a grande egli-
fuiiam cû jc icdemeuray cependant à la maifon de BoneràFullam : où eftant requis par les ler-
pr«de Lwî uiteurs d'aller à la Meife, ie dy que ie nele feroyepas,& vfay de cefte mefme exeufeen-
uers eux que i auoye fait parauant vers l'Euefque: lequel furie tard arriua de Londres.
Le Lundy fuyuant, il commanda que vinife vers luy au plus macin , eftant accompagne
de Harpsfild Archediacre de Lôdres: auquel Boner dit , Voicy l'homme duquel ie vous
auoye parlé, qui ne veut point que fon filsfoit baptizé,&nepeut endureraucunece-
remonie. Harps. Comment, mon amy,IefusChriû n'a-il pas luy-mefme vfé dece-
remonies,quand ayant fait de la boue de la poudre de la terre &: de la faliue,il en mit Au:
lcsyeuxdel'aueugle? Ha. Ielcfay&confefle qu'il eft ainfhmaisnousnelifonspasqu'il
ait fait cela au Baptehne. Que fi nous voulons vfer de cérémonies à l'exemple de lelîis
Chrift, ie dy que cela fe doit faire pour la mefme fin qu'il le faifoit ,& non autrement.
Ha r p s. Et que fera-cefî l'enfant meurt fans Baptefme? ne luy ferez- vous pas caufed-
vn grand mal? H a v x * Et que cela aduint , qu'en fcroit-il pourtant ? Harps. Vous-
vous précipiteriez, &: voftre fils en danger euident d'eftre damnéxar ne fauez-vous pas
bien que voftre fils eft engendré en péché originel? H a v x . Il eft vray. H a r . Cornent
eft-ecque le pechéoriginel eft effacé? Ha v x. Parfoy en IefusChrift. Har, Etcom-
ment pourra le poure enfant auoir cefte foy que vous dites ? Ha. Pour effacer fon pé-
ché originel, il n'eft pas feulement queftion de l'eau, mais la foy des parens luy fett àcc-
la. Har. Par quel argument prouuerez-vous cela? Ha. IeletienderApoftre,quîdil
i.Cor.7. die, L'homme infidèle eft fan&ifié par la femme fidèle, &; au contraire, car autrement
(dit -il) vos enfansferoyent immondes, maintenant ils font fain&s. Har. Ëencognoy
n uxoic ^>ien qui ne font pas de voftre opinion, voirede vos plus gras piliers ôddocleurs d'Oxo-
Crunmer, Tt r- Vrr ■ r ■ cl j
R\di<:& n^- Ha. btvousoueuxmepouuezconueincreparlhlcricure, leluis prcit de me ren-
Lacuncr. geràla vérité. ^Lors Boner criât, Defdy-toy,defdy-toy, il die: Neiais-tu pas que Chrift
a dit, Si vous n'eftes baptizez d'eau , vous ne pouuez eftre fauuez ? Ha. Sauoii-mon,
monfieur, fi la vraye Chrcftienréconfifte en cérémonies extérieures? Bo,. Ouy bien en
partie: mais toy que dis eu là deftus? Ha. le vous rcfpon félon les parolles de S. Pierre,
i.Pin.3.11. qUe ie Baptefme nous fauuemon point en oftant les ordures de la chair, mais en ce, qu'il
y aie atteftation de bonne conlcience parla refurre&ion de Iefus Chrift. Bo. C'eftak
De UMcflp. fczdecepropos:dy-moy ce qu'il tclemblede la Mclfe. H a. le vous dy quec'eft vnc cha
fe abom inable & pernicieufe , pour cntorcillcr les poures confeiences pour lefquelles
Iefus Chrift eft morr. Bo. Comment? n'y a il donques rien de bien ne de fai net en la
Meffe? Que deuiendra donc l'Euangile &: l'Epiftre qu'on y chante? H a . L'Euangile eft
bon,l'Epirti e eft bonne:moyennât que le tout foit fait à telle fin &: vfage auquel il a efte"
inftitué dés le commencement. Bon e r. Premièrement que dis-tu delà préface qui
eftau commencement de laMe/fe,où lepreftre le confeffe: laquelle nous appelons;
bc confier, confitcor ? Ha v x . le dy quec'eft vn b'ialpheme hérétique, 6c contraire à Iefus Chrift,'
d'inuoquer aucune créature de ce monde, ou fe fier en autre qu'en Dicufeul, Boner.
Nous ne parlons de la confiance, mais nous difons que limiocacion qui s'y fait eft bon-
ne &: faintre. Quand tu viens à la Cour , tu fais bien qu'incontinent on ne te fait pas
entrer en la prefence de la maiefté du Roy, ou de la Roine:ains il faut que 1 entrée vous.
y foit
Thomas H 'aux*
y fojt faite par le moyen flesgran s Seigneurs & des Princes familiers de la maJcfté. H a >
Yrayement cecy eit bien contraire 4 ce que vousdiûcznagueresi qu'il ne falloir point
mettre Ion efpoir ne Confiance en aucune créature du monde? Et %n& Paul die.
Comment evUl poiriblc qu'ils inuoquent ecluy auquel ils n ont iamais creu? B o n . Ne
feray ie point deuoir d'homme de bien, Q ie prie^eft homme (monftrant Karpsfiîd ) de
prier Dieu pour mqy.? H a v x. Ouy:cela.fcra bien fait, car la prière de l'homme iufte
eft <jlegrande efficace enuers Dieu,quandcUe ferait en ce monde,& pendant que nous
fom-mes en vie. Bon. Tu m'accordes doncques,que la prière du iufte eft vallable eh^
uersDieu. Ha v x. Voireen cefte vie: mais après la mort>non. Car comme il efteferic
çs Pfeaumes,il n'y a pçrionne qui punTe racheter fon frère, ne qui puifle faire fa redem-
ption^Carla rançon de leurs ames eftdegrand prix, pourles faire viurc immortelle*
mentJïtEzechiel dit, Corn bien que Noe, Daniel, lob habitent au milieu d eux :tou- Eiec^-i^
tefois lesiuftesviurôtenîeuriuftice.LorsrEuc
(dit-il )que c'eft homme n'a befoin de noftre doctrine, ne d aucunesprietes des Saincts.
Qr ie ne vous tiendray point dauantage,& ce que ie vous ay faita.ppeffï, ^yefté pour
autre raiibn,fmon pour voir s'il pourrotteftre réduit par voftre moyen. Pujfsïe retour-
nant vers moy,Orfus(dit-il)le temps eft venu de parlera bon efeient: carde foufkîr
quenous (oyons dauantagefafchezpour toy, nousncle vsniôs point, tic croy que quad
pnt>nroit fait ce qu'il t'appartient, nous ferions defpefcàcz d'vu grand hérétique .
H a r a s . Ne lifez- vousautres liures que le nouueau Teftamcnt,les Prpuêr bes 4e baio-
mon# le Pfautiert H a ▼ x . Si vous m'en baillez d'autres qui foyen$ de la (a.m^e ^icn-
turc,& tels que les fouhaireroye, ie lesliray. H a a. Q uels liures iont-ee? fi a v #~4-es
liures de i'archcucfquc de Canturbie , les fermons de£arirncr>Je$«:uutes. de Hbober,
les prefehes de Bradf6rd,&f autres fcmblables conformes àla fainfte Êteriture,* Bo,n.
Àlipn^aJÎQns, ienten bien qu'il ne veut point d'autres liures que ceux-Ja jqju'il entend
çftre propres pour la derenfe de Ion hereûe. Àinfi ils me laùTerent : car Haxps&jd cftoiç
houle & efperonné , & preft à monter à cheualpouç s'en aller à Qxoae, Etje tu*eh re~
p ournay vers le portier , qui eftoit ma garde . f Le lendemain vn petit vfeilîard vint
vers Boner, lequel vieillard auoit vn peu au parauant eitédepolé defon Euçique»» eau- miSS.
fe qu'il s'eftoit marié: lequel apporta à î'Eueïquc pour prefent » des pommes. & vn flaicô
de vin. L'Eaefqucleprintparlaroain&lcmena aniardin :oà B&yaat&fe appeler,
luy <&t en ma prefencc»Ce ieunc hotqmea vn fils lequel il ne veut permettre eiïre ba-
pciz&< Ha v x^ le ncmpefche qu'il ne foît baptizé : ains iç fouhaite» moyennant que ce
(bis félon l'infUtution que Chrift a laijtïee. B q n . Vous eftes Vn grand for i vqusne fanes
que vous demâdez(ce qu'iiprofera de grande colerc).Le vieillard qui eftoirlàBd!f,Beau
'fils* il faut que vous-vous monftriezQbehTant auxeonftitutions de f eglifc,& imitateut
de vos ancettres. Bon. Luy ? il ne le fera ïamais , comment? il ne veut ouyr ncreceuoir
autre choie que l'Efcriturclaquelle il n'entend point. S'itrpiette toutes les cérémonies
^uifont en l'eglifé , qu'eft-ce qu'il nous dira de l'eau bénite ? a v x. I'endirove$ou$
autant que i'ay fait des autres refueries,& de leursautheurs. Bo n ïoutesfoisl'Çlteri-
turerapprouue: car ileftefcritaux hures des Rois, qu'Eîifec ietta du fel dedans les
eaux- Ha v x^ Il eft vray. car les enfans des Prpphetesfepiaignansà Elifee luy dirent: 4^o»«.
Nous te prions, voicy il fait bon habiter en cette ville: mais les eaux font mauuaiies.
aufquels il dit , Apportez-moy vn vaifTeau neuf,& mettez-y du fel. Çç qu'ils firent: &c
incontinent après furent rendues faines iufques auiourdhuy , félon îaparollc qu'Elisée
auoit dire. Scmbiablement quand nos fontaines deuiendront mauuaifes& corrom-
pues , fî à l'exemple dïlifee vous les faites deuenir bonnes , lors 1 eltimeray vos céré-
monies . Bon. Que diras- tu du pain bénit ? car tu fais-bien ce qui eft efcrit en llL j£paio bom
uangile,que Chrift rafTafia cinq mâle hommes de cinq pains & deux poifTons. H a,
Si vous voulez-dire que ce pain-la fuft bénit, il faut donc par ce moyenque vousbailîez
du poiffon bénit au peu pie,
Bons*. Voyez ie vous prie , que ce galand içy fait du fubtil. H a y x. k-
fusQuriftneiitiamais ce miracle, ne tant d'antres qu'il aÉMrs,afin dèles maiter^s
feulement p^ur monftrer^jue c'eftojt de fa do&rine,& poujp induire le peuple à croire
en luy; Il eft^bicnvrayqucIefps mefmee^awiieuroVtcfmoin que tous fidèles feront
ïhiik
Litfro Thomas H aux.
Mire der- de tels fignes & miracles,difanr, En mon nom ils ietteront les diaMes hors dès corps: ils
oierchap! parleront langages nouueaux : & s'ils boiuent quelque chofe mortelle, cîle he leur fera
aucun mal. B o n . Et vous autres,quelles langues nouuelles parlei-Vousîdy- moy; Ha.
Notrt «fte le le diraytdefgoigeant iadis blaiphcmes&: vilenies contre Dieusmaintenaht àyantfen
ttipoafc. t qUe c'eft0it de TEuangile , i'ay changé ma langue,&: commence de parler tout autre-
ment : c'eft à dite, choies (ainctcs&: honneftes,& félon Dieu. Bo. Etcomment eft-ce
que vous iettez les diables hors des corps? H a . Le Seigneur eftant en ce monde j ietta
les diables par la vertu de fa parolle -.laquelle il nous a laiifee à ce que par la mefme ver-
tu , quiconque croit en luy iette femblablement les diables de* corps. -B o . N'as-tu ia-
mais beu de poifon, ou quelque autre chofe femblable? H a. Icri'ay beu que trop de la
poiibn des fuperftitions & cérémonies de l'cglife Romaine,pour lefquelles vous batail-
lez fi afprement. Bo. Maintenant tu te monftresvray hérétique. Ha. Siiefuishcreti-
Qnec'cft que, ie vous prie dites-moy que c'eft qu'Herefîe. Bo. Herefieeft tout ce qui répugne à
d'herefici lado&nnede Dieu. Ha. Si ie m'oublie iufques là, de monftrer ou dire quelque chofe
contraire à la doctrine de Dieu, ie ne refufe point d'eftre à bon" droi& eftime hérétique.
B o . le dy que tu es hérétique , & te feray brufler û tu perfeuercs eh tes opinions, & fi tu
continues comme tu as commencé. Ha. Icvoudroyeque vous me monftriffiez , s'il
vous plaifoit, où c'eft que lefusChrift ou aucun de fes A poftrcs furent iamais caufe de
faire mourir perionne pour le faicl de la Religion. Bon. Ne les ont- ils point aù moins
excotnmuniez&: bannis de lacompagniedel'EgUfe? Ha. I'enten bien : mais il y a fort
grariî' différence entre Excommunier & Brufler. Bo n. N'aùcz-vousiamais feues A-
ctes, de l'homme & de la femme lefquels S. Pierre fit mourir? Ha. lime fouuiCnt bien
Aft.j. s. de ce que Thiftoire Euangelique recite d'Anan ias & Saphira, lefquels mentirent deuac
le S.Él prit: mais cela ne fait rie à noftre propos de la foy. Si vous voulez que houscroyôs
que vous eftes de Dieu, vfez donc de mifericorde i car c'eft cela principalement que le
Seigneur demande des fiens. B o . Nous te rehdrôs la m efme: mifericorde quecelle que
nous auons expérimentée en vous autres, car on m'oftafibientnon Eaefché^û'ôn he
me lailfa rien. L'Euefque fe tournant vers ceux qui cftoyent à 1 entour * leur dit qu il
me plaignoit fort, &: qu'il eftoit bien many de mon mcoriuenient: toutefois qu'il ne fe
demoit point que quelque fois ie ne vin/Te à me réduire. Et incontinent il s'en alla dif-
ner : & ie m en retournay vers mon portier.
Apres difneriefuderechefappeléenla falle: où eftant jfEuelque pria ce vieillard
qui luy auoit nagueres apporté des prefens,de me receuoir pour hofte, U me retirer en
fa chambre , pour prendre vn peu de peine après moy & faire tant que ielainaftc mon
opiniâftreté. Nous obeifmes tous deux à l*Euefque , & nous en allâfmes en la chambre:
Harcnguc ou eftans venus, mon hofte commença de me tenir tels propos, Vous eftesieunchom-
dl Ha^a i me> & encores ^e k°n aage-.aduifez,ie vous prie , de ne paner plus outre que la vie & la
a aUX feurté de voftre perfonnene vous commande. Ne refufez point d'apprendre des plus
grans : U fi me croyez, temporifez pour quelque terhps. Ha. le ne telhporïferay point
autrement que la parolle de Dieu me commande. Fattendoye qu'il me deuft répliquée
quelque chofe: mais le vieillard eftant aftis en vne chaire & furprins de fommeil,dettint
tout muet. Etvoyantqu'il s'endormoitainfi,ielelaiflay,&m'ert rcuins à mon portier.
Ce fut la dernière fois que ie le vy.
LE lendemain Feknam artiua : en la prefence duquel TEuefque me comman-
da de venir en la chappelle. Où eftant Feknam me dit à fa façon de parler, Vous
lydcrazna eftcsdoncquesceluy qui mefprifez toutes les cérémonies de l'eglife, Ientert que vous
ne voulez pas iouffrir que voftre fils foit baptifé finon en langue vulgaire, fi£ fans cere-
comiderez morne. H a . le ne trouue rien mauuais,ne trouueray,qui nous ibit commandé par les
ky comme £fcrjtures. F e k . Les cérémonies doyuentaurlî eftre receués par authoritéde î'Efcri-
roiïuïïue ture. N'auez-vous pas leu és Actes , quefainct Paul a autre fois portéhabillemens,
ne des gri$ par jcfqucls on guerihoit les malades? H a v x , Il me fouuient bien qu'if eft dit aux
de « mode. j^cs j qUC £)jeu faifoit des vertus non accouftumecs par les mainsde Paul ; tant
qu'aufîi on portoit les linges &C les furceints de fon corps fur les malades : & leurs
maladies fe partoyent d'eux ,&les mauuais efpritsforroycnt hors. N eft-ce pas ce que
Actes i9.il. vous voulez dire? F e jc n a m . Ouy , qute vous en {etribleî jl Ha v x*. Ce pàilàge n'-
appartient en rien aux cérémonies: car il y aainû au texte, Et Dieu faifoit des ver-
tus
Thomas hfaux. j 26
tus ncoi accoutumées pari* s mains dcfain&Paùl,&c. Donc il appert que les mala-
des qui rccouuroyent Cahtfc , cftoyent guéris par la feule vertu de Dieu &: non par ce
que vousnommcz cérémonies. Fb kN am. que dites-vous de Jatemme malade du
flux de (angjacjuelle toucha Je bôrd delà robbe de Iefus Chrift i aifauoir-morifi parce-
lle cérémonie elle n'obtint pas çc quelle demandons H À v k. NuHcroeht,'. car Ie-
fus Chfift regardaautoUr de loV,3c demadàqui èftoit cfcluy qui iauoit fcouchëi Eàfrinâ: tucM 4f
Pierre iuy reïpohdit , 11 y a (i grande foule de peuple à l'entour de toyj &^tu demandes
auitàtouché7&)e Seigneur répliqua, Quclcuii a; a toucue. cari aycogyu^wc vertu
feftiflue de moy.E,t lors la fcmsne,&: c* Maintenant ié voudéoye bien que vous me dif-
iîezieqaej dés deuxpcUtaUpirguery celle femmci la VcrtuduSeigheur,oule toucbe-
0i ch« de larohbe. F * x . Tous deux enfcmble.
Ha v xi ^isut^on€Parte^*^^on<îue^o4*s G^iez 'îeftis Chrié menteur* car il dit , , . «,
après» Va-teftc^paix^tafoycafauuée, Bot Qî^onlaiflè tout cela, & venons mainte- qUc<^ndu
nant au Safiretjientxe nc foiit que fatras aufqUcls vous autres vous amufez» qui jîcfof& Sdcroncht,
rie»:4p»opos,.r Fbk. Vous dites vrayimonfieuriOrdoncmonamyjCommententen-
dex-vous ce lieu pu il eft dit, Iefus Ghrift priht lepain >ie rompit,& dit,Mangci : £'cft-cy
raon corps? If vous demande il ce qui eft là exprimé par pârolles, n'y eft £a$ reàkmeut
& de fai& Ha . Je ne le perifc point* Voudrie*- vous dire qu!il faille entendre fimple*
àhent toutes les ,pàr0lles4e Iefus Chrifr,& aiofi qu'elles font propôfces i IcfuS Chrift sr
eft ar* ?elé Là fkJftejLa vigncLa voye* &Ci ' f Fciçnasn efirncû & prefle chce propos
coupa parolie U dit » Nagueres ie tombay en vn autre qui me ierioit tout tels propo&
U vibir de mefmcs argumens que ceftuy-cy.O poUres gens ? ces paOàgès que Vousalte-
gu?t.fc dcfqucls vous- vous armez amti,ne font rien pour vous, ains vous coUpét à tous
kgorge^fcteispscK bien, vous atm, vos autheurs,meffieurs ies do&eurs d'Uionç, &
Çnten L&im&h&ïWtn vouiez v ous adiomter iov à tels ruais?
k'vad'euxa&tf; viiiiurc^au^usl il dit que la prefenec rcaJe du corps de Chtift cftpro-
|*emeBia«Sa<3&riae&t, lenelay^u^peuuentauoirfaitparey deuant ;mamrcfca&c
ie&y brèa ce ^u#if£fii pepfent M difent.fe prie le Seigneur qu'iJ leur face la gracepat &
mifericorde*«its^ , qu'ils puiûèut pcrfélJcr(cr4fit3ç«
mr î>on iu&wefa U ûû. ¥t'm Kidlé preichant publiquement au temple de ,(ain&
Paul,ofa bien affermer que le diable croyoit mieux que nous j &<jucfafoycftoi£Jrttil- FeKnamac:
leur e que linofttèï Çayil «ettt (dit-il) ^e Iefus deconuertu: cufe*id&'
lis pierres enpaàtu#3ai$ vous autres ne croyez point que le corps dè Chrift foitau Sacre
inent. Hâ. Ma foyU'eft point fondeeauxhommes.car combien que tout lè monde
çhangeafcd opinion^outerois par la grâce de Dieu i cfpcreray de tenir bon fiêiic jp'cf-
Kranierenaucunc<^sè>fequciefachçcftre Vcritablei Bo* Quèdiricz-vous.ii qucî-
Cun deccnxJachangeoitdcpropos^reiettoit du tout te qu'il en à cy deuant entendu
teenfeigné» rlÀ-C^n^çclaaduiendrajienparierayfeforî queie verrày eftrc à faire. .
Bon. Toferoye bien dire cJUeCrâmer ne Çt fera pas beaucoup tirer loreille à fedefdirê* ^ct£
s'il efperoit par cela recouurer fes premiers cftats & dignitez. ^Et fur ce l'Euef^ke te
Feknam s'en allcrcnçâ: ië m'en rctournay au lieu de ma garde.
| e iouraofuyuât reuefqueBohcr allât en foniardin accompagné de Chadféluycôtà
i-que ie ne vouîoyc endurer mon fils eftrc baptifé fînon en langue vulgaire/& fais ce- Noimei &
remome.^ur quoyChadféditjQue voulez vous dire de l'eghfc? Ha; Iedyquel'eglife faut,
de Rome eft vne fynagogue dcCardinaux,Preftrcs,Moines,à l'abus defquclsie n'adiou
fteray iàmaisfbyjainfi que i'ay fait par le pafle. Ch. Et du Pape qu'eh dites-vous?
Hx. O Seigneur Dieu,vUeilk>- nous dehurer de la tyrannie. Ch. IcpoUrroyebieh cdlc prie4
aufli dire<Deliure-moy de&mains de Henri huitième te de fes erreurs deteftables» « dteit
Ha. Où cftiei- vous lors qu'il viuoit»pour luy dirè cèlai Ch. îen cftoyç-pas loin. Sî^^
Ha. Oùeftiez-vousdu viuantde fon fils le royEdouard,pour luy en dire autât comme
vous meri dites ? C h . leftoye en prifon. B o ; Voyez comment il fe iôue de hous,5c
commeUtifchcdenousfurpreridre.il mefprifc& rciette toutes nos prierès:&nevou- Dej v ,
droit qdc rien fe fift cri l'eglife qu'en langue vulgaire. C ». Iefus Chrift nc parla iâfhais ** ^
iioftre langue d'Angleterre- Ha i Nôri-.mais il a vfc dU langage faaiiiier &c vulgaire en-
tre ceux de fa nation, du quel il vous vouliez fuyurerexempl^nousferions bientôft d'-
accdtd.Et rApoftxe fainà PauUpârlsUit des langues,lcs eftime toutes jnutiles,s elles ne ^
Lwts MI- Thomas tianx.
font enrendues:vfanc de la fimilicude de la trompette & clairomSi la trompette,dit-il,
i.Cor i4. s nc lonne quelque certain fon pour animer les gendarmes à la guerre , nul d'eux ne fera'
encouragé de marcher Ch. Si vous voulez à vofti e fantaiicainfi interpréter lcsparol-
lesdeS.Paul,vous vous efloignerez grandement du but& de ion intention, car S.Paul
en ce partage parle de Prophctic:comme lî nous voulions prophctiler en langue eftran
ge & incognue. Ha. Au contraire:il ne parle là que des langues, pour monteu r qu'el-
les né profitent rien à ceux qui ne les entendent. Ch. le vous dy que hindi Paul parle
la vniuerfellcment de Prophétie. Ha. 11 raie vnebien claire diftmehon entre les lan-
gues &. la Prophétie : S'il aduienc(dit il )quc quclcun parle en langue eftrangere,il faut
poui le moins qu'il y aytvntruchcman qui leur donne à entendre ce qu'on veut duc.
Bo. Aquclpropos nous romps tu les oreillesde tant debabil ? veux tu faireicy du do-
cteur pour nous cuider apprendre, ce que nous îauons mieux que toy ? Il y a bien autre
choie, afin que tu le laehes:ceft que des le commencement on a trouuébon , &c receu
par vn treianeien àt commun confentement de tout le monde en 1 cglile catholique,
que la langue Latine feroit par cy après langue commune Se vfitee en toutes les cgliies
Ul n ;uc £jc là Chrelticntc,à ce que toutes euilent à prier en Latimei'perant que par le moyen v-
Lat ae' niucrfél de cette languc,& communauté de ceux qui en vferoyent , on poun oit racilc-
ni . nt arracher toutes fe&es & diueriïté d'opinions. H a . Celaacfté introduit pane ne
fay quelle iuperftitiondt Caphars& Prelats,leiquelsmcnoyent-là où ils vouloyentles
poures Empereurs &: Monarques par crainte de leur authoritc , non par la parolle de
Dieu:ainii qu'ils talchent bien encores de faire. Ch. Vouseftes digne auquel ondife
du maljd'autant quittant du tout ignorât les bonnes lettres, vous elles toutefois Ci ou-
Cor.ciles trccuidé de parler contre l'authorité des Conciles faits par les plus fages de ce monde,
généraux. ^ ^ Ic ne luis pas leul qui parleainh, ains la parolle de Dieu mefme & faind Paul: lef-
qiu ls nous enfeignent, que quiconque prelchera autre Euangile que celuy qui a efté
pre(che,qu'vn tel homme foit abominable e ntre vous,fi£ mishorsde toute bonne cô-
pagnie. Ch. Voire bien quelcun qui voudroit apportèrâutre Euangile: mais nousau-
trcjsnerailonspasccla. Ha. On m'a bien annoncé autre Euangile &c bien contraire à
céWyde Chril^depuis que ie fuis arriué céans. Ch. Dites-nous quel Euangile? Ha.
Cctld'inuoquer la vierge Marie& les autres Sain&s: ccft de mettre mon eïpcranceen
la Mefle,au pain benic,en l'eau benite,aux images,&c. Bon. Tu pai les comme vn
{ov&c ne fais pas quelle différence il y a entre vne image & vne idole. le te dy que toute
dïïoieC'ft idole eft bien image,mais non toute image eft idole. Ha. Nouscognoiftronsaifcmêc
la différence de l'Idole & lmage,fi nous venons à les parangonner enfcmble . car vos i-
Lcs images. mâges n ont elles pas des pieds? & toutefois elles nc cheminent point : n'ont elJes pas
bouches?elles ne parlent point.qui lontles vrayes marques &: proprictezd'vnc idole.
Ch a. laind Paul dit , Qu a Dieu ne plaife qu'il fe glorifie iamais,finon en la croix de
wla^j4 noftîre Seigneur Ielus Chrift. Ha. Eft.ce ainii que vous entendez la gloriation
de laquelle fainâ: Paul parlecn ce partage?
. Çïl ne refpôdit rien la dciTus.Et lors boncr dit, Y a-il chofe en ce mode laquelle nous
foit plus lalutaire en voyageât cheminant par pais,pour nous mettre en mémoire la
fouuenancedeschofcsfain&es,que le regarda contemplation que nous fartons delà
croix? H a . Monfieur le reuerend, trouuez-vous aucun de tels exemples en toute la
5. Efcn ture> Aucz vous ïamais leu ou ouy dire, q lefus Chrift ou les A poftrcs en prières
Helcuc. & oraifons publiques ayent porté la croix?ou ayentiamais chanté , Nous te faluons,ô
iour de Fefte? C h a . Cela fut introduit par vne certaine femme,nommee Hélène.
Ha. H eft ainlnc'eft la melme Hélène qui cnuoya iadis au monaftereauquel i'ay efté
fenutcur,vnepieccde la croix, mais après que les conuens & monafteres fuient mis
bas en cerovaume,on vint pour viliter ce morceau de croix: &Con trouua que c'eftoit
vnlopindc boisayant vne membrane ôicouuerture au dcllus , d'vnelame fubtilede
cùyure. Bo. Va melehant,n'as-tu point de honte de mefpriierainfi le s choies facrcës,
6. les expolcr par tels menfonges à moquerie? ^Eux bien courroucez de ce que ieleur
anoyedit,feretircnt,animcz au poifible contre moy. Et Chadlé en s'en allant difoit
que i'eftoye indigne de plus longuement viure.Et fur ce on me remit vers ma garde.
Le iour enfumant , qui eftoitleiourdtfS. Pierre, eftant appelé pouraller à la cha-
pelle de l'Eucfque pour ouyr le fermon que le docteur Chadlé deuoit faire félon la
couftume
Thomas H aux. $27
couftume du lieu,i'y allay. Et eftant'venu à la porte de la chapelle,ic m'arreftay là. L'_
Euei'que demanda au portier li i'eftoye venu.& oyant cela ie refpondy,Ie fuis icy , mon-
fieur. B o . Que fais tu laïque n'entres-tu dedans? Chadle ayant le furpelis& l'eftole fur
lesefpaules s'enallaau benoiticr,&: prenant l'afpergés le bailla à l'euefquc Boner,pour
luy ietter de l'eau bénite. Telle bencdi&ton faite,le Do&eur arroufé d'eau , depeur
que fans eftre laué &: net il entreprinft vne chofe n* grande &: haute , print fon texte du
1 é.chap. de fainft Matthieu,où il eft efcrit,Qucl dit-on eftre le Fils de l'homme? Pierre
refpondant, dit,Lesvns le difent eftre Elie:les autres IeanBaptifte : les autres l'vn des
Prophètes, &cc. Puis eftant venu au lieu où il eft dit,Ccux defquels vous pardonnerez
les pechez,feront pardonnez:& ceux aufquels vous ne pardonnerez pointais ne feront
point pardonnez:Cefte authorité,dit-il,n'cft baillée qu'aux Prélats de l'eglife,du nom-
bre defquels eft monlieur le reuerend qui eft là aflîs , &c à ceux qu'il luy plaift lubrogucr
en fa place. Or cefte eglife à enduré louuent dés le commencement plufîeurs aduerlai-
res&ennemis.maisquelesheretiquescrienthardiment conrre tant qu'ils voudront,
iamais ils n'en viendront à bout:airis perfeuerera toujours de mieux en mieux.^ ApreS Argument
qu'il eut acheué ce difcours,il tomba fur leSacrement de l'autel, lequel il mit par de/fus
les neufcieux,(i qu'après pluiîeurs longs propos , il vintderechef à ce qui eft dit en l'E-
uangile,Ceux deiqucU vous remettrez les pechez,&c.Il laiilbit la puiffance &C authoti-
tédelîer&deflicrauxfeulsEuefques&rpreftres , en difanr qu'il falloir que tous ceux
qui vouloyent appartenir à l'eglife,& eftre dits Chreiticns,vinffcnt à eux pourauoirre
mifiion de leurs pechez.Ce qu'il prouuoit par ce qui eft eferit en faind Iean ali chapitre I(,aIl w
i i.où il eft dit quelefus Chrift approchant de Lazaie, lequel cftoit au tombeau enfeue
ly &c enueloppé de linges &; fuaire,s'adrefïa à ceux qui eftoyent en authorité , c'eft alla-
uoir à fes difciples,& leur dit, A Uez,&: defliez-le. Ce fut prefque le principal de fon fer.
mon,rapportant toutes les parolles que Chrift auoit tiites à les Apoftres, aux Prélats &C
Eue(ques,Sc àleursfuppoftsde Preftresrconcluantparlà qu'à eux feulsappartenoicla
fuperintendence de toute l'eglile. ^Finalement ce fermon ainfi fait,chacun fe retira
pourdilner,&:apresdirnémefutcommandédcreiienit àla chapelle pour parler àfE
uefque,où il y auoit quelques gens delà Roine &: autres que ie ne cognoiflbye point Et
l'Euefquem'ayant appelé à foy,dir, Comment eft-cc que t'es trouuc du fermon? carie
l'auoye exprelfément commandé pour l'édification de vous autres. Ha. le fuis
rnarry que vous auez perdu tant de temps en mon endroit , car ie n'y ay feu prendre ne
plaiiîr ne profit. Bonhr ditauxaiîiftcns,mcifieursmesamis:ie vous prie ne vous faf-
cher point de deuifet vn peu auec luy,& gagner fut iuy quelque choie. Sur cela aucuns
me dircntjQue voulez-vous dirc,mon amy,de vous cm brouiller ainii eh ces queftions
ôc troubles? H a . Quels troubles:Ils i cfpondircnt , De ce que ne vous voulez rendre o-
beiffant aux ordonnances & volonté de la Roinc. H a . l'en aydefn dit la eau fe allez
amplement aux Iuges,aufquels la cognoiflàncc en appartient. Les feruiteurs de l'euef-
quc Boner dirent,Moniîeur vous a commandé de refpôdre à ces mefiieurs-cy,&:de leur
rendre raifon de ce qu'ils vous demanderont. Ha. Si l'Euefque veuiluy-mefmcs m'eri
parler,ie nerefuleray point de luy refpondre:mais d'vfei' Je redites ichevoy qu il en foie
necelTaire.Et lors tous fc m irent à crier cotre moy,les vn ; difa us, Au feu: les autres, Ou'
on le depefche&: qu'on Je peMc: lesautres,Qu ô Je mette aux fers il pefas qu'il ne fc puif
fe bouger.En cefte crieneie demeure fans mot diref&voyâr qu'ils ne celfoyentde crier
i e me defrobay d'eux, &mVn reuinàmagarde. Le lendemain au matin l'Euefque fe
courrouçant contre moy,& me reprochant qu'il auoit fait beaucoup pour moy,dit que
maintenant puis qu'il voyoit qu'il n'y auoit plus d'cfperance en moy ,&: que ie me ren-
doye pire de iour en iour,qu il ne differcroit plus longuement , ains m'enuoyeroit en la
prifcmdeNcvvgat.H a> le luis délibéré .Tout ce que bon vous femblera ordonner ou
faire contre moy, il eft neceffairc que ie Tendu re. Et îorsl Luefqu étirant vn petit pa-
pier de ion fein me dit, Vous verrez ce que i'ay eferit cy dedans. ^Orlefommairede Deiapre
l'eferit contenoit,Sauoir-mon iî ie croyoye ce que l'eglile catholique nous enfeignoit, w . ■ corpo
que la prefence corporelle de Iefus Chrift fuft au Sacrement après les parolles de lacô ^[[^ çhrift
fecration,ounon:Sauoir-mon file pain que nous romponsjn'eft point la cemmunica- auSacre^
tionducorpsdeChrift:&:iilecaîicequenousbcuuons , n'eft point le fangdumefme nicnc.
Chtift. ^"Cependant l'Euefqueayant commande aux antres de fc retirer, m'appela
Lime II IL Thomas H aux.
à part:&: tafcha à me perfuader parcoures rufcs& flatteries,de ne me précipiter ainû
dedanscelle pri(on,&:en vn danger iï euidenc q celuy qui fe prefencoic pour moy.Ieluy
refpondy comme toufiours, que ie ne feroye rien contre ma confcicnce.Et ainfi les cho
feseftansen furfcancc,iefu renuoyéàmagarde, me douranc bien que le lendemain
ie ne faudroye délire bien marin enuoyé à la pfifon.ee qu'indubicablemenc i'eufle efté
(ans que l'Archediacre de Cancut bie furuint: lequel l'Euefque pria de vouloir parlera
moy, pour eiTayer s'il me pourroitdiftraire de mon opinion. Lequel ayanc commencé
par les cérémonies &c Sacremens:apres plufieurs difeours, fa conclufion fuc de dire que
le facremenc de l'autel eftoit le propre corps qui auoic efté nay de la viergeMarie,& le-
quel auoic efté attaché en l'arbre de la croix. le luy dijefus C hnft a efte en croix vif fie
more. lequel des deux dites-vous eftre au Sacrement? L'ar. le dy qu'il eft vif au Sacre-
ment,»^ non poinc more. H a . Par quel argumenc prouiierez-vous cela? L'ar .Ille faut
ainfî croire. N'cft-il pasdiccnfainôtlean,que quiconque ne croira fera condamnélHA.
Jcjb 3.18 Saindleandic , Qui ne croira au Fils de Dieu, fera coridamné:mais il ne parle poinc là
4e la foy deuë au Sacrcmenc:ains,qui plus eft,il n'y penfa onques. ^ Ec lors il me vint
à-dite qu'il n'y auoic poinc de fondement , de perdre ainfî le cemps à me cenir plus long
propos, puis que ie n'auoye ne foy ne fauoir ou doctrine quelconque.Ec par ce moyen il
s'excufoic de parler plus longuemcnt.Mais pour auoir occafion de parler dauantage,ie
kSiftx luy dy que ieufle volontiers leu pourquoy c'eftoicque le Crucifix eftant mis aumilieu
eft misau de leurs temples faifoic leparatiô de la nef, qui eft le corps de l'eglife,d auec l'autre par-
çic d'icelle,qu'ils appeloyenc Le chœur.Il me demanda fi i'en fauroye rendre raifom le
repliquay que s'il eftoic beiom,i'en pourroye dire quelque chofe. Cai ^di-ie ,&c quclcun
de vos docteurs enfeigne que la nef de l'eglile,à fauoir couce la place qui eft depuis le
Crucifix iufqu'au bouc du cemple,fignifie l'eglife militance:&: que le chœur,qui eften-
uironné de chaires &Z clos couc àl'encour , figm fie l'eglife triomphante , dans laquelle
n'eft loifible dencrer,li premièrement on n'a porté la croix de Chrift.
LE lendemain,qui eftoit le premier iour deluillet,reuefque Boner m'appela ,&mc
cÔraanda de m'apprefter incontinét pour aller droit en la prifon de Nevvgat auec
lettres a,uGeolier qu'il bailla à Harpsfild, lefq u elles contenoyent en lubftacc ce qui s-
Lcttrcsdc cnm'c>^e vous charge &£ commande que receuiez l'homme que ie vous cimoye: & que
Boner au vous ayez à le garder eftroitem ent , que perfonne n'ait moyen de parlera luy : & que
^eeli€r- vous ne le deliuriez à amc viuante,quece ne foit ou au Parlemét ou au Prcuoft &Lieu-
cenant criminel. Quatorze iours après l'Euefque enuoya vers la prifon deux de fes
feruiteurs pour fauoir en quel eftat i'eftoye,&: comment ie m'y portoye. le leur dy que
ieme porçoye comme vn prifonnier.Ec ils me dirent que l'Euefque defiroic bien fauoir
fi ie n'auoyepoint changé d'opinion.Ie leur refpondy que ie n'eftoye point homme de
deux parpjles,&: que l'efperoye de ne l'eftre iamais.Ils me dirét derechef que l'Euefque
leur maiftre me portoit bonne voloncé,&: ne me fouhaicoit que tout bien. Et ie leur dy
qu'ils me recommandaient humblement à fa bonne grace:&: que de ma part ils le mer
cialTcnt du bien & honnefteté qu'il me defiroic. Les priancau refte qu'ils me tilfent ce
bien de m'aider à impetrer enuers luy,que mes amis peuflent auoir entrée &c ouuerto-
re yers moy:ce qu'ils me promirent qu'ils feroyent , combien que depuis ie n'en ay ouy
parler.Depuis ce temps de mon emprifonnement,&: que ces deux feuiceurs me furent
enuoyez>l'euefque ne fit point d autre pourfuicce iufques au dernier iour de Sepcébre.
LE lédemain premier d'Odobre,ie forcy de cefte prifon,&: fu mené en la maifon de
l'euefquede Londres: qui eftoic le iour que le Chancelier euefque de Vvinceftrc
deuoir prelcher au temple de iaind Paul auec grand auditoire &: concurrence de peu-
ple. Et cependant l'cuefque de Londres s'adreflant à ma garde,luy dit,Iecroy que vo-
ftre homme ne voudra point auiourduy affifter au fer mon. le refpondy que ie le prioye
fort qu'il me fuft loifible d'y eftre,&: l'ouir . que s'il y auoitriendebien,ieleprendroye,
& lairroye le mal. Ayanc cela imper ré,i y allay,iel'ouy,&: m'en recournay. Puis après 4»f
né m'ayanc faitvenir,me demada fi ie perfiftoye toufiours envn melmc eftat. Auquel Kfc
refpondy que ie n'eftoye point mûable,ny ne feroyc,s'il plaifoit à Dieu. Et il me dit que
ie ne le crouueroye pas auilî muabic. Et foudam fe ietta en fa châbre pour efcrirc ie ne
fay
Thomas H aux. 328
fayquoy.Safalle eftoit pleine de gés:entre autres quelcun me dit que le docteur Smyth
autrement ditFabli y eftoit,duqucl Je renoncement eft allez cogneu &publié par tout. Î^Xn '
S'approchant ck* moy,me dit qu'il parleroit volontiers à moy. le luy demaday s'il eftoit Fabri auoit
le doâeur Fabri , duquel nous auions entendu le renoncement .11 me refpondit que ce f*^f J
n eftoit point renoncementunais vne limple déclaration. H a . Il appartient bien que
pour voftie honneur vous couuriezvn tel meffteou que le palliez le mieux que vous
pourrez-.mais premièrement que parlions ensemble, ic délire fauoir fi vous délibérez
de perleuercren voftredcfdit. L'ayant laifle,ie me retiray eh l'autre codé de la falle.
1 L y auoit en cefte tourbe vn certain Milo Hogard tailleur ( comme iepenfe ) delaRccitlIc
1 Roine,lequel me dit , Par quelle raifon cftes-vous d'aduis que les petits enfans doi.. quelques
uent eftie baptilczîll eft efctit(dy-ie)Enleignez toutes gens , &: baptizez-les au nom du f^J*'
Pete,duFils&: dufaind Efprit.Cefonc lcsparollesderEfcriture,lefquelsconuiéttout
le monde à Baptefme,& n'en reculent perlonne. Que deuons nous donc taire? (dit_il) Mac. is. ic
Dcuôs-nous aller &: enfeigner les enfans?Ic luy di,Ces parolier ne vous l'ont guerescon
uenables,qui ne prenez plaint à enfeigner les autres. Luy bien iafché monta inconti-
nent fur fes ergots:&: fe pourmena parmy la (aile tout furieux de colère. Puisapres en
voici venir vn autre,qui eftoit curé de l'eglife de Rondine &Horne au pais d E/lexierlc
quel me dit,C eft dommage que vous eftes fi obftiné.Ic r'efpondy, N'eftes-vouspasle
cure de l'egliie deHorne?Mc difant que c'eftoit luy,ie demanday s'il n'auoit point choifi
vn vicaire puis nagueres en fa cure,l'ayât fubftitué en l'on lieu , duquel on auoit ouy par-
ler.Il me confcila qu'il l'auoit fait par necet'fité &c difficulté du temps. I'cnten bien (dy-
ie) tel le maiftre tel le leruiteunl'vn eft aufli homme de bien que lautfe.(cat i'eftoye ad-
uerty quel eftoit ce vicaire) Ce Curé incontinent me laifle ,en difant que l'cftoyedeue-
nu întenféauiîî bien que plufieurs autres. En voicy venir vn autre qui me deman-
da quel liurei'auoye entre mains: ieluy refpondy quec'eftoit lenouueau Teftament.
Lors il me demanda s'il luy feroit loiiible de regarder dedans. le luy baille: &c l'ayant re-
garde me dit que le liure eftoit corrompu,voire au beau premier mot du commence
nient d'iccluy.Car il commcnce(dit-il)par la généalogie de Icfus Chrift : 6c toutefois L
faiedit,Qui fera celuy qui pourra reciter fa génération ï le leroyebiencontent(dy-ie)Ifj iJ
d'entendre de vous ce qu'Haie veut dire cn.ee partage. Peut eftre (dit-il) que vous ne
prendrez pas dcfpkiûr h le difciple enfeigne le maiftre.Toutefois fi vous me voulez el-
couter,ie vous dcfcouuriray le fensdu Prophetc.Perfonnc(dit-il) ne peut faire généra-
tion entre le Pere& le Fils:maisic me doute bien qu'auant queie le vous die, vous ne c*
l'entendiez pas. Si eft-ce (dy-ie) que le Prophète ne nie point la génération deChrift.
Pourquoydonc(dit il)Chrift eft-il appelé Chrift?Par ce(dy-ie)qn'il eft Meflîas. Pour*
quoy cft-il appelé MefThs? dit-il» D'autant(dy-ie) qu'il a efté prononcé &: attendu des
Prophctes.Pourquoy(dit-il)leliure eft-il liurejCes propos (dy-ie j font plus pour cfmou-
tioir noife,q nô pas pour feruir d'edificatio. Puis il me dit,Gardez de vous deftolirner de
lWlife.car fi vous le faites,voUsdeuicmlrez hérétique. Tout ainfi(dy-ie)que vous au-
tres nous tenez hérétiques quand nous ne voulons acquiclcer à vos traditions , 6c nous
renger de voftre cglife:ainti vous cftimons-nous faux-prophetes , de ceque laiilàns le-
fus Chrift,vous vous retirez vers rAntechrift.Ccladit,il s'en alla, f En voicy venu vn
autre,delibci*é ( comme il dil'ftit ) de parler à moy, d'autant qu':l m'auoit cogneu vn
peu impatient. Auquel ic dy,quauant que parler à luy ou à quelconque que ce ruft.ic
deiiroye fauoir à quel titre &c authonté il vouloir parler à moy:car autrement ic ne voy-
oye point rnoycndemedelpeftrerdecesgcnsmabordans ainii confecutiucmentl'vn
aines l'autre. Cependant l'Euefqueiortit de fa chambre,&: vint en fa fallc,portartt en
main certain papier auqurl eftoit eferit ce qui (enfuit, le Thomas Haux protefte de- JJjJj ic
uant Edmond Boner,moniugeordinaire,commceuefque de Londrcs,quelaMcfle eft l'accufat
chofe deteftable & mcfchante,&: pleine de fuperftition. Qu'au Sacrement du corps &c Jc HaU
du fang de IefusChnft,qu'on appelé Sacrement de l'autel,IefusChrift n'y eft nullemét,
mais au ciel. Iel'ay ainfi creu&Iecroy encore,&:c. le di'à l'E uefque, A rreftez vous vn
peu là,monfieur,ic vous prie. Premièrement vousn'auez que faire de ce que i'ay creu
par le pafle.maintenant quant à ce que ie croy,ie fuis tout refolu de le maintenir. L'E-
uefque prenant la plume,dit qu'il eftoit contét pour l'amour de moy de Pefcrire autre-
ment^ en fit lecture comme ilfenfuir.Ie Thomas Haux ay conféré & communiqué a-
L/'tfro ////. Thomas H aux
uec mon luge ordinaire,en{cmble autres gens de bien &: fainc"ts perfonnages:&: néant-
moins ie perfeuere & veux perfeuerer coulioursen mon opinion.Comment(di-ie)vou
lez- vous que ie confeile que vous autres eftes lain£ts,veu que parvoftre efcric mefme ie
confelferoyc que mon opinion cft autre que la voftre? B o . Pour le moins tu ne nieras
point comment tu en as communique auec nous. quant au Surplus, ie fuis çontcnt pouc
l'amour de toy de palier outre & de le laifler. Et lors l'vn des doreurs qui eftoyent là,
vint à dire,Monléigneur,fi vous luy obeiflez à rayer &c canceler ce qu'il reiettera , il ne
vous lairra point grand refte à mettre par efcrit. Incontinent apres,Boner appelant
fes do£teurs,dit qu'il auroit les opinions d'vn chacun d'eux qui eftoyent en la falle,&Jes
cinq do- fcroit ligner.Si que finalement il y en eut cinq qui fignerent:& l'Euefque menaça de fai
fignez/01* re Pen^re tous ccux ne voudroyent figner. Et me dit, Afleûre-toy que tu n'en de-
meureras pas aintf H a .le ne m 'efpouuante pas de vos rudes menaces,nc de toutes vos
imprecations.car ie fay que les verges du Seigneur vous confumeront,&: que les vers &C
tignes vous mangeront comme ils font les veftemens. B o . Tais-toy,i'efpere te re-
compéfer dece que tu dis. H a . le fay bien qu'il eft en vous autres de ruiner vn homme
par voftre credit,quand vous le voudrez faire, B o . Si tu cognois que ie t'ay fait iniu-
Ecd.7.17 tc,appelle-moyeniuftice,&:mefay venir en îugement. Ha. Salomon nous enfeigne
de ne plaider auec le luge. ^Ces propos eftans ainli dtmenez de cofté & d'autrcil re-
Prouatf.t. commença encore de lire fon papier:Sc l'ayant leu, voyant que ie ne pouuoye eftre per-
fuadé de le lignerai tafcha par tous moyens de me ie mettre dans les mains, me comma
dant de le prendre tant-feulemenc&puis le luy bailler comme demainen main. ' le
luy demanday lors que ce myftere vouloir dire : &: que ne le prendroyc ne de main, ne
de cœur,ne d efprit pas vn feul coup. Alors il plia promptement le papier,& le mit en
fon (ein:& enflammé d'ire Se de courroux,demanda fa monture pour s'en aller en EfTe-
xie,pourvoir& examiner mes autres frères. le m'en retournay en la prifon de laquelle
i'eftoye nagueres forty Vous auez icy tout le conflit que l'eu auec l'Euefque Se fes lup
pofts,deduit par le menu,&efcrit de ma propre maimpriant aflfe&ueufement tous fide-
les,mes bons frères & fœurs,de priei noftre Dieu qu'il luy plaife me confirmer teaiTeu-
rer en la vérité iufques à la fin: Ain fi foit-il.
pfljf|E L S furent les aflauxde Thomas Haux, & les combats qu'il a fouftenus con„
Piètre les plus cruels aduerfaires de l'Euangile: il refte maintenant dedefcrireleder
nier afte de ta vie,duquel les circonftances font notables , fur toutla'promeflè qu'il fit
de donner ligne à fes compagnons lorsqu'ilferoit dedans le feu. Ayant donc demeuré
quelques mois en prifon,receut finalement fentence de mortau mois de Iuin auec
quelques autres, defquels aufsi nous traiterons cy après , moyennant la grâce de Diem
Se fut ramené en fon pais d,EHcxie,& mis à mort en la ville de Cockshall. La fin de ce
ieune homme eft digne d eftre récitée pour vne raifon fingulierc. Apres que fa fenten-
ce fut publiee,lefeigneurRych fut commis pour le mener à ElTexie auec cinq autres
MP.ycL fes compagnons. Ce gentil-homme ayant gens de guerre pour fa garde , & quelques
gentils-hommes poui le tenir fort,fit diligence d'exécuter fa comraiflion. Haux à tou-
tes occafions qu'il pouuoitauoir parle chemin, exhortoit fes compagnons, trouuant
par fois opportunité de deuifer auec eux familierement.De fes propos &de fa conftan-
ce,il eurenr grande confoiacion &: alïiftence,neantmoms efpouuantez de l'apprehen-
lîon de l'horreur delà mort &c du tourmét du feu qui leur eftoit apprefté le prierét d'au
tât qu'il les deuoit preceder,qu'au milieu desflâmes,s'il eftoit poflible,il leur fift qlq fi-
gne,par ieql ils fuiîet mieux acertenez s'il y auoit fi gi ad tonner en cegére de fupplice,
encourageï qu'ô ne peuft retenir mémoire &: conftaceen iceluy. Ce que ce bÔ ieune home promit
fescompa- de faire fi auât qu'il pourroit pour l'amour d'eux.&voicy le ligne qu'ils eurét enti 'eux:
£nom* Si la force & violence de la flamme eftoit intolérable , qu'il demeurait pailible fans fe"
bougenmais il elle eftoic rolerable , Se pour eftre endurée facilement qu'il efleuaft les
mains en haut par de/Tus fa telle auant qu'il rendift lefprir. ^ Apres qu'ils eurent ainû
conclu entre eux,&confermé leurs cœurs par mutuelles cxborcations,rheure du mar
tyre cftant prochaine,les bourreaux puindrent HauxjSd'attacherenc au pofteau eftroi-
tem en t auec vne grollé chaine de fer à l'entour de fon coips.Il y auoit là grande compa
gnie tant de gentils-hommes queducommûpeuple,aufquelsHaux parla longucmét:
& principalement au fieurRych, le pleignant de l'efïufion du fang innocent des fidè-
les
Tlufteur s Martyrs. 3X9
lesferuiteurs de Dieu. ^Finalement après qu'il eut prié Dieu d'affection ardente ,4e
feu fut mis au bois:& après qu'il eut là demeuré quelque efpace ayant défia la bouche Notcz bicr'
retraite de la violence du ftu, la peau toute grillée, &c les doigts bruflez , ainfi que tous CCC>
attendoyent qu'il deuil alors rendre l'cfprit,fc fouuenat de la promette qu'il auoit faite,
il efleua les mains l'vnc contre l'autre. Le peuple voyant cela, ne cognoiffant toutefois
le motif de cefte eleuation des mains, s'eferia de grand applaudiftement. Et Haux fe
baiffanf dedans k* feu, rendit lefprit, à Cockshall, le 10. de Iuin m.d.lt.
ThomasVVats. Ni c o l a s Ch a m b s R l a y n.
GvillavmeBvtler. ThomasOsmvnde.
Ie AN Sy M SON. Ie A N ErD L E Y,
On peut voir au rccit de la mort de ces lîx manys d'Effcxic, combien cft véritable ce que le fainct Efprit par la bouche de
Salomon nous a prédit, Que les mefehans fuyent fans qu'onles pourfuyue : & au contraire les iuftcs font affeurex Trou.iS.1.
comme le Uetk!
ÇJ"p^^^N Thiftoire cy deflus récitée de Haux, nous auons veu comment Boner par m.d.lv.
fel |^^S3'espourluites&: menées auroittourmentépluiieurs fidèles du paysd'EiTc
Él Pj^Jj^xie : entre leiquels la mort de fïx fe prefente pour eftre récitée en ce lieu. Le
IfcSggjffi premier eft Thomas Vvats,qui fut exécuté à Chelmisford le iour precedét
la mort de Haux,affauoir le 9. de ceft an m . d . l v . CL'onzieme iour dudit mois Nicolas
Chamberlayn homme craignant Dieu & for t conftant,fut exécuté à Colceftre de mef-
mc cruauté & forte de Martyre. Le lendemain qui fut le ii.dudit mois de Iuin,Guillau
me Butler,& Thomas Ofmunde furent auffi martyrifez de mefmc : Thomas deuat dif-
né.en la place de Manentrie,& Guillaume après difné au lieu d'Haruig. Outre ceux-là
il y en eut encores d'autres , c'eft affauoir Iean Symfon & Iean Erdlcy : lefquels comme
ils eftoyent d'vnmefme pays, tous deux Diacres, aufli furent-ils exécutez de meime
mort. La caufe de leur emprifonnementeftoit, qu'ils auoyent rcfufé à vn Preftrc appa-
reillé pour chanter Me/Te, de luy bailler vn Meftel & les ornemens pour célébrer. Au
moyen dequoy eftans aceufez d'herefie,&: condamnez à morr,furent tous deux bruflez
l'onzième iour dudit mois : l'vn, c'eft affauoir Erdley,au lieu de Raile:&: Symfon au lieti
de Rochefurt-
En t r e ceux qui furent prinsauecSymion,&: menez deuant la iuftice,& finalemét
condamnez , y en eut vn qui eftoit plus llmple & indoéte que les autres : lequel rie pou-
uan t gueres bien refpôdre aux interrogatoires,qu'on luy faifoit,Symfbn prenant le par-
ty de fon compagnon, parla haut, pour fe faire entendre de tous ceux qui eftoyent aux
enuirons.Tellemét qu'ayant la voix plus robufte & hautaine que pièce des autres, telle
que font ceux quifont cômunément la baffe-contre es téples:il eftonna de fa voix ceux
qui eftoyét à l'entour, &C tous s'approchèrent pour entédre ce qu'il vouloit dire. L'euef-
que Boner eftonné de la foudaine concurrence &: acclamation du peuple, demanda
foudain que c'cftoit:il luy fut refpondu qu'on cômençoit à dreifer quelque grand bruic,
tendant à confpiration àl'encontrede luy. L'Euefque efpouuanté& comme efper-
du, le gagna incontinent à vauderoute, accompagné de fesxlo&eurs & preftrailles, qui
luy failbyentefcorte.De crainte &: eftonnement , &: de hafte qu'ils auoyent defuyr ne
pcuuansrrouueri'entreedela porte, s'entre-heurtoycnt,& cheoyent les vns fur les au-
tres,comme fi les ennemis fuitent à la porte. Etdônerentàceuxqui regard oyét ce fpe-
étacle à rire, &: faire des huecsmerueilleufes ,& telles qu'on n'a ouy parler de fembla-
bles. Qui fut quafi vn mefme exemple d'efpouuantement que teluy qui auparauant e-
ftoic aduenuaux docteurs théologiens d'Oxone, quand le feu fe print à leur temple : &C
n'y eut difference,(inon que celuy qu'on pourchaiîoit lors,apres auoir ietté le fagot qu'-
il portoit , efchappa : mais ceux-cy en ce tumulteayans eftè laiiîez,furent toft après ra-
menez au fupplice du feu , lequel ils endurèrent en grande conftance auec édification
des fidèles qui eftoyent prefens.
Kk.
L/#ro ////.
Jean Bradford.
M.D LV
Haryngdi
IEAN BRADFOR D,mintftrc Anglais.
L A vie de Bradford défaite suce les procédures qui onc cfté tenues contre luy en public deuant les luges, enfemblc les di-
iputes particulières qu'il eut contre les Théologien*, ne fera iuperflue : huis donnera en/cignemenr comment le fidèle
le deura conduire , quand pour auoir taie &: procure vu bien, les adueruircs l'accuiéronr fauirerueiit: & au Uçu d'auoir
.ipppailé h multitude, ib le pourlu) mont a mort comme fediticux & rebelle.
RADFORD natif de la ville de Manceftre, ville d affez grand renom au
diocefe de Lancaftrc,fur des ion bas aage par fesparens deftiné aux lettres.
Entre ces louanges il obtint cecy, qu'il auoit vne grande promptitude &C
dextérité de mettre quelque choie par efcrit:ce qu'auflî luy a feruy de beau-
coup aux vïages neccifairesdefa vie.
Ixenv
gne d'eftre
coté.
En ce temps- la Iean Haryngthon,cheualici de Tordre, eftoit threforier du royHen-
bJu^qc! ry huitième, ayant charge de payer les gens de guerre. Ccftuy-cy auoit pour lors ledit
Iean Bradford en ion feruice, &: l'aimoit fort &: honnoroit par deifus tous l'es domefti-
ques. Bradford voirement eftoit vtilc à fon maiftre. cependant toutefois fous le feruice
d'iccluy il apprint à cognoiftre &c eftre experimété en beaucoup d'affaires., d'autiepart
le Seigneur Haryngchon aufli expérimenta Bradford tellemét fidèle en fon feruice,qu-
ill'eftimoit corne vn chrefor precieux,& l'auoit pour adioint prefque en to9fes affaires.
Bradford ayant deiia vie vne bonne partie de fon temps en celle façon de viure '
auoit facile entrée àamafTerdes richefles , s'il cuit appliqué ion efprit à acquérir des
biens: maislaprouidencedc Dieul'auoit ordonné à vn autrebut. S ennuyant finale-
ment de celte manière de vie, &c ayant diligemment &: fidèlement recueilly fes contes
touchant les affaires de ion maiftre , il luy demanda paiiiblement congé , &c Ce retira de
fon feruice -&c fît cela afin qu'eftant deipefti é des autres affaires,il fe peuft du tout adon-
ner au feruice de IéfusChrift. Or vn înftin&fecrctdela vocation de Dieu le pouffoit à
cela, & ne lailfoit iamais fon efprit en repos,quelquc part qu'il allaft,iufques a ce que fi-
nalement il euft pofTedé fon efprit entier , eftant à fby-mcime : tellement que combien
f^l qu'après auoir pris côgé de fon maiftre, il fe fuit appliqué à l'eftude des loix, neâtmoins
Cfon efprit ne peut longuement s'arrefter entre les Legiftes. Parquoy ayant quitté auffi
cefte façon d'eftude,en laquelle toutefois il n 'auoit pas perdu fon temps:du temple des
loix ciuiles(car le collège où il demeuroit eftoit ainfi nommé)il s'en alla à Câtabrige au
temple des loix diuines,poureftudierés chofesquiappartenoyent déplus près aumi-
niftere de l'eglife du Seigneur. Ce qui fera dit cy après, monftrera bien de quel ardeur
il eftoit poulie à cefte eftude:affauoir que dés la picmiereannee il fut créé docteur en la
faculté de Theologie:&: tous luy portoyent telle faueur,&: l'auoyét en telle admiration
qu'il fut fait incontinent principal du collège de Pembruth.
O a il proiîtoit tellement de iour en iour,que tous auoyent les yeux drefièz fur luy &:
principalement il commença à cftre en cfiime enuers Martin Bucer, la perle des Thé-
ologiens de ce temps, lequel fe promettat choies grandes du bon naturel de Bradford
l'cxhortoit de tout ion pouuoir à employer le talent que Dieu luy auoit baillé, au pro-
fit&inftructioncommunedel'Eglife de Iefus Chnft. Sur cela Bradford alleguoit fon
imbecillité,&s'excufoitqu'iln'auoicfauoirfurrifant. Bucerluy refpondit, Encore que
frc-vousnepuifïiezpaiftredefriandifes,oudepainblanc,lî eft-eequ'au moins vous pour-
c rez prefenter à manger de. quelque pain pour refectionner. A infiles exhortations qi é
Bucerluy faifoit fouuentefois,luy donnèrent couragc.&: comme il eftoit du toutatten-
tifà cela, il y vint bié à proposque Nicolas Ridley, lors euefque de Londres le fit venir
de Cantabnge pour l'auanccr aux degrczôd: charges ecclefiaftiqucs. Il Je fit première-
ment Diacre,&: incontinent luy donna congé de preicher : en outre luy conftitua pen-
fion iuffifante,qui eftoit le reuenu d'vne prébende de l'eglife cathédrale de S.PauI:& là
autant de temps que les bôs & fidèles Docteurs ont peu auoir loifir & commodité fous
le roy Edouard, Bradford s'cmployadiligemment à faire fon deuoirde purement & fi-
dèlement enfeigner en l'Eglife de Dieu.
Apre s lamortdece bon Roy>combienquelaReligion commençait à décliner
Bradford toutefois ne lailfoit point de pourfuyure fidèlement cefte bonne ceuure qu'il
auoit cômencec.Lors on trouua vne caufe,mais fort inique , dautat qu'il n'y auoit poît
encore des loix publiques par lefquellcs on euft ofté la liberté de parler,& êcore moins
pour
Notabl
Ipoulc
Buccr.
Jean Uratiforcl. 3 jo
pour eneftreemprifonnc. Orvoicyquecefut:Letrezicmeiour d'Aouftilyen eutvn
nommé Burr*c,de la faction du Pape, qui depuis fut fait eucfque de la ville de Bade , le-
quel en vnlermon qu'il fie en la Croix de fai net Paul, dcfgorgea beaucoup de vilenies
d'vne façon arrogante & impudence, tant contre le roy Edouard,quecÔcrela pure do- Tumultci
ctrine de l'Euangilc:& fe porta fi fiercment,qu'il ne s'en fallut gueres que les auditeurs Jjl0"J*
neleiettailentdelachaireenbas.carilsmonftrerent des fignes aflezeuidens qu'ils a- Bumc.
uoyent grand delîr de ce taire. Tous eftoyent tellement dclpitez cotre luy , que la reue-
rence du lieu,ne l'auchorité de leuefque de Lôdres qui eftoit là prefent,ne le cômande-
mét légitime du Preuoft de la ville ne pouuoyét appaifer les tumultes & bruits du peu-
ple. Bujne fe trouuant bien empefché à caufe de ce grand trouble,&: principalement
pourcoque du milieu de la meflce on luy ietta vn poignard , duquel il fut frappé , n'ofa
pourfuyure outre pour acheuerfon fermon feditieux:& le peuple auffi ne le peut fouf-
frir de parler plusauant. Il pria donc Bradford qui eftoit derrière luy , de venir tenir fa
place, & de parler au peuple, la fin &C euenement de ce confeil luy fut bon. Et de fait,a-
pres que ledit Bradford fe fut prefenté au peuple, tout le bruit fut facilemétappaifé. Et ^
auffi toft que le peuple l'eut regardé, luy defira longue profperité , & s'eferia : Bradford, p0"u1™,c'
Bradford: Dieu te vueille longuement conferuer la vie,Bradford. Puis après tous l'ouy- BudfLrj
renc attentiuement ainfi qu'il parloir de la vraye obei/Tancc Chreftiennc. Apres que le
fermon fut finy, vn chacun s'en retourna paifiblement en fa maifon , exceptez aucuns,
car quand vn Ci grand peuple eftoffenfé& irrité, à grand' peine fe peut-il faire que tou-
tes chofes foyent Ci foudain &: facilement appaifees.
Entre ceux donc qui remuèrent en ce tumulte, il y eutvn gentil-homme accom-
pagné de deux feruiteurs , qui monta fur les degrezde la chaire : & fe ietta iufques à l'-
huis de la chaire pour approcher dudit Burne,ayât intention de luy faire mal* Bradford
cognoiffant ce gentil-homme, &: preuoyant bien ce qu'il vouloit faire,fe mit au deuant
& s'oppofadetoutefaforce:& cependant adraôneftaBurnefecretement par fonferui-
teur, qu'il fe donnait garde de ce péril emment. Burne s'enfuit tout incontinent vers le
Gouuerneur delà ville,& euita derechef la mort. Toutefois ne penfant point eftre en-
core alTez en feurté, il pria Bradford de luy tenir côpagnie , iufques à ce qu'il peuft ren-
contrer quelquemaifon pour fe cacher,&; euiter tous efforts &L violences. Ce que Brad-
ford fît volontiers , &C s'eftant mis au deuat le couuroit par derrière de la longue robbe:
bref,il ne l'abandonna iufques à tant qu il fuft entre les mains du Maire de ia ville &c de
deux autres gens de iuftice,par lefquels il fut mené fain & fauue iufques au college/de S.
Paul qui eftoitprochain de là. En cefte forte ceft arrogant Burne,qui auoit ainfi defgor-
gé fes outrages contre le bon roy Edouard, fut fauué pour cefte fois de la mort,laquelle
toutefois il auoit méritée à bon droit à caufe de les infolences. Cela fut par le moyen de
Bradford:ce que ne diffimuloyent point ceux qui auoyent intention d'en faire la ven-
geance:entre lefquels il y en eut vn qui dit cefte parolle deuat tous,Bradford,Bradford,
fauues- tu ainli la vie à celuy qui n'efpargnera pas la tienne ? que Ci ce n'euft efté pour l'a-
mour de toy,i'cuffe percé cefte befte de mon efpee.
A v refte, ce iour-la mefme après diiné ledit Bradford fit vn fermon deuant le peuple
de Londres au milieu de la plus grand' place de la ville, auquel il reprint aigremét tout
le peuple de ce fait feditieux, attendât cependant à Londres quelle feroit l'inue de ce-
fte tragédie. Voila en fomme &c de poinct en poinct & à la vérité comment Bradford fe
porta en ceft acte cy:&:par cela peut-on bié entedre quel guerdô il meritoit deuat des iu
ges équitables pour vne œuurefi faîcte. Oyôs maintenat quelle rccôpcfe il en a receuë.
O r trois iours après que ces chofes furent faites,le Sénat &: les Euefques firent venir
Bradford deuant cux:&; là fut contraint de refpondre de cefte faction, &c de l'herefie qu' Allufioiu
on luy impofoit : &c l'accufoit on de cefte mefme façô que la brebis fut iadis aceufee par 1
Je loup d auoir trouble lafontaine(qui toutefois auoit beu bien loin de là )no point qu'*
elleeuftorfenfc,maisd'autantquele loup auoit foif: non point qu'elle euft troublé la
fontaine,ains d'autant qu elle n c pouuoit refifter à l'autre qui l'auoit troublée. Voila c6
ment il en eft aduenu à Bradford,lequel feul auoit efteint la flâmede lafedition:& non- ^enf^n ^
obftant il eft mené en prifon, en laquelle il demeura près de deux ans.durat lequel téps pnion.
les Papiftes luy donnèrent plufieursaflauts,&auffiautresgens d'autre fecteluy firent
plufieursfafcheries. Toutefois il ne lai/Ta de fortifier plufieurs infirmes, confoler plu-
fieurs affligez :dauantage il fit quelques liures félon leloiûr &clc temps qu'il pouuoit
Kk.ii.
Liurc^> II IL Jean "Bradford.
recouurer. Entre autres chofes il enuoyoit plufieurs lettres aux habitans de Londres, â
rVniuerlité& à la ville de Cantabrige,&: aufli aux habitans de V valdene& de Mance-
ftre : outre-plus il efcriuit lettres à deux frères &C aufli à leurs femmes &c familles, par Ici-
quelles il monftroit bien quelle affection Chrellienne il nournlfoitenfoncceur. Fina-
lemét après longs labeurs &C ennuis, il fut tiré hors de la priibri de Conuentric,& mené
en vneautreprii'onnômeeNevvgat:&y futttienéfecretement.Le lédemain de bô ma-
tin on le mena au marché de Smychfild auet yn autre ieune home nommé 1e anLie.
f e ,quin auoitque i8.ans:où to*4euîf& 'ét bruilez,le premier iour de Iuillet, m.d.iv.
DIVERS aflaux de Jean Bradford,qu'il entrant du Chancelier euefque de Vvinceftre,quedeplufieurs Théo»
logiens à diuerfes fois. Et premièrement des interrogations qui luy furent faites par le Chancelier.
WSjfâÊ PRES qu'on eut acheué de parler à Robert Ferror, euefque de Saîct-Daifid , du-
quel le martyre a eftéexpofé cydetTus, Ican Bradford fut appelé, &prefenté en
îugemcnt. Et premièrement il lé mit à genoux félon la façon accoultumee. Le Chan-
celier auant que de luy faire aucune interrogation, letta vne vcué' dedefdain fur luy, &c
quelque temps le regarda fans dire mot, afin dcfprouuer fa conltancc, ou pluftoft pour
rintimider,ouabatreparfonauthontc. Bradford d autre part fc tenant aifeuré, ietta
femblablementlesyeuxdroit fur le Chancelier, leregardant d'vnc veucarrcitcc:linon
qu'il haufli vne fois fa vcuéau ciel,implorant l'aide du Seigneur , &c derechef après les
arrefta tellcmét furie Chancelier,que finalement il fut côtraint de deftourner fa veuc,
voire mefmc d'entrer en propos, &: dire à Bradford que délia dés lôg temps il auoit efte
détenu prifonnier à caufe de fonoutrccmdacefeditieuie,&: fa faufle doctrine: cômece-
luy qui auoit efte li o(e de prefeher tant haï diment&: (ans authorité deuat tout le peu-
ple en la Croix de S.Paul, le trezicme iour d'Aoult, l'an m.d.lïii. MaintenantÇdifbit-
il) le temps eft venu quegrace te fera faite li tu veux. LaRoinetepreicnte mifericorde
de fonbongré,airauoirh d'vn commun accord auec nous tu retournes derechef au
bon chemin 6c à la vérité.
Bradford for cela fe fubmettant d'vne telle reuerence qu'il deuoitjuy refpôdit:
Mon feigneur le Chancelier,&: vous auffi rreshonnorez feigneurs,c'eft vne chofe toute
certaine que par voftrc commandemennl y a défia long temps que ie fuis détenu prL
fcfnnier,&: fans caufe,(ce toutefois que ie protefte eftrc dit en humilité ,& fans defir qu -
aucun de vous en foit offenië)comme de fait ie nay aucune fouuenance quei aye n 'icy
fc ailleurs dit ou fait aucune chofe qu'on puifTe à bon droit redarguer ou de fedition, ou
d'impiété, ou d'arrogance ,veu que de ma nature &: inclination i'ay toutiours aimé la
paix»&î l'ay pourchaflée toute ma vie, voire & en celte mefme procédure en laquelle ic
donnay ïecou rs à Burne qui prefchoir,3c eftoit en grad danger d'y perdre la vic-.&L outre
cela iefy exhortation publique tendante à paix, comme vous en cites bien informez.
L e Chancelier ne feut endurer qu'il paifaft plus ou trc,& dit comm e faifant l 'efbahy,
O le menfonge cuident &c trop manifelte '. Le fait meune demonltrc allez ouucrteméc
que tu as cfmeu fedition &: ttoublcs. Et vous monfïeur de Londrcs,en pourrez bien re-
dre tefmoignage.
B.p n £ r euefque de Londres,Ce que vous dites cft trcfueritablc, monfïeur le Reuc-
rendxar moy-mcfmc qui eftoye prefent en tout ce fait , ay veu de ces propres yeux, co-
rnent ceftuy-cy parvneaudace&cutrccuidanccfeditieufe a vfurpé authorité de gou-
Bradford uerner &: conduire le peuple. Ce fait demonitrc affez qu'il a efté autheur de la fedition
a"' S&u des troubles qui on teftéefmeus. Trefnoblesfeigneurs, comme qu'il en aille de
fedition, tft ce que.monhcur l'euefque de Londres afferme auoir veu de les propres yeux, toutefois
acciîfé au- la chofe n'a cité conduite autrement qu'ainfï qu'auez délia ouy de moy, comme le iu/ftc
dicurdicel- jUg£ i£ man,feft;era VI1 iour à tout le monde,dcuant Je throne duquel nous deuoiis tous
comparoillre. Cependant pource que ie ne peux obtenir cecy de vous , d'adioufter foy
âmes parolles,ie porteray pailiblement tout ce que Dieu vous permettra d'attenter
& faire contre moy. Ch. le fay que tuas vne langue pleine devanterie orgueilleufe.
lesparollesquifortentde ta bouche nefontque purs mcnlbnges.dauantage, ie n'ay
point encore mis en oubly corn ment tu t'es monftré obltiné, quand tu plaidois ta caufe
deuant nous en la tour, eftant là appelé pour refpondre de la fedition,& quand il te fuc
çommâdé d'aller de là enprifon pour la Religion. le fay,&: encore retien. ie cela en ma
memoire,quelle contenance tu tenois,Ô£ quelle fierté y auoit en tes parolles : &: dés ce
temps-la tu as efte détenu en prifçn à bon droit.&: comme il fembloit , tu pouuois bien
eftee
Jean'Bradford. jjr
eftreàraduenirautheurdegransmaux,& plusgransqucicne fautoye recirer pour l'-
heure prefen ce. Br. le dy encore maintenant ce que i'ayproteftécy deflus: Tour ainfi J"^0
que i'aflîfteicy deuant vous en la prefence de Dieu, deuanc le fiege duquel (commei'ay seigneur0
dit)nous deuons tous quelque fois comparoiftre : &c en ce iour-Ja la vérité fera manife.,
ftec, combien que cependant elle foie cachée comme en lieu obfcuf , ou pluftoft qu'el-
le foit reicttec des hommes. Et mefme ie ne doute pofnt que Burne , à qui l'aflïftay lors
grandeme nt,ne vucillc maintenant confelTf r epeû ie ne l'cu/Te fècouru, fa vie eftoit en
grand danger:&: encore me l'uis-ie mis moy-raeftb* ei>plus grand danger. Bo . Tu mes
en difantcelaxaiïct'ayveut&ay pris garde qtlei'esftioriftré plus arrogant & hautairi
qu'il ne t'euft efté de befoin. Br . le ne me fuis riê>ï attribué en ceftxndroit , Se auflî ie
n'y ay rien fait que ce n'ait eftéàla prière dautruy,& principalement àla requefte de
Burne mefme. Que s'il eftoit icy prefenr , ifhe le voudroit pas nier:& iele fay bien. Car
luy-mefme m'induifit par fes prières à luy donner fécours , & à remédier au fcandale du
peuple. Dauantage il me pria inftamment que ie ne l'abandonnafle point iufques à ce
qu'il fuft hors du danger de fa vie. Aurefte,quantàma contenance &aux propos que
i' ay tenus deuant vous en la tour, s'il y a eu quelque faute en ceft endroit, ou fi i'ay laiifé
à faire ce qui eftoit de mô office,ou s'y ie m'y fuis porté autremét qu'il ne falloir , ie vous
fupplie de bon cœur me monft rer en quoy i'ay offenfé , &: ie repareray volontiers la fau-
te. Ch. Afin que ne foyons contrains de perdre toufiours ainfi le temps après toy , il
refte vne chofe : c'eft que fi tu veux retourner au bon chem in à noftre exemple, &L lou-
ferireà reglil'e,la Roine te prefente grâce & mifericorde de fon bô gré.Que dis tu? B r .
Ienerefufe pas la mifericorde de la Roine,moyennant qu'elle foit conjointe auec la mi
(encorde de Dieu . mais la mifericorde &: grâce coniointeauec l'ire de Dieu , que profi- Jj£.£
teroit-clle? Toutefois, grâces à mon Dieu, ie ne me fen point coulpablc d'auoir corn. Rome.'
mis quelque offenfe iufques à prefent,pour laquelle i'aye befoin d'implorer fi fort la mi-
fericorde de la Roine :veu qu'en ce temps-la ien'ay rien fait qui ne s'accorde tant aux
loix & ftatuts de Dieu,qu'aux edits & ordonnances publiques de ce royaume:& qui n'-
ait feruy grandement au bien, repos,& tranquillité publique. C h . Et bien, fi tu perfe-
ueres à mettre en auant tels propos faux &: vains, te plaifant fi fort en ton babil orgueil-
îeux,faches-pour certain quela volonté de la Roine eft de purger en bref ce royaume de
tels homes que toy. B r . Dieu, deuant la face duquel i affilie maintenant auflî bien que
deuant vous, cognoit quelle gloire ie me pourchafle en ceft endroit, ou que ie me fuis
pourchaflee par cy deuant. Iedefire grandement la bonté Se mifericorde de Dieu: &c
mefme iedefireroye atteindre iufques à la faueur de la Roine, à ce qu'elle me permift
de viure fain & faufauec les autres fuiets de fon royaume, pourueu que la côfcience me Notable cô
demeuraft auflî faine &fauue. Carautrement la mifericorde du Seigneur m'eft certes lolit,on-
bien meilleure Se beaucoup plus chère que ma propre vie. dauancage,ie fay és mains de
qui i'ay baillé ma vie en garde , aflàuoirde celuy qui la pourra fufnfamment garentir Se
xnaintenirreomme auflî fans fa permiflîon nul ne me la pourra ofter. Il y a douze heures
au iour:& tant qu'elles durent,nul n'aura puilfance de me fofter. La bône volonté doc
du Seigneur foit faite:car la vie coniointeauec la fureur & indignation de Dieu eft pire
que la mort:au contraire, lamortconiointe auec fa faueur, c'eft la vie mefme. Ch.
Tiens-toy pôur afTeuré, qu'ainfi que iu fques à prefenr tu as (eduit le peuple par vne do-
ttrinefauflc& corrôpue,auiïi en rapporteras-tu falaire tel que tu as mencé à bon droit.
Br. le ne me fens nullement coulpable d'aucune fedu&ion, &: nay jamais propolé au-
tre façon de doctrine que celle que ie fuis preft maintenant de feeller démon propre
fang, moyennant la grâce de mon Dieu. Et quant à ce que vous apppele.z ma doctrine,
Corrôpue &: diabolique, cela me feroit vne chofe fort difficile à porter , il vous pouuiez
monftrer par efFe& ce que vous dites de bouche.
L'e v e s ci. de Dunelme, Orfus, dy-nous maintenant qucllecft ton opinion touchât
l'adminiftracionde la communion, laquelle tu vois eftremainrcnant en vlage. Br. A-
uant que ie refponde à voftrc mrerrogation , il faut que ie vous face vne autre demâde
premieremét &: aux autres feigneurs qui font icy prefés:C'cft defiapour lafixiemefois Serment h
que ie fuis obligé par fermé», voire par parolles exprefTes , à ce que ie ne côfente iamais ,pr
quelaiurifdi&iôdu Pape foit icy reftablie quelque fois,ou ramenée. Parquoy ie vo'fup-
plie qu'il vous plaife me dire en bonne foy , Se me faire entendre fi vous me demandez
cccy en l'authorité du Pape, ou non, Siainfi eft,ie ne vous peux refpondre en cecy
Kk.iii.
lennel de uc
conlcnrr
au Pape.
Liure 11 IL Jean Bradford.
fansmeperiurermanifeftement. Bvr. fecretairc, Cela peut-il eftre vrayque tu ayes
iméfixtois contre le Pape? Icteprie, quelles charges as-tu eues en la republique pour
ce faire ? B r . Le premier ferment qui m'a efté donné , c'a e'ité à Cantabrige, quand on
me voulut faire docteur. Le fécond hit quand on m'appela en la communauté de lafal-
le de Pembruch. Le troifieme, quanj ambafTadeurs furent enuoyezau nom du Roy , &
toute l'Vniuerlité fut contrainte de iurcr publiquement d'obleruer tous les cdicts du
Roy. Le quatrième, quand on me fit reccuoir les ordres du facré miniftere. Le cinquiè-
me futincontinent après, aiTauoir quand ie fueleu chanoine de S Paul. Le fixieme&;
dernier fut vn peu deuant la mort du Roy,quand nous tous indifféremment auons pre-
fte' derechef ce ferment mefmc. Ch. Et bien, que veux-tu dire pour tout cela? Tels
*rmcîHc- fermens Herodiens n'obligent nullement la confeience. Br. Mais certes rcls 1er
rodkns. mens n'ont point efté pour lors Herodiens,&: ne doyucnt eftre reputez iniques : ains s'
accordoyent fort bien à la parolle légitime de Dieti:& vous-mefmesl'auez ainfi attefte
&c ratifié au liure que vous auez nagueres compofe , De la vraye obeuTance.
Ro c h é s t e R, qui eftoitvn des aiîîftens,&aircz près de fa table ditjTrtsIiojinorcz
feigneurs,ien'auoye iamais iuiques à prefent entendu la caufe pourquoy ccihiy Brad
iord a efté conftitué prifonnier.ic voy maintenant,quelque caufe qu'il y ait, que vous a
uezbefôngné prudemment encecy,quandvousrauczainiifaitemprifonner. Que s'il
euft efté en (a liberté, il euft peu faire beaucoup de mauxen ce temps-cy.Parquoy pour
quelque caufc que ce foit qu'il ait efté détenu prisonnier iufques à prelcnt, ic cognoy
maintenant qu'il eft tel , que mcfme hors la caufe il mente bien d'eftre eltroitemêt gar-
dé par vous. Bvrne fecretaire, Qui plus cft,par le rapport du conte de Dai bc nous a
uonsouydernierement en l'aiTemblce publique, que maintenant en la pnlonil a fait
res ac beaucôupplusdedommageàlareligionparleslettresqu'ilaefcrites^u iln'aùoitfait
BradSrdC auparauant quâdi/prefchoit publiquement en liberté. En ces lettres il detefte fort le*
pour encou fauxprefcheurs &: maiftres de doctrine corrompue (car voila comment il appelle la do-
2£ IeSfi" ftrinequinerefpond point alafiennc)&: exhorte de grande affedion tous fes coplices
àperfeuererconftamment,&fetenirfermesen la vraye doctrine laquelle ils auoyent
receue de luy &: des autres. Ily en auoit aliffi plufieurs autres du confeil delà Roine, qui
atteftoyent cela mefme.Quc dis-tu, homme de bienîrcfpon: voudrois-tu nier que tu n'-
ayes point èferit telles lettres? Br. Tant s'en faut que i'aye rien fait ou ditpar fedition
que iené fen point en mon cœur que iamais aucune mauuaifc penfee de fedition y (oie
dcfcendue,dontie ren grâces à Dieu. Bvr. Maistuncpeuxnierquetun'ayesefcrit
des lettres. Pourquoy te tais-tu?refpon. Br. Ce que i'ayefcrit eft eferir. S o v t h vv e t
Ceft merueilles defarrogance de ceft hom me, laquelle il a, monftrec mefme lors qu'il
eftoit en adolefcence: & encore fe porte tant audacieuiement,ofan t bien fe iouer auec
lesconfeilliersdela Roine & autres gens deftat. Adonc feregardansl'vn l'autre en co-
lère d-vn œil de trauers, comme par deldain, Bradford les regardoit au/ïï,&: parla à eux
comme il s'cnfuir.Treshonnorez feigneurs, Dieu qui eft & fera iéul luge de nous tous
fait bien que comme i'aflïfte deuant fa faincte maiefté, aufli ic me porte icy humblemêt
deuant vos reuerences,comme il eft railbnnable, me donnant garde autant qu'il m 'eft:
polïible,àpequeienevousofFenfeoucn parolles ou en faid* félon que ie le peux co-
gnoiftre. Que il vous le prenez autremét , ie fay bien que le temps viendra auquel Dieu
reuelera cecy. Cependant l'ay bonne efperance que iendureray paiiiblemenr&: volon-
tiers tout ce que bô vous femblera de dire & faire. C h . Ce font-la belles parolles de re-
uerencexependant toutefois, comme eh toutes autres chofes tu n'as fait que mentir
aufîï nefais-tu que mentir en ceft endroit. B r . le délire queDieu qui fonde les cœurs &:
qui feul eft autheur de la verirc,m'arrache maintenat en vos prefences la lague de celle
bouche qui parle à vous,&:qu'il môftre vn cxéple en moy,duquel tous autres foyentad-
môneftefc,fi i'ày délibéré de métir ici deuât vous,ou me gaudir à pUifir de quelque cho-
fequevousmepuiiliezinterrogùer. Ch. Pourquoy ne refpôs ru donc? As-tu paselcrit
des lettres telles que ceux-cy te mettét en auant?. B r . le fay la mclme i cfponfe que fay
fait par cy deuant-.Ce que i'ay cfcrit,eft défia efcrit-I'aflifte icy deuant vous,fubmis à vo-
ftrecognx)ifTance: vous pouuez faire mon procez fur ces lettres fi vous voulez. Que fi
vous le pouuez faire , ou s'il y a quelque chofe en ces lettres dequoy on me pui/Te accu-
fer &blafmer à bon droit, iementiroye fi ie lenioye. Ch. Il n'y auroit iamais fin en
ceft horame-cy. Or fus , dy nous en bref, veux- tu qu'on te face mifericorde , ou non?
BR.Ie
Jean Uradf ord. 332
Br . le prie noftre Seigneur qu'il m'ottroye l'a mifêricorde. Que fi auec ccftc mifêri-
corde dcDieù vous voulez auflîconioindre voftre mifêricorde, ie ne la refuferay pas.
Alors chacun eftoit cmpefché à dire Ion opinion, l'vn en parloir d'vne façon, l'autre d'-
vne autrc,&: tous deuifoyent de fon arrogance:aiTauoir qu'il reiettoit ainfi fièrement la
mifêricorde que la Roine luy prefentoit li libéralement. ^[Bradford donc parla à eux
en celle forte:Si vous me permettezde iouîr tejlement du droit& liberté des autres ci-
*oyens,que cependant auflî ie puifte retenir la liberté de ma côfcience : i auray matière
de vous rendre grâces de bon cœur de voftre bénignité. Et fi ie me porte autrement qu'
iln eftfeantà vn boncitoyé&: paifible,vousauezdes loix par leiquelles vous me pour-
rez punir. Cependant ie ne requier autre chofe de vous, fihoh que celle grâce commu
ne me foit ottroyee,de viure auec les autres citoyens , iufqu a ce qu'on trouue en moy
chofe digne d'eftre punie de mort par les loix.Que fi ie ne peux impetrer çecy de vous
(comme ie ne 1 ay peu impetrer iufques à preleht)la volonté du Seigneur foit faite : A-
mer». ^Sur cecy le Chancelier fit vne longue digreffion,&: commença à vomir d'vne
bouche impudente eje grans outrages contre le roy Edouard, dilànt q plufieurs auoycc
efté feduits par fon erreur.Puis après quand il eut mis fin à fes mefdifances,il adrefla de
recheffoh propos à Bradford,tafcharit de le furprendre eh quelque forte: &: luy dit , Et
toy,homme de bien,que veux-tu dire? B r .Tout ainfi que lafaçon &: doctrine delà Re-
ligion que noftre bon roy Edouard a fuiuie, & laquelle il nous a recommandée par fon
authorité,nem'aiamaisdefplcu tant qu'il a vefcu:auffi maintenant depuis famortm'a
femblé beaucoup meilieurej& me fens de iour en iour plus confirmé en icelle:&fi mon.
bon Dieu le permette fuis preft de féeller cecy de mon propre fang, auffi bien que ie le
teftifie de parolles maintenant.
O r du temps du roy Edouard il y auoit plufieurs liuresappàrtenansauxobferua-
tions& cérémonies de l'Eglife,lefquelles combien que toutes peuflent bien feruiràla Lesliurc*
reformation de la Religion,touteroi$ p.ource qu'il fembloit bon à ceux qui auoyent les des cere-
afFairesen maniement, de reformer l'eftat de l'Eglife petit à petit &: comme par ihter- fj^^
ualle, elles turent changées vne fois ou deux > ou pluftôft les liures eftoyeht corrigez, temps du
Tonftal euefque de Dunelme repiochoit celle diuerlité aux Euangeliques>commeles ™J tdou
aceufant de légèreté &: incôftance. Il rit donc cefte interrogation à Bradford, Quelle *
forme de Religion il entendoit de toutes celles qui auoyent eftéfous leroy Edouard.
Bradfordluy refpondit,Monficurl'Euefque,i'ay commencé à faire office de prefeher
Tan auquel le Roy mourut. ^ Burne le prothonotaireprint alors des tablettes , auf-
quelles il eleriuit quelque chofe. Finalement après qu'ils eurent fait quelque peu
defilence,le Chancelier retourna derechef à la doctrine &*religiô du roy Edouard,& s'
efforçoit de monftrer qu'elle eftoit hérétique pour celle railon pnncipalement,qu'ellc
fentoit fa rébellion & lefe maiefté. Au demeurant il n'amenoit rien de l'Efcriture,&: on
pouuoit par cela(difoit-il)racilement îuger ce qu'vn chacun deuoit fentir de telle façô
de doctrine. Br. O fi ainfi eftoit,môfieur le reuerend,que vous peuflièz vne bonne fois
entrer au landuaire& au cabinet de Dieu,& là regarder la fin ôc l'i/fue de celle voftre
dottrine,laquellevousprifez maintenant fi fort! Ch. Que veux-tu dire par cela?Il me
femble bien que fi nous le voulons ouir vh peu,nous pourrons maintenant mcfmcfeh-
tir quelque flair de rébellion en fes parolles. B r . le ne penfe à rien moins qu'à ce qua
vous dites-.pluftoft ic regarde à vn but tout cohtraire à celuy que les hommes fe propO
fenteouftumierement deuarit leurs yeux charnels. c eft le bur de ceux qui efta* entrez
au fan&uaire deDieu,contemplas les chofés celeftes,&: nô point celles qui font du mo-
de. Car les choies qui font telles eiblouiflent facilement les yeux des hommes , & les
tirent en erreur.
Or fur cecy le Chancelier propofa derechef les conditions deviez pardon àBrad-
ford:auquel il refpondit de la mefme façon qu'il auoit fait auparauant,a(fauoir qu'il de
firoit bien qu'on luy fift mifericorde,pourueu qu'elle fuft coriiointe auec la mifericôr-
de de Dieui& non autrement. Auffi toft que le Chancelier l'eut ouy ainfi parlerai fît
figne à aucuns de fes gens qui eftoy ent dehors,qu'ils ehtraflfent . car en celle aflemblee
il n'y auoit nul outre ceux qui ont efté nomracz,& l'euefque de Vvigorne.Et après que
quelcun y fut entré>le fecretairc Burne dit , le fuis daduis qu'on face icy venir le Geo-
bet,à qui nous donnions çeftuy-cy en gartie. Vn leruiteur donc alla quérir le Geôlier,
Kk. iiiif
Br.iJtor<î
cebcc
delaprifon de Marsh al & quand il fut là venu, le Chancelier luy commanda exprefic-
menequ'il veillait fur luy de li pres,quc nul n'euft encrée pour venir parler à luy. Dauan
cage qu'il le donnait gai -de qu'aucunes lettres ne tu fient enuoyecs par Ion prifonnicrà
biiîtTw homme du monde.ht combien qu'il ne le défiait delà vigilance du Geolier,neâtmoins
Ccohcr jj eftoit befoin que celle remonlltâce luy fuft faite,qu'il y anoit pour l'heure plusde rai-
Ion pourquoy il deuft garder plus loi'gneufcmenc ce prilbnnier;qu'auparauant.Le Ge-
ôlier donc s'en allaauec Bradiord,ayanr celle commiiïiondu Chancelier, comme il a
cftedic Et Bradford lorrant du conieil,s'enalloitioyeux&:a]egre,fans changer de face,
commeceluy qui clloitjpreft d'endurer toutes choies extrêmes pour le tefmoignagc
delà dodlnne de J'Euangile,voirc quand lur le champ il luy eufl rallu efpandtefon fang
îufques à perdre Ja vie.
L A féconde journée 3: proceJurctcmu: par k Chancelier &: £es jdioiots coorre Bradfoid au temple qu'on appeic de U vierge
Max«c,le ip.de Ianuier,MX)i-V. *
PRES que Rogers eut elle condamné , duquel les actes &: le martyre eftcydef.
§ lusdefcrir,!e premierqu on fit venir en iugement,ce fut Iean Bradford , lequel le
Chancelier &: les autres Eucfques qui clloyent auec luy,firent venir deuant eux. Lors
le Chancelier répéta en peu de parollcs ce qui auoit efte fait en la prem iere procédure:
aflauoir qu'il auoit refuie allez orgueilleufemc nt la mifericorde de la Roine , tjui Juya-
uoit elle offerte. &: elloitdemeuréopiniallre,nepouuant fournir délire deftournédes
opinions &: erreurs du roy Edouard:toutcfois qu'il y auoit encoreefperance que la vie
luyleroitfaunec,pourueu qu'il rctournaft àlon bon fens. Puis ladmôncfta de regarder
diligemment à foy_mefme cependant qu'il en auoit le lojlîr . poffible il aduiedroit puis
apresquecefteopportunitéluy teroitoltce,&: qu'il ferepentiroit trop tard. Lctoute-
£Sgue ^oit encorc en f°n entiertpour le moins qu'il y auoit encore remède, veu qu'il cftoiten-
auChan- tre les limites de fa puilfanccneftant encore liure' au bras feculier. Qu'il fc propofaft
les exemples de Cardmaker &: de Barle deuant lesyeux , defquels il dilbit tout ce qu'il
pouuoitàleurslouangcs,afinqueparcemoyenil enflammait le courage dudit «Brad-
ford à les imiter.
Bradford après celle longue harengue du Chancelier, voulut aufïî parler pour
foy.Premierement il pria ceux qui luy eftoy ent là pr donnez pour mges , de vou loir dih-
gemment conlïdcrcr non feulement le lieu où ils eftoyêt alîîs , mais auffi de qui c eftoie
qu'ils rerkefentoyét la maiefte &: âuthorité ailauoir du luge fouuerain & eternel,qui fc
rfc.gi r Ion le tefmoignage de Dauideftafiis au milieu des dieux & des luges pour iuger. Par-
quoy fi ccux-cy veulent élire tenus & reputez enuers les autres pour minillres & vrais
officiers de Dieu:s'ils veulent aufli que leur fîcge foit eftimé comme vn throne ou (îege
L'office des*u^lc'a^ ^e ^'eu'^ ^aut <lu regardent diligemment à eux,àce qu'ils ne fe deftournét
luges tant peu que ce foitdu patron El exemple de celuy duquel ils portent la figure lima-
ge: ains qu'ils s'accommodent au naturel d'iceluy le plus près que faire fe pourra , veu
qu'ils tiennent fon lieu, comme diteft:qu'ils ne mettent point embufchesdcfallace au
fang innocent : qu'ils ne circonuiennent pet lbnne par queftions ou par interrogats
captieux, par lciquels ils cnueloppent en laqs& fraudes telles gens,qui toutefois félon
la loy font en liberté.Quant à luy il recognoit volontiers le lieu où il cil,& leur veut de
f ercr tout ce que le lieu qu'ils occupent,reqniert:& que maintenant il affilie deuat eux
oucoulpableou innocent. S'ileftcoulpable , il prie qu'on luy face Ion procès félon les
Argument *olx&ord°nriâces. S'ileftinnocent,pour le m oins qu'il luy foitloifiblede iouyrdupri
dVnTray uilege commun d'vn citoyen innocent,duquel il n'auoit peu iouyr iufques à ce iour.Ia.
fidèle. Le Chancelier refpondant,dit,Ce qu'au commencement de ton propos tu as récite
du Pfeau.alfauoir,Dicu a affilié en l'alfcmblee des Iuges,&c.efl: bien vray: mais tout ce
que tu dis,&: toute ta con tenance n'ell que pure hy pocrifie,&affectation de vaine gloi-
re. Làdelîusil vfa de beaucoup de propos,tafchantde perfuader qu'il nefloir point
tel qu'il appetall l'erTufion du fang innocent . Au contraire, reicrtanttoutleblafme
fur Bradford, 1 appeloit Orgueilleux & arrogant , d'autant qu'en la Croix de faincr Paul
il auoit fait le mailtre &c conducteur du peuple , principalement en vne façon de
doctrine &: religion , laquelle il maintenoit pour lors d'vnc manière fi obftinee : ce
qui ne fe pouuoit faire , fans grandement troubler feglife &: la religion , félon
que les affaires fe portoyent adonc . Er, difoit que c'efloit Ja raifon pourquoy
on l'auoit mis en prifon, en laquelle il n'auoit point laiiTé de faire auffi grands troubles,
qu'au parauant,veu qu'il auoit incité les cœurs du peuple par lettres efcrites,à s edurcir
vne
Jean Bradford jjj
àvne mcfme fa&ion de doctrine, félon que le conte deDarbe l'auoit rapporte au Senar.
Dauantage,illuy remonftroit comment il s'eftoic monftréobftiné à maintenir fa do- Jç^JJe
&rine en la première afTcmblee,quand ils debatoyent entre eu* de la religion. E ri quoy
il vouloir aufti maintenant eflayer Se fonder quelle refponfe il luy feroit. Bradford
ayant faicla reuerence au Chancelier^ à rairembleejrefponditrPremieremer quant à
cequ'onleblafmoit comme hypocrite&arrogantjillaifloitcelaauiugement'deDieU,
qui quelque foismettoitjen lumière les cœurs& penfees des vns & des autres;&: cepeh
da^it il fe contentoit du tefmoignage de fa confciencc. Mais quant à ce qu'il auoit fait
en la Croix de faind Paul tant s'en falloit qu'il fe fentift conlpable de ce crime , qu'il be
doutoit point que quelque fois Dieu ne manifeftaft la vérité de ce faid à fôn grâiïd fou-
lagemcnt.Et û ïamais il auoit fait quelque chofe en toute fa vie gui pcuft apporter pro- H fe puîgfc
fit à la republique: c'eftoit principalement en ce iour-la qu'il âuoit profité, tanty â toù- jjjyjjîj^â
tefois que pour ceftemefmecaufe,pour laquelle il meritoitpluftoft quelque guerdon
en vne republique non ingrate,il auoit cfté ietté en prifon $ où il auoit cfté gardé défia
long temps. Et quant à ce qu'on luy mettoit en auant des lettres qu'il auoit eferites en
la prifon,ilne vouloir fur cela refpondrcautre chofe , finori ce qu'il en auoit défia dit le
iour auparauanc: à quoy il fe tenoit nonobstant leurs cotradiétiohs . ^ Lors le Chan-
celier luy dit,Mais ce iour Ja mefme il femb loit bien que tu voulûmes obftinement dé-
fendre la dodrine du roy Edouard , cerchant occafion par ce moyé de nous mettre aux
laqs.
Br a d f o r d luy dit,Dcfia dés long temps ie vous ayreipondu de ce fait,que par fix
fois i'ay iuré contre l'authorité du Pape. Et fur cela ie voudroye fauoir cecy de vous$ cÔi
me ie deiîroye pour lors,aflauoir fi c'eftoit au nom du Pape que me faifiezeefte deman
de.Que li ainii euft efté, ie ne vous eulfe peu reipôdre fas me periurer.Toutcfdis ie pro-
nonce cecy,que mon efpriteft beaucoup plus fortifie' en cefte façon de doctrine que
nousauons iuyuiefousle roy Edouard,que lors que iefu premièrement conftitué pri-
fonnier:&: fuis preft de rendre tefmoignage de ce queiedy,non feulement pàrconfeL
fion de boucherais aufli par efïufion de mon fang , fi la neceffité &l la volonté de mon
l>on Dieu le requièrent. Le Chancelier , Il me iouuient voirement que pour lèrsttàas
mis en auant beaucou p deparolles qui neferuoyent de rien à propos : commè'li lefer-
mentfait contre le Pape euft efté de fi grande importance»Mais quoyfUéft certain ^ii
il y en a plufieurs autres que toy &C deuanttoy qui ont fait vn autre ferment * faÇoit que
la raifon ne fuft (cmblable en tout & par tout. C ar ce que tu couures ta corifeiencè <ie Lamukî-
ferment n'eft qu*vne pure h.ypocrifie.Bradfotd,Lc| Seigneur cognoit quelle eft ma co_ ^J^"
fciéce:lequel comme il doit venir quelque fois pour eftreluge, aufli m'eflMl maihtenat
cetefmoinfien cecy iefayrien parhypocrifie ou diflimulatiô.Parquoy iercfpÔmain-
tenant ce que i'ay protefté cy deuant,aflauoir que pour crainte dé me periurer , ie n oie
rien refpondreéschofes desquelles vous- vous enquerez* quand il femblerok quema
refpôfe deuftferuir de quelque chofc, ponr eftablir l'authorité du Pape en ce rôyîume.
LeChancelicr,Et pourquoy difois-tu au commencement de ton propos quenousfom--
mesdieux,&que maintenant nous tenons la place de Dieu,fitu refufes denOUSrefpçih-
dre,eftant interrogué par nous? Bradford , Aiîauoir fi ce que ie difoyealorS,'& eeqile
i'alleguoye du P(eaume,appartenoit à cela,que tous reputent cefte voftre autKoritéoki
liège que vous occupez comme vne authorité &: fiege de Dieu, puis que vôU^fe^WÛkz
ainfi. Pour cefte raifon eftant venu au tefmoignage de cefte Èicriture duPf&àtfme,ie
vouloye bien vous admonnefter commet vous deuez vfer de cefte authorité* ^te- vous
auez de Dieu:& comment il ne faut point que vous-vous deftdurhiez de la iuftice d'i-
celuy,duquel vous vous vatez d'eftre Lieutenas.Et quat à ce qui nie touche, iceïuy (oie
Iuge,fi ie me veux couurir de quelq hypocrifie,en propofant ce ferment. L Change
Quand il n'y auroit autre chofe quececy,fi eft-ce qu'on peut facilement cognoiftre tô
hypocrifie.Car fi tu n'eufles point fait de fcrupule de rcfpondre pour autre raifon que
pour le ferment,tu n'euftes ïamais parlé de cefte façon deuant nous,ains tu cufTei furie
champ refpondu au fajd.Maintenant on peut aifemétapperceuoir, que c'eft-cy feuler
ment vne couuerture pour bailler couleur à ton filence , veu qu'autrement tu n'ofes
refpondre au faifr&^cependahr tu perfuades au peuple que ce qUe tu asfait,qnèç'ae-
fté en bonne confciencc. B r ; Les parolles defquelles i'vfay alors^ne tendoyehtjpbint à,
Lime II IL Jean Bradford.
ce but qu'elles fultent pourrefponiès oppofees à vosobiections: veuqu'en cetcfnpOa
vous ne m'obie&icz nen.Quc fi vous eufliez bien penfë& confideré ce que ie diloye su.
lors, iln euft efté nullement befoin de faire mention du f erment. Maintenant voyant
que vous ne vous rendiez pas beaucoup attétifs aux choies dites, ains penuez à autres,
&:cerchiez occafion feulement pour me faire tomber en periure , lîi'eulîe rclponduà
cequeme propofiez au npm du Pape:pour cela l'en fay conlcience . le ne cerche point
<leùibterfuge en ceft endroit,& ne talche point à deceuoir le peur/le par rauiîès couuer
tures-Garn vous,treshonnorez feigneurs,quieftesicy affispouriuger,meproteftczce-
cyfrançhcmcnr,que vous ne me demanderez rien de ce qui me race en quelque lbrtc
vibJermafoyÔi lefermentfait contre le Papcricrefpondray fi. ouuertement & claire-
ment aux choies que vous me demanderez,que vous aurez occasion de dire que nul au
trenevousarcfpondu plus clairement. Ienecrainquemaconrcience, quand l'heure
viendra qu'il me faudra mourir,autrement ie n'eufle fi long tempsdirferé. Le Chance-
lier fur cela dreifantfon propos à ceux qui là ettoyent, dit, Vous voyez quelle eftl'arro
.ganec de ceft homme-ci,qui s'attribue plus de làgcflc &: de confciencc que tous autres
feigneurs &c gouuerneurs du royaume,&: plus que tout le refte des hommes de quelque
eftat qu'ils foyent:& nonobftant pour dire la vérité, il n'a nulle confeience du tout.
Bradford dit,Que ceux qui font icy prelens iugent en vérité &c droiturcrll y a pJusd'-
vnan&demy que ie fuis détenu prifonnierrquemondeur le Chancelier déclare quelle
caufe ila eu de mecôftitucr pnfonnier.il n'y a pas long temps qu'il a dit(ce qu'aulfi mô-
lîeurdeLondresaattefté)queiayfait vn fermonau peuple en la Croix de S.Paul, fans
mandement ou ordonnance d'aucun . Icy maintenant en cefte alfemblee mpnfieur V
euefque de Badealfifte, lequel me preiTainftammcnt de ce faire: voire m'adiurantpar
la pafsion de noftre Seigneur. A fa requefteiemontay enchairc&nes'cnfalut gueres
que ie ne fu Ife frappé du mefme poignard qu'on auoit ietté contre Burne.carle coup
me paiTa près du cofté. Apres que i'eu appaifé le trouble,il me pria derechef que ie ne 1-
abandonnafle.Ieluy fipromelfequetoutceiour-laie m'employeroye à procurerqu'il
xieuft point de mal. Apres que le fermon rut fini,comm,e ainfi foit qu'il n'y euft nulleaf-
feurance,ie me mis en chemin aucc luy:&: en grâd danger de ma vie ie le menay fein &
fauf en vne maifon prochaine,en laquelle il pouuoit eftre à fauueté. Apres dilhé , ainfi
qu'il me faloit encore prefcher,quelcun m'aduertit que ie me gardafle de reprendre le
peuple en ce fai£t:que fi ie le faifoyc,ie ne defeendroye vif de la chaire. Tan t y a que ie
nemarreftay point àceftaduertïirement:mais préférant le bien publicau mienparti-
culier,ie repris aigrement ce tumulte qui auoit efté fait,& le nommaySedition,plus de
vingt fois.Et pour tout cela voicy la belle recôpenfc que i'en rapporte maintenant: pre
miercmet q vous m'auez fait conftitucr prifonnier,&: défia m'auez détenu li lôg temps
pour me faire finalement mourir.Que tous les hommes du monde iugent maintenant
où eft la confciencc^ A bien grand peine luy laifTa-on acheuei ce propos iufqu'à la fin.
Et leChancelier dit,Combien que ces parolles foyent arrogamm'ent dites, fi eft-ce que
tu nefauroisperfuader,que ce qui fi.it dernièrement fait à la croix de iainct Paulnefoit
digne de condamnation. Br. Et moy,ic débats à l'oppofite que cefaict a efté légitime
a< bpntGommc auftî vous mcfmes le confeffiez lors que î eftoye e n la tour deuant vous.
De fai&ivous diliez en ce têps-la,que l'acte eft oit droit, mais la volonté peruerfe.Or fur
cehic vous refpondi:Qucd autant q vous approuuiez le fai6t,neâtmoinsreprouuiezr
intention:eni'vn i'cftoyeabfousde vous:en l'autre, il me faloit lai/Ter au iugement de
Dieu qui cognoift les volôtez &: les manifefteraqlq fois. Oi leChâcelierauecdefdain
niaqu'ileuft iamais ainfi parle . & qu'il n'eftoit li delpourueu d'entendement de dïftin-
guer fi fortement entre les fai&s &c volontez des hommes. mais il lauoit bien qu'il ne fa
loit point mefurer les a&es &t fai&s des hommes par les euenemen s , ains pair l'intentiÔ
de laquelleon le failoit. Et qu'au demeurant on auoit fait emprifonner Bradford d'au-
tant qu'il refufoitde confentir à la Roine,& ne luy vouloir obtempérer en la Religion.
Br. Vousfauez,monfieurle Chancelier , qu'au cômencemétiln'y eutrien de fait où
commencé entre nous touchât la Religion: ains vous diliczque quelque autrefois vti
autre temps viendroit propre pour en conférer. Dauantage, ainfi foit que i'ayeeftémïs
en prifon à caufe de la Religion: toutefois'veu que les ordonnances & loix publiques
de ce temps-la,& que les droits du royaume eftoyent pour moy & ma ReligiÔ, de quel-
le confciencc pouuoit-on faire alors que ie fufle détenu en prifon pour telle caufe?
JSvr
Jean "Bradford. 3 34.
CSv r cecy vngentiLhommedeVvodftokcn,dit Chambreland/eleua debout de-
uant l'aTliftefice, &c rapporta au Chancelier que Bradford auoit cfté autrefois feruiteur
de monfieur Haryngthon. Sur quoy le Chancelier dit, Voire, &: fi defrobba à fon maiftre
enuiron trois cens eicus: &: ayant fait ce beau feruice,il fe mit du party de l'Euangile : &c
de larron &: pilleur il s eft fait prefeheur: & toutefois il nous veut mettre en auant fa con
fcience.B r . Eftantappuyé fur la bonté de ma caufe,&: ne Tentant rien en ma confeien-
ce qui me redargue en cecy,ie déifie hardiment tous hommes du môde.S'il y a quelqu-
vn qui puifle intenter ôcformer aceufation cotre moy que l'aye defrobbé mon maiftre,
ou fait fraude en forte que ce foit,qu'il forme a&ion contre moy. Et pource,monfieur le
Chancelier , que vous eftes le plus grand de la iuftice de ce royaume, Scconftitué en
plus haut degré de dignité & offieeque les autres, i'appele icy deuant vous, afin qu'en
feuerité de droi&,ii ie fuis trouué coulpable,ie foyc puni.Le Châcelier,&: ce Chambrc-
land laiifans ce proposèrent qu'ils l'auoyent ouy dire. Le Chancelier adjoufta, En*
core y a-il vne autre chofe fans cela,laquelle nous propoferons contre toy.& fur ce pro-
pos l'euefquc de Londres le mit en auant,& dit, Et quoy? il a eferit des lettres merueil-1
leufes à PandcLton,quicognoit aufli bien fa main que la fienne propre:&vous melmes,
monfieur le Chancelier,auez veu ces lettres. B r^ le maintien que cela, nefe trouuera:
car ie n ay n'efent n'enuoyé aucunes lettres à Pandelton, depuis qu'on ma enfermé eii
prifon. L'evesq.de londre s, Mais tu as ditté les icttres,&vn autre lésa eferi-
tes fous toy.B r .le n'ay dicté ny efent des lettres à Pandeitô: &: ie ne fay que fignifie ce q
mettez en auant. Alors vn certain fecretairedu Confeil ramenteut au Chancelier les
lettres que Bradford auoit eferites aux habitans de Lancaftre.il eft vray,dit leChance-
lierxar nous auons fon efcriture,laquelle rend tefmoignage de cela.
DIS P V T E S & combats particuliers que lean Bradford eut cotre diucrsThcologicns.au mois de Fcurier,& des autres cho-
fes qu'il a faites durant fon emprifonnement.
JE auatrieme deFeurier,lors qu'on executoit le martyre de lean Rogers,Boner e"
» ? . . 1 • 1 • / - _ J _ /~ l_- i 1 _l - st\t Rogers
Quelque de Londres vint en la prifondeCountree enuiron vneheure après difné, x°°iors &
pour dégrader le do&eur Taylor,defquels mention a efté faite cydefîus. Ilparlalorsà Bradford
Bradford qui eftoit auffi détenu en la mefme prifon,&: luy dit , Pource que ray entendu j™^1^
quetu défît es qu'en t'ameine quelques gens fauans pour conferer: voicy i*ay amené fembk.
monfieur l'archediacreHarpsfild. Bradford refpondit , Iufques à cefte heure ie n'ay
point autrement defiré de conferer,& ne le defire point pour le prefent . toutefois fi
quelcun vient icy pour deuifer,ie ne refuferay point de parler à luy. Boner fe mettant
en colère dit au Geôlier, Quoy? ne m'auois-tu pas dit que cefthôme-cy defiroitauoir
quelque homme fauant,auquel il peuft defcouurir fon cœur ? Le Geôlier refpondit,
Monfieur,voicy ce queVaydït,Que fi quelcun venoit vers luy pour deuifer , il le rece-
uroit volÔtiersrmais il ne m'a pas dit qu'il euft afFe£tion,ou qu'il pourchafïaft de côferer
auec quelque autre. B o . Or fus,Bradford , ie cognoy que vous eftes en la grâce de plu-
fieuis:conlidercz le faift ainfi qu'il appartient.&: ne foyez fi outrecuidé de refufer la
douceur &: clemencc,laquelle vos amis vous offrent . Harpsfild commença d'a/Tez
haut propos aborder Bradford,duquel la fommetendoit à ce but , Que tous hommes, Tous dch-
de quelque pais ou religion qu'ils fufîcnt,Turcs, ou Iuifs, Anabaptiftes , &: Libertins, ™n fo^r
&aufîi Chreftiens,cftoyent menez du defir de paruenir à la iouiflance du fouuerainbié JJbkn/
&: beatiuule.&: qu'il n'y auoit nation qui par fa religion n'efperaft de paruenir à vn bien
&: félicité louuerainc.mais tous ne tiennent vn mefme moyépoury paruenir. LesPay-
ens penlent iouir du ciel par Iuppiter, par Iuno&aucrcs dieux forgezà leur fantafie:
les Turcs par leur Alcoran& Mahomet : &: ainfi confequemment.Toute laqueftion
donc &c difficulté eft,que fuyans tous autres efgaremens,nous cerchions le feul chemin
qui mené droitt aU ciel, fans fouruoyer. Br . Si nous tafehons d'aller au ciel,il nous faut u m .
fur tout garder que ne nous forgions nouuelles voyes pour y paruenir, outre celles que voVepour
lefus Chrift qui eft la voye,nous a propofees en fa parollc & en fon Eglife.La voyc eft le g|J,eBir '
fus Chrift le Fils de Dieu:felonqueluy-mefmetcfmoignedifant,Icfuislavoye,&:c. Iej^*I4. é
Ha. Ce que vous dites tft vray.Et de fait il eft noftre Pcre,& l'Eglife fon efpoufe
cft noftre mere.Tout ainfi que de noftre vieille nature nous auons tous Adam pourpe
re,& Eue pour mere:femblablement en la génération fpirituelle lefus Chrift nous eft
Perc,^ l'Eglife nous eft mere.Et tout ainfi qu'Eue a efte faite de la cofte d'Adam , auffi
Liurcu ////, J m» "Bradford.
l'Eglife du cofte de Chrift:duqucl le tang eft forty pour purger nos péchez. Mais dites-
moy:rEgli(c a-elle cité de tout tëps,ou nonrB r . Elle a cité depuis la création du mode,
&fera toufiours.H A. Vous aucz bien parle.mais cefte Eglife eft-elle vifible,ou non?Ba.
Comment le confefle qu'elle eft viiible,en iorte toutefois qu'elle eitvifible cômeChrift luy mefmc
i Fgitfc dl a cfâ viuble entre les hômes,l'âs oftentatiô ou pôpe externe du môde,&: ne monftranc
T,ûblc- aucune apparéce de gloire môdaine.Tcllcmét que fi nous voulôs contempler l'Eglifc
vifible,nos yeux doyuent eltre tels que ceux defqucls Iefus Chrift eftoit vrayemenc rc
gardé,tandis qu'il viuoitau mondc.Car tout ainii qu'Eue a efté d'vncmeimcfubftance
^ qu'Adam,aufli l'Eglife a vne fubftance commune' auecC hrift:& comme fainct Paul die
Ephef. 5, Elle eft chair delà chair,&osdesosdefonefpoux.parquoytoutainfiqu'iie-
ftoit aux regardât recogneupoiu Chrift, afïauoir aux yeux de ceux qui le mefuroyent
par fa parolle,& non point au regard charnel : par cefte façon mefme ie voudroye dire
que fon Eglife eft vifible en terre.
H a. le ne fuis pas icy venu pour difputer,mais pour côferer &: fuyure ce que fauoyc
commencé. le vous prie donc dites moy , Cefte Eglife neft-clle pas compofee d'vnc
multitude ou afîemblee d'hommes? B r . le ne vous nieray pas cela : combien que ic fâ-
che qu'il y ait qjqfurprife cachée. Har. Cefte Eglife n'a-elle point l'adminiftrariô de
la Parolle pardeuers foy? B r . Vous vlez de longs circuits, pour finalement venir à quel-
que poinît.Si par le minifterc de la Parolle vous entendez la profeffion de l'Euangile, i*
accorde que l'Eglife a cefte adminiftration pardeuers foy. autrement, ce minifterc de
la Parolle eft fouuentempefché parperfecutions. H a. Iel'entenainfi. maisdires-moy
fi l'Eglife n'a point aufli i'adminiftracion des Sacremens? B r . le le confefle:t6utc-
Lcbaptcf- fois afin que ie vous coupe broche(cariecognoy à quel but tendent ces interrogatiôs)
medcsH». ie penfeque vous nenierezpoint , Que fi au milieu de l'eglife des hérétiques, le Sacre-
rc«qu«. meBt fa Baptefme eftoit adminiftré, comme nous lifonsauoir efté du temps defainct
Cyprien,tel Baptefme des hérétiques ne lairroit pourtant d'eftre Baptefme , voire tel
qu'on ne doit point reiterer,combien qu'il foie des hérétiques. (^"Bradford an t icipoic
ces propos à caufe de ceux qui eftoyent là prefens,à celle fin qu'ils entendifient que cô-
bien que l'eglife Papiftique s'vfurpaft l'adminift ration du Baptefme , pour cela toute-
fois ne la doit-onreputer eftrevraye Eglife.) Ha. Vous vous efloigr^ez de voftre pro-
posé voy bien que vpusn'cftes point infecté d'vne feule herefie. Bk. Vous le dites : il
refteroit de le piouuerpar rai Ion. H a. Cecy toutefois demeure veritable,quc l'Eglife a
l'adminiftration de laParolle Se des Sacremés.Que fera-.ee dôc?Ne direz-vous pas aufli
qu'elle a puiflancede iurifdiction? Bk . Quelle iurifdidtion eft exercée au temps delà
persécution & affliction;^ H a .Elle a la fucceflion continuelle des Euelques,qui eft vne
marque certaine pour prouuer l'eglife. B r . Vous ne trouucrez point en toutes les Efcri
turcs,que cefte fucceffion des Euefques foit mife pour vne marque certaine de l'Eglife.
Premièrement elles telmoignent que l'Antechrift fera aflisen l'Eglife de Iefus Chrift,
iTicrM? Outre-plus,faindt Pierre nous enfeigne,que tout amfi qu'il a efté iadis fait en l'Eglife
&.» ancienne auant la natiuité du Seigneur Icfus:au(fi faut-il attendre le melmeenlanou
uellc Eglife après les temps de Chriftiailauoir quecomme au temps pafté les faux Pro-
phetesôt ceux qui auoyent le gouuernement principal, eftoyent contraires aux vrais
Prophètes de Dieu:on ne doit auffi attédre autre chofe entre lesEuefques de ce tempr-
cy,& ceux qui ont la principale authorité en l'Eglife. H a . Vous faites toufiours des di-
greÛîons:finelairraypointdepourfuyurecequci'auoye comence delà fucceflion des
Euefques. Premieremét ne m'accorderez vous pas que ksApoftresont efté Euefques?
Bk. Nenny,finô q vous doniez vne nouuclle définition d'Euefque:car ils not point eu
certain fiege pour adminifti er leur charge. H a .Cela eft bien vray, q la charge des Apo-
ftres eftoit différente de l'office des Eueiquesxar la charge des Apoftres eftoit yniuer-
felle,& efpadue par toutes les régions du monde:côbien que leScigneur 4 aufli luy-mef
me ordonne des Euefques en l'Eglife,felon que fainct Paul tefmoigne, Il en a donné au
cuns Pafteurs,les autres Prophetes,&:c. Ainfi peut-on cognoiftre facilement par les Ef-
critures,quc cefte fucceffion des Euelques,dc laquelle i ay fait mention,cft tenue pour
vne marque eflcntielle de l'Eglife.
Bk. Ie confeife voirement,que la difpenfation de la parolle de Dieu ,&lçsmini-
ftres mefmes conftituent bien quelque marque d'Eglifc : neantmoinsfidn trànffe-
rccccy feulement aux Euefques &c à la fucceffion d'iceux, cela n'eft que farder le pro-
pos
jfdvitf ^Bradford. j jj
pos, &îedefguifer parfubtilité captieufe. Ec afin que cecy Toit mieux cogn eu: Quelle
différence penfez-vous qu'il y ait entre les Euefques &L les Miniftres , que vous appelez J^Jj JjJJ
Preftres? H a . I'eftime qu'il n'y a nulle différence» Br. Ce m'eftafTez. Pouriuyuezdonc nith-cs &
maintenant , s'il vous femble bon , &: voyons que vousauez gagné en cefte fucceffion Eucf(îucs-
de vos Euefques : ce qu'il ne faut &: ne peut-on autrement entendre , finon de ceux qui
adminiftrent purement & fidèlement la parolle du Seigneur,& non point de ceux qui
exercent domination fur le troupeau. H a . Vous-vous efloignez de la vérité . Pourricz-
vous produire en toute voftre eglife vne telle fucceffion d'Euefques àc Prélats , outre P-
adminiftration de la Parolle 6c des Sacremens? Pour cefte raifon il faut dire necefTaire-
irient que vous eftes hors de l'Eglife, &c par côfequent feparé de falut. Po/fible que vous
produirez quelque magnifique apparence de fucceffion en ces derniers ans en voftre
Eglife de quelques hommes nouuellcmentfufcitcz: mais pour certain vous ne pourrez
continuer ceft ordre, ne fuyure, ne conioindre par aages continuelles , comme en mô-
tant par degrez, auec les premiers temps de l'Eglife. B r . le penfe que vous me permet-
trez bien de fuyure l'Efcriture comme vraye guide &conduite,& pour la demôftration Aa.^7
de cecy accommoder les exemples des bons. Eh premier lieu S. Eftienne, le premier
des Martyrs, a efté blafmé&: aceufé par les principaux gouuerneurs& prélats de l'Egli-
fe de fon temps, &c condamné d'iceux prefques pourlamefme raifon de laquelle nous
fommes auffi aceufez &: opprimez. Et S.Eftienne, comment le purge-il contre les accu- pom-qapy
fations fauifement intentées contre luy .? ce n'eft point en montant du bas en haut: ains s.Efti«me
pluftoft en defcendant des fieclcs hauts &c precedens à ceux qui font venus après : &: ce ^cPcrfccu
par tels degrez, que fon ordre ne continue pas daage en aage: mais commençant par
Abraham,& par ordre recueillant les aages precedétes, il déduit le fait iufques au teps
d'Ifaie,& iufques à la captiuité du peuple. Puis comme faifant vn grand faut ,laiiTant
beaucoup de fiecles il vient iufques a fon téps, &c à parler des principaux gouuerneurs
quieftoyent alors, lefquels il appelé à bon droit, Génération peruerle» Maintenât auffi
ie vous pourray bien prouuer quelle eft ma foy par vn ordre femblable:ce que vous au-
tres ne pourriez faire» Harpsfild voyant qu'il ne pouuoit rien gagner fur luy, ains que fat
caufe par tels propos pourrdit eftre fufpe&e, fe leua pour s en aller. Alors le Geôlier &C
autres qui eftoyentlà prefens^dirét à Bradford qu'il fe rendift docile à monfieur le grad
Archedlàcretquirepetoitfouuet cemot,queBradford eftoit hors de l'Eglifc.Mais Brad-
ford refpondoit qu 'iln'eftoit point feparé de l'Eglife de Chrift , & qu'il pourroit rendre
certaine raifon de (l do&rinc & religion, par aages continuelles. ^Et âpres auoir tenu
ces proposai fît fa prière à Dieu comme s'enfuit.
O die v &C Pere tout-puififant, noftre Createur./ois propice & fauorable à nous to9, ^j^"/*
& à tout t6 peuple,par le fang de noftre Seigneur Iefus ton f ils:& deliure-nous des faux
do&eurs&Tcondu&eursaucugles, par lefquels (helas )il eft à craindre que ce royaume
d'Angleterre ne reçoyue quelque grand inconuenient. Bon Dieu&Pere detoutemi-
fericorde, vueille-nous faire grâce pour l'amour de Iefus Chrift ton Fils , de nous côfer-
uerenfaveritéauecques tapoure Eglife: Ainfi foit-il. L'Archediacre ayant fait pro-
meuve de retourner le lendemain, fe retira.pour ce iour.
COMMENT TArchediacrc Harpsfild aborda îean Bradford pouf h féconde fois : où il eft déclaré do&eraét
' quelle eft la vraye fucceffion de l'Eglife du Seigneur, & de la certitude d'icelle quant à la doftrine.Puis il eft
parlé de la prefenee deChrift aux Sacremens:itera de ceux qui ont forgé les pièces de la Mefle.
SB^E x v i. de Feurier, ceft Archediacre retourna derechef en ia prifon comme il I'-
â|&5auoit promis. Apres les falutations,Harpsfild répétant les propos awparauant te-
nus^ commençant vint à monftrer la fuccefsion continuelle des Euefques: premiè-
rement en Angleterre depuis 800. ans: en France &: à Lyon depuis 12.00. ans: en Efpa-
gne,en la ville de Scuille depuis 800. ans:à Milan &: en Italie depuis izoo. ans. Et pour
mieux faire valoir fon dire, il tafehoit faire le mefme de l'eglife Orientale. Ayant misLafuccerj
fin à fon propos.il exhorta Bradford à recogdoiftre cefte eglife,& laduouer,&: luy obté- fionUa« e«
perer. Bradford refpondant à ce long amas, dit qu'il n'auoit pas fi ferme mémoire, de «tenues,
rcfpondre de poinft en poind à ce long récit qu'on auoit fair,& pourtant il refpondroit
aux principaux articles de la matière en gênerai : veu que cefte fi longue harengue
d'Harpsfild eftoit pluftoft faite pour perfuader que pour prouuer. Il dit donc , I'eftime
que fi les Pharifiens euflent requis de Iefus Chrift ou des Apoftres (lorsqu'ils eftoyent
icy bas au monde ) vne fuccefsion d'Eglife qui euft confenty à fa dottrine, il euft fait ce-
7 Ll.i.
Lmr^j II IL Jean Bradford.
la mefme que ic fay maintenant : aflauoir qu'il cuft produit Ja vérité mefme&: h paro!
lede Dieu receué,nô point parles Pharificns&: le s principaux Sacrifïcateurs,quironc
perlécuté,ains par les Prophetes,& hommes {impies &craignans Dieu, qui eftoyetu
lors reputez hérétiques par cefte autre , qui fe glonfioit du tiltre , de l'authorité , de la
fuccerfîon &c du lieu de l'Eglife.Et fain&Piene melme m'induit à le péfer ainfi,quand il
dit, Telle qu'a cite la condition de l'Eglife auant la natiuité de Chrift , elle fera aulsi a-
1 P,cr 1 pres.Or eft-il ainii que les principaux gouuerneurs de l'Eglife perfecutoyent les fidèles
auant la venue de Chrift,il faut donc dire qu'ils la perfecuteront après Chrift. H a . le
pourroye ( s'il eftoit befoin) déduire la luccefsiondes louuerains Sacrificateurs en Ieru-
Cômenties falem iufques à Aaron meime. N'auoyent-ils pas la Loy de Moyle ? B R.Ouy:&mef-
^ïtcT » mc 1 ont garc*ée comme vous gardez auiourdhuy la Bible &c liures de la làin&e Efcritu-
îôurlferi rc,dcfquels toutefois vous ignorez le lens, ou le corrompez de propos délibéré. Mais
ture- pourlcfairecourt,iefayquelamorteft touslesiours prochaine de ma tefte, & îei'at-
ten de vous autres d'heure en heure. Parquoy puis que i'ay fi peu de temps à viure en ce
monde,mon efprit eft adonné à cela,de palier ce peu de temps auec mon bon Dieu : &c
Bradford le prier qu'il luy plaife me donner vn entendement paifible. Vous me pardonnerez
twieom6» ^^nc il pour celle heu re ic pren congé : vous merciant de l'humanité &airc&ion qua-
quitoydT uezcnucrsmoy. Bradford fur cela leleua comme pour s'en aller .-mais l'Archediacre
court, délirant deialerdauantageluy remonftra par plufieurs parollcsen quelle dangereulc
condition eftoyent fes affaires. B r . I'ay cefte fiance que ma mort ne feradefagreable
àDieu,&q tous fidèles en receurontcofolation. H a. Mais que feroitee fi vous cftes
deceu de voftre opinion? B r Que fera-ce fi vous dites que ce loleil ne luit point , qui
elclaire par fes rayons maintenant? H a. Voila dequoyie luis esbahy, de vous voirfi
afleuré en voftre efprit, n'eftant point Je l'eglife catholique. B r. Ia-foit queiefoye
banny de voftre eglife,toutesfois i'ay certitude que ie fuisen l'eglife de Chrift,de laquel
le ie luis enfant obeiûant,& me confie , qu'il n vlera point enuers moy de moindre hu-
to roanité, qu'il a iadismonftre à l'aueugle que les Phariliensietterent hors de lalynago-
*"C'34' gue. H a. Quelque chofe qu'il y ait, vous donnez allez à cognoiftre,que vous ne
laiflezdutoutaucuneprelencedeChnftauSacrement,&que vous difeordez d'auec
nous en tout &: par tout. B R.Iedy que ie confefle la vraye prefence du corps de
Çhr|ft, afiauoir qu'il eft prefentà lafoyde ceux qui le prennent fidèlement &fainûc~
nient. Vn de ceux qui afsiftoyent luy demanda, Entendez vous parler de la prefen-
ce4e ce corps qui eft mort pour nous? B r. Iedyduvray corps de Iefus Chrift, qui
eft Dieu & homme , lequel nourrit l'ame du fidèle prefentement,realement, &c de fait.
DcUrece-, H a. Que veutdire donc que vous niez lapuilTancc de Dieu, enoftant du Sacre-
£kc* ^C roent la venté du miracle ? B r .le n'exclu nullement la puiflance de Dieu, mais vous
chriil. autres l'excluez, car ie croy que Iefus Chnft,felon la puiflance infinie, baille &c accôplit
ce qu'il nous a promis : 6c quand nous venons à fa fain&e table,cc n eft point pour cefte
raifpnqu'vn petit morceau de pain nous y eft prefenté : mais c'eft à cefte fin que nos a-
mei foyent remplies &: ralTafiées de Chrift par le moyen delà foy:que les infidèles n'ont
point: & ne fe peut faire qu'ils mangent le corps de Chrift :veu que le corps de Chrift:
n'eft point vne charogne morte &fans amcôJvie : ôcque ceux qui font participans
dececorps, fontaufsi participans de (on efprit.
H a r p $. Vous eftimez la Méfie eftrc abominable, Se nonobftant on dit que faindt
Ambroife Juy-mefmt l'a chantée. Pour prouuer cela , Harpsfild allégua vn lopin de
fentenceduditfaindt Ambroile, prife d'aucuns lieux communs amaifez de quelque
autheur de légère foy. Br. Du temps de lain& Ambroife on ne fauoit du tout que
c'eftoit delaMelTetclle qu'on l'a depuis façonnée, car quant au canon d 'icelle , fainct
Grégoire &Scolaftique en ont forgé la plusgrand'part. H a r p s. le confeffeque
fainéfc Grégoire a com pôle la plus grand' part du canon delaMellé. aurefte, ce Scola-
Grcgoirc & ftique , duquel tu fais mention, eftoit dcuantfaind Ambroife.
to°^ndu B r. le ne le penfe pas: combien qu'en cela ie ne debatray point opiniaftrement.
cairon de la faind Grégoire confeilé que les Apoftres mefmes ont chanté la meiTe:mais ç'a efté fans
Mcffc* le canon, le contentans feulement de l'oraifon Dominicale. Ha. Vous dites vray:
car ce Canon icy n'eft pas la principale partie de la Méfie : mais le facnfice, l'Elcuation,
la Tranftlibftantiation &:, l'Adoration. Et ces mots, Faites cecy ymonCttent a/fezle facri-
fice de rEgliie,auquel il eft impofsiblc que puifliez contredire.
Br.Vous
Jean Bradford. $$6
Br. Vous confondez tout, ne faifant point de diftin&ion entre le facrifice de l'Eglife sacrifice <k-
& le facrifice pour rEglife. Car le facrifice de l'Eglife n'eft point propitiatoire, ainspluf- j^jj1^ *
tôftd'adion de grâces: tellement que Faitescccyy ne regarde tien moins que le facrifice: pour l'£gU-
mais il fe rapporte à toute l'action de pre»dre,mar*ger,&:c. Ha. Iefus Chrift n'a points-
donné cefte Cene finon à fes douze Apoftres, à laquelle il n'a point admis fa mere mef-
me,ny aucun des feptante Difciples. Or les Apoftres nous reprefentent les Preftres.
^Etfurce ceftArchediacre amena vn pafTage de Bafile.tnais Bradford déclara fuffifam-
ment que ce palfage allégué ne feruoit à propos. Puis il luy dit, Le temps ne porte pas
maintenant de debatre auec vous des fens ambigus des Do&eurs. Fay efté long temps
détenu en prifon,& longuement forclos de tous liures &c moyens neceflaires pour mon
éftùdcen outre,la mort qui n'eft pas loin de moy, me contraint vous prier de me laifler,
afin que ic me puuTe préparer pour ce iour bié-heureux du fupplice qui approche. H a .
Certainement ie defireroye de bon cœur vous faire quelque bon plaifir , tant pour vo-
ftre corps que pour voftreefpnt. Carie vous afTeureque vouseftesen grand danger &
de l'vn Se de l'autre. B r . le vous mercie de voft re volonté. L'eftat où ie fuis ( quelque
chofeque vouseniugiez)neme fembla iamais plus heureux: car la mort me fera vie.
Alors Perfeual Crefuel à fon tour exhorta Bradford, qu'il priaft l'archediacre Harpsfild
de vouloir faire requeft e pour luy. B r . le ne voudroye qu'aucun fuft mis en peine pour
me faire obtenir quelque prolongation de temps. ^"Cefutlafin de leurs propos, cken
cefte forte prinrent congé amiablement l'vn de l'autre.
L E S propos que l'archeuefque d'Yorlz, Se l'euefque de Chiceftreont tenus à Iean Bradford » ioucha.nt la certitude
qu ont les fidèles de leur ialut.& comment il faut citimer l'authorité de l'Eglife.
■ARCHE VESQVE d'York & l'euefque de Chiccftrc vinrent le x x 1 1 1 . de
Fenrier vers Bradford , & luy monftrerent figne de douceur & humanité , princi-
palement l'Archeucfque. En premier lieu ils le firent couurir, puis afTeoir auprès d'eux
pour côferer. Mais quelque chofe qu'ils ûfféïy&c alleguaffent qu'obeifTance vaut mieux i-Samaja».
que facrifice, Bradford demeura deb'out,8c* pourtant eux auflî leuerent.^Et l'Arche-
ucfque commença fon propos, qu'ils eftoyent là venus de leur propre mouuemétpour
vri deûbîr d'amitié, laquelle défia dés long temps il auoit eue vers Bradford, fe donnant
de merueille, comment fe pouuoit faire cela,qu'il fuft certain de fon falut en la rcligio
qui délia défi long temps eftoit condamnée de l'Eglife. Bradford le remercia de cefte
bône volontc,& dit cjue ce qu'il eftoit certain tant de fon falut que de fa religion, eftoit
parla parollc de Dieu. L'a . Cela eft bien dit : mais cornent cognoiftrez-vous cefte pâ-,
rélle de Dieu, finon que l'Eglife vous la monft re? B r . le ne nie pas que l'Eglife iie férue
grandement àfairecognoiftre fa fain&e Efcricure:.comme la femme Samaritaine feruit Jf^JjJ* ',,
de beaucoup aux citoyens de fa ville en leur annonçant Chrift. mais quand ils virent le- Eghie nous
fus Chrift mefmedeuant leurs yeux, après Falloir ouy parler, ils en eurent telle certitu-
de qu'ils creurent àluy nô point pour les parolles de la femme : mais par la parollcindu: f^.0
brtable d*iceluy,adiouftas à icelle pleine foy. L' Archeuefqùe luy dit , Que cefte paroljé
n'eftoit encore rédigée par efcritdu téps des Apoftres. Bradford refpôdit,Cela eft vray,
s'il eft entendu du nouucau Teftament& non point du vieil,felon que S.Pierre tefmoi-
gncaupremierchap.de fa deuxième Epiftrc, où il dit, Nous auons laparolie des Proi
phetes plus ferme. Non pas qu'elle fuft autre , mais d'autant que les Apoftres lors con-
uerfans auec les hommes,&cnuironnezd'infii mité,nc pouuoyentcftre tellement efti-
mez que l'authorité delà parolledeuft eftre repuree fi ferme & irreuocable que celle
des Prophètes. Et toutefois lvne &: l'autre eftoit fortied'vnmefmeautheur de vérité,'
qui eft le S. Efprit. L'a. Lesparollesde S. Pierre ne doyuent eftre entendues en cefte
forte de la parolle eferite : car vous fauez qu'Irenee &: les autres docteurs ont toufiours
pluftoft allégué l'authorité dé l'Eglife, en léurs eferits contre les heretiques,que les fain
Êtes Efcritùres. Br. Il ne s'en faut pas efbahir:veu qu'Irenee auoit à faire auec des gens
qui nioyent les Efcritùres, &c neantmoins tenoyent les Apoftres en grande réputation,
parquoy il falloir necefïàiremét qu'ils fortifiaffent leur caufe par l'authorité des Eglifes ^"f™
qùiàuoyént efté drefTees par les Apoftres. L'e v . de Chiceftre, Il eft ajnfi comme vous qui uioyent
dites. Car les hérétiques l ors rciettoyent toutes les Efcritùres , excepté vnc petite rçfcnwc,
Uii.
£/aro ////. J**n BfadforcL
partie de S. Luc Euangelifte. B r . Et quel befoin eft il doncd'allcguer raurhonte de K
Eglife contre moyî veu que tant s'en faut que ie nie les Ecritures , que mefmc l'appelle
àicclles commeauiuge qui peut competemment iuger de toutes choies. L'a. Il n'eft
point conuenable que vous p refumiez tant dcvous,que iugiez l'Eghfe.mais dites moy,
quelle a elle cefte voftre eglife iufques à cefte heui e.?ou en quel Jieu a-elle elle veuc?car
l'Eglife qui eft de Chrift, eft catholique & vniuerfellc, &C a efté.touiiours apparente de-
uant les nommes. Bu . Monlieur,ie vous piie,ne me prenez point pour vn homme qui
fe conftitue iuge de l'EglifedeUlemenr ie fay diftin&ion entre ceux qui appartiennent
à la vraye Eglife, & ceux qui n'ont que le titre. Or ic n'ay iamais nié que l'Eglife ne ftift
catholique &C vilîble, combien que ie confeilecela, que tantoft elle apparoift plus,tan-
toft moins. L' e v . de Chiceftre, Dites-nous, Cefte Eglife de laquelle vous embraifez G
volontiers la doctrine, en quel lieu s'eft elle monftree depuis quatre cens ans ? Br. le
reipondrayrs'il vous plaift au (Time faire refponfe à vnechofe que ie vous demanderay:
IO.J+1' où eftoit l'Eglife lors qu'Helie difoiteftre delaifîé (éul? L'e v .de Chiceftre, Cela n'eft
Une taut pointàpropos. BR.QujauroitmaintcnâtdetelsyeuxdelquelscetteEglife-Jaeuftpeu
'àrdcTi' c^rc rcgar^çc a'orsî vous ne diriez pas que ma rel'ponlè eft nulle. Que h cefte Eglife n-
Eghk jcï eft euidente deuantlcsyeux, ce n'eft point l'obicureté de l'Eglife qui en eft caufe » mais
ycui cor- ce font les yeux qui font eibiouys,&: qui ne la peuuent voir. L'e .de Chicellrè, Vous e-
Pwcli- ftes grandement abufé, en faifaur ainfi comparaifon de l'ancienne 6t nouuelle Eglife.
L'ar. Nous oyons Chrift parlant ainfi : I ediheray mon Eglife, &: non pas, le l'édifie.
Br. Ienepenfepasque vueillicz fonder vn argument décela, corne s'il n'y auoit point
eu d'Eglife deuarir la venue de Chrift ; pluiloft me diriez-vous , Qu'il n'y a point aucun
tCor.).d. baftiment d'Eglife, linon que Dieu feuly mette la mainrautremét Paul plante &: A pol-
io arroufe, mais il n'y a que Dieu quidonneaccroiifement. L'a. Ccftuy-cy fait comme
tous autres de cefte faction ont accoufturné de faire, de fe conftituer iuges &: cenfeurs
de l'Eglife. Br . Mcffieurs,ie vous defcouurc lî ni plement mon opinion, &: defire qu'on
m'amène fuffifanre raifon. S'il vousfemblc bon de réduire en mémoire toute la procé-
dure & façon de ma condamnation :iefay pour certain qu'il ne fe pourra faire que ne
foyezelmeus. Car vous n'ignorez pas la fource des choies quionteilé intentées cotre
BrÏÏoïdcft moy,aiTauoir que ic nioye laTran/lubftantiation,&: que Je corps facré duSeigncurfufl:
condamné, communique aux infidèles. Voila pourquoy ieluis excommunié: non point par l'Egli-
fe, ains par aucuns qui fe reputet eftrc les piliers d'icelle. L'e . de Çhiceftre,Ce n'eft pas
cela.-mais i'ay entédu qu'ily a vne autre caufe pourquoy vous autz efté emprifonne ,af-
fanoirque vous auez exhorté le peuple à prendre les armes d'vnc main, &c de l'autre le
fraflbuil. Br Meilleurs ic vous prie croyez moyen cecy,queiamais vne tejlc parolle ne
fprtit de ma bouchc,&: mefme ne m'eft entrée en l'efprit en ce fens que vous dites. ^ L -
ArchcuefqMe luy dit dauantage qu'il s'eftoit porré trop audacieulement &: obftincméc
deuantleconleil de la Roine, en maintenant par trop cefte façon de religion: & que
pourtant il auroit efté mis en prifon. B r . Vous-mefme auez efté tefmoin , monlieur 1-
Archeuefque,quand ie fu aceufé de cela mefmc par monlieur le Chancelier,comme ic
m'en purgeay lors ouucrtcment. Mais prenôs le cas qu'il foit ainfi comme vous lepro-
pofez, aflau oir que pour lors raye défendu le party de la religion par trop obftinément:
les loix &c ordonnances publiques du royaume defendoyét alors ma caufe : parquoy on
me fit tort de me conftituer prifonnienmais il eft certain que la fentéce de condamna-
tion donnée par monlieur IcChancelier ne côccnoit que ces deux poin£ts:ailâuoirque
ie nioye la Tranllubftantiation,& que les infidèles fulfcnt faits participans du corps de
Chrift. L'e .de Chiceftre, Auez-vous leuGhtyfoftome? Br. Il y a délia long temps que
toute commodité de liurcs m'eft oftec: &c toutefois ie n'ay point mis en oubly ce que
sommée de Chryfoftome dit^touchant ce faid, que la table eft pleine de myitercs, &, que l'Agneau
chr>fofto- c^ hcnfo pour np'.&qu'é icelleSeraphim auec les tenailles applique le feu fpirituel du
ciel à nos leures. Des façons de parler hyperboliques, Chryîbftome vfe fouuentefois.
L' a . Voftre herefic eft prefque defefperee: mais retournons encore à cefte eglife,de la-
quelle vous eftesreternché. BR.Ouybienàlafaçon&: comme iadis le poure homme
Icmp.H. aueugle,ltquclayant efté illuminé futchafle parles Pharificns:&: tout ainfi que vous a-
uiez bien fait,, quand. vous-vous retiraftes iadis de l'eglife Romaine:auflî ieftimeque
ce que vous faites maintenant , afTauoir d'y eftre retourncz,eît vne impiété . car il ne fe
peut faite Iqùc vous approuuiez cefte eglife-la pour la vraye eglifede Chrift. L'i v.dc
Chice-
Jean Uradford. ^$7
Chiceftre, Ha, Bradford, vous eftiez lors bjen petit quand ces chpfes commencèrent à
eft refaites. l'ciloyemoy-melme bien îeune: mais fâchez qu'on doit tenir pour héréti-
que, de par confequent banny 6c eftranger de l'Eglile,ccluy qui s'eftant elgai e après des
doctrines cllranges, maintiendra obltinément quelque erreur contraire a bône doctri-
ne,comme de la Tranifubltantiation. On ne peut dire de laincl Cyprien qu'il fuit herc- s-c>?licn
tique , combien qu'il eu II quelque opinion allez contraire à l'Eglile : alfauoir qu'il faut
baptifer derechef ceux qui auoyctelté baptizez par lcsJicretiqucs:&: la raifon eft, pour-
ce que le faicl n'eftoit encore décide par ie décret 6c ordonnâce de l'Eglile: mais s'il tuft
puis après continué en celle opinion, il cuil elle digne d'élire repris comme hérétique.
Br . Si quelcun a fain&e 6c entière opinion es articles de la foy,& principaux poincls de
la foy 6c religion Chreft îenne , 6c eft bien d'accord aucc l'Eglile , le iugerez-vous digne
des enfers s'il ne s'accorde en tout &par tout aux ordonnance^ 6c fcatuts,auec la déter-
mination de rcglife,que vous nommez?
Lo r s l'Euelquede Chiceftre voulut môftrcr cômenc Lucher auoit iadis foudroyé'
contre Zuinglc pour cela mefme : 6c lifoit certain paflage de quelque Jiure de Luther.
Bradford reljpondit à cela, Tout ainli que vous ne vous loucicz pas beaucoup cïe ce que
Luther a fait en cell endroit , aulîi de ma part ie n'en fay pas grand cas. Car ma foy n'eft
point appuyée ne fur Lucher,ne lur Zuingle,ncfur Ecolampadc: tant y a ncantmoins
que quant à eux, ie ne doute point qu'ils n'ayent efte bons 6c faincls perfonnagcs,&: qu
ils ne foyent maintenant au ciel auecDieu. L'a. Quelque choie qu'il y ait, vous elles
maintenant forclos de la communion del'Eglife. Bit.. II n'eu po/liblexar celle commu-
nion conlifle en foy 6c vérité. L'a . Voicy derechef comment vous ùites voftie cglife
inuihble, delaqucllcla communion conflit c en foy. Br. Iedy cela \oircnuiit:car
pour lacômumon de l'Eglile, il n'eft befoin que nous la côllituyons viliblc, veu qu'icel- R jia'5-i8-
le conlifle en vraye foy , 6c non point en apparence externe de cérémonies 6c cbferua-
tions: comme il appert par ce que dit S. Paul, qui ne requiert que la foy feule. Cequ'I-
renee aulîi tefmoigne, efcnuant à Vidlor touchant la feile&: obfcruation de Paique . &£
delà différence des temps dit,qu'il ne faut point pour tout cela rompre la concorde 6c
vnité de la foy. L'e .de Chiceftre , Ce mefmc partage a fouuentcfois poincl mon cœur à
me faire penfer que nous ne dénions eftre feparez du licgc Romain. Orlur ces entre-
faites fArcheuefquc d'York miten auant , commentil y auoit beaucoup de chofes qui
retenoyent faind Auguftin mefme au fein de l'Eglifc-aiîauoir le confentement du peu-
ple &: des nations, l'authoritc confermee par miracles, nourrie par cfperance,augmen-
tec par charité,&: fortifiée par l'ancienneté. Outre cela encore y auoit-il le nom de Ca-
tholique. Il difoit donc, Vous voyez bien commcntfaincl Auguftin louë& prifenollrc Di lam>c
egh(e:vous de vollre part ornez voilreEglife de fcmblable façon, fi vous pouuez. Br. 1VJuflcJ:-
Ces parollesdeS. Auguftin font autant pour moy que pour vous pour Je moins: tes'il 8
vous femble qu'elles foyent de fi grand poids ou importance , qui acmpefché qu'on ne
les ait peu alléguer contre le Fils de Dieu mefme &: contre l'es Apoftres? Car pour lors
la Loy,îcs obferuations&: cérémonies elloytrnt reccués du conlentement commun du
peuple:outre cela elles cftoycntconfermccs par pluficurs miracles, &: encore pouuoit-
on alléguer l'ancienneté, & la déduction continuelle des Sacrificateurs depuis Aaron
iulques à ce temps-la 1/ a . Poflîbie cil q vollre opiniô feroit, qu'il ne faut point eftimer
aucun eftre de l'Eglifclinô qu'il loulfic perfecution.B r. OyczcequeditS. Paul, Tous ,Tl"1
ceux qui veulent^ïurc religieulemcnt en Chnrt, foufiriiont perfecution. Or combien
que quelque fois l'Eglile ait relafche 6c temps pour rclpircr,tant y a que le plus fouuent
elle eft enueloppee des perlecutions:& principalement en ces derniers temps &: vieil-
li (le extrême de ce monde, la face de l'Eglife eil terriblement deffiguree par angoilïes
&c oppi eflïoUs. L' a . Mais que refpôdezvous à S. Auguftin ; & quel accord de peuple 6c
nations monftrez-vous en vollre Lglile: Br . Autât que nous fommes de fidèles au mo-
de, Sevrais amateurs de la venté de Dieu, nous fommes tousd'vne mefme opinion en
celle vnité de foy 6c doctrine. L' a . S. A uguftin traite de la lue ceilion continuée depuis
JecômencementdeS.Picne. Ba. La voix de Chnlt eft recognue de les brebis, 6c ton
tefois ellesnelaiugentpas:maisladilcernentd'aueecelledes homes. L' a . Enquelles Lc<
chofes? Br. Es choies lesquelles vous célébrez en langue cftrangcie: item en diitn- jJJfl-^.J
buantàdemylaCeneduSeigneur,&: en autres lcmblabJcs. (JU <"c^1-
L'k .de Chiceftre, ce feruice fait en Latin a efte introduit en Icglifcafin qu'il fuft
fait au chœur par les clercs cognoillas lalagu e Latine, 6c que cepédaat les laïcs retirez
Uni.
Luire UII. Jean Bradford.
l nef des arrière du'clergé,&: occupans la nef du cépk,pcuflcnt prier à part vn chacun felo fa lan-
"mpL^L gue. Et on peut mefme facilcmct cognoittreccla par celte diftindion laquclleon voir
Pjrcc du |ujourtjhuyés téples,a(TauoirladilbndionentrelechœurhautÔ<:labaflcncf:laquelle
' ŒUr feparation fait que les laies ayans les treillis ou barreaux deuant eux, ne pcuuenc aller
dcuersles autres. Br. Mais anciennement du téps de Chryioftome, le peuple rcfpon-
doit ordinairement Amen: & cela a non feulement efté fait es eglifcs des Grecs , mais
au iTi des Latins du temps de S. Hicromc : dont il appert quele peuple n'a pas elle telle-
ment leparé du clergé, qu'il n'efcoutalt 6c entendiit les prières qui fefaiioyent parles
Clercs. L'ar. Pour certain nous nerailons que perdre temps, Bradford, &: negaignos
rie à vous enfei<mer:car vous ne faites que cercher des efchappatoires pour reietter les
argumens qu'on vous fait.&: toutefois voftre Eglilé ne peur eftrc monftree en euidéce.
B r . Cela fe pourrafaire facilemenr,moyennant que vous ouuriezles yeux pour la con-
templer. L' a r . Quelles marques aura-e!le,par lefquelles nous lapuiffiôs apperecuoir?
BR.Chiyfoftome le vous die, affermant quelicefteognue feulement par les Efcritures.
Ï3- Et il répète ce mot-la tant de fois. L'a. Celaeltefcnten Chryfoftome ,en (on Oeuure
imparfair. toutefois la fueccilion des Euefques elt le plus certain moyen de cognoiftre
Nicol is de l'E^life. B r . Mailtre Nicolas de Lyra a vrayement bien dit, que l'Eglife ne gift point es
Lyu. hommes pour rail'on de la pui/fancelcculiere,ains es hommes elquelsil y a vne vraye
co^noiilance&: pure confeflion de foy ÔL venté. En outre, faind Hilaireelcriuant à Au-
*S U xence,tefmoigne d'vne femblablc façon, que l'Eghie eft plultoft cachée en descauer-
S ( nes,quenonpaseminente. ^ Ils fuiembicnttoisheures àdeuiler ainfi : finalement
entra vn feruiteur , qui lignifia à ces prélats , que l'euelque de Dunelme les attédoic ea
la maifon de monheur d'York. Iceux laiilerent incontinent les liures qu'ils tenoyent^
dirent qu'ils cftoyent bien marris de voir ainlï Bradford en ce mal-heur, &c le prioyét de
lire vn certain liure, lequel (comme ils d;îoycnt)auoit profité au docleur Cromel.Ainli
ayansditgracieufementrAdieuà Bradford, s'en allèrent :& Bradford fut ramené en
fa prifon.
CONFERENCE que deux moinesEfpagnols ont auec Bradford, touchant la Cene duSefgneur^n laquelle
plufieurs allégations des Do&eurs anciens font amenées d'vn cofté & d'autre.
|E vingteinquieme de Feurier, enunon les huit heures du matin,vinrct deux moi
bes Elpagnols en la prifon de Countree , aiTauoir le côfefléur du roy Philippe,fils
de Charles le quint empereur,&:vn autre nommé Alphonfc. Bradford leu reliant ame-
né pour conférer, ce confe/Teur du Roy commença à parler à Bradford en Latin, &:
demander s'il auoit iamais veu vn A lphonfe qui auoit elerit cotre les hereiies. Bradford
refpôdit qu'il ne l'auoit iamais veu,&: fi n'en auoit iamais ouy parler.Et I e c onfefiéur luy
dit,Voicy le perfonnage deuant vos yeux: venu exprez,efmeu de charité &c afrcction,&:
à la perfuafion du conte de Darbe,pour côfercr des matières de la religion. Bradford re-
fpondit à cela,quiin'auoit iamais appeté qu'aucun luy ruft amené pour parler auec luy
ou pour prendre confeil de luy . mais pource qu'ils eftoyent là venus par charitc( corne
ilsdifoyent)&: pourluy faire quelque plailir, il ne pouuoit faire autrement qu'il neles
remerciait. Alphonfe voulant entier en propos auec luy, l'admonnefta auât que pat
fer plus outre de prier Dieu , àce qu'il peulî impetrervn bon entendement pour obéir
à bons confeils, fans eftre adonné à fon propre fens &c volonté. Bradford fit fa prière
à Dieu, qu'il luy donnait Ion faindt Efprir, par la conduite duquel toutes leurs volontez
&c a&ions fufTent dreflees corne il appartient à vrais enfans deDieu. Alphonfe dit alors,
Il faut bien que vous priez Dieu du profond de voftre cœur, &n5 pas de langue. Brad-
fcUttL.7.t. ford luy dit, Ne iugez point, afin que ne foycziugé. Vous auez ouy que i'ay prié de lan-
gue &: deparolles: maintenantla charité requiert que vous lailfiez tout le iugementà
Dieu. Alphonfe luy dit, Vous deuez maintenant tellement confermer voltre efprir,
qu'il ne foit adonné à vne partie ou à l'autre, ains le tenir iuftement en balance, ne pan-
chant ne d'vn cofté ne d'autre. Priezdonc Dieu,&: vous lailTezgouuerner par la mair,
bc permettez qu'il encline voftre entendement où bon luy femblcra : ou autrement
tout ce que nous pourrions dire icy & faire , ne profitera de rien. Bradford luy re-
fpondit, Si vous parlez de la religion Chrefticnne, mon opinion eft vne certaine per-
fuafion : & faut que tous Chreftiens &: fidèles foyent ainfi alïeurez. Parquoy il ren-
doit grâces à Dieu de ccfteperfuaûon qu'il auoit delà doctrine pour laquelle il eftrit
con
Jean bradford. j jf
condamné. Outre- plus, il prioit Dicn qu'il luy pleuft augmenter de iour en îour ce.
fie fermeté d efprir,&: luy accroift recette afîeurance:que tant s en falloir qu'il fuit in-
certain de la cognoifsacc de celte doclrine,qu'il eftoit preft d'eftre produit en lumière.
Pour celle caule leur venue luy eftoit agréable. Ai.. Nous ne fauons quieftlacaufe
pour laquelle vous aucz cité condamné. B r . Il n'y a gueres moins de deux ans que le
luis îcy détenu prifonnier.Or s'il falloir vous en rendre quelque raifon , ie ne pourroye.
A l .Voyons donc premicremét ce que vous lentcz de la,Tranflubftantiation:Ne croy-
ez-vous pas que Icfus Chrift eft prêtent en Ion propre corps fous les figures &efpeces
du pain &c du vin? B r . Non point. le croy que Iefus Chrift affilie &: eil prefent à la foy
de ceux qui reçoiuent deuement la Ccne : voire autanr prefent aux yeux delà foy,que
le pain ôde vin font vrayement&realementprefens aux yeux &:fens des regardans.
A l . le lay que vous ne nierez pas cecy,que le corps de Chnll de l'a narure eft limité en
certain lieu. Et lur cela il tint long propos des deux natures en Chrift , desquelles l'vne
cil prefente par tout,l'autre eft retenue &: limitée en certain lieu. Apres qu'il eut entre-
ietté beaucoup de queftiôs fur ce fait,i! mit en oubli fô premier propos:mais Bradf. l'av-
ant remis en train,dit,Coinment fe peuuent accorder ces choiesiC'cft aurant que li on
difoit:Pour celte railon que vous elles icy,aulii raur.il neceifan cment que vous loyez à
Rome. Et certainement voltre façon d argumenter nell point autre que cela : Pour ce-
ftc raifon que le corps du Fils de Dieu eft au ciel, il eft autîi necclfairement enclos au Sa
crement lous les figures 6c efpeces du pain 2c du vin. A i. . Quoy donc? Ne voulez-vous
rien croire s'il n'eft expreiTcment ou notamment contenu es lainetes Efcritùres? B r . le
veux croire tout ce que vous produirez ou enfeignerez par demonftration fufhYante &C
probable des fain&es Efcntures. Or Alphonfe fe tournant vers l'on compagnon, dit,
Ceiluy-cy eft du tout obftiné. Puis dit à Bradford , Quoy ? Le Seigneur n eft-il pas tout-
puifTant pour ce faire? BR.IlefttoutpuiHant voirement : maisiln'cft pasicy queftion
de la puiflance de Dieu,ains de la volonté. A l . N'auons nous pas les parolles c laires d'
iceluy,Cecy eft mon corps? Br . Ce font fes parolles:mais il les fauc attribuer &: rappor-
ter à la foy de ceux qui participent à tels myltcrcs comme il appartient. A l . A la f oyîle
vous prie comment fe fait cela? B r . Tout ainii que ie n'ay ne langue ne parolle fuffifan
te pour bien exprimer ces my fteres:aulïi vous n'auez poin t d'oreilles pour ouir &c enté-
dre ce que ie dy . car pour certain la foy ne peut eftre expliquée par force & faculté de
parolles. A l . Neantmoins ie peux bien expliquer par parolles tout ce qui eft en ma u fo ne
foy. B r . Les chofes que vous croyez par voftre foy,nc font pas for r grandes , fi vous ne peSkc
comprenezplus auant que les fens charnels en peuuent porter. Car tout ainfl que la expliquée
méditation de l'cfprir eft plus capable que n'eft la langue:aufii conçoit-elle plus de cho
fes que la langue ou la parolle ne peut mettre hors. A l . IefusChrift luy-mefme tefmoi-
gne que c'eft ion corps. B r. Saincl Auguftin le declare,difant , De mefme façon que la L cor.i. *
Circoncifion eft l'alliance du Seigneur -au ffi le Sacrement de la foy eft la foy. Et pour ex-
pliquer cecy plus familieremcnt,Toutainfi que l'eau du facremet du Baptefme , eft la
regeneration:de telle façon le Sacrement du corps, eft le corps du Seigneur. A l . Le la-
uement du Baptefmc,eit faitSacrement de la grâce diuine,&:de l'Efprit enclos en leau,
•par lequel font purifiez ceux qui font lauez par le Baptefme. B r . Lailfons ces mots, En
clorrc&: Enfermer. A l .Lagracc diurne eft par fignificarion au lauément duBaptefmc.
B r . le confelTe que le corps du Seigneur Icfus eft de femblable façon au Sacrement,
Al . Ne faites-vous point de diftin&ion entre les Sacremens quidemcurcnt &les Sa-
cremens qui paifcnt.'Cecy foit pour exemple: Le Sacrement de l'ordre(lequel eftant re Des Ordres
ietté par vous,eft toutefoisapprouué par lainct Auguftin; eft nombre enrre les Sacre-
mens qui demeurent,ia-foit que la cérémonie d'iccluy paife. On en peut autant dire ^ u
du Baptefme:quand l'eau a laué le corps, elle a fait fon offïce,&: celle d'eftre Sacrement. Bipccimc
Br. le confeilc que le femblable aduient en la Cene du Seigneur : aufli toft qu'elle
celle d'eftre en vfage,elle celTeaulfi d'eftre Sacrement. ^Alphonfe fut fort irrité,tel-
lement qu'après plu fîcurs proposai reprocha à Bradford fa rudclfej& qu'il ne fauroic
trouuerentouterEfcriturequele Baptefme &: la Cene fufTentconioints en quelque
fimilitudc.Sur cela vnPreftreprefentantvnnouueauTe'ltamcnt, Bradford manftra le
paffage du douzième chapitre de la première aux Corinthiens,où il eft dit , Nous fom-
mestousbaptizezen vnmefm'ecorps,& fommcstousabbreuuezcnvn mefmeEfpnt.
Ll. ihi.
Linrc^I M. fan "Bradford.
Alors les magnifiques gaudificrics de ces Elpagnols turent abairtee$:&:fe regardoyent
iNmi'autre,prenanspourrcfugeceitecauillation,que lairct Paul ne parloir, point làdu
Sacrement. Bradtord leur dit,que ce partage eftoit allez clair de foy , & que les docteurs
Hnterpretoyent en cette façon,&: principalement Chryfoltome. Alphôlequi tenoic
le liure en la main,fucilletoit comme pour y cercher remede.Finalemét ces Elpagnols
vinrentau partage du chapitre vnzieme de la première aux Corinthiens , où il eit dir>
Que celuy qui ne iuge point le corps du Seigneur,eft coulpable:&c. Bradford dit , Li-
fez ce quis'enfuit,artàuoir,qui mange de ce pain , & boit de ce calice , &c. Ne voyez-
vous pas, dit-il ,que l'A poftre le nomme icy pain, mefme après la confecrationîComme
il dit aufli au dizieme chapitre de la mefme Epiftrc , Le pain que nous rompons ,&c.
A l . N'entendez vous point q les chofes qui l'ont tranlmuees retiennent quelq fois les
noms de celles qui eftoyent auparauant?La veige de Moylé nous l'oit en cela pour exé-
ple.La Bible tut apportee,&: lelieu trouué ne reftoit plus que le triomphe , commes'ils
eurtent cauregagnec.Bradtord repoulla derechetccft argumêt en cette TortcLn la ver-
gedeMoyfcileltditqu'ellcfutconuertie:&:dauantagcla chofe apparoi/lbit telle de-
uant les yeux corporels, mais nulle de ces deux choies ne peut eltre monftrce en ce
Sacremenr.De fait,comme en iceluy il n'y a nulle apparence de corps, aufli il n7 anuL
le mention faitedeconuerlion.^Le moine tut troublé, &: penia efchapper reprochant
que Bradford eiloit trop adonne à Ton fens. Bradford dit qu'il pourroit(ti bcfçin eftoit)
produire des Docteurs anciens pour tefmoins de Ion opinion. Al. Mais l'cglife vous
cft contraire. 5 r. 1 Egliiede Chrifteft pourmoy , rcfpoufedelclus Chrilt, lacolomnc
SdJ^r. U de vérité. A l . Conte/lez- vous qu'elle toit vilible,ou non.'BR . Elle eft voirement vifiblc
à ceux à qui Dieu donne desyeux&: lunettes de fa parolle,à ce qu'ils la puiflènt voir.
Al. le veux monftrerouuertemcnr. que toute cette Eglile combat contre vous,
depuis fa première nailfancc iufques à noftre tem ps,il y a mille cinq cens ans. ^ Apres
cela ce confelfeur du roy d'Efpagnc demanda à Bradford quel eftoit lautre poinct de fa
condamnation. Bradford rcfpondit que c'eftoit touchant les inhdeles.afl'auon , qu'ils ne
participoyent au corps de Ictus Chnibcomme làinct Auguftin parlant de Iudas,dit qu*
iceluy a pris le pain du Seigneur, &: non point le pain qui eft le Seigneur. Alphonfeluy
dit,quecela n'eftoit point en fainct A uguftin. Bradford maintenoit le contraire. Sur ces
propos ils le départirent. Apres tout cela, l'vn des Preftres qui eftoyent là prcfens,pria
Bradford qu'il ne demeurait point obftiné:& Bradford aufli le pria de ne fe flatter point
légèrement en ton efprit,& qu'il ne fe lairtaft tranfporter. Puis il y eut vne queftion en-
tre eux de quelque choie qu'on difoit fe trouuer es fainctes Efcritures:& Bradford difoit
que non. Le Preftre fe faifoit fort de la trouuer en cinq lieux d'icelle:& finalement
quand le liure eut efté produit,nele pouuant trouuer vne feule fois , il s'en alla com-
v me les autres.^ Ce mefme iourfur les cinq heures après midy, Vvefton vint voirBrad-
vknri" ford:& l'ayant faluéjfittortir ceux qui y eftoyent, &: eux deux demeurèrent fculs pour
Bradfoid. conférer enfcmble.Vvefton remercia Bradford de la lettre qu'il luy auoiteferite en la-
quelle il amenoit quelques raifons contre la Tranlfubftantion. La première raifon
eft déduite du tcmps:commec'eft vne chofe toute notoire,quc lesEglifesnefauoyent
que c'eftoit delà Tranrtubftantiation deuant le concile de Latran , qui fut tenu tous le
pape Innocenttroilicmedecenom. La féconde eftoit prife'descirconftanccs&ana
u concile logicefes Sacremens , bc auffidestelmoignagcsdcs Docteursancicns. Tiercement,
Je Latran 3. jChrift eut pris le pain en ta main , luy-mefme bénit ce qu'il auoit pris,lc ropitôc le
diftribua:&: de là recueilloit que le pain a efté appelé du nom du corps.Quartement,de
la condition du calicc,qu'on deuoit auffi fentir du pain. Car fi après la confecration le
vin de lacoupe eft demeuré frui&de vigne, il falloir neceflàirement conclure que le
pain demeure pain. Cinquiemement,és fainctes Efcriturcs le pain eft appelé corps
de Chrift.fcmblablement le corps myftiqucdeChrift eft appelé pain. Çomme ainfi
foit donc que nul ne vouluft dire qu'il y ait quelque chagement de fubftance,aufli n'eft
point raifonnable de le dire enl'autrc po met. Sixièmement , puis que le Seigneur luy-
mefmea appelé le calice , Le nouueau Teftamcn t en vne mefme Cene,il appert claire-
ment que par vne femblablc figure le pain a efté nommé Corps fans Tranrtubftantia-
tion, Finalement cette doctrine de la Tranrtubftantiation ne fut iamais ouye en aucu-
ne de toutes lesEglifes bienôi fainctement drefleesrcomme celle deCorinthe,d'Ephe-
fe,
JeariBradford. ^^p
fcdcPhilippcSjdeColoflcSjcieTheflaloniqucj&s'ilycna quelques autres qui ayenc
elle inftituecs U tormees parles Apoftres,& que l'eglife Romaine mefme n'a (eu que c
cftoit au temps du PapeGelafe. Et que partant on pouuoit conclure que toute cefte
forte de do&nne eft nouuelle. V vefton pour la maintenir dit,Combicn qu'il n'y euft Tranfïi.b-
pas long temps que l'Eglife euft reccu ce mot de Traniîubftantiation:toutefois la veri- flantianoo
té auoit duré de puis la première inftitution de Chrift. Dauanrage,ilargumentoitde
fainct, Auguftin en cefte forte:S'il n'y a homme fi mefehant qui en faifant Ion teftamét
vue ille tromper fon héritier par figures ou parolles defguifees : certes cela beaucoup
moins conuiendroit-il à ce dernier Teftament de Iefus Chrift.En outre auiïi argumen-
roit de fainft Cyprien, lequel dit que la nature du pain eft conuertie en chair:& combic
que le pape Gelafcexpofe cefte nature pour qualité : tantya qu'il appelé le pain, Son
corps.il allégua ce que laind Cyprien dit en l'Epiftre cicrite à ceux qui combatoyent
pour l'eau. Il propofa auffi le brilemct du pain fait en la prefenec de« deux difciplcs qui
alloyentenEmaust&miten auant pluficurschofes prifcs,côme il difoit de l'interpréta-
tion de fain£t Auguftin. Bradfordrcfpondit, Qu'il ne fe (oucioitgueres de l'origine
du mot:& quec'eftoit principalement la vérité du fait qu'il falloit confiderer. V vefton
entrant en d'autres propos,l'interrogua de ion emprifonnement,de fa condamnation,
&: chofes femblables:& luy dit qu'il auoit entendu del'euefque de Bade , qu'ilauoit fait
bon rapport de luy vers la Roine &: fonConfeil. Ce deuis dura enuiron l'efpace d'vne
heure entierc,tcllement que Bradford corn mêlas d'eftre aflîs,feleua: V vefton auffi fc
difpofanc pour s'en aller,appcla le Geôlier^: en fa prefenec dit à Bradford qu'il euft bÔ
courage.Nonobftant le Geôlier luy dit qu'il auoit entedu qu'il deuoit mourir Je lende-
main. V vefton oyant ce propos,tenoit contenance d'vn homme esbahy. Finalement
? près auoir pris vn peu de vin, ils le départirent l'vn d'auec l'autre.
I A dernière conférence qu'eut Bradford auec rroljquî auoyent cfte" auparauant fes araii familicn:cn laquelle fa confiance eft
dernonftree.
¥&&^ vingux'enie^c Mars,le docteur Pandelton, ledodeurColicr , qui auoit efte Bfiifor<i
jjË|kprcuoftde legliie de Manceftrc,&:vn autre nommé EftienneBech, vinrent Voir e"viîké àc
iirad^ord. Pandeltoniqui auoit cogneu la vérité demandai Bradford les cauies dëta pto^j.
condamnation: & deuiferent fommairement de deux points. Premièrement» Aflàuéir u" £imen
ii les infidèles participent au corps de Chrift auffi bien que les fidèles. Pandelton pro-
pofa vue telle quelle diftin&ion pour faire efuanouyr l'argument: c'eft , Que lès infiete-
ict participent bien d'vne mefmechofe,maisnon pas à vne mefme chofe. Etquâfnt Solution
a 4a TranifubftantiatiôjPandeJtô allégua le partage de faine* Cypricn,où il dit , Lé pam *u *re *^
r. il changé de nature, Bradford refpondit : Comme la précédente diftin&ion nediffii- ' >pnca
nuoit rien de la ientence de fainct Auguftin :auffi ce pa/fage de fai n&Cyprien né faifeit
r.en à propos,veu que ce mot de Nature ne fignifioit pas la fubftance,ains la qualitédé
i * chofe. Comme quand nous parlons de la nature des herbes,nous ne dénotons pfcs
h ûibftance d icelles,ains les forces &: proprietez. ^ Ils parlèrent auffi de rareheuff-
que de Cantorbie,du Jiurede Pierre Martyr,des lettres eferires a Pandelton, lefqùelles
n d m es furentpropofees à Bradford après fa condamnation. Item dece pafTagédeï'Ef
cnture,Dy le à l'Eglife ^c.afîaùoir il en cepafTagc on doit entendre l'Eglife vrtiuerfel-
le,ou particulière.
^ Apr e s ces propos Bradford print congé de Pandelton , luy diiant* Monfieutffe
Doéteur,ie repcte.ee que nagueresay dit au Docteur Vvefton , quand il eftoitîcy.-qufe
touehant àla religion & doctrine, ic fins tel auiourdhuy que i'ay efté par-cy deuâr,qoa<t
iefu premièrement mis en prifon: comme de faicl: depuis ce temps-laie n'ay rien oiry
dcfermcoufolidCiqui puiiîedèftouincr mon efprit. - '
K O VSauonsicy inféré vne Epiftrc confolaroirc que Nicolas Ridley.iadis euefque de Londres emwya à Bradford digntfque
' tous fidèles liient.
A D F O R D v frere bien aimé en noftre Seigneur Iefus Chrift,ie penfoye bien
wjfevousauoirenuoyé le dernier A-dieu par mes lettres, lefqùelles l'auoye baillées à LaCilufc
Auguftin noftre bon frere,pour vous porter lors que le commun bruit eftoit qu'on vous pourvue,
deuoit faire mourirrmaintenant puis qu'ils ont prolongé voftre mort , i'enten que cela gr^J"ri"c
iVcft autre chofe finon cequicft aduenu à fainct Pierre &ù à fainct Paul. Combien qu'ils eftuntcif
fuffent des premiers mis en prifon , toutefois le Seigneur n'a voulu qu'ils fu/Tcnt des fcrce*
premiers rriis à mort : &: c'eftoit afin que tant plus qu'ils dureroyent en leur mi-
^ niftere ,ilseuflent auflî tant plus grand loifir d'accomplir les chofcs que le Seigneur
auoit délibéré faire par eux. Bénit loit Dieu noftre Seigneur, lePere,leFils&:lefainct
Efprk,àcaufe de voftre confeffion faite par trois fois , lesquelles trois confeffions i'ay
leués chacune à part auec grande refiouiflance d'efpnt: &c pour icellesauffi i'ay rendu
grâces \ Dieu.Ielay remercié de ce qu'il vous a eflargy de fes grâces en grande abon_
Le ferment dance.Benit l'oit noftre bonDieu,qui vous a donné celle confiance de maintenir le fer
contre ic ment que vous auez iadis fait contre le Pape, lequel ferment , félon le Prophete,a efté
1 Jpe faiten iugement,iuftice& verité:& pourtant on ne le fauroit reuoquer {ans periure.
Que le diable fe defpite,qu'il gronde,qu il enrage,qu'il exerce toutes cruautez tant qu'
icre.7« il pourra. Tant y a qu'il nevousaduiendrarien de nouueau en ceft endroit. Lesfaux
Sacrificateurs ontainfi crié anciennement , 6C toufiours contre les vrais Prophetes&:
feruiteuis de Dieu,difans:Le temple du Seigneur, Le temple du Seigneur , Le temple
L.sb«uus ^u Seigneur. Item: La Loy ne périra point du Sacrifîcateur,ne le conléil de la bouche
quVmdifoir dufagc:&:toutefoisceuxquicftoyent feuls reputez fages &: Sacrificateurs nauoycnt
JeErjdford point laLoy deDieu ny aucune fapiéce.^Orc'eft merucillesdecequ oditicyde vous.
Aucuns difent qu'on vous doit reléguer en quelque part,& par ce moyen vous veut-on
iauuer la vie:& qu auez refufe cefte condition, diiant que ne vouliez eftre enuoyé envn
licu,où il ne vous fuft libre de viure en bonne conlcience. Ceux_cy dtfent queBurne
euefque de Bade vous a impetré celte grâce, auquel vous auiez autrefois fauué la vie.
Les autres(entre lefqucls eft mon hoftefre)femët ce hruir,que vous elles eleué en grâd
hOnneUr,&: que monfieu r le Chancelier vous fauorife grandement : ce que toutefois ie
n ay iamais creu,&: auflî ie lay nié ouuertemcnt deuant clle.&: ay bien ofé me faire fort
de voftre force &C confiance.
^On ne fait encore ce que le Seigneur a délibère de faire de vous. Cependant il eft
befoin de bien côliderer comment la iapience diurne fe moque de la prudence orgueil-
leufe de ce monde,& diffipe les confeils des hommes cauteleux • Quand l'eftat delare-
ligion,commença à eftre changé,&: cefte perfecution fut drcfTee, nul ne doutoit que la
.première impetuouté des aduerfaires neiedreflaft cotre Cranmer , Latimcr &: Ridlcy
Not«. deuant tousautres.Mais la finefTe prudente &c la prudence fine de ce monde nous laiP
(an* poijrquelque temps,a mieux aimé commencer par les autres , & principalement
par ceux defquels ils auoyent opinion d eftre infirmes,pcnfans que leurinfirmité feruî-
toit grandement à opprimer noftre caufe. Mais Dieu par fa puiflance a rcnuerfé& rç-
duit 4 néant toute cefte fineffe & malice fubtile de ces pernicieux.Car noftre bonDieu
& Seigneur a imprimé vne telle magnanimité &c conftance és cœurs de ceux qu'ils cfti-
moyens les plus debiles,que tous les Anges ferefîouyfTentés cieux d'auoir veu vn tel
$4?eieu*combar. Frerebienaymé,ayezfouuenahcedemoy&detousvos frères en
vo§ pfiçrcs & oraifons enuers leScigneuncomme auflî nous auons fouuenance devous
ésriouVefr. Voftre frère en noftre Seigneur lefus, Nicolas Ridley.
jf.t.^efcduit auffi d'autres lettres^vn peu deuant fa mort,mais pource que le temps
. ItleftiOjf |yenu,de fou ftenir le dernier combattil luy mandoit qu'il eftoit bien-heureux,
)#bi$n-^eureux eftoit le iour auquel il fut nay:d autant qu'eftant appelé à cefte voca_
Mao. m « **°n>tf Witcftc trouué vigilanr,& que pourtant cecy luy feroit dit parle Seigneur,Bic
Luc i9i7 te foit bon feruiteur &fîdele,d autant que tu as efté fidèle fur peu de chofes,ie te confti-
j^ray fof plu fi eurs: tu entreras en h ioye& félicité du Seigneur. ^11 luy fignifioit auflî
qu'ondoie qu'il deuoit eftre exécuté de mort en fon pays : mais les luges changèrent
(t'aduis^ par ce moyen fut bruflé à Lôdres,&: non point en fon pays.Ridley adiouftoit
«s mefines lettres qu'il attendoit la more de iour en iour:& q côbien il n y euft vn fîfoî-,
ble que luy en toute la côpagnietneâtmoins depuis qu'il auoit ouy parler de la mort qu
-auoit endurée Iean Rogers d'vn courage fî Chrefticn,fon efprit s'eftoit defaify de toute
frayeur &c crainte. Finalement il luy deliroit longue & douce felicitc,&: le recomman-
doit,au Seigneur, ^lufques icy la vie de Bradford a efté defericeauee toutes les difpu-
tes quvil a foùftenues tant en public qu'en particulier : &c comme on a peu voir,il a fou-
(tenu beaucoup d'aflauts &c coup fur coup auec telle modeftie, patience &; fermçtc,dc
côùf age,qûe le fafet mérite bien d eftre lçu:& la lecture ne fera fans grand fruit. Il refte
maintenant pour mettre fin àrhiftoire> qu'on entende le dernier combat Ôciflùedc
& vie.f Eftant demeuré ferme &: conftant au milieu de tant d'angoifleSjOpprelfions, èc
aflauts
P lutteurs Ad artjrs, 340
aflfauts qu'il eut contre les Théologiens tant Anglois qu'Efpagnols. Finalement
quand le temps qui auoit efté ordonné pour le faire mourir fut venu , on le tîraïeçt^tt-
ment de la prilbn de Countree,& tut me né durani les ténèbres de la nuitf enlaprnon
delà porte ncuue. Le lendemain maun les (ergeans le tirèrent de là , &c le menèrent en
la place de Smyrhfild pies de Londres:&: fut mis fur vn tas de bois, auquel, tomme iur
vn lift d'honneur^l mouruc,&: expira heureufemenc.
IEAN L IEFE, ^»gfoi>.
L A fidélité de noftrc Dieu reluit en ceft exemple, faifam feru>r & profiter toutes les affligions au lalut des Cens: & comme le
vigneron appuyé le bois tendre du fep,ainiî a-il redreisé latoibleffe de ce jeune homme a laiewncrc uc Eiadlord con:pa-
»non au meime mart) re. U y a des exemples cy deflus pareils à ccftuy-cy.
(N MIT auffi dedans ce mefme feu Iean Liefe,ieune homme n'ayant que . f
Kdixhuitans,lequel Bradlord confola&: redrei]à,luy donnât courage a mou lé & fortifié
\nt conftamment pour la venté du Seigneur. Le ieune homme forti6e des Bradf.
^parolles de Bradford,fe prefcntaallegïcmcntàlamorr&: remercioitDieu
de ce que ion bon plaifir auoit cité qu'il mouruft auec vn tel perlonnage.En celte forte
doc Bradford 6C Licfe,apres auoir exhorté le peuple à confiance 6l repentance , turent
brnflez. ^~ Le iourluyuanc leur mort * qui eftoit l'onzième de Iuillet,G vulavme Guillaume
Mi n g , miniftre de la parolle de Dieu, mourut en pnlon en la ville de Maditon. Ec s'il ^'"f^!*
ne fuit mort en prifon,il eft certain qu'il n'euft efchappé de la main des ennemis.
Cinquième Iiure de lhiftoire des
^Martyrs: 0* des chofes aduenues en l Gglifi^du Seigneur.
h an Vbrno v, Jf Poidiers.
Antoine Lab oRi£,clf Quercy.
1 F. A N T R I G A L E T , i\t LmgUeAoC.
Gvyravd Tavranjc/é* Quercy.
Bertra.vdBataji Lt, deGafogiie.
LES caufes,& circonftances confide recs de ces cinrj Marry redonnent mat ierc de loye nouuelle au letfeur fidèle.
qaand il entend que Dieu veut exercer Us fiens.prernieremcnt pour les efproi
Et puis qu'il eit fauueur de tous hommes, qu'à plus forte raifon il eft Pere,& a
a pnns en fa garde,les employant à fon feruice.
efprouuer quels ils font au combat,
n loin fpecial de Ceux qu'il
E P V I S que le Seigneur par fa bonté a mis fon Euangile en
la ville deGeneuc,y ayant la entretenu les liens l'eipace oc plus
de vingt ans,il en a fait fortir,comme de l'on parc,pluiieurs vail
lans champions,pour manifefter aux hommes fa venté. Et en
ce temps il en a cire 6c produit cinq pour porter teimoignage
de fa vcncé,deuant le parlement deChâbery.defquels les trois,
àfauoiriEAN v h rno v, natif de Poidiers, an t oin e u-
^ b o r i e ,natifde Caiarc en Quercy , licentié és loix , iadis luge
C>h^J^(US^^^^S royal dudiftCaiarcôC i e a n t r i g a l e t ,de Nilmes en Lan-
guedoc,licencie es ioix,auoyent cftéeilcus pour aller annôcerrEuangile,s'eftans défia
des long temps conlacrez au feruice de Dieu.Et combien qu'il vident les dangers emi-
jjjj, JeanVernou
Lmt^lHH- mmeaefiaan0mez,neantmointslevrayzelequilsauoyentdeferu.t
àlagloiredeWe^
t«4es*duetfa,,rf:fl"e»Sg erq u'.lUflcntarreftezencheminiceneatmoms
•ro^ci, leutvoyage.qa.lyauoitg^ cmpcfcte de pourfuyureleurvo-
«~»»« touceapprchenlion de«a'""P°upy Y a A T „ T a v a a N.nat.tdeCahorscnQuercy,
ÊCrS. cation. Les deux au"" * ° ^ "A . efcolierGafconlcur vou.urenc fairecompa.
urc^ausci- mercier,8c • £ » T * ? ntaueconuoyerlesluldits trois , cnuiron outre le poncd Arue,
S— g"'e-T»««7/^ntX dcGeneue:eftantrequ,sdaUerpluSauaot,poutfoulager
qui eft près de W1»* ™« ■ d Ue pron,ptitude& alegrcfle,quecombienquilne
Anto.neLabor1e,.lsyaccordade,^ P mpFagnie)quiduraiufqualamort. Ainfidôc
»ftoitd'fP°^ quelquesautrL lecolpagnie.pltiuyuirent .oyeufe.
ces cinq feruiteurs louanges S: aâion de grâces au Seigneur : ayans les cœurs
mentleurchenun,chantanstou j oml ]o„e de ce,uy quilesmettoic
temptoae^fi»^P^^ enfeœble cn vn ,icu nomme Le col detamisau
enoeuure.Arr.uezqu ^ s™"n^ rcren ^nP.cuoftdesmarefchaux.quibienpeude
paysdeFoflignyenSauoyj ^"n^Ccuei8,(commecc,lemanieredegensfefauentbien
temps auparauantauot laueDru,tdecevoyageentre-
delguiler pour "'"P^J,^ lbfL corne lesaguertant au paflage.Les ayant là at-
ptis.tes vint droit attenar h fes.s-eftît fai|i de leurs lettres& nures.il les me-
reftez,.l les interrogua ' c chïb fai{antceft exploit pour coplaire à
ceux qui »J»d^" > de cc5 a„neaux a contreinâ leur rage de s adouen en quelque
monftre?ladebona.tetedec« g traite2 commeon a aCcouftuméde
traiter les autres, ce qt du aux inccrrogations de leurs iuges:bref, comment ils
tre eux,comm entas gjftk>|uU conftance qu'ils ont eu à endu*cr la mort igno
fc font Pr0"eZCnnr ^rommes(à laquelle ils furent finalement adiugez)aefte rapportée
mi*i™fcdcuant^ Or en premier lieu nousauons mis
tfS2flES freres,i^ dauourefte menez
|{®M|h.b treres,"*i' , • Jeiaprifonen l'auditoire pardeuant le Jieutenat du
iiNnapteSl*^
VibaillydePreuoftdad^
quiliceurdeU^
fonnagesdaderechefonnous^
fiesqud^ppelen^mai^pr^^^^^^ fiifions &[ noftrechemj„
paifiblement.K au r >4 l'Euangile , Se comme défia en amons fan quel-
2ra^ÙVne°epouuoYentfairelegitimemét:veuenpremierl,eu _que ceux qmnetrou
ne,qu ils ne le pou j o ft perfecutez pour leur foy. Secondement
blcnt l'ordre publique n foyo ns certains de noftre foy, toutefois fi on nous
combjen que : grac ftredefainans<.nquelc|oe choie, nous fêtions prefts
monftro.tparlalainweticri ilnousauoitdonnécefainadc.
tt^^l^tnû^inchtzi^eav^iç^d cofteefto.t fa vente, en
Et que par ce : moy rcligion.Et nous a finalement rengezau parti de ceux
««grands troublestouchantia 8 , rf é &nedemandons,utrechofefino|l
^r^^SS^po^faenotoluge. EtpuisquerinftitutionChre-
^ «ek»?^£££££ ftoitla,Urlatable,queni«Uen<ms,nonfttertons
a= ft,enne,dont fuîmes " °uu« . alleguet:voite encore qu'ils difient
^ *^,Œ P ouu ,ïœnd?mnéau^o„c.legdeTrenteauecfenfed.pe
S ïl!t T«» à noftre affaire, qui eft la querelle de noftre Seigneur,
* ïuSrporrJmitob.esVetsde terrepottons, ievou, aduerty que Mecredi
Caufe de te
Antoine^ Laboric^. j+f
de Juillet riousiufmeiamenez l'vn aprcs l'autre enchainez par deuat le lieutenat du Vi-
bailly, ruge député parla Cour, accompagné de deux Vicaires, l'vn de l'euefque de Ta-
rantaife fi£ l'autre de l'cueiquc de Grenoblef pource qu'au ion s efté (aifis au corps par le
Preuoft aux terres deïdits feigneurs) Mnquifiteur de la foy, fie d'autres moyncs , tant Ia-
copins que Cordeliers, fie vn Eucfque portatif nommé Furbiti>fi£ autres Aduocats, qui
eftoyée députez poureftre nos iuges auecle procureur du Roy. Et après que le Preuoft
nons^utleu noftre confeflîon de foy, ou nous demanda Ci cela contenoit vérité, fie fi y
voulions perfifter:nous diimes en la vertu & force du S.Efprir, qu'ouy:& que nous vou-
\\ ans Conftenir le contenu en icclle iufqu'au dernier foufpir de noftre vie ,fie cfFuiion de
la dernière goutte de noftre fang , comme eftant fondée fur la parolle de Dieu > conte*
nu« au vielle nouueau teftament. Bien eft vray,que,d'autantque lesfcigneursde Ber-
ne auoyent prefenté requefte aux feigneurs du Parlemenr,ôe enuoyé herauk accom pa-
gne d'y nefeolier de Lauiane, pour nous deliurer, nous requifmes qu'il nousfuft faict
droicrjàdeilusjôe quene receuions pournos luges competens Jefdits Vicaires fielnqui- JjjShw
fi«îurdelafoy,commeeftans parties aduerfes del'Euangilc fie des Eglifes reformées: eccl<tiaftiT
bref que ne refpondrions point deuant eux. Cequenousdifiôs,non pour reculer, mais *îues'
pour neles habiliter pournos luges, car quâd la Cour nous en bailleroic d'autres, eftiôs
prefts de faire ample confeflîon de noftre foy fie religion Chreftienne , &: de la prouuer
par l'Efcriture» félon la grâce que Dieu nous en auroit donnée. Ledit Lieutenant nous
commanda par deux fie trois fois,fie vfa de comminationrmais nous periiftafmes en no_
ftre appel.fie ainfi fufmcs ramenez aux prifons, excepté que noftre frère fie compagnon
enrœuureduSeigneur,maiftreIean Vemou,difputa contre les moines cnuiron cinq
heures, tant du matin que d'après difné. Or depuis,ledict Lieutenat ayant fait rapport
à la Cour de noftrc-dicte refponfe fie appelation,on s'aiTembla en vne falc du Parkmcc
Piraanche dernier,quatorziemcdudit mois , auec la fufdicte compagnie , fie vn grand
nombrecT Aduocats, de vingteinq à trente en tout. Où nous ayans fait venir l'vn après
l'autre , fut leu vn areft de la Cour, par lequel luy eftoit enioint fie à fes aftiftens députez
par cllc,de parfaire noftre procez dans trois iours, fur peine d'eftre nifpendus.de?lcuts
offices pour vn an. Et delà cômandemcntfaitde rcfpondre à ce dontnous ferions en-
quis,5e ce aprcs nous auoir fait leuer la main , fie iurer de dire vérité. Ayans p remierc-
méc protefté,que fans preiudicier à l'appelatiô par nous interie&ee,fierequis que drôiét
nousfuft fait fu r ladite requefte, promifmes dédire vérité.
Lois l'vn de nos frères, après la lecture de fa depofition,8e confeflîon faite fur les in-
terrogatoires touchant la Meflêfieles commandemensdelcurmere faincteeglifevcô-
mc ils 1 appeloyenr, fie des facremens qu'elle tient : il leur refpondit que la Me/Te auoic
efté mife au lieu de la faincte Cene du Scigneur,auec laquelle elle auoit auflî peu de cô-
ucnance,que la lumière auec les tenebrcs:fie que tant s'en falloit que ce fuft le facreméc
du cotps du Seigneur Iefus,que c'eftoit vn pur renoncement d'iceluyrvoirc vn facrilege
exécrable fie abominable, auquel le fang de noftre Seigneur IefusChrift eftoit foullé Luclt'*&
aux pieds: bref qu'en l'eglife Romaine n'y auoit poît de Cene du Seigneur. Interrogué, Ma« 14.
s'il croyoit que le corps fie le fang de noftre Seigneur fuiTent au pain fie au vin en la Ce-
ne, refpondy que non: mais quand la Cene eftoit célébrée fie adminiftree aux Eglifes
Reformées parl'Euangile, la parolle eftant prefchee,fie les Sacremens adminiftrczfiedi-
ftnbuez fuyuant la pure & (impie inftitution de Iefus Chrift, comme elle eft eferite: fie
de fes Apoftres,aîhfi qu'il eft demonftré aux Actes au chap.fccond:fie par S.Paul au cha.
1 1. de la première aux Cor. lors les fidèles communiquans en cefte forte, fie prenans le
pain fie le vin, ayans foy fit repentance,auec charité, lepain demeurant pain en fubftah
ce fie qualit c,fi£ le vin vin, nous prenons par la bouche de la foy les lignes de la vérité fie
ehofe lignifiée, c'eft afl'auoir le corps fie le fâg de noftre Seigneur Iefus:lequel eft la vraye
viande fit breuuage de nos ames,fie la parfaite Se entière nourriture d'icelles. Quant à
ces parolles, Cecy eft mon corps,fut rcfpondu que c'eft vne figure en l'Efcriture , qu'on
appelle Synecdoché ou Métonymie, qui attribue le nom de la chofe fignifiee au ligne: %cdocif
côm e la pierre eft dite Chrift,ôe la colombe le S.Efprit. Or eft-il certain que la pierre n - mie.
eftoit point Chrift, ny la colombe le fain&Efprit. Que leur tran/Tubftantiation du pain
fie vin en la chair fie au fang, les fubftances fie qualitez du pain fie du vin changées, eftoit
vne chofe fi mal-heureufcmenc fie brutalement inucntecquvn homme de fensraflis
Mm.
Liurç^s V. aJnto'mc^ Latérite.
s'en pourroic moquer à bon droi&. Maisd autant que le monde adelaiffélaverité de
Dieu & de Iefus Chnft pour fuy.ute le menfonge du diable Scde l'Anccchrift , c'eft bien
raifon que l'elprit malin ait befongne en eux aucc efficace d'erreur, & leur ait fait au
lieu de receuoir la Cene du Seign.adorcr vn morceau de pain, & le tenir pour leurdicu.
Et apresicommel'efpritdcDieulepouflbit ,ilremonftraque depuis auoir eftére-
cucilly en l'Eglife du Seigneur,il auroic ïenty de nouueaux mouuemens in terieurs,tant
par la prédication de la parolle de Dieu, que ladminiftratioh des Sacremens. Lesquel-
les chofes il auroic receu comme de labouche de Dieu, qui fe fert de la lague de les roi-
. niftrescommed'inftrumensrques'ilsauoycntveu&ouyleschofes commcluy, qu'ils
en iugeroyent tout autrement qu'ils ne font. L'vn des moynes demanda comme ic fa-
uoye que le vieil & nouueau Teftamét fuiTcnt la parolle de Dieu, & que cela ne fe doit
Tousaducr croire, linon entant que l'eglife la tient & reçoit pour telle. Il refpondit qu'il ne croyait
méltt ce Pas cluc la Parollc de Dieu couchée es faites Efcritures,foit parolle de Dieu pour cefte
îcul cïïon raifoh:mais pour ce que le ftyle & lâgagc des fain&es Efcriturcs eft vn langage de Dieu,
P™r^.*- di^éparleS. Efprit aux fain&s Prophètes, A poftres& Euâgeliftesdu Seigneur. Carau
mctd'iwMc* telmoignage que rend S. Pierre au Fils de Dieu, qu'il croit qu'il eft le Fils de Dieu vL
uant,& qu'il a les parolles de vie éternelle: Iefusluy rcfpond, qu'il eft bien-heureux , &c
que la crïair & le fang ne luy ont point reuelé ces chofes,maisle Pere cclcftt:Que celuy
en? nay de Dieu qui croit que Iefus eft le Chrift, & reçoit (es parolles : Quiconque oit Je
Fiisiloit le Pere, &C qui voit le Fils voit le Pere-.ceux-cy font enfeignez de Dieu,6£ on* le
S.Elprit en eux,qui rend tefmoignage à leur efprit qu'ils font dcDieu,&: qu'ils font tous
enfeignez de Dieu. Par le cinquantequatrieme chapitre d'Ifaie, & trente & vnieme de
Iercmic, S. Iean fixieme chapitre, & depuis le quatorzième chap.iufques au dixhuitie*.
tieme de S jlean, il eft monftré clairement que c'eft la parolle de Dieu. Les Prophètes
qui ont prédit de la venue du Fils de Dieu,n'onc rie laifle que la parolle de Dieu. Sainct
Paul au hwicieme chapitre des Romains, monftre que 1 efprit de Dieu habitât en nous
rend tefmoignage au noftre, quenous fommes de Chrift:& que pariceluy eft fai&quc
nous crions Abba,Pere. Lors ils abbayerent comme chiens contre luy , pour auoir dit
qu'il auoit l'efprit de Dieu habitant en luy ,& qu'il luy rendoit tefmoignage que c'e-
ftoitla Parolle,&: qu'il luy imprimoit &feelloit enfon cœur les promenés defalut, gra-
ce,faueur&: amour de Dieu enuers luy, l'aneurant de fon adoption en noftre Seigneur
Iefus,&:de fon falut pariceluy. j
L'iiN ojf i s i t e v r luy allégua lors en Latin,que S.Paul clifoit de Coy.Mhilmiht confems
fum^Stàm hoctuftificaruenonfimccft à dire,Ie ne me fen en rien coulpable: toutefois pour
celaie ne fuis pas iuftifié.-laquellc fentenec fut trefmal à propos alléguée par luy , côme
quelques aduoeats Nicodemites nefe peurent tenir de luy dire,& ainfi futridicnle Vn
: Cordelier iappoit de l'autre coft é, difant que c'eftoit vne prcfompriôh diabolique de s -
affeurcrainfi du S. Efprit &: de lagracc.de Dieu : & qu'il n 'cftoft licite d'en auoir que
quelque conie&ure. Il luy fut refpondu que ceferoit poure chofe dcnoftre foy, fi elle c-
(ftoicfondce fur conic&ures, mais faut qu'ellefc fonde fur les promenés de Dieu,conte-
nues en fa parolle:& quiconque n'a cette certitude 6c aflfeurance, Se n'en fent vn certain
tcffnoignage en fon cœur par l'Efprit, il ne fait que ceft de Foy & Chreftientc,&: ce qu'-
il en dit & babille, c'eft comme vn clerc d'armes, f Delà puùTance du Pape, & de fes
traditions, & de l'authorité' des conciles, Se de ce que le plus grand nombre tiét les tra-
ditions de l'eglife Romaine , & non point delà religion Chrcftienne, il leur fut refpon-
du» que le troupeau de noftre Seigneur eft petit : que la porte eft eftroite qui mené à la
vie éternelle , &c peu degens entrent par içcllc,?mais large, celle qui mène à perdition,
le nombre petit qui fut fauué auec Noc en larche,fut allègue' : te les enfansdlfraei qui
eftoyent en petit nombre au pris de tout le refte du môde,qui cftoyent idolâtres & fans
Dieu & religion vraye. Ils luy dircnt,Ne vois-tu pas que tant de gen s y eontredifent? R.
Luc 1.34. En cela voy-ie accoplie la prophétie de Simcon, Que Ieftis Chrift eft pour figne auquel
ASaU* on contredirai au dernier chap.dcs A£bcs,où Jes Iuift refpondirent à S. Paul, qu'ils fa-
urne bien que partout on contredit à la vraye religion ^îrcftiçnne.
Vn Aduocatfe leur, & luy dit, Vien ça, ne fais-tu pas comment on en a fait à plu-
■fieurs autres tels que toy ,& qu'on le*a kir mourir comme hérétiques? Que c'eft
la première leçon quemonfouuerain Doâeur&Maiftre Iefus Chrift m'a apprife , c'-
eft que quiconque veut eftrc fon difciple, qùtt porte fa croix, & le fuyue, laquelle il
deferit
dcCcàt& dcp«ia&aprc$,c'eft qu'il fef.ôtfiàroy-m^rme ^IbandoonevoJoatJetJ fa vie
poux hty.& qui 4 ¥ie prdera,il la perdra. Lifefc le io.chap.de S. Matt&icu,que ceux qui
nous anWesptit, cuiocronc faire feruicc & facrifice à Dieu, comme dit noftre Seigneur
IefaseB$5T«* >fcizieme;Etc?eft la€Onditiondes fidcl^quenonÉeulemenCilscroycnï phlUl9-
en wy, maisauiïi qu'ils end uicm pour luy. Il fut au lîî allègue ce que l'Efcriturc nous
tcfmoigne tiint du v ieilque du nouueau Tcftam embouchant les perfecuqons'drcH'êes
kifqu'&lâ mort aux vrais feruiccurs de'Dieu : comme des trois enfans qui furent lancez
dans la fottrnaifc ardante; pour ne vouloir.repôccr à leur religion^ adorer l'idole d i cf-
fee<& de Daniel. Item de S. laques Se S.Efticnneiiclon fain et Luc aux À&es 7. chap . à la
fii^*r<iouzierne, au commencement.
Du F^urlioriré defs Conciles, nou&refpondifmes que ihhis receuions ce qui auroit e-
fté décrété tdlichaht les points de la religion Chreftienne,pounicuque ce fuft félon la
parott*& Dko. entendue félon 1 analogie de la foy, comme dit S. Paul au x 1 1 .des Ro-
mainttmais queux n'en tenoyentfinonccqni leur fait befoih pour eftabiir la tyrannie
du Pape, qui eft Antechrift , peine* au vif de fes couleurs au deuxième chapitre, cfe la fe- L'Ame-
conde aux Thcflàl. par PEfprit de Dieu,qui le npus a deferit par S. Pan) , afin de le fuy r? cb^ ac~
pour n'eftre perdus aueçluy. Que û en ce monde par vos décrets &C cdneiles vous nous1*""
condamnez comme hérétiques, vous aurez à faire en l'autre auec vn luge , qui nousrad-
uouint Fidèles &c Catholiques, nous abfoudra& vous iugera par fes éternelles ordon-
nances, vous condamnant aJa mort éternelle , fi vous ne vous répétez,^ delaiflâns vos
voyes'damnablcs, ou le Pape vous détient par fes menfonges , vous fuyujez cefté pure
Vérité du Fîfc de Dieu. Alafinfefafcherenr,& le renuoyerent comme obftiné.
Hxx R,*xvn,les moynespar leur fentence^efinitiue nous déclarèrent heretiqucs&
nous excommunièrent de 1 egîife Romaine , comme membres pourris. Et nous bien
ioyeuxnous dcclarafmes que cela nous eftoit vn tefmoignage, que nous eftions de TE-
glife Chtèftienne, ayant pour chef Iefus Chrift, puis quel' Antechrift nous bânifïbiC de
la fienne,& que nous eftions en la voye de paradis,puis que les membres de Sataft nous
deelaroyent que n'eftions des leurs. Loué (oit le Seigneur, de la grâce qu'il nous a fait
d'eftre fortis des horribles blafphemes deces diables cncHarnez. Nous attendons no-
ftre fentencede iour en iour, $c Tiflue que le Seigneur Iefus nous donnera, lequel nous
iteci-
àmef
gênerai, aufquels no'auos eferit vhc a&itî ^j»g^
degraces,& rcrtferciement à n6s treslrônorez ScigncurrdeGcncue,auec vnefuppîica- ncuc , après
tion Ôcprïere de recognoiftre les grâces de Dieu, & comme il leur donne viéroirc con-^ ^ttc
tre les mefchans,nous efiouiflàns en noftre dernier foufpir, d'auoir entekidu les faih&ds Uoyent en
ordohnaces imprimées, pu blicesfic attachées. Le Sejgheurvous face la gracc,& àtôns "J^^5
frères '&fœurs fidèles, de vous cbnfermer à là Loy de Diéu,Ô£ à celles ordonnances; Ce *
dixhuifiemedeluillet, m. d.l v.vousdifantàDieupourîadernierefois,&nousreca-
hiandantauxbonnè$graccs&:fam&es prières. Vousdifantle grand & dernier Adieu
de ce monde , pour aller àla gloire celeftc, &: receuoir la couronne qui nous eft prépa-
rée par noftre Roy & Seigneur Iefus.
EJ ISTR.E contenante la confirmation des a&es precedens,eicritè par Iean Vcrnou^u nom de tous.
JKfiSÎE SSIEVRS& trefehers freres,depuis Ven dredy dernier,douzicme de ce mois,
'S^^Jauons efté amenez deuant le Lieutenant du Vi-bailîy, accompagné des Vicaires
de Tarentaife Se Grenoble,de l'Inquifiteur de la foy,& certains cagots,& de vmgtrinq
à trente Aduocats. Cecy fut Dimanche dernier. Ledit Lieutenant en fit venir quatre,
aflàuoirLaboriCjTri^alct, Bataille ScTauran. Car quant au frère Vernou , iln'auojt
point tant inïifté fur l'appel que nous fondafmes fur les lettres des feigneurs de Berne:
ainspluftoft fur la djfpiïte, iufqu'à leur en dire plus qu'ils n'en vouloyent. Puis on nous
leur vnarreft de la Cour du parlement , par lequel eftoit enioint audit Lieutenar\t,qu*il
euft àparfaire noftre procèz dedans croisiours, fur peine de fufpéfion de fon office pour
vn an, honobftant l'appel par nous interietté. Apresj la confe/fion de foy par nous fai-
te fut leue* : &C nous fut demandé fi voulions perfifter en icelle. Nousrefpondifmes,qu*:
oay,iufqties 1 àla dernière goutte de noftre fang:çôme eftat fondée en la pure pàrolle de
DicuXors Ilnquifiteur s efforça denoùs diuertir delà vérité deDicu par fes vaines illu-
fiÔs.^aislcSeigneurno'aùoittéliémérfortifiezparlavertu delô Efprir,&de ftiParolîe,
Mm.ii.
quenousdemeutafmetfermes,& nous en retournafmcs ioycux, glorifions Dieu:& Iwy
chantaimeslouaogesen la priions de ce qu'il nous auoit faitvne telle afTiftence de ion
Efprit. De vous eferite par le menu ce qui fut die, par qui à quel propoi.il f croit
bien difficile, veu le peu de loiiir,& la fuiettioa ou nous {bmmes,ioin& ledcfordrçqui
fut en toute la procedure^combien que nous defirôs d'en faire plus long récit lettres
cfcritesà tous les frères en gênerai. Les çnoyncs &L autres faifoyét force queftiqns : mais
ils n'atcendoyentpasla relponfe à chacune d'icellesjencorcs qu'on larequifttât&plus.
Lcpoincb ÇLes inrerrogatoires furent entre autres poin&s, du facremer (qu'ils appelect ) du ma-
SrSrTctn. riage,& de l'extrême on&ion, aufli delà Me/Te &: du Pape. Chacun y refpondic félon la
taroguez. mefure de fa foy,& l'audience qu'on luy donna, les vns en particulier par l'Efcriture: les
autres engeneral prièrent ces queftiôn aires de les interooguer de chofe meilleure que
de la Mcileou chofesfemblables, les lauTantlà pour autant qu'elles valent: que s'ils en
veulent difputes, ils aillent à Geneue & aux autres Eglifcs reformecsjoù ils trouueront
à qui parler, yoire fans danger aucun,cncores qu'ils ne puùTcnt vaincre. Leidits moyqes
feplaignoyent que n'eftions traitez plus rudement, & que cela nous rendoit fi hardis:
puis difoyent qu'à Geneue n eftoyent quelarrons.Mais on leur refpondicque c eftoyét
eux qui s 'engrefloyent du bien d'autruy: &c qu'à Geneue chacun trauailloic pour viuxc
à-lafucurdeibnviiage. Quant au Pape,larefponfe fut, Si on prou uoit par t'E&dture
qu'il fuft le chef de î'Eglife,que vrayemét on fe Ibumettroit à toutes Ces ordonnances^
articles de jfpy. Mais il ne fot iamaisqueftion d'obtenir ce poinct. Cela fait nous fufmes
pour ce iour-îa feparez l'vn d auec l'autre, iufques à cinq heures du foir. Le Lundy Usè-
rent encoresfeparer Bataille &c Tauràn dauec nous, cuidans parce moyen les cftoner
& druertir. Mais,graces à Dieu, ils demeurèrent li çonftans,qu'on les commanda cftrc
remis auec nous. Parquoy maintenant fommes eniemblc, nous confoïans,te£omn*ns
fi&conrermaics par prières &Pfeaumes que chantons auSeigneur;& mettions peine;
deoQçsaiTeurcren fcspromeiTes»attendans telle ilïue qu'il Juy plaira nous enuoyer»
6utf M.vieou.pat mort,
LET ^KES d* Antoine Laborsc aux Miniftrn de TEglifc de Geoeue,& à fesamùjcftai»
audiâ lieu dé Geneue.
^|£S S IE V R S&bie-aîmczp ères ^ vous mes trefehers frères en noître Seigneur»
f ay bien expenmetCjgtaccs au Seigneur, combien nous vous fommes chers, par
la diligence qu'avez faite pour nous fubuenir en nos liens, ne laj flans aucun moyen en
arrière pour ce f aircen quoy auez auflï monftré voftre charité eftrc vraye enuers nous»
non telle comme de pluueurs, quipreferans les biens & commoduez du monde au fc-
cours qu'Us poittroyent faire aux enfans de Dieu, aiment mieux voir efpandre lc fang
innocent deuant leurs yeux (ans s'y opposer , craignans auoir reproche pour Chrift : &c
coutefoisie vantent d'eibegrans Chrcftienç,&r des plus charitables. Mais ie r en grâces
4 mon Dieu , qui m'a fait cognoiftre coût le temps que i ay conuerfe auec vous,& plus
fort depuis mes liens, à ma grande edi£cation,que vous cftesvrais Miniftrcs,fîdelcsfcr-
uiceurste enfans de Dieu, abondans en toy& chanté manifefte à cous pour le tefmoi*
gnàgc de voftre vocation , &: gloire de noftre Dieu. Celuy qui a commencé en nous»
nousfaccperfcucreriufqualafîn. Les deux frères qui furent icy de par vous ces ipurs
paflez,nous avertirent par lettres» que délirez rccouurer nos confeifions clé foy .Nous
euflions voulu de bon cœur (atisfaire à voftre deur. Mais depuis que le frère I. G.fb.
dernièrement auec nous»jp 'auons eu papier ny lùrrcs aucunement, nv rien pour nous
confo|er,àcaufedequovnrauonseu commodité de ceraire. Et maintenant le papiet
nous efbbaiilé à la mefure que voyez. Il vous plaira donc m acculer, & en rccucillât m*
Confeffioji,ou le principal d'icellc de m es précédentes lettres, cn/emblctout ce quia
çûc^ut iufaues ànoftre feotênee des galères, vous contenter que ie vous srduertiiïede
^jj^g^ ce qui a cfte fait par la Cour depuis ladite (cntcncc. ^Mecredy palfécut huitiours,&
auJc^it^vi^t&vûic^med,Aouft»quenoftre premier Iugemcos vinc prononcer noftre
G»lere». fentence desgalcrcs,à quatre heures après mydi,dan$ nofttc prifont (ur laquelle re^pô-i
difmcs , Que rcndiôs grâces à Dieu,dece qu'il ntous ra ifoic dignes de fouffrir &: endurer
peurlon Sincî Nom. Incontinent après, de ce que le procureur du Roy fut appelant
de ladite fentenec, les Seigneurs de la Cour cnuoyercnt quérir le frère Vemou^equei
demeuM ce fc*r long temps deuant eux : 8c poqree que te temps eftoit coure » on le re^
mit
Antoine LahoriLj. 34-3
mit eiicores au lendemain matin -.te. fut fcparé de nous ce foir à noftre grand regrec , te
ne fut fans prier Dieu ardemment pour luy te pour nous. Le lendemain qui eftoic Ieu-
dy il fut encores remené deuant Meneurs, où il demeura tou ce la matinée :te grâces
au Seigneur, fc porta fi vaillamment deuant eux, te leur refifta de forte,qu'ils ne gagne-
rentricreiurluy. Apresdifné la Cour n'entra point. Le Vendredymatin à fept heu- meaédêuâc
resohme vint quérir, pour me mener deuant lefdits Seigneurs en la chambre de leur la,Co"dc
bureau. Là eftoyent affis en leurs chaires les deux Prefîdcns,neuf ConfeiJliers,i'Àduo-. c ry '
cat du Roy,& le Greffier. Incontinent que ie fu encré , l'vn des principaux commanda
au Greffier de me prefencer vn tableau,où il y auoit vn crucifix pein& , te me comman-
da de me mettre à genoux. le refpôdy, A Dieu ne piaife que ie me profterne deuât l'ido-
le ou créature. Alors mefut dit, Vous eftes bien mordant :& penfez-vous quela Cour
entende que vous adoriez l'image, ny nous auffi? non : mais la Cour vous cômande que
vous adoriczDicu,& honoriez le Magiftratr&pour ce faire que vous mettiez à genoux,
afin de iurer deuant voftre Dieu, que vous direz vérité , te refpondrez d'icelle en toute
l-euerence. Meflieurs(dy-ie) c'eft ce que ie dc/ire d'adorer Dieu , te l'honnorer , voire te
obéir au Magiftrat : te pourtant ie me fubmets à voftre commandement , pourueu que
l'idole foit ollee de là,&: non autrement:veu que ce feroit contre l'honneur de Dieu A-
lors il commanda au Greffier d'ofter limage. Et derechef il me commanda de me met-
tre à genoux,auec déclaration que la Cour n'entendoit que iadorafle autre que Dieu,
mais feulement pour monftrcr l'obeifTance deuê au Magiftrat. Lors proteftat que ie n -
entendoye le faire autremët,ains pluftoft mourir, ie me mis à genoux. Incontinét il me
fit rapporter l'idole pour iurerxe que voyant ie me voulu relcuer, difant que ie n'en fe-
roye rien. Alors il commanda derechef qu'on ioftaft,&: me fit apporter la Bible , fur la-
quelle ieiuray dire vérité. Cela fut caufe que la queftion de l'idolâtrie futauancec de-
uât que demander mon nom : te fut affez au long debatue. Apres on me demanda mon
nom,ma naiffance,& ma vocation. le refpondy de tout à la vérité. Le Prefîdent me de-
manda de ma prife, de la procédure qui mauoit efté faite par mes luges precedens , te
de noftre fentence : m'aducrtifTant que le procureur du Roy en auoit appelé. Sur quoy
ie luy refpondy, comment le tout auoit ejtc démené :te quant à la fentence, que icnc
pouuoye pas empefeher leditt Procureur d'en appelerrmais quant à moy , i eftoyc preft
de receuoir en patience tout ce qu'il plairoit à Dieu m'enuoyer , fuftladeliurance, la,
mort, ou les galères: veu quec'eftoit pourfon nom ,quei enduroye V%n ou l'autre. Sur
cela ilme demanda pourquoy i'auoye laùfé mon pays,& m'eftoye retiré à Geneue. Ic
luy refpondy de la caufe à la vérité. Lors il me commanda de me leuer:& après que ie
f u debout , il me fit vne harengue , ornée d allechcmens , autant graas que i aye iamais
ouy,pour me remonftrer que ie pouuoye auffi bien viurc en ma maifon te feruir àDicu,
corn me à Geneue:& mefme que i'ofFenfoye Dieu, me retirant auec fcandale:& fur cela
pacages de la lain&eEfcriture n'y furent cfpargnez. Sur fin de ladite harengue, il print
des argumens pour prouuer que nous eftionsiuftifiez par ceuures: que nous auions vn
franc arbitre:que le Pape, combien qu'en fa vie il fuft mefehant (comme il confeiTa par
fon propos)deuoit eftre tenu pour Euefque, te que c eftoit mal fait de l'appeler l'Ame-
chrift : que la Méfie eftoit la Cene vn facrifice d'action de grâces : que ies cérémo-
nies que l'on fait au Baprefmc ,font fupportables, encores qu'elles foyét fuperflucs: veu
que S. Paul circocitTimothee,& fe rafa:&: plufîeurs autres belles raifbns,par lesquelles
ils me prioyent de me réduire à leur eglife.tur cela corn bien que ma chair fentift de ter-
ribles atteintes, le Seigneur me donna dequoy leur refpondre premièrement des eau-
fts par leiquelles ie ne pouuoye demeurer en faine confeience en la Papauté,eftant prir
ué de la prédication de l'Euangile,&: des Sacremens.
le refpondy puis après fur les argumens qu'il m'auoit fait pour le frac arbitre, te pour
les ceuures,& amenay argumens àu contraire. Mais luy fans attendre autres raifons ,
rompit propos, tellement que îefu contraint de me plaindre, te demander fî la Cour
n'entendoit point que ie fuffe ouy lors les propos furenr mieux reiglez, fi continuât
mes de debacre tous lefdits points, iufqucs à dix heutes.ïc vous pourroye bié en partie
reciter par le menu,ce qui tut dit par ordre.mais de peur q le papier ne faille , te d'autât *£jj*^c
que vo9 le pouuez mieux penfer , îculemét ie mettray la fin de nos difputcs.laquellc fut ^Sde
telk(ne fay fi c'eftoic parfcïttfc ouà la vérité jqu'il m'accorda n'y auoir libéral arbitre, q i* Religion.
Mm.iii.
Lia ro V. cJntcinc^ Laboric^.
nous femmes iuftifiez par foy,& non par œuurcs : que la MelTe eftoit farcie de mille fu.
perfluitez, voire qui ne valoyent rien: qu elle ne pouuoit eftre facrificepour les péchez,
mais feulement d adion de grace:que le corps de kfus Chnft n e toit point localement
Tu pa.n, ny le fang au vin : que ceux qui l'adoroyent là eftoyent idolâtres Quant au Pa-
ne au'il n 'eftoit point Euefque des Euefques,mais Euefque de Rome feulement:^ que
c 'eftoit chofe vraye qu'il viuoit trefmal,& luy &t les Euefques & preftres:& ne s'acquit-
covent en rien de leur charge:^ eftoit à defirer vnc bonne reformation. Bref, il mac
cordoit prefque tout, tellement que ie m contraint luy dire ces f>arolles , Monueur , ie
voudroyeque Dieu euft fait la grâce à tous les moines de France,d'eftre aufsi bos theo^
Ioniens que vous: car nous ferions toft d'accord. Et à ce que ie puis voir, il ne faut pas
craindre que me condamnez,fi ne le faites contre voftre confcience. Car fi ie fuis héré-
tique ( ce que non ) vous l'eftes aufsi bien que moy par voftre propre confeflïon. Sur ce-
OalTus cô. la tous les confcilliers fe prindrent à rire:& vn nommé Cramas qui eftoit noftre rappor-
feiliicr de me dit, Il faut que vous foyez hérétique comme luy, non pas luy comme vous. A
Clmnbcry . ' ^ refpondy, Monfieur,ie ne le veux pas eftre comm e luy: car parauenture ie le fe-
rove par fidion. mais ie voudroye bien que luy &: vous tous le fufsiez comme moy,à fa-
uoir (eulement par l'opinion & faux mgement du monde.
Ce Prefident vint rouge de vifage:& leprint amehureencores quelque exhortation
à fa modc,pour me faire renoncer : &: voyant qu'il n'auançoit rien , me firent ramener,
pource que l'heure de leur difner les preftoit.le fu mis en vne cham brette à part,feparé
de mes freres,qui me fut bien dunmefme que ie les eufle bien voulu aduertir des moyés
cauteleux dcfdits Seigneurs. Maisfoudainiefu grandement confolé, cognonfantl'af-
fiftence que le Seigneur m'auoit faite : à caufe dequoy ie me mis à luy rendre grâces , ÔC
le prier pour mes frères, qui n eftoyent encores mandez. Et veu que ledit Prefident m -
auoit accorde' ce que deftus,i'eu grand defir de parler à eux,pour leur annoncer le iuge-
ment de Dieu. A caufe dequoy ie priay celuy qui m'apporta à difner , que fi Mcflïeurs
entroyentapresdifné,illeurdiftqueie les prioyede parler encores à eux: ce qu'il me
promit de faire. Soudain ie me mis à prier ardemment noftre Dieu , qu'il me fift cefte
grâce de leur remonftrer le deuoir de leur charge,noftre innocence , & le iugemenc de
Dieu. le demeuray ainfi, priant &: méditant iufqu a deux heures après midy , que ledit
feruiteur me vint dire, qu'il auoit parlé à Meilleurs pour moy,& que ie vinfc dire ce que
ie voudroye. Soudain bien ioyeux d'vne tellcnouuelle,ie m'en vay deuant Meflieurs au
lieu fufdift,où tous eftoyent comme de matin. le me mis tout debout deuant eux, & le
Prefidét me dit ainfi,Maiftre Antoincque dites- vous? Alors efleuant mo efprit à Dieu,
pour le requérir à mon aide, ie commençay à leur remonftrer le deuoir de leur charge»
& pourquoy Dieu les auoit conftituez guettes fur fon peuple, mefme leur auoit cornu-
nique fon nom de dieu, &c ainfi les exhortay de s'en acquitter félon fa volôté, Apres leur
remonftray l'innocence de mes frères, & la mienne, laquelle ils ne pouuoyent ignorer,
veu que de matin ils l'auoyent confefTee, &C qu'ils ne pouuoyent eftre de ceux qui iugee
par ignorance, au rapport & iugement des moynes fur les herefies , veu que Dieu les a-
uoit doué de grande cognoiflanec pour en faire iugement.Et par ainfi qu'ils aduifafTenc
ta. à la caufe de Iefus Chrift,puis qu'ils en'eftoyent iuges en nos perfonnes , comme eftan»
fes mébres,aduifant bien de ne cômettre le péché contre le S. Efprit, furquoy leur pre-
fentay le iugement de Dieu viuement,& finalement leur remonftray le foin que le Sei-
gneur a des fiens,& comment il requiert leur fang. Bref, Dieu me fit la grâce que ie fu
efeouté d'eux, enuiron vne heure fans interruption, & leur dytout ce que le Seigneur
me donna de leur dire, auec application des partages, tellemét qu'il faut glorifier Dich
en l'affiftence qu'il me fit par fa grâce.
Tant queie parlay,tous auoyent l'œil fur moy,& moy fur eux,& en vy quelques vns
des plus ieunesqui auoyent la larme à l'œil. Apres que i'eu acheué , l'vn de« principaux
confeflâ que tout ce que ie difoye eftoit vray,quant à leur office, mais que ie fauoye bien
que Dieu a commandé par Moyfe, que les hérétiques foyent punis lespremiers, & que
ie ne pouuoye nier, que combien que i'eufie dit des chofes vrayes,que ie n'eufie offen.fé
grandement,&:fcandalizé mes prochains, appelant le Pape Antechrift,& fils déperdi-
tion^ la Méfie inuention du diable,fingerie,&: œuure de toute abomination, par ainfi
îfefhcS- mon fang ne pouuoit eftre innoeen t,& pfufieurs autres propos. le luy accorday qu'il fal-
que puny a joit pumr \cs hérétiques, &; luy alleguay Scruet qui auoit efté puny à Geneue,mais quL
r ils ad-
Antoine Ltborie. 34 ^
ils aduifafTent bien de ne punir IesChreftiens & enfans deDieu,au lieu des hérétiques,
comme toute la Cour auoit tefmoignage en leurs confciences que nous eftions en-
fans de Dieu:& ainfi qu'ils fe gardaient de communiquer au iugement de Pilatc , pour
fauorifer aux Princes du monde,& Sacrificateurs de Bclial. A la fin il me pria fouuente-
fois par beaucoup d'allechemcns,de faire vne rétractation fimplemcnt deuant eux , &:
qu'il melairroit aller, veu que ie pouuoyc faire grand fruid, & ladite rétractation ne fe-
roit point dangereufe.^Sur quoy il mit vne Mené toute nouuclle,& vn Pape tout nou-
ueau,les bigarrât de diuerfes couleurs:& me pria q ie receufTe ccfte moderatiô.Ie refpô
dy,que pour bien amender la Me/Te il la falloit ofter du tout,& faire comme faindPaul, ç0I, n
reucnir à l'inftitution première du Seigneur pour reftituer Ja Cene en fon entier.Tou.
chant au Pape,ie refpondy quand il enfuyuroit faind Pierre & les Apoftres,en vie &: en
dodrine,quc ie le tiendroye pour Euefque. Ces chofes dites ie fu renuoyé en ma peti-
te chambrette. quatre heures le frere Trigalet fut am ené deuant eux, &c leur
refpondit de mefme (grâces au Seigneur)comme il le vous mande. ^ Le lendemain
Samedy matinées frères B a taille &Ta v r an , furentamenez,&: tenus toutela
matinee,au(quels le Seigneur affifta fi bien, qu'ils triomphèrent de rembarrer Satan &C
fes cautelles* Et après bien ioyeux,du cÔmandement de laCour fufmes remis enféble.
Le Lundy apres,i6.d'Aouft,tous enfcmble fufmes amenez deuât Meffieurs , qui firent
grande remonftrance & inftance pour nous réduire. Le frere Vernou, par la grâce de
Dicu,rcfpondit amplement pour tous , de forte qucglorifiafmes noftre Dieu , & nous
en rctournafmcs vidorieux.Depuis auons efté condamnez entre eux,comme Ion dit,à
eftre brûliez tous cinq.Nous rendons grâces à Dieu,& attendons l'heure, nous recom-
mandans à vos prières.
AV T RE efcritdudit Antoine Laboric à lès artus,i Geneifc.
Wîffîà V I S qu'il ne plaift à ce bon Dieu, mes freres,nous donner la commodité de vous
BPgSefcrire au long nos confeflions de foy,& tout ce qui a efté fait parle menu par nos
aduerfaires contre nous, comme aucuns de vous defircnt,&: nous prient parleurs let-
tres,il faut que vous &: nous prenions patience^ nous contentiôs de ce qu'il luy plaift
encores nous faire ce bien de vous en pouuoir mader, com me par pièces, la fomme de
cequi en eft,felon la mefure du papier &c de l'encre que nous pouuons auoir. Car no-
ftre def ir n eft autre que de ndus exercer,tant qu'il plaira à Dieu nous laifTer viure en ce
mondera vous pouuoir rendre quelque petite portion des fîngulicres confolations $c
exhortations diuines que nous auohsreceu par vos lettres, depuis qu'il a pieu à Dieu
nous faire les pnfonnicrs:par lefquellcs nouspouuôs protcfteràlaverité, qu'auons re-
ceu plus de dodrine,de forceôc de conftance(moyennant vos prieres,defquellesauons
expérimenté &: expérimentons ioumellement les fruids) que h auons fait depuis que
le Seigneur nous a communiqué fa verité:dont vous mercions trefhumblement,& pri-
ons bien fort de continuerjafTauoir &: de prier &c de nous eferire * iufquet à ce que nous
foyons retirez auec le Seigneur* Vos dernières lettres nous furent rendues Samcdy
vindrent bien à poind: carnous auons efté amplement confolez en la ledured'icelles
tout ledit iour de Samedy. ^L £ lendemain qui eftoit Dimanche,on nous enuoya qué-
rir tous l'vn après 1 autre,excepté le frere maiftre Iean Vernou,qui ne fut point appelé:
&: fufmes menez feparément par deuant nos luges i qui eftoyen t alfemblez en vn par-
quet,où Ion tient les audiences criminelles,au palais. Là prelidoit montieur le Lieute-
nant du Vi-bailly auec les gens du RoyrSC vne trouppe de Confeilliers Se Aduocats y e-
ftoyent aufn,l'Inquiiiteur auec les Officiaux de cefte ville & de Tarétaife , auec quatre
ou cinq moines,Cordeliers & Iacopins.Or pource que c eftoitDimanche,ily auoit plu
fieurs autres gcns,qui n'ayans autre chofe à faire eftoyet là venus. Là par le Lieute-
nant nous fut leuvn areft de la Cour, par lequel eftoit enioint à luy & à fes afîïftans de
nous parfaire nos procès dans trois iours,fur peine d'eftre fufpendus de leurs offices
pour vn an . Suiuant lequel areft , nous fut commandé par ledit Lieutenanc
defcouter&refpondrefur les admonitions, qui nous feroyent faites par ledit Inqui-
lîteur , fur peine d'eftre attaints &conueincus d'herefie, & d'eftre feditieux,fcanda-
leux &c obftinez.Sur quoy,aores auoir inuoqué le nom du Seigneur , nous alleguafmes
que nous auions afleZ refpondu aufdites admonitions , & mefme que ne voulions faire
preiudice auxpriuilegesdenos Seigneurs de Berne & de GencueJDerechefcomman-
demet nous fut fait. Lors nous difmestout haut ce verfet delà compleinte d'Ezechias,
}Am.iiii,
Liure V . Antoine Laiorie.
i&ei**+ Vominevmpatiwtrcfyotâepromr.cpic fans preiudicc dudid priuiicge & liberté de nof-
dits Seigneurs , U la pourfuitc qu'ils en pourroyenc faire , tant deuant le Parlement q
deuant leRoy,mefmes veu la contrainte que Ion nousfaifoit,uous obcirons.Et incon-
tinent par le Greffier furent leués les refponfes que nous auions faites , tant pardeuanc
le Preuoft que deuant les autres.
Apre s la levure d icellcs,fufmes interroguez parfermet , fi voulions y perfeuerer.
Fut rcfpondu,Veu que nofdites refponfes eftoyent fondées fur la parolledp Dieu, &:
qu'on ne nous auoit pas encore remonftré du contraire par icelle, qui eft la vérité infal
lible, que nous ne pouuions dire autrement. Toutefois pour monftrer que neftions
point hérétiques, ny obftinez , ofTiifmes que fi par ignorance nous errions en quelque
chofe,&qlon nous remôftraft par la parolle de Dicu,de prendre correction. Carno-
ftre intention & volonté n eft autre,que de fuyure &c croire Iefus Chrift,en la voye qu'il
nous a communiquée par fa parolle. Lors l'Inquifiteur commença à nous faire vne
harengue,comme les autres fois,où il ne faifoit mention que du Pape,& point de Iefus
Chrift. Et d'autant qu'il difoit y auoir en nos refponfes des articles hérétiques, nous le
priaf mes de nous monftrer lefdits articles hérétiques.
^Nous ne vous réciterons icy tous les poincts:mais feulement les principaux. Ledit In-
quifiteur dit alors,q nous teniôs qu'il n'y auoit que deux Sacremens,& ne vojuliôs rece
uoirles autres cinq,qui auoyent toufiours efté tenus par l'Eglife. R. Quand vous
nousmonftreiez par la parolle de Dieu qu'il y en ait d'autres, nous offrons de les re-
ceuoir. Il allégua alors le cinquième chapitre des Ephefiens:comment(dit-il) n'eft-il
pas eferit du mariage , Hoc Sacramentum magnum ejt> R. Etcomment,Monfieur,enten-
dez-vous fi bien les Efcritures,que d'appliquer cela au Mariage?Sainct Paul mefme dit
qu'illencenddeChrift&de l'Eglifc:&: par ainfi vous renuerfez le fens de faind Paul.
Mais encore qu'il parlaft du Manage,fi vou s entendez leGrec,vous pouuez cognoiftre
que le mot a efté mal tourné.Si fay(dit-il)i'en enten quelque peu. Nous demandaf-
mes qu'il luy pleuft nous dire,comment il y a enGrec. Alors l'Inquifiteur fut cftonné,Sc
ne feut dire mot.Et nous luy difmes,Monfieur,nous voyons bic que vous n'ofez le dire:
nous le dirons donc:Le mot Grec fignifie/ècwr,ou myjfere,&c non pas Sacrement. Et par
ainfi voftrc argument eft mal fondé. Item,nous fommes bien eibahis comment vous
voulez que nous receuions le Mariage pour Sacrement,&:cepédant vous le tenez pour
chofe pollue entre vous,&: l'auez chafTé pour introduire la paillardife. ^ Comme nous
parlionsainfi,ceft Inquifiteur dit que c eftoit trop difputé:car nous eftions hérétiques.
Que dites- vous(dit-il)de l'Extrême ondion? R. Mais,Monfieur,debattons première
ment du Mariage, &: allons par ordre,ou confefTez que vous eftes veincu . Incontinent
tous,&Officiaux, Moines , &c Aduocats fe mirent à crier , C'cft trop prefché , il ne faut
plus difputer,re(pondez fi vous voulez. R. Helas, Mefsieurs, vous eftes bien haftez, à
faire mourir cinq poures innocens , fans vouloir entendre leur iufte caufe : vous voyez
bien que nos aduerfaires ne fauent rien prouuer de ce qu'ils difent, & pource que vous
en eftes marris, vous remettez la colère fur nous . Bien, û vous ne nous voulez ouyr icy,
nous auons le Iugevdes iuges, qui eft noftre Dieu, qui nous orra benignement,&:nous fe
Nôtczcecy radroità tous : &: deuant lequelil vous faudra refpondre du tort que vous faites main-
tenant à Iefus Chrift fon Fils en nos perfonnes , d'autant que nous fommes icy comme
fes membres. Il nous fut fait commandement de refpondre fur ladite Extrême on*
éfcion: car S.Iaques,dirent-ils,l'a commandée, & vous ne pouuez fuir à cela.
R. Nous accordons qu'au commencement que l'Euangilcfut prefché par les Apo
ftres, d'autant qu'il eftoit befoing que la doctrine fuft confirmée par miracles, il y auoic
£3ûge de" <*cs fignesouSacremens reprefentans lefdits miracles,la vérité defquels s'en enfuyuoir.
s.uqucs. Comme i'impofition des mains,qui fignifioit le don du fainct Efpric : &: quant & quant
la vérité s'enfuyuoit, comme il appert par l'hiftoirc des Actes. Scmblablement ladite
on&ion d'huile eftoit tellement falutaire, que la guerifon s'en enfuyuoit miraculeufe-
ment , comme le texte mefme de faind laques le porte. Or quand la prédication
derEuangilefutreceucpar le monde,le don du fainct Efprit vifiblement,& fembla-
blement les miracles cefferent , &confequemracnt lefdits fignes lefquels font vains
fanslaverité.Etpuis,quelleconuenance y a-il entre ladite onction, &c voftrc onction:
& quelle guerifon s'en enfuit-il? vous ne la portez qu'à la defèfperee.
Il s demandèrent encore fi ladite onction ne conferoitpas la remi/fion des péchez.
R. La-
mirnome Ldbork. jfc
R. LatditrecnïiOîon dcspechezn'eft pas atrrihiceàTon&ion au texte, mais notam-
ment a h pntreiaitepar foy.-car la remrtfionde nos péchez cit au fangdc le fus Chnft,
Se oc «ailleurs. 11$ direiicqutfToat cet* effoiç c^ndaamé parles Concilesyfic que nous
élrions?d©nchcretiqués.Mai$»l yauoittanrdeoonfufîon en ces propos que rien plus:
o« ils eihjyenctouûoursfeptouhuiâ: à parlera la fois : U hous leur baillions toujours
quelque defeou u erre de leu r folic,quc lcsaffiftaiis eftoy en t con csaints d'en rire. Nous
àliaesiocerroguea(i ne voulions croire aux Conciles. R. N ous accordons toufiours
auccles Conçues te ordonnances qui font conformes à JarvtUcé de Dieu , 6t fondées
lut icelle, autrement non: car pluûoft nous les au on s en exécration, côme traditiôs hu-
ritauies côtreuenates ôc répugnâtes à la parolle de Dieu, côme S. Paul mefme comman-
dokâuxGahtiens de œfaire:voirc quand vn Ange du ciel nous apporteroit autre do- Q^MÂ-
£trinc,quc ce qui eft contenu en l'Euangilc. Sur ceia s'efmeut vnc grade queftiô qu'ils
w)U6fitcnt:au^uoircomrncncnousikuionsquc le vieil & nouueau Teftamcntfuflent
•fa Jparollcdc.Dieu,fi ce n'eft d'autant que les Conciles & Teglife Romaine rapptou-
uenc,& nous en rendent certains. Il leur fut reipondu, que combien que Dieu fe foit
aidé & des Iuifs,& des Papiftes,pour garder les fain&s liuresde la volonté,que pour ce-
la nous ne prenons pas deux tefmoignagcs ny approbation, que ce Toit la parolle de
Dieu: mais nous en auonsvn certain tefmoignage en aoftrcconlcience parlefpritd'a-
dopii&quibefongneen nos cœurs, & nous rend certains pleincn\ét des prome/Tes de
Dicu,nous faifant crier Abba,Pcre , come faind Paul traite au huitième des Romains. Rom^ ij
Et mefme,cfcfroes-nous,ecluy qui n a point certitude du mefme efprit,ne peut eftre en-
fant de Dieu. Ce poinct-lafut debatu pleinement:^: leur fut rcmonftré ( grâces au Sei-
gneurie grand blalphcmc qu'ils commettoycnt,de vouloir ajfluicttir la parolle eter-
nclledc Dieu àl'authorité des hommes charnels, & mefmes des diables : car il eft bien
certainque iarnaishomme qui foit mené de Dicu>& qui ait quelque raifort, ne penfera
va fi grand bl afphexne .
. Il fetoit pour le p relent impoflible à nous de vous mander parle menu tout ce qui
ftttdit.tmuefoisnefaut omctrrequ'ilyeneut en la compagnie,qui nous dirent que
c'eftoitFelptit du diablc,ÔC non point l'elprir de Dieu,qui nous rendoit certains deces
chofes. Aufquels en rcfpondant fut par nous demandé,par quel efprir fut commandé à
Abraham de facrifier fon fils Jfaac:& ils rcfpondirent,Par fefprit de Dieu. & ShAbra-
nam a creu de faire vn meurtre,qui eft oit contre la loy naturelle, il a fallu qu'il ait au vn
roouucment en fon cœur autre que de la cbairUaquelle le pouuoit bien induire a$>en-
fer que ce fuû vn diable pluftoft que l'Efprxc de Dieu, Et c eft le mefme efprit, qui nous
rend certains, qui befongnoit auÛi en luy,poiir luy faire croire que c'eftoit la volôte, de
Dieu. mais il ne fc ifauc pas cimcrueillcr fi vous ne iâuezq c'eft -car l'home bruralnc peut uCcxjjï
iuger dcscWcs fpiritueiles. £t beaucoup d'autres chofes leur furent dites fur ce pro-
pos. Aprcsfufmesinterroguczdela Cerïe, de la MelTe, du Purgatoire,dé laConfeL
ûon,&C autres leurs Sactemens.Et vn chacun article fut tellement debatu entre eux &c
nous,qu'ils en demeurèrent côme des fùfdits: ce feroit trop long de vous eferire ce qui
tut traité là de/Tus.il iuffira qu'vn chacû de nous y rcfpondit félon la mefure de fafoy,3c
de forte q les ennemis furent rembarrez de tous coups,&: confus: grâces en loit à.ce bô
Dieu. Pour la fin , il fut requis par nous que nous parliffions vn peu du Pape,leur fai-
fanscefton^rejques'ilsnouspouuoyentprouuerparlafaindcEfcriture^uclePapefuft
chefdel'EgliUe de IefusChrift, que nous receurions toutes fes ordonnances . mais ia-
maisne voulurent entendre à ce poin&,ny en débatre aucunement. Et alors nous diL
mcs,que puis qu'ils ne vouloyent prouucr que le Pape fuft chef de l'Eglifc,que nous of-
frions prouuer & fouftenir par le texte de l'Efcriture fain&e , que ledit Pape eft 1> Ante-
chrift>& qu'ils nous baillaflent vneBible,comme nous les auions requis pluûeursfois:
& n'en voulurent ia mais rien faire.Nous commcnçalmes à déduire le paflfage de la fé-
conde aux ThelT.i.chap.mais iamais ne peurent auoir patience , ains fc mirent à crier
comme loups,qucnouseftiôs plus hérétiques que Vviclef,Hus,Luther& tous autres:
& qu'il ne falloitdifputer aucc nous:toutefois qu'ils nous admonneftoyent de nous ré-
duire. A quoy fut refpondu,quc veu qu'ils n amenoyent raifons autres que de leur bou-
tiquc,que nou s auions aufli peu à faire de leurs admonitions que du diable d' éfer.Pro-
teftans toutefois deuant le iuge &C fes afliftan s,de ce qu'il voyoit bien que nos aduerfai-
resnelàuoycat& ne pouuoyentmonilrcrle contraire de ce que nous diilons. Etpac
Liurcj Vi jirtèmeLdè&rie.
mmfi veu que noftre innocence eftoît maniteftcqu'il adùilaft bien quel jugement « Gp
Kok de ia catifc de Icfus Chrift que nous ujuft emons:eftant atleuré qu'il luy faudreac v«
Refais reipondre dudic iugemeat dcu3îu Dieu mcfme , & deuant nous. Sdtceia nous
fu&ncs,f emioyre à la<p rifon fe parez Fvnde l'autre iufques à cinq heures du, feir. lie.
ic«demaio,qui eftoî t Luodyvle frère Taotan,qui n'a demeuré à Geneue , se iamais ac
g. Tamia. VCQ ^ cogneu de Diee»que depuis trois mois en ça, fur enuoyé quérir. Er faut noter
que penfaaslc gaigncc l'aueyenc f-rparé le fbir^Tauec nous : mais Dieu luy fit la grâce
qu'il leur reux>nditi& Ici rembarra de relie fiarte,qu'illeur de&ouurit toutes leur* vile-
nies,mieux que n'auioos pas fait. Dcquoy ils furent bien fafchez ;& le reouoyerent a-
uec nous,luy dùaut qu'il eftoit auffi bien perdu que les autres. -A près fut amené auec
nous,dcquoy nous fuuttes bien aiics,&: rend ifm es grâces ànoftre bon Dieu de la force
& perfeuerancequ&nous auoic donnée à tous.
LE Mccrcdy 1 1. d Âouft à. quatre heures après midy,noftre luge leLieutenât dvtVi-
baifly nous vint prononcer noftrefcntefi ce en la châbre dcaoftrcprlfoo,parJa*jile
èftkms condamnez, Vernou,Labotfie&T>igaler,pour toute noftre vie aux galères^ àc
Ôatafflie&Tauran pour dix anstauèc prohibition & defenfede n'en fortir,lor^eine de*
ftre bruftez,fi eftiorrs tTOUucz,& les deux frères devant leur temps: nous demandant iî
en appelions. Et lors Laboric au nom de tous rcfponditxjue nommais que receuions
ce qu'il phifoit à noftre bon Dieu 3e Pbrenous donnenle mcsciant hùmblcmeiu,&lou
v anr,deccqu ilnôus auoitfaitdignesde louffrir pour fon nom. De cette ientenec s'e-
ftoït porté pÇur appelant le procureur du Roy delà Coûrdu Bailliage, àl'inftigatiôxiu
Parlement. ; Parquoy incontinent après à la mefme heure fut mandé venir par deuers
Meffieurs le frère Vernou,& fut ouy ledit iour & le lendemain , eftant feparé dauec
nous.
X fr Vendredy fuyuât an matin fut appelé & mené le frère Laborre , Scouy ce matin
& l'apres difner bien au long,comme pouuez voir par leurs lettres,& fut auffi feparé de
mefme. Ledit iourauffi à quatre heures iefu amené deuant 4e Senas > ôty f u iufques à
^.Lequel tint telle procédure que s'enfuit.En premier lieu mcfutcommâdéde m'a-
genouiftenec qu'ayant fait,on me prefenta vn tableau de bois,où eftoit en cpqleur ver-
de vn crucifix, Ôi me commanda le premier prclîdcnt Vakntier, au nom de tout le Sé-
nat, èe«*eCtrc la main là dèffusxeque ic refbfay faire pour raiion de l'image, àc dy que
ieiûtttye jparleDieuviuant,lcuant mes mains & mcsyeuxau ciel, de dite la vérité de
ee q* on mlnterrogueroit touchant ma foy , dont ils auoycro ma confemon par eferir.
Udemamia lors au Sénat s'il fc contentoit de mon ferment. On rcfpondit qu'ouyySC
queiê'nc pouuoye iurer par vn plus grand . Parquoy après auoir entendu ma rcfpon-
fe,mon nom^le lieu de ma naifTance,&: mon emprifonnement , il me dit qu'il refultoic
par mestefponfcs faites au Prcuoft, touchant ma foy , que i'eftoye hérétique & déclaré
tel parla cènfure&: (entence definitiuede linquifiteur& docteurs en Théologie. Lors
ie-re%ondy qu'eux mefmeseftoyent hérétiques, d'autant qu'ils s'eftoyent fcparczdc
noftre Seigneur IefusChrift,& de fa do^trinc,&: s'eftoyent adioints à l'Antechrift, Se
fuyuoyent (a doctrine. Parquoy ne me pouuoyent iugerheretique,roaisque piuftoft
ièpoarroye prouuer par la parollc de Dieu,qu'ils eftoyent tels , s'ils m'efeoutoyentpa*
tiemment.
Ad on c le premier Prefident me dit que principalement en deux articles de ma
confeffion,ic me moriftroye heretique:c'eft,en difant que le facrificc de la McfTe eftoic
vn (acrilep abominable & exeerab4e,âuquel le fang de noilre Seigneur Icfus Chrift c-
ftoit foule au pied,&: le facrifîce de fa mort & paiuon du tout aneanty,cn après qu'iceL
le eftant tenue pour vn mémorial de la Cene de noftre Seigneur ( comme à la vé-
rité elle eft) eftoit vneinuention diabolique forgée & inuenteedu diable peredemen-
Vnfculu- fonge , pour perdre à damnation éternelle ceux qui y croycritô£ adhèrent. Et moy
enfice cter. ayant rcfpondu que cela conteriôit veriré,icluy dy qu'il n'y auoit qu'vn fucrificeeter-
nel,faït par le Sacrificateur éternel félon l'ordre de Melchïïedec , noftre Seigneur Icfus
ChrifHequel ilafàitde foy-mefmefurlaute! de la croix,pourla remifliôdenos péchez
enfonfanfr:lcqucleftctitrém5rf»i?4^»^oj«w:ceft àdirelà haut au cielàfonPere, oè
nous aubns *tcêi& entrée par*luyvqui eft noftre feuf Médiateur, InterceflèuraçAdun-
car enuersle Petejfurccallcguatit le neufiem'edcsHebricux.Et quant au^oçr m* cèdes
Chxeftiens>qu'il eonfiftoic en louange fi£ a&km de grâces: &: que toutelayie des Chré-
tiens
JcanTrïgalet* 34.6
ItienSjqu^menent cniuftice &fain&cré (qui cft vnehoftie viuante &: raiïonnable)
eft oie le facrifice qu'ils deuoyentprefcntcrà Dieu, fcdcdians&conlecransdu coûta
fon feruice : en quoy ilseftoyent compagnons de Ja facrificaturctic noftre Seigneur le-
fus, pour Si au nom duqueîilseftoyent agréables au Pcre, aucetoutee qui eft du leur,
combien qu il foit imparfait. Apres il me dit que la Me/Te & la Cene eftoyent vnc
mefme chofe qu'il n'y auoit différence que de noms , non de la fubftancc : te aufsi de *
la façon de faire, quant aux cérémonies externes. le refpondy que la Cene te la la c c'
MefTe eftoyent directement contraires,&;aiPtant différentes que le ciel te la terrerte
lotf»f>J»laûncs Latin , touchant ce que nous deuons cercher te prendre en la Cene , te
où rions conduifent les lignes du pain& du vùrau contraire de ce qu'offre le preftre en
fa Meflc,& prefente à Dicu:& alleguay la différence qui eft entre le donateur & celuy à
qui on donne.Car lefus Chrift nous eft donné pour viande,& parfaite te entière nour-
riture de nos ames à vie éternelle en la Ccne du Seigneur quand nous prenons le pain
&lcmangeons,&:beuuonslevin,quinousfont entière nourriture de nos ames pour
cette vie caduque : ces lignes nous font aides pour confermer noftre foy &: efpcrâcc de
lavieeternelle,laquelle nous eft donnée en lefus Chrift , félon faind Ieanau fixicme
chapitre , Qui void le Fils te croit en luy , a la vie éternelle: te ie le refulciteray au der-
nier iour.^Ie luy dy queie participoyeau corps&au fang de IefusChrift par foy,par la-
quelle ie montoyeau ciel pour là cerchçr à la dextre du Pere , lefus Chrift mon falut &
ma vie , & ne le cerche pas dans le pain &: le vin,comme les preftres & les Papiftes. Là Comment
dclfus il me voulut prouuer la prefence du corps du Seigneur au pain , te du fang a
au vin , te poifa les mots de noftre Seigneur lefus , qui dit en la Cene, Cecy eft mon cher idus
corps.Ie luy refpondy quïft le prenoit pour fignifier,comme en d'autres lieux,La pier- chr,ft'
re eftoit Chrift:& de la colombe & du S.Efprit , de l'agneau 6: de la Pafque : te que c'e-
ftoit vnc figure vulgaire en rEfcriture,appeleeMetony mie ou Synecdoché: par laquel-
le le nom Je la chofe fignifié eftoit attribuée au ligne. Il m'allégua le paffage de fain&
Jean le fuis le pain de vie: te, Qui mange ma chair te boit mon fang. le dy que là n'-
cftoit parlé de la Ccne,mais de la foy en lefus Chrift:luy alléguant les parolles mefmes
du5eigncur,difant , Mes parolles font efprit &vie:& auflironziemechap.de la i. aux
Çorinth.où les mots dcpain&decaliccquefainÛ Paul répète par quattefois , furent
diligemment poifez.Làdefftis y eut beaucoup d'autres propos qui feroyent longs à ré-
citer:^ comme voyez auons faute de papier.
Dr Papcauffi,quc ie difoye Antechrift,fut difputé:dc fon authoritc,&dcfes ordon du Pape.
nances>commc elle* font contraires à celles de Chrift. Par moy fut allégué le fécond
de la féconde aux TheiTalonicicns4& le4.de la i. àTimothcc. Bref en fin, quoy qu'ils
feulfcnt dire par leurs rai(ons,Dicu occit l'Antechrift par l'efprit de fa bouche. Lors ils
me firent plufieurs remonftranccs,d ifaRS que fi ie me vouloye remettre au giron de l'c-
glifc catholiquc,ils me tiendroyent pour leu r frerc,& qu'en ayant pitié de moy-mefme
16 pourroye cy après faire grandf ruir-fic effayerent toutes fortes dallechemens , afin de
me faire crefbufchcr.mais par la vertu du S.Efprit ie perfiftay confiant te iriuincible,
fans eftre efbranlé de rien, f Quoy voy ans vindrent au dernier rerugc,menaçâs de me
iuger félon les ordonnances du Roy:lors ie refpondy finalement, qu'il y auoit vn luge
au ciel, deuant lequel faudroit qu'ils com panifient, te qu'vn iour il tiendroit fes alsifes,
& adonc les liures&: regiftres ferôt ouuers,& la caufe des fiens iuftifiee,&la leur reprou
uee& condamnée. * Lors me donnèrent congé,les vns difans,Quellcinfolence!&les
autres par moquerie,OcM/<w habent.tec.Sut quoy ie dy que cette fentéce leur competoit,
te que Dieu nous auoit donné les yeux de la foy pour voir la vérité. Le Samedy fuy uant
les frcresBataille te Tauran furent menez deuant cux:&(graces au Seign.)tindrent bô
felonla mefurc delafoy que Dieu leur a donnée. Le lundy prochain de ce Samedy
nousfufmes mandez tous enfcmble:& nous fut faite vne remonftrance affez ample:
mais elle ne feruit de rien.Car après que le frère Vernou eut longuement dit te prote-
fté de l'équité de noftre caufe ou de celle du Fils de Dieu:tous difmes Amen , te tufmes
renuoyez comme opiniaftres.Par leur areft auons efté côdamnez tous cinq à eftre bruf
lcz^cpcnûons que noftre fentence nous fuft prononcée hier:&: par la bonté te miferi
corde de noftre Dieu cftions préparez au fupplice , pour receuoir la mort d'vn franc te
libre çouragemais ce bon Dieu no«s a donné encores rclafche. Le prefent porteur eft
le feruiteut de monficur le Secrétaire M.lequel s'eft employé pour nous comme pour
Liurc^ V. Jean Tngalet.
tes entrailies.auquei fommes rcdcuables à ïamais. Priez le Seigneur pour hiy^qu^ le re
compenfe, aulsiceluy qui eft à la Cour, U les autres frères qui f'onticy. Ce Dimanche
premier iourde Septembre m d.l v. Nous nous recommandons^ voustous hum-
blement ÔC à vos fain&es prières.
Vostrî humble fils,fcruiteur& frère en noftre Seigneur, I. Trigalet.
Vo v s auez peu entendre de noftre eftat,& quelle efperance nous auions do YiL
fue de noftre cau(e:airauoirquayansreceu fentence de mort, fuflîons menez au facri-
fice le lendemain,qui eftoit iour de marchés de fait,les fagots &: chaines eftoyent ap-
preftez,&: ne falloir que planter les pofteaux, Ô£ diipoter les fagots pour nous mettre
deifus. Mais le Seigneur par fa bonté & mifei icorde infinie a ouy les prières de ceux
qui l'inuoquoycnt pour nous,donc l effecl: s'en cft enfuiuy tel: C'eft que Vendredy der^
u^ !kslUI nier depuisdeuxheuresapresmidv , nos luges furent affemblez pour iuger de noftre
fugrsDieu caufe:&eftans douze dénombre, ils turent partis en opinions, tellement que les fix
'X°dTSU nous condamnoyent à eftre roftis &: fricaf fez, ôc les autres aux galcres,ou à eftre bânis.
Goq. qui fut caufe qu'il ne fut lien arrefté ce iour. Le lendemain ayans appelé quelques au
très en iugement, ils opinèrent derechef:^ fut conclu que Iefus Chrift ne leroit point
bruflé comme hérétique en nous qui fommes fes membres , pour euiter le feandaie du
peuplc,mais comme vn larron ou brigand il feroit enuoyé aux galères. C'eft en diucrfe
manière quant au temps. car Bataille^: Tauran font condamnez pour dix ans, &: mes
deuxcompagnons&: moy pour toute noftre vie.Ils cuident auoirfait beaucoup pour
nous,de nous auoir deliurez d'vne heureufe mort, pour nous mettre en vne vie qui eft
pire q mille morts. Toutefois puis qu'il a pieu au Seigneur de nous aflifter , eftans en-
tre les mains de nos ennemis fur la terre,&: dâs les pnfons de Chambcry, nous efperons
qu'il vfera d'vne telle bonté enuers nous fur mer dans les galères entre les mains des
commiiTaires &: patrons:& que comme noftre demeure és priions n'a efté du tout inu-
tile à ceux qui nous vifitoyent,&: eftoyent près de nous, qu'auffi noftre détention aux
galères ne fera fans fruift &c ediflcation.il me fouuiét du côte que m'auiez autrefois fait
de Maioris.noftrecaufe,la mercy Dieu, eft meilleure. Car de noftre cofté il n'y a aucu
ne apparence de mal ny de renoncement, ainsefmeus depitié&: compaflîon enuers
cinq poures priibnniers , &C craignans Tire de Dieu enfaiiant efpandre tant de fang
humaines nous ont ainfi traitez. Voila ce qui nous eft aducnu,apres auoir longue-
ment attendu du Seigneur Dieu la volonté,ils'eft tournédemoncofte,&amon cri au
befoin entendu. Le prefent porteur eft homme charitable,qui nous eft venu vifiter.&: a
entendu au long noftre iugement, &croy qu'il emporte vn double de la fentence : il
vous dira de tout amplement. Nous nous recômandons aux prières de toute l'EglilCifig
voftr es, &: de tous nos frères &fœurs, parens, voifins& voifines,&: autres: comme en
ayant autant de befoin que iamaiseufmes : nous voyans prochains d'vncftat, auquel
on pourroit àbon droit préférer mille morts, fi on les pouuoit reccuoir. Le Seigneur
Dieu &Pere de toute mifericorde , &: Dieu de toute confolation ait pitié de nous, &c
nous fortifie de plus en plus , comme en ayans plus de befoin. Noftre compagnon
& frère Laborie eicrit à fa femme bien au long: faites-vous môftrer les lettrcs,& verrez
quelle refponfe nous fommes délibérez de faire , oyans prononcer noftre fentence : ce
qui fe doit faire auiourdhuy,comme auôs entendu. Tous mes frères fe recommandent
à voftre bonne grace,defirans eftre comprins és orailbns de l'eglife , &c volhes priuees
^particulières.
S'EN S VIVENT aucunes lettres desfufdits prifonnicrs.e/crites pour confolatjon de l'EgIifc:& premièrement dcM.An-
J toinc Laborie à tous fes frères en Iefus Cnrift,<jui ont communiqué i fes liens pour la querelle de la vérité de Dieu,
IcfaucU il confolc 8c admonnefte à (on exemple d'employer le temps cependant qu'ils lont à Gencuc.
fflKpR ERE S,ie ren grâces à noftre bonDieu, qu'il ma fait expérimenter combien il
|lj|||eft fidèle en fes promeflès,&:combien il fupporte la foiblcfie de fes enfans.il veut
que tous les fiens portent la croix après luy, mais il en baille à chacun à la mefure qu'il
luy plaift":afin que nous ne (oyons chargez que félon la force qu'il nous a donnée. Ce
que iecognoy(graces àDieu)accomply en moy autant que iamais l'ait efté en autre.car
ne me pouuoit-il pas drefter mes frères & parens pour perfecuteurs , comme j Abel
Cain,à Ifaac Ifmael,à Iacob Efau,& à Iofeph tous fes freres?Ncpouuoit-il pas me tour-
menter par mon enfant,commc Noé fu t tourmenté du fien,& Dauid de fon AbfalomJ
Ne
^Antoine Laborie. 34.7
pouuoit-il pas mecontrifter par ma femme , comme lob fut contrifté par Ja fienne i Ne
pouuoit-il pasme faire delaifïcr de tous amis & plus prochains , comme Moyfe, Pauid,
6c tous les Prophètes-. Iefus Chrift mefmes, &c tous les Apoftres,qui ont efté perfecutez
par le peuple de leur nation? Bref, ne pouuoit-il pas meliurer entre les mains des tyrâs, j^p*Jj
qui m'euuent enferré en prifon profonde^ obfcure & pleine d'infc&ion: & là me tenir ancienscô-
enchainé,enferré&priué de toute commodité de m'efiouir, comme les Patriarches &: ?u£ à la
Prophètes ont efté:mefmeEfaie&:Ieremie,& après eux Iefus Chrift & les Apoftres?Et 00 e',
comme de noftre temps auons entédu plufieurs des faincts perfonnages auoir efté plus
inhumainement traitez aux prifons,que les belles brutes par les lions, chiens,loups,&:
autres belles de rapinerll eft bien certain que quand il m 'euft voulu bailler toutes telles
afflictions,il euft iuftement fait: mais cependant ma chair euft efté bien tourmenteeôç
agitée en beaucoup de fortes &c dures tentations. Le Seigneur donc par la grand' bonté
me faifant fentir fa mifericorde viuemcnt , & le frui£t de la confiance en fes promefles,
s'eft tellement accommodé à ma foible/Te& poureté, que non feulement il m'aprefer-
ué de tant d'afTauts & griefs tourmens, combien qu'ils foyent promis & communémét
baillezaux fiens, mais auflî de tout cela mefmes il m'a donné confolation , grand con-
tentement &: forcercar quant à mes parens, comme pere &: mere, frères &: tœurs,ie luis
certain (grâces au Seigneur) que s'ils font aduertis de ma croix, ils en font touchez, voiT
re la fentent plus que moy:& font marris de n'auoir le moyen deme fubuenir. Delà
la fille que Dieu m'a donnée, tant s'en faut que ie foye tourmenté de folicicudepour el- Côfobrion
le,que pour me confoler en mon affli&ion,le Seigneur par fa grâce la fait profpcrer grâ. ^™eJc L
dément depuis mon emprifonnemët (ainfi qu'ay entendu par vos lettres) comme fi par boric.
ceU elle me vouloir inciter pour recognoiftre les grâces de noftre Dieu. Quant à ma
femme, combien qu'elle foit (impie & par trop mal inftruite(ie dy cela à m a confufion)
pourroye ie exprimer la confolation quei'ay receuj tant par les lettres qu'elle m'aen«
uoyees, m'exhortant à fentirles bénéfices de Dieu,& à me préparer à Ja mort fi heureu-
fe ,que par la grande confiance que Ion m'a rapporté qu'elle a eu, pour communiquer
franchémét& debô cœur à ma croix,fe conformât du tout àla volonté denoftreDieu?
Si ie vien aux amis,ie fuis confus en moy-mcfme, de voirie grand nôbre &c fi affection-
né, de ceux que le Seigneur m'a fufeitez. Car, helasi moy miferable créature du tout in-
utile, & qui ne fyiamaisqu'ofFenfer fa maiefté : dénué, ie ne dy point de fauoir &c grâce
(comme a la vérité ie le fuis)mais de toute bonne volonté,pour faire feruice ou plaifirà
aucun. le voy(dy-ie)que mon emprifbnneraent a contrifté des principaux feruiteurs de
fa maifon, voire des plus auancezauiourdhuy en fes graces,& conftituez en la principa-
le charge de fon Eglife : defquels auons receu des biens &: exhortations ineftiraables.
£t puis les Princes les plus heureux &excellens qui foyent auiourdhuyau monde, ont Hemcd les
bien daigné communiquer à nos liens ,& s'employer à noftre fecours & confolation, JjfJ^'*
côme pour leurs propres enfans. Que diray-ie de tout le corps de l'Eglife? Il eft certain Ocncuc.
qu'elle a pleuré,gemy,prié&foufpiré pour nous,tellemét que nous en auons bien fenty
les fruicts. Et non feulement cela: mais au milieu de nous, &: ceux qui auoyent quelque
cognoifTance de Dieu,&: les ignorans mefmes fe font employez, tant pour nous confo_
'1er, qu'aufli aider en toutes nos nccefTitez. Etquancliedefcenàconfiderer les biens
que i'ay receu particulièrement de vous, mes trefaimez frères , qui ne vous elles efpar-
gnez en rien pour moy, ie ne fay certainem ent par quel bout cômencer pour entrer en
recognoifTancc . car ne vous contentans des amples &: bonnes confolatiôs, par lefquel-*
les il vous a pieu me fortifier, vous auez ouuert vos entrailles, me cômuniquant de vo-
ftre bien à furfifance,mefmes vos perfonnes y ont efté employées au befoin.Mais le Sei-
gneur fait combien ie le voudroye recognoiftre. Ileft vrayque tout cela fefait pour le
refpcdt de la querelleque ie porte : mais cependant Dieu m'en fait fentir vn fruict inco-
prehéfible . Quant à la prifon,ie ne pourroye déclarer de bouche ne par eferit ladou-
ceur,bien &: côtentement que i'ay receu en icelle. Toutefois ie puis dire à la verité,que
ie ne fu iamais mieux à mon aife,& félon le corps &c félon l'efprit, que i'ay efté & fuis de-
puis mon emprifonnemët. II eft vray que cela ne procède pas ny de la beauté,ny du na-
turel de la prifommais deee(côme i'ay dit)que le Seigneur côucrtit toutes chofes en bie
à ceux qu'il aime. le vous ay bien voulu eferire toutes ces chofes,mes trefaimez frères,
afin que foyez participans de m'a ioye, comme auez participé à mon affliction:&que vo9
aucemoy con templiez de tout voftre cœur la fidélité du Seigneur , pour vous appuyer
Nn.
Livrer V. fa» Vcrnou.
du tout furicelle,&£ ne ferez iamais confus : afin aufîi qu'cnfcmblc prions noftre bon
Dieu, qu'il nous touche viuemct au cœur, pour le bien recognoiftre. Car quant à moy,
ic confefle que ren ay bien befoin, d'autant que ie mecognoy fi ftupide , que ie ne puis
appréhender les bontez de noftrc Dieu, voire eftant au milieu de rabyl'med'icelles.En
quoyie cognoy&confeiTclibrementmatrop grande fragilité & corruption. Ornes
frères, plcult à ce bon Dieu que ie vous peu/Te ouurir mon cœur, pour vous monftrer la
Côfoiacionj douleur que l'en ay. Et d'où vient la caufe de cela? Combien cfue n ayela puiflanec de 1-
imaSrc-' exprime i, fi vous puis ieaifeurer que la principale faute vict de ce que me fuis par trop
ment les fi- retiré de la familiarité des Elcriturcs fain&es.Loué foit Dieu,qui n'a pas eu efgard àmô
ddcî' ingratitude:maismamenéenceftefaindeefcole,pourlamefairerccognoiftrc: carie
nefayqueiefuircdeuenu,fileSeigncurnem'euft viiité. Quand ie vin encefte faincîc
aiîcmblce de Gcneue, mon intention totale eftoit de m 'adonner à l'eftude Je plus que
ic pourroyc: & aufli Dieu nous enuoye tous là à celle fin, nous retirant du milieu du mo-
de, pour cftre préparez à touteœuure fain&e, voire &: en iacrificature royale,à cefte fin
que renonçans à nous mefmes, nous nous dédions du tout à fa gloire. Mais,helas'com-
h^at bien malm'cn fbis-ieacquitc? Vous lefaucz,&: icrexperimenee par trop. I'auoye a/Tez
Egiîfare- de lotfir, mais i'aimoye mieux m'adonner à chofes de néant, eftant induit par ienc fay
formée* quelle deffiance ou infidélité, qu a contempler & méditer iour &: nuidr les iogemens ÔC
méditez ce- ftatuts Dieu. Apprenez donc, ie vous prie au nqm du Scigneur,à mes defpens, de
n'eftre point endormis -.carie fay bien à mon grand regrer, que pluu'eurs de vous font
touchez de mon mal. Et pleuft à Dieu qu'il fuft plus efchauffé en plufieurs:mais exami-
nez voftre confeience, ic vous prie,&: regardez quel ardeur & zele vous auez à la parol-
Ie du Seigneu r, & vous trouuerez plus que ie ne voudroye , qu'il y en a de bien froids. Il
eft vray que vous hantez les prcichcsrmais corn bien y penicz- vous le refteduiourfc'e'ft
comme par acquit. Iedycccy pour voftre falut,d'autant que ie vous aime. Ne fauez-
Leuit.11.3-i. vous pas que la befte qui ne ruminoit pas, eftoit immonde^ pollue par la Loy:de forte
que le peuple de Dieu n'en pouuoit manger? Ruminez donc la parolle de Dieu,layans
ouye:& fréquentez tellement les prefehes &c TElcriture fainéte, que nefoyezpoint im-
mondes,mais purifiez: afin que foyez prefentez en facrificature de foucf odeur au Sei-
gneur^ foyez fortifiez en temps d'afflidtion.CognoiiTez combien la fapience ctaSei-
Admoniùô gneur eft plus precieufe qu'or n'y argenr,ny pierres precicùfes. Demeurez donc fousl-
p5rî'tuL Eîprit du Seigneur, afin que pariceluy foyez réplis d'icelle, pour pouuoir iugerles œu-
gilefcfont ures du Seigncur.Car l'homme fpirituel iuge toutes chofes,&:n eftiugédenuLN eïtes-
Gc^wc.a vous pas au lieu le plus propre qui foit au monde pour eftreinftruitsfvoire vous eftes au
parc ou théâtre du Seigneur, ou pluftoft en fon tabernacle. Et puis l'exercice & diligc'-
cc des fidèles Pafteurs que Dieu vous a donnez , vous defaut-elle aucunement ? Certes
non. te le pouuops ainfi dire & protefter à la vérité, fi iamais gens 1 ont peu dire , grâces
au Seigneur. Quelle exeufe aurez-vous donc , fi vous ne profitez cependant que le Sei-
gneur vous laifle en treues : &: qu'il vous donne le loifir de vous exercer en fa vérité î Ce
vous fera vne cotufion bien grande, fi vous eftes nouiecs, quâd il faudra mettre la main
aux armes. Et telle ingratitude ne demeurera point impunie, ie me fie, mes frères , que
tel iugement n'aura point de lieu fur vous: carie fuis certain que vous eftes enfans de
Notez. Dieu, "toutefois veillez&: pricz,car noftre ennemy ne dort pas. Faites prouifion d'hui-
le> cependant que le Seigneur tarde à venir, afin qu'au iour qu'il viendra,il vous crouuc
bien prouueus, de ce qui vous eft requis pour veiller à fa venue, 6V pour le receuoir. Et
ainfi vous aurez repos en vos confciences:&: les tempeftes d'affliction ne vous esbranlc-
ront point.
O r ic prie le Dieu &C Pere de toute confolation , qui nous a confolez au befoio , qu'il
parface en vous ce qu'il a commencé, pour vous rendre parfaits en fon œuurc àla* gloi-
re de fon faind Nom, &c édification de fon Eglife, Ainfi foit-il.
EPlSTREde Ieao Vcrnou, cnuoyee à fon coufin, M. D. L. P. laquelle contient en fomme , que comme la di_
rolle du Seigneur eft ferme, aufsi doit eftrene^re confiance affeurec : eftans cnuironner de tant de bcL
fices fpiritucls. ocuc"
[|8§?lO N Coufin & amy entier, fi vous n'oficttant efperer en ce temps contraire que
l^peuflîezcômuniquerauccnousipar lettres, félon qn cfcriuez,encorcs moins To*
lions nous.Car le Seigneur nous auoit amcneziufqucs au fepulchrc,&à fôbre de mort •
tellcmét que le dernier Samedy du mois d'Aouft no9 cftiôs tous certais de pa/Icr le pas-1
&cc
JeanVernou. 34S
& ce bon Dieu nous y airoit bien difpofez par fa grâce, commeàlachofela plus defira-
blequi nous euft peu aduenir : quoy que la chair grondaft,& fit des ûennes, fi eft-ce que
refprit eftoit le plus fore. Toutefois voicy le Seigneur, qui contre toute noftre attéte&
de tous hommes,nous a retire pour ce coup du fèpulchre,& aaccomply ce qui eft eferit Pf«-«M-
au Pfeaumc, en coupant le cordage du îoug des mcfchâs. Et encores que ce ne fuft qu'-
vn delay, voire bien bref(comme a cela il nous faut appreftcr,& fera noftre plus feurcn
tout cuenement)neantmoinsenvn tel bénéfice, comme aufli en ce que maintenant
vous efcriuons la prefente, nous auons auec vous dequoy nous afleurer de ce que dit S.
Paul,aflauoir que ce bon Dieu nous fait plus de bien quene pourrions efperer. Quand
{outre le mot procédant de la bouche de celuy qui eft la vérité mefme)nous auons l'ex-
périence deuant nos yeux en la perfonne de nos Frères, tant du pafle que du preiènt, &
fans aller plus loin, en nos propres perfonnes: nous auons certes vn puifTant bouclier
contre toutes tentations: nous auons vne forterefTe inuincible contre toutes les portes
d'enfer, que Dieu eft pournous^& s'il eft pour nous, qui fera contre nous? Par ce
moyen nous dcfpitons &deffions tous ennemis auec leur capitaine Satan, à l'exemple
de Dauid, qui nous reprefente vn miroir de tous fidèles, aux Pfeaumes dixhuiticme,
vingttroifieme, vingefeptieme, cent dixhuitieme, &plufieurs autres. Ceft ainfi qu'il
nous en faut faire, pour profiter en la foy & crainte de noftre Dieu:c'eft de noter diligé-
ment telles expériences auec leurs circonftances, pour mieux nous en fouuenir, puis
les conioindre & rapporter à la parolle, à ce que noftre foy tienne de fa nature:que corn
me la parolle eft ferme & éternelle, aufli qu a iamais nous ayons vue ferme fiance en ce
bon Dieu, lequel s'eftât de fa pure grâce obligé par fes excellétes promefles à nous puâ-
tes charongnes & de nature créatures abominables,ne ceflè de les accomplir en diucr-
fcs& excellentes manières. Que noftre cœur fc fende pourdonnergloireau Seigneur pfealU17-
parviuefoy, que noftre bouche foitouuerte pour faire refonner par toutfcs louanges:
car fa mifericorde eft multipliée fur nous,& fa vérité demeure éternellement. Que no-
ftre maudite chair foit entièrement crucifiée, mortifiée, & enfeuelie auec noftre Sei-
gneur Icfus, puis qu'après tant de promeffes & d'expériences d'icclles, ellcofc bien fai-
re reuoquer en doute la parolle de noftre Dieu tant bon & véritable. Iamais argent ne
fut fi bien efprouué qu'eu: cefte fain&e parolle : nous en fpmmes fidèles tefmoins:Ô£ ce-
pendant cefte efFrotee chair ofera bien répliquer du contraire. Seigneur iufques à quâc
fera-ce? Augmente-nous la foy.
A v refte, mon bien- aimé, nous vous mercions tous des fain&es admonitiôs que fai-
tes par vos lettres,^ de la peine que prenez, & des mifes que faites pour nous . Certes
quand nous y pendons, nous voudrions eftre hors de ce monde, pour ne donner plus de
fafchcrie à tant de bons perfonnages,qui de leur grâce font plur. foucieux de nous que
nous-mcfmes ,& font plus enferrez & prisonniers de coeur , que nous qui i'ommes pri-
fonniers quant au corps. Ce bon Dieu le vous vueillc rendre,& multiplier telleinet vo-
ftre cheuance, qu'il vous face fentir en eh°e£t, que c eft pour luy que vous hazar dez vo-
ftre bien:& comme il eft dit en l'Ecclefiaftc, vous iettezvoftré pain auall'eau. Ccpcn-Fclc'n*'
dat,puis que pour le preiènt nous ne pouuôs autre chofe faire , nous le prierôs pour vo*
& les voftres, ÔÉ'nous recômanderons tous à voftre bonne grâce &c vos fainctes prières.
A V T R^E epiftre dudit Vernou eferite au Sieur de B. par laquelle il monftre que cogn«iftre la bonté de Dieueft
vue fagefle incomprehenfible : & vne confolation fpcciale de la goufter.
{SBSpO N S I E V R & frere, nous auons receu voftre lettre, par laquelle nous aduertif-
^gSjfezde voftre maladie,& nous priez de vous efcrire quelque mot de confolation.
Loué foit Dieu & Perc de noftre Seigneur Iefus Chrift , le Pere de mifericorde & Dieu
de toute confolation, qui nous confôle en toute noftre tribulation : afin que nous puif-
fions confolerceux qui font en quelconque tribulation , parla confolation de laquelle
nous fommes confolez de Dieu. Car comme les affligions de Chrift abondent en nous,
pareillement aufli noftre confolation abonde par Chrift, Et certes voila vne grâce mer-
ueilleufe que ce bon Dieu fait à tous fes enfans:aflàuoir, qu'eftans en pourete, angoiffe,
& en la mort, illes enrichit , confole & viuifie , tellement qu'ils ont dequoy en départir
aux autres. Ces chofes-cy ne font point vne philofophie imaginaire qui iamais ne fut à
la verité:mais c'eft l'ordinaire pratique des fidelesrlaquelle comme vous voyez en nous,
grâces au Seigncur,auffi la voyons-nous en vous, félon que vos lettres nous en rendent
bon tefmoignage, puis que là vous procédez franchement , que la maladie qui vous eft
Nn.ii.
Liurt-> V. p*n Vernou.
aduenue& à voftre femme noftre bien aimée fceur, ne vous vient d'ailleurs que delà
*3w main paternelle de noftre bon Dieu. Cognoiftrecela, c'eft vne fageffeincoroprehenti-
ble atout fens humain,que Dieu fait comprendre par l'Efprit de vérité qu'il leur a pro-
mis. Goufter cela , c'eft vne confolation fpeciale à tous fes bien-aimez . On dit corn,
munéroent que qui a à faire à vn homme de bien, fe repofe.encores plus s'il eft bien af-
fe&iôné enuers luy. Or nous auons à faire au trefiufte,tresbon,& tout-puiflant , qui n'a
pas efpargnc fon propre Fils , ains la liuré pour nous en vne mort tant cruelle & Jgno-
minieufe :& en luy a faïc auec nous vne alliance perpétuelle de iamais ne nousabandô-
ner, quelques imperfections &L pouretezdont nous foyons remplis detoutes parts.Que
Riénenous voulons nous plus? qui empefchei a de nous repofer pleinement en luy ? Seront-ce nos
ftom-nï "de péchez? mais là où le péché a abondé, la grâce y a plus abondé:& où il y a remiflion de
nom fier en plus de péchez, l'amour y eft plus grand enuers ce bon Dieu : tant s'en faut que de fa bô-
Dicu" té nous prenions occation de luy faire la guerre. Seront-ce nos miferes?mais d'autant
plus qu'elles font grandes,d'autât plus fe monftrera grande la mifericorde enuers nous.
Sera-ce noftre infirmité ? mais c'eft en elle qu'eft parfaite fa vertu : & tant plus fommes
forts en luy, que nous fommes foibles en nous mefmes. Cela fait-il afin que nul ne feglo
rifieenioy,ny mcfmeés grâces qu'ifareceu de fa main, mais que par icellesilfoit re~
ierjt.13. Juit & amené à fe glorifier en luy (êul,& que tout foit là rapporté d'où il*vient. Et côme
cela eft bien raifonnablc, aufli nous eft-il tant plus profitable: afin que nous ne cauions
point des puits qui ne puùTent retenir les eaux, en delailfant la fontaine d'eau viue & la
fource de vie:aflauoir celuy en la main duquel eft toute fehcitc,& à laquelle il nous cô-
uic tant humainement, ayans plus d'enuie de nous donner, que nous de receuoir. Or
trefchçr&iingulieramy, puis qu'elles certain d'auoir affaire à vn tel Perc,&tant foli-
citcux &C de vous &c des voftres,nous vous prions de côfidcrer voftre bon-heur,&quélle
fera Viflue de cefte affliction qu'il vous a enuoyee. Nous aimôs mieux vous lalaùTer mé-
diter à part vous,que d'en faire long déduit. Cependant ic vous reduy en memoirevn
poinct, qui vous pourra grandement confoler, C'eft qu'en vertu de noftre adoption &c
iuftificationgratuite, par laquelle tant voftre perfonne que vos bonnes penfecs, affe-
ctions àc œuures( ou pluftoft du fainct Efprit habitant en vous) font acceptées cfe voftre
Pcretrefbenm au nom de noftre Seigneur Icfu s Chrift. Vouspouuez dire à l'exemple
d'Ezcchias, en vous plaignant & luy déchargeant priuément voftre cœur, Hclas , Sci-
1fa.dup.38, gneur ,iltefouuiennequctu m'as donné par ta grâce quelque affection & exercice de
confolerles poures affligez. L'imperfection & fouilleurc que ma chair corrôpuc a méf-
ié parmy ton œuure,n'empefchcra point queie ne prenne ceftceuure pour vn feaude
ton falut éternel enuers moy. Car fi les grâces côrounes , que tu fais à toutes créatures,
mefmes celles qui font hors de moy, me doyuent feruir de ceia, à moy,dy-ic, qui fuis t5
fils: combien plus celles qui font fpeciales à tes enfans,& que tu fais dedans &: par moy?
Dauantage,elle n empefehera point queie ne m'affeure des promeffes faites par toy à
ton césure en moy:puis que toutes tes promeffes ne font pointouy & Amen qu'en Ictus
%.Cor.i.io. Chtift* lequel tu m'as fait lagrace de receuoir pour gagc,rançon,iuftice& fanctificatiô:
puis qu'il a efté fait péché pour moy, afin que ie fuffe iufticeen luy deuant toy.Or entre
Au Pfc. 41. tes promeffej», en voiia vne que tu as faite par *ô feruiteur Dauid , affauoir que celuy fe-
ra bien- heureux, qui iugera fagemenr du poure,& qui entendra fur luy,& que tu Jcibu-
Matth.7. i. lageras en (on infirmité. Item, qu'il nous fera mofuré félon que nous aurôs mefuré à nos
prochains. Ma confeience me réd tefmoignage que de bon cçeur i'ay tafché de m'y em-
ployer. Et feroit à moy vne trop grande ingratitudc,fi içus ombre de ce qui eft du mie,
ie taifoye ce qui eft du tien. Parquoy mon Dieu, regardant en la face de ton Cbriû> ie te
prieray autant hardiment qu'humblementtqu'il me foit fait félon ta parolle.
AUegoricd' Vo i l a vneoraifon que tous enfans d'Agarlafcruantc,forgeuredemerites,fati£.
ttÇsarah fa&*ons % libéral arbitre, ne fauroyent faire. Il n'y a que les fils de promcfTe & de grâce,
fraochc. les enfans de la franche Sara,qui lapuiffent faire.Puis queftes de ce reng, ncdoutczdc
la faire en bonne confcience,cn defpic de ce calomnjateur Satan, en defpit de peché,de
la mort, &c toutes les portes d'enfer. Viue leSeigncur Iefus,qui a triomphé de tout coîk,
pour nous. Confiez-vous donc en luy, puis vous affaille qui voudra : il a affez de force
pour vous maintcnir:de bon voulôùyl n'en a pas moins^ de cela vous a donné aflczde
teûnoignages, tant par parolle bien authentique que paroeuUre une & plus évidente.
Il ne r efte fin on que vous le f uppliez aftc&ticufçmen c qu'il vous facefentir par effecl cô-
bién
ces choÉcsfow véritables, comme nous fommes certains qu'il le fera: voire quand il n'y
aurait qufe ce figne, lequel nous vous reciterons pour voftrcgrandc coniblation ,c'eft
que ce boa Dieucn toutes nos oraifons qu'il nous donne la grâce de faire, il vous met
toujours deuant nosyeux,& en nos cœurs &: bouches :mefmes nos cœurs s'enflamméc
,plus alors depuis qu'auons entendu voftre neceifité .Puis que ccft ardeur procède du
lainctEfprit, qui gémit U crie en nos cceurs,c'eft ligne que Dieu nous a défia exaucez Efa-^ d i4
pour vousiveu qu'il promet par Efajc de nous exaucer auant qu'ayons crié.
A VTRE lettre <iudit Vernou aux miniftres doGencue, contenante la procédure tenue cotre luy & fes com-
pagnons deuant les feigneurs du Parlement de Chambery.
£|j]|5 E fuis bien marry,tieshonnorez Sieurs & frères , que mes bons côpagnoft s &: moy
ffffi§§ ne vous auons peu iufques à prefent faire enrendre de nos nouuelles,&:commenr
nous nous fommes portez es aifeuts qui nous ont efté liurezj>ar les ennemis depuis nos
dernières lettres.car ie fay combien cela vous euft efté agreable>voire& en édification,
d'autant qu'en nous eufsiez eu plus ample tefmoignage de la bonté & fidélité de noftre
Dieu enuers vous & tous les fiens,pour y repofer plus coyement,&: le glorifier plus arde
ment tant en aduerfité que profperité,en la vie qu'en la moi t.Mais Satan ennemy mor-
tel de la gloire de Dieu & de noftre commun falut , a braiTé tout ce qu'il a peu pour em-
pefcher vn tel ceuute,fachant que de là s'enfuit la ruine de fon règne. Pour cefte caufe il
a tant fait par les fiens , qu'on nous a defnué aflez long temps de liures , encre & papier»
O fi ce bOnPcren'euft pourucu parla vertu de fon faincl Efpritau défaut de ces aides
inférieures de noftre infirmité ! Hclas,nous fuffions accablez de trifteiîe par faute de la
nourriture 4enosames:nous(dy-ie)qui(gracesà Dieu ypreniohsauparauant tout noftre
plaifirà ouir& lire journellement cefte faincte Parolle Se à communiquer aux faincts
Sacremcns.Nouse^ions,pourvray,commeoifeauxcn cage defgarnis de pafture. Car
uçoil que la pafture corporelle ne nous defaillift point : toutefois puis qu'elle eftoit fe-
paréede lafpirituelle^elle ne nous pouuoitfinon abrutirôc meurtrir, non pas de foy,
mais parla corruption de noftre nature,fi Dieu (comme dit eft) n'y euft remédié: loué
foit fonaom.Etc'cft vnechofe àdeplorer, & qui de-fait nous a grandement fafchez, Huotc Piu-
que Satan ait tellement la vogue, qu'il fcfcruemefme de ceux qui font profefsiond'e- ^eurs?«ett
ftrt fideies,pour meurtrir ainfi nos poures ames entant qu'en eux eft, voire nos corps
quant & quant:en forte qu'ils préfèrent leurs offices,biês,Ô£aifances charnelles àlagloi de Chambc
redu Fils dc0ieù,à la vie éternelle,*: à la vie tât fpirituelle que corporelle de leurs pro- tY'
chauis : qu'ils baigneront & fouilleront leurs mains au fang des innocens , lés vns aper-
teroent,les autres couuertement : les vns dire&emcnt, les autres d'vrie façon oblique,
qûedy-ie des innocens ? mais dés enfans de Dieu,& vrais membres de fon Fils Iefus. À
latnienfle volonté qu'ils einTent autant de {agefTefid d'humanité que plufieurs infide-
Iës,quifc leuctont au iugement contre tels Chreftiens baftards, qui fe forgent vn Iefus
<3hriftde^eîoux,5c vnEuangile fans croix U perfecution .-qui au temps de paix ou de
quelques treues fe vanteron t à bouche ouuerte d'eftre de Chrift , mais au temps de l'e-
fpfœuue & au fort du fait quitteront fon party deuant les hommes, & ne demanderont
àu?à retirer leur efpiûgle du ieujcomme Ion dit,iu(qu'à eftre les vrais bourreaux de no-
ftre Seigneur Iefus Chrift, après fa triomphante refurrection,en la perfonne de fes me-
brës.^pOr cefte complainte méferuira non feulement pour defeharger moneceuten
voftre giron,pui$ que de voftre grâce en tout & par tout vous-vous eftes monftrcz mes
vrais& fidèles amis,fur tout en l'extrême necefsité;mais aufsielîe meleruira d'entrée à
vous raconter comment Dieu nous a gouuernez depuis nos dernières lettres : en quoy
vous aurez approbation de ma iufte complainte. le ne diray pas tout : car la brieuété^
du temps &: du papier m'en empefehe. ie ne reciteray le fait de mes frères : car puis que
tout le téps de noftre audition nous auons efté feparez , nous reciterons plus aifénïenfc
vn chacun de nous noftre fait.
^ Le Mecredy n . d' Aouft, après que noftre fentence des galères nous eut efté pro-
noncée parle lieutenant du Vi-baiily, enuiron quatre heures après Mydiie fus mené
deuant Mefsieurs de Parlement, à la folicitation defquels le procureur du Roy auoit
appelé , tantjHam à minima. Le premier prefident me fit iurer fur les Euangiles de dire vé-
rité, mais quand i'eu apperecu qu'ily auoit vn crucifix, ie pi oteftay de ma foy contraire
à la leur quant au poind des images.Noftre Rapporteur Craflus m'allégua ce verfetan- d
cien , Nam Dm eft <ptod imago docet , fed non Dem if fa. À quoy ie refpondy , fi c'eftoit la nouble^
matière ou la forme de l'image qui me reprejentoit Dieu , & qu'elle fimilitude il '
Nn.iii.
y aùoît de Tvn a l'autre . quelle conuenance il y auoit «ntrcle *ray Bien <ficc<pieillard
couronné de trois couronnes tel qu'ils ont en leorfcdlciina^i«Tpii^tc«.ilwftpli^iiic-
renê'que Dieu s'eftoit fait homme , &: foudain roc coopéanc btochc quant àce piopç*.
CLeikt Prefident après m'auoir interrogé de mon nomade monaage,du heucic ma
naiffaftce,& delà caufe de ma priic, & après auoir entfcndu mes vcriç*bi« r*fpanfe$ïisr
fes interrogatoires, me fit vne belle harengue & fort at crayanïe>mc propofe^ butoir e
de Dieu,la faueur &: bonne affection de toute la Ceurenucrs moy,l« ptohr qoeic pow-
roye faire à mes prpchains-.qu'ils ne s'éftoventafîèmblezipôur vn tel affaire fansla con-
duite du iaindEfprjt,&: (ans l'inuoquçr premièrement:^ qu'il né fatloit que icfu/Tcfi
prefomptueuxdcpenfereftreplus lagequetantdegéSjOuditequeleS.Efprirmcgbu
uemaft pluftoft qu'eux: que iemeretournaflè au giron de noftremereieglHe. item,
Rcmonftrâ d'où me venoit cette audace d'outrager ainfi le Pape , l'appelant A n techrift,&: la Me/Te
ccJuiJrc idolatrie,&:.ccuxqui]afuyuentidolatres:veuquequantauPape,cncores qu'il îoit vn
ûdcm- peçheur,fi cft ce que fon office eft de Dieu, & Luther & fes femblables ne lé dcupyent
ain(iiniurier,maispluîl:oftgemirfansfairctellesdiuiiions& troubles: que fi nous vou-
lions bien appliquer les paflages des ThcfTaloniciens,& de l' Apocalypfe touchât l'An-
techrift,que c'eftoit à Mahomet qu'il les falloit appliquer , & non pas aihfï /mûrier les
Chrcfticns nos pou res frères. Quant à laMefle, que c'eiloit vnfecrifice dadion de grâ-
ces feulement^ que le corps de Chrift y eftoit, veuqu'il'Ie pouuoit ouvoûïoit, félon
ces mots, Ifoceftcorpitsmeum-Ac la manière comment, que ce n'eÛoit à nous de nous en
enquérir, U grand' folie de nous en tourmenter ainii. Qu'il fauoit bien IedifFerent de
Luther,Zuingle& Ecolaropade,& qu'il, auoit veu les liures de nos Docteurs: niais que
ie m'arreftafTe pluftoft aux Docteurs anciés&: auxfain&s Conciles. Que nous autres e-
ftions merueilleux acerteneurs des chofes fi haute?. Voila quelque fommaire dçs pro-
pos qui me furent tenus cëfte après djfnee, dont il me fouuient : non pas tous cl* iuicte,
mais félon les refponfes par mpy faites autant qu'il plaifojt audit Prefident m;en dôner
licence. Car il auoit bien cefte aftuce dem'interrpraprç, quandil auoittrouué en mes
propos quelque pe/tuis poqr clchappçr,&: d'adioufter raiions lur raifonstfe forte aueie
fu cotrainr de luv dire qu li me faudrpitvoc mémoire Angélique pour reipqdrcàtoiit:
que s'il luy piailoit de m ouyr àloifijr, ou de medorfner temps de retpôdre p^r ewrl^que
non feulement ie luv rcipqndroye à tout ce que de/Tus, mais te mumrov*n au*tqs,aigu
mens contre nous/puisifyendonncroye la {oluuqq: Ypirc lur peine d oltre moniupe
moyTroeime aquelque efpetç uc moi? qu'il icur piairoit. ve omis ne me voufaientac,-
cor der, çjilans qife mna#s ne niônftrerent telle grâce a perionne , de I ou vr a numaipc-
xnem ên tel crime, i-atqvrpy je m contraint faire aux propos fuldus cm&mPAntejow'.le
tpuçberoyc icuie^ncnt en bref: C cft que ne niove pa< nue leur compagnie ne railhans-
noraple , mais que srttaUoit îueer leîqn fappatençc cxterieur.e.cnj.e tanjç .q^e, vuie s,****-*.
royaupK$*,tant d'exccUçni per?onnages£n soutes fortes-dxgcaçes (Diutuciiesjfc coçpa-
rçUe*,qui auiourdhuy tiennent v^emefmç4pcrnnetmenteroventbjenqueieieseuilc
cn.auitigrandprix qu'eux.,*: qu il ne leur de^pleiu^f^
autre rondement de roa foy^ lequel ie levft; rnpnltray félon le Itfjfir pir eux ottroye* ™ y
imita, m amena la vieille guerre, Multa habco dicc^^.nçn^otefips^Lc. Par le cpncjle4oïe»ufaiCi
AOjf. Sec. Comment i^ftove certain de rEfçriturc:(de s'accommoder à tousrn choies eocicr-
nes»&:c. AquoYncjpcu obtenir lieu de refoondre fuftfiarnmenr. Q liant aùPapéjie Juy
rdtpôiiévqùè la vie cftoîtbiçh vq prc'paratif pour iuger de tadôdrine: nô pasqu Upfel-
çpi't car ce n elt pas choie conuenable à fa facrec Maieftê de preici^ ) jnais diie
mainrcnir par tcu^5< pgrglaïqc . cependant g;ue îa qoctrinc eltdu cou t contraire ixAUç
deletusrv^nritt , voire vn aboliïTement d iceileet aneantiifementdçXagracec.ee quç ie
prouuay par kursi)ïalphemcsde Purgatoirc-&: CaiistactionHfur^elquelç articles iern'-
arreh\ay tant qu'ils fufïçntvuideZvlâchant bien farufe, qui eftoit d alictducpq à Fa#ie,
comme ion dit, !i me diloit en celte macère & quafï tcjuxçs autres *Quc nous, equ^cv
îutques a rougir oeuant les compagnons, y uant a Luther» leiuyremonftrav U
{>roccdure entieri le Pape ? & Cjue l'cxamci?3c ladqdtrineappanicnt à vnci>aainjS4e-
c& par plastbrte raîron à piufiedrs pàys^a royaumcs;&c.l auoye bÔnjeenuicTdc biéac
cbuffiéer lçurMcfle,mais iiné m'en tonale moyeo,dQpç fn qqntr^jpï 4ft le* renvoyer
àl'A-
â i'Ànatom ie de là Metfe,fcfce par Kff*. Vfret. Finalement ie fu admonûc(& d c n c. c'dt Je H
ftreopifliauVe.A q«^K^!>6ndy^Dlei|i>c^ HbÎJ<k
cftôy effteftde fou mettre tous mes feu* , Qu'ils inc, feroy ent plaifir, quanénlemoiïftir- UrSté .
royétqtreiv ertoyedefaoyé.-Et c'eftoie par là où ie comiftençaylelendemain mon prou
pos>&: quan leî> mefmes madères que deflu s furent dHputeos. Lelundy^resruiincs
appeiez,oùte Seigneur melit la gracede leur remonftrcr leur faute ,encequ'ilsdon-
noyent moins d'audience en vne caufè de telle confcquence,qu 'dsnt feroy ét en queL
^K^aufe priuee.en ceaufll qu'ils ne nous vouloyent pour le moins faire^vn tel tour qu
onfâiloit iadis,&feit-on encore maintenant és Eglifes reformeès,aux hérétiques, c'eft
qu'on ne les defgarniiïbit point des armures qttfont lesChreftiens, aûauok des faindes
Éfcriturc$,&auflî des autres do&eurs ariciens,ck:mcfrnes des liurcs de-leurs adueriàires:
ÔCen&ppelant fur celé tefmoignage de leut propre confidence, fauoir û iâmais nous *-
uon*pcu déduire vne feule raffon pour nos defenfes.
E P I$TR E commune dcfdits prifonnicr», enuoyec aux miniftres de Gcneuc, monftrante le combat que Jcs enfans de Dieu
ont eu de tout temps contre les refolutioiu de îa cluuyjui répugnent à vne Vérité quel' Efprit de Dieu requiert en
. nos refponfes.
^ I. Vernou, A.Laborie, L*f rigalet, B. Bataille, G.Tauran,prifonniers de noftre Sei"
' gneurIefusChrift,aux miniftres de Geneuc,8c:àtousnos bien-aimez frères au Sei
£neur,Gracc &paix de parDicu noftre Pere,& de par noftre Seigneur IcfusChrrft.
en la vertu du S.Efprit, Ainfi (oit-if.
VIS que Dieu par Ta mifericorde,nous ayant retirez de ce mefehant monde rel
S^g pîy de îcahdales infinis,hous a fait fes vanîeaux d'honneur, à ce quefagloirçrcL
iuifecn nous pouiameher en fon Eglifenos prochains*: cftbien raifon que nousmét-
tionstoutc diligehce,nonfeùIementà nous contregarder de tout fcandalc,mais auffi
dé toute apparence de mal:& au contrairequê nous foyons tbuchezau vifd'vtrteîzeïe
de la maifon de noftre Dïcu,quc nous en foypns comme bruflez& confortiez, li'fcx'cmr
pîc de Daùid,miroir de tous fidelcs,ou pluftoft de noftre chef & capitaine îélBs Chrift
p^r luy reprefenté . toutefois le diable a qe tout temps ,& fur tout auiôurdnuy Vne telle
vogue par le monoïque quelque folicitude qu ayen't les (èruiteurs de Dieu'^etttcft^i
dâlrZcrp.erjfonnc, mais d'édifier tous:(i eft-ce qu'ils n en fauroyent venir à:b'outcbmtnc
ils deuroycntjcom mc nous' le voyons en Abraham pere des croyans , enI:btf»ipaoid>
ÎGihabiôi autres ridefcfcqui font prefq^^
des iîensjque par l'infirmité de leur çhait,^û'iîs ont quèjquc fois vfc de Tnoj-chsobli-
ques,& comme £ trau ers dia'mDs^ourparuenkà quelque bonne fin': En qpàyic S&i*
gneUrîes a voulu,fc nous en cux,mftrin>è à humilité & crainte : tant s*#n faut qà^èfti
àiVWiiUi donner quelque couïin à n.oftrç matt^iiccliair ,ou occafî'oflde'^ôû^elgaVtfr
ëii moyens .iiricicestqiïc oluu^ït nous tr^mWîons deuant (l\fànrit$nistyc&lôûrMî£<
ceiquiUdXi^ ilnous traite ff maniai,
némerit., ' , . .
C e c y. difons-nous,mefileurs & frères trefcfycrs x non point afin que nous exeoficÉ Les refpon-
. pu flattiez en nolïrc ignorance ^fdiblene,proçedantes cfvne trop gr and cinKàetiiê& Jjj^5în
aefîîancedc'làfageliem^ plus que patertiéUé de' fidélité &
noftre bon Dieu^tout fagç & tourpuiftant , qui fait bien befongnef fans moyés,#i hief- «lefFiancc
4 mes contre tous moyensimais afin que par pitié vous le priez pour nous , nous c5ftmëz
par vos lettres,&app reniez à nos defpens jde vous exercer en la méditation de cérr^rat.
fainàélk admirable prouidence de Dieu , ayans en deteftation ces malins , qu'iriéde-
mândént qu a renuerlèr vn article de noftre foy tant vtile>tant necefTaire,&:4eqùèl p'ar
expérience auonsfenty eftre vn trefpuinant&: tresferme boulleuàrd contres tourtes lcs^
tentations des ennémis:maîs ce n'a oas efté toujours d'vne égale médire defoy :t qui à
cfte caufe qu'auons cfte contrains d vfcç d'yn moyen oblique en quelque endroit: coni
me vous pourra dire plus au loD jçce bonFrercporteur delà prefente:& auffi noiisvous
en dirons quelque mot:
Os jt qu eftans interroguçz n ce n'eftoit pas l'vn de nous qui a prefché à Barbotta,
Feneftclla,&c.&meÛTiemènt leiourdePafquesenvnpre : &û nous ne cognoiffions
point Barbe Paul,&: plufîeùrs autres qu'il nous nommèrent ( fuiuânt la teneur des let-
tres que leur cfcriuoit le premier-Pfefident de Grenoble,touchant ce poinct,&: mc(mc
"Nn.nii.
A-
toute rentreprifc 8c pourfuiteedenos bonnes gens , aumoins pqurla pjusgrande pas-
Negatioo jjç^ousni^cstoutàplatleÉii^&quenci^uiosrkn^etoutcela. Ce que ne filmes
ÏZ*£t fansy*foeibix&Ucitezp lei-
ucri« au- quclIe^cantiefditsFrercs que nous luy prcfcntafmcs bienan\^ucufcmét,»y aufsi fans
ue* auoitbicn misàla balance,tantqucl'imbecillitc dcnoftreiugemeotfepouuoiteften.
dre,lequcldt*deuxm«uxfcroiclcmoindre,oud,vferdem£nronge , ou de mettre au
trenchant derefpee,& expofer au feu tant de bons perfonnagcsanciens.fcmmcs&ca
fans: voire que les paftcursfuflcnt aucunement lçs bourreaux de leurs brebis , pour lef-
quelWiisnedeuoycntmcfmeefpargner leurs ames. Oquel creue-cceur : Certes,
trefehers frères , quand il n'eftoit queftion que d'abandonner nos perfonpes à
la mort pour la confeflion de noftrcioy,Dieuauecvn tel honneur nous faifok auf-
fi la gtace d'eftre gais en luy y& de luy chanter Pfeau . au grand regret &c rage de nq$çn-
nemls.mais nous confeifons que quand on apporta les nouuellcs que Ion nous deuoit
intcrroguerdetelspoinftsàlarequcftcdudit Prefident, qui mettoiten auanteeque
nos luges taifoyent volontiet s,encorcs qu'ils en euflent quelque occafion à caufe des
lettres que portions;alors nous fufmes bien eftonnez,ne fachans que penfer nedire,no
faire. Car quand il n'euft efté queftion que d'endurer toutes fortes de tourmens ; fie
bienla chair euft fremy fi£ fait des ficnnes,fi eft-ce que l'Efpric leuft gaigneemaisfclon
noftrciugcroentnous voyons qu'ils n'eufient pas laifle pourtant, quelqucs^urmens
qu'euffions enduré,d'eftre en dager: veu que fi nous euffiôs dit qu'ouzo» nous euû trai
né à Gtenoble,& là tourmenté,çonfronté tcfmoins,&: mefmes mené fur le lieu.£n ce*
Perplexité ^c pCrplcxité nousfifmes enfemble conclufion de tout nicr,nous remettans toutefois
fcftC qcfttf à laconduitte de la prouidence deDieu,qui pouuoit vfer de moyens à nous inconnus.
derefpWrc Qr il luy a pieu que les chofes ayent eftc tellement menées, que ceft orage clt aucuae-
d" lu«f mène cqiréîdcforte que nos amis difoyent que tout ira bien, fie qu'il neroftç plus qui
F^rcT* prononcet nbftrc fentenec des gaieresxomme vous dira cedit porteur. Ccpcndaut
nous Remercions leSeigneur de fa bonté enuers ûous,ficmeimcmct enuers noscntiatf-
^afTauoir noftre poure troupeau:fic le prions qu'il luy plaife la continuer,^ accrqiftre
fck>n lApiomciic U manière de faire enuers tous les fiens^t quant à cé qui a efte meue
denoltrc corruption parmy fa prouidence fie fpnouuragc, qu*il n'entre pouit-cn iuge^
ment auec nous,mais qu'il nous pardonne &cela & tint d'au tres mefchacetezau aol**
de fon fils Ieius:& qu'il nous rcfofihC tellement par fon Efprir, que nous fabbatifions
mieux; que ia.mais,renonças a tout ce quieft du notërc, pour nous îaiiler paiùbJemct cô-
duire&lon fa fain&e volonté.Et s'il luy puilt nous chafticr côme les énfans , qu'il nous
^n^piuûoftauxgalercs,aufqtieîles nousfommescôdamnezà perpctuité,ou en quel*
àamat forte qu'ilTuy plairacfeulemét qu'il frappe iur nous 6C la maifon de nos pcres^K
queccnewple eftant c{parg-né,pluftoft iInousabyfoac.Helas,Scisneur , ta volonté toit
raiâw.aVcs oitiéde nous fie des brebis de tà pafture,tcfqueîîcYtu flous as commues, v^
rc amc pour ame.Quc ce que tu difois à fainct Pierre refonne «.uuuours ennos oreillles
V en nos cœurs,Pierre,m'aimes tu?pay mes brebis. Que la charité de Moyfc , de fainct
Paul-*c mcfmc de Icfus Chrift,foit toufiours deuant nos yeux. Ce que nous demandés
pour nous , aufti faifons-nous pour vous , ô bien-aimez: &r mçfmement pour vous nos
bons pères en lefos Chrift,trefchers fi^trcfhonnoréz pafteurs cfc fonïglifecVous prianS
de teirc le melmc en voftrc enefroift pour hous,ainu que nous nous recommandons af-
kmaiV* feigtueufement à vos bonnes gracès.
N o v s ne rcipondons point pour le prefent aux deirniér«iettr«o^ciUHisauezcnJ.
uoyccs.ee pour autant que bien toft après qu/elles furent rendues Giiuc nos maujs , cl:
\cs naus nirent oftees par les amis,dc rieur qu'eflés ne fufTenrtroUu<*es de ceux qui de-
Vioyent tairp la vifite,dc laquelle on foupçonnoit bien fott.Ioint auïïî que le prefent pop
teut cftoit fi prclTc de partir,quc hous auons efté contreintS de faire pluftod fin d'eicti-
re que ne délirions. Lagracefc dileftion dé Dieu noftrc bon Pere , par nôïtre' Sei-
gneur fie Sauucur Icfus Chrift fon ^ilSjOn la communion du S.Efprit, (oitàiamëisaucç
vous tous, Amen.Dcsprifons de Chambcry,çe vingtdnqiueme de lùillet.
V o s humbles frères fcs fufnommez.
EPI STRE cominunc des cinq , cfm«à MJcuCaioin.
jJJOTO KS IE V Kfr «cfhonnorc parc cnnoftrc Seigneur, nous auons reccu voslet*
^B^rcs du cinquième de Scptebrç,qui nous ont grâdcmcnt confoJcx. Car elles nous
teftifient
DesÇinqdeChambery. sjr
teftifientvoftre ardente chante, &de tous les Frères enuers nPus, entant que vous-
vous eontriftez tellement de noftre mal félon la chair , que cependant ne lailfcz pas de
voqseliouirde noftre bien félon l'efprit,en pleurant auec lesplourans,& riant auccles
rians:dequoy nous vous mercions trefaflè&ueufement. De noftre part, combien que
fpyonsioyeux de ce que le Seigneur par fa grâce nous donne dequoy vous rèfiouir en
fainctelieife,quelqueschetiues,pouies& miferables crçatures que nous foyons : fieft-
çe pourtant que fommes falchcz de vous donner,& à plu lieu rs excellens perfonnages,
$f. mefme à toute l'Eglife,tant de peine &c de foucy .la foit que plufieurs Pccafions de ge
mir nous foyentiournellement prefentees,toutefois cefteJan'eft point des dernières:
réellement que defirons & prions ce bonDieu,qu'il vous ofte bié toft de cefte preflè qui
vous (erre ineeflamment à caufe de noftre prifon , en quelque manière c-u'il luy plaira.
Si c'eft par mort,tant mieux pour nous.Seulement nous le prions quilluy plaife accroi
ftre en nous de plus en plus cefte arîe£tion,puis que de fa grâce il nous l'a dôneetcarpar
ce moyen ferons deliurez de plufieurs priions, voire beaucoup plus ennuyeufes que ce-
fte tour où fommes enfermez.S'iUuy plaift nous deliurer en quelque autre façon , fatif-
f aifant.au defirde ceuxqui nous regrettent fans comparaifon plus que nevaipns,que ce
foit pour refpondre àleur attente ô£àrlayoftre:qui eft que nous nous employas mieux
que iamais à glorifier {on fainét Nom,& edificrfonEglife.Parquoy difons louuent auçc
If)auid , O Seigneur Dieu des armées, que ceux qui s attendent à toy ne foyent point DuPfezj.
confus en moy:& que ceux qui te ccrchcnt, ne foyent point rendus honteux enmoy,
PieudlfraeJ. Que iamais nous ne iouiifions de cefte ombrage de vie, finpn^cefte
condition: puis que de fa grâce il nous a mis en train de fbrtir du milieu de cefte gênera
tion peruerfeôc adultere,oùil eft blafphemé en tarde forces que c'eft vn horreur, pour
luy aller chanter louanges immortelles en la compagnie des Dien-hcureux:& vous pri-
ons bien fort que par vos oraifons enuers Dieu,nous aidiez à obtenir cefte requefte.
^ A v furplusauûj quand eferirez aux Eglifes de Laufanne & de Neufchaftel, de les
(olicit& èfaitçlç.mç(rnc:te les remercier de leur bonne jaflè&ion enuers nous : de la-
quelle&.de la vpftrenc doutons aucunement, mais fommes partis que ne pouuons ref
pondre à icellctant y a quenous nous y efforçpns,& fupplipns ; ce, pon Dieu qu'il vous
recompenfe les biens &fpiçituels & corporels , que receuons de vous tous , • comme
4e nos vrais percs fi£ nourriciers. En quoy certes nous expérimentons bien la yerite
de la promefle du Fils de Dieu , aflfauoir quiln'y a nul qui ait laiûe maifons ou fre 4*t*
res,oufœurs,pupcre ou mcre,ou femme,ou enfans , ou champs pôurl'amoutde luy &
de l'Euangiieique maintçnajar; en ce te m ps-cy il n'en reçoy ue cent fpis autant & au fie-
ç\c à venir vie éternelle. Quand en ceft endroid & en plufieurs au tres l auons trouue
#dek,nous ferions bien ingrats &: vilains, fi nous ne concluyons ce qui eft efxrit > Ce pfô 8 1
pieu eft noftre Dieu à coufipurs-mais,& il nous conduira iufques à la mort. Par ce que ' 4 iy
^eflpspouucziugcren quelle difpcfition nous iommes quant à lefpric, grâces à noftre
bon Dieu.
^"S'eksviyent autres lettres confolatoires , extraites de celles qu'ils ont -fen-
tes en particulier vn chacun à leurs parens,femm es & amis.
.Prernieremc:, de Ican Vernou à fa fouir, M. D. L V . par ces lettres ratts fidèles font admoneftez de fe donner garde des menfoa-
ges & tromperies ic ^ aun noflre ennemi mortel* & le beiloin que nous auons d'eftre domtez par croix & tribu lariÔs.
No s t r s Seigneur vous face fentir par efFeér que ce n'eft fan s caufe qu'il fe nomme
Pere de mifericorde$£ Dieu de toute confoiation au nom de noftre bon Seigneur
& Rédempteur Iéfus Chrift.
(VIS qu'ainû eft,ma trefehere fœur , que ne pouuons eftre couronnez fans batail-
|ler,ileft bon que foyons fouuen caduertis à quels ennemis nous auons à faire , &c
<|ùeîies font leurs rufes de guerrc.Et de fait c'eft vne grande partie de lavictoire,qu'a-
uoir àfairea vnennemy cogneu. Tous fauent bien le nom des ennemis communs du
genre humain & peu s'efforcent à cognoiftre leurs malices , en leur refiftant à bon ef-
cic'ncnu! ne les (àuroit entièrement comprendre^ encores moins exprimer . Car s'il
fc'y a gue lefeul Dieu qui puifTe fpnder la profonde malice de la chair, ceft à dire de la
corruption du cœur & de tous les fens humainsiqui viendra à bout des rufes ôc mef cha l Te*n 5
cetez de ce monde,quc fàinâ: ïean dit eftrè mis en mauuaiftiê : & de Satan qu6S.?aul Eph '9Mf
imt->V. ItAnVernow
appelé aucctoutc (afeande,aflàuoir tous malins cfprits>lcs PrincipautezJesPuiiTances,
les Re&eurs du môdc,des tenebres de ce fieclclcsMalices fpintuclles qui font çs lieux
celeftes,c'eft en l'airîDc noftre part,encores que cefte fciécefoit trop haute pour nous,
fi eft-cc qpieu veut q nous-nous y cxerciôs iournellemét,afin qu'eftâs abbatus en nous
mefmes,6c dcfcfpercz de toutes nos forces imaginaires: nous foyôs redreflez en luy, fie
vrayemét afleurez enfa puuTantc main. Or entre les aftuccs infinies du diable &c de nos
autres ennemis qui luy feruét c6me d'inft rumé"s,cefte-cy eft bié à noter,& le Seig. vo' y
adiourne de plus près q iamais par les afflictiôs qu'il côtinue de vous enuoyer,c eft q de
quelq forte que ce bô Pcre traite fes enfans pour les approcher de foy, iufques à ce qu'il
les ait du tout recueillis en Ton royaume celeftc, ce cauteleux ferpent s'en veut feruir
pour les en eflongner.Si Dieu nous enuoye des biens, comme certains tcfmoignagcs
de l'amour qu'il nous porte, pour rompre nos cœurs endurcis, & enflammer nos cœurs
gelez, à l'aimer: voicy Satan qui feferuirade noftrc propre chair, corn me de Dalila en-
luges t* \ uers Samfon, &: de Bcth-fabec cnuers Dauid , pour nous endormir icy bas , & pour
*5ua-lt quelqueapparencedcbiensnousfaircquitterlcbien.faiâ:eur,&: mefmesd'iccux luy
faire la gucrrc.Si Dieu nous enuoye des maux, ou pluftoft des médecines propres à U
guerifon de nos maladie» fpiritucllcs, voicy Satan qui nous voudra fajre accroire que
ce bon Pcre nous hait>& par ce moyen murmurer & grincer les dents contre luy com-
me eftant vn cruel tyran. Ainû* félon le dire de noftre partie aduerfe,qui eft le perc de*
menfonge,iamais Dieu ne nous aime,comment qu'il nous traite, quoy qu'il nous race.
Pv i s doncquenouscognoùTons qu'ileftfiruiémenteur,parlaparolledcDicu,qut
g«^ ç eft la vérité mefme.puis qu'après auoir promis à noftre pcreÀda qu'il feroitegaUDicu
il l'a rendu tout au rebours fcmblable à fby.mefmc, l'attirant en vne mefmc perdition:
gardons-nous bien delecroirc,& que les miferes infinies, lesquelles nous fentons en
nous, te voyons aux autres par le menfonge de ce menteur, nous rendent fages pour IL
aduenir. Et afin que le puifsions faire, priés fans cefle le Seigneur qu'il nous dcfpoui 11c
de noftre iugement charnel,& qu'il nous en donne vn fpiritucl par Icius Çhrift, qui l'a
receuauec toutes grâces pour nous le communiquer. ^En après efcoutons-lc parler
ànous en fes fain&es Efcriturcs,qui fontlettres qu'il nous enuoye d'enhaut pour nous
retirer des menfongéf du diable,& nous amener en toute verice. Or là il nous déclare
«ueÏMffl? que quoy qu'il nous aduienne,cn premier lieu nous regardions toujours à !uy:& nom-
Soosrka. mémenc quant aux affli£tions,qui femblenc peu conueniràfanature,que nous (âchiÔs
dS.Si v. qu a la vérité c'eft luy qui les enuoye : non pas pour plaifir qu'il y prenne , mais pour
ne fouucrai donner quelque petit gouft aux hommes,de ce qu'il monftrcra manifeftement au der -
neronfola- mcr iour^fTauoir qu'il eft iuftelugedu mode, aimâtàbÔefcietiufticcj&hay/Tantmor
tellement l'iniuftice:tant afin de rendre d'autant plus inexcufables les infidèles, que
pour legrâd profit des fidcles.Car il leur protefte qu'il ne les afflige pas pour haine qu'il
leurporte,ainsau contraire pource qu'il les aime tant& plus(tefmoinfonFils qu'il a
plongé aux abyfmes de toutes leurs miferes pour les en retirer ) il veut auflî par les affe-
ctions qui font les f ruids de péché, les amener à vne vraye haine de péché, & par ce mo-
yen les faire recourir plus ardemmentàla grâce denoftre Seigneur IefusChrift, pour
en eftrc par luy deliurez. Il veut qu'en affli£tion,fentans que c'eft que de l'ire Diuine,
pour peu qu'ils en gouftcnt(au regard des reprouuez, qui fans fin feront accablez de
tourmens efpouucntables & incomprehcnfibles)ils remercient d'autant meilleur cou
rage ce bon Sauueur qui les a deliurez d'vn tel goufTre,bcuuans en leur lieu le calice de
l'ire du Seigneur: & qui mefmes a tellement fan&ifié & benit leurs miferes en fa croix,
qu'elles leur apportent tout bon-heur,entant qu'elles les inftruifen t à plus grade repen
tace,humilité,foy,recognoifrance de la grâce de Dicu,fic de fa vertu au milieu de leurs
infirmitésrclleslesdefracinentdcs vanitezde ce monde pour les faire penfer plus fon_
gneufement à ceile vie bien-hcureufe,& y tédre de plus grande afFe&iô:ellcs les rcndët
conforme s à leur chef noftre Seigneur Iefus, non feulement en ce qu'ils foufrrent &c
meuret côme luy,mais aufsi en ce q par ce moyé il leur cômuniquc fa fandificatio, à ce
qu'ils foyen t fàin&s ainfi qu'il eft Sain&& que par ces deux voyes.aifauoir de la croix &
de (ain6tcté,ils entrent aucc luy en çefte ioye celcfte 6c vie éternelle. Voila des frai&s
au LdeS. excellens qui nous reuiennent de cefte bien-heureufe croix. Mais fuyuans l'admonitiô
laques. de faind Iaqucs,il nous faut demander à Dieu cefte fagefle , aflàuoir que nous fommes
heureux , Se qu'il n'y a matière que de ioy c,quand nous tom bons en diuerfcs tentations
&
Iean Vernou. jji
3£ mifetfes. Lors en defpft de noftrcchair nous conclurons aucc DauidjSeigneurjil eft
bon que tu m'ayes humilie & affligc:afm quei'approuuc tesftatuts.Si vn teipèrfonna- 118 7 1
ge en a eu befoin,côbien plus nous?Ie vous prie , quelle nonchalâcey a-il en nous à co-
gnoiftre& faireeeque le Seigneurnous commande ? Maispluftoft quelle beftifecoh-
ioin&e aucc vn merueilleux orgueil,pour concreroller Dieu enibn parler , &: auec vne
grande rebellion,pour nous rebecquer contre luy>&mefmesluy faire la guerre ? quel
meipris de noftre Seigneur Iefus?quelle ingratitude? combien fommes-nouS tranfpor-
tez parles vanitez mondaines de la méditation de ces biens celeftes? Ceux qui ontle
mieux profité , Tentent mieux ce que ie dy , &: en gemiflent tant & plus,defirans la plei
ne mortification de leur chair , où tels monftreshabiten%&mefmes les détiennent
comme pourcseiclaucs cependant qu'ils rampent icy bas.
Pvn quain(ieft,ievousprie,mabien-aimeefœur,quefehtanslegrâdbefoinqira-
uons d'eltre domtez par cefte fainclèCroix,prenion s en patience les fafcheries que no-
ftre bon Pere nous cnuoye pour corriger telles abominations en nous,qui nous creuët
lesycux&lecœur,finousnefommes plus que ladres &c paralytiques quant à lame:
que mefmes nous fentans iuftifiez par foy en noftre Seigneur Icfus , nous-nous y glori-
fions pour les fuldits profits &c autres inénarrables qui nous en reuiennent. Et pour
mieux confiderer& priïer noftre bien-heureux cftat en nos afflictions, confiderons àl'-
oppofitele malheureux eftatdcs poures infideles,aufqucls les affli&ions fontdomma
geables,pource qu elles leur apporteront vne plus grieue condam nation,dautant que
par icelles ils ne fc feront point amedez félon que Dieu les y conuioit. Ils n'ont point,
ditEfaie,rcgardé à la main de celuy qui lesfrappoit.il y a dauantage deux autres difîe*
rences entre nos afflictions &lesleurs:prcmierement que les noftres font modérées fé-
lon la mefbre denoftrefoy & de la force queDieu adôneepourles porteries leurs font
fans mefure.Car commeils fe portent enners Dieu à 1 cftourdie , auili fait Dieu cnuert
euJrl h tranèrfe;& Comme ilsfont défmefurczcn la multitude SÉertormiré de leurs pé-
chez,* ufli netientil mefure i les puninde forte que le delay mcfmc qu'il leur dône par
làprb{pérïtc,héîeurfertque de punition plus gricue. Secondement, que les noftres
font tcmpbrelles>&les leurs font perpétuelles. Que voulons-nous plus?Dieu nous aL
flijge pour noftrc grandbiehiDièU ne nous en donne pas plus que nous ne poouons por
tër:Di*en mettra fin à tous nos maux,& y donnera bonne uTue. le vous alîegueroye de
cela plu ficurs tefmoignages:rnais puis qu'outre mon attente on me contremt de faire
firiiie vous diray encore ce motjpar lequel pourrez cognoiftre la grande félicité des fi*
deles. La pltfs grande miferci laquelle l'homme eft fubicdt,c'eft la mort.Et toutefois le
Seigneur prononce que la mort des fiensluyeftprecieufe. Ce qu'a tcllcmét cogneu ce Noln é
faux-propheteBalaam,qu'iladefiré mourir de la mort des iuftes,&que fon dernier dé-
partement fuft iemblable à eux. Nous enfans de Dieu , que deuons-nous craindre ? ne
fomTfies-nou$pasheureux,voire alors que le monde & noftre chair nous eft iment plus
mal-heureux? Ordoi^mabonnefœu^efiouyfTons-nousencebonDicUjglorifions-
nous en luy, foit qu'ilnous enuoyepoureté , maladies, prifons, ou autre calamité quel- ConfoUtW
conque $foit qu'il nous enuoye de fes biens,maugré Satan conuertiflbns le tout à noftre
profit : c'eft que nous foyons d'autant plus adonnez à fon feruicc. En profperké crai-
gnons &c foyons en foucy,de peur de laicher par trop la bride à nos fols appetitstau con
traire,enaduerfité humilions-nous tellement deuant luy en vraye repentance,quece*
pendant ne lâiftions pas de nous retirer à luy par ardentes prières , auec certaine aflèa-
rance d'eftre exaucez,& qu'il eft auec nous en tribulations defpitons hardiment tous
nos ennemis qui nous veulent mettre en la tefte qu'il nous a abandonnez. Si le Sei-
gneurmedonnelemoyendevous enefcrirc,oumefmedirede bouche dauantage, ie
le feray de bien bon cceurTîa fainéte volonté foit faite. Etcomme il a tant befongné en
moy de faire aucunement accorder ma volonté à la Tienne, qu'il luy plaiCrde côtinuef
ion ouurage iufqucs à la fimfid fuis certain qu'il le fera. Puisqu'il luyaplcudefe donner
du tout à moy en la perfonne de fon Fils,ie fuis fien & à viure& à mourir. Il m'a,tout le
temps que ie fuis icy pdfonnier,ba ttu par quelque petite maladie , affauoir par vn flux*
continuel d'hemorrhoides, qui n a encores celle du tout . Yiffnc eh fera telle qu'il luy
plairarfi ne me peut-elle eftreque profitabletcarileftmonbon Pere, & m'en adonné
tant de marques parla grand' bôté , que i'ay bien occafion de me porter entiers fyy bon
fils 6c obeùTant , & de me hayr que ie ne m'en acquite mieux. Qu'il luy piaifey remé-
dier.
LmcJU.
tET T R Ef d'Afltoioe LaHorie t>teine»<iff grmdcfknéZc mftruâion.éxtraitet 4e*d^qu'i^yâ«ftril*»
i fa femme.
gfigïA bknTaimccforar,ieeVfcriDy 0iw«nchcp>fle amplcmcntjCoraiBc Dieu par fa
^gSgrajcc conduit nos aâaircsîmaisiQ<lotjçc que tu n'ayes recenmes lettres. Noftre
bon frère prefent porteur m'aprornis de regarder fi les lettres font encore en la Viî-
le,pour les tecpuurer>& les te faire tenir. Parquoy ne t'eferiray du contenu d'icellcs,
ioin# que par luy entédras ce qui a efté fait iufquesicy,mieux que icne fauroye cferirc.
Satan ne celle de taire fescfrbrts^fuyuant fon naturel , pour empeicher J ceuuxc du Scu
gneur,nous donnant dcsaflâuts plus grans qu'il ne fit lamais-mais le Seigneur nousfor
tified'antant plus pour luy rcfïfter.non pas qu'il n'y ait beaucoup d'infirmité* en nous*
par lefqueiles nous expérimentons la grande corruption de noftre chair , oftenfantle
Seigneur noftre Dieu plus que ne voudrions, tanty aquelàmifcricorde&bontéde
noftre Dieu furmonte noftre malice>tcllement qu'il ncceiTe de befongner en nous par
U vertu de fon fain&Efprit,nous enflammant toujours plus fort au défit quMl nous a
donné de mourir pour ion fainet nom. De cefte faucur nous renient yn fouuerain bien:
c'eft que voyans les cncorts,troubles &: ccmfufions,parle{qucllcs Satan & fc* membres
ne cèdent die s'en tourmentet: nous pouuons hardiment nous moquer & tire de luy te
d'cux,ayâs en nous vn repos de confeiéce, vue certitude qela proukiécedcDieuno&re
Pere,qui ne permettra qurn poil de nojtre tefte tombe f»ns ia vojw*te * <*qui plus cft,
vne aifeurancefcrmcqu'iinc permettra que nen nous ipitjait que pour noftre &ten$r;
falut,pour 1- édification de fon EgIifc,oi aduaneernent deion royaume^ pui$,qu «yanc
cogneu la grâce que Dieu nous fatt,nous fommes préparez pour obéir à la fain&e volô
té,foit a la mort foit à la vie.Quc Satan donc s,cfTprcc,& les luppofts enragent tant qu'-
ils voudront» puis que Iefus CKnft nous a acquis & vnis a luy &c à fon Percmnej$pasca
lapuiû^ccdeSacan,nçd«fesbourreauxdenousfcpaterdcluy,&i moins de nous ça-
uir de fa mam. Car quelque foiblefTc qu'il y ait en nous,nous pouuos tout en Chrift :1e-
quel comme il nous adonne de oonfcûer fans crainte fon nom < aulfi nous donnera.il
qefpuîînrpour luy,fçlon k mefurc qu'il luy plaira .11 n'y a moyen humain qui le prefen-
te»qui nou* race oublier cefte kçon,gf aces au Scigncut.Parairiû ie te prie que tu te co-
(ohssf fortifies auHî d* ton cofte furies promeifes deaoôscch«f^ c«DitaiSa«,*ân«j«c
eu demeure* en (a joyc auecques moyie tengraeeà ce bonDieutqu: sn&ucunacmcm
co nfolé par tes le 1 1 rc pfcw par ie rapport que m'ont ty itjrçuxoc celte. yiUe , qui ont
parié a toy» de ia-con ftance qu'il te donnc.ïc te prie que «u-icpognouiè* ce-, g?and&*cn
Xetùt d'vn unguliet don de luy ïhn tuilier de tant plus fous fon obciilancç , aéu m%
cpnîAû«c fes grâces en toyîcar iepuis dire à la vérité , qucq«"»*v* m$ ****** tÈèHaBQitwk
tre û vfe[Cof&mc i cfpereen Dieu qu, clletera}quc de t'auoir cfueiliee , comme on m'a
rap p©rté,en la cognoifiance des grâces de Dieu;ccia ieul cft furhiât pour me taure aller
^aa^mem à la mortJe prie à c*.hon &c fainâ- commence?
mt r Valant de plus en plus à luy pat Ja v ertu de fon faind t î p ri t4« me m quc enau-
^ti^«Hj»naoçe4ec^ queïc t'ay mandé par me*«*itres lettres^ pnncipaieraçK 4 suoit
k«T«»ny«»i3iau*- rmiuqucs deuant ces yeux , ai^ec la rct?ercnce & arnourrfô m -&uâv
^rollesAc-derechcfie t'enfuppjUeaw nom du Seigneur.
P * s- ê^preraierf jjuçt enuy^ay <ie lauuuson du Prcuoft» après nottre prinfc f ma
iîueie ireur&; «fpouie)ie te manday que; fi Dieu me donnoic la commodité«e r écrire
ppiajiîa^ifpoficion du bien que nous auons îaifiTç au pay s,qu e ie le feroy c. ori^ieu par
» gracaavouju que cefte petite fu cille de papier rce foit tôbee en m a in pont ce taire,
ponuc ren gtaces à ce bon Dieu>&: te prisie faire de m cime s. Tu as entendu niiqu jcy
la procédure qui a c^é faite contre nous 'maintenant ie c aduerty que nous runmescn-
jçore^ v^nuoyez quçrir Mecredy paiTc deuant nos Iuges.Et Dieu nous a fait couaoursa
grâce op perfeucrer en la cpnfeflion de fpn fainet nom. A prefent nous tommes atten-
daxMi'iieute qu'on nous mené au fupplicc: car nous n'attendons point auttCiiiueae no
ftrqaiTajre, quelques moyen$ que les hommes cerchent. ParauiiMetetrfieqe|îKerin- ,
cciTamweAt Dieu pour non s,annqu iL luy plailenous donner. *nc coiumi» miiâàsé:.
Ddîr de ^ •c»Ppur Par*c.heucr Pow'urc qu'il a commencé en nous, u<u.i « mapw ce wm sert
m^r afleurer que ie ne defiray iamais bien au monde den grande arrection s que iç muic ce '
pour U mie mourir pour cefte querclîc»s'il plant à Dieu m!en faire la gracei ÔC* tmsi grâces a Dieu)
toutprepaw^^y^u'ilaya^ucundcine* compap»o»« ^nin'enpuî<l
le dire
^Antoine Labork~> j
fèdireautat Je t'efcri ceci,afin que tucognoifles &c fentes au vif les grâces que Dieu nous
fait. Et te prie de tout moncoeurque tu remployés à le cognoiftre&confidcrer toutle
temps de ta vie: &: monftre que tu as eu vn mari qui eft enfant de Dieu . Etgarde_toy que MaA^.
cefte ièntence que Iclus Chrift a dite n'aie lieu en toy .-airauoir Que deux font en vn litt,&: 4041
l'vn fera pnns,&; l'autre delaifle. Mais trauaille de tout ton cœur à cogtioiftre &: aimer la
feule volonté de Dieu , pour y obéir toute ta vie: exerce-toy à le craindre & r eu erer, reco*
gnoilfantlcs bénéfices que tuas receu de fa pure grâce, afin que tu demeures fa fille,com
meiet'ay touiiours cogneuccitre marquée de lui pour telle:&:qu vniour nom-nouspuif
fions voircnfemb'een la gloire à laquelle Iefus Chrift nous appelé.
Tv lais que tu esicune,& par ainli eftanr priuéedema compagnic(li Dieu lcveutain-
11 pour noftregrâd bicn)conlble-toy en 1111,5»: pren Iefus Chrift pour ton Perc 6c mari, iuf-
ques à ce qu'il t'en ait dôné vnautre:& ie luis certain qu'il ne te laiifera point defoleie,mais
pouruoira à tes affaires mieux que tu ne laurois délirer. PrieJe donc inftam met, aime-le,
crain_le&: de bouche & de faitbfirequente les prelches,fui mefehantes compagnies,& au
rnela compagnie de ceux qui onr La crainte de Dieu .Ne fay nen de ta tcfte:mais parle cô*
feiî de nos amis, k (quels tu as cogneu te porter aufïi bonne volonté qu'amoy-mefme. Et
finguliei emet de monfieur Caluj'n,lequc] ne permettra point que tes affaires aillent mal, [^""^fû
fi tu te renges à fa yolontértu le dois faire,Ôc ie t'en îupphe. Car tu fais qu'il eft conduitpar mle Cômc0i
J'Efpritde Dieu.Quâdtute marierasvCommeietelecôlëille)ic teprieprédre ionaduis,&: ellefedoit
ne faire rien (ans luy:pren vn hommequiaitlacraintede Dieu,ou ne remarie point. Mais condu*rc'
ie croy que le Seigneur te pouruoira,commeil cognoift eftre expédient. Prie le donc auat
toutes cholès,&repofe«toy fur là bonté. Icl'ay priéj&Je prie inceffamment pour toy . Tu
fais comment nous-nous Ibmmes aimez tout le temps qu'il a pieu à ce bon Dieu nous fai-
re demeurer enfemble.Sa paix a relidé toufiours au m ilieu de nous,& tu m'as grandemét
obéi en toutes chofes.Ie te prie que tu fois trouuée touiiours telle , ou meilleure, auec ce-
luy à qui Dieu te conioindra: &c Dieu fera toufiours auec toy,&: en ta race.Remcmore fou
uent les commencemens que tu as eu de moy (côbien que ie n'aye pas fait fi bien mon de-
voir que ie pouuoyc ) 6c continue toufiours de baftir lur iceux , afin que de plus en plus tu
approches de Dieu.
S 1 ton pere eft aduerti de ma mort, ie ne doU te pas qu'il ne te vienne quérir > pour te re-
jnener àlaPapauté:maisie tefupplicau nom du Seigneur, & de tat que tu dois aimer ton
falut,quetu nei'oyespoint:repouflc-le,&: tien-toy aux grâces que Dieu ta faites, de t'ame
ner en iàmailbn. Helas,pourcttc , nelerois-tu pas malheureu(c,dclaiffer lamailbnde
Dieu pour retourner au d;ableîO quelle perdition tefuyuroit: pluftoft fufTes-tu abyfmée.
Mais iecroy quetu aimerois mieux mounr , co m m e il re (croit plus expediét &" lalutairc:
toutefois prie Dieu qu'il te fortifie par fon ùdnû Efpiit. Mes perc 6c merc auili tafeheront
de recouurer noftre péri te fille,poui- 1 emmener auec eux : m ais ie te prie , voire 6c te com-
mande au nom du Seigneur , que tu ne permettes vne telle mefehanecté , pour quelque
choie qu jJ r'aduicnne . Car ie protefte que ie demanderiy fon làng deuant Dieu , d'entre
tes mains, 6c que tureipondrasdefa perte, fiellefèpert à ta faute. Donques pour l'obcif
fance que tu dois à Dieu,& d'autant que tu es fa merc:d'autant auflî quetu m .iimes,com
me ton mari 6c Ion percaete prie quetu la faces bien inftruircenla crainte de Dicj,inco-
tinent qu elle fera en aage pour ce tan cleuilé clcrit à ton pere, &c à mes pere& mererref.
tioionners:maîs ie u'ay ne papier ni encre que ceci, 6c fi n'en puis recouurer. le te prie leur
mander tout ce qui eft aduenu de moy par la grâce de Dieu, & les confole,en leur remon-
ftrant les grâvle*grace<;qucle Seigneur ni a faites . Dieu lesvueille toucher de la grâce tel-
lemenc par ma mort,q 11 'ils le cognoij ient m ieux qu'ils n'ont voulu faire en ma vie par mes
admonitions ce: remonftrances.Dieu îcut race m 1 (encorde.
A V TRES k urt-s diulit Antoine Laborie à Anne fa femme.
r. ma fœur bien- aimée, par la lettre que :e tefcriui Vendredi paffe , douzième
Ê^décemoisdeIuiilet,iec'efciiuoye ne pcnlantauoir plus de commodité Je t'eferi-
***k^re: toutefois le Seigneur qui ne Yâïlïc iamais les liens delblcz,a voulu parla grâce qu-
auant mourir iemepeuffe encores reiîouvr à t'eicrirc la prelcnte, pour te communi-
quer des conlolations qu'il plaift à cebon Dieu me donner au milieu de l'heureufe croix:
en laquelle il luv plait par fa grâce m'exercer pour fa gloire, &: pour mon falut : afin que
tu cognoiftes auec moy les bénéfices de Dieu , &c luy en rendes grac.es en continuelles
Oo, i.
Liurc^f V* ^Antoine Laborie*
pricres,tfomme ie fay,faifant toujours memoirede toy en icellcs. ^Cependant ic te prie
ii confide- je bjen conflclcrcr les grâces de Dieu enuers nous: car par iccllesvoyôs-nous les promeL
c«°de Dku Ces de Dieu eftre accoplies.il promet d'eftre prochain aux affligez, voire fi prochain, qu'il
&dci«pro pendra noftreperfonne pour eftre affligé en nous . Quant à moy , i'ay bien expérimenté
mcffcî' •• cela,graces au Seigneur: car iamais ic ne gouftay fi bien la bonté de Dieu, que i'ay fait de-
puis ma prinfe.Et ie croy que tu en peux dire autant , ainfi que ie puis comprédre par tes
lettres,lefqu elles m'ont grandement confolé,voyant que Dieu t'aflifte grandcmér:& non
feulement quant à l'efprit, lequel ie voy eflcué(graces à Dieu ) en confolacion admirable:
mais encorcs quant au corps. Car du téps que i'eftoye auec toy,tu n'as peu cognoiftre tant
d'amis que Dieu t'a fuicité depuis maditeprifomlefquels ont plus de(bingdetoy,ou au-
tant que ie fauroye auoir: & comme i'ay reccu lettres Se prome/fe de plufieurs,ils ne tefau
dront iamais tant que Dieu leur donnera puifTance. Dequoy ie ren grâces à mon Dieu, Se
le remercie bien humblement. Maisie te prie dont vient cela.?n'eft-ce pas Dieu qui te bail-
le&: fufeite vn millier d amis, pères & frères, pour vn mari qu'il t'ofte afin de le retirer à
iby i As-tu lieu de tè plaindre de luy, quand il tebaille plus cent fois qu'il ne te prend ? Re-
cognoys, ie te prie, cefte grande &incomprehenfible bonté de noftreDieu,&:cognois
combien cft meilleure l'affliction que le repos de la chaird'aduerfité que la prolperité:&: la
poureté que les richeflfes.
Non iàns caufe font appelez tels exercices Efprceuues de noftrefoy , en l'Efcriture.
car certainemet on ne les peut gueres bien fentir fans foy, fi on ne palTe par les fournaifes.
Louons donc , èc chantons louanges au feigneur toy Se moy enfemble , qui nous a fait ce
Mauh.f.10 bien de nous mettre au reng des bien-heureux . Bien-heureux , dit-il, font ceux qui louf-
frent perfecution pour mon nom. Or nous auons ce tefmoignage,graces à Dieu, que c'eft
pour (on nom que nous endurons toy Se moy: toy , dy-ie , car ie ne doute point que tu ne
fentes beaucoup plus que moy la periécution. Etd'autât plus tedois-tu recognoiftre heu-
reufe,&: teconfoler au Seigneur , Se mettre toute ta fiance en lui . tu as veu du temps que
nous eftions au pais , Se que i'eftoye en la compagnie des grans feigneurs , eftant fauoriie
d'eux,icftoye bien efloigné de Dieu.Etmefmes depuis que nous ibmmes àGeneue,quâd
nous auions plus dequoy à manger,c eftoit lors qu'il nous fouuenoit moins de Dieu &: de
Dieu cft m. fes graces.Et au contraire,au pais,quand tout n'alloit bien, ce nous fembloit ielon le vueil
SionC"af de ce monde,nous recourions à Dieu. A Geneue, quand la poureté approchoit,nous eL
leuions nos yeux à Dieu , l'inuoquions ardemment , nous lifions , Se nous confohons en-
femble:bref, alors nous dépendions de luy. Apprendonc,iete prie,d'aimer&: te plaire en
la poureté pluftoft qu'és richelTes , ailes &: délices , te contentant de la richeiîe que Ielus
Chrift nous p refente &: veut que nous cerchions en (à croix , portant la noftre après luy.
Clc me fie que le Seigneur fera valoir ma preiente periécution pour ton falut, plus que
chofe qui te foit aduenue encoresrvoire fi tu contemples les bontez que Dieu nous mon-
ftre Se fait fentir au milieu d'icelle . le te prie deles contempler , de forte que iamais tu ne
les oublies.Tu pourras remémorer ce queiet'ay efcritpar ci deuant, dequoy ie ne teferay
aucune métion.Ie ne mefafcheroye pas de t eferire plus au long, comme ic defire, mais ic
ne puis:car ie n'ay papier n'cncre,ne loifir,pour ce que lommes fort fouuent viiitez , Se n-
efcriuoos qu'à la delrobee.
£ N cefte Epift re Laborie admonnefte fa femme de s'accouftumer à le yoir ou conter pour mort : Sr à l'exemple de
Ruth & de Moy Ce Ce commettre au Seigneur.
N n e mabonnelceur, i'ay receu tes lettres du «quinzième de Septembre, auec la
j|^§! toile &chauiTes, que tu m'as enuoyées parlefrereO. le te remercie, ayant plai-
fir de ce qu'as eufbuuenancedcmoy ,mefmes autempsdu froid qui nous aiTaut de bien
près . Mais encores i'ay elle' plus aile , d auoir entendu par ta lettre les grâces que Dieu
te fait : car en cela ie voy lefruid des prières quefay pour toy , Se fuis incité à luy en ren-
dre grâces, comme ie le fày inceiîamment . Tu m'as mandé par ladire lettre,que les nou-
ucllcs de ma condamnation à la mort te furent dures déprime arriuée,& vnbreuuage
bien amcr:ie n'en doute pas, cognoiflanttafoibleiTepôur à laquelle refifter, ie te prie, veu
qu'il y a défia allez longtemps que tu dois eftre exercée par ma prifon, Se aduertie dés le
commencement de l'iifued'icclle, qui eft la mort: qu'il ne te fouuiennej>lus demoycô-
Notc cefte me citant ton mari,li ce n'eft en meregardant deuant tes yeux tout brufle,voirereduit en
confchdon cenc^rcs : & Par cc moyen n'eftant plus conioin&e à moy , finon du lien de charité frater-
nelle par laquelle tu dois prier pour moy, tant que Dieu me fera habiter ici bas en ce
corps
sAntwnt Lahtkj
Corps miferable.Quc tu te retires du tout à noftre bon Dieu, gardien des vefues . Car ou*
tre ce que ce fera contre mon cfperance,fi ie (ors hors d'icy: encores que le Seigneur nous
face ce bien de me referuer pour ce coup : i ci père tant en luy , qu'il me fera ceft honneur
par fagrace,de me faire palier le pas vneautre fois . Si doc tu t'accouftumes à me voir cô*
me mort,il ne te ferariert dur de receuoir la nouuelle quand elle viendra à ce coup,fi Dieu
le permet : &c li feras grandement fortifiée à l'aducnir , pou r porter cequ'il plaira à Dieu
t'enuoyer. Pour t aider à cela, ie te prie méditer l'exemple de la bonne veflieRuth , lequel
fi tu n'entensjle frère V.ou quelque autre ne refuferôt ce le déclarer . Tu trouueras en ce- Voy«Jc u
ftelàin&ehiftoirc,que la bonne femme RuthcftantpNuce de ion mari par la morr, après ure<fc&uti'
auoir renoncé au pays de&natiuitc,&à tous les parés idolatres,pour fe retirer en la terre
oh le Seigneur eftoit adoré:ayant illec fuiui fa belle-m cre Noemy,à cauiè de leur poureté,
fut contrainte la bonne Ruth d'aller glaner aux champs , pour la nourriture de fadite
belle-merc& d elle,ie commettant en toute patience au Seigneur , lequel elle print pour
fa gardc.Orle Seigneur ne l'abandonna point,ainslapourucut fi bien,quc la donnant en
mariage à Booz , de leur lignée ilîit le prophète & roy Dauid : & après noftre Seigneur Ic-
tus Cfuift. Par cela,di-ic, tu peux voir comment le Seigneur traite ceux qui le commettée
à luy du tout.
I e croy bien que la poureté t'efpouuante: mais regarde que celui qui te prend en char-
geait plus riche q tout le monde . Penfes-tu donc qu'il te laine auoir faute de rfen? Certes
ndn,pourueu que tu te fies en luyiains te fera abonder en ta ncccfficé,plus que ne pourras
côprendrercar ce q nous auons ( Dieu merci) abôdé iufqucs ici,n'ayas eu faute de rié,n eft
point venu demoy qui te fuis ofté,mais de Dieu aucc qui tu demeures.Qu'il refuffue dôc
q celui d'où tout biê nous vient,cft venu &: viendra,demeurera auec toy > & ne te lailTera
point : & délia il te fait fentir l'expérience de là bonté deuant le befoin ; car auant qu'eftre
côtrain ce d'aller glaner côme la bonne Ruth,il t'afuicité non pas vn Booz , mais vn grand
nôbrc,defquels ie te manday dernièrement vn rollc , pour te môftrcr q Dieu eft véritable
en lès promciTesJefquelles il te fera ferttir plus viuement au befoin . Quant à ta fillc,il en a
autant de loin côme de toy : car par fa Diuine prouidence il fe monftre bien eftre pere des
orphelins. ^ L'exemple de Moyîe te doit furfire pour toute confirmation: cornent eft-il a- L'excmpfc
bandonné'Il n'eft pas feulement orphelin: mais abandonné de pere & de merc, eft mis és £CX^°^
eaux côme à la defefperée. Cependant la bôté paternelle de noftre Dieu veille pour celui
qui ne le cognoift point : le fait tirer de là par la fille du roy Pharaon , & l'exalte pour eftre
conducteur des entons d'Ilrael,cn la deliurancc d'Egvp tc.Regarde donc la prouidence de
noftre Dieu ,&cognoy que là puiiîance n'eft pas diminuée, encore moins fa bonté cnuers
les fiens. Contentc-toy tu es marquée pour vne de fes filles, & moy pour Ton enfant: no-
ftre enfant nç fera point aaurrequ a luy^car il eft Dieu de nous Se de nosenfans:voire no-
ftre Dieu éternel. Et liir cela afleure-coy qu'il fe monftrera tel cnuers toy & enuer s ta fille,
qu'il seft monftré Ôc à Ruth Se à Moyiè,&: à tous fes fidèles.
Qv an t à moy, iem'alTeure que toy 'Se ta fille ferez encore plus riches aptes ma mort,
que n cftes: car vous ferez héritiers du bien que Dieu me fait, à moy pour vn troifieme, &
vous le rendra,&: beaucoup dauatage après ma«môrt:car il eft fidele.Er te prie de bien im-r
primer cela en ton cœur,afin q fi tu venois à mourir,tu ne tombes en défiance pour ta fil-
le,laquellc &c ians toy &: fans moy fera plus riche qu'aucc nous: fuccedant aux bénéfices q
Dieu nous a-diftribuez par fa grâce. Seulement chemine deuant Dieu fans fcinrifc,& in-
ftruy ta fille en la crainte d'iccluy, & luy remets le demeurât . Me fiant donc que tu auras
Ibuuenancedesoutcequeict'ayefCrit, iete recommanderay&: toy &ta fille entre les
mains de celui quia plusde ibin de vous que ie nefauroye auoir.
A V T R E lettre dudtt Laborit à vn fien arai,auquel familièrement il déclara les fecretc* méditations de (or) cocun
& les confolations intérieures de Ton ame.
Van t à mon eftat , frere , &: aux grâces que Dieu me fait , comme autrefois vous
ay dit mande, ie vous puis encore maintenant aneuteràlaverité,quecebon
Dieu m'aiiifte tellement de plus en plus, que ïamais ien'ay gemi ne pour liens,
nepour prifon,ncpour mort , ou quelque tourment qui me lêuft aduenir :ains mede-
IcStc 2>c refiouy en iceux d'vnc plus grande ioyc que i'aye iamais fenti, grâces au Sei-
gneur : & fuis quelque fois contrifte que ie ne fuis détenu plus eftroitement &C en Laboriefou
plus grande deftrefTc pour noftre bon Dieu , afin d'eftre plus incité à le glorifier, &: ptacfeoift
me retirer du tout à luy . Non que ie vucillc dire que ma chair ne me donne des allàuts
biengrans : mais quelques aftauts que i'aye ( grâces à Dieu ) l efprit fe trouue prompt U
Qo. ii.
Liurcs V* ^Antoine Latorie*
vi&oncux par dcuus,lans grande reliftcnce: tellement qu'ayant rollé tons mçs affaires fur
le-Seigncur, fuis tout preft d'en receuoir ce qu'il luy plana m cnuoyer:&: Toit pour 'a
mormon pour la vie^ie luis certain qu'il me donnera la force de me loumettre a là voion-
Ge»cf.}8 te:ayant expérimente en moy la promène qu'il fit a Iacob,di(ànt, Voicy ie luis auectoy,&:
te gardcrav par tout où tu iras:& puis il adiouftc,Car ic ne te dclailîcray point,iulques a ce
que l'ave fait ce que ie t av dit.Parquoy ie vous prie,tât vous que tous mes autres bons frè-
res , que n'avez aucun foucy de moy, linon de rendre grâces a noftre bon Dieu pour rnov,
Se le prier qu'il commue la fidélité liir moy iufques a la fin : comme incenammment îclc
prie pour vous tous.
I l cit bien vray,&: ie vous veux familièrement communiquer , que l'ay eftegrandc-
Antoincti- ment en pcine,pour deux choies , depuis que ie fuis prifonnier pour le Seigneur: de l'vne
rc pour' pU delquellcs Dieu par la grâce ma deliuré aucc grand contentement: & en l'autre il me tiét
deuxehofes. encorcs pour mon grand bien. C'cft qu'en me voyant enuironne &:quali accable des
crandesbontez do noftre Dicu,iecognoy en moy ranr delalchete&: rcfroidincmentales
reeognoiftrc,que rien plus:&: outre ce que ic luis tant ftupide, ie mevoy remply detant
d'infirmité Se corruption, que ie ne lay dequoy ic puis 1er uir au monde : qui cft caule que
fapprehende plus volontiers la mort,graccs au Scigneur,recognoi(îant le grand bien que
,.Rcis ij>.4 qUC Ce me icra,s'il plaift a ce bon Dieu me deliùrcr de ce corps milerable.Car li Helie a re-
quis le Seigneur de le prendre , difant qu'il n'eftoit pas meilleur que ceux qui fauoycnt
preccdé,quc doy-ic dire moy miierablc,rcmplv de toute iniquité &: ignorance? Helas, frè-
res , ic vous lupplictous > priez Dieu pour moy , afin qu'il le me face encore mieux appre-
hcnder,afin que i'en puifle recueillir le fiuid qui s'y prefcnte:& qu'il me vueillc tellement
clueillcr &releuerdemaftupidire,qu'cn conliderant les bénéfices, ie luy en rende grâces*
comme il appartient.'car ccft le poinct où ie trauaille encorcs. Quant a l'autre,i ay efte vn
temps en gra nde trifteue, de voir tant de gens de bien le trauaillcr pour ma deliurance, &:
faire fi grande defpcnle pour moy :voirc pour moy,qui, comme iay dit,leray inutile après
cftrclbrti,!i Dieu n'y pouruoit par fa grâce. Mefme en confiderant, que fi le Seigneur ne
permet que les moyens ne ièrucnt a telle fin que vous prctendez,que ce feroit vne defpé-
fe perdue,&: grande affliction Se tourment pour vous.Et en cela ay-ie tellement trauaille
que i'eulTe voulu ne vous auoir ïamais cogneu, afin que ne vous rulïiezenricn meflé de
mon cmprilonnement.
Apres U Je- M a i s çc bon Dieu qui nclaiflc pas les liens longuement en deftrelTe , me fit efleucr
fttcireiiiét mes yeux vers luy , &: cognoiftre que ce n eftoit de vous ne pour mov feulement que cela
rcdiS"1 *c ^anoic:^c vous, di-icy d'autant qu'il beibngne tellement par vous , qu'il eft bien facile de
iuger qui! y a mis la main,& que c'eft vn ouuragcdu Seigneur. Se ie di auffi pour moy (eu-
lement, de ce que (bit que le Seigneur me retire alby , ou qu'il me donne a vous, voftre
eharite,de laquelle m'auez fubuenu, rcuicndra grandement a la gloire de noftre bon
Dicu:mefmcmcncen ceque vous aucz elle caule, que non lèulemétla confeflion denc
ftre fov , maisauffi voftre charité fera prefehee iufqucs aux aureillcs du Rov &de plu-
fieùrs autres,a la condamnation des vns Se au (alut des autres /dont les meichans qui taf-
chentdc blafmer l'eglife de Geneuc,lapriuant faufîcmentde charité, auront encorcs
plus deconfulion en eux,voyans vne li admirable charitede laquclleaucz vfeenuers
nousrlaquclle fait &: fera autantou plus de rruict , que noftre confeffi on de foy . Et ie ren
grâces a ce bon Dieu , qui me fait voir le fruict de tous les deux délia deuant mes yeux , a.,
uant quede mourir. Et puis il vous en reuient a tous vn grand proufit:caren cela auez-
vous vn tefmoignage ample que l'EfpritdeDicu bdongneen vous, & fi fait produire les
fruicts de voftre adoptiomvoyans qu'à la venté pouuez prorefter d'eftre du nombre de
Hcb.13.3 ccux<aufquels parlcl'Apoftre, difant, Ayez mémoire des prilbnniers , comme fi vousc-
ftiezcmprilonnezaueccuxr&dcceuxquifontarrligez , comme vous mclmcs auffi I'e-
ftans en perfonne. Or loué foit nollre bon Dieu, que vous i'auez moftré a fiez amplemet,
donnant rcfmoignage par cela que véritablement cftes membres de noftre Seigneur le-
fus Cluift. Ce que voyant au milieu de ma trifteue, i'ayrcceu vne grande ioyc& conten-
tement en coqu'auez fait : non tant pour le foulagemcnt Se bien que i'en ay receu ( du-
quel ic 1 en grâces a pieu Se à vous)commcpour les caufes fufditcs Et à ceftecaufe ie Vous
pi ic"a,u nom de Dieu , puis qu'il vous fait lèntir que vaut le lien de charité , & l'exerci-
ce d'icellci que vous continuyez touliours , non enuers nous : car c'eft aflez , Dieu merci:
niais enuers fous autres , conliderans que tous fommes'vn corps cnChrift , Se membres
JimTrigala jjf
les vns des autres . Car vous n'auez point les biens de vous, mais de Dieu qui les vous a
donnez . Or ne les vous a-il pas donnez pour vous faire aiîcoir detfus: car il vous fait (èoir
Éu$haat>auau6u'é$Ueux^ donc derechef venir en
is? Non»mes treres,ie vous prie : mais regardans toufiours plus haut , vfez des biens que
Pieu vous a donnez,ielon fa volontcJit faites tout ainfi que voftreEgliic eft auiourdhuy,
grâces a Dieu>celle qui reluift au milieu du monde plus abondamment en la pure prédi-
cation delà diuine Parollc &C vraye adminiftration des Sacremens : elle puùTc aufli telle-
ment reluire par vos ceuures en toute charité, que la clarté d'icelle nefblouiiTe pas feule-
aient, mais creue les yeux du tout a ce maudit Antechrift Romain &: a tous fcs membres:
& mettre tellement bas fon règne, que noftre ièul chef& capitaine Iefus Chrift puuTe ré-
gner iej.il &ç. par tout.
L* Seigneur Dieu vous en face la grâce , & vous recompenfe de tous les biens que me
faites . Car c eft celuy qui rend le iàlaire de tels bénéfices , non en égale portion , mais en
centuple .Frere,ie vous prie me faire ce bien, défaire mes recommandation? a tous mes
bons arnis,frcres & lceurs:lefquels ic baife d'vn faind baifer,& les prie qu'ils ne foyent faL
chez, fi ne leur eferi a chacun comme iedefireroye.Il leur plaira fe contenter de la prefen-
te,laquelle ie vous prie leur communiquerrcar parlant a vous, ie parle a tous. le les prie au
nom du Seigneur, qu'ils m'eicriuct pour m apprefter a ma diiToiûtion qucie fen prochai-
ne, l'enten qu'ils m'admonneftent a la mort , fans plus faire mention de deliurance,a la-
quelle ie ibis content de ne penfer pointrcar fi en la penièe de la mort, le Seigneur me fur-
prend par ladite dcliurance,tant plus auray-ie matière de le glorifier, d'autant qu'il m'au-
ra refufçite d'entre les dormans:aucc lefqucls ic fuis content de repofer en efprit,en atten-
dant la reuelationdu Scigneur.Car combien que (Dieu mercy)i'aye appréhendé iufques
icy la mort pourlareceuoir de bonne volonté, ic ne me puis pourtant rien promettre
pour l'aduen ir: veu la grande infirmité & foi bleue defqucllesie me fenenuelQppe\Etfï
(àinct Paul protefte qu'il ne fe réputé point encores l'auoir appréhende , pour eftre par- Philips»;
fàitrmais qu oubliant les choies qui font en derrière, il sauançoit aux choies qui eftoyent * 9
au deuant, pourfuyuant le figne propolë au prix de la fupernelle vocation de Dieu par Ie-
fus Chrift: ic doy bien recognoiftre vne plus grade foiblene en moy, &: par ce moyen fan*
aûoir efgard a ce que i'ay fait iufques icy (fiuuon pour recognoiftre la bonté de Dieu) ic me
d(oy fortifier toufiours pour pourfuiure ma courfc iufqu'a la fin. A quoy vos lectres,exhor
rations ô^faindes prières meferuirontgrandemét , comme elles m'ont feruy iufques icy,
grâces au Seigneurie vous fupphe donc derechef m'en faire participant,»* en auez auçun
moyen.Frercic fuis bien aife delà bénédiction que Dieu vousafeitexperimenter, fiç ala
fœur voftre feràmef alaqùelle de bon cœur merecômande,& a&s prières) vous donnant
vn fils,& encore plus aife qu'il foit appelé Abraham . Dieu luy face la grâce d'eftre a la vé-
rité fils d'Abraham,pour l'enfuyure en foy U obéiuânce:afïn qu il vous ferue de bafton &
confolàtion en voftre viçilïeue.
B X T R A I T des lettres de Iean Trigalet a ton t>eau-pere,par lefquelles on peut voir reprefenté au vif le combat
fpirituel de la chair & de 1 ,tÇptit,8c la félicité que nous auons par la mort.
La dilection de Dieunoftre Pere,& la grâce de noftre Seigneur Ieius Chrift, a~
uec la communication du SXfprit>demeuretaufiours en vous, Ainfifoit-iL
On pere & frère en noftre te ign eu r Iefus Chrift , f ay receu vos lettres datées du
^j^jdixhuitiemcdeluin,efquellcs efcriucz auoir efteefbahy , de ce que ne vousauoye
eferic comme mes compagnons auoyent fait a leurs amis :& que craigniez quefuflcCn
plus grande deftrejfe. Cen'aeftela cauferrnais que fus occupe a doubler vne reque-
fteque nousenuoyafmes : car tous trois eft ion s liez enfemble d'vnechaine . Quant a la
triftefle quedites auoir eu plus grande que de chofe qui vous foit aduenue en vos aduer-
fitez , & ce félon la chair : ie le croy bien . aufll ây-ie cogneu toufiours par expérience que
m'auezponcafFedionpatcrnelleïdontvous en remercie. De la ioye que dires auoir eue*
félon Fefprit , ayant confidere l'honneur que ce bon Dieu nous a fait, de nous auoir ap-
pelez pour la confdiîon de l'on Fils Ieiiis,encela ay-ie apperceu la vraye amour & af-
fection Chreftifnne: &: vous en remercie . vous priant & exhortant au nom de no-
ftre Seigneur Iefus que perfiftiez en ce bon & fainct propos :&c priez le Seigneur pour
nous que, commé il nous a doqnc l'a force & vertu de commencer bonne bataille, il
nous donne la grâce de perfeuerer iufques a pleine victoire , pour receuoir après le
Oo. iii.
Liurc^V* JtmTr&let
v iomphé Sccouronnc de gloire qui nous eft préparée aux cicux par noftf é chef& capi-
taine noftre Seigneur Iefus. Aquoy nous afpirons de plus en plus >&: de iour eft iour no-
ftre defir & affection d'y paruenir s'augmente par là grâce dé ce bon Sauueur & Redem-
u cemtu- pteur IefusJe dy en vérité que l'Efprit de Dieu docteur intérieur de nos côfcienees, nous
de qu'ont rcn j yn tej teimoignage de noftre eledioA', & vocation , & adoption , de là rémiflion dé
Sd"cu?5 nos péchez, de noftre reconciliation &: iuftiffcation par la mort & résurrection de noftrfl
Seigneur Iefus , qu'onques de ma vie n'eu telle cognoifîance de monfàlut &: aneurance^
par les leçons ôc fermons que i'ay ouys en iSbn efcole , que le fert en mon cœur par expéri-
ence en cefte pratique &: probation d'affliction & periecuttÔ:de forte qu'il me tarde quSd
ie feray hors de ce corps de peché,& reueftu d'vn corps glorieux. Il eft bien certain que cà
n'eft pas fans grande bataille de la chair contre 1 efpritrde forte qu eft Vray cé que contiens
ceftelentence:
Cecorps lié demande fa rançon Ha{ dit k corps)faut- il mourir ainfè
(Mon(rtfcherpe)v)&tefpmaucontrairc Ha(dttCeff>rit)faut-tlUnguiricyî
Zeveut l4ijjèr,commevneordeprifîn: Va{dit lecorpis)mieux que toy iefouhaitex
£yn t?à om modet& tautreksen diflratre-. Va{ditCcftrit) tu faut & moy aufli,
C'cft grand pitié que de les ouir braire. Du Seigneur DteuUvolûnté fon faite.
Voi h a la victoire que lé Seigneur nous donneparlà Vertu de fon Efprit, après auoir
longuement combatutdéfof te que nou$ nous régeons a la volonté de noftre bon Pcre,rc-
mettaris lé tout en fa main, érperaris cjue cômeen cefte! Vie caduque il s 'eft monftrc fidèle
gardien de nos corps &ames, qu'il le fera auflienlaviecélcfte.Ielefupplie au nom de
fbn Fils Iefus , quil nous maintienne en cefte foy & efperance iufques au dernier fbufpir
de cefte vie. Qt an t àcequenousefcriuezdu voyagé deMarfeiIle,hous vous en a-
lions efcrit:& pomble que fi le prefent porteur ne vous apporte les k ttres,ne tarderez pas
longtempsales receuoir. Orbien,quoy qù*uènfoit, Dieu& Pere de noftre Seigneur Ie-
fus Chrift , duquel nous fommes prifonniérs.,Àous fera là grâce de glorifiér fon faindt
rtom,& édifier (on Eglife,lbit que nous pallions par feu ou jpàr eau hors de ce miferablé àc
damnàble monde,foit que viuions, nous viùrohs en luy , fort que mourions , nous mpur-
rfcftfpbùr luy &: en luy: comme M eft e/erfr, Bièn-héuréijx font ceux-la qui méurent au
Sé'ignfeûr. O mort héûreufe,répo$ de tous ttàùàùX,&: paUàge de la vie mortelle a la vie im-
mortelle , par laquelle mort nous entrons eh pleine &:pârfaîte pbfTe/fion de la gloire im-
mâfeel!ë,qui éternellement nous eft acquife & préparée par noftre chef& capitaine Iefus
ChM4. Il riôusa mis commefes membres én la Voye far tqueUè il e(t rnonté cn<?cftegloi
ré; Ef aceftê-caufenous refiùuiftofts-noûs en' nos affllctiôs depeu de durée, lesquelles onç
vn grand poids de gloire a venir , dqn^fornrriés cftimez du monde fols &: infenfez : mais
neus-nous éônténtons d eftre eftimez; dé T>ic il fages de là lag^/Tc de fon Çlpnt, laquelle
les hommes àueuglez par Satan , &c les impdr&rés &: tromper \çs de rAntechf iftfon fils, .
cftans deftituez des yeux de la foy , ne pcuuent' aucurtenicnt appérceiioir n'y com-
prendre.
^ Difons donc,mon bien^imé pcre,tousdeux enfembleauec tous fidèles,
Attsy. Sefgnew J oit touthonneur&* gloire, Detesbien-faitls^tant en aduerfitcy
tnifcau*"1 Foy no** ce bien d'auohtwfiours mémoire Comme en projperitéi
chïmé i° T^" Y ° ^ 5 £ou£°urs *c au cœur en la bouche ceftif rainctcrequefte, afin qué par no-
snïbourg ftre ingratitude &: mefeognoiffance des biens & grâces in comprehenfibles que Dieu
nou sfaiï,ne contrâignions comme par. force ce bon Dieu de nous en priuer.Crions donc
auecles S*Mvtyrs,Saind,fainct,fainA des faincts,à toy feul Ibit lôuange,honnéur'& g\&U
ApoaM jç^'ç^p jrc éternellement, Àinfi foit-il.Mon pere,ie ne puis retenir ma plume^>our l'ar
deux §c vçhemence de refprit,que ie ne vous cfcriueencore& ce mot, Quck prilbn déno
ftre Seigneur Iefus, eft l'clçole où on apprend plus en vn tour que c'eft du rraiâ:&;. vetm
de la fpy,&: quelle eft la vraye religion, par pratique & expérience, qu'on ne fait en vn an
par théorique & icience de leçon èc predicationXe Seigneur nous face fentir le bien qui
nous reuienjt Se uar la théorique &: par la pratique a là vérité fans hypoenfîe: &: noqs tou-
che le cœur du vifiéntiment des biens infinis qui nous y (ont communiqués , pour n'en
eftre iamais ingrats:mais luy en faire bonne & vraye recognoifianec touC lé temps de no*
ftre vie, de foutnoftre cœur, de bouche &d'œuure;eni9rtc que luy fculenfoitglorifiév.
& noftre prochain édifie, Ainû. foirai.
Mon
Apoc.14.1)
tréfcher & bien^aimc pere , Se frère en nqftre Seigneur Je&s Chrift , pource
qu'auez entendu par nos dernières lettres , contqo^CsJa.eonfefsiQn<dejfoy. qu auions
Élite tous enfemble deuant ksieigneursde ce Parlemerit,par la grace^pul ffance tl^nô-
lire bon DieuJ'eftat de noftre caufe , c'eft qu auons efte condamnez a eftre briiflez r ne
vous en feray plus long proccz.Bié vous pins alfeureç en verjtéifelon le telmeignageiçue
le£inct Efprit m'en rend en ma confcience,què comme ceft le plus grand bien qui peut
aduenir au fidèle , de pajer par ce paflage pour aller a la vie perdurable Se eternelié : aufsi
n'y a -il çhofe qui plus nous tarde que la biea-heureufe iournee qu'on nous viendrapren-
dre pour nous mener au fàcrifice. Caroutreccque l'honneur &:gloire de noftregrand
Dieu,&: Seigneur Se Sauueur Iefus Chrift, l'édification defon Eglife,lacôfirmation,ioy£
Se confolation de nos rreres,la confufion,ruine Se totale perdition de Satan, l' Antcchrift
Se tous Ces iuppofts Se adherans ennemis de vérité, font contenus en ce tei'moignage pu-
blique Se folennèl que nous rendons de bouche Se feellons de noftre propre fangrqui eft
lé principal fruict qui procède de noftre heureufe mort: aufsi pour noftre refpect particu-
lier,il y a tant de bien &c profit qui nous en reuic t , qu'il nous eft impofsible de le pouùôir
comptendre,tant s'en faut que les puifsions expliquer par parole ou par eferit.
Car (ie vous prie)eft-ce peu" de çhofe d'eftre deliuredequatreprifons, où nous fom-
mesCcomme vous eftes en trois)pour eftre mis en la liberté qui dure à iamais ? Dont l'vne J^JJ^jj
eft ce miierabie mode,quï nous trom pe par fa figure plein e de vanité Se abus & deceptiôv. Tommes.
La fecondé,noftre corps infed&farcy de toute ordure &puantife. La troifieme, no-
ftre ameauée toutes lès parties,éntendement,mémoire,raifbn, vplonté,&: nos cupiditez
& 'affections' qùiriOus tirent ça Se là tout au rebours de ce que Dieu nous commande,
N'eft-elle pas vn vray gouffre Se abyfme de tous vices Se péchez , fi grans Se énormes que
ceft vn horréur?Ce bon Dieu les nous face bien (èntir, pour y gémir Se fouipirer , Se nous
y defplaire,&: nous adonner abien &,a vertu,&: toute iuftice Se làinctetexruçifian s noftre
vieil nom me, &mortifiâns noftre chair, affin que les mauuailes concupiicences nere*
gnent f>lus en nous:&que nous refuicitions en nouueauté dé vic,pour fi?ruir a noftre J?oqt
jyïciiySe produire fruits de iuftice Se innocence qui luy foyent agreables,pour monftrer
que nous fommes membres dp Ton Fils Ieius,& yrayement régénérez Se renouuelez paç
fon laînct Éfprit , à la gloire & édification de nos prochains. Ces chofes fon t les fruicts &:
vtilitez que nous receuons entre autres,de la mort Se reuirre&jon de ce grand Sauueur &;
kedepteur Iefus. A cecy nous exhorte le fainct Efprit, par la doctrine des Apoftres.fotnfl-
Paul au fixieme ,feptieme ^ huitième chapitres des Romains , és Epiftres aux ÇpRéfienJ
Se ColoT$iens;fain& Pierre aufsi nous cpnuie en fes deux Epiftres. en la lecture desquelles La Icfture
exercèz-yous ordi^akénient , & aufsi.cn la fréquente méditation & lecture de mus les
Pfeaumes:&: ne vouslaiîeziàmâis,m^ du Catechilhie-:.c eft, qu'après ' °M
1 au oirleu, recommenciez, &: auecfaidé dc/çel?onDieu enfentirez vnfruict indicible.
La quatrième &dèrnière nous eft maintenant propre parla grâce de ce bon Pieu, qui
nousafaits priibnniers de'lbn Fils Iefus Chrift en ce chafteau de Chambery : x?ù par&
grâce il nous a fàict fentfr plus abondamment Cçs grâces Se bénédictions tant {pirituellçs
que corporelles , qu'en autre lieu où ayons iamais efté. Voila quant au premier Ibien, quji
nous en reuient.
Au refte s'il faut confiderer la vie Se eftre que tous naturellement fouhaitent& dé-
firent tant, n'eft^de pas la mort heureufe, par laquelle nousallons enla pofleftionde là
vraye vic,& du vray eftre?De la ioye Se plaifir quenous aimons tant voir S& en iouyr,en a-
uons-Jious iamais la yraye,pleine Se entière iouyflance , que par cefte plaifante Se ddira^
Wé mort? Le Pfeau.9o,nbus en eft inftrument allez authentique,&: le cent troifieme, Se le
cffhtquatrieme. Briefj nous pouuons changer determes, Rappeler cefte vie caduque,
tant remplie de pouretez Se miferes , vnevraye morti& la mort naturelle , qui eft fepara-
tion du càvpsSe de Famé, Se vn département de ce logis eftrange pour aller a noftre pro-
pre pays;vneyiébien-rheuteafe. Il eft bien certain qu'ouy,quand nous la méditerons Se
confittererons en noftre Seigneur Iefus Chrift^omme eftans lès membres, Se non autre-
ment; ^Erabraftbn$4a donc comme^noftre trefdefirable amie: Se ne layons plus en
horreur comme noftre ennemie. PaiTons volontairement par icelle , puis qu'elle ne nous
peut furmonter pour nous rendre ignominieux §e contemptibles,mais nous eft vne por-
te degloire. Empoigno"ns-la puis que maintenant elle n'a plus de dard en fa main pour
tiovi iiaurer à U mort ettxnellétfnais bien vneielef,p our nous ouurir l'huis duiiel&nous
O. iiii.
tm
fcire voir lefus Chrift noftre vie éternelle . Quediray plus ? fins elle en ce monde touf-
tours mourons,^ iamâis ioyc 6c plaifir n'auons: iamais ne iouyifons de la prefence de rio-
L« comme ^rc entier 6c loyal cfpoux,auec lequel 6c par lequel de poures fommes faits riches Vdc ma-
riez de la ladcs/ains:de mortS,vlrstde maudits, bcnis:4'ignominieux , iouyltans de la gloire immor-
ttort' tclle:pour,eftans deliurcz de tous nos ennemis, &c meûnes les ayans veincus , 6c triomphé
d'iceux,eftre coronnez de cefte couronne de gloire immortelle , pour triompher éternel-
lement par noftrefouuerain Empereur vi&orieux & triomphant, noftre Seigneur lefus,
quienlVnitedu Pere&s du fainâ Elprit viuant éternellement , nous fera viure&: (ubfi-
fter en luy & auccluy, & le Pere &le lâin& Elprit, quand nous ferons vn auec eux,
Amen,
m- Sitcr Méditons donc cefte heureulc & triomphante mort iournellcment,a ce qu elle
?our nous nous férue de magifter pour nous retirer du mal , 6c adonner au bien. Ayons-la en prix 6c
rwircr du eftime t & y prenons toute noftre delc&ation , veu que nous làuon$ quelle cil en eftime,
enuers Je Seigneur, Plcaume cent quinzième. Que nous n' épargnions point noftre (âng
puant & infeft en nous,puis qu'il eft en fi grand prix 6c eftime enuers noftre Dieu, Pfeau-
me feptantedcuxieme,Tes iugemensjmcfmes puis qu'il le rcquiert,&qu'il en a mémoire:
& s'en enquiert diligemment, Pleaumeneufieme: duquel il fera vengeance au dernier
iourxomme fes Marty rs,c eft a dire lès tefmoinsjayans dpandu pour feeller fa vérité , en
crient la vengeance, A pocalypfe chapitre fixieme. Mais comment ne luy ferbit cher&
précieux noftre fang,que mefmes nos larmes (ont recueillies par luy miles en Ces barils?
Pfcau me cinquante/ixieme:de forte qu'il ne s'en perdra pas vne feule goutte. Que fi elles
nous baignent 6C mouillent par trop , il les elTuyera, A pocalypfe , chapitre feptieme 6c 2,1,
6c Edie chap.15. Noslbulpirs U gemilTemens,nos penfees& defirs les plus fecrets,neliiy
font-ils pas aiilsi tous patens &: manifeftes ? Ceft luy qui fonde le profond de nos cœurs,
Pfeàume fcptieme,ti entetroilieme,& nonantieme,deuxicmeChron.chap. quatorzième.
Nosbraifons &: nos cris ne font-ils pasaulsibienouysde luy î Pfeaume fixieme 6c cent
rrc&tfenufcieine, H faut que de tous mes efprits , &c. Or fus donc , courage, que nul ne & '
fafche de foufpker,germr,crieT,pleurer,pcrdrc biens, cfpandrelbnlàng, toufrnr& endu-
rer tbùriiufqucs a la mort, voire celle mefmc qui eft tant horrible & dpouuantable a la
chaîr , 6c aux charnels : meûnement que nous qui fommes régénérez parl'EfpritduSei-
gneut,fedefirions,raimions, l'embraisions auec toute ioyc ficalegrelTe de cœur, &d'vn
cûufàge libre 6c franc , puis que nous y voyons tant de biens pour nous 6c nos prochains,
u ira.4 £ j^ririçipalement a nos rreres,&: a ï'Eglil'c clu Seigneur . Et puis que noftre fang 6c cendres
(ôfii lafemence des fidèles 6c de l'Eglife^erfons-lc tout iniques a la dernière goutte.Tou-
tesfôis en patience 6c longanimité 6c fouffranec faut qu'attendions Timie hcureulc:car er^
icetlenouspoflêdons nos ames.Elle nous eft grandement neceflaire, Hebr.dixicme: par
icellë nous aùbns dperance , Romains quinzieme:par icellc nous fommes efprouiiez :car
die engendre prôbation, Romains cinquième , 6c Saind laques cinquième chap Nous
Pfeauji7.x4 fCTohsdoncccaquoy lefàin&Efprit nous exhorte par Dauid, Or donc atten toufiours
rwtierriment le Seigneur Dieu,fouftien iufques au bout: AfTcurc-toy pour refifter atout,
En amendant de Dieu l'aduenemcnt.
A© jt riNNi donc ce qui pourra aducnir,Sc que noftre bon Dieu voudra, car ice-
lùy Dirai effc noftre Dieu a toufiours-mais : il nous conduira iufques a la mort 6c éternel*
lçmcnr4ernier verfet du Pfeaumc quarantehuitieme . Le bon Dieu &: Pere de miferi-
cordifau'nomdefqn Fils lefus Chriftnous face la grâce de nous appuyer 6c arrefter iur
fes Ciin&es promcnes,auec vne ferme 6c viue foy, par la vertu de laquelle eftans armez &£
fbrtifiez,nousrefiftions a tous nos ennemis 6c les ddpitions, mefme Satan 6c toutes les
portes <fenrer,puis que nous auons la vi&oirc de tous par noftre Seigneur lefus Chrift , a-
uec leqnel(qui n ous conforte) nous pouuons toutes chofes . La vie en laquelle ce bon
X?ieanousprelérue,nousraichc plus pour lcfoucy, angoilfc&triftcile que nous fanons
que vous 6c toute l'Eglneauez pour nous, pour lapeinc&rrauail&dcfpens quêtant de
gens de bien fourrrent pour nous , qui fommes poures vers de terre inutiles a cous , que
pour n ouf mefmcs. A Dieu.
LETTHES deGuyraudTauraaU vnùenuhj.
L a grâce de Dieu noftre Pere par noftre Seigneur lefus Chrift, en h vertu du faittà
ïfcnt»
(jtiyraud *ï° autmu. $$?
Efprit, demeure'eternellerhent auec vous, Amen.
Reres , fi onquesiettres ont eu puulknce de me prefter confolation , ç'ont efte les
voftr'esrdontvousen remercie grandement. Par lefquelles aulsi i'ay peu comprc-
dre qu'eftiez en grande trifte(Te,ne fâchant point l'afsiftence que ce bon Dieu me
fâifoit,&: méfait iournelleméhtÇgrâces luy en fbyent rendues )pourcé que vous aduifiez à
cequieftoitenmoy,dontnefuismarry:car ilyauoitdequoylècontrifter, Màisenàdui-
fant au nom de qui ie combatoyeiil n y auoit nul danger:d autat qu'il eft prouuèu de rou-
tes armures neceflaires,&: m en afourny au bcfbinXar en eclapuis-ie cognoiftre qu'il ne
ma pas tire du gouffre miferable& damnabledela Papauté, où i'eftoye plongé en ténè-
bres horribles,m'ayant misen Iumiere,pour m'y rctourner:& combien que par ma gran-
de faute ne fufTe fuffifan.t pour refpondre aux articles qui m'ont efte propofez, qui reque-
iroyentvn grand théologien, toutesfois il m'a donné bouche pour rendre confus les en-
nemis de la vérité. Aulsi ièntant ma fbibleffé,&: qu'il y auoit grand 'danger pour moy , ie
me fuis du tout en tout repofé fur la grâce Se bonté paternelle de ce bon Dieu : laquelle il
â tellement defployee vers moy poure pécheur , que i'ay cognu que la promette que no-
ftre Seigneur fit a fes Apoftres,ainfi qu'il eft eferit au dixième de fainct Matthieu, nés 'a-
dreflbit pas feulement a eux,quand il leur difôit, Quand vous ferez deuant lesgrans delà
terre,n'avez point crainte que vous rcfpondrcz, car alors vous fera mis en la bouché tout
ce qu'il faudra que vous difieZ.Ie vous laiffe penfèr, voyan t cefte bonté paternelle que ce
bon Dieu memonftre, s'il y aura fcu,neglaiue, ne tourment que cefbit, qui me "face ré-
gulier d'aller a lui quand il m âppelera. 11 eft certain que nommais vous afTeure que tous
les tourmtfnsque les hommes mefauront bailler,ieles prédraypourfecours &: aidé pour
aller a ce bon Dieu. S'il m appelé par le feu,ie me confole grandement : car ie fuis certain
qu'il a tiré les trois enfahs de la fourhaife ardenteV& fa force n'eft pas amoindrie. Si c'eft: Da°jî l<
£ar eau,il a aufsi fait paffer les enfans d'Ifrael par la mer rouge , fans aucun danger. Brief, txo ',} '
comme il lui plâira,fa volonté foit fairë.râtten en patience fâ volonte,eftant preft dé par-
tir quand ilm'appelera. Surquoy ieferay fin, d'autant queienepourroye exprimer par
longues lettres les grâces que ce bon Dieu ma faites : luy qui n'eft pas vn ouurier i m par-
fait, mais qihacheucra rœuure qu'il a commencée enmoy:dequoyl'en prié iourtielle-
ment,vous priant^ tous les frères de par delà,de faire le femblable.
SELON l'ordre que cy deffus auons tehu,auaût que venir à l'iflue heureufe de ces cinq Martyrs , nous auons kf
inféré certaines lettres enuoyees par M. IeânJCaluin , pleines de corifolation & do&rine , aux fufdits pen-
dant leur eniprifonnernent, quiiefinoigncntle foin & foheitude qu'a l'eglifcde Gencue de ceux qui font
priformiers pour la vérité de l'Euangile.
Es frères, incontinent que noiis fufmès aduertis de vofjre captiuité,i'enuoyay mef-
fager par-delà pour en fauoir certaines nouuelks , 6c s'il y auroit moyen de vous fe-
Gourir . Il partit Ieudy dernier trois heures apreS midy : il retourna feulement hier au foir
bien tard. Maintenant il va derechef pour vous faire tenir nos lettres, &aduifer en quoy
il nous feroitpofsibledevous alléger en voftre affli&ion. Il n'eft ia befbin de vous expri-
mer plus au long quel foin nous auons de vous , & en quelle angoiffe vos lienà nous tien-
nent enlèrrez.Ie ne doute pas donc,puis que tant de fidèles prient inftàm met pour vous,1
quenôftre bon Dieu n'exaùce leurs defirs Se gemjffemens : Se ie voy par vos lettrés com-
ment il a commencé de befongner eh vous. Car fi l'infirmité de la chair fe monftre par-
my tellement que vous ayez des combats rudes Se difficiles a fouftenir, ie he m'en esbàhy
point: mais i£ magnifie Dieu de Ce qu'il vous efleue par deffus. De Voftre cofté,les frères
Laborie Se Trigalet ont à fe confoler,de ce que leurs plus prochains fe rengent doucémét
à la volonté de Dieu. Aurefte, Vous auez tellement profité eni'efcoledelcfùs Chrift,
<|ue vous n'auez pas meftier d'ejlre exhortez par longues lettres. Seulement pratiquez ce
que vous auez àppris:& puis qu'il a pieu au Maiftre de vous employer en ce fertiiee , con-
tinuez à faire ce qu'auez oommence.Combieh quela porte vous foit à prefent fermée d'e
difier par doctrine ceux aufqueïs vous auiez dédié voltre labeur, le tefmoignage que vous
rendreznelàilferapasdeîcsconfermerdeloin. Car Dieu lUy donnera vertu pour refbn-
ner plus outre que voix humaine ne fauroit paruenir .Quant aux moyens félon ïemonde^
ievoudroye bien que nous les eûfsions tels pour vous deliurer, que fans y efperer nous
les fîfsions valoir) St ne tiendra pas à nous y efforcer : mais Dieu nous foliciteà regar-
der plus tant. .
Lime V. Des Cinq de Cbambery.
A r s s i le principal cft de recueillir tous vos fcns pour repoferenfabontépater
nelle , ne doutant pas qu'il n'ait &c vos corps ôc vos ames en fa j roteétion:& fi le fang de
ic s fidèles luy cft precieux,qu'il le monftrcra par effe&en vous, puis qu'il vousachoifïs
pour fes tefmoins.Et s'il luy plaift ic feruir de vos vies pour appouuer fa vérité , outre ce
que vous fàucz queceluy eft vn facrificeplus qu'agréable : tonfolcz- vous qu'en luy re-
mettant le tout entre fes mains, vous ne perdrez rien : car s'il daigne bien nous auoir en
faprote£fcion durant cefte vie caduque,à plus forte railbn nous ayant recirez d'icy , ilie
monftrera fidèle gardien de nos ames.
tovchànt leconfeil que demandez, iecrainqu il ne foirplus tempsxaràcc
que i'enten,vous auez fait ample déclaration de voftre foy.Puis queDieu vous a amenez
iufqucs à ce degré, il n cft queftion de reculer , remettant le tout à la prouidenec de no-
ftrcDieu. Cependant aduifeî que voftre prudence à rcfpondre, foitvraycmcntde l'c-
i'prit de Dicu,&: non pas de Taftuce du monde.Si i'efperoye que voftre fupplication deuft
venir iufqucs auRoy,ic n'auroyc garde de l'empcfchenmais iecroy que celuy qui le vous
a promis, vous a voulu feulement amufer. toutesfois afin qu'il ne femblc qu'il tienneà
vous, ien'ofepas du tout contredire que vous neperfiftiez en l'offre que luy auez faite.
Pourcc qu'en la forme que vous m'auez en noyée, icnetrouuoye rien nece/raire à corri-
ger^ non pofsible lacomparaifond'Achab, 6c choies ièmb labiés qu'il feroit expédient
d'adoucir. Iay retenu cefte copie vers moy. il cft vray que l'en eûife peu coucher vne for-
me dtuei fe.mais i'arme mieux , s'il en faut prefenter , qu'il n'y ait finon ce que Dieu vous
aura donné,efperant qu'il le fera mieux fru&i fier. Si le monde n'accepte vne proceftation
fiiufte&: fàin&e,pourlcmoinsellefèraapprouueedc Dieu,dcfcs Anges,Prophc!tes,&:A-
poftres,&: de toute fon Eglife : mcfmcs tous fidèles la voyant auront dequoy le glorifier
de ce qu'il la vous a di&ee par fon Efprit. le ne vous feray plus amples lettrcs.ioint que no
ç. Firel. ^re ^5 £erc maiftre Guillaume s'eft crouué à poinct pour vous eferire. Parquoy trefehers
frcresfaifàntfin,iefupplicray noftre bon Dieu vous maintenir en fa fainctçgardç, vous
goiiuerner par fon Efprit , vous armer de force& confiance pour batailler, en forte qu'il
rriom phe en vous,fott par vie ou par mort : 6c qu'il vous face fentir que c cft d'auoir tour,
noftre contentemet en luy fcul.Pource que la prefente cft commune', ic ne vous ay point,
fài&derecommandarionsàpartaunom demesfreres. mais iecroy que vous eftcsafTez
afleurez tant d'eux,qne d'vn grand nombre de fi delcs , mcfme de tout le corps de noftre
Egiifc , que tous pcnlènt de vous comme ils y font tenus . Voftre humble frerc que co*
gnoiffcz.,
SENSVlTle dtmier Combat de h mort de Cet cioq Martyrs cy deflus deferit s,
E iour qu'il fortirent pour cftre menez au fupplice,vn perionnagc(lequel auoitfait
S pour eux ce qu'il auoit peu) trouua moyen de parler à eux pour vn dernier feruice:
car ayant entendu la conclulîon de la cour deChambery , entra és priions^ leur annonça
les nouuelles de leur morales conibla félon la graecque Dieu luy auoit donnee,lcs exhor^ \
ta de fe porter conftamment,puis que Dieu le vouloir feruir d'cux,ppureftrctcfmoins de
fa vericc. Et tout ainfi qu'il auoic tait vn commencement heureux en eux , aufsi qu'ils le
monftraffentà fouftenir te refte du combat. Lors tous d'vne voix remercièrent Dieu de
l'honneur qu'il leur faifbit. Vray cft que l'vn d'eux, afîàuoir iian v i r n o v fut effrayé
à ce premier mcfTage de mort:& n'y eut partie en lbn corps qui ne trcmblaft : fi dit ces pa-
N<we c« tollcs:Mes amis,icfens en moy laplusgrofle guerrequ'il cft pofsible à homme de foufte-
nir:toutesfois l'cfprit veinera cefte chair maudite:&: m'aifeurc que ce bô Dieu ne me lairra
pointé vous prie mes Frcres,qucne vous feandalifiezen moy:ie nedefaudray point : car
ce bon Dieu nous a promis de nous afsiftçr en nos affli&ions. Or voila comment Dieu a
diuers moyens pour exercer les fiens: 6c vnctelle frayeur nous doit bienadmonnefterde
noftre infirmité, 6c nous faire depcndredcla m ifericorde gratuite de Dieu , qui parfait fa
vertu cnrinfirmitédcceuxqu'ilaefleus pourfiens ; afin que toute gloire luy (bit dônec.
Vcrnou ^"Qtiand ils furent venus au lieu du fupplice, ledit iian viinov recouura ce qu'il
s'eftoie promis de la bonté &: vertu de Dieu : afTauoir vne heureufe confiance &force di-
gne d'vn vray Chrcfticn.il fut empoigné ler>remier par l'exécuteur :&auant que d'eftre
attache' il fît oraifbn à Dicu,cômençant aini:Scigneur Dieu 6c Pcre tout-puiflant , ieco-
gnuy fans fein tife déliant ta fain&c maicfté,que ic fuis vn pourc pecheur,&c. Outre-plus,
il fit deuat tous les alsiftans confefsion de fa foy: &: ayant recômandé fon efprit à Dicu,cn.
dura confirment les douleurs de la mort, 6c veinquit les ennemis. Voila quât au premier.
Antoine
Je An 0Und& lean V tanks. fa *
Antoine laborie neturoncques eftonné:ains d' vneface ioyeufe, voire telle *-«Utfe.
Comme s'ileuft efté conuié a vn bwlo^etlèprefeiita hardimeht.Etauant que d'eftre exé-
cuté le bourreau luy demanda pardon , remonftrant que ce n'eftoit pas luy qui lefàiibit
mourir^ins ceux qui eftoyent députez pour faire iuftice. Laborie luy refpondit , Mon a-
mvîtune m'orîenfes point , ains par ton minifterefiiis deliuré d'vne merueiileufc prîfon.
Ayant dit cela,il le baifa.Plufieurs d'entre le peuple furent efmeus de pitié , & pléuroyent
voyans ce fpe&acle. Puis il dit en efFc& 1 oraiibn que Vernou auoit dite : 6c fît aufsi con-
fèfs ion de (à foy à haute voix:& ainfi rendit l'efprit âuec confiance cfm erueillàble. Trigaie*
Ie a n Tr îOAiit fepfefenraaufsf-àla mort de cœur alegrc&: d eiprit |>rompt:&
pria pour fes ennemis,diiànt que plufieurs y en auoit qui ne fauoyent qu'ils faif byët : mais
qu'il y en auoit aufsi d'autres qui le iàuoyét bien , 6c toutesfois eftans eftforcelez de Satan,
& ényurez des honneurs de ce monde,ne le vouloyent dire ne confefTcr. Màis,mon Dieu,
dilait4,ie te prie les vouloir deflier. Puis adioufta, O mon Dieulie te voy défia en efprit |à
ha» f$n ton throne » 6c Voy les deux ouuerts , comme tu les as fait voir a ton îeruiteur E-
{tienne. Et après aufsi auoir fait prof efsion de fà foy,rendit l'ciprit bien paifiblemertt,
Bertrand Bataille fouftint hardiment deuant tous , qu'ils n'çftoyent pas Batai]k
là pour auoir defrobé ou meurtry: ains pource qu'ils fbuftenoyent la querelle de Dieu. Et
ayant fait fà prière à Dieu/ut quant 6c quant exécuté.
le dernier, ovyraydItavr a n, prononça quelques paflages des Pfeaumes, 1"auwn-
6c fut ouy intelligiblement^ combien qu'il fuft ieune , toutesfois il ne fut point moindre
en conftancetjue les autres.Eii priantde grande ard eur 6c de voixferme,il mourut.
E fimple récit attefté en vérité, laquelle on pourroit arracher mefmé'de la propre
K^J bouche de ceux qui les ont fait mourir(pourueu qu'ils donnaient à leur cotiicientfô
congé dé parler )foit à tous fidèles pour exemple & confolatîon. Les ennemim ohtnuls
yeux propres pour voir les merueïlles de Dieu:tanty a quele iour viehdrâ qu'ils paieront
fous le iugement horrible du Seigneur Iefus, lequel ils poignerit âinfi orgucilleufcmcten
fes membres.
I E AN BL AND, I E A N 1*11 A N K S, ^îngoiu
TOVS mirûftres de la parolledu Seigneur fontadaoïmefteiàraeiDpledcces deuxperfonnagesdenefe
lafler à icclle maintenir. & combien qu'ils foyent vne fois efcfaappez d'vn danger, qu'ils fe préparent à
entrer en nouucâux combats iufmies a reffufion dè leur fan£t
E douzième iour de Iuillet,en eefte mefmc année, quatre Martyrs Furent en-
femblebruflezenlâVilledeCantorbié, &enynmefme feucorifumefc pour MJXLV-
auoir rendu le tefmoignage de la pure do&rine : afïauoir Ican Bland , 6c lean
Franks, Nicolas Scheterden, &Hunfroy Midelton. Ces deux premiers e-
ftoyent miniftres 6c prefcheùrs del'Euâgile en l'eglife du Seigneur. Des deux
autres,nous dirons incontinent apres.Qu^nt à lean Bland,il eftoit tellement này pour les
autres^u'iln auoit rien en luy qui ne fuft employé pour fvtilité cômunedetous. Quel-
ques années auparauant il s'eftoit employé à inftruire la ieunefTeen bonnes lettrés & à
vertu: aufsi il fut pédagogue dequelques ieuiles gens qui ont auiourdhuy grand renom, BUnti
Entre autres on peut nommer le do&eur Sand , homme excellent en do&rineîdigne-d'vh cepteur du
tel«pedagogue. Apres cela eftant appelé âù miniftere dé TÈglife , efmeu dé zèle ardent én- «ut
nefs Orglife du Seigneur,a tellement pourfmui fa vocation qu'après auoir efté mis priibn- ** '
nier aÇàrttorbie po»r la prédication de l'Euangile,& après en auoir efté deux fois deliuré '
parlé moyen de fes amis , il retourna tout fubit à prefeher f Euangile. Pour cefte caUfè e-
ftant tonftitué pr ifonnier pour la tf oifîeme fois , fes amis luy promirent encore de le faire
forrir,rnbyennant que luy aufsi de fon cofté voufïft promettre de ne plus prefcher:il réfu-
ta la condition: 6c monftrà clairement quelle affe&iori il auoit d auancér lagloire 6c hon-
fleurde Dieu , 6c fedifîéation de fon eglife . Là flnneurëufe refpondit à fon com-
mencement : car il mourut conftamment auec les autres t rois , comme tantoft il
fera dit.
liurcV* WjcolasScheterJen.
M.D.L.V,
NICOLAS SCHE TËRDEN, & HVN-
PROY MIDELTON.
LE principal qui eft icy à rtoter.c'eft l'cxanien de Nicolas Scheterden , fait par l'archcdiacre Harp$fild,& le
Comtniffâire Colloafe-& la f efponfe fort ingenieufe & à propos pour confondre les refuerics des Paptftes,
touchant leur intention de confacrer & de tranflubftanticn
E que nous auons peu recueillir feruant à l'édification des fideles,aux fài£ls &: a-
&es de ces deux Martyrs, Nicolas Scheterden &: Hunfroy Midelton,eft la pieté
&: érudition de laquelle ils eftoyent douez , com bien qn'ils fufîent gens de me-
ftict.Quant à Scheterden, l'examen par luy fouftenu cotre l'archcdiacre Harps-
fild&: lecommiftaire Colloule, monftreafTez les dons de Dieu qui eftoyent en luy .Nous
commencerons donc pàrlâ proportion que luy firent lefdits Archcdiacre&: Commit
. re en celle maniere.C e s pârolles nues &: limples de Ielùs Chrift,C eft-cy mon corps, Su
châgetlimplemet lcsfubftlces mefmes,làns autre intcrpretatiÔ quelconq ou intelligéce*
S c h e te&den refpondit.Par cefte mefmeraiibn peut-on bien prouuer,que quand
le Seigneur difoit,Ce calice ell mon fang , que la fubftance du calice aufsi ou de la couppe
eft contiertieen lang,lans autre quelconque interprétation. Et pourtant nous ne dirons
pointmaintenantquelevinfbitmucoùtranmibftantic,ainslecalice(eul. Ha r p s. Ce
ri'eft pas celaccar quand il parte de calice,il n'entend pas le calice, mais le Vin qui cil au ca-*
lice. S c .Siainfi eft donc que lelus Chrift ait exprimé vne choie par parolte,&: enrendu
vne autre par lens & intelligence, il s'enfuit que les parollesnues ne changent point les
fubftances,mais conuient diligemment regarder quelle eft l'intention de celuy qui parle:
premièrement quant au pain,iècondement quant à la couppe ou calice. H a . Quant au
calice>il faut bien que nous en tirions vn fens autre que les parolles ne monftrent : mais
quant au pain,il faut prendre les mots tels qu'ils font,& làns aucune figure. S c .Vous di-
uilcz donc l'inftitution &C ordonnance de la Cene du Seigneur : & comme ont peut voir,
vous dites qu'en vne partie il y a vn propos figuré:en l'autre, vous n'y voulez admettre au-
cune? figure;. En cefte façbn v^os donnez deux formes à la Cene du Seigneur. H a .Com-
bien qu cïefus Chrift ait dit,Ce calice eft mon fartg:tànt y a qu'il a entendu cela du vin , ÔC
non point du calice. S c .le vous voudroye donc faire aufsi cefte queftion,Quâd le preftre
pronôce les mots fur le calice,font-ce les parolles leules qui châgent la fubftancc,ou pluf-
toft l'intention du preftre? H a . Ceft l'intention du preftre qui fait cela,& non pointles
parolles. Se. Si ainfi eft que l'intention du preftre fait cela,&: non point les parolles.-fi
l'intention &penfée du preftre (comme il eft volage en tous hommes) eft attachée ou à
vne paillarde, où à gourmandife &, y urongnerie,lc peuple au lieu du làng fera reuerence à
la putain du preftre ou à fa gourmandife, & nefera iamais affeuré quand cèlera le lang de
Icfus Chrift,ou non.Harpsrlld deuint perplcx & irrité,ce fembloit: 4k: adreftant la parolle
au Commi(Taire,dit,Ie vous prie,irt terr oguez-le aufsi à voftre tourrcar les relponfes font &
eftrâgcs qu'il me femble queiamais ie n'en ay ouy defcmbkbles. Le Commi/Taire Ce leua
Argument debout &: comméçaà faire le lubti!,en dilànt, Tu confe/Tesquele pain n eft point la figu«
au Comifll re(Ju corps de Chrift.oreft-il que le calice ne peut eftre la figure du lang de Chrift en for-
te quelconque, ny aufsi le vray fang:Il fenfuit donc quelefus Chrift a entendu du vin mef
mc,& non point du calice ou de la couppe. S c .le ne voy pas qu'aucune cholè me contre-
dite çn cecy :car de fait ie ne di pas que le calice l'oit le fang tranifubftantié de Chrift , ou la
figure du làng. Mais, quand vous arfermez que les parolles nues du preftre conucrtî/Tent
fimplcment &: d'elles mefmes la fubftance des chofes, ierefpon queccla ne competencMi
plus au pain qu'au calicerfinon qu'il plaifeà monfieur rArchediacrercfpondreàla dcm5- '
de que ic luy ay faite:alTauoir fi ceft l'intention du preftre prononçant les mots fur le cali-
ce,qui crée le lang de la fubftance du vin,ou fi ce font les parolles, Co. Et l'intention 8£
les parolles du preftre coniointes cnfemble,font cela. Se. Si les parolles Se l'intention du
preftre enfcmblefont la lubftâce du fang , encorefaut-il nccelTairement que lecalicefoit
tranfmué en fang enlèmble aucc le vin : comme de fàift les parolles mdmçs font pronon-
cées du calice,quand il dit,Ce calice eft mon fang.
Le Com miiîairc confelTa depuis en la chambre, que la feule intention du preftre a-
uant qu'il chate MdTe,eft caufe de cefte côuerlion ou traruTubftatiarion , voire lins aucu-
nes
Wtcnnoa
côlacm.
ïhÇJcolas Scheterden. jf p
nés parolles.Car s'il a intention de faire comme la faincte Eglife a ordonné, telle inten-
tion du preftre donne cefte force & vertu aux Sacremens. Mais Scheterdé iefponcit,Si J£
la vertu &c efficace des Sacremens dépend de l'incention ou volonté du preftre, &non
point de la parolle de Dieu, pour yray en beaucoup de diocefes &: iurifdictions , où l'en-
tendement du preftre n'eft pas fort bieninftitué, on pourroit donner des bourdes au
peuple non feulement au Baptefme, mais auffi en la Ccnè,&: Juy faire adorer du pain
au lieu de Dieu. Car puis que lesparolles du Preftre n'ont point aflez de force & vertu
fans la conception inteiieure,le peuple fera toujours en doute ou incertain s'il adore
Chrift ou le pain. Le Gommïiîaireromba fur ce propos, de vouloir prouuerque l'hu-
manité eiloit contenue en deux lieux enfemble,alleguant le paifage de S.Iean,oùIefus Audu.3.13.
Chrift dit, Nul n'eft monté au ciel , linon celuy qui eft defeendu , &c. Se vouloit argu-
menterfurce fondement, que Iefus Chrift eftcorporellcmcnt &l naturcllementen vn
mefme temps au ciel &c en terre enfemble. Se h. Ces palfagcs Vautres femblablts
doyuent eftre entendus de l'vnité des perfonnes,entant que IefusChrift eft Dieu &c ho-
me. Et nonobftant ce dequoy nous parlons maintenant doit eftre rapporté a la diuini-
té: autrement nous tomberions en des abfurditezhorribles. Co. Il faut dire necellaL
rement que cela conuient à l'humanité, & non point à la diuinité .& Je peut-on co-
gnoiftrcparcequiyeft adioufte, Le Fils de l'homme qui eft au ciel, &c. Se. Si ce paf-
îage doit eftre rapporté à l'humanité, félon voftre opinion, nous tomberons en l'erreur
des Anabaptiftes , qui nient que Iefus Chrift ait pris chair de la vierge Marie. Corne de
fait,fi Amplement nul corps n'eft monté au ciel linon celuy qui eft defcédu du ciel , l in-
carnatiô d iceluy eft du tout oftce;&: faudra côfelTer qu'il a apporté fô corps du ciel.C o .
Cecy eft bon: vous qui ne voyez pas voftre erreur, cercliez occasion légère de trouuer
quelque faute en moy. Car c'eft vne chofe bien certaine, que cela ne peut eftre entédu
de la diuinité, linon que vous confefliez que Dieu cil pahible. Mais corne il n'eft point
paifible, aulfi ne peut-il defeendre du ciel. Se .Si cela eft vray que Dieu n'eft point def-
cédu du ciel,pour cefte raifon qu'il eft impalîible, il faut par vne mefme dialectique fai-
re cefte refolution, Qu'il n'eft point afîis au ciel , &: que Je ciel n'eft point l'on throne . &c
faudroitadioufter encore par confequence cequeplulicurs difent auiourdhuy : Que
Dieu n'a point de dextre, à laquelle Chrift foit aftïs. C o . Et cela eft bien *dic: car à la vc
rite Dieu n'a point de dextre. S c . Que penfez-vous donc qui peut cepcdant&: cy après
aduenir à la religion Chreftienne, fi pour cefte raifon que nous ne pourrions exprimer
la façon comment il eft defeendu du ciel,nous nions entieremét qu'il foit defeendu? Et
pourautant que nous ne pouuons comprendre vne cerraine façon de dextrede lairnôs-
nous imparfait, comme fi nous luy voulions ofter la main dextre ? Dauantage, le Pro-
phète auroit mal dit en parlant ain fi , Et fi ie m'enfuy iufques aux extremitez de la mer, au p£c. 13*
ta main me tirera hors de là , & ta dextre me retiendra : fi ainfi eftoit qu'on voulift dire
qu'il n'a point de main, il aduiendroit finalement que nous penferions qu'il n'eft alîîs,&
que le ciel n'eft point fon throne,&:mefme qu'il n'y a point de ciel du tout.Et finale met
ie crain qu'on ne viéne iufques là, que nous dou tiôs s'il y a vn Dicu,ou non. C o . Quoy?
L'Ëfcriturc ne pronôce-elle pas que Dieu eft efprit? S c . Ce que vo9 dites que Dieu eft
efprit,cft bié vray,& le doit-on pour cefte raifon adorer en elprit &c verité.Et corne il eft
efprit, aufli a il vneforce fpirituelle, vn liège fpirituel,vne dextre fpirituellç, &: fembla- icans-is;
blcmcntvn glaiue fpirituel, lequel nous expérimenterons quelque fois linous contL
niions à faire comme nous auons fait, &cCi nous difons que Dieu n'a ne dextre ne bras,
pour cefte raifon que nous ne fauons quelle eft fa dextre ou fon bras : car par vn mefme
moyen nous dirons auffi qu'il n'y a ne Chrift ne Fils de Dieu. Le Commiflàire prote-
fta alors qu'il ne parleroit plus : &: voici en fomme les principaux poincts de tout ce qui
fut dit: finon qu'il efchappa à ce Commilîàire en fes propos dédire que leTeftament
de Chrift auoit efté falfirié Se changé,& qu'il eftoit bien efloignéde fa première inftitu-
tion U ordonnance.Cependant toutefois il afFermoit bien que l'Eglife auoit eu cefte li-
berté &c puifTance de le changer.
EXHORTATION que Nicolas Schecerden laifla par efcrir.laquelle en fomme contient la différence de la
v raye mere Eglife , d'auec la faulfe paillarde 8c infâme fynagogue de l'Antechrift . tous fidèles font exhorte*
de fuyr idolâtrie : & tout ce qui aggree à la chair }de n'abufer point des exemples des Pères anciens.
Pp.i.
Liurc^f V.
Nicolas Scbettràtn.
- T gg^S T I M E 2 toute ioyc, Freres,d h S. laques , quand vous cfcherrez en beaucoup
Hcbr- v.. Ê^^de tentations, fachans quei'efprceuue de voftre foy engendre patience:& par pa
A"acsI+"1J" cience courons au combat qui nous eft propofé. Pourtant donc,Frcres bicn-aimez,que
l'Efcriture nous enfeigne & admonncfte,quc par beaucoup de tribulations il nous faut
entrer au royaume de Dieu, il reftequ vu chacun côfidere cela en ion efprit, pour quel-
le raifon les afflictions luy font emioyees : fi c'eft pour quelque forfait qu'il ait perpètre,
ou Ci c'eft pour auoir maintenu la vraye religiô. Si c'eft pour quelque tort ou iniure pro-
cédante deluy, ou fi (es aduerfaircs ont eftéefmeus à fairecefte perfecution pour hai-
ne de la verité,laquelle ils ne peuuent voir régner, & pour cefte raii'on que Dieu regar-
de pluftoft aux vrais facrifices,&: qui font inftituez par fa parolle,qu a leurs facnficesfar
dez& contrefaits Jefquels ils le (ont forgez fans aucune ordonnance de laparolle de
Dieu. Or h la cautc d'icelles afflictions eft telle , combien font heureux ceux qui ont
à fourn ir telles tentations? Ce n'eft point comme fi quelque choie nouuelle nous adue-
noit, laquelle autres n euffent point fenty ou expérimente deuant nousrcar vrayement
c'eft-cy vnfignetrefeertain de l'amour de noftre bon Seigneur Iefus Chrift, qu'en por-
tant la croix nous foyons faits participans de fes parlions, le vous prie reduifons cecy en
Gcn.4. mémoire,^ penfons diligemmét comme par foy Abel a offert à Dieu vn facrifîce plus
Hcbr.ii. agreabiequen'afaitCain,&queparcelafonfrerecharnelamachiné de lefaire mou-
rinde femblable façon cefte race de Cain fe dcfpitera toujours à l'encontre de nous,5£
neceflera iniques à ce qu'elle ait beu&auallé noftre fang. Car ils voyét bien que Dieu
fait plus de cas de noftrc humble obeiflance, coniointe auec fa parolle,que des fards de
leur religion mafquee. par laquelle ils vendent au monde &font valoir leur chafteté
feinte, leur ieufnearrogant,leurs doctrines erronées , efquelles il n'y a vnc feulcgoutte
de {implicite & humilité. Or de tant plus eft-il raifonnable que nous ayons les cœurs
paifibles & pofez, puis que c'eft lechemin des vrais peres. Et n'y a homme qui ne fachc
bié que fi laiiîans ce moyen du vray feruice de Dieu, qui nous a efté môftré par les fain-
ctes Efcritures, nous voulons fuyure la doctrine & traditions des hommes , nous este-
rons tous dangers, &: grande liberté nous fera ouuerteà toute diflblution & licence: à
l'exempleà: façon de ceux defquels on cognoit ouuertemët la vie eftre fouillée de tou-
te impureté:comme d'idolâtrie, blafpheme, menfonges, calomnies, paillardife,parol-
les deshonncftes„yurongnerie,gourmandife:& pour le faire court, à toutes fortes d'a-
bominations. Et ces forfaits exécrables demeurent impunis, voire régnent fousombre
de la liberté de leur fainéte eglife:&,qui pis eft,font maintenus.Cependant on opprime
lapuredifciplinedelaLoydiuine,& condamne-on les eftudesdeceux qui tafehent â
accomoder leur vie le plus près qu'ils peuuent des faincles Efcritures: ces chofes, dy-ie,
nous font pour gransargumens,pourquoy nous fouftenons d'vn grand courage & allè-
gre toute la force & violence de ccux-cy. Les Apoftres ont efté tels deuant nous , &c les
fain&s Martyrs de Dieu ont enduré opprefîîons femblables de leurs propres alliez &
gens de leur nation mefme. Bref,cecy eft propre à tous lesChreft iens qui font vrayemec
confacrez à faire la volonté de leur maiftre, qu'vn chacun d'eux s'expofe aux dâgers de
la mort, pour maintenir la vraye religion de Dieu &c le Teftament de Chrift , toutefois
& quantes que befoin fera. Et ne faut point en forte quelconque prendre alliance ne fo-
cieté auec ceux qui changent & renuerfent ce Teftament de Chrift,lcquel il a feellé de
fon propre fang, iufques à tât que le Teftateur Iuy-mefme retourne , qui eft le Seigneur
Iefus. Car nous auons fait cefte tranfaction au Baptefme,Qu.e nous adhérerons à Chrift
& à la croix,& non point aux ordonnances &: traditions des hommes , lefquellcs ils taf-
ehent de parer du titre plaufible de l'Eglife. Toutefois fi nous voulons faire enquefte
tant peu que ce foit de cefte eglife leur mere, nous trouuerons qu'elle n'eft nullement
efpoufe de Chrift, ainsla paillarde puante de l'Antcchrift : &: qu'eux ne font point
cohéritiers de Chrift, prefts pour mourir auec luy:ains baftards acharnez pour le perfe-
cuter.Puis qu'ils font tels, il vaut mieux, félon leconfeil du Fils de Dieu, les JaifTer àleur
Matth.15. naturelrcar ils font aueugles,&: conducteurs d'aueugles.
Cependant de noftre cofté procurés en toute diligcnce,&: faifons que nous foyôs
JEphcf.tf. munis de l'armure de Dieu : que fa iuftiçe redonde en nous, que la parolle de Chrift ha-
CoLî* biteplantureufementennos cœurs,au lieu que ceux-cy lareiettent. Et encore que le
ciel &: la terre fuffent redu its à néant auec toute la pompe des ceremonies:nean tmoins
foyons fermes &refolus en cela , que la parolle de Dieu demeure éternellement ;
&n'ya
iïÇJcôlat Scbeterden, 364
& n'y a rien dequoy la vie humaine foitfi bien repeuc & fouftenuc , que ficelle paroj-
le découlante de fa bouche ennosames. Parquoy il faut neceflairementqueceluy qui
n'en eft point repeu perilTe , ne plus ne moins qu'il faut qu'vn corps meure quand il n'a
point de viandes poureftrenourry. Nous oyons non feulement Ifaie,mais auflî leSci-
gneur luy-melme fc courrouçant afprement contre ceux qui l'honnorent en vain félon Muç ?'
les ordonnances &c commandemens des hommes, &: que l'honneur & reueréce qui luy
eft deué,eft rendue aux dites ordonnances Se loix humaines. Tât s'en faut que cela puif-
feeftre agréable aux yeux de Dieu, qu'il menace de deftruire la fagefle desfages,&la
prudence des prudens, aflauoir ceux qui reiettans la fagefle de Dieu foyuent leur pro-
pre fagefle comme guide 6c raaiftrcfle. Et ie vous prie, y a il chofe qui puifl'e eftre plus
odieufe à Dieu,que de mefprifer fon confeil , en préférant les inuentions humaines? Ei-
coutons donc d'vn efprit humilié ce que le SeigneU t veu t &C ordonne , & ne nous en de-
ftournonsiamaistat peu que ce foit:carobeiflànce vaut mieux que toutes les fantafies JJJJ**17-
ou intentions des hommes, de quelque zele qu'elles foy enteonceués. De fait, Dieu ne
fefoucie point de l'apparence ambitieufe, & glorieufe oftentation des cérémonies ex-
ternes: mais il regarde la foy vraycôi pure obeiflance de cœur.
E t par cefte feule marque principalement peut-on bien difeerner la vraye Eglife de
celle qui eft fardée & contrefaite: Qv b partout où on verra que les loix&: conftitu- ^
tions humaines feront préférées aux ordonnances &: loix delefus Chrift,c'eft vn tref- Mal.t4>
certain figne que là il y a abomination de defolation , laquelle eft aflife au lieu où il ne Pan.*,
falloir pas. Y a-il abomination qui foit plus pei nicieufeà la religion, ou plus deteftable
& odieufeà Dieu, que quand les conftitutions & traditions humaines obtienne! le lieu
de fon feruice, U font parées de l'authorité de l'honeur & reuerence de fon Nom; Moy-
fe dit,Selon que le Seigneur mon Dieu m'a ordôné, vous le ferez. Et derechef, Vn cha- Dcut.4,&i2
çun ne fera point ce que bon luy iemble.&: toft après , Fay feulement ce que ie te com-
mande. Outre-plus, noftre Seigneur Iefus dit en l'Euangile, Mes brebis cognoiifent Ieaniû-
ma voix, & ne fuyuent la voix d'vn eftranger , ains fuyent arrière de luy. Maintenant
comment entendrons-nous qui font les eftrangers, flnon qu'ils enfeignent chofes e-
ftranges& d'vn autre efprit que le Fils de Dieu n'a enfeigne? Veu donc que Iefus Chrift
a prononcé cccy, Vous errez ne fachans les Efcritures,&: que la faufle eglife crie tout Mauh.:i,:
au rebours, Vous errez enlifantlesEfcritures( comme uTEfcriture donnoit occafion
d'crrer)on appercoit facilement que c'eft vne voix eftrange & contrefaite. Dauantage,
quand cefte eglile dit, Voila ton créateur entre les mains du preftre:item: Voicy,Chrift Matt.i4,
eft icy,il eft là,c'eft vne voix toute diuerfe de la voix du Fils de Dicu.Item quand lamef-
me parolle de Dieu dit, Gardez-vous des images:& S.Paul femblablement, Quelle c ô- u ,wn *
uenance y a-il entre le temple de Dieu & les idoles? Si on réplique , Que les images font
les liures des (impies ou idiots,n'eft-ce pas la voix d'vn effranger: Et fi les hypocrites dé-
battent, &ta(chcnt de perfuader que c'eft tout vn quand on fe trouuera aux facrifiecs Contre les
&: cérémonies effranges de ceux-cy, pourueu qu'il n'y ait nul confentement de volon- tcPoaicurs:
té au dedans: n'eft-ce pas voix eftrangere, laquelle non feulement donne fcandale aux
bons,mais auflî augmente l'ire de Dieu fur toute la multitude. Parquoy ceux cjui font
tels , auront leur portion auec les hypocrites. De quelque couleur qu'ils fe puiflent icy
farder, ou quelque couuerture qu'ils mettent deuant lesycux des hommes: quiconque
accommode fa foy à telle diflimulation ne fait que s'abufer . car c'eft vne chofe trefecr-
taine&horsde tout différent, que s'il eft licite de communiquera leurs obferuacions
& cérémonies, il y faut aflîfter non feulement félon le corps, mais auflî dame &c volôté.
Il ne faut point clocher des deux coftez: mais faut que foyonsoudu tout chauds ou du i.roîsi»;
tout froids. Il n'eft licite ne raifonnable de feruir à deux feigneurs : nous ne pou uons en- •
femble boire le calice du Seigneur & Je calice des diables. Si Je Seigneur eft Dieu , fuy- Ï^sTk.
uez-le.Le Seigneur hait celuy qui eft double de cœur, S'ils fe couurent de leur infîr- EccleU.14;
mité:pourdiflîmuler auec les infidèles, qu'ils fâchent que le royaume des cieux n'ap-
partient à telle forte d'infirmes, pluftoft c'eft vnioug d'infidélité. C'eft vne cauerne de t.Cor.<>.
brigans, & retrait d'immondicité, delaquelle le Seigneur nous veut retirer,difant,Sor-
tez du milieu d'iceux feparez-vousen,dit le Seigneur : & ie vous receuray , & puis ie
vous feray pour pere , &£ vous me ferez pour fils &c filles. Que Ci ceux que Dieu a ap-
pelez , ne fortent hors & ne fe feparent, ils fe rendent deiobeiflans a la voix diui-
ne, U par confequent ne font point de fon hetitage . Et que doit-on dire à ceux
Pp.ii,
Liurc^ V ". Pltéfieurs Martyrs.
Efcmtcz qui ayanscftévne fois deliurez, retombent par crainte en la fauiTc adoration? Ccrtai-
Sdcla ncmcnc ieleur voudroye volontiers confeiller, qu'ils fe repentent de bonne heure, &c
vcnté.^ retournent au bon chemin, 'de peur que Dieu ne leur ofte le talent, &c ne les iette ente
nebres&raueuglemcntd'ci'prit: ce qui eft ordinairement legage dépêché.
Frère s bicn-aimcz, difpofeztellement voftre cftude,a vrayeimitation , qu'ayez
incellammentdcuanc les yeux le but auquel kscommandemens de Dieu nous menée,
&cc que vollre orïïec requierr. Iladuiendra encefaifant, qu'on ne vous deftournera
L'exemple pas follement du droit chemin. Siles Cananeensfe propofoyent l'exemple d'Abra-
d Abraham. nam p0ui Timkcr, qu a fon exemple ils offnffent leurs enfans en facrifice comme a fait
Abraham ( ainfi que nos iingcsauiourdhuy veulent imiter fcxempledu baftiment des
Vaine imi- Chérubins, &: du ferpent d'airain, pourmaintenirleurs images&: idoles ) ie vous prie
cionpk" quel argument tireroyent-ils de cela, d'offrir leurs enfans en facrincer 11 nous faut fai-
re vn femblable jugement de tous les autres exemples des Pères rïdeles : à ce que nous
eftimions qu'ils font eferits pour vnenfeignement de nofttefoy &obeiiIànce, & non
point pour lafeher la bride à la chair, pour penfer follement qu'il nous foit licite de
nous abandonner à nos propres affections, ou difllmuler auec les hypocrites fans crain-
te de punition. Car pour certain on ne trouucra point vn feul exemple es fainctes Efcri-
tures,qui enfeigne cefte feintife tediffimulation hypocritique,& Je diable n'apoinr
de moyen plus facile ne plus court pour tromper. Nousauonsauiourd'huy aifez d'ex-
emples de nos faux Euangeliques parla difîimulation defquels on voit que leglaiue de
lapuiifancecft mis és mains des aduerfaires pour faire mourir les innocens. le prie no-
ftre Seigneur , qu'il leur doint de bonne heure vne vraye repentance , de peur qu'il ne
Pfeau.s4.11. jure cn {on ire quelque fois que iamais ils n'entreront en fon repos. Et fi nos aduerfai-
res fcmblcnteftre plus fubtils que nous , vous ne deuezpour cela vous efmouuoir:
La ruJeffe car ie royaume de Dieu ne gift point en parolles, ains en puiflancc. Que quelcun foie
?cdcuo?e mal poly tant qu'on voudra , &: du tout ignorant: neantmoins s'il craint Dieu fans
feintife , &c s'il fe reprime de mal faire, fa pieté fera en beaucoup plus grande eftime de*
uant Dieu, que la feience enflée de ceux qui rapportent toute leur eftude à pourchaf-
fer liberté ou licence charnelle pour faire tout ce qu'ils voudront. Caria croix du Fils
de Dieu eft folie à ceux qui periifent : mais elle eft fapience à tous ceux qui obtiennent
ï.Cor.us. falut. car les Grecs cerchent fapience, & lesluifs demandent des lignes: mais la fa-
pience ignorante de ceux qui fbuffrent pour la vérité, eft beaucoup plusfagequctous
les hommes dumonde:&leurfoibleffe eft plus forte que tous les Princes du monde.
Dieu par fa grande bonté nous vueille donner vne telle fageffe &: force , afin qu e nous
portions en toute bénignité & patience la croix qu'il nous a impofee. Au reftc,eom-
bien que cefte faconde doctrine ait efté défia dés lôg temps fcellee pleinement &fuf-
fifamment par le fang précieux du Seigneur Icfus, toutefois le tefmoignage de mon
fang y fera adioufté,qucl qu'il puiue eftre,pour rendre tefmoignage à la vérité de Dieu,
& que par ce moyen i'incite& refueille les autres freres,à ce qu'ils eftimét le prix de no-
ftre rédemption beaucoup plus que tout or &C toutes pierres precieufes. Et ne faut
point douter, que le mefme Seigneur qui eft mort &: reilufcité pour nous, ne nous tire
hors de la poufliere à la grand' honte te confufion de nos aduerfaires. Lors nous relui-
rons comme le Soleil, receuans le royaume d'immortalité &: de licfTe, auquel il n'y au-
ra ne larme ne triftefle, où la féconde mort n'aura nulle force à l encontre de ceux qui
maintenant ontgardé leurs robes teinctes au fang de l'Agneau, par diuers & beaucoup
detourmens,&: parconfequent obtiendront la couronne de gloire immortelle, & le
triomphe éternel, &: là ils chanteront à iamais cefte belle mélodie auec les Anges &
tous les efleus de Dieu : Sain£t,Sain&, Sainct le Seigneurie Dieu des bataillesde cielte
la terre font remplis de la maiefté de ta gloire , Amen,
Apres que Nicolas Scheterden, &: auec luy Hunfroy Midelton , tous deux artifans
& gens de meftier eurent conftarnment maintenu la vérité du Seigneur , ils furent
mis &: adioints auec les deux miniftres defquels il aefté parlé cy deuant: te furent bruf-
lez tous quatre enfemble en la ville de Cantorbery le douzième de luillct:&:mainte-
, nant après auoir endure beaucoup de tribulations viuent pour iamais auec le Fils
de Dieu.
IE AN
Tlùfieurs M artyrs $6 1
DIRIC HERMAN,^ autres Martyrs.
QV AND Sat3n aura fon enfeigne dreflec,& que les perfecutions auront la voguc,apprenons de nous fortifier
par patience: & qu'à l'exemple de ceux-cy que Dieu nous propofe pour miroir en fi grand nôbre,noi;s j; our-
fuyuions toufiours le chemin auquel nous fommes vne fois entrez, fans en élire deflourncz aucunemtnr.
V I pourroit Tans larmes reciter les afflidios que TEglifc du Scigncura fouf- m.d.lv,
fert en ce tempsrQui ne gémira après vn li f'oudain changement au pays d'-
Angleterre oyant tantdc cruautczexcrcees contre lereiidu des fidèles du-
lic pays ? pemprunteray icyle récit qu'en font ceux delà nation, qui nous
ne' &c de bouche,& par efcrit,qu*e depuis que la parolle de l'Euangile par le fcul Jc n.ombrc
commandement d'vne femme aeftéoftee dudit pays d'Angleterre, îleft aduc nu en cxecucczer
moins de deux ans que plus de huits cens perfonnes ont elle miles a mort, voire de tou- Angleterre
tes les plus cruelles morts dequoy on s cil peu aduifer.
Apres ces quatre cy deflus mis,pluheurs autres fuient exécutez en ce mois de Iuil-
lct. Entre autres les noms de ceux qui s'enfuyuent font venus en certaine cognoiifan.,
cejaifauoirquelE a n V V a d e fut brullé à Dartforde , Diric he Harman, en la
ville de Levves. IeanLande R,àStcuenyg. RichardHor k ,boiteux:&TH o„
vi a s E v e R s o n , à Chiceftf e. Nicolas Ha l L,à Rocheitic. I E a n Po l l t y , à
Tumbridge.^Depuis le premier iourd'Aouft,Gv illavmi Ailbvvardé mou-
ruc en h prilon de Reading,où il auoit elle détenu pour la confelîion de Chrift. Itcm,lc '
deuxième lourde ce mois: I a ojr e s Ab s, fut bruilé en la Ville nommée du lepulchre
de S. Edmond , vulgairement dite Edmondsbury.
IEAN DENLEYE <*r IEAN NEVMAN.
Q V F- 1 V^at de voftre nobleffe, 6 nobles, ne vous cmpefche de vaquer fi bien à l'eftude des lain&cs Efcriturcs,
u i l'exemple de ces vrais gentils-hommes qui vous font propofez , puifsiez faire feruiccauRoy de toute
quand il luy plaira vous appeler pour en pareille caufe faire tefte aux ennemis de fa vérité.
N ce mois d' Aourt, les aduerfaires de l'Euangile s'efleucrent en plus grande MJXU
fureur contre les fidèles: de forte qu'ils n'tfpargnoyent perlonne de quel-
cue qualité qu'il fuft. Entre autres Iean Denlcyegentil-hômc,&: Iean Neu-
<nan furent produits poureftre menez au dernier lupplice. mais auant que
venu a ici' mort, nous mettrons icy les articles de leur aceufation qui leur furent pro„
pofez par Edmond Boner cuefque de Londres en la forme que s'enfuit:
i Premièrement quant à la Iurifdittion de l'Eucfque de Londres, ces deux-cy
y appartiennent fans aucun contredit. 1 1 . Secondement qu'ils auoycnt nie,cju en tout
le monde il y euft vne eglùc catholique. 1 1 1 . Item,quils maintenoyent que leglife d'-
Angleterre n'eft nullement membre de l'Eglifc catholique, mi. Outrc-plus,qu'au
royaume d'Angleterre la Mefleeftoitvneimpieté,idolatne&fupcrftition:&: pourtant
îls n'yalloyent point, v . Que la confeffion auriculaire, telle qu elle eft en vlagc,ncft
nullement fondée fur aucuns certains tefmoignagcs de la fainde Efcriturc. v i . Que i'
abfol ution qui eft prononcée par le preftre en la façon accouftumee , ne confent nulle-
ment à la parolle de Dieu, maisy répugne totalement, vu. Que le Bapteime,com-
meih ftauiourdhuy célèbre entre les Anglois, ell contre la parolle de Dieu. Autant dç
la confirmation des petis enfans, & des Ordres des matines & vefprcs, 6c de la cÔfecra_
tion du pain & de l'eau, &: telles cérémonies, comme obferuations forgées à plailir.
vin. Qu'il n y auoit que deux Sacrcmens en TEglifc catholique, alfauoir le Bapcef^
me &: la Cenc du Seigneur, a. Que le corps de Iclus Chrift ne demeure point lo-
calement au Sacrement,d'autant que pour certain il a efte eileué au ciel.
Refponfe aux iufdits articles.
i. No v s oecontredifons point au premier article, n. Nousnions entièrement
le fécond : car félon le Symbole nous croyons qu'il y a vne Eglifc catholique &: vmuer-
fcllc, laquelle eft édifiée fur le fondement des Apoftrcs &c Prophètes ; de laquelle Ie-
fus Chrift eft le chef. Outreplus nous croyons que cefte Eglife eft compofee de la con.
gregacion de tous les fainasôi fidèles, lefquels l'Antcchrift a auiourdhuy diflïpez par
Lturc~> V. fan Denleye, Jean J^juman.
toutes les régions du mode : & qu'en quelque part que ce foit que deux ou trois s'aflem-
blent au nom de noftre Seigneur Iefus Chrift, là l'ont les membres de l'Eglife fidèle &C
catholique : laquelle n'eft point limitée & comprife par certaines bornes en ce monde,
ainseft efparfe par toutes les régions &diuers pays où laparollede Dieueft purement
annoncce,&oùlesdeux Sacremens ,affauoir le Baptefme &: laCene,font purement
adminiftrez. m. Nous refpondons au troifieme, que l'Eglife d'Angleterre, félon la
foy& religion en laquelle elle eft maintenant inftruite , n'elt point portion de l'Eglife
catholique,ains dcl'egjife Romainc,de laquelle le PapeRomain eft chef.Car changeas
&aboliiTansleTeitamentde Dieu, ils ont au lieud'iccluy introduit au monde vn autre
teftament de leurs conftitutions 6c ordonnances , pleins de blai'phemes & menlonges.
Premicremen t que le Seigneur a enfeigne Tes fidèles comment il f aut prier,Matth.<>. I-
#.Cor. 14. tem par cela auilî que nous oyons que S. Paul dit, Celuy qui prophetiie parle aux hom-
Ungages. mes à cdification>cxhortation & côlblation. Celuy qui parle langages, s'édifie iby-mef-
me:mais celuy qui prophetile, édifie la congrégation. Item il dit bien toit après aumef-
me paifage, Auiîî vous, (i de voftre langue vous ne donnez parolle lignifiante ou intelli-
gible, comment entendra-on ce qui (e ditfCar vous ferez parlans en l'air. Outre cela il
adioufte, Vray eft que tu rens bien grâces à Dieu : mais vn autre n'en eft point édifié. le
ren grâces à mon Dieu, que ie parle plus de langages que vous tous: mais l'aime mieux
parler cinq parolles en l'Eglife en intelligéce, afin que i'inftruife les autres, que dix mil-
La Meflc le parolles en langage eftrange &C barbare. 1 1 1 1 . Nous refpondons au quatrième ar-
prouuce a- zic\Cl) qUC nousauons défia tant de fois protefté, que la Méfie de laquelle maintenat on
0mX C vfeicy ordinairement en ce royaume d'Angleterre, eft pleine d'impiété &: deblafphe-
meshorribles-.tant pour ceftecaufe qu'elle monftre clairement des argumens de blas-
phème 2>C idolâtrie , que d'autant qu'elle répugne directement à l'authorité inuiolable
de l'Efcriture. Carie Seigneur Iefus Chrift en fa fain&e Cenc a ordonné le Sacrement
du pain &£ du vin, à cefte fin que nous prinflions ces nourritures enfemblement côioin-
tes, en mémoire de fon corps rompu& brifé pour nous , &c afin qu'elles nous feruiflenc
pour matière de nourrir,& non pour occafion d'adorer comme vne idole. Car Dieu n'y
veut point eftre adoré,ains glorifié & loué en toutes fes creaturesjlefquelles toutes font
Exode io, formées pourl'amour de nous. Car il eftainficommadé,Tu ne te feras aucune image
ou femblance quelconque des chofes qui font là lus au ciel, ny en la terre icy bas , ny es
eaux fous la terre. Tu ne les adoreras,& ne les feruiras. Si cefte ordonnance a poids en-
tiers no"us,il n eft nullement raifonnable que nous adorions le Sacrement du pain & du
vin: car il eft dit, Ne femblance quelconque. & pourtant tu ne les adoreras,& ne les fer-
uiras. Et que fignifîe cecy, Mettre les genoux en terre , efleuer les mains en haut , frap-
per fa poi&rine du poing, ofter le bônet, fe profternet en terre? Nous penferiez-vous
fi fols^dé nous perfuader que ce n'eft point là &: vénération & adorationrCar le corps de
Chrift nay de la vierge Marie eft au ciel, fi foy doit eftre adiouftee a Y Apoftre au io.cha-
pitre desHebrieux, Mais ceftuy-cy ayant offert vnfeulfacrifice pour les péchez &of*
fenfes , eft éternellement aflîs a la dextre de Dieu : attendant (ce qui refte ) iufques a ce
que'fes ennemis foyent mis pour (on marchepied.il dit outre-plus en lamcfmeEpiftre,
Hcbr 9 14 *euis n e^ Point entr^ és lieux faits de main, qui cftoyent figures des vrais , ains au ciel
mefme: a celle fin que maintenat il apparoifle pour nous deuât la face de Dieu. Et Phi*
Iippiens troifieme, Or noftre conuerfation eft es cieux,d'où auflï nous attendons le Rc-
dempteur,le Seigneur IefusChrift. Et en la première des Theiîal. 1 , Ils annoncent de
vous quelle ouuerture Centrée nousauons eue a vous,& cornent des idoles vousauez
efté conuertis a Dieu, pour feruir au Dieu viuant &: vray » en attédant des cieux fon Fils
Iefus, qu'jl a rcflufcité des morts, lequel nous deliure de l'ire aduenir. En outre il eft dir*
Iean ieizieme, le fuis iflu de mon Pere,&: fuis venu au monde, &c derechef ie delaùTe le
monde, & m'en vay a monPere. Etauiy.ehap. Et ie ne fuis plus au monde, &ceux-
cy font au monde:&ievienatoy. Cestcfmoignages &: autres delà fain&e Efcriture
parlent ouuertement a ceux qui ont oreilles pourouyr:afiauoir que le corpsde Chrift
qui a efté pris de la vierge Marie, eft au ciel: &C n'eft point d'vne façon locale dedans le
pain &c le vin facramental.Parquoy quiconque le meta genoux deuant ces elcmés.pour
les adorer , ou leur faire quelque rcuerence qui eft deuë a Dieu feul , commet idolâtrie
manifefte. Et pourtant nous concluons que cefte Méfie eft abominable.
A v cinquième article nous refpondons cela mefme qui eft couché en l'article , qu'il
ne faut
fan Denkje, Jean N eurnan. $Vé
he fâut point approuucr la côfeffiô auriculaire,laqlle on a receue auiourdhuy en vfagc.
Ètdefait,c'eftChriftquinous pardonne nos oflfenfes&pechez; car il dit ainfi Matth. p£"^kul
onzieme,Venezàmoy vous tous qui eftes chargez,& ie vous (oulageray. Etlefilspro- les péchez,
digue dit en l'EuangilcJe ra'ofteray d'icy,& retourneray à mon pere, & luy diray, Mon Lut 'J-1*
pere, i'ay péché contre le ciel U deuant toy,& ne fuis plus digne d 'eftre appelé ton hls.
Ilejtauflidit PfeaumetrentedeuxiemeJ'ayditJeconfe/Teray mon iniuftke deuant le
Seigneur:& tu as pardonné l'iniquité de mon pechc.lob treizième, Toutefois ie redar
gueray mes voyes deuant Ta face:& il fera mon Sauueur.car nul hypocrite ne fe trouuc-
radeuancfaface.EtSiracli34.Quelle pureté tireroit-on dvne choie immonde ? Etil
fut demandé à l'vn des dix ladres* lequel retourna vers Iefus Chrift pour luy rendre
graces,oùeftoyent les autres neufcQuefi quelcunagrieucmtnt oftenféfon prochain,
faut qu'il face diligence de reparer cefte ofYc-nfe, &dc retourner en grâce auec celuy
qu'il aorrenfé.Que s'il y a quelque énorme pécheur > qui ait efté furpris en fes ordures:
après qu'on l'auraadmonnefté vne fois ou deux,il le faut faire venir deuant l'Eglife : &:
les Miniftres &c ceux qui font là députez , ont puiflance d'excommunier par l'authorL Dej,
té de la parolle, en forte qu'il foit tenu pour Payen & peager : non pas pour vn iour , ou bmS«
deux,ou quarante,mais iufques à tant qu'il foit touché de vraye repentance,&: que de-
uant l'Eglife il demande pardon de fon ofFenfe en toute humilité. Lors les miniftres
de la parolle deDicu ont pui/Tance d'annoncer par ladite parolle la remiifion des offert
fes au fang de Iefus Chrift,commc il appert par ce qui eft dit Ad. 1 3 Matth. 1 8. Nous
ne rccognoiflbns &c n'admettons point d'autre confeflîon. v 1. Quant aufixie-
me article,pource qu'il eft participant &L des dependences du cinquième, rious refport
dons ce que nous auons refpondu de l'article précèdent, vu. Au feptieme nous Lc Baptef
refpondons,entant que touche le baptefme des petits enfans , qu'il eft bien eflongné me<ks en-
de la première ordonnance.Carlean Baptiften'a vfé d'autre chofe que de laParolle ou fan5'
de l'eau :ce qu'ort peut voir quand le Seigneu r Iefus vint à luy pour eftre baptizé, Matt;
3. Marc 1. Luc 3. L'Eunuque dit A&.8, Voicy de l'eau:quiempefche que ie ne foye ba-
ptizé ? Il appert que Philippe l'auoit inftruit auparauanr.car il luy dit, Voicy de l'eau.
Nous ne lifons point qu'il ait requis autre chofe queleau.il n'a point demandé du cref
me,ne de l'eau benite,ne del'huile, rte de lafaliue,ne du fcl,ne cierges,ne quelque lin-
ge blanc,ne chofes femblablés. Autrement il ne faut point douter qu'en demandant
de l'eaitjil n'euft quant &c quant demandé toutes ces chofes.Et faind Pierre dit, Ad. 10.
Quelcun peut-il empefeher que ceux-cy ne foyentbaptizez? Item A&es 16, Et luy an-
noncèrent la patolle du Seigneur,& à tous ceux qui eftoyent en fa maifon. Et les pre-
nant en icelle heure de nui&,il laua leurs play es, & luy àc les dorheftiqueS furent bapti-
zez incontinent. On voit qu'il n'y a icy que la prédication de la Parolle &c de l'eau. &
pourtant toutes ces autres chofe*,cpmmeauÛi pluiieurs autres obfcruations & céré-
monies de l'Eglife,ionteflongnees de la parolle de Dieu. vin. Au huitième arti-
cle nousreipondonsenpeu deparolles,quelafimple parolle deDieuaduouefculemét
deux Sacremens,airauoir le Baptefme U la fain&e Cenc : (mon que d'auenture auec
ceiix-cy vous y vouliez adioufter l'Arc en ciel.car fi on veut generalem ent parler,ort ap i^oic.
pèlera Sacrcment,tout ce qui aies promettes de Dieu quant &: quant adiouftees.
ix. Quant au dernier de tous les articles que vous auez propofez, il n'eft befoin
que «ous facions longue refponfejveu que vous en auez defia vne breue confefîîon qui
eft lignée de nos mains,laqùelle futtrouueeen mon fein lors que nous fufmes pris par
Edmond Teler offlcier.Dauantage nous vous auons a/Tez ouuertement Se amplemet
monftré au quatrième article,quelle eft noftrc opinion touchant la prefence du corps
au Sacrement.Car le corps du Fils de Dieu qui eft nay de la vierge Marie , eft au ciel, &
rie peut en façon quelconque eftre compris en vn Û petit morceau de pain. Nous con-
feflbnS ouuertement,que tout ainfi que les parolles que IefusChrift a prononcées font
veritables,au(ïi les faut-il entendre par d'autres parolles lefquellesle Fils de Dieu luy
rnefme a prononcées ailleurs,& les Apoftres après luy. Or voila en bref ce que nous a*
uons refpondu par articles propofez par l'euefque Boner.
Ce s Gentils-hommes, à fauoir Iean Denleye après auoirfouftenu la vérité del'E-
uangile,fut bruflé à Vxbridge le i:iour d'Aouft. Et cnuiron jo.iours apresNeu-
man foncompagnon fut mené en la ville deSafronvval,où il fut bruflc.il auoit eferit v •
Pp. iiii.
LiureV. Phpeurs Martyrs.
ne confefilon defoy vn peu deuant la mort.
Ce roefmc iour vnc honncfte vêtue nommée Varenni futbruflee àStadforda-
pres le (eigneur Iean Denleye.
GVILLAVME COCKE R&autres.
rs qui
bruflez
'ffi^SP^S mois d'AouftjCommc nous voyonsjfutcrcmpé au fang de plu/îeun
l ' &p:~pjt{\iz elpandu au pays d'Angleterre. Le 13. iour dc ce mois,tixfurent bn
2\V^>^cn vu mcfmc feu en la ville de Câtorbety^nàuoir le feigneur Gvill
;^ficn Vn IIICIIUC ICU tu i<t vint ut Vdiui L'tiy,aiiuuuii iv. ii.igin.ui varii-tAV-
I m e Cocker,gennl homme,Ri c h a r d Coller,H e n r y Lauréce,Gvi l-
Ta v m e riopper,Gv iuavme Stere,Ri c h a r d Vvright.
Le i4iourdtKÎir mois,Ro g e RCirierfutbruflé àTautone.G t o r c e Tankerfeld
futbrufléàSaintt-Albons,&auccluyG v iuavme Baumefoid le 2.6. iour d'Aouft.
CemefmeiourauflîPA t ri c e PatinghanhuMartyr en la ville d'Vxbridge.
ROBERT S M Y T H^ngois.
LES éfaits de «Martyr & île fcuiblable ; aufquels vnc véhémence d'efprit a efté bié-feante,nous môftrét quelle force i la do-
ctrine dc Dieu vue fois n>i(c pour fon Jcmcnt:que itlon le fubicû qu'elle rencontrt.ainli elle le manifcfle.fàns auoir clgard
à choie qui fou de ce monderait oublier la vie propre à celuy qui la porte,& mdpriler touces puiflànces qui s'efteueat £
l'cncontre.
I on veut faire comparaifon entre piufieurs excellens efprits d'hommes
quifefontoppofezàl'impietéderAntechrift, (urmontans par vne vertu
plus qu'humaine toutes dif£cultez&: contradictions, Robert Smyth,pciiu
tre de l'on art,peuteftre nommé entre les premiers > ayant efté armé d'vnc
hardieflefainde&: force nompareille contre les ennemis de la vérité . duquel il nous
faut ouyr le combat qu'il eut contre Boner euefque de Londres le j. iour dc Iuillec > m.
d.l v .comme luy-melme l'a laifTé par eferit traduit comme fenluitrNo v s eftions
quelque nom bre de prifonniers pour la parolle de Dieu,qui fufmes m enez en la maifô
de l'euefque de Londres enuiron les neuf heures du matin Je fu le premier à qui l'Euef
que parla en fa chambre.ll me demanda premierement,quel eftoit mô nom: puis quel
temps il y auoit que ie ne m'eftoye confe/fé au preftre. Dés lors(dy-ie)que ie commen^
çayàauoir quelque intelligcnce&rraifon.&saulïiien ay iamais en ma vie cftimé qu'il
fufi aucunement befoin que ie mTe telle confelïïon de mes péchez &oiFcnfes,principa
lement à telle forte de gens,lefquels à tort &c fans caufe vous appelez Preftres,queDicu
n'a point ordonné. Bo . Vraycment tu déclares aflez du premier coup que tu cshereti-
que:toy,dy-.ie,qui t'ennuyant de ton meftier dc peintreric , maintenant te iettes fur la
Lacoûdfciô Theologie:& de la vocation en laquelle tu te deuois contcnir,tu te mets en hc relie.
Smyxh! S m . le n'ay point pratiqué ce meftier à cefte fin q moy & ma famille en fuffîons nourris:
car fans ce meftier(graces à la bonté de noftre bon Dien)il y a eu a/Tcz pour nous entre-
tenir iufques à maintcnant,&:autant honneftement qu'homme de fa qualité. Bon.
Combien y a-il que tu n'as receu le lacrement de lautel?&: outre cela , quelle cft ta foy
enceft article? Sm. le ne l'ay point receu , depuis que mon Dieu m'a donné bon (ens &C
intelligece vraye:& s'il luy plaift ie ne le receuray iamais plus:puis qu'il ne refpod point
à l'inftitution de Dieu, ne de nom,ne d'vfage^Bo. Ne crois tu pas que le vray corps dc
Chrift qui cft né de la vierge Maric,eft naturel!ement,reakmenr & en fubftanceau Sa
crement, après les parollcs de confecration? Sm. le vien de dire que cela n'a rien de Hri-
ftitution diuine,tant s'en faut que ce pain foit Dieu,ou quelque fubftancc d'iceluy:c'eft
leulement pain &: virffelon la fubftance de la matière.
Apre s plufieursparolles&obie&ions, Boncr vint finalement à dire qu'il ne pou-
uoit autrement faire finon enuoyer au feu. le luy refpondy, Vous ne me ferez rien que
vous n'ayez délia dc long temps fait à des perfonnes qui valoyent mieux que moy:
ne
Robert Smytb. jf j
ne penfez pas que pour cela TEfprit de Dieu puifTc eftre cfteint,ou que pourtant voftre
caufe foit faite meilleure. Vous auez beau meurtrir & efpahiire le îang innocent: vous
ne pourrez faire qu'aucun emplaftrecouure voftre playeinfe&e: vous ne 1 amènerez
iamais à telle guerifon,quc quelque fois elle ne fe creue en puante ordure * à voftre
grande confuiion. Ayant ainfi parlé,on me fit commandement de me retirer au iar-
din , cependant qu'on examinerait le frère Heroald. Quand il eut efté examiné*
onmcramenaderechefversl'Euefque,lequelm'interroguaii i'eftoye de mefme opi-
nion auec Heroald es articles,premierement touchant i'Eglife catholique. S m . le cioy
qu'il y a vne Eglife vniuerielle en terre, ou vne congrégation des fidèles, laquelle faincl
Paul dit eftie fondée fur les Apoftres & Prophètes, donc Iefus Chriifc mefme eft la mai- EphcCt
ftreiTc pierre angulairc.Laquelle Eglife s'appuye totalcmêtcnfaicts&di&sfut la paroi
JedeDieu,& vie de l'authoritéd'icelle en tout & partout: fans laquelle parolle icelle
ne peut &c ne doit rien faire auflî:de laquelle pour certain iefuismëbrc par la grâce de
mô Dieu. B o . Vous fauez vous autres que fi quclcû des frères a offenfé, &: fi après tous
moyens ciîaycziceluy ne veut entrer en quelque réconciliation , le premier remède cft
que cela foit dit à I'Eglife. Or fi voftre Eglife eft de telle forte:où eft-cc que ie le trou- Math lS
ueray finalement,afln quei'aye monjecours à icelle,fi quelque fois i'en ay befoin?
Sm. Il appert es actes des Apoftres que lors que la tyrannie regnoit &exerçoiticscru- Aft.ia.&
autezcontrelapoureEgIiie:lcs frères pour la malice des temps furent contraints de
faire leurs a/femblees en petites maifons & lieux obfcurs&: fecrets , corne auiourdhuy
les noftres le font:& neantmoins cela n'empefehoit point que telles a/Temblees nefuf-
fent I'Eglife de Chrift. Bo. Mais leur eglife eftoit allez cognue. Car faindt Paulefcric î#cdr.j.j
aux Corinthiens,qu'ilsaycnt a punii l'homme inceftucux. Que fi l'eglife n'euftefté
pou r lors vifible & euidente,il n'euft point efte licite à fain ù. Paul de faire ce qu'il a fait.
Mais voftre eglife n'eft nullement cognue,&: ne la peut-on trouuer. S m . Si elle ne vous
eftoit cognucjcommertt la pourriez-vous perfecuter prefqucs en tous lieux ? Mais touc
ainfi que cefte eglife de Corinthen'eftoitcognue que de Dieu &c de fainft Paul en ce
téps-la : auffi celle à prefent que vous defehirez n'eft vifible finon àDieu &: à fes fidèles.
^"Sur cela quelcun de la troupe des preftres de celt Euefque dit, Mon amy , ie voy bien
que vous n'eftes ne fimple n'idiot. S m . le fuis qui ie fuis par la grâce de Dieu,& i'eftime
quelle n'eft point du tout inutile en moy. Boncr fefoufriantluy dit , Or fus donc, dy
moy quelle eft ton opinion touchant I'Eglife. Sm. l'ay defiareipondu fur quels fonde-
mens la vraye Eglife eft appuyee:& l'afferme derechef que par l'Angleterre il y a vne
congrégation fidele,commc par toute la terre. Et quanta l'eglife de Corinthc,ie refpô
que là ily auoit vne congrégation fidelc,mais tous les efleus n'y eftoyent pas enclos^
B o . Qu'enten-tu par ce motCatholique?&: qu'appelés- tu Eglife? S m . Ce mot Catholi- CatJloj; ,
que fignifie vniucrfel.L'Eglife eft vne compagnie ou alfemblee d'hommes Chreftiens L'Egh/e?
vms &c conioints enfemble. Quelque temps après ie fu enuoyé au iardin:où ie demeu-
ray quelque efpace auec le frère Heroald:&: ainfi que nous eftions enfcmble,vn preftre ^th**
de l'eucfqueBoner vint vers moVjlcquel me fît cefte demâde,aiîàuoir fi ie ne péfoye pas
eftre prifonnicr ou captif.Ie refpondy que i'eftoye voircment prifonnier quât au cotps,
&:afTuietty fous la volonté de celuy qui me detenoit , mais que i'eftoye affranchy du IcaQM
Seigneur par Ielus Chrift. Apres cela nous difputafmes longuement de fon dieu , &C
du facrement de lautel qu'ils appelent:fînalcmcntiel'amenay à ce poinft qu'il confef-
faouuertementquefon dieu deualloit dedans le ventre,&: puis eftoit iettéauretraift:
& que cela ne diminuoit rien de l'honneur de Dieu, encore que les Iuirs qui luy font en
nemis mortels, luy eufTent crache contre la face. S m . Mais vous qui eftes amis,de le plo
gerdedansvnretraicr, ne mentez-vous pas plus gricue condamnation? Le preftre
en tcrgiuerlant cerchoittous moyens poui efchappc r : & finalement fut contreintde
recoudra ce fubterfuge,difant, l'humanité de Chrift încomprehenfible, comme il en-
tra aies difciples,ia-loit que les portes fuifcnt fermées. Sm. Cela ne tait rien à voftre
propos. carlors fes difciplcs & Apoftres le voyoyent,oyoyent ,manioyét de leurs mains:
&: vous autres ne pouuez alléguer rien de tout cela.'&ncftoit point lors cÔtenu endeux
lieux, comme auffi il ne là iamais efté. Le preftre oyant ces propos,ne peut autre chofe
faire que ietter des brocards,&: fe moquer de tout ce qui auoit efté dit, & puis s'en alla.
^De là on nous mena en la fale de l'Euefque,cn laquelle les feruiteurs & officiers ne fi-
Liurc^V. Robert Smyth.
rent autre chofe tout le iour que nous agacer de parolles outrageufes : iufques à ce que
leGeoliervoyancleuriniquitéoucrccuidcc,nousferraen vne autre chambre , en la-
Decesdcux quelle nous culmes plus de repos,cependant que l'eucfqne cftoit allé en la fvnagoguc
l'hiftoirc pour prononcer lcntencc de cori(lamnation contre moniîeurDenleyeâJniGficurNt u
receJct
eft dente.
man. ^CeIafait,rEucfque mena le Maire de la ville en la chambre oùnouseftions,
afin qu'il affiliait à la cognoiffance de noftrc caufe. Boncr me fie appeler le pre mier en
la chambre haute : là le Maire &: vri autre gouuerneur de la ville s aflirét auprès de l'E-
Nocabie uefque:& pots,rlafcons &: bouteilles pleines de vin trottoyentpar tous les coins de la
£«ïu«cs.°a chambre, &: cependant moy miferabiecftoye reietté loin, & mcfprifé de tous. Cela
me fît fouuenir comment Pilate&: Herodcsfe réunirent enfcmble,& firent côplotcon
crcChrift:duquel cependant nul ne deploroit les torts,&: outrages. Finalcment,aprcs
qu'ils eurent aflez bien goullé rEucfquedemanda les articles,&: les fit reciten&mc de-
manda (i îelesauove prononcez a infi qu'ils eftoyent couchez par eferit. S m. le n ay ne
proféré, di ie,de bouche que îcnclefenteenmoncœur. Boncr adrefTantfon propos
au Maire, luy dir,Monlicur,ccfl homme-cy ell hérétique obftiné,mcritanr lamort: tou
tetoispource que ce brun c ourt de moy, que îc me baigne au fangdes hommes,com..
bien que Dieu me l'oit tefmoin-,iamais en ma vie ie n'ay appeté le lang d'homme quel-
conque:i ay retenu auiourdhuyccft homme-cy en ma maifon,de peur qucfacauféne
fuft démence deuant l'audience où l'eufle vfc de mô droict & authorité,fans le faire icy
venir. Et neantmoms icy en voflreprefcnceie le prie &obtefte qu'il retourne au bon
chemin. Et s'il le fait , ie luy promets de ne luy rien imputer de tout ce qui a efte
fait iufques à prefcnt.ïe veux que vous,monfieur le Maire,& vous aufll qui eftes icy pre
fens,fbyeztelmoinsdela promefîequeiefay. Sm. Monfieur,livousdites cecydeuant
monfieurle Maire &: monlieur le Capitaine,que vous auez en horreur l'crTufio de fâng,
monftrez Je par effe&.Ie vous fupplic, quand dernièrement mon compagnonThomas
Cctrecruau Tomkins,fut par voftre cômandement amené deuant vous , de quelle colère vfaftes-
fcc^ïeflbs vousenuersluy • Car en la première procédure vous luy fiftesbrufler vne main conerc
cnPhiftoire vne lampe ardcnte,&: peu de iours après vos fiftes brufler tout fon corps.Ie me déporte
deToKms de plufieurs autres fidèles de Chnft,& lubie£tspaiublesdelaRoine,lefquels vousauez
traitez de mefme. Et quelle plu s grande douceur attendroy'-ie maintenant de vous
quieftesmontéàfihautdegrédefureur , ayantfaitmourirtant de Martyrs innocens
Boner ne fe du Fils de Dieu.?fi voftre cceur eft tant enclin à cle mence & benignité,comme vous di-
ne?nui« tcS:Comme fc ^a'c ce'a que celle voftre bénignité &: clémence ne me lai/Te aller incô-
faition ré- tinentrQuclle raifon y a- il, que fans aucune neceffi té vous faites vne enquefte fi rigorcu
part def j de ces articles, auiqucls nulle loy ne me contraint de refpondre? Or fus,dit Boner,
Son?08* c'eft allez de cela: venons au facrement de l'autel. Quelle en cft ton opinion .? N'efti.
mes tu point q le mefme corps qui eft nay de la vierge Marie, y foi t en la mefme chair,
mefme fang&melmes os? Sm. ^A cefte demande ierefpondifuffîfamment>&: quant
& quant monftray la vraye inftitution de la Ccne fous les deux efpeces.^ Boner crioit à
fencontre,combatant pour fon Sacrement,quenousiVeftions que belles ignorances:
Luc." if &: que les parolles de Chrift,C'efl cy mon corps, font ouuertes,claires & fermes.
] Harpsfild Je grand Archcdiacre qui eftoitprefent rompit le propos de l'euefque
Boner,&: dit,Ce que le Seigneur a voulu que le Sacrement de fon corps fuft reprefenté
fous deux parties, contient double myftere: pource qu'il déclare tant le corps que la
paffion du corps, félon que fainct Paul en rend tefmoignage. Parquoyle pain eft faitle
corps,& Ievinreprefcntcrcrîufiondufang.SM. Vous corrompez les parolles de S.Paul
i.Cor. 11.18 pour lesfairc feruir à voftre propos.car iladit, Toutefois &£ quantes que vous mange-
rez de ce pain &beuurez de ce cahce,vous annôcercz la mort duSeigncur iufques à tat
qu'il vienne. L'annonciation doncdela mortdu Seigneut negiftpas moins au pain
qu'au vin. Boner après ce propos s'en alla pour fe mettre à table. Et monfieurle Maire,
qui auoit clic afîls près dcluy,m'admonneftaque ie me fauuafTe la vie.Ie refpondy, que
le lalut de mô ame eftoit bien & feurement gardé en Ici usChnft.De ma part ie le priay
qu'ilconfideraftdequieftoitleglaiuequ'il portoiten main. Quand ceft examenfue
Ceft vn paracht ué,i'Euefque donna congé à tous qui auionsefté interroguez auccaiTczmaiL»
etoronfous uais vifage:&: derechef fufmes ramenez en la prifon de Nevvgar. Et quant à moy,
apd- ïnfi ^ ^ue^lue ordonna particulièrement au Gçolier , que ie fufTe mis à parc au Limbe de la
LE
Robert S myth. 36 4
LE fécond examen de Robert Smythjfàit le Samedy en/uiuant:auquel il eft traité delà Confefûon aflez amplement.
\E Samcdy apres,enuiron vne heure,le Geôlier m'amena en la chabre de leuefq
__2|g}Boner:&: Iuy eftât feui aflls,& n'ayant qu'vnGreffier,parla à moy en celle façon:
Toy Robert S mych,affermes- tu qu'il n'y a nu lie Eglife catholique icy? Sm. Regardez*
mes articles que vous filles hier mettre par eicrit:&: vous entendrez pariceux que ie
confeirc qu'il y a vne feuleEglile catholique,de tous les membres d'vn feul homme qui
eftlefusChrill. Bo. Etdelaconfeffion.?n'eft-ellepasfalutaire&: necefTaireenl'eglife Confcflïe»
de Chrift? S m . le refpon encores ce que ie dy hier,Que fay cogneu que les confeiences
des hommes font ordinairement defcouuertes fous ce fard de confcfsio:quc les fecreu
des Rois &: Princes font reuelez par ce moyen, lcfquels eftans grandement abufez par
les preftres,apres leur auoir déclaré leurs pechez,defquels ils defiroyent fort eftre deli
urez,dcpuis leur ont donné groiîefomme d'argent pour obtenir abiolution ,& ont a-
cheté chèrement des Melfes pour le falut Se rédemption de leurs ames.
En t r h ces propos &diuerfes interrogations de Bonereuefque, Smyth comme il
eftoit d'vn eiprit prompr,mit en auant quelques im pollures d'vn Preftre qui auoit efté
caufe par illuirons qu'vn Gentil-homme de Northfolc tourmenté en fa confeience fru
(Ira fes héritiers de fon bien pour le dôner audit Preftre. Vo v s feauez auffi (dit Smyth
en prefence du Maire)comment vos prcdeceiTeurs ont fait mourir le fidèle & confiant Chard
martyr de Chrift Richard Humcômment en premier lieu ils luy firent appliquer des ai hvn.
guilles ardentes dedans les narines,qui le percèrent iufques au cerueautpuis pendirent Cruautez
l'on corps,perfuadans au limple peuple que ce bon perfonnage s eftoit eftranglé delà honHcs.
propre ceinture. Il y eut aufsi vn eueique de Londres deuant vous, Monlieur , qui ayac
vn ieune homme de bonne vie &c innocent en fes prifons , &: ne le pouuant autrement
veincre,le fit eftouffer fecretement:& puis fit découper fa chair aueccifeaux , &L fît de-
puis courir le bruit que les fouris l'auoyent ainfi mangé. Ce font lesfaits de guerre des
Euefques,dcfquels(comme on peut voir )vous n 'elles forligné, vous qui ne pouuez ou-
urir la bouche que ne iuriez:qui eft voflre façon pour maintenir vos ordonnances. Bo-
ner commanda incontinent à vn lien feruiteur de rédiger entre fes regiftres le récit
fait du gentil homme de Northfolc. Vncheualierfuruint entre fes entrefaites afin Lccnciu^
qu'il fuftprefent à l'exameij,qui auoit à nom Mordant. Boner puis après parla à moy lcr 01
difant,Smy th,quelle eft ton opinion touchant les fept facremens de leglife ? Crois-tu
qucDieu lésait ordonnez &: inftituezîaiTauoirlcfacrementdelautc^delaConfirma-
tion,du Baptefme,du Mariage,& les autres. S m. le croy qu'il n'y a que deux Sacremens
en l'Eglife Chreftienne,aiîauoir delà faincte Cene du Seigneur , & le Sacrement de la
régénération. Car quant au facrement de l'autel,&: vos autres facremens forgczfic
controuucz,ie ne fay pas comment ils feruent à voftre profit: tant y a que leglife de
Chrift ne les t ecognoit ny aduoue:& de moy ie ne voudroye nullement communiquer
à iceux,nc faire chofepour laquelle vous m'e deufiiezinterroguer,ou que moy en deuf
fc relpondre eftant interrogué. Bo . Quelle raifon y a-il qu'on change la cérémonie de
noftre Baptefme,felon qu'elle eft inftituce'ou que contient-elle en quoy on puilTe dire
que nous -nousfouruoyonsde lareigle delaparollede Dieu; S m. La confecration de
l'eau, l!exorcifme,ou comuration,le crefmc,lon&ion des cnfans,le crachat quelès pre-
ftres mettenten la bouchedes petis enfans:&: tels autres fatras &: ceremonies,defquel-
lesil n'y en a pas vne feu/e qui foit approuuee par la parolle dcDicu.B o . Or fus,q veux- P^Onf"?
tu dire du facrementdesfain&s ordres? Sm. Mais il falloit dire des ordres defordô-
nez. Tous autres ordres approuuez ont Dieu pour autheur,& par luy ont elle intro-
duits en l'Eglife:mais vos couronnes, vos engraiflemens &c on&ions, vos tonfures , vos
cheueux arrondis, &: tels badinages ne tentent rien de l'inftitution de Dieu; & c'eft-cy
la raifon pourquoyie n'y adioufte point de foy.Et pour vous dire la vérité, monfieur,li
vous auiez faine intelligence&vraye onction diuine,vous ne vous deffigurerieziamais
d Vne telle façon comme vous faites. Bo. Dis-tu.? Mais celle telle mienne fera rafee, par
mafoy,&:toutmaintenant:voire pour cefterailbnmefme pour figne que tu feras bruL "^jJ^JJ
lé. ^Et tout à l'heure il commanda qu'on luy lift venir le barbier,& fe retirant en la cha
bre prochaine,il fe fit tondre.
D E la. façon de procéder de ceft Eucftjue Boner,on peut facilement cognoiftre que fous vne fotte 5cnulicicufc l*gcrcri,irc*er-
çoit ne jntmoios St pourfumoit fa cruauté conerc les fidèles.
Plu/leurs M artyrs.
Sentence de
condamra-
non de
Smyth.
Pi otcfUtiô
dcSnv, ch.
* pre s ces chofes L'Euefque commença à reciter le contenu de la fentence de ma
-^condamnation: Au nom de Dieu , Amen , &c. Smyth dit ce mot en paflTant , Vous
commencez mal voftre fencéce par ce nom. Où eft-ce que l'Efcriture enleigne de don-
ner (entence de more tous ce nom, quand il n'eft cjucftion que du faict de la confeience?
1 Euciquc paifa outre. Et quand il l'eut coûte récitée iufqucs à la fin, il fît foudain retirer
Sinyrh- lequel adrefiant ion propos nu Maire, luy dit:Monficur le Maire , ne vous fufrL
foit-il pas d auoirlaiiîe la voye du Seign.finon qu'auec cela vous lovez prefent a côdam
ncr IefusChrift à tort&: (anscaufc?Boncr relpondit,Tu ne poun ois dire queienc t'aye
prelentc ce qui eft îufte &C raifonnableue t'ay offert de s gens pour t'cnleigner &: tadmÔ
nefterde retourner au droid che min. Maintenant donc appelé- Boncr Sanguinaire
délirant i'efFufiondu langhuma:n.Mon(ieur 1 Eueique,dir Smyth, encore que ma bou-
che ne souurciamais pour due vn feu) mot de vos raids ,ou que lamaisccux qui font i-
cy ou les autres n'en facent mention pout les publieront y a ncantmoins que ces pier
rcs crieront pluftoft,qu'iccux ne viennent en lumière. Boners'c(c;ia,Oftez-lemoydi-
cy,oftez leviftement. Smyth protefta en difant > le vous appelé en telmoignage, vous
qui eftesicy prefcns>&: e]iii oye z ces chofes,cômcnt on nous traire îcy auiourdhuy,eftas
condamnez comme hérétiques, fans alléguer vnc feule eau le de te lle condânation qui
fuft tircedes Efcritures:&(ansaucunemét prouucr q nous fuffiôs hérétiques. Et main-
ccnan^monfieurlcMaire^'adreflt cefteparolleà vous.vous,dy-ie,quiauezreccu delà
main du Seigneur la puiilànce du glaiue pour repouiierlcsoutiages faits aux pouresaf
rligez,en voulez-vous abufer pour les faire mourir?Maisie remets toute la cauïeàDieu*
qui iugera& fera vengeance iuftementideuant le (îege iudicial auquel vous &: moy cô-
paroillronsquelquefois.Lorsvniuftciugemët fera fait demacaule >& ne le fera point
quece ne (bit à voftre grande honte, linon que vous vous repentiez en vérité &: de bon-
ne heure. Mais ie prie le Seigneur qu'il vous cet! oye vraye repe mance,felon qu'il co_
gnoift vous eftreexpedient&: vtile.
Cela dit,tout incontinent on fit amener Smyth auec fes autres côpagnonsprifon-
niers à Nevvgar,qui eft la prifon des extrêmes condamnations de mort. Il fut toft après
bruflé en la ville de Stancs.&i de mcfme confiance qu'il auoit fouftenu les combats prç
cedés,ilenduralctourmétdelamort>lcvingtlîxiemeiourd,Aou(t,deceftan m.d.x, r.
V.A TRE îours après, aflauoir le trentième dudict mois, Efticnc Harvvod
'tut bruflé à Stradford,& Thomas Fuife à Vvarc. I e a n Ncuman,qui
iauoit efté compagnon de la prifon auec Iean Dcnleye , fut bruflé le lende-
_,main a Safronvvaldcnr&ce mcfme iour Gv illavme Harlcs fut bruflé â.
Barnet)&: tous pour la defenfe del'Euangile du Fils de Dieu.
ROBERT S A M V E L,.Wn*lcs.
o
£N celte hinV-irenc Robert Samuel mini/Ire àr Barholt.il eft fait mention de da\x femmes honorabIes,aiTauoir AnncPotre-
nv.S: d'vne autre qui eftoit femme d'vn nommé Michel , lefquel es deux lurent bruflccs a Ipfcvvitchc : dont cy après
Ictli mort-heureule fera deferite. L'efpritdoux & gracieux de ce Samuel apre la véhémence de Smyth confolcra,&e-
difiera grandement le Lecteur.
). LV. KTÏS^K t V S I E V R S tant hommes que femmes (ont Sortis dudiocciedeSuf-
olk en ce temps -cy, qui ontheureufement fouffert le martyre pour le Fils
eDieu : mais entre autres la vertu de Robert Samuel mérite bien d'eftre
mi(e par efent. Il eftoit miniftre de l'Egide de Barholr,qui eft au conté de
Sui+olkjinltruifant fidèlement & auec grand fruid le troupeau qui luy eftoit commis
du Seigneunôcnecefta défaire fon office lufques à tant que la violence des temps ne le
permit plus.Finalement eftant dcpdfé de fon cftat par l'authorité &£ mandement de la
Rome,& chalTé de fon Eglife auec les autres fîdcles Pafteurs,il ne peut cuiter la malice
&
Robert Samuel. 36s
8£oppreflïonduternps:& toutefois il ne laifia d'eftrefoigneux de fes brebis. Car ia-fbic
qu'il neluy fuft loifible faire en public ce qu'il euft bien voulu: tac y a qu'il sefïbrçoit de
faire ce qu'il pouuoit pourconfermer particulierementles fidèles. ^En ce tcmps-la
fut fait vn editt parla Roine,&: publié par Cominraircs,Que tous prefti es qui s'eftoyent °erd£™^c
mariez du temps du roy Edouard ,cuflcnt à fc de/Faire de leurs femmes, &: rctournei contre le
derechefàlcurcelibat. Robert ne voulut obéir àceft cdj£t,pource qu'il levoyoit inL "^[{JÇ des
que : &C eftimant que pour les ordonnances humaines il ne luy eirait licite de violer les '
commandemens de I)ieu,il retint fa femme,&: faifoit fa demeut ace à Ipfv vitch:auquèl
lieu il n'eftoit point oiiif,ains toutes fois&quances que l'opportunité' fe prefèntoit , s'-
cmployoit fecretement à inftkuer l'Eglife, laqueJleauoit efté afTczgrande en ce lieu-la.
Le Gouuerneur en ce diocefe, qui eftoit nommé Foftcr , aduerty de touteecy , mit des niniftr^
efpies pour prendre garde quand Robert tiédroic fa fem me auecfoy en famaifon pour tcurd'ipf-
rcmpoigner&T mercreen prifon. Les efpiesayans donne aducrtiflement,quant& quac vvltch'
leMagiftrataccourut,&lamaifonfutcnuironnecdc fergeans &£ officiers, 6c leur fut fa-
cile de prendre Robert Samuel, car il fe pi eicnta de Ton bon gré fans refiftence. Sa piïfe
fut faite de nui&, d'autant que le Magiftrat craignant le tumulte & fedition du peuple,
n'ofoit faire cela de iour. Ainfi eftâtconftitué prifon nier à Ipfwitch, fut aflez douceméc
traité tant qu'il y demeurarmais il fut emmené de là bien toft aptes : car l'enuie des ma-
lins fut caufe qu'il fut ttainé à Noruich,où l'Euefquc dudit lieu le traita fort inhumaine- J-'ct^uc
mcnt.Etentouteccfteperfecutiononnapointtrouuéquilyenaitcu vn plus félon à e °ru' u
tourmenter les fidèles. Vray eft que les autres Euefques ont fait beaucoup de fafcheries
&:ennûysaux fideJes:toutcfois ils fe font contentez de faire emprifonner fit" mourir, &C
nefauroit-on dire fi aucun d'iceux a vfé de fi griefs tourmen s qu'a fait ccftuy cy,qui en a
tourmenté pluûeurs miferablcmenc,&: fait defdire aucuns. Ceft Eucfque donc penfant
faire le fem blable à Robert Samuel , le fit premièrement mettre en vne prifon fort ob-
fcure,en laquelle il eftoit attaché debout à vne poultre, en forte qu'il eftoit côtraint de
fe tenir toufiours fur fes pieds. Et auec tel ennuy il y en auoit encore vn plus grand 8£
beaucoup plus difficile à porter* afTauoir que pour toute viâde on luy donnoit trois mor
ceaux de pain, &c pour, breuuage trois cueillerccs d'eau le iour :&: cependant toutefois
ce martyr eut force pour fouftenir tels tourmens. Enccla peur on confidererla force- Jjç^3CC
nerie diabolique des ennemis, &: la force admirable du Fils de Dieu en fes feruircurs. muelen
Finalement eftanc condamné au iupplice du feu, il luy fut facile de porter au milieu de rtou™^; fî
tant de tourmens par lefquels on 1 auoit exercé à toute extrémité. Ec amfi qu'il eftoit en orn s"
tels deftroits,attendant le dernier tourment , on louyt ainfi parler des ehofes qui luy e-
ftovent aduenues en la prifomafTauoir que lors qu'il eftoit aux ceps , après qu'il eut efté
tourmenté de foif & de faim défia i'efpace de quelques lout s, il fe princ à fommeillcr au
milieu de fes angoij[îes:&: ainfi qu'il commençoit à dormir , il luy iembla quvn homme
veftu de blanc apparut, qui leconfoloit,difant, Samuel, Samuel, ayes bon courage, &:
efiouy-toy:car après ce iour tu n'auras ne foif ne faim.
Avant qu'eftre tiré de la prifon,&: mené au dernier fu pplice,il pafTa quelques iours
fans fen tir ne faim nefoifi&manifeftace bénéfice de Dieu aceuxquilecôduirentàla aducnucs^
mort. Uditdauantage qu'il pourrait recirer autres chofes fcmblables, &: combien de SamucU
fois lefusChrift luy auoicfaitfentir fes confolations au milieu d'ennuis extrêmes, fi la
hôte de réciter cecy de foy mefme ne l'euft empefehé. mais il eu ft clic à defirer que ce-
iteame tant débonnaire ne fe fuft monftree û modefte ou craintiue en ceft endroit , a-
fin que la bonté ineihmable, &: la folicitude de Dieu enuers les fiens fuft tant plus tefti-
fiee à tous de ce temps prcfcnt,pour plus ample confolation &: affeuranceen aduerfité.
Ceey aufli eft digne d'eftte recité:dcs trois efchelles lefquelles luy furent monftreesen ™°cn^
dormanr, comme il difoit,& ce que pluficurs luy ont ouy reciter. Elles eftoyent enfem- ks.
bledreilees en haut vers le cield vne eftoit vn peu plus haute que les deux autres :&: fi-
nalement toutes trois furent affembleesen vne. On pourrait dire que cecy luy fut
comme vnercuelarion dinonçantlemartyre5premierementdeluy, puisdedeux fem-
mes Chrefticnnes, lesquelles fuient bruflees quelque temps après en la mefme ville ,
le fuyuans comme pas à pas à la vie éternelle: desquelles il fera parlé cy après enfon
lieu, &: félon Tordre des temps. ^"Or ainfi qu'on le menoit au dernier fupplice, vne vne icucc
bonnette fille le vint baifer en chemin : laquelle fut remarquée des ennemis :& on
la cercha le lendemain pour la prendre &conftituer pnfonniere,&: puis faire brufler. muel.
La vertu à'-
Toinfonim Alger.
Liur oK.
mais Dieu la preferua de la main des tyrans, combien qu elle tuft long temps après de-
dans la ville Tans en for tir. Samuel donc fut deliuré des tourmens de ce monde,par v-
nc mort precieufe, qu'il endura au milieu du feu , le deuxième iour de Septembre, M .
d. l v .en la ville mefme de Ipfv vitch.
G V I L L A V M E ALYN, & autres en diuerslieûxt
E lendemain que Robert Samuel eut eftébruflc, on exécuta G
v r L L a v-
Al y N>aVvaliingham,&TH omasCobb e à Chetford,&TH oma s
Co e à Yexford, qui fut le troilicme de Septembre.
O n en brulla aulii cinq enfem ble le fixieme iour dudit mois en la ville de
Cantorbcry , aifauoir Geor g eBradbridc,Iao.yesTvttye, Antoine
J}vrvvare>,GeorgeCatner,&Robf. rtStevter. Iaq^vesLiefe
mourut en la prifon de Nevvgat à Londres, l'onzième lourdudit mois.
^A Litchfeld ce mefme iourfurec brûliez pourvne mefme caufe Th om a s
Hayvvarde&ThomasGorvvay.
Ri e h e r d Sm y t h,G v i i. lav me An dre, &: George Bi n g moururent en
la tour nommée desLollards, &c après leur mort leurs corps furent iettez à la Voirie.
M. D. L V
I.c Tordue
de fadoue .
Pomponim
condamné
atu galcres.
POMPON1VS ALGIE K.Neafolitain.
L A diuerfïtc des efprits & nations rend les merueiUes du Seigneur admirables/pecialement quand vne narmô?
nie &; correfpondance de doctrine fevoid en tous ceux ddquels iife veutferuir enfacaufe. Voicy donevn
perfonnage de la Champaigne d'Italie,que le Seigneur cuoque pour rendre tefraoignage à fa venté deuant
le plus grand monttre de ce monde3affauoir deuant le Pape de Rome,qui lors eftoit Paul I III.
lOMPONIVS Algier, ilTu de la ville de Noie au royaume de Naples, ef-
colieràPadouc,cftantcirconuenu parquelqucs maluucillans, fut aceufé
jf% f^iipXcômecontempteur de la foy& religion Chreftienne deuant lePoteftat de
cris *^tl?,a ville,qui eft le Gouuerneur & iuge ordinaire d'icellc. Il femonftra n* con-
tant & vertueux, tout ieune qu'il fuft, que la renommée en fut efpandue par l'ltalie:de
lot te qu'après longue détention , finalement parleMagiftrat de Venife en fouuerain
relort fut condamné à perpétuelles galères. Plufieurs des Sénateurs de Venife voyans
l'érudition &C les bonnes lettres qui elloyent en luy , firent tous efforts de le diuertir de
fa confiance -.mais le Seigneur qui luy auoit donné ce commencement, continua fon
ceuure, fi que la mort en fut tresheureufe en la ville de Romeà l'inftâcc du Pape, qui lors
clloit des CaraphesNeapolitains Paul II II.& des Cardinaux, comme nous dirons cy
ap res. Quant à prefent ce qu'on a peu recueillir, qui cft le pluscertain &: digne de me«
moire, ccfontfes conférons, &c repiftrequcluy-mefmcaefcritcdes pnfons à fes amis,
en langue vulgaire, pour leur confolation& en tefmoignagc delà grâce que Dieu luy
donna de continua iufques à la fin, laquelle epiftre a efre traduite comme s'enfuit,
\A e s frères, me recognoilTant obligé à vous de lien perpétuel Se à toulïours durable,
voire plus eftroitemcn t qu'on ne iauroit exprimer : il n'y a chofe de fi grade impor-
tance(pourueu qu'elle vousfuft vtile ) que ienentreprinifc. Voilà pourquoy ie vous ay
maintenant mieux aimé làtisfaire qu'à moy-mefmc, mettant par cfcrit( ainfiquem'a-
uez requis) la foy que i'ay confcflee en la prefenec du magnifique Gouuerneur de celle
cké, contenant brièvement les pointtsdefquclsi'ayeftéinterrogué: combien que fuis
contraint de confeiîer franchement , que s'il eull elle pofïible , i'euffe volontiers euité
ce labeur, mais faillant de refpondrc à vollrc bonne volonté,ie defailloye aufîi à la mie-
ne.Ie me fuis contenté, pour vous obeir,de vous eferire la confeflion de ma foy,q fi elle
n'eft munie de tant d'authoritezde l'Efcriture laincle( comme il femble qu'ayez dé-
finie vous prie m'exeufer, attendu que pour ce faire ilfaudroit meilleure commodi-
té &c beaucoup plus de temps: & d'autre cofté aufli qu'il feroit befoin de mettre par
ordre, & refpondrc depoinclenpoin&aux railons des aduerfaires , ce qui feroit plus
long
Pomponius tAlgter. jâ '6
lotJg que leQuarefme>comme on dit: voyant d'autre partquele loifirne m'en eft pas
donné,d'autant que ie ne fuis pas en mon priué : &l mefme ce peu que i'en ay m'cfl: fort
fafcheux, à caufe des chaleurs extremcs:bref,vous attendriez, félon le prouerbe , "l'en- C'cft i dirç
fancemét de lelephanr, &: auriez vne choie mal efcritc, à .caufe de mes incommoditcz. l,^buT
Il m a femblé le mieux de vous enuoyer feulement ce que i'ay du & rcfpondu, &: le plus P°
brieuement qu'il m'a eue pofllble, confirmé mefme par les propres loix &c canons de la
cour Romaine, à leur plus grande confufion .&cea l'exemple des Apoftres,lefquels
conueinquoyent les Iuifs par leur propre Loy,que le Meffiaseftoit venu, &qu'iccluy c-
ftoit Iefus Chrift, lcfqucls ilsauoyent condamné & crucifié. Il eu bien vtay que cefte
mienne confefllon eft plus amplement enregiftree parle Greffier, pourautant que mes
aduerfaues difans tantoft vne enofe, tantoft vne autre, ne taichoyent qu a me furpren-
dre en parolle . mais le Seigneur les furprendra aux filets & rets des ténèbres qu'ils ont
au cœur. & les confumera de confufion &: de rage. le leuray forment fermé la bouche
de cecy , aflauoir que lors ie me retraéteroye publiquement , quand i ls me feroyent ap-
paroir parauthorité de la fainfte Efcriturc,des erreurs qu'ils dilcnt que ie ibuftien.M'al
leguansraifonsfriuoles,iene fuistenudeles approuuer, d'autant quel.i f'ainctc Efcri-
ture, mefmes leurs dodeut*&: canons défendent de ce faite *au chap.iv"o/r au ^de.,a
chapitre, Qutnefàat, aucc les aeuxfuyuans,en la i x.Diftin&ioh.Et lalonguecouftume 3PdchTnni
ne me doit conueincre (ce qui eft toutefois leur appuy ) veu que celle qui répugne à la té en s- A"-
Loy de Dieu,quelque ancienne qu'elle foit, ne doit eftre receue pour bône , ains tenue S^ïcf-
& fuye pour abominable,par le chapitre Confuetudinis, & parle chapitre Confretudinem ,cn me.
l'onzième Diftindion.Pourrant ie dy,& diray,que la foy que ie tien eft Chreftiennc,ap- £^M^'
puyee fur l'Eglife, purgée de toute herefie, pure &fincere. Que fi on feveut oppofer à piit.aaiu
Iefus Chrift,ie monftreray combien eft grande la puifïance de l'Efprit de Dieu,& corn- Un-
bien en ce regard eft foible la mauuaiftié des hommes. Cependant, frères, vous pour-
rez voir par cefte mienne confefllon, ce qu'ay refpondu aux perfecuteurs des Chreftiés
&aufllcequeietienimpriméaucceur:vousaduertiiTant nedonnerles chofes fain&es Match 7
aux chiens, ne les marguerites aux pourceaux. le vous fupplic de prier lePere éternel
pour moy, afin qu'il luy plaife me donner force , efperance & charité , &: m'augmenter
d'heure en heure les dons de {on Eiprit, 6c qu aluy feul ie puifle h ardiment rendre tout
honneur^ toute gloire, par Iefus Chriftnoftre rédempteur, Amen.
S'ENS V JT le premier examen tenu contre Pomponius: traduit d'Italien. La lettre D. (comme nous en
auons vfé pour abregec)fignifie les demandes des aduerfaircs,& R les refponfes dudit Pomponius.
D. Cr o i s -tu la fain&eEglife catholique? R. Ouy,&:dy que ie tien la doctrine
côformc à icellc. D. Crois-tu que la fain&c eglife Romaine foit catholique, &: te veux-
tu remettre à elle: R. La Romaine n'eft point catholique, mais particulière. Icne fuis
fubmisàaucune,egli^ particuliere:car ic me tien pour membre de rvniuerfelle,laqucl' tghfc paru
le toute fait vn corps myftique,qui eft de Iefus Chrift. La particulière lé peut fouruoyer ^SqiS.
de la vérité: comme le plus fouucnt on le void:&: les Epiftres de S.Paul ,&: les hures des
anciens Docteurs ,&: les loix mefmes de la cour Romaine, le teimoignent. D. Pour-
quoy ne veux-tu eftre fous leglife Romaine? Dy nous quelle erreur elle a, lai/Tan t à part
lesabus. R. Laitfantàpartlesabus,il neft iabefoin que ierefpondc à voftre demande: Ah^dc 1
d'autant qu'iceuxeftans oftez, Rome mefme ne fera plus, &ainlî n'y aura plus deglife n^lne. °~
Romaine. Toutefois ie fuis content puis que voulez que ie parle des erreurs&: non des
abus (combien qu'ily ait entre eux peu de difrerece) de pailer d'iceux erreurs. le dy que
l'egl'fe que vous appelez Romaine, a en premier lieu grandement erré , en ce qu'elle a
voulu ôeveut que noftre falut foit non feulemét fondé au fang de Iefus Chrift,mais aufû
en nos ceuures. Combien cela eft loin de vérité , il fc peut voir en S. Paul aux Romains
troiliemechapitre,aux Galat.j.àTimothee premier, &: Actes 15. D. Tu nies donc
les bonnes ceuures. R. C'cft autre chofe de nier les bonnes œuures,que de dire que no-
ftre talut vient de Chrift par fa pure libéralité. le tien que les bonnes ceuures font gran-
dement neceflaires à l'homme Chreftien, voire &: que fans icellcs on ne peut eftre ap-
pelé Chreftien : ainfi qu'on ne peut dire vn arbre bon, s'il ne produit bons fruicts : &c les Mill]ï ^ 15
bonnesœuuresfontlesfruiérsdelafoyàfalut. Maisceque Iacour Romaine dit que
le bien vient de nous- mefmes, &: que le royaume des deux , &: la polleiîion de la béati-
tude gift&confifteen noftre volonté: eft faux, &: répugnant directement à laloyde
Dieu, laquelle nous monftte que rien ne peut procéder de nous digne de iouange,
Liurcj V. Tomponius Algier.
finon entant que la grâce de Dieu ceuure en nous. C'eft deluy d'où vient le bon vouloir
& le bien faire, comme S. Paul efent au z. chap. des Philippiens>& aux Corinchiés troi-
fieme, Noftre chair fuiette à la mort, n'apporte deuantlaface de noftre Pere éternel
qu'abomination. Mefme cccyfc peut voir au dernier chapitre de la quatrième Diftin-
wuft'for ^l0n > £>c confecrat- Oùilcft ditqueccluydoiteftrc anathematizé^ qui dira qu'on peue
kSiic" faire aucun bien fans la grâce. Etainfiqu'eft-cedu Franc-arbitre, la chofeeitantainfi
Milcuicaîn qUC ceiLly feulement eft libre qui fait tout ce qu'il luy plaift ?car nous n ayans puiiiànce
lUgms! C de faire le bien, non pas de le vouloir:il s'enfuit qu'en nous il n'y a aucun Franc-arbitre à
bien. En après ie trouue en l'eglifc Romaine vn erreur infupporcable,c'eft qu'elle n'a
point de hôte de dire, Que les hommes ont efté efleuspar leurs propres mérites &: ceu-
ures,&: non par don &: libéralité de Dieu:ÔJ qu'il prcuoit quels doyuentcftre les hom
mcs:&: chaiîe les mefehans &c eflic les bous ■ qui cil contraire mefme au chapitre Semel
De i.Hicro immola, en la Di(tin6tiondt uxicmc,Z>t c/i«yeo-4r.Et la raifon en cft euidcnte:cariilc fa-
«ncauii.de; nous cft venu gratuitement, il s enfuit de neccifité que nous fommcscilcus pargra-
Profpcr.SdC ce, & non pas par nosœuures. Les aduerfaires médirent fur cela, Tu es vn puant he-
retiquenf ne faut plus parler auecquestoy. Notaire* efcriucz feulement ce qu'il a dit. R„
Pourquov m'appclcz-vo9heretique?Suis-ie de quelque fe^tc la copine, Cordelière, Ba-
filiennc,Croifec,Hcremitaine,Sabotine, Bénédictine, Cartufîcnne, ou Carmelitaine?
ou bien dites-moy, de quelle autre fuis ie ? Si vous trouuczque i erre* corrigez-moy
me faites apparoir de mon erreur. D. Que crois-tu donc du Sacrement? R. Ic vous re-
ipondray puis après du Sacrcmét:mais dires,s'il vous plaift,quelle herefie trouuez-vous
en moyrlan'aduienneque ie foy c d'autre feéte (fi ainfî vous l'appelez) que de celle de
Chrift. D.I1 ne te faut dire autre chofe,Tu esvn diable,vn ladre fort infedé.Tti dois croi
re que les chofes qu on te dit, ont efté ordonnées de noftremere faincte eglife:& les faut
tenir pour articles de foy: d'autant qu ainfî le nous commandent les Papes vicaires de
Chrift, &: le conferment tant de fain&s docteurs &: anciens peres. Tu deurois auoir ho
te de drclfer la tefte au ciel pour t oppofer cotre les fucce/feurs de fainét Pierre, & chefs
de l'eglifc, les lanctiflîmes papes de Rome. R. Maispluftoft tyrans & Antechrifts, veu
que nous n'auons autre chef que Chrift,princc de l'Eglife vniuerfellc,lbus lequel ie fuis
4- J5 &c tous autres fidèles enfemblc: voyez ce qui eft eferit en l'Epiftre aux Ephefiés , au qua-
i **• tricme chapitre, &: au premier de l'Epiftre aux Colofïîens. Sur cecy les aduerfaires di-
rent, Nous ne fommes point h beftes que nous ne fâchions que Chrift cft le chef au ciel
&c en terre:mais le Pape n'eft-il pas Ion vicaire en terre? R. Chrift & l'Eglife vniucr-
felle, appelée catholique, ne font qu'vn corps, duquel Chrift eft le Chef, comme il en
eft parlé aux Ephelîens quatrième chapitre. Et tout ainiî qu'il ne fc trouue iamâis diui-
fédeceftcEglifc,auffi elle cft toufiours appuyée fur luy, ne pouuant auoir autre chef 6c
fonde ment que luy mefmes. Et ne penfez pas qu'il foit comme vos Euefques , lefquels
La côduion laiifans leurs brebis es mains d'vn autre,qu'ils appellent Vicaire, s'en vont prédre leur
a cuef- paf]c-tempsaRome,mettansleur plus grande félicité en paillardife, bougreric, pu-
2'^°" tains,chcuaux&: honneurs de ce monde à tors & à trauers : c'eft tout vn , pourueu'que
leur plaifir feface. Mais Chrift ne lahTe iamaisfon troupeau, ains l'aide, le conforte &:
luy donne à cognoiftre les plus grans lignes qu'il eft polfible de charité &: de foy. Outre
ce, tout ainfî qu'vn corps ne peut auoii qu'vn feulchcf,&r s'il en a plus, il eft môftrueux:
pareillement ce corps qui eft compofé de Chrift & de l'Eglife , n'a autre chef qu'iceluy
vray Fils de Dieu. Que fi nous en prenons vn autre en fon lieu, il ne fera plus de Chrift
mais prendra le nom du chef qu'il fc fera forgé. Par ainfî léra vn mafquc , ou pluftoft vn
monftreà deux teftes. D. Veux-tu donc nier que Chrift ait commandé qu'en terre il
Ephcf.4.n. y ait des Pafteurslur le troupeau? S. Paul ne dit-il pas qu'il conftitua lesvns Euangeli-
ftes, les autres Apoftrcs, les autres Docteurs, les autres Paftcurs, & ce qui s'enfuit ? R.
Icleconfelle ,&croy qucles Pafteurs furent ordonnez du Seigneur. Mais vous ne me
prouucz pas (comme auilî ne fe trouue en aucun lieu ) que Chrift ou bien les Apoftres
avenr ordonne ïamaisvn Paftcurqui fuft pardc/Jus fes compagnons : attendu qu'vne
telle dignité fc doit feulement attribuer au fcul Fils de Dieu noftre Seigneur, aintiqu-
I«n to. il cft eferit en fainct Iean, le fuis le bon Pafteur qui cognoy mes brebis , &: fuis cogneu
Matu* des miennes. Et en fain& Matthieu , le frapperay le Pafteur, & les brebis s'cfgarérôt.
Ce qui fut dit des A poftrcs,defquels il eftoit Pafteur &C Chef,comme il l'eft auiourdhuy
de toute l'Eglife catholique. Et aucun autre ne doit témérairement occuper fon lieu,
s'vfurpant
svfurpant par tyrannie,par guerre,par extorfions,rapincs,fraudes, tromperies &c hypo-
crite les iurifdi&ions de Iefus Chrift , lefquelles il a acquises 6c faites fiénes aueç fi grad
prix, non point de fang des taureaux ou d'agneaux , comme il eft eferit en l'Epiftre aux
Hebrieux, mais par fon propre fang, s 'offrant foy-mcfine en facrifice faincl:, pur & inno- Heb-*-& 10
cenr,& appaiianc l'ire de Dieu, en latisfa&ion de nos péchez. Bien e(l vray qu'en cha-
cune partie de Ton Eglife Dieu ordonne des preftres & Eucfques, mais il ne donne à au-
cun d'entr'eux la primauté. Et vos propres loix difent que tous ont vne mefmc&: égale
puilTance,auchapitre"antcpenultieme, verfet-. S/*«rew,Diftin&ion5>$. Mais Chriil fe'TirédcS.
déclara Prince,Maiftre, Scigneur&: Chef de'cous.donc fi aucun préd hardiefl'e en terre *Êucty"
de fefaire appeler Seigneur, Maillrc,Chcfou P ricc vniuerfel, n'cft-il pas cxcômunié fe- Hiwnder.
Ion vos canons,difans qu'il fait contre Dieu i Les mots du décret , en la " quarantième "Tire de s.
Diftinét.chap.dernier, fon t tels, Quiconque defue U primauté en terrejrouuera Lt confufton au ciel: jjjj,^ ?
0* quiconque tafche cTeflre Prince, ne don eftre nombre entre les fenuteurs de Dieu. Le mefme fc
prouueaufîi parle chapitre antépénultième pénultième de la Diftinctionponante- "Tir«Ju
neuficme D. Or fus, où font les Pafteurs defquels fainct Paul fait mention ( comme 3c
nousauons dit cy deffus)&: comment fe pcuuent-iis trouucr& cognoiftre en celle tien- Pèiagius Pj
neEglife catholique, laquelle tu dis & forges en l'air? Comment pourra-elle auoir des j^'"'*"^
Pafteurs, puis qu'elle eft abftraite& imaginaire? R. L'eglife que icconfeifc,icnc lacer- ueibucr.
che poinr en imagination ou nuées , comme vous dites , mais afferme qu'elle eft icy en
terre entre ceux quifontferuiteursde Chrift, lefquels habitent en ce monde elpars çà
& là, ainii que le conferme voftrc chapitre "Catholica, Diftinction n. Siquc tous ceux "Tir^lic •
qui font Chreftiensdoyuent entendre qu'ils font en l'Eglife catholique &: vniuerfelle, d\T%UCa
laquelle eux-mefmes font &conftituent.C'eft autre chofe de coniideVerfEglife in con- tholique.
offo,commc on dit, &: la coniîderer comme vn corps myftique compofé de celle vnion
de Chreftiens & de Chrift:& ainfi qu'elle eft appelée le corps de Chrift au chapitre " In " Tiré de
Ecdefu, i. queft. i. En premier lieu l'Eglife catholique contient fous foy pluheurs corps, ^toS*
aflàuoir tous les Chreftiens, &auilî contient fous foy vne chacune eglife particulière. cucïqucde
Eeceft ce que vous me demandez. le vousdy dôcqucc'eftchofc raifonnable qu'entre Conftauti.
les Chreftiens il y ait des Pafteurs. &: mefme en toutes les parties apparentes de l'Eglife Qobk'
catholique.&: voila ce qu'on dit In conercto. Or coniiderant la myftique ,iedy qu'elle eft
feulement fpirituelle. car tous les Chreftiens enfembleauec Chrift côpofent vn corps,
non matériel, mais fpirituel, contraire &: ennemy de noftre chair, d'autant qu'icelle n'-
eftam point de ce corps, ne peut aufîï entendte quel il eftrmais trop bien l'efprit f entëd
fclecognoift. Et de ce corps myftique n'y a autre Pafteur que Iefus Chrift. Les EueL
ques mefmes feront membres de ce corps, bc brebis de ce Pafteur vniuerfel, qui eft
Chrift. D- Donc (i tu confe/Tes auec ton babil que l'Eglife catholique eft en terre.
&: qu'aucun n'en eft chef vniuerfel que Chrift , dy nous où feront les Pafteurs que nous
te dînons deuant? R. le dy que ces Pafteurs defquels fain£t Paul parle, doyuenteftre
chacune partie apparente de cefte Eglife catholique. Dites-moy vne eglife particuw
liere apparente, &: îe vousmonftreray le Pafteur qui neceifairement y doit eftre. D,
Si tu te dis eftre membre de fEgl ife vniuerfelle, &: affermes qu'icelle doit auoir fon Pa- £^^r"
ftcur enchacune partie apparéte, c'eft ce que nous voulôs. refpon , Où eft ton Pafteur? C CU"'
R. Il y a deux fortes de Pafteurs en terre:l'vn es chofes feculieres, lequel eft pour la de-
fenfe des bons &: pour le chaftiment des mefchans-.l'autre eft pour enfeigner àL inftrui-
re les Chreftiens en la crainte de Dieu &c foy Chreftienne, par pat olles &: exemples de
bonne vie: leur administrant les Sacremens. Orie recognoy icy pour mou Pafteur e's
chofes feculieres le magnifique Gouuerneur de cefte ville de Padoue , &: la feigneurie
Venetienne, qui font mes Princes . mais touchant la parolle de Dieu &: les Sacremens,
ie n'y recognoy aucun Pafteur,pourautant qu'il n'y a autre eglife apparente que la {yna-
gogue Papiftique,delaquelleicneveuxeftremembre,ncdemeurer auecelle en au-
cune forte. D. Situne veuxeftreauccelle , & es enceftecité fansPafteur, tu es donc
hors de leglifercar S. Paul dit que toutes les eglifes ont leurs Pafteurs. R. Celanes'en^
fuit point pourtant, Tu ne vis pas en l'vnion de l'eglife apparente, & n'as aucun Pafteur
ou Euefqueapparcnt : donc tu n'es pas del'Eglife catholique .caril peut eftre que quel-
que Chrcftien fe trouuera entrel es Turcs, en pays barbare, s'il confeife Iefus Chrift
Qq^ iii.
Livrer V. ^mpomusAIgter.
combien qu'il ne foit en Ja cog*egation des Chreftiens , Se n'ait aucun pafteur Euâgek-
que, le doit-on pour cela eftimer eftre hors de l'Eglife catholique ,& le reputer autre
que Chreftien? Les Pafteurs apparens doyuent eftre en leglile apparente. Que û l'egli-
fe n'eft apparenre, il eft fuperflu d'y cercher des Euefques &c Pafteurs. D. Ne parle plus,
ne parle plus , la nuict approche : &L n'as encores reipondu des Sacremens. Va , retour-
ne en prifon,^ tu cognoiftraslî tu es fans Pafteur: &C t'appareille à te retracter, ti feras
bien, R. En me rcmenant en prilbn , ie dy ces parolles , l'y vay volontiers , voire à Ja
mort, s'il plailbit à Dieu que ce fuft à cefte fois:ie fuis icy pour cela. Dieu par fa fplédeur
en illuminera vn chacun dauantage, tellement que l'endureray alegrement tous, les
tourmens, d'autant queChrift parfaict confolateur des ames affligées , eft ma lumiè-
re, &vravc clarté, puiffante pour dechaffer toutes ténèbres.
Second exanven touchant les Sacremens.
D.
TirédeS. f|P|0 M B I E N croistu qu'il y ait de Sacremens en l'Eglife* R. le nefay pourquoy
Auguft.au ^gg|jvous me demandez le nombre des Sacremens, veu que par la définition de Sacrc-
Cité" dcU rn^nc on n'entend autre chofe qu'vne mémoire & ligne vifible tic chofe facree , au cha-
Dioi,&du pitre Sacrificium, & au iuyuant De Ccmfccratione ■> Diftinction féconde. Toutesles fois que
cieftiS vous me monftrerezlemyftere&: mémoire d'vne chofe fainôle, en quoy que ce (oit, ic
prendray cela pour Sacrement. Et S.Ieanenfon Apocalypfe chapitre premier, appelé
les Sacremens, lavi(iondesEftoilles&; Chandeliers:&:au innomme Sacrement, la re-
uelation de la Femme &£ delà Beftc. Le mefme fe void en pjufieurs autres lieux dciEf-
criture faincle, comme au 6.&C ii.cha.de la Sapience. Toutefois ie fay bien que ne m'a-
uez interrogué de ce Sacrement-cy.Si vous voulez donc fauoir quels l'eftime Sacremés
entre ceux lefquels vous cerchez, demandez-le moy, &: ie vous refpondray volontiers.
Nieras-tuquerordrefacréouecclefiaftiquenefoitfacremét.'' R. L'ordre que vous
appelez facré, n'a en foy aucun myftere^pourautant que ce n'eft point le caractère exté-
rieur qui conftituc ou fait le Preftre&Euefque:mais l'élection de l'Eglife. Tout le my-
fterc donc coniïfte en l'onction feulement du S.Efprit, faite intérieurement. le diroye
bien pluftoft & confefferoye que le Pape eft aduerfaire de Chrift, &: que to us ceux aufli
qui portét fon caractère ne doyuét point eftre appelez Pafteurs ou Miniftres de Chrift,
d'autant qu ils guerroyent (ous vn autre eftédard , &: ont vn autre capitaine que Chrift.
D. Nous fommes donc miniftres du diable, &c non de Chrift. R. Iugezcelavous-mef-
mes. Vos œuurcs vous manifeftent , defquelles &c vous &: ceux qui voudront pourrez
faire iugement. D. A s-tu bien la hardi effe de dire que les Diacres, Soufdiacres, Pre-
ftres&Euefques ne font point miniftres de Chrift? R. Tous font de Dieu , moyennant
qu'ils ne dépendent point duPape,&^qu'ils annoncent l'Euangilc,&: prefident fur la
parollc de Dieu,&: non fur celle de l'Antechrift , portans fa bulle & l'on caractère. D.
Quel eft donc ce caractère que tu dis eftre reprouue'?& qui eft ceft Antechrift & fon rè-
gne, duquel auflï tu fais mention en certains efcrits&: tiennes lettres? R. Touchant
au caractère qu'on doit auoir en abomination &: horreur, ie dy que ce font les ornemes
des preftres&moynes,leursveftemcns, capuchons, courônes&: autres chofes fembla-
bles. Le Papat eft de l'Antechrift, pourautant qu'il eft eftably contre le commandemet
Aîucchrirt . du Seigneur, comme i'ay dit cy deiTus:eftant ainn* que ce nom &~>inteihrijl ne fîgnifîe au-
tre chofe que celuy qui eft contre Chrift. Son royaume , ce font preftres , moines Vau-
tres fur lefquels il a puiffance& domination. Les faindcsEfcritures ne crient autre cjio-
fe: levieil&nouueauTeftamentletefmoignent apertement àtôus ceux aufquels ta»
Seigneur a donné fin tclligence de fa vérité, êc qui l'aiment. D. Que dis-tu du chreÉ
Qucc'eft medonton vfe en donnant les ordres facrez? R. Pou rce que Caradere n'eft autre ch'<Kr
âac Cm *e °tuvn u&nc & figure imprimé & engraué en quelque chofe:& que ces onctions n'inv*
priment rien ny en l'ame ny au corps, elles ne p euuent eftre appelées Caractères : mais
ce font comme marques &enfeignes du Princequi les fait, &: de ceux quile fuyuent
&C qui les portent. .D. Etle Baptefmcnel'appeles-tu pas Sacrement? R. Ce-
ftuy-la doit vrayement eftre appelé Sacrement, car il nous ligne &: marque pourfer-
uiteurs de Chrift, &: nous proteftons par iceluy que Chrift eft mort pour nous , & qull
nous a rachetez & lauez par fon fang précieux de toute iniquité & fouilleure: bref ,c-
eft vne mémoire que nous fommes fàuuez par Chrift. D. Que dis-tu du chrefme
qu'on
Tomponius Algter $68
qu'on donne à la confirmation du Baptefme. R. Il n'a auffi aucun myftere en foy : ains
comme c'eft contre Chiift de rebaptifer,aulîî tout ce qui eft a Jioufté au Ikptei'mc , eft
contre Chrift.Et de là vous pouuez iuger fi ie fuis Anabapciftc, commeaiicunsm'impu ^ mc
tent. D. Mais c'eft toy quieftimes que nous foyons Anabaptiftes,nous comparant ain-
liàeux.maispaifonsoutre. Nieras-tu que depuis le Baptefme donné par Philippe'en
Samaric,ilnc fuftnecefraire que Pierre &Iean allas par là priaifent Dieu qu'il enuoyaft
fan fain&Efprit lui les baptifezîCom ment peux-tu dire que lechrefmenefoit necefîai
reî R- le confelfe bien que depuis ledit Baptefme(duqucl il eft fait mention au g. chap.
des Actes des Apoftres)ileftoitneceifaire de prier pour la réception du faindEfpritj d'
autant qu'ils auoyent fermement efté baptifez au nom du Seigneur,fans l'auoir encores
demadc,ainfi qu'il eft làexprimé\Maisrefpondez_moy,ie vous prie,Quand Paul,Tite,
Timothec,Aquila,Prifcille, Corneille le Centenier,&: cnfommelefus Chrift mefme
furent bapi'fez>qucllc confirmation eft enfuyuie depuis ? Lechrefmc,quevoiis appe-
lcz,lcureftoit-ilne"cefrairc? D. Commcnt.?la confirmation n'cnfuyuit_elle pas le
Baptefme du Centenier Se de fa famille? R. Ainslc Centeniei Se les autres qui e-
ftoyentauecluyreceurcntpremieremcnt le fain&Efprit , & puis eurent le Baptefme.
On le peut voir facilement en l'Efcnturc. D. Le chrefrueje fel, les exorcifmes&r au-
tres choies quecommande la faintte eglife Romaine, ne font-elles pas necefîaires au
Bapteimcî R. Le Baptefme fe fait feulement auec l'eau Se aucc ces parollcsje te bapti-
fe au nom du Perc,duFils,& du fain&Efprit. Ce qui fe peut voir par le Baptefme de
Paul Se des autres que ie vous ay dit cydeffus, Se par l'ordre qui nous eft enfeigné de
ChriftjMatthieuzSj, quand il donna charge à fes Apoftres d'aller prefeher Se baptifen
Luy mefme aufïîne fu t baptife de Iean que d'eau pure,fans huile,fel,crachat, cire,chrel"
me ou exorcifme.Le mefme aufTi appert parla lignification du mot Baptifer , qui ne fi- j^^"'"
gnifieautrechofequelauerauccdel'eaUjCommelemonftrenoftreSaueurlefusChrift BaptUcr.
en fain& Marc feptieme,quand reprenant les Pharifîens,il dit,En delaiffant le côman-
dement de Dieu,vous retenez l'ordonnance des hommes , comme lauemens de gobe-
lets Se de hanaps,&:c.Or l'Euâgelifte vfe de ce mot Baptefme.pourtat ie dy que tout ce
qui eft adioufté au Baptefme outre la parolle de Dieu,doit cftre reietté.
D. Si donc le baptefme que nous adminiftrons auec telles cérémonies, eft mau-
uais&:mefchammentconferé,il fautquetuterebaptifcs. R. Non fait, pourautant
qu'il eft Sacremcnt:car le Baptefme ne peut cftre corrompu ou vitic par l'homme vL
lieux ou mefchât,ainiîqdifentvoscanôs,auchap.56'c«»^w£a7^.dift.xix.&au chap. Tiréd'A-
Ecclefis dift.68.&au ch. DedttBaptifm.Se au fuyuant,i.q.i.Parquoy iln'eft befoin que ie me iu/hfe i .
rebaptife.D.De la côfeifion eu t'é moqueras côme des autres chofes. R. le trouue en T- j"N'™c,le
Êfcriture que l'hommcChreftien eft tenu de confefïcr fes fautes &: péchez en deux for- Dc.s.Aug.
tes. Premièrement à Dieu, ce que nous dcuons faire fouuent,voireinccffamment*com «>ntrel«
me il eft eferit, i .Iean i .Secondement à celuy que nous auons ofFenfé,auec lequel nous 0D* "!
fommes obligez de nous reconcilier, & dire franchement que faifant quelque chofe
contre luy, nous auons failly,& que nous nous en repentons. Et de ceft a&e parle fainct
laques chap. ^.lequel vous alléguez fouuét à voftre propos pour l'vtilitc de vos bourfes.
La tierce confeffion que vous appelez auriculaire, ie ne l'ay encore peu trouuer en la
fain&e Efcriture.Et TEglife catholique ne l'a pas toufiours approuuce ny acceptée, cô-
me l'Egli(eGreque:ain(i que le tefmoignele chapitre Qmàemcx. De IJœnttentia , dift.
i.auec la glofe. Outre-plus,les œuurcs Se les frui&s font les balances de toutes chofes: Lej
lefquelseftansbons,monftrentauffi que la chofe eft bonne, s'ils font mauuais, quepa- de U con-
reillement la racine de l'arbre eft corrompue . Or de voftre confcffîon aunculai- k[[jj^u~
re viennent de trefmauuais frui&s:comme adultères, inceftes,&: toutes fortes de for-
nications:bref,tous les vices qu'on fauroit imaginerdes homicides , trahifons , Se trom-
peries en defeendent à grande perte.Parquoy elle deuroit pluftoft eftrc appelée confu-
sion que eow/*ejpo».dauantagc,vous voulez q les péchez ne puiifent cftre remis q par l'im-
pofiuon des mains d'vnpreftre ou moine:combien cela eft faux &abfurde , il eft plus
clair* que le Soleil, d'autant que les péchez font pardonnez Se remis par lefculfangde
Ielus Chrift. comme auffi fous le ciel ne fe trouue autre nom auquel les péchez foyent A " 4-11
effacez. Ce que mefmes vous affermez en plufieurs lieux de vos loix,& fpecialemcnt
au detnierConcilc.Et pourtant ie tien toutes telles fe&es de moines Se clercs auec leur
Qg. iiii.
Thé de S
Hier orne
au concile
Laociicien,
L 'turcj V, Pomponius A Igier
confeflion auriculaire(par laquelle ils veulent que les péchez fe pardonnent ) pour en-
nemis de Chrift,voircmaudics:attcndu que d'eux ne pcuuent procéder que malédi-
ctions &C non bcnedictionsxomme le monftrevoftre chapitre , Nonoportet: &:le fuy-
uant,auec le chap.JWa/al/ww.i.q.i.qui eft tiré du côcile du pape Martin. Partât de telles
gens ne peut venir la remilïion des péchez ou autre bénédiction. En apres,cefteconfef-
iionauriculaireeftcondamneedefainttPau/, lequel parlant des derniers temps en la
i.àTimothcc,chap.troifieme,&: d'vnegentmaiuhte,dit,Ils ont vrayement apparence
de pieté, mais {ans vertu:lefquels,ôTimothee,tufuyras de tout ton pouuoir , pourec
que telles gésfonede ceux qui vont parles maifons,trompas îcs femmelettes chargées
de pechcz,quiielaiiTenttranfpoitcrde leurs deiirs, apprenans touiiours&: ne parue
nâs iamais à la fcience de vérité. D. Tu nous veux dôc faire accroire que nous ibmmes
hérétiques. mais tu le verras bien,& nous nous en moqucrons.Ccpcndant puis qu'il eft:
heure de partir d'icy ,nous ordonnons qu'on noce tout ce qu'il a dit: Si vne autre fois
nous linterroguerons desauttes Sacremens qui relient.
v troilîeme examen on l'interrogua fur ce qui (enfuit. D. Quelle eft ton o-
pinion touchant le facrement de l'Euchariftieflc tiens-tu pour Sacrement?
RTElleettSacrement:&:ainu" îel'aîferme. D. Ccfte tienne mutation n'eft point fans
myftcre.Au commencement tu niois toutes cho(és,&: ores tu confefles^tout. Te vou-
drois-tu parauenture defdire ? R Les chofes qui fc deuoyent nier, ie les ay niées : &c tel
eft &c fera à iamais mon vouloir,de peur qu'eftant abandonné de lagrace dcDieu,ie ne
loye mis en fens reprouué. le ci oy auifi & confe/fe tout ce qui doit eft te tenu &c côfe/le
de tout bon Chreftien. D. Or fus clone, Crois-tu qu'en fhoftie foit vrayement le corps
&; le fang dcChrift,tout ainfi qu'il eftoit en l'arbre de la croix?& que neantmoins les ac-
cidésd'icelle,cômela blâcheur&rôdcur,demeurét fans eftre chagez? R. lecroy fer-
memét q nô feulement lesaccidés ne fe changent, corne vous dites, mais ne lafubfta-
ce(ce que vous niez)pource qu'elle demeure pain comme auparauant : &: de cela ren d
tefmoignagel'Efcriture,& l'expérience nous l'enleigne.car on void manifeftcmétqu-
vn tel pain ne dure qu'vn efpace de temps, 6c de fa corruption Se pourriture sengen*
drent les vers. Or d'où viendroyent ces vers?ce ne pourroit eftre de la fubftance laquel-
le vous voulez eftre changée au corps de Chrift. Car ce feroit choie horrible,dc dire
qle corps de Chrift produite des vers. Il faut donc qu'ils viennét de la fubftace dupain:
&c toutefois vous ne voulez qu'icelle demeure aucunemet après la côfecration 5 vous
faites. D.Tu lesentcnstrcfmal. R.Maisquedirez_vous.?SainctAuguftinle conrermé
au troilîeme hure de la doctrine Chrefticnne,chap .i6y&c defluslc 44 Pfeaume.Lifez-lc
vous-mefmes,ie ne l'interprète point. Les propres Canons aufïi de la cour Romaine îc
difentainfi,auchapitre,P»7Wrf<j«/clt7«,&chap. Quidfit. Dift.ii. De confecyatwne y auec les
fix chapitres fuyuans,Nous ne laiflbns point pour cela de manger ou boire vrayement
la chair ou le fang de Chrift:mais c'eft fpirituellcment. &: ainli s'entendent les Efcritu-,
res & ditts des Docteurs,aufquels aufii nous trouuei ons que nous fom mes faits parcici-
pansdu corps &: du fang de Chrift en laCene:&: comme cela fc fair,le Seigneur mefmc
nousl'cnfeigneenfaindleanchap.b'. D. Ce font chimères: Refpon à cècy, Lepain,
ou bien fhoftie ainfi confacree,doit-elle eftre adorée? R. Tant s'en faut qu'on la doiuc
adorer,quc s'elle eft adoree,on commet idolâtrie. Et S. Auguftin au liure de fes Rétra-
ctations, dit,qu'il ne faut adorer aucune chofe qu'on voye à l'œil , ou qu'on touche pat
fens corporel. D. Ne te chaillc,toutes ces chofes s'cfcriront.Mais tiens-tu pour fa-
crement l'Extrême ondion? R. le n'ay point cela pour facrement. D. Com-
ment eft-il pofuble que tu fois il peruers:N'eft-il pas commandé en lafaincteEfcriture,
principalement en fainct laques chapitre cinquieme,quand quelcun deuient malade,
que f Eglifey foit introduite,&: que le malade foit oinct: &£ ainfi il fera deliuré de fa lan-
gueur? R. Saind laques dit cela pour la reftitution de la famé corporelle, car on
taifoitl'oraifon,à ce qu'il pleuft à Dieu deliurer le malade de celle maladie : mais vous
ne donneziamais fonction finon quand le malade eft preft à mourir,&:,qui plus cft?de-
fendez de la donner en autre temps ,que quand la mort eft bien prochaine. Dauan,
tage, qui eft fi aueugle qui ne voye comment cela eft loin de l'intentiondc fainct l^-
ques? C'eft mcrueille comment il vous a efté permis de perfuader telles folies aux po
uresgens.
QV A-
Extretne
ontliou.
PomponMSaAtgier. 369
irATiiEME & dernière examination. D. En quelle eftime as-tu l'interceffion
_jdes Sain&s? R. le ne recognoy autre intercefTeur enuers Dieu que Iefus Chrift, &: ^sSSî
n'en veux point auoir d'autre. D. N'intercedent-ils pas pour nous?fain& Paul ne prioit-
il pas les Eglifes qu'elles priafTent pour luy? Ephefîens fixieme. R. Cela eft bien vray:
mais qu'ont affaire les morts auec les vifs? Sain£t Paul prioit les viuans qu'ils offriifcnt
leur oraifon à Iefus Chrift,afin qu'il intercedaft pour luy enuers fon Pere* mais ie ne
trouue point en aucun lieu, que fainâ: Paul ou autre Apoftre ait inuoqué aucû de ceux
qui eftoyent morts auparauant:fuft-ce le bon larron , du falut duquel ils eftoyent cer^
t;iins par la bouche de noftre Sauueunou Iean Baptifte,duquel auffi Chrift dit qu'il n'e-
fcoit iamais nay aucun eh terre plus grand que luyrou Abraham, Ifaac,Iacob,Moyfe,ou
autre des Peres.Si,dy-ie,ondeuoit prier les morts, &: fi les Sain£ts intercedoyentpour
nous,pourquoy n'auroyét prié les Apoftres(au moins quelquefois ) aucûs de ces faincts
perfonnages vrais feruiteurs de Dieu, pour leur interceflion ? Mais,ie vous prie,refpon-
dez-moy,Quelle eft l'interceffion que fait Chrift enuers (on Pelé î*&:dequoy le pric-il.?
D. Chrift intercède pour nous en diuerfes neceffitez par le moyen de fes mérites.
R. Doncques Chrift feul intercède pour nous,eftant ainiî que les autres ne peuuent iri
terceder par leurs propres mérites. D.Les Sainds intercèdent par les mérites deChrift
6£ auffi par leurs propre s: mais a quel propos en parlerons-nous dauantage , veu que tU
n'en crois rienîll fuffitiufquesicy. Kt le ne croy finon en Chrift, i'aime Chrift,& adore
Chrift:eftat certain qu'il eft le vray & feul Interceiîeur &c Médiateur enuers Dieu.Mais
Voyezjie vous prie,comment vous contredifez à vous-mefmesjdifans vne fois quel'in-
terceflîon ne fe fait que par les mérites de Chrift:&: puis après vous y voulez aufTi adiott
fter les mérites des Sain&s.Or puis qu'il ne vous plaift d'en parler dauantage , p«rmet^
tez-moy au moins d'en dire tout ce que ie fens de ce poihc~t.Le vulgaire péfe queChrift
tarie auec fon Pere*comme on a de couftume de parler aux grahs Seigneurs & Rois : 6C
cela vient pour l'ignorance qu'on a de Chrift. Le Pere &: le Fils font vhe mefme fubftan
ce>quoy qu'ils foyent diuerfes perfohnes t II fe tient deuant, voire à la dextre du Pcret
& celuy mefmes qui intercède eft luge. Nous pouuons donc cfperer que la fentenec fe
ja à noftre faueun II intercède par fa mort &paffion,par laquelle il nou's a reconciliez RûBÏ<8^
au Pere*eftans enfahs d'ire par le pèche d'Adam, parquoy eftans rebelles, nous ne pou-
vions comparoir deuaht le tribunal de fa iuftice.Dieu donc a enuoyé fon Fils, afin qu'il
condamnaftlepechéparlepeché,¶inii eftans maintenant iuftifîez par le fang
•de Chrift, nous venons à Dieu fous l'ombre de Chrift,& comme membres de fon corps
Se Dieu nous embraffe comme fes enfans.Eh cefteforte,autanedefois que nouspriôs
le Pere par la paffion de fon Fils vnique,autant fouuen t s'appaife-il & s'adoucit enuers
nous.Et voila quelle eft l'interceffion que Iefus Chrift fait pour nous. En cette façon le
prioyent auffi les faines de Dieu deuant que mourir.non parleurs merites*ou par ceuk
d'autruy^mais feulement par ceux de Chrift. Si donc ils n'ont eu que Chrift feulement
pour intercefîèur,& fi par les mérites d'iceluy feul ils ont obtenu le royaume des cieux:
comment eft-ce que vous voulez forcer & contraindre leshômes qu'ils prient parles
mérites d'autres que deChrift,&d'vnc autre forte qu'iceluy ne nous a enfeigné?difat eri
fain& Matthieu 5, Quand vous prierez, dites ainfi, Noftre Pere qui es és cieux, &c. Si
Dieu nous eft fait Pere,pourquoy aurios-nous befoin de Mediateurs?Pourquoy faudra-
il vn tiers entre le Pere &C le Fils,lequel prie pour les autres enfans?Si nous fommes me-
bres de Chrift,pourquoy n'irons-nous hardiment à noftre Pere ( pluftoft que mendians
l'aide d'autruy,nous monftrer retifs ou fugitifs)en nous humiliant deuant luy,afln qu'il
nous pardonne.?Soit qui voudra en tel aueuglifîement Se ténèbres : quant à moy , ie ne
confe/feray iamais qu'autre que Chrift foit mon interce/Teur: car auffi il eftmonSau-
ueur.Orienem'esbahy point fi tel aueugli/Tement&: ignorance eft venue au monde,
car cela aduient d'autant que les poures & miferables hommes ont changé la vérité de ftom.i.i{
J)ieu en menfonge,adorans& feruans pluftoft aux créatures qu'au Créateur qui eft be
niteternellement,comme en parle faind Paul. D. Ilfcmblequetu vucilles prefeher.
Voudrois-tu point d'auenture, faifant fi fouuent mention de Chrift , nous tirer en ton
opinionîOr ne te trauaille plus.car tu nous as rompu la tefte parlant tant de Chrift.Ta
eonclufion eft en erTed,*que tti ne veux l'interceffion des Sainds.eft-il ainfiî R. Il nie fuf
fît vn feul Iefus Chrift. ^~ Les aduerfaires dirent fur cela,Il vaudroit mieux que tu en
fufTes imitateur de fai&& non de parolles. Penfes- tu que le prochain vueille imiter ta
Liurc-j V. Tomponius Algier.
folie,&: demeurer en prilon>& endurer ce que tu enduresfRefpon maintenance mo-
Purgatoirc ques-tu auffi du Purgatoire comme des autres chofesfR. le ne çognoy autre purgatoi-
re,queceluy quefaind Paulnousenfeigne,duqueliencme moque pas, à fauoir Iefus
Kebr.1.3 Qinft,qui (e fiC(J à la dextre de Dieu (on Perc,ayant fait la purgation de nos péchez.
D. QuoyrTu te moques donc de ce que tous les fam&s Docteurs ont confefTé touchâc
le Purgatoire. R. Comment dites-vous que tous les faintts Docteurs l'ont confeiîé,veii
que fainct Anguftin(qui eft vn des plus excellens)efcriuant àPelagius le reprouueau 5.
lime intitulé Hypo^noftko»> D. Pelagius difoit qu'il y auoitvn tiers lieu pour les petits
enfans qui meurent ians Baptefme:&:fain& Auguftin veut qu'entre Paradis &: enfer il
n'y air point de tiers lieu pour eux. Il ne parle pas pourtant du Purgatoire. R. Il me
plaift fort que vous confefiez que faind Auguftin eicrit cecy contre vn hérétique . 3£
que par les parollcs vous admettez qu'entre Paradis 6c enferil n'y a aucun lieu troific-
iieme.S'il eftamli(commeilcft veritablemcnt)oufcra voftrc Purgatoire? fera- il en en-
ferpu bien au ciel?*"*
^ L e s aduerfaires fur cela dirent,Ce n'eft pas à nous à te refpondre, mefehant, R.
Il eft certain qu'vn heu de peine ne peut eftre en Paradis,qui eft habitation deliefle.-ou
autrement il n'y faudra pas conftituer la vie 6c repos éternel . fi donc vn tel lieu n'eft en
Paradis,il fera en Enfcr.Mais où ttouue-on en la fainetc Efcriture qu'aucun (oit iamais
retourne d'cnfer.?Que tel Purgatoire donc demeure auec vous autres, qui à voftre plai-
firypouuez entrer &fortir:ie n'y veux point aller,pource que neftant de voftrefe&e, fi
i'y alloye le n'en pourroye fortir.Mais fi ce Purgatoire eft lieu de peine(non toutefois e-
ternelle comme vous aftermez)apres la confommation de ce fiecle qui reftera dedans?
t certainement il demeurera vuide,pourautant que les mefehans auront vn feu perpé-
tuelles bons loye cternelle,comme TEfcriturc le monftre.Eftat donc vuide,que dé-
pendront tant de mille millions d'indulgences qu'on donne aux hommes aueuglezSC
fols^Ventablement elles demeureront en blanc.Si vous dites que lors il celTera: il s'en-
luyura vn autre inconuenient fort abfurdcaiTauoir que Paradis 6c Enfer feront auffi té-
porels,puis quevous dites qu'il tient de la nature de tous deux Mais vous fauez bien où
il fetrouue,à fauoir ésbourfes des homes,voire&: les purge mieux que la feammonee,
Purgatoire cafte, ou manne ne fait les boyaux:&: deuroit pluftoft eftre appelé Pagatoire:& leur fera
Pigatoire comme ^ Simon,qui par argent vouloic acheter le don de Dieu: dont luy futrefpondu
Aft.j.s q11^ mft * k perdition. Il fait beau voir les Papes, Euefques,Preftres& moines s'enfler
d'eftre iucccilèursdefaintt Picrrc,&n enfuyure toutefois en rien ce qu'il afait,carils
embraflènt ceux qui veulent acheter la grâce de Dieu, voire 6c cerchent à gueule bec à
qui ils la pourront vendre , qui par parollesfe*ntes* font faits marchans des hommes en
Tué de s auarice,i. Pierre z. Vos loix ne difent_elles pas que la grâce qui n'eft donnée gratuicc-
Aug.au Uu ment n'eft point grace,auchap.Gr4/à,i.qua:ft.i ?Commentferadoncgracelagracedu
DTanocoi" ^urgat°ire>Pu>s piuon ^ vend.?par le chapitre iîe»i/jf/î'o»ew,i.qua?ft.i. Commcntcft ce
Pape. qu'eux qui font fi auaricieux la donneront ? Corn ment donneront-ils la bénédiction, G
leSimoniaque par l'impofition des mains donne la malédiction, par le chàp.Venrumeftj.
quîcft.i.eux cftansSimoniaques, voire plus que Simoniaques ? ^Les aduerfaires di-
rent,Qu'as-tu à faire de cela,toy?Enten feulement à eftre bon Chreftien , 6c te change.
car*Dieu punira vne fois les mefehans R. IefuisChreftien:&: li îe me vouloye changer,
ie deuiendroye Papifte,dequoy Dieu megarde. D. Tu en fouffriras peine. Mais puis
que tu allègues les canons,dy-nous s'il eft licite à vn preitre de vendre les bénéfices qu'
il poftede,apres qu'il aura cogneu ta vérité Chrefcienne que tu appelés ? R. Vousmef-
mes appelez cefte venditio Simonie:&: quant à moy, ie dy, Quetout ainfi qu'il n'eft lici-
te de porter le caracterc(duquel nous auons parlé cy deftus)on ne doit auffi accepter les
bénéfices, ou(pour mieuxdirc)venefices,qui l'accom pagnenr.Et non feulemét il ne les
doit vendre,mais ne les peut mefmes retenir fans facrilege. Car qui les pofiede,defro-
bc fon prochain, defpcndant mal le reuenu qu'il tire du lang des pourcs. D. Ceftuy qui
les defpcnd mal,fait mal : mais quoy, veux-tu eftre iuge de cela ? Regarde comment tu
es hors dccoy-mefme.Tu n'as encore i4.ans,& tafehes défia de corriger 6c reprendre 1\
eglife.Tu.deurois encore apprendre,fans te perluader de fauoir quelque chofe, arrow
gât que tu es. R. le ne dy pas que ie vueille corriger l'Eglife, pource que ce n'eft pas mô
officc.mais ie m'eftudieray à ce que mon ame ne tombe en erreur. Et quant à l'aage,
Pomponius Alger. 3?o
ie m'esbahy de ce que vous m'obie&ez, attendu qu'en plufieurs lieux de l'Ëfcnture on
lit que ce n'eft point par l'aage que l'intelligence eft donnee,mais par rEfprit. Iean ba- J^31,8
ptifte receut le fainft Efprit au ventre de fa mere : Daniel eftoit enfant,&: les trois He- DaS
brieux pareillement. Timothee & Tite eftoyent-ils chargez d'ans, quand ils furent ci'- Gâl-4-10
leuxEuefqucs?Etfaintt Paul ne dit-il pas,Malheureiixceux-laquiobferUenr les mois, Aucha
les ioursSt les anneesrQucreipondrez- vous avosloix, lesquelles commandent a ML dcrnieV
uefque iaaagé,de ne rcf uler d'apprendre d'vn plus ieune &: plus do£te que Iuy? mUd
D. penfes-tu cftre comme ceux que tu as nômez? R. le ne le penfe pas:mais tafclie tant
que ie puis d'eftre fait tem blable à eux. D. O r fus,tu es trop enraciné en ta malignitc.il
ne te faut dire autre chofe*Retourne en la prifon,&: pren iouiiîance de tes refueries.
^"Te ile a efté la confeffion,les interrogatoires & refponfes,& en effe&le combat
quePomponiusafouftenu au iugement des hommes, comme luy mefme les a lai/Tcz
par eferit pour laconfolation defesamis,aufquels,eftant menéà Venife,ilaeicrit d'af-
reftion l'Epiftre qui s'enfuit:
A fe» trefebers freres/eruiteurs de Chrift auec moy,fortis de Babyldrie pour aller au mont de Sion(du hdrrl dfc/cjud ; le me de-
porte)grace, paix & ûlut.de Dieu noftre Pcre.par lefus noftre Seigneur & Sauueur.
jn-jÊS O V R modérer àc amoindrir la triftefle que vous auez de moy,ie n'ay voulu faij-
(|gg|lir à vous faire participans de ma ioye , afin qu'enfemble aueç moy vous-vous ef-
ipuiiuez,ôi chantiez auSeigneur a&ion de graces.Ie diray chofes incroyables aux nom
in es: I'ay trouué les rayons de miel aux entrailles du lion. Mais qui croy race que iera- iuges'14.
çonterayfqui eft-ce qui adiouftera foy à mon dire?I'ay trouué récréation en vne fofieob
fçùre:& en vn lieu de toute amertume,i'ay trouué traquillite.au gouffre d efer: liefle Se
ipyeoules autres pleurent^ force où les autres tremblent de peunMais qui eftrçe qui
croira qu'é vn eftat fi miferable on paille auoir délectation: en folitude* compagnie aû
greable:& en des liens fidurs,repos?Ie vous diray,trefchers, la douce main cteDieum'-
eflargic toutes ces chofes. Voicy luy quiiadis cftoit loin de moy,eft auec moy^ lequel iç
yoy clairement,làoù ie lefentoye feulement en obfcuteté,lequel aufli i'apperçpy & cô
téple de pres,là où ie ne voyoye que de loin.Ceftuy Ja duquel i'auoye foifjorewne pre»
fte }a!main>me confole & remplit de ioyeticeluy chalTe toute amertume , me donnant
fbtce&vertu.Q combien eft bon le Scigneur,qui ne fourTre point que fesppuresferu^- iCor •
teut&foyét tétez outre mefure 1 O côbien fon ioug eft doux& léger! Qui eft leblablèau Matth.11
Treshaut, qui reçoit les affligez, redonne guerifon,&: fouftientles malades? A quilefcv-
jçons-nogsfemblable?Apprenezmesbien-aimez , en combien de fortes le Seigneurei-
ftenctfurfesfcruiteursfadoucenr,benignité&mifericorde: lequel a le foin de les vifi-
ter en leurs tentations,&: daigne eftre auec eux en quelque lieu que ce foit , leur don-
nant vn efprit & coeur paifible.Ces chofes pourront-elles eftre cognues du monde?non
certes. car l'ignorant ne dira-il pas pluftoft , Tu ne pourras longuement fupporter ces
chaleurs &.fueurs,& l'afpreté du lieu où tu es.comment endureras-tu les tourmens,le$
iniures,&: mille incommoditez ? Oublieras-tu du tout ton doux pays,les richeflès du
niondejtes parens,lesdelices& honneurs ? N'auras-tu aucune mémoire du foulas de?
feiences &c frui&s de tous tes labeursîPerdras-tu ainfi toutes tes peines qu'as endurées?
tant de trauaux?& enfemble tes entreprifes louables^efquelles dés ta ieunefle tu as tra
uailléîFinalement n'auras-tu point craintede la morr,laquellc t'eft prochainercombie
quccefoitfans,auoirmesfait?0 la grande folie de ne vouloir racheter la mort &: tou-
tes ces fafcheries d'vn feul mot qui ne coufteroit que le dire.' N'eft_ce pas vne chofe bie
inciuile,de ne fe laifler perfuader par tant de magnifiques , graues , fages Se équitables
Sénateurs,**: de tenir toufiours les oreilles fermées à tantd'illuftresperfonnages?Mais
quecespouresaueuglesefcoutcnt , Quelle chofe y a-il plus ardente que le feu qui eft
preparéîquelle chofe y-a il plus froide qucleur cœur qui eft en ténèbres î. qu'y a-il plus
dur,plus perplex &:agicé que la vie qu'ils menét?qu'y a, il plus infâme & deteftable que
le ficelé qui eft à prefent? le voudroye bien qu'ils me refpondiflent vnpeu,& Jesprie-
roye de me dire ,Quel pais eft plus doux que le pais celefte ? quel threfor eft plus grand
que la vie eternelleîQui font nos parens,finon ceux qui obeiftent à la parolle de Dieu?
Où y a-il plus de délices & honneurs qu es cieuxiQu'ils me difent fi les feiences ne font
pas données pour la cognoiftance deDieu:fans laqlle, nous aurons véritablement per-
du tous nos labeurs,veilles,fucurs U entreprifes. Que l'homme miferable me refpôde,
Quel foulas &: remède aura-il,s'il n'a point deDieu,lequel eft levray foulas &medeçinç
£/#ro V. Pûmpomus Algter.
fouueraine & me veut faire accroire d'auoir la mort en hori eur,luy qui eft ia moi t en pe
l«n 14.* c[,^SiChrift eft la voye,Iavericé &: la vie:y a il vie lans luy?Les chaleurs me font comme
vne frefeheurombrageufe , & l'hyuer m'eft vn prim-téprau Seign. cornent craindray-
ieleschaleurs,veu que ie n'ay pas mefme peur du fcufCeluy^qui brufle de l'amour du
Seigneur , fera-il tourmente du froid? 11 eft certain que celieu eft fort afpre au coulpa^
ble:mais à l'innocent il eft tant doux,qu'il ne diftille que du miel d'vn cofté, il ne diftille
que du laid de l'autre,&: donne abondante méditation de tous biens. Le lieu de /oy eft
afpre & mal culnué:toutefois il m'eft fait vne ipacieufe vallee.ee m'eft îcy la plus noble
partie du monde.il n'y a prérie plus deledable.i'y voy des Rois,des Princes, des villes &
peuples,des batailles» y voy les vus defFaits&: tuez,les autres victorieux : les vns depri-
mez,les autres efleuez. Icy eft le monc de Siomieconuerfe icy aux cicux:Iefus Chrift
mY ajïîfte pleinement.Ic voy a l'entour de moy les Pères anciens, les Prophètes , les A-
poftres, Euangehftcs&: tous les feruiteurs de Dieu. L'vn m'embraflé&: fouftient,
les autres m'exhortent: ceux-la me manifeftent le fiuid des Sacremens , ceux-cy
me confolent &c m'accompagnent, chantans cantiques &: louanges au Seigncur.Di-
ra-on que ie fuis îeul entre tant de bons perfonnages , defquels icpren compagnie,
foulas,& cxemple?can'en voyd'iceuxles vnscrucifiez,airommcz,lapidez&:fiez:lcsau!
très roftis,& fricaiTez en poefles 6c vaiiïêaux d'airain. le voy creuc i les ytuxà ceftuy-cy,
couper la langue à ceftuylartrécher la tefte àl'vn,&àlautre coupper les pieds &mains:
mettre les vns en vne fournaife ardente de feu,&: les autres baillez en proye &c viandes"
aux beftes.I'cntreprendroyc charge trop grande,jG ie les vouloye tous raconter. Bref
i'en voy pluiîeurs tourmentez de diuers tourmens,toutefois viuans fains &: faufs, ayans
tous vn mehric remede&: médecine, qui adoube ôc ferme leurs playes . chofe qui me
dôneautliforcc&vie.Pourtantiefourfreioyeufement toutes ces angouTes de peu de
duree:carrefpcranccquei'ay referuee es cieux,me fouftient. le n'ay aucune crainte de
ceux qui m'injurient^ me perfecurentàtott,d'aurantqueceluy qui rc/ïde éscicux s'-
en rira,le Seigneur fe moquera d eux. le ne crain point vnmilhondeperfonnes, qui
tout autoui m'enuironnenr.
Mon Dicu& Seigneut me deliurera:c'eft luy qui eft mo fcul refuge & ma cofolatiô:
lequel haufTant ma tefte,frappera tous ceux qui fans caufe me perfecutét, & bnfera les
dents des mcfchas-.car dt luy ieul forttoute benedidion , commeauffi à luy feuiappar-
tienttoutempire. €1 e« moqueries &l reproches que nous endurons pour le nom de
t. ier.4.14 Chrift,ttOus rendent ioyeux:ainfi qu'il eft efcrit,Si vous cftes reiecrez& niefprifez pour
IcnomdeChvift^ouseftesbien-heureuxrd'autantquelagloii e, l'honneur & la vertu
de Dieu,voire meimes fon làinctEfprit repofera dellus vous. Eftas donques certains de
noftre falut , nous mefpnlons toutes les iniures & reproches de ceux qui nous les tant.
le n'ay en la terre aucun 11 ege arrcfté:car mon pays eft es cicux. le cerche la nouuelle"
Ierufalem,laquclle le prefente ia au deuant de moy .l'en ay prins le chemin , & là eft (L
tueema maifon:&:nedoutcpointquelàlesricheflès,parens&honneuismedcfaillenf!
Ces chofes terriennes,qui nefont qu'vne ombre , font toutes caduques:&: qui plus eft*
ïccldja vanité des vanitez,ii l'eipoir& certitude de l'éternité future nous défaut. Lcs/ciences
quei'ay receuesdu Seigneur,m'accompagnent pour me reiiouir : defquelles mainte-
nant l'en voy les fruids.Fay fué &c enduré rroid,i'ay veillé iour &: nui£t,ic n'ay pa/Téaucû
iour ny heure fans quelques labeurs. Voicy, le vray feruice du Seigneur eft engraué
en moy.iceluy m'a donné loye au cœur,ie me repoferay paihblemcnt en luy. Qui ofera
dire quei'ay perdu mon temps , &: que mes labeurs ont erté employez témérairement
lefquels ont veincu le prince du monde,&: changé la mort à la vie ? Mon ame a dit Lb
Seigneur eft ma part,pourtant iele cercheray. Si donc mourir au Scigneur,n'cft point
mourir,maisheureufementviure,pourquoy tantfurieufemétcemiferablc m'obiede-
illamort,veuquecen'eft queioye ? O quel plaifir cerne feroit degoufterleealicedû
Seigneur! y a-ilvn gage plus certain du ialut ? Iefus Chrift a dit que les mefmes choies
qui luy ont efté faites nous feront femblament faites.
Do n c poure infenlé\qu i es ei blouy à vne ii grande clarté,ceiTe.Que le monde auea
Rom. gje comme vne taulpe deh'fte de plus obieder ces chofes.Ie diray auècÏA poftre S.Paul
Qui nous feparera de la diledion.de Dieu?fera-cetribulatiô ou angoiiTcou perfecutiô,
oufaminc,ounudité,ouperil,ouglaiue r Nousfommesliurez à mort pour Chrift tous
Matt.10.24 ics iours,ôc fommes eftimez comme brebis d'occifion. Mais ainh faifans nous enfuy-
que
Pfc.K
Matt.10
Vomfonius^Algiet. 371
lions noftreChef& Capitaine Iefus Chrift,lequel a dit que le difciplc n'eft pas plus grâd
que le maiftre,ne le feruiteur plus grand que fon feigneur. O Seigneur,tu l'as dit : voirez t ro*4
que ceux qui te voudroy ent iùy ure prinient leur croix.
^consolez-vov s ,rncs frères, en Dicu,en forte que quand vous tomberez en
diuerfes tétations,vous nefuccombiez.Vous làuezqu'il cil efcrit,que ceux qui nous tuêt Uinig^
penfent faire grâdferuice à Dieu. Les angoiffcs dôc delà mort (ont certains fignes & iym- e*
boles de noftre diletrion,&: delà vie à venir. EfiouifTons-nous au Seigneur , chantons luy
cantiques delouâge,confiderans que fans aucun crime nous fom mes liurez à la mortïcar
il vaut mieux endurer en bien faiiat(puis que telle eft la volôte de Dieu)qu'en faiiànt mal. j pjer
Nous auons l'exemple en Cbrift &: és Prophètes, lefquels à caufe qu'ils parloyent au nom L l"'}'17
du Seigneur,ont efté expofez au plaifir des enfans de çe monde.&maintcnant nous les di-
fons bien-heureux d'auoir enduré ces cholès.Efiouiftbns-nous donc"en noftre innocence
& iufticc. Le Seigneur iugera ceux qui nous perlècutent.à luy feul appartient la vengean-
ce.le fuis acculé de folie,à caufe que ie ne veux cuiter la mort par dilsimulation, donnant
ferhblant de cognoiftre Dieu:ainfi me dit-on que par vn feul mot ie peux remédier à tous
ces tourmens.ô poure homme , qui pour auoir oublié Dieu tu ne vois point mefme la lu-
mière du Soleil: Ayefoiiucnance de ce propos deChrift, Vous eftes la lumière du monde. Mit-M
La cité fituée fur la montaigne ne peut eftre cachée. On n'allume point la chandelle pour
la mettre fous le muy,mais fus le chandelier, afin qu'elle efclaire à tous ceux qui font en la
maifon.Eten vn autre lieu , Vous ferez menez deuant les Rois &: Magiftrats.ne craignez
ceux qui tuent le corps,mais pluftoft celuy qui tue l'ame.Tout homme donc qui me con- JJjJJ""*
feflèra deuant les hômes,ie lcconfèfTeray aufsi deuât mon Pere qui eft és cicux:mais celuy 1 ' 3 ■ •
qu im aura renié deuant les hommes , iele renieray aulsi deuât mon Pere quieft és deux.
Si donc le Seigneur a parlé fi clairement , où eft fondé le confalque me dônece mal-heu-
reux mondain?Ia n aduienné que ie melprife les mandemens deDieu,pour fuyure le con-
feil des hommes: car il eft eferit au Pfeau. premier de Dauid , Bien-heureux eft l'home qui
n'a point cheminé au côleil des mefchâs,& ne s'eft arrefté en la voye des pechcurs,& n'eft
point afsis au banc des moqueurs.Ia n'aduienne que ie renieChrift,au lieu de ie confciTer.
le ne priferay pas d'auatage ma vie que mon ame , & ne changeray point la vie aduenir au
fiecleprefcnt.Oqueceftuy-laeftfol qui en cefte forte nous argue defolieilenetrouueâu- iicntéd les
cunement hônefte d acquielcer en cefte manière aux magnifiques , fages^paifibles , mife- Sénateurs
ricordieux &illuftres Sénateurs, defquels les prières mefontcômandemens: caries Apo-r c c e*
ftresnous enfeignent, Qu'il faut pluftoft obéir à Dieu qu'aux homes. Or quand pfemie- t&.yi9
rement nous aurons ferui a Dieu,comme au fouuerain Monarque du monde, nousfom-
mes en après tenus d'obéir aux puifTances de ce monde , lefquelles ie deûreroye eftre par-
faites deuantle Seigneur.Ils font magnifiques: mais il s en faut beaucoup deuant Dieu.ils
font iuftes:n:ais le fondement de iuftice,qui eft IefusChrift,leur defaut.ils font fages:mais
où eft la crainte de Dieu,commencement de fageftbrils lont benins:mais où eft leur chari-
té Chreftiéneîils font bons:mais ie leur defirele vray fondemetde bonté, ils font illuftres:
mais ils reiettent le"Seigneur de gloirc.Maintenant donc,ô vous tons Rois &: Princes , en- Pfeaume %
tédez:&: vous Gouucrneurs delaterre,prenezinftru&ion. iëruezau Seigneur en crainte,
& vous eiioui/Tez entrembl.it. Baifez le Fils,de peur qu'il ne fecourrouce:&: que ne perif-
fiez de la voye quand fon ire s'embraiera tant ibitpeu.Pourquoy fe mutinent les gens, &:
murmurent les peuples en vain?pourquoy fongez-vous chofes vaincs contre le Seigneur?
pourquoy s'avancent les Rois delaterre,&côfultentenfemblecôtre leChrift leSainctde
Dieu?iufques à quand cercherez-vous menfonges, &£ aurez en haine la vérité ? Conuertii-
fez-vous au Seigneur voftre Dieu, & ne foyez plus fi endurcis de cœur. Car qui perfecute
les Seruiteurs de Dieu,il periecute aufsi Dieu mcfme : fuyuant ce qui eft dit, Tout ce que
les hommes vous feront,ne fera pas fait à vous, mais à moy.
Si ainfi eft donques que cotre l'opinion cômunc des homes ie n'ay refpondu au defir
des trefilluftres Senateurs:pourquoy fuis-ieeftimé coulpable,veu q le Seigneur a prédit q
quand nous ferôs liurez deuat les Magiftrats,ce ne fera point nous qui parlerons,mais fon Matt. iojj»
Efprit?Puis que le Seigneur a prédit ces chotcs(lequel n'eft point méreur)&: que iene par-
le point de moy-mefme,ie n'ay donc aucune coulpe.Qui fuis-ie qu i peufte refifter à la vo-
lonté de mon Dieu î S'il y a quelcun qui ofe reprendre telles parolles , qu'il argue le Sei-
gneur , qui a ainh befongné en moy. Et s'il luy femble qu'il n'y a aucune i eprehenlîon en
Dieu , qu'il ne m'accule point , qui ne fuis cauic de cefte œuure : ayant fait ce que
ycc,
LiureV. %obert Cjkutf.
ie ne vouloye fairc,&: dit ce que ie n auoyc pénfé. Que fi les chofes que i'ay produites font
mauuaifes,qu'ils le monftrent,& lofs ieconfeflcrây qu elles fbrtét de moy,&:non de Dieu:
rnai?; fi elles lont bonnes &: approuuécs,ôc he peuuent eftre iuftemétaccufees,ilfaut vueil
lions ou non,& maugrénos dents que nous accordions &: admettions qu'elles font pro-
cedées de Dieû.Lefquelles chofes admifes,qui eft-ce qui in accufera?fcra-ce vnegent tref-
fagéîQuime côdamhera? lèront-ce ces luges treliuftesrEt bien qu'ils le facét, la pàrollede
Dieu pourtant ne fera point annullc'e. Pour cela l'Euangile ne fera n'empefché neiugé:
mais le rovaumede Dieu fera tant plus cher & amiable aux vrais Ifraelites : Se tant plus vi-
ftement paruicndrâ-il aux efleus de Iefus Chrift. Et ceux qui feront telle chofe fentirôt le
iugemétde Dieu,&: les homicides &: meurtriers des iuftes ne feront point fans peine.Mes
ta verec de trefchers,efleuez vos yeux,& confierez les confeils de Dieu, le Seigneur1 nâgueres a mô-
pefte pour- ftrévncclpccc& image de pefte:cela a efté fait pour noitrecorreètio. que Ci nous nelere-
quoy cnuo- ceuons ^ j| aefgaincra (bn glaiue:&: frappera la gent qui s'eft cfleuée contre Chrift,de glai-
uc,pcfte,&: ramirte.Ic prie le Seigneur qu'il deftourne tel fléau de nous. Mes frères i'ay ef-
crit cecy pour voftre conîblation. Priez pour moy. Adieu tous feruitcurs de Dieu.
Dv trefplail'ant verger de la prïfon Léonine, cezi. du mois de
Iuillet,M.D.L.v. p. ALGIE fc.
LA mortbien-heureufede'P. Algier,executé à Rome.
A Près que Pomponius eut quelque temps elle' es pnfôs de Padoué, futmene à Vcnife,
où par la fagefle hum aine plufîeurs aflauts luy furent liurez : c'eft afTaûoir de fauucr (à
vieen faifànt femblantdefèdefdire.& c'eft ce qu'en l'Epiftre précédente il exaggere tant,
& loue&: magnifie le Seigneur deeequeiamais on nele{cutnediuertir,n'efDranler,telle-
ment qu'à lafin pour la moindre peine qu'on luy feuft donner, par iugement fupreme de
la Seigncurie,il fut condamné aux galères. Mais le Seigneur,qui l'auoit refèrué pour faire
vnmeffage exprès de les iugemens auxfuppofts del'Antechrift Romain & à fon Cierge
de Rome infame,fufcita le légat Papal, qui lors citent à Venife,de demander Pomponius a
la Seigneurie,afïn d'en faire ofFrâde trefaggreable à fon maiftre le Pape qui lors eftoit Paul
1111. de la lignée des Caraftes , homme en dernier aageautant inueteré en mal qu'onques
il en fuft.Le genre àc forte du dernier fupplice cju'il endura , fut treferuel: tant y a qu'en fa
mort il effraya par fa conltance&: magnanimité tous les plus vénérables pères de Rome
lpe£tateurs d'icelle: &lc Seigneur lors luy donna force &c confiance conuenabic àla do-
ctrine qu'il auoitportee&: maintenue deuant les hommes.
ROBERT G LOVER, Anglais.
N O V S auons en celte hiftoire vn miroir de prcudliommie naifuc,confite en bonnes &: fain<ftes mœurs,&rnon
feulement en la perfonnede Robert G louer > mais aufs» en fon frère Iean : duquel par occafion la vie cft îcy
propoiee:& les combats par eux fouftenus.
OberïGlover eftoit iiîude noble parentage, &: auoit fon frere Iean
Glouer> tous deux d'eftat honorable & condition aiféc depofTefsions qu'ils
auoyent de leur pere : mais beaucoup plus riches eftoyent-ils en la crainte de
Dieu &c biens del'Efprit. Défia dés long temps Robert auoit cognoifTance de
f Euan<Tile:Voiretelle qu'il dcmonftroit bien par fà vie de nel'auoir receuë en vain. Toute
fa (blicitude tcndoit à ce but de monftrer quel il eftoit au dedans , aflauoir vrayement re-
formé par l'Euangile, &: ne s'eftudioit point à apparoiftre deuandes hommes,ains à faire
que fa vie refpondit à la profefTion. "
^"O r auoit-il vn fien frere vn peu plus aagé queluy,nômé Iean Glouenduquelnous
dirons quclquechofc,auant que ven ir à l'hiftoire des Combats que Robert a fouftenus co-
tre les aduerlàircs de l'Euangile. Ce Iean ayant laiffé la plufpart de fes biens à fes freres,s'e-
ftoit refehié quelque portion , laquelle il laiflbit difpcnfer à quelques fermiers , afin qu'il
euftmeillcur loifir de vaquer aux chofes diuines , avantagez bonne cognoifTance des let-
tres. Vray eft q Robert fon frere eftoit vn peu plus do£tc en cefte forte de lettres qui polif-
fent l'hômc à bic parler:mais Ieâ eftoit plus exercé és chofes de la vraye religiô.Tous deux
auovét prefquc vrt mefmecfprit:&: quâr à la dextérité, il n'y auoit pas grade differece.-mais
quataudefir &: reuerécedelareligiô , à laqucllctous dcuxfèmbloyétcgalemet cftreflaïs,
ils
M.D.L.V.
Robert flotter* $7*
ils fercfembloyent fi bien>qu'à grand peineeuft-on choffi lequel on *déuft préférer à Vau-*
tre ; linon que cômeRobcrt eftoic plus robuile de corps,aulsi appèrceuoit-on en luy qu'il
cftoic plus véhément côtrelcs ennemis de vérité, toutcsfois Içàh craignait moins les dâ-. ican douer
gers. Et combien que-Robert lbrt mort martyr,toutesfoisIeanaTpiroit?de pareil deiirau a'p,ro11 iU
martyre. Robert aenduré la mort, laquelle aéfté voireméht cruelle & alpre-Ican pbr plu- murt>re'
jicurs fois a enduré angoilîes d'efpnt , &: a efté ietté fouutnc dedans le feu intolérable d'v-
negehenne pardiuerfès tentâtions. Celuy qui a recueilly celte hiiloirc,S'ellfbuucnte-
foi» esbahy de la vertu & puifîànce du Fils de Dieu qui ëftoit 'en ce perfonnage; lequel s'il
n'euftTcmis cneilat parconiblatioiis fouueht côtinuées , il n'euil porte tanr de douleurs
&:angoiiîcs.Lacaule laquelle luy eimouuoittànt de troubles neitoir pas degrande im- f
portance:mais voila comment il en aduient que conftumierement ceux qui londes plus
iàinds &: les m eilleurs,tè tiennent touiiours pour lufpëcts à eux-mefmes: &cela fâit qu'ils
fontelbranleztbuucntefois. ^ Il luy aduint qu'après âUoircllé premièrement illumi-
ne en la cognoiiîance de la verité,que retombant en là prem ierc façoh de viuré^il elift de-
puis reuenantà foy , tel defplailiriqu'il VintaVndefefpoir defalutimettaht deuât les yeux'
qu'il auoit péché contre le làind Eiprit. Mais le Seigneur qui eft leur gardien dés iiés,mo-
dera tellement celte tentation,qu'il luy donna grand repos d'efprit, &: âccrùiflemêt en la
cognoillancede l'Euangilci lique iàvie«,fesniœurs,ôUezeléaupuiTcruicede Dieu vint
en euidence* voire aux ennemis ^nommément del'Eueft|uëdeConiientrie:lequcl încô-
tinent enuoya lettres au Maire de Contientrie & au Capitaine dudit lieu, à ce qu'ils don-
nailct ordre que lean Gloucr fuftapprehédétAufsitoft que le Maire eut receu les lettres
de l'Euel'que,il enuoya iècretement vn horhme vers lean Glouer,pour l'adu cr tir de l'en-
crepnfedreifec contre hnsarln qu'il peuft de bonne heure pouruoir à les affaires. Iceluy
fortit villcmcntauccfonfrcre Guulaumer&àgrâdpeine auoit>illàiiîe la mail'on de veuë,
que voicy leCapitaine &: vne bande de gens entrèrent dedans pour prendre" Iean,lelon le
commandement de l'Euefque. Et comme ainliibit qu'ils ne le péufTent trôùuer , vndes
fergeans môta en la chambre haute,en laquelle il trouua Robert frère d'iéelûV'', qui cltoit pn'fe &
défia des long temps malade au lid:il le print donc au lieu de Ieari l'on frerè, Remmena. Kaoctt-
Et combien que leCapitaine ne demandait qu'à faire plaifir à Robert,& à fauoriler à tou-
te la caul"e,& que pour cela il h* Il tout ce qu'il pouuoit pour le huiler aller,difât qu c ce n'e-
ftoit celuy pour lequel on les auoit là enuoyez : toutefois vh des officiers , infillant qu'au-
moins on le deuoit garder iulquesà la venue de l'EuefquCj le fit mener en prifon contre lé
gré du Capitaine. ^Nous auons infère cecy de lean Clouer pour monftrer ce qui a efté
tou ché ci deiTus,aiTâuoir qu'il n'a point elle excm pt deperiecutioh pour vne meime eau-
fedel'Eua^ile. QuantàRobcrt Gloucr,lc Seigneur l'appela à fou ffnr mort pour tèftificr
de fâ vérité. On pourra trop mieux cognoiftre ledifeours des procédures tenues contre
luy , par la lettre qu'il mandaà fa femme, bien amplement par luy elcritepourfaconfolà-^
tion&detousfidcles,commes'eniuyt;
|§ A paix de là confclcnceiqui futmonte toùt entehdement,vous foit ottroyée en ac-
croiifement perpétuel, auec toute lieflc, côlblation>force Se vertu au fainclEfprit,-
&foit augmentée en voftrccœur parla foy viuc, ferme &: confiante en noftre Seigneur
Iefus Chriftjfeul Fils& bien aime de Dieu, Amen.
^"Ie vous mereicgrâdement des lettres quem'duez eriuoyécs en la prifon,mabien
aiméeen noftrc Seigneur, lesquelles iViylcues par deux fois, aucc beaucoup delarmes,
procédâtes non point de quelque tnlteiîc ou douleur, ainsd'vneioyc&liefle incroyable
d el'prit.I'ay cognu par icellcs l'œuurc admirable de la grade milcricorde &c bôté de.Dieu*
commeen vn vif tableau dépeint de viue affection du profond de vollre cœur. Ierieme
fuis, di_ie,peu contenir quede grande refiouillanceicn'aye ietté larmes de mes yeux, &
rendu grâces au Seigneur pour vous : lequel lèlô fa grande douceur &c bonté s'efl monflré
clément &: bénin enuers vousjou plulloft entiers moy. Pour certain ces lettres queï ay re^ -
ceucs,&: le bon rapport que nos amis me font de vous , que vous profitez de bié en micuSÈ
enlavrayc cognoiflance de Dieu, & perfeucrez conflammcnt&: fidèlement enieelle; f
m'allègent grandement en ces ennuis & fafcherics qu'il me faut tous les iours ^nitti
réï en là prifon . Ces lettres vous leruiront quelquefois de tefmoignage manifclle"
en çegrand.iourdu Seigneur contre plulîeurs femmes délicates de noilre temps, dil-
folues ;.ipar trop plus adônecs aux delirs èç cupiditez furieuiès decemôde qu'a Di&u r&
Rr.H.
Livre V< %?bert(jlowt.
lefquelks (comme on peut cognoiftre par kurs ceuures) ont mis kur falut propre én 6u«
bly.Tant qu'il plaira à Dieu me prolonger la vie en ce monde , ie ne cefTcray de luy. faire
prières pour vous,à ce que par lagrande milericorde & bonté il auance de iour en iour éli
vous,& parface ce qu'il y a vne fois heureufemét commencé, &: que le tout foit à la gloire
dclonnom: &£ qu'il vous arme & gouuerne tellement parlaforccfecretedelbn Elprit*
que tous deux enfemble par le lien d'vn mcfme cfprit (comme aufsi nous fommes liez par
mariage)nous célébrions là louange en l'autre liecle,à la confolation &c félicité perpétuel-
le de tous deux : Amen . ^ Or tant qu'il luy plaira vous taire vnirc en ce monde , ie vous
prie de bon cœur vous accouftumer fur toutes chofes à Ibuuent prier Dieu , elleuant vos
i.Tim.t.8 mains pures au Seigneur (comme faind Paul admonnefte) fans irc,contention,ne doute:
mettant en oubly route iniure &C outrage qui vous auroit efté faite:&: pardonnant a vous
auez quelque choie contre quelcun,comn:c lefus Chrift nous pardône. Et afin que vous
foyez de tant plus facile &: encline à pardonner les offenlcs faites par autruy, cecy vous
fera bon &£ vtile,que vous-mefmes reduifiez fouuentefois en mémoire l'enormitc &c hor-
reur des péchez lclquels lefus Chrift nou s a pardonnez , &: lefquels il nous remet tous les
iours. 11 aduicndra par ce moyen (comme S. Pierre nous remonftre) que nous entretien-
drons mieux la chante mutuelle entre nous plus facilement couurirons &c pardonne-
rons les péchez les vns des autres, quelques griefs qu'ils loyét. Et pource que la parolle de
Dieu nous enfeigne cecy ouuertement,non feulement comment il nous faut prier, mais
aufsi ce qu'il nous faut fuyure &: ce qu'il nous faut fuyr , &: ce qui eft aggrcablc à Dieu ou
non.faitcs,ie vous prie que toute voîlre orailbn tende principalement à ce but,que le Sei-
gneur,fe!on fa grâce &: bonté infinie , inipire de iour en iour &c de plus en plus la vrave co-
gnoilfance de la Parolle en voftrc entendement^ qu'il conduifc tellemét voftrc vie, que
les fhiids relponder.t à lacognoillance.
i.Cor.1.18 ^~ A v furplus, puis que le S. Eiprit appelle cefte parouc,Parollcd'affiidion,aflauoir
d'autant qu'elle a fouucnt&: prefque ordinairement les incommoditez de ce monde con-
iointes aucclby,les opprobres,les haynes,les dangers,les perfccutiôs,la perte tant des biés
quedelavie,commevousen elles bien admonneilec par expérience ordinaire: tant plus
diligemment deuez-vous implorer l'aide de Dieu : pour vous rendre forte à porter le far-
deau, félon l'aducrtiflement que le Seigneur nous en fait:& quepuiisiez par la grâce du
S.Elpnt demeurer ferme contre toute tempefte&: orage:reduilànt iouuent en mémoire
Gcn.\9.i6 ce qui eft aduenu à la femme de Lot , laquelle regarda à ce qui eftoit derrière elle. Rien
n'eft fi dcfplaifant à Dieu que l'idolâtrie, ou faux iëruiceinftitué outre &:lans Ion com-
mandement.Gardez -vous bien dôcde vous polluer delà Mené, qui eft pleine de blafphe-
inc ,&:dn edement répugnante à la parolle de Dieu,& à l'inftitution de Chrift noftre Sei-
gneur. Combien y a-il de ceux qui font tant peu que ce ibit exercez en la ledure des Cain-
desEfcntures,quin'entendétbien qu auiourdhuy en Angleterre rien ne (é fait &: ne s'ac-
corde à la pure Parolle , ne qui foit propre pour leruir au baftiment &: édifice de l'cglile de
C hriftîLa plus part fe vantent & mettent en auant qu'ils font l'Eglifc,&: par ce titre-la s at
t ri buen t la foy.ie leur ay dit que la vrâye Eghfe ne recognoit autre chef que le Fils vnique
de Dicu,noftre Seigneur lefus Chrift. Elieoittant feulement la voix de fort Efpoux : elle
iian 10.17- eft conduite & gouuernée par icelle, lelon que le Seigneur lefus luy-mcfme dit , Mes bre-
& 8-3i bis oyent ma voix. Si vous demeurez en moy, & fi ma Parolle demeure en vous,vous elles
vrayement mes dilciples. L'Egliic n'adioufteA: n oftcrien, &: ne preiudicie point au Tc-
ftament iàcré de Dieu. Mais ces orgueilleux qui icurncllement m'aflaillét n'ont point de
honte d'abolir toutes choies làlutaires ordonnées par k Fils de Dieu, &. de paillarder en
ïzcch.tf. 16 }curs propres inuentiôs(afin queie parle félon la façon del'Elcriture)&: fe reliouir &c gau-
10 dir es fltuures de leurs mains.
L'e c l 1 s e de Chriftacftépartoutiufqucsàccftchcure,&:lcra:elleatoufiOurseu
Iac*oix pour compagne, liibiettc à diuerics falcheries de ce monde , &: toutes fortes d'in-
commoditcz,dautant qu'elle n eft point du monde. mais ceux-cy pei fecutcnt,tuent,trai-
f$4*M aux feux &tourmcns fans difrercce tous ceux qui acquiescent à la pure dodrinc du
Fils^eDicu. Chrift &: l'on Eglilcorfrent volontairement leur dodrinc pour cftrcexami-
nc*efelon les fontaines del'Elcriture diuinc , &c laùTent vne pleine liberté à tous les hom-
mes du monde d'en conférer, comme le Seigneur dit Iean cinquième, Sondez les Efcritu-
rcs. La faillie eglilc tient bien route autre façon Se tout au rebours,par laquelle eft defédu.
au peuple d'en faire iugement,nc permettant à home quel qu'il.foit, d'examiner ks fhu&s
«Le
Robert ÇUuer. 373
dcvrayeCognoùTinccfclonlartfigledcf Efcritures. Lavraye eglife deDieuaroufiours
eu cccy en finguiierc recommâdation,de refifter de toute là puiiïànce aux peruers defirs
de la chair, du monde &c du diable, à toutes tentations & cupidicez defbordees:au contrai
rc, on verra la plus grand part deceux-eyfe plonger dedans les boufbicrs de toutes vo-
luptez te ordures, & commettre des vilenies exécrables, qu'il n cft licicetfexprimer.H eft
bon & expédient de conférer fbuuenc les faiéts aueclcs exemples de ceux qui ont appro*
barionparlaparoUcdc Dicu,quils font vrais membres de Chnft& delbn Egiilc.
Il me Icmole qu'on les peut bien comparer â Nemrod, lequel l'Eicriturc depeind fous <ko.m.t
la £gurc d'vn veneur robufte,&: d'vn fort combatant.car ceux-cy ne pouuans faire par pa-
rolle ce qu'ils veulent,ils l'exécutent par le glaiue: & en defpit de tout le monde ils veulée
qu'on eftime qu'ils font l'Eglife.En bonne confeienceon les peut nommer Enfans du dia
ble,commeaulsileFils deDieuappeloit ainfi iadis leurs predeccfi^eurs.Carfiout ainfi que iani.44
le diable leur perc eft menteur U homicide,aulsi leur royaume U eglifè,quils appdcnt,eft
compofee de menibnges& meurtres. Pourccftecàufe, mafèmmcbicn-aimée, icvous
prie n'ayez aucune accointan ce auec leurs dodrincs de peur que ne participiez auceeux:
aufqucls la damnation éternelle cft préparée, s'ils nefe repentent de bonne heure& en
veritc.Gardez-vous de leurs babils,&:des fols côfeilsdeceux qui vous admoneftent detë-
poril'er pour quelque temps , car c eft cholè horrible de tomber es mains du Dieu viuant.
Qu'il vous louuiennc de ce que le prophète Elicdilbit, Pourquoy clochez-vous des deux H«b.io.$i
coftcz?Si le Seigneur cft Dicu,fuy uez-le : fi Baal eft dieu,fuyucz-lc.Nc mettez aufs i en ou- i ««ai
bly la fentenec de lefus Chrift,Celuy qui met la main à la charrue,& regarde carrière foy, Luc
n'eft point digne d'eftre de mes dilciples: ceux qui fe monftrent craintifs U feportentlat
chement en l'affaire & œuurc du Seigncur/ont rois au rang de ceux qui doiucnc eftrc iet-
tczcnl'eftangdefoulfre. Afoemj
Proposez -vous en outre deuant les yeux les exemples de Ceux qui d'vn gran à
courage fe font oppofez aux violences des ad uerlaires, poux maintenir la querelle du Fiïs
de Dieu,&: ont vaillamm ent combatu iufqucs à obtenir vi&oircOn peut nombrer entre
les anciens champions, Daniel ôc les trois Hebricux qui furent icttez en la fornaife arden-
te^ les enfans de la vefue : &: entre les nouueaux aulsi Anne Askeuc,Laurent Saunders,
Bradford, &c pluiieurs autres fidèles martyrs de lefus Chxift.S.Paul dit, Ne foyez eftônez
en rien à caufe de vos aduerfairesrqui leur cft caulede perdition,^ à vous dclâlut.Et le Sri
gneur lefus nous dit,Nc craignez point ceux qui tuent le corps. Avraydire, la plus part g
des homes retfemble au coq d'Efope, qui ayant trouué vnc perle aima mieux vn grain de MatSLt
fromet.On n'ented point quel threlbrc'eft q la parollede Dieu, à laquelle on prcfcrelcs
chofes de ce monde miferable qui font plus vaines qu'vn grain defroment ou d orge.
S 1 i'euffe voulu prefter l'oreille aux raifons ou argumensdes hommes,beaucoup de
retardemens fe prdèntoyent:cn premier lieu l'afFe&ion <jueie vous porte & à nos enfans,
nos biés &: poffefsions qu i font allez amples, mais,graces a noftre bô Dieu par lefus Chrift
noftrc Sauucur vnique,il n'y a rien de tou t cela qui m'ait retardé. Ia-foit que du commen-
cement ( afin qucieleconfenrefranchement)ie£ufaify de frayeur à la première violence
de mes aduerfaircs,eftâtd'meu de quelque apprehenûon dedangerttantyancancmoins
<juc par la prouidence diuine cefte frayeur s eft efuanouie.
.Etq
enueis nous eft grande, tant plus grande confolation aufsiDieu nousfàit fentir en nos mi
feres. Le mode rauorife en toutes fortes ceux qu'il tient aflubiettis à foy : mais au côcrairc
ilhaic&detefteoutrageufcmentceuxquinelbntpointdu monde.
to s t après i'entray en vnc (aie, puis fu mené en vne chambre, ouiemerepofây
quelque peu:& de ioye que fauoye larmes mefortirent des yeux en grande abôdanccJors
commençay à méditer ainfi en mon esprit, O fouucrain Seigneur detouslcs Seigneurs,
moy miferable &: chetifiquel bénéfice, queic foyc nombréauectes champions & ferai-
teurs tant fidèles ôdieureux,qmfoufrrcnt pour maintenir la caulc de ton Euangilei Ainfi
rêputant d'vn cofté& considérant mon indignité , &lcs miferes & ordures de ma vie
pcchercire,& d'autrepart,vne infinité degrace &: bonté de mon Dieu,qui m'appele à tel-
lefelicitéji'ay efte li ctpiis d eft ahiflement & reiouiflance,que iemefuis fenty pour quel-
Rr. ihV
LiureV, Robert (flouer*
quetcrrrps owqïtu5 ^ire.*0"Sdgnàir» qu i monftres ta verra en la foibîeflTc, tafapience en
lafdic^exctccs tniferwordea»' milic^dejpechez : -qui eft-€e qui t'empefchera-d'clitc
ceux quctuvou&as^cnquclqtfepartquetu voudras! Ortourainfi queiufquesapre..
-fert t i'ay fait confc&oiùJe ta vérité d'vne atfe£tion.non feinte,aufsi ne me fuis-ic iâmaise-
ftimédighc d'virtelndmieurjdefouifiiraffliâiiôn.
àp *. b« vinrent vers moy lesfeigneurs Guilku me Brasbourg,°KatrinPhinees, Ni-
colas Hopfcin^pour me perfuadet que ie donna/Te quelque plefge ou refpondant pour me
deliùretjck la prifon. Auiqucls icrefpondy enlafàçotiqui s'enfuit:Pourâutât que les prin-
cipaux fèigheurs de là ville m'ont fait mettre en prifon fansauoir efté premièrement in-
formez qucieiuiTe coulpable-.fi ie faifoye ce qu'ils me corueillent, ce f eroit me rendrceoul
pàble.S'ils n'auoyent rien dequoy m'aceufer , ikme pouuoyenc lanfer aller , & ofter de la
prifon ianseaurion.Eoxd'autrepart propoferentpluficursraifons,efquellcs iclonl'appa-
rence ily auoit plus de fcùrté que d'honne fteté, mettans en auanc qu il me feroit facile ,fi
ie vouloyerompre le ferment que-i'auoye fak,de me mettre hors de tout danger.Ierefpô-
dy dcrechc£quc des long teps i 'eftoy e refolu en ceft affaire. Mais eux infiftoyent tant plus
fur ccla»fetailâns forts que l'en efchappcroyeaueç facile condition.
Votant qu'ils ne faifoyentim de me confeiller& prier, iercfpondyàmonfieur
Trâ^inité Hopkin,que tout ainfi que la paix & tranquillité de confciencc eft vne chofefbrt tendre,
* ' ' aufsieft-eUcincfbmablcmctprecieuie. Ayat fur cela quelque peu de loifir pour méditer,
ie fi ma prière fecrete à mon Dieu, luy demandât fecours & confeil prefent^& qu'en ceft
mftaritUmVdniiniftraft par fagrace& bonté fecrete ce qu'il cognoiftroit eftre expédier.
Et lors que ccux-cy eurent cefte dem'exhorter , vneconfolation fingulierc vint inconti-
nent fafûr mon cœur. Apres eux furuint monfieur Dudlce,& me donna femblablecô*
feilqu'auoyent fait les autres, vfantprefque de mefines parolles : lequel ierenuoyay au ec
pareille refpôfc que les autres.Et encore rerourna-il vers moy , &: debatit l'afFaire d'vn co-
fté & d'autre auec plufieurs raifons:&:àla fin cefteperifée mevintenrefprit, Iufquesà
cefte heurt i'ay félicite à conftance& confefsion de la vérité tous ceux auec lefquels i'ay
euàfairà&ayeftecommevnerrompetteàce quenulnequittaft ricndela do&rincE-
" tSgi- uangeliqueaux aduerfaires:maintenant quelle infamie & deshonneur me feroit-ce, fi a-
lcnotcz ce- bandonnat mon rcng,& iettant là mon bouçlier,ie me rctiroye de la prelTé'Et quelle ma-
&m tierc de triftefTe &c defcandale donneroye-ie aux fidèles gendarmes de Chrift î &: au con-
traire, quelle occafion donneroye-ie aux aduerfaires de fe rire & moquer ? Pour cefte rai-
fon mefprifant lés dangers & menaces dece mode orgueilleux, & tous allechemens de la
chàir,iencdelaifleray vne caufe tant iufte& équitable. Ainfireputatces chofesen moy-
mefme,auèc vn repos de confciencc,ie m arreftay finalement à cela, de faire ce qui eftoit
dcmondeuoir,piuftoftquedeferuiràmes afTedions particulières, me préparât à endu-
rer aicgrement& de bon cœur tout ce que la violence de l'Anrechrift me feroit. llyeut
aufc vne cholequi me rendit alegre, c'eftqueiefu aduerty toft apres,quc l'Euefque vc-
mky&c {croit en bref en ces quartiers-cy.
GLOVER interrogue" quel eft-le vray ferutee diuin , prend pour iugrfa primîtîue Eglifir.'
^ t*t v i s oy a eftâtarriué on m'amena deuant luyenlamaifonde Denton,&dc
premier abord via d'vne préface qu'il eftoit mon Eueique, & pour cefte caufe m'admon-
neftoit que ie me fubmifie à luy en vraye obeuTancc. Puis m interrogua fi i'eftoyc inftruit
aux lettres ou non. le luy reipondy que ie Teftoye quelque bien peu. Le Chancelier qui
eftoit afsis presdeluy,rapportaqueicftoye Maiftreésarts, Lors l'Euefque me fit cefte
demande, Pourquoy ie nefrequentoye les temples , & quelle raifon il y auoit que n afsi-
ftoye au icruiçediuin. le pouuoye bien par tcrgiuerfation repoufler cefte demande pour-
ce qu'il n'y auoit pas long temps que i' eftoye en fon diocefe : toutesfois eftant aide delà
mourifque bonté éc grâce de mon Dieu , ie rcfppdy ûmplemet que ie n'auoyefait cela iufqucs à pre-
de fauoer i» fcnt,& ne le feroye delbrmais,cncore que i emTe cinquante vies qu'il me falluft confcruer
par tel moyen.
levés ojf e me dit qu'il eftoit venu pour en(eigner,&non point pour eftreenfcf-
gné. Mais moy ,dWe,iefuis fort preft d'apprendre &: ouyr,fi vous auez quelque choie qui
me puifTe bien enfefgner.I! me dit, Qui fera coluy que nous côfti tuerons iuge ou arbitre}
le luy reipondy que Ielus Chrift luy-mçtmcnc faifoit difficulté de permettre au peuple
d'exami-
Rdert flouer. 374.
d'examiner fa do&rine félonies fain&es Efèritures . Et fi cela nefufrîfoit , que ie me fub-
mettoye volontkrauiugementdela primitiue Eglife, ou de celle qui eftoir prochaine du
temps des Apoftres . Il refpondit qu'il éftoittnbn Euefque,& que pour cefteraifon ieme
deuoy e accommoder à fa foy , & acquiefeer 'à fort iugement. Ic lui di , Que fera-ce fi vous
tournez le blanc en noir,& n vous dites que les ténèbres font lumieref quelle raifoh y au„
roit-il de conlèntir à ceque vous direz?pouf quoy impntez-voUs à crime au peuple d'âuoir
adioufté foy à Latimer,Hooper3&aatre* Euefques?Et il dit, Pource qu'ils eftoyent hereti-
^uesTattendoy e bien qu'il me deuft tenir quelque bon propos! mais il ne me propofà rie
pour me conucincre finonfonàuthotité. Il m'aceufoit queiedifeordoye dêl'Eglife cathb
lrque,me demandant où eftoit l'Eghfe catholique deuant le temps du roy Edouard . Et ie
demâday dautreparti où eftoitleur eglife du temps du prophète Helie ou deTefus Chrift.
11 refpondit, Le prophète Helie ne s'eft plaint que contre les dix lignées qui s'eftoyént re-;
•uoltees de la maifon de Dauid. Cependantfurmnt môfieur Rogicr , vn des principaux de
îâ villejlequel fé faifoit fôrt qu'il me refpondrôit félon lecontenu de l'hiftoircMais l'Euef-
que rompantle propos, ordonna queie fuïïè mr fKeurecnimèrie en la tour:& quâdil au-
roit vîiîté ion diocefe, il trouueroit moyen àfon retour de chaflèr hors tels loups . Môfieur
Rogier 1 admonnefta qu'il n'attentaft rien plus pour cefte nuict-lâ , iufques à ce qu'ils euf.
fent délibéré entr'eux qu'on feroit de moy ; Sur Cela ic di àl'Euelque > En quelle part que
me flciez trafporter,ie fuis preft d'y obtempérer . vfézde voftre'authof ité corne bon vous
femblera.Parquoy iefu menéenh prifon commune. ^"Lelendemain au matin vn cô-
pagnon de cefte prifon rnaduertitque i'eufle à mapprefter viftement pour aller fur les
champs: & que ce iour mefme on me deuoittraniporter hors delà auec mes autres compa
gnons prifonniers,pour nous mener tous à Lytchfeld,pour y efere traitez félon la fantaûe
de l'Euefque.Cela de commencement me mit en grand fouci . & defait,ie craignoye bien
qu'il rf âduint{ou à caufedu mauuais, traitemét de rEùeftmc,ou à câuie de malongue ma-
ladie qui m'auoit du tout exténue ) que la mort me furprint en la prifon auant que îeulTc
loifir de défendre macaufe deuant les luges. Mais ie ebrrigeay facilement cefte deffiànce,
mepropofantdeuât les yeux des plus exprés tefmoignâges que ie peu recueillir prbmpte-
ment de la parolle de Diéu.penfant aiftu en moy-melmécCom ment? Dieu n eft-il pas fort &rB
&puilïântauffi bien à Litchfel<f commeàConuentrieîLes villes & régions peuuent-clles rcpouiTcr
diftinguer fapromeffe.?Neft-ellepas également ef^arfé&eftenduepartoutîleremie, A- toùtcs tcn"
bacuC)Daniel, Mifac, & autres ont-ils moins fenti Dieu es prifons , ou quand ils eftoyent
chaffez &c bannis,quc lors qu'ils demeuroyent en la terre de leur naifiânce?Icclui fait bien
où nous fommes,de quelles chofes nous auons befbimlui-mefmeauflîfait bien le nombre Mat{jo ^
de tous les cheueux de nos teftesriàns la volonté duquel vn petit oifeau mefmé ne tombe-
ra point en terre . Tant que nous mettrons noftre efperance & fiance en luy , iamais il ne
nous deftituera de fon fecours , foit en la prifon ou hors delà prifon , ou en la maladie , ou
hors delà maladie, foit en la vie ou en la m ort,foit que nous foyons prefentez deuant les
Rois & Princes ou deuatles Euefques.Brief,le diable méfmc& les porte* d'enfer ne pour- Matt.1^.18
rontrienài'encontiedenous. ^En méditant ces chofes & autres, iereprins finalement
courage,&: râmenay la confolation qui s'enfuyoit de moy :de telle façon que quâd i'eu en-
tendu qu'aucuns difoyent qu'on ne pouuoit trouuer en toute la ville autant decheuaux
qu'il fuffifoit pour nous traîner, ie di que ie ne mefoucioye point quad on nous traineroit
dedans des tombereaux à fumier à la mort . Toutefois à la perfuafion d'aucunsamis i'ef-
criuilettres au Maire&autres officiers delavilleen cefteforme:
Ie p e n s e ,MeflîeurSj que vous fauez bien qu'il y a défia fept ans que fuis detenude Lettrti ic
grieuemaladie : ce'que mon Geôlier pourra auffi teftifier , & tous les voifins quinabiterit fupphatioflf
ici alentour: voire ma maladie eft telle, qu'à grand' peine me pourra-on ofter d'ici fans
danger de mourir. Et pource que par voftre commandement i'ay efté mis en cefte voftre *
prifon,ie defireroye{fi c'eftoit voftre plaifir )que mon procès me fuft ici fait . Que fi de vo-
ftre authorité vous faites ce dont ie vous req uier , ie receuray cela de vous comme vn fin-
gulier bien ,du quel fauray perpétuelle fouuenance. Sinon, ie prie afreéhieufement noftre
bon Dieu , qu'il ne vous impute point cefte faute en ce grand iour , auquel il faudra que
nous comparoiffions tous deuant fon fiegeiudicial, fiege d'equité,où chacun rendra con-
te de fa vie &c de fes fautes , &: receura guerdon digne de fes œuures fans acception de per*
fonne. Voftre poureprùonruer Robe* t Gi o r 1 r.
- . . Rr. mi.
L*Wo V. Robert (j louer
i/inUra- nemcfr aucunerefponfeàces miennes lettres .le pefeq l'Euefqucenfùt caufe, &
oiré tenue à ^ le Chancelierdefquels après auoir veu mes lettres,onc pcnlé qu'il falloir tat Dluftoft a-
Giw«en C uanccr nia mort. Et fay quelque conie&ure qui me fait penier q ces deux-ci nc*tendoyét
la p rifon, à autre but finon de m opprimer fecretement en prifon en quelque forte q cefuft , auât q
fuiTe admis à defédre ma caufeicar ils mont traité d'vne faço qui m'eft allez fuffifant argu
ment pour me taire peler ceci. Ainli onordônagens qui nous deuoyé't mener deConue-
tric a Litchfeld, &: nous fit-on môter à chcual vn lour de Vcdredy enuirô les onze heures:
cela fc fnarin qfulîîôs en fpe&acleà pluficurs, &: afin qu'ils embrafaifent le peuple contre
nous, comme s'iln'euft point efté dclîaaflczcnucnimé.Ils firent fur l'heure lire les lettres
patentes, par lelquclles on defendoit les liures de tous bons autheurs,& les commentaires
fur la tainde Elcriture.Nous nous mifmes donc en chemin, &c en bien peu de temps nous
arnuafmcs à Litchfeld , & logeafmes en l'hoftellerie du Cigne , où nous fufmcs allez hu-
tfer mainement traitez. Apres foupélephcotferuiteur du Châcelier vint vers nous,en la gar-
uitoïdu"" de duquel nous fufmes lors liurcz. Nous le priâmes inftamment qu'il nous fuftloilible de
chancelier, repofer cefte nui& en l'hofteilerie. Premieremét il nous accorda noftre requefte: mais de-
puis , foit que ce fuftà la folicitation des autres , ou de fon propre mouuement, il le dcfdic
de la promené qu'il nous auoit faite. Ettoutfoudain accompagne de beaucoup de com-
plices, il nous tira de là en la prifon :1e peuple eftant touteftonné de nous voir. 1ère-
monftray derechef à Iephcot , qu'il euft à taire fa charge auec bénignité : autrement «uge-
mentfansmifericorde eftoit préparé à ceux qui ne font point demifèricordeeniuftice.
ïaq.i.i} Mais voici qllc mifericorde ie peu obtenir de luy pour toute ma remoftrâce, il me mit feul
corde des au ^eu *e ^us ^as ^ Pro^n£^ de toutela prifon, eftroit &C obfcur à horreur , Pour toute lu-
miere il y auoit vnc fendauc qui donnoit de trauers vn bien peu de clarté. On ne me dôna
rien qui fuit pour auoir quelque repos ou allégement à mon poure corps, n'efcabelle , ne
bac n'autre chofe quelcôquc pour m'afleoir , finon que ce feruiteur Iephcot me fit bailler
vn peu de paille en heu de li& pour cette nuict-la . Mon Dieu par fà bonté infinie me don-
na fi grande patience à porter toutes ces violences & oppreflion*que quand il m'euft fal-
lu mourir cefte nui&-la,i'eftoy e du tout difpofé à l'endurer.
Le lendemain Iephcocaccôpagné dcPerféferuitftH: de l'Euefque, venant de bon ma-
tin vers moy,iecommençayàmepleindre, Voici vngrarîd outrage qu'on me fait: leSei.
gneur nous doint patience. Ils me permirent de recouurcr vn lift où ie pourroye repofer.
Au refte,ils ne me voulurent iamais ottroyer que quelqueami me vinft voir, combien qu*
ils me viffent en grand danger de ma vie: mcfmc ne me voulurét accorder ny encre ne plu
me ne papier,neliure quelconque, excepté vn nouueau Teftamcnt en Latin ,& vn petit
liure de prières que i'auoye apporté auec moy comme à la defrobée . Deux iours après , le
Chancelier &: vn Chanoine du lieu lequel on nommoit Temfée , vinrent vers moy, pour
m'exhorter d'obéir à mon Euefque,& me firent proteftation qu ils ne me vouloyentnon
plus de mal qu'à leur propre ame. Il (c peut faire quele Châcelier metint ce propos pour-
ce que peu auparauant i'auoye dit à Conuentrie qu'il machinoit vnc ruine iniufte contre
moy. A (on exhortation ie fy prcfquc cette refpôfe,Que volôtier rendroye obeifïance à ecl
di^Vs *c ^S^lc 4ui auu* k ^UDmcl ^ *a pMWlie de Dieu.Et il me dit, Comment cognoiftrois-tu la
graîdcqïe parolle de Dicu,fi l'Eglife ne te la monftre& enfeigne? L'Eglife,di-ic,monftxe quelle eft la
iaparoUe. parollede Dieu.maisellen'eft pas pourtant par defTus.Iean Baptiftemonftrelefus Chrift
au peuplers enfuit-il que Iean Baptiftefoit par deflus Iefus Chrift ? Ou fi ie monftre qui eft
le Roy a quelcun qui nelelauroitpas, direz-vous pour cela que ie fuis par de/Tus le Roy?
Le Chancelier eut la bouche clofe,& ne pourfuyuit point plus outre fon argument, duant
pour toute réplique qu'il n'eftoit point là venu pour difputer.
L E fruiâ des prieres.Ia rcfponfç & folution aux tentations que les fidèles peuueot auoir fouffrans pour la Teri-
té,font icy exprimez.
Pr e s cela icfu huit iours cii la prifon, fans que perfonne me vint faire fafcherie
L gr éliras quelconque^ on pas de parolles ieulement, iufqucs à la venue deTEuefque. Ccpé-
desprierct. ûant i'cmployay tout ce temps la en prières àc oraifohs : &: cela me profita grandement &
au corps &l à lamc.Car ma maladie lé diminuoit de iour en iour,& de plus en plus le repos
de ma confeience s'augmenroit:&: fouuent ie féhtoye des confblations enuoyces par la gra
ce du fain& Efprit,& quelquefois vn gouft allez fenfiblc de la vie &c béatitude éternelle: &
ce par le m oy en de ce grand Seigneur Iefus Chrift Fils Vniquc de Dieu, auquel foit hôneur
& gloire
Robert (flouer, j/s
& gloire à iamais, Amen.^Cepcndant le vieil lèrpent ennemy de noftre falut,rncdreflbit
fouuentdesembufehés. tantoft meptoporoit combjéils'enfaJloitqueicfuiredigned'vn j^deT
honneur d'vne celle vocatiomailauoir que ie fufle mis au rang dë ceux qui auovéc Ibu/terfc
pour le teimoignage del'Euangile: ie repouiîày facilement ces cogitations volages, ayant
mon refuge à la parole de Dieu,&: faùant vn tel argument en moy-melme:Quels ont elle
ceux que Dieu a daigné choifir dés le commencement pour eftrèteimoins defaparolle
&; do&rine? n'ont-ils point efté hommesfuiets à péché , infidélité &: beaucoup d'infirmir
tézîNoé, Abraham & Dauid n'eftoyent-ils pas rels?Barnabas&: Paul auifi,qu'cftoyent-ils? J^™ n *5
Qui eft-ce qui a le premier baillé quelque choie à Dieu, &: il luy fera rendu ? Qu'as-tu que iean i.r^7
ne ï'ayes receu.?Et Iean Baptifte disque nous auons tous receu de là plénitude. Nul n'a ia- lean
mais rien apporté à Dieu, mais toutes chofes viennent deluy.&: les hommes ne l'ont éleu pf°^,^
ou aimé les premicrs,maisc'eft luy qui les a premièrement aimez: voire aimez lors qu'ils
eftoyenc ennemis,^ vuydes de toute vertu. Ceft le Seigneur de tous,riche enuérs tous, Se
fur tous ceux qui l'inuoquent,{àns acception des perfonnes . 11 eft dit parle Prophète, Le
Seigneur eft près de tous ceux qui rinuoquétaleft preft de tendre la main à tous ceux qui
implorent fa clémence & nuïericorde auec vne vraye fby & repemance , en quelque lieu
&c temps que ce foit . Ce n eft point arrogance ou prefomption , quand nous aiTeurans de
•fespromeiTes,nous nous glorifions de l'on lccours,en quelque dager ou angoilTe que nous
foyonsconftitueZ:nonpas quenous méritions quelque guerdon, mais cela eft parla fian-
ce que nous auons aux promelTes de Dieu eh fon Fils noftre Seigneur Iefus Chrift , par le Ebr.4.i*
lèul moyen duquel tous ceux qui voudront venir au throne de la grâce du Pei e, lèron t im.
failliblement receus,&: obtiendront ce qui lèra expédient pour leur làlut , non feulement
du corps,mais fur tout de lame : &: ce plus libéralement & en plus grande abondace beau-
coup qu'ils n'ont ofé efperer ne defirér.Sa parole ne peu t mentir ne fruftrer,Inuoque moy pfc**M°if
au iour de ta tribulation,dit-il,&: iet'exauceray,& tu meglorifieras . COutreplus,ie réf. Comm£t t\
pondi ainfi à mon adueriâire le Diable. le £ay & cohfe/Te queie fuis pécheur du tout in- fautrepouf-
digne d eftre mis au rang des teimdins de la parolle de Dieu: quoy dondlairroy'-ie à main- fcr Satan
tenir vne caufe fi làin&e pour celle railbn que ie fuis pécheur àc indigne? O r que fèroy -ie
autre chofe par cela,finon d'indigne me rédreaufli infame?car quel plus grâd péché pour-
roit-on commettre,que de nier la vérité de rEuâgilcîQui aura eu honte de moy,qUt le Sei- Mart 8
gneur,deuant les hommes,i auray honte de luy deuant mon Pere& lès Anges.Mais par v-
ne mefme railbn il me faudroi t lailfer tous fes commandemens &l tous les detioirs de reli-
gion: comme fi en voulant faire orailbn lediablememettoitenauanç queie nefuis pas di
gne de leuer les yeux au cielilaïrroy -ie pourtant deprier?Et ne medeporteroy'-ie point dé
defrober ou commettre m eu itre* pour dire que ie ne fuis pas digne de fuiure les ordonnan-
ces de Dieu? Telles fraudes &c tromperies procèdent de Satan , ld"quelles nous deuons re-
poulTer par fain&es pneres,& falutaires remèdes pris des Efcriturés.
Qv^a n d l'EuelquefutarriuéàLitchfeîdjiefu^
chambre prochaine du lieu où il eftoit.Et ne vy là que TEuelque &: lès fuppofts &: officiers
plus familiers,finon qu'auec eux il y auoit vn preftre ou deux. De première entrée ie fu e-
ftonnédelesvoir:mais tout incontinent fefleuay mon cœur à Dieu, &lepriay de bonne
affettion qu'il luy pleuft mefecourir &: donner force en l'eftat ouf eiloye.L'Euefquecorri-
mença me dire,Quel paiTe-temps ou plaifir ie trouuoye d'eftre en prilbn . le ne voulu pas
» refpondreàvnequéftiorififriuole: parquoy pouf hvyuant fon propos, il tafcha de meper-
fuader par belles parolles,que ievouluflèeftremébre de celle eglilè, qui auoit duré fi lon-
gue efpace de temps: remonftrant d'autre part que mon eglilè n'auoit eu fon commence-
ment que depuis le roV Henry huitième Edouard Ion fils,&: que deuant ce temps-la nul
nel'auoitcognéuèï ^ Ma refponle à cela fut,queie vouioyeeftre membre de celle Eglilè
qui eftoit fondée fur les Apoftres &C Prophètes en Iefus Chrift , qui eft la maiftreflè pierre Ephef.iac
du coing . & fur cela i alleguoye le palTage de làincl Paul au lëcond des Ephefies:& mainte-
noye que celle Eglile auoit éfté dés le commencement. Et combien* qu'il n'y eu ft nulle o-
ftentation ne magnificence extérieure en icelle, toutefois il nefe faloit point eibahïr pour
cela, veu queftant agitée de croix &: affli&ions prefques perpétuelles, à grand* peine a-elle
iamais eu loilir de refpirer à caufe des oppreffions des tyrans . AToppofite l'Euéfqucde-
batoit que î'Eglife eftoit pàr deuers eux.Et ie luy dy,quede celle mefme façon toute la cô-
gtegation deleglile crioit anciennement côtrê les Prophètes en Ierufalem, Le temple du tetm.?.*
LiurcjV*
Seigneur^Lc temptedu Seigneur ^ A toutes foi j que ie tafchoye de dire quelque chofe
pour ma genta ceft Eoelque me dilbit, Tay tqyx'êft à moy à parler : le te fay comman-
dement que tu tctailes fcloni'obcuTance que tu me dois . Il mappeloît orgueilleux & e£
frontcheretique.Puis Hefmeutienefay quelles queftions contre moy : mais d'autant que
tout «e-qu'il debatok n'eftoyent que choies friooles, ie ne luy voulu pas r dpondre, requé-
rant la caufc eftre ouye &C debatue en pleine lumière . Neantmoins il infïftoit , &c me pref*
loitdebien pre* à refpondrc. Finalement me menaça qu'il mcrenuoycr<>iten ma prnori
oblcure, en laquelle il me feroit tenir fans viande ne breuuâge,iuiquesace queluyeufle'
refpondu. Alors i'efleuay mes yeux &mon erprità Dieu>&: le priay en moy-mefme
que Ion bon platfir fiift me donner hardiefle de ref'pondre , conuenableà fà fâin&edo&ri-
Soaqncns. nC& bonne volonté. ^ Voicy quelle eftoit l'a première interrogation : Combien de Sa-
cremerte eftoyet ordonnez par Icfus Chrift.Ierd'pôdy qu'il n'y en auoit quedeux,le Bap.'
tcime&la fain&c Cene.il me dit, N'y en âJlpoint outre ces deux-cy ? Iedy que les Mrni-
ftres nddesontautboritepar la parolle de Dieu de -prononcer la remiffion des péchez fie
oftenfesa ceux qui monftrentvnevraye repentaneede lcurmauuaifeviepairée. L'Euef-
quedebatok que i auoye dk quec'eftok vn fàcremcnt. & depuist>nne luy peut periuàdcr
que ie n'euiTcdit que c'eftok vn facrement . Icne voulu point debatreopiniaftrement de
cela contre luy, & ne me lem blokgrandcmertt feruirà la matière: combien* qu il meflft
tort,f aifaac à croire que ie l'auoy e appelé facrement.
Outreplus,il medemandafi i'approuuoye ta confcflîon.Icdy que non.Binalemêc nous
tombafmes fur le propos de la prefêncc du vray corps au Sacrement, le refpôndy que de
leur Méfie il mefembloit quelle neftoitne facrement ne facrifjce, d'autant qu'iklede.
ftournoyent delà vraye inftitution &: ordonnancédelefus Chrift, voire l'âuoycnr du tout
anéantie 6c quand ilslauroyent remife en Ton eftat , qu'alors ie refpondroye ce que ie fen->
toye de la preièneede Icfus Chrift au Sacrement. Ainfîcft, Ro n r t Gi o r e r.
Voy l a ce que nous auons peu retirer des eferits de ce fâinft perfbnnage, auquel les
aduerfaires ne donnèrent loinrd'eferire plus auant :car incontinent après, fa lèntcncede
mort luy ayant efté prononcée,tut mené au dernier fupplice,&: bruflé a Conuentrieauec
c.Bungaye. vnaurre nommé Corneille Bvngaye i l'an m. Dav, ledixneufîemciourdu
mois de Se membre.
La cofcfsic
Meflc.
MD.LV
IE AN WEB, GEORGE R O P E R> <&emtm.
A perfecutionrucaipreen Angleterreau mois d'Oftobre de celle annédplu-
iieurs fîdeics endurèrent la momies vns exécutez publiquemét, les autrespar
tourmenr des priions. Lefeiziemedudièmoislean Vveb , gentil-homme de
bonne malfOn,G e o r g e Ro p e R,&aumGR f. g o i r e P a i n t e r fure t
briifles en 'a Vflle de Cantorbery. Gvzllavmi VV i 5 s e m a k mourut en la
toiirde<Lolbr<ts en la ville de Londres. Vnnômé I a m e s G o r i e mourutenprL
fon à ColCeftreVCemetme moiscfO&obre apporta finaux tourmés que Nicolas Ridley
&: Hugues A-atimei -wai £v deuanr foultenus, dciquels maintenant nous auons à traiter
rhiftoire.
M.D.LV
NICOLAS RIDLEY, euefreie Lovdm,
C E S T exempt* noat propo{rq.ueile dow eft*c hoftre condition en quelque eftat ou dignité qae foyons,afifi de n'e»
Are trop eftonjwz quidDict» fooderaiiollf e toy :i ur towt,aprei que nous aurons fait profefuon de fadodrintf.
CeftEuefqqe3v Hugu« Latimer ont'grande ment inftruit l'Angleterre en la doârine de b Cene , contre la
. Traniïubttantiation 6? autres impofturesdeia Mefleilsiont morts enferable au mefmcîift d'honneur.
1 nousfaifbnscomparâifbndeiamncre des Anglois, àcelîequenouslifons
des autres nations : on ne rrouuera point delà fouuenancedcs hommes ex-
emple plus mémorable ne miroir plus' darr oourc^nrcmplcrd'vn cofte'la
mifericoTdedeDietl'î& dcrautrcfaiùlBce, queceiuy qui nous prdcntr en-
ce temps la delolation d'Angleterre . Qu'ainfi foie, n 'a-ce pas efte vnc grâce
fpcciale
fpeciale du Sa'gneur,d y auoiï mis l'enfeïgne de fon Euangilé : non feulement plantée par
tout le pays, mais àuffi par les contrées qui luy (ont fuiéttés? D'autre cou" é, h'eft-ce pas vne
bonté 6c mifêificorde auffi fingulicre dV auoirdônc puis ajpces teDé femence de l'Eu&ngfc
par vnfahg dé Martyrs excellent en pieté & doètnne,que non feulement l'Angleterre,
mais âufli les autres pays &: nations qui en oyent parler -en font édifiez 6c ffclaircz ? Entre
dès martyrs* N'î c o lAsRiptt t iffudénoblemaifonaupaysdeEh.inelme,ciieft
vndes prémiérs., dautatqu'âuec érudition il auoit vn lele prompt & ardent, &toufiour s
dreffé pour auancet 6c fouftenir la gloire du Seigneur: ayant f>our aides les bonnes lettres
&C langues, efquelies dés fa première ieunefTe il auoit efté mftitué en l'vniuerfké de Carn-
brige,an collège de Pembroch.Du viuânt du bon roy Edouard VI,ilfut ordonné euefque
de Rocheftre : 6c depuis eucfque de Londres : mais âpres le trefpasdudit Roy les ennemis
de î'Euahgile,&: fur tous Efticiine Gàrdiner,appelé euefcjue de V vinceftre,luy dreffa tou-
tes les embu j ehes 6c fàfcheries qu'il fut polfible d'inuenter. En premier lieu , ayant efté ad-
iourne a trois briefs îOurs , fut conftitue prifonnier , 6c mis entre les mains de certains fer*
gens? bien inftruits à faire tout outrage 6c violence: 6c ruténfetméen prifon obfcure,&
tourmenté longuement, voire & en plufieurs façons. Apres qu'il y eutdemeuré certain
temps, fe voyant enuiron né de toutes pars de la haine des Papilles, voyant au ffi que tout
eftoit plein de rraudc,defloyàuté &rrahifon,ilprel'étarequefte qu'on deleguaft iuges qui
prinfent cognoiffance de fâ caufe , 6c qu'il en fuit eftably vn tel nombre qu'on fe peuft af-
lëurer quel équité d'iceux nepourroit eftre corrompue par dons, ne varier par faneur, ou
flefehir decrainre.Etpource qu'il eftoit queftion delidoâ:rine&: religion, Qu'il euft àref-
pondredeUanrgens de boniugément&fauoir. Or la plus grade confolation quécelaind
pérfonnage eutieftant en la prifon , ce fut par eferits familiers qu'il eut fpecialement auco
Hugues Latimer autrefois cuelqué de Vvorçeftre,<mid5vn mcfme tepsauffî eftoit prifon-
nier pour vne mdmecàu{è:dortt cy après ièra traite.
Pe n d a n t fonemprifonnement,lesaduerfairesGardiner,Tonftall, Boner,Hethr
Dav> Vvefton,& autres tels èftafiers du Pape , mbornerent des hommes cauteleux 6c bien
exercez en toutes rufes 6c tromperies , qui vindrent dire à Ridley vfans de prières 6c pro-
roefTes:& l'exhortèrent à bien penfer de quelle dignité * de quels Honneurs 6c eftat il eftoit
decheu:que s'il vôuloit fuyure le confèîl qu'ils luy donneroyent, 6c s accomoder au tem ps,
ils luy expofent le bien quiluy en reuiendroit , 6c quela Roineluy promettoit fort ample-
ment. Orcesgalansvoyans qu'ils ne le pou uoyent aucunement diuertir de fon propos,
6c qu'on ne pourroiteoncenter lepeuple, finon que la chofcfuft décidée par difpute,ils fe?
baillèrent a vne compagnie de gens d'armes pour «ftrç mené à Oxone,vniuerlité enuiron
deux iournées de Londres , &: auec luy Thomas Cranmer archeuefque de Cancorbery 6c
Latimer, lefquels peu de temps après pour la mefme religion furent aufîîbruflez. Là ay-
ant efté quelques ioursmatte par prifon on l'enuoya quérir poureftreamené auxdifpu-
tes , ou pîuftoft débats publiques^ efquelles eftoyent venus Papiftes en grand nombre dé
toutes les contrées du royaume. mais quelles rifées* quelles moqueries il y eut du cofté des
aduer,fairés,il n'eft béfoin de reciter.-mieux fera d'employer le téps à extrairedu traité delà
Çcne que ce fàinft peribnnage fit én la prifon j chofes neceilaires à édification : comment
çant par l'oraifon qui s enfuit*
g]g5|E r e celefte qui es feulautheur& la fource de verité,voire la profondeur infinie dé
8jf|S toute cognoiffance, nous tefupplions, nous poures miferables, que turemplifTes
nos cœurs déton faind Efprit , &: que tu efclairesnos entendemens delafplendeur de ta
diuinegrace . Ce que noustc demandons non pas en confiance de nos mérites , mais
pourl'amourquetupoitesàtonFilsIefusChrift noftre Sauueur. Car tu vois, ôPere dé-
bonnaire, que ce différent touchant le corps &lefang de ton cher filslefus,a troublé plus
qu'on ne fàuroit croiré ta poure Egli("e,non feuîcmét à prefènt , mais il y a ia des ans beau-
coupjtant en Angleterre qu'en France* Allemagne&: Italie., Et ce par noftre fauté, com-
me nous le confelfons, entant que par nos démérites nous auons tant defoisprouoqué
ton ixt&c ta vengeance fut nous . Mais toy , Dieu trefpitoyable, pren compaffion de tant
de maux, &: nous monftrant ta faueur ancienne, fubuien à noft ré calamité. Tu fais treC
bien,Seignéur ,commént ce m iierable monde,trâlporté de (es pallions , âinfi qu vne roue
agitée in çeffam ment tantoft d'vne part tantoft dej'autrejne penfepas comment il obéira
à ta faindé volonté,màis fculernént conirric il pourra fatisf aire à lès appétits delordonhei
L*Wo V. Nicolas JRiJky.
Car quand ily a repos, & que les perfecutions celtent , chacun veut triompher à mainte*
^a^cuïë nir^ vcr*tc'»& n7 aceiuy qui ne s en vueilic méfier: niais fi toft qu'elle apporte auec foy la
SEs. croix & les afflidions , effacun incontinent fond & s'efcoule commela cire deuam le feu
O r ce né pas pour ceuxJa q ic prie fi ardcmet>fouuerain Pere, car auffi ce neft pas pour
eux q ie fuis en telfoucy :ains pour ces pourcsirrfirrnes & tedres > qui (ont menez d'vn zele
& aftedion de te cognoiftre , eftaas neantmoins retenus par les rufes & finefles de Satan
& lès fuppofts,& empefehez par la corruption de ceprefent monde mauuais, ne pcuuent
paruenir à ta cognoiilance . Toutefois Seigneur, tu lais trefbien que nous ne fom mes que,
î.CorintLi chair &fange,&: que nul bien ne refide en noftrcmiferablcnature:tant s'en faut que nous
puiffions cognoiftre ce qui eft vray ou ce quieft certain , finô que tu nous môftresla voyc,
voire que tu nous y menés parla main . Lhommefenfiiel &laiiîé en la nature, peut-il
cognoiftre les choies qui font del'Efpnt de Dieu ?Fay donc , Seigneur, que ceux defqucls
tu auras enflammé les cœurs de ton amour/oyent par toy attirezT& manifefte-leur ta fon-
de volonté.Et ne permets.s'il te plaift, qu'ils ayent leurs entendemens fi aueuglez, que de
s oppoièr à toy , 6c tefaire laguerre, ainfi que ces reprouuez qui crucifièrent ton Fils. Par-
donne-leur pluftoft ceft aueugiement, puis que c'eft par ignorance qu'ils font ces chofes.
Car ils penfent(tant ils fontinlenlez)qu'il t'aiment & te font feruice quand ils icttent ainfî,
leur rage à i'encontre de toy &: des tiens . Aye ic te prie, fouuenance,Seigneur, de la prière
Aù.?'. de ton fidèle tdmoinEftienne, laquclleilfitpourfesenncmis .Confidere l'amour fingu-
Rom.? licredeton Apoftrecnuers ceux de fa nation , pourlefalutdelquelsil dciîrdît luy-mefme
tuc 2J cftre £ejj>aré de toy.Et ton Fils ton bien-aimé ne pria-il pas ardémét pour ceux qui l'auoyéc
crucifie>difant, Per e,pardonncleur, car ils ne fauent qu'ils font? Parquoy,6 Dieu éternel,
te plaiiè, auec la merci que ie te requier d'ottroyer à ces poures aueugies , fan c auflî que ie
puiflè, moyennant ta faindegrace, traitter icy en brief le myftere deia Cene que ton Fils
nous a inftituée,& nous a efté Iaifiee par eferit en tes Euâgeliftes &c ApoPtrcs : afin que par
lemoyende ton làindElprit, qui feuînous peut conduire &adreiTcr à la vrayeintelligccc
de ta parolle, tous ceux qui t'aiment &: feruenc en vérité , puiiTcnt eftrc refolu s &c certains
de ce qu'il en conu ient tenir.
Ma th îtf f Li J trois Euangcliftes,aflauoir Matthieu,Marc,& Luc, ont les premiers eferit la
Maxc.14 Cene que noftre Seigneur fit auec les diiciples: mais nul ne l'a traittée plus clairementne
Lucx* plusamplementqueiàmdPaui,audixid"mechapitredela première Epiftre aux Corin-
tjuens, &c encore plus exprciîément &: plus clairement au chapitre fuyuant . Or comme il
n'y a prefque nulle différence es parolles entre faind Matthieu &c faind Marc : auflî y a-il
grande conuenarjee entre làind Luc &: faind Paul. Tous certes comme fortans d'vne
mefme efcole,&: inftrults de î'Efprit du fouuerain Dodeur,onr tout d'vn accord traitté v-
ne melmcçhofe, c'eft à dire la melmc vérité. Voicy comment faind Matthieu deferit la
MatA.itf forme de la Cene du Seigneur : Quand le vejpre fut venu il safîita table auec les douze, &c. Et
comme ikmangeoyent, le Jus print dupam , & après quil eut rendu grâces , il le rompit & le donna à fis
di/ciples,& dit,Prtnex,,mange\,, ceficy mon corps . Et ayant pris la coupe, & rendu grâces, il leur don-
na,difant, BeuutZjen tom: carcefl-cy monfangdunouueau Teftament , lequel ejl refpandu pour plu„
peurs en rcmtfîion des péchez^.. Et ie vous dy, le ne heuray dorefenauant de cefruiil de vign e , iufijues à ce
jour-la que ie le heuray nouueau auec vota au royaume de mon Pere . Saind Marc auffi dit la m ef-
mechofeen ces termes:
^ Et comme ils mangeoyent,IefUsj>rint du pain , & après auotr rendu grâces le rompit : puii leur en donZ
C'H na , dit,Prene3i, mangez^yCefi^cy mon corps . Pu* prenant la coupe ,ilrenditgraces,&* leurcndon-
Hd: (y en beurent tom : 0* leurdit% Ceft cy mon fang du nouueau Teftament, qui e$7 ejpandu pour plu~
fieurs . En verttéie vont dy, que ie ne heuray dorefenauant du fruiH de la vigne , tufqu a ce iour-la que te le
heuray nouueau au royaume de Dieu.
Vous voyez que faind Matthieu &: faind Marc n'accordent pas feulement en la chofe,
mais qu'ils vfent prefques de mefmes mots : finon que faind Matthieu ( félon qu'on lit en
quelques exemplaires Grecs) dit que le Seigneur Rendit grâces „&: faind Marc qu il bénit:
lefquels mots en ceft endroit , lignifient vne mcfmechole . Derechef faind Matthieu dit
qu'il cômanda que Tous heuffent delà coupetSc faind Marc dit Qtuls beurent tous à theure. En ou-
tre,le premier dit,Dece frutcl:&. l'autrc,£>«y>wc?,omettant l'article. Venons maintenant
aux autres deux,afin que nous voyons fcmblablement en quoy ils conuiénnét,& en quoy
ilsdirîcrent.llyacnfaindLuc: .
Puit
Nicolas Ridky* 377
puis prini du pain, &* rendit grâces, tir le rompity&* leurdonna, lifaty Cefl-cy mon corps , lequeleft Luc tt,
donne pourvousfaitescecyen mémoire de moy. Semblablemcntaufît leur bailla la coupe après fouper, dL
fant, Cette coupe ejl le nouueau Teamentenmonfangyqut êfl refpandu pour vous. Mais f ain& Paul
recite couccccy vn peu plus au long en ces tctmes-Noslre Seigneur Iefus>lanuitl en laquelle il i£«u»
JutHurtyprmtdupain : {payant rendu grâces, le rompit & dit, Prenez mangez^ceft cy mon corps qut
tjïrompupour vous-faitcs cecy en mémoire de moy. Et femblablement print la coupe , après quil eut fou-
péy difanty Cefte coupe ejl le nouueau Teftamat en mon fang faites cecy toutes les fou que vous en beuure\,
en mémoire de moy.car toutes les fou que vous mangertzje pain,®* beuure\de cefle coupe \vous annon
mtzj* mort du Seigneur y lufjues à ce cjuihicnne.
Ik appert manifeftement qu'au lieu que fain&Luc amis £/r<W»é, fainft Paul avfc
de ce mot f/?row^».Etcommefaintt Lucaadioufté ce s mots,jQ«/ efl refyandu pourvous , à
ce que fainct Paul a dit de la coupe: aufli faincl Paul aconiointau dire de laine* Luccc
qui s' 'enfuit, faites cecy toutes les fois que vous en beuurex,* en mémoire demoy.Ce qui luit en làin&
Paul au mefme chapitre, te ce qui eft contenu au précèdent, appartient a la vraye co-
gnouTance de la Cene& manière de la célébrer deué'mcnt , te contient parfaitement le
vray vfaged'icelle.
No v s entendons donc tant des Euangeliftes que de faincl Paul , non feulement les
parolles, mais auflî le faicl en foy, comme noftre Seigneur IeiusChnft a inftitué &di*
ftribué ceft excellent Sacrement de fon corps te de Ion fang , en mémoire éternelle de
foy» iufques à fon retounde foy,dy-ic,c eft à ditCyde fon corps huré pour nous, te de fon fange fpa-
duenlaremipton despeche^. Or celle fbuuenance ou mémoire qu'il requiert des liens,
neft point telle qu'elle doyueeftre tenue pour chofe de petite conlequence«mais com-
mec'eft à Iefus Chrift de la fufeiter en nous, te de faire que nous la puilfions appliquer à
cefte inftitution, entant qu'il eft vray Dieu &: vray homme: aufli là puiflance diuine fur-
monte te outrepaife infiniment toutes les fouuenances que les hommes pourroyent a-
uoir, tant de ce qu'il leur attouchc que d'autre choie quelconque. Car qui reçoit ce Sa- Enla cw
creraét félon la reigle te manière que Chrift l'a inftitué en mémoire de luy, il reçoit auf- yU s*;
ii ou la vie ou la mort: ce que nul de fain jugement ne niera, veu que c'eft( à mon aduis) mort, &oe
la commune opinion & foy de tous Chreftiens.AuflifainttPaul J'afferme en s'adrelîant rej^lcr'tenrs
aux fidèles qui reçoyuentdeucment ce Sacrement, il parle en cefte forte, recoupe debe^ £^ t,us
nedi&iony laquelle nous beniffonsy nesl-ce point la communion du fang de C fw/??Puis il àdioufte , Le
painque nous row^om,parlant de la table du Seigneur , rieft-ce point la communion du corps de
Chnsll S'enfuit donc que ceux quilont vrayemét participans du corps te du fang de Iefus
Chrift, acquièrent falut& vie éternelle. Puis vn peu après parlant des infidèles, il les
admonnefte au chapitre fuyuant, comme cftans en vain aflî«à cefte Table: Quiconquey
dit-il, mangera ccpainy &• beuura la coupe du Seigneur indignemei , // ftra coulpable du corps & dufang
duSeigneur. Que cerchons-nous donc? Souhaitons-nous la vie, ou finous délirons eL
chapperlamort? Qu'y a-il plus propre ou plus conuenablc à cela , qu'vn chacun s'ef-
prouuefoy-mefmeauant que manger «le ce pain, &: boire de cefte coupe ? Car certes
quiconque en mange ou boitindignemenr, il mange te boit fon iugement , ne décer-
nant point le corpsdu Seigneur, & ne faifant point tel honneur comme il appartient à
vne chofe de fi grande excellence. Combien qu'il ne faut pas pren dre ce que nous auôs
dit des fidèles te infidèles, de la vie& de la mort,comme fi nous eftimions que la vie fuft
reftituee par ce moyen aux homes qui font ia morts à Dieu. Car comme nul ne peut e- Des deus.
ftre propre à r«eeuoir&: vfer des viandes defquelles la vie humaine eft iuftentee&: con-
feruec , linon qu'il foit premièrement mis au monde, te fait iouiifant de cefte vie : aulîï
certes il ne fe peut faire qu'aucun prenne la nourriture de la vie éternelle par ce Sacre-
ment, finon qu'il foit premièrement régénéré de Dieu. D'aucrepart aufli nul ne sac- Des reprou
quiert en cecy damnation, que Dieu ne l'ait rèprouué auant la conftitution du monde, ucz.
te deftiné à mort éternelle. Et comme il y a vn confentemen t te accord en cefte do-
ûrine, aufli n'y a-il perfonne qui n'ait en horreur &detcftation l'herciiedes Meflalicns, H,ft- TriP-
autrement appelez Euchytes, qui difoyent que les viandes fpintuelles que le Seigneur U,4'C I1'
donne en fa Cene,ne peuuent rendre l'homme ne pire ne meilleur : te femblablement,
ces monftres d' Anabap. qui ne mettent nulle difFeréce entre la Cene du Seign.& la viâ-
de qu'ils mangét ordinaireméten leurs maifôs: or la nature de charité eft ,que nous fen
tiôs te difiôs vne mefme chofe enféble. Ceux- la doc me féblen t coulpables q. fans jppos
efmcuuét queftiôs,lefquelles ne feruet que d'allumer noifes &:dilTenliôs,&: qui font tel-
Ss.
Liur<uV. Nicolas Ridley.
lés,que tant plus elles croi/Tent & font entretenues , tant plus rendent-elles les homes
ennemis 6l fulpetcs les vns aux autres:tellemét qu'on ne fauroit trouucr vne pefte plus
petnicieufeou morcelle, pour rompre te anéantir du tout l'vnion &c concorde Chre-
ftiennc. Et qm eft celuy qui ne fâche que celle eft la nature de vericé , qu'elle fe défend
allez de foy-mcfme , (ans qu'il luy foie befoin de s'aider de menfonges ? Car le différent
qui trouble tant auiourdhuy l'Eglife , ( ie dy celuy que les hommes d'vne&r d'aucre part
debatent)n'eft pasaiîauoirmon lileSacrcment du corps &du fangdc Iefus Chrift eft
plus excellent que le pain commun,ou nomou fi la Table du Seigneur a plus de dignité
que celles des hommes mortels,qui qu'ils lbycnt:ou bien fi c'eft leulement le ligne & la
figure de Chnit,&: rien autre chofe. Car nous cous afpirons là, <jue le pain (juc nota rompons
fait la communication du corps de chrtfl. Et n'y a pcrlonne qui foie fi impudent de nier que ce-
luy qui aura mangé de ce pain, &: beu de cefte coupe indignement fera coulpable de la
i.Cor.8. more du Seigneur, &c qu'il mangera & beura fa condamna:>on,/>o«rrt? cjuilne dtfcernc point
le corps du Seigneur. Et auflî tous confcilem d'vne voix que ces parollcs de S. Paul, Si nous
mangeons, nous n'en auons rien dauantage:& fi nous ne mangeons point , nous n'en a-
uons point moins, fcdoyuenc entendre des viandes ordinaires donc nous vfons,&: non
de la Table du Seigneur. Aucuns debacent que Chrift rompic autre chofe que ce qu'il
Marc h- auoitpris. Caravane prins le pain (dilent-ils) il le bénit ( cômefainft Marc tcfmoigne)
tellement que par la vertu de cefte bénédiction il châgea la nature du pain en la béné-
diction de fon corps. &c de là ils veulent conclure que Chrift ne rompit pointlepaio,
qui pour lors neftoit plus pain, ains feulement laforme& la figure du pain.
Refponfc. L a première refponfe m'eft baillée par S. Paul, lequel confuteapertement cefte ref-
ueiie qu'on dit auoir efté née au cerueau d'vn certain Innocent Pape : &: laquelle après
la more, fut recueillie &: commeadopeeepar vn Iean l'Efcot prince des Sophiftcs&:
Queftionnaires. Mais cefte belle fille Papale eftant en peu d'années deuenue vieille, ri-
dée &C débile en tous fes membres,par le moyen &: diligence d'vn ie ne fay quel empiri-
n 11 entend que ( "homme audacieux iufques au bout ) recouura non feulement quelque vie &c ha-
vnliureim- icmCj ams nouuelle force ôdvigueur. Mais que pourront faire les fonges des hommes
Louîlaî fous ne les rufes des fophiftes, oppofees à la parolle de Dieu ?& quel befoin , eft-il , de deba-
vniiomem- tre u* curieufemenc que c'eft qui fe rompten laCene, veu que S. Paul eftant entré ex-
?en"ieC(ayVn preflement en propos d'icelle , dit , "Le pain que nous rompons , nefl-ce point la communion du
qud Marc corps de chriftî Defquels mots nous recueillons que ce que nous rompons mefmes après
AuTdc'uis l'action de graces,eft pain. LaCene du Seigneur ne nous cft-elle pas fouuentfignihee
Eftiénc Gar au liure des a&es des Apoftres, fous la fra&ion du pain ? ils perfeueroyent, dit S. Luc ,e» U
din<d vd dotlrine des^pojhesj &* en la communion, & au brtfement dupain. Et vn peu après il dit qu'ils
cefocVeft" Yompoycntlc pain parles maifons. Item en vn autre partage , Les dijciples eflans aflemble\ pour ro-
vanté auoir prt le pain. Sainet Paul mefmc, lequel a mieux & plus clairement deferit que pas vnau-
•Tremicrar trc> ta,u *a do&rine que l'vfage Û manducation facramentale delà Cene,par cinq fois
gument. parlanc du pain, ne l'appelé poinc autrement que Pain.
Aftes î° ^ N apres,adiouftôs à cecy que le pain facraméeal eft appelé le corps myftique deChrift:
h&*o. &cenonpasfimpIemenc, mais ne plus ne moins que le corps mefme d'iceluy . Et qui
Second ^ ne ^a,t ^a comPagn,e ^es n^eles eft aulîi appelée le corps myftique d iceluy?Or y a-il
gument. hômc,ou s'il en fuc ïamais au monde, fi defpourueu d'entédemene qui ait ofé,nô pas di-
i.Cor.io. reniais feulement penl'er que ce pain-la fe tranifubftantie ou tranfelemente ( à vfer de
leurs termes)en la fubftâce de la cogregation des fidèles? Aufli certes nul ne doit nô pl*
péfer ou dire que le pain foit tranflubftantic en la vraye & naturelle fubftâce de Chrift.
Troificme L e troificme argument eft pris des parolles de Iefus Chnft.La vraye fubftâce du vin,
argument, qui eft la matière de cefte parcie du Sacrement,demeure:il s'enfuit donc qu'il en eft au-
tanedu Sacremencdu pain. Or celuy qui voudra contrarier en cefte difpute, niera la
première partie de ceft argument: parquoy il la fauc prouuer par la parollede Dieu. En
Matth m ^am<^ Matthieu fie fainct Marc, après auoir fait mention de la coupe,Chrift dit,/? nebeu-
Marc ;<f. uray déformai de ccfruicl de "Vigne :iufcjues a ce iour-la que ielebeuuray nouueau auecvom au royaume
àemonPere. Aduifez, s'il vous plaift, combien manifeftement Je Seigneur appelle la
coupe , Le fruief de vigne. Donc en ce Sacrement du fang la fubftance du vin demeu-
re toujours.
Et ce paflage-cy me refrefehit bien à propos la mémoire combien s'eft monftre ine-
pte fie foc ce pape lnnocéc,enenfcignât ce fongequei'ay cy deuant dicauoir efté forgé
de
deluy.Sidoncvntoutfeul petit mot (aflauoir,J/^n/r) duquel faîncl: Marc a vfé faifant
metion du pain,a fi grade vertu qu'il puifle caufer laTranfîubftan tiatiô,certcs,puis quo
Çhriftn'apoio.tvfédccemot(comme auOiilnc fe trouueen pas vn des Euangeliftcs,
nenfainftPaul)quandilaparlédelacoupe*il faut conclure de là, qu'il ne fe fait nulle
tranflubftantiation au vin. Car la caufeoftée, il faut nécessairement que leftect foit ré-
duit i néant. Or puis qu'ainfi eft qu'ily a toute vnc metmc raifon au pain fle au vin , tel-
lement que fi l'vn ne reçoit changement , aufs.i nefait pas l'autre : s'enfuit de là , que la
Tranflubftantiationneconuientàrvnnyàraucre. Ortousccux qui tiennent le party
^elaTrannlibftantiation,difenttousconimed*v.neboucheque ce changement fe fait ceftiar»
parvnecercaine&:cxprefIeformedembts:&:alleg.uentChryfoftome&: S.Ambroife &c ,
autres authcurs,quidifent que ces mo«,airauoir,C«y e^i mon corps.ontyCuix de côfacrer: ^ u^b-'
toutefois ils confefTent qu'ils le font,pource que ces n;ots la nous aduertiflènt û la con- icaioo,
fecration fe fait deuant la répétition des parolles ou non. Mais oyons les parolles que S.
Paul recite auoirefté prononcées par Chrift touchât la epupe, Ceflecoupe eftlenouueauTe-
ftdmcntcnmonfangfaitesceçy toutes les fotfcjuevomkbeuure^,en t™àmhrdemoy. A/fs'ùoir files
parolles de Iefus Chrift , touchât la coupe n'ont pas vnc tellr puiflance d operer,&: mef-
me vertu de fignifier,commc elles pourroyent auoir eftans pr^nôcees du pain:&: ce ver.
be£y?,en lafentenec qui fait mention du pain , fignifie pui/fam/nent 8c effcctuellement
(fi nous les en voulons croire) le changemet de la fubftancc qui a uoit précédé, enlana-
turede celle qui iuit,quand il prortonce,Cecy ejlmon corps. Que fi le. s parolles,quand il eft
queftion de la coupe du Seigneur, ont tout vne mefme vertu & faci îlté tant en faid qu'-
en lignification, pou rquoy n'accorderons nour, autfï que le mefrm* verbe f/r, quand
Iefus Chrift diz>Cefle coupe est te nome m Testament, fait incontinent que îa fubftance. de la
coupe foit femblablcment changée enlanaturedu nouueau Teftamcnt,veu qu'il y a
meftnc raifon tant d'vne part que d'autre? Dont il appert combien s'abufent ceuxqui
s'obftinentfii efchaufFent àprouuer &: maintenir , comme s'ils combatoyent pour leur
•vie,que Chrift en enfeignant&inftituantfesSacremcns, a parlé fans aucune figure :âc
pourtant qu'il faut prendre fes paroles nuement & en leur propre figmficatiomcar il eft
tout manifefte en ce paiîage,quene la coupe ne ce qui eftoit dedans , n'ont peu propre-
ment eftrc appelez nouueau Teftament , fi tu t'attaches ain fi cruementâla figrtificatiô
des mots. Et fi tu prenscemotC«*/7e,pour la coupe contenant du vin:tu reçois vne figu-
re en ceft endroit. Car quoy? mcfmes tu ne faurois nullement ptouuer que cela ( encor'
que tu difes que ce foit vin , ou bien que tu imagines que cefûit le fang de Chrift ) (bit le
nouueau teftament:finon aufîî que tu confc/Tes que leïus Chrift a là parle par figure.
La figuredoncdeuxfoisrepetécenccftefentencederinftitutiondaSacrementdu
fang, aidenoftre caufe. Dont s'enfuit que ceux mentent impudemmer , qufdifcnt que
Chrift n'vfe de nulle figure es chofes qui concernent la foy,& en l'inftitution des Sacre-
mens,& nous aceufent de mefchancete',di(ans Que s'il eftoit licite de recourir ainfi aux
figures quand on voudra, les principaux poincts de la foy feroyent bien-roft renuerfez.
Maisie refponqucce n'eftpas vn moindre vice de reietter vne figure quand elle eftre- Liu.3xl1.1rf.
quifeen vnefentece, que de lareceuoirfans neceflîté, & en peruertrflantlefens.Sainéfc
Augaftinadiuînemcntefcritplufieursbeîlcsfcntencesàcepropos,enfon liure Delà
doctrine Chreftienne, Quandl Ecriture, dit-il >fèmble commander quelque forjaicou chofe illicite,
ou bien défendue ce que charité requiert , cognoiflèz^ tout incontinent par cela que cejhvne façon de parler
figurée. Et afin de mieux approuuer fon dire,il emprunte vn exemple du fixieme chapi.
ftre de TEuangilc félon fainetlean ,où Chrift dit, Si vowsne mange^la chair du FilsdeFhom-
&ne beuueT^fon Çang^vom n'aurez, point vie en vous. Il femble là commander vne
choie illicite &mefchante:c'eft donc vne figure, par laquelle il nous exhorte de com-
muniquer à la paflîon du Seigneur, &: l'imprimer en la mémoire auecfrui&&: conten-
tement , entant que fa chairaefté pour nous nauree&: crucifiée.
Par Qjr o y ienemepuis aifezcftonner del'impudence de ceux, qui ayans &l'eC Rdponfe
prit &lefauoir afiez bon, ofent dire que cefte fentencede Chrift maintenant ame- jj££duer"
nee,eft voirement figurée ( félon ledire defainct Àuguftiri) mais que c'eft aux gens ues'
charnels, infidèles, & qui ne fauent que ç eft des myfteres de Dieu , & qu'aux fidèles ce
doit eftre vne locution propre &: fans figure. Orierequierqueceuxquilirontcecy, Je
lifent en équité &c droiture: ôc quand ils auront confideré auec iugémét &c raifon les pa-
rolles de S. Auguftin, s'ils ne font de mon opinio n,ie fuis cotent de côfeffer que i'ay tort.
Ss.ù.
Lïm<L> V . Nicole Ridley.
fccs, outre ce qu c u(r comme par la main au iens nayf d iceux. .Çar il celuy
du Sacrement, nous m^™X^duF^is de l'homme, ou de boire fon fang,femble
qui nous ™m™e ^ chofcillicite(ce que nous ne {aurions nier fi on veut j> reji-
nou s comanocr lanification) certes eftanc aind que Chnft ait corn-
mande lorsque Dasaucirmoinslacomandevnrorraitouchofeillicite(fi
beuilentlonfang,.lnclemD P menSJean> Et parainfnl les faut entendre
les parolles fom ^nlldcr"^ Milnym€ , c 'eft à dire, tranflation , aufll bien que celles
fpiriiucHemcnt U paru ng^ laquelle «pofition de S.Auguftin nous doit d'au
qocS.AuguUnaam Chrift outre le commandement de manger Ton
«1.1c H"Vre en cranue citiiucî «i" • j \
tant plus eurc ci 5 aajiouftécommepourconclufion,F4/rejffomwmo/>rdtfi»o):a
corps& boire ion lan&' .cfte belle expofition de S. Auguftm n'a pasmoins fait ou-
l'intelUgence deiqueis^ ^ ^ ferrure. \\ me fouuient de quels mots^ nous fournit la
uerture que tait vne c e ^ réceptacle de toute abomination! defquels quand
u meffe Meife à ce propos, qui c - ^ t^ veu que cefte Méfie comme vne putain se-
rccunUc jlmefouuicn^e luis cop ' , ^nt les EuangeliftesSiTApoitre furie Sacrement'
S£ ^ntfardecdemefme pa^
du P*in'ncant^1"^lles de Icfus Chrift, elle adioulte ces mots, Le myfieredelafoy : IcL
fecontentant _aes p ^ ^ g ^ n»expriment: & comment pourroyent-ils pluftoft
quels nul des fcuarç _ dc ]a COuppe que du pain. Et c'eft merueille pourquoy ils ont
ofte pluftolt ceue p ^ dy fon f la redemption des vn s & des autres?
fotiers. eius ChrUt n a il pa p m à ^ fc , ^ ? mcichanceté
zTheffi. eft-cecy? Ncvoit-on p y D i e v tresbon ô£ trefpuiflant, nous te prions qu'il te plai-
Pfcau.^ prédit deu ou:** u ^ & illu miner nos cœurs en la fplendeur de tatace,
fe auoir plue a coRnoiflent ta voye, & que ton falu t foit notoire par le mô-
àcequalapa^^
de vniuerfel. ^ar tou : 4 ^ boud u£:& fort d'vne mcfme racine.Dieu face,
fubftannau^
nc'etttonbo^
fa »^SVC2^1Sctoàrofc Pluftoft que les raiions & argumens. Y a-il rien plus
contrairea u ^ ^
^Uyaquelque sljam^
cftre y eus po f bffan-tiation à h fentence entière, Cecy eft mon corps, font contraints
cnbuans la r _ _ quc Ce mot Cecy, auant que la fentence (oit parfaite, dénote ic
de confei er 1 ma ug^^ H le changement foit rait, rericnt fa nature. Parquoy n'en
ÇT,:TfrLslèsTraniTubftâtiateurs,tandisquelcpaindemeureenfanature,lafu
deiplaue a tous ^ ^eut ^ ^ ^ fau £ donc necenairement que leur*
^Tmonftre la fubftance, laquelle, auant que Chrift euft acheué de prononcer tou-
TVnTencee^^^
tclaientencc, . f droltccrteSauoir quelque dcuin oueipnt familier, pour
tes leurs refuene , iinou ^ ,QEdi ceux dumonftre;Sphinx.
foudre tous leur ; en g , £ ^ chrift parIoi[ puremcnc & nmp,c.
Mais ncfo^P" ;c par Cefte demonftrationCer>, il denotoit le pain : puis adioufter,
nienr^conlentirq P fubftancenaturclle du corps de Chriftfmais peut eftrcqu-
C^frnonc-r^ Siainfieft^l
^Iseftimentleure^
faudraaumn^ ou change en la fuhûancc
Vri^ teCerTran^bftant.ateurs,lefquelsch^^^
.•«du** fPcce de A ra r ^toutefois ne fuyucnthcrvnc ne l'autre: mais font, comme on dit en
^ " ^CPS- dcuxLies iterrc)tc.lcmcnt ^* leur bouche fo^fe
Nicolas Ridley. j?p
chaud& le froid. Car ils font fi gracieux aux vns& aux autres, qu'en leur faucurijs ap-
prouuent leurs paradoxes, & cefte belle opinion finafyllabique: par laquelle ils enfei-
gnent (comme ceux-cy mefme tcfmoignent)que fi toft que le miilbtier a prononcé ,&
qu'on aentendu la dernière fyllabe de cefte fentence Cecyeslmon corps , la Tranifubftan-
tiation fe fait miraculeufement & en vn mftanr . Mais qui ouy t jamais parler de tels
monftres? d'adhérer à des opinions qui font aufli contraires &: répugnantes que lt feu 8c
l'eau? Vous diriez que ce font les aduoeats que Tcrencc introduit, defquelsl'vn diloic
le pro,l'autre le contra, &c le troifieme remet le tout a en délibérer: auffi aucuns d'entre
ceux-cy ne fe peuuent perfuader que ce poure mot, Ceçy,ait pouuoir de faire vne fi gran
deçhofe:&:pourtantdcbattentqu'ilnedemonftrefinonlafubitancedu pain. Les au-
tres crient a gorge defployee que (î tort qu'il eft prononcé, Jepain s'en va ,&: quitte la
place,& s'en volc:tellement qu'il ne dénote plus finonlafubftanceducorpsde Chrift. Ria|eypr(
Ieneveuxpas faire vn long catalogue: maisd'vnfi grand nombre qui fe prefenteà la trois do-
defenfe de cefte caule, i'en prendray feulement trois del'cgiife Gregue ancienne, & j^jjjj!
trois de leglife Latine : affauoir de la Greque , Origcne, Chryfoftome , &: Theodorite. tiqs.
&dela Latine, Tertullian, A uguftin&iGelafe. Toutefois iene fuis point ignorant
qu'il ne fe peut rien fi fainement ne clairement eferire ou dire, que l'homme par fon ba-
bil fardé & rufé ne punîe obfcurcir,ou defguiicrxomme nous voyons qu'aucuns, pour
quelque dextérité d'efpritfic éloquence qui çft en eux, & de laquelle ils f'c fauent bien
vanter, afin d'ofter aux rudes &fimples tout fentiment d'ouyc& de veué ,ne veulent
ne receuoirny ouyr ce que les autheurs fufditsont fi clairement efent touchant le
Sacrement. Maisquoyquedoyuentcrcuer ces beaux &fubtils caufeurs,fi eft ce que
la vérité emportera en fin la vj&oirc. Oyons donc maintenant parler ces peres Grecs, ûrigene,
qui traitent cefte matière tant doctement & pertinemmenr. En premier lieu Qngene
feprefente,quia vefeu îlyaia pa/fë milJe deux cens cinquance ans , lequel fur le quin-
zième chapitre de S. Matthieu eferit en cefte forte:
Si ainfi eft que tout ce qui entre en la bouche s en va au y entre , & es! ietté au retratet : au fi la viande
qui eft fanfljfiee par laparoUedeDieu&paroraifon,feloncequeUeadc matériel, s'en va au ventre,
&* eft tettee auretraict. Mats félon la prière qui luy a efté adiouftee,cft faite vtile parla proportion de
Ufoy, faifant que le cœur eft clairvoyant & attentif à ce qui' eft vtile. Et ceneftpas la matière dupain,
mais la parolle quteftdite juriccluyyquip>vfîteà ceux qui le mangent dignement au Seigneur. Voila ce
qu'il dit feulement touchant le corps typique &: fymboliquc: lequel en traittant ce
poinct, fur la fin de (on propos, il veut faire entendre atous que la fubftace matériel-
le du Sacrernet fe reçoit en i'eftomach,fe digere,comme la (ubftâce matérielle du vray
pain & des autres viandes. Ce qui ne fe pourroit faire, fi ainfi cftoit que cefte Tranfluk,
ftantiation euftlicu,&'que la vraye nature du pain fuft cfuanouye. Maisc'eft chofe e-
ftrange de voir les lottes refponfes quelcs Papiftcs ont forgeesfur cepaifaged'Orige-
nc:&principalementceuxqui(cesanneespanïees)i"ouftenoyent l'hcrefiedc la Trânf-
fubftantiation és publiques difputes, qui le rénovent tantàCantorbiequ'à Oxonc-.ÔC
quelque temps après à Londres en l'aflêmblce des gens do&es qui s'y fit. Car ils ca-
lomnioyent , & aceufoyent que ce Tome des ceuures d'Origene , mis de nagueres en
lumière par Erafme, n'eftoit pa* fans foufpeçon.
Or il eft facile à entendre, combien eft chofe friuole & pernicieufe d'ainfi refpon_
dre, Si condamner les vieux autheurs, qui ésanciennes librairies gifans enla pouflîc-
» re & moilifTure , maintenant par la diligence & induftrie des gens de faupir , retirez
des vers Sctignes qui les rongeoyent,font mis en lumière: comme Clément Alexan-
drin , Theodoret, Iuftin, l'hiftoire Ecclefiaftique de Niccphore , &c femblables. L'au-
tre refponfe qu'ils font , eft qu'il ne luy faut point adioufter de foy, pource qu'il a erré en
d'autres poincls de la religionjî laquelle refponfe certes on ne (àuroit délirer vne con^
futationplus peremptpire,que celle qu'elle apporte quant &: foy. R. Combien que
nous confelFons volontiers qu'il a failly en quelques chofes, il cft-ce que fes erreurs
ont efté annotez par fain6tHierome& Epiphanius: tellement qu'il doit auoirauiour-
dhuy plus grande authonté enuers nous ,&£ fesliuresdoyucnt eftreen plus grande e-
ftime entre nous, eftans corrigez foigneufement par de fi grâdsperfonnages, veu racf-
jaementqu'ilyaeniceux des chotes grandement conuenables à npftre bien & vtilité.
Ss. ùi,
Lmrc^ V. Nicolas Kidky.
Mais quant à ce quiattouche la Cene du Seigncur,neceux-cy , n'aucû aucre des ancics,
n'ont trouué que redire en luy:car s'il euft failly en quelque poîd, il faut tenir pour tout
certain qu'ils ne s'en fulîcntnon plus teus quedes autres fautes.Mais pource qu'aucuns
qui le font mis ces iours paiTez à eferire de ce différent, voyans que fes refponfcse-
ftoyent plus que réfutées, &: reiettees, ils en ontcontrouuéd'autresen leur lieu, qui ne
font pas moins fotces:dcfquelIes la première eft,Qu'Origene ne parle point dcl'Eucha-
riftie,mais du pain myftique qu'on auoit accouftumé de dôner à ceux qu'on inftruiloit
Au fœond en la foy,dont aulli S. Auguftin faitmention. La vanité de cecyeftdefmentiepluiieurs
liure des fois parles parollcs méfmcsd'Ongene:carildit de foy-melme, qu'il veut traitcrdecc
Jïïh^" corps myftique&%uré,qui profite feulement àceux qui mangent ce pain dignement
au Scigneur.Où il tait vne fi claire allulîon aux mots de S. Paul, que nul, quelque peu fa-
uant qu'il foit, ne peut aller au côtraire,s'il n'eft du tout impuden v.Sc n'y a perlonne qui
puilfe prouucr par bons argumens que ce pain qu'on bailloit à ceux qu'on inftruifoit era
lafoy,duquelS. Auguftin fait métion,fuft en vfage du temps d'Origenc. Mais encore
que nous accordiôs qu'ainlî foit, lieft-ce qu'il ne fauroit prouuer que quelque choie ait
efté appeleeCo^y^o-^wcwfa^fors que le pain facramental de la Cene du Seigneur,qu'0-
rigene mefme appelé Lecorps de chrift figuré & reprefenté parfignes. Et combien quepour
faire trouuer la Tranifubftantiâtion bonne, les mel'mesaduerfaircs mettent en auant
quelque miracle,côme la vertu feCrettcdes parollcs facramenta!er,qu ils appellent, 6C
ceux puilTance infinie de Iefus Chrift,dont ils fe couurent , alfauoir qu il peut faire que
fon corps en vninftantfoicen mille millions de lieux:fieft-ce qu'ils ne pourront tât fai-
re (finô qu'ils vueillent eftrc trouuez impudens &: infames)qu'ils puiifent tirer de là vn
fécond miracle,afTauoir que la nature du pain retourne en luy , après s eftre efuanouye,
pour faire place au corps de Chrift:voire quand nous leur accorderions toutes lesfubti-
litez des Mathématiciens, tous les tours de palle-paflé,tous hs enchantemens &: force-
leries du monde. Mais tant s'en faut que leurs fubtilicez puifTent renuerfer ceftefenten-
ce d'Origene,qu'elle en eft tant plus côfermee. Mais après que fauray annoté encores
vn pafTagc de luy, ie le laiiléray pour venir aux autres. Voicy qu'il dit en fon Homélie
1 1 .fut le Leuitique,f s cptatre Euangilesy & non feulement au vtetlTeilament , il y a la lettre qui tue.
Car fi en cefte fentecey Si vous ne mangexja, chair du Fils de l'homme y& ne heme\ fon fang^ousfuyue^
ta lettre^Ue tue. Si donc en ce lieu là où il eft commandé de manger la chair de Chrift, la
lettre tue, certes aulli fait-elle en ces parollcs où le Seigneur nous commande de man-
ger fon corps : car il y a autant de mal en l'vn qu'en l'autre, & ne différent en rien quanc
a la lignification de ces mots, Manger le corps de Chrift: ou, Manger la chair de Chrift.
Donques fi cefte dernière fentence tue, finon qu'elle foit entendue par figure &: fpirL,
tuellement: certes aulli la premierene tue pas moins,lînon qu'ellefoit priïc en melme
fens.Or que manger la chair de Chrift félon la lcttre,tue,Origene le môftre apertemét:
il s'enfuit donc aulli que mâger le corps de Chrift comme la lettre veut,n'eft autre cho-
fe qu'eftre rué. Oyons maintenant comment ils refpondent à cecy: voire fi fubtilcmct,
qu'il ne faut point d'autre coufteau pour leur couper la gorge , que leur propre confeL
iion,afîauoir Qu'à l'homme charnel le fens literal eft nuifible,mais non pas au fpiiïtuel.
Côme fi prendre l'efcrit d'aucun à fon appetir,& non pas félon la volôcé de celuy qui la
efcrit,portoit feulement nuifance à l'homme charnel, &: au fpiritucl nullement. Oyôs
aulli Chryfoftome, qui eft le fecôd des trois de l'oglife Grcque,que i'ay choills pour mes
mainteneurs.Or luy eftant fur le propos de reprendre ceux qui abulpyét de leurs corps,
veu qu'ils auoycnt apprins de S. Paul qu'il les falloir garder purs &c chaftes,commeeftâs
ïn o erc lemP^es ^u Efpnr, voicy qu'il leur dit, S'il eft dangereux de faire feruir (es vaiftcaux Jâncïifie^
imperfcfto, aux l'fagcs communs , efquels toutefois neft point le -vray corps de Chrtftymais feulement le myslere de fin.
HonùlauQ corpsy eft cotcnu-.combten plus lesvatffeaux de noftre corps cjue Dieu s'esl preparc^poury hahitery domtu
^ * ils eftregtrdcz^de nowypour ne donner lieu au diahle en ictuxya ce au'ily face ce qu'il voudra ? Voila les
propres mocs de Chryfoftome. O que mesaduerfaires fonticy tourmenteziilscerchét
des fubtcrfugcs,ils affcmblent,ils coulent mot après mot, ils grippent, ils defrobét tout
ccqui leur peut aider pourefehapper d'icy. Mais (qui eft le comble deleur malheur) ils
(ont fi inconftans & fi difcordans,qu'il me fafche de coucher icy leurs railbns. L'vn dij:
que le hure eft incertain .Et quand ainfi feroit,que fait cela à proposrCar qu jcon que (oit
celuy qui en eft l'autheur^ou Iean Chryfoftome Eucfque de Côftantinoble,ou quelque
aucre,ileft tout certain que ça efté vn tomme de ce cemps-la de grand rer4om,telleméc
que s'il euft efcrit quelque opinion contraire à celle qu'on tenoit alors, il hefaut douter
que plufieursÔC defon temps & depuis qui a fuyui, eufîènt efcrit contre luy. Sefet
Vn autre nie que Chryfoftome parle là des vaifTeaux de lavable du Seigneur : mais ft« àl'ob-
de ceux de la Loy ancienne, bz. Chryfoftome entend les mefmes vaifTeaux dedans leL icdtion »*.
quels eftoit ce qu'on appeloit le Corps de Chrift , combien que ce ne fuft pas le vray
corps,mais feulement le myftere du corps. On fait que nul des anciens n'a iamais parlé
en cefte fof te des vailleaux du Templc,&: cft certain qu'on ne lit nulle part, que les fa-
crifices fu/Tent lors appelez le corps de Chrift : car Chrift eftoit voircment reprefenté
fous la Loy en figure Û ombre , mais non pas par Sacrement du corps. Erafme mefmc,
grand contrerolleurdes eferics des autres,combien qu'il ne vouluft poiht mordrè fur Y-
hcreiie de laTrâiTubftantiation de peur de defplaire,coutefois il eft côtraint de dire que
le vray & naturel fens de ce pafTage eft celuy que nous auons amené. Apres ces deux
le troifieme promet vhe folutiô toute nouuelle,de laqlle on n'buit iamais parler: Quat
a moy,dit-i1,i'accorde toutes ces chofes,& tien Chryioftome pour autheur de ce liure,
&c veux bien qu'il foit là parlé des vaifleaux de la table du Seigneur. Mais ie diray com-
me il le faut entendre: Le corps de Chrift rt eft pas contenu en ces vaifleaux-là tandis
que la Cene fe fait,comme en vn lieu,mais comme en vn myftere. çt. Par vn mefmè
moyen on peut dire que le corps de Chrift n'eft point en la Cene , ny és mains du pre-
ftre,ny au ciboire:& par ainfi,Eftre icy,c'eft Eftre nulle part:d'autant qu'il refufe de cbn
Feiîer qu'il foit icy ou là,cbmme en vn lieu. ^Venons maintenant à l'autre paflage de
Chryloftome,qui touche la chofe au vif,fans rien defguifer.car efcriuant à vn Cefarius
moine,ildit,D«w»f ^«e* le painfottfantlifié^nous le nommons painimaislagracediuinelcfitnftifiant,
parle moyen du Preftrejl eft exempté £ eftre plus appelé patn>&* eft fait digne d 'eftre appelé le corps du
Seigneur>combien que la nature dupain fort demeurée en luy. Que demandons-nous dauantage j^0***
contrece môftrc de Tran(Tubftantiation,puis que nous oyons que la nature dy J>ain y
demeure toufiours fans en partirîPourlcdcrnierdes Grecs,Theodorite fera tefmoin,
lequel eicriuant àEutyches en fon A trepte,dit, Celuy qui a appelé fon corps froment &paini&
seftappeléyie , aufsi a-il honoré les fignes du pain & du vin du nom de fon corps & defon fan* : non
pastranfmuantlanaturCiainsadiouftantfagrace a nature. Contiderons ce tefmoignage tant
clair ôc tant exprès de ceft ancien autheur. Si tu maintiens que les fignes du Sacreméc
font appelez le corps & le fang de Chriftrilrefpond combien qu'ils prennent les noms
des corps êc fang,(î eft-ce que leur nature ne change point,mais demeure toufiours. À-
dieu voftre gloire,Papiftes,l'appuy &: fupport des ventres,l'ornement ae la cuifine , tes
délices de vos maiftres. ef crit encore plus pleinement contre cefte Tranflubftan-
tiationcn fon Afynchyte,dlalogue fecond*oùil introduit Eutyches hérétique difputât
àuecvnfidôJe,& tenant ces propos contraires à vérité, Comme les (ignés du corps &C
dufangdeChrift,fonttelsàlavcritéauantlàiain£te inuoeation; 6c icelleeftant faite*
ils font changezrauiîï le corps du Seigneur après fon aflbmption a efté changé en natu-
re diuine.dorit il veut conclure que Chrift n'eft plus homme. Cefte herefie le fidèle ré-
fute eh cefte forte,Tfc es tombé aux filets que toy-mefmeas tendusicanl ne prend pas des fignes myfti-
ques comme tu dis: & ne fortent pas hors de leur nature après la fanilificatwn; mais ils demeurent tels <m~
ils eftoyentauparauantjfott en leur jûbftacciou en leur figure &forme:me fines on les peutyoir &toucheri
ne plus ne moins quauparauant.Lcs Papiftesoyas ces parolles,côme s'ils eftoycntrcmeillcz
d'vnlog dormir ou delcthargie-,& corne fi vnofclair les aiïoufubitemét frappez, ils lot
cfperdus fii demy morts. Car q fe peut-il dire plus plememét qui les prefte de plus près?
Mais comme ils {ont cauteleux,auflj tafehent-ils toufiours par leurs" ténèbres fophiftL
ques( comme les feches font par leur encre qu'ils iettent contre ceux qui les veulent
prédre}d'cmpefcher la veuc'yde peur que ce qui eft plus clair que le iour , ne punie eftre
veu hy apperceu des hommes. Cefte fencence eftant ainfi expofee, il y eut aucuns qui
dirent que l'autheur l'auoit ainfi eferite auant que l'Eghfe euft encore rien ordôné tou-
chant cela. Comme s'il falloir incontinent tenir pour vn article de foy(ce que ceft
homme de bien Iean l'Eicot veut qu'on face) tout ce que ce monftrc de pape Innnocét
auec fes cft affiers moines & beau^peres Auront arrefté en leurs {ynagogues.^"Vn autre
s'auance quiditqu'ille faut enuoyerauecîesNeftoriens,àrherefiedefqUelsil femblc Jj^ona^
faubrifer. Mais il y a plufieursaunees que le êoncilede Calcédoine l'a abfousdecefte «nkdicte
faute aceufation. Or larcipohle là plus vilaine qu'on puuTe forger c'èft celle dé ceux j*^ondrs'
qui difent que Theodorite appelé Subftance, Accidcnt,plus par ignorance que par ma
Ss. un.
L'vatc^V- S^icolas Ridley.
lice. Certes cefte gjofe a efté aufli lubtilement inuencee que celle d'vnLegifte fur va
décret dijhnci.titi.ca. Statuimus : lequel après auoir longuement trauaillé pour enfanter
quelque choie d exquis, dit ainli,5wr«;w«^c'eft à dire^brogamits. O l'homme de grand
iugcmér,&: de bon cerucaulEt toutefois cela fe trouue en leurs loix, à tout le moins en
la glofe.^ Voila le peu de tefmoignagcs que fay emprunte des.Grecs pour m'en leruir à
ce proposxar de recueillir tout ce qu'ils ont dit touchant celte matière , encore queie
le peuile fairc,ic ne le voudroye pas:quâd bié ie le voudroye , les auditeurs ne l 'auroyée
pas àgré.l'adioulteray à ces trois Grecs les troisLatins.Ie commenceray parTertullian
duquel (comme on trouue par eicritjS.Cypnan martyr du Seigneur , railoit tant d'efti-
Tenullian- n*c <îue toutefois &C quantes qu'il demandoit qu'on luy baillait le lune de Tertullian,il
fouloitdire,Baillcz-moy lemailtie. Cetrefancienautheuren l'on pliure contre Mar-
cion,elcnt 2iinù,hfus ayant prins le pain & dijbnbué à fes difaples^n frfoncorps^difantyCây tilmo
corpsxeiïÀ dm Ja figure de moncorps>&c. Parcelle interprétation nous voyons manifefte-
ment que Chrift quand il appeloit le pain fon corps, & le vin l'on lang , ïamais il n'a en-
tendu dire que le pain fuit (on vray corps, ou le vin fon propre lang-.mais il leur a attri-
bue ces noms,pource qu'il les vouloir inltituer Sacrcmens, c'eft à du e,hgnes facrez de
fon corps &: de fon fang:arîn que nous fulfiôs aduertis par cela d'embra/fer par vne viuc
&: certaine foy les bénéfices qu'il nous a acquis quadilaliuré Ion corps à la croix pour
nous,Sc qu'ila cfpandu Ion iang tellcment que receuans ces lignes félon l'ordonnance
du Seigneur auec action degraces>nousfoyons nourris d'iceuxenfoy fpiritutllement>
& tandis que nous acheuons ce pèlerinage terrien pour aller aux cicux, nous (oyons
confermezen la crainte de Dicu,&: croilfions en toutes vertus. ^ Lesaduetfaites repli-
Lcs percs quent que Tcrtullian vfurpe en ce lieu ce que nul des anciens autheurs deuant luy , ne
ceSacmÇét depuisluy pas vn de ceux qu'à bon droit nous appelons Catholiques, nafair. Çi. Et S.
h figure du Auguftinauec les autres Percs,n'appelent-ils pas nommément le Sacrement ,1a figu-
corps de rc fa corps de Chrift? Ouy (cedifent-ils) mais ç'a efte qu'il cftoit tellement efchauffé à
Ckift. jifpu ter àlencontrc d'vn hérétique qui luy refiftoir, qu'il ne s eft feeu tenir de ictter ce
qui luy venoit en la bouche, i^- ( Il faudroit donc que vous nous fîllîez ptemieremenc
aççroirc,quevous n'eftes point desinfeniez en difant cela. Oferons-nousbien feule-
ment penfer qu'il n'ait point eu d cfgard à ce qu'il difojt,ou qu'il n'ait point entendu ce
quvilefcriuoit en vnechofe de fi grande importance? Vouslemble-il vne chofe fi belle
d'éporter la vi&oireàforce de crier & babiller,que pour celavousfoyezdaduis^ nous
donniez confeil de trahir la verité?PrenonsIecas qu'ainfi foir,&: que vous ofiez (com-
me vous elles pleins dedefloyaute^entreprendrede ce faire. Efril pourtant vray_fenv
blable qu'vn homme de bien le vouluft faire?& combien moins ce faincl perfonnage,
duquel nousauons en admiration & reuerence l'efpcitjle fauoir,la crainte deDieu &c re
ligion,doit-ileftretaxc d'vn tel (oufpçonï Or afin qu'il ne fembleque.ee foit aflezqu'il
ait dit cc.cy vne feule fois &: à la volee,oyez combié de fojs il perfifte ailleurs en fon pro-
pos,difputant contre ccft hérétique en (on premier liurc,voicy qu'il dit , Dieu n'a rtprou-
uélçpaiihparlequelilreprcfentefoncorpï. Or côfiderezicy vn peu ces chofes:neft-ce pas tout
vn de dirc,Que Chrift a reprefenté (on corps parle paimou bicn,Que Chrift l'a inftitue*
afin de nous eitre Sacrement pour nous reprefençcr ion corps i Or qu'il foie requis que
pourrcprefentervnccho(e,elle-mefmeyfoit vrayçment prefente, ielelaiiTeàen iuger
àçcux qui ne font point defprouueus de fens commun.
^Si.nous venonsàfaincl:Auguftin(duqueIle nom & le fauoireft ficpgneu quetou-
s.Auguftb. tel'eglifedelefus Chrift fepeutconftituer pleigc pour luy): îlatraitépl.uiîeurs points;
de la religion Chreftienne 11 amplement & clairement que nos idolâtres qui adorenc
le pain au lieu de Dieu,en partie accablez de J'au thoritc'.du perfonnage , en partie con-«
ucincus l'ont en tel defdain,qu'à grand peine le peuuent-ils porter. Parquoy,il me fem-
ble eftregrandement requis que i'amehe plus de tefmoignages de luyquedesautrcs-
Ceftuy-cy cft excellent entre autres,&: ne fay s'il s'en pourroit trouuer vn plus clair, Je-
quel cfcrjt fur le 98.Pfeaume,traitant.de cefte matière amplifie en cefte manière, lespa
rolles que Chrift dit à fes difciples^ow nemangetez^pascecorpi- yqueyous voyex^&nebeu-
wexjpas ce mien fang que refpanâront ceux qui rite cructferoni.mais ie vou* veux ordonner ynSacremett
lequel fpmtuellement prms & entcnduy-voftsviuipcrj., I'^ime qu'il n'y aceluy de npi*s qui ne
coufelfe que Chrift n'a point eu d'autre oorps naturel que ecluy que fes difciples voy„
oyent &c oy oyent:ne d'autre fang que celuy qui eftant efparspar oous fes membres , fuç,
Nicolas Rulh. j^r
puis après refpandu par ceux qui le crucifièrent. Or, audire de fainâ: Auguftin, il ne
tauc ne manger ne boire ne l*vn né 4 autre» maisbienle Sacrement d'iceux fpirituellc-
ment entendu. Dont on peutaire2conclure>fi nous receuons cefte fentence de ce tant
exceller perfonnagc»que ce que les diiciplcs deu oyét manger,ncftoit pas le vray 6c na
turel corps de Chrift,mais feulement le myfterc d'iceluy,quifedeuoitapprehé"der par Con£raFiU
foy. Carcommenousfommesenfeignezdeluy envmutre pifC3L^e,Deua»rtaducne - ftum.lUo
ment de lefus Chnjl la chair &• le fangde ce facrifice efioyenf rendus parla vérité mefme: mats après tafi. tMm
cenfion d'iceuiy^ilsfe célébrèrent par vn Sacrement de mémoire. Dauantagc, en vn liure qu'il eferit
de la foy à Rierre Diacre,au chapitre 19,1*1 ditainfi,confermant ce piopos,£»cw facrificés
(aftauoir du vieil Teftament)o» nous fignifîoit par figures ce quon nous deuoit donner'.maù encefà
aijict jlnous eft euidemmentmonftré ce qui nom eftdefia donné* Or il entend le fderifice de la
croix, lequel nous doit enflammer à action de grâces, à caufe de la chair de Chrift
qui a efté immolée pour nous, &c du (ang d'iceluy qui a efté efpandu en la remiflîon
de nos péchez. Q\ie fi nous voulons encores plus de tefmoignages pour mieux prou
uer cecy,il nous faut voir ce qu'il efent fur le troifieme Pfeaume : car il appert de là que
Chrilt par le pain myftique,qu'ilappeloit (on corps, entendoit la figure de Ion corps*
Mais conhderons les motsCfo»7'/?,dit-il^trc«M'/«^ au banquet>auquel il bailla & ordona à fesdif
çtplesla figure defon corps &* defonfangtcntcnditnt le dernier Couper qu'il fit eftant prochain
de la mort:auquel temps il inftitua le Sacrement de fon corps.Que veut-on dauantage,
finôrt qu'il nous faut eftimer que Dieu a enuoyé ceft homme-cy au monde pour remet-
tre les articles de la religion Chreftiennc en leureftat,pureré,lumiere , & liberté pre-
miere,lefquels non feulement eftoyent fou illez des corruptions de fon tcmps,mais auf
fi des pollutions pernitieufes des aduerfaires qui font venus après luy, par lefquelles ils
ont efté mis en defarroy,difperfez & du tout renuerfez ? Afin donc que fa diligence rie
foit enfeuel je par noftre parefife,metc5s peine à tout le moins q nous reduifions en mé-
moire aux hommes , qu'en ce temps-la telle eftpit la doctrine des plus excellents Do
âeurs. Oyons aufli ce qu'il eferit en vne epiftre à Bonifacc,touchant ce propos î Nous Epîft.*j..
parlonsJouuentainfiydit-iUqueleiour deVafipteappmham^n(mdifons$J>emaini(m^pres demain
fcralapaffion duSeig.combienquilattfoujfert ily a ta plufieurs ans paffe^, , & que fa pajjton naàefté
faite qu'y ne fois. Puis nous dtfons au tour du X>imache9Le Seig. est amourdhuy reffufcitéycwien cpiily ait
ta filongtemps qu'il eft rejjufcné^ouvqaoy eft-ce q le plus inepte du monde ne nous reprend
de menfonge,finonpource que nous appelons ces iours-la félon la fimilitude de ceux
efquels ces choies fe font faites'tellement que nous appelons le iour de la refurre&ion
celuy qui neleft pas: mais pource que c'eft le femblable, qui renient toutes les années
en fon tourî& difons à cauîcdc la célébration du Sacrcmct,qu'v8e choie fefait ce iour
la,qui toutefois ne fe fait pas,mais a efté iadis faite vne feule fois. Chrift n'a-il pas efté
immolé vne fois en fon corps?&: toutefois au Sacremct,non feulement és iours de PaL
que,mais par chacun iour il eft immolé au peuple :àc celuy ne mentira point qui dira
qu'il eft immolé.Car fi les Sacreraés nauoyent quelque fimilitude des chofes delquel-
les ils font Sacremerts,certes ce ne feroyent pas Sacrcmens:mais à caufe de cefte fimili-
tude ils prennent fouucnt les noms des chofes meimes. Comme donc en aucune ma-
nière le Sacrement du corps de Chtift»eft corps de Chrift: Se le Sacrement du fang de
Chrift,eft le fang de Chrift:aufTi le Sacrement de foy eft la foy. En cefte maniere,és QadL^7
queftions furie Leuitique,& contre Adimzntus: Lachojê quifignifie.dit-il^accouftuméd'e--
ère appelée du nom de la choje quelle figntficcomme tl eft eferit , Les fept efpu /ont fept années: &lesjêpt
vaches font fept années. la pierre esloit Chris?: &> le fanges! Came. Laquelle dernière fentence il Contra A-
enfeignefe deuoir entendre par figure U de -figne ieulemenr. Car noftre Seigneur, dit-il, *numum'
na point fait de difficulté de dire^Cecy eft mon corps:quam<il bailloit le figne defon corps. Et en vn CoaéaMài
autre heu il ad monnefte diligemment qu'és Sacremens nou s ne confiderions point ce ?n ^
qu'ils font} mais que nous prenions rouf tours garde à ce qu'ils nous reprefentent: pour-
ce que ce font figues des chofes, eftans & fignifians autre chofequ'iceiles. Carlepain
tekfte{ccd de luy qu'il parle en ceft endroit)^ en aucune manière appelé te corps de Chrtftiamt*
hien qu'à la vérité ce foit feulement le Sacremèt du corps d'iceluy*
Ces chofes font fi claires & euidentes , que nul n'y fauroit contredire , fin on qu'il foit
du nombre de ceux lefquçls( comme dit l'Apoftre) fans remors de confeience fe font
adonnez eux mefme; à infametéjtellement qu'eftans endurcisse ne le fentans point, Ephcf ^
Lturcj V. Nicolas Ridley.
ils aiment mieux errer &perfifter en la faufTe opinion qui leur a vne fois agréé , quede
recognoiftre leur faute, & dcfîfter en humilité de leur mefehant propos. Il y a encore
vnpa{fagedeluy,lequelfculnous doicTuffire pour cent autres. Ontrouueen fa cin>
Mtct t* n quantième Homélie fur lain£tIean,lespaiollcs qui s'enfayuent^and chrift dijott, Vous
Mok \sj-o ne m'aurexpas toufiours auec yous.il 'p arloitde la prefence de foncorp s .car chanta fa m aie fié , àJâprouL
' 1 denec, & «* fort indiable & inuifiblc grâce , cela eftaccomply quil a dit de fiy mefme , Voicy it fuis auec
yom lufquaUconfommation du monde. Manquant à lachatr,quelaparolleayefiue , quanta ce qu'il a
efté my delà Vierge, qu'il a eflé attaché au bois , defeendu delà croix, enfeuely, mis au JèpuLkre> & mam-
feslé après fa refurre£iion,tla bien dit,Vom ne maure\,pas toufwurs auec vous. Pourquoy î 'Pource quiU
conuerfé félon fa prefence corporelle auec fes difaples lejpace de quarante iours : & eux le conduifans de
la veue,& non pus le fuyuant, monta aux aeux :lln eft point icy,car il fied à la dextre du Pere. Et toute-,
fots ilejlHy.carilnes'eftpas retiré quant à la prefence de fa maieslé.^iinfi félon la prejence de fa maie fié
nous auons toujours Chrtft; mais félon fa prefince charnelle lia bien dit, Vous ne maures pas toufiours.
CarfEglifeta eu, quanta ja prefence corpore(Je,peu de iow>s:maintenanttlle en mut par foy, mais elle ne le
yok point.
V o i l a ce qu'il a dit,vfant fouuent de répétition de mots pour fpccifîer vne mefme
chofe,non pointd'vn ftile enflé n'arroganr,mais haut-non point en parollesfuperflues,
mais plemement.Car pource qu'il y en a aucuns fi peu dociles &: fi tardifs,il admonne-
ftefouuent,&enfeigncle plus diligemment que fait e fe peut, par quel moyen Chrift
nouseftprefenttanauoir^ommciaydefiàditïparfagraccjparfa prouidenc6& nature
diuine:d'autrepart,qu'il nous eft abfent quant à fan corps naturel, nay delà Vierge,
mort,reirufcité,monté aux cieux:où il fied à ta dextre de Dieu,côme nous fommes en_
feignez par les articles de noftre foy:d'ou il viendra,& non d ailleurs(comme ii dit)fur le
definement du mondepour iuger les vifs & les morts. Lors certes les iuftes drcfTeronc
leurs teftes,quand les ténèbres d erreurfc d'ignorance dechaflees,lafpiédeur delà pa-
rolle de Dieu aura le dcfîus&: régnera. Voire en ce iourJa, quand iuftice&: veritc,les
deux princeffes entre les vertus, vicloneu fes triompheront de leurs ennemis. ^"Ic te
prie donc,ô mon Dieo,& fupplie cme tu vueilles auancer ce iour la: car lors tu feras glo
rifié de la gloire qui eft côuenablea ton fain& nom:& noussrempîis de ioye & de liefTe,
en ce bien-heureux & éternel feiour, chanterons tes louanges éternellement.
CQr pourconclufion ie mettray enauant Gelafe,lequeleftoitdu temps que l'Egli-
Gebf< fe n eftoit point encores abaftardie,ôaoute la terre n'eftoit point encorès infe&ee de la
poifon de la Papauté infernalèîaiîâuoir auant le temps du pape Boniface,& de G regoi-
re premierrduviuant duquel la religion fut diflipee , & mille corruptions introduites,
tellement qu'il regnott és cœurs des fuppoftsde l'Antechrift vne inhumanité &: cruau-
té,&: vnë rage plus que brutale. Gelafe donc en vne fienne Epiftre contre Eutychcs,
eferit ainfî touchât les deux natures en Chrift,0»t« les Sacremcns quemusprenos ducorps
àufangde Ôirifl'yfànt chofe diumepar laquelle aufit nom fommes faits participante la nature diurne-.
toutefois la fubslance du pain & dn yin ne latjji fdintiyeftre^ins^ elle demeure en la propriété de fin*
ture. Saurions-nous fouhairer vne chofe dite plus clairementiY a-il rien qui fonde plus
profondement fvlcere de la Tranffubftantiation ? Yâ-il rien qui poigne plus au vifec-
fte befte horrible Se ceft hydre à fept teftcsfCar de ces marets infe&s deTraiTubftantia.
tion fortet tous ces autres erreurs qi'aycydeflus nommez, cômcdvn gouffre mortel.
Parquoy,puis que nous auons maintenant vne ii grande lumière de vérité, & que tous
les brouillars qui eftoyent à l'entour,font tellement efeartez, que nous fommes cnui-
ronnezd'vnefplendeur fi excellente (voire fi bien que les choies eftans defcpuuertes,
prouuees &efclarciesen telle perfection corn me elles (ont, il n'eft plus queftion.de dif-
t.Tiœ.3 fimuler,finonque ce l'oyent ceuxdefqucls parle l'Apoitre, qui eftan s corrompus d'en-
tendemcnt,& reprouuez quant à la foy,rcuftent à la vérité de certaine malice) embraf
fons cefte vérité qui fe vient prefenter à nous,comme il eft conuenable à ceux qui veu-
lent eftre véritables U tenus pour tcls:& reiettons tout ce qui eft au contraire. Car qui
aime vérité eft de Dieu:& au contraire,Dieu a accouftumé d'induire leshommes ener
reurs,à leur perdition,lefquels n'ont tenu conte de verité& droiture : tellement qu a
*.Th«fa bon droict S. Paul dit en quelque lieu , queD/e* enuoyera eJJicaced'abuJîonyàcvqH'oncroycà
menfo»ge,afin que tous foyentm^,(punontpointereukkyerité. Orcefte vérité eft la ^arorfé
de Dieu,comme Chrift rinterpseteluy-roeiinc^equel dit ainfi au Pere, Ta parc&eéftye^
«rr.de l'ardeur &C lumière de laquelle Dieu tout bon & tout puiflant , en faucur de fon
Fils
Ifuguer Latimet.
Fil$vniquenoftrcScigncur,par(onfain£tEfprir,'vueillccIc plus çnplus embrafcrnos
cœurs en fa louange & gloire. Ainfi foit- il.
-p a r ceft eferit fait au temps des plus dures affligions, nous auons vn telmoignage
* de l'intégrité &dodrinea^ ceft Euefque.caria-foit que lepoind de la Ceneaite-
fté diuerl'ement& amplement traité,on trouuera que Ridley 1 a tellement déduit, qu'-
on ne fauroit délirer chofe dite plus clairement en peu de paroJles,propres & fignifian
tes. Mais le principal eft qu'il a ratifié & fecllc cefte dodrine & la vérité par fonfang:
endurant conftammét la mort(comme il fera dit)auccHugues Latimer:cn l'hiftoire du-
quel nous referuons de traiter quelle a efté l'iUue de tous deux cohioinds en vn mefmc
martyre.
HVGVES LA TIME R,Euefque ^ngois.
m
L E foramaire decefte hiitoirc dépend de la prccedcnteX'efprit de Latimer comme il droit ioyeux 6c facétieux, auffi e/roit-il
droit & roide contre les contempteurs de Dicu:comme Tes doits le moaftren; aux Temporiieurs.
|V G V E S Latimereftant du pays & conté de Leyceftre,dodeurenThe. MJD1V.
'ologiedervniuerfitédeCambrigcfut euefque de Vvorceftre. Ilatouf-
fiours eu fon afFedion encline à la vraye religion & aux bonnes lettres , deL
Iquelles il eut grand ornement.Tant qu'il a efté en l'office d'Euefquc , il s'eft
fidèlement porté d'annoncer & auancer la doctrine de noft re Seigneur Iefus,ayâttouf-
iours efgardau profit de fon troupeau. Les fuppofts de L'Antechrift le pretfoyent fort
de laifler ce traimmais à fin qu'il n'y fuft induit,il quitta fon Eucfché:toutefois il ne lail-
£a point le miniftere de laParolle.car depuis reprénât courage,il a fait tout ce qu'il apeu
pour réduire le pays d'Angleterre à la première limplicité delà foy , &: deftourner des
bourbiers pour le ramener aux fources pures des eaux viues. Auant la confultation pu- ^
blique faite au royaume d'Angleterre,il côpofa vn liure intitulé , L'eftat d'vn royaume i^J'
reformé par l'Euangile.
La difpute qui fut tenue en la ville d'Oxone,entre les ennemis de la vérité , contre
Thomas Cranmer,Nicolas Ridley & Hugues Latimer,feroit par trop prolixe , s'il c»
ftoit queftion de faire le récit de tant d'argumens qu'amenoyent les aduerfaires,faùans
bouclier des Dodeurs anciens lefquels le plus fouuent ils ciroyent par lentences de-
coupees,pour les faire feruir à leur propos. Quelque extraid en a efté donné en cefte
partie que nous auons nommée La quatrième du recueil des Martys,à laquelle pour a-
breger nous renuoyons le Ledeur qui plus amplement en voudra cognoiftre. En ce
volume nous reciterons feulement la procédure tenue parles Inquisiteurs , laquelle*
efté commune aux fufdits trois excellens tefmoins du Seigneur.
Apres que les difputes fuient acheuees, les luges députez & Inquifiteurs furent proceç"r[j
alfis au temple nommé de la vierge Marie,lefquels auoyent commiiîîon de par la çondamna-
Roine en ceft affaire^ ces trois furent prefentez deuant le liège iudicial pour ouyr fen tiô dei troit
tence de condamnation. Vvefton qui eftoit prefiden cparla à vn chacun à part, les in_
terrogant s'ils vouloyent fouferire aux décrets & ordonnances de la Roine. Et cepen-
dan t iJ ne leur dônoit aucun loifir de faire refpôfe pour leur propre faid:feulemét qu'ils
dilTent en vn mot,ou s'ils le vouîoyér,ou s'ils ne levouloyét pas.&leur cômandantpar la
Roine de iefpôdre en vne forte ou autre,cômença premiercmét àCranmer, difant qu'
il auoit efté veincu és difputes,n'ayant peu maintenir fes erreurs Se faufletez. Cranmer
refpondit qu'on neluy auoit donné loifir,ned'argumenter,ne de refpondre. Car il y
auoit eu vn tel trouble és efcolesrles difputes tant confufes en il grand bruit , & tantdc
Théologiens enfembles'eftoyent ruez contre luy de telle impetuofité,qu agrandpei-
ne luy auoit-ii efté loifi ble de dire vn feul mot.Ridley &: Latimer fuient à part interro-
guez après Iuy,afrauoir s'ils vouloyent maintenir la caufe de la dodrine , de laquelle ils
auoyent fait profelîîon.Et toft après furent amenez deuant les CommiiTaires& luges
deleguez,pour ouyr fentence de condamnation Ecclefiaftique , par laquelle ils furent sentence dc
premièrement retrenchez de la focicté de ITglife comme membres indignes: ôitous dégradas
ceux qui les fauoriferoyent & defendroy cnt.Les Inquifiteurs leur dénudèrent s'ils en
contre les
trois.
L/j/ro V . V^kola* Ridlej,& H ligue* Latimèr,
tcndoyentacquiefceràlafentéce,ou d'y rcnonccr.Ils leur refpondirentqu ils acheuaf
fent de liteiutqu'au bouc la lenrence. ^ Apres ceftc fenccnce d'excommunication
foudroyante,chacun l'vn après l'autre refpondic pour foy. Et premièrement Cranmer
dit ces parollesrl'appele de cefte voftre fentéce auiufte iugemétdeDieutoutpuiiranc.
R i d l e v , Combien que vous m'ayez chafTé de voftre compagnie ■> tant y a que ie ne
doute point que mon nom ne foit eferiten vn autre lieu, auquel voftre cruelle fenten-
ce me fera aller piuftoft que ie n'y fuffeparuenu par ordre de nature. Latimî R,Ie
ren grâces immortelles à Dieu, qui m'a amené en cefte mienne vieilleiîe iulquesàcc
poinct^quciele puifle maintenant glorifier par celle mort. Or Vvefton quiprefidoie
parla à eux Cur cela en cefte façon: Si par cefte foy vous paruenez au ciel , de moy ie n'y
paruiendray iamaisauec vne telle affection que l'ay maintenant. ^Le lendemaina-
csJuaTeû presqueccschofesfurentfaites,quieftoitvn lourde Vendredy, on chanxa au mefme
d« Papilles temple vne grand' Melleauec grande folennicé. Il y eut aufTi vne grande proceflion
par toute la ville &: l' Vniuerfité , enlaquelle Vvefton comme prelident marchoit au
milieu, portant en triomphe fa belle hoftic enuironnee de quatrcI)ocleurs,qui portoy-
enc le paifle pour la couurir en cefte procefiion.il fut cômandé à Cranmer de regarder
ce beau myftere de la prifon nommée Bocard:& à Ridley , de la maifon d'Iryftrie , où il
cftoitçardépnfonnier. Latimer,qui«&o« homme ancien , fut menée!! la maifon
du Baillif,par le milieu du marché de la ville, Iceluy penfant qu'on le menait brufler,
pria vn officier de la ville,nommé Auguftin Couper, qu'il luyfift drefler vnfeulegicr
pour eftre pluftoft deliuré du tourment. Mais quand la proceffion fut venue au mar-
che, voyant ce qui fefaiioit,fedeftournant tant qu'il peut, &c le retirant ne daigna feu-
lement ictter vne fois les yeux fur ce fpe&acle.
L* EXAMEN & la condamnation de Nicolas Rjdlcy,8c Hugues Latimcr.
îf^§5N l'an m.d.l v , le dernier iourdeSep5tembre,enuiron les huit heures du matin
SBfflfe trouuent à Oxone es efcoles de Theologie,les euefqucs de Lincolne & deGlo-
ceftrc&aueceuxauflîl'euefquedeBriftd. , tous trois iuges députez cnceftecaufcde
parla Roine. Apres qu'ils furent affis en leurs fîeges,NicolasRidley euefquede Lon-
dres leur fut amené de la prifon. Lequel à la façon accouftumee les falua d'arriuec com
me fes Iuges:puïs remit Ion bonnet en la tcfte.Dcquoy cesEuefques fort dcfpitez,fc faf
cherent de cequ'il fe portoit ainfi enuers eux,qui eftoyent là afïis en l'authorité de mô-
Ordinal fleurie Cardinal , fouuerain légat du Pape en ce Royaume. L'EucfquedeLincoInc
Polus. commença à fonder Ridley pour fauoir quelle eftoit fon opi nion touchant les trois ar-
ticlesdefquelsonauoit difputé ranprecedent:aflauoirdelaprefence réejle au Sacre-
ment i,de la TranfTubftantiation: m,s'iltenoit la Me/Te pour vnfacrifice viuinat.
Le mot Quant au premier article,il refpondit, Que fi par ce mot Reaumentyûs entendoyent fpi-
Reaumcnt. ^^n^^ par grâce viuifiante,fon opinion eftoit que rien ne pouuou empef-
cher de parler ainfi:aflauoir que Chrift eftoit reaumentprefent au Sacrement : mais fi
on prenoit ce mot pour 5«yîanf/etfe»»tfnr,ilcontredifoitàcela. Quant au fécond, ilde-
meuroit en cefte opinion,qu après les parolles du Preftreconfacranc, le pain 6c le vin
ne peidoyent point leur nature ou lubftance.Du troifieme,fon aduis eftoit qu'on pou-
uoit bien dire ainfi,Lc facrifice du lacrifice viuifiant:mais qu'il ne le faloit nullemét ap-
peler Sacrifice viuifiant. Il vouloir pourfuyure ces chofes plus au long,& les déclarer
plus ouuertemenr.mais combien qu'ileuft demandé congé de parler:tant y a qu'on luy
rcfufa tout à plat. L'Eucfque de Lincolne difoit qu'on luy auoit baillé commiflion ex-
prciîe de recueillir fa refponfe en peu de parolles : alfauoir qu'il dift en bref , ou par af-
firmation,ou par ncgatiue,ce qu'il auoit à dire:au refte,que leur commiffion ne s'eften-
doit point plus auant.Dauantage félon la façon ancienne de l'Eglife , il eftoic défendu
de dtfputer contre les hérétiques. Ncantmoins ils traitèrent quelque choie entre eux
comme en palîaat & par forme d'interrogations,touchant l'authorité du Pape ,& auf-
fi des Sacremehs.Et là dc/fusRidley donna efprceuues tant de fa doctrine que de Ùl mc-
Ridievre- moire. Car s'il falloir alléguer les partages de quelque autheur que ce fuft,onncpou-
g recté de uoit rien mettre en auant qu'il n'expliquaft iufques aux circonftanccs.Pour cela les au-
tous , pour ^jteui:s l'auoyent en grande admiration,& auoit acquis faueur enuers tous. Or puis
r qu'onne luy petmettoitdepourfuyiire outre les queftions, pourle moins euft-Ubiça
déliré de faire deuant toute la multitude vne conrefljon de fa foy, afin que tous enten-
dirent quelles caufes ôiraifons il auoit fuyuiés touchât 1 authorité du Pape & les autres
de
tiOQ
Latimer Çf Ridley* j$j
poin&s cle fa doclf ine; & lefquelles luy faifoyent auoir telle opinion . Mais l'euefquede
Lincolne mettant en auant fa commiilîcn,remôftroit d'vn coite' qu'il ne luy pouuoitpas
accorder cela ;Sc d'autre part qu'il luy auoit plus permis qu'il netàlloit à vn teliiôme,qui
cftoit defiaretrcché deleglife. Ayant ainfi parlé,illaifTa aller Ridley,luy fartant comman-
dement de retournet derechef vers luy enuiron les huit heures au temple nommé de la
vierge Marie. Bien toft après Latimer auec poures habillemens , SC la face toute ternie
de vieiUclTe,fut là amené deuat ces Iugcs;lequel après auoir cogneu par ces déléguez mef-
me* quelaforccdeleur commiffion dependoit entièrement d'vneaudhorité&puiirance
eftrangere,&: autrequedu royaume)leurdit,Qu'ay-ieancaireauecces notns&peribnnes
eftrangcs&barbaresrjefuis Anglois,nay en Angleten e,&: par coniequent(felon la façon
le la nature du pays) fuiet à la propre pu ilfance de ce royaume,où îay cfté nay. L'euek
que de Lincolne luy refpôdic que ce n'eftoit point le temps de brocarder amfî, ne de dire
des plaifànterïesîpluftoft il falloir qu'il le difpofàft à parler à bon elcient ,& à ref pondre
d'vncfaçô droite Ciir les articles qui luy deuoyent eurepropolez.
Latimer o!r,Vraycment,meIïieurSjVousm'auezmisen vneefcoîed 'oubliance: les
murailles nues m'ont cité baillées pourlibrairic: vous m'auez détenu ii longuement fans
liurcs,iàns plume&: fans encre, que maintenant d'entrer en députes, ce feroir a (faillir vn
poure homme amaigrv en prifon, ropu des fers Se ceps,du tout defarmé, nud, deftitué de
confeil,(ans am is,ihns coniolation ,&cnvn lieu du tout à fon defâuanrage . L'euefque
de Lincolne luy dit ,Moniieur Lati mer ,laiifez ces fables, &refpondez pertinemment au
faicl.nous ne fommes point ici venus pour difputer côtre vous. Vous dites que vous eftes
Anglois Se de nature Se de nation: Se pour celle caufe vous demandez eftre exempt delà
force Se violence dcceftepuilTancercommen* vousne fauiezpas qu'il ya deux fortes de Deux fortes
puiffance : aifauoir la puinance des clefs , Se la puiffance du glaiue ciuil . Iefus Chrift dc Pujiricc:
luy-fnefme n'a-il pas donné cefte authorité entière à fes difciples,degouuerner lbn eglL
fe?Latimer luy dit Je ne nie pas que Chrift n'ait donné à fes Apoftres puiffance degouuer
ner l'Egiife.mais aulïi lui-mefme a dôné certaines bornes & limites à cefte authorité. Car
quand commandement leur eft fait de gouuerner , il s'entend félon la Loy &: ordonnan-
ce de Dieu, Se non point felô l'appétit de l'homme . On porte par tout vn certain liurede
l'euefque de Gloceilre(ienelecognoy point, non pas meime quand il (croit là deuant
mesyeux)auqueiilaalleguélepaffagedu iy.chap.duDeuteronome, pour prouuer cela:
S'il y a quelque différent fufeité en I'Eglifc, ilfaut que la caulëfbit determinéepar vn Sa-
crificateur de la lignée de Leui . Et au lieu qu'il y a ainfï au paffage de l'E Écriture , Et tout ce
qu'ils vous diront félon la. Loy & ordonnance de Dieu, faites Je , ô*c . l'euefquede Gloceftre iette
ces parolles hors de I'Eglifc. Et vous autres voulez bien gouuerner I'Eglifc: tant y a que ce
n'eft point félon la Loy de Dieu . Vou s rom pez les limites Se bornes , elquclles l'E feriture
vous a enclos: vous rongnezlamonnovedela Loy facrée .gardez-vous que nefoyeziet- Apoc.r44*
tez en bas au lac profond,duqiiel faincl Iean fait mention en fon Apocalypfé.
S v r cela l'euefque de G iaceftrerefpodit, que voîrement il auoit omis ces parolles:
Se la raifon eftoit pource que l'Egli fe de Dieu ne peut rien faire finon felô la Loy de Dieu,
ainfi que le Seigneur lui-mefme tefmoigne,quand il dit,Tafoynedefaudraiamais. Item
quand il dit en vn autre lieu,Ie baftiray mon Eglifë fur cefte pierre.
L e lendemain qui eftoit le premier iour d'Oclobre,fieges furent apprêtiez pour ces
Euefques, au grand temple de la ville d'Oxone, auec vn appareil magnifique . Quand ils
furent montez en leurs fieges,Ridley fut amené le premier . Et comme on s'efmerueil- Confiance
loit qu'il n'oftoit point fon bônet,il dit qu'il eftoit là pour défendre la caufe de fonMaiflre notablc-
Iefus Chrift:tout ainfi qu'eux y eftoyét pour maltenir le droit Se la caufe du Pape.Et pour-
queles tefmoignages par elerit eftoyent plus fermes qu'vne fimple prononciation de pa-
rolles, pour cefte raifon il auoit mis par eferit ce qu'il auoit à dire touchant les articles : Se
requit qu'il lui fuft loifiblc d'en faire leclure, d'autant qu'à grand' peine vn autre pourroit
lire fon eferiture : toutefois l'euefque de Lincolne ne luv voulut nullement permet-
tre . Sur quoyRidley lui fit requeftequelui-meimevoufîft prendre le papier, Se qu'il le
îeuft. Finalement après toutes difficultez, ceft Euefqueprint le papier , SC à grand*
peine eut-il ietté laveucdeffus,qu'il cômençaàcrier, Blafpheme, blafpheme.&: quant Se
quant ietta là ceft efcrit.Et Ridley luy dit , que s'ils trouuoycnt quelque chofè en tout ce
papier-la qui fuft mal eferit, Se quelques mots exprimez autres que ceux defquels les bôs
Se fidèles Docleurs auoyent vfé,il eftoit content qu'ils l'adiugeaffcnt à mort (ans mercy.
V!
Ridicyde- L'Euefque de Lincolnecncoreluy dit, quefacommiffionneportoit aucunement de
gradé. t;mc ]Uy permectrc.CEt incontinent procédèrent à la degradation,nonobftftnt tout droit
d appellation. ^ Apres cela ayant tait recirer Ridley , L a t i m e r vint après pour eftre
aulii enuoye au feu, lequel tant par la débilité delà vieilleiicque par le grand nombre du
peuple fur cellemenc cmpefchc , qua grand peine pouuoic-on fendre la preffe pour venir
iniques la. A la fin y ellancparuenu, fut incerrogue par Lincolne, s'il auoit mieux pcnle à.
Ion raid , &: délibère' deretout ncr à la ioy 6c vnicc de l'cglile , laquelle comme elle eft ca„
tholique & vniuerfelle,auffi eft-clle viiiblc:^ celle qu'elle n'cll poîr cachée fous vn muid,
ains cil mile à la veuc de tous liir vue haute montagne.
Latimer luv rcfpondic que cela eftoitvray, toutefois ilfatioit que toufiours la con-
grégation de l'Eghle cftoit fort petite . Et quant à l'Eglile viiible , il ne dou toit point li la
violences perfecution des ennemis n'empefehoit , que leur Eglife nelairroit point d'e-
ftre vilible,&: lèdiîateroit tant par dodiineque par prédication , aufii bien que la Papale.
Or d'autant que maintenant on chalfe du royaume vne bonne partie de celte Eglife , de-
tenans les vns longuement en prifon,brullans les autres : comment demandez- vous cela
que celle Eglife foitvilible? En quel lieu lepouuoit voir la vraye Eglife du temps d'Helie,
i.Ro.si8. 4. qUand cent pr0phetcs fe cachèrent de crainte dedans les cauerncs:&: quand Hélie fe plei-
gnoic qu'il auoit efté laiffé feul ? Tel cftoit l'eftat alors qu'il y en auoit bien peu qui fe ma-
nifeftalfent. toutefois Dieu ne les auoit oubliezxomme auiourdhuy lemblablemcnt il ne
met point les fiens en oubli , combien qu'ils n'apparohTent aucunement deuant les yeux
de ce mondc.Finalementpource qu'ils ne voyoyent aucune efperance enlui,ils ledegra
derent aulïï,&: le lailîerent aller.
■ O y l a en Ibmmcl'hiftoiredes combats &:aflauts que ces vrais champions ont fou-
llcnus:ilrefte maintenant dedirequclquc choie de l'hcureufe iflue que Dieu leur a
donnée en leur mort. ^11 a elle touché cy delfus, de quelle affection s'eftoyen t etretenus
&c fortifiez, Nicolas Ridley &: Hugues Latimcr,ellans détenus priibnniers pour la que-
relledu Seigneur. La mort cruellequileura efté prefentée après lôgue detencion,n'apeu
leparer n'amoindrir ceftefainde affection :tanteftoyent -îlsarmezde force &c confiance
pour en vn mefme iour, &àvn melmc pofteau palier cheualiers de Tordre du Fils de
Dieu. ^Mais auant que venir au dernier lupplice de Latimer,oyons l'adieu plein de beL
les fimilitudes 6c de confolation qu'il laillàauant mourir à lès compagnon s, qui pour vne
melmecaulc de l'Euangile enduroyét perfecution : laquelle a efté traduire côme s'enfuit:
L e Seigneur tout puiffantvueille faire abonder en vos cœurs la mefme paix que no-
Matth r 13 ftrc Sauucur Iefus Chrift a laiffee entre les fiens,laquclle neft pas fans guerre auec ce mi-
ferable mode, Amen. L a làifbn eft venue,querheriragedu Sefgneurfecognoiftra-.c'cft
que maintenant apparoiftront ceux qui ont receu l'Euangile de Dieu en leurs cœurs, car
tels ne flétriront point , mais croiftront maugre l'iniure de routes les pluyes &: tempeftes
du monde.Et pourtant que ie fuis petfuadé (trefehers au Seigneur ) que de fait vous eftes
femenec de la bonne terre de Dieu, qui croiffez &: croiftrez , produifàns fruid à fa gloire,
com me l'occafion le prefentera , quelques chauds 6c ardans que foyen t les rayons du fo-
leil: ic vous lignifie, voire &c exhorte chacû de vous de marcher après noftreMaiftre Iefus
Chnft.ne demeuram point par les fanges &: bourbiers,&: n'eftas eftonnez des orages que
voyez, qui poffible dureront longuement. Soyez certains que la fin de l'orage en lerenitc,
engloutira toutes les peines précédentes . Mettez Ibuuét deuant vos yeux le conlcil de S.
Paul, qui eft en la fin du 4.chap.delai.aux Cor. & au cômceemét du 5. ce vous fera vn re-
ftaurat pour vous lbulager,afin q ncdefaill iez. Et puis que tant defreres &: fœurs palîent
par le melme lèntier,vous en deuez auoir meilleur courage, 6c marcher plus loyeufemét,
pour la bonne cornpagnie. Leplusgrâd ami de Dieu n'a point trouué plus beau chemin
neteps mieux difpofé q vous auez à prefent, en allant au lieu où nous afpirÔstous,quicft
leciel.l.i(czGenefe,cncommençantà Abel,pu!sNoé,Abraham,Ifaac&; Iacobjofeph,
les Parmi chcs,Moyfe>Damd,&: les fàinds du vieil Tcftamct : &c me dites li iamais aucun
d'eux a ti ouuc plus beau chemin . Si l'Ancië n'eft aflez, venez auNouueau:& cômencez*
à Marier Iofcph,&: delà àZacharie&: Elizabeth,Iean Bapriftedes Apoiïres&: Euangcli
ftes. Si vo9 eftes recors de l'Eglife pt imitiue,tôbié ven a-il qui alaigremét ont offert leurs
corps à griefs tourmcs,pluftoft qd'eftreempelèhez ou retardez en leur voyage?I'o{e bien
dire qu'il n'y auoit iour en l'annéc,q plus de mille ne laiffaffent leurs maifons d'ici bas en
grade ioye,pour aller trouucr celle habitaaô q 1 e tedemet de l'hômc ne làuroit côprédre.
Or quand
Hugues Lat 'tmet. jfj-
Or quad de tout cela ne feroit rien , & quen auriez perfonnepour vous tenir compagnie;
vous auez noltre Maiftre& Capitaine IclusChrilt,Fils vnique,auquel cft tout le bon plai-
fîr &: dclcctatiô du Pere:voùslauez(di-ie) qui marche deuant vous . Le chemin par lequel
il cil paruenu cnfàlerufalcm celefte , n'cltoit pas à beaucoup près fi beau ne ii plaifhnt que
levoftrc:lc confiderans depuis fa naiilanceiuiques à la lcpulture, nous trou lierons q nous
n'auons que tout beau temps &c beau chemin : mais d'autant q nous-nous am trierions par-
la voye fans diligéter d'aller , noftre Seigneur nous fufeitedes orages ôl cem peftes pour ha-
fter chemin deuât que la nui& vienne, &z que lés portes loyent ferrées. Le diable cil main-
tenant à la porte d'vn chacun logis , en la cite :&c région de cemonde,çriat après nous pour
nous taire demeurer &. prendre logis en ce lieu , voire pour nous perluader d'attendre que
longe s'cicouJe : non pas qu'il nevouluft bien que tintions percez de làpluyeiufquala
peau , mais afin que le temps fè pafle à noftre ruine &z deltruchon . Parquoy donnez- vous
bien garde, &. fuyez tes allechemens &: perfuaiions : ne îettcz point vos yeux lur les choies
jprefentes,& ne regardez quêtait ceftuy-ci, ou cclluy-la: mais îettez la veue fur la bague la-
quelle vous courez, ou autrement vous perdrez l'honneur de la victoire. Dreilbns, dict-
ions donc noltre veuë au but de noftre courlc,&: fur ceux-laqui marchent deuant nous:a-
hn que puilfionsprouoquer&: inciter les autres à nous luiure plus haftiuemenc. Celui qui
tirede l'arc, neiettcpasfa veue fur ceux qui font auprès , ou fur cenxqiiilepourmeinent:
mais pluitoit fut le but auquel il tirc:autremétii n'elt pas pour gagner le pris.ainfi mes tref
chers au Seigneur, que vos yeux foyent drelfez fur le but auquel nous tirons , ailauoir Iefus Ht-lm*
Chrift, lequel pour la ioyc qu'il fe propofoit,porta îoyculement iacroix, en mefprifant tel-
lement l'ignominied 'icclle,que maintenant il fied à la dexcre de Dieu . Suyuons-le donc,
mesfeie^carilafàiccela pour nous donner courage. Car nous deuons eftre bien affeu-
rez , que fi nous femons auec luy , certes nous moiflbnncrons quant 6z luy: mais fi nous le
dénions, iln y a nulle doute qu'il ne nous renonce aulfi. Car celui qui a honte de moy(dit- Marcs**
il)&demonEuangileen ceite génération infidèle: l'auray honte de luy deuant les Anges
de Dieu auciel.O que voila vnegrieue&: terrible fentence contre ceux quirecognoilfans
la Méfie cttrevne idolâtrie abominable s pleine de blalpheme&rfacrilege contre Dieu&:
l'on Chrift (comme elle ett àla vérité ) neantmoins par crainte des hommes , &; perte delà
vie ou des biens, voire aucuns pour leur auantagc& profit rhonnorct&: luy font homma-
ge , diiïimulans contre leur propre conlciencc, laquelle les accule : il cuit mieux valu que
telsneulfcntiamais cogneu la verirc , car la fin d'iceux elt pire que le commencement. Matr.u.^j
Tels auroyent befoin de prendre garde à 1" horrible fentéce def Apoftre efcriuant aux He-
bricux, fîxiefme &dixicfme chapitre : Ulez-la de peur que ne trébuchiez en telle condam-
nation.Qiûlsnc iouent point ici hnement,fedeceuans eux-melines allans à la Melfe,d'au
tant qu'ils n'y font nulle adoranon,ne s'agenouillent point,ne fc frappée la poi&rinc com-
me les autres,ainsdemeuransaflîs en leurs fieges,cuident pluitoit faire blé aux autres, que
leur nui! e,s'ils vouloyent entrer en leurconlciëce,ils fe trouueroycnt vrais dilïimulateurs,
&; cerchans àdeceuoir les autres:certainement ils craignent plus les hommes que Dicu,le-
quel a pouuoir de ictter cor ps & ame au feu d'enfer . Ils clochent des deux cottez, 6c fer- Mat-toiS
v.ent à deux maiftres. Le Seigneur donnegrace à telles gés,& leur ouurc les y eux, afin qu'- h °1S !
ils puifïènt voir que celuy elt contre lui qui n'elt auec lui:&: que ceux qui ne , aflemblent a- Luc.11.13
uec Chriftjdpardent.Qu'ils lifenteeque fainct lean dit eftre préparé aux infidèles. Le cô-
feil donné à l'eglifê de Laodicée eft bon pour telles gens. Mais vous,trefchcrs au Seigneur, £^1!*
n'ayez honte de TEuangile de Dieu: car c elt la puiflance de Dieu en falutà tousceuxqui
y croy ent. Soyez participans des affli&ions de Chrift, félon que Dieu vous donnera force
pour les portenn'cftimans point petite grâce de Dieu de fournir pour fa vente. Car vous i.Pier.4.1»
cftes bien-heureux, comme le verrez vne fois . Lifez le fécond chapirrede la féconde aux
Corinthiens. Commelefeunenuiepointàror,ainslcpurifie:ainfi ferez,. vous purifiez
en fouffrant auec Chrift. Le fléau &c le van n'endommage^ ne froifTe point le froment,
ains le nettoyé & fepare d'auec la paille. Vous, trefehers & bien aimez,eltcs le froment du
Seigneur.ne craignez pointdonc le van, ne craignez point la pierredu mou lin: car tout
cela ne vous fera que rendre plus purifiez pour le Seigneur. Le lauon & ziepe comblé qu'il Le fauon
foie no 'r,nc rend point le lingefale, mais pluftoft le fait plus blanc &: plus net: ainfi la croix llo,™u ie"
noire de Chrift nous blachit tât plus,quâd Dieu nous frappe du baftoy . D autat q vous e ^un c s° ÏÏs
ftes les brebis de Chrift , preparez-vous à la boucherie , lachans touliours que voltre mort f An-ictcr.
elt precieufe deuant Dieu. Les ames qui font fous l'autel nous attendent, pour accomplir c *-
Tcii,
I/Wo V* Latimer3& %[dley.
leur nombremoiisfommes heureux file Seigneur nous y a deftinez par quelque movcfl
" " q ce lbit.Repofèz-vous&ibycz du tout appuyez fur luy, lequel a nôbrc tous les cheueux
dcvoftretettc:& n'en cherra pas vn feulfanslà volôte. Vucillôs-nousou non , il nousraur
boire au hanap du Scigneur,s'il nous eft préparé 6c ordonne de hiy.Bcuucz_ledôc de hou
A?0"l"6';9 courage cependant qu'il cil plein, depeur qu'en différât, paraueture ne beuuiezfinalcmct
pfcau.?v.s Le fond 6c la lie aucc les reprouuez. Soumettez-vous dôc ibus la main forrc,& nul ne vous
i.Pi«.4.r toucher.'! fans Ion côgé. &c i\ on vous touche , c'eft pour voftre bien 6c Ialut. Beniftez Dieu
qui vous corrige en ce monde,afin que ne foyez condamnez auec le monde. Il nous pour-
roit biê corriger par autre façon, que de nous rairefouffrir periccution pour iullice: mais
il fait cela pouiccqnousncfommcs point du mode . Inuoquez ion nom par IefusChnft,
demandans en ioyc& licilclon ialut &; deliuranec. Croyez qu'il cil mifcvicoi dieux enuers
Pfr3a.91.tf vous,qu'il vous oit,&vous aide. le fuis aucc vous(dit-il}en téps d'aduerfité,& vous dcliurc-
rayrcar il a ordôné certains limites q le diable 6c le monde ri'outrcpalïerôt point. Si toutes
iob ».i> choies vous Icmblcntcllrc contraires, neantmoins dites auec Iob,Encorcs qu'il metue, ii
auray-ie cfpoir en luy . Liiez ledixicmc Pleaume, & priez pour moy voftre pnurc frère &
compagnon, periecuté pourrEuangiledcDicmlbn nom en foit loue, & iamilcricordeme
face auec vous idoine de ibuncrir& endurer en bônecôleiencepout l'amour de (on Nom.
Rien n'eft plus certain ne plus incertain que la mort . bien_heureux font ceux aufquels il
HcJ>i t donne demourir pour là querelle.Noltre habitation n'eft pas icy:& pourtant,ayonstouL
lia ... ^ iours deuant nos veux ccftclerufalé celcfte, à laquelle il faut piruenir par affliclionMbufc
£rance,iiiyuans l'cxem pie de noftrc Sauueur Ieius Chriit : nedoutans point que comme il
eft îelfufcite immortel au troilîcme jour , auffi ferons-nous en temps preferit , lors que la
r.Cor.:^i trompette fonnera , 6c les Anges feront ouïr leur voiv,&: le fils derhommeapparoiftraés
nues en maiefté 6c grand" gloire: &: nous icions cfleuez aux nuées pour venir au deuant du
Seigncur,& viure aucc luy éternellement. Confolez~vous par ces parolIcs,&: priez pour
mov au nom du Seigneur.
L t S exhortations dernières & paroles familières que profera H.Latimcr vn peu deuant fa mort.
Pr e s que ce bon percLatiniercutfaitcequicUoitdigned'vn vraycheualierChrc
j^§fticn,l'heurc du dernier fuppliceapprochate ,il admoneftaaufl] ceuxquieftoyét or-
donnez pour le conduire:i'pecialemcnt ceux qui par leurs raiibns humaines tafehoyent de
le diuertir ou cfbranlcr. Puis en leur prelènce ayant fait ion oraifon à Dieu, commeca s'ef-
çaycr,& (comme fon naturel porton) parler à (oy_mefrne par manière de dialogue, pour
faire le procès à les adueriàircs: &: dit en celle l'or te, Vouement Latimer,il te faudroir pen-
1er à ce que ces peribnnages te difent,& te deldii e pour (auucr ta vie. Ouv, dit-il, mais qui
es tu qui me conleilles de ce fairerSi tu n'ofes dire ton nom,ie le tediray: Tu es cecôfeillicr
Mait.i^.13 que Ieius Chriit a nommé Satan, quand il luy vouloitperfuadcr deuiter la mort . Maisef*
coi itc en patience, puis ic me deidiray. Vous tous, foyez exhortez auiourdhuy, qu'-
il n'y a qu'vn feul moyen de parue nir au royaume éternel, c'eft par l'Euangiledenoftre
Seigneur Iefus . A près qu'il eut dit plusieurs choies des iugemens de Dieu fur le royaume
d'Angleterre, il vint à dire , le von s ay promis de me deldire , 6c partant vous m'auez au/îî
promis audience: ayez donc patience encorevn peu vous entendrez cedequoyieme
veux deflirc:& ainfi les tenât fufpcns,continua ion propos,tellement qu'il fut eicouté. A
la fin il leur dit , Il eft temps que ie m'acquirede mapromeffe , & que ic déclare dequoy te
) .uimet ic me veux dédire. Elcoutez, il m'a fotiucnu d'auoir prefchc autrefois quel' A mechrift n'vl'ur
JdaitJ'i- peroitplus la tyrannie en ce royaume, qui auoit elle tant bien réduit àla parolledeDieu.
"uclÎv^ mais le Seigneur monftre que le plus fouuent nous contons fans luy, nous appuyans fur
pautc ne rc- ccs bras morte ls , 6c furies t elles apparences que nous voyons à l'œil: parquoy ie m'en dcf.
pin" ên An- dy.Orce n cil pas touf efeoucez donc, il y a dauantage : c'eft qu'aum" i'ay fouuenancc d'à-
gtetate. uoir dit que s'il mcfalloit mourir, ce lèroit à Smichfild: & maintenant ic voy que i'ay men-
ti^ qu'à Oxcneictrelpancray: parquoy ic vous pren tous en tcfmoins que ie m'en deldy,
& en paiîc réparation honnorable. A grand' peine eut-il acheué, qucccuxquilàeftoyent,
cfmcus de courroux meilc&: couuert de honte d'auoir eftcfruftrcz de leur attente, com-
mencèrent as eferier contre luy , de (brtc quecefaindperfonnage n'eut plus d'audience:
mais le dernier fupplicc fut hafte : lequel il endura aucc vnc conftance admirable, ayant
touliours propos de confolation en la bouche , iulques à ce que le tourmet du feu luy euft
ofté toute faculté dcpailcr.Ce fut le xv 1 .d'Octobre de celle année m.d.iv.
NICO.
Nicolas Du Cbe/he.
3*S
NICOLAS DV CHESNE, Champenois.
V N E Croix des champs amené par occafion ce Nicolas à la v raye Croix Se tffufion de Ton fang , pour teftifier de
pEuangile.il a l'urmonté fhypoenfie d'vn Caphard qui le trahit: en cjuoy fe manifelU la vertu inuincible de
1'Efpnt de Dieu en ceux qui lnyuent & adhèrent à fa Parolle.
Pk f. s auoirdifcourules Martyrs Anglois de ceftcannc'e m.o.l v.auant que
palier plus outre au temps, le martyre de Nicolas du Chelhe pourra cftre icy
inféré deuât les prochains deux frères exécutez àMalines.Sa procédure efiant
ioincte auec celle de Paris Panier cy défais delcntc en fon ordre , monftrc a/TeZ
de quelle haine la vérité du Seigneur eft perfecutée en la Conté de ôourgongne, non feu-
lement contre ceux quiibnt du pavs, mais auiïi contre les étrangers qui pauent leur che-
min.Paris eftoit Bourguignon,^ celtuy-cy eftoit Champenois natif de Beaumont en Por-
cien près de Retel, ayant iàreiîdenceenlavillc de Laufanne:en laquelle il s'eftoit retiré
pour y viure iclon la reformation del'Euangile. La cauië de l'arrefter prifonnierfutjQu^e-
ftant parc i dudit lieu de Laulanne pour voyager en fon pays,&: amener vne Tienne fœur Se
fon mari demeurant audit Retel, &c quelques autres qui demeuroyent à Reims en Cham-
pagne,pnnt fon chemin droit à Belànçon,lc xxvm .iour de Septembre m d . l i i i i .De
Belançon cheminant a Gry, il rencontra vn moine inquifitcurquil'accofta. Pafîàns deuât
vne Croix qui eftoit au chem in,Nicolas ne fit aucun le blant d'ofter ion chapeau:qui don-
na occaiion au moine d'entrer en deuiiê de la religion, &: de contrefaire l'entendeur , pour
auoir occafion del'arrraper. Arriuezqu'ilsfurentàGry,&:que Nicolas y eutprins logis
par l'aduis du Moine, la iulticedu lieu,à la dénonce & aceufâtion dudit , empoigna Nico-
las : lequel voyan t fon Moine conducteur &: guide des officiers dit > O traître , m as tu ainû
liuré ?Laiuftice demanda au prifonnier , d'où il eftoit :& il refpondit , qu'il (ètenoitàLau-
fanneen lamriidiction des Seigneurs de Berne: & qu'il y auoit laùTé fa remme auec vnlîen
frère. On luy rephqua,Tu n'en es pas natif. Non, dit-il:mais d'vn villagepres de Retel. In-
terrogue qu'il y alloit faire: dit, que c eftoit pour retirer fon beau-frère &: fa fœur femme d'-
jceluy:&vnautremefnageaueccux.Surceil luy futdemandé,fi la Loy de Laufanne eftoit
bonne. Ilrcipondit, Qubuy :&: qu'on vprefchoitl'Euangile du Seigneur en toute pureté
de doctrine. Depuis on l'examina de p i uncurs poin&s: fur lclquels il rendit pure &: entière
confeiîîon: fur laquelle la Iuftu e affeant toute cauiéde condamnation, prononça fentéce
de mort contre Nicolas . Aucuns luy conlcillerent d en appeler à Dole : mais il rcfpondit>
qu'il ne penfoitpasqueceuxde Doiefuffentplus gens de bien qu'eux : car depuis peu de
temps, ils en auoycnt rait mourir en pareille caufe.
L f iour d c deuac que Nicolas fut mené au fu pplicc, on tafcha de luy perfuader, que s'il
vouloir aller à la Mcllé, & fe mettre a genoux durât icelle, on le lailferoit aller comme paf-
fant.Mais Nicolas armé deperfeuerance,refponditpluftoft mourir que de commettre vn
tel acte.il alla a la mort fort a fleuré, inuoquant lenom de Dieu iufques au dernier mouue-
ment de ion corps.ee fut le v 1 1 1. d'Octobre, l'an fuidit: auquel Tordre des temps requiert
qu'Ufoic remis.
mm
FRANÇOIS & NICOLAS MA TTH Y S, Frères Je Malmes.
C E S T E hiftoire d'vne mere 5c de quatre enfans crnprifonnez à Malincs , pour la vérité de l'Euangile eft notable:
deftjuels les deux, afTauoir François Matthyi ,cju: eftoit l'aifné, Si Nicolas Matthys le fécond frere,ontcon-
ftamment enduré la mort en ladite ville,la mere reftante prifonniere,apres la mort d'iceux.
Nia ville de Malines aupaysdeBrabant, iîege du Parlement des pays-bas, il y ^
auoitvnnommé André Dieflên mari d'vnenomméc Catherine, de laquelle
il auoit quatre enfans,affauoir trois fils de vne fille . Ayant receu la cognoiflan-
cc de l'Euâgilcnc fut négligent à inftruire la famille: ilportoit de gran s regrets
en ion efprit, de ce que la doctrine delcfusChnft eftoit ainfi foulée à pieds enlavifiede
Malincs,&i contaminée de tantd'idolatries : &:nefe pouuoit contenir, (ans quelques fois
s'oppofer &: parler contre icelies.Cc que les Preftres de ladite ville,ne pouuans foufrrirjuy
drefferent grandes fa(chcries;tellement que force luy fût de fortir de la ville,&: s'en aller en
Tt. iii.
Liure V. François & J^Jcolas *Matthys.
Anglcterre,où il mourut en la compagnie des fidèles . Deux de les enfàns après auoir de-
meuré en Alcmagne quelque efpace de temps éseghfes reformées à la parollcde Dieu,
retournèrent à Malines vers leur mere vêtue , leur fœur &: autres leurs parens , lefquels ils
tafeherent d'inftrune en la vrayecognoiïîance del'Euangilc, leur monftranscn lomme
que tout leialut dépend d'vn feul Iefus Chrift ,& du précieux fangqu'il a efpandu en re-
miffion des pcchcz& fatisïâdîon cnuers le jugement de Dieu . L'odeur de cefte dodrine
vint à la cognoiifance des fuppofts de la prcftraille du pays . Parquoy ils drefTerent tous
moyens pour les attraper : 6c iur tous , le curé de lainde Catherine audit Malines s'y em-
fncufiTdo" ploy^&âduertit vnnommé,noftremaiftreRoardus Tappaertdodeui &: doyen de Lou-
ûeur de uain,inueteré ennemi de la venté, 6c le folicita de venir . Iceluy citant venu à Malines , ce
Louuain. futdc foliciter au poflible le Mayeur( qu'ils nomment Scavvtet) le ficur Guillaume de
kleicken^èigncur de Rouenkerken,de prendre les deux frères auec la mere & l'on troifie-
me frère auec la lueur. Laquelle chofe ce Mayeur ne réfuta de faire, eftant requis dotant de
gens, qu'ils appellent d'eglife.Tous cinq donc furent mis en prifon:& pendant leur déten-
tion, la preftraille cercha tous moyens de molcftcr& dediuertir lefdits cmprilbnnezde
leur droite cognoiflance:mais ils n'y profitoyent rien . Parquoy on (epara la mere auec le
plus icune frère 6c la fceur,en vn autre endroit de priion. Le plus icufne frère 6c la iceur fu-
rent deftournez du vray chemin par les aftuces 6c lolicitations des ennemis , quelques ex-
hortations ou remonftrances que leur bonne mere lèuft dire ou faire . Ils parlèrent par ce-
fte condamnation: Qu'ils ieufneroyent quelques ioursau pain 6c à l'eau, &c qu'ils alïifte-
royent aux MeiTes,&: proccflions du Sacrement,veftus de linge blâc.La bonne mere non-
obftant perfeuera conftamment en la vérité du Seigneur . Et comblé que par l'aftuce d'vn
moine elle ait efté depuis elbranlée&: deftournée de cefte confiance, neantmoins quand
on l'amena deuant le Magiftrat,folicitée à fe deldire,refpondit entre autres propos qu'elle
les prioit de ne la mener li loin arrière de la vérité, 6c qu'en icelle elle vouloit demeurer, 6c
adorer vn feul Dieu,par fon Fils Iefus Chrift:puis q luy feul l'auoit rachetée,fans autre.Sur
ces parolles elle receut incôtinent fentence,ou pluftoft vne menace furieule du Iuge-.afta-
uoir,deftre mife en perpétuelle prifon,s'elle ne le defiftoit de telles opinions , en receuant
des mains du preftrele facreraent,&: approuuant les autres cérémonies accouftumées.
S e s deux fils cy delTus nommeZjaiîauoir l'aimé 6c le fécond , perfeueroyet toufiours
de force inexpugnable,fe tenâs à la pureté delà dodrine de Dieu: &: n'y eut menaces ne tor
ment qu'on leur ieuft faire,qui les cîpouua taft. Les fuppofts de l'eglile P.a pale ,voy ans cj[
toutes leurs inuétions profitoyét fi peu, delibererét enfemble de les amener deuat la puil-
fance qu'ils appellent feculiere , accompagnez degrand nombre de moynes 6c caphards,
penfans par cefte malque extérieure efpouuanter ou elblouir ces deux ieunes gens. Tou-
te cefte trouppe donc eftant venue deuant les Magiftrats à leur inftance alTemblez,rin..
quifi teur comméça à dire à haute voix, Nous auons délia pris grand' peine pour vous de-
ftourner de vos erreurs,&: toutefois par amitié nous n'auons rien profité . 11 faut donques
maintenant que vous déclariez îcy voftre foy deuant ce fiege de iuftice 6c fuperiorité,
6c Ion verra quelle elle fera trouuée. Sur ce rei pondit le plus ieune des deux frères, aila-
uoir Nicolas: L'Apoftre laindPaulny les autres feruiteurs de Dieu n'ont iamais diffe^
ré défaire profelfion 6c confeiîîon de leur foy, tant deuant la puilTance ecclefiaftique,quc
icculiere, que vous appelez: & pourquoy ne ferions-nous le mefme, veu que c'eftvnmef.
me Efprit qui nous donnera dequoy vous refpondre?Ne penfez pas pourtant nous intimi-
der.-nous auons bon maiftre . ^"Ces aduerlàires voyans cefte promptitude,les firent fepa-
rer l'vn de l'autre. Et demandèrent premièrement à railné,à làuoir François,ce qu'il croy-
oit. Il refpondit croire tout ce qui eft contenu au vieil 6c nouueau Teftamet. Les Théolo-
gies là prei'ens dirct,Qui vous a enfeigné le viel 6c nouueauTcftamét?Pour l'auoir leu,dit-
il,& pour l'auoir ouy an nôccr en Alemagne:&: le Seigneur nous a fait cefte grâce , de nous
auoir ouuert les yeux 6c l'entendement pour l'entendre . Les Théologiens procedans ou-
rrc,dcmandcrcnt s'il tenoit l'eglile Romaine pour l'cglife catholiquc.Rcfpondit que non.
Efcoutez, dirent les Théologiens, il eft vray qu'il y a quelques erreurs 6c abus en icelle.
François coupant leurs propos, dit, Il s'enfuit donc que ce n'eft point la iainde Eglife ca-
Th l tholique &l'efpoufe de Iefus Chrift : laquelle doit eftre fans fouilleurc &macule,comme
JL dl'loa lacoulombc. Lcldits Théologiens arreftez tout court en leur propos deuât la multitude,
uam furpris paiîercnt outre: 6c aualcrent cefte honte auec vn mot qu'ils adioufterent , que leglife Ro-
cn kur pro- ç C^.Q^ {oUS yà protedion delà fainde Eglife Chrcftienne, dont le Pape cftoit le chef.
* '- Car
François &* Nicolas Matthys, $86
Car,difoyent-ils,ccpcndant que Iefus Chrift eftoit icy bas en cerrc,il en eftoit le vray & v-
nique chef: mais depuis qu'il eft party d'icy , il alanîé fàinct Pierre chef lur icelle:duquel le
Pape tientlafucceision.Acelanéfk François aucune refponfe: mais en fouinant donoit
àcognoiftrel'ignorancedeces Caphars. &c aucuns de ceux quieltoyentprefèns en eurét
honte.^En outre on iïntcrrogua comment il fentoit du Sacremét. fy. Quad on reçoit la
Cene du Seigneur fous les deux efpeces, lelon ion ordonnance,comme il eft eient par les
trois Euangeliftes & iainctPaul,on reçoit le corps &: le lang de Ieius Chrift. Sur cela dirct,
Mais que ientez-vous du iacrement qu'on porte par les rues & aux malades? Des ou- Du Sacre:
blies que vous portez aux malades, &c pourmenez par les r ues,nous n'en tenons rien : c ar ttM:«tP°r^
quant aux maladesmous prions le Seigneur de leur vouloir donner vrayefoy fondée en ià ^u aruc*
pârolle,pour les conduire à la vie éternelle. Aucuns preftres qiù là elloy en t demander et,
Et Dieu n'eft-ilpointenrhoftiequicftcsmainsdesprertres,quâdilsc6racrent? fy.. Non:
mais Dieu eft en toutes les ceuures , &c n'eft enclos es temples faits de mains d'hommes.
D. Mais, Où eft-cedonc que Dieu demeure? çt. Le ciel eft fon ficge,&:la terre lôn mar-
chepied. Sur celale Mayeur de la ville en fegaudiflant dit,Il faut donc que voftre Dieu ait Bhfphemc
de longues ïambes. Puis on demanda de la confcfsion &c abfblution des preftres en celte çôm Diel1'
manière , Ne croyez-vous pas que les preftres en la côfelsion ayée puiftance de retenir les
pechez,ou lesabl'oudre?^. Nôxar le Seigneur nous appelé à iby,diiànt, Venez à moyvo9
tous qui eftes chargez:& ie vous foulageray. C'eft donc à luy que nous deuons aller pour
eftre delchargez des fardeaux de nos péchez. En après interrogué s'il s'eftoit fait dere-
chef baptifer.Refpondit , Pourquoy me troublez-vous tant?nous auôs efte' vne fois bapti-
fez;dont nous-nous contentons , &c ne voulons eftrefauucz parle Baptefme, mais par la
foy en Ieius Chr ift:car le Baptefme ne nous eft autre chofe , fi non le ligne de l'alliacé &c du
renouuellementdevie,que nous auons par l'eifufion du fang de Iefus Chrift. ^Surquoy
pluiieurs ignorans,qui là eftoyent prefens,dirent , Cela eft bon,& nousièmble véritable.
Les Théologiens iniiftans en leurs demandes,dirent, Que dites- vous delà merede DieU
&: des Sain&s de paradis?ne demâdcz-vous point leur intercefsion? Iefus Chrift eft
l'huis &L la por te:& qui n'entre par icelle, il eft pronôcé meurtrier & lariô.V oire,dirét les
Théologie ns,ce ne ieroit donc à voit rc femblant rien des îours de feftes,des luminaires &c
choies l'emblables. Ri. Tout cela n'eft qu'idolâtrie, entant qu'il n'eft fonde' en la parolle
de Dieu. D. Quand les hom mes decedent,n'eftas point nets ou purgez de leurs péchez»
ne croyez-vous pas queparv;giles& anmuerîàires ils foyer rachetez du feu de Purgatoi-
reiFrançois haulfant fa voix,dit , Purgatoireiienetrouueés Efcritures aucun Purgatoire:u"
vous en trouuez vn en icelles,ic m'y accorderay. Les Théologiens rei'pondirent que faci-
lement ils le pourroyent môftrer : ce qu'ils ne firent toutesfois:car ils deiiroyêtlaiirer Frâ-
çois,&: retourner à l'autre lequel ils auoycnt fait mettre en vn licuà part.
^Vn e partie dôc decefte troupe.fut enuoyce vers lefecond,aifauoir Nicolas , pour
l'examiner,ou pluftoft pour le tourmeter. Aufquels il dit de premier abord, viat d'vn pro-
uerbe vlité en vulgaire, Venez-vous icy pour me vendre des queues de renards ? hypocri-
tes , departez-vous de moy, &: m e lailiez en paix: car ie veux demeurer en la venté , n'efti-
mant rien vos fables 6c menlbnges,encores qu'il me couftela vie. A cefte voix furent fi ef-
frayez les lu (dits fuppofts de preftres,qu ils retournèrent vers l'aimé deidits frères, luy cô-
feillantque pour luy &: pour fon frère, il aduiiàft de trou uer moyen de fe réconcilier à l'c-
glile. Mais ledit aifhé leur dit,Ie vous prie côtentez-vous , car ie n'ay point mtétion de me
laifler trompera ay mon eipoir en Dieu. ^ Depuis cclales preftres voyans qu'ils ne profi-
toyent rien?& quelefdits treres demeuroyent rcfblus du tout, ils les firent venir deuât les
Iuges,&: là furet leus leurs articlcs:aprcs la lecture defquels leur demâder en t s'ils s'en vou
lovent deiifter.Les deux refpondirét, Non,fî nous ne fommes côuaincus par la fain&eE-
fcriture.Loi s les Inquifiteurs dirent aux magiftrats,que puis que ces deux prifonniers de-
meuroyét ainli obftinez , cotre la doctrine de reglile,qu'ils les rctrenchoyét d'icelle com-
me membres pourris,en les excômuniant,&c. A cela dit le Maycur,Doncnc font ils plus
bourgeois:&: ieies puis bien mettre à la torture. Le lédemain ces deux freres furet mis fur
la queftion ,combicn que pour cela il y eut différent, &c ne s'accordoyét ceux du magiftraç
debatâs le droictdela bourgeoifie de Malin es.Quoy non obftant,l'aiihé fut mené àla tor-
ture lepremienauquellcs Inquifiteurs dircnt.Tu péies par doctrine eftrâge&: double li-
gue no9 côuaincre:mais tu ièntiras le chaftimét de l'egliié Romaine ta mere. A quoy il rd-
pondit,Nous ne vous auons aucunement conueincu par double langue: a ms par la pure
Te. îiii.
Liure V. François & J^jcoUs MatthyS.
parolle de Dieu,pour laquelle volontiers nous endurerons toutes les peines 6c douleurs cj
vous nous pourriez faire.Le mefmedit le ieune rrere,donnant courage à Ion rrerc qui iac-
ftoit fur le banc de la torture.Ces luges 6c Seigneurs voyans cefte côftance , furet mcrucil-
lculcmét cftonnez, 6c de bonté des larmes qui leur fortoyent des ycux,fc retirèrent à part.
Puis après rctournans vers eux leur dircnr,Si faut-il que vous nous déclariez qui cft voftre
maiftre,&: qui font vos compagnons. L'aiiné refpondit, Quant àcc que demandez qui eft
noftre maiftre,c'eft Dicu:mais quant à no^ compagnons ,c'eft en vain queledemadcz: c ai
nous-nous bifferions phdtoit tirer pièce à pièce que de les expolcr aux dagcrs.Quoy voyâs
lefdits luges & Seigneurs, commandèrent qu'ils fulfent remis en prilbn miques a ce qu'on
les demâderoic. Peu de temp- après ils furent menez deuant la iuftice>fcantcfur les iieges
dejudicaturcA' là derechef leurs articles eftâs publiez , lcldits deux frères à haute voix en
plein parquet dirent qu'ils perliftoyent: tellement qua l'heure ils receurent lentcncede
condamnation:laqueiie cftant prononcéc,le Mavcur de la ville leur < ÎicPl enez vn confeC
feuncar demain il vous faudra mourir. Auquel refpondirenc,Nous auôs Iefus Chrill pour
noftre confeffeur,duquel nous attédonsabfolution. Cela dit en pleine audience,on lesre-
menaenlaprifom&lclédcmam Lundy x \ i n.de Decembreauantrexecutioricesdeux
frères prefente toute la iuftice,auat eftre menez au lieu du dernier fupplice , le confo loyét
l'vn l'autre. EtlVn d'eux dit ces propos, Mon frere,nousanons vn bon maiftre,quiadôné
là vie pour nous, afin que tuisions fàuuez: ne nous départons point deluy , autrement les
loups nous defehircroyent, 6c nous feroyent plonger au gourre éternel. Si on nous oftele
corps,il n'eft polsible de toucher à 1 amc. Pluficurs autres parolles de côf'olation 6c exhor-
tation furet dites l'vn à l'autrc,auât qu'aller au dernier fupplice , de lbrte que plu/icurs des
afsiftans auec grande compalsion pieuroyent: 6c cependant la preftraille fc noit auec cris,
moqueries 6c miures. Quand les vingteinq ordinaires arriucrent en la prifon, le Mayeur
requit que la fentence donnée contre les deux criminels fuftleuë. Laditefentence les de-
claroit obftinez &: peruers heretiques:mais Nicolas le plus ieunedes deux refpôdit, Non,
mefsieurs les Burgmaiftres,nous ne fommes pas heretiques:nous croyons en Dieu le Pere
tout-puiffant, crcateurduciel&delarerre. Le Mayeur luy commanda de fe taire, &dit,
Vous eftes hérétiques. Auquel rcfpondit Nous ne nous pouuons taire, attendu que c'eft la
parolle de Dieu. Le Mayeur répliqua, Vous auez affez cfpandu voftre mefehante feméce.
Nicolas luy dit,Nous n'auôs point femé mauuaife lèméce: ains parlons la parolle de Dieu,
félon la do&rinedes Apoftres. Le MaycurJ'ay fait allez pour vous , ic vous ay mandé plu-
fieurs fauans,afin de vous deftourner de voftre foy diabolique. Nous ne les tenôs pour
lauans en la do&nne de noftre Seigneur , entât qu'ils nous ont voulu deftourner d'iceluy,
6c nouc mener aux elemens 6c créatures , en quoy ne les auons voulu aucunement croire:
car Iefus Chrift eil noftre Sauueur fans aided aucune créature. Le Mayeur , Taifèz-vous:
f.h:rh.i3 voftrc ièmence diabolique eft par trop efpandue. iji. Vos Preftres font venus denuiâ , 6c
ont fèméla mauuailcfcmence parmi la bonne.
^Or ainfî que les deux frères feconfbloyent l'vn l'autre, amenans partages de la fain-
cte Efcriture,le Mayeur ne les pouuant plus louifrir, dit , Nous n'auons ia befbin de prédi-
cateurs : quand nous voulons ouir la prédication, nous allons à noftre cgliiè.Lors dirent,
Monficur,nous parlés delefiis Chrift,lcquel peut eftre, vous ne cognohTez pas : mais vous
cognoiffez le Pape pour voftre Chrift.car quand nous dilions en noftre examen par deuat
vous ,que le ciel eftoit le fiege du Seigneur , 6c la terre f on marchepied , vous refpondiftes
qu'il falioit que noftre Dieu euft longues iambes. Or le Seigneur ne fouffrira point vn tel
blafpheme fans le punir. Ce Mayeur commanda qu'ils fc teufsent,dif ant au bourreau qu'il
leur mifl vn efteufen labouche.Etle plus ieune dit, Ainfi no9 ferez-vous corne vos prede-
Vn Martyr celfeurs ont fait par cy deuat,il y a dix 6c lëpt ans, à noftrefrcre lea , lequel a auf si efté brut
bxSié 1 m"' ^ Pour *a ycrit^' ^e Payeur leur dit,U ne vous en adiùendra moins qu'à luy. ^Ccs deux
Lnc-y. J a frères le voyans efeoutez de l'afsiftence, voulurent refpondre plus amplement: mais ledit
Mayeur nelcur voulut permettrerains s'efcria,difat, Pourquoy ef conte-on ces hérétiques?
louez maintenant voftre farce ,ie feray tantoft la mienne. Les deux frères reipondirent al-
lègrement, Faites, monfieur,quand il vous iemblcra bon.
Cela dir,ainfi qu o les menoit hors de la maiio de la villej'ls fupplieret qu'il leur fut per-
mis de predre coge de leur mcrc:mais le Mayeur ne leur voulu raccorder, ainsleur fit met
trcl'efteuf à la bouc he,pour les empefeher de parler. Et corne ils eftoyét allez prochaîs du
pofteau pour eftre attachez,la petite boule leur tôbade la bouche. Lors le ieune parla au
peuple:
'Bertrand UHUs. 3S7
peuplc:cxhorta, & pria le Mayeur le laiilcr parler à Ton frère: laquelle chofe illuy permit.
Lors il dit à ion frerc François,Mon rrere,prenons courage : car auiourdhuy nous irons au
royaume dcnoftrePere.Et commencèrent à chanter leiymboic en Alemand.Celafatt,ils
demandèrent pardon au Mayeur , lequel leur dit ces parolles,Il eft remps,puis que vous c- Notez c«
ftes hez àleftachc. Nous nousconfîons, dit le plus ieune, &: nous arreftons à Ieius Chnft, ^mcrs 3-
îequel vous ne cognouTez point.Ouy,ouy,dit le Mayeur.Et cependant le feu eftoit allumé
& paruenu au ieune. L aiiné ic conibla,&: dit, O mon frcre,encore vn pctit,&; ce lerafait.
Et il leuaion vifage,& s'eicna,Mon Dieu,mon Dieu.&: ainii redit Ton elprit.Leplus ieune
endura dauâtage: & l'ouit-on aufeu prier pour les cnnemrs:mais incontinent après il ren-
dit iemblablemcnt Ion efprit. ^~On fut empclché tout ce îour de Lundy a les bruiler &
confumer en ccndres,&: ne fut poisible : tellemét que les os furent bniez aucc fourches de
fer:&: quelque bois que Ion y mift, fi ne (curent-ils élire réduits en cendre.
BERTRAND LE BL AS, Toumifrn.
C I. que riousauonsveucydeflus au troifieme liurc auoirefte tait en Portugal par G. Gardiner, nous le vo-
yons icy renouuelé à Tournay par B. le Blas.-en quoy nous auons a confiderer de quelle vertu & efficace eft
le tdmoignage que Dieu rend au cœur de quelques vns,par l'on S, E Cprit:& quelle chfFeréce il y a entre ceux
qui ont ce tefmoignagej& ceux qui ne l'ont point: & entre témérité & fainciehardieÛe.
ïf^g* O V R clorre cefte année,i'aiTortiray aux precedensvn Martyr excellent que MJ>.L.V«
KJ§ïbù lepaisdeTournclyncuspreicntcen celieu,nommé Bertrand leBlas,natifde
ât! ¥2ï$% Tournay, hautliiTeur de m eftier .-lequel après auoir eu la cognoiiîance delà ve-
^klK rite,le retira à Vvelél,ville delaiurildictiô du duc de Clcues.-pour eftrc du nô-
bredel'EglileFrançoife,&: pour feruir au Scigneur,iouyr delà prédication delà lainctcPa-
rolle,&: de l'admimitration des Sacrcmcns : Il y penibit retirer fà femme mais il ne (dut ob-
tenir d'elle de fortir de Tournay:qui fut la caule que par trois diuerles fois il alla & vint de
Vvefel vers ellc.La dernière fois qu'il partit pour aller àTournay,pluficurs luy (firent le cô-
uoy:&: entreautres Maiftre Louys lors miniftrede l'cglilè Françoife audit Vvclel le côuo-
yant, l'exhorta à perleuerer conftammenten la vraye cognoiiîance qu'il auoitreceué', lâns
fc polluer en idolâtrie. A quoy ledit Bertrand relpondit,qu'ilfentoit vn vray mouucmét de
l'Elprit du Scigneur,& qu'il dperoit de ne cômettre choie indigne de la cognoiflace qu'il
auoit. Or citant arriuc a Tournay , nepouuant induire l'a femme à lailfcr le lieu defuper-
ftition&: idolâtrie, demoura audit Tournay quoyement quelques ioursauant la fefte de
Noël lors prochain, en cefteannée m.d .l . v . Bertrâd ledit îour loi tat du matin delà mai-
fon requit fa femme &:ibn frère de prier Dieu pour luy, afin d'amener à bonne fin l'entrc-
prife qu'il auoit relbln défaire ledit iour,fàns autremét déclarer quelle elle eftoit. Cela dit,
s'en alla en la grade eghle,appelce Noftrc dame , qui eft eglile cathédrale &: principale au-
dit lieu de Tournay .Là eftant, il le promena par trois fois à l'étour du cœur de laditecglL
fe,ayat delir de faire ce qu'il auoit entreprins au grand autel: Nele pouuât faire,il fe m it de-
dans la chapelle paroilsialc de ladite eglile,cn laquelle il le tint déboutée bônet fur la telle,
iufqu a ce que le preftre Cu ré lcueroit lolcnnellement l'on dieu en là Melîe.Si toft qu'il cô-
mença à le leuer,Bertrand luy vint arracher de la main: &: adreiîàt là parolle au peuple qui
là afsiftoit,dit à haute voix, Peuple abufé,cuidez_vous que ce toit icy Ieliis Chrift , le vray
Dieu 6c Sauueui rVoyez.Et après quelques autres parollesdcremonftrâce,ayant brilé en-
tre les main^ fhollie,qu'il appelent,la letta en terrc,&: parla deiTus.Lepeupleàcenouucau
fpeâaclc , errvn iour cic ii grâd' fefte &c deuotion, demeura tellemét cfTrayé,que ledit Ber-
trand pouuoitaifementlê retirer &c le làuuer , côme du milieu de gens frappez d'eftonne-
mct,n"euft elle que le Seigneurie referuoit à déclarer encore &: rendre plus ample raifô de
ce raict.Ne bougeât delà il fut apprehêdé,& mené priibnmer en la grolîe tour du chafteau
dudit Tournay.Orori le v int rapporter au Scnelchal de Hainaut gouucrneur deTournav
&: de Tourncly , qui lors eft oit en fa maifon au Bicz détenu grieuement de fa maladie ordi-
naire des gouttes articulaires. Apres auoir entedu ce fai«5t,s eicriaen cefte voix, Mon Dieu, Lc &nrf
ell-il poisible que tu te lois ainli lailTc fouller d'vn mefehant hommcrcômét ne t es-tu vé- chai promet
gé:Helas,côment as-tu cite lî patientîle promets/) mon Dieu , d'en ràire telle vengeance, dc venScr
qu'il en fera mémoire à touliours.il fe mit en telle colère , & en pàrollcs défi grande impa- onDlcu'
tiencc,quc ceux qui eftoyentprcfens,erbmoyent qu'il fut hors du iens. Incontinent après
Liurt^ V- 'Bertrand le 'Btas.
fc fît porter au chafteau de Tournay , &: ne pafla point les feftes de Noël fans faire donrter
la torture tcrribleà Bcrtrand,pour luy faire côfciîcrjion point le faid,ny la raifon du faict,
d autant qu'il leur en auoit iadit beaucoup plus qu'ils n'en vouloyent ouyr, mais pour dé-
clarer les compliccs.Car ayant efté en premier lieu interrogué,s'il auoit point derepentâ-
ce d'vn tel faid:& h eft ant à faii c,il le voudroit commettrc:auoit relpondu que cent fois il
le voudroit taire s'il pouuoit,& cent fois mourir, s'il auoit autant de vies , pour la gloircôc
honneur defon Sauueur Iei'us Chrift.Et pourcequeles bou rreaux ne pou uoy en t rien au-
tre tirer de lu y, le mcnaccrct de le mettre derechef fur la tortu t c,mais il leur dit aifeurémet
qu'il eiloit preft dcfbufïrir tout ce qu'on voudroit, &r qu îln'accuiéroit perfône rtcllemét
quepar trois fois luy fu t réitérée la queftion, laquelle ilenduraconftamment. ^Tclende-
main des fcftes,fans plus attendre>fut procédé àfacondanation.aiîauoirleSamedyvingt-
îicitbcfoin neufiémede Décembre, fèntencedc mort luy fut pronôcce en la forte & teneur qui s en-
ijuc telles [v [t, ^V"e v le procès criminel faift&demenc par dcuatnous,nJ encontre de toy,Bcr-
yftinlereei trand le Blas,par lcquel,enfemble par tes confèfsions librement faitesmous cftdeucmcnt
tncesliiftoi &; fuffilarnmét apparu, que le iour du Noël dernier ,à heure delà grâVl'Mcile.tefcrois trou-
finS d° lK- al l'c'gnie paroiiïiale,q eft en l'Egliie Cathcdralenoftre Dame de Tournay:& illecd'vn
celles. courage mefchant,peruers &c felon,& de propos aduiié &c délibéré te ierois témeraiiemêc
approché du Curé célébrant la grand' Meffe (ficelle paroîife,lequel tenoit la treilain&c &:
trelfacree hoftiedu fâincf Sacrement de l'autel entre les doigts , preft à i'eileuer &c môftrcr
au peupledaquelie tu luy aurois violentement arrachée de ta main dextre,&: icelleeft tref-
grâde irreut rence &c côtemptiblement ruée par terre , & marché deilus de ton pied droit,
& proféré ces mots ou fëblables,C eft pour môftrer la gloire de Dieu, &: que cela n'a point
depuilfance.Et lors que preftemét & furie champ tu aurois efté parles eftâs prefens faifi,
poureftrcconftitué priibnnier,aurois prononcé certaines parolles hérétiques, afin de les
induire à ta damnable intétion.Et û auroïs par tes interrogatoires refpôdu du làind facre-
ment de Baptefmc heretiquement,&: contre la fàin&e Efcriture : &c en contreuenant aux
ordonnances de l'Empereur noftre Sire , aurois efté par diuerfes fois en la ville de Vvefel y
ref ider par aucun temps,&: y conuerlër,hantcr &: com mu niquer auec les inhabitans.Pour
to9 lelquels cas deflufdits,à 1 aduis &l relblutiô de moiieur le Bailly de Tournay &c Tourne.
lis,&:fon IJcutenat,enfembledesConièillicrsde l'Empereur noftre Sire en iceluy baillia-
ge:à grande &: meure délibération, nous t'auons condamné &: condamnons d'eftre traîné
fur vne clayc,depuislelieu de la pronôciation de cefte fentence,iuiquesau grand marché
de ladite ville, 6C illec fur vn efchaffaut auoir la main dextre tenaillée de fer embraie de
feu,rouge:<?c le pied dextre pareillement:^ la langue couppée:puis cftre lié parmy le corps
au bout d'vne pohe,&: cftre rlaboyé & bruflé tout vifa petit feu : &£ en iceluy feu plurîeurs
foiseftre auallc&rcmenéà mont,& finalement conlume en cendres. Et l\ déc larons tous
tes biens confiiquez au profit del'E m percur noftre Sn c, ou tel&: ceux qu'il appartiendra,
par noftre fentece diffinitiuecriminellc,&. pour droit . ^Pronocé à huis ouuerts par haut
&puiifat!cigneur,le SenefchaldeHainaut,gouuerneurdelaville,cité«SJchaftcldcTour-
nay,Tourncn*s,&:c.au chafteldudit Tournay ,&: en la chambre d'iccluy icigneur,és prefé-
Tcfoioîsdc ces de haut & noble Bailly dudit Tournay ,Tournc(is,&Tc. Maiftre Pierre Détierlicutcnat
crainte. dadit feigneur Bailly , Philippes de cordes confe.llier criminel dudit Seigneur Empereur.
Les Aduocar & Procureur filiaux d' iceluy feigneur Empereur eldits bailliages: Nicolas
Cambry, Pierre Bachelier, laques le Clerc penlionnairedeiadicc ville , Nicolas de Farua-
quc,&; maiftre Hermès de Vvingles côfeillier dudit Ieigneur Empereur efdits bailliages: le
Samedyvingtneuhemc lourde Décembre, m. d. t. v . CCcftefcntencefutmifeenexecu-
tiôce mefme iour : Se Blaile fut trainé fur vne claye depuis le chafteau dudit Tournay ini-
ques au marché,&: là fur vn efchaffaut fut lié,&:la main de laquelle il auoit plis fhoftie,luy
fut brufléc entre deux fers ardans &c pleins de pomdes aiguës : de en iceux fers preflee par
quelque efpace de temps, tellement qu'elle perdit fot me de main. Puis furent pris autres
fèmblables fers tous embraféz, aufquels franchement il mit le pied dextre duquel il auoit
marche fur ladite hoftie.Cefait, rut dcflié Ramené au bas fur terre ,& luy fut ofté certain
efteui de fer qu'il auoit eu en la bouche depuis le chafteau. Là il bailla falangue pour cftre
couppée : cv neantmoins cncorelêfteuf defer luy fut remis en la bouche : car cobien qu'il
euft la langue couppée , h ne ccifoit-il point d'inuoquer par cris le Scigneur,dont lepcuple
cftoit efmeu grandement. En après il monta fur vn autre efchaffaut , qui eftoit drefle vu
peu plus haut que ccftuy fur lequel il auoit eu la main & le pied-ainû que dit cft, tenaille?.
Sur
Claude de la Caneftere. 388
Sur lequel fécond efchaflfaut on le vit monter aufsi alaigrement, comme fi le ^ied Iuy euft
efté entier. Là eftat,les pieds luy furent attachez par derriereaucc les mains a yne chaîne ^J^T1''
par le milieu du corps , Se en tel eftat tire en haut Se deualié en bas fur vn petit feu : cruel »
îpectacle.le bourreau le hauiîbit Se baiiToit au commandement du (uftiit Senelchal qui là
eftoit prefent,lcgIorirïant en ce cruel lpe£tacle iulqu a tant que le corps du patient fut ré-
duit en cendresdelquelles aufsi par le commandement duditSenefchal,furentiettéesen
la riuicrc de l'Efcau. En cefte forte l'exécution acheuee,la chapelle où auoit cité l atte cô-
mis fut condàmne'e corne profanede poure bois fur lequel marchoit le oreftre deuant fon
autel.fut aufsi condamné a eftre bruflé: Se le marbre fur lequel il pafTa,a eftre brifé en piè-
ces.Et d'autant que ledit Bertrand auoit confefTé d'auoir appris ce qu'il iàuoit enl'Eglife
de V vcfeljfut exprefTement inhibé Se défendu de frequéter n'aller en ladite ville de Y ve-
fel fur peine d efcheoir au placard de l'Empereur, Charles le quint.
CLAVDE DE LA CANESIERE, Parifrn.
APPRENONS à l'exemple de ces faindts perfonnages que Fefperance eft la mere de confiance &r perfeue-
rance des fideles:voire celle qui nourrit & conduit leur foy à ce qu'elle ne s'efiianouiflejou que ce foit chofe
temporelle; mais qu'elle perlifteiufques à la fin maugré contradiction & répugnance de ceux quitafchcnt
de defguiftr la venté de i'Euangile,comme nous verrons en cefte hifloire.
AmortdeClaudedelaCaneficre après ralonguedetétionôt* rudes Se longs M. D.
combats auparauant fouftenus,nous donnera maintenant entrée à c'eft an- L VL
née aufsi fertile de Martyrs que la précédente II eftoit de Paris, Se faiioii fa re-
fidence en la ville d'Angers,excellent ioueur d'inftrmens de Muiique.-mais a-
pres auoir cogneu les abus Se la miferable condition où il eftoit, (é voulant retirer à Gene-
uepoury viurefelonla reformation de l'Euangile, comme il pafïbitauec fa famille par la
ville de Lyon ,futprins&:arreftépnfonnier,au mois de Mày en l'an précèdent m .d. l v.
&e fut détenu prifonnier nuques au cômencement de cefteannee preféte.Sa femme Se fes
enfans ne fuient apprehendez,ains paiferent outre, & paruinrét iuiques en ladite ville de
Geneuc. Durac fon empriibnnemét,piuiieurs afTauts Tant du cofté de Satan Se defes fup-
pofts que de là chair luy rurct liurcz: nuis îpccialemét de fes parés &: quelques amis char-»
nels , qui le difoyent fidèles : utesfois Dieu luy donna vrte perléuerâce admirable par-
my tous ces allaûts , à maintenir iaverité de l'Euangile iufqucs au dernier foufpir de fa vie:
comme le tout plus clairemét fera entendu par les a£tes cy après declarez:& fes côfcisions
clcrites de là propre main en la prifon.
CONFESSION première enuoyee à fa femme à Geneue,apres fon eroprifonnement de Lyon.
CHci-c fœur, il faut que vous entendiez que tout premièrement après que fuftes par-
tie de cefte ville , ainli queie penibye trouuer Baftien , i'entray en vne maifon où les
cornes Se balles eftoyét:&: en parlât à i'hofteiTe,voicy arriuer celuy qui les auoit arreftecs,
me demandant fi cefte marchandifem'appartenoit:iedy que c'eftoyent meubles que i'a-
uoyefait venir en cefte ville:&: que îcftoye ioueur d'inftrumens.ll me demanda il ieftoye
marié. Ri. Qu'ouy .11 me demanda (i ma femme eftoit icy .Iedy que non, Se qu'elle y ièroit
bien toft. Venez vous en quant Se quant moy (dit-il)&: ie vous feray deliurer voftre cas. le
luy dy que l'en eftoye content. Lors il me mena chez monheur Buatier grand vicaire &c of
ficial de Lyon ( à cefte heure-la ie me doutay bien que i'eftoye prins ) Se me prefentay à ce
monfieur,qui commença à m'interroguer deplufieurschofes , me demâdant de premier
abord, fi le corps de Iefus Chrift neftoit pas aufsi grand Se gros au facr emét de l'autel , co-
rne il eftoit au ventre de la vierge Marie, ou en l'arbre de la croix? le refpôdy premieremét
que ie ne cognoiflbye celuy qui m'interroguoit,&; ne fauove qui il eftoit. Cependant ils ne
lauTerét pas défaire eferire ce qu'ils voulurét.Puis médit , le vous déclare que ié fois grad
vicaire du Pape,& que c eft moy qui vous doy demander de voftre foy. A quoy ie refpon-
dy,cômei'auoycfaitauparauat. Il y eut vnludas de lieutenant du preuoft, qui me print
Se me mena en prifon,&: m'ofta tout mon argent.^Or le lendemain ce moniteur Buatier
vint en la pnfo,me demâder fi ie ne m'eftoye point rauifé.Ie luy reipô , qu'il n'eftoit point
mon iuge,&:queiene luy refpôdroye pointé s'en allaainiidemoy. Le lendemain il m'a-
mène monfieur du Puy lieutenant particulier de Lyon, qui me commanda de refpondr*
LiureV* Claude de la Cane fier e.
vlcuant luy.Cequeiefy&commençay à luy dirclefymboiedes Apoftrcsjc croycnDicu
le Pcretout-puiiranc&sc.Ecaprcsrauoirdicieleur rclpôdy que ien'auoyc point e&udié,
Se que ie neitoye point clerc : mais que voila ma foy,quciecroy ,&quec'eftcequcdoit
croirevn Chrefticn.Que s'ils me vouloyentinterroguer fur laMulïquc, que ie leur refpo-
droye bien. Ils me firét refponfe, que cela eftoit bon, mais que ce nertoit pas allez. Icleur
dy,Iene(ày donc que c'eft que vous me demandez. On me demanda comme parauarit,
fi ie ne croy pas que le corps de lefus Chrift fut aulsi grand & aufsi gros qu'il eftoit en l'ar-
bre delà croix , contenu au pain de la Ce ne, vlantdecetermc.Ie luy refpon qucnon,&
qucl articlc denoftre roy feroit faux, quand nous dilons, Qu'il eft monté au ciel,&: le fied
àlàdextrede Dieu fonPere.il me demade>fi l'auoye tait mes Pafques.Ieluy dy que non.
IImcdemandc,liienecroypas qu'iHc faille conreller au prcftrc,aumoins vnefoisl'an. le
lui re'pon,qu'il fe faut cofelfer tous les iours à Dieu (cul. Puis me demander et , s'il ne faut
pas prier les Sain£ts&: la vierge Marie.Ie leur dy, qu'il fautprier Diculeul au nom dclbn
Fils lefus Chrift noftre Seigneur. Ils mont demande', û" nous n'auons point de franc arbi-
tre^ ii nous ne pouuôs pas vouer chafteté,comme font Non nain s Se autres. l'ay refpon-
du que nous n'en auôs point,& que tout ce que nous failbns de bien viét de Dieu, Se non
point de nous:& quenous ne pouuons vouer chaftcté,cntant quecontinence cft vn don
ipecialde Dieu.Ilsm'ontdemandc^'ilyauoitpas vn Purgatoire. I'ay fait re(ponfè,qucie
n'en cognoilToye point d'autre que le fang de Ieiiis Chrift. Ils m ont demâdé, s'il nc-
ftoit pas bon d'admettre des images. le leur ay dit quecela nous eltdcfeqo'u par lecômiL
Exode 2.U.4 dément de Dieu, d'autant qu'il eft dit , Tu ne tcfn as image taillée ne fembh.nce aucune des chofes
qui fon: la Jus au ciel,necy bas en terre^ny es eaux àeffous la terre-.tu neiendineras pointa icetles,^ ne les
fermras. Voila les demandes:& mes reiponfes, telles que Dieu me les a dônées.IIs m'ont '
bien dit tout-plein de badinages là de(îus,que ie ne vous pourroye recitcr.&: vous afl'eure
queiefu fortioycux quand le Seigneur m'eut fait la gracedcconfcircriâparolledeuant
les hommes. Et quand iefu de retour aulicu où iefu mis , ie rendy grâces au Seigneur , le
LcsClun priant qu'il me donnait bouchc,(apiéce&: force de perfeucrer eneeque i'auoyecômcn-
nei de s.ici céjiu.fques au dernier foulpir de ma vie. Vn des comtes de Lyon m'amena vn Satan delà
<ic Lycu iot Sorbonne , penfant me diuertir de ce que l'auoye dit. Et penfoit me faire accroirequele
appclcaCô- col pS jc jcfus Chrift cftoit dedans ce pain , m aïs par Je poincl mclmc qu'il memonftroir,
ielercfutay,tellement qu'il ne leut obtenir (Dieu mcrcy}vn feu) uoinâ: fur moyen toutes
fes fariboles qu'il me difoit .Et me priât que ie me déporta (le de tout cela, &qu'il me feroit
fortir incontinence luy fy rcfponfe,quc quant à moy, ic n auoycrien dit quinefuft bon,
&queieprioye Dieu qu'il me h (lia grâce de perfeucrer iufqucsalahn enceqiùl auoit
commcncé.Àutrcchofc n ont eu de moy,
LETTRE cnuoyt'epar ledit Canefiere le t u .iou r de May i nfuy uam, à fa femme.
HERE fœur Se cfpoufc,i ay toufiours-retarde à vous efcrire,pourcc que i'attédoye
_j ccqucles aduerfaires vouloyent faire de moy.Ic fay qu'elles fort affligée , mais vous
lauez que c'eft le chemin pour aller àlavicpuisqu'ilaplcuàcebon Dieu m'eilire , pour
faireconfcfsiondemafoy deuantlesadueriaires dc(avcrité.Ievousenuoye lesdemâdes
Se refponfcs que ie leur ay faites fimplement ,f tlon la mefure de la grâce que Dieu m'a di-
ftribuéç.Ic vous prie prenez bon couragc,&: vous côfolez aueccebon Dieu,qui a di t qu'il
ne cherra incline point vn cheucude noftre tefte fans là volôte. Confîdcrôs par quels de-
ftroits 6c angoiires tous les ici uiteurs de Dieu font entrez en la béatitude 6e félicité où ils
i.Tùn.3 font maintcnant.Et c'eft ce quedit S.Paul,qu'il raut quetous ceux qui voudront viure fi-
dèlement en lefus Chrift , fbufrrent perfecution. Tenons-nous donc pour refolus , qu'il
nous faut porter noftre croix,(i no9 voulôs fuyure noftre maiftre&icapitaine lefus Chrift.
Pcnfons-nous auoir meilleur marché que luy ? Penfons-nous aller à la vie éternelle auec
richeifcs,honncurs,crcdits, Se choses fcmblablcs , quand nous voyons qu'il y cft allé par
pourcte\mcfpris,opprobres,dcrra&ions:brief,par la mort ignominieufcdela croix?Ouy
mais vous pouuez dirc,Il me fcmble que ien'en voy pointqui ait tât d'aflii&iôs que moy,
ie voy mon marv qui cft en prifon,iournellemét attédant la mort cruelleri'ay perdu fi peu
de bien q i'auoye : i'ay grad charge d erans,& luis côtinuellemét en grades affliftiôs &c de-
ftrcftesjôci en vov tant qui font à leur aile , qui ontleursplaifirs Se délices à louhait. le ne
doute point que telles chofes ne vous apportent grande faicherie, mais ierengraccsàcc
bon Dicujdcquoy vous cftes redue aucc nos enfans là où fa parolle cft annôcée.car aneu-
rez-
Claude de la Canefiere. jffi
rez-vous que c'eft toute ma confolation.Quant à la perte du bien; il nous faut 4ire auec
ce bonferuiteur lob, LeSeigncur l'a donné,le Seigneur l'aofté:fon nom foitbcnit.Que Iobl-11-
ce vous foie vn m iroir de patience en vos affliétiôs,&: cognoiflez par cela que le Seigneur
vous aime,nc voulant point que vous-vous arreftiez à ce miferable monde,mais que les
afflictions que vous portez, vous foyent vn aduertiifement pour vous humilier deuant
luy, ôc recognoiftre vos fautes &C ofienfes , &C vous taire viuement cognoiftre que c'eft
en Dieuieul que deuez mettre voftre appuy, laiifant derrière toutes les considérations
du fecours humain, laiifant cefte maudite delflance, qui naturellemet eft enracinée en
nos cœurs, pour vous fier entièrement en la iain&e prouidence & bonté paternelle de
noftre bon Dieu & Pere, duquel il nous faut aiTeurer qu'il aura tel foin de nous (c omme
i'aydit auparauant) qu'il ne tombera point vncheueude noftre tefte fans fa volonté.
Que s'il a le foin de iioscheueux, par plus forte raifon l'aura-il de nos corps, pour nous
adminiftre'r ainii qu'vn bô Pere de famille,tout ce qui nous eft nccelfaire:ouy bien, mais
c'eft fous celle condition, que nous luy rendions l'obeifTance qu'il requiert de nous , &
quenous-nous Tubmettions entièrement à fa fainde volonté, pour reccuoir auec humi-
lité tout ce qu'il luy plaira nous enuoyer. Que fi nous receuons auec ioye les biens qu'il
luy plaift nous enuoyer, pourquoy aufll ne receurons-nous les maux & afflictions, voire
mefmes lefquelles nous fauons qu'elles redôderont à fa gloire & à noftre falu c ? Vous fa-
uez que nous n'auons point de cité permanente, mais qu'en cerchôs vnc qu i eft à venir,
meilleure & perdurable. Or pour y paruenir, nous auons dit que ce foit par croix &£. tri-
bulations, lefquelles combien qu'elles nous femblent maintenant bien rudes &c fortes
à porter:fieft-ce toutefois qu'elles ne font à comparer à cefte gloire, laquelle nous ac-
fté préparée dés la conftitution du monde.
O r donc ie vous prie au nom de noftre Seigneur,exercez- vous en ces cho(és,&: quel-
que part que bailliez nos petis enfans,que votis preniez garde qu'ils foyet bien inftruics
en la parollc de Dieu, ie fay que l'Eglife ne vous oubliera point. Au refte, i'ay bien affai-
re des prières d'icelle.car Satan, qui eft pere de menfonge,ne cciTc de mettre tous fes ef- J^"^'
forts pour m'ofter la femence que le Seigneur a mife en moy. Et comme l'efcriuoye ce-
fte lettre , il eft venu vn des comtes de Lyon , des plus riches & apparens, qui m'a vfé de
belles paroiles,s'ofFrant à me faire tous plaifirs Se de biens & de corps, me penlant diuer-
tirdelapurcparolledeDieu. Ieluy ay refpondu queie lercmercioye bien fort, &L que
ie n'auoye rien mérité enuers luy, d'autant qu'il ne me cognoiifoit point : &C quat à moy,
queie m 'offroye à luy faire tout feruicc qu'il me feroit poffible: mais quant à ce dont il
me requcroit,que ie ne luy en pouuoyc point faire, d'autant que ma cofeience me pref-
foit de fouftenir vne tant iufte querelle, voire que ie prioye Dieu qu'il me fift la grâce de
perfeuerer en ce que i'av commencé, iufques au dernier foufpir de ma vie. Il m'vfa tout
plein d'autres belles parolles, dot il feroit trop long de vous eferire. N'oubliez faire mes
recommandations,ôîc. les priant qu'ils prient Dieu pour moy,& que l'Eglife prie pour
moy, à ce qu'il me donne bouche, (apience &: force àfouftenir la parolle iufques au der-
nier foufpir de ma vie.Et n'oubliez à me recommander à monhofte du Croulant. 11 y a
vne grand' faute en la pnnfe de nos biens, de ce que Baftien les fît Jaiffer en Veile en vne
maifon,où on les arrefta en deux iours de là. Et moy penfant les aller voir,ce fut là où ie
fu prins.Mais il ne faut point douter que cela ne foit aduenu par la prouidence de Dieu,
afin qu'on ne die point, C'eft la faute de ceftuy-cy,ou de ceftuv-la. Au refte ils m ont o-
fté tout ce que l'auoye d'argent, refte deux teftons:toutcfois (grâces à Dieu ) ie n'ay fau-
te de rien. Voila tout ce que i'auoye à vous mander pour cefte heure: priant ce bô Dieu
& Pere, vous confoler,& qu'il ne permette point que vous fuccombiez aux tentations
de Satan,dc pechc &C de la chair,mais qu'il dône bone ifTue à fa gloire.Faict és prifons de
monfieurde Lyon, ce iz. de May, m. d lv. parvoftremary Claude de la Canefiere.
Autre lettre du x x v 1 1 i.iour dudit mois de M.iy,cnuoycc a fes frères & amis cftans à Gcneue.
i^^i'A Y receu vos lettres (trefehers frères ) par lefquelles i'ay eu grande confolation,
oljj^dont i'en ren grâces à ce bon Dicu,en vous remerciant. Ielay que vos foufpirs ne
font pas moindres que les miens, car c'eft bien raifon que nous fentions tous vne mef,
mechoie, puis que nous fommes tous membres d'vn corps:& combien que (oyez en li-
berté, pour tout cela vous nelaiffcz point d'auoir grand combat à l'encontre de Sa-
tan , qui eft toujours veillant , &: a (es filets tendus pour penfer deceuoir les vrais
enias de Dieurmaisilabcaucauillet entoutesfes belles entreprifes. Car il nous faut
Vv.
Liurcj V* Claude de la Canefier^j.
affeurer que ce grand Dieu ne permettra point qu'il foie le plus fort, quelques embuf-
chesou menace qu'il vous face. Or donc (mes frères) puis qu'il a pieu ace bon Dieu,dc
m'efhre &c appeler pour (c feruir de moy en telle forte , c'eft bic raiion que ie me remet-
te du ton t en luy,foit à là vie,loit à la mort:&: que (a volôcé l'oit accomplie ainfi qu'il luy
plaid:. Il faut que nous-nous alternions que les promeuves ne font point friuolcs,& que
fa parolle eft trcfueritable. Et aufîi nous fauons que tous ceux qui le voudront fuyure,
Mia.10.38. p0rCent leurcroix après luy. toutefois ie neveux pas dire quêtons foyent mis à mort:
car ie fay qu'ily en a beaucoup qui foufVrent autremêt.Or cependant leSeigneur a toul-
iours Le foin des licns,comme mefme i'ay apperecu du bien que me faites tâtà ma fem-
me qu'a mes enfans, vous a/reurant que le bien que leur faites, le Seigneur le vous ren-
dra au double. le prie ceux la qui auront mes cnfans,dc les tenir toujours en la crainte
de Dieu, & les bien inftruire en fa parolle. Quant aux aduerfaires, ils ne m'ont point in-
ccrroguédep\iisquevclcurayf:aiclconfelIïondcmah)y,iinonqii'ils m'ont enuoyé par
deux fois de leurs docteurs me penfans diftraire du bon chemin : mais ce bon Dieu m'a
toujours allîftcVqu'ils n'ont peu obtenir rien touchant ce qu'ils pretendoyenc Car i'ay
eu touiîours mon elperance en ce bon Dieu, qu'il ne me delaiflera point. Dqncmes fre
res, vous m'aurez pour excufé,fi ie ne vous efery dauantage: mais prenezà Ja bône part,
fi ie vous fay participans de ce peu de grâces que le Seigneur m'a diftribuees : & prie ne
m oublier en vos prières, vous affamant que ne vous oublie aux miennes. Vousîupplie
aulli de laluer toute l'Eglife pour moy, &c celle de Laufanc. Eailant fîn,ie pneray ce bon
Dieu, qu'il vous ait tous en la fauucgarde. Des priions de Lyon, ce x x v 111.de May,
m.d. l v. par voltrc entièrement frère en lefus Chrift, Claude delà Caneliere.
Autre Epi(lredudit,efcrite A fa femme, 6c enuoycc à Gencue.
|^^H ERE fecur & efpoufe,i'ay receu vos lettrcs,par lelqucllcs i'ay eu vne grade coh-
^^^folation,decequcccbô Dieu vous a tant departy de fes grâces ,& que prenez les
afflictions que ce bon Dieu vous cnuoye,patiément, comme il luy plaift. C'eft vne mar-
que de lefus Chrift,qu'eftrc afflige pour fa parolle. Regardez dcnc,cl)cre feeur , de che-
miner en fon obeiflanec &: crainte, car vous-vouspouucz bié affeurer qu'il ne nous en-
uoyé cecy,linon pour nous monftrer qu'il ne nous veut pas perdrc;,nousfaifantfentirôC
cognoiftre par cela , que nous fommes des liens. Il ne nous faut donc eltonner de quel-
que choie qui nous puifTeaduenir,voire quand tout le monde feroit bandé al'encontre
de nous pour nous perdre &: deftruire. Car nous fommes alfeurcz que nous auons vn
Pere au ciel, qui eft tout bô, fage,veritablc,qui ne ment ïamais : aulli qui n'enuoye rien
aux liens plus fort qu'il ne leur eft poflîble à portcr,quclque tourment que ce puilTe e-
ftre,& quelque chofe que nous facent les hommes. Repofons-nousdonccnluy: car fi
nous y auons toute noftre fiance, nous fommes alleu rez dcn'auoir jamais faute de rien,
&C de n'eftre point de luy trompez. le vous prie chère fccur,prenez bon courage,&: vous
refiouiiTezauecce bon Dieu. Or pour vous aduerrirde ce qui m'eftaduenu: c'eft que
Appel com- i'ay efté déclaré hérétique &z fchifmatique, dequoyie me fuis porté pour appelant à Pa-
rue d'abus, ris, comme d'abus. On a commandé au geôlier de céans qu'il ne m'aie plus à traiter à fa
tablc,cncores que ce fuit de mon bien : mais qu'il me traitait comme vn criminel . tou-
tefoisjgraccs à Dieu, ie n'ay faute de rien, encore que ie ne Ibyc à table de geôlier. Auffi
ie vous veux bien aduertir,quc comme l'efcriuoyc celte prefente,ilcft venu vnfergent,
lequel m'a fait cômandement , 6c m'a adiourné à comparoiftre en la cour de Parlemcnr,
ou procureur pour moy. le vous enuoyele double de ce qui m'a efté baillé. Faites mes
recommandations à tous mes amis Se à toute l'Eglife. Ce19.de Iuillet,des prifons de
Lyon: par voftrc mary &: entier amy à iamais, Claude delà Canclîcre.
Autre lettre eniioy ce par ledit Caneftere à fa femme, le 7. d' Aouft.
HERE fcrurSé efpoufe,i'ay receu la lettre que m'auez cnuovce, laquelle m'a gra-
dementconfolé.Qiuità ce que me mâdez que vous feriez fort ioyeule que icfuilb
mené à Paris, il n y a icy pei tonne qui s'ofe méfier de mon affaire. Se mefmes(commeon
peut voir par les exploits des lettres Royaux d'anticipation )ie lurs adiourné à com-
paroiftrcà Paris. Et cependant on ne m'y veut point mener :&: qui pis eft ,iene trouue
perfonne qui fe vucille meller de mon affaire . Car les aducrlaires d'icy font trop
dangereux , toutefois i'ay enuoyé vne procuration à Paris auec l'adiournement 54
copie
QUude de la Canefier<u j go
copie des lettres Royaux: &: les mande à mon frère Nicolas,quiferacequ?iJ ppurra,fpiç
pour m'y faire mener ou non. lien aduiendra ce qui plaira à Dieu. Pournouuelles de
pardeça, c'eft que Samcdy dernier Furent pnnspnlonniers, Ramenez céans <jeux frè-
res qui venoyent de Geneue,&: vn icune garçon. Il y en a vn qui ie nommeFrançois , le-
quel a confefle' la Parolle. Et l'autre qui a efté interrogué , fe nomme Antoine:lequel
m'a dit qu'iln'a point encore refpondu. Quant au ieune garçon, il a côfeilc ce qu'ils ont
voulu, ii ils l'ont eilargy par les priions, mais les deux autres font aux crottons. Et pour
vous donner à entendre comment ie parle à eux , c'eft que lecouche en vn crotton qui
eft au deflus deux, & ie parle à eux par les pnuez. Celuy qui a nom Frâçois, a fa femme ic f0in qUC
à Geneue, nommée Claude :ie vous pnel'adueitir,&: le recommandera l'j:gl!fe,&:qu'- ebude *
elle prie Dieu pour eux: car ils m'en ont donc charge. Il a efté prins cinq balles deliures desfidcIcs-
àFrançois, lelquelles fay veués. A ufll que Frâçois auoit beaucoup de lettt es,queles ad-
uerfaircsontprinfes&: inuentorifees. Faites direàl'cglifequc tous ceux quiluy en ont
baillé,y donnent ordre, à ce que ceux à qui ils les enuoyent , n'en foyent en peine. Re-
commandez-moyàtous nosamis&àl'Iiglife. Ce 7-d'Aouft. ^Apres ces lettres eferi-
tes, i'enay receu vne de Paris de mon frerc Nicolas. Vous fauez que le poure homme
n a point de cognoilfance. Il me mande que ie ne foye point pei tinax : & que ie tien ma
vie & ma mort entre mesleures:mais le poure homme ne l'aie que c"cft qu'il dit. lifaut
prier Dieu pourluy.
A V T R E lettre du jo.dudit mois d' Aouft 1555, qu'il enuoye à ladite femme.
|OE VR&efpoufe, la prefentefera pour vous aduertir que depuis que ie vous a-
iuoyc eferit dernièrement , i'ay receu deux paires de lettres de mon frère Nicolas
^îutel, lequel me mande que ie luy enuoye la fentence (ignée , ou le double de l'origL
nal figné:mais il ne m'a cite' polîible de les pouuoir recouui er. Car il n'y a homme quis -
ofe méfier de mô arTaire,nen parler vn feul mot. Et de moy,i'ay beau en parler,ou en fup
plier mes iuges,foit par requefte, ou autrement: ce n'eft que temps perdu , ils n'en font
conte. car aulïi font-ils iuges & parties. Mais Dieu viendra à fon tour, quiiugera telsiu-
ges. Au demeurant, i'ay enuoye à mondit frère vne procuration, &c la copie de mon ad-
iournement auec les lettres Royaux d'anticipation, & au/Ti luy ay eferit vne lettre. Au
refte, vous m'efenuez que ie vous mande de mes nouuelles,&: (i ie feray mené à Paris: ic
vous aduerty que ie ne fay. Vray eft que i'en ay eferit à mô frcre,qu'il fift que i'y fu/Te me-
né: mais lii'y vay iefay que fauray degransaflauts, plus que n'ay pas eu. Car ce ne font
que de petites efteîcelles au prix de ce que ic doy auoir. Par ainii, cherc fceur,n'oubliez Rccôman-
à prier & à faire prier pour moy à l'Eglife, à ce que Dieu me donne le don de perfeuera- jj*"°"s JJ*.
ce en ce qu'il m'a donné,&: de ce qu'il m'a fait la grâce d'auoir confefle fa parollc deuant Egide
Jes hommes, & les aduerfaires de vérité. Ic me recommandedonc aux prières de l'Egji-
fe,car l'heure vient que les gransaflautsfc préparent. Iefayaufll que de voftrepart n'e-
ftes point (ans grandes afflidions.aufli c'eft ce que dit fa i net Paul , qu'il nous faut entrée
par pluiîeurs tribulations au royaume de Dieu. Aufurplus, ie vous veux bien aduer-
tir que T. m'a vilité après cefte foire d'Aouft,& a laiiîc de l'argent pour moy en celle vil-
le, vous alfeurant que i'ay receu vne grande confolation deluy. I'ay auiîï receu beau-
coup de paires de lettres de mon frère Nicolas. Et la dernière, qui eft du 6. d'Aouft, faic
metion qu'il tafche d'auoir cômiflîon deme faire mener à Pans:& me mâdoit qu'il faut
que ie m'aide moy-mefme,&:quei'auoye ma vie &c ma mort entre; les mains. Voila tou-
tela belle confolation & confeil qu'il me donne. Fay aulïi entendu pluiîeurs autres nou-
uellcs qui feroyent longues à raconter.
AVTRE lettre eferite par ledit a fadite Femme, le ij. d'Odobre eniuy uani.
jA fœur, i'ay receu vos lcttres,par lcfquelles i'ay efté trelioyeux, non feulement du
foin qu'auez de moy continuellement, mais fpecialemcnt que tel foin n'eft point
pour m'attirera fléchir ou dilîimulcraucunementenmaconfe/Iion defoy, pourlauuer
cefte prefente vie. Parquoy ie veux bien que^ous fâchiez que vous ne mefauriezdôner
plus grande occaiion de ioye , que quand i'enten qu'auez ce bon vouloir , lequel ie fay
pour vray ne venir de vous, maisde lagracc de ce bon Perecelefte par fon fainct Efprit.
Cependant ie fuis en fufpens de ma caufe d'appel .car ie n'ay receu aucunes nouuelles
de Paris,& ne fay comment il en va : toutefois i'ay telle efperance en Dieu , que le tout
iefait à fagloire,encores que mes aduerfaires n'y penfent pas. Au furplus ie vous
Vv.ii.
LiiiY^j V- Claude de la C anefiercj.
«rie 'chère focur.que fi vous eftimezqueDieu m afaitgracc de m employer pour lvn de
lesieruux* reDUtation. Car ic croy qu'auez mémoire que quand lay demande
congé a mon m , moy.mefme ie ne penfoye . car mon but cftoit fculemet
*Se^
eS, d aller îcruiwc iv 7 nnrdeuantqu'eftreefcr eau nombre de les petits officierai
oeto.ffi.U luyapieuu RovS4 Empereur: voirede me donner dcsarmes,lelqucllesia-
&r noft^
, fnnr en iour plus grande affeftion de pourluyurc ma vocation.I clpere que ce qu -
ne de ™"n"T ££J8 ,e patacheaera. A celle caule ma feeur mamie, .e vous prie
'laCOm„fok d rpKpIuF.decequecebonDicahous.&itccftegrace.lmoy.de
vous amené, en on tg r definezautre choie, linon que le vouloir
f^me recommandant à voftre bonne grace.priant Dieu vous auO.r en la liennc.Dcs
tous-me re d'Odobre. Le frère François le recommande a Tousmefaillcz de
Lrmes —
SETÔN quenousauonspred,tcnlVgumentdeced1icours, Claude Canel.erc en*
, j . m«l,.ncsdt:ceuxauifet'ei2nanseftrefcs amis.levouloyenc dmertir du
^rtSïffl monftrerde quellevertu le Seigneur arme Us
K^fesZemis,^
c T ^kntcoenoiftreSe fe donner de garde de ceux qui le dilans frères, taichet de
Tour fés Krandesinepties, ne mento.t pointd'auo.rlicu en ce d.lcours.hnon que Cane-
fie eavant pris pe.ned'y refpôdre ne feroit autrement entendu, finon en lapropolanr,
& mettan t au deuant les beaux argumens que telles gens penfent oppoler a la vente.
Epiftred^n CoufadeParistfaiKàCla^^
A* rov wîf t vous prie de faire le cotenu en la prelente.&vou s rte ferez rien que
l« Aooftresnenoftre Seigneur IefusChritttfiyentfak par plul.eurs fois Et afin que
•liriez i-av cotté plufieurs paflages.aulquels vous trouuercz la vente.Car lene par-
t parmoy, mais par l'Efcriture fainde, pour vous aduertiranant que fairevoftre
féconde confeffion, de ce à quoy deuez prendre garde, car fi vous dues aurre chofe que
nni lll eferit en la prefente, il eft impoffible de vous fauuer. Ceux de Lyon vous veu-
wfefre mourirpour voftre bien fculemét,& vousnepouuezediherperlonneen ceft
niro r entant que vous femez les margucr.res deuant les pourceaux^qui eft défendu
"SscU
fi^îfrhapitresquepouuezauo.r leu&veu.efquelsvous trouverez comment dauffi
„!nc d7bk que vous ont cetchc les moyens de lauuer leur vie.Et premièrement vous
!u«anp emierdes Aûesdes Apoftres, Nousferonsreimoinsp.arroute laterre pour
S deuant les hômcsAc. non pas deuat les belles, aufquelles le Seigneur n a pas rc-
„ee le lecret de Ion Pere. Et pour celle caule entendez ce qui eft au lecod chapitre des
Adê S muez-vous de celle génération peruerie.Et au y.chap.Moylc s enfuir pourfau-
r loiirce prenez y garde , car vous n elles point plus homme de Dieu qu eltoit
xf frAuT chap. Paul eftât appelé de Dieu, s'enfuit par les murailles d'vnc ville pôur
, vie' Sis'cn vint vers les Apoftres en Icrufalem, qui furent loyeuxquil seftoir
■vr ,. r^rAuouelrhap.Paulvousenleigne.qu'ilnefautpaseftreobftineenvollreopinion
rite^no. rteuanl ,1^n,..zblCnPar|t;poutvnefois,vous-voiisendeuezcontenter,& qcequicft
^un.puisqvousau z > p t s pietre£utfetaif equeDieuluyauoitfaitlagraced-eftrc
nlu eftoir mieux receue. Ce paiîage vousenleigne que Dieu ne demande pas lamort
a (1 les ma.sle cœur Si la bonne vie feulemenr.pour édifier (on prochain. Au i } .ch.
Paul ScBarnabas fe retirèrent pour le murmure qu'ils voyoyent contre eux pour la pa-
Claude de LCanefîere. 39 1
rollede Chrift:&: Diculctrouuabon. Ce chap.tous reprend d'auoirtrop oarléjcar il
faudroitdirefeulcmcntje croy en Dieu&toutcequefain&c Eglife croirons alléguer
aucun paflage dei'Efcriture,nc rendiereiponfeàleurdemandcrpourquelque menace
qu'ils facent. Au 14. chap . les Apoftres s'cnfuirencd'vne ville en vneautre ville nômee
Lyftre,de peur d'eftre lapidez. Ce chapitre vous cnfeigne,qu'il ne faut point parler qu-
auec les fidèles de Chrift,ou auec ceux qui le veulent cognoiftre &: entendre ù parolle:
non. pas parler deuant ceux qui font faux frercs,defquels Chrift a dit, Donnez-vous gar
dedes faux-freres. Au m cfme chapitre, Paul fut en vneautre ville Japidé,&futfauué
par aucuns disciples eftans autour de luy. Et le lendemain qu'il eut trotiué Barnabas,ils
s'enfuirent, & n'y retournèrent plus. En ce chap.Paul&: Barnabas vouseq(eignent,qu'- Voyez le
il ne faut plus retourner à ce qu auez dit,encore qu'il foit bien dit : car ils ne font plus re- jjj|£™n
tournez dire ce qu'ilsauoyent dit, de peur d'eftre lapidez : gardez -vous d'eftre lapidé, &
fuyuezPaul&Barnabas. Au i6.chap.l'Efprit de Dieu côftilla aux Apoftres,dene point
annoncer la parolle en Aiie, parce qu'alors cllen'eftoit pas bie n receué'ren quoy vous
eftmonftrévn bel exemple de parler où la parolle de Dieu eftrcccuë. Au mefme cha-
pitre, Paul fc dit Romain pour lauuer fa vie:faites ainfi que luy pour fauucr la voftre. Au
17. chap.Paul s'enfuit de nui&pourle murmure des gouuerneurs, qui le vouloyent fai-
jre mourinqui vous apprend defauuer voftre vie, fi vous voulczxar vous n'eftes pas plus .
que Paul ou les Apoftres de Icfus Chnft. Suyuezleursfaids,& vous ferez bien,&: ne dô-
lierez point de fcandale aux fîdcJes. Au mefme chap.Paul s'enfuit d'vne ville nommée
Berroé,iufqu'en Athènes, &au 19. chap.Paul voulantallerau théâtre, commedecou-
ftume, pour annoncer la parolle de Chrift, fut aduerty par fes amis,qu'on Je vouloir la-
pider, il n'y entra poinr,& creut le confeil de fes amis. Il me femble que vous deuez fai-
re iinfi,ou vous n'eftes pas bien confeillc.car Paul cftant homme de Dieu,acreu le con-
feil de (es amis , & fi vous ne croyez le conleil des voftres , qui vous enfeignet veritable-
me m ; ie ne puis croire que ne foyeztroublé d'cfprit, &c penfe que vous le faites pluftoft
de peur d'eftre repris des hommes que fauez,qu au trechofe. Toutefois ie vous aflfeure
que fi le plusgf ad de ceux qu'eftimez eftoit où vous cftes, il fauueroit fa vie par le moyc
cyefcrit- Auj,o.chap.Pauleftanten Grèce, voulantallcr en Syrie pour annoncer lapa-
rolle de Dieu,fut aduerty que les Iuifs le vouloyent lapider,pour cefte caufe s'en retour-
na en Macédoine. Ce chapitre vous enicigne,qu'il nefaut point parler deuant ceux qui
ne font de Chrift,pource regardez où vous eftés. Au i2.chap.0n vouloir donner le fouet Bfcfpherrcs
â Paul , mais il fe fit Romain , &c nia fon pays, pour fe fauuer du fouet feulement : ce qu ~
vous enieigne,qu'il fe faurfauuer en quelque forte que ce foit. Le Seigneur Dieu le trou
oera bon , car voftre mort ne fauroit édifier perfonne en ceft endroit. Au 23 . chap. Paul
cftant en iugemenc deuant les luges Sacrificateurs qui le vouloyent faire mouiïr, co-
gneut qu'ils eltoyent Sadduceens $C Pharifiens,lors il s'eferia au confcil,& dit qu'il eftoit
Phaiilien,& fils de Pharifien,pour fauuer (a vie. Ce chapitre vous apprend de fauuer vo
ftre vie: car Paul n a pas nié Chrift deuant ceux qui cognoifïoyent Chrift. au contraire
deuant ceux qui ne le vouloyent cognoiftre,Paul n'a dit mot, &c a trouué moyen de fau-
.uerfavie. Au mefmechapitre,Pauleftantprifonnier,fut aduerty par vu adolefcent,qu
onle vouloit faire mourir,lors il trouua moyen de faire aduertir le Capitaine de la forte-
reiTe, où il eftoit priionnier, pour luy fauucr la vie. Ce chapitre vous enfeigne , d'efehap-
per du mauuais partage où vous eftes quant à la chair: de l'efprit,ie n'en parie , car ie fay
par la grâce de Dieu qu'il fera bien. Bref, le Seigneur vous commande en plufieursen- j^U^JU,
droits d'eichapper de cefte génération peruerfexar il ne demande pas la mort de fes fi- té/onfeur,
deles. Penfez à vous &c aux voftres, & gardez que l'ire de Dieu ne tourne contre vous,
car il vous a ofté hors de la main des Iuges,& les a bieninipiré pour vous. Et pourec pre-
nez garde à vous,&: vous fouuienne de Pierre Apoftre de Chrift,lequel a nie Chrift plu-
fieurs fois pour fauuer fa vie, Se Dieu luy a pardonné, ainfi qu'il nous fera s'il luy plaift. le
ne veux pas dire qu'ayez nié Chrift,car ie fuisaduerty que l'auez bien côfefle\mais ie dy
que vous ferez bic d'efehapper. Au pa/Tagc des Ades,24.cha.Paul dit qu'iln'auoit point
preiché au temple de lerufalem,ÔC toutefois il y auoit erté prins : mais ce qu'il difoit n'e-
ftoit que poureîchapper la morc.Au 1 j.chap.Paul cftant deuant Feftus, luy fut demâdé
s'il vouloit eftre mené&: iugé en lerufalem. Paul infpiré de Dieu &: aduerty qu'on le vou
loit faire mourir en Ierufalé, dit qu'il vouloit aflîfter au fiege iudicial de Cefar , Se en ap-
pela deuât Cefar pour fauuer fa vie. Vo* au cz appelé deuat Cefar, lequel vous a fait auflî
Vv. iii.
cootu
crtcurc.
jjurt^V. CUtidedelaCaneJtere.
bien comme i) hit fait à Paul: car vous auez areft par lequel tout eft mis à néant &: fans
amende. Pource regardez que voulez dire en voftre conrellion : car il ne faut plus elpe-
rer recours à Cefar : li Cefar vous a baillé moyen de fortir,{ùrtez. Le Seigneur vous a ai-
dé,aidez-vous:&: fi on vient pour vous interroguer, dites feulement ce qui s'enfuit ( qui
eft bon &c véritable, &c non autre choie,&: fans orTenfer Chrift ) le croy en Dieu , & tout
ce que fainde Eglife croit. S'ils vous parlent de voftre première confelîion, le vous prie
ne cerchez point ma mort : car i'ay enuie de viure en homm e de bien. Et pour toute de-
mande qu'ils vous tacent , gardez- vous de rcfpondre ny alléguer paifage de la faincte E-
fcriture. S'ils vous demandent quelle eglife, dites l'Egbfc de Chrift feulement,fans par-
ler de l'eglifc Romainexar vous n'eftes point deult les hommes, mais deuant les loups
rauiflans l'Eglifc de Chriftrautrement vous (erez caufe d'vn grand feandaie. AuxAdes
z6.chap.Paul Apoftre de Chrift requit le Roy Agrippa, &: luy fit entcdrequ'il cftoitfaf-
ché des liens de la prifon, pour en efchapper. le m'efbahy veu qu eftes homme qui auez
leu, que vous ne regardez que les Apoftresde Chrift ont efte &: (ont plus que vous-.&
ont cerchc par plulieurs fois les moyens de fauuer leur vie. Ecpourcefte caufe ievous
prie, non point comme Satan , mais comme voftre coufin &: frerc Chreftien, de penfer
à vous:car voftre édification eft en la bonne vie par la grâce de DieiKpremieremêt pour
édifier voftre femme, &: puis vos trois petis enfans, aulquels vous terez grand' fautes
le Seigneur a dit qu'il faut labourer pour I ind igent:cc qu auez fait autrefois . vous vou-
lez-vous faire mourir àcredit î &: penfez-vous eftre plus que les autres? voulez-vous laiC
fer voftre fernme&: vos petis enfans bcliftres,&: tout pour parler deuant les bêftes , aux-
quelles les fecrecs de Dieu ibnt cachez?Et veu que vous auez le bruit d'auoir veu les let-
tres, ie fuis eftonné comment vous prefehez aux beftes. Car ilne fe trouue point par ef-
crit que les hommes de Dieu ayent parlé deuant ceux qui ne cognouToyent pas Iefus
Chrift:mais au contraire ontdiftimulé pour efchapper de leursmains, laquelle chofe
ie vous confeille de faire à l'exemple d'iceux. Qui fera la fin, me reccmmandantàvous:
priant Dieu le Créateur vous donner grâce de profperer en bien. De Paris , et Ven-
dredy quatorzième d'Octobre, m.d.lt.
Refponfe de Claude de la Canefiere,à la précédente: laquelle nous monfl rc & reprefente quelle différence il y a
entre l'horarae parlant de fon fcns,Sf celtuy qui parle par JEfprit de Dieu.
|g^O V SI N,i'ayleuvos lettres allez ampler, par lefquelles vous m'aducrtifTez de
^Qfuyure le contenu d'icellcs pour toute confeflion de ma foy deuant les hommes,
ou (comme vous dites) deuant les beftes. Etpoui me foliciterà croire voftre confeil,
vous auez mis enauant beaucoup de tefmoignages de l'Eicriture fainde. Pour refpon-
fe , ie déplore &. la peine &: l'abus , (oit de vous.foit de voftre confeil , en ceft endroit . la
peine , par ce que ie feroye trefioyeux que ne vous en fuflîez niellé. &: l'abus, pource que
vousôc voftre confeil (fi aucun en auez)en ceft endroit, eftes par trop lourdement&: vi-
lainement efloignez delà fainde vérité de Dieu , pour prouuer voftre menfonge 6c fi-
ction tant manif efte, que i'ay quafi honte dé vous eferire. Toutefois confiderant que ce
que vous en auez fait, a efté d'vne afFedion & amour quauez plus à ma vie qu'à l'hon-
neur & gloire de Dieu,ie vous en veux bien relpondrece qui me lemble à la verité,fans
vous flatter aucunement, mais comme à mon amy. le vous veux aduertir qu errez grâ-
dement en toute voftre procédure &: confeil fatanique,que me donnez. Ce que ie vous
veux monftrer par les mefmes pa/lages dont m'auez alfailly.
Premiereme n t en ce que me confcillez que ie face ma féconde confeffion félon
voftre conéeil, &c tel qu'il eft cl'cmk la fin de voftre lettre , ie n'y voy aucune apparence
félon farcit de Parlement donné contre moy, car il me lie tellement, qu'il faut que l'Of-
ficial iuge derechef mon procez dont i'aueyeappelé. Vray eft que pour amender mon
marché, il eft dit que ce fera vn autre OrHcial, que celuy dont l'auoye appelé,& de peuç
qu'il ne foitaifezaduifé pour m'examinerde pomd en poind,on luy adioint vnlnquifi*-
teurde latoy. Or peniez comment iepourroye eftre receu à dire feulement ce que mè
compiliez, aifauoir, le croy en Dieu,& tout ce qué fainde Egliie croit. Dauantage vous
faut entendre, que fi i'euiTc voulu vièr de ceft efidion pour (auuer ma vie, iln'eftoit ia
befoin d'attendre areft ny fentence. Car mes aduerfaires ne demandoyent autre chofe,
finô que ie nia/ie ce que fauoye côfc/fc,& vo9 alleu re qu'il faut que ie parle pour eux en
ceft cndroid,car en ce qu'on les accule de ccrchcr ma mort pour caufe de mô bié, i'efti-
me le côtraire,mais le pr ïcipal qu'ils requicrét en moy,c'eft queChrrft foit tué,c'eit à di.
re}<Juc
Qlaude de la Cane fierté j p2
rcque ie lenie.Et de mes biens ils ne s'en foucienc que bien peujcar aufll n'y en a-il pas
fi grande quantité. Or en ce que dites que mmaort n'edifîera perfonne,i'enlaiife leiu-
gcment a Dieu. Quant à moy,ic doy regarder de fuy ure fa volonté, &: du refte luy en
laiiTerladifpofition.Que fi aucuns font maledifiez,de ce que pour obéir à Dieu ie fuis
preft d'endurer la mort: ie penle que tels ne feront reputez en cela auoir bon zele : mais
feront du nombre de ceux defquels S.Paul parle, quand il dit que IefusChrift crucifié i.Cor.i.ij
eft fcandalc aux Iuifs.Si donc les Iuifs ou leurs femblables font mal édifiez en ma mort,
ie ne m'en foucie pas:mais diray auec mon maiftre Iefus Chrift,Lai/Tez_les, car ils (ont m'"^'4
aueugles &: conducteurs des aueugles.En ce que vous dites que i'ay fem é les margueri-
tes deuant les pourceaux,ce que IefusChrift auroitdefendurpourrefponfe , Si i'ayfe-
mé deuant les pourceaux,iedy que les Prophètes, Apoftres,& Martyrs delefus Chrift
fe font bien abufez. Daniel &c fes trois compagnons ont mal fait d'expofer leur vie au
feu & aux lyons. Saind Eftienne a mal fait de rendre raifon de fa foy deuant fes aduer
{aires. Bref,tous ceux qui (ont morts pour la confeffion du nom de Chrift, ont femé les
marguerites deuant les pourceaux.S.Pierre a mal confeillé,quand il nous admonnefte hViarty^
que nousfoyons toufiours prefts de rendre raifon de noftrcfoy &: efperancc, &c.
Quant à voftre première raifon,laquelle vous prenez du premier des Actes,Que les
Apoftres font enuoyez annoncer la veritc de Dieu aux hommes,& non pas aux beftesî
dequoy vous concluez,qu'il ne faut reueler ce fecret de Dieu le Pere,qu a ceux qui font
hommes U non beftes:& appelez beftes,ceux à qui ce fecret n'eft point reuelé:pour ref
ponfe,Les parolles des Apoftres en ce premier chapitre ne font pas telles,ny en (ubftiU
ce ny en forme,comme vous les alléguez: regardez-y bien. Dauantage Iefus Chrift ne
dit pas ainfi,quand il baille commifîion& mandement à fes Apoftres d'aller prefeher.
car il dit au dernier chapitre defaintt Marc, Allez par le monde vniuerfel prefeher l'E-
uangile à toute créature. Ce qu'auflî ils ont fait, comme i'efpere le vous monftrer bien
au long par les mefmes partages que vous m'auez alléguez des Aétes.Et S.Paul aux Co- *£«*4jî
rinthiens,dit qu'il a efte,luy & les autres Apoftres , bon odeur de Chrift à Dieu , tant à & l*
ceux qui font fauuez,qu a ceux qui perhTent:aux vns o deur de vie , & aux autres odeur
de mort. Vous voyez apertemenc que ce fecret dont vous parlez (qui eft la parolle de
Dicu)ne doit pas feulement eft reprefché à ceux que Dieu veut îauuer , mais auffi à
ceux qui ne le feront pas. I'ay quafi honte de vous en eferire, v eu que fi vous auiez leu le
nouueau Teftament,vous trouueriez le contraire de ce que m'eferiuez.
Qv an t à ce que me confeillez félon ce qu'il eft eferit au deuxième chapitre des A-
ctes,de me fauuer de cefte génération peruerfè , le vous accorde que fi ie le puis faire, ie
le feray:mais non pas en telle forte que me confeillez,en niant la vérité de Dieu: qui fe-
ra pour refpondre,tant à ce que m'alléguez de la fuitte deMoy fe,que de faind Paul qui
fe fit defeendre en vne corbeille par deftus les murailles. Car vous voyez apertement,
que l'vnny l'autre n'ont efchappény fuy en niant la vérité, mais en enfuyuant ce que
noftre Seigneur Iefus Chrift enfeigne,Si on vous pcriecute en vn lieu , fuyez en l'autre.
Vous pouuez penfcr,que fi on me laiflbit quelque moyen de fuir,ie feroye cômcMoyfe
& fainét Paul ont fait. En ce que vous dites que i'ay bien parlé pour vne fois,& que ie *£"I°*lj
me doy contenter,fans plus vouloir rien dire: Voyez,ie vous prie,comment vouscon-
tredifezàccqu'auezditauparauant, que i'ay femé les marguerites deuant les pour-
ceaux:ce qui ne peut eftre,fi Vous confelîez que i'ay bien parlé. Dauantage Iefus Chrift
dit,QuiperfeuereraiuiquaIafin,fcrafauué:ilfautdoncperfeuerercn bien, fii'aydonc ,
bien dit,felon voftre aduis,ie doy perfeuereriufques à la fin -ce que i'efpere fairepar la: UB? -
grâce de Dieu,lequel m'a donné de bien commencer. Car ce bien ne vient pas de moy.
que s'il luy plaift me fauuer,il eft allez puiiTant pour ce faire: finon , fa volonté foit faite
le fuis àluy,foit à la vie,foit àla mort.^ Vous dices que (aindt Pierre fut fort ioyeux, que
Dieu l'auoic retiré de prifon Je vous refpon , qu'auffiferoy-ie, fii'cftoyeefchappeparlc
vouloir de Dieu,mais non pas efchappé contre le vouloir de Dieu. Vous alléguez du
ï 3 .chapitre des A£tes,que Paul &c Barnabas fe retirèrent de prefeher la Parolle,pour le
murmure qu'ils virent contre eux pour leur prédication. R. Il eft dit notamment,qu'a-
pres que faind Paul 2>c Barnabas eurent prefché viuemcnt l'Euangile,ils furet chaflez:
lors ils s'en allèrent ailleurs. Tout cela ne fait point contre moy. Car il on me vouloir
Vu.iiii.
jjurc^f V. (hudc^jde la Canefierc^j
chafler après que i'ay dit Ce que i'ay peu par la grâce de Dieu, i*en feroye ioyeux. Vous
me voulezperiuader de n'alléguer aucun partage de l'Efcriture:maisen cefaifanc,vous
mecôfeillezdeietter fefpée de mes mains,afîn de melaifler veincreà mes ennemis. Ic
Au demier vousrefpon queie n'en feray rien . car fainâ: Paulenl'Epiftrcaux Epheiiens, m'enfei
di. p gneque ic me tienne armé des ai mes de Dieu 6c du glaiue de l'Elprit , qui eft la parolle
de Dieu. Voifs me dites qu'au i4.dcs Actes,faincrPaul 6c Barnabas s'enfuyrent d vne vil-
le en vnc autre qui sappeloicLyftre,de peur d'eftre lapidcz:ie nVefmerueille comment
vous portez fi peu d'honneur à la parolle de Dicuxar vous en vfez comme d'vne hiftoi-
rc profane. Liiez le texte tout entier de ce chapitre , & vous trouuercz qu'ils ont pref-
ché l'Euangile publiquement en Iconie=&: que ceux qui furent incrédules des Iuifs,fu-
feiterét querelle à Tencontre d'cux:& toutefois pour cela ne s'en partirent:mais ils y de
meurerent par long tem ps,prcfchans 6c faifans l'œuure du Seigneur auec fignes & mi-
racles.Finalement eft dit,q uc grande impetuofi té de Iuifs 6c de Gentils s'eflcua , &: au-
cuns eftoyent auec Paul,& les autres contre eux,& les lapidèrent aucc plufieurs oppro
bres&:iniurc5,apres ils s'en allèrent. Enquoy vous voyez clairement que vous n'auez
paflé que par deifus^ n'eftes point entré dedans. Vous voyez d'autre part que Paul ôc
^* Barnabas n'ont pas efté ii fages Chreftiens comme il y en a auiourdhuy en France par
trop,qui ne veulent prefeher finon aux fideles,&; non aux infidèles : mais ceft de peut
déporter la croix de Chrîlt.Ce que fainct Paul 6c Barnabas n'ont pas fait, fi vous voulez
bien regarder ce quatorzième chapitre tout au long. Etcecy feruirade refponfepour
beaucoup de tels partages cy après declarez:pai- lefquels vous me voulez induire à croi
re vos interprétations menfongeres&: pleines d'erreurs. Cher amy, pour vous aduer-
tir de ce que feftime de vous-.ie voy qu'il ne tiendra point à vous,quc ne mevucillez bie
deJguiferDieu&faverité,afindeneIcpluscognoiftre-&:par ainfi q ie mefauuaflela
vie. Ne voila pas vu bô amour?ouy,li l'amour du diable eft bô enuers nous.Or i'ay quaii
honte de vous refpondrc à la belle côclufion qu'auez tirée de ce i^chapitrc des A&es:
ceft que me confeillez de ne me faire pas mourir auec les faux-freres, non plus que S.
Paul &: Barnabas. le vousvoudroyc demander fi Paul & Barnabas ont efté Iapidez&
lairtez comme morts(comme il appert en ce chapitre quatorzième) par les faux-freres,
ou par les enncmisouuersfVous ferez contreint de dire que c'eft pat les ennemis mani
feftes:car la venté eft telle or pour teipôfe ic craindroye beaucoup plus les faux-freres
que les autres ennemis. Car ils taichent à faire renoncerDieu &fa verité,pour fauuer la
vie prefente par moyens pleins de déception &: menfonge. N'cft-ce pas menfonge,
quand vous me vouliez faire accroire que depuis que Paul 6c Barnabas s'en furent fuys
de peur d'eftre lapidez,ils n'y font plus retournez?Car défia il appert qu'ils ont efté lapi-
dez là mefme en cechap 14. voire en deux diuerfes villes,aflauoir en Iconie 6c Lyftre.S£
vous me dites que ic ne retourne plus à ce que i'ay confefle,de peu r d'eftre lapide . Et
quedeuiendra la parolle de Dieu, qui dit , Que bien.heureux font ceux qui endurent
perfecution pouriuftice.?Quedeuiendra ce qu'il dit,Nc craignez point ceux quituenc
le corps,mais craignez celuy qui a puirtance de tuer le corps & mettre l'efprit en la ge-
hcnnedufcufQuefera-cedccequcdic Iefus Chnft,quâdilpredirà. fes Apoftres,quels
aflautsils auroyent en enfeignat fa parolle,& quelles periccutionsil leut falloit endu-
rer? Vous ferez , dit-il , menez pardeuant les Rois 6c Princes aux fynagogues , &c. le
vousrenuoyeàlaie&uredece io.chap,&: vous verrez ce que Chrift requiert de nous.
Qv an t à ce que vous dites que faind Paul s'eft fait Romain pour fauuer fa vie, 6C
que ie face ainii pour fauuer la mienne:vous abufez auffi en ceft endroit. car au leziemc
des Actes eft dit qu'après que fainct Paul 6c Barnabas eurent efte fuftigez 6c battus a-
près auoir prclché la parolle de Dieu, ils furent mis prifonniers lelcndemain les Ma
giftracs les emioyerenc mettre dehors;loi s Paul dit qu'il eftoi t ci toyen Romain : ce qui
eftoit vray. mais en cela line faifoit point de mal comme ic feroye fi îeme difoye Ro-
main.Car ia Dieu ne plaife que ie me die tel , pour fauuer ma vie. Au refte de ce que
m'alJeguczdu 17 i8,&: i^.chapitres des Actes, il n'y cfchct aucune relponfe : iufqsàces
mots que dires,que ie doy croire mes amis comme fainct Paul a creu les liens, ouautre-
ment que ie luis troublé d'clprit:&: penfez que tour ce que ie cr ain , c'eft de peur d'eftre
reprins de ceux auec lefquels ie délire viure 6c habircr:car vousdites,fi le plus grand de
ceux-la eftoit ou ïc iuis,qu'il iauueroit bien fa vie parle moyen que vous refcriucz.Ref»
ponfe,Ie voud 1 oye bien croire mes amis,mais non pas contr c le vouloir deDieu. lob
nobeie
Claude de la Canefiere. jp^
n'obéit à fes amis qui le tafchoycnt dediuertir de refpcrarice de falut , auffi ne vous
veux-ie croire en ce confeil que me donncz,combien que me foyez amy:mais c'eft amy
de la chair,& tel comme fut tàinft Pierre à Ielus Chrift,quand il luy confeilloit de n'en
durer la mort de la croix,& de le fauuer la vie.Ce q Iefus Chrift luy a dit, s'adrc fie auffi à
vous&àvosfemblables,quime voulez faire fauuer la viepar moyens illicites &c con-
tre Dieu. Va Satamcar tu ne comprens point les chofes qui font de Dieu, mais des hom
mes.Or de dire que ma crainte eft telle que l'auez foufpçonneejc vous refpon ,qu'elle
feroit mauuaife fi elle eftoit tellertoutefois Dieu vueillc que voftre iugemët temerajre
ne foie vcritable.Quant à ceux que dites,que file plus grand d entre euxeftoitlàoùie ce™c™fcy
fuis, il efchapperoit par le moyen que vous côfeillez: le contraire eft venté: car en celle «teflus l'ont
prifon où iefuis,s'en font trouuez depuis deux ans en-ça plus de douze, non point des J™^*
plus grans,mais des petits foldats,lcfquels n'ont point fkfchy pour crainte de la mort.
Bienfcft vray qu'ils ont eu de tels combats que moy,&:de tels confeils q me donez,mais
cela nelesapoint efbranlez.Comment dites vous donc que (i leplus grand de tousy
eftoit,il fefauueroit par ce moyen que vous conleillcz? Etaulîi ne vous veux celer que
puis peu de temps en a efté prins vn des plus petits, lequel on a amené icy auec moy,
qui a trouué voftre façon d'efchapper bien fauuage , voire &cll eft en auflî grand danger
que moy pour le moins. Bref,amy,toute la faute de voftre confeil ne procède que de ce
feul poinà:Ceft q vous ne fauourez point les choies qui (ont dcDieu,mais ce qui eft des
hômes,&: de cefte vie prefente. Tout le refte de vos allégations des partages des A&esi
font tous femblables ou pires q les de/Tus declarez.-parquoy ie me déporte d'y refpôdre.
le fuis marry de ce que vous,qui vous dites Chreftié,abufez fi lourdement delà fain&c
parollede Dicu,en conuertiflànt fa vérité en menfonge: &: mefmes quand vous impu-
tez à faintt Paul qu'il n'a point nié Chrift deuant ceux qui le cognoiftoyent, mais qu'il
n'a dit mot deuant ceux qui ne le cognoiflbyent,cela eft faux. car pourquoy a-il efté la-
pidé, fouetté , perfecuté ? & de qui , fînon par ceux qui ne vouloyent cognoiftre
Chrift ? Il ne faut que toute l'Efcriture,&:mefme que le liure des ades des Apoftres,
pour vous monftrer le contraire de ce que vous impoîez à faind Paul. Apres ie m'ef-
bahy de voftre aueuglemct,en ce que mecôfeillez que ie me doy fouuenir de S.Pierre,
lequel a plulîeurs fois nié Iefus Chnft pourfauuerfa vie, &que Dieuluy a pardonné,
commeaufhilmefcras'illuyplaiftj&c.Vousmedeuiezaufliconfeillcr queiele trahif Notc ccfte
fe comme Iudas,&: qu'il me pardonnera s'il luy plaift:ou que ie paillarde auecla Femme refpoafc
de mon prochain,&: puis que ie le face mourir,côme à fait Dauid , ôc que Dieu me par-
donnera s'il luy plaiftm'eft-ce point vn beau confeil que me donnez; Vous deuriez péri
fer que l'Efcriturc ne nous met pas tels exemples deuant les yeux pour les enfuyure,
mais pour les fuir. le vous prie& fupplie bien afre&ueufement que penfiez à vous &
aduifiez où vous eftes cheu de vouloir préférer voft re vie,& les chofes de ce monde ca-
duque à la vie eternclle,& au Dieu viuant,&: à Iefus Ch rift fon Fils noftre Roy,noftre iu
fticç,noftre Aduocat&: feulMediateur,& finalement noftre Iugeideuant le throne du-
quel iJfaut en bref qu'vn chacunde nous fe trouuc, & foit prefenté pour rendre raifort
de noftre vie,laquelle nous auons exercée en ce monde, comme fainâ Paul le dit. Et
pour cefte caufeie vous confeillebien autrement que ne mcconfeillez: airauoirquen*
vous eftes tel que vous dites, le monftt iez par efFett. Vous-vous appelez &: eftimez fidè-
le &Chreftien,c'eft à dire,qui a la foy de ChrilV.faites donc la volonté de Chtift,&: vous
ferez bienheureux. Iefus Chrift dit , Qui aimera fa femme , fon pere,fa mere,
*fes biens,fes enfans, voire fa propre vie plus que luy, que tel n'eft digne de luy : aduifez
que c'eft à dire cela.fi i'vfe de fi&ion & menfonge pour fauuer ma vicâiTauoir fi ie veux
accorder aux atuis qui font contrei'honneur de mon maiftre &C Sauueur Iefus Chrift,n'
aime.ie pas mieux ma vie queChnft?cela eft certain qu'ouy. Pour conclufion, Ci vous
trouuez ma refponfeafpre &C dure,cÔfiderez que ce n eft point par inimitié que ie vous
porte:car ie vous délire autant de bien qu'à moy:mais c'eft pour autant que vous - vous
adreifez contre Dieu, duquel ie porte la qucrelle:&: auez conuerty fa vérité en menfon
ge,pour me cuider perfuader de fauuer ma vie. Au furplus regardez ie vous prie que
cefte vie eft comme vne fumée b ien-toft pa/Tee, &c qu'il nous faut tédre à vne autre vie .
plus certainc,laque!lenouseftacquife par noftre Seigneur Iefus Chrift. Etpource par™eî°
pcnl'tzà vous &: voftre vocation, laquelle comme vous fauez tresbien n'eft paslegiti- conrrete
me. ie dy en vfant à la façon que vous en vfez:affauoir pour en exciter la nature humai- "^JJg^*
h i#r o V. Claude de la Canefiere.
ne à toute paillardife &C volupté,laquelle y elt allez 6c trop encline fans cela.Ic vous cô-
feille de vous en retircr,au moins quant ace poinct : car autrement on peut vfer légi-
timement des inltrumens de Mulique quand ce n'elt point contre l'honneur de Dieu.
Icy feray fin àla prefentc,apres auoir prefenté mes humbles recommandations , tant à
vous qu'à tous ceux qui le dilcnt frères: & leur communiquez la présente, afin qu'ils co-
gnoiiientauflïleur errcur:priant le Seigneur Dieu qu'il vous vucilJe à tous donnet 6c
augmenter l'a grâce. De Lyon es prifons,ce quinzième d'Octobre, m.d.iy,
LETTRE du premier Je Noucmbrc enuoyce par ledit Canefiere i L femme^cn Usuelle il Li reprend de ce qu'elle ne s'ar-
refte totalctncmt a h prcundcncc du Seigneur.
JH R R E fceur,i'ayreccu vos lettrcs,parlefqucllesn'ay pas clîé fort foyeux,d'au-
[cantqupi'ay cogneu par icellcs que ne regardez pointlaprouidcnccde Dieu,fic
comme il le peut feruirdenous. Vous me mandez, qu'il ne vous faut plus attendre*.
moy,&: que le Seigneur vous vcutdeftitucrdcmary,&de tout autre fecours humain.
Ufcmblcparces mots que vous (oyez déifiante delà puiiïante bonté de Dieu : paria-
quelle il promet alïillence à tou s ceux qui par foy le requièrent en leurs nccefîîtez,c5-
Pfeau.jo mcileftditauPfcaume,lnuoquc moy quant oppre/Teferas)lorst'aideray , puishoneur
m'en feras. Si donc vous elles oppre/Tee de triitcifc (comme ie le penic ) non feulement
de la pertede mi pcr(onnc,mais auffi de vos biens,&; de pluiïcurs autres afflictions ,c'-
cfl: maintenant que Dieu cil plus près de vous que ïamais , 6c que celle parolle eferice
oreeM*. en Ofee s'adrefle à vous,quand Dieu parlant à l ame affligée, dit, Et en ce *our-la,ditl«
& 19
G
Seigneur,tu m'appeleras mon maiy,&ietelpouieray éternellement, 6c te fîanccray a
moy eniullicc,cn iugement,cnmifericorde,&: en milerations : voire iet'efpouferay en
foy,&: fauras que ie fuis le Seigneur. Ma feeur nvamie,vous voyez là de belles bagues
que le Seigneur vollre cfpoux vous pt ometxar c'eft à vous &c à vos fcmbiables que s a-
drcllent telles parolles. A celle caule ii vous elles participante des croix de Chrift,vous
le ferez aulii de fa gloire. ^"Or pour vous dire lavcritc,ilyavn mot en vos lettres qui
m'a grandement reiîouy, quand vous dites que yousame^Mic'fxnauoir point de mury , que
<f en auoir vri tmtreh lefa Chrifixii par cela ie cognoy quevous elles en bataille de l'e/prït
contre la chair,&: que fiflue de celte bataille fera à la gloire de Dieu. Car c'eft luy qui
en cil faucheur. Mon frère Nicolas s'en va à Gencue: il eft fort fafché pourautant qu'il
n'a peu faire cnuets moy ce qu'il auoit délibéré. Au reftc:ie levons recommandera
tous nos amis de parde-là. Faifant fin,ie prie Dieu vous donner ce qu'il fait vous eftrc
necefîaire. De Lyon es pnfons,ce 7-de Nouembte.
o m m e de ces eferits de Claude de laCaneliere nous pouuons recueillir inftrudiô,
iuiïidccequiseftcnluiuy nous n'aurons moindre côfolation. C'eft qu'en ces en-
trefaites François de Bouibonfcigneur d'Anguien demanda à ceux de Lyon Claude
de la Canefiere, pourec qu'il cftoitkon loueur de cornets à boucquin:mais la rage en-
flammée des ennemis n'y voulut conientit: S'il euft demandé vn brigand, ou voleur, ils
Teuflent accordé-.mais pource qu'il elloit prifonnier pour l'Euangile^ifalloit aufli qu'-
en cela il full conforme au maillrc, lequel fut pollpolé à vn brigand. ^ Aduint peua-
CaneGere presque ledit Caneiicreauecvn lien compagnon trouua moyen de fortir de la prilbn
cfchappc d'vne façon cfmerueiliablc.Car de la veue des clefs entre les mains du Portier , ils con
merent la figure des deux clefs principales, lefquelles ils enuoycrent par
vn amy fecretement contre faire en vne autre ville,tellement que peu après ils ouuri-
rent la porte, & les ptifonniers forment &eftoyenc ia fur le pont de la Saoune, quand
les fergens le virent pafier:&: fe ictterent fur Canefiere,lequel ils recogneurent pour f-
auoir veu fouuent deuan t les Iuges:&: le ramenèrent en prifon. Quand à l'autre,il eC
chappa de leurs mains,^: vint àGeneue.Dc cecy font foy les lettres dernières que ledit
Canclîere manda à fa femmc,du i j.Decembre 1 5 55. où eft auffi coprife ladernierecon
jfeflîon&fa condamnation,comme s'enfuit: So e v r &elpoufeJacaufequene
vousay pluftoilclcntdemesnonuelles , clique n'ay peuauoir la commodité d'auoir
papier &cncre,&: qu'a grand' peineenay eu pour vousaduertir comme iefu reprins.
C:eft côme nous ellions louis des prifons,&:q nousvinfmes entrer en la grâd'ruefain.51
Iean,ie vay aduifer trois ou quatre fergcns,lcfquels iecognoiiîbyc bic: car nous les voy-
ions ordinairement aux priions. Or ils nefauoyent rien de ce que nous ellions cfchap^.
pez.Et comme i'alloye après maiftre François, me voulant garder de me hafter ,ienc
pouuoye
Qlaudc^jde la Canefiercj. 394.
pouuoye:dot il y en eutvn qui me cogneut,qui auoic efté prifônicr auxmefmes priions:
leql die aux autres, En voila vn qui a vnerobbefourree,qui va bic vifte, & croy que c'eft
maiftreClaudc,voyôss'ilafarelafche:ilpourroit bien auoir rôpules priions. Sur quoy il
commençaà fe haftcr,& moy aulft.Quand il vid que ic me haftoye,i) me fuit iufques au
bouc du pont>&: en appela vn autre qui eftoit maillé. il commence à courir.âc moy voy-
ant cela,ie laifle choir ma robbe fourrée en terre. Me voulâc mettre â courir, il m 'eftoit
aduis que i'auoye des cordes aux iambes,&: ne pbuuoyc bonnemet courir , de manière
que celuy qui eftoit maille'fe vint ictter fur moy par derricrc,&: chcufmcs tous deux en
terre. Voila, chère fceur,commc ie fu rcprins.Ils me menèrent en la prifon, &: à l'entrée
pour le Dieu-gard,le portier,quife nommcGuillaume,me bailla deux coups de poing,
l'vn entre les elpaulcs,&: l'autre furie derrière de la tefte.il s'y trouua gens qui engarde-
rent qu'il ne m'outrageaft dauantage,&. les fergensaufli. Puis ie fu mené deuantle
iuge Courrier qui eftoit encorcs Jà dedans:lcqucl m'interrogua comment l'eftoyc for-
ty:6c anfîî mctrouucientfaïuencoresd'vncclef le leur dy qu'il eftoit venu vn hom-
me de Geneue,auqucl i'auoye baillé des patrons de clefs, & qu'il eftoit entré efdites pri
fons au nom d'vn autre. le fu donc enuoyé , &: me mit-on en vn crotton , où on ne voy-
oit ne ciel ne terreUà eftant ic commençay à prier ce bon Perc celefte,puis que fa volon
té eftoit de me faire ceft honneur d'eftre tefmoin de fa venté , moy quine fuis que fan-
ge &C orduie,qu'il me hit la grâce de luy porter obeiiTancc,puis que tel elt Ion vouloir. "
Helasj chère fœur,ie leroye pluftoft digne d'eftre chaftié pour mes fautes quede
fouffrir pour le tefmoignagedc fonnom. Or bien, puis qu'il luy plaift c'eft bien rai-
fonquefy voife latefte leueexai ie vous a/feure que ien'auoye point fenty auparauât
qu'il me deuft faire tel honneur^que depuis que i'ay eftéreprins.Ceiourài'aprcs-difnee
(toutefois qu'on rte m'euft baillé ny à boire ny à manger iufques au foir) ie fu mené de-
uantees mefiicurs,&fuenquis bien diligemment comment i'auoye fait faire les clefs*
ie leur refpondy comme i'auoye fait deuant le iuge Courrier. Ils me dirent qu'ils ne
croyoyent que ie les euflefait faire à Gencuc,mais qu'elles auoyent efté faites en cefte
ville:&: qu'il eftoit impolïible de faire des clefs fans les voir le refpondy qu'il eftoit co-
rne ie leur auoycdit»& quand ils voudroyent que leur monftreroye lafeience. Sur cela
ilsmcdirent,Commc nt?Lors ie leur commençay à monftrcr comment i'auoye fait.
^ Apres m'interroguerent pour la féconde fois ^demandèrent il ie Vouloyetouf-
iours perlifter en mesopinions. le refpondy, Que ic n'auoye rien dit qui ne fuft bon &C
conforme à la parolle de Dieu:auflîquec'cft la verité,&:queielavouloye fouftenir.
Puis commencèrent à m'interroguer furlapuiffance du Pape &: d'autres folies , quife-
royent par trop longues à eferire, joint que cela n'en vaut point le récit. Puis on me re-
mit au crotton mefme,où ie fu iufqs au Mecredy:là ie vous laifTe à péfef comme on me
traitoit.Ce Mecrcdy reuindrent au matin pour voir encores comment i'auoye fait faire
cesclcfs.lorsielespriaydeme faire mettre en la petite châbre où i'auoyeaccouftumé
d'eftre: ceque le Geôlier ne vouloir point,mais à fon grand regret il y fut contraint . car
ie leur dy que ie ne romproy e pas les murailles auec mes doigts, lors ils le permirentj&:
luy commandèrent. i?
^ Le Samedyfuy uanc ils vindrent auec cinq ou fîx, & me firent remonftrance qu'ils
ne vouloyent point ma mort,&: que ic me conuertiile afin de viure,&:qu'il n'y auoit nul
qui ne defîraft mon bien: bref , tous me prioyent de retourner à F vnion de la fainetc E-
glife catholique:c eft alTauoir de faire ainlî que mes pères & anciens qui ont vefeu fain-
demenc. Puis ils me demandèrent Ci cefte remonftrance ne m'amoliflbit point lecceur.
le leur refpondy que ie les remercioye bien fort du grand bien qu'ils me vouloycnt.Ô£
quant aux remonftrances qu'ils mefaifoycntqueie retourna/le à l'v niondelafain&e
Eglifec?icholique:iedy n'en auoir efté deftourné: mais que m'y veux tenir comme vn
bon Chreftiendoit faire. Que leur remonftrance ne m'amolùToit point autrement
le cœur,d autant que ien'auoye rien dit,qui ne fuft conforme à la parolle de Dieu. Puis
direnr, Vous voulez donc fouftenir ce qu'auezdit.Ouy(dy-ie) monfieur : car c'eft la pa-
rolle de Dieu,& y veux viure &C mourir. Ils me dirent, Il n'y a donc plus de remedc.&
fut ce recommencèrent à parler de leurs fatras &c badinages . &: quand l'vn auoit celte
l'autre recommençoit,&: à tous coups me rom poyent mô propos,&: ce que ie leur vou
loyedirc:maisilferoit trop long à refcrirc:& ne vaut la peine.
Ïjuy<Lj V* QUude de la C 'anefier "o.
^"L * Lundy fuyuant ne faillirent de venir,pour me condamner.Et mè mit-on les
fers aux mains,de peur que ie ne fulTc trop mauuais deuant eux,comme s'ils m'euilent
veu faire de grands efforts. Or cftant deuant eux,ils firent venir Antoine, lequelauoit
Bhfpheme efté pnns aucc maiftre François , & luy firent faire là deuant moy au parquet (pour me
îfkmCdcf" fe>rcPlusgran^defpit)amendehonnorable. le vousafleure que Je cœur mepartuToir
devoir vnetellepoureté & miferc,en blafphemant ainii contre Dieu.O cherefeeur
prions ce bon Dicu,qu'il ne nous delaiiîc point iniques là, mais qu'il nous tienne tou(-
ioursla main,&: nous donne perfeuerance en fa îàindeparolic. Nul ne peut veniri
moy,djc lefus Cfu ift,que mon Pere qui m'a enuoyé ne le tire. Prions donc ce bon Pcre
qu'il nous tire,Ôc que nous allions droit à ce Sauueur lefus Chnft. ^ Ce beau chef
d'œuurefait,ils me demandèrent fi ievouloye tou/iours perfifter en mes opinions. le
leur refpondy quant à ce quei'auoye dit,ic le vouloyefouftenir , &z que len'auoyc rien
dit qui ne fuît conforme àla parolle deDicu,&: a fa ventc.Puis commandèrent auGref-
fierdelite la fentence donnée contre moy.&quâdileut Jeu qu'on medeclaroithercti-
que&:ichilmatique,ierefpondy,Etbien>vousmedcclare2tel,pource que ie ne veux
adhérer aux edits& ordonnances fataniques de voftre chef 6c voftre maiftrel'Aïue
chnft Romain :i'cn appelé deuant Dieu. Lors s'efenerent tous, quand l'eu dit Satané
ques: car il y auoit force monde à l'entour,& dirct,Ha,ha,le melchant(cn faifant leur li-
gne de croix pour châtier les mouches)mem'Z Je à Roanne.Et là ie fuis pour le prefent,
attendant le vouloir de ce bon Pere,comme il luy plaira faire de moy. -Or,cherefœur
ie fay quauez eu quelque peu de ioye,attendant ma dcliurance:mais elle ne vousague
tes duré, toutefois elle eft bien prefte,com bien que ce n'eft pas en telle forte que l'en- -
deD^n tendez.Donc rcfiouillez-vous en ce bon Dieu,& ne vouscontnftcz point, mais regar-
L première dcz à ne vous prendre concre Dieuxar vous voyez en ma pnnfc première &c féconde
F&de** qucccftvncgrande¬oircprouidencedcDieufurmoy:ioinc que ceux qui m'ont
Claude. prinsn'eftoyent aucunement aduertis.ny les premiers ny les féconds. Voila comme
Dieu veut appeler les fiens.refiouiflcz- vous donc en luy de ce qu'il vous a fait c'eft hon-
neur,de vous auoir doné vn mary,lequel il a voulu produire pour vn des telmoings de
fa vérité. HelaSjcherc fœur,{] nous fauions confiderer le grand bien que ce bonPere ce-
lcfte nous fait,de nous appeler à vne fi fam£tcquerclle,&: à vn fi heureux combat , nous
n'irions pas fculcment,maisnousy courrions à pleine courfe. Au furplus,ie ne fay
lii'auray moyen de plus vous efcrirc,ne fâchant l'heure ny le iour qu'il plaira àcebon
Pere m'appelcr àfoy.Ic vous recommande fa crainte fur toutes choies : puis les enfans
lefquels il nous a donncz.Que fi vous ne vous pouuez contenir, ayez aduis devousre-
marier,&: de bien regarder de prendre vn mary qui ait la crainte de Dieu , & qui ne foie
point adonné à l'auaricertar c'eft la racine de tous maux. le fay qu'auez de la poureté,
quant aux biens terriens:mais regardez qu'elles bien riche au ciej, &: que vous auez vn
Pere qui ne vous delaiflcra point.car fi les pères tcrricns,qui font mauuais de nature.fa-
uent bailler choies bônes à leurs enfans, par plus forte raifon celuy-la qui eft tout bon ,
vous dônera ce quivous fera ncceiTaire,&: n'aurez faute de rien. Remettez doc en luy ôC
vous &: voftre arfaïrcxar c'eft luy qui a le foin de vous &z vous tiét des fiens , commeil le
vnc deru c vous môftrc par teimoignage euident.COr pour vous donner vn mémorial de moy, ie
ce quchît vous ,ai^c lc Psaume 73, Si eft.ee que Dieu eft tref doux : &: quand le chanterez , vous
fe Claude à aurez fouuenance demoymon point en trifte/Te,maisen ioyc. Pource ie vous mande
kfemme. ceftuy-lactrc les autres: gouftez-le bien,car vous trouverez là dedas tourjee quim'eft
aduenu depuis que ie fuis prifonnier. Quantau refte,faitcsmes recommandations à
monfieurCaluin,&àtousles Miniftres,&: àtous nos amis quecogncu/Tcz. Aufiîditesà
maiftre François, fi vous le voyez,queieme recommande bien fort à luy , &; que ie fuis
bienioyeuxde ce que Dieu luy a fait grâce de luy auoirdonnédeliurance des priions,
mais que Dieu m'en prépare vne plus grande &: beaucoup plus heut eufe. car il ne me
veut pas feulement deliurer des priions, mais de cefte terre, où il n'y a que toute mife-
re,hoireur& calamité:mc voulant colloquer en ioye, &: félicité perpétuelle àiarnais.
Recommandez_moy à fa femme. Et pour la fin ie vous accole d'vn faind baifer, difant
A-dieu, vouslaillant en fafain&c garde. Ce itî.Decembrc.
n cefte force & magnanimité,cefainc"tperfonnage perfeuera iufquesàlafin,n^
obftant les alfauts qui lui furent dreffez de toutes parts durant fon emprifonne-
ment. ^ Ayant donc receu fentence de condamnation d'eftre bruflé vjf,&fon corps
con.
E
Plufieurs Martyrs. SPS
confuméen cendres à la façon accouftumeedes ennemis delà vérité, le Samedy pre-
mier iour de Feurier, veille de la Purification, appelée par eux la Chandelcufe, Claude
delaCanefierefutmené delà prilonaulieududernierfupplicc, nommé en la ville de
Lyon, Les terreaux. Et en le menant, il exhortoit le peuple de fe côuertir au Seigneur
lefus Chrilt. Eltant venu audit lieu , commençai dire le commencement du Pl'caume,
Sus louez Dieu, mon am e, &c. Le Bourreau luy demanda pardon de fa mort & le patiét
luy dit amiablemétjMon amy,lc principal pardô que tu dois requerir.cft dcDieu:regai-
de à ta confeience : car la condamnation de la caufe eft iniufte &c peruerie,& Dieu la re-
demandera de la main de ceux quiyconfentiront,s'il ne leur fait mifericorde. Eltant
au milieu du feu,on l'ouit inuoquer le Seigneur en drelfant fon regard au ciel , infqucs à
ce qu'il eut rendu l'efprit.
L A VRENT, de Bruxelles ,& IE AN FASSEAV, Haimyer.
IV commencement de celte année, la perfecution cy deuant cfmeuè" en la ^"0C^
'ville de Mons en Hainaut fe rengregeaen telle fureur, qu'il fembloit que nucc m
toutdcuoiteftrc perdu. Etcclafefaifoitàcaule qu'on auoit renouuclé les fJ^aJJe
Elcheuins delà villc,& que les plus contraires auoyct cfté ellcus au gouuer-
nementdefquels pour commencer leurchefd'œuure,leietteicntenlamailon d'vnnô-
mé Laurent cordonnier,natif de Bruxelles en Brabant:& fur I e a n Falîeau, natif d'vn
petit village près de Mons, nomme Giury. Iccux furent appréhendez &c mis en prifon
feulement par foufpeçon : &: leur procez fait, furent condamnez d élire decapicez, fans
autrement les auoir interroguezde leur foy. Quand Laurent eut ouy vn îugemcc fi fou-
dain, il dit aux luges, MefTîeurs, vous- vous abufezgrandement, penfans par feu oue-
fpec anéantir la parolle du Seigneur noftre Dicu,qui dure éternellement. Incontinent
que îcs ennemis fouirent ainfi parler, &: de plus en plus s'efforcer: combien que l'efcha-
faut fuftiadrefTé,& fa fentence don née pour cftre décapité ,neantmoins commes'ils
eufTent deu changer le genre du fu ppliccfircnt apprefter vn tas de bois pour Je brufler,
afin de rintimider:& toutefois il ne fut que décapité, louant le Seigneur iufqu a la fin.Ec
peu de temps après luy ,fut là mefme décapité ledit Iean FafTeau, lequel aulîi mourut
conftamment pour la mefme doctrine.
ADRIEN DE L OPPHE N,FW/*,& I VLIEN DE LESPE-DARME.
T^^D R I E N de Lopphcn natif de Bruges en Flandrc,retournant de Frâcfort, M. D.LVI.
^5^^\^auec plufieurs Hures delà fain&eEfcriture, en palfantpar la ville d'Alie en
Hainaut, entra en vne hoftellcrie, & donna fon paquet en garde à l'hofteiTe
de fon logis : laquelle par curiofité ayât veu que c'eftoit vn paquet de liures,
appela vn Preftre,&: luy monftra les liures. Incontinent que le poure homme fut retour-
néau logis, ne fichant ce qui s'eitoit fait cependant qu'il auoit cfté en la ville faire fes
befongnes, fut appréhende & mis en prifon : en laquelle ayanr fait confefïîon de fa foy
fans flefehir ou vaciller nullement , toit après fut condamné à eftre bruflé à petit feu, &
endura vne mort- bien cruelle auec confiance à tous admirable.
A[En la mefme ville aufli fut exécute Ivlien de Lefpe-darme, pour la mefme do-
ftrinedequel endura 1a mort vaillâmen t,de laquelle plufieurs furet édifiez au Seigneur.
IEAN PHILPOT>c1e«r^/oi5.
ENlaperfonnedcPliilpotnous auotislepourtrai&d'vn do&eur Ecclefiaftiquc : lequel tyant affatreàtant de
.montres qui s'efforcent d'anéantir la dodrine de l'Euangile, les pique & redargue à bon-efcicnt : & furmon-
tant en cela les liens corporels defquels il eftoit détenu, fait feruir fa feience à l'honneur de celuy qui la luy
a dônee. Les difputes Se examens tenus contre luy par les plus grâs d' Angl eterre font icy récitez: dcfquels U
plufpart s'eftoyent dcflournez de la venté par eux cogneuë. Et ne fe faut efmerueiller fi la procédure femble
eflre comme dcper à compagnon,veu la dignité que Philpot auoit adminiftretcntr'eux , quilercndojt plus
affectionne à leurre f pondre.
Xx.
Liur<u V. ]™n Philpot.
M.D.LVL ^^^ÇE martyre de îcan Philpot, fils de Pierre Philpot, chcualier de crédit & de
<| $M|jr renom au pays de Hampton, le prelcnte en l'ordre premier de cette année,
ÉP g^^%ayanc moni^r^ ^a voYe ^c vertu & perfeucrace aux plus grans du pays d'An-
§jjyj^|^gleterre. Il fur premièrement mis en l'efcole de Vvinceftre , &c puis cftudia
en 1 vniuerliré d'Oxone.& employa Ton teps à l'eftude du droict Ciuil,& des difeiplines
&" Langues , principalement l'Hébraïque. Et depuis mené d'vn defir de voir les pays , il
alla en Italie,& à Rome:& comme il eltoit en chemin de Yenife à Padouc, il rencontra
vnCordeher, lequel l'a ceufad'herefic, tellement qu'il euftefre en danger de fa vie s'il
ne Te fuft retiré de bonne heure. Finalement eftant de retour en fa mailon , bien toft a-
pres tut fait grand Archediacre de Vvinceftre fouslean Ponctlors euefque dudic lieu
de Vvinceftre. Mais après la mort du bon roy Edouard , les Euefques ayans afTemblé &c
conuoquévn Synode lors que l'Euangile commença d'élire periecuté, Philpot fut des
premiers qui auec peu d'autres maintint la caulc de la vérité, s'oppofant en la première
poincteauxplusgiansennemisd'icelle. Araifondcquoyilfut premierernet confticué
prilcnnicr par Eftienne Gardiner euefque de Vvinceftre : & puis cnuoyé à Boner euef-
quede Londres, & autres fuppofts du Pape comme lesprocedures qui s'enfuyuent te-
nues contre Juy en rendent telmoignage.
£ N cefte première procédure il eft fpecialemcnt touché de la caufe de l'emprifonnement de PlulpotjS: des CâU-
fes pour lefquelles il reeufe Boncr.
BJ&JN appela Philpot, & fes compagnons qui eftoyent en prilon auec luy , & les fit-on
Le docteur ^^jvenir deuanr les Eucfques:&: cependant qu'ils ateendoyenc , le do&eurStor fortit
d'vne des chambres:! vquel après auoir ietté l'œil fur ces pril'onniers,regarda Philpot,&:
luy dit,Eftes-vousicy moniieur Philpocfïe vous voy allez en bon poind. Philpot,
Moniieur le docteur, on ne le doit efbahir fi ce corps feporte bien, car il y a défia douze
mois entiers,ou plus, que ie fuis détenu en prilon bieneftioicc. Et maintenant ievien
fauoirpour quelle caule vous autres m'auezfait venir. St or, Vous eftes foufpeçonné
de quelques herefïes & opinions mauuaifes:&: pourtant nous auons efté daduis que
vous fufliez icy appelé. P h . Il y a fi long teps que ie fuis déte nu pi ifonnier , & non pour.
La ouïe de autre occafïon ou maticre,quc pour la difpute quia efté tenue en la maifon de L'âfiêm-
lcmpnioa- blee:de laquelle on penfequele peuple a cftéabbtcuué par mon moyen. St. Si reiet-
tant maintenant cefte difpute, vous vous rengez à vne meilleure opinion,& portez co-
rne ilapparticnr, nous vous remettrons en libertérautremenc ferez renuoyé à l'euefque
de Londres pour eftrc examiné par luy. Apres cclaStorfe retira en la chambre, & toft
après vnmeffager me fut cnuoyé pour m'y faire entrer. Le Secrétaire en premier lieu
medemanda quelcftoit mon nom. le dy,Iean Philpot. Il mit mon nom parefcrit:&a-
Philpot Ar- presStoradiouftaquefauoyccfté Archediacre de Vvinceftre àlapourfuite&requefte
dt v'vlacc ^U ^0(^cur Ponct. P h . le confeiTe que i ay efté Archediacre: mais ce n'a point efté par
lire. ordonnance &requeftc de Ponct, ains par vne élection beaucoup plus ancienne du
Chancelier, afîauoir de celuy qui eft maintenant. St. Sachez, que noftre Chancelier;
euefque de Vvîceftre ne feroitiamais vn tel que ceftuy-cy Archediacre Rop e r, phil-
pot, approchez-vous. Nous auons ouy dire que vous- vous eftes léparé de la congrégatio
de l'Eglifc catholique , hors laquelle il n'y a nulle focjctc defaluc : fi vous retournez à i-
celle, vous trouuerezgrace. Ph. le fuis icy maintenant deuant vos excellences ap-
pelé par vous déléguez par la Roine en cefte partie:^ pour cefte caulc ie vo9doy obeif-
fance, &: la rendray comme il appartient. S'il y a rien qu'on puifte oppofer contre moy,
Philpot de- concernant les loix publiques de ce royaume, ie prie que vous mepcrmettiez iouj/du
nunde <juc priuileçe &c bénéfice des autres citoyens. R o . Combien que nous n'ayons au ctfneaftiâ
mile en a- particulière pour vous conucincre, cela n empefche point que nous ne vous puifîîons
uanc. contreindre de vous purger des foufpeçons quona de vous partout. Ph. Sii'aycômis
chofe contre les ft.ituts, monftrcz-moy ma faute : & ie ne demande point que vous m -
efpargniezfi i'ay mérité d'eftre puny. Mais fi vous netrouucz rien en moy qui ne ïoit
digne d'vn bon fuied, qu'on ne me traite plus fi rudement comme on a faitpaffëdbu-
ze mois. Ro . Si le luge tien t en lés mainsquclque brigand ou meurtrier, encore qu'-
il n'y ait que foufpeçon , fi cft-ce que de droid il luy peut former fon procez le
conftituerprifonnier, encore qu'il n'y ait probations du forfait duquel il eft atteint.
St. le
JemPhilpot 396
S-r.Ie voybien à quel butil tend. Il femblc qu'il ait cftéinftruic enl'efcole de Cardma-
ker:& de fai&il a allègue les mcfmes raifons. Au reftececy ne vous profitera de ricmcar j^"7Clrd -
ie dyque vous eftcs hérétique, entant que vous eftesennemy delà Mefle. Ph. le nie tyrcyde"
que fe foy' hérétique. &: nul ne pourra intenter action contre moy:linon par ces parolles lunt
quifurent dernièrement par moy debatues en laflcmblce du Parlement, en laquelle
lors par la permilfion de la Roine&: du Sénat liberté eftoit octroyée à vn chacun de trai
ter , difpucer & uiger des dirferens de la religion propofez par celuy quiauoit la charge
demcrtreenauantlesarticles. Pourcela il n'eftoie point conuenableou qu'iceux me
detinffent (i long temps en prifon,ou que vous me molefticz maintenant fur ce mefme
faidt. St. Vousferez mené en la tour des Lollards ,& ferez là traité comme il appar-
tient à vn hérétique, &: vous fera-on refpondreauxargumens mefmcs que vous propo-
faftes là.Pn .Il y a défia long téps que i'ay traité de celle matière aueemonfieur le Ch an-
celier, qui eft mon Eucfque. Iceluy m'a retenu prifonnier iufques à prefent : que s'il me
veut maintenant ofterlavie, comme il m'aofté lesbiens& la liberté, il en pourra faire
comme luy femblcra:ce que toutefois ie ne penfepoinc qu'il puiffe faire en bonne con-
fcience.Eclaraifon pourquoy il me garde fi longuement en prifon,c'eft d'autant qu'il
n'a point puifTance de me faire mourir. Quant àleuefque Boner ,ie le reeufe entière- PMpot re-
nient, d'autant qu'il n'eft point mon luge ordinaire de droit quelconque. St. Quel- ^ Boncr"
que chofe que vous difiez , (i eft-cc que ces parolles ont cfté ouyes de vous en la mail'on
JeLafTemblee, lequel lieu appartient proprement au diocefc de Londres. Vous ferez
donc là mené en la tour des Lollards pour eftre iugé par l'euafquede Londres des cho-
fes que vous diftes lors en ce lieu-la. P h .Y a-il choie plus inique que cefte-cy,que iefoye
d'vne mefme caufe par deux fois molefté en iugemenr,principalement par vn luge qui
n'a nul droict. ou authorité fur moy? C h o m l e e , Monftrez-vous docile&obeifTanccô- Confcildc
me vn homme fage doit faire, & ne vo" perdez point ain fi. Pour certain ie délire voftre oir ec*
bien&: profit. Ph. Seigneur, ie vous pric&fupplie,&: les autres ordonnezlugesauec
vous, de ne me traiter plus rudement que la loy mefme vous enioinr. Et fur rou t, mon-
fieur le do&eur, ie vous prie par celte amitié familière laquelle nous auiôs iadis enfem-
ble en l'vniuerlité d'Oxonc,quc vous ne procédiez contre moy à la rigueur. S t . le vous
dyque fi vous retournez au bon chemin, ne doutez point que ie ne vous foye amy fidè-
le: &: pour ce faire,ie n'ay point celte robbe fi chère que iene l'employé de bô cœur pour
vous faire plaifir. Mais ne vous atcendezpoinr que ie me môllre amy à nv home héréti-
que. Parquoy dices-moy quelle eft voftrc opinion touchant le facrement de l'autel. Ph .
Puis que tel eft voftre plaifir,de prefler ma confeience de ii près , ie vous prie de me fai- Philpot fup
rece bien que ie voye voftre commiffion.&: quand vous me l'aurez monftree , ie refpon £UCL0^
dray fur chacun article, autant qu'vne confeience Chreftienne en pourra porter. Au- ficm.
eu ns de ces luges eftoyent contents de luy môftrcr mais Storfioppofa formellement,
difant,Que toutes fortes de racailles donc ayen t le crédit de voir nos lettres. Il n'en fera
pasainfirmais il fera mené en la tour des Lollards. Car cela eft tout arrefté, que toutes
les autres prifons feront vuidees de ces hérétiques, afin que tant de gens ne viennent
vers eux , qui pourroyent eftre infe&ez de leur contagion. P h. Vous auez puiflance c|e
tracafler le corps çà &: là,où bon vous fémblcra:cependant toutefois il n'eft pas en vous
de rien ordonner contre l'ame. Stor fur cela appela Marshal & luy dit, Mené ceft hom-
me en tamatfon, & aduife de le ramener Ieudy prochain en ce lieu. I'elpcre que nous te
defehargerons bien toft tant de luv que des autres hérétiques. Vn de ceux qui làeftoyet
dit à Philpot, monftrez-vous humble enuers monfieur le do&eur , côme il eft bien con-
uenable à vn homme catholique. Ph. Quand i'auroye faicou parlé autrement que
ma confeience me pouffe, ce ne feroit que vous deceuoir en diffimulant. Ec quelle rai-
fon y a-il que me foliciticzainli à diffimulation deuant Dieu &: deuant vous? Ro . Nous
ïierequerons point que vous foyczdifîimulateur : mais que vous vous monftriez hom-
mecacholique. Phil. S'il y a chofe en quoyi'outrcpafTcrEfcriturc,ic fuis content d'e-
ftre réputé hérétique. St. Vous amenez la fainfte Eicriturei Ayant dit cela, il fe le-
uafoudain,adiouftantcecy, Et qui fera tef moin de TEfcriture? Le secrétaire, wodra.m
Cefthomme refTemble a fon compagnon Vvodman, qui leiour auparauant ne pou- compapio
itoit foufFrir qu'on luy parlait d'autres chofesque des fainaesEfcritures. dcPhdpox.
Xx.ii.
Aduertiflc
ment
mort
L<«ro V. JemPbHfot.
t E S-aftes de la féconde procédure tenue audit lieu le x x 1 1 1 i. ioui d'Oflobre, M. D. L V.
VS^A N S I qu'on menoic Philpot deuant les luges, vn de fes amis familiers le rencon-
iffe - forant en chemin,dit,Le Seigneur vueille auoir pitié de vous,Philpor mon amy.car
de ouant à ce monde,c'en eft fait: i'ay nagueres ouy dire au dofteur Stor,quc le Chancelier
anoit commandé qu'ils vous fiffcnt mourir en quelque forte que ce tuft. Aufli toft que
f« Iuecs eurent cofultc peu de temps enfemble,Chomlee le fit appeler , & parla en ce-
f rte Ch Philpot,ie vous exhorte arîeftueuiement que vous vous monftnezhom-
faee fans eftrefiobftiné en voftre opinion. Pluftoft accommodez- vous aux décrets
£ ordonnances delaRoine,afinquevousvmiez. St o r, Iln'yeuc iamais homme en
rnut le diocefe de monfieur le Chancelier,qui fe (oit monft re plus obftine: parquoy auf-
f i il no' a baillé çommiffion d'vfer de toute rigueur cnuers luy:ou qu'il fuft remisa mon-
f eur l'Euclque de Londres. Que dites-vous; Reuoquerez vous voftre opmion,ou non?
P « Autant que mon iugement fe peut eftédre,ie n'ay rien fait que ic doyue reuoquer.
S O uel befoin eft-il de procéder plus outre ? Qu'il (oit droit mené d'icy a la. tour des
T oilardï afin que l'Eucfquc de Londres cognoifle de plus pres de la caufe. Aufiî bien
Ik n n 0Jrrv trop délicatement , & luy fait-on trop bonne chère en cefte prifon. Carie
LcGeoiier £eolicr teftlfioit hier ouuertemét de luy auprès de fa porte,que c'eftoit vn home doue
rend bon ~ excellentes ,& qu'en toute l'Angleterre il n y en auoit point vn plus fauant.
£r&~ Squil eutain(iparlé,ilfeleuaincontinent, &s'enalla. Co. N'eft-ilpasainfique
Pot- Z combatiezopiniaftrement contre le facrement de 1 autel , quand les Doftcurs fu-
flemblez> Reuoquerez-vouscelaounon? Ph. Parlecommandement&Ia volô-
r MMa Roine il eftoit lors ottroyé permis à vn chacun de propofer fon opinion,^ en
lie conférence traiter les matières: & cela ne fut nullemét à ma folicitatiomains
!Tnaelaues autres : & les grans feigneurs & con feilliers de la Roine y eftoyent prefens.
r La Roine permcttoit-elle que vous Huiez l'heretique?Mais ce n eft pas mon inten-
îe débatte de cefte matière contre vous. Monfieur de Londresferaceluy qui en di-
ctera auec vous. Que fi vous nechangez cefte voftre opinion, il pourra bien aduenir
fi lement que vous perdrez la vie au milieu des flammes.
p premièrement l'euefque de Londres n eft point mon Eucfque,ne luge. Da-
uantaee f ay fumfamment refpondu de ce faift long temps y a,à celuy qui eft mon Eucf-
idiocefain Parquov vous me ferez tort en deux fortes, fi pour vne mefme chofe
vousrecommencezàfairemonprocezrielaifre^
T ce aue tous mes biens m'ont efté pillez. le ne doute poin t que ne fâchiez que le droit
commun & les ftatuts du royaume donnent & ottroyent a chacun (quelque hérétique
S çoitU\(ct des biens & facultez iufques a ce que la vie luy. foit oftee Non pas que ie
me tourmete beaucoup de la perte d'iceuxrmaisvoicy qui me fait plus de mal,que vous
cftesfi rigoureux entiers moy pour laconfcience: ansauoirneloy ne droit public qui
cucMi u& d v ce£-airc Ch. Voire i comme s il neftoit libre a Jamajcfte delaRoi-
ir^Sa^ ôc qaantes que bon luy fem-
re a authorité de difeerner ou déterminer des affaires de la foy & rehgio. Et mefme vo>
, , „ fcinA A mbroifè dit que les chofes diuines ne font point fuicttes a la roaiefte
fccuUcre a *mp" r vous remettre entre les mains de l'euefque pour vous faire examiner de vo-
rcdelafoy authorité d'autruy , que de dire qu'ils 1 ayent propre aeux-mefmes. Mais vous
mWyoromis de me monftrer voftre commiffion,pour entendre quel droit vousauez
dl me faire refpondre aux chofesque me propolez par authorité légitime. Ro. Et
bkn qu'ilvoyenoftrecommiffionïPuisquillerequierr. Le Secrétaire lavouloit tirer
de feu ?fcta J'ayantcommepliee , ou quelque autre fuppoiee pour faire la mine,& la
orefen ter à Ropcr:mais Cook dit , De quelle façon commencez-vous amfi a procéder?
Il n ia verra p is- P h . V ous me faites donc tort, veu que fans raifon vous m opprimez
r !T,rvn(Vre iuaement. Co. Si nous vous faifons tort, il eft en vofl;re liberté de vous
P ZI fVi, 7 ceft outrage, fi vous auez le cœur notle.de m enuoyer en cefte prifon
rXne'moy quine L'eftranger , mais denoble race. Co. Vous nettes porntno-
JcanThilpot,
ble . car vn hérétique n'cft poinc noble. P h . L'efgard du crime n abolit point la con-*
dition de la race, encore que le crime fuft digne de more. Au demeurant ce n'eft poinc
mon intention de faire valoir maintenant la noble/Te de ma racc,encore moins de m'en
glorifterr&aufliceneftpointàproposrmaisicpricleSeigneurqu'ilvo'baille vn efprit
humain ,&: qu'il vous foit propice quand vous aurez befoin de mifericorde.Mais ce que {[f^E?
vous faites, faites-le bien toft. Orapres cela, moy &: quatre autresfufmes menezen tcurs.
lamaifon du Geôlier, où nous fouppafmes. Apres îoupperl'Archediacre me fît appe-
ler en la chambre d'vn des feruiteurs de l'euefque de Londres , qui me prefenta vn liét
pour cefte nui& la au nom de fon maiftre, le le remerciay,d'autanc que ce me feroit f af-
cheric de coucher la première nui& en vn HGt m ol,&: après furla dure<icluy dy que ie
mecontenteroye delà condition commune de mes compagnons prifonniers. Parquoy
on me menadroit par le milieu de la rue à la Charbonnière de l'euefque de Lôdres. Au-
près de ladite Charbôniere il y auoit vn petit baftiment obfcur,&: dedans ce baftiment
il y auoit des ceps de bois , faits expreflement pour ferrer les mains & le$ pieds : mais,
grâces à noftre Seigneur Iefus Chrift , nous n'auons encores ioué fur le clauier de telles Ce mii}^
orgues. En ce petit baftiment nous trouuafmes vn Miniftre d'EfTexie , qui auoit grand ertoitTho-
zele à la religion , accompagné d'vn autre poure frerc. Dés la première entrée il défi- J** Vv,t1^
ra me déclarer fes regrets U fon infirmité,de ce que par la dureté de la prifon il auoit e-
fté contraint de faire des lettres pourenuoyer àl'eUefquedc Lôdres, & pariccllesquit- ftoire cft
ter fa bonne caufe. Il me conta qu'il eftoit tombé en fi griefs tourmens de confeience, defcrite*
qu'il ne s'é fallut gueres qu'il nefetuaftfoy-mefmc. Et fon poure efprit troublé nepeut
recouurer repos,iulqucs à ce qu'il fuft venu au fecretaire de TEuefque,qui auoit la char- ^ ^
ge de fes papiers,& regiftres , & qu'il l'euft prie de luymonftrer fa lettre. Quand il l'eut mOJgl^ee
recouureejadcfchiraenmille pièces :&c ayant fait cela, il fentitvn grand allégement dciacauië
en fa confeience. Sur cela l'Euefque Boncr eftantaduerty, deuint comme forcené, & deVvi^<
fit appeler ce Miniftre; & auffi toft qu'il le vid , il fe îetta fur luy , le frappant de coups de
poing à la face,luy arrachant fa barbe , &C defehirant fa face. Maintenant donc ic certi-
fie à tous fidèles que ledit Miniftre a bon courage, & fe porte loyeux te alaigre fous la
ctoix: voircautant pour le moins que quelcun d'entre nous,deteftant fa première infir-
mité, le recite cecy à cefte fin expreffément que les autres cftans admonneftez par
çeft exemple, foyent beaucoup plus diligens à fe donner garde , &C aduifer de ne blelfer
follement leur confeience, de peur qu'ils n'amafTent fur leurs telles femblable s dou*
leurs des enfers.
III. EXAMEN, fait déliant Boner euefque de Londres , la nuid après que Philpot fut ferré
en fa Charbonnière.
j'E V E SQ^V E enuoya vers moy vn perfonnage nommé Ioanfon , qui auoit pour ioanfbaî
[lors la charge de fes Regiftres. Ceftuy-cy m'apporta de parfonmaiftre vnpot de
bonne ceruoife,& vn plat de viandes , auec vn pain: & me dit que Ion maiftre auoit ouy
parler de moy de de mes compagnons prifonniers auec moy : dequoy il eftoit fort mari
ry ,&defiroit fauoir fi iereceuroye ce qu'il auoit enuoyé. Ieluydy que rendoye grad-
ées à mon Dieu de ce que monlieur l'Euefque a vfé de telle beneficence,d'auoir daigné
faire cefte aumofne , & eflargir tel bien à moy & à mes compagnons. Pour cela iay e-
ftimê qu'il ne faltoit point refu fer vn tel bénéfice offert. Et incontinent iefymesfre-
rcs participans de cefte libéralité , rendant grâces à Dieu , qui par nos aduerfaires mef»
mes vouloir repaiftre fes poures brebiettes. Ioanfon me dit , Monlieur l'Euefque de-
fireroitbien fauoir la caufe pourquoy vous auez eftéicy enuoyez: car il dit qu'il n'en
fait rien du tout, & ses bahit comment on le charge des caulcs d'autruy, voire &: prin-
cipalement de ceux qui ne font point de fa iurifdi&ion. Sur cela ie luy declaray toute la
caufe par ordre. Et quand i'eu acheué mon propos, il me dit pour la fin, que fon mai-
ftre auoit vne telle volonté enuers moy , qu'il ne me faudroit en rien de tout ce qui
luy feroit poffible pour mon profit. Ainfi il nous laifta. Toft après l'Euefque enuoya
vn gentil-homme de fa maifon pour me faire venir vers luy. Eftant venu , ie le trouuay
f cul afûs à table, & trois ou quatre preftrots debout à lentout de luy , entre lefquejser
ftoit ce Greffier duquel i'ay parlé j.qui auoit la charge des regift res.
Xx. iii,
Lwrc^V. fanThilfoK
L'e v ï $ cl* EmeditiM.Philpo^icfuisfortioycuxdcvoftrevcnuçrdonncz-moy la
main. Voftrc calamité me contrifte grandement. Croyez-moy* qu'il n'y a pas deux heu-
res que ie ne fauoye que vous fuffiez icy.Dites-moy,ie vous pric,quelle eft la caufe poui -
quoy on vous y a amené? car ie délire que vous me croyez en cecy , que ic ne fay rien de
toutl'arTaire.Et ne me peux allez cfbahir quelle râifon il y a pourquoy les autres me chan-
gent ainli des affaires d'autruy,ô£ qui ne m'appartiénent en rien : & pour certain on mer
f xeufes de donne vn bruit que ie n'ay pas merité.Philpot luy déclara en fomme,que le principal^:
SSdc Slu " commencement de ccft orage procedoit de la difpute qui auoitefté tenue en raflero-
hifon. blee publiquement conuoquee. Bonerrefpondit,s'efmerueillantquepourcela cette
fafcherie luy eftoit faite :mais qu'il eftoit bien pofîîbleque depuis en d'autres lieux, ila-
uoitmonftréeftredemefmequ'auparauant: quipourroiteftre la caufe del'auoir em -
brouillé dedans cette fafcherie & calamité. Ph. Iamais homme n'a ouyfortirvnfeuil
mot de ma bouche , hors mis ces articles pour lefquels il eftoit accordé entre nous d'en,
difputer librement, par la permiflîon de la Roine ic de tout le Parlement. B o . Mais i'e-
ftime qu'il ne m'eft point permis félon les loix. P h . Selon la loy ciuile, ie le côfcfle:mais
Picr.3 iî« félon la loy diuine vo9 le pouuez faire. Car S«Pierre nous cômande que nous foyôs prefts
à rendre raifon de noftrc foy & efperance à ceux qui la nous demanderont. Bo. Saind
Pierre voircment le tefmoigneainfi. le vous peux donc bien iuftement demander que
juTauoirfi c'eft que vous iugez du facrement del'autel. Ph. S. Ambroifeenfcignc qu'on nedoie
i chacun fajrc Jifpute de la foy,(i ce n'eft en grandeaflemblee. La neceflîté ne m'eft point impo-
w»!enus " fte de rendre raifon demafoyparticulieremétau premier qui me viendra Drmerquel»
rendre rai- que queftion, linon qu'il y ait efperance d'cdifîer. Or maintenant la chofe va de telle fa-
foefoy °~ Ç00^06 *e nc pourroyefans danger de ma vie déclarer quelle eft mon opinion touchât
cecy. Et pourtant comme le mefme Ambroiferefpond à Valehtinian, OftezlaLoy,ôe
il n'y aura plus quedebat. Et ncantmoins s'il me faut trouuer en iugemet public,& que
là icelle Loy me contreigne déclarer mon opinion, ie nefaudray à faire ce que icdoy,
voire autant ouuertement qu'homme qui fe foit trouué deuant vous. Sur cela Boner
luy demanda, quelle aage il auoit. Philpotrcfpondit qu'il auoît quarante quatre ans.
Notez com Bo. Vous ne faites pas donc maintenat profelTion de la foy que vos parrins êc marrines
pcucTrc- faifoyentiadis , quand ils vous ont porté fur les fons, lors qu'ils fe conftituerent pleige
wrd $iniî- pour vous enuersDieu. Ph. le fay profcllîon de cefte mefme foy, grâces au Seigneur.
oue' Etdefaiti'ay eftébaptizéenlafoy de Chrift commune auec eux, laquelle ie maintien
encore auiourdhuy. Bo. Comment fepourroit faire cela, veu qu'il n'y a qu'vne mefme
iphcC+ï. foy? Ph. Saind Paul nous enfeignc,quecôme il y a feulement vnDieu,ainiî il n'y a qu'-
vne feule foy ,&fcmblablement vn fèulBaptefme, duquel auffi ic fuis fait participant.
B o . ' Il y a vingt ans paffez que vous teniez vne autre foy que celle que vo9 fuyuez main-
tenant. Ph. le n'auoye point lors de foy,& ne fauoye de quelle religion i'eftoye: ma vie
eftoit fale U orde, &c pleine d'impietéric n'eftoye nc froid ne chaud en la craïte de Dieu*
Bo . Quoy donc? Iugez- vous que la foy de laquelle nous autres failons auiourdhuy pro-
feflion, loit impure & fouillée ? Ph. Ievoudroyc bien vous fupplier, quene me con-
tre jgmez point de refpondre à cela. le puis bien affermer cecy, que l'authorité de I'-»
Efcriture,&laprimitiueEgljfe,&tousbons&:fauans do&eurs ne difeordent en rien
delà reigle de ceftefoy , à laquelle ie me fuis adonné. Bo. Et bien, ie vous promets
cela que ienc vous veux non plus de fafcherie qua moy-mefme. Et pourtant ic me
déporte de prefler plus outre voftrc con feience pour maintenant: ie m'esbahy feule-
ment de ce qu'on vous voit fi ioyeux en la prifon , & que chantez ainfi, & vous efgaycz,
tou.t.14. comme dit le Prophète, en chofes mauuaifcs, pluftoft vous deuriez pleurer, & eftre
contrifte. Ph . Nous nous efiouifîbnsen chantant quelques Pfeaumcs , félon que
Ephef.j.>. l'A poftre commande nous efiouir au Seigneur, par hymnes &chanfonsfpirituelles: &
nc penfe point que foy ez tant offenfé pour cela. B o . On vous peu t icy mettre en auant
Man. 11.17. ce que iadislefus Chrift reprochoiten l'Euangilc, difant, Nous vous auons chanté de
ioue des fleuttes,&! vous n'auez point lamenté.
Ic y l'EueTquefetrouuafortperplex, comme s'il euftefté bien profond en la fan-
ge,ou bien auant dedans les buifTons , comme on dir. Car fe falchant de ce qu'il ne
pouuoit trouuer le pafTage, fi toft qu'il euft voulu: il eut fon recours aies Prcftrots,à
ce qu'ils le rémittent en fa mémoire . mais toute mémoire eftoit perdue . Alors ia
fupplèay
Jean Phi/pot jp*
fuppléayleurfautc,&monftray icpaflageoùcelaeftoitc{crit:qui toutefois ne feruoit
nullement à propos,ainfi quil eftojt allegué:finon qu il euft voulu dire que nous eftiôs
en perpétuelle fafchene&triftcflejd'autantqu'eux^mefme en riant, ne laiflent pas de
nous chanter dhanfons fafcheufes &C triftes,n'ayans autre chofeen la bouche que le Feu
& les fagotSiC Pourfuyuant donc mon proposée lui dy:Mon(ieur eftas ferrez &c prêtiez
en prifon ob(curc,nous auons befoin de récréation jdefacur que félon la fehtence de Sa pou ^
lomon,La trifteircautrementdelmefurcen'englouriirelecœur. Et pourtant i'efpere
que vous ne ferez marry de nos Pfeaumes ou dianfons fpirituelles: veu mefme que S.Ia iaq.f.ij
quesnousadmonneftejqueceiuyquiarefpritalaigrejchante. L'Euefquefc retirant
me donna let>onfoir& bonne nuift. Vndefcspreftres nommé Cofln refrefchiflantfa
familiarité ahcienne,mc pria que ie rte voufifle eftre réputé fcul iage. le lui dy * faifant
allufion fur ce mot Singulier, que Salomon denonçoir* Malheur à-Thomrneieul. Apres fccL4.*
iefu remené à la Charbonnière de l'euefque de Londres, où ie demeuray toute cefte
nuift auec fix autres mes compagnons prifonniers,& dormifriies fur la paille âurat dou
cément (grâces à noftre Seigrtcurlefusj que font ceux qui s efgayent dedans des lifts
bien mois.
A V quairierae examen contre Philpot.quatre Euefaues furent depute^pour inqtiifiteuîs, à kuoir Pcyefijue de Londres, de Bà-
de,de Vvigornc & de Gloceftrecau mois d'Oétobre, MDlV.
'E V E S QV E de Londres dit,Philpot, il a femblé bon à mefifieurs lés Euefques
_icy prefens de difner chez mon Archediacre . entre au très propos on a fait mcn-i
(ion de vous à table:&plufieurs quidés lôg temps vous ont cogneu au nouueau collège
cte rvniuerfitéd'Oxonejfontfafchezdevoftredcfplailir.Pour cefte caufeie vous ay fait
maintenant icy venir,pertfant,puisq fauoye tant d'Eucfques fauâs en ma maifon,qu'ils
he s'en dcuoyent aller fans receuoir quelq fruiâ de vous^Parquoy fi vous auez quelque
chofe à dire,parlez franchenlent:& nous de noftre part procurerons en toute douceur
fli bénignité qu'il vous foit fatiffait. L'euefque de Bade le fuyuit & dit, Afin qiie voui
{achiçziPhilpot,meffieurs qui (ont ici ne fe font point alfemblez pour eftre comme fpé-
ftateursde quelqdeieu ou farce,ne pour vous flatter: mais charité les â ameniez pour
parler a bon efcientaueçvous,& procurer que vous-vous amendiez, ÔC foyez réduit à
U droite voye de l'Egide catholique; L'e v.de V vigornCjAuant commencer il eft be-
foin qu'il face quelque prière à Dieu:afin que le fentiment de Ion cœur foit prépare, &
foie rendu capable de receuoir la fainfte & bonne doftrine. P h i l p o t fe mit incon-
tinent à genoux,& deuant eux fit cefte oraifon à Dieu i O Seigneur éternel & tout puif de
fant»duquel tous threfors de fapience & intelligence découlent comme de la fourec &
fontaine vnique,unuoque ta mifericorde infinie , &C te fupplie de bon cœur au nom dè
tonFils Iefus^que tu itie donnes lefprit de fapience,a moy poure 6C indigne pecheuna-
fin que- ie puùTe refpôdre en ta caufc,& fatifraire à l'a/Temblee icy preféte: & que de ma
partiépuifteeftrepartaparolleredrelTéencequeiefaudray. L'e v. de Londres diti
Môfieur de V vigornc,il n'eftoit befoin de le foliciter à prier Dieuicar entreautres cho-
ses ils s'enorgueilUHct & glorifient, ne difTerans ^ueres en cela d'aucûs hérétiques, déf-
«jueh Pline fait mention en fesEpiftres,qui chantoyent des Hymnes ou càntiques a- J^^f
uantiour- PH.Monfieurl'Euefque, Dieu vueille que moy & tous ceux qui font ici ,fuf- deceft
fions hérétiques lemblables à ceux-la qui chantoyent les Hymnes de cefte façon auant
iour.car pour certain ceux-la eftoyent vrâisChreftiens:defquels la tyrannie de ce mon-
de ûa peu foofïrir la lainfteté. Sur cela Philpot ayant eu congé de parler,dir,Magni-
fiqucsfeigneurs& luges honnorables, il y a douze mois & plus que ie fuis prifonnier
(ans le meriter,autant que i'en puis cognoiftre:& fans lauoir deferuy on m a pillé tous
mes biens ., àc outre tous ces torts, on m'a tiré hors du lieu où mon procès deuoit eftre
fait. S'il y a donc chofe qui foie venue à voft re cognoiiTance,ou fi vous auez chofe de-
quoy on me puifTe accu£er,me voici preft pour me purger,ou fourTrir ce o^u'auray defer-
uy. Que s'il n'y a rien i'implbre voftre equité,que vous me faciezfortir hors de prifon.
L' fi v .de Lond res,Il me fouuient que lors qu'il eftoir dernièrement àuec moy,il fe
difoit Legifte,ô£ proteftpit dent refoondre és chofes qui appartiennent a la foy , finon
que toute l'Eglile y fuft préfentc,afîauoir en lieu où il peuft faire valoir fon ambition,&:
obtenir applaudifîement. P h .le ne difoye pas que ie fuiTe Legifte,&: certes ie ne me 1'-
axtribuepoint:combien que i'ay efté quelque fois app renty en cefte faculté,& ay appris
Xx. nii.
lÀHtt^V, JeanThilpot
de ne me fourrer plus auant en procès qu'il n eft de befoin. Iufqucs à ce poincYla ic puis
dire eftrc Legifte. L'euefquc deLondres luy dit.Tay dcquoy me plaindre de vous,voiie
à bon droir,d'autant que vous auezfait faute dedans les limites de maiurifdic~tion , dis-
putant contre le facrement de l'autel. Pour cela ie pour roy e à bon droit intéter procès
contre vous, félon les loix& ordonnances. Ph. Ce fut au temple de S. Paul quecefte
difpute fut tenue : &: ce lieu(felon mon opinion)n eft point de voftre iurifdiclion , ains
appartient au Doyen du lieu. & c'eft pourquoy ceux qui parlent en termes de droicl,
Diftinftion mettent cefte diftinttion,De voftre diocefe : &: non point,En voftre diocelé. Mais laiL
ëaonites ^anctc^es raifons,ieprotcftcdeuantDicu&dcuant Iefus £hrift fon Fils éternel mon
°n w Sauueur,&: deuantlefainft Efprit&les Anges de Dieu,& deuant vous, que ce que ic
fay maintenante eft point par quelque obitination,ou amour de moy-mefme,ou pour
defir que i'aye d'acquenr reputation:mais iele fay en fimple confcience , & d'autant que
i'y fuis contraint par la parolle de Dieu,de laquelle ien'ofe me deftourner ., de peur de
condamnation.Et ceft-cy la caufe pourquoy ie fuis aucunement plus véhément en ces
chofes. L'e v. de Londres, Iencferay point dauantaged'ennuy aces feigneurs,veu
que vous rcfufczdedefcouurircc que vous fentezen voftre cœur. Ph. Rcuerendspe-
res,vous fauez bien que la raifon principale pourquoy vous rcputcz& moy& mes fem-
blables pour hcretiques,confifte en cela, Que nous ne confentôs point aucc vous en 1 -
vnité de l'Eglife . Vous debatez que voftre eghfe eft la vraye Eglife : nous mainte-
nons que c'eft la noftre. Vous tenez pour hérétiques ceux qui ne lont point vnis a-
uecla voftre nous au contraire. Parquoy,melîîeurs les Prélats , fi vous auez vrais ar-
gumens pour approuuei : voftre eglife,comenous pour maintenir la noftre j'acquiefee-
ray de bon cœur à voftre iugement:ce qu'autrement ie ne pourroye faire bonnemét.
L'e v. de Londres fur cela dit, M.Philpot, quelle foyauiez vous il y a vingt ans i C'eft
mei ueille, que ceft homme-cy change de foy tous les ans,tantoft d'vnc façon, tâtoft d'_
vne autre. P h . le confeflè franchement ce qui eft vray, le n'auoye point de foy pour
lors,&ma vie, eftoit pleine d'impieté,& ne fauoye en quelque façon que ce fuft,qucc'T
ftoit de Pieu ne de Religion. L' a v . de Londres,dit à l'archediacre Col,Monfieur,fî
Allégation vous auez quelque chofe à difputcr contre luy,monftrez le maintenât. Col, QucdL
k'V enaaî1 tes- vous?fi ic vous monftre qu'il a efté ordonné en vn Concile gênerai du reps d'Atha-
nafe, que toute 1 eglife Chreftiénefe deuoitarrefterau iuge met & à la fentencederc^
glife Romaineîcombien que maintenant il ne me fouuiennc du pafTage. Ph . Si ie ne
fuis bien abufé,vous ne me fauriez monftrcr ce que vous dites du temps d'Athanafe, le-
quel fetrouua au concile de Nicce, où rien de femblable ne fut détermine'. Co t, En-
core que cela n'ait point efté fait lors,toutcfois il a peu cftre fait en vn autre temps.
^ Sur ce propos,Harpsfild,qui eftoit de nouueau Chancelier de Londres,va produi-
re vnliured'Irenee,auquel on voyoit des fueillets pliez. Il le prefenta auxEucfques
qui cftoyent en perplexité,pour leur aider. Et auÂî toft que les euefqucsde Gloccftrc
Le aflà e &^eBa^eeurcncregardédedans,reucfquedeGloceftrelebaillaàPhilpotpourlcurc
d ireneemii lequel l'ayant regardc,dit,Ce pafTage ne m'eft en rien contraire, mais bien aux Dona-
cadJpute. tiftcs &C autres hérétiques , contre lefquels Irenee débat qu'on ne leurdoit adioufter
foy:d'autant qu'en Europe la principale Eglife auoit efté bien i«ftituce&: fondcc:& de-
puis fon commencemet&: première origine auoittoufiours demeuré entière parfuitte
&c ordre continuel d'Euefques fidèles, retenant la pureté de l'Euangile qu elle auoic
receuc des Apoftres , ce qui n'a point efté fait entre les hérétiques. Et par tel arguméc
il conferme qu'on ne les doit point ouyr.Maintenant fi vous pouuez affermer le mefmc
dcl'eglile Romaine,il vous fera auffi à prefent loifiblc de debatre contre moy de pareil
droit & authorité qu'Irenec debatoit alors contre eux. Mais 1 eglife Romaine depuis ce
temps-la s'eft abaftaidie delà vérité & fimplicité de l'Euâgile,de laquelle elle fe refen-
toit encore du tem p s d'ïrenee. L' e v . de V vigorne , C'eft çhofe toute notoire par les
tefmoignagcs de tous les anciens Dotteurs,quef eglife Romaine a toufiours gardé la
vérité fur toutes autres,&que iufques à cefte heure elle n'a point efté fouillée d'aucune"
macule d'erreur,iufques à ce qu'aucuns hérétiques fe font depuis quelque temps cfle-
uez,quil'ontdiiFamee& blafinee,par leur orgueil &: ambition. P h . luges honnorables,
eftimez-vousque i'aye leloifireftant en fi piteux eftat,en fâcheries &angoiiTes,voire$c
en dâger ou de perdre la vie corporelle entre vos mains,ou la vie éternelle deuâr Dieu;
depenferà l'amour demoy-mefme& àferuiràambitiô?mai^i'aimc beaucoup mieux
tomber en vos mains,que périr enu ers Dieu. Co l ,
JemPhiipot. 399
C o l ,11 appert par Eufebc,que leglifc Romaine a efté premicrement inftituee Se e-
ftablieà Rome parS. Pierre & S.PaukDauantagc,que S.Pierre mefmey aprefidé pari'*
efpace de x x ▼ -ans. P h . Si on confère ces choies auec ce que S.Paul recite au premier Aflàuoir &
chapitre des Galates,tant s'en faut que nous trouvons cela eftrevray , quepluftofton S-Pienefi
verra claireraéBqu'à grâd'peine S.Pierre a demeuré en la ville de Rome la moitié de ce £^"rc a
téps. S'il a veicu trentecinq ans depuis qu'ilfut appelé à l'office d'A poftre,par cefte E- -
piftreauxGalatcsonpeutcognoiftrequc faind Pierre ademeuré plus de xvn i.ans
enfeiv lledelerufalemapreslamortdelefusChrift. Col, Qu'cft-cequefcrit faind
PicneauxGalates? Ph. Non point faind Pierre,ainsS.Pauiefcriuant aux Galates,fait i-l8»&i»
mention de faind Pierre,& du téps qu'il a demeuré en Ierufalem .Ioind que ie pourray
bien prouuer tant par rauthoritéd'Eufebemefme,que parles hiftoiresdes aircres,que
l'cgliie Romaine a failly manifeftement: mais en cecy il n'eft befoin d'autre argument,
finon défaire comparaifon de l'vne des Egales à l'autre,à fauoir delà primitiue auec la
Romaine. L'e y. de Londres, Cefthomme-cyrefemblevnperfonnage, dont i'ay leu
autrefois , lequel eftant tombé en defefpoir, s'en alla en vneforeft pour iepcndre.& sornettes
quand il fut là venu, apresauoir ietté les yeux fur chacun arbre, iln'en trouua pointde deBoner.
propre^: qui fuft digne quvn tel home y fuft pendu.mais,mô(îeur,poUrfuyue2 à difpu-
ter contre luy. L'b v . de Vvigorne, Eftimez- vous que l'Eglife vniuerielle puifle fail-
lir & eftrc deceue? P h . S .Paul eicriuant aux Theffaloniciens fïgnifie ouuertement,
qu es derniers temps enuiron l'aduenement deChnft il y auroitvne reuolre commune
&: vniuerfelle:& Cnrift,dit-il,ne viendra point,que premièrement la rcuolte ne fojt ve
nue. Co t ,Cereuoltement duquel S.Paul fait mention,ne doit eftre entendu de l'a-
poftafiedelafoy,ainsdu reuoltemét delà monarchie de l'empire Romain. Etlemot1' c a'3
Grec, Apoftafie,le déclare allez. Ph. Ce mot <?>sfpofta/îe(c rapporte proprement à la
foy. Pour cefte raifon on appelé ^fpofiat ecluy qui fe reuolte de la foy. Auec ce , faind Difputc fur
Paulbiêtoft après ce pafiage mefme parle de la ruine de rEmpire,cn force qu'il ne 1*^ J^Sf A*
fe plus matière de douter. C o t , L' Apoftalîe dénote reuolcement non feukm ent de la Làmctnc
foy,mais aufli de l'Empircrqui feroic facile à demonftrer. L' e v .de Vvigorne, I'ay cô-
pafu"* n,vous voyant en cefte façon feul refifter à toute la multitude desChreftiens. P h .
Le pLs fouuent le monde fi£ fa multitude de ceux que vous appelezChreftiens(qui ce-
pendant ne font Chreftiens que de nom SC de titre ) ont la vérité en haine, &: la perie-
cutent.
L'b y .deGloceltre, Auez-vous opinion que toute Teglife de Chiift foit aueuglc,&
que vous feul cheminiez en lumière? P h . Cefte eglife à laquelle vous portez fi grande
reuerence,n'<aiamais efté iufques icy l'Eglife vuiuerfelle. Car comme ainfi foit que le
monde diuifé en trois,comprennc rAfie,i'Afrique & l'Europe : les deux parties de ces
trois,afTauoirl'Atie&:rAfrique,onttoufioursreiiftciufque àprefentà la primauté du
Pape. L'e v .de Gloceftre»Ccla n'eft vray.car au concile de Florence toutes ces égaies Difputc fiu
eftoyét d'vn mefmes accord. P h II eft bien vray qu'aucuns femerent ce faux bruit,a- ]'
près que ceux d'Aiie& d'Afrique fe furent départis: mais les chofes qui font enfuyuies mueda,&.
ont bien monftré qu'il en alloit tout autrement. L' e v . de Gloceftre , le voudroye que
me refpondifliez à cecy:Qui fera finalement le luge pour décider les difFerens qui fe le-
uent ordinairement entre les Chreftiens? Ph. Laparollcde Dieu tefmoigne cela,
Les parolles,dit ïtfus Chrift,que ie vous dy,porteront tefmoignage cotre vous au der-
nier iour. Gl o. Que fera-ce fi vous entendez ces parolles d'vne façon & moy d'vne N«««èy
autre? Ph. Le iugement fera déféré à la primitiue Eglife. Gio. Vous entendez ks cn «adere
Dodeurs qui ont eferit en ce temps Ja.Mais que fera-ce fi les Dodeurs mefmes font ti- is^owet
rezendiuersfens,&non point en vnemefmeraçonrFaudra-iltoufiours plaider?
P h . L'aduis qui approchera de plus près du principal patron &c original desfaindes Ef-
critures,doit tenir, ^Sur cela mefiieurs les Euefques le leuerent de leurs fieges : fie
ayans pris conleil cnfemble,efcriuirent ie ne fay quoy en vn papier : 3e i'ay cefte opiniô
qu'ils deliberoyent de l'efFulion de mon fang.Et iefu ramené en ma Charbonnière.
LES actes du cinquième «ansen fait par les Inquifiteur? qui s'cnfuyuent,Ics eucfques de Londres.de R.ocneftre,deC6uentrieï
d*Alfe,& quelques autres tuciquessaueclelouclsettoyeiilStor, Curtop, Saferfon, Pandelton^ quelques autres de U
Cour de la Roinctant preftres que Confejflers & gentils- hommes.
ION E R euefquedcLôdrescommenceceftexamen,&:dit,M.Philpot,ilyaicy
[derechef plu ûeurs cxcellens & fauan s honamc^qui à ma requeft c n'ont fait difn-
Lmt^V. JeanThilpot.
culte de prendre la peine pour cerchervoftre profit. Comme ainfi foir que i'aye déli-
béré de donnerdemain la dernière fentence contre vous(car il m eft ainfi commandé)
i'ay toutefois penfé de vous fccourir en toutce qui mêlera poflîbte^moyénant qde vo-
ftre coftc vous quittiez de cefte obftination,& qu'accordiez auec nous. P h . Monsieur,
Admirable je n'atten autre chofe de vous que la mort,laquclle ic luis preft d'endurer pour l'amour
îw?C°n de Chrift. Bon. iln^ a pas long temps qu'en mon dioceie on a ouyde vousvneherc-
& fie toute m anifefte,laquellc vous auezofé maintenir. C'eft-cy la caufe pourquoyilsont
penféquelacognoiirancedecefaitquiaefté perpétré dedans les limites de ma iurif-
<li^ion,m'appaitenoit. P h . Puisque telle eft la liberté de l'ancien priuilege du Parle-
ment,duqucl l'afTemblee que touchez auoit ion authorité,il eftoic licite àchacun de di
re franchement fon opinion touchant les chofesmifes enauant: & n'eft raifonnablc
due ie foye maintenant recerché pour ce fai&.Sil y a en cefte compagnie gentil-hôme
de laRoine,qui ait efté prefent à ladifputc,il peut îcy rendre tefmoignage quecene fut
point moy qui amenay ces propofitions:mais le Parlier ordonné de par la Roine , qui
par fon ordonnance propoloit liberté à chacun qui deuoit difputcr en cefte aiTemblcc-
la. A quoy quelques gens de la Roine,qui là eftoycnt,dirent,Encorc que le Parlemét
foit vnlieiideliberté,nonobftantil ne fera point licite à quclcun de direchofe par la-
quelle il orFcnfe la maiefté de la Roine ou du royaume. Ph. Mtflîcurs>fila choie eftoic
telle queparauthorité publique o£expreife ordonnance du Parcelle fuftmife ena-
uant parle Commiflaire ou Parlier,pour cftre traitée en public,celuy qmen trait* roir,
feroit-il tenu.du crime de lefe maiefté?
L e s gens de la Roine, A ce que nous voyons , !a chofe n'eft point venue iufqueà ce
danger qu'il n'y ait efperance, moyennant que vueilliez retra&erles choies que vous
mainteniez alors trop obftinément. Ph. Ien'ayque trop difcouucrt mon întentiô
L'Eglifc en l'examen précèdent aux Eueiques. I'ay demandé Que s'ily auoit quelcun qui vueiL
catholique.' je ou puiflV prouuer que leghfe Romaine,dc laquelle vous- vous vantez, Toit l'Eglife ca
cholique:ie promets me rendre. Le t. de Conuentric. N adiouftez-vous point foy au
Symbole,oùil eft dirjecroy l'Eglife catholique? PH.I'aduoueccla.Maisicn'ayonc-
ques ttouué en lieu que ce foit,que celafoit dit deRome^d c'eft là le principal poin&de
noftrequeftion. L'e v e s. d'Affe,Ceft vnc chofe touce notoire, que &in& Pierre
a bafty & drefle f eglife catholique de Rome: Iefus Chrift ayant dit, Tu es Pierre, & i'e-
Mict.rt.i8 j^^y^nEgliiefurceftepierre.Dauantagequenceftevillc.lailyacuvnefucccL
don&L fuite continuelle d'Éuefques,&: tellement qu'il n'y a point vn autre lieu duquel
onpui{Te,aufsibienmonftrcrcela.quieftvne marque certaine de l'Eglife catholique,
corne les Docteurs tefmoigncnt. P h- Ce que vous dites tout notoire ,eft du tout incer-
tain:»: ne faut autre paflage pourlemonftrer,quc celuy que vous auczallegué , Tu es
ï>ierre,& i'edifieray mon Eglife fur cefte Pierre,finô que vous monftriez que parlaPicr-
reRomefoit cntédue.Et quant àla fuite, ou fucceiiion des Euefques tirée depuis faîncl
Pierre,cclanefuffitpas pour prouuerrEglifecatholique,finon que vousfaciezapparoi
ftre que la foy que tenoic fain&Pierre fur laquelle l'édifice de l'Eglife eft appuyé,aittouf
ioursduréenfesfucceiîeurs.
B o . Y a-il plus d'vne Eglife catholique ? en quelle foy auez- vous efté premièrement
baptifé? P h . le recognoy vne feule Egliie catholique de Apoftolique,de laquelle ie fuis
membre,graces à mô chef Iefus.En outre,ie fuis de cefte mefme foy,en laquelle i ay du
comencemet baptizé en Chrift. L' e v .de Conuentrie,Sauez vous bien ce qui eft figni
Que figoi- fié par ce motCatholique?Ditcs-lc nous,fi vous pouuez. P h . le nefuis point fi rude,gra
fie foy ca- ccsa mon bon Dieu,que ie ne fâche bien cela.La foy catholique ou l'Eglife catholique
thDliquc' ne lignifie pas ce qu o pëfe couftumierement,airauoir ce qui eft vniuerfel,pu ce qui eft
receu par la plusgrande part deshommes(en quel fens vousprenez l'Eglife & lafoy,
comme mefurans l'Eglife par la multitude des hommes) mais icftime la foy & l'Eglife
ainfi que fainct Auguftin en baille la definition.Nou s cftimons(dit-il)la foy catholique
parles chofes paiTees,prefcntes& avenir. Et pourtant fi par fuffliantes raifons vous
prouuez que cefte voftre foy & eglife,que vous appelez Romaine , félon la reigle de S.
Auguftin,a efté dés fa première origine,^ eft encore , & fera toufiours telle qu ellecft
maincenanr,à bon droiâ: vous pourrez eftre tenus pour catholiques.Catholique eft v»
Que figni- mot Grecquifignifie comme Tout entier. Par ainfi Eglife catholiqueou Foy carho-
fiTtatholi- jiquCj Hgnifie autant que fi nous di(ions Entiere,Premicre ou principale.
qUe B o'. Monfieur Curtop,fainft Auguftin park-il ainfi que ecftuy.cy dit ? C vu . Vray
JeanThtlpot. 4.00
eft quefaind Auguftin efcriuant contre les Donatiftes , a quelque chofe qui appro-
che Je cela:afTauoir qu'on doit mefurerla foy catholique par les temps palfez:&: quelle
doit toufiours eftre gardée &: gouuernee (elon le temps paifc,tant de nous quifommes
prefens,quc de ceux qui font à venir . toutefois cela ne fe doit faire félon la nouuclle fa-
çon,telle que les Donatiftes l'ont controuucc. ^ Sur cela l'euefquedc Conuencrie
voulant qu'on apportaftleliuredefain&Auguftin : Boncr s'eferia ÔC dit, Lailfez cela,
moniîcur, autrement ie vous promets en bonne foy que ie me deporteray du tout , &C
m'en irav d u y. Quoy? auez-vous opinion quel'Eglile catholique aie quelque fois erré,
excepté depuis bien peu de temps , auquel aucuns perfonnages dclai/fans cefte eglife»
ontmicuxaiméadhercràlcuropinion,a laquelle ils artribuoyent trop? Ph • Cen'eft
point mon opiniô que l'Eglilé catholique puiffe faillir en la doctrine, mais voicy ce q ie
requier,à fauoir,Qu'on me môftre par railon que i'eglifcRomaine cil cefteEglile cathô
lique que nous difons. Cv r. Celapeutcftreprouué,qu'Irenee(quieftoitccntan$a-
pres la mort de Iefus Chrift)s'cn alla vers Victor euclque de Rome , pour luy demandet
confeil touchant quelques hérétiques, lefqucls il falloit excommunier : ce qu'il n'euft
faic,àmonaduis,s'ilnereult rccogneupourlouucrain euefquederEglife. Ph . Ce
qu Irenee a fair,n'eftablit non plus la caufe de l'cuefque de Rome , que ii moy eftant à
Rome reuffe parlé au Pape. Mais pour venir au poinCt, cft-il vray-femblable qu'Irenee
ou la première Eglife ait tant attribué à l'euefque dcRomc,veu que fept conciles tenus
rvnapresl'autre,f'ansqu'ily enaitcuentre-dcux,&: ce après le temps d'Irence , ne luy Conciles
ont pointattnbuécelle authoritéfParcelapeut-oncognoiftrc quela première Eglife ^-^^
naiarnais tenu le Pape pour chef. Vn autrcEucfquc,OnnepourroitiatilFaireàceft nnnuieau-
homme pour quelque raifon qu'on luy puiffe amener. Parquov li on veut plus dilputer jj"»"**»
contre luy,ce ne fera que peine perdue. Pu. Seigneui s débonnaires, lequel eft-ce qui „£a, °*
cil mieux fondé,ou celuy qui s appuyé fur l'exemple d Vn homme, qui d'auencure s'en
alla à Romerou celuy qui produiiant tant de Conciles,aiTauoir de Nicee , d'Ephefe pre-
mier &fecond,de Calcedone , deConftaiuinoble,&:deCarthagc,monftre ouucrce-
ment que la chofe a efté toute autre encore long temps après ? Au relie, de recicer tou-
teslcs marques de ladifference d'entre TEghle prirnitiue&: celle deRome: ce fera af- u Tr..if
fez fi l'en propolé deux pour cefte hcure,aifauoir la Primauté &c laTfanlfubftantiation. fubftâtiatid
Cv. a . Quant à la TranfTubftannation, combien qu'à grand' peine il y aitgueres plus ^^f^
de crois cens ans qu'elle a efté eftablie pour article de foy , neâtmoins elle a efté touf- blie.
jours reccue &crcue en l'Eglifede Chrift. Ph. Vousauezdit vray en ce la, qu'il n'y a
pas long temps que le Pape l'a introduite, &C rapportée entre les articles delà foy:mais
quant à la primitiue Eglife,alTauoir , quelle a ainii creu, cela ne pourra eftre nullement
recueilly d'aucun eicrit de tous les Dodeurs anciens.
^"Svr cela Curtop, homme entendant mieux qu'il ne donnoit à cognoiftre, fe retira
en arncre:car celuy eftoit affez qu'il cerchaft des cfchappacoircs. Al heure entra l'am-
bairadeur d'Efpagne,lequel l'euefque de Londres aborda tout incontinent, taillant les
aucres Euefques auec moy. Aufquclsi'adrelTay mô propos>&: leur dy,Reuerêds Prelacs,
&c nobles 5eigneurs,y a-il railon qu'on puifTe monftrer que celle voftre eglile , laquelle
vous appelez Romamc,cft vrayementl'Eglife catholique? Co. Mais pourriez-vous
prouuer le contraire,que l'eglife Romaine n'eft point la catholique? P h . Puis que ie ne
peux impetrer de vous ce queiedemande,airauoir qu'il vous plaife me (atilfaire ence-
cy,il n'y a nulle raifon que cefte eglife Romaine foit tenue pour catholique, entant qu'-
clleeft lifortelloignee des traces delà vrayeEgliié tant en doctrine qu'aufîî en fvfage
desSacremens.Que il on regarde l'image &z de l'vnc& del'autre,ou verra incôtinent la
différence: ioinct ce qu'Euft be &: autres qui onc anciennemét eferit des affaires de l'E-
glilé,enontdit.
Co. Quelle autre chofe auez-vous pour monftrer que l'eglife Romaine n'eft point
la catholique? P h . Pource que lelon voftre définition de ce mot Catholique, elle n'eft
&nefut iamais vniuerlclle, comme au/fi ie le vous ay prouué. Et outre l'Ane &C l'Affri-
que,dont ie vous a\ parlt :que dira-on que la plus grande part de l'Europe luy répugne?
aftauoir la Germanie, le royaumede Dannemarc,Pologne& vnepartie de la Fiance,
& Angleterre? Par cela cognoit.on que voftre eglife n'eft point vniuetfelle.
^ Apres cela l'euefque deLondres appela les autres Euefques.&: me laifla auec quel-
ques gencils- hommes &: bien peu de preftres-.entre lefqucls eftoit le docteur Sauerfon
LmcJV. JeanFbilpot.
Anglois de nation,doaeur de l'vniuerlité de Bologne en Icalie:lequel commença à mo
tenii propos en celte fortc:Philpot,i'ay bonne fouuenance de vous auoir cogneuilya
long temps,voire depuis ce temps-la qu'allant de Venile à Padout ,vous difputicz con-
tre vn Cordelier,qui eftoie homme fauant. P k . Il m'en fouuient bien.le Moine forcené
me menaça lors qu aufli toffc qu'il (croit de retour à Padoué,il m'aceuferoit d'hereiîc. Il
Théologie e^0jc moyennement verféen la théologie Scolaftique,autremcnt,La théologie dePur
de Purga- gatoirc< 3 A , i)jCCs Ce que vous,voudrez,fi elt-ce que ceft homme-la eftoit théologien.
t0, C Et tant plus fuis marry,que vous qui auezdifputéaucc gens fauans,n'acquiefcez à leur
iueement. P h . l'acquiefceray volontiers,^ m'accorderay auec tous ceux qui acquie-
Icerontà IelusChritt&càfapaiG.Uc. Etquantà vous,monlieur le docteur,ie vous prie,
que par l'odeur de quelque gaing deshonnefte,nevous rendiez fesf des hommes faifanc
au contraire de ce que vous enfeigne voftre fauoir. S a . Iufques à prefent i'ay ouy vosar
gumens:mais il me femble qu'il y a plufieurs dodeurs de l'Eglife ancienne qui font con
traires a voftre opiniomcar lainct Cyprien, qui eft ancien do&eur , approuue exprefle-
menrlapnmautédereuefque Romain. Ph. Saintt Cyprien failant mention deCor-
neillc euefque Romain,ne l'appelé point Pape,ains Son compagno Euelquc : & ne luy
raffage de donne aucun autre titre d'honneur ielon la façon de ces temps.S a . Vous ne môftrercz
s.Cyprico en lieu q ce foit,où S. Cyp: ien appelé Corneille,5o»cow^»o»f»e/(;«e, PH.Ie vousprie,
"pofé' mefheursles chapelains,que quclcû d'entre vous apporte icy leliurede S.Cyprié pour
faire foy de cecy .Et foudain vn d'entre eux courut à la librairie de l'Euefque,&: apporta
le liuie. Le docYeur empoigna virement celiurc,& de laquatrieme Epiftre du premier
liure des Epiftres tira vnargiimcnt,penfant bien auoir vnfuffifant bouclier pour con-
firmer la primauté du Pape,où S.Cypnen parle en cefte façon: Ccsï fait de la vigueur Eptf
C0pale& de la putfftnce haute & diuinc degouuernerl'Eglife.ilny a nulle raifon qui nous face plus ap-
peler Chrefitens.fi on vient iufques là,quon ne rende plus aucune obeiffance au fouueram Euefque tenant
laplace de C hnfi félon la Parollc <ÏKclstyi& le confentement du peuple & defes compagnons.
S a Quelle raifon pouuez- vous auoir pour euiter l'authonté de ce pafîage,par le-
quel là primauté de leuefque de Rome eft eftablie fi ouuertement?
P h . Monfieur le Doreur, vous voyez bien que faind Cyprien appelé Corneille fou
compagnomcequ'ilfaitfouuent ailleurs. Sda prééminence du Pape eftoit du tout hv
cognue du temps de fainct Cyprien.Car on créa quatre Pamarches au concile de NU
SasPa cec}aHauoirdeIerufalcm,de Conftantinoble,d'Alexandric,&: de Rome., EtlcPatriar-
odonuez. che de Rome obtint le dernier heu en ce Concile. Ce qui a duré plufieurs années a-
pres.& depuis ily eut fix ou iept Conciles tenusrdcquoy je pourroye monftrer certaine
probation. Pour cefte raifon donc S. Cyprien eleriuant à Corneille Patriarche de Ro-
me,lequel il appelé fon compagnon, fe pleind d'aucuns heretiques,aflauoir des Noua-
tiens,qui auoyent efté par luy reboucezde la fainfte compagnie,mefprifansfon autho
ritc,auquel ils eftoyent fubiets comme à leur principal Pafteur , fe retirans vers l'eucf-
que de Romc,& le Patriarche de Conftantinoble,aufquels ils auoyent rapporté la eau
fe pour en cognoiftre :5c par iceux ont efté dercchcfappelezàla compagnie de l'Eglife,
L'ordre meiprifans & violans les loix de la difeipline Ecclefiaftique.Or il dit quelesherefies ne
de°la difei- font point introduites en l'Egliled'ailIeurs,que quand on mefprifc la vigueur delà di-
pi.netccle- p-n jt(fEpifcopale,& quand on ne rend point obeiflance àlapuiflance haute & diuine.
jùftique. gn>cntcnc| p0jnt par cela reuefquedeRome,ainsvn chacun Patriarche dedans fa iurif
di£tion,felon qu'il auoit elle ordonné au concile de Nicee. Et vn chacun d'iceux auoir
lors vn fiege propre,&: vn collège de Docteurs Prcfti es.Car les parolles qui s'enfuyuent
bien-toft après en cefte melme Epiftre contiennent cela,quand il dit^Puisquileft ordonné
de nous tout que c eft vnechofeiufte, raifonnable&faincie,quon oye la caufe dvn chacun au lieu
où lt crime a cflécommis'-puts auffique la portion du troupeau eft alignée a, chacun Pafteur, laquelle il con-
duite &gouuerne>t fiant tenu de rendre conte au Seigneur de ce qu il aura fait, &c.
O n peut clairement voir par cela quelle eftoit l'opinionde fainttCyprlen touchât
cefaicl:. Sa. Voire,felon voftre opiniommais de moy,ie ne l'entcn pas ainfi.
P h . le ne fay pourquoy il vous en fembleautrcment.vne oîiofè fay-ie bien, que mô
opinion eft confermee par les déterminations indubitables de îept ou huit Conciles,
qui ne recogneurentiamais la puiiîanced'vnfeul chef en l'Eglife. Pa n.. Il n'y a que
quatre Conciles,pour le moins de ceux qui ont authorité approuuee. P h . Monfieur
Paiv
Jean'Pbtlpot. 401
Uuoir s -
Pandelton, combien qu'il y ait eu principalement quatre Conciles approuuez en la con_ a(L
<irmationdelaT'rinuc,neantmoinsoutreccsquatre-laily ena eu pluiïcurs autres, jj yj PIus
Pan .Mais leius Chrift n'a-il pas édifié fur Pierre qui cil fEglilé? Saincl Cyptien qui cft ctSes"
authcurgraue,rarTermcainfi. Ph . SainctCyprienauliure Delà limplicicé des Prélats, approuuez.
déclare bien luy-melme pour quel regard iladit cela.Udaainli, Le Seigneur a baillé les ikfs a
tons en la peifonne tivn, afin tju il dédiras! Cynité de tous . Outreplus lamct A uguftin en la dixiè-
me Homélie fin faille* Iean dit, Sien Pierre il n'y auoit point myflere d'Eglife^ le Seigneur ne luy di-
rott potntiletelailleray les clefs, orji cela a efîè prononce a Pierre , lEgliÇe net point les clcfi-.mais fd'Eglijè
les a,il a dénoté toute lEgli/e^puts quelle a receu les dejs.En outre lainctHieromeprcftre Romain,
eleriuant à Nepot ien, tetinoigne que chacune Eghie adhère à Ion propre Pafteur . Et là il
traite de la Hiérarchie eccleliaftique , &c cependant il ne fait aucune métion de rcucique
de Rome. Luy-mclhveauflî efcriuant à Euagrius,dit,£» quelque part qu dy anvn Euefque^joit Sentêce Je
h liomc'yfôità Eugube^ouà Rcgc,ouailleurs,ils ont tous me pareille autho; né & dignité. S.Hicromc,
S a . Dites-vous (ainct Hicromecn la Hiérarchie celefte? ic penié que vous voulez dire
fainct Denis. Ph. lenedy pasquefainctHieromeaitfàitvnliuredela Hiérarchie ce -
lefte: mais iedi qu'en l'Epiftrc que i'allcgue,il fait mention delaHierarchieeccleftaftiquc.
SA.Icm'efmerueillc comment vous voulez maintenir ces erreurs obftinément à vo~
ftreconfuiion&: ruine. Ph . le luis afleuré que nous neibmmes point en erreur,par ce-
la mefme que le Seigneur a promis à lès fidèles de leur donner elpritdefapience , auquel
leurs aducrlàircs ne pourroyent reliftcr . Combienya il d entre vous qui puiiTerefpon..
dre aux liurcs des Alemans,qui ont arrache la mafquc de voftre religion fardée? ou àl'In- J["
ftitution de M.Iean Caluin miniftre de Geneue.?S a . Vrayement c'eft vn gentil Miniftre L'inftitutiô
de ie ne fay quelles gens bngandeaux , fugitifs &: rebelles . Et il n'y a pas long temps qu'il y chreihennc
eut contention entre luy 6c Jes complices de la faction , en lorte qu'il fut contraint de for-
tir la ville:&: c'eftoit touchant la matière de la Predcftination. Icne dinen qui ne foit cer~
tain Se vérifié :car moy-mefmeay palfe par là en venant ici. Ph . le fay pourcertain que
vous blafmez à tort ce bon perfonnage, & la fidèle Eghlé de laquelle il cft Miniftre . Mais
c'eft lafaçon ordinairede l'cglife Romaine d auoir recours aux blafphemes &: calomnies
controuuées,quand elle ne peut ic défendre. Car quant à la matière de la Predeftination,
ce bon perlbnnagenemaintientautrccholëqueccquetousles Docteurs ontditdeuant
Iuy,qui aufli s'accordent au x lainctes Elcritures.
Sa v .Et îevousdemande aulli d'autre parrxombié y eu auroit-il d'entre vous qui cuf_
fent la dextérité de relpondrc aux clcntsdeEyfchereuefquedcRochcftre? Ph . Délia L'cucfque
dés long temps ce liureà efté futrilàmment refuté . 11 ne refteroit finon que voufiffiez
prendre la peine de cercher lesrefponies de ceux qui lont rembarré.
S v r ces entrefaites le docteur Stor cntranc>& nous oyant alléguer & infifter fur la pa_
rollc de Dieu, dit, Quel iugedonneias-tu pour iuger de celte Parolle que tu as ainlien la Jj"*£"°llc
bouche? P h . Q ucl luge plus certain de la Parolle conftituerons-nous, que la Parolle doit eftrc m
mefme? S t . Ne voyez-vous pas l'ignorance miferablc de ceft hérétique du tout brutalrll Se Jc 1,1 Pa-
veut que la Parolle lbitiugc de la Parolle mefme. La Parolle pourra-elle parler? P h . No- [^^î
ftre Seigneur Iefus Chrift dit en fainct ïcan,Laparollequei'ay proferée,iugera au dernier
iour. Si au dernier iour nous deuons auoir la Parolle pour luge , pat plus forte railon eft-il
moins conucnable auiourdhuv qucnous melprilions vn tel Iuge.Dauantage,ie ne doute
point qu'en ce lourJa ic n'ayece luge de mon parti , qui m abl'oudra 6C iultificra au fiecle
avcnir,quelquecholcqucpar yioletice&:authoritc inique vous autres opprimiez cepen
dantôc mov &z mes icmblables.iehus certain que ie vousiugerayen ceiour-la.
S t . Quov? pcnfc/.-v ous , milcrablc, eftrc fait Martyr,^ eftrc affis auec Chrift au der_ j^^y^
nier iour pour uigcr les douze lignées d llrael? P h . le n'en doute nullement : puis que nwnl T °
lefus Chrift luy -melmcpienictcela,nioyennantqueieioLirfiepouriuftice,laquelle vous
pcrlecutcz maintenant en moy. S t. le vous demande lors que le luge prononccvne QiLd*lon*
fentenceen i on palais îudicial contre vous, la parolle qui (è prononcera eft-clleJa leutcn-
ce.ou le luge? Refpondez. P h . Scion l'authorité de l Efcriturc , les choies cnules font
aifuietties aux hommes qui lont delà milice ciuile&. politique , pour eftre lugces felô l'o-
pinion d'iceux: mais la parolle de Dieu n cft point aiiuiettie ni à la fan talie ni au iugcmét ^cieïïu-
d'hommequelconquc: mais elle cft conftituce Se ordonnée iuge detoute fapiencehu- pnnema-
m.une,&: détoures les parollcs&: œuures detous ieshômesdu monde. Parquoycômela "^^^
comparaiionquauez faite ne diminue en lien ce que fay dit,auifi n'y refpond ellepoint. uicu.
Yy.
■Jet vjiK- le
fidèles foi
LiUY<u V \ lean Pbilpot,
S \ .QupyrN'admettcz-vous point l'interprétation de l'Egide fur les Efcritures? PH. Si
fav bien, moyennant que celte interprétation rcfpondcau mot de la \ rave Eglife . Et c'eft
ce que l'ay protclté ci delfus tant de rois: S'il v a quelcun qui me punie piouucr une cefte
volheeglitc laquelle on appelle Romaine, cil vrayement la catholique, vous m'aurez o-
beilVantcn toutes choies ainli que délirez. St . N'y a -il pas défia beaucoup de cétaines
ti ans pailécs,q nos anceftres ont roufïours tenu celle mefmc eglife que nous luiu6s,pour
\rayc& catholique? PH. C'eft pi udeinmcnt fait À vous,monlieur le Docteur, derecou
tir a la lôgucur du téps.car en vne caule mal alfeurce vous n'auez que ce refuge qui vaille,
mais vous n'ignorez point,Qu'il nv a aucune preicription es choies diuinesrcômctant de
i line. Docteurs tcltifict. S t .Vous auez biC luyui vos predeceireurs,Latnnerlbphifte,&Ridley,
qui ne pouuoit rien alléguer pour iadcfcnfe linon le puilànt deCi anmer.maisaufïi toit q
moy fculemét auec vn bachelier en arts fu venu vers luy,ildeuïtfi trou blc,q vous euffiez
dit quela paralyfierauoit làifî. ^ Apres cela chacun s'en alla, &. îe demeuray teul auec le
Geôlier. Etainlt qu'il meramenoit en la Charbon nierc ,icrencontray l'euefque de Lon~
dres en chemin, lequel félon fa courroilic accouftu méc parlaà moyen celle façon : Mon-
ficurPhilpot,s 'ily a quelque chofe en mamailôqiu vous puiffcferuir, vlez-cn comme de
voltrc propre. PH.Ie nevous requier rien pour le pre(ent,finon q vous paracheuiezbien
toit mon procès félon la com million qui vous e!t donnée,alïn que ie lotte pius viftemenc
de cefte nuleremortelle,pour aller à la vie éternelle & bicn-hcureule.^'Or quelque belle
promelle quecelt Euelquc me fift,li cft-ce qu'il y a quatorze îours entiers que ie n'ay peu
impetrer ne lict,ne lumière ne feu. Mais ie pré celte refolution en mov , que ceci nouseft
cxpedicnt,quc (oyons ainli réduits à telle condition, afin q nous obtenions vne plus hau-
c . :us te 6c plus ample gloire au iourde la rétribution . Amfîcebon Seigneur cft bien digne de
opprimez, toute lotiangedequel m ahumilic,&afair parla bonté & nufencorde que t'endure d'vn
cœur pailible toute celte calamité 6c oppreîfion. Que ceux qui aiment la vérité difent
Amen.
LES actes du fuicme examen, auquel prcfïdcrcnt les luges qui s'cnfuyuent-IeC!nmbnerdeIaRoine>ieViconrc
de Herdtorddc fieur Rychje fieur de Fen ersde licur de lainét U-an,le (îeur îeau Bridges capitaine du grand
chafteau &: cheualierde l'ordre ie lieur Vvynforje fieur S.;adoitz,auec deux autres incogneus:& Boner eucf
que de Londres auec ledockur Cbedfé. Cecy fut le s. de Nouembre M.D.LV.
j^vfô V a n t qu'on ctill amené Philpot deuanttous ces leigneurs, 6c cependant qu'ils Te
££§1 mettoyenten train pour s'allbirjeuefque de I ondresle fit appeler fecretement, 6c
parla à lui en l'aurcille , l'admonncltanidele porter prudemment es choies qu'il auroit à
diredeuant lesconleillers de la Roinc. Apres donequerous ces leigneurs &:gëtils-hom-
mes de cour,&: autres qui ciloyen tau feruice de la Roinc , eurent occupé chacun leur
placc,finalcmcnti'cucfqiKode Londres le mit au bout de la table, &commâda qu'on fifl
entrer Philpot. Onlefittenii au plushautcndi jitdela table, vis à visdel'Euelquedc-
quel commença à parler:
Philpot ,par ci deuant pluiie irs ontpailépardiuerfesfoisàvous taten particulier
qu'en public deuant les luges et dcfiaftiqnes, &c ont pour l'amour de moy effavé par tous
moyens de vous deftourner de vos opinions mauuaifès : l'ay efté d'aduis qu'encore pour
celte fois ces leigneurs fuflent appelez ( îeles remercie de ce qu'ils n'en ont fait difficulté)
non feulement pour cognoiftre de voltre caufè , mais aufli bien pour tcftifiei auec moy
quand ils vous auront ouy , fi ie n'ay point mis toute diligence pour procurer voftrc bien
6c làlut. PH. Monlieur le reucrend,ie fuis obligea mon Dieu en beaucoup de lbrtcs,&:
luy en ren grâces immortelles Je ce queiepuis défendre ma caule deuat vne fi grade 6c fi
nobleaflîftcnccdegens fi excelles, ôcd' vne façon de iugement qui conuient allez à celle
,iC delà premiercEghlcrqui eftoir,Quefi quelcun cuit cftéouaccuféoufoufpcçonnéd'he-
prtmitiue relie (comme maintenant on m'accule) iceluielloit incontinent appelé deuant l'Arche-
F-slifc. uclqueou Euelquc de la iurifdictiô où ilauoit efté accuie:& non point en quelque anglet
ou cachctte,mais en l'alTembléepubliquedes autres Euelques, & hommes lauas , &: fina-
lement de tout le pcuplc:&: la détermination eltoitlàfaiteou d'vn cofté ou d'autre lelon
laparolle du Se gnei;r5&: félon la voix des Euelques & de toute l'allenablee. Bo. Auantcj
vous pourfuyuiez ces choies plus outre, dites en bonne foy deuat ces leigneurs, fi i'ay efte
caufc,ou fi l'av baille côleil q ru fiiez amené en cefte pnlbn. Dauancage, fi iay vfc dequeL»
t hilpot ic ouc cruauté cnuers vous depuis ce remps-Ia que vous elles ici venu premièrement? Ph.
Boner°d Monlicur,ic ne vous peux imputer h t aule de ce mien cmpnfoniîeiricnt.I'ay experimété
vn
Tentation
dangercuie
JeanThilfoS. 402
vnpeu plus declemeceenuers vous qu'enuers mô ordinaire & jppre Euefque:cômeain-
li foit q m'ayez fait appeler délia trois ou quatre fois en peu de iours pour cognoiftrede ma
caule.au heu q mô ordinaire m'a tenu douze mois entiers,& plus,fâs mefaire appelervne
(cule fois. Mais afin q vous entendiez pourquoy ie luis eftrein t de ces liens: c'eft à caafè de Xapremicre
la difpute qui fut tenue en la maifon del' Alfemblce, qui eft mébre& dcpendéce du Par- ^k^°
lemét : oùileftoitbiencôuenablequ'vn chacun parlait hbremét:tellement q la fafcherie mat,
q iefouftié,eft cotre toute équité, pour auoir fait vneconfeffiôfrâcheen vn lieu frac. Par-
quoy,magnifiques fcigneurs,qui eftes du fouuerain Côfeil, i'implorc fur ceci voftre iuge-
mét,fi vous eftes d'aduisq ce foit chofe equitableqnon lèulemet mes biens melbyétra-
uisyfnais auflî q ma vie laquelle on demade,foit en danger. R y . Vous- vous abufez en ce-
Jarcar la maifon de l'A Semblée neft point vne portion du Parlement. Vvy n s o r, Il eft
bié certain qlamaifon derAffcmblée eft coiointeauec le Parlemet enmefme formede
pubiicatiô &: ordonnâcc,toutefois elle n'eft point portiô ne mébre du Parlemér.P h .Puis
q voftre aduis eft tel, meilleurs les Conieillcrs,il me faut aulîi arrefter à vos iugemés. R y .
Ce q nous diibns eft véritable. Toutefois nous n'enifedons pas q vous (oyez aucunement
molefté àcaufedesactesdecefte difputc, moyenâtq vous effaciez & relcindiez mainte-
nant par repentâce les fautes q vous filles là en difpurat. Bo .Mes (éigneurs,ceft hôme-ci
enfeigna lors,& parla li auât que rie plus, contre le vénérable facremêt de l'autel: {& frree
ntotitojla fon bonet,<iftn quel fon cxeplc les autres fiffent le mefme honeurà tidole)&c toutefois ia n'ad-
uiéne q i:vfe de fi grande cruauté enuers lui, q pour cela ie procède de rigueur extrême de
droit,moyénant qu'il vienne finalcmét à repentâce. L t Châbrier delà Roine ditàPhil- Tentations
pot,Monficur l'Euefquc vous a offert conditions iuftes &c am'iables.Si vous eftes lâge,ac- a funnoter •
ceptez-les,ropportunitélèprefentât. R y . que dites- vous? Aduouez-vous que le corps &c
le fang de Chrift foit realement prêtent en la Mefle,commc les autres fauans perfonnages
de ce royaume le croyent,& comme moy-mcfme le croy,&: le croiray tant q viuray? P h .
Treshônoré Seigneur, icrecognoy vne prefence du corps &: du iàng de Chrift au Sacre-
mét, telle q les faindes Efcritures la conftituent . car ie côfeffe q le Sacrem ent eft le ligne
delà choie lignifiée ou figurée, moyennant qu'il Ibirdeuëmentadminiftré ielon la forme
ordônée par Iefus Chrift. R y . Dites-nous làns tat decircuits,quelle manière de prefence
attribuez- vous au Sacremét? P h . Trcshônorez léigneurs, Voici la caufe pourquoy ien'ay
point ouuertemct& du cômencement déclaré ceqicfensen mon cœurtouchant celle
matiere,affauoir q ie ne le pouuovc fans mettre manifeftemenc ma vie en danger. R y . Il
n'y a nul ici qui efpie voftre vic,ou qui talchc de predre occafion par vos parolles de vous
braifer quelque danger. P h . le ne me déifie point de vous,Mem"eurs,qui eftes ici de la cô-
dition des laics,mais il y en aici qui de mes propos tirera matière d'allumer les flambeaux
pour me brufler.Et puis que v ous me demâdez que ie déclare mon opiniô touchât la pre
fence de Chrift au Sacrement, à celle fin q vous enrédiez q ie n ay nullemct honte del'E-
uâgile duFils de Dieu,& que ie ne maintié aucune doctrine qui foie contre l'authorité in-
dubitable delà lainde Elcnture.ien parleray iimplemét&: franchemét,nedilïimulâtrié,
moyennât q moniïeur l'euelque de Londres me donne audience. R y . Monlieur l'Euef-
que, ie vous prie laiffez lui dire ce qu'il pourra, puis qu'il a volôté de delcouurir fon cœur.
B o . Qu'il pai le,ie luy permets:^: le veux efeouter . P h . En pre mier lieu , ie protefte &: dé-
clare deuant mon Dieu &c les Anges, queecqueiedoy maintenant diredeuant vous, ne
procède d'aucune oftetation d'e(prit,ou d'à moût de ma propre perlbnne,ou d'obftinatiô,
ainsd'vneconfcicncefimple&purCjappuNreiurlaparollede Dieu, contre laquelle font
ordinaircmét ceux qui par témérité blellct leur propre confciccc. Et ce q maintenât i'ay
en horreur la rcligiô qui a la vogue pour ce iourdhuy en ce royaume, n'eft pas q ie nepor-
tc affection à la Roine: mais c eft d'autant q je doy plus obéir au Seigneur ielon faparolle,
qu'aux homes ny aux loix humaines.Or il y adeuxchofesprincipalemétcfquelles les Ec- DeuJcJ10*
clefiaftiques dcçoiuét ce royaume-.affauoir fur le Sacremét du corps& du fang de Chrift:
6c le titre de l'Eglifc catholique. Et combien qu'ils n'ayent nelVnnei'autre, toutefois ils
s'attribuent l'vn& l'autre. Quant au Sacrem ent qu'ils appellent de l'autel,ie conferme&
ratifie encore maintenat cela mefme q iedy alors en cefte affemblée, Que voftre Sacre-
mét n'eft deChrift,& qu'en icelui Chnft n'eft nullement prefent.Etpourtât ils iéduiiént
premièrement la Roine, puis après vous autres qui eftes lesgouuerneurs de ce royaume:
vous perfuadâs eftre Sacremét ce qui ne l'cft poît. Auec ce ils vous pouifét à vne idolâtrie
manifefte,en forte que vous adorez & honorez côme Dieu, ce qui n'eft nullement Dieu.
Yv.ii.
L/Wo V. h an Thilpot.
Et pour approuuer ce que ie dy,outrc les autres orobations claires, lefquelies ic pourroye
tira des faindes Efcritures,&: les monftrer tant a la Roine qu'à vous , voici i employé ma
vie &c mon fang.Quefi ie faifoyeeela pour autre chofe queftant neceirairement cô craint
Faux titre par la veritc,&: ma confcience:ie le feroye à ma condamnation. Quant à ce qu'ils s'attri
clioh uc buent ^e titre ^e l'Eglii'c catholique , ils ne font en cela qu'efblouir les yeux du poure peu-
plc,fc vantansfauflémét d'vnc choie de laquelle ils font bien loin , pour vous deftourner
de la vraye pureté de l'Euangilclaquclle on enfeignoit du temps du roy Edouard. le ne di
point ceci par orgueil,ains en venté. Que li ceux-ci peuuent monftrer par quelque raifon
certaines*: fufhlante que leur egliic eft l'Eglite catholique , ieleur quitteray le ieu en tout
&c par tout. Et vous fupplie hûblemenc, Meneurs, que vous faciez tant pour moy enuers
la Koinc,qu il me lbit loifibic d'encrer en difputc cotre les dix plus fuffifans de tous ceux-
ci, pour eiplucher &: clclaircir cefte maticre.S'ils gaignenc leur caufe par quelque ferme Se
certaine authorit c,ou en disputant ou en eicriuant,ie me lubmers à me retraiter entière,
ment. Boner oyant tafchoit fouuent derompre ce propos : Philpot toutefois impetra
cela des gentils-hommes qui eftoyent l«i , d'amener fon propos iulques à (on but, dequoy
l'Euefque fut bien marri: & ne feeut tenir de dire qu'il wrcnoit plailir à iazer . Moniteur
Rych fecondoitle diredci'cuefque Boner. Tous hérétiques , dit-il, ont touiiours accou-
ftumé de fe vanter magnifiquement del'Efpritde Dicu:&: vn chacun vtfUtbaftirvnee-
leannc Câ- ghfcfelon ion opinion, comme Ieanne Canticnne& les Anabaptiftes. Cefte Ican ne fut
née uu x. en ma mailbn ièpt jours après que la fentence fut donnée contre elle pour eftrc brufléc:
ernplc. durant lefquels l'archeudque de Cantorbery & aulfi lcuefque Ridley ne faillirent de la
venir vilîter. Mais elle eftoirtcllementconuertie en efpnt, que ceux-ci ne peurent rien
profiter enuers elle,quclques bôs côleils qu'ils lui eulTent feu donner. Toutefois elle s'en
alla au feu d'vn cœur obftiné,comc vous faites maintenât. P h . l'ay cogneu cefte Icâne fie
fon heretie.en quelque forte elle meritoit d'eftrecorrigée,d'autat qu'elle auoit ofté vn ar-
ticle du Symbole cotre toute l'Efcriture.Mais quoyton peut fàcilemét cognoiftre qu'il y a
différence entre vn tel efprit Se le vray Elprit de Dieu Se de l'Eglifc: d'autant que ce bon Se
faindEfpnt fe contenant toufioui s dedans les limites de laParolle,nefevaiamais four-
rer obftinément dedans les dodrincs eftranges , mais fuit en tout &: par tout la fainde Ef-
criturc comme fa guide. Et de moy,li icn'elloye fermement appuyé iur cefte conduite,ie
ne m'expoferoye iamais à ces dangers. B o. Or fus,puis que vous parlez maintenant du
Qneftièn. iugemcnt de l'Efcriture , comment accorderez-vous cos deux partages , Le Pere eft plus
grad q moy,fi£ Le Pereô£ moy fommes vn'Il faut q i'expofe ces mots en Anglois , pource
qces bonsleigneurs n'entedent pas Lzzin:tliefathcrt'S^i-eterithanI:^'iIand^Kftrerareone,
Mais pardonnez-moy,Meffieurs,car plufieurs d'entre vous l'entendent bien.Mais iay dit
cela principalement à caulè démoli eur de Schâdoitz,& môiîeur Bridges fon frère. Main-
tenant defploycz-nous voftre fauoir en ceci, &: fi vous pouuez,faites conioindre ces deux
pafl'ages par l'Efcriture. P h .Cela fe peut faire facilement , d'autan t qu'il y a deux natu-
res en Chrift.au regard de (à nature humaine a bien dit , Le Pere eft plus grand que moy.
Se au regard de la diumité ceci eft vray aulii,Le Pere Se moy fommes vn. B o. Mais co-
rnent accordez- vous cela p ar l'Efcriture mefme? P h . Il y a afTezdc tcfmoignages en l'Ef.
criturc, par lelqueis ic peux facilement monftrer ce que i'ay dit . car en premier lieu il eft
Picaa.8.*. efcr jr (ic ]a nature humaine de Chrift es Pfeau mes:Tu l'as fait vn peu moîdrc que les An-
ges.on trouuera cepalfagcauPicaume i5,quicommcnce,Lescieuxracontet,&:c.Iefailli
aucunement au conte du Pfeau.ce queleucfque Boner empoigna incontinent:^ dit,Ce
Les aducr paffagc eft au Pfeaume,.Do/w/»e Dominas »o/?er,ô£c.qui eft le 8. Vous voyez bien,mei(ieurs
chetu " fur les Iuges.comment ccftuy-ci a bien accouftumé de dire les heures matutinales. P h . Cô-
prendre les bien que ie ne dile heures canoniales ne matutinalcs par vn tel ordre q vous l'entendez,
pîw petites toulc^ois 'èl°n clue m en Peut tûuuenir de long temps,ie retien cela qu'il n'y a pas longue
chofes. diftance es Heures entre ces deux Pfeaumcs, O Dieu noftre Seigneur:&,Les cieux racon
tcnc,&c. Dauantage,lafautedu nombre ne diminuerien delà vérité.
B o.Qjjant à la féconde partie , comment l'accordcrez-vous par l'Efcriture? P h . Le
fil du texte déclare aftez, que combien qu'il y ait euamoindrifTcmenten Chrift félon Ion
Hcb.i.7. humanicé.ildemeure vn auec le Pereau regard de La nature diuinc. Et l' Apoftre auxHe-
brieux déclare cela bien au long. Bo. Comment le peut faire cela, veu que faind Paul
i.Coi.j.tf ditquc!alettrcoccit,&:que c'eft l'efpritqui viuifîeî Ph. Saind Paul n'entend pas
que la parolle de Dieu de la nature occit ; laquelle de foy eft ordonnée à vie: mais
voici
JtariPhilpot. 403
voici comment la parolle de Dieu eft inutile, & mefmeperhicieufe, Quand quelcuneft
deftitué de 1'Efprit de Dieu, encore qu'il (bit fort prudent félon leiugement du monde.
Pourtant fâind Paul dit qu'il y en a aucuns aufquels l'Euangile eft en odeur de vie à vie:&: i.cor.n*
auffi il y en a d'autres aufquels il eft en odeur de mort à morr. Aufîxidme chàpkredeS.
Iean,on trouuera vn exemple de ceci en ceux qui eftans deftituez du faincfcEfpnt,oyoyéc
la parolle de Dieu,mais en eftoyentfcandalizez. Pour celle railbn Iefus Chrift leur dit,
La chair ne profite de rienrc'eft l'Efpric qui vuufie.
S v r cela Philpot le iettât bas à deux genoux, pria tous ces Seigneurs qu'ils fuiTent Côbaw in:
tefmoins des choies qu'ils auoyentouyes ce iour-la:&: qu'il n'eftoit pointd'vn courage li tcrICU^i•
endurci &: obiliné,ne fi delèl'pere(côme monlieur de Londres fe perluadoit) qu'il nefuft
preft d'acquielcer àlaventé,enluimonftrant parlafain&eEfcriture.R y c 'h iuy deman-
da dequerpaisil eftoit.Eftes-vous,dir-]l,.dela mai l'on des Philpots enHampton?Philpot
luy rcfpondk qu'il en eftoit,lui nommant meflire Pierre Philpot cheualier en la prouince
de Ham ptô. R y . Il eftoit mon parent:qui fait que ie fuis tant plus marri de voltre encô-
brier. Ph. le vous en remercie de ce que vous ne dcldaignez leparentaged'vn poure ca-
ptif. Ry .En vrayefoy,ieferoye volontiers beaucoup de lieuë'sàpied pour vous faire plai- Prqucrbe
fir. Le Chambrier,Cela|iftenfapuiflanceiquebienluy foit s'il veut. R y. Vousdifiez Anglo»>
n'agueres que vouliez maintenir voftrefoy contre les dix principaux de ce royaume . Ce
n cil pas bien fait à vous de vousoppofer ainliàla noblelfedece royaume. Ph. Tref-
honnoré feigneur,pardonnez-moy,vous ne m'auez pas bien entendu: vous auez penfé q
iederEafle dix des nobles,&; ie n'ay rien moins penfé q cela.Ieparloye feulement de ceux
qui font les plus renommez en làuoir en tout ce royaume.
R y .Orfus,ie veux bien que vous l'ayez ainfi entendu. Si vous o b tenez par laper m iffiô
de la Roine ce que vous demandez, fuyurez-vous leur opinion, ou non? Ph. Vous fa-
juez,monfieur, que cela n'eft pas raifonnablc qu'ils foyent & aduerlàires &; iuges tout en-
semble. Ry. A qui permettriez-vous donc faire iugement de vous? Ph. A vouLmef-
jnes qui feriez prefens pour cognoiftre delà caufe. Ry . le ne craindray point de promet-
tre ceci, de faire tant enuers la Roine, que dix fàuansperlbnnages vous fbyent prefëntez
pour difputcr contre vous:&: quant & quant qu'il y ait vingt ou quarante gentils-homes
pour ouyr ce qui fera difputé entre vousrmoyennant que de voftrecofté vous nous faciez P»»^
çefte promeffe de vou s arrefter à ce qu'ils auront iugc. Sï'/ftcr m
Ph. le mefubmettray volôtier pour eftreiugé, moyennant que la façon ancienne fort, iugemétdcs
obferuée, & telle qu'auoit receuë la primitiueEgliie: en laquelle on cerchoit auant toutes Ilou,mcs*
chofes l'intention &c volonté du Seigneur aux fontaines delafain&eEfcrkure.Selon iccl- iiprouoque
Je donc les autres auffi en ont prononcé , lefquels eftoyét afTemblez tant des laies que des à la couftu-
Ecclefiaftiques: &: alors accom modoyent leurs voix & confen temient félon la cçnfure de m^Egh^
l'Eicnture.Quanddonc vne telle fublcnption de iugement fera arreftée &c ordonnée à la le.
façon des Anciens,ie promets de m 'arrefter aux opinions &c femences des luges.
B o . Treshonnorez fcigncurs,vous voyez à quel but il tcd, Se ce qu'il defîrc: corn me
fi on deuoit penfer de lui qu'il a bien appris que c eft de la couftume&: façon ancienne, &c
bien verfé en lale&uredes Conciles &c des temps delà primitnicEglhe :aulieu qu'iln'y
eutiama^s vne telle conflit u non & forme de iugement en l'ancienne Eglifè.
P h . Si vous ne me voulez croire , les Epiftres de fainct Cyprien ont allez de tefmoL
gnage pour faire apparoiftre ceci. Bo. Iediqueieneleuiamais cela en làinît Cyprien,
Qu'on m'apporte ici le luire.
Alorsle dodeur Chedfc,quî efloitdela maifon del'euefque Boner,&: auquel il don-
na charge d'apporter le liure , s'approcha parla à lui en raureille,& n'apporta point le
liure . Et lors ie di , Mon lieur, ie voy bien que le docteur Chedlc fait que la vérité eft telld
quci'ay diterautremenft il eut apporte ici promptement le liure . Ce propos eftant laifle,
Monûeur Rych me dk:Ie mefbâlii commet vous niez les parolles claires de Chrift au Sa-
crement : car au lieu qu'il dit , Ceci eft mon corps , vous au contraire débattez contre les
mots propres , que ce n'eft pas le corps de Chrift . fon vray corps n eftoit-il pas liure pour
nous?il faut donc neceftairement que ce foit l'on corps.
B o. Monfieur,vous parlez do&cment:mais vous euflîez peu auffi prendre voftre ar-
gument vn peu plus haut,afTauoir fur ce qui ell dit Iean 6.o\i le Seigneur a promisde don-'
mer fon corps au Sacrement, diiant, Le pain que ie donneray , c'eft ma chair . Philpot,
Yy.iii.
LiurcuV* leanPbilpot.
que refpondez-vous à cela? P H. Voici ce quefaind Ican veut dire en ce paûagc: aflauoir
quela chair de Chrift, de laquelle il a elle enuironné pour noftre rédemption , cft le pain
de vic,duquel nos corps 6c nos ames font nourries en vie éternelle. Ainfi donc ce pain fa-
cramentaire cft vne viue reprefen ration de cefte vie myftique, &: cohabitation aucc tous
ceux quicroyent à la mort de Iefus Chrift , lèlon que luy-mefme dit Iean 6. le luis le pain
vif,quifuis defcendudu ciel.& toutefois îlnefaut point dire qu'icelui foit pain, ne maté-
riellement ne naturcllement.Semblablement le pain eft la chair,non point de nature ou
defubftancc,ainii par lignification, alTauoir au Sacrement. IcVien maintenant à l'ar-
gument de monlieurRych. le ne nie point les parolles exprefTesdeChrill au Sacrement;
mais voici que i'afîerme , Qu'il ne les faut point prendre charnellement , ne d'vne autre
façon que facramentale&: fpirituelle : félon la déclaration exprefîe de Ielus Chrift , nous
enleignant que ces parolles du Sacrement , lesquelles les Capernaites entendoyent lèlon
la chair &c la lettre,doiuent cftre (pirituellement entendues, & non point charnellement
félon l'imagination groffiere de ceux-là , qui ne regardoyent pas à l'explication que Icfus
Chrift donne fur ce paflage,n'a Ion inftitu lion: ne liiyuans point au/fi l'vlàgc&: la forme
des Apoftres ne del'Eglile pnmitiuc, qui ne làuoit que c'eftoit de cefte façon de prefence
charnelle, laquelle vous faites receuoir auiourd'huy de fi grande force &: violence, fans
monftrcrquel'Efcriturefaincte ou les do£tcurs anciens y conlcntent. Et de faict,ono-
La manière l°rs ^c l'Eglifc tous ceux qui ne s'adioignoyent aux autres qui communkjuoyent : &c
ancienne d* quand la Cenceftoitfaite,ils brulloyent ce qui dcmeuroitderefte.ee qu'on peuteognoi-
UCeoc*™ ftretancPar^cs Canons des Apoftres, que par la détermination du concile d'Antioche.
Bo.Cclaeft faux: car il n'y auoit que les nouueàuxinftruits qui fortifient horsdutem.
ple,& les autres communiquoyent,& non plus. P H. Mais, monfieur,cen'eftoyent pas
feulement les nouiecs inftruits en la rby nouuellement,ains aufli ceux qui n'entendoyenc
point les myfteres facrez. Bo. Quercfpondez-vousàlapuilTanceinflniedeDieu?Icelui
ne peut-il pas accomplir toutes les chofes qu ila dites? comme monsieur Rych a nagueres
fort bien dit. Iedi qu'il n'eft point difficile au Seigneur de le mettre non feulement au
pain,mais aufli en ces tapifleries , moyennant que ce foit fon bon plaifir. PH. Quant à
Pfciu.i la punTance infinie de Dieu,ie confelTe auec Dauid , que Dieu a fait tout ce qu'il a voulu
tant au ciel qu'en la terre. Toutefois il ne veut rien , linon ce qui conuient à fa paroile . 6c
ÛtinDicu cequemonfieurreuefquevientdedire,eftbla(pheme,Quele Seigneur peut eftre fait
vne tapiflerie: car comme les anciens docteurs ont dit , Dieu ne peut faire des chofes qui
font contraires à là nature.E t il n'y a rien qui foit plus répugnant à fa nature, que,qu'il foie
fait tapifTcrie:car la tapifTerie eft vnecrcaturc,&: Dieu cft Créateur, &: ne peut aucunemét
eftre fait créature. Parquoy lî vous memonftrcz que Chrift eft au Sacrement autrement
quepar grâce 6cd'\ ne façon fpirituelle 6c iacramentalejC'eft en vain que vous- vous cou-
urezicide la puilfancc infinie.
B o . Qupy don cïConfcfTez- vous que Chrift lbitrcaument au Sacrement? ou fi vous le
niez? P H. le ne nie pas qu'il ne ibit rcau ment au Sacrement, voire à ceux qui y doiuent
Qaeiîgnifie participer félon TihUitution du Seigneur. Bo.Qu entendez-vous par ce mot Reaumenti
le motRe- p H. Comme li i'auoye dit qu'il y fuft vrayement 6c fans doute.
S<îj. Bo. Dieu n'eftJl pas par tout rcaument?P H. Pourquoy non? B o. Comment lemott-
Matt.i8ao ftrerez vous? P H. Haie en rend tefmoignage , que Dieu remplit toutes choies par tout. Ec
Iefus Chrift dit, En quelque part que deux ou ttois feront aflèmblez en mon nom, iefcv
ray au milieu d'eux. Bo Eft-ceau regard de fon humanité? P H. Non point: mais fente ce
regard de diuinrté, félon lequel vous interroguez. R v . Monfieur de Londres, permettez
maintenant que le do£teur Chedfé difpute auec lui. Chedfé commença fon propos d»
bien loin, mais voici prelquela lommede les parolles. CH.M.Philpot ablafmé deuant
vos excellences la maifon de KAfTemblée:ayant dit qu'il y adefia tant de mois qu'il eft de-
tenu priibnnier,& qu'on nelui a donne loilir d'en pourfuiurevn feul argument de ceux
qu'on lui a mis au deuant .cequi eft faux : car on lui donna grande liberté de parler 6c de
pourfuiure, 6c autant de loifir qu'il a voulu .Et encore auec tout cela,on lui a refpondu de
Le linre des pointt en pointtunais ne fâchât plus que dire, il fe prmt à plourer . I'eftoye lors fpectateur
d?Cutcie* ^C tolltes ccs chofes:parquoy i'en peux tcfmoigner.Combien qu'on porte par ci par là vn
nûeaucom certain liurcplcin de menlbnge , auquel les actes de cefte difpute ont efté faufTemétcof*
mencement rompus&: falfïficz; Et quant àeeque vous demandez qu'on vous fatisfacc touchât la ma-
iuS UC dc c*ei c fàcrement,ic vous propoferay la vente tirée des eferits des anciens Do&eurs.
PH.
Jean Thilpot. 404*
P h . Grâces à Dieu, il y auoit lors des gentils-homes , & degrans fcigneur s , qui furé t
auditeurs des choles,& peuuét teftiner fi elles ont efté falfinées, ainfi que vous n auez hô-
te de le dire en celle ii bonnet noble compagnie. Quant à mes larmcs,ccna point efté
fautede matière qui m ait fait plourer : cârgracesàDieu,i'auoyedequoyrburnir,voire
mieux que vos grans Théologiens n'auoyét de répliques pour réfuter la vérité que ie fou-
ftenoye: ces larmes me fortiient des yeux, pour vnéfemblable caufe quelefusplourale
malheur qui deuoit aduenir lur Icrulàlcm. le fentoyedefia en mon clprit lés ruines de le- Lcs |jr(1K
glife Chreftienne,quideuoyentaduenir,&: quant &c quâtl'occilion queie preuoyoye prc- deP%u
parée à tant de bons perfonnages. ^ En refpondant ceci audocleur Chedle , ie fu ibu-
uentcmpefchépai monlîeurRych, me difanr queie donnalfe IoifiràChcdlcdepour-
fuyure l'on propos:&: que puis après il me feroit congé derelpôdreàtous lesarticles qu'il
me propoiéroit. Mais il promit ce qu'il ne pouuoit tenir. Car les Ecclefialliques qui là e-
ftoyent ne luy permirent d'accomplir ce qu'il cuft bien voulu. Quant au liure,ie confeiïe
que ce luis-ie qui ay recueilly les ades de celle dil'pute, &: commeje tout clladuenu. I'ay
pour tefmoins de cela le doyen de Rocheftre,&: l'archediacre de Hacford , monfieur Che-
née,qui tous deux font encore viuas en ce royaume. ^"Chedse dit, Venôs au poind.
Les quatre Euangeliilcs,auec S. Paul en lEpiftrc aux Corinthiens maintiennent ouuer-
tement la prefence de Chrift après les parolles deconiecration.De faid^tous s'accordent
en ces parolles > Cccy cft mon corps. Ils ne parlent pas ainfi,Cecy n'eft pas mon corps. Et
S.Iean au chap.6. lefus Chrift promet de donner ion corps: laquelle promeflè il a depuis
accomplie en la Cene,comme on peut cognoiftre par les parolles meimes: Le pain que ie
donneray,c'eft ma chair,que ie bailleray pour la vie du monde:ce mot Bailleray > eft répété
pardeuxfois. Au premier lieu il le faut rapporter au Sacrement:au lecond lieu iilefaut
rapporter au facrifice de la croix. Or auec toutes ces Efcntures tant manifeftes,nous auôs
Tauthorité des Dodeurs le s plus approuuez,allauoir d Ignace, Irenée,&:faindCyprien.
PH.Saind Cypricn parleen cciïcf^oni^Hjawficefiu'flChrifliitnefautJûyure^ue chrift. En
outre il eft défendu par la Loy de rien adioufteràla parolledcDieu, oud'enrien dimi-
nuer .Et làindl Pierre dit,Si quelcun parle,qu'il parle côme les parolles de Dieu. Parquoy
fi aucun penfe queces parolles feules, Cccy eft mon corps,conftituét vne prelence réelle
de Chrift:fi outre cela il ne bénit , s'il ne prend &: mange(lefquelles trois chofes font de la
fubftance du Sacrement)ccftuy_la eft abufé . &: pour celle railbn foind Auguftin dit» Que
la parolle foit coniointeaïtkment,& ily aura Sacrement. En celle forte donc s'il n'y a vne entière
obléruation des parolles de Chrift en l'vfage du Sacrement,ce n'eft plus Sacrement : non
plus que les facrifices que les dix lignées oflroyent à Dieu en Bethel , eftoyent làcrifices:
ains ont efté reiettez,d autant qu'ils n'eftoyent faits félon l'ordônance de la Loy. Et pour-
tant fi auec ces parolles on n'adioufteaufsi ces trois parties , lefquellcs font que le Sacre-
ment foit entier &c parfait : aifauoir ludion de grâces rédues pour la rédemption obtenue
par Chrift, l'annonciation de fa mort pour l'édification derÊglife,finalcment le prendre
& manger,ce n'eft plus Sacrement. Certainement celle prononciation des parolles , qui
cft la dernière partie du Sacrement, n'a point de lieu: car Ieliis Chrift n'a pas moins dit, ex cc
Prenez,magez,quc ce qui s'eniuit,Cecy eft mon corps .CH.Iefus Chrift dilvit,Eate drmke, °
& non point Eate ye^rmkeye. PH. N'a-il point dit en nombrepluricr, Prenez,magez:
&c non point en Singulier , Pren, mange: comme il lèmble que vous le prenez ? CH. Si
ces pai olles,Cecy eft mon corps,neconftituentpoint,ou ne font le Sacrement : fembla-
blement les autres parcics,qui font la benedidion,la prilé &c la mandueacion, ne le feront
point. P H Je confclTe que l'vnc des parties fans l'autre ne fert de rien . Car le Sacremét
ne peut dire Sacremcnt,finon que ce qui eft là fait, loir entièrement &c parfaitement ac-
comply félon laprennereordonnanccdeccluyquirainftitué. CH. Niez-vous donc
que ce foit le corps de Chrift, s'il n'eft pris? PH. Ouy: car il ne peut cftre corps de
Chrift,linon à ceux qui le receuronc deuement iélon l'inllitudon du Seigneur. B o.Le
pain ordinaire qm cft mis fur la tab le, n'ell-il pas pain , encore que perlonne n'y touche
pour en manger? P H. C'eft vne autre raifon : car le pain qui eft m is lur la table oï dinai-
rcment,cftoit pain voire auparauant qu'il y fuft mis. Il n'eft pasainfi du Sacremér, lequel
n'eft point Sacrcment,finon entant qu'il cft deuemét adminiftré en la table. Bo. Qufe-
ftimez^vous donc que c'eft après les parolles deconiecrationiulques au temps qu'il Ibit
receuî P H. le diroye que ccft feulement vn ligne commencé delacholefacree,&: non
point vn Sacremét entier auant qu'il foit pris.Car il nous faut regar der deux choies au Sa
Yy.hu.
Liure V- Jean Philpot.
crement,anauoirlcfigne&lachofcfignifîec,quieftChrift&Gparsioii. Mon si e v r
deVvinfors'e(leua&:dic,Icnaypointveuiii{*quesàprelcnt vn leul homme qui niaftles
parollesdeChriftcommevous faites. N'a-il pas dit luy-mcfmc ,Cecy eft mon corps?
L'.aftirutiô P H. Monfieur, ie vous prie prenez la choie comme elle doit cftre priie.Nous ne nions
ErfiS"1 P°inc ^es parolles de Iel'us Chrilt , mais nous montrons qu'elles n'ont point autrement
cremern, vcrtu,iinon entant quelles font accommodées à la vraye ordônance&: inftitution de Ie-
l'us Chrift. Cecy foit pour exemple : Ictus Chrift ordonne qu'on baptize au nom du Pere,
6c do Fils,&:du S. Eiprit. que s'il y a quelque Preftrcqui pronôceces mei'mcs parollcs fur
l'eau ,lors qu'il n'y aura nul preient qui loit pour cftre baptize > la tculc prononciation ne
ferapoint le Baptefme. Adiouftons ceci, que le Baptefme n'elt point vravement Baptef.
me, finon à ceux qui font arroufez d'eau, 6z non point à ceux qui alsiftcnt là pour cftre
fpc&atcurs. L e Chambner ,Mes feigneurs , ic vous prie me permettre que le luy race
vnequeftion:Quelleraçonde prelence trouuez-vous au Sacremétlors qu'il eft deuemet
pris,&;ainii qu'il appartient? P H. Quand ceux qui s'approchent de la table fàcréedu
Seigneur Iefus y viennent dignemcnt,ie confefle q Chrift y eft preient auec tout le fruitt
deiapaisionrvoireen ceux qui le mangent digncmétjc'eft à dire c omme il appartient
auiqi.els Iel'us Chrift eft conioint , &c euxconioins à Ieùis Chrift. L e Chambrier ,Ce
m'eftaffez. B o. Seigneurs treshonnorez,ic vous exhorte de ne vous arrefteràcequ'il
dit:ilnefaîtquevousicduiremal-heureu{èment.carlarimilitude du Baptdme qu'il a-
mene,n'a rien de commun auec le Sacrement de l'autel. C'eft autant comme li ic difoye
rdc diTes * mon^eur ^e Brydges qui foupperoit auecîmoy. Prenez , mangez , «e chappon eft bien
e^po^cc-5 gras : & toutesfois iceluy n'y mettroit point la n ain.On en peut autant dire d'vn gobelet
auxccijui plcindevin,quandiediroye:Taftczdeccvin,ileftbon&fnand: encore qu'iceluy n'en
cftfama. gOUftaft}Cft_ccà dire que ce vin ne fuft pas vin pourtant? PH. Pour certain ccsexéples
font du tout indignes d'eftre mis en comparailon de myftercs li hauts &c facrez.Ceque ie
pourroye bien claircmet raonftier,fi ce n'cltoit qtie vous me furmontez pluftoft en au-
thorité qu'en raifon de caufe.Choles fcmblablcs conuiennent auec leurs iemblablesxho
lès fpirituellcs,auec les fpirituelîcs.LesSacrcmensdoyuent toufiours eftre mefurez par
les parolles de Chrift,cntre 1 ci'quellcs ce font-cy les pnncipalesîPrenez,mangez: comme
parties neceftaircs pour faire le Sacrement,fans lefquelles on ne pourra auoir l'inftitutiô
Synaxis entière &: parfaite delà Ccnc.Patquoy les Grecs appelent le Sacrement d'vn nom qui fi*
gnifieCommunion:&: auisipour cefte raifbnlc Sagneur dit en l'Euangile, Diftribuez
Communi- entre vous. CH. Sain£t Paul ne l'appelé point Communion ,ains Communication.
P H. Cela aulsi déclare mieux,quc participât ion du Sacrement doit eftre faite. Bo . Tref
honorez icigneurSjil méfait mal de vous voir ainti lalïer après vn homme fi obftine' , veu
que nous ne profitons de rien cnuersluy. Pour leprefent îene vous fafcheray plus. Ec
toute la compagnie fe leua,&: nul ne me dit vne feule parolle iniuricufe.Sd'embloit qu'ils
eftoventaucunementaffe&ionncz. Le Scjjrncur vueillctournertoutàbicn.
«non.
LES ailes dp 7.exainen,auquel prefidpyent les Euefques de Londres , & de RoçheftreJe Chancelier deLych^
fildJcdod orChcdfé, M. Deye bachelier en théologie. En ceft examen 7. il eft traité de l'authorué de
fcgUfeduSiigneur.
^|}^'EuefqueBoner commença ceft examen en ccftcforte,Nous vousauons faitappe*
[{4^ 1er, afin que vousafsiftiez àlaMelfeileRoy&la Roine&: tous les Seigneurs de ce
royaume y vont :rciiilerez-vou s d'y aller? le vous traite trop benignement a la vérité.
Argument P H. Si vous appelez douceur si humanité d'eftregardé en vneorde charboniere fans
digue d'vn fèu &£ fans lumière, vous m'auez traite benignement.mais vous auez puifïancede traiter
te Euci^uc mon poure corps comqae bon vous iemblera. B o .Pource que monlïeur le Chancelier
Gardiner eft mort,vous-vous faites accroire qu'il n'y aura plus perfonne brullé. Non nô.
Croyez-moy ie vous enuoyeray bien-toft au feu , fi vous ne taillez voftre opinion. L s
Chancelier ci deilus nomme quieftoità cefte feptiemedifpute,dit, M. Philpot ,ne vous
ruinez point ainfi de voftre propre gré: pluftoft regardez à vous f auuer: & remettez- vous
à la bonne volonté deMonfîeur de Londres , Si au îugernent des autres gensfauans,&
vous eu itérez tout danger. P H. Ma confcicnce me rend tefinoignagc , qu'il n'y a nulle
affection hu m aine qui m'ait incitérmais vne crainte de Dieu m'a fait faire cos chofes. Au-
trement ie feroyc le plus folhomme de tout le monde,fi auec la perte de tant de corn ma
direz que ic pourroye obtenir en ce mondc^i'attireroye quant &t quant fur moyMme con-
damnation
Je*n{Philpôt. +QJ
damnation dernière. Le Chancelier, Vous n'en eftcs pas fi afleure,que ne puifsiez bien
cftredeceu. B o. Puis qu'on ne vous peur fîefchir par douceur, ne par raifons quclcotl- îj^JJ^
ques,ie procederay contre vous de mon authorité éc félon mon office. Efcoutez donc les cuitté par
articles que ic vous reciteray,car l'ordonne que vous y refpondiez. ^ Et fur cela il tira vn tou
papier de fonfeinauccdiuers articles efcrits contre moy. Et après quilles eut recitez, il châtia dô-
me commanda de refpondrc par ordre à vn chacun. PH.Monfieur,cebillec contient
deux principaux poin&s.Le premier eft,que ie luis de voftre iuriidi&ion, &: pourtât vous
pouuez félon voftre office intenter procès cotre moy ^touchant les herehes defquelles ie
fuisfonfpeçônné.Maisquantaupremier,vousfàuezdu contraire,d'autât que la prouin-
ce de laqu elle ie fuis, n'appartient point à voftre iurifdi&ion. Quant au fécond, quei'ay
abandonné l'Eglife &: la foy en laquelle i'ay efté baptifé,vous fauez que ic perfifte en ce-
ftemcfmeEglife ^continue en la foy catholique,en laquelle i'ayefté baptizé. Bo.Au
diocefè de qui eftes-vous maintenant ?dites-moyr PH. le nepeux nierqueienefoye
mainrenant détenu en voftre Charbonnière, lequellieu eft dedans les limites de voftre
prouince:& toutesfois ie ne fuis point de voftre diocefe. Quant au fécond , le fay profêk.
fion encore à prefent de la mcfme foy &c Eglife catholique,qui eft l'Eglife de Iefus Chrift,
& la colomnc & fermeté de la vérité. B o. Vos parrins fuyuoyét bien vne autre foy que x"Tun*f«
celle de laquelle vous faites maintenant profefsion. P H. Maisien'ay point efté bapti-
zé en la foy de mes parrins qui ont fait la promefle pour moy,ains en la foy de Chrift Ûdc
fon Eglife. Bo.Combien de tepsaduré cefte voftre Eglife? PH. Depuis Chrift continuâc
iufquesàfes Apoftresj&contequcmmentiufquesaleurs vrais fuccefleurs. Le Chance-
lier de Londresje penfe qu'il prouuera aufsi que l'Eglife a efté deuât le temps de Chrift.
P H. Quand iei'auroyefait,ien'auroye rien dit contre la vérité. Carileft bien certain
qu'il y a eu Eglile deuant Ieliis Chrift, laquelle fait vne feule Eglife catholique. &:pour
prouuer ma foy & mon Eglife,ie ne prendray point d'autre fondement que voftre reiglc
tantvfitée,airauoirderancienneté,vniuerfalité&:vnité. Bo.Aduifèz, comment il en-
impudent en fes menfonges. Sainéfc Cyprien tefmoigne ouuertement qu'il faut qu'il y
ait vn Pontife fouuerain,auquci il eft côuenable que tous les autres obeùlent.Mais ceux-
cy napprouuent aucun chef, ne vicaire vniuerfel. P H. Saind Cyprien ne dit pas qu'il
foitnecenaired'auoir vn vicairegeneral. carilmefouuientqu'au liure De la (implicite
des Prelats,il parle en cefte façon : Il y a vne feule dignité Epifcopale , de laquelle vn cha-
cun l'eul Se pour le tout tiét vne partie. B o. Qu'on apporte ici fàin& Cypriemvous ver-
rez que ce lieu-la fait du tout contre vous. ^ Et incontinent ledodeur Chadfe apporta
le liure, & môftra le lieuenlepiftre eferite a Corneille, oui eftoit pour lors euefq de Ro- LclicudeS,
me. Voicy prefque toute lafôme desçzvollesil^oùonndteperepointaiifacrifîcateHr de Dieu, Cyprieo,
il n'y a point aucune bonne conuenance auec CEghfe^&c. P H.Monueur le do&eur prend mal le £0^J'f£
partage deS. Cyprien : car par ce mot de Souuerain Preftre ou Sacrificateur * il n'entend y^w,-».-
pas l'euefque de Rome,mais vn chacun Patriarche en (a iurifdidion. Comme defai&ily ^^J^
auoit en ce temps-la quatre Patriarches, quieftoyent conftituez fur l'Eglife en gênerai. Xtyr<S.\
Et lors efcriuant à Corncille,ii entendoit de foy-mcfme fous ce nô de Souuerain Preftre.
comme ainlifoit qu'il fuft Prélat de toute l'Afrique, fon authorité commençoit en ce
tcmps-laà eftre melprilée des hérétiques. Se plaignant donc décela par les lettres à Cor-
ncille,il afferme que l'egliienc peut eftrcdeuémentadminiftré au heu où on n'obtempè-
re point à l'authorité diâfbuuerain prélat, félon ladifcipline& ordre de l'Efcriture, le ju-
gement du peuple,&: le confentement de lès compagnons ordonnez à la dignité Epifco- s A fth
pale. Bo. L'eueique de Rome n'a-il pas efté tenu iufqucs à prefent le cheffbuuerain de Si inPetn
lEglifê , & vicaire de Chrift en terre t P H. Non point: car les fâin&es Efcritures ne luy Ec-
donnent pas plus grande authorité qu'à l'euefque de Londres. B o. Sainft Pierre ne-
ftoit-ilpâs comme porte-enfeigne de l'Eglife ?& l'euefque de Rome n'a-il pas fuccedéen centomù.
fa place ? P H . le confefTe que reuefque de Rome,entant qu'il feroit légitime fuccefTeur K^J"
defaind Pierre,auroit femblableauthorité : mais cefteauthoritén cftoitpointplus emi- Wfvtw
nente en fam£t Pierre qu és autres Apoftres. L e Chancelier , Mais il a efté dit à fàind ^J^'^
Pierre d'vne façô pàrticu liereje te donneray les clefs du royaume dés cieux.Ce que Iefus "ïû^s'iJi
Chrift ne dit lors a pas vn des autres Apoftres, ains feulement à fainft Pierre. P h . le ^H'a ha-
vousayaffez dit cy deuant , que fainft Auguftin refpond bien autrement à cefte obic- ^tiTlfcl-
ftion, difànt ainf i : Si en Pierre ilnyanoitle myftere d'EgiiJè, le Seigneur ne luy dtroitpoint, le te don, fit, ecM'*
totan itfi-
Liure V. Jean Pkilpot.
neray Us defs. Que ficela a efiédh particulièrement à Pierre,tE«1ifi ne Us a point y maU fitEglifiles a (veu
quelle a receu Us defs) Ha dénoté toute TEgljje.
Bo . Que fera-ce, fi iedcmonftrc par le droit ciuil (jue cous Chrcftiens font tenus de
fuyurc l 'eglife Romaine ? Et de cela il y a vn titre expres,Dela foy catholique, &c de la fain
ûe eglife Romaine. Ph . Cela n'emporte rien, puis qu'ainfi eftqueles choies diui ries ne
font point affuietties aux loix humaines. Bo. Que direz- vous, fi ieprouue manifefte..
ment que Iefus Chrift a bafty fon Eglife fur fainît Pierre, &: ce par 1 authorité de fainél: Cy
prien i Croirez-vous alors qu'il faut quel'Euefque de Rome foir chef louuerain de l'Egli-
fe? P h .Iefày ce quefaind Cyprien dit touchant cela: mais il n'entédrien moins quece
que vous penfez. Dey e, Ce font-cy les parollcs de fàinct Cyprien : L' Egbfi a efté fondée
furPieneyCommefurhrigtnedeyeraé. P h .11 explique cela clairement par exemplerafTauoir
qu'il faut qu'vnité foie gardée en l'Eglife:&: pourtant le Seigneur Iefus a bafty l'Eglifc fur
Pierre feul,& non point fur les hommes. Ce qui c(l plus ouuertement monftré au liure
de la iî mplicité des Prelats,où il dit en cefte façon : En la perfonne d'vn.chnfla donné Us clefs a
tous,afin qu'il dénotas! Cvnité de tout. B o n e r fur cela dit au Chancelier,Ic vous prie,aidez
à parfaire l'examen de ceft hôme-cy,aucc monfieur le dotteur Chedfé &c moniieur Deye.
carilmefautviftement aller au Parlement :&c après cela ic m'atten que vous difnerez
ceansaueemoy. ^ Alors Deye reprint cefte mefme authorité defàinft Cypricn,& com-
mença de bien haut à efplucher toutes les circonftances, fortant fort loin de ion pro-
pos. Et le Chancelier de Londres dit , que de's le corn mencement tous ont tenu fain£t
Pierre pour chef del'eglife, & les fuccefleurs aufsi,& mefmela fâindte Efcriture approu-
ve» ue çela. Et pour cèfte caufe Iefus Chrift luy a dit, Ican 1 1 . voire répète' par trois fois, Pais
mm», mes brebis.
P h .Cela eft feulemét comme s'il difoit, Allez,prefchez : ce qui eftoitdit aufsi bien aux
autres Apoftres qu'à fainét Pierre. Et quant aux trois fois,ce n'eft autre chofe finon vnc
déclaration de l'ardeur du zele que tous miniûres de la Parole doiuent auoir à paiftre les
brebis de Chrift. Mais pourriez-vous bien penfer que ce foit proprement interpréter l'E-
fcriture,quand de ce paiTage,Pais mes brebis, vous attribuez au Pape la fouueraine domi-
nation du monde? Sur cela vn Bachelier en Théologie entra, emieftoit de la maiibnde
l'Euefquede Londres,&:faifoitprofefsion delalangueGrequea Oxone. Ccftuy-cy s'in-
gera d'vne grande hardiefTe d'aider moniieur leChanceher,&: commença en cefte façon:
T^uefera-ce, fi ie vous produy vn do&cur Grec nommé Thcophyla&e , qui confent clai-
remen t à cefte interprétation ? P h . Theophyla&e eft de ceux qui fauorifent à la factiô
du Pape:& que pour cefte raifbn on le doit tenir pour fufpeft , veu mefrae que fon inter-
prétation eft fort eflongnee du vray fens del'Efcriture, voire côtrairc aux determinatios
de beaucoup de Conciles généraux. L e Bachelier ,Par quel Concile gênerai pourrez-
vous prouuer,quereuefque Romain n'eft point chef de l'Eglue? P h . Par celuy de Ni
céercarrEuciquedeRomcn'y prefi doit pas. L e Bachelier, Cela eft faux. le vous pro-
poferay Eufebe,par lequel vous cognoiftrez facilement tout le con traire. Il s'en alla donc
enlalibrairicdel'eueiqucBoner apporta le liure d'Eufebcnnaisil n'apporta pas les
Conciles gencraux,iecouurant de cefte exeufè, qu'il ne les auoitpeu rrouucr. Apres a-
uoir bien fucilleté Eufèbe,il ne peut monftrer le pafîage, mais fe retira. Le Chancelier
dit, Vous voyez que tous les autres de ce royaume font contraires à voftre opinion.Et cô-
ment fe fait cela que vous-vous oppofez feul à tous?
Ched. adioufta,Ie defireroye queportifsiez plus de reuerenceà l'eglifc Rom aine.
Que direz-vous, fi ie produy vn paffage d'vne Epiftrc de fain£t Auguftin , qu'il eferit au
Papelnnocent, auquel tout le concile de Carthage donne le premier lieu àTEglifc Ro-
maine?
Ph i l . Vous ne pourriez. ^ Il apporta le liure, &: monftra bien rEpiftre, mais il
n'en pouuoit tirer aucun argument pour prouucr ccqu'il vouloir dire,excepté quelques
conie&nres. L e Bachelier, Vous voyez icy comment tout le concile de Cartha-
ge efcriuant à l'euefque Innocent,appele l'eglife Romaine , Siège Apoftolique . Dauan-
tage ils efcriuent des chofes qui furent faites en ce Concile , & des Donatiftes qui auoyec
efté condamnez , requerans aufsifon confentement en ccmefmcfai&.Etcôme iepcnfe,
ils ne l'eurent point ainfi fait, fans du tout eftimer cefte Eglife plus haut efleuee que
les autres. Et il y a plus, que delà on peut facilement iugcr,corr.ment fclonl'aduis de
S.Augu-
Jean Thilpot. 4x6
S. Auguftin,regliiè Romaine va deuant toutes les autres, quand iceluy déduit la fuccef-
fion continuelle des Eudques d'icelle iulques a ion temps : comme nous faifons aufsi en-
core auiourdhuy découler celte mefme lucceision iufques ànoftretemps . Parquoyde
ceft argumentde iaind Àuguftin,nous concluons quel'eglife Romaine eft la vraye Egli-
iè catholique. P h . Monficur le Docteur, vous prenez les parolles de faind Auguftin
bien loin de ion intention: l'appelant Siège Apoftohque,fenfuit-il qu'elle clt l'Eglife ca-
tholique? De confeller qu'elle eft ficge Apoftolique a« regard de iàinct Pierre &c de lainct
Paul, qui ont efté les premiers fondateurs,queferuira-il,finon q vous monftnez en ceux
que vous voulez due leurs fuccelTeurs,vn fiege Apoftolique parla mefme pureté de do-
ctrine qiùccux ont laiÛeer Que fi vouslcpouuicz faire, vous auriez iufte railbnde vous
vanter de ce iïege. Mais puis que vous ne le pouuez faire, celte raifon ne vous peut non
plus profîrer,que fi le T urc tenoit l'on liège à Antioche ou en Iet ufalé,&: cependant qu'il Com?«.rui-
fe vantait du titre du liège Apoltolique,pource que les Apoftres y auroyent conuerle au- fa propre
très fois.Or quant à ce que le concile de Carthagepar lettres cicntes à i'euefque Innocét
deliroit fon contentement pour reprimer les Donaciftes,cela ne fait non plus à mainte-
nir la primauté' du Pape : que fi ceux qui ont efte aifemblez en noftre congrégation en-
uoyallent des lettres à vn autre Euefque touchant ccr-tains articles , delqucls ils confen*.
tilTent entre euxjc requerans que iuyaui'siy donnait conféntcment,&: qu'il procurait
que le fai£t fuit aulsi publie en Ion diocelè.Et cclt Euelque n'a point pour cela aucune oc-
cafion de s'attribuer quelque choie par deiîus les autres ,aiîauoir dece que les Frères le
requièrent de conlèntir auec eux. Il en faut autant penler deceft ordre contin uel déduit
par fainct Auguftin,leqi»el ne prouue nullement que Romefoitl'Eglilè catholique : finô
que vous vueillicz faire vneautre conclufion que lainft Auguftin. Car cerecit de fuccef-
iiontendoitàcebut,deprouucr quelesDonatiftes font hérétiques , d'autant qu'ils fai-
foyent tout leur effort d'inltituer vne autre eglifey,tant en la ville de Rome qu'en Afrique,
que celle que faincl: Pierre ou faind Paul auoit inftituée,ou quelque autre de leurs fuccef
feursdefquels iceluy raconte par ordre iufques à fon temps. Que fi vous autres pouuez
monltrer par celt ordre & longue lucceiîion,de laquelle vous-vous glorifiez fi hautemét*
que rien de celte doctrine de laquelle nous faifons profcfsiô,n'a iamais efte' receuepar au-
cuns fucceffeurs de làinft Pierre 6c de làincfc Paul,il te pourra bien faire que voftrearrai*
fonnement aura quelque apparence.
L e Chancelier de Londres dit au Docteur Chedle , Vous voyez que nous ne profitôi
de rien. Ilreitedonc que nous efpluchions les articles qui nous ont efte commis par fE-
uefque contre luy. M.Philpot,quelle refpôlè faites-vous à ces articles ? Et vous monûeur
Ionibn,efcriuez diligemment ôîenregiftrez cequeceftuy-cy relpondra.
Ph . MonlieurleChancelier,vous n'auezpasceftepuillance de faire inquifition de ma
foy, par laquelle vous me puifsiez contraindre derelpondre à ces arguments que vous a-
uez maintenant propofcz.Car ie ne fuis point de la ni rif diction ou diocelè de l'cuefché de
Londres: comme défia luy en ay refpondu. L e Chancelier de Londres dit,Puis quain
li eft,allons-nous en donc:& que le Geôlier le remene.
Le lendemain matin l'Eucfque enuoya vn de fes eftafîers pour appeler Philpot,à celle
fin de le mener à la chapelle de l'Euefque pour y ouirlaMeile,mais ce fuit en vain.
Celte procédure fut menée à tant de petites circonftances que rien plus : &: quand lEuef
queBoner vufoitd'vncofte, qu'ilneprofitoitdcrien,ilferetournoit loudain furvn au-
tre.il luy dit ceci après plufieurs propos, Melsieurs les Euefques me reprennent, Philpoc*
de ce que lenevousay fait mourir pluitoft.Eti'ay diligemment procure enuers môlieur
le Cardinal &tous les autres qui ont efte en ralTemblee,qu'ils afsiftaflent pour voiis ouir.
mais monfieur de Lincolne y citant prefent atFerma que vous eftiez vn homme frénéti-
que, qui vouliez toufiours auoir le dernier mot. tous, di-ie,d'vnemelme bouche me blal-
moventdecequeievousay publiquement produit tantdcfois deuant luges fiexcellens,
pour défendre voftre caufe,&: qu'il n'y a riê que vousappetez plus que faire valoir vn lan-
gageou babil en grande aiïe m blee degens:tanteftes-vons enflé d'vne gloire infenfée. Il
m'eft donc commandé d'y procéder d'vne autre façon Etievousiure en bonne foy, que
fi vous ne vous changez de bonne heure ie ne vous amulcray plus longtemps. Niais au
contraire, fi vous-vous repentez, &:acquiefcez auec nous autres, on vous pardonnera
tout lepalfé:& tout ce que iulques à prefent vous auez dit ou fait, fera mis en oubly, A
Liurcj V. lean *Phïlpot.
quoy Philpot dit,Monfieur,Ie vouçay défia dés long temps déclaré quelle eft mon inten-
tion^ ce que i'ay délibéré de faite. Et quant à la calomnie de monfieur Vvith euefque
deLincolne,ien'enfaypasgrandca$iVeumefme qu'on lait bien qu'il s'eft déclaré mon
ennemy: veu que moy eftant parauanc Archediacreiel'ay excommunié, ponree qu'il a-
uoit peruerfément reprouué la Do&rine.Finalement fi le Seigneur Iefus a efté tenu pour
vnhom me inlenléjil ne le faut esbahir (ion m'impute vne telle frenefic. Bo. Tay enten-
du qu'on vous a enuoyé vn cochon rofty,qui auoit vn coufteau caché dedans le ventre:
ienefauroye direà quelle fin il eftoitmis, ouficeftoit pour vous tuer vous-mefmes?ou
pluftoftpourmetuer.Càrily en aaffezqui m'aduertiiTentqueiemedône garde de vous
autres, mais ic fay peu de cas de tous vos efforts. P h . le ne puis nier qu'on ne m'ait en-
uoyé vn coufteau dedans le ventre d'vn cochon rofty oourcoupper la viande, mais cepen
dant ie peux bien dire cecy ,que ie ne fay qui l'a enuoye, n aquclle fin>finon que celuy qui
m'enuoyala viande, pcnlàft que ien'eufie point de coufteau. Et ne faut point que vous
craigniez qu'il y ait rien dauantage, ne que i eufie penfé à quelque chofe fèmblable.
Apre s ces choies, icfu mené à la chappelle deccftEuefque en laquelle eftoyent l'e-
uefquedefaind Dauid, monfieur Mordant confeillier de la Roine,&: l'archediacrede
Londres,&: aueç eux grande troupe dételles gens. L'cucfque de Londres commença de
dire, Qu'en prefence de monfieur de iàinct Dauid,& de Monfieur Mordant &: des autres
magnifiques & nobles feigneurs, il propofoit les articles eferits en vn billet. Et les ayant
leus, il dit à Philpot , le demande qu'outre ces articles vous refpondiefc aufsi du Cate-
Catcchifme chifme qui fut fait du temps du roy Edouard , lors que tout eftoit plein de fchifines & di-
du tcpsdu pjfions. Item que vous refpondiez à certaines concluuons publiées au nom de l'vniuer-
™d.EJ°U" fitédeCambrige&: Oxone. Et voicy iepropofèpQurtefmoins deuant vos yeux tous ces
Seigneurs icy prefens , qui ont afsifté à la difpute de cefte aficmbléc-la . ^ Il ic fit ap-
porter vnliurc pour les faire iurer de teftifier de vérité. Le prefentant à monfieur de
faind Dauid , il luy dit, Monfieur ic vous declareray vn fecret de droit , lequel , pofsible,
NouueUc vousn auezP;lsencoreouy i.u^ues à prefent: aiTauoir qu'entant que vous elles Euef-
pratiquede que, auez priuilege de iurer feulement après auoir veu les Euangiles, fans les toucher.
Boncr. parquoy il ouurit feulement le hure deuant luy» & puis le ferma. Mais aux autres il offrit
le liure pour iurer en touchant deffus :8c fit inférer leurs fermens dedans les regiftres de
lbn Secrétaire . Il s'adrelfa puis après à monfieur Cofin , pour examiner Philpot. Cofin
iilantlelcrit que luy auoit baillé l'Euefqae, dit a Philpot, Quelle eft voftre opinion tou-
chant le premier article \ &: quel eft le différent d ebatu entre vous &c monfieur l'Eucfque?
P h. Il eft fur ce poin£t,à fauoir fi voftre Méfie eft vn Sacrement . C o . Si la Meffe
çft vn Sacrement : Et qui iamais douta de cela ? P h . Si la chofè vous fèmble certai-
ne , vous n'aurez pas fi grand' peine à la mainten ir: car de moy , i'en fuis fort en doute.
C o . le le vous auray tantoft facilement déclaré , & en bref: Elle eft ligne d'vne chou
fefacrée:ilfaut donc neceffairement qu'elle foit Sacremeut. P h. le nie l'antece-
dent. Co. PuisquevouslenieZjienc voypas que nous deuions plus argumenter
contre vous, qui niez les principes . Cofin donc ccfterefponic faite , comme pofantle
bouclier & les armes , quitta la place à Harpsfild enuoyé par l'Euefquc , aucc le liure des
Ltpiike Epiftres de fainèt Auguftin : lequel parla en cefte façon, Monfieur l'Euefque enuoyle
jjjf ^"|u" fainit Auguftin , afin que vous y regardiez , &c principalement en l'vne defes Epifttcs, la-
&ée°. ' quelle ievou s liray maintenant depuis iecômencemcnt. Vousyauezmanifèftementla
célébration de la Méfie, &: comment il reprend ceux qui vont voler ou chafTer auanc
qu'ouyr Mefiè,&ésioursdefeftc&:cs Dimanches principalement.
PH.rayprisgardeaufensdel'Epiftre:&: nevoy pointqueccla face contre moy, ne
qu'il férue aufsi de beaucoup pour le Sacrement de voftre Méfie. H a . Quoy ? Ne fait-il
pasicy mention de la Méfie îneparie-il pas ouuercem,entaufsidela célébration d'icellc?
Pouuoit on parier plus clairement ou plus manifeftement ?
P h .Sainft Auguftin,ou quiconque fbit lautheur, entend de la célébration de la com-
munion , & du vray vfage du Sacrement (|u corps& du fang de Chrift : & non point de
voftre Mellepriuce, laquelle vous auez mifeenïa place de cefte communion . Cardef-
^cffc^accô *a^t's^ccornmenccmcnt cem°r de Méfie aefté accommodé à la communion, voire
JJ^.f/£co entre les Pères de la primitiue Eglife:& f e peut taire que tous ceux qui chantentla Méfie,
communiô n'entendent pas la vertu de ce mot.
£*psdcs • Ha. Vous
fcdnTMlpût. 4.07
Ha. Vouspenfezparaujenture que ce mot deMeffe vient du moç HcbrieuMA s s a;
comme fi nul autre n'entendoit rien en Hebrieu que vous. Ph. le ne fuis point ûmal
aduifé de déduire de l'Hebrieu,vn mot que i'eftimcLatimcarMi s s AviérdeMi t t o, D'où vient
qui fignifie çnuoyend'autant qu'en ce temps-la, quand on cekbroit la cômunion,ceux Jjj^ de
qui cftoyent riches contribuoyent , vn chacun fclonïa pui/Tancc , des dons &c offrandes
pour fubuenir aux poures,recommandansauMiniltredcprierpoureuxen la commu-
json facrec,& qu'il receuft tels dons &: offrandes, &L les diftribuaft pour fubuenir à la
neceffitc des poures frères &fœurs.On a appelé cela M 1 s s a , pour cefte caufe:commç
plufieurs gens fauans en rendent tefmoignage. Et tous ceux qui atfiftoyent à telle célé-
bration de Meflfe, communiquoyent cnfemblc fous les deux efpeces , félon la façon qui
auoit cfté receuëdc Iefus Chrift. comme nous liions que cela a efté fait mefme du reps
de fain&Auguftin. Mais comment prouuerez-vousque cefte voftre Melîc s'accorde
aux chofesde cetemps-la,&àcemotMi s s a , lequel fainft Auguftin attribue à la cô-
munion , finon que vous monftriez que maintenant on garde les mefmes vfages Se ob-
ieruarions en voftre Me/Te , que iadis on obfcruoit entre les anciensrOr il n'y a rien plus
contraire en diuerfitéd'obferuation. Ha. Niez-vous que la Meffefoit Sacrement, veu La Meffe
«jue mefme c'eftvnfacrifice? Ph. Appelez-la de tel nom que vous voudrez, toute fois d«**p«fas
vous ne pourrez obtenir que cefoit vn facriflce , comme vous imaginez, que première-
ment ne monftriez qu'elle eftSacrement.Car le facrifîceprouient du Sacrement. Ha.
Ne font-ce pas cy lesparolles de Iefus Chrift, Cecy eft mon corps ? Dauantage , le Pie-
ftre ne pçononce-il pas les mefmes parolles que Iefus Chrift a prononcées? Ph. Cen-
cft pas aiïèz qu'on prononce les mefmes parolles , finon qu'on les accommode au mef-
me vfage auquel Iefus Chrift tegardoit.Cecy eft par forme d'exemple. Vous aurez beau
prononcer les parolles du Sacrement du Baptefme fur l'eau, neantmoins tout cela ne
îait point qu'il y ait Baptefme, finon qu'aucun fe prefente auquel l'vfage du Baptefme
foit accommodé. Ha. Ce n'eft point raifonfemblable: car quand il dit, Cecy eft mon
corps: c'eft pour monftrervnfaift prêtent, &: par cela eft expliqué ce que Dieu y fait
enuerslafubftancedupain&duvin. Philp. Mais monneur, cela n'eft pas feulement
vnedemonftration,ains il y a auflj commandement exprez. Carceluy quiadit ,Cecy Lcsparo'î^
eft mon corps, iuy-mefme aufli a dit, Prenc2,mangez. Et pourtant fi la première partie f j^*"
delà Cene du Seigneur ne refpond à I'inftitution de Chrift, il eft bien certain que cefte coniomm
dernière , Cecy eft mon corps, ne peut eftre accommodée àcela:aurrement vous prem.
drezlachofeau rebours. Vn certain Preftre parla fur ce, & dit, Vous voulez donc par
ce moyen que le Sacrement dépende de la réception, & qu'il foit eftably par icelle. P h .
Iene dy pas quele Sacrement foiteonftitué feulement par la reception,hiais il faut ne-
ceflairement qu'icelle foit appliquée , comme vnc partie principale de ceft acte-cy,fans
laquelle il n'y peut auoir Sacrcmen t,laquelle vous omettez en voftre Mcffe , outrepaf-
fansfinftitution du Seigneur. Parquoy ce que vous faites ne peut eftre appelé Sacre-
ment, d'autant queles principales parties défaillent. C o . Nous ne mettons perfonne,
ams nous permettons à chacun departiciper aux myfteresaucc nous, s'il le demande.
Ph. Mais encore qu'il le requière, fine fera-il point permis. Etvousadminiftrez feule-
ment vne efpece, contre l'inftitution de Iefus Chrift. Dauantage, auant que chanter
voftre Méfie, il falloir admonnefter les autres d'afïifter là aucc vous en bon nombre,tat
pour rendre grâces pour la rédemption falutaire du Fils de Dieu , que pour communi-
quer aux myfteres,afîn qu'ils foyent faits participans auec vous félon l'exéple de Chrift,
difant,Prenez,mangez. II falloir aufli l'annonciation de la mort du Seigneur,de laquel-
le vous ne faites aucune mention.
Apre s celacePreftrereprintcœur,&commençaàdefduirefaraifon en cefte forte:
Si le Sacrement de la Méfie n'eft pas autrement Sacrement, finon qu'il foit diftribué à
tous , d'autant que Chrift a dit,Prenez,mangez:on pourra dire par vn mefme argumér,
que le Sacrement du Baptefme ne fera point Sacrement,veu qu'vn feul eft receu au Ba-
ptefme: combien que le Seigneur commande à fes difciples en cefte façon: Allez, pref- Mait.ts.ij>*
chez fEuangile à toute créature, baptifan s toutes gens au nom du Pere,&: dû Fils,& du
fainct. Efpnt. Ph. Ce commandement du Seigneur de baptifer toutes gens, ne re-
garde point au temps du Baptefme, comme fi en vn mefme inftant il falloir que tous
receufiènt le Baptefrne . ce qui ne peut eftre nullement fait : mais fe rapporte à tou-
te forte d'hommes, n'excluant nul du bénéfice de Chrift^bit Grec ou lu if. Et il y a tant
LiarL> V. Jean Phiipot.
d'exemples de ceux qui ont cfté particulièrement receus au Baptefmc: comme quand
noftre Seigneur Iefus a efté baptifé par Iean Baptifte, &: l'Eunuque par Philippe , & au-
tres infinis. Or vous ne me fauriez mettre en auaht vn femblable exemple touchant
le Sacrement du corps& du fang de Chrift. Pluftoft nous oyons tout le contraire en S.
Paul, lequel admonnefte qu'il faut que plufieurs communiquent à ce Sacrement, Tou-
lCot-îi. tefoisôc quantes que vous- vous afîcmblez pour manger, attédczl'vn l'autre>&c. Ioinct
que félon les parolles de Chrift, le mipiftre y appelé toute rafTemblce deecux-'qui font
là prcfcns,diiant,Prenez,&mangez.Etparconfequenttous ceux qui nes'adioignent
à la communion, violent le commandement du Seigneur. Qui plus eft,le miniftre cé&
fe d'eftre miniftre : comme ainfi foit qu'il n'adminiftre point Je Sacrement * toute îk
compagnie des fidèles félon l'exemple de Chrift, H a . Qupy donc?neconftitucz_vous
point de Sacrcment,(inon qu'il y ait communion? P h . La parolle exprefle de Dieu me
mené là,&: quant &c quant leconfentement de tous les anciens Do&eurs.Chryfoftomc
efcriuant fur l'Epiftre aux Ephcfiens, dit, qu'en vain oblatidn cft faite, quand on ne
communique point auec le miniftre. Si donc (félon Chryfoftome) tout ce que faitlê
miniftre ne fert de rien,quand les autres n'y communiquent point:commét fera Sacre»
ment ce qui eft tenu pourdiucrfesoblationS) & où le Preftrefcul ioué' ibnperfonnagfc?
Cofîn fe retira auec le Preftre fon corn pagnon : & quand ils s'en furent allez* fcîàrpshld
commença à parlera bon efeient à Phiipot en parolles blandifTantes, comme s'enfuit!
Monfîeur, vous fauez que des long temps nous fommes obligez Fvn à l'autre -, ;& pout
beaucoup de raifons: premièrement à caufe de la familiarité & cognoiflàncc ancienne*
dauantage,que nous auons eftudié cnfemble à Vvinceftrccn vne mefmeefcoïe , & de-
puis nourris à Oxoneaux mefmeseftudcs. Pour ces raifons ie defîreroye voftrc bienAt
profit, entoures les fortes queiele pourray&deuray faire, fie vous prie de bon cceut
que vous le vous perfuadiez ainfi. Ph i t . le vous remercie de cefte bonne affection,
quemeportez. Àurefte, fi vous cftes en erreur, comme faifi d'aueuglemcnt,ic vous
prie , ne m'y vueillez induire. De faict, ie vous teftific deuant Dieu , que vous autres er-
rez grandement, que maintenez vne faufTe religion, voire mefme que vous nettes
nullement tels qu'on eftime ,& que vous penfez eft re. Et fi ne vous déportez de perfc-
cuter la vérité de Chrift, vous ferezliurez audiablc. Pour cette raifonie vous admon-
nefte de penfer diligemment à cecy , &c de bonne heure : finon,ie feray tcfmoin
contrevousau dernier iour, que ie vous auoycpredit cecy encedeuisprefent* Ha.
Monfieur Phiipot , ces parolles ne procèdent finon d'vne opinion outrecuidee d'vn ci
fpritquifcficpartropcnfoy-mcfme. le voy bien qu cftes tel que vous eftiez iadis à O-
xone. Et bien, ie ne vous tiendray plus propos pour le prefent. le prie Dieu qu'il vous
ouure lesyeux de l'entendement. P h . le prie noftre Seigneur^u'il vueillc par fa gra«-
ce nous ouurir les yeux à tous deux , afin que nous foyons plus prefts à obéir à fa fain&e
& bonne volonté , que nous n auons cfté par cy deuant. A la fin de cefte difpute Harps*
fîld voyant qifil ne pouuoit foudreles abfurditez qui luyeftoyent mifes au deuant, fc
Dieu nefcic ietta fur la puifTance de Dieu, en difant, Dieu n'eft-il pas tout-puifTanr, & félon fa vertu
«aconit nepeut-ilpasfacilementaccompJircequ'iladit? Phil. Mais la punTance infinie d-
fc gloire, iceluy n'accomplira iamais les chofes que vous dites, d'autant qu'elles font contraires à
faparolle & à fa gloire auflî. Car y a-il chofcplus contraire à lagtoire de Dieu , que dV-
ftre enfermé en vn morceau de pain , & eftrc neceffai rement attaché en ie ne fay quels
liens que vous auez forgez? Que d'vn morceau de pafte qui fe pourrit facilemenr & bie-
toft, vous en faciez le Fils de Dieu? N'eft-il pas au/fi bien en fa puifTance , félon fa vertu
infinie, que fon corps foitadminiftréen la Ccne aueclepain fàcramentaire,&fo/t re-
ceu par ceux qui mangenr , que de faire tant de changemens fie conuerfions de pains en
la fubftance du corps , comme vous faites : du tout contre l'Efcriturs , laquelle par tout
l'appelé Pain , voire apresla confecration ? Creft grand' honte de violer en cefte façon,
corrompre & rongner la fainfte Ccne du Seigneur, &r lïnftitution & ordônance facrec
d*icelle,partântdedefguifemensquevousauez forgez, oftansdu Sacrement les par-,
ties principales d'iceluy. Au lieu que le Seigneur dit, Prenez, mangez, bcuuez-en tous,
faites cecy en mémoire de môy:vous auez mij cecy,Oycz,regardez,frappez vés poidlri-
nés, n'en beuûez-pas rous:adorez, offrez, facrifiez pour les vifs te pour les morts . it'efe»
ce pas vn horrible blafpheme contre Dieu fie contre les Sacremens , adioufter & Hirrm
nueren cefte façon fans authtarité quelconque, ains feulement félon voftre fantàfie?
H/. le
Jesr Phtptf. +q$
Ha. Ic voy bien que vous aucx recueilly çà& là des Doreurs ce qui fait pour vous. le
ne veux plus tenir propos auec vous. Ec pourtan t , Geôlier, f aites ce que îe vous ay n'a*
gueres dit.
L £ dernier corîsbat heureufemenî (buftenu & furmonté parlean Philpot.
BflSji V S Q^V E S içy ont efté récitées les difpu tes fur plufieurs poincls de la Religion,
les ïurs & longs atfaats que-ce fidèle Champion de Dieu à fouftenus contre les
plus graps du royaume d'Angleterre. On peut de là manifeftement cognoiftre quel
fondement ont les aduerfàirés Romaniftes ' & fur quoycft appuyée leur religion ba-
ftarde , aiTauoir fur chofes du tout Vaincs , inuentees aux cerueau* des nommes aux-
quels ne de fatflent menaces & outrages . Ily aquelque autre examen quifut tenu
contreluy le dernier de Nouembre, auquel prefidoyent i'eucfquedé Dunelme, nom-
mé Cuthbert Ton.ftaï vieil ennemy > reuefque de Chiceftre , de Bade, &C de Londres, le
fieur Chriftoforfon > le docteur Chedfé , le fleur Morgan d'Oxone , le fieur Hafie le-
gifte , le do&èur Vvçfton , larchediacre Harpsfitd , le do&eur Colin , U Ionfon greffier
de Londres: mais en effedjetbutne contient que redites & chofes traitées aupara-
uanc:finon au on mit au deûant à Phiîpot d'auoir feduitpar lettres vn gentil-horn~
me nomme Griné , aufli prifonnier pour vnc mefme caufe de l'Euangile. Il y en eut vn
autre, fait le quatrième de Décembre , duquel lés iuges furent les Euefques de Lon-
dres, de Vvigornc , de Bangorc , & quelques autres, qui par grans allcchemens & pro-
mefïe de pardon de la Roine tafeherent de deftourner Philpot. Et pourlc dernier, il c-paraif
fut fpecialement alfaiily fur la qùeftion qu'il auoit ttaitcé anparauant , âfïàuoir fi de T- «te delr °
Bgiile dépend l'authoricé delaparollede Dieu. Illeurmonftra viuemcnten ce dernier f«mm«q«c
afTaut,qu'il leur cftoit aduenu vh cas dé difficulté femblable à edie qui aduint dutemps sai^ST
du roy Salomon en deux femmes , defquclles l'vné voyant fon fils eftourTé fe voulut
feuiTement vfurper le fils de l'autre. ^"Et quand ces Euefques defTus nommcz,pour ob-
tenir caufe gaignee , luy eurent amené de S. Auguftin , qu'il y auoit quatre principales
marques pour bien difeerner l'Eglife , afTauoir, le Confentement de plufieurs nations:
la foy des Sacremens anciennement receus des Pères : fe (ucçe/Gon des Euefques : & f-
Vhiuer fàlité : il leur monftra , qu'ils n'euiTent feu amener tefmoignagcplus certain ne
plus clair pour approuucr la yraye Eglife de laquelle il fe difoit membre. Car, dit-il% S.
Auguftin ne conftitue pas vnc feule marque de la fucceûîon des Euefques de laquelle
vous faites voftre fpeciale parade: mais il met fit fait précéder l'vfâgedés Sacremës félon
la pure couftume & forme de là primitiue Eglife. & puisadiouftela Doctrine vniucrfel-
le déduite depuis le temps des Apoftres iufqu$fon temps,defquellcs conditions voftre
eglifeeft par trop eflongnee. Lcsaduerfairesdoncncpouuans plus porter Philpot, ne
la liberté de parler qu'il renoit en fes refponfcs partant de fois recolees,&efquelle$
il periiftoit en fainctehardieffe&côftanccxonclurent finalement auec Bonereuefque
de Londres ( duquel le naturel eft cy deuantpourtrait au vif ) & tous enfemble fouk
crirent à U condamnation d'iceluy . Or le principal des difputescy deuantditçs a
tftérecueilly des propres eferits qu'il a laifTez par mémoire, cependant qu'il cftoit de-
tenu. Et combien que toutes chofes n'ayent efté dites en tel ordre ou en telle forme de
parolles lors qu'il cftoit enuironné cômcd'vne grolTe bande d'ennemis , abbayans tant
de fois de toutes parts contre luy : neantmoins les mefmes en fubftancc ont efté tenues
en la procédure , dont on pourra recueillir de bonnes doctrinés, Se cognoiftre l'efprit 'Se
le naturelle plufieurs, & fpecialement de Philpot qui eftoit fauant & exercé aux let-
tres. Iean Balee , au liure qu'il a fait Des hommes illuftres d'Angleterre &: EfcofTe , rend
tefmoignagc de plufieurs liure s eferits parluy,quidemonftrent aflczles grâces excel-
lentes &c admirables dont il eftoit doué : pour Jefquellcsvne grande partie delà no-
bleffe d'Angleterre tafehade luy fauuer la vie, voire & le colloquer aux honneurs, s'il ^
euft voulu quelque peu diffirouîcr. Qui fut caufe de fa longue détention ésprifons,&:
que fes interrogatoires luy furent fouuent réitérées. Le Seigneurie fortifia fi bien qu'-
il n'y eut ne promeffe , ne tourment , ne menace de mort cruelle qui l'ait peu dû
uertir de fon but, qui eftoit defeeller ôcconfermerparfonfang la doctrine qu'il auoit
auparauant maintenue. Il fut donc finalement bruflé vif à Londres, en l'an m.
l y x. qui luy eftoitl'annee x i mu de fon aage.
Zz.ii.
m
I E \ N RABEC, foNormtnàk.
DIE Va voulu que ce Martyr ait rendu ample confefGon de fa foy deuant le prince de la Rocne-Surion, Se au-
tres au pays d' Aniou: pour les rendre inexcufables quand ils voudront faire bouclier de leur ^norance.
^* D*LVI' S?8Pi?S§fï £ A ^ Rabcc natif de Cerify-monpinfon en Normandie,au dioccfe de Cô-
,ftace fut iadis de l'ordre des frères mineurs en la ville de Viretmais par qud-
Iquegouft de la vérité, ayant cogneu que le train abominable de telle i'ede
_Jçft directement contre la volonté de Dieu, fe retira es lieux où i'Euâgile eft
purement annoncé (ans meflinge d'aucunes inuentions Papales. Il vint demeurer à
Laufanne pour le. grand defir qu'il auoit de profiter és fainctes lettres en celle efcole: en
laquelle les Seigneurs de Berne luy donnerér penfion annuelle pour Vaquera reftude,
& pour en faire profit à laduenir. Et de faict il s'y employa fl bien que Certain temps a-
près il fe mit en chemin pour vifiter la France, & communiquer Vn thrèfor incftimable
delà grâce du Seigneur,pour retirer,*! poffiblc eftoit, du gouffre d enfer ceux qui petit
foyenr. Mais comme Satan ne dort jamais , & a les ficus qui fouftiennët fbh faiâ: par fort
lieutenant Antechrift» ce bon perfonnage ne fut pas lôg temps fans eftrç*ticfcouucrt;
Et meû^« après wo^cft^ au pays de fa naifTancc , y ayant fait plufieurs exhortations
de grand fruift, retourna en la v#e cl'Angiers: & en certaine compagnie tenant propos
delaparollede Dieu,onluyinitenauant plufieurs queftions. Etencrc autres, Affauoir
û fâinft Victtc n'auoit pas chanté tyfciTe. .ÀquQyilntfi bonnerèfponfe quauant partir
dudic lieu, rendit confus la pluipart de fes ennemis. Parle confeil de fes amis il partie de
ladite ville d' Angiers pour faire vn voyage en fon pays , prenant fon chemin par Cha-
ftcau-gautier diliaWe nuit lieues de ladite ville. Auquel lieu deux ou trois iou rs aprc$i
ailàuoir le premier d'Aouft, m. d. i, v .ainfî qu'il lifoit le liure des Martyrs en prefence
de quelques perfonnes du logis, fut arrefté prifonmer parles officiers de ladite ville , ©•
ûans à ce (aire incitez pat vniergent voifin de ladite maifon, qui 1 efeoutoit.
Premièrement ks officiers dudit heu Finterroguans , il ne leur rcfpondit rien,
combien que de ce faire ils fini portunaffenfcd autant qu'il ne les eftimoit fes iuges. Au
moyen dequoy le ^iagiftrat dudit Angiers,fuperieur dudit lieu eft ant aduerti, s'y trans-
portèrent le Lieutenant criminel, l' Adùocat du Roy, le Promoteur de l'Euefque,& au-
tres dudit Angiers, lefquck arfiuez, interroguerent ledit Rabec,& le trouuasperfeue-
tant en fes refpcnfes, ils 1 amencrét audit Angîers> où il fut mis prifonnier au chafteau:
mais d'autant que fes refponfes portoyent qu'il auoit éfte de cefte fc&e des Cordeliers,
fut tranfponé es priions de montieur l'Euefque, pour luy faire fon procez,où il demeu-
ra longuement : efquels lieux fut par plufieurs perfonnes , & à diuerfes fois mterrogué
•de fa foy: comme il appert par fes contenions qu'il a depuis cfcritcs & fignees de fa pro-
pre main, & les auons icy inférées.
fcefponfes fomraaires de Iean Rabcc , aux interrogations qui ont cité faites fous ombre de l'enquérir de fa foy,
tant par les ïttgea & officiers de Chafteau-gautier & d'Angieri,<jue par les preftres, doâeurs, 6c tous autres
qui fe font pmentéz pour le fonder ou confuter en ladite ville d' Angiers, Et premièrement,
En ojrx s. Ne croyez-vous point qu'il taille prier les Saincts, afin qu'ils intercèdent
pour nous? le Rabee, fâchant qu'ils entendoyent parler des Saincts trefpaiTez, ro-
fpondy que non: d'autant qu'ils n'ont plus aucune communication auecnous,&; n oyét
nos prieres,ne voyent ce que nous faïlons : bref, que ne cognoiâbye autre Moyenneur,
Int^rcefTetir, n'Aduocar, que Iefus Chnft, d'autant que luy feul nous eft propofe' tel en
la famete Efcriture. Quant aux Saincts qui font furuiuans, ie croy qu'ils prien t les vus
1*3*** Pour *cs autrestfié font tenus de ce faire , d'autant que l'Efcricurc le commande , & que
nous en auons plufieurs exemples en iceilp. Réplique, Les Saincts voyent nos oraifons
enj 'effence Diuine , ôc au Verbe. R. Cela cil vn dire Scolaftique,qui n'eft receuable:d -
autant qu'il ne fe peut prouuer par l'E feriture. On m'vfa de ccft argument, Puis que le»
Saincts cependant qu'ils efioyent en cefte vie prioyent pour les autres : par plus forte
raifon depuis qu'ils en font de hors 6c en gloire : d'autant qu'ils fonteonfermez en plus
grande chïtritéo R. Combien que l'antécédent foitvfay,àflàuoir qu'ils prient les vns
pour les autres cependant qu'ils viuent , toutefois le confêquent eft faux , d'autant qu -
line fepeutprouuer ne confirmer par icelie. D. Que fentez-vous de la vierge Marie?
Ne
Jean'Rabec. 409
N« croyez-vous pas, qu'il la faut prier pour intercéder pour no9? R. le croy que la Vier-
ge cft bien-heureufc, & femme bénite entre toures les aurrcs:& que de fa fubftanccpar
l'opération du S. Efprit , elle a conceu& enfanté Iefus Chrift,, demeurant entièrement
vierge. Mais quât à l'inuoquer pour intercéder pour nous,cc feroit la deshonnorer grâ-
dement, d'autant qu'elle ne voudroit iamais rauir l'honneur appartenant à fon Fils, cô-
me on le voit au faift contenu au fécond chap.de fain&Iean. Intcrrogué derechef,s*il
nela faut donc prier pour intercéder pour nous. R. Iefus Chrifta acheté aflez chère-
ment ceft office , U partant à luy doit demeurer, fans Je transférer à la Vicrge,n'aux au-
tres Sain&s. Intcrrogué par monsieur de Pont-pierre en Ja prclence du Prince de la
RQche-Surion, Ne croyez-vous pas qu'elle ait cfteconceuë fans péché originel? R. Elle j^™1^
a^cftéconceuèen péché originel comme les autres, ce qu'on prouue par plutieurs pal- Ceue en pé-
ages de l'Epiftre aux Romains , 3 .&c 5. chap. On m'amena le 4. chap. des Cantiques de & ongiad
Salomon. le refpondy que Salomon n'entendit iamais parler en ce liure^ de Ja Vierge:
mais qu'il s expoie communément de Iefus Chrift&defonEglifc. Réplique, Son Fils
la pouuoitpreferuer de péché originel: ce qu'il a fait: autrement il fauroit deshonno-
rce. R. Il pourrpit bien auiTi mettre Iudas en Paradis . ce qu'il ne fait pas. le dy dauan-
tage à celuy qui debatoit cotre moy, pourtant qu'il cuidoit tout obtenir à force de nier,
Vous auez pour fondemét de voftre dire , vne raifon fondée au cerueau humain^ moy
iay la parolle de Dieu: aduifez lequel eft le plus fage , Dieu ou vous.& plus certain , fou
iugement ou le voftre. Et ce fut dit aucc quelque vehemence:tellemcnt qu'il demeura
comme eftonné &c confus. I'ay aufli dir, que cefte eft la caufe pourquoy Iefus Chrift a
efté conceu par l'opération du S. Efprit , fans femence d'homme , aflauoir afin qu'il fuit
fans péché, mais fi la Viergeauoit efté conceué" fans pechc,de là s'enfuyuroit que Chrift
feroit venu en vain, en fon endroit, d'autant qu'elle auroit efté idoine pour faire choie
agréable à Dieu,& n'auroit eu befoin d autre fatisfaction pour elle.Donc derechef s'en-
fuyuroit que Iefus Chrift ne feroit point vniuerfellement Rédempteur , quat au regard
mcfmedcscfleus. Ccquicftmanifeftcment contre l'Efcriturc, comme pouuons voir
par toute l'Epiftre aux Romains. I'ay dit aulfi,oueie feroyc plus d'eftime du propos d'va
enfant ayant la parolie de Dieu , que du refte de tout le mode ne l'ayant pas.Et ce pour-
unt qu'à tout propos on m'alleguoit la multitude, & les Pcrcs: à quoy ie dy que Jes Pè-
res font à imiter en ce qu'ils ont fuy ui le confeil de Dieu , Ôc non autrement: corne pou-
uons entendre par ce paflàge d'Ezechiel , Ne cheminez point aux coramandemens de Ezcc-
vos pères, & ne gardez point leurs iugemens, & ne foyez polluez en leurs idoles.Ie fuis
le Seigneur voftre Dieu, cheminez en mes commandemens,gardez mes iugemens , &C
les faites. Par occafion l'adiouftay qu'on abufoit grandement U de long temps en la
commune manière de parler de ce terme, Saind, en l'appropriant aux Saincts trefpaf- Lemotde
fez , comme ainii foit que l'Efcriturc le prenne communément pour tous fîdcles,côme iiia&°
pouuons voir partoutel'Efcriture,& principalerocntaux Epiftrcsdefain&Paul,&aux
A&cs 9. chap. Ce propos fembla eft range , a raifon dequoy me fut dit que nous ne pou*
uons eftre dits Saincts ne fan&ifiez durant cefte vie. R. Que fi:comme il appert au com
mencement de la première Epiftre aux Corinthiens,où il eft dit yPaul appelé ^ipofire de Ie-
fus Chriftyparla volonté de Dieu, &Softhenes fiere, à t egltfè de Dieu (jut eft en Corinthejtuxjân&îfiex,
par Iefus chrift , appelexiSamtfs , auec tous ceux qui inuotjuent le nom de nosjre Seigneur Iefus C/w#,
&c. Réplique, Ce feroit prefomptipn de penfer eftre iuftes cependant que nous fem-
mes en cefte vie, & nuls de nous ne peuuent eftre dits tels , tandis qu'ils y font. R. Que
iî : comme il apparoit de Zacharie&: Elizabeth, defquels il eft dit en S.Luc, Et cftoyent h
les deux iuftes deuant Dieu, cheminans irreprehenfiblement en tous les commande-
mens& iuftifications du Seigneur. le leur dy dauantage,que les fidèles font iuftes & pé-
cheurs. Iuftes en Iefus Chrift,entant que la iuftice d'iceluy leur eft accom modee,& que
leurs fautes pour l'amour de luy ne îeurfont imputées, comme ditfain£t Paul, Il n'y a Roœ4 8*
nulle condamnation à ceux qui font en Iefus Chrift, qui ne cheminent point félon Ja
chair, mais félon l'efpric. Pécheurs en eux-mcfmes : comme dit faine* Iean , Si nous di- *^**a h
fons que nous n'auons point de péché, nous -nous deccuons nous- mefmes >&: ve-
ritén'eft point en nous. Ce que monftre bien faine* Paul par toute l'Epiftre aux Ro„
/mains. Réplique, Il ne nous appartient point de nous mettre d u. rang de fainct Paul
&des autres Saincts. R. Nous deuons & (orames tenus d'eftre de telle dofttinc,
foy 8c confcflipn qu'eux, & de mefmeaiTcurance de noftre falut.
Zziii.
Lit*r<u V. Jean Raba.
D. Ne croyez- vous pasqirilyait vn Purgatoire,où vont lésâmes des trefpa/Ic2:mefme-
ment de ceux qui meurent en grâce? R. le ne croy autre Purgatoire que le fang de Ietus
Chrift. On m'a fort inculqué U mis en auant ce pafTage, Il fera fàuué commepar te feu.
A quoy ie refpôdy,quc Feu en ccft endroit eft pris pour examen. Item que S. Paul ne fait
point là mention de Purgatoire, pour lequel ce terme F«<,fetrouuaft prins en lEfcritu-
re,felonleurinrelligence:cequ'il faudroir monftrer, premier que leur expofîtion fuft
receuable. Vn gras Cordelier,gardien du conuent de cette ville,en raflemblec des pre-
ftres&dodeurs m 'allégua auec grand audace, & comme penfant bien bcfongner,ce
iMiccLn. palfege, Safla & fàlubm eflcognatio orarepro dcfun£Hs>vtàpeaatu foluatur. Auquel ie refpondy
autant hardimen t,difant, le m 'esbahy corn me vous prenez confirmation de voftre dire
en vn liure Apocryphe. Il me répliqua difant,Il eft approuué de l'Eglife. R. Voire bien
quant à ce qu'il conuient auec les liures Canoniques:mais non pas quât aux autres cho-
fes qui dilcordent , comme eft ce pafTage. Dauantage,que la fin de ce liure monftre bic
que le S.Efprit n'en eft pas l'autheur. car iceluy Efprit ne parle point lâgagc defedueux,
ains eftablit & met en auant dodrine certaine & véritable , qui ne fe peut retrader , ôc
dont il ne fort abfurdité aucune. Interrogue' que ie fentoye de l'Eglife, m'inculquoyét
fortleglife Romaine, me cuidans faire accroire qu'elle fuft l'Eglife catholique. R. le
croyqu'ilyavneEglifevniuerfclle,quieft lacôgregationdetousles fidèles efpars par
tout le monde,cn quelque lieu ou place qu'ils fbyentconioints &vnis:non point par
liens corporels, mais parfoy& efprit laquelle eft conduite & fe gouuerne par le S.
fprit& la feule parollc du Seigneur. Quant à l'eglifeRomaine,ie croy que c'eft vne egli-
fe comme vne autre d'icy. D. Ne croyez-vous pas que le Pape en fbit le chef? R. le ne
croy autre chefd 'icellc quelefus Chrift:d autant que l'Efcrituren'en propofe point d'_
Du Pape. autrc< d Qucfentez-vous donc du Pape? Ne croyez-vous point qu'il foitle chef de l'-
Eglife? R. Non : mais ie croy qu'il eft vn Antechrift. le cuidaydifïimuler de l'appeler
de ce nom.-mais ie me fènty lors tellement pouffé , que fi ie n'euffe vfe de ce terme, îene
fuffe demeuré en repos de ma confcicnce .car il n'y a au monde perfonnage qui puifle
mieux eftre déclaré telparTEfcriturequeluy. Ils m'ont auffi cuidé faire accroire qu'il
eftoit fuccefTcur de S. Pierre: mais ie n ay pas beaucoup trauaillé à maintenir le contrai-
re: tellement qu'ils n'ont rien attaint fur moy ;& leurs allégations ne valent qu'on en
facelerecit.. Interrogue par monfieur du Bois, Ne croyez- vous pasqu'ily a vneconfef-
fion auriculaire, félon laquelle il faut confefTer aux preftres les péchez pour en auoir F-
abfohition? R. le ne croy point la confeflîon auriculaire, d'autant que l'Efcriture n'en
fait aucune mention, &: que c'eft chofe impofTible de nombrer fes péchez: voire mefme
pfcou.y. aux plus iuftes de tout le monde, comme il appert par les parolles de Dauid,Qui eft ce-
luy qui entend fes fautes ? &c. Mais ie fay bien qu'il y a vne autre confeflîon , de laquel-
le parle S. Iean, félon laquelle il nous faut confefTer à Dieu ( auquel feul appartient de
remettre les péchez journellement &à toute heure, d'autant que nous offenfons à
Pfeau.yi. toute heure,& ne fommesiamais fans péché, corn me dit Dauid, Mon péché eft touf-
iours contre moy. Ils m'ont amené ce paffage , Ceux defquels vous remettrez les pé-
chez , ils leur feront remis: & ceux defquels vous les retiendrez , ils leur feront retenus.
Tay rcfpondu,qu'il eft parlé là de la remiflîon qui fe fait par le miniftere & predicatiô de
la parolle de Dieu , non pas par la confeflîon auriculaire faite aux preftres Papiftiques:
ce qui apparoift aflez parce que lefus Chrift dir ces parolles à fes A poftres après qu'il fut
reflufeité , lors qu'il leur bailla commandement d'aller prefeher lEuangile. Et parce il
leur vouloir dite, que ceux qui croiroyent à l'Euangile prefehé par cux,ils les pourroyet
aflèurer de la remiffion de leurs péchez. Au contraire,à ceux qui ne croiroyent poïnt,ils
pourroyent leur déclarer que leurs péchez leur feroyent retenus. Réplique parle Do-
cteur de monfieur d'Angiers, en Ta/Tembleedes dodeurs, preftres & moines , en ferme
d'vn argument fcolaftique : aftauoir , Qu'à ceux qui remettent les péchez , il eft befein
qu'ils les cognohTent:cc que faire ne fe peutfans qu'ils leur foyent confefTez. Parquoy'la
confeffion auriculaire eft nece/Taire. leluyniay fon argument, difant qu'il n'eftoit là
fait mention d'aucune confeffion , &: pourtant la cofeffion auriculaire ne s'en pouuoit
tircr,ne s'y fonder: yeu que les Apoftres n'en ont nullement vfé , & n'en eft faite aucune
expre/Te metion en toute l'Efcriture.Sur quoy il ne me répliqua rie. le dy dauâtage, que
iq vouloye mettre diffcrccc entre les Apoftres & vrais miniftres de la parolle deDicu,fic
leurs preftres Papiftiques , & q les parolles de Ipfus Chrift ^premét s'adreflbyet aux  -
poftres
JeanRatcc , 4-tà
poftres SZ autres vrais mùuftres qui prcfcheroycnt fa parolîe fuyuant Ton Vouloir &: cÔ-
mandement. Se non pas aux preftres Papiftiques,qui n'en font rié;ce qu'on peut faciJe-
njét môftrer par l'Efcriture, Se pa,r lcxperiéce qui en cft. A raifon dequoy ne font à met-
tre au rég d'iceux A poft rcs &c vrais minières, côme ainfi Toit qu'en rien ils ne les imiter.
Aucuns amenèrent ce pafTage de S. laques, CôfeiTezrvn à l'autre vos péchez. A quoy ^
fay refpondu qu'il parle là delà reconciliation'que deuons les vns aux autres, quand a~
uons offcnfel'vnrautre:en quoy les preftres &iês femmes font égaux, & dé mefme de-
uoir& puùTançe. D. Ne croyez_vous pas que la Méfie foit neceflàire,bonne & falutaù ^ MdTc.
re? çt. le croy que la MelTe eft vne chofe inuentee des hommcs:& cft mefchante,& v~
ne idolâtrie manifefte,d autant qu'en icelle on y adore vn morceau de pain au lieu de
Iefus Chrift:& blafphematoirc,d'autât qu'on luy attribue remilîîô des péchez pour les
vifs Se pour les mortsrce qui derogue manifeftemét au fang deIefusChrift:auql leul ce-
la appartiët,&: duql le fcul fang eft le prix entier,total Se plus q fuffifant dcnoftrc redé-
ption:&: cil vn autre crucifiement d'iceluy Iefus Chrift , d'autant qu'on la tient pour fâ-
crifice,côbien que Iefus Chrift ait mis fin à tous les facri6ces de la Loy par fa mort : Se a
efte le dernier des facrifices,fin& confommation de tous iceux,du rât perpetuelleméc;
par lequel il a pleinement fatuTait pour nous à Dieu fon Père. Interrogué par le fieur
de Pierreportjhommedegrandfauoircnrcputation^ais ignorant du tout delaverL
té\enprefenccdu prince delaRoche-Surion, & grand nombre de preftrcs Se gentil-
hommes au chaftçau,Ne croyez- vous pas , dit-il , que Iefus Chrift foit corporellement
entre les mains du Preftre,quad il leue l'hoftie? ^ . Non; mai s ie croy qu'il cft au ciel,af-
fis à la dextre du Pcre,d'où il viendra iuger les vifs Se les morts>comme il eft dit au Sym- Aa« iaj
bole,& au liure des A&cs des Apoftrcs.
I l me cuida bailler comme fortant de proposée ne fay quelle expofition myftiquc
de ces vifs&morts?laquelleie reicttay comme profane &abufiuesdifant que ces ter-
mes Vifs &* Morts.en ceft endroit font prins en leur propre fignification,&: que lors que
Iefus Chrift viendra tenir fon iugexnent,aucuns feront trouuez furuiuans , leiquclsa-
uec vn changement de cefte corruption à vn eftat immortel, feront rauis audeuant de
Iefus Chrift en l'aince qui leurfera réputé pour mort : amenant le paflâgc du 4. de la
première aux Theflàloniciens,luy faifantobferuerde près les mots,pourtant qu'il cui-
d oie paffer par de/Tus Se le confondre^ ellcment qu'il fe trouua luy-mefme confus,fe iet
tant fur ce paflàge,Nous reflufeiterons tous:mais nous ne ferons pas tous immuez. A , Cot^
quoy iereippndy,que.ce pa/Tage en l'ancienne verfion cftoit corrompu, Se que le Grec '
(auquel il faut au 01 r recours) porte au t rement: aflauoir que nous ne dor mirés pas tous:
mais nous ferons tous changez. Ils ont voulu inférer que i'eftoye Sacramentaire , 6c
que ie vouloycnier Je Sacrement. A quoy i' ay refpondu que non:& que ic croy le Sacre-
ment de la iain&e Cene que Iefus Chrift a inftituc , Se qu'en la prenant dignement fuy-
uant fon inftitution,nousy reeeuonslecorps& le fang d'iceluy fpirituellement , donc
nos ames font re peu es en leur manie re,c 6 me eft le corps du pain Se du vin : de laquelle
Cene ie nie qu'il foit fait mention pertinente en la Meûe , d'autant qUe l'inftitution de
Iefus Chrift n'y eft en rien obferuec,mais du tout corrompue. Monfieur du Bois , iu-
ge criminel, me demanda comme elle fedeuoit donc faire. le dy deuant toute l'aHênt-
blee, qu'en la manière qui eft exprimée au.z6.de faine* Matthieu , & 1 1 . de la première
aux Corinthiens. Il me demanda derechef, que leur diflela maniere:mais penlant que
ce qu'il enfaifoit n cftoit que par curiofi té,&: auffi que les aflïftans ne pourroyet prédre
le loifir de m'efcoutcr,ie n'eu courage de me mettre à leur en parler. Toutefois mon-
fieur du Bois me prefia tellement,que ie me prins à leur reciter le plus fommairemenc
qu'il m'eftoitpoiîible la manière comme on la faifoit à Laufanne. Et ainfi en peu de
temps ie leur en exprimay vne grade partie:& aiTez pour leur faire apperceuoir.les gras
abus qu'ils y corn met tent: ce qu'ils ouyrent fans me contredire en rien: à caufe,commé
ie penfe,qu a chacun mot ie mettoye en auant l'inftitution de Iefus Chrift , la fuyuant
de près félon le texte. Ils m'ont fort inculqué ces parolles,Cecy eft mon corps : s'ef-
forçans de prouuer par icelles >&c de me faire accroire que Ichis Chriftfuft realemét cô-
tenu fous les cfpeces du,pain&4 du vin. A quoy i ay toufiours rcfpondu,que IefusChrift
par ces parollcs ne veut dire autre chofe , finp que le pain Se le vin en laCcnc fignifient
fon corps & fon {ag,& que tel efFetft qu'aie pain Se le vin enuersle corps , aufli aie corps
Zz. iiii.
Liurc-> V. Jean Rahec.
U fang de Chrift enuers l'amc.Mais ainfi que le corps eft matériel,^ prend & digère fa
viande auec dents corporelles:fcmblablement l'ame,d*autant qu'elle eft elprit,auflî ap
prehende la viande fpirituellemcnt,& auec dents fpirituelles. I'ay dit dauantage que
Iefus Chrift en ceft endroit vfe d'vne manière de parler fîguratiuc,qui eft fort fréquen-
te en l'Efcriture: félon laquelle la Circtmàjîon en Gcnefe eft appelée l'^Û4ance de Dieu en
la chair par accord eternd:fainct Paul appelé la pierre du dcfert,Chrift:Ican Baptifte le
icamj.z ditauoirvcul'Elpritde Dieu, combien qu'iln'euft veu que la colombe, quieneftoic
le iîgne.Et principalement ic me fuis fort aidé de ce paflage de fainft Paul , & les ay fore
-1.C0r.15 preifez par ice!uy,pourautant qu'il eft dit au mefme propos, Ceftc coupe eft la nouuel-
le alliance en mon (ang-difant qu'à telle raifon qu'ils affermoyentleiusChrift cftrccor-
porellemen t fous les eipeces du pain,en vertu de ces parolles , Cecy eft mon corps : pa-
reillement ie voulo'ye conclure que la coupe eftoit realement la nouuelle alliance , en
vertu de ces parolles,Cefte coupe eft la nouuelle alliance en mon fang. Ils m'ont cuidé
dire qu'en ceft endroit le vaiiTcau eft pris pour la chofe contenues iceluy : à quoy i'ay
dit,Ie ne demandoye point autre refpon(e:car prendre la chofe contenante pour ce qui
eft contenu en icelle,eft vne autre manière de parler figuratiue,non moins eftrange en
l'Efcriture,que la fufdite:a/Tauoir,felon laquelle on préd la chofe lignifiée pour le ligne:
&c que de leur rcfponfe mefme ie vouloyc inférer &: cofirmer mon propos: aftauoir que
Iefus Chrift n'eft qu'en tigne au pain & au vin.En la prefence du mfdit Prince , môûcuc
de Brerond m'a demandé quel inconuenient ceferoit,qu'ily fuft corporel lem en t. A
quoyi'ayrefpondu,qnedelàs'enfuyuroit qu'il pourrait eftre en vn mefme temps en
lieux infinisjvoiremefmeremplir toute la terre. Dauantage qu'on ne trouue point
qu apresfarefurreâionilaitcftéenplu(ieurslieuxàvnefois:auàî qu'ilaprouué fa re-
furre&ion,& qu'il n'eftoit point vn fantofmc,n*vn efprir,par ce qu'il auoit chair & os ice
qu'en n'apperçoit en ces efpeces de pain & de vin , tous lesquelles ils le difent eftre en-
clos. Outre ce ie leur ay m on ft ré, en obic ruant chacun paftâge du texte, qu'ils la cor-
rompent totalement en chacun poinéfc , n'imitant en rien l'inftitutionde Iefus Chrift:
voire moins que ne feroy ent linges. Principalement &c trop apertemét ils faillent en ce
qu'ils la baillent aux gens laics(comme ilslesappclent)fousfcfpccede pain feulemét,
leur déniant l'autre partie,qui eft de la bailler fous Tefpecc devin.Que s'il eft oit loitible
la bailler fous vncefpece feulemét, que ce deuroit pluftoft eftre fous l'clpecc du vin.d-
autant que Iefus Chrift en a baillé plus exprès commandemét,difant, Beuuez-en tous:
ce qu'il n'a pas fait en telle manière en baillant lcpain:mais a dit feulement, Prenez,
mangez/ans adioufter Tom , combien qu'il s'entend biemeomme par ce voulant pour-
uoir à l'erreur qui deuoit aduenir,& eft encores â prefent touchant ce poin£b&quc par
cefigncduieulpain,reicindansle vin , ilsproteftent&dcmonftrent,autant qu'en eux
eft,que la' vie qui nous elt acquife en IcfusChrift par fa mort, n'eft point entière , mais à
demy &c imparfaite:ainli que le repas du corps nepeut eftre accomply à manger feule-
ment,ou à boire feulcmen t,mais en manger & boire enfcmble.
Mon sietk du Bois me demanda le iour de l'AfTomption, fi ie vouloyc aller à la
Meflteauquel ie dy que non. Il me demanda la raifon. Pourtant,dy-ic,qu'clle eft mef-
chante . Interrogué,fi du temps que ie difoye la MciTcelle ne me fembloit pas bône.
çt. Qu'ouy pour quelque temps,pendant lequel ie penfoye faire grand facnfice
à Dieu ,d autan t que i'eftoye abufé: mais depuis que ce bon Dieu m auoit amené à fa co
gnoifTance,ie l'auoye dite en grand trouble & amertume de mon cœur,hifques à ce qu'
il m'euft donné l'opportunité de me retirer en lieu où t'euile la fruition de la parolle &
defonpurferuicc.
Bapicfinc. D. Ne croyez- vous pas que le Baptefme eft bon & necelTaire? y,. Iecroyque
le Bapteftneeft bon & ncceiîairtfduquel doyuét eftre rciettez les exorcifmes,chrcfme,
fel,crachats,chandelles,&: autres telles choies qu'on y adioufte outre i'inftitution de
Iefus Chrift:& doit eftre adminiftré feulement en eau, comme pouuons entendre par
les eferrré des Euangeliftes &c Apoftres , & par l'v fage qu'ils en ont tenu.
D. Ne croyez- vous pas que les conftitutions,commc du Quarefme,vigilcs,quatre-
tempsSc autres fcmblables foyentbôncs»û£àobfcruer? Iecroy quclesconftitutiôs
fuperftitieufes,& aufquelles on attrib ue mente ou iuftificatiô, comme les fufdites,font
racfchantcs,& ne lont à gardend'aulat q pancciïes on dcfpouille Icius Chrift de ce qui
luy
îuyappârtiew^aisçcllcs qui foi»t ordonnées powrquclqucfîn politique » vtiles pour
la confirmation de la police & de la teligiomne font à contemner,maisa obferuer pour
lobeififance deue aux magiftrats &à coûte l'Eglifcfans toutefois en vfer fupcrftitieufe-
meRt»Et combien que i'enccndi/TeDien que telles conftitutîons ne (èpeuuent nedbi-
uentfairefansl'aflùl:ence&authoritédu Magiftrat toutefois pourtant qu'ils n'enten-
doyent parler{felon raoniugement)finon des ordonnances Papiftiqucs , faites de puif-
(gnee illégitime & vfurpec par ambition , à la deftructiori du fainà feruice de Dieu , i&
de la religion & liberté Chrétienne à nous acquife & donnée par Iefus Chrift: afin qu'-
ils n'inreraiTent que ie me voufifle attacherau Magiftrat>&: le côtemrier , îeleurdy qûe
icri'entendoyeparler des ordonnances faites pas les Magiftrats : lefqucls-^dy ie)ie croy
eftrcardonnez de Picu,&confequemment les loix faites par iccux,àdfquels il appar-
tient de faire otdonnances pour laconferuation delà police &c delareligiô:& leur faut
obéir comme à Dieu,cntant qu'ils en font Lieutenans s non feulementaux bons& at-
tremptz,mais aux mauuais & difficiles , en toutes chofes qui ne fonteontre Dieu & ùl
parolle. D. Pourquoy auez-vouslaifîe voftreeftatdc Religion? 94.. Pourtant qu'il n'-
cft point approuué, mais pîuftoft condamné par l'Efcriture , comme on peut recueiL
lirdekfecodeEpiftredeS.Pierre:&auffi qu'il confifte en ordonnâmes fuperftitieUfcs,
annuelles on attrribue mérites & iuftificatiô: ce qui derôgue manifçftemct au'fangde
Iefus Chrift. Monfieur de Pierrcport , en la prefençe du prince de la Roche-Surion/c
vanta de me monter pariure : Par ce,difoit-il,que ie m'eftoye apoftafié de mon eftar,
U auoye rompu mes vœuz.Ie refpondy,que pour cela ie n'eftoye point pariured^utac
quel» vœuz qui s'y font font faux & contre la parolle de Dieu : àraifon dequoy il n'eft
loifiblc delesraire»ncdelesgarderquandilsfontfaits:maispluftoft eft commande de
les rompre 8c setraâer,comme toutes autres promeuves :& ce d'autant aue Tobferuâtiô
n'eften noftrepuiiTance,commeiIapparoiftduvoeudechafteté , qui en foy enclôt le
mariageyfuyuant les.doctrines des diables,comme dit fain& Paiii'neioifible.comme a'p i-Tin:* j.
paroift au vœu de poureté , qui eft vn eftablifTcment de mendicité ani dk f ^ttee
condamnée par l'Efcriture. ^Teufle volontiers parlé dauantage. fur cepoin&rmais tJ
y auoit tel ordre que tous parloyent enfembie*cuidanstout obtenir par clameur : de-
quoy le Prince fembloit eftre defplaifant,&: commanda par plufieurs fois qu'on me laif u Prince
faftparler,en quoy ne fut obey:& me rerhonftrant qu'en tenat tels propos ie pourroye ^^octe-1
eftre caufe demamort,&rae mettre en grand dangenveu qu'on tenaille & tourmente Syrioa'
tant cruellement ceux qui lès tiennent. Auquel n'eu le loifir de rcfpondrc autre chofe,
finon que ie vouloyeperfîfter en cette doctrine. C s Prinre du commencement que
i'arriuay en fa prefcncç>&: que me voulu encliner deuant luy(c©rame i'auoye efte'aducr
ty par les fergens ) ilme dit qile ce n'eftoit àluy que déuoye faire tel honnenrjmais a v-
ne image qui eftoit en la chapelle. Iercfpondy que pluftoft àluy, d'autant que l'ima-
ge n'eftoit qu*vnepierre,&:œuurc demain d'homme. Le Prince le monftra fort mo-
deftecau contraire ,fon docteurfort impetueux& impudent en fes propos.
^ Voua, trefehers frères , en fomme mes refponfesaux erreurs & impletez qni
m'ont efté propoices,fous ombre de m'enquerir de ma foydefquclles combien quelles
foyent maigres,quant à aucuns poin&s,tant à raifon dé mon inhabilité & fnfufhfance,
qu'à caufe q ceux qui m'ont interrogué&propofé contre moy , n'eftoyet idoines de fe
méfier de tel afFaire,ains incapables de tous bôs propos(cxcepté Du-Bois le iuge crimi
ncl,qui en fait tellement fondeuoir que Dieu le cognoift) voire impatiens à lès ouir îy
ay ans procédé en tel ordre,que le plus fouucnt tous parloyent enfemble , dequoy mef-
me le luge fembloit eftre efmerueillé : neatmoinsie les vous ay bien voulu enuoyer, ne
f aifant diftin&ion des lieux,temps,ne perlbnn.es,pour euiter confufion Se plufieurs te*
pétitions fuperflucs:fans y rien changer , au moins quant à la fu bit an ce, fi non en vn ar-
ticlequieft touchant la Vierge auquel au lieud'auoirfimplementrcfpondu,que fi elle
auoit efté conceuè' fans pèche originel , de là s'enfuyuroit que Iefus Chrift feroit venu
en vain,d'autant qu'elle auroit efté idoine pour faire chofe agréable àDieu,& pourluy
fatiftaire:i'ay mis,Que fi elle auoit efté côccue (ans peché origind,de là s'efuyuroit que
Iefu s Chrift feroit venu en vain(au moins en fon endroit)d'au tant qu'elle auroit efté i- 2«Sa*
doinc pour faire chofe plaifante à Dieu,&: n auroit eu befoin d'autre fatifîàction pour cl touchant la
le:donc s'enfuyuroit derechef,que Iefus Chrift ne feroit point yniucrfcllcment redem- jSS^
pteur,auregardmefmedesefleus. Or ie vous enuoyc mes articles au plus près qu'il mucr
LmtJV* JeanRabec.
ma efté pofïible des refponfes que i'ay faites , afin d'auoir fur ce voftré ccnfure, Se eftre
aducrty qe ce en quoy ie puis auoir failly,pour amender les faute* félon que pourray.
13, A v rcfte,ie cognoy que ces liens nae font le plusgrand moyen polir pratiquer fenfi-
blement la fciencc de mon Dieu,queiamais m'aduint:& que pas iceux il ma defia'faic
plus fentir fa benignitç,que par tous les biens quciamais il me fit : tant par les admira-
bles deliurançes donc il a défia vfé enuers moy contre tou t cfpoir , que par les ineftima-
bles confolations qu'il m'a enuoyees Se enuoye iournellement : telles qu'elles doyucnt
bien fuffire pour me rendre tellement afTeuré de fon aide , qu'il n'enuoyera ne lafchera
fur moy chofç qui ine nuiieou bleiîc,& quine foit àmon aduantage:& que tout ce qu'-
il en fait n'eftquepourme purger de mes naturels & innumerables vices , efquels i'ay
çouïiours efté Se fuis encore merueilleufcment confit: pour apprendre à me fortificr,&:
ofter route fiace de moy Se du monde,& m 'adonner Se adjoindre du tout à luy,pour ob-
tenir portion auec fes enfan^en fon royaume celefte. D' Angiers ce z4.de Mars.
IeanRaie c,prifonnier pour le tefmoignage de la parolle du Seigneur Iefus,
en la ville d'Àngiers.
* p R j s ces Interrogatoires &Refponfes,rEuefquc dudit lieu ayant veu le tout,&fur
Ace çcmfuft€,.e ity.iour d'Octobre enfuyuant,iour du Synode de fon diocefe , fit ame-
ner Rabec deuaht luy-.où en la prefence de grande multitude de preftres,le déclara par
fentence excommunié-, hérétique ,fchifmacique Se apoftat: Se "comme tel le con-
damna à eftre dcgradé,& puis liuré entre les mains de la iuftice,qu'ils appelent Bras fc-
culicr.de laquelle fentence Rabec fe porta pourappclant,commc d'abus , à la cour du
Parlement de Paris. Au moyen dequoy futrenùoyé es prifons dudit Euefquc , où il de-
meura lansautrcment eftre procédé furfon-ditappel , iufques au dixième iourd'Auril
entuyuant. Pendant lequel temps fes amis s'efforcèrent le deliurer parle moyen des
Séigneursde &eroe,quiencfcriuirentau Roy de France: defquels ilauoir efté efeolier
iudiç Lauïafinc.Màis Dieu à déclaré qu'il ie vouloir feruir de luy en ccft endroit. Ain^
fi il demeura était es prifons, où il eut de merueillcux affauts de la moineiïc Se fuppofts
dé TA ntcchnft, cômé il demôftre par plufieu rs lettre s eferites à fes amis:cntrc lefqucl-
lçs nous ànons ici inféré celle qui s'enfuir cfcricc de fa propre main»
K E R E &,amy,cequc ne yousauons efçrit plus fouuent,n apas cftéfautc d'en a-
uoir bien le deiir: mais que toute opportunité çonuenable nous a défaillant à
caufe que n'en aurons eu l'ouucrcure ny adreifcjqu'à raifon de pluficurs lettres qu'auons
enuoyees à plufieurs,dont nouons teceu aucune refponfe : ce qui nous a aucunement
refroidis &c incimidez,craignans,au lieu de confoIation,dc faire ennuy : cflifans pluftoft
de fpuffrir en attçndant,quc prefenrer occafion de fafch^rie à perfonne. Or mainte-
nafli ayant trouué le moyen par l'aduèrunemcnt de qùelcun,noùs vous auonsbié vou-
lu e(crire derechef ce dequoy ne pouuez eftre ignorant : aifauoir qu'il a pieu à ce bon
Die^combien qu'à plus qu'indignes)nous ouurir la bouche pour ieconfe /Ter aperce
ment& hardiment fans diflimuktion,felon la fciencc qu'il nous a donnée ,Se en telle
maniereque n'en attendons que lamort,pourlc moindre tourment qui nous foit ap~
prcfté.Ce q le bon Dieu toutefois adirTeré iufqucs à prcfenç,outre& cotre tout noftre
cfpoir &:iugcment: parce aidant noftre infirmité, &: de plus en plus nous fortifiant Se.
augmentant en courage,pour refifter aux âduerfaircs:Iefquels de tant plus qu'allôs en
auant,nous voyons plus roibles& confus: de quelque braue ou haute apparence qu'ils
foyent a l'endroit de nous. Enquoyne fauons autre choie penferjinon que cegrand
Pieu prouuoyant à noftre infirmité,&: voulantfaiie reluircfa Maicfté , les confond par
Pwautr* ccux qui en apparence font moins que rien^au prix d'eux: empeichant la force qu'ils fe
1 ""cent promcttent,les efblouiftant Se eftonnanr, mefme les tourmentant de leur propre rage
v.e« moi fiirelonnie. Ce qui apparoir bien en ce qu'on les voit pouffez à faire choies plus que
"Jouirai defraifonnables,ficdu tout intolérables à toutes perfonnes de quelque nation ou condi
v t j ou tton qu'elles foyent:commc monftrc l'horrible outrage lequel ces iours paifez fls nous
ta-i d\ adre ont faicaffauoir Horry Se fa troupe,nousfpoiiant,d autant que ne les voulions ouir, ne
fèru plu" leurdefcrer en aucune manierc(commoils en eftoyent indignes)des liures qui nous a„
«r v n & de uoyenr efté iain&emcntpermis du Magiftrat félon fon droictdeuoinen ce faifans f offi-
Z 'ItvT' cedudiablc&fedeclaransfesdegitimescnfans : quinetafchentqua defFairc tôut or-
a>uoyé. dre conftitué de Dieu, à efteindre fa vérité Se empefeher qu'elle ne foie mife en auanr,
mefme
Jean Rabec. if h
mefmeqtronne l'appfenne pour s'en armer fie munir au bcfoirials l'ont, dy-ie,rrcsbicri
imité crw;eftcndroit,nous priuantdela le&ure delà fainctcparolle de Dieu , fie confe-
quemment de l'vfage d'icelierce qui ne peut cftre dénié à perfonnc,que contre l'exprès
commandement de Dieu.Et quoyfil fcmble que Dieu les poufïe à faire chofes, à railbn
desquelles tout le monde à bon droit fe deuçoit efmouuoir contre eux,ainiî qu'ils s'eile
uent contre Dieu,le debbutans,cntat qu'en eux eft,defon iîcge,pour l'occupcnfuppe-
ditansJcurs puhTances:dôtne lepeutenfuyure que tout defordre,comme l'expérience
Je monftre. Qui eft bien en eux vn euidenc tefmoignage du règne fie miniftere de l'An*
techrift: auquel ny aux fiens ne doit eftre portée ny exhibée aucune reuerence ny obeif
fance.mais route refiftenec par ceux quile peuuenrfie doiuenrt lors que l'opportunité
s'orTre,pour les repoufler fie humilierxe qu'ils méritent bien,8e qui feroit leur plus grâd
bien.Àuflî nous vous prions de nous eferire plus fouuent , félon que c eft bien le deuoir
de voftre of fice,fie nous donner les moyens de vous eferirerce que pourriez faire feure-
ment(commejlnousfemblc)par noftre fœur qui nous miniihe iournellement de tel
foinfie auec telle charge de fa part,qu'il feroit bien raifon d'y auoir quelque efgard,afin
que de vous puiilîonsauoir quelque confolation : car vouspouuez penferquelbefoiii
nous en auôs:vous priât ne vous ennuyer dauoir mémoire de nous,principalement en
vosoraifons,Se de nous aflîfter félon le deuoir de dile&ion Chreftiennc j en ce que co-
grioiftrezexpedientà la gloire de Dieu,à l'édification de fonEglife j & au noftre fie vo-
ftre aduan tage en iceluy .
De p v i s enverra d'vne commiflion obtenue dupriuc cônfeildu Roy* il'nV
ftancefie pourfuirte de maiftre Iean Breron , chanoincau dit Angicrs,fic de maiftre
Guy LainierditrErTretiere^duocatauditlieuiadrc/Tantà maiftre Guillaume le Rat>
Lieutenant gênerai d' Angiers,fut fait com mandement à l'euefque dudit lieu* d'execù
ter fa fentencefiè degradation,nOnobftant l'appel interietté par ledit Rabéc. Au moyé
dequoy,felon ladite commiflîon,leio.d'Aunl, m. D.t v i,qui eftoitle Vcrjdredy fuyuac
la fefte de Pafquesrs'eftant toute cefte trou pe aflemblec de grand matin au palais Epit
copahfauoir eft ledit Euefque,le fufdit lieutenant le Rat, M*Chriftophle£)epincé iugë
crimincl,M.RaoulSurguiniM.MichelleMaiîbn,aduocat&procureurduRoy, auec-
ques leurs robbes d'cfcarlate,on cnuoya quérir ledit Rabec par la garde de la geole,luy
faifant accroire qu'ils le vouloyertt mènera Paris,fuyuant fondit appeLCôme on le me*
noit,ayât apperecu tant d'officiers tenas leurs verges fie baftons en la main,s'ar reftâ qL
que peu: fie efleuanc les yeux au ciel, fit vnc exclamation au Seigneur, fie demanda au
geôlier fie fergens qu'on luy vouloir. Auquel fut refpondu par vn de la c6pagnie,que c'e
ftoir pour parler à l'Euefque.Et rut conduit par eux à la fallette dudit palais,cn laquelle
eftoyét les defïufdits alTémblezauec leurs adhérents .L'cuefq dit à Rabecqu'il s'appro-
chaftjluy commandant de mettre les genoux en terre.ee qu'il rcfufa défaire , deman-
dant congé de parlcr:qui luy fut ottroyé.Et lors dit,Mcfïïeurs , vous ne pouuez ignoret
comment ic fuis appelant à la cour dù Parlement , delà fentenec donnée contre moy<
fie mon appel deuémétreleué:parquoy iè vous veux aduertir, qu'à eux fie nonàautre
appartient la cognoifTancc de ma caufe;
A •elaDcpincé refpondit,Iecroy,Rabec,que vous n'ignorez qu'auRoy n'appartien-
ne la cognonfance,Rabec le nia. Sur ce le Lieutenant le Rat dit, Quicft-ce qui en fait
douteîDerechefl'Eucfque commanda à Rabec de le mettre bas: Puis vous orrez,dit-iJi
ce que le Roy mande. Rabec rît pareille refponfe que defïus , le rie fay,Meflîeurs,quc
vous me voulez faire.Le Rat dit, Mon amy,obeiflez a ce qu'on vous commande. Et De-
pincé dit que s'il ne le vouloir faire de beau,qu'on le forceroir à ce faire. Rabec refpoiv
dit,Si on me fait outrage,au nom de Dieu foitrmais regardez bien à ce que vous auez à
faire. Sv r ces propos rEuefqueauecvndefdainhaufTant les bras dit, Vous voyez*
Meflieur$,qu'il ne veut faire ce qu'on luy dit . toutefois on luy dira aùfîi bien eftant dé-
boutée s'il eftoit à gcnoux.Et fit commandement au Greffier de faire lecture defes
lettres dccommiffiôn.Apres cefaïrjledit Euefque parla à Rabcc,difant, Vous fauezbié
que i'ay prononcé fentenec de dégradation contre vous , au mois d'Octobre dernier
paiTé:de laquelle auez appelé comme d'abus :3e vous ayant fait anticiper n'y auez don-
né ordre.Pendant ce temps le Roy eftant aduertyde voftre fait par Meffieurs dcBer-f
ne, defquels vous eftiez déclaré eftre efcoiier ; m'a mandé que i'eulTe à luy cnuoycr
Liurcj V. $ean Kabec.
voftreprocésîCeqriei'ayfait»mais après l'auoir yeu, yous pouuez maintenait emen-r
drc ce qu'il mem aride de faite. Sur ce Rabec luy dit, que le procès en uoyc au Roy
eftoit par luy -argué dcfauxxommenonfigné d'aucun Greffier. L'Euefquedit,Suyuant
ce qui m'eit commandé du Roy^epaiTeray outre>nonobftant voftie appel. Et lui ce ils
fç départi rcnt,laiflajis ledit Rabec encre les majns du Concierge &c officiers dudit Euef
que JLors Rabec leuanc les yeux en haut,dit,0 Seigneur,que iè me repute heureux,d'e-
ftte tel 'moin de ta verité.Et comme altercation fc lcua entre les Appariteurs &:iergens
Royaux pourja garde d'iceluy,rut dit par ledit Lieutenant, qu'il n'appartenoicaux fer?
gerts.y mettre la main,dautant que l'eglife en eftoit encore faifie.Sur ce proposM.Guy
Lafnier refpo.ndit,la garde des Appariceurs n'eftre fuffifante pourlaconduitejd'iccluy.
Surcesdifputies Rabcc demanda vn peu de vimcequiluy futattroyé. Ecceluy qui luy
prcfentaluy dir,Mon amy,prenez bon courage:carle Seigneur Dieu eftauec vous. Au-
Ladcgrada- quel Rabec confolé de cela refpondit,Mon amy,iele et oy ainfi. ^ Apres celaenuiron
ïubec *es heures du matin audit iour,il fut mené parlefditsfcrgés& appariteurs deuanc
a le temple fain&Maurice,où eftoit drelfévn grand efchaffaut,fur lequel ledit Euefque,
mitre, croiîej8i chappé,aucc pluûeurs officiers&;preftres,attendoit ledit Rabec. Le-
quel eftant ruonté,on luy prelenra vne lôgue robbe de preftre pour fe veftir : ce-qu'il ne
voulut faircjufquesà ce queies (ergens& archers du Preuoft làprcfens le contreigni-
rent par commandement à eux fait.Puisonluyprefcnta vn linge appelé Amift , pour
s'enuelopper la tefteicc qu'il refufa bien fort,de forte qu'vn nomme maiftre Iean Chc*
uaiiçr, garde, du rcuefticre d udic iâin& Maurice , par grande îm ie luy en couun t la te*
&çi&t luy fe«a U gorge bien étroitement des cordons dudit ami&. Apres cela on luy
veftjt à gramj' force vue chemife qg'ij&appclent Aube,&confcquemment vne chappe,
& luy voulurent faire touche* vn calice : ce qu il refula du tout . Dont ledit Lieute*.
nant le Rat luy dit,Maiftre Iean,n'auez- vous pas cnuie d'obeirau Roy & au Magiftrat?
Auquel il refpondit qu ouy.Çr donc,pourquoy te(iftéz-vous<dit le Rat)à ce qu'on vous
cniointîatten,dti que c'eft le vouloir du Roy qu'il foit ainfi fait ? ce qui cfmeutquelque
peu ledit Rafcecrtoutefois fà contenance & refiftenec , donnoit aflez à cognoiftre qu'il
auoit tout cq badinage en horreur U deteftatiott. Là dcfluSjVB nfoftrc maiftre do&cur
do Sorbone Jtipendiédudrt Euefque,eftant fur ledit efehaifauc, commença à prefeher
le peûpleîfaifant grand préambule fur l'honneur de Dieu,&noftremcrcfain£tceglife:
djfant,qu ainfi que ce poure mal- heureux qui 1 àeftoit auoitjabandonné Dicu,& négli-
gé les commandement delà merc tain&c eglife , qu'ainu pareillement Dieu l'auoit a-
bandonné:fajfanc entendre à haute voix qu'il eftoit heretique,fchifmatiquc , mal fcn_
tant de la foy.Rabec le rcpnht tout haut,difant qu'iln'eftoit pas vray. Neantmoins ce
do&eur ne laiifoit de pafter outre. Et comme ildifoit qu'il auoit dclauîé Dieu & Icfus
Chrift:Rabec le dementjt,difant qu'il eftoit meilleur Chreftien que luy. Ce doétcur
pourfuyuanr, l'argua qu'il auoit laùTé le fainct eftat de religion,comme apoftat •• & Ra-
bec refpondit tout haucqu'iî auoit laiifé voirçmét ledit eftat pour iufte tefainére caufe,
d'autan t qu'il eftoit mefehant & abominable deult Dicu:& qu'il n eftoit venu que d a-
bus.Surquoylesfieursdclalufticelemcnaçansqu'onlebaillonheroit s'il ne ietaifoit:
rçfpondit qu'il ne fe p ou u oie taire , oyant femer tels propos de luy au peuplcme vou-
lant que cela demeurait, en la mémoire fans y contredire. Sur quoy on fit cefler ce Do-
&eur,qui eftoit venu comme au bout de fon rooic,fiC ne Tau oit plus que dire. Aprea
toutes ces cérémonies accouftumees à leur façon de faire , Rabec fut expofé en derù
fion,en luy mettant fur fa tefte vn bbnnetverd. Puis i'Euefqucle liura au bras feculier:
difant par grande hypocrilieïTraitcz-lc doucement,en hochant la tefte. Apres fut me-
né par les officiers,fcrgens & archers d,e la ville & du Preuoft aux wifons du Roy. Où
pour acheuerleur entreprife& accomplir leur rage,futcnuiron deux heures.Delà on
cnuoya quérir Rabcc deuant maiftre Chriftophlc Dcpincé, lieutenant criminel dudit
Angiers,«nfemble leLieutcnant gênerai, AduocatÔC Procureur duRoy,RaoulChallo-
pin iuge&: garde de la preuofté dudit Angiers,&: plufieurs autres en la chambre du cô-
îciidu palais. Eftant deuant eux,les falua aucç grande humilité.Incontincnt Depin-
cé loy fit entend re,que le Roy auoitcognu de (Onprot es: & qu'il auoit mande* | iEueC
qued'Angiers,de mettre en exécution la mefrue fentéce qu'iceJuy Euefqucaooir pro-
noncée contre luy:& laquelle ce matirvguoit efte exécutée. Lrty demanda s'il vouloit
perufter és refponfes qu'il auoit faites deuant leditEuefque & autres.
Rabec
Ra bbc fit refponfe, qu'il eftoit appelant de la fcntence contre luy donnée^ que la
commiifion qui cftoit prouenue fur icelle cftoit nulle: partant demadoit eftrc mené par-
deuant ceux delà cour du Parlcmenr,quicftoyentfèsiuges , ncvoulantprciudjcieràfon
appel. Surquoy ledit Lieutenant ctim inel lui rem onftra qu'il euft à penfèr à luy . Et perfi-
ftant fur fon appel,Depince' lieutenant luy dit qu'il n euft à s'arrefter à cela,&: qu'il falloit
refpondre. Rabec fans preiudicedcfbn appelation,dîtquilauoitiatisfaitparfesrtfpon«
lcs:& requit la lecture d'icelles pour fauoir fi on y au oit adioufté ou diminué: ce q fut fait.
Ce Lieutenant criminel répliqua fur certains articles du5acrcmét,côtenus en les inter-
rogatoires &: refponfes , pourtant que Rabec main tenoit que ce n'eftoit qu'abus &c idolâ-
trie. A quoy il dit qu'il eftoit vray: &: que Iefus Chr ift eftant aueclès difciplcs , après auoif
rendu grâces print du pain,lerompit,&: léur en dôna,dilànt,Prenez,mâgez, ceci eft mon
corps.Et quand il eut pris le hanap,dit auflî,Beuuez-en tou s:car c'eft-ci mon fang du nou*
ueau Teftament,lequel eft refpandu pour plufieurs en remifîïort des péchez: & que Iefus
difant ce propos eftoit làprefcnt , &: monftroit (on corps qui deuoit lbufFrir mort 6c pa£
fion pour la rédemption du genrehumain : &: que ces paroJJes dites & proférées, Ceci eft
mô corps qui eft liuré pour vous » ne font tranfiublKcier le pain au corps de Iefus Chrift.
I l y eut grand tumulte en ladite Chambre par les alfiftarts: difantla plus-part,Le meL
chant eft damné, le mefchanteft pofïedc du diable: tellement que ce Lieutenant gênerai
vint à s'efleuer, lui faifant certains argumésprins fur laind Grégoire &: autres Docteurs:
alléguant que les fain&s Conciles eftoyenc demeurez en cefte opinion,que le vrây corps
de Iefus Chrift eftoit en l'hoftiedelaMeife. A quoy refpondit ledit Rabec,qucc'eftoitin-
uention des Moines,lefquels auoyent fubuerti lefainc't Euangile,ayans attiré par tel moy-
en les biens de tout le monde par leur grandeauaricc.
Ce la dit,le Lieutenant l'admonnefta de fè repentir de tels blafphemes,&;defeco-
fefTer au preftre : à quoy refpondit Rabec , qu'il n'auoit point blaiphcmé , & qu'au refte il
s'eftoit confefle à Dieu:à qui feul on fe doit confcifer,d'autant qu'il eft feul qui abfout . Et
fur cela auecvne grande affection & zele remonftra audit Depincé , qu'il ne deuoit iuger
aucun finon par la reigle qui luy eft preferite parle fainctEuangile, qui eft la parolle de
Dieu. Or, dit-il, tout ce que i'ay reipondu eft prins &c contenu en icelle Parolle : parquoy
vous ne me deuez ni pouuez ainfi condamner:& ainfi que vous iugerez , femblablemenc
vous ferez iugez. A quoy répliqua ledit Dcpince,que c'cftoitlc Roy qui l'entendoit ainfi,
& le vouloit.
L e Roy,dit Rabec , n'entend finon ce qu'on lui fait entendre : toutefois il en porter
rala peine.Puisdeclaradeuanttous, qu'il n'auoit fiance qu'en Dicu,lcql uel'auoit iamais
abâdonné:&: le pria d'vnegrâde affection, ayant les yeux efkuczen haut &: les mains ioin
£tes,deluy dônerla vertu de pacience,& deïaffifterpar fort fain£tEfprit:à celle fin de per-
feuerer en la confeffion de fort faind Euâgile fans crainte des homes, qui n'ont puiffanec
que fur le corps.Et difant ce, plufieurs des aflîftans en ladite chabre du confeil pleuroyet.
E t alors ledit Depincé tira d'vn f àc la fentéce eieritc en papier , de laquelle il fît lectu-
re à tous les affiftans:où il fàilbit mention qu'ils y auoyent procédé en vertudelacommif-
fionenuoveeduRoy. Surquoy le Lieutenant gênerai dit, queeela ne féru oit de rien :ô£
qu'il n'en falloit faireaucunemention, attendu qu'cxprefïe defenfe luy en auoit efté faite
en vertu de cerftu'nes lettres du Roy,obrenues auparauant les fufdites lettres decommif-
fion,dcnc pafler outre, nonobftant l'appel dudit Rabec . Toutefois de certaine malice &:
haine,&: à la fuafion defès complices, ,fans prendre aucune opinion particulière des afû-
ftans, fut par ledit Depincé dit que Rabec (croit bruflé vif en l'air : Se que s'il nefe vouloit
côfefîerau preftre,la langue luy (croit couppee . Et fit ligner ladite ièntéce à plufieurs des
affiftans ,defquels la plufpart s'en allèrent fans lafigner, lefquels Depincé fitretourner.
L'vn des principaux de la compagnie luy dit , qu'il n'eftoit d'aduis qu'on paifaft outre : at-
tendu que la cour du Parlement auoit defiaeu cognoiffance de ladite cauie:& que puis
nagueres en pareil cas,elle auoit mefme décerné adiournemét perfonnel contre luy(par-
lant à Depincé)& que pafTanc outre il s'en pourroit repentir : mefme qu'il n'y auoit aucu-
ne com million, dc*paifer outrenonobftant ledit appel.
A cela Depincé furieufemét refpondit,qu'il pafîeroit outre nonobftât fon opinion. Et
fur ce propos,ainfi qu'ils eftoyent tous prefts à fe départir de ladite Chabre, fut amené vn
quidâ deuat eux,£ auoit defrobé vn arc d'arbalefte,mais eftas tellemé t acharnez en cefte
AA.
Liur o V* Jean Rabec.
Vn larron Caufe de Rabec , quenepenfans à autre chofe,enuoyercnt ledit larron abfous fans au-»
0UÏ* cune punition. Puis âpres partan s de là remirent la lignification &c exécution de la fenten
ce dônee côtre leditRabec,iufques àl'apres-difné dudit iour. ^"Enuiron vnc heureapres
midy , Depincé accompagné d'vn Conleillier &: d'vn Cordclier nommé Alanus , &: du
gardien des Cordeliers dudit Angiers , ayant fait venir Rabec en la chappelle deldi-
res prifons, luy lignifia que pour les refponfes par luy faites contre l'ordonnance del'egli-
lc & l'honneur de Dieu,il eftoit condamné par l'opinion duConfeil à cftre brullé tout vif
en l'air:fans luy parler que la langue luy deuft cftre couppee. Surquoy Rabec répliqua
quil perlîftoit en fon appel :&: Depincé dit quil n'eftoit plusqueftion de tels propos,
mais qu'il euft à penler à fa confeience : veu qu'il falloit qu'il paflaft outre , &: fe reconci-
liaft aueclcldits Alan us & gardien des Cordeliers. Lors Rabec dit, Dieufoit loué: &: me
facelagracedeperfeuereriufquesàlafin. Puis dit tout haut , O Dieu, que tu me fais de
grâces de m'appeler pour (buftenir ta parole Eùangclique : Car tu as dit, que quiconque
teconfeirerâdeuantleshommesjtuleconfcircias aulsi deuantton Pcre:tuas aulsidit,
q quiconque perfeuereraiufques àla fin fera fauué, Ledit lieutenant Depincé le laùTaau
milieu de ces moincs,lefquels luy firent pluiieurs queftions:&: entre autres,s'il ne croyoit
pointen l'eglife:&: il en icelle n'y auoit pas vn lieutenant &: vice-regent de Dieu , & fi elle
n'auoit pas puifTance d'excommunier. Rabec leur refpondit comme il auoit fait aupara-
uant, Que leur eglilè Romaine neftoit qu vn auge d'idolâtrie , &: comme vne Babylonc
Les moines dont le chef eftoit vn Antechrift. Alors ces moines d'vne grande clameur appelèrent Ra-
appc^Ra bec Atheifte, méritant fon feu. EtRabec d'vn e(prit pain ble refpondit, Quen voulant
UcAthcifie maintenir l'honneur de Dieu, de Iefus Chrift &: de fon Eglilè,& délirant mourir en lafoy
d'icellc, il n'eftoit point Atheifte :& mit en auant le paflage du premier de l'epiftrc aux
Galates,Si vn Angeduciel,&c. Or fur l'altercation du cueudeleurMelle,ilmaintenoit
quelelus Chrift eftoit à la dextre de Dieu,&quedelà vicdroit,&c.&: fur plufieurs autres
propos , ledit Gardien fe print à crier , Melsieurs , voicy vn démoniaque: ie vous prieen
l'honneur de Dieu,que la parolle luy foit deniee,&: cju on luy couppe la langue. Mais Ra-
bec,comme il eftoit doué d'vn el^rit humble &: pofe, demeuroit paiiiblcment , donnant
toutesfois (blutions pertinentes a tous leurs argumens fophiftiques,de manière que ce
Gardien proféra ces mots,Ce mefehant icy eft trop fauant : il a trop veu : il eft impolsible
de le pouuoir vaincrc,puis qu'il a efté à Gencue: &c eft pofledé de Satan.Rabec luy refpô-
dit, qu'il neftoit aucunement polfedé du diable:mais qu'il vouloir maintenir la vérité de
l'Euangilede Iefus Chtift,Scquclediablenes'arrefte pointa celle venté , d'autant qu'il
eftperedemenfonge. Sur ks deux heures le Lieutenant criminel aucc les aduocat&:
procureur duRoy ,lcs arc hers du preuoft,&: autres delà ville vindrét audit lieu delà geô-
le. Et parlèrent afprement audit Rabec: &: après luy auoir propoié quelques poinc~ts,oyas
fur iceux fa refponlè, commandèrent qu'on luy couppaft la langue, &: qu'on le menaft au
fupplice. Le Bourreau le prin t,& l'attacha à vne claye au cul d'vne charette en piteux fpe
ctacle. Et Rabec drellint les yeux au ciel, prioit Dieu:& ne celfa iu fqu a ce qu'il fut arriué
au lieu du fupplice : iettant forcefang par la bouche , & fort desfiguré à caufe dece fang.
Eftant deueftu,fut enuironné de paille deuat &: derriere:&: forcefouffre ietté fur là chair.
Efleué en l'air,il commença le Pleaume, Les gens entrez font en ton héritage: voire in tel
ligiblcment, combien qu'il euft la langue couppee, pour n'auoir voulu prononcer Iefus
Maria. Car lors qu'il fut importuné de ce faire anec grandes menaces, auoitrefpôdu que
s'il fentoit que là langue deuft proférer telles parolles, queluy-meimelacoupperoit auec
les dents. Et ainll eftât efleué, comme dit eft , demeura plus de demy quart d'heure fans
que le feu fuft allumé,continuant Ion Pieau m e : & inuoquan t à Ion aide Iefus Chrift,par
plufieurs fois. Et vne partie du peuple difoit par grande deriiion &bla(pheme, quand il
nommoit ainfi Iefus Chrift, O le mefehant ! il dit que Iefus crie : qu'il vienne donc lede-
liurer . Et autres difoyent qu'il enoit le creffon verd . Il y en a qui difent auoir veu , que le
gardien des Cordeliers eftant toufiours près delà paille, auec ledit Alanus ( lequel aidoic
mefme au bourreau à la mettre à l'cntourde Rabec) mefla vn charbô de feu parmy ladite
Fiuv mira paille,penfant tirer de ce vn mil acle,à (auoir que le feu commedclcerîdant du ciel , deuft
cl< [ue veu allumci incontinentla paille,Rabec eftant efleué en lair: toutesfois lemiracle n'aduint
îwo'ïun Pomr- ?cu cu:ant; mi§,Rabec encore pourfuiuit le P(èaume:&: Rit abbaiflfé, puis efleuc
par plufieurs fois,au gré &: fou h ait des moines, difâs au bourreau, Haufle&: baùTeiufques
à ce qu'il ait prié la vierge Marie : de forte que les entrailles eftâs ia à demi (orties, encores
parloit«il
parloit-ihn'ayat quafi plus figure d'homme,lors qu'il fut du tout deuaté furie bois.& aiofi
rendit lame à fon Créateur.
V o i l a ce qui a cite recueilli du procès &c de l'exécution de ce fainct perfonnage, que
ce bon Dieu &c Pere de miiericorde auoit m uni de côftance inuincible , al'hôneur de fon
fainct Nom, à l'édification des tiens , & confuiion grande de tous les ennemis , lez4. 'ou*
d'AuriljM.n.L vi.
PIERRE DE ROVSSEA V^ngeuin.
C E perfonnage compagnon du fufdit Martyr nous apprendra de marcher en toute afleuraneequand Dieu nous a
môltré la porte de falut.quc nous ne doutiô s point quâd cela fera que Dieu ne nous donne vne fermeté inutn
cible5combien que toutes chofes nous foyent contraires, car noftre falut eft en fa main: & a promis qu'il ferâ
noftre garant & mainteneur.
1 E R R E de Roufifeau, natif d'Aniou, ayant demeuré quelque temps es vil- md.lvl
les de Gen£ue& de Lau(ànne,profita fi bien eh laparollcdeDieu,q retour-
nât en (on pays,il monftra clairement qu'il auoit efté bon efeolicr. Eftant en
r^T )HàC$ ^a v^e d'Angiers,en la maifon d'vn fïen beau-frere,auquel il demandoit cer
f^U^^S^ tain droit de fuccefîion,fut accule &: trahi par luy, &c liuré aux ges delà iufti-
cedu lieu,parlefquels ilfutapprehendé&conftitué prifonnieraumoisd'Odobrc m.d.
l v. mais ce bien luyaduintpatlaprouidencedeDjeu,qu'ilfutmisenlaprifonmefme,
en laquelle eftoit le fuldit Rabec , par lequel il fut grandement confirmé & fortifié en ce-
lle cognoifîance en laquelle il auoit efté inftruir. Toft après l'on em prifonnement , fut
interrogué delà foy , tant par les vicaires de l'Euefque &c les officiers du Roy, que par plu-
lïeurs preftres 5c moines,deuant lefquels il fit pareille confefîion de foy q le fufdit Rabec,
voire auec telle perfeuerance 5c fermeté, qu'à peu de iours de là il fut condamné d'eftre
bruflé vif. Les caufes de fa condamnation feront dites auec le récit de fa mort , après q
nous aurons propofé lextraft de la confeflîon qu'il fit deuant les Iuges,laquelle il a lanfee
par eferit comme s'enfuit:
Premieremen t, interrogué du Sacrement de l'auteliierêfpondi que c'eftoir grâ-
dement deroguéàlaparolle de Dieu,delenommer Sacrement de l'autel,veu que fEfcri-
turc faincte l'appelé Sacrement de la Cene.
D. Ne croyez-vous pas quand le preftre en la MefTc a dit les parolles facramétales def-
fus l'hoftie,que cefoit le corps de Iefus Chrift? qi. La commemoration,ou pluftoft often-
fion qu'en fait le preftre,ne fert que pour luy: car ceux qui {ont autour de luy n'en ont que
laveuë,quin'efttuiurc ce que fit noftre Seigneur auec les Apoftres.&côme depuis iceux
l'ont obferué.Car il leur en bailla la veuë 5c legou ft quant &c quant, &: leur dit,Prenez-en
tous:afin que vous tous participiez à ma morr,laquellc vous annoncerez iufques à ce q ie
vienne.Et lur cela recitây les textes de l'Efcriture , où l'inftitution de la Cene eft deferite.
Interrogué du Baprefme,&: ce que i'en croy . ije . Que les quatre Euangeliftes nous ren-
dent certain tefmoignage comment S.Iean a prefc hé le Baptelme de repentacc en remif ***
lion des pechez,qu'en le receuant par foy &: croyant à TEuangile , cenous eft vnealliance
perpétuelle auec Iefus Chrift.Car quiconque eft baptifc,a veftu Chrift:& n'y a ne Iuif ne gû.w>
Grecneferfncfrâc: il n'y a ne ma/îe ncfcmellemous Ibmmes tous vn en Iefus Chrift,cn> ~8'-
leuelis en fa mort par le Baptefme. Aux Actes des Apoftres les chapitres font pleins corne
ils prefchoyet Iefus Chrift crucifié pour nos péchez , 5c refTufcité pour noftre iuftificariô:
5c qu'on euft à croire àl'Euagilc,&: cftre baptifé au nom du Pere,&: du Fils,&: du S.Efprit:
&: vfoyét d'eau feulemét à lexéple de S.Iean Baptifte , lequel preichoit qu'il en venoit vn,
duquel n'eftoic pas digne de dcllier la courroye de ion foulier,qui baptifoit au S.Efprir.
Interrogué s'j! ne falloir point prier la vierge Marie &: les Saincts de Paradis, kl. î'adref
fe ma prière à Dieu, ainfi que nous enfeigne fainct Ican en fon epiftre Catholique , Si au- tfa""
cun a péché, nous auos vn aduocar cnuers le Pcre, Iefus Chrift le iufte,lequcl eft l'appoin-
tcment& interceffeur pour nos péchez: non fèulemet pour les noftres, mais pour tout le
monde.S.Paul dit qu'il s'eft fait pleige de tous ceux qui s approcher de Dieu par luy: 5c eft
toufiours viuant pour intercéder 5c làuuer à pur 5c à plein tous ceux qui de bon cœur l'in
uoquent,& qui mettent leur pleine fiance en luy feul.Et en S.Matthieu, Vou s tous qui e- Mbtdb u.
Iles chargez &: trauaillez,venez à moy,&: ie vous foulageray:prenez mon ioug fur vous,&:
apprenez de moy que ie fuis débonnaire 5c humble de cœur :5c vous trouucrez repos à
AA.ii.
Iean
JL/Wo V. 7 terre de Rouf eau.
vos ames. Car mon ioug cft doux,& mon fardeau léger. Le Prophète dit, le ne donneray
ECu+r.» pointmagloireà vn aune, ne malouange aux idoles. Intcrrogué fi ic ne croy pasqu'il
y ait vn Purgatoire , pour purger les ames des trelpaflez . fy.. le ne croy autre Pur-
gatoireque lelàngde Iefus Chrift ,&: qu'iceluy purge nos péchez: car eftans ords&in-
fe&sen Adam, par le précieux fang de Iefus Chrift ibmmes purgez & nettoyez: autre-
ment (a mort nous ("croit vaine . Intcrrogué qu'il me lembloit de la confclsion. rçt. H
eft neceflaire de confefler lès péchez à l'exemple deMoyfe, Aaron &c Salomon , lefquels
confeftbycnttant leurs péchez queceux du peupled'Ifraelà Dieu feuhauquelrautdecla-
i.lcan 1.5 rCr fCs péchez pour en cftreabfous. fainetlean en la Catholique dit , Si nous confeflbns
nos péchez à Dieu, il eft fidèle &iuftc pour nous pardonner, &: nous nettoyer de toute
iniquité.lainft Paul dit que c'eftlegrandPontife qui pénètre les cieuXjnommc'Iefus Fils
de Dieiijkquel nous peut remettre & pardonner nos péchez , &: non autre : &c à luy fcul
fautadrefïernoftre confclsion. Les Pfeaumes dc Dauid font pleins comme îlconfefloità
Dieu lculfes fautes &: péchez. Interroguédu Ieulne. i^.Ileftbondeieufner,voire&:
neceifairc : non point par commandement des hommes , comme vn tas d'hypocrites a-
uec leurs rriftes faces &c maigres mines,qui voudroyent bien qu'on lonnaft la trompette,
Mj«.tf.7 qUancj ,1s font quelque œuure pour l'honneur de Dieu : qui eft tout au contraire de fa pa-
rolle. Car il dit, Quand tu voudras ieufncr,oings ton chef,&; laue ta face, afin que tu n'ap
paroilfes ieufner aux hommes. ^ Lei8.iourd'0£tobre,M.D.L v.iefumené par dé-
liant les gens du Roy &: officiers de l'euclque d'Angiers : où derechef eftant interrogue,
fauoirfiievouloycperfifterenmesrefponics :iedi qu'ouyicar elles nefont quepar ap-
probation &authorité de l'Elcriturefainde. Lors ie fu enuironné d'vntas de Chanoi-
nes enchemilèz, Docteurs enchapperonnez,& autres diuerlèmentaccouftrez: entreau-
tresd'vnCordelier,lequel d'entrée me demanda, Vicn-ça , ne crois-tu pas, quand Iefus
Chrift preiènta le pain ^ l'es Apoftres,que là dedans le pain eftoit fon corps reellemet, &:
dedans le calice eftoit fon lang:
Çi. Vous blafphemez ,de dire que fon fangeftoit dans le calice,d'autant qu'il n'eftoit
encorcs hors ny efpandu de fon corps : car le pain & le vin en la couppe qu'il bailloit à fes
Apoftres,n'eftoit que pour commémoration de Ion corps &: de fon fang , qui eftoit liurc
i.Cor.n àla mort pour nous,ainfi qnefainét Paul teimoigne,difant,Toutcsfois Saquantes que
vous mangerez de ce pain & beuurez de ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur
ican *.53.& ju{qU'à cc qu'il viéne. D. Voire,mais Iefus Chrift dit,Le pain q ie dôneray,c'eftma chair.
bc derechef il dit,En verité,en vérité ie vous dy,Si vous ne mâgez la chait du Fils de l'hom
me,& ne beuuez fonlbng,vous n'aurez point vie en vous:qui mage ma chair &£ boit mon
£ang,il a vie éternelle, y.. Il cft eferit au mcfme chapitre que vous alleguez,queplufieurs
de fes difciples oyans telles paroles furent feandalifez : &: Iefus fâchant en foy-mefmc que
les dilciples murmuroyent décela , leur dit , Cecy vous Icandalile-il ? que fera-ce donc , il
vous voyez le Fils de lhomme monter où il eftoit prem ierement? c'eft l'Elprit qui viuifie,
la chair ne profite de riemles paroles q ie vous dy ibnt efprit &: vie. Cc n'eft donc le corps
de Iefus Chrift reellement,comme vous faites accroire:en quoy on derogue grandement
m 14,15 àfaparoiiejiaqUCiienous defend,difant,Si quelcun vous die, Voicy,icy eft le Chrift,ou le
voi !a : ne le croyez point. Vojcy, il eft au deferr,n'y allez point. Voicy,il eft és cabinets,ne
le croyez point. S'enfuit donc que le corps &: le lang de Iefus Chrift n'eft enclos n'au pain
n'y au vin recllement,comme vous dites: ains lcfaut cercher aux cieux,commcdit faincl:
Iean,en efprit Sévérité. Mais en célébrant la Cene en la forme & manière comme il la
nous a ordonnee,& que depuis les Apoftres l'ont obferuee&. gardée, comme appert par
l'Efcriture fainderil nous y eft reprefenté fpirituellement &c par foy. Le poure moine fut
tout confus,&: toute rafsiilence commença de murmurer contre moy: mcfme monfieur
du Bois,diiànt,Comment i tu nous déclares tous idolâtres, à t'ouyr parler. le luy refpon*
dy, VousTentendez mieux que vous ne dites. Ledo&cur del'Euclque me voulut parler
delà {àcnficature,difantque les Prcftres pouuoyent facrifier &confacrer. Ien'en-
ten autre Sacrificateur que Idus Chrift, lequel eft entré és lieux hauts ,precurfeur pour
nous,s'eftàntfaitfouucrain Sacrificateur éternellement félon l'ordre deMelchifedeckiu-
qucl nous Ibmmes ian&ificz p ar l'oblagon vne fois faite de fon corps : par laquelle &: feu-
Hcb.10.14 jc 0j^at jon jj a côfâcre à pcrpetViité ceux qui font fan&ifiez.Ie croy bié ( encorcs qu'il (oit
appelé Do&eur)qu'iln'auoit gueres eftudiél'epiftreaux Hebrieux,où en eft parlé ample-
nict.car il nemerelpôdit rien,&: demei 11 a c ôfus.Le Procureur du Roy,degrâd colère fe
leua
*3;
Pierre de Rokfea», 4/f
Icu^ dontreuioy i&C më fie defpodiller pour derechef cercher fi i'aupyc plus d'argent ou
1 *ires, & là me turent faites degratide* ntofcftc&. Iv^ous prie cenier que ccft de la poure ;
brebis encre des loups, qui à gueule ouùcr ce crient? Gmcifigt»
EpilttC dudit de kouiTtak
TVh »c a t« fi^eSetfteftoraltey^liyuam dfle&iondeflèftrebûtt Dieu&Pcre,
- ' parfoftftlslIdfeSt^tô^ nepuii faire autre deooir en-
ueriv^t^'fbrs <fue^;rt;ndr^grâci ferts ceflèpout Vous,faifant mémoire de vous& tou-
tcMSrrëe^ifë('i,>én<ten vollrefemi41ë)cnfmes prières &oraîfons>mé(ôuuenantJhelas! de
la tresliebreuïê^6urnee,donEiioftre bon Dieu fe voulut fèruit de vous , pour me faire co-
gnttiftrefa p'af 6llô,de4aqiieWè 11 me fait maintenant teûnoln , corn me lkuez , Se pourrez
vbir^pàr certains ^«feles que k^vous ertûoyc : lcfquels/ay délibéré feeller de mon propre
tèhgvpltfftbtëqiicb^q^^^ point* contenutn iceux,s'ilpkiftacc
bbn Dicu&P<n^cclefte^ trop indigne de fbûffirir pour
fàtttoom • tnabfluifeft'potui itiel fautes , comm«ïk>«s-nous deuons tous recognoiftre,
dîacuftenfonèttdifcte^^ rien de ce qu'il
nOuscft coi^àW^^ tellemê'tdefe&ueux , qu a
tôus^ropds hoWifibùs oubkonMâfchans la bride à noftre chair,<pour fuyurc nos cupidi-
tés folleYaft^ièri*^ de néant , delaiffans la voyede
Iefus Chrift,pourfuyurelavoyedeBalaam filsdeBeor,quiaimavn falairc inique. Pour
certain nous fommes fi charnels que ne finirions fi peu donner de relalche à noftre chair,
qtffejlc n'&rtire^es ^(gheiffen* depçché:&: quân$tféjfeehé eft eoncèu,il engendre mort.
Donc le Prof hetè ne dit point (ans caufe , Ta peTfîiudn^ient dètoy, îfrael. Cela certes ofec
nous doit bien don nef, çrainte,84 nous, tenir fur nos gardes ^comme ditl'Apoftre , Soyez I>PicriJ.a
l'obres &: veillez pourtant que voftreaduerfaire le diable chemine corne vnlyon bruyât
a îeritour de^vttttëiccf chant qudeun *pour deuorenauquel hut refifter acîerepoufîer par
prières & orauons,& apprendre ^e'noùs hurqilicrjSc recognoiftre rios,fa:ùtes,fi nous vou-
lons eftre parcicipans des biens ceïcfljes &t éternels promis pat fa#afoliè:defqueis le moin
dtceft trop plus qae fuffifan t pour nous feire renocer toutes les chofes du mode, voire no
ftte propre vie,pour afpirer 6c eftre raoisen efprity& toucher lâ main^ IefusChrift nous
tend,difànt,Venezàmoy vous tous qui txauaillez&: cftes chargez, &ievousfbulageray. MauMS
Preparorts-nous dôc d aller aûec vnecertitude dc&y au throne de fa)grace,recognôiflafts
l'vn l'antre par chanité & bônes œuurcs:& q nous obtenions mifericorde,&: trotiuiôs gra»
ce pour eftré aidez entemps opportun. Vous priâ^trefeher frereen Iefus Cnrift,comme
fi i'eftoye prefent, le predre à la bônepart,& d'auisi bon pceur qu'huœblemét m'e recom-
mande a vos bonnes prières âcoraifons. Efcritedela main de voftre difei pie, humble &c
obeifiant feruweur,lequel vous recom m ade à la gtacc ôc mifericorde de noftre bon Dieu
&c Perecelefte,enfaueurdecegrandSauueurIefusChrift noftre Seigneur , &t en la corn-
municauondefonlâin£tEfpnt,quiibitaucclevoftrC: Amen.
- Ttefcher frère , ie vous ay eferit breuement, nVafieurant que voftre érudition eft telle,
queienevousfauroye tant eferire, que vous n'entendiez d'auantage. Parquoy ievous
prie la mettre en efTedt de tout voftre pouuoir,ainfi que Dieu nous commande auDeu-
teronome 6. &c ix. chapitres,où il eft dit, Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton
cœur, de toute ton ame,& de toute ta force: &,Ces parolles queicte commande auiour-
dhuy,feront en ton cœur : fi les reciteras à tes enfans,& parleras d'icelles quad tu demou-
reras en ta maifon,& chemineras en la voye, quand tu te coucheras & quand tu teleue-
ibs. Voila vn paffage bien à noter & à obferuer , afin d'ofter toutes vaines cogitations 8c
pënfees, dont noftre efprit eft totalement agité, qui font alleclicmcns de péché, dequoy
pSrle l'Âpoftrc : lequel nous défend toutes plaifantcrics ou vaines parolles, mais pluftoft
j>rbpos de grâce : chantans Pfeaumes &c cantiques au Seigneur , pour toufiours luy don- ^ ^
ricr gloire à l'exemple du Prophète Dauid , qui dit, le loueray le Seigneur tant que ievi- CâU H*
uray: fa louange f era fans cefle en ma bouchermon ame fe glorifiera au Seigneuries hum
bîes t'orront & s'en efiouiront. Il eft aufsi eferit ,Que*les hommes rendront conte au iour Ma«.»
du iugement,mef me de toutes parolles oyfèuies qu'ils auront dites. Etferot iuftifiez par &37
féurs parolles,&: par leurs parolles feront condanez. Or nous auons à prier ce bon Dieu,
qu'il n'entre point en conte n'en îugement auec nous. Vous recommandant à la parolle
de fi grâce.
AA.iii.
LiurC^V. ThamtsGruwna
1 !Êhcu* L*ifqu£S:andeoteneincs 6c maux m ce Martyr aefté autant paiûble qociaicmpc-
de Rouf- ' ftcaîcft monftrée dangercufc. Premièrement à' cauic q u'il auott cfté de for drc abomina*
fcau- ble delapreftriiè Papale, fut condamné* la façon du précèdent Martyr , d'eftredcgr ad n
6c Ci receut ientenec de mort: dont il Ce porta pour appelantictC fon appel fut Yeleuc en la
cour de Parlement de Paris. Aduint que m aiftre Remy Ambroys président d'Aix en Pro-
uenec , ayant obtenuTCQxnroiffion du royir^enry n vau ra<HS«rÂuril,cuccôan ,ui.
de&ircmfprmarion&ijugcrau pays d' Aniou ceux qu'on oommoit hérétique* Se Luthé-
riens, mit en exécution Ulcntcnce donnée contre de-Rouflêau , apjrcsl'auoir fait itéra,
tinemcut çe/pondre fur les m cimes articles 6c relponjfes par luy coaicifecs 6c mainte-
nues . Le vend redy x x n. de May, qui eftoitle troifiemeiour après fonarriuée, cota,
me pour Ta bien venue, ille fit dégrader la dégradation faite, pour bien pourluyurç
Ion chef dce|iurc,il luy fît bailler la queftion extraordinaire extrême au poisibJcpar trois
fois laquelle il endura conftamment. Et e^iuiron quatre àtinq heures dudit jour après
midy^ luy ayant fait; coupper la langue 6c bâillonner d'yn bâillon defc* ,i'euuoya a la
mort tout brifé 6c mutilé qu'il eftoit,, «rainé fur vnc claye iuiques au heu du fupplice, qui
eftoit au:, halle s de ladite ville. Ec eftant la guindé en l'ailles yeux fichât au ciel: Dieu de*
clarafona&ftenccmarnfefte: car eftant délia tout noir au feu, 6c commcàdemy rofty,
fon bâillon fedeffit de fa bouche, Sdinuoqua le noo»deDicu,duantlbuuentçsfois ,Icl"us
Chrift^siftc moy : Seigneur Dieu1, aftiftc-moy : dont plusieurs turent eftofinez. Et ainû
finit conftamment Ion martyre.
THOMA S C R A N MER, Primat à'^infitterrt.
L A vie & la mort de ce bon Arclaeutfque tteCammbic rcfpoûdaores Tvnc à l'autre , fortt jci ddcriteî : Se par
occafion l'hiftoire du diuorec Se fécond mariage du roy Henry VT 1 1. y eft autant pernnémenr dcfduite
ou'en hiftoriograptie que nous ayons de ce temps. Et auisi , comment de cefte queft ion , l' Anglcter recom-
mença d'eftre affranchie de la fuieâion du Paper puis, vne refbrmation Ecdefiaftiqu* y fut introduite, qui
monta comme par degrez de meilleurs cognot fiance : c'eft Ardieuefquc y tenant fpcciaJemcnt la main] & f
empl oyant tout fon crédit : voire Se finalement fon fang^pres trois reuolutions de règnes.
r j j ïKïSS® O V S commencerons fhiftoire de ce grand perfonnage martyr du Sei-
gneur, depuis iàriaiûance, qui fut l'an m. c ccc.um x.kiecondiour
du mois de luittct. Son perc eftoit Thomas Cran mer, au pays de Notingam,
gentil-homme, d'eftar honorable entre ceux qui fuyuent l'ordre de Chc-
ualerie: ck d'Anne Hatfeîdam,aufsigent)l-fcmme de race & de vertu. Eftant ieune en-
fanté*: d'aage propre pour f eftudc des lettres,fut baillé en chargea vn m aiftre d'cicole en
la ville d' Aflo&on, qui auisi eftoit Clerc de la paroùTe . fous lequel ayant fimplcmcnt ap-
pris les petits fondemens de Grammaire : 6c s'eftant préparé aux plus hautes icicnccs, fut
enuoye par fa merc à Cambrige fin* l'an x 1 1 1 1 . de fon aagc.C eftoit du temps que les let-
tres dormoyent , 6c que la barbarie regnoitparmy le monde. Il ne reftoit lors des arts li-
béraux que le nom 6c lenombre. La Dialectique n'eftoit que fophifteric :1a Philofophic
tant morale que naturelle eftoit vn vray labyrinthe de queftions. La lumière des langues'
prefques efteinte. mefmes la Théologie eftoit venue là , qu'eftant chargée d'vne infinité
de feneen ces Se diftintbon s , elle ter uoit trop plus à gain fordide 6c à Ibphiftcrie , que non
pas à l'édification de beaucoup.
Eftant tom bé en vn fiecle fi mal-heureux, vn tant bon naturel d'homme , fut côtraint
d'employer fa ieuncfte^ufqucs à vingt& deux a'ns , aux queftions ficfubtilitcz de l'Efcot
&c autres Sophiftes fem blables. Ces tencbics( qui auoyent prefquecouuert tout le mon-
de) com m encerent vn peu lors de fc retirer,& les bÔncs lettres gagner place par le m oyen
Faber& E- ^c quelques commencemens de Fabcrj&d'ErafmCj&iie certains autres gens dodes^
roiroe. diferts. en la lc£ture deiqucls ccft homme prenant vn plaifir fingulier , limoit iâ langue
de iour en iour, iùfqucs à oc que Martin Luther eftant venu en vogue, les hommes com-
mencerent d ouurir les ycux,& apperceuoirla îumicre de Vexité.B encroit lor s en l'an de
fon aage rrentieme, que laiftant à parties autres eftudes, il s adonna entièrement à la co-
gnoilîance delà Religion . de manière, que voyant quileftoit impofsible d'en pouuoir
rendre raifon telle qu'il pretendoit , fa*ns venir droit à la fontaine, premièrement que
s'adonner
diuorcc
s'adonner te afèûionntt au* apauons Awperfotines >3ife fit<te trois luis auwtf shofc que
lire la Bible.
Ayant feitcefcndcmerit àuecceJ ftuiÔqUiD eiperoit yôc fct-o^fttiinlkàt aifrz fort pour
^efonopmroria^ matières^ ^
theurs , fans safiTuiettir à perfonne , de quciqoe>cfut ou qualité qu'il fuft: ains come audi-
teur de toutes chofes, exam moit en fon dprit les opinions des vns & des autres . Il kibit les
vieux, £ans toutefois mefpriièr ieshouucaux .11 rleliibrt iàmais liure que la plumé n y faft
çuant & quant pour (a mémoire. S'il y auoitrien indécis où debatu cnttôl*s Àutheùrsyil
cottoit breuement en quoy ils c.onucnoyet,&: en qnoy non. 6c en fàifoit dç péris lieux cô-
muns qu'il auoit à la maimoubien fi le pafTa^e qui lèprefetoit pour cftre*noté, eftoit pro-
fae^fecontêtoit deremarquer l'endroit ou iiletrouuoit,& decoteer lcliure,afin dclàik
fer toufiours quelque aduertiflement pour foulager la mcmoire.ïlpourfuyuit cdadiligê'-
ment iufques a l'aagc de £ j .ans,qu'ii rot appelé pour eftre Prore/Iêur eir Théologie.
On eftoifclorscnqucftion touchant le diuorec de Henri v 1 11. auec Catherine fîlledu ^llro
roy Ferdinadjlequclauoiccftémiscn controueric, par ce qu'elle ayatefté mariée en pre- riviii. *
mi ères nopeesauee feu Àrthus frère dudit Henri, on propofoxt aux Vniùerfitez , Sauoir-
mon , u celle qui auoit efpOufé& couché auec le frère , pouuoit en fécondes nopeeseftre
coniom te auccl'aîitre. En forte qu'a près auoir efté remôftré au Rôy par 1 eucfque de Lin-
colne,ditLonglan(i^ quclquesautres des principaux de l'Eglife,q tel mariage eftoit illé-
gitime &: contre la paroile de Dieu ,fut finalement aduifé que fix des plus dodes de î'V-
niuerntc de Cambrée ferôyenr ciK>iâs,& autres fix de celle d'Oxone , pour décider fi v-
nemeônefeflirne pouuoit fe marier fucceATiuemcatauec les deux frères, àu nombredeL
quels douze,rat Cranmer, mais parce q lors il fe trowua âb&nt ckfî* Vttiuerfité, on luy fur-
roga quelque autres fijou après pluficurs raifons déduites d'vn cofté & d'au* rc,fut fi nale-
ment conclu par eux , Que bien tyi?ils nepeulTentnier-qttetei mariage hefuft illégitime, Aduiâda
toutefois auec dupeniedu Pape il pouuoit eftre permis v Pect de temps après Crin mer e-
fiant de retour*&: requisde cure ion aduis touchant ce m ariage, rcmonftra le tout fi pro-
prement 6c auec tant de raifons , qu'il induit cinq des opmans decondefeendre à" (on ad- '
urs.Et ncftoicàCambrige puis après difpuce' aux eicolcs en commun deuis 6c feftins cfàu
trechofc,finon>Si le Pape auoit puiftance d'eftcndreiaLoy de Dieiv iufques là ^ue lefre-
re peuft prendre la femme de fon frère ; fi que finalement rut conclu par la plus grande 6c
faine partie^ u'iln'eûoir aucunement en fa puinanec.
Ci quayantefté entendu par EftienneGai&i^
d'eure eucfqucdc Vvinceftrc, aduertit inçoncirient le Roy comme Cranmer au oit réoer
fé iesopinions de cinq des arbitres députez pour la cognoi/ïancedu mariage,&: plufîcurs'
autres de rVniuerfité . Sur quoy tes oy Henri huitième Fcnuoya quérir pour entendréde
luy plusamplementfes raiibnsrpuis l'ayantouy , le renuoya en fa maifon auec corn madé^
ment d'y peiner encore mieux,& coucher le toutdiligemmentpar efcrir,puis luy appor*
ter ^oft apres.Ce qu'eftant fait par Cranmer, le Roy l'enuoya en France en la compagnie Antèa&de
du conte de Bilwgc,ambailàdeut eh chef, 6c le dp&eur L ée, depuis archeucfque d York, gj^f ee™
deStokifleeeuefq^ckLondres^fiaueceux trois LegiftcsjTrigQnd^Karmus,*: Benoit* coirfulrcr le
à ce^oe tous euiTent à en conférer par dil'putes^crefoudre quelque chofe auec les Théo mifi'jêc d^
logiens de paris &: autres Vniuerutez du royaume. En ce voyage Cramer fe porta fi bien, ™y cmU
q mefmerambafladeur en dcriuitauRoy^cluy^donna tant bon tefmoignagede(â pru-
dence , gramté & dodrinc, que luy feul fut depuis ordonné paf le Roy àmbaHâdeur vers
i'fimpereur.L'Empereur eftoit lorsauvoyagedeYrcnnc contre le Turc.
Ça au m 1 * priMÛjncàeœmpvi'A^
non feulement Alemans,maisaufficourti(ànsdefEmpereur,quiferengercntderon ad-
uis^ommémeat A^ippa,qui eftoit cftimé faaànr, lequel on dit auoit refpondu que lb-
pmiôftaeCranme*eïW>itb^nkmeUleurc, massdela maintenir qu'il n'oferoit , depeur ^nppa'
d'otfnifër le Papc& i-Empereik .X^uaatài'Empereur il nen voulut preridrcla cognoif-
fanc«^maisi^uoyalc toat aU Gootd*^ Cranmereibnt rappelé' par le Roy, fut
btesttoft après depefché à Rome versée Pape pour le mefme amiïre : où il Jeremonitra fi
vraemenr*quapres plufieurs altercations &difputes*les princi^auxTheologiens du col-
legedela Rotevdflcusparrâifons,ftïrentfinatemen»œnttamtsdcconr^ hn?icté des
riagecontrcucrtoit bien aucbmmandement ordonnance de Dien : mais que pourtant 4° J^"8
il n'y audit rien qui peuft empêcher , que moyen aansladiipefcdu Pape il ne peuft eftre
AA^iiii
Lim V* Th&mas Qranmef
permis ^feceucomm^cgitimerCranm
Cepédant Guillaume Vvauram , archeuefquede Canturbie , mourut: auquel Fut fuTw
De laque- rogue Cranmer. Et bifiïMioft apîes^cômelon void qn'vneoccalion amcweUautrt) lâ'quc-
ftipniunu ftiondecemariageiîniaîrtc<»vnaua'et6uchat lapuifànce&auchoricédu Pape; fi qu'en
Roy,i.;Upn. l'audience & atTembjée desphis grans(qu>en appelcParlcm ent)on commença fort à dou
miutédu ter delà primauté #fuDerioricé de Tcglifc Romaine . EtiacogneurJ archcuefque Cran-
té? en"0" mcr Wwààç* W(8|b6 &J annotations dont a efté pairie' cii deuahr :<car en lui repoioit ro-t
doute. talemeotddbf mai&Jacharge & difficulté de tout ce(tarTaire&: n'y auoit pcrfonneqoeiuy
qui euft à repoufîer les efforts te objections des Papiftcs. Voire bien quele prouerbadhe,
que mdmerfoculesne; pourroit remuer à deux> ti eft-ceqlui feul batailloit contre cous,
oifeul refiftoitàtous . Uefpluchoitdés Grondement que c'eft qu'on deuoit eftimcroSi
Pape&<ie toute fâ prééminence > rcmonftrant qu'elle ne fe pou uoit prouucr par partage
qui fuft en toute lâMin&e Efcriture : ains ne procedoirquextfvne ambiticofe tyrannie des
hommes . Et queçcjles grandes ièigncuncs appartenoyent proprement aux Empereurs,
Rois, &: Prmces,aufqucU il falloir que Preftres,Euefques,Papes, Cardinaux fu fient obeiL
fans te iuiets félon le/rom mande ment de Dieu, ne plus ne moins que tou te autre manie-*
ne dépens. Ain^,qu-il n'y auoit fondement ne raifon par laqile l'cuefque Romain fè deuft
préférer en dign icé aux autres Euefq ues:ains au contraire fal loit qu'il recogneuft fes fupc->
rieursjôcqn il fuft de mefrae condition auec les autres t Car bien quefian àuthorite dedft.
eftrereceuë&recogncuG par ceux du diocefède RomQtoucefoisdeibnfrrir vnc tant de-
mefurqe te defbrdonnee anticipation & Àiatatiô de cefiege , il n'y auoit propos ny appa-
rence^ qu'il en deuoit eftre raie & ordonné corne des autres, par ainfi, qu?il iuy i embloit
trqp plu s que ratfbnnable,quepar l'authorité du Roy& confenrememdès Eftats>l ambi-
tieniçfjprninatiôii'yn tel Euefquç fuft rewenchee derÀnglcterrc,&: qu'elle fetint en l'on
Italie entre les lien*» fans pafXer plus outreaux nation s eftrangcs.
\ C* l a eftant aiikÇ pa4ccnpâr)cment»leRQy tel* Rôinç turent quelque temps apresi
citez fousfobeiflance qu'ils deuoyent à iïgli fe, p ardeuan t far cheudqocdc Canturbie te
Qardiner euefqoçde Vvinccftre , luges commis te députez pour le raiârdu mariage dont
ilçftojt queftion ,afîn d'ouir te entendre ce que Dieu tnefmccn ordonnofc.Le Roy nere-
fufe ppintsd'obeirià Dieu,ain$,dcciariequ'ilcft preft defeire toutes chofes décentes te raL
fonnables; mais la Roinercicttant en cc3a leurs iugemen s, fe porta pour appelante deuât
le Pape. Quoy nonobftant,veu qu 'après auoir exterminé 1 authorké Papale, iiauoit efté
ordonné par areft general,que pedbnnc, de quelque eftat ou qualité qu'il fuft,n euft à ap
peler d'aucune fentence donnée dans le Royaume» au lîegcRomainrnes'arrcftanià l'ap-
roy H&iï PeM^i°n interiettee par la Roine>procedercnt au iugèment defînitifdu procés:Ô£ ordon+
&dcCa. necent 4çemarjaœ,comnieillegitime&^
thenne. leur. ^"L'euefque cte, V vinceftrc,bxcn qcrauparauanten prefencedes Eftats te Iblennclle-
ment il euft défia renoncé à toute domination Papale, toutefois au dedans nourrifloit y-
ne pa rticuliere affeâion qu'il portoir à iceUe. Au cou trairc,l' A rchcuefqu e fentant bien q
tant que le Pape r,egneroit au pay s,ii n'y auoit cfpcran ce de reformer rEgli(è:& que main-
tenant qu'on luy autoit donnef congé , les affaires pourroyent £e porter beaucoup mieux»
s auança de prendrcloccafion qui fe prcfcntoit. Au moyen dequoy voulât reformer tou-
tes les ÉgliCes félon la parolle te difcipUncde Iefus Chrift, te le$ réduire peu à peu à la for»
me te manière delaprimitiueEglife:talehoit , corrimelc Pape auoit efte exterminé , d'o-
ft er aufiiics erreur s, herc(ies te corrù prions. Pouc quoy raire i m petra tant, par fon moyen
que des aurres,que certains Euefqueso^utresgeriscloftes furent commis à conférer des
poincfa principaux de ^aReligion,^ en faire vn liûre pour f inftitution dcl'Eglifc , lequel
fuit ner& purçé de toutclbuillcure^fuperftition Papàlci Ceux qui curentceûc charge,
furent Stokiflc eucujtie<k: Londres,Gardiner eucfquc de V vinceftre, Sanlbn cuefque de
Cheftrc, Repfccuefquede Norwic, Geoffroy eucfquc d'Èlie , Latinicreuefqticde VyjU
gorne, Sharton euclquede Sarifbur, Barlous cuefque de faind Dauid . Celuy de Vvihœ-
ftre accompagné^ trois ou quatre autres,pour la douotion ancienne qu'ils portoyentau
Pape, n'oublièrent a donner toutl'ordre cjUilcurrut poffible ,à ccqucles vieux regiftres
te par chemins de l'idolâtrie précédente demeuraffent en leur entier . toutefois vaincu &-
nalementaucc fes coadiuteurs par l'aurhorité des Pères anciens de l'Egliiè plus antique,
voire par la parolle diurne, céda, te s'accorda au contenu duJiure, lequel* depuis fut nom-
me Epifco pal , iiiyuant le nom te titre de ceux qui le comp oferent . Par ce liure il cft aifé
de voir
Thomas Crdrmef £i?
devoir commerArcheuefquc n'eftoit lors afTez inftruit &c refolu en la doctrine du Sacre-
ment , veu que la traiTubftantiation &: prelence réelle de Iefus Chrift y eftoit maintenue
&c com prife.il auoit encore quelque choie des i mages , combien que cedernier article ne
procéda jamais des Euefques,ains y rut eferit apres,& adioufté de la propre m ain du Roy,
a la folicitation de l'Euefque de Vvinceftre,ainii que le commun bruit eftoit.
Ce l a fait, on procéda puis après à la ruine &: densité des monafteres . or l'intention Lejcôuents
du Roy eftoit que ce butin reuinft au profit du thf efor de lès finances. L'Arche uefque &: mk bas en
autres Eccleliaftiques eftoyent tous d'opinion contraire : dilans que le profit &c le dcuoir A,1ëictcrre-
de gens Chreftiens(tels qu'ils le difoyent) commandoic que tout l'or &c argent qu'on tire-
roitdesConuens&:Monafteres(qui eftoit grand merueilîiuiemét)deuoiteftrediftribué
auxpoures& auxelcoles. QuifutcauI'equeleRoy (àl'inftigation del'euerquede Vvin-
ftre,qui ne cerchoit que moyen de retarder l'Euangile)fit promulguer concre l' Archeuef-
que &: fes compagnons fouftenans vne mefme dodnne,la loy des Six articles ( plus perni- Promuîga-
cieulc qu'on ne iàuroit dire)contenant iommairement le principal fondei icnt de la reli- ll°n jj« lîx
gion Papiftique :&: la fit confermer par areft donné en Parlement, comme il a efté dit ci ^«eîrL
deflus en Ton lieu. Nous auons aulfi dit ailleurs côbien de morts de poures &: innocens
Martyrs furet faites à l'occafiô de ces Six articles, refpacedehuitans: toutefois que quel-
que temps après le Roy mieux informé de ce qui en eftoit , &. que ce que l'Archeuefque
&: autres auoyent fait,ne procedoit de malice, ainsd'vnefimplicité deconfcience,ne leur
fuft plus fi rude qu'il auoit accouftumé : ains dit-on qu'il auoit délibéré de modérer la ri-
gueur de ces Six articles,voire de reformer plufieurs autres chofes s'il euft vcicit dauanta- ^
ge.Maisladiuineprouidenceaimamieuxlaiu'ercesparties-.laàfbnfilsED ovaro ,1e- \ °^c
que l venu à la couronne,quelque temps après le decez de fon Pcre (perliiadé mefmemét
de fon oncle duc de So mm erfet,pro teneur excellent &: illuftre Prince , &: de ceft Arche-
uefque, eniembleauffi par le commun conlèntement Raccord des Eftars) retrencha pre
mierementiceuxarticles,puis après fit publierfouslenomdefamaicfté vnlecôdliurede Lcliure
reformation, &: finalement encoresvn autre plus parfait que le précèdent, félon que de R°y**
iour en iour la Religion s'auançoit& augmentait dauantage . Mais comme nous voyons
que 1m chofes humaines ne durent iamaisgueres en leur profpenté , &c ce à caule de nos
vices & pechez:cc ieune Prince duquel onlèpromettoit tant d'heur & de bien, tombant
l'an fixieme de ion règne en maladie , & fentant bien que ce mal venimeux luy pronofti-
quoit le temps prochain qui luy eftoit otdôné pour s en aller & prendre congé de cémô-
de:dauantage cognoiifant là feeur Marie eftre totalement adonnée au Pape, voulut èc or-
donna par l'aduis & adueu de tout Ion confeil &gés de Iuftice , que Mariefuft reiettée de
lafuccefllon héréditaire duRoyaume qu'elle pourroitpretédre,&: que Ieannefuft receuë
&: admile à laCouronne,fem me de race trefilluftre, mais de plus grand làuoir & doctrine,
& niepee aufll du feu roy Henri du cofté de fa lœur.
To v s les Eftats &: plus grans Seigneurs approuuerent ce Teftament, horsmisl'Ar- Cranmer
cheuefque:duantquelefeuroy Henri en auoitautrement ordonné par fon teftament,& fouiticm le
que luy-mefme auoit iadis promis &iuréde s'employer àce que Marie, commelaplus Jc0^nd^
prochaine,tuft heritiere.ee qui fouuét le piquoit &: prefloit de i\ près , que (ans fe pariurer ccjfi0n au
euidément il ne pouuoit aller contre. Ceux du Confeil répliquèrent qu'ils n'eftoyent pas r°y Ed?u-
ignorans de cela:& qu'ils auoyentauiîi bien leurs confciences,&: non moins chères q luy- ^ oa *"
mefme.tou tefois qui Is auoyent approuué ce tefta mét.& que s'il y auoit danger de l'ame,
il ne s'eftimaft pas y eftre plus obligé que les autres. L'Archeuefque refpôdit quil n'eftoic
iuge de la confeience de perfonne que delà fienne : &: que tout ainlî com me il ne vouloir,
pteiudicieraufaidd'autruy,ainfi netrouuoit-ilbon d'engager là confeience pour vn au-
tre, ou la mettre en hazard de faire malles befongnes , veu q chacun rendra raifon de fon
faict & non de celuy d'autruy.Touchantracquiefcement pretendu,Qu'auparauant qu'il
en euft parlé au Roy,il auoit défia dit qu'il n'y côfentiroitiamais:&: que lors qu'il en parla
au Roy,le Roy luy auoit trelbié dit (commeles Milhors àc Legiftes luy auoyent fait ente-
dre) que le premier teftament ne le pouuoit empefeher qu'il neluy fuft loiliblede lai/Ter
la fucceffion à Ieâne,&: que le peuple ne la receuft Roine iàns le faire tort: ce q u'il n'auroit
accepté. Toutefois après auoirimpetré du Roy d'en côfererauec certains hommes là-
uans en droit, &c qui lors eftoyent en la Cour, voyant que tous afleuroyent que cela ne de-
roguoit nullementatïx loix,s'enrcuinttrQuuerleRoy,&: finalemét s'accorda à ce qui en
auoit efté ordonné defiapar areft généralement donné fut ce : eôbien qu'il le fift à regrec
Liure V. T hom<u Qranmer. '
La mort d'- 6c contre fon cœur. Apres que les chofes furent ainfi faites,le Roy ayat vefeu prefquc dix
Idonaîd. an$ entiers: mourut auec vn extrême regret de tout le peuple, mais calamité bie plus
grande. car il eftoit aimé de tous fesfuiets, mefmementdes bons & des iàuas: &:fi n eftoit
pas encore tant aimé, comme il m cri toit d cftrc prifé,rant pour raifbn de la iîngulierc ver
tuôc fauoir que ce naturel tant heureux promettait par de/fus le traicl de Ton aage, com-
me plus encore de ce quilportoit Vn amour & dileftion extrême à tout ion peuple. Il
auoitle naturel doux &c benin merucilleufement. Mais à dire vray,lamalheureu(ë&;dc-
lbrdonnec condition des hommes ne meritoit point vn tel Prince. Il auoit lel'pnt tât naïf
&: tant bon,leiugcment li tre(lmeur(?«:arrefté,que quelque chofe où il s'adonnoit, laco-
prenoit&: executoit dextrem Ait. Quant à la religion de Iefus Chrift,il l'aimoit &c cheriL
îbit mefmcdés (on enfance. L'Angleterre auoit bien befoin d'vn tel organe &; inftrumet:
mais cependant nation de ce monde ne le mérita oneques moins qu'elle. Outre tant &c ii
louables parties &: perfections fiennes,lcfquclles, voire feules &: fingulieres, tombe t peur
le iourdhuy bien rarement en tous Princes, il auoit encore vne pareille cognoiilancc&: v_
làgedeslangnes,auec tellegrace, qu'il lémbloit proprement y auoir plusefté nay q nour-
ri:combien qu'aueccefte fertilité de nature iî riche &:heureufc,ileuft auflï l'inftitutiô de
melïne,ibus Précepteurs d'vne vie& doctrine iinguliere. Quediray-icdauatage?ce Roy_
la doué de ii royales vertus, n'eut faute que d'vne chofe , c'eft alFauoirjd'viie République
qui relpôdift à la grandeur &: excellencedelbn Prince . tellement qu'en vne différence &:
diffimilitudefi grande de Roy &: de Republique,ilnefe faut eibahir fi l'vn n'a duré gueres
auecraulre.AuliilavengeâcedelamaindcDieu s'approcha bien-toft après. Ainh don-
queseftant Je bon roy Edouard tre(pafle,Ieanneparareft&authorité delaCourfutpro-
(eanne pro- clamée Roine contre fon vouloir,reiiftant tant qu'ellepeut : mais ce fut en vain . qui def-
cUmcc Roi pjeut merucilleufement prefque à tout le menu pcuple:non pas tant pour quelquCgran-
de faueur qu'il portaft à Marie, que lô auoit poft pofee à elle, que par defpit &en haine du
duc de Northumberland,duquel le fils auoit nagueres eipoufé cefte Ieanne,en intention
parauentured'eftreRoy. Il yauoitlors auffi differét entre la Noble/Te &: le populaire,qui
croiifoit de iour en iour,àraifô de quelques iniures &c pilleries exceffi ues qu'on faiibit aux
Northum- pourcs payfans &: laboureurs : mais celuy auquel on en vouloir le plus eftoit Northûber-
,tan t à cauiè du carnage &: tuerie qu'il auoit recentement faite des payfans de North-
AnjJSs.e folc,quedefoufpeçô qu'on auoit qu'il euftempoifonné le Roy . Outre ce,fe prefentoitau
peuple la fouuenâce du feu feigncurdeSoM m erse t, oncle du Roy, & Prince exceller,
lequel la mal-heureufc ambition de ce Northumbcrland.ci , fans qu'il euft onques mef-
fàit en cela, eut bien moyen de faire conftituer deux fois priibnnicr(tout Protecteur gene
ral qu'il eftoit du royaume) voire finalement deluy faire trencher la tefte, cotre le vouloir
mefmedu Roy,les flateursdu confeil priuéfaifansla bonne mine. Mais la roine Marie en
celle fedition &c rumulte,apres s'eftre portée pour appelâteau peuple,queNorthumber-
land ayant amaflTé quelques gens de guerre,s'approchoit pour la venir faccager,eutrn,oyé
défaire qlqueleueedemenu peuple fuffifante pour lui faire tefte. Dequoy aduertis quel-
ques vns delaNobleiTejfurent incontinent rengez du parti de Marie. Ainfi profperât és
affaires en moins de rien, Northum bcrland aduerti de lafaueur du peuple, &: voyât qu'il
ne pouuoit rcfifter,fe retira à Cambrige pour fon plus feur:tant qu'eftat pris &c empoigné
des gés de Marie,& de Duc fait prifonnier, auec vne moquerie de fon mal-heur biégrâd,
fut amené à Londres fans confli&ou empefehement quelconque : où eftat futfourré de-
dans la tour. Marie lors voyant la-profperitc des affaires,fe hafta de venir à Londres, où
trouuât prcmieremctleanne,ieuneremme,mais vieille en mœurs,en lauoir &c honeftete,
&c ( qui plus ett)innocéteen tout ceci: &: ne la pouuat deftourner de fa foy &c religion ,luy
fît &c à ion mari trencher la tefte. Autant en fit-elle toft après aux ducs mefmesdeNor-
thumberland & deSuffolc. Quant aux autres feigncurs& gentils-hommes qui auoycnt
fuyuile parti de Ieannc,apres les auoir condamné à quelque amende pecuniaire,elle leur
pardonna à tous,-hors mislefeul Archeuefquc: lequel ores qu'il fift toutledcuoir du mô-
dône^"" dc,tant par amis qu'autrement d'obtenir mefme grâce que les autres,tant s'en fallut qu'il
faui /cri-S impetraftrien,quc mefme elle ne daigna iamais le regardennon pas vne fois fan s plus. EL
mer. Je ne pouuoitoublier les offenfes qu'elle pretendoit luy auoir efté faites en la perfbnnc de
iâmere pari' A rchcuefque.Lciugement&iniure qu'il auoit fait à fa mere, ne le pouuoit
defraciner de ion cœur. Outre ce diuorcc,il y auoit encore le changemet delaReligiô,
lequel eftoit imputé principalement al' Archeuclque. Et pour l'acheucr de peindre, plu-
fieuvs
Thomas Craxmêe?
fiéurs femerent vn bruir,que pour retourner en grâce il auoit promis à la Rome d'ordon*
ner vne Melfe funèbre pour lame de Ton frère trefpafle : mel'mes il y en eut qui dirent que
luy-meime l'auoit délia célébrée à Canturbie. ce que lés Papilles auancerét tant qu'il leur
fut polïible, fpecialement le dodeur Theorden, à ce qu'on dit:afîn ou de le rendre plus eu
dieux enuers le peuple, ou bié ibus ombre &c precextedel'authorité d'vn tel perfonnage*
faire que la Melfe fuft r eftablie &: receuë . Cranmer , confiderant qu'il eftoit expédient dé
mettre bié-toft ordre à tout cela,fit imprimer vn liure par lequel il fe purgea comme s'en-
fuit: Qu'il n'ignoroit pas de quelles cautellcs Satan ancien ennemi du gère humain auoit Cranmei fe
accouftumé d'vfer: Que comme il eft naturellement menteur,&: perede menfongeiainfi J^Mc
vient-il à fufeiter de l'es miniftres, qui du propre moyen 4ont il vie font après toufiours à cequ onluy
forger nouuelles inuentions , pour troubler Chrift Ôc renuerièr fa dodrine , amfi que lors mc"01t*U5
principalement on pouuoit cognoiftre . Car comme Henri huitième eut iadis commen-
cé de corriger vn peu les erreurs de la Melîe Latine,&; qu'après luy Edouard fon fils lavât
arrachée & abolie du tout, eut introduit & remis le vray vfage de la Cene de noftre Sei-
gneur Ielus Chrift , voici venir les aduerfaires efeumans &c tempeftâs de fureur &rage,ne
pouuans dire Adieu à leur Melfe Latine, laqlle les auoit tant biennourris.Et pour mieux
drelfcr leurs embufches,quelques vns d'entre eux auoyent bien ofé s'ingérer d'auancer v-
ne telle menterie,&: abufer de fon nom en cholè où il ne penla iamais: dédire qu'il euft re
mis la Melfe à Canturbie, & qu'il euft promis à la Roined'en faire autant en l'eglilelàind
Paul à Lôdres.Qy^A n t à luy , qu'il n'eftoit pas li aile à fe laifler manier,qu'il ne peuft fort
bien digérer les calomnies des mefdilans (aufquelles il eftoit défia tout accouftumé ) tant
qu'ils perlèuereroyent en leur iniure pnuee.maintenant qu'ils s'attachent à Dieu,&: non
àluy,quecela ne deuoitaucunementeftre toléré. Av moyen dequoy,qu'iladuertiflbit
&: pnoit bien fort tout le monde , de ne le gouuerner par le bruit qu'on luy pourrait âuoit
donné:&: qu'il feroit bien marri que la Melfe fuft mieux venue lors en fon endroit qu'elle
auoit efté par le paffé.Qv e celuy qui luy âuoit impole la Meile de l'eglilé deCànturbie,é-
ftoit vn moine pour tout potage,faid à tous vents,& vn vray perroquet & mignon de ca-
ble.To v chant àlaRoine,qu'ilapprloitfamaieftéentefmoin,fiiamaisilluycnauoit
touché la moindre chofe dccemonde.ains qu'il feroit bien plus: fi la mâiefté luv vouloit
permettre d'entreprendre la defenfe du liure,qui du temps du feu Roy Edouard fut receu
&:approuué vniuerfellement par tous les feigneurSdu Parlement, qu'il le maintiendroit
publiquement enuers tous &c contre tous ceux qui lé prefenteroyent , tant par l'exemple
de la primiciue Eglilé,que par le tefmoignage de la lainde Efcriture: veu que tât s'en faut
q la MelTe fuft ou introduite par Iefus Chrift,ou approuuee des Apoftres,qu'au contrairé
elle eftoit diredemét cotre, ôc auoit en foy des blalphemes horribles,&: qui ne deuoyét e-
ftre profèi ez. E t par cequequelques vns par ignoraceou malice tafchoyet d'arracher Se
abaftardir lopiniô qu'on auoit du fauoir du dodeur Pi errb Martyr :qu'ilofoitbié
promettre de lui,quc fi le plaifir de la Roine eftoit dé commander qu'on en vinft en dilpu
teeux deux auec quatre autres ou cinq choifis entre les plus fuffifans,{é failbyent fort de
prouuer contre tous allans&: venans , h Religion publiée &c obferuee fous Edouard cftre
bonne &: fain£te,pourueu qu'on s'arreftaft à l'Efcriture. Et q pour leprelènt il ne deman*
doit à les aduerfaires, finon qu'on rédigeait par eferit tout ce faicfcà ce qu'eftant imprimé
&; publié p ar tout,on euft moyen de couper toutes occalios de fuir Se fe couurir par nou-
uelles inuentions & interpretâtions.Qv e s'il impetroit cela delà Roine (comme certes il
l'eftimoit eft re bien raifonnable) il s'aifeuroit quel'adminiftration &c police de l'Eglife du
temps du rôy Edouard , eftoit fondée en la pure parolle de Dieu , &: en la dodrine des A-
poftres.
^~C e fut la purgarion & déclaration q Cranmer publia d'vn courage certes bie grand:
mais(àce qu'on a peu Voir) il eftoit mal aduerti du cœur 6c intétîon de la Roine,&: des oc-
cafions qui la mouuoyét long téps auparauat. car luy portant vne haine mortelle à caule
dudiuorcé delà mcre,ellenedefiroit autre chofe depuis, que de trouuermoyé de le faire
mourir commecefuft. Oniait aflezcbmbié d'occafions lédonnentles Princes comrau.
németdenuire&malfaire,quand ils en veulent vnefoisàquelcun. Orcedifcours,apres
auoir efté publié en la forte que nous auons dit , vint finalement entre les mains de ceux
du Confeihlefquels après auoif feu que Cramer en eftoit faucheur , le firent venir,& puis uconldi
î'enuoyerét en prifon dedans laTour,& toft âpres le condamnerét coulpable de le(è ma- k« "nPri:
iefté. La Roine voyant qu'après auoir pardonne' à ceux qui auôycnt auffi bien offenfé ^rner Cra
Lim^j V* Thomas Cranmer.
queluy,elle ne fe pouuoit exempter fans en faire autant à luy ( mefmement qu'il eftoit ce-
lui qui auoit foufcrit le dernier de tous , &C àuec le plus de regrer lors que Ieâne fut efleué)
elle ledeclara exempt de lclè maieftérniàis en recompenfc elle l'accula commeeltant hé-
rétique. Les affaires donc de Cranmcr eftans en ce trouble, la Rome par l'aduisdeibn
Conlcilordôna qu'il fuft mis hors de la Tour , &: qu on le remuait à Oxonc pour diiputer
auec les Docteurs & Théologiens de l'Vniuerfité. Cependant onaduertitcouucrtcment
ceux d'Oxonc qu'ils le tinilenrprefts àreceuoirlechoq,& .1 diiputer vaillîunent. Etcom
bien que la Roinc &c les Eueiques euifent défia iurc là mort , fi furet-ils d'aduis que difpu
tefuft faire , afin que celalcruift de pallianon 6c couuerture à leur côfpiration. Ht de raid,
leur mal-talent ne demeura guercs à cftre exécute, car on le mené incontinent à Oxonc:
puis on publie le iour &: lieu où la difputefe dcuoit faire lblennellcmenr, auec vnc attente
&: deuotion merueilleule de tout le peuple . Le docteur Vvefton eft ordonne Cathedral,
commeIuge& arbitre lbuuerain&: fansappel, qu'on appcleen Angleterre Prolocuteur.
Ceftcdifpu- Auec Cranmcr furent lors adioints, Nicolas Ridley euclquede Londres , & Hugues La-
"/bfiade timcr,iadis aufli euefquede Vvigornerdcfqlscideuantcftrhiltoircdeieritc: lelquels trois
h Quatric- iomts cnlcmblc pour di(puter,furent cependant mis en trois diueries priions, iufques au
me partie lour qUC ladilpu te (c dcuoit fairc,qui eftoit le itf.d'Auril, m .d . 1 1 1 1 1 .Lon aiîigna a Cran-
fmpnmcc15 mer deux iours,lc Lundi & le Mardi: rvndefquelsildeuoitreipondfleauxargumensqui
* ï-m- lui feroyent propofez , l'autre luy eftoit permis de mettre en auant ce que bon lui femble-
roit.ainfi fu t ordonne aux autres deux . Il feroit bic long de reciter le ton t par le men u >&:
les contentions,machinations,complots,factiôs, leditions,crierics, moqueries, outrages,
reproches,lirflcmcns,hurlemens , &c telles deshonneftetez qui s'y rirent : de manière que
cela ientoit beaucoup mieux laconfpiration quedifpute. Ils feiettoyét dix ou douze à vn
coup lut luijcommc s'ils eftriuoyét eux-mefmes lequel d'entre eux flateroit le mieux.Cc
pendant ce Vvefton eftoit aiîîs au haut throihe de la maiefté theologalc,regardant bas les
efcoutans:& argumentât aufli quelquefois. Or pour le faire court, ie reciteray en peu de
parolles l'iffue. Bien qu'il y euft trois poinds à vuider en cefte difpute,à peine en peurent-~
ils expédier vn ieulauecCranmer>ains tous vniuerfellement le condamnèrent pour con
uaincu,&: derechef auec vnegrande troupede fergeans& gens em ballonnez leremirenc
en prifon. Alors ils eurent ce poure perfonnage veincu,ils l'eurent lié &c garroté,ils l'eurec
condamné. Cependant dôques queCranmer eftoit détenu prilonniei l'efpace d'enuL.
ron deux ans, la Roine &: les Euei'ques niborncret &: attirèrent tacitement quelques vns,
lelquels ne pouuâs rien acquérir fur lui par railbn &C difpute,vinfent à lefoliciter par priè-
res &: promeffes,&; par tous les moyens dont ils fe pourroyét aduifenen forte que cornent
que ce fuft, ils le fiilent defdire.car les fines gens en matière de leur profit particulier, en-,
tendoyent bien legrand dommage qui le prefentoit pour eux ,s'il tenoit bon:&: au côtrai-
rc le grand bien &: commodité que ce leur fèroit, fi tel perfonnage feul venoit à le defdire.
tesmacH- Donqucs vindrent à lui tous cnfembleplufieurs Thcologiens,vlàns de tous les moyéspar
foïdutSns lcfqucls ils efperoyent le pouuoirelbranler: principalement Henri Sidal, &frereleande
pour faire Villc-garcinc, Elpagnol, rcmonftrcnt le plailir que ce feroit pour le Roy & la Roinc, & le
Cranmcr bien quelà confcience receuroitdelaiflfer l'es opinions: lui déclarent le bon vouloir que
toute la noblcfte&: gens deiuftice lui portent promettent qu'où il voudra faire comme
les autres, on ne luy fauuera pas feulement la vie, mais aufli qu'on le remettra en fon pre-
mier honneur : queecqu'ils lui demandent n'eft pas choie de figrande importance, 6c
inoins encore difficile à faire. Il nefaloitfino qu'il elcriuiftde fa main qlques petis traits,
ce que s'il faifoit,il eftoit alTcuré que le Roy &c la Roine n'auoyét choie tant precieufè qu'-
elle ruft,dcquoy il ne finaft tout àl'inftant^oit qu'il vouluft richefTesou dignitc2,foit qu'il
aimaft mieux le retirer des compagnies dcshommes,&viurc déformais en ion repos,fans
cftre contraint de (c méfier des affaires publiques . Seulemét qu'il nefift que (clou ffigner
en quelque morceau de papier qu'on lui bailleroit. Qu'il fè gardaft bien de reictter l'offre
qui lui cftoitfaite. autrement il pouuoit bien plier bagage,&: n'efperer ïamais trouuer lieu
de grâce ne milèricorde . Que la Roine eftoit tellement affectionnée , qu'il falloit que
Cranmer fuft du tout catholique, ou bien qu'il ne fuft point: Ainfi , qu'il aduilàft lequel
des deux il aimcroit le mieux : finer bien toft fa vie au milieu des flammes &Z. fagots pré-
parez à bruflcr,ou bien de pou,rfuyurclerefte d'icellcenauthorité &: honneur :&qu-
il n'y auoitque ces deux chemins . Quant à eux, ils l'admonncftoyent & fupplioyent
bien inftammenc qu'il vouluft auoir elgard à les biens, à fon honneur &: réputation,
Thoma* Cranmer. 4.19
au reposé tranquillité de fa vieille/Te : &: que toutefois il n'eftoit pas tant chargé daa-
ge, qu'il n'euft encore à viureaircz long temps. Que fon excellent fauoirfc vertus iin-
gulieres,qui pouuoyent fort profiter tant à luy qu'aux autres, mericoyent bien qu'il y
penfaft diligemment. Finalement s'il ne le foucioit autrement de fa vie, que toutefois
ileftimaftla mort en tout temps dure àc cruelle, mais plus en ceftaage&grandcur où
ileftoir,&: dauantageautorment& douleur fi horrible du feu. Par tels allcciiemens
ces gens de bien tafehoyent le faire fuccomber:&: nonobftant j! tint bon quelque ef pa-
ce de temps, iniques à ce que veincu par leur importunité,ou par Ion infirmité mclme,
finalement fuccomba, &C ligna vn defdit duquel la teneur s'enluit:
Ie t h o m as c r a n m h r reictte& renonce à toute rhcrefiedeLuther&:dc2uin-
gle,enfcmble à toute doctrine contraire à la pure Ôc faine doctrine. Outre, ie c onfe/îe & ^diadc
croy fermement vne faincte Egliie catholique , hors laquelle il n'y a faJucaucun ; de 1 a-
quelle ie recognoy l'euefque de Rome cher fouuerain, lequel ie confeflè eltre Je grand
Pontife U Pape,vicaire de Chrift, auquel tous Chrcftiens doyuent eftre fuiets. Quant
aux Sacremcns , ie croy que le vray corps& fang de Iefus Chrift fous efpeces du pain èc
du vin cft trelùeritablement contenu au Sac rement de l'Euchanftie, &c que par vertu di
urne le pain vientàfeconucrtir&tranflubftantier au corps, & le vin au fang propre du
Rédempteur. Et quant aux autres hx,i'en croy comme fay fait en ccftuy-cy,tout autant
que l'eglife Romaine croit &c tient. Au furplus,ie croy que le Purgatoire cft véritable^
ment le lieu où les ames des trefpaffez (on t tourmentées pou r vn temps :& que l'Eghfe
prie fainctemen t & en falut pour icelles , ne plus ne moins qu'elle prie les Sain&s. Bref
ie tien &: maintien entièrement tout ce que l'eglife catholique &c Romaine tient:& me
repen d'auoiriamais autrement fait. Priant Dieu de bon cœurqu'iiiuy plane me pardô-
ner ce que i'ay mefFait cnuers luy & fon Eglife:&: prie tous Chrefties de prier pour moy.
Quant à ceux qui ont cfté feduits par mon exemple ou doctrine , i'ay pareillement à les
prier par le fang de Iefus Chrift qu'ils retournent à l'vnité de l'cglife:& difons tous ainfî,
afin qu'il n'y ait point de fchifmes entre nous. Finalement comme ie veux eftre fuiet te
obeiffant à l'Eglife de Iefus Chrift, &: de fon fouuerain chef, amfi me fumets-ie àPhilip-
pe&: Marie, Roy &Roine d'Angleterre, enfemblement à toutes leurs loix &c ordonan-
ces, priant Dieu m'eftre tefmoin comme ce que i'ay dit &c côfcifé, ic ne l'ay fait ne pour
cuider complaire aux hommes, ne de peur que faye de leur defplane,ains l'ay fait de
mon propre mouuement &c vouloir, tan t pour le falut de ma confeience , comme pour
celuy des autres.
Le s Théologiens fans plus attendtc firent imprimer cefte abnégation, &puisin-
continent la diuulguer par tout. Et pour luy bailler plus de foy &: afîeurance, Ion adiou-
fta aupiedfolcnncllement le nom de Thomas Cranmer, &: les tcfmoms prefens lors
qu'il fe defdirairauoir, Henry Sidal,&: frère Iean Efpagnol de Ville garcine. Cependat
Cranmer fe fentoit incertain de la promefTe que les Théologiens luy auoycnt fi fouuen t
faite, de luy lauuer la vie : mais eux après auoir obtenu ce que tant ils defiroyent,lai/Fe-
rent le furplus a ce qui en pourroit aduenir, ainfi que tels fidèles Théologiens dovuent
faire. OrlaRoineayant bien le tcmps&ie moyen de fc venger, receut cedefdittref-
uolontiers:mais au refte tant s'en fallut qu'elle délibérait de luy ottroyer pardon &c £ ra~
ce,que ceux qui prioyent&folicitoyentpourluy,femettoyent eux-mefmes en danger.
Les poures affaires de Cranmer eftoyent lors en vne bien grande perplexité', nepouuat Tcnutiô de
auoir recours ny à fa confeience, laquelle il auoitble/fee ti mal heureufement,ny aux Lnrawr, "
aduerfaires,lefquels il auoit contentez en toutes chofes.De forte queles vus le louoyer
les autres s'en moquoyent:&: fi Je danger n'eftoit pas petit de tous les deux coftez, en ce
qu'il ne pouuoit ne viure ne mourir honneftement. Entant que tafehant à fe defpeftrer
il s'enueloppoit en deux fortes:car entiers gens de bien il ne fe pouuoit exempter qu'on
ne ie tinft en vne fort mauuaife réputation : enuers les mefehans il ne pouuoit faire ou
empefeher qu'il ncleurfuft publiquement fufpcet de periure&r infidélité. Doncce-
pendant quecela fedemenoit en prifon entre ces Theologiens,commc i'ay defiadit la
Roine délibère auec quelques vns de fes familiers comme elle le pourroit faire mourir
le pourehomme ne penfant rien moins iufques alors quede deuoir mourir. Bref vn
peu deuât le îour que la Roine luy auoit deftiné pour mourir, elle fit appeler le docteur
Col,&l'aduertitpriue'ment de fe préparer pour faire le fermon funèbre de Cranmer Coltu?*"1
qui deuoit eftre bruflé lcn.iour de Mars: luymonftrant par ordre cequ'elle vouloit Parl*Vôi£
BB.
Liur^j V. 'Thomas Qranmeu
qu'il dit au fermon. Incontinent api es furet appelez les feignetirs Vilian de Thamo , &:
Shandon, tous deux Barons:lesfeigneut s Thomas Briggc,&: Ican Brovvne cheualicrs,
&c certains autres feigneurs &c gens de îufticc auec eux: leiquels auoyent tous elté man-
dez fur la fidélité qu'ils auoyent à la Roinc, defe trouuer prelts à Oxone, accompagnez
de tous leurs feruiteurs Vautres fur leiquels auoyent droit d'obciilance, de peur que
la mort d'vn tel homme ne fuit caufe de quelque l'édition . Col ayant le tout enten-
du parla Roine,& inftruit de tout ce qu'il auoit à faire, (e retire iul'qu au iour deuat que
Cranmer dcuoit élire exécuté: auquel il vint en la prilon où il eftoit,pour fauoir s'il per-
feuercroit en la foy catholique, en laquelle il l'auoit laide. Cranmer refpondit que quât
àluy, il feconfermeroit parla grâce de Dieu toufîours déplus en plus en lafoy catholi-
que. Col citant retiré fe prépare pour faire vh prefehe funèbre le lendemain , fans rien
defcouurir de la mort qu'il deuoit fouffrir. Le lendemain qui eiloit le 2.1. de Mai s,au-
quel Cranmer deuoitmounr, îlrctournaau matin vers luy ,& demanda combien il a-
uoit d'argent. Il refpondit qu'il n'en auoit point, hors mis if.efcus, leiquels il pourroit
diltribuers'il vouloit aux poures. Colfc mit lors à l cxhorter de perfeuerer en la foy,
puis s'en alla donner ordre au prefehe qu'il auoit à faire. Lors Cranmer commença à fe
douter encore plus de ce qui cltoit. Le iour citant pa/îe en partic,fans qu'aucun des Ba-
ViUc-garci- rons& foldats fuftencores arriué,voicy venir l'Elpagnol de Ville garcine,portantauec
ne, mo.ne ^ çQn bjU^auqucl Jc defdit cftoit eferit auec fes articles : lequel billet il Juy prefenta,
FgU° ' le priant afFeftueufcmcnt de le vouloir eferire de la main &: ligner : ce qu'il fit. Ccfrcre
priaderechef, qu'il luy en filt vn autre double,lcquel il garderoit volôtiers pour 1 amour
de luy:encorelc fit-il. Orfachant Cranmer cependant tout ce que les Théologiens a-
uoyent proiettéen lcurcfprit,&: voyant que lors cltoit le temps qu'il ne falloit plus dif-
fîmulcr la foy de laquelle il auoit fait profcflion enuers le peuple , il délibéra reciter en
public vne prière par luy efcrite,& mile fecretement en fon fein , cnfemble vne exhor
tation aufîl eferite leparément & à part:craignant que s'il n'vfoit de ce moyen, fubit qu
onferoitabreuué de lafoy, il ne luy fuit après loiflble dédire deuant lepeuplece qu'il
voudroit. Eltant heure de neuf heures>arriuerent les leigneurs de Thamo, Brigge»
Brovvne, & les autres Eltats auec les gens de Iultice, enfem ble quelques'gentils-hom-
mes de la Cour &: confeil de la Roine , accompagnez d'alTez bon nombre de gés equip-
Diu«s in- pez pour feruir de garde:auffi s'y trouua grade conçu rrence de peuple, en plus grande
ETtcfn- deuoeion encore de voir la fin. Premièrement ceux qui tenoyet pour lePape,efperoyëc
ducs de bien que ce iour Cranmer auanecroit beaucoup de bonnes choies pour eux:auco«trai-
Cranmer. ,-^ceuxqnj auoyent&: lefens& la doctrine meilleure, nefe pouuoyent encore perfua-
der qu vn tel homme, qui tant de temps auoit pris vne il grand' peinepourl'aduan-
cement dcl'Euangile, maintenant fur la fin & au dernier acte vint à s'oublier iufques
Jà , qu'auoir le cœur de le quitter & abandonner. Bref, félon que chacun eftoit affe-
ctionné, il fepromettoit deceft homme ce qu'il en penfoit ou deliroit. Et toutefois
par ce que perfonne nefepouuoit afleurer bonnement deeequi feroit, chacun dc-
meuroit là comme en lufpens entre doute &efperance, fi que tant plus le peuple fe
trouuoit perplex en cela,& plus il en venoit,&: defiroiten voirl'ifîue . Eftant ainli
doneques tout le monde en cxpedtatiue il grande , voicy fortir Cranmer de la prifon
Bocard , lequel on mena au temple de l'Vniuerfité( dit Je temple de la vierge Marie)
en tel ordre que le Mayeur marchoir deuant, les Confeilliers venoyent après, chacun
félon fon reng : puis venoit Cranmer auec deux frérots, l'vn à main droite, l'autreàgau-
che, leiquels en cheminant murmuroyent quelques Pfeaumes parmy les rues, fe ref-
pondant l'vn à l'autre à la façon accoultumce des moines. Eftans arnuez à l'entrée du
temple , commencerér à chanter le cantique de Simeon , Nunc àimittts , &c. & iufques à.
ce qu'ils l'eurent a mené au lieu où il deuoit eftre,ne le lacèrent. Vis à vis du lieu
où le fermon fe dcuoit faire, il y auoit vn efchaffaut de mefme hauteur, fur lequel il
monta attendant que Col fuit prelt pour faire fon prefehe. C'eftoit certes vn piteux
niwffîon lpc£tacle, mais Chrefticn , que le cas & .contemplation de l'affliction que ce perfon-
lur la mile- 1 r • i J 1 i f\\ \ r1**
rc& affli- nage reprelentoit aux yeux des regardans : lequel nagueres eltant Archeuclque , Me-
«■on de rropolitain ,chcf principal de toute l'Angleterre, le premier homme du confeil priué:
ranmer. maint:enanc vcltu d'vne mefehante robbe, couuert d'vn bonnet rond vieux &: prefque
vfé, au reftedefTait&mifcrable en toute extrémité, expofé au melpris & opprobre du
monde,fcmbloit ne môltrer pas tant fon malheur, corne aduertir mefme vn chacun du
fien.
Thomas Cranmer. 4.20
iien. Combien quadirevray,ilnaitiamaisefteplus magnifique^ exceller queceiour-
la. caria vraye humilité qu'il auoit, fa patience, le cry ardent qu'il adreffoie fouuent à
Dieu, la côpon&ion qu'ilfentoit au profond de fon cœur, les loufpirs qu'il entremeiloie
parmy les oraifons&prieres:tout cela iointaueolemefpnsexticmc des homes auquel
il eftoit (qui font les propres marques &c ornemens des vrais Euelques ) le rendoit trop
plusarrelléen IefusChrift. En ceft habit donques,apres auoir demeuré quelque temps
fur leichaftauC) il fe retourna deuers le pilier plus près de luy : puis ayant mis les genoux
en terre , &: haulfé les mains au cieJ,fe mit a faire ion oraifon à Dieu . Cependant Col
monta en chairc,& print largumétde fon fermon fur Tobic&: Zacharie.-lcfiqucls après S?rmon de
auoir louez de leur confiance &c perfeuerance au rray fei uice de Dieu,vint à diuile r ion c"^™"
fermonen trois parties,à la mode des efcoles: la première fut de la milericordedeDieiu
la féconde, de lamanifeftation defaiuftice:ladeinieie,denedclcoiiuiir les affaires &:
fecrets des Princes. Puis,apres auoir pourfuyui quelque temps le fil de Ion pi opes, vint
à tomber fur Cranmer,& le reprendre aigrement de ce qu'ayant vue fois efté mlhuit en
la vraye &: catholique do&rine, il s'eftoit laiffé tomber en vne herefie peruerfe &c perni-
cieufe : laquelle iln'auoit pas défendue feulement par eferit & de zele, mais aufTi incité
plusieurs autres par dons ôiprefens à faire de mefmcs . comme prefentant recompenfe
à vn erreur ,&le maintenant par tous les moyens defquelsilfepouuoitaduilér. Cefe-
roit fe trop arrefter, de vouloir reciter icy tout ce qui fut dit. La refolution de fon fermô £j
fut telle, Que la mifericorde de Dieu eftoit accompagnée fi proprement de fa iuftict>dcCoi
que le Seigneur ne nous punifîbit pas entièrement félon nos meritcs:&que bien founéc
il nous puniffoit eftans mefmes réduits au vray chemin & à repentance de nos fautes ÔC
iniquitez.commelonvoyoiten Dauid,auqueleftant prefenté la croix des trois puni-
tions laquelle il aimoit le plus , &: qu'il eut choifi trois iours de peftiléce, le Seigneur luy
donna la moitié de ce temps-la , mais il ne luy remit pas le tout. Ainfi faifoit- on pielen -
tement à Cranmer: lequel bien que par les decrets&: Canôs il deuoit eftre receu en grâ-
ce Ôc à réconciliation, eftant reuny& reconcilié à l'Eglifctoutefois il y auoit des caufes
&C occaflons par lesquelles la Roine&: fon confeil eftoyét d'aduis qu'il mouruiidciquc!-
les il en reciteroit quelques vnes , félon la charge quiluy en auoit efté donnée, afin qu'il
ne s'efbahift de rien, & qu'il ne pretendift caufe d'ignorance. Prcmici ement, de ce qu'-
eftant coulpable delefemaicftc, il auoit efté motif & caufe du diuorce fait entre feu
fon pere le Roy,& la Roine fa mere, contre l'authorité mcfme du Pape,auquel appai te-
noit de ce faire. Secondement, de ce qu'il auoit efté heretique,&: la fource de toutes les
herefies &: opinions fchifmatiques,qui auoycnt par tant d'années régné en Angleterre:
defquelles iln'auoit pas feulement efté fauteur couucrt& caché, mais aufli defenfeur
ouuertiufqu'au bout,&iufquesau dernier terme de fon aage, par tant de liures &c ar-
gumensfemez publiquement &priuémcnt par luy, auecvn trefgrand fcandale ôcniL
ne de toute l'eglife catholique. Et pourtant qu'il eftoit bien raifonnable pour le deuoir
de la pareille, tout ainfi que le duc de Northumberland dernicremét mourant fit la pa..
reille àThomas Morus,iadis Chancelier du royaume,mourant pour l'eglife:auffi qu'il y irrifion fui
euft quelcun (jui refpondift &: fecondaft à Fy fcher RofFenfîs.Et d'autant que ne Ridley, f|"p™™k
nyHooper, ne R.Ferror n'ont en pareil cas fécondé iceluy RofFenfis, qu'il eftoit bien
feant maintenant que Cranmer, pour luy rendre mefme change, fuftaufli bien delà
partie de RofFenfis &Moru s. Il y auoit certaines autres caufes ô£raifons iuftes&gra-
ues , auxquelles la Roine & le Confeil s'arreftoic grandement , que toutefois il difoit ne
deuoir eftre communiquées au vulgaire. Col après adrefîà fon propos aux audi- Remonftrî
teurs,difantque ceft homme leur deuoit bien feruir d'exemple ,&; qu'il n'y auoit en ce ce de Col
jnondc hautefTe fi grande, qui fuftafTeuree deuoir eftre paifible. Quela vengeance de *u peuple.
Dieu eftoit tellement ordonnée & iufte, qu'elle ne pardonnoitàperfonne. Qucdon-
ques déformais chacun aduifaft à foy,&apprinft d'eftre obeiffant à fon Prince. Quefî
Ja maiefté de la Roine ne pardonnoit à vn tel homme, que bien mal aifément elle par-
donneroit en femblable cas aux autres. Qu'il ne falloir point que perfonne fe fiaft en fes
richeffes& nobleffe, eftant atteint de mefme erreur. Qu'ils auoyent bien deuant leurs
yeux à qui prendre exéple,&: au mal heur duquel chacun poifaft &: mefuraft ce où il de-
uoit deuenir-.lequel eftant en telle grandeur qu'autre ne ppuuoit fe pai âgonner à. luy,e-
ftoitneantmoinstôbéenvn eftatiî piteux qu'on lepouuoitvoir:commc eftâtdeucnu
petit compagnon de grad feigneur qu'il eftoit,d'Archeuefque & Métropolitain, captif:
BB.ii.
Lmr<uV. Thomas fanmer.
d'homme eftïmé U honore enuers cous, miierable &C condamne : voire déprimé & ter-
raiTe ii cres-bas , qu'il ne pouuoic ne mieux elperer, ne preique deicendre plus bas qu il
auoitfait lMnalement^adrellanrderechetàCranmei^admonneitoit&pnoitbieii
fort qu'il ix>rtafrpatiemmentlanecefl^
re le faut Q ue nui*; qu'il luy falloir palTer le pas, qu'il ne deuoic douter que Dieu ne le
recompenlaft bien amplement de ce qu'il s'elloit recogneu, U rallie au rang des autres.
OuiUepropolaftdeuant les veux la tardiue, mais heureuie repcncancc du Larron: au-
G^ltants'enfautquefesiniquitezpaiTcesioyenc venues en conte enuers Chimique
mefmeiltutcemermciourappelépoureftreenParadisauec luy. Quil ne regardé
point le tourmét qui (e prelentoit pour la chair : mais qu'il cfleuait fon clprit a Dieu,le-
ouel ne permet ïamais que lovons tentez par deflfus la torce qu il nous donne. Que puis
Gu'ainii eft, qu'il n'a occafion de douter de la grace& mifencorde de Dieu , &c qu'à l'ex-
emple des trois Hebneux , de S. Laurens & S. André , Dieu ne luy adoucie le ku, ou
bien luv donne force & pui^ance d'y reiifter. Pour le moins qu il le pouuoic bicnancu-
ter q ue iamais Dieu ne manqueroit à fes leruiteurs & ceux qui 1 inuoquen t. Ayant a-
cheué & tenu l'auditoire prelque deux heures , il rendit finalement grâces a Dieu,de ce
au'apres auoir eicriuc fi long temps pour conuertir & réduire vn tel homme,il luy auoit
finalement fait cefte grâce de le rappeler tl'eftimant indigne deviure, lors quil eftoic
comble d'honneurs :&t maintenant qu'il ne pouuoic plusviurc, indigne d'eftre mené
ainli à la morr Et afin qu'il ne partia de ce monde fans confolacion , qu'il tcroit fon de-
uoir &: luy promettoit au nom de tous les preftres qui eftoyee preiens, qu'il ne feroic pas
fi toft trefpalTé qu'il ne fift pour fon ame faire prieres,dirc Méfies , &: touces autres cho-
La grande {es necciraires & requifes. Cependant Cranmer demeurant aflis,monftroit aflez ex-
trade rieurement)tantparlevifagequautres marquesdeion corps,en quelle triftefle &c
prXccî- affl^ion d'cfprit il viuoit. leuant maintenant au ciel les yeux & les mains : maintenant
tericurcmet de home ^ auoit } ics iectanr vers la terre : de manière qu ayanc réitère les pleurs &c
larmes plus de vingt fois, il en auoit fa barbe blanche toute arroulee. Ceux qui furent
Le peuple prefens afieurent qu'il ne virent ïamais ainfi pleurer qu'il fit tant durant le iermon,que
côoafi&nné mefmemêc lorsqu'il recita fa prière. Et ne fauroit-on exprimer la pitié & côpaffionqui
tlbtrfaifit lors les cœurs de ceux qui pouuoyent regarder vnvifage tat angoffi^,&: vue figrâ-
Cunmer. de profufion de larmes , que iettoit vn tat illuftre & vénérable vieillard. Col après auoir
acheuc fon prclchc,voy ant que le peuple cômençoit défia a fe retirer,! exhorta de prier
Dieu-puis leur die, Mes freres,afin que perfonne ne doutede la conuerfion & repencan-
ce de ceft homme, vous cous l'orrez maintenât parler. Monlicur Cranmer,ie vous prie
bien arTe£cueufement que vous déclariez maincenâc par efFeft: ce que vous m'auez log
cemps promis de parolle : &c que vous vueilliez expofer icy publiquement la foy &: la cré-
ance que vous tenez, à cefte fin que vous oftiez toute loufpcço aux hommes, &c que le
monde entende comment vous eftes véritablement cacholique. Ieleferay, ditCran-
Cramcrpar- mer, crefuolonciers. Et fe leuant, & mettant la main au bonnet, vfa de ces mots auant
îefimleméc ^yçj^i^fQj^oraifon&au principal de ce qu'il auoita dire: Mes amis&freres en le-
au^uple. 4 ^ chrjft je vous fUppHe co9 que priez Dieu qu'il luy plaife vouloir effacer mes péchez,
lefquelsfonten grandeur^ nombre plus qu'on ne fauroir eftimer. Vrayeftqu'ily avne
chofe principalement laquelle me caufe &: engendre vne tnftefie fcdefplaifance excre-
me- mais i'cfpere vous la dire cy après furie difeours que îay a vous faire.Et ayanc mis la
main en fon fem , il tira fa prière , laquelle il récita de mot à mot > &c prononça deuant le
peuple prefquc au mefmefens qui s'enfuit:
oraifondc O s o v v E r a i n & couc-puiflanc Pere celefte, ô Fils du Pere,& Rédempteur du
Cranmer. nioncie,ô S.Efprit, tous trois vn Dieu : plaife-toy eftendre camiiericordefurmoypoure
& miferable pécheur. Helasii'ay offenfé & pèche contre le ciel & la terre,trop plus que
ie ne fauroye exprimefpar parolle. Où iray-ic donques ? de quel coite me courneray-ie?
àquiauray-ie recours? Dcleuer les yeux auciel,i'enayhonce:quancà la terre, ie n'y
voyfccoursquifoit:Medefcfpereray-ieîiaà Dieu ne plaife. Toy Seigneur es clément,
pourfuyuanc de ca clémence &: boncé touce perfonne , qui ayanc recours à toy, deman-
de grâce &c milericorde de fes péchez &: oifenfes , qui faic que ie me recire encieremenc
à coy. Tu es feul àqui ie me ren , & auquel aulfi ie confefie l'infinité &: enormité de mes
tranfgreffions.HelasbonDieu,partabontcinfinievueilleauoirmercydemoy.Cegrâd
myfterc indicible , que la Parolle ait efté faite chair , n'a pas elle' manifefte au monde ,
Thomas Cranmer. 4.11
pour peu ou pour petites & légères fautes & offenfes. Toy Pere celefte, n'as pas voulu
que ton FiJs lëfus Chrift noftre Seigneur fouffrift mort &: paffion pour effacer quelques
deli&s,mais pour tous,&: pour les plus grans de tout le monde, toutes fois &: quâtes que
les poures pécheurs le retirent de tout leur cœur à toy : ainfi que moy maintenant , Sei-
gneur Dieu, ie me ren &C donne de toute mon aflfc&ion à toy. Donques,Seigneur,par ta
bonté &: pitié infinie aye mercy de moy. le ne te demâde rien pour le regard de ma per-
fonne: ains ce que ie te demande eft pour illuftrer la gloire de ton nom, & pour l'amour
de Iefus Chrift ton Fils bien-aymé : afin que tout ce qui vient de toy, luy foit attribuc,o£
nonpasànous.Maïntenâtdonquesnoustc prierons par l'oraifon queluy-mefme nous
a apprife, en diiant , Noftre Pere qui es és cieux , fan&ifié foit ton Nom , &c. E t avan t
acheué fon oraifon(laquelle il auoit prononcée auec larmes &r foufpirs,Ie peuple priant
auec luy ) derechef eftant leué fur Ces pieds ,vfa de l'exhortation &: remonftrancc qui s-
enfuit : Tous hommes ont cefte bonne couftume , de laifler volontiers quelque ma dc "^"^
niere d'exhortation au peuple fur l'heure qu'ils doyuent partir de ce monde, afin daller au peuple,
rendre conte à Dieu: tant pour durer plus longuement en la mémoire de ceux quilef-
coutent, comme pour leur apporter quelque excellente édification. Cariladuientcô-
munément, que plus emportent peu de parolles proférées à l'heure qu'on s'en va mou-
rir ,& touchent beaucoup plus au vif le cœur des amis, quauparauant tous les difeours
& harengues de ce monde. Parquoy ie fupplie la maiefté dece grand Dieu, qu'il me dô-
ne maintenant la grâce que ce que ie vous diray à prefent , eftant preft de prendre con- Metw fon
gé de vous, foit à fa gloireA' à voftre falut en luy. Et premierement,c'eft vne chofe bien au0G
fort déplorable, que plufieurs hommes fe plaifent fi fort en ce môde,& y mettet fl très- ciel & nod
tat leur cœur & affection , que c'eft peu de chofe au refte de l'eftat qu'ils t ont dc l'amour çuU tOTC*
qu'ils doyuent à Dieu &c au royaume des cieux. Premièrement donques , mes chers frè-
res , ie vous admonnefte &C prie que déformais les voluptez de ce monde , ne chofes fal-
lesô£ defplaifantes à Dieu ne vous empefehent de cercher le royaumede Dieu, ains di-
rigezyosefprits,& rapportez toucesvos opérations à Dieu &àlavie qui dure fans fin.
Et foyez toufiours recors dc ce qui eft en la première de S.Iean,4.chap.Qv 'aime rc i Uean^.'
monde, est combatre contre die v , &£ eftre fon ennemy mortel ; &: que
ce foit là l'admonition première que vous retiendrez. La féconde, c'eft qu'après Dieu
vous rendiez l'obeiifance à voftre Roy & Roine , que vous deuez : & ce de cœur &: affe- obdflànce
ction, fans murmurer ou vous mutiner contre. Et ne faites pas de peur ou crainte que aulufcr,ÇUï
vous ayez d'eux, ains pour la reuerence que vous deuez à Dieu, duquel ils reprefentent
lauthorité& la perfonne en ce monderaufquels quicoque refîfte,refifteà Dieu autheur
de toute puiffance. La ticrce,c eft que vous aimiez fraternellement les vns les autres. ctarité dcs
Tay honte de dire les haines &maiuueillances qui régnent auiourdhuy mefme entre
les Chreftiens , & les cruautez qui fe commettent iourncllement,comme s'ils n'eftoyét
frères & fœurs entr'eux , mais tigres & ennemis mortels les vns des autres. Que dôque,
vn chacun s'efforce de fon cofté de profiter à tous, félon le moyen que Dieu luy a dôné:
& de ne nuire à perfonne: tout ainfi que nous voudrions eftre fait à nos propres frères
& fœurs naturels. Et que chacun retienne hardiment cecy: Ce i v y <xy i h ai t, ou
fait tort à fon prochain en intention de le faire , ne peut eftre aimé de Dieu, quelque o-
pinion qu'il ait au contraire.
Finalemin t, que ceux qui s enrichifiTent félon le monde,&: qui abondent en bies,
fc propofent diligemment douant les yeux ces dids de Iefus Chrift,Qv'ix est bien
DIF FICHE Q_V E LE RICHE ENTRE I A M A I 5 AV ROYAVME DE S CIE V X .
C'eft vne fentence contre le riche, mais elle eft proférée delà bouche deceluy qui ne
fait mentir. Dauantagc S.Iean dit , Quiconque voit fon frère en neceffité,&: ne luy fub-
uient, comment peut eftre la chanté de Dieu en vn tel homme ? Semblablement S. Ia-
ques,s'adreifantaux riches ô£auares:Or fus, dit-il, vous autres riches,pleurezhardimér, Uq.f.
commencez à braire fur vos miferes,lefquellesnevouspeuuent faillir.-vosrichefîesfe
font pourries, vos veftemens ontefté fuietsaux lignes, voftre or & voftre argent s'eft
corrôpu,&: cefte corruption rédra tefmoignage contre vous, & confumera voftre chair
comme le feu. Vous auez thefaurizé fur la fin de vos iours. Que tous riches mondains y
penfent bien : car s'ily eut ïamais temps auquel il falluft donner aux poures , ceftuy-cy
l'eft, veu la multitude des poures, ÔC la difficulté des viurcs, & d'autres chofes qu'il
y a quafi par tout. Et combien que i'aye demeuré long temps reclus en prifon , li iay-ie
BB.iii,
vns aux au-
nes.
L mrc^ V. Thomas Cranmer.
fort bien la poureté & la cherté qui eft communément par tout ce royaume. Et d'au-
tant que iefuis venu en cefte extrémité , qu'il me taut maintenant palier de celte vie eu
l'autre, & que fuis lur le poinct ou de viure éternellement auec Ielus Chnft noftre Sau-
ueur, ou cftrc damné perpétuellement au gouffre d'enfer auec tous les diables: voire
que ie voy mefmc prelt ntement deuant mes yeux, ou le ciel ouuert pour me receuoir ù
ie dy &c confelîé fans contrainte la pure vérité , ou la gueule de l'enfer prefte à me dcuo-
rer &: engloutir lîie defguife rien autrement que vérité & fidélité me commande: ic
vous veux maintenant vne fois pour iamais déclarer librement &: ouuertement quelle
eft ma foy , 6c ne vous en diffimuleray rien , ne par craintc,ne pour recompenfe que i en
efpere . car ie fuis venu iufques-la , qu'il n'eft plus beioin de dillimuler ou reculer , quel-
La Jcrnicre que chofe que par cy deuant i'aye ou dite ou eferite. Premièrement ie croy en Dieu
d^rimer. le Pcre tout-puiflant, créateur du ciel& de la tcrre,&:c. Bref, ie croy tous les articles de
la foy catholique, enfcmblement toute parolle de noltre Sauueur IelusChrift,de les
Apoftres &: Prophètes, compnfe tant au vieil que nouueau Teftament, &: m 'apeuré
fermement là delî'us. Orie vien maintenant à ce qui par deiîus tous les péchez &: of-
fenfesqueicfisiamais me tourmente &c afflige le plus en ce monde, c'eft vne fublcri-
ptionquei'ayfaitedema mainen vn papier efcntqu'on me prclentanagueres: car in-
dubitablement îel'ay faite contre venté encontre ma conférence. Iecuidoye parce
moyen cuiter le danger de lamort,&: prolonger ma vie en ce milerable monde . mais
maintenant ieprotefte enuers tous franchemet , que ie reuoque& annulle tous tels cC-
crits faits ou lignez par moy depuis le temps de ma dégradation: ie les deladuoué d'ores
& délia totalement. Au refte, quant cil de cefte main mal-heureufe, laquelle m'a feruy
à foufligner cefte mefehanceté contre ma propre confeience, ie la voue &c dédie à cftre
brufleeauantlesautres membres démon corps. ôdlitoftque ieferayau lupplice, elle
toute première en portera la penitécc,puis que c'eft elle de mes mébres qui a fait &exe-
cutélemal. Quant au Pape, pour vous le faire court, ie le tienne repute ennemy de
Iefus Chnft, voire le mefme Antechnft:&:detefte toute la doctrine comme faulîé,ôc
tous fes erreurs pernicieux & contraires à la parolle de Dieu. Touchant à la Cenc du
Seigncur,i'cn croy &c maintien tout autant que l'en ay traité iadis en ma defenfe contre
reuefquc de Vvinceftre:&: cftime que ceiiure-la a dequoy refpondre aux calomnies &C
Eftôncmét efforts des Papiftes. Tous les aliîftans eftonnez commencèrent fe regarder les vns les
desThcolo- autres, &merueilleufeméts efbahir,defc voir ainlideceus de leur opinion. Et y en eut
IXs^U*" qui luy mirent au deuant fonabnegation,luy reprochant la delloyauté. C'eftoit vnplai-
reuoite de lir lors de voir la contenance des Théologiens fruftrez de leur efperance . voire que ia~
Croiimcr. majs cruauCcne fe trouua ainli moquee,ne fi biê à propos. Et ne faut douter que s'ilfu ft
demeuré en fon abiuration,tous fulfent montez au fommet de leurs ergots. Or après
auoir ouy tout ce difeours , eftans deuenus tout efperdus ,ils ne feurent tque faire , finon
baiirer les oreilles, & efeumer leurs defpits accouftumcz.mais tout le pis qu'ils peurenc
faire, fut de luy reprocher fon infidélité & diflimulation. Aul'quelsil rcfpondit, Tout
beau, Mcfticurs, voulez- vous prendre les chofes ainfi ? I'ay hay toute ma vie tromperie,
préférant toufiours lîmplicité,&: li n'ay iufques icy vfé de diflimulation: ai n s tout ce qui
eft refté de larmes en ce pourc corps, femonftrealfez par Jesyeux . Et voulant pour-
fuyure le propos de la rraye doctrine & celle du Pape , les vns fe mirent à crier,lcs autres
à fccomplaindre:&:liir tout on ovoit Col criant qu'on luy barraft la bouche, &c qu'on
defpcfchaftdelefairc mourir. Cranmereftant poulie de l'elchafFaut en bas,eftmené
au feu , accompagne de Moinailles ,1e pou/Tans autant plusfuneulcment qu'il leur e-
ftoit pollîble : Quel diable, dif oyent-iis, t'a mis derechef en ces erreurs, par lelquels in-
dubitablement tu précipiteras là bas en enfer vne infinité d'iunes? Il ne leur refpondit
rien, adrelfantroufiours fon propos au peuple: linon queparfois il lé retournoit vers
Sidal , l'exhortant d'eftudier toufiours de plusen plusd'afléurant qu'où il prieroit Dieu,
&: liroit les Elcriturcs , qu'il paruiendroit à vne cognoilTancc plus grande. CecriartE-
fpngnol cydcuantnomméjcnrageoitdutout, &c monftroit bien qu il eftoit hors des
gonds : n'ayant autre propos en la bouche, linon ceftuy-cy, Tu n'as pas encore fait. Or
eftant Cranmer arriué au lieu mefme où les làinctsEuefques & martyrs de Dieu, Hu-
gues Latimer &c Nicolas Ridley auparauant auoyent efté brullez,s'eftant profterné bas
enterre fît fa prière à Dieu :& ne demeura gueres qu'il ne fedcfpouillaft mefmes iuf-
ques à la chemife. Or la chemife defeendoit des efpaules iufques aux talons. Il auoit
les
Thomas Vvitlé. 4.2Î
les pieds nuds,latefte pareillement. & ayant ofté les deux bonnets qu'il portoit ordi-
nairement,monftroit vn deflus de tefte chauuc. La barbe chenue& longue rendoit ie
ne fay quelle maiefté en fon vifagc,& grauité merueilleufe. En forte que la face &: con-
tenance graue de ce perfonnage rendoit amis & ennemis eftonnez. ces Frérots Iean 6L
Richard Efpagnols(defquels il a efté parlé ) le voulurent admonnefter derechef : mais
ce rut en vain. Ainii donc demeurant Cranmerfcrme& confiant enlaprofeffion de fa Confiance
do£trine,vint à tendre la main à quelques bons vieillards 6c autres qui eftoyent àl'en- dcCramcr
tour,leur difant A-dicu. Autant en voulant faire à Sidal,fut refufé de luv^difant qu'il
n'eftoit pas loifiblede refaluer les heretiques:mefmement vn tel , qui li maLheureufc-
ment retournoit derechef en opinions lefquelles il auoitluy-mefme reiettees. Que £™ut* a*
s'il euft apperceu qu'il euft voulu faire cela, qu'il neluy euft point fait d'honneur de le 1 :
fréquenter fi familierement.reprenant bien fort les gens de iuftice &: bourgeois , de ce
qu'ils ne l'auoyent refufé comme luy,lors qu'il leur auoit baillé la main. Ce Sidal eftoic
vn nouueau preftre, Anglois,commençant de s'infinuer en la faculté de Théologie , 6C
toutefois près de palier Do£teur,Sous-doycn d'vn collège qu'on appelé de Iefus. Ce-
pendant Cranmer eftant attaché à vn pofteau auec vne chaifne de fer , on commanda
de bouter le feuilequel gagnant petit à petit à l'endroit oùCranmer eftoit,eftendit fou-
dain le bras,& d'vne confiance merueilleufe auança la main au milieu du feu, qui s'efle
uanthaut,ardoittoufioursdcplusenplus:&neâtmoinsil la tint fi fermete immobile
(hors-mis qu'il en torcha vne fois le vi(age)quvn chacun la voyoit pluftoft brufleeque ^lf"eni
le corps euft encores enduré le feu. Quant au refte , il receuoit le feu auec vn arreft fi Craamer.
mcrueilleux,que ne fe remuant aucunemé t,demeuroit comme le pofteau mefme au-
quel il eftoit attaché,appelant par plufieurs fois tant haut qu'il pouuoit fa main , Indi-
gne.Ses yeux,il les auoit fichez au ciel,priant en cefte maniere:Seigneur,reçoy mon ef-
prit. ^"Veirtcudelaforce dufeUjrenditl'efpritàDicu.Frereleaneftonné d'vne telle
confiance,eftimant que ce ne fuft magnanimité , ains vn defeipoir (combien que tous
les iours on pouuoit aflez voir de tels exemples en Angleterre)courut vers le Seigneur
de Thamo,cnant que l'Archeuefque eftoit mort enrage &delefpcré. Luy quifauoit
afTez de quel courage les gens de fa nation eftoyent (incogneu toutefois aux Efpagnols
fort diftans 6c feparez de 1' Angleterre)nc refpondit mot:mais mefmes auec vn foufrire
fe moquoit de frère Iean,&: de la caphardife Efpagnolle.Telle fut la fin 6c ilfue de ce S.
A rcheuefque,lequcl Dieu voulu t conferucr,le faifant reuenir à foy , afin qu'il ne perift,
félon que fes iugemens font incomprehenfibles . 6c le faifant mourir honorablement^
afin qu'il ne vefquift en opprobre & ignominie perpétuelle.
THOMAS VVITLE, mtmftre ^nglo».
t E S Miniftrcs de la parollc du Seigneur.ont auffi en l'hiftoire Je ce Martyr.vn exemple de marque & impreffion de la mî-
fericorde de Dieu. car Vvitlé annonciateur d'icelle,comme il fut appréhendé, fedcfdit: mais le repentant puis après de
fa diffimtrlatioti, il endura le martyre de fi grande conftance & magnanimité pour la do&rine de l'EuangiIe,qu'il édi-
fia grande multitude dé peuple en fa mon.
E perfonnage feruant de Pafteur en vne parroi/lè nommée Kyrbie , fut aC
I failly après la mort du roy Edouard, par la violence 6c opprefïïon des Euefl M. D.lVl
jques:& toutefois comme il pouuoit recouurer quelque opportunité^ ne
[cefl'oit de femer l'Euangile par cy par là.Finalement il fut pris par vn nom-
mé Edmond Alebafter , lequel par flateries&: déceptions faifoit eftat d'attraper béné-
fices &: dignitez.Ceft Alcbafter,pour faire plaifir aux ennemis de la vérité , mena pre-
mièrement Vvitlé au Chancelier Gardiner,euefque de V vinceftre , qui eftoit nouuel-
lement faify de la maladie,de laquelle il mourut depuis trefmiferablement. Gardiner
au lieu defaueur que pourfuyuoitAlebafter,le tança fort aigrement, difant,N'y a-il au-
tre que moy,a qui tu amenés ces racailles-cy.? Va au gibet auec tô opportunité.En cefte
forte ce flateurfutdeceu,&: ne feut plus que faire , finon mener ion prifonnier en der-
nier refuge,à l'euefque de Londrcs.Ce bon Euefque l'ayant premièrement fait mettre
en laCharbonniere dePhilpot,quelque peu après le fit appeler,& comméça àl'efprou-
uer d'vne rufe 6c façon non vfitee aux autres Euefques , qui n'eftoit pas voirement Q
BB.iiii.
Lmrc^ V. Thomas V vit lé.
grieue au corps,toutefois eftoit fort pcrnicicu fe à l'amc:afin que par douceur contrerai
ce,& quelque dextérité qu'illcpcrfuadoitd'auoirabien tromper,ilarrachaft vn renon
cemenc de la vérité des poures fi Jeles & fimples.De laquelle façon il via lors principa-
Rufcs de lement enuers ce miniftre. Il fît donc appeler Thomas,&: luy tint des propos gracieux,
^•"dVIon k ci aicanc rorthumainement,tant à table qu'en deuis familiers: mefme le failoitpour-
dres. °n mener auec luy >&: ne vouloir point parler à luy qu'il n'euft la telle couuerte: ce qu'il ne
faifoic point à tous.Toutefois il difoit qu'il faifoit cela pour la vertu qui eftoit en luy, te
pour la reuerence facerdotale:il le louoit &: traitoit familièrement, faifant femblât auf-
û d'aimer les vertus. Il mettoit enauant plulieurs chofes de fa prudence,de fa modeftic
fingulierc,defon bonefpnt,&de fon grand fauoir : lefquelles vertus il cognoilîbit en,
luy en partie par le rapport des autres, en partie pource que luy mefme en auoit plus
veu de lès yeux que la renommée n'en auoit femé.Bref,il l'auoit en telle eftime , qu'il le
reputoit digne de grande compagnie de feruiteurs,&: de quelque grand palais ou mai-
fon fomptueufe,ou deftre doyen ou archediacre en quelque grande eglife. Outre tout
cela,il luy promettoit de luy alîîfter,pourueu auffi que luy.mefme ne faillift pas à faire
fon deuoir.IH'admonneftoit donc &: conleilloit pour la bonne afté&ion qu'il luy por„
toit,de regarder à fauuer fon bien & fa propre vie, & ne faire que le profit des autres
luy fuft plus précieux que le lien propre: pluftoft de predre conlèil de fa propre pruden
ce,qui eftoit finguliere. Et fi iufques à celle heure s'eftant accommodé aux temps , il a-
uoit erré auec plufieurs,qu'il fe retire maintenât de l'erreur commun pour eftrc réduit
auec tout le peuple. Ce qu'il auoit erré,c'eftoit vn vice humaimmaintenant cela con-
uiendroit fore bien à fa grand'prudence,de fe repentir:& dauantage,cela viendroit bie
à propos pour fa fain&eté. Auec ces parolles amiellees de l'Euefque,voicy lesferuiteurs
L^ffonT *UY °ffrirenc prompts feruices,les Preftrcs deuifoyent,(c iouoyétjpaffoyentle temps,&:
dcfdirc beuuoyent auec luy. Et au lieu du trou crafTeux & obfcur de la Charbonnière où il e-
Vv«ié. ftoit,on luy donna vne belle chambre, comme à fvn des compagnons de l'euefque.
Bref,on fe feruit de toutes occafions pour l'attraper,ou pour efbranler fa vertu, ou pour
amorfer fon infirmité. Or pour le faire court,la fimplicité fragile de ce perfonnage
fu t tellem ent furprife par telle rules s &c flateiics,qu'il commeça premièrement à chan
celer,&à conceuoir quelque volonté de fedefdirc , & à donner cfperance de ce faire.
Ces gens-cy l'apperceuans comme vne paroy prefte à tombcr,ne ceffent de faire branf-
ler ce qui eftoit à demy cheut,iufqucs à ce que finalement ils vindrent à bout de leur
entreprife. Vvitlé donc fut ve incu par ce moyen,& s'accorda finalement à tout ce qu'-
ils vouloyent:& pour dire en vn mot,il fouferit àleurs loix &: impiétés aueccela il affi-
gna vn certain iour & lieu^où il deuoit publiquement renoncer à fa do&rine , laquelle
il auoit prefehee auparauant. Ce poure homme s'eftant ainfî aliéné Se deftourné de
Dieu.fut fait proye àSatan:& s'eftant retiré de defîbus l'enfeigne de Iefus Chrift,il cô^
mença à prendre la folde du monde,&: du Pape feigneur du mondf . Mais voicy, Dieu
tout incontinent après môftravne merueillcufe bonté, & vn fingulier tefmoignage de
fa grâce. Combien que fon gendarme fe fuft reuolté de luy, toutefois il n'abandonna
point celuy qui l'auoit quitté:& ne permit point auxPapiftes de triompher longuemét.
Vvitlé fentant la bonté & grâce de Dieu reluyre dedans fon cœur , fe refueilla &c co-
gneut fa faute,&: plourant fa defloyauté, demanda pardon. Et fa triftcfTe futfigrande,
qu'à grand' peine peut-il long temps après reprendre courage:car de faiét il eftoit com-
me englouty de fa douleunmais finalement il print ce confeil de retourner au Greffier
qui auoit mis par eferit fa retra£tation:&: le pria fort afreftueufement de luy môftrerle
regiftre des noms,difant qu'il craignoit que le Greffier n'euft point fidèlement eferit
les poinérs qui appartenoyét à fa rétractation. Le Greffier nommé Ionfon,penfant qu'il
n'y euft nulle fraude en cela, luy monftra volontiers le papier de fes regiftres. Ainfî
que le Greffier lonfon s amufoit à quelques autres chofes, Vvitlé après auoir rencontré
ce qu'il cerchoit , print le fueillet auquel mention eftoit faite de luy ,& le defehira en
mille pièces. Cegreffier lonfon eftant fort irrité de ce quel'autre auoit fait,Ie fit cm-
poigner.lequel offrit volontiers fa perfonne,&: fe laiffa paifiblemét mener àl'Euefq Bo
ner.l'Euefquc eftant fimplement informé du faid,deuint comme forcené , fe ietta fur
lafacedecepourepnfonnierdctoutfon pouuoir, &c monftrabien lors fon mefehanc
naturel qu'il auoit caché. Il print Vvitlé par la barbe, & le frappoit des deux poings,
luy arrachant les poils de la barbe unroft d'vn cofté , U tantoft d'vn autre.
Etne
PluJIeftrs Martyrs. 4.23
Et ne cefla d'exercer fa furic,iufqucs à ce qu'il euftlanTé ce pourehôme corrtmegifant
mort par terre. Finalement après que V vide eut repris haleine,ceft Euefque taillant
les coups de poing,commença à procéder par ourragesjdi(ànt,Mal-heureux,i'ay perdu
maintenant la bonne opinion que i'auoye de toy,& mafoy enuers toy,veu q ne gardes
pas la tienne. Apres les iniurcs il l'enuoya en prifon .<J~ Or V vicié fut détenu prifonnier
parrefpacededix fepmaines, dequoy fereiiouitentgrandement tant ceux qu'il auoic
pour compagnons en la prifon , que ceux qui eftoyent dehors . Car quant à ceux qui e-
ttoyent dehors, il ne fut point parefleux à leur eferire fouuét:&: quant à ceux*]ui eftoyét
priionnicrsauecluy,il lcsfortifioit,&:par fon exemplelcur monftroit comment ilfaL
loit qu'ils fuHcnt conftans. Entre ceux qui eftoyent là prifonniers, il y en auoit vn qui e- yn Arien
ftoit infcdtédc l'erreur d'AriuSjContie lequel Vvitlé difputa fort longuement ,&:aprcs conuerty
auoir pris grâd' peine,le retira de fa mauuaife opinion. leql depuis fit côfeflïon de fa foy par Vvitlc
en la prefcncedcplufieursfreres,&proteftaduchangemét defonerreun&mourutcô-
ftamment auec Vvitlé. Durantletcmpsque Vvitlé demeuraen la prifon de Nevvgat,
où il fut vn mois ôc demy,plu(ieursle vindrent aiTaillirde parolles. L'Euefquede Lon.
dres voyant que tout cela ne profîtoit de rieh,manda finalement qu'il fuft tiré de fa pri-
fon:&: qu'eftant reueftu de robbe facerdotale,il fuft amené deuant le peuple, à celle fin
que là il ouift fa dernière fentence pour eftre degradé.En cette aiTemblee-la il y auoit fix
Euefques,quatre Docteurs,&: autres eftaffiers. L'cuefque Boner auant que pronon- Degradattf
cer la fentence, luyofta premièrement la robbe longue &c les ornemens presbyteraux, dtVT,tié
félon la façon accouftumee:puis procédant àla dégradation attuellejqu'on appelé, luy
ofta les ordres de preftnfe. Apres tous ces beaux myftercs il luy dit, Va maWieureux*
ofte-toy d'icy:tu n'es plus preftre,ainshcretiq. Et Vvitlé luy refpôdit>Tenez-moy mille
fois pour hérétique ii vous voulezrie fay bien peu de cas de tout cela , moyennant que
le Seigneur mon Dieu me repute pour fon feruiteur. Mâis quelque hérétique que ie
foyc,ie vous prie rendez- moy mes habillemens delquels i'eftoye veftu auparauant.
^ Apres cela on procéda au iugement de la cauiè,auquel V vitlc les attendit qua-
tre heures entieres,difputant doctement &: prudemment pour fa caufe. Mais autant
que luy les gaignoiten bontéde caufe, autant iceux le hirmontoyent en violence &
opprcffion:& la fentence de mort prononcée contre luy fît la fin du procès. ^Vvitlé*
donc eftant condamné > du fiegeiudicial fut ramené en la prifon.où là employa ce peu
de temps & vie qui luy reftoit,à prier £)ieu:à confoler les frères, à eferire à fes amis . En-
tre autres lettres il en efcriwt vne excellente à deux de fes freres,le iour deuat qu'il fuft
bruflé. Vn nommé Richard Spenfer a recueiîly de ladite lettre ce peu d'hiftoire qui
efticy déduite par efcrit.il fut bruflé à Londres auecceluy qu'il auoit retire de l'erreur
Arien:&: auec cinq autres conftans &: fidèles Martyrs de IelusChrift. Entre ces cinq Cino Ma^
Martyrs il y eut deux femmes de Londres.fvne eftoit défia aagee , matrone hondrable «y" «"fc*
de Sonthv vorkd'autre eftoit encore fille,chafte&: fort belle. Cefte.cy fut aflaillie en ^-^^
diuerfesfortes:maison ne la peut iamais retirer du bon chemin de la vraye religion,
pour quelque perfuafion que Ce fuft : & pourtant elle fut brufleeauec les autres , au
tnefme habillement qu'elle deuoit eftre accouftree en fes fiançailles, prenant le Fils de
Dieu pour fon efpoux.En ce nombre-cy eftoit M.BarthelemyGreneidcnoble famille,
qui fut pris à caufe de quelques lettres qu'il auoit eferites à vn fien amy Théologien,
qui eftoit lors enexil,comme en fon hiftoirecy après eft contenu. A v demeurant^!
y en auoit fept en tout qui furent là bruflez,defqucls les noms s'enfuy uent:
1 . Thomas Vvi t l b . ii.Barthelemy G r e n je .
in. Thomas Brovn. iiii.Ie anTv stok.
v.IeanVvent. vi. Agnes FaVstu.
VII. 1e ANNE La S H E F OR T.
To v s ceux-cyfurentcnfemblebruflezàLondresran Jd.D.t v i?
le^7.iour de Ianuier.
Plufieurs Àdartjys
I E A N LOVVMA S^autm.
R après que Vvitlé & fes autres compagnons eui ent efté exécutez en !a vil
M. D.lvj. ïîbirySk nie de Londrcs,ily en eut cinq autres brûliez en ce mcfme mois de lanuier
(le de Londrcs,ily en euteinq autres bruilez en ce meime mois de lanuier
XW$^4 ^cn *a V1^c ^e ^anturbie ce ^Llt k Jetnict iour de lanuier de cefte année , m.
v i.àlauoir, i. Ie an Lovvm a s. i i. a n n s Al b r y g h t .
ni.IftANNk Soalle. un. Ie anne Painter. v. Agnes Snode.
M. D.LVI.
ANNE POTTEN,c^iiFEMME àeMicM
C Y de/Tus en l'hiftoirede Robert Samuel,martyr du Seigneur,nous auons fait mention de ces deux femmes def-
quelles l'hiftoire,cnjant à leur mort,vient en ceft ordre de temps.
^fé^l^N T R E celles qui ont vertueufement bataille' fous l'enfeigne de Iefus
(Chrift,&: qui ont obtenu victoire fous fa conduite , c'eft bien raffon que ces
_ tfdeux femmes y foyent mifes, Anne Potté,& la femme d'vn nommé Michel:
3p$i'vne cftoit femme d vn Cordonnicr,&: l'autre d'vn brafteur de bierc,toutes
fille.
deux de la ville d lpfev vytche.Elles auoyent efté mftruites parRobert Samuel miniftre
de Barholt,audiocc{cdcSuffolc,duquelcy de/ius nous auons expofé Je martyre. Au
meime temps que Samuelfut mené au fupplice,tes deux femmes furent apprehedecs.
La icune fillc,qui donna ce faind baifer à Samuel,ainfi qu'on le raenoit au dernier fup-
rvn^ 'ie plice(œmmciîcftditcnfonhiftoiLe)eftoitdeJa compagmefort familière de ces deux
ilC remmes:laquelleauoitconfcilléàrvned'ellcs,lavoyantrefohie&dclibcreede n'obté-
pererauxordonnances delà Roine, elle luy confeilloit de prouuoir de bonne heure à
les afFaires,cependant qu'elle ta au oit le loiûr&: l'opportunité, craignant les grans in-
conuenicnsqui aduiennent iournellement par l'infirmité des perfonnes. La femme à
laquelle celte fille donrroit ce confeil , luy relpondit , le fay bien qu'il ne nous eu point
défendu defuir:&:fibonvousfemblc,vouspouuezfuyureccmoycn:quantàmoy, mes
affaires ne portent point ccla.Ie fuis icy attachée à mon mary:dauantagc,i'ay allez bon
nombre d'enfans en nia maifon:&: ie ne fày comment mon mary , qui eft encore char-
nel^pourroit porter mon département. Parquoy ie fuis du tout refolue d'endu-
rertoutesextremitez pour l'amcJur de ChriftcV de fa vérité éternelle. ^ Cefte ref-
ponle eft digne d'eftrenottee,pour monftrer de quelle prudence &: zele ces fain&es
femmes eftoyent menees;& comment le Seigneur les auoit munies de vraye eonftan-
cc*à la^uèllela fin & iftlie de leur vie fut du tout correfpondan te. Le troifieme iour du
mois dcSeptembre,quicftoitle iour après que Samueleutefté bruflé , on les ferra je-
ftroitement en prifon. Et pource que félon leurfexe elles eftoyent vn peu tendres, la
dureté de là prifon leur fut du commencemét grieue &; difficile à porter.Et ouereeela,
celle quieftoit femme du bralléurdc biere,futgneuement tourmentée de paffionsin.
terieures.Mais Chrift iettant les yeux de (a-bonté fur les combats de fa feruante , ne la
delaiflà»ains la fecourut&:fortifia,tellement que la longue détention & horreur de la
prifon ne leur cftoit qu'vne attente dvne deliurace bien-heureufe de tous maux. Fina-
lement le i ^.iour de Feurier, decefte année m.d.lv i,leur apporta heureufe deliuran-
cc:ce fut à Ipfevvytche où elles furent bruftces,pour eftre maintenant efpoufes du Fils
de Dieu en fon royaume etexnel.
Refponfe
vercueufe
de la fem-
me mariée
I AQ^VES À BS,^»*Aw.'
L E prouerbe ancien qui dit.Qye fouuent on void combatte ecluy qui s'eftoit cnfuy,fe peut appliquer i laques Abj,ou Abbu%
lequel s'eftant defdic de la vcrité.puis fc repentant retourna en prifon ie (on bon gré: & fon abiu/ation finalement chan-
gée en vraye confclûon Se martyre pour la vérité Chrcftienne.
ONa
Plufieûr s Martyrs. 424.
S?^vS?vN a vcucydc/Tus l'exemple de Vvitlc, lequel sellant pourement reuolté, M D Lyj
$ fut neantmoins remis fous l'enfeigne de Chrift,&:môftradepuisvn fort bel
^feX*i£) /^exemple de vraye confiance. Vncchofe femblableeft aduenue à laques
^^^^âlAbs.linon que ceftuy-cy fut contraint par tortures,au lieu que Vvitléfut at-
tire par fîateries: toutefois l*vn&: l'autre fe font deldits , ô£ont renoncé la vérité: tous
deux aufli fe font depuis repentis , &c tous deux ont finalemét foufrert vn mefme rnarty
re pour le nom de Chrift* Au refte,voicy quelle eft l'hiftoire de ce laques Abs.
I l auoit vn lien voilin qui luy eltoit fort familier , homme riche , cependant n'ayant Vva<&
nul fauoir , qui sappeloit Vvaderauquel Absapprenoitàlire.Ce Vvade eftant aucune- Iddtn'
ment inftruit,n alla point au temple à la façon des autres : tellement quvn homme de
iufticc nommé Idden , le fîtappeler, 6C Vvade comparut accompagné de laques fon
magifter. Là tous deux requirent que de la ils fullent menez à rEuefque,quie-
ftoit pour lors à Lainam. Et quand ils furent là venus , l'Euefque commença incon-
tinent à examiner Vvade touchant fa dodrine.Et toutefois Vvade demanda qu'on luy
donnait certain iour pour refpondre. Mais Abs fit quelque ligne de face &£ de contenâ-
ce,côme celuy qui fembloit rire & applaudir à Vvade. Quand l'Eucfq eut apperceu ce-
lle façô de faire,il demâda à Abs quel affaire il auoit là .Lequel refpondit qu'il eftoit ve-
nu auec ceft homme de bien. Qupy fdit l'Euefque^'appelez- vous homme de bien ? Et
Abs dit,Ic l'eftime tel voirement,s'il perfifte en celle bonne volonté qu'il auoit quadil
partit de fa maifon. Alors l'Euelque luy dit,Dites-moy donc ce que vous fentez du Sa.
crement de l'autel. Il rcfpondit,Ie dy que c'eft la plus horrible abomination de laquelle
on ouyt iamais parler. Il futincontinent mené en pri(on,& mis aux ceps audit lieu de
Lainamsôi toft après furent menez tous deux par deuers le iuge Idden par Iean Milles
preuoft de V vhTon.Ce iour-la le luge n'eftoit point en fa maifon , mais il retourna bien
toft apres:& Vvade auec fon compagnon fe prefenta de fa propre & franche volonté.
Le luge les renuoya derechef à rEuefque,lequel les fit mettre en la prifon de Berie . Et
pource qu'il luy fébla qu'ils eftoyét là trop benignemét traitez , il les fit trâlporter en là
prifon de Norvvic.&: commanda que IaquesAbs fuft là plus eftroitemeht ferré &: tenu.
Il luy fît mettre vne chaine de fer au col,&: à les deux pieds, qu'à grand' peine auoyent-
ils la largeur de deux doigts pour fe mettre & pour porter le poure corps. On luy bail-
loit cnuiron la quatrième partie de ce qu'il falloir a ion manger , & pour tout fon boire
vn bien peu d'eau. Finalement la faim &: la foif, &c l'horreur de celle prifon luy firent
quafi perdre tout le fens:tellement que cela le contraignit de fe rétracter : &: l'Euefque
&le Chancelier l'enuoyerent auec vn petit billet au curé de fa ville, afin qu'il recitaft
publiquement au temple ce qui y clloit contenu :&c Juy firent quant & quant donner
argent pour faire le voyage. Apres qu'Abs eut fait abiuration,il fut touché d'vnerepcn Ur*?^a
tance telle qu'il retourna vers l'Euefque , combien qu'ily euft long chemin àfaire:& pCrcsfonsab
ayant efpiéfoccalionil fe prefenta dtoit à ceft Euefque en vne grande alfemblée:&:de- iuration.
uant beaucoup de gens qui là eftoyent tendit le billet,&: dit,qu'on auoit plus eferit qu'-
il n auoit entendu:&: fi rendit l'argent qu'ils luy auoyent fait donner pour faire fon voya
ge.Et voyant qu'ils ne le Vouloycnt receuoir,il le ietta au beau milieu d'eux,difant , Pe-
rifTez auec voftre argét.Sur quoy eftât empoigné &: mis en pnfon,toft après receuefen-
tence de condânation d'eftre bruflé. Quand il fut prochain derexecution,il demanda
au luge qu'il permift au peuplede faire orailbn auec luy.Le luge luy dit qu'il le permet-
toit,po!irueu qu'il fe vouluft conuertir. Et il dit, le croy en Iefus Chrift: à qui voulez-
vous que ie me conuertilTefEtadrefTant fon proposé fa prière au peuple, il requit tous
ceux qui là eftoyent de prier auec luy,& qu'auant mourir il euft ce bien que leur voix
foft coniointe auec la lienne. L a plus-part de crainte murmui oit tout bas vn bruit de
voix.& n'y en eut en toute la troupe que trois qui efleuerent leur voix:à fauoir,
i . A m m o n ; n.h anRojsî^iii. Alue Spensïr.
B ARLET, w»BARTHELET GRENE.
C Y deflus en l'hiftoire de Thomas Vvitlc.nous auons parlé de fept Martyrs qui furent enfemblc exccutez:entrc lcfcjuelï Bar-
thélémy Grenc(vulgaircroent nommé Barlct ouBarthelct)cn eftoit l'vo:& duquel l'hiftoire,qui en ce lieu-la a cfté pro»
■»uc,cft icy deiente.
L/#ro V. ^Bar/et C/rentL;
! O V R monftrer que vicils&: ieunes,nobles Se ignobles, ont en ce Recueil
'part à la consolation qui y elt excellente, pour repoufier toutes exculcs 6c
[tentations qui empefehent ordinairement &: retardent le vray feruice de
Dieu, nous ioindrons à ces bons Pères propolez cy deuant en leur rcng,l'e-
Xt nipie u vn qui dés la ieunciTe seftoit dédié pour porter teimoignage «i la vérité. C'eft
Barlct Grcne,iiru de noble maifon de Lôdres:lequel palTa les premiers & puériles eltu-
des en l'vniuerlitcd'Oxonc, &: profita grandement és langues Latine Se Grecque.
Puis s'ei tan c adonne à l'cftudcdcs loix,en peude temps y fut tellcmétauancc,qu'ilfur-
monta les autres dt Ion aagc:&. eftoit comme vn vray exemplaire aux autres citudians.
Pour façon uerfation, les mccurs,ia modettic , îln'y auoitceluy qui ne deliraftfon ami-
tié. Au demeurât il reccut le comble de toute felicité,à lauoir la cognoiflance de la pa-
rolle de Dieu, lors que le docteur Pierre Martyr y eftoit prorelTcur c nTheologic& lain-
Êfces lettres. Aduint de ce temps, en la giâde fureur de celle perlecution,que la Roinc
Marie entre autres defenfes ayât tait publier, Que nul n'aidait ne mâdaft lettres à ceux
qui eftoyent fugitifs du royaume poui la iecteLuthcric nne:vn certain meifager fur fur-
prins,portantplufieurslettrcs,cntre lefqucllcs il y en auoit vneeicritc par ledit Grcne
à vn lien amyabfe nr pour ceftccaufc. Ces lettres portées auConfeil delà Rome, Gienc
eftant adiourné à comparoir per(onncllcment,recogneut la lettre lans aucune difficul
té. Le Chancelier luy dit en pleine al iemblccduConleil, que pourtant qu'il auoit eferit
ladite lettre à vn hérétique, il en autoit l'exécution de l'ordonnance. Grencd'vncccur
gay lànsheliterrcfpondit,A la mienne volonté qu'ainfi foit:&: furlcchamp pri-alalTem
blcc qifiis miilcnt bien toft en erfect leur parolle : & qu'il defiroit mourir pour la con-
fclîîondu nom de Dieu. Eux voyans iaconftance,&: qu'il parloit de telle rerueur, fu-
rent grandement eftonnçz , &: ne luy leurent que reipondre , linon qu'ils commande-
rentdelemeneren prifon.La eftant fut (olicité par fîaterics &: douces parolles de fes
parens& amis,voire des Papilles, mci'mcsaucc larmes (car il eftoit grandement aime
&: regrctre^qu'il euft à garder l'honneur des liens & fa vie , c'eft aifauoir,en le defdiiant.
Apres les auoir eleoutez par trop patie mment, foulïigna cet tains articles contenusen
vn papicr,qu'iceuxanys luyauoyét drelîe pour le fauuer.maisincontinét qu'il futreuc
nu \ foy,&. rcmiscnla dioite voyc,ai tacha des mains d'iceux ledit papier,& le defehira
par pièce*;. A raifon dcquoyle lcnd< main fans tarder il fut fcnrcntié&: condamné d'e-
ftrebrufléen la place de Smithfild:& pour cela mttranfporté d'vnepnfon en autre, ail
lauoir de la groiiè tour en Nevvgar,qui eft la prifon des origans: auquel lieu la n uict dé-
liant l'exécution, il cfcriuit à vn lien amyvnelettre pleine de fentences de l'Efcriture
& de grande conlolation, contre les regretes de lamort.
lob i*7!* \A 1 E v x vaut *e lour ^a m°rt(dit le Sage)quc le iour de la nailTance L'homme nay
Apoc4i4.i3 la femme vit peu de tcmps,&eft rc mply de plulieurs miferes:mais bien-heureux
lontceux la qui meurent au Seigneur. L'hommenayt de la femmeen douleurs, vit en
miferc,&: acheue Je cours de les iourstn calamité. L'hcmmecn Iefus Chrift meurt eii
ioye,pour régner en fehcitc.Il eft nay donc afin qu'il meure:& meur.t afin qu'il viue.In-
continent qu'il lort de la mcre,il monftrc la milerc par larmes: mais allant au trcfpas il
s'eiiouift & glorifie le Se igneur. Des leberceau trois enncmisleviennent aflaillinmais
après la mort il n"a aucun aduerfaire.Cependant qu'il vit icy bas,quc fait-il autre chofe
que melprifer le Seigneur'rmais après fa mort il le deldie à la volonté d'iceluy. En celte
vie par le péché il elt en la mort: maiscnlavicà vcnirilviten iufticc& fain&eté. Par
plulieurs tribulations en ce monde il cftpurgé:maisau ciel il cil renouueléà ïamais en
icvepcrdurahlcicyàtoutesheuresilmcurt : maislà il vitetcrncllcment. icyeftlcpe-
chetlàil eft iu(tice. icy bas il n'y a que changemcnt:mais toute éternité eft là fus. icy eft
haine. & Jà eft amour. icy auons falcherie;mais là auons plaifir.icy eft mifcre:là eft félici-
té.icy corruption: là immortalité, icy vanité: là con tente ment & fermeté. Oamy,quad
Color 1 riOUS<eiol,sai,cclaniai(ftédeDieu, nousferonsen joye triomphante & gloire perpé-
tuelle.Ce pendant donc que ferons icy,ccrchons les chofes qui (ontd'enhaut , ou Iefus
Chrift eft a/îis à la dextre de Dieu le Pere,auquel foit tout honneur Se gloire éternelle-
ment. DelapniondcNevvgat,lc2.5.deIanuier.M.D.L v 1.
Pa R.le tout voftre frère en Iefus Chrift, Barthélémy Grenc.
LE
Quatre martyrs dc_j LiJUu. 4 2j
L e lendemain qui eftoit lei6. dudic mois de Ianuicr,ayant ia receu fentence de mort,
fut mené en la place qui cil prochaine de ladite prifon 9 pour y eftre exécuté. Ce fut vne
chofcefmcrueillablc,d'vne telle force &: confiance en cefte ieunefle,&: du courage fi
excellent &: vertueux qu'il eut à endurer vif le tourment du feu , louant &c glorifiant le
Seigneur. Auec luy quelques autres furent exécutez, deiquels nous auons parlé cy
defl'us au martyre de Vvitlé.
Sixième Iiure de lhifboire des
MARTYRS.
De quatre ^Martyrs exécutez* en la ville de Lijle lez> Flandre^.
Robert Ogvie R,&ptV e mme. Bavde chonC^Mart i n yleurs enfans .
L'EXEMPLE de cefte lain&c f jraille fera heureufe entrée à la fixieme feétion de ces Recueils. & nous enfeigne
quels font les vrais ornemens dont tous peres, mères, & en fan s de famille doyuent eftre parez & ornez.ee font
les vrais fruits de la cognoiffanec de l'Euâgile,qui pourront rendre tel tefmoignage à nos prochains qu'ils y pré
dront garde, c\r feront confcrmez.voyâs ces ornemens procedans de vraye foy,eftre côtinuez iufques à la mort.
A ville de Lifleà bon droit peut eftre nommée aureng des pre-M.D. LVi,
miercs villes marchandes qui font au pays-bas de FJâdre, Artois
&Hainaut,vncdc celles aufquelles le Seigneur a diftrïbué de
fes bénédictions, non feulement quant aux biens de ce monde,
m«iisauifidefcsgracesfpirituelles,cntellemefure,que fous la
tyrannie de l'Antechriftcspays defilis .nommez, il fe trouuera
peu de lieux oùl'Euangile en ce temps ait eftéen plus grande
hardieffe prefchc& annoncé,& aucczele & affection receu , co-
rne en icelle ville. Car l'efpace de troisans precedens l'Euangile
ayant efte annoncé &: prefché fecrettemét par les maifons , par les bois, pat les champs
&: cauernes de la terre, au grand danger delà vie de ceux qui s'y trouuoyent : la crainte
de la tyrannie n'a peu refroidir l'affection ardente qui cftoit au cœur du peuple , affamé
dudefirdc la pafturc& nourriture des ames. La prédication y eftoit pratiquée, &mife
enerTecblesccuuresdc m ifericorde y eftoyent exercées, non feulement entiers les do-
meftiques de la foy, mais auffiles ignorans: tellement que beaucoup parce moyen e-
ftoyent attirez à la cognoilfance de Icfus Chrift. Ils auoyent ordonné certains Diacres
pour receuoir les aumofncs , homes craignans Dieu,& de qui on auoit bon tefmoignaw
ge : lefquels alloyct toutes les fepmaines parles maifons des fidèles receuoir les aumoL
nes:&* admonneftoyent vn chacun de leur vocation & du deuoir vers les poures fidèles,
en for| c que chacun en fon endroit s'eftudioit à bonnes œuures. En peu de temps le Sei
gneur le drcfîapar la prédication fecrette defa parollc, vne eglifeflorùTante: dételle
manière que les alfemblees eftoyent en bon nombre tant d'hommes que de femmes Se
petis enfans,non feulement de la ville , ains auffi des villages de quatre ou cinq lieuësà
la ronde, qui là accouroyent corne affam ez du defir qu'ils auoyent d'eftre inftruits. Sa-
tan cependant&: fes fuppoftsenrageoyent,nepouuans porter l'odeur de cefte bénédi-
ction, tellement que quand le temps fut venu, que Dieu luy eut donné puiffance d'ef-
prouuer fon Egl ife, il ne tarda d'exécuter ce que de long téps il auoit machiné. Aduinc
vn Samedy vi. iour de Mars,audit an m . d . l v i .entre neuf bc dix heures du foir fc mit en
armes lePrcuoft de la ville &; tous les fergens,allans par les maifons, pourec que lors
n'y auoit point d'aifemblec. Et fe ruèrent irapetueufement en lamaifon d'vn nommé
Robert Oguier , qui entretenoit vne maifon de benedictionxar tous depuis le petit iuf- La maifon
qu'au grand,fcruitcurs,feruantes,eftoyent vrayementenfeignez en la crainte de Dieu, desOguiers
corne la fin l'a bien demonft ré.Eftas cnl a maifon,& cerchas haut &bas,apporterent les
CC.
JjMrt-j VL Quatre martyrs J<u Lijlc^:
Hures qu'ils trouucrent, pour les transporter. Orn'cftoit pas en la maifon le principal
qu'ils cerchoyét, aflauoir le fils dudit Robert Oguier, nommé Baudechon:lcquel eftoit
allé pour communiquer delà parollede noftre Seigneurauec aucuns fidèles, comme
fouuent il auoit accouftumé de faire. Et ainfi qu'il retournoit pour entrer en la mailon,
ayant heurté à la porte, l'on frère Martin cftât au guet luy dit,Retircz-vous,ie vous pue,
vous n'entrerez point céans. Baudechon pétant que fon frerc le mefcogneuft,cria,C'eft
Baudechomouurez la porte. Les fergens oyans cela le firent encrer,& luy du ent, Soyez
le bien venu, Baudechomcar nous auions grand defir de vous trouucr. Lors il leur ref-
pondit,Ievous mercicmesamiSjVOusfoyezaufTi les bien trouuezen noftre logis. Adôc
le Preuoft leur dit, le vous fay prifonniers de par l'Empereur:&: tous fe laifierent Jier en-
femble,fauoir eft le pere, la mere,& les deux fijs:&: laiflerêt les deux filles garder la mai-
fon. Or aduint qu'en allant fur la rue, Baudechon crioit à haute voix, qui fut ouye en la
Oraifonde nui6t:0 Seigneur, non feulement d'eftre pnfonnier pour toy:mais auffi fay-nous lagra-
Biudcchon. ce ^ue narci jment nous confefiions ta fain&e doctrine purement deuant les hom mes,5c
que la puiffions feellcr par les cendres de nos corps, pour l'édification de ta poure Egli-
fe.Ainfi furent menez és prifons,oùils furent rudementtraitcz:mais pour tout le mal
& les iniures qu'ils foufFroyent, ils beniflbyent & louoyent Dieu tous enfemble. Peu de
iours après furent prefentez deuant les Magiftrats de la ville:& interroguez de leur vie.
on s'adrefla premièrement au pere en celle façon de parler: Nous fommes aduertis que
jamais vous ne vous trouuez à la Méfie, & que mefme vous empefehez vn chacun d'y
aller. Outre-plus, no9 fommes aufll informez qu'en voftre maifon auez fouftefiu aflem-
blees,& qu'on y a prefché doctrine erronee,cotraire à noftre merc fain&e eglife-.en quoy
faifant vous auez contreuenu'au mandement de la maiefté impériale. Robert Oguier
leur refpondit, Mefïieurs,voiJS me demandez pourquoy ie ne vay à la Méfie: c'eft pour-
ce que la mort &: le précieux fang du Fils de Dieu & (on facrifîce y eft entièrement ane-
anty,& mis fous les pieds. & ce d'autant que Iefus Chrift ap arfaitpar vn feul fâçrifice
HebuoJ ceux qui font fandifiez.L'Apoftreledit,Prfy -vnfeulfacnfice. On ne lit pas en toute la fain-
cte Efcriture, que les Prophètes, ny Iefus Chrift, ou fes Apoftres ayét iamais faic la Mef-
fe, & ne fauoyent que c'eftoit:ils ont bien fait la Cenc,où tout le peuple Chreftieri com -
muniquoir,raais on n'y facrifioit pas. Lifez,mcflieurs , les Efcritures , &: vous verrez s'il
eft fait mention de MeiTe.au contraire elleaefté inuentee parles hommes: mais vous
fAu+ï fauez que dit Iefus Chrift, Certes en vain on me fert, enfeignant pour doctrine les com-
mandemens des hommes. Si donc moy ou ma famille euflions efté à la Mefle qui a efté
ordonnée parles hommes, Iefus Chrift dit que c'euft efté en vain que Feu fiions (cru y.
Quant eft du fécond , ie ne nie pas que nous n'ayons tenu aflemblee de gens de bien Se
craignans Dieu:maïs ce n'a efté au dommage de perfonne , ains pluftoft pour l'auance-
ment de la gloire de Iefus Chrift. Iefauoyebien que l'Empereur l'auoit défendu: mais
quoy?iefauoye de l'autre cofté que Iefus Chrift l'auoit commandé: ainfiienc pouuoye
Aft«î.ip. obéir à l'vn,fansdefobeir à l'autre. I'ay mieux aimé obéir en cela à mon Dieu qu'à vn
home. Aucuns du Magiftrat demander en t,Qu'eft-cc qu'on y faifoit en vos aflemblcesï
Baudechon fils aifnc de Robert à cela refpondit, MeiEeurs, s'il vousplaift dem'ouir, ic
le vous declareray tout au long. LesEfcheuins voyans fa promptitude fe regardoyent
l'vn l'autre:puis dirent. Or fus, di le nous. Baudechon ayant le cœur efleué à Dieu, parla
Récit de ce ainfi, Meffieurs,quâd nous fommes làafîcmblezau nom de noftre Seigneur, pourouyr
auxailem- & kincte parolle, nous-nous profternonslàtous enfemble à deux genoux en terre, &c
blecî. enhumilitédecœurnousconfcfibnsnospechezdeuatla maieftéde Dieu. Apres,nous
cous faifons pricrc,afîn que laparolle de Dieu foit droitement annoncée , &C purement
prelchee.Nous faifons aufii les prières pour noftre fire l'Empereur & pour toutfon Cô-
feil : afin que la chofe publique (bit gouuerneeen paix à la gloire de Dieu : & aufjfi vous
n'y eftiez pas oubliez, Mefueurs, comme nos fuperieurs,prians noftre bon Dieu pour
vousôc pourrbute la ville,afih qu'il vous maintienne en edus biens, voilaen partie ce
que nous y fai/ions. vous fcrablc-il que nous ayons commis vn ii grad crime en nous af-
femblant ainfi? Outre-plus^ s'il vous plaiUd'ouir les prières que nous y faifons , ie fuis
preft à vous les reciter.
Av c v n s du Magiftrat luy firent fignede l'accorder, adonc Baudechon fèprofter-
nant en terre deuant eux commença à faire la prière d'vn tel zck,que ïamais vneïi gra-
de ar-
Quatre Martyrs de LiJkJ. 416
de ardeur d'efprit, ne plus admirable ne le faifit: de force que plufieurs des Magiftracs
fondoyent en larmes,voyans l'ardeur &C l'a/Fe&ion de ce ieu nehomme.Puis fe relcuant,
leur dit, Voila>Meffieurs,lcs chofes qui fe faifoyent en nos aifemblees. Or cependant
qu'ils eftoyent ainfi cxaminez,ils déclarèrent tous quatre la confeffion de leur foy qu'ils
tenoyent. Apres cela turent remenez en la prifon:&: toft après gehennez pour les faire
déclarer les gens qui hantoyetftenleurmaifon.cequ'ils ne firent, finon ceux qu'ils fa-
uoyent eftre bien cognus aux Iuges,ou qui s'eftoyent abfentez. Enuiron quatre ou cinq
jours après turent derechef menez deuant les luges, aflauoir le pere Se les deux fils: èc a-
pres plufieurs parolles, leur fut demandé s'ils fe lubmettoyenc à la volôté de Mefficurs.
Robert Oguier & Baudechon fon fils d'vn cœur délibéré dirent, Ouy,nous-nous y fub-
mettons. Et demandas le mefme à Martin le plus ieune,refpôdit qu'il ne s'y vouloir fub-
mettre,ains vou loir tenir compagnie à fa mere:&: partant fut remené aux prifons:& les
deux au très fu rent iugez à eftre bruflez tous vifs en cendres. Or comme on les alloit fen-
tenticr, vn des luges eftant aflîs en fon reng, après la prononciation de la fentence, dit:
Auiourdhuy fera voftre demeurance auec tous les diables au feu d'enfer. Cela difoit4l
corne tranfporté d'ire, voyant la grande patience de ces perfonnages.Car ils endu royëc
tout, vainquans leurs ennemis par patience, en louant le nom de Dieu . Ayans donc
receu fentence de mort, furent remenez aux prifons, eftans ioyeux de l'honneur que le
Seigneur leur faifoit d'élire enrôliez au rolle des Marryrs. Et eux remis es prifons, fubit
arriuerent vnc bande de Cordeliers , entré lefquels eftoit le do£tcur Hazard &c le Pater
de fainde Claire, eftimez du peuple comme demy-fainds. Entrez qu'ils furent dedans
la prifon , l'vn commençaà dire, Voicy l'heure venue,mcs amis, en laquelle vous deuez
finir vos iours. Le pere& le fils refpondircnt, Nous le fauons bicn.-mais loué foit la bon-
té de noftre Dieu , qui auiourdhuy no9 veut deliurer de cefte prifon morcelle,pour nous
faire entrer en fô royaume glorieux. Le cordelier Hazard, vray fuppoft de l' Antechrift,
tafehoit de les deftourner de leur foy, difant, Pere Robert, tu es ancien homme : ie te
prie qu'en cefte dernière heu re tu vueilles fauuer ton ame:& fi tu me veux efcouter,ton
cas ira bien. Robert refpondit , O homme, comment ofes-tu ainfi defrobber l'honneur
du Dieu eternel?Car à t'ouir parlerai lemble que tu vueilles eftre mon Sauueur,& ofter
ceft office àmon Seigneur Iefus.Non,non:i'ay vn feul Sauueur , qui bien toft me fauue-*
radecemiferable monde. I'ayvn feul Do&eur, que le Pere celefte m'a commandé d-
ouir &c efeouter, ie n'en veux point d'autre.
L e Pater de fainde Claire voyant ce perfonnage fi refolu, luy dit , Commet refpons-
tu ainfi à noftre maiftre? tu deurois maintenant eftre plus aduifé que iamais,& ne reiet-
ter le bon confeil qu'on te donne:car icy compete le falut de ton ame.Iet'ay cogneu dés
fi long temps pour enfant de no ftre merc fainde eglife , & tu es maintenant deuenu fils
de perdition : mais cependant qu'il eft teps, ayes pitié de ta poure ame que Iefus Chrift
a rachetée. Robert luy rcfpondit, Tu m'exhortes d'auoir pitié de moname,i'ayfigrâd Kefponfo
foin de mon falut, que pour le nom de mon Dieu i'abandône mon corps au feu:ô£ efpe- ÛOWblu
re auiourdhuy eftre deuant fa gloire. I'ay toute ma fiance en luy , & toute mon efperan-
ce eft la mort de fon Fils, il me donne la droite foy pour venir au ciel. le croy tout ce que
les fainds Prophètes &£ Apoftres ont eferit, & fur cela ie veux viure &: mourir. Le Pater
oyant cecy,dit, Ha le mefehat, il penfe eftre Chreftien.Non,non, il s'en faut beaucoup:
va chien, tu es indigne déporter le nom de Chreftien. Et maintenant on te doitofter
ce nom, puis que tu ne veux point recognoiftre ton Dieu. Tu fais tant bien dire que Ie-
fus Chrift a dit, Qui me reniera deuant les hommes, ie lerenieray deuant Dieu mon
Pere: c'eft grand' pitié de toy&: de ton fils, qu'ainfieniemble vous-vous iettez aux en-
fers à tous les diables,& corps & ames.
Or ainfi qu'on feparoit Baudechon d'auec fon pere, il dit en fortant,Mes amis, ie
vous prie de fupporter mon pourc pere,& ne le troubler point ainfi ■• car c'eft vn ancien
homme, &: fort débile de corps . oel'cmpefchez point dereceuoir auiourdhuy la cou-
ronne de martyre. Vn Cordelier qui eftoit là,luy dit, Va mefchant,c'eft par toy que ton
pere eft ainfi perdu. Et fè retournant vers le bourreau dit,Sus,fus,officier,f ay ton office:
car nous-nous voulons retirer:aufîibien y perdons-nous nos peines , ils font endiablez.
^ Le fils donc fut mené en vne chambre à part, &là fut defueftu de fes accouftre- Cruauté
mens , & mis en eftat pour en faire facrifice . Et comme on luy mettoit la pou-dcsMo"
dre deuant la poidrine, il y auoitla vn Quidam qui luy dit, Situ eftois mon frère,
CCii.
I^ro VL Quatre M artyrs de Lifk^:
ie vcdroye tout mon bien pou r auoir des fagots pour te bru/ler : on te fait trop de grâce.
Et Baudechon luy refpondit,Ie vous remercie, mon amy : ]e Seigneur vous face miferi-
corde. Et comme aucuns qui eftoyent là prefcns,difoyent, O Dieu, c'eft pitic' deecs po-
ures gens ! il y eut vn Docteur prefent , qui refpondit, Et quelle pitié voulez-vous auoir
d'euxîie ne leur feroye pas tanc de grâce , &c ne les traiteroye pas fi doucement , que de
leur mettre celle poudre:ieles fricafTeroye comme on fît S. Laurent. Or cependant
qu'on pai loitainfi contre Baudechon fils ailné de Robert , les Caphars eftoyent auprès
du pere pour luy perliiader au moins de prendre vne image de crucifix : Afin, dilbycnt-
ils, que le peuple ne mifrmurc point.adiouftans ces parolles, Ayez voftre cœur efleuc à
Dieu: vous fauez bien que ce n'eft que bois. Et en difant cela luy licret l'image entre les
mains, mais corn me l'on fils Baudechon dépendant le vid,sefcria difan t, Mon pcre,que
faites-vous? ferez-vous idolâtre à voftre dernière heure? En difant ces parolles , il luy o-
ftades mains la croix qu'on luy auoit liee:& la ictta arncre,difant tout haut,Que le peu-
ple ne s'orfenfe point en nous, pource que nous ne voulôs point de Iefus Chrift de bois:
car nous portons Iefus Chrift en nos cœurs le Fils de Dieu viuat:&; nous fentonsfa fain-
de parolle eferite au profond de nos cœurs en lettres d'or. Ainfi qu'on les menoit au
martyre, tous les iurcz& bandes ordinaires(qiuIs nomment les Serments delà ville) e-
ftoyent en armes,comme fi ce fuit pour conduire vn Prince à fon entrée. #Et eftan s par-
uenus au lieu du fupplice, ils montèrent fur TefchafFaut qui eftoit drefTé . &r lors Baude-
chon demanda aux iuges licence de pouuoir con f efifer fa foy deuant le peuple.U luy fut
refpondu,Voila voftre beau-pereconfefTcur,confe/rcz-vous à luy. Cela dit, foudainon
le pouffa rudement à leftache :&C là commença à chanter le Pfeaume x v 1 1, Sois moy„
Seigneur,ma garde & mon appuy,&c Le Cordeliercrioit,Efcoutez,meiTîeurs,les mef.
chans erreurs qu'ils chantentpour deceuoir le peuple. Et fe retournant vers le Corde-
lier, dit, O poure home, dis-tu que les Pfeaumcs du prophète Dauid font erreurs ? mais
c'eft toufiours voftre couftume,d'ainfi iniurierle fainctEfprit. Puis fe retournant vers
fon pere, lequel on lioit à leftache, crioir, Courage,mon pere, ce fera tout incontinent
fait. En attachant lepere, le bourreau le frappa d'vn coup demarteau fur le pied , com-
me pour le faire renger de plus près au pofteau. Et l'ancien homme ayâtfcnty langoif-
fe, die au bourreau, Mon amy.tu m'asblefle: pourquoy me traînes-tu fi rudement? Le
Calomnie ' Cordelier oyant cela,diloit, Ha les mefehans ! ils veulent auoir le nom d'eftre Martyrs:
unique, quand on les attouchevn peu, ils crient comme fi on les meurtritlbic. Baudechon
voyât le tort qu'on faifoit à fon pere, d;t,Etpen(cz vous que nous craignons les formés
&C les peines de la mort? non, non : car fi nous les eu/fions craint , nous n'eumons point
ainfi abandonné nos corps àcefte mort honteufe. Puis apre. il reiccralbuuent ces fou fc
pirs, O Dieu Pere éternel, ayes pour aggreabie ce facrificc de nos corps, au nom de ton
Fils bien-aimé. L'vn des Cordcliers enoit, Tu as mer ti mefehant, ce n'eft pas ton Pere:
mais tu as le diable pour pere. Et ainfi citant en tels combats il drefia la veue au ciel , &
parlant à Ion pere, dit, Mon pere, rcgardez,ie voy les creux ouuerts, & mille millions d'
Anges icy à l'entour de nous , menans îoye de la côreflîon de vérité' que nousauons ren
due deuant le monde.refiouùfons nous, mon pei e:car la gloire de Dieu nous cftouuer-
te. Vn des moines cria au contraire , le voy les enfers ouuerts, &: mille millions de dia^
Notez, blesprefens pour vo9 emporter aux enfers. Et fur fheure,le Seigneur qui iamais ne de-
lai/fe les fiés, incita Je cœur &: ouurit la bouche d'vn poure homme qui eftoit en la mul-
titude à ce fpcctacle:lequel efmeu de côpafîion,cria à haute voix,Courage, Baudechon:
tien bon, ta querelle eft bonnc:ie fuis des tiens. Apres lesquelles parolles il ie départit,
ôctrouuantvoye, fefauua. Et le feu incontinent fut mis en la paille&: au bois: de forte
qu'ils eftoyent délia bruflez par embas,qu'eux ne fe remuans pour l'ardeur du feu , par-
loyent l'vn à l'autre. Et Baudechon fouuent difoit à fon pere,Mon pei e,prenez courage.
Mon pere,encorc vn peu, &: nous entrerons en la maifon eterncllc.Et à la fin en la gran-
de ardeur du feu, les derniers mots qu'on les ouit prononcer furent: Iefus Chrift Fils de
Dieu, nous te récômandons nos efprits,&: ainfi moururent au SeigncurRobcrt Oguier
& Baudechon ion fils. Quelques iours apres,Ieannc la mere & Martin le dernières,
furentexecutezenla mefme ville dcLifle.maisauant que venir au martyre de ladite
Ieannc &c de Martin,nous mettrSs icy deux Epiftres pleines de côfolation,rvnc de Bau-
dechon,&: l'autre de Martin,cfcntes par eux en la prii'on, & premièrement celle qu'en-
uoya Baudechon à ceux de l'Eglife de ladite ville, comme s'enfuit :
Tr £ s*
Eptftre deTSœudeehon.
npR e s c h e r s frères &fœurs en noftre Seigneur, voyant que noftre bon Dieu me
donnoitaucunement moyen de vouspouuoir efcrire,ie m'y luis volontier e mployé,
afin de me pouuoir confoler auec vous, & vous faire fauoir la ioye de laquelle il remplie
nos poures cœurs, de forte que iamais en toute noftre vie nous nations iénty la pareille.
Nos efprics font maintenat enflambez de ce feu diuimbref, ie ne vous fauroye aucune-
ment elerire ce que ce bon Dieunous fait fentir en nos liens , &: ay regret de ce que ma
langue me defaut,& que ne fay vous elerire les ibyesccleftcsqu'auons icy.Qr cependât
que fuis en telle ioye & conl'olation,la charité & amour que ie vous porteme contraint
de ictter ma veue api es vous qui habitez encores en ce monde. Helas , helas : quand ie
regarde maintenant la poureeglife difperfeeçà&: là, & que maintenant les mefehans
blafphement Dieu &fonfain&enfantIcfus à pleines gorgées :cela'certes me naure Je
cœur iulques aux entrailles. I'ay foin de vous, mes amis, plus que ne l'auriez penferrne
fuis-ie pas de voftre Eglife?n ay-ie pas participé auec vous auxfaindfccs affemblces ,& à
la faintte prédication de la parolle de Dieu,qui nous y a cfté prefehec: Nous auons rous
efté nourris(par manière de dire)en vne mefme maiion.Partat ie ne vo9 fauroye oublier
tant que ie fuisen cefte vie. Vous voyez comment le Seigneur nous a icy appelez ,&c ti-
rez du milieu de vous autres pour nous faire rendre tefmoignagc de fon Fils deuant nos
ennemis. Vous fauez qu'il y a défia long temps que nos ennemis fe penfoyent ruer (ur le
trouppeau, &: ils n'ont peu faireceladeuantletemps. Si Satan n'apeu entrerai! troup-
peau des porceauxfansle congé de noftre Maiftre,penfons-nous , qu'il ait punfance d -
ainfi fe fourrer au milieu de nous,fans congé ? non non, mes frères : iamais ne vous vien.
ne en l'entendement que cecyfoit aduenuà l'aduenture. car nous valons beaucoup
mieux que des porceaux. Puis doneque vous eftes certains par la parolle de Dieu , que
c'eftle Seigneur qui nous vifite, lequel veut reccuoir le reuenu, & cueillir quelques
frui&s de fon iardin,qui eft l'Eglife,pour les mettre fur la table : ie ne voy pas qu'ayez oc-
calîon de perdre courage. Confiez-vous en luy d'vn cœur ferme , &: il ne vous delaifTera
iamais, quoy que les diables & tout le monde efeume contre vous. Le Seigneur aura
foin des bons:comme Ifaie dit , <juc le Seigneur* eu pitié de fon peuple,^ a euvecordation de l'ajfii- îLk
gé-.&SionaditiLeSeigneurmadeUifc&monprote&eurm'aoubhé. La mere peut- elle oublier fon en~
fant quelle naît pitié du fruici de [on ventre* encore cptand elle C oublieront ne loublieray-te pas. car tu es
lœuure de mes mains. Voila le faind Prophète de Dieu qui nous confolemerucilJeufemc'r,
Il nous donne vne merueilleufeefpcrance, en nous propofant noftre Dieu plus amia-
ble , que la mere vers fon enfant. O confolation,ôioye.'il dir,Èncore que la mere oublie
fon enfant , qu'il ne no9 oubliera pas. Que craignez-vous dôc petit trouppeau, puis que
voftre Dieu parlcainfi auec vous?voire fi vous croyezque c'eft luy qui parle ainfi par fon
Prophète. Tous vos ennemis, qu'eft-ce qu'ils vousferontr&r tout leur fanglant pire qu'-
ils vous peuuent faire,qu'eft-ce(inon de vous mettre auec voftre Dieu en lagloire cter- Hcbr iî«
ncllc? Et fus fus mes frères & fœurs,reucillez-vous,tcnez bon pourle Seigneur Iefus.car
c'eft la caufe que nous tous fouftenons,&: non pas la noftre.Diions d'vn vray cœur afleu-
ré, Le Seigneur m'cftadiuteur,ie necraindrayehofe que l'homme punTe faire, car il a
dit, le ne t'abandonneray,& ne te laiflcray point en tribulatiomque voudrions-nous d -
auantage? il ne nous en fauroit plus promettre. Mais fur tout regardôs qui eft celuy qui
parle? n'eft-ce pas le grand Dieu viuant ? Si l'Empereur qui n'eft qu'vn poure ver de ter-
re & homme mentcur( pour dircàvn mot )nous en auoit autant dit, nous ne doute-
rions nullement d'adioufter foy à (es parolles,& de nous y attendre du tout, Mes frères,
ferons-nous plus d'honneur à vn menteur qu'au Dieu viuantfqui ne peut mentir , corn- Hcbr- <j,
me dit Y Apoftrc:&: duquel les parolles font fi fermes & ftables qu'il dit , que le ciel 6c la
îerre paieront: mais fes parolles ne paieront iamais. A fleurez-vous en cela, &vous ver-
rezquencicreziamaistrompez. Ic parleà vous par expérience de ce que maintenant
ie vous efcry:& partant vous vous y deuez de tant plus arrefter quand vne chofe eft efr
prouuee véritable & ferme.
Dav an t a g e, mes frères ,inftament&: de tout mon cœur ic vous fupplie au nom Lc frui<ft
de noftre Seigncur,pour lequel nous fommesprifonniers,quepreniezgardedcnc poït S *if**
laifTcr vos lain<3cs alfemblees pour la crainte de vos ennemis. Car fi vo9laiflez les aifem 3 ^
bleesChreftiénes,foyeztoutaiTeurez,qu'entrevousilyauravnemerucilIeufecofufio
de langues, beaucoup plusdangereufe, qu'elle ne fut à l'édification de la tourde Babel.
Pourroitlediableauoirplusbeau movë pour vous fufeiter des feaeSj&deshcrefiesque
CC.in.
VmLj VI. Epiftre des Oguiers.
ceftuy-cy? certes non. Il fait bien qu'aux affemblees on y apprend à parler vn mefme lâ-
gage, vne mefmechofe:chatité s y augmente: bref, vne infinité de biens en procède,
comme il appert iufques à piefent entre vous. Retenez donc la leçon que donne l'Apo-
Hcbr.io. ftre,NedelaiiTez point vos aifemblees, comme aucuns ont de couftume défaire: mais
admonnertez l'vn lautre:&: ce d'autant plus que vous voyez le temps approcher.Ie fens
maintenant en moy les fruits quei'ay cueilly aux afTemblees : &c le Seigneur me remet
en mémoire (félon la promefîé)la bonne dodrine que i'ay ouye: maintenât elle me pro-
fite beaucoup comte mes ennemis. Faites ainn&: bien vous en prendra. ^ N'oubliez
pas les poures qui font entre vous : foyez diligés à leur fubuenir en leur poureté:&: prin-
cipalcmentauxdomeftiques delafoy. Gardez-vous foigneufement de toute mauuaiie
4odrine,&: des trompeurs qui courent auiourdhuy parmy le monde,comme les Anaba-
ptiftes : qui cil vne fede fort dangereufe. Fuyezau/Ti ccsdiffimuJatcurs qui enfeignent
li hôneftement à renier Dieu.il y en a entre vous, voire gens d'apparence , lefquels font
ennemis de la croix de Chnft. ie prie ceux qui ont la crainte de Dieu , qu'ils s'en retirer.
Fuyez tous ceux qui vous enfeignent le chemin large,&ayez en reuerece ceux qui vous
enfeigneDtlavoyeeftroite.car elle vous mènera à falut:comme iufques àprefenttreffi-
delemct vous a efté annonce en grade diligence par noftrc frère G. qui eft de vous tous
-biencogneu&approuué. Au refte,m es frères ,ie vous requier que priez fansceflele
Seigneur pour nous qui fommes les pnfonniers de Iefus Chnft : afin que noftrc empri-
fonnemét foit à la gloire de fon fainctNom,&: àl'edificationde fa poure Eglife,afin auffi
qu'ilnous donne bouche &fapience à laquelle nos ennemis ne fâchent contredire •&:
que nous n'ayons point la bouche fermée deuant eux. C'cftceque ie prie le plus à no-
ftre Dieu:car lefay quccelam'eft tref-ncceflàire. Mon frère Robert, recomandez-moy
à tous ceux &£ celles qui aiment noftrc Seigneur, &: qu'ils ne foyét pas en crainte ou de-
folez démon emprifonnement.Car pour moy>ie ne fuis pas defolé ny trifte,ains ioyeux,
comme cy deuant ie vous ay eferit: fâchant bien que cecy n'eft pas aduenu à 1 auenture,
ne par cas de fortune, comme les infidèles eftiment, mais par lafaindc prouidence de
Dieu. Dont ie prie à tous ceux & celles qui m'aiment & cognoifîent , qu'ils ne foyét en
crainte de rien. I'cfpere auec l'aide & force de mon Seigneur, auquel ie me fie , qu'ils n'-
auront nulle affliction ou dommage pour moy, i'entens par ma bouche , moyennant l'-
aide de Dieu; car fans luy ie ne peux rien. Recômandez-moy âmes deux feeurs Manet-
te & Chonnctte , &c les vueillez cofoler par la parollede Dieu : qu elles ayent toufiours
bon courage en Dieu : car le Seigneur les affiliera en toutes leurs affaires &: nece/Iîtez,
comme il dit, Il n'y a nul qui ayant perdu pere , mere , frères , focurs , qu'il n'en rcçoyuc
cent fois au double en ce monde,& en la fin vie éternelle. le prie noftre bon Dieu qu'il
luy plaife vous accroiftre la foy ouurante par charité . A Dieu mes frères & feeurs : à
Dieu foyez- vous recommandez. Par le tout voftre humble frère &c compagnon a-
uec vous aux afflictions de Chrift, Baudichon Oguier,prifonnicr pour l'Euangile.
C O P I E de lettres de Martin Oguier, eftant prifonnier auec fa Mere : eferites & enuoyces des priions
de Lifle en Flandre.
^r1 reschers Frères , ma Mere &moy nous-nous recommandons àvous&àtous
* nos frères &fœurs en Iefus Chrift. Nous nelesofons nommer, de peur que nos let-
tres ne tom bent entre les mains de nos cnnemis,&: qu'ils n'en fouffrent detrimet: mais
vous les cognoiifez afTez. Vous leur direz qu'ils foyent diliges &: nuid &c iour en prières
&: faindeinuoeation du nom de Dieu pour nous, qui fommes les pnfonniers de Iefus
Chrift. Il n'eft pas maintenant temps de dormir &: d'eftre à fon aife, cepedant que nous
qui fommes vos membres , fommes en tormens&: en peines. Sus,fus,mes Frères, foyez
vaillans ,& nous aidez par vos piieres . aidez nous à veiller encore vne nuid, car nous
n'efpcros plus viure que iufques à demain, O l'heureuie iournee,en laquelle le Seigneur
nous donnera à boire au calice de fon Fils, &c en laquelle ferons couronnez de la cou-
ronne de martyre! Oquetu esbien defirceJ Soyez ioyeux auecnous,mes Frères, d'-
autant que noftre bon Dieu nous a faid ce bien la,de nous dôner hardie/Te de confedlèr
fon S.Nom puremét deuant to'nos cnnemis,cc qu'il ne fait pas à tous. Or loué foit no-
ftre bo Dieu, qui nous fait tant d'hôneur,que foulFriôs pour fa vérité, nous eflifan t pour
cftre les tefmoins de fon Fils.Et quant à vous,mes Freres,ferucz à Dieu purement , fans
yous méfier auec les Papiftesfc Idolâtres. Fuyez ceux qui enfeignent àdiflîmuler,&:
n'ayez
Quatre Alartyrs de Lifte. 4.28
IL n'ayez point d'accointante auec eux, comme trefbien vous a eft é enfeigné . ie croy
.que ne l'auez pas oublié. Ne craignez point les hom mes : car d'eftre en leurs mains , &:
de confeffer purement Iefus,comme nous auons fai£t, il n'y a que ioye&: confblation:
voire plus que ie ne vous fauroye dire. Nous nous repofonsmaintenant en grand re-
pos de confcience,&: auec vneioye indicible , fachans que demain après difner nous
partirons de ce monde:faifans fin à cefte poure vie, pour régner auec noftre chef&: cù
poux Iefus Chrift, Amen. Mes frères , nous fommes grandement refiouisde vos ef-
crits.car vous nous auezconfolé merueilleufement : le Seigneur vous vueille main-
tenirtermes iufques àla fin de vos iours. Ne delai/fez point vos aiîemblees pour
chofe que vous oyez,ou voyczxarle Seigneur vous gardera : &: fera croiftre fonEglife
de plus en plus après noftre mort:&: pour quatre perfonnes en aurez quatre mille. Le
fang des poures Martyrs de noftre Seigneur ne fera point rcfpandu en vain:croyez cela
& vousy aflfeurez. Ayez mémoire des Martyrs qui feront demain mis à mort pour le
S.nom delefus:&: eniuyuczlafoy & patience queleSeigneurleur donne. A Dieumes
Freres,iufques à ce que veniez où nous allons.
ÀVTRE lettre confolatoire dudit Martin Oguier.
Tnt s c h e r frere,nous n'auons voulu laifTer paffer celte grande occàfîon que le Sei
gneur nous prefentoit,fans vous eferire de noftre eftat, tant du corps que de l'efprit:
attendu que noftre bonne Mere,qui eft icy prifon niere auec moy,m'y a fort incitée la-
quelle ie n'ay voulu defobeir.Or la caufeprincipale pour laquelle nousvous efcriuans,
eft afin que ne nous oubliez en vos oraifons : car nous en auons tant grand befoin que
ne le fau rions direrafin que puiffions furmonterôi vaincre les afTâuts que Satan noftre
ennemi nous liurc d'heure en heure,pour nous faire renoncer Iefus &: fa fain&e parolle.
Cependant en tous les affautsqu'auonseumoftreDieu nous a fait triompher par Ie-
fus Chift fur tous nos ennemis en la confelîîon de fon faind nom. Et auons ia rué Satan
par terre par cefte confeffion de Iefus : laquelle nous auons faite fimplement&ronde-
ment,felon nos petits efprits:toutefois le mieux que nous auons peu. De forte qu'icelle
fera feellte des cendres de nos corps par la mort , comme a efté fait par mon bô pere &C
par mon frère, qui maintenat font allez deuât nous au royaume éternel de noftreDieu:
auquel nous efperons eftre bien toft,felon l'apparence que nous voyons. Car nous n'eL
perons plus viure en ce mondeque deux ou troisioufs toutau plus. Mais cependant
nous ne fommes pas honteux de foufFrir& endurer la mort cruelle , qui nous fera ap-
preftee pour la confefTion du faind nom de Iefusdequel n'a defdaigné de prédre noftre
caufe en main,&: mourir pour nous,qni ne fommes q poures miferablespecheurs. Suy-
uant ces chofes mon frere. R. nous vous recommadons vos deux feeursrayez pitié &: cô-
paffion d'elles,&: en faites corne de vos enfans. Car pour le tefmoignage de Iefus elles
n'ont plus ne pere ne mere:toutefoisle Seigneur noftre Dieu leur fera pour pere:car c-
eft le Pere des orphelins,ô£ le confolateur des vefues,felon qu'il l'a promis. Saluez tous
les frères &c fecurs fidèles en Iefus Chrift , leur faifantfauoir que nous fommes fort pro-
chains delà mort(non pas mort, mais vie) afin qu'ils foyent plus efmeuz à prier Dieu
pour nous,à ce qu'il nous fortifie pour la grande iournee que nous attendons:en laquel
le nous ferons deliurezde ce poure corps, pour régner eternellementauec le Pere &: le
Fils & le S.Efpritrauquel foie gloire à toufiours &c fans fin, Amen .
Salve z-moy noftre bonfrere en noftre Seigneur Robert le Chien & fa femme,&r
tous autres que cognoiffez. Voftre frere Martin Oguier auec fa Mere,prifonnier$
pour Iefus Chrift.
I E A N N E femme de Robert&M A R T I N Oguier leur fils .
IA femme luit le marv:& accompagne fon filstfa conuerfion eft admirablexar feparee de Martin fon fils, les mefmes Caphart
c-ui l'auoycnt dcftoumee,obtiennene qu'elle pui (Te parler à luy.pour le diuertir du droicl chemin : mais iceluy remet la
merc en fi bon traù^que tous deux endurent le martyre à la grande confufion des ennemis.
N V I R O N huid iours après furent exécutez la mere auec fon fils. Mais
auant que venir à defcrireleurifrueheureufe, nous noterons les grands cô- m. d.lv>
bats d'efprit qu'ils ontfouftenus. Onauoitenuoyé force moines pour les
diuertir de leurfoy:& pour mieux faire leurs entreprifes, ilslesauoyentle-
CC. iiii.
L*#ro VL Quatre martyrs dc^> Lijlc.
parez l'vn de l'autre : de manière que parles cautclles d'vn moine , la poure femme hic
esbranlee,&dmeitiedu premier but.Lcs ennemis en demenovétgt ad îoye: cependâc
qlapouretrouppe des fidèles entendas ces pourcs nouuelles,eftoic en criitefTc: mais le
Seigneur ne les y laifla gueres. Car vn iour que les moines vindrcnt enlaprifon,potir
confeiller à la mere de talcher à regagner Ton fils Martin,& le retirer de fes erreurs: elle
leur promit de le faire. Or quand le fils fut venu auprès delà mere , \ oyant qu'elle e-
fteit non feulement esbranlec,mais diuertie du bon chemin : commença à s'eferieren
plcurant,Ha ma mere,qu auez-vous fait? auez- vous nie le Fils de Dieu qui vous a ra-
cheteerHelaslque vous a il fait, que vous luy faites telle iniure & deshonneur? main-
tenant fuîs-ie tombé au mal-heur que ie craignoyc le plus. Mon Dieu , pourquoy m'-
ConucHîon as-tu laiifé viurc îufquesà prcienr,pour voir ceci qui me trani perce le cœur ? La merc
admirable oyant ces piteufes comp]aintes,& les pleurs &: foufpirs que Ion fils falloir, elle reprind
delà merc vcrcu au Seigneur,&: en pleurant cria aulîî haut que ion fils: Bon Du u,lay moy milerL
corde,&: cache mes fautes foirs la iufticc de ton fils: & medonne foi ce 6ù vertu de fuy-
ure ma première confeflîon: &: me ren ferme îufques au dernier loulpir de ma vie.
^ Peu après vindrcnt ces mefmes Caphars qui l'auoyent diuertie , penfaas qu'elle
ftoit encore en l'eftac où ils l'auoyent mife:S£ foudain qu'elle les apperecut , cômença à
dire,Hors Satâ, va t'en d icy:car tu n'as maintenant rien en moy. le veux figner ma con-
feiîïon premiere:& fi ic ne la figne d'cncre,ce léra de mo fang. Ainfi depuit le porta viri
lemec ce vaiifeau qui auoit efté tat fragilc.i Quand les luges eurent apperceu leur con
ftancc,ils les defpcfcheren t toft apresdes condamnant à eftre brûliez vifs, &: réduits en.
cendres,lelquelies feroyent efparfes &c iettees en l'air. Et la mere 6c le fils ayans ouy
leur fentence,comme on les rcmenoit en la prifon,difoyent en allant, Loué l'oit la bon-
té de noftre Dieu,qui nous fait triompher parlefusChriftfon Fils , fur tous nos enne-
mis:voicy l'heure tantdeliree,voicy la bonne iournee qui eft venue: partanc,mamere,
n'oublions l'honneur &£ la gloire que noftre Dieu nous fait , de nous faire conformes à
l'image de fon Fils. Ayez fouuenance de ceux qui ont enfuyui lés voyes : car ils ne font
point allez autre chemin que ccftuy-cy. Marchons donc hardimt nt,ma mere,& fuyuôs
lefilsde Dieu,porcansfon opprobre aucetous fes Martyrs:& par ce moyé nous entrôs
en la gloire de Dieu viuant. Ne doutez point, ma mere: c'eft-cy le droid chemin qu'il
faut tenirxar vous fauez que par beaucoup de croix 6c tribulations il nous faut ctrer en
Tentations *a g'oire dc Dieu.Et fur cela quelqu'vn des alïiftans,qui eftoit là prefent, ayant ouy cc^
diuerfes que propos,& ne les pouuant porter:dit , Mefchant, on voit bien maintenant que le diable
d^Mcrn™* ccPonrcdeentierement&: coips&: amc,commeilafaittonpere&: ton frère, qui font
aux fidèle*, maintenant en enfer. Martin dit, Mon amy,vosmaledi&ions me font benedi&ions
deuant Dieu, &: deuant les Anges. IlyeutvntemporifeurquiditàMattimMoncn-
fant,tu es bien fimplc 6c mal aduifé en ta caufe:car tu penfes trop fauoimly a rat de peu-
ple deuant toy,qui n'ont point la foy que tu tiens, & cependant ilsnelailTeront point
d'élire lauuez:mais vous penfez faire ce que neferez iamais, combien que vous ayez la
foy 6c la doctrine de Dieu. Ieanne la mere oyant ccft homme,luy dit, Mon amyjefus
Chriftdit,que le chemin qui mené à perdition, eft large, 6c plulîeurs y entrent : mais
que la voye qui meine à falut eft eftroite,&: bien peu y continuent, doutez- vous que ne
Aquoy on foyons au chemin eftroit,vcu les chofes q nous foufFronsr Voulez-vous auoir vn beau lî-
gnoiftre gne Par lequel on peut cognoilfcre q vo9 n'eftes point au droit che min?regardez voftre
«ju'on aeft vie,&£ la vie de vos preftres 6c moines.Quant à nous,nous ne voulons qu'vn Iefus,&:icc
!w 'droit W crucifié nous ne voulons autre doctrine que le Vieil &: Nouueau Teftament : fom-
ch«min. mes-nous en erreur en croyant ce que les faind-ts Prophètes & Apoftres ontenfeigné?
L'vn dés Cordeliersfe tourna vers Martin , 6c luy dit, Mon enfant, penfe bien à ton af-
fairc:carton peré& ton frère ont recogneu les feptfacremens de l'eglife comme nous:
&c toy qui n'es qu'vn pout e& fimple apprenty,tu as ouy vn mefchant hérétique, qui t'a
ainfi enchanté le cerueau,&penles eftre plus fageque tous les docteurs qui ont régné
palTé mille ans. Martin relponditja Dieu ne plaife que ie me vante : mais tu peux bien
Luciô"? fauoir cc que dit leurs Chrift:Que Dieu a caché fes fecrets aux fages de ce monde,&: les
a reuelez aux pecits.E t le Prophcce Ifaie dit, Que le Seigneur furprend les fages en leur
iageife.Et quant à ce que tu dis que mon pere& mon frerc ont recogneu les lept lacre-
mens: tu monftres bien par cela qu'on ne doit adioufter foy à tout cc que tu dis:car Sara
eft le pere des menteurs. Ne te dois-tu pas bien contenter,que l'en recognoy aurant
que
Jean Huilier. 4.29
que la parolle de Dieu m'enfeign e: afTauoir le Baptcfmc & la faincte Cenc'Incontinent
apres,voicy entrer deux de grande auc horité en la villede Lifle:on nommoit l'vn mon-
fieur B.uras,& l'autre monfieur Baufremés , qui promettoyent grandes chofes à Mar-
tin s'ilfe vouloit defdire,&: retournera l'eglife Romaine. Baufremés entre autre propos
]uy dit, Mon rils,fay compailïon de toy,con hderant ta ieuneffe : fi tu te veux conucrtir,
ic te promets que ïamais tu ne mourras de cefte mort honteule:& outre-plus,ie te don-
ncray cent liures de gros. Martin luy refpôdit, Moniieur, vous me prefentez beaucoup
des choies de ce mode: mais péfez- vous, môiieur, queie foye tant hmple que de laùTer
vn royaume éternel pour vn peu de vie temporelle?Non,non:il n eft plus temps de par-
ler des biens môdains:ains des biens que le Seigneur m'a auiourdhuy preparezau ciel:
ien'é veux point d'autres. Seulemétie vousfupplie de me dôner vne heure de relafcho
pour prier &c inuoquer mon Dien:car vous fauez qu'il y aura de m ain huit iours que mo
pere eft party de ce monde,ô£ que depuis ce temps la on ne m'a donné vne leule heure
de repos. Ce que i'ay eu , ç'a elle pour iommeillei ,& non point pour dormirrcar i'ay eu
continuellement huit ou neuf perfonnes pailans antour de moy. Apres que ces deux
feigneurs turent départis tels qu'ils y eftoyé t venus, Martin raconta ce combat àquel-
ques Frères quilàeftoyent détenus en prifon:&: leur dit,Sus, fus, mesfreres,prenezcou
rage,c'eftfai&:iay fouftenu vn dernier afTaut.Ic vous prie n'oubliez paslafain&edo&ri
ne del'Euangilc,&: tous les bons enfeignemens qu'auezouy denoftre frère Guy. Mon-
ftrez que vous les auez receus au cœur,& non pas des oreilles feulement, Suyuez-nous,
nous allons deuant:& ne craignez pas : car Dieu ne vous delaiffera point. A Dieu mes
freres:&: ainfî fc partit. ^Toft après la mere & Martin furent liez,& menez au marty-
re.Et ainh que la mere eftoit montée fur I'efchafFaut, ellecria après fon flls,difant, Mô-
te,Martin,monte,mon fils. Et commefon fils parloit,elle luy difoit,Parle haut,Martin:
afin qu'on voye que nous ne fommes pas hérétiques. Martin vouloit faire confefîîon de
fafoy:mais on ne luy permit pas. €Xa mere dit haut Se clair ainfî qu'on la lioit à l'efta-
che,Nous fommes Chreftiens:&: ce que nous fouffrons n'eft point pour meurtre, ne
pour larrecimmais pource que nous ne voulôs rien croire que la parolle de Dieu. Et en
cela tous deux s'efiouillbyent au Seigneur. La véhémence du feu eftant allumé ne di-
minua rien de leur conftance,mais endurèrent la veheméce du feu : &c leuâs les yeux au
ciel,difoyent tous deux d'vn fainct accord, Seig. Iefus,en tes mains nous recommadons
nos efpnts :&: ainli s'endormirent au Seigneur. Tels furent les frui&s de çeftefain&e
affemblcedes fidèles de Lifle.il ne faut demander fur cecy,fi on laifTales autres en paix:
car on ne voyoit autre chofe fur les cheminsSc" par les champs que gens fugitifs,çant e-
ftoit la cruauté grande:& ainîi en tout Dieu a efté glorifié en fes enfans.
IEAN HVLLIE R , Païleur ^ingk*.
E N l'iiiftoirc de Iean Huilier miniftre de Pabram nous auons les admonitions qu'il fit aux fidèles d* Angle£erre,de
fuir idolatrie:qui eft vne paillardife fpn ituelle,voirc plus detefl able que la paillardife corporelle. Il y a aufû
vneOraifon, qui eft pleine de confolation en aduerfité.
! V A N D le Seigneur fait ce bien & grâce à fes Martyrs non feulement de
Ifeellef la vérité par leur fang,mais aulïî de teftifier par eferit auât leur mort M' D' lVl*
[quels ils ont efté en d o£trine,&: de quelles armes il les a munis pour fortifier
< les autres, il en reuient double bénéfice &£ confolation à fon Eghié. Or en
la^perfonnede Iean Huilier miniftre dei'egliic de Pabram en la iuvifdiction deCambri-
ge,tous fidèles fût induits à relifter à toutes pollutiôs & idolâtries, à detefter tous ceux
qui ayans cogneu la venté, la détiennent en in iufucc,fe ccnfoi mans à tout changeméc
de religion, félon la volonté de ceux qui domin cnt:delquelsnon feulement l'Arglcter
re,mais tout le monde en eftremplv, &: dont font iflus les moqueurs qui fe icuent de
Dieu &: de fa parolle-, &: de toute religion. Mais oyons de quel efprit ce (ainct perienna-
geeftoit mené deuant fa mort, nous ayant laiffe comme pour teftament faicten lapri-
îbn des tyrans, vne Epiftre, donc la teneur s'enfuit:
IEAN Huilier défia de long temps pnfonnier,& maintenant condamné à la mort pour le tefmoignage de noftre
Seigneur Iefus Chrift,a toute la compagnie des Chreftiens & toute la congrégation des faincts & fitleles-.auf
quels il defire de bon cœur force Se Vigueur au S.Efprit,tât pour la fanté du corps que pour la famé de l'arae.
IÀmLjVL Jeun H ailier.
Es t an t faify de laconfolation du falut bien-heureux, &confcrmc par l'Efprit de
Dieu,Freres bien_aimez en IcfusChrift(ie luy en rengraces immorcelles)macôfcie-
ce m'a amené à ce poinct, que le ne m'ay feu tenir de vous faire cefte remonitrance,quc
fi vousautzfoindevoftrcfalut, vous fuyez toute accointâce desPapiftes, reduifànten
mémoire les parolles de lai net Iean, qui (ont eferites en fon Apocalypfe,en la foi te qui
Apoc.14.51 S efuit:5/ aucun adore la kfte &timage d'icellc,&* prend la marque ficelle en fon froc ou en fa mam,Kc
luybeuttra duvin del'tre de Dicu^yoïre dwvm-aigre yerfè enlacoupe defonire: <& feratormemé de/eu
&def ouphre deuant les Sainll songes & deuau t V^4gneau\& la fumée de leur torment montera à tout
iamats. Frères fidèles &:Chreftiens , ie vous prie aduiiez àcecy félon voftre prudence,
quelle eft cefte befte ,& qui font ceux qui l'adorent,aufquels l'Ange dénonce des tour-
La befte mens fi hornbles.Certes cefte l eftc de laquelle ie parle,n'eft autre choie que le royau*
d0rTécnft me C^arne^ ^e l'Antechrift, auquel le Pape dent Je premier lieu &c occupe la fouuc-
Kpocalyp. rame domination,auecfcs faux miniilres& la racaille de fesfaux-prophetes:lcfqueis
pour eftabhr leurs grandes dignitez,ne fe foucient qu'ils facent,moyennant qu'ils vien
nentà bout deeequ'ils ont entrepris, rempliflans tout de mcurtres& cruelles occifiôs:
contraignans le monde de receuoir leu rs décrets &c ordonnances: Jcfquelles non feule-
ment ne s'accordent auec la pure religion deDieu,mais aufsi l'oppriment du tout,coni
Ceux ui nîC e^aDt directement répugnantes. Ceux qui iadis ont renoncé a telles pollutions par
rctôbct en la parolle de Dieu,& la cognonTance de fon Fil s lelus noftre Sauueur, & qui font derc-
polkiiôs. chef tombez en ces mefmes ordures,& fe polluent par vilaine difïïmulation ,monftras
vne chofe par ceuures externes pour la crainte qu'ils ont de fe rendreodieux ,&: cachas
vne autre au dedans de leur cœur:ie vous prie, que font-ils en cela finô adorer cefte be-
fte ? Il aduicntparcemoyen,quefouslacouucrtured'vneobeifîàncefeinte,ilsonten.
honneur ceux quin eftoyentpas dignes mefmes d'eftrefalucz,&s'adioignentàl'eglife
des malins,laquelle ils deuoyent auoir en grande deteftation &c haine , comme vne ca..
uernede brigans& meurtriers, ou comme vnbordeau , voire vn abyfme de fornica-
tion execrable:& finalement ne doyuent feulement rccognoiftreles voix de ceux-cy fi
difeordantes delà douceharmonie du Seigneur Iefus , ains les euiter &: fuyrde coûte
leur aflèction,comme nous fommes fort bien admonneftez en l'Euangile parle vray
Paftcurdenosames.
Outreplus, ceux qui feulement en apparencc&: de contenance externede facere-
?cm or?' Ç°yuenc ^a religion des Papiftes,&: leur fauorifent de telle façon , comme s'ils cftoyent
^empoa- pr0prement £c jcur fa<^jori^ cependant ce n'eft que la honte qui les empefche de dé-
fendre Iefus Chnft&: fon Euangile:que font-ils autre chofe finon porter la marque de
la befte en leurs mains &: en leur frôtfMais Iefus Chnft ne pourra pas endurer ceftedif-
Marc 8.38 fîmulation fardce:defqucls il eft dit,Qui aura eu hon te de moy au milieu de cefte géné-
ration baftarde&: peruerfe:i'auray aufsi honte de luy quand ieferay en la maiefté &c
gloire de mon Pereauec fes faincts Angcs.Et pourtât lcSeigneur dit par fon Prophète
Malade Malachie, Maudit eft le trompeur. Vous auez efte appelez vne fois à la lumiere&: co-
gnoilTance de fa parolle,& goufté le dô du faindt E(prit,& la puifTance de la vie à venir.
Luc p 61 EtleSeigneurditenl'Euangilc,Celuyquimetlamain àlacharrue &: regarde derrière
foy,n'cft point propre pour le royaume de Dieu. En cefte forte, l'A poftrcfainct Iean
parlant de ceux qui fedeftournent des fidèles Docteurs delà vraye Religion, les exclud
manifeftement du nôbrc des bons,difant,Ils font fortis d'auec nous,mais ils n'eftoycnt
pas des noftrcs.Car s'ils eu/Tent efté des noftres,ils fufTét demeurez auec nous : mais c-
eft à celle fin qu'on cogneuft qu'ils n'eftoycnt point des noftres. Certainement cepen-
dant q nous-nous tranffigurôs en toutes formes &: fortes de 1 eligiôs,&par couleur fein-
te portons vne choie au front& vne autre au cœur, nous ne lômes point en vérité. Car
félon le tcfmoignage de (ainct Paul,tout ce qui eft ouuert &c fimplc , vient en lumière.
Parquoy ie vous prie. , mes frères bien-aimez, ne vous deceuez point vous-mefmcs
parlalapicncedece monde,qui eft vnefolie deuant Dieu; maispluftoft fortifiez vos e-
fprits par certains & infallibles tcfmoignages des Efcriturcs diuines. Car combien que
la boncé &: mifericorde de Dieu ait fon eftendue infinie par tout, nonobftant elle n'ap-
partient proprement finon à ceux qui d'vne confiance ferme s'appuyans fur luy,perfe-
uerent iniques à la fin, nefelaffansde bien faire , ainsfefurmontans eux-mefmesde
iour en iour&: de plus en pluspar accroilTement de vertus. Parquoy il s enfuit en ce paf
Apoc.H.n fagC qUCievjcn d'alléguer del'Apocalypfe, Icy eft la patience des Saincts qui gardant
Jean Huilier. 430
les ordonnances de Dieu,& la foy de Iefus, Par lefquellcs parolles on peut Facilement!
cognoiftre comment Dieu aaccouftumé d'vfer quelquefois &: pour vn temps du mini-
ftere des tyrans:&c'eft afin que la foy &c patience de ceux qui font vrayement liens 6c
fansfeintife,foit plus ouuertementcognue :&: li ces deux vertus nous défaillent) il ne
faut pas que nous attendions d auoir aucune focieté auec les fain&s & fidèles . Mais
comme il eft dit en vn autre pailage, Les craintifs ont leur portion au lac de feu Se de APoc n-8
foufïrc,qui eft la mort féconde. Mais on dira, Quoy donc ? nous ietterions-nous en la
mort de noftre propre gré ? le ne le confeillc pas. mais i'eftime que û nous voulons eftré
faits participans du falut eternel,nous deuons tous tafeher de rendre entière obeiffan-
ce,&: nous alfuiettir pleinement au confcil &c àla volonté de Dieu bône &c fain&cj qui
nous eft icy exprimée en fa parolle: puis après que nous mettions tout noftre foin fur
luy,eftans certainement peduadez,que tout bon-heur aduiendra à tous ceux qui l'ay-
ment. Orvoicy ce qu'il nous commande: Sortez d'icelle mon peuple,à celle fin que Apoc.ii
ne participiez à fespechez,&: que ne receuiezdefes playes.Qui orra cefte voix terrible
de Dieu, menaçant &c commandant^ fauraqu'elleeftineuitablc&netafcheraincô-
tinent d'obtempérer à icelle,quepretend-il faire finon tenter le Seigneur dé fon pro-
pre gré?Maisquvn chacun entende ce que le Sage dit , Celuy qui aime le danger, eft Eccl.j.z^
bien digne de périr en iceluy. Que riendoncne vous incite à confentir à leurs folies
mefehantes. Pluftoft forteZ du milieu d'eux: & ne faites aucun complot ou confédéra-
tion auec les iniques: & mefmcs ne môftrez point en tous les geftes de voftrccorps au-
cun (igné par lequel on puilfe penfer que vous fauorifiez à leurs forfaits. Pluftoft glorb
fiez Dieu(comme auiîi il eft bien conuenable)tan t en dehors en vos corps,qu'au dedâs
en voscfprits.
^"Pv i s qu'ainh*eft,il nous faut garder fur toutes chofes d'afTiiicttir l'efprit àl'obeif-
fance du corps par vn ordre renuerlé : maispluftoft lecorps&: la volonté doiuentren-
dreobeiftanceàl'efpht,afin qu'il fe monftre plus alaigre és chofes que la bonne volon-
té de Dieu requiert de nous. Autrement il ne faut point que nous attendions d'eftre
faits participans defespromeftes auec les vrais enfans d'Abraham : car comme nous
fommesenleignez par faind Paul , Ceux qui font enfans de la chair ne font point ert- Rom 8<
fans de Dieu. Que ti nous viuons félon la chair,nous mourrons:càr laffedio de la chair
eft mort,m2fis l'affection de l'efprit eft vie & paix:& fauons que la fagefTe de la chair * eft
ennemie àDieu,d'autat qu'elle n'eft poit fubiette à îaLoy,& ne le peut eftre aufli. Ceux
dôc qui font felô la chair ne peuuêt plaire à Dieu. Maintenât après q ie vous ay expofé Matt.7.ij
ce choiz,aduifez auquel chemin des deux vous aimez mieux entrer: ou en ce chemin
eftroid qui mené àla vie,ou en ce chemin large qui mené a ruine & perdition , auql les
enfans de ce mode s'efbaudiflent maintenant pour vn bien peu de temps.De fna part ,
ayâtfuiuy le deuoird'vn coeur vous aimât & voulatbié,i'ayadu ifé de vous eferire cefte
brieue Epiftre,&: admônefter d'vne bône arfe&iô àc pur deiir( Dieu m'en eft téfmoin)à
ce qu'eftansaduertis& bien informez , vous délibériez en vous-mefmes en quel che-
min il vous faut cntrer,&: aduifiez diligemment par quel moyen vous viendrez à obte-
nir falut,& acquérir paix à vos ames. Et quant à ce que ie vous efery , iefuispreftdele Matt«
figner& ^relier d'encre & en papier: mais plusdeleconfermcr & ratifier par l'efFufïon
demonfang,quand le iourdufupplicefcravenu,auquelonm oftera cefte vie i lequel
n'eft pas loin,aurant que i'en peux cognoiftre. Ainu\ô Frères bien-aymez , ie vous recô-
mandeau Seigneur Iefus,duquel la grâce foit perpétuellement auec voftrc efprit,
Amen.Priez&veilleZ:priez&vëillez:priezle Seigneur, Am en.
L'oraifon qui s'enfuit a efté faite par Huilier approchant de fa pa(Son& mort,& a efté fiJelement recueillie & traduite çrt
cefte forme.
ODie v tout puilTant,Pere de toute mifericorde,pour l'amour duquel i'abandonne
maintenant les choies qui me font les plus chères &: pretieufes , ma femme,mcs en-
fans,mes parens §c amis, & toute la pompe&: oftetation de ce monde,mes propres dé-
fi rs& dch_çcs(ïj toutefois il y a des délices &: plaifirs en ce môde)& finalementfuis tout
preft d'expofer ma propre vîepourtoy: maintenant, ôSeigneur,qu'il te plailc par ta
grande bonté &c mifericorde,en ce mien examen &c combar,me faire grâce que rien de
tout cela ne me retarde,& ne m'empcfche de batailler cefte bataille alaigrement & de
courage prompt pour la defenfe de ton Euangile:reicttant tous les retardemens de ce-
L'mt-j VL fan bfullter.
fte vicie te fnpplie donc, ô Père tref-benin , que félon ta grande clem ence tu m'affiles
par la vertu & force de ton fainft Efpric,&: principalement à l'heure que l'en auray plus
de befoin. Enuoye ton Ange pour me recréer d'vne confolacion fecrettc,me fortifier
par fon fecours,me conduire au chemin tant dangereux Se gUiXam-À celle fin que par la
porte eftroice ie paruienne au port apeuré de ton repos eclefte. Par laquelle porre&:
voye noftre feul Sauueur Iefus Chrift ton Filsvniquefc bien-aimé eftiadis encre deuanc
nous auec force Se verru, ayant obtenu victoire glorieufe:afin qu'il redift le chemin plus
facile à ceux qui par foy viue Se confiance iroyent après luy:non point à ceux qui feule-
menc ont fon Euangile en la bouche, ains qui fe monftrent Euangeliques par bonnet
fain&e vie,&: fe conformenc à bon efeienc Se diligemment à l'image de ron Fils par bô-
nc&:enciereconueifarion,dilcction,pacience , religion pure, vente, fidelicé&preud-
hommic. Et pourtant ie mcfubmecsmaincenancàtoy,ôDicu&: Pere de grande cle-
mcnce,ne mettant ailleui smonc(perance& fiâce,qu'en toy ieul,& en la croix,raorc&:
wij.f 14 {"ang de noftre Seigneur Icfus Chnft ton Fils, par leql le mode m'eft crucifié, Se moy au
monde:ne dtfirant Se ne louhaitanc autre chofe finon le falut de mon amc , afin que ic
puilfe viure auecChrift,qui eil ma vic.ma voye, mon efpcrâce,cout mon foulagemenr,
bref , toute la délectation démon cfpric&: defir.O Seigneur , le regard du feu bruflac&:
cruel me lemblcra vne choie fore grieue&: horrible:mais cô bras couç-puiflantmefour
nillc forces fuffifantcs,afin q ic foye allez puiffant pour porter le mal que mon ame foit
preferueepar tamifcricorde&: bonté,ayant pitié de moy , ôDicu créateur Se gouuer.
neur tresbenin de toutes chofes.Et pource que par ta clcmecc incflimable tu m'as tel-
lement infpiré,ôPere celefte,&: donné ce courage que ie te crain feul fur toutes choies,
& que ie mets toute mon efperance,atcente Se fiance en coy : maintenant en la prcfen„
ce de toute celte compagnie.ie pardonne à tous les orientes contre moy perpétrées,
voire leur pardonne de bon cœur. &: coy mon Dieu aufli fay moy pardon,& efface tous
les deli&s Se oftenfes de ma icunefTe desbordee : aboly mes in iquitcz félon la grandeur
de ta miféricorde Se bonté:&; nettoye-moy de mes péchez cachez, par noftre Seigneur
Iefus ton crefchcrFils,& par lefangd'iceluy cfpandu pour moy.Cartous nos bienfaicts
ne valent rien du tout, s'ils font examinez Se exigez à la balance de ta iult ice. Et neant-
Iphef. z.io nioins,puis °,uc Par ta lainde voloncé as ordonné Se préparé les bonnes ceuures à cefte
fin de cheminer en icelles,pour la confirmation de noftre foy:& d'aucancaufli que c'efl
noftre dcuoir de les accomplir,c'eit bien raifon de nous cuertueren ceft endroit. Et
toutefois nous-mcfmes qui aurons fait ces bonnes ceuures, ne lairrons pas d'eftre ferui-
teurs inutiles, ne faifans rien du tout qui emporte quelque mérite , ains iculemcnt ce
qui ell de noftre deuoir:& quelque bien que nous ayons fait, fi eft-ce que nous auons
LuciSjji befoin de crier auec le pourePcager , Seigneur , lois propice Se fauorable à moy poure
pechcur:&: decercher camiiericorde en Iefus Chrift con Fils, & non poincennos ver-
tus,de nous qui ne pouuonsautrement eftrefaits iuftes qu'en iceluy . Parquoy ô boa
Dieu, en cefte mort que iedoy fouffrir pourletefmoignagedc ton Euangile &de cave
ricé,ic teren grâces immortelles,de ce que ton bon plaifir a efté m'appelcr àvn figi and
honneur,mayanc adminiftré force Se vercu. Car ie recognoy pour vn don fingu-
lierde ca clémence Se bonté, toute cefte conftance Se force celle qu'elle peuceftre:
&; ie c'en fay hommage ôérecognoiflanec. Pour cefte raiibn ietcfupplieaifc&ueufc-
menc que eu fortifies tellement mes pas, que ie ne me deftourne iamais du droit che-
min de ca bonne Se fainéte volonté : mais qu'après auoir heureufement parachcué le
cours de cefte vie pre(ence,ie rcpolecn ta paix. Augmente en moy le don de pacience
de bien en micux,autanc que tu cognois félon ta grande fapience qu'il m'eft befoin &
expedient,coy qui es le Dieu donaccur de couce pacience Se humilicé. Et mainte-
nant i'efleuede couce mon affection Se les mains &: les yeux Se tout mon encendc-
mentauthroncdecagrace,imploranttonfecours& caforceau milieu de ces mauxâu
grieucs oppreflions,&: ce félon con ordonnance faincte que tu nous asdonnee.Mainte-
nancdoncjô Seigncur,fay félon la parolle de ta promefTcquc quelque petite refpiratiô
de ta bonté recrée mon ame affligée en tant de fortes : que ta puiflance aide à ma foi-
blefle Se débilité, & m'ottroye que ta vérité foit parfaite en moinfirmicé:çn forte qu en-
durant paifiblemcnc cefte mort qui" m'eft auiourdhuy preparcc,ielaifTeà mesfreresvn
ferme refmoignage de ta veritc,ainfi qu'il a efté fait deuant moy par mes autres frères,
qui font morts conftamment & fidèlement pour le téfmoignage de noftre Seigneur le-
Récit de plufieurs. 4.31
fus Chrift to trefchcr Fils.^C'cft à toy,ô Dieu fouuerain &c eternçl,q ie madre/Tc,qui par
vne vertu tout-puiifante&:infinie,faisque cefte grandeur admirable du ciel 6c de la terre
fubhftc,&: que toutes créatures quelles quelles ibyentfbntconfcruees, lefqucllcs tu as Ja-
dis faites de rié:qui as fait palier ton peuple d'Iliraellain &c laufpar le milieu de la mer rou-
gcneplusnemoinsques'ileufteuàpafteriurlatcrrefermet'quiascnuoyé ton Ange de-
uant leur face pour chalfer les goans hors de la terre promife: qui félon tapuiflance admi- * ' '
rableas tiré hors des flammes ardétes 6c de la fournaifc trois muêceaux iàins 6c (auucs:qui
as fermé les gueules des liôs cruels,&: en as deliurc ton leruiteur Daniel: qui efprouucs les D»« i- v-f-
tiens ordinairemét par le feu d'affliction,ne plus ne moins qu'on examine l'or en la four- v
naiiè:&: c'eftafin que les ordures de leur nature corrôpue foyêtrcpurgecs, 6c qu'ils recou-
urét plus beau luftrc,&: l'oycntrédus plus dignes deuant ta facexôbien que tunepermet-
tes qu'ils foyent affligez & tentez plus q leurs forces nepeuuent porrer, ain-s pluftoft don-
nes ilfue à tes leruitcurs fidèles au milieu de la tentation ardente &: bruflante:&: le fais a-
uec grand fruit , afin qu'ils efchappcnt l'ains 6c faunes , ou que par patience ils viennent à
obtenir vi&oire.Car il n'y a rien qui te foit impoiiibic, non pas difficile^ Dieu trelgrand:
qui du commencement as rendu Eftienne ton champion fidelc,inuinuble contre la vio- ACx 6 2
iencede les aduerlaueS; lors qu'il deuoit eftre lapidé pour la confeffion de ton Fils Icfus: Rom.ic.ro
bref, qui es nclic en milericorde 6c bôté enuersitous ceux qui inuoquent ton hin& Nom
en vraye 6c ferme fbyaè te.prie,dy.ie,& fupplie aftèftucuièmct,toy Frirlce 6c Seigneur fur
tousfcigncurs , qui dés le commencement as muni tous les Prophètes , &tous fidèles 6c
faincts qui ont eft é mis à mort pour ton Nom,d'vne venu 6c force preiènte: que tu ne me
deftitucs point de la faueur de ta clémence & bonté paternelle en cefte ccdition prclen..
te,tât milèrable:pluftoft ton bon plaifir foit de maintenir ta propre querelle en ce faict: a-
fin queChrift ton Fils foit glorifie 6c magnifié en ce mien corps maintenant deftiné &: or-
donné à ia mort. le n'ay aucune efperance en moy-mefmc: mais toutema fiance eft tranf-
fereeentoyfeul,quireftttucsles morts en vie. Et ie ne regarde point aufii maintenant à
autre but,tînon qlagloireimmortclledeton Nom reluife, &:lbitmauitcftec pleinement
deuant cefte aiTcmblce de tes fideles,à leur grande confolation en Ieius Chrift,qui eft au-
theur&confomiratcurdcnoftrefoy.Etquc toutes nations chantent d'vn bon accord &.
confentement de louange éternelle, Amen.
^ P a r ces prières à Dieu,le cœur d'Huilier fut tellemét fortifié 6c confolé,quela mor t
cruelle qu'il endutaluyfut vngain, pourlcconduireàlavieeternellec*:permanenteàia~
mais.
RctitiïHifloiYç.
Touchant ceux qui de ce temps furent par la bonté de Dieu preferuez des dangers >Sc de la main de leurs aduer-
fatrts,entre lclcjuch ciï tait mention de ia RoineElizabeth.
L ne fera impertinent de de clucr comme en paiTant,qu'ily euten cetéps plufieurs
S expofez à la fureur des aduerf tires,&: menez au feu & à l'occifion par vne permifiio
ïecrette de Dieu,mcfmes n'ont peu dire preferurz des dagers pour quelque rccra&ation
qu'ils fiftent: au côtrairc il y en eut qui par vne certaine dilpéfation diuine , fans fe deidirc
aucunemenn/ont demeurez fains 6c lauues au milieu des dangcrs:&: contre toute cfpera-
ce humaine ont cfté conferuez en dcfpit des ennemis de la vérité . Entre lclquels on peut
mettre la roineElii'àbethauiourdhuyregnante:carc'eft vne chofe digne d'admiration,&: Jliz.ibech
çôme aduenue contre toute efperance 6c opinion deshômes5qu'ellca peu filonguement Jtntr"i«uc
confift t r en telle fermeté &c conftâce de pure Religion, contre tant de violéces 6c oppref-
fions,&: contre la ragedetanr d'ennemis . La mort del'cuclque de Vvinceftrc luy ferait
beaucoup-.car eftat forcené de rage cotre les fidèles, s'il euft vefeu plus lôguemét il y auoit
dangerapparent pourlavie&: les biens decefteRoineChrefticnne.Mais Dieu par fa bô-
té eut pitié delbn Eglife,& retint la malice des aduerfaircs en bride.Et comme en lacon-
uerfation de cefte Roine nous regardons la bénignité de noftre Seigneur Icfiis Chrift:
fcmblablement outreelle, il y en aplufieurs autres qui ont efté côferuez par cefte mefme
benignité,les vns d'vnc façon, les autres d'vneautre.
O n a donné congé à aucuns de fortir de la prifon fans le feu des Iuges:& non pour aiu
trerai(bn,finon qu'on s'eftoit trompé en leurs noms: &c quad on eutapperceu la faute,on
les fit derechef cercher pour les emprifonner & faire mourir,mais ils auoyent euité le dan
ger auant qu'ils cullcnt peu cftre trouùez.
DD.
liur(U VL Çeorgcj EgkJ:
Vue femme o n peut mettre en ce reng Thiftoire d?vne femme d'Effexie , laquelle fut aceufee d'hc
d Eflcric. ÏCçïC §r m jfc en pr jfbn.Peu de cemps après , eftant menée pour ouïr fentence de condam-
nation auec quelques autres Martyrs îulques à onze ou douze , qui furent tous bruflez en
ce meirne temps:clle n'attendoit autre que fentéce certaine de mort: mais Dieu par fa mi
fericorde y pourueut d vne façon miraculeufe. Tous les autres les compagnons furent ap
pelez chacun par ion nom,& i'entence de condamnation &c de mort fut prononcée à l'en
contre d'eux:&: quand ce vin t au nom de cefte femme, l'HuilTiei de la Cour, ou celuy qui
auoit charge de les appeler par leurs noms,ne peut proférer droitement fon nom, foit qu
il le fift de propos délibéré ,ou autrement:clle oyant vn autre nom que le fié, ne voulut ne
ref pôdre ne comparoiftre , &c en cefte torte la laifîa-on retourner (aine &: fàuueen fa mai-
ion auec les poures cnf4hs,qu'clle auoit pour lors en grand nombre. Or toutefois,aucuns
ont penie que les Papiftes rirent cela tout à propos, de peur que quâd la mere feroit mor-
te,eux-mefmes ne fuirent contraints de nourrir cegrand nombre d'enfans. Mais quelque
caufe qu'il y euft,fi ne faut-il point oublier la prouidéce deDieu, qui eut vn tel efgard à ce-
lle poure femme.
GEORGE EGLE,^o«.
PAR l'exemple de Ce Martyr & de plufieurs autres,nou* voyons comme Dieu pour l'exaltation de fon nom n'a
efgard à la condition des perfonnes,ains le plus fouuent fe fert de gens de petite condition & eftimt quât au
monde. Cecoufturier Anglois eft appariable en confiance à celuy qui fut prefenté auroy de France Henri
fécond jdont cy deflus eft faite mention.
M. d.lvï. I^O^SlS N t r e les vrays feruitcurs de Dieu, qui ont fouftenu fa querelle , 6c enduré
pour le cefmoignage de fon fainci Euangile , & defquels la vertu &conftincc
eft rccommandable,nous auons bien occafion de parler de George Eglaôd'-
eftimer de tant plus , qu'eftant homme de peu de lettres, il a exécuté de hauts
faidspour l'aduancement de la Religion , ainfi qu'on pourra entendre par le récit de fon
hiftoire.Il plait ainfi au Seigneur de fuf citer bien fbuuét des viles &c abie&es perfonnes , &
s'en feruir pour manifefter aux hommeslagloire& fa puifïâncc , corne au vieil Teftamet
nous lifons de plufieurs qui de baffe côdition ont efté appelez au degré de Prophétie. Le
i° ^^îbrî Seigneur,di-ie,appela ceftuy-cy de fimple cftat de coufturier,dôt il faifoit mefticr,au Mu,
futc TppctT niftere, voire en vn téps fort eftragc,&: luy dôna grâce non feulemét de prefeher pu remet
à h predici fa Parolle, mais auffi de mourir pour icelle. Efleuant donc ce poure Coufturier fon cfprit
uTn-Mie' E P^us naut <lu * *a coufture>^ ayantgrace de dire,aucc quelque peu delcttres,s'addôna en-
u tlps^u nerementauxEfcriturcs,&profitaài'Eglifedu Seigneur. Etcommefousleregneduroy
roy Edou- E^ouaj-d qUj fut le temps de l'illuft ration &c liberté Euangelique , il auoit exercé &: misa
rabie à pe- profit le talet duSeigneur,cncore le ht-il plus amplement apres,aduenant la ruine del E-
uanj-ile. g^fc delefusChriftdors que la plus part des prefeheurs de fa faincte Parolle difperfez çà &
là n'ofoyent nullement ouunr la bouchc.George allant en diuerfes côtrees, confola ic rc-
dreiTa merueilleufêment les defolez,tantoft aux villes, maintenant aux champs:&: fc fen-
tât pourfuiuy des ennemis, le retiroit &c cachoit au plus profond des bois & des forefts: dç
f orte que pour raifon de la peine & fàfcherie qu'il prenoit à cheminer çà &là,fut appelé le
Coureur.il le trouuoit fouuent en cefte ncceffîté,qu'il luy falloit dormir au ferein, &c pa£
fbit lbuuent la nui£t en prières Se oraifons.il viuoit fi aufteremét,que de trois ans qu'il co-
mença d'eftre perfccuté,l'on nel'apperccut onques boire d'autre breuuage qu'eau-.fi bien
que par la grâce de Dieu ne le f entant plus foibie ou débile pour ccla,il s'y accouftumadu
tout,pour y cftrc duit& préparé lors que la neceffité fe prefenceroit. Ayat ainfiTefpacedç
quelques anneesallant & venant,ferui &c profité à rEglife,principalemét au pays de Clc-
ceftre& à l'enuirô:Satan ennemi mortel(qui toufiours porte enuie au falut dcsChreftié&)
mit lès embufehes par quelques gens de Iufticc.En plufieurs lieux on mit gardesfic efpiôs
pour le prendre comment cefuft , & pour l'amener vifou mort . Ils trauaillerent en vain
quelque temps , par ce que tant luy que quelques autres fidèles fe tenoyent fur leurs gar-
Cmel edift des , & fe muflbyent és bois, és caues &: greniers des maifons . Ils firent faire vn edi&au
cotre a-or- norn de la roincMarie,lequel fut publié en quatre diocefes:c'eftafTauoird'EfTexe,de Suf-
folk,de Canturbie,&: de Northfolk,contcnant que quiconquepourroit prcndreGeorge
Egle, il auroit deux cens efeus , &: tant qu'il viuroit , penfîon annuelle defbixantc efeus.
Plufieurs
£<wgO%/o. 432
Plufîeurs efmeus de ce prix propofé, tafchoyét par tous moyens delefurprendre, & de
s'enrichir aux defpens & dommage du poure Egle.Et firent tant, que luy eftant vn iour à
Cloceftre,fur apperceu de quelcun,&: dereré incôtinent aux adueriàires. Il s'en douta au-
cunement*: le retira le plus qu'il peut:mais ce ne fut pas fans eftre pourruiuy.il s'eftoit ca-
ché en vn petit boccage lors qu'on le cerchoit : d'où il fortit foudain , &: le fourra dans vn
champ d'orge qui eftoit auprès , à bien grande difficulté' pour le grand monde courant çà
&c la.Ne pouuant eftrc trouué, les pourluyuans retournèrent hors mis vn, lequel plus fin
que les autres monta fur vn arbre , pour voir s'il le vei roir forcir > ou mouuoir en quelque
part.George noyant perfonne,&: cuidant eftrehors de danger,fe mit à gcnoux:&ayât le-
ucles mains au ciel,remercia Dieu de la grâce qu'il luy auoit faite. Eftant apperceu au mi-
lieu des efpics,ou bien entendu par quelque refbnnàcedefà voix, lors qu'il eftoit en prie- ^ ^
re,celuy de l'arbre defeendit le plus coyment qu'il luy fut poffible : puis eftant venu à luy, ceiUy qui
le laiiit,&: l'emmena à Cloceftrc. Ce garnement, qui le promertoit la recompélè publiée, printGcor-
fecontenta,s'il vouJut,auecdeuxefcus qu'on luy deliura. Ainfi George fut mis enpnfon f£orgc pri
à Cloceftre,au gi ad regret &c delplailir de toute l'Egiilè:& de là à Chemfford:où il fut trai- fonmer.
te il crucllementjqu'on neluy ordonna par fepmaine que deux liures de pain, & quelque
peu d'eau. Peu de temps après eftant amené en iugement,fut accule de lefe maicfté,d'au-
tant que contre les ordonnances il auoit fait des afîemblees . Car on auoit fait en Angle-
terre vneloy fous prétexte d'obuier à l'édition &c mutinerie entre le peu pie: Si on trouuoit
plus de fix perfonnes enfemble en lieu fecret, qu'ils fulTent acculez de lefe maiefté . Geor-
ge ouy en iugement, défendit tellement fà caufc,iufqucs à rauir les afiîftans en admiratiô,
monftrant les raiibns par lefcjuellcs la Religion deuoit eftre maintenue en fon entier. Ce
nonobftant il fut condamne comme rcbelle,d'eftre premieremet pendu, puis à demi vif
eftre mis en quatre quartiers. Par mefme iugement furent au ffi condamnez quelques lar-
ron s & voleursdefquels eftans menez enfemble le lendemain au fupplice, George les ex- Hiftoire ai
horta en allant enfemble au fupplice . fvn d'iccux brocardât les admonitions de ce fainct mirobicde
perfonnage.dit, Deuons-nous douter que nous n'allions tout droit au ciel, puis que nous deuxUrrâ5î
auons ce beau fainct pour guide,& qu'il va deuant nous pour apprefter le logis ? George le
reprint:aufti fit vn des criminels qui efeoutoit le tout : lequel deteftât la malheureufe vie
qu'ils auoyct menec,prioitle Seigneur Iefus de leur faire mifericorde: mais fon côpagnon
perfeueroit de mal en pis. Ils vindrent finalemét au gibet: & George fuj mené de là en vn
autre lieu à pai t.Quant aux deux larrons,celuy qui auoit remonftré à l'autre,eftant mon-
té fur l'efchelle,exhorta le peuple:& après auoir fainctement recômandé fon ameà Dieu,
trefpafTaen bonne cognoiflance. Puis vint ce brocardeur, lequel félon la couftume vou-
lant fèmblablemcnt admonnefter Je peuple,ne fepouuoit nullement expliquer , &c telle-
ment èc de tant plus qu'il s efforçoit de fe faire en cèdre , & moins il auoit de moyé de pro-
férer vnefeuleparollediftincte.Le luge luy commadadedirelaPatenoftre:mais il ne s'en
pouuoatdefpeftrer,&: n'y auoit chofe qui tant l'empefehaft que fa propre langue mefme.
Lon commença de prononcer vn mot après l'autre, pour luy monftrcr corne c'eftoit qu'-
il deuoit dire,& pour luy mettre das la bouche: encore ne pouuoic-il i'uyure celuy qui par-
loit.Ceux qui virer cefpectaclc,nefàuoyentcux-mefmes que dire, tanteftoyenteftônez;
èc mefmement ceux qui fauoycnt comment tout seftoitpafTé , recognoifToyent que c'e-
ftoit veritablemét vne iufte punition &: vengeance de Dieu. ^ Cepédant George fut auL Execution
fiexeçuté:premierement il fut à demi eftranglé:& puis defeendu du gibet,& mis en quar- Ac Georêc'
tier . Il demeura ferme &: confiât en cefteefpecedemartyrc>iufc{ucsàceque le bourreau
Juy ayant cruellement fourre le bras dedans le ventre, luy arracha le cœur du corps,ain-
fi qu'on fait communément en ce pays-la. La teftefut mifelur vn haut pofteau à Cloce-
ftredes quatre quartiers fbruirent demonftre à Ipfvvich, Haruich, Chemsford, &c àfàincl:
Roufry. En celte forte ce fàin£tperfonnage,&: plus digne du ciel quedclaterre,mouiut:
mefprife& abominable en ce monde, mais excellent &i précieux de uat le Seigneur Iefus
Chrift&ibnEgliic.
I E A N BER t'r AND, Venàofmo*.
E M ceft exemple.nous auons à confiderer de quels argumens les adutfrfaires afïaillenj les Fidèles: &r commet ils
s'accordent & concluent les procès par opinions tendantes à cruauté.
DD. ii.
Liure VI* fan Hertund.
E an Bertrand, natif du bourg de Montoirc , au pays de Vendofmois , garde
?j des bois de la fbreft de Marchenoir , qui eft au conté de Dunois, fut conftituc
I prifonnicr pour la parolle de Dieu , en l'an m.d.lvi.Ic Mecrcdi cinquième
iour du mois de Feurier .&: fut pris par les Seigneurs d'Eftenay &: deCiguon-
gncs,demeurans près la ville dudit Marchenoir,&: amené lie es priions royales à Blois:où
eftant emprifonné,fut interrogué par vn Côfeiller du fiegcprefidial dudit Blois, nommé
Denys Barbes-.lequel en ceft affaire fe monftraprôpt& diligent,afin qu'il fuftcftimé bon
zélateur &c fu p poft de l'cglifc Romaine . Et de premier a [faut luy demanda en termes cô-
fus s'il n'auoit pas vn iour tenu propos contre Dieu ,ccnrre l'eg]iiè,r&: les faincts &: fain&es
de Paradis . Bertrand reipondit que non,& qu'il n'en voudroit aucu nement parler, finon
en telle reuerence que Dieu commande.Interrogué s'il n'auoit pas dit que la Mefte eftoic
vnechofe trefabominable,par laquelle les preftres abufoyét le poure peuple: confefla qu'-
ainfi eftoit.Sur quoy luy fut demadé lacaulè:Pource(dit-il)qu'ayat,auec la grâce deDieu,
leu &c veu diligemment tant le vieil quelenouueau Teftamenr, ie n'y ay trouué en aucu-
Lc morde ne forte ce mot de MeiTe: parquoy ie l'aven horreur &: abomination: entant aufîîqucS.
GJati s ^au' efcriuantaux Galates nous enleigne, Que fi vn Ange defeen doit du ciel pour nous
annoncer autre Euangilc que ceftuy-la qu'il a prefché,que nous ne le croyons point.Ce q
Apoe^u* femblablementS.Ieancôfermeen la fin de fon Apocalypfe,où il dit,quc les playes &: ma-
lédictions eferites en fon liure, tomberont fur celuy qui oferacntreprcdrcd'adiouftcr ou
diminuer vnc fyllabe outre,oupar deflus ce qui y eft eferit. Dauantage,il aSioufta qu'elle
eftoit fans aucune doute inuentee des hommcs,veu que Iefus Chrift , (es Apoftrcs & Pro«
phcrcsn'enfontaucunemétion:&quepar iccllela mort&partion denoftrcSeigncur'&
Sauueur Iefus Chrift eft anéantie , entant qu'ils cofelTcnt cux-mefmes q c'eft vn facrifice:
Hcb.^t Se quefacrifîce ne fe peut faire fans efrufion de làng: & par confequent qu'en ce fàifant ils
crucifient derechefnoftre Seigneur Iefus Chrift,lequel ayat fatisfait vncfois pour toutes,
lcaav.30 adit eftât en l'arbre de la croix en mourant, Tout eft confommé. Et pourtit c'eft vn blaf-
pheme d'y attacher la remiflion des péchez pour les viuas : ôc la deliurace des ames de leur
Purgatoire pour les morts. ^"Interrogué s'il ne vouloir pas tenir vn Purgatoire: a dit q no,
& que lefeul fang denoftrc Seigneur Iefus Chrift fatisfailbit à toutes nos dettes , corne S.
i.Icoû.1 1 Iea en parle en fa Canonique. Au ffi qu'il n'y auoit que deux voyes: l'vne qui mené à falua-
tion,&: l'autre à damnation éternelle. ^Interrogué s'il n'auoit pas djtquec'cftoitabusdc
croire qu'en l'hoftie que monftre le Prcftre en la Meife , Iefus Chrift fuft compris en chair
L'hoftiedu & en os,commcil eftoit en l'arbre de la croix : voire & qu'il n'y eftoit aucunem et en force
fcmforcf ni en vertu >a confeflë eftre ainfi:prouuât fon dire par vn des articles de noftre foy,auqucl
& venu, eft dit qu'il eft aflis à la dextre de Dieu fon Pere:& au ffi par les Euangeliftes,Si on vous dit,
Icy eft Chrift,ou le voicy,ou le voila:ne le croyez point, que fi on dit,Il eft au defert,n'y al-
lez pas:Il eft au cabinet,ne le croyez pas. car comme l'elclair fort d'Oriét, &c le monftre en
Matt.14.z3 Occidcnt,ainfiferaraducnementduFilsderh5me.Dauantage,qu'ileftcfcritaux Actes
£cs Apoftres,Que Iefus Chrift delaiiîànt le monde (quant à fon humanité) &: montât au
ciel,fes Apoftres&diiciples le regardans mon ter, l'Ange s'apparut à eux,& lcurdit,Hom
mes Ifraelites,que regardez-vous Iefus Chrift monrer au ciel?ain(î que vous l'auez veu aU
ler.ainfi viendra-il.Partant c'eft vn grand abus , de vouloir faire accroire au poure peuple
qu'il defeend en cefte cfpcce depain,&: qu'il y eft compris en quelque forte q 11c ce foit.In-
terrogué s'il n'auoit pas dit qu'on s'abufoit , de peler &c croire q la vierge Marie, les faincts
& làinctes de Paradis ayét aucune puiflace de prier ou intercéder pour nous enuers Dieu:
aufli qu'il ne falloir pas aller en voyage: Reipondit qu'ouy : &: qu'il eftoit eferit en l'Epiftre
ican*1* dcS.Iean ,Quenousauons vn Aduocat enuers le Pere, qui eft Iefus Chrift le iufte,aufti
" 44 qu'en l'EuangileS.Iean, Chrift dit luy-mefmes,Que nul ne peut venir à fon Pere finô par
Aft.4.11 luy. Et aux Actes des Apoftres, S.Pierre & S. lean, remonftrans aux Scribes &c Pharifiens,
difenrjefus Chrift,lequel vous auez crucifié & mis à mort:c'eft la pierre quia efté reicttee
de vous edifians,laquelle à eft é mife au principal lieu du coin : ôc n'y a point de làlut en au-
tre qu'en luy. Ioint aulfi qu'il n'y a point d'autre nom dôné fous le ciel entre les hommes,
par lequel il nous faille eftre fauuez.Il dilbit au refte qu'il n'eftimoit rie cognoiftre (fuyuat
i.Con - la doctrine de S.Paul) linon Iefus Chrift,&: iceluy crucifié.
E t le Samedyenfuyuant fut derechef appelé par ledit Barbes,auccvn autre confeillec
dudit fiegedefqls luy firét faire lecture de mot à mot dcfdites Interrogatoires &i Rcfpôfes,
luy
Jean Bertrand, 4.33
luy demandans s'il vouloit perfifter en iceiles. A quoy refpondit qu'ouy,&: quemoyennâc
le plaiiirdePieu il vouloit mourir en cette confelïi on . Inrerroguéoù il au oit fait fes Paf-
ques cette année: a dit qu'il les auoit faites en loy-mefme en efpritparfoy . Interrogué,
Pourquoy ilnelesauoit célébrées auec les autres, corne vn bon Chreftien: Pource (dir-il)
qu'elles ne fe font ainfiqlelusChrift l'a commandé &faitauec l'es Apoftres,mais quelles
font du tout changées: 6c mcfmcs ettat faites à la manière vfitee&: obferuee entre eux, n«
iont que pure idolatrie,d'autant qu'au lieu d'y adorer Iefus Chrift en efprit & venté, ou y
adore vn morceau de pain. Et voulant pourfuyure outre , ne le permirent pas , ains le re-
mirent à deux Dadeurs,l'vn Iacopin l'autre Cordelicr , deuant lefquels il fut mené le
Védredy quatorzième iour dudit mois de Feurier ,en la pi efence dudit Barbes, l'aduocat
du Roy, 6c deux autres Confcillers dudit fiege preiidial : où eftans lefdits Cordelicr & Ia-
copin, firent beau icmblant de luy remonftrer ("a îeunciîe : mais il leur reipondit que cela
n'yfaifoit rien ,puis que l'honneur en dcuoit eftre rendu au iëul Dieu. Ces Moines taichâs
par tous moyens de luy rompre ion propos, luy alleguoyent leurs faincts Conciles,& leurs
vieilles refucries fcolaftiques : mais Dieu luy fit la grâce de furmonter leurs cauillations 6c
fineffes, 6c leur dit qu'il ne s'airefteroit qu'au fainft Concile de Iefus Chrift &: de fes Apo-
ftres . Ils l'interrogucrent queLque peu iur la Cene , aifauoir fi fous cette cfpece de pain ie-
fus Chrift n'eftoit pas comprisrà quoy reipondit quenon. Les aduerfaires luyrepliqueréc
que ii:&: que Iefus Chrift auoit dit à fes A poftres (après qu'il eut rompu le pain,&leleur £,{^£fut-
eut baillé)Prenez,mangez : c'eft-cy mon corps: il reipondit que Iefus Chrift ne parloir ny
au pain ny au vin,lefquels demeurent en leur fubftance de pain &: vin: mais que tout ain-
i'i que le pain 6c le vin font nourriture de nos corps,auiîî q le corps&: le iàng de noftre Sei-
gneur Iefus Chrift nous iont dônez pour nourriture de nos ames. Et nefaut cercher Iefus
Chrift ny au pain ny au vin, mais là haut au ciel: alléguant à ce propos le paiTage de S. Au-
guftin,Croy ,& tu l'as m ange. En après citant interrogué, où il auoit appris ce qu'il diibit:
Reipondit que Dieu le luy auoit appris par ion S.Efpnt , 6c qu'autre ne luy auoit monftré:
toutefois que bien cftoit vray qu'il auoit hanté vn certain perionn âge qui eft maintenant
à Geneue,auec lequel il en auoit cômuniqué.Interrogué pluiieurs fois par ferment,pour
lauoir auec quelles gens il auoit hanté 6c communiqué de fa doctrinc,depuislepartemét
d'vn nomme D.L.a refpondu que d'autant qu'il n'eftoit pas marie, il frequétoit pluiieurs
gens (ans aucune acception ou eigaid , ne leur communiquant rien delà parollede Dieu:
mais qu'il en alloit faire lefture en là foreft deMarchenoir. Dauantage,qu'il ferepéroit&:
demandoit pardon à Dieu de ce qu'il n auoit fait valoir le talent qui luy auoit cfté donné.
Interrogué qu'il auoit fait de les liures,dit qu'il n'auoit qu'vnnouueauTeftament, les
Pieaunies de Dauid,le Catechifmc 6c les Prières qu'on fait en l'eglife de Dieu àGeneue,le
tout en vn volume: 6c qu'à fa prinfc il les ietta iecrettement pour la crainte qu'il auoit des
hommes, dont ferepentoit.Enquis qui les luy auoit védus, refpoditcu.ieccfut vn libraire
en pleine foire de S. Léonard. Interrogué s'ilcognoiiToit ledit libraire,declara que no. Or
voyans lefdits qu'ils ne pouuoycnt auoir awre choie de luy, l'aduocat du Roy luy dit,s'il fc
\ouloitdeidirc > que comme Iefus Chrift pardône , il luy feroitauifi pardonné: 6c qu'il en
prieroit les Seigneurs pour luy . Bertrand reipondit qu'il eftoit eferit , Qu'en cecy ne faut
craindre les hommes, qui n'ont puiflance que fur le corps : mais qu'il faut craindre Dieu,
qui a puiifance fur le corps 6c iur lame , les pouuant du tout mettre en la géhenne du feu . Um jq lg<
jQu'iceluy au iu* a promis àceuxquilecoufefleront deuant les hommes, de les confeifer M«t.ro.j»,
fcmblablement deuant Dieu fon Pere : adiouftant qu'il ne s'attendoit point de perdre vn &luS
feul cheueu de fa tefte,d'autant qu'ils eftoyent tous contez.
Les deux Caphars qui là eftoyent orefens , voyans qu'il eftojtainfi refolu ,enflambez
de defpit départirent du lieu,&: dirent a ceux de la Iuftice,qu'il le falloir brufler corne per-
nicieux Luthérien. Aufqucls(côme ils s'en alioyét)ledit Bertrand refponditje prie Dieu,
par noftre Seigneur IefusChrift,qu'il me face la grâce de l'endurer. Voila en etfed les prin
cipales Interrogatoires &:refponles,lefquelles lcfufdit prifonniei aeferitesde là propre
main:à la fin defquelles il mit ce qui s'cnfuit:Ie prie tous mes freres,qu'ils n'oubliétà puer
Dieu d'vn mefme accord que moy, afin que le tout l'oit à la gloire de ion Nom, &: édifica-
tion de nos prochains. La paix deDieu foit auec nous tous. nonobftant que foy' abient
de vous cor poreilcment,ie ne lauTe d'y eft re fpirituellemen t.
Le furplus de fon procès contenoit ce qui ('enfuit:
L e i7.iour d'Auril audit an, les luges &: Confeallersfufdits auec autres de leur fa&ion,
DD.iii.
Liure VL Jea&Hertrflnd.
eftans alïemblcz, firent venir en Ta chambre du confeil où ils eft oy dm, Nicole Pothce do^.
deur en Théologie, Iean de Creux de l'ordre des frères Prefcheurs , frère Pierre Ste-
phay licentié en Théologie, Guillaume Venant , de l'ordre de faind François . En la pre-
fence defquels fut amené ledit Bertrand priibnnier, auquel fur les prétendues fautes
& erreurs fuldits par luy commis, tant iùr le Sacrement de l'autel , Confdfûon auricu-
laire,denegation du Purgatoirc,qu'autres faufTes Opinions dont il efl chargé par (on pro-
cès , luy furent faites remonftrances telles que s'enfuyuent , tendantes à conuertir
ledit Bertrand, & le ramener à la foy &C religion Chrcftienne. ^En premier lieu
luy a efté remonftré qu'il eftoit en grand erreur, de dire qu'en la fàinde hoirie, la côlècra-
tion faite par le preftre,le précieux corps de Ieius Chrift n'eft pas contenu: luy faiiànt cn-
tendrepar plulieurs paflfages à lui alléguez , que le contraire deibn dire eftoit vray . &c en
outre,qu'il y a grande différence entre le pain matériel ôc le pain iph ituel : luy mettant en
auât plufieurs raiions, afin de lui perlliader qu'en ladite fainde Euchanftie eftoit le vray
&: précieux cerps delefus Chrift. Bertrand refpôdit que cefte dodrinecftoit fauife:&: que
rhoilie n'eftoit tèulemét qu'vne image de pain , faite contre toute ordônancc deDicu,qui
Iiod.10,4 a défendu de faire image pour adorer. Item, que véritablement il y auoit différence entre
le pain matériel & le pain fpirituel,qui eft le corps de noftre Seigneur lcfus Chrift, lequel
ilfautcercherlàhaut au ciel,où il eft à la dextre de Dieu ion Perc,&: non ailleurs. ^ Or
quant à la MefTe, laquelle lelditsTheologiens lui vouloyent perfuader auoir efté inftituee
de Dieu , & depuis célébrée par fes Apoftres : ledit Bertrand perfiftant en fa première de_
pofition,adit qu elle eftoit inftituee des hommes qu'il auoit diligemment leu le vieil
& nouueau Teftament en François , efquels il n'auoit peu trouuer ce mot de Mefle , &cc.
^Et dauautage qu'en fes fuiditesrefponics il a dit vouloir perlifter, voire viurc&: mourir:
bref,qu'il n'en diroit autre chofe.Au moyé dequoy futenuoyéefdites priions, &: procédé
à prendre les opinions dechacun des fuidits Lieutenant &c Conieillers,à la manière qui
s enfuit.^Barbes opinant lepremier,comme rapporteur duditprocés,dit& côclud,quc
Bertrand doit eftre bruflé vif, attaché à vn pofteau au marché aux porcs en ladite ville de
Bloys:cequ approuuercnt lefdits Confeillers, exceptez quelques vns:defqucls l'vn futd'-
aduis de le faire mener à Marchenoir,où il a commis le delid:&là au lieu public attaché à
vn pofteau,eftre eftranglé,&: puis réduit en cèdres . Vn autre opina femblablement qu'i^
deuoit eftre pendu &: eftranglé , & puis mis en cendres , &: que pour ce faire deuoit eftre
Notez .cy mené à Marchenoir,où il a com mis le deli&,& où il eft domicilié . ^Or le Huchier cftanc
mcntdSr de femblable opinion que ledit Barbes, fit cefte reftridion : aflàuoir , que fi le Bourreau
conueriïon void q ledit prifônier ferecognoifle & fe vueillc deldirejors qu'il lèraattaché au pofteau,
cftfa"c« *c ^cra cftrangler fans ièntir le feu: (incsqu'il fera bruflé tout vif. Et vn nômé Biard côclud
beaux aduis femblablemét q le Huchicr,aiTauoir qu'il feroit mené defdites prifons de Bloys, en vn tô-
attribuéà Dereau>au marché aux poresde ladite ville,pourlà eftreeftranglé s'il fe veutdefdire:finô,
faSu fera bruflé vif.&qu'auant ce faire il fera mis en la torture &quert ion extraordinaire: alle-
Eourreau. guant pour raiibn ce morceau de Laùn^d indicandosfocios Al çidiouiï& auiïï que pour plus
gi âd ex emple,il deuoit eftre bruflé en peindure audit lieu de Marchenoir. Dont &: de la*
quelle ièntéce &c iugement ainfi contre luy donné,lcdit Bertrand appela à la cour de Par-
lement à Paris,où il fut mené: &c perlifta en la côfeffion de fa foy corne il auoit fait à Bloys.
Toutefois eftant tôbé au iugement de certain s Coieillersentedeurs de laparollcde Dieu,
qui eflayerent tous moyens dcle faircdefdire : mais n'ayans rien profité , pourlauer leurs
mains de fa condamnation^ s'exeufer enuersles fidèles de Paris, ilslcchargerentd'cftre
BertranJ Anabaptifte, afin de couurir deuant les homes l'iniquité de leur iugemét: lequel pa/Té en
ji^Amba are^3ertrad fut ramené à Bloys:& l'exécution faite au marché aux porceaux, le premier
ptirtc. de Iuin iç 56. prêtent Barbes conièiller exécuteur de ladite fenten ce &areft. ^Orquâdle
Geôlier l'appela pour venir à la pronôciation deibn areft,il eftoit en prières . On luy ouic
dire ces mots en prianr, Seigneur maintien-moy , &: me ibuftien : garde-moy &: m'alfifte
iufqualafîn:Fay-movlagracedeibuffrirconftammentcequim'eftoftértauiourdJiuy.
Et fi toft q Bertrand fut deuant ledit Conièiller exécuteur , laduocat du Roy & plufieurs
Cordeliers&:Iacopins,&: autres gens,ilfuta{Taillidediuers propos:auiqucls rcipôdoit de
grande affedion,prouuant fbn dire par texte de la faindeEfcriture.
O r deuant q u'eftre liuré au bourreau, les Caphars luy pi cienterent vne croix de bois,
difans qu'il la baiiaft,&: qu'il le côfeifall à l'vn deux: mais il rcipôdit qu'ils fedepartiiTent
de luy,& qu'il n'auoit que faire à eux. que ce n'eftoit là cefte croix qu'il luy côucnoic por-
ter,
JeanHertrand. jfjjf
ter, mais quelle eftoit bien autre que la leur qui eft d'or,d argent, ou de bois. Et fur ce (ç
jeconimanda aux prières mefmes des prifonniers , defquels plusieurs dirent > Dieu te^,
ce la grâce d endurer patiemmentton martyre. ^ Eteftantibrty delapriibn ,mon;aen
la charette: 6c alsiftant grand nôbredegens, dirjçrcn grâces à mon Dieu,decçqueiené
fuis icy pour meurcre, larrecin,ou blaipheme,mais pour fouftenir la querelle de mon Sau-
ueur.Et le bourreau l'ayant entre l'es mains , luy dit , Mefchant , pourquoy n'as^tu voulu
baifer la croix ? Ce dict, luy ferra rudement le col de la corde, mais Bertrand palTa celle in-
iure&: violence,^, luy dit, Mon ami,Dieu te pardonne: 6c Ce pont à chanter du Pièaume ,
A tov mon Dieu mon cœur monte. 6c du Pièaume , Mon Dieu prefte-moy l'oreille , les pf«" gj',
verfets conuenans au temps &: al adeoù il eftoit,& continua iuiquesau lieu dufupplice.
Ilauoitlevifagebeau aupolsible, &lesyeuxefleuezauciel:il fepreienta de grand cœur
furie fieçe qui luy eftoit préparé au bout d'vne pièce de bois,&: dit ces mots, Lebeaulieu
qui m'elï icy préparé îôl'heurcufc iourneei Et quand le feu fut allumé ,il s'eferia &;dit,
Mon Dieu,donne la main à ton feruiteur. ie te recommande mon ame: &ainfi rendit ïc+
fprit fans fe tourmenter aucunement. Ceux qui y eftoyentprefens, dirent que ce fut vne
mort autant collante qu'on a veu de longtemps : voire telle que tous en eftoyent efton-
nez. Vnc dame qui ce iour-laeftantàBloys,fefitmenercn li&iere pour voir cefte exé-
cution, dit qu'elle n'auoit onques veu choie qui tant feuft confermee, que la patiencede
ceMarryr.
^ Aufsi , entre autres chofes qui aduindrent du rant fes liens,à vn certain iour, comme
leconfeil eftoit (uribn procez,&l'auoyent fait monter pour fin cerroguenvn gentil-hom
me Papiite qui eftoit en la falle, après que le prilbnnier fu t forti de deuant les luges , l'ap-
pela 6c luy dit, Mon amy, à ce que ievoy &: enten , vous elles icy pourvoftre opiniaftrc-
té: il faut que vous ceisiez de maintenir vos erreurs, q vous vous repentiez, &: viuiezcô- Refpon]-e
melesautres. Voulez-vous eftrc plusfàuantquetoutlemôde'li vous voulez, Mefsieurs deRcnwd
vous feront milericorde. Bertrand ne s'ellonnant de cela , reipondit , Monfieur , ie vous ^JJ^
mcrciene ne fuis pas icy pour maintenir erreur ,ie n'ay rie dit qui ne foie véritable:^: D;eu
m'en eft fuffifant tefmoin. Ce gentil-homme luy dit, Si vous ne parlez au tremét,ils vqus
feront mourir, voulez-vous cftre caufe de vollre mort i Bertrand reipondit derechef,S'ils
penfent,&: vous aufsi, Monfïeur,que poureuiter vne telle peine que celle dont mepar-
lez,ie fiife chofe contre Dieu, pour demeurer priué de fa gi ace , ils s'abuferoyent grande-
ment. ^ Depuis qu'il fut ramené delà cour du Parlement de Paris, le iour de deuant fon
martyre, vn homme de bien luy eicriuit vne lettre,dont la teneur s'enfuit de mot à mot:
LePere de toute miferi corde &: de confolation vous afsiftc 8c conforte,par les mérites d&fon cher enfant Iefus
Chrift noftre Seigneur, Amen.
HT Relcher frère 6c amv,nousauons grande occafion de remercier noftre bon Dieu, en
ce qu'il nous démon ftre de iour en iour l'arfedion qu'il porte à fon Egliie, l'ornât d'v-
ne inuincible charité : laquelle eft de telle force 6c vertu,que ceux ou elle habite,ne peu-
uent cftre iéparez de leur chefek' capitaine Iefus Chrift noftre Seigneur:&: combien que
Satan maiftredcdiuifion,ne tafche qu adiuiièr les membres d'iceluy , toutesfois l'eipric
de Dieu bel'ongne en telle façon,que Satan eft veincu par la patience des enfans de Dieu.
Nous auonsouy voftrearriuee de Parts,auec le décret des luges inhumains :6c aufsi vo^
ftre confiance &: dile&ion enuers noftre Dieuck fon Fils Iefus Chrift. Quandau dé-
cret 6c fentence, eftans d'vn mefme corps 6c Eglife que vous, nous ne pouuons que n'en
ayons douleur 6c angoifte en nos cœurs: mais regardans &coniiderans la confiance, de
laquelle noftrefcon Pere vous a armé 6c armera,fommes grandement côfolez.Et c'eft en
quoy il vous faut reliouir, voyant qu'eftesefleu de Dieu&: appelé pour élire tefmoin de
lafainde vérité , diiciplc& efeolier du chef de fon Egliie & congrégation. Iefus Chrift
noftre Seigneur vous appcle,dy-ie,à ce glorieux combat 6c batailie,pour lenfuyure com-
me voftre chef 6c capiraine:cn telle forte que venez Saran,lc monde,la chair iurmon tez
&: veincus,attedât la courone incorruptible &eternelle.Parquoy,rrei e &:amy,reiïouiflez
vous,prenez courage à ce glorieux combar. Vous fauez pour qui vous combatez , 6c qui
eft voftre Capitaine. Qu'il vous ibuuienne que le dilciple ne peut élire plus grand que le Mit. 10.14.
maiilre : 6c que fi on a appelé le Seigneur Iefus Chrift, Diable 8c ledudeur,on le fera plus U mc',l>-
aifémentàièsdomeftiques&feruiteurs. On hait le Seigneur: car il n'eft pas du monde,
ny aufs 1 fes fer uiteurs: car ils font feparez du monde. Pourtant vovez que Satan ne vous
* contrifte:maispcrfeuerezconftamnient:carquipcrfeuereraiufquesàla fin, il fera fau- li
DDjiii.
Liurcj VI* ^Arnaud Aïonmtë ^ean de QaXes.
ué.Ayez ceftcaflcurance que voftrc nom cft elcritau liure de vie. Gardez -vous de la cau-
telledcs Caphars. Soyez prudent comme le ferpenc. Permettez que tout voftrefang f orte
goutte à goutte,pluftoft que voftre chef qui eft Iefus Chrift,foit orTenie. * Nous iommes
tous en ordre pour pner& requérir noftre bon Dieu qu'il vous aflîfte , qu'il vous fortifie,
rfil.ns.14 àc garde de la gueule du Lyô. Or rrere,c'eft demain la îournecdelaquelledeiicz dire, Voi-
ci la (ainiieiouroee,rciiouiflbns-nous en iccllc. Le Seigneur Dieu quien vousacomme-
cé,vueilleen vous paracheuer par Iefus Chrift noftre Seigneur. Les fidèles vous faluent,
&: prient pour vous, en vous recom mandant à lagrace deceluy duquel vousiouirez plei-
nement en la gloire éternelle, Amen.
" ' A RN A V D MON I E R,& I E A N DE C A 2 E S%*fcom.
L A promptitude de ces deux Martyrs,en fc prcfentànt au dan'ger pour la doctrine du Seigneur, nous a donne à co
gnoi!ire,que la querelle qui cft fouftenue au nom de Iefus Chrift, eft du tout différente de celle qu'on entre-
prend pour les chofes de ce monde en laquelle les hommes font auffî douteux Se incertains qu'en cefte-ci on
eft aifeuré de la vidoirc,dés l'heure que le Capitaine met quelcun des fiens au combat.
M.D.LVI. ffîfâfâfêX ^N A v D Mo nieb. natif delà ville de Sain- milion en Bourdelois,aagécn~
uironde x x v . ans ,futconftitué pnibnnier en la ville de Bourdeaux, lez*;,
iour d' Auril, vers les iîx heures duibir,par Antoine de Lefcurc procureur du
Roy : lequel le fit mener en la conciergerie du Parlement en ladite ville de
Bourdeaux: l'ayant interrogue en fa m ai (on en la prelén ce de lès feruiteurs,
dclafoy & religion qu'il tenoit. Et combien que Monier euft remôftré au vif les iugemes
cie Dieu auditdcLefcure,àccqu'ilnefouillaftlesmainsaufang des fidèles , autrement
qu'vne horrible punition de Dieu luy eftoit apprcftcc:ce procurcur(combien qu'il fe mô-
ftraft aucunement efmeu & touché par tels aducrtilîemens &: remonftraces)nelaiûatou
tcfois de pourfuiure ledit emprifonnement:&: du iour au lendemain aduertit la Cour.
Examen de Or le Mercredy enfuyuant,vingtneufieme dudit mois, Monier fut appelé en la chairu
Monier. bre criminelle pardeuantlesComiflaires deputez:& par eux interrogué fur tous lespoî&s
de fa foy:mefmes fur la Meffc,fur le Purgatoire,&: vénération des Sain&s: à quoy ayant liif
fifamment rclpondu, mais pour plus ample confirmation de lbn dire, le trentième dudit
mois rédigea par cfcrit,&: ligna de là main les articles qui s'cnluyuent:Bo n Di e v,plaife-
toy m'aider par ton faincl Elprir, Ame. La raifon pourquoy ic n'ay point fait difficulté de
manger chair en quelque tem ps que ce fuft,eft pource que fainct Paul dit , q ceux qui de.,
i.Tim.4 fendent de lé marier , &c s'abftenir des viandes que Dieu a créées pour en vlèt auec a&ion
de grâces aux fidèles &c à ceux qui ont cogneu la verité,s'amufent aux elprits d'erreur. La
raifon pourquoy ic n'ay point fait la Ccne en ce pays,eft pource queie n'y cognoy point de
gens qui l'adminiftrcnt félon l'inftitution de noftre Seigneur Iefus Chrift. ^Larailbn.
pourquoy ie ne me fuis point allé côfefîer à vn preftre,eft peurce que iene trouueen tou-
te l'Efcnture iaincte,qu'il mefoit cômandé de Dicu.CLa raifon pourquoy ie ne fuis point
alléouirMelîe, eft pource que ceux qui l'ont faite, cfifent, quec'eft vnlàcrifice pour re-
concilier à Dieu les viuans& les morts. Et iefày par lafain&e Efcriture , queleléul facrifi-
ce de noftre Seigneur Ielus Chrift, offert vne feule fois par luy-mefme,aefté fuffifantpour
ce faire. La raifon pourquoy ie ne croy point d'autre Purgatoire que le langde IefusChrift
noftre Seigneur,eil pource qu'iceluy eft 1 iirfiiat pour me purger,laucr &: nettoyer de tous
mes péchez, comme l'Eicriture fain&e m'en fait certain en diuers lieux . La raifon pour-
quoy iene prie point les làinîts qui font morts au Seigneur,eft pource qu'il ne m'eft poinc
commandé de Dieu . Et noftre Seigneur Iefus Chrift enlèignant commeil faut prier, dit,
tuciu Quanci vous prierez,dites,Noftre Percqui es es cieux,&c. La religion que ic tien , en la-
quelle ie veux viure &: mourir ( Dieu aidant ) eft amplement contenue és liures de l'Eicri-
ture iàin&Cjtat vieil quénouueau Teftamét: ckfommairemcntcÔprifcen qnatrepoinds
principaux, affauoir En la prière qui commccc, Noftre Perey &c. Auxcommandemensde
Dieu,qui le commcncenuEfcoMte ifraelje fuu,&rc. Aux articles de la foy,qui (ècômencent,
lecroy en L>/e«,^r.Et aux faincis Sacrcmes que noftre Seigneur Iefus Chrift a inftituez en
fon Eglilc.5/o/2f, Monier.
^ Le ni t iour, trentième d' Auril, arnua audit Bourdeauxjean de Cazes, delà ville
deLibourne , grand ami &: compagnon dudit Monier, ayant entendu que Monier e*
ftoitemprilonnéfort eftroitementpourla querelle de noftre Seigneur Ielus Chrift. Ef-
meu
Jean de Qa^et. 4
tncu d'vnzeleChreftien délibéra decrouuer moyen pour parler audit Monier, afin de
le confoler& fortifier aux promeuves de Dieu. L'entrée de la conciergerie luy fut refu.
lèe pat trois ou quatre foisiauecaduertifrementqu'ilfereciraftjpour ce quela Courauoit
rxprcire'ment commande au Concierge de confticuer prifonniers tous ceux qui iroyenc
viiiter ledit Monier, &; communiquer auec luy. Nonobftant lefquelles defcniès, ledit de
Gazes ayant pnns congé de tous les frères eftans en ladite villede Bourdeaux* pour s'en
retourner à Libourne,pour fes affaires : le premier îour de May , voulut feulement dire à
Dieu à Ton amy Monier : on luy rcfulà l'entrée corne deifus. Au moyen dequoy fe retira
de deuant le Palais,pour s'en partir : foudain fut enuoyé quérir par vn nommé François,
cômis du Concierge,afin devenir parler à luy. Cazes fit refponic qu'attëdu le refus qu'on
luvauoitfaitde l'encrée, il n'iroit point: mais fi ledit François vouloir parler à luy , il le
trouueroit là. Quoy fichant ledit François, efmeu de trahifon l'alla trouuen&lemena
fans aucune rcfiltence en la conciergerie, ccmmccnmenc labrebisen vne cftablc:oii
eftantretenu,incontinenton aduertit monfieurd'Alefmelaifné, commnTairedu procès
de Monier : lequel s eftant tranfporte en ladite conciergerie, & parlanr audit de Cazes,
(qu'il cognoiiToit de long temps,d'autant qu'il auoit efté rapporteur de quelque procès q
ledit lean de Cazes auoit eu en matière cmile en ladite Cour)dit en s'efmerueillâc, Icco-
gnoy bien Cazes,& ne penièpasqu'ilfoitdelafè£tederaucre:(parlanc de Monier )&:qu'il
nefe foitconfefTé,&: fait les Palques. Iean de Cazes eftant fur cesparolles mis hors de la
conciergerie par ledit Alefme, 6c com me dcliuré du tout : ne pouuant porter ces mots,
&c par fon filence blefler ledit Monier en vne querelle fi iufte. rcfpondit fimplemet,Mon*
fieur, ie fay cercainemenr,que Monier eft homme de bien. Et quant àmoy,ieconfefTe or-
dinairement mes fautes à Dieu, &c non à autre. &:ay fait mes Pafquesfpirituellement,&:
non en idolâtrie, comme on a accouftumé en celte Papauté : voire& ne la voudroye fai-
re pour dix mille morts.Quoy oyantjedit Alefme fruftré de Ion intenticn,fit reftraindre
Jedit de Cazes :&: fut mis en vne baflefoiîe,iàns voir ledit Monier, iufques au lendemain
fécond iourdeMay , qu'il fut incerrogué defàfoy, comme s'enfuit. ^Ie a n de Latcneut
Cazes natif& habitant de Libourne,aagc de vingt &ièpt ans ou enuiron,Interrcgué J^^g
combien de temps il a efté en celte viile:Dit qu'il arriua auant hier deLibourne>&: que de C««
ceiourdhuy eftant aile à la conciergerie pour porter des lettres qu'vnfien coufin en-
uovoitau concierge, pour auoir quelque argent deluy,demanda de partir à Arnaud
Monier,qu'on luy auoit diteftre prùonmer : «Sdle cômis du Concierge nôméFrançois,le
conftit ua prifonnier:& le mit en la balte fofle , où il a demeuré iufques à prefent. ^ In-
terrogué s'il cognoift Monier, &c s'il fàic qiùl a efté à Geneue: dit qu'il ne fait certainemét
s'il a efté à Geneue , finon qu'il luy auoit ouy direy auoir efté en venant des Alemaignes.
Et a fréquenté ledit Monier puis qu inze ans en ça , & de leur tem ps ils ont efté à 1 efcole
enfemble: mais neluy aouv renir aucuns propos reprouucz. ^ Interrogué fur fafoy,
&: fur ce qu'il croit du fainctSicremenc de l'autel: il aditqu'ilya quatre ans qu'il ne s'efl:
confciîé, &: n'a fait Pafques : par ce qu'en ce pays n'y a point de miniftre pour adminiftref
JafaincteCene, eftabliede Chrift:&: qu'il faut que le miniftre ou Euefque ne foit point
paillard ny blafphemaieur. Et depuis ledit temps de quatre ans , il a toufiouts receu ibn
Créateur en repentance de fes pechez,en foy &c efprit>&: non autremet. Et s'il areceu au-
parauan t ledit tem ps,ainil qu'on a accouftu mé faire à Pai'ques,il a efté abufé. Interrô.,
gué s'il croit que le précieux corps de noftre Seigneur (bit au iaintl: Sacrement de l'autel,
après la prolâtiondes#parolles Sacramentales:Rcfpond que non. Et s'ily eftoit réelle-
ment , le Symbole feroit faux: auquel eft contenu que noftre Se gneur eft môté és cieux*
& fiedà ladtxtredeDieufon Pere,& que de là viendra iuger les vifs &c les morts. A-*
près luy auoir faictplufienrsremonftrances,&: que (on dire eftoic contre la détermina-
tion de noftre mere fain&e eglife , nous a relpôdu qpar rEicriturcIàincte n'appert point
que le corps de noftre Seigneur foit réellement au Sacrement de l'autel. Bien dit qu'il eft
Spirituellement en la Cene,& que ledit facrem et n'eft qu'vn figne&gage que noftre Sei*
gneurnousalaiiféiulques àlaRefurredion. Et nous a die outre, que noftre Seigneur ne
le biffe point tomber entre les mains d'vn preftre pccheur,paillard,yurongne&:blafphe-
mateur. Incerrogué s'il vaouirMefTe,&: s'il fréquente l'cglife: Refpond qu' il y â qua-
tre ans qu'il n'a ouy Mcffe grande ne petite: n'a ouy Vefpres neCompîies, nyjautrement
frequenrééseglifes,finon quand ilyafermon. Interrogué s'il a ouy aucuns fermons en
cefte ville : Refpond qu'il a ouy enuiron fept ou huit iermons d'vn Auguftin , au Qua-
refme dernier, lequel Auguftin difoit & prefehoit bien fuyuanc l'Euangile. ^ Interro-
gué s'il prie; la vierge Marie>& autres Sainds &c Samdes de Paradis: Refpond qu'il ne faut
point prier les Sainds : &: que Iefus Chrift nous a enfeignez de prier, en diIant,Noitre Pc-
Luc tu. requies éscieux,&c. ^Dauantageil adit& maintenu qu'il n'a point trouué qu'il fail-
lcptierla vierge Marie.Bien dit qu'elle a efté faluee par l'Ange,comme il cil eterit au pre-
mier de faind Luc. Mais qu'en Tes orailbns il n'a point accouftumé de dire A uc Ma-
ria, pourcequelefus Chnftnelapoiiuadioufté en l'oraifon qu'il a enlèigné pour prier
Dieu Ion Pcre. Il a aulsi fouftenu en les refponfes , que noftre Seigneur Icfus Chnft eft
noftre intercelfeur :&:aufsi qu'il nefàut prier qu'vnicul Dieuau Nom de fon Filsleius
Chrift.Aulsi dit qu'il ne dit heures ny autres prières, que les commandemens de Dieu,
l'oraifon Dominicale, le Symbole, auec certaines prières qu'il a particulieres,iàuoireft,
Purgatoire, qu'il demande à Dieu pardon de fes orTenfes. Interrogué' qu'il croit du Purgatoire: Re-
fpond, qu'il n'y a autre Purgatoire que le fan g précieux de noftre Seigneur , lequel a efté
rei'pandu pour nous, pour le lauement &: (auuement de nos âmes & conicienccs. Et fi on
difoit qu'il y euft autre Purgatoire,lefang précieux de noftre Seigneur fcroit refpandu en
vain. En outre, nom :i didquequad vn homme s'en va mourir, il va en paradis ou en en-
fer,iufques au iour du iugement, que noftre Seigneur ieparera les bons d'entre les mau-
vais. Quant aux iufnes,a dit que le vray iuihe eft de s'abftcnir de mal faire, &c obferuer les
çômandemens de Dieu le mieux q Ion peut.Et ne croit point'qu'il y aie autre iuihe, à tout
le moins qu'il ait trouué en l'Euangile. Interrogué s'il prend de l'eau bénite quand il en-
tre aux eglifes : Dit que non, par ce qu'il ne va es eglilés linon quad il y a predicatiomauC
ïi que toutes eaux font bénites. Interrogué s'il a fait prier pour les ames defes pere&:
merc,&: amis trcfpalfez : dit que no: & depuis qu'il a la cognoilîance de Dieu ( il y peut a-
uoir quatre ans ou enuiron ) il ne s eft trouué' en aucunes funérailles ne feiuicc pour les
trefpalïez. Et a dit outre, que tout ainli qu'on baille le médecin au malade pendant qu'il
eft en uie, de mefme forte faut prier Dieu les vns pour les autres, quand nous fommes en
vie. Mais quant aux furrrages qui fe font après qu'on eft deccdé,il netrouue point par l'Ef
criture que cela Ibit d'aucun efFcd: Interrogué qui l'a feduit&apprins telles dodrincs:
dit que c'eft le faind Efprit. Interrogué quels liures il a: dit qu'il n'a àprefent aucun li-
ure. Vray eft que cy deuant il a leu vne Bible, laquelle eftoit imprimée à Lyon, qu'il ache-
ta d'vn palTant en cefte ville* qu'il n'a feu nommer, &:luy couftadeux efeus : laquelle il
bailla à vn perfonnage de Saindonge , qu'il n'a feu nom mcr,dont peut auoir vnanou en-
uiron. Aufsi a dit qu'il a leu les Plèaumes de Dauid,tranflatez par Marot:& n'a leu autres
liures. A efté exhorté dédire s'il a côferé les fuldides proportions auec Iedid Monier.
dit que quelque fois il a conféré d'aucuns poinds lufdids auec Monier , Se tous deux s'en
accordoyent fuyuant l'Efcriture fainde. Interrogué s'il fait aucuns perlbnnagcs en ce-
lle ville de Bourdeaux,Libourne,ou ailleurs, qui adherct aux fufdides opinions auecluy:
dit qu'il n'en fait point. Interrogué ce qu'il croit du facrement de Mariage: refpond, que
le Mariage eft vne choie làinde&: honnorable:&: que noftre Seigneur a ordonné le Ma-
riage, afin que les Chreftiens viuent en chafteté , làns paillardilè. Et n'a trouué que Ma-
riage fuit lacremcnt.Etaligné,!. de c a z s s.
Et le lendemain ledit de Cazes eftant enuoyé quérir en la cha bre de la Tournelie , luy
LcProccs. jeu CCque jc(|\is Ktcôbien qu'il luy ait efté fait plulieursexhortatiôs de fereduire,^:
croire côme vn bon Chi cftien & catholiquc:à dit que ce q delms conçut venté, &: y veut
perlifter : &z ne croira autre chofe. A efté arrellé que ce îourdh uy de relcucc feront depu
tcz quatre docteurs de la faculté de Théologie , pour prelchcr &c remonftrcr tant audid
Monier qua Iea Cazes, aux rins(s'il eft pofsiblc )de les réduire à la vraye dodrinc,&: mon-
îlreràl'œil leurs erreurs. Et ce en prelence de trois Conlëilliers delà Cour du procu-
reur gênerai d u Roy. Ce qui a efté fait. Et ledid iour de releuee lont venus en la chambre
criminclle,MaiftresIcan Alclmcjcan de Guillochejofeph d'Eymar , Conleillier du Roy
en la Cour, &: maiftre Antoine de Lefcure&: laFernere,procureur &: aduoeat généraux:
auecques leioucls ont efté appelez maiftre Ican Cabot dodeur en Théologie, frère An-
toine Mellcty religieux &c gardien de la grande obferuance de cefte dide ville , frerc Ican
d'Engarrandc dodeur ésdroids, religieux du conuentdes lacopins ,&: frère Guillaume
Tclsicres lcdcur&: religieux au petit couent del'oblèruanccdc cefte ville dcBourdcaux.
En prelence dclqucls lefdt&s Arnaud Monicr&Tean de Cazes ont efté ouysl'vn après
1 auxre.Et premièrement ont efté leu s audid Monier les articles fvn après l'autre, qu'il a-
uoitprciëntezàlaCour,&: lignez de là main. Etfur iceuxleldids Caboc 6c autres fuldits
dodeurs
^Arnaud Monteras? fan de Ça\ts. 4. $6
docteurs leur ont dit plufieurs raifons, &: vérifié en plu (leurs endroits de la faincte Efcrit u
re commet leidits articles eftoyenterronez,&: qu'il Ce falloir réduire à Dieu,&; à fa iainttc
cglifecatholK]ue. Auiii luy ont efte' dônez à entédre plulieurs raiibns des làinits do&eurs Tout cecy
de l'Eglile&: des Concilcs,rcprouuans les articles ductit Monier. Lequel Momer a relpon- jj^u^i
du en lbmme,que ce qu'il auoit dit contient vérité, ôc c'eftfon làlut : &: ne trou ue par l'E- cour de
uagile qu'il faille croire autre choie. Et de luy n'en croira autrcmét,ii n'eft qu'il apparoiffe Bourdcaui,
du contraire ou par l'Euangile,ou hic par les fàincis Conciles: lclquels il luy a requis eilre
çommuniquez,pour fauoir s'il cft vray ou non . Et par leidits Cabot &: religieux a efté re-
mon ftré, qu'il falloir qu'il creuft aux commâdemens &: traditions de l'cglile,com me eux,
&c vn chacun bon Chreftien &: catholique croyét &: faut tenir. Lequel a dit qu'il veut auf-
fi croire tout ce que Dieu commande par (on Euangile, &c ne croira dauantage s'il ne luy
eft monftré du contraire. Et fur ce eue délibération , &: après auoir par lefdits docteurs Ô£
religieux entendu ce que deifus:ont dit quelefdits articles lignez dudict Munier font hé-
rétiques,^ ledit Monier aufîï hérétique en deux poincls:iàuoir eft au laercmét del'autel;
&C en la côfellion. ^ Et le Snmedy matin fecôd de May,audi& an m . n . i. v i .leidits Monier
te de Cazes ont efté derechef enuoyez quérir en la Chambre . Et après auoir elle admon-
neftez de le reduire,&: laiffer tels erreurs qu'ils tenoyenr,& croire ce que noftrc mere fain-
éte eglife nous commande,ont dit l'vn en fabfence de l'autre:fauoir clt ledit Monier, qu'il
ne luy appert du contraire de ce qu'il a mis par efcnt,&: f gné de là main:&: veut pertifter,
mourir &c viure en cela. Ledit Cazes aufii après auoir ouy lecture de la côfeiîion,a dit qu'il
ne dira ne croira autre chofe,&: veut viure & mourir pour maitenir ce qu'il a ci deifus dit.
Et le Lundy quatrième de Mav audit an, leidits Monier &: de Cazes ont derechef efté ap„
pelez &: exhortez commedeius.lefquels ont perfifté comme deuant . Et interroguez qui
(ont leurs complices,&: en quelles maifons &: lieux, &c auec quels perfonnages ils ont con-
féreront dit qu'ils nele dirontrcar peut eltre,s'ils chargeoyent quelques vns,ils ne fauroyét
refpondre,&: pourroycntibuffrir vnmefme mal qu'eux: A efté ordonné que ladite proce
dureiera communiquée aux gens du Roy,pour prendre leurs concluions.
Ta n t o s t après Lefcure procureur général du Roy , &c laFerriere aduoeat dudit Côduiîons
Sieur,ont coclud à ce quelefdicts Monier &L Cazes foyent condamnez à eftre traînez fur ^of™ w
vneclayepat les caretours accouftumezde cefte ville,&: au deuant de l'eglife S.André: il-
lec faire amende honnorable,&:demâder pardon à Dieu,auRoy,&:à Iuftice:&: de là eftre
amenez deuant le Palais ,& bruflez vifs. & auant l'exécution, qu'ils fuifent mis en gehéne
fur leurs complices . Apres auoir veu les concluions des gens du Roy,la Cour en ladi&e
chambre de laTournelle , y eftant pour lors le pi efident Fauguerolles , deliberaiur le iu-
gement deidits Monier & Cazes. Et audict iugemét aftifterent les feigneurs Iean Alefme
rapporteur dudit procésjean de C ret,lc a de Guilloche,Nicolas de Blois, Odet de Mat-
thieu,Richard de Leftonnajoieph Eymar,Ican du Du c,Efticnne de Beaumont,& ledid
prefident de Fauguerolles. Et après auoir opinéiè trouua q le procès fut parti en opiniôs,
cftans aucuns des fufdicts d'aduis que lefdits Monier & de Cazes eftoyét vrays hérétiques
pertinaces:&: que partant deuoyent eftre côdamnezà peine de mort,&: eftre mis en que-
ftiofi & torturepour fauoir leurs complices. Aucuns des fufhommez eftoyent d'aduis de
faire mettre lefdits Monier & Cazes en l'vn des conuents de cefte villc,pour deux ou troi9
mois,auant que conftituer aucune peineà l'encontre d'eux . Attendu qu'ils confeffoyent
effe£fcuellemct tous les articles delà foy ,lecôtenu és Prophètes, Euangeliftes &: Apoftres:
ioint auffî que les articles qu'ils fouftenoycnt,eftoyent en difputc,& n'auoyét efté arreftez
au dernier Concile. Et que tantes iettresfain&es que profanes* il n'eftoit trouué qu'au- d^"î°nC5.
cun ait efté mis au fupplice pour auoir contredit à la parolle de Dieume mefme du temps faiicrs mo-
de la primitiue Eglife,fors depuis quarâte ans ença.qui eftoit chofe fort mal feâte à Chré- «teiteui*
ftiens. Et que cependant on deuoit faire communication audits Monier &: Cazes , des le-
ttres des anciens DocteursA: les exhorter plus amplement. Or nonobftant routes rai-
fons alléguées, le procès fut départi en la grand'Chambre, où ne fe trouua aucun qui ou-
urift la bouche pour fouftenir la querelle de Iefus Chrift:ains tous d'vne voix(quelque di
éerfitc d'opinions qu'il y euft aûparauant) condamnèrent ces deux fidèles à mort , corne
s'enfuit.EN tre leprocureur gênerai du Roy,demâdeur en cnmed'hereiîe,d'vncpart,
Arnaud Monier &: Iean de Cazes prifonniers détenus en la conciergerie de la Cour , dé-
fendeurs d'autre: Veu la confeffion defdits Monier &: Cazes , réitérée à d iuerfes fois , ref- Sentenç*
ponfes efcrites &c lignées par ledit Monier, exhortations &remonftrances aux fuidits,tât
Liure VI- Jean 'Bertrand.
en la Cour que par les commiiîaires&: docteurs en Théologie à ce commis &: dépurez,
concluions dudit procureur gênerai duRoy,&:oùys en laqueftion &torturcleidits Mo-
nieràJ de Cazcsàl fera dit,(^e la Cour a déclare lclditsMonier& de Cnzcscltreattaints
6c. conuaincus du crime d'hercfie. Et pour auoir mal ièn ti des lain&s Sacremcns, 6c auoir
dcfuoyc en plulieurs endroits de la détermination de noftrc mere llilnctceglrtc: a condam
ne 6c condamne leldits Momer 6c Cazes à eftrc tramez fur vne claye par l'exécuteur delà
haute iuftice,par les rues 6c cantons accouftumez de celte ville de Bourdcauy, douant l'c-
. glifedelàinct André: &:illecdemâder pardon à Dieu, au Roy,& alaluftice.Etapresfcrôc
brûliez deuant le Palais delà prefente ville. Et enioint ladite Cour audit procureur genc-
ral du Rov faire pou rfuite contre les dénommez en la procédure faite contre Lefdits Mo»
nier 6c de Cazes. Et or donc que frère Alain de Chadeuille, religieux de l'ordre fainct Au-
..guftin, 6c François Meilayer marchand dç celle ville de Bourdeaux, feront pris au corps
en quelque part qu'ils pourront cihe appréhendez: menez & conduits es priions de la
conciergerie de ladite Cour, pour illec eftrc &r fournir à droid. Etpour obuier à ce que les
erreurs de s hérétiques r.c pullulent, ladite Cour fait inhibition &:dcfenfeà toutes maniè-
res de gen s, à peine d 'eftrc déclarez hérétiques, de non faire aftém blces 6C con uenticules:
6c ne dogmati(èr& tenir aucunes propohtiôs mal lonâtcsdelalaindefoy. Et permet au-
dit procureur gênerai du Roy,dc procéder par ceniures ecclefiaftiqucs contre tous ceux
6c celles qui (auront aucuns peribnnages tenfr propofitions hérétiques : pour , les rcuela-
tions&ilcsinquilitious veués,cftre procédé contre les delinquans comme ilappartiédra.
C Voila comme ces deux Martyrs de noftrc Seigneur Icfus Chritt furenrtrondamnez,
après diuerfes fortes de tourments par eux endurez depuis leiour de leur emprifonne-
mentrdemeurans toujours fermes &:conftans enleur confefsion de foy : combien que
lesperfecurcurs d'vn tofté,&: les Moines 6c Docteurs de l'autre, tafchaflént dclesdiuer-
tir par leurs fmclTes&: diiputcs,qui furet réitérées plus de cinq ou iïx fois audit Monter ,&:
deux fois à Cazes. Le Vendredy entuyuant , qui eftoit lefcpticme iour du mois de
May, on les tira hors des priions, pour eftrc menez commebrebis docciiîon,à la bouche-
ne. Ils furent attachez par l'Exécuteur fur vne clayc,au derrière d'vnccharette:&: traînez
parles rues& fanges de la ville de Bourdeaux, comme la ballieurc du monde, accompa-
gnczdesgcns deluftice, hiufsicrsôC iergens ,enfcmble des mortes-payes des chafteaux,
Trompcitc&du Ha, harquebuticrs&hallebardicrs. Quand ils furent deuant le temple
de iàinct André, où on a accoutumé de faire les a mendes honnorables,Cazcs voyant fou
compagnon Monicrcontiifté, luy dit, Courage mon frerc, courage : ce n'eft rien qui ne
faitdauantage.Et ainfi fc conlolans &fortifians l'vn l'autre, &: deelarans la iuftecaufe
qu'ils lbuftenoyent, furent ramenez deuant le Palais , où le dernier fupplice eftoit apprê-
té.Et combien qu il n'y cuit en eux aucune reiiftéce>ains toute fimplicité:toutesfois ceux
de la Coiusouti e la couftume ordinaire,commanderent citroitement que pendant l'exé-
cution toutes les portes de la villefulTcnt fermées , 6c gardes eftablies à icellcs. Eftas donc
venus au heu du fupplicc,lefditsMonier&: Cazes furenrattachezàvnepot cce:&: pleins
de côftance,ioyc 6c afleuranec, s eftimoyet heureux d'auoir efté trouuez dignes de parti-
ciper aux afrlidions dcClinlf .Monier citant au haut delà potéce, dit telles parolles, Sei-
gneur Dieu, ie te ren louanges immortelles de ce qu'il t'a pieu nous côduire iufques icy en
Ja confefsion de ton (àinâ Nom , &c te prie nous faire la grâce de perleuercr iufques à la
fin. Et combien que cependant que lefdits Monier & Cazes parloyent, lestrompettes
fonnalTent (ans celle, pour empefehet que leur voix ne fu ft ouye, fi eft-ce qu'ils firent plu-
lieurs iainctes remonftran ces au pcuple,qui durèrent allez bonne cfpace. Aucuns de la
Iultice dirent à Cazes de faire confefsion de ia foy.ee qu'il fît à haute \ oix,Ic croy en Dieu
le Pcretout-puifTant,&: ce qui s'enfuit. Et voulans faire dire le iêmblable àMonier, il die,
ces mots, Tout par vne bouche, tout par vne bouche, ne penlèz-vous pas quand mon
frerc parle , que ie parle auisi bien? Nous fommes tous deux conformes en vne melmc
foy 6c alfeurance. Lors l'exécuteur citant au haut de la potence , voulant eilrangler Ca-
zes, commela Cour auoir ordonné qu'ils le ieroyent auant eftrc bruflez ,rombadehaut
en bas fur le paué, tellement qu'il ie blefla la telle luiques à cfïu lion de iàng. Et eftant re-
AJuemflc- leuc cftrangla Monier , qui {ans le mouuoir rendit l'efprit paifiblement. Mais de Cazes,
menc d'cfiii àcauic quclcfeu elloic iaeipris ,ilnefut cftranglé,ainsbrullé vif, endurant vnmartvre
iiodcfcng. jnj,-cj^iCï crianr, Mon Dieu , mon Pcre: tellement que deuant qu'il expirait il auoit les
iainbes bruflccs iufques aux os . Etpour monitrer que noftrc Seigneur Icfus Chnftcn
mourant,
Plufieurs Martyrs* 4. 37
mourant, non feulement a triomphe de Tes cnnemis.-maisjyeut que Ces mêbres, en fouf-
frant pour luy,(oycnt parcicipans du melme rriomphc:lors que lefdits Monicr& Cazes
eftoycntprcfquescn cendres, tel le frayeur &: clpouuantcmcnt faifit tous les affiftans de
cefte exécution : que ceux de la Iultice, quelques armez qu'ils fuiîent ,& quelque bône
garde qu'ils euilent à leurs portes, fans fauoirpourquoy ,fe mirent tous àfuyr, s'entre-
foulans aux pieds les vns les autres. Vn Prieur de fainct Antoine tomba , & grand nom-
bre degenspaiferent fur luy deuant qu'il le peuft releuer.Etencreautres( qui eft chofe
digne de memoire)le Greffier Pontac eftant iur fa mulleauecfa robbe rouge, & fuyant
comme les autres, fut par la foulle mis par terre en la rue qu'on appelle Poiteuine, de
maniere,qu'il le fallut porter chez la vefue de Pichon,&:crioitladedans,Cachez-moy,
fauuez-moy la vie: ie fuis mort.ie voy cas pareil à l'emotion derniere:mesarais Cachez h entend l'-
raamullc,qu'onnelacoLrnoiife. Chacun fermoit les maifons parlaville. Puis i cfFroy <™6 di
pafîe, on demanda que c eftoit : mais les ennemis de la vente, demeurèrent li eftonnez
& confus, qu'il ne lauoyent que di re:n'entcndant point que Dieu denhaut ainli effraye
&fait trcmblerfcsennemis, nui ne les perfeeutant.
Dvrant cefte pcri'ecution, les adueri'aires prefenterent requefte au Parlement
de Bourdeaux pour faire plus ample inhibitiô &c defenfe de chater les Pleaumes deDa-
uid, ne tenir hures delà lain&cEicnture: fur laquelle on donna l'Areft qui s'enfuit:
Jvr la requefte prefentee à la Cour par meflîre François de Mauny, Archeuefque de
Bourdeaux, contenant qu'il a eftéaduerti qu'aucuns perfonnages de ladite ville de
Bourdeaux, fentans mal de la foy , chantent iournellement es eglifes &£ par les rues , en
leurs maifons bailleurs, les Pleaumes de Dauid, traduits en François par Marot ckrau Le* aduer-
tres : en deri(ïon&: grand fcandale de la religion Chrcftienne, contre la détermination r-,rcs ra£'-
faite par la ficulccde Théologie en la Sorbonne à Paris: &: y a pluheurs libraires &: au- i,wcs re.
tresmarchans , qui cxpolcnt &£ mettenc en vente lefdits Pleaumes &c nouueauxTe- promiezdes
ftamens traduits aullî en François, &: plulîeursautrcs hures reprouucz &ccnfurez: au ^^Jwjku
moyen dequoy requeroit qu'il plcuft à ladite Cour ordonner commandement cftre Teiumcuc.
fait à peine d e la harc à toutes manières de gens , de ne chanter ne faire chanter lefdits
Pleaumes en François, traduits par ledit Marot , en aucune manière : & aufdicïs librai-
res de ne les mi primer, relier, ne mêm e en vente , n'aucuns autres hures reprouucz &C
cenfurez: a melme peine: &£ permettre informer contre ceux qui ont chanté ou chan-
tent lefdits Pleaumes, pat le premier Huiflïer fur ce requis. Veuéladicte requefte , L a
Cour ordonne qu'informations faites contte ceux qui ont chante' à l'eglife les Pleau-
mes en François: & fait ladite Cour inhibitions &dcfcn(es à toutes perfonnes de ne
chanter lefdits Pleaumes en François en aucune manière: &: aufdicls libraires de ne
les imprimer, relier, ny expofer en vente, n'aucuns autres liures reprouuez& cenfurez
parladidefaeuké dcTheologie àParis,àpcinedelahart. Etneantmoins permet ladi-
te Cour audit fuppliant taire publier la prefente ordonnance à fon de trompe & cry
public par les cantons 6z carrefours accouftumezde cefte ville de Bourdeaux , parle
premier Huilfierou fergent Royalfurce requis. Etauffi aux profhes des eglifes par les
Vicaires d icelles,afm qu'aucun n'en puille prétendre ignorance. Fait à Bourdeaux en
Parlement le jo.iourd'Auril, m.d.ivi, Collation eft faite. ^4inÇi ftgné, De Pontac.
PLVSIEVRS MARTYRS exteute^en^ngkurre.
COM ME les noms de ceux qui bataillent contre Dieu, nous font en horreur :auflî pour confolation on nous
propolc les noms de ceux qui ont fouflenu fa querelle: en la perfonne defquels d a voulu imprimer des mar-
ques notables,& co ; me les armoiries apparétçs de fa gloire, lefquelles feruent pour nous conduire à luy.
[PRES la mort de tant d'excellés perfonnages, defquels l'hiftoirc eft cyde- MDLVI'
uant raileaueelcurscfcritsrily enaeu grand nombre qui pour vue melme
fcaufconccndurélamortfurlan"ndeceregnede Marie. Et combien que
nous n'ayons,qua t à prefent, fînô les noms d'iccux ,li ne les faut-il pas palFer
en filencc: mais accédant que leur hiftoire &: efents viennent en lumière , nous en feros
vn récit fommaire de leurs noms, furnoms,quahtez,& des lieux où ils ont endure' le
martyre. A s.uisbvriï le xx 1 111.de Mars de ceft an m. d.l v j, furet exécutez,
EE.
'Ijurcj VL Flufieurs Martyrs.
Vn nommé Spicer. Maun4relle,&: Corberlcy, railleur de vcRc-mcns. Acambri
g e le ii. d'Ain il, Ican Hoillyardc,miniftre delà paiollc du Seigneur: & ARochcfti e
le mefme iour,Hirtpoôlc,&Icanne Bêches , femme vefue. A londres le x. d'A-
uril,GuillauraeTymmes,&: Robert Drakes, autrement die Gicn>tous deux miniftres
de l Euangilc. George Ambroifc. IeanCauel. Thomas Spurge, &L Richard Spurge.
AcoLctsTRE lexxviii.d'AuriljChriftophleLyllerjminiïhederEuangiie. Ican
Mafc. Richard Nichol. Ican Spcnfer. lean Hamon,& Simon loync. Agioci-
s t r e le v. iourdeMay, Vn ieune homme nomme Thomas, 0,111 cil oit aueuglc.&vii
nommé Croker. lean Vprifc, qui cftoit aueugle. &c Hugues l.auerok, qui citoit boi-
teux, &Z en extrême vieilleile. A 1. ondke s le x v i .de May, Catherine Hut, fem-
me vefoc,& IcanneHorne ieune fille, auccElizabethThacucJ,aurti fille. A b t c-
k e l s enSurïblkle x 1 x. de May, Edmond Poluscoufturier, & Jean Denny ,auecr«
ne femme nommée Spcncere. ■ Aiondres en Kingcsbenchc le dernier de May,
Guillaume Leachc, condamné à cftrcbrullc, mourut en prifon , &£ futmisen vn lieu
où on iettele fumier & les ballieures. A : e v v e s le v 1 Jour de Iuin, Thomas Har-
land. Ican Ofevvarde. Thomas Rede. Thomas Abington. Thomas Hoode. i no-
mas Mylles, tous deux pre(cheurs de lEuangile. Aiondrï s en Kingcsbenchc,
le x xiti.de Iuin Guillaume Aheralminiftrc:& peu après luy, aflauoir le x xv.dù-
dit mois. lean Clcment,Go(quillon, tous deux ellans morts en pnlon furent icttez aux
champs. AlecestreIcxxv 1 i.iourdcluin, Le feruitcur dvn marchand fut
exécuté. Astfadf ordbIc x x v 1 i.iourdcluin, Henry Adlington. Rodul-
phclacfon. Guillaume Holivvel. Thomas Bower. 'LaurcntParmen. LeonCoyxc:
Henry Vvic. IeanDorefal. lean Roche. Edmond Hurft. Georges Scai les. Elizabeth
Peper, &: Agnes George. Ces treize martyrs furent brûliez enfemble en vn mefme
fupplice. Alondres en Kingcsbenchc, le x x v 1 1. de Iuin, Thomas Parct, &£
Martin Huntfont morts és liens de la prifon . A edmond-b v r y e lex x ï x . de
Iuin, Trois perfonnages furent exécutez, aiTauoir Spurdanc, Fortuné, &c vn autre tiers.
Alondres en Kingefbenche,le premier de Iuillet, Ican Caicls mourut en la prifon.
ANVïERitlexv i.iour de Iuillet, IeanGuvnc, cordonnier :& Asken , aucc Iulius
Palmer. A grene stade le xviii. lourde Iuillet, Thomas Dmgat,ou Dun-
gat. lean Forman, &: La mereTne. AdarkiiJc premier d'Aoult, Vne fem-
me aueugle. A b r 1 s t a v , au mois de Septembre , VnThTcrand fut exécute.
Ame sfie ld le xxiiii.de Septembre, lean Hart. Thomas Rauendalc. Vn cor-
donnier. Vnaffettieui ouaccouftrcurdecuirs. Nicolas Holden, tillcrand. A bri-
s t a v le xx v. de Septembre, Vn ieune homme , gantier ou faikur de gans de l'on
mefticr. Anevvïnt le mefmeiourxx v. de Septembre, lean Home,&: vnefem-
mcauccluy. Acantorbii auchafteau,au mefme mois moururent lean Clar-
ke. Duftone Chettenden. La femme de Polkins, & Guillaume Foitenccs quatre mou-
rurent de raim&r de mife're audit chalteau . Anortampt o n enuiron le com-
mencement: du mois d'Octobre, Vn cordonnier fut exécuté. Ac antyrbie le
xvii i.dudit mois d'Octobre. Trois prifonnicrsaulii détenus pour la patelle de Dieu,
moururent de tourmens &: demifere au chalteau de ladite ville.
Le feu des persécutions fut fi desbordéfous le règne de Marie , que ceux qu'elle a-
uoit commis pour l'allumer, empoignoyent indifféremment tous ceux qui faifoyenc
profertîon , tant petite qu'elle fuft, de la vérité de l'Euangilc. Aquoy afdoyentfort les
Efpagnols, pendant le temps que leroy Philippe , après (on mariage auec ladite Ma-
rie, demeura au pays d'Angleterre.
BERTHELEMY HECTOR, Voitmin.
L E Parlement de Thurin fouille fes mains au fang de ce Marryr,à la grande contufîon 8c condamnation de phi-
fieurs Confeillc rs t iitendeurs,coninic le procez le demonitre. La defeription des combats qu'a fouiltnu et (t
Hector, amplifie la grâce de Dieu touchant lefccours dont il la enuiropné contre toutes menaces 3c al-
Icchcmeus.
B E R
'Bertbêtemy Heftor. 4.3$
ERTHELEMY Htftor natif de Poitiers , ayant longuement fait e-»HD.W
'ftat de vui&urier, le retira auec l'a femme &: les enfans en la ville de Gc-
meue: mené d'vn zele de purement feruir au Seigneur. Et pourgaigner
jlavie de fa petite famille , il alloit ordinairement par pays porter des li-
bres delafain&e Efcriture. Aduint qu'eftant en Pied-mont, comme il
alloit du val d'Angrongne au val defainct Martin , fut arrefté par vn gentil homme
du pays, nommé du-Perrier: lequel pour faire le bon valet, en aduerticle Parlement
dcThurin:& enuoya le.Oualoguedcfcslmres aucc les mi<liues&: mémoires, dont il
le trouuafaifv. Sucquoyla Courayantcommis M.Berthelemy Eme tiers prelident,^
M. Auguftin De-leglife conlcillier en icellcrceux cyfetranfportcrentàPinereuJ,ville
audit Pied-mont , où le prifonnier auoit efté mené. Les v 1 1 1. &: ix. iouis de Mars Priereauât
firent venir le prifonnier deuant eux pour l'examiner : maisauant que leurreipon- ^^'«fd
dre vnfeul mot, Hector fe mit à genoux :&c pria Dieu de luy ouurirla bouche, &c luy gerac,""
faire grâce de ne dire ou proférer choie qui nefiiftàfon honneur & louange, &ài'edir
ficationdeionEglifc.
Ce faicfcjintcrrogué de fou eftat , &pour quelle caufe il cftoit ailé demeurer à
Ceneue, refponditce que delfus: &c leur déclara, qu'ayant par cy deuant fuyui la re-
ligion Papiftique , depuis iîx oufept ans auoit elle fi trouble en fon elprit , qu'il ne
pouuoit auoir aucune relolution fur le poinft delà Mellé: d'autant que les vns difoyenr,
qu'elle cftoit bonne, les autres qu'elle ne valoir rien. Finalement qu'ayant aidé à
conduire les deniers du Roy depuis Poittiers iufques à Lyon , & entendant qu'on pref-
choit purement la parolle de Dieu à Geneue, voire &: que là pourroit auoir relolution
de fes doutes ,il s'y en alla: &C y ayant fait feipur enuiron dc-trois fepmaines,fe fen-
tit tellement efclairc,que pour le falut defonameil délibéra s'y retircr,&y mener fa
fcmmc & les enfans, refolu d'y viure &: mourir fuyuant la doctrine qui y cftoit pref-
chee:&: de quitter àiamais la Melfe , &: les conilitutions &inuentions Papiftiqucs
obferuecs audit Poitiers.
Enq.vu comment il s'eftoitain fi refolu^rcfpondu^uelaMelTe n'eftoit point
inftituee de Dieu , ny de Iefus Chrifl , & n'auoit point de fondementen fa Parolle:mais
eitoit totalement contraire àla lain cte Cene, laquelle il auoit inftituee. Que la Melfe
dcroguoit du tout àla mort &palïionde Iefus Chnft : & le prouua par l'Epiftre aux
Hebrieux,dixieme&: onzième chapitres, où il eftdit,quc toutes les ceremonies&: la-
crifices font abolis: &: que Dieu a baille fon Filslefus Chnft pour feul& perpétuel ia~
cririce félon l'ordre de Melchifedech. Et par mefme raifon, que les autres consti-
tutions Papales ne iontqu'inuentions d'hommes, il s'eft refolu n'y croire. Bien y au-
roit quelque conformité entre le Baptefmc de Iefus Chnft &celuy du Pape, d'autant
qu'ils font faifts au ligne de l'eau Se au nomduPere,duFils ,&: du fainct Efprit: mais
le fel , le cracliat, le crefme, les exorcifmes, & autres que le Pape y a adiouftez, &: dont
ilaveuvfcr eftant à Poitiers, luy font en deteftation.
Qv an t àla confelfion auriculaire comme elle fc failbit audit lieu, eft abomina*
tion. Trou bien qu'il fautconfeiîcr tous les iours à Dieu fes péchez & oftenfcs:&fe
réconcilier aucc le prochain quand on la offenfé.
Interfocyi , depuis quel temps il a hanté en Pied-mont , mefme aux val-
lées d'Angrongne & defainct Martin: où il a vendu fes liurcs: en quel lieu ils fontim-
priniez. & àqui il les a vendus:a dit qu'ily eftoit feulement venu depuis le mois de Iuil-
lct précèdent : qu'il auoit vendu des liures és vallées d'Angrongne , fainct Martin &C en
Daulphinéjcfquclseftoyent imprimez à Gencue,cônie Bibles.. Inftitutions Chrefticn-
ncs,Inftru&ions pour les petis enfans, Pfalmes,&: pluficurs autres, contenus en lin-
uentaire qui a efté trpuue fur luy. Ne cognoit les noms de ceux à qui il les a vendus, s'il
ne les voit. QulÏI les auoit portez feulement de fon propre mouuement, pour édifier L;ureS(fcia
les poures Chrelliens -.lâchant qu'il v en auoit plulieurs en ce pays-la. ^Enquisdcla i^ichtme.
caufe pourquoy il ne les portoit vendre à Thurin & autres bônes villes pluftoft qu'à ces
gens ruftiques^s'il ne fauoit pas bic lefdites vallées eftre fuiettes au Roydequel a defen
du ne porter en ces pays aucûsjiures de Geneue:Refpôdit qu'il ne cognoilToit perfonne
EE.iL
L/#ro VI.
Herthelemy Ifetior.
efdices villes à qui vendre Tes liures: & fauoit bien les defenfes.mais ce qu'il en auoit fait
eftoit pour confoler &: fu buenir aux poures Chreftien s,& les inftruire en la loy dcDicu.
InterrogueYilapreiché&rdogmatizé aufdites Vallées & ailleurs où j! porcoicliures,s'il
ya desprelchcurs,s'il lesaouys,&qiulesaenuoyez:&:ficcuxdcGcneucrauoyent en-
uoyé porter des liures: Il refpondit qu'il n eftoit pasminiftre ne f'auanc pour celle fi
faincte charge: bien au oit-il exhorté ceux à qui il auoic eu à râire,dé viure félon les com-
mandemens deDieu,& non félon ceux de l'eglifc Romaine, lcfqucls eftoyenc encontre
Dieu. Que d aller à la iMcffe c'eftoie vne idolatrie:qu'il ne falloir cereber Ielus Chrift en
ïhoftic, d'autant qu'il eftoitau ciel, que lefusChrift auoit ordonné (a faincte Ccne en
laquelle il nous donnoit fon corps , lequel nous deuions reccuoir par foy , en leuant les
yeuxaucielpourycerchernoftrelaluc. Il leur auoit auflï remonlhé de viure enChrc
ftienSjdcn'cltrepaiHardsJarronSjiureursn'yurongnesicequ'ilauroicdit^onparfor^
me de prefchc , mais en familier deuis fans eftre enuoyc , &c defon propre mouuemcnc.
Bien auoit veu à Angrongne vn miniftrenommé M.Eftiennc,qui prefehoit le Diman-
che, Mardy,Mccrcdy, &: Icudy en vn lieu à cela ordonné,qui eftoit vne court en la mai-
fond'vn homme du pays. Auroic entendu que ledit M. Eftienne auoit elle enuové du
pays appartenant aux Seigneurs de Berne, comme auifivn nomme' Barbe Paul, auoit c«
fté ehVu de ceux du pays, félon l'ordre des Egiifés reformées, pource qu'il eftoit homme
de bonne do Anne. Il y auoit veu femblablement vn autre miniftre appelé Barbe Anto-
ni, &: vn maiftre d'cfcole François:&: qu'on failoit édifier vn lieu pour prclcher tout co-
tre le temple où on fouloit dire la Niellé. On luy monftra des lettres miiîîues &c mémoi-
res, lefquelles il recogneut:&: dit les auoir pris pour porter à Gcneue.&i auoir charge de
fauoirfilefditsminiltreseitoyencappelezàThurinpourla difpute, &s'ils ydeuoyent
aller ou non. Lors il fut exhorte de retourner à l'eglifc Romaine:ce qu'il rcfu(a:& par
ainfi fut mené' prifonnicren la conciergerie du Palais de Thurin. Ses informations fu-
rent communiquées à Vaillanc,procureur gênerai du Roy : lequel requit qu'iccluy He-
Ordonnat* &or fuft déclaré auoir encouru les peines contenues en ledict duRoy , publié en ladite
Frd"o°yi Coutlen.d'O&obre, 1 5 5 i. pour trois raiforts: Lapremierepourauoirportcliurcsde
rançoj» . çjeneue e's payS del'obei/Iance du Roy.-la féconde en ce que lcfdits liures Ce trouuoycnc
cenfurez & reprouucz : la troiiieme en ce qtfeftanc ignorant &: non lettré, il s 'eftoit in-
géré d'annoncer les opinions qui fe tiennent audit lieu de Geneue , contre les traditios
&ù ordonnances reccués par l'eglifc Catholique. Le 1 6. de Mars,Bcrthelemy fut man-
de en ladite Counauquel on fit lire les refpôles par luy faites à Pinereul , pour fauoir s'il
y vouloir rien adiouiler ou diminuent luy fut remonftré que fes opinions eftovent cô-
tre Dieu, & le famd fîege Apoftoiique & eglife Romaine. Il rel'pondit qu'il n'y auoic no
contre Dieu: mais perfiftoic &: vouloit viure &: mourir en la loy du Seigneur, félon ce
qu'il auoit die &c déclarée non autrement : ce qu'on luy fît figner.
Le 27. d'Auril il fut mené deuant les deux premiers Commillaires accompagnez
de Thomas Iacomeli inquifîteur de la foy : auquel les rclponfes d'Hedtor furent com-
muniquées , fuyuant l'areft de la Cour, du 28. de iMars précèdent. Du commencement
ils luy firent plufîeurs exhortations pour le retourner à l'eglifc Romaine, lansautremec
luy déclarer ne prouucr (on erreur. Ils luy fïrentlire fes interrogatoires, fpecialemenc
en ce qui conccrnoit la Mcffe , la Ccne & le Baptefme : à ce qu'il déclarait par ferment
s'il y perliftoit. Sa refponfefut qu'ouy,& n'y vouloit rien changer ne diminuer, & que
qui alloit au contraire faifoitmal. L'Inquifiteur s'efforça deluy interpréter les paf-
fages de l'Efcnture a fa mode, &: par raifons fophiftiques : mais Hector demeurant en fa
{implicité,dit, qu'il les entendoit ainii qu'ils eftoyent en fes rcfponfes tirées de la pure
parolle de Dieu , &: non autrement. L'Inquifiteur partant les emporta , pour en dôner
lbn aduis par efent, comme s'enfuit :
Rapport de La y veu le proeczeontre Berthelemy Heétor, détenu pour crime d'herefic&l'ay
l'in^uiiitcur ouy parler &afrermer ces propofitions,c'eftaflauoir,querEuangilen'cft en lieu du mo-
de plus purcmenc prefché qu'à Geneue. Que la MeiTe eft vne pure abomination &i-
dolatrie. Qu en lalacree Cenc( vfantde ce moc) Je corps de Ielus Chrift n'y eft pas,
mais que le pain lignifie feulement le corps . Qu'en la facrceCene Ieius Chrift n-
cft ny ne doic eftre offert, veu qu'il s'eft offert foy-meime vne fois en la croix. Que
c'eft vne idolâtrie d'auoir des peintures de Ielus Chnft &: des Saincts . Que c'eft
mal
HerthelemyHettor, jjf
mal fait de confefTer fes péchez à autre qu'à Dieu. Il adioufta beaucoup d'autres cho-
fesrmais celles font les principales , pour lelquellcs il côcluoi^qu'on ne pouuoit douter
que le prifonnier ne fuit hcretique.Et en modifia nt à la façon vfitee au (iege Romain, il
mit ces mots, le iugeroye toutefois qu'il lefaudroit traiter plus doucement, ayant au-
cunement efgard à là ûmplicité:&: que par frequétes exhortations on le ramenait à re- p^Jy'
pentance:Car qui fait fi le Seigneur le conuertiia , &: par uoftre miniftere , côme la bre-
bis perdue , le ramènera?
Sv y v an t celladuis,1aCour fît derechef venir Hettor le 16. de May: &luy ayant
fait lecture de les rcfponfes,l'admonnefta de fe réduire: &c aulîî de refpondre doucemét,
conliderant qu'il eftoit deuant Dieu, le Roy & fa Iufticerque s'il fc \ ouloit defdirc,&: ne
plus croire ce qu'on luy auoit enfeigne à Geneue , on vferoit de mifexicorde cnuers luy:
& que ce n'eftoitqu'abus contre les commandtmens de Dieu, conftitutiom de la {ain-
&c mere eghfe Romaine,les faintts Côciles généraux &C approuucz de tous vrais Cfire-
ftiens, ££ obferuezpar le royaume de France. He&or reipon die, qu'il vouloir croire fim-
plcmenc ce qui eftoit eferit aux fain&cs Efcricures du vieil & nouueauTeftament, fur
leiquclles (a foy, voire celle de tous Chreftiens, deuoit eftre feulement fondée. On luy
demanda s'il vouloir fouftenir qu'à Geneue on prefehaft plus purement la parolle de
Dieu qu'à Poi&iers ou ailleurs, dit qu'il ne diioit pas cela en tels termes :&c qu'il y auoit
d'autres eglifes reformées, où la parolle de Dieu eftoit purement prefchee.& que fi à
Poi&iers elle euftefté fi fain&cment annoncée, il n'euft prins la peine devenir liioin
qu'à Geneue. Interrogué s'il perfiftoit en ce qu'il auoit dit de la Me/Te, dit qu'ouy:mef-
me qu'au commencement d'icelle quand on dit Introibo ad dlrare,&.c. cil vn blafpheme:
d'autant que les Chreftiens n'ont point d'autels ne de facrifices,fe contentans de celuy Autfl
que le Seigneur IefusChrift a vne fois fait en l'autel delà croix,quand il s'eftluy-mcfme
offert en oblation &c facrificc perpétuel pou r tous les péchez du monde.Enquis s'il vou-
loit per(iltcr,qu'au Sacrement le corps de noftre Seigneur n'y fufb R. Qu'il croyoit aux
parolles de l'Euangile, que Iefus Chnft auoit proférées en difanr, Prene^mang^&LcM
non pas adorez le. Que quand les fidèles communiquent à la fain&e Ceneiis reçoyuét
le corps & le fang de leius Chrift, lequel fe communique à eux , efleuans leurs efprits à
Dieu, par le moyé de la foy. Interrogué s'il perfiftoiten ce qu'il auoit dit eftre mal-fait
d'auoir des images de Iefus Chr:ft,de la vierge Marie,& autres Samcts&: faîctes. R. Que &nag«.
de tenir images pour les feruir &c adorer,c'cftoit idolatrie:&: que Dieu auoit défendu de
faire aucunes imagesàfa femblance : que fi aucuns ne les adoroyent, autres les pour-
royent adorer, &z partant le meilleu r eftoit n'en auoir point du tour. On demanda s'il
fouftenoit eftre mal fait de fe confeiler, comme lafainfte eglife Romaine commâde &C
ordonne. Telle confelTîon n'eft en l'Efcriture fain&c: trop bien quand on a offenfé fon
frere on fe doitteccncilicrà Juy,S£ainficonfeiTer l'vn à l'autre fon péché. On luy re-
monftra qu'il fe mettoit en grad danger s'il n'aduifoit à foy: car ce feroit la dernière fois
qu'il fetrouueroitdeuant la Cour. R. Qu il eftoit preft de rendre libéralement &c de
cœur à Dieu lame qu'il luy auoitdonnee, le fuppliant de le vouloir garder U maintenir
en l'opiniô qu'il auoit déclarée &c depofee en fon procez, s'eftimât tresheureux de fouf-
fri t pour vne telle querelle, ce qu'on luy fit figner de fa main.
^Pl v s i e v r s delà Cour voyais que la fimplicïté de ce perfonnage ne pouuoit e-
ftre efbraniec ne par menaces ne crainre de mort, furent autant eftonnezque preflez
en Ieurconfciencc,en fortequepourfcdefchargcrfurautruy,ils remirent Berthelemy
entre les mains de fes parties, pour eftre iugé, iafoit que par expérience ils eufTent co-»
gneu en ce mcfmefai£t, quclacomcli inquifiteur ne ie vouloir gaigner d'autre luitte,
finondcceftejailàuoirjQuefespredeceiTeurstenoyét autredo#trine:&:parconfequêt
ceuxquitenoycntlecôtraire,eftoyeten erreur,& puni/fables de mort. Lez. de May,
Hector ellanx renuoyé par deuant Iofcph Parpaille doclcu r es droits, chanoine de l'egli
femetropolitaine,&:vicairc gênerai de l'archeuefque de Thurin: Antoine de Scalingue
moine &: vicaire gênerai del'abbavcdePinereul:&: leditThomasIacomeli: leiquelsau
lieu de luy moftrer qu'il eftoit en erreur,&: lenfeigner par la parolle de Dieu, ne luy par-
lerét d'outre choie linô de (cdcfdire :& encefaifat qu'on luy feroit grâce, autrement c|
la mort eftoit toure jpchaine.Ce fait, ils luy firent leéturcdes interrogatoires &refpôfes;
furk-fqlles pour ligne d horreur,ilsfaifoyét de grades admiratiôs:maisHe&or fortifiéde
l'cfprit de Dieu, n'auoit autre regard qu'à maitcnir fa iufte caufe. Et efleuan t les yeux à
EE.iiï.
£/#ro VL 'Berthelemy Irfeftor.
Dieu , le fupplioit qu'il luy fiftla graccdcdemeurer ferme iufques à la dernière goutte
. de fon fang. Puis fe voyant tant importuné par ces aduerfaires,ilJeur dit refolutiuemct,
Que la Mefle eftoit vrayc idolâtrie: &c quiconque tenoit images , fuft de Icfus Chrift ou
Grande in- desSaincts à caufedc la religion, eftoit idolâtre. Quant au facremcnc delà Cene, ce n-
ftïSdT11 e^oic ton entente que le corps delefus Chrift y fuft enfermé-.mais qu'il y côucnoit corn-
Hcftor. muniquerparfoy,efleuantlesyeuxen haur,y conteplant noftre Seigneur Icfus Chnft
enla gloire de Dieu fon Pere. Us luy remonftrerent dercchefque s'il vouloit periifter
en telles opinions conn cuenantes aux commandemens de Dieu &c de l'Eglife , il feroit
déclaré hérétique. Sa reiponie fut qu'en perfeuerant en ce qu'il auoit confe/Té : il fauoic
pour certain qu'il eftoit d'accord auec les faindtes Efcntures , fur lefquelles lu foy eftoit
appuyée. Quoy fait Iefdits Vicaire &:Inquiûteur luy donnèrent terme &: delay de iix
iours d'y penler,& de fe réduire commeilsl'auoyenc admonnefté.
L e zy.duditmoisdeMay Parpaille,Efcalingue&IacomdIynefaillirét derctourner
à la proye : &: demander à Berthelemy s'il auoit penfé àfon affaire. Sa refponfe fut , que
pas encore,par ce qu'il n'auoit rien entre fes mains du procez contre luy fait , enfemble
ne fes refponfes, fur quoy il peuft délibérer, requérant à cefte fîn le double & commu-
nication d'iceluy, pour pouuoir mieux délibérer & refpondrc:furcela demandant qua-
tre mois de terme. Sur quoy ils ordonnèrent que les refponfes par luy faites pardeuanc
eux fur leurs proportions luy feroyent communiquées, pour y refpondredansle lenuc
main,ou bien de fe remettre au iugement de legiife.II leur rcmonftra qu'il ne leur pou-
uoit refpondre en ii bi ef temps, lors ils luy proiongerenc fon delay pour toute prefixion
au Vendredy prochain. Le termecfchcu, les vénérables accompagnez deGafpar Vi-
uian procureur de la foy, retournèrent deuers Berthelemy: mais ils nobtindrent autre
choie de luy, finon qu'il vouloitviure &mouriren laconfeffion defoypar luy faite, &:
propofeetant en la cour de Parlemenrque deuanteux. Sur quoy ledit procureur de la
Côdufîons foy print fes concluions àl'encontre de luy,fondee fur ce : Qu'il auoit veu fes refponfes
icurPdck par pluiieurs fois reiterees,enfembleles admonitios qui luy auoyct efté faites de fe def-
foy. dire , d'autant qu'il eftoit en erreunmais tant s'en falloir qu'il euft voulu y entëdre , que
par coofeifions judiciaires il s'eftoit opiniaftré àcela,fans vouloir aucunemét changer.
 celte occauon?&: que fes pofitionseftoyenr déclarées hérétiques, mefme qu'il auoit
eu terme de fe repentir, requeroit droict luy cftre fait, &iufticeadminiftree en briefue
expédition. Berthelemy au contraire, voyant ce nouueau aduerfaire, requeroit delay
luy eftre donné pour luy refpondreivoire qu'on luy baillaft de l'encre &du papier pour
eferirc. Sur quoy luy fut remonftré qu'il n'auroit point de terme pour difputer,mais bie
pourfedefdire&: retourner au giron de leur merefaincteeglife,&fc remettre au iuge-
inent des Pères & facrczconciles:&voulant adhérer obftinément à fes propofiriôs il n'-
auoit befoin ne d'encre ny de papier, n'aufli de tant de dilations, mais bien d'vne pure
& iïmple péfec. Hector dit qu'il ne refpondroit autremer, il on ne luy bailloit nouueaux
Notez de articles, où fufTent contenus fes erreurs & Tes caufesd'iceux par la parolle de Dieu. Le
&fi-onUdc Procureur répliqua Qu'il ne le falloir plus ouyr, puis qu'il ne fe vouloit fubmertre au
faire, on iugement deleurmere fain&e eglife,&: qu'il ne cerchoit quedes fubterfuges pour pro-
J*£j£j;xe" longer fa caufé,& la tenir en longueur. Pourceilinfiftoitdroi&luy eftrcrait fur fes te-
contre les ftimoniales , &r que fes concluions luy ftiflent accordées: proteftant à leur refus d'auoir
enfims de fon recours auxfupericurs. Surquoy Iefdits Vicaire &:lnquifîteurvouians(difoycnt-ils)
" Ceftà di- la conuerfion du pechcur,& enclinans pluftoft à mifericorde "qu a rigueur, donnèrent
re.cruauté delay à Berthelemy feulement pour refpôdre fans tergiuerfer, iufques au premier iour
«nr^gec. ^c jum cn£UyUâtjfansc(p0jr j'en auoir autre: Se ce afin qu'il fe fubmift au iiigemet de 1'-
egliie,& embraflalt la do&rinc des facrezConciles &: des Peres,en reuoquant ce qu'il a-
uoitenfeigne au côtraire:ou dire les caufes pourquoy il ne doit eftre déclaré hérétique.
Au iour a/ligné, ces (u ppofts auec leurdit procureur delà foy , firent comparoir Hcdor
par deuant eux:& pour l'intimider, on luy fît vn grand narre du procez, concluant qu'il
fuft déclare hérétique, 6l que iuftice en fuft faite , puis qu'il n'auoit voulu embraffer la
doctrine des Pères & Conciles. Hector au contraire déclara qu'il croyoit à la doctrine
ïphc/ti. des Prophètes &: Apoftres,furlefquclleslafoy des Chreftiensdeuoit eftre appuyée, &£
non furies hommes:requerant à cefte fin papier & encre luy eftre baillczpour en redre
ciair« Udl~ Pmsarnplcranon • Le Procureur répliqua Qu'il l'empefchoit : & qu'il ne deuoit e-
~~ r ftre aucunement ouy, &: que ce n'eftoit que pour cercher des cfchappatoires , veu.
qu'il
berthelemy H eftor. 4. 4.0
qu'il ne le vouloit remettre au iugementdé l'Eglife. Partant infiftoit que droictfufl
fait , proteftant d'en appeler à Tes fuperieurs , s'ils n'en faifoyent brieuc iuftice. Sur
quoy lefdits Vicaire & Inquifiteur donnèrent aflignation au dixième de luin, pour
ouyr leur fentence : &C derechef exhortèrent Berthelemy de fe fubmettreau iuge-
ment de leur mère faincte eglife . Au contraire Hector perfiftoit en farequefte de
luy donner papier &: cncre,pour eferire les caufes pour lefquelles ils ne deuoit eftre dé-
claré hérétique. Ledit iour Hector &£ Viuian comparans comme dellus^aptes que
ledit procureur eut perlèueréenfesconclufîonsSque Berthelemy tut déclare héréti-
que^ déboute de toutes rcfponfes, répétitions & confrontations par luy demandées,
enlemble de l'es exceptions,&: requis droict luy eftre fait félon les loix &:canorts vfitez
parleurs predeceiTeurs contre les hérétiques : Les vénérables Vicaire &c Inquifiteur,
feans au fiege de iuftice (comme ils difoyent) pour rendre droict à chacun , après auoir Scntencc-
veu les raiions,rcpetitions & confrontations refpettiuement faites &: dites par Hector
les 1 i^.iour de Mais,lei7.&: z9.de May communiquées auec le mémorial de l'aflîw
gnation pour donner fentenceJe 5 .de luin a6.heures,garnis de toutes choies neceflaL
rcs&: appartenantes au droict,mcfmcmentdes affignations pour ouyr proférer fenten-
ce en ce mefme iour,licu &c heure.-eux Te fignans du figne de la croix,&: n'ayans rien dé-
liant lesyeux(^//ôje»f-.'/*)que l'honneur de Dieu,&:c.Pource qu'il cft euident que les pro
pofitions dudit Hector eftoyent hérétiques,^: répugnantes au vray iens de la parolledc
Dieu, que les Pères anciens ont renu de tous temps,&: le tiennent d e pere en fils , com-
me aufîi ont faict la faindte eglife catholique &: les facrezConciles:&: comme il apparoif
foit parles actes deflufdits, ledit Hector adhérer obftinément à rhereiie,mefpnfant l'e-
glifecatholique par l'es propos, &: ne fe voulant fubmettre à bon iugement ne desPcres
Conciles:à ces caufes ils déclarent &c prononcent par leur fenten ce diffinitiuc,lcs fuf
dites opinions hérétiques &: fchifmatiques : &: par confequent ledit Hector hérétique
&rchilmatique,lequelilscxcommunioyent&: (cparoycntdereglifc,&: le renuoyoyéc
deuantion iugeIay.Etcombien,difoyent-ils,quepar leur fentenceilsle renuoyairent A
au bras feculier pour eftre puny félon le droit: toutefois ils proteftoyent qu'ils n'atten- feieudeur
toycntpointàlamort,nyàaucune mutilation de membre en Japeri'onne deBerthe. fonc-ib
lemy: Ainçois autant qu'il eftoit Jicite,&: qu'il conuenoit à la chanté Chrefticnne,ils le |J£ îufoyS
recommandoyentà ("esiuges : ordonnant que les liures fufpects qui luy auoyent efté ne leur e-
jrouuez leur fuifent actuellement &: prefentement confignez,pour y pouruoir félon le JJ^J^f^
droict. Ccftefcntenceainli donnee,Ieuè&: promulguée en ces mefmes mots, fut mourir per
acceptée par le procureur de la foy,lequcl leur rendit grâces im mortelles de leur bon-- fouae-
ne &: brefue iuftice, requérant iceluy a&e & inftrument public luy eftre deliuré :ce qui
fut fait. Berthelemy renuoyé au Parlement ne tarda gueres qu'il n euft areft , duquel
la teneur s'enluit.
S' E N S V I T l'areft du Parlement de Thurin contre Berthelemy Heclor.
^"V E V parla Cour le procès criminel faict par les Commi/Taires à ce depurez,&c.
contre Berthelemy Hector natifde Poictiers,manat & habitant de Geneue, prifonnier
détenu és priions de ladite Cour,chargéd'auoir porté dudit Geneue des liures reprou
uez &: imprimez audit lieu,côtenans doctrine hérétique, faulïè &: cotraireaux coftiru-
tions de la faincte eglife Romaine &: Catholique , lefqucls il a vendus és vallées de Lu-
ferne, Angrt>ngnc,& S.Martin:Seduit&: mal édifié (par propos tenus félon (àfaufîeo-
pinion)pluiieurs fuiets du Roy,auec lefquels ilauoit conuerfé , à tenir &: croire lefdites
faunes opinions,commettant fedition 8c troublant la paix de la république Chreftien-
ne,&: contreuenant en ce aux edicts & ordonnâmes du Roy publiez par toutes les cours
deParlement:Lcsrefponlesdudit Hector auec les répétitions faites en prefencede V-
inquifiteurdelafoy,parlefquelles ilaperlïfté entièrement en fesfauifes &c hérétiques
opinions: Veu aullî le procès verbal fait par lefditsCom m ilfaires, qui ont efte parcom-
miflion de la Cour efdites vallces,pour entendre comme ils le portoyent fur le faict de
la religion, auec les rcfponfes faites parles Syndiques & hommes dcfdites vallees:L'ad-
uisôc déclaration dudit Inquifiteur: Les conclufions du procureur gênerai du Rov, au-
quel letout a efté communiqués ouy en pleine Cour en la chambre du conleil ledit
Hedtor,en prefence dudit procureur gênerai fur tous les poincts d'erreur qu'il tienc. L'a
reft inrerlocutoire,donné le 18.de May dernier pafle,par lequel ledit procès auec le pri
EE. x 1 j x .
Z,;#ro VI. Hier orne CaJabortzS.
fonnieraeftérenuoyéau vicaire de rArcheuefquede cefte ville de Thurin,&: delab-
bé de Pignerol,& à l'Inquiliteur de la foy,pour luy faire &: parfaire ion procès iceluy
iuger enran c que touche le faict &: crime d'hcrefie feu lement : Saut à faire droici fur les
cas priuilegez à laformede l'cdi£t du Roy : Le procès faic par lefdits Vicaire 6c Inquifi-
teur audit He<5ror,periîftant&: pcrlcuerant en fcfdites hci ciïcs &r erreuis : Aueclalen^
tence par eux donnée le dixième iour de ce prefent mois de luin,par laquelle ledit He-
ctor côme obftiné a elle déclaré hérétique & fchilmatique,rcprouué Se fcpaie de l'egH-
fe,& renuoyc à fon îuge t'eculier pour eftre bruflé (elon la loy : Et ouys derechef les gens
du Roy,anlquels le tout a cité communiqués toutes chofes meurement conlideiccs:
Ladite Cour a condamnée condamne ledit Berthelcmy Hector à eftre brullé vif en la
La Cour s'- place du chafteau de cefte ville vn iour de marchc,comme herctiq & Ichilmatique de-
5Sc!a^cfc c^a,^Par^a lentcncedefdits Vicaire& Inquifitcur , & comme léductcur& turbatcur
fur le iuÇc- de la paix de la republiqueChreftienne,&: infra&eur des edidts & ordonnances royaux:
mem des a orrlonné& ordonne que les liuresdcfquels il a eftétrouuélaify parluy apportezdc
aducriaircj. Qcncue^ iHccimpnmcz,pour vendre cfdiccs vallées de Luierne&lainà Martin, con
tenansladite doctrine hérétique & reprouuee , feront bruflez en la prefence dudit He-
&or.Tous & chacuns fes biens&: la marchandise qu'il pot toit à vendre , déclarée con-
fifquee au Roy, les frais faits par ceux qui l'ont fait prifonnier &c détenu en la vallecde
faind Martin &c autres frais de Iufticc fur iceux préalablement payez : de laquelle con-
fifeation les dénonciateurs en auront la tierce partie fuyuant l'edid du Roy. Ainfi (igné
HieromePurpurat,&: Auguftin deecclcfia.lc ip.de Iuin m.d.l v i.Et au de/Tous dudic
areft fut mis vn retentum de la Cour:qu'en mettant le feu, Hector feroit eftranglé , en for-
te qu'il n'en iéntiroic la douleur.
Le lendemain 2o.iour,ledit areft fut prononcé à Berthelcmy , lequel après auoir loué
Dieu des grâces qu'il luy faifoit de fouffrir pour fon nom, demeura autant ferme ÔC
conftant qu'il eft poilïblede penfer.Et dauantage remonftralaueuglement au peuple
& à ceux que laCour luy auoit exprclTément attritrez pour luy perfuader qu'on luy fau-
ueroit la vie,&: le renuoyeroit-on (ain & fauf.Et que tât s'en falloit qu'il les vouluft croi-
re,queiamais chofe plus douce ne plus agréable ne luy eftoit aduenue, que de mourir
pour fi bonne querelle. La Cour aduertic de fa ferm été &: confiance par lesConfeil-
liers qu'elle y auoit(comme dit eft)enuoyez,&: comme ils n'auoyent peu tirer autre cho
fe de luy:le menaça que s'il parloit en allant au fupplice ou eftant là,qu on luycoupc'
roit la langue.Mais tan t s'en fallut que cela l'eftônaft qu'il en fut dauâtage encouragé:
&eut ce bien iufques à la mort,à exhorter le peuple en la crainte deDieu, &àmoftrer
Terreur au ql ils eftoyét plôgez.Eftât arriué au lieu du fupplice,laCour huy enuoya dere-
chef dire,que s'il le vouloir dcfdirc &: conuertir,il ne mourroit point^mais ne tenant cô-
te de leurs promefles il fe mit à genoux pour faire fa prière à Dieu , laquelle il continua
allez longuement. & entre autres chofes le fupplia à haute voix de pardonner à fes
luges , &: qu'il leur vouluft ouurir les yeux pour entendre la vérité de fa parolle. Puis
il fit encoi es quelques remonftrances au peuple qui alîïftoit là : dont la plus part fe mit
à pleurer & regretter (a mort,difant, qu'ils s'efmerueilloyent comment on falloir mou-
rir vnrel homme,qui ne parloit quede Dieu.Sur l'heure eftant mené Rattaché au po-
fteau, comme on luy mettoit la poudre à canon &: le foulfre deuan t le lein , efleuant les
yeux au ciel,dit,0 Seigneur que cecy m'eft doux. Il fut eftranglé,&: fon corps réduit en
cendres, en facrifîcede bon odeur au Seigneur &: à fon Eglife.
C A S A B O N E, Biernois.
L E motif &r la caufe de la piinfe de ce Martyr,nous doit admonnefter.que fi la vérité du Seigneur ne nous eft pre
cieufe iufques là,de nous abandonner pluftoft à tous dangers,que de la voir ououyr conuertie en opprobre
&rmenfonge,nous ne fommes pas dignes d'eftre reputezClireftiens.Car puis que Dieu eft imc plus fa Parolle
qu'il ne fut cout ce qui eft au monde,c 'eft bien raifon que tous fes dôs &graces foyent en ployez à la main-
tenir entant qu'en nous fera.
M E V X d'Agenois eurent en ce temps M.HicromeCafabone natif du pays
.D.Lvr. jf^p^M de Bierne, pour héraut & telmoin de la vérité Euangelique. Iceluy ayant
M xlllSj^ <îue'<îuc temps régenté à Monflanquin,en Agenois,fut pédagogue de plu-
S^^^j? ficurs enfansdebônemaifon,lesenfeignancauccIcs bon nés lettres, la pie-
té.
Hier orne Cafaboncj. 44.1
te. Aduinc qu'en Tan u.o.tvi. qu'vn moine dePerigueux prefe liant la quarefme audit
lieu deMondanquin, après qu'il eue abreuué le peuple de pluiîeurs blafphemes,fut fur
la fin admonnefté,le Maray deuant Pafques au iortirdc la chaire par M.Hierome , de
n'abuferainli les pouresignorans,ô£ enaigrirduleuain des Phariticns.Le moine fit le m
blant de l'efeouter patiemment: & fe lanTa conduire pat luy chez Ton hofte, qui eftoit
vn preftrede ladite ville,homme adonné â l'on plaiflr>qui autrement ne fe foucioit de la
vraye ou faillie religion. Quand le moine fut en fon logis, & qu'il fe fentit fortifié delà
preience de (on hofte,commença de leuer les ergots , &c fouftenir qu'jl n auoit prcfché
que vérité côforme à la doctrine recéuë par leur mere fain&e cgîifc:aucontraire,ce que
Hierome luy auoit remonftre,fcntoit fes fagots. La difpute fut tirée iufques à l'heure
que le difner eftant preft pour cftre mis iur table,Hierome fe retira aucchonnefte con
gédu moine,quilemercioitde fa bonne vucilîe : àc de ce que luy &c fesfembiableslé
daignoyent de leurs docks 5c familiers colloques: le priât de venir plus fouuent le voir
pour conférer enfcmble. Hierome party, le moine ÔC fon preftre lallerentinconti-
nent accufer,auant ne boire ne manger,combien que ccfuft lur l'heure qu'ils fe deuoy-
ent mettre à table. Le luge qui receut leur déposition nommé Faure,eftoit frcfchemét
retourne des priions de Bourdcaux,où il auoit efté détenu pour quelques maluerfariôs
& coneuftions dont il eftoit chargérlequel pour recognoiftre fa deliurancefut bien aife
d'auoirtrouué propre occafiô pour acquérir à l'aduenir renom meed homme iufticier,
&c de gratifier à ceux duditPailemét,les cognoifTant eftre ennemis iurez de la doctrine,
qu'on nomme nouuelle.Parquoy à l'inftant interrogua le moine Se le preftre, &: décer-
na prinfe de corps contre Hieromc:& l'enuoya prendre en la mai fon de Palloque , pre„
fent le procureur du Roy.
L e lendemain de lemprifonnemencil fut mené en la maifon deIaville,cnuironîes
iix heures du matin,&interroguéparlesiuges&Cconfu!sde/a ville , fur plufieurs artL
cles:aiTauoir , du Purgatoire, de la Salutation Angélique , des Images , des Sacre-
mens,&:dela contrairie d'vne noftre Dame ( qu'ils appelent Du chappclet) la-
quelle les moines Auguftins ont introduite & fai& obferucr en ladite ville. mais on s'ar
rcfla principalement fur la Me/fc:£c à raifon du temps, fur l'abftinence des viandes, en-
quoy il fe monftra merucilleulcmcnt docte.Et comme l'aflîftencc demeuroit eftonnee
&confufe,illeur dit,Si vous ne vous contentez de ma depolîtion ôc refponfe verbale,
permettez-moy que la vous baille par cfcrit,&: vous en cognoiftrez dauantage. A quoy
les luges rcfpondirent,quc ce leur eftoit affez. * C'cft vnc chofe toute commune ,
que Satan a gaigné fur la plus part desiugcs, qu'il le contentent feulementde tirer des .
relponfes de ceux qui font acculez pour la vrave religion, ou qu'ils nyent lePurgatoire,
ou rcprouucnt lesMelIés &: choies fcmblablcs de leurs inuentions,fans en vouloir atté-
dre autre railbmallauoir fur telles négations, fentence de mort cruelle. En quoy on co- L»,*mpje f
gnoit non feulement vue mamfefte impicte,mais vn propos délibéré de combattre 2£ deslugesde
anéantir l'authonté des S.Efcritures,pourfubftituer (entât qu'en eux eft) les maudites h paP,lutc-
inucnôsdcs homes au lieu de lavcritédeDieuXeurzeleauflïefttellemct enragé qu'ils
penlénc ne pouuoir faire plus grand feruice à leur dieu de MelTe , que d'employer leurs
meilleures 6c plus deuotionncesfeftcs,à faire la guerre auDieu viuant:ce quifecognut
maniteftemét en cefte procédure. Car combien que leurs cérémonies delafepmaine,
qu'ils appelent Peneufc, communémentles occupent&amule-m en deuotion , Se fur
tout au lourde leur grand Vendredy fainct, iieft-ce qu'ils ne fe donnèrent aucun relaf-
che pour cela. Car à l'apres-difnee dudit iour ils fîret derechef venhHieromc en la mai-
Ion delà ville,pour le confronter ôcrecolcr contre ceux qui auoyentdepofé contre luy:
Iefqucls combien qu'il rendift confus par fes rcfponfcs , neantmoins le moine &: le pre-
ftre,d'vne impudence effrontée conuertirent leur confufion en rifees , pour monftrer
qu'iis le metprifoyentjdcquoy leluges'apperccutxariurar àlafaçon des idolâtres dit,
Par.fainct Antoine le prifonnier eft homme fauant. ^ Or cependant qu'on examinoit
autres tefmoins,aduintque le vicaire du temple 3ppclc noftre- Dame>portant fon dieu
à quelque malade, palfa pardeuantla maifon de la ville , où eftoit ledit Hierome aucc
le fermteur du Geôlier qui legardoitdequel fe mettant àgenoux , vouloit que Hiero-
me s'y mift auflî:mais eft ant mené d'vn zele deDicu,fît refus de ce faire print occafio
de remonftrer à toute l'afliftence, quelle horre ur &C idolâtrie c'eftoit que de le profter.
Tlufieurs Martyrs.
La caufe
pourquoy
Cafaboue
ne s'eftoit
fciuué.
Qucftioa
extraordi-
naire.
rerdcuatvn idole'.que le Dieu feul éternel &vinâtdcuoiccftre adoré par Icfus Chrrft
qui eitoit au ciel à ladextre de Dieu ion Perc,& non encre les mains du preftre, qui par
tels fpeaaclesabufoit&amuioit lepoure populaire . Les rccolemcnt& confrontatio
acheuez,fut renuoyé en prilon,& enioint au Baille, à peine de cinq cens liures le mener
à Bourdeaux aucC routes charges & informations dedans quinze ioqrsrpendât lefquels
Hicromeefcriuit vik* epiitre aux fidèles, les folicitantdcs'affembler& prier Dieu pour
luy,afin que nul ne hift feandalifé à ion occafion,de ce qu'ayant eu des moyens de fe iàu
uer,il ne s'en eftoit aidé, alléguant pour caufe , Qu'il aimoit mieux aller à Bourdeaux
rendre raiion de fa foy, que par fa mitte l'es adueriaires eulfcnt occaiion de blafmerla
vérité de la doctrine qu'il auoit maintenue. Le Baille quelque inion&ion qu'on luy
euft faite,Ie garda plus de deux mois , &: luy donna pluiïeurs moyens de ie iauuer: mais
en hn,voyant qu'il n'y vouloit entciîdre,i'cnuoya à Bourdeaux auec bien petite compa
gnie. Ce patient au lieu de cercher moyens d'efchapper,ne ceffoit par les chemins 6c
hoftelleriesd'admonneilervnchacun,duialutquiell: gracuirement offert au kul Sau_
ueurlefusChriftidexhorter ceux qu'il voyoït, à embraffervn tel bencfîce,en quittant
toutes pollutions^: idolâtries. Arriué qu'il fut à Bourdeaux,^ que le (bruiteur du
Baille eut mis fon procès au greffe de la Cour, îlnetardarienàeftreiugc&confcrmé
par ArelL Les iuges du Parlement luy demandèrent s'il vouloit perfeuerer en fes opi-
nions^ fa tefponicf ît qu'ouy: voire &: qu'acefte occaiion ilauoit defîré de venir deuâc
cux,pourfcellerparlcffuiîondcfon fang, la vraye& pure doctrine du Seigneur Iefus.
Enlaqueftionqu'onluy donna,pourfauoir fien Monfîanquinii en cognoiffoitde fon
opinion,il n'y eut ne toui mét ne menace qui feuft tirer de lui aucune accufatiôde ceux
quilcognoiiibit.(^oy voyaslesIuges,come pour vn dernier remede,firêt allumer vne
torche pour luy faii e crier mercy &: pardô àDieu,àla vierge Marie,aux fain6ls ÔC fai&es
de paradis,&: àlaIu(tice.Hietonic pria prôptemétDieu,&d'affe&ioardételuy demâda
pardo des fautes & offéfes qu'il auoit cômiies contre fa maiefté. mais comme ils le vou-
ioyent forcer de palier cutre,&: de venir a la vierge Mane,aux iain3:s,&: à la Iuftice: il le
refufa,alleguant qu'il ne les auoit en rien offenfé:&:que fupplication de pardon fansfau
te prccedente,cftoit pluitoft moquerie que deuoir. Lors luy fut commande de bailler
la langue à couppence qu'il fît promptement. Et depuis citant nicné.au fuppliceiimo-
itraparl'eleuation des yeux &: mains au milieu des flammes du feu, que c'efîoit d'en,
haut qu'il attendoit falut.
M. D. LVI.
De Dieu.
TREIZE MARTYRS,^*.
D' V N E trouppe de Chreftiens Hure* à la mort pour la confeftîon de l' EuangiIc,rcceuons cel> aduertiffement.Que le Seigncu r
appelant les liens pour courir à la luittc,cc n'eft pas pour donner le prix à vn fcul,mais à tous:afinc-uc les vns aident
les autres en comrnun,& tendent les bras l'vni l'autre pour eftre auancczau but d'vne fiheureufe coude.
A cruelle puiffanec des ennemis croiffoit en ce temps au [pays d'Angleter-
re fous Marie:non feulement contre les robuftes &: fortifiez en la foy, mais
aufli contre les (impies 6c peu exercezaux combats Chrcftiens. Nous en
auonsicy quelques vns qui ontfurmonté toute craintedemort corporelle:
&c confefTans vne doctrine vrayement Chreftienne, l'ont feellee de leur propre fang.
Leur confelîion a efté tranllatee de l' Anglois comme s'enfuit:
L A foy & Ci'mCt accord desprilbnniers.prcfentéa l'cuefauede Londres à Fullam.au mois de luin^frf: defcjuels les noms fône
cy deflbus loufcrits.
V S confeffons tous &conftamment croyons qu'il n'y a qu'vn Dieuviuant&
;cternel, de puiffanec, iapience &: bonté infinie,creatcur &: conferuatcur de tou-
tes choies tant vifiblcs qu'inmiibles-.&c qu'en l'vnité de fa Deité il y a trois perfonnes
coèffentielles &: coeternelles,fans confuiion de proprictez& relations, & fans aucune
inequaiité:affauoirlcPere,leFils,& le fain£rEfprit:commeil cft vrayement enfeigné&:
creu en ieglife de Iefus Chrift,fondce fur la fain&e parolle Dieu.de la quelle vraye Egli
fenous-nousdifons,&: chacun de nous fçrecognoit vray &c viuant membre conioinct
I'vn à l'autre.
No v s
Plufieurs ^Martyrs . 4.4.2
No v s confelfons,&: fans douter croyons que la féconde perfonne enlaTrinué,af-
fauoiir le Fils éternel de Dieu le Pere a voulu pour l'amour de nous prendre noftre hu-
manité fur luy, du ventre de la bien-heureufe vierge Marie, citant conceu de fa propre
fubftanceparla vertu du fainttEfprit: &: que des le moment de celle conception , la
perfonneduFilsaefté vnieinfeparableruehtauec la nature hurnainc,en vneperfonne
qui eft Iefus Chrift vray Dieu & vrayhomme,duquel le royaume ferafans fin. Nous
confetlbns &: croyons de cœur tous les articles de la foyChrcftienne,contenus au Sym-
bole, vulgairement appelé le Credo des Apoftrcs,&: au Symbole d'Athanafe.
AuiTinous recognoiilbns fidèlement que la remilïîon des péchez Ja rédemption, iu- De la
ftifkation S^fandification nous viennent entièrement &: feulement delamercy&fa- fi«4°nj
ucur gratuite de Dieu en ïefus Chrift,acquife par fa mort &c fang elpandu , fans aucun
mente ou eeuures quelques grandes &£ bônes qu'elles puiilcnt apparoir^ neantmoins
de peur quequelcun nenous entende mal, ou penfeque vueillionsnyer ou anéantir les
bonnes ceuures:nous recognoiilbns que tous hommes font fubmis par la parolle de
Dieu faire bonnes œn mes: non pas pour deleruir quelque partie de noftre faluation.
ains pour monftrer noftre obcillance par les fruicls de la foy , afin que la lumière de nos
bonnesœuurcspuiireii bicnluircdcuantleshommes, que Dieu autheur d'icelles en
ibitglorifie.Etainiînousauonsen horreur celle iJ.ole fterileôc foy morte de laquelle
fainâ laques parle en fa Canonique,qui n'a aucune bonne ceuure la fiiyuante. Et ainfi
affermons que : Dieu nenous réputé pas iuftes douane l'on iugemenc , pour regard de
quelques œuin es noftres:defquelles la meilleure examinée à la pureté delaLby,fera
trouuce félon Iediredu Prophetecomme vn drap fouillé de menftrue . C'eft donc îk,^,.c
pour l'amour de Iefus Chrift feulement:duqucl la prccïeufc mort èc fang refpandu en
parfaittfaciifice,eft luffilanterançon pour les peehez du monde. Item aulfî nous
croyons que le facrcmentdu Baptefmc , n'eft pas feulement vn fignede profefîion&: ^ C"
marque de diftbrcnce par laquelle le Chrefcien eftdifcerné des autres infidèles , mais
aufli que c'eft vn feau de régénération, par lequel, comme par vn iuftrumcnt , ceux qui
reçoiucnt le Baptelme droitement font entez &£ incorporez en TEglife duSeigncurîles
promettes de la remiflion des pochez &: denoftre adoption lont vijiblemcnt lignées &;
leeliees:& la foy y cft confermee. Que la couftume del'Eglife de baptifer les petits en-
fans,5ceftre recommandez à Dieu par prières, doit cftre maintenue &obferuce.
Aufii nous croyons quelaCcne du Seigneur n'eft pas feulement vn ligne de l'vnion
que les Chrefticns doyuent auoir entre eux,l'vn à Tautre:mais auffi vn facrement de no
ftre rédemption par la mort &: paffiondcChrift,cntaht qu'à ceux qui dignement auec
foy la reçoyucntjle pain qu'ils rompent enlemble,eft la communié du corps de Chrift:
pareillement lacouppede bénédiction leur cft vne communion du fang d'iceluy. Et
n'a pas efté commandé d'eftre gardée &c enfermée ou portée par les rues * ne leuee par
delïus la tefte,n'adoree.^Nouscroyonsauffi,quelalainâ:c méditation de lapredeftina predeftiB^
tion éternelle de Dieu,&: noftre elc&iô en Iefus Chrift,ell pleine de plaifante douceur, don.
& indicible conrortaux fam£tes perfonnes , qui fentent en eux-mefmes l'opération de
rEfpritdeChrift,mortifiantlesœuures dclachair,& leurs membres terreftres, en atti-
rant leurs entendemens aux chofes celcftes.Item, & que cefte cognoifîance nous con-
ferme grandement en l'éternelle faluation qui eft par Iefus Chrift: mais aux perfonnes
curieufes & charnelles,qui n'ont l'Efprit de Chrift , c'eft vn dagereux labyrinthe par le-
quel le diable les peutabatre& mettteendcfefpoir,ou incitera vie abandonnée à tou
te ordure. Finalement nous croyons que l'oblation par Iefus Chrift vne fois faite, a
pour iamais appaifé l'ire de Dieu , &z a fatiffait pour tous les péchez du monde tant ori-
ginels qu'actuels qu'il n'y a autre fatilfaction pour les péchez que cefte-là feule : par-
quoy le facrifice de la MefTc,auqucl on dit que le Preftre offre IefusChrift pour les viuâs
bc les morts,eft vne tromperie trcfdangereufe,Ô£ autat pernicieufe qu'il en fut oneques;
inuentec.^Ccfte confeffion de foy,f ut lignée de ceux qui s'enfuyuent,
LïONàCoïXE HenryeVvie H e n r y e Ad l i n g t o n.
RoDVLPHE IaCSON IeAnDûREFALL. EdMONDE HvRÎT.
IeanRothe. GeorgeSearles. "Lavrent Parmen.
ThOMAsBoWeR VVI L l I A M Ho L IVVE L. ElIZABETH
Pepper: AgnesGeorge.
Et celuy quia tranflaté cefte confefûon après celle en Anglois fignec de leur pro-
Lwrt^VL L'eftatde l'Eghfi'du Brefil.
pre main,les à vcu brufler enuiron deux mille de Londres,aupres de Stratfbrd,ou Sttad-
jôr6ov>e\,magnifîanslc nom du Seigneur,autancqiie vrais confeïfeurs duSeigneur peu-
uent faire.
COMMENT y ne Eglife fidèle s ajfembla au pays du BrefiL,partie de t Amérique
~4uflralc;0' comment elle fut affligée & àtfperfee.
L E Seigneur eAeuant à prcfent en tant de lieux les enfeignes de fon Euangi!e,penctre iufqses aux nations ineognu«& bar-
bares&parce moyen conuieà loy tous habitans du monde,auant qu'exécuter fon dernier iugement. Cependant l'in-
gratitude & mefclunceté des hommes s'augmcntant de plus en plus.ne veut cftre efclairee de fi pres:& lur tout les hy-
pocrites & apoftats donnent autant ou plus d'cpefcherocnt au coufs de la vérité que les tyris mefmcsxôme on le peut
voir par le dilcours de celle hiftoire. En laquelle nous fqmmes auffi aduertis,en luyuant l'Euangile d'oubher nos com
moditez:prenans contentement,» faim,en foif.cn nudité & mille dangers , dquels Dieu voudra que nous tombions,
pour efprouuer en tous lieux,& exercer noftre patience par diuerfes eipeces de tribulations.
jO V R parûeniràrhiftoirequiferacy après mife en fon cidre,de quelques
i fidèles Martyrs, qui franchement fe fontexpofez à la mort, &: ont anoufé
[de leur (ang la lechereiTe de la terre du Brcfil,pour maintenir la do&rine du
[Fils de Dieu, il eft expédient d'entendre le commencement & le mouf,d a
uoir eu en ce temps Eglife reformée félon la parole du Seigneur en terre fi eflôgnee des
L fh'ft royaumes&lieux,efquclslefuie£tde noftrehiftoirc iufques icy s'eft arrefté. Lame-
& vtihtédc moire des chofes tant mémorables, aduenues en ce temps, nous doit picqucr& folici-
ceftehiftoi- ter viuement à vne méditation continuelle des merucilles du Seigneur , &c conuient
croire que l'oubliance ou fuppreflïond'icelles,fera vniour cher vendue à ceux qui Tau
royent peu faire entendre & publier par toute la terre. La grandeur du fuied de ce-
tte hiftoire auec les circonftances des licux,eft degrand poix & confequence. Car où
eft-il eferit qu'auMonde nouuellemct defcouuert ily ait eu aucun facrifié & mis a mort
pour le tefmoignage de la parolle deDieuî Nous auôs veu & leu q les barbares ont tué,
facrifié,&: mangé aucuns Portugaiois& François: mais pourquoy ? d'autant que par
leur auarice&: ambition demefuree,il auoyent outragé & oftenfélefdits barbares- Cha-
cun cognoit fort bien que lefditsPortugalois&mefmes les François qui ont fréquen-
té icelles regios, non t ïamais parlé vn feul mot de noftre Seigneur Iefus Chrift aux po-
uresgés de ce pays-la. Vcu doc q les trois perfonnages(la mort defquels eft côtenue cy
apres)quife (ont corne prémices expofezà la mort pour maintenir laiuftequerellede
l'Euangile:ce feroit chofe mal feante &c de trcfmauuaife côfequence,dc laiflcr leur me
moire comme cnfeuelie&efteinte entre Jes hommes : ô£ aduiendroit qu'vniour leur
fang redemanderoit vengeance de l'oubliance de ceux qui l'auroyent peu faire enten-
dre par toute la terre . Ces confiderations & caufes ont efmeu ceux qui ont cfté pre-
(ens à ce qui eft icy recité:&: entre lefqucls eft paruenu ce recueil, d'en faire participât
le Leâ:eur,pour l'inftruire contre les calomnies,qui pourroyent obfcurcir la vérité des
cauiesdcl entreprife,desmoyens,executions,protcftatiôs, rcuolte,bref,dctoutccqui
s'enfuyuit:
ESTANT Nicolas de Villegaignon ordonné vifadmiral en Bretaigne^ entra en
difeord auec le Capitaine du chafteaude Breft, principale forterelTedetout le pays, à
raifon des fortifications dudit chafteau. Ce difeord engendra mefcontentementô£
haine mortelle entre eux, iufques à efpier les occations pour fe furprendre f vn l'autre.
Leur querelle paruint iufques aux oreilles du roy Henry II. de ce nom : duquel eftoit
beaucoup plus fauorifé le Capitaine du chafteau,que Villeg.qui luy donna trefmauuai-
fe efperance de l'iffue de la querelle. Il eft certain qu'il efperoit abyfmer ou pour Je
moins rendre infâme ion aduerfe partie : mais confîdcrant que peu il auançoit l'on en-
treprife,mefmetrauaillantpoiîïble contre la vérité du faift, ou contre trop grand*fa-
ueur,des-lors commença à fedelplaire en France , l'accufant d'vne mefcognoiflànce
deshonncfte:attendu qu'il auoiteonfumé toute fa ieuneflê portant les armes pour le
feruiced'icelle. Iladiouftoitdauantagc que fon cœur ne pouuoit plus comporterd'y
faire long feiour 6c relidence , veu le maigre recueil qu'il auoit receu de fes feruices pat
fez. Pendant ce temps, audit lieu de Breft refidoit vn commis du Threforicr de la ma-
rine,qui frequentoic familièrement ledit Villeg. Ceftuy tant pour les affaires de fon c-
ftat
EnUtetrede t Amérique 44.3
ftat qui conccrnoyent le faift de la Vifàdmirauté, que pour (a preudhommie &: gran de
expérience de beaucoup de chofçj, Icfquelles iceluy Commis racontoit en table,&pro-
pos familiers d vn lointain voyage, qu'il auoit autrefois fait es Indes méridionales en
la partie du Brefihlouant grandement la téperaturc de lair dudit pays, la beauté &C fere- La félicité
nité du ciel, la fertilité de la terre, l'abôdancc des viures, les richeffes &: grands biés qui ^ BrcS^
prouiennent en la terre,& autres chofes dignes de fingulierc recommandation , inco_
gneuës totalement aux ancicns.Les deuis de ce Commis pleurent mcrueilleufement à
Villeg.&: par grand defir faifoit fouuentefois repeter les mefmes parolles,& iaauoit par
fâtafie enuahy l'Empire de toute celle terrede defir d'y aller de iour en iour augmétoir,
mais les moyés ne luy eftoyét grâds. Car voulat fortir de France en hôneur &: reputatiô,
il luy côuenoit faire vne grade defpenfc , laquelle il n'euftpeu fournil : ioincl: que le Roy
euft trouuéfortmauuais que fans occafiô il euft quitté fon (eruicc,pour fe retirer en exil
volontaire auecvn genre d'homes les plus cftrâges &L eflongnez d'humanité qui foyent
fous le ciel. A cefte caufepar fubtils moyens il s'infïnua en faneur, faifanc entedre à tous
ceux,defqueh il efperoit grand lupport, &: qui pouuoyent auancer fon entreprinfc heu-
reufemenr, qu'il auoit vn ardét defir &r affe&ion incroyable de cercher vn lieu de repos
&tranquilité, pour retirer ceux qui font affligez pour l'Euangile en cepaysdeFrace: &C
qu'ayant longuement penfé en quelle part ilféroit bon de fe retirer pour euiter lescru-
autez& tyranie des homes, il s'efloit fouuenu de la terre du Brefilrdc laquelle tous ceux
quiyauoyenc nauigé, louoyent la temperature,fertilité&: bonté delà terre, en laquel-
le on pourrait cômodément habiter. Ceux aufquels il s'eftoit adrefle,creurét facilemét
aux parolles dudit Villeg.duquel ils louoyent rentreprinfe,dignepluftoftd'vn Roy,que
d'vniîmplegcntil-hôme. Etala pourfuitte luy promirent toute faueur vers ledit fieur
Roy, pour impetrer toutes chofes quiferoyét requifes à la nauigation , cognoiffans que
ledit fieur Roy l'auroit pour agréable : attedu qu'elle redôderoit à fon honeur& gloire,
& au profit de tout Ion royaume. Ceft affaire fut follicité en toute diligéce, que bien toft
apresVillcg.obtït deux beaux &grâds nauires armez d'artillerie,munitios,&: autres cho
fesneceflaires.enfemble dix mille francs pourladefpenfedes hommes qu'il conuien-
droit pafîér: auec vn grand nombre d'artillerie, poudre à canon, boulets, &: armes pour
la conftrudion Sidefenfc d'vn fort. Ces chofes ainfiheureufement obtenues, côpofa a-
uec les Capitaines , maiftres denauires &C pilotes , pour côduirc fes vai/feaux , & faire la
charge du bois de Brefil,&autres cômoditez en ladite terre. Or il luy reftoit à recôuurer
gens fidèles, de bône vie& côuerfation pour habiter la terre auec luy : pour à quoy par-
uenir,faifoit entendre par tous les endroits où il pouuoit , qu'il ne demandoit que gens
craignans Dicu,patiens&: benins-.fachat que de tels tireroit plus de feruice &: commo-
dité, que d'autres, pour l'efperance qu'ils auroyent d'y voir vne affemblee &: congréga-
tion de gens de bien,dcdiee au feruice de Dieu. A celle occafion plufieurs bons &: hon-
neftes perfonnages, n'eftimant rien le long vqyage,ne la grandeur des dangers qui peu-
uent aduenir en telle nauigation, ne la foudaine mutation de l'air, ne l'eflrage manière
de viure, furet furprîs parles belles parolles &: douces promeffes dudit Villeg. En outre
il luy conuenoit mener gens de labeur , & artifans de tous meftiers > lefquels il ne peut
trouuer fans grad'difHcultéj&moyennât grande fomme de dcniers:encores la plus part
d'iceux eftoÇent ruftiques,& fans aucune inftru&ion d'honnefteté & ciuilité,addonnez
à beaucoup de vices &: difTolutiôs vilaines &c impudiques. Attcndât le temps de l'em-
barquement, fouuentefois il propofoit à ceux qu'il cognoiffoit aller auec luy d'vne fran
che volonté, les fain&es &C bonnes ordonnâmes qu'il efperoit faire auec leur aduis &: cô-
feil audit pays du Brefil,fe voulant du tout rapporcer(côme il difoit ) à la deliberatiô des
plus notables. Et quat au faitt de la religion, tout fon defir eftoit que l'Eglife qui y feroit
eftablie,fuft reformée cômecelledeGeneue.Et en toutes les compagnies honnorablcs
où iceluy fe trouuoit, promettoit le femblable.-chofe qui imprima au coeur des bÔs vn e «
fpoir merueilleux de fon entreprinfe. Vray elt qu'aucuns en iugeret mal , ayans cogneu
ledit Villeg. les années précédentes peu reformé en fa vie Se conuerfation , ne pouuant
oublier la cruauté des galères dans lefquelles il auoit efté nourry tout fon ieune aage.
S v r cefte bône opinion la côpagnie s'embarque dans les nauires,& les ancres leuees
font voile du Haure de grâce, l'an m.d.l v.le x v.deIuillet:apresauoirfouftenu&ou-
trepafTé plufieurs dangers, difficultez&: accidens fafcheux fur ledit voyage, corne relaf-
chemens, défaut d'eaux douces, fieures peftilentieufes, l'exceffiue ardeur du Soleil , Se
FF.
L/Wo VL L'eftat de tEglifi
les vcncs contraires,tcmpcftes & tourbillons^'intcmperature de la Zone torridc,&: au-
tres choies trop longues à raconter, les fufdics arriuerenc au Brelil terre de l'Amérique,
£fleimioa en \2 parcie Mcridionale,où le pol Antartique s'eileue (ur l'Horizon 23 . degrez quelque
taic^uc. " peu moins. A la defccnte des François en terre, les habitans du pays letrouuercnt en
grand nombre pour les receuoirauec bon recueihleur faiiant prefent deviuresde leur
terre &: autres choies iïngulieres, pour traiter auec eux vne alliance perpétuelle.
O r partant du Haurc de grace,les palfagers ne s 'eftoyent point informez fi Villeg.a-
uoit mis viures dâs les natures pour ceux qui habiteroyent en la terre, corne il eftoit rai-
ionnable. Partant arnuezà terre,&: cognoi/Tans qu'il n'y auoit viures pour les fuftenter,
trouuerentforteftrange,&fafcheuxàcomporterdeviure feulement delà nourriture
de celle nouuelle terre, aiîauoir de frui£ts& racines au lieu depain,&: d'eau pour du vin,
&: encorcs en h petite quantité,que c'eftoit chofe pitoyable à voir -, veu qu'vn home leul
euft bien mangé ce qu'on donnoit à quatre. Par ce foudain changcmc»t,plufieurs tom-
bèrent en grolles& fafcheufes maladies, defquelles ils ne le pouuoyét releucr, veu que
toutes choies requifes aux malades leur defaillovent , qui indigna dellois beaucoup de
peribnnes contre ledit Villeg.raccufantd'vnemfatiableauarice,ayantelpargné Target
du Roy,& iceluv conuerty en fes propres vfages, au lieu de l'employer en viures &c cho-
fesnecelTaires pour la nourriture & fanté de tous ceux , qu'il auoit menez en celle loin-
taine région. Il cit certain que les mariniers qui elloyent nouuellemenr reuenusde ce
pays-la, auoyent donné à en tendre, qu'il y auoit des viures en la terre luffilammét pour
fuftente* tous ceux qui y pa(loycnt:partant qu'il n'eftoit befoin charger les vaiifeaux de
ceux de pardeça. C'eftoit l'cxcufe&f refpôie que prenoit ledit Villeg. pourfe purger de
^pdéne. cc^e tache- Ec d'autant plus eftoyent cfmeus les poures perfonnes, tant malades qu'au-
tres, d'autant que ce grand défaut fe trouuoit tout au commencement, (ans y auoir au-
cune côhderation: tant s'en faut, que pour cela en rien on leur diminuait letrauail, que
deiourcn iouron leuraugmentoir,autantque s'ils eurent efté bien nourris &fuften-
tez : melmemét en tel pays où l'ardeur du Soleil eft fi veheméte,que peu de gés le pour-
royent croire. Il leur eftoit ncccfiàire depuis le iour leuanr, îufqucs au iour couchât,en-
tendre les vns à rompre des pierres, autres à porter la terre &C coupper bois , confiderc
que le lieu, le temps, &c l'occalion requeroyent grande diligence, craignât le danger tât
des habitans naturels, que des Portugalois ennemis mortels des Frâçois en celle terre.
L e s artifans, corne fay predit,gens de petite colîderation & peu ou point touchez d'
aucun honeur,fe perfuaderet que la fin feroit fort dangereufe, puis que le cômencemét
eftoit tel:&les plus ingénieux d'entr eux,preucuret que s'ils enduroyét croiftre le ioug,
lequel leur eftoit impolé, eftans encorcs la plus part îains & difpos, pour le repoufTer &C
rcietter,il aduiendroit en fin qu'ils en feroyét les plus fafchcz.Parquoy ayans fait vn cô-
plot entr'eux,&: alfemblé ceux qu'ils eftimoyet dignes d'eftre admis au cofeil d'vne tel-
le entreprinfe,côfultercnt enfemble,par quel moyen ils pourroyent cuiter le cruel ioug
de (eruitude qu'on leur vouloitimpofer cotre toutes loix ciuiles& humaines. Auciïs c-
ftoy^nt d'opinion de fov retirer auecles naturels habitans de la terre lans entreprendre
plus outreJes autres eftoyent d'opinion côtraire,ailauoir que pluftoftilsfedeuoyétren
dre aux Portugalois qui habitent bien près de là:aucuns,qui furent lapluralité des voix
qui lbuuentefois mrmontela meilleure, n'approuuerét les deux fufdites opinions , veu
qu'elles leur fembloyent peu aduantageufes pour obtenir pleine& entière liberté. Par
ainli vn entre les autres le plus audacieux,lcur remonftra qu'ils s'abuloyent grandemet
s'ils lai/îbyent longuemet viure Villeg. & tous ceux qui le voudroyét défendre. A ce ad-
iouftGit.qu'il leur eftoit loifible, veu qu'on ne fe deffioit aucunement d'eux. C'cft aduis
malheurcuxflitapprouuéde tous,& loucrentle bon entendement dudit perfonnage:
des-lors ils le conftit lièrent chef de toute l'entreprinfe,&: ia par fantalie partiftbyent en-
tr'eux les defpouilles &L butineties,qu'ilsel"peroyent bien toftfarcincr. Le iour auquel
l'exécution le dcuoit accom plir fut afl1gné,le mot du guet donné,ils efpierét iceluy fort
à propos en vn Dimanche, lors que chacun s'eftoit retiré en fa maifon lans aucune deL
fïnnce. Vne chofe leur fembloit nuire &£ empefeher leur deîlein, c'eft allauoir trois fol-
dats Efcoflbis,qui eftoyent delà garde de Villeg.Ils tétèrent de les induire àleurdeuo-
cion,afind'auoirmoinsdenuifance&empeichemétà l'exploit de ce qu'ils auoyét pro-
pofé. Or les foldatsEfcoflbis en eftans aduertis, font femblantd'approuuer tel a£te, al-
léguant beaucoup de rudeifes,qu 'iccux auoyenc receu duditVilIeg.tant en France,quc
fur
€n la terrt^ de l Amérique. +44
fur levoyage. En ccftc diflimulation lefdi ts Efcoflbis s'informent diligemment de U vc-
rité,du iour,de l'heurc,du moyens des côplices,pour faire le rapport plus certain.Eftans
deuement inftruits,iugerent l'acte trop inhumain &c indigne d'eftre celécpartlt S'addref- côfpu-atiô
ferentà vn des plusfamiliers dudict Villeg.rant pourlacognoùTance delalâgue Efcofîoi- dcfcouucne
fc qui luy cftoit cogneuë,quc pour autres confiderations:ils luy déclarent entièrement la
coniuration machinee,lescôiuxateurs principaux,leiour &: l'heurchafin qu'en cftas aducr
ty on y peuft mettre tel ordre, qu'il en fuit mémoire à la pofterité . Ainfi Villeg. aducrty,
cnfembletous ceux qui cftoyét de bon vouloir auec luy, s'emparét des armes, ôc faififlent
au corps 4-des principaux côiurateurs, defquels on fît punition exéplaire,pour retenir les
autres en leur deuoir &: eftat:deux furent retenus en pnfon auxehaines & fers,befbngnâs
aux œuures publics iufques à certain temps. Telle fut la fin de cefte malheureufe cÔiura-
tion . En quoy Villeg.nepeut nier qu'ln'ait efté affifté des gens honneftes qui s eftoyent
embarquez volontairement auec luy : mais depuis il leur a rendu vn trefmauuais loyer &
guerdon de leur bon ieruice.^" Celle vifitation rendit pour vn tempsVillcg.fortbien afFe- Diûîmuh-
dionné à la parolle de Dieu:& de vray,dem ôftroit vn zele &: defir merueillcux de vouloir tiondc ViU?
là eftablir vne Eglife , &£ fouuétefois ibuhaitoit quelque bon Miniftre pour endoctriner fa
famille,&: inftruire tant de poures perionnes de ce pays, qui viuét fans aucune cognoifTan
cède Dieujnemeimed'aucuncciuilite'&honncftete'.Souuentefoisildeploroirlacondi-
tion,iè voyant accompagné de fi peu de gens de bicn)lefquels côbien qu'ils fulTent en pe-
tit nombre, nonobftant luy auoyent affilié en toutes fes fafcheufes rencontres : ced'autât
lefaifoit penfer , que fa vie ièroit plus afleuree entrcles mains de gens vertueux , qu'entre
mercenaires totalement defpouillez de toute honnefteté &c vertu . A cefte caufe en la plus
grande diligence qu'il luy fut pofiiblc, fi t entendre aux Miniftres de la ville de Gencue, la
neceffité des pafteurs &: moiûonneurs oùileftoit: s'eftant retiré là feulement pour enten
dre les loix &c ordonnances de Dieu . Et attendu q de long tem ps il auoit côceu vne fain&e
opinion de leur vie &c rerbrmatiô de la religiô Chreftiéne , il auoit prins la hardieffe de les
prier cômefesfreres,de luy vouloir prefter fecours,faueur,confeil& aide: afin qu'ils parti-
cipaient également aux bienfaits &c mémoire perdurablc de l'honneur qui pourroit re-
dondenleur promettant faire trefbon& honnefte recueil à ceux qui y feroyentenuoyez,
tant fur le voyage,qu'audi& pays.^Il requeroit auec vn ou deux Miniftres,quelques gens
de mcftier,mariez ounô,de pareille cognoiiîance , mefmedes femmes &: filles pour peu-
pler telle nouuelle terre . Car il preu oy oit qu'a uec grande difficulté le payss'habiteroita-
uec autre moyen.Meffieurs de Gencue ayans reccu telles nouuellcs,rendét grâces à Dieu
de l'amplificariô du règne de noftre Seigneur Iefiis , aux terres tant lointaines & feparees
de noftre habitation:puis en toute diligence font élection de deux Miniftres : l'vn nommé p Ricter ^
M.Pierre Richeraagé de 5o.ans, l'autre s'appeloit M. Guillaume Charrier de l'aage de 30. acharner.
ans.Iceux eftoyent cogneus de faine 6c folide doctrine, 8c dvnc bonne vie &c honnefte cô-
uerfation:&: outre plufieurs artiiàn s furent appelez pour faire côpagnie aufdits Miniftres:
entre lcfquels aucuns eftoyétmanez, autres non. La conduite de cefte côpagnie fut don_
nec à Philippe de Corguillcray,dit du-Ponr,gentil-homme bien renommé,habitant près
de la ville de Geneue:lequel(combien qfon aage& fa difpofition ncrequeroyent d'entre-
prendre vn tel voyage) ne fut neantmoins aucunement diuerty par les chofes fufdites : ne
mefme l'amour de les propres enfans & négoces domeftiques, ne le peurét empefeher de
s'employer en la charge en laquelle le Seigneur l'appeloit. Or pa/Tant par la Frâce,pour fe
rendre à Honfleur port de mer en Normâdie,où les nauires les ateendoyent, le bruit s'eC
part incontinenr,par le pays . Pour lors les feux eftoyent allumez par tous les quartiers de
Frace,qui efmeut plufieurs perfonnes de bon zele &. aiFection,à s'aflbeier à la compagnie
des Miniftres. Plufieurs de Paris,de Champagne^ Normandie,fc prefenterent à l'embar
quement:defquels aucuns furent receus,autres non:à caufe que les nauires n'euffent peu
comprendre toute la corn pagnie qui fe prefentoit , tant eftoit défia la renommée de celle
entreprinfe publiée &c manifeftec.
A eftéobmis ci deffus quel'ambafTadeur deVilleg.auoit propofé de bouche beaucoup
de choies au grand honneur &c ad uantagedudit Villeg. corn me de donner honneftes ga-
ges aux artiians,penfion aux femmes de ceux qui feroyent mariez, aux autres entretenez
mens de toutes chofes q. leur leroyét necefTaires pour la vie:&mefme octroy de retourner
libremét en France, le cas aduenant qu'ils ne fe trouuaiîcnt bien,ou qu'on ne les vouluft
reccuoir,iélon les promeuves faites enpleine afTcmblee audit lieu dcGeneuc.Eftâs arriuez
FF. ii.
Liurcs T [ I. Terfecutiôn des fidèles
en laiville dcHôrleur lieu de leur cmbarquemêt,furét recueillis de ceux qui en auoyent la
charge^ reiBerees lefdites jpmeiïes, qui iaauoyét efté faites aucc ampliatiô de plus gran-
des,ïelonlacouftumedeceux qui oman^&ion d'exécuter vne cntrepnfe . Letéps du de-
partemct venu, chacû s'embarque das le vaiiléau qui luy eftoit ordôné par les chefs delà
nauigatiô.Car auffi il n euft efté polïible de les loger tous das vn feul nauire,lans encourir
vn grâd nrcôuenicnt. Ainfi difpoiez demarent du port de Hôflcur, à voiles appareillées le
metçéren mer,&: en peu de téps delaiflans les terres derEurope,approchét des Iiîes fortu
nees,procfiaines de rAfriq:où ia eurét cômencement des douleurs èc ennuis aduenir. car
des-lors on retrécha leurs viures fort eftroitemét,côme s ïlseuflfét ia efté 10. mois en mer:
lbit q la faute vint parle nôbre des peribnnes,ou par le larrecm des officiers, nonobftât ce,
elle eftoit bien grade. Car les butinerics qui furet cornues fur ledit voyage, de là s cnfuyui-
îccordaucc rent. Les Matelots declarerét apertemét q c eftoit le défaut des viures qui les côtraignoit
vaicg. ce faire,&: côbien q les Miniftres leur remôftraiîent le tort & iniurcs qu'ils faifoyét aux po
ures marchans,les delpouillâs deleurs biés,&: mefmede leurs vaifteaux^hofeii inhumai-
ne q i'ay horreur delaracoter ) nonobrtant ne rapportèrent q vilaines iniures & calônies-,
pour reiblutiô on leur repliquoit qu'il leur eftoit comandé par Villeg.d'ainli faire:duquei
ilsfelcntoyéttrefbieaduouez.Partât les Miniftres &C autres eurét labouchecjpfedelàen
après, làns ofer peu ou poît reprédre le fai& des mariniers. 6c cncores,cequ'ils en parloyée
familierement,eftoit prins en derifiô&: rr.oqucrie . le ne veux icy lpecifier le tort fait aux
Anglois(auec lefqls pour lors nous auiôs la paix iuree) les pillant de leur argét & marcha-
diles.Ie delailfc aufli les Efpagnols &; Portugalois,defqls par force on print leur nauire, a-
uec la marchâdifè,&: les poures miièrables perionnes mifes dans vn autre vaiiTeau,lequel
inhnmanité pareillement au oit cfte' pille &c faccagé corne à guerre ouucrte:&: qui pluseft(chofedegra
barbare, de cômiièration)on les laifl'e dâs ledit vairTeau,lans viures,voiles,cables,ancres, &c rheime
lâsleurbafteau,pourdu tout les rédreplusmilerables.Enfin netrouuâs plus q predrcôC
piller,pQurfuyuét leur route comencee,pour tédre au Brefil.Ils paiferent la Zone torride,
îoùs laqllc ils endurerét grades chaleurs,&: autres incômoditez qui s'y treuuét, &c ayas £e-
iourné quatre mois entiers fur les ondes, bié las &c caflez d'vn fi long emprifonnemét,ar-
riueren t à la riuiere de Colligny,en la tet re de f Am erique Auftrale partie du Brefil,lituee
corne eft dit deiTus. Là trouuerét Villeg.fortifié ,& réparé das vne ifle efloignee de la terre
cotinente,la portée d'vne colœuunne d'vn cofté &: d'autre, felô q la cômodité du temps,
des homes &: du lieu Tau oit permis . Car lelieuqu'iceluy auoitefleu pour fortifier, s'eftoit
trouué li deièrt &£ defpourueu de tout ce qui eft neceftaire à vn lieu de fortificatio, q cer^
tes vne puiilance Royale euft efté alTez empefehee à le redre cômode pour habiter. Celle
riuiere dans laquelle eft fitu ce Tille de Colligny , eft autant belle qu'aucune autre , aifee àc
fort cômode pour grans vaifteaux : car de toutes marées fans danger, tat la nuift q le iour,
Ion y peutentier. L'entrée eft clofededeux hautes pointes,n'ayant plus dedemie lieue de
large,& de profôd, iz.brafles d'eau, elle s'infinue dâs les terresplus de dix grandes lieues:
oùelleseftend&: amplifie en tel endroit qu'elleadefixàfept lieues de large: elle eft fe-
mee de plufieurs îfles &c ifleaux definguliere beauté . Ils fôt entédre q c'eft la mer mefme
qui regorge en &c par toute celle terre , &: dans icclle delcédent des pays lointains grans 8c
beaux fleuues,trefabondans en toute efpece de poiifons diftemblables aux noftres . En la
plus prochaine ifle de l'entrée (commei'ay dit defTus) Villeg. auec fa côpagnie s'eftoit reti-
ré pour faire vn forc,felon la promeiTe qu'il auoit faite au roy Héry .Puis que nous fommes
f ur ce propos ,ie penfe qu'il fera bon de déclarer par qui &: en quel téps, celle riuiere,&: cô-
fequemmét toute la terre a efté delcouuerte, à caufe que plufieurs eflognezde la marine,
ont opinion que ledit Villeg.a efté le premier qui eft pafte en ces pays-la.
La terre Oc Or la vérité cft,qu a la defcouuerrurede la terre Occidétale,qui fut l'an i497-par Chri-
cidêtale def ftophlc Colô aux defpensdu roy d'Eipagnc,Americ Vefpuceibldoyé parle roy dePorcu-
couucuc. gaj futenu0y^ia partiedeMidv, où il recogneut toute la terre du Brefil continente par
longuediftancedecheminauec les Indes occidentales. Ce téps fut enuiron iyoo. Les Por
tugalois defnans habiter les plus beaux ports & haures qu'ils trouuoyent en la recognoif-
fance de ladite terre, érigent vne tour de pierre en la riuiere de Colligny qu'ils nommerét
pour lors de Ianuario.-pource que le premier iour dudit mois ils y entrèrent. En celle tour
lcldiLs Portugalois auoyét laifle quelque nôbre de poures condanez à mort pour pmuter
auec les habitas naturels, auili pour apprédre la langue. Apres quelques années paiTees,L
ceux fe portcrentli mal à l'endroit delditshabitans naturels, q par iccux fut la plus grade
partie
En Uterfc^'det Amérique. '44 j
partie exterminée , faccagec & mangée : les autres s'enfuirent en la haute mer dans vn ba-
ftcaurdepuis les l'ulclits n'y ont ofé habiter,car leur nomyeft demeuré fi odieux,qiufques
auiourdhuy ils ont en délices &C volupté de manger delatefted'vn Portugaloi s. Quelque
temps apres,qui fur,peut eftre, en l'an m . d . x x v .les marchans Frâçois de la ville de Har-
fleur y cnuoycrent leurs nauires pour traiter aucc les habitas naturels, defquels ils tirerct
du bois de Brefil,des poyures& autres mârchandilcs.Iceux compolèrét encre eux vne al-
liance qui dure iulques auiourdhuy , depuis Ion a continue cous les ans delà nauigacion.
Pour telles caufes Villeg.ne peut eftre premier delcouureur , ne melme habitant de celle
terre : mais il furfitauoirtraitté légèrement deladefcription decclledite riuiere, entant
qu'elleeft neceflaire à 1 intelligéce de celle hiftoire , priât celuy qui en délirera {auoir plus
amplement,de lire les traittez qui en ont efté faids.
^"Ma inthnant retournons à la compagnie paruenueauporttantde fois d'iceux
defiré.Ils delcendét en terre le7.de Mars m.d . l vi.où ils furet receus de Villeg.&: de tous
les liens à grande ioye, fanant demonitration de rehouilfance extérieure par tous les mo-
yens qu'il pouuoitinuenter , pour le nou.ueaulecours qui luy eftoic venu heureul'cmct&:
a fouhait.La poudre à canon n'y fut cfpargnee,nc les feuz de ioyc,n'autre choie qu'on ob-
férue ordinairement en tels actes. Les minières prelentent leurs lettres d'élection lignées
de Ï.Caluin:enfenlble rendent ample tefmoignage de cous ceux qui eltoyentpalTez auec
eu*. Villeg.ayantleukfr, lettres fut grandement confoié & refiouy en ion entendement, La bien ve-
çognoùTantquetantde vertueux &c honneftes perfoanages,auoyét l'on entreprile en fin- J^fat^
guliere recommandation. U leur déclara apertemenr quelle afFcdion Tauoit induit de re de l'Ame
îailTer les plaifirs èc délices dç France,pour viure priu ément en celle terre: où s eftant veu ri<îuc-
mal accôpagné les années paifees, auoit fupplié meilleurs de Gcneue uele vouloir iécou-
rir &fauoriièr. Et d'au tant qu'ils auoy et ia demonftré vne partie de leur bonne afFedion ,
par le nombre des gens qui luy eftoyent venus de leur part:iceluy s'en fentoit d'au tac plus
pbligé en leur endroit,&; dellorsauoit telle confiance,qu'ils continueroyenr, veu les bons
eommencemens" qui leur* apparpilfoyent deleur bonne volon té,dequoy il les remercioic
trefafFe£tueufement.Aurcite,quanç aux Miniftres ôcàleur compagnie,les pria d'eftablir
lapolice& discipline derEglife.lelon la forme de Geneue , à laquelle il promit en pleine
aflemblee, fe lu b mettrez la compagnie pareillemct.Quant au gouuernement ciuil,il el-
leut dix perfbnnes des plus notables pour le corps du Confeil, auquel il prefidoit ; deuant
Jefquels tous les différés tant ecclefiaftiques que ciuils,eftoyent décidez. Ce voyâs les Mi*
niftres louent grandement le bon propos,&: exhortent toute l'aflembleelc monftrer mo-
deftes &c feruiables en toute raifon:puis après auffi font entédre que pour les mefmes eau
lès qu'ils auoyét ia entédues auparauant»»ls auoyét delaifle la Fracc, leur pay s naturel,au*
cuns leurs femmcs&: enfans,biens &ç potfelïjons pour iouir du bénéfice de la prédication
derEuangile>l0quele(peroyét)auec lagracede Dieu , pouuoir la prendre pied & racines:
te s'il leur acçprdoit ce poind, il ne deuoi.tdouter qu'auec luy ils eftoyet prefts d'endurer
toute extrémité &: langueur qui le ppurroit prefcntcr,philtoft que l'abandoncr. A quoy il
fit refpôiè qu'il vouloir^: entédoit q l'Eglife fuft policée &c ordônee corne celte de laquel-
le ils eftoyét partis.Car il auoit dés long téps(comme il difoit)dedié là vie 5c tous fes bieni
al amplification dicel le: n'ayant plu s aucun defir de retourner en France . Chacun oyant
jtellesparolles,receutvn courage merueilleux de s'employer en tout ce qu'il eftoit appelé,
corne les Miniftres en leur miniftere,lequel ils exerçoyent par ièpmaines pour le foulage-
rnétfvn del'autrejàcaule qu'il conuenoitprefcher vnefois tous les iours,&les Dimâclies
deux fois. Les artifans & autres lelô leur pouuoir, auâceroyét la fortificatiô à laqlle on les
employoit corne pou res caftadous: ce qu'ils nercrufoyent, tant auoyent d'efpoir aux pro-
menés dudid VjllegJEn cebon tram, aduït(qui a efté depuis lafource detoutledeibrdre
qui s'en cft cnfuiuy)qu'vn nômé Iean Cointac eftudiât de Sorbône, lequel eftoit pafle en
lacopagniedes Miniftrcs,d'autât qu'il eftoit homme dode lettréùccluy autrement de L'amb;tion
bon entédement, mené d'vneambitiô &fol delir deftreeftimé plus dode quclcfdics Mi- de LCofac
niftres,an°edoit l'inrédéce d'Epifcopat par deiïus iceux,alleguât qu'elle luy auoic efté pro ^J^6-
mifeen France. Mais il en fut débouté côme vn téméraire Se im puden r, eftac depuis mal
cftimé en la côpagnie.Ilcôceut vne haine mortelle côcrelefdics Miniftres faifàncprcuue
de la folie en toutes les difputes&: prédications, epilogant rigoreuiemenc pour eftre veu
quelque choie. A la vérité il auoit en apparence extérieure qlque marque de vertu > ceme
•vne prôptitude de bien parlcr,de faire entendre ec qu'il auoit çôceu en l'entédeme-iu, foie
FF.iii.
Liurc^VI* Terfecutiondesjïdeles
en Latin ou François . Outre s'addonnoic au gouft &plai(ir d'vn chacun, à caufedequoy
Villeg.l'accofta ce prefta laureiUeà beaucoup de folles queftions , lefquelles il rapporcoïc
en publicpour eftre vcu lupericur,& plus idoine au Minifterc,queceux lefqucls auoyenc
elle légitimement &: par fuifrages efleus félon l'ancienne forme de l'Eglife.
L e tem ps ex pire q ue Ion deuoit célébrer la Cene,(car il auoit efté ordonne' au Confeil
que tous les mois clleferoit célébrée) Cointac demande quel appareil on vouloitfairc,où
citoyen t les veftemens Sacerdotaux,les vaiffeaux dédiez &: facrez pour tel vfage:cn après,
au'il eftoit conuenable&: necellaire vfér de pain iàns leuain , de mefler l'eau au vin, éc au-
tres telles queftions. Il confermoit lès argu mens par les anciens, affauoirluftin martyr, Irc-
nee,Tertullian,&: autres. Les miniftres iniîltovent lurce,d'autât qu'il n'y a aucun tefmoi-
Diffcrent gnage en la parolle de Dieu, ne melmc exéple, partant il conuenoit fè relbudre fur ce que
wc^vuiec;? noftre Seigneur leius & les Apoftres nous aurovent laille par eferit. A quov contrarier ils
& les Mini- euffent efté veus pluftoft rebelles q vrais enfans. Dauâtage leldits Miniftrcs rcmonftrenc
dluchCe. 'a promeflê qu'on lcur ai,0'c faite,tant en France qu'en ladite terre,pour viurefclon la rê-
ne dusei- formation qui eftoit au lieu d'où ils cftoyent partis. Villeg.s'adiointà Comtac,&: côfide*
gneur. fC jcs anciCns, aulquels il dit auoir plus d'authorité, qu'aux docteurs modernes. Et d'autat
qu'il voyoit que Clemét prochain des Apoftres auoit meilé de l'eau au vin, il infifta rigou-
reufement que ladite mixtion fe deuoit neceffairernét faire, & qu'elle fefcroit,vcu qu'il c-
ftoit le chef en celle côpagnic: car line voyoit rié qui l'en peuft empefeher . Les Miniftres
& la plus grand' part de l'aHemblce , n'eftoyct d'aduis que celle mixtion fe hit neceftaire^
mét,&: mel'mcs, qu'ils neladeuoycntadmettrerafin qu'en aucune maniere,cellefupcrfti-
rion n'entraft en l'£ghic,qui feroit à l'aduenir eau (e de grans troubles. Pour ceftecaulc ils
demandovent qles promettes qui leur auoyëteftc faites, fu fient inuiolablement gardées.
Ils adiouftoyet autres articles, allauoir que tout le pain qui lèroit mis fur la table, lors que
le Miniftre prononce les parolles, eftoit coniacrc:& parconfequent.s'ilcn relloit quelque
chofe,demouroit fainct:&: qu'il le conuenoit referuer pretieufement, comme iainctes reli
ques,iouxte la forme des eglifes deRome . Cesdifputeslèfirétdeuât radminiftratiôdela
Cene,& s'appointerct Iegeiemét:pour le moins, les parties d'vne part &: d'antre, feignoy-
ent eftre daccordrafin q l'vfage de laCenc nefuft retardé à vn autre téps. Villeg.&Coïtac
vovans qu'ils nepouuoyent gagner ce poind des Miniftres, que de leur faire côfefler que
eVftoitchofcfort nccciTaiie,&: côme dépendante du Sacremct,que la mixtion de l'eau au
vimfecrctement il cômanda au maiftre d'hoftel d'y mefler de l'eau félon ce qu'il (èroicrai-
fonnable.Les iours precedens aux exhortations &: prefches,Ies miniftres auoycnt admô-
nefté vn chacun de lelonder foy-mefme&s'efprouuer , premier que de le prefenteràce
laincl banquet:&: en particulier ils en firent trefbien leur deuoir.Or pource que Cointac
s'eftoit trouué fort eftrangeen dilputes, &en les mœurs mal reformé:d'auantage qu'il a-
vSiepï ne uoitconfeflfé à quelques vns, qu'ihenoit vn beneficcen France, l'vndes Miniftres le pria
toniciiïon de rendre confdfîon de fa foy publiquement, afin qtoutela mauuaifè opinion qu'on pou
de leur loy. UOJC auoir je luy*puis après demeurait du tout eftemte: ce qu'il fit fur le champ, au grand
contentement detous. Villeg.fèmblablcment ceiourrenditpubliqueccrtificationdefa
fov, bien ample & lainde,delaquelle chacun le trouua fort content.
Cointac derechef irrité par le commandement du Miniftre, & voyât qu a luyfeul
on s'eftoit addrcflc:rctient en fon cceur vne mauuaiiè aflé&ion.Nonobftat ce,la Cenefut
adminiftreeà Villeg.Cointac&tous autres qui fem bloy et eftre dignes:auecpïoteftation
d'appointer tous les troubles & différents qui éftoyent lacfmeus entreeux.
Pe v de iours a près Cointac fècomplain&priuément à Villeg.de 1'iniure qui luy auoit
efté faite par le Miniftre en pleine congrégation î&renouuela/it les queftions comme ia
aflbpies,eux deux cerchent occafîon de calomnier l'inftitution de l'Eglife: ils conférée les
anciens auec les modernes,&cottcntladifterence:&:reduifenten catalogue certains ar*
ticles, qu'ils aitermoyent eftre trefnecefTaires à retenir . Et d'autant qu'ils confîderoyent
quel'EglifedeGeneuelesauoitcenfurez,ils ladeclarent malgouuérnce&: meimeadmt-
L'EgliTcdc niftrec par hérétiques. Toutefois ils n'admettoyent tous les points de la Papauté, en la-
mecTrvîf quelle ils confcflbvent auoirdegrans abus : pareillement vonloyent retenir ce qu'il leur
Irg&Coia- fcmbloit bondes Alemans,& dcleurfantafieadioufteroudiminuer,ayasafTediôdefaire
AmcVs d Vne ^c^cnouuc^c-Lesarricles c[\oycni,QueleBaptefme fe deuoit faire auec du fcl,ducrachaty &*
VillcgA l huite.Le pain delà Cene, eifoe conjacré feulement par la prolation du preftre^ftns auoirefgardalafoy du
Corne jc. recetutnt.Qifil eftoit neceffaire porter iceluy pa'm conftoxau maLtde s il le mpteroitfic autres i n fi n is,qui
iéroyenç
En la terrâ de t aAmeriqUc_j. 44. 6
fcroycnt trop longs à racon ter. Defqucls articles de iour en iour s'augmctoyent les dif pu-
tes fore aigremenc. Ce mauuais commencement futgrandcmctfauorifé de quelques re-
monftrances faites par aucuns, qui pour lors ne penibyent que la confequence en fuit li
grade qu'elle a efte depuis. Lefdits firent entendre audit Villegaignon , que le bruit elloit
grand en France, Qii'il cftoit paffé grand nombre de Lutheries dans les nauires,qui pour-
royent efmouuoir le roy Henry à luy donner beaucoup d'ennuy, commede proferire fbh
bien, retenir fes nauircs, empefeher qu'homme ne luy donnait fecours . A quoy il confi-
dera bien long temps,&peniaquecelafepourroitfaire,partant délibéra d'y pouruoir.
Qv e l o_v e s îours après on fît deux mariages, où la plu s part des Capitaines, Min i-
ftres,&: orRciers de nauire,& des matelots fe trouucrent en grâd nombre. Ce iour Richer
eftoit en làfepmainc , &: auoit en fon texte le baptefmcde lainct Iean, déclarant ce paiTa-
ge, touchant les traditions humaines par lefquellcs ce fainit Sacrement a efte corrompu:
&c certes infifta fore longuement, appelât ceux qui auoyent introduit le fel, cracrjat,&: hui
le,fauflaires &: mal aduiiez. Villegaignon(la prédication hnic)en grande colère deuant 1»
aiTemblce dément Richer , &: protefte contre luy , que les fuldits qui auoyét introduit lef- ^j|kfjfn5
dites cérémonies eftoyent plus gens de bien q lcditRicher 6c lès lemblables:&: quat à luy, mcnt [eMj
il ne vouloit détailler ce qui auoit cite la oblcrué par plus de mille ans , pour s'adioindre à mftre-
vnenouuelle fecte Caluinicnne . Beaucoup d'autres iniures&: fols propos furent tenus ce
iour d'vne part & d'autre.Ledit Villegaignô procefta de là en apres,dc ne plus afiifter aux
prédications &z prières, voire mefme de ne manger aucc eux. Richer defirant faire enten-
dreles parolles qu'il auoit dites en prefehant , pour fe purger des calomnies que Villegai-
gnon & Cointacluy impo(byent,ne peut élire ouy.Toutefois les plus apparés de la com-
pagnie defplâifans grandement de tels difeords , persuadèrent aux parties, après longues
remonftrances tant d'vne part que d'autre, de trai&er quelque bon accord: ce que Ville-
gaignon Se Cointac promettent faire , moyennant que les articles mis en contention fui -
lent réduits en catalogue,&: enuoyez aux Egliles de France &c d' Alemagne, pour en déci-
dent pour ce faire plus leurement , le plus leune Miniftre dit Charrier , fut efleu pour les
porter.Cefte fraude fut controuuee pour s'en desfaire, commeledir Villegaignô adepuis ^°tcczt^ies
conftfte. Ce temps pendant Richer qui demcuroit,auroit liberté de pre(cher,par telle tmy" a£
condition qu'il s'abftiendroic dvfer des Sacrcmés,&: de parler aucune chofe contre les ar- miniitritiô
. . ■ de? Sacre-
ticles mis en contention. faiefKa def.
Co m b i e n que telles conditions fembîàfTent iniques&: fort preiudiciahles à l'Eglife, plcuauxiup
neanrmoins pour acheter la paix, toute la côgregationles récent, elperant que les deiïu{- ^°fts dcS*~
dits garde; oyentinuiolablement la rc/blution qui viendroit des Egliles, tant de France q
de Suifte. Mais ils auoyenc autrement refolu entre eux : car ils entédoyent ne receuoïr au-
cune chofe qui fuftdecideede la part delditcs Eglifes,leulement delaSorbonnede Paris.
Villegaignon fevoiden ce différent aucunement contraint, &. empefchc , attendu que
les nauires qui auoyent apporté leldits palfagcrs cftoyct encores là prefts à partir, s'il euft
empefehétout incontinent (comme puis après il a fâit)deneprcfcner . Par fapromefîcil
deuoit reniioyer toute ladite compagnie en paix, comme ils eftoyent venus, qui luy fuft
tourné non feulement à deshonneur, mais aufïî à fon grand defàuâragc:car il fuft demou-
ré feul,en proye aux habitans naturels &: Porrugalois. Pourcouurir (on mauuais vouloir,
faifoit entendre à vn chacun, qu'il ne demâdoit que le repos &; vnion de l'Eglife . pareille-
ménrpoûr ne perdre la bonne réputation qu'il auoit acqmfeen France par lettres il fait
entendre à vn chacun , qu'il s'oblige de tenir la refolution des poincts, dont ils s'eftoyent
trouuez en contention.
En attendant ledepartement des nauires pour conformer l'alliance de parfaitea-
mitié entre Villegaignon & Cointac, ceftuy s'amourache d'vne ieune fille de Rouen, qui
auoit liiccedé à quelque bié,par la mort d'vn fié oncle decedé audit lieu du Brefil: il la de-
mande en mariage, & luy fut accordée auec grandes promcfîes aduantageufes de nela
lajlïer iamaisenneceflîté. Ledit Cointac fut efpoufe en l'eglife par Richer. Bien rofta-
pres les nauires départent du Brefil, pour retourneren France, dans l'vn defqucls, Chan-
tier &: quelques autres s'embarquent, chargez des articles fu (dits, dcl'quels ils dcuoyent
enuoyer la refponle dans (ix mois après eftre arriuez en France . Villegaignon Se Cointac
voyans que fefpoit de retourner à ceux qui relloyent auec luy , leur cltoit totalement o-
fté, ilconfefla publiquement qu'il ne tiendroit aucune rcfolurion , fi éllen'cftoitifluede
la Sorbonne.Et auec ce adioufta beaucoup d'autres articles, aufquels Cointac ne fe treu-
FF.iiii.
Livre VI* Perfecution des fidèles
ua accordant :côme en la tranllubltantiation du pain dclaCene,inuocationdes Tainds,
prière pour les morts, purgatoire, & le facrifice de la mené. Dcs-lors aulsi Cointac le dé-
fia dudit Villcg.par ce qu'il ne tcnoit les promciles qu'il luy auoic faites. Lelabeur des po-
uresartifans s augmcncoit, n'ayant aucun elgard à rextreme famine qu'iis cnduroveiu:
quelques vns deidits artilàns voulurent remontrer leurs railons,mais ils en turent debou
tcz lî rudement, &: auec il grandes menaces, que depuis ils n'ofoyent ouurir la bouche
pour en parler Seulement îlslcretiroyent vers du- Pont &: Richer, lbus la foy deiquelsils
eiloyent paifez en celle terre: lefquels le voyans totalement abuléz en Villcg. deplorovec
leureondition milèrable. LeditVilleg. dcfdaignoitles prédications de Richer ,tantoft
voulant qu'il prcichait d"vn,tantolt d'autre : cequcnonobltant, ne peut iamais obtenir
d'iceluv. Parquoviis'cn ablcnca, & quelque partie delà compagnie: car la plus grande
partie de l'alfem triée trouuoit lî mauuais ce qu'il auoic u tufcite,que peu degens auoyent
opmion que les affaires delà religion par après le portaifent bien.
Il ne lera hors de propos deracontervn taict qui uiconci n e n t luruint , le s : nauires par-
ties de ceux delà compagnie de Gencue. 11 y auoit vn nomme leThoret homme de bon
Sourcedeb entendemét, avant fait proteisiô des armes en Piémont par vn long temps. A celte caule
îœ^ntre1 ^1^eê- ^e P°l* Capitaine de fa forterclle à la première diltributiô de les ctrats. 11 luv por-
Thorct. ta quelque temps bonne amitié, mais après auoircogneu qu'il ne vouloir rlcchir de Ion
coIte,autant qu'il lauoit aimé, aucant le dclàima:5: à petite occafion luydôna beaucoup
d'ennuis. Le taict elt tcl:Quclques Iauuages eftans venus au forr,pour receuoir payement
de quelques etclaucs qu'ils auoyent vendu audit Villegaig. furent en u oyez au receueur
des marchandées venu de Paris en la compagnie fuidite, qui s'appelloit la Faucille, du-
quel comme les iauuages nepouuoyentauoir raiibn,dcrechcf figniriét à Villegaig. qu'ils
fe vouloyent retirer en leurs village s, partant qu'il leur dll deliurcr leur paveme nt. Ville-
gaig. donna la charge à Thoret: lequel, comme il cuidoit remontrer audit receueur
qu'il raitoit mal de fe faire chaperonner pour li peu de choie , ils entrent tous deux en co-
lère telle, que ledit Thoret prouoqué par lesreiponfes de la Faucille, luy donne vn del:
Ortamun- menty. Or le conlcil auoit fait ordonnance que nul n'euit à defmen tir plus grand que
lbv, ou ion compagnon , à peine de faire réparation d'honneur vn genomlen terre, le
bonnet au poing, &c fuipendu de ion ofhce&: eltat , ii aucun en auoit, pour 5. mois.
Villegaig. & Cointac avant ouy le defmen ty prouoquent ledit rcceueur(qui autremée
cftoitpreiluefe réconcilier) de demander réparation d'honneur félon l'ordonnance. Ils
luv forment lacomplatnte,Ô£ au îour du conleil font appeler ledit Thoret, qui trouuoit
eltrangeque ledit. Vûjlçgaig. fc formalubit liauant d'\nc choie que luy-mefme deuoic
compoi er priuement, attendu qu'elle eftoitprouenue pour fon ièruicc. Etneantmoins
ledit Villegaig. auoit le faictfi affecte qu'il fembloiteftreiugc& partie. Nonobitant Tho
ret fepreleiue au conleil, où il confcftçauoir donne ce ddmenty, lequel il vouloic main-
tenir eitre bon: entant qu'ihauoit elle par trop prouoqué par ledit receueur: fur ce re-
queroit ledit Thoret quel'ordonnancefiiit ianspatsion conhdercc,! laquelle il ie fub-
mettoit. Aucuns du confeilettoventd'aduisquece différent fuit appointé par deux arbi-
tres : car ils rrouuoyeni tous les deux en faute , tant celuy qui auoit donne ie delmenty,
que ecluv qui l'auoit prouoqué par iniurcs,&: propos déshonneurs. Lcuraduis eftoit
quefordonnanceiedeuoitcxpoiér plus amplement, afin que fi les deux eftoyent coul-
pables, îlreceuiTentles mefmcs peines contenues en ladite ordonnance. Villeg.&Coin.,
tacn'approuuentteladuis ,ains au contraire infiitcnt fur l'ordonnance, laquelle deuoic
auoir licu,cn tant que le défendeur conreffoit l'iniure :& conibié que la pluralité de voix
conclud qu'ils ie deuovent réconcilier enfem blc par arbitres, ce nonobitant, Villegaig.
prononce que Thoret iéroit condamné aux peines contenues en l'ordonnance: à quoy
a grandes diffîcultez &: prières feconddeendit ledit Thoret homme vaillant &adextrc
aux armes :cognoilfant quelciugementeltoitfait pat les propres ennemis. Toutesfois il
obéit a la prière de Richer & du-Pont, qui le prièrent de prendre patiément le tort qu'on
luvfauoit. A\antlatisrâità tout ce que l'es ennemis vouloyent, craignant troubler l'E-
ghie fut fuipendu de ia capitainerie pour quelque temps : pendant lequel Villegaignon
& Cointac femoquovent de la patience de ceux de Geneue,leiquels ils appcloyençpu-
fîihnimes : &: le vantoven t, qu'jls auoyent fait faire amende honnorablc audit Thoret,&:
prenoyent ce comme note &C marque d'infamie.LaqucUe moquerie &: indignation ledit
Thoret porta fi impaticmment,que d'vn grarid defplaiiir s'adué tuta de palier vn bras de
mer
En la terres de t Amérique^. 4+7
mer de deux lieues , le plus fecretement qu'il peut , fur trois pièces de bois liées enfem-
ble : pour trouuer paifage en vn nauire de Breton , qui eftoit à vu port diftant de la trente
lieuës,où il fut fort bien recueilly du Capitaine.^ De là en après Villeg. voyât auoir acquis L'Egiifc Jcs
vn tefmoignage de cruauté , pourfuyuir le relie de ce qu'il elperoit mettre à exécution , ii fide'« œ-
l'heurle rauorilbit comme il auoiteommécé. Car lagrande modeftie&: patience des pol grL"n!ic"x-
ures perfonnes accreut tellement l'audace de fon cœur, que plus il ne penfoit que ruiner, trcnmé,
méfier ,&:rcmicrièrdeiïusdeiîbus toutl'ordre Ecclefiaftique& Politique, lefquclsluy-
mefmeauoit en vne fi fàin&e affection érigé, eftably,&: confirmé.
Premièrement il déclare le Conleil nul , difpofant les affaires communes fclon les de-
firsde fon cœur. Il fait in h i bidons & defenfèsàRicherdeneprefcher plus, nedes'alfem-
bler pour prierai ledit Richer ne changeoit les prières mal fondées, comme il difoit. Cet'-
tainement il efperoit les réduire en telle extrémité , qu'ils feconfentiroyent à introduire
vne nouuelle religion forgée en fon cerucau.Ladéfblation eftoit grande en la compagnie
pour les troubles efmeus , &: mefmcs en vn temps auquel il n'y auoit aucun moyen de re-
tourner en France. Souuentefois ils fupplient ledit Villeg.de permettre que ceux de leur
compagnie fepeu{rcntaiîémblerlibremcnt,attédans la venue des nauires, pource qu'en
faine conlcience ils ne le pouuoyent retirer auec les lauuages, du tout ignoran s de là reli-
gion Chreftiéne.Cequ'onques ils ne peurent obtenir duditVilleg.&: mefmesleurdefhi^
palTage fur fés nauires,les repu tas ii miiérablesquelamernelespôurroitfouftenirqiHn-
continent ne fulTent engloutis des ondes,& caiife démettre les nauires en perdition . Si
onques poures perfonnes furent en perplexité;ceux-cy certésy eftoyent bien autintf lotir*
rezxar de toutes leurs requeftes plus qraifonnables,iamais on ne leur en voulut ottrdyer
vne feule. .
Mais pendant leurs altercations,arriua vn naiiire François de' la ville du Haute de grâ-
ce, non de ceux de Villeg.ne de lès alliez : le capitaine duquel fè monftra allez fauorable à
du-Pont &: àRicher,&: aueciceluy compoferent,moyennantlâ fbmme decét efèns/pour
feize perfonnes,de laquelle fomme fefaifoft folùable ledit du-Pont poùt tous ks autrses.il
reft oit auffi d'obtenir leur paffe-port &: congé, car autrement ledit capitaine nel'euftfait;
Villeg. ayant entendu q le paifage eftoit accordé dans le nauire ribùuellement Venu, fut
grandement indigné contre ledit capitaine , le voulant empefeher de charger fon nauire
des commoditez des fauuagcs: mais lefdits fàuuàges auoyent iâ promis audit capitaine^
officiers ,de luy fournir ce qu'il demandoit.^" Villeg.refula le congé que leur demandoyét ÏÏj£'J£'fi
du Pont &. Richer,alleguât qu'ils auoyent promis de luy tenir corn pagnie,iufques à la ve^ ddes de (or
nuedeics'nauires:cequ'onluy accorda eftrevray, fi de fa partiln'euft violé fes premières tir dcrAm«
promefTes , leur ayant contre fa foy , faitdefenfe de ne prelcher, nemefme1 prier Dieu en
compagnie:qui eftoit les priuer du plus grand bien qu'ils euflènt feu fouhaitter . Corifide-
ré auffi que les iours paffez il leur auoit tenu des termes fi rigôureux,tendarit du toutà les
exterminerais auoyent efleu vn moyen fort propre pour luy &: pour eux,par le nauire qui
eftoit nouuellement arriué.Dauantage,alleguent qu'ils trouuent fort eftrange q lesiours
palfez il les vouloir chaffer,toft après les retenir: en fin conclurent auec luy qu'ils s'en'vou
loyent retirer en Frànce,congé ounon:parquoy qu'ily aduifaft :&: vferent deparolles ru*
des , par lefqûelles ils declaroyent que d'autant qu'il auoit rauffé fa foy , &c apoftatifé de la
religiomne le cognoiflbyent plus pour leur fouuerain fèigneur,mais pour tyra &: ennemy
delà Republique. Villeg.oyant parler fî audacieufemenr, leur dône congé en telle forme
qu'ils voulurent,&i leur enioint defortir defon ifle le pluftoft qu'il leur feroit poffible. Au
départir il n'y eut coffre, malle, ne paquet,qu'il ne vifitaft, cerchât occafion de les furpre-
dre en larrecin.Les artifans auoyét apporté quelques vtils de leur meftier , femblablemct
le Miniftrc & du-Pont,liures pout leur particulier eftude. Villeg.rauit & faifît le tout,di-
iànt qu'il luy appartenoit, comme eftant acheté de fon argent ', 6c félon vne ordonnance
qui auoit cfté faite au Côfeillors que le tourcftoit en l'on entier.Tout le bagage ne fe peut
tranfporter dans vne barque à vne fois: pourtant deux demeurèrent attendans lefecond
Voyage du bafteau, leurs beforgnes eftans fur lagreue.L'vn des deux eftoit tourneurjau- TonAScvri
tre mcnuilier.Villeg.viiite les befongnes du tourneur, où il trouua quelques vaifTeanx & ^vn'loTr-
coupes tournées deboisd'hebene,lefquellescepoure homme(quiauoitchargedenfans) neur.
auoit faites les iours qu'il ne befongnoit point pour ledit Villeg. afin d'en retirer quelque
pièce d'argent eftant arriué en France. Corn me iceluy Villeg.ne pouuant plus con ten ir la
rage dont il eftoit tranfporté,luy impofa qu'il eftoit larrô,d auoir fait tels vaiffeaux de fon
L/«ro VI. Terfecution des fidèles
bois,& leua deux ou crois fois le poing pour le frapper. Toutefois pource q quelqu'vn de
les ramihcrs rappcrccur,il fe côcint pour celle fois:neantmoins il le végea fur les couppes,
lcfqucllcs il calTaô£ froilfaaux pieds, blalphcmantik: delpitant lenô de Dieu. EiUt reue-
miàluyô£facolerepaifec,eutiouuenâccqle tore qu'il auoicfaità cepoure hômeeltoit
fort grand,&: feroic vn argument à la poil enté d'vn cruel 6c barbare raict,&: tcfmoignage
aux autres de la côpagnie,que s'il euft cuidéeftre leplus fort,illeseult tous tait palier au
fildel'elpce.lliugea que la mémoire de ccgricficroitefteîte s'ilfaiibitreftitutiôdequel-
q choie au tourneur pour le dômage qu'il luy auoit fait:&: cômâda à ecluy qui la porta, de
Reuoltedc l'excufcr. ^ De tous ces troubles 6c mutatiôs les gentils Jiômes familiers 6c lëruitcurs
Viiieg.qui a dudit Villeg.furctgrandemét côtriftcz,attendu que la plus part d'iceux auoycntcfté par
ipaûtre™11 Villegaig.catcchifez,&: mftruits la première &: iecôde annee:&: aviec leiqucls ilauoit
refifte à tant de contrarierez qui fe prefentovet au commcncemenrdclquels aulsi efto\ ét
tefmoins des premières faichencs,rcbellions,&côfpiratiô$ desquelles le Seigneur l'auoit
garenty.lceluy Villcg.les voyat affectez à l'opinion de Richcr,s cltudie pour les duTuader
dcnefuyurcrhercficdcs modcrnes,qui eiltotalemétrepugnante(côme il diloïc)aux tra-
ditions des premiers Pères , lefquels nous auoyent delaifle vnerbrmclelon les préceptes
des A pohVcs. Premièrement par douces parollcs 6c gracieufes les cuida rendreà fa dcuotiô:
puis voyant qu'il n'auançoit beaucoup,vlà de grandes menaces, 6c mauuâis Taictcinenc
aux vns,aux autres cômilsioii d'aller delcouurir des terres bien loin delà. En finil n'ou-
blia rien pour les diuertir de la bonne opinion qu'ils auoyet conecu > elperant obtenu par
rigueur, ce qu'il n'auoitpeu par douceur &: amitié.
Le heu où fe retira la compagnie de du-Pont 6c Richer eftoit en terre continente, di-
sante du fort de Colligny demie lieue, au village que les mois précédés auoyent côftruict
quelques pourcs François,que Villeg. auoit chaile defon iue,come bouches .n utiles. En-
tre lefquels cltoit Cointacq. îa s'apperceuoit du mal prouenu de Ion ambitiô : car du tout
eftoit delaine de celuy duquel il elperoit receuoir grande courtoilic 6c hôncltete : dcic&ê
en terreauec les fauuages,cômc perfonne de nulle valeur. Il lettelbufpir s,regrets, 6c dete
ftc le lour 6c heure que ïamais auoit eu cognoi/Tance de Villeg.Du Ponc,Richcr 6c leur co
pagnieviuoyent des viures q les naturels habitans leur appo.tcyét:cômc racines, frui&s,
Humanité poiifons,&: quelques légumes qu'ils achetovent de leurs chemilcs& veftemens , àcaufe
dejûuua-t qu'ils n'auovenr aucunes marchandiies,ne moyen d'en recouurer : & ce en attendit que
leurnauirctuftprelt. D'autrepart Villcg.voulatempelchei le Capitaine du nauiredene
palier les iuldits, il les accule degrands&: énormes crimes tant aux officiers , qu'à queL
ques matelots, qu il vuyoïtiamurmurer.Telles calomnies eimeurent vnefedition entre
leldics officiers Se matelots. Les officiers vou lovent tenir leur promelfc ,confideré qu'il
leur en prouenoit vnegrande ibmme de deniersdes matelots au contraire,qui ne partici-
poyent à icelle,relîitoyent de tout leur pouuoir.
Villeg.ce temps pendant, voyant que Ion entreprinfepeu s'aduançoit qu'en vain
trauailloit de reuoquer ce qu'il auoit planté en lès leruiteurs , cerche les occalions d'exé-
cuter vnemauuaifevolontc,pour donner exemple aux autres de ne demeurer trop per-
tinax en leurs opiniôs.ll s'adrefTe à vn lien maiftrediioftel qui l'auoit lèruy depuis le iour
de Ion embarquement,&:en fes fafcheui'es fortunes tresfidelemét lubucnuul cerche beau
coup de petites choies fur fon cftat,aufquelles ledit maiftre d'hoftclfatisfaitfuffilàmmét:
luy refpondant le plus gratieufement qu'il peut,lefupplia d'autant qu'il cognoifloit q Ion
fetuicc neluy elloit agrcable,aufsi qu'il n'y auoitaucun refte d'Eglilè, deluy dôner congé
de le retirer en France auec les autres: ce qu'il diffère for t lôguement, le menaçant de luy
faire dôner les eftriuieres,ou les chaînes aux pieds.cn fin ennuyé des requeftes ordinaires
dudit maiih:ed'holt.cl,lc îetta rigoureufemet hors defô Fort, làns auoir clgard à trois an-
nées de fon feruice: 6c qui plus eft,n'eut hôte de luy ofter quelqs veftemés qu'il luy auoit
dôné,cltât à l'on léruice.Huit iours après , celuy qui auoit elté pofe en la plac edu fuldit , à
caule qu'il reprenoit ceux q iuroyét 6c blalphemoyét,&: s'employoitde tout Ion pouuoir
à reformer la viediffoluedes domcltiqs dudit Villeg.furlelquels il auoit authorité, il fut
loudaincmcntaccufé d'eftre vn miniltre: 6c outrece qu'il cuita vn nôbre infiny de coups
de ballon ou les chainesdefer, endura beaucoup d'iniurcs& mauuaistraidemés,perdit
beaucoup de fes beiongnes,& fut chalfé bic rudcmétdeql feretira auec du-Pont &autres.
On peut reciter enecres vn autre a£te,autat vertueux que lesautrcs.il auoit au cômen
cernent mené auec luy plulicurs perlonnes de labeur à fes gages pour le téps de z. ans,das
lequel
En la terre de t Amérique, 44.8
lequel plufieursmoururent,accablezdclabeur,&:attcnuczclcfaminc& langueur: au-
tres deîquels la nature eftoit plus robufte, refifterent mieux aufditsafl'aux : combien
qu'vn iour attendant la fin de leui terme, leur femblaft vn an entkr,entant que iansrt- Comment
lafche immodérément ils trauailloyent, ne mefmes fans eftre fuftentez qued'vne ta- [«poures
rine,de laquelle l'ay parlé cy deiîus, cncoresn'enauoyentils à la quatrième partie de y^JJ^J
cequ'ilconuenoita fuftenter nature : auec ce ,lcur breuuage eftoit d'vne eau puante twitez.
&l intctte,d vne l'aie cifternc:pluftoft poifon au corps humain, quenourriture. Vn de
cefte compagnie ne pouuat plus fupporter la necelîîté, pria Villeg. de le lailfer alle r vi-
urcauccleslauuagesxequ'illuyaccorda , moyennant qu'il quitteroit i'esgagcs, &c de
ce paileroit acte deuant le Notaire: A quoy Ce confenrit pour obtenir liberté. Ayant fe-
îournc quelque temps auec les fauuagcs,donnetous l'es veftemens pour viurciquandil
n'eut plus rienquelachemi(c,lefdicsl'auuagcslcchafTcntneluy donnans plus que vi-
urc. Ce poure fut réduit en li grande extrémité qu'il mangeoit l'herbe, & toute lorte
de fruiits indifférera ment, (ans cognoiftre ce qui luy eftoit pi oficable ou contraire : en
cefte grade langueur mada plufieurs fois à Villeg. qu'il print cÔpalsiô de luv pour l'hon-
neur de Dieu: mais iamais il n'eut rci'ponfe.vn matin on le trouua mort Àc faim lous vn
arbre. Ceux de la terre viuoyent en grande deftreflc,tant pour le défaut de marchandi-
fe,que pour le long feiour qu'il leur conuenoit faire attendans leur nauire. Et d'abon-
dant les matelots leur lignifient qu'ils ne pouuoycnt palier s'ils nefaifoyent prouilion
chacun de deux boilTeaux de farine:qui leur fut vnennuy bien grand , confideré qu'ils
n'auoycnt moyen d'en acheter : &C mefmes qu'il y en auoit grande neceftité en la terre.
Nonobftât ce, chacun cflaya de dôner ce qui leur reftoit d'habillcmés , pour fatiftaire à
la requefte des matelots:car leur affe&io eftoit fi grade defortir decellefafchcufeferui-
tude, que volôtiers ils le fufTcnt obligez à toutes côditions, voire prefques impolTibles. RappPr,
Commcs ces choies fe palîbyen t,ceux qui alloyent de la part de Villeg.à la compagnie pour tre
dedu-Ponr,rapportoycntdes propos bien legers,aftauoir que Villegaig.eftoit grande- b^r J"
ment defplailaiu qu'il n'auoitlacrifié tous les léize:&: mefmes adiouftoir, que s'ils tom-
boyent encores vne fois en la main,qu'il leur feroit bien fentir.Dautresfemblablemét
rapportoyent de la part de du- Pont & Richer , qu'ils blafmoyent leur pufillanimité d -
auoircomporté lï grandes iniuresdvn tyran , lequel onne deuoit lailTer régner non
plus qu'vnepclte.En après adiouftoyentlefdits faux rapporteurs, que les fufdits paifa-
gers le vantoyent de retourner bien accompagnez &: ordonnez pour le chalTerluy&
les complices. Certainement laplusgrande partie eftoit controuuee:&: telles pe lies
fôt trefdâgercufcs aux Republiques &gouuememét des Royaumes: car par iceux el-
les (ont dcftruiclcs&defolees. Les fufdits rapporteurs enaigriflbyétpar trop les deux
parties,cai ils y adiouftoyent foy,commc fi c'euft efte vnc chofe bien vérifiée. Or puis
que Richer &c du-Pont s'en retournoyent en France, Villeg.penfa de preuenir à la véri-
té que rapporteroyent les fufdits eftans de retour , &c que la bonne renomec qu'il auoic
acquile les années palTees,en vn inftant feroit fupprimee:s'aduifa de faire vn recueil de
certains poin&s qu'auoit prefehez Richcr,&à iceux faire refponfe pour côtenter les Pa
piftes,puis qu'il fe voyoit defatiorifé de l'autre part. Et attendu qu'il n'eftoit bien mémo
ratif du tout , il inftruit vn lien familicr(qui par grades menaces s'eftoit reuolté auec le-
dit Villeg.)&luy donnecommilïion defauoirdeRicher,quellceftoitfon opinion tou-
chant le Sacremct Vautres articles que ledit perfonnagepropofa, feignant auoirdeiir
d eftre cnlcigné:melmcmentfur certains poinc~ts defquels il n'eftoit bien refolu confi-
deré qu'ils cltoycnt prefts de leur département. Richer ne fait fcrupulc de luy dire de
bouche ce qui luy en fembloit.leperfonnage fait regiftre de toutes lesrcfponfcs,& fans
les cômuniqucraudicRicher, lesprefenteàfon maiftrequilesa efpluchez&: calôniez
comme bon luy a femblé. Il eft certain que fi Richer eufteftéaduerty que Villeg.dema-
doit ion opinion pour y refpondre,ileuft rédigé par eferit luy mefme auec meilleur or-
dre^ doctrine plus folide,quellc n'eft inférée au liure dudit Villegaignon.
En ce meime tcmps,commeledit Villeg.preueuft que beaucoup delà côpagniele
pourroycntlailfcr pour lemauuais traitement qu'illeur faifoit, aulfi pourlamutarion
de la rcligiôuugea qu'il feroit bié à propos de les eflôgner les vns des autrcs,cn enuoyat
les vns das vn nature en la riuiere de Plate, tendat au pol Antartiq plus aual 500. licuës:
Liurc^j VL L'ejtat de ÎEglife en ïoAmerique.
dans lequel pofa dixliuit pcrlonncs,&:deux pages pour les leruir. Il auoit pofc Capitai-
ne vn fien fîdclc feruiteur,& pour Maiilre,vn marinier qui auoit cite retenu du dernier
voyage,addOné, félon lacomplexion des mariniers, à tous vices : & ne fa ut croire qu'il
fuft dclaparticdedu-Pont&du Miniftrc : mais homme voluptueux, n'ayant aucune
crainte de Dieu. 3 Celle dcfcouuerture le faifoit tant pour ùirc abfcncer la compa-
gnic,afîn qu elle ne ie peuil adioindre auec les autres(commc il auoit opiniô) que pour
cercher quelque mine d'or ou d'argent, prétendant par tel moyen gratifier le rov Hen-
ry. Le iour précèdent qu'ils dcuoyent partirai fut dénoncé au Capitaine que le Maiftre
Afte exécra nauire auoic violé vn fien parent,ieunc enfant. Ce faid exécrable troubla ledit Capi
bie d'vn caine&fon équipage mcrueilleufement:confidcrc que ceftoit lur leur département,
marinier, toutefois ledit Capitaine ayant interrogue ledit marinier , lequel ne voulut confcfièi
foncrime,rcmioyeà Richcr lequel eftoittoufiours Miniftre , nonobftant que Villcg,
luy culldonnccongé:canlncrutiamaisdcpolc. Le Miniilre dénonce aumarinierla
grandeur de Ion pcché,&:îiciugement horrible de Dieu furet ux qui commettent tei*
vices. Le marinier appréhendant le mgement de Dieu tombe en grade fantalie de dcC
efpoir, fe voulant ietteren mer,& perdre malhcurcutcmcnt fa vie.-declarant extérieur
remet qu'il clloitde/plaifantd'auoit fait & commis tel adc. Richerfutd'aduis, voyâc û
repétance,q le Capitaine le pourroit mener au voyage, le menaçâut fort de iour en iour
delamort,s îlneledcclaroit&smonftroiteftre vrayement defplailant de tel raid.Par-
tancie lendemain le Capitaine parc auec le Maiftre du nauire, attendu aufTiqu'ilny
auoit que luy qui cuiKognoiilancc des manccures& pilotages dudit nauire. Quand a
àccqu'onavouludiicqucleditRicherluyauoitdonnc l'abinlution pour vn baril <ic
poiure , il appert du contraire,par ce qu'il a efté prouuc : car ledit marinier c ilant renc_
nu de fon voyage,&. fourhant la mort,a déclare deuantledit VillegAr plus de cinquan-
te autres perfônes dignes de foy,qu'il n'eitoit point vrayrtnais bien cil vray que quinze
ioursauparauâc qu'il fuit acculé dudit faict,il auoit vendu audit du-Pont & Richcr , \o
caque de poiure, qu'ils luy auoyent tresbien payé,voirc plus qu'il ne valoir: les tefmoins
font encoresla plus paî t en vie,& aucuns en France.
Le Capitainedunauirc des paflagers ayant charge (on vailfeau de toutes les com_
LcJcpauc-moditez qu'il peut rcconurer,fait embarquer tous les gens auecdu Pont,Richer,&:au
ment «Je cres qui elloyent en nombre de feize. Leditnauireappartille fit voile de la muicic de
£dTia Colligny pout fe mettre en mer, au grand defplaifirij mefcontcntemcntdc Villcg.&:
terre du Brc d'aucuns mariniers , lctqucls auoyent elle folhcitez pour empelcher ledit retour:
ûl' ou pourlc moinslcurdonnertel ennuy , par le chemin , &c en France , qu'yen peut
eltie mémoire de là a long temps. Les lufdits matelots eftoyent lîmples ma~
nceuriers dans ledit vailfeau,qui ne participoyent au profit& rapport du nauirc, par-
tant empefehoyent que letdits pallagers s'embarquallent : attendu Je peu de viures
qui reftoit pour vn iî iongpaflagc. On difoit que Villeg.en auoit pratiqué cinq des
plus vitieux, aufquels il auoit promis grands aduantages, pourucu qu'eftansarriuezen
France ils liuraiTent du-Pot &Richer à la Iullice:ce a elle veririé depuis. Ce nauire ayat
prinslahautc mci vingtcinqou vingtlix lieues , commença à puifer beaucoup deau
(ou pour auoit cité trop chargé, ou de vieillellé)en telle abondance,qu'vn chacun eut
grand peur &: craince de moi ttmefmementics mariniers qui trauailloyét 10111&: nmer.
a efpuifer iadice eau,perdoyent courage,confiderâs qu'ils ne la pouuoyent efpuif'er.Lc
Capitaine^: officiers, mcfmeles pallagers fe trouuerent li efperdus , qu'ils te fouhaî-
toyée élire encore en la rerredu Brelil.D aducnturc(felon la couftunu )on trainoit vne
barquearricrelancfics matelots la nuictlapcnlérent furprendre pour léfauueren ter
re,n'avans grand efpoir au nauire qui s'empliiToit d'eau : mais le Capitaine &£ offtcicrs
en eilansaducrtisy donnèrent tel ordre , que les mariniers ne mirent a exécution le
mauuais acte qu'ils auoyent propolc. Accilcaduéture uiruinc vn mcrueiileux accidét
du regorgement d'eau, dans la foute au pain bifcuit. La plus grand' part de leur bifeuie
fut perdu par le uegoutde ladite cau,qui decouloit deifus : ce qui defb;:ncha grande-
ment l'équipée autant ou plus que le refteda plufpart des paflagers voyant ksmarç-
lots deibauciic/.,:evoulcyt nt retiiercnterrcjdcmandansau Capitaine la barque que
le nature trainoit en poupperecqu'il leur fut refufé parledit Capitaine , attendu qu'il
euil cité trop preiudiciable,h lefdits pallagers s'en fuifent retournez. Ledit Capitaine
ayant
Charles Qminck 44 p
^ayant entendu par ceux qui trauailloycnc à trouuerle cours de l'eau, qu'il fe pourroic
eftancher, feulement il deuoitrenuoycr vne partie des pafIâgers,pour faire pJaceaux
autres . Etcomme du-Pont& Richer & quelques autres eftoyent prefh à fe rtiettre
dans la barque, ledit Capitaine les retint, leur donnant bon courage , que le tôllt fe
porteroit mieux qu'on efperoît. toutefois s'il yenauoitd'autres defdits paifagers qui
s'en voulufTent retourner, volontiers leur donneroit ladite barque, veu que les viures
gui reftoyent,nepouuoyentfatisfaireàtantdeperfonnespourvn fi long voyage.
Dv nombre defdits pafTaeerSjfetrouuercnt cinq personnes d'vnmefme vouloir, Cinc* t6~
1» ce ■ A a- • « 1 ' j 1 tournent e
lefquels acceptèrent 1 offre dudit Capitaine contre legre de tous leurs compagnons, u terre,
qui preuoyoyent bien que Villeg. leur pourroit faire quelque defplaifîr. Nonobftant
lefdits cinq perfonnages,eftimoyenteftre bien recueillis, confideré qu'ils n'auoyent
aucunement ofFenfé ledit Villeg. mais fait tout plaifîr & feruice. Parce ayahs prins con-
gé de leurs compagnons &: amis, auec grans foufpirs & regrets, s'embarquentdansle
bafteau,fe recommandons en la garde de Dieu les vns les autres,tat ceux du nauire qui
paflbycnt en France,que ceux de la barque,qui retournoyen t en la terre du Brefil:dont
les trois depuis y laifTereht 14 vie pour maintenir la vérité de l'Euangile* comme il fera
dit en fon lieu, après l'ordre &: fuitte des Martyrs de celle année, m.d.i vir,
CHARLES CONINCK, omLE ROY, BcGanl
CE ne font point vaines Ululions quand le Seigneur parvrayes apprehenfionsmanifefte quelque fois aux fiens
ce qui leur doit aduenir : Se quand par fain&e hardiefle on pourfuit vne vocation intérieurement engr.a-
ueeparlefain&Efprit.
E perfbnnagevintàlacognôifTancc de la vérité Euangcliquc cftant Cai"- M.D.LVn.
me à Gand eri Flandre, fi bien que Quittant l'habit monacal fe retira eri
Angleterre pour fuyurc l'Eglife de lefus Chrift: où il trauailla à ttanflater
liures d'vne langue en l'autre: comme de fai&ily tranflata eh langue Fla-
menguevn Commentâire fur l'Apocalypfc :6c LTîiftoiredela vie & mort efpouuanta-
ble de François Spera. Il y eftoit durant le règne cruel de Marier lors que les eglifes
pèlerines des Vvalons &Flamens furent charTees:& fe retira auec plufîeurs defâ na-
tion à Embden ville en la Frife Orientale. De là après quelque temps il luyprinten^ Èmbden en
uie d'aller vifiter les poures fidèles de fon pays i&cic mit en chemin l'art m. d. l V i: j^"'^*"
Comme il parloit d'Emfedenen s'embarquant , il luy eftoit aduis qu'il ehtroit en vh
Chreftiens
feu: & depuis au mefme voyage vne apprehenfion pareille lefàifit à Groninghe, e- F"**"»*
ftant en la maifon d'vn docteur nomméM.Hierome,&: des-lors donna à côgnoiftré
ce qu'il eftimoit par ces apprchenfîons luy deuoir aduenir. Le Docteur tafcha de le
diuertir de fon voyage, luy confeillant de n'entrer au pays plein de dangers , Si au-
quel les Chreftiens eftoyent traitez &: exécutez fi cruellement . Mais Charles fen-
tant au dedans vn fainft defir , furmontant toute apprehen fiofr de peur , rcfpondit qu'-
il auoit nccellairement à faire ce" voyage pour vn dernier dêuoir vers les fiens. E-
ftantparuenuà Anuers il y feiournà quelque temps à caufe de l'Eglife du Seigneur, HgiîfëiA*
en laquelle pour lors M.Gafpâr Verhcyden eftoit Miniftre :& de là s'en alla à Gand Ycmi.
pour y confbler lès fidèles : entre lefquels plufîeurs defailloycnt & fe refroidffîoycnr,
à caufe de la perfecution qui eftoit fort afpre en ladite ville. Il les rcdrefTa autant
qu'en luy fut , exhortant vn chacun de feruir à lefus Chrift entièrement & de fuyr
comme vne contagion pernicieufe, toutes fuperftitions Papiftiques, toutes lesfein-
tilcs & fimulations de ceux qui cldChent à deux coftez , & qui ne font ne froids ne
chauts . De Gand il s'en alla à Bruges •. & à fâ venue ceux fe trouuerent vers luy qui A S"1
aimoyét le Seigneur, ayans faim de fa iuftice. Il les confola&admonneftà de mefme
que ceux de Gand: fur tout, à mener vne vie ChreftieUne, & reiglerfoigneufemcht
leur conuerfation , d'autant qu'ils eftoyent en vne ville adonnée à toute volupté &
lubricité.
Sa t an cependant irrité de fa venue, hc celTa d'çfueiller fes gras fuppofts, &fer-
GG.
Liurc^j VL Charles Qorimck.
uiteurs de feglife Romaine , qui ne tardèrent de mettre par tout embufehes pour
attraper Charles, tant qu'vn iour fortant d'vne aflémbleedcs fidèles, ils le faiiirent
en la rue nommée Efelftrate , & le rirent mener en priion . Ce qu'ayant entendu vn
fienfierc demeurant à Gand, il s'aduifa d'obtenir que deux Carmes allallént quant &c
luy redemander à ceux de Bruges Ton frere,côme f ubieft au Prieur de fon ord re. Quand
Charles vid Ton frère ainfi accompagne , le folicirant dereprendre fon habit, &c de
Ref ofede rctoutner lous 1 obédience de L'ordre , il luy dit tout rondement qu'il n'auoit que
char!» faire de prendre cefte peine, Ôcdefpenfe pour luy: & qu'ayant vne fois defpouillé \\
lareprifede Jiabit d'vnordrc maudit tiamais il ne le rcucftiroir.pour, d'atfranchy qu'il cftoit par
tuai m° Icfus Chrift,fc remettreen i'obeiffance &fcruitudc desefclaues dcSatan.
Svr cecy les Moines pour maintenir la liuree de leur ordre , difputerent long
tempseontreluy en prefence de ceux delà Iuftice: mais ils ne (eurent rien gaigner
fur la vérité del'Efcriturc : non pasmefmc au iugement de ceux qui les efeoutoyent,
alleguans l'ancienneté de leur couftume, Jes vieux Pères, les Conciles &femblables
légendes. De l'habit on monta à la Mefl'c , &: à l'inuocation des fainfts trefpaflcz. &
de là on defeendit au Purgatoire , mais leurs raifons &c allégations confrontées à la
veriréde l'Euangile du Seigneur qu'alleguoit fortpromptement Charles, donnoyent
aulfi peu de contentement aux auditeurs que la dilputc des habits: car ilsn'eftoyent
garnis que d'vne afneric tant recuite Crédite, qu'elle n'auoit faueur ne gouftqueL
conque.
La crahue I l yen auoit entre ceux du Magiftrat de Bruges cftans là, qui declaroyent par
desPluri- lcurs contenances de lentir en leur confeience vn certain tcfmoignage, que Charles
pTuVicur$qSpar'olt^avcr'r^:^: toutefois de crainte qu'ils auoyent de leurs Prcllrcs cV Chanoi-
iimulent. nés , ils parloyent Purement à Charles en leur prefence, qu'en abfence. Et mcfmcs
monfieur N. quilàefioit, cognoiflant que Charles eftoit mené d'vndroicï&fain iu-
gement dcrEfcriture laintte: veuque preftres ne moines ny autres quelques fauans
qu'ils fuiTent, ne pouuoyent rien gaigner fur luy, & que fouuent ils s'en retiroyenttout
confus . Ce feigneur promit à Charles de pourcha/Ter fa deliuranec , moyennant
qu'il voulift aucunement s'accommoder aueceux: voire &c fi l'habit de moine luyve-
noit. contre cœur, qu'il en impetreroit la difpenfe du Pape, & le pouruoiroit d'vne
chanonie. Charles refpondit, Monfieur, îe vous merciegrandement de cefte voftre
faueur &c bienucillance : à la mienne volonté qu'elle fuft félon Dieu. Vousmeprefen-
tezvne chanonie pour viure à repos :&c vous fauez toutefois que l'aile n'apporte point
Norablerc de repos, quand la confeience eft en tourment. Le renoncement de la vérité démon
fponfe. Dieu, mecauferoit au cœur vn perpétuel remors de confeience ,vcu qu'il m'a fait cefl
honneur tant fpecial , de me donner fa cognoiflance, pour laquelle mieux me vaudra
d'endurer mille morts qu'en la defguifant encourir la mort éternelle. ^ Les aduerfai-
rcsvoyansqu a le tenir plus long temps, ils ne profîtoyent de rien, le déclarèrent par
leur fentenec hérétique, fi quel'ayans dégradé leliurerent le vingtdcuxicme d'Auril
entre les mains du bras feculier qu'ils appellent. Le Magiftrat incontinent le con-
damna d'eftrebruflé vif, attendu fon oblïination & rébellion. Charles rendit grâces à
Dieu, lepriât de pardonner à ceux qui le pourfuyuoycnt à inort par ignorance. Amené
qu'il fut au lieu du fupplice, l'exécuteur ne tarda de l'attacher au pofteau, afin delcdef-
pefchcr. Charles leuant les yeux au ciel 6V:inuoquant le Seigneur au milieu du feu,
porralapeinepatiemmcnt&quoyement,queJepeuplcquieftoitàfamort,le x x vu.
d'Auril, m.d . i v r i .enfutmerueilleufement eftonné. Quelquesiours après, vn des
lugemét de principaux qui auoit cfté motif de cefte exécution cruelle, mourut en tel cfpouuante-
Dieulurvn ment de fa confeience, qu'il donna manifeftement à cognoiftreàçeuxde Bruges, que
de Bruges. c'eft0jc vn notable iugement de Dieu, à l'encontre de ceux qui leperfecutent.
PHILBERT H AME LIN, de Tomme.
APPRENONSà l'eteraple deceluy qui nous eft icy propofe , de cercher tellement la doctrine de la Véri-
té, que quand Dieu nous. Taura offerte , elle foit employée à fon honneur , Se à édifier non feulement ceux
qui
Philbert Hamèlin. 4.J0
qui paîfiblernent s'y rcngent : mais auflî pour y attirer,fi auant que faire fe pourra, les rudes Se ignor,ins,par
toutes façons conuenables:&r aufû d'annoncer le jugement de Dieu à ceux qui Ja renonceront , voire la mort
prochaine : comme icy fe trouue que Hamelin a fait à vn Preltre , qui auoit renié Icfus Chrilt, penlant pro-
longer fa vie,&c. Exemple d'vn jugement de Dieu, aufsi toft exécuté qu'annoncé.
VO Y que Satan ait feu brafl*er,&: oppofer la rage des fiens contre la vérité' M D LVn-
(de l'Euangile, le Fih de Dieu a touliours montre que la vertu d'icelle eftoit
[pardeffus toute puiifance ,&: qu'il n'y auoit obftaclequi peuft empefeher
[l'œuurc de ceux qui eftoyent ordonnez pour la publier. Et combien qu'en
ce temps il femblaft que tout accezàla prédication d'icelle, fuft ferme' au pays de Fran- Ccftoitdu-
.1. . /• in; 1 / ri rant léseras
ce, lien a-il eu qui lurmontans toute difficulté, ont expole leur vie pour annoncer aux feus,
ignoransla voyedefalut. M. Philbert Hamelin , natif de Tours en Tourajne , n'a pas
efté des derniers en ce reng, après que de preftre,eftant venu à meilleure cognoiffan-
ce,fe retira à Geneue pour prendre plus grande inftrudion es faindes Elcritures.
Tout fon defir eftoit de feruir au bien de l'Eglile du Seigneur: fuyuant lequel, il leua
imprimerie en ladite ville, pour publier hures delafaindeEfcriture:en quoy fe porta
fidèlement. Et pour de tant plus profiter à ceux de fa nation , il saccouftuma défai-
re des voyages par la France ,& de fubuenir à ceux qui eftoyent deftituez de viande &:
nourriture à falut: non feulement par liures qu'il faifoit conduire, mais aulîi par viue
voix de la prédication &: explication de la vérité de l'Euangilc. Ses voyages ne luy fu-
rent oneques en telle facilité & commodité, que le feiour de Geneue , s'il euft regardé
fon particulier.car fouuent aucc Ja perte de (es liures,il retournoit après auoir efte chaf-
fé ou emprifonné: mais il s'eftimoit tellement heureux quand il for toit d'vn danger,qu
il luy tardoit de n'eftre entré en autre.
Pl v s 1 e v r s fidèles ont dit de luy, qu'allant par le pays , fouuent il efpioitl'heû- ^nn<Jl"
requelesgensdeschampsprennentleurrefedion,commeils ontdecouftumeou au idVruircïes
pied d'vn arbre, ou à l'ombre d'vne haye. Etlà feignant fe repoferaupres deux, prenoit ?^y^
occafion par petits moyens &: faciles, de les inftruire à craindre Dieu , à le prier deuanc
& après leur réfection, d'autant que c'eftoit luy qui leur donnoit routes chofçs pour l'a-
mour de fon Fils Icfus Chrift. Et fur cela, il demandoit aux poures payfans s'ils ne vou-
loyent pas bien qu'il priaft Dieu pour eux. Les vns prenoyent grand plaifir & en eftoyét
edifiez,les autres eftonnez,oyans chofes non accouftumees : aucuns luy couroyent-fus,
pource qu'il leur monftroit qu'ils eftoyent en voye de damnation, s'ils necroyoyent à
l'Euangile. En receuant leurs maudiffons & outrages, il auoit fouuent cefte remonftrâ-
ce en la bouche, Mes amis, vous ne fauez maintenant que vous faites, mais vn iour
vous le faurez : & ie prie Dieu de vous en faire la grâce.
Apres auoir continué cefte façon de faire par quelque cfpace de temps en diuer-
fes contrées du royaume de France, pour gaigner gens à la vérité , finalement il fut ap-
pelé au miniftere d'icelle en la ville d'Alleuert en Saintonge, en laquelle voire en tous "j^JJ
leslieux circonuoifins il fit grans fruids , &c édifia plufieurs en la doctrine de l'Euangi-
le. Or comme il eftoit pourfuyui fans cefle des fuppofts de Satan, il fut prins prifon-
nier à Saintes ville capitale du pays, en l'an m. d. l v 11.& auec luyvn Preftre fon ho-
ftejequel il auoit inftruid à l'Euangile. Eftantinterrogucàl'inftance du procureur du
Rov,ilfit confeflion de fa foy, d'vne telle aftèdion que les aduerfaires eftoyent con-
traints d'en bien dire. Et depuis il la rédigea par eferit bien au long , & y adioufta les tef-
moignages de l'Efcriture qu'il fauoit neceffaires pour la confirmation d'icelle. L'ayant
prçientee à fes luges &r à tous ceux qui l'abordoyent pour difputer, ils furent encores
plus eftonnez que deuant : de manière, qu'ils cerchoyent pluftoft le moyen de le deli-
urer,&luy faire chemin large, que de pafîer outre -.ioind qu'il eftoit tellement aimé
au pays, qu'ils craignoyent d'en auoir falcheric en leurs perfonnes. fes amis d'autre part
luyprefentoyent pluficurs moyens d'euader. Luy au contraire, comme s'eftant dédié
à la mort pour vnefiiufte querelle, refufa tous moyens, difant eftre chofe indécente à
ecluy qui a fait cftat d'annoncer aux autres la parolle de Dieu, d'efchapper& rompre
les priions pour crainte du danger : au lieu qu'il doit maintenir , voire dans les flammes
dufeu,ladodrine qu'il aura annoncée. N'ayant donc peu eftre amené à ce poind,
quelque remonftrance qu'on luy peuft faire , Qu'eftant dehors il profiteroit beaucoup
plus, que par fa mort d'aigrir d'auantagela rage de fes ennemis : ilfut mené à Bour-
GG.ii.
Liur o VI* Philbert Hamelin.
deaux au commencement de Mars , accompagné dudit Preftre , &: de grande compa-
gnie de gens depied&decheual. Eftant ésprifons de la Conciergerie, on Je recom-
manda afin deftre mis à tabledu Geôlier : & ne tarda gueres d'eftre mené deuant les
Prefidens &: ConleillicrSjaufquelsil parla d'vne grande verru & efficace de parolJe.
^ Aduint vn iour de Dimanche en la Karelme, qu'vn Preftre porta en la prifon tous fes
ornemens pour là chante rMelTe, &les dreflarous prefts:de quoy M. Philbert eftant
aduerty , clmeu d'vn zele ardét,alla ctfte part où eftoit le Prcftrc,&: tira tout ceft attirai
tebui»» Par tcr,c> il rudement que les calice , chandelier &: autres pièces de J'cquippage furent
tirailles d1- miles par terre: Voulez-vous, dit-il, qu'en tous lieux le nom de Dieu (oit ainfi blafphc-
vncMdTc. m£> Nevousfuffit-il pas qu'es temples il (bit tant outragé, fi auiîî vous ne profanez
les pn(bns,afin que rien ne demeure impollu? Le Geôlier aduerty de ce fai&,tout fu-
rieux &: forcené auec vn bafton au foing, fe ietta fur Hamelin : & après s'eftre lafle de le
charger de coups, il le mit dans vne balTefoffe. Non content de ce, en continuant fa ra-
ge, il prefenta le lendemain requefte à la Cour, pour le mettre hors de fa charge: allé-
guant l'acte par luy com mis:& qu'il aimeroit mieux auoir vn diable àgouuerncr , voire
que la pefte euft in rc&é toute laconcii rgerie, que Hamelin y demeuralbn'ayant ia que
par trop empoifonné Jesprilonniers delà doctrine, qu'il appeloit malheureufe & dam-
nable. Quifutcaufede l'emioyerenlaprifondelamaifon publique nommée fain&c
Liège en vne balle foffe où il demeura huit iours , charge de fers li pefans , que fes iam-
bes en deuindrent enflées.
Qv e l qv e s iours auparauantcecy,s'eftantapperceu que le Preftre fonhoftcflcf-
chilîbit de la vérité , il mit toute peine de l'entretenir en icelle , & le deftourner de la
crainte du danger qu'il apprchendoit:mais quand il feut qu'il auoit rçnôcé Iefus Chrift
tout à plat, il luy dit à Ion partement & iour de fa deliurance,0 malheureux&plusque
roiferablc, eft-il polhble que pour fauuer fi peu de iours qui vous reftent à viure félon le
iugemctad- cours de nature,vous ayez ainli renié la verité?fachez pou rtant,combien que vous ayez
h ptlonSc par voftre lalcheté euité le feu corporel , que la vie n'en fera pas plus longue: car vous
d vn treitrc mourrez auant moy : & Dieu ne vous fera la grâce que celoitpour fa caule :& ferez en
exemple à tous les apoftats. Il n'eut pas pluftoft acheué la Parolle , que le preftre fortât
de prifon,fut tué par deux gen tils-hommes qui auoyent querelle à luy. Ce qu'eftât rap-
porté à M. Philbert , il afferma n'en auoir iamais rien feu, & que ce qu'il auoit dit, eûoic
procédé de l'Efprit de Dieu,qui auoit conduit fa langue (à ce qu'il voyoit)à luy pronon-
cer fentencedemort. Sur quoy il fit vne exhortation à l'inftant delaprouidence de
Dieu, pleine de pieté, laquelle efmcut les confeiences de plufieurs qui à celle caufe
furent conuertis à la vérité.
De c e s t e prifon de la ville, Hamelin futremené leSamcdy veille des Ra-
meaux (qu'on dit) en la conciergerie pour receuoir condamnation de la Cour. Et com-
bien qu'il feuft la mort luy eftre prochaine,fidifna il ioyeufement auec les autres prison-
niers, tenant propos de la vie éternelle auec eux: conlolant tous ceux qui eftoyent à la
table du Concierge.
D e là il fut mené en la chambre criminelle deuant les Confeillicrs, lefquels il fuppha
luy permettre auant toutes chofes de prier Dieu. Ce que luy eftant accordé, il fît vne
prière au Seigneur autant ardente quelongue,ayant toufiours les yeux au ciel. Et enui-
ion quatre à cinq heures du foir, Ion areft luy eftant pronôcé par vn Huiflier delà Cour
fut tramé au temple de fainft André, ne fait-on fi là il fut dégradé. Ce fait, on le ramena
deuant le Palais lieu ordonné au dernier fupphce. Et afin qu'il ne fuft entendu de per-
lonne, les trompettes tannèrent fans celTer, tant y a neantmoins qu'a là contenance 8c
geftes on îugeoit qu'il prioir,iettant continuellement les yeux en haut. Il fut eftranglé,
àc puis (on corps réduit en cendres,le iour lufdit veille des Rameaux.
ARCHAMBAVT SERAPHON, deUmokyere.enBa^adou.
PHILIPPE CENE, IAQVES fin compagnon , Norman* . 0*
M. NICOLAS DV ROVSSEAV, ^fngoulmoU.
CES quatre Martyrs eftans d' vn mefme temps prifonniers , & puis exécutez à Diion, font icy cooioints d'au?
tant que les deux qui ont efcrit, aîïauoir Archambaut & Du-Roufièau, consignent & entrelaiTeot l huloire
«l'en*
Archambaut S eraphon. 4.J1
«Teïix tous par ênfemble. Ils furent appréhendez l'vn après l'autre venans:&r ont tiré àjquatre iufques de-
dans Diion le chariot de la vérité de l'Eiungile raaugré les luges & le Parlement de ladite ville : Phil ippe &
laques furent les premiers : Archambaut les fuyuit A' Du Roulfcau puis après.
A VR A-il rudelTe, balle condition ou moyenne, qui pui/Te empefeher les MDLVu
^t^hômesde paruenirà la do&rinede vie,& eitte illuminez en icelle, puis que
ëgle Seigneur en pluficurs peifonnes le monllre iournellcment tac liberalcn
^^^dons&: grâces qu'il leur fait? Voicy Archambaut Seraphon mercier natif
dtTîieudcLamolcycreen Bazadois,quilenous môftre par eftcd.De l'a demeure de Ge-
neues'eftanc acheminé pour aller en France,futàlon recour conftitué pnlonnier l'an
m. d.l v 1 1. en la ville de Diion, Parlemenc du Duché de Bourgongne: &Djeu luyfic
ceft honneur de criompherconcic les fages de ce monde, voire &C de liirmonccr la puif-
fance de la more horrible, auec les deil"us-nommez,dont il faïc mencion en les leccres ef-
crices à fa femme,& à les amisdefquelles nous auons extraites pour cognoiftre non leu-
lemenc l'hiftoire delà prife: mais aufîî la procédure delà condamnation &: exécution
de l'es compagnons: puis qu'aucres adesiudiciairesconceinans les incerrogacoiresôC
refponfcs,'nefonc paruenus iufques à nous.
MAcrefloyaleefpoufe,ie vous enuoye mes humbles falucs,fans oublier les beaux pe-
cics enfans que le Seigneur nous a donnez,& aulli mon frère &c fa com pagnie,&:les
deux frères que fauez,encre les mains defquelsie vous recommande : les prianc qu'ils
feruenc de perc aux poures pccics,côme ils onc monftré par cy deuanc.Ma bonne amie,
ie fay bien que ces nouuellcs vous feront fafcheufes, àcauledulien d'amitié entière
que me portez , &: qui elt entre nous: mais ie vous prie confok z-vous au Seigneurauec-
ques moy: ce que i'aurayàplaifii lî ie le peux entendre. CognoifTtz trefloyale elpoufe,
que le Seigneur ma créé en ce monde pour m'cmplover à fon leruice , & qu'il veut qu-
vne partie de mon cemps foie employé enchaines &prifons pour cefmoignage de (on
Euangile, & pour mon falut. Et par là pouuons cognoiftre le grand honneur que le Sei-
gneur me faic,à moy,dy-ic, qui ne fuis rien, de me vouloir efleuer en vn degré li haut &:
fi excellent: de quoyie luyrcn grâces iour & nui6t:&ainii deuez- vous faire de volire
part, enfcmble tous mes frères &: bons amis. S'il vous eftoit poflîblc me faire fauoir de
vosnouuelles, iedy ioyeuies, ce me feroit vne grande confolation &: allégement d'e-
fprif.car le plus grand foucy après vn , qui eft de feruir au Seigneur , c'eft de vous &c des
petits enfans qu'auez en charge , pource que ie fay qu'eftes indigece: mais Tay efperancc
que le Seigneur qui a toutes richefTes en fa main y pouruoira:& combien qu'en cela ie
mercpofe,(ifaut il queieconfelfeque mon infirmité, ou pluftoft defHance m'en fait
plus fouuent (ouuenir que ie ne voudroye. & for celaie vous prie,&: tous mes frères que
m'aidiez par prières. Et faut encores que ie vous die vn autre mien regret, c'eft que i'ay
encores vn de mes mébres eigaré de l'Eglife, alTauoir noftre fille que fauez. le vous prie
& tous mes proches que vous la retiriez, & qu'y facicz voftre deuoir ,&rl'ceuure feraa-
trreable au Seigneur. le me fie que fon fécond pere&fes deux oncles s y voudront em-
ployer,dequoy ie les prie: & aufîî ie prieray le Seigneur qu'il les y vueille pouher & con-
duire:ainfi {oit-il. Quant à mon emprifonnemenc en cefte ville de Diion, ie le vous vay
dire. Vous deuez entendre qu'ayant fait mon voyage de Paris(graces au Seigneur)eftâc
chargé d'vn bon paquet de marchadife , que i'auoyc achetée par l'aide de nos amis,que
le Seigneur m e fuicita, lefquels pour ce me preftoyent argent:c'cft afTauoir l'vn vinge li-
uresÔi l'autre dix efcus,comme vous (eradit. (furquoy ie les prie me pardonnent auoir
mes enfans en recommandation, veu ce qui eftaduenu). Ayant cela fur mon col pour
iener ma vie ie m'en venoy' vers vous, en vendant par villes iufques en cefte-cy, où f-
entendy qu'il y auoitde nos frères prifonniers : &c meime le héraut de mes feigneurs y Héraut de»
eftoit, mais ie ne parlay point à luy. Le lendemain qui eftoit vn Dimanche, iem'efTor- Q^ceu^sdç
çay de les fortifier par lettres queieleut efcriuy, laquelle contenoit ein lommece que
S C^rt*\ « c h e r s frères, pa/Tant par cefte ville i'ay ouy nouuelles d e vous deux, qui ArcHâbaut
1 R E SCHtR-» nil ri C i j tr - auant parus
m'ont d'vn cofté contnfte,&: puis grandement efiouy de ce que 1 ay entendu que le Sei- deDi.on ef-
gneur vous auoit fait de grandes grâces: c'eft, de confefler fon fainct Nom deuant les^^c"s
hommes. Ic vous dy que i'ay aufîî efté marri, pource que l'vn membre ne peut fouffrir
GG.iii.
liwt^Vl. aArchambautSeraphon.
que l'autre n'en foit participant. Ic vous prie perfeuerez en voftre fain& propos ,& ne
craignez ceux qui tuent le corps, & puisnefauent plus quefaiic,&'c. Hya vn herauc
de nos m agnifiques Seigneurs qui a efté icy,& vo9 le fauez: & défia on a enuoyé au Roy,
dequoy vous vous deviez eftimer heureux de ce que voftre conreffion fera prefentee dc-
uanc les grans de la terre. Ec quant à moy,i cfpere que icn porteray bonnes nouuelles à
rEghïc,& que tous cnfemble nous rcfiouirons-.toucefois ie ne fay en quel reng Dieu me
relerue : mais quoy qu'il aduiennc , il faut toufîoui s auoir vn piedlcuc pour marcher là
où le Seigneur nous voudra employer. le vous laille vue paire de petits Pfeaumes : ie ne
fay s'ils paruiendront à vous.
C e faitt,ie charge mon paquer,&: m'acheminay vers Geneue fort ioyeux,cn pfalmo-
diant tout feulî&: ce mcl'me loir iefuprinsà Auflbnne,pource que ie fu vifité& trou-
ué fain" de lettres de quelques efeoliers de Paris. De là ic fu ramené en cefte ville , où ic
fuis auec mes frères. le vous ay bien voulu eferire cecy,ma femme, &: à tous mes frères,
afin que cognoiflicz comment le Seigneur mené les affaires ,& que cen'eft pas de cas
de fortune, comme difent aucuns, mais tel que le Seigneur a preueu de long tem ps en
fon confeil eftroit: voulant auancer les bornes de fon Eglife.Or maintenant ie retourne
à vous,ma bonne compagne, &i vous exhorte de vous gouuerner lagement en la crain-
Notexpour K ju Seigneur auec nos enfans. le fay qu'à cecy il n'eft îa befoin, grâces à Dieu, de grâd
laducmr. p0Urce que ic cognoy voftre zele : mais tant y a que vous- vous chargez de trop
grande îblicitude: qui vient en partie de defïianceou faute de foy. &fi fauez que cela
vous nuit, pource que voftre complexion cft débile. Ic prie que vous gouuerniez bien
vos petits enfans tant que Dieu vous laiflera auecques eux, les endoctrinant, fur toutes
choles,cnlacraintedeDieu. Qucs'il leur baille iugement& cognoiflance, il leur fou-
uiendrade lacaufe pour laquelle i'endure. le penfe prendre fin icy bas , aflauoirpour 1-
Euangile, afin qu'ils enfeigncnt leur feméce à venir :& que delignee en lignée lufqucs
en mille generations,le nom du Seigneur ioit bénit, cogneu, loué&: glorifié en la géné-
ration. ^"Orietoucheray icy vn mot de ce que vous m'auez fouucnt parlé cftans cn-
femblc:c'eft file Seigneur m'appeloit deuant, que iamais homme nevousferoit rien
en mariage. le vous prie, ma loyale efpoufc, fi vous voyez que puiflïez mieux viure au
^alr ieruice^u Seigneur cftant mariée, que vous le faciez: &:quenelaifliczpas pour cela,
^ i u moyennant que le Seigneur vous prefente quelque homme de bien ayant fa crainte , 8c
femme ia charité enuers vous & mes enfans. Et poflible que cela vous pourra faire viure plus
aifément , veu les maladies aufquelles vous cftes fuiette comme fauez. Et auflî vous n -
eftes pas encores gueres aagee. Et par ainfi il me fcmble quêterez bien , toutefois vous
auez bon côfeil auprès de vous,c eft à dire la parolle du Seigneur: & aufli vos amis &c les
miens,quivous (auront bien adrefTer. Et ie prie iourôc nuid fans ccfTele Seigneur qu'il
vucille eftre voftre mary,condu&eur en tout &c par tout, & pere adminiftrateur des po-
ures petits enfans : & qu'il face que nos bons amis & frères en foyent fes inftrumens. le
Y entend vous aduife que les frères, depuis que le Seigneur m'a amené icy,fc font tous cfiouis
iaquaT* m°y côbien qu'il nous foit défendu de parler aucunement cnfemble , fi ne nous
peut-on empefeher de communiquer quelque peu. Et pour nouueau refraifchiiTemér,
deuxiours après moy fut prins audit Au/Tonne vn grand homme noir, grelle , eftant à
MentcM Pu cheual,venant de delà Laufannc& Neufchaftel accompagné de deux ou trois:mais le
RcHjff"u. Seigneur n'a voulu que ceftuy-cyron laifla aller les autrcs-.comme il eft dit, Deux feront
au moulin,l'vn fera prins &c l'autre lanTé. Et ce noble perfonnage fut incontinent mené
vers nous:vous diriez que c'eft vn ange que Dieu nous a enuoyé. tant il eft fauant. Ic n -
ay encores peu fauoir s'il eft gentil-homme, marchant,aduocat,ouefcolier. bien ay-ic
vn peu entenduqu'il eft aduoeat à Paris:mais à tout le moins il eft fauant &: en plufieurs
fcicnces,commelôix& autresri'efperequece fera vne forte tour pour tenir fon quarre,
car il fait le quatrième auec nous. Il y a bien auffi vn icune garçon,pour faire le cinquie-
mimais il cft fort infirmerie laifTe le tout entre les mains de noftre Dieu. Nous auons
mangé & beu tous en vne table deux ou trois iours , mais c'eftoit quafi fans s ofer regar^
der l'vn l'autre.Depuis on nous a tous, feparcz,pource que ne voulôs participer aux grâ-
ces que difoit le fils du Geôlier: pour«e,dy-ie,on nous a cnfcrrez,& moy plus eftroiccméç
que les autrcs.Mais ic ne laifTe point de prédre courage en ma cachette, châtant les lou-
anges du Seigneur à pleine voix. AfTcurez- vo9 qu'il y a icy de gés de fcif ,& qui no9 aimct,
ainfi
sArchambœut Seraphon, & chi-Ronjfeau. jf*
ainfi que i'ay ouy dir.e,mais ils fônt tat craïtifs que merueilles:&: mefme Dieu m'a baillé
vn luge qui m'a monftré grande amitié,&: ne m'a interrogué que fur Jefditcs lettres, U
du lieu de ma refidencerirem fi ie crouuoye ma lo)Pbonnc,&: fi ie vouloye viure en iceL
le.Ie luy ayrefpondu qu'elle eftoit bonne,& que telle la trouuoye, Lors il me dit fi ie
vouloye viure &: finir mes iours en icellc:ie dy que ie vouloye viure &: finir mes iours en
k confefïion de cefte Loy,pource qu'elle cftoit félon l'Euangilc du Seigneur.
^Ie ne fay comment il en ira:on m'a dir qu'il faudra encore refpondre deuant les grads
dotteurs>& là i'efpere bien qu'il faudra mettre la main aux armes de la foy : à cefte cau-
jfe ie requier eftre fecouru par vos prières : &: quelque çude ou cruelle fentéce qu'on me
forge,afl"eurez..vous queie ne ployeray pas les genoux deuât Baal. Vous pourrez mon-
trer la prefente aux femmes de mes confrères en l'œuurc du Seign.& qu'elles s'eliouiL
fent,car ils font bonne chere,&ont prins nouucllcs forces,& le lont eliouis à mavenue.
5 elles efcriuent,ce leur fera vn fingulier bien, ie vous dy lettres ioyeufes au Seigneur&:
fortifiantes. Helasil a cité quelque temps que mefdits& moyn'auons efté enfemble,
6 notions parler l'vn à l'autre,finon par regards afîectueux,leuans lesyeux au ciel,auoc
foufpirsau Scigneur.Mais pourcelanefoyezen triftefTc:carDieu befôgnepourlemeil-
Jeur. Etie vous prie femmes,cnfans Se amis foyez ioyeux au Seigneur:& plus grand
plaifïr ne nous pourriez faire auec prières, car tous quatre (grâces à Dieu)auonsbône
volontéde marcher enfemble au facrifice, quand il plaira au Seigneurnous y appeler.
Ma bonne amie,ie vous ay bien voulu icy toucher de mes plus grands foucis,pource
que ie ne fay fi ie pourray plus auoir la commodité de vous efcrire:d autre part que ie ne
puis voirautre chofe deuant lesyeux,finonvne ombre de mort,iedy mort , mais c'eft
pluftoft paiTageàlavic:laquellenousen:preparec,&pourcene(era point mort , mais;
vn palTage à vie. Nous tous enfemble prefentons nos humbles faluts à meilleurs les Mi-
niftres,nousrecommandansàlcurs(ain£tes prières :& qu'ils induifent tout le peuple à
prier pour nous de cœur & d afFe&ion : car nous en auons bon befoin . Et au/fi de ma
part, à tous les Diacres& autres anciens de l'Eghfe , vous recommandant à leur fain&e
charitc:bref,à tout le corps de l'Eglifc. Voftre mari & efpoux Archambaut, celuy que
vous fauez. Etau deffous de la lettre eftoit eferit , Mes frères ie vous prie au nom de
Dieu, apprenez , apprenez les Pfcaumes cependant qu'auez le temps &: leloifir: car
quand vous fcrezappelcz aux priions obfcurcs(icdyquâd Je Seigneur fc voudra feruir
de vous)lors vous n'aurez pas le liuredeuant vous en grofTe ne petite lettre,pour regar-
der quel couplet fuit l'autre. Etie vousaduerty dccecyàmagrâde hôte &: vergogne:
car fi ie vouloye dire que ie n'en eufle efté aduerty de long temps,vous fauez du contfai
rc. Et maintenant ie ne fay quefaire finon m'humilier deuant le Seigneur , luy criant,
Miiericorde,mifcncorde Seigneur,aye pitié de moy. Que bien-heureux cft celuy qui
fait proui/îonde foy & de fciencc,commc d'huile à la venue de lefpoux. O mes amis,ie JjjJ^Î^
vous aduife,que combien que le Çeolier s'efforce de toute fa puiflanec de mefaireen- pieu.
durcr,fieft-ce que le Seigneur m'a cnuoyc prouifîon de confolation fpirituelle, voire
& de la viande corporelle en abondance^ penfe qu'il fera pluftoft laflc de m'affliger,
que moy de l'endurer.
A V T R E lettre à la menue & à fes amis.
•j-RefloyaIeefpoufc,& vous mes rrefaimezfrercs>(as oublier nosfeeurs &amis,i'aypar
la grâce de Dieu receu ce bien pour vous prefenter mes dernières falutations , ne,
ftimant plus fclon mon apprehenfion,vous en enuoycr,pource que ie penfe que Same
dy prochain fcfanoftre dernicriourtantdemoy quedenoftrefrerc Du-roufleau. le
vous ay cy deuant mandé comment le Seigneur mauoit baillé vnluge lequel mon-
ftré iemblant de me fupporter. Et de faift i'ay efté deuant luy par trois fois, à chacune
defquelles il eftoit feul auec vn homme de fimple qualités vn clerc pour efenre. Il
m'a interrogué toufiours mollement, tournantà l'entour du pot, &c voire m'aidant
luy melme à trouuer efchappatoires les plus honneftes qu'il luy eftoit pofTible d'inuen
terr&m atenuainhTefpacedequinzeioursengrand trouble &: tentation de confeié-
ce.le m'en fuis confeillé à mes f rercs,& mefmcs à noftre frere Du-rouiTeauqui cft hom M. N.dv.
me de fauoir:ils mot confeiilé d'attendre en patiéce moyennat queDieu n'y fuft offen- Jj^y "
fé>&: qu'il ne me falloir point auancer de moy-mefmes temerairemet te fans eftre inter-
rogué,puis q Dieu m'auoit baillé vn CômifTaire qui fauoit toute mon intentiô,voire Se
qui a le bruir d'eftre fidele,& bon aux enfans dcDieu .De ma part,ic fay bien qu'il entéd
v QG. iiiu
Liurcj VL Archambaut Seraphon &* Du-T^pufieau.
fortbienIesfain&esEfcritures:maisilen vfeenuersmoy comme fie Pilatecnucrsr.o.
flce Seigneur Iefus Chrift de peur de perdre fon cftac. ^ Or mes frercs,vous deuez fa-
Uoir que le iour d'hier, 1 1 .de ce mois,vint céans vn gros abbé, nommé monficur deCit-
teau(qui a cy deuant prclché alTez purcmcc,commc on dit,mais depuis qu o Juy a bail-
lé vn gros os en la bouche de iz. mille pour an il eft pire qu'vn diable ) accompagné des
gesdefa forte en bon cquippage,pourintcrroguer&; conueincrenollrc frère Du-roul-
feau:mais ils furent renuoyez par la grâce de Dieu auffi vuides comme ils y eftoyent ve
nus. Us n'y demeurèrent gueres,pource qu'on dii'oir qu'ils auoyent le deliuner prelt en
quelque maifon de celle ville qui les preifoit. Et fur cela on me vint dire en ma priion,
queicpénfaHéàmoy,puisque telles gens de celle qualité eftoyent après nolhe^dit
frère. Ccftaducrtiilementme lit grand bien : car combien que ie ne rifle que for-
tirdcmelcuer de ma prière, ayant commencé vn Pieaume, incontinent' ie redou-
ble ma priere,pour fecourir mo-dit frerc,à ce qu'il pleuft auSeigncur luy afsifter,&: do-
ner dequoypourrepouilér telles malqucs extérieures. Apres on me vintquerirpour
la.quatricme fois pour aller deuant mon luge, ayant l'on homme auec luy,&:vn clercs
tant feulement: mais notez qu'à chacune fois il changeoitde clerc. Venu deuant luy,
il meprefenca le ferment dédire vcrité.ce que ie promis,& priay le Seigneur qu'il m'en
fift Jagrace. Et incontinent du premier coup il coucha au blanc,ccqu'il n'auoic fait au
parauant:&moy alors leuant les yeux au ciel deuant luy,ie dy , O Seigneur alsifte-moy
maintenant,afin quefelon la mefure du faindt Efprit que tu me donnes , ie puafe tefti-
fier de ta vérité. ^Iefu interroguéfur lmuocation desSaincls trefpallez.puis furie
Purgatoire &:furlaConfeirionauriculaire:&: pour le dernier poind iurlapuiifance du
Pape. Voila les poin&s fur lefquels fay efté ouy, car il le haftoic:&: lèmbloïc qu'on nous
voulu!! depefeher ce iour-la, corne vn chacun fedoucoic,car nofdits frères Philippe 6c
THIUPPE jjjqUCS furent ainfi prins au delTeudetousiufqu a l'heure qu'ils receurétfentécc. Et de
iaqves. faict,mondit luge demâda quelle heure il eftoit:& lors îcluy dy, Cômcnt,môfieur,eft-il
auiourdhuy nollre iourrleql me reipôdit,Ncny nény, A rchâbaut mô amy,vous n'eftes
pas encore là. Et ie dy,Ie ne lay,monfieur :on pourroit bien dire que nô, pour nous bail-
ler quelque ioye:mais quant à moy ie fuis toujours preft,graces à Dieu , d'abandonner
mon corps & ma vie pour la gloire du Seigneur &c pour fouftenir fa veriré. le ne doute
pointdempn.falut,carilm'eitacquispar la mort & palîion de nollre Seigneur Iefus
Chrift-Etpuisie dy,ODiion,n'cs-tu pas encore contente du fang innocent des poures
fîdelesî I'adiouftay plufieurs autres bons mots degrande efficace que le Seigneur m e
mettoit enlabouchc:tellemcntquetous eftoyent contraints de foufpirer auec moy.
tyefmes le Geôlier qui eft le plus dur du monde àl'encontre des fidelesa ne peut tenir iï
belle contenance qu'il ne s'en allaft derrière vn tapy pour torcher fesyeux: ie ne fay iî
c'eftoitdepitiéou de rage:car il auoit ouy &: entendu toutes mes refponfes,lefquelk?s
furent couchées par elerit auec bons tefmoignagesdel'Efcriturefain&e. Carmondit
iuge qui entend mieux que moy^cfTorçoit de tout fon pouuoir à bien coucher les tcf
mpignages&pairagesquifcruoyentàlaiufticede .ma caufe, lefquels il auoit en meil-
leure fouuenance*que moy.Dequoy lors ie prenoye grâd plailir , £ le louoye de cela ^ti
fa prefence,luy difant ainfi, O qu'il y en a bien qui làuent &£ entendent, mô/ieur . pJcuft
au Seigneur Dieu qu'ils en filTent leur profit. Vous eu/fiez dit qu'il s'efforçoit de bien
"Lafuitcdc coucher toutes allégations pouriuftifierma caule deuant les autres. Etdcfaift îenc
peu7&doit douce Pas ^ue lc Pourc hommc n'aic tout fon pouuoir enuers rnoy:& mefme , quâd
défendre, ce yintàiuger les deux freres,il s'enfuit" aux champs.
detrSSbo ^A ^rmerc demande fut,comme iaydit,furlapui/Iàncc du Pape,à laquelle ieref-
' pondyainfije penfe fermement que c'eft celùyducjuel parle fainct Paul aux Theflalo-
niciens:&: auffi toft il eût le partage en main. Sur cela ie me mis à regracier Dieu , en fa
prefence,difant ainlirO moniieur , que ie fuis ioyeux de ce que le Seigneur vous donne
fi bonne in tel ligéce,& auffi ie lay fort prié qu'il vou s afliftaft & côduift par fonEfprit en
celle caulè,'&: l'en voy vn effeâ: quand vous couchez fi bien les chofes. Il me dit queie
les fignàlîeJe refpondy,Ouy,ouy,rnonfieuj:, ie les vay figner,voire de mon propre fang
pluftoft que d'encre. Et cela fait il s'en alla. ^
^Or màihtenant,ie vous demande mes frètesjTef homme ne fecouppera-il pas de
fon propre glaiue?Ie vous dy qu ace Geôlier, qui m auoit efté auparauant comme vn
lion,rugifTanc tans celTe côntte moy,cn forte q tous les orilonhiers en cftpyent efbahis,
mainte-
aArchambantSeraphon.
maintenant te Seigneur a amoly le cœur &: m'eft fort doux. Et de fait hier au foir il me
vint mener en ma prifon luy-mefme,& s'efforça de me confbler de fon pouuoir > me di- Co*(cl"^
fantainii:Ne vous fouciez, Dieu vous aidera,&:n'aduiendra pas(potfible) ce que vous Jïccohêr-
pcnfez.car n'eftimez-vous pas qu'ils diront, C'eft vn poure compagnon mercier qui pal
foir,il n'a point prefché faloy à perfbnne:ileft& demeure en cefte loy-la.CôTolcz-vous.
le luy refpondyje fuis bien confolé , Dieu mercy, & preft de receuoir ce qu'il luy plaira
m'enuoyer : fi c'eft vie , vie : fi c'eft mort,mort. Et fur cela il me dit , Bon loir:
priant pour moy en s'en ailant:& moy pour luy, qu'il pleuft au Seigneur luy taire mife-
ricorde.Mesfreres,vous ne pourriez iamais croire la grande aiiiftence que noiti e Dieu
efpand fur nous,par laquelle nous fommes fi ioyeux Refermes, qu'il nous femble que
lamort,lcsglaiues,&lefeunenousfontrien. Mclmcs tous lesprifonniersdeccansen
font tout cfbahis,& font contraints de donner louange au Seigneur de cela. A la venré,
n'auons-nouspasraifonde mener ioye Prendre grâces au Seigneur? pour le premier,
de nous auoir exaucé en nos requeftes,& de s'eftre voulu feruir de nous pour releucr &
rcdieiler nofdits frères ? Quant au ieune garçon, il s'eft lafché la bride à denier Je Sei-
gneur fous ombre de quelque ieuneffe qu'on luy a propofé : &: de fait,a nie tou t quafi a-
uecexecration,difant qu'il ne cognoiffoit les auttes, linon du chemin. Si neft il pas
trop ieune,car il a plus de zo.ans.il tordra d'icy,&: s'en va à Paris. Dieu luy face cognoL
ftre fa faute.
O mes chers frères &c fœurs,pour vn dernier congé ie vous veux admonnefter , &
prier tous,quc fuyuiez la fain&e parolle du Seigneur de cœur &r d'affe&ion,quc pas vue
feule heure ne t'oit perdue,mais employée à prefehes, prières, lectures, en rendanc grâ-
ces &: louanges au Seigneur par Pfeaumes &c prières. Et quad il fe voudra feruir de \ ous
en quelque end roit,qu'il n'y ait aucun qui recule ou fouruoye : car puis que nous fom-
mesfienSjCeft bien raifon qu'il ait cefte authorité enuers nous de difpofer de nous co-
rne de la chofe lienne à fa volonté. L'homme qui n'eft qu'vn ver de terre , &: moin s que
ricn,aura bien le crédit de difpofer de fon feruiteur à fon plaitir fans contredit. Mais
qui fera fîmiferable qui voudra difputer& plaider contre fon créateur ? fi eft- ce qu'on
en trouuera qui dirontTay ma femme:&: l'autre diraJ'ay mes enfans,& l'autre viendra
alléguer fa ieunefle,& tan t d'auttes folicSï&c.Ie penfe que fi le Seigneur difbitfcom me
il le nous dit journellement à la verité,fi nous le voulons entendre) Mon fils , ie te veux
mettre en Paradis auec moy & mes Anges : ils'entrouueroit qui diroyent, Oie ne le ixa/e-
veux pas encores , laiffe-moy icy vn peu iouir de mes biés,de ma femme,de mes enfans k^oivs
&C amis:& puis,quand ie feray vieil,tu feras ta volontés fîeft-ce qu'é vieilleffe e n t ft le
moins preftxar c'eft alors que les craintifs difenr,0 ie fuis vieil,caduc &c mal fain, le ne
pourroye porter la pnlon,les fers ne le feu:i'aime mieux flefchir vn peu:& Dieu aura pi-
tié de ma vieilleffe. Voila comment chacun te flate,tellement que c'eft vne grofTe pir.ç
auiourdhuy:chacunlevoid&: leconfeffc : &c cependant Satan leue les cornes, & fe die
*maiftre,mais il en aura faufTemcntmenti,luy& tous les tiens : cari'efperc que de ceux
qu'il etpie &: aguette,il en perdra icy vn grand nombre. Et pour cefte caufe mes n e t-
chers frcres,que chacun y pentc,& qu'on trauaille pour augméter l'Eglife du Seigneur.
Et Ci quelque iour il vous prefente vne telle mort que celle que ie penfe endurer, alors
vous pourrez dire auec le Prophète , Que voftre part vous cft efcheué au plus beau
jieudel'heritage:& pour cefte caufe ie vousprienecraignezpoinc. Or ieretourncà
vous,ma trefehere efpoufe. le vous prie ne vous fafchez poinr,afîn queleSeigm ur n'y
foit offenlé.Il eft vray que le lien de mariage &: amitié eft grand:mais notez , ma bonne
efpoufe,que cefte feparation fera heurcu(e& digne de louange au Seigneur: &c pource
vous en deuez pluftoft efiouir que contrifter.^ Quant à mes principaux affaires ie vous
en ay ia allez mandé,&: pource ie ne veux tourner pafiér le filet parmy l'eiguillc:car fay
roulé toutes mes affaires furnoftre bon Dieu. Ne dites pas que le voyage &c les lettre s
en tôt caufe,car le Seigneur auoit preueu cecy dés que fa main tutrice me receut (ortâc
du ventre de ma merc.Confolez-vous donc au Seigneur.
A v refte,vn ieune homme eft icy venu, braue&: glorieux en idolâtrie, ayatvn pour-
point de vclours& autres accouftremés bouffans,pource quec'eftoitleiour noftrc-da-
me(qu'ils difent)&: baillaenma prefence quelques deniers aux prifonniers,leur difant,
Ditesvn y^cdeuâtnoftre-damcpour moy.Cefte leur dame eft vn marmoufet efleué en
Jjm^j VI. ndrchambaut Seraphon, &1 du-Roufeau.
idoiimc ces prifons,deuant lequel ces poures gcs vrleréc fore pou- les petits prcfens.U fembJoit
gnccd'or- qu'il y fuft venu plus pour voir la contenance que ie tiendroyequ'autremet. Et défait*
gueiL il monftra ion venin en fortant:car il dit,que fi Ion pere propre cftoir Lutherie , que luy
mefmes le feroitbrufler.ô quelle confolation ceftuy-la m'apportoit:Trcichercclpoufe
&: vous rues frcres,ic vous dyA-dieu, vous priant présenter mes derniers laluts atout
lecorpsdel'Eglife. Voftre bon mari A. Seraphon.
S'ENSVIVENT aucuns interrogatoires qu'on fît a Archambaut Seraplion/urcirçq poin&s de la Religion.
Premièrement on demanda, Que ie croyoye du Sacrement? j^. Ce que nous
eneft monftréenrE('criturefainc~re. D. Dites donc ainiî que vous en croyez. rçi.Mon-
fieur,icdyquenoftreSeigneurIefusCiviftfaifantfaCcneauccfes driciples , pnnt du
pain &c du vin,& rendit grâces à Dieu Ton Pere , & puis rompit le pain,& le diftribua à
fes difciples,difanr,Prcncz mangez,voicy mon corps qui eft rompu pour vous. 11 prinr
auiîî la cou ppe,& leur prefénta difant , Voicy mon iang,beuuez-en tous, & le départez
entte voi>s:toutesfois&: quantes que ferez cecy en mémoire de moy, l'ylcray. Ce qui
eft vray,Monfieur:mais cela fç doit entendre fpirituellement , &: quand nous prenons
le pain & le vin en la Cene,toutainfi que le corps reçoit le pain & le vin, aufli rtos,ames
reçoiwit par foy &c en cfprit le précieux corps du Seigneur Iefus Chrift crucifie & more
ignominieufemenr en lacroix:&:fon fangprecieux efpandu pour nos pechcz&pour
nous deliurer de mort & damnation éternelle. D. Mais ne croyez. vous pas que quad
lepreftrcconfacreàl'autel,quelecorpsdeIefus Chrift y dcfcendïle fay bien que vous
direz que non(comme s'il m'euft voulu aduertir diiant, Gardez-vous de dire ouy) . le
luy dy,Monfieur ie ne nicray iamais Dieu,qui m'a enfeigné de dire non à voftre deman-
de^ i'aime mieux que mon corps fbit expofé aux tourments du monde, que fi mon
Matwo.z8. meeftoit en la géhenne du feu éternellement. Vous fauez qu'il a dit, Qu.i me déniera
deuant les hommes,ic le denieray deuant Dieu mon pere,&c.En outre ila aulfi dit,Ne
craignez point ceux qui tuent le corps,&: puis ne fauét plus que fairermais il £aut crain-
dre celuy qui peut tuer &: lame &C le corps,&: mcttrele tout au feu éternel. Mon falut
(Dieu mcrci)m'eft acquis par la mort de noftre Seigneur Iclus Chrift , i'en fuis alfeuré:
& maintenant ie voy bien qu'il me veut mettreen poflefiîon de ce falut. Puis en regar-
dant mes mains, ie dy,0 chair,il faut que tu endures,& que tu t'en ailles en poudre iuL
quesau dernier iour.
^De là on m'interroguafurl,interceiljondesSaincl:s:&iedy que lesfain&strefpaf-
fez eftoyent bieq heureux,d'autant qu'ils auoycnt porté la parolle de Dicu,&: eftoyent
morts en icelle:tout ainfi que maintenant il y a plufieurs fidèles qu'on fait mourir pour
icelle Parolle. Quant à l'interceflion des fain&s : d'ouyr nos prières & les prefenter à
^ Dieu, iln'en eft rien. D. Raifon.Çi.Pourcc qu'il eft dir,qu'ils font maintenât en repos.
Or s'ils font en repos, ils ne fe chargent de cela,veu que nous auons vn bon Médiateur
&Aduocat,noftrc Seigneur IefusChrift le Iufte,commc il eft dit en fain&Iean.Lequer
Mait. n.is luy-mefme adit,Venezàmoyvoustous&c. tj CeCommifiairem'cntendoitàdemy
mot,& le faifoit ainfi coucher par eferit. Puis retourna à cefte deicente de Dieu en l'ho-
(lie:&: ie luy alleguay Je Symbole des Apoftres,& lei.des A£tes:&: dy que le Seigneur n -
auoit plufieurs corps, mais que celuy qu'il auoit , falloir qu'il occupait place. &: q quât à
moy, ie croyoye qu'il fuft au ciel, comme il eft dit,Seant à la dextre de Dieu le Pere, &:
qu'il n'en partiroit en corps linon au iour du iugemcnt.bien eft vray quepar fapuiifan-
ce &: fon l'ainct E(prit,il conduit toutes chofes lelon fa prouidence.
Confe/fion I l me demanda auflj touc hant la confeffion auriculaireric luy refpondy,qu'il ne fuf-
aiiricuUirc. fifoic point de le confeficr vne fois l'annce,mais qu'il le c.onuenoit faire tous les iours à
Dieu,non feulement des péchez que nous cognoiifons, mais auffi de ceux qui nous tôt
tachez:&: que les fain£tsProphetes&: Apoftres en auoyét vfé ainfi, &:les anciés de l'E-
glife.Que cefte confclîion auriculaire & fuperftition n'eftoit inuentce,que depuis cinq
ou fix ces ans en ça:& qu'auparauât on n'en auoit iamais vfé. D'autre parr,cômen t eft il
polsiblequel'homme puiiTedireàraureillcd'vn preftre ou moine tous les péchez d'-
vn an?il faudroit vn terrible regiftre. Quànt à la puifiance du Pape, i'en ay dit ce que ie
vous en ay mandé. A. Seraphon.
AV
Phihppe Qene, & faques. 4 s 4.
A V T R. E lettre à la frères 4: am».
E S trefehers fit bien-aimezfreres,ie vous prefente mes humbles falutatiôs,&: auf
à mon efpoufe & à nos petits enfâs,&en gênerai à tous nos frères Garnis qui ont,
ïeceu la foy en Iefus Chrift noftreSeigneur.Ie vous ay défia par cy cleuât mandé de mes
nouuelles,mais ne fay fi les aviez receuës , toutefois le Seigneur m'a encores prelctc ce
petit moyen pour vous efcrire.Mes frères , n'eftes-vous pas ioyeux aucc moy de voir les
grandes &innumerables grâces que le Seigneur m'afaitiufquesicy ? qu'après m'auoir ^
retiré du milieu detant de dangcrs,il m'a fait viure encore trois "ans ?& maintenant
vous voyez qu'il veut parfaire Ion ocuure entièrement : U c'eft ce que dit Dauid, l'an un-
Ce qu'il a corn mencé & auancé,il ne le delaifle point. D'autre part, penfez aux grâces Jj»
que ce bon Dieu nous a faitcs,en nous retirant premièrement du milieu des profonds Tukiief-
abus& fupcrftitionsounouseftions plongez : &: puis, il nous a conduit en Ion Egliic», JjJjgJ^J
pour nous y appafteler &: nourrir comme des petis enfans en fa faincte parolle,&:ct par noil a j££
gens pleins de fauoir au fainaEfprir, voire s'il y en eut iamais depuis le temps des Apo- d""*-
ftres.N'auons-nouspas,dLie,grandematiered eftre rauis en eftonnemét,de nous voir
ainfî care/Tez de noftre bô Dieu? Et q nous rcfte.il plus , iinon qu'il nous prenne côme
par la main, pour nous employer là où il luy plaira pour s'en feruir,pour finalemét nous
mettre eh poifefsion «le la félicité éternelle qui nous eft promifcrFaudra-il que nous re
cuîions pour demeurer en cefte vie pleine de miferes&pouretez ? Qui fera celuy qui
s'excufera,& cependant dira,Ta volonté ibitfaitecTel ncfera-il pas digne d'eftrc reict
té de luy?Il eft vray que lefprit eft prompt èy: alaigre,&: ne defire que d'aller à (on Dieu,
mais la chair voudrait touuoursicy demeurer pour ramper fur Jarerre, comme vnpo-
ure vermiileainvoire elle y demeurei a,mais ce fera en poudre& terre,attendant le der
nieriour.
Philippe C e n e I a q_v e s fon compagnon au martyre.
C E S T E partie qui s'enfuit des lettres d'Archambaut contient la mon heureufe de Philippe,* laques.auee plufîeurs circon"
fonces bien noubles, & les moyens dont le Seigneur vfe pour redrefler la cheute des Cens.
VIS quePhilippeCenenatif de S.Pierre fur Dyne, au pays de Norman, m.d.lvu
die,ieune homme faifant train d'apoticairie à Geneue, emprifonnéà Dnô
pour la vérité &caufe du Seigneur,preceda de quelques iours Archambauc
au martyre auec laques fon compagnon, nous auons icy inféré leur morr,
par c fidèle récit dudit Archambaut,continuant Je contenu de fa lettre , comme s'en-
fuir-Mes trefehers frères, puis qu'il a pieu au Seigneur de mefaire entendre ce q de/Tus
ay recité,voirc te encore vn peu dauantage,ne fuis ie pas bien-heureux de me voir ainfî
aduancé,moyquinefuisrien,finonvn gouffre de pechéjdigncd'eûre abatuiufquesau
profend des enfers.?mais le Seigneur ayant pitié de moy a bien daigne me regarder , &c
prendre toutes mes iniquitezpourles plonger au fang de fon Fils noftrc Seigneurie
fus Chrift:puis,m'ayan t fait nouuelle créature me veut employer pour foy à ledifïcatiô
de ceux qu'il a predeftinez à (alut. O profondeur,ô lar^eur,ô tpacieufe bonté de ce b5
Dieu efpandue fur moy,mevoulant eileuer en vn degré d'honneur fi haut , moy poure
miferableilevouslaiiTeàpenfcr de quelle ioye i'ay entreprins ce voyage : vous fauez
comment i'yeftoyeaffectiônérpenfezdonccomment le Seigneur a befongnéparfon
confeil eftroit.I'ay fait le voyage,& m'en fuis rcuenu iufques îcy en ioye: elperant vous
voir:& arriué que ie fu en celle ville, comme ie vous ay mandé , ie m'efrorçay de faluer
mes frères en paiTant,&: y fuis arrefté.
^"O k. vous deuez fauoir qu'au commencement iceux furent fermes &: conftans,&
leur procès fut bicutoft fait commefauez.Ils furent menez iufques au pied du fupplice
en grande conftance:mais à caufe de quelque appel,eftas remenez en la pnfon, dirent,
en retournant ,aux autres prifonniers,Nous auons encore vn peu à viure.Eftans en leur
premier eftat &côme en repos,Sataqui eft fin ôicauteleux les aiTaillit.&: de raid fît bref
chc,iufques à les faire chanceler &:trelbucher . Mais le Seigneur ayant preueu toutes
chofcs,m'amena céans fur ce poinft, où iefufortmarri& dolent ayant trouué vne tel-
le dcfolation:brer,de ma petite puiflanceieme misendeuoirdereboucher ccftebreC
che par l'aide du fainct Etprit. Sur cela furuint noftre frère Aduocat de Paris,dôt ie vous
ay mandé:lequel eftant auec nous sadioignit à moy,fe mettant de première arriuee au
milieu d'icelle brefehe. Ec ayant plus d'authoritc & commodité que ie n'auoye,y
L/#ro VI. Philippe &* Jaques. ^Archambaut.
befongnadetoutefapuiffance,eftantlccondédema petireflé : tcl'ementque le Sei-
gneur nous affilia, en force que ladite brcfchc le referma plus fore en cinq outix Jours,
qu'auparauant elle n'auoic efté ouuerte.Cependant,commc Dieu le vouloit,la rcfpon-
le du Roy vint,laquc!le fit fur feoir l'exécution du prcmicTareft.il fut finalement execu
té le iout d'hier premie r Samedy de Scptembre,c'eft qu'auec vnegrandc conftâce s'en
?eS ïil allez taire la CeneauecIefusChiift& l'es Anges. Le Greffier vint pre mièrement
quefiôuS' enuiron l'heure d'vneheure après midy lignifier leur areft , &: lors incontinent fepnn-
detunth drctàctier au Seigneui ,rcgrecâs leur faucc,Scdifans,HelasSeign. nous tauons gricue-
1 ' mec ori°éfc,ayc pitié de nous: Incontinctilsfurentcnuirônczdcvcrmincdcmoinesdc
toutes couleurs,commc de percées de harcncs,aueclcurs nouiecs qui trotcovet&i ve-
noyenc d vn cofté & d'autre,rcgardans ça & là comme marmots:ib eftoyent la amenez
par les luges pour les accouftu mer au fang , comme on reroit à des petics do«iîcs& lc-
uriers. Sur ces entrefaites il y en eut vn qui auança quelque propos de difpute: auquel
fut die par noftre frère Philippe , Que veux-tu difputer auecques nous?tu fais bien que
tu n'es qu'vne befte,&:que tu ne fais rien:ic te prie laide nous pefer à noftre amc. Et lors
mondic frère l'Aduocat&moyeftions en la baffe court nous pourmenans :& corne ay-
ans les bras croifez,regardions vers le cicl,auec pleurs &: gcmifîcmem. Lors chacun
des pnfbnniers(qui font céans en nombre de vingt) icttoit l'on brocard; les vnsdifoyer,
Ils font plus forts qu'au commcncement.Le commun populaire difoic&crioit, N'cft-
ce pas vn grand cas, ils font pires que deuant : & l'on difoit qu'ilys eftoyent retournez,
mais il s'en faut beaucoup . &: turent ainfi détenus lefpace de trois gi offes heu res aucc
bon maintient confiance. Cependant mondit frère &c moy feignansd aller aux prt-
uez,neus-nous allions ietterà genouil, pr;âs le Seign.&luy rédans grâces immortelles
pour telles nouucllcs,puis retourniôs en la court no9 pourmener côme auparauât.Et v-
ne partie defdits prifonniers à qui Dieu a baillé quclcj cômencemët,nous tenoit copa-
gnie en pleurs &C gemiflémens,rautrc partie nous monftroit au doigr,difanc, qu'autant
nouscnpendoic à l'aureille. Nous portions tout cela aucc ioyc& confolation. Etfur
les quatre heures du loir fortirent nofdits frères en bonne conftance.E t noftrcfrcre Phi
lippe ayant vne face riante regardoit noftre frère laques qui monftroit vnpeufa face
tnfte,ainfî qu'il eft de petite comptexion,&auoit efté fort malade. Il luy difoit, Qu'a
uez-vous,monfiere?ilfemblequ'yczpeur:non,môfrcre:foyez ioycux.Etcheminoyent
ainfi par la rue tous deux en chemife iufques au lieu du fupplice:où eftans, prindrent Je
tourment en grande patience : &C regretans toufiours leur faute , crioyenc à Dieu mife-
ricorde deuant tout le peuple.
E t entre autres chofes noftrefrere Philippe monté fur le bois attendanc le courmer
fe print à chanter vnPfeaume,maisvn moine eftant au près de Juy, luy mit la main de-
uant la bouche,pourempefcher fa voix. fi cft-ce qu'en defpit de luy il fuc entendu. Et la
plus pàrt du peuple fondoit en larmes leur difant à haute voix: Courage, mes frères ne
craignez pas cefte mort. Lors vn de la part des malins fc retira vers vn huHiîer,&luy dit,
Ne voyez vous pas que quafi la moitié du peuple eft de lcurpart,& les confble ? l[Tef-
pere,mesrreres,qu'il en fortiravn grand fruict: &: fommes bien-heureux de ce que Je
Seigneur les a voulu fortifier par nous. Il nous a bien rendu la pareille, cent tois
au double. En leur mort^ainfî qu'on dit,ils ne fembloyenr endurer aucun mal & ren-
dirent l'cfprit fans bouger aucun membre,finon noftre frere Philippe qui repouflbit le
feuvn peu aucc les mamsA: trefpaflérent loudain. Il n'y eut homme nefemme, voire
iufques aux petits cntans,qui ne s'en eftonnaft:&: cela fut à cinq heures du foir.
I V S QV E S icy Arcliambaur a recité les mcrucillcj du Seigneur en la mort Je ! hilippe & Iacjues. Ce qui s'enfuit cA de luy &.
dcl'Aduocat l'on compagnon,monftrant de quelle confiance ils attendent la mort.
1 fi s nouuelles par nous entendues penfez quelle ioyc nous eufmes: elle fut fi grande
quenousnepouuions tenir contenance. Et tant s en faut qu'on doyuepenîer que
cefte mort tant heureufe nous ait en rien efpouuantez,queic vous dy à Ja venté (mes
frcres)que cela nous a renforcez cent fois au double : & fommes fi prefts &: appareillez
par la grâce du Seigneur.qu'il nous femble que nous y fômes défia . Toutefois nous ne
iauons comment Dieu y veut befongnet en nous:bien eft vray que nous n'eftirn,onsau-
tre chofe que de les fuyurc bien tofbcommc le bruit en eft par toute la ville. Mais nous
attendons en patiencela volonté du Seigneur. Quant àmoy,i'ay défia efté ouy trois
fois
fois en la forte q ic vous ay mandé par ce iuge qui ma monftré grande bénignité & bon-
tés tout le monde dit qu'il nous aimc,mais ie ne lày fi feray plus ouy: or fi ic le fuis fur les
poinwts principaux, certes alors ilfc faudra mettre en reng de corn bâtant. & voila ou l'en
fuis.Bien eft vray que ie fày , que Satan eft plein de finefles , mais le Seigneur ma aduerty
de me donner garde du collé qu'il me voudroit fafcher&: nuire,dequoy iel'eh prie iourte
nuid , &c defire que m'y aidiez par vos prières. Le Seigneur dit par l'on Prophète , Que les 1
Anges ont planté le camp à l'entour de ceux qui le craignent. Or s'il a placé le camp à l'en
tour,de quel cofté pourra venir l'ennemy qu'il ne (bit veu?
. Qv a n t à noftre frère l' Aduocat, il a efté aufli ouy par deux ou trois fois, &: a efté me-
né en pleine audience deuant tous melfieursdu Palais: mais iàuez-vous comment il eft
braue homme en la foy?il me ièmble quequand ic le regarde , ie voy vn Ange, ou à tout le
moins vn {ain&,&: aulîi eft-il àlaverité.Ie vouslaiilcàpenfer fi ie fuis heureux d'eftre ain-
lîaccompagné.Ileiloit à la mort &: en toute lamaladie de noftre frère le Breton. Ienten
qu'il eft de grade qualité,dont ces gens- cy font efbahisi&péfequeles plus gros de la cour
de Paris font l'es parens,lefquels ceux-cy ci aignct.Si eft-Ce qu'incontinét qu'il fut reuenu
delà Cou r , on luy mit les fers aux iamfres : defquels il fe quarre &: glorifie plus que nefe-
roit vn Prince ou Gétil-hommeauec vne chaîne d'or en fon col : bref, c'eft vn Roy) voire
vne tour imprenable. Nous eufmes hier vn peu decommodité de patler enfembleàcau-
fe que tout le mode eftoit occupé en la mort denos frères. Et iufques là (helas) nous nous
aimons ii fort, que defirons marcher enfemblc, fi le Seigneur le veut. &croy,mestreiai-
mez frères , que noftre facrifice ne fera point fans grand fruid : car la terre eft bien appa-
reillée pour receuoir la lémence. Ilyaencelicu-cyquclque nombre de bonnes pcrfbn-
nes,aufquelles Dieu veut faire mifericorde,commei'eftime: vous afleurant qu'ily en a de
fort pitovables:& diray bien cecy, qu'il y a vne charité autant enflammée que i'aye iamais
veu,lelon le lieu. O mes frères & bons amis, ie vous recommande le tout,commc ie vous
ay défia mandé par autres : vous priant de confoler voftre fœur,qu'elle prenne bonne pa-
tience, cognoiffans que nous tous fommes au Seigneur, & qu'il en peut difpoferàfàvo-
Jon té.Sur cela ie feray fin à la prefènte,apres auoir prié ce bon Dieu tout^puifiant, pitoya-
ble & mifericordieux , qu'il vous conduite > & tous ceux qui craignent l'ofFenfer, iufques
au bout de voftre vie &: courfc,à (on honneur & gloire,à l'édification defès efleus, &: à vo-
ftre falut, Amen. le vous prie prefenter mes humbles faluts tant de moy que de mon frè-
re^ tous nos freres &c amis,me(iieurs les Miniftrcs de rEglife,cnféble aux Diacres &: An-
ciésd icelle:& puis en gênerai à tous mes frères & fœurs de noftre pays,& à tous ceux qui
nous font conioints en Iefus Chrift. Arc. Scraphon voftre.
C E que nous deuons recueillir de ces eferits d'Archambaut , icfquels ont cft^ fuffifaminent ratifiez par la mort
bten-heureufequi s'en eft enfuyuie.
PAr ceft extrait des elerits d'Archambaut, nous auonsenfomme Thiftoiredeceuxqui
d'vn mefme temps eftoyent prilbnniers à Diion, & fur tous de Philippe & laques, qui
par leur mort ont redrelTé maints bons cœurs en ladite ville . Lelangage & ftil defdits
eferits manifefte de quelle (implicite' &c debonnaireté a efté conduit Archambaut iuf-
ques à la fin : &: que ce qu'il a dit defoy-mefme, Que le Seigneur s'eftantferui de fon mo-
yen pour redrefïer lefdits Philippe&:Iaques,luy a rendu au double en force & vertu,pour
fouftenirauecrAduocatfon compagnon tous les affauts qui leur ontefté liurez,les ay-
ans deuorezco m me préparatifs du grand combat delà mort , que d'heure en heure ils at-
tendoyenc : &: en laquelle, furmontans toute contradiction , ont magnifiquement tri-
omphé.
NICOLAS DV ROVSSEAV^Wwotf.
jjf^^lPS PRES Philippe Cene Jaques & Archibaut, viet le tour & ordre de Nicolas
^^^>^| du-RoulTcau:&: corne Archabaut lui a rédu te(moignage &r aux deux autrer,
&|?*p?\m auflîen fait du-Rouffeau en pareille fidélité d'hiftoire. Ileftoitnatifdupays
lll^fc^ d'Angoulmois,Aduocat&:iurueillâtderEglifenaiiranteà Paris: hômedefia
aagé,& bié verfé en toutes bônes feiences, fur tout és chofes diuines. Il auoic efté enuoyé
HH.
£,*Wo VL J\(Jcolas du'%pu(feau.
deuers l'Eglifede Geneue pour côfcrer des affaires Ecclefiaft.de Paris,&: auoir l'aduis des
Miniftrcs fur aucunes choies q. cftoyéc en côtrouerfe. A fô retour eftat de côpagnic aucc
M.Nicolas des Galars miniftre de Geneuepour aller à Paris,il fut appréhende en la fron-
tière de Bourgongne,en la ville d' Auflbnnceftat tiouué iaifi de liures ôc mi(iiucs:&: de là
fut mené à Diion,où il endura de grandes faicheries . Nous entédrons le tout par la lettre
ici inleree qu'il enuoya de laprifonà vne Damoifelle retirée en lieu de liberté pour leruic
à Dieu:
Lmrctdc Ma-d a m o i s e l i e ,1c Seigneur Dieu me faifanr ce bien de vouspouuoîr
R<3i«ui maintenant eferire quelque peu de mon eftar de prilbn à la defrobee , félon quelamilere
vncDaœoi- du lieu le permet, ie vous ay bien oie donner celle peine d entédre par quel moyen ie fuis
venu4à,&;commeie m'y luis porté iufquesà prêtent: lâchant alTez combien volontiers
vous-vous employerez pour moy en prières, à ce que ie ne luccom be en la querelle de mo
Dieu, pour tourment qui (bit:&: combien vertueulèment vous prendrez l'ennuydece
mal , h* mal le doit appeler. Encores qu'eu fle prins deuxadrelTes de chemin pour m'en re-
tourner,&: mefmelur tout pour euiter Diiomtoutefois lailfant l'vnc &: l"autre,commcfor
ce de Dieu , ie ne fay commen t ma compagnie & moy nous rendifmes au £bir bien tard a
A tuTonne,le Samedi 1 1 .d' Aouft : où le Capitaine fit viliter nos mallettes : &: ne trouuanc
rien qui luyfuft lufpc&és deux de mes compagnons, les la ilTa aller làns empêchement:
maisdemoy,icfuarrefté,par ce qucdedansla mienne fetrouuerent quelques liures &:
pacquetsquineluy plailbyent, touchant le fai& de la Religion . Parquoy le lendemain
il m enuoya lie & garroté à Diion pardeuerslc Lieutenant du gouuerneur du pays,nom-
mé monlîeurdeVillefranquon : lequel voyant que ien'auoye rien qui fuft contre lesc-
dits ordonnaces du Roy cocernant fa charge,mais feulement le faict delà Religion, me
renuoye à la iufticc,&: aux priions qu'on dit de la ville. D'entrée le Parlement efmcu de ie
ne lay quel zele,ferend mon luge en la caufe , par preuention , comme ils diient. le de-
meuray quatre iours qu'on ne me dit rien : le quatrième deux Confeilk rs viennent de
purez pour m'interroguer , Se me demandèrent premiei emen t la railbn de mon voyage»
le leur refpondy que ie lauoye entrepris, afin qu'en vous failant compagnie, i'euïfc moy-
en de voir la forme de viure qu'on tient par delà. Et en cela Dieu m'eft tcfmoin,que n'ay
on°enfé,nerien dit contre ma conlcience. Etlcur ayant paiTéoutre,quetelleforme de
viure ne me delplaifoit , pour les raifons que pouuez penfer , ils viennent à ma mallette,
&C m'examinent des liures &: pacquets qui eftoyent dedans . Quant aux liures , ie rc
monftre que tout ainlî qu'il m'eftoit permis , faifant profeflion des lettres , d'auoir des li-
ures profanes remplis de mefchanceté,pour en recueillir ce qui eft bomqu'aulli il m'eftoit
loilîble d'auoir lefdits liures pour difeerner lalcpredauec ln Ieprc,&: en faire mô profit.Us
L'Edift de me répliquèrent que par l'Edit delà Bourdoiliere il elloit défendu de porter tels liures. Ic
J?^urdo1" leurdi,queledit edideftoitia trop vieux, &:quecommunément tels edits en France fe
furannoyent après l'an: & par ainfi qu'on ne deuoit prendre l'Edita la rigueur contte
moy. Touchant les pacquets,ce bon Dieu a bien tellement , voire miraculcuiement mo-
déré ma langue, qu'en leur dilant vérité , ie n'ay rien dit qui nuifeà perfonne,nemcfmes
en ce qui concerne quelques créances qu'auoye. Cela fait,ils m'ont fondé de mafoy,ne
prenans autres poin&s quelaMelTe,&: la Confellion auriculaire: lefquels leur ay reietté,
par les raifons qui lèroyent trop longues à déduire maintenant , &C lefqu elles au fli enten-
dez trop mieux. I'ay depuis efté mené audit Parlement;où le premier Prefident ( fort bon
Canonifte) m'a examiné fur mefmes articles, & là auffi i ay perfifté en ma cofeffion. Et au
retour ay efté empeftré de gros fers , qui me font nuiét &c iour bonne compagnie auec la
vermine. Le mefme examen a encores efté repris par mes Commiflâircs, qui ont eu ref-
ponfes de moy telles que deuant : tellement qu'il ne refte plus pour paracheucr mon pro-
cés,qu a me confronter les Do&eurs.Iefupplie ce bon Dieu me faire la grâce dem'aflî-
fterau combat, par l'on Elprit me donner dequoy leur relpondre fuyuant làpromeife:
mcfmcmentquedepuisque ie tienprilon,ilnem'aefté permis d'auoir aucun liure de
fainfre Efcriture,non pas vne Bible, quelque requefte quaye faite :melïieurs dilans que
c'eftoit le liure qui abufoit telles ges que moy. De là pouuez vous voir, Ma-damoifellejen
quel aueuglement Dieu a mis ce peu pie pour exercer en foy Ces fidèles , & leur faire fentir
d'autant plus làgracc,cn laquelle leule ie mets aufii tout mon appuy.U y a bien pis, q mef-
me Satan employé tel aueuglement à l'endroit duPrincc,& quali de tout le peuple, pour
impu.
Exécutez, à Dïïon. +$6
imputer aux pourcs fidèles les calamitez delà guerre , & tous ces maux qui font aducnus
(comeceft autheur de menfongeafàit iadis aux premiers Chreftiés,du temps delà primi-
tiue E glife)li bien qu'au moyen de cela , iamais le feu, ne la rage du monde contre l'Eglifc
ne fut li fort enflambee,qu'elle eft maintenant. De toutes parts y a mandemés decercher
& maffacrer ceux qu'on trouucra,& n'efpargn er perfonne.Entre autres lieux lcRoy a en-
uoyé le prelldent Largebafton en Poictou,pour le monftrer en ce beau chc£d'œuure . Ce
que i'appris dernièrement du Prelident mefme qui m'interrogoit, comme dit eft, en Par-
lemennlequel ayant feeu, ie ne lây comment, que l'eftoye allié duditfieurdeLargebaftô,
médit en courroux celarpenfant ainfi m'auoir,& mieux m eftonner.Mais ce Dieu de for
ce ne m'oublia en ceft accefToire:lculement ie gemiffoye oyant fî'piteux recit.Ma damoL
fclle,vous pouuez entendre quelle grâce le Seigneur vous a faite, de vous auoir tirée il bié
à propos,& en reps fi prochain du mal,hors de ceft'Egypte.Et pour vous môftrer eocores
mieux que telle fureur &: inhumanité' règne par deça,&: toutefois la grâce de Dieu au cô-
traircrie vous reciteray fomairement ce qu'on a fait ces iours r/afTez.Ii y auoit deux ieunes
hommes qui eftoyèntprifonniers céans pour la parolle, l'vn appelé laques &c l'autre Phi- Hifloiredc
lippe apothicaire, tous deux du pays de Normandie,mais mariez à Geneue. Incontinet dcuxM*-
qu'ils font prifonniers,le lieutenant duBailliHeur fait leur procé$:& les ayat examinez fur cc^dSL
les principaux poin&s de l'Idolâtrie , ils font vne côfeflion làmctc & catholique, ainfi que
i'ay fceu,pour laquelle ils furent foudaincondânez au feu.Mais ayans appelé audit Parlc-
ment,pendatlcur appel,au moye des pourerez de cefteprifon,& de l'horreur delà mort,
& fur tout encores du grad regret qu'ils auoyét de leurs petis enfàns , & de leurs femmes,
félon qu'ils m'ont dit,ils fe rétractèrent, & fignerét leur retra&ation . Le tout fût enuoyé
par deuers le Roy , pour fauoir cômet,ou quelle iufticeil luy plaifoit qu'on fift d'eux, ainfi
qu'on leur fît entendre. Sur ces entrefaites eft pris vn Gafcô mercier nomme' Archâbaut,
marie aufîî à GcneueJequel incontinet fut mis en ce lieu:&: y eftant fit tout le dcuoir d'ad
rnônefter ces deux poures ges.Bien toft après s'cnfuiuit ma prife : laquelle d'entrée le Sei-
gneur auffi me fit employer en fi bon affaire.Parquoy foudain ie vins à leur rcmonftrcr Se
la grandeur de leu r fautc,qui apportoit fi grad fcandale à ceux mefmement, lefquels ils a-
uoyent fi bien édifiez par leur confeffion:& le iugement de Dieu prépare contre cux,s'ils
n amendoyét bien toft ceftcfaute:& qu'il ne falloit point qu'ilspcniaflcnt de marchander
ainfi auec luy, qu'eftans fortis d'icy, moyennât fa grâce, ils repareroyer le mal en meilleur
endroit.Car puis que par fon confeil admirablc(commeils voyoyét bien)il leur faifoit tac
d'honneur de les prefenter en vn tel triôphe,ils s'oublioyét bié d'en fuir la lice , &c refifter
à fbn faind vouloir. Que ce n'eftoit pas à nous de nous faire iuges des occafions que Dieu
nous prefente,en vn fait figrâd,pour les fuir & remettre à noftre appctit,& dciugcr ainfi
du téps qui nous feroit propre,pour mieux feruir à fa gloire,au gré de noftrc efprit.Ie noir
bliay les miferes &c pouretez de ce mode, aufquellcs &c noftre vie , & noftre corps fôt touf-
iours fubiets:&: que c'eftoit extrême folie à nous de fuir la mort , mefme fi heureufe en ce
tas dp maux.Qu'eux-mefmes fauoyét bien à quoy s'en tenir, fentas défia la main de Dieu
parles maladies efqlles lors ils eftoyét tôbez. Au contraire,ie leur rcmôftroyelagrâde mi-
fericordede ce bon Dieu enuers ceux qui lèrctournet,& recognoiiTcntleur fâute.rappor
tantà l'vn & àl'autre poinct les exéples tât vieux, que de noftre téps.Et quat au regret de
leurs femmes &c petis er;fans,q ce bon Dieu en (croit tuteur &c protecteur,cômc créateur.
Finalement Dieu par fa mifericorde leur touche fi bien le cœur,quc tous deux ( principa-
lement 1' Apothicaire)fondas en foufpirs 5c larmes, recognoiiTent leur defadueu a bon eL
cient.Si bien q la refponfedu Roy,qu'on dilbir,eftantfurucnuclà defTus,portant confir-
mation de leur iugemcnt,&: leur eftant cela prononcé Samcdy dernier , quoy qu'on leur
promift de leur faire grâce de ne ientir point de feu, s'ils perfeueroyent en leur defadueu,
d'vnc grande confiance reiettans ceft offre, recogneurent deuant tous le mal qu'ils auoy-
entcômis,fe rerra&as corne ils auoyentfait:& allas au fupplice,admôneftoyentde cela le
peuple:louas Dieu de fa mifericorde,&: de la pitié qu'il auoit eue d'eux.Cefte vermine de
Moines,qui les enuirônoit auec les fergens,tafchoit bié,en faifànt grâdbruit,q celle fain-
£tc voix ne fut entédue: mefme eftâs venus au lieu de la mort,& là garrotez aux pofteaux,
continuans toufiours leurs pt ieres,remôftrances,& lamentations, fur tout Philippe l'apo
thicairc, vn Cordelicr de celle vermine luy ferma la bouche auec fa griffe par cinq ou lîx
fois. Mais nonobftât cela Dieu faifoit toufiours q leurs propos eftpyent entendus.Et ainfi
moururent ces deux gens de bien , comme nous ont rapporté ceux qui les auoyent veus.
HH.ii.
Lime V h JeanHuron.
Voila l'exemple que ie difoye, qui nous fait cognoiltre&: ia cruauté de noftre cemps>& la
bonté de noftrc bon Dieu : laquelle i'atten contre tout confiai humain quelle vous fera,
voir bien toft régner Ion Eglife,&: l'abomination aller en ruine . Car c'eft lors, quand la
barbarie &c periccution font en leur excez , que Dieu volontiers befongne : pour mieux
faire fentir que cela ne vient d'autre que de luy : tefmoin la deliurance qu'il fit des enfans
d'Iù ael,les tirant d'Egyptc.&: autres vulgaires. Quant à moy, ic ne m'atten pas de voir ce
grand bien,ne de palier lafcpmaine: d'autant quece matin comme l'eicriuoye la prefen-
te,on m'a amené les Theologiens,&: entre autres vn grand Monlieur l'abbé de Cifteaux,
qui m'a ergoté de laMefle,&: de la tran(îubftantiation>& non d'autre choie. Et voyât que
fes ergots ne iéruoyent de rien , prenant congé d'vnegrande colère, m'adit mon arreft,
que ieperdroyc mon corps &c mon ame,ièlon Ton aduis eftant en la main des hommes.
I'eftendroye volontiers ces propos,& autres plus auant,s'il m'eftoit permis,mais le papier
icy me défaut. Parquoy faifànt fin, ie vous prie, fi receuezlaprcfente deuant mon execu-
tion,de prier le Seigneur pdtir moy, qu'il ne me delaifTe poinr: vous prefentant mes hum-
bles recommandations,^. De Diion,en prilbn ce fixiefme de Septembre, m.d.l vu.
C b làind perfbnnage>confeflant ainfi le Fils de Dieu , comme la lettre le tefmoignc,
demeura afifez long temps après les autres trois Martyrs lès côpagnons: &: en telle deftref.
fe,qu'il en mourut. Dequoy les aduerfaires non contens, voulurent auffi le môfttcr cruels
delius le corps mort:& le firent brufler,&: mettre en cendre en place publique.
IEÀN BVRONA^m.
C E L V Y qui femblou eftre contcmptiblc lors qu'il demeuroit à Geneue,vulgairement nomrné Le Lanternier,
M.DXVH. eft icy propof è à tous fidèle» ,pour exemple de vraye confiance en toute intégrité de foy.
E A N Buron natifd'Afpiemont au bas Poictou : après au oir demeuré z t. ans
enlavilledeCraon aux confinsd'Aniou& Bretagne, fut mis prifonniei &
perfecuté pour la parolle de Dieu, tant en ladite villc,qu a Angcrs.Et ayant èu
île relafché (ans aucun iugement , fe retira en là ville de Geneue : de laquelle
douzeansapres il iè partie accompagné d'vn fien fils , pour audit lieu dcCraon receuoir
quelqueargentquiluy reftoit delà vente d'vnemaifon faite à vn nommé laques le Se-
ure. AndréGoullay procureur duRoy de ce lieu, eftant aduerty de fa venue, vn Diman-
che matin lalla trouuer en ladite mailbn . Et afin d'auoir occaiion de l'appréhender , il le
folicitadelemencràlaMcffopour àfonrefuslecôftituerprilbnnierauçhafteau. Le 1 x.
de Iuin m.d.l ti i. eftant mené pardeuant le Senefchal de Craon , &: inferrogué à l'in-
ftance du procureur du Roy de l'on aage, relpôdit qu'il auoit fbixanteans. Enquis du tépj
qu'il auoit demeuré à Geneue, & qu'il n'auoit efté à la Me/Te : dit , qu'il v auoit douze ans
qu'il s'eftoit retiré audit lieu pour viure félon la reformation de l'Euagilc.-pendant lequel
temps il n'auoit efté à la Méfie , & n'y vouloit auffi aller , par ce que la parolle de Dieu luy
defendoit. Et quant au Sacrement de l'autel , ainfi que le Pape le garde &: obferue , ck que -
fesfuppofts le tiennent, quec'eftoit abus & vray erreur du peuple: offrande prouuer par
plufieurs pairagesdelafàindeEfcriturcqui cft la vraye parolle de Dieu .Mais quant a la
Cene de noftre Seigneur Ielùs Chrift,côme elle eft célébrée &: obfèruee à Geneue,il croy-
oit &: la confeiToit eftre bonne. ^ Apres cela Buron rcmôftrant qu'il fe trouuoit mal delà
pcrfonne,mtréuoyé&:remisàvncautrefois.L'apreldilnce !eSeiicfchal retourna au cha-
Itcau, &c le manda: lequel continuant fes relponfes précédentes , dit, Que la feule inftitu-
tion&: ordonnance que IefusChrift Fils de Dieu éternel auoit cftablic touchant la fàin-
cte Cene,pour confermer la foy des enfans &c efleus de Dieu,eftoit certaine ÔC vraye, 6c nô
pas celle du Pape, laquelle eft fondée fur vn erreur manifefte, que Dieu deicend entre les
mains des hommes pecheurs.Ce qu'il ofrroir derechef monftrer par la feindre Elcrîture&:
parolede Dieu. A raifon dequoy déclara qu'il aimeroit mieux mourir,q d'aller à là MefTe.
Notez qu'il 11 allégua plufieurs raifons pour confermer fon dire, lefquels ïeluge ne voulut coprendre
iug«defai. en fo Proc<^s vcrbal:mais fèulemëty adioufta ces mots, Pour les raifons qu'il arédues, &c.
rckprocés Interrogve fur lmtcrceffion desSaincts, adit, Quenousn'auonsautreaduocat
teiwndc- pour aarclïcr noftrc Pricre enuers Dieu,que Iefus Chrift le lu ftc,{ëlon qu'il eft eferiten 1 -
negations, Epiftre Canonique defainct Iearn» Que par confrquentla vierge Maricni les Sain&s &c
Sr de bTC *ain<^es ^C Paradisn'auoyent aucune puiflance d'intercéder pour nous,
fon. C "l S'il croyoit au Sacrement du Baptefme. Qu'il croyoit en Dieu , croyoit auffi
que
Jean'Buron. ^f?
que le Baptefme eftoit le premier Sacrement inftirué de Iefu« Chrift , & lequelilauoic
cômandé cftrc administré au nom du Pere,du Fils, & du faind Efprit , auec l'eau fimple-
ment, fans y adioufter autres chofes commandées des Papes. D. Si depuis douzeans
qu'il s'eftoit retiré à Gcncue,il n'auoitpas receu le précieux corps de Iefus Chrift. i^.Que
nonjainfiquel'entendoitmonfieurleSencfch'alquirinterroguoit, &c le Pape lecomman
doit. Bien auoit-il fouuent efté à la Cene,&: receu nof tre Seigneur Iefus Chrift en icclle,fe
Ion Ton institution . Quant àlaconfefiion auriculaire,dit, qu'il nefalloit feconfèfTer aux
Preftres ny aux hommes : veu qu'ils n'ont aucune puiffancedabfoudreles pechez:mais q
c'eftoit à Dieu fcul auquel il fe falloir confeifer . Nia aufTi qu'il raille aucunement prier
Dieu pour les trefpaffez, &: que fi Dieu ne fait mifericorde aux hommes en leur viuant,il
nelcur fera eftans morts : & qu'il n'y auoit aucun purgatoire , finon le fàngde noftre SeL
gneur Iefus Chrift:auquel i'ang tous les enrans ôz cileus de Dieu font lauez& nettoyez de
toutes leurs ordures &: péchez. Intcrrogué pourquoy delaiiïanr la foy Catholique, s'e-
ftoit retiré à Geneue, attendu que celle Villeeft tant mal renommée , &: queles gens mal
fentans de la foy y habitent contre l'ordonnance du Roy.i^. Que lafoy laquelle il croyoit,
eftoit meilleure que celle qu'on tenoit en la Papauté.Et qu'il s'eftoit retiré en icelle Ville, Pourênoy
voyant les abus &: erreurs qui eftoyent en fon pays. Dauâtage, que pour tous les biensdu fiî^^
mondeilnelaùTeroitd'y demeurerii Dieu luyredonnoit retour. ^"Ledureluy fut faite pour y dt-
de l'es interrogatoires &:rcfponfcs , pour fauoir s'il les vouloir maintenir &: y perfifter . Sa mCttrcr--
refponfcfur,que ce qu'il auoit dit contenoit veritc,&: qu'il eftoit preft de monftrer parles
faindes Efcritures tout fon dire.Lorsle luge le remir,commepar acquit,aux dodeurs en
Theologie:&: quant & quâcenuoyaaduertir le Clergé d'Angers de tout ce qui eftoit pa£
fé. L'Euelqueduditlieuefleut vn preftrcchanoined'Angers,nommé M.Iean Chaillaud*
pour fc tranfporter à Craon,afin de confuter fes opinions.Ceftuy ayant priéChriftofle de
Priue conleiller du Roy pourafllftent , fe tranfporta au chafteaule27.de Iuin. Etaulieu
de luy monftrer en quoy il erroit,il 1 interroga tout ainfi ques'il euft efté fon Iugc,& com-
me luy voulant faire nouueau piocés. Premièrement luydemandaquelleauoiteftéSÉ
fon aceufation & la caufedeibn emorifonnemenr à Angers.Cefut,dit Buron,quon vou-
loir maintenir que i'auoye mal p i de de la foy &. religion Chreftienne , ce qui n'eft oit : car
ieveux,Monfieur, perfifter &: demeurei ferme en laconfeffîon defoyquei'aycy deuanc
faite,commceftantvraye&: certaine,& tirée des faindes Efcritures.
Lo r s au lieu de luy monftrer du conrraire , ceux-cy l'admonnefterent fe réduire à IV-
nion de l'egliféRomaine,fous l'obeifTance de laquelle il eftoit commandé de Dieu(difoy-
cnt-ils)& du Roy leur fouuerain feigneur,viure &c fe régler pour le faid de la Religion .au-
trement qu'il ne pourroit euiter la rigueur des edids &: commandement du Roy.-lefquels
ils luy déclarèrent bien amplement pour lefpouuanter.Buron fit refponfe , qu'il auoit &C
tenoit Iefus Chrift pour chef de l'Eglife:que les commandemens de Dieu eferits au x x.
chapitre d'Exode,auoyent efté cftablis par iceluy Iefus en plufieurs jpaflàgcs defon Euan-
pile: que fes Apoftresauoyentefté par luy enuoyezprefchercemeimeEuangile par tout
le monde: queles Apoftres (& auparauant eux les Prophètes) auoyent fait de tout temps
pure confeffion deleur foy deuant Dieu &C les hommes , s'appuyans du tout fur Dieu ,ô£
non fur 1«* traditions des hommes.Que tous vrais annonciateurs de l'Euangile prefehoy-
ent purement &. fimplement cequiy eft contenu fansy adioufter ou diminuer aucune
chofe: fuyuant ce qui eft dit en l' Apocalypfe , Si aucun adioufteà ces chofès , Dieu adiou- Apociuf
fterafur luy les playes eferites en ce liure,&c.
Apre t ces rcfponfes, les luges voyansq les menaces demortprofitoyent autant peu
que k promette de fa deliurance qu'ils luy auoyenr faire, demandèrent s'il vouloir auoir
ledure des refponfcs par luy faites deuant le Senefchal de Craon . Il dit qu'ouy , &c qu en-
tant qu'elles contenoyent vérité , il les vouloit maintenir . Cefait,ils luy demandèrent
files fergens lemehans auec fon fUsprifonnicrjnel'aduertirentpasjenpafTant pardeuat
l'eglife faindNicolas,d'ofter fon chapeau,& faire reuerenceàla croix & remembrancede
la paffion de Iefus Chrift . Sa refponfe fut, qu'on l'en aduertit : ruais que la Loy de Dieu
luy commandoit au vingtième d'Exode,de n'adorer aucune idole,nechofe quelle qu'elle
fuft,tantaucielquedeflbus:trop bien queles hommes eftoyent tenus de porterhonneur * 'ia4
&: reuerence les vns aux autres lelonleurs eftats &c dignitez,commeaux Rois,Magiftrats,
&: personnes ayans charge de l'adminiitration publique. Interrogué,Quel eft l'abus &c fo-
lie qu'il pcnle eftrecnlaMefTe,ainfi qu die eft dite& cHebree entre eux qui font fous
n HH.iii.
Liurc^j VI. LEftdt <ki Eglifa en Piedmont.
l'obcùTance de l'eglife Romaine^ dit qu'il ne trouuoit poit par la fain&c Efcriture la Meil
le eftre inftituee de Dieu, ne qu'elleeuft efté célébrée par les Apoftrcs ouProphctes.Ioint
queparlaconfeffion dcnoftre foyqu'on appelé le Symbole, ùcft dit nommémentquc
Iclus Chrift après fa mort &c refurre&ion , monta aux cieux , où il cft feant à ladcxtre de
fon Pere:&: ne fe trou ne point qu'il foit depuis defcendu,& n'en defcendraiufqu'auiour
du îugement, quand il viendra iuger les vifs &c les n:orts. A déclaré aulli que tous les Euef-
ques,Preftrcs,Moines, &£ fuppofts du Pape, à la manière des Pharifiens tiennent le poure
peuple en erreur : le deftournans delà vrayefoy,&: faifans mourir ceux qui la fouftiennéc.
Voila en lbmme le contenu au procès des interrogatoires &: refponlcs de Iean Buron.
Toutccefte Son procès eftant fait, le Vendredy feizicme de Iuillet audit an, on lciugea au rapport
«îTextnSw du lieutenant M.GuillaumeleRat,par Chalopin lieutenant particulier,?. Gohin, P. des
des aftes du Hayes,F . Leuret,F .Colin,Conlèillers,&: ledi t Chaillaud ordonné de l'euefque d'Angers.
mad. C" Et l'ayans fait venir deuant eux en la chambre du Conièil, les refponlès répétées de mot à
autre,il inra &c afferma icelles contenir verité,&: les auoir faites iclun fa coniciencertoute-
fois fi on luy monftroit par la parollede Dieu choie mal dire,illa corrigeroic,& ne demeu
rcroit opiniaftre.On luy répliqua quelle corre&iô il y voudroit faire, fino qu'en délibérât
d'aller à la Mefle il corrigeait ion erreur,& les mauuais propos qu'il auoit tenu du fàind là.
crcrpent,en fe confeffant à vn preftre. Il leur dit en fbm me qu'en ton t cela il n'y fauoic né
à corrigera que d'aller à la MefTe, ou de fe confeffer au preftre, qu'il ne le feroit iamais:dc
porter reuerence pour caufe de religion à vne choie corruptible , ou adorer ce que le pre-
ftre monftroit en ïà MefTe , ce n eftoit que tout abus, que la Me/Te inuentec des hommes,
eftoit chofe dânable,& qu'ilne croyoit point à ce qui neftoit eferit en l'Efcriture; veu que
tout ce qui faifoit befoin à noftrc fàlut,eftoit contenu en l'Efcriture làin&e. ^Pour la der-
nierefbis eftantadmonnefté de changer d'opinion , demeura relblu , puis qu'ils ne luya-
menoyent raifon de la fain&e Efcriture,laquelle feule il difoit deuoir eftre iuge de leur dif-
férent.Les defTufdits luges & Confeillers, voyans fa conftance,qu'ils appelent opiniaftre-
té,le condamnèrent d'eftre pedu Se eftrangle,&: fon corps bruflé.Buron ayant ouy fa lèn_
tence,leuat les yeux au ciel loua Dieu de la grâce qu'il luy faifoit de ibuffrir pour fon fàin&
Nom. Lefdits luges tous efmerueillez,&: comme fentans vn iugementdeDicu qui les
prefToit en leur confcience,luy dircnt,Et quoy?n'en appeles-tu pointill leur dit , Commette
mcmoublc Mef$ieurs->ne vous fùffit-ilpês £ auoir les mains teintes en mon fangyfansen vouloir fouiller d 'autres,
les rendre aufît coulpables de ma mort comme vont fère^î Cefte refponfe les efton na encore plus.
& partant on l'ofta de là pour eftre conduit au lieu ordonné au fupplice. Y eftant amené,
il mourut conftamment parlant delà fby&elperance qu'il auoit quenoftre Seigneur Ie-
fus Chrift le receuroit à l'heure en fon repos éternel.
Touchant quelques Eghfes des fidèles en certains endroits de Piedmont.
temps & le
g E S habitans des vallees,d'Angrongne,Luferne,fain£t Martin,& autres,ifTus
du peuple appelé Vaudois, (qui iadis s'eftoit retiré , à caufe des perfecutions,
és delèrts des montagnes de Piedmont) eurent en ce temps publiquement la
prédication del'Euangileen pureté dcdo&rine. Dieu leur enuoy a devrais &:
fidèles annonciateurs d'icelle,leiquels,enfemblcle peuple , deliberoyét bien de côtinuer,
comme auparauant on auoit fait eldites vallées , le plus couuertement qu'ils pourroyent:
mais tant de gens accourbyent de tous coftez, qu'il fàl ut prefeher en public Se deuât tous.
Choies mémorables lont récitées en l'hiftoire des perfecutions &: guerres, faites depuis l'-
an m.d . l v .contre lefdits peuples, qui mentent d'eftre leuë$& entendues. Entre autres,
d'vnhommcde Briqueras ( qui n'eft qu'à vne lieue d'Angrongne) nommé Iean Martin
DiS^dr^ Trom^aut^u^sefiant yantép*r tout, que pour empefeher le cours de la prédication, il couperoit le ne^jt»
rable. * Mimjhre d'^npron °nc,fut tôt après affaïUi Svn loup enragé qui luy mangea le ne^y dont il mourut enra-
^/.Cecy aefte cogneu notoirement par tout le pays circonuoifin: &: fi n'a on ençendu que
ce loup ait iamais fait autre mal ne dommage.
Nicolai Sartoiré.
C Or par le difcours du procez ci deuant dit de Barthélémy Hé&or > oh a peu cognoi-
ftrecomment le parlement de Thurin tafchoit par tous moyés d'empefcher lé cours de
rEuangileefdites vallées: voire de fufciter les forces du roy de France, (qui lors tenoitle
pays) pour tout ruiner.L'vn des Prefidehs dudit Parlement , nommé De faintt Iulian,&:
vn collatéral appelé' De ecclefia,& autres, furent députez pour informer ou pluftoftef-
pouuanter de menaces le poure peuple. CePrefident âuec les compagnons députez de
la Cour,s'adreira premièrement à ceux de la vallée de Pérou (e,où il n'y auoit encores au-
cun Miniftre : mais alloyent aux prédications qui fe faifoyent à Angrongné. Ces poures
cens furent fort troublez de la venue de tels Cornmiffaires,lefquds delà s'en allèrent en
la vallée de fàinct Martin,où ils efpouuanterent fort le peuple tant par informations que
par menaces,&: y demeurèrent iufques vers Pafques , pourchaflans de le ruiner & exter-
miner du tout. Ce Preildéteftâtarriué à Pignerol, enuoya quérir entre autres vn home
defaincHean (qui eft allez prcs d'Angrongne ) & luy demandant s'il n'auoit pas fait ba~
ptizer fon enfant par leurs nouueaux miniilres,&:pourquof:Ce poure home refpôdit qu'
ill'auoitfait baptizcr à Angrongné , pource q le Baptef.y eft adminiftré felô l'ordonance
delefus Chrift. Là defTus ce Prelident en grande colère luy commanda depar leRoy fur
peincd'eftrcbruflé,quileuftàlcfaiieincontinentrebaptizer. Le poure homme fupplià
qu'il luy fuft permis de prier Dieu auant que luy refpondrc. Ce qu'ayant fait dedans la fai
le en prelence de toute l'aflemblee , il dit au Président , Qu'il luy efcriuift & fignaft de (a
main comment il le derchargeoitd'vn tel peché3& qu'il le prenoit fur luy Se furies ficns: Excmplcc5
qu'alors il luy refpondroit. Ce Prelident (è trouua eftonné d'vne fi fbudaine demande du me Dieu as
payfan,&: comme faiii de frayeur,fut quelque temps fans pouuoir parler. Puis après îljuy J^0^
dit,De(loge d'ici vilain. Ainfi fut deliuré le pourc homme de la fureur de ces Corn- ST^SL
miflairCS confondre
L e furplus des procédures tenues par eux , tendoycnt à ce but que le peuple defdites «
vallées euft à fe réduire à l'obeuTanccdu Pape , fur peine deconfifeation de corps &de
biens. Mais après quecePrefident& les liens eurent aureztracanfeçà& là, s en retournè-
rent à Thurin auec plufieurs eleritures & procédures faites par eux. Et apres qu'ils curée
mis le tout par deuers ceux du Parlement de Thurin, on enuoya en France à la Cour , où
les affaires demeurèrent enuironvn an auant que la refponfe en fuft rendue. Durant ce
temps-la toutes les eglifes du peuple furnommé Vaudois eurent quelque repos,felon que1
Dieu par vne bonté infinie a accouftume defoulagcr adonner rclalche auxfiensapres
qu'ils ont cfté agitez d'orages &. tempeftes.Ces eglifes s'augmentèrent tellement,qucpar
toutes les vallées il v eut des miniftres qui prefehoyent publiquement en toutepureté la
parole de Dieu,&:adminiftroyent les Sacremcns.Lorsles Preftres &naoines quiauoyent
voulu empefeher le cours delà prédication de TEuangile par la venue du Prelident 6c des
ficns furent bien fruftrez de leur attente, comme Dieu fàit bien renuerfer les confeils &: -
complots de fes ennemis, car la MefTe pour lors cefifa du tout en Angrongné &s en beau- c^ccn eM
coup d'autres lieux. grongne.
NICOLAS S ART OIRE,cfc Quitr en Pteàmont
L'occafion de mettre à mort ce tefmoin de Iefus Chrift, a efté,que la vérité de l'Euangile dppofeeaux menfon-
ges& blafphemes des Supports de Satan: eft tellement aflailiie de toutes parts, qu'il n'y a lieu de defenfedii
cofté des hommes. Mais le Seigneur feul en l'infirmité des fiens veut manifefter fa pmflance , & amplifier ét
monts Se vaûx le règne de Iefus Chrift fon fils.
M.D.LVlI.
Acité"d'Aougfte,delaquelletoutlevald'Ofteftdenommé,terrefertileen ^cft
bled>vin,&pafttirages,ayantenuiron Ixxxvi.paroilfes en deux iourneesde nôme'eUL-
longueur,ânnexeeà laSauoye-.tut en ce temps humedee dufangde Nico_ s,*P" pr't("
lasSartoire,natifde Q_uieren Piedmont,aagé à peu presdevingtlix ans. lce- [é^S™
luvvintaumoisdeFeurierM.D.L v 11, de Chambéry en ladite ville d'Oft pour certaines tiôsancien-
affairesd'vn marchand, au temps que les Papaux célèbrent leur Carefme. Ycftantdc fe- [^J* *°T~
iour,airtfi qu'on luy recitoitplufieurs fables , qu'vn Gardien Cordelier prefehant la pal- voyèt enco
iîon,leiour qu'ils appelent le Grand vendredy deuant Pafquc, auoit dites : il reprint , &: rcsiFd"
monftrarhorrCur de tels blafphemes forgez par ledit CafFard eonrrelc vérité &c maiefté
HH.iiii.
LiurCj VL Terfecution des fidèles
de l'Efcriturefain&e. Peu après auoirremonftré cela,y eutvn nomme Ripet,{ecrettaire,
qui vint aborderNi colas en la boutique d'vn fidèle deladite vjlle d'Oft,en luy demâdant,
Et biert,noftre Prcfcheut n'a-il pas bien prefché ? Non,relpondit Nicolas , mais il a menti
faulîement. Ripet entre autres propos luy dit : Vous ne croyez pas donc que nollre Sei-
gneur foit en rhoftic.Nicolas luy ditja n'aduiéne:car voftreCredo mefmcvousdit)Qu,il
eft afsis à ladextre de Dieu le Pere,&:c. Incontinent après ces paroles Ripet s'en alla trou-
ucr le Cordclier&: autres fuppofts de l'Antechrift pour faire appréhender Nicolas ,qui
fut aulsi toft aduerti par aucuns fidèles de le retirer de ladite ville pour euiter le danger. Il
ne vouloir aucunement entendre à departir,mais s'efiouylîoit,diiant,0 Dieu, me ferois-
tu ceft honneur d'endurer pour ton Nom ! Ses amis neantmoins firent tant parleurs rc
monftrances,que s'accordant de lortir, ils l'accompagnerct hors la ville vers Eftroble en-
uiron trois lieues. On enuoya incontinent en diuers endroits après luy pour l'attraper ,&:
fut trouué à làind Remi, au pied de la montagne du grand faincl Bcrnard,&:amcné en la
Ville. Eftant examiné deuant Antoine de l'Efchauxbailly de la ville, & autres de la Iufti-
ce, il refpondit de telle promptitude que tous s'elmerueillerent. Quand ce vint à la que-
ftionderellrapadc,lefergent qui deuoic tirera la corde, refufa de ce faire, de manière
que le Baillyauec le Procureur fifcal&vn Chanoine eux-mefmes l'ayanstirc en haut,
s'efforcèrent en vain,pcnfans le faire defdire. Cependant les Seigneurs de Berne furet re-
quis de le demander à ceux d'OftjComme leur lubieft ayant eftudié &refidé en leur vil-
le de Lauiànne:mais ceux d'Oft après auoir plufieurs fois examiné le patient , voyans qu
ils ne profîtoyent rien,haftercnt fon execution,& luy prononcèrent lcntence deftrcbruf
lé vif, le 4, de May m.d.i vu. auquel iour eftant mené au lieu du fupplice-, le Seigneur
l'arma d'v ne telle force & confiance, quele Procureur hTcal n autres ennemisde l'Euan-
gilelà eftans, ( luy mettans au deuant chofes contraires à la vrayeprofelsion deverité)nc
le diuertirent n'y csbranlerent aucunement :ains peii'euera conftammcntcnlapurc in-
uoeation du Fils de Dieu, mfques au dernier mouuemenc de fon corps.
HISTOIRE
JD es perfections qui ont cftéen ce temps en îjEgbfc des fidèles en U ville de Paris.
5 1 on confidere de près la grandeur des aduerfiteZ & les façons par lefquelles Dieu a donné foulagement Se de-
liuré les fiens,contenues en ce Récit ,on trouuera l'obligation de fi grans bénéfices de Dieu , eltre commune
auec ceux qui iadis luy ont chanté le Pfelurai cxxiiii>Si le Seigneur n'euft efté pour nous A c.
il»
N ccftedifsipation horrible qui a eft é par tout,le Seigneur rafTemblant fes c£
leus en diuets endroits de la France, fous le min iftere de fon Euangile: fit auf
fi mifericordeàlavilledcParis d'y recueillir vneEglilè. Les deux premières
annees,afrauoir m.d.ivi,&:l vn,fc paflerent aifez paifiblement , & fans
que les ennemis en eufîent guer.es de cognoiiîancc:poui ce que les commencemens c-
ftoyentpetis &: faibles, &eftoit befoin qu'en repos les chofes prin/Tcnt leur train & fe
fortifiaient, afin que puis après elles ne fuient aifément esbranflees par quelque orage
furuenant. Mais quand le temps fut venu qui (embloit propre à la fagefle de Dieu pour
mettre en veue les frui&s de la prédication de fa Parollc continuée fi heureufemét , Se ex-
ercer fon peuple fidèle par affligions, Se* eftre glorifié en leur confiance, il foufFrit que Sa-
tan & les liens commençaient celle guerre fi fanglâte à l'cncontre , qui dure encores iuf
quesauiourd'huy. La première perlècutionfutccllequ'onatoufiours nommée depuis,
La prilcdelarue fainâ: laques. Et fut au temps que Dieu (comme s'eftant armé contre
la France, pour venger vn fi long mefpris de Ion Euangile) au oit mis Philippe roydesE-
Ipagnes, auec vnearmcê viclorieufc bien auant dedans le pays :&rparladefFairc del'ar-
U Jcfaiac mee des François la vigile laind Lanrens,& la perte de faincl Quentin en Vermandois,
t. Qwnûn. menaÇ°ic t°ut le Royaume d'vne ruine extrême. Ce qui donnoitefperance au milieu du
dueil commun à toutes gens de bien , qu'il cnpourroit fortir ouelquctemps plus doux
pour l'Eglife agitée defia par tant d'années :veu que c'eftoit aflez pour forcer les plus i-
gnorans,&: penfer à eux & aux caufes de l'ire de Dieu fi grande, mais ce n'eft pas la natu-
re de l'cndur ciflement de ployer deftous la main de Dieu , quand elle frappe , & fentir les
coups
jM.AngelEmphlitipu. ^.jp
coups pour s'amender . Car au concraire,Ies aduerfaires en furet beaucoup plus enragez
queiamais : remetcans les caulès de toutes ces mueres de/lus Jes Chreftiens, commeil eil
toufioursaduenu.L'Eglife de Dieu donc,qui auoit les yeux ouuerts, voyoitlefond de ces ri n'y a que
calamitez,&: recognonTant les caufes d'icelles,eft oit fans ce/Te en prières $c oraifbns,pour ccux dc VE*.
deftourner l'ire de Dieu du Royaume de France: comme iHëracoft après pourtuyui en vi'yende
ion lieu, fond des
calamitei.
mm
M. ANGEL EMPHLITIVS, Zetandois.
L A confcffion &r profefllon de l'Euangile eft aflaillie de tant de forte* , qu'aucune fois la débilité d'aucun Ans
corporel en la per foone de celuy qui la fouftient,fait brefche aux calomnies des ennemuimais Dic.u la fait fi
bien remparer,qu'il fait de la brefehede fort de fon honneur & gloire.
E L A N D E eîl vne ifle de bonne ailiette à la naujgation de Flandre,pour ap M.D.LVH.
ïT^/A<À porter marchandées &: en emporter*. Elle eut iadis vnCurédeHeenulietfà-
i4ffi$J)fét> uanc Théologien, nom me M.Angel Emphlitius > qui delong temps &. com-
WÀ^^^ me des premiers ayant cognoiilance de l'abomination duCanon de la MelTe,
tafcha de le racouftrer, en oftât l'inuocatiô des Sain£ts,&: l'oblatiô pour les morts :eftimât
qu'à cela pres,la Méfie iè pouuoit dire & chanter . Il en fît autant à l'endroit du Sacremec
du BapteJme,raclac les fuperfluitez &c fingeries adiouftees qui profanent &: obfcurcFflent
l'adminiftratiô d'iceluy.En fomme ,il adminiftroit fa charge,&: enleignoit lès paroifies en
plus grade iîneente & liberté, quenc demandent ceux qui s'oppofent couftumiercment
a toute faillite reformation. Le Seigneur dudit lieu, qui eftoit rnonfieur de Cruningtaen
l'vn des premiers en vray e noblefTe de tou t le pays , en ion viuanr, Tempera fort de ion au-
thorité:mais après famortfon fils luy luccedan{,fitouuerture,&rcxpoiaau gré desenne
mis.il fut conftitué prifonnier,& mené' à laHaye en Hollande,Chabre du reiort des deux
cont es Hollande & Zélande. Là eftant détenu , pluiieurs Préfixes &M°mes^è crouue- c»éneté Ha-
rem versluy ,penfansJcconueincreendiipute:maisils ne furent trouuezlumTans pour fj^11^
rcfîfter ne relpôdre aux faufletez qu'il leurmonftroitauoir efté couuertes dumâteau^iu, corn*
feruice diuin 6c de deuotion. Au moyen dequoypn manda quérir M. Ruardus Tappaert
(i)deurLouani(lc,duquel en plufieurs procès dçS(Martyrseitfait métion. Cenoftremai N^*u" ,
ftrçeftoit retourné de n'agueres de ion voyage du Côcile dc Trente,& enrlé du titre d'In- ZtA'SS*
(jmikeUtgeneral,qu'ilauQit obtenju du Pape, &c de l'Empereur en tout le Pais-bas; ne tar: HolUn-
dapok,tout pelant, vieil &mal-airé qu'il fuft,defuiure la proye que luy &: fescomgagnôs dws'
de fi:Jbng temps auçyeiK vegëe& pourchafU'e.Arriué qu'il fut il traittaauec fes adioincs
diuerfementjiesadiiil'ant deplulieurs chofes àfaire & à fe dônerde garde.M.Angel eftoit
lors aagé-de quatre vingts ans, renommé par tout le pais, de grade intégrité de vie, omee
de fcnguliere eruditiô &: pietéme ien tat inconuenjét de la vieilleife, finô du fèns de l'ouye
qU t'livy eftoit dur &: peiànt.CognoùTantles ibphiilerics,rufes& deiguiièmesde fes.aduçr-
faires,& mdme qu'on auoit défia femé des faux bruits &: menfonges, il requit la Cour de
Hollande de traiter auec eux par eicrit . Ruard & les compagnons , ramallans contre luy
tout ce qu'ils pouuôyent, mirent par elcrit en uiron nonante cinq articles, pour le côuein
cre d'hcrefie.De toutes parts de Zélande &: Hollanoje arriuoyent |>ens pour voir liiTue de
ce bon (Curé tat eftimé en ceuures de foy &: de charité.Qui fut çauie<quc ces Sophiftes en*
nemis,craignanslepopulaire,&: ayans les Gonieilîcrs delà Chambre pour lufpe&s,eurét
rtCoarJ.au* rufcs accouftumees de fraude &c trom perie. A près auoir elTay e fous moyens,
fcc'dè'fflenaces 6c de flateries: ils efpicrent finalement vn îopr de circonuenir la Cour , paç
Vn Euefqiw portatifqu'on du'bit Surrragan dcl'euefque d'Vltre<a,homme infttuit à dece-
rftibhfawjuel ils firent iouet La farce deuant le Côièil de la Haye.Ce Suffragan à tefte nue,
mairis iointes& autres contenances decorps,fit en fublUceccfte haregue, parlant haut
afinqueM.AngerenlcflatantrcntcnditiNousnefbmmespareilsnedaagencd'expcrie-
pour dîfputcr,&: n'eft befbin d'en venir la : car il arriue iournellement tant de gens que
fious craignons vne cfmotion populaire . Qu'cft-il beioin donc de procéder outre? nous
conuenons, veulions on non,aux principaux pom£b. Il nerefte&in'eftqueftionfinôdcy
façons de quelques-cérémonies Ecclefiaftiques,pour lel'quellcs ce l'eroir folie de lèforma-
lilerplusauant, veu quelles peuuent eftreiDdifFei entes au bon commâdement des Pré-
lats def èfeiîfc. Nous n'eftimons pas que pour cela 1 intégrité & debonaireté dc ce Pafteur
jcu } Vnnae eftie cauie,que tant dc gens,&: nous d^s premiers, foyent en danger d' vne
Liurcs VI. M. Angel Emfhlit 'w.
émotion de peuple .Pour peu de chofe on y peut donner remede,&: faire que noftre hon-
neur, (qui fommes venus de loin ) demeure làuf. Ceft, Monfieur Angel , que pour con-
tenter vne multitude curieufe, vous déclariez en fommed'auoir imprudemmentchâge
quelques cérémonies de long tem ps entretenues en l'Eglifc, &c qu'il vous en defplaift .
^"Ce propos &c la bonne mine que tënoit ce Sulïragan,ef"meurent ce bon viellard,pen-
lant qVainfifuft: à la vérité. Et fur cela dcmâda(comme par droit de familiarité & crédit,
qu'auoit fa vieilleilc) à monfieur d'Affendelf prefident duditConléil cequilluy enfem-
bloit. On s attendoit que ledit Prcfidcntdeuit féconder la hatenguedu Sufrragan d'Vl-
treft: mais ilrefponditfommairementà M.Angel,Pourquoy il ne fc confèilloicluy-mef-
meaudedans,pluftoft que demander aduis au dehors. Le pourefourd n'entendit point le
Prefident, &: eut honte de lefaireredire : dequoy leSurFragan &: fa bande firent fi impu-
demment leur profit,qu'ils dirent à haute voix, Vous voyez M. Angel que Mcfsieurs en-
tendent que ce foit vn expédient. Et fur cela on le prefenta au peupie qui enuironnoit la
placedeuantla Cour,attendant Tiflue dé la tragédie. Incontinent les aduerfaires ayans
produit les acciuations, ils en firent leclure,à voix fi baffe &c fi haftec, que le peuple à
grand' peine fèut-il que c eftoit>&: le poure fourd ne l'entendit , auec ce que gens attitrez
lentrecenoyent de parollcs.
Apres cette le&urc,les parties aduerfes dirent à haute voix, Voici, Melsieurs,lcs Arti-
OtrSreric clcs & la do&rine que M. Angel a maintenue : laquelle il reuoque , &: s'en defdit. Ce der-
*Louamîlc n^er Pom& de reuoquer &; dcfdire fut prononcé, de forte que le poure fourdaut n'enten-
dit point.Puis luy dirent à haute voix,N'eft-il pas ainfi.?&: il refpondit,Ouy.
Ce s chofesainfidemeneeSjilfutditparlaCour que pendant le différent, M. Angel
auroit main leuec de lès bicns,&: en iouiroit comme de fes eftudcs, en repos libre 5c feurc
garde : &: qu'il feroit loifiblc à fes amis de le vifiter,&c.Le condamnant aux defpens de fà
détention. Le peuple oyant ces mots de feurc garde &: de condamnation de defpens , cfti-
moit qu'en les payant,il feroit mis en fon entier : &: fur cela fè retira afiez content. Mais
les Docteurs de Louuain regardans plus loin, le peuple s 'eftant efeoulé, firent tant qu'on
mena M. Angel en vn lieu prochain hors défi grande cognoiflance , faifâns à croire au
pourefourd ce qu'ils vouloyent , pour finalement le tirer iufques en leur cauernede Lou
uain.RemonftroycntàlaCourqu'àgrans frais ils eftoyent là venus : ayans long temps
feiouméfans vuiderlacaufe-.&qucdcrechefretoUrnei filoin , il n'y auroit ordre, &que
beaucoup plus ailement on tranfporteroit vne perfonne queplufîeurs. Ils en difoyent.
autant au poure bonhomme, en luy baillant la main ,&: promettant tout bon traite-
ment. M. Angel eut leurcarefTe pour fufpe&c>iufqua ce qu'vniienamy luy dit qu'il
auoit tout renié, &c que de cela ils en menoyétioye& triomphe. De ces nouuellcs le bon
vieillard tomba en tel de feonfort qu'à peine le pouuoit-on cofoler n'appaifer . Il confide-
roit que beaucoup de gens en feroyent lcaridalifcz, &c faifoit ces complaintes,0 Dieu! co-
rnent m'ont-ils trompé fi mal-hcureufcment?quemoy,qui ay défia vn pied en la foiHe,.
& fuis à demy mort de vieillefTe, i'auroy' redouté la m ort?0 Dieu feu fçais que pour celai ic
ne penfay onques de renoncer ta vérité, mais de telles r ufes Se tromperies tes ennemis en
font cftat pour s'entretenir. Plufieurs entendans ces faufïêtez , en furet merueiUcufemct
esbahis: autres ne pouuoyent croire la chofe auoir efté ainfi paflec. ^ M. Angel eftanc
à Louuain,on le mit au monafteredefaintt Martin. mais les Docteurs oyans dire que plu
fîcurs moynesluy preftoyentf oreille , le firent tranfporccr de là chez vnefbrte dô frères
demi-moynes ordonnez pour afsifter aux peftifercz,&: pour porter les morts en terre : au,
plus dur traittement qu'on fauroitpenfer. Aucuns de ces coniurez Do&curs feconten-
toyent de JaifTer le vieillard con fumerie reftedefes iours en ténèbres &: puanteur de pri-
fon. Les autres craignans qu'à la longue il ne leur fut redemandé félon la promcfTe faite à
la Cour de Hollande:craignans aufsi q leur fàufTe procédure ne fuft dcfcouuerre en la vil
le de Louuain,commele bruit en commençoit eftrc,furent d'aduisde ledefpcfcher, voi-
re en publique,fi fairefe pouuoit,pour mieux triompher. Bref,tous couuenoyent aie
faire mourir.mais ils ncs'accordoyent point aux circonftances du lieu& & du temps.
M.Angel paiToitceftcmiferabledetention afTezallegrement,compofanttoufioursquel
tjuc chofè ou en profè ou en rime vulgaire: & inftruifoit ces demLmoincs Cellebrouresy ges
fur tous les autres grofsiers,mal- gracieux &inaccoftablcs:qui partout recommandoy et
M. Angel comme vn fàinct homme, iufques àfafchcr merueilleufcment RuarJ &lcs
autres nos maiftres. Craignans donc de plus, ils le firent d'vn loir mener par vn bois aflez
pres
nArnonld Dkricx. 460
près de la ville chez vn  bbé,delibcrans du lieu où on le pou rroit commodément exécu-
ter en publique. La villede Monsen Hainautleurfemblaàcefairela plus propre de tou-
tes,pour plusieurs raifons. Premièrement qu'elle en la rudefie Hennuyere eftoit moins ab
bteuuee des ruics & impoftures des piliers de leglife, que Hollande ou Flâdredtem qu'on
y parloit vn langage que le poure Z'dandois nelàuoit aucunemént:&: où dercchefil nefe-
roit entédu que de preftres & moines pour le. plus. M4 Angcl fut mené comme vn poure
mouton par gens barbares , lefquels il n'entendoit, ayans intelligence auec ce ux de la loy
de Mon s. On rît venir de Louuain les mefmés fuidics Théologien comme s'ils n'cneul-
fent rie feu, pour porter iugemét d'herefié d'vn prifonnier en leur ville relaps &c pertinax: Pertinax se
qui font mots vfitezen ftil Ecclefiaftique.Quand le poure patient les vid deuâtluy, illeur rclap5,
dit, elîeuant les mains en haut, Puis que vous m'auez fi m allieurcufemét trompé deuant
la Cour de Hollande, ce n'eft pas merueillc qu'en continuant cotre tout droict &: de pays
&:dequité,vous m'auez finalementliuré au Magiftïatdecefte viîle,pourreceuoir la der-
nière condamnation & exécution de vos bons plaifirs , fans pouuoir donner à entédre ne
déclarer les mérites de la caufe.m aïs loué (bit mon Dieu qui me fait cefte grâce à moy po-
ure fourd,eniérré Renfermé iufqu a prefent,de vous pouuoir maintenant reprocher vo- il reproche
ftre vilenie &: méchanceté :& de vou s protefter que ie fuis preftnonobftant toutes vos &^°ÂC
fallaces &: maugré Satan, de côlàcrer m a vieillelfe extrême, &c ma race ridee,auec le fang, Louuaî leur
qui me refte de voftre cruauté altet ee,pour maintenir l'hôneur du Dieu viuant.il eft vray racfcllà«té'
que vous mepenièzeigorger en cefte ville,comme font les brigans en vnecauerne,afîn q
perfonne n'en facheà parler : mais il y aura encore quelcun en ce peuple-ci, qui entendra
ma caufe: &: aduiendra q les charbons du feu que vous eftes icy venus allumer, vn iour eL
chaufferont ceux de mon pays, quand ils orront les nouuclles de vos a&es.
I l ne fut poît fr uftré de Ion attete prophétique: car après auoir receu lèntéce de mort»
au fortir de la prifon,eftant accofté d'vn Cordelier auec le bourreau,vn fié nepucu de par
fa feeur qui aubit auparauant procuré fes affaires,luy vint au deuât,auquel il dit en fon lan
gage,Mon fils voicy la dernière heure qui m'eft donnée de Dieu, pour teftifîer que toutes Le
les faufles calomnies de mes aduerfàires neparuiendront point à l'iniure &c outrage qu'ils de M.Aogd
ont penlé faire à mon Sauueur Iefus : qui m a tenu &: tient refolu de fignci de moniâng fa accomPu:
verité.Et après lui auoir dit l'Adicu,il le chargea defairepar tout fes recômandations.Les
(ergeans combien qu'ils ne fentendiiTent,furét irritez de ce qu'il parloit au ieune garçon,
lequel eftoit apparent de venir en danger d eftre empoigné,!! Dieu ne l'euft preferué . Le
bon-hom me eftât venu au lieu du fupplice,où le bois eftoit préparé, s'eferia en difan t , O
q ie fuis heureux de mourir publiquement ! ô cobien ie fuis redeuablc à la mifericorde &C
bonté démon Dieu! quim'afait la grâce de furmôter toutes les fau fiés calomnies de mes
ennemis:&qui preftement meferatriôpher maugré leurs dents, & tout au rebours de ce
qu'ils auoy et machiné pour obfcurcir la gloire de mon Seigneur. Il ne parla gueres dauan
tage pour la brefueté de l'exécution & du feu allu mé,au milieu duql il redit lame à Dieu.
L A variété en ce Recueil eft deleétable5apr es vn Théologie lettré,voici Vn (impie laboureur,Iequel eftant prihs
au lieu d'vn larron qu'on pourf uyuoitjrend tefraoignage à la verité,& la ftgne de fon propre fang.
N cefte mefme année après M. Angel théologie inftruit de long tëps aux fain-
desLettres,iiicceda au mefme office de tefmoin,ArnouldDiericx,homefim m.d.lvii.
plenatifdclaFlâdreOccidcntale,laboureurde terre defavacarion.Sortatdé
3 fon pays il fe retira en la FrifeOriétale où l'Euangile du Seigneur eftoit fidèle-
ment annôcé : & y fut quelque temps rendât toute diligéee à eftre bié inftruit en la pieté.
Il fit quelques voyages en fon pays pour apporter à fes parés &: amis quelque frui& de Fin-
ftru&ion qu il auoit reccué.En fon dernier voyage , comme il penfoit retourner en Frifc,
les fergeans de Bruges cerchans vn larron facrilege qui auoit defrobé quelque meuble cTé
gîife,vindrentde nui&aulogis-mefmeoù Arnouldlogeoitrôdeconftituerét prifonnier,
penfans auoir trouué le larron qu'ils cerchoyent.Mais en ouura-nt vn petit paquet qu'il a-
uoit,ils apperceurét bien que ce n'eftoit point celuy-lâ. Et toutefois cômegens viùansdc
proyc ne voulurent perdre leurs peines,mais pour gratifier à leurs maiftrcs,remmeherét,
le chargeans de crime d'herefié. Le lendemain eftât enquis de fa foy,il en rendit raifon fi
bic fondée p ar pafTage* qu'il aileguoit de la fain&e Eferiture,q tous furet côtraiiws s'en cf-
Liurc^ Vl* Trois Martyrs
merueillenmonftrat iufques au bout qu'il auoit en linguliere recomandation l'hôneur de
l'Euâgile. Sa dernière condanation d'eftre bruflé fut exécutée le io.de Mars 1 5 57^ Moni-
keree en Fiandre,où il auoit dés auparauant efté appréhendé»
M5B
IE AN DV BORDEL, MATTHIE V VERMEIL, &
PIERRE BOVRDON.
C E V X qui auoyent efchappé les périls de la rner,aufquels tant de fois les vagues, les vents , les tempeftes a-
uoyent laifle la vic:aufquels les Barbares n'auoyrnt rien demandé,lefquels les beftes fauuages auoyent Iaifle
viure,nous font icy propofez en exemple de patience : & pour parangonner au vif l'inhumanité tk cruauté
énorme des hypocrites & apoitats delà vrave religion: pour les monftrer plus barbares que les Barbares
mt fmvS. voire des plus Sauuages qui foyent fur la terre.
L VllI. iî^^SSf O V S auons veu cy deiTus le traitternent des fidèles en la terre du Brefil, en-
g ^'^S I crc lcs Sauuagcs:& a cité premis pour preparatifdc ce qui eft mamtenat à de-
É! fero % ^uireau commencement de ccftcannec,touchant la mort de trois Martyrs,
^^^^^2 qui ont, comme féaux précieux , rendu authentique la prédication de l'E-
uangile en pays eftrange &: terre Antartique. L'hiftoire non feulement nous en a efté c-
ferite par homme fidele,mais aufsi au vray récitée par gens dignes de foy , qui ont efté de
la partie voire première & principale de tout le récit. La diftanec des lieux n'a peu cacher
vne chofe fi digne de mémoire: de laquelle vnc telle barbarie, toute eftonnec d'auoir veu
mourir les Martyrs denoftre Seigneur lefusChrift, produira quelq iour les frui&s qu'vn
fang Ci précieux a de tout temps accouftumé de produire . Quant aux fidèles, faire ne ie
peut qu'ils n'en reçoyucnt grande confolation, quand ils fevoyent de fi loin eiclairez:
quâd au milieu des eaux,des pierres & rochers, en faim,(bif , nudité &: mdigéee de toutes
chofes,ils voyent leurs propres frères en pays eftrâge douez de telle hardicllc de courage.
f Lors que ceux du bafteau fe départirent du nauire,ils pouuoyent cftre loin de ter-
re dixhuit ou vingt lieues. L'adieu fut tort grief aux vns & aux autres : mais le péril qui e-
ftoitpreiques égal tant d'vnepart que d'autre, caufoit vne dure départie. Or ceux qui
entrèrent dans le bafteau pour retourner au Brefil, cftoyent totalement ignorans delà
nauigation , pource qu'ils n'auoycnt hanté la mer, que depuis qu'ils eftoy en tpaiîez de
France en ladide terre de Brefil. Et à peine entendoyent-ils quelle part ilfalloit mettre la
proue de ladide barque , & icelle conduire pour paruenir à quelque port . Dauanta-
ge, ladide barque n'auoit ne mats, voiles, cordages, n'autresappareilleures neccflài-
res à la nauigation: car quand ils départirent de leur nauire, chacun eftoit fi empe-
fché à cercher les moyens pour eftancher l'eau , qu'on ne leur leut donner cequi leur e-
ftoit neceflaire : &c eux-mefmes eftoyent ii eiperdus qu'ils n'auoyent fouuenance dece
Ceux qui qui leur eftoit propre. Les plus aduifez d'entre eux plantèrent vn auiron pour vn mats:&:
vonefur I» au lieu d'vnehuneils ioignirent deux arcs enfemblc.de leurs chemifes ils firent vne voile:
l^mcrucii ^e ^curî cemturcs ^es efcoutcs,boulines &. touets , qui font cordages à ce neceflaires. Ils
les du Sd- ramét quatre iours enticrs,la mer eftant calme &: bonaife.Le cinquième fur le foir,côme
ffcauio ^s penioyent aborder en terre, Tair s'obfcurcit denoire nue, d'iceluy procéda vn tour-
Mu"l°7 billon de vent furieux à merueiUes,auecgrand'pluye&: tonnerre, qui efmeut la mer en
vn inftant,rendanties vagues e(pouuantablcs:&: en ce faicheux temps ils fc dcuoyerent
de leur rou te,perdirent leur gouuernail,&: furet traniportez errans ça &t là fans ofer mô-
ter vn pied de leur voile. La nuict furuenante la boraique continue de plus en plus: ils paf
lent par des deftroicts entre des rochers &c treidangereux pafTagcs,où en plein iour,les pi-
lotes eufîént efté bien empeichez:en fin font deiettez par la violence delà mer furie riua-
geàcouuert d'vnemontagnehaute. Le iour eftant venu,ilsdefcendent en terre pour cer
cher de lcau douce,ou quelques fruids à mangcr.mais la terre eftoit fi ftcrilc,qu après la
tempefte pafléc,ils furent contraints de partir delà,& aller quatre lieues plus auant : où
ils trouuerent de l'eau douce. Ayant feiourné là quatre iours pour fc refraifehir , il furuint
quelque norrîbredeshabitansnaturels,quimonftroyent aftez bonne carefle aux pourcs
affligez François. Toutesfois les voyans en necefsité de viures , leur vendoyent bien cher
quelques racines &: farines, pource qu'ils font curieux des habillemens des François, ^.u
refte ils conuenoyent fi bien auec les noftres, qu'ils cufTent grandement defiré qu'iccux
euifent là fait long feiour. ce que les noftres ne pouuoyent faire , tant pour l'imporrunité
defdits habitans,que pour lcregret qu'ils auoyent d'eftre priuez de la côpagnic desFran
çois. Partant délibérèrent fc retirer auec les Chrcfticns,& gés demcfmclâgagc. Principa-
lement
6n la terres du Urefel. 4.6 r
lement ceux qui eftoyent mal difpofcz ne pouuoyent recouurer fanté , conuerfans lon-
guement auec lefdics Brcfiliens exempts de coûte honnefteté Chreftienne. Aucuns
comme les plus Tains, n 'eftoyent de ccftaduis, prcuoyansque Villeg. les pourroit mal
r.raicer, pour le mauuais vouloir qu'il leurportoit à caufe delà religion :& furent quel-
ques îours en celte dirHcultc. En fin les malades prièrent iiaftedueufement leurs com-
pagnons,que cela fuft refolu de départir de celte Ifle; pour aller au port de Colligny di-
sant par nier du lieu où ils eftoycnt(qui s'appelle la nuiere des Vafes)enuironde trente
iicuésdes Bielihens vouloyent empefçher ce département ,& dcmonftroyent qu'ils c-
ftoyent grandement defplaifans d'iceluy. Ils teiournereiu plus de trois iours à faire lel-
dites trente lieues, à rail'on de la contrariété des vents Se marées qui font là fort violen-
tes. Ellans entrez en la 1 juierede Colligny,auecgrandesdinScultez&:dangers,&: mef-
me en grand doucc,iic eftoit elle ounompource qu'vn brouillartcouuroit les terresxn
conteftant les vns contre les autres, le brouillart tomba:(i apperceurent lafortereiTe de
Villegaignon,&: le village des François, fîtué enterre continente, efloigné duditforc
laporteed'vnc coleuurine. Eftans deicendus en terre, ils trouuerentVillegaignon au-
dit village qui y eftoit aile au matin,pour quelques fîennes affaires. Ils fe prefenterent à
luy, declarans les caufes de leur relafchement,Ie péril où ils auoyent lai/Té leur nauire:&:
le fupplient de les vouloir retenir au nombre de fes feruucurs,&: auoyent d'autant oie J^"81*8
entreprendre de retourner fous fa puifîance,confideré qu'ils eftoyent afTeurcz en leur paEtez
confcience de ne l'auoiriamaisofFenfé: par ainfi auoyent mieux aimé fe retirer eftans
François,auecles Fraçois,que fe rendre aux Portugalois, aueclefquels ils euflent, peut
eftre, efte bien recueillis, ou auec les Brefiliés de la riuicre des Vafes, defqucls ils auoyéc
receu bon &c honnefte traicement. Dauantage adiouftent que fi le fait! de la religion 1-
efmouuoit feulement à les mal traiter Ôc reietter, ilfauoit trelbien qu'entre les plus do-
&es, les articles dont eftoit fortie la contention , n'eftoyent encores refolus , &C que luy-
mefme les années paflées auoit fait proteftation du côtraire. Et outre ce que de/Tus , re-
monftrent &c adiouftent qu'ils n'eftoyentn'Efpagnols neFlamens ou Portugalois ; en-
cores mois Turcs infidèles, Athciftes,Libertins,ou Epicuries: maisChreftiés baptizez
au nom de noftre Seigneur IcfusChrift-.François naturels mon loin de fa cognouTance;
non fugitifs ou bannis de leur pays pour quelque infamie ou deshonnefte faict, mais
ayans laifle aucuns d'eux leurs femmes &c enfans pour luy venir faire feruice en ce pays
ii lointain & eflongné:où ils auoyent fait leur deuoir félon leur puiflànce. Et fi oneques
poures gens deiettez par tépefte en quelq eftrage porr,ou defpoffedez de leurs propres
héritages par la violéce de la guerre,ou par autres telles calamitez,fôt dignes d'eftre re-
ceusàcôpaffion, ils remôltroyent qu'ils eftoyétefcrits en tel cataloguexar outre la per-
te de leurs biens, la mer les auoit mis en extrême langueur &: ennuy. Nonobftât ce tels
qu îlseftoyent, offrirent leur feruice audit Villegaignomlefupplians leur permettre de
viurc auec les feruiteurs, îufques à ce que noftre Seigneur leur donneroit moyen de re-
pafTer en France. ^ Apres telle remonftrance, Villegaignon leur fît vne refponfe dou- g^fponfe
ce & honnefte, allauoir qu'il louoit Dieu, de ce qu'il les auoit fauuez d'entre les autres: dcViikg.
auffi de les auoir amenez de la haute mer,eux qui ne fauoyent ne gouuerner ne ramer la
barque,en vnfi bô port. Et s'eftant bien informé, corne le tout eftoit aduenu,&: mefme
quelle eiperance ils auoyent de leur nauire,il les confole,lcur permettant viure auec les
fiens,aux mefmcsfranchilcs&lilH tez. Etparcequ'ilcraignoitquiceuxnefe rctiraf-
fent auec les Portugalois ou Breii î k hs, leur vfa d'vn fort beau langage,difant qu'il auoic
ouy trcfuolontierslescaufesdcleur relafchemcnt,lefquellesreftonnoyentgrandemec
fi elles eftoyent veritables:&: quand ores ils feroyent les plus eftranges du môde,&: mef-
me fes ennemis , il ne leur voudroit nier le traité , ny demeure afTeuree. Et nonobftanc
qu'eux &: leurs côpagnons fuifent départis de fa forterefTe en mefeontétement : & pref-
ques comme fes propres ennemis, contre lefquels il euft peu vferde droit* d'hoftilité,
eftans tombez fous fa pui/fance : fi cft-ce toutefois qu'il vouloit pour lors oublier les in-
jures paifees rendre le bien pour le mal, fe contentant de la vengeance que Dieu fe_
roit de fes ennemis. Partant leur permit de iouir des franchifes &: libertez,telles que les
autres François iouifîbyent:&: ce neantmoins par telles conditions, qu'ils n'eufTent à te-
nir ou femer aucun propos de la religion,à peine de la mort.bref qu'ils fegouuernaflenc
fi prudemment qu'il n'euft occafion de les mal traiter.
Vil l e g ai g. fefaifit de la barque que lefdits paffagers auoyent amenée, laquelle
de tout droift leur appartenoit.Et combien qu'il les vift en grande deftrefTe,n'ayans de-
Limes VI. Trois Martyrs
quoy acheter desviures:oncques ne leur en fit reftitution dvnclou. Lesfufdits furceit
efpoir demeurent en terre recueillis des François feruireurs de Villegaignon.& îa com-
mençoyent s'aifeurer, & recouurer vne partie de leurs forces perdues. Les Frâçois leur
aifilloyent d'habillemens, viures &: autres choies , félon leur pouuoir. A peine demeu-
rent-ils en ceftetrâquillitc & repos douze îours entiersxar Vilicgaignon depuis le îour
qu'il eut parle à eux,epilogua fur les relponles qu'ils auoyent faites touchant leur naui-
re. Il entra en opinion que tout ce que les fufdics auoyent reipondu , eftoit choie con-
trouuee & faulîe , &ù luy lembla qu'ily auoit dol .& fraude en leurs parolles ; &c que celle
erfuafion ^rce s'elloit ainli braifee de faic-t à pend par du-Pont &Richer,attédu qu'ils le rctnoyét
StkTa- de ladite terre du Brefil, contre leur vouloir & à leur grand regret , tant pour la bonne
ellceft
l" température d'icelle, que pour le repos qu'ils efperoyent auoir a l'aduenir.Tclles fanta-
guévuieg. £csj firent légèrement croire, que les lufdits Cinq eitoyent enuoyez pour clpies,&:
pourpratiquerlesautresFrançoisdelaterrefesferuiteurs,qui du tout n'eftoyenta la
deuotiondudit Villegaignomafin qu'ayant l'opportunité & 1 occallon bien difpofec,le
nauirequ'iliugeoiteftre caché, à trois ou quatre lieues, auec le renfort de ceux qui e-
ftoycntallczenlariuierede Plate, en vnejiuicl tous enlcmblc peull'ent furprendre fa
forterefle: voire le mettre en pièces auec tous ceux qui {eroyent de fon coftd*& party.
Celle faulîe opinion s'im prima lîauant en fon elprit, qu'il la creut véritablement
eftre telle,& ne peut aucunement eftre diuerty d'icelle:&: dcs-lors il ie déifia de tous fes
feruiteurs fidèles & anciés,confpirant puis fur l'vn, puis fur l'autre. Il prenoit occafiô en
peu de chofe de les mal traiter,les outrageant de gnefues iniui es,mcnaces de coups de
baftô,ou chaines,ou autres chofes féblables.Ce qui leur fembloit fi defrailbnnable,que
la plus part d'iceuxdefiroyent,que la terre s'ouurift pour les engloutir,tat auoyent affe-
ction d'eftre deliurez de la prefence de leur maiftre. Le iour s'il eftoit bien empefciié à
molefterfesgens,lanuicl:luy eftoic encore plus contraire. Car aucunefois il longeoit
(comme gens fanguinolents,& aueclcfquels l'Efprit de Dieu n'habite point) qu'on luy
couppoit la gorge-.autrefois que du-Pont &Richer auec grand nôbre de gens le tenoyet
aflîegé eftroitement , fans luy prefenter aucune compodtion.
ViU dcU- S'e s t an t par telles fauiïesconie&ures perluadéque les perfonnes reuenues. c
bCTclêfaCirc ftoyent traiftres &C efpies, propofa en luy mefme qu'il eftoit fort neceflaire , & mefmcs
mourir les CXpeciienC) pOUr maintenir fa grandeur, de les faire mourir. Il conlidere beaucoup de
itoyeTr^ moyens pour euiter le blafmc &: reproche des hommes : Ion defir eftoit les conuaincre
ucous. decrahifon,maiscelancle pouuoit prouuer ,ne par coniedure ne par veriiîmilitude
quelconque. Partant confiderant que par ce moyen il ne le pouuoit faire, fans encourir
note d'infamie, mefmcment entre ceux lcfquelsne portent aucune faueur à la reli-
gion :il s'aduifa qu'ils eftoyent de l'opinion de Luther & Caluin en la religion, par-
quoy luy comme lieutenant du Roy en cespays-Ia, leur poUrroit(iouxte les ordon-
nances des Rois,François &: de Henry ll.)demander raifon de leur foy. Et d'autant qu'il
les cognoifloit merueilleufemcnt conftansen icellcnl aduiendroit qu'ils voudroyent
pluftoftfoufFrirlamort,que renier ce qu'ils auroyentconfelié publiquement. Ainli
non feulement leroit deliuré del'ennuy que leur pourc vie luy dônoit : ains ceft a&eluy
tourneroit à grand honneur.Car il fauoit que la plus part de la Cour prenoit grand plai-
fir aufacrifice des pourcsChreftiens:&:celuy feruitoit d'ample tefmoignage,qu'on-
ques il ne fut touché de la crainte deDieu,&: zele d a m plifier Ion regnexomme il auoit
les années précédentes fait entendre à toutes perfonnes. ^ Pour procéder à l'exécution
de ce qu'il auoit délibéré , il drelTa vn catalogue des articles , auquel il vouloir que les
Comnudc- fufdits Cinqrefpondiiiént:&: leur enuoyant, commanda que dans douze heures, ils dé-
ment dere- iiberafrent de refpondre par eferit. Lefdits articles le pourront entendre parleur Con-
teste' feflion de foy, laquelle fera inférée cy après. Les François de la terre continente,les vou
loyent empefeher par tous moyens,de ne rédre raifon de leur foy à ce tyran , qui ne cer-
choit que l'occafion de les faire mourir. Au contraire leur perfuadoyent de fe retirer a-
uecles Breliliens,à3o.ou4o.lieuesdelà,ou qu'ils ferendilTent pluftoftà lamercy des
Portugalois, auec lefqucls ils trouueroyét plus de courtoilîe fans comparailbn, qu'auec
Vilicgaignon, nay à toute tyrannie &c cruauté'.
Mais contre l'opinion de tous lefdits c6ieilliers,noftre Seigneur fortifia ce'spoures
gens d'vneconftance admirable, veu qu'ils auoyent option de faire l'vn ou l'autre, &
fe pouuoyent retirer la part de la terre, où bonleur euft lemblc : fans que Villeg . ne les
fiens
En la terre du TSrefil. 4. 62
fiens euflfent peu leur donner empefchemet. Ils eftimoyentpeu tous les fufdits moyés,
voyansquerheurceftoitvcnue,enlaquelleilcôuenoit faire preuuede la cognoiiîance
que Dieu leur auoic donnée. Partant treuiolontairemcnrayans inuoqué l'aide du Sei-
gneur entreprennent de faire la refponfe aux articles enuoyez par ledit Villeg . cfperâs
qu'en ce l'ainct combat le Seigneur leuralfiftcroit parfon S. Efprit,&: les inftruiroir a-
bondamment de ce qu'ils auroyen t a refpondre. Lefditsarticles cftoyent en grad nom-
bre, Se d'aucuns poinds des plus difficiles de toute la (ain&eEfcriture:aufquelsvn bon
Théologien, voire ayant tous les liures neceflaires àlcftude desfainctes Efcritures,fe
f uft trouué bie empefchc en vn mois. Les po'ures pei fonnes à peine auoyent-ils vne Bi-
ble pour le Ibulagcment des partages. Ioint que les vns eftoyét mal difpofez,les autres
furprins de crainte, &: peu exercezaux Ecritures.
IEAN DV BORDEL.
Cela fut caufe qu'ils cfleurententr'cuxlcan du Bordel le plus ancien &: mieux M. Divin
inftruit aux lettres, pour la cognoiflfance médiocre qu'il auoit de la langue Latine. A la
vérité auflî c 'eftoitceluy qui fembloitauoir plus de dons Se de grâces, que tous les au-
tres.Bien fouuent il aiguillonnoit fes compagnons,^ les voyant corne refroidis les tan-
çoit,confoloir,&donnoit courage: afin qu'ils fuflenttrouuez fidèles feruiteursàleur
Maiftre:auquel ils auoycnt toute alTeurance. ^Ceftuy du Bordel mit par efent vne Cô-
feffion de foy qui côtenoit ample refponfcaux articles, & la cômuniqua à tous fes com-
pagnons: leur en faifant la lecture plu (ïeurs fois, Se diftinâement les interroguant fur
chacun article:laquelle confeflïon ils iugerent eftre catholique, &: fondée fur la parolle
de vérité: en laquelle ils prioyent Dieu(fi c'eftoit fa volonté) de mourir.Chacun la figne
de fa propre main, pour déclarer qu'ils la receuoyent corne leur propre. Laquelle aufli
(amy Leàeur)ic t'ay voulu communiquer en ce Recueil, felô quelle a efté tranferite de
mot à mot fur l'original de leurs propres eferits. Or fi elle ne fe trouue du tout fi am pie
qu'il feroit requis,vueilles, ie te prie, côfiderer,en quel lieu les poures perfônes eftoyét:
en quelle perplexité tant de leurs corps,que de leur efprit, fans fupport, faueur, confeil
n'aide,nedeper(onnes, ne de liures-.chofes qui apportent grand foulagement à l'intel-
ligence des Efcritures. Dauantage , comme les dons de Dieu font diuers , auffi les vns
en reçoyuent plus, les autres moins, félon qu'il leur cft expédient.
LaConfeffion.
Sv y v a n t la do&rinc de S. Pierre Apoftre en fa première Epiftre, tous Chreftiens iMcney
doyuent eftre toujours prefts de rendre raifon de l'efperâce qui eft en eux : Se ce en tou-
te douceur& benignitémous fous-fignez, Seigneutde Villcgaignon , auons vnanime-
ment ({elon la melure de grâce que noftre Seigneur nous a faitc)rendu raifon à chacun
poinft, comme nous auez enioint& commandé :& commençant,
Article premier.
No v s croyons en vn feul Dieu,immorrcl&inuifible, créateur du ciel & de la ter-
re, Se déroutes chofes tant vifibles qu'inuifibles:lequel eft diftingué en trois perfonnes,
le Pere, le Fils, Se le S. Efprit : qui ne font qu'vne mefme fu bftance en efTence éternelle ,
Se vne mefme volonté; le Perc,fourcc& commencement de tout bien: le Fils engédré
du Pere eternellement:lequel, la plénitude du temps accôplie,seft manifefté en chair
aumondc,eftantconceuduS.Efprit,nay de la vierge Marie, fait fous laLoy, pour ra-
cheter ceux qui eftoyent fous icelle, afin que nous receuflïons l'adoption des propres
enfans:le S. Efprit procédant du Pere& du Fils , d odeur de toute vérité , parlant par la
bouche des Prophètes, fuggerant toutes chofes qui ont efté dites aux Apoftres , par no-
ftre Seigneur Ielùs Chtift. Iceluy eft le feul confolateur en afflidion,donnant confiance
Se perieueranec en tout bien.
Nousc» oyons qu'il faut feulement adorer & parfaitement aimer, prier &inuoquer
la maiefté de Dieu en foy, ou parriculierement.
z Adorans noftre Seigneur IefusChrift, nous ne feparons vne nature de l'autre, cô-
fe/Tans les deux natures , afTauoir diuine Se humaine, en iceluy infeparables.
3 Nous croyons du Fils de Dieu, Se du S.Efprit, Ce que la parolle de Dieu Se la doctri-
ne Apoftolique, Se le fymbole nous en enfeigne.
4 Nous croyons que noftre Seigneur Iefus viendra iuger les viuans Se les morts,
II. ii,
Um^VL Trots Jkttrtyrs
en formcvifiblcfichumainccommcileft monté au ciel, exécutant iceluy iugemet en
la forme qu'il nous a prédit en S. Matth. 1 5. chap. ayant toute puiilance de luger , a luy
donnée du Pere, entant qu'il eft homme. Et quant a ce que nous difons en nos prières,
nue le Pere apparoiftra en jugement en la perfonne de ion Fils, nous entendons par ce-
laaue la punfanec du Pere donnée au Fils , fera manifeftee audit lugement , non coûte-
fois que nous voulions confondre les perfonnes,fachans qu'icelles font realemeat di-
ftinftesl'vne de l'autre.
Nouscroyonsqu'aufainctSacremecdelaCene,aueclesfignes corporels du pain
& du vin, les ames fidèles font nourries realement &: de faift, de la propre fubftance de
noCkre Seigneur Ielus, comme nos corps (ont nourris de viandes. & u n'entendons dire,
ne cioirc que le pain & le vin foyent transformez , ou tranilubftantiez au corps & fang
d'iceluycar le pain demeure en (anature &c fubftâce, pareillement le vin : & n'y a chan-
cement ou altération. Nous diftinguons toutefois ledit pain 6c vin de l'autre pain qui
eftdedicàvfagecommun:entâtquecenouseftvniigne{acramental fous lequel la vé-
rité eft infalliblement reccuè. , ...
ORcefteconfeiTionne fe fait que par le moyen delafoy : &: n y conuient imaginer
rien de charnel,nc préparer les dents pour le manger, corne S. Auguftin nous enfeigne
difanr Pourquoy appreftes- tu les dents &: le ventre? croy,&: tu l'as mangé. Le ligne doc
ne nous donne pas la vérité, ne la chofeiignince:mais noftre Seigneur Ieius Chrift par
fa puitfance, vertu & bonté, nourrit & entretient nos ames , & les fait participantes de
fa chair & de fon fang, &: de tous fes bénéfices. Venons à l'interprétation des parolles de
interpréta Ie{us Chrift-Cecy eft mon corps. Tertulhan an liurc quatrième contre Marcion,explL
ïoïcf Ccï; que ces parolles ain(i:Cecy eft le fignefc la figure de mon corps. S. Auguftin dit,Le Sei-
cft mon 2nclu n'a point fait doute de dire, Cecy eft mon corps,quand il ne donnoit que le ligne
corps* de fon corps. Partant(comme il eft commâdé au premier canon du Concilede Nice)en
ce faind Sacrement nous ne deuons imaginer rien de charnel, & ne nous amufer ny au
pain ny au vin qui nous font en iceluy propofez pour lignes, majs efleuer nos efpnts au
ciel pour contempler par foy le Fils de Dieu noftre Seigneur Iefus feanta la dextre de
Dieu fon Pere. A ce propos nous pourrions ioindre l'article de l'Afccnfion , auec plu-
lieurs autres fentences de S. Auguftimlefquelles nous obmettôs,craignans d'eftre lôgs.
Mettre r- é Nous croyons que s'ileuftefté necellairede mettre del'eauauvin,lesEuangeh-
eauaurin. ftcs ne mefmesS.Paul,n'euflentobmis vnechofedehgrandeconfequence. Et quant
à ce'que les dofteurs anciens l'ont obferué(fefondans furie fang méfie auec l'eau qui
fortit du cofté de Iefus Chrift)d:autât que telle obfcruation n'a aucun fondement en la
parolle de Dieu , veu mefmes qu'après l'inftitution de la faincte Cene cela aduint: nous
ne la pouuons admettre auiourdhuy nccefTairement.
7 Nous croyons qu'il ny a autre confecration que celle qui fe tait par le Miniftre, lors
qu'on célèbre la Cene : ledit Miniftre récitât au peuple en langage cogneu l'inftitution
d'icelle Cene, îouxtc la forme que noftre Seigneur Iefus nousa preferipte , admonne-
ftant ledit peuple de la mort &c paflion de noftre Seigneur Iefus. Et mefmes comme die
S Auguftin, la confecranon eft la parolle de foy qui eft prefehee& receucenfoy. Par-
quov il s'enfuit que les parolles fecretement prononcées fur les fignes, ne peuuent eftre
Matt^,*. la confecration , comme il appert par l'inftitution que noftre Seigneur Iefus Chrift laif-
faàfes Apoftres,adrefîantfesparollesafesdifciple- prcfens,auiquelsil commanda de
luci'19- prendrez manger. .
8 Le fain£t Sacrement de la Cene n'eft viande pour le corps, ains pour les ames (car
nous n'y imaginons rien de charneheomme nous auons déclaré Article cinquième ) re-
ceuansiceluyparfoylaquellen'eftcharnelle.
10 Nous croyons que le Baptefme eft Sacrcmet de pénitence , &: comme vne entrée
en l'Eelife de Dieu, pour eftre incorporez au corps de Iefus Chrift. Iceluy nous repre-
fente la remiflion de nos péchez paflez &c futurs, laquelle eft pleinement acquife par la
feule mort de noftre Seigneur Iefus. Dauantagc la mortification de noftre chair nous y
eft fiffnifice , & lauement reprefente par l'eau iettee fur l'enfant, qui eft figne &: marque
dufang de noftre Seigneur Iefus, qui cftlavraye purgationde nos ames. L'inftitution
d'iceluy nous eft enfeignee en la parolle de Dieu, laquelle ont obferuee les fainds A-
poftres-prenans de l'eau au nom du P ere,du Fils,& du S.Efprit. Quant aux exorcifmes,
adiurations de Satan,chrefmes,faliue,&: fehnous les reiettons corne craditios des hom-
mes:
En la terres du Urefil. +f 3
mcs:nous contentas de la feule forme & inftitucion dclahTce par noftre Seigneur ïefus,
1 i Quant au franc-arbitre, nous croyons que le premier homme eftant créé à l'ima-
ge de Dieu a eu liberté & volonté tant à bien qu a mal, & luy kul a feu que ceftoit du
libéral arbitre, citant en fon intégrité. Or il n'a guercs gardé ce don de Dieu:aim a cité
priuc par fon péché, &C tous ceux qui font descendus de luy, tellement que nul de la fe-
rnence d'Adam, n'a vncefteincellede bien. A ceftecaufe S. Paul dir, que l'homme fen- iCor.i.
fuel n'ente nd les choies qui font de Dieu.Et Ofeccrie aux enfans d'Iiracl , La perdition °lcc l) 9f
etl de toy,ôlfrael. Or nous entendons cecy de l'homme qui n'eft point régénéré par le
faintt Efprit de Dieu. Quant à l'homme Chreftien baptizé aufangdc le fus Ch n ft , le-
quel chemine en nouueauté de vie, noftre Seigneur Icfus reftitue en luy le libéral arbi-
tre^ reforme fa volonté à toutes bonnes cruurcs: non point toutefois en perfection:
car l'exécution de bonne volonté n'eft en fa puidance, mais vient de Dieu: comme
amplement ce S. Apoftre déclare au fepticme chap. des Romains difant , I'ay vouloir,
mais en moy ie ne trouue le parfaire. L'homme predeftiné à la vie eternclle,iaçoit qu'il
pèche par fragilité humaine , toutefois il ne peut tomber en impenitence. A 6c propos
S. Iean dit qu'il ne pèche point, car l'élection demeure en iceluy.
iz Nous croyôs que c'eft à la parolle de Dieu feule de remettre les péchez: de laquel-
le comme dit S. Ambroife, l'homme n eft que miniftre: partant s'il condamne ou ab-
foult,cc n'eft pas luy,mais la parolle de Dieu laquelle il annonce.S. Auguitin en ceft en-
droit dit,que ce n'eft point parle mérite des hommes que les péchez font remis, mais
par la vertu du S. Efprit. Car le Seigneur auoitdit àfes Apoftres, Receuezlc S. Efprit:
puis il adioufte, Si vous remettez à quelqu'vn fes péchez, &c. Cypriandit que leferui-
teur ne peut remettre l'ofFenfe commife contre fon maiftre.
13 Quant à l'impoiition des mains elleaferuy en fon temps ,&n'eft befoin mainte-
nant la retenincar par l'impofition des mains on ne peut pardonner le S.Efprit,car c'eft
à Dieu feul. Touchant l'ordre Ecclcfiaftique, nous croyons ce que S, Paul en a eferit en.
la première à Timothee, & autres lieux.
14 La feparation d'entre l'homme & la femm e legitim ement vnis par mariage , ne fe
peut faire finon pour fornicatron,comme noftre Seigneur Iefus nous l'enfeigne,Mat. f.
&c 19.cha.Et non feulement feparation peut eftrcfaitepourladitefornicatiommais auf-
fi la caufe bien examinée deuant le Magiftrar,la partie non coulpable ne pouuant fc cô-
tcnir,fe peut marier: comme S. Ambroife dit fut le 7. de la première aux Corinthiens:
lcMaciftrat toutefois y doit procéder auec maturité de confeil.
15 S Paulcnfeignantquel'Euefque doit eftre ma ryd'vne feule femme, ne défend «-Th»**
par cela qu'après le dccezdefa première femme line luy foitloiiiblcfe remaricr:mais
le S. Apoftre improuue la Bigamie,àlaquelleles hommcsdecetemps-laeftoyent gran-
dement enclins.toutcfois nous en laifîbns leiugementaux plusverfez aux fainttes E-
icLicurcs, noftre foy n'eltant fondée fur ce poinc*.
16 II n'eft licite de vouer à Dieu, finon ce qu'il approuue. Orileftainfi quelesvœus
monaltiques ne tendent qu'à vnc corruption du vray feruice de Dieu. C'eft auffi gran-
de témérité &. prefomption à l'homme de vouer outre la mefure de fa vocatiô : veu que
la iain&e Efcriture nous enfeigne que con tinenec eft vn don fpecial,Mat. 1 5 . chap.& en
la première aux Corinth.7. Pourtant il s'enfuit que ceux qui s'impofent cefte neceflîté,
renonçansaii mariage toute leur vie, ne peuuent eftre exeufez d'extrême témérité &c
outrecuidance effrontée. Et parce moyen tentent Dieu, attendu que ledit don de con-
cmcncc,n eft que temporel en aucuns:&: que celuy qui l'aura eu pour quelque temps,
ne l'aura pour le refte de fa vie. Sur ce donc les moines,preftres,&: autres telles gens qui
s'obligent & promettent de viure en chafteté, attentent contre Dieu : entant qu'il n'-
eft en eux de tenir ce qu'ils promettent. Saine* Cyprian en l'onzième epiftre parle ain-
ii, Si les vierges le font dédiées de bon cœur à Chrift , qu'elles perfeuerent en chafteté
fai s feintife, eftans ainfi fortes & confiantes qu'elles attendent le loyer qui leur eft pré-
paré pour leur virginité, fi elles ne veulent ou peuuent perfeuerer comme elles fe font
vouées, il eft meilleur qu'elles femariët que d'eftre précipitées au feu de paillardife par
leurs plaiiirs & délices. Quint au pafTage de l' Apoftre S. Paul, Il eft vray que les vefues
qu'on prenoit pour feruir à l'Eglife, fe foumettoyent à nefe remarier tant qu'elles fe-
ro vent fubie&cs à ladite charge, non qu'en cela on les reputaft ou qu'on leur attribuait
quelque fain&eté:maisàcao(cqii elles ne fepouuoyét bien acquitter dclcurdcuoir en
Hiii.
Li#ro VI, {Trois M artyrs
eftant mariees:&: Ce voulant marier renôcent à la vocation à laquelle Dieu les auoit ap-
pelées, tant s'en faut qu'elles accompliiTent ce quelles auoycn t promis en FEgliie , que
mefmes elles violent la pvomeiTe faite au Baptefme, en laquelle il eft côtenu ce poinct:
Qu'-vn chacun doit icruir à Dieu en la vocation en laquelle il cil appelé. Les vêtues dô-
ques ne vouoyentpointledondecontincnce,iinon entant que le mariage ne conuc-
noit à l'office, auquel elles le prefentoyent , &c n'auoyent autre coniideration que de s'-
en acquitter. Elles n'ont efté auiE tellement côtrain&es qu'il ne leur ait elle permis Iby
marier pluftoft que de brufler,& tomber en quelque infamje &: deshonnefte fai&. En
outre pour euiter tel inconuenientl'Apoftre S.Paul au chap. prealleguc défend qu'el-
les foyent receuës à faire tels vœus que ptemier elles n'ayentl'aage de foixante ans qui
eft vnaag^e communément hors de continence. Iladiouftc que celles qu'on eilira n'-
ayentefte mariées qu'vne feule fois, afin quepar ce moyen elles ayent délia vnc appro-
bation de continence.
17 Nous croyons que Iefus Chrift cft noftre feul médiateur, interce/Ieur & aduoeat:
par lequel nous auons accezau Pere,& qu'eftans iuftifiez en l'on iang,ferons deliurez de-
là mort,& par luy cftans ia reconciliez,nous obtiendrons pleine vi&oire contre la mort.
Quant auxfain&s trefpaiTez,noùsdiions qu'ils délirent noftre lalut &l'accomplnTe_
ment du royaume de Dieu,& que le nombre des efleus foitaccomply : toutefois nous
nenous dcuonsadrefTeràcux parinterceflion pour obtenir quelque choie: car nous
contreuiendrions au commandement de Dieu.Quant à nous,durant que nous viuons,
d'autant que nous fommes conioints enfemble comme membres d'vn corps , nous de-
uons prier les vns pour les autres : comme nous fommes enieignez en plufieurs paiTa-
ges delà fain&e EÎcriture.
18 Quant aux morts,S. Paul en la première des Theif.4. cha.nous défend d'eftre cô-
triftez fur iceux car cela conuient aux Payens, leiquels n'ont aucune efperançe de ref-
fufeiter. LeS.Apoftrenecommande&: n'enfeigne de prier pour eux.ee qu'il n'euft ou-
blié s'il euft efté expédient. Sainct AuguftinfurlePieaume48.dit qu'il paruient feu-
lement aux efprits des morts ce qu'ils ont fait durant leur vie: que s'ils n'ont rien fait e-
ftansviuans,ilneleurparuientrien eftans morts.
EN la fin defdits article* ce qui s'enfuit eftoit eferit de leurs mains.
C'EST-cy la refponieque nousfaifons aux articles par vous enuoyez, félon la me-
iure & portion de foy que Dieunous a donnée, luy priant qu'il luy plaife faire qu'elle ne
foit morte en nous, ains produife fruits dignes de fes enfans, tellemét quenous dônant
accroifTement &c perfeueranceen icclle, nous luy en rendions action de grâces, & lou-
anges à tout iamais. Ainlifoit-il. AudeirousJcursnomsycftoycntcfcritsainfi.
IeandvBordel. Pierre Bovrdon.
Matthiev Vermeil. André laFon.
Ce s t e confeflïon fut enuoyce à Villegaignon pour refponie à fes articles. Ilfonge
furicellc comme bon luy fcmble, conduit toufioursd'vn mauuaistalent. Il les déclare
hérétiques fur les articles du Sacrement, des vœus,8f autresdes ayanten plus grâd hor-
reur que les peftiferez. Il n'auoit point honte dédire qu'il n'eftoit loiiible de leslaifler
longuement viure : afin que de leur poifon le refte de fa compagnie ne fut furpris. Ayâc
pour la dernière fois refolu de les faire mourir ,diffimula ce qu'il auoit enuie de faire
fort ingenieufemcntjde peur que les poures hommes ne fuiTent aduertis de la trahifon
qu'il braiîbit. On difoit qu'il ne communiqua à homme viuant de ion entreprinfe , &: fe
M.D.LVIH contint ainifïecretiufques au Vendredy neuficme lourde Feurier m. d.l v i 1 1. auquel
iour des le matin, fâchant que fon bafteau deuoit aller en terre ferme cercher quelques
victuailles, commanda à ceux du bateau de luy amener Iean du Bordel &:fes compa-
gnons , qui pour iors s'eftoyent logez auec autres François. Le commandement e-
ftantfaitiugerentquec'eftoit pour les interroguerfur leurdite confeifion de foy ,parw
tantfurentïaiiîsde crainte & tremblement. Les François en pleurs & larmes les àiC-
fuadoyent de s'aller rendre a la boucherie. Nonobftantleandu Bordel hom me ver-
tueux & doué d'vne confiance merueillepfe, pria tous les François de n'intimider plus
fes compagnons,lefquels aum* par telles parolles exhorta non feulement d'y aller,mais
lxhoruti<5 aulfi fe preiénter à la mort Ci Dieu le vouloit : difant,
de Du Bor- M e s frères ie voy que Satan nous veut empefeher par tous moyens de ne coparoiftt e
côpa^no^. auiourdhuy,pourlaquerellcde noftre Seigneur Icfus>&iaiem'apperçoy qu'aucuns de
nous
6 n la terres du Trtfil. 4 6q.
nous font intimidez plus qu'il n'eft raifonnable , comme nous defhans du fecours & fa-
ueur de noftre bon Dieu,lequcl nous fauons contenir noftre vie en Ta main, laquelle les
tyrans de la terre ne nous peuuent ofter Tans fa volonté. le vous priede coniiderer auec
moy,comme&:pourquoy nous fommes venus en cespartics,qui nous a fait pafler deux
mille lieues de mer:quinousa preferuéau milieu d'infinis dangers & périls. N'eft-ce
pas celuy qui conduit&gouuerne toutes chofes par fa bonté înfiniciaflïftantauxfiens
par moyens admirables \ Il eft certain que nous auons trois puilfans ennemis , affa-
uoir le Monde, Satan &: la Chair : contre le/quels nous ne pouuons denous mefmes re-
lifter. Mais nous retirans à noftre Seigneur ïefus Chrift,qui les a vaincus pour nous , af-
feurons-nous, voire repofons nous en Juy:cai il nous affiliera comme il a promis: veu
qu'il eft fidèle &c puiiTant de tenir ce qu'il promet. Prenons donc cou rage, mes frères,
que les cruautez,que les richeflés,que les vanitcz de ce mondc,ne nous empefehent de
venir à Chrift. ^Ses compagnons rcçoiucnt incroyable confolatioh de ces parollcs: &
d'vnfainrïzele& affection prient le Seigneur les fortifier, &alfeurcrparfon efprit, &
inftruire pour rcfpondre deuant les hommes delà cognoiifance qu'il leur auoit dônee.
Puisleandu Bordel3Matthieu Vermeil, André la Fon, s'embarquent dans le bafteau
quilàcftoit,pour les mener en l'ifle de Colligny. Pierre Bourdon demeura en terre bien
malade, ne fe pouuanc embarquer.
Es t a n s defeendus en l'ifle, Villcg. commande qu'ilsfulfent amenez deuant luy, Abora des
aufqucls(cenantleurconfeifion de foy en la main)demanda s'ils l'auoyct faite &fignec, g^gnon'. °
&L s'ils citoyen t prefts de la i'ouftenir.Us refpondent tous enfèmblc, qu'ils l'auoyent fai-
te &: fignee , recognoilfan s chacun Ion feing:&: attendu qu'ils la penfoyentChreftiene,
puilécdesfain&esÈfcriturcs , félon la confcll- ndesS. Apoftres& Martyrsdelaprimi
tiue Eglile,ils fe deliberoycnt icelle,moyennant la grâce de Dieu , maintenir de poinct
enpoincteftrebienfondee,voireiufquesàleurfang,fiDieulepermettoit fefubmet-
tans nonobftant ce,à la cenfure & iugement de ceux qui auroyent plus de graces,& in-
telligence des fainctesEfcritures. A peine eurent-ils refpondu ce peu deparolles,que
Villeg.demonftrant vn vifage furieux & courroucé,dc grand' audace les menace de les
faire mourir s'ils continuoyent en celle opinion malheureufe(comme il difoit) & dam-
nable.Et tout à l'heure cômanda à ion Bourreau les enferrer par les iambes,&à chacu-
ne chainc eftre luipendue la pefanteur de cinquante ou foixante liures. On dit qu'il e-
ftoit tout nyfufrîfammcnt de tels engins , defquelsil inftruifoitlespoures Brefiliens à
picté,au lieu de leur donner i'intelligence de Dieu par douceur. Non content de les a-
uoir fait enferrer, commande qu'ils rulfent ferrez eftroitement en vne prifon puante
&obfcuie,&: (oigneufement gardez par gensarmez qu'il auoit ordonnez pourcefaire.
Lcspourescmprifonnez au contraire fe refiouiffent &: confolent l'vn l'autre cnleurs
liens, prient, chantent Pfeaumes & louanges à Dieu d'vn zele àC affection.
Or toute la compagnie de l'ifle futgrandement troublée de ceft acte, & chacun
en fon endroit conçeut vne grande crainte. neantmoins aucuns d'eux,quand Villegai-
gnon eftoit cmpefchc a fon repos,ou autrelieu,fecretcment vifitoyent les prifonniers,
les confolans de quelque efpoir,pâreillement de viures delquels ils auoyent grande ne
ceflîté. Mais a raifon qu'entre eux il n'y auoit homme d'authorité ou apparence qui
peuft prendre lahardieflé de remonftrer audit Villeg.riniuftice&: tyrannie qu'il com-
mettoit:elpcroycnt moins de fecours de ceux de ladite Iile.Tout ce iour Villeg.defend
que barque ne balteau fortift hors fon Ifle à peine de la mort,par ainfi ceux de terre con
tinentc ne pc*Urent eftre aduertis de ce qui fe braflbit en la fortereffe.
Ce iour Villegaignon eut peu de repos,fepourmen ant tout autour de fon Ifle,pen
fir,luy dcuxicme.Souuet il alloit aux priions voir fi les p ortes cftoyent bien clofes,& iuf
ques aux ferrures fi elles n'eftoyentfaulfees. Il fefaifit des armes que les foldats & arti-
lanstenoycnt en leurs chambres pour la garde ôidefenfe du lieu.C'eftoitd'vne crainte
que le peuple ne s'efleuaft contre luy,
Ses affaires ainfi ordonnees,lerefte du iour &: de lanuictconfultaàpartfoy de signes dv.
quelle efpecc de mort il les deuoit faire mounren fin il conclud de les faire eftrâgler & ne eoafcien
fuffoquer en mer,pource que fon bourreau n'eftoit ftylé aux autres efpecesde mort. Et w«S^ *
combien qu'il l'euft arrefté,fi eft- ce que celle nuict ne repofa aucunement : mais alloit
&c cnuoyoit viiîter les phfons d'heure en heure. ^ Ce temps pendant ïcan du Bordel
sontinuoit &: perfeueroit d'exhorter fes compagnons à louer Die , & luy rendre gra*
II. iiii.
Livrer VL Matt hieu Vermeil
cède l'honneur qu'il leur raifoit,Ies appelant à la confeffion de Ton fain&nom , en çe
paysJa G barbare& eftrange,leur donnant elpoir que Villeg.ne feroit fi tranfporté de
cruauté,dc les faire mourir:feulemcnt ils s'attendoyenteftre quittes demourans ferfs
&cfclaucs coûte leur vie. Mais leidits compagnons cognoilTans le naturel dudit Villcg.
auoycntpeudcfperanceenleurvie : attendu que déslongtempsiceluy auoiteerché
l'opportunité qui lors luy eftoit venue fort à propos.^ Le lendemain matin iour de Vé-
dredy audit mois, il dclcend bien armé auec vn page en vne fallette,dans laquelle il faic
amener Iean du Bordel enferré, auquel il demanda l'explication de l'article duSacre-
ment,où il confcifoit que le pain te le vin eftoyent fignes du corps te du langde noftre
Seigneur Iefus Chnft,leconfermanrparledircdeiain& Auguftin. Leditdu Bordel
luy voulant citerle palfage pour confermer ion dire , Villegaig.efmeu de grande colè-
re defmcnt ce poure pacicnt;&:leuant le poing luy en donne vn tel coup In r le vilagc,
que tout incontinent lelang forcit du nez &: de la bouche en abondance. En le frappât
Cnuutcbar adioufta femblables parollcs,Tu asméty,paillard,iàin& Auguftinneraainfi entendu.
va? dC Parquoyauiourdhuy premier que iemâgcie tefcraylentirlefruicHetonobftination.
Ce pourehomme ainli outragé, ne luy fit autre refponfe, qu'au nom de Dieu fuft. Com
me il luy tomboit quelques fermes auec le fang,de la grande douleur du coup qu'il a-
uoitreceu, Villeg. le moquant l'appeloit douillet &: tendron :pource qu'il pleuroitd'v-
ne chiquenaude. Derechcfluy demanda s'il vouloir maintenir ce qu'il auoite/crit& fi-
gné.Il luy fut fait refponfe par ledit du Boi del qu'ouy, iufques à ce que par authorité de
la lain&e Efcriture il fuft enfeigné du contraire. Villeg.voyant la fermeté te alTeurance
dudit duBordel,c5mande à fon bourreau le lier par les bras &: les mains,&: le mener fur
vneroche,laquelle il auoitluy-mefme dioific à propos ou la mer s'enfle deux fois le
iour de trois pieds : luy auec fon page les armes au poing conduifent ce pou re patient
au lieu afligné. Bordel paflant près de la prifon où eftoyent lès copagnons,s efcria à hau
te voix qu'ils prinflent bon couragerveu qu'ils leroyét bien toft deliurez de celle vie mi
ferablc. Et en allant à la mort de grâd îoye chatoit Pleaumes te cantiques au Seigneut
(chofe qui eftônoit certes la cruauté dudit Villeg.&lon bourreau.) Eftant monté fur la
roche,à peine obtint-il faucurde prier Dieu, premier quedepartir de ce monde , pour
la précipitation que failoit Villeg.àlbn executeur.Toutefois par manière d'acquit luy
permit le ietter àgenoux fur ladite roche,où il fift confeffion à Dieu de fes fautes te pc
chez,luy demandant grâce & pardon au nom de fon fils I s $ v s Chrift: entre les mains
duquel il recommanda fon efprit. Puisillédefpouilla en chemife,fe fubmettantà la
mercy du bourreau,le priant de ne le faire languir. Villeg.voyant que l'exécution tar-
doit trop,menace le bourreau de luy faire donner les eftriuieres s'il ne fe haftoit: partât
à l'eftourdi le bourreau ietteen mer ce poure homme inuoquat noftre Seigneur Iefus
à fon aide,iufques à ce que noyé par grande violence te cruauté , il rendit à Dieu fon
efprit.
MATTHIEV VERMEIL.
I e a n du Bordel executc,le bourreau amena Matthieu Vcrmeil,eftonné grande-
MD.LVin m|t de la mort de fon c5pagnon:toutefois il demeura ferme &côftant.Car en lemenâc
au lieu de l'exécution, Villeg.qui ne luy portoit telle haine qu'à Iean du Bordel , luy de-
manda s'il fe vouloir perdre te damner, mais ceft homme vertueufement le repoulTa.
Vray eft qu'en le defpouillant fur la roche,il apprehendoit la mort -te fur ce requit qu'ô
luy dift à quelle raifon on les failoit mourir: O feigneur de Villeg.(difoic-il)vous attciis-
nous defrobé,ou outragé le moindre de vos feruiteurs ? auons-nous machiné Voftrc
mort,ou procuré choie a voftrc deshonneur ? faites comparoir ceux s'il y en a aucuns
qui nous acculent de ce.Non,paiîlard,refpondit Villegaignon,toynetes compagnons
ne mourrez pouraucunedes chofes que tu as alléguées : mais d'autant qu'elles peftes
trefdangereufes feparez de l'Eglile,il vous faut retrencher comme mébres pourris:afin
que ne corrompiez le refte de ma compagme.Ce poure patient rcfpond en ces termes:
Or puis qu'il eft ainli que prenez la religion pour couuerturc , ie vous pric,n'auez-vous
fait(il n'y a pas huit mois palîez ) encores ample oonfe/fion des poin&s te articles,pour
lefqucls auiourdhuy vous nous faites moudre
O Dieu
Matthieu Vermeil. +6 j
O Dieu eternel,puis que pour la querelle de to fils IefusChrift nous foufTrôs auiour-
dhuy,puisque pour maintenir ta fain&e parolle bc do&rinc on nousmene à la mort, SSfe*
vueilles par ta clémence te refueillercx: aflîfter aux tiens, prenant lcurcàu(e,quieft la
ticnne,en ta mainià ce que Satan, ne les puilîancesdu monde, n'ayent victoire fur moy.
Retournant laface vers ledit Villeg.lc pria qu'il rte le fift mourir,le retenant pour l'on e-
fclaue. Villegaignon honteux, de vergongne ne fauoit que refpondre aux pitoyables
requeftes de ce poure patient : linon qu'il ne pourroit à quoy l'employer, l'eftimant
moins que l'ordurcdu chemin. Toutefois il luy promettoit d'y penfer s'il fefuft voulu
defdire,& confefler qu'il erroit.Lors ledit Vermeil voyant que l'efpoir qu'on luy don.
noit,eftoit au grand preiudice de Ton ialut * 6c encore incertain, tout refolu cria à haute
voiXjQuil aimoit mieux mourir pour viure éternellement au Seigneur, queviure vn
peu de reps pour mourir à ïamais auec Satan. Puis ayant tait fa prière fur la roche,& re-
commandé (on ameen Jagarde dcDicu, lai/fa volontairement faire le bourreau : ÔC
criant à haute voix, Seigneur Iefus aye pitié de moy, rendit Pefprir.
C E S T V Y-cyn'eft demeuré confiant, & partant le récit de luy efticy mis par forme d'hiftoire.
L e troifieme, André La-fon tailleurdhabillemens,futamenépat le bourreau au
lieu du fupplice. En y allant requeroit que s'il auoit oftenié quelqu'vn,on luy pardon-
naft,vcu que c'eftoit le vouloir de Dieu qu'il mouruft pour la confciîîondefon làincl
nom. Or Villeg. euft bien voulu retenir celuy-la pour le feruice qu'il luy pouuoit faire
de fon eftar,attendu qu'il n'auoit aucun tailleur en fa maifon: toutefois il rte le pouuoic
faire (ans en eftre reprins, afin qu'on ne l'eftimaft porter plus de faueur à l'vn qu'à Pau-
tre.On diloit qu'il auoit inftruict vn fîcn page de ce faire : car ceftuy page auec vn autre
aduertirenrleditLa-fori:ques'il vouloiti"auuerfavie,illuy Conuenoitremonftrer audit
Villeg. qu'il n'eftoit beaucoup verfé aux fain&es Efcritures pour refpondre à tous les
poin6ts qu'on luy pourroit demander. Ledit La-fon ne fit grand conte de leur confeil,
ayant opinion qu'il n'auoit affaire du pardon des hommes , mais de Dieu.Ce page & l'-
autre font retarder le bourreau:& ce téps pédant accoururct à Villeg. qui n'eftoit loin
de là.Ils luy requièrent qu'il pardonnait la vie au tailleur , luy rernonftrans qu'il n'auoit
eftudié,& qu'il ne deiiroit tenir vne opinion obftinément . & fe pourroit faire auec le
temps que le poure tailleur changeroit d'opinion. Dauantage alkguans que ledit
tailleur luy feroit fort neceflaire pour fon feruice , fuppléroit le lieu d'vn autre , qui luy
conuiendroit entretenir en grande defpcnle. Villcg.de prime face reboute trefrude-
ment les fupplians de leurs requeftes, alléguât quelcdit tailleur demeuroit obftiné en
l'opinion de l'es compagnons:dontileftoicfortdefplaifant. Car il l'auoitcogrteu hom-
me paihblc,duquel il pouuoit tircrferuice:s'ilvouloitrecognoiftre ion erreur,illuy par
donnoit:autrement il ne le pouuoit garentir de mort. Il commanda qu'on feuft cela de
luy,premier que le bourreau l'eftranglaft.Ce poure homme eftant preft de paffer le pas
fut follicitc &: pratiqué par le page & l'on côpagnon,de ie defdirerou promettre de reco
gnoiftre fon erreunon pourle moins qu'il proteftaftde ne vouloir eftre obftiné: autre-
ment il n'y auoit moyen de luy fauuer la vie.En fin ces confeillers perfuadent tellemét
le tailleur, qpoui euiterlamortilcondefcendit à dire qu'il ne vouloic eftre obftiné, ne
peitinax en fes opinions, quand on luy enfeigneroit le contraire par la parolle de Dieu*
inliftant en ce qu'il entendoit fe defdire. Villeg. ayant entendu qu'il promettoit d'abiu-
rer ce qu'il auoic tant conftam ment ("ouftenu, mande au bourreau qu'on le defîiaft &c
laifîaft aller en paix en la fortereffe, laquelle luy fut donnée pour prifon,& dans laquel-
le il cft demeure captifouurant de fon eftat pour ledit Villeg.&r fes gens. Toutes ces
chofes furent expédiées ledit iourauant neuf heures du matin, &c premier que la plus
grande partie des perfonnesqui eftoyent en l'ifle,en fuft aduertie. Dont après auoir co-
gnu la cruauté &t barbarie de Villeg. blafmoyent à bon droitt leur pufillanimité,par ce
que perfonne ne s'eftoit voulu oppofer à l'iniufteefFufion du fang innocent.Pource qu,*
il n'y auoit homme pour entreprendre de faire ladite remoriftrance,chacun fe contint
en fa chambre fans ofer proférer vn feul mot de ce qu'il penfoit : partant il fut loifible à
Villeg.d'ex^cuter telle cruauté que bon Iny fembla.
Liure^jVI. Pierre^ Bourdon.
PIERRE BOVRDON.
M.D.LVHI Le facrifieefanglantdeVillegaignonn'eftanc du tout accomply ,1c Quatrième
reftoit qui eftoit PierreBourdon,ccluy qu'il haylToir extrememét. Ce P. Bourdon eftoit
demeure en terre ferme bien malade,partant ne s'eftoit peu embarquer auec Ces corn»
pagnons. Villeg. pour parfaire l'exécution qu'ilauoitcommencee,entra en vn bafteau
auec quelques mariniers(craignant qu'en fonabfence le tourneur ne trouuaft faueur
en Ces feruicei*rs)puis defeend en terre luy deuxième , le relie demeure dans le bafteau.
Eftantcntrécnlamaifon,demâdeletourneur,lequelon luyprefentcà demymort de
maladie.La première falutatiô qu'il fait à ce pourc malade,fùt de luy cômander de le le
uer& s'embarquer en diligence. Et comme iceluyeuft déclare tant parparollesque
o trahifon Par grande dcbilité,qu'il ne pouuoit faire leruice en ce à quoy on le vouloit employer,
&defloyau veu que pour lors il eftoit inutile : Villeg.luy fit relponle que c'eftoit pour le faire pen-
té barbare. çcx & trajttcr.Ei; voyant que ce pourc malade ne le pouuoit fouftenir debout,(tant s'en
faut qu'il euft peu marcher)il le fit porter iuiqu'au bafteau .Corne on le portoit , il demâ
da fi on le vouloit employer à quelque choie. mais homme ne luy ofa refpondie vn leui
mot. Or eftant interrogué par Villeg.s'il vouloit fouftenir la côfciïïon qu'il auoit fignee:
fit refponle qu'il y penferoit:toucefois fans autre dilatibn , quand ils furent defeendus
enterrelebourreau(felonlecommandementquiluyeftoitfait)lelia:puis le mena au
lieu où les autres auoyent foufTert,laducrtifIànt de penfei à fa confcicnce. Lors cepo-
urepatientleualcsyeuxauciel,&Jesbrascroifez,fccontrifta aucunement , iugeant
qu'audit lieu fes compagnons auoyent obtenu victoire contre la mort. Il recommanda
fon ame àDicu,& s'efcriaàhaute voix en tels termes: ScigneurDieu,iefuis de la mefme
pafte que mes compagnons,qui ont auec gloire & honneur fouftenu ce combat en ton
nom:ietefuppliemefairelagracequeienefuccombeau milieu des affaux que meli-
ure Satan, le Monde &c la Chair,&: me vueille pardonner toutes mes fautes&ofFenfes
que i'ay commifes contre ta maiefté,&: ce au nom de tôFils bien aimé noftre Seigneur.
Ayant ainii prie fe retourna vers Villeg.auquel il demanda quelle eftoit lacaufedefa
mort. On luy fit rciponfeque c'eftoit pource qu'il auoit ligné vne confefsion héréti-
que &c fcandaleufe. ^Et comme il vouloit répliquer ,& entendre fur quel poinét il e-
ftoit déclaré hérétique , veu qu'il n'auoit efté aucunement examiné : tant s'en faut qu'il
euft efté conuaincu. Mais ces remonftrances n'eurent aucun heu , par ce(comme difoit
Villegaig.) il n'eftoit temps de contefter en caufe : ains de penfer à fa confeience , com-
mandant au bourreau de faire diligence. Ce poure homme voyant que Jesloix diuines
& humaines, les ordonnances honneftes & ciuiles,l'humanité,la Chreftientc eftoyent
comme enfeuclies, bien refolu fe fournie au bourreau : & en inuoquant le fecours & fa^
ueur de Dieu, expira au Seigneur: furfoqué & eftranglc fut ietté en l'eau comme fes cô-
pagnons. Celle tragédie ainfi accomplie, Villegaig.fetrouua grandement foula-
ge en fon efprit,tant pour auoir exécuté le delîein de ce que ia de long tem ps il auoit co
fpiré : que pour auoir fait preuue de fa puiflance&: tyrannie entre les liens. Ilaffembla
fu r les dix heures Ion peuple: ôc par vne longue harengue les exhorta de fuvr &: euiter ia
fette des Lutheriens:de laquelle il auoit efté luy.melme furprins , à fon grand defplau
fir,pourn'auoirleules eferitures des anciens. 1! j lopofaàceuxquifcroyentobftinez
grandes menaces de mort,telle qu'auoyent fourkrt les trois. Et leur prorefta qu'il en
auroitmoinsde pitié que des fufdits.-partat que chacun euftà tenir&: garder ce que les
Pères auoyent fi rcligieufementinftitué&: entretenu. ^ Ceiour il ordonna que Jar-
gelfe de viure fuft faite auxartifans &c manouuriers en mémoire de trefgrandc reliouif-
làncc.
GEFFROY VARAG LE,iWw.
D E M. Ceftroy Voragle miniftre de l'Euangilc , nouspouuons auoir & obfcrucr cefte conclufion toute affeurce.Quc Dieu
mettant, les fiens en œuure,il leur donne dequoy pour y fournir:& qu'vn miniftre eftant appelé vrayerricnt deluy,fera
conduit en forte qu'on verra par cffecT: qu'il n'a pas efté introduit du cofté dej hommes:mais que le^eigncur cftautheur
de la vocation,quclquc contradiction ou cmpcfchcmct que le monde y fâche mettre par cruautez & tourracs extrême*
DE-'
CjejfrojVariïle. +66
[E P V I S que du bourbier monaftf'que,Gefrroy Varagle de Bufque , pays
[de PiedmÔt,a efté amené à Chi ilt,il s'eft cellemcnc dédié & offert à l'aduan MJD-LVin
jeement de la doctrine de l'Èuangile,qucftâc prifonnier, pour 1 auoir fidele-
'mctprefcheecnlavallecd'AngrôgnejDieuvoulucqu'iJla fighade ion iâg
en la ville de Thurin Parlcmenc de Picdmôc. Cela aduinc,Q_ue retournant de Bufque
pour fe retirer audit lieu d' Angrongnc.il fut arrefté en la ville de Barges:&le x y t i.dc
Nouembre m.d.l v n.adiourné à comparoir perionrtellemét deuantle Lieutenant
audit lieu ,il s'y trouua farts contredit. *[Ce Lieutcnant,apres l'auoir fait iurer de dire
vérité fur ce qu'il feroit enquis,à peine de cent efeus , 6c de trois eftrap'padcs de corde,
linterrogua premièrement d'où il eftoic,de quel aage,dc quel art , 6c quels eftoyent fes
biens & facultez. Varagle refpondit,qu'il eftoit de Bufque , del'aage de cinquante ans,
miniftre delà parolle de Dieu:n'ayant aucun bien.Interrogué,s'il fait la caufe de fon ar-
rcft,refponditquenon:iinon,dit-il,qué vous,monficur leLieutenant,(àcequei'ay en-
tcndu)pouuez auoir charge de la cour du Parlement de Thurin de conftituer prifon-
niers ceux qui annoncent la do&rine qui vous eft lufpe&e.Enquis s'il auoic annôcé tel-
le doctrine,en quel lieu 6c de quelle authorité 6c licences dit , auoir prefché la parolle
de Dieu aux lieux d' Angrongnc &: lainct Iean de Luferne,&: y auoir efté enuoyé par les
minuVes de Gcneuc,& ce à l'inftance 6c requefte des poures fidèles dudit pays. Inter-
rogué>s'il ignore la defenfe faite par leRoy &: la cour du Parlement de Thurin, afiauoir
que perfône ne fuft fi ofé ne hardi de prefeher doctrine rcprouuee de l'eglife Romaine:
a refpôdu qu'il fait bien la defenfe auoir efté faite aux Syndiques defdits lieux de ne te-
nir aucuns miniftres ou prekheurs ne nouuellc doctrine* mais quant à autres prohibi-
tions 6c defenfes il n'en fait rien.lntcrrogué,s'il a prefché és lieux prédits fauflfe doctri-
ne 6c Luthérienne défendue par le Pape : a dit , qu'il a prefché la parolle de Dieu,com-
bien qu'autrefois il ait efté de la fecte Romaine. £nquis,fi par cy deuant il a dit 6c célé-
bré laMelTe,s'il a efté moine:a refpondu qu'ouy,par l'cfpacc dezy.ans.dequoy il luy def-
plait grandemenr,d'autant qu'ores il cognoit que la Me/Te contiét beaucoup d'erreurs
côtrairesàla parolle de DieU.^Pluh'eurs autres demâdes luy furétfaites. Ecencre au-
tres chofes luy fut remoftré qu'il n'igrtoroit pas les ordônances& defenfes faites par le Ordômun-
roy Henry 1 1 .aflfauoir que ceux qui demeurent où paffcrtt en fes terres ,n*euifentà en-
feigner autre doftrine que celle qui eft tenue de l'eglife de Rome. Parainfi qu'il erroit nuùzcr.
grandement en tranfgrciTant les ordonnances du Roy , duquel il eftoit fuicct,pour ob-
feruer celles de Geneue.GefFroyàccla refpondit,qu'il nepenfoitpas faillir en prefchac
l'Euangilette fi le Roy eftoit bien inforrqé de la pureté de la doctrine qu'il a prefehee
en la ville d'Angrongnc,il ne contrediroit pas n?empefcheroit fes prcdications,lef-
quelles ne contiennent aucune faufle ou erronée doctrine. ^On luy obiecta l'authori-
té des Concilesrmais il refpondit , qu'après que l'euefq de Rome,qui s'appéloit Bonifà-
ce , eut vlurpé le nom 6c titre de Pontife par de/Tus les autres , beaucoup de Conciles
ont efté tenus au vouloir du Pape,afin d'enrichir l'Eglife par moyens illégitimes. Quât
aux autres qui ont efté tenus pour l'édification commune de l'Eglife félon la parolle de
Dieujcomfne çeftuy de Nice & autres,il ne refufoitdc s'y arrefter': 6c nes'en veut recu-
ler n'efloignerien tant qu'ils font conformes aux efents des Pères anciens, aiTauoir les
Prophètes 6c Apoftres.Ce Lieutenant 6c fes affiftens oyans Varagle tant rcfolu,aducr-
tirent le Parlement deThurin,lcquel delpcfcha incontinentgens pour l'amener àThu
tin,ôi luy faire fon procés.Nous entendrons parles actes dudit Parlement tout le faict,
voire la vie du prifonnier*& la procédure tenue contre luy , extraite de l'original Latin
comme s'enfuit.
CE iourdhuy ài'ifTucdu Confeil,la Cour eftantaduertiequ'vn nommé Geffroy Va-
ragle deBufque,miniftre prefehant herefies en la vallée d'Artgrôgne auroit efté a-
mené és prifons de ladite Cour,a in terrogué ledit Varagle après ferment fait de dire ve
rité,De quel art ou profeflïon il eftoit , 6c la caufe pour laquelle il auoit efté prifonnier,
Iceluy a refpôndu,qu autrefois il auoic cfte delà religion des Cappucins,iadis compa-
gnon de frère Bernadin de Sienes , député auec luy & douze autres Frères pour aller
prefcher.Qu eux eftans à Rome auroyent efté détenus en prifonnon fermee,mais fous Oo»™"
ferment,enuiron l'efpace decinqans:& que chargez d'eftre de la fecte Luthcrienne,ils paruicc au
abiurerent en termes généraux couces herefies. Sur cela à l inftâce de quelques Cardi- «nioifterc.
naux,on ordonna qu'il poferoie l'habit de ladite religion pour eftrc preftre feculicr.
Qu'en ceft habit ilauroitperieuerciufquesau temps de l'an m.d.l v i. auquel eftanta-
uecle Légat du Pape,ilauoitpenlîoncompetente,&ctenoit bénéfices pour s'entrete-
nir.Qu'eltant à la fuitte dudic Legat,il mangea deux ou trois fois auec meilleurs les pre
fidensPurpurat& Defainc"tIulian,quipour loiscftoyétauiTi en laditeCour. Au retour
de laquelle, fi toft qu'il futarriué à Lyon, il print côgé defon patrôlereucrédiffime Le_
gat:&feretiraà Geneue,eftât ftimulédelà côfciéce.Auquellieu après auoir demeure
quelques mois,fut cfleu paiCaluin 6c autres pour aller prefeher l'Euangile à ceux d'An
grongne,auec lettres tcftimonialcs & gagc:&: y a quatre à cinq mois qu'il y annonce TE
uangile à Iafaçon de Gcncue:prefchant quatre iours en laf'epmaine, auec vnaucre ini-
mitié nommé M. Noël, qui aulïiprelche les quatre iours en Jafepmaine.
In te rrog v e plus auant,a fouftenu que la doctrine &: foy qu'on tient à Gencue
eft meilleure &c plus vraye que celle de l'eglile Romaine: voire & que les Conseillers de
cefle Cour,&: tous ceux qui tiennent les traditions d'icclle eglile Romaine,aiTauoir és
article s contraires à ceux de Gcneue,font en trefgrand erreui &: abus.^ A ditaulfi, qu'e
(tant en ladite vallée d' Angrongne auroit cité appelé de la part de monfieur deMontif-
cal)e,pou r venir à Di agonere ouïr choies qui luy feroyent propolees fu r le poindt de la
tuftification:&: qu en reuenant duditlieu,auroit efté détenu priibnnier en la ville de
La iuftiiîca Barges. Interrogué quelle foy,quelle vie Se mœurs il a fuadé ou difluadé à l'es auditeurs:
tioa parla à dit fur tout auoir prefché &C traité publiquement l'article de la Iuitification,alTauoir
q parla feule foy en la mifencorde promile parla mort de noftreSauueur,tousceux qui
croyent&: le repentent, ayans fiance en icelle mil"ericordc,ont remiflîon de leurs pé-
chez.Dauanrage que les bonnes ceuures ne peuucnteftrecaufedela remilfion de nos
péchez, encores qu'elles loyent requîtes &c necellaires pour obtenir falut corne lefruic
delà iufticedefoy,& non pas commela caulé. Et qui ne voudra bien-faire, fans doute
ceftuyJafc glorifiera en vain d'auoirla foy iuftifiante : veuqu'icelle eftant vn don de
Dieu,nc peut eftre feparec de charité. Et n'a point dit, que la foy iuftific comme fi c'e-
ftoit vneœuure digne de loy-mcfme,par lequel nous puiffions mériter la remillîon de
nos pechez'-rnais poune (juclleefil'injlrurnent& le moyen par lecjueinous appréhendons la promejje
gratuite àeli femenec bénite promijeà ^àam^braham^aux autres Pères. A dit en outre &C afieu
ré,que ceux qui conf: ffenr eftre iuftifiez en telle forte par la foy, encore qu'ils ne facenc
aucune mention des ceuures,&: de la mortification de la ehair,ne font point en erreur;
d'autant que lefdites ceuuresfuiuent necelTairement la foy , &: mefmes que fans icelles
elle eft morte totalement. Le Lundy x x v i i.iour de Décembre m.d.l v n.enquis
Du franc du 11 anc arbitre,a dit auoir enfeigné les auditeurs,que le franc arbitre eft quelque puif-
arbitre. fanec de raifon ou de volonté , par laquelle le bien eft efleu la grâce eftant donnee:& le
mal eft efleu icelle grâce défaillante. Sur quoy il a allégué quelques Do&eurs , fpcciale-
ment S. Auguftin ôc fainét Ambroife De la vocation des gctils.ToutefoisDieu n'œuure
pas en nous par fa grâce, ainlî qu'en des créatures fans raifon, mais ainfi qu'auecles cré-
atures ayans volonté,laquelle foit bonne &: d'accord auec l'infpiratiô diuine:il faut auf
a Wurd té ^ qu'^e 10 i£ préparée du Seigneur qui fait en nous &c le vouloir &: le parfaire ,felo Je pro
d« Scôu- pos de fa volonté. Par ainfi qu'il le faut garder de confentir auec aucuns Scolaftiques
toques. qui dilént,que nous pouuons aimer Dieu de nos propres forces naturelles : &c queDieu
ncdeniepasfagraccàceftuy-laqui fait ce qu'il peut : &: telles abfurditcz , lefquelles
fentent la doctrine de Pelagius confutee par le Coneile de Ierufalem : &: par faintt
Auguftin&autrcs docteurs catholiques. Ilaenlcignc, qu'il ne le faut pas tourmenter
des mentes,&: de leur rémunération : &c que quand il en eft parlé, nous dcuons confei-
i.Cor.4 fer que ce font dons de Dieu:& quand il couronne nos mérites (dit faind Auguftin) il
ne couronne rien linon fes dons, comme dit rApoftre,Quas-tu que tu n'ayes receu?il a
en hor» eur le zele de l'Elcot,de Bonauenture,&: de quelques autres , parce qu'il n'eftfe-
lon fcience:ayans trois fortes de mérites, airauoir,co»^«/,yz^/î/, & condigm : &c encore plus
Ocuuresdc *cs mentes de lupercrogation des Moines,lefquels ils appliquent pour fatiffaireauxpc-
dc liiperc- chezdes viuans Se des morts, comme auffi leur dire eft, Qu.c leurs ceuures quelles qu'el-
ro^acion. ]cs f0yent,meritent d'auantage que celles des feculiers,voi;e qu'en dormant , veillant,
eftudiant &: trauaillant,ils meritent,eftans(comme ils parlent)en la nauire , c'eft à (lire,
en leur religion qui mené au port. lia pareillement en abomination leurs blafphe-
mes,alTauoir,que les Sainds ont plus de mefites qu'il n'en falloit pour la làtilfadtion de
leurs pechez-.ils en font vn threfor qu'ils méfient auec les mérites de Chiift , pour eftre
diftrL
Cjeffroy Varaglc^j. 46 7
diftri bue par le Pape en vertu des clefs qui luy iôc donecs deDieu,en baillant des indul-
gcces&: bulles.Toutes lefquelles chofes il a ptefche deuoir eltre reicttees de tousChre-
ftiens. DelapRE de stination il a enfeigne, qu'il ne faut debatre de Iacaufe de taPr«^-
noftre ele&ion,ne de la part de ccluy qui eflit, ne de la part des cileus, veu qu'autre cau-
fè n'elt aflignee par la parolle de Dieu, finon le bon plaifir de la volonté Diuinc : & qu'il
nous doit fufKre, que Dieu nous eft pere bénin &: mifericordieux. Que les homes ci ai-
gnans Dieu doy uent cftre dihgens & foigneux par vraye foy & bonnes œuures, qui Ion t
truies d'icellc, rendre certaine leur vocatiô& élection, comme fainct Pierre ftnfeigne. 2 •Plcr-î-IU'
Doncqucs les doutes des Scolattiques (ont pluscuneufesqu'vtilcs,aiFauoir, Silaprede-
ftinatK)ii eft châgee ou entrée en vn rempsia paifé:Si le nombre des eikus fe peut aug-
menter ou amoindrirai ceituy-la qui eft eflcu a la puiffance à 1 oppolite.-item , Si nccc£
fairement,ou par contingent (comme ils parlent) quelcun eftefleiï. Lefquelles que-
ftiôsdoyucntelhc rcienees, tant s'enfaut qu'il les faille propoicraux auditeurs Chré-
tiens. DelaConfeiîîon auriculaire ilaenfeigné&: la tient n eftie ordônce ne de Dieu,
nededroict diuin,mais polinf,aftauoir, d'Innocent Pape, cômandee au troifîemecon- Confcflîon
cile de Latran,fclonlechapX>ww$^rr;K/^«f/fx^.C^eledencinbtemencdcs péchez eft de droit ^o-
chofeimpofllble, laquelle neantmoins requiert ledit Canon, en dihnuQMiu* petcata fia: 1 '
Qu il eft encore plus impofliblc, de confeilerles circonitances aggiauancesou attiran-
tes d'autres efpeces, fans lefquelles aulïî les péchez oubliez (fclô l'opinion de fticot
des Sonimiltes)ne font pardonnez. Toutefois a confeffé que ladis on auoit recoin s aux
Anciens de i£glife,pourrcdrc(Ter les confcicncesaffligccs&efpouuantets delà pefan-
teur des péchez, parla parolle de Dieu , pour humilier ceux qui s'efleueroyenr , ou qui
neioroyent touchez du fentiment de lue de Dieu& deion iugement:poui monftrer
les remèdes de fe garder de retomber, & prier pour le penicent,qu ilsauroyent veu cô_
uerty. Il n'y a celuy qui feuft mefpt ifer telle manière de confefler: ce que luy & l'es côpa-
gnons ne reiettcntaucunemét,ains en cefte façon enfeignent,confolcnt> ou retiêneuc
les péchez de leurs auditeurs. Touchant à satisfactio n, a enfeigne &tiét pour Satsfacl:on
certaî qu'il n'y a chofe qui puiife fatisfaire pournos péchez, finô la mort de lefus Cbnil,
laquelle chacun vray repentant embrafTe parfoy. Trop bien qu'ilfalloir iatisfaire à fE-
ghfe pour les péchez publics par pénitence publique.Quant aux péchez cachez , nous
ne pouuons fatisfaire à TEglilc, ny à noftre prochain, finon que nous changions de vie,
corne dit Baule, inrefntlubreuioribH-s. Des i n d v l g e n c e s ,il tient ÔC a enieigne aucijr In<j:1rcnccs
efte le temps pafleremiÙions&relafches des tourmens de la chair, aifauoir, quictcmcs
des latisfadionspubliques,ordonnees de l'Eglife à ceux qui publiquement auoyéî r.ul-
îy. Lefquelles fatisfactions eftoyent baillées par les Patriarches &: Euefqucs,&: eftoyent
commiiesm^o/'j<wi'e'//»/>rf)tt'/».Icellcs rt'eftoyent contre Dieu& la parolle. mais quauc
aux iiui ulgéces des Papes,& leurs efcrits&: bulles, par lefquelles la cou.lpe &: mort éter-
nelle eft remiCe, a dit, cela eftre du tout abfurde,&: a nié eftre vray. De l'i n v o c a- j'1" )C3t c
t:on des s a in c t s,aditauoirenfeîgné,quel^iirectiondeccuxquifontmoitscn
lefus Chrift, en v raye confefiîon de l'Euangile,&: qui ont vefeu félon fa parolle, n'cft,iu-
cunemeift diminuec,ains pluftoft augmetee après qu'ils font receus au ciel :que tel de-
fïr &: afTe&ion ivcft contraire à la parolle de Dieu, mais pourec qu'iJ ne fe trouue rien de
cecy en r£lcriturefamcl:e,laquelleau contraire nous enfeigne qui nous deuons prier
& coin ment, aifauoir,Dieu par lefus Chrift noftre Seigneur, feul fauueui , moyen neur
& aduocatjil nous faut iiiyure cefte règle, nedoucans que nous obtiendras nos reque-
fïcs. Des i m âge s, a enfeigné-,qu 'elles ont efte introduites en l'eglifede Dieu cotre D^sinuccs
la première table, lefquelles Epiphanius euefque de Salaminc a reicttees de l Eglife,
comme il appert en fa vie traduite de Gtec en Latin par S.Hierome.ScmbJablemct qu
elles ont elle reiettecs par Léon Ifaure empereur, par Conftantin 5 &: 6. par le Concile
cle Conftâtinoble&: Elibertinenuuô fan du Seigneui^oo.côbien q puis après elles onc
efte de nouueau introduites parauttes Pôtifescn leurs côciles ten9cnltalic,& parThe-
odoraIrene,enuirôran8oo.Outreadit&:ah^rmé,qu'ilaprefché&:enicigné,(]u és cho
(es qui concernét la f oy,côme en ceft article,il falloit pluftoft demeurer en ce que Dieu
en auoit pronôc é par fa parolle,qu'en ce q les homes delpourueus de la parolle de D;eu
cniuoyctEîit. Du pvrgatoir e , veu qu'en l'Efcriturefai&eil né eft fait aucune me DuPursa-
cion:& que ne deuôseftreenfoucy fur ceux quiiontmorts,&: que lelus Chrift ayâtfatil- CDTrf r
fàicpournospecheZjfeûcdàUdcxKcecerneUedeDieulePereïVeuaulliqtouclegcie 1 ° '4*
KK.
Iwo VL yeffw Varaglcu.
humain eft diuifé en deux forces, aflauoir les fidèles te les incrédules : qu'aux premiers
la vie éternelle eft afîignce te donnée par la Parollc de Dieu, te aux autres la mort éter-
nelle: il n'eftloifible a aucun de mettre enauanten l'Eglife du Seigneur vn croifieme
Pupjpc. genre d'hommes, n'aflignervn tiers lieu aux ames âpres cefte vie. Quantau Pape,
il fait te tient qu'il ne fcroitloifi-blc de forcir hors de îobciflance deue parla parolle de
Dieu aux Eueîques&: Prélats, pour leur mauuaife vie, pourueu qu'ils enfeignent côme
ilappartient,fans notedelchiimeou herefîe: veu quefommesapprinsde Dieu , les ef-
Matth.iî.1. coûter quand ils feront affis fur la chaire de Moyfe: & ce qui s'enfuit. Mais s'ils enlèignec
chofes mefchantes,ou répugnantes à la vente, IcfusChnft commande de nous en don-
Maah.i6.tf, ner gartle , quand il dit > Gardez-vous du leuain , c'eft à dire,dela do&rine des Phanfiés
te Sadducicns:car fi vn aueugle mené vn autreaueugle,tou5 deux ne tomberont-ils pas
en la fofle .? Or veu que le Pape veut côtreindre de croire choies qui répugnent directe-
ment à la parolle de Dieu, les fidèles ne peuuent adhérer aucunement à luy, leur côfci-
cncefauuc.&: ne peut-on toutefois dire qu'ils foyent pourtant hors de l'Eglife, laquelle
eftant refpoufedeChrift,colomnc&: force de vérité, elle oit la voix de fon cfpoux,& ne
s'cfgare de fa bergerie. Au contraire , le Pape ayant laifle touce vérité en derrière , con-
traint par fes décrets , excommunications , cenfures, glaïues te flammes, d'acquiefcer
àfes commandemens &craditions,cous ceuXquinefuyuenc&: confencent àfadotfcri,
ne. Ce n'eft pas à dire que les fcfnfnles ou diflenfions plaifent aux fidèles : car ils ne déli-
rent rien plus que bon accord te vnion s mais c'eft pourec que les commandemens de
Dieu, te les traditions des hommes, font chofes directement côtraires: te que les Chre-
ftiens ne peuuenc garder l'vn fans offenfer l'aucrc. Or les chofes que ledit Varaglc te
ceux qui fuy uent la viraye do£trine,iugent nocoiremenc concraires à la parolle de Dieu *
font celles qui s'enfuyuét: i .Que l'eucfque Romain a les clefs de l'Empire celefte te ter-
rien, auec puiflance de tous les deux glaiues , diftinfi* 19 . cap.itd Dominus . n. Que les
Articles de Conciles ne peuuent eftre aflfemblez, ne déterminer aucune chofe fans luy , te que tous
Pa akire- ^es kcrets d'iceuX demeurent in ferinio pettont, comme cachez au coffret de fa poi&rine:
aemët op- contre lefquels il peut ordonner félon fon plaifir, diflmâ.zi.cap.inoouo.
pofczàla
parolle de q £ iourdhuy pource qu'il cftoit tard il ne fut ouy plus auant. On continua au Mardy 18. iour dudit
P*cu- mois de Décembre ce qui s'enfuit:
111. Que les commandemens du Pape font en pareille authorité auec les comman-
demens de l'Euangile,& qu'ils obligée fous peine de peche mortel les fidèles de Chcift,
tidiftirUi.cap.omnes.&cap.fàatofa»3a:\equclpcché le Pape ne pardonne à aucun fexcny
aage, finon que la difpenfation de la loy foit rachetée par argent. 1 1 1 1 . Qu'il peut à
fon plaifir expofer les Efcritures: à la détermination duquel il faut immobilement s'ar-
refter, d'autant qu'il ne peut faillir en ce qui concerne la foy ydifttnël.i?. cap. Sicotnnes. &*
cap.NuIlt. v . Qu'il peut introduire te inftituer nouueaux feruices meritans iuftice,cô-
mc les ordres des mendians : lefquels l'Eglife de Chrift n'a cogneus par l'efpace de 1200.
ans. Item les pclerinages,merites des Sain&s te applications d'iceuX ,enfeuelir auec l'-
habit feraphic,ou de S. François: aufquelles chofes quatre Papes n'ont efté honteux d'-
attribuer la remiflion de la quarte partie des péchez pour vn chacun. Item d'ordonner
les chappelets , indulgences te iubilez par bulles,auec remiflion de la coulpec?: morce-
ternelle. Ecfpccialemencenapprouuanc celle exécrable indulgence, appelée en leur
gergon, de Sain£te Marie de portiuncula, pour recirer lésâmes de Purgatoire, v 1. Qu'il
adefpouillc de vrais Paftcurs les Eglifes des Chreftiens:fubftituant en leur lieu gens i-,
gnoransles fain&es Efcritures, & mefmes infâmes: lelquels puis après il adifpenfez de
re(ider&: auoir foin des ames, contre Dieu te tous droits, vu. Qu es Dglifes de fon o-
beiflance rien ne peut eftre entendu par les idiots : qui eft contre la do&rine de S. Paul.
Que tout y retentit en fons de chats de cloches te orgues te n'y a fin nemefure en leurs
luminaires te mortuaires. Qu'à grâd' peineen fix moison y oit vn feul mot d'exhortatiô
à vraye pieté. On y nourrir &: entretient l'idolâtrie par l'introduction des images , par la
TraniTubftanciation du pain en la Méfie: lefquelles chofes Je poure peuple cft côtrafnc
d'adorer , voue y accourir comme au refuge , attribuant diuinité à celles chofes,laquel-
lc appartient au feul Dieu viuanc- Le Pape eftime plus les conftitutions &loix queles
commandemens de Dieu . car fi quelcun mange chair le Vendredy il eft excommunié:
mais s 'il blafpheme le nom de Dieu, cela demeure impuny. Si aucun ayant voué cha-
fteté,
Cjejfroy Varagle. +6 S
ft été, commet paillardife, ou adultère, foit moine, (oit preftre, ccftuy-la fera digne d'-
vn bénéfice &C faueur Apoftolique . Que s'il a mieux aimé fe marier , félon le remède
que Dieu a baillé:le Pape veut qu'il foitbruflé. Si qutlqu'vn lit les liures desSophiftcs
& Sommiftes,& lesconfbrmitezde Berthelemy de Pilis remplies d'infinis blafphemes Cfiformitcz
&iniures à l'encontre du Fils de Dieu, voire qu'il aie en feigne d'y croire , lePapeveut ijJfs°lh,dç
qu'on l'eftime bon catholique. Que s'il a efté fi hardy de lirre ou toucher feulement les
liures d'Alemagnc,qu'il foie empnibnné,ou à tout le moins anathematizé. v 1 i i.Que
l'article de la Iuftification de la foy a eflé efteint du tout par les traditions des Papes : &: JjJjJ^*"^
Léon dernier expiré l'a bruflé publiquement, i x. Qu'on a arraché toute diiciphne pluficursfc-
des Eglifes,&: baillé la vogue à tous ioueurs, paillards, blafphemateurs &c Sodomites, cras<iu^
lefquelsne font aucunement chaftiez ne feparez de la compagnie cles autres, contre la 8<"
doctrine de S.Paul, x . Que le Pape a mis au nombre des Saincïs,ceux qui par leurs ef- 1.0*.$.
critsiniurieux ont defgorgé chofes enragées contre le Fils de Dieu& (apatolle,co; i ô-
pansi'Efcriturefain£te,pour eftablir non feulement fa primauté, mais auffi la tyrannie;
comme ces partages , le t'ay côltitué furies nations &C règnes, afin que tu arraches &. de- Icre t
ftruifes,&:quetu édifies &c plantes. Item,Iefrapperay d'vne verge de ferles Rois d'i- Wcau.i.<f.
ceux, U ce qui s'enfuit. Adorez le feabeau de fes pieds , pource qu'il eft faincL Tu l'as 1
couronncdegloire&: honneur, & tu rasconftituéfurlesœuures,&:c. &as toutes cho-
fes fubmis dellbus fes pieds : les brebis, c eft à dire,lcs Chreftiens : les bœufs, c'eft à dire,
les Pt inecs : les belles des champs,c'eft à dire,tout le clergé:les oifeaux du ciel,c'cft à cti-
re,les An^es: les poifTons de la mer,c'eft à dire,îes diables,heretiques &: infidèles. Bref,
la volonté & fes inuentionsluy font pour raifon. x i.Iln'eft loifibleàaucun de le re-
prendre & arguer de fes fautes:encore queparfonmauuais exemple il mené les/a'mes
par bendes en enfer, pour eftre tourmentées auccluy, comme il eft dit, àiftinQ./p. cap.
Si Papa. Il ne peut eftre iugé ne des Empereurs & Rois, ne mefme de fon clergé:comme
iXc^ticntVtnoua^uAfttoncycap.Nemoiuâmbitprirnam fedtm. Doriques veu que nonfeu-
lement il vit malheureufement aucc les fiens , mais aufîî enfeigne chofes contraires à Ja
parollede Dieu, & permet les enfeigner, comme il appert par ceque de/Tus, & beau-
coup d'autres raifons.ioint que tous ceux qui font rachetez par le fang deChrift ne peu-
uent bien viure finon qu'ils foyent inftruits félon la voix de leur pafteur &c cfpoux: il a e-
fté necefTairc quand elle nous a efté apparue , & que nous I'auons ouye,de la iuyure:voi-
re mefme auec toutes difficultez , & de nos biens & de nos vies : & en ce faifant de quit-
ter l'Àntechrift,& le lailfer du tout. Dauantageaditqueluy auec fes côfreresnecoiru
mencent de cefte heure: & ne font pas feuls qui deteftent les chofes fufdites , comme il
fe peut voir au Concile de Carthage cinquième: aux Epiftres de Cyprian à CorneiLle:d'
Irenéc adViclorem Papam-.de Grégoire premier contra Ioannem^rchiepijcopum^àC beaucoup
d'autres.
C v r ces entrefaites , M. Ican Caluin confola M. GerTroy Varagle prifonnier à Thurin
par lettre eferite en Latin, que nousauons traduite comme s'enfuit : Co mjiek
(rrefcher & bien aimé frere)que les nouuelles de voftre empnfonnement nous ayen t e-
ftc fort ttiites.& fafcheufes, tât y a ncatmoins qu'elles nous eufTcnt nauré le cœur beau-
coup plus grieuement, fi noftre bon Dieu , lequel a accouftumé de tirer la clarté des té-
nèbres, ne nous euft adoucy noftre triftefTe par1 quelque ioye & côfolation. Car nous a-
uons bien de quoy nous reûouir,fachans que voftre labeur a défia commencé d'eftre icy
profitable, voire en la prifon mefme: que par voftre moyen l'Euangile de noftre Sei-
gneur Iefusaefté plus magnifié, que fi vous eufïiez efté en libertés à deliure.Parquoy
cefte gloire dont fain& Paul fe glorifioit, àbondtoift vousdoit bien donner courage, -t/Tinu,*
afTauoir combien que les ennemis vous tiennent captif, que la parolle de Dieu n'eft
point lice, &: que non feulement la porte eft ouuertc à des auditeurs, lefquels efpan-
dront plus loin cefte femence de vie, qu'ils auront receué de voftre bouche: mais que
le fruirï appatoift défia deuant vosyeux.Que s'il vous aduient d'eftre tenu encores plus
eftroitement, toutefois ce fruicl; de voftre labeur vous feruira de confolation finguliete,
d'autant que fi la confeflion de foy faite deuant vne nation tortue & peruerfe eftvn fa-
crifice agréable à Dieu , combien plus douxferal'odeurjquis'efpandpourle falut de
plufieursî
A v refte, vous voyez, monfrerc, â quelle guerre vous eftes appelé ,& vous faut
KK. ii.
bien conliderer cela diligemment: car puis que Ielus Chrift requiert d'vn chacun par-
M^uo.31. tlculier qu'il rende teimoignage à (on Euangile, il vous a obligé beaucoup plus eftroi-
temcnt, vous ayant ordonne' pour annoncer publiquement la doctrine de falut, laquel-
le eft maintenant affai'llie en voftre perfonne. Qifil vous fouuienne donc, que ceftuy-
la mefmequi a bien daigné vous faire ceft honneur , vous a produkt pour fon telmoin,
afin s'il cil bcfoin, que vous ligniez dé voftre propre fangee qu'auparauant vous auez
enieigné de bouche. Cependant ne doutez point, qu'il ne foit fidèle gardien & prote-
cteur de voftre vie. Et d'autant qu'il a promis que la mort des Saincts luy fera precieufe,
quelque iiluc qu'il en aduienne, que cefte recompenfe vous fuffife : c'eft que maintenue
le Fils de Dieu triomphe par vous, afin de vous recueillir en la compagnie &c iouifian-
ce de la vie éternelle. le rte m'arrefteray pas dauantage fur ce poinct auec vous , pour-
ce que ie mepçrfuade , que vous-vous appuyez & repofez en la protection & lauuegar-
dede celuy, auquel quand nous mourons &viuonSinous fommes en mourant trop
plus heureux, que ne font point les hommes terreftrcs &: profanes en viuant.Mes com-
pagnons &L frères vous faluent. le prie noftre Seigneur qu'il vous gouuerne parla pru-
dence de fon Efprit : vous arme d'vne force inuincible, & vous maintienne lous fa pro-
tection. Le dixfeptieme de Décembre, m. d. ivii. Voftre I.Caluin.
RÉSPONSESdeM. Geffroy Varagle fur certains poin&s de la doctrine par luy annoncée.
LE S Commiftaires au procez de Varagle , permirent qu'iceluy rédigeait par cL
crit fes rcfponles aux poincts fur lefqucls il auoit fpecialcment cfté interrogué ,
comme s'enfuit:
Del'Eucha- I. geffroy Varagle a enfeigné qu'au Sacrement de la c e n e Jafubftance du
F%- corps de Chrift fous l'efpece du pain & du vin nous eft donnée. Item que le pain &: le
vin ne fe changent point & ne font point traniTubftanuez quant àlafubftance &acci-
dcns:mais icelle melme fubftanceSc" accldens demeurans, le pain &c le vin prennent v-
ne autre lignification & autre manière d'eftre, aiîauoir que ce pain &c ce vin matériel di
ftribuez en la Cene ne lignifient &monftrent feulement; mais aufli reprefentent aux
fidèles le vray corps & le vtay fang de Chrift, qui a efté nay de la Vierge,a eft é pendu à la
croix, &: fied au ciel: mais le faut prendre fpirituellement &c facramentalement , c'eft à
dire,par foy & efprit, d'vne manière qui ne fe peut exprimer. Et ainfi que Ion prent de la
bouche le pain &: le vin,aulïl nos âmes font vrayemeht nourries &: fubftantees actuelle-
ment &: de faict du vray &C naturel corpsôc fang de noftre Seigneur Iefus Chrift. Item
a nié que le vray corps de Chrift puifie eftre en pluficurs lieux enfemble & vnc fois, veu
qu'il eft au ciel rcalemcnt, naturellement, &tcircHnjcriptiuè: carie corps de Chrift n'eft:
pas de l'air, ou fantaftique, comme lafTermoit Màrcion hérétique. Que la parolie
de Dieu attribue au corps de Chrift glorieux la propriété de quan tité & certain lieu:&:
d'autant quel'efprit n'a ne chair ny os, ny aflignation de lieu ,1e corps de Iefus Chrift:
fied àladextredeDieuiufquaceque,&c.approchantde loy-mefmesde Dieu, touf-
jCani4 3. iours viuant , &c. ainfi qu'il eftefcrit,Iem'en vay préparer le lieu,&:c. Vous ne m-
jMat.x<r.ii. auFez pas couiiours (c'eft aflâuoir, de pref etice corporelle). Et quant aux miracles allé-
guez par les Sophiftes: a relpondu que les miracles en l'Egale de Dieu fans fa parolie >
neceflité ou vtilité, font moqueries de Satan: donc les miracles qui font alléguez par les
Scolaftiques eftre faits en l'Euchariftie , ne font pas neceflaires : veu auftl qu'ils ne font
aucunement vtiles,partant fufpects. Qu'il y a vnc fpirituelle &; facramentale exiften-
ce,en prenant Iefus Chrift noftre Seigneur, ainfi que luy-mefmc l'aenleignc en faincl:
Iean 6. chap. Sainct Paul dit le melme aux Corinthiens , & S. A uguftin au traité 16. 1»
Ioannem^àe Vtrbu ^épofloli, &ad Dardamm. Quant au mot fubftantif, C'eft cy mon
corps, il a dit que c'eft vne figure & manière de parler accouftumee en l'Efcriture , la-
Gcn.17.10. quelle attribue au ligne les noms des chofes lignifiées, comme quand elle appelela cir-
Ma«!3j". concilion vnpact,& l'agneau le paftage, encore qu'il n'ait efté autrechofe que lcligne
ou fouuenâce du pafîage:&ainfi que la colôbe eft dite la vifiô du S.Efprit:ainfi le pai»en
la Cene,eft dit le corps deChrift,encores qu'il en foit Je figne& la figure,laquelle ne feu
lement nous môftre,mais auftl rcprefenteiceluy corps. Lefquelsargumés il a dit deuoir
leMij'4* auoir^eu&e^reva'^escontre^csa^uer^aircs'c^mc enfemblable ces pa/Tages du
yvxio*. nouucau Tcftament. LapierrecftoitChrift,Ieiuisla vraye vigne,Ie fuis l'huis,&:c. Que
s'il
(jeffroy Varagk. 469
s'il falloir contreindrcde plus près ces fcntcnces, Ce calice eft lenouueauTeftament
en mon fang,ilfaudroit que le calice fuft le nouueau Teftament.par, Cecy cft mon
corps, il demonftreroit que c'cft le corps recl,fans figure. Dauantage,a affermé que la
trâflubftantiation aeftéincogneué aux Pères anciens:finon depuis Innocent Pape troi
fieme,&: puis après par Léon neuficme, &: Nicolas fécond au concile de Verceil ôc Ro-
main, co»mt Berenganum , & auffi par Thomas d'Aquin, qui a déclaré autres choies phyfi-
calement contre la parollc de Dieu. A dit que tout ce qu'ont fait les anciens,alîauoif
les Inuocations &c actions de graces,louanges, oblations du pain &: d u vin, qui deuoyét
eftre distribuez aux fidèles de Chrift pour entretenir vnc charité Chreftienne , chants
d'hymnes, la prédication de la Parolle, la mémoire & annonciation de la mort du Sei-
gneur, tout cela eftoit appelé parles Grecs Li tovrgi e, laquelle les Latins ont in-
terprété MefTexc que perfonne craignant Dieu ne doit mefprifer , mais délirer qu'elles D
foyent reftituees. Mais ainii que la Me/Te eft à prefent traitée par lesclclaues du Pape,
il a enfeignéà: dit que c'eftvne horrible idolâtrie &prophanation de la Cen-e du Sei-
gneur, voire du tout execrable,&: aboliflant le feul iacrifice propitiatoire vne fois offert
par Chrift, lequel ne doit eftre réitéré. Premièrement aux orailbns de la Méfie, Dieu
eft prié qu'il luy plaife pardôner les offenfes à ceux qui la difent, &c aider fes fidèles pour
l'amour des mérites des Sain&s. En la Meffe le pain eft adoré au lieu de Chrift,laquel-
le adoration aefté incogncuëaux Pères anciens: qui exhortoyent feulement le peuple
à cefte heure-la, d'efleuer le cœur en haut, & non de s'arrefter aux lignes, mais à la cho-
fe lignifiée, aflauoir au corps de Chrift , lequel il faut adorer au ciel, comme dcmonftre
auiourdhuy leur Surfum corda. En la Meffe on croit le vray corps de Chrift eftre tout en-
tier realemcnt&charnellemet en toutes les hoftjes&:autels:ccquiîepugne à la vérité
du corps de Chrift. En la Méfie, le corps de Chrift eft offert à Dieu le Perc en Iacrifice
propitiatoire, c'eft à dire,abohtoire de la coulpe &: mort éternelle , cotre toute l'Epiftre
de l' Apoftre aux Hcbrieux, car il eft ainfi dit en cefte deteftable oraifon, Sufctpe fanclc Pa-
ter , Grc. hanc hofliam quam offero ttbi pro inmmerahilihm peaaits mets , c'eft à dire , Pren faind
Pere cefte hoftie laquelle ie t'offre pour mes innumerables péchez. En la Méfie Dieu
eft prié de prendre d'vn vifage allègre le corps &: le fang de Chrift fon Fils, & qu'il com-
mande d'eftre porté par les mains de fon faind Ange en l'autel du ciel, afin que ce corps
mis en l'autel, (bit aflbcié& coniointauec le corps exiftent au ciel. Ce qui fe void ,&: l'a
ainfi eferit Bkllm Juper Canone MiJJk. En la Meffe eft faite vnc treshorrible application
des mérites de la paffion de Chrift tant de l'œuure opérée que de l'œuurc opérante par
lesPreftres miflatiers,pour lesviuans & les morts, comme on le peut voir par les Sco-
laftiques ,& Sum milles: mais fyccizlèmcnt apudGabriclemBiellumjïiper Canone Mifft. Ce-
pendant il laiiîoit à dire combien a efté fouffertc fie entretenue par les poures aueugles
la multitude des facrificateurs trefimpurs,qui prophanent pour le gain infâme la Cene
du Seigneunnonobftât que félon le tefmoignage de S.Paul, La faute de quelque nom- Dcs
bre de Corinthiens,qui ont prins indignement ce Sacrement,a efté caufe de la perditiô
de plufieurs. A dit qu'il auoit enfeigné fes auditeurs, qu'il faloit fe tenir à la pure paroi
le de Dieu, l'honnorant &c cheminant en intégrité de vie, en innocence & mortificatiô
de la chair. Qu'il faloit obéir aux Magiftrats , comme il cft ordonné de Dieu , & non
toutefois s'ils commandoyentehofesquifuifent contre fa parolle:auquel cas ils ne de-
uoyent aucunement craindre ne les perfecuteurs, ne les iniures des infidèles: veu qu'ils
ont Dieu pour Pete&adiutcurqui les void &affifte. Finalement Varagle pria tous
les Seigneurs de conférer ce qu'il auoit dit auec la parolle de Dieu, & les eferits des An-
ciens percs. Or d'autant qu'il eftoit tard, le refte fut remis à vne autre fois.
LE pénultième dudit mois de Décembre M. G effroy fut amené deuant fes iuges:
Se luy furent fes refponfes leuès de mot à autre: auxquelles il ne voulut rien dimi-
nuer n'augmenter pour lors , finon qu'il pleuft à la Cour luy permettre d'efcrire,afin de
plus amplement confermer fa dodrinc par les fain&es Efcritures. ^L'ediift du Roy luy
eftant derechef mis au deuant,a perfifté n'auoir contreuenu à la droite volonté du Roy
bien informé:car il tiét pour certain que l'intétion dudit Seigneur,cft, que l'Euâgile de
Iefus Chrift foit puremét prefehé. Et d'autant que ledit feigneur Roy n'eft à vray infor-
mé delà doctrine qu'il a annôceeùl ditn'auoir dogmatizé en la façô qu'on laccufe : ains
que luy U fes confrères font accordasà la pure parollc deDieu,&aux Pcrcs,qui ont efté
KK.iii.
L wro VL Çefrqy Vœragl<u>
depuis Iefus Chrift par trois cens ans iufques au temps de Conftantin le gran<J:lefqucîs
ont eu vn mefme Euangile auec danger de leur vie :6c l'ont publiénonobftant les edits
des Empereurs qui font pareils à ceux du temps preien. Enquis s'il n'a point efent à
quelques perlonnes de la matière & doctrine dont il s'agit,ou donné liu res défendus &z
auilont ceux-la qui luy ont prefté faucur, côfeil &: aide: A rcfpôdu qu'il n'a enuoyé nuls
auSc^cSi'! lîurcs,mais confeife auoir eicrit aux habitans de Bubiane en general,comme on le peut
à ceux de voir par linfeription &f foufcnption de fes lettres. L'occa(ion de ce raire,auoit elle à rai-
Burf aae. çQn que la Cour du Parlement de Piedmôt auoit fait ordonnance, Que les Prélats pief-
cheroyent en leurs diocefes:&: qu'au refus & défaut d'iceux, lefdits de Bubiane l'auoycC
requis deprefther. Enquis s'il auoit autres liures à Angrôgne que ceux-cy,aifauoir,.
toranum FrXafcctnoruvt^&Cvn autre intitulé Defarti deverijfKcejjori de Itfu chriflo,& de ^/fwjh-
f/j&c. &: vn autre intitulé Vnio Hèrntanni Bodij: a dit qu'il auoit ces trois liures quand on
le fît pnfônier,& qu'il en a plulieurs autres en fa mailon à A ngrôgne. Et tjuat à ceux qui
de diuers lieux &r villes Ion t venus à fes fermons, ou qui fonc interrogué fur aucuns ar-
ticles de la foy &: cas de conlcience, il ne fait leurs noms, Se ne s'en eft enquis. Admon-
nefté plus eftroitcment de déclarer les noms& furnoms defes compagnos , qui ont pa-
reille charge& office qu'il auoit,& qui les a ordonnez Miniftres , à quel gage & folairc,
en quels lieux ils prclchent,&: qui font ceux qui leur portent aide &: faueur: A refpondu
auoir veu le lixicme iour de Septembre dernier pafîé , 14. Miniftres en la congregatioa
Minières en générale de plulieurs vallees,au lieu appelé La combe : defquels il ne fait les noms,linô
Angrongne. ^ queiqlics vns:dont la plus part a elle cnuoyee par Iean Caluin l'uperintédant, &c des
autresMiniftresdeGeneuc:&.ceàla requefte deshabitans és fulditcs vallées. Etfere-
tournant vers nous Commiflaires predits,en nous regardant , dit , Soyez certains, mes
Seigneurs, qu'il y a tant de Minières prefehans l'Euangile ( comme i'ayprefché) qucii
la Cour auoit ordonné qu'ils fuffent tous bruflez ,pluftoft le bois defaudroit,qucleldits
Miniftres defaillilfét à prefehencar deiour en iour ils le multipliet,&:Ia parolle de Dieu
s'augmente,&:s'efpand:& demeure eternellemcnr. Uaduifaen outre ladite Cour, &c
A<a. ctap.î. nous Confeillers d'icelle,dc penfer ace que Gamaliel au conclaue des Scribes &: Phari-
fîens auoit dit, de regarder foigneufement fi vne choie eft de Dieu ou des hommes: &£
qu'on aduifaft de bonne heure fur cela. Maispourcequ'tleftoittard>onlerenuoya,a-
presluyauoir fait ligner ce que deflus. G. VARAGLE.
L* I S S V E de M. Geffroy Varagle.
C E C Y a efté fidèlement extraict du procez des Commillaires en cefte caufe:lef-
quels ouyrentpailiblement Varagle en fes defenfes,& mefme le voyans homme d éru-
dition, luy permirent de les di£fcer&: nommer comme il les enrendoit. Il y auoit audit
procez plulieurs autres chofes, mais en effet!: nous auôs oblerué les principales qui fer-
uent à édification. Or après toutes ces procédures , la Cour dôna fentence de mort co-
tre ledit Varagle, pluftoft par crainte de reproche, que de vraye opinion qu'ils eufitnt ,
qu'il la méritait. On le mena donc à l'exécution pour cftre brullé deuant la place du
Chafteau:où eftant venu, il fit confeffion de fa foy deuant tous, pour monftrer qu'il n'e-
ftoit hérétique, mais Chrefticn. La plus part de ceux qui eftoyct à ce fpeâ:aclc,s'efmer-
ueillans de la doctrine, difoyent haut ÔJ clair, Que veut on dire deceft homme qui par-
le tant bien,&: fainclement de Dieu, de la vierge Marie $£ de toutes choles?c'cft à tort &C
fans caufe qu'on le fait mourir. Il y eut vn Preftre qui auoit efté compagnon de M. Gef-
froy au temps de fon ignorance, lequel en parlant luy dit en ion langage, Matjîro laffre,
Çonuertitcui^conuertiteui. Le patient luy re(ponditjC'o««m/>ej(> voy^chejono conuvrtitoio: ligni-
fiant qu'il (e couertift luy-mefme de fa malheureufe condition. Eftant à l eftache mon-
te fur vncfcabelle,le bourreau à la façon accouftumcc luy demanda pardon de fa mort.
M. Geffroy 1 uy dit, Non feulement ie la te pardône, mais aufli à ceux qui m'ont premiè-
rement fait emprifonner à Barges:a ceux qui m'ont amené en ce fte ville, & à ceux qui
m'ont condamné à cefte mort, pren courage &: exécute ton deuoinma mort ne fera pas
inutile. Apres cela il fit fon oraifon a Dieu : &£ en l'inuoquant à haute voix , le bourreau
l'eftrangla par derricre,&; mit quanti quant le feu au bois Plulieurs rceitent pour cho
oMobèi l'ë- le nota^c aduenue en cefte mort , qu'vnecolombe voltigea à l'entour du feu, qui fut e-
tour du icu. ftimee pour ligne &: tefmoignage dcl'innocece de ce Martyr du Seigneur : mais nous a-
uons pluftoft à infifter au principal , que de s'arrefter par trop curieufement aux chofes
extérieures ou rares.
BENOIT
'Benoit Romyen. 4 7a
BENOIT ROMYEN, Daulphinois.
V O I C Y derechef après le faïunr Miuiftre dciTus-dit.iuccede vn poure Mercier, auquel reluit vne roaicfté de l' Ffprir du Sei-
gneur.Lapourfuitte tenue contre luy nous inonlfre.de quelle affection font menez la plusparïdc ceux qui perfecutent
les riJeles:a falloir de piller & rauir leur bieq:on y oit & void les mefmes cris & fureurs des Moynes & Preftres , & du
cofte des luges vne mefme Jilfîmulation,trahifon & procedure,auelle a eif £ iadis celle des Scribes &: 1 harilïens contre
IcFils de Dieu.
jENOIT Romyen mercier, natif de Villars d'Arennes en Daulphine': MD.lviîi
'ayantretiré à Gcneuc fa femme &: fes enfans , pour y viure félon la refor-
'mationde i'Euangile,alloitfot:ucntçà&làparpays, ainfi que font mer-
'ciers&: contre-porteurs pouigaigncr la vie. Etd'autâtqu'ilfecognoiflbità
accouftrerlcCorail,illctrouuaenProucnccaumoisd'Auril m.d.l v i 11.&: ayanc af-
femblé deux cabinets,p fine le chemin de Gruf à Marfeille pour les y aller vendre. Paf-
fant par la ville de Draguignan, ilmonftra lcfdics cabinets à vn de fon eftat nommé
Lanteaume Blanc,frequentant ledit lieu de Marfeille. Et d'autant qu'ils ne peurenc
conuenirdepris,Lanteaume fafché que fi belle marchandife luy elchappoit: fâchant
aufll queRomyen fe tenoic à Geneue^'alla déceler à vn Confeiller du parlement d'Aix Lauris geri.
eftantlorsà Draguignan, nommé de Lauris,gcndre du pre/ident d'Opede, duquel a e- ^c *°Pe-
fté fait mention en l'hiftoire de Merindol &Cabrieres.Ce Blanc côfeilla Benoit de mô- !
ftrer (a marchandife audit Lauris , l'affeurant qu'il facheteroit aufli volontier fon prix
que nul autre. Dequoy ce poure homme perfuadé,s'y en alla droit: &: Lauris ayant trou
uc le Corail à Ion plaili^n'en fit toutefois aucun femblant:mais entédit comme en paf-
fant que Benoit le faifoit trois cens efcus.Si toft que Romyen fe fut retiré , Lauris ne tar
da d'enuoyer quérir le Viguier de la ville,auquel il fît entendre que Romyen eftoit l'vn
des plus mefehahs Luthériens du monde:& qu'il le faloit arrefter prifonnier.
Ceux-cy ne demandans que butin, fe tranfporterentincon tinent au Logis de Ro-
myen:&: l'ayant fait prifonnier de parle Roy,fe faifîrent de tout ce qu'il auoit>& pareil-
lement de deux hommes aquetiers qui conduifoyent fa marchandife : lors fe doutant
de la trahifon,dit tout haut que c'eftoit Lanteaume qui luy dreffoit cefte partic.Gafpar
Signier viguier auditDraguignan , ayant faid ce beau chef d'œuurc^huoyaincontincc
quérir laduocat duRoy,Ioachin Portanier , Antoine Caualier,IeanFeraud,& Pierre
Ardiifon coniuls,&: autres luppofts du liege,pour luy affilier en ceft affaire. Apres qu'ô
les eut feparez l'vn de l'autre, ils interroguerent Romyen d'où il venoit , pourquoy il al-
loit par pays:s'il eftoit marié,&: de quel temps il eftoit arriué:Refpondit qu'il venoit d -
Aix:& alloit à Marfeille pour vendre Cacheter félon la comodité qu'il rencontreroit:
auoit femme &C enfans,&: eftoit là ardue le iour précèdent enuiron fept heures du ma-
tin îour de Pafques au partir de Trans. Enquis comment & en quelle qualité' il auoit „
1 _ r 1 -t 1 , 1 . >/i t-» >■■■ Comment
foit les Pafques: Se qui les luy auoit adminittrees : Dit qu il les auoit faites ainh qu ila- Romyen
uoit peu,à fauoir que le iour précèdent au logis où il cftoit>&:en la chabre des merciers, {dit fes Pif-
regardant Vers les prez,feproftcrna en terre demandant à mains iointes pardon à Dieu ?" dfrjïe,
fon créateur , par IefusChnft ion Fils vnique, qui auoit fouitert en i arbre de lacroix
pour luy &: tous lesliumains. Derechef mterregué s'il s'eftoit confefîe auant Pafques,
&:àqui:dirseftreconfefleàDieu,ÔCà IefusChnft l'on Fils : quepafTéfîxansneseftoit
confefîe à Preftre:mais s'il etiftefte à Geneuelieude farefidëce auecfafèmme,ilyeuft
fait fes Pafques le iour en j'aflèmblee des fideles:en laquelle le pain fediftribuc,&: cha-
cun en pre nd vn morceau, en mémoire de la paillon de Iefns Chrift:femblablemét cha
cun boit du vin delà Cene,en commémoration du fang de IefusChnft, qui a efte ref-
pandu en la croix.^ Ils luy firent dire la Pate-noftre &c le Credo, qu'ilsappellent: mais il
ne voulut dire l'Aue-Maria. Enquis fî on le difoit à Geneue , dit que non.Interrogué s'il
tenoit &: croyoit qu'il faille prier la vierge Marie& les Sain&s &:Sain&es,refpondit que
non:mais Dieu fcul,qui eft le créateur. Intcrrogué s'il auoit fait abftinence de man-
ger chair lesCarefmes,Vendredis,Samedis &: autres iours prohibez:a dit que no , quâd
il en auoit commodité:&: qu'en la mangeant auec a&ion de grâces , ne pechoit point:
par ce qu'il n'eftoit défendu de Dieu,mais des hommes. Enquis de combien de tëps
Un' auoit ouyMeffe, a refpôdu ne fauoir ouye depuis quatre ans:parce qu'il ne la tenoic
KK. ùii.
Z.wro VL Çeffroy Varagle
depuis Iefus Chrift par trois cens ans iufques au temps de Conftantin le grand:lefqiicls
ont eu vn mefme Euangileauec danger de leur vie :6c l'ont publiénonobftant les edits
des Empereurs qui font pareils à ceux du temps preien. Enquis s'il n'a point cfcrità
quelques perlonnes de la matière &: doctrine dont il s'agir,ou donné liures défendus Sa
quiiont ceux-la qui luy ont prefté faucur, côfeil 6c aide: A refpôdu qu'il n'a enuoyé nuls
riuîi?c(°cm liures,maisconrelle auoir elerit aux habitansde Bubianc en general,commeon le peut
à ceux de voir par linfeription &r foufcnption de fes lettres. L'occahon de ce raire,auoit elle àrai-
Bu/ anc. jon ^ue ja Cour du Parlement de Piedmôtauoit fait ordonnance, Que les Prélats pief-
cheroyent en leurs diocefes:&: qu'au refus & défaut d'iceux, lefdits de Bubianc l'auoyét
requis de prefeher. Enquis s'il auoir autres liures à Angrôgne que ceux-cy,a/lauoir,. <//-
toranum Fracifcanorunt) 6C vn au tre in ti tu lé De farn de yen ficcefibn de Iefo chrijlo^ & de ~4poJh~
f/, Sec. Se vn autre intitulé Vmo Hermmni Bodi/: a die qu'il auoit ces trois liures quand on
lefitprifônicr,&: qu'il en a pluiieurs autres en fa maiion à Angrôgne. Et cjuâtà ceux qui
dediuers lieux & villes lont venus à fes fermons, ou qui font interrogué fur aucuns ar-
ticles de la foy &: cas de conicience, il ne fait leurs noms, 6c ne s'en eft enquis. Admon-
nefté plus eftroitement de déclarer les noms& furnoms de fes compagnos , qui ont pa-
reille charge 6c office qu'il auoit, & qui les a ordonnez Minières , à quel gage 6c falait e,
en quels lieux ils preichent,&: qui font ceux qui leur portent aide& faueur: A refpondu
auoir veu le fixicme iour de Septembre dernicrpaiîe , 14. Miniftres en la congrégation
Minières en générale de pluiieurs vallées, au lieu appelé La combe : defquels il ne fait les noms,iino
Angrongne. ^ jques vns:dont la plus part a efté enuoyee par Iean Caluin fuperintédant, 6c des
autres Miniftres de Gencuc:& ce à la requefte deshabitans es fufditcs vallées. Et fe re-
tournant vers nous Commiflaires predits,en nous regardant , dit , Soyez certains, mes
Seigneurs, qu'il y a tant de Miniftres prefehans l'Euangile ( comme i'ay prefchc ) que il
Ja Cour auoit ordonné qu'ils ruifent tous bruflez ,pluftoft le bois defaudroit,quclefdits
Miniftres defailliifét à prefehencar deiour en iour ils l'emultipliét,&:Ia parollede Dieu
s'augmente,&:s'efpand:&: demeure éternellement, Uaduifaen outre ladite Cour, Se
Aft. dup-î- nous Conieillers d'icelle,dc penfer à ce que Gamaliel au conclaue des Scribes &: Phari-
fiens auoit dit, de regarder foigneufement ii vne choie eft de Dieu ou des hommes: Se
qu'on aduifaft de bonne heure fur cela. Mais pource qu'il eftoittard,on lerenuoya,a-
près luy auoir fait ligner ce que deflus. G. VARAGLE.
L* I S S V E de M. Geffroy Varagle.
C E C Y a efté fidèlement extraicl du procez des Comfniilaires en cefte caufe:lef-
quels ouyrent paifiblement Varagle en fes defenfes,&: mefme le voyans hommed éru-
dition, luy permirent de les di&er& nommer comme il les entendoit. Il y auoit audit
procez pluiieurs autres chofes, mais en erRct nous auôs obierué les principales qui fer-
uent à édification. Or après toutes ces procédures , la Cour dôna fentence de mort co-
treledit Varagle, pluftoft par crainte de reproche, que de vraye opinion qu'ils cuiTent,
qu'il lameritaft. On le mena donc à l'exécution pour cftrebruiîé deuant la place du
Chafteau:oùeftantvenu,il fit conreftiondefa foy deuant tous, pour monftrer qu'il n'e-
ftoit hérétique, mais Chrefticn. La plus part de ceux qui cftoyct à ce fpectacle,s'ei mer-
ucillans delà doctrine, difoyent haut 6c clair, Que veut on dire de ccft homme qui par-
le tant bien,&: fain&emcnt de Dieu, de la vierge Marie Se de toutes choies? c'eft à tort Se
fans eau le qu'on le fait mourir. Il y eut vn Preftre qui auoit efté compagnon de M.Gef-
froyau temps de fon ignorance, lequel en parlant luy dit en ion langage, Maijîro laffre^
Cor/uertneui^conuertiteui . Le patient luy refpondit>t'o>zHm/>e%;} voy^chejono cormcrtitoio: ligni-
fiant qu'il ie côucrtift luy-mefme de fa malheureufe condition. Eftant à l'cftache mon-
te fur vncfcabclle,le bourreau à la façon accouftumcc luy demanda pardon de fa mort.
M. GefiVoy luy dit, Non feulement ie la tepardône, mais aufTi à ceux qui m'ont premiè-
rement fait emprifonner à Barges:a ceux qui m'ont amené en ce lté ville, 6c à ceux qui
m'ont condamné à cefte mort, pren courage &: exécute ton deuoir.ma mort ne fera pas
inutile. Apres cela il fît fon oraifon a Dieu : 6c en l'inuoquant à haute voix , le bourreau
l'cftranglapardcrricre,&; mit quant& quantlefcu au bois Pluiieurs recitent pourcho
cMobèi Té *"e notakle aduenue en cefte mort , qu'vnecolombe voltigea à l'entour du feu, qui fu t c-
tour du icu. ftimee pour ligne 6c tefmoignage dcl'innocece de ce Martyr du Seigneur : mais nous a-
uons pluftoft à infifter au principal , que de s'arrefter par trop curieufement aux chofes
extérieures ou rares..
BENOIT
'Benoit R omyen.
BENOIT ROM YEN, Daulphinois.
V O IC Y derechef aprcs lefauanr Miuiftre deiTus-dit.fuccede vn poare Mercier.juquel reluit vnernaielréderFfprirdu Sei-
gneur.La pourluitte tenue contre luy nous monftre,<lc quelle affection font menez la plusparïdc ceux<jui perfecutenr
les rîdeles:a fauoir de piller & rauir leur bien:on y oit & void les melmes cris & fureurs des Moyncs & Prcftres , & du
cofte des luges vne mefme diifimulation^trahifon Si procedure,quelIe a eftiiadis celle des Scnbes & 1 hariliens contre
IcFils de Dieu.
1ENOIT R omyen mercier, natif de Villars d'Arennes en Daulphiné: MDLVfli
ayantretiré à Gcncuciafemmc&fesenfans , pour y viure félon la refor-
'mationde rEuangilc,alloitfci:ucntçà&là par pays, ainfi que font mer-
ciers &: cont re-porteurs pourgaigner la vie. Ëtd'autâtqu'ilfecognoiiToità
aoToultrerle Corail, il le crouua en Proucncc au moisd'Auril m.d.i v i n.& ayant af-
femblé deux cabinets,print le chemin de G ru F à Marfeille pour les y aller vendre. Paf-
fant par la ville de Draguignan, ilmonftra lefdits cabinets à vn de Ion eftat nommé
Lanteaume Blanc,frequentant leditlieu de Marfeille. Et d'autant qu'ils ne peurenc
conuenirdepris,Lanteaume falché que ii belle marchandée luy clchappoit: fâchant
aufli queRomyen fe tenoit à Geneue^l'alla déceler à vn Confeiller du parlement d'Aix Lauris gti
eftantlorsà Draguignan, nommé de Lauris,gcndredu pre/ident d'Opede, duquel a e- ^c ^F6™
fté fait mention en l'hiftoirc de Merindol &Cabneres.Ce Blanc côleilla Benoit de mô- *
ftrer (a marchandife audit Lauris , l'alTeurant qu'il lacheteroit aufli volontier fon prix
que nul autre. Dequoy ce poure homme perfuadé,s'y en alla droit: &: Lauris ayant trou
ué le Corail à Ton plailir,n'cn fit toutefois aucun fcmblant:mais entédit comme en paf-
fanc que Benoit le fail'oit trois cens efcus.Si toit que Romyen fe fut retiré , Lauris ne car
da d'enuoyer quérir le Viguier de la ville,auquel il fît entendre que Romyen eftoit l'vn
des plus mefehans Luthériens du mondc:&: qu'il le faloit arrefterprifonnier.
Ceux-cy ne demandans que butin,fe tranfporterentincontinent au Logis de Ro-
myen:&: l'ayant fait prifonnier de parle Roy,fe laifirent de tout ce qu'il auoit, &: pareil-
lement de deux hommes aquetiers qui conduifoyent fa marchandife : lors fe doutant
de la trahifon,dit tout haut que c'eftoit Lanteaume qui luy drelîbit celle partie.Gafpar
Signier viguier auditDraguignan , ayant faidt ce beau cher d'cruurCjenuoyaincontincc
quérir l'aduocac du Roy,Ioachin Portanier , Antoine Caualier,IeanFeraud,& Pierre
Ardilfon conluls,& autres luppofts du iiege,pour luy affilier en ceft a/Faire. Apres qu'ô
les eut leparez l'vn de l'autre, ils interroguerent Romyen d'où il venoit , pourquoy il al-
loit par pays:s'il eftoit marié,&: de quel temps il eftoit arriué:Refpondit qu'il venoit d -
Aix:&alloit à Marfeille pour vendre &: acheter félon la cômodité qu'il rencontreroit:
auoit femme &c enfans,&: eftoit là arriuc le iour précèdent enuiron fept heures du ma-
tin iour de Pafques au partir de Trans. Enquis comment &: en quelle qualité il auoit Commcat
frit les Pafques: & qui les luy auoit adminiftrees : Dit qu'il les auoit faites ainfi qu'il a- R^nyeT
uoit peu,à fauoir que le iour précèdent au logis où il eftoic,&:en la chabre des merciers, fait fo pif-
regardant vers les prez,feprofterna en terre demandant à mains iointes pardon à Dieu «"faansc.
fonercateur , par Iefus Chriftlon Fils vnique, qui auoit foulïert en l'arbre de la croix
pour luy & tous les Jiumains. Derechef mterregué s'il s'eftoit confefle auant Pafques,
&c à quirdic s'cllre confciîé à Dieu,&:a Iefus Chrift l'on Fils : que paiî'é fixans ne s'eftoit
confdlé à Pi c ftre:mais s'il euft cité à Gencue lieu de fa relidéce auec fa fèmme,il y euft:
faittesPalquesle iour en l'ailèmblee des fideles:en laquelle le pain fediltribue,&: cha-
cun en prend vn morceau, en mémoire de la palfion de Iefus Chrift.-femblablemét cha
cun boit du vin delà Cenc,en commémoration du fang de Iefus Chrift, qui a efté ref-
pandu en la croix.^ Ils luy firent dire la Pate-noftre &c le Credo,qu'ilsappellent: mais il
ne voulut dire l'Aue-Maria.Enquis fi on le difoit à Geneue , dit que non.Interrogué s'ii
tenoit & croyoit qu'il faille prier la vierge Marie & les Sain&s &Sain&es,reipondit que
Dommais Dieu feul,quieft le créateur. Interrogué s'il auoit fait abftinence de man-
ger chair lesCareimes,Vendredis,Samedis &: autres ioursprohibez:a dit que no, quad
il en auoit commodités qu'en la mangeant auec a&ion de grâces , ne pechoit point:
par ce qu'il n'eftoit défendu de Dieu,mais des hommes. Enquis de combien de tép$
Un' auoit ouyMelfe, a refpodu ne fauoir ouye depuis quatre ans:parce qu'il ne la tenoit
KK. ihif
Liurc^ VI. Henoit Romjen.
pour bonne,mais l'auoit en exécration. Ce raie il fut mené pifonnier Si mis au retrait
des ailances,les fers aux pieds. On commanda au Geôlier delegarder àparr,iànsquc
nul parlait à luy tur peine d'eftre mis en fa place.
^ La v r i s ayant entendu cela,ne feu tdiflimuler la haine &trahifon, laquelle il a-
uoit iadis apprinic lotis la pédagogie de fon bcau-pere d'Opcde. Il éuoya foudain qué-
rir leLicutenat du Senefchal, AmoineDu-reueft,&: Juy conta cornent il auoit fait pren
dre le plus grand Luthérien du monde,voulant à touces forces le mener en la union,&;
prendre fonpaiîe-tcmps aie voir.MaisleLicutcnantquienauoitiaefté aduerty , luy
dit qu'il nouuoitmauuaisd'auoir fait entrepredre fur luy;&: que c'eftoit à luy auquel la
cognoiifanceappairenoic. Lauris tafehant de l'appaifer , inhftoit à le vouloir mener
voir&ouyrleptifonnicr. Le Lieutenant courroucé,refufa d'aller auecluyr&s'excufa
fur l'incommodité de la priions toutefois pour faire fon deuoir,il fe tranfporta le mef
me iour en la Conciergerie aucc Philbert Baronis fon adioinâ: , & fit venir deuant luy
Romyemlcqucl interrogué de fon nom, aage, qualité &: demeuranec: rcfpôdit comme
Lacaufede au précèdent. Enquis pour quelle raifon il eftoit allé demeurera Geneue. Urefpon-
ladcmeu- dit que c'eftoit pour entend re la parolle de Dieu. D. quel bcfoin il auoit d'y aller à
Gcqcuc. ces fîns,veu qu'au pays du Daulphiné& autres delà France,on enfeigne& prefehciuf
fifamment. Ç£. que c'eftoit parce qu'audit pays on y cachoit la vérité: Se qu'on ne la
prefehoit purement Se entièrement comme audit Gcneue. Enquis s'il aimoit mieux
tenir Si obieruer les loix dcGeneue,que celles de l'Egliic vniuerfelle:&q'ji eftoit le pre
mier qu 1 l'auoit perfuadé d'y aller : dit & afferma qu'à fon aduis on y prefche plus pure-
ment Se entièrement qu'en France,& par côfequent qu'il aymoit mieux tenirlaloy de
Dieu comme on la tenoit Se prefehoit à Geneue, que non pas ainfi qu'eux la tenoyenr.
Se que ecluy qui luy en parla premiercment,fut vnCordelier d'Yeres , natif de Troves
en Cham pagne:qui depuis fe retira audit lieu. L'a au/fi entendu d'autres, defquels il n'a-
uoitfouuenance. Enquis fi depuis qu'il seft retiré audit Geneue il a cftcouyr Mefle,
ainfiquefont les autres Chreftiens:a dit que non:&: qu'il ne veut tenir deux loix: n'ado
reridoles,d'autant qu'il eft défendu aux commandemés de Dieu.^Et fur cela alleguît
le premier Se fécond commandement,&: voulant pourfuyurc fut interrompu:&llcs tef-
moignages par luy alleguez,ne furent eferits. Interrogué quelle oraifon il auoit aceou-
ftume faire en priercs,&:s'ilne vouloit pasprier la gloricufc vierge Marie,& les Sain&s
&Sainc"tcsdeParadis:foudainfemitàgenoux, pour monftrerqu'ilprioit Dieu fuyuar.
la forme des Eglifes reformces.lls ne rédigèrent cecy par cfcrit:mais mirent feulemët,
Qu'après auoir fait des oraifons affez longues, il auoit dit la Pate-noftre Se le Credo en
François, ne voulant dire l' A ue- Maria. Luy fut remonftré q ladite oraifon eftoit conte-
nue au (ainft Euangilc. Non pas en forte&: forme d'Oraifon: adiouftant qu'il fe
contcntoitde prier Dieu au nom de fon Fils vnique Iefus Chrift. Interrogué s'il fai-
mandts cô- *01C la ^ene ^om 11 auoit ParIé,s'il ne croyoit pas que le corps de IefusChrift fuft enclos
fuies arguée Se contenu au pain qu'il prenoit. y.. Que non: mais qu'en prenant le pain de la main
deTuT-S" du Mi™^'*1 receuoit »e fïgne pour eftre conduit &: mené à Iefus Chrift, qui eft en Pa-
1 feC radisàladextredeDieufon Pere.Ilditlefemblabledu vin,& q quieôque magc&: boit
indignement,prendfacondamnation. Enquis s'il feconfe/îbit au Pi eftre.
Qiienon,fecontentantdefeconfelîeràDieii,auquelàtoutesheurcsil a accez par
fon Fils Ieius. Enquis de fe s complices &: de ceux aufquels il a communiqué fon opi-
nion,mefme de fes compagnons à prefent détenus auec luy.
y.. Que bien fait-il que Iean Gom baud luy dit hier de vouloir faire fes Pafqucs : mais il
ne luy a dit quel jour ne comment il les vouloit faire. Interrogué s'il eftoit loifible de
manger chair le Carcfme, Çi. Qu'ouy:pource que Dieu ne l'auoit défendu, ains les
hommes lefquels n auoyent puiffance decc faire-.bien qu'en ce pays il s'en voudroitab-
ftenirlesiours prohibez,pour ne fcandalizerles hommesrmais s'il eftoit à Geneue,iln'
en feroic aucune diffîculté.^Leclure faite des interrogatoires &:refponfcs,pource qu'-
il ne fauoit autrement eicrire ne fîgner,il y mit fa marque.
Le lendemain ledit Lieutenantluy ayantfait relire fes refponfes:&: trouuant qu'il
periiftoit en icellcs,!uv demanda s'il eftoit là venu pour feduire le peuple, Se perfuader
de croire en la loy de Gc neue.Itcm s'il auoir apporté quelques liures cenfurez pour in-
ftruirequelqu'vn:ilditquenon,pourautantqu'iln'cftoit homme de lettres,&:qu'iln a-
uoit apporté aucuns liures, ne prohibez ne permis. ,
Interrogué
'Benoit Romyen. -4.71
Interrogué s'il auoit accouftumé faire fcs Pafques toutes les annees,&: rcceuoir Je
corps précieux de Chrift contenu en lafain&e hoftie à Juy adminiftree par vn Prcft te a-
pieslaconfccration. y.. Que non:vrayeft que depuis quatre ans il auoit fait audit Ge
neuela iain&e Cene quatre fois l'amaflànoir lesiouisdcsPafqucs,Pcncccofte,prenuer
Dimanche de Septembre,& à Noël. Interrogué s'il croyoit que la fainde mereeglifç
euft ordonné les Carei"mes,Vendredy,Samcdy,& autres veilles. Et li par confequent
cjle a défendu l'vfagc de la chair,&c. yt. Que non:pourcequerEfcriturefaincte per-
met de manger auec a&ion de grâces ce qui eft preientc,làns faire diftinftion des iours
ne des temps:& neantmoins, comme il a efté dit, s abftient d'vfer de cette liberté en ce
pays:afin de ne feandalizer perfonne. Enquis du Purgatoire, & s'il prie Dieu pour les1
trefpafTcz,afin qu'ils loyent abfous de leurs pechez:a dit qu'il n'en tend pas qu'il y ait vn
Purgatoire après la rriort:&: qu'à la venté il prie Dieu pour les viuans, &noh pour les
morts>par les raifons qu'il a entendues à Gcneue. Interrogué s'il a vouloir s'en retour-
ner à Geneue:&: s'il veut tenir leur loy,ou s'il vouloir croire à la faincte eglife Romaine,
giobferuer les feftes qu'elle a commandées. Qu'il auoitdelîr d'y retourher,encanc
que fa femme & enfans y eftoyent,&: pour viure en leur loy.&: qu'au demeurât , il croy-
oit la fain&e Eglife vniuerfelle,& non la Romaine : &: obferuok pour toutes les telles le
Dimanche.
-pré s ces procedures,quelques fidèles trouuerét moyen deluydirequ'ayantdef- conftilque
A. ia par trois fois fait confeffion de foy,il deuoit cercher les moyés de fortir des mains donnent au
de les ennemis,quine cerchoyenr que fa mort' Q_u'il remonftraft donc au Lieu te nant aXrfn'cn!
n'auoir fait aucun mal dans le royaumc,ne mefme en fon re/Tort &: iurifdiâiô:qu'il n'a-
uoit dogmatizé,ne fait a&e fcandaleuxrque la confeffion par luy faite eftoit pou rce qu'-
on l'auoit adiuré de dire vcrité:qu'il s eftoit fimplement meilé de védre& acheter mar-
chandifes.-chol'e permife non feulement aux fuie&s du Roy, mais auffi aux Alemans Se
Suilles:lefquels eftans confederezauec le Roy,ceux de Geheuc leurs alliez peuuent pa
reillemcnt vfer de commerce en France . à fcs caufes qu'il requift eftre renuoyé parde-
uant fes luges. Qu'au refus d'obtenir renu oy , il interiettaft appel pardeuan t les Sei-
gneurs du Grand confeil;aufquels telles cognônTahces appartenoy ent. Sa refponfe fut
ces remonftrances fut,qu'il ne pourroit iouir de tels priuilegés , parce qu'il n'eftoit que
fimplé habitant de Geneuervoire ne fe vouloitaider de tels moyens, fc Contentant d'a-
uoir rendu raifon de fa foy,pour kquelle.il eftoit preft de mourir. Le bruit efpars par
la ville de la fermeté Se conftancé de ce prifonnier, laquelle ils appellent opiniaftreté:
Barbofi,iuge à Draguignan,homme du tout ignare , print enuie de le voir.& alla trou-
uer Romyen,&: luy dit, En qui crois-tu ? croyent-ils en Dieu ceux de Geneue .? Je prient
ils î Benoit fafché de fi lourde demande, ne Cognoifîant l'homme , mais le voyant de
nature difforme, gros & loutd,le riez plat & largc,& de regard hideux:il luy dit,Qui es- Refponfe
tu qui blafphemes ainfi malheureufement? Barbofi dit, le fuis le luge ordinaire de cefte J^Jjg:
ville. Et qui t'a mis(dit Romyeh)en ceft office, fi gros & infâme? penfes-tu que nous ne ~ " '
foyons pas Chreftiens?les diables confeffent vn Dieu,le nieroy'-ie moy ? Penfes-tu aufli
que ceux qui font à Gerieue le nientrNon rioninous croyons e n Dicu,nous le prions &c
inuoquons,&: auons ferme appuy &: efperance en luy .Ce rep Oulîement aigrit dauanta
ge Barbofi,en forte qu'il ne celTa de pourfuyure contre Romycn. Cependant le Lieu-
tenant follicité,procedi au*x dernières répétitions pour mettre le procès en eftat de iu-
ger.Et Romyen pria qu'on luy permift de faire oraifon à Dieu.ce que luy eftant accordé
la commença d'vne grande véhémence & zele merueilleux:& la continua de tant plus
longuement,que voyat Barbofi prefent, il luy vouloit faire cognoiftre par efFed qu'il a-
uoit vn Dieu,auquel il ieruoit,& lequel il prioit par fo Fils noftreSeigneur Iefus Chrift.
Cecy toutefois ne fut rédigé par efcrit.mais le Lieutenant & l' Aduocat du Roy dirent,
Voila de belles prieres.Oy oy(dit Barboli)il s'en va eftre martyr de tous les diables d'en
fer. Il fema par toute la ville que le prifonnier n'efehapperoit point,& qu'on en pré
droit bien d'autres. Les fidèles penfans que fa mort feroit de petite édification^ qu-
vn peuple fi barbare & cruel en deuiendroit plus éndurcy&: animé contre eux:crai-
gnans auffi qu'à l'inftance des gens duRoy il fuft gehéné,&: qu'à force de tourmens il n'-
en mift aucuns d'eux en danger,& ne difllpaft le petit trouppeau qui eftoit en leurvilïe,
ils renuoyerent derechef vers Romyen celuy qui y auoit efté auparauanç , lequel le
Henoit Romyen.
perfuada tellement,des'aider des moyens qu'on luy bailloit,puis qu'ils n cltoyét cotre
Dieu. Mais Romyen ne feue recenir l'on inftruction, d'aïuanc qu'il n cltoit verlé en ter-
mes de Iuftice,&n'auoit nulles lettres. Parquoy ayant dit au Geolierqu'il vouloitpar-
ler au Lieutenant,on ne tarda de lailer quérir. Venu aucefon Greffier, Romyen ne fe
pouuant fouuenir de ce qu'on luy auoit confeillé (tant eltoit limple &c peu cognoilîant
les rufes de ce monde)luy dit qu'il fe portoit pour appelant paideuant l'es Seigneurs de
Geneue,& làoùfon appel ne luy feruiroit, qu'il appeloit pardeuantlcRoy en Ibngrâd
Conlcil.LeLicutcnantluydemandaquiluy auoit enfeigné & faitdireccla. Romyen
dit que Dieu luy.auoit donné ce confeil,par l'on fain£tEfprit,&: non autre. Vn Moyne
<Ju'onappeloitM!niftredesObreruantins,ayatlàprefchcleCarefme,raifoit aulîîdelon
cofte toute diligence de iollicitcr la mort de ce poure Chreftien : &: ayant gaigné a luy
Cauai & Caualieri confuls,ils ne celferent d'importuner le Lieutcnant(qui autrement
n'eftoit que trop diligent)iufques à le menacer d'en adu crtirla Cour de Parlement, s'il
ne fe haltoit de le faire bruuer.Parquoy fe fentant preflë de cefte part,& d'autre elguîl-
lonné en fa confcience,pour iuger ce procès &: faire droict fur les declinatoires &: appe-
lation,ilaiïemblale x v .dudit mois les autres luges de Draguignan, &c pnntaueceux.
tel nombre d'Aduocats,qu'il eftoit requis par l'ordonnance du Roy. Le Caphard aduer
ty qu'ils eftoyent en belbngne,alla recommander le fai&,&: dit au Lieutenant, qu'ilal-
"Quinicra loit chanter vne" Mefle du faind Efprit, afin d'illuminer leurs entendemens à côdam-
qucUMeflc ner Romyen deftre bruflé vira petit feu, Et pour renfort j Caualieri y furuinc,qui vfade
inftruœent menaces de le faire entendre à la Cour, s'ils iugeoyent autrement. Ce procès mis
àtoutecho furie bureau, Barbolî & quelques autres pratiquez par le Moyne, auant qued'enten-
foûiH°«e VD ^re ^a 'e^urc & *c mérite de la caufe,fe monltrerét li paisiônez de rage &furie,que leut
pouraiiu- aduisfut>qu'ildeuoiteftre bruflé vif,&: bâillonné, depeur qu'il ninfectaft le peuple. Et
mcrlcfcuj dauantage,qu'on luy baillaft la queftion pour fauoir qui citoyét de la religion. D'autre-
part, la lecture faite du procés,vn Aduoca: mené de fain mgemet, voyant les autres li a-
nimez,fut de côtraire aduis,&: dit qu'il deuoit eftrerenuoyé:parce qu'il eftoit domicilie
de Geneue:&: n'auoit aucnnemét dogmatifé,ny porté liures:&: n'y auoit aucunes infor-
mations contre luy:& ce qu'il auoit dit,eftoit comme chofe contrainte par le ferment
prefté à la Iuftice. Celte opinion fut tellement fuyuie des autres ieunes hommes, qu'ils
letrouuerent autant d'vnc part que d'autre: & ne reftoit plus que le Lieutenantàopi-
ncr.Et d'autant qu'il eftoit fufpe&aux factieux,&: que l'heure du difner approchoit , ils
ne voulurent permettre que lors rien fe concluft:mais remirent l'affignation à vne au-
tre fois:&: cependant femerent par tout , ce qu'ils deuoyent tenir fecret, comme ils en
ont le ferment.
Li $ Conruisaducrtis&follicitezparleMoyne,fontaflembleedcvillc au fonde la
cloche,en laquelle fe trouua grand amas de menu peuple,lcquclefguillonné par l'Offi
cial& la preftraille,vinrent tous enfemble crier chez le Lieutenant de bruller ceft he-
retique:iinon,qu'ils le brufleroy ent luy- mefrae &c toute fa famille. Ils firent le lembla-
ble vers les luges &: Aduocats.Pour toute raifon ceftOfficial difoit,que s'il en aduenoic
autrement,lcs Luthériens prendroyent tel courage , qu'on verroit bien toftfcrmei les
dc°Gi|Cphe. temples accouftumez.Et d'autant que le Lieutenant ne vouloit à leur pofte prendre d'
autres Iuges,ils firent accorder le peuple de contribuer aux frais qu'il conuiendroit fai-
re pour enuoyer à Aix,& faire les pourfuittes. Si forcèrent le Lieutenant d7 porter le
procès pour le faire iuger.Çhacun crioit, Au feu,au feu , qu'il foit bruflé. Ce Lieu te-
nantnelespouuantautremét appaifcr,promit d'aller à Aix faire iuger le procès. A l'a-
prefdifneefut tenu autre confeil du peuple, auquelfurent députez pour aller à cefte
pourfuitte, Barbolî, F A duoeat du Roy, & Caualieri premier Conful , aucc le Greffier,
pour aller aux defpcns de la commune à Aix. Parle chemin ils rencontrèrent le Prefi-
dent Ambrois,homme fanguinaire,duquel a efté parlé en la perfecution des fidèles d-
Aniou. Iceluy tafehade perfuaderau Lieutenant de procéder àlafcntence de mort
fans aller à Aix v mais il n'y voulut obéir. Les autres retournèrent par l'on confeila-
uec le procès , délibérez cux-mefmes de le faire brufler. Le Lieutenant pourfuy-
nu fon vovage : èt ayant fait vn rapport fommaire dufaiét , laCour luy fit defenfc
•st aux autres luges , de ne palTer'plus auant : ains leur enuoyer le prifonnier &c le
océs . Eftant de retour il trouua qu'ils eftoyent empefehez au iugement : te
jrayanr fait lignifier fareft,&: iniondtionau Greffier déporter le procès : à peine le
voulu-
Tenoit Romyen. 4.72
voulurenc-ils faire.Finalement Barbofi le porta à Aix,& follicita cri fortej que par areft
iesfius declinatoires furent declàrees nulles. Il fut ordonné au Lieutenant dciuger Je
procès, appelant auec foy les ancics Aduocats,& aduertir laCour dans huit iours de ce
qu'il auroit fait. AintiRomyen fut par leur fentence condamné à eftre bruflé vifc& où il
fe defdiroit , deftre eftranglé. Et qu'il auroit la queftion auparauant l'exécution de la
mort,pourlauoir les complices. Dequoy il fe porta pour appelanr,difa'nt,qu'iln'eftoit
heretique.Àinliquonlemenoità Aix,parDraguignan j L'Aduocat du Roy le voyant Repenuncè
par la feneftre,luy dit qu'il auoit conclu à fa mortrmais il prioit Dieu de luy pardonner. ^t Jj^u°~
Romyen dit,Il nous iugera tous au iour du îugemét.Si toit qu'il fuft arriué à Aix , &c que Ut " °"V'
la Cour l'eut ouyi on luy enuoyavn Moine enfumé qui fut trois heures auec luy : &: le
trouuaritpertinax(Commeilsparlent)rapportaàla Cour qu'il eftoit damné : dont le
mefmeiour la fcntence fut confermee:& Romyen renuoyé audit Lieutenant poure-
ûre mis à éxecution. A Ion retour les Conluls mandèrent par les parroilTes aux Curez
de lignifier à leurs profnes le iour de fa mort,afîn qu'on y allaft:& firent crier par la ville
à (on de trompe^Que tous bons Chreftiens portaient bois en la place du marché pour
bruilervn Luthérien. LeSamedy x v i. de May,le Lieutenant eftantabfent delà vil-
le,l'autre Lieutenat des fubmiffions accorilpagné desCôfuls,& autres allerct de matin
bailler la queftion au pourc patient. D'entrée ils luy présentèrent les cordes;fers&; poix
jpour l'efpouuâter,luy difans qu'il luy falloir nom mer fes complices,&: renoncer à la loy:
6i qu'il voyoit bien leur bon iugemen t,puis que leur fehtence auoit efté confermeç • oc
fes opinions confutees par tant de grans perlbnnages. Il refpondit dVn cœur confiant
qu'il n'auoitaucuns complices j & rte vouloir tenir autre lcty que celle de Iefus Chrift;
prefehee par fes Apoftres:de laquelle il auoit fait confeflion deuant eux.que s'ils l'appc-
loyent maintenant pcruerfe&defloyale,Dieu au iour du iugement ladeelareroitiufte
&: fain&e,&: ceux qui la perfecutoyent , éternellement damnez. Interrogué fi fes com-
pagnons prihs auec luy tiennent la foy Romaine , s'il auoit iamàis communiqué auec
eux,& ii en la ville ou en la prouince il en cognoiflbit de la loyrdit que non. Interrogué
qu'il eftoit allé faire efi cefte ville-la y veu qu'il n'y auoit point de corail n'au tre chofe de queftion &
fonmeftienditqucc'eftoit pour vendre fa piecedecorâil. Enquisquiluy auoit c6h- g^^c-
feillé fon appelait que c'eftoit Dieii par fon lâin&Efprit. Surquoy eftant mis fur lage-
henne &: tiré ourrageufemer,il cria farts celle à Dieu qu'il euft pitié de luy , pou r l'amour
de Iefus Chrift fon Fils.On le prefToit pour le faire reclamer la vierge Marie:mais ce fut
en vain. La queftion luy fut réitérée en telle outrance , qu'ils penfoyertt l'auoir iàifté
pour mortiparquoy l'ayans remis aux barbiers}&: trouué qu'il n'ert pourroit plus endu-
rer:craignans qu'il ne trelpaflaft^fe hafterertt del'enuoyer au feu. ApreS l'auoir fait aflcZ
folliciter par des Preftres Se Moines de fe defdire,iceux aidèrent au bourreau à Tefleuer
toutdelmembré furie bois:& l'ayans attaché dvne chaîne de fer, defeendirent àbas.
Romyen fit fa prie f e à Dieu : dequoy ces CafFars irritez retournèrent à luy pour luy fai-
re dire l'AueMaria. Irritez de fon rerus,routragerçnt & luy tirèrent la barbe :& le poure
Romyen en ces artgoifTes auoit fon recours à Dieu, le fup pliant luy donner patience.
Vn lourdaut d'entre 1* trouppe,monta fur le bois pour l'admônefter : Romyen cuidoit
du commencement que ce fuft quelque fidèle, parce qu'il luy parloir alTezgraciejjfe-
ment'.mâis comme il le prelfoir de prier la vierge Marie,il luy dit de le laifler en paix.Si
toft qu'il l'eut laideil efleuala tefte& les yeux en haut , priant Dieu le garder de tenta-
tion. Vnbeau-pere Gardien, pour le rédre odieux au peuple,s'efciia& dit,BIaipheme,
blafpheme:il a mefdit de la vierge Marie. A ce cry Barbofi adioufta, qu'on luy miftvn jjjjjjjjj^
baillon:&: le peuple cria qu'on le bruflaft * Lors le bourreau mit le feu à la paille& au ° c*!
menu bois qui eftoit à lentour,en forte qu'ils furent incôtinent vfez. Romyen demeu-
ra pendu en l'air auaflt que mourir. Et eftoit prefque tout bruflé parle bas,qu*on le
voyoit remuant les leures (arts faire aucun cry :&ainîi rendit l'efpnt à Dieu.Plufieurs
bru its furent ouys de ce que les Moines & Preftres aUoyertt tant efté alentour de luy:
aucûs difoyét que fî on y euft lanTé approcher des ges de bien , que tout fuft allé mieux?
6c que ceux là eftoyent paillards & infâmes. Autres difoyent qu'on luy auoit fait torr,&:
que plus de cent de la compagnie auoycnt mieux mérité la mort que luy .&princjpale-
ment ceux qrti fauoycnt condamné. Autres s'en retournèrent cmahis,diiputans de la
caufe de fa mort,& de fa de&r jnc
P/ttJieitrs ^Martyrs
Lei derniers MARTYRS en ^ngleterrc>auant la mort de Marie & du
Cardinal Polas,
L A mort des perfeutez pour 1* Fuâgile apporte grande confolation:& a luftre quand elle fe rencontre auec la fin des perfecu-
teurs.La différence des deux uTucs elt bien djucrfe,comme ceRecit le manifefte.
MD.LVin J§§§p§^N doit cefte louange aux Anglois, d'auoir eftédiligensdcconferuerlame-
| moire de leurs Martyrs , non feulement de ceux de renom , ôc qui parleurs
Icfcrits ont confacré leur mémoire àl'Eglifedu Seigneur : mais au Ai de gar-
der les noms des autres qui par exécutions publiques,ou tourment des pri-
ions ont heureufement fini leurs iours,à la pourfuitte des ennemis del'Euangilc. Or
les noms de ceux qui turent les derniers exécutez deuant la mort de la royne Marie(cô
me Iean Foxus &: autres Hiftoriens Anglois les ont nommez &mis par efcrit)iont
ceux-cy.
AJ-ondre s le xxv i i.iour de Feuricr, m.d. l v ii î.on bruflaCv tsertSim-
son diacre de la congrégation de Londres: Iean Deuenysh:& Hugues F oxe, chauffe
tier. AHvnting to N,aumois de Mars,vn nommé Lavvton fut exécuté. Delà
prifondeNE vvc a t à Londres on tira mort Iean Mainerd,lexv.d'Auril. A Cl o-
c £ s t r e lexxvi. lourde May,furentexecutezIeanHarrifon,vn nommé Dayc,&: A-
gnes George. Le v i.iourdcIuin,on exécuta à No rvvi c h t Richard Harris, Iean
Dauus,la femme d'vn nommé George,&: vn nommé Three. ALondre s, audit
mois de Iuin,ThomasTyler,& Matthieu Vvethers, furent tîrez morts de la prifon de
Nevvgat.
La me s m e ,!ex xv 1 1. lourde Iuin, furent exécutez Henry Pond, Matthieu Ryean»
biejean Holydaie,lean Flond,Reynod Lauonder,Roger Holland, Thomas Sovvtha.
ANo r vvi c h lex.iourde Iuillet Thomas Vvithcdminiftrefut exécuté.
ABrainford lexni.iourdudit mois de Iuillet, Iean Slade,vn nommé Pikés,a-
uec trois autres furent cruellement mis à mort.
A Vvin ce s t r e ilyeut vn gentil homme nommé Bambrige , qu'on executadu
dernier fupplice,pour vne mefmecaufcdcla vérité de l'Euangile.
O R combien que ladite royne Marie?& autres fauteurs du iîege del'Antechriit,eui-
fent entreprins la deftruction Se ruine totale des fidèles d'Angleterre, le Seign.qui void
deloin le iour de la ruine de l'es ennemis,donna en ce temps ïoulagemcnt & repos aux
fiens.Car comme ainfi foit qu'il n'y eut iamais perfonne, qui fe foit à la fin bien trouué,
d auoir fait la guerre à l'Euangile:cefte Marie après tant deperfecutions cy deuantreci
tees,finalcment a fenti combien eft pefante la main duDieu éternel contre ceux qui f-
hko n/* affligent en fesmembres.Aprcsquepartourmens extrêmes de maladie elle eut cfté
Marie." afflige e,voire és parties les plus fecretes de fon corps,la mort l'oita de ce mode,au mois
de Nouembre. m.d.l vin .enuiron deux mois après le trefpas de fon beau-pere Char-
les v .Empereur,aduenu au mois de Septembre precedcritiLe Cardinal Polus Anglois
R«Wdus qui auoit fait autrefois profefllon de cogndrftrc la verité,& :q\iidcpuis contre fa confei-
Polu». cnCe auoit reftably & remis en Angleterre les cftandars de l'impiété Romainc^ourut
ihcontinent après Marie en la mefme fepmaine,de regre^d'apprehenfion 6c efpouuan
cemens horribles qui l'accôpagnerenc en la mort.Ainii le Seigneur fait commele bon
iaboureur,qui du milieu de fon champ arrache les^ros chardons , quiempefchent&:
fufFoquent la bonne femence. Il a donc redonne par vne viciffitude dcfirable, après
Marie,Elizabet royne:pour derechef foulager ceux qutonr efpcrance en luy , de pour
aneâtirles côfcils&: entreprises de toùtels haûtenes qui' sVfleuêt cotre la vérité de fa pa
rolleeternelJe.parlaqlle il veut regner,& réduire en captiuité toute fagfcffe humaine,
DECLARATION de plufieurs mgemens de Dieu, exécute^ fur Us entreprifes &
perfonnes de ceux qui ont attenté en ces derniers tempf çon tre fon Tgbfê,
{Ncctempsiln'eftoitnouuelles que de l'accroiflcment du nombrcdeLu-
:^theriens(ainfi lorsappelcz-partQuc)quelqttffsfiîueres ordonha^ecs &: puni-
'f tiens que Ton euftfeufaire:&neparloit-on:q.uc dexaiTemMccs'iîrcretesqui
\(c faifoyent iour & nuict endiuers pays & contrees.On efcriuit vne lettre au
Roy
Jugtmens de Dieu* 47J
roy de France Hcry féconde fut diuulguee, par laquelle eftoit dir,que les calamitez &: af-
fligions qui tenoyent laChrcftiencécommeaccablce&defolee,eftoyencrel]es, que cha-
cun cunrelfoic qu'elles procedoyenc du iufte jugement de Dieu,&: de ce qu'on laillbit pul
luler tant de forces d'herefies qui regnoyent: mais quele mal eftoit, que nul de ceux qui a-
uoyent l'adminiftration publique^ à qui appartenoitdy pouruoir,nercgardoitauec bo
iugcmét fondé fur les faindes Elcriturcs,qui eftoyent les hérétiques , Se quelle eft la vraye
&c rauffe religion,p our de là tirer la vraye reigle Se concorde : Que le vray office du Roy e-
ftoit de vaquera la cognoifTahcr dctclsdifrerens, cômeauoyent faitksRoisEzechias&:
Io(ias& autres. Et après auoir faid enrendre les marques Se differêces de la vraye ôefauf-
le Religion, eftoit efcritea ces termes,
Con su) l re z , Sire, &: vous trouuerezq routes afflidios font aduenues lors q vous
auez entrepris ce courir fur ceuxqu'on appelle Luthériens .Quand vous fiftesTEdit" de Cefteditfot
n ,1 IA 1 , 11 -, — rn r r ■ v • kit en luin
Chafteaubriant,Dieu votiscnuoyalaguerrc:mais quad vous en nJtcsiurloirl exécution, w de 47.
6c tant que vous flirtes ennemi du Pape,eftant.aliéen Allemagne pour la protection delà amcics,<ion
liberté de la Germanie, affligée pour la Religion, vos araires prolpererent àiouhaic. Au JJJj^îJ^
cotraire.q vous eft-il aduenu depuis que vous efte icind auec le Pape, ayant de luy receu iui.es prefi.
l'efpee qu'il v ous a enuovee pour fa protection, &qui fut caufe de vous faii e rôpre la treueî duux-
Dieu a tourné en vn infant vos proiperitez en telles afflictions, qu'elles ne touchent qu'à
l'eltat de vous & de voftre Royaume.^ A quelle fin eft tournée l'entreprilede môiieur de
Guifecn Italie,allant au feruicede l'ennemi de Dieu-, auecdehberation de ruiner à ion re-
tour les vallées de Piedmont,pour immoler à Dieu lès vidoires? L'ifluea bien môftré que
Dieu lait bien renuerfer nos dcliberaiions.commeiladeftourné nagueres celuy demon-
fieur le Côneitablc a (aind Quentin le iour S.Laurens,ayant voué a Dieu, qu'à fon retour
il iroit ruiner Gcneue, s'il auoit vidoire.^Auez-vous iamaischtcdu,commefeu Poncher Poncho- ar*
archeuefque de Tours, pourluyuant l'eredion d'vne chambre ardére, rut bruflé du feu de f*?^
Dieu,qui luy commença au talon:& ié failant couper vn mébreapres l'autre, mourut mi-
lerablement,<ans qu'on peuftrrouucriamais la caufc?Côme Caftellanus s eftant enrichi Caftclhnus
parl'Euâgile & ayantreietté lapuredodrine,pour retourneràion vomiflement, voulât oriSns.**"'
perfecuter la ville d'Orlcas,fut touché en lachaire du doigt de Dieu, Se d'vne maladie in-
cognueaux medecinsbruilanda moitié de fon corps,& l'autre froide comme glace,mou
rut auec cris &: gemiflemens efpouuantables.
I l y a auparauant autres exemples mémorables du iugemét de Dieu,come delà mort Lc cîiance,
du Chanccl cr& Légat du Prat,quifutle Premier qui défera au Parlement la cognoiffan lier du ijuc
ce des herciîes,&f qui donna les premières commi liions pour fure mourir les fidèles. Car p"£&r™
il mourut en (à maifon de Nantouillet iurat &: defpitât Dieu , Se fut trouué fon eftomach rtftomich?
percé 6c rongé de vers.Ican Rutc Conlciller en Parle ment , vc nant défaire vn rapporrde icin&uié
procès contre les pourcs fidèles, fut pris du feu au petit ventre, &àpeïne furcôduiten la fûp«!t''ea
maifon que le feu Icprinràlcs parties le crctcs:dont mifcrablemcntil mourur,bruflâtpar tre.
toutlevctre/ansmonftrer aucun figncderecognoiftrc Dieu. Claude des AficsauiïiCô- ^"^"é
(ciller t n ladite Cour,leiourmcfme que contre Dieu il donafon opinion pour faire bruf d"jpople-
ler vn fidèle, qunic futtoutefois du tout fuyuie, après dilhcrfcmità paillardcr auec vne *e- ^
chambrière; & en fade fut frappé dvneapoplcxic,dc laquelle il mourut lur Je chap. Pier_ pSecion
reLi(et,premier Prelident en ladictcCoiir,autheurdelachambreardcnrc,futdc poféde ^n,.
foneftatjpourcltrc cogneu priuédefon bon fens, Dieu luy ayant ofte rcntédement.Iean tan Marin
Morin, Lieutenant criminel delà Preuofté de Paris, après auoir fait mourir tant de fide- fo*1^^
Ies,fut finalemct frappe des loups aux iambes,dont ayant perdu l'vfàge,mourut aliéné de ïambes,
fon lrns,apresplufieursiours auoir renié &.blafphcmé Dieu. Iean André, Libraire au Pa- Iean An,dr<5
'- 1 1 t •,- , 1 1 n r% n 1 r mortenlu-
lais,efpiedu Prchdcnt Lilet, 6c du Pi ocureur du Roy bru (lard, mourut en fureur Se rage, rcur&rage.
L'inquifitcur de Roma en Prouence, tombaàloppins fi puant que nul nepouuoitap- L'inouifi-
procherdeluv.Ican Mcfnier Prefident de Prouence, qui fie mourir tant d'hommes, rem- ntTto^eï
mes Scenfan s àCabriercs Se Merindol, mourut d'vne ftrangurie,le feu citant prins en fon loppin;.
ventrc,blafphemat& defpitât Dieu. Etplulicursautres dôt Ion pourroit faire récit, pour ,canMcf:
cftre punis de mort fembiablc. ^Que s'il plaift à voftre Maielté yaduiiér ,vous trou.,
uerezquenauezpaspliiiloft conclu de leur courir fus, quauffi foudain nouucaux trou-
ble s navent cfté elmeus par vos ennemis, auec lefquels n'auez peu tomber d'accord.
CequcDieu'n'apermis,pourautantque le fondement de paix eftoit fur la perlccution
LL.
I m VL ±M oyen pour entretenir les Eglifes.
q délibérez faire des fcruiteurs de Dieu : corne auffi vos Cardinaux n'ont peu empefcher
parleur cruauté le cours de l'Euangile, laquelle a prins telle racine en voftre Royaumc,q
fi Dieu vous lafchoitla bridepour les exterminer , vous fe riez qualt Roy fans fuiets. Ter-
tuilian a bien dit que le long des Martyrs eft la le menec de l'Euangile.
Pour donc ofter tous ces maux prouenans des richeiles des Papiftes, qui caufent tat de
pailIardifès,lodomies,inccftes,fcvcautrans 6c nournlfanscn porceaux, corne ventres oi-
firsde meilleur moyen feroit de les remettre ainii q les anciens lacrificateurs Lcuitcs: afin-
uoir fans terres 6c pofleffions, comme le cômandement fut donne exprès à Iofué. Car tât
que 1 ordonnance de Dieu eut licu,&: qu'ils furet exempts d'ambition, la pureté de la Re-
ligion demeura en l'on enticr mats quand ils commencerêt à afpirer , 6c furent paruenus
à la principauté, ncheifes&: honneurs mondains , lors s elleuerent les abominations que
fi^ST" *e^us Chriftyttouua. en a cite ainli en rEglifeprimitiiic:careHeafleuri)&eftdemeii
kpriîiutfue. ree en pureté tat q les Minières ont cfté fi mples , 6c qu'ils n'ont poït cerché leur gradeur
6c profit particulier, mais f eulement la gloire de Dieu . Car lors q les Papes ont tendu à la
Principauté,^ vfurpélevray domaine de l'Empire, fous ombre d'vnefaïuTe donation, ils
ontauilideftournéleslainftes Efcricures , & fe font attribuez le fèruiceq dcuonsà Dieu.
Pourtant voftreMaiefté fepourroit faifir de tout le temporel des bénéfices , pour les em-
ployer à leur vray &: propre vfàge : Premieremétà l'entretenemét des fîdeles Mmiftrcsde
la parolle de Dieu, qui auront eftat pour leur nourriture, ainfî q le cas le requerra: Secon-
dement^ l'entretenement des gens de voftre Iultice: Tierçcment, à la nourriture des po-
ures,&: entretenemet des Collèges, 6c à inftruire la poure icuneflè, lelô ce à quoy ils ferôt
propres. Et du reftequi eft infini, il demeurera pour l'entretenemét de voftre cf ta r,& fub-
ucntionde vos afraires,au loulagement de voftre poure peuple, qui feul porte lcraix,&:nc
poiîede comme rien. Et encefaiiât vn nombre infini d hommes, &c meimes de voftre no-
ble/Te, qui vit du Crucifix, s Vmpiovera a voftre Ici uicc,&: delaRcpublique,d'autant plus
diligemment qu'ils verront q ne recôpenlerez queceux qui l'auront deflèruv. Car il n y a
Cap itaine ne Seigncur,qui ne fe fente mieux recôpcnfé d'vn bénéfice de cinq cens liures,
que d'en voir donner dix mille àfon frère, pour les côïumer en chiens, putains &: oi féaux.
Et y a vn nombre in fin; d'hommes en voftre Royau me , qui occuper les plus beaux eftats
6c bénéfices, &: n'ont iamais rien mérité de la Chofe publique.
Par ce moyen il fera aile à voftreMaiefté de le feruir feulement de voftre main Fran-
çoifeau fàictde laguerrefuyuantraduis&conlcil du Sieur de Langcav en fontraitté De
l'art militairercar vous n'aurez que trop degens , aufquels y aura plus de fidélité qu'aux e~
ftrangers,qui s'aguerrifTenrà vosdefpens,&remportentl'argent du Royaumc,côme auffi
les deniers que vous baillez chacun an pour les pendons des eftrangers , 6c ceux qui vont
à Rome chacun îour pour les collations des bénéfices, lcfquelscn preftent à vos ennemis
pour vous faire la guerre.Et en ce faifànt demeurerôt en voftre Royaume, qui par ce mo-
yen demeurera riche,opulent&:inuincible.
Qv a n d les Papiftes vovent qu'ils n'ont raiion aucune, ils s'efîayentdercdre odieux à
voftre Maicfté les Luthériens, qu'ils appe!lent,&: difénr q fi leur dire auoit lieu, qu'il vous
faudroit demeurer perfonnepnuce,&: cjueiamais changemet de Religion ne vient, qu'il
n'yaitauffi changement de principauté .Chofe auffi faulfc comme quand ils nous accu-
lent d'eftre Sacramentaires , &: que nous nions l'authontedes Magifti ats , lous ombre de
quelques furieux Anabaptiftes,q ne Satan a fuf citez de noftrc tem ps pour obfcurcir la lu-
micrede l'Euangile.Car les hiftoires des Empereurs, qui ont commécé de receuoir la Re-
ligion Chreftien ne, 6c ce qui eft aduenu de noftrc temps ,monftre le contraire . Fut-il on-
ques vn Prince plus craint& obey que Conftantin en receuant la Religion Chreftienneî
a-il pourrant abandonné l'Empire? daurant plus au contraire fut-il confirmé en iceluy,&
ceuxdefapoftericé qui le font laifïcz conduire par fa prouidcnce . Car au regard de ceux
qui fe font deftournez , 6c ont fuyui les traditions humaines , Dieu les a ruinez , voire leur
race n'eft plus cognuc en la terre : tant Dieu a en horreur ceux qui l'abandonnent ne tant
ne quant. Et de noftrc temps les feux Rois d Angleterre, 6c les Princes d'Allemagne ont-
ils cfté contraints en repurgeat les fu perftirions , que la malice du temps auoit apportées,
dabandonner leurs Royaumes &: pnncjpautez? Chacun voit le contraire , &: quel
honneur , obeifTance &: fidélité portent à leurs Princes 6c fuperieurs les peuples qui
ont receu la reformation de l'Euangile, de noftrc temps . Voire icpuxs dire, que les
Princes
*/o tEglifi_> Farts. 474.
Priticesnefauoyctauparaiiâtqucc'eftoit d'cftreobeys, lors que lepeuplerudeckgroiïïer
reccuoit aitémét les d îlpcnles du Pape , pour châtier leurs Piinces&: Seigneurs naturels.
Aucz-vousapperceu qu'aucun de ceux qu'on appelle Lutheries air tedu à trouble ne le~
ditiô,quclques cruels fupphces qu'on leur ait fait lbufFrirdappelle fur ce en telmoin mo-
teur le Marelchalde Bi jifac^sil a trouué peuple plus obenTant en Piedmôt,que ceux des
Vallées d' Angrongnc,&: autres. Et s'il leur a baillé charge tât dure qu'ils ne J'ayent portée
Tans murmurenq s'ils n eullênt tenu pour certain q les Rois, Princes & Magiftrats font or
donnez de Dieu, ils n'enflent obey volontairemét, mais côtraints par force lèfunent por-
tez plus lalchcment.
L e vravcvfeul remède, Sire, eft q vous faciez tenir vn fain<ft&: libre Concile, ou vous Détenir va
prend crez,& no pas le Pape 6: les liens, q. doyucnc leulemét défendre îeurs caulès par les ^ç*^"
fainctes Elcrituies:q cependâr. vous cerchiezgens non corrôpus,tulpects ne fauorables,q
vous chargerez de vous rappoi ter fidèlement le vray fens deslainctes Efcriturcs.Ce fait,à
l'excple des bôs Rois Iol~aphat,Ezcchiascv Ion"as,vouso(lerezdei'Eglilè toutes idolâtries,
fuperftitiôs &:abus, qfctrouueiôtdiredemétcôtreucnirauxlainctesElcriturcs du vieil
&nouucauTeftamct:&: vo9régerczauec ce voftre peuple au vray bc pur feruicede Dieu,
fans vous arrcller au dire des Papiftes,q telles queftiôs ont cité vuidees aux Conciles. Car
Jon laie aflez q nul Côcilc n'a cite lcgicime,depuis qucles Papes ayas vfurpé la principau-
té &: tyrânielur les ames,lcs ont fait feruir àleurauarice,ambition &c cruauté : 6c lacôtra-
rieté qui eft en iccux,les lait allez miprouuer, auec cent mil autres abfurditez cotre la pa-
rolle de Dieu q u i font en iceux. La vraye efpreuue de telles deciiiôs eft aux vrayes &c fain-
ctes Elcriturcs, aufquelles le téps&: faage n'ont peu apporter aucune preferiptiô . Car par
elles nous rcccuôs les Côciles fondez fur la parolle de Dieu , &c par elle meime nous reiet-
tosec qui y contreuient. ^Qucli vous en faites ainfi,Sire, Dieu bénira voftre entreprife,
Il accroiftra&côrirmera voftre Règne &c Empirera voftre pofterité.Siautremét ,1a rui-
ne eft à voftre portc,&: malheureux le peuple qui demeurerafous voftre obehTâce. 11 n'y a
doute q Dieu n'endurcuTant vn cœur corne à Pharaô, vous ofte la courônede dclîus la te-
fte,ainli qu'il a fait à Ier,oboâ,Nadab, Baalà, Achab,& à tât d'autres Rois, qui ont luyui ks
traditions humaines cotre le cômandement de Dieu:&: la baille à vos ennemis,pour triô-
pher de vous, & de vos enfans.Quen l'Empereur Antonin Debônaire, encores qu'ilfuft An£0njnus
Payen &: idolati e,le voyant accablé de tant deguerres,a bié voulu faire celîer les perfecu- Pius EmPc^
tions qui eftoyent de (on teps côtre les Chreftiens,remettât à la fin d'icelles d'y pouruoir, reur
&: d'entendre leurs raifons: côbicn plus vous qui portez le nom de Trefchrcftien, deuez-
vous eftrefoigneux tk diligent de taire ceflerles perfecutions contre les poures Chrefties:
-veu mefmemcnt qu'ils n'ont troublé & ne troublent aucunemét l'eftat de voftre Royau-
me,ne de vos affaires^ ne tendent à aucune {édition &: trouble? Côuderc auftî q les luifs
fontiburferts par toute la Chrcftienté, encores qu'ilslbyent ennemis mortels denoftre
Seigneur Iefus Chrift , que nous tenons d'vn commun accord &c coniéntement pour no-
ftre Dieu, Rédempteur &c Sauucur . & ce iulques à rant que vous ayez cuy légitimement
debatre &: entendre nos railons pnnlès des fainctes Eicrirurcs , cv que voftre Maiefté ait
iugé Ci nous ibmmcs dignes de telles punitions . Car h nous ne iommes conuaincus par la
parolle de Dieu, les feux, les glaiucs , ex les plus cruels tourmens ne nous el'pouuanteront
point. Ce font les exercices que Dieu a promis aux liens,&: qu'il leur a prédit dcuoir adue-
nir au dernier temps,atin qu'ils ne le troublent quand telles perfecutions aduiendront.
TOVCHANT LA PERSECVTION
de tEgl'fe des fidèles à Pans.
L A complainte ordinaire de l'Eslife ancienne fe renouudle en ce temps par vraye expérience . Ceux qui rom -
pent les aiïeniblees,e( quelles fe font prières pour les Princes & le p«uple,fe priuent à leur efeient du bien par
lequel les Royaumes Se principauté fubfiftent deuant l'indignation de Dieu. Ceux auftl pour leiquels priè-
res fefont,comme perfonnes ennemies de leur falut , ne peuuent long temps louffrir les laincles aflemblees:
mais les ayansdefcouuertes,lcruent-fus,&: les pourfuyucnt îufqu'àlamort.
'^SS1 ^ quatrième de Septembre m. d . l v i i . il le trouua vne troupe de fîde-
iW^r les de troisàquatrecensenvnemailon alfilcdcuant leCollegedu Pleffis en
laruelainct laques, ayant par le derrière le Collège deSorbonnc,&. cédés le
tKl''.l'£. commencement delanui&,'pour faire la Cene. Ce qui fut incontinent
LL.ii.
iure VI- La per/ecutiori
dcfcouuert par aucuns PreftresduditPleffis, qui défia de long temps y faifoyentle guet,
pours'eftre apperceusqueparfoisilvenoitlàvne multitude de perionnes, non accou-
ftumee,pourtant ils amalTent le plus de gens qu'ils peuuent de leur faction : cnuoyent ad-
uertir le guet ordinaire de la ville, &: font les appreils de toutes chores qu'ils penient nc-
ceiîaires pour mettre en pièces celle compagnie . Toutefois Dieuluy donna tout le loiiir
de faire les choies {<un£tes,pour leiquellcs elle s'eftoit trouuee là: voire en auffi grand repos
que iamais.Car n'eftans venus enfemblc pour mal faue,ne penibyent point à la mauuailc
volonté des autres.
L a délibération de ces meurtriers cfloit , fi d'auenture le guet nevenoit à temps
pour forcer ceftemaiibn : de faire tout ce qui ieroit polfiblepoui empeicher que pcrlbn-
ne n'en peuft lortir. Ils auoyent donc fait vn merueilleux amas de pierres en leurs fene_
lires, iniques à démolir les murailles,afin derepouifer ceux qui voudroyentfortir . Defa-
, çon quefur laminuid,commeralTembleedeliberoit defe retirer chacun en famaifon,
ils commencèrent l'exécution de celle cruelle entreprinfe, Se de batre la lbrtied'vne fu-
rie incroyable. Ils adiou ftoy enta cela de grans crts pourauoir fecours de toutes parts:
& pour mieux cfmouuoir , difent , que c eiloyent volleurs , brigans , coniurateurs qui se-
ftoyentlàalfemblez . Ace bruit les plus prochains sefueillent , &c donnent le melmefi-
gne aux plus lointains, comme il ferait en vn danger commun : tellement qu'en peu de
temps toutela ville eft en armes . Car défia depuis la prinfè de fain£t Quentin 1« peuple e-
ftoit en continuelles alarmes:&: auoit en commandement défaire prouifion d'armes,&.fc
tenir preft.Vn chacun donc prend fon ballon: &: accourt de tous collez là où le bruit me-
ne:&: quand ils entendent que ce n'clloyent volleurs, mais Luthériens (ils les appeloyent
encores ainii) la plus part entrent en vne rage extrême, & ne demandèrent que l'an g. Ils
occupet les deftroits des rues,allumét des feux en diuers lieux,afin que perlonnc ne peull
clchappcr parl'obfcuritédelanuid.
C b danger eftant venu fi foudain , &c contre l'attente de tous , apporta vne grande
frayeur à ceux de dedans:& penlbyent bien eftre tous mafTacrez là fur l'heure . Toute-
fois ceux qui auoyent la conduite &gouuernement de l'Eglife les rafleurerent au mieux
qu'il rut polïible,les exhortèrent à patience, félon le peu de loifir qu'ils auoyent :&: après
auoirprié Dieu par plufieurs fois, furent d'aduis qu'on print vne refolutiondeeequi e-
ftoit de faire. Il falloir faire de deux choies l'vne : ou attendre la venue des luges , ôc vne
mort certaine en faifant vne ouuerte confeffion delà foy: ou rompre celle multitude fu-
rieufe qui tenoit la maifon affiegee. Finalement à la fuafion de ceux qui cognoilToyent
lacouardiicdecefte canaille Panfiennc,on conclud de la forcer &: paflerau trauers:les
hom me s qui auoyent efpecs marchans les premiers do ur faire le partage aux autres . Ce-
la eft iuyui parla plus part:& efchapperent plufieurs a diuerfes faillies : mais non (ans tra_
uerier vne infinité de périls. Etc'eftmerueilles comment vnfeul peut gagner là mai-
ion à iauucté. car les pierres grefloyent de tous collez : les vnstcnoycntles ruesauec pi-
ques &: hallebardesdcs autres qui de crainte s'eftoyent retirez en leurs maifbns, dardoy-
eut par les fencllres leu rs piques fur les pafTans: &c les au très amenoyent les charrettes , &:
les mettoyent au trauers des rues pour retenir la courfe de ceux qui fortoyent . Toutefois
cela n'empefcha point que ceux que Djeu vouloit referuernepaflafTent fans dommage:
afin qu'on entendift que toutela force du peuple ne pouuoit tenir les autres enclos de-
dan s la maifon , s'il n'euft voulu les preiènter deuant les Magiftrats pour en eftre glorifie:
&c que la deliurancede ceux-cy fuft vn tei'moignage à tout iamais de fa pu iflance admira-
ble fur ceux qu'il luy plaift garétir.Et ainiî vn chacû fut appris de remettre fa vie à la cou-
duitcdefaprouidence.
Vn feul de toutela troupe,n'ayât fa courfe libre entre tant dempefehemés, futattaint
fidde. d'vncpierrc&abatufur le pauc,&: après à diuers coups afTommcd'vne façon pitoyable,
iufques à perdre toute forme humaine . Et de là fut emporté au Cloiftre Taind Benofft, &c
expofe aux ou trages dr. tout le monde : tellement qu'il n'elloit pas bon ennemi de Dieu,
qui ne lui iettafl dclafange,ou luy dônall quelque coup , accôpagné de qlquc blafpheme
en haine de l'Euâgile. Apres plufieurs làillies, il ne demeura plus en la mailô q les femmes
&c ieunes enfans,& quelques hommes, qui defrayeur notèrent fuyurc, Se encores des ho-
mes les vns fe ietterent dedans les iardins prochains , où ils furent retenus iufques à la ve-
nue du Magiftratrles autres s cflans efFdrcezfur lepoindt du iour de fbrtir, furent arreflez
pat
*/o l'Eglifc^ d<u Paris. ^7/
par le peuple,apres auoir eflé bien batus Se meurtris. Alors les femmes voyans que fi peu
d'efperance qui eftoit en la fàuue-gardedes hommes eftoit perdue, voulurent le prefènter
aux feneftres, &: implorer la mifericorde de ces enragez, qui commençoyent délia à taire
forceà la maifon pour entrer dedans,&: mettre tout à fac. Elles remonftrent leur înnocé-
ce,& demandent que la Iufticc fbit appelée , Se qu'on procède con tre elles par voyes ordi-
naires.Maisiln'yauoit plus aucune raifô en cefte populace du toutfurieule.Ainii remet-
tans leur vie entre les mains de Dieu , elles s'appareilloyêt délia à location côme pourcs
brebis , quâd Martinne jpeureur du Roy au Chaftelet arriua auec Cômiiraires Se forcede
fergeans,tout àpropoSjCommeDieu voulut,pour empefeher vn fi cruel maffacre. Incon-
tinent ouuerturc luy cft faite&: à cou te fà fuitte,pou rce que c eftoit le Magiftrat : feulemée
il fut requis de retenir lafuric du peuple , qui eftoit là frcmifîant& efeumant de rage, de-
quoy celle proye luy eftoit arrachée. Martinne sellant mis dedans ,,trouua les choies en
tel eitat,qu iipouuoit bien uiger de l'innocence de ces pourcs gens: mefmeconliderant la
fimplicitéde tous , Tobeiftance , &: honneur qu'ils portoyent àla Iuftice,ileneutcom-
paliion,iui'quesàcnietterleslarmcs. Toutefois il ne laiflà point de palier outre, &: s'-
informa diligemment de ce qui s'eftoit la fait. Il trouue qu'attendant que tous fu/îent al- Pr0CÇIVer
femblcz, on auoit long temps leu de l'Eicriture làin&e en langage vulgaire: qu'après biidccc^uî
quetousfuilcncallcniblcz,IcMiniilre auoit prie Dieu &; toute la compagnie, ayanslesge
noux en tcrre.&: après auoir cxpofcTinftitutio dclaCenederonziemedelapremicreaux eolafsclïk^
Corinthiens, monltré quel en eftoit l'vfàge,&: comment on s'y deuoit prelentenapres au£
fi auoir cxcômunié tous lediticux,defobciflâs à leurs fupencurs, paillards, larrôs, &cc. leur
dénonçant de ne s'approcher de la table. Qu'après toutes ces choies, ceux qui auoyet elle
iugez capables de ce Sacremcnt,s'cftoyent approchez de ladite table,&: auoyent receu du
pain 6c du vin de la main des Mimllres,auec ces parolles, C'eft lacomunication du corps
Se du ùng du Scigncunque prières s'eftoyét faites pour le Roy Se la prolperité de fbnRoy-
aume,pour tous pourcs aftligcz, Se en gênerai pour toute l'Eglife. auffi q quelques Pfeau-
mes s'elloyet c hâtez. Voila lecotenudefbn procez verbal, côme il le trouucraenco-
res auiourdhuy en leurs greffes : deiquels on l'a fidelcmct extrait. On comâdaneatmoins
q tous fulfent liez,&: menez en prifon : &: lcpeupleen multitude infinie s'eftoit refpandu
tout le long de la rue,les attendant auec armes,&: defpitat Dieu Se les Magiftrats, dequoy
l'exécution n'en eftoit délia faite . Tellement que quand ces poures gens ainfi liez Se gar-
rotez les vns aux autres vmdrét à palfer, ils cômencerct non feulemét à leur dire mille vi-
lenies Se iniures,mais à les batre outrageulemét de fufts,dc hallebardes,& îauelines: ceux
principalemet q. elloyct d'aage,ou en robes lôguescar ils lèdonnoyét opinion q c'eftoyet
les predicâs. Martinne voyant cela, voulut refèruer les fémes en la maifon, iufqu aceq ce
melchât peuple fe full efcoulé:mais il ne lui fut iamais poffible.Car ce peuple menaçoit q
luy-mefmeen leroir le bourreau, &: mettroit le feu en la maifon, fi on nelesmettoithors
côme l es au tres.Pourtât ce fut force de les expofer à fa furie: &: auffi ne les efpargna-il non
plus q leshomes,fans aucun rcfpcttni au fexe,ni del'cftat. Car quatre ou cinq exceptées
(toutes eftoyét Dames ou Damoilelles de grandes maifons) elles furent nommées putai-
nes:&: chargées de toutes fortes d'iniures:outragees de coups: leurs accouftremens furent
mis en pieccs-.leurs chaperons abatus de leurs teftesdeurs cheueux arrachez,&: leurs vifa- enomSk
ges fouillez & couuerts d'ordure &: fange . En tel eftat tous furent conduits aux prifons,a ™* Dames
près auoir elle affiegez en la maifon l'ei'pace de fix heures,iufques au nombre de fix à fept ^
vingts. Et çôbicn q ce fuft cotre tout droit,q perfonnes faifies,& entre les mains du Magi-
ftrat,fufiétain(î meurtries & outragées des particuliers: fi eft-ce q iamais enquérie aucune
n'en fut faitc,pourcc q c'eftoyctChrefties q auoyet eflé outragez. mais Dieu vouloitainfi
triopher en l'opprobre Se ignominie des liés. Or s'ils furet mal traittez par les rues,ils n'eu
rent pas mieux en la prilbn du Chatlelct,en laquclleilsfuret premieremét conduits. Car
les br igans de voleurs furent retirez des folles Se crottés .les plus infecls,pour faire place Se
y mettre ceux-ci:le boire & le manger refufé à beaucoup d'entre eux , iufqucsà bie n long
téps.& inhibition faitcdcdôncreiurceàperfbnnepourles vilîter.Toutefois Dieu ,quia
toufiours le foin des lies, auoit pourueivà ce qu'ils ne demeuraftet fas côfolatiô. Car pour
legrâd nobre de prifonmers, les geôliers auoyet elle côtrain s d'en mettre plulicurs en vn
mefme lieu-.tcllemct qu'il s'en tiouuoit toufiours qlcun plusfortifié q fes côpagnons,qui
dônoit courage aux autres . De tous coflcz Pfeaumes fechantoyent, Se retétilloic tout le
LL.iii.
D amol-
lies. '
Liure VL La perjecution
Chaftelet des louanges de Dieu :fuffifant tefmoignaged'vnefinguliere afleurance qu'ils
portoyét en leurs cœurs de leur innocence.
Calomnia Cependant le bruic couroit par tout de cefte prifc:&: propos diuérs fetenoyet de-
fur les chrc çà &: delà , touchant ce qui s'eftoit fait en l'aflemblec : &: ( comme l'ignorance fe fait aifé-
iiicns' mentaccroirc le pis qu'elle peut de ceuxqu'ellea en haine) la commune opinion eftoit,
qu'en s'eftoit là affrmblé pour faire vn banquet , 6c puis paillardcr pcflc meilelcs châdeL
les efteintes. Ils adiouftoyent aufli pour mieux accouftrer ce menfonge, qu'il y auoit des
nonnains &: des moines: tant ces bons religieux de la Papauté fe font acquis bonne repu-,
tation de faintteté, que s'il fe fait conte de paillardi(è&d'infamie,il faut qu'ils loyentdc la
partie, par lacôfeflîon mefmedc ceux qui les fauorifent. Les Prefchcurs de leur cofté cm-
ployent profnes &£ lèrmonsà leur imprimer ces menfonges:dilbyent meline qu'on y tuoic
T fi. „ les petis enfans,& autres chofes femblables, dcfqucllcs Satan a voulu diffamer l'ancienne
fon ApôkT Eglife.Et ce bruit eftoit non feulement entre le cômun peuple : mais entre les plus grans,
genque. julques au Roy: auquel on talcha de le periiiader par faux rapports. Charles de Lorraine
Cardinal eftoit lors feul , ayant grande pu iflance en la Cour. On introduit donc l'vn des
luges du Chaftelct,lequel ofa, à l'appétit des aduerfaires del'Euangilc , rapporter à la m a-
iefté du Roy,qu'on auoic trouué en la falle de la mailbn plufieurs païUaiTes , for lefquellcs
fecommettoyent les paillardifes: &: l'appareil aufli dvn bien fbmpcucux banquet, qui s'y
dcuoit fait e:chofe qui irrita grandement fa Maiefté . Car il n'y auoit perfonne qui euft la
hardielTe de contredire. Le Roy entendant ces chofes , & folicité par les ennemis d'elpa-
dre le fang , &: ne foufrrir delTus la terre telles perfonnes chargées de tant de crimes , don-
na charge de trouuer home propre,qui euft lacômiflîô pour en faire bié toft ladelpelche.
dotn«°u *L yauo'c^ors^Pa"svn Lieutenant ciuil, homme de fa£tion,accouftumc àcruautez.
Lieutemnc Vray eft que pour lors il fe tenoit caché pour vne faufleté com mile à l'endroit delà cotef-
ciuil de Pa- fc je Senigan,en l'affaire du duc d' Arfcot:iulques à faire pendre vn de lès gens par faux tef
moignages: toutefois on l'eftima fi propre pour faire mourir perfonnes innocentes, qu'e-
ftant abfous,ou pour le moins les procédures qui fe faifoyent contre luy , celTantcs, on fut
d'aduis de luy bailler la cômiflîon.Luy fe voyant remis en credit,&: en train d'auoir fagra-
cc,fc délibère de faire ce qui lèroit pour gratifiera ceux qui auoycnt cfté le moyen de 1 uy
faire tomber entre les mains cefte com million. Il prend pour adiuteur s lès femblables: il
s'enquefte: il vfe de promefles à l'endroit des vns, de menaces à l'endroit des autres prifo-
niers , s'il en voit aucuns vaciller en la confeffion de la vraye doctrine , pour efchapper la
mort:il leur propolè s'ils ne confeffent Iefus Chrift, qu'ils nelèront point aduouez deluy:
& prelfe leur conlciencc de le confeflèr, par la fouuenancede cefte menace: afin qu'ayans
confcfle,il ait occafion de les condamner,*: d efpandreplus de fang.Tellcmét qu'en peu
d'heures il eut mis beaucoup de procès en eftat de iuger.
Voila com ment les ennemis le gouuernoyent de leur cofté :8c eftoit la ioyefl grade
par tous les quartiers de la ville, qu'on ne voyoit que triôphes de vittoirc deçà & delà , cô-
Commct fc mefi en vn feul iour toute la doîtrinedel'Euangilecuft efté opprimec.Mais de l'autre co-
jortoit fté le demeurât de f Eglife lè trouuoit en vne merueilleufe perplexité pout l'emprifonne-
il™Ef>\îte ment & détention de leurs frères :& n'y auoit que pleurs &gcmiflcmés en leurs familles,
de Taris. Toutefois ils ne perdent point courage. Ceux qui auoyent la conduJtedcl'Eglifcs'Cxhor-
tent les vns les autrcs,fc mettent deuant les yeux la prou idence de Dicu,par laquelle ils a-
uoyen t prefquc tous efte deliurez de ce danger: que c eftoit bien vn allez lu f filant témoi-
gnage qu'iHe vouloir encores leruir deux pour entretenir ceft œuurecommcncé.Qucla
perlècution neftoit point arriuec fans qu'ils l'euflen t preueuë dés long tcps,& s'y fuflent
appreftez,commeà vnechofe commune à tous ceux qui veulent feruir à Dieu:& pou rtât
n'en deuoyét point cftre tanterfrayez,que de quitter la vocation à laquelle Dieu les auoic
appelez.Que cefte affliction neferoit pas la ruine de rEglifè,mais pluftoft l'auancemet: Se
que de cefte façonDicu auoit accouftumé d'auancer fon règne &: la prédication de fon E-
uangile. Ils en auoyent les prorneflèsen la parollede Dieu , & l'expérience en toucl'cftat
de l'ancienne Eglilè.S eftans ainfi accouragez, &ayans remis leurs vies entre les mains de
Dieu, premièrement ils mettent ordrcqucleurs prières extraordinaires fc facent par tou-
tes les familles,&: qu'vn chacun s'humilie deuant Dieu. Secondcmét, que ces faux bruits
qui couroyent de leurs fain&es aflembiees, au deshonneur de Dieu ,foyent rabbatus par
dcfcnlès&: Apologies:& finalement que les prifonniers ayent lettres de côfolation le plus
fouuent qu'il leroit poflible.
Us
Ils font donc vne remonftrancc bien longue au Roy,& la font fecretteitient tomber ^c°cn~u
en Ta cbambre,&: venir entré les mains.par laquelle ils tafehent d'adoucir fon cceur,impe- roy Hci y.
trer audience à leur caufc,& ofter celle mauuaifè opinion d 'eux,quon luyauoit imprime
malicicufement. Ils rcmonftrent que c 'eftoit à tort qu'on les chargent de choies û énor-
mes enuers fàMaiefté : que c 'eftoyent calomnies qui n'eftoyent pas nées de ce téps, mais
désle commencement auoyentefté mifes fur l'EgLife de noftre Seigneur IefusChrift:par
lefquellcs Sata& auoit tafche débander les yeux aux Rois & Princes, &: les cfchauffer à
l'encontre de l'innocence des Chreftiens : &: maintenant ne luy eftoyent rapportées par
autres que par ceux qui défirent opprimer la vraye Religion , pour retenir les richelTes
qu'ils ont vfurpees delîus l'Eglifc.Qu'il deuoit mettre ordre auât touçes chofes, que bon-
ne enquefte en fuft faite,& ne croire point de leger,mefmes en vnecaufedefi grandcïm-
portance.Car s'ilfuffiibit d'accufer,qui feroitinnocét? S'il luy plaifoit s'informer de la ve-
nte,il trou uer 01c qu'autre chofe n auoit a m a/Té ces poures gens enfemble,queledefirde •
prier Dieu &c pour luy &c pour la conferuation de fon Royaumc.Que leur doctrine ne téd
point à iedition ni à la ruine des Principautez,comme on les charge.Car l'expérience luy
auoit bien monftrc le contraire.Et n'eftoit faute de nombre quefèditiô ne s'efmeuft:mais
la parollc de Dieu(qui feule eft leur reigle) leur enfeigne de ne point attenter ces chofes,
ains rendre toutdeuoir d'obeififance aux Seigneuries eftablies de luy,. Pour conclu fion,lc
requirent inftamment qu'il ne fouffrift point que la caufe des ge*s de bien foit ainiî con-
damnee,fans auoir audiéce aucune, veu que cela n'eftoit point mefme refufé aux voleurs
&brigans.Ccs lettres furent leucs en la prefence du Roy , &: de tous ceux qui fe trouue-
rentenfâchambrermaiseliesneicruircntderien. caries aduerfaires les curent in conti-
nent acculées de faufTeté:& cependant perfonne nesofoitprefenter pour répliquer &C
maintenir le contraire.
1 1 y eut vné autre defenfe faite & imprimee,pour feruir en commun à tout le peuple, ^°^e
fr, luy faire aufsientendre la vérité des chofes fufdites. Ceftedefènfe eftoit briefuc,&: tel- *:
lementdreuec queles Docteurs del'ancienne Eglifc y eftoyent introduits , eux-mefmcs
defendans cefte caufe, qui leur auoit efte commune auec nous. Car il femble , que ceux
qui fe difcnt leur porter honneur,deuoyent eftrefatisfaits par ce moyen,fan s qu'il fuft be-
foind'vfer de defenfe plus longue. Nou s auons bien voulu la mettreici de motàmot, à
fin que toute la pofterité puifle cognoiftre que telles afTemblees pour ouirlaparollede
Dieu,ne font deftituees deiuftifications.
Teneur de l'Apologie.
j 'IL eft bien grief à tous ceux, qui cheminent droitem en t ,'d'eftre blafmez en biefi
gfaifant,& mettent peine à bon droit de manifefter leur innocence: à plus forte rai-
son ceux qui tafehent à cheminer en bonne côfciencedeuant Dieu,& le feruir pu-
rement fclon fa fain&e volonté, doiuent auoir le coeur bien faifi, voire tranfpercé,Cjuand
pour aùoir cèrehé de plaire à Dieu,non feulement ils font tormentez en leurs corps,mais
aufsi opprimez ÔC accablez de diffames & opprobres enleur renommée. Carcelaneft
point pour leur regard feulement, comme es autres ^affaires communs, maisdaùtant
qu'en leurs perfonnes le nom de Dieu eft blafphemé , &: la fain&e doctrine vilipendée
par impudentes calomnies. Le pis eft,queîes hommes feront bien ouis en leurs deffen-
ies, quand ilnefèra queftion que des affaires de ce monde: mais fi Dieu &: fon 'fer*,
ùicey font méfiez , tes oreilles feront eftouppees, il n'y aura lieu d'audience, toutes ac-
cufàtions,quelqnes faufies qu'elles foyent,feront receucs , les péfees des homm es feront:
tellcmet préoccupées de haine &: de rage,que celuy quicôtrouuera contre les enfans de
Dieu crime plus dcteftablc,fcrale mieux efcouté.Te/fc a eftédés le commencemettafluce de Sa
tanière àe menfonge^ d'enfônelerles cœurs des hommes >aj\n (jue la bonne caufe foit condamnée fins en
faire tuile cognoifjancc. Lifonsles complaintes que fait Dauid contre fes calomniateurs, &c Eirmplcdc
nous trouuerons qu'il ne luy eftoit point fi grief d'eftre banny de fon pays , priué de fa fa- ^"y^et.
mille^ic de fes bicns,nc d'eft rc tormenté en fon corps , que de fe voir diffamé par faux
blafmcS: d'autant qut ceux q. le perfecutoyét,nc s'adrefToyent point à luy feulémér,mais
àDicu,auquclilauoitobey. Surquoy n'ayant aucun lieu de defenfcs,ne perfonnequi
fouftint fa caufe, il fe retireà Dieu,fe defehargeant de fes fbUicitudcs & angoiiTeS fur luy.
Cependant il n'a point lailTé de les mettre par eicrit,afin qUeibû innocence fuft à ia mais
LL.iïii.
Liurc^ VL La iufttu defenfau des ajfembleei
cogneuë,&: que tous ceux qui feruent à Dieu prennent exemple de confiance & fermeté
en luy.Le femblable ont fait les Chreftiens & Martyrs de TEglilè primitiue, lefquels nous
fcuïdi' fc monftrentbien que ce que nous expérimentons auiourdhuy pour la mefme caufe,n'eft
Lt i preict pas nouueau:&: pourtant n'en deuons-nous point eftreeftonnez.Sieft-cequ'entât qu'en
nous eft,nous déclarerons noftre innocence,comme ils ont fait:&: fi les hommes ne nous
•veulent point ouir,nous plaiderons noftre cauie deuant Dieu, en la prefenec duquel il fau
dra que ces perfècutcurs &c calomniateurs fe trouuent , où les li ures feront ouuerts , &c ce
qui eft caché, manifcfté.Qr nousauons affaire à deux manières degens qui nous calom-
nient:les vns font ignorans,& les autres fauans . Les ignorans font menez d'vne brutalité
cnragee,&: ne demandent que noftre fang,& à nous voir en pièces, ou en poudre. Ils fe
perfuadent aifément tout le pis qu'ils peuuent penfèr de nous: & fur cela il leur féble qu'il
n'varienqui ne leur foit licite à taire à dire contre nous,& nos aifemblees. le laiifeà
parler de la cruauté dont & grans &C petis ont vie depu is vingteinq ou trente ans ença co-
tre les enfans de Dieu : mais n'agueres on a apperceu com me cefte rage s'cnrîame de plus
en plus: ainiiqucle populaire a bien monftré en la fureur dontilaefté efmcu contre
hommes Se femmes craignans Dieu, &: mefme contre Dames & Damoifelles d'eftat &: re
nom,lefquelles autremét il n'euft ofé regarder qu auec crainte &: reuerence.Mais comme
ceux-lan'ont rien tant en haine, que lepurferuice de Dieu, ils n'ont eu auiïi aucune ver-
gongne deuant les homes :&: fans auoir dgard ni à eftat ni à fexe,ontietté outrageufemét
les mains fur leldites Dames fans authorité de Iuftice,les decheuelâs,les fouillans de fan-
ges &: ordures,leur pillans leurs bagues &ioyaux.Et tout cela eft fouffert,pource que tout
Se iôtre C^ ucice contre *es Chreftiens.le laiiîé,dy_ie,à parler de ces choies qui leruirôt à autrear-
icsChrcftics gument. le diray feulemét vn mot des blafmes & faux crimes qu'ils impotent à telles per-
{bnnes d'honneur,dontlapudicitc&:chafteté eft affez cogneuë.N'eft-ce point vne mali-
ce par trop effrontée, ie ne dy point aux petis feulement, mais bien aux plus grans, de iu„
ger ainfi contre leur confeience de celles qui n'ont iamais efté atteintes ne foufpçonnees
detels blafmes,& dont la vie a reluy , mefme depuis que Dieules ailluminees afTezfufn-
famment pour fermer la bouche à toutes mefdifances ? Ne faut-il point qu'ils foyent en-
forcelez du diable qui eft leur pere,calomniateur & autheur defauffeté ? Car aufîi ne peu-
uent-ilscombatre la vérité que par telles armes .Mais loué foitrDieuquelavie& le fai£t
les peut dementir,tellemcnt que leurs calomnies ne peuuent auoir lieu qu'entre leurs (e-
blables.Toutef ois afin que plufieurs fîmples,legers à croire, & qui ne font menez de telle
malice,commc eux, ne foyent abufez:nousauons bien voulu dôner ceft aduertifTement,
auec vn brief recueil des pafTages des ancies Docteurs de l'Eglife:par lefquels il appertque
tels deteftables crimes ont autrefois efté impoièz aux Chreftiens , afin que leurs mefmes
propos nous feruent auiourdhuy de defenfe contre ;ous ceux qui nous calomniet. Et puis
que nous fouftenons tous vne meïmecaufe , ilnousafemblé qu'il valoit mieux ainfi cou-
cher leurs mefmes fenteces,parlans pluftoft parleur bouche que parla noftre , afin qu'on
cognoiffe de quel efpritfont menez ceux qui nous perfecutent.Telles fcritençes mefmes
nous feruiront contre les fauans, qui cognoiflent bien que tels blafmes nous font mis fus
par calomnie : mais ils ne lanTent pas de nous arguer de témérité &: incqnuderatjon . Qr
ils cognoiftront par la le&ure des chofes fuyuantes , que nous n'auons rien fait ny entre-
prins,qu al'exemplc des anciens Chrefticns,&. fain&s Martyrs, lefquels durant les perfe-
cutions felbntaffcmb lez en cachette, &: (buuent de nui&: &: ont efté bénits de Dieu en
tout leur ouurage,encores qu'ils ayent enduré perfecution.Lifez donc ces çhqlêsattenti-
uemét au nom de Dieu,& prenez garde à tels cxeples,ann de n'eftre tranfportez par faux
bruits,ne deceus par les iugemens des hommes.
DV Chap.I.de TERTVLLIAN en fon Apologétique.
ccfiïddq- q'I l n'eft loifiblc de faire apparoiftre publiquement quelle eft la caufe des Chreftiens,
mkrenTrè ^ ^ ^es nainCsqu'onleurporte,les empefchcntd'eftre ouïs en leurs defenfes>àumoins
les Lanm vi qu'il fbir loifible que fecretement par le moyé des lettres la vérité foit manifeftee, îaqucl-
noit l an de je nc fUppijc autremét pour fby-mefme,fàchant quelle eft fa conditionne fentanc eftran
grâce zoo. ^cre en |a cerre,^ cognoiflant combien il eft facile que les cftrangers ayee des cnnerûft.
Or nos ennemu Jbnttels^uils condamnent noftre caufefins quelle foitouyc. ne voulant ouyr (e^qutfiànt
ouy,ne pourrait ettre condamné par eux. 'Or y a-ilrien pltu iniufte , <juode hoir ce cjuon »# œgnoit point?
Veu donc que les hommes hauTenc cequ'ils n'entendeot, pourquoy ne nous lera-il per-
mis defuiure cela qui deuroitcftrecogneu,&qu'cftantcogncu ne féroit plus hay comme
il eft
de tSglift de Taris, 477
jj eft ? Certes la faute des homm es apparoit clairement en ce qu'ils crient par tout,que les
Tilles font afsiegees à caufe des ChrcltienSjpourautant,difent-ils , que de tout lëxe , aage*
côdition &c eftat on en voit qui prennét ce nom de Chreftien.Et toutefois ce qui les peut
efmouuoir à.cela,n eft point cependant confideré par ceux qui les blal'ment. D'auanta-
gc^laueuglement des hommesfc monftrecn cela, qu'ils nous eftiment mal-faiteurs : car
la caufe des mal faiteurs eftouye, debatue, &* défendue y&nya que les Chreftiens aufquels il nesl per-
mis de dire chofe qui face entendre leur caufe,ne qui défende la vcrité,&qui empefche le mge deslrt tufte.
Cependant ce faux bruit court,que les Chreftiens tuent &: mangét les enfans,&: qu'ils Chap.t.
commettent paiJlardiiès inceftueulès:& les iuges tafehent par force à faire confeflei- cela
à ceux qu'ils tiennent, encores que telle choie aicefté défendue parTraian Empereur,
auquel Pline fécond auoit eferit, qu après longue inauifîtion il nauoit rien trouuédeU façon de faire des
Chresltens,finon qu'ils saffembloyent de nutil pour chanter a Iefù Chrifl & a Dteu,pour conférer de leur
doctrine,defendans toutes pailltrdif es, adultères, & tous autres vices.
Mais veu que la venté eft contraire à ce que les hommes nous impofent, pourleder- chap.3.
nier ils mettent en auantl'authorité des loix,lefquelles,difent-ils, nepeuuent eftre retra-
itées. ^ Or prcmierement,quandles hommes dilènt,qu'on ne nous doit point laifter cliaP-4-
viure,defiailsdemonftrent leur inique domination,&: ne font point profefsion delà loy,
mais de force &: violence. Et quant à la loy, h* cela eft bon que la loy des hommes défend:
cefteloyme le peut elle défendre ?Trouue l'on eftrange queles hommes puùTent faillir
en ordonnant des loix, &: fe corriger en les annichilant ? Et mefmes l'expérience l'enièi-
gneaûeztous les iours,quand on voit les loix anciennes abrogées par les nouueaux edi£ts
qui fefont. De là s'enfuit,que ne le nombre des ans, ne 1 authorité du legiflateur recom-
mande la loy,maisla feule équité &iuftice. Q^e fi la loy eft iniufte,à bon droit elle eft re-
iettee.Mais encores com ment eft-ce que les loix font obferueespar ceux qui nousconJ
damnent? Si nous auons commis chofe contre Dieu &C les Princes, pourquoy ne lbmmes
nous ouys?Il n'y a aucune loy qui empefche debatre du fait qu'elle defend,&: n'y a iufte iu
ge qui puifte condem ner iàns fauoir que ce que la loy défend a efté com mis: & ne le peut
fauoirfanscognoiftre premièrement quelle eft h chofe qui eft condamnée par la loy.
Dont il appert, que la loy eft[us~fecle,ft elle ne veut point efhre examinée , & es? tniusle ,fineftant
pomtexamtnee,ellea lieu.
Quant à l'ancienneté laquelle vous dites que les Chreftiens trafgreflent , vous la louez chap.*.
toufiours,& cependant deiour en iour vous viuezd'vne façon nouuelle,retenansles cho
fes que vous deuriezlaùlèr,&laiû*ans les chofes que vous deuriez retenir. Maintenant
ie yeux refpondre aux calom nies que l'on nous iette fus, touchant les horribles melchan-
cetez que l'on dit eftre commifes par nous en fecret. On nom aceufê d'vn meurtre de petis en*
fans-.on dit qu après le banquet &• après que les chandelles font eflemtes,nous commettons incefles & ton
tespaiUardifesdeshonnefles. Ornousfommesfouuent defcouuers en nos aflemblees ,nous
fommes fouuent opprefTez en nos congrégations : qui eft ecluy', qui ait onques là trouué
des enfans fangias?Qui eft celuy ,qui ait veu aucunes marques de paillardifè aux fem mes?
Et qui eft celuy,qui ayant veu ces chofes,les euft celées i Si vous dites que nous les commettons
en fecret, comment dfhtc les fauexyous ? Si vous ne les fauexjdes nofhres , comment le faune\ vous des e-
fbranger$,lefquels ne font receus auec nous?
Et quantau commun bruit,fa nature eft cogneuë de tous:le bruit n'apporte que men-
fongeleplusfouuét,& mefmes ce qu'il a de venté quelquefois,eft toufiours mefle parmy ap'*
lemenfongc,adiouftantou diminuant de la vérité.
Or que nous rapportions à laconfcicnce de ceux-là mefmes qui housblafment, s'en chap.8;
trouuerd-ilvn qui efiime queU nature des hommes peut endurer meurtrir les enfans,ou après {commet on
dit) que les chandelles font efteintes,commettre vilenies fi exécrables?
Et quant à ce qu'on nous obie&ç que nous ofFenfons lamaieftc des Princes, que l'on chap.30,.
fâche que nous prions Dieu pourleurfalut, nous prions quil leur donne longue vie, principauté affeurec,
fortes armees,le Sénat fidèle& le peuple bon & vertueux.
D'auàntage^comment ferions nous rebelles à nosiuperieursjveu que nous fupportôs ctaP-37-
patiemment les iniurcs qui nous font faites pzrvn chacun ? Recognoiflez celacnvouf-
mefmes. Combien de rbis auez vofrs exerce voftrc cruauté contre les Chreftiens ? Com-
bien de fou le peuple enragé de fa feule authorité nous a-il affaittvs auec pierres & feux ? OÙ cftU vengeant
ce que nous en auons prife , encore <Jucn vne nui& vn peu de feu nous en végeroit aftezîMais
ian'aduienne, qn* vntclfeu des hommes face la vengeance du mefpris delà do&rinede
L/Wro Vh L* iuficj defenfc^ des ajfemblees
Dieu. Au refte,penfez-vous,qucle nombre degens nous deraille?Les nations eftrangcrcs
qui vous font guerre,ont leurs pays limitez: mais no'fommes efpars par tout le môde,&:
mdraes vos villes, vos villagcs,vos cours, vos armées, vos maifôs font pleines des noftres,
& ny a que y os teples que nom Lujfons a yom feuls. Que fi noftre do&rine ne portoit deftre plus
toft tuez q tucr,nous euftïons peu,voire (ans armes , vous combatre par vne feule efmeu-
te.Nous meritôs donc d'eftrepluftoft tenus pour vos citoyens, quepour vos ennemis.
Et pourtant qu'on n'eftime point de nos aflemblees ce qu'on eftime des conuéticules
chap î8' Se factions feditieulcs:car nous ne faifons rien qui approche de cela, &: ne l'ommes eûneus
degloire nedambitionà nousafTembler.
Cliap.j? Mais nom-nom ajfemblons , afin queftans ynu ensemble nom inuoquions Dieu, nom prions pour les
^'Tff^nbïit Pnn<:t*->&t pourcl'ux qui 'ornement fom leur main:ipo\.u les puilTances, pour 1 cftat &c traquillicé
ksfiilcj. de toutes choies, nous-nousaflemblons pour faire cômemoration des lain&es Lettres, &:
les accômoder à noftre téps : nous- nous aflemblos pour nourrir noftre foy de fain&es ad-
monitions,pour nous accroiftre en efperance, &: pour nous confermer en vrayefoy,pour
appredre la doctrine des cômandemens de Dieu, ily a exhortations, corre&ions & cenfttres di~
uines. Si quelcun a tellemét failly qu'ilfoit rcietté de la cômunication des prières &: de tou
te l'affe m blee,en cela i\y a des ^Anciens approuuex^ quiprefident , ayans receticeft henneur par bons
tefmoignages,& non parargent.Co.rles choies de Dieu ne s'achètent pat argent. Chacun qui
peut,apporte quelque choie par mois,ou quand il veut (car nul nyeft côtraint)&ces cho
les font côm me vn déport de pieté : car on n'en dépend rien en banquets O* yurongneries, mau le
tout eft employé à nourrit 'les poures, enterrer les morts, à fubuenir aux poures enfans , aux pupilles, aux
poures vieillards,&: à ceux qui font prifonniers pour la vérité de Dieu,& qui la maintien-
nent. Cefte aftemblee donc des Chreftiens meritc-cllc d'eftre appelée illicite, de laquelle
nul ne fe peut plaindre? Nous fommes-nous iamais afTemblez pour faire tort à quelcun?
Or quâd les gens de bien s'auemblct, vne telle ajjèmblee mente <T eftre appelée Sénat, & non pas
laC°\^lvTt c0',we'/,f'o'^e'0'*/*r^'0,*'^r »ow ^/?i«rr/enrrf ce«x: ^tt/cowj^/rewr co»frr /« èowy, /ô»r e^rfHre /tf fang
quelque"™! innocent, & cepedant reiettentfur les Chrefties la caufe de tom les maux ft'ils endurent. Si le Tybre fe def.
oc enecon- bordeSile Nil n'arroufe point le pays, s'il y a fechereffè, tremblemet de terre, famine, ou pe$Je,incontinei il
ftiens. faut j aire mourtrynQbreïhen.
chap.40. Côbien q toutes ces chofes aduiennent,& foyent aduenues de tous téps, pour les offen
fesqleshômes font & ont faites contre Dieu.^~Or non feulement le populaire aueuglé fe
' ,ap"4<î' rciiouit de la cruauté qu'on exerce contre nous,mais aulïl quelques vns des plus gras qui
conduifent le peuple. Vous donc, ô luges, qui voulez eftre eftimez meilleurs en tuant les
Chrcftiés,condânez,tormétez,debrifez-nous. Car puis queDieu foufrreqnousibufFriôs,
voftre iniuftice fera preuue de noftre innocence. Cepedant quant à \ous,voftrc cruauté au*
gmentera noftre nombre, y eu que le jang des chreftiens eft la femence de leur doflrmex &: quat à nous ,
noftre patiécè que vous appelez opiniaftreté,enfeignera afTez que la caufe pour laquelle
nous foun°ios,eft tellemétcôdânee parles homes,q cepédantelle eft approuueedeDieu.
L V Y-M E S M E,au liurc à Scapula,prefident & gouuerneur de la ville de Carthage.
O n nous diffame auffi quat à la Maiefté de nos Princes,& toutefois on n'a point trou-
ué de Chreftiens féblables à Albin, ou à Nicc,ou à Niger,ou à Caffîus: mais ceux-lamef-
mes ont efté approuuez ennemis de la principauté & Duiflance fouueraine , qui auoyent
iurc le iour précèdent par leur ange, qui auoyent voue facrifices, & les auoyét rédus pour
leur lantc,qui auoyent fouuent condamné les Chreftiens.Zf chreftien neftennemy d'homme
y tuant ^beaucoup moins de fon Prince, lequel il fait eftre ordonné de fon Dieu: à caufe dequoyJl l'aime,
rcucre,&: honnore. Nous donc honorons noftre Prince en telle forte qu'il nous eft licite,
&àluyexpcdient:aflauoir,comme vn homme fécond après Dieu,qui tient tout de Dieu
ce qu'il eft,&: qui n'eft inférieur à autre qu'à Dieu.
Aumefme Qv 1 eft et 1 uy, qui ait eau lé de fe pleindrc de nous fquel empefehement ou affaire a le
tou*- Chrcltié,(inon à caufe de fa lccïe,laquelle toutefois nul par tant de laps de temps n'a peu
encores conuaincre d'inceftes ou paillardifes in&mes , ou de cruauté ? Et toutefois. nom
fommes bru/le^ en telle innocence, pour vne bonté,pour utifice, pour honnefteté,pour fidélité : brtefpmtle
Diewviuanv. <& nom faitmm pigment qu'aux facrdeges> (y aux ennemi* de la République, &* à tant de
coulpables delefe maiefté.
IVSTIN MARTYR, an Dialogue qu'il a fait auec
Tryphon contre l<» lH>f*.
de tBglife de Paris. 4.7S
Or. voicyccqucicdy: Ne vous eftcs vous pas pctfuadez de nousj que nous mangeôs ^eSd°-
la chair humaine, &c qu après le banquet on efteintles chandellesj pour fe veau trer en de- fOJt i'andc
teftables paillardifes ? Ne nous condamnez-vous pas de ce mefme crime, d'autant que ci- gr«e i4o.
coutans attentiuement telles parolles, toutefois nous necroyons point,ce vous icmble, à
la vraye opinion >. CeftceL mefme, ditTryphon Iuif, dont nous fommes efmerueillexj. & quant
au bruit qui fefeme de vous,ilri'eft point raifonnable de le croire: car cefont chofes fort abhorren-
tes de la nature humaine. Aufsi ie fày , que les commandemens qui vous font exprimez
en rEuangilc,y font du toutcontraires,& mefmes font il merueilleux , &: fi grands queic
penfe que nul n'y peut obéir: car i'ay eu foin de les fueilletter.
L V Y-M E S M E, en la première Apologie pour les Chreftiens.
D v temps que ie prennoye plaifir à la difeipline de Platon , oyant que les Chreftiens
acculez n'eftoyent touchez d'aucune crainte, ny delà mort,ny des autres chofes qu'on e-
ftime horribles,certes ie ne pouuoye penfer qu'il y euft vice en eux, ou qu'ils fulTent adon
nez à leurs plaiiirs . Czï,qui eft celuy qui eftant yoluptueux & charnel,atlle toyeufement à la mort, par
laquelle il perde toutes [es commoditex& p^tÇm\
SAINCT CYPRIEN au premier Traitté contre Demetrian.
Ce S. do.
Tv disqneplufieursfeplaignans, eftiment,que les guerres qui s'efmeuuentfouuent, fo™ffn°jf
les pertes* les famines,les longues pluyes aduiénent à caulè de nous,&: que tous les maux grâce w>.
dont le monde eft troublé, nous doiuent eftre imputez, d'autant que nous ne feruons
point à leurs dieux:or quils fachet au contraire queues! pour autant que Dieun 'ejl point feruy par eux.
ARNOBE au Hure huitième contre les Gentils. Auquel en la perfonne de Cecilius payen,recite les
crimes qu'on impofoit aux Chreftiens anciennement:& en la perfonne d'O&auius
Chreftien,refpond à toutes ces calomnies.
CeS.perfon
L^i fetle des Chreftiens (dit Cecilius pay en) eft recueillie des pin ignorants, & idiots ,desfem- JSrandif"'
mes fragiles & légères a croire, lefquels tous enfemble fe rallient es congrégations qu'ils font de nuttl. grâce tu.
C'eftvne nation qui aime les cachettes, &fuytlalumiere: qui eft muette en public, ba- j^f*^
bilhrde en fecret, qui ne tient conte des temples, fe moque des dieux, &: de leurs facrifL cruelle per-
ces, &d'vnefollie admirable, àc incroyable audace meïfnfeles tourments prefens, craignant J^jf^"
ceux qui font a venir: àc voulant euiter de mourir après la mort , cependant ne craint point ftitns.au
de mourir. Or comme les chofes mauuaifes cronTent pluftoft que les autres, ainfi celle J^d'°fg
fe&ecroit deiour en iour , & pullule par tout iemonde. Ces gens-la je cognoijfent parcer- moSdT *
tainsftgnesentreeuxy&s'entreaimentf^icCquczuzntque^cognoiiirei&cfont comme reli- trente ioun
gion de paillardife& mefehancete. Ils s'appellent frères &fœurs, afin que leurpaillar-
dife accouftumée fe tourne en incefte : & s'il n'en cftoit quelque chofe , le bruit n'en fe- lurent mar-
roit pas fi grand. On dit au ils tuent & mangent entre eux des petis enfans : & ce q u'on dit de T1/" cn~
leurs banquets,eft tenu pour cei tainratauoirqu ils s ailcmbietaucc leurs enfans,fœurs, pcrfonnes
meres,de quelque fexe,& de quelque aage qu'ils foyen t. Apres beaucoup degourman- tanc fhômcs
di(es,& d'y urogneries , les chandelles eftans eftemtes ils fe méfient cnfemble,comm ettans toutes prirtdpàï?
vilenies,ô£ paillardifes inceftueufes.Ie laifTe beaucoup d'autres chofes qu o enditrmais menrpour
tantya, que cela furfitpour conueincre leur religion en ce qu'ils la tiennent couuerte bTe«ch"rc-
& cachée. Caries chofes honneftes aiment eftre publiées, &mifesen auantrlesme- ftiennes.
fchantes veulent eftre fecrettes. Pourquoy auflî n'ont-ils point d'autel, ny de temples? J£al£5£^f
Pourquoy ne parlent-ils iamais en public î Pourquoy nofent-ilssaffembleren liberté: fi ce n eft bé pagcijj
pourautant que ce qu'ils adorent & cachent, mérite ou punition, ou honte î La plus
grand'part d'eux,& la meilleure,commc ils <kCcnt,fontpoures,endurentjroid,& faim:& cepe
dam leur Dieu n en tient conte. Ils endurent menaces,ils font trainezau gibet ,&: au feu,& ce-
pendant leur Dieu ne les en garantit point, ils rejettent tom paffe-temps, ils nefe treuucrit
point auxïeux, ny aux banquets publiques, ils font pattes & craintif s , te. attend ans vne vie
cternelle,cependantilsneviuentpoint.Pourautâticvousconfeillc,ôChreftieiir,silya
quelque fageile en vous , celiez de vous enquérir des chofes fi hautes , principalement
eftans indodes, mal-apprins,rudes ,& qui ne pouuez entendre les chofes de ce monde,
encores moins les chofes diuines.
OCTAVIVS CHRES-TIBN r«fpon<L
Zjtfro VI* La iujlc^tlefenfc^ dei ajfemblecs
Pag-jm. Ce ti'cftpâsdemctueîlle, fiCeciliusne cognohîantla vérité , cft elbralé dediuetfes&:
contraires opinions,ncfachant à quoyfè tenir . Or afin que cela naduienne plus,ayanc
montré la verité,les choies en grand nombre,& diuerfes>qu'il a dites,teront allez côuain
cuès.ll le fafche que pourcs gens 6c non lettrez dilputent des choies ccleftes.Ie rcfpon,<j«f
tous hommes ont cfté crecx^de Dieu capables defens &de rtf//ôn,reccuans lagefledc luy 6c non pas
de fortune:ioint qu'en difputant on ne cerche point la dignké de ceux qui dilputet, mais
Pag.303 la vérité de la choie propoièe. Dauantâge,/>«« que les yeux pour voirie ael>la paroSe , & la ratfon
Pag J3o. fontdonees deDicuatotahbnesjous font obltgez^de le cognoiftrc^&rieft moins malfaitàene lecognoi-
ftrey que de ïoffcnftr.
i>4g.3ij. I l dit que nous aimons les cachettes : 6c cependant ou par crainte , ou par honte , on
P-»g-3o?. ne nous veut pas ouyr en public . Nous ne tenôs conte de leurs dieux ny de leurs féru i ces:
car nous fauons le tout eftre inuenté par la folie & témérité des hommes ^ Nom mefpnjôns
les T0urmcs,& combattons hardimet contre l'horreur de lamort^par ce que la prefence àc Dieu no ftre C api
umenoHs rend ainfihardvs . Voila pourquoy beaucoupdes noftres ont enduré eftre brûliez,
fans qu'ils iettaifent degrans cris: &: mefme les petis enfans & les femmes ié moquent des
gibets 6c tourmés par lapatience qui leur cft donnee.Et encorcs, ô milèrables, vous n'en-
tendez point, quenulnefevcutprclenterà la peine fans quelque raifon,&: que nul ne la
peut endurer conftamment fans que Dieuluy aiïifte.
Pag.3i*. Et quanta ce que noftrenobre croit de tour en iourte ri eft pas ftgne d'erreur y mais tefmoignage de lou-
ange Nous-nous cognoiflbns entre nous, 6c le figne auquel nous-nous cognoilTons eft in-
nocence 6c modeftie. Ainli nous-nous entre-aimons, ncfachansqueceitdehair. Ainlï
nous-nous appelonsfreresyeftans enfans d'vn mefme Perey compagnons d'vne mefme foy,& hé-
ritiers d'vne mefme efperance.
Pag-3"« Qv a n t aucômun bruit, qui nous charge de calomnies tant deteftables, nous fauons
qu'il e 'fl fem e p <ar la rufe du diable ,afîn que les homes noush ai jfent auant que nous cognoiftreyde peur que
Pa jit nous C0gn0lffensi0H 'k vuetllet nous enfuyureyou ils ne nous puiffent condamner. Or il faut s'enquérir
de ce qui eft vray,ô£ non s'arrefter au èr»/r,lcquel,com me il fe nourrit en menfongey aufti meurt-
Pag.3*4. Hdésquela vérité ' eft cogteue. Nous netuos point les petis enfans,ayan s horreur non lèulemét
Pag.3if. de voir vn homicide,mais aufli d'en ouyr parler. Nous ne cômettons ny paillardifes ny in-
ceftes, ny autres telles melchancetez, lefquelles nous ne penferions eftre au mode fî nous
Pag 3ii nelcs voyons en vous. Cela doit eftre dit de ceux qui contre nature n efme fe fouillent en
toutes vilenies:de ceux qui n'eftimét paillardife que ioyeulèté:dc ceux qui n'ont point de
Pag-3i8 honte des voluptez,efquelIes ils fcdefbordét: de ccux,qui entre leurs autels, au milieu de
leurs temples font marché de leurs paillardilès,traitcnt de leurs maquerelages: 6c penfent
Pag 31* à leurs adu hcres.Noftrc Religion ri eft couuerte ny cachee,encores que nous n'ayons ny temples ny au~
tels: nous dédions Dieu en noftre efprit,nous le confacrons en noftre cœur,nous-nous e-
ftudicHisàinnocéce,prieres,iuftice,nousfuyonstoutemcfchanceté.Voylanosfacrifices.
Pag^r. Noftre poureté ne nous doit eftre tournecà moquerie, mais à gloire. Au refte,ccluy n'eft
poure,qui ayant Dieu pour fa richciTejfe contente du fien,&: ne conuoite 1 autruy.
p D i e v ne nous mefprilc point en nos afflictions, &: n'eft pas impuilîânt de nous fecou
ag',3î" rir,mais nous gouuernât,& aimant les liens, il efpreuue&: exerce par là leur patience. Et
quant aux tourmés,qu'on fâche que levray foldat de Dieu ri eft point delaifféen Joujfrant, en
*afr3J*« mourant Ane périt point. Nous.nous abftenons de vos ieux 6c pompes diflolues , entant que
l'honneftetc 6c vertu nous eft recômandec,&: viuons ici tellement par foy,auc nous fom-
Pag.334. mes a^eurez de k félicité éternelle. Refiouiffons-nous donc d'auoirla cognoijjànce des chofesfihau*
tes,iouijJans de noftre bien fuyons toute impiété & fuperftition.
CcCn&do SAINCT HIL AIRE contre Auxence.
acurflorSî I e vous prie,Euefqucs, qui le pcnléz eftre , de quels lufïragcs ont vfé les ^poflres pour
foitt'andc prefeher 1' 'Euangile?de quelle puijfance ont-tls cfté aidcx^ pour prefcbcrlefus Qhrtft y6c pour quafi
grâce 371. tranfmuer tous gentils de leurs images à DieuîOnt ils prins quelque dignité de palais, en
châtât hymn«s à Dieu en laprifon entre les chaines?Et après auoir cfté FouettéjlPaulaflc-
bloit-il l Egîilè à Chrift par l'edid du Roy » quand il eftoit comme vn fpe&acleau théâtre?
11 le dcfendoit(ce croy-ic)de Neron,ou de Veipafia,ou de Decius , par la hainedefquejs la
confefiïon delà prédication diiùnc a flori. Iceux fe nourriflans de l'œuure de leurs mains,
en s'affemblam dedans les chambres 6c lieux fccrets,& par les rues,& par les villages , enui-
ronnoyét quafi toutes gens par mcr& par terrc,co»rye^ deertts & ordonnances de Sénateurs^
& les edns des Rois.
Du
De l'Egltfc^ de Paris. 47 P
DV PREMIER chapitre du cinquième Liure de Phiftoire Ecdefiaftique D' E V S E B E, où eft contenue v-
neEpiureenuoyeepai les Martyrs de Lion & de Vienne aux Eglifes d'Afie& de Phrygie.
Or onenprenoit tous les iours qui n'eftoyent dignes linon pour accomplir le nom-
bre de ceux qui tomboyent &: ne perfiftoyent en la confection de foy, tellement que des
deux Eglifes on apprehedoit tous les principaux-,&ceux parlefqutls nos Eglifes efloytt principalement
gomernus. Il y a eu aulfi quelques payens (bruiteurs des noftrcs , qui ont elle enlèmblé-
ment prinsxarle Gouuerneurauoit commandé que tous tuilent publiquement recer-
chez:&: iceux eftans veincus par les aftuccs de Sacan, & cra gnans les tourmés lefquels
ilsauoyentveufouftVirauxlain£ts,ontcontrouué àl'encontre de nous, àlinftigation
desgendafmcs,qui lesprclfoyent, que nousfailions des banquets dcThycftes^ cita
dire,où on mangeoitdes pctis enfans:&: commettions tels inceftes que Oedipus,& au-
tres choies, lesquelles il ne nous eft licite de dire,ne de penfer, ne mefmes de ci oire que
telle choie ait ramais efté faite par les hommes. Or ces chofes ellàs diuuJguees,r.ous onc
commencé à exercer cruauté contre nous , tellement que ceux qui auparauant sefloyèt por-
texjphs moderemet à caufe de la familiarité que nous auions auec euxy ont eiléplits fort indignez^gr cour-
roucezjcontrenotts. En ce faiiant cftoit accomply ce que le Seigneur a dit,c'eft afiàuoi r, Le
temps viendra que quiconque vous aura misàmort,péferaauoirfait vnferuiceàDieu.
Partant alors les faincts Martyrs ont foufFert fupplices fi grans qu'on ne lauroit racôter:
& Satan faifoit tous l'es efforts pour leur faire dire quelque blafpheme.
DE L'HISTOIRE Ecdefiaftique au quatrième liure, chap.i8.où il raonftre la perfeuerance de ceux qui
frequentoyent les aflemblees Chreftiennes en la ville d'Edefle, au pays de Mefopotamie.
On dit, que l' Empereur Valens ayant voulu voircefteaffemblee ,&: cogneu que toute «wcJIîi,
la multitude de ceux qui saiiembloyent,deteftoitfonhereiie,//^rf de Ja main le Preuoft, 'rJZ*^
pourcequilriauoit point mu ordre quon les chajiisl de la.Ot comme ainfi ioit,que le Preuoft avat ,M'
reccu cette iniurc.furt preft d obéir maugre' qu'il en euft à la colère de l'Empereur, il fît
lauoir couuertemcntquenulnefufti'urprinsen ce lieu de martyre . Car il nevouloïc
point commettre vn tel meurtre de tant de gés. Mais iln'yauoitperlbnne qui acquief-
çallnyàfonconfeilnyà Ces menacesxar le lendemain tous saHemblerét en l'oratoire.
Or comme le Preuoft ayant auec foy vne grolîe bande de gendarmes s'en alloit vifte-
ment à ce lieu de martyre pour mettre à exécution la colère derEmpercur,vne poure
femme trainât fon enfant par la main,couroit au martyre,&: rôpoit l'ordre des fatellues
du Preuoft .dont le Preuoft eftant indigné , commanda qu'on la luy amenafe , &: parla à
clledifànt:Ow vo6 tuamfifollemet&àleJlourdicyma.l-hcMCu(ccrcazure^ elle refpô-
dit,Ievay où les autrescouret.il luy dit:Nas-tu pas entendu que le Preuoft mettra à mort tous ceux
qxiily trouueralhz fem m c re ( p ond it : le l'ay entedu:&pour cefle eaufe 1e me hafte^afin que ie fou au fi * .
làtrouuec. Le Preuoft ayant ouycefterefponfe,s'efmerueille de la follie de ceux qui e- nité.
ftoycntairemblez^vientàrEmpcreurjradueitiftant quetouseftoyentpreftsde mou
rir pour leur roy,&: qu'il n'eftoit point raifonnable qu'vn fi grand nombre de gens fuft
meurtry en vnmomet^parcemoyenilperfuadaàrEmpereurd'appaiferfonire.Ainfi
les EdelTeens efchappcrent la fureur de leurEmpereur,&: ne furent point defFaits.
L'EDIT DE L'EMPEREVR Adrian adreffé à Fundanus, contre ceux qui calomnioyent les
Chreftiens, en Eufebe liure 4.chap.?.
Ta y veules lettres deGranianus, en l'eftatduqueltu asfuccedé.Oril ncmefemble JJi5|ï
point que celle caufe des Chreftiens doyue eftrelaiilèe fans diligente information, afin ''^ de g"ce
que les hommes ne foyent troublez, &auffi qu'on ne prefte point la main à la malice
des calomniateurs. Et pourtant, fi ceux delà prouince où tu es,peuuent prouuer en ju-
gement ce qu'ils propofent contre les Chreftiës,qu'ils le facent ainfi,pluftoft que d'ac-
culer &: crier tant (eulement:car il eft beaucoup plus conuenable,que fi aucun veut ac-
eufer, tu ayes cognoiffance de caufe,& fur cela tu en iuges. 5/ donc quelque chreftti eft accu-
fépar deunnt roy, & qutlfoit prouué qù il ait commu quelque chofè contre nos loix,alors tu en tugeras félon
le deltcl: mats fi aucun pour calomnier les accuje,quilfôitchaslié&*puny comme fa mefèhancete le mente,
f^n c y que nous auons recueilly des Ancicns,pourra inftruirelesvns,&: nous pourra
^défendre àl'encontre des autres. Car qui fera celuy, qui croira du premier coup, ce
qu'on dit de nous eftrevray , s'il eftaduerty qu'anciennement les Chreftiens eftoyent
chargez des mefmes calomnies?Qui fera celuy, lequel nous voyant alTaillis comme ils
ont efté , ne fe vueille enquérir , fi nous fouftenons vne mefme querelle : Se ayans
mefme aceufation contre nous, uous auons auffi vne mefme innocence ? Or
MM.
I/aro VI. La mfle &finfe des ajfemblees
qu'on demande à ceux qui ont quelque iugernétderefte,pourquoy ils appelent chiens
par eux, que fera ce iî eux auiourdhuy tombent en vn me(me vice nous aceufans fauf-
l'cmcnr,nous condamnans iniuftemenr,&: exerçans vnc exécrable cruauté à l'c ncontre
de nousîll eft certain, que ceux qui ont quelque crainte de Dieu en leurs côfcicnces,di-
fentbienauoiren horreur les abominations des Payens:iî eft ce , queftans deceus par
leur ignorance, ils encourent vne mel'me condamnauon, entant qu'ils nous pet fecutét,
ne vovans point que nous auons vne mefmc caufe aucc les Chrcftiens de l'ancienne
Conférence glife. Car s'ils s'aifembloyent en fecret, ne leur cftant permis de ce faire en public , auflî
dw Anciens faifons nous. Si ne pouuans de iour^ils s'afTembloyct de nuiftraufli faifons-nous. Si cftâs
aucenous. aflfenit>lez ils prioyenc Dieu,oyoyentfaparolle,&:communiquoyencaux fainfts Sacre-
més,quenoftrcScigneurIefusChriftainftituczen fonEglii'cno9 faifons le fcmhlablc.
Sien leurs aflcmblees ils donnoyent dequoy pouuoir fubueniraux prcures , nous le fai-
fons au(fi:&: auons dequoy louer Dieu, que plulieurs pourcs, malades &: autres affligez
ont fenti quelque fruift de nos aflemblees. Bref, s'ily auoit ordre, difciplinc , &t ceniui e
entr'euxjaum" v a-il entré no9. Et de fait,(î vous-vo'en eftiez bië enquis,vous trouueik z
la vérité deeeque nous difons,&approuueriez la bonte'& équité de noftrecaufe. Mais
cornent eft-ce qu'on y procede>Ily aura bien force gens qui s enquerront,qui guetter ôt,
& qui en celaferôt toute dïligécc:mais quoyfon s'enquiert où font ceux de noftre aile m
blee,& nô pas quels vfontton s'enquiert quels font leurs biés,& non pas quelle eft leur
caufe:on conte côbien on en tirera d'argét, &: non pas côbien on commettra de cruau-
tez faifant mourir des innocés:& cependant chacun forge à (on plaifir de nouueaux cri-
mes pour nous mettre tus, en defguifant la cauie , pour laquelle nous fouffrons.On par-
le de ces crimes par les carrefours, par les rues,& parles maifonsrmais on n'en parle poîc
en vn auditoire , là où il foit loiuhle de fe défendre. Et par cela on voit, que tout amjl que
nous faifons les mefmes chofes qui ont eflé faites parles anàens fidèles nos predccefjeurs, aufit nous enduros
les mefmes outra<re$-.& rien rieftmvs auiourdhuy en auant contre nows^ui naît eslé obiectéà ceux del 'an-
cienne E°fife. Car nous charge-on d'eftre feditieux,&: faire conuenciculesron les en ehar-
geoitaulfi. Dic-on,quenous-nous a/Temblonsdc nui&pourpaillarder-ondifoit lefem-
blable d'eux. Dit-on, que no9 faifons banquets, &C puis qu'on cfteint les châdclles pour
cômettre totte vilcnie?cela aufïi fedifoit d'eux. Et comme on dit,que nous fommes re-
belles à nos Princes,auflî les accufbit on de cela. Dauatage.ils ont eftéfurprins en leurs
aflemblees,aflaillis de pierres &feux,& outragez par le cômun populaire, comme auffi
il nous eft aduenu. Et cependant les Chrcftiens eftoyent toulîours côdamnez,& le peu-
ple abious,côme nous voyons auiourdhuy deuant nos yeux. Tant y a toutefois, que l 'in-
folenccvoire la rage de ce peuple,!! elle n'eft punie par les hômes,elle n'euitera point le
iugement de Dieu,duquel le bras eft defîa leué pour en faire vengeace , fi on le pouuoir,
cognoiftre. Car que ie m'adrefl'e à toy,peuple ignorant & infcnlc,fuu es reuenuà toy-
Oui font mefmc,confiderc quilont ceux qui ont failly,qui font coulpables,&: qui méritent puni-
ceui ou'on cion:ou nous, qui prions Dieu en vne chambre , ou toy , qui eftant efpars au milieu des
doir cftimer rueSjDiafphemois fon S.Nom,criant fans fauoir pourquoyfLelquels eftoyent fediticux,
C° Pâ ' ou nous, quieftionsen vn lieu paifiblc,ou toy,quitroublois tout par tô cry& tes armes?
Lelquels s'elleuoyent contre le Roy,ou nous, qui après auoir prié Dieu pour luy,& pour
toy-mefme,tu(mcs trouuezfans armes,&: fuîmes prins fans defenfe : ou toy, qui fans cô-
mandement,fansauthorité delufticefustrouuéla nu\Ct eftâten arraes'Tu criois, Aux
mefchans:& toy feul cômettois melchâceté.Tu criois aux voleurs:&: toy-meime faifois
la violencecontre nous, qui eftions expofezà tes voleries,&: outrages. Et cependant on
ne laifl'e de crier par rout que nous (ommes mefchas,feditieux, & defobeifTans i noftre
Prince.Quoncroyedôquesmaintenataudircdu peuple.qu'onadioufte fby aa cômun
bruit. Qui croira auflï eftre vrayes les autres menteries , qu'on dcfgorge à l'encontre de
n£us?On dit,que nous- nous eftiôsaflemblez pour paillarderrmais d'où en peutvenirla
Permet°pu- conic£ture?La licence de paillarder,laquelle chacun voit cftre icy,peut-elle côtrein dre
bhcjuement, aucun je fe cacher pour commettre en fecret ce qui le fait manifeftement,& fans puni-
ffcSïl tion,& fans honte? Au demeurant, d'où eft furuenue au peuple cefte nouuelle haine de
«cachette? pCChé? Pourquoy blafme-il en nous le vice,lequel il ne fait point y cftre,5c 1 approuue
es au-
de tEgli/Lj dz_; Paris* 4 80
és autres, cfqucls il le voit eftremanifeftcmenr?Lespaillardifes defespreftres font co-
Kneue*s,elles font dcuât fes yeux, les rues &biéfouuet les maifons font pleines de leurs
baftards:& toutefois on n'a iamais ouy crier le peuple à l'encotre d eux, comme il a faiç
contre nous,efquels il n'a trouué aucune tache de telle mfameté. Que dôques les igno-
rans confiderét cecy à bon efcient,pour ne fe hafter point à nous condaner,de peur qu'-
en nous condânant,ils condamneritauflî leftat de l'Eglife anciéne, voire fe condâne nç
eux-mefmes,enfuyuans la legereré,&; cruauté des Payés.Quanr à ceux quife badent les
veux à leur efcient,& publient contre nous des accufatiôs & calônies,encores que leurs
conlciences les dementent,foit de ceux qui n'ont autre Dieu que leur ambition &c aua-
rice (oit de ceux qui veulent racheter la faueurdes Princes au prix de nosTre fing:que telles gens fâchent
que nous appelons de leur cruauté & tniuftice,deuat la maiefléde noftre Dieu , qui rte delaifle iamais
imf>uny le mefpris de fa parolle,&: l'outrage qu'on a fait aux fiens. En outre fi les (âges
de ce monde tournent en moquerie ce que nous faifons,&£ preftent la main à ceux qui
nous blal'ment,nous les renuoyonsà toute l'Eglifeancienne,afin qu'elle relponde pour
nous: à laquelle (i nous auôs plus d efgard qu'à eux-mefmes,ils nous exeuferont s'il leur p^oya™.
plait,vcu qu'il eft bien raifonnable que le cômandement de Dieu, l'authorité des Apo-
ftres,& l'exemple des anciens Martyrs nous loyenten plus grande recômandation que
la foiblelfoÔÉ témérité de noftrc raifon propre. Nous fauions bien, difent-ils,que vos
aflemblees feroyent defcouuertes,non fans le danger de ceux qui s'y trouueroyen t, ce-
ftoit donc témérité que la vie des hommes fuftainfi hazardee. Voila les propos de tel-
les gens. Mais te vous demande, ô figes, nous pcnfizyvous d'vn entendement fi elourdy, que nous ri~
ayons aufiipreueu toutes ces chofeslN ous fauons bien, que nous habitôs au milieu de ceux qui
haifîent la vraye do&rinetlcur ignorance nous eft cogneuë, & n'auons iamais douté de
leur cruauté, & malice.Nous fauons en outre,que Dieu feelle fon Euangile par les per-
fecutionsmous lauons que l'Eglife en eft toujours enuironnee :mais falloit-il pourtant
cftre priuez des c hofcs,que Dieu a ordonnées neceffaires à noftre falut?pluftoft fachans
la générale condition de toute l'Eglife, &preuoyans comme de loin lesperfecudons à
venir nousn'eftions point admonneftez de quitter tout pour cela, & perdre courage:
mais pluftoft de no9 préparer à receuoir ce qu'il plairoit à Dieu ordôncr de nous:& ainfi
rcmettans tout le foucy de noftre vie entre les mains,nous fuyuiôs le chemin où il nous
auoitrais.lleftvray,quecen'cftpasfelonvoftreconfeil:maistantyaque c'eft félon la
volonté de Dieu,qui ne veut point auoir de ces gendarmcs,lcfquels preuoyans le comr
bat ne veulent fuyurc leur enfeigne. Au reftequand vous ditcs,qu'iï y faut aller petit à
petit,&: que par nos afTemblecs nous-nous précipitons temerairemét: outre ce que non
feulement vous-melmes reculez,mais aufli vous retardez les autres, vous ne confiderez
p as,qu e cehy ne fe précipite point temerairemét, lequel fuit le train que Dieu luy a vnefiis preferit. A in-
fa ont cheminé tant d'excellcns perfonnages en l'ancienne Eglife: ainfi tant de faincts
Martyrs ont flny leur courle,& ont efté couronnez,defquels fi on approuuc& lezeleôc
la conftance,on ne nous peut acculer de témérité.
Or. quant ànous,eftans refolus que noftre Seigneur lefus Chrift nefeprefentefinon
auecques fa croix, fes efpines,&: fes opprobres : & que le fuyuans nous ferons dechalfez
de tout le monde:nous ne nous eftonnerons point des chofes que nous voyons auiour^
dhuy eftre faites à l'encontte de nous: &c ne quitterons point le feruice de noftre Dieu,
encoresquclesignorans nous blafment, les endurcis nous perfecutent, & les prudens charnels fimo~
quent de »ow*:pluftoft eux tous enfemblc nous feront comme vn aiguillon à refueiller no De w
ftrepareire,afin que nous recognoiflîons mieux la grande mifericordede Dieu, qui rc- "^^r
luit fur nous,en ce qu'au lieu de nous laifier aueugles &C ignorans^il nous fait cognoiftre les m^cmes
fa volonté-.au lieu de nous laifTer en noftre endurcuTemenr,il nous flefehit à fon feruice: iu mondc-
te au lieu de nous abandonner à noftre confeil, il nous fait obéira fon commâdement,
afin que courans aptes tant de fidèles 8C excellens Martyrs,nous iurmôtions voftre cru-
auté par noftre patience. Czrceluy auquel nous fermns, que nous préférons à nos plaifirs,
honneurs,& à noftrepropre vie, quivoitles outrages que nous enduros, voit e qui les endure a~
liée nous,celuy , dy-ie, nous fera grâce de cotinueriufques à la fin^omme aufii ont fait tous les fiin&s
Martyrs,qui ont eflédeuant nous •■afin que toutainfique nous auons vn mefme Capitaine a-
ueccux, que nous maintenons vne melme querelle, &fouftenons les melmes aflauts:
aufli cftans armez d'vnc melme confiance, nous iouyCSons d'vne mefine victoire.
MM. ii.
Liurc^VI . Laperfecutton
/^»E petit liure fut d\n fruictineftimable-.&ofta à beaucoup de gens lamauuaifc opu
^nion qu'ils auoyent des alîemblees: &c incita melmcles autres à faire plus diligétcs en-
queftes de la vraye doctrine. Aucuns Docteurs de Sorbonne s'cfForcerét d'y faire relpon-
ie:mais les poures beftes,comme en toutes autres choles,ne rirent en cela que delcouunr
leur ignorance. L'vn nomme de Mouchi,fe fondant fur vne refolution Doctorale q nous
fommes hérétiques, fans en faire aucune prcuue, employé tout ion liure àdilcourir fur
la punition des hcretiques:& monftre qu'ils doiuent cftre br uflez.-&: là delfiis crie au feu ,
Democlu. & aux glaiues. L'autre , encore plus fanguinaire que fon compagnon , amafîe toutes les
rcs Sorboni chofes énormes qu'on peut imaginer,&: les charge delfiis nous. Ne dit point feulement
^e"« qu'en ces aflemblccs on paillarde les chandelles efteintes: mais que nous maintenons
qu'il n'y a point de Dieu : nions la diuinité& humanité de Chriil: l'immortalité de lame:
larefurre&ion de la chair, bref, tous les articles de la vraye religion : tic nous charge ainiî,
fans en faire demonllration aucunemon plus que l'autreXà delfiis exhorte les Rois&les
Princes de nous mettre en pièces : s'adreiîe au peuple Se l'incite à tuer &c meurtrir,fans at-
tendre les procédures accouftumees en Iuftice^& talche de réplir toute la terre de m eu r^
Coalise- tres & faccagemens. Le troi(ieme,nommé Cenalis,eue(que d' Auranches,debat vne mef
uef^ue de mechofe:maisauec moins de véhémence que les autres. Maintient toutefois errionté-
Auranchcs. mcnt qUCnous ne nous alTemblons que pour paillarder : 6c le complaint grandemétdc-
quoy les luges ne nous font point plus feueres, comme li iufquesà prefentilsn'auoyent
point monltré allez de cruauté:&: que cela eft caufe que noftrc nombre croift de telle fa-
çon. Entrelcs autres poinctsdefonliure,ilyavne diiputcmerueilleufement plaçante
touchant les fignes &c marques'de la vraye Eglile. Car il prefuppoiè vne chofe qui
eft vraye,que la vraye Eglifea des fignes,par lefquels elle eft dilcernee d'aucclafauflee-
ghïe: & là deflusjans rien toucher de la prédication de l'Euangile & adminiftration des
Sacremens,ilditqueleurcglifeales cloches pour fignes,par let'quels elle eft ordinaire-
met aircmblée:&: que noftre Eglifea les coupsdeharquebou(es&: piftoles pour fignes,
par lefquels il fe fait accroire que nous fommes aifemblez, corne le bruit aufli eftoit en-
tr'eux.Cela prefuppoiè il s'efgaye &C triomphe comme d'vne victoire gagnée:& fait vne
longue an tithefe, par laquelle il veut prouuerqueles cloches font les lignes de la vraye
Eghfe. Lescloches, dit-il,fonnét,les harqueboufes tônent : celles-la ont vn doux fon 6c
melodieux:celles-ci vn fon efpouuantable:celles-la ouurent les deux, celles-ci ouurec
les enfers: celles la chaircnt lesnuécs&: les tonnerres;cellcs ci affemblentles nuées &c
contrefont les tonnerres. Et beaucoup d'autres proprietez qu'il ama/Tc enfemble pour
conclure que l'eglife Romaine eft la vraye Eglife,pource qu'elle a des cloches. Voila les
argumes par lefquels les fidèles font combatus par nos maiftres:&la refponfe qu'ils fai-
foyent à l'Apologie imprimée pour la defenfe des prifonniers.
Qv a n t adonner courage 6c confolation à ces poures gens, tourmentez des infe-
ctions &: peines des prifons,efFrayez de continuelles menaces de la mort,&: aifaillis d'in
terrogatoires ordinairesxeux qui eftoyét en liberté ne laiffoyent point pafiTer les com-
moditezquife pouuoyent prefenter en cefte garde fi eftroitte, fans leur faire tenir let^
tres de iour à autre . Mefmes les Eglifes lointaines fe reifentantcs de cefte affliction ad^
uenue à leurs frères, firent aufsi deuoir de les fecourir 6c de confolation 6c de confeihen-
tre autres ceux de Geneueadreflerent particulièrement lettres aux femmes, delà te-
neur qui s'enfuit:
^ nc m es^ani point,trefcheres fœurs,(î vous efteseftônees en ces durs a/Tau ts,&:
lentezles répugnances de voftre chair : laquelle fait d'autant plus les efTorts,quc
Dieu veut befongneren vous par Ion fainctEfprit. Si les hommes font fragiles Se aifé-
mét troublez,la fragilité de voftre fexe eft encores plus grande , voire félon le cours de
nature. Mais Dieu, qui befon^ne es vaifleaux fragiles, lait bien môftrer fa vertu en l'in-
firmité des lies. Parquoy c'eft a luy qu'il vous faut auoir voftte recoursd'inuoquant con-
tinuellement ,& le priant que la femence incorruptible ( qu'il a mis en vous, 6c par la-
quelle il vous a adoptez pour eftreau nombre de les enfans ) produite les fruicts aube-
foin, 6c que par icellc vous foyez fortifiées pour refifteràtoute angoifie & affliction.
i.Cor.i.ts. Vous fauez ce que dit fainct Paul , Que Dieu a efleu leschofes folles de ce monde
pour confondre les lages : 6c a efleu les choies infirmes , pour abatre les fortes: les cho-
ies contemptiblcs 6c mefprifees , pour deftruire celles qui font grandes 6c de haut
prix. Cela vous doitbienencourager,afinquelaconfiderationde voftre fexe ne vous
face
detEglifLs do Taris. jf.ti
face défaillir, «ncores que fouuentilfoitmefprifcparles hommes. Car quelques hau-
tains U orgueilleux qu'ils foyent , &c que par mcfpns &: defdain ils fe moquent de Dieu,
&detousceuxquileferuent : fi font-ils contraints d'auoir en admiration fa vertu &fà
gloire par tout où ils la voyent reluire. Et d'autant que le vaifTeau , par lequel Dieube-
fongne, fera débile, d'autant feront-ils eftraints&: enferrez en eux mefmesdelavcrtu
de Dieu,à laquelle ils ne peuuent refifter.
Vo v s voyez que la vérité de Dieu, quelque part qu'elle fetrouue, leur eft odieufe:
&; qu'elle n'eft pas moins haye d'eux es hommes qu'es femmes: es vieux qu'es ieunes:és
fauans qu'es idiots: es riches qu'es poures:ésgrans qu espctis. Q_uc s'ils prennent occa-
fion du fexe ou de la qualicé extérieure de nous courir fus d'auâtage (corne nous voyons
qu'ils fe moquent des femmes,& des pouresgensmechaniques,comme s'il ne leur ap-
partenoit point de parler de Dicu,&:cognoiftrc leur falut)(achons que tout cela eft en
tefrnoignagecontr'eux,&:àleurgrandcconfuiion. Mais puis qu'il apleuà Dieu vous
appeler à foy,aufîï bien que les hommes(car il n'a efgard n'a malle n'a femelle ) il eft be-
foin que f aciez voftre dcuoir pour luy donner gloire,felon la mefure de grâce qu'il vous
a départie, auifi bien que les plus grans perfonnages qu'il a douez de haute feience &C
vertu. Puis que Iefus Chrift eft mort pour vous,& par luy efperez falur, ayant efté bapti-
zees en fon Nom , il nefaut point eftre lafehes à luy rendre l'hôneur qui luy appartient.
Puis que nous auonsvnfalut commun en luy, il eft neceffaire que tous, d'vn commun
accord, tanthommesquefemmes,fouftiennentfa querelle. Quand il nous met au cô-
bat,&: à l'efpreuue contrefes ennemis, d'alléguer là deflus noftre infirmité , pour l'abâ-
donner ou renier, il ne nous profite de rien,finon pour nous condamner de delloyauté.
Carceluyqui nous met en bataille,nousgarnit,&: munit quant &: quant d'armes necef-
faires, &: nous donne adreffe pour en vfer. Il ne refte que de les accepter , &: nous laitTer
gouuerneràluy. lia promis de nous donner bouche ôifageffe a laquelle nos ennemis LuC2U*
ne pourrontrciifter.il a promis de donner fermeté &: confiance à ceux qui fe fient en A£^1I7.
luy. 11 a efpandu de fon Efprit fur toute chair: & fait prophetizer fils &: filles,comme il a-
uoit prédit par fon Prophète Ioehqui eft bien figne qu'il communique femblablement
fes autres grâces n eceffaires,& qu'il ne deftitue ne fils ne filles, n'hômes ne femmes des
dons propres à maintenir fa gloire. Il ne faut dôc eftre pareffeux à les luy demander, ne
lafehes à les receuoir,&: en vfer au befoin, quand il nous les a départies.
Con s idekez quelle a efté la vertu &c confiance des femmes , à la mort denoftre
Seigneur Iefus Cbrill:&: que lors que les Apoftres l'auoyent delaifîe, elles ont perfifté a- J^1/*^'
uecluy enmerueillcufeconftance^quvnefemmeaeftélamefTagerepour annoncer
aux Apoftres fa refurre&ton, laquelle ils ne pouuoyent croire ne comprendre. S'il les a
lors tant honnorecs,&: douées de telle vertu, eftimez-vous qu'il ait moins de pouuoir
maintenant, &: qu'il ait changé de volonté? Combien y a-il eu de milliers de femmes,
qui n ont eipaigné leur fang ne leur vie, pour maintenir le nom de Iefus Chrift, &: an-
noncer fon régner Dieu n'a-il point fait profiter leur martyre î Leur foy n'a-elle pok ob-
tenu victoire du mode , auffi bien que celle des MartyrsrEt fans aller plus loin, ne voyôs-
nous point encoresdeuant nos yeux, comment Dieu befongne iournellement parleur
tcfmoignagc,&r confond fes ennemis tellement qu'il n'y a prédication de telle effica-
ce, que la fermeté &: perfeuerance qu'elles ont eu à confeiTer le nom de Chrift? Ne
voyez-vous pas comme celle fentence de noftre Seigneur a efté viuemét enracinée en
leurs cœurs, par laquelle il dit,Celuy qui me renonce deuant les hommes , ie le renoce- Matt IO-33-
ray deuant Dieu mon Pere:& celuy qui me confeffera, ie le confefferay auffi &c aduoue-
ray deuant Dieu mon Pere?Elles non t pas eu crainte de laifTer cefte vie caduque , pour
en obtenir vnc meilleure, pleine de béatitude qui dure àiamais. Propofez-vous donc
ces exemples (i excellens , tant anciens que nouueaux , pour afîéurer voftre foiblefTe ,
fiivovis repofer en celuy qui a fait fi grans ouurages par des vaifTeaux fragiles:& cognoif-
fez lhoaneur qu'il vous afait, afin de vous laifTer conduire à luy : eftans bien afîcurees
qu'il eft puiffant pour vous conferuer la vie, s'il s'en veut encores feruir: ou bien s'il
en veut faire efchange pour vous en donner vne meilleure , vous eftes bien-heureu-
fes d'employer cefte vie caduque pour fa gloire de fi haut pris, &:pourviure éternelle-
ment auec luy .Car à cela fommes-nous mis au môde,&: illuminez par la grâce de Dieu:
à ce que nous le glorifions &c en noftre vie,& eh noftre mort,fi£ que nous foyons vne fois
pleinement côioints àluy . Le Seigneur vous face la grâce de méditer attentiuemét ces
MM. iii.
Liurc^VL Cjeorg<uTardif,& fes compagnons.
chofes, & les bien imprimer en vos cœurs , afin de vous conformer du tout à fa bonne
volonté. Ainufoic-il. DeGeneue.
LTlnftu.n P o v r rcuenir aux aduerfaires,pendant que les fidèles pouruoyoyentàces choies,eux
furbperic * de leur cofté cafthoyent en toutes forte s de hafter l'exécution de cespoures gens:&:
Paris" dC ^c Lieutenant Ciuil , qui en auoit receu commiilion vl rbale par Je Garde des leaux, ne
anS" lailibit rien derrière pou il'auancer. Le peuple auiîi l'actendoitd'vne faction grande: ôc
s'afTcmbloic fouuent en multitude infinie par les places ordonnées à faircles exccutiôs,
pourraftafieriavcucd'vn fpedacle tant délire. Finalement le dixieptiemede Septem-
bre^ le Roy aduertypai ledit Lieutenant Ciuil,quelesi rocczeftoyentdci]a en citât de
iuger,enuoye commiilion àlaCour,pourarrelter l'exécution d'iceux : & commande
d\ procéder extraordinait ement toutes autres affaires poltpofecs :& ce au rapport
jd\ic cluy l k utenant Ouil,lequel il vouloir eftre admis à leur confeihencoi es que par 1-
eftabliilémentdelaCour, aucun ne mit receu à entrcr,opincr, ncrappoitcr,quincioit
du corps d'icellc. 11 deputoit auifi ceux qu'il entendoit eitre Commiiiaii es en ceftecau-
fe,aflauoir deux Prcfidens,&:fcizeConfeillers nommez, ou ciouze d'eux, félon que la
Cour verroit eftre bon, tousgensd'eflite. Celle commiilion eftant venue, la Cour ne
peut accorder que le Lieutenant Ouilfult receu à la decifion du procez,pource que
celaderoguoit par trop aux couftumes de leur Parlement : 6c auffi qu'il eftoit en adion
dauoir fauiîementiugé au tait de la ConteJle de Senigan. Pourtant Louys Gayan con-
feiller , &c Baptifte du Melnil aduoeat du Roy, font enuoyezdeuers fa Maiefté , pour en
faire rerhonitrancei
Paru.
GEORGE TARDIF, <sr IEAN CAILLOV DE TOVRS,
^NICOLAS DE IENVILLE.
CES trois Martyrs auoyent elté longuement détenus à Paris : & turent en ce temps enuoyez à la mort en trois
diuers lieux. Ut partant nous les auons icy inferez félon qu'ils ont eité exécutez: afin de conferucr leurs nie-
moires^n attendant que plus a plein on puhTe aucir ce qui elt de furplus de leur hiltoire.
Enia per W^^fij^^ ^ ccs entrefaites le Parlement de Paris intimidé de laprife de tant de
fccHtio dt^^v&^^ gens, &: des menaces du Roy, après auoirairez délayé leiugement de ces
' trois fidèles, lesenuoyaàla mort aux lieux donc ils cftoyét appelans, Geor-
ge Tardif à Scns:I. Caillou, brodeur de l'on eitac,à Tours:letroi(icme,nom-
mé Nicolas, compagnon cordonnieràlenuille, dont auifi il eftoit natif. Il
y auoit telle confiance entoustrois,&:y voyoit-on vnc telle a/léurance ,que des luges
les plusaduei laires en eftoyent tout eftonnez. La mort de George Tardif, en la ville de
Sens en Bourgongne, édifia plufieurs fidèles en la venté de l'Euangile.
k aic deC C e l v v de Tours auoit efté pris auec cinq ou lix autres, comme ils reuenoyent de
ceiuy Cdc prier Dieu enicmblc d'vn bois prochain de la ville de Tours. Vne fois entre les autres, c-
Toan en fl-ant venu deuant Meflieurs , il requit qu'il luy fuft permis deprfer Dieu , auant que ref-
ouumc. pon(jrc <ie là f0y, afin qu'il luy dônaft force &t lageifc pour ce faire. On ne luy ola refufer
telle requefte. Ainlî ayant cômencé défaire confeifion de fes pcchez,& inuoqué la grâ-
ce du S. Efpnt,il poui (uyuit les prières qui le font ordinairement es Eglifes Françoifcs,
pour tous eftats,pour le Roy, pour la côferuation de fon Royaume, pour les Magiftrats,
pour toutes les ncccùïtez des poures afnigez,&: ce d'vne ardeur iinguliere.Et puis ayant
recité pour confcl/ion de foy le Symbole des Apoftres, fe leua:& refpondit aux demam,
des qui luy furent faites,auec vne telle grâce & modeftic, queles cœurs de plufieurs fu-
rentrompus, iufques àictter larmes, &:monftrer lignes qu'ils ne demandoyent quefa
deliurance.
Ucaufc de Ce l v y de Ienuille, eftant reuenu de Geneue pour auoir quelque deniersyauoit e„
N.co£de ^ défère àîaDame duditlieu, parfon peremefmes. Il eftoit defortbasaage,&:de
jcauillc meftiermechanique,maisbiê inftruit aux lettres faindes, comme font plufieurs autres
de mefme cftar. Ayâr cité détenu quelque téps au chafteau de cefte Damc,elle eftât ca-
chée derrière les euftodes d'vn b£t,le fit condaner pour auoir côfe/fé IefusChrift,d'eftre
bruflé vif,&: la lâgue coupée. Le bourreau qui eftoit là prefét,&:deliberé del'executcr ce
iour mefme,luy mit incôtinét la corde au col , mais il la reietta par deux fois, appelât de
la
Nicolas Qinet. +82
Ja fentence.Toutcfois voyant que pour Ja troificmc fois on luy mettoit la corde , & efli-
mant que Ton appel ne deufl élire receu,il la princ:& difant qu'il ne vouloir pourtat pre-
iudicicr à fon appel, s'eferia, Loué loir Dieu, car iefuis maintenant honoré de l'ordre ce
lefte.Làdeilus les I ufliciers priodrent conicil,&: trouuercnt,combien que la Dame re-
quill que l'appel fuft mis à neât,*toutefois qu'il eifcoit meilleur,pour fon profit , qu'il fuit
rctiuoyé à la Cour.mais ce tut en vn ellat pitoyable. Son pere le voyât en la charrette le
vint batre. Vn des officiers reprint le pere bien rudtmenr,&: le frappa:mais le ieunc ho-
me grandement defplaifant,dit, Monfieur , îe vous pue aunom de Dieu, n'outragez
point mô pere:car il efl en luy de faire de moy tout ce qu'il luy plaira : frappez m oy plu-
îloflque mon pere.Leiuftider refpondit,Melchant,ie luis bien à cefl' heure mari 1, que
cen'aeftéfurioy que l'ay frappe . Nicolas dit:Iel'aimeroye beaucoup mieuxxarielay
que mon pere l'a tait par ignorance. Depuis Ienuille îufques à Paris,quand il entroit
en quelque ville ou village,on luy mettoit v n baillo de fer en la bouchc,&: ncantmoms
Dieu luy affilia de telle forte qu'auechardieife&: allez intelligiblement,il annonçoitla
parole de falut:& monftroitque la caufc,pour laquelle il efloit fi inhumainement trai-
té, cfloit bonne &faincle. Eteftantarriué en cepoinctàPans,apresauoirclte détenu
quelque temps en la Concieigenc&confefTé la venté dcl'Euangiled'vne force ad mi-
rable,il entendit qu'il auoit areft deftre brullé.Et depuis ne cefîa de louerDieu,dcquoy
il luy failbit l'honneur de fourfrir pour luy. Quand il rut de retour à Ienuille,il futmar-
tyriié à fa ppetit de les ennemis d'vne façon incroyable,comme on a entédu.
ET pourreueniràlacômifîion enuoyee à la Cour, & rcmonflrâces faites fur icelle le
Roy accorda q les procez fcroyuu iugez,non au rapport du Lieutenat Ciuil3mais'de
l'vn des Confeillers nommez. Et ainfi furent les lettres patentes enregiftrees au greffe
criminel de laditeCour,&: félon icelles procède au iugement des procez. Les premiers
amenez deuant eux &: condamnez à mort ,furenr Nicolas Omet, Taurin Grauelle bc
damoifclle Philippe de Luns,vefucdu feigneur Graueron: defquels particulièrement
nous déduirons les interrogatoires &: refponfes.
NICOLAS CLINET, deJCantonn.
o
A crmpcftcdc ccfk pcri'ccution fe déchargea premièrement fur ceux que les ennemis peurent attraper premiers de l'jffem
bkc.Quant a Clinc,.l eftoit de long temj>s exercé a tels combats , dés qu'il eut commencé douunr ckole ChrcirienDe
.Qii
a laïc uneffe deXantonge.
ff les:de forte qu'il en eut incontinent vne bonne recômpenfcdu monde,~&
g^é^s-^ùu perfecute &L chafle du pays3&: bruflé en effigie. S'eitant retiré à Pans,it
faitoicofficedePedagogue^peuapiesfutreceuen l'Eglife.'&r pour fadodrine, &c fa
faincteconuerfation,misen la charge de " Surueillanr:cn laquelle il fe porta toufiours " Sumeii-
fidèlement. Son aage donna foupçon aux luges qu iIclloitMiniflrc:&: pourtant ils le Lns ou an~
voulurent mettre en difputecontrelesplusbtauesdcleurs Doreurs ,penfans le con- wtfuiiït
ùaincre,&: ainfi triompher delà doctrine de fEuangile.Maisil auoit bien dequoycom- a<lloii,tiJ^
batre,cltantveifédéslong temps cnlEfcriture fainde, &efcntsdesfaincts Docleurs, hvîScïc
&L n'clloit point ignorant de la nouuclle Théologie des Scolaftiqucs de Ja Soi bone. De Dicu,Pour
façon qu'ayant vne fois abordé le Sorbonille Maillard,ille rendit fi confus en la prefen Sle^me*
ce du Lieutenant Cmiî, qu'iceluy Lieutenant tefmoigna pins après , en pre/ence dè Sordrequ'
gcns,qu'iln'auoitiamaisveu homme plus (auant. Nous n'auonsfaconfefîion que des vnch^cllu
grcrres,telle toutefois qu'elle donnera toy de fa confiance. IS&îuS
In t eikogy e s'il alloit à confciîé?dit que non,linon à Dieu feul. D. Pourquoy oHcnfe dc
iln'alloitauprcftre. Ri.Quil ne luy tlloitcommandéenlaparoledeDicu. D. Si le pomTcuai
preltreapuiirancedabfoudrcquandon vaàluyà confefîé. i^. Que le Miniflre a la lirlesiu-
p aiflaçc d'ablbudre,m lis que celle puifîance n'efl pas de luy , ains de la feule parolle de SdîSibîie
Dieu,laquelle il annonce.Et n'y a que Dieu feul qui pardonne les péchez , par les pro- P°"'r fin?
mettes de remiffion,quifonc en fa parolle, D. S il croit pas que le corps de Iefus Chrifî dcconlc^ "
MM iiiï.
Taurin Cjrauelle.
aux affaires
de ['Egliic.
flairs cjae
le peuple
O) <: la paro-
le Je Dieu.
Cl mec ex-
ti es,
foit en rhoftie,apres la cofecration du Prcftrc. ^.Qu'il ne le pouuoic croire, pourautat-
qu'il fçauoit le corps de Iefus Chrift eftrc aux cieux , comme ileftoit côtenu en la con-
fusion de foy,que font tous Chrefticns, conerc laquelle il iroit s'il dtfbit autrement. D-
S'il croit qu'il faille s'adrciler aux Saincts pour faire les prières, i^. Qiùl ne fait les priè-
res qu'a Dieu feul,& ne les faut taire à autre. D.S'ii croit pas qu'il y ait vn Purgatoiie.j^.
Qucnomcailamebicn-heureute s'en va tout droit en Paradis , & les autres en enter.
«Vue autrefois il lut mis en difpute aucc Maillard en la Chambre Ciuile du Chaftclct
ôc intcrwguc.S'il ne croie pas que le corps de lelus Chrift eft en l'hoftie après la côlecra
tion. Ri. Qu'en la Cenedeucmcntadmmiftree le corps de noftre Seigneur cftrcceu
des ri Mc^modo fammemab &fttrttu*kc 'cil à dire,d'vne raçô ipirituejlc>& propreaux Sa
tremens.Maisnevouloit croire qu'il fu Sien l'hoftie en chah& eniàng. D. Quel teps
il v auoit qu il n auoit reccu le corps de noftre Seigneur par les mains d'vn prcftrc,
ju. Q\ùl le reccuoit tous les lours par foy. D. De la Confcflion auriculaire,cc qu'il en
croypic iRcfpondi: ce que dellus. D. S'il croit pas qu'il faut prier pour les crcfpaAcz.
kl. Qu'il s'alTcuroit,quand il mourroir,d aller à la vie éte rnelle:^ ne croyoit y auoir Pur
gatoîre autre que le fang de Iefus Chrift. D. S'il croit pas qu'il faut pnet la vierge Marie
& les Sainds de Paradis, Ki. Qu'il ne faut taire prières qu'à Dieu,par Icl'us Çhuft qui eft
noftre (cul interccileur.^* Voila ce qu'on a trouué de (es rcfponfès. Si elles ne iontaiîcz
amplesjou il les tcl'moignages de l'E/criturey dcfaillent,c'eft la faute des Greffiers, qui
ne tauorifent pas volontiers à cefte caule.
MDXVIl!
Lamailon
de M. Bar
thorrùc» .
TAVRIN GRAVELLE, de Dreux.
V t V Ton fçauoir deejiicllc gens les enfans de Dieu en bien faifant font repris, j /Taillis & outragC2,aii'on regarde comnic
ci» va miroir ce 4m eft icy pourtrair,& a cftc demené contre cclain&perlouuagc Aduocat au I arlcmcntdc par»,
A V R 1 N Grauelle, de Dreux , ville au Dioccfc de Chartres, après nuoir
^p^tait l'es eftudcs en droit en la ville deThouloul'e, vintàla pratique à Paris,
^ommec'eftlacouftumedes ieuncsgens,&: futreceu Aduocat en la Cour
Maillard
>orDon;fte
Sodomie
ju doreur
MjiUard
notoire.
IcParlemcnr.Làileutla ccgnoirfancedc Dieu:& après sellant loint àl'E-
giiie pot.r la bonne conuerfatton.eut la charge de Su rueil 1 an t, ai n fi que Clinct. Voyat
ladifettede logis à recueillir le pcuplc>il offrit volontairement ecluy deM.Barthomicr
l'on allié,lcquel il auoit en garde,& qui fut celuy où la compagnie fut furprifc. Car fer-
mant les yeux à tous dangers: il eftimoit qu'il ne pourrait mieux faire feruir eefte mai-
fon,qu'cn recueillant les fidèles ainlichaflez du public. La voyant aiTailhede Jaiortc
que nous auons dite,il pouuoit bien fortirauec les autres: mais il s arreftalà tout à pro-
pos pour rei'pondre de tbnfaidt , & qu'il n'auoit rien entrepris contre fon deuoir,rccc-
uanteeux qui ne s'alfembloyent laque félon l'ordonnance de Dieu. C'eftoit àluy que
Icsaducrtairesen vouloyent le plus:& dcfoncoftcil auoit vne conftanec inuincible
pour leur retifter.& ioullenoit la vente contre tousvenans. Mcfmes àl'encontred'vn
Docteur de Sorbone renom nic,quifaifoit de l'cmpefché plus que tous les autrés,apres
ces pourcs gcns,ponr les aifaillir de fa dilpute. Ledit Grauelle l'auoit autre fois cognu,
voire hante familièrement: & fauoit le train qu'il menoit en fa mailbn aucc les icunes
garçons& feruitcurs. Tellement tjuc fi Maillard auoit la bouche ouuerre pour parler
contre les fainclesalfemblecs , elleluy eftoitincontinentfeimec par les reproches de
les bougreries infâmes . car il ne les pouuoit nier deuant celuy qui en l'auoit aflezdc
preuucs1& puis la choie eft notoire,mei'mes aux petits cnfans. Toutefois ce malheu-
reux eihontc,otoit venir deuant le Magiftrat(qui en acneores les informa tion s )&ac -
eufer les autres fauiiement depaillardiies&: inceftes. Comme s'il euftefte bien feant à
celuy duquel h Sodomie eftoit demeurée impunie ( faite toutefois au fccu de tout le
mode) de dire que les autres s'eftoyent enfermez dedans maifons priuecs , &: de nui&>
p<;ur paillardcr.
>î o v s auons ces fiennes refponfes extraittesdes regiftres: Interrogué s'il auoit fait
h CcneA pris du pain &: du vin.Re{pondquouy:&: que la prédication auoit cftc faite
en la maiibn,&: auoit donné charge d'inuiter ceux qui s'eftoyent là trouucz. D. Qu'il
penfe
ThilippedeLuns, damoifelle. 483
penfe des prières qu'on fait à la vierge Marie &C aux Sain&s. ç>. Qu'il ne cognoit autre
Aduocat cnucrs Dieu auquel il le faille adrefler pour faire priercs,que Iefus Chrill. Ec
que quand nous faifons prières en fon Nom , nous auons efperance d'eftre exaucez,
pource que nous en auons & commandemens& pi omelfcs en la parollc de Dieu: mais
quand nous les faifons aux Saincls,nous ne pouuonsauoir celte alfcurance. Mefmes
queles Docteurs de Sorbonneen eftoyent en doucc:voirc Maillard, auec: lequel i! auoic
dilputc autrefois. D. Ce qu'il fe ntoit des Images. iy„. Que d'en auoir pour religion, t _
ftoit idolâtrie. D. Si les prières pour les trelpaifeznc lont pas bonncs,& s'il n'y auoic
pasvn Purgatoire? Çi. Que par le fang de Chrill nous fômes (auucz: & ne croity auoir
autre Purgatoire,fi on ne luy fait apparoir du contraire. D. Si l'es pere&mct eluy a~
uoyent appris celle doctrine. i^'.Quc non, mais le fainct Efprit:&: que celle doctrine a-
uoittouhours elle tenue en TEgliic ancicnne,& mifeparelcnt parles Prophètes &c A-
poltrcs.qui luy eftoyent Pères. D. S'il (e faut conre/fer au preftreauriculairemcnt.
r> Qu'il ne fe faut co nfelîer qu'à lelus Chnll,qui feul peut pardonner les pechez,&
n'eltoit requife la Confeiîion auriculaire.
PHILIPPE DE LVNS, damoifelle du GratteronenPerigueux.
O V rapporterons-nous ceft exemple rare & notable de la niagnah' imité & confiance de celle ieuneDamoifellej
finonaux fruitts &: effeds que portent les aflemblees fidèles par labenedidion du Seigneur?
AMOISELLE Philippe de L uns eftoic natiue de Gafe,de la parroifw
(edcLuns,diocefedePerigueux,aageedc vingt trois ans ou enuiion. Elle M,D LVin
eftoit venue de ces parties de Gafcongne en celle vjlle de Paris auec fon ma
ri,pour fe îoind rc à l'Eglife de Dieu,& y eftre nourrie : le monflrant fi admi-
raoieTnTaTn&eté de vie,qifellc clloit exemple à vn chacun. Sa rMaifon eftoit touf-
iours ouuerte à l'afTemblee du Seigneur, Sur le mois de May, fon ttiari feigneur du
Graueron , qui eftoit auflî Surueillant , fut emporté d\ ne maladie de fÎL'ure.Eftant de-
meurée vefue,clle ne 1 ailla pas de continuer à feruir à Dieu , li bien qu'eh'e fut prife en
celie airemblee auec les autres. Elle eut de durs allants en la prifon,& par les luges , Se
par lesSorbonilles,mais elle demeura victoricufe.C'eftoit fa refponfe ordinai>e,Qu 'eL Rcfponfe
kauoit appris la foy qu'elle confelfoic de la parolle de Dicu:& pourtat vouloitviure &
mourir en icellc-Quand le douleur chanoine de Paris Maillard vin t à elle,il fut repoulTé cefteDa-
par melme reproche queGrauclle luy auoic faïc de fa bougrerie:&: die qu'elle ne rcfpon mo^Uç'.
droit rven à vn cel vilain. Venant deuanc les Iuges,elle foufpiroic quelquefois : mais ce-
pendanc elle rçlpondoit touliours d'vn franc cou 1 âge &: allaigrcmenc. Mefmes vn iour
eftanc deuanc le lieutenant Mofnier,luy fut demandé fi elle ne croyoit pas que le corps
de Iefus Chrift fuft au facrement de l'autel,qiùls appelent-elle refpôdit, Et, Monfieur,
qui croiroit que cela fuft le corps de celuy auquel toute puiffance a ellé donnée , &: qui
eft elleuc par dellus tous les cieux:quand les fouris le mangent, &: les guenons &: finges ™
s'en iouent,& le mettent en pièces ? Là dciïus elle fie vn conte de ce qui eftoit aduenu
en fon pays, fur' ce mei me fàit,d'vne fi bonne grace,& d'vne façon fi ioyeufe,qu'elle mô-
ftroit bien ,encores qu'elle euft la larme à l'ceil,q toutefois elle n'eftoit point abatue de.
crainte.QuâdlcLieutenât la voulut renuoyer,elle luy fit celle requefte:Monlieur, vous
m'auezolté ma fœur,St" aucz corn mandé que ie fulfc enfermée feule : ie voy bien que
ma mort approche^ pourcant fi i'ay eu iamais befoin de con(olation,c'cft à prefent.ie
vous prie m'octroyer que faye vne Bible ou vn nouueauTcftamenc, pour me coforter.
Au refte,clle eftoit grandement chargée de fesvoifins, quidepofoyent bien qu'elle e„ Accufaflor;
ftoit de bonne conuerfacion.ôi fortcharitableimaisquefanscefleily auoic en fa mai- defcsvoiiîi
fon gens chancans les Pfeaumes. Et que pat deux ou trois fois on auoic veu forcir nom-
bre infini de personnes de là dedans. Que fon mari mouranc nauoic iamais appelé les
preftreS-.qu'ils ne fauoyenc où il eftoic eiicerré:&: que iamais ils n'auoyent eu nouuelles
du Bapccfme delcur enfanc.car il auoic efté bapeifé en l'Eglife du Seigneur. Deux de iugcmét de
fes voifins demourans à S.Germain des prez,ayans cefmoigné concre elle incontinent ^ff11^
après ils'efleua quelque débat entr' eux»ô£ l'vn tua fon compagnon de fon coufteau. u • *
Line VI. N^ÇtmetfT XjtmeUe& T. de LmsJ
La more de cefte vertu eufe Damoifelle futbié haftee parla pourfuicte de ceux qui
auoyent délia obtenufaconfifcjtion.Mais ce qui auança plus fes iours fucl'auarice du
GirdedcsLcauH 8?rtrandi cardinal dj Siii - ,& Ion gëdrc le Marquis de Tran,qui e-
ftoitaîramé de confiscations.
d^Damoi- Or v^>icy les pièces de Tes refponfes prinfesdugrefTe.Incerroguéparle Licutenanr
fcuedu parciculierhellenevouloicpascioircàla Méfie. R. Qu'elle vouloit feulement croire
Cxaucron ce qUi eft au vieil & nouueauTeftamér. D. SiellenecroitpascncequieftcnlaMeflc,
5t mefmementau lacrementde l'hoftie. r>. Qu'elle croie aux Sacremensinftituezdc
Dieurmais qu'elle n'auoit trouué que la Méfie tuft infticuee de luy.
D. Si el/e vouloit receuoirle facrement île Thoftie. Ri. Quelle ne vouloit rien
fairequeecque IciusChrift auoit commandé. D. Depuis quel temps elle s'eftoit con
fe/Tee au preifcre. Ri. Qu'elle ne fauoic que tous les iours elle feconfefibità Dieu,
comme il auoit commandé. Et ne croyoït qu'autre confcffionfuft requife& inftitucc
par Icfus Chrift:pourcc que luy feul auoic puiffanec de pardonner les péchez.
D. Qu'elle lcntoit des prières adreiîces à la vierge Marie &: aux Sain&s. Ri. Quelle ne
lauoit autre orailon à faire que celle que Dieu luy auoit enfeignec, s adreiTant à luy par
fon Fils IefusChrift,& non aune. Bien lauoit elle que les Sainds de Paradis font bien-
heureux mais ne leur vouloit adreficr les prières. D. Ce qu'elle croyoit des Images.
Bt. Qu'elle ne leui vouloir porter aucunemét reuerence. D. De qui elle auoit apprins
cefte doctrine, b». Qu'elle auoit eftudié au nouueauTcftament. D. Siellefaiîbitdi-
ftinîlion des viandes es iours de Védredy & Samedy. r>. Qu'elle ne voudroit manger
delà chaii en ces iours fi elle penlbitbleffer la coniciéce defon prochain infirme: mais
qu elle faic bien que la parolkdeDicu commande ne faire diftinction des viandes en
quelque lour que ce foit: hL qu'on pouuoit vfer de toutes,en les prenant auec a&ion de
grâces. Là deifusonkiy obie&equelegliic auoit fait defenfe de manger de la chair à
certains iours:&: que ce qui n'eftoit de foy péché, eftoi t fait péché àraifon de la prohibi
tion. Ht. Quclic necroyoit en cela \ autres commandemens&:defenfes,qu a celles
que lefus Chrift auoit faites. Et quant à la puiiTancc que lePapc s'attribue de faire ordo
naecs, elle n'en auoitrié trouué au nouueauTcftamét. Derechef onluy repliquc,Que
les puiffances rant cccleu'aftiques que feculieres ont efté dclaificespar Dieu pourgou-
uernerion peuple. Ri. Qu'elle leconfeiïoit des pui/Tances appelées feculieres : mais en
rEglit'e,r Jlc n'auoit point leu qu'autre euftauthorité de commander que Icfus Chrift.
D. Qu i eitoit cckiy ou celle-la qui l'auoit ainfi inftruite. Ri. Qu'elle n'auoit autre inftru-
Touchant &et . que le texte du nouueau Teftament. Vneautrefois elle fut interroguee delà
Union ae mort de ion feu mari, (i elle ne l'auoit pas enterré en (on iardin. çt. Quenonrmaisa-
bamui. Uoit eité emporté à 1 hoftel-dieu,pour eftre inhumé auec lespourcs(cômc elle en pour-
roir monflrer l'a tteftation)fans toutefois autres cérémonies fuperftitieufes.
D. S'ileft iequiSjpourlafaluation de celuy qui foitdcccdé,de faire prières? &t- Qu'el-
le croyoïtccluy qui feroitdccedé au Seigneur, eftre purgé par fon fang,& ne luy falloir
autre purgarion.Et que pourtant n'eftoit befoin de faire prières pour les trefpaiTez:ÔC
qu'amfi elle l auoit leu au nouueau Teftament. D. Si aux aflemblccs où elle fe trou-
uoit, après la prédication faite,on auoit accouftuméd'efteindre les chandelles. Ri Que
non:& ne s'eftoit ïamaistrouuee en lieu où tel cas fe fift.
^ Voi l a vne partie de (es refponfes, recueillies de fon procés.Nous n'y auons rien
voulu adiouftenaufli font-elles fufrilantes pour monftrcr la foy qu'ils auoyét tous trois.
S' E N S V I T Tiffuc heureufe des trois fufdits.à fauoir jN.CUncr.T.GraudlcSir de laDaraoifelle du
Graueroo.
S|^E x x v n.iourdeSeprembroparareltdesCommiiTairesdeIeguez,aurapportdes
g^^procez informez par le Lieutenant ciuil,ces fain&s Martyrs furent condamnez:
après auoirreceu la queftion,menczàlacHappclle,attcndansrheure bié-heureufe de
leur mort. Là les Docteurs, félon leur couftume,arriuerent pour les tourmenter , mais
ils furent repouflez vaillammcntrde lorte que n'eftansaucunement deftournez de leur
côftance,iurcnt tirez de la priion,& mis chacun en fon tôbcreau pour eftre trainez au
iupphcc. Cline t crioittoufioursàceuxquileprefibyentdcchangerpropos, Qu'il
n'auoit ditncmaintenu quela vérité de Dieu. Et àvn Docteurqui luydcmandoit s'il
ne vouloit point croire fainct Auguftin,couchant quelque propos,vefpondit qu'ouy,&
qu'il
N kolas kCenc^y&TierreCjabart. 484.
qu'il ne difoit rien qu'il ne peuft prouuer par fon authorité. La D a moi se l l e
voyant vn preftrc approcher d'elle pour la vouloir confcirer,dit:Qu'elle fe confeflerdic GI,nc£»
à Dien,& s'afleuroit receuoir de luy pardon ne croyoit autre la poutioir abfoudre,que
.luy feul:& qu'elle n'auoit appris autre choie en la parollc de Dieu. Elle fut follicitee La Damoi.
par aucuns Confcillers de la Cour de prendre vne croix de bois en Tes mains , félon la *c,lc:
couftnme des autres,qu on mené au fupplice. Et alleguoyent lcfditsConfeillers,que
Dieu commandoit à chacun de porter la croix. Sa refponfefut: Meilleurs, vous me fai-
te»; bien porter macioix,m'ayans iniuftcmenr condamnée , &c m'enuoyans à la mort
pour la querelle de noftre Seign.lefus Chnfb lequel n'entendit ohques parler de celte
crois que vous dites.GR huie auoit vue race riante &rd'vne bonne couleur, decla
rant qu'il ri eftoit ancunement fafché de la condamnation. Quelqu'vn de les amis luy
demanda à quelle mort il eftoit condamne . le fay bien,dir-il , que ieiuis condamné à
mo! tmais ic n'ay point pris garde à la façon de la mort,fachat bien que Dieu m'aiTifte- Grauelle:
ratoulioursen quelque tourment que ie love mis. Auibrtirde lachappelleil dit telles
parollcstSeigneurmon Dieu, qu'il te plaile maflifter. Et quant on l'eut aduerti que la GrauclIc
Cour entendoit qu'ils euifent la lâguecouppecs'ilsnefe vouloyent conuertir:il ditq affairé en
cela n'eiloit porté parfonareft,&: en faifoit difficulté. Mais après àtioirfceu qu'il eftoit f™1*5^5
contenu au ntentumde la Cour,il bailla la lienne franchement au bourreau pour eftre mort.
couppee.Et incontinent dit ces mots intelligiblement: le vous prie , priez Dieu pour
moy.La Damoifclle eftant requife de bailler fa langue,le fît alaigrement,difant ces pà
rollcs,Puisqucie ne plains mon corps,plaindroy'-ie ma Jangue?Non,non.Tous trois c-
ftansainfiaccouftrcz partirent du Palais. La confiance de Grauelle eftoit merueil-
leufe,& les foufpiis qu'il îettoit fans celle, la veué tournée deuers le ciel , monftroyent
bien l'ardeur de fon affection en priant Dieu. Clinet auoit aufîi toufiours la veué en
hauttmais lébloit plus trifte que les autres , pourec qu'il eftoit défia abatu de vieillefTe,
&: de fa nature eftoit blefmc& tout dcfrait. La Damoiielle (émbloit ehcoreslesfurmô
ter en conftance.carellen'eftoit aucunement changée de vifage : mais aflUe de/Tus le
tombereau monftroit vne face vermeille,voire d'vne excellente beauté.Elle àuoit au-
parauant plouré fon mari,&: porté le dueil,habillec de linges blancs àla façon du pays:
mais alors elle auoit pofé tous ces habillemens de vefuage,&: repnns le chaperon de vc
lours,&: autres accouftremens de ioye , comme pour receuoir ceft heureux triomphe,
& clb e lointeà fon efpoux Iefus Chtift. Eltans armiez à la place Mauberc , lieu de leur
mort auccccftc conftancciils furent «s êebruflez. Clinet & Grauelle vifs,laDamoifel
le eftrangîéejapres auoir cfte namboyée &c aux pieds & au vifage.
CE triomphe fut admirable <cat Satanfembloit* àfonefcien^auoitvouluaiTaillir
tout :i.nvn coup: à fauoir en Grauelle, riiu onftancecouftumiere de ieunefTe trop dé-
fi rcui'c des plaiiîrs de ce vnonde-cr.cn Clinet,la débilité de viciileilc:& en la Damoifel- Lctrîott!-
le l'infirmité de femme délicate, mais Dieu monftra quelle eft la force de fa puiflance, phede Sa-
& àraifeurer laieuneiTc,&: luy faire oublier cefteterre-cy:& à réforcer lavieillelTe pour £°"cnc"cr~
la faire combatte contre tous tourmens : & à changer l'imbécillité delà femme en acte**'
vn courage plus qu'heroique, pour vaincre, voire quand il luy plaift befongner en fes
efleus.
NICOLAS LE CEN E Je Normandie: &
PIERRE GABAR T,Potteuin.
, yn mcfmc lift d'honneur ces deux enfcmble ont reccu la couronne de marcyre,nous les auons pareillement icy c8
Sis comme ca va incline tFitarhc de tombeau.
§^Σ^EVX de Paris non faoulez du fang de ces trois premiers, pourfuyuansleur
î îffè 8PScruauté,tirerent deux autres fidèles à la mort,cinq ou fix iours après le t. d'O „De fô ^
w ra^^lfoobrc.L'vn eftoit "Nicolas le Cene médecin, natif de fainéfc Pierre furDyue, re Philippe
près Lizieux en Normandie. Il ne faifok que d arnuer à Paris,quand le iour Jjg^J
mefme mi 1 aduertit de l'afTemblée qui fe faifoit en la rue S.Iaques.Et comme il ne deh- à Dliô:vo-
roitautrcchofequed'ouyrlaparoIledeDieu,s'yen vint encorestout botté. Làeftant y« «y dc;
appréhendé aucc lesautres,fouftint iufques à la mort la venté de l'Euangile. Nous n'a- uant;
Liurtu VI . Time (jabart.
uons rien peu retirer tic fes refponfcs > (mon des tefmoignages infinis de Ton fçauoir Se
confiance.
L'a v t b. e , Pierre Gabarr,cftoit aagé au dedus de trente ans, natif de faincl Gcor.,
pe lez Moncaçu en Poiftou.Il eftoit foheiteur de procez. Sa confiance fur d'vn grand
Exhorwiô frui&aux autres prifonniers. Careftant mis en vnegrande bande d'Efcolicrs au petit
aux Elle. Chaftelet,& voyant que pour pafler temps ils s amuioyent à parler de laPhilofophie:
-as" Non,non,dit-û\U faut que coûtes ces choies lovent oubl;ces:regardons comment nous
pourrôs loutlenit la venté celefte de noltre Dieu:nous fouîmes îcy à la defenfe du roy-
aume de noftre Seigneur Iefus Chrift. Là deffus il commença à les rnfeigner comment
ils auoyent à refpondre fut vn chacun poindt,fi bicn,que(au rapport de ceux de la com-
pagnie^! fembloit que jamais il n'euft fait autre chofe que pratiquer linftru&ion de
Theologie,encurcs qu'il ne fuit de lettre. Eftant mis depuis à part au cachot le plus fa(
cheux,nomméFindai(e,plein d'ordures &: de belles , ne celïbit pourranr de chanrer
Pfeaumes:&: ci ioit a pleine voix coniblations delà parolle de Dieu, pour cftre entendu
desautres. Ilauoirvn Nepucuieune enfant,prifonniercn vn autre cachot prochain:&:
truuue manière de fauoirce qu'il auoir die aux luges. L'Enfant luy rcfpôd qu'on l'auoit
contraint de faire quelque reuerence à vn crucifix peincl.Luy indigne, Mauuais garço,
ne c ay-ic pas apprins les commande mens de Dieu?Ne fais- tu pas qu'il eft dit, Tu ne te
feras image caillcc,&c.Et commença dexpofer ce commandement fi haut qu'il eftoit
entendu de bien loin.
Av reftevoicy fes refponfcs de mot à mot,recucilhs de fon procez. Interroguc, fi
en la maiion où il fut prins,futfaitela Cenc. y.. Qu/'ouy:&: pouuoiteftrelorsenuiron
les neuf ou dix heures du loir. D. Pourfaire ladite Cene ce qu'il fut fait. i^.Qii'vnper
fonnage commença à fane les prieres,ksautrtseftansàgenoux , &: ce à haute voix, fi
de ce bien qu'vn chacun desalfiftans les pouvoir entendre. Puis après preicha de l'onzième
qiîiiefiten de la première aux Corinthiens,declarant l'inftitution de la Ce ne faite par noftre Sei-
l'adminidra gncur je(lls Chrift auec fes A poftres.Et après lefdites prieres,& expoiition faite de ladi-
Cc"c.C ^ te Cene, bailla aux ailiftans du pain & du vin, leur diiant , Qu'il vous fouuicnne que le,
fus Clu -ii\ a baillé fon corps,& rcipandu ion iang pour vous. Puis rendirent tous grâces
à Dieu d'vn tel bénéfice. D. Qj.ici nombre de perfonnes il pouuoit auoiren la (aile
lors qu'ils firent la Cene. j^. Qu.il n y prmr pas garde. D. Si lesGent.ls hommes,Da-
moifellcs, àc autres qui furent p tins, firent la Cene auec luy. çt. Qu'il v auoit des Gétils-
hommes,Damoi(clles,& autres qui firent la Cene comme luy. D. S'il pourroit reco-
«' noiflre ceux qui eftoyent à ladite Cene,s'il les voyoit. çî. Que non. D. Quicftoitlc
Predicant? fy- Qu'il ne l'auoit point cognu :car auflî il ne faifoit que pafler pj r la ville.
D. S'il auoit iamais cfté en ladite maifon ouyr ce Prédit an t, ou autre, a». Que non.
D. S'il auoit cfté autrefois à faincl Germain des Prcz,ou deuant le collège de Nauarre,
ouyr des prédications. Qu'il auoit eftéen d'aucunes maiions pour ouyr les predica-
tions,mais ne l'auoit les lieux: &: que les prédications fe faifoyétdu nouueau Tcftaméc.
I). S'il auoit elle confeiTé le îour de Pafques,&: receu fon créateur, hj.. Que non.
1). Pourquoyî Rt. Qu'd n'auoit fceu par les Efcritures qu il foit requis fe confeflér àl'au-
reilled'vn Preftreunais bien chacun iour à Dieu, qui feul peut pardonner les péchez.
Quant â ion createur,il ne l'auoit receu il y auoit deux ans à la forme des Papilles. &: re~
cognoiiîbit Dieu feul qui eft e s cieux,pour fon Créateur. D. S'il croyoir pas fermement
que le corps de Iefus Chrift eft en l'hoftie après la confecration. çt. Qu'il croyoit que
noftre Seigneur eft nay au ventre de la vierge Marie fans corruption : qu'il a fouffert
mort& paifion pour les pécheurs : trois jours après rcilufcita : quarante lours aptes
monta es deux > ayant comierfc auec fes diiciples : & conuient que le ciel le reçoiue
iulqu a la rcttauration de toutes choies, comme il eft eferir au troifieme chapitre des
Aaes.3.n A&cs.Et ne recognoiflbit autre hoftie viuifiante,que Iefus Chrift : lequel s'eftvne fois
offert en facrifice en l'arbre de la croix. Qifil ne pouuoitcroiiequelecorpsdc Iefus
Chrift fuften l'hoftic, après la confecration duprtftre, pource que celaeft contraire
aux articles de la fov,qu'iI a recitez. Et s'il croyoit que Iefus Chrift fuft iacrific chacun
iour,il fandroit qu'il mouruft beaucoup de fois. D. S'il auoit cfté à Geneue. i^. Qu'ouy.
D. auel temps il y auoit. «t. Deux ans:&: y auoit demeuré enuiron quinze iours ou trois
fep maines. D. Si auparauant il alloit pas à la Meiîc. çt. Qu'ouy:mais il y alloit contre fa
propre confciencc,fachantquelaMeflc eft pleine d'abus Sdblafphemcs.
r r D.S'il
Tierrc^ Cjabart,& J^Jcolas le Cene^j. 4. S y
D. S'il croit pas qu'il faut prier Ja vierge Marie &: les Sa i nets de Paradis pour intercéder &:
prier noftre Seigneur pour nous. Rt. Que non, pourautât que nous auons vn Moycnneur
àc Aduocat,qui efl Iei'us Chnit,qui nous a cite ordonné Se enuoyé par le Pere.
Vk e autrefois ledit Gabart fut amené' deuant les luges pour eftrecôfronte àfon nep-
ueu.Là interpelle de iurerDicu.ôc la paifion figurée illccen Vn tableau,de dire vérité, dit:
Qu'il iuroic Dieu de dire vente, &: non point la paffion illec figurée . Apres plulicurs pro-
pos qu'il eut aucc ton Nepucu, enquis s'ii auoit prins du pain &: du vin comme les autres.
Ri. Qu'il eftoit ainiijielon que dcfiail en auoit depofé.D.S 'ilauoit efte à cor; feife,& depuis
quel temps,& s'il n'y faut pas aller .»> .Qu'il lui furHfoitdeconfefferfcs péchez à Dieu feul,
D. Si Pieu n'auoitpaslaifle monficur îaincï Pierre &fcsfucceffeurs , & leur auoit donné
puiiVancc de lier de! Iier:& que le s Preftres qui font fuccofTcurs 6c miniftres baillent l'a b
lblution,& qu'il lé faut coniclfer à eux.Rt.Quc les Miniftres deuoycnt propofer la parolle
de Dieu . Et que c eltoit Dieu icul qui pardon n oit les péchez, D. S'il a pas receu les Sa-
cremens de l'eglife. Rr. Qu'il auoit receu le Sacrement du Baptelme. D. S'il auoit re-
ceu le lacrement de 1 'autcl,&: s'il y croyoit pas,& q la chair & le iàngde IefusChrift v font,
félon que le croit l'eglife. ^. Qu'il n'en trouuoit rien par eferit. D. S'il auoit tant leu
l'Efcriture, & i'auoit tant de Latin pour ibullenir ce qu'il fouftenoit. r> . Qu'il fauoit
quelque peu de Latin: &c ce qu'il en fauoit, il l'auoitouydegensfàuans. D. Qu'il fîften
Latin ces mots, le n'en trouue rien en l'Efcriture. &t. Qu'ilncfauroit.-maisquilyauoic
ia long temps que la Bible citoit tournée en vulgaire:& n'y auoit trouué que Dieu eufteô
mande de du c Mclîc (àcriner Iefus Chrift. Cependant ne nioit, pas les Sacremcns or-
donnez de Dieu:mais les prenoit en IefusChrift. £>. S'il ne conreflbit pas qu'il y a des
os &c de la chair au iàinct iacrement de l'autel. Rt. Que non , &c n'en trouuoit rien par
clcnt."
D, Pourquoy donc cft-U dit , Hoc tft corput meum: r> . Que noftre Seigneur reprefen-
tant pai le pain fon corps,&: le donnant véritablement à ceux quilereçouiet par foy,pour
les nourrir en immortalité de fafubftanccparla vertu de Ion Elprit,dônoitlenom de fon
corps au ligne de fô corps, fclô la manière de parler ordinaire en to9 les Sacremés. D.Puis
qu'il ne fauoit rien de Latin. pourquoy il fouftenoit cela. ft£ Qu'il n'eftoit pas bon Latin,
toutefois qu'il fouftiendroit ce qu'il difoit par lafain&cEfcriture.
Ces deux perfonnages maintenansde telle conftance la vrayedo&rine(combie qu'il
fou: mal-anc île iauoir le tout delà main des greniers, comme il aefté dit,&: que leurs prin
cipales refpon fes faites en la Cour ne foyent icy mifes)furent condamnez à la mort par les
Commiflaires déléguez en la Cour.
Ni colas leCeneen la queftiôfuc interrogue qu'il fentoit de la vierge Marie &c des
Sain&s . il rclpondi t qu'ils eftoyent bien-heureux , & bien marris qu'on leur attribuoit ce
qui appartient à Dieu,d'eftre feul inuoqué par Iefus Chrift. Enquis du facrement de l'au-
tel-.refpôdir, Qu'en la Ccnedcucmét adminjftree , il receu oit le corps de noftre Seigneur
Ici us Chrift ipiritucllemcnt . De la torcure furet menez à la chappelle: & là fc prefenterct
dei preftres pour les conreiier , lcfqucls ils repouiferent, difans , qu'ils fèconfelfcroycnt à
Dieu feul, & que cela lmappartenoit : &: s'aifeuroyent bien qu'il leur feroit pardon &c mi-
fericorde. Et de fait,ils furent là vn longtemps en prières, chantansPfeaumes,& louans
Dieu. Apres difncr vnHuil'iicr delà Cour demanda à voClercdu greffe criminel quic-
ftoit là prelcnc, s'ils ne croyoyent pas-en Dieu, &: en la paffion de fon Fils IefusChrift.L'au-
trelui fitrcfponfc, qu'ils croyoyent en tout ce qui efteomprins au vieil &: nouueauTc-
ftament : mais ne vouloycntcroireauxcommandemcns de l'eglife. Ce qu'entendant le
Cene, seferia, Cen'eft point l'F.glUè de Dieu , ains l'eglife Papale Ba.bylonique. A l\in-
ftantarriuerent plulieurs docteurs pour les tourmenter: entre autres deux Cordeliers,
l'vn defquels prefenta vne croix de bois audit le Cene : mais il la reietta. Le Cordeher
print là occilion de lui parler des Images:mais le Cenerefpondit qu'elles eftoyent defen
dues de Dieu. Le Cordelicr pour lui en faire eniue,baifotoit cefte ctoix, difant, qles I-
mages eftoyent inftituecs de Dieu pout mémoire. Le Cene refpondit, Pourquov donc
prelchcz-vousôcadmonneftez-vous le peuple de lesbaifer &: honnorer?N'eft-ce point
aller contre le lecond commandement de Dieu en cequ'ildit,Tunet'enclineras pointa
icellcs-' le fu îs ton Dicu,Dieu ialoux, &c. Eft-ce ainû que vous auttes gardez les poures
brebis daller a Dieu?
NN.
Lime VI- François T^ebez^tcs Fridcric Dannille.
Gabart aOailliparles Doctcurs,dil'oit toufiours qu'il vouloit viurccV mourir fur ce
qu'il auoit dit n.amtenu.Quâd l'heurcde l'cxecutiô Fut venuc,on les aducrtit q la Cour
entédok/ris le vouloycncdeldiix%qu'ilsi'croycnteltranglcz:finon, brûliez vifs,^auroycc
les langues coupées. Eux délibérez de ioultnr roustourmens pournoftre Seigneur lcfus
Chnft.prefcnterent volontairement leurs langues au bourreau. Gabart commença age-
mir,dcquoy il n'auoit plus le pouuoir de louer Dieu de ta langue:le-Ccne de la tefte le cô-
foloit . En cefteltat depuis la Conciergerie furent tramez dedâs des tombereaux iufques
Cruauté de aux fuix-hourgs fainâ:Germain,en la placedu pilori. Le pcuplefuricuxlespourfuyuoita
P°FuliCC- ucc toute* forces d'iniurcs &: blalphemes : & voulut.on faire l'exécution maugre le bour-
reau:tcllementque ce fut vne mort la plus cruelle du monde. car ils furent longuemët te-
nus en l'air à petit feu, &: auoytt les parties bafTes toures bruflces, quele haut n 'eftoit poît
encores offen le. Toutefois pour le tourment ils ne laifleret point, la veuë tournée vers le
ciel,de monftrer tcïmoign.iges infinis de leurfov&conftâce.En mefme teuplulicurs Bi-
bles,nouucaux Tcft amens,&: autres liures fainds furent ars.
a Vcvns des amis des autres prifonniers,craignans la cruauté de ces luges, prefente-
Rccufati5s ^rent cauies de recufatiôs contr'eux,dcmâdans autres Cômiflaires.Cela retarda qucl-
a luges" que peu les procédures: toutefois le Roy en eltâtaduernpar fon folicireur en celle caulc,
par lettres patentes données à S.Germain en Laye, du 7-iour d'Octobre , cômanda leidi-
tes reeufations eftre miles à néant , &c qu'on paiTalt outre à la procédure des procc's , tous
autres procès & affaires ceUanres&r poftpo(ccs,(ur peine de nullité' de iugemens. Que les
Prclidens euflent la charge de choilir tels Confcillers que bon leur fembleroit , pour fup*
pleer au défaut des autres qui feroyent ablens. Et puis qu'il y auoit certain empeichemét
qui mettoithorsdecognoilfancedccaulcleLieutenât,&:luiofl:oitrinftrudiondespro-
cés,qu'ils choifiirent de la Cour ou du Chaftelet mftru£teurs tels qu'ils voudroycnt.Quc
fon foliciteur fuft receu Suftitut du procureur du Roy pour faire la pourfuitte.Que les do
gmatilàns pertinax facramcncairesfuflcnt iugez : toutefois qu'on ne partait point à l'éxe-
cution d'iceux auant que l'en aduertir. Ces lettres allumèrent encores le feu de plus fort:
auec ce que les luges eftoyent bien indignez d'auoir efté reprochez. Toutefois vnicunc
homme Alemand, Albert Hartung,natifdu pays de Brandebourg,&: filleul de feu Albert
marquis de Brandebourg , qui auoit eftéprins encefteaiTemblee,futdeliuré par le com-
mandement du Roy, qui en auoit efté importuné par prières des Alemans.
F R A N C O IS REBEzlE S,d\^ftafort tn Ccnàonnou:&
FRIDERIC DANVILLE,Mr»f»Be«w.
E N voici deux de la mefme troupe fidele,infericurs en quelques qualirez extérieures aux précédés: mais pareils en
foy & conftance.Ils ont edé aftaillis de diuers môltres ennemis, aufcjuels ils ont vaillâment refifté. Satan mefir.e
les a penle cribler, fur tout Rebeziesmiais ils l'ont tous deux repoufle en la vertu de l'Efprit de Dieu : voire eftâs
fur le bo»s prefts à élire ars &: bruflez.
V r deux ieuneshômcstôba depuis la ragcdesennemisd'vn eftoit aagé dexix.
KjSjjjjj à\x.ans,natifd'Aftafort en Condôuoisnômé Fiacois Rebezies: l'autre n'eftâc
gueres plus aagé, natif de la ville d'Olerôen Bearn, Fridcric Dâuillertous deux
eicolierscftudiâsà Paris. Combie vaillâment ils fe font portez en celte ieunef-
felbuftenans la querelle de noftre Seigneur Iefus Chrift, quelle confeflion ils ont faite,
quelles difputcs ils ont eues auec les docteurs delà Sorbonne, leurs lettres qui ont efte' re-
ceuès de leurs mains,en feront teirno gnage à tout le monde. Carayans plusderooyésq
les premiers, ils les ont fait feruir pour me: trepar eterit ce que Dieu leur donoit à cognoi-
ftredetioir eftre au profit de fonEglifedelblee.
LETTRES dcFridericDanuilleà vn lîen ami, parlefquelles il expofe les aflauts & combats qu'il a fouftenus
contre les aduerfaires:& fpccialement Moines 3c Sorboniftes.
RiRE &rami,voyantlafindemesioursapprocher,&quelacommoditédevous
eferite m'eft offerte, ien'ay voulu faillir vous eferire, pour vous faire participant
des interrogations qui m'ont efté faites tant au petit Chaftelet,qu auPalais,par les
ennemis de Dieu,& finguliercment de celles qui m'ont efté faites parles Sorboniftes, co-
rne vn nommé BcneàiàintK Iacopï,& vn Sorbonifte fon côpagnon , & cela première fois:
puis pour la féconde fois par le compagnon de Benedictinus , ÔC deux autres Sorboniftes.
Les premières furent auChaftclet,ck faites par vn homme duquel i'auoyc conceu autre o-
pinion,que Iefaitt &c l'examen mefme ne le monftra. Iccluy eftoit le Lieutenât criminel:
François Rel>e%ja,Ç? Fridericd sAnuittcS- ' 486
lequel après auoir ouy que ne confc/Toye rien de la Cene, à laquelle auoye comm unique*,
me vint mettre en auanc ce paflàge de Iefus Chrift , Que quiconque le nieroit deuant les
hôroes,il le nieroit deuât Dieu l'on Perc. Duquel paflage il en via aulïi bic quefaifoit Satâ
quand il tenta Iefus Chrift. Afant donc amené ccpallàge,il m'intenoguaqucicfcntoye
du fàcrement de l'autel. le luirefpôdi(ainfi quelelàinct Elprit me poulfoit)Quefi ie ci oy-
ove que Iefus Chrift fiift entre les mains du Preftre , après auoir dit les parollcs làcramcn-
tâles (i'vfe de leurs termes ) que iecroyroyc choie contraire au contenu du Symbole des
Apoftres,Qu'il eft aliis à la dextrede Dieu ion Pcre. Et au contraire dece qui efteferit au
premier des A&es,quand Iefus Chrift monta au ciehlequeleftâtfeparé du regard des A-
poftres,apparurent à iceux deux Anges veftus de blanc, lefqucls diret amfi aux Apoftres :
O hommes Galileens,qu'eft-ceque vous regardez? &c. Puis m'interroguadel inuocado
des Sain&s. le di nerecognoift rc autre inuoeation , que celle qui fe fait à Dieu par Iefus
Chrift>ainii qu'il eft eferit au deuxiefmc de la r .làin£t Iean, Si nous auons pèche, nous a-
uons vn Aduocat, &c. Finalement fu interrogué du Purgaroire . le refpondi que ne croy-
oye autre Purgatoire que le lang de Iefus Chnft : fuyuant ce qui eft dit en la première de
fain&Iean chapitre premier,Que Iefus Chriftnousnectoyede tous pechez.Quand telles
interrogations me furent faites,trefchcr frere,c'eftoit le quatrième de noftrc emprifonne-
ment, v 1 1 1 .de Septembre: depuis lequel temps demeuray iufques à la fin dudit mois dâs
vn cachot, accompagné de mes frères. CLe premier d'Oftobrenous fufmes amenez au
Palais,auec cinq ou iix autres, François RebeziesCondonnois,&: moy,ayans tous fait cô-
feffion defoy,trouiTez tout ainfi qu'eftoye le iou r de la prife , quand paflay par deuant vo-
ftre logis.ÇNous fufmes là interroguez de Meilleurs les Prelidens,moy & François Rebe
zics le x 1 .d'O&obre: depuis lequel iour ils nous ont tellement marquez,qu a prefent l'vn
nefàuxoit eftreappelé,qu incontinent l'autre ne le (bit auflî.Parquoy auôs ceft ei'poiren
Dieu,qu a la mort ne ferons point fcparezdaquclle n'attédons que d'heure à heure.Neât-
moins noftre Dieu, contre efpoir, nous a amenez iulques ici , après auoir efté interrogue
defdits Prefidens: delquels les interrogations enuers moy ont efté telles : Si ie ne croyoyc
pas à la MefTe,laquelle de fi long temps eftoit en lumière, & auoit efté châtee de fi làin&s
perfonnages queles Apoftres. Laquelle chofe vins à nier, &: au contraire dire,que la cail-
le pourquoy ie n'y croyoyc , c'eftoit qu'il n'en eftoit fait mémoire ni au vieil ni au nouueau
Teftament&: que ce n'eftoit qu'vn renoncemenr de la Cene de Iefus Chrift. Deiquels
jppos furent moult efbahis : tellement qu'à chacun mot ils me difoyent que penfaffe à ma
confeience. Puis me fut demandé fi i'auoye communiqué à cefte Cene. Refpôdi qu ouy.
Mefutdemandé il iel'approuuoyc.Iedj qu'ouy. Combien ily auoit qieftoyeen cefte opi
niô.Jji.Enuirôi.ans. D.Combiéily auoit q ienauoyeaffiftéàlaCene.iji.Dcux an s, hors
mis ce loir que ie fu pris.D.Pourquoy cela? i^. Pource que feu (le fait cela contre ma con-
feiencerveu qu'elle eft oit mal adminiftree en la Papauté.D.Siicnecroyoycpas quelc pat
foit le corps de Iel'us Chrift,& le vin le lang:& li ie ne le mangeoye pas.çt.Quc m'eftans ad
miniftrez le pain Se le vin du Miniftre, appelé à tel m inifterc légitimera et, après auoir an-
noncé la parollc de Dieu, que receuant de lui le pain de le vin,ic croyoyercceuoir le corps
& lelàng de Iefus Chrift lpiiituellemct,&: par viuefoy.^TLc x r i .dudit mois fu amené de-
uant Bcnedi&inus lacopin &: lbn compagnô vn Sorbonifte,dit noftrc maiftre. Defquels
les aflauts &dcprauations des paifages combien furent grandes,il meferoit quafiimpof-
fible d'efciire.Toutefois vous en aurez ce qu'en ay peu retenir.Car ia pouuez eftimer qu'-
eftant deuant telles gens,il ne peut eftre qu'on nelbit quelque fois troublé. D'iceux donc
les premiers aiîauts furet tels :auauoir,quelle Eglife eftimoyeeftre vraye,ou celle des Pro-
teftâs,ou celle de Paris. j^.Que ic n e recognoilîbycftutre Eglife eftre dite vraye, que celle
en laquelle l'Eu an g ile eftoit annoncé purement Se finecrement , &: les fain&s Sacremens
adminiftrez,ainfi qu'ils nous ont efté dclanTez de Iefus Chrift & de fes A poft res . A quoy
medirentjfiicnerecognoilToycpour telle celle de Geneue. y.. Qu'ouy. D. Et fi ie vous
inonftrcle contraire(dit Benedi&inus) mecroirez-vous?çt. Qu'ouy parauenturc, & mef-
inement s'il me le monftroit parl'Efcriture. D.Si ie croyoyeà fainét Auguftin, & vn autre
infinité de Sain&s. i^. Qu'ouy,pourueu qu'ils ne difent rien contraire à TElcriture. Apres
lcfquels propos mcvintargumenterainli,amcnant lauthorité defaihâ: Auguftin . Quod
ibi eft rera eedefit , vbi eftjèrtcs fitecefîo epifbporum . ^ttjui in écrit fa Part fienjt eft tahs feriez
tir jucceflio epifeopormn: Ergo . Ceft à dire, Là eft 4'Eglife où y a perpétuelle fucceflion
d*Eucfqucs. Or en l'cglile 4e Paris il y a telle fucceflio d'Euefques : Ergo,& ce qui s'enfuit.
NN. iL
Liurcj VL François %ebezjes.
Auquel argumét ne refpôdi autre chofe,finô qu'à Gcneue i eftirr.oyeauoir plusvrayefuc-
cciïion, qu'en l'eglife deParis.RaiibnjQu'en celle deGeneue lepur Euagitede Dieu cftoit
annôcé,& les Sacremés vrayemét adminiftrez. A quoy rcfpondirent, q Caluin s'eftoit de
foy-meime ingéré à tel miniftere,ou qu'il n'eltoit qu'efleu du peuple, qi. Quec'cftoit plu-
iloft diuincmécvcu qu'ainfi eftoit de par lui annôcé l'Euangilc: &: de là ne fut à eux poifi-
ble marracher.De ce poîd vinfmes àîa Côfeifion auriculaire, laqllc ils ne me peurct per-
Auzo.chap. fuaJer:c6bien qu'ils me vinffent alléguer le paiîàge de S.Iean, Côme JePere m'aenuoyé,
aulHi vous enuoye-ie:&Ttout ce q vous aurez lié,&:c. Çi.Qu^echacû vrayemét Ce dcuoiteon
feifer pccheur:&: qlors leMiniftre par la vertu delà Parole,icur pouuoit annôcer rerniiûo
despecliez.Ils merefpôdirentlèulemet q ceftoit autre chofe fecofeifer pecheur,&a»cr©
choie côfeflcrlcs pechcz.i^.Qu'en ce paffageeftoit parlé generalemét,quand il dit, Tout
ce q vous lierez,&:c.Pour le troiueme article,ils m'interroguerét de la Cenc. ^&,Queie ne
croyoye point mâger le corps de Iefus Chnft ainii qu'eux le donner à encédreau peuple:
maisqlaCene m'eftantadminiftree(cômei'ay deiiadit)iepéfoyc&:croyoye fermement
manger le corps de Chrift,&: boire Ton fang,ij>irituellemét & par viue foy . De laquelle re-
fponlèfurét mal contés. CAp r e s auoireftedefpefchédeccsdeuXjBenedi&inus^ibn
copagnon , iefu derechef amené le 19. dudit mois deuant D. 8c deux autres Sorboniftes,
pourmepenierfairecroireàleurMeiîe.Maisiiceux dcdeuantfurétparmoyreiettez,iur
cefte Meh"c>ceux ci n'en curct pas moins. Parquoy ie n'en parleray point dauâtage. Delà
nous vinfmes à la Cene.Ie leur refpôdi côme aux autres-.ôi ce fut au grad regret de D. Le-
quel pour applaudir aux autres, m'eftoit(lî voulez)pluscôtraire, comme vous verrez puis
apres.Et fur ce poinft de la Cene,ledjt D.tira vn papier de fon fein, où il dilbit eftre côte-
nue la foy d'vn, qu'il difoit venir de Gencuc: Qu'en receuant le pain & le vin,il receu oit le
corps fie te fang de Chrift rcalemét & de fait. Là defTus les deux autres me demandèrent û
ie n acceptoyc pas telle côfeffion.rçt.Que n'en vouloye tenir d'autre q celle que l'auoyc fài-
icfâçhat biéqiuls prenoyet cemot(rcalemét)pour vnc prefencecharnellemon pas côme
nous,qui roppôfonsàf imagination vaine. Lors s'efleua D.& dit qu'il s'efmcrucilloitdc
Lcnsot.rea- nous,quinevoulionsdire>rrf/«»#,mais toufiours,Spirituellcment. &c queCaliùnmefme
kment^m- djfoit realemét.iji.Que Caluin ne l'entendoit pas côme iislemédovét. Nous vinfmes à la
Côfeffion auriculaire:ie leur en di autant qu'aux autres. Ce qui deiplaifoit à D&. pour re-
iection de mô dire, ne peut répliquer autre chofe, finô q l'Allemagne efcriuit au roy Frâ-
çois pour^bation de telle cbîciï\on:ConfcfltoneauricuLr?nonmprobdmw.Eft
fecreru.Cdï à dire,Nous ncreiettôs point la côfeiïion auriculaire;car c eft vn Euangile ic-
Sirkuhiîc crct & Priuc-Ec me dit que Melâ&hon en fes heux cômuns l'appcloitBwflgeZrtf /êo*rtf:c'eft,
nommé E- Euangilefecretou priué. Nousfaurafmesdecepoin£tau Purgatoire: ic di, que n'en reco-
lungikfc- gnoiflbye d'autre que le lag de Iefus Chrift. D.dit qu'il me prouueroit yen auoir d'autres*
le reipôdi,quc quand il l'c ne reprédroit de le faire,il feroit contre fa confcience.Eftant irri
té de cela, il pourfuyuit, difant que l' Aumofncen la fain&c Efcriture eftoitdite remettre
les pcchez,&: l'oraifon aufii.^Que ce purgemét,adioint au vray, qui eft le fangdc Chrift,
à fa vertu, comme caufe féconde. Eux répliquèrent auiïî, que leur feu de pu r^acoire, eftât
ioiot au fàngdeChrift,auoit plusgraderorce.Icdi qu'il n'en eftoitpoint parle en la fain&e
f icriture.Dclà noustombafmes fur la vénération des Sain&s. Ri.Qu'il les falloit vénérer
en ce qu'ils auoyent bien vefeu : mais toutefois tellement que l'honneur de Dieu n'y fuft
point roujé.D.S'ils prioyent pour nous. y.. Qu'ils fouhaittoyét bien que nous paruenions
a cefte béatitude àlaquelle ils font paruenus.D.S'il ne les faut point prier, y.. Nenni.Puis
me parlèrent des feftes. 9t. Quen'enrecognoiiToyequeleSabbath. Vray eft que ce mal-
heureux Satan D.gaigna tant fur moy , me voulant aider, quoi me fît aduouer d'autres
feftes,ii Dieu y eftoit honnoré. Apres il rut parlé des miracles des Sain&s viuans.^*Qu'ils
ne les rai foyét pas de leur aut|iorité & puiflànce : ainii qu'il apparoi/Toit par vn paÉfagc des
A£tes,quei'allcguay,quandles À poftres firent cheminer le boiteux. Le vingtiefmeiour
dudi t mois,ie fu derechef appelé deuant Meffieurs, où plus attendoyel'heure<icla mort,
que le retour au cachot : toutefois ils ne firent que me demander , veu que i'eftoye d'Ole*
"flentgd «Icfonjfi ien'auoyepoint ouy çnaiftrc"Girard.^.Qu,ouy.p,Vcu queluichantoitlaMeflê,
Rufi Eud- pourquoy ne la receuez-vousfiji.II lefaifoit pour retenir fon Euefché. Voila (frere)ce que
que. i'ay voulu eferire pour tcfmoignagcde mafoy:& vous faire entendre commenton traître
les pourerenfans de Dieu, quâdonlcs tient en prifon. La fautedepapicrm'cmpe&lie de
pafler plus outre. A Dieu.
LET*
Fratifçis RebeXjcs. 4S7
LETTRE de FRANÇOIS REBEZIE S,contcnaflte ledifcours dcJa procédure tenue comte eux.
MB» b,v r s il vous plaira receuoir de bon zclcla confel£on de voftre frère en Iefus
Cbriftjieruitcur du Seigneur, nommé François Rcbczies,d'Aftafort en Condonnois
de Galcongne,fils de Remôd Rebezies. Le j.iour de Scptébre fu mené,depuis la maifon
demôiicur Grauelle,au petit Chaftelet,prifonnier peur la Querelle du Sergneur:& le (bir,
enuiron deux heures après midi, fu moté de la baiîefoiTe du Chaftclet, pour eftre otiy de
quelque Côlèiller,accôpagnc d'vn Greffier. Sa première interrogatiôfut.-ii îeftoyeChre-
ftien.i^.Quouy,&: au nom de Chrift eftoye baprile, &; le vouloyeenfùyure. D. Si i'auoye
fait mes Pal'ques.)^.<^enon,pasàleiirmaniere.D.Sii'eftoyca^
D.Quc ic tenoye de la Méfie. Rt.Que tocalemét ic tenoye cela pour vnechoie diabolique.
D.Siie prioycîa vierge Marie,&: les SainCts.Rt.Qjjeie prioye Dieu feul,au nom deibn Fils
lefas Chrift. D. Si îecrbyoyc poitvn Purgatoire.^.Qu'ouy^iîauoir le fàg de Ictus Chrift.
Voila ce que fnn plement îe relpondi audit Confcillcr.car il n'auoit loiiir d eftre plus long
temps aptes mov,pource qu'il en deuoit ouyr d'autres. Mon dire fut mis par cfcrit,&: corn
mâdaquciefurté mis en la plus baffe folié, àc qu'il me feroit bien dire la venté des autres
choiès.Ieluv relpondi toutdc prime, face, q ienecognoiilbveperionnedcladitemaifon,
ne melme les Miniltrcs.Sur quoy il infifta fort:promertat fi i'en vouloye dire la vericc,qu
il me feroit grâce. Rt.Que ce m'cftoitailéz queiufticernefuft faite. ^ Le v 1 1 1 .iour dudic
mois fu preienté deuantle Lieutenant ciuil. Il me demanda, G. 1e ne me tenoye poïtauec
moniieur N.Surueil]antderalïéblee,&:diftributeurdes maillcs,parlârainh\ De premier
front fu eltonnéjScdiqiien'entédoyedcquoy il me partait. Vrayeft(monlieur)queic me
tenoye auec lui: &, là vocation n'eftoit pas relie que vous dites, ains eftoit elcohcr. D.Si i'-
auoye prins du pain &: du vin en celte aiféblce:&: il ien'auoycpas des mailles pour entrer.
j^.Quenon.Halefînpcndard(dit-il) vous faites de l'ignorant:& ceftiezvous-mel'mequi
auiez la charge de les diftribuer.Venez-ça,leuez la main, direz-vou s vérité?^. Ouy.D.Co
gnoiftrez-vous vn homme qui tout à prefent vous fera preienté: r>. Peut bien eftre,mon-
fieur.D.Snaccorderoycàlbndirc. y.. Ouy,pourueu que fon dire loitreciproqueau mie.
Incontinét mefut preienté vn elcolicr d'Agcnois. Le voici(dit le Lieutenant)lecognoif.
fcz-vousriu.Qu'ouy^qu'eftions tous d'vnpays.Apres,leLieutcnat parlant à lui,dit,Ve-
nez-ça,eft-il poît celui qui a diftribué les mailles, &: prins du pain &: du vin en l'affemblec?
Ilrcfpondit que non . Ienefay s'il le nia pour crainte ou honte d'eftretrouué méteur. O»
(ditlc Lieutenant) il ne s'enfuit pas , li vous ne lui auez veu prendre du pain , qu'il n'en ait
prins. Refpondez-moy,Rcbezies(dit-il)efticz- vous pas iéruiteurdemonfieur D.&decc-
lui qui eftoit Surueillant^.Quouy.D. Or puis que vous eftiez fon feruiteur, vousdeuez
fauoir où il fut tout ce lbir,&: s'il eftoit Surueillant. iji.Et moy, Moniteur, ie vous refpon à
l'oppoiite,que puis qu'il eftoit mô maiftre,&: moy fon feruiteur, il n'auoit que faire de me
dircoù ilalloit.D.Si l'auoueroye point des liures qui auoyét cfté trouuez en noftre cham-
bre, rçi.i'aduoucray bien quelques œuures de Ciceron:&: ne penlè auoir autre liurc,n'e-
ftoit vn nouueau Tcltament. Le Lieutenant, Olnous ne parlons point ici d'ceuures de
Ciceromnousfommesà preienttous Théologiens . O bien (dit-il) qu'on leremene, ielui
feray bien dire la vérité auant qu'il eichappedemes mains. Iefu mené en vn cachor, où ic
n'auoyeaucunair,&:yfu enuiron dixléptiours . Apres fu amené deuant le procureur du
Roy,hommeaflézhumain:<5c me demanda d'où f eftoye, &: qui eftoyent mes parens. De
lui iefu derechef prefen té au Lieutenant ciuil .mais il me renuoya incontinent rdiiant,
Quci'cftoycceluiquiauoitditenmadepofition premiere,qucceftoitlcFils de Dieu qui
m'auoitappnnscefte belle do&rine,parlbn S.Elprit. Çi.Qu'il eftoit ainfî. Il relpondic par
vncIronie,c'eftà dire en le moquât, Voy, la belle do&nne qu'il vousaapprinlè.^Enuirô
le x x. îourdudit mois iefu mis au plus haut de la tour: & là vn greffier eftant venupour
me faire recognoiftre quelques liures, medit,apresplulîcurs propos: le vous voudroye
bien prier d'vne choie: ii vous pouuiez hure quelque feruice à la Court , vous n'y perdriez
vic.fy .Helas poureiquel leruicc pourroit auoir la Court de moy, qui luis dénué de tout fc^
cours humainîToutefois en ce que me pourray employer pour Meilleurs, ie le feray de bô
eccur: làut toutefois lolfcnfcdemon Dicu,&: démon prochain. 0(dit-il)il n'y aura point
d'ofTenfc en celarvous n'auez qu'à médire li nccognoifïcz point vn nome Ballon, r? Pour
* faire brcfjie nefay de qui vous me parlez. Ainii s'en alla.D'autre choie nefu interrogue au
Chaftelcr.
' L e premier d'Octobre nous fufmes amenez au Palais, aucuns de mes frères &: moy: &:
NN.iii.
L/#ro VL François TKtbezJits: '
fufmes mis dedas la Tour criminelle. Ayas demeuré dedâs ladite Tour i f.iours> fu mené
deuât Meilleurs pour eftre interrogué dedâs la chabre dorée du Palais. Les interrogations
furet tellcs,faites pat deuxPreridens,alïiftansenuiron25.Cô{èillersaucccux. Première-
ment par M.d'où i'cftoyc,&:c. De tout cela leur refpondy à la vérité. Le refte,ie vous lcra-
côteray en bref,pour le défaut q i'ay d'encre &c de papier .Interrogué par ledit M.ii i'auoyc
cfté prinsen la maùon. Rt. Qu'ouy. D. Que falloye faire là. r> . Ouïr la parolle de Dieu,8£
faire la Ccne.D. Qui t'amena là? Rt.Moy-mefme. D. Qui eft -ce q i'y cogneu.?Rt.Pevfonnc.
D. Cornent i'auoye pris la hardiefle d'aller en vn lieu las y cognoiftre pcrfône. Rt .Que bic
Nomcxco c^olt vraY 4 * Y en cog'noiflbye deux ou trois. D. Et quels?R> .le cogneu môlieur Grauelle,
gité. Clinet,&: vn autre-nômé Iean de Sanfot. lequel nom eft de moy-mefmeexcogité. Quant
aux deux autres, ie iàuove q le Seigneur les auoit appelez en fon Règne , &: q nul mil n'en
pouuoit aduenir. D. Si ie cognoifloyc ccftuy-la qui prelchoit. Rt.Quenon. D. Si ic tenoyc
pourvnechofebône ce que l'y auoye fait. r>. Qu'ouy. D. Ne t'euft il pas plus valluafnfter
à nos temples q tu vois tant bié parez,pour ouir Méfie? Rt.Quen mo téps,i'en auoye trop
ouy,&q ie rendoye grâces au Seigneur,qui par fa boté m'auoit tiré de ceft abyfme. D.Cô-
mét?nela tics-tu pas doc pour vne choie falc~te&: ordoneedcDicu? Rt.Qucceftoit tout au
contraire: mais que vvayement iecroyoye , quec'eftoit vn grand blafpheme contre Dieu
d'y aftifter,&: vn leruice controuué du diable. D. Si ie n'y alloye pas quâd i cftoye au pays.
B>.Qubuy:mais quebiéfouuét l'extériorité eftoit contraire à l'intériorité: &difoyeat mer
de bouche les choies , lefquellcs de cœur hayoye. Mais aufli en ce faifant ofFenfoyele Sei-
gneur.Car il a en haine ceux qui font de double cœur: & q de ces choies demandoye par-
don à mon Dieu. D. S i ie recognoilToy e vn Pu rgatoire. Rt . Qu'ouy . D.Mais quel.?Rt. Le feul
fang de Iefus Chrift. Alors(dirent-ils)vrayemét iceluy eftoit le principal: mais que fans cc-
ftuy-la il en falloir croire vn autre.Rt. Qu)celuy eftoit fuftîlànt pour purger toutes nosini-
quitez:&:qucnoftre Dieu ne failoit point les choies à demi: mais fauoità plein ceux qui s'
approchent de luy par Chrift: lequel eft toujours viuant pour intercéder pour tous : ainfî
quetefmoignerÂpoftreauxHebr.7.chap.Helas>Seigneur(di-ie)iamaisnenous contéte-
rons-nousdelafimplicitéderEuâgilc?rhôme toufiours y veutadioufterdeibneerucau.
Nous voyons en plulieurs lieux dedans l'Efcriture,tât au vieil qu'au n'ouucau Tcftamet,
ce feul Purgatoire eftre lelèul fang de Iefus Chrift,&: que d'autre n'en deuons cercher. D.
En quels lieux de l'Efcri<ure:R> . Vous l'auez clairemét elerit en S. Iean premier chap. Apo-
cal. 5 .Heb.9 .Efaie 45 .Où il ditylefuu celuy cjuipourC amour de moymefme efface les iniquite^En la
i. Cor. 5 .chap.Dieu eftoit en Chrift reconciliât à foy le mon de,&:c. Lefquels lieux del'Ef-
criture vous doiuent contenter (Meilleurs) pour confirmer ce Purgatoire , qu'vn chacun
vi ay fidcle&: enfant de Dieu doit croire, & non autre. En après, Mefticurs les Confeillcrs
prindrent la parolle,difan s,Qu'il eftoit elerit de ce Purgatoire(qu'ils entédent)en S.Matt.
5 .où il dir, En vérité ie tedi que tu ne fortiras delà iulques à ce que tu ayes payé le dernier
quadrain. A quoy relpôdy, que s'ils auoyent bien leu &c entendu le chapitre, il n'eft parlé,
&: ne s'entend que des choies ciuiles:ou Ci voulez, ce Donec (c'eft iufques à ce) fc prend en
l'E (triture pour iamais.En quoy ainli demourafmes touchant le Purgatoire. Demade. Si
ie ne croyoye que les Sain&s prialfent pour nous, &: qu'iceux on doit prier pour eftre nos
aduoeats enuers Dieu. Refponlc. Que iecroyoye bien que les Saincts auoyent vn delir
que tout ainfi que là volonté eftoit faite au ciel,aulïî fuft faite en la terre:&: qu'ils auoyent
ceibuhair,que tout ainii qu'ils lont paruenus à cefte béatitude éternelle, aufli Dieu nous
vueille faire mefmegrace,ànousquifommesicy bas . Et alors des Confeillers médi-
rent qu'il eftoit cfcrit en l'Euangile, que les Apoftres difoyent au Seigneur: Cefte fem-
me crie après nous ,parlans delaChananee. Dequoy ils voulurent tirer la prière des
Sainits. A quoy ie refpondy , qu'il neftoït pas là dit que la femme le foit retirée aux A-
poftres:mais pluftoftàDieu:auquelfeultous les enfansde Dieu dirigent toutes leurs re-
queftes &c orailbns . Car c'eft celuy feul qui nous peut exaucer , quand nous le prions en
vraye fiance de cœur, au nom de Ion Fils bien-aimé:& iceluy eft noftre feul Aduocat en-
uers Dieu fon Pere,ainfi qu'il efteferit i.Timoth.deuxiefmechapitre:Ily a vn Dieu& vn
Moyenneur de Dieu,&: des hommes Iefus Chrift hôme,&:c.& i . Iean deuxiefmc, Rom. 8.
SAnï?" lors commença à parler monfieur le Prefidentfaindt André, &: me demanda, qui m'a-
' uoitapprinsceftedottrine. Refponfe. LeFils de Dieu par lonfaind Eforit,&: qu'ain-
ii I'auoye leu au vieil & au nouueauTeftament.D.Si ien'auoyeleu autre enofe? rl. Que
non. Alors le rapporteur de mon procès dit ,11 a bien leu autre chofe :11a leu Çalninuf m
Ojeam,
ofeam^Bucer^uUnger: car ce font les liures qu'on a trouuez en fa cham brc. A quoy ne vou-
lu côtredire,de peur de mettre en felchene mes frères , auec lclquels ie me tcnoye. Apres
cela Mon fieur le prefident va faire vne grande exclamation, difànt, Hé pourc enfant, ne
crains-tu point deftrebruflé,côme les principaux de ta côpagnie ont efte' ces iours pafl
feZïàlaplaceMaubertJ&pui^quei'auoyeparenSjiiienedoutoye de les mettre en dés-
honneur à tous iamais?Sur quoy le priay à iointes mains,& au nom de Dieu,qu'il peimift
que ie parlaife. Alors il dit,Ie permets que tu parles : di,mon ami.Monlicur,di-ie> Quant
à ce que m'au ez di t,fi ie ne craignoy e point,&: fi ie n auoy e en horreur les dagers , lefqucls
i'auoyeàpafrer,cômemcsfreres;en premier lieu il nfeft tout pour certain , que tous ceux
qui voudret viure en Iefus Chrift,founTironr perfecution:&: que quant à moy ie mepou-
uoye bien préparer vn gibet,ou femblable tormet,fi ie vouloye fouftenir la querelle:mais
que tout cela,&: mort& vie,m eftoit gaingau Seigneur. Quantau deshonneur de mes pa
rens:le Seigneur nous a délia predir,que quiconque aime plus fbn pere , ou fa mere, &c.il
n eft pas digne de luy. Ledit Prefident ayant ouy cefterefponfe, me dit ainiî, Iefus maria^
qu'eft-ce que veut dire auiourd'huy cefteicuncire, qu'ainfi elle le vueille faire bruflerà
crédit 1 Derechef m'a fait inftance fur la Meife<diiant,fi ie me penfoye eftre plu s fage que
tant de milions de gens qui auoyent vefeu, Se tenuicelle pour bonnc:&: que les Docteurs
fain£tslauoyentapprouuee?Aquoy iereipondy,queles Docteurs qui l'auoyent receuê'i
auoyent pafle les bornes delà parolle. Alors médit* fi ie ne vouloye pas viure félon icclle.
Refponfe.Que non, Adonques comme d'vnerage enflammée dit, Va,va,damné:&ainfi
commanda à rn huifsicr que l'on me remenaft en mon cachot. Voila quant à la première
interrogation faite par les Prefidens. ^"Maintinant ie vousferay participans des
interrogations à moy faites par Mefsieurs delà Sorbonne:fauoir eftvn lacobin nommé
Bened. le raaiftre des Do&eurs,&: vn autreIacobm,duquelle nom m'eft incognu. Et ces
afTauts me turent faics par les fuppofts de Satàn,le x 1 1 1 1 .d'O&obre , depuis lèpt heures
du matin,iufques entre dix & onze. Leur fàlutation fut premièrement par Bened. en vri
petit Cabinet (où nul n'eftoit qu'eux &; moy) Le Dieu de paix,mifèricorde, Se côfolation
foit aueenous tous.Refponfe.Ainfi ibit-il. I e ne doute point que vous ne fâchiez la eau Harengue
fe, pour laquelle ( mon freremonamy)nous-noùs fommes tranfjxîrtez deuers vous. Eh conficed'hy
premier lieu,puis que tel eft le vouloir de noftre Dicu,de nous cômander de donner con- JJJjJj*
folation auxaffligez,ôide vifiter les prifbnniers,&; principalement Ces membres, lefquels
font ainfi enferrez pour Ton nom:&: qu'iceluy noftre Dieu acceptera eftre fait à luy,ce qu
on fera à vn de fes m embres,defqucls i'eftime que foyez ( mô frère mon ami) nô point vn
heretique,comme l'on dit.L'autre caufè,pour laquelle nous fommes venus deuers vous,
c'eft la priere,que Mefsieurs de Parlement m'ont faite. Mais non tât efmeus de leur prie-
re,que le bon vouloir quenous auons enuers les enfans de Dieu, (defqucls toufiours me-
ftimoit eftre). d'autrepart qu'ils n'eftoyentpas venus me voir pour me furprendre ; Car
comme voyez (diibit-il) nous n'amenons aucun s greffiers auec nous, pour mettre voftrc
dire par efcrit:mais feulement vous venons voir en partie pour vous confbler,&: pour cô-
fabulerenfemble:& qu'il ne pouuoit croire que nousfufsiôs heretiqucs:& qu'ainfi en cô-
muniquaht defEicriture le pourrait cognoiftre. Alors ie commence à refpondre : Mon-
fieur, ie feroyc marri de lbuftenir aucune opinion hérétique: mais ce que ie veux foufte-
nir eftfêulemeut la querelle du Seigneur :&que pourherefie ie n'eftoye point empri-
fonné:mais que les peruers &c aduerfait es deChrift eftimétheretiques ceux, qui de tout
leur pouuoir U puifîance s'erforcét de fuiure les traces du Seigneur:&: nô que le Seigneur
ne nousl'ayedefiapredit,côme i'eftime que làuez aufsibien que moy,Monfieur:c'eft que
nous ferons eftimezlordureSi excremens du monde.Mais leSeigneur,lequel fcul eft fpe-
culateur des cœurs des hommes,cognoift finous fommes tels qu'on nous eftime. Alors
Benedî&inus parlantà moy,dit,voycz-vous (mon frere)vous,&: tant que vous eftes,vous Rebezics
trompez de dire fimplement le Seigneur,fans y adioufter ce pronom Nofhe, ou mon Sei- u^""-///
gneur:car,dit-il,les Diables rappellent bien Seigneur, &mefm es tremblent deuant fa fa- seigneur.
ce. qt. Que les Diables l'appellent Seigneur en telle forte que les Pharifiensamenansla
femme,s'approchans de Iefus Chrift,difans:Maiftre nous auons rrouué.&c. Laies Phari- leaEn8'4
fiens l'appellent maiftrermais non qu'ils vueiJlet tenir fa do&rine,ne qu'ils vueillent eftre
fèsdifciples. Ainfi, di-ie,eft-il du Diable, lcquellè dit cognoiftre Dieu, &: l'appelle Sei-
gneur : fi eft-ce pourtant que iamais il ne le veut recognoiftre pour lien j mais de fait , il le
nie.Et pu is fàuez qu'il eft tout plein de méfonge &c cautcle.Car quiconque le dit cognoi-
NN.iiii.
L/Wo VL Franfdis %ebe^ies.
ftre Dieu,&: ne garde point les commandemens, il eft méreur, i .Iean i. Mais moy (mon-i
ficur) ie l'appelle Seigneur &c le tieiv.car il l'eftde vray,& le veux recognoiftre pour tel,en-
t mt qu'en moy fera. C'eftbicn dit(dit-il) maisnous deuonsauoir quelque différence de
îummer noftrc Dieu d'aucc les diables, y.. S'il ne (e comentoit de celle différence que ie
luyauoyedônec. Alors me dic,qu'ouv.Venons(mon frcre)dit-il,à parler de l*Egl i fe, 1 aq u el-
le vn chacun bon Chrellien doic croire, le croy que vous tenez pour bonne icelleEglilè
(dit-il) en laquelle la Parolle elt prelchee purement &: fincerenienr , &r les Sacrcmcns ady
miniftrez félon qu'ils nous ont elle kiltez de Iefus Chrift, &c de les làinds Apoftres. Ri. Lî,
celle ie croy,&: y veux vfurc &: m ourir. D. Si ie ne croyoyc pas que quiconqu e n'eftoit en
icclle,nepouuoitobtenirremiiiiondeles péchez? ri. Que quiconque le feparoit d'icelle,
pour faire fecte à part,ou diuifion, vrayementn'en pouuoit point obtenir. Ceft-mon(dit-
il).Or maintenant il n ous faut voir &:confidcicr deux Eglilcs:c'eftalîàuoir, qu'en l'vnela
parolle loit annoncée fauilement , &: les Sacremens autremét adminiltrez qu'ils n'ont e„
lté delauTez de Iefus Chrift: l'autrc,en laquelle l'Euangile lbic purcmét prefchç, &lcs Sa-
crcmcns bien adminiftrcz. Mais,dit-il, laquelle de ces deux nous faut-il croire? rl. Que ie
croyoyc celle qu'auparauant m'auoit définie . C'eft biènereu , dit-il, mon frère mon amy:
nous n'en voulons point croire d'autre .Ori'us, il faut parler des dons,lclquels il a donné à
icellex cil alfauoir, la puilTancc des clefs , la confclïion pour obtenir remiffion de nos pe-
chez,aprcs eftre comreilc au Preftre : en après il nous faut croire auffi lept facremens en i-
celleeglife vrayement adminiftrcz. drtes(mon frère) icellecftrevraye: comme nos eglifes
de Paris,aulquelles le fainct facrem ent de l'autel eft adminiftré , &: l'E uangile prelché pu-
rcment.Rt.Monfieur,ie voy que vous commencez à branflenquant à moy ie nerecognoy
en la vrayeEglife du Seigneur que deux Sacremens, lefqucls ilainftituez en iccllepour
toute la communauté des fidèles. Quanta la puiiTancedes clefs,&: voftreconfeflion,ie
croy q pour auoir remiffion de nos pechez,il nous faut retirera confelfer au leul Dieu,&:
non point aux Preftres. comme trefbien le dit S. Iean, i .chap. i .Si nous confeflbns nos pé-
chez, Dieu eft fidèle &c iufte pour nous pardonner nos péchez , &: nous nettoyer de toute
iniquité. Mefme le Prophète RoyalDauid Plèau.i9.&. 5i.Iet'ay manifeftémôpeché,&:c.
D.Siie necroyoyepas qu'au temps des Apoftres,Dieu leur euft donné la puiflan ce de re-
mettre les péchez. Rt.Que la puiilance quelelus Chrift letéps paftp donna à fes Apoftres,
eftant bien entendue,n'eft defaccordâte à mon dire. Alors ie com mençay à dire, le côfel-
fe qucle Seigneur baillafa parolle entrelcs mains de fes Apoftres pour l'annoncer , Se par
icelle Parolle la remiffion des péchez. D. Vous niez donc la côfellion auriculairc.Ri.Ouy.
D.Succroyoye qu'il faloit prier les Sain&s. Rt.Quenon. ^ LeMaiftredesdo&eursdeSor-
bonne demanda,Si Iefus Chrift eftant en ce monde, n'eftoitauffi fuffilhnr pour ouyrtout
le monde,&: inrerceder pour tous,comme il eft à prefènt? Rt. Qu'ouy. D. Mais nous trou-
uos qlui cftat en ce môdc,(es Apoftres interecdoyét pour le peuple : pourquoy aufii bien
ne le feroyent-ils à prefent?Rt.Tant qu'ils furent en cemonde,ils exercèrent leur minifte-
rc,&:prioyentles vus pour les autres,commeayansbefoindclecours humain: mais à pre-
lent qu'ils font en Paradis,toutes les prières qu'ils fonr,c'eft qu'ils ibuhaittët que ceux qui
Quel efl r- font fur la terre ptuilent paruenir à celle béatitude à laquelle ils font paruenus: mais pour
°tfifdTcurD ODtcnu' quelque chofe du Pcre,il nous faut auoir recours à Ion Fils. Alors ils me firent ce-
tte queftion,alTauoir fi vn homme prenat la charge de prier pour vn autre,feroit dit Inter-
ceilcurrRt.QuJouy. D.Or bien,vous dites qu'il n'eft qu'vn intercelTeur: donques,moy fài-
iànt prière pour vn autre,ie ne me retireray point à Iefus Chrift , mais à Dieu feulement,
Jaiifant Iefus Chrift à part:&: de vray il nous le fautainfi croire. r>. Nefauez-vous point
(Monfieur)que fi Dieu ne nous regarde en la face de fon Fils bien-aimé , nous ne luy. pou-
uôs eftre agreablesrcar s'il veut regarder fur nous,il ne voit que tout peché. Et fi le$C»eux
ne luy font purs deuant les yeuxp combie plus fera l'homme abominable &: inutile,lequel
boit l'iniquité comme eau,ainfi qu'il eft eferit en lob? ^ Alors Benedictinus voyant que
ion maiftre docteur nerelpondoità mon dire: Non, mon rrere,(dit-il)delahronscefte gra-
de milericorde du Seigneur, &c venons à defeendre en nous-mefmes,nous cognoiftrons
que Dieu n'eft point defpl aifant qu'on fe retire à fes faincts.Ri. Monfieur,nous ne deuons
point faire ièlon noftrc volonté, mais félon que le Seigneur veut. Car celle eft la fiance q
nous auons en luy: que fi nous demandos quelque choie félon fa volôté, il nous exaucera,
i ,Ica 5. Derechef il me voulut perfuader^u'il nous faloit retirer aux faincts, par vn cxéple
du
terec
Frahfois RetezJei. 4g g
du royaume terrien. Et moy, îcluy refpôdy auffi par vn exemple tout à l'oppofitc du lien. Luc „Ht
c'eftàlàuoir de l'Enfant prodigue, quand de premier front ne le retira à aune pour auoir
milericordc,qu'à fon pere mdme. Etainii d cm curalm es touchât l'inuocatiô des làinds.
^~ Dclàtindrent à l'adoration,pourvpir fi 1e croyoye qu'il les faluft adorer, r>. Ouy
bien,fieux-mdmes de leurs temps yontpris plaiGr. &: pourprouucr mon dire,alàuoir
qu'ils en eftoyentddpiaifans, ic voulu alléguer les pansages qui font au i j.io,&: 14. des A-
£tes,& eaTApocalypie 11. & di au (si qu'il eftoit efent au 10.14, & 1 1. des Hebricux.
Sur quoy ils me furprindrent &: dirent, Il n'eft pas derit de l'adoratiô des faincts au 1 4. des
Hcbr.ccft pluftoft à l'onzième chapitre. Bien loit,di-ie,tan t y a qu'il eft efent au nouucau
Teftamcnt. Ettoutesfoiseftantdcrctourd'aucccux, ierecitay leur proposa mes com-
pagnons,^ trouuay que c eftoit au 14. des Ades. Voyez fi ces gens ont bien lculeurnou-
ueauTeftamentdemedirc qu'il eftoit elerit auxHcbr. ii.chap.&: non au 14. De là
nous vini'mes à la MdTc:& Bcnedict.print la parolle,&: s'en va en faire vnc grande louange
pour mêla taire trouuer bône. mais moy q. eltoyc falchc d'ouir tels blafphcmes.luy inter_
rompi fon propos>& luy di:Monûcur,vous auez beau coulourer voftrcdire, vous ne fau-
riez me faire trouuer bon le poilon,pour quelques dclguifcmcns que vous lui faunez d<L
net. Alors me dit que i'eftoye vn obftiné en mon hereiie. Venez -çà,dit-il, ne croyez-vous
point que quand le preftre a confacre' fon hoftie,no( tic Seigneur eft là aui'si bien &tout
autant que quand il fut pendu en la croix 3 r< . Non véritablement , ic n'en croy rien, car
iecroyquelefusChriftefticantà la dextre de Dieu fon Perc:ainlî qu'il y a amples tef-
moignagcs au nouueau Tcftament, Hebr. 1 o. 1 Corinth. 1 5 ,£c C0I0C5 .Parquoy, pour le
vous faire bhefue ne tien voftrc MefTc ii non pour vn faux &c conrrouué feruice de Satan,
entretenu par fes iuppofts. Et qui pluseft,vousaneant»Arez par iccllclc précieux fang de
Chrift,& (on obiation vne fois faite de Ion corps.vous làuez qu'icellc a cité lufrilànte , &c
qu'il ncla faut plus réitérer. A quoy relpondit Bencd. quenous-nous trompions fur ce-
lte reitcration,& qu'eux ne la reiteroy en t point : & me bailla ccft cxcple : Vous me voyez
à prefent en habit de rcligieux,& tantoft que ie priftfle vn habit de gcndarmc,icnc Ccroye
quede%uu/e:&:toutcsfbisieferoyelcmcfmededans mon halecret,quci'cftoycen mon
habit de frère religicux.ainii cft-il de ce làcnficc. NousconfeiTons bien que namntbter il a
cfte' offert en facrifice : àc eft aufsi alsis narurdterk la dextre de Dieu Ion Périmais frpcr*4- BcnediOa
f«»ii&rrCiP/^/^^>nouslclàcrifionsfo^ ««« nam
ceft feulement dcfguifcr le facrificeàfauoir,qu'il eft contenu lbus ceftecourtine,& cette SjSÎSÎ*
blancheur que vous voyez. Monficur, di-ie , il eft tellement ddguilc que ccft vn facrifL rdima*
ce diabolique: & de cela ic me tien pour refolu. D. Que ie croyoye delaiainctcCenc. 8cndânpc-
Bi. Qu'icellc m'eftantadminiftreepar le Miniftre,cn tel vfage qu'elle a efté laùTcedc le-
fus CKrift &c de fes Apoftres-.iceluy Miniftrc(di-ie) ayant annonce la parolle purcmct,en
prenant du pain &c du vin matérielle crov receuoirauec viue foy le corps 5c le lang delo
fusChrift Ipintucllcmcnt.Le Sorboniftc, Dites corporel lement. ri. Non,Monlieur,car
ces parollcs fon efprit&:vie:&: contentez vous décela. D. S'ilfaloitquclcMjniftre fuft
marié, ou non. Rt. 11 le faut en telle forte,com me dit 1' Apoitre,Que quiconque n'a le don i.Car.7^
de continencc,qu'il (c marie : Car il vaut mieux fe marier que brufler. Et s'il ne fe côten-
wyct de cela,qu'ils leufsent ce qui eft dent des Eud'ques &: Suruciilâs,i .Tim .5 . &c à Titc
1. Ainû prouuant mon dire,mc dirent que ic nioye la preftrifc:&: en prenant congé,ils me
dirent,que Dieu voufift auoir pitié de mov,Amli iloit il,di-ie. Et qu'il vous puifléofter l'o-
pinion que vous auez en voftrc tefte^dirc nr-ils).Ri.Quc t en'eltoit point opinion, mais la
purco'o&rincdcrEuangilei&ainfis'en allèrent.
L e 10. d'Octobre ie fu amené deuant Mclsieurs les Prelïdens : & là le Prelidc't S. An-
dré me demanda fi l'auoye parle aux Docteurs. Ri. Qu'ouy. D. S'ils ncm auovét tenu pro
posdela Mclfc. ri. Qu'otiy. D. Si ie n'y voulove pas adhérer , &l la rcmr pour vne choie
faincte:Toy,dit-il,qui te dis n auoir cognoilïancedc ces c holt s que depuis dix mois,pcn-
fes-tu cfttc plus iage q no9 &ces docteurs? m .Que ic ne m arrefte pas a f aduis des docteurs
nidautrcs,linon qucdcmonDieu D. Si mes parens m'auoventapprinscelj; Qucnô.
D.S'ilsalloyentàlaMelfej&iveneroyent les Sainch,pourquoy ie tu : les t - uqvc
Monlieur,di-ic,li mes parens l'ont idolatres,&: ont trâigrerïe toute leur vides cômandcj
mcnsdcl*Etcrnel,lcsdoy-iccnluyurcen cela: vovezeequi eft elerit aiifc: d F/ech.&r aû
t.Chron.io.O,dirét ils.nous auôs beaucoup à faire ici de prelcheur' Va,va, chroniqueur
•uec tes Chroniques: ainTifu d'eux renuoyé ftex xiV. d Octobre nous mbntaîmés,
Liure VI* Frarifois l{ebe&ies,£? Frideric Danuille .
mon frcre Fri Jcric Danuille &moy, pour endurer laqueftiô. &:fu mené le premier en la
chabre oùon labaille:&:là trouuay trois Conièillers, qui me comenecrentà dire:Leucla
main.Tu iu.res.par la padion deIefusChrift,laquclletu vois là fîguree,(me monftrans vn
marmoulet peind en vne carte de papier).Ç£.Mon*eur,ie vous iureray par la pafïïon de Ie-
{us Chtill) laquelle i'ay en mô cœur imprimée. D.Pourquoy icrefpondoye ainfi,&: nô co-
rne ils auoyent dit.jjt.Quc ie comettroye vn grand blafpheme contre le Seigneur.Lors on
me reprocha q l'eftoye obftiné en mon hcrelie : & puis cômencerét à lire mes dcpofitiôs,
tat celles qu'auoye fait au Chaftelet, qu'au Palais: & me dirêt, Vie ça Rebezies,tu ne veux
point dire la verité:aifauoir,qu elles gens tu as cogneu en ceiteallcmblee'i^.Queie n'en a-
uoye cogneu d autres que Grauellc & Ican Sanibt. La Cour a ordônc &: ordône,dirét-ils,
fi tu ne veux dire autre chofc,q tu endures la queftiô .Bié,Melïieurs(di-ie)ie fuis tout preft
jubezies & d'cndurer tous tourmes pourmo Dieu. D. Si ienc vouloye dire autre chofe. J^.Quenon.
mfcïlator- Sus qu'on le mette en chcmiiè,dirét-ils à leurs làtellites,&: qu'on luy face confener la veri-
wrc. té.Ccta fut mcôtinent exécuté: & auant que m attacher mes mains, le Concilier medir,
q ic fiifele iigne de la croix,& q ie merecômandaife à Dicu,& à la vierge Marie.Çi.Queie
ne feroye auciî ligne de croix,& ncmerecômanderoye àautrequ'à mô Dieu: &c qu'icelui
eftoitfutruantpour megarétir&deliurerdclagueuledeslios. Ecquadiefu téduen l'air,
ie cômençay à dire, Vien,Seigneur,monftre ton erfort,q l'home ne foit le plus forr,&c. A-
lors dirét-ils:di verité,François,&: nous telairrons.Et moy toufiours de pouriuyureà l'in-
uoeation & prière du Seigneur:tellemêt q de moy n'eurct mot qui foit. Et après auoir vui
dé vn feau d'eau,dirent les Côfeillers,Ne veux tu rien direri^.Ie ne vou s diray autre choie.
La cruauté Susqu'on lelaiche,&: qu'il foie mis auprès du feu, dirent-ils. Et ainfi lafché, iedi, Eit-cc
îï luges"? ainfi que vous traittez les entans de Dieu? Autant en firent-ils à mon frère Frideric Dan-
treics enfis uille,&: eurent mcfmes refponfes de lui quede moy.En quoy auons cogneu q noftreDieu
- Dlcu' nous a affifté autant qu'à gens du mode . Car il nous faut penfer que mon frerc Frideric e-
ftoit bien malade: mais le Seigneur nous afecouru, comme il nous a promis qu'il ne nous
baillera point chofes,que nous nepuifliôs fouftenir.Nous n'attédons que l'heure du Sei-
gneur. Voila,Meffieurs & trcfchersrreres, ce que vous.ay voulu mander touchât les traie*
ternes qu'on fait aux enfans du Seigneur . Nous-nous recommandons à vos bonnes pric*~
res,tant que ferons en ce tabernacle. A Dieu.
^" ur'cà- Apres qu'ils furet retournez delà queftion, voici cornent ils fe porterct,ainu q nous
ftancfc C°" ont recité aucûs frères côfefieurs de Iefus Chrift qui eftoyent auec eux . Ils ne cefloyée de
louet Dieu de fon afliftéce. Frideric gemifloitfouuét: & eftat requis des autres priloniers
pourquoy il gemiiîbit ainû\Ce n'eft pas,dit-il,pour le mal q i'endure, mais pour le mal qu'
il vous conuien dra endurer auifi bien q nous. Toutefois foyez forts,& ne foyczefpouuan
tez:vousaucu ras de l'aide de ce bon Dieu quinous alècourus,cômcvous voyez: ôç les cô-
foloit.Rebezies eftoiftout rôpu de la torture, &: en auoit vne efpaule beaucoup plus efle-
uee que l'autre,& le col tout tor s,& ne fe pou uoit remuer . Toutefois il pria fes frères de le
mettre fur vnlidj&cacheua d'eferire eefte Côfeftion qnousauôs veuë. La nuicteftât ve-
nue, ils s'cfiouhToyét tous deux en fé ble,&fecôfoloy en tl'vn l'autre par lameditatiôdela
vie cclcfte,&:du mefpris de ce môdcxhantâs Pleaumes iufques au poî& du iour.Rebezics
s eferia deux ou trois fois, Va arrière de moy ,Satan .Frideric eûat couché auprès de lui , lui
Rebezit* demâda>Quc vous jppoié ce mal-heureux? Vous veut-il deftourner delà courfc?Rebezies
rente par dit, Ce mefchatme jppofemes parcs,mais par la grâce de Dieu, il ne gagnera rié fur moy.
L e iour venu,ils furet madez pouraller dcuantMe(iïeurs:&: cuidans receuoirfentéce
dcmort,embrairerétleursfreres,les exhortas de iê préparer au côbat toutefois ils n'euréc
point en cores fentece pour cecoup:feulcmét on leur demada s'ils ne vouloyent point dé-
clarer leurs côplices.lls reipodirent que non. Apres, s'ils vouloyent demeurer opiniaftres
en leurs erreurs' Nous n'auons point,dirent-ils, (buftenu d'erreurs, mais feulemétla pure
vérité de Dieu par la grâce de Dieu demeurerons fermes en icelle iufques à la mort.Sas
palfer plus outre,&: (ans fentenceils furent remenez cotre leur attente,aucunemcnt con
trïftez,pourcc qu'il fembloit q leur exécution fuftencorcs dirTerce:d'autât,dilbyent-ils,q
ce iour ils fe trouuoycnt par la grâce de Dieu bien difpofez à endurer tous tourmés . Mais
auffi ne la hrent-il? pas longue: car fur les 11. heures ils furet tirez du cachot, & menez à la
Rcbc chaPPc^e''ouans Dicud'vn cœur ioyeux. Là ils eurent fentece d'eftre menez en des tom-
bes & pan bei eaux à la place Maubert,cmbaillonnez,&: eftrc attachez chacûàfonpoftcau :&: après
uillc. qu'on les auroit cltranglez,eftre mis en cedrc.Incontinéc on leur prefenca des croix,mais
les
François Rebella, & Frideric Dannillc^l 4.90
es rcfufci éfîdifans,qu'ils auoyét la croix de Iefus Chrift emprainte en leùrs cœurs.Re-
bezies crioic à fon compagnon, Mon frere,garde-coy de ces feduetcurs. Apres q le bour-
reau l'eue attaché aux boucles qui l'ont là,il demâda vn peu de vin pour fe côfoVter , afin
qu'il peuftjComme il difoir,porter plus patiemment le tourment qui luy eftoit ordôné.
Quad vn chacun fe fut retiré pour dilner, ils necefleret de chanter Pleaumes &c louan-
ges à Dieu,iufqu a ce q les docteurs arriuerér,qui leur rôpirent leur chant:fvn eftoit De-
mouchi,l'autre Maillard. Demouchi s ad relia premieremét à Rebezies,&: le folicitoit de
fe conuertir.Rebezies difoit toujours qu'il n'auoit rie maitenu q la pure vérité de Dieu.
Demouchi oyant cela,côme forcené print vne croix de bois,qui eftoit en laditechappel
le,&: luy fait baifer par force. Rebezies cômença de rédre grâces à Dieu,de ce qu'il l'auoie
chou* pour endurer le martyre pour la confefsion de fon S. Nom:& le prioit de luy vou-
loir pardôner ce qu'il faifoit ( parlant du baifer de ia croix): Car, ô Seigneur, difoit-il,tu
vois qu'on me le rait faire par force. Demouchi fe tourna vers Fridericmais luy le voyant
approcher pour le tourmeter,luy dit:Ie vous prielaiflez-moy^'ay allez refpôdu pardeuat
les luges en la Cour,&: à vous,ou à vos fembiables. que gagnez-vous de me vouloir folici
ter de croire voftretranfTubftâriation? voulez- vous q i'arrache Iefus Chrift de ladextre
de Dieu fon PereîLà defius ils difputerent longuement fur la Cene:& le docteur voyant
qu'il ne profkoit de ricn,dit audit Frideric,Il y a II long temps que ceux qui ont fouftenu
voftre opinion on t efté exécutez , &: nean tmoins il n'y a eu aucun d'eux qui ait fait mira-
cles ; comme ont fait les Apoftres & Sain&s. F rideric luy demanda s'il vouloit de luy au-
cunfigne.il dit que non,&: demeura muet. Maillard print la parolc,& dit:Penlèz,ievous
prie,à ce que nous vous auons dit: le gage monameàeftredamnee,s'iln!eftainfi. Fride- ^y^mc
rie refpondit, Qu'ils fauoyent le contraire eftre véritable, &tendoyent au vray but, au- sJrbSc.
quel tous Chreftiensdoyuent tendre.
Alors le retirèrent ces dodeurs:ôc eux furent menez hors de la Côciergerieiurles
trois ou quatte heures,embaillônez.Ils auoyent toufiours vne face ioyeule & côtente : &
ainfi qu'on prononçoit leurs arrefts en la coût du Palais , oyans qu'ils eftoyét condanez à
cftrebcuflez,Rebezies frappât iapoi&rine de fa main fit figneà Friderict&ainfi efleuerét
çnféblelesyeux au ciel,glorifiâs Dieu par lignes extérieurs de l'hôneur qu'il leur faifoit.
Qvand ils furent arriuez au lieu du fupplke,vnpreftre prefenta vne croix de bois à
Frideric: m ai s fe retournant luy dit,qu'illa portoit en ion cçcur.Puis le preftre luy dit auec
le peuple, Voulez-vous point croire en la vierge Marie? il refpondit allez intell igiblem et,
& dit partrois fois:Regne vn fcul Dieu. Lors ceux qui eftoyent plus près deluy, crioyent
q c'eftoit vn luthérien mefchant.& il relpondit,Icfuis Chreftien. Ils furent attachez cha-
cun à vn pofteau,rvi> vis à vis de i'autre,&: prioyccDieu enfcmble,dilans: Seigneur, vueil
les-nous afsifter auiourd'huy,à ce q nous ayons iouyflàncc de la vie éternelle. Corne ils co
tinuoyetla priere,quelqu'vn dit,qu o les aefpefchaft. Frideric ditjevous prie,lai{Tcz-iio*
prier Diètu Apres ils fe difoyent l'vn à i'autrc,Bat3illons,mon rrere,bataillons:Satan,reti-
re-toydé nous. Lors quelques vns s'efcricrét,les mdchas ils inufquent Satan. Iea Morel; Son procez
(martyr dépuis de IefusChrift,&: lors eftât encores en liberté)fe trouua là,& refpondit, le ^jj*prcs
vous prie efeoutezee qu'ils difent,&: vous orrez qu'ils inuoquent lenô de Dieu.Ils fe teu-
rent,& entendirent qu'ils crioyent, Vueilles-nousafsifter,Seigneur. Incôtfnent après ils
rendirent leurs efprits au Seigneur doucemét corne s'ils n 'euflent aucunemét enduré.
(T)K quand ces deux martyrs eurent efté deffaits,onvoyoit bien q l'intention des luges ^
eftoit de lés en uoyeraifi les vns après les aurres àla mort,&y auoit défia lcsprocezde ^SoS
douze ou treize prefts à iugenmais vne Damoifelle(qui eftoit aufsi prifonniere)prelénta de et reps,
des caufejde recufatiôs contre lesCommiflaires;&: les procédures fi afpres & defreglées,
furent ârreftees pour vn tem psependant cu'on eftoit après à les vuider.Et Dieu content
du nombre de ces fept Martyrs pour vnefois,{ufcita vn autrçmoyen pour retenir la rage
des ennemis iufques au mois de Juillet fuyuâc. Car les-nouuelles de celle prinle eftoyent J^jS
venues iufques aux nations eftranges: tellement que les Cantons fidèles desSuiftès cf- " u
meus de pitié, ôefachansque c'eftoit pour la mcfme doctrine qui eft annoncée en leurs
Èglifes,qu'ils eftoyent prifonniers,enuoycrent leurs Ambaffadeurs deuers le Roy, pour
taire remonftranccs & fupplications pour eux. A mçfme inftant arrjucrent aufsi lettres \omt
de la part du Conte Palatin,Ele&cur,tcndantesa mcfme fin: tellement quelcRoy iblici tin-
té de cefte forte,& voyant le befoin <\\x'û auoit du fecours des eftrangers,au moins accor-
da qu'on procedaft plus doucement en la caufede ces prisonniers. Ainfi le feu celfa pour
Liurc~> VL Tlufieurs Martyrs.
qlquc téps:&: depuis la venue des AmbafTadeurs on cômença à jpceder par cfiargifTemes.
Plufieurs furent enuoyez aux monaltcrcs en la chargedes Prieurs , pour eftre contraints
cVafîîfter aux lèruices d'Idolatrie.principaleirient les plus ieunes des Efcolicrs:delqucls les
vns fe laifTerent coulenles autres, n'eftans cftrokement ferrez, efchapperent . La plufpart
furet réuoyez deuat l'OrnciaUpour là faire côfeffîon de leur foy, ou pluftoft abiuration,&:
rcccuoirfabfolutiôordinaire.Car les Iugesjlèvoyas les mais aucunemét liées, pour ne les
cnuoyerau feu,vferentdecemoyen pour s'en deifaire: efpcrâs qu'au moins ils leur feroy-
ent deiàduouer la fainrte doctrine de noftre Seigneur lefus Chrift. Et plufieurs lafehes &c
craintifs ne fe foucicrent pas beaucoup d'obéir à cela: les autres vibrent de côfeiiions am-
biguës. Quoy qu'il en foit , il y eut degrandes defloyautez en beaucoup. Ce qui eft dit à la
honte de ceux qui font forcis par ce chemin de traucrs,pour les follicitcr d'en gcmir,&: de
mieux faire vnc autre fois , s'ils ne veulent que Dieu leur face fentir la vengeance que me-
ricelcurlafcheté.
RENE DV SEAV,dcXanto»ge:&lEAN A L M A R I C, de Prouence.
L E Seigneur cognoitfant ceux d'entre la troupe prifonniere à Paris,qu'il auoit ordonné pour eftre tefmoins de Cg
Verité,arma de force & confiance ces deux ieunes enfans iufques à faire vnc fin heureufe es prifons de la Cô-
ciergerie de Paris.
EnUferfcc*
tiô de Paris.
V Se a v , natif de Xantonge,fetrouuoit du temps defon ignorance en tel-
le difette, qu'il faifoitmeftier de chanter les falus es coins des rues, deuant les
idoles: mais Dieu (duquel la vertu eft toufiours admirable en la vocation des
fiens, les prenant fouuent lors qu'ils femblent eftre du tout perdus ) l'auoit Ci
bien retiré,qu'en peu de téps il embrafTa lefus Chrift pour fô vray falut: fi bien que iamais
l'afTeurancen'en a peu eftre efTaccc par quelque tourment qu'il ait foufFcrt aux prifons.
L' a v t r e fe nommoit Ie anAlmaric , natif de Luc en Prouence.il eftoit défia ci
rant à la mort,&: ne fe pouuoit fouftenir qu'à grand peme,quâd on l'appela pour eftre iu-
gé au Parlement. Lors (corne depuis il a raconté à ceux qui le vifîtoyent) il cômença à re-
prendre fes forces,& s'en alla tout délibéré à la TourneIle,& parla fi franchemét qu'on ne
l'cftimoit point malade:&difoit qu'il ne fentit aucune douleur pendant qu'il fut là. Entre
les autres poin&s eftat interrogué de la Meffe,il maintint q lefus Chrift eft feant à la dex-
tre de Dieu fbn Pere:&T qu'il ne faut rien imaginer de charnel en la Cenc:&: contre toutes
faillies exportions qui luy eftoyent alléguées il (buftenoit, Que les parolles de noftre Sei-
Ahxltk & gl"^ur Ie*us Chrift font efprit &c vie: &c qu'il ne faut point q les hom mes les afluiettifTent à
more en h leur fens charnel. Ces deux ieunes enfans moururét entre les puâtifes & deftreflcs des pri
pni0ifcdcs fons: ayans toufiours perfeueréconftamment en la pure &: entière confeffi on de l'Euart-
F °m' gile.
IË AN DV CH AMVjeBauayenHamaut.
C £ récit nous informe comme le plus fouuent ceux qui ont adminiftration de la luftice en quelques viUes,fon£
tranfportcz de faire chofe du tout contre leur confcience.
M d rr^T^§^ R A B A N T eut en ectemps en la ville d'Anuers ce Martyr du Seigneur. Vn
f marchant eftranger logé en fà maifbn lui donna ouuerture à l'Euâgile,par vn
tû I^SÊ/ ^P^^^^^boroinationsquifo^
iâJllàS thefccobien la Cenede ïefus Chrift en eft eflôgnee.Il ne cefla depuis ce ceps-
la de s'informer plus auanc de ia verité,iufques à ce,q l'ayant entendue , il s'eft abftenu de
toute idoIatrie,fc ioignât àl'Eglife des fidèles en Anuers,pour ouyr la parolle de Dieu, &
appredre par icelle à conduire fa vie.Et comme il s'y côfcrmoit deiouren iour>auÛi mit-il
peine d'attirer les autres à ceftecognoiftace, iufqs à eferire lettres à vn fie nepueu, Moine,
par lefqlles remôftrac les abominations Papiftiqucs,il hiy confeilloit de les fuir& auoir en
horrcur.Ces lettres furent trouuees,&enuoyees au Marcgraue d'Anuers,lequel inconti-
tinent fefaifit de lui, &c l'enuoyaen prifbn.Ilfut fouuent interrogué defafoy , par moines
Se preftres,dcuat les Bourgmaiftres & efcheuîsrmaisil retint en toutes les interrogatoires
Jean du Champ. 4.91
&refr#nies,vnemefmeconfeffion conformeàrEfcrirurefainde.Surtout,quantauSa^
creracnr de la Cene du Seigneur, il fbuftintioufîours que tant feuleroét les fidèles par-
ticipoyentpar foy au corps & la ng de Ief us Chrift. (^elquesvnsdesEfcheuins confef-Q^1^
ferent qi^ils eftoyent d'accord auec luy en ce poind:&: toutefois depuis ils le iugerent àoru bonne
la mort,layant tenu neuf mois en prifon. L'occafionfu^qu'enlavilledeBolduclepeu-co^^cc
pleauoit naguercs de nuid deliuré vn prifonnier Anabaptifte, par ce ques'eftat repen-
ty defafede damnable,ontrouuoiteftrangedelefairemourir. Lesnouuelles en vm-
drent à la Cou r de Brabant, ou eftoit pour lors le roy Philippe auec le Cardinal Caraffe: Le Cardkul
dont le Marcgraue d'Anuers troublé de double crainre,àraifon du Roy & du LegatPa- c*™rfëic-
pal,fit tant vers lesBourgmaiftres &: Efçheuins que cotre leurs confidences Iean fut cô- ? ^ M
damné à mourir. On le mena le cinquième deFeurier au fupplicequant&: quant vn A-
nabaptiftedeuant la maifon de la ville. Cependant qu'on executoit l' Anabaptifte, Iean
déclara à haute voix fa côfeffion &protefta de foy-mefmedeuant tout Je peuple, qu'il
ne mouroit poît pour quelques erreurs d'Anabaptifme ou autre hereiîe, mais feu leméc
pour la dodrine des Prophètes &Àpoftres. Et fur l'heure rendit grâces à Dieu de l'hon-
neur qu'il luy faifoir,& fi pria pourfes ennemis,tat qu'il fuft eftranglé , &C par fa mort cô-
facré &: corps & ame au Seigneur. Voyans les fidèles (qui eftoyent à ce fpedacle en gtad
nombre)la confiance de leur frere,ils en receur et grande confolation. On y euft yeu des
vns foufpirer leuer les yeux au ciehles autres remercicrDieu auec larmes de ce qu'il a?
uoit fait telle grâce à leur côpagnon,de l'auoir choifi pour tefrooin de fa verité.Le corps
tout rofty fut m is au lieu de la iuftice hors la ville pour cftre en fpedacle au monde» ledit
iour v.deFeurier m. d. l v m.
TO V C H>AN T les effortsdes ennemis deF Euangilepoureflablir tlnquifition an pays deïran-
ce.& de quelles crmute\ks fidèles font ponrfuynis.
SOSIES lemoysdelanuierM.D.L v iii.ilfembloitquelaperfccutiondeuoit eftrere- mjxlviii
llfyfcjleuec en France. Car les ennemis auoyent toujours voulu eftablir en France vne
forme d'Inquifition de long temps vfitee en Efpaghe:&furcelaen auoyent nouuelle-
ment obtenu lettres du fiegeRomainrpar lesquelles trois Cardinaux eftoyent côftitucz
principaux Inquifiteurs : r/enfàus bien ruiner tout par ce moyen. Toutefois la Cour de
Parlement qui poifbit mieux lors ce qui eftoit pour le profit &trâquillitédu Royaume,
que nefoat ceux qui ne penfent qu'à retenir leur reuenu particulier, n'auoit iamais vou-
lu donner fon authorité à cela, (combien que le Roy l'euft defia accordé) quelque inftâ- LeParfemét
cequ'onenfîft. Car elle remonftroit.fi cette chofe eftoit receuê,& les fuiets du Roy aba- s'°PP°rc*r,
donnez aux luges ecclefiaftiques,que contre raifon le pouuoir des luges ecclefiaftiques qXn v"ut
&: Inquifitcurs feroit *mplifié,&: rauthorité,robeiflance,& fouueraineté duRoy &c de fa citabUr,
couronne grandement diminuée. Que l'entreprife feroit grande , quand ceux qui font
naturellement fuicts du Roy,feroyentpreuenus,& entrepris par vn Officiai ou Inqui-
fiteuKComme auffi ce feroit trop de regret aux fuieds du Roy, fe voyans abâdonnez par
leur Prîcenaturel,pourdeuenir fuiets & iufticiablesdes Iugesecclefiaftiques. Etenco-
res plus grade entreprife fur leRoy,& plus grâd regret à fesfuiets,quand par vn Officiai
ou Inquifiteur ils feroyét iugez fans appel de leurs biens,dc leurs vies,&: de leur hôneur.
Qu.e l'appel eft le vray recours,& le vray afyle de l'innocence: corne auffi le Roy , auquel
eft adrefîe TappeUeft le protedeur & conferuateur des innoeês. Et d'ailleurs le Roy feul
eft lefouuerainfeigneurdefesfuiets. Toutefois demeurant le pouuoirà vn Officiai ou
Inquifiteur pour iuger les fuiets du Roy,& fans appel : fera le chemin ouuert pour tour-
menter les innocens,& pour les confifquer de corps & de biens:outre l'occafion que ce
fera aux Officiaux & Inquifiteurs de s'oublier en leurs charges & officesrfe voyans auoir
part en la fouueraineté du Roy , pour eftre luges fans appel des fuiets du Roy, voire des
Contes,des Ducs, des Pairs de France, &C autres perfonnes quelconques.
P o v r ces raifons la chofe fut différée iufqups à ce temps, que les aduerfaires voyans
Je Roy à loifir en la ville de Paris,le foliciterçnc fe prefenter en fon fiege en ladite Cour,
pour par fa prefence faire pafTcr ces lettres de irnqwfitionXe Roy donc venu là,& ayit
furcç pris les aduis d'aucûs par fon Garde des feaux,lesfit interiner:&: adioufta des Edics Edia câpre
bien griefs à l'encontre de ceux qu'ils nomment Sacrai» en taircs , pour ne vouloir rc ksSacra-
ceuoir leur tranffubftantiation , à l'cncontrc <ks dogmatizans, de ceux qui fe trou-
OO,
ucnt aux aflfemblces, ou bien (ont trouuez faiiis de liures. Ces menaces eftoyem gran-
des : toutefois Dieu ( (bit par les guerres , ou par autre moyen ) leur en ofta l'exécution.
Ainfi l'Eglife eut relafchc,& quelque refpit de fe releuer de cefte ruine , en laquelle elle
fembloit eftre par les perlecutions précédentes. Ceux qui s 'eftoyent retirez de crainte,
reprindrent courage: & pluiieurs autres ayans elle confermez, ou nouuellemét édifiez
par la confiance des Martyrs,s'adiojgnirent à l'aflemblce. Ceux aufïï qui s'eltoyent reti-
rez de la ville pour fuir la pcrlecution, ne fui enc poinc inutiles. Car Dieu a ainii accou-
ftumé de faire profiter en toute? fortes les afflictions de l'on Eglife.
Hiftoîrc de En t r e autres vn desSurueillans paruintiufques au Croiiil, ville maritime de Brc-
h periecu- taiCnc,&: grandement adonnée aux fuperftitions:& ce fur le prin-tem ps. Il commence
uon au , y °n v , . , \ _ 1 ....
Croiiih là à remonftrer a ce poure peuple ignorant les ténèbres ouilseftoytnr,&:quils sabu-
foyentdefelaifleiaiDfïmanieràcesaucuglezpreftres, pour cet cher ailleurs (al ut qu'-
en lefusChnfb& fait tant qu'vne bonne parcie de ces pouresgens, ouurelesyeuxà ce-
fte lumière de l'Euangile : 2>c fc renge enfemble en vn fainct t/ou peau, pour eftre côdui-
ce&gouuerneeparleMiniftredelaparolle de Dieu. Mais Satan ne les lai/Tapas Ion-
tuement en paix,commec'cftbien facouftume. CSurle moisdeluin m.d.l viii.!-
uefque de Nantes vint en ces quartiers, & ayant des lieux circonuoifins de lavilleaf-
femblé ceux de fa faction, il entra au Croifil, & commanda de tapi/fer les rues pour
porter leurhoftie en folennite, fâchant bien queles fidèles ne luy feroyent honneur, &:
que par ce moyen il les recognoiftroit.Apresayatfaitfonner le toxin pour leur courir-
fus auec les fiés, ilmit toute la ville en armes,fans qu'autre voye de lufticc fuft obferuce.
I l fe trouua là vn bon (eigneur,ayant charge de l'Arriéreban, pour garder ladefcen-
tc des Anglois, qui vint deuers luy, & luy rcmonftra en quel danger il mettoit cefte vil-
Sedirioncf. je. cjef dciaBretaigne,parfafedition,&: qu'il feroit aifé à l' Anglois qui eftoit aux enui-
e^cfquc de* rons, de l'occuper en ce trouble. Mais l'Euefquc n'y voulut entendre,&: le Peuple eftoïc
Nantei. defiafi enragé que le Gentil homme eut beaucoup affaire de fefauuerauec ceux de fa
fuitte. Ainfi l'Euefque pourfuyuant fon entreprile, accôpagné de tous les Papiftes, s'en
vint aiTaillir vne maifon,en laquelle enuiron dixneuf fidcles seftoyét retirez,pour prier
Dieu qu'il appaiiaft cefte eimeute. Ceux-cy fe voyans aflîegez, requirent qu'on leur dé-
clarait s'il y auoit aucunes charges contr eux,& qu'ils eftoyét prefts de fe rendre au Ma-
giftrat. L'Euefque refpond que nommais qu'ils auoyent lePredicancaueceux. Ceux
de dedans dirent qu'on fift venir le luge de la ville , &C qu'ouuerture luy feroit faite pour
fouiller par tout, mais ne s'abandonne royent à la rage du peuple. Le luge cftant entre
& ayant bien recerché de tous coftez , retourna , & déclara que le Predicant n'y eftoit
point:&: de ce rapport ceux de dedans prindrent a&e delà main d'vn de fes officiers. Ce
nonobftant l'Euefque commanda de pourfuyure l'affaut. Le peuple auec toutes fortes
d'armesy fit effort, mfques àfapper la maifon. Les autres eftoyent là fe recommandans
à Dieu,ôc chantans à haute voix Pfeaumes & Cantiques. De quoy Je peuple encore plus
cnragc,voulut aller quérir i'artillerie:mais l'Euefque derechef les fit fômer de fe rendre.
Eux ne refufoyent s'il y auoit aucune information contr'eux,& fi le peuple fe retiroit.
L'Euefque qui auoit iuré leur mort,n'y voulut entédre,&: voulut que le canon fuft ame-
né. Ce qui fut fait. & les caques de poudre de la ville furent défoncées à l'abandon de
ceux qui voudroyent tirer.
Lb s autres fe voyans ainfiprcffez,deliberoyent de fe défendre (car ce n'eftoit point
refifterau Magiftrat,maisàdesbrigans)&pouuoyétbierrauecla bonne munition qu'*
ils auoyent châtier tous ces feditieux, s'ils euffent tiré à tors&àtraucrs dedans la fou-
le. Mais cognoiffans que ce ne feroit fans grand meurtre, ne voulurent encores rien fai-
re, iufques à ce qu'ils fuifentalcxtremité. Finalement le Peuple eut incontinent faic
brefche à la maifon, & fe mettans les plus hardis de fronr, s'en venoyent la tefte baillée
entrer dedans. Ainfi les autres contrain t$ à toute force,là lafeherenc quelques harque-
bouzadesdefTus,& en emportèrent deux ou trois:deiqucls eftoit vn preftre , qui faifoit
Deliurance pms de bruit queperfonne. Cela fit qu'incontinent toute cefte racaille comme pour-
fed«fidcîcj chafîee d'vne grande multitude d cnneniiïi s efcoula : & y eut tel filence en toute la vil-
le,parcefteffort,qu'il fembloit n'y auoir iàmais eu efmeuteaucune.Pourtant les autres,
deliurez miraculeufcmét, fortirent: & chamàns le Pfeaume c x x 1 1 1 1 . par le trauers de
la ville,efchappcrco fan« que perfônc fé pfefétaft pour leur faire cmpcfchemét.L aflaut
dura huit ou neufhcurest&eftoit défia toute la nuict clofe. Le lendemain ces feditieux
raffem-
De l Eglife dc~> fur». 4-
ra(rèmblczretoumercot,&mirentàraclamaifon:faifans le ferqblable aux autres qui
eftoyentfufpeâ:es,d'vne façon pitoyable. L'Euefquefcntantque fon entreprife eftoit
trouuee forwa&uuaife du Parlement, & qu'il luy en pou rroit mal prendre, vint en hafte
deuers le Royfte fit tant que (es exploits, qui eftoyenc a/Tez agréables à (es femblables ,
furent authorifez.
Les dffemblecs dupréaux Clercs.
AFIN aufsi qu'on fâche de quelles rufes & aceufations calomnieufes les fidèles font chargez vers les Princcï
àc Rois, nous auons icy inféré par forme de récit d'ruftoire ce qui s'enfuit:
'n v i r o k le mefme temps, la perfecution cuida fc rallumer en la ville de Paris.1%
foccafion fut telle : Quelques elcolicrs eftansaupréaux Clercs, lieu public, aux
fauxbourgs de Paris,pendant que les autres s'amufoyent aux efbats qui s'y font,cômen-
eerent à chanter les Pfeaumes de Dauid,en petit nombre, ne penfans point inciter les
autres à faire le fcmblable. Toutefois il aduinc qu'incontinent tous ieuxlaiflTez, la plus
part de ceux qui eftoyent au pré les fuyuirent çhantansaucc eux. Cela fut continue par au cpré ^
quelques iours en nombre infiny de perfonnes de toutes forces :& plusieurs grans Sei- cler<^pour
fneurs François^ d'autre nation eftoyent en la troupe, marehans des premiers. Et cô- f^J^
ien que trop grandeinultitudc, en autres chofts ait accpuftumé d'engendrer confu-
fion ^toutefois il y auoic vn tel accordé telle reucréce,qu'vn chacun en eftoic rauixcux
qui ne pouuoyent chanter,mefmes les poures ïgnorans eftoyenc là montez iur les lieux
les pluseminens autour du pre pourouir la mélodie: rendans tefmoignage quec'cftoit
à tort que le chant de choies fi bonnes eftoit détendu.
Cependant les Preûres, Sorboniftes>& autres aducrfâires de l'Eglife, penfans a*
uoir tout perdu, comme : torçcnez coururent vers le Roy, qui lors eftoit près fon camp a
Amiens,& luy font entendre que les Luthériens auoyent efmeu fedicion en la ville de
Paris, prefts ejeiecter fa Maieftc hors la poiïèffion d'icelje. Qu'ils fe trouuoyent en crou-
pe innombrable, cquippez de piftoles& autres armes pour coniurer contre luy. Qu^iiy
pouruoye> s'il ne veut que l'Eglife foit abatue , & fon feeptre luy foit ofté. voila leur rap-
port.Ot il n'y a perfonne de ceux qui eftoyét lors en la ville,qui ne facbc tout le contrai-
re. Car il n y auoic aucune marque de fedicion» On chan toit là en toute fimpliciré\- m ef-
mes les Pfeaumes qui eftoyent pour la profpcricc du Roy U. de fon Royaume eftoyent
toufîours chantez les premiew:& ne portoyent cfpees que les gentils-hommes qui l'a-
uoycntaccouftumé. Toutefois ils vferent de calommesr&forgerét des tefmoins d'en-
tre leurs pceftres : U firent entendre que c'eftoic fedition. Pourtant le Roy manda
qu'inhibition fuft faite de plus chanter en telle alTcmblee : §L le Garde des féaux fut en-
uoyé* pour informer contre ccu x qui s'y eftoyent trouuez : auec defenfe de ne fe trouuer
audit pré,fous peine d'eftre puny comme feditieux. Ceux qui auoyencla conduite de %
Eglife, voyans que le Roy droit foufpçon de fedition contre fa perfonne dételles aflèm-
blees publiques:mefme que l'ordonnance eftoit fondée fur le crime de côiuration,pout
ofter couces occaûons de mal penfer d'eux, aduercirenc leurs gens de ne plu sic trouuee
là en telle troupe.Nonobftant ce, le Garde des féaux pafla oucrer# en fît emprifonner
vn grand nombre : lefqucls coutefois furent relafchez : pourçeque la caufe de l'emprir
fonnement ne fembla cftre fuffîfance. Les Prefchcurs Papiftes voyans que le Roy leur ^ F^-
tenoit lamain, s'cfchauffoycntenchiirc,& donnoyét congé de tuer le premier Luche- ftesenflam-
rien qui feroit rencontre: & cela engédra des grades infolenccs. Vn poure Papiftc pour ment k po-
Luthérien fut laine pour mort à S.Euftache:& eut laCour fort à faire pour les réprimer. H**5*
•C n v i r o n ce temps les Princes Proteftans d'Alemagnc ,ayans auffi entendu les per„
•Mecutionsdc cefte poure Eglife, enuoyerent leurs ^nbafÉideur« deuers le Roy.auec
charges de le prier d'appaifer lefdiccs perfecutions,& lettres celles qu'il s'enfuit:
Mon Scigneur,cftans aduertis que depuis quelque temps en ^à,plufîeurs perfonna- pk»
£es nobles tac hommes que femmcs,côme auffi d'autres, ont eftem^s prifonniers pour teftans4au
auoir receu la do&rinc contraire aux fuperftjcios qui pullulet en l'Eglife de Dieu, & qu'~
envoftre Royaume, ceux qui font conteiîîou de ia fufdite do&rine font extrêmement
perfecutez tant en leurs biés qu'en leurscorps ; nous cecognouTans membres d'vn mef-
me chcf,& eftrc tenus à ce qui peu t feruir à les foulagcr,ay on s cnuoy c la prefèntc : vous
fupplians n'eftimer qu'ayons pris ccftechargcfans premièrement cftre fuffifâmcnç in«
formez de lado&rine-qu'ib tiénent^fans eftrc en ticremes aûcurez, qu'ils ne fouftienéç
LiWo VI. Ter/ecJe l'Eglt/Lj de Paru.
opinions feditieufes,oufouruoyantes des Symboles Chreftiens. Etd autant que nous
necrauaillonspas moins que vous,areiettcrtoutce qui peut tomber au deshonneur
de noftrcDieu:& prenons peine de maintenir la vrayeinuocation de Dieu, & la do£tri-
ncdc l'Eglife catholique de noftre Seigneur Iems Chnft, côtenuc és liures des Prophe-
tcs& Apoftres>& es Symboles & anciens Docteurs delà première EglueChreftiennc.
Dauantage nous faifons punitions rigoureufes des mal viuans,&: donnons àcognoiftre
que la feule obeifTancedeué à noftre Seigneur iôuuerain, nous induit à maintenir la do-
àrinedontnousfaifonsprofefTion,iufquesàcequefoyonsreceusen la compagnie éter-
nelle du Royaume celefte. Ceft la cauie(Monfieur) qui nous a efmeus à vous eicrirejfa-
chans leur Confeffion eftre du tout accordante aux Symboles,& eflôgneede touteopL
nion fanatique ou féditieufe.
Et pour vous aHeuterdauantage,nous vous enuoyons le contenu de leur Confcffion,
' quetrouuerezeftre(commediteft)rotalementellongneedesleditions. Oriln'y Mceluy
Abusenr*- quinecôfeffeplufîeurs abus auoireftéreccus&: enracinez, partie par erreur, partie auf-
^aa- ii par l'auarice de quelques vnsd'extirpationdefquels beaucoup de gés de bienontlong
temps par cy deuant grandement defiree:& fingulierement ceux qui ont fleury entre les
gens fauans de voftre Vniucrfité de Paris, aflauoir Guillaume Paris, Iean Gerfon, VveL
felus,&: autres. Lefquels abus conférions auorr efte auffîpar nous corrigez,fuyuant le
contenu de la Confeffion par nousnubliee.Ceft aufli le poinct que feu de mémoire heu-
reulc le roy François voftre pereauoit entreprins,il y a vingt ans, corn me prince orné de
vertu & prudence: fuyuant en ce l'exemple de fés anceftres rois de France , qui par plu-
fieurs fois ont pris la cognoinancedes diffères furuenus en FEglife. Et ceft la raifon (Mô-
feigneur)qui vous doitïcmblablemêt induire à vovregl«r en ceft affaire,pluft oft q don-
ner lieu àla cruauté qu'exerecrêc aucuns. Vous deuez eftre tellement certain que cefté
doctrine iamais ne le pourraefteindre par telle manière de force qu'on exerce : mais au
contraire que lefang qui leraà cefteoccafiônrjefpandu , feruira d'vne femence pour fai-
re croiftrelesChreftiensdeioureniourdauantage. Enlbrte quepourles extirper en-
tièrement, il vous f audroit ruiner la plus grand" part de vos fuiets, en quelque aage,con-
dition,oueftat qu'ils fufîent. Dieu menace par la faincteEfcrirure, qu'il fera punition
&; vengeance rigoureufe du fang des Innocens: &: qu'il punira griefuement ceux qui au-
ront m efprifé ou reietté la cognoiffance de fa doctrine. Il n'y a pas long temps (Monfei-
promeffe gncur)clue par nos Ambaffadcurs & par lettres par eux prefentees, nous vous auonsfaic
duRoyl* fèmblableremonftrance:&: fuyuant larelponfe qu'il vous pleut nous mander, eftions
PriacesAlc- défia prefquc afTeurez que pour laduenir n'endureriez que les poures Chreftiens fuf.
pwns" fent ii cruellement affligez, &c que tel tort fuft exercé à l'encontre d'eux &c de leurs bies.
Et neantmoins auons efté aduertis qu'en voftre Royaume la perfecution dure , &: qu'el-
le s'y continue autant que par cydeuant,parfeu,glaiue,& toute autre forte de tourmet:
en quoy nous portons la triftefle de vos loyaux &: bons fuiets, comme lacharitc entre
vrais Chreftiens requiert : &fommes par ce contraints d'eftimer que ne foyez pas moins
animé à l'encontre de noftre doctrine mefme: d'autant que les poures fufdits ne fonc
trauaillez pour autre occafion, que pour la Religion propreqoe nous maintenons, Se
enfuyuonsen nos Eglifes,&: fur laquelle nous appuyons le fondement de noftre fàlut.
Ce qui nous rend extrememenrcompaffionnez&: marris mon feulement pour le pre-
iudicede nous: ains principalement à caufe de l'honneur de noftre Seigneur fouuerain,
eftant par tels efforts foulé ô£ anéanti- Or d'autant que l'affection que portons à vos
fuiets, nous induit à aimer leur repos, & les voirdeliurezde ces trauaux :&c auffi que
defîrons deboncœur quepuiffiez en ceft affaire concernant la gloire de Dieu,&lefa-
lut des amcsjtellemen t befongner , que n'amaffiez fur vous le iugemen t & ire dclDieii:
nous vous fupplions de bien aduifèr a toutes les circonftances de ce faifr:&: mefmeméc
confiderer les caufes, pour lefquellcs vos poures fuiets font mis en ces extremitez,
& de predre peine à ce quel'Eglife de Dietffoit repurgee de toutes idolâtries te erreurs
qui font furuenus en la Chreftientc>& que lciefprits deplufîeurs puiffent en ce recc-
uoir quelque contentement. Et d autat que difficilement vou s paruiedriez à la cognoif-
Aduis de fance de ceft affaire, qui cft fi grand, fans ouyr leiugement de gens de fauoir craignans
conuoquer Dieu:qu'il vous plaife>enfuyuanr l'exéple des Anceftres, affemblcr le pluftoft que pour-
fnawpjèu. rcz 8cns idoines, aimans l'honneur de Dieu, & n'eftans tranfportez d'affection : les ouir
paifiblement : & faire examiner les articles de la foy qui font en différent ,& d'en dire
fran-
ÇeojftoyÇucriri. 4.93 ,
franchement leur aduis félon les fainctesEfcrituresfur chacun poin&;afin que par ce
moyen vous puirtiez reftablir l'Eglife de Dieu, &c reformer les abus qui y (ont. Que du-
rant ce temps,& deuant que tout loic enriercmenc refolu & conclu : Vos bons Ôc loyaux
{uicts,adheransànoftreconfefiîon,nefoyent inquiétez, ne contraints de faire choie
contre Dieu, ou leur confeiéce , ne dbbferuer les cérémonies îulques à prefent receuës
en voftre royaume.Et aullï que déformais ne foie procédé aucunement à l'cncontre de
ieurs perfonnes,ou leurs biens.&quc ceux qui par fi long reps lont détenus p'rifonniers,
foyent deliurez à pur& à plein ;& que par efïecf nous pui/Tions entendre que nosreque-
ilcsn'aycnt point moins profite enuers vous,querimportunité& les calomnies des en
nemis de notlrc Religion. Ce fait vous exécuterez le commandement du Fils de Dieu:
lequel fur toutes choies vous recommande Ion Eghic, l'ayant licheremét rachetée par
l'on fang tant précieux. & môftrerez aulîî à vos luiets vrre mifericorde &: grâce fingulie-
re:leur permettant d'inuoquer Dieu, &£. l'honnorer purement. Et nous, de noftre collé
ferons entout temps prclls de le recognoiftre en voftre endroit,& demeurer vos anciés
amis&: feruiteurs. DeFrancfortce 19. de Mars 1558. Ladettreeftoit ainfifignee. Le
Conte Palatin, le Duc de Saxe, le Marquis de Brandebourg, Eleveurs :1e Conte Vvol-
fang Conte de Vveldour, le Duc de V virtemberg.
L e Roy pour toute refponfe dit aux AmbaflTadeurs qu'ils eftoyct les tres-bien venus:
& quant à leur charge , qu'il enuoyeroit en bref vn gentil-homme vers les Electeurs , &
Princes, pour leur faire entendre Ion vouloit & reipon(e:laquelle feroit telle , qu'iceux,
comme il eftimoit, s'en contenteroyent. Toutefois les AmbaiTadeurs n'eftoyenc enco-
res partis de la Cour, quelefeu (qui fembloitdeuoit eftre elleint parleur venue)s'em~
bralafur Geoffroy Guerin & autres fidèles pnfonniersd'vn mefme téps,defquelsnous
auonsicyinleré les procédures.
GEOFFROY G VERIN, de Normandie.
E N la perfonnne de ce Martyr , le Seigneur a monftré va bel exemple, Se d*4 'infirmité' de l'homme deiaifle i
{oy-ïut(mc,8c de la confiance du fidèle fouftenu par la vertu & force de fon S. ifprit.
[E O F F R O Y Guerin natif du Ponteau-de-mer en Normandie, fur l'aage
jd evingteinq ans, ayant efté einprifonnéauceplufieuts autres en la ville de
1 Pans, de première arriuec refpondit Chrefticnnemét à toutee qu'on luy de-
| manda:& penfoit-on qu'il deuil eftre defpefché des prcmicrs:mais inconti-
nent après, abbatu de crainte, corn mença à reculer, & quitter la victoire aux ennemis*
retradant ce qu'il auoitdepofé. Oneftimcquecefut à la folicitation d'vn garnement
tenant les erreurs de Caftalio. Illuyfaifoitaccroirequ'ilnefefalloitpointainfitpurmé- dt
ter pour la Religion:^ que Dieu ne demandoit point que le fang des hommes fuit ainû
efpandu: que c'eftoyent chofes indifférentes d aller à la Mené ,& nier la foy en la perfe^
cutiô. Guerin fauoit oie ce qui en eftoit: mais la crainte qui le tenoit de l'autre colle, luy
faifoit receuoir volôtiers ce coulïinet pour endormir fa cofcience,&: couurir la faute qu
il vouloir faire. Pourtant, eftât retourné deuât les Iuges,!eur accorda ce qu'ils voulurét;
& le cinquième de Décembre fut condamné à cftrentcnc celle ÔC pieds nuds depuis la Guerincon
Conciergerie, iufques deuant le grand portail du temple des lacopins, tenant vne cor-
chedecire ardente, dupoix de deux liures,&illec à deux genoux faire amende honno- norablc,
rable,&c. aueedefenfes deletrouueraux auêmblcesfecrectcSs&c.Cclatut par luy mis
en execu tion, au grand regrec de tous ceux qui le cognûifToyenc,& auoy en t autre efpe-
rancedeluy. Ecpource que l'arreft porroic auffi , après l'amende qu'il feroie mis entre
les mains del'Ofncial,pour eftre à l'cncôcrc de luy procédé parcéfuresEcclcûailiqucs,
il fut mené aux prifonsdel'Eucfché. Là Dieu après l'auoir fi fort humilié, le telcua par
fa mifericordet&luy faifant fentirà bondeient fon iugemenc, luy fit reprendre coura-
ge par l'alfeurance de fa bonté. Si bien qu'au Ucu d'accomplir le refte dcrarrclt»il fi: dé-
libéra d'amender,par vne confeffion contraire, ce qu'il auoiedic mefehammenc. Et dés
lors commença à dreficr vnc confeffion de foy, pour présentera Meilleurs de la Cour
(deuant lefquels il auoit fait abiuration ) afin de les faire rentrer en la cognoifiance de
fon procez.Remonftrant qu'il ne le vouloir tenir àfa première depoûtiommaiscçnfef- Guerinr^
foit deuanc tous qu elle ne valoïc rien, pour leur auoir accordé chofes dirc&cmcnc con^
OO.iii.
traircsàlaparolledeDieu.Ec d'autant qu'il fauoit que perfeuerant en iccllc,il n'auoit
aucune efpcrance de falut,&, ne pouuoit attendre que le iufte iugement de Dieu qui tô-
be de/Tus ceux qui détiennent la vérité de Dieueniniultice,ilentcndoitfe tenir à celle
qu'il leur pretcntoit iigneede fa main. Voila la préface de ladite côfeiîîon,bicn ample,
ÔC contenât vne longue dilpute de tous les poincts qui font auiourdhuy en débat. Mais
nous n'en auons voulu charger le papier, pource qu'ils lont allez déduits autrepart.Tâc
y-a qu'il n'y auoit rien , qui n euft vne bonne confirmation d'infinis pafîages dei'Efcntu-
re. Ilenuoya aufliaux autres prisonniers qu'ilauoit laiilcz en la Conciergerie, vne let-
tre de fa conuerfion,de peur que la cheute ne leur fuit en fcandale, mais apprinflènt en
fon exemple la leçon de leur deuoir,comme il s'enfuit :
LE fainétEfprit parlant par la bouche de S. Pierre nous donne grande confolation,
quand il nous enfeignequeli nous fouffrons quelque choie pour initiée, nous léiôs
bien-heureux.Ecaulfi itsyeux du Seigneur font touliours fur lesiulks ,& les aureillcs
attendues à leurs prières: mais fon vilage fur ceux qui font mal. Pourtant nous nede-
uons craindre, & nous troubler,ainsfan£tifier noftre Dieu en nos amesrtouiiours prefts
de rendre raifon de noftre foy,&: del'efperance que nous auons de la vie éternelle, auec
toute modeftie: puis quec'eft la volonté de Dieu, que nous fouffi ions,non comme pail-
lards, larrons, voleurs, brigans,& homicidesrmais pour porter tefmoignage de la bône
volonté entiers nous,& fon Eglile,pour laquelle il elt more , iufte pour les iniuites : afin
que par fa mort il nous réconciliait à. Dieu fon Pere: nous ayans hiiïé exem ple,à ce que
fuyuionsfcs pas, portans noftre croix tous les iours de noftre vie après luy; lequel n'a
point fait de péché, & en laboucheduquel n'a point efté trouué de faute. O mes amis,
que ce bon Pere oelefte,Pere de toute miléricorde, nous fait auiourdhuy vn grand hon-
neur de nous produire comme tefmoinsdeuant les ennemis de noftre foy, en ces der-
niers temps:aulquels eft reuelé le fils de perdition, lequel noftre Dieu deftruira par l'E-
fprit de fa bouche! le vous prie,mesfreres,combien nous deuons-nous efforcer (en mô-
ftrant la grace de laquelle Dieu nous a pourueus de tout temps, voire iufques au milieu
des plus grans combats que nous auons maintenant)pour maintenir &dcfcndre la pro-
pre caufe & querelle de fon Fils bien aimé noftre Seigneur lefus Ch rift. Ne fencôs nous
pas toufiours fa très-grande alîiftence? Où nous a-il dclailfez quand nous lauons prié?
N a-il pas toulioursfouftenu lès feruitèurs, qui l'ont inuoque auiour de leur neceilïté,
qui 1 ont,dy-ie, inuoqué en vérité: Ne voyons-nous pas tous les iours deuât nos yeux les
efpreuucs de fa bonté enuers fes efleus, iufques aux extrêmes tourmens ? Serons nous
defcendusiufqucs aux enfers, que nous ne foyons fecourus delà puilfance de noftre
Dieu? O bonté immenfei O infinie clémence de Dieu.* Qui efpercra entoy,nefera
point confus.
Me s frères & bons amis, il eft bien vray queie ne me fuis pas monftré tel que ie de-
aoye eftre.& ma confeience fe fent fortaceufee deuant Dieu , de ce qu'ayant efté nour-
ryen fonefcolcparrefpaced'an&:dcmy(enlaquelleiemecogrioy auoir grandement
profité felôlamefuredc la foy que Dieu ma donnée) toutefois abbreuué,& quali com-
me enyurédes délices &: promelfes de ce monde , ic me fuis veu tout preftsde choir , n'-
ayant mémoire de cePfeaumcfeptantexroifieme. le vous Jaj/Te à penfer combien nous
deuom apprendre en iceluy auec DauicJ, de nous tenir furnos gardes,de veiller en priè-
res & oraifons procédantes d'vne vitre foy,&: qu^l nYait point d'hypocrifie en nous;que.
nous ne foyons point doubles décourage , que noftrelangue ne parle point autre choie
quenoftre coeur penfe,fur peine d'encourrrle iufte iugement de Dieu. Car des hypocri-
tes le loyer en eft en ce monde. Recourons donc à noftre Dieu , comme à noftre fauue-
garde, noftre rcmpar,& feul refuge : ateluy duquel nous tenons la vie &c du corps& de
l'amcîfous la protection Qc defenfe duquel nous deuôs tous batailler, corne vrais cham-
piôsjige fidèles foldarsdcnoftre Capitaine Ô^feuï Seigneur IefusChrift. S'il eftainfique
Coparaifon pourrnaimenirquelquéqucrclleoucfvnRbv,oud'vh Princéiferrien,tatd'hÔmesexpo-
ittit fcursames,&: fefbntdtfchircrcônitrpieceà piecc,abandônans leursfemmes&cn-
faris,leursparens&: afrris,& biens de cetn6<ïe, & toutefois ne font alîeurezde receuoie
faÉaire& i,eVôpenfe,n*nô pécuniaire &: t6porelle. S'il eft arrrfrquc le marchid, chargé de
fcmmes'& cnrans,aiJle&Tjacafreiour & rtuiétpar mer & par terre iufques aux pays les
pius^ftTangcs,traffiqùât aqecTûrcS& mefçTeâs,Q'ayatcigard qu'à la nourriture de ce
çorps,rhér;&: fes biens ÔÉftfvie en mûle'hîtzarîlsxomDien nous (qui/bmmes certains de
la
Çeoffroy Çuerin. 4.94.
la bonne volonté de Dieu,&des promelTes qui nous font faites en l'Euangile, &c de l'af-
feurance de noftre falut que nous auons enlefus Chrift)fqrons plus incitez &C pouffez
d'vnzek bon &c fain&,pour maintenir cefte tant mile &: tant honorable &c tant laincte
querelle de nollre Dieu & de {'a iain&c parolle,iufqucsàlbuftrir mefmes toutes les pei-
nes, tous les tourmens &: fupplices de mort qui nous feront prefencez par les hommes &
iuges de la terreî'La fanté de noftre corps nousfera-elle ou blier le falut de nos ames, pour
viure quelque peu de temps en ce valdemilère,au plaifir de noftre chair ? Oublierons^
nous cefte demeure éternelle Scbien-heureufe auec Dieu &. noftre Seigneur Iefus Chrift
&c l'es Saindsdefquels nous attendans en patience , crient vengeance du tort qu'on nous
fait îcv bas?Nous n'auons pas icy vne cité permanente : mais il nous faut trauailler par la Heb.13.
grâce de Dieu après cefte demeure&: cité tut ure,qui eft la gloire du ciel : à laquelle, par-
tans de ce corps mortel/cions conduits par l'Efprit iâincl: de Dieu .
P o v r. celle caufe prions noftre bon Dieu qu'il nous tienne toufiours enbride,&ne
permette que nous loyons aucunement efgarez de fon troupeau , &c qu'ayons toufiours
fa crainte deuant les yeux.Car ceux qui ont efté vnefois illuminez, &: ont goufté le don Hcb.*4
celefte,&: ont efté faics participas du laind Efpnt,&: ont goufté la bône parolledeDieu,
& les puiftances du ficelé àvcnir,s'ils retombent,il eft impoflible qu'ils loyent renouue-
lez par repentance,entant qu'ils crucifient derechefle Fils de Dieu en cux_meimes, te
le diffament.
M e s fi ères &c bons amis,efiouifTez vous de ce que moy poure brebis cfgaree , ay eftt
trouueedu bon Pafteur,côme apportée derechef en la bergerie de Dieu auee vous. EL
iouiftez-vous,dy_ie,que le Seigneur m'a fait tant de bien &: tant d'honneur, de me faire
ouir &c entendre fa douce & miléricordieufe voix,&: qu'il a eu pitié de moy:n'ayant per-
mis que ie tufle perdu auec les defefperez. Aufîi ie fuis à luy,& feray pour iamais,nonbb
fiant ma faute bien lourde,&: de trop gi âd fcandalermais il n'a point reietté ma prière,
il a ouy mes pleurs &: mô gcmiiTemét,commc il a fait de fon feruiteur Pierre.Pour cefte
caufe priez Dieu pour moy,qu'il me conduife par foh faihct Efprit. Car i'ay bondefir cy
après de refpondre de ma foy:afîn de reparer le fcandale de ma faute.Les frères qui font
céans en pai cil lieu que moy, vous falueut. Saluez tous les frères en mon nom,& nous
recommandez à leurs prieres:car nous en auons bon befoin : eftâsicy comme au milieu,
de nos ennemis.De noftre part nous vous difons à Dieuides priiohs de l'Euefché de Pa-
ris,ce dernier îour de Decembrei
Y A N T donc reprins courage en celle façon,ildemeuraâfTez long temps,à fon
A grand regret,fans eftre appelé des luges: 6c Y Officiai ne faifoit fem blant de vouloir
toucher à fon procez.Car il vouloir auoir la main garnies aufli de la haine qu'il portoic
à ceux quicftoycncenfcsprifonsjpourlacaufede laReligion,il euft bien defîré qu'ils y
fuffent pourris en toute poureté,faifant defenfeau Geôlier de ne leur faire part des au-
mofnes.Or quoy qu'il en foit *ce delay affez long donna loifir àGuerin de reprendre ha-
leine,pour puis aprAcombatre plus vertueufement. A la fin l'Offîcial à fin fiance de
quelques preftres prifonniers auec luy,fut contraiht de prendre le procez. CarGuerin
he vouloir aucunement confehtir aux blafphemes qu'ils ont accouftumé de chanter:
mefme les reprenoit,de forte qu'il eltoit battu aucunefois par eux , qui pejifoyent en l'-
outrageant racheter leurs meurtrcs,leurs larrecms,& violemens de filles. L'Official a-
prcsluyauoirfaîcquelques légères demandes furlcsinterrogacoires faites en la Cour,
le condamna à faire derechef amende honnorable, à iufner au pain &; à l'eau quelque
temps,& autres peines accouftumees. D'icellefentence Guerin fe portant pour appe-
lant fut ramené en la Conciergerie du Palais. Et pource qu'il n'eftoit appelant de la
mort,on le mit au preau.Là trouua deux excellens tefmoins de noftre Seigneur,qui lùy Dcuxp
accreurent le courage de la moitié.Ceftoit au temps deCarefme,que les ignorans font lo™c£
le plus dccasdeleursfuperftitiôs. Les autres prifonniers voyâsceux-cy mefprifer leurs
Meifes& leurs deuotions vaines,inciterent le Geo fier de faire pleinte aux gens duRoy,
& demander qu'iceux fufTent reiferrez.ee qui fut fait leDimanche nômé desRameaux,
après qu'ils eurent efté outragez à coups depoing parles autres prifonniers. Le lende-
main la Cour les fit venir tous trois,&: les tença bien rudement de n'auoir cftéàlaMef-
fe en vn fi bon iour les renuoya auec menaces de mort , fans plus retourner deuant eux,
& defenfc au Geôlier de ne leur donner que du pain & de l'eau.
OO. iiii.
Apre j cela vn des Coidcliersfuc enuoyé pour eftayer s'il n'y auroic moyen de leur
faircchangerpropos:ce qu'il fit pai. trois ioursfuyuans, lesfolicitanede toutes façons:
maisc'eftoïc peine perdue. Encre aucres choies interroguez s'ils vouloyent dem eurer
opiniaftres:relpondncnt,qu'ils ne leftoyent,&:ne tenoyétaucune opinion particulie-
re.Le Confeillet répliqua: Or ça,le fondement de ce que vous dites,eft,que voulez feu-
lement croire ce qui elt côtenu en Ja parolle de Dieu , 6c qu'il n'y faut adioufter ne dimi
nuer.Guenn rcIpondit,Ouy,monfieur:car il eft ainfi cfcricau ii.chapitre du Dcutero-
Reprochéà nomc.Mais iln'eut pas il coit commencé à parler,quele Conieillerpour toutes refpon-
Udt'menai fes vintaux menaces,&: auxfagots-.diianc qu'il cftoitvn menuifier fanslettres,&: touçe-
fier.meD fois ilievouloic méfier de parler,&: que la Cour luyauoit fait trop de grâce , de l'auoir
garde ii long temps. t>ref,apres beaucoup de parolles fort rigoureufes, luy commanda
de ne plus pai ler.Touteroisccfte furie ne pafla point plus outre , pource quelesfeftes
de Païques donnèrent vacation à la Cour , 6c que l'appel de Guenn nefe vuidoitenla
Tournellc,delaquclleeftoitlcConfeiller,maisenlagrand' Chambre. Ainfi il luyfut
donné encoresrelai'che de fefomfierauecfes autres frères , iufques au quatrième de
Iuin,qu'il fut mandé deuant les luges de ladite Chambre. Là,comme il auoit toufiours
fouhaitcé,il fie telle confciïion de fa foy,que fon appel comme d'abus, déclare nul &: no
GlSamné receuable,fut condamné* cftre bruflé toutvifen la place Maubert:&: neanemoinsfue
' dit,quel'on furfoiroic l'exccution,pour le faire admonnefter par quelquesDo&eurscn
Théologie^ s'il fe reuenoit,ne fcntiroit le feu,ains (croit eft ranglé.Pour ce faire le len-
demain îlfuc mis en difpute contre deux Docteurs de la Sorbône , lefquels il fouftint
vertueufement.
De p v i s elUnt mené en vne chambre fut interrogue par Maillard: fie après lôgues
difputes>cfquel/es il pouuoit cognoiftre fa perfeuerance,ils comberenr fur la manduca-
tion du Seigneur en la Ccne.il confefloit toufiours en icelle participer realcment 6c de
fait au vray corps de noftre Seigneur IefusChrift:mais que cela fe faifoit fpirituellemet.
Maillard ne confiderant ou dilîimulantcefte manducation fpirituellc , conclud qu'ils
eftoyent d'accord, pource qu'il auoit confefle vne manducation : &: voulant triompher
defaconutrfionenfitrapportàlaCour. Plufieurs en furentrefiouis,quin'eftoycnc
point cruels,mais marris delà fentence qu'on auoit arreftee contre luy:de fortequ'ay-
ans prins depofition de cela lignée de la main dudit Maillard , furent d'aduis quel'exc-
cucion tuft encores difFeree.Et comme cho(e qui ne fe fait pas volontiers , qu'vn arreft
traine fi long temps,il en vint quelque bruit que le Roy s'en mefeontentoit. Ainfi pour
donner à cognoiftre que telle diIation,à laquelle la plus part enclinoyent, n'eftoit prc_
iudiciableauxordonnanccs,ilsdeputerentdeux Confeillers pour luy porter déclara-
tion des caufes d'icelle fous le figne de Minard l'vn des Prefidens. Le Rçy fit refponie
telle que le delay fut incontinent rompu:ioint que Guerin cependant auoit maintenu
la vérité deuantMaillard:tellement qu'on cognut bien qu'on s'eftoit mal fondé fur fa
conuerfion. Mais auant que pafter plus outre au récit de fa mort hcureufc,il faut que
nous voyons toutes les difputes efentes de fa main propre,commc s'enfuit:
Trs s c h e r s freres,ily alongtemps,queiedefiroyeauoiroccafionde vousrcfcri-
re:mais grâces à noftre bon Dieu,l'occafion y eft bien grande à cefte fois. I'ay bien
voulu vous aduertir qujeSamcdy4.de Iuin iefu amené deuant Mcflïcurs de la grand*
Chambre:où,tout malade qi'eftoye,m'interroçuerent fur certains articlcs,aufquels ic
u difficul- refpondy à grande difficul té.I'auoye les leurcs a tous propos que pronôçoye,herfcs en-
té de parler femble:mais toutefois noftre Dieu,qui aie min des fiens roaffifta iufques à la fin ,& ne
permit qu'ils gagnaflent rien fur moy : dont ic le loue par fon Fils bien-aime noftre Sei-
gneur Icfus Chrift.Premicrcment après auoir prefté le ferment accouftumé,Monfieur
le premierPrefident me demanda fi ic croyoye pas après les parolles fàcramentalcs pro
noncees par le prcftre.que le corps de noftre Seigneur Iefus Chrift eftoit fous i'cipece
du pain, réel & corporel ? le refpondy, Mon ficuriccroy véritablement que le corps
de noftre Seigneur Ief us Chrift eft toufipurs en haut à la dextre de Dieu fon Perc:&: qu
il ne bougera de là tant qu'il viendra iuger les vifs 6c les morts,fclon les articles de la foy:
mefmes qu'il faut que le ciel le recoiue iufques à la reftauration de toutes chofes , donc
Dieu a parlé, comme il eft eferit aux A&es 5 .chapitre.
Apre s iefu interrogné de la manducation: 6c refpondy qu'en communiquant au
pain 6c au vin,qui nous font donnez au Sacrement,ie coœlnunïquc au corps 6c au fang
de
Cjeoffroy Çjuerin ^py
de noftre Seigneur lefus Chrift , rcalement &defait,fpirituellement,&par viue foy,
en cfperance de la vie eternellerlc cerchant au ciel pour en auoir la fruition, &: ce par la
vertu incomprehenfible du faind Eiprit. le fu aufli tnterrogué fi quand i'eftoye aux
prifQnsderOfficialité^cchantoyepasaufalut&yaffiftoye.Icdi que non. Lacûufe
pourquoy ie fu interrogué fur ce poin&,vint de l'Official , qui là eftant prefent difoic
tout ce qu'il vouloit contre moy. L'vn des Prefidens me tança fort, & m'iniuria plu-
fieurs fois,difant,Que f eftoye défia damnc:& fi ie vouloye pas dire mô Aue Maria, &; fi
ie ne mefprifoye de faluer la ViergeMarie. ^Journellement je prie Dieu,& luy fay rhon
oraifon ainfi que noftre Seigneur lefus Chrift nous a apprins , comme il eft efent en S.
Matthieu é.chapitre. Et n'ay point d'autre aduoeat &c médiateur enuers Dieu, pour a-
uoir accès à luy,que noftre Seigneur Iefus:lequel nous eft propofé pour tel en la lain&e
Efcriture,par les paflages i .Iean i.&c i. Timoth.z.m'afleurant aufli aux promefles qui
nous font faites en l'EuangilezQue tout ce que nous demanderons à Dieu , au nom de
fonFils,nous l'obtiendrons- Finalement ie fu interrogué de la prière pour lestrefpaflez.
le refpondy,qucic n'âuoyc point apprins de prier pour les trefpaflcz. Lon m'interro-
gua de plufieurs autres menus fatras>quc ie ne mis point en mémoire : mais fur mes in-
terrogatoires ce font à peu près les refponfes que ie fî.
Ap s. e s monfieur le Prefidcnt me demanda quelles raifons ie voUloye dire pour mes
caufes d'appel comme d'abus.Ie dy queie ne fauoye que ceftoit : & qu'ils feroyét beau-
coup pour moy fi de leur grâce ils me bailloyettt vn Aduoeat pour me confeiller. Mais
monfieur le Piefident M. me dit qu'il mefaloit vn homme pour me confeiller de mon Ainû iug£t
falut,& que i'eftoye en grand dangenattendu que défia vne fols il m auoit retiré du feu, les medaita
&ieftoyepreft d'eftre condamné. Ieluydy , Monfieur ie feroye bien-heureux fi Dieu
m'euft retire desafrli&iôs où i'eftoye,& que iedeûroyc d'eftre diflbus& eftre au ciel a-
uecques Chrift. Mais il dit,que ie n'auoye garde d'aller au ciel , & que i'eftoye défia
damné Je fi refponfe que i'eftoye afleuré d'eftre fauué, C'eft tout. Alors on me remena
enmaprifon*
L e lendemainîqul eftoit le Dimâche,enUiron quatre heures de releUeCjl'vn des fer-
uiteurs me mena en la chappelle de la Conciergerie:auquel lieu trouuay deux marmL
tiers de Sorbone ailec leurs chapperons:lefqUels fe profternereh t à deux genoux. Et
après auoir fait leur orailon,ie demanday à l'vn t Monfieur,-venez~vous céans pour
m'intcrroguerflls me firent reiponfe qu'ouyJe leur dcmâday loifir d'inuoquer le nom
de Dieu-.ce qu'ils me permirert t<Et après que i'eu fait mon oraifon , pource q c eftoit en
Erançois,ilspenfoyentmefairccroirequeicfaifoye contre le commandement de l'E-
glife:maisielcurrefpondiauecfain&Paul, que i'aimoye mieux parler cinq pâroîies en
mon entendement,que d'en dire dix millet ne les entendre point. Il eft vray , dirent-
ils:mais l'Eglife commande de prier en Latin. Le plus vieil,rompant le propos vint à me
dire,Lagrace,lapaix,& lamifericordede Dieu, parla communication du S. Efprit de-
meure à iamaisauec vous.Ie refpôdi,ainfifoit-il. D. Or ça, mon ami, nous fommes en- n ent^ je
noyez vers vousjefperans auoir quelques nouuelles de voftrefalut. On nous a dit que l'aiTcmbic»
Vous voulez tenir de l'opinion de ceftcàflembléé i mais ie m'efbahi comment vous e-
ftes fi téméraire de vouloir ainfi errer auec fi petit nombre, le gageray qu'on n'enfau-
roit encores troUUef vn cent dedans Paris,& vous voulez tenir cefte opiniô contre tou
te l'Eglife? Monfieur,ieme veux du tout en tout rapportera la parollcde Dieu, te
me régir par icelle,fans fouruoyer du droit (entier de la vérité de Dieu , pour fuiure la
do&rine &: commandemens des hommes. Interrogué fi ie vouloye pàs prier la vier-
ge Marie,&les Sain&s trefpaiîez domine l'Eglife le commande, çt. Monfieur, l'Eglife
de Dieu vniuerfelle efpoufe de noftre Seigneur Ienis Chrift eft tant humble , qu'elle ne
prefume rien d'ellc-mefmepour commander outre ce qu elle tient de fon Efpoux * par
la parolle duquel elle eft régie U goUUcrnee. Er pourtanticomme vn du troupcau,ie
veux feulement ouyr la voix dé mon Pafteur<qui eft noftre Seigneur lefus Chrift.Ie me
veux feulement arrefter aux promefles qui nous font faites en fon Nom: a/Tauoir , que
nous obtiendrons tout ce que nous demanderons au Pcrc de par luy: & auffi il nous eft
propofé pour noftre feul Aduoeat \fc Médiateur D. Voire, mais ne croyez-vous pas
que les Saints nous puùTent aider,quand nous recourons à eux par prières & oraifons?
rçt. Non. D. le le vous prouueray(dit le plus ieunc.)Nc fauez vous que la Cananee pria
les Apoftrcs qu'ils priaflent pou relie? y.* Chryfoftome interprète ce paflagcdifanr^
Liurc^VL Çeofroy Cjuerin.
Voy la prudence de la femme-elle ne prie point Iaques,ne Iean,clle ne va pas a Pierre,
Ma«h.i5 ^ ne jUy chauc de toute l'aflemblec des Apoftres:mais au lieu de tous ceux-la elle préd
penitem e pour fa compagne ,& vient droitàlefus Chnft,&:c.Et d'autre part,que fait
cela pour dire que les trelpaifez prient pour nous, &: qu'ils foyentnos aduocats?Car en-
core qu'ils eullcnt prié pour la Cananee , ce ne feroitqueledeuoiren quoy nousfbm-
mes obligez de prier les vns pour les autres, félon qu'il nous eft commandé par la parol-
DcClcmcc- lcdcDieu. Leplus vieilme vint dire,Efcoutez,mon ami, faincK^lemcutdilçiple des
Apoftres difoit ainfi , le délire d'aller voir la bonne vierge Marie, mere de noftre Sau
ueur Iefus Chnft,afin qu'elle prie pour moy. Vous pouuez voir par ce pafTage comme
elle peut prier pour nous. y.. Monfieur , elle eftoit encore viuante lors qu'il defiroit
qu'elle priait pour luy:ce n'eft rien de dire quelle puuTe prier pour nous au ciel. & md-
me elle ne voudroit rauir ceft honeur fingulier,qui appartiét à fon feul Fils. Le plus ieu
ne nve péfa faire vn argumét,difat,U eft eferit au i .chap.des Heb.que lesAnges font mi
niftres des leruireurs deDieu,pour feruir à noftre falur. 9t. le le vous côfefTc. D. Si donc
les Anges font feruiteurs de Dieu pour nous aider:Ergo,les Sainéts , qui font bienheu-
reux,nouspQurrontaider,tellementque nous pourrons recourir à eux en nosneceffi-
tez. çt. Monfieur,fi vous n'auez autre raifon que de cela,ce n'eft rien. Car Dieu n'a pas
attribué aux Sain&s ceft office de nous aider &fubuenir . Parquoy nousne deuons
point recourir à eux:mais à fon feul Fils bien-aimé, auquel il a pris tout fon bon plaifir,
&; eft la bouche de tous Chreftiens pour parler au Pere.Touchant les Anges, combien
que noftre Dieu les employé pour feruir à noftre (alut: toutefois ii ne veut-il pas que
nous les inuoquions,& que nous ayons noftre adrefle à eux , mais à noftre Seigneur le.*
fus Chrift,par lequel nous auôs accès au Perc:comme il eft eferit au fepticme des Heb.
Le plus vieil dit, Apres,ceft afTez parlé de ce poinct,puis qu'il ne veut croire autre chd-
fe:venons aux chofes plus fain&es. l'en croy cequel'Eglife vniuerfelle encroit,&r
doit croire:car i'ay du tout mô appuy fur la parolle de Dieu-.m arrefte à noftre Seigneur
Iefus Chrift,& le tien pour mon feul interceiTeur,comme il nous eft propofé en l'Efcri-
ture. Alors dirét tousdeux,Aufïifaifons-nous comme vous:mais cela nempcfche que
les Saindts ne prient pour nous. çt. Si vous en voulez tant pour vos patrons, ne les efpar
gnez pas, quat à moy, ie me contente de lefus Chrift. le n'ay pas mémoire de tout ce
qu'ils m'obiecterent fur ce poind : mais c eft à peu près la difpute que nous eufmes en*
femble. Apres, le vieil me denunda,Or ça,mon ami,ne croyez-vous pas au fain& facre-
ment? R. le cioy le faind Sacrement delà Cene eftre in ftitué de noftre Seigneur Iefus
Chrift. D. Ceft bien dit.Ne croyez- vous pas, qu'après que le pain eft confacré par l'E_
uefque ou le preltre,que le corps de noftre Seigneur eft là prefent? R. le croy que deuat
& après la fan&ification du pain &c du vin ( que vous appelez confecration) le corps du
Seigneu r eft toujours en haut à la dextre de Dieu le Pere, don t il ne bougera tant qu'il
aura mis fes ennemis pour fon marchc-pied.Ie necroy point qu'il foit ailleurs.
D. Ne croyez-vous pas aux parolles que noftre Seigneur dit,quand il print du pain, co-
rne le recite fainft Paul en l'onzième de la première aux Cor. R. Ouy,monfieur. D.
Ne dit-iJ pas en leur baillant le pain,Prcnez,mangez,cecy eft mon corps,qui eft rompu
pour vous? R. Ouy,monfieur,ie croy tout cela. D. Regardez bien,môami . vous voyez
DcTcnull. qu'il dit le pain eftre fon corps. ^. Tertullian en fonliure^contreMarcionditainfic
IefusChrift après auoir prins le pain,Ô£ diftribué à fes difciples, le fit fon corps en difat,
Ceft mon corps,c eft à dire(dit-il)le figne de mon corps --nous donnant à entendre que
cecy doit eftre entendu fignificatiuement. Auffi les Sacremens ont vne telle fimilitude
auecla chofe de laquelle ils font Sacremens, qu'ils prennent fouuent le nom delà cho-
fe mefme. D. Vous dites donc que le pâin eft feulemét le ligne du corps de Iefus Chrift.
R. Voire. D. Vous voulez donc contredire aux parolles du Seigneur qui dit exprefle-
ment,Cecy eft mon corps. R. S. Âuguftin contre Adimant,dit ainfi, Noftre Seigneur
n'a point fait difficulté dédire, Cecy eft mon corps , quand il bailloit le figne de fon
corps.Ie leur demanday s'ils vouloyent contredire aux Docteurs de l'EglifeJefquels in-
terpretoyent fi clairement la parolle du Seigneur.Le plus ieunc médit, Mais efeoutez,
Siie prenoyc vn bonnet& que ie le vous donnaflejVQUsdiroy'-icTcnez^renez ce bon-
net, ceft à dire , le figne du bonnet? voulant par cela me faire entédre quele pain eftoit
le corps du Seigneur rcel,& corporel,^ non pas figne,cout ainfi que te bonnet eftoit le
mefme bonnet fans eftre figure.
fit. Tout
yc. Toutainfi que le bonnet efttoufioursenfamefmeforme& figure : auflïlepain du
{acremcnt(lequcl en aucune manière eft appelé le corps de Chnit) demeure touliours
çn fa fubfonce&nature,&n'eft point tranfmué en la fubftance du corps dcChrift.A-
lors tous deux eurent la bouche clofe,&: ne fàuoyent plus que me dire.
Apresilsm'interroguerentdclamanducation, Si fous lescfpecesdupain&duvin J^J"
ic receuoye-paslc corps & le fang de noftre Seign. Iefus Chrift,& fi iecroyoye pas qu'. tiéduco^t
il fuft là prefent pour receiioii?^ le croy fermemét qu'au Sàcremét de là fain&e Cenej
communiquant aux fignes du pain &c du vin * ie communique aufîi au corps &c au fang
de noftre Seigneur Icfus Chrilt,lpirituellement &C par viuefoy,en efperance de la vie e-
ternelle:&: cela par la vertu incomprehenfible du fainct Efprit : le cerchartt à la dextre
du Pcre,pour en auoir la fruition.Ils me dirét tous deux enfemble, Vous dites touliours
)es fignes du pain &: du vin. çt. Voirc:carpar icéux nous eft demonftré ce qui nous eft
fignifié en ce Sacrement. Apres me demandèrent où i'auoycappris ces chofes:&: que ie
tenoye tout le contraire de noftre mere faincie eglife:&: que par ce moyen i'eftoy'here-
tique,& tenoye l'opinion de Berengatius. y.. Meffieursjic ne fuis point hérétique: ains
croy tout ce qui appartient à vn Chreftien de croire. Car telle a cfté la foy des Apoftres;
àc detoute l'Eglifè primitiuejà laquelle ie me veux conformer. Vous me parlez de Be-
régarius,mais iamais ie ne ouy parlcr:&: ne fay qlle opiniô il a tenuzil me fuffit de croire
ce qui eft contenu en la parolle de Dieu .le vous ay dit ce que i'en croy , &c quelle eft ma
foy. ^Sur ce poind le plus vieil me dit,qu'il eftoit bien marry qu'il ne pouuôit faire
vn meilleur récit de moy:& que iepenfaife à moy:& fi ievouloye prier Dieu &: la vier-
ge Marie,que ie laifTeroye celle opinion. Il me dit beaucoup de menus fatras, qu'il n eft
ja befoin d'efcrire.Car quand ie vy fon importunité,ie ne luy refpôdy ricn.rpftoye aufîi
encores fort debile,à caufe de la fîeure qui m'auoit laiflé le iour precedent.lls palferenc
de là au Purgatoire:& me demandèrent fi ie le croyoye. qt.. Mcflieurs,ie croy qu'il y a vn ^
Purgatoire,quieftlecorpsdenollrcSeigncur:&:queparlafoycniceluy nous fommes touè.1"8**
fauuez. Le vieil me dit, le me doutoyc bien qu'il ne vous en faloit point interroguer;
mon amy,ie vous prouueray qu'il y a vn Purgatoire^ par ainfi qu'il faut prier pour les
trefpafTez. Il eft eferit au fécond liùre des Machabees,& mefmes l'eglife le chante à la
MefTe>qu'il faut prier pour les trefpafTez. y.. Monfieur,les liures des Machabccs font A-
pocryphcs,&: ne font receus pour Canoniques en l'Eglifè de Dieu. Il me dit que (ainâ
Hieromeles mettoit au Catalogue des efcriuains. fy.. Mais il ne les met pointaù reng
des liures CanbniqueS:&: dit qu o les peut lire pour aucuns beaux exemples &: hiftoires
defquelleson pouuoitreceuoir quelque édification >■ mais non poUr confirmation de
ladoéhmedefalut. Le ieune me recita quelque pafîàge de l'Ecclefiafte j pour prou-
ver farotifTerie.maispourcequeicn'auoye point leu ccpafTage,icluy dy , qu'il ne s'en-
tendoit point ainfi:& que S.Cyprien dit contre Demetriartjquand 6n fera parti d'icy, il
n'y aura plus d'efFcd de penitence,ny de lieu de fatiffa&iom Et que fain& Auguftin dit
efcriuant à M*cedohius*Liberté de pénitence nous eft feulement donnée en cefte vie:
après la mort il n'y a point de licence de cdrrc&ion : maintenant eft le temps de miferi-
corde,apres fera le temps de iugeracnt.Ils trie dirent fort biën queie m'abufoye,& queû
iauoyeleu cela,ie nel'entendoye pas bien.çt. Meflieurs,il eft ainfi. Ils medemanderenc
û ievouloye pas croire auec toute l'Èglifevhiuerfelle, qu'il y auoit vn autre Purgatoire
que le fang de noftre Seigneur Iefus Chrift. i^.Non,Mefiieurs,ie me contente de ceftuy-
laxar il eft plus que fuffifant.Si vous en auez forgé vn aucre,Croy ezJe tant que vous vou
drez:ic veux m'arrefter à celuy que la parolle de Dieu m'enfeigne. Lifez le i . chap.des
Heb. i.chap. des Colofîiens ô£vn nombre infini d'autres pafTages , lefquels nous enfei-
gnent le fang de noftre Seigneur Iefus Chrift cftre noftre vray &: parfait Purgatoire. Or s^j^
toufiours ils tafehoyen t de me rompre mon propos:mais touliours ie fèntoye vnegran- SSde
de affiftence de mon Dieu,com bien que ie fufîe en grande neceffité du mal dé tefte. A- l'aififteocç
Jorsilsmedirent,Monami,vouseftes merueilleufementobftiné, & comment voulez- dc Dlç"f
vous auoir vne opinion tout feul.? Vous voyez tout le monde qui croit comme nous.
MefGcurSjie croy ce que la parolle de Dieu nous erifeigne,&: non autre efiofe: car en
telle foy ic veux viurefic mourir. D. Etirion ami,quepenfez-vous? Si voftre opinion
eftoitbonne,pcnfez-vousquenelavouluflecroire?medit le plus vieil, y.. Monfieur,
ie vous ay donné raifon de ma foyx'cft ce que i'en croy. Ecainfi nous departifmcs d'en-
femble.
Maillard
Le Mardy enfumant ces Sorboniftes furent derechef enuoyezversmoy , stupre-
fente en la chappele.Er après auoir tait km bonadiesdcuât leurs Idoles, ils me dcfcou
urirentdedelîous leurs robbespluiicurs petits hures aucc autres grâds, quvnleruiteur
apportoit fous fon manteau, entre lcfqucls eftoit Tertulli.ni : pretendans par îceluy-
me monftrcr que le pain de leur Mciié eftoit le corps de Iefus Chrift en fubftancc,&: nô
pluspain. Ielcur relpondy , que ecluy me(mcqtuaiu>it appelé Ion corpbfromenr,&:
pain,ilauoitaullihonnorélcsfigncsdu pain&du vindu nomdefon corps, &c de fon
langmon pas tranunuant la nature, ains adiouftant la grâce à nature. Alors ils me diict
quefeftove vn merueillcuxobftiné:& mcmonltrcrentencoreautres vieux Canons, &c
Conciles :aufquels(gtaces à noftrc Dieu par l'on Fils bien-aimé noftre Seigneur Iefus
Chriftjie fatilfi comme cicifus,&: ne pcufmc s aucunement tomber d'accord.
Apre s plulicui s diiputestouliours fur ce poincl,lc Geôlier arnua qui venoit quel . t
ces vénérables Dotteurs pour aller pai 1er à Mciîicuis,&: leur faire leur rapport de m o\
Ainli nous ceflaimes propos,&:mc direnr qu'ils eftoyeni bien marris qu'ils ncpouuoyéc
faire pour moy quelque chole:&: qu'il falloir pour delcharger leurs cÔfciences, qu'ils dif-
fent que feftoye trop obitiné. R. Meflkurs,ic ne croy que la vérité: mais vousdifpiu
tez tout le contraire. L'vn me dit (qui n'y eltoit pas leDimanche)que ic cenoye l'opiniô
de Calum. R. Mon lieu r,c'eft la venté que ie tien , & fur icelle îe veux vint e &: mourir.
Ils me dirent que ie ne m'en trouueroye pas bien. R. Comme il plaira à Dieu. Alors ie
tu ramené en mô cachot. Toft après on me vint requérir pour aller àMefïieurs,mais ie
n'y parlay point. € On me fit entrer dedans vne petite chambre , qui fert au Greffe,
&: làtrouuay ce bon do&cur Maillard : lequel me fit vn long dilcours,&: qu'il eftoit ve-
nu pour me confoler pat la parolle de Dieu,&: qu'il ne me vouloir fafcher. Iamais oife-
leurnefitmeilleurepippeepourattraperoifeauenfes filets, qu'ilfaifoit . maisgraceà
Dieu^ecognoilïbyelarufedu galand,& où il vouloir venir, quandilfe couuroitdu ti-
tre de la parolle de Dieu, qu'ilfaifoit du perefpirituel,& du demi-dieu. Quand il eue
mis tin à fon proefmc il me demanda , Guerin , ne croyez-vous pas qu'après la confecra-
non du pain le corps de Iefus Chrift eft au Sac rement realemenr,corporellement,&: pi e
lénticllement,auili prcicnt,ou plus que vous n'efteslà preientfR. Monfieur,ie croy vert
tablcment que le corps de Iefus Chrift,auquel il ell reifuicité , eft à la dexti e de Dieu le
Perc:& qu'il viendra de là,& non point d'ailleurs, iuger les vifs & les morts. Car d'aurâc
qu'il eft vn vray corps,il tau t aufîi qu'il tienne vn certain heu: &: ne faut penler que feJô
cefte forme &: fubftance de fon corps il foit efpandu par tout,iouxtc le tefmoignage de
faintl Auguftin. Sur ce poind: il fut contraint de me confeifer que Iefus Chrift comme
homme eftoitàla dextre du Pere:&que tout ainli qu'on l'auoit veu monter, aufliqu ô
le verroit venir.&: qu'il eftoit là haur,grand,& bel homme en Ion corps reluifant&glo
neux:maisquecc n eftoit pasaifcz.&: que combien qu'il fuften fa qualités grandeur,
qu'il falloit aufîi croire au Sacrement realemcnt , &c. &: pour le croire qu'il falloi t*Am-
rnoj'a fîiies^nimofa fidts:inâis qu'il n'eftoit pas là more exTenfuoyou mathtmatico , ains qu'il fuf
riloit ammoja yùies:bief,qu'il n'y eftoit pas en fa qualité . toutefois qu'il y eftoit auffi pre-
fenr,ou plus que ie nefloyelàprelent.Desdeux Conleillersquieftoyentlàprefens,ily
en auoir vn qui fembloit me tauonfcr,&: tafchoit fort de nous accorder : mais auffi l'au-
tre m eftoit fort contraire. Or iamais nous ne peufmes demeurer d'accord : mais il de-
meura touliours enfon opinion fantaftique.Vouscognoiiiez allez l'homme: iln'auoic
garde de rien dire,que ce qu'il auoitapprins du pere de menfonge.
4 Trefchet s frères, fay entendu qu'aucuns malucillansà l'Eglife de Dieu, ont rap-
om ks ïdc P0rt^ niques à vos oreilles que i'auoycaccordéaucc Maillard contrela vérité de Dieu:
u«avdifier mais l'en appelé Dieu à tefmoimlequel ie prie pardonner aux mauuaifes langues. le
l'Eglife. vous aduife que ne luyay rien accordé contre maconlcience : mais que comme Dieu
m'a donné par fon fainct Efpnt, auffi fay parlé chofes que i'ay veucs&: ouyes en l'Eglife
de Dieu.Nous tom bal mes au propos de la manducation du corps duSeigneur.Ie luy dy
qu'en receuant les lignes du pain &C du vin qui nous font donnez au Sacrement de la
faincre Cenedu Seigneur,cn foy(ccrchansfeulementIefusChrift,&:fagrace,fansnous
amuferauxfignesterriens,pourla cercher noftrefalut ,&: fans imaginer qu'il y ait ià
quelque vertu enclole:mais au contraire prenans le ligne comme vne aide pour nous
conduire droitement au Seigneur Iefus pour trouuer en luy tout falut àù bien) nous co-
rn uniquons au corps & au fangdenoftre Seigneur Iefus, realement&: défait , fpirituel-
lemenc
v ne ioy
iaciaik
Çeoffroy Çuerin. 4.97
lement & par viue foy, en cfperâcc de la vie éternelle. D. Vous dites que vous commu-
niquez au facrement realement & de fait:mais ne croyez-vous pas qu'il eft fous les cl pc-
cesdu pain &du vin? R. Non, monfieur. D. Comrrfcnt? vous dites que vous le rcccucz,
àL qu'il n'eft pas au facrement realement & prcfcntiellement. R. Voire icledy. Eit-cc
vne chofe impoflîble que ie le reçoiue combien que ic foye en ces lieux terreftt es,& qu'
il foitau ciel à ladextredu Pcre, quand i'adioufte que c'eft par la vertu incôprehcnfiblc
del'EfpritdeDieu? D. Nous fbmmes d'accord qu'il cft au ciel en la quantité (me dit le
bon Docteur) mais au/îl il faut croire qu'il (oit fous les efpeccs du pain, nô pas morequan-
titatiuo autn/athematteo, mais annmfafiâcsfuffat. Si vous ne croyezeela . vous eftes damne à
tous les diables. R. Monfieur, ie nefuis pointdamné,& neleferaypointpour nccroL
recela. Carvousargumentcztoutaucontrairedelaveritér&; l'Eglifedc Dieuefpoufe
de noftre Seigneur Iefus Chrift, n'a ia mais tenu cefte opinion. Lors il melaifla,^ fortic
Jiorsdelachambre.-puis après on m'appela dehors, &: me fit- on aflbir fur vne longue
felle. Derechef il vint à moy puis apres,&: me dit ainù\Et bien ,mô amy, ne voulez-vous
pas croire que nous receuonsle mefme corps que Iefus Chrift donna aies Apoftres,
quand ils receurent le Sacrement,&: qu'il cftoitlà prefent? R. Ouy,ouy, monfieur, ie le
croy:& que i'en fuis nourry parla vertu incomprehenfîbledu fainc1:E(prit,en cfperance
de la vie éternelle. D. Croyez-vous cela? R. Ouy,môfieur,ie le croy. D. l'en fuis bic aife:
ne le croyez-vous pas fermemét? R. Mô(ieur,ie vous ay toujours refpôdu ainfi,& nô au- CômPnt t .,
trement. Voila comment nous accordafmesenfemblc. Ic vous prie (trcfdcfirez frères) muni* ion
iugez fi ie luy accorday quelque chofe qui foit contre l'honneur de noftre Seigneur Iefus Jj"* J°^t
Ch rift,&: la foy de fon Eglife. le vous dy en vérité, & ne men point >quccc font les mef- fange,
mes propos quenouseufmesenfemble.Etdenoftrcaccord pluficursConfeillcrs& Ad-
uoeats, qui cltoyentprefens,pourroyenteftrc bons tefm oins. Le Samedy ie fus appelé*
pour aller deuant Mail, derechef, en l'efcritoire du grefTedu Concierge : auec lequel e-
ftoit l'vn des clercs du greffe criminel. II me demada fi ic vouloyc pas roufiours demeu-
rer en la foy, en Jaquellenous cftions tobez d'accord. R. Ouy,monfieur. D. Ne croyez-
vous pasdoncquelecorps de Iefus Chrift cftlàprefent, tout ainfi qu'il eftoit prefenr, >
quand il donna fon corps à fes Apoftrcs? R. Non, monfieur. Vous fauez les refpôfcs que
ie vous fis dernièrement. Sur ce poin&il mfiftafort,fauoir cft , qu'il eftoit prefent , mais
nôpas more quanrhatiuo> aut mathcmtttico, ce me dit-il en ces termes. R. Môfieur,vous vou-
lez fairevn corps fan taftique duvray corpsde noftre Seigneur Iefus Chrift, que vous
m auezaccorde deuoir tenir vn certain lieu. D. Vous m'auez côfefTé qu'il eftoit prefent,
quand les Apoftres le receuret,e?go il y cft. R. Monfieur, ie vous nie voftre ergo. Il eftoit
bic alors encorefur terre, &: n eftoit pas encore au cielrdepuis jl a fouffert mort,il cft reC
fufcité,il eft monte és deux, où il nous faut efleuer nos cfprits pour auoir la vérité du Sa-
crement^ non pas nous arreftericy bas. Car combien que nous foyons en ce pèlerina-
ge terrien, & que le corps de Iefus Chrift foit au ciel, nous en fommes neâtmoins nour-
ris par la vertu incomprehenfiblc du fainct Efprit,qui conioint bien les chofes feparees
par diftance de lieux. Vous ne croyez donc pas qu'il foit au facrement realemét , corpo-
rellcment &: prcfentiellement. R. Non,non, monfieu r. Alors il dit à ce Clerc du greffe,
qu'il luy en fouuint.Etapresilmedit,qu'ilvouIoit fourrrirmartyre,&: eftre décollé pour
fouftenir qu'ily eft prefent. R. Monfieur, monfieur, vous n'auez garde de mourir pour
ces chofes. Il me demanda, fi iecroyoye pas que la vierge Marie eftoit mere de Dieu. Si la vierge
R. Monfieur,ie confe/fc que noftre Seigneur Iefus Chrift cft Dieu &: homme : entant ^c
qu'il eft homme ,&: qu'il a pris chair au ventre de la Vierge par l'opération du fainct E_ Dieu,
fprit , iccroy qu elle eft fa mere : mais entant qu'il eft Dieu, il eft fans commencement,
& fans fin,& fans généalogie: & fans entendre cefte diftindtion , ce feroit blafpheme de
dire, qu'elle eft mere de Dieu. Ilfedefpita fort contre moy pour ce mot: puis il médit,
Que toute TEglife le chantoit , &c auoit efté décrété eh vn Concile,& on difoit en la Le-
tanic , Pacer de Cœlu Deus, mifêrerenobis: Santfa Dei genttrix , ora pro nobu. R. Monfieur, cela
n'eft aucunement contenu en la fain&e Efcriture. Il me dit que c eftoit vne herefie
nouuelle, de ne vouloir receuoir que ce qui eft contenu aux faincres Efcriturcs : 5c qu -
il faloit que ie le creufTc comme vn article de foy, fur peine d'errer. R. le ne croy point,
que félon qu'il eft Dieu, qu'elle foit fa mere, mais bien félon qu'il auoit prins chair hu-
maine en elle. Il dit au Greffier qu'il eftoit bien marry, qu'on n auoit eferit mes ref-
ponfes. R. Monfieur, ie feroyc tour preft de figner ce que ie vous ay dit, &c refpondu.
PP.
T hsrc^ VI, Çeofroy Çutrin.
-■• 1 r D. Ne voulez vous pas prier la vierge Marie, &: les Saincls de Paradis? Monfieur,la
SaîaSî. vit: gc Ma rie, & Je s Sain&s qui {ont aux eicux (ont bié- heureux :&c ont vne telle chanté
entiers nous, qu'ils défirent noftrc falut.Quat à les pner& inuoqutr,ils n'ont point tcft
o.'tîccrmais bien noftrc Seigneur IclusChrift,qui nous eft propole comme tel en la (ain-
&e Efcnturc. D. Vous ne croyez donc pas qu'ils foyent nos aduocats,&: Inrercelïcurs
enuers Dieu. y. .Môucur,ic vous ay dit ce quci'en croy.il dit au Greffier, Qu'il vous t n
Purgatoire, louuicne. Puis il m'interroguadu Purgatoire,s'ily a pas vn heu , auquel les ames vont
après là mort, pour élire purgées de leurs péchez. R. le ne croy point que nous ayôs au-
tre purgacoirc,n'y autre moyen, par lequel nos ames foyct purgées de tous péchez , que
le fang de noftrc Seigneur Iefus Chrift. D. Vous ne croyez donc pas, qu'il y air vo Pur-
gatoire après celle vie. r> . Non, Monfieur. 11 infîfta fort fur ces deux articlesmeâtmcins
il difoit toujours au Greffier,Ie vous le difoye bien toujours en venant (Monheur)qu 'il
vous louuinft de les rcfponfcs.Et en partant d auec moy il me dit, Gucrin , vous ne veus
trouuercz bié ny de corps ny d'ame,fi vous croyez ces choies. Et me dit, A Dieu, me pre-
fentant la main: mais il pcnfoit bien à autre cholèje fin renard.
Trhschers frères, voila comment nous partifme§d'enfemble:&: (ont à peu pies
les interrogatoires que m'ont faits ces Doctcurs,& pareillement les refpôfc s que ie leur
ay faites. En cecyi'ay grande occafionde louer noftre bon Dieu &Pere denoftre Sei-
gneur Icfus Chrift,de l'aflîftéce qu'il m'a faite en ce combat, &c de ce qu'il ma touliours
conduit par fon S.Efprit, n'ayant permis que i'aye iamais accorde' rien contre l'on hon-
neur: mais aum" il m'a touliours difpofé a parler volontiers, fans auoir aucune apprehen-
fiondes tourmens>eftanr prépare' par fa grâce de les louflenir.Iefenencores en moy cc-
ftegracecontinuee,& cfpercqu'illacôtinueraiufquesàlafin.Ieluis toutpreft defouf-
fnr toutes les peines &tourmcns qu'il luy plaira ordonner: non feulement moy, mais
aulîî nos frères qui font céans prilonniersen pareils liens que moy -.nous alTcurans aux
faî&es promclTes de noftre Dieu,parnoftreSeigneur&: Capitaine IefusChrift (lequel a
foufFert premier, afin que nous enfuyuions fon exemple) qu'il ne permettra que nous
foyons tentez outre ce que nous pourrons porter. le vous alTeure, mes frères, que ie fen
en moy vne telle force &c conftance par l'Efprit de Dieu,queie h'atten tous les tours au-
tres nouuelles, linon qu'on me vienne appeler, &: ce auec toute ioye : car i'afpire à cefi e
couronne immortelle,qui eft préparée au bout de la courfe à tous les Martyrs de noll c
Seigneur Iefus Ch rift.Et pourtant, ayant receu fentéce de mort en moy-meime , i'ay i e-
mis entre les mains de Dieu letoutdemonaffairerlefuppliant me fortifier iulques à la
fin (com me i'efpere qu'il fera) &: côtinueren moy le bon vouloir qu'il y a mis. Carie ne
deffie rellement de moy-mefme, que ien'ay garde de m'y fîer,mais en Dieu fetil : lequel
parfera en moy ce qu'il y a com mence:defirant,loit qu'il luy plaife que ie meure,foit que
ie viue>que le règne de noftre Seigneur Iefus foitauance',& fon Nom glorifié en ma per-
fonne. Or(trefchers freres)nousrecommandansà vos bonnes grâces, nous Vous pnôs
quenenousoublic7.point en vos prières :commenoùs cognoilîbns que vous en faites
mémoire journellement, pource quenousenfentons lefruicbparla force & conftance
que nous receuons de la main denoftre Dieu : par celuy qui a premier receu l'Elprit de
force, pour nous en départir félon la mefure de noftre foy. Nousfaifons toufiours mé-
moire de vous en nos prieres:delirans que la bonne côuerlation des enfans de Dieu loir
pour multiplier le nombre de fon Eglife:& que le Règne de noftre Seigneur Iefus rlonl-
fe entre vous, comme vous defirez qu'il foit auancé par nous , à la ruine &c confulion du
règne de l'Anccchrift. De la Conciergerie du Palais.
e s t le fom maire de la Côfellion qu'il a faite deuant les Iuges,&: Docteurs, fans que
^-'rien y foir adioufté.-Or pourec qu'il auoit cognu , deuant fa conuerlion , que cela ne
pouuoit venir de l'homme, qu'il confelTaft û hardiment la vérité làns crainte, mais de
Dieu feu!, il auoit drefic vne prière ,pourimpIorer fa grace,deuan t que rcfpondte, &: la
prononçoit aucuncsfois tout haut deuant ceux qui eftoyent là pour l'interrogucr.Il en
JailTa vn double à fes frères, qui eftoyent grifonniers auecluy,lequel nous auons icv mis,
afin qu'il férue aux autres qui fetrouueront en tels affaires.
Dicipour Seignevr Dieu qui es la fontaine de toute fagefle & fciéce, puis qu'il teplaift me
implora prefenter à cefte heure, pour faire déclaration de mafoy,&: rendre telmoignage à ta ve-
feip«nici£ "^vueilles illuminer mon entédement, lequel de foy-mefme eft aueuglc : vueilles cô-
feimcr
Cjeoffroy G uerin. 4.
fermer ma memoire:&: que les choies que i ay veues,ouyes,&: apprifes en ta parolle, me
foyent maintenant fuggerees par ton S. Efprit : vueilies aulli difpoicr mon cœur, &c ma
langueà parler volontiers, en toute crainte & humilité, &C aucc tel dciir qu'il appartiér.
Ne permets que par les prome/fes du monde, &: par les altuces de Satan,&: par leconlcil
de la chair, ie loye aucunement deltournc de fobeiiTance que îe dois en cetefmoigna-
ge à ta verité,&: côfellîon de ton Nom. Vueilies donc,Scigneur,au nom de ton Fils bien-
àime noftre Seigneur Iefus Chrift,imprimer en mon cœur les promeifes , que tu tais en
ton S. Euangile à tous ceux qui le confciTeront purement deuant les lejgneuries&: puif-
fances de ce monde, eftant aifeure que tu me conduiras par ton S. Efprit. Au contraire,
ayant appréhendé tes lainctes prome/fes, & ta mifericorde,fayquei'apprehende l'hor-
reur de ton iufte iugemen&> que tu feras de ceux lefquels par leur ingratitude &c mefeo-
gnoiffance auront mis en oubly celte couronne immortelle, qui eft préparée à ceux qui
perfeuereront iufques à la fin, n'ayans aurtî appréhendé celte géhenne eternelle,qui eft
préparée à tous ceux qui te dénieront. Ouure donc mes yeux, Seigneur,&: ie confidere-
ray les merueilles de ta Loy:donne-moy entendemét,&: ie garderay ta Loy , &: la garde-
ray en tout mon cœur. Pour ce faire vueilies efpandre fur moy ton S.EfpritJ'Efprit d'in-
telligence, vérité, jugement, prudence,&r doctrine, lequel me rendra capable de bien
parler:& que tous mes dits & penfees foyent à la gloire & exaltation de ton S. Nom , à
mon falutjà la confolation,5£ édification de ton Eglife , & à la ruine 6c côfufion de tous
tes ennemis:par ton Fils bien-aimé Iefus Chrift noftre Seigneur , qui en l'vnité du S. E-
fprit, vit & règne auectoy, Dieu éternellement, Amen. d
Arme donc de la force de Dieu,laquelle il auoit requife fi ardemmenr,il comba- lauesfouftë
tit fi hcureufemet,que la victoire luy en demeura le premier iour de Iuillet,qu i tut la fin nus par Guc
defes allauts. Car le premier Prefident,voulant que l'arreft fuit exécuté, le fit venir dés
le matin en i'eftude,quicft deuant la grande beuuette de la Cou r,où fe trouuerent qua-
tre Docteurs de Sorbonne. 11 eut de longues difputes auec eux,du facrement (qu'ils ap-
pelentdel'autel)l'ouftenant toufiours,que ce ne feroitpdint facrement, s'il n'y auoit fi-
gure viiible de la grâce inuifible. Les autres n'auoyét autre chofe à refpondre,finon que
la Tranlfubftâtiation auoit efté approuuee par les Conciles. Gucrin repliquoit qu'il ne
vouloir croire aux Conciles, finon entant qu'ils citoyen t côformes à la parolle de Dieu.
Les autres, Et qui eft la parolle de Dieu? R. LafaintteEfcriture. D. Vous interprétez
la faincte Efcriture en vne façon,ô£ nous en vne aurre:qui vuidera le différent? R. Ce fe-
raleS. Efprir. D. Chacun dira qu'il a le S.Efprit. R. Ce fera vn Concile tel que ceiuy
duquel il eltparleau quinzième des Actes. Apres il vindrent àremuer la queftion que
Maillard peu auparauant luy auoit propofee, Si la vierge Marie n'eftoit pas mere de
Dieu. Il rcfpondit que pour l'vnion des deux natures en Iefus Chrift , cela le pouuoit di-
re:mais qu'il cftoitauffi befoinde faire diftinction, afin qu'on entendift quelle n'eftoic
pas mere de la Diuinité,mais de l'humanité feulement. Cela eftoit accordant auec la
parolle de Dieu:toutefois nos Maiftres, commeluy voulans faire accroire qu'elle eftoic
mere de la Diu inité,repliquerent long temps,iufquesà ce que le bourreau, qui auoit e-
flé mande par le Prelîdent, arriua: &: (ans autre forme de iuftice, le defcédit en la chap-
pelle. Entrant là il rencontra vn Preftre qui chantoit la MelTe, &: d'horreur de l'abomi-
nation s'elcria, O la puate MelTe : tellement que la canaille qui eftoit là prifonniere par
le preau,le vouioit outrager:& luy, eftoit preft de rédre raifon de la parolle: mais on vint
à luy prononcer fonarreit. IH'ouitpailiblemét:& li toit qu'on eut acheué, tout relîouy n/
commença a chanter,Reuenge moy , pren la querelle , &c. &: continua de chanter iuf-
ques à deux heures, qui eft l heurc de l'exécution. Il eft vray, que iouuent on luy vcnoit
interrompre fes propos: mais ce n'eftoit point fans renuoyer,auec bonnes refpô(cs,tous
ceux qui venoyent à luy. L'vn des clercs du greffe, celuy qui auoit prononcé l'arreft, luy
dit, Vous auez elté admonnefté par tant de Docteurs gens dcbien,&:eftes demeu-
re obft inc. R.Ie n'ay voulu receuoir leurs remonftrances, pource qu'ils corrôpcnt la pu-
re doctrine de l'Euangile.Si pour cela iefouftre,c'eft pour Iefus Chrift. C'eft bien railon
queiefoufFrepour luy, puis qu'il a premier fouffert la mort pour moy. On luy apporta
vne croix de bois toute poudreufe » mais il la repoulîa , difant qu'il l'auoit imprimée de-
dans fon cœur. Le toutwét
Apre s le difner Maillard arriua,&: luy fit cefte belle entrée: Qu'il venoit de faire v- <luc hUiU
ne leçon, & auoit bic voulu pafter parla, pour le voir, & fauoir s'il eftoit point réduit , & ^erST*
PP.iù
Livres VI. Çeofw Guerin.
qu'il eftoit temps qu'il penlaft àfonfalut. R. Monfieur,i'aypcnféàmonfalut:8<:fuis
bienaiTeuré quei'iray auiourd'huy en Paradis auec mon Dieu. D. Voire, mais voulez-
vous toufiours dire, que la vierge Marie n'eft pas mere de Dieu? R. le vous ay dit qu'en
cela il faloit vfer de dift indion, de peur de donner cômencement à la Diu inité de noft re
Seigneur Iefus: car c'eft feulement félon la chair, qu'elle eft mere d'iceluy. D. Vousne
voulez auffi croire en l'Egliie.S: garder les famds cômandemens,&: de l'es Prclars,& ML
niftres. R. le croy l'Eglife vniuerfelle: mais les Prélats & Miniftrcs, defquels vous parlez,
n'en font point les miniftres:car ils ne font pas ce qu'il leur eft commade par la paroledc
Dieu,ains tout le contraire. D. Dieu ne veut pas que les Chrefticns meurent ainfi, &: fc
facentbrufler. R. L'Eglifede Dieu ne perfecutepcrfbnne,mais elle eft toujours perfe-
cutée. D. Vous t ftesmerueilleufemétobftiné.Vousreiettez auffi les Images. Or nous
fauons bie,que ce ne fon t que pierres,bois,drap teind,& qu'il ne faut a<ioi er cela : mais
ce font remembrances delà vierge Marie, & des Sainds. R. Tout cela eft défendu de
Dieu: &: n'y a remembrance,que celle quela foy engraue dedans le cœur de tous fidèles.
D. le voy bien,vous voulezaufîi toujours dire, qu'il ne faut pas prier la vierge Mai ie,&:
quelle n'a aucune puiflance de prier pour nous.allez,vous eftes vn mal heureux& mef
chant. R. le vous di qu'il vous faut prier Dieu parIc(usChrift,qui cftnoftre Àduocat
&C Intcrcefteur , priant inceftamment pour nous : & lequel nous a dit, que toutes choies
que nous dem anderons à Dieu fon Pere en fon Nom , nous feront données. Il me fii fric
de fa promette. D. Ievous confeffe cela: mais tan toft vousmauez dit, que Vous eftes
afïçuré d'eftre auiourd'huy fauué parlafoy: ne faut-il autre chofe? Ic vous diqu'ilnous
fautencores plulieurs autres choies, comme charité, &efperance. R. Vous me dires
merueilles.le (ay bien qu'efperance & chanté font coniointes à la foy:mais la foy va de
uant , qui feule nous rend agréables à Dieu , & au/fi engendre en nous ces deux auties
vertus. Monfieur,vous perdez voftrc temps, de cercher ces ambages.Ilf ut en cefte fa-
çon eflayé de tous poindspar ce Docteur : mais le deflfusluy demeura, tellement que
Maillard eut la bouche clofe.
A l'inftant arriua vn Confeiller qui luy dit , Vous eftes bien mal-heureux^ vous dites
qu'il ne faut point prier la vierge Marie : ie vous demande feulement vhe chofe humai-
nc,Si vous auiez à faire vne requefte au Roy, vous iriez- vous prefenter à luy , &c vous re-
ceuroit-il du premier coup, fi vous ne failiez parler vn autre deuant vousf R. Et Mon_
fieur, comment me faites-vous vne comparaifon humaine , auec la diuinité de Dieu le
Pere tout-pui/Tant, tout bon, & tout mifericordicux,qui nous a donné accez à foy, pour
l'amour de fon Fils, afin que nous allions à fon throne en côfiance& hardiefTe? ^ L'exc-
cuteur,qui eftoit là tout preft , rompit les propos : & le voulant mener au fupplice , luy
prefenta vne croix de bois peinte de rouge : mais Guerin auoit fa refpôlc accouftumee:
Mon amy, ne t'ay-ie pas dit que ie n'en prendroye point , & que i'ay toufiours la mort &c
pafhon de Iefus Chrift dedans mon cœur ? Vn Moine,qui eftoit là prefent, prit la parol-
le, difant,que celane luy feroit empefehement, &: qu'il le fift pour euiter fcandale:mais
il eut aufii fa rcfponfe: Que ce ne feroit fcandale aux bons,mais aux mefehans feulemct:
que ce n'eftoit que bois pcint,&: fi on mettoit vn peu d'eau deftus,qu'il feroit incontinec
effacé. Apres plufieurs autres propos, on le fît fortit de la chappelle : te paflant parle
preau tout embaillôné, aduifa vn prifonnier,nômé Iean Iuliot, auquel il auoit appris à
lire en la prùon,&: luy dir,Iuliot,mon amy,exercez-vouscontinuellement en la lecture
des Saindès lettres, &c apprenez à prier Dieu,& il ne vous delaifTera point. Et à tous les
autres il dit, Adieu, mes amis.Ie m'en vay à vne mort pour auoir la vie. Si toft qu'on l'eut
mis dedans le tombereau,il commença à dire intelligiblement, Seigneur Dieu, qu'il te
plaife m'armer deforce &c côftancc,pour refifter au tourment qui m'eft apprefté.Ne me
donne point plus grade charge,'que ie ne pu ifTe porter. le mefuis toufiours attendu à tes
promeires,&: ay long temps déliré la mort, qui m'eft prochaine : parquoy ne me delaifle
point,mais fay que ie perfeuere iufques à la fin en cefte foy, de laquelle ie fay confeffion,
le crov en Dieu le Pere tout-puifTan t, &c. Il recita le Symbole des Apoftrcs. Apres la fen
tenec fut prononcée : & quâd fe vint à reciter les caufes de fa condanation, affauoir qu'il
auoit maircnu propos fcâdaleux &: heretiquesril dit à haute voixj'cn pré Dieu à tefmoï.
Et lors qu'il fut crié qu'il eftoit condâné à eftre bruflé tout vif , il dit auffi d'vne façô ioy-
eufe, Dieu en foit loué. Du palais on le mena à la place Maubert, toufiours les yeux au
ciel,inuoquât Dieu:& pafTant deuâc le téple de Noftrc-damc,vn preftre qui le coftoyoic
luy
Rcfpoafc
notable
Pricrc de
.Guerin.
Cjeoffroy (juerin, 49$
luy dit, Mon amy , regardez l'Eglife de Dieu là où on fait tous les iours fàcrifice , & de-
mandez mercy à Dieu, & à la vierge Marie. Guerm luy dit,Il n'y a quele feulfacrifîce de
Iefus Chrift pour la remifllon de nos péchez.
Qv and il ru carriué en la place de lexecution, il n'eut pas faute de bourreaux. CaFLar eij
le peuple eftoit là)(èlon fa cou(himc,arFamé de l'on lang,qui ne fe pouuoit tenir de bail- peupf à
1er touliours quelque coup,& vomir blafphemes exécrables à l'enconcre de luy. Mais pans*
entre les autres les maquignons de cheuaux ( qui (ont logez es lieux circonuoifins delà
place, & l'ont gens defbordez en toutes vilenies , &: accouftumez à meurrres,&: erfufiori
deiang)fcmonftrcrentle$ plus cruels. Car eux-mefmes auoyentefté quérir le bois au
bafteau,& agencé le feu.Et fi toft que Gucrin fut là venu, le pnndrent des mains de l'ex-
écuteur^ le voulurent faire mourir. Ce qui fut le plus cruellemêc qu'il eft poflîble: tcl-
lementquelê bourreau en auoit compaflîon:&fecomplaignoit qu'on ne luy lai/Toit fai-
re ion office. Mais la confiance de Guerin n 'eftoit point rompue: ains fe monftroit tant
plus grande &T admirable.
On leuc là pour la féconde fois fon Areft: & fur ces mots qu'il auoit blafpfiemc con-
tre Dieu, &c mefdit des Sacremens,ilrefpondit, lan'aduienneque ie blafpheme^ ren-
contre de mon Dieu:& quant aux Sacremens,difant la verité,icn'en ay point roefdit. A-
pres on luy ofta le baillon,& luy dit on que s'il fe vouloit defdii e , & crier, lefrs, Mam , il
feroit eftranglé.Mais il refpondir, I'ay affez confefTé ce que ie croyoy e, &: déclaré la reli-
gion en laquelle ievouloyeviure&mourir.Paflez outre. Alors on luy remit le bâillon,
& futguindé en l'air: & efleuant fes yeux au ciel,cria à haute voix, Seigneur Dieu ouure
tes cieux pour receuoir ton feruiteur. Et perfeuerant en ceftc façon à prier Dieu , ren-
dit Fefprit. Dieu l'auoit auparauant appareillé à ce combat:tellement que ce n'eft de
merueilles s'il fut fi ferme.On a feeu d'vn fidèle qui eftoit prifonnier auecluy,que quel-
que temps auant fa mort, il ne cefîbit de parler des miferes dece monde,& inconftance
de cefte vie , & delà béatitude de ceux qui meurét au Seigneur : &£ deuifoit de la religiô
Chreftienne fi bien,qu'il efmouuoit les cœurs de tous les prifonniers de fon cachot, îuf-
ques à leur faire fouhaiterd'eftre prifonniers pour vne mefme caufe que luy, pourueu
que Dieu luy fîft la grâce d'auoir la côftance qu'il auoit. Mefme le iour de fon executiô,
des quatre heures au matin,il refueilla fon compagnô,& le mena à la feneftre pour voir
le ciel, & contempler les œuures de Dieu admirables qui y font , difant , Et que fera-ce
quand nous ferons encores cfleuez par defTus toutes ces chofes , pour eftre auec noftre
Seigneur Iefus Chrift,& iouir de fa gloire , fi nous demeurons fermes en la confefîiô de .
fa vérité ? Ainfi celuy qui au commencement delaiiîc à foy-mefme, eftoit trébuché û
bas,garny de confolation, &: armes de l'Efprit de Dieu, demeura fi confiant à la fin,qu-
il doit eftre en exemple de vertu à vn chacun.
EXP RE$ iugement de Dieu fur quelques ennemis & Perfecuteurs des fidèles de Paris.
KTg^E V denant la mort de ce faincl perfonnage, Dieu monftra fon iugement fur ceux
gjggjqui s'eftoyent méfiez de pourfuyure ainfi à mort fes poures cnfans. Le Lieutenant JJ^'jJjJ6"
ciuil nommé Mufnier (duquel a eftécydeuantparlé)qui auoit eu la première commif-^ *
fion, & félon icelle inftruit les procez contre fa propre côfciencc , fe monftra fi afpre en
celle pourfuittcqu'illentreprint de faidfurle Lieutenant criminel auquel elle deuoic
appartenir. Il fut finalement conueincu de faufTcté contre laconteffe deSeniguen,6c
d'auoir fuborné infinis tefmoins , dcfquels les vns furent pendus , les autres bannis , les
autres enuoyez en galères. Luy par Areft delà Cour fit amende honnorable en diuers
lieux :& après en la place des Halles fut pilorié, auec laplus grande ignominie & honte
qu'il eft poffible. Iamais le peuple ne vit exécution auec plus grand applaudifTement
que ccfte-la : corne fi Dieu euft bandé toutes créatures à lcncôtre de ce meurtrier.il fut
auffi condamné à grande fomme d'argent enuers les parties,& de tenir prifon iufques à
fin de payement: &: de là eftre relégué en l'ifle de Ré. Il fauoit bien dire en la prifon , que
Dieu l'auoit mis là pour s'eftre prins aux Lutheriés,ôc que iamais il ne s'en mefleroit de
fa vie. Son Commiflaire nom mé Bouuot luy tint compagnie en cefte honte , & eut pa- ^"«5^"
reille punition-.^ depuis eflmort miferablcment aux prifons. C'eftoit celuy qui s'eftoit uot.
trouucdes premiers enlaprinfcdelaruefainél laques: & ne ceifoit de trotter çà&là
pour piller les maifons de ceux qui eftoyent prifonniers. Vn Confeiller auffi qui auoit D*unC6fià|
touché à leurs procez , mourut d'vnc façon eftrange . Il n'auoit autre propos à ceux ler*
oui le vifitovent , que de dire , Et pourquoy faifons-nous mourir ces poures gens»
H PP.iii.
La femme qUi prient ainfi bien Dieu? ^ La femme d'vn Confeiller le plus cruel de tous les ami es
d'vn Con- cn ce^ a^ajre j cft morte depuis cftrangemét en fon lid,aupres de l'on mary jd'vne mort
? T fubite Deux des voilins de la maiton où l'allemblee auoit efté tenue, qui s'eftoye't des
tins. premiers trouuc z en armes pour 1 afhcger, moururent quelques îours après de mort lu-
bite en leurs boutiques à Pans, en la veue de tous: dont l'vn cltoit Mercier. ^ Deux au-
De aCux ac- très du faubourg de lainccGermain-despreZjVoilins delà damoifelle duGraueion cy
eufacairsde dcffus mile en l'hilloiie, incontinent après venus telmoigner cotre elle , il s'eileua quel-
le a^ST' que débat entr'cux:&: l'vn tua ion compagnon de l'on coufteau. Qu'on remarque ces
utron. iuo-cmensauec autres cy deuant deduics,&: qui leront veus en après.
En laper
fccutio de
Paru.
1EAN MOREL, de Normandie.
O N cognoiftra en la procédure tenue contre ce ieune enfant, des refponfes autant dodtes S: admirables qu'il eft
pofsible:&: en les efents particuliers vneexprefsion & comme vneanatomie des parties, & des tenrations
qu'il a fouftenues:& comment après durs allauts de Satan & d'vn fien frerc charnel, il a furmonté en la vertu
de Dieu tout ce qui empcfchoit de paruenir au but propofé.
V R le temps du decez de Guerin, vn ieune garçon , natif' du pays d'Auge,
diocefe de Litieux, du nom Iean Morcl, fut côftitué prifonnier, pour auoir
efté trouué failï de liures en fa maifon,par vne trouppe de larrons , qui fous
le titre de fergeans pilloyent fa chambre où eftoit fa demeurance. Aucc Juy
furent prins deux Miniftres de l'Eglife, lefquels il fer uoit. Dontl'vn à imitant fe rache-
ta d'entre les mains du fergeant qui le tenoit,par vne pièce d'argent, les liures n'eftans
point encores dcfcouuerts.L'autre ayant efté mené prifonnier au Chaftelet,fut deliuré
le lendemain à la requefte du roy de Nauarre:n'eftant point encores cognu pour Mini-
ère. Mais Iean Morel demeura : pource que l'heure eftoit venue que Dieu s'en vouloit
feruir. Il n'auoit encores atteint laage de vingt ans:& toutefois eftoit fort bic verfé aux
eftudes des bonnes lettres. Et combien qu'il fuft de poure maifon,& n'euft moyen de
pou rfuy ure fes eftudes,qu'en feruant à d autres Eicoliers,&; mefmeseuft employé vne
partie de fa icuneiTe à l'Imprimerie-.li auoit-il tellement profité, que bien peu de noftre
temps ont approché de fa dextérité, à repouffer les aduerfaires de la vraye doctrine. Ce
qui apparoiftra par les eferits qu'il a laillez deuant fa mort. Les premiers interrogatoires
furent deuant les luges du Chaftelet,comme il s'enfuit :
Mb s frère s, d'autant que de toute noftre force&pouuoirnous-nousdeuons
employerà édifier Ierufalem,puis que Dieu veut qu elle foie reedifice: &: que ne deuons
aufîi pas mois mettre toute peine à ruiner Babylone,puis que Dieu veut qu elle foit rui-
née maudit eft celuy qui ne s7 employerà , comme nous enfeigne Je Prophète: iay
entreprins d'eferire aucuns de mes interrogatoires^ refponfesrafin que de plus en plus
la malice & cautelle des ennemis de vérité foit defcouuerte. Nô pas que ie prefume ce-
la pouuoir feruir beaucoup, ny à l'édification de l'Egliie,ny à la ruine del'Antechnft :
maisie nay voulu cacher ce petit talent que le Seigneur m'a diftribué,m'aiîeurant qu'il
aura pour agréable ce qu'il a mis en moy par fa grâce. Interrogué par le Lieutenant cri-
minel de mon nom,pays,&: vocation, refpondy ce qui en eftoit. Interrogué entre mes
autres liures,d'vn recueil de lieux cômuns de la doctrine Chreftienne. çt. C'cft vn tom-
maire de toute l'inftitution de M.Caluin,que iay efent. D. Ne iais-tu pas qu'elle eft de «
fendue? Iefayqu'iln'yariédemauuais.D.Las-tutouteleuèr Çi.Ouy. D. Ne fais-tu
pas qu'elle parle contre la MelTe , prières des Sainds & Prélats de f eglife? op.. le fay qu'-
elle baille le vray vfage de ces chofcs,& parle de lab9 d'icelle. Car il y deferit le vray vfa-
ge des Sacrcmés,& la vraye police de l'Eglife. D. Il baille dôc(felon ce que tu dis^uel-
que police en l'Eglife: mais quelle cft-elle? $l. Telle qu'elle eftoit en l'Eglife pnmiriue,
comme il le monftre alléguantes Dodeurs d'icelle. D. Ne fais-tu pas que c'eft herefie
de parler contre la Melfe? ç*. le (ay que c'eft herefie de parler contre la parollc de Dieu:
mais parler contre la Meifon'cft parler contre la parollc de Dieu : parquoy parler cotre
la Meffe n'eft herefie. D. le voy bien que tu es obftiné:tu te feras brufler. La volon-
té de Dieu foit faite. le ne fuis,&: ne veux eftre plus obftiné qu'ont efté les laids Martyrs
du temps pafTé. Voila les principaux poinds de ma première interrogation , faite en-
uironlep.deluin. m.d.l v ni.
Ln
JeanMorel. joo
Le famedyfuyuantiefk mené deuant deux Docteurs Sorboniques. Ils mefirenr,a
leur manière accouftumee,vne grade harengue,donr la côclufion eftoit , qu'ils eftoyét
venus pour communiquer auec moy de la foy,&: fi i eftoye en quelque douce me confo
1er & redreffer. rçt. Puis que vous eftes venus pour m'incerroguer de ma foy, pnôs Dieu
qu'il m'infpire par fon fain&Efprit,àce que nous en puifîîons traiter puremenc.Ils ne le
voulurent permettre :ains commencèrent à me faire cefte demande : Crois-tu pas
quelefus Chrift eft vray Dieu,& vray home? qu'il a fouffert? en fomme, crois-tu pas le
Symbole des Apoftres,celuy deNiccnc,&: celuy d'Athana(e?^..Ic les croy tous trois. Trois sy
D. Crois-tu l'Eghfe Catholique?^. Ouy.D. Quelle eft-elle? i^. C'eft celle qui eft gou- b°I«-
uernee félon la parolle de Dieu- D. Qu'eft-ce que tu appelés parolle de Dieu? y.. Le
vieil nouueau Teftament. D. Qui t'a dit que c eft la parolle de Dieu,finon entanc
quel'Eglifeledit? rçt. Lefain£l Efprit m'en rend tefmoignagc^auflî elle aeftétenue
de tout téps pour telle. D. Pourquoy ci ois-tu pluftoft en l'Euang. de S.Luc^qu'en celuy
de S. Thomas? çt. L'Eglife primiciue me laainii appris,en fecc rnant les liures Apocry-
phes d'auec les Canoniques. D. Il s'enfuit donc que l'Eglife a donné authorité au nou-
ueau Teftamcnt,&: déclaré quels liures il faut tenir pour Canoniques, ou non. Ce qui Lc ^ ^
eft vray, ôctunelefauroisnier. Aufîî S. AuguftinditJe n'euflepoint creu àT'Euâgile,fi s.Auguft
l'Eglife ne m'euft dit qu'il y faut croire. Çi.Ie vo'côfefîe q 1 authorité de l'Egl.no9 afleure
beaucoup que lesliurcs Canoniques font tels: fi eft-ce qu'il nous faut cognoiftre quelle
eft la vraye Eglife,deuant que d'y adioufter foy.Or elle ne peut eftre cognue que par L
celle parollc,par laquelle feule nous pouuons difeerner la vraye Eglife d'auec la faufle.
Dauantagefainft Auguftinparledutemps qu'il eftoitencores infidèle. D. Nouste
monftrerons qu'il faut pluftoft croire à TEglife,qu a nulle autre chofe. L'Eglife ne peut-
elle pas eftre fans la parolle de Dieu efcrice.?Ç£. Elle l'a efté autrefois , mais nô pas main,,
tenant. Car Dieu à voulu quelle fuft efcrite:afîn que par icelle la vraye Eglife foit co-
gnué d'auec la faufle qui s'accouftre en Angedelumiere.Et puis qu'il l'a ainfi ordonne,
il eftoitneceflaire.D. Commenc,cu veux donc dire que Dieu n'euft peu faire cognoL
ftre fon Eglife,finon que cefte parolle euft eftcefcrite?^.. Non fayrmais il s'eft voulu ai-
der de ceft inftrumé t pour nous faire cognoiftre la vrayeEghfe.Non que ie vucille dire
fi ceft infiniment defailloir,qu'il ne la puiffe faire cognoiftre par autre moyen.
D. Confefte donc que l'eglife peut eftre fans cefte parolle. ^ . Voire fans cefte parolle
eferitc. D. Mais di-moy que c'eft de cefte parolle. Tous vous autres aucz toufiours ce-
fte parolle en la bouche,&: n'entendez que c'eft:& c'eft cela qui vous trompe. Monftre-
moy vne parolle.Ce que ie vien dédire font parolles: monftrc-les moy.
rçi. Quand ie parle de la parolle,ie n'enten point ccfte voix qui forr de ma bouche,mais
la lignification d icclle:auili quand ie parle de la parolle de Dieu , ie n'enten ces mots
qui fontau nouueau Teftament efcrits,mais la lignification d'iceux. D. Nefais-tu pas
que l'Eglife eft plus ancienneque l'Efcnture ? Du temps d'A bel il y auoit Eglife ,&: non
Efcriture:&: du temps des Apoftres il y auoit Eglife : &c toutefois l'Euangile n'eftoit en-
cores efcrir.De ce temps-là il falloir croire à l'Eglifc,& non à l'Ef encure. yt. De ce téps-
la Dieu auoit autre moyen pour faire cognoiftre Gpn Eglife. Mais tout ainfi qu'il a baillé
laLoy àfonpeuple,afinqu îldifferaftdcs autres peuples : aulfi maintenant il a voulu
que fa nouuelle alliance nous fuft eferice , afin de nous difeerner d'auec les autres peu-
ples.Et ainfi que par la Loy on cognoiflbit les faux fpropheces:aufîi par l'Euangile on co
gnoift les faux chrifts. D. Combien y a-il de Sacremens en cefte vraye Eglife? yt. Deux-
D. Cen'eftdonela vrayeEglife:carily enafept. çt. le n'en croy que deux , aflauoirle
Baptefme,&: lafain&e Cene. D. Necroyez vous pas que le Mariage foit Sacrement ?
A*.. Non. D. Il eft efent aux Ephefiens.5.chapicre,Et cecy eft vn grand Sacrement,
jy.. Au paflageily amyftere,ou fecrer.Maisafinquenedjfpucionsdes mots, fainct Paul Jjjjjjjj
dit,que ce fecret eft grad,voire enChi ift &: rEglife:tellerhent q ce mot de Sacrcmét,ou Ephcfic
Secret,ne fe réfère pas au mariage de l'homme Se de lafemme,mais à la conion&ion de cxPofé'
Chrift auec fon Eglife. Sur quoy ils me monftrerent vne Bible:& ie leur fi obferuer de
prés tout le texte,tellement qu'ils demeurèrent cftonnez,eftans confus & conueincus
parles propres parolles du texte mefme.Lors le Lieutenant particulier , en iurant me
dit,S'il fauoit que ce ne fuft Sacrcment,que dés l'heure il laifleroitfa femme. Icluydy,
que ceux qui difençje mariage n'eftre Sacremét,legardët plus fidelemét,qu'on ne fait
en ce pays. D. Tu ne feurois nier que l'extrême Onction ne foit Sacrement: car tu ne
PP. nii.
Liurc^Fl. Jean Motel
voudrois contredire à faindt laques. Rt.Sainct laques ne dit pas que ce foit vnSacrém et.
D. Et rEfcrituredic elledu Baptefme que ce foit Sacrement? Rt. Non:mais la primitiue
Eglilea v(é de ces mots, pour mieux déclarer la choie. Comme aulfi ce motTrinitc n'eft
point en l'Elcriture:coutefois la choie y eft.Ie ne veux eftre Arien. D. Nous lommes bié
ailes de ce que tu nous as côteflexar tu nelaifferas de croire à la MeiTe, &c au Purgatoire,
Not«. encores qu'ils ne foyent nommez en l'Elcriturc. Rt. Ce queie ne croy point au Purgatoi
rc &c à laMeiTe,n'elt pource que ces mots ne font en l'Elcriture:mais pourec qu'ils y font
du tout contraires. D. Pourquoy ne crois-tu que l'extrême Onction ne foit Sacrement,
veu que toute l'Eglife l'a ainfi appelée ? Ri. Pourec que quand l'Eglife parle des Sacre-
mens,elle entend ceux que noftre Seigneur Iefus Chrift ainftituez communs à toute 1'-
Eglife,vfant du figne viiîble,pour reprelènter la chofe inuifiblexommel eau du Baptef-
mc,&. le pain en la Ccnc. D. Comment donc interpreteras-tu le lieu de fainct. laques:
Car il dit, S'il y a quelqu'vn malade, qu'il appelé les preftres,& qu'on l'oigne d'huile.
Paffagcdc Cela appartient à la primitiue Eglife : durant lequel temps plufieurs miracles ont c_
s.iaqucs fté fait s,pour conformer la prédication de l'Euâgile,côme ileneftparlé au dernier cha-
exanuné. pitre<jc l'ain£t Marc.Confermant la parolle par lignes qui s'enluiuoyent,&:c. Dauanta-
ge de celte manière d'oindre les malades il en eft parlé au 6.dc fainct. Marc,dilant :Et oi-
gnoyent d'huile plufieurs malades,& les guéri/lovent-
D. Tu te coupes la gorge de ton baftontcar tu dis que Iefus Chrift l'a commande'^
que les Apoftresl'ontexercé:&: toutefois tu ne veux croire ne Iefus Chrift, ne les Apo-
ftres. r>. le dy que Iefus Chrift a enuoyé fes Apoftrcs,& leur a donné puiflance de guérir
les malades:&: fainct, Marc dit,qu'ils les oignoyent d'huile,&: les gucri/Toycnt. Mais au-
iourd'huy tout ainlî que nous n'auons point de commandement de guérir les malades:
aulfi n'auons-nous point dccommâdemcnt dVfer d'huile aux malades : veu que l'effet
en eft oftc.Car nous n'auons point befoin de miracles , veu que l'Euangilc eft allez con-
fermé. D. Comment?tu voudrois dôc dire,qu'il ne le fait plus de miracles auiourd'huy.
& que diras-tu de tant de beaux miracles qu'a fait fainct Martin,& tant d'autres? Lors il
commença à m'en raconter vn monde. Mais ie luy coupay broche, diiant,Ie n'ay pas leu
la légende de vos Saincts. D'auantagc ie fuis alîeuré que nous n'auons plus que faire de
miraclesxarrEuangileeftalTezconfcrmé. Quant eft de ceux qui fe font auiourd'huy,
ie croy qu'ils lont pluftoft du diable,defquels parle fain&Paul i.ThelT.j .& Matthieu 14.
Ils me nièrent qu'en ces lieux-là Signa &f>rodiga fignifialTent miracles. Mais facilement
j^S^u ie leur prouuay par d'autres lieux del'Elcriture.Lors à leur manière accouftumecdirét:
Laiirons-le,il eft obftiné en ce poindtrafin qu'ils ncfulTcnt veus vaincus. D.Quc crois-tu
du Baptelme? r> .le croy q le Bapt.nous afleurc que nous auons remillion de nos péchez
par le fang de Iefus Chrift:& q par iceluy no'lbmmes régénérez en vnc nouuelle vie: ce
qui nous eft déclaré parle figne de l'eau. D. Ne crois-tu pas que tous ceux qui ne reçoi-
uentlcBaptefmc,commelcscnfansmort-ncz,nefontfauucz? Ri. Non. D. Il eft dit:
icao 5î Quiconque ne fera baptifé d'eau &c du fain&Efprit ne lera fauué. Rt. Iefus Chrift parle
à Nicodeme qui cftoit ia en aagc.Parquoy il ne s'enfuit pourtant que les enfans des fîdc
Hcbn* lesmort nez foyent condamnez pourccla.Carcncefte manière il eftdit, Il eft impolîî-
ble de plaire à Dieu fans foyxar les pet its enfâs mcfmcs après le Baptefmc, n'ont la foy.
Ils m'ont fort allegué(quiconque ne fera baptifé )difans,qu 'il n'en excepte pas vn. R>. Il
en cftoit autât dit de la Circoncifion: toutefois les petits enfans, qui mouroyent deuât
leshuitiours,nelaifibyentd'eftrcparticipansdclapromeirc,&: receuoyentla vertu de
la promcnc,fans enauoir lefigne. Ils montnié cela. le leur ay allégué ce qucditfainct,
Paul 1 .Cor.y.Que les petits enfans des fidèles font fan&incz par la foy des parens fide*
les. Us m'ont fort infifté lur ce poind,quc ïcffcSt eftoit nccclTairemcntconioint au fi-
gne,tcllement que tous ceux qui reçoiuent lcfigne,rcçoiuent necefTairement la grâce
&c le iainct Efprit qui eft l'crfccl du ligne. Ri. II s'enfuiuroit donc que nul des Ilraclites ne
fuft peri.ee qui èft faux.&; aulfi que tous ceux qui reçoiuét le fignedu Baptefme feroyet
neceuairementfauuez,quelquemeichanceté qu'ils filTcnt. D. Que crois- tu duSacre-
mét de J'autel?nc crois tu pas que fous les efpeccs du pain & du vin le corps &C le fang de
Iefus Chrift y foit prefentement? Rt . Nommais ie croy qu'en la Ccne de noftre Seigneur
Iefus Chrift (adminiftree lelonfonjnftitutiô par vn Miniftrc)ic fuis participant reale-
ment àc de fait du corps & du fang de Iefus Chrilt. Vf n des Docteurs dit , que iamais
Dieu
Jean^Horel. jot
Dieu n'euft remiflîon de fon ame,lî ce mot de Cene & de Miniftrc eftoyent trouuezau
nouueau Teftamét,ou en aucû des anciens Docteurs, en cefte fignificatiô. S.Cypriâ
a fait vn traicé,qu'il a intitulé de la Cene du Seigneur . D'auantage ils me baillèrent
quelque téps après vn volume de S.Iean Chryloftome , où ie leu ces deux mots en mef-
me îignihcacion.Ie dy ceci pour monftrer leur impudence. L'autre Docteur m'accor-
da que nous vibrions des mots fufdits. D. Entens-tu quand no9 difons q le corps de no-
ftre Seignc ur eft fous les elpeces du pain, que nous penlîons qu'il y faille fentir le gouft
de la chair, comme on la vend à la boucherie? 9*.. Non-.mais vous entendez que la fubftâ
ce du pain cil changée au corps de Chrift.D. Et vous,qu'en croyez-vous? Jjt. Iecroy
qu'en la Cene ie nereçoy q du pain &: du vin.maisparfoy iercçoy lecorps&lefangde
lefus Chnft qui eft au ciél.dont mon amc eft nourrie. D. Quand nous voulons conioin-
dredeux choies feparecSjil les faut faire toucher l'vncà l'autre. Vous dites qu'en la Ce-
ne voltre ame eft nourrie du corps de Chriftnl faut donc qu'il foit prefent en la Cene.
jjt. Il n'eft ainli des choies fpirituclles que des corporelles : car par la foy nous cerchons
lefus Chrift à la dexerc de Dieu le Pere , comme nous en auons le commandement ex-
près, Colofs. 3 . D. Vous dites que le corps de Chrift n'eft preientemcnt au pain, d'autât
qu'il eft au ciel. y-. Voirci&qu'ilfautqucleciellereçoiueiufquesàlareftaurationdc
toutes choies, A£t. 3 .Et qu'il viendra de là pour la féconde fois îugcr les vifs &c les morts.
Il eft parle de l'aduenement viiîble. Bi. Il n'y en a point d'autre en l'Efcriture : finon que
lefus Chrift prophetize qu'il viendra des faux prophètes qui nou< annonceront vn àd-
uenemét feint,ô£ comme inuitible,difans,Chrift eft icy,Chrift eft là:Nc les croyez-pas.
car fon aduenemen t fera veu d'Orient iulques en Occident , Matth. 14. D. Ne croyei-
vous pas que Dieu foit tout-puifîat pour faire cela? y.. Ouytmais il ne le veut point:par-
quoy il ne le fait point .D. Quand lefus Chrift dit,Cccy eft mon corps,ne parle-il pas du
corps? 9:. Ouy:car il print du pâm,& rôpit,& le bailla à les difciplcs,&: leur dit,Cecyeft
rnô corps. D. Voyez que Chrift appelé le pain fon corps. Doc il veut que le pain foit fon
corps. R. Il ne s'enfuit pas. Puis les interroguay lï(.Etf jn'eft pas verbe fubftantif, & n6 Lc
tranflubftantiatif. Car filefiiseuft voulu que le paineufteftétraniïubftantié , il n'euft
pas die, Ceci eft mon corps:mais ceci(c'eft à dire,cc pain)foit fait mon corps. Mes Do-
cteurs demeurèrent tout confus:& ne me feureht què rcfpondre,finon m'iniuricr. Et
de peur qu'ils fu/Tent veus vaincus, m'alleguoyét toujours la puhTance de Dieu: Se moy
au contraire leur alleguoye fa volonté, qui n'eft fans fa puifTance. Lors le Lieutenant
par grand colère me dit qu'on me feroit iuftice. Interrogué de l'eau benite,& du pain De l'eau
bénit. R. le ne les eftime point plus queles autres creatures:car Dieu a créé toutes cho bcnitc-
fes,&lesatoutesbenites.InterroguéduCrucifïx,&delaCroix. R. Cela ne nous fert DuCwcifi*
de rien. D. Cela nous fait fouuenir delà mort de ÏefusChrift. R. La Cene eft fuffîlànte
pour ce fairc,& eft iuftituee à cefte fin. ÏX Comment fait-on la Cene ? R. Apres que le
Miniftrc a prefchc,il diftribue le pain & le vin à tout le peuple.
D. Que prefche-il,&: quelle parolle profere-il en diftribuant le pain & le vin? R.Le
Mmiftre en fon fermon traitte de la Cene:en diftribuant le pain &: le vin, il donne à co-
gnoiftre au peuplequilereçoit;que vrayemenr il eft participant du corps & du fangdc
ÏefusChrift ; Il les aduertitaurfî qu'ils efleuentleurs cœurs au ciel, &: qu'ils cerchent
Chrift àladextre de lbnPere,& qu'ils ne s'amufent aux démens du pain & du vin qu'-
ils voyent.D. Mais vfent-ils pas des parolles rnelmes que Iefiis Chrift a proférées , Ce-
ci eft mon corps?^. Non pas fur le pain : car lefus Chrift adrefle fa parolle à fes difei-
ples.Dequoy ils furent tous cfbahis,difansicomment?Ilsn'enfuyuent donc pas finltitti
tion de Chrift, de laquelle ils fe vantent tant. Si font : car l'inftitution de Chrift ne
gift pas aux mots,qu'il a proferez inftituant les Sacremens :car du BapteCme Chrift a
dit à fes Apoftres, Baptifez au nom du Pere,&:c. Or quand on Baptife.on rie dit pas,Bap-
tïfezaunomduPere,commeChriftadit:mais,IcteBaptifc. Cefte refponfc eftlegere:
mais par icelle nos Maiftres demeurèrent confus. Ils m'exhortèrent de retourner à la
vraye Eglife,comme ils l'appelent. R. le fui sa fleuré d'y eftre : & fay que hors icelle n'y a,
falut,non plus qu'il y auoit hors 1'ârche de Noé<
D. La vraye Eglife c'eft celle des Apoftres. R. C'eft celle-Ia âuflî en laquelle ie fuis.
D. Crois-tu que la MefTefoit bonne? R. Non. D. Si nous te monftrons tout ce que
nous t'auons dit cydeiTus,& qu'on chantoit la MelTe en la primitiue Eglife, & que les
Apofttes l'ont chantée, ne nous croiras-tu pas? R. Si vous me monftrez par la parolle
LiurCj>VL Jean Motel
dcDieuquela MeiTefôitbonnejicvouscroiray. D'auantageiefay qu'en la primitiuc
Eglife on n'a chanté Mcfle, &: ne le me faune z monftrcr.Car les Docteurs anciens par-
lent mcfmc contre la Traniiuhftanrianon, qui eft toutefois le principal poinct de vo-
ftre Mcfleicomme Tertu)lian,l'aintlCypiiaii,& famet Auguftin. D. Si nous te men-
ftrons que Tcrtullian ait du la MeflcA taind Auguftin aulH,ndus croiras-tu i Demain
nous t'apporterons les hures, y.. Comme ie vous ay dit,fi vous me monftrez parla paroi
le de Dieu que la Mcilè (oit bonne,ie vous croiray. Car fi vn Ange du ciel m'annonço it
autre chofe queeequieft contenu en icellc, e ne lecroiroye point. L'vn des Docteurs
mcditparplusdehxfoisqueiclaiiTadecefteparollc&queie n en auoye que faire , ÔC
que ie creuile (on compagnon qui cftoit fort vieil. Et après auoiradioufté plufieurs flat-
teries s'en allercnt>m'cxhortans de retourner au droit chemin , qui eftoit(fi ie les cuiTc
voulu croii e)la cauerne deMinotaurus.Ie leur dy que ie prieroye Dieu qui) rn'inlpiraft,
afin que ie fuiue la droite voye.& les priay de prierDieu pour moy.Et ainfi s'en allèrent,
mepromettansde retourner lelcndcmain.
Le Lundydapres ils reuindrcntA' premièrement me demandèrent fi i'auoyeprié
Dieu de mon cofté,& qu'ils l'auoyët prié du lcur:& ce qu'il mefembloit de ce que nous
auionsdit le dernier iour;& li ie les vouloye croire. y.. De ma part i'ay prié Dieu plus ar
demment que iamais ie fi:& me (ens plus fortifiée plus ferme en la doctrine , laquelle
i'ay louftenue,que iamais:le LinGt Efprit me rendant tefmoignage que c'eft la vraye &:
véritable dodiine. Ils merefpondi. ent , Ce n'eft le faintt Efprit,mais le diable qui te
tient en les laqs. ijt. Iefus Chnft nous enfeigne quelles font les œuures du diable,affa-
uoirenuie^aillardifejblafpheme^&c. Or voicy iefens dedans moy quand i'ay telles
chofesen moy(ccvnme ie fuis m jferable pécheur) que 1 Efprit de Chnft, qui habiteen
moy,m'en reprend,&: m'incited'tn demander pardon àDieu:puisaprcsm'afleuredefa
mifericorde.D auantage ie fens à toutes heures que ie fuis pouiTé & incité à prier Dieu.
Voudricz-vous direque le diable nous poufle à inuoquer le nom de Dieu? ^ Quand ils
ouyrent parler du S.Efprir,& qu'ils virent que ie parloye d'vne plusgrandc véhémence
quelciour precedcnt,ils fc mirent à rire & à le moquer de moy,&: mon fainct Efprit: ce
quidemonftretrcs_bienleur réprobation, & que iamais ils n'ont mangé de la viande
fpinçuelle.Car s'ils en auoyent mangé,ils feroyen t en Chrift,&: Chrift en eux:& fiChrift
eftoit en eux,ils auroyent l'Efprit de Chrift. car iainâ Paul dit,Si vous n'auezl'Eiprit de
Chrift,Chrift n'eft point en vous. En fe moquant donc ils me dcmanderenr,Lc diable
n'efLjlffas ajùtheur de menlonge?& c'eft luy qui te fait dire ce que tu dis. Ic ne dy ii&
de mcjifonge,èn^iyuant la parollc de Dieu, eferite par le fainct. Efprit autheur de véri-
té. D. Crois-tu le P»fgatoire,& qu'il faille prier pour les morts? jji. Non.D. Si nous te
monftrons qu'il faille prier pour les morts,par la faincte Efcriture , croiras, tu qu'il y ait
vn Purgatoire; Çi.Ouy.car ie fay que ne l'vn ne l'autre n'eft en l'Efcriture.Sil'vn cft faux,
Pricrepour il faut que l'autre le foit aufli. D. S.Pierre a prié peur Thabicha, qui eftoit morte. Si Ion
lotrdpaf- amc cft0jt erj Paradis S.Pierre luy faifoic tort: fi elle eftoit en enfer , ilprioiten vaimoù
eftoit donc l'ame de Thabitha?& me voulurét faire entrer cnleursdifputesSorboniqs,
des ames qui occupétvn certain licu.^.Ien'ayleu Anftote,&: ne veux difputer de Philo
iophic auec vous.D auatageie fuis t nfeigné par l cx(mpledeLazare,cc que Chrift tet-
moigne,qu il eftoit mort,afln que Dieu fuft glorifié en luy : l'en croy autant de Thabi-
tha. tyais quant eft du lieu où eftoit fon amc,Dieu eft puiifant pour faire ce qu'il vou-
loipaulïîfauoircela n'eftnecenaircànoftrc falur.
D. Quand vous ne fauez plus que refpondre, c'eft voftre recours de dire que Dieu eft
tout-puiiTant.jjt.Ouy bien à vous,Monfieur.Car dernièrement quand vous ne feeuftes
plus refpondre de voftre TraniTubftannation, vous euftes voftre recours à la punTance
de Dieu:car par la parolle de Chrift vpus fuftes confus.D.Si ie monftre que Icremie ait
fait prière pour les trefpalTez,croiras-tu qu'il faille prier pour eux.?R. Quand i'aurayvcu
le lieu,ie vous refpondray. D. Voire,&: puis tu nous en feras autant comme tu nous fi>
du Baptefme,&: voudras voir ce qui precede,& ce qui s'enfuit. R. le ne vous y rcfpôdray
point autrement.Lors me monftrercnt le lieu quieftf .Chron.5 j.Or il eft dit,qu a la fe-
puîtuTedu roy Iofiasjudafid Icrufalem lepleurerét,& Ieremie le lamenta: auflîtous les
chantres&chanterellés,iufquesauiourprefeiitrelumentleslamcntatiqnsfurIofias:&:
en ont fait ordônarjce en Ilrael. R. Cela ne fait rie pour vousrcar chater & plcurer,n 'cfl;
à dire prier popr les trefpafTcz. Lors leLieutenant Part dicqu'il aimeroit mieux quedes
chiens hurlaient au cou r de luy, quand il fer oie mort»quoa ne chicail & phaft pour luy.
Jean MoreL S0È
D. Comment donc s'interprète ce paflage?R£. A grand' peine le pourray-ieinterprerer
f ans auoir leu toute l'hiftoirc : nonobftant ie penfe que d'autant que le peuple auoit rc
ccu vnegrande playe, à caufe de la mort de ce bon Roy , il plcuroit &c chantoit lamen-
tation à Dieu. D. DuJiurcdcs Machabees? y.. Il efk Apocryphe,commeletefmoigne
fainct Iei orne. D. Faut-il pas prier les Sain6ts:&: neprient-ils pas pour nous? y.. Non. Ils lcs
m'ont allègue que les Anges (ont deuant Dieu , qui prefentent à Dieu les oraifons des
Sain&s. j^. Monftrez-moy le licu,puis i'y refpondray. Cequ 'ils ne voulurent faire : car
auffi ils le corrompent.Ie leur confeffay que les Saindts qui (ont en paradis,prient Dieu
que l'Eglifc foit accomplic,&: le nombre des efleusrmais qu'ils nous oyent Ôc prient par
ticulicrement pour nous,ccla eft contre la parolle de Dieu.
No v s parlafmesa/îcz long temps de ce poind:& m alléguèrent force lieux de 1'-
Efcriturc:mais là il eftoit toujours parlé des Sainfts viuas. Or d'autant qu'ils m'auoyct
dit le iour de deuant, qu'ils meprouueroyentlaTranfîubftantiation par anciens Do-
cteurs de l'Eglife:& qu'on aUoit chanté la Me/le en la primitiuc Eghfe : ils commencè-
rent auec vn grad rollede papier efcrit.& premièrement m'alléguèrent de Tertullian,
qui dit,queChrift auoit fait le pain fon corps, fy.. Il fe declareaprcs,difant,Chrift a priné
du pain,&: l'a fait fon corps,difant,Ceci eft mô corps,c'eft à dire le figne de fo corps. Voi
la les paioiles de Tertulliâ.Dauâtage il a fait le pain fon corps, ledediant à lignifier fon
corps. Ils mot allégué vn autre do&.qui dit,Le pain auat la cofecratiô eftoit autre, &C &
près la côfecrariô eftautre. y.. Il eftoit autre auat la cofecration,caril n'eftoit en rie diffc
rét de faurrepain comunrapres la côfecration il eft autre;car il eft côfacré pour reprefeti
ter le corps de Chrift.&: ainfi cclanefaitpourvoMls m ot allégué plufieurs lieux desDo
ttcurs,où il eft parlé de facrifîce & factifiercomme en l'hiftoireTripartite,d'vnEuefq e».
ftac arriué en vne ville,auql là fut donné lieu de facririer.Çi. Vous fauez q ie vous ay ditj
que fi me môftt iez parla parolle de Dieu q laMefTe fuft bone,ie vous croiroye:autreméc
non.Dauatage ie fuis affeuré q iamais les Do&éurs anciens, parlans de facrificeou facri
fîer,n'ont entendu de laMcffe:qui eft,comme vous dites, vn Sacrifice propiciatoiretât
pour les vifs que pour les mortsrce qui eft tout cohtraireà la parolle de Dieu. Mais en
pa : lan t de facrifîce,ont entendu la mémoire du facrifice:& ainfi la Cehe eft appelée fa-
crifice.^ Voyans que nous eftions fur le principal pilier delà marmite , ils s'ôrTenferent ^Çj|£ïp>ï
fort. Apres ils m'alléguèrent le y.âux Hebricux. Çi. Il eft là parlé des Sacrificateurs de ment de I*
l'ancien Teftament:& fait comparaifonentrelef^itsSacrificateurs,&Chrift, qui eft le ^"«c
fouuei ain Sàcrifîcateur.Ils nièrent cefte interprétation. le requis que nous leuffions le
lieu:&: que par ce qui s'enfuit au texte en la fin du chapitre, ils verroyent ce que ie dy e-
ftre vray.ee qu'ils ne voulurent permettre,encores qu'ily euft vne Bible fur la table. le
leur alleguay le dixième aux Heb.ou il eft dir,quc Chrift par fon feul facrifîce a fatifFaic
àDicuionPere.En vnautrelieu,qù'ilnelefautreitèrer:autrementileuftfallu qu'il euft
foufrerf plulictirs fois depuis la côftïtution du monde.Ils m'ont refpodu q cela s'ehten-
doit que Icfu s Chrift ne deuoiteftrefacrifîéqu'vne fois parles Iuifs: mais il ne s'enfuit
pas,qu'îl ne le faille offrir à Dieu fon Perc:mais non pas comme les Iuifs,afTauoir le tuer
derechef, j^. Apres que l'Apoftre a monftré au dixième desHebrieux,queremiflïori
des péchez nous eft acquife par IefusChrifr,ilconcludainfî : Oùilyaremiffiondeces
choies, ii ne faut plus d'oblation. Ils répliquèrent , que Iefus Chrift commanda à fes
dîfciples de fa crifier,difant, Faites ceci en mémoire de moy. yt. Faites, n'eft à dire facri-
fîei .D'auantage(èccijferefereàcèqu'ilauoitfaitdeuant,c'eft qu'il auoit baillé dupairi
à fes Apoftres. Ils m'ont allégué Daniel, où il eft dit, que quand l'abomination fera"
elîeuee au temple de Dieu,les vrais facrifices&obIationsdefaudront:&: attribuoyenc
ce mot d'abomination à noftre Cene. De prime face ie fu efbàhi . car iamais ie nauoye
leulelicn^maisrEfpritdc Dieum aflÏÏta. yt.. NeparIeJlpasdecefteabomination,dè
laquelle parle fainâ: Paul i.ThefTal.EtlcfusChrift, Matthieu 24?Ilsme dirent que c'e-
pVoit là melmc. le leur dy que cela ne fepouuoit entendre de noftrèCene: car Iefus
Chrift déclarant cefte abomioation,dit,quclon dira,Chrifteft icyiChrift eft là,voicy il
eft aux cabinets:orcnnoftreCene nous ne faifons cela, ains cerchons Chrift au ciel.
D. Dequoy parle donc Daniel? çt. Puis que vous me dites que c'eft cefte mefme abomi
natiô, dont il eft parlé aux fufdits lieux, ie croy qu'il parle de voftre abominable McfTe
( vfant de ces mefmes termes.) Car en voftrc mefle ne dites-vous pas , Chrift eft icvj
Liurz_> VI . Jean tMoret.
Chrift eft là,voicy il eft aux cabinets? D. Mais Daniel dit que les vrais facriflces defau-
Dal1"27 dront:or en voftreCene vous ne pai lcz,&: ne voulez ouyr parler de facrificc. R. Daniel
die que quand l'abomination fera e/îcuccau temple de Dieu , les vrais facrificesdefau-
dront:cc qui s eft fait quand voitre meife a efté inuenece. Caria iain&e Cenca cité abo-
lie^ le vray feruice de Dieu efteint:&: au lieu de la Ccne vnc idole abominable a efté
efleueer&aulieiidu facrifice d'action degraces(dont il cil parle au 1 3.Hebr.)a elle mis
vojh'cïacnficedc la meflc,qui eft vn renoncement de la mort de Chrift. D'auantage le
feruice diuin a efte oblcurci par vos pardons,voftre Purgatoire ,& toutes vos autres a-
Rom u i bominations,qui ont fuiui voftrc méfie. D. Quel iàcnfîce fait- on en la Cène ? fy. Nous
oltrons nos corps à Dieu. D. Où eft-il parlé d'vn tel îacrifice? D. Sain£t Paul dit , Offrez
vos corps en facrifice. Et puis celt la mémoire du facrificc de noftrc Seigneur Iefus
Chrift. Lors fort colcrez fc leucrent , difans , Nous ne te voulons plus efcoutcr,car tu
nous tourne roi s en ta Loy. Et s'en allans me dirent, Que iamais Dieu n'euft remiflîon
de leurs ames , fi îc n'eftoyc damné. Ils s'en allèrent faire rapportai! Lieutenant,
qu'il n'y auoit plus d'efpoir en moy. Apres îc fu defeendu en vnc fofîc où l'eau degout-
toit lur moy,quandi eftoyecouchc:&: y fu vingt & quatre heures.
L e lendemain on m'en retirai me mit-on en vnc autre qui n'eftoit guercs meilleur
re.Auantquei'euffe dil'puté cotre les Do&eursieftoyc en vnedes plus belles priions,
fffomdc Ormonfrcre(quieftrimprimeurdu Roy en Grec) ayant entendu que l'cftoye prifon-
Moldpour nier,&: que Teftoyeen dangerde mort(au(Ti auoy'-iercccu fentence demort en moy)fît
ft-tuerrir tât auecles luges, qu'il me vinft viiitcr^açcompagné d'vn autre Docteurmon par chari
fonnfrcreCl *é,mais craignant '^déshonneur du mondc:car îln'aapprins que ceft honneur . Il me
' vouloir donc deltourncr de batailler conerc Goliath, comme iaifoycntlesfieres de Da-
uid. Enuiron quinze iours après ils me vindrent voir:&: ce combat fut beaucoup plus
grand que le premientant à caufe que rauoyc cognu familièrement ce Dodeur , que
poureequemonfrerceftoitprefent. Apres qu'ils m'eurent tancé fortlonguemcnt,&:
quece vénérable m'eut conté comment il y auoit long temps que jele cognoilloye,&: il
i'auoyevcu quelque mefehanecté en luy:ie ne leur relpondy rien, tant à caufe dclafaf-
chene que i'auoyede voir mon frere qui prefque pleuroit , qu'à caufe de la fofTedont ic
venoyc.Cardés queic fu monté deuateux,icm'efuanouy prefques,&.ncmepouuoye
tenir debout. Apres ils m'interroguerent,Es-tu ChreftienrR. Ouy.car ie croy eftrc bap
tizé. D. Tu confe^îes donc que ton Baptefme eft bon. le luy confcflày fimplcmét qu'il
eftoit bon,n'apperccuant point fa cautelle damnabl c. D. Puis que tu confefîcs que le
baptefmeduquel tu as efté baptifé eft bon,tuas efté baptiié en l'Eglifc-.car hors l'Eglifc
n'y a point de Baptefme. Ayant cognu fa confciencccautcrizee,icluy ay refpondu qu'il
y auoit baptefme aux eglifes des heretiques,comme aux eglifes des Donatiftes. Il m'a
refpondu,Voire,maisnonpasbon. R. Quant à moy ie ne croy pas que le mien ait cité
iuSr de tel efficace:que h Dieu ne m'euft fait la grâce d'eftreinftruit en la foy (laquelle main-
tenant ie fouftien)le ligne ne m'euft de rien ferui. D. Les petits enfans qui font baptifez
en l'cgiife Romaine, font donc damnez:car Ci nollre baptefme n'eft bon, les petis enfans
que nous baptifons (ont damnez. R. le laifte cela au confeil de DiciKcar fa puiffaneen
eft arreftee aux lignes. D. U ne feroit donc befoin d'vfer du Sacrement du Baptefmc:car
felô que tu dis il ne feruiroit de rië.Et vouloit difputcr cotre moy corne fi i'eufte efté A-
nabaptifte. R. Une s'enfuit pas-.car le Seign. nous a ordonné ce moyen pour fubuenirà
l'infirmiréde noftrc fby:& ceux qui le mefprifcronr,mefpriferont le Seigneur & leur ia-
lut,& ne feront pas du nombredesChreftiens , non plusque tous ceux qui n'eftoyent
circoncis,n eftoyenrdu peuple dlfracl, &c par confequent n'eftoyent participans delà
promelTe. D. Confefle donc qu'il eft neccfîaire que les petis enfans foyent baptifez : &c
quefanslc Baptefme ils ne peuuétcftre fauuez. R. le ne veuxeftrcAnabaptifte,&croy
qu'il faut que les enfans foyent baptifez. Cependant il ne s'en fuit pas que tous les petis
enfans qui rcçoiucnt le ligne du Baptefme,necefTairement reçoiuenr la grâce. D. Il
fautdonequ'on te rcbaptifc,puisquetudisqtonbaptefmcncftpas bô. R.Ilacftéar*
refté en vn Concile contre l'aduis de S. Cypnan,qu'il ne faut rebaptifer les hérétiques.
D.Tucfcois donc hérétique auantquetu tinflfesceite loy. R. Voire. Lors le lieute-
nant Part,dit,Iamais ic n'ouy qu'on nous appelait: hérétiques, mais bien Papiftes . y..
Tous font hérétiques qui parlent contre la parolle de Dieu. D. Tu voudrois donc dire
que nous fommes tous damnez. R. Ic dy fc ul ement, que fi ie n'eufle efte autrement in-
ftruit
fedn*Morel joj
ftruit que ie neftoyepremieremétjle figne du Baptefmene m'euft de rie profite', &: n euL
lé efté Chreftien. D. Pourquoy ne crois-tu quenoftre Baptefmefoit bon? Ienedi pas
totalement qu'il n'eft point bon:mais qu'il eft falfifié, pource que n enfumez l'inftitution
4e Chrift.D.En quoy.fy.Chrift l'a inftitué en l'élément de l'eau fimple: vous y vfèz fuper-
ftitieufèmcnt d'eau falee,d'huile,defel,&: de crachat. P.L'hude,lefel,&: l«cràchat,aboliC
fent-ils la vertu du Sacrement? rçt.Satan a bien voulu l'abolir par ces additions, mais il n'a
peu,pource que l'eau &: laparolley eft demeurée: tanty aque par ces additions il eft falfi-
ûé&c comme deffiguré. D. Tu dis qu'il ne faut rien adioufter au commandement
de Chrift:iete monftreray que ceux de Gencue y adiouftent . Chrift n'a point com-
mande de baptizer les petis enfans. y.. On les baptize, en cnfuiuant le commande-
ment de la Circoncifion. Demande, Ne me meile point la Circoncifion auec le Ba-
ptefme. v,l. Chrift a dit, LaifTez les petis enfans venir à moy,&: que le royaumede
Dieu leur apparrient.D.Chrift n'a pas commandé d'vfcr de parrains:à Geneueon en vie:
ils n'enfuiuent donc pas l'inftitution de Chrift. yt. Celanederogueen rien à l'inftitution
de Chrift. Dauantagc, ievous confefTe que rEglifeprimitiue a ordôné beaucoup decho-
fes qu'il faut garder pour la police. D. Croy donc aux commademens&: traditions de l'E-
glife.Çi.Aufiii'y croy,&: veux tenir celles qui ne font contre la parollede Dieu. Dauanta-
ge, ie fay que la primiciue Egliie a ordonné beaucoup de chofes qui ne font maintenant à
obferuencomme aux Actes quinziefme , quand les Apoftres ont commâdé de s'abftcnir
defang. Ce qui n'eft maintenant à obferuer.D.Qui t'a efmeu de laifTer la première doctri
ne que ton pere &: ta mere t'ont apprifè?& qui ta inftruit en celle que tu tiens maintenat?
y.. La mauuaife vie des preftres &: moines m'a fait douter de leur doctrine: puis lifanr les
Efcriturcs ay trouué que leur doctrine rcipondoit à leur vie:&r au contraire lifànt la fain-
tte Efcriture,ay trouué que la vie & la doctrine de ceux de Geneue eft félon icelle. Dauan
tage,i'en ay cogneu, qui après auoir efté deftournez delà loy de ce pays , ont entièrement
changé leur vie:&:ay aufii ex péri m été cela en moy . Car encores qu'il s'en faille beaucoup
que ie ne fente vne telle reformat ion en moy, que ie defireroye bié: fi eft-ce toutefois que
i'y en fen vne grande, au regard de ma vie précédente. Au contraire i'en cognoy qui ont
cognu noftrcreligion,&: après l'ont mefprifee, &: en font deuenus pires , &: la plus part A- Commçnt
theiftes. Car ils ne retournent pas à voftre loy : &: s'ils font femblant d'y confentir , ce n'eft opdcuient
que par hypoenfie &c crainte des hommes. le di cela le Lieutenant prcfent,& pour caufe. Atheiftc«
Le Théologien me rcfpondit,que fi i'eftoyemal-viuant>c'eftoitmafaute,& non delà do-
ctrine, rçt. Si eft-ce qu'après que i'ay laifTc voftre doctrine , & ay embralTé l'autre, i'ay fenti
vn merueilleux changement de vie en moy.
D.Quels liures as-tu leu?^..I'ayleu la Bible5&d'Inftituticn de Caluin. D. Pourquoy
crois-tu pluftoft<à Caluin qu'à fainct Auguftin,&: autres Docteurs anciens? Çi.Icne croy à
Caluin, finon entant qu'il eft conforme à la parolle de Dieu. Dauantage,il allègue en fon
Inftitution les anciens Docteurs, & prouue fon dire par ies tcfmoignages d'iceux. D. Si ie
teprouuequeCahtin allègue mal tous les pafTages des Do&eurs,& que ce qu'il allègue,
font les dits des hérétiques que les Docteurs recicent,&: non les parolles des Docteurs,laif
feras-tu cefte doctrine? çt.Si vous me monftrez que ce que dit Caluin eft contre l'Efcritu-
re,ie vous croiray.Lors il me dit qu'il cercheroit vne Inftitutiô de Caluin , &: qu'il deftrui-
roit en moy ce qui y eftoit bafti:& me dit que iamais il n'auoic leu ladite Inftitu tion,pour-
ce que plufieurs fauans Docteurs, la lifans,y auoycnt efté prins: mais que pour l'amour de
moy il la liroit. Lors le procureur du Roy lui bailla celle qui fut prinfeen noftre chambre.
Le Docteur me dit qu'il reuiédroit après difner-.mais il fut huit iours làns reuenir, &enco
res n'y feut-il trouuer que redire.il reuint donc huit iours après : & à fà manière accouftu-
mee me vint flatter. Il apporta auffi auec foy trois grans volumcs,&plulieurs autresliures:
& me monftra la definicion de Sacrement que donne fainct Auguftin : me demandant fi
ielavouloycpas pluftoft fuiure que celle de Caluin. Bi. Il n'y a rien* différent entre les
deux,finon que celle de Caluin eft plus facile :&rne me vouloit permettre que ielaleuf-
fe.Ieluiaccorday quenousluiurions celle de fainct Auguftin . Apres il me monfrraque
monfieur Caluin difbit, qu'il eftoit necefîàirc que la promefle précédait le Sacrement: ce
qu'il difoit efere faux:&: leufmcs enfemblcles deux premières fèctions du chapitre des Sa-
cremens,oùil ne trouua que redire. Quand nous fufmesen la troifieme, d'autant queie
lui faifbye obferuer le tout,& qu'il n'y làuoit que reprendre, il quitta tqut:& me demanda
pourquoy iecroyoyepluftoft à Caluin, qu'à fainct Auguftin :&c que fainct Auguftin eftoit
fainct, Caluin ne 1 eftoit point.
L/wo VL Jean <&i orei
Bt.Ic n'ay iuré aux parolles de Caluin,& ne veux iurer aux parolles de S. Auguftin.D. Sais-
tu pasbié que S.Auguftincft Saind? çt.Ie ne fay,carie nel'ay cogneu.D.Tu vois que Cal-
uin parle lans authorité,quand il dit, qu'il fauc que la promette précède le Sacrement.
çt.S.Paul aulli le dit, Romains quatrième chapitre,difant que la Circoncifion eftoit ("eau
de la promelTe. Si elle eftoit feau, la promelTe preecdoit. D. S.Paul dit cela delà Cir-
concifion: mais il n'eft ainfi des autres Sacremens. çt. Il y a vne mcfme rajfon en tous
les autres Sacremens.& voila pourquoy nous difons que les Sacremens, que vous appe
lez ain(î,ne l'ont Sacremens,d'autant que la promette ne précède: corn medumariage.il
ma monftré vn partage de làind Iean Chryfoftome , où il dit que Chrift a change le pain
en Ion corps.çt.Ceft vn Sacrement que la Cène. Or S. Auguftin dicqucSacremenc eft vu
ligne viable delà chofe inuifible:fi c'eft le ligne vifible,cen'eft la choie inuilible.Car lcpaî
ne peut eftre le ligne,&: la chofe lignifiée.^ Mon frerc,qui cftoit prefét,rne dit qu vne pic-
ce de drap eftaleechez vn marchand,ellligne qu'on vend du drap,&fila mcfme pièce eft
drap.çt.Ccn'cftvne melme chofe. Car fainct Paul Rom.4.vle de cemotr^^. parlant du
ligne des Sacremens. mais en Grec, lignifie Seau : or iamais lefeau & la cholèlèelce
ce font vn meirne>mais deux:lcpain eft le lèau, le corps de Iefus Chrift eft la chofe feelee.
Car le pain nous alîèure queia chair de Chrift eft la viande de nos ames . Interrogué par
le Do&eur, fi les Minières ne font pas le melme qu'a fait Chrift aux Sacremens. fy. Ouy»
s'ils fuiuent fon inftitution. D.Nc crois-tu pas que Chrift ait fait ce qu'il dit en laCeneîila
appelé le pain Ion corpsedonc le pain eftoit fon corps.i^.Chrift a appelé le pain Ion corp^:
mais il ne s'enfuit qu'il l'ait tranflubftantiéen Ion corps. Dauantage, ilafaitcequ'iladit:
car tout ainfi que lès Apoftrcs ont mangé lepaincorporellcmcnr,amliont-ils mangé Ipi-
rituellement le corps deChrift,quideuoit eftre crucifié: lequel neftoitau paimautrcmét
il euft dit, Ce pain Ibit tralTubftâtié en mon corps. Il m'allégua plufieurs autres choies qui
EST. ne font que friuoles:auffi ne m'en Ibuuient-il pas fort bien. Mon frerc me dit q nous-nous
inte rru aDu^lons cn interprétant ces parollcs(ceci eft mon corps) 1 $ t , ceft à dire, lignifie ;Car,
uôtjubnlâ dit-il,nous ne voyons point de lèmblables locutions en l'Efcritu rc . Car ce que vous aile-
guez,Ie fuis la vigne,nc veut pas dirc,ie lignifie la vigne,ma!S ieluis la vigne, dont il a cftè*
parlé: car ceft autrecholé de dirc,Ie fuis vigne, &,Iefuis la vigne. Or il y aau texte Grec,
«5« 4* iittmtoe. S'il n'y auoit d article,il fc pourroit interpréter ainfi : mais puis qu'il y a arti-
cle, il dénote dcquellc vigne il parle. Autant en elt-il dit de (le fuis la porte)car il y a,V «V«
; wv'x». Et ainii eft-il dit," 3 tâoyçmt. Ceft à dire qu'il eftoic la pierre , delaquellc il auoic
efté parlé parles Prophètes, fy.. Il eft aulfidit™'"» ^ Cccy eft mon corps . Il
mercfponditquel'arcicle n y eftoit adioufté àcauièdtf^&nonpour vne dcmonftra-
tion. Et cela eft vne phralè que l'article eft toulioursadiointauec le pronom primitif»
Icluy refpondiqu il interpretoit mal, » $™î*1>Z «x^'ôi que fon interprétation lèroit bô-
ne s'il y auoit,**3*^ **f *: mais ainii qu'il y auoic, il faloit necelTairemet interpréter q ia
Pierre fignifioit Chrift. Il m'allégua plufieurs lieux dcsanciês Dodeurs,qui me tourmen-
toyentfort.Or auxinrerrogations delTuldires,cncorcs quefur Jechamp icnercfpondnTc
ce que i'ay mis, &c que fort Ibuuent icfufle ramené en mon cachot quafi vaincu : fi eft-ce
quequand icreucnoyc(car par huit fois ils ont parlé contre moy) i'auoyedeqtioy leur rek
pondre:tellement qu'ils difoyét,qu'il y cn auoit de ma lè£tc qu i me confeilloyent . Ce qui
n eftoit vray,car i'eftoye fcul au cachot de mon opinion : mais ilsnecognoillbycnt noftre
Maiftre Iefus Chrift,qui peut enfeigner lès difciples fans liures,fans air, &: fans voir.
Iv s qj e $ ici,mcs freres,ie n'ay rien dit contre ma confcicnce. Mon frère voyant qu -
il auoit perdu tout fon temps, taicha«à m'cibranler par autre moyen :& commença à me
remonftrer le danger où icftoye,lc deshonneur que ie luy feroye li i'eftoye côdamné, que
i'eftoye ieune,que ma mort ne profiter oit de rien,& que li i'efchappoye,ic m'en pourroye
aller à Gcneue,&: là eftudier,&: puis pourroye profiter: queles anciens Dotteurs auoyent
dit beaucoup de choies contre eequeie tenoye,&: toutesfbis n'auoyent efté damnez,
mefmes aucuns auoyentefté Martyrs: qu'il feroit tan t aucc les luges, que Ion ne m'inter-
rogueroitqucgcncralcment:&qu'enmcsrefponfès ie mille toufiours l'Eglife en auant,
fansainfircfpondreàreftourdie,comme iauoye fait quand on m'auok demandé en la
prdènee combien il y auoit que icn'auoye efté à laMelTe.car i'auoye refpondu, Ien'y
ay efté depuis qu'auoir cogneu qu'elle ne valoit rien :& fi promelTe de iamais n'y aller.
Monfrercme dit plufieurs autres chofes , dpnt ie fu fort troublé. Etpuis mon cer-
ueau,
Jean tMorel. jo/f.
ueau(qui eft boutique de plufieurs refueries) vit à faire beaucoup de difcours en foy. Ou«
rreplus Satan poulfoitdetoutelàpuilTancc, 6c talchoitde toute là force de me diftraire:
mais i'ay bien lent i combien c'eft vnechofedangcrcufedepreftcr l'aureillcàtelle beftc.
Car du commencement il ne nous propolè pas de nous faire trébucher du tout,mais pe-
tit à petit il talche à nous faire efcouler, comme nous cnleignc Dauid en l'on premier
Pfeaume. ^Tefcri ces choies, mes frères, afin quepar mon exemple foyezaduertis de
veiller:& que ïamais tant peu que ce foie, n e preftiez l'oreille à ce ferpent cauteleux.Petit
à petit donc ie commençay à m'efcouler, comme vous verrez.
Qv e l o_y e s iours après iefu mande' deuant meilleurs du Chaftelet:& premieremét
iefu interrogué parle Prefident en celle façon : Qui te meut , veu que tu n'as eftudié que
neuf mois, à difputer de la Religion, 6c vouloir parler d'aucuns points, où les Docteurs
font bien empelchez? «i. le ne me lins auancé à parler de la Religion. D. le lay que tu n'as
dogmatizé:mais quand monlïcur le Lieutenant t'a interrogué, tu en as fort mal refpôdu.
i^.Ie n'ay rien dit qui foit cotre l'Egliie, ni cotre les anciens Docteurs d'icelle. D.Ne crois-
tu pas que le corps de Chrift foit (ou s les cfpeces du pain 6c du vin après la côfecration? Ic
refpondi lafchement,le croy que quand ie pren de la main d'vn Preftre, en enfuiuant l'in - JJjJjj d"
ftitution de Chrift, du pain Se du vin , ie reçoy 6c mange vrayement le corps de Chrift : &:
lors en moy cftaccôpli,Qui mange ma chair, &: boit mon fang,il a la vie eternelle.D. Vas-
tu tous les iours à la McfTcrle refpondi, Non:non pas fimplemét, ains poureeque i'auoye
trop d'affaires . D. Il ne faut tant eftre empefché qu'on ne prie Dieu . . le prie Dieu en la
chambre. D. As-tu receu ton créateur derniercmetà Pafques?^-. Non. D.Tonmaiftrete
l'auoit-iidefendu,ou eftois-tu malade, ou mefprifes-tu ce facrem ent'Ie rcfpondi(non pas
franchement)Non,àcaufe des abus. D.Quels?^. D'autant qu'ils ne ladminiftrét quefous
vne elpece:&: il y a vn Docteur ancie qui dit, Que le fïmg ne doit eftre dénié aux gés laies,
pourlefquelsilaeftéefpandu. LorsIePrefidet fort long temps m'admonnefta, que pour
les abus il ne fe falloit retrencher de rEglilé.&: ma lafeheté fut,que ie ne luy di rien:& ainfi
merenuoya en moncachot,m'aduertiirantdepenfer àmacoufciéce. Dés cefte heure-la,
ie ne fu en repos de ma confciencc : ains eftoye toufiours fort tourmenté , ma confeience
m'acculànt.
Le Mardi xii.de Iuillct,iefu mené au Four-leuefque. Le Mecredifuiuânt,les trois qui
auoyent difputé contre moy,vindrét aucc mon Frerc,&: deux Greffiers, lefqucls m'inter-
yoguerent du Carefme, Purgatoire, Prières des morts , 6c inuoeations des Sain&s . le leur
contredi, comme auparauant. Quoy voyant mon frere,me tança fort,&: me dit tout haut
que ce n'eftoyent articles de foy,&: fi iemevouloyefairemourir pour ces choies. Les Do-
cteurs auffi m'accordoyent quelque chofe, afin que ie leur en accordafle. D'autre cofté
Satan faifoit fon effort, me propofanc ma deliurance deuant les yeux :&quec'eftoita(Tez
quei'eulfe defiâfait confelfion de mafovtantde fois: 6c que Dieu exeuferoitaifémentv-
ne petite faute en moy . Lors ic melailTay efcou 1er: 6c di mefehamment 6c malheureufe-
ment,quepuis qu'il eftoit ainfi que les anciens Docteurs approuu et ces chofes,ieneveux
aller à l'en contrevins crov auec eux que les fufdites choies font vrayes . Mais encore que
ie pcnfalTe auoir bonne exeufe, d'autant que ie lauoye que les anciés Docteurs iamais n'a- Quel dâger
i uoyentapprouué les chofes fufdites : fi cft-ce que i'ay fenti combien eft chofe dangereufe ^f^i^
de fonder la foy fur l'opinion des hommes, 6c vouloir complaire aux hommes, &: vferde Docteurs,
noftrefagefle. D. Quecrois-tu des facremens?i^.rcn croy autant qu'en croit S. Cyprian.
D.Et du lacremét de l'autel?^. l'y mange le corps de Chrift veritablemct&: de faict. D. Y
cft-ilprelèntîi^.Puis queiefy reçoy, ilfautqu'ily foir.O infidèle refponfc» l'eftovelorsdu
tout trcbuché,encores que Satan me couurift ma faute par vne intention intérieure, que
iedifoye de bouche,mais de cœur l'entendoyefacramentalement . En fin ie fi abjuration
de tout ce qu'ils appelent erreurs 6c herelîes , Satan toufiours me conduilànt , Se me met-
tant vne autreentente au cœur,quen'cntendoycnt mes aduerlàires. Puis pouracheuer le
comble d'iniquité,i'yadiouftay le ligne de ma main lafchc 6c traiftre.^ Or i cfcricescho- NotezCWc
fes,d'autant que plufieurs font telles rcfponfes , ne refpondans à fintetion ni à lademan- fticns-
de des aduerlàires : ce que les Chreftiens ne doiuent faire . Car toute refponfe ou feintife,
qui eft faite ou par crainte,ou pour quelque autre regard, par laquelle la vérité de l'Euan-
gile eft cachee,ou la parolle de Dieu mefprifce , ou l'in fidèle 6c ignorant confcrmé en fon
erreur,ou bien feandalizé, font de Satan autheur d'hypocrifie. Voila, mes frères, comme
Satan nous fait efcouler peu à peu. Qr voici deuant Dieu ,ie ne men point:incontinent
Q&.i.
Lime VL Jean ÀioreL
que i'eu ligne mes blafphemcs de ma main , mon figne me futeommç léchant du coq à
S.Pierre. Car incontinent que ie fu remené en mon cachot ( qui eftoit le pire du Four-l'e-
uefque)maconfcience commença à maceufer, fi que ie ne fauoye faire autre chofe, linon
de plourer & lamenter mon pèche. Mais ce nonobftant Satan ne cclfoit de me faite trébu-
cher de plus en plus,me proposant ma deliurâce : &: puis que i'en auoye allez fait, ie pour-
dcSxln™ roye encore à l'aducnir fairequclque choie:q Dieu eftoit mifcricordieux: que ie pouuoyc
bien aller à la Mené pour vnefois,làns y auoir le cceuntellcmcntque II le lendemain on
m'euft foheicé d'y aller,comme on a fait depuis,ie pèle que i'y fufle aile : tant Satan me te-
noit en les liens . Durant tels aiTauts,leiugement de Dieu me toucha h viuement , queie
nefauoye de quel codé me tourner, qu'il ne sapparuft deuant mes yeux : &c ièntoye délia
enmoy vne géhenne qui me tourmentoit:ie fentoye toutes créatures m'eftre contraires.
ce C°kf~ Maconlcicnce meredarguoiten cefte manière: Tu as renôcélelus Chrift, vfant de cefte
Word. hypocrilie,de laquelle tu as v(e:il te renoncera deuant Dieu l'on Pere . Tu as voulu làuuer
ta vie,tu la pcrdras,non point comme tu l'eu lies perdue,mais à iamais. Il eft a.» en TApo-
calyplè, que le feu eft apprefté aux craintifs &c infidèles. Or as-tu efté infidèle à ton Mai-
ftre,tournant le dos quand il faloit batailler.Parquoy il ne te refte autre klaire,que d eftrc
dechaiîé de la niailbn fpirituellcde ton Maiftre.Faloit-ilpour crainte des tourmens obéir
pluftoft aux hommes qu a Dieu ? Ne fais-tu pas queles tourmens de ce monde ne font à
comparer à la gloire aduenir qui nous eft appreftecîlems Chrift net auoit-il pas enfèigné
Calau.8. qu'il ^aut renoncer à foy-meijne pour le fuiure , &: qu'il faloit porter là croix ? Faloit-il-quc
tu t'amufaflesaux anciens Doîteurs,veu q tu eftoisaduerti, Que fi vn Ange du ciel nous
annonçoit aurre chofe, que ce que nous auôs au nouueau Teftament , qu'il fuft maudir,
& qu'il ne le faloit croire? Dieu ne t'auoit-il pas donné bonnes armes pour batailler, & pa-
rolles pour te défendre? &c ta lafeheté a efté fi grande , que tu as laifle le com bat, lors que
Match.14.13 tu eftois preft de reccuoir la couronne . Ne fauois-tu pas qu'il eft dit , Qui perfeuerera iuf-
ques à la fin, fera làuué?Ce n'tftoit donc rien de bien commcncencar la couronne t'eftoit
appreftee fi tu eufles perfeuerérmais le feu d'enter t'eft apprefté, d'autant q tu es decheut.
Te faloit-il pluftoft efeouter ton frère que.Iefus Chrift ? ne t'auoit-il pas aduerti , quequi-
conqueaimera plus fon pere, fa mere, lès frères que luy, il n'eft pas digne d eftre des liens?
Parquoy il ne te faut rien attendre aurre choie , que le iufte iugement de Dieu > qui eft ap-
prefté à toy 6l aux Anges qui lont decheus comme tu es. Que diront maintenant les infir
mes qui tecognoinent?Tu leur feras en Icâdalc biengrand: & cpédant voila Iefus Chrift
Matth.i8.<f qui dit,Quifcandali fera vn des pluspetis,uVaudroit mieux qu'on luy euft pedu vnemcu
lede moulin au col,&: qu'il euft efté ietté en la mer. Comment confifteras-tu deuant la fa-
ce du Pieu viuant, quand il te demandera l'vûiredu talent qu'il t auoit baille? il ne te faut
attendre autre chofe,linon qu'il te foitofté.Mais quoy?dcfia il te l'a ofté: il ne refte plus fi-
non quetu fois ietté aux lieux obfcurs, là oùily aura pleurs & grincemens de dencs. Que
diray-ie ? 11 m eft impoffible de raconter ce en quoy ma confeience ma redargué: tant va
que toutes ces chofes m'ont efté mifes en auant : &: ne fauoye faire finon que me delefpc-
rer. Car tant plus i'y penfoye , & tant plus ie fentoyc l'horrible iugement de Dieu . En ces
Tourmens tourmcns de l'eiprit,i'ay efté plus dedeuxfois vingtquacreheures,que icneufleoféleuer
c c pnc' mes yeux au ciel: mais i'eftoye toufiours com me collé cotre la terre. Et foyez aflèurez que
ces deuxiours m'ont plus duré,que n'ont fait les deux moisfuiuâs. Carie nefentoyenuL,
MiferkorJe lebenedi£hon en moy ni en faits, ni en dits,ains toutemaledidion. Cependant le diable,
^efaon111 {&jt bien aider de tous moyens, comme quand il nous veut faire trébucher, il nous
propofe." propofe la milèricorde de Dieu:auffi quand nousibmmcs tombezau bourbier(oùil nous
a conduits peut à petic,de mauuais chemin en plus mauuais)il nous laifte là,quand il voit
que nous ne nous en pouuons plus retirenmefme il nous môtcfurlescfpaules pour nous
faire enfoncer, iufqucs à tant que nous lbyons engloutis de cefte bourbc.Car il nous pro-
pofe le iugement de Dieu , nous voulant môftrer qu'il eft impoffible que Dieu nous puif-
le pardonner. 11 me tenoit donc en cefte manière, afin.que iamais ie ne peu lTe regarder en
hautopourinuoqucrleNomdu Seigncur,le Dieu des affligez: comme s'il m'euft dit, T>en-
fes-tu que Dieu te puifiepârdonner?Ne fauois-tu pasbien qu'il auoit dit, Siaucun pèche
Hcbr.io.i<? volôtairemét,apres auoir cogneu la vérité , il nerefteplus qu'vneattétcdu iufteiugcmét
de Dieu?Ne làuois-tu pas bié qu'il ne faloit abufer de la mifericorde de Dicu?Efau,Saul>a-
pres le péché ôt crié, mais ils n'ôt efté exaucez.il a bié fait mifericorde à Pierre, & à autres
de no*
JeœnMoreL joj
denoftre téps:mais penfcs-tu qu'il te pardonne pluftoft qu'à Spera,quiauoit renié Dieu,
côme tu as?Penfez,ie vous pric,qucl tourment'cft ccftuy-ci: car ie ne fâuoye que faire finô
Guemedefelperer.Etccn'eftiàns caufequerApoibedit, qoec'eft vnechofe horrible de Heb.1e.3r
tomber çn la main du Scigneur.Mais celuy qui eft toufiours tant propice aux liens, &: ne
foufrre^u'ilslbycntfrojiTcz^ncores qu'ils tombent,m'aconduitiufques aux abyfmrs des
threfors de là mifericorde:m'afTeurât qu'il m'auoit pai dône mes exécrables pechez;&en-
core qu'ils fuiTent plus rouges qu eicarlate , toutefois qu'ils eftoyct deuat luy plus blâcs q ConCoktj6
neige. O la douce & amiable voix:ô q môcœurs'eftre(ïouy,voyatccbôPerem ebraffer, apre»dcfe-
encores que i'eufîe efté enfant prodigue & delbauché.Incontinét que i'ouy cefte voix en fPoir-
mon efprit,mesos,&: ma force déclinée commencèrent à fe renforcer. Lors ie cômençay
à leuer mesyeux au ciel, &: àchafîcr loin de moy tous mes ennemis, voyant que Dieu me
vouloit eftre doux &propice;& au lieu qu'au parauantie n'ofoyemadreiTerau Seigneur:
lors(s'il faut ain ii dire)priuément ie deuifoye aucc lui,le cognoiiTant eftre mon Perde ne
doutay de luy confefler mes offenfes franchement, &c luy me confoloit côme vn bonPe-
re:m'aduertiuant que d'orefenauât il fouftiendroit ma main:& que cela m'eftoit aduenu,
afin que iecogncuiTe mieux que ce n'eftoit par la force démon bras que iegagneroyela
É>ataille,mais par fà feule puiflance.
O r ie vous prie,mes frères, que ie vous foye vn exemple du iufte iugement de Dieu:a- ^Jj^s
fin qu'ayez à vous armer contre telles tentations, pendant quauez le temps d'ouir lapa- parionçxg..
rolle de Dieu,par laquelle feule il vous faut fortifîer.Gardez que ne m eipriiiez cegrad be- pic.
neficedeDieu,qui vousfufcite&: votisenuoyedcfesfcruiteurs , qui abandônent leur vie
pour vous.Que fi les mefprifez,fachez que ce fera à voitre confùfion & ruine.Ie fay q plu-
sieurs ne tiennent grand conte de celle faincte Parolle . Mais que ceux-la entendent, que
Iefus Chrift parlant des Miniftres qu'il enuoye,dit,Qui vous mefprife,il me mefprife. Or Luc iojs
fi vous mefprilczleFilsdeDieu,il vous mefprifera. D'autres craignent la periècution,&:
ne veulent vfer de la médecine laquelle nous fortifie cotre icelle perfecution , qui eft l'E-
uangile. Là ils apprendront,que la perfecution eft la marque des Chrefties,&: que par la
perfecution nous fommes cogneus enfansdeDieu. Car Chrift dit,S'ils m'ont perfecuté, Ican W
ils vous perfecuteront aufïîxar le feruiteur n'eft pas plus grâd que fon maiftre. S.Paul auf- ^ ^
fi dit,Il ne nous eft pas feulement doné de croire en Chrift,mais aufifi de foufFrir pour luy:
fachans pour vray que fi nous fouftrons auec luy,nous régnerons auec lui:car nous ne cô-
Jbatons point comme eftans incertains , mais tout afïeurez de la victoire: veu que Chrift a
vaincu nos aduerlàires.Pareillement S.Iean dit, Vous lèrez hays du môde,car vous n'eftes Ican 1JJtf 1
pas du môdc:& auffi le règne de Chrift n'eft de ce fiecle . Si nous voulons eftre cohéritiers
de Chrift au royaume de Dieu,ne craignons la perfecutiô,ni la croix de Chrift nôftre Ca-
pitaine , veu quec'eftl'enfeigne fous laquelle il nous faut batailler . Ne craignons aufli les Louange deè
prifons, veu que cefbnt collèges, où les enfans de DieuapprennentJaleçondelcurPere, pnfon**
&c Maiftre. Aux prifons, on cognoift Dieu eftre véritable en fes promeiTes.Et encore que
vous les ayez entendues &c expérimentées en diuerles aduerfitez , fi eft-ce qu'en la prifon
pleinement il fedecla|eà fes enfans. Là il leur donne force pour furmonter les ténèbres,
lapuanteur,les liens,lafain^lalbif,lefroid,iesiniures,moqueries,batures,&iùbtilitezdes
ennemis de verité,les tourmens,tortures, queftiôs, &c autres chofes qui tous les iours leur
font propofees. Bref,ces prifons font ieux d'eferime , où on cognoift tous les coups quefa-
uent ruer la chair,le diable, le monde:&: y apprend-on ce du grand Maiftre, qui nous don-
ne le vouloir,la feience, &: le pouuoir à les repouiler . Que perfonne donc ne craigne plus
d'eftre emmené en prifon,veu queceft le lieu où Dieu defploye pleinemét fesgraces. En
prifon,les Princes& grans feigneurs trouucront Dauid : les femmes y verrôtludith,mct-
cant en dager (à vie pour la querelle du Seigneur : les vieils y trouuerôt Elcazar: les Ieunes
y trouucront Mifach,Sidrach,& Abdenago,& îcs fèpe enfans qui font au liure des Macha-
bees,auec leur mere.Les Miniftres de Chrift y trouuerôtDaniel,&: S.Iean Baptifte décol-
lé: bref,tous y trouueront les Prophètes &: Apoftres,voire pour vne mefme querelle . On
y voit Abacuc,apportant à manger au Prophète: on y trouue Iefus Chrift enueloppé de
badelettes.Pourtant ne laiifons d'aller efcoutcrl'Euagile pour crainte d'emprifonnemét.
car en prifon nous fommes exempts de crainte de rencôtrer les idoles parles rues. En pri-
fon vous n'auezles tentations du monde deuantles yeux : vous y pouuezlibrement prier
Dieu, &£ cliantcr Pfeaumes au Seigneur : tellement que les ptifbns font bien fbuuent plu-
ftoft EgUfcs , que priions: comme dit fàind Hilaire, qu'on oit pluftoft chanter Pfeaumes Note^ .
Liure VI* Jem Motel.
aux priions qu'aux Palais. Aux priions on cft accompagné des Apoftres& Prophètes, qui
font auec nous condamnez, trainezau fupplice, tuez, moquez, eftimez les ordures de ce
mondc jvoirc mefme Icfus Chrift Roy des regnans, &t Seigneur des feigneurians. D'oreL
enauantdoncnecraignons d'aller au combat, veu que nouslommes accopagnezdetant
de vafllans Capitaines, qui ont combat u lous lenlcgne de la croix de Chrift.Courons au
combat,{'uiuans noftre Capitaine Ielus Chrift : Ibrtons hors des tentes après luy, portans
ion opprobre. Ne craignons point d'eftre attachez à la croix , fachans que noftre loyer eft
preft,& que bien toft nous-nous ri polerons dcnostrauaux.Rcfulcrons-nous vne gloire,
qu'oeil n'a vcué",n'oreilleouye,necceur entendu ,craignans d'endurer l'eipaced vn quart
d'heurt rEt nous voyons les mondains s'expolbr en plusgransdangers ,pour vnecourônc
Couronne corruprible.On en verra beaucoup, lelquels après auoir refufé celle tant fouhaitable cou
ronne,de crainte d endurer vn quart d heure, leront beaucoup plus tourmenrez en leurs
maifôs melmes,foit par maladies,ou autres affliftiôs.Orle Dieu, qui nous a appelez pour
côfelTer Ion fainft nom, nous facelagracedc recognoiftre l'hôneur qu'il nous fait: &: nous
vueille fortifier en tout& par tout,afin que nous puiflions vaiUammétrefifterauicfurdii
combat:efleuansnosycuxauciel,àlagloirequi nousy eft appreftee de toute éternité,
Ainfifoit-il.
E a n Morel s'eftant porté en cefte façon deuant le iuge Criminel du Chaftclct de
]§fu£$ Paris,futcondâné d'eftre mené deuant l'Official,pour faire abiuration,&:eftrecon
treluy procède par voyes eccleliaftiques: comme defiala couftume eftoit de les réuoycr
là,fclon l'editt dernier du Roy . Et penfoit ledit Lieutenant, que le courage luy feroit du
toutfailli ,& qu'il feroit volonriersce qui luy feroit enioint par l'Official pour elthapper,
&: ainli qu'il auroit les mains nettes de ion làng, ne l'ayant condamné à la mort. Mais il e-
ftoitdeliareuenuàfoy,deliberédenerienfaire,quinefuftàla ruine du royaume de l'An-
techrift.Etpourtant,depeur qu'en refpondanrdeuantf Officiai, il nefuft veu approuuer
Mord me- iurifdi&ion tyrannique,qu'ila vfurpcefurlcmagiftrat Ciuil, ilappeladelafentencedc
ué i la cô- renuoy:& fut menédtoitàlaCôciergeriedu Palais,& mis auec autres feruiteursdeOieu,
ciergerie. pionniers pour cefte mefme cauiè,qui luy accreurent le courage dt la moitié. Tous en-
iembleauoyét vn grand defir de m anirefter noftre Seigneur Ieius Chrift aux li ges, &ù fai-
re quelque profit pour 1 auancement delà gloire de Dieu:mais pource que leur eau le cô*
mençoit défia d auoir quelques defenllurs en la Cour, &: que mefmc les ignoras ne trou-
uoyentaflczderaifonspourles condamner,on n'olbit toucher à leur procès. Ainfi ievoy-
ans enierrez là vn fi lôg tem ps entre les murailles des prifons fans rien faire,& fans qu'au-
Excrciccs cun fru^rcu'nft.^ perlbnnc du talent que Dieu leurauoit donc, ilsdelibtrcrétdefèfai-
notabics<?es re entendre au trauersdes portes & fencftres,àgr;ms cris & haute voix:& parler les vns a-
fîdd«QiCrS Pres 'es autres ^c*a paro^e^e Dieu, tellement qu'ils peulîentc ftreouis de ceux de dehors,
au moins pour auoir quelques teimoins deleur créance. Leur cachot y eftoit tout propre,
ayant deçà &c delà quelques endroits,dont ils pou uoyent eftre entcndus.Ceftoit au mois
, de Nouèmbrc.Us faifoyent les prières qui lont ordinaires auxEglifes , chantoyentPfeau-
mes,& expofoyentquelqr es points de 1 Efcrirtuerdcnnansàentendreaux efeoutans l'-
innocence de leurs caufes. Le bruit c n fut incontinent par la ville: &: fe trouuoyent par les
galeries du Palais & autres licux.plulieurs pour les ouir : les vns eftoyét gaignezfur l'heu-
re: les autres confermez, & plulicurs efmcus de s't nquei ir plus auant delà vérité dès chou
fes. A la fin vn Conlbilk r delaCour les avant ouys,cn fit rapport au premier Prelîdent,
qui en fut bien fafchc. Et fâchant que Morel y eftoit des premiers , il enuoyc quérir de co-
lerefon procès (cncorequelacognoilfanccen appartinft àla ChâbredelaTourncIlc)&
commandaà vnConfeilJerdes en tenir preft pour lelédemain . Morel donc àceftefurie
fut mandé:& fie telle Confeflion d'vn cœur ioycux &: franc,qui s'enfuit, venuede fà main
comme la précédente.
Me s freres,pour continuer mes refponfes,leMecredï x 1 1 1 r. de Decembré,ie fuma-
dé par deuant meilleurs les Prelidcns, &: plu fleurs Conlcillcrs , en la grand' chambre do*
ree. Le premier Prelidét méfîtiurer que iediroye vérité : joignant les mains &r eficuat les
yeux au ciel ic dy ,1e protefte auiourdhuy deuant Dieu q ie vous la diray: &: puis qu'il luy a
pieu m'appeler deuant vne tant noble côpagnie, pour rcdretcfmoigna^c de ma foy,ielui
prie qu'il me face la grâce que i'en puifTe faire vne entière confeflion , &: fi bien q tous co-
gnoiifent q ie ne fuis hérétique ne fchifmatiquc,mais Chteftié. Mcfaifant ceffer ma priè-
re, me demâda, Crois-tu en DieuîR. le croy en Dieu le Pere tout-pu iftant, créateur du ciel
&de
Jean tTtforel. joô
&: delà tcrrCj&c. D. Crois-tu au fàind facremét de l'autel n^. Moniîeur,qu:il vous plai-
fe me duc ce que vous entendez par le faind Sacrement de l'autel. D. Crois-tu après
les parolles lacramcntales proférées , que le corp^ de noftre Seigneur foit en la Mcflcï çt.
D autant que laMcflen'ëfticlon laparollede Dicu,&.rinftitution delefus Chrift, iene
croy point que le corps y foit,ncla mémoire d'iceluy: mais bien ie croy que receuansdu
pain 6c du vin delà main d'vn Miniftrc,preftrc,ou pafteur prcfchantla parole de Dieu, 6c
iliyuant l'inllitution de lelus Chrift, comme elle cil récitée en l'onzième de la i . aux Cor.
iercçoy véritablement 6c de raid le corps, & la chair, &lclàng de noftre Seigneur IefuS
Chrift, Ipi rituellement, parvne vrayeSÏ viuefoy, par l'opération du faind Elpnt :1e pain
demeurant pain,&. le vin vin, comme l'eferit îàind Iean Chrylbftome en l'epiftre.td Côl\a-
nummona(hum,6c Theodoritecnfon fécond Dialogue. D. Faut-il communiquer Tous les
deuxelpeces? Ouy, comme le dit Gelafe,&faindCyprian. D. Tune crois donc la
Traniîubftantiation. i^.. Si le lacroyove Jecontrcdiroyeau dit des Ar.ges, Ad.i.&T au dit
de faind Pierre, Ad.$. qu'il faut que le ciel rcçoiue lelus, iniques à la reit au ration de tou- ConfcCvor,
tes choies. D. Crois-tu la Confefsion auriculaire ? rçt. D'autant qu'elle n'eft fondée fur la ««neulaire.
parole de Dieu, lenela croy point. Carc'cft vn blafphcmc de dire que nous pmfsionscô- pfçaJ,.1Ti
{effet tous nos pechez,veu que nous fommes ii grands pécheurs : &: que Dauid dit mel-
me,Nettoye-moy de mes fautes cachées. Et puis, li Neftonus cuefquede Conftantino-
ble l'a abolie pour vne paillardite>combié s'en commet-il auiourd'huy fous ombre de ce- J™ôte°S
fte confefsion auriculaire? Mais ic croy bien trois iortesdeconfefsionsda première eft,de
nous recognoiftre pécheurs de uant Dieu,& lay demander pardon , luy confefTans nos
péchez: la féconde, quand nous auons quelque fcrupulede conlcience,ilnous faut con-
ieilleràvn Miniftre,ou autre qui nous pourra conlbler: la troiiîeme, quand nous auons
offenfe quelqu'vn,il nous faut ieconcilier,Iuy côfefTans lofîenle. D. Et de l'extrême On-
dion qu'en crois tu ? Ne fais-tu pas ce qu'en dit iàind laques? y.. Elle eftoit en vfageen la
primitiueEglifc:& noftre Seigneur corn mandoit aies Apoftres d'envier, commeileft
ditau 6. de faind Marc, Allez,gueniîez,oignans d'huile. Mais maintenant les Miniftres
n'ont ceftepuiflance de guenr:&: pourtât ils n ot q faire d'vfer du ligne D.Côbien crois
tu deSacremens?^.. Deux,le Baptefme& la lainde Ccne.D.Que crois-tu du Baptefme?
y., le croy que tout ainii queie fuislaué extérieurement de l'eau , aufsi intérieurement ie
fuislaué de tous mes péchez au fangdclel'us Chnft, par l'opération dulaind Efprit. D.
As-tu efté àGeneue?^.. Ouy,monlieur,iyay efté huit iours,& m'enfuis retourne' en ce-
fte ville,pource que n'auoye moyen de m'entretenir là. D. Qui t'a appris toutes cescho
fes?i$t.Ie les ay apprinlès parlaleduredu vieil 6c nouueau Teftament.Et la mauuaife vie ^^j^
des preftres m'a fait douter de leur dodrine. D'auantage i'ay veu la grande conftance de tyrs bruOcz
ceux qu'auez fait brufler>&: qu'ils auoyent la lague couppce:cela m'a fait enquerirde leur en la place
dodrine: principalement voyant la conftance de ces deux ieunes gens , qui ont efté exe- Mauberc-
cutez les derniers en la place Maubcrt,i'en ayefté mcrueilleulementconfermé:mefme ucor^js
voyant ccqu'ih difoyent eftre conforme aux Efcritures faindes. D. Qui font tes compli-
ces?^ .Tous ceux qui font vnis en vnemefmefoy,L.oy,&Baptefme, &: croyenten vn mef
meDieu. D. Quecrois-tu du Purgatoire? y., lecroy que nous fommes purgez par le
précieux lang de lelus Chrift, comme dit laind Paul , Vous aucz efté paillards , la rrons,
6cc. mais vous en eftes lauez,mais vous en eftes fandifîez,mais vous en eftes îuftifiez par
lelangdu Seigneur Ielus,&: paiTEfpritdenoftre Dieu. D. Tu nous as dit ci dclîus que
nous fommes iigranspecheurs,cjue nous ne laurions eftre fans offenler Dieu. çt. Aufsi
Dieu nous a promis que tou te.< fois 6c quintes que le pécheur le conuertira à luy , il luy
fera pardon. D. Pourquoy n'as-tu voulu allci dcuantl'Euefqucî'j^. D'autant que iene le
recognoy pour mon luge: mais bien vous,mcs treshonnorez Seigneurs. Et puis il y auoit
en ma lentence que ic feroye abjuration des papolcs par moy prorerees,ce que ie n'eulVe
iamais fait. D. Pourquoy n as tu perfifté en ce qu'auoisconfelîe âufourl'Euefque?R.
Voici ie protefte deuant Dieu que ie ne mentiray point :c'eft que i'ay lènti le iugement
de Dieu fi afprc fur moy, comme Ci i'eulîe efté délia damné, à caufe que i auoye renoncé
Iefus Chrift,cncorcs que ce ne fut abioluement. D. Quas-tu fenti depuis? R. I'ay fenti
que Dieu m'a pardonné ce mien forfaid,leS. Elpric m'en rendant telmoignage : li que
maintenant ie necrain la mort par la grâce de Dieu. J>. Ne penfes-tu point qu'on t'efpàr
gnera, 6c qu'on ne te fera pas mourir à caufe de la îeunefle? R. AiTeurez-vous,Mclsieiii s,
queiem'atten bien de mourir: maisi'efpercparlagiace de Dieu, que pour eclavousne
^ean^Morél.
Le langues
Martyrs fe-
mcnce Je 1'-
Les liurcs
des iMachx
Prière.
Argument
fur la mau
ducation
du corps.
Mc/Tc,
me ferez point renoncer mon Seigneur Icfiis Chrift. Car icfay,qucccluy qui lercnôcera,
fera auffi renonce de luydeuâc Dieu le Pere,&: deuatfcs Anges. Et vous voycz,Meliïcurs,
combien vous en auez fait mourir: &: toutefois vous cognoiiTczquc n'vgaigncz rien : car
pour vn que vous faites mourir , il en renient mille: pource que ( comme dit Tcrculiian)
le lang des Marryrs,eft la femence de l'Eglife. Lors l'vn des Prciidens v fa de menaces, me
difant, qu'on mecor.pperoitlalangviCj&les doigts. R. Quadvousmc coupperiez la lan-
gue^ le bout des doigts &c des pieds, &£ m'efeorcheriez la tclte,i'ay efpoir(par la grâce de
Dicu)quei'cnfuyuray les enrans,dc(quels il cft parle aux liures des Machabccs. Ht voicy,
Meffieurs>vn grâd ligne que noltrc doctrine eft véritable, pource que toutes les forces du
mondenclapcuuent opprimer. D.PalIbns outre: Crois-tu la prière pour les trefpaffcz?
R. D autant qu'elle n'eft fondée en l'Efcriture,ie ne la croy point. D. Il en cft parle aux
Machabccs, lclquels tu ne peux rcictter,veu que tantoft tu les as alléguez. P . Sainîl Iero-
me dit qu'on les lit en rEglilé,non pour côfirmation de dodrinc,mais pour les beaux exé-
ples qui nous y font propofez. D.Ne lais-tu pas que tous ceux qui difputent, ou parlée de
la (àintteEtcnturc, font hérétiques? Ri. le n'ay point parlé de la iàin&e Efcriture, li-
non cômelecommandci'Apoftreaux Hebneux audouziefme chapitre. Et fa in d Pierre
nous aduertit d'eftre toujours prefts de rendre raifon de noftrefoy . Or comme plufieurs
autres propos ledifoyet (defquels il ne meibuuiét) ils me diret, quec'eftoit l'efprit du dia-
ble,qui me raifoit dire ces choies. R. Ccft l'Efprit de Dieu :car S.Paul, i .Cor. iz.dit,Peribn
ne ne peut di re Iefus cftrc le Fils de Dicu,finô par l'Efprit de Dieu. Et comme on me vint
prendre pour me remcner,leuant lesycux au ciel, &: ioignant les mains, ic di, Scigneur,ie
teren grâces de ce qu'il ta pieu me faire ce bié, que l'aye fait vne telle Côfcffion de ta Vc-
ri té: qu'il te plaife me fortifier tellement que ielapuiiTefoufteniriufques à la mort: vueil-
les-les auffi illuminer par ton faincl: Efpnt, Amen.
A l'heure mefme iefu redemandé:^: k première interrogation fut,fi ie ne me vouloyc
pas réduire, r .le fuis tout réduit par la grâce de Dieu :&: puis que tout ce qu e i'ay dit eft fé-
lon la faincte Elcriture,i'y veux perfifter . Ils médirent (ie ne fay à quel propos ) Si le corps
de Ieius Chrift n'eftoit au pain, nous {étions idolâtres. R. Pour le moins vous y adorez vn
morceau de pain.Ils m'alleguoyent que tant de Docteurs anciens parloyent contre ce que
ie difoye.Ie leur alleguay d'autre cofté, que plufieurs faiibyent pour nous: 6c fi i'eftoyehe-
retique,qu'il faudrait que faincl Pierre &: S. Paul le fulfent auffi : carie croy tout ce qu'ils
m'ont cnièigné.D.Et quoyî tu necrois rien. R.Ie croy le Symbole des Apoftres, celuy de
Nicene,6cd'Athanafe.Ie croy le vray Purgatoire fait parlelangdclelus Chrift, & renon-
ce au faux,inuenté par les hommes:bref,ie croy tout ce qui eft elcriten la fain&e Efcritu-
çe,&: renonce a toutes les traditions Papales inuentees depuis milleou onze cens ans.
P l'y s i e vus autres propos confus furent mis en auanr.lefquels finis ils comman
derent que icfulfe mis tout feul. le leur di que ienepourroye eftrc mis en aucun lieu
tout feul, d'autant que ie m'aiîeuroye quel'Efprit de Dieu m'accompagnera toufiours:
ce q uc fay bien expérimenté . Pou r la troiiiem e fois, fur l'heure mefme on me mena de-
uant vn Prefident,& quelques Confeillers: &c après plufieurs parolles de fîatcrie, il rentra
en ladifputedu Sacrcmét,où ierecitay plufieurs paifagesdesDoâ:eursanaés,q,admettét
figure en ces parolles, Cecy eft mon corps:tellement qu'il me lailfa,&: s'en allaîàns me di-
re vn feul mot.^Finalement ie fu mené en la meimechambre deuant les gens duRoy,&:
la mefme dilpute du Sacrement fut recommencée .Apres plufieurs argumens ieleur re-
monftray fi le corps denoftre Seigneur Iefus Chrift cftoit ioinct au pain , que Iudas l'cuft
mangé,&: par ce moyen fuft lauué,&:quelelèmblable(èroitdesreprouuez.Ilsme dirent
que ievenoyeauximpoiïîbilitcz.Ie relpondi quec'eftoit vne réplique de Sorbône.Et leur
demanday fi le corps de Iefu s Chrift eftoit ain il au pain , pourquoy ils chantoyent Surfim
cW<*,cllcutz vos cœurs en haut.Cc propos fini ie leur di que fi noftreReligron eftoit prel-
chccil n'y auroit tant de voleurs & brigans en leurs prifons.Ils me dirét que prefque tous
les voleurs eftoyent Luthériens. Ri. Meilleurs, c'eft en vos priions qu'ils font inftruits par
les noftres:£c c'elt vn grand fignoqucnoftrcdo&rinceft veritable,quand vous voyez (co-
rne dit Lactance)d'autant plus qu'elle eft oppreiTec^nes'augmente.Mefmcs cela déclare
bien mô innocence,que vousm'ofrrezlibetté fi ieme vouloyedcidire: mais i'aime mieux
que vous me faciez mourir , que de faire choie contre ma confeience. D. Tu neveux doc
pas aller à la Mcflc.P/.Nomd'autant que c'eft idolâtrie. D. Q_u'appelles-tu Me fie? Rt. Les
docteurs Sorboniques dilènt que c'eft vnfacrifice propitiatoire tant pour les viuansque
pour
Jean tMorel. jo?
pour les morts. OrrApoftrenouscnfeigne,queIefus Chriftparfonfeulfacrificea fandi- Heb.10.r4
fie à perpétuité ceux quicroyét.Puis 1 c jnclud, Où il y a remiffion de ces choies (aiîauoir Hcb- l0-LS*
des pechez)il ne faut plus doblation pour le peché. Ils me dirent que l'Apollre parloic
<le5rff#-/^fiocr«e»fo,ceftàdire,lacrificedclâng.çt. Les facrifices aucc lang finis en lefus
Chrift,il neft plus parlé en toute l'Efcriture laincte d'autre fàcnfjce que d'adion tic grâ-
ces. Lors s'enallans me difoyent que ieftoye ignorant. Ri. Qupy que ce foie, îeiày noitre
Seigneur lefus Chrift:, &iceluy crucifie' pour mes pcchez,& m'en contente. ^ A in fi fus
remené, Se mis en vn cachot fi eftroit,que ne me poiiuoyecoucher:& y fus iufqûes au len
demain quatre heures après midi :& de là on memenaàlacourd'Eglilé,fans queielcuf-
feoùi'alloye.
IV AOk e l ayant fi heureufementrcfpondu en pleine Cour, Se par plufieurs fois, tout
*• Vn viïiour, il fut dit que Ion appel feroit mis au neanc , Se lecoit nu né deuant f Offi-
cial,poureftrearenconticdc luy procédé, fuiuant la fentencedu Lieutenant criminel.
On s'cfmerueilloit qu'ils ne lauoyent condamné à mort: toutesfois il auoit parlé fifran
chcmcnc& de telle force qu'ils ne fauoyenc tous qu'en faire:&: plufieurs confelîbyenc
qu'ils n'y voyoyent caufe de mort , conuaincus de la maiefté delaquclle il parloit : telle-,
ment que la diuedité des aduis,fut caulé qu'il fut ouy par tant de fois: ce qui eftoit choie
nonaccoultumceenladitechambre.A la fin pour s'en defpcfcher,ils ne peu rét faircau- prcmle"?"
trechofe, que de confermer la fentencedu premier luge. Orles nouuelles deceftecon- gecôfcrmee
{lance fuient incontinent femees par tout, mefmes parles Confeillers qui enfaifoyent
les contes,commed'vnechoremerueilleufe:qu'vnieune enfant en laprefence de ceux
qui ne demadent que la mort de les femblablcs , d vn tel cou rage &fauoir euft maintenu
cefte doctrine tant odieufe.Et cela ne fut point fans vn fruid merueilleux à toutel'Eglife
de Dieu. Il fut donc mené deuant rOtfîcial , continuant toufiouts en celle confiance.
Quant aux interrogatoires qui luy furent là faits,il nous en a lauTé quelque commence-
ment par eferit : mais la mort l'a empefché d'elcrirc le tout : fi peu toutesfois qu'il y en a,
fera foy de tout le relie.
L e x i x.de Décembre iefus mené deuant l'Official en fa maifbn. Premièrement co-
mandant de mettre la main fur vn liure,'medit . Tu iures par les faindes lettres que tu di-
rasverité. Apres auoir regardé que c'efloitvn P(àuticr,ic di, le iure par le Dieu viuarit, ifa.T9.tJ.
comme il nous eft commandé par Efaie:toutcroisie ne fay point de difficulté de mettre kre-4-*.
la main fur la faindeEfcriture.il m'a demandé beaucoup de choies qui neferoyentque
brouiller le papier. D. Aquelleintentiones-tualléàGeneue^Rt. Pourvoit la bonne re-
formata de l'Euangileucnten en rinterpretation,& pure predK^ pureinuoeation
dunomdeDieu,&adminiftration des Sacremens. D. N'as-tu pas ouyprefcher pure-
ment TE uangtle en Ftance? As-tu ouy prefeher autrement que ne font ceux qui prefchét
publiquement? Ri. Ouy: mais ic ne vous defigneray les lieux, ni les perfonnesquefy ay
veuesmi ceux queiyay ouy. D. N as-tu pas îuré dédire venté? r>. Icl'ay iuré,&aufsi
ie vous l'ay dite:mais ce neft pas à dire que ie vous doyue aceufermes frères : car cela ne
vous feruiroitderien,finon de les tourmenter,comme vous me tourmentez. D. Ileftdit M***"0,
en l'Euangile, queccux-la font bien-heureux qui Ibunrent pour iullice: Se pourquoy
veux-tu denier cefte benedidiô à tes treres? Rt. Véritablement ie nVeftime bien-heureux
de fouffrir pour la querelle de Iems Chrift :mais ce neft à dire qu'ilfaille que i'aceufe mes
frères : Se encores que vous m'arrachilsiez auiour d'huy vn membre , Se demain l'autre , fi
eft-ce que par la grâce de Dieu ic ne vous nommeray aucun de mes frères. D. Enquoy
eft-ce que les Dodeurs& moines ne prefchét purement? Rt. D'autant que par leurs faufw
fes interprétations ils impotent de gros fardeaux au peuple, lclquels ils nevoudroyent
toucher du doigt: ils annoncent vn autre purgatoire, que celuyfait parle fang de lefus
Chrift: ils enfeignent qu'ily a d'autres aduoeats, que lefus Chrift, combien que fainct
Pauldife,qu'ily avnMoyenneur de Dieu& des hommes ,Sec. lime répliqua que cela i.Tim.i.j.
s'entendoit de la reconciliation, & non de l'intercefsion. Rt. Il n'y a aucune différence
entre reconciliation &:intercefsion.Saind Auguftin déclare ceci bien apertemétfurl E-
piftre première de fairtdlcan, où ileftdit, Si nous auons peché,quc nous auons vn Ad-
uoeat lefus Chrift le lu fte. Saindlean,ditfaind Augullin,vfédc ces mots ,Nous auons i.ican",
vn Aduocat,& non pas, Vous auez vn Aduocat, fe mettant du nombre . Il m'a dit qu'il
nous eftoit commandé de prier les vns pour les autres :8e ainfi , qu'il y auoit plufieurs
aduoeats. Bt. Ce que nous prions , neft point pour intercéder les vnspour les autres:
Linrt->VL fan Mord.
mais pour dcmonftrcr la charité que nous auons les vns aux autres -.comme faindPaul
prie pour le peuple le recommande aux prières du peuple. Aufsi faind Auguftin dit,
que toutes nos prières ledoiuent adrelfcr au Chef, airauoir Chrift. Et contre Parmeniail
il dit,Si laind Paul cltoit aduoeat, les autres Apoftres lelcroyent aufsi. Ce qui ne couien-
droit point à ce qui eft dit, qu'il y a vn Dieu, &vn Moycnneur de Dieu & des hommes.
LorsrOfficiaiinedit,qu'ilueftoitqueftiondcdifputCt , mais qu'il m'ameneroit vn Do-
deur: ce qu'il Ht vn mois après, airauoir le Pénitencier , lequel m'apporta finalement ce-
fte belle relponfc, Que quand faind Paul ditqu'ilyavn Dieu &: vn Moycnneur , Vn, en
ce heirvaut autant que principal, comme ii on difoit, En la Cour il y avn aduoeat, pour
dénoter le plus excellent, iu. S'il eftoitainfi comme vous me dites, ie concluroye qu'il y
auroit plulieurs dieux: car il dit, Il y a vn Dieu,&: vn Moycnneur. Mais tout ainli qu'il n'y
a qu'vn Dieu,aufsi n'y a_il quvnMoyenneur.il m'allégua lehuitieme des Romains, l'E-
lprit fait requefte pour les Sainds:&: ce, penfant touliours prouuer la pluralité d'aduo-
cats. y.. Il ncs'enluitrien décela: car faind Paul n'enleigne autre choie en ce lieu la, fî-
non quel'Elprit de Chrift qui habite aux fidèles, lesinciteà prier Dieu. Pour rcuenir à
l'Official, il me demanda s'il ne faloit pas obferuer le Carefme. ^ D'autant qu'on y attri-
bue le leruice de Dieu , il n'eft à obleruer: car làindPaulColof.i.nousenlcigne de nous
garder d'eftrefeduits par les commandemens des hommes,qui font,Ne mage,negoufte,
nctouche,&:c. Ce qu'il déclare plu s amplement en la i.àTim.a.L'Efpritditnotammet,
&c.Hmcditqu'ilsnefaifoyentcela par leruice, ains par obeiflance. fy.. Où il n'y a de cô-
manden.ent, il n'y a point d'obeiflance. Cependant ie confelfe que le Iufne eft bon &c ne-
ceiTaire aux Chrefticns pour refréner la chair:mais on n'en doit bailler commandement.
Cariladuicndra quelquefois qu'on aura plus de bcfomd'en vfer en efté, qu'au temps
Sentence de qu'il eft ordonné. Aufsi faind Auguftin dit, I'efli bien le iufne,mais ie ne l'elli défini. D'à-
S. Auguftin. uantage c'eft vne medecine:or il n'y a médecine aucune,de laquelle tous indifféremment
doiuentcftrc contraints d'vlèr. Il m'a allégué quelefus Chrift auoit iufné. qt.. Si vous vou
liezenfuiurelefus Chrift,il faudroit que vous iulhilsiez^.iours &: 4o.nuits fans manger.
Ilmeditquenoftre nature ne pourroit porter cela. çt. Et pourtant cela monftre bien
qu'il n'a pas iufné afin que nous l enfumilsions.
\TO il a les commencemés de ce qui fe paila entre luy Sdcs luges d'Eglifc , l'cfpace de
bien deux mois. Or il pourfuiuit tellement iufques à la fin, qu'après auoir bien efté
tourmenté par les aduerlàircs en la prifon, il receut lèntencc par laquelle ileftoit déclaré
heretique,&: retrenché dcl'cglilé Papale, le 16. de Feurier. Et le lendemain fut amené en
la Conciergerie,bien fort malade pour le mauuais traitement qu'il auoit là reccu : toutef-
ois fereuoyant auec les autres prifonniers confeiîèurs de noftre Seigneur Iefus Chrift , il
eftoit tellement reliouy,qu'il oublioit toute douleur,& ne fembloit point que ce fuft ma-
ladie à mort. Quoy qu'il en foit, fi le corps eftoit débilité , TEfprit n auoit point perdu fa
force accouftumee. Car leMardienfuiuantil fouftint le combat plus vaillamment que
iamais:&: voyoit-on à l'œil TElprit de Dieu s'augmenter en luy , tant plus qu'il approchoit
de fa fin. Nous l'entendrons luy-mefme reciter fa dernière Confefsion par lettrc,commc
nous auo n s fait les précédentes.
Bencdifti Apres auoir efté déclaré heretique,'ie fu ramené au Palais auec mes frères le x v 1 1.
moine. de Feurier. Le Mardi d'après icfu mené deuant Bcned. moine &:inquifiteur delafoy,lc-
quel aufsi m'auoitinterrogué en la cour d'Eglilè. Apres m'auoir dit pluficurs propos, Se
voulant m'intcrroguer de chofes friuoles,qui ne lont d'efcrire,ie luy di:I'ay efté déclaré he
rcriquc:interrogucz moy du Symbole des Apoftres,lequel eft vn fommairede toute lare-
ligion Chreftienne, pour fauoir en quel article d'iceluy ie fuis heretiquc:& nedifputons
f.Tim.i.4,& quedescholbs qui lovent d'édification. Car faind Paul! Timothee défend de s'adonner
4,7 àdilputesfriuoles. le luy di ceciàcauiequepoureuiterdc m'intcrroguer, il m'allcguoit
vn certain heretique,qui nioit la virginité de la vierge Marie:& me difoit que tous hereti
quesfcfondoyent fur la parole de Dieu. le luy relpondi qu au contraire toutes herefies e-
ftoyent conuaincues par iccllc parole. Ce ne leroit iamais fait,fi ie vouloye amener toutes
Ep >ef.j.4.& rc(ucv.ies Or pour commenccr,lc fin renard me vint alléguer le 4. des Ephef., où il eft
dit,q nous fommes vnis en vn rnelinc Dieu,Foy:&: Baptcfmc. Quant au premier poind,
nous fuîmes d'accord, a/fanoir qu'il y a vn Dieu tout-puilTant, créateur du ciel &de la
terre. Quant au lecond, aufsi nous accordafmes en ceci,quelefus Chrift eft noftre Sau-
ueur,
JeannZMoïeL jo$
ueur,&: que pat luy nous fommes réconciliez à Dieu le Perc . Mais il vint m 'in terre guer
fur qui ic v ouloye fonder ma roy , 6c à me remonftrcr que ié*rYcftoy e pour interpréter les
Efcritures:&: il ie vouloyc croire quelques vnsdes anciens Docte urs,ou de ceux de main-
tenant,l'oit d'Allemagne, Gcncuc ou Pans ? y.. Ma tbv cil fondée iurla doetnnedes Pro-
phètes^ Apolbcs. trcncorcs que ic ne ibye beaucoup verie es iainttes Lettres :li eft-ce
qued'iceiîcs fen puis apprcdrccc qui eft nccclîaireà mon lalut: Se les lieux qucic trouuc
difficiles, ic les paile iniques à ce ou il plaiiè a Dieu me donner le moyen deics entendre. La force de
Et ainii icboylc laictqueietrouueen la parollcde Dieu. Auffi làinct Auguftin dit, qu'vn 1 tfcmurc'
chacun peutapprendredes Efc ri cures iàinctesce qui appartient à Ion là! ut. Et iain&Iean
Chrvlbftomc,quclc fainâ Efpric a voulu que iaiàincte Etcriturc fuit tellement eferice,
que cous la leuflenr,tant gras que petis, Se meimeies fèruiteurs 6c chambrières. Il mede-
mandafi laparollede Dieun'eftoit pas celle que preichoyée les Apoftres.Or,medit il, ce-
lte paroUefuteicnte long temps après l'Afcenlîon.Et mefmefàinct lean dit,quefi toutes i«nxMj
les chofes qu afaitcs Iefus c ftoyent eferires , que tout le monde ne les pourroic compren-
drc.il m'allégua pluiieurs autres lieux pour memonftrer q tout neftoïc efcnr,^ queTEf-
entureeftoit fort difficile. Ri.Dcuat que la parolle fuit elcritc.il vauoit autre remède: mais
maintenant qu'elle ell efcrite,il nousfâut arrefter à ce qui en eft eicrit . Samct leâ dit, que lean xe:j?.
ces chofes ont elle eferites ann q croyons q Iefus eft le Chrift, &: qu'en croyant,ayons vie.
Par ceci lelàinctE!pntnous enle:gne,que toutes chofes appartenante s a noftrefalutfonc
elcntes.Etc'cft cequeditlainct lean Chryfoftome, que l'Euangile contient foy, pieté i&C
charité.& fainct Auguftin, que toutes choies appartenais à nolh elalut, ont elle efîeuës
pour eftrc eferiecs. ^"Or pource qu'il vouloir touhours chanter vnc nufme chanfon , me
dilân : que feftoye ieune,& ne pouuoye pas interpréter les Elcriturcsue luy di,que fauoye
efte condamné hérétique, &: qu'il m'interroguaft decequ'ilfaut qu'vn Chreftiencroye,
pour voir en quel poind iciuisheretique. Finalement il vintà m WcrroguerdelaMcfle.
rçt.Monlieur interreguez-rnoy des articles delà foy, Se non des commandemens des hom Mord de-
mes. D. Crois tu que le corps de Ieius Chrift (bit en la Meftc,apres* les parolles lacramen- S^itcfro-
talesrRi. Non. D. La cérémonie qu'on fait à la Mette, commeaux habillemens, eft-elle bô- gué iurlc$
ne? iv-.Ic croy quele preftre qui dit la Meffe n'eft point miniftre , Se que la Cene de noftre de
Seigneur Iefus Chrift n y eft aucunement obfcruee. D. Qu'eruens-tu par laCene:$i.Ien-
ten qu'au dernier fouper Iefus Chrift print du pain,& le rompit,&: le bailla à les difciples,
dilantjCeci eft mon corps. D. Tu veux faire Iefus Chrift menteur. R. A Dieu neplaife:
mais noftre Seigneur , en inftituant ce Sacrement , vie delà melme manière de parler, de
laquelle il auoic vie au cômencementdu louper, difanc, I'ay grand delir de manger auec uc "rj
vous ce partage. Or l'agneau n'eftoit lepaifage,mais ligne du paifage. Lorsdelaitfât celte
difpure, vouloir f ctourner à fes argumens communs:mais commeic le prelfoye que nou s
dilputions à bon eleie nt, il m'amena ie ne fayquel argument qu'il diloit auoir appns de
Philippe Melan&hon: qu'il n'eftoit licite à Abraham de rompre la Circcneifionri: te ute-
fois les Payens s'en moquovent . le ne fay qu'il vouloit dire par cela : toutefois ie fi tcfpon-
fc,que tous'ceux qui mefprifoyent la Circoncilîon, eftoyent bannis du peuple d'Iirae 1: &c
auiïî tous ceux qui meiprilént cclaind Sacrement , à bon droit doiueiu eltrereiettezdu
nombre du peuple Chrellicn. Ortoutainfiqu'ileftditdela Circoncilîon, Cecieft mon en*171*
paitjC eft àdire,comme l'interprète iainct Paul Rom.4.1e teau de iuftice: auifi en ce Sacre
ment il eft dit,Ceci eft mon corps,c'eil àdirc,le (i gne démon corps: comme le dit Tertul
lian contre Marcion liure quatrième, Se làinct Auguftin contre Adimant : ou il dit, Iefus
n'a fait dilficulté dédire, Ceci eft mon corps , en donnant leiigne de fon corps, Il malle
gua le fixieme chapitre de (àinâlean.
R.Ie croy fermem et q la chair de Chrift eft Iavrayeviade de nos ames:& qu'il fautnecef-
faircmét mâger la chair de Chrilbmais boire le langde Chrift,& magcrla chair,c'eft met-
tre en mémoire, pour noftre grand confort , que Chrift a reipandu ion fang pour nous:
commelexpofefaind Auguftin, De Dr.tlrtnaihrrsliana. Et en \n autre lieu il dit, Peur-
quoy appreltes- tu les ioues Se les dcnts?crov,&: tu las mangé . Par ceci il crdè gne que la
chair & le làng de Iefus lont mangez, auaic7, & digérez ipirituellement. I e Moine ne fa-
chant dire autre choie, mcditpout toutere;ponie,que îeitoycvn prefeheur. Lorsfap-
pclay lesaftiftans en tefmoignage,que ie luy auoyeallcgué Tertullian, Se A uguftin,& n'y
auoit feu rcfpôdrc.Le Moine bien fal'ché commença à retourner à là première chafon: SC
iiir ce poinct arnua mon rapporteur. Or pour pourfuiure noftrepropoSjilm'allcguajCeci
Liurc^j VL Jean Mord.
eft mon corps quieft liuré pour vous:Dôc,dit-il,fi le pain &: le vin y eufienc efte, il euft fa-
lu qu'ils enflent efté liurez pour nous. Mais au contraire , s'il eftoit ainli corne vous di-
tes,îecorps de Icfusn'auroit point efté crucifié pour nous:ainslepain que Chrift bailla à
lesdilciples,lequelils mangcrent,&:lequel vous dites cftre traniTubllantié.D'auantagcS.
Cypricnentcigneen vnecpiftre4dc<£d/«m,qu onnefauroitditeqlefanglbitenlacoupe,
s'il n'v a du vin, par lequel leiàngcft dcmonftrc.S.Iean Chry(bftomc<rd Crfarium monachuw
dit q le pain 6c le Vin font quittes du nom de pain 6c vin,& font appelez dunom du corps
Se du fang de Chrift,encorcs que la fubftâce du pain y demeure touiiouis.l'aileguay aulsi
S. Augultm qui dit, q celte ientence,la Pierre ciloit Chrift,aulsi bien quelautrcCeci eft
mon corps,eft dite par figure. A tous ces tefmoignages mon Moine ne iauoir autre refpon
fe finon dctoutniei.De ion colté il m'allégua deux aurhoritez de S. Auguftin, qieneiau
roye réciter :mais (grâces à Dieu)par les mots melmes de S. Auguftin ieluy fermay la bou
che. Derechef no9 rétrafmes en difpute.Ils m'alleguerct, Faites ceci eamemoirede moy.
Par ces parolles medirent-ils,Chrift nous enlcignc q nous mangeons ion corps.çt. Parlât
à monfieur mon Rapporteur,Mô treshonoré feigneur 6c Iuge,le> mots de S.P aul ne nous
r Cor en feignent rien moins q ce que vous dites. Car il dit , Toutesfois 6c quantes q vous ferez
ceci,faites-lc en mémoire de moy:car toutes les fois q vous magcrczdecepain>&: beurez
de ce calicc,vous annôcerez la mort du Seigneur iulques à ce qu'il viéne. Par ceci S. Paul
nous monftre bien le vray vfage delà Ccne. Il ne dit pas toutesfois 6c quates q vous man-
gerez de ce pain,vous mangerez le corps du Seigneur : mais vous annoncerez lamort du
Seigneur. Aufsi le pain &: le vin en la Cene, nous lont vne certaine alfeurancequelefus
Chrift cft mort pour nous:&: q tout ainli quecorporellemetnousmangeôsle pain, aufsi
fpiritucllement nous mangeons la chair deChrift,croyans qu'il a relpandu Ion iàng pour
nous .Ils m'alleguerent,Qui boit 6c mange indignement, il eftcoulpable du corus&du
fang,ne dife ernant point le corps du Seigneur.Et li le pain n'eftoit tranlîubftantie,lèroit-,
on coulpable du corps duSeigneur,pourne manger point dignemétvn petit morceau de
pain? fy. D'autant qu'en ce Sacrement tous ceux qui le magent auec vne certaine foy , vé-
ritablement participent à tous les dos 6c grâces du S. Elprit , 6c q Ielùs Chrift là eft offert,
ceux qui mefprifent cefte làindte table ne dilcernen t point la viade profane d'entre ccllo
qui eft ordônee à nous iîgnifler ,&: mefmenous mettre côme enpoifcfsion du corps de
Chrift. Mon rapporteur m'interroguade la puilTâcede Dieu par plulieurs parolles. le luy
alleguay pour fondemeixt,Lc Seigneur a fait tout ce qu'il a voulu: tellement q fiChrift l'a
voulu, il l'afait.Or pour me prouuer qu'il la voulu,il m'allega,Le pain que ie vous done-
ray c'eft ma chair.^.Le corps 6c le fang de IefusChrift ne font-ils pas nourriture de noftre
ameî II faut donc les manger Ipirituellement.Et c'eft ce qu'entend S. Auguftin,Oyez,dit-
il,fî vousnerr.angezmachair,vous n'auez point vie en vous. Ilfemble(ditS.Auguftin)q
Chrift nous com mande vne choie mefehan te:c'eft donc qu'il nous com mande que nous
participions à là mort, mettans en noftre mémoire pour noftre grand confort, qu lia efté
limé pour nous . A près que par plufieurs parolles ils m'eurent raconte' l'erreur des Ca-
pernaites, ie leur refpondi , Noftre Seigneur Ieius Chrift les repréd, leur difant , La chair
icm.tf.trj nc pj-ofice derien,c'eft fEfprit qui viuifîe.Il dit aufsi , Que fera-cc (i vous voyez monter le
Fils de l'homme où il cltoit auparavant? Par ceci,di-ie,il leur monftrc bien qu'on ne man-
geroit fa chair charnellement,maisfpiritucllemet:car il appert qu'il eft monte' aux deux,
Aît.i.Nous parlafmes aufsi delà manducation làcramétalc.Or pour parler de cepointt,
ie voulu venir à difputer delà définition des Sacremens, 6c alleguay celle de S. Auguftin,
que Sacrement eft vn ligne vilible delà chofeinuifiblc&feau delà promelTe , comme le
dit S.Paul,Rom.4.Ie luy demanday doncoùeftoitle ligne vilibledelacholcinuilIble,la-
Dcux cho- quelle eft la chair de Chrift. Car Irenee dit , qu'en ce Sacrement il y a deux choies 4'vne
f«au Sacre celefte,l'autreterricne.Le Moine nefeut que dirc,&: ne voulut mager de ccftç difputc: 6c
m'allégua feulement de S. Auguftin, La choie vilibleés Sacremés, eit exhibitiuede la cho
fc inuiliblc.^.. Aufsi croy-ie véritablement, tout ainli q noftre corps reçoit la terreftre,af-
làuoir lepain,qu'aufsi noftre amefpirituellement reçoitla vérité , alfauoir la chair&le
fmg.Ie luy alleguay IuftinusMartyr,qui dit que le pain alevin font appelez leSacremét
du corps 6c fang de Chrift: &: toutesfois nous nourrifTent,& lont conuertis en noftre pro„
pre chaïV''& fàtig. Par cela Iuftin ne nous enleigne-il pas qu'il y a pain 6c vin en ce Sacre
ment?Ie luy fermay derechef la bouchc,appclant les alsiftâs en tcfmoin,qu'il ne me làuoit
rcfpoiidre.rallcguay du Baptefme qu'il y a de l'eau>laquelle nous tefruoigne du lauefnent
intérieur, fait au iang de IefusChrift, par l'opération du S.Efprit. Tout
JeansMorel. jqq
Tout ainfi donc que le Baptefme connue d'eau vilîble,&d'inuifible grâce du fainct
Eipntraufïi la faincte Cene conlîlte de deux choies, de pain vifible, &: de chair inujiible:
& ainfi que le corps reçoit le pain,auftî lame reçoit par foy la chair de Chrift. Euxdelail-
fansceftedifputecommécerentà m exhorter de medefdire: & mô Rapporteur me de-
manda quel plus làuant homme îe vouloyc, Ôc qu on me rameneroit,6Î que la Cour me
vouloir faire mifericorde,& queie penlallc à moy.Et pluiieuis telles choies. R. le neco-
gnoy aucun fauant homme en celte ville:&:c'cit bicnrailonqueicpenfeàmoy, veu que
ielay queie n'ayplusgueresdeioursà viurc. Etquantàmonamc,i'ay bon befoin d'en
auoir le loin: car c'eft vne choie tant precieufe, qu'encorcs que noitrecorps (oit le tem-
ple du S. Efprit, iielt-ce que noitre Seigneur met autant de différence entre le corps 6l
î'ame,qu'ily aentrelecorps&levcitcmcnt. Qucù vous me faites mourir, noitre Seiw
gneura die, S'ils vous perfecutent, lâchez qu'ils m'ont perfeeuttt. Dauantage îe fay queie ï««iï*<?-
Seigneur tient ma vie en la main3&; perlonnc ne l'en pou i ra rauir. Mon Rapporteur m'-
efcoutoit,m'alleguât que noilre doctrine eltoitnouuelle,ôcc. le luy remonlhay comme
il y a enuiron 4o.ans,qu'on n'a celle d'en hure mourir grand nombre en celte ville.ôcmis
cnauantlaperfecution deMerjndol,&:quelc Prelident exécuteur d'icellea eftépuny
iultement de Dieu. Puis i'adiouftay vne petite prière, m 'adreifant audit Rapporteur,
Qu il pleult à Dieu nepunir point ceux qui font mourir les vrais Chreftiens , mais qu'il
les vucille prendre à mercy. Et puis qu'il a pieu à Dieu mettre le glaiue de iufticc en vo-
ftremainneleprie qu'il vueille vous l'aire la grâce de l'adminiltrer aufalut de voftre a-
me. A celte prière il dit tort benignement, Amen. Ils me dirent que Dieu a laiiTéàfon
Eglife Ion S.Efprit iufques à la côfommatiô des lieclcs, lequel luy enfeignera toutes cho^
les. R. IecroyqucleS. Efpritatoulioursgouuerné&gouuerncrafonEglife. Mais il eft
certain que le fainct Efprit ell touliouts femblable à (oy, tellement que lion m enfeigne
quelqu e chofe qui foit cotre la parolle de Dieu,adonc ie fuis certain que ce n'elt la vraye
Êghie. Comme au Concile de Latran, où il fut décrète que le corps de Chrilt eftoit au
pain comme au ciel. Cela monltre bien qu'alors ils n'eltoyent conduits par le fainct E*
îprit, veu que cela eft contre toute la fainde Efcriturc,&: cotre les articles de noitre foy.
le leur demanday,puis que vous dires que les anciens Docteurs ont interprété l'Efcritu-
re par le fainct Efprit, receuez l'interprétation de S. Auguftin quand il interprète, Cecy
eft mon corps-.car il dir,Que Chrift n'a fait difficulté de dire,Cecy eft mô corps, en bail- Ce qu'il
lant le ligne de ion corps. Et en vn autre lieu il dit ,Qu es Sacremens il ne faut confiderer ^^sicrë
ce qu'ils iont, mais ce qu'ils lignifient. Or donc les Sacremens ont deux chofes,ainli le mens,
pain n'elt tranifubftantié. Voyant que Dieu delagrace,auoit accomplyles promettes
en moy,& qu'il auoit clos la bouche âmes aduerkires, l'appelay en tclmoin mon Rap-
porteur, quei'auoye allégué S. Auguftin, fainct Cyprian,& pluhcurs autres Docteurs,^
queie Moine ne m'auoit feu rcfpondre: &: qu'on me baillait les fufdits Doctcurs,&:ic
monltreroyecequeiedifoye. Quieftoit bienfafchéc'eftoit monMoine:&mon Rap-
porteur s'en alla plus.adoucy qu'il n'eftoit venu. Plulieurs autres chofes furent dites,
mai^ voila le principal. Dieu me face la grâce de perfeuerer. Le Nom de Dieu loic bé-
nie, &: lePapedeftruir, Amen.
Telle s furent les difputes de Morel,auec Benedict. deuant fon Rapporteur, e*
ftant appelé pour la dernière fois. On peut voir combien eft fortela vérité cotre le men-
fonge , îaçoit qu'elle foit en vaiiléaux petits & contemptibles.Car Benedict.eft des plus
cftimez en toute la Sorbonne:& Morel n'eftoit qu'vn ieune enfant :&c toutefois il con- Da^j?JJ*
londfonaduerfaire,iufques à luy fermer la bouche du tour. Et maintenant s'elbahit-on ffe °-
fi nos maiftres ne veulent erttcndreaux difputes, mais prennentpour leurs defenfes les
feux &: les bourreaux? Encorcs y auoit-il cela, qu'il combatoit citant bien malade, com-
bien qu'il en fift peu de femblant. Mais il ne peut long temps diffimuler fon grand mal:
&futabbatu bien fort litoft qu'il fut de retour en fon cachot. Car Dieu s'cftoitferuy de
luy, félon qu'il l'auoit ordonné, & à temps le vouloit appeler à fon Royaume, pour luy
donner la courône incorruptible de victoire. Ainfi trois ou quatre iours après cefte der-
nière difputc, il rendit fon ame au Seigneur. Onnedoucoirpoint quelafource de fon
mal, ne vint du mauuais traitemét qu'il auoit receu aux priions de l'Euefque : & mcfme
la choie n'eftoit pas hors de foufpeçon de poifen. Car par tout on parloit de la conftâce Jjjjfc*^
d'iceluy:&; lesPreftresenmouroyent de dueil ,&eufTcnt volontiers empelché qu'il ne poiionné
vint derechef deuât la Cour de Parlement,pour faire tel fi uict qu'il auoit fait au eômen- Morcl*
cernent, à leur grand defplaiilr. Et puis on lait combien il leur fait mal que les Martyrs
RR.
Lwz~>VL
Çilles Verdrickt.
ruaute
lus que
arbore.
ilorcl de-
arc &
brûlis.
foy en c exécutez en la veuëdu peuple: veyas par expérience fauâcement qui en rcuicnt
au Royaume de noftre Seigneur Icfus Chrift , qu'ils veulent opprimer . Pourtant avans
ceft entant en leurs priions, ils eu pouuoycnt faire à leur vouloinôd'ayans renuoyéen la
Conciergerie en fi piteux eltat , qui n'euil penfé que leur meft liant courage y auoic be-
iongne: Qiioy qu'il en foit,il eft certain par le tefrnoignagc incline dcBarbcuille(le mar
tyie duquel nous auons mis peu apresjqui eftoit aucc luy prifonnier,Qucfouuent on e-
ftoitdeux fois vingt &: quatre heures (ans luy apporter n'eau ne vin citoit contraint
de tremper au vinaigre le rcite du pain que les rats auovcntlaiiie. A la fin on luy appor-
ta du vin puant,duquel il beut, contraint d'vnefoif extremc:&: des lors fc icntit frappé à
lamort,commeildiioitiouuent,penianteiirecmpoironne. Maintenant que ces meur-
triers le iultifîent s'ils peuuent d'vne telle cruaute,&: môltrent qu'ils n'ont pc mtefté les
bourreaux de l'innocent. Or eltant mort en celte façon, il fut enleueli & porté en terre,
félon la couftume des prifons:mais les mefchâs ne peurent porter cela . il falut monftrer
leur inhumanité de/Tus le corps mort , puis que Dieu par vne telle mort fauoit retire de
leurs tourmés. Pourtant le lendemain la mort citât rapportée a ceux de la gi âd' Cham-
brerconclutiô prinfe par le procureur gênerai du Roy, tut an cite que le corps (croit de-
terré,& apporté en la Conciergerie, &: mené dâs vn tôbereau iniques au paruis du tem-
ple noitre Dame, &£ la ars& mis en cendre. Ce qui fut exécuté le x un. iourdeFe-
uner. Voila ce qui fut de ccft excellent Martyr. C'eftoit mcrueilles d'ouir les bons pro-
pos qu'il tenoit en fon licr,&: les aduerti/lémens 6c confolations qu'il donnoit à ceux qui
le viiitoyent.tellement que tous plouroycnt qui le voyoyent :&c entre autres vne poure
femme Papilte,qui eftoit venue apporter lesaumofncsroyât selcria, lit qui oferaiuger
ceux qui parlent li fain&ement de Dieu;come ce ieune entant ? Depuis l'heure qu'il fut
mis priionnieF, il fut en diuerfes priions : mais ce n'eftoit fans apporter vn grand fruict à
tous ceux qu'il y rencontroit. Incontinent toutes noifes,diiTolutiôs, blafphemes eftoyët
chaiîees du milieu deux par les remontrances, & les incitoit tous à s'enquérir de la vé-
rité del'Euangile.
VERDRICKT, deFUndre.
IL y a (comme en chacun des autres) quelque chofepeculieremcnt à noter en ce Martyr Miniitreenl'Eglife
du Seigneur : à fauoir qu'en la pompe des obfeques funèbres de l'Empereur Charles y. onl\uiroitme(Fé&:
prefenté en facrifice.
âT^S^t^ VR lafindecefteannee Gilles Verdrielafut misa mort par lesaduerfai-
res del'Euangile au pais de Flandre. Son frerc Antoine qui.depuis pour
vne mefrne caufe a auffi foufFert le martyre, fut 1'inftrument pour l'achemi-
_ [ner au cours de la vérité du Seigneur , & le faire fortirdu pays pour aller a
Émbden&àNoordcenFrife. Làfut-ilinftruit,&:aidé de la familière conuerfatio qu'il
eut auec M. Martin Micronius &: Vualter Delenus qui pour lors faifoit profcfTion de la
langue Grecque. De là Gilles fe retira à Zurich enSui/fepoury continuerfeseftudes.
Puis retournant à Anuers,&:s'cltât mis auec le petit troupeau des fîdeles de fa nation,le
18.de Iuin de ceft an,il participa à i'heureufe communion de la table duSeigneur qui fut
Sawn enne- celebree.Satan ennemi fur tout de telle rcfe<5tiô,mit au cœur d'vne femme de trahir les.
KcdT-' principaux de railembléc, pourlesliurcrauMarcgraue.M. Gafparminiftrecerché de
bLion de fergeansen fon logis,cfchappa miraculculement: (on hofte &; hoftefle auec autres furet
la Ccnc. pris & emmenez.On y trouua au grand dommage de tous, les papiers de l'Eglife , & les
noms des Anciens & Diacres > defqùcls Antoine prédit en eftoit l'vn . Le Marcgraue Je
fit cercher en la maifon d'vn nommé Pierre Vermaerts , où les fergeans prindrét Gilles
pour Antoine fon fret e:mais ayans cognu la faute le laiflcrent aller . Enuiron trois mois
après Gilles fe trouuat au pays de fa naiflance, vn fié beaufrere citât tre(pafïe , ne voulut
aucunemétaflifteraux obfeques mortuaires que fontordinairemét ceux qui viuét de
corps morts. Toutefois eitât au difné tuncrail cnuirôné de telle forte de corbeaux»leur
dit,quc la gourmandilè&: le ventre auoyent in u été toutes ces façôs de faire d'obfeques
fans auciï fondemet neraifon,&: que partat vn iour tout s'en iroit à ruine,auiîï bien que
les chapperôs U mafques de dueil. Ayât dit cela il fortit pour côfolcr ceux à qui de plus
près auouchoit le trefpas , &C les aduertit qu'ils lailîaiTeqc les prières pour les trefpafTcz
Les
ne autre U-_
çon.
CjiUes Verdrickt Jf$
Les Preftres n'en furent gueres contens, mais le menacerenr qu'ils en auroyent bien
toftlaraifon. Pourparuenirà leurs defTcins, ils firent tous efforts delcliurer entre les
mains du Doyen de Renay inquifiteur en ce pays-la. Ce Doyen à faute de l'attrapper, le
fit citer par attâches fous peine de certaine lomme d'argent , qui eftoit la ruie vhtee par
ce Doyen. Gilles par contreplaquart attache au mouftier adiournece Doyen &c fes fem- Gilles ad-
. . . - i . r i f . i j j> j i | tourne Je
blables au giad îour du Seigneur, leur dénonçant de preuenir de bonne heurt en vraye Doycn ^
crainte l'horreur du bannillément éternel du royaume du Fils de Dieu: auquel il appe- Renay <Tv-
loit,& de leurs exploits,^: procédures. Ccplaquartfutleu deplufieurs& du CutémcL
me de la paroiife. ^ Adtnnt qu'en ce rcpslEglilc des fidèles de Bruxellcs,par faute de
Miniftie, pour annoncer la parolledeDicu & administrer lesSacremens^cncontra vn
hypocrite ambitieux , homme de mauuaifedoftrine.Les Miniftrcsd'Anucrs,entcndâs
ceci, pour remédier au ("candale, requirent Gilles d'allci àBuixellcs, pi>urmgocierô£
employer les grâces queDicu luy auoit conferees.Du comencement Gilles en rie refus,
alléguant fes raifons humaines: mais quand les Miniflres l'eurent à bon el "tient aduerty
de l'horreur de la fentence contre ceux qui veulent enrouir enterre letalcnt receu de
Dieu, il s'y iiibmit:&: par tie auec M. Adjrian Amftediu5,pour mettre en prattique à Bru-
xelles les dons qu'on voyoic en luy. La difficulté fut grade de fait e lortir cert ambitieux
qui s'y eftoit introduit pour y femer fes erreurs: ca r il les menaça qu'auant trois iours il y
en auroit qui ne s'en loueroyent point, ce qu'auffi aduinr. A uant les ttois iours expirez
«4'Amman de Bruxelles vint en la mailbn où Gilles eftoit logé : &: l'emmena pnionnier z» Amfmà
auec l'on hofte& hoftefîe en la Steépoortc. ^Interrogué de l'on eft at , fa doctrine &. de
.'lt vn orne
fa foy,contefta franchement qu'il eftoit appelé au miniftere de la parolle de Dicu:& que cômc^d'vn
fa foy,& ce qu'il en(eignoit,cftoit fondé fur la doûrine des Prophetes&: Apoftres. Exa. ireuoft és
miné fur le facrement de l'autel , refpondit tout court , qu'il ne fanoit que c'eftoit de tel auucs Vlllcs-
iaciement. L'Ammanluy répliqua, Vous eftes doc Sacramentaire.Sauuevoftre grâce, LesPapifos
dit Gilles: mais bié vos Preftres te Moines qui ont corrôpu le vray vfage des Sacremens. Sacwmcn-
Comme l'Ammanle voulutplusauantinterroguerfurcepoinct,Gillesluydit,Mon- uuts"
(icur,lailTcz venir vos Docteurs &: Preftres, i'efpere de monftrcr comment ils ont impu-
demment abufé le monde. Vn des Efcheuins qui là eftoyent dit,Donc, à ce que vous di
tes,nous fomroes tous damnez. Gilles rcfpôdit ,A Dieu neplaife,il y a la mifericorde au
Seigneur pour eftre amen icz &r viure. L'Amman demanda,depuis quand il auoit receu
le Sacrement» y.. Depuis demy an que ie receu la Ccne à Anuers. L'Amman , Ne vient
il point ici aucunefoisgens d'Anucrs pour vous ouyr prefeher ? çt. le ne luis pas à compa
rer à ceux d'Anuers,La pluftoft faudroit-il aller,fi auez en uie d'ouir prefchcr.D.Qui eft-
cequiyprefche?#..Adrian Amftedius.D.Quellesgés ya-ilenleglife decefte ville?R.Ie a. Amiu;
nelescognoy-pasencore,commevenuden'agueres.^[L'Amman vouIantdepartir,luy diuJ-
dit,Tencz-vous prcft,ie vous enuoyeray des hommes fauas. Gilles fupplia d'auoir fes li-
ures:& qu'il delireroit de conférer en plein marché deuant tout le monde , fuft-il mef-
me auec les Docteurs de Louuain . L'Amman dit, On vous fera auoir des liures:&: ainfi
fe retira. ^ Le Curé de fain&e Goedele , qui eft la première paroifTe de Bruxelles vinr
vers G:lles,& plufieurs autres fil à fil,contre lefquels il fouftint diuerfes difputes:fpecia-
lementcontrelefacrificedela MefTcaneantifTant l'vnique& perpétuel Sacrifice & fatif
factiô de Iefus Ghrift. Et prouuoit tous fes argumés par textes exprez,aufqucls les enne-
mis ne pouuoy ent dôner folution n'obiecriô vallable.il leur demâdafort à propos deux
chofes:la première eftoit,Par quelcômandement de rEfcritureilss'artnbuoyct la puif-
fance de faire oblatiô pour les viuas & les morts: l'autre , Par quel partage ils prouuoyet
qu'on deuft ofterenla Cenclc calice au peuplerLesfolutiôsou pluftoft eichappatoires
qu'ils amenoyétjoppofees à ce cômandemét exprès de IefusChrift,Be«««^ entoile trou
uoyétfriuolcs.^*Cependâtle bruit couroitpar toute laville,qu'ily auoicvn prifonnierli
fauant ieune hômc(car il neftoitaagé que de i4.ans) qu'il côfondoit les plus fauans. Les Qyc profit
Preftres & Moines indignez corne iadis Saul de la louange qu'on dônoit à Dauid,oppo J^d^1,
ferétàcc bruit de-ville,leurs crieries ordinaires en leurs chaires,efcumans beaucoup de piûea.
méfonges cotre Gilles, pour obfcurcir les grâces que Dieu auoit miles en luy. L'Ammâ
& les autres , voyas que les difputes reculoyêt pluftoft qu'aduançoyent la caule de leurs
Docteurs, firet mettre par eferit à Gilles toute fa côfeflion. Ce qu'ayat efté fait bien am-
pîemét , elle ne pleut à l'Amman pour la prolixité. Gilles la remit en fom maire, pou r le
côtcnter,auec les cottatiôs des partages de l'Efcricure>& allegaciôsdes anciés Docteurs,
RR.ii..
L;#ro VI. Çiiïe* Verdrickt.
L'Amman n eut accufation plus forte , que décharger Gilles d'auoirtcnu des aflcni-
blees contre le mandement du Roy .Gilles luy dtt,Seroic-i) croyab le que noftrc Roy de*
fcndift: la prédication de la parolle duRoy fouucrain? trop bien que nulles émotions po-
pulaires le facent,defquelles on n a veu, Dieu mcrcy,atu unes apparences en Bruxelles .
La fubrt.m- ^ Apres cela Gilles efcnuit en la prilon lettres en Latin àl'Amman rcmonftrant qu'en
ccd'vne cpi coûtes nations tat des Payens que des Iuifs &: Chreltics , on auoit touliours tenu en tel-
îbedcGUics iggj^jj^e^^onca^niinilhationdeiufticcque pour la maintenir plulieurs nobles per-
fonnes auoycnt abandonne leurs biens &c vic\ Quatcls cxemples,en fommc^'Amman
deuoit fe déporter de plus pourfuyure les Chreftiés.Ie lay bien(difoitGilles)queceux de
l'cglile Romaine vous prelfcnt^ pouflent, mais confiderezen cela quel eft voftre dc_
uoir,& à qui vous auczà rendre vn dernier conte, le ne prie point pour ma dcliurancc,
mais i'ay pitic de tant de poures infirmes. Il maintenoit en outre que les Prefti es &:
Moines a taulfes enfeignes fe vâtoyenc du titre de l'Eglife. Cai veu que l'Eglifc eft nom-
mée elpoule de Chnft,&: facolombe,li vous mettez en comparailon à tels titras le faid
de leglife Romaine, on la trouuera paillarde,infame,acf.omparablc en et uautc aux liôs,
ûaeiLtion ours,& loups . Voyez (ans aller plus loin, corne elle le maintient en cefte ville : tout y elt
de Pimpiac couuertdefespaillardifcs,&defes bordeauxde mouftiers&chappclles:rcllemcntque
Rcm" ce qu'a dit le Prophète le vérifie d'elle, ayantouuert fesiambes àtouspalfans,&:aainfi
multiplié fcs fornications, qu'on paillarde par tout auec bois &: pierres, fur toutes mon-
tagnes &c fous tout arbrc,&:c.Appartiédroit- il à vnepucclle ô£efpoufc,li telle elle eftoit,
d'efpandrc le fang des vrais enfans,d opprimer,noyer,bruller & (accager ceux qui oyent
&iuy uent la voix du grand Pafteurdenosamcslelus Chnftr >;e loyez point, monlîeur
l'Amman, fils d'vnc telle mcre,&: ne luy croyez nullement pour fanemal aux feruiteurs
de Dieu.
Cependant quileftoitainfi détenu, 5c bien pouremec traitcau plus fortderhyuer*
fon frère Antoine le folicita &C luy alîifta li auât qu'il fut poflible,& iufqu'a ce queftât co
gnu,il fut aufii mis prilonnier par l'Amman, qui caufa à Gilles grande trifte/Te à caufe de
leur pere home dcbile, deftitué du fecours &: aide de fes deux fils en la dernière vieillef-
fe. Apres que Gilles eut efté de lix ou lept fepmaincs en prifon,y ayat efté tout ce téps-la
diuerlement tourmenté & alTailly,on le mena en lugement le 2z.deDecembre,où il fut
condamne corne herctiquejà cftrcbruflé. Il eftoit homme pour fa ieunelTe d'vne belle
contcnance,&: de iugement pofé:& parla lagement à fes Iuges,lcs merciant de leur len-
tence,& priât Dieu leur pardonner ce qu'ils faifoyent par ignorance»Et après il leur dir»
Penfez-vous, Mefsieurs,d'ofter &: extirper lespoures Chreftiens en les tuât & brullant?
helas ! vous vous abufez grandement: les cendres de ce mien corps feront croiftre des
Chreftiens . En le ramenant en laprifon il admôneftoit le peuple ( qui s'eftoitaiîemblé
pour le voir)de fuir les pollutions & idolâtries Papiftiques:&: ces admonitions feruirenc
Gill« TU- grandemét&firentfouuenirà pluficurs qui là eftoyét» de Gilles Tilrhan qui auoit efté
man- pourfemblable câufe&enlamefme ville brullé,côme il a efté veu ci defliis en fon lieu.
^On le penfoit exécuter au lédemain,mais à caufe des funérailles de l'Empereur Char-
les v . qu e le Roy Philippe Ion fils lors eftanc à Bruxelles luy faifoit , l'exécution de cefte
fentecc dônec,fut remile auxxim .de Decébrc de ceft ân m . d . l v i i i .à fin que le fpc
ftacle de la mort de Gilles, n empefehaft le fpe&acle de la pompe & mafque funèbre de
Charles. On tira doc ledit îour des prifons Gilles Verdrickr pour eftre offrande & facri-
fice de bon odeur deuât la mait fté du Seigneur. Depuis la prilon iufques à l'eftache il ne
celïa d'admonefter le peuple de Bruxelles, qui eftoit cfmei ueillé de voir la confiance do
ce îeune hommc,fans eftre troublé nechagé. Eftant lié au pofteau après qu'il eut fait fa
Cela s'appe priere,le Bourreau leftrangla& puis brufla le Corps. ^ Celte executiô relentoit l'ancié-
loit ancien- ne COuftume des Payens,qui fouloyetfaire desfacrifices aux enterremés desgrans Scix
/^X/f" gneurs &c Princes : monftrans par là que ceux qui de leur viuantauoyet efté fanguinai-
resjdeuoyétaufsideuallercn basen terre arroufee de lacrificcsfanglants.^Lcs Preftres
bc Moines eftimoyct que le fangdeceieune hommeferoit vne hoftiefalutairepouraL
legerramedel'Empercur,encas qu'elle fuft encoresen Purgatoire:dontfutdit,
SIC Aiartyrum cruore PurgMorium R. S~4TIS incruent.1t obtulemnthoftiuy
lvmrn Sacrifiafrjfocant. Miffant cruentamprtfrrunt: Qui eft de mot à mot:
Ainli du fang de ces Martyrs morts R. A/Tez d'hofties fans fang ils ont offert,
Preftrcs eftoufrent feu de Purgatoire. MefTe fanglante maintenant ils prêtèrent.
ANTOL
A ntoint^> Verdrkkt . j/r
ANTOINE VERDRICKT, de Htluerfetle.en Flandre.
L A cognoiflace de Dieu apparie trop mieux ces deux fi eres3aflauoirGilles fufdit & Antoine qui le fuit au martyre,
que laconiou^Hon de chair &c de fang. La ville de Bruxelles les a pour heraux de l'Euangile du Seigneur.
Cg^N T O 1 N E frère en toutes qualitez du fufdit Gilles , eft des premières e- m. X).
'Vftrencsde Ianuier, commençant l'an m.d. ux. La marchandée de cancuas LI X.
^u'rlncgocioit en la villed'Anucrs,ncl'empefchoitouretardoieen lathar-
Jgede Diacre qu'il auoit en l'Eglife, comme a efté touche en fhiftoire de ton Vocatiôdc
eltat enfleurdaageài^.ansjil procuroit fi dextremét l'affaire des pouresindi Djaaefidc-
gcns,&:des prifonniers, que rien ne s'oublioit appartenant à te lie &: fi fainetc vocation CiCcc.
Ecclefiallique. On ne fauroit allez exprimer le zele & l'affection qu'il auoit d'auancer
leferuice deDicu.S'il alloit quelque part,tuft-ce à picd,à chariot,ou par balteau,jl s'em-
ployoit toufiours ou àinftruire Se admonnefter les dociles tte debônaires: ou de repren-
dre ceux qui ne feportoyent en parolle ou en faict, comme il appartenoit. Il parloit de
Dieu & de fa pi ouidcnceen (i grande affection &i reueicnce, queceux qui l efcoutoyet
eftoyent contrains de s'en cfmcrueiller. Il auoit vne fainetc h ardielfe, nefefouciantdes
parolles& menaces descontredifans. En laperfecutionque Sacan el'mcut en Anuersà
caufe de la célébration delaCene,commeil aefté ditcy deifus ,il y fut recerché,des
plus auant, parle Marcgraue : fi eft- ce qu'il n'abandona point en ces dangers les poures
frères, mais recueilloiten vnlicu qu'il tenoit près d'Anuers,tous ceux qu'il pouuoit.L'-
orage de celte perfecutiô &c pourCuittefe parlant, il retourna en la ville, délibéré d'aider
plus que parauant l'Eglife en tous les dangers qui le prefenteroyct, (ans en plus bouger.
Or comme depuis ladite perfecution nul n'ofoit prefterfamaifon pour y alfembler l'E-
glife, Antoinefutd'aduis & mit peineau poflible , qu'on s'afTemblafl. aux champs pour
ouyr la parolle de Dieu. Il encouragea aufli le Miniftre d'y prefeher hardimét , l'alfeutac
qu'il feroit vn fruict meftimable. Il alloit fbuuent en (on pays de Flandre, non tant pour
le fait delà traffîque laquelle il auoit prefque du tout quittée, que pour y lémer l'Euan-
gile, vers ceux defacognoifîance. Le Doyen de Renay, dont fouuent eft fait mention,
informé deluy ,1e fit efpier par fes gens ,&l'clonfa façon deproceder,il le fie citer par Nouuellce-1
trois foisà comparoir personnellement en Cour fpirituellc, fous peine de certaine fom- ÎJ^^Jj
me d'argét: qui eftoit la nouuellc efpecede vcnetie,ou pluftoft volerie, que ledit Doyen on ne peut
auoit inuentee&exerçoit. Antoine ne ceffoitpourtat d'attirer le plus qu'ilpouuoitde "^J"
gensàlacognoi/Tancedela verité,& deperfuader de fe retirer en Anucrspour iouyrde
ce bien ineftimable desfainttes predications.il auoit fouuentefois affaire aucc les Ana-
baptiltes,defquelsildeploroit l'ignorâccobftinec. Plufieursd,entf'eux(dii.bit-il)tendét
aucc grad zele à laiuftice de Dieu, mais point félon feience. Il leut fouloit dire en difpu-
tant auec eux, qu'ils rraitaffent leurs difterens par lafaindte Efcriturc , & non point par
raifons humaines, ne par iniures ou crierics : mais qu'ils interrogafîent & refpondiiTcnt
Amplement fans confondre ne méfier poinct fut poind>& demande fur demande, corn
xneils ontaccouftumédefaire.Ill'ouloitdiredes Papiftes&: Anabaptiftes , que diuer- L'erreurdd
fement ils s'arreftoyent tous deux pat trop aux fignes extérieurs. Les Papiftes condam- J^"*
nenttousceuxqui mcurentfansBaptefmedel'eau.Les Anabaptiftes à l'oppofitecon- ft«,doKii
damnent tous ceux qui font baptifet leurs enfans en bas aage. De lacaufedefonem- procède,
rjrifonnement , nous en auons parlé aucunement en l'hiftoire de Gilles'.il alla d'Anuers
a Bruxelles par deux fois pour affilier à fon frère au grand danger de fa vie. A la fécon-
de fois la femme du Maiftre de la prifon Je trahit,& liura entteilcs mains de l'Ammâ.La
première nuidt &: le iour enfuyuant fa prife, Antoine ne fentit en foy qoe chair &: fang,
&fembloit qu'il fut du tout delaiffé fans confolation. De manière quequand l'Amman
vint l'interroguer, Depuis-quand il auoit receu le Sacrem et à la couftumedu pais,il re- prcm;CT a.-
fpôdit,Môfieur,fi vousn'auczchofedequoy m'aceufer, pourquoy m'interroguez-vous? bord de u
L'Ammâ derechef l'interrogât, Antoine luyrefpôdit demefme. L'Amman le mena- JJjJ™^*
ça de lefaire parler autremét^mais Antoine perfiftâtalleguoit qu'il n'y auoit raifen de ftooné.
fcconfcireràiapartieaduerfe.Apresauoir ainlî côtefté,àla fin Antoine corne reuenat à
foy,luy dit:Monfieur,ie vous ay tenu fufpens,nô point que ierefufe de faire côfefiîon de
ma foy foit à vous foit à tous les Efcheuins , mais pour vous dôner à cognoift re q ie defî-
re fauoir qui eft mô luge & ma partie aduerfe.Et à l'heure l'Anima luy ayat réitéré la de-
mâdc, Antoine rcfpôdit qu'il y auoit 5. ou^ans qu'il n'auojt côrnuniqué à tel facremet,
RR.iii,
Jjur^j VI. Antoine^ Verdrickt.
&: qu'il eftoit bien marry d'auoiriamaisaffifté à profaner &abyfer lefaind Sacrement
de Chrift. L'Amman l'intcrroga aufli du Baptelme : Antoine confefla que Je Baptcfmç
qui fc faifoit au nom du Père, du Fils 5c du S. Efpi ic,cft bon: mais ce qu'on y adioufte da
uantage en la Papauté n'eft qu'abomination. On luy demanda que c'cftoitdes autres
cinqSacremens. i^. Qu'on ne trouuoit aucun tefir.oignage en l'Efci iture que ccfuf-
fent Sacremcns, c'eft à dire, marques &C ("eaux degrace. L'Amman l'ayant examiné fur
ces poîrïsA' quelques autrcs,il luy dit au fortir , Qu'il le feroit infti uire par hommes fa-
cxdmJu" n^ns. A quoy Antoine dir, Monfieur, ne m enuoyez point des Moines, car ils nous
Bombrc& haiflenc morcellement. Er bien,ditl'Amman,ie vous emioycray des gens fauans. De-
ffiiulïï puis qu'Antoine eut fait Confcfïîon de la vérité, il fem it de la en auanr en ion cœur vne
telle confolation, qu'il n'eftima rien toutes les peines &: defplaiiirs qu'il fourTroit. Et re-
merciaOieu de ce qu'il l'auoit il bien redrefle Û afliftéde priant de continuer à luy don-
ner Ton S.Efprit . L'Amman quelques iours après retournant vers luy auec fes Sages,
Regardez,dit-il, ie vous amené icygés de fauoir pour vous inftruire, qui ne font ne Pre-
ftres ne Moines. Monfieur,dit Antoine, l'infirmité de ma chair me faifoit à la dernière
fois refufer les Preftrcs&: les Moines: mais maintenant ie fuis content qu'on les amené,
& fuffent-ils Dodeurs de Louuain, ie les défie tous en la vertu delà paiolle dcDicu,qui
demeure éternellement. Et quant à vous,meffieurs vous plait-il traiter auec moy delà
foy.?Ilsrefpondirentqn'ouy.£tilleurdit>Lafoy doiteftre fondée furicelle parollede
Dieu , Rom.io.&T partat ie vous prie ne m'amener autre chofe. L'vn d'entre ces fauas en-
tra en matiere,&dit,Nccroycz-vouspointquelecorpsde Chrift eftvrayement entre
les mains du Preftre, après les parollcs du Seigneur dites furie pain? Antoine luy dit,
Lcfonde- Mon amy,ccluy qu i veut édifier vnc maifon,ne comméce point par le toid , mais ilpo-
ment dVncfp vn fondemét. Ainfi nous en faut-il faire,entrâs en propos d'vn des principaux poinds
puîc! ' de l*Efcriture, aflauoir du Sacrement. Il entédoit qu'on parlaft premièrement de la foy:
afin que fes parties aduerfesayans cognu la vertu d'icelle en Iefus Chrift^ecerchaiTent
leurfalut enclos aux Sacremens. Ilsl'opprefToyentàforce de crier, fi eft ce qu'en cela
fut dcfcouucrte leur grande ignorance. Ils palTerent nonobftant outre, crians qu'il ne
croyoic point aux parolles de Chrift, 5c qu'il laifîbit les fîgnes to'nuds. Antoine leur dit,
Vous me c'hargcza tort, car ie ne mets poinj en la Cenc vn figne nud , mais ie defiie par
le fondement de la dodrine de la foy, vous monfher, comment les fidèles y font repeus
ironie, du naturel corps & fangde Iefus Chrift. Vous ne voulez rien entendre à ce fondement
de falu t: tenez- vous donc au voftrc,&: gardez- bien qu'on y touche , craignans que tout
vôftre édifice n'aille par terre. ^T'Ammaneftonnéquecesfauansperfonnages pou-
uoyenc fi peu mordre fur Antoine,pour la fin ordôna qu'il mettroit par efent lespoinds
principaux de fa Confeffion. Antoine rendit grâces à Dieu,& luy chanta louange de 1-
auoir fi puifîammentaffifté contre tels aduerfaires. Et quelques iours après il prefenta
la Confeffion laquelle contenoit en fomme tous ces poinds déduits au long , afTauoir ,
«IduCô- QBe Chrift règne fur fon Eglife par fa parolle,&: qu'icelle eftle fondement de noftre fa-
ftfiioBde lut. Q^ieparicellemefmenousauonslesthrefors&lesfruitsdelaCenedu Seigneur,
foy produi- L'cfprcuue que doit faire l'homme allant à la Cene :5c cômént fedoyuét entendre ces
roine! " mots, Cecy eft mon corps. Sommaire de ceen quoy conuiennent &difcordent quant
à la Cene, ceux qui fon t profeffion de l'Euangile. Quant aux autres articles que l'Am-
man audit mis entre les Sacremes,luy ayant cniointd'cn cfcrirefa Côfefïionrenfemblc
desCômandemens'de l'Eglife.Antoine en efcriuitafTezau long,&: luy prefenta l'efcrit.
Qv a n d il eut entédu en la prifon, que fon frère Gilles eftoit mort fi vertueufemét,
il en rendit grâces à Dieu, &c luy chanta le Pfeaumey?. Sonpere auecvnfien frère le
furent voir en la prifon:dont il en receut triftefle, voyant ledueil que menoit le bô vieil
pere. Il le confola neantmoins le plus qu'il luy fut poffîblc : luy difant , Qu'il auoit ma-
tière de fe refiouir,"que Dieu tout-puiflant auoit appelé fes deux fils pour eft refaits par-
ticiparis à l'honneur de Iefus Chnlt, qui a fi richement anobly telles afflidions& per-
fecutions.
Apres que les ennemis curent allez fondé & misa lefpreuue fa confiance &: perfe-
uerance>eftansdcument informez comment il s'eftoit employé tant en Anuers, qu'en
Flandrcjilsle condamnèrent d'eftreéftrànçlé &C bruflé Je x, ij.. delanujerx. d. lix.
Onauoit délibéré de l'exécuter de grand matin commet ladefrobee: mais le Bour-
reau ne fe trouua preft qu'il nefuft entre huict & neuf heures. On ne fonna point la clo-
che
.Adrianle Peintrc^}Çf H. le Coufturier. jrz
ehcàlamaniereaccouftumeerafindcfruftrer le peuple &: d'empelchcr que la mort de
ceftuy-cynefnft parcillcàcellede Gilles fonfrerc. Le corps n'ertant que rofty, rut mis
auxehamps pour viande des belles, afin qu'il n'en pfint comme du corps de Gilles qui
fiit réduit en cendre s, lelquelles on difoittout communément en la ville de Bruxelles,
eftre volées es feins &c cœurs des hommes.
A D R I A N le L'antre HENRY leCouftune^a^nuers.
O V T R E la conltance & vrayc confcflion du Fils de Dieu , qui cft en ces deux Martyrs : il y a aufsi à noter vn
iugeraent terrible exécuté fur vn des Seigneurs de la yille d'Anuers, après auoir condamne quelques fidèles
à la mort.
^^çàflp^OMME de rEuangilcprefché à Anuers plus abondamment que parauâr,
^ ^^gk maints bons pedbnnagesmarchans ôdartifanss'en rcliouiiToyent: aufli du
j^fo^p^ cofté des ennemis, les Preftres &C Moines tranfportez de maltalentfurjeux,
^^^^j|trottoycntiournellemcnt àla Cour pour fe plaindre des Officiers d'Anuers
de ce qu'ils en faifoyent li peu mourir. A cefte caufe le Marcgraue fit tant que ceux de la
Loy d'Anuers publièrent vneordônancepourcognojftrc&: remarquei ceux qui iroyet
aux aflemblecs. Mais voyant ledit Marcgraue que le peuple perfiftoit d'aller aux chaps
pourouyr les prefches:il s'aduifa d'vne autre rufe,de donner bône lbmme d'argent,affa- J'^P0"
uoir de 500. florins à ceux qui luy liureroyent les Miniftrcs,&: cinquante florins,à qui li- Urer°& tra-
ureroit autres qui procurent les affaires des Eglifes.il auoit lors plufieurs pri(onniers,&: J£ j£ux *
tafchqit de les faire mourir, les Cordclicrs &r autres à ce faire le pou/Tans, par leurs com- 8 c'
plaintes , h'euft efté que fouuéc les Efchcuins &: Côfeil de la ville s'oppofoit à ces exécu-
tions. Le Marcgraue començaàcesdeuxferuiteurs de Dieu Adrian & Henry, lefquels
auoyent efté lôg temps prifonniersauec 14.0U 1 f.auti es fidèles. Adrian futprinslepre-
mier,etëaht trahy par fon propre pere,à l'occaïîon qu'i 1 auoit fait baptizer fon enfant en
l'Eglife reformée. De quoy fonpere fut tellement irrité,& en fit tel bruit,que luy ayant
fait ofterlenfant,illefitrebaptizer par les Preftres de fa paroilTe. Henry le Couftu-
rier eftoitvn des Anciens de l'Eglifc,hommefoigneux &: veillant que fcandale ou dif-
fenflon n'aduinft entre les frères. Aduint qu'vn iour s'eftans leuez quelques cfprits con-
tentieux,^ les ayant reprins &: reprimez par la parolle de Dicu:pour falaire il eut la pri-
fon,& fut géhenne pour aceufer les frères. Tant y a qu'il ne nomma & ne mit perfonne
en danger. Le Marcgraue pour fatisfaire à Imitante pourfuitte des Preftres &c Moines,
agitez de rage à caufe des prefehes qui fe faifoyent &: en la ville &: auxehamps , tira hors
de fes prifons ces deux Adrian & Henry,& les fit menerdeuant les Bourgmaiftres& Ef-
cheuins par fon Efcoutet: auquel, comme auffi à quelques autres du Confeil, les procé-
dures dudit Marcgraue ne plaifoyent nullement, &: ne fe trouuerent à la côdamnation.
La mémoire êftoit encore frefche,&pouuoycntfe fouuenir que peu de iours aupara-
uant vn notable iugement de Dieu auoit efté fait fur vn de leurs confrères, nommé Ga-
fpardeRenialme. Iceluy en cas femblable ayant iugéàmort quelques poures in noces, Dieu^emo
receut auflî foudain vne horrible fentence de Dieu au mefmelieu:de forte qu'il fut me-rablc fur
né à demy defefperé à fa maifon,où toft après mourut,criant &: lamentât qu'il auoit iu. £^maec
gé lefang innocent. Les Efcheuins, dy-ie,auoyent eu ceft exemple en Anucrs,cV neant-
moins pour n'eftrefufpe&sàlaCour de Bruxelles , ils iugerent ces deux feruiteurs de
Dieu, àeftredeuantla maifondela ville eftranglez& bruflez. De ce fie fentence Hen-
ry les remercia difant, Voicy le beau iour que nous auons long temps attendu: nous en-
durerons volontiers la mort,mais la peine en demeurera à Meilleurs. Nous prions Dieu
neantmoinsqu'il vouspardonnecefteiniuftice. LcsSeigneurs tournoyent leurs vifa-
ges ne voulans rien ouyr. mais Adrian leur dit à haute voix , que Dieu redemaderoit de
leurs mains le fang de fes iuftes qu'ils mettoyenc iournellement à mort. Le lendemain
iour de l'exécution, il fctroùua au marchégrande multitude degens pour voir l'iflue
deces deux hommes en preudhômie fi renommez. Comme on les menoit au fupplice,
ils protefterent que la feule confeflîon de la vrayc do&rinede l'Euangile les amenoit là,
fans autre caufe. te difoyent cecy haut & clair, com bien que les fei geans qui les enuircv
noyent, fifleatgrand bruit, afin qu'ils ne fulTent entendus. Cependant que le Bour-
RR.iiii.
lÀurc^VL Vlufiems Martyrs à Amers.
reau les enchainoit au po(tcau,le peuple en vn inftant s'efmeuc tellement, qu'on crioic
Iffro^foî- colK ^ vne v°ix>Tue,tueîte marchoyet les vns fui les autres, & les maifons& boutiques
<w'mcnt fe fermoyent.Le Bourreau mit-bas tous Tes apprefl.s,& lai/Ta les deux patiens. Le Marc-
cimcu. graueeftantàcheualnc pouuoit fuir citant de toutes pars enuironne. Les fergeans
cremblansde peur baifToyent leurs hallebardes. L'Efcoutet ne fâchant que deuenir,
' abandonna fonchcual & gaignavn temple pour refuge. Et quand on le voulue affeu.
rer, ô£ annocer qu'vn covippeur de bourfc auoit caufe ce trouble il refpôdoit , Iefày que
c'elbTouteft perduri'en fauoye bien autant:ccn'a point elle le larron, mais les feditions
prennent leurs commencemensde quelque chofe. Ainfl re nu cria Dieu comme par ter
re les fanguinaires,& monftra que c'eft moins que n'en de leurs forces , quâd il luy plaît.
Comme.ces troubles s efeartoyent, le feruiteur du Bourreau accourut &cftrangla ces
deux Martyrs, qui auoyent ia efté bonne efpacc de temps liezà l'eftachc,inuoquans ce-
pendant le nom du Seigneur. Puis après le feu fut allumé ,& les corps bruflez , le 19.de
Ianuier,en ceftan m. d. l ix.
uedKîi T E Marcgraue homme confit en cruauté mfques à eftredeucnuftupide à tels iuge-
ftupide aux Xvmens de Dieu, fut fi peu raflafié du fang de ces Martyrs,que le Dimanche enfuyuâc
ÎSS!*^0 ^ efforça de nuiâ: quelques maifons ,& emmena plufieurs de lEgWe : lefquels après
auoir enduré lôgue prilbn, à la fin par vnc clémence Ipeciale du Seigneur furéc en grâd'
merueilledeliurez.
M.D.LIX
BOVTZON LE HE V, deToumay,
LA marque des vrais enfans de Dieu fe vérifie en ceft exemple^'yurogne & paillard eft relafché, mais celuy qui
s'eft retiré du mal & adhère à l'Êuangile,eft expofé en proye.
ÊîfïtSSÉS O VTZON, ou Baudevvin tapiffeur exquis &: rehauffeur de couleurs és
tapifferies, laifiaTeurnayàcaufe desperfccutions,& vint demeurer à An-
uers pour iouirde la viue voix de la prédication de l'Euangile^ Il efioit hom~
me doux, patient en aduerfitcz,&: fi peufe fouciant du mondc,qucfouuent
on 1 aouy louhaiter de mourir pour le tefmoignage de la vérité du Fils deDieujïfut cô-
ftituéprifônicrauec Antoine Verdrickt (duquel auôsdefcrit l'hiftoirc) aux fauxbourgs
de Bruxelles à lcnfeigne de la Licorne hors Steenpoortc, n citant autrement cognu ou
fufpe£r,quepar lacompagniedudid Antoine. Ou print auffi aueceux, vntroi/iemé:
mais d autant qu'il auoit efté autrefois cognu yurogne & paillard,& que de cela il y euft
bon tefmoignage rendu à l'Amman de Bruxelles, il fut incontinent relafché. Ayant
Boutzon rendu vne pure Confefsion de Foy àTEuangile de Icfus CJuift , en la prefenec
desPreftres&: Moynes,on aduifa de le faire mourir enfecret, par ce quelesaducrfaircs
par vraye expérience apperceuoyent de quoy auoit ferui au peuple la mort de ceux qui
auoyent pub liquemet efté exécutez. Mais d'autre part,cràignans d'encourir le mauuais
bruit qu'auoit defia la ville d'Anuers , de ce qu on faifoit meurtrir fecretement &C hom-
mes & fem m es en la prifon, ils n'oferent attéhter le fembfablc à Bruxelles : mais on me-
na d'vn matin à la hafte ce patiét à l'efcarr,& Fut décapité, pour faire moins de bruit que
parle feu:& ainli mourut ce feruiteur de E>ieu,clcuant bien peu de gensrau mefmc mois
de Ianuier, m.d.lix.
M.D.LIX.
CORNEILLE HALEVVYN, & HERMAN
I ANSSEN, a^tnuers.
O N void de fpecial en cefte niftoh-e.cominc fouucnt les A<kiocat5 & gens feruans aux fieges de Tuftttc , pour fàuuer la tïc de
ceux qui leur font rccommandet,felfificnt les reffonfo dcsfiddesprifonniuj^ic y a-qucconrrcJcSeigoeur,!! a'y a fineflè
qui ne foir rmuerfeeunc ttompcriequi puiffe empefeher l'execucion de (6a ceuure.
V A N D ces deux, Corneille Halevvyn ferrurier bourgeois d'Anuers , &
Herman lahffen d'Amfterdam en Hollade ouurier de h ar quebuzes , furent
coftituez prifbnniers pour l'Euâgilc du Seigneur parle fuidic Marcgraue d -
Anuers nôme1 Iean d'I mmevfelic homme fanguinairc, Herman eut après le
r-
Çorneilk Ha!evvyn> Çf Heman Janjfen. j/j
premier abordlaqueltio pour accufer ceux de fa cognoifTâVe: mais il demeura fcrrhe,ay-
mac mieux mourir,q d'amener perfonne en danger. Eftant accufc principalement de ce
qu'il auoit tenu en fon logis des affemblecs pour prefcher.il reipondit , Qu'il n'auoit ad-
mis nulles aflfemblees illicites Se défendues de Dieu:mais au contraire commandées en
la (àin&e Efcriture. On le chargeoit en outre,dc ce qu'il auoit efpoufé (a femme en l'-
Eglife qu'on appelcR cformee. ^Pendant fa détention, vn faux bruit courut à A mfter
dam qu'il eftoit prifonnier pour herefierdontil enuoyaàfes amis la Côfeffiondeiafoy,
cottee de partages comme s'enfuit.
Ie croy&côklfetoutcequieftehfeignéparleS.Efpritjauxefcritsdes Prophètes &c Confefiîou
Apoftres:& reiette toutes herefies &: dodrines côtraires à cela.Premieremét qu'ily a vn
feul Dieu en trois per(onnes,!ePere, le Fils j& le S.EfpritQue ce feul Dieu par fa tout- i.ntr.i.io
pui/Tance a créé toutes choies de rien:& les entretien t $c gouuerne toujours pat fa bon-
té-tellemétq rien n'aduient entre les créatures q par fa voI5té&: puiflanceimaisletout K.iean.v
viétdc luy,profperité& aduerfité.PartâtiecroyfidconfeiTcqu'ilhutieruir&ihonnorer ^u-3+
ceDieu feuU& l'inuoquer & prier feul en toutes nccertitez,& à luy feul rendregraces de M^ro
routbien&profperité.Parainiiiereiéttetoutcequ'onenfeigneau contraire, d'inuo- Jobi.&t
quer,prier,ou honnorer les fain&s morts. Etd'autant que la prière eft de nulle efficace {^""j*
fanslafoy,&:C{Uelafoy vientdelaparollede Dieu:iecroy & confertfe qu'il ne faut rien Matthieu 4
demanderàDicu,linoneniuvuantfoncommahdcment,&larcigledefa parolle; Par- jj*-*^
tant ie reiette tous faux feruices de t)ieu,&: tous moyennfeurs&interrefîeurs controu- &om.lo
uez. Levray feruicede Dieu interieur,côiîlteenfoy,charité,obeiflance,efperanee,pa- Jj^jj*
tiencc,innocence,&: pureté. Le feruicede Dieu extérieur, confiftecnla predicatiô
delà parollede Dieu,& fvfage des Sacrernens,auquel tous Chreftiens fontobligez.Les Hcbr.7
Sacremcns font fignes de grace,ordonnez par Iefus Chrift.dont i'Efcriturè nous en mô £™io
ftre dcux,aifauoir le Baptefme & la Cene.Quant au Èaptefme ie croy qu'il appartient à Mich .6
tous ceux qui font lauez& baptifez par le fang de Iefus Chrift,&: ainfi ont veftu Chrift.
entre lefquels font âufll les petits enfans.Car ils font aurti nets de ptché par Chrift,& he Matth.t$
riticrsdelaviceterneile.LaCenecft vnfacrébanquer,inftituéauec pain &: vin , pour
la mémoire de la mort de noftre Seigneur Iefus Chrift.Icy nous reiettons tous ceux qui Luc'*4
vn y adiouftant les ont obfcu rcis &: falufiez,& qui en ont controuué des nouueaux hors î cor.n
l'Efcriture* Car Iefus Chrift commande à fes Apoftres,qu'ïls nous enfeighent ce qu'il
leur a commandé . ^Cety enuoya Herman à fes amis,pour leur monftrer,qu'il ne
maintehott nulle fau/Te do&rine. Mais le Marcgraue fe tenat touuout s au mandement
du Roy,pcrfiftoit de pourfuiure Herman,piincipalemcnt pour les aflemblces.
Qy a n t à Corneille, il fut au fîiinterrogué en prefence dedeuxEfcheuins,&:refpô- Corneille
dit briefuement&fâgement* Le Marcgraue luy demanda s'ilfevouloit laifTerenfei- Ulterw8u
gner.Il refpondit:Ie ne fuis pas fi defraifonnable,que fi Ton me monftrequelque erreur
par la parolle de Diéu,qu« ie rie le Vueille laiïTei .Cependant le pere de Corneille folici-
ta le Marcgraue*&: fâ femme,(iaquelle on efti moi t eftre marrinede Corneille)faifat tou
te diligence pour retirer fdn fils de la prifon. La caufe donc fut finalement amenée iuL
ques la,que par Àdudcat,&: par efcrit,ils pourroyent propofer leurs defènfes. Au li-
bel qui fortit au ndm de Corneille, &fut produit parl'Aduocatenla Vierfchare, il Frl„dcau
yauoitqueCorrteilleconfeffoit fa faute , &que d'orefnauant il fe vouloit confefTer, procès.
& receuoir fon créateur , & fe remettre en eftat de grâce , comme vn bon en-
fant de la mere fain&e eglife» Qu'il confefîbit auffi , que les prédications cftoyent de
nulle valeur^d'aUtant qu'elles ne fe faifoyent point en lieux consacrez. Telles &c fem-
blables chofes auoit-on prefenre au nom de Corneille : demandant au refte , que s'il a-
uoitfailli en quelque chofe que cela fuft attribué &: pardonné à fa ieuneflc.Cependanç
Corneille eferiuoitiournellemcntauxfreiesj&monftroitgrand courage &c confiance
«Je foyrtcllemctot quvn chacun en eftoit refîouy,&: louoit le Seigneur de fa grâce. Mais
quelques vns commencèrent à fe douter duproccs,quifedemenoit ainfi fecrettemet*
&fcprefentoitficouuertementauConfeil.LeMiniftrede l'Eglife Flamengue fit tant
que par amis il eut vnc copie du procés*L'ayant leu,& voyant que la procédure tédoit à
grad fcâdalc,8c à vne abnegatiô manifefte de la vérité de Dieu,il le cômuniqua aux An-
ciens & Diacres de l'Eglife q. furet tous fort contriftez de l'infirmité de leur frere.LeMi*
niftrc donc luy çfcriuit vne rcmonftrance fort afpre,le priant,qu'il fe vouluft conuertir,
L/tfro VI. Corneille hfale<vvyn,& tferman Janjfen.
& amender fa lafcheté par vue ConfelTion libre deuant le Confeil.C^âd Corneille eut
raCfitt reccu cc^e lcctrc fi afpre,ilcn fut tellement troublé , qu'il ne fauoit quelle contenant
rcprins
Muùftrc.
Corneille
fortifie-.
Sentence
feerctte.
teninSctouslcsfrciesprilonniersciloycMufortcmpelthcz aie confoler. Lefangluy
failloi: du ncz:il iettoit les bras,& menoit vn piteux dueil.Quoy(dir-il)quc iereniaflela
ventcrDicu m'en vueillegarder.MonDieu,que les frères ont telleopinionde moy : tu
fais que i en fuis innoccnr,& n'ay point corn mis celle lafcheté. Lors les autres Frères luy
donnèrent ceconfeil; qu'il recouuraft la copie de fon procès: & s'il necontenoit cela
qu'il l'cnuoyaft aux frères, pour monllrer Ion innocence en ce dequoy on l'accufoit. En
ayant doncques parlé à Ion Aduocar,& regardé Ion procés,il crouua qu'il n'auoi t pas c-
fté acculé à tort: monftra toutefois que fes païens, U le Marcgraue auoyent fait cela
fans (on Iceu. Les frères derechef l'aduifcrcnt,qu'il rendilt telm.oignage à la vérité, auec
vne Confe/Hon ouucrte deuant le Conleil : déclarant, voire redarguant auiîï la faufTccé
commileenlon procès.
Finalement Corneille fut tellement encouragé &: fortifîé,principalement ayant veu
la procedured'AdrienlePeintre,& Henry Bockhaltle coufturiei(dontHermâauiIîfuc
fort côfermé, lequel cltoit toujours venu à la Vicrichareauec Cornei!le,& plaidoicde-
uant le Confeil parefcrit)quelcs menées du Pere , &: du Marcgraue , & l'induftric de 1'-
Aduocatne feruirentderien. Lesamisdechair,ou plulloft les ennemis de la vérité ne
ceiîcrcncdepourfuyurcla caufe pourofter la vie à ces deux prifonniers. Apres donc
que CorneillecV: Herman eurent efté pi efques vn an prifonniers , ils furent amenezà la
Vicrlchareen ceftan m.d.lix. \cij. deFeutier. Où les Seigneurs arrefterent lafen-
tence, mais ne la prononcèrent point,arîn que le peuple n'en lceuft rien: tellement que
les priionniers mefmcs ne fçauoycnt ce qu'on leur feroit,iufqucs à cequ'ils furent rame-
nez à la pnlbn.Lors ils demanderêt aux fcrgcns,ce qu'on auoit fait à la Vierfcharc: fi on
les auoitcncoresprolongez,commc les autres fois,ou s'ils dcuoyent mourir. Lesfcrgës
rclpôdirenr, qu'ils cftoyentremisà quinze iours : mais comme les prifonniers penferenc
retournerenleurlieuaccouftumc delà prifon,il fut commâdéaux ferges , de leur met-
tre les feps aux pieds, & les meneràlafofle: quieftoitvn certain ligne, qu'ils deuoyenc
mourir. Ces patiens Ce refiouirent au Seigneur,de ce qucle temps eftoic venu qu'ils fecl
leroyent la vérité parleur fang.
O r en telle extrémité on aaccouftumé en A nuers , & permet-on aux amis de venir
en la priion pour confoler &. encourager ceux qui doyuent mourir. Mais à celle fois fut
défendu au Geolier,de ne laifTer entrer perfonne,que parle commandemcntdu Marc-
graue,ailhuoir,des Moines, Preftres,& femblable vermine, qui les tourmentèrent de
leur Confcliion,& autres menus fatras. Le lendemain bien matin vint le Marcgraue
Faueurdu auec les Moines en la prifon,& fit amener les prifonniers. Lors il voulut encorcs mon-
rouerfcor ftrcrclue^uc^aucur * Corneillc:puis qu'il ne luy pouuoit plus donner la vie, il luy pre-
nallc. fenta ce l'exécuter d'vne mort plus aifec , moyennant qu'il voufift efeouter les Moines.
Corneille refpondit:Monfieur le Marcgraue, ia ne foit que 1e face telle chofetfàites de
mon corps ce qu'il vous plaira. Comme on les lioit,pour mener à la mortrHcrma aduer-
tit leMarcgraue,qu'iladuifaftàfoy. car(dit-il)celane fera point eftimé peu de cas de*
uantlesyeuxdu Seigneur,que vousnousoftezainfilavie. Pourtant conuerriflTczvous,
mQnficurleMarcgrauc,deuant que le Seigneur vous punifle. Vous nepouuez long teps
faire cecyde Seigneur s'en fafchcra à la fin. Apres qu'ils furent liez, le Marcgraue vou-
lut encores qu'ils prinfent vne croix de bois en leurs mains , &: lauTaiTent les Moines al-
ler auec cux-.& promit àCorneille,que s'il le vouloir faire,qu'il auroit feulement la telle
trenchee fans eftre bruilé:mais ils îettcrent les croix à terre,& dirent, qu'ils e vouloyce
donner le moindre figne,dont il pc uftfembler qu'ils le fulTentdefdits :c£ccleur eftoic
tout-vn de quelle mort on les fift mourir,puis qu'ils mouroyent au Seigneur, &: pour le
tefmoignagedeveritém'eftimans rien la peine defî petite durée, au prix de la grande
wt^durc/' S'°*re * venir,qui fera manifeftee aux fidèles. Ilsfurcnt donc menez vcrsle marchc,ôC
pareei Herman s'cfiouiiîant au Sejgncur,chancale Pfeaume ijo.Du fons de ma penfee &c.Ec
loirc à Corneille le fuyuant admonneftoit le peuple du falut éternel . Commcils furent ve-
nus au marché,refpee eftoit là toute prefte pour leur trécher la telle , s'ils eulTent voulu
prendre les croix en leurs mains,&: admettre la compagnie des Moines. Mais d'autant
qu'ils ne voulurent en rien ceder,on apprefta le bois pour les brufler. Lors Corneille fe
mit à genoux,& inuoqua le Seigneurie priant qu'il pardonnait à fes ctfnemis , qui pe-
choyent
Cruauté
grande
comi
laSl
venir
Récit d'hifloire. j 14.
choyent par ignorance. Apres cela furent menez dedas la maifonnette faire des fagots,
& là furent effrangiez à vn pofteau. Cependant qu'on les eftrangloit furuint vn tel tu- J"™^
multeau peuple,quechacun craignoit qu'ily djeuftauoir vnefedition:tellementque le d'Aaucis,
bourreau pnnt l'efpec pour fe defendre,penfant qu'on commêceroit àluy:maisla cho-
fe fut auflï foudain appailce qu efmcuë. Le feu allume fît fon action furies corps morts
de ces l'aincts Martyrs. Le Marcgraue entendit à fa façon accouftumee faire elleindre
le fcu,&: efter les corps à demi biuffez pour les mettre fur des roues au lieu accouftumé
preslaville,&citrecnfpc&acle&: monftre qu'il en auoit beaucoup exécuté f mais le
peuple des-ia irrité cmpelcha l'on deifein , tellement que fes fèrgens&: hallebardiers 1 -
ayans abandonné , il demeura effrayé &c efperdu, laiflant au bourreau le furplus de la
pourfuicte,
RECIT d'vnc mutinerie popuLw-eefweui k Paru :& des meurtres enJuiuisyàl'occ4fiondes Prejl
cheurs Jedttieux.
E v.deMaiSM. d. ï. j x .ily eut vne efmeute grande au temple defamctln-
nocent à Paris. Les prelcheurs tout le Karefmc n'auoyent cefTé d'inciter le
peuple à mafTacrcr tous Luthériens qui feroyent trouuez , fans plus en laif-
fèr la punition au Magiftrat:&: entre les autres vn moine MinimeouEnfu- Minimcen:
mcqui prefehoit audit temple,y employoit tous fes fermons. Mefmc ce iour, prenant fiuntîcraêc-
fon thème fur l'hiftoire delà femme adultcrequi auoit efté amenée à Iefus Chnft , die
chofes exécrables contre le Magiftrat:rcmonftrant que ce n'eftoit de merueilles fi les
luges ne ietroyentlcs premières pierres contre les Luthériens, pourcequ'eux-mefmcs
eftoycntLutheriens:&: qu'il nes'y falloir plus attendre, maisfe bander &C faire guerre
ouuei te, voire aux plus grans qui feroyet i'ufpec"rs de cefte doctrine. En cefte manière le
peuple de Paris,quiefl:compofé de racaille ignorante &defbordec à tout mal , fut mis
cnvnerageextremc,necerchantquelesoccalïons d'exécuter ce qui luy auoit efté re-
monftré. Là dcfîus il aduint qu'au cimetière de faindt Innocent deux hommes eurenc
débat enfemble,ainfi qu'on fortoit<Iufermon:&: l'vn ne pouuant faire pis à l'autre, l'ap-
pela Lutherien:&: fut incontinent chargé de ce peuple furieux, ayant efté pourfuiuiiuf-
ques dedans le temple,où il s'eftoit voulu fauuer pour eftre en franchife. Il pafToit lors
vnGentil-hom m e accompagné de fon frère prieur &c autrefois chanoine de S.Quentin:
èc ayant entendu qu'on tuoit là dedans vn poure homme,il en eut compafîion, &c vou-
lut eflayer s'il le pourroit dcliurer.il entre au temple,il fait remonftrances au peuple les
plus amiables qu'il pcuf.mais vn Preftrc s'eferia que c'eftoit à luy qu'on en vouloir, puis
qu'il ofoit s'oppofer à la mort d vn Luthérien, & qu'il falloit frapper defTus. Lepeuple
accouroit en ce lieu-la à la foulle,& commença à l'outrager de coups de poing. Son FurfUr<k
frère le voulut defendrermais ce n'eftoit qu enflammer dauantage la rage à l'encontre "iST^
de tou s deux. Ils furent donc par ce moyen m eurtris iufques au fang. Et alors ce peuple
bienreligieux,de peur que le temple ne fuit fouillé, les met dehors pouracheuer lemaf
facre.L'vn qui eftoi t Capitaine,efchappe,aprcs auoir receu des coups de tous coftez , &C
gaigna à bien gi ànd peinela maifon du Vica i ir c,qui le receut.Mais fon frere n'eut point
fî toit le pied hors du templc,qu'il ne fuft fra ppé d'vne dague au ventre,&: tomba mort.
C'eftoit vnpourePapifte, nullement inftrutt en la religionChreftienne,& eftoitpreftre
de fon eftat:pourtant il demandoit pardon au nom desSainc~ts,ildcmandoit confeflîon,
&c monftroit toutes enfeignes à ce peuple qu'il eftoit desfîens. Mais il n'y auoit aucune
raifon en celle befte de populace furieufe&: enragée. Ce ne fut point a/Tez de lauoir
frappé à morril n'y auoit û petit qui ne luy baillait fon coup. Et mettoyét mefmes leurs
mains dedans les playcs,puis les eileuoyenr,fegIorifians de les auoir tein&es du fang d -
vn Lucherien.Les autres cependant auoyent enuironné la maifon du Vicaire, de peur
que le Capitaine n'efchappaft. Etoyans quelalufticeleviendroirdeliurer , ne crai.
gnoyent de dire tout haut,qu'ils n'efpargnercycnt mefme le Roy s'ily venoit.Et furent
là attendans iulques à nuict clofe. Si aucun plus pitoyable auançoit quelques mots de
compaflTion,il eftoit incontinent accouftre de toutes façons:tellement que plufieurs fu,
rent bien mal traitez.Bref,c'eftoit vne chofe horrible de voir ce fpectacle.
Environ vnan auparauant prefque le femblable eftoit aduenu au temple S. Eufta
ce.Car vn Docteur de Sorbonne, vulgairement nome Lame de feu Picard,ne prefehoit
autre chofe que fang Se meurtre,&: animoit les Parifiens à tuer les Luthériens : &c faifoit
belles promcfTes à ceux qui s'y feroyent employez. Le peuple faillit pas. Car vn po-
Liurt-j VI. Jean lïarbemlle.
urc Efcolier>qui là eftoit \ enu bien deuotement pour ouyr le fermon , fe print à rire &: fe
VnEfcdier moquer d'vniicn compagnon, pourquclqut occafion qu'ilcn auoit : incontinent vne
ait duCpôtF vieille bigottes'eicvie que ecltoir vn Luthérien qui le nioquoit du preftheur. Le peu-
pubec uc pie à celte voix le iette dcflus,ians eftre autrement informé du faiéfc : 6c l'ayant mis hors
>jr,i' du templc,lemaliaciemi(erablemcnt,iufques à luy faire lortir les yeux de la tefte de
coups de poing. Il s'en trouua vn quiluy fit palier (on chcualfur le ventre par trois fois.
Maintenant qui n'aura horreur d'vnetelle cruauté?Et cependant les poures fidèles font
acculez de faire les efmcutcs,& d'auoir vne doctrine qui ne tend à autre choie qu a iedi-
ticji:quand on voit les ennemis eftre tellement conuaincus de la vérité, quede rage ils
La procedu niefleroyent volontiers le ciel &: la terre,pourcmpcfcher que Itïus Chrift ne règne. Il
rc^uc tien- neft plus qucltion d'y aller par rail'ons,5d par la parollc de Dieu:car ils cognoiilbycnt blé
ncut i pre- qu'ils le peruroyét par là:mais il faut vcmr aux coufteaux, il faut efmouuoir les peuples
lent iC"> *1U.- . Jn* 1 ■% i i * 4 '
ucriairo. irriter les cœurs des Rois par calomnies : voila touteleur detenfe. Toutefois en cela
laprouidenccdeDieuaefté admirable toutes ces deuxfois , que les plusgrands coups
de leur cruauté ne font point tombez fur les noftres,mais fur leurs gens mclmes,contie
leur intention 6c vouloir. Orc'citoit bien choit :à laquelle le Magilhat dcuoitauoir e£
gard:ce nonobftat elle demeure impunie lufqucsauiourd'huy : non point que tcfmoins
défaillent, car les meurtriers fe glorifient d'auoir donné les coups: ou qu'enqueftes ne
foycntfaites,carmcfmefemencede mort aefté dônee contre aucuns parle Iugeinfc
neunmaislcs Prefidensdela grand Chambre , qui ont tiré la cognoiifance de l'appel à
euXjtrouucrent que tout ce qui cft fait à bonnt inttntion,n'eft point péché : 6c que les
Luthériens fe fortifieroyent,li on pumifoit ceux qui n'ont autre courage que d'extermi-
ner les Lutheriens.Ils trouuerét meilleur que les bras des bourreaux fufîént employez
àtourmentei vnpourehommequiconfelîeranoftreSeigneuiTefus Chrift , 6c voudra
feruiràDieu par fa parolle,qu a punir les meurtriers & homicides. Comme de fait ils
l'ont monftré en la perfonne de Iean Bai beuillc maçon , corn me il fera maintenant dit.
Carlelendemain que fe fît ce meurtre a fainét Innocentai fut condamné , 6c commelL
uré à ce peuple affamé & enragé du fang des Chrefticns , pourappaifer&: rafîalicr fa fu-
reur.
IEAN BARBEVILL EJc Normandie.
EN voici vu auquel autres dons nous font propofez à confiderer,aflau»ir hardicflc& promptitude à bien payer derefponfc no
feulemeut Moines &: Docteurs cji a l'aflaiDcnt endifpute,maisaulu* lès luges du Parlement,tout moqueurs ôc Atheiftcs qu'-
ils fc monitrent.Sa cheute d'entrée eft recitce.afîn qu'on cognoiffe tant mieux la grandeur de la milericordc de Dieu.
Knf^liÈA. RBEVILLE eftoit maçon de fon meftierdefiad'aage,&: retournant
^^A^ de Geneuc, voulu tinftruire les voifins:maisilfutdefcouuert, &: acculé par
$n p^\\?eux,& parce moyen conftitué pnfonnier. Lepourehommefut bicnfoible
^ijgkj^^au commencement.de forte qu'il nia tous les propos qu'il auoit tenu aux an
très. Et mefme tomba en vn eftat fi miferable,qu'il ne ceifoit de blafphcmerDicu par iu
remens:&: auoit noifes tantoftauecl'vn tantofîauec l'autrexar Dieu vouloir ainficha-
Barbeuille ^*cr ^a delloyauté.Et puis il eftoit en l'Officialité entre les canailles de preftres qui le ga
rcdrclTépar fièrent bien fort.U aduint finalement qu'auec autres prifonniersil ofa entreprendre cô-
lescïhoru- cre ja perfonne du Gcolier:tellemét qu'il f ut refferré bien cftroitemét. Dieu s'aida de ce
leanMorcl moyen-la pour le redrelfericar il fut nus aueclean Morel fufdit,qui commença félon fa
couftume a l'exhorter par la Parolle:&: Dieu donna vertu 5c efficace à fa parolle , fi bien
que le pourehomme fut touché du fentiment de fon péché , 6c commença à pleurer &C
gcmirameremenr.il requit pardon au Gcolier:& délibéra de fe mieux porter à l'adue-
nir,&: retra&ej: tout ce qu'il auoit dit au dcfhonneur de Dieu. Auparauant(commede-
' puis il à tefmoigné)iln'auoit aucune alfeurance : 6c fi toft qu'il voyoitfcs luges, ileftoit
faili de frayeur,&; elpouuantement merucillcux. Mais il fut tout changé en moins de
rien,ne cellant de fc refiouir en la mifcricorde deDieu qui luy auoit efté faite^foubaÎN
tant l'heure qu'il fut mené deuantfes luges, pour faire apparoiftre defarepentance.Ce
qu'il fit le itf.ou 17.de Ianuier,eftaht mande' deuât les-Iuges Ecclefiaftiquesxar il main-
tint auec hardielie l'adoçation d'vn feulDieu , contre l'adoration des Sain&s&dela
V ierge,que les autres luy mectoy ent en auanc.Le lendemain il pourfgiuit d'vne pareil-
le con-
Jean Barbeuil!^ jr / 5
le confiance le mefme propos :& comme l'Official recitoit qu'il eftoit prifonnicr poura-
uoir die que les preftres en leurs temples eftoyét comme bail eleurs ycftus deiaune,vcrd,
rouge,ôi autres coulcurs.il refponditje l'ay dit voiremtt,&: li vous pa/îéz plus outre, j'en
diray bien dauantage:&: demeurèrent tous eftônez de cefte confiance. Le xvn i.deEe-
urier il fut mené à laCour,eftant appelé de l'Official, & le mcfme iout prefenté à ceux de
la grand' Chambre:& fît la confeffion qu i s'enfuit, & l'elcriuit de fa main.
APr e s que l'eu prefté le ferment, & dit mon nom, pays &deineurance, ie fû interro-
gué dequoy feftoye appelant, Rt. De la longue détention des prifons,aufquclics l'Of«
fîcial m'a détenu l'efpacedeneuf mois,fans me faire aucun droit ne iuftice.D.Pourquoy?
ifc.Pour auoir déclaré les comandemens de Dieu à vn de mes voffins, &c l'abus des côman
démens des homes. D.Côbien y a-il q tu n'as elle à la MefferR> .l'y fu à Pafquesrmais Dieu
voulutqu'il metomba vn lettrain fur la iambe, &: fu blelîé, &c m'en rctournav : &C me del-
plailt fort d'y auoiriamaisefté, pour la grade idolâtrie qi y ay veu cômettre.D.Quelleido
latrieri^.Onfeprofternoitdeuant les idoles, & onlesadoroit. D. Ec neraut-il pas adorer
Dieu parles images? Ri. Non: car il eft eferit aux Actes des Apoftres, Que Dieu n'habite
pointauxtemulesfaitsdelamaind'hommes.Etladefenfeen eftcxprefîeen Exode x x.
chapitre.D.Ouas tuapprimceschofés?Ri.En lafain&eEfcriturc. D.Ellecften Latin:
entens-tu Latin? Ri. Non:maisiel'ayvené enFrançois. D. As-tu elle aux afTemblees
quifefontàMont-faucon,&: parles maifbns? Ri. Non: maisi'y eufl'eefté volontiers, pour
ouir la parollede Dieu. D. As-tu elle à Geneue? Rt.Ouy,huit ioursfbulemenc,&: y ay be-
fongné démon mefber.Eten eftoye retourné pour y mener mon enfant.
C e fait, il fut mené à l'entrée du greffe ciuil de la Cour:& (corne on a bien feu par fidè-
les tefmoins)là fut interrogué par plufieurshu iffiers& clercs des grcfres,cômentiHàuoit
cequ'il difoit, attendu qu'il eftoit maçon,&: q le S.Efprit ne defeédoit point dedans l'auge
d'vn maçon. Pour toute rc(pon(e,il dit ces vers du Pfcaume 1 6. Loué foit Dieu , par qui fi
fagement le fuis inftrui t à prendre cefte adrelfc&rc. Depuis il fut mené au lieu où font at-
tendans les prifonniers qu'on fait môter pour eftre ouys:& là interrogué du Saeremét par
quatre Conleillers non toutefois à ce cômis par la Cour , rcfpôdit qu'en la Cene admini-
ftree félon l'inftitution de Icfus Chrift, il cômuniquoit au corps &c au fang de Iefus Chrift
par foy,& qu'il ne lesreceuoir d'vneraçon charnelle : careftant monté és Cieux , delà ne
defeendra iufques à ce qu'il viendra iuger les vifs&; les morts. Vndefdits Confeillersen
fe moquant adioufta à ceft article,Qui eft monté és Cieux, Et a tiré J'efchelle après fov. Vo'k quels
C e iour fon appelfut mis au neât : &C peu après remené à l'Official pour faire côfeliion p°a"| JgCpJ"*
de fa foy . II eut làcncore pareilles alarmesaux prem ieres fur la difpute des facremens, &: qui comta-
autres poinds:&: les fouftint fi bien , qu'il en fut déclaré heretique& fchifmatique. Entre ^'"[j*^
au très chofes interrogué de la Mefîe , il di loi t que c'eftoit vne marchandife fardée, qui ne moqueurs
valoit rien:&: que c'eftoit la paillarde aflife fur la grand' Befte, de laquelleil eft parlé en l'A de b,eu-
pocalypfe:quc c'eftoit laMere de fornication, auec laquelle les Rois & Princes de la terre dIT^I*
auoyent paillardé,&: eftoyenc enyurez de fon breuuage: que c'eftoit l'abominatiô qui a c- Matt.14.1j.
fté défaite par le Prophète Daniel: brefque c'eftoit vne plante laquelle n'auoit efté plan-
tée du Pere celefte,&; pourtant en brefferoitdefracinee,&: mifè au feu. Parlant du Pape,il
faifoit comparaifon de l'eftat de fa vie,auec celle de Icfus Chrift. Iefus Chrift, difbit-il,a e-
fté couronné i'vne couronne d'efpinesimais le Pape eft couronné de trois couronnes. Ie-
fus Chrift a laué les pieds de (es Apoftres-.mais le Pape fait baifer & adorer fa pantouffle:&:
ainfi au long faifoit antithefc de Iefus Chrift au Papcpour monftrer qu'il eftoit vrayeméc
Antechrift.Si on luy difoit qu'il n eftoit qu'vnepoure beftc,&: qu'il ne pouuoit cegnoiftre
les fain&es Efcrituresul refpondoit,Bien,prenez le cas q ie ne fuis qu'vnc befte &: vn aine: Rcfponfe 1
mais n'auez-vousiamais leu q Dieu ouuntla bouche de l'ancfTe du Prophète Balaâ, pour r°bicûioa.
la faire parler contreluy:pouraurant que la chargeant de coups.vouloit prophetizermé-
fonge contre les enfansdeDieu?SiDieuaouuertlabouched'vnebefte,eftes-vouscll3ahis
maintenant s'il ounrela mienne, pour me faire parler contre lesfâufTetez &:menlbnges
que vous fèmez entre le peuple de Dieu? Et comme l'afiieffe parla à eau le delà charge, de Nom.1x.13
laquelle elle eftoit moleftee par ce faux-prophete: au ffi maintenant à caule du pefant far-
deau,du quel au paflé vous m'auez chargé par vos traditions, ie luis contraint de parler.
Benedictinvs rinqui(îteurmoine,eftant venu à luy, fit cefte entrée, Qu'il eftoit
venu pour le confolcr , &: luy annoncer la verité:mais il eut fa refponfe auffî toll •. Et con>
' SS.
I>i#ro VL Jean Bafbemllc^j.
ment mediriez-vous vérité, veu que portez vn habit de menteur? Ienay garde delà cer-
Luc<r'44 chercnvousxarnul ne peur, cueillir des figucsauxchardons,nidesraifins auxcfpines. Il
refponditainfî,pource qu'il portoit l'habit de Moine. Le Moine l'arguoit, dilànr,qu'ilne
le dcuoit point iuger. fy. Non non, cen'cftpasmoy qui vousiuge, mais la Paroi le de
Dicu,6c les faux propos que tenez couftumierement . Iamais homme n'accouftra mieux
les Prcftres 6c Moines, qu'il falloir, récitant leurs mefehancetez : 6c leur dit vne fois , qu'ils
fe dônaifent bien garde,qu'cftant venu deuant Metïieurs,Dieu nei'ufcitaft l'eiprit de Da-
niel en luy,pour manifefter leurs tromperies, 6c les faire mettre tous «à mort. A quoy, dit-
il,ie memployeray volontiers. ^CommeBencdi£tinus luy vouloir faire accroire quelque
menfongr,il le prefTa de luy dire le lieu &: le partage où cela eftoit ci'crit. Le Moine impu-
dent luy rcipôdit, qu'il eftoit eferit au liure des Quenouilles. Barbeuille ne laifîa cela tom-
ber en terre,ma:s lelouuenant de ce que le Moine auoit dit au commencement, qu'il luy
venoit annoncer vcrité-.dit, C'eft à ce coup que vous auez dit la veritéxar toute voftredo
cttine n'a fondement ni approbation, que du Liure des contes 6c fables. ^11 ne voulut ia-
mais rienadmettre,qu'on ne luy en donnaft approbation parl'Efcriturez&ainfî refiftanc
à leurs menfonges 6c traditions,fut excommunie' 6c déclare' hcrecique.Or l'Official pour
luy prononcer lalcntence,luy commanda de femettreà genoux. Barbeuilleluydemâda
s'il eftoit Dieu pour eftre adoré. L'Official luy rcfpondit,qucc eftoit enl honneuréV: reuc
rencedu crucifix qui eftoit attache' au deftus de luy.Etpourtat,ditBarbeuilk,ien'aygar-
cweBjr de de le &ire>car ie (erove idolâtre. Ainfi fut contraint de prononcer la fentence, luy eftat
bemllc. debout:dequoy il ne fut eftonné-.mais glorifiât Dieu,auech3rdien,e,icrefiouiiToitdauoir
en cela tefmoignagcqu'eftantchafte delà iynagogue des Scribes 6c Pharifiens,il eftoit de
l'EglilèdelefusChrift.
Apres cefte fentence,il fut liure' au bras feculier,&: amené en la Conciergerie du Pa-
laiSjletroifiemedc Mars. Le fixicme,il fut condamné au feu par ceux de la grand' Cham-
bre,aprcsauoir derechef refpondu,&: deuant eux ,&: deuant les Docteurs, vn bien long
temps. On n'euftfceu voir homme moins eftonné delà mort qu'il eftoit.&: l'ardeur 6c zè-
le de Dieu s'accroi/foit en luy , à veuè d'oeil : tellement qu'il n auoit iamais la bouche fer-
mee.Ou il inftruifoit ceux qu'il récotroit: ou eftat féulet,i! ne ceflbit de châter Pfèaumes,
fe refiouiflant. Eftant afïis auprès de l'audience, furie banc des prifonniers , attendans
d'eftreouys^lfetrouua auprès d'vn pourehomme,qui eftoit acculé de larrecin .11 luy rc-
monftra là fa utc,& l'apurant de la remiffion de les pcchez,leconiblafi bien,qu'ils'en aL
la auec vne (inguliere repentance à la mort . Les malins ddpircz de le voir fi bien par-
ler à ce poure malfàiteur,& à toute l'afliftenec , l'enfermèrent dedans vnechambre , qui
refpondfur le preau . Encore commençoit-il d'exhorter les prifonniers qui font là : iuC-
quesàcequbn l'euft remis en vne chambre encore plus cftroite. Et fevoyat fans moyen
d'inltruire^ecefla de chanter Pfeaumes . Sur les onze heures, il futmenéàlachappel-
le, pour attendre l'heure du fupphceroù il monftra fîgnes admirables de (à confiance. Fi-
nalement eftant embaillonné,fut mené à l'exécution , en la place qui eft deuât lhoftel de
laville,en Grcue.lleftoirdit,qu'il(èroitattachéà vn pofteau,&:eftranglé rmaisla fureur
du Peuple ne voulut foufFrir,que la peine fut ainfi modérée. Et de peur qu'on n'apper-
ceuft fa conftancéen Ion vifage,ils di c.'ferent fagots cotre luy,iufques au defTus delà tefte,
& empefcherenr le bourreau de J'cftrangler . Mais il nelaiflà pas de monftrcrtefmoigna-
ges (uffifansdcl inuocariondu nomde Dieu. Car la corde qui tenoitfes mains ferrées fo
rompit incontinent : &Juy commença à dreflcr fes mains iointes au ciel : ce qui eftonna
toute la troupe deces bourreaux. Ain(i douccmcnt,&: iansgrans lignes de douleur,com»
bic que la cruauté fuit extreme,il rendit Ion amcà Dieu. A l'heure mefmcon pendoit vn
voleur à la porte ùdndt Iaques,lequclfut recouru par ces mutins, cependant que par leurs
fem blab les ceftuv-cy eftoit traittéfi cruellement. Autant en auovent-ils fait fur le temps
Meurtriers fe ]a mort de Guerimarrachans des mains de la Iuftice vn meurtrier: comme s'ils euflenc
voulu condamner Iefus Chnft.&deliurer Barabbas,pourn'eftrc veus moindres en la hai-
ne del Euangile,quelepeupledcs Iuifs.
POV R quelle occafîon U Mercuriale fi célèbre fut ctffcmhlec en ce temps au
PaAemtnt de Paris ,prefent O* inflant le roy Henri II,
DES
recoux.
EdiS Chafteati4rian£>. j 1 6
v&s* Es x l v 1 1 .articles contenus en J'Editt de Chafteau-briant cy de/Tus mentiônnéV Ediftde
§ HfcA ccux<cy en f°mmc eftoyent les principaux: Que les pourueus d'eftats de iudicatu- ctafte*u*
£=«3» ie feroy en t tenus d'apporter atteftation, par laquelle il apparoilTe qu'ils (ont en rc- briant'
putation d'eftre bons Chreitiensfii Catholiques .^Qu'on informerait contre la négligé*
ce des luges qui diffimulent la punition defdits Luthériens :& que de trois mois en trois
mois es Cours l'ouueraines leroyent tenues les Mercuriales; elquellesferoitpremiereméc
traitté des affaires concernantes la faindte Foy & Religion : fpecialement pour purger les
fautes,li aucunes fetrouuoyent contre quelques vns delà compagnie,lbuipeçonncz,&:c.
auec pluficurs autres articles fort rigoureux. ^"Aduint qu'après la mort du fufdit Martyr
Barbeuille,reftoyentencores quatre prilbnniers en la Conciergerie du Palais, icuneshô-
mes>&: en fleur daage : les trois appelans de lèntence de mort: le quatricfme, du demeu-
rant de la première perfecutiô de larue S. laques. La cognoilfance de leurs procés,venoit
deuant laTournelle,combien que ceux de la grand' Chambre s'en fuflent volontiers fai-
lîs,& eftoyent en iccllcTourncllepourlors PreiidésScguicr,&; Du-harlay^ auec bon nô-
bre degens,non ignorans le bon droit de la caufe.Us auoyent toujours différé de toucher
a leurs procès, craignans de faire choie contre les edi&s du Roy pour eftre mal voulus j ou
contre leur conicicncc. Car ils les auoyent ouy s plufieurs fois, &c ne pouuoy ent douter de
l'humilité,en laquelle ils leprefentoyent pour refpondre.Toutefbis,il ne leur fut pofti blc
de les laifTer fi long temps en pri(on,contre la couftume de la Cour. A ufliles gens du Roy
failbyent inftanecqu'expedition fuft faite des prifonniers.Iis furent donecontraints fîna
lement d'y pouruoindeliberez toutefois d'eflayer tous moyens de les fàuuer. Et premiè-
rement aucuns les lbliciterent,entant qu'ils peurent,dediiîîmuler,&: accorder quelques
poincts,defquels ceux qui ne font encores bien inftruits en la religion Chre(liéne,ne font
grand' continence: mais il ne fut poftiblc de les y faire rien confentir , au delà uantage delà
vraye doctrine. Ils voulurent donc y aller par vnc autre voye,& les interroguer fimplcmet
de la manducation du corps de Chrift en la Gene : fans faire mention , ny de McfTe, ny de
tranirubftantiation,nidcprel'encecharnclle:ei'perans bien par ce moyen les abfoudrcdu
crime de Sacramentaircs,lur lequel les fentences de mort lefondoycnt couftumieremet.
Car ils cftoyet bien aduertis(pour les auoir ouys autrefois, & autres prifonniers) ccftefoy
eftre aux Eglifes de Frace,qu'au Sacrement le corps de Chrift fe reçoit paries fidèles, non
point par imaginatio, mais vcritablemét & de faid, &: q les fignes ne font nuds & vuides,
mais exhibitifs de la vérité' d u Sacremct. De fait, en ce poinct ils eurét ce qu'ils elperoyët
de ces quatre:car,oftce toute folle perfualion de la prelènce corporelle , &: traniîubftatia-
tiô,s efforcèrent de monftrer en toutes fbrtes,q vrayemét les Fidèles participent au corps
& au fag de Chr ift,pour eftre nourris de fa fubftacc en la vieeternelle,&: ce par l'operatiô
fecrette du S.Ei'prir.condânas tous ceux qui imaginét les lignes eftre nuds aux Sacreraés
inftituez de Dieu^Cefte Confelïîon fut rapportée à la Cour,au grand contentement de
tous les bôs,qui la voyoyet ti raiibnnable , qu'il lembloit bien q tous accorderoyét ladeli-
urancc-.toutefois il s'en trouua qui requirent qu'on les interroguaft ddTus laMefTexequi
nepouuoK eftre denic,qu'en coercuenatau ftyle ordinaire des interrogatoires. Orcôbié
qu'on euft péle par ce moye,la deliurace dcuoir eftre empelchee,tou tefbis les bôs demeu-
rerétenleur jppos delesdeliurer. Ils font donc mandez derechef, &: après auoir dit qu'ils
perfiftoyét en leur première Confeftîon,on leur propofe,q la Cour le tenoit bien côtente
d'cux,s'ils vouloyctallerà laMelTe.Acelales quatre firétrefpôfe,q pourrie ilsnefctrou-
ueroyet là,où Dieu eft tant dcshônoré.Les autres,afin qu'il apparuft,n'y auoir en celle ref
pôfe cholèq. meritaft côdânation,leur dônet cogé de mettre en auât leurs railbns.Ces pri
loniers nedemandâsautrechofe,nefaillirentde dépeindre la MeflTe de toutes faços, pour
môftrer qu'ils auoyent raifon delà deteftcr.Car l'vn deelaroit par oppolition, combien la
Méfie eftoit contraire à la Cene. L'autre monftroit que c'eftoit blaf'pheme, de dire qu'il y UUcffc
euft facrifice propitiatoire que la mort de Iefus Chrift. L'autre, quefa diuinité &: huma- dépeinte de
nité leroyent anéanties, fi l'arricledc la tranfTubftantiatîon ( qui eft le principal de toute ^couleurs
la Meflc)eftoit receu : &c Idolâtrie d'adorer le Tout-puifTant en vn morceau de pafte cor-
ruptible. L'autre, que les fruicts du Sacrement ne pouuoycnt eftre receus, là où la parolle
n'eftoit coniointe au <ïgne,où l'vn des lignes eftoit rerrenchc,&: où il n'y auoit aucune cô-
munion. Bref, la Meftefutaccouftree de toutes fes couleurs, auecques tout loifir& har-
dielfe: tellement qu'aucuns des luges eftoyent contraints dédire touthautqu a la véri-
té il y auoit de l'abus, &c que c eftoit faire tort à l'inftitution de noftrc Seigneur Iefus
SS.ii.
Lime VI* Piwf Çhcuct.
Chrift,quad on priuoit les laies du calice,qu'vn feul faifoitfon cas à part,& le tout en lan-
gage non entendu du poure peuple. lamais on n'euft penfc qu'vne Confelfion fi francho
euft eux receuë en lieu, auquel tous ceux de deuant qui auoyent fait pareille confèflion,
auoyent efté condânez à mort. Tant y a que pour lors,la vérité eut quelque licuxar con-
tre toute attente, contre toute couftume précédente, contre l'intention des principaux
aduerfaires de Dieu , il fut dit par Areft , quelque fentence de mort qui euft efté donnée
contre les trois par les luges inférieurs, que tous auroyét leurs vies tàuues, à la chargede
fortir du pays dedans quinzaine.Cefte exception auoit encores quelque rigueur iniufte:
mais ce n'eftoit rien au prix de la cruauté qui auoit efté exercée auparauant : & puis on
côfideroit q le bannhTemét ne feroit pok peine à ceux qui aufïï bié rullent partis du Roy-
aumc,pour aller feruir Dieu au pays de plus grade liberté. Quoy qu'il é foit,ceci n'eft poïc
aduenu fans vn grand aduantage de la bonne caufe,d'auoir efté vne fois aucunement ab-
fous en pleine Cour de Parlement: comme bien le recognurét les ennemis , voyâs par là
la porte toute ouuerteau regnede l'Euangile . Et pourtat ils mirent peine par tous moy-
cns,que tel Areft ne fuft ftuui à l'aduenir: raifans venir ceux qui auoyét authorité enuers
le Roy pour faire menaces aux vns & aux autres. Finalement les Procureurs &c Aduocats
du Roy remonftrerent,Si l' Areft de Seguier eftoit fuiui, qu'il y auroit côtrarieté entte tes
Chambres : pourec que ceux de la grand' Chambre auoyent accouftw mé deiugcrà mort
ceux qui auoyent efté abfous par ledit Areft .Ils requierét donequ'on aduile à quel Areft
on fe doit tenir,de peur que la Cour ne demeuraftdiuifee. A celte re quefte des Gens du
u nom de rov ja Mercuriale fut aflemblee le dernier Mecredy d' Aur il : qui eft vne conuoeacion fo-
Mcrcurulc |ennej]c <jc toute la Cour,pour confulter des chofes degrande côfequence,& qui ont be-
foinduconfeildetous:&rprendfon nom du Mecredy . Ainii on commença d'entrer en
ccftequeftion,&: depropoferles aduis:maiscependâtceux de la grand' Chambre, dcfpi-
tez delà belle deliuranec faite par ceux delà Tournelle,fe délibèrent de combatre à ren-
contre par contraire cruautés enuoyerentàla mort vn poure vigneron, nommé Pierre
Cheuet,duquel nous reciterons fhiftoire auant que palfer plus outre.
PIERRE CHEVE T^eV^c-farif
C E V X qui font d'aage,à l'exemple de ce Martyr, prennent courage à pourfuyure le cours de celle poure vicl
en maintenant la vérité de l'Euaneile contre les cruels outrages des cnnemis-.à ce que finalement ils foyeot
plunoLt laflei en perfccutant,queks enfans du Seigneur en fouffrant.
pierrcChe- tîSfnifclj-é N ceperfonnage, cômeen vndcspluscontcmptibles,la vertu de TEfpritde
uctadmir*. |â laQ&QS ^icu s'eft monftreeadmitable. C'eftoit vn poure vigneron natif de Ville-pa-
blcciik pC HSÉSto rifi,lieuquicft diftantdePaiisenuironcinqlicues,(ui le chemin de Meaux:&:
Sjjjjj^j*^^ faifoitlàfarelidence,gagnâtfa vie au labeur des vignes. Son aage veno'tà foi-
xante ans ou plus,& de long temps auoit efté receu à la cognoifîancc du vray Dieu: àc y a-
uoit te llement profité,qu'il lauoit tout fon nouueau Teftament fur le doigt:mefme délia
il auoit IbufFcrt pour cefte doctrine vne autre fois. Et prenoit bien la peine de venir de fon
village iufques à Paris,pour eftreinftt uit en l'Eglifeauec les autres.
ArAduétdeNocl m.d.lvi 1 1 .arriuaau village vn Cordelicr pour prefcherdequel fut
incontinét aduerti de luy &c de fa religiô. Le Moine délibère de luy iouer vn tour de trai-
ftre,l'inuita de le venir trouuer, fous iè donner àentendre qu'il vouloitauecluy cômuni-
\\a Cor" *lucr ^c *a Paro'le &c Dieu.Le bon home ne refufa point:& ayât prins fon nouucàu Tcfta-
dclicr. ment delîous Ion bras,Ôc" vne douzaine de fes amis auec luy,gés aucunemet inftruits en la
vrayedodrine,s'en vint trouuer le Moine.Prcmieremét le Moine deliroit faire retirer les
autres:mais il ne voulut,difant q s'il auoit quelque dô de Dieu, il en deupit faire part auûi
bié aux ailtres:&: parloit d'vne telle haï dieifcsq le poure Moine n oibit entamer propos. A
la fin il demande qu'ils eftoyent venus faire en lamaifon .Cheuctrefpond,Il vous plaira
de nous dire fi Ielus Chrift eft feul Sauueur,où iï nous en deuôs cercher d'autres. Le Moi-
ne incontinent les renuoyc aux Sain&s, aux ceuures&traditiôs des homes, par ld^uelles
onpenlèacquerirfalut:mais Je bon home eur incontinét ouuert fon nouueau Tcftamét,
&: réuerla la belle refponlèdu Moinepar palTages infinis, lefquels il lifoit,ou faifoitlireen
fa pief encc.Melmes eftans tôbcz deiius le Sacrifice delaMeiTe,lc x x .chap.auxHcbr,iuk
ques
P terre (heuet. //>
ques àla fin <Ju dixicfmefùt lcu, au grand regret du frère frappait , qui ne fâuoit que direî
tellement que de delpit& de rage il s'en va au Chaftcau vers la Dame du village:& fait tac
quelle cnuoye quenr Cheuet pourl'arrefter prifbnnier . Lequel ne fît refus d'y aller :&fc
prefentafranchement à celuy qui auoit charge de luy faire le mandement. La Dame de
Ville-pariiil ayant ouy en la.prefence defes Damoifelles, furies aceufacionsdumoine le
retint:&: auiïi arriua à l'heure vn homme deluftice auec le Greffier du village. deuant les-
quels il fit ample Confefiion de fa foy : û bien que le lendemain il fut enuoyé.à Paris, aux
prifons du Chaftelct.
Pi>x ou douze iours après il fur prefenté au Lieutenant criminel,portanttoufîours a-
uccfoy ion lipuucau Teftamét pour la dt fenlcdequel il aduoua,& dit qu'il le vouloit fbu-
fteniriufques àla mort. Et après auoirrcfpôdu furies poin&s côcenus en fon procès tou f-
iourschreftiénemét,tutréuoyédeuâ^rOl^^
ceftuy-cinevoulutrefpondre, difant qu'il nclerecognoifibir pour fon luge. Èt déclarant
qu'il appeloitdeluy,cômcd'abus,futmenécn la Conciergerie auec Barbeuille. Ceux de
la grand' Chambre fouirent côfefler noftre Seigneur Iefiis Chrift : &: m écrans lbn appel à
neanc,lerenuoyerent encores deuers l'Official : 6c fut interrogué deuant luy par diuerfès
fois:&: le porta conftâment îufques àla finrde forte qu'il fut condané hérétique. Eflâr en-
quis qu'il croyoit de la Mefîerdemanda fi elle cftoit côtenue au nou ueau Teftamét.L'Of-
ficial côuaincu de la veri té,refpôdit que non.DonqueS)dit-il,ie nela croy pas. Et mettoic
làtoute fadefenfc: remonftrantqucles homes n'y pouuoyentadioufterny diminuer . Et
que fi vn Ange du ciel luy annonçoit autre chofe que ce qui eft là efcrir>il ne le croirait ia-
mais,ains luy ieroieen exécration. Que Dieu auoit fait fon Teftamét:& quoy qu'on y ad-
iouftaft,on n'en (eroit iamais aduoue. Et là deflus recita vnefimilitude de ce qui lui eftoit
autrerbisaduenu:Quand,dit-il,mon pere&: ma mère allèrent de vieà trefpas,ils m'ordô-
nerct exécuteur de leur teftamenc. I'accôpli leur volonté, & fi beaucoup dauâtage qu'ils
n'auoyent ordonné. Mais deumez quand ce vint à rendre conte à mes cohéritiers, s'ils en
aduouerent iamais rien,&: s'ils en von luret iamais rien croire? Ainfi necroiray-ie point ce
oui aura efté adioufte au Teftamen t de mon Pere& Sauueur. Interrogué,veu qu'il eftoit
vigneron, cornent il iauoit tant de choies. ^. Il eft eferit , Ils feront tous inftruits de Dieu. Efaicj^
Pourquoy neiauroy-iece qui appartiétà mon (alut> quand i ay vn i\ bon Do&eur l'Eiprit
de Dicuf D. Ofes-tu direqu'ayes l'El'pricdeDieuîÇi.IefuisdesenfansdeDieu,&: fElprjc
de Dieu m'eft donné pour eft i claire de mon adoption.il luy dit, qu'il fe mettroit en dan-
ger d'eltre bruflé.ll fît refponfc,qu'il n'en actendoit pas meilleur marché : Se encore qu'on
le deuft eicorcher tout vit , toutefois on ne luy feroit renocer Icfus Chrift. Caril eft eferit:
Quiconques me confefie:a,&:c. On luy demada,veu qu'il y auoit trois ans qu'il eftoit ex-
jcommuniéjVilnefc vouloit pas faire abibudre,feconfefler&:receuoir pardon. Jji.Ieme
confefleà mon Dieu tous les iours. Au refte, où eft c#beau pardon nn eu r qui entreprend
de pardonner? L'Official print la parolle,difànt,quec eftoit luy. Etpourehomme,dit-iIi
vous auez allez à faire à vous fau uer,& vous voulez fauucr les autres?L'Official fèfentanc
piqué,le menaça <Je le faire demeurer longtemps en prtfbn.Non,nonidic-il,medcuffîez-
vous fairepourrir en vos prifons,û* ne changeray-iq iamais dé propos.
L h 1 1 . de Mars il fut prelèncé à l'Official pour receuoir fentence : &: commanda ledit
Officiai qu'il fe miftà genoux,côme il auoit fait à Barbeuille. Non feray,dit Cheuet,car il
m'eft défendu d'ado rei la creatu re. L 'autre le prelîa:&:à la fin il dit, le le feray pour l'hon-
neu r de Dieu,&: non point pour l'amour de vous. Lors luy fut prononcé lafentéceen La-
tin.Et le vigneron nullemétefriavéluydit,Monficur,dites-laenFraçois,ien'enten point
Laiin. L'OtficialJcdiquctu eshe etique&fchifmatique. Le vigneron, Il n'eft pas vray,
car ic croy mieux en Dieu que vous nefaites . Et ainfi qu'on le tiroit du parquet , dit tout
Jiaut, Voici,Sc igneur Dicu,:e te ren grâces qu'auiourdliuy ie fors hors de la iynagogue Je
Satan fins receu en ta grande 2>c triomphante Eglife. Quclqu'vn luy dit, Au fèu,aufcu.
&ilrefpondit, Gardez le feu éternel qui ne s'efteint point.
Le ii i i. de Mars, il flit huré au bras {êculier,&: mené en la Conciergerie. Etapresa-
uoir &C deuant les Inquiiiteurs,&;deuant ceux delà Chambre, perfeuere en la confeffîon
de rEùangile,futpareux-mefmes condamné à la mort du feu. C'eftoitvn petit bon hom-
me autant ardantdezcle que rien plus. Il necerchoit que les occafionîdemanifefter no-
ftre Seigneur Icfus Chnft.S'ii eftoit en prifo auec d'autres, il ne tafehoit qu a les inftruire.
S'il eftoit côduit par les Geoliers,il ne tenoit autre propos q de la parole de Dieu. Vne rois
SS.iii.
LiurCj VI. nAJfernblecj des Minifircs deu France^
?«a nou- attendant qu'on le fift entrer dedans le parquct,oùeftoyét Tes Iiiges,ilfàifoit fa prière au-
Wc. prcsd'vne muraille. Vnevieillelui dit,Et que ne vouseftes-vous mis deuantceftcimageî
&: îlrefpondit, Pource que ie feroye idolâtre: car il eft défendu d'adorer les images. Et fur
ce expofa le commandement de Dieu contre l'Idolâtrie, en la prefenec de beaucoup de
gens:fi bien qu'ils s'efcrierenr,Si on le vouloir efcouter,il conuertiroit toute la ville de Pa-
ris. Les tefmoignages de l'Elcrituré ne lui manquoyent aucunement en toutes fcsrcfpô-
fes. Toutefois nous les auonsobmis, de peur d'eftre trop longs: ayans cependât extrait ce
que nous auons dit de fes Confeifions, eferites de fa main.
O r combien qu'en tout &: par tout il donnait des enfèignes d'vne crainte de Dieu fin-
guliere,&: de fafoy iufques à conuaincre les ennemis:toutefois pource qu'il ne vouloit pas
receuoir le menfonge, au lieu de la vérité de leius Chrift, il fut enuoyé mourir en la place
Maubei t.Ec fut traitte encores plus cruellement que pièce des autres. Car la charge del'-
execution fut donnée à vn bourreau de Cour le plus cruel & le plus barbare qu'on vit on-
ques. Il luy mit vn bâillon fi eftroit, qu'il eftoit t out difforme , &c ne ceflbit de le batrede
coups de poing , voyant qu'il ne vouloit eleouter vn prellre, qui lui vouloit faire bailer v-
ne croix: lequel aufîî aidoit au bourreau,loutrageant de coups de pieds.Ce bourreau s'en
Surrttu^ a^°*1 diiat,qu'il letraitteroit plus cruellemét q iamais hômenefut:&: n'efpargncroit tou-
tes les cruautez qui furent iamais en bourreau. Eftatarriué auprès de la potéce,il ne print
pas la peine de defeédre ce poure hômc,mais le ictta du haut du tôbcreau en bas , la telle
deuant: &: letint vn long téps en l'air iufques à ce qu'il fut-expiré . Cependât contre cefte
cruauté il combatoit d'vneconitâcemerueilleufe. Ainfi qu'on le defpouilloitilcrioitin-
telligiblemét,Et que ie fuis heureux, Et que ie fuis heureux,Quc ic fuis heureux .' &c auoit
touiiours la veuè tendue au ciel. Tout ce peuple infidèle crioit que c'eftoic le plus obftiné
le plus mefehant qui fut iamais veu: donnant bien à entendre à ceux qui fàuent que c eft
de confiance, que celle de ce Martyr eftoit nompareillc.
T O V C H ^4 T y ne ajjèmblee des Miniftres de France tenue ké
Paris, pour cftakhrvn ordre Ecclejîafticjue.
A CourdeParlemét eftant empefehee à la pourfuitte deleurafTemblce Mer-
curiale , les Eglitès fonr de leur cofte' tout deuoir , d'afTcmbler les Miniftres de
France en la ville de Pari$,pour cftablir vn ordre &c police Ecclcfiaftiquc. On
y dreda la Confeifion defoy,à laquelle toutes les Eglifes fe tiendroyent. Là fu-
rent au fliarreftez x l i i. articles concernas la difeipline Ecclefiaftique: defquels(pour en
informer les autres Eglifes ) il eft expediét d'en faire ici vn îbmmaire recit:Qu.'cn premier
E^uiiité. lieu nulle Eglife ne pourra prétendre principauté ou domination fur l'autre. Qu'vn Prcfi-
Vn Prcfidét Jcnt e n chacun Synode ièra efleu d vn corn mun accord pour prefider au CoIloque,& fai-
re ce qui y appartienr.Et finira h dite charge a uec chacun Synode &c Concile. ^Queles
Vq Ancien Miniftres amenerot aueceux au Synodechacun vn Ancien ou Diacrede leur Eglife, ou
n"iSc.C ^ plufieurs, lefquels auront voix. Qués Conciles généraux afîemblez félon laneceffité des
Ccnfurc Eglifes, y aura vneCenfurede tous ceux qui y affilieront, amiable &: fraternelle: apresla-
quelleferacclebreela Cene de noftre Seigneur Iefus Chrift . ^Que les Miniftres, &vn
Ancien ouDiacrepour le moinsdechacuneEglifeou Prouince,s'aiîemblcront deux fois
L'elcctiôde lannee.^Que les Miniftres ièrontefleus au Con l\ {'toi reparles A nciens&: Diacres: &:fc-
Miruftrcs. ront preientez au peuple,par lequel feront ordonncz:& s'il y a oppolition,cefera au Con-
fiftoire delà iuger:&: au cas qu'il y euft mefeontentement d'vne part &d'autre,que le tout
fera rapporté au Concile prouincial: non pour contraindre le peuple àreceuoir le Mini-
ftre efleu , mais pour fa iuftification . ^Que les Miniftres ne feront ertuoyezdes au-
tres Eglifes fans lettres authentiques, &: lans icelles ou deuëinquifition ne feront receus.
Signer U ^Quc ceux qui feront edeus, figneront laCônfeifion defoy àrreftee tant aux Eglifes,auf-
dc7ofcflî0n 9uc^es ^s auronc et c^ efleus,que autres auxquelles ils icront enuoyez. Et fera l'élection cà
cioy' firmee par prières, & par impofitiô des mains des Miniftres, (ans toutefois aucunefuper-
frition.^Q\ielcs Miniftres d'vne Egl lie ne pourront prefeher en vne autre,fans le confen
Election, tementdu Miniftred'icelle,ou du Confiftoireen fon abfence. ^Celuy qui aura cfté efleu
à quelque miniftere,(era follicité &c exhorte de le prendf e,& non toutefois cotrainft. Les
Miniftres qui ne pourront exercer leur chargeaux lieuxaufqucls ils auront efte ordônez,
Caufcs de ^ilsibnt enuoyez ailleurs par l'aduis de l'Egliic,& n'y veulent aller, diront leurs caufes de
refus au Confiftoire;ÔcJàilferaiugé fi elles feront reccuablcsr&û elles ne le font,3c qu'ils
perfi-
Zûtért ordres Eccleftafiiqiitïf. Jr S
perfiftent à ne vouloir accepter ladite charge , en ce cas le Concile prouincial en ordône-
ra. Celui qui feferoitingeré,encorcs qu'il ruftapprouué de fon peuple,nc pourra eftreap
prouué des Miniftres prochains, ou autres, s'ilyaquelqucdifFerétfurlbn approbatiô par
quelque autre Eglife: mais deuant que paflfer outre , le pluftoft que fàke fe pourra, fera af-
fembléleCôcile prouincial pour en decidsr. Ceuxquifontefleus vne fois au miniftere JJjjj^^
delà Parollc,doiucnt entendre qu'ils font efleus pour eftre Miniftres toute leur vie . Et
quant aceux qui l'ont enuoyez pour quelque temps , s'il aduient q les Eglifes ne peuiTent
autrement pouruoir au troupeau, ne leur lera permis d'abandonner f Eglife pour laquel-
le IcfdS Chrift eft mort. Pour caule de trop grande perlècutionjon pourra faire châge- Ch*2g«*
ment d'vneEglùc à autre pour vntcmps,duconfentemcnt&:aduis des deux Eglifes. Se
pourra faire le femblable pour autres caufes iuftes rapportées &: iugees au Synode prouifl
cial. Ceux quienièigneront mauuaifedo&rine,& après en auoir efté admonneftez ne Depofidoo;
s'en dehfteront:Ccux aufiî qui leront de vie fcandaleufc,meritans punition duMagiftrat,
ou excommunication, ou leront defbbeuTans au Conûftoirc, ou bien autrement infuffi-
fans,lcront dcpofez-.exceptcz ceux qui par vicilleiTe,maladie,ou autre tel inconuenict fe-
royent rendus incapables d'adminiftrer leur chargeraufquels l'honneur demourera,&: fe-
ront recommandez à leurs Eglifes pour les entretenir,& fera vn autre leur charge. Les
vices Icandaleux &c puniiTabJes par le Magiftrat , reuenans au grand fcandale de l'Eglife, ^^"^
commis en quelque temps que ce foit,lors qu'on eftoit en ignorance ou après , feront de-
pofer le Miniftre.Quant aux autres vices moins fcandaleux,ils feront remis à la prudence
& iugement du Concile prouîncial. La depotition fefera promptement par le Confi-
ftoire,au cas de vices enormes,appelez deux ou trois Pafteurs : Et en cas de plainte du tef l^^J^
moignage& calomnie,lefai&feiaremis au Concile prouincial. Ne leront lescaulesde uon.
la depoûtion déclarées au peuplcû la necefûré nele requiert,de laquelle le Conûftoirc iu
géra. Les A nciens& Diacres font le Sénat de l?Eghfc,auquelfedoiuetprcfenter les Mi- jjJTaerE-
niftrcs de la Parolje . L'office des Anc iens fera de faire aftembler le peu ple,rapporter les Anciens,
fcandalesau Conàftoire,& autres choies fcmblables, félon qu'en chacune Eglife il y aura
vncformecouchceparefcntUclonlacirconftanccdeslieux&destcmps. Et n'eft l'office
des Anciés,comme nous envions à prêtent perpétuel . Quataux Diacres, leur charge Ducm*
fcradcvifiterlespouresjlesprifonniers,^: les malades, Se d'aller par les maifonspourcà-
techifer. L'office des Diacres n cft pas de prdeher la Parollc,ni n'adminiftrer les Sacrc-
mens, combien qu'ils y puuTent aider ■: &c leur charge n'eft perpétuelle, de laquelle tou-
tefois eux ne les Anciens nele pourrôt de partir fans le congé des Eglifes . En l'abfence du
Miniftr6»ou l°rs qu'il fera maladc,ou aura quelque autre neccfûtéje Diacre pourra faire
les prieres,&: lire quelque paiTage de l'Elcriture/ans forme de prédication. ^Lcs Diacres J^jf0*
& A neiens feront depofez pour les m efmes caufes que les Miniftres de la ParolJe en leur iceia*
qualité,ÔC ayans efté condamnez par le Conûftoire,s'ils enappellent, feront fufpédus iui-
quesàcequil en foit ordonné par le Concile prouincial. Les Miniftres ny autres de l'E-
gjife, ne pourront faire imprimer liures compofez par eux ou par autres touchant la Reli- Uuns * 'm
gion, ni autrement publier, fansles communiquer à deux ou trois Miniftres delà Parolle pmner'
non fufpe&s.f Les hérétiques, les contem pteurs de Dieu, les rebelles contre le Confiftoi- Hcredquc*:
rc,les traiftres contre fEgIife,ceux qui font attaints &c côuaincus de crimes dignes de pu-
nition cor Dorelie,&: ceux qui apporteroyent vn grand fcandale à toute l'Eglife, lêront Eicommii-
du tout excommuniez^ rerrenchez , non feulement des Sacremens , mais auffl de toute w«p«»Wi-
Tàuemblee Et quant aux autres viccs,ce fera à la prouidéce dclTEglife de cogrioiftre ceux <*ucmeQ*
•quideuronte/he admis à IaParoîle,aprcs auoir efté priuez des Sacremens. Ccuxquiàu-
ront cft-p excommuniez pour herefie,contcmncment de Dicu,lchifme,trahifon contre 1'-
Ëglifcrëbellion à icellé,^ autres vices grandement feandakux à toute l'Eglifc, feront dé-
clarez popr excommuniez au peuple>auecles caufes de leur excommunication. Qiiant à
ceux<jwi aufoyent efté excQmmu niez pour plus légères caufes, ce fera enla prudence de
fEgliiq 4 adwifer § cUeleç deura rnanifefter au peuple ou non , iufques à ce qu'autrement
«n foit o^fini par le Cocilegencrai enfuiuant. Ceux qui auront efté excomuniez vien-
drppt >u Çpnliftoire demander d'eftre reconciliez à l'Eglife^Uquclle les iugerade leur rè- ^concilia
pehtànce. S'îls ont efté publiquemët excom muniéz, ils feront auftï pénitence puplique. al Eglife*
S'iîjc ont point cftç publiquement excomtnunièz,ils la feront feulement dcuantJeCon-
fiftpirc. Ceux qui àurpnt fait abnégation cnpcrfecution , neferont pointàdmis en l'E- Àbncgatie*
glifcjûnon en faifent pénitcneepublique deuant le peuple.En tçnips d'afpre per&cutioni
SSàiii.
VL Synode des Miniftres. ^Mercuriale fourfmuicjl
ou de guerre , oudepefte,ou famine, ou autre grande afflidion. Item quand on viendra
eflire les Minières de la parolle,&: quand il fera queftion d'entrer au Synode , l'on pourra
dénoncer prières publiques &: extraordinaires , auec iufncs , fans to utesfois (crupulc ny
Mariages, fuperftition. ^ Les mariages feront propofczau Confiftoire, où fera apporté le contrat
du mariage pafTé par Notaire public, &ferôt proclamez deux fois pour le moins en quin-
ITpoufaillcs zeiours:apres lequel temps le pourront faire les eipoufaillcs en l'aiTemblee. Et ceft ordre
D'cnr i ne fera rompu finon pour grandes caufes,defquelles le Confiftoire cognoiftra. ^Tanc
ftreiy^1 les mariagcs,queles Baptefmeslcrontenregiftrez&: gardez foigneufement en VEglifè, a-
uec les noms des pères &: mères &c parrins des enfans baptifez . ^ Touchant les confan-
. guinitez &affinitez, les fidèles nepourront contrader mariage auec perfbnne, donc
nitez. ^ grand fcandale pourroit aduenir, duquel l'Eglifc cognoiftra. ÇLcs fidèles quiaurovenc
leurs parties conuaincues de paillardife,feront admôneftez de fc reunir auec elles:s'iis ne
PaiUardife. je veuient faire,on leur déclarera leur liberté qu'ils ont par la parolle de Dieu, mais les E-
glifes ne difîbudront point les mariages, à fin de n'entreprendre fur l'authoriré duMa-
giftrat. ^Les ieunes gens qui fout en bas aage ne pourront contracter mariage fans le cô-
Côfeotemét lentement de leurs pères &; meres: toutesfois quand ils auroyent percs &c mercs tant def-
deParcn». rajfonnabIcs, qu'ils nefe voudront accorder à vne choie (ainetc &c profitable, ce fera au
Confiftoire d'en aduiler. ^Les promeilès de mariage légitimement faides ne pourront
Promcfles eftre diflbultes,non pas mefmes du confcntcmcnc mutuel de ceux qui les auroyent fai-
legiiimo. <kfquelles promcneSjfi elles font légitimement faides , fera au Confiftoire d'en co-
gnoiftre.CNulleEglifene pourra rien faire de grande confcquencc,où pourroit eftre cô-
AduudcCô pris lnitereft&: dommage des autres Egliiesjfansladuis du Concile prouincial,s'ilcft pof
o> prouio- fibledera(lcmbler:& fi l'affaire la preïToit,elle communiquera & aura laduis&confen-
^ tement des autres Églifès de la Prouince,par lettres pour le moins. ^"Ces articles qui font
i ici contenus touchant la difeiplinc, ne font tellement arreftezentre nous , que fi l'vtilité
L'ytitité 'de derEglifelercquiert,ilsnepuifrentcftrcchagez:maisceneferaenla puiflaneed vnpar-
rÈgWe. tjcuiicr de ce faire,fans l'aduis & confenrement du Concile gênerai. Ainfi figné en l'ori.
ginal, François de Morel,cfleu pour prefider au Synode au nom de tous. Faictà Paris le
xx v 1 1 1 • de May m . d . i 1 x. du règne du roy Henry, l'an x 1 1 1 .
L *A prefence du roy Henry 1 1. non attendue à la foutfuitte de la MercurialeyCaufetevtprj/bnnemei
de m] a n n e pv bovrg , & £**trcs Co»fetîlicrs dp Parlement.
E pendant la Mercuriale cômencee en laCour du Parlementfecôtinubit, non-
jobftât la mort de ces Martyrs:& chacûCÔfeillicr difbit fon àduis librernétîvn après
rautre,comme l'on a acebuftumé de faire en telle afTemHcc- Hy cneutplufîeuts qui di-
rent que fûyuant les Conciles de Confiance te de Bafle ,ilfalloit affcmbler vu Concile
pou r extirper les erreurs qui pulluloyent en l'Eglife: &: à celle fin requérir le Roy qu'il luy
pleuft procurer vn Concile gênerai de libre , conformément à ce que le premier article
du traidé de la paix nagueres fâit, portoit;& cependat faire cefTer les peines càpitàîes or-
données pour le fàitdelaRëligfon. Les vnsenmiuans ceft aduis , opinoyent les peines de
ceux qu'on nomme Luthériens deuoir eftre rabaiffecs à vn fimple banniflement,! liriuant
Diuersad- 1 Aireft de Seguier. Lçs autres,qu'il falloir premièrement fçauoir fi ceux , qui pat cy de-
uil des cô. nant ont efté condamnez à mort, font herctiques,auant qu arreftet fentencéde punitio
Pari"^ aucuneafencontre. Q^uelintention duRoy cftoitbien que les hérétiques f£jufrriati-
ques fufTént punis : maisc cftoit à la Cour de iuger fi ceux-ci font coulpablés &<? ce'crime.
Carccpoindn'eftoitencoresbienvuidé. Pour ce faire qu il eftoit bÔ d'ehùoyer deuers
le Roy,& fupplier fa Maiefté d'y entendre», & faire afifembler vr bon Concile, ûù cela fuft
decidé,felon ce qu'il auoit ddîa promis au premier article delà paix dernièrement faite
auec le Roy d'Efpagrtc. Les autres palïbyent plus outre: & terrioriftroyent qu'il nV auoit
^erfonnequine vilt les grands abus qui eftoyent entrez en ïa^hreftientë, & le befbin
qu'il y auoit d'vne bonne refôrmatiomlaqUcllc deuoit cftrè prifede la parolle de. Dieu feu
lemcnt,fans plus s'arrefter ny aux couftumes,ny àranciçnnetcl, nV au dire de^riornme's.
Iuger ainfi à la voilée ceux qui ne fc voudroy ent accorder à tous erreurs que maintiertnet
aucuns pour le profit qu'ils en rcçoiucnt , ccfcrwt fe mettre c4 danger de iuger les inno-
ccns.Quc ceux qu'on periecuteauiourd'huyriefbnt poirit deftituezde raifons >& s arre-
ftent à la parollede Dicù>Sc amènent d 'iceHc chofes non irripertihêtes pout fe défendre.
S'ilcftquéirion du Purgatoire, ilsoppofchtque rEfcriture ne parie d'autre Purgatoire,
que
quedufagie Iefus Cht&i Sidcia pricrcacaei'inuôcatiô des Samds qui font trefpancz,
ils amènent irencontrr, fif le commandement d'inuoquer vn feul Dieu, par vn fcul Mé-
diateur Iefus Gfarift , & les promefles d'élire exaucez par ce feul moyen . Et ainû du reft e.
Quant à leur vie on n'en peut mal parler . La Cour les auoit veus deuant fesyeux prier
Dieu d'vne afFe&ion ardente:& leureonftance,airez cognuc de tous, rnonftroit bié qu'ils
ne font û abandon nez de Dicu,côme on eftime. Pour faire court,la plufpart ou mirigeoy-
ent la peinc,ou les abfoluoyenc du tout:&: fembloit que la caufe de noftre Seigneur Iefus*
condamnée défia par fi long temps fans aucune audience, deuoit celte fois obtenir quel-
que fentenccàfon profit. Il y en auoit peu quifiuTent d'aduis de retenir la cruauté accou-
ftumee. ^ Deux des premiers 6c principaux du Parlcmét,bien fafchcz de ce qui fe fàifoit,
&craignans que les opinions des autres ne Vcmportaifent, ièdeliberent de mettre em- Les tueur:
pefchcment àla conclufion. Vn principalement^ui eftoit dcfpit des reproches à luy faits Ç**
îiir l'expédition des procès de ceux qui auoyentfaitle meurtre a fainct. Innocent(dont cft innocau
parlé ci deiîus)ayan t eflargi contre tout droit ceuxqui s'eftoyent m cfme glorifiez d'auoir
baillé les coups,aduertit de ce les plus gras qui eftoyéYà létour du Roy.Entre autres cho
fes,quccedonton auoit long temps douté, au*àuoir,que plufieurs Confeillers de ladite
Coût fuient Lutheriens/e defcouuriroit bien maintenât, bc quefi lentreprinfe de cefte Le Koy «ft
Mercuriale n eftoit rompue, que toute l'eglifes'en ailoic perdue fans efperance aucune. opSmM-
Que c eftoit horreur douir aucuns d'iceux,tànt ils parloyent mal de la Me/le qu'ils ne te- oucs il»
noyent aucun conte des loix&ordonnances,&: femoquoyentdeceux quiiugcoyentfei, MercuriaIe-
Ion iccllcs, & alloyent la plus part aux affcmblees. Ge qu'ils difoyent pourautant qu'An* L'opinjon
toine Fumcc expofé à l'en uiede plufieurs à caufedu faid de la Religiôn , (de laquelle il e- d'A.Fuœec.
ftoit plus fufpe& que nul autrejauoit en opinant remonftré plufieurs abus & erreurs en 1'
Eglifc , àc diicouru l'origine d'iceux , iufques à parler de la Cene de noftre Seigneur Iefus
Cbrift,& del'abus introduit en icelie.
L ê Roy fut tellement cfmeu & enflammé par lcfdits Prefidés, queluy mefme vinten LeroyHen
perfonne le dixiefme iour de ïitin enfuyuant en fa Cour de Parlement , qui fe tenoit pour pl J^iù
lors aux Auguftins de Paris , à câufe quelon preparoit la grand'falle & enabres du Palais, Mercuriale,
pour les nopees de Madame Elizabeth fa fîlle,auec le Roy Philippe , & de Madame Mar-
guérite fa fœur vnique auec le Ducde Sauoyc. Et là cftat arriuç,& affifté des Cardinaux poTles
de Lorraine & de Guyfcfrn frerc , des Princes de Mon tpenficr, & de la Rochc-fur- Yoii, JgJJjJ^
DucdeGuytc, Conneftablc, Bertrldi Cardinal de Sés,Gardedeslcaux&autres,ditqùe tbabccfe
depuis qu'il auoit pieu à Dieu luy donner la paix tellement confermec par le moyen des * Madame
mariages,qu'il cfpcroit qu'elle lèroit ftable : il luy auoit femblé deûoir remédier à la diui-
fion de laReiigion,comme à lachofe qu'il penfoiteftre la plus agréable à, Dieu: & pource
eftoit venu en fadite Cour,façhant qu'elle en deri bcroit pou ren têdre en quels termes les
chofes eftoyent,afia qu'elles fulTent plus authorilèes par (a prefence . Lors le Cardinal dé
Sens dit, que le Roy vouloit quelon continuait la délibération cômencee par l'article dé
la Mercuriale,concernant le fai& de la Religion feulement , & que ceux qui eftoyent à o-
piner eulfent à dire leur opiniomee qui fût foi&, & continuèrent lefdits Confeillers à opi-
ner en fa prefcnce en pareille liberté que ceuxqui auoyent dit leur aduis auparauant.
ILyauoitentrclesautre$vn Confeiller, An n e DvBotrg ^ommenotabîe^d'vrt
kuoirfingulier, nourry en l'Eglife de Dieu. Iceluyayat rendu grâces àDieu qu'il auoit
!à amené le Prince,pour eftre prefent à la decifiô dVne tclleairifè,&: ayat exhorté le Prin-
ce d'y entendre,pourcequcc eftoit la cauledenbftre Seigneur Iefus Chrift, qui doiteftré
maintenue des Rois:parla en toute hardiclïe,commc Dieu luy auoit donné. Cen'eftpas
(difoit-il) chofe de petite importance que de côdamner ceux qui (au milieu des flammes) g£J*v £ £
inuoquent le nom de Iefus Chrift.Le Cardinal eftoit là,efcumant de defpit, & craignant en la Mer-
que le Roy n'y print quelque gouft . Finalement le Roy fe Ieue, bien troublé, & entre en cur*alc*
confeitâuec les Cardinaux:& incontincnt,partant de la Chambre donne cômandement
aux Capitaines de fes Gardcs,d'cm mener priiôniers Bourg & vn autre nommé du Faur. tm^on-
Puis apreSs'eftât informé deraduisdesautres,enuoyeprcndrcFumec,DefbiX,& autres, rumens de*
& les tait tous (errer en la Baftillc . Ceux qui eftoyent approchez deladuis de ceux-ci, fa- Co 61 crs*
chans qu'ils ne feroyent non plus efpargnez,fe mettent en fuite: & incontinent font criez
àba àfautcdecoparoiftrcjfix oufeptdcnobre.larefte intimidée racheté lavic par amis 8c
retra&ations. On en vouloit à ceux principalement qui auoyent eonclud au Concile. Et
LiurCjVI. Leifêrfecutions ,
ainfi la Cour de Parlement (qui auoit efté en rcucrcnce, mefmes aux Rai$,iufqucs à ceft
heure là)pour auoir voulu dôner lieu àlacaufedu FilsdeDieu,&: vfcrdefa liberté aux de
libérations des choies qui concernent la tranquillité de la République, perdit à ce coup
fon authorité. Ce qui ne fut point fans grands regrets &C murmurede beaucoupde per-
fonnes^C'cftoitaumoisdeluint m.d.lix. & quand vncfois la periècution eut com-
mencé par ce bout-la,ce ne fut point pour vn petit.
DES perferutions de plus en plus enflambees par toute la France'. & comme les Egbfes de dehors co-
folent par lettres les fidèles.
L«tres patc N R Y RoycftantàEicouèn,enuironce temps cnuoya lettres patentes aux luges
tes du Hoy des Prouinccs,commandantqueles Luthériens fuirent deftruits. Que par cy deuanc
fcT roukes ilauoiteftccmpclché à (es guerres, &fentoit bien que le nombre des Luthériens eftoie
« promets ^ ^ troubles grandement. Maintenant que la paix luy eftoit donnée auec Philip-
pe Roy d'Efpagne,il eftoit bien délibéré d'employer tout le téps à les exterminer. Pour-
tant que de leur cofté ils n'y foyentlafches. S'il eft befoin de forces, il mettroit ordre qu'il
y auroit toujours gédar meric prefte pour leur tenir la main . Quoy qu'il en foit,qu'ils ad-
ucrtiiTcnt ibuuent quelle diligence ils y auront faite . Car Vils font autrement, , 6c les c-
fpargnent (comme il aentendu qu'aucuns ont fait parcy deuant ) ceicroitàcux qu'on
s'en prendroit, $c feroyent en exemple aux autrcs.Ces lettres cftoyent bien pour eimou-
Orà«nâce uou* ^c grâns ttoubles,û Dieu n'y euft pourueu. Ceux du Parlement de Rouen , fuiuans
duScmct icellcs dreiTcnt vne ordonnance pour toute la Normandie contre les alfembiees: &c pour
dt^ouen, toutc charge qu'ils prétendent contre les Luthériens eftrccaufcdcmort, ils difent, Que
ce font gens qui ne veulent obéir aux Magiftrats , fi leurs commandemens font contrai-
res à la parolle de Dieu. Ceux de Bourdeaux n'en font pas moins. Le feu commençoit à
s'allumer par tout:8dcmbloit bien queles troupcaux,quc Dieu parfamiiericorde auoic
recueillis en la Francc,leroyent tous deffaits à ce coup.Toutesfois les fidèles fereconfor-
toyent fur les promciTcsde Dieu,cftans en prières :& s'afleuroyent que Dieu fe roonftrc-'
roit finalement fecourable à fon Eglife.En quoy ceux des Egliîes, qui ibnt en liberté leur
aidoyenc,ies accourageâs de demeurer fermes en leur vocation. Entre les autres ceux de
Geneuctdeiquels nous auons ici mis rEpiftre,poufce qu'elle fe»«oufiours d'vn grand
profit & confolarion à tous fidèles en pareille caufe.
TReschus & honorez frères, d'autant que v£us eft es tous affligez en gênerai, le
que l'orage eft tellement desbordé , qu'il n'y a lieu qui n'en foit troublée cependant
ne fbmmes pas informez des necefsitez particulières : nous n'auons pas feu mieux faire
pourleprefent,qucdcvous eferire à tous en commun, pour vous exhorter aunomde
Dieu, quelques alarmes que Satan vous dreiTe, denc point défaillir , ou en vous retirant
du combat,quitter le fruid delà victoire qui vous eft promis & afTeuré. Il eft bien certain
que fi Dieu ne lafehoie la bride & à Satan bi aies fuppofts, ils ne vous pourroyct ainfi mo~
lefter. Et pourtant il vous faut venir à ceftcconcluhon,que fi vos ennemis machinent de
vous ruiner, que Dieu de (on cofté leur donne vne telle licence pour ciprouucr .voftrc
foy :ayan t des moyens infinis en main pour reprimer toute leur furie quand il auraglort-
De s'appre- fie fon Nom en voftrc conftance. Or quand vous eftes ainfi appelez à l'examen, il nerc-
fcS^de00 ^c ^non vous aPPrc^cr * *a confcfsion de foy,que Dieu requiert, comme vn facrifice qui
foy. luy eft agreablcrcombien que le monde l'ait en mefpns,& fe moque de noftrcûmplicité.
Et s'il faut q vous foyez (âcrifiez pour ligner &: ratifier voftre tefmoignage, que vous pre-
niez aufsi courage de furmonter toutes les tentations q. vous en pourrôt deftourncr.Car
c'eft bien raifon que nous fouffrions d'eftre gouuernez par la main d'vn fi bon Pcre,com
bien qu'elle nous femble dure & afprc.Si nous cftions expofez à labandon,ce feroit pour
nous rendre esbahis: mais puis q celuy qui nous a prins en fa garde, luy-mcfme nous veut
exercer en tous les combats qui nous peuucnt aduenir , c'eft à nous de capt iuer nos afre-
ttions,& ne trouucr pojnt eft ran^e la condition à laquelle il nous appelle. Nov s fa-
uons bien quels effrois vous aueza endurer, n'eftans pas infenfiblcs:mais fentansbeau-
leao n \t couP ^c répugnances èc contredits en voftrc chah*, mais fi faut-il que Dieu gagne. Il a e*
11 ' fté bien dit delà mort de fâinft Pierre, qu'il feroit mené là où il ne voudroit: fi eft-ce qu'il
a domté fon fens naturel, pour cftrc conduit au bon plaifir de Dieu , voire d'vnc franche
volonté. Parquoy fuiuans fon exemple , bataillez vaillamment contre vos in&rmitez,
pour
des Eglifes de FranccS* jio
pour demeurer vi&orieux contre Satan,& tous vos ennemis. La rage & cruauté eft gran-
de contre toute la poure Eglue,les menaces font terribles, les appareils t'ont tels qu'il îèm-
blebien que tout doiue eftre pcrdu:tant y a toutefois qu'il s'en faut beaucoup que les per-
mutions foyent iî exceffiues,que nos pères les ontfourFertes . Non pas q ue le diable & les
fiens ne foyent aufîl enflambez,&: endurcis à malfairc que ianrfais:mais c'eft que Dieu fup
portant noftre foibleiTe,les tient enchaînez comme belles fauuages. Car il eft certain que
fi iufques iey il n'euft mis fa main au deuant,nous euflions efté cent mille fois abyfmez: &:
fiencoresilne continuoit à nous garder d'vne façon fecrette, nous ferions bien toit en-
gloutis. En cognoifîantdonc par expérience la pitié 6c compaffion queDieuadenous,
tant plus deuons-nous élire paifibles à nous tenir ibus fa protection : cfperans qu'il mon-
ftrera combien nos vies luy (ont precieulès. Cependant il les nous faut mefpriier&: tenir
comme chofe de néant, quand il eft queftiô de les employer à fon feruice, ôc entre au très
choies à maintenir fa fainite Parolle, en laquelle il veut que fa gloire reluife. Voila com-
mcnt,felon le dire de noftre Maiftre,nous polTederons nos ames en parience,pourcc qu'- Luciu*
il en ferafidelegardien . Et au relie, ti nous perdons volontiers cefteftat fragile &c cadu-
que,nous recouurerôs beaucoup mieux en la gloire celefte. Et c'eft la principale leçô que
vous auez maintenant à regarder, pourquoy TEfcriture iain&c nous appelé pèlerins en ce Hebr.iuj
rnonderafïn que rien ne nous deftourne de l'héritage permanent,auquel nous ne pouuôs
alpirer à bon efcienr,côme nous deuons, fi nous ne femmes prefts de de/loger toutes fois
Se quanecs que Dieu nous voudra retirer d'icy bas.
N o v s n'amaflerons pas ici tous les tefmoignages qui pourroyen t feruir à vous forti-
fier en patiencercar il n'y auroit nulle fin, pou rce que toute TE feriturc en eft pleine. Nous
ne déduirons pas aufll cornent il nous faut en fui ure à la mort le Fils de Dieu,noftre Chef, auF^L*
pour reflufeiter auec luyrqu'il nous faut eftre côformes à fon image, &fuppléer ce qui de- Dieu,
faut à les fourfranecs, pour eftre faits participans du repos qu'il nous a promis. Ce nous
doit eftre vne doctrine commune , que corne il eft entré en fa gloire par beaucoup d'affli-
&ions,ilnousfauttenirlemefmetrain. Ponrlcprclentil fuffirade redire en mémoire,
que toutes les opprefi*es,quiaduiennent en l'Eglilc, font pour approbation delà foydes
eflcus,felon qu'il plaift à Dieu de les ordonner en temps opportun . Or puis que noftre
Seigneur Iefus n'a point efpargné fon fang pourconfermer la vérité de l'Euangile, où no-
ftre ialut gift: ce n'eft pas raifon que nousrefufions de l'enfuiure: fur tout puis quenous
fommes afleurez, quoy que nos ennemis machinent, que tout, fera côuerti à noftre faluc.
Etafin de prendre meilleur couragc,ne doutez point : quand les malins auroyent exécu-
té toute leur cruauté,qu'il n'y aura vne goutte de fang qui ne frudifie, pour augmenter le
nombre des Fidèles . S'il ne femblc pas du premier coup que la conftance de ceux qui
font examinez profite,nelain*cz pourtant de vousacquiter de voftre deuoir,&: remettez
à Dieu le profit qui reuiendra de voftre vie ou de voftre morr,pour édifier fon Eglife. Car
il en faura bien retirer le fruift en tem ps de licu.Et d'autant plus que les mefehans tafchët Lc fruittde
d'exterminer de la terre la mem oire defon Nom,il donnera vertu à noftre fang de la faire Jj^i^fc
florir d'autant plus. Etdefaid, on peut iuger que Dieu veut exalterfonNom pourvn
coup,&: auancer le Règne de lefus Chrift. Seulement laiflbns pafter celle oblcurité de te-
nebres,attendans que Dieu produite (à cIarté,pour nous efiouir: combien que nous n'en
foyonsiamaisdeftituczau milieu de nos afflictions, finouslacerchonsenfa Parolle, où
elle nous eft offerte^ ne cefTe iamais de luire.
Ce s t donc là qu'il vous conuientietter voftre veue en ces grans troubles, &: vous ef-
iouir de ce qu'il vous fait ceft honneur,que vou s foyez pîuft oft affligez pou r fa Parolle,que
chaftiezpour vos péchez , comme nous en ferions bien dignes tous , s'il ne nous luppor-
toit . Et s'il promet de confolcr les poures pécheurs, qui reçoiuent patiemment corre-
ction de fa maimeon fiez-vous que l'aide & confort de fon Efprit ne vous defaudra,quand
en vous repofant fur luy , vous accepterez la condition à laquelle il a afTuietti les fiens . Et
n'attendez pas que les grans de ce monde vous monftren t le chcmin,lcfquels le plus lou-
uent defbauchcnt leurs frères , &c les font reculer pluftoft qu'ils ne les auancent. Mefmes
qn'vn chacun neregarde poinr fon compagnon : pour dire comme faincl Pierre, Et ce- lc*ni1"
ftuy-cy, quoy? Mais qu'vn chacun fuyue comme il lèra appelé , veu qu'vn chacun rendra
conte pour foy. Plu ftoft regardez à la vertu inuincible de tant de Martyrs, qui nous on t e-
fté donnez en exempie:&: prenez courage à vous accompagner auec fi belle bade,laqucl-
Litêrz*> VI. iïÇjcolas •BalloH.
le pour ceftc caufe l'Apoftreaccompare à vnegrofTenuee&efpeffecommes 'il difoit,quc
le nombre eft pour nous creuer les yeux,comme on dit. Qui plu? eft, fans aller phi$ loin,
les miroirs que Dieu nous propôlè chacun iour,eftans bien côiidercz,commeilsxn font
dignes,deuront eftre iuffîfans pour nous armer contre les fcandales que nous pourrions
prendre de la lafcheté de pluûeurs.
A v refte,{"elon que chacun eft en degré eminent,qu'il penfe que tanc plus cft-il obli-
gé de marcher deuant,&: de ne fe point feindre au befoin. Que les nobles & riches, ÔC
gens d'eftat ne s'eftiment point eftrc priuilegez: mais au contraire qu'ils cognouTentque
Dieu les a efleus pour eftre plus hautement glorifié en eux. Quand vous marcherez en
telle fimplicité,inuoquas Dieu à ce qu'il vous regarde en pitié, il eft certain que vous fen
tirez cent fois plus d'allegemct,qu'en cuidat efchapper par fubterfuges.Nous nentendôs
pas de vous faire expofer à voftre efciét,ou fans diferetion à la gueule des loups: feuleméc
gardez de vous (buftraire du troupeau de noftxe Seigneur Iefus pour fuir la croix:&: crai-
gnez la diisipation de i'£glife,plus que toutes les morts du monde. Autrement quelle ex-
eufe y aura- il, quand il vous fera reproché par Iefus Chrift, fon Pere , & tous les Anges de
Paradis, qu'après auoir fait profefsion de le confefter en la vie &c en la mort , vous luy au-
rezfaulfé lafoy promife ? Quelle honte fcra-ce,qu après vous eftre ieparez des pollutions
& ordures de l'idolâtrie Papale, vous retourniez encore vous y veau trer, pour eftre abo-
minables au double deuât Dieu? Bref, fi toute noftre félicité gift à eftre eilciples denoftre
Seigneur Iefus,fachans qu'il dcfaduouë &: renonce tous ceux qui ne le confeflent deuant
les iniques, endurciflez-vous à fouffrir tant opprobres que perlècution: &c Ci vous defirez
d'auoir Dieu pour fortere/Te,{àn&ifîez-le,en ne vous cftonnant point des frayeurs des în-
credules,comme nous fommes exhortez par làind Pierre.
Confie z -vous aufsi que l'orgueil deecs lions &dragons,& la rage qu ils cfcumenr,
enflammera tant plus l'ire de Dieu, &haftera l'exécution de fa vengeance. Finalement
qu'il ne vous face point mal d'eftre vilipendez par tels frénétiques, puis que vos noms
fonteferits auliurede vie, &: que Dieu vousapprouue non feulement pour feruiteurs,
mais aufsi pour enfans & héritiers de fa gloire^c membres de fon Fils vnique noftre Sei-
gneur Iefus,&: compagnons des Anges.Cependant que ce vous foit aflez d'oppofer à leur
Prières & fureur prières &:larmes,lefquelles Dieu nclaùTera point tomber bas à terre : mais les gar-
nie" i b ^era cn ^es pm°ies>commc il c^ dit au Pfeaume. I^ous auons ici touché en bref comme
fureur.* il vous faut porter durât ceft orage. Le principal eft que chacun de vous s'exer ce diligem-
ment à lirer&q vous marquiez &C reteniez les cxhortatiôs qui nous font faites parla bou-
che de Dicu,à le feruir en toute perfeuerâce , ne nous laifans pourrie qui nous puùTead-
uenir. Sfnous vous pou uions déclarer le loin & côpafsion q nous auons de vous, le defir
&;la bonne volonté n'y défaut point:commenous eftimons bien cycles dagers qui nous
fontprochains,voustouchent,&folicitent à nous recommandera la garde de Dieu : le-
quel nous fupplions que par fa bonté infinie , il vous face fentir qu'il vous eft prote&eur
pour les corps &c pour les âmes, qu'il vous gouuerne par fon fain&Efprit, qu'il vous fou-
ftienne par (à vertu,qu'il triomphe cn vos perfonnes,en difsipant tous les confeiis,entre-
prifes,&: forces de fes ennemis ÔC les voftrcs.
NICOLAS BALLO HJeBrueUanipaysdePo&ou.
QV I voudra marcher fous l'enfeigne du Seigneur , qu/e de bonne heure il apprenne à l'exemple de ce Martyr,'
de s'aguerrir par incommoditez & trauaux fouftenus à la guerre du Dieu viuant. Il a rendu dés fon premier
emprifonneraent es lieux où ilaefté mené,ampleconfefsion qu'il tenoit delà vieeternelle.Et a eu pour cô-
pagnon de fon Martyre , vn ieune homme qui luy feruoir. au fait de diftribucr Hures de la faincte Efcriture:
duquel aufsj la mort bien-heureufe eft ici touchée.
Eft e perlècutiô ainfi embrafee de tous coftez emporta aufsiNfcolasBallon en,
la ville de Paris, homme délia auancé enaage:qui s'eftoit retiré & marié à
Geneue pour lèruiràDieu plus librement, faifoit meftier d'aller de là cn
France apporter hures de la Parolle de Dieu , fe mettant en grans périls,
pour aider auisidefoncofté,engaignant{àvie,àrauanccmcntdu règne de Qurift,&a-
batre l'ignorance.
De s l'anM.D.L v i.cftanttrouuéfai/ideliurcs,&apprchedcàPoidicrs,apret*Boic
confère IcfusChrift fut condamné à la mort.De ceftc lentcncc il fe porta pour appelât,
Se fut amené à Paris;où fa conftance fut d'vnc édification merueillcufe. II difpuja con-
tre-
Veïlat des Egùfes de V tante. Su
trc Maillard vertueufement,&: fit en la prifon vue Confeffion bien ample, &: la prcfenta
aux luges par efcrit,qui en eftoyét tous confus . En la prifon il pafibit tout le temps à in-
ftruirelesprilonnicrs quieftoyentauecluy,&:leurmonftroità prier Dieu. Finalement
les ennemis eure nt aduertiîTément du fruift qu'il faifoit,&: que les luges faifoyent diffi-
culté de le condamner, nctrouuans en luy caufedcmort.Ils font donc que leRoy corn-
niande,depuiiï'anceabfoluc,qu'ilfoitde(pefché.Ainfi Areft fut donué félon la fentence JaBena»,
du luge de Poictiers, qu'il feroit eftranglé, puis ietté dedans vn feu, fans adioufter autre jlJSJ^
rigueur. Toutefois Dieu le voulut encores efpargner pour ce coup-la.Car en chemin il
etchappa des mains des i"ergeans>& fe retira à fan u été à Geneue.Ce qui fafcha tellemcc
fes ennemis, qu'il fut cric en diuers lieux du Royaume, qua ouicôque le pourroit liutcr^
grande fomme de deniers feroitdeliuree:fcntans bien puis que fes liens auoyentefté de
fi grand profit en la prifon, que la deliurance ne (croit pas inutile en quelque part qu'il
fuft. DeGeneue il s'en rcuint encoresen Fi ance auec pareille marchandée :& fut pour
la féconde fois arrefté prifonniercnlavillede Chalons en Champagne. Onl'eultpeu
aceufer de témérité d'eftre rentré aux périls > defquels Dieu l'auoit ainfi retiré miracu-
leufemér.mais il fc defendoit difant,que Dieu l'auoit appelé à celte vocation. II eft vray
qu'il y auoit des périls comme certains:mais Dieu luy auoit auffi donné telle vertu, qu'il
s'afTeuroit bien venir à bout quoy qu'il luy efchcufh&difoit qu'intérieurement il fe fen-
toit appelé à confelTer Iefus Chrift deuant les iniques: &C ce de telle forte, que cela côme
le forçoit de retourner , &z n'obéir aux conîéils & aduertiffemens que luy donnoyent fes
amis. De fait,fa fin heureufe ràbbat toute accufàtion de légèreté.
De Chalons il fut mené à Reims, auec vn ieune compagnon fonferuiteur, Martyr B^Ion mc-
aufsi de IefusChrift,&: de là à Paris,appclat de fentéce de mort donnée cotre luy.Eftant "uccioa fer
à Paris, il fut recognu eftreceluy qui depuis deux ans auoit cfté retiré de la main des 1er. imcur.
geâs:& fut prefîé en toutes façôs de déclarer ceux par lefquels il auoit efté deliuré : maïs
ce fut pourneartt.Finalementperiiftant en fa première confefsion,il eut Areft par ceux
delagrand'Chambre d'eftre mené aux Halles,auec vn baillôen la bouche. &:eftreillec
cftrâglé, ietté dedas vn feu,& réduit en cèdres; Et dautat qu'on craignoit que derechef
il fut arraché des mains des bourreaux,l'executiô en fut dônee au Lieutenant criminel,
&C à fes fatellites d'y prouuoir. Auant que partir du Chaftelet il eu t de grans &c lôgs corn
bats auec toutes fortes de moines:mais il les faifoit efeumer de dcfpit,leur monftrat la vi
Jenie de leur dotlnne. Quand ce vint au lieu du fupplice,le peuple voulut aufsi empef-
cher qu'il ne fuit eftranglé : & vn fergeant,de peur qu'il ne fouffîift aiTez,luy donna de la La mort llc
pointe de fa hallebarde dedans le cofté.Et rendit ainfi fon elprit au Seigneur. fcrfion.
L' E S T A T des eghfes de France au tour du trefp.ts du roy HENRY II. &4L yenue du re
gnede FRANÇOIS II. /on fils £?* /ûcce/Jeurà la couronne.
E S CommiiTairesdelcguezpourfairelesprocésaufditsConlèillersprifon- M.D.LIX.
niers , pour! uyuoyét à toutes fins au mois de Iuin, leurs commifsiôs eftroite-
mét eniointes parle roy Héry. Ëuftace Bellay euefquc de Paris,auec l'Inqui-
fiteurnômé Democares,&: autres, eftoyét après M. Dv Bovr g, dés le s n.
dudit mois pour le déclarer hérétique &: le liurer au bras feculier : côme il fera recité au
récit pl9 ample du procès dudit Du Bourg. Lamortaufsi du fufdit Ballô fcmbla eftre 1 e-
treeà plus horrible perfecutiô,&: que les prifônicrs nelafcroyét pas logue après luy.teL
lemét que les pourcs Eglifesen eftoyét en grad trouble. On n'oyoït autres chofesq riic-
naccs,&cômifsions,& n'eftoit bruit que des Lutheries par tout. LeRoy horriblcmêt ani MenaceS(Ju
mé côcre lefditsCôfeillers:& fur tout cotreDu Bourg,fes moïdres menaces cftoyét,Que roy Henry,
par lefàng& la mort il le verroit bruflcr de fes yeux : &c ne luy dônoit autre delay,ny aux
autres prifon iers, voire à tous les Lutheries de Paris (defquels on luy auoit dôné le rolle)
que de huit iours:pendat lefquels il deuoit acheuer,les routnois,pôpes, magnificéces,&:
feftins encommencez. Mais il aduint qu'vn îourcnfuyuant penultime dudit mois de
Iuin,n'eftat queftiô en la Cour à Paris,que de îoye &: licife , &: banquets dreiïez pour les
mariages arreftez par le traité de 1 a paix : q le Roy courant en la lice,en la rue S.Antoine
près la Baftille , où lefdits Côfeiilers eftoyét prifonniers, fut frappé de la lace,&; attainct Lcro> Hca
au contrecoup <lroicl: à la vificrcpar le Comte Montgomery,fils duCapitaincde Lorge, [4fuPr*e*
TT.
L/V/ro VI. Perfècutions fom le roy Vranc.lL
tellement que les cfclatsluy entrèrent par l'vn des yeux dans la telle, de telle roideur
que le tcft au derrière en fuftfcflé, & lecerueau cftonné. Il commença incontJiuntà
chance 1er de delTus fon chenal, perdant beaucoup de fang, & tut emporte au logis des
Tournellcs prochain duditt lieu:où aucuns dilent qu'il dit entre autres chofcs,qu'iIcrai
gnoit auoir faict tort à ceux qu'il auoit faict conftitucr prifonnicrsaudittlieu de la Baftil
le:mais qu'il luy fut diefc par le Card'nal de Lorraine , quee eftoit l'cnnemy qui le tetoit,
&: qu'il falloiccftre ferme en la Foy . Et le dixième du mois de Iuillct enfuyuantii ren-
dit Tel "prit . Aucuns remarquèrent que ccJuy mcfme auquel il ht liurcr du Bourg , &; les
antres prifonnicrs,& auquel il auoit donne commission d'aller en Normandie contre
les Luthériens : ce fut ecluy auquel luy meime bailla la lance , &t commanda decouric
contre luy:de laquelle il fut occis . Par ce decés inopiné fut laioye changée en trille/Te,
& vne grande (aie qui auoit ciré drefsee de charpenterie au parc de s Tournellcs , defti-
née pour les danfes (tant du mariage ia raid en l'c-glifc cathédrale du roy Philippe par
fon procurcurlcDucd'Albe aucc Yfabcllefilleaifnee du Roy , queceluy qui ledcuoic
faire entre Philibert Emanuel duc deSauoye , & Marguerite de France lœurvnique
dudict Roy)fcruit de chappellc pour garder le corps ,&: en icelle reueftuc du dueil élire
ouis iour& nuicT: les chants trilles & lugubres accouftumez à cilrechantcz làns celle
parle temps de quarante iours.
L n decés dudit Roy donna vn remps beaucoup plus fafchcux, qucceluyoui eftoit
paflc.Carleroy FRANÇOIS II. qui fucceda, eftoit en bas aage: &c lcsleigneursde
Guyfe eftoyent ("es oncles , à camé de la nouuelie cfpoule Marie roine d'Efcoiic , fille de
leur fccuntcllemcnt qu'ils pouuoyent beaucoup,&:auoyent le principal gouuernement
du Royaume. Les perlecutionsdonqnes furent rcngrcgé'.s , qujdeuoventeftrcpluftoft;
modérées , fi oneuft eu des yeux pour confiderervn accident fi grand en lamortdudic
roy Henry. On publia des edicts toutnouueaux plus rigoureux que iamais,&:lcsfaifoit-
on rafrefc hir forment. Dcfenles font faites de faire aucunes alfcmblées,&:dc s'y trouuer,
à peine d'eftre enuoyé au feu (ans autre forme de procés,& les maifons rafées.PromelTes
faites de la moy tiède la confilcarion, &c autres granslalaircs aux délateurs. Comman-
dement eft donné aux Commillaires des quartiers d eftrediligcns à receuoir les aceufa-
tions,&: lailir ceux qui feroyenr deferez:de recercher les maifons de iour à autre, &: faire
rapport de leur diligence. PuilVanceeft donnée par lettres au Lieutenant criminel du
Chaftelet de iuger fans appel ceux qui feroyent amenez deuant luy . Les curez &: vicai-
res des parroiifes dénoncent excommuniemens contre ceux qui cognoiftrovent au_
cuns Lutheriés,& ne les defcreroyent.Exhortentpartoutcsfon.cs de perfuafiôslepcu
pic de ne s'y e( pargner,&: auoir l'œil chacun fur fon voifin . Propolent impunité aux ac-
eufatcurs: ul'accufationdu délateur n'eftoit bonne &: reccuable, qu'on n'en reccuoic
pourtant dommage aucun, commele temps palfc.Et puis, afin que le diable n'oubliait
rien derrière pour molefter les fidèles, il leur fulcita félon la couftume des faux frères:
lcfquels le rcuolterent,&: foit de defpit d'auoir efté repris de leurs fautes : foie de l'atten-
te du falaire promis ou autrcmenr,fe retirèrent aux ennemis, pour faire la guerreà ceux
flcuok Je ^ eftoyent de l'Eglifc»& les déceler. Il y en auoit deux pernicieux entre les autrcsd'vn
deuxtmv Orfcurc, duquel Dieu meimes s'eftoit grandement lérui pour faire fon ccuure: l'autre,
ftercs* valet d'vn peintre, icunc garçon, &fc voulant venger dHbnmaiftrc qui Tau oit batu.
Le premier citant retrenché de i'Fglifc pour les fautes, le retira deuers l'inquifitcui De-
mocharés,&: ne luy cela rie de ce qu'il cftimoit pouuoir endommager i'alTemblcc Ghre
ftienne:donnapar rolle tous ceux qui aucyent ia conduire de rEglilç: impofa beaucoup
de crimes aux vns& aux autres: &: fit en fomme du pis qu'il peut. LTnquilitcurle
loua, l'exhorta, & fitdegrandespromcffcs: luydonnaouelquechcfepourauance, &T
l'appela publiquement le fainct Paul conuerti de la Sorbonnc. Se voyant ainfile.
bien venu, & fencafic délia du profit de les traînions, il/itencores d'auantage: illblL
cita les infirmes d aller reccuoir abfoîution de l'Inquifircur , & reueler les autres : il
mena, les fergeans par les maifons, & mit tous les principauxde ÏEglile en fuite. Le
peintreclloit bien icunc, &:fortaiic àgagner. Pourfe venger de Ion maiftre, il alla
rapporter aux luges qu'iceluy lauoit mené ix laliemblée. Et quand on le vie ainfî
prompt à acculer, on luy fitdegràndespromelfcs, s'ilvouloit rcuelcrccux qu'il y a co-
gnus. Cequ'il fîr,& n'cfpargna pcrionnc:,xfiadioufta ce qu'on diloit communément
des aiTembiées eftrcvray, qu'on y paillai doit pcllc-mtflc, les chandelles elleintes :'&
qu'il y
Nicolas, & éMarinûtfarie. jjj
qu'il y auoic en la compagnie quelques filles, lesquelles il nommoic. Pouffé à mentir
amfi, ou par vn mauuais vouloir qu'il porcoicà Ion maillrerou pluitoftparlafubornatip
des ennemis de l'Euangile , mefmes d'vn Prefident , Ôc de l'Inquificeur ; comme depuis
il a depofé encre les mains du Lieutenat criminel de robbe courte : fi nepeutil tant fai-
re de mal que l'autre, pour n'auoir Jacognoi/fance de tant de perfonnes : mais toutefois
il fut caule que le bruit courut incontinent qu'il y auoit tel moins depofans qu'on pail-
lardoic aux aifembJées.Et furent ces nouuelles elcntesauRoy,pour l'irriter d'auantage:
mefmes le Chancelier Oliuier en ofa faire reproche à ceux qui folicicoycnc pour nous.
Tellement que la mere des filles que Ion chargeoit , dcfplaifantc du deshonneur qu'on
luy falloir & à les enfans,s'en alla auec les filles te rendre pnlonnierc&dcmanda qu'icel
lçsfulfentvilicéeSj&fut trouuécc tcfmoignagefaux. Ces rrailties donques auec quel-
ques autres,accreurentmerueilleufemcntlaperfecution . Ioinct que lesCommiflaires "I,s*PpeUc:
auoyent leurs 'moufehes ordinaires deçà 6c delà pour defcouunr. De forte que depuis le Spf0Jcurî
moisd'Aouftiufqucsaumoisde Mars cnluiuât, il n'y eutque prilcs&s empnlonnemés,
pillencs de maifons,proclamations à ban,&: meurtres de Scruiteurs de Dieurtoutesfois
Dieu parmi ces tempeites 6c orages conferua les demeurans de ion Eglilc,& la prédica-
tion def Euangile ne fut point détaillée. Or voici ceux qui fe portans conftamment en-
tre les autres, moururent pour la confefîïon de noftre Seigneur Iefus Chrill.
NICOLAS G V EN ON, d^unifel en Champagne.
Il fouflfrit la mort des premiers fous le Roy François II.au commencement de fon règne.
!?:>^^^p^E icune homme, feruant à Nicolas Ballon, & prifonnier pour la mefmecau- de N.Bauo
[p ^;^0|(equekiy,futenuoyéàlamortau cimetière fain&Iean,peu de iours après le CKucru[*md-
f^ v^^^ï1 refpas du roy Henry . Ceftuy-ci fut traitté bien cruellement par le peuple. m^Luic*
L^Caroncraignoit du tout quela mort du roy Hérynapportaft vnnouucau te- que ion nui
gne:& ne H il celferles petiecutions,comme il y auoit apparence. Pourtant quad les non ltrc°
uclles furent par la ville de la condamnaciô de ceftuy ci, le peuple deliuré de celle crain
te , 6c ioyeux à mcrucilles le trouuaà la place , 6c vfa de les façons accouftumées pour le
faire mourir en grande langueur.
MARIN MARIE, de Normandie.
La v engeance que les ennemis exercent non feulement fur les perfonnes des fidèles , maisaufsi fur les liures du
vieil x noLiueau Teftament,monltre vne extrême rage dont ils font agitez-.&cjue de propos deliberé& à leur
efeient ils font laguerre à Dieu.
^ARIN Marie natifdefainct Georgc,diocefede Lifieux, pays deNorman
jdie,faifantfa refideceà Geneuc pourla liberté' de i'Euangile,vcnoitenFran.
St^X^SS lîce auecvne charge de Hures : &palTant à Sens enBourgongne, futarrefté
pt ifonnier.Ayantaduouéfcs liures, cxrcourageu('emét maintenu la vérité de
rÈuingile,iireceutfcntencedu Magiftrat criminel de ladite ville de Sens: par laquelle
il cftoit condamné à eftre mené fur vn tombereau deuant le temple faindt Eftiennede
Sens: 6c illec eltrc pendu & eftranglé à vne potence, fon corps ars, confirmé, &: mis en
cendres. D'icelle fentence il le porta pour appelant^ fut amené àla Conciergerie à Pa-
ris, 6c perfcuerantconltammencen fa première Confefîion, pararell delà Cour fut me-
né à la place Maubert , pour receuoirle martyre. Là , pource qu'il ne vouloit baifer la Mum coe
r / .» • i i i . ii n i r t 'i i damné d't
croix , 6c meimes 1 auoit abbatue de la main d vn preitre , il rut bien outrage du peuple, ftrc bmslé
&des fergeans,à coups de bafton.Eftant guindé en l'air pour eftre bruflé vif, on alluma vi'-
deux bouchos de paille,&: luy furet mis au vifage. Apres le feu fut allumé,&: eftantvenu
iufques à la face,achcua de btufler la corde du bailJô , qu'on luy auoit mis en la bouche,
comme aux autres:&: ainfi qu'il commençoit à parler &: prier Dieu , on le lafcha dedans
le feu, de peur qu'il ne fuit entendu de l'aiTiftéce. Vis à vis de luy,eftoic vne potence dref-
fée, à laquelle pedovent les liures, dot il auoit efté faifi, Bibles,&: nouueaux Teftamens:
fcfutenc parle mefmeareft brûliez. C'eftoic le deuxième îourd'Aouft.
TT.h.
Marguerite le Riche.
MARG VERITE LE RICHE, dite Lt Lme deU caille.
FEMMES vertucufes, contemplez icy le courage & le zele de cefte Marguerite voft rc fœur , qui vous cil pro-
()ofeeen cxemple:cY pratiquez routes les fafcheries domeiriques que vous au<.z a l'exercice de pièce , tant fe-
onlecorpsquertfpiit.Ellcadonnccourageagrans&:apetisquid'vnnierrne temps eitoycnt prifonniers
aucc elle.
ARG VERITE le Riche, naciuc de Paris, femme d'AntoincRicauc,mar-
chanc libraire» demeurant à Pans au mont S.Hilairc ,en la mai/on où pend
j pour enfeigne la grand' caille, le 19. iour enl'uyuant, mourut Martyre en la
place Maubcrt. Cette femme a efté autant vertueufe qu'il en fut onques.
Elle auoit receu cognoifTance des abus de la Papauté par (on Mary, mais biê Jegeremct:
nunTêntc- & euit ^icn cotent londit Mary,qu'clle fc fuft delpeltrec de s dénotions luperftitieu-
dcursfem- fes des Idolâtres , ("ans palier plus outre. car il cftoit homme qui nelefoucioit beaucoup
ftuyïy3" ^U fcrmce ^e Dieu. Mais elle cftima que ce n cftoit point allez de ccgnoiltre la mauuai-
fevetyc, pour la dclailfer,!! on ne prenoitrautre,laqucllemencàfalut:& qu'il falloitfèr-
uiràDieu. Parquoy cftantaduertiedesaflemblecs Chrcfticnncs,quilëfaifoycnt en la
ville, elle trouna façon d'y entrer :6c profita enicelles li bien , qu'elle fit en foy-mefme
refolution de n'aller iamais a la Me/le, 6c pluftoft mourir.
Fin a 1. e m e n t, comme elle reccuoit fort mauuais traitement de Ion Mary pour
cela, &eftoit menacée qu'il laporteroit pluftoft liiymefmc à îaMeifc, le iour prochain
de Pafques, après auoir beaucoup foufFcrt par ccft homme : qui la vouloir faire dilîimu-
ler auec luy,pour le conferuer, &; redoutât la fureur, fur le iour de Palqucs fe retira chez
fes amis :6c aima mieux mefeontenter fon Mary que Dieu, auquel elle s'eftoit entière-
ment conl'acrcc. Ce iour palfé elle ne voulut plus longuemenr eftre abl'ente de la mai-
fon, mais fe délibéra de retourner vers celuy auquel Dieu l'auoit liée &: coniointe , en-
corcs qu'elle preuift les grans ennuis 6c fafcheries qu'elle anroit auec Juy.
Elle ne fut pas li toft en fa mailon, qu'eftant decelee par leCui é de S. Hilaire , fut
conftitueeprifonniere,&: menée en la Conciergerie. On luy demanda, ou elle auoit faic
fes Pafques: 6c déclara fans rien diflimuler, qu elle s'eftoit abfentee de fa maifon,& reti-
rée chez fes amis fidèles , pour n'eftre cô train te de profaner la Cenc de noftre Seigneur
Ielus Chnft,à la façon commune des autres:mais bien auoit fait laCene lelon l'ordon-
nance de Dieu, en l'afTemblee des fidèles 6c Chreftiens. Interroguees'il eftoit ainfi qu'-
elle alla à ces aiîemblccs fecrettes:relpondit quouy: &: eftimoit queceftoit le plusgrâd
heur, qu'elle eut iamais,de s y eftre trouuee. Et confequemment par les Confeilicrs ( cô-
mis en lu caule,& d'aucûs autres prifonniers auec tllejinterroguee de la Méfie, du Pur-
gatoire,de la Confefîion auriculaire, 6C autres poin&s: confeffa franchement ce quelle
en auoit apprins parla parollede Dieu. Tellement que le 5. de May il y eut ar<ft, par le-
quel elle fut renuoyee à l'Euefque de Paris,ou fon Officiai, pour voir s'il y aurok moyen
de la faire flefcliir. Et comme ledit Officiai ne peur rien gagner fur icelle , 6c qu'elle per-
feueroiteonftamment en laconfcflîondel'Euangile-.ildonna fentenec, par laquelle il
ladeclaroit heretique,pertinax, &: obftinee :6c corne telle la delaifîbit au bras feculier,
6c renuoyoïtaux priions de la Conciergerie.
Estant reuenuc à la Cour, on luy a mena des Docteurs, 6c autres gens pour difpu-
ter contr'elle: maisfafoy n'en fut en rien cfbranlce,& demeura toujours vi&orieufecn
tous les ailaux qui Juy furent donnez. Pourtant par areft de la Cour fut condamnée à e-
ftre menée dedans vn tôbcrcau, iufques à la place Maubcrt,ayant vn bâillon en la bou-
che, &: là eftre arfe 6c confumee en cendres : 6c qu'auparauant l'exécution de mort , elje
feroit mife en la torture , 6c queftion extraordinaire, pour Juy faire nom mer fes compli-
ces &: adherans ;& mefmement la maifon où elle s'eftoit retireele iour de Pafques. Ce„
fte femme a toufiou rs porté fon affliction auec vne ioye indiciblerchanrât affïducllemét
Pfeaumes,&: louant Dieu. Elle ne fut iamais trouuee ennuyée en la prifbn.EUeremon-
(troitafliduellemét auxfemmes pnfonnieres auec clle,cx les conloloit. Les Martyrs qui
partoyent delà Conciergerie pour aller à la mort, paflbyent deuant fa chambre : Se elle
n'èftoit point defeouragee de les voir entre les mains des bourreaux : mais crioit à eux,
&: les exhortoit de fe refiouir, 6c de porter patiemment les opprobres &: affli&iôs de no-
ftre
aAdrianDaufii. J*j
ftre Seigneur IefusChrift. Mefmesàmonficurdu Bourg, clic fenwbwÇQUp pour le
cpnfermer. Car elle auoitvnc petite feneftre en fa chambre,qui regardoit celle demô-
fieur du Bouvgt& dé là par parolles ou /ignés, quand on l'empefchoit de parler, 1 incitoit
de perfeucrer conftammenc, & le confoloit : de manière qu'iceluy du Bourg eftant im-
portuné par aucuns de fe defdire,a dit ces mots : Vne femme m'a monftré ma leçon ,Ô£
enfeigné comment ie me doy porter en cette vocation-cy : Tentant la force &c vertu des
admonitions de celte pourc femme.
Povr rcueniràfa mort, ayant receufcntence,ellefutcôduite à lachappellede la
Conciergerie, félon la couftume :&£ ne ccfTa ou d'exhorter ou de chanter Plcaumes,iuf-
ques à ce qu'on la mit dedans vn tombereau, pour eftre traînée au lieu du fupphce. La
renommée de fa confiance, des le commencemét de la piïfon auoit toufiours efté telle,
qu'vne multitude nompareille de peuple eftoit par les rues amajfîèe, feulement pour la
voir : Dieu voulant que de fes grâces fi grandes,& de la vertu de fon Elprit fi miraculeu-
fc en cefte femme, plufieursfullenttefmoins&fpe&ateurs. Ellepafla. donques comme
triomphante par le milieu de tout ce peuple , lans eftre aucunement eftonnee : mais a-
uec vn vilàge franc &c de bonne couleur, lesyeux toufiours leuez au ciel.& le bâillon en
fa bouche ne la detiguroit point tant , qu'elle n'euftvn regard d'vne per tonne bienrel-
iouye &c contente. De façon qu'elle eftoit en admiration aux plus obftinez du peuple:^
n'en pouuoyent dire autre chofefinon ces mots, Voyez-vouslamelchante,ellene s'en
fait que rire. Eftant au lieu du martyre, on luy demanda fi elle ne vouloir poinr changer
de propos,&: qu'elle feroit eftranglec. Elle fit refponfe que Ion propos eftoit fi bon
& il bien fondé en laparolle de Dieu,qu'ellenele ehangeroitiamais. Et pour leur mon-
ftrerquelamortnerefrrayeroitpoint,commençaàfedefpouiller, fans que le bourreau
en eutt la pcine.Quand on l'eut guindée en l'air, on luy fît derechef cefte demâde»fi elle
ne fe vouloit point fouuenir de la grâce que la Cour luy faiioit d'eftre eftranglee. -Elle fît
ligne que non . Pourtant le feu fut allumé:&: ainfi rendit fon elprit au Seigneur.
me cime.
|N IEVNEhommeCharpcntier,eftantappelantdelafentence du luge crimi- VnClurpc-
jncldelavillede Sens,peudeioursapres la mort de cefte femme, par areft donne ^"""2
en lagrand'Chambre,futbruflé vifau cimctiereS.Iean,pourlamefmc confeflion dei
le fus Chrift. L'areft portoit, qu'il feroit eftranglé : mais le peuple fuyuant fa cruauté or-
dinaireJ'empcfcha.Comme il fut guindé en lair,la corde fe brufla qui tenoit le bâillon,
& inuoqua Dieu longuement, difant ces mots, Seigneur mon Dieu, auquel ie fers, aflî-
fte moy:&: ainfi rendit l'efprit à Dieu.
ADRIAN DAVSSI, Ht Douhancourt.
CE pourc homme (impie & de nulle eftime, voire contemprible quant au monde,nous efticy donné en exem-
ple, pour nous afleurer qu'ayans noftre confiance aux promefles de Dieu, rien ne nous defaudra pour obtenir
l'heureux triomphe auquel il eftparuehu.
D R I A N Dauflî, dit Douliancourt, compagnon porteur de mercerie, reJ
uenartt de Gencue,fut conftitué prifonnier en la ville de Clermôt en Beau-
uoifin, eftât trouué chargé de plufieurs liures Se milfiues. Son procez luy eft
|fait par le Lieutenant particulier du lieu:&: ayant rendu bonne &: lain&e ca-
feifion dt :la £oy, fa fentence eft enuoyee en la Conciergerie à Paris. Dequoyla Cour
futofFenfee,& fît inhibition audit Lieutcnant,den'enuoyet dorefenauant aucun pri-
fonnier à la Conciergerie, fans iugement &: fentence. Il ne l'auoit( peut-eftre ) voulu
condamner, pourfelauer les mains dufang innocent de ce pourehomme. La charge
fut donnée à aucuns fergeans de l'emmener à Paris, lefquels luy firent tout le plus mau-
uais traittement qu'ils peurent;mais il prenoit tout en patiencc,&: ne laifToit point de fe
refiouir.Eftant en la Cour, outre les charges qui eftoyent contre luy, il fetrouuaauoir
efté autrefois repris par le Lieutenant criminel du Chaftelet, pour vne mefme raifon.
Ainfi perfeuerant roufiours en la confelïïon de la vérité de l'Euangile,areft luy eft don-
né d tftrcremenéàClermont,poureftrebruflé vif qu'auparauant l'exécution de
mort, il feroit mis en la torture,& queftiô extraordinaire , pour luy faire dire& déclarer
TT. iii.
Limtj VI. TlufieUrs *Martyrs.
les noms,furnoms,eftats,&: demeures de ceux aufquels il portoit les miflïucs.
De p v i s le Procureur gênerai du Roy > requit qu'il fuft exécuté à Paris, ponrce que
beaucoup de prifonniers,qu'on menoit à la mort tous les iour$, pour celle caufe,deçà &c
delà, eftoyent recourus des mains des fergeas:& y auoic crainte que cefluy-cy qui eftoit
grandeméthayjn'efchappaft parce moyen. Pourtant il y eut Areft,par lequel fut ordô-
né,que l'exécution (ëroit faite à Paris, en la rue de Seine, taux-bourgs S. Germain. Là il
fut mené le vingtuoificme iour d'O&obrcdedans vn tombereau à boucs, ayantle bail-
Ion en la bouche comme les autres. 11 eftoit bien pourement accouftre , & l'es habits e-
ftoyent tous en pièces pour les outrages qu'il auoit reccus en la prilon.Mais en ceil eftat
ficonremptible,reluiloitla vertu del'Efpritde Dieu admirable. Car il auoit la façon d'-
vn homme bien arteuré & content, dreiTant toufiours les mains & fa veue vers le ciel, &:
inuoquant Dieu affez intelligiblement. Vn Preftre fe prefenta auec fa croix pour la luy
faire baifer:mais leuant fa veuë en haut,il la rcpoufTa.Le peuple en fut eimcu,&ietta de
grans cris: &: venoyét de furie aucuns crochetcurs pour l'affommer auec leurs crochets.
Quand les Huifûers virent cela, commandèrent de hafterviftement le pas. Dieu luy
dôna vnemerueilleufc confiance en la mort. Car iaçoit qu'on le brullaà bien petit feu,
ildemeuraimmobile , & ne fe plaignoit nô plus que s'il n'eufl aucunement fenty le feu.
Et ainfï rendit fon efprit à Dieu.
MARIN R O V S S E A V,Gaflimis. GILLES LECOVRT,
Lyonnovi,& PHILIPPE PARME NTIER, à Pans.
CE V X-cy & l'autre d'après ont tenu pour vne félicité fi grande de s'affembler enfeinble pour inuoquer Dieuî
qu'ilsont mieux aimé s'expofcr à vn péril certain, que d'eltre priuez d'vn tel bien.Et auiourdhuy quelle laf-
cheté fera-ce à ceux qui fe difent de l'Eglife , fi forlignans de ces fain&s exemples , pour quelque crainte ils
abandonnent les aifemblees fidèles?
, E iour du lendemain fut honnoré de la mort heureufe de trois autres vaillas
champions de noftre Seigneur Iefus Chrift.afTauoir de Marin RoufTeau na-
tif de Boutigny en Gaftinois, compagnon orfeure, demeurant en la place
i aux veaux près le Chaftelet.de Gilles le Courr,natif de Lyô,efcolier demeu-
rant au Collège delà mercy: de Philippe Parmentier compagnon Cordonnier,demeu-
rant près la place Maubert. Marin RoufTeau eftoit prifonnier de long temps , quand
les autres furent amenez au Chaftelet , ayans efté liurez par vn traiftre auec fix ou fepc
autres leurs compagnons. Car les feftes ils auoyét cefte couftume, au lieu que les autres
s'amufentà boire, &folaftrer ,defetrouuerenfemblepour fe refiouiren Dieu, chan-
ter Pfeaumes,& faire les prières. Le diable mal content décela, leur fufeita ledit trai-
ftre, lequel feignant auoirenuied'eftre de leur bande, aduertit vn Commiffaire de Tw
heure que les prières fe faifoyent. Ainfî ces deux, & fept ou huit autres auecques eux , à
l'inftant qu'ils eftoyent là faifans leurs prières à Dieu,f urent faifis par le Commiflaire,&:
menez prifonniers au Chaftelet. Et comme Ci c'euft efté vn crime des plus énormes, d'-
cftre trouuez prians Dieu, on enuoya en leurs maifons prendre leurs biés qui leur poiu
uoyent appartenir:& furent trouuez en leur pofîefion pluficurs liures, qu'on appelé dé-
fendus, &: cenfurez, comme Bibles, &: Nouueaux Teftamens en François. Pourtant là
deffus on leur fait leur procez : &: pour auoir vertueufement défendu la vérité de l'Euart
gile ,&confeffé volontairement qu'ils eftoyent de l'Eglife, &frcquentoyent les aflém..
blees : le Lieutenant Criminel les condamna d'eftre bruflez , &: tous leurs biens acquis
&confîfquczau Roy.
Marin RoufTeau leur eft donné pourcompagnon à fouffrir pareille peine. Ils en
appelcnt tous trois à la Cour, en laquelle ils ne trouuercnt point plus de Iuftice,ny plus
de faueur à leur innocence. Car perfiftans toufîours en la cofeffion de l'Euangile du Sei-
gneur, Areft leur eft prononce, par lequel il eftoit dic,Que la fentence du IugeCriminel
de Chaftelet fortiroit fon efFc&:&feroyent*menezenlaplace Mauberr,poureftre bruf-
lez vifs tous trois cnfemble. Eux entendans leur condamnation, commcncerët à louer
Dieu, & s'exhorter l'vn l'autre à perfeuerance,pour obtenir la couronne du Martyrc,&
eftre glorifiez auec noftre Seigneur Iefus Chrift. Tellemct queleur courage redoubla,
fcs'en
Pierre &dikt J*£
le s'en allèrent bien ioyeux , &chantas (car on ne leur auoic point donne de bâillon) iuf-
quesaulieuoù les potences eftoyent drelTees , aulquellesils furent incontinent acta-
chez.Et voyans quonallumoit le feu,d'vne voix chantèrent le cantique de Sinicon,Ot'
lahTes,Createur,en paix ton feruiteur,&c~poura&ion de graces,de l'honneur que Dieu
leur failbit,dc les appeler en cefte façon en fon royaume celcfte. Les luges eftimoyenr,
que Pai mentier eftoit moins ferme que les autres : &c pourtant auoyent dit, qu'il leroic
eftranglé'toutefoisfaconftancc ne tut moindre que cellcdcs les compagnons : ôc fut
bru(lé 'vif,aufli bien que les autres:& auoit délia toutes les parties balles bruflees , qu'il
chantoitencoresàDieu.
PIERRE MILE T, Champenois.
C E Martyr cft du nombre des trots précédons, &: a obtenu pareille couronne d'immortalité, fouffrant pour le tel*-
moignage de l'Euangile du Seigneur.
ERRE Milet les fuiuit deux iours apres:&: au melme lieu receut pareil
;f;^i Khonneurde mourir pour la parolle de l'Euangile. Il eftoit natifde Doux en
^V-fAchampagnc:&:auoit fait long temps la demeure près de Dreux , & yauoic
^%§P"S femme àlice laquelle il le retira à Paris, pour mieux feruir à Dieu,&ouir
làParoïleen rÊglifeChreftienne.Son eftar eftoit de marchandife : & leportoitlâincte- C'eft Mar-
inent aucc toute fa famille.C'eftoit luy qui auoit retiré la Damede la Caille en (on affli- |lj^ctc
£tion:&:faifoitainfi beaucoup d'actes charitables cnuers les poures perfecutez. Quand cutecydef-
la perfecution fut arriucc,&: que de toutes pars fidèles &: Chreftiens eftoyet menez cap- {us-
tifs aux prifons,il pourueu t à là famille,& la mit hors de la villc:& luy demeura pour fai-
re fes affaires. Et comme il eftoit homme merueillcufement craintif de fa nature , alloit
demaifonen mailon,pcn(antainfi elehapper. Mais Dieu âuoit ordonné deluy'telle-
ment que les fergenseftans venus en vnemaifon près S.Germain pour quelque autre
occaliô,l'auilènt , & fans aucune chargeons le cognoiftrr,pourquelque légère fouipçô
l'emmenèrent prifonnier au Chaltcler. Le Lieucenant Criminel ne le trouuant chargé
d'aucune chofe,penfoit défia de luy ouurir les priions, quâd lettres arriuerét delaCour,
parlefquclles le Roy commadoit qu'il n'y euft aucun prifonnier relafché fans eftre exa-
miné de fa foy. Là delfus il eft enquis de la foy & Dieu qui ne met point fes enfansaux
allants, qu'il neles arme fuffifamment de la vertu de fon Elpnt,renforça fon courage, &C
luv ofta tellement toute timidité, qu'il refpondit franchement à tout ce qui luy fut de-
Le premier poincl:fut,ouilauoitfaitfes Pafques , &C s'il s'eftoit confe/Té au pre-
ftre le Carefme palfé. Il fit refponlè qu'il auoit bien appris en la pârolle de Dieu, de viure
«i'vne autre façon,que celle qui eftoit accouftumee entre le pourc peuple: qu'il auoit
fait laCcneplulieursfoisen l'aflembleeChreftienne. &: ne s'eftoit confefte à l'oreille
du Preftre,n'ayantaucun commandement en l'Euangile de cefairermaisbien feconfef
{bit journellement à Dieu. Le luge pourfuiuit les demandes ordinaires,dc la Mefi"c,du
Puroatoirc,&: autres telles chofes. A quoy ledit Milet refpondit fi conftamment , que
toft ap rcs il fut conclu del'enuoyer àla morr. Tourefois il eut le loilir d'eferire vne 1er*
tre à la femme pour la reconfortenluy remonftrant que rien ne luy eftoit aduenu fans le
vouloir du Pcrc celefte:& que c'eftoitfaifon que tous deux acquielçalTent à fa volonté*,
mefmcs veu que défi long temps ils auoyent appris , que ceux qui voudroyent viure re-
ligicufement en Iefus Chrift,fourfriroyent perfecution. Et pourtant elle ne fc deuoit e- i-T"nîI*
ftonner,commc d'vne choie nouuelle&ellrange , de le voir en telle aduerfité. Que Le «menu
Dieu luv faifoit vn grand honneur de le faire lburfrir,non point pour larrecin, ou meur- des ,cttrC5
tre, comme malfai&eur: mais pour letefmoignagedefaParollc,pour laquelle tât d'ex- Saoda'/ft
cellens fcruiceurs de Dieu,deuant luy auoyent fourfert. Qu'elle le fouuinft des promeC femme.
fes,&: des menaces que tant de fois elle auoit entendues par la prédication de l'Euangi-
lc:Que noftre Seigneur Iefus confelferoit deuant Dieu ton Perc ceux qui l'auroyent cô
felTé:&: delàdtioueroit ceux quil'auroyentdcfaduouédeuant les hommes. & ne trou-
TT. iiii,
L/^ro V I. Jean %effroy.
uaft point mauuais,fi pour le foin qu'il adefonfalut , il aimoit mieux la dclaiiTer auec
tous les enfans,que d'abandonner celuy , auquel enfemble ils s'eftoyent dédiez. Que
Dieu luy feroit pour pere,& à tous fes enfans. Et (a mort ne leur feroit point à deshon-
neur,mais à honneur:&: auroyent,& elle & les liens, pour toujours expérience en luy du
fecours de Dieu appai cille à ceux qui le voudront feruir,pour perfeuerer en la do&rine
auec toute alfeuvance.Car elle cognoi/foit fa foiblefTe &c timidité : mais qu'auiourd'huy
il éftoit tout autre, Dieu luy faifant telle afllftence , qu'il ne fut ïamais fi content &c con-
folé:&: eiperoit bien que fa ioye ne luy feroit point oftee, quelque mort qu'il luy côuinft
fouffi ir.Elle auoit doneques matière pour l'amitié qu'elleluy portoit,non point de s'en-
nuyer,mais de ferefiouir de lagrace que Dieu luy auoit faite. ^ Voila les confolatios
par lelquellesil î cconfortoit fa femme.
Sentence O r pour icuenir à l'on procez,lc Lieutenant criminelfcpt ou huit ioursapresleiour
nïnc'crirra- ^e la P^^donna fentence par laquelle il eftoit condamné(notammét pour s'eftre trou-
nelde Pans ué aux afTcmblees)d'eft:ie bruflé tout vif eh la place Maubert:laquelle lentence fut con-
fermée par areft de la Chambre ordonnée au temps des Vacations. Tellement qu'ilfuc
mené en ladite Place, toufiours louant & glorifiant Dieu.car il n auoit point de bâillon.
Ceux qui l'auoyent cognu,rendoyent tefmoignage que ïamais il ne fut veu plus ioyeux
ne plus délibéré cjue ce iour-la de (on exécution. Quand il fut au lieu du lupplice,par
troisfoisiliémitagenoux,&: pria Dieu degrandeardeurdeuanttoutle peuple, &c ne le
peut- on empefeher. Le bourreau luy mu vne corde au col , &: luy fut dit,s'il fe vouloir
Notez. dcfdire,qu'il feroit eftranglé:mais il fît re(ponie,Non:car l'aime mieux loufFrir vne heu-
re,&: m'en aller en Paradis. Quand on eut leu fon areft,il demanda par quel pafiage de 1'
Efcritu re faincfe il eftoit condamné. On luy dit que c'eftoit le vouloir du Roy. Partons
outre,dit-il, allons a Dieu:lans répliquer autre choie. Eftant guindé en i'air,il commen-
ça à chanter le Pfeaume l i ,Mifericorde au pourc vicieux,&c.Et fi toft que le feu fut al-
lumé,il fe print à la paille qu'on luy auoit miîeious les ailTelles:&. incontinét brulla tou„
te la barbe,& cheueux.Mais pour cela il ne lai/Ta de continuer: voire fes pieds &: fes ianu
bes eftoyenc défia toutes bruflees,qu'il chantoit encores.Et fut toufiours pendu enl'air,
iufqu a ce que la corde eftant bruflee,il tomba dans le grand feu,& expira.
IEAN BEFFRO Y , fcrmricrJPatis.
VOICI vn fourd fi bien oyant & retenant la voix de l'Eu angile.fi bien reiglant au pur (cruice de Dieu là famille, qu'il n'ad-
met aucune pollution, n'aucun femblant d'idolatrie.Son exemple condamne tous ceux.qui, faifans femblant d'ouir&ad*
berer à Li vérité de l'Enangile,fe fouillent en fuperftitions & Émulations contraires à icelle vérité.
L y auoit vnferrurier demeurant en la tue de la Mortellcrie, nommé Iean
Beifroy,qui auoit eu toufiours vne grande crainte deDicu: & n auoit iamais
[fermé fa poure maifon aux aifembleesChreftiénes,qlque danger qu'il y euft
| de les recueillir.Sô defir eftoit admirable de profiter en la predicatiô de l'E-
uangiîe:car eftant empefché par vn vice dénature , de bien entendre(il eftoit fpurdaut)
auoit trouué vn remede:& commandoit à fon Garçon d'efeouter diligemment , & à la
fortie de l'aflemblee luy faifoit reciter en l'oreille ce qu'il auoit entendu.Si bien,qu'il ap
prenoitbeaucoup,moyennant l'aide de celuy qui par la vertu de fon Efprit , fait infor-
mer fuffifammét de fa volonté ceux qui font defireux delà làuoir. Et le portoit fi ronde-
ment au feruice de Dieu auec toute lafamille,s'eflongnant de toutes idolâtries & fuper-
ftitions,qu'il s'eftoit acquis vne merueilleufe haine de fes voifins , & fouuent eftoit me-
nacé de faccagemcnt.Cela toutefois ne l'cfFrayoït point. Il adûint que Dieu luy donna
va petit enfant,lequel il prefenta en l'Eghfe Chreftienne pour receuoir le baptefme:efti
Chr£n mant que le deuoir de çeluy qui a la cognoiflance de l'Euangile,eft de tellement renon.
aubapwf- cer aux corruptions, parlelquelles les ordonnances de Dieu (ont deffigurces , qu'il ne
JJJknj on fouffre point que les fiens en îoyentpolluez:lors principalement qu'il y a moyen de les
prelenter en rEgIifereformee,où lefditcs ordonnances font pures. La conftancedcce
fainct perionnage en ce cas irrita encores plus lès voifins. Et puis c'eftoit le temps que^
ces pourcs gens abufez tapi/l'en t le devant de leurs maifons , &: portent iouer leur dieu
parles rues:auquelilnevoulutfaireaucunhonncur,& ne tendit fa maifon comme les
autres. C'eftoit vne féconde preuue de fa conftanec.
V l N A -
Le deuoir
d'
Pierre^ Arondeau. jij
Fin a l e m e n t comme les voifins eftoyent forcenez, il arriua ie ne fay quelque
petite fefte obfcure:& n'euft trauaillé en ce iour Ja, de peur en chofes indifférentes d'-
ofïènfer perfonne : maisilauoitvne befongncàfaire qui eftoit haftee, pource que les
tournois &: feftins pour les mariages des Dames cy deuant nommées approchoyent,
& luy auoit elle commandé de belbngner. Les voifins ouyrent le bruit des mar^
teaux:& fans auoir efgard au commandement , fans aucune enquefte ou information
ptcailablemcnr faite, forcèrent famaifon : &: i'ayans bien outragé, le liurerent à vn
Commiffaire , lequel l'amena prifonnier au Chaftelet. Ayant làefté longtemps
détenu pril'onnier aux baiTes foiîes , il reccut fentenec du Lieutenant criminel deftre
bruflé vif en la place de Greue : après auoir efté mis en la queftion extraordinaire. Le
tout pour auoir maintenu la faindedodn nc denoftre Seigneur Iefus Chrift , & princi-
palementdetenduconftammentfon faidau Baptcfmede fon enfant. Laquelle fèntcn-
ce fut confermee par areft de la Cour:cxcepté qu'aucunequeftion ne luy feroit baillée.
Tellement que perfiftant toujours en la confeflion de la vérité de l'Euâgile,au mois de
Décembre fuiuant il fuc bruflé vif en ladite place de Greue , auec tef'moignage d'vne
{inguliercconftance& intcgnrë deroy.
PIERRE ARONDEA Y^ngoulmois.
S I en fuiuant les fain&es afTemblees nous fomnies moleftez par les ennemis:apprenons de recourir à Ja confolatiô ^om g
que ces Martyrs ont eue,& que S. Paul a enfeignee,Qu'à ceux qui aiment Dieu , toutes chofes,affauoir affli-
&ions,opprobres,& autres miferes par lefquelles-nous paflbns parmy cefte vie terreftre, viendront en aide.
Et au contraire,que toutes chofes tourneront en mal & ruine aux ennemis de l'Euangile.
IE P V I S que les fidèles onteommencé de safîembler pour inuoqucrDieu M.d.lix.
[$£ communiquer à fà doctrine, le nombre de plus en plus s'eft augmenté : & l<* aflem
jurandes benedidions ont iuyuy les afTemblees : nonobftat les contradidiôs biecspour
_ !^ oppofîtionsdesaduerfaires. La Rochelle ville marchande à caufe delà 2J.yJlanprc*
mer,ncft pas des dernières au reng de celles qui auoyent afTemblees faindes, en ce téps *- '
que les feux eftoyent allumez par toute la France. Vn nommé Pierre Arondcau du pays
d'Angoul mois,homm e de baffe condition s'y eftant reciré cefte année m.d.lix. s'infî-
nua à TEglife,&fiequentoit les exhortations & prières qui s'y faif'oyents'entretenat d'-
vne petite balle de mercerie qu'il portoit ordinairemét par la ville. Mais lesfuppofts de
Y Antechrift,aufquels telle félicité eft odeur de mort,vn iour s'a ttachans à ce perfonna-
ge,luydemanderent,Oùilalloitàla MefTe.A quoy Arondcau dit qu'il n'y auoit quepar
trop efté,à fon grand regret:& puis que Dieu luy auoit desbendé les yeux par fa fain&e
jpai olle,il cognoifToit bien que la Mefî'e eftoit abominable}forgee en la boutique de l'en
nemy du genre humain. Or ceux aufquels il rcfpondit en cefte façon , eftoyent Preftres
qui le cognoiiroyent:& l'vn d'icetix nommé Monroy,print les autres à cefmoin : &delà
s'enallerét droit au Lieutenat criminel déférer les propos qu'auoit tenu Arondeau.La
depo(itionreccué& l'information faite, il y eut incontinent décret de prinfe de corps
contre luy. Er combien qu vn de fes amis 1 euft aduerty du danger auquel il eftoit, fi ne
lailla-ildcfe prefenter deuant fes ennemis, qui le firent prendre &c mener prifonnier.E-
ftant en la pnfon,plufieursderEglife vinrent pourleconfolenmais on trouua qu'ilfer-
uoïc dcçonfoIation&: confort,non feulement à ceux qui le vifitoyent, mais auffi aux au
très prifonniers détenus auec luy. Les Preftres eftoyent diligens à foliciter ce Lieute*
nant,qui defoy-mefme n'eftoit que par trop incité en telles caufes &: matières. Arôdeau
interrogué, fouftint de grand courage ce qu'il auoic dit:&r y adioufta beaucoup plus qu'-
ils n'en vouloyent ouyr. Le Lieutenant luy remonftra qu'il eftoit en erreur:&: que s'il fe
Vouloir retradcr,on luy feroit grâce-. Arondeau perfiftât en fes refponfes, dit , Que fi par
l'Elcriturefainde on luy monftroit quelque erreur,il eftoit preft de ferctrader, maisnô LaconfKcc
autrement.Le Lieutenant voyant cefte perfeuerance(que fauffement il appeloit perti- Arondcau
nacité)le condamna à la mort:&: Arondeau loua le Seigneur de la grâce qu'il luy faifoit
defouffrir pourfaqucrellc-.cV: de refiouifTanceil luy chanta Pfeaume , eftant refolu d'ac-
cepter la fentéce de mort fans en appeler. Ses amis non côtens de cefte refolutiô,vinréc
vers luy pour remonftrer qu'il ne deuoit ainfi faire tant bon marché de fa vie à l'appétit
des ennemis: & puis que Dieu donnoit le moyen d'en appeler , qu'il ne deuoit mefpri-
Liurc^VI.
Anwdu'BQUw.
Monroy
frappé du
iugemenc
deJDieu.
Le Lieute-
nant crimi-
nel de la
Rochelle.
fer le remcde.Ceux-cy firent tant qu'il luy perfuaderent d'en appeler. L'appel entreiet-
té,le Lieutenant pourgratifïer aux ennemis de l'Euangile ,&: fur tous au Cardinal de
Lorraine,le fit incontinent d'vn bien matin auatiour,par vne pofterne fortir &c mener
par fesgaides,qui bien îauoyent les lieux deftournez& chemins obliques de peur de la
rccoufle. ^ Arriué qu'il fut a Paris après grand trauail &: long chemin,on le fourra das
la Conciergerie,eftant recom mâdé aux deux prefidés Magiftri & S. André^par le moyé
defquds la fentcnce du Lieutenant fut confermec par Areft : &: fut mis en exécution
le x v.iourde Nouébre,auqueliour Arondeaufuftbruflévifen GreucàParis. On dit
que la confiance & force hei oique que Dieu luy donna,& par laquelle il demeura vifto
rieux enla mort , feruit de miroir au fufdit M.Anne du-Bourg Confeillcr> 5t* à pluficurs
autres fidèles feruiteurs deDieu,fouffrans pour l'Euangilcprefché es fain&es congréga-
tions, voire &leur a efté comme vn preparatif à la mort,laquelle ils ont depuis fouffertc.
1 1 aduint toft après l'heureufc iflue d' A rondeau, que le iùfnomméMonroy,qui auoic
efté des principaux accufateurs&: parties, fut frappé dvnc apoplexie, de laquelle il
mourut foudain. Le Lieutenant qui le condamna,netarda gueres aptes la mort dudit
prcftre Monroy, qu'il n'euft vn adiournement perfonnel auConfeil priué du Roy,à la re
quefte d'vn gentiLhomme Polonnois nommé Antoine De l'eglife: contre lequel il a-
uoit donne vne fentence inique & torfiônaire.De laquelle ledit Antoine s'eftant porté
pourappclant,lepouifuiuit fiinftamment, qu'audit Confeilles concufllons &r pille-
ries dudit Lieutenant furent fiauantdefcouuertcs , qu'il fut condamné enuersla par-
tie en mille efeus fol, payables dans quinzaine à la peine du double : & outre deftitué de
fon eftat,&: déclaré incapable de iamais tenir ou exercer office royal : auec infamie per-
pétuelle.
, ANNE DV BOVR Gy Conférera» Parlement de Paris.
C £ qu'en la précédente édition n'auoitefté aïïez diftin dément mis.nous louons hiftorialemét départi enla prefente félon l'or-
dre des temps:tellement qu'après auoir veu cy deflus les caufes & circonftances de l'cmprifonnemét de M.Anne Du Bourg,
il refte la procédure & exécution dernière tenue contre lu y .Au refte c'eft Vn exemple fîngulier à toutes perfonnes coniti-
tuées en cftat de ludicaturc,pour apprédrc de fubmcctre toutes dignitez & honneurs i laParolle & doctrine de IclusCLrift,
N N E du Bourg Confeiller pour le Roy en la Cour de Parlement à Paris,'
ne la fit pas lôgue après les deffufdits Martyrs.il eftoit natif du pays d'Auuer
gne,d'vne mallon honnorable : homme bien vcrle en toute bonne feience,
_ Hcfingulie rement en droit ciuil. Ayant leu en ce droit quelque cfpace do
temps en l'vniuerfité d'Orléans auec grand renom, il fe retira à Paris pour mieux feruir
à la Republique,&: auoir vne vocation en laquelle il peuft faire valoir cefte feieneeque
Dieu luy auoit donnee.il eut vn cftat de Confeiller en la Cour , auquel il s'eft porte touf
lours en bonne conlcience& iuftice,au tefmoignagc defes plus gras ennemis. Or nous
auons défia déclaré cy deuus la caufe pour laquelle il fut mis pnfonnier,par le comman
dément du roy Henry:à fçauoir qu'eftant en la Mercuriale,aucc les autres,pour dire fon'
aduis fur le raid des Luthcricns,auoit efté d'opinion en la prefencedu Roy ,quvn fainét
Concile &c libre fuft alTemblé,pour vuider les diffctës de la Rcligion:&: cepédant qu'on
iurfeaft lesperfecutions. Eftat donc prifonnier en la Baftille pour cefte caufe,aucc cinq
ou fix autres Confeillers de la Cour , luges luy furent déléguez pour faire & parfaire fon
procès. Lelquels accompagnez derEucfquedeParis,&d'vnInquifitcur,nommé Dé-
ni oçharés,vin'drét incontin ent pour l'interroguenmais il ne leur voulut refpondrc : dL
v cf il fant4ucccft°iclacouftumc»^auc^ °*uc
acauldê Cf *on procès luy fuft fait par tout le corps de ladite Cour ; &C demandoit que çefte coufttt*
crime doit me tant ancienne ne fut point rompue en faperfonne.Surce refus, lettres foi obtenues
dcwûtîe duRoy par les ennemis^cl'Euangile:parlelquelles commandement luycftfait deref-
corps de la pondre aux Commiflaires déléguez , àpeined'eftre attaint&conueincuae rébellion»
Ce fut l'vne des iniuftices qu'onluy a*enues,laquelle ila portée bien patiemmenti&fas
faire autre inftanec, donna refponfc par pluficurs fois aux interrogatoires comme il
«enfuit,
PREMIER
Cour.
Annz^> du Bourg. , J2 S
P R E M I E R interrogatoire par les Commiffaires ordonnez par le Roy le XXII. iotir de Iuin M.D.LIX.
iV Bourg mandé,&:remonftrance à lùyfaite du vouloir du Roy , d'eftreobei/îant interro-
Jau commandement ducht feigneu r:&: de déclarer s'il perfifte en ce qu'il a dit , Ne toires.
vouloir refpondre fînon à la Cour de Parlement, après qu'elle auroitauthorizé la com-
miflion du Roy^drefTee à les déléguez. A dir,que les remonftrancespar luy faites,n'onc
cité pour defir qu'il euftdeftredelbbeiflant au Roy,ny à nieflieurslesCommi/laires par
luy deputez:mais a toujours voulu(comme encore veut)obeir audit leigncur,eftant Ton
trelhumble lubiet &: ofrkicr:&: que puis qu'il luy pjalft qu'il ref ponde , eft preft de lefai-
*e,fous les proceftations ia faites.
^ A Huilant luy ont efté monftrees &: communiquées les fécondes lettres du Roy,
qu'il aleuës& rendues,comme preft d'obéir &t rclpondre. A dit qu'il eftgrandemenc
defplailarit que le Roy ait opinion de luy qu'il foie feditieux , ne qu'il ait voulu dire
propos fcandaleux deuant (à Maiefte:&: eft encore plus marry de ce qu'il a efté aucune-
ment dei'obeiirant,&; long à refpondre:&: s'e n repent.Suppliefa Maiefté de luy pardon-,
ner.N'a entendu eftre rebelle ne contumax.Recognoift l'Euefque de Paris eftie l'on Pa
fteurôi luge ordinaire.
Luyaefté eniointde mettre la mainaupi£ts,apres ferment parluypreftédedire
vérité. Enquis de fon aage,a dit,Quil eft aagé de trente fept à trente huit ans.
Luy a efté remonftré,que par l'opinion qu'il a baillée dernière en la prefence duRoy,
ledit Seigneur feant en fon lift de Iuftice, en fon Parlement tenu aux Auguftins : il tmc
plulieurs propos contraires à fa profeflîon &c ordres (acrez , contre les commandemens
de Dieu 5z de nolt,remercfainctecglife:dont ledit Seigneur fut feandalifé , & tous les
Princes &C leigneurs eftans en fa compagnie. A cefte caufe ledit Seigneur commande T_
interroguer fur ce,&qui l'a meu de ce faire. A dit,qu'il eft grandement defplaifant de ce
que le Roy & lesPrinces eftans en (a compagnie,ont prins occafion de le feandalizer de
ce qu'il dit lors:attendu qu'il ne penfe rien auoir dit contre l'ordre de fa profeffion , les
commandemens de Dieu &C dei Eglife:&: ne le voudroit faire.
Luy a efté remonftré,qu entre autres propos qu'il a tenus deuant le Roy &c les Prin-
ces,il a fbuftenuque toutes les traditions &: ordonnances de l'egliie,des Rois &c des Prin
ces,ne peuuent aucunemet lier ny obliger les perftmnes,& ne s'y faloit arrefter . enquis
SÏI a ainfi parlé. A dit,fous corredion,qu'il ne l'a dit ainfï,&: n'a tenu ce propos,&: n'eft en
fon opinion entré iufqucs là.meflîeursDu Mefnil, Gavant & Bonette cftoyent prefens
qui le peuuent bien fauoir. ;
. Enquis qu'il croyoït des traditions de l'eglife,& des edi&s des Rois & des Princes,fur
lefaid deshcreiîes» Adit,qu'il n'eft grandement verféaux Elcritureslàincles:& vou-
droit qu'il y euft éployé le téps qu'il a employé à eftudier au droitCiuil,& lettres humai-
nes. Prie treshumblemétmôlieur de Paris lôEuefqueÔi Pafteur,de le redrefter s'il faut,
& l'enfeigner par la parolle de Dièu,dc ce qui concerne tant ceft article,que tous les au
tres,qui appartiennent à la foy & Religion.
Luy a efté remonftré par ledit feigneurEuefque de Paris,queleChreftien eft teniiyjûh
pœnapcccattmortaliS'tobcii a tous les commandemens de l'Egliie,& traditionsEcclefîafti- Am^Jc»
ques,receuës des Apoftres,des difciples de noftre Seigneur,des faincts Conciles,&: del'- rraÏÏoiï
eglifèRomaine:combien qu'aucunes dicelles traditions ne fbyent exprefTémentefcri- du i>aPc!
tes,ny en l'Euangile ny au Symbole des Apoftres : mefmement qu'il faut croire les fept
facremens <4e l'eglife,lesfaincts commandemens d'icelle: garder les Dimanches & fc-
ftes des Sain&s&: Sam&es ordonnées : leufner le Cardme>&: autres ieufnes comman-
deesrd'allcr à confeflc:reccuoir f on créateur, à tout le moius vn c fois l'an ,au iour de Paf-
ques faireabft)nencedcchairauxiourscommandez,cioirevn Purgatoire , prier pour
les trcfpa(îcz:pricrlesSainâ:s&: les Sainctcs,afîn qu'ils nous foyent en aide:& les autres
poin£ts 6C articles fur lefquels il fera particulièrement interrogué. Ce font les trat. ons
de l'eglife,que chacun Chreftien cfttenuinuiolablementcroire,garder&obferu'i-,fur
peinede pechc mortel. A ces remonftranccs a dit,que puis qu'il plaift au Roy qu'il refpô
de par deuant lefdits Commiflaires ordônez par ïaMaieûé, des articles de fa foy &c cre-
ance:il loue Dieu grandement,de ce qu'il luy a pieu enuoyer vn fi bon zele àfa Maiefté,
lefuppliant treshumblement de ne s'ofFenfcr de chofe qu'il die cy après,
Po v r rcfpondre particulieremét,a dit que fa foy &ç creâce eft fondée fur la pure parole
de Dieu,qu'il croit que Dieu a cftably fa Loy,par les moyens que bon luy a fembléma
L wrc~> VI. d nne du 'Bourg,
rien obmfs de ce qui appartient à icelle.Qrfîl a apprins trois moyens pour entendre ce-
tte Loy. Le premier,les liures des Propheces. Le fccond,rEiiangile annoncé par la bou-
che de noftre Seign. Icfus Chrift.Lc tieis,lcs liures des Apoftres & difcipies d'iceluy Ie-
fus Chrift.Qu'il croit tout le contenu en tous lefdits liures, &: au Symbole des Apoftres.
Qu'il croit qu'efdits liures tout noftre falu t eft com prins, tanc en ce qui concerne la co^
icaaiî.ij gnoiiTanced^ Dieu par fonFils,que les faincts Sacremens parluyinfticuez, pour le fou-
lagement de noftre fragilité. Que ce feroit vn grand blafpheme de penfer que Dieu
n'euft efté affez fage pour nousfaire fuffifammét entendre fa volontérmefmes en ce qui
regarde noftre redéption 6c reconciliation. Que ce feroit aufli grand blafpheme,de dire
que îefusChrift n'euft inftitue fonEgliic(de laquelle il eft le vrayChcf & le vray Efpoux)
ainfi qu'elle a deu eftrcinfticuee& enfeignee.
Parcillement,que ce feroit grandement arguer de defloyauté les Apoftres & difcipies
de Iefus Chrift , dédire qu'Us ne nous auroyent fait entendre enticrement la volonté
de Dieu, qu'ils auoyent receuë par fon Fils Iefus Chrift,& par le S. Efprit,cn ce qui regar
de noftre falut.Qu'il eft memoratifauoir leu, que Iefus Chrift auoit entièrement annô-
KUrc itf.if ce la parolle de Dieu.Pareillement eft eferir, que les Apoftres &: difcipies d'iceluy Iefus
Chrift auoyent entièrement entendu fa volonté.cn ce qui regarde noftre falut. Que k
parolle de Dieu,comme il eft eferit, eftoit auant que le monde fuft iamais crcé,par tanc
long temps auant qu'il y euft Eglife entre les hommes.
Que les hommes ne nous peuuent obliger, en ce qui regarde les Commandcmens e-
ftablis par la Loy de Dieu , outre le contenu en icelle Loy,& les moyens &: remèdes de
noftre làlut.Car il eft cfcrit,qu après que Ieftis Chrift a fait entendre la volontcde Dieu
par fa parolle àfes Apoftres &: difciples,il leur a dit, Allez, &: pt efchez ccft Euangile par
tout le monde.C'eftà dire,l'Euangile qu'il auoit luy-mefme annoncé de fa bouche.Iln'
a pas dit qu'ils annonçaient autre chofe, que ce qu'ils auoyent receu de luy.
Ne croit que l'eglile Romaine ait puifTance fur nous autres, u* ce n'eft entant qu'elle
eft conforme à la pure doctrine de Dieume qu'elle nous puiiîe obliger à autres cômâde
mens,pour la neceiTité de noftre falut,qu a ceux aufqls nous sômes obligez par la parole
de Dieu.Que les traditionsde i'Eglife,cn ce quixoncerncla police &c reiglemcnt des fi-
deles,nous obligent pour viure en ordre & politiquemet , fur peine de pèche' mortel.
Quant aux Concilcs,dit,que ce font conftitutions des hommes:qu'il y en a de tref-
fain£tes,mefmes contenues es premiers Conciles generaux,d'autant qu'elles font con-
formes à la pure doctrine de Dieu. Il y en a aufli qui ont efté appelez Conciles pro-
phanes.
Qu'il y a contradiction & répugnance entre les Conciles, meimes les vns comman*
ftioné^ dent d'abattre les images qui eftoyentés temples: les autres ont commandé de les rc-
CoocJcs. mcttre.Lcs vns ont défendu aux mariez d'eftre Preftres,aux Diacres de (e marierdes aa
tresl'bm permis. Les vns ont permis aux Bohémiens de receuoir la faindte Cene * Jùb-v-
traqtte ("peàe.lcs autres l'ont permis aux Preftresfeulemet: & autres exéples de repognace
& côtrarietéjdôtà prefent il n'amemoire.PourcognoiftrelefqlsdefditsCôciles on doic
fuyurc,faut auoir recours àla conform ité qu'ils auront à la pure doârine de Dieu:car n©
les faut fuyure comme Conciles Amplement.
Interrogué,s'il ne croit qu'il yafept facremens,du Baptcfme,dela MeiTe,du Maria-
ge,Confirmation,Penitence,les fain&s Ordres,& l'extrême Onction. A rcipondu,qu'il
croit les fain&s Sacremens qui ont efté ordonnez par IefusChrift,pour nous confermer
en noftre regcncration,en efpcrance certaine de fes grâces à venir. Qu'il ne croit au-
tres Sacremens que ceux qui ont efté ordonnez par iceluy Iefus , aflfauoir le Bapteftne,
Peux Sacre qui nous reprefente le lauemet &: purgatiô de nos fautes Se péchez, & nous tefmoigne
mens jnftj- 1 r i C n i r J t r
tuezdeDicu S nous *om mes régénérez en vne beaucoup meilleure vie,parlç precieuxiang de leius
Chrift. Que la defobeiiTance de noftre premier pere Adâ,parlaqlle no'fommes côceus
enfansd'iniquitéjcftcffacee.Pareillemcnt croit le faind Sacrement de la Cene, parle,
quclavans efté regeoerez( comme il a dic)nos amesfont nourries du pain cçleftc,ô£ ha»
nap de fâlut,qui nous y eft prefenté corne vn gage certain,& feau de la vie éternelle, qui
no' a efté gaignec par le précieux fang q Iefus Chrtft a dpâdu pour nous en l'arbre de U
croix, par fa precieufe chair qu'il a baillée pareillement pour nous , auec promefte cer-
taine que ierons faits participas du mérite de cefte mort &paflîô qu'iccluy Iefus Cfirift
aibufTcrtepournous. Et en tefmoignâgc de cc,pournousfoulager en nos infirmiez.
Anne du Bourg* J*7
fous efpecede pain il nous a baillé fa chair, fous efpecede vin,fon fang:pournout rir(cô-
me il a dit)nos ames en cfperance de falut,iufques à ce que nous loyôs parfaitement cô-
ioints à iceluy Icfus Chrift noftre Sauueur,eftant là fus à la dextre dcDicu ion pere.Que
la chair d'iceluy Iefus Chrift,&:pareillemétfon fang,lontefienciellcmêt&:en verite au-
dit Sacremét.Quat aux autres Sacremés de l'eglife,qu'il ne les a le9 en l'Efcriture faîcte.
E n \ qj i s qu'il croit des autres Sacremens: A dit, que s'il plaift à meilleurs fes luges
les luy tefmoigner par l'Efcriture faintte,il les croira. Et quant au facrement de l'autel ôC
de la Méfie ,a dit qu'il n'a point leu que la Méfie ait eftéinftituee parlefus Chnit,ne qu'-
elle foit tcfmoignee par la purcdo&rinede Dien:ainspenfequ'elleaitéfté inftitueepar
les hommes:par ce que le Sacremet de la Cene, qui a efté inftitué par Iefus Chnft, nous
a efté baillé en toute autre forme que la Mefiê:& nous a efté baillé pour cômunier tous
à iceluy faintt Sacrement, fous les deux eipeces de pain &de vin. Qu'en la Méfie il n'y a
que le Preftre qui communique mefme en la communion des laics,iccluy Sacrement
nous eft adminiftré feulement fous vne efpece : combien que Iefus Chriftait dir , Man-
gez,beuuez tous:& qu'en commémoration de fa mort & pafiion qui mangeroit & beu-
uroit fa chair &: l'on fang, auroit vie éternelle. Que fi Ielus Chrift nous a voulu donner,
non feulement fa chair, mais aulîi l'on fang, en nourriture de nos ames: nous luy terions
grand outrage d e refufer l'vn ou l'autre:&: que c'eft vn grad blafpheme contre la parolle
de Dieu,de vouloir par nous (comme fi nous eftions plus fages)innouer &: châger la for-
me qu'il nous a luy-mefmede fa precieufe bouche annoncée. Conlèquemment , que la
vraye adminiftration de ce faind Sactement,&: félon la première inftitution,eft dclad-
miniftrer fous toutes les deux efpeces-.& tout aîfi que IefusChrift luy mefme , &: depuis
fes Apoftres &difciples nous ont tefmoigné.Que fi la difFerêce entre les laïcs èVPreftres,
quant à la participation de ce faind Sacrement , euft efté neceflaite , Iefus Chrift ou lès
Apoftres &t difciples, ayâs receu le S. Efprit,nc l'euflent obmife:meime que c'eft l'vn des
grans pointts de noftre foy.
In t e K.nSirealnervenfmcorpu4ChriftUdftt'mfacrifîàoM
efté Sacrificateur de fa precieufe chair,&: de (on précieux fang,& a fait ce Sacrifice &£ o- o>r.y?</? rt.
blation vnefois à Dieu Ion Pcrc pour nous,&qu'ilne nous faut plus attendre autre Sa-^j^££
crificareur,comme mefme S.Paul le tefmoigne: &c partant necroitquele Preftrcenla delà J
Meile face facrifice du corps de Iefus Chrift pour nous. Auffi ne croit que le corps de le- MtS*\
fus Chrift y foit:ains que celuy corps foit là fus àJa dextre de Dieu fon Pere,commeluy-
mefme a dit:&£ dot il ne doit defeendre iufques à ce qu'il viene iuger les vifs &C les morts.
L v y a efté remonftré,Que donc chacun de nous eft idolâtre , quand il oit la fainde
Mefle, & quand le Preftre leue & monftre après la côfecrarion ,1e précieux corps &c fang
de noftre Scigneurau peuple: Adit qu'il neeroitquela Méfie foit Sacrement, 6c qu'il
croit que le v ray Sacrement delà chair & du fang de Iefus Chrift eft la Cene ainfi adini-
niftree,commeiladitcydeflus.
Second interrogatoire du mefme iour en la Baftille.
Ledit du Bouro;mandé,(èrmët par luy fait, la main mife au picts,&: après qu'il luy
aefté remonftre ce qu'ila dit cy de/îuSjQiie le précieux corps denoftre Seigneurle-
fus Chrift doit eftre receu fous les deux eipeces,ainfi que Dieu l'aordonné,&: ce tant par
les Liics , qu'Ecclefiaftiques,&: qu'en iceluy Sacremet le précieux corps &: fang de noftre
Seigneur y font en vérité, Se efienciellemcnt,&: neâtmoins-ila dit cy defius, qu'au laines
facremét de la Méfie, le précieux corps de noftre Seigneur,& fon précieux fang n'y font
point: A dit, qu'il n'y a contrariété ne repugnâce en ce qu'il a dit: car il le peut accorder
dedire,Quau Sacremet de la Cene, le corps de Iefus Chrift,&: fon précieux fangy font
efienciellemenr,&: en vérité: & qu'en la Mefife ils n'y (bnt:d'autât que la Cene eft Sacre-
ment>&: ia Méfie n'eft Sacrement.
Lv y aeftéremonftté,qu'enia Méfie fe fait ôCconfacre le précieux corps de noftre
Seigneur,par l'Euefque ou Preftre:& qu'au Concile de Conftance,dont il a parlé cy def-
fus, il eft expreflementdit,que ceux qui ne croyent au fainct facrement delà Méfie, &C
ne croyent que la Méfie eft inftituee de Iefus Chrift, comme aufti aux autres Conciles,
font déclarez hérétiques: A dit,que le Concile de Confiance n'a peu inftituer la Méfie
comme Sacrement,ne luy donner authorité, pource que ce feroic adioufter vn Sacre-
met au nôbre de ceux que Iefus Chrift a inftituez,cômc neceflaire à noftre falut.Qu'il y
a beaucoup de chofes ordônees parledit Côcile de Côftâcc,^ ne foc pas gardées n'obfer
iJmt^VI. sAnne du Bourg.
uees:& mcfme qu'il a efté ordonné par iceluy Concile, que de dix ans cndix ans Ton fe-
roit Concile nouueau,pour extirper les herefies:&:neantmoins il a efté blafmé d'auoir
conclu en ion opinion à Concile.
L v y fur remôftré que la fain&e Méfie a efté infticuee par noftre Seigneur IefusChrift,
& obferuee par les faintts Apoftres: meunemenr par monfieur S. laques premier eucf-
La Meffc qUe de Icrufalenv-depuis par monfieur S.Clement:defquels nous auôs encorcs le moyé
5J£2J! m" &c manière de célébrer la Meflfe. Aufiî l'auons-nous de monfieur S. Dènys , de monfieur
S.Bafile, de monfieur S. Iean Chryfbftome, par les fain&s Canons des Apoftres : &c de-
puis la mort &: paffiô de noftre Seigneur Iefus Chrift,a efté la Méfie obferuee, en laquel-
le fc faicle faindlacrement,par celuy qui la dit, iufques à prelènr:fors feulement par les
heretiques,&: ceux qui fe font diuifez de l'vniô de l'Eglifè vniuerfelle: A dir,qu'il ne croit
que là Méfie ait efté inftitùee par Iefus Chrift, mais bien le Sacrement de lafaincl* Ce-
ne,en la forme qu'il a dit cy defi'us.
N e croit aufti qu'elle ait efté obferuee par les Apoftres &c difciples de Iefus Chrift.car
l'on n'en voit rien en tous les Actes des Apoftres, n'en l'Efcrirure faincle , comprinfè au
vieil &: nouueau Teftament. Et quant àS.Iaques,S. Denys,&: autres cy de/lus nommez,
ne fait s'ils ont dit Meffe,n'en quellcforme ils l'ont dite.Bié lait que la forme en laquelle
on la dit pour le iouidhuy, n'eft celle qui a efté inftitùee par Iefus Chrift au fainct Sacre-
ment delà Cene.
L v y a efté remonftré, qu'outre les deux Sacremens par luy conf efiez,aflauoir celuy
du Baptefme,& celuy de la Cene tel comme il a dit, il y a cinq Sacremens receus,infti-
Touchant tuez,commandez&: ordonnez de l'eglifè, afiauoir Confirmation,Penitence, les fain&s
lescinq Sa- Ordres,le Mariage,&: extrême On&ionrlefquelseft tenu de croire,fuyuant le fainct Cô-
SnTnplr cile de Latran: A dit,qu'il croit feulement les deux Sacremens cydefius par luy nômez,
kPape. le Baptcfroe& la fain&e Cene:qui ont efté inftituez par Iefus Chrift,vray efpoux de fon
Eglife:& qu'il a apprins, Que Sacrcmct eft figne de chofe facree par la vérité de la parol-
le de Dieu, auec promefledes chofes compnnfes & tefmoignees par iceluy Sacrement:
commeil l'a déclaré particulièrement ey deflus,enccqu'iladitdes deux Sacremens,
duBaptefme , &: de la Cenc:& qu'outre ces deux Sacrcmés n'a efté loifibleaux hommes
enadioufter d'autres, comme necefiTaires à noftre falut. Partant ne croit que Confirma-
cion,Penitence,Ordre,Mariage &: extrême Onction, fbyent Sacremens : pource que la
définition de Sacremét cydefius par luy récitée, &approuuee par l'Eglifè catholique,
ne peut eftre vérifiée en iceux.
In t e R.pourquoyil a receu les faincts Ordres, mefme l'ordre de Diacre ,&: au très
precedens:& que lors que les a receus,il a ouy le faindt facrem en t de la Me/Te, le tout a-
finde prendre les Ordres de Preftrife, pour dire & chanter la fainîre Méfie: A dit, qu'il a
apprins qu'en la primitiue Eglife véritablement il y a eu des Ordres,comme Diacres,6c
Sous-diacres,Lecteurs & autres:mais que pour le iourd'huy ils ne font rece9 en leur pu-
reté &c intégrité. Qu'il aprins les Ordres de Diacre,& Sous-diacre, pour paruenir à fon
cftat de Côfeiller,pour la difficulté qui luy cftoit faite de le receuoir en fondit eftat,fans
lefdits Ordres : & non point qu'il ait iaraais eu intention d'eftre Preftre : &: qu'il s'eftime
indigne de ce miniftere,s'il ne plaift àDieu l'y appeler. A ditd'auâtagcqucIefusChrifiî
a efté le dernier Sacrificateur,&: qu'après luy n'en falloir point attendre d'autre.
In t e r . où ilfe confefia , & a receu fon créateur dernièrement à Pafques: A dit qu'-
il fe confefie tous les jours à Dieu, 6c luy fait fa pricre:&: ne fe confefia au Preftre auricu-
lairement à Pafques dernieres,&: n'a receu noftre Seigneur au teraple:&: pour faire icel-
les Pafques n'a efté au temple.
I n t e r. fi l'année paffee, m.d.l v i n.il les fit: Dit, qu'il fut en l'eglifè fainct Marrv,
de peur de fcana^alizerfesferuitcurseftans infirmes, &n'ayans cognoifiance de la véri-
té, afjn qu'ils les fififent entr'eux audit temple: mais quant à luy, ne les fit , & depuis que
Dieu luy a donné cognoifiance de fefdits Sacremens,telle qu'il a cydefius récitée, il n'a
efté au temple pour faire Pafqucs,depuis l'an mille cinq cens cinquante fept,qu 'il les fie
à Orléans, comme luy fcmble.
In t e r. fi depuis qu'il a fait fes Pafques, il a communie à la Cene: Il dit quenon,'
Sômc&rnterrogué de nômer ceux qui font de cefte opinion qu'il a déclarée cy defius,
qui nereuerent la fainetc Mefle,la Confcflîon,&: autres Sacremens qu'iladit ne vouloir
reccuoir comme fain&s Sacremens: A dit,qu'ilncpeut iuger de la confeience d'autruy»
A D M O N-
oA nne du Bourg. j iS
Admonne sie de rcfpodre au premier interrogatoire, qui eftd auoir fouftenu en
la prefencedu Roy,tenant fon hd de luftice en Ton Parlement , Que les Rois & Princes
ne peuuét impofer peine,ny aucunemét lier les pcrfonnes,& ne s'y faloit arrefter: A dir,
fous cortedion,n'auoir dit ces propos. Mefsieurs du Mefnil,Gayant &: Bonecte lors pre-
fens,en pourroyét eftre memorarifs: fait que le Roy a toute puiiîance, mefmc que Dieu
luy a baillé le glaiue en la main, pour confèruer fon Eglifè en fon intégrité &: pureté.
L v y a efté remonftré,que fuyuant ce qu'il a d >t,quc le Roy a la puiuancc,& le glaiue
de Dieu pourlaconferuation &: defenfedel'Eglife,&: l'vnion d'icellct ledit Seigneur, &c
le>feu Roy lôpere, Rois tref chreftiés, ont fait edids publiez &cnregiftrez au Parlemér,
par lefquels ceux qui dénient la fainde foy catholique, mefmement les Sacrcmés,& qui
lbntpeLtinax,rclaps,&: dogmatizans , doyuent eftre punis du dernier fupplice , comme si ,cs Ilcrc-
heretiques,fchifmatiques,blafphcmateurs,& fedineux:&:neantmoins il a fouftenu que ueiïTcitT?
ils ne doyuent eftrc punis, &; que c'eftoit cruauté de les faire mourir pour opinion ,mef- punis du
memét de les faire brufler>ain(i qu'on auoit fait cy deuant: A dit,fous correction, n'auoir j|jj™crfi,1>"
fouftenu que les hérétiques ne deufteur eftre punis,&: qu'il fait bien qujls le doyuent e_
ftrermais qu'il faut fauoir quels (ont les hérétiques, & quelle herelîe.Car les vns méritée
punition plusgriefue, les autres plus légère:^ que l'on pourroit punir trop cruellcmét
ceux qui mcriteroyent punition légère.
In t e R.ficcluy quinielcsfaindsSacrcmensparluy non confeflez, cft hérétique &C
digne de punition,fuyuat les fainds Decrets&edits Royaux: A dit,qucceluy qui nie les
fainds Sacremensparluycôfeffez,quinefontquedeux, alfauoirlc Baptefme& la fain-
de Cene, eft heretique,& digne de punition. Ceux qui nient les autres Saciemens,il ne
les eftime hérétiques, ne confequemment puniflables.
In t e r . ii celuy qui nie la fainde Meflé eft hérétique. Dit que non.
In t e r. fi celuy qui nie le vray corps de IefusChrift eftrc en la laide MelTe au facre-
ment de l'autel,apres la confecration du Prcftre , cft hérétique, partant puniftable , fé-
lon les fainds Dccrets,& edits Royaux: A d it,comme defTu s, qu'il n'eftime que la Méfie
foit Sacrement,&: celuy qui la nie n'eft hérétique ne puniftable.
In t e r. fi celuy qui dit qu'il nefaut prier pour les trefpa/rez,efthcretique,& partant
puniftable : A dit que non, & partant non puniftable.
In t e R.s'il eftime celuy qui dit n'y auoirde Purgatoire, nefaloir prier les Sainds&
Saindes,& n'auoir vénération des Reliques d'iceux, eft hérétique , partant puniftable:
A dit,que la com munion & commémoration des Sainds,nous feruent d'exemple àno-
ftre vie, &:que Icfus Chrift luy-mefme nous a commandé le prier , &: s'adrefler à luy di-
redement,qui eft noftre Moyenneu r entiers Dieu fon Pere,& eft ialoux de cefte gloire,
ue puis qu'il nous a fait ceft hôneur de nous afTeurer qu'il intercédera pour nous,n'eft Touchantl"
Qui m
iaïefoindenousadrefferàautre qu'à luy ,& ferions grandement ingrats demefprifer i^Sus0
ceft honneur qu'il nous a fait, de vouloir luy-mefme eftre noftre Aduocat , comme il eft Chrift.
eferit, Qt^'il a purgé nos fautes par fon fang prccieux:que ce feroit vn grand bJafpheme
de dire, qu'il ne les euft purgées fuffifammenr, &: qu'il y euft vn autre Purgatoire que fa
mort & pafïion.Et quant àla vénération des Reliques des Sain&s» a dit, que depuis que
fefprit eft party de leur corps,ne les faut vénérer i car ce n'eft qu'vn corps fansamc,&
fans efprit.
In t e r.& fommé dédire fommairement quels proposil eut deuantleRoy ,&: ce
qu'il dit pour la conclufion de fon opinion : A dit, qu'il a defir de refpondre particulière-
ment fur pluiîeurs articles de fadite opiniâ,& qu'il cft memoratifd'auoir fupplié le Roy
pour conclufion de fon opinion,qu'il luy pleuft de fa bénigne grace,pour la charité qu'il
porte à fesfuiets, pouruoir les moyens d'afîcmbler vn Concile pour extirper les here-
fies qui font pour le iourd'huy:& pour déterminer par iceluy d'aucunes doutes qui peu-,
uent relier en la Religion entre lesignorans:ainfiquefa Maieftémefme a promis parle
premier article du traité de la paix.
In t e r. quelles doutes il eftime auiourdhuy, fur lefquclles il luy fcmble eftre neceC
faire d'affemblernouueau Concile, & cependant furfbir l'exécution des loix &£ edids
Rovaux: A dir,qu'il n'eft (fous corredion ) d'aduisdefurfoir l'exécution ,ains qu'il eft d-
aduis de punir les hérétiques, comme il a dit cy deffus, félon la qualité de Fhcrefic: mais
quant aux doutes , elles pourroyét mieux eftre ouuertes en pleincaflémblee de Côcile:
& quant à luy,il ne doute en rien de ce qu'il a cy deftus cofefte : &C qu'il n'eft inconuen iét
VV.ii.
Liurc^ VI. Arme du 'Bourg.
d'afTembler Concile, pour décider vne mefme chofe plufieurs fois, corne a dit cy deuat.
Y (faciles ^ar 'C ^ru,("^ ^U Concile c& Pour nous conformer par la parollc de Dieu, & fa vérité,
es onc es ^ ^ aefté remonftré comme deflus,quele facrement de la Meife a efté vuidé &de-
cidé parles craditionsdes fain&s Apoftres,& Conciles inuiolablement tenus &: gardez
iufqucsàpre(enr,&: par lacommuneobferuariondel'Eglife, fuyuictoufiours depuis ce
temps-la: partant que pour ccften°ect,ou autre chofe décidée par les anciennes tradi-
tions,obfcruations, &: couftumes antiques de noftre foy,&; par lesfain&s Conciles,n'eft
befoin de faire noimelle aifembleeimais chacun doit captiuer ion entendcmct,& pren-
dre efprit d humilité, pour fe rendre obeiflantaufdites traditiôs de noftre mere £ain£te
eglile: A dit que l'erreur & herelied'Arius auoit efté décidée par plulieursCôciles: par-
tant n'eft inconuenicnt,côme il a dit,de déterminer par plufieurs fois vne mefme chofe.
In t e R.fi en tenant cefte opinion d'afTembler nouueau Concile,il a entendu &: en-
tend que chacun Chreftien demeurait cependanc en liberté de tenir telle religion qu'-
il voudroit: A dit y auoir refpondu cy dêflus:&: dénie auoir tenu ces propos : &: tant s'en
faut qu'il les ait dits, qu'il a efté toufiours d'aduis de punir les hérétiques.
I n t e R.lideuant que prononcer fonopin ion deuât le Roy,il s'eft trouuéenlacom^
pagniede quelques vns des Confeillers de laCour,aueclefquels il ait eu propos de tenir
6c conclure l'opinion de demander vn nouueau Concile &. Intérim: A dit, qu'il n'a con-
féré auec aucuns Prefidens ne Confcillcrs,de fon opinion,ne de choie qu'il ait dite eni-
celle, auanc que venir,&: d'opiner en la prefence de la maiefté du Roy.
DesFeftci. I n t e r .fur l'obferuation des Feftes,des Dimaches, &: des autres folennitezcoman-
dees de Teglife:& ce que luy en fem blc: A dir,que Dieu a inft ituc le iour du repos,&nous
eftau Dimanche.Quant aux feftes des Saintts,ilen a refpôdu cy deiîus,lors qu'il a parlé
de la vénération. Quant à Pafques, Pentccofte, 1' Afcenfion,&: Noel,font feftes vencra-
bles,& les loue. Quant aux feftes de Noftre-dam e & desApoftres,&: autres Sainfts,il les
com préd auec les autres feftes des Sai n&s-.c'eft alIauoir,qu'il ne les faut venercr,côme il
a dit, quand il a parlé de la vénération d'iceux Sain&s.
In t e r. fur les icuines ordonnez par l'eglife, prohibition de manger chair, QuareC
me, Quatre temps,& autres ioursicufnables,inftitucz par l'eglife, &c les faincts Côcilesr
A dir,queleicufneeft bon, quand il eft fait à bonne fin, commepour vaquer àoraifbn,
& macérer &matter la chair,ainfi qu'ancicnnemét il a efté gardé parles fidcles,en leurs
élections des Miniftres de l'Eglife,& és fain&s Conciles. Quant aux icufnes qui font cô-
mahdez parreglifeRomaine,adit,quequantàfby,il ne voudroit feandalizer fon pro-
chain, s'il penfoit qu'il y euft fcandalc en la tranigreflion d'iceux:mais auffi en fa confid-
ence ne penferoitoffenler Dieu, en vfantaueca&ion de grâces, de tous les biens pro-
mifcucment,qu'il a pieu à Dieu créer pour l'vfage de l'homme en tous temps,mefme au
tépsdeQuarefme,Vedrcdy&:Samedy,& autres ioursindiftcrément,aîfi. qu'il eft eferit.
In t e r. s'il eftimeheretiqueceluy qui mange chair en temps défendu, fans neceflï-
té & râiâ'on légitime: A dit que non,felon qu'il a dit cy deifus.
kLc^" In T e rï s'ilafait lcQuarefmc,&: s'il a mangé chair pendant iccluy:A dit, qu'il ne la
fait,& a mangé chair pendant le Quarefme : mais qu'il auoit difpenfc de monfieur l'E-
uefque de Paris, ou fon Vicaire, laquelle eft enregiftree.
In t e r. quelle necellîcé il auoit de manger chair en Quarefme. A dit,quefonindif-
pofîtion a efté la eau le, & que monfieur deFloifel Médecin (qui en auoit tefmoigné)
enquis d'icelle en pourroit parler.
DcsPrelats. I** ter .fur l'obeifiance deuë aux Euefques, Prélats, Archediacres, Curez, & autres
digrtitez de l'eglife, ayans charge d'âmes : &: qu'il en croit: A dit,qu'il faut obéir aux Mi-
niftresdc l'tglife,Curcz&: autres, qui ont chargede nos ames, en ce qu'ils commander,'
qui eft conforme à la parollc de Dieu.
De l'Egii/e . i & T'.où eft l'eglife câthôlique,& fi le Pape n'eft pas vicaire de Dicu,& le chef de fon
glife: A dicque f Eglife eft la congrégation des fidèles, en quelque lieu qu'ils foyent dik
perfez,&que le chef d'icelle &c fon vray efpoux, eft Iefus Chrift : que le Pape eft euefquc
de Rome com e chacu n Euefquc eft euefque en. fon Euefchc,& que par les anciés Conci-
les,en l'affemblee des Euefques le Pape de Rome n'a efté le prem.côme chef de l'EglifeJ
Lima i de- In t e r .quelles ceuures il a veu de Luther,Caluin te autres,& s'il en aencores: A dit,
us' qu'il en a leu de Caluin &c autres, non de Luther:& les a achetez de ces porteurs de li-
uresquivontôc viennent par pays. Ne fait s'il en a aucuns entre fesliurcs,
In ter.
Ann^j du Bourg. jî f
Inte* .s'il a confère a aucun de tout ce qu'il a dit cy de/Tus, Se a/Fermé eftrc fa crean
ce: A dit,qu'il n'a confère qu'auec fes lin res,& principalement auec la pat ollc de Dieu.
L v v a efté remonftré,que luy qui a leu les liures &c textes du droit Canon,côme Dé-
crets &: Dccrctales,&: autresliures canoniques & fai&s Docteurs, deuoit pluftoft croire
l'interprétation contenue en cefdits liures,que fon opinion particuliere,ny celle de Cal
uin & autrés,dont il a veu les liures: A dit, qu'il a fondé fon opinion & créance telle qu'il
nous a récitée cy de(Tus,fur la pure doctrine &c parolle de Dieu , &c ne s'eft arrefté aux au-
tres opinions des homes, foit de CaIuin,Luther &: autres,s'il n'a veu qu'elles fuiTent con
formes à la pure parolle de Dieu:&: quant aux Décrets &: Decretales,il y a beaucoup de
bonnes chofes,&: beaucoup de mauuaifes:& qu'il eft memoratif du Canon Comperimus,
Deconfèmtnone diftmtf. z. quia efté fait, comme luy femble,par le pape Gelafius, qui con-
tient que tous ceux qui ne reçoyuent le fain&Sacrement de la Ccne fous les deux efpe-
ces,&:qui refufent l'vneou l'autre,font infideles:&: toutefois on n'approuue ce qui a efté
dit cy deirus,qu'il faloit receuoir le Sacrement de la Ccne fous les deux eipeces de pain
&de vin. Eft pareillemét memoratif d'vn autre Canon, cômcnçantvPenttfrf, qui dit que
tous ceux qui necommunient à la Mefle,font excommuniez:& toutefois on n'a trouué
bon ce qu'il a dit cy defîus, Qu'au Sacrement de la Cene tout le monde deuoit commu-
nier^ non feulement le Preftre : & que fi le fondemét de la Me/Te eftoit prins dudit Sa-
crement de la Cene , à tout le moins faudroit-il garder cefte forme , que tous y commu-
niaflent,&:non feulement le Preftre.
L v y a efté remonftré, que tous ceux qui veulent communier à la MciTcy font touf-
iours receus, quand ils fe prelèntent . Mais d'autant que la réception du précieux corps
denoftre Seigneur eft fi treflacree, qu'il n'y a peribnnequi foit digne de le receuoir ,Ô£
ceux qui indignement le reçoyuent pèchent mortellement:à cefte caufe l'eglife vniucr
(elle a treffainétement ordonné , que les Chrcftiens n'y allaffcnt indifferément/ans y a-
uoir bien penfé,& nettoyé leurs confeiences : & mefmes qu'il y a tât de poures gens qui
iont côtraints de gagner leur vie, qu'ils ne peuucnt fi frequentemét auoir l'opportunité
de péfer à leur conlcience. Au moyen de quoy,& par autres infinies raifons,elle a ordon
né que la cômunion générale fe feroit à tout le moins vne fois l'an,& non tous lesiours.
lit quant à le receuoir vtraquefleàe, s'il lit bien lesfain&s Euangilcs , iltrouucraque ««.tSou$iv;
noftre Seigneura ordonné ladite communion fub y traque Jpecie^i(e% Apoftres &difciples nc& (au-
tant feulemét,& aux Preftres qui font furrogez en leur lieu. Ce qui a efté déterminé par. acel?ccc-
infinis Conciles vniuerfels,efquels(de ce ne faut douter) le iàindt Efprit à toufiours pre-
fidé:& s'ila efté toléré aux Bohémiens , ç'a efté par les Princes du pays melmc de Bohe-
me,qui lors eftoyent de cefte icde-la,ainli que recitent toutes les hiftoires:& quant aux
Canons par luy alleguez,il s'entendent comme eft contenu/» Canoneprimo^cn la mefme
diftin&ion,qui parle des Preftres,quifont oblatiôfacrce,"/»fn«.M//52r»/» yô/en/Mddefqucls „c Tali[<
Preftres feulement doyuét receuoir/«6 vtracpte Jpeàe :&: ainfi le déclare ledit Canon pre- icnmtéd
mier,&: ledit Canon iubfcquét,côprins les textes, glofes des Dodeurs,& Canonsfubfe- Mcffc$-
quens,quien parlét autreraét qu'il n'eft contenu en fa refponfe cy defius : A dit qu'il n'a
ecité les delîufdits Canons, pour vouloir inférer qu'il ne fuft neceffaire de communier
pUi s louuen t , que de quatrefois ou vne fois l'animais les a récitez pour refpôdrc à ce qui
h y a efté remonftré del'authorité&oblcruation defdits Canons, &: pour demonftrôt
que tout ce qui eftoit és Décrets & Decretales n'eft obferué:& quant à l'interprétation
defiits autres Canons, autre que celle qu'il a cy defius récitée par le texte purd'iceux:
dit qu'elleviole le texte »&: quantàl'inftitutiodulàindt Sacrement de la Cene par Iefus
Chrift Se fes Apoftres , il n'a eftimé n'entendu qu'elle ait efté feulement communiquée
aux Apoftresjcôme Apoftres &Preftres:ains croit que cefte inftitution a efté pour tous
tantiaics,qu'Ecclefiaftiques:& quemefmementilaeftédit, "QuicunquemanducaueritCr «Quîcoque
biberitt&cc. Lesquelles parolles ne iè rapportent aux Apoftrcs&: Preftres feulement :ains mangera &
à tous ceux qui reçoyuent le fainct Sacrement de la Cenc:&: que Iefus Chrift a ordonné bcuura*
3 sdic Sacrement,&: le baillant &c adminiftrant à fes Apoftres &C diiciples,leur bailla com
ir e Preftre & Miniftre , &: leur enfeigna comme ils le deuoyét bailler à la mefme forme
à ceux qui s'y prefenteront. Quant à la permuTion faite aux Bohémiens de communiet
fous les deux efpeces, fous correction, elle a efté ordônee par le Concile , &; fi ç'a efté en .
faueur des Princes de Bohême . Faut donques bien regarder quand on parle de l'autho-
ïitc des Concilcs,par qui,en quel licu,& comment ils ont efte a/feniblez.
VV.iii.
Liurcj VI . oAnne du Bourg.
' Troifierae interrogatoire du X X 1 1 1. enfuyuant,en laBaftille, M. D. L I X.
maînau* fV^ Bourg niandé,ayant fait ferment de dire verité,la main mifeaupi&s: A dit qu'il ne
pids. Lofait comment l'on auoit eferit Ton ferment,ny en quelle forme. A déclaré qu'il iure&: -
entéd îurer deuat Dieu,& promis de dire au Roy,ce qu'il aura pieu àfaMaiefté Juy reue
1er de fa veritc:& du que c'eft vn teimoignage ou confirmation iuffifante,fans autre de-
monftration de fermét:&: fur ce que l'on luy a dit qu'il mift la main au pi&s , &: affermait
&: iuraft par (es fain&s Ordres.
Ordre de A dit,que les Ordres de Diacre & Souf-diacre que l'on luy a baillées , ne font les Or
Souf^aae drcsdelaprimitiueEgliie,&: félon leur integrité:& que l'orHce de Diacre &Souf-diacre
eftoit entièrement en icelle Eglife primitiue,de miniftrer aux Preftres es tables des fîdc
les, &: d'auoir la charge &: admmiftration des deniers donnez pour Dieu aufdits fidèles:
qu'iln'a telle charge,&: poitcfeulementle nom de Diacre& Souf diacre,partâtne veut
îurer fur lefdks Ordres,par ce qu'il n'en a que le nom.
C e fait, en luy lifant &£ répétant la refponfe par luy faite à l'interrogatoire qui luy fut
fait le îour d'hier de releuce,contenant ledit interrogatoire ces mots , Si depuis qu'il n'a
fait Pafques,il a fait la Cene en raffemblee,&: où, il a refpôdu que nô: A dit,qu en faifant
ladite refponfe,il a grandement offenfé Dieu, luy en requiert pardon , d'auoir dénié de-
uat faMaicfte.auoir receu le Sacremét de la fain&eCenc&auoir voulu denier deuât les
hommes vn fi grand benefîcc:mais a dit que véritablement il a fait la fain&c Cene à ces
Pafques dernieres,cn l'afleblce des fidèles &: Chreftiés,& qu'il ne voudroit auoir lôgue-
mét efté fans receuoir ce grâd biéde Dieu, qui luy aefté prefentéen iceluy Sacre ment.
Interrogve en quel lieu,auec quels ndclcs,&'en quelle forme il a fait &receu la
dite Cene,& à quel iour: A dit,que ce fut le Samedy,veille de Pafques dernieres,commç
il luy fembletdu lieu &: des perfonnes,ne de l'heure,ne le peut dire . Et quant à la forme,
ce fut en la forme preferite par IefusChrift,&obferueeparfes Apoftres&difciples.
In t e R.dcdireplusamplementlaforme: A dit, qu'il nelepeut dire que fommaire-
ment. C'eft que le faindï: Sacremét eft adminiftré par le Miniftre , après les prières & ex-
hortations faites par la parolle de Dieu, à tous ceux qui s'y prefentent , non excommu.
niez,&: fous les deux efpeces de pain &c de vin,auec acîion degraces.
L v y a efté remonftré,qu'il faut dire qui eftoycntles Miniftres,les fideles,le lieu,&: le
iour où il fit ladite Cene: A dit,qu'il ne le peut dire fans offenfer Dieu.& qu'il craindroit
de mettre en mefme peine ceux qu'il reueleroit:&: s'il ne penfbit offenfer Dieuxomme
inquifitions ill'cn appelé à tefmoin,il diroit ce qu'il en fait. Bien dit, qu'il n'y auoit en l'affemblec
droites aucunsdes Meiîieursde la cour de Parlement,nePrefident ne Confeiller; car il les euit
îe°iieuC& les Dicn cognus.Mais quant aux autres, n'en auoit grande cognoiffance.
perfonnes In t e r. de dire en quel lieu,en quelle maifon,& fic'eftoitencefteville, oqcsfaux-
Je j'affem- bourgs,&: en quel nombre fes compagnons eftoyent lors qu'il fit fadite Cene:A dît qu'il
ne le peut pareillement dire fans ofîènfcr Dieu,& qu'il craindroit mettre en pcine,com
me il a dit,fes frères & f œurs, s'il particularifoit plus auant les chofes fufdites . Bien a re-
cognu que ce fut en cefte ville de Paris.
In t e r. de dire, fi ce fut de iour ou de nuid: A dit,qu'ilnelcpeutfemblablement,ôc
pour mefme caufe dire:& en mefme inftant a dit que ce fut de iour.
In t e r. fi ce fut au matin ou après difner: A dit, qu'il ne le peut particu larifer fans
offenfer Dieu,comme deffus.
In t e R.ficeftoitàieun,ouapreslerepas:Adit, qu'iladefiaàcerefponduparrarti»
cle précèdent.
In t e R.fi fes feruiteurs y eftoycnt,ou aucuns d'iceux: A dit, quandilalloitàraiTem^
blee,il laiflbit vn laquais(duquei il ne fait le nom,& qu'il n'eft plus maintenant à luy) en
vncoinderueaueciamule,quil'attendoitiufqucsàibnretour. -** :
L v y aefté remonftré, qu'il n'eft û oubliant, qu'il ne fâche le nom duditlaqufcisfon,
feruiteur,ôc a efté admônefté de le dire , & depuis quand il l'a laifié , &c de quel pays il e-
ftoif.A dicqu il ne fait.
Interrogv b , s'il l'auoit long temps feniy: A dit, peu de temps : autrement ne le
fauroit conter.
. In t e r. quels autres feruiteurs il a,& auoit lors qu'il fit faditc Cene: A dit qu'il ne le
peut dire fans offenfer Dieu, craignât que l'on les vouluft mettre en peine fans occafiô.
L v y a efté remôftré qu'il a iuré & promis de dire veritéxc qu il çft tenu de faire en,
tïerement:
Anne du Bourg. . Jjo
ticrcmcn t:car il fait bien que'Dieu a corn mandé de la dire,comme celuy qui eft la vraye
&C pure vérité: A dit,que s'il n'euft penfé qu'il faloïc dire ce que Dieu luyauoit fait eneen
dre de fa vérité', il n'euft refpon du comme il a fait:& qu'il fait bien parles loixCiuiles,qu
il eft loiiîble à vn chacun de racheter fon fang par tels moyens dont il saduifera.Ce qu'il
feroit volontiers comme homme qu'il eft . mais d'autant qu'il eft queftion de la Loy de
Dieu,de fon honneur, &c delà gloire de IefusChrift , il feroit trop grand blafpheme&C
outrage à l'encontrede la maiefté de Dieu, s'il denioit deuant les hommes, ce qu'il luy a
pieu luy reueler de l'intelligence &:cognoiffance de fa verité:&: croit,comme il eft eferit, ^
que iuftement il feroit dénié par IefusChrift deuant Dieu fon Pere , s'il auoit dénié de- arcio'îî
uant les hommes chofe qui appartiennes la gloire & louangedefon nom. Pareillement
feroit grand tort à fon prochain, de le mettre en aucune peine pour la mefme occafîon,
pour laquelle il eft prifonnier,qui eft pour dire la vérité.
Lv y aefté remôftré qu'il eft ConfeillerduRoy:confequemment homme delettres:
Se fait les contraintes ordonnées par les loix,contraignantes ceux qui ne veulent entiè-
rement dire la vérité de ce dont on les interrogue par ordônance duRoy,& de fa Iuftice,
puis qu'ils le fauent:mefmemcnt en crimedelefe-maiefté:Adir,queiaàDieune plaife
qu'il foit atteint de lefc-maiefté diuine. Qu'il lait bien qu'il l'a ofFenfé &: ofFenfc de mo-
mét à autre:mais croit que fa maiefté aura m ercy de fon ame , par le mérite du précieux
fang de fon Fils Iefus Chrift.Que ce dpn t il eft aceuf é,&: fur quoy il a refpondu, eft la ve-
rité(fous correction)^ prinfe de la parolle de Dieu, qui eft la feule vérité.
Lv y a efté môftré,qu'il doit captiuer& humilier fon efprit, quancaufacremcntdc
la Mene,obferuee&:gardee,comme luy aefté dit , de tout temps : &c que ceux qui ne
croyent audit facrifîce ont efté déclarez hérétiques , non feulement audit Concile de
Conftance:mais aufn au Concile de Latran,où eftoyent plus de deux cens Euefques, ô£
les AmbafTadcurs députez de toutes les prouincesChreftiennes:&: depuis iceux décrets
mis àc inferez en la compilation dernière des decretales > fous le titre De fumma Trinitate,
f^fidecatholtcaycontre Almericde Bena,quifutdefentcrré& brullé en cefte ville de Pa- Aimcric it
ris>comme hérétique facramentaire:&: aufll en la rubriche Deh&reticisi& cclebratione Mij- b«u bruflé
yirwm.Acescaufesne doit eftre Ci arrogant &: téméraire , de n'obeir&: croire ce qui eft 14d^aparl*
décidé és fain&s Concilcs,fuyuant lefquels ledit fieur roy Philippe Augufte , en fit exé-
cuter vn grand nom bre,pour auoir efté heretiques,&: ainfî pertinax, arrogans, témérai-
res, & defobeinans aufdits faincls Décrets & Conciles. A dit,qu'il plaife à Dieu del'hu-
milier &: abbaifter fi bas,qu'il n'ait en luy aucune marque d'arrogance Se témérité : & ce
qu'il a dit cy defTus delà Meflc,l'a dit pour ne contreuenir à la parolle &: vérité de*Dieu;
tant s'en faut,fous corrcction,qu'il l'ait dit par témérité & arrogance : car il fait &c croit
comme a dit,que la Mené a efté i:.ftituee par les hommes :& Ci elle euft efté neceflaire
au falut de nos ames,Iefus Chnft ne l'cuft obmife par fa Parolle, contenant entiereméc
toute noftre Loy,& noftre falut:ô£ qu'il eft efcrit,que Iefus Chrift a vne fois offert en fa-
crifîce à Dieu fon Pere,pour noftre rédemption, (a precieufe chair,& fon précieux fang,
ainfi qu'il a dit cy deuant. Quant aux Décrets & Conciles, il a ia cy deuant refpondu,
que c eftoyent traditions humaines,s'ils ne fonteonformes à la parolle de Dieu. Par-
tant n'ont peu adioufter,ne diminuer au nombre des faincts Sacremens de Iefus Chrift,
ne changer ou immuer la forme prdbrite de fa maiefté diurne , commeauffiiladitcy
defîus.
IIII. Interrog.du mefme iour xxi.luin,dereleuee,en la Baftille,pardeuant lefdits Commiflaircs,M.D.LIX.'
y t dit maiftre Anne du Bourg mandé , remonftrances & admonitions luy ont efté
■'-'faites par monfieur leprefîdent Sainct-André,de penfer, à ce qu'on luy apropoféhuy
matin,&: hier tout le iour:& aux remonftrances par luy faitcs,fe recognoiftre& rcuenir
à foy reuenir à la fain&e foy defdits predeceffeurs,que chacun tient: A quoy il a dit a-
uoir relpondu amplement:^; remercie lefdits CommifTaires defdits aduertifTemens.
L v y a efté dit par monfieurleReuerend euefque de Paris : qu'il luy faloit obéir à
Dieu,&àlafain&eEglifc,au Roy&à Iuftice : Dieu luy commande par fonEfcriture
fainetc de dire vcrité,leRoy le vcut,il en a eftépar meflïeurs les CommifTaires interpeL
lé,il a refufé indiquer ceux , auec lefqls il a fait la Ccne cy defTus par luy alléguée : pour-
ce qu'il dit ne le pouuoir faire fans ofrenfer Dieu. A cefte caufe pour luy ofter le ferupu-
pulc,luy a dit ledit reuerendiflîmeEiiefque de Paris,qu'il l'endifpenfoi^delapuifTance
VV.iiii.
Liurc^ FI. Anne du Hotirg.
qu'il auoit en rEglife,luy enioignoit d'obéir au commandement à luy fait , de nommer
&C indiquer,comme deflus. Ce quiluy a efté enioint par ledit icigneur Preiident : A dit
fur ce > qu'il eftmarry qu'il ne peut mieux obéir au commandement de Dieu:&(jucdc
volonté &c arfe&ion il ne defirc autre choie que d'entëdre la volonté de fa maicfte , & le
prie luy faire la grâce de luy pouuoir obéir félon icelle. Pareillement qu'il eft trefhumble
&: trcfbbcillantferuitcur,fuiet& officier du Roy, &c obeiiTant à la luftice , & à fondit E-
uefque.
Scntenccdc^gY ANTMonfieurduBourgainfircfponduauxdemandcs des luges, l'Eucfque
dcgraaaao* gg^gcle Paris commis auec les autres pour faire fon procès , le condamna comme héré-
tique èc pertinax à eftre dégradé de fes ordres, lefquels il auoit receusauant que d'eftre
bien in tormé de la volonté de Dieu par fa parolle,comme depuis il a efté. De cefte fen-
tenceilappelecommedabus, en la Cour de Parlement : 6c de peur que ces ennemis
ne tulfçnt fes Iuges,il prcfênta caufes,par lefquellcs il les reeufoir. Ses caufes de rccuf'a-
tion eftans iugecs,fon appel fut mis à néant. IHé faii'oit de mcrueillcufes menées & foli-
c mnunde citac,ons>^n d'oppreifercepoure homme. Entreautreschofes,commandemcntfLC
mcmîux * fait à fes deux freres(qui eftoyent en la ville pour foliciter pour luy)dc vuider la ville de-
deux frères dans trojs iours,fur peine d'encourir l'indignation du Roy,& eftre priuez de leurs eftats:
devïSrf! àh'n que toutfecourshumain luy fuilofté. Y eut-il ïamaisiniufticepIusgrandeîParcilic
yUicdcParis crainte eftoit donnée aux vns,& aux autres,qu'on penfouluy eftre amis,&: le pouuoir fa
Uorizer.Or la fentencede l'Eucfque eftant confeimce , il en appela aufuperieur , l'Ar-
chcuelqucdcSens:lequelnclefitpas beaucoup prier , de donner pareille fentencede
dégradation. Et derechef d'icelle, du Bourg appela comme d'abus à la Cour.Cepcndac
beaucoup de tem ps fe pafToit:&: luy eftant en la Conciergcrie,eut moyen de faire cnteri
dredefesnouuellcs àl £gIife,pour raduertirdereftat auquel eftoyent fes affaires ; des
demandes qu'on luy auoit faites,& delà grâce de Dieu, par laquelle il auoit confc/Tc no-
Du Bourg ftfc Seigneur Iefus Chnft fans crainte.U prioit fur tout, qu'on ne s'ofFenfaft point , fi ou
red raiibn à le voyoit tant de fois interictter appel nouueau de l'vn àl'autre. Que ce n'eftoit point
fe^ppdU- ^u*^ voulultgaignertempsjôd prolonger fa vie par fubttrfugcs : mais afin d'ofter toute
àoas. otcafîon de pcnler qu'il fe précipitait ,&: qu'il fuft caufe de fa mort auant le téps, s'il oiu
blioit quelque chofe qui peuft feruir à fa iuftifîcatiô. Car quant à luy,il fe fentoit fi bien
fortifié par la grâce de Dieu,que l'heure de fa mort luy eftoit vnc heure fbuhaittable>5£
qu'il l'actendoit auce toute ioyc.C'eftoit la teneur de les lettres. Son fecondappel com-
me d'abus fut aufîi déclaré nul , &l non receuable,par la Cour>commc le premier. Tel-
lement qu'il en fît vn troihcme de l' Archeucfquc de Sens,àl'Archeuefque de Lyon,qui
fedit Primat de Francerlequel le condamnacommelesautres.Etdefafcntence futpa-
reillement appelé commed'abus,parIuy. Maiscedernicrappelncfutpasmicuxrc-
ccu,que les premiers, par la Cour. Par ce moyen du Bourg,netrouuantiufticc entre
irmioSnt. les hommes,de quelque cofté qu'il fetournaft, fut dégradé en la Baftiilc, le x x.iour de
Nouem bre:de ces ordres de Diacre,&: Soudiacrc.Ce qu'il rcceut,comme vn grand hon
neur,d'eftredutoutncctoyé de ces ordes& vilaines marques de la Beftc , &mis hors
dela(ynagoguedesmefchans,commemembrede noftre Seigneur Iefus Chrift. Une
reftoitplusàlaCourquedelccondânerrtoutefoisfamort fut encores différée iufques
au xxi.de Deccmbre.Etn'eftoir point cependant en laprifon , fans beaucoup fouffrir.
Car on le tenoit bien eftroitement en la BaftiJle:&: n'auoit point le traitement,comme
requeroit fon eftat:mais quelquefois eftoit là au pain,& à l'eau. La communication de
toute perlonne de fes amis luy eftoit in terdice: tellement qu'il ne pouuoit eftre fecouru,'
DuBour & *oulagé.Quelquefois pour foufpço qu'on auoit qu'il fefàifbitentrcprifc ppurledeli-
miien«ge urer,ila efté mis en vnecageenla Baftille.On peut penferenquelmaLaifc Gcnonob-
enkBjftinc ftancil fe refîouifïbir toujours, &glorifioit Dieu, ores empoignant fon Lut pour luy
chanter Pfeaumes,ores le louant de la voix Plufieursvenoyent à luy pour le deftournera
mais ils perdoyent leur peinc,eftans repoufTcz d'vncgrandc confiance. Car il remon*
droit toufiours l'équité de fa caufe,& qu'il n'eftoit tenu que pour la confefîion de noftre
Seigneur Iefus Chrift .Et pourtant il ne t alloit qu'il fuft fi lafchè & defloyaI,que de faire
chofeaucune,pour racheter fa vie,& la bonncgraccdcs hommes,au deshonneur d'ice*
Affeaion à luv noftre Seigneur,&: au pcnl de fon ame. Mcfmes telle eftoit fon afie6tien,& ardeur àf
inanifeftcT manifefter la vcritc>de rEuangile,&: la doctrine,en laquelle il vouloit viurc & mourny
©kT"^6 qu il drefTavoerequefteàmefieurj de la Cour,auec vnc Confeflion longue, ôc ample
de
Anne du Bourg. j ji
de fa foyî & la preféta, de peur qu'ils ne fuflec aflez fatisfaits dei'es refpôfes,&: q fà foy ne
leur tue allez cognué':mais pcuiîent fans luy faire pl* au très interrogatoit es,aiieoir mge-
mét de fa doliurâce, ou de là côdânation.Nous auôs icy mis ladite Côfeffion motà mot:
(fjSfëSV I S <ju'il a pieu à naftre bô Pere me faire la grâce de vous auoir rédige' par elcrit la
flK£|Confeffion de ma foy,&: de laforme de viureque ie veux fuyure:enfem ble afin que
ie reipondc aux articles extraits des Ordonnances du Roy , pour le tout ioindre à mon
procès, &: fut cedonner fentence d'abfolution ou condamnation:
^ I e vous déclare que ie fuis Chreftié,&: veux viure& mourir pour enfuyurc &: main- ^"^c°"
tenir lu doerrinedu bon Dieu Pere eternel,&: de fon Fils vniquelefus Chrift,noftre feul hCourde
Sauueur, Médiateur &: Aduocat,qui eft de mefme fubftance que Ion Pere,eternel&; im Parlemaw
mortels du fainct Efprit,qui eft la vertu de Dieu, procédant du Pere &: du Fils:comme
tefmoigne fain&Iean,au i .chap.Quele Pere tout-puiiTant a créé le monde , &: les créa-
tures diceluy, par ion Fils qui eft fa Parolle eternelle,&: le fainct Efprit.Et après quel'hô-
me per le confeil du ferpent eut tranfgrelfé le fainct commandement du Seigneur , fut
rendu d immortel,capable de mort: ayant efté en première génération engendré non
fuiet à peché,a efté par fa faute commife rendu efclaue de péché &c du diable.&: a perdu
tout l'on vouloir &c puilfance debien faire , tors qu'entant qu'il plaift au Dieu tout-puif-
lanc luy faire la grâce.
Finalement àcaufedelatranfgreffioncondamnéàmorteternclle,fanslemoyé
du Seigneur lcfus Chrift, lequel pre-éleu du Pere, a efté enuoyé au monde,afin quecom
me par le péché d'vn,la mort eftoit ordonnée à l'homme:ainii par l'aduenemét&: mort
du Fils du Dieu eternel,la vie eternelleluy fuit reftituee.
Or ce bon Rédempteur ayant voulu naiftre en forme d'homme mortel,s'eftantaiTu
ietty à toutes les afflictions du monde,horspcché, comme telmoignent les faincts Pror
phetes &c tcfmoins de fa Parolle,a efté condamné à mort ignominieufe de la croix , par
l'enuie des Scribes & Phariiïens,&: grans Preftres de la Loy.
Ic e l v y donc aptes auoir efté trois iours en la terre,à l'exemple duProphetc Ionas,
eft monté vifiblement au ciel,là où il eft toufioui s viuât pour intercéder pour nous, iuf-
ques à ce qu'il viendra au dernier iugement iuger le monde. Bref,ie croy tout ce qui eft
contenu au liure du Seigneunc'eft aifauoir,du vieil & du nouueau Teftamcnt:& tout ce
qui eft tenu pour canonique,^ authorizé de l'Eglife catholique, ie le croy eftrc la vraye
parolle de Dieu,dictee par le S.Efprit,efcrite par les vrais fecretaires Prophètes & Apo-
ftres de noftrc bon Dieu,afin d'édifier la faindtc Eglife &: congrégation des Chreftiens.
Ie croy qu'à ceftetreflaincte Parolle il n'eft licite à aucune perïbnne , de quelque c-jj^Hdw
ftat ou qualité qu'elle puifte eftre,adioufter ou diminuer aucune chofe,en loix,edits,ce- d'adioufter
remonies,ou autrement concernant la police de la religion Chreftienne. Fait pour la "^J^jjJ^
confirmation de mon dire,le n.chap.du Deuronome,où il eft dit, Vous n'adioufte-
rez rien à la doctrine que ic vous baille. Itemjoiué 13 .chap. EfForcez-vous de garder ce
qui eft eferit au liure.deia Loy,fans vous deftourner ny à dextre ny à feneftre.Le mefme
eft eferit en Ifaie 5 5 .& aux Prouerbes 30. eft dit, Vous n'adioufterez rien aux parollcs du
Seigneur,que vous ne foyez trouuez menteurs. Si vous voulez confirmatiô du nouueau
Teftament,lifez le i.auxGalates,Si vn Ange du ciel vous annonce autre Euangile,que
ecluy que vous auez receu, il foit excommunié.
It e m cnS.Matth. 15.chap.En vainvousm'honnorez,enfcignans doctrine des conv
mandemensd hômes.Toute plante que n'aura plantée monPeref elcfte,fera arrachée.
I e conclu donc,que toutes les loix faites par les Papes,ou autrcs,concernantes la re-
ligion Chreftienne,ncpeuuentaiTuicttit les Chreftiens à fuyure autre reigleou doctri-
ne,quece qui eft contenu au liure de la Bible. Ainfi que Dieu eft parfait,fa doctrine eft
parfaite:&: n'a befoin de glofe ou augmentation : autrement les Apoftres auroyent mal
regy leur Eglife, en ayant obmis tant de fuperftitions,qui font auiourd'huy en règne en-
tre les Papilles.
M'app v y a n t donc à la feule Parolle de Dieu:icreiette,ainfi que font toutes les
glifes reformées par le vouloir de Dieu,toutcs les conftitutions du Pape, qui fe monftre
plus fauant que Iefus Chrift &fesApoftres,ou autrement luy veut totalement contra-
rier. Car le Seigneur Dieu dit en Exode zo. Six iours tu trauailleras,&: au feptieme tu te
repofcras:mais le Pape penfanteftre plus fage défend de trauaiilcr à certains iours par
luy limitez. Iefus Chrift permet à toutes créatures qui ont cognu la vérité, dvferde
L/«ro V /. Anne du Bourg.
itjKfc toutes viades en tout temps , aucc a&iô de graces,Paul i .Tim.4.mais le Pa pe le défend,
dtiadottri h $ v s Chrift dit,que ceux qui n'auront le don de continence,fe peuuent marier , i .
ChnV&du Tim.4.& le Pape le défend aux Prcftres: combien qu'il y en ait eu mout de mariez en la
Pape. primitiue Egliie,& iufques à Calixte Pape.
Av s s i Dieu défend de mettre images aux temples , comme nous monftreronsin-
continentrle Papelepermet. Au moyen dequoy il eft à bonne caufe dit Antcchrift,&:
dépeint par S. Paul,à la lecondeauxTheflaloniciens,i.chap.
C £ poin£t remis au iugement de toutes gens de bien, ayans Ja cognoiflanec de Dieu
&dcibnEuangile,iugeront ce que de/Tus eftre véritable.
Re spond an t auxarticles, Sauoirs'ilcft licite inuoquer les Sainctstrefpaflez, le
vous reipon que nous n'en auons aucun commandement par la parolie de Dieu. Mais
au contraire,nous eft commandé, quand nous voudrôs obtenir pardon de nos péchez,
d'inuoquer le Seigneur par le moyen de Ion Fils Iefus. Il eft efent au Pièaume 5o.Inuo-
que-moy au temps d'aduerfité,&: ie te deliureray,puis honneur m'en feras.
Av tant en eft«il dit en Ifaie 55.Ioeli.Rom.io.Ephefiensz.Ainfi eft diten S.Matt.
1 1, Venez à moy,vous qui eftes chargez,&: ie vous foulageray. Item en Ezcchicl 8. En
quelque heure que le pécheur gemira,ie n'auray recordation dé fon péché. Dauantage,
il dit en fainct Iean.i4.&: 16.chap.T0ut ce que vous demanderez en mon nom,il vousfe
ra donné:demandez&: vous receurcz,&c.
I t e m , Par le feul Iefus Chrift nous auons accès au PercRom.j.S.Paul auflï dit, Iefus
Chrift peu t fauuer tous ceux qui s'approchent de luy , toufioui s viuant pour intercéder
pournous,Rom.8.Ainfi leSeigneur,parlantparlabouchedcfon Prophète Ifaie,4$. dit,
C'eft moy,c'eft moy qui efface tes péchez pour l'amour de moy,& n'auray plus fouucna-
cedetesiniquitez.
II eft ainfi eferit au Pfeaumc 1 8,& jo.Ncfuis-ie point l'Eternel ? il n'eft auflï nul autre
Dieu que moy. Il n'y a point de Dieu qui fauue,finon moy.
Avtant eneft_il dit en Ifaie 4^:au Deuteronome zj. Voyez maintenant que c'eft
moy,& n'y a point d'autre Dieu auecques moy : ie fay mourir &c fay viure. &c. Au-
tant^ .Samuel z.Ofee 1 3 .Deuteronome 4«Par lcfquelles parolles ie dy qu'il n'y a que Ie-
fus Chrift qu'on doiue inuoquer pour auoir remiflïon de fes péchez. Et fi on dit qu'ils fer
uent d'aduoeats pour patrociner pour nous: ie refpon, Puis qu'il n'eft commandé de s'a-
cjrcifer àeux,il n'eft auflï aucunement licite. Car il eft dit aux Actes quatricme,il n'y a
auflï falut en nul autre:& n'eft point donné autre nom fous le ciel , que le nom de Iefus,
pour auoir làlut. D'auantage,ilcft dit, Si aucun a failly,il y a vn Aduocat enuers le Pcre,
Iefus Chrift, 1 Jean z.
I t e m ,11 y a vnMediateur entre Dieu Se les hommes,IefusChrift, 1 .Timcz.Parquoy,
dirc fîuj.1 & que ce terme Vn,vaut à dire,Seul.ie dy qu'il n'y a quç ce bô Iefus qui puifle prier pour
nous. Ainfi les Sages qui vindrent voir la Vicrge,n'adorerent icelle:mais fon enfant, en
S.Matthieu deuxième chap.Plus,il n'y a quecebon Dieu quicognoifle lecceur deshô-
mes,& qui fâche leurs penfces,Rom.8,& z.Chron.tf.Ieremie iy.Pfeaume jj.Parquoyie
fay argumentquenosprieresàcuxadreffeesfontillufoires , comme faites à créatures,
qui ne nous entendét. Ainfi les Sain&s ont rendu ceft honneur à Dieu:& n'ont voulu e-
ftre inuoquez ny adorez. Voyez Efter troifîemc chapitre. Item, comme les Apoftres ne
voulurent eftre adorez, Actes 4. L'Ange auflï ne voulut eftre adoré, difant, Iefuis ferui-
teurauecques toy, Apocal.i9,& zz.
Parquoy ie conclu, veu qu'iln'eft commandé parla fain&e Efcriture inuoquer les
morts,ains défendu de demander conièil aux trefpaflez, Deuteronome dixhuitieme:&:
Commet il Sue *e*us Chrift eft fi doux, difant en S.Matthicu feptieme chapitre , Qui eft le pcre , fi
fiuthono- fon enfant luy demande du pain, qui luy donnera vne pierre* &c. & à plus forte raifon,
SaLlSî *C ^crc cc^c pardonnera à ceux qui le*requerront:& que nul ne peut venir au Pere (i-
nonparluy:mcfmementqueChryfoftome furfainft Matthieu, 5. Homélie, premier
chapitre,dit,quc nous honorons les Sainds,quâd nous imitons leur vie : iaime mieux
eftre afleuré de mon falut par le moye de Iefus Chrift mon Aduocac,que d'eftre en dou-
te en fondant ma foy fur vne incertitude. Et fi à cela vous me dites que nous dcuons pri
er les vn s pour les autresrie le confefle , tandis que nous fom mes en ce monde, afin que
nous ne foyons oifif s,& pour monftrcr noftre charité: mais depuis que ce corps eft fepa-
ré d'auecques l'efprit,nous auons ofté toute folicitude hum aine, &: nôus conformons to
talemenc
Annz~> du Bourg. j j2
talementau vouloir de Dieu. Si vous alléguez le Pièaume, IcconfeiTe mon iniquité à
Dicu:pour celte caufe tout Sainft te priera en temps opportunjercfpon qu'il parle des
Saincts viuans, comme le pourrez voir par le Pfeatifne. Lcfquels fidèles font appelez
Saincts en l'Efcriture,Apoc.8.& i.Cor.i.2.Cor.i.Epheiiens i. 1. Pierre 2. Leuit.19.
In m dauoir s'il cil licite d'auoir des images aux temple s des Chrelticns , Aqnoy ie
relpon qu'il n'eft pas feulement non licite , mais expreiTément défendu par les lainctes
Efcritures, comme vnc idolâtrie mefehante.
Premièrement} voyez Deuteronomc 4. chap.pù il cil: dit en ces termes, Vous
prendrez donc bien garde pour vos ames,qne vous n'auez veu aucune lïniihtudc ou effi Dent 4
gic,au iour que l'Eternel voftrc Dieu a pai le à vous en Horeb,du milieu dufeu,afïn que
vousne vous corrompiez, & que ne vous faciez image taillée , représentation de toute ^.
pourtrainire,ioitefpeccdemaileou defemclle. Autant en efent Ilaie41.Ex.otle 34.' Io F.xof 4.
îué 24. il eltdit,Tu ne t'enclineras point deuant autre Dicu,&c. Tu ne te Feras nul dieu • 'J
de fbnte.Mcfmcs auxeommandemens de Dieu, en Exode lo.Tailler tu ne te feras ima-
ge de quelque choie que ce (bit:& aufïi en Iiaie4o. il eferit , A qui ferez-vous rellembler
l'Eternel &: quelle figure tli(poferez_vous pourluy?L'ouunerfaitrimage,rorfcuieeitcd
Pot pour la figuic.or à qui me ferez-vous femblablcfcilcuez vos yeux en haut.
E t aufli il eltdit en celte loi te, Sap. 15. Nul homme, comme homme,ne pourra pein- Sa,, ^
dre dieu fcmblablc a luy,& l'homme mel'memcnt cft meilleur que l'image. Voyez en pa
reil,les malédictions de ceux qui fontles images, Dcuter.i i,&i7.Pfeaumc 1 1 5,6^:1 3 5-Ic-
remiedixic nie. Auiîî les cômandcmensd'abbatrc les images,di{ènr,Deut.i2, en Exode ^c-:U "î-&
34.V0US démolirez leurs autels , vous abbatrez leurs Itatues, 6c bruilerez leurs images, leromc-io
Vovezlc mal prouenu des images, Sapience 14. Romains 1. Par les partages deffus y™*/7"*14
cfcrits,Ia plus pas t s'entendent desimages faites poudimuler&: fîgurcrDieu , comme Sap.^34
en Haie 46.diiant, A qui m'auez-vous rait lemblablc:&: qui le font vn dieu de taille , qui f.°»ullls *
ne bouge d vue place,& n'oit ce qu'on luy dcmâde, &: ne pourra vous fauuer. J' 46
O r donepuis que c'elt chofe prohibée de Dieu & non commandée , voire conftitu-
tionliumaine;à l'exemple d'Ezechias,2. Rois i8,&c.&deIofuc,i.Chron.mcfmesde Io- î.Rokis
fias,r.Rois23.qui tous ont abbatu les images,n'ayons crainte d'muoquer Dieu fans ima *-R-°?sl5
ges,cn fouftenant que telle lupcrltition&ridolatnedoit eftre arrachée des Chrelliens:
laquelle en bref temps prendra fin, au moyen du bon Dieu éternel.
Av s s îiecroy que le commencement de toutes idolâtries a efte lexcogi ration &: in
ndntion des images. Lesquelles auffi ont efté faites en abomination &: fcandale aux a-
m es des hommcs:& font comme laqs& filets aux pieds des ignorans, pour les faire tref-
bucher.Pourcc ne doyuent elles point eftre honnorees, feruies, adorées, ny endurées es
temples des Chrcfticns, ou egliiès, ny au lieu où les Chrcfticns s'aiTernblent pourouyr
&: entendre la parolle de Diemains totalement oltccs Se ruinées, commeporte leiècond
commandement du Seigneur:^ ceparl'authoritédu Magittrat ,& non point pari au-
thonte priuccd'vn homme partieulier.Car le bois dugibct,par lequel onfaitiufticc,cft
bénit de Dieu:mais l'image faite delà maindcrhomme,eft maudite du Seigneur ,& ce- Inugcs;
luy qui la faitauec:pourcenous-nous deuons bien garder des images fur toutes choies.
Ie crovauiïi les faincts Sacremens, qui font les marques delà vraycEglile, eitre les li-
gnes de l'alliacé faite entre Dieu &: nous par Ieius Chrilt,feauxde lapromefle du Seign.
fidfyinbolcsextct nés 8c vi(iblesdelachofemteneure&:inuifible,Iclquclsiontcn nôbre
de deux feulement, afFauoir,le Baptefme,&: la fain&eCenedu Seigneur. Iceux ne font
point lignes vuides,ains remplis, c'eft à dirc,non ieulement lignes iignificatifs,mais auf-
fi exhibitifs de la chofe qu'ils lignifient en venté , commenous déclarerons cy après,
Dieu aidant.
Tovchant les autres cinq,qui font recensé exercez auccques grans abus &fu^
pcrititïôsen l'cglife Papiitique,a(fauoir Confirmation, Confcffion,Mariage, Impoli tiô
des mains, (autrement dit Ordrc)& l'Onction: ie dy tout cela auoir cité cérémonies Ec*
clchaltiques,de(que lies les faincts Percs ont vie en leur temps iain£tcmcnt,fans aucune
luperltitiomdcfquelles aufli on pourravfcr auiourd'huy à leur exemple,fuppofé que ce-
la Ibit fait fans erreur,ians abus,& làns fupcrftitiondauue touuours la libertéChrcftien-
ne& Euangelique,laquellc deliure nos conlcienccs de toutes cérémonies exterqes,par
les hommes inltituées,fans la parolle du Seigneur.
I e croy q le Baptefme cft ligne de la nouuelle alliance entre Dieu &c nous,faite parle LcBaptcfme
Livres VL Anm du Bourg.
fus Chrift,& la marque des Chreftiens en rEuangilc,com me iadis laCirconcifion eftoit
la marque des Iuifslous la Loy:quec'eft aulfivnlauementextcneurfaitpar eau , ligni-
fiant vnlauementintci icur en l'efprit,fait par le fang de Iel'us Chrift : lequel doit élire
dôné&: cômuniqué,tant auxpecics entans corne aux gras, félon 1 ordonnace de Chrift:
6c ce vne fois fculcmenc,fans iamais 1 e reiterer.C'eft la mer rouge en laquelle Pharaon,
c'eft à dire, le diable,auec cour fon excrcite de pcché,cft cotalemét lubmergé,&: l'IfraeJi
cepallepar le milieu fauh&: puis cheminant par le dci'ert de ce monde auec gi andesan-
goilles,rafchcries 6c tnbulations,vfe iournellemenr de la Manne celeitc , qui eft la fain-
cte parolle du Scigneur,iufques à ce qu'il entre par mort en la terre de promifliô celen1 e.
I e croy aulîi que le Baptefme eft 1 entrée de l'Eglife,& vn lauement de régénération
&.*renouuellcmentau S. Efprirpar lequel nous renonçons à nous-mefmes, àSatan, à pé-
ché^ au monde. Car ayans defpouilléle vieil home auecques toutes lès concupifcéces
nous reueftons le nouucau,qui eft Iefus Chriit, en iuftice& faincteté , auec lequel mou-
rons,^' lommes enfeuelis en (a mort:afin que comme Chrift eft relTulcité des moi ts par
la gloire du Pere,pareillcment nous cheminions en nouueauré de vie : mortifianstoui.-
iou rs ce qui eft de nous en nous,pour exterminer le corps de péché.
I e croy que ce Baptefme doit dire adminiftré , non point aueGquesde rhuile,fel,
crachats , ou femblablc chofe , ains feulement en eau pure & nette, aunomduPere,
&du Fils , 6c du lainct Elprit , iouxte l'ordonnance &in!titution dtDieurlansy rien
changer,oiter,nedtminuer:&: le tout en langage vulgaire&: commun : attendu que ce
qui elt fait ou dit en l'Eglife de Chriit, doit eftre entendu 6c cognu de tous les fidèles.
Pa r ce Baptefme nous fommes changez 6c tranlformczd'enfans d'ire, de péché, du
diable &pcrdition,cn uifansde Dieu, de grâce ,& faluauon , pour eftre héritiers auec
Chrift en la vieeternelle.Pource doit il eftre donne &: communiqué lentement auxere-
atures raiionnables , qui ibntcapabies des chofesceleftes, non point aux cloches, ou a.
choies lèmblables,qui ne peuuent exercer les choies lignifiées par icelles.
Ie croy ce Baptefme d eau n'eftre point tellement neceifairc au falut , que l'homme
ne puiiîe bien eltre fauué fans iceluy,en cas de neceisité. Et mefme ie ne doute dufaluc
des petits enfans,qui meurent fans Baptelme , qu'ils ne Ibyentfauuez aufli bien comme
s'ils eftoyent baptifcz,d'autant qu'ils font comprins en l'alliance du Seigneur , &fonc
participans de la promeflé queDicu a faite à tous fes fidèles &: croyâs:c'eft,qu'il feraleur
Dieu,&; de leurs enfans.Mefmes en vertu de cefte promeflé nous baptilbns les pctis cn-
fans:parquoys'ilsmeurentauantqu'eftrebaptifez,ilsne font pas moins participas de
cefte promefle,ny confequemment du iàlut éternel. Comme aufli iadis fous la Loy les
petits enfansmourans fans la Circoncifïon,eftoyentfauuez par ce meime moyen: l'en-,
ten feulement des enfans des fideles,aulquels appartiennét les promelTes du Seigneur,
&non point des in fidèles ou reprouuez.
DeUCcne. Ie croy que le fainct Sacrement de la Cene eft vne fainéte&: externe cérémonie, in-
ftituee par lefus Chriit en lEuangilcvniourauant fa mort, fous felpcce du pain & du
vin,en mémoire 6c recordation de la mort& paflion, ayant 6c contenant en lby promef-
fedela remiflîondcs pechez.Par lequel Sacrement nous participons veritablementau
corps 6c au lang de IefusChnft,fommes nourris &: alimentez en la maifon du Seign.qui
eft l'on Eglife,apres eftre en icelle entrez par le Baptefme. Iceluy aufli doit eftre donné 6c
communiqué a tous fous les deux efpeces,lèlon l'inftitution ordonnée 6c commadec de
Chrift, contre laquelle n'eft licite de rien attenter.
I e croy qu'en ce lainct Sacrement les lignes ou fymboles ne lbnt point changez en fa
çon quelconque,ains qu'ils demeurent entièrement en leur nature , c'eft à dire , que le
pain n'eft point changé ne tranllubftatié(ainli que les Caphards& faux-docteu rs enlei-
gnent,deceuanslepoure populaire)au corps delefus Chrift , nelevin traniTubftantié
en fon iangrmais que le pain demeure toufiours pain,&: le vin demeure touliours vin,vn
chacun en là propre 6c première nature. Car les parolles queChrift dit à lès Apoftres,en
donnant iepain,difanr,C'eft-cy mon corps, fentenôd croy eftre dites parvncMetony-
mie,quieftvnemanieredcparlerfort commune auxfain&esElcritures , comme aufli
Jcsontentendués,&: par leurs eferits déclarées les fainds Pères & docteurs EcclefiaftL
Lcdecrec ques,Irenee,Cyprian,Tertullian, Ambroife , Auguftin,Chryfoftome,& autres fembla-
fabJuw^. bles, qui ont eicrit outre &:auant le Conciliabule de Latran , où fut conclue la tranf-
non. fubftantiacion du pain au corps de Chrift , 6c du vin au fang , 6c donnée pour article de
foy,
Annt^ du "Bourg. j 3$
foy,àu grand deshonneur de Dieu,& fcandalc de route I'Egltfc,l'an io^cparlepapeLeon
9. au temps que Satan cftoit deiîa deiîié , comme l'auoitprcdit l'Apocalyplè, &c troubloit
l'Eglife plus que parauant.
I e croy que tour ce Sacremenr gift &c confîftc en vlagc, tellement que hors rvfage, ce g'
pain èc ce vin ne (ont en rien differens à l'autre pain Se vin communs , def quels on vie CO- cremenr.
munémentenla mailon :& pource ne croy-ic point que le corps de Chrift (bit côtenu, at
taché, ou enclos en ce paindbus ce pain, ou aucccepaimneleiâgen ccvin,fousce vin,ou
auec ce vimains croy &: côfefleiccluy corps élire au ciel à la dextredu Pci c, corn me par cy
deuant auons die, & que tourcs fois Se quantes que nous vfons de ce p.nn Se vin iclon l'or
donnante &inftitution de Iefus Chrift, que véritablement &cdc faictnous rcccucns le
corps Se le fang d'iceluy par foy.
I e croy que celle réception eft faite, non point charnel ieroentou corporellcmér^ains ?cccptjf*
en efprit par vrayc& vue foy : c'eft, q le corps Se le làng de Iefu s Chrift ne four point dô . i"mUC •
ne? a labouche:au vcntrc^pourlanourricurcdu corps,ains à noftre foy 3 pour la nourritu-
re de lcfprit Se homme in "crienr en vie éternelle. Et pour ce faire n'eft ia beibin que Iefus
Chrift defeende du ciel pour venir à nous>ains tj nous mentions à]uy,drciTansnos cœurs
par vneviuefoy là haut à la dextredu Pere,où ilcll alhs>d où nous l'attendons à noilre ré-
demption^ non pas Je ccrchcrences elcrr.cnsvilU îes& corruptibles.
I f. croy que ccftefainttc Cene eft vn Sacrement aux fidèles ieulement , & non peint
pour les infidelcs:auquel on trouuc Se reçoit-on ce qu'on porte,& rien plus,fi ce n'eft aug-
mentation de foy -grâce &: vertu . Et pourceen iceluy trouucnt Se reçoiuent Icfus Chrift
à fafut,ceux-la ieulemet qui le portent auec eux, par vnc viuc &: vraye foy. Mais les autres
qui y viennent fan s fov, ?£ {ans pcnitence,ytrcuucnt&: reçoiuent feulement les Cy mboles
U lignes externes Se vi£blcs,& ce à leur condamnation: côme Iudas Se autres lcrnj?lables
jnefchans Se reprouuez.
I e croy que ce Sacrement contient deux chofes.Tvnequi eft terrcftre,charnelie&: vifi-
bled'autrequi eft celeftedpiritucUe&inuifible. Et confefle que comme noftre corps Se
Jiommc extérieur reçoit 1 achofctcrreftre& vifible, qui eft le pain Se le vin, par lelquekil
eft nourri Se alimente': qu'ainlî véritablement noftre efprit Se homme intérieur reçoit la
choie ccleltcSc fpiritUi lie, lignifiée par le pain Se le vin, afîauoir le corps &c le fang de no-
ftre Seigneur ïefus Chrift: tellement que nous fom mes faits vn auecques luy , os de fcsos,
chair de la chair, participans auecques luy en toute iufticc&: autres vertus , dons &: biens
que le Pere éternel a mis Se poiez en luy.
It croy qu'à cefte laincre Ta1: ledoyuent cftre admis feulcmcntlcs fidèles, vrais con- Quidohiét
trits,&: penicens:Si tous indignes reicttez, de peur de polluer Se contaminer les viandes c(ac;idm^
facrecs,quelc Seigneur ne donne linon ài'es domeftiqucs& fidèles. l'appelé les indignes, rcS ucc-
tous in fidèles, idolatrcî,blafphernareurs, contempteurs de Dieu, heretiques,&: routes ges
qui font fc&es à part, pour rompre l'vnité de l'Eglife, tous penures, tous ceux qui font re-
belles à pctcs&mcrcs^c à leurs fupeneursttousleditieux^urinsjbatcursjnoilèurs, adul
reres, paillards- brrons-,rauineurs,auantieux,yurongnes,gourmans:&:gcneralemêtceux
qui mènent vie (candaleufe&dnToluè . Car telle manière de gens n'ont point départ &:
portion au Royaume de Dieu: pource doyuent eftre reiettez Se mis hors de l'Eglifeauec-
ques lcfqucls n'eft licite frcquenter,manger,boire, ou contracter alliance, il ce n eft poul-
ies gagner Ramènera pénitence. ^ ^
I e croy que la MefTe Papiftiquc n'eft poît, ny ne peut cftre la faï&c Cene du Seigneur, j^Meflc* '
ains vue pure inuention des hommes menteurs Se iniques, totalement contraire à icelle, UCcnc.
comme la nu ici auiour, Belial à Ieius Chrift . Ce qui fera cognu de tous plus clairement
quclcmidy , parla conférence &: collation faite entre linftitutiond'icellc Cene ( récitée
&efcntepaiics Euangeliftes , &iinguh'cremcnt par l'Apoftrefaindt Paul)&lacclebra-
tio de la McfTe:parce que ce n'eft point la mémoire du vray lacrifice,c eft à dirc>de la mort
6c paifiondeIefusChrift,commeeft la làin&e Cene :ainsvn renoncement d'icelle, d'au-
tant quelle s'attribue ce qui appartient au feul fang de IefusChnft,efpandu en la croix,al-
fauoir,fandification,purgation &: remifiion des péchez , auecques collation degrace . Et
qui pis eft,fait que la créature adore vn morceau de pain au lieu de lefusChrift noftre Sei-
gneur,fcul SauueurÔc Rédempteur.
I e croy la troifieme marquede l'Eglife , qui eft la difeipline Ecclclîaftique , eftregran^
dément vtilc&:profitable,voirenecelfene en l'Egliic catholique, pôurlaconfohtiondes
XX.
Lmrcj VI. 'Armt^ du "Bourg.
bons,&: corre&ion des mefchans. Laquelle aulîi iecroy,& àcellemefoufmècs, lâchant
quec'cft l'ordonnance de IefusChnft en rEuangile:]aqtfelle a efté pratiquée parles À«
poftres en la primitiuc Eglilc , à ce que tout fuft tait hon nefternéc, & pif bon ordre ; qui
eft choie honnefte&neceflaire en toute la congrégation.
Le C! f d- *E cr°^ laPlunrancec*ener&: dcfljcr,excommunicr&.abfoudre, qu'on appelé cotn-
l' Fglii'c. S ° ir.unement Les Clefs de l'Eglifc, eftre dônee de Dieu:&: non point à vn ou deux,ou à au
cuns particulierement,ains à toute l'Egliie,c 'eft à dire,à tous les fidèles & croyans en le
fusChrift:&: non point pour deftruire,demolir,ougafter j ains pour édifier ou auancer
le tout:pourccdy-ie&. confeffe,que l'excommunication ouablolution d icélJe,nc doit
point Se ne peut eftre donnée à l'appetit,ou au vouloir d'aucuns particulièrement, ains
par le contentement de toute l'Eglife,ou au moins de la plus grande , meilleure Ô£plus
faine partie d'icellc,congregee&:aifemblee au nom deIefusChrift,auecques prières Se
ora;fons.
I e croy que celle excommunication,qui eft le dernier ballon de l'Eglifc , ne doit , Se
ne peut eftre iettee contre perfonne quelconque,que premièrement elle n'ait receu Se
fait confelfion de la foy Se religion Chreftienne^comme aulîi elle ne peut eftre promul-
guée pour quelques petites chofcs,foyent debtes pécuniaires, ou autres choies lembla-
bles:ny au (H l'exécuter contre tous pécheurs, ains feulement contreles pécheurs publi-
ques,rebelles Se obftinez,enuers lefquels la parolle de Dieu &e la corre&ioh. fraternelle
par Icfus Chrift,commandec.en l'Euangile, n'a point de lieu.
Parqjoy de ce ballon abufent grandement tous ceux qui excommunient les
Cht eftiens pour petites chofes,& fans auoir premièrement la correction traternelle.Pa-
reillémentauflî ceux qui excommunient les Iuifs,Tnrcs, Ethniques, & autres infidèles:
voire aufli les chenilles &>autres belles brutes : voulansietterfii mettre hors de l'Eglifc
Chrellienne,ce qui nefut ïamais dedans.
I e croy &: reçoy en celle Eglilèdeuxglaiues.c'ell à dire,deux puilTances.L'vneEccle
flaftique Se fpirituelle,laquelle gift &: confitie en la feule adminiftration de la Parolle SC
DeuxgUi- des Sacremens:elle ne porte ne verge ne ballon autre que la langue, Se n'vfe d'autre
ucs ca 1E- coulleau que du gl aiue derE(prir,quieft la parolle de Dieu. Enfembleie confeffeque
8',Jc tous ceux qui ont ccglaiucentre leurs mains,doyuent eftre irreprchenfibles, tat en leur
vic,cfucn leurdoctrinc:aurrementon les doit depofer&: démettre de leurs offices, Se y
en mettre Se fubftitucr d'autres meilleurs en leut s places. L autre puiflance eft politi-
que,a.iauoir le Magiftrat, quant aux choies externes & ciuilcs , pour rendre félon lulli-
ce,à vn chacun ce qu'il luyappartient.
Et pou rce croy -ie éj le Magiftrat cftvneordonnancede Dieu en fon Eglifc,pour dé-
fendre les bons&gensdc bien,chaftier&T punir les mefehans : auquel auïlî faut rendre
OlxifLn.c le tribur, honneur & rcuerence,&: obeiren toutes chofes qui ne font point contieuenâ-
auxîupc- tcs à la parolle de Dieu.Et cela entcn_iefcnon feulement au Magiftrat fidèle , ains aufli
nalls- je l'mfidelejinique&rtyranrauquelaufîî faut obéir, comme au Seigncur,en tout&: par
tout:fuppo(é qu'il ne commande rien contre laparoJledu Seigneur: car lors deuôs plu-
Actes 5.15 obeirà Dieu qu'aux hommes,à l'exemple des Apoftres Pierre &Iean.
I e croy qu'.ui Magiftrat appartient, non leulement auoir regard fur la politique,ains
• aufli fur les choies Ecclc(iaftiqucs,pouroftcr&: ruiner toutes idolâtries,^: fauxferuices
de Dieu;pourdcftruireleroyaumederAntcchrift , &: toute autre doctrine faulTe : prô-
mouuoir la g!oiredeDieu,&auâcer le royaume de IefusChrift-faire prefcherla parolle
de l'Euagile par rour,& icelle mainreniriufques à la mort:chafticr aufli &: punir les faux
propheres qui mènent le poure populaire après les idolcs& dieux eftranges - Se au lieu
derEuangile,prefchcnt& enfeignenr les fables & traditions des hommes, auSeshon-
neurdeDieu,&: de fon Fils4efusChrift,au grand f candale des auditeurs,& à la ruine de
toute l'Eglifc. Aiceluy Magiftrat toute perfonnede quelque eftat,lcxe,ou condition
qu'elle foir,doir eftre fuiette,&: luy obeiren toutes chofes honeftes&: rai(onnables,d'au,
tat qu'il repreféte la perfonne du grâd Seigncur,dcuat lequel tout genouil doit flefchir:
poui ce ne doit- il point eftre oublié en nosoraifôs,à ce que le Seigneur le vueille diriger
eu routes fesvoyes,& queriouspuiflrons viureèn toute paix &trâquillicé fous iceluy.
Ie croy q leMagillrat fain&ementpcut prefenterlc iuremét aux fidèles en iugemét,
pourcbgnoiftre la verité,&: mettre fin à toutes controuerltes ou difFerens entre les hô-
jncs.-lequel doit eftre fait par le teul nom du Dieu viuant , d'autant que c eft le troilieme
comman-
commandement de ia première Table . Et combien que la perfection Chreftienne foie,
dire, Ouy,ouv:non, non, fans iurer aucunement: toutefois le fidèle pourra fidelerr Je v(èr Mm-6-w.
de iuremen t en lieu Se temps, auec dilcretion en la crainte du Seigneur, pour chofes hon
ncftes,iuftes &: véritables, pour confermer la vérité, quand l'honneur du Seigneur, ou blé
le falut du prochain y pend,& non point autremet . Car l'homme qui s'accouftumerade
iurer,lcra rempli d'iniquité.
E t confère aulïi,que comme tous iuremens,vccus,ou promeifes faites félon la paroi- Des iun.--
ledu Scigneur,lbit à Dieu ou aux hommes, fon t obligatoires, Se doyuenteftie gardées Se ™™&
obfcruecs inuiolablement: qu'aufli ceux qui font faits, tans, ou contre la parolle &: côman
dément de Dieu: comme (ont les vceus monaftiques,&: autres femblables,qui promette!
chofes impof(ibles,&: contrcuenantesàla parolle duScigneur,n'obhgétnelientaucune-
ment,a;ns faincte ment font rompus Se violez. Car en promeifes iniques ,& vécus iots&
indifercts, l'homme fidèle, prudent& iage,doit changer propos.
Quatau Purgatoire,ie croy quelc lang de IcfusChrift nous purge de tous nos péchez,
par la foy que nous auôs en luy .Sainct Pierre dit,Sachez que vous eftes rachetez de voftre 1,P,cr"*
vainc conucrlarion, non point par choie corruptible, comme par or ou argét: mais par le
précieux (angtic Ielus. Aulïï il n'y a que deux voyes cnl'Etcriture, fauoir, Qui mourra en
fby,& en inuoquanc lcScigneur,feralàuué:mais qui ne fera cela, il fera côdamné. Voyez
le la rron qui auoit fait rant de maux,il luy fut dit, Tu feras auiourdhuy en Paradis. Et par- Luc ^
lant de l'hiftoiie du mauuais nche,le poure fut enlcuely au lein d' Abraham,^ le riche en Luc
enfer:où vous trouuez les deux voyes lèulement.Puis donc qu'il n'y a en toute l'Efcriture
que ces deux lieux, Se que les Apollres n'ont enlèigné de prier pour les morts, iereiette
toute telle oraifoii,commefriuole.
Il eft dit en l'EccleliafteJlyaquelqueefperanccàceluy qui eftafTocié auec les viuas: l^k.pK
car il lait qu'il mourra,mais le mort nefait rié:car la mémoire cft mile en oubly,& n'a plus
nulle part au mode , ny en ce qui le fait fous le Soleil. Les Apoftres ont tant recommandé
les ccuures de mifericorde Se charité-, mais ils ne font aucune mention des morts: ce qu'ils
n auroyct oublié: mais au contraire,il eft défendu de lé foncier des morts, Deut. 1 5 , Se 16.
Leuit.n. Ezech.44.
Ne plore point le mort,dit le Sage:car tu ne luy profiteras rien . Les Apoftres parlans
des trefpaflfezjont bien dit que les ames des iuftes l'ont en la main de Dieu : mais ils n'ont
jamais cômandé défaire oraifon pour eux. Ce qu'ils n'auroyent oublié-.mais au contraire
il cft dit en l' Apocalypicchap. 1 4. Bien-heureux font les morts qui meurent à noftre SeL
gneurd El pnt dit qu'ils ferepoftnt de leurs labeurs.
I t e m, lcSagcdit, Si leiuftccft prinsdela mort, il fera en refrigei arion. Puisdonc- sll},.5.r
ques qu'ils ncfouffrent plus dcdouleur,&: qu ils font en repos, ils ne font pas tourmentez
en vn Purgatoire. Cîir Dieu cft fi doux, &c fi milbricordicux, quedés que le pécheur luy ^'j"^"
demande pardon, il luy ot troye.Si vous m'alléguez le liurc des Machabces,ie vous relpon
qu'il eft Apocryphe,^ non des lunes crédibles pour cohrnvatiomcomcmeimcf accorde
S.HiCrome,en la préface des Prouerbes. Lequel liureacfté fait fous le nom deludasMa-
chabeus,&: ne fut trouué auec le s autres. Parquoy,& veu qu'il n'en cft fait mention aux li-
mes faincts,icdy que c'eft inuention humainc,inuentec pour auoir argent des MefTes.Ie
vous pounoye alléguer pluu'curs autres palfages delà fainctcEicriture, mais mon igno-
rance ne le permet.
~"Mo y donc cognoilfant les grans erreurs ,fupcrftitions Se abus aufquels i'ay efté plon-
gé par cy deuant, maintenant ie renonceà toutes idolâtries &:faulfcs doctrines qui lont
côtraircs Se contreuenantes à la doctrine de mon Maiftre Iefus Chrift,quieft la làincte Se
pure parolle de Dieu, cÔtenue aux liurcs Canoniques du vieil Se nouueau Teftam ent,re-
uelee par le S. Efprit: laquelle icpren pour ma guide Se conduite en cefte vie mortelle,
commclacolomnedcfeu, conduifant lcsenfansd'Ifrael parle defert, iufques en la terre
promife Se delirable:ce fera la lanterne de mes pieds.
Ensemble ie promets pour l'aduenir& relidu de ma vie, cheminer Se viurc félon fa P">wfat»ô
do'irine,lcmicuxqueleraàmoypofùble, moyennant l'Efprit de Dieu qui m'affiftcraSc dcDllBour8
dirigera en toutes mes voyes,lans lequel ie ne puis rien, auec lequel ie puis tout: tcllcmét
que tout fera à la louange d'iceluy, à l'aduâcement du royaume de fon Fils, à l'édification
de toute fon Eglilè,&: au falut de mon ame. Auquel feul ie ren grâces éternelles, lequel
auiiiieprieaunomdefonFils noftre Seigneur ,me vouloir confermer Se entrttenirpar
XX.ii.
Liurc~> VI. Anntu du Bourg.
Ion lamct Efpnt, en cefte foy iufques à la fin, 6c me donner grâce, vertu 6c puiflanec de la
confclfer de cœur 6c de bouche, tant deuant fidèles, qu'infidèles , tyrans 6c bourreaux de
r Antcchriit:&: icclle maintenir iniques à la dernière gouttede mon fang.
It defiregrandement viurc&: mourir en celle foy, lachant&eftât bien aficuré, qu'elle
a pourfondemet la feule parollc du Scigncur,&: qu'en icelle ont vefeu, 6c lont morts tous
les làincts Pères, Patriarches, Prophètes &c Apoltres de le! us Chrift . C'cft la vraye co_
gnoùTancédu Seigncur,cn laquelle gift&conlifte la béatitude & félicité derhommc,cô-
meditiàinctlean en l'Euangile,i7.chapitre: Cefte eltlavieeternelle,ô Perc, qu'on teco_
gnoillefeul vray Dieu,&: ecluy que tu as enuové lefus Chrift.
Vo i c y la foy en quoyie vcuxviurc& mourir:&ay ligné cefteferit de môfigne,preft
à lcfceller de mon propre iàng, pour maintenir la doctrine du Fils de Dieu: lequel ieprie
humblement 6c de bon cœur vous ouurir l'entendement de la foy , afin que vous putfticz
cognoiftrela vérité. Cequeluy demâdeenla manière que nous lbmmes par luy-melme
enfeignez de le prier,en diÙLtityNoéhre Perc qui es és acux,Sanchfîcjoitton Arorny6cc.
E Conlèiller Du Bourg ayant mis pareferit celte Confeiiion des poinctsdela rcli-
»lon Chreltienne,la donna pour ertre prefentec à la Cour . Cequ'cftant venu à la
cognoiiTancc d'aucuns de les amis Conseillers, &: Aduocatsen ladite Cour de Paris,gens
Du Bourg temporiicurs,& qui eftoyent allez defplailansdcquoy il lèfoimalifoit ainli pourlarelL
«branltpar gion:delibererent de le venir trouuer, pour faire tant qu'il fift vne Confeiiion de foy, non
poriteurs."" point directement contraire à la vraye doctrine , mais ambiguë 6c tellement dreiTee, qu'-
elle peu 11 contenter (es luges . Du Bourg après auoir longtemps rcfifté,fut aucunement
vaincu par leurs prières, & acquieiça à leur confeil. Car ils luy faiibyent entendre que c'e-
ftoit allez, qu'il entendift làinement ce qui eftoit ambiguement efcrit:& que les autres ne
prendroyét pas de fi près garde à vne Confeiiion qui auroit apparecedcconlcntii à leur
doctrine. De faict cefte Confeiiion defguilèenefut paspluftoft entre les mains de lès lu-
ges , qu'on commença à conceuoir vne merueillcufe efperance de fa deliur.incc. Mais
quand la copie en fut venue à ceux de l'Eglife,qui eftoyent plus defireuxdelonlalut,dcla
gloire de Dieu,&: de l'édification de l'Eglife, que d'vne telle deliurance, qui ne pouuoit e~
lire obtenue qu'au grand déshonneur de Dieu, ils furent grandemét contriftez.Et pour-
Rernôftr.m tantils donner charge à mailtre Auguftin Marlorat(quieltoitlorsMiniftieàParis)deluy
lorat° i 'm e^crirc'Pour mY ^rc recognoiftre la faute qu'il auoit faite. Marlorat luy fait vne longue
Du Bourg, rcmonftrance du deuoir de ceux que Dieu prcfènte deuant les Magiftrats,pour eltre teL
moins de fa Vérité éternelle: Luy annonce les menaces de Dieu, &c l'es iugemens contre
ceux qui la deiaduouent, ou la dclguifenten quelquefaçon quecefoit : l'exhorte depri-
fer plus l'honneur de Dieu que (a deliurance :1a venté de l'Euangile, que la vie corrupti-
ble&caduque . Qu.'ilauoit fi bien 6c fi heureufement commencé &c pourlùiui là cour-
lè : m aintenant qu'il eftoit fi près du but,il nefalolt pas qu'il perdift ainli courage . Que
les nouucllcs de la conftance eftoyent non feulement en toute la France, mais en toute
JaChreftienté :&: auoyentconfermé beaucoup d'infirmes, 8>c efmeu les autres des'en-
querirdeleurlalut. Quelcsveux de tous eftoyent fut luy, pour voir quelle ièrojt filnje
delà prifon. Et maintenant s'il failbit par crainte chofe contraire à là première ConfeL
fion,d leroit caulé d'vne merueilleuleruine . Pourtant qu'il aduife à dôner gloire à Dieu,
6c àedifier FEgliié de noftre Seigneur lefus Chrift,& s'alleure que Dieu ne l'abandonnera
point.
Ce s lettres trouuerentMonfieur du Bourg defiaprelîeenlàconfcience dufentimét
de là faute . Et pourtant les ayant leuës, 6c demandé pardon à Dieu, làns aucun delay il
drefic vne requefte à lès luges, par laquelle il retracte cefte dernière Confeiiion : protefte
delè tenir à la premiere,& demande que fôri procès luy foit fait là deifus.Dés lors toutee-
fperance fut perdue de là deliurance. Car il auoit de grans ennemis , 6c beaucoup:&: fur
tousCharles de Lorraine Cardinal, employoit toutes lès forces pour hafter fa mort.Car il
voyoit que c'eftoit vn home defauoir& d'authorité pour lequel beaucoup de Princes
Du Bourg auoyentfait requefte, principalement l'Electeur Palatin Prince de l'Empire, qui auoit rc-
l/tont/rl quis par lettres &ambafladeurs lerov François II.de leluydôner,pour s'en feruir de Pro-
latiu. felfeur en fbn vniuerfité de Hcidelberg: Ofrrantledit Electeur de prendre ce don auec fi
grade obligatiÔ, qu'il tiedroit lieu pour toutes les promeuves q les rois de F race luy auoyec
par ci deuât faites. Ses ennemis doc voyâs corne toutes choies s'eftoyét palTees touchât la
Confeiiion defoy dudit Bourg, penferec auoir occalio del'cnuoyer à la mort incôtinent.
Lb
Annt^> du "Bourg. j ^
Le x v i ii.dccemoisdeDecembreleprefidentMinard,! vn de ccuxqui plus auoi'c
greué la caufe des Confeillers prifonniers , retournant du Palais fur fa mule, eftant près la
maifon en la vieille rue du Téple, fut occis furie champ d'vn coup de piftolet j fans auoir j£ jwfiJô
peu fauoir depuis l'autheur,ne la caufe de ce meurtre au vray , quelque inquifîtion &C dili- ci.ltur" °c~
gence que Ion en euft feeu depuis faire. Ledit du Bourg auoit fort tafché que ledit Prefï
dcnt,ncMagiftri,lc Premier pr incipale m ét,ne fuirent f es Iuges,auecplufieurs autres, ay-
ans dit lors es opinions Mercuriales tout hautement quefbn opinion eftoit hérétique. Ce
que lediît du Bourg allégua pour furHfantecaufede recufàtion , difarit quelle portoit vu
préjuge' : mais l'on n'y eur aucun efgard, non plus quaafTemblcr toute la Courpourluy
faire droiit fur les reeufations , requeftes, appelations, &c autres procédures, ainfi qu'il di-
foit eftrc le priuilege des Confeillers de ladite Cou r d'eftre ingez par le corps d'icelle, tou-
tes les Chambres affcmblccs.^Einalcmé't le x \ i. de Decébrc,aprcs au oir derechef pro-
cède debouche,de vouloir viure&: mourir en ladite Côfcfïïon qu'il auoit prelentee,il eut
A reft par lequel il eftoit condamné à mourir, &: fbn corps cftre confu mé en cendres . Et
aduint que les luges en partie furent ceux, defquelsi'Areft donne' en la Tournelleenfa-
ueurdcsquatre(defquelsilaefté touché cydeffus)auoiteftédcfédu en la Mercuriale par
Du Bourg ôdes compagnons: tant défia les menaces, la crainte, & les promelfesauoyent
changé les affections de ceux qui fembloyent au commencement vouloir porter le bon
parti.
Os nedoit fur ceci oublier vne parole qui fortit,oupluftoft la vérité arracha de la bou
che d aucuns de ces luges entendeurs, qui dirent à leurs familiers après cefte condamna-
tion, O queceft homme-la eft heureux de mourir pour l'Euangile! Et quâdon leur répli-
qua pourquoy ils lauoyent condamné ilamort , îlsen lauerent leurs mains au bafïin de
Piiate,s'excufansfurla volonté du Roy.
L E dernier combat & notable iflue de M.Du Bourg:
O n Arcft luy cflantprononcé,il com mença à rendregraces à Dieu de cefte nou-
uelle,&d'vnefiheureufèiournee par luy tant defiree : priant Dieu qu'il vouluft
pardonnera les luges, qui l'auoyentiugé félon leurs confeiences : mais que ce n e-
ftoit félon fciéce&: vrâye fapiencede Dieu. Et delà eômença à donnera entédre à fefdits De[[ rem6:
Iuges,coment c'eftoit la menfonge enchâtereile, meifagere des enfers, ennemie capitale (tunccqu'il
de la verité,qui l'auoit aceufé deuant eux,pourautât qu'il lauoit abâdonnee,& à laquelle fit * ks la"
ilsauoyent trop légèrement adioufté foy , & lauoyent côdamné luy &: ceux qui lbuflien- Be>'
nent la mcfmc caufe que luy pour autres qu'ils n eftoyent : eux eftans enfans de Dieu , lé-
quel ils recognoiffent pour Père* &c l'adorent en cfprir 6c vérité , com meceluy qui n'acce-
pte point l'apparéce extérieures»: fans lequel loh né peut rien,&: hors lequel il n'y a point
de falut: fa dile&ion eftant apparuccnuersleshommes,non pas félon les œuurcs de iufti-
ceqn'ils ayentraits, mais félon fa mifericorde infinie: Quec'eftoit celuy auquelmainte-
nant plus que iamais îlsdeuoyent prefter l'aureille, comme au grand Seigneur qui leur
denonçoit la guerre: Que c'eftoit vne arrogance delbordce, &c vne rébellion intolérable
àrhomme,d'auoir ofcderogucràl'ordonnâceirtuiolablejaintte &£refparfaitede Dieu.
LaifTerons-nous(difbit-il)fouler aux pieds noftre rédemption , &: lcfang de celuy qui Ta fi
libéralement refpandu pour nous ? N'obéi ros-nous pointa noftre Roy qui veut que nous
le défendions, qui nous fbuftienc, &c qui cft le premier en la preffer Quoy donc ? la peur
nous peut-elle faire chanceler ? nous doit-elle efbranlcr? ne ferons-nous pas pluftoft
hardis, voire inuincibles, cognoiJîans vne fi pctiterefïftence contre nous,commeeft cel-
le des hommes Helas ! vermine miferable: cefte gent veut que nous permettions qu'- J^0"!,"6
on blafpheme noftre Dieu, elle veut que nous luy foyons traiftres: Se pour ne le von- unis juges
loir , on nous detefte ,-on nous taxe de fedition . Nous fommes ( diféne-ils ) defobeiL *rMa?,i"
ians aux Princes, d'autant que nous n'orfronsnen à Baal. O noftre bon Dieuipermet- .lent
ttas-tu régner toufiours vn defir defbordé de gloire 6c outrecuidance en la fantafie des
l\ommes,te voulans feruh àleurguife , fans le vouloir renger Se foufmettre à ta volonté,
ièule iufte&; raiioiinable? Ayecepédant pitié denous,ô noftre bon Pere, aide nous, &c cô-
duy-nous par ta grâce a loiiftenir conftamment ta Vérité.
.,. M.o,,N n r t ,môftrc-leur Seigneur, quecefbnteux-mefmes qui font deflovaux à leur
J?un磻6£ ie leur prononceray . Eft-cc defobeiffanec , eft-ce defîoyauté à l'on Prince &c fu-
per4f uMueiie luy-bailler ce qu'il nous demande, voire iufques à nos chemifés, s'il auoit
XX.ihV
Liurt Vh rÀnnt_> du 'Bourg.
befoinen cela de nous?Eft-ce defobeifîancCanoftreRoy , que de prier Dieu pour fa pro„
fperité^ue fori règne foit gojiuêrtié en paix, & que toutes fuperft irions 6c idolâtries foyéx
bannies de Ton royaumeîde requérir à Dieu qu'il le réplifle, & tous ceux qui font fous luy
nosfuperieurs,defacognoifîanceen toute pmdence&intelllgencelpirituellcafîn qu'ils
cheminent tous dignement au Seigneur,& luy Ibyet agréables? N'eftimera-on point plu-
ftoft eftre obeiiïance de deshonnorer Dieu , le courroucer par tant de manières d'impie-
tez,endurer que Ion transfère fa gloire aux creatures,&: au refte nous accômoder àl'inué-
tion des hommes,lefquels ne font que menfonge? Faire vertu de blafphemer fon nom,ap
prouuer les bordeaux, &: autres mille infolences qui ne font point reprinfes?
Pourquoy O r , Meflieurs , fi vous auez le glaiue de Dieu feulement pour prendre vengeance de
le gUiuc ccux qui font mal,voyez,ic vous prie,comment vous nous condamnez, &: confiderez de
MagiftuB. près le malfaid que nous auons commis: &; décidez deuant toutes chofes, s'ileftiuftede
vous ouirpluftoft que Dieu. Eftes-vousfi cnyurezen la coupe de la grand' Befte, qu'elle
vous face boire fi doucemét lapoifon au lieu de médecine? Neftes-vous pas ccux qui fai-
tes pécher le poure peuple,puis que vous ledeftournez du vray feruicc deDieu?Et fi vous
auez quelque efgarcî aux hommes plus qu'à Dieu , fondez en vos cœurs en quelle eftime
vous pouuez eftre aux autres pays,& le rapport que Ion fait de vous à tant d'exccllés Prin-
ces , detant de prinfes decorps que vous décernez au mandement de cerouge Phalaris.
(Que puilTes-tu cruclTyra,par ta miierable mort mettre fin à nos gemiiîemens! ) Lequel
Les ïpho- a pour luy lèuI,bon gré malgré,remis fus vnc puiflànced'Ephores, non pour laconfider<>
ïu «ey l! ci0wdelaRepublique,mais pour tout tourner à là fantafie. A fia volonté vous nous allon-
cedemoue,* gcz tellement les membres innocens, que vous-mefmes en auez pitié &compaffion. O
£ ca'ïçf qucUe rigueur en vous-meimes.'Ie voy plorcr aucûs de vous.Pourquoy plorez-vous?Que
loycntaux" denonceceft adiournement, finon que vous reiîcntezvoftreconicience chargée, &: que
les piteux cris contraignent de lameter vos yeux de Crocodile? Ores donc vous apprenez
comment vos confeiences font pourfuyuies du iugement de Dieu, &c voyla les condânez
s'efiouilTentdu feu ,& leur fcmble qu'ils neviuent ïamais mieux finon quand ils font au
milieu des flammes.Lcs rigueurs ne les efpouuantent point,lcs iniurcs ne les affoibliflent
point,rccompenfans leur hôneur par la morr. De manière quece prouerbe vous côuicnt
fort bien,Meffieurs,le vainqueur meurt,& le vaincu lamente.
Qu'ay-ie à me contrifter pour eftre guinde?Ie fay, Seigneur Dieu, que fi toute trafgreC
lion & defobeiflanec a receu iufte retribu rion de (on loyer , que nous n'efehapperons pas,
fi nous mettons à nonchalance vn fi grand bénéfice, que celuy que nous recognoiftons
par noftrc Seigneur Iefus Chrift.rembrafle.ô Seigneur Dieu,cefte Parolle,quetu as mife
en la bouched'vn tien fidèle Martyr , que doublement eft condamnable celuy qui dclad-
uoue la doctrine de noftre Sauueur,&: doublemenr doit eftre puni,pour auoir efté traiftre
à fon Fils,& pource qu'il déçoit les hommes.
Non non, Meilleurs, nul ne pourra nous feparer de Chrift , quelques laqs qu'on nous
tende , &: quelque mal que nos corps endurent . Nous fauons que nous fommes des long
temps deftinez à la boucherie,côme brebis d'occifion. Donc qu'on nous tuc,qu on nous
bnie : pour cela les morts du Seigneur ne delaififeront de viure, &: nous re/Tu (citerons en-
femblc. Qupy qu'il y ait,ie luis Chreftien,voire ic fuis Chrcftien: iecricrayencoresplus
haut mourant pour la gloire de mon Seigneur Iefus Chrift. Et puis qu'ainfi cft,quc tarde-
ie,happe-moy bourrcau,mene-moy au gibet.
E t ayant encores repris fon propos par vne grade vehemece,iufques à faire larmoyer
fes luges, leur difoic qu'ils lenuoyovcnr mourir pour n'auoir voulu recognoiftre Iuftice,
grace,purgation, mcricc,imerceîfion , fatisfa£lion , & lalut ailleurs cju'en Iefus Chrift, &:
qu'il mouroit pour la doctrine de l'Euangile. Et après auoir continue longuement ce dif-
cours, il dit pour conclufion, CcfTez, ceflez vos bruflemens , &: retournez au Seigneur ea
amendement de vie,afin que vos péchez foyent effacez: que le me fchant dclaiffe fâ voye,
&: fes penfees pef ueries,& qu'i 1 le rerourne au Séigneur,& il aura pitié de luy . Viuez donc
&: méditez en iceluv,ô Senatcurs,& moy ie m'en vay à la mort.
L'exécution Ainfi fut mené lié en la manière accouftumee dedans vnecharretteà la place n5meç
Bourg Inla *ean cn Greue,eftâtacc5pagné de^ou 5 .cens homes armez, monftrat toufioursvri yi-
pUcc de s. fage afleuré,iufques mefm es à defpo,uiller(e{tant venu au lieu du fupphce) luy-mefme fes
icjd en Gre habillemés: & eftant nud,iettant degrans foUfpirs,0 Dieu(difoic-il au peupk)Mesamïs,
ie ne fuis point icy comme vn larron ou meurtrier : mais c*eft pour TEuangUe £rCOS)me
on
oAndre Çôijprt, & Jean Tfabeau. j j<f
6n refleuoic en l'air,difoit fouuentjMon Diéil ne m'abâdohnepoint,ann que ie ne t'aban
donne: iufquesà ce qu'il fut exécute', pendu cV'eftranglé,fanslentirlefeu:ceftegraceluy
ayât cfté faite par fes Iiiges . Ainfi il feella defon prbpre iagee qu'il auoit iighé de Ta main,
com me il auoit procédé par là Confelïion .
Vou a lafîn heureutë de cegrand perfohnage M.Du Bourg,natifd'Auucrgned'vne
mailbn honorable:hôme fi bien verfé en toute bonne feience, & Singulier ement en droit
Ouil, que fes ennemis mclmds font contraints le regretter enedres auiourdhuy. Les au-
tres Confeillers lès compagnôs,qui furcht mis ptifonniers auec luy, fur lcfaidfc delà Mer-
curiale dont nous auons parlé , pour ne s'eftre li conftam met porte! en la Confcflîon de
la parolle de Dieu ,comme il àuoic fait* furent puis après éflàtgis j lvn d'vnc façon J'àutre
d'vnc autre.
ANDRE COIFFIE K,k Dammartin.
CES trois qui s'enfuyuent auoyent efté d'vn racfme temps prifonniers auec M.Anne du Bourg-.Sc ontenfuyui
fa conftance/ouftenans la vérité du Seigneur au milieu de la mort.
N D R E Coiffier fut apprehédé en la ville de Dammartin , au temps de ces
grandes perfecutions: & fon procès ayât efté là informé parle Baillifdulieu,
futenuoyc en la Conciergerie du Palais pour receuoir iugement. Iln'auoit
point feulement refpondu chrt ftiennement aux interrogatoires des luges:
mais auffi mis par efcritvne Confefiion defafoy,prefentec aufdits luges, la-
quelle depuis il a mamtenueconftam m et iufques à la mort.Car leproces auec cefte Cô-
feffion de foy, ayant efté communiqué au procureur gênerai du Roy , les interrogatoires
ieitcrees,&. les concluions par luy prifts,areft luy fi.it donné, par lequel il eftoit déclaré Atcq. e5,
Herctique,Sacramentaire,&: pertinax,&: comme tel digne de mort.Que fon corps teroit Confier.
ars,bruflé &: côi'umé en cèdres : & pour ceft efFed feroit drefle vne potenceau lieu le pli^s
conuenable de Dam martin,c n laquelle feroit guindé, & eflcué pour eftre ierté dedans le
fcu,qui au dclîbus de ladite potence feroit fait &: allumé : tous fes biens confiiquczda cô-
fifeation applicable félon l'edi£k&: ordonnance du Roy.Ceftareftfct donnéle*i..de Dé-
cembre. Et pour le mettre en cxecution,fùt commis le Baillif dudit Dammartin: & com-
mandement fait de le conduire auecques toute feurte iufques au lieu de Dammartin.
Auquel,ayant défia efté long teps attédu par le peuple ennemi de l'Euangile, il rut trait-
té bien crucllement.&inuoquant Dieu,receut la couronne defapedeueranec.
IEAN YSABEAV, àeBarfur^ubc.
S A B E A V eftoit menuifier ,natifde Bar fur Aubcpres Troye en Champa-
gne,pour vne mefme caufe eftât arrefté prifônier en la ville de Tours, reccutr
premièrement ientence, par laquelle il eftoit condamné défaire amende ho
norable, nuetefte,& à genoux deuant la principale porte defàindt Gatian
audit Tours: &c de là eftre mené & conduit au grand marché de la ville, pour
eftre pendu U eftranglé en vne potence , qui pour ce faid y feroit di eiîce : &c qu'après fa
mort le corps feroit mis en cendres:tous les biens acquis &confiiquez auRoy. Decefte ArcftcStre
fentenceilfe porta pour appelant : & fut amené à la Conciergerie du Palais à Paris :& là Y^»«»t
pourfuyuanten laconfeffion de l'Euangile encores plus hardiment que deuant, il eut â-
reft lepenu ltimede Décembre: par lequel laditeappelation& fentéce, dont eftoit ap-
pelant, eftoit mife à néant: &neantmoins pour auoiriouftenuchofes contraires aux tra-
ditions( qu'ils appeler de rEglife)eftoit condamné à eftre ars&: bru fié vif aux Cimetières
fain&IeanàParis. La Cour ordonnoit en outre qu'il feroit exécuté en figure en la place
du grand marché, en la ville de Tours. Le iour de ceft areft fut le iour bien-heureux delà
mort de ce bon perfonnage: & de l'exécution fecon de faite à Tours, le 6. iour de Feurier.
XX.riiL
I E A N I V D E T> Ltbratre* Parit.
V D E T eftoit libraire de favocation-.&i'uiuitde bien pi es la more de Iean
Ylabeau .11 auoit long temps ferui l'Eglile de Dieu à Paris en la charge d'ad-
uertiiie peuple de fetrouuer en ralTemblec. Finalement eftant fort cogna
déslecommencementde celle perfecution, èc trouuc faifi de hures , il fut
conltitué prifonnier. Sa pril'on a elle longue,& pleine de grandes miferes:principalemcc
en la Conciergerie.. Toutefois il s'y eft toufiours porté auec vne patience admirable: îul-
qu a ce qu'ayant receu Areft de la Cour de Parlement, d'eftre bruflé tout vif, en la place
Maubert,vn mcfme iour mit fin à la vie & à les mifercs»
Del'lnquifition & perfecution ejhteuecn ce temps au pays iïljpagne.
CE S T le récit du dur efclandre exécuté au mois de May i î f 9 . en la ville de Valledolid : auquel eft raonflré
comme plufieurs fidèles d'Efpagne ontéfte cruellement perfecutez par les Inquifireurs d'Efpagnepour la
vraye religion Chreftienne, dont aucuns Ont enduré le feu,lej autres ont fouffert longue détention en toute
rnifere,ounotc d*infamie,&: autres peines femblables.
PEINE croiront les autres nations l'horreur de l'Inquifition d'Efpagne,
laquelle on tient auoir efté premièrement inftituec parle roy Ferdinand 6c
là femme Elizabeth, contre les Iuifs qui après cftre baptifezgardoycnt leurs
cérémonies. Elle a efté de noftre temps cortUértie&: exercée du tout contre
ceux qui font tarit foit peu foufpeçortnei de tenir h vérité du Seigneur. Il ne fera donc
impertinent d'en dirëicy quelque choie, puis que l'hiftoire fep refente pour cnfeigncôC
marque de la cruauté barbare d'icelle. Là plus part desEfpâgnols & mefmcs leurs plus
grans Théologiens ont tenu pour tout reiolu, Que làfain&e &c fâcrec Ihquifitio ne peut
errer : fc que lès faincts Pères inquifiteurs ( ainfi les appelent-ilsj ne peuuent faillir. Mais
oyons la forme laquelle on tient en leurs procédures, pour perluàder cela. Premieremec
ils efpicnt les plus riches, les plus dottes,&: ceux qui commencent peu à peu de croiftre
Troisfortes en honneur & authorité. ils veulent mal de mort à ces tfois fortes de gens . Car ils défi*
faî*0* lcnt butiner riches «ils craignent les do£tes} de peur qu'aucun d'entre euxVapperce-
toirj^poùr- uâtdcleurs mefchaRcetez,nedelcouureôu publié leurs abus :& pourec les perfecutent-
bùuent. ils. Les derniers font c*dieuxjde peur qu'ils ne les foulet quand ils feront paru en us à quel-
que haut degré d'authoriré. Ils elpientdonques diligemment ces trois lbrtesdegcns,&:
fontobferuerfortfoigneufementjS iUèia point forty de leur bouche quelque mot qui
puifTeeftrenré en rrtairoaifepart.Et quâd encore ils n'auroyent rie dit, fi eft-ce quand ils
porrent quelque mauuaiie dent à quelcun, ils n'attendent pas qu'il parle, ains le font m-
continentlerrcr,&:mettreenquelqucprifbn:puisapres ils inuentent des crimes toutà
Joifir. Nul cependant n'ofe ouurir la bouche. Que fi le pere parle pour fon enfant , incô-
tinent il eft aufsi ferré & mis en cage, comme fauteur des hérétiques. Nul n'eftlaifie en-
trer au prifonnier, il eft toutfeul en quelque lieu , où il ne voit pas feulement la terre: 8c
ne luy eft permis ne de lire ne d eicrire. Il luy faut làcn ténèbres, en milcres èc en crainte,
luiterauecles aflauxdelamort. ^ On peuteftimer queltrouble& falcheric, quedetri-
ftes penfees fouftiennent ceux qui nefont pas bien inftiruez en la (ain&e doctrine. Ioint
la dcfheiîe&: horreur du heu,lesiniures qu'ils endurent,les mcnaces,lcscoupsdefouer$,
• & les tourments &: géhennes qu'on leurfait foufFrir. Quelquefois on les fait fortir par in-
ramie,&: les fait-on voir de quelque lieu haut à tout le peuple. On eft là détenu par lon-
gues annces,meurtry par longs tourmcnts.&: tous lesiours traiclé (ans comparaison plus
cruellement, que fi la vie eftoit vne fois oftec par le bourreau :&: que fin fuft mile parce
moyenà fi longs tourments. Cependant que vous trempez làeh cefte forte, onn'ad-
uanecrieri en voftreproccz,ou biémfi on y fait quelque chofe, perfonne n'en peut rien
fàucjir, exceptéles faines pères & quelques bourreaux, lefquels ils ont par fermét à exo-
cOtertousces tourments. Toutfefaitenfecrcr:& comme quelques-fain&s rnyftef«sjie
pafTcnt point lesmains de ces vénérables. ^ Apres qu'on a efte ainfi mifcrabkfwent
tour-
TerfautiondEjjtagtLjl S3T
tourmenté par longues an nees,qui v^ut auoir la vie fàuue , il faut deuiner . Car en toute
cefte procedure,en toute la cour de œfte exécrable Inquifition rie ne fe fait ouuertemet:
tout en cachette,par embufches,par itromperies,& par confeils fècrets &c clandeftins. Là
l'accufateur eft fecrer,le crime fecret, les tefmoins fecrcts:tout fefait en fecrct,&: fans que
le poure prifbnnier en foit aduerti. Si vous pouuez deuiner qui c'eft qui vous accufè,&: de
quoy,&: pourquoy,la vie vous cft remiife:mais vous n'eftes pas pourtât mis en liberté, qu'-
après auoir efte détenu encore long temps , &apres auoir endure' infinis autres tourmés,
qu'ils appeler Lapenitencr. alors ils voui;laiflent aller. Et ce qui eft plus grief que toutes au- Lapcnitécc
très choies, on vous fait puis après port er le Sanbcnào de couleur quand vous eft es vne fois de rAnqiu-
tombé entre les mains des Inquifiteuirs : laquelle vous note à tout iamais d'vne infamie fitloa-
publique, &c vous &c voftre race. Qu}- fi vous eftes mauuais deuineur, Se ne pouuez dire
tout ce q nous auôs di t cy defTus, incontinét on vous pronôce vne horrible condânation,
d'eftre bruilé côme hérétique pertinax:&: fi encore n'eft pas la fenréce exécutée, qu'après
qu'on vous auralongtempstovirmenté en vne prifon hideufe . On pourroit icy reciter
beaucoup d'exemples tant anciens qu'aduenus depuis nagucres,lefquels déclarez mani-
fefteroyent le grand zele des faincts pères Inquifiteurs: mais il n'y a exemple qui pafTe ce-
fte hiftoire de la perfecution que nous auons maintenat à recirer : laquelle a efté mife par
eicrit,publiee Se cranfmifeai'ix autres nations,puis traduire en la manière qui s enfuit.
^"Co mme amli foit que plu fieurs perfonnes dchaure&: bafle condition en diuers lieux
d'Efpagnceuflcut par la bonté Se grâce du Seigneur,goufté la vérité de l'Euagile, les fup-
pofts de f Antechrilt ne tardèrent à les aceufer, Se charger decalomnies accouftumees,d'
eftre Luthériens . Incontinét les Inquifiteurs firent emprifonner tous ceux que bon leur
fcmbla:&: les ayans declare.-z heretiques,furent menez à Valledolid , qui eft vne des villes
en laquelle ordinairement fe tient la Cour d'Efpagne. Là le procès criminel eftant parfait
auxpoures prifbnniers, iour futaffigneauxxi.de May, pour leurprononcerfentence,&:
pour faire pu nirion exemplaire Se mémorable ,auec force cérémonies Se myfteres,ou plu-
ftoft lingeries peculieres à cefte nation.
Premièrement ,on dreffa vn efchaffaut au grand marché dudit Valledolid, entre
le téple qu'ils appcllét de làinft François, &: la m ailôn du Confiftoire ou Iuftice fpirituel-
le:fur lequel on efleua vn fiege ayant fixdegrez, qui fe pouuoit voir d'vn chacun . Il eftoit
drefTé vis à vis de la maifon de. 'a ville,large par bas,en forte que dix perfonnes s'y pouuoy
ent aifément affeoir:&: eftroit par haut,tellement qu'il n'y auoit place que pour vn au der
nier Se plus haut degré . A cofté de l'efchaffaur fut faite vne galerie en manière d'allée, qui
fe venoit rendre ei\la maifon de la ville : par laquelle on alloit Se venoit de la maifon de la
ville audit efchaffaut, (ans aucunement eftre prefTé, ou auoir empeichement du peuple.
Sur cefte galerie, qui menoit en la maifon de la ville, on efleua vn théâtre qui auoit fon re- J**/^?*.
gardfurlemarché:auquellaPnncefTefceurduRoy,&gouuernanted'Efpagne,&:le Prin- pe.
ce fils dudir Roy, auec autres Princes Se Seigneurs, Se les Courtifàns fe deuoyent mettre:
pour voir leiugement,&: ouyr la fentence des prifonniers. vn petit quart de lieue du-
dit Valledolid, on dreffa quatorze eftaches de bois allez hautes , pofees en diftance égale
l'vne de l'autre-.chacune ayant vn fiege de trois degrez, tellement qu'on pouuoit aller Se
venir par iceux.
^"A d v e n a n t le iour à ladire exécution ordonné,grande multitude de monde fe
trouua auditlieu des villes circonuoifînes, pour ouyr les iugemens Se fèntences : que non
feulerrvttlesfeneftres&: mai(bns,maisaulii toutes les rues, qui font autour ledit marché,
eftoyent pleines de gens fpedateurs.
A v d i t iour enuiron les ûx heures dumatin,voicy arriuerla Prin ccfTc dam eleanne,
fœur du roy Philippe,premiere régente des royaumes d'Efpagne , Se le prince Charles fils Charles fils
dudit Roy,auecfongrâdmaiftred'hoftel,&: fon Precepteurr&plufieurs autres Princes & dePh,liPPc-
Seigneursmommémét leConneftableJ' Admirai de Caftille,les Marquis d'Aftorga s, de
Nia,&: de Sarria-.les Contes de Miranda,de Nieua, de Oforno, de Ribadeo,&de Andra-
da:le feigneur de Monteza,le feigneur Don Garcia de Toledo,&: grande trouppe de Che-
uahers Se Courtifàns ,auec la garde des archiers Se halebardiers : lortas du Palais royal fur
la place, tous entrèrent en la maifon de la ville, auec quatre hérauts qui marchoyent de-
uat,portâs les armoiries:&: le Conte de Buédia qui portoit l'efpee nue. C Apres que lcfdits
Princes Se Seigneu rs furent entrez audit lieu, Se arégez fur l'elchaffaut , qui leur eftoirapj
prefté,incontinét forçirét hors de la ville l'archeuefque de Seuille,prince de la fynagogue
Lime V h De t ]nquifttton,&
des Inquifiteurs»aucc letlùgcs fpirituels , & le confeil dcflnquifition : aufsi l'Euefque de
Valence,d'Orenfe , & tout le regime,cpnfeil &c cour fpirituelle delà villertous montèrent
fur l'autre efchaffaut par la galerie deflusdite,en pompe & appareil magnifique.
On menoit après eux comme en triomphe les poures prifonniers en nombre de tren-
te : &: quant &c quant la figure d'vne femme noble trefpaifee de long temps. Tous por-
Lc Sanbcni toyent le Sanbenito,commc les Efpagnols appelent , quieft vn drap iaulne , deuant Se der-
tod'Eipa- rierc auec croix rouges : &auoyent des cierges ardans en leurs mains. Les plus criminels
qui deuoyent receuoirfèntence de mort,&:eftre bruflez,auoyentiur leurs telles des mi-
tres de papier, qu'on appelé en Efpagnol, Conçu : deuant lefquels aufsi on portoit vn Cru
cifixcouuertdelingcnoir,enfignededueil. Apresque la trouppe fpirituelle des luges
inquifiteurs fuft aflemblee fur i'cfchaufFaut,on difpofa les prifonniers par ordre furies liè-
ges à lixdegrcz deflus mentionnez; chacun fut mis félon qu'il eftoit eftimé coulpable.
LcDo£teur Entre autres,le Dodteur C a c a l l a home fort fauant en Théologie, &: iadisprefeheur
Cailla. <\c rEnipereur Charles V. par la haute & balle Alemagne, fut mis au premier degré , en
place eminente. Làincontinent vnMoinedel'ordrca^faind: Dominique nommé M.
Melchior Cano,fit vn ferrnon lequel dura enuiron vne heure.
Le fermon acheué,le Procureur gênerai le mit fur vn liège ayant changé dclieu:lequcl
fïege luy eftoit apprefté. Incontinent aulsi f Archcuefque de Seuillelètranlporta de ceft
clcharFautcnceluyoùeftoyentles Princes, &: requit d'eux vn iuremenr ïblennel , lequel
ils deuoyent faire,ayant mis les doigts fur vn Crucifix peind dedans vn Me/Tel : c'eft alfa-
Serment des uojr) Q^e leurs Maieftez fe deuoyent monftrer vouloirfauorifcr à la faindelnquifition,
rinquTiîtiô. &: aufsi âttefter leur bonne volonté vers icelle:&: non feulement de ne dôner aucun em-
pefchement à la làinîte &c Iàcree Inquilition , mais aufsi donner puiflance dorefenauant
de l'executerfur tous ceux qui s'eft ans icparezdel'eglife Romaine, fe leroyent adjoints
aux hérétiques Lutheriens:fans auoir efgard à pcrlbnne de quelque eftat ou qualité qu'el-
le foit. Voila quant au premier. Pour le fccond,Que leurs Maieftez eulfent à contrain-
dre tous leurs fubie&s à fe fubmettre à l'eglile Romaine, & auoir fes commandemens en
reuerence:&: aufsi de leur donner aide contre tous ceux qui leroyent de l'herelie Luthé-
riennes adheransàiceux. Les Princes firent aufsi ferment en leur endroit & ordre.Ce
fait,Iedit Archeuefque leur donnala bénédiction en difant, Que voftre Alteze viue long
temps. Lefèmblable fut requis de tous les Seigneurs là prefens.
Ce fait, on le ut les procez des prilbnniers, &c leurs fentences fui ent prononcées. Le
Procureur fifcal appela en premier lieu le Do&eur Auguftin de Caçalla , preftre de Val-
lcdolid,&: îadis prelcheurde l'Empereur Charles Y. lequel eftant dçfcendu de l'on fie-
ge fut mis en vn autre près dudit Fifcal , pour entendre fa condamnation : c'eft, Qu'a-
près auoir cognu que leditCaçalla eftoit comme porte-en feigne de la fecte Luthérienne,
Prefcheur&: Do&eur d'icelle: qu'à celle eau fe jldeuoit eftre premièrement dégradé, &:
prefentemen t bruflé: Ô£ tout ion bien au profit de la Iuftice confifqué.
V de Biuero T ^our *e feconc^^e Fifcal appela François de Biuero,prcftre de Valledolid,&: frère du-
dit Caçalla,lequel receur pareille fentence de condamnation. Et afin qu'il neparlaft co-
tre les abus delà facreeInquiûrion,commeilauoit fait &c dehors &: dedans la prifon auec
grande hardielle:d'autant aufsi qu'il eftoit aimé du peuple, afin qu'émotion ne s'eleuaft
par fes parolles: la bouche luy fut tellement ferrée qu'il ne pouuoit fonnermot. La fœur
des deux lufnommez, dame Blanche de Biuero , fut appelée la troifieme,& fentencieede
mc(n*e auec les frères.
€ Pour le quarrieme,Iean de Biuero frère des fufnommez,aprcs auoir efté iugé héréti-
que , fut condamné à perpétuelle prifon: &c à porter toute fa vie Sanbenito,qui eft l'habil-
lement de deshonneur. ^ Dame Confiance de Biuero, fœur des lufnommez , vefuede
FernandoOrtis,iadis rcfidentà Valledolid,fuyuit les delîufdits en pareille condamnatio.
Sentence ^ La fixicme condamnation fut fulminée contre les os de feue dame Leonorcde Bi-
côtre dcîo; uero, merc de tous les fufnommez,trelpaflee d'aflez long temps à Vallcdolid : laquelle de
fon viuantauoit cenulafoy Chrcftiennc en grande intégrité :&:plufieurs fainclesaftcm-
blecs s'eftoyent tenues en làmaiibn pour communiquer à la parollede Dieu. A ces os ap
portez dans vn cercueil ou coffre mortuaire, auec la figure m ife fur iceluy ,1e Fifcal meci-
ta la lentence fur refchafFaut:arTauoir,Qu'iceux os &c figure fer oyent bruflez &redu4ts en
cendrCjCommcreliquesd'vnefferetique Luthérienne: quetousfes biens feroyent con-
fifqucz au profit delà Supériorité: quclàmaifon feroit totalement rafee. Et pour donner
àco-
Perjicutiorî dEftagnc^* j $g
à cognoiftreia,caufe de kdcuaftatiôjQuJèn'lâ placeoù auroitcfté ladite maifon^ri dref-
feroit vn m arbre, auquel ladite caufeferoic engrauee. <[Maiftre Alonfe Percz, preftrede
Valeuceifut condamné en fepeicme lieu, premicremec à eftre dégradé* & puis orullc co-
rne heret%ue:&k confiscation de l'es bierts au profit des îùpcrieurs.
Suittc du furp|usdc cefte hiftoire>traduitte de certaines lettres cnuoyecs en AlleraagQf :& pourtant,qu'on fupportela ver*
fions'îly a quelques noms/urnoms,ou qualitez desperlônncs autrement eferites que la langue Hpagnolle ne porte.
ÇAPRES que ces feptcurencrcceuleurfenrence,reuefqucde Valence print ion ha
bitepifcopal &vefticlc docteur Caçalia, François fon pere, & AloniePerezdeveftemés
de Preftnfe : fi leur bailla à chacun vn calice en la main : puisles deueftit par mefme ordre
comme il lesauoit accouftrez .Eftans dégradez, &; toutes on&ions preloicerales deleurs Degradatiô»
<ioigts,leures&:courorinesoftces ; on leur remit fur les elpaulcs les habits iaunes,&:lur
leurs teftes les mitres de papier , Ce fait,Gaçâlla commença à parler,priantles Princes &c
Seigneurs de luy prefter audience:mais elle heluy eftant ottroyee,fut rudement f epoufle
en fort lieu; Tant y a qu'il protefta daireméc queia foy, pour laquelle ir cftoit ainfi traitté,
n^eftoit heretiqueîmais conforme à la pureô£certâineparollcdcDieu:pourlaquellcaul-
{i il eftok appareille de mourir comme vray Chreftié,&: non point com me hérétique. Et
profera beaucoup d'autres belles confolacionsjccpendanr qu'on faifoit les apprefts des au
très fënteftees. ^Pour le huitième fut appelé Don Pierre Sarmiento , cheualier de l'or-
dre d' Alcantara,refident à Valence,fils du Marquis de Poza:lequel eftant prononce hère Marquis de
tique,fuciugé à deuoir porter la marque &: habit de deshôneur toute la vie : &: condamné Poia.
à perpétuelle pnlbn . A uec cela ta perdition de fon ordre,&: de lès biens fuft prononcée^
il luy fut enioinc de ne porter iamais or, argenr,perles,n' aucune pierre precieufe . ^On
appela après luy fa femme, dame Mencia de Figueroa>laquclle après auoir efté proclamée
heretique,futccndamnceàlamefmepeH>equcfon mary. ^ Pourledixiemefut appelé
Don Louys de Roxas,fils &: héritier du Marquis de Poza : lequel après auoir efté déclaré
hérétique, pour les grandes prières ckinftances qu'on auoir faites pour luy,fut condamné
à portée lcSanbertitoiuiques àla maifondéla ville,fès biens confifquez. Onappelaena-
presdame Anne Heniques demeurante à Toro, fille du Marquis de Aleanizes, meredu
fufnômé Marquis de Poza,& femme du feigneur Alfonfo de Fonfeca: laquelle auffi après
auoir efté déclarée hérétique, lut condamnée à porter le Sânbehitô iufques à la maifon de
la ville, fes biens confifquez. ^"Puis fut appelé Chriftophle Del eampocitoyen de Samo-
raiiequelapresauoireftéprononcéheretiqucfutcondamnéàdeuoir eftre brufléj &fés
biens cbrinfqoez . ^ChriftophledePadilla bourgeois de Samora, pour le x 1 1 i.rcceutlav
mefme fentence, ^ Pour le x 1 i r i. Antoine de Huez'uelo bachelier habit ancde.Toro, a-
près auoir.éjté proclamé hérétique, &c fes biens confifquez , fut condamné à eftrebruflé:
& aufujjjf fut, mis vnfer en la bouche, pourl'empefcher déparier au peuple, &fédrecô-
feiuon, dé # foy. ^La xv. fut appelée de fon fiege Catherine Romain bourgeoife de Pe-
drolàîlaquelle fut condamnée à eftre bruflee,.&: tous fes biens confifquez. *| Scmblablé-
mencle Licencié François Errem,natifdePegnaranda, comme vn herecique deceftable, F.Errèn.
fuc condamné à eftre bruilé vif, fes biés confifquez. J Apres fut appelée, dame Catherine
Ortega,habitâteà Valledolid, fille du fifcal Hernadb Piazo, &: vefue du capitaine Louys:
icelie fut prononcée heretique:&: comme la maiftrefle d'icelle feéte, jugée à eftre bruflee,
&ies biens confifquez. COn appela aj>res elle I/àbellade Scrada,& Ieanne Velafqucs ha-
bitantes de Pedro fa-.lefqu elles furent enfemble condaneesi eftre brullecs,&: leurs biens
confîl'quçz.^ Vn ouurier de fer blanc, pour auoir retenu les aflemblees,&: veillé pour icel-
les,receuc la mefme fencence. ^"11 y auoic entre les priibnniers vn marran Portugalois no-
mé Goncaio Vaes de Lifbone, lequel eftant premièrement nay Iuif,puis baptizé,& dere- Vn iuif m\%
chef retourné en fa luifuerie,fut mis en ce conce,&: adioint à ce nôbre, pour faire honte à ç^cc^a*
ceux qui entre les autres fouftenoyent le vray parti de l'Euangile:ainfi que les deux brigâs
à Icfus Chrift.Iceluv donc fut pareillcmct côdamné à eftre bruflé,&: fes biens confifquez.
^"Puis fut appelée Dame Ieanne de Sylua, femme de Iean de Biuero, frère du doireur Ca-
çalla,laquelle fut déclarée hérétique': &c luy fuc enioint de porter fon mâtelin toute là vie
pour faire penitcce& marque delà faure, &: fes biens confifquez . f A pies fut appelceen
lemblablelbrte Leonorede Lifueros,lafemmedu fuidit Antoine Huezuelo bachelier.
Item Marina de Saiauedra, femme deCymeras de S ;reglio.^Item Daniel Quadra natif
e Pedrofa:lefquels furent prononceziieretiqucs,&. condamnez à faire pénitence en pri-
Liurt^VL P/ufeurs f&fdrtyrs.
fon perpétuelle auec confifeation de leurs biens, f Dame Marie de Rojas la fœurdii
îtt'femœ» Marquis de Rojas pource qu'elle auoit efté en vn cloiitrc , &c qu'elle eftoit de bonne mai-
lc mantelin fon,fut iugee à deuoir reporter le mantelin à la maifbn delà viile:& aucc lèsbiensconfif-
cftl^rlej quez,deportervncpenitenceperpetuelle.^"Item Antoine Dominique de Pcdrofa,a-
wf!L«î presauoireftéappeléfutcondamnéàfaircpcnitence de fon herefietrois ans en prilbn,
veftudefon manteau iaune:& tous Tes biens connYquez. *[On appela Antoine Bafor,
lequel d'autant qu'il eftoit Anglois, fut ingé a porterie Sanbenitoàlamaifon delà vil-
le pour pénitence de fon peché:&: de là eftre incontinent mené en vn cloiftre pour y de-
meurer vn an entier, afin d'eftre en iceluy inftruit lelon les ordonnances del'eglife Ro~
mainenommee catholique.
Apres quecesfentences furent prononcées , les condamnez à eftre brûliez, &
U s os &£ les figui cs,furent baillez au Magiftrat feculicr, &: à leurs bourreaux :aulquels fut
commandé d'en faire l'exécution. Les ayans en leur chargeais les menèrent fur desafnes
depuis la place auec beaucoup de foldats,iufques au lieu du fupplice , qui eftoit hors de la
porte nommée Del campo. ^ Quant ils furent là venus où eftoyentees quatorze cfta-
ches mentionnées au commencemcnt,on fit entreries condamnez dedans les fieges qui
eftoyentioints àchafqueeftache: &: làièlon Jatàçon accouftumee en Efpagnc, furent e-
ftranglcz, & puis brûliez &c rédigez en cendres. Seulement Antoine hvezvelo,
lequel auoit tant dedans que dehors la prilbn detefté la fpiritualité Papale,fut brufle tout
vif,la bouché luy eftantlèrrec. ^~Et ainfi endurèrent la mort la plus part decesChre-
ftienspour la vérité de la parolle de Dieu, comme brebis doccifiomlefquels non feule-
ment ont Chreftiennementconfolé les vns les autres, mais aufsi admonnefté Ics^fsL
ftans fpe&ateurs, qui s efmerueilloyent de leur conftance.
Trcce-fcpc ^ Celuy qui aeicrit ces lettres adiouftoitfur la fin d'icelles ces mots, On ditqu'ilycn
SÎe^our a encores xxxvn. perfonnages prifonniers audit Valledolid,lefquels ont efte gardei
vaautrefpc pour vneautre Tragédie cWbe&aclcde la cruauté del'Inquifition.
THOMAS MOVTARDE, dcValenciennes.
EK Yoyarttrne (aie &hideuf° face de SataiV quelque temps apparertfe en la perfonne de celuy qui fera efleu
du Seigneunnous auons à recognoiftre de quelle gloire nous fommes tombez par noftre coulpe: & combien
le bénéfice de lefus Chnft eft grand,quand il nous retire de noilre confufton,pdur eftre gloribé en nous.
M.D.L1X.
E pcrfonnage d'vne vie dcfbauchee, eftant artiré à la cognoi/Tance del'E-
uangile,nouseft vn miroir pour reprelènterla bonté de cegrand Seigneur
ouuner: lequel nous ayant vnefois formez à fon image ( dont le premier pa-
tron auoit efté prinslur fon propre Fils) nous reftaure &c nettoyé de nos or-
dures,par la parolle de celuy-mcfme par lequel il nous a faits & formez. Onleconftitna
prilbn nier en la ville de Valenciennes pour auoir dit vn iour à vn Preftre,que fon dieu de
î'hoftie n'eftoit qu'abomination, qui amufoit &C abuibit le peuple. On penfoit qucl'yuron
gnerie ou gaudi/ferie luy euft fait dire tels propos : mais quand lcledemain on les luy euft
Confe^ioa remis au deuant,pour fauoir s'il les vouloir maintenir,il refpondir qu'ouy : Se que c'eftoic
&Saotc. vn abus de cercher lefus Chr ift ailleurs qu'au ciel à la gloire &: dextre de Dieu le Pei c: voi
rc & quefur cela il eftoit preft de viure&: mourir. Son procez fait,on le condamna d'eftre
bruflévif. mais au fortir de la maifon delà ville pour aller aufupplice, onnevid onques
vne conftance plus affeuree, s'efiouiflant d'vn tel honneur que Dieu luy faifoif Le bour-
reau ièhafta autant qu'il luy fut pofsible de l'attacher &: defpcfcher. LepatiC uïu milieu
du feu ardanr, auoit les yeux leuez au ciel,&: crioit au Seigneur , qu'il euft mifer icorde de
fon ame. Et ainfi en grande intégrité defoy,&perfeuerance, il expira le v i. d'Octobre
M . D . L 1 X.
HI STO I RE mémorable des cruauttTi énormes commtfes. en la perfonne D'ANTOINE DE
RJÇ H I EV D fcigncur de Màfmans , & autres notables perfonnages perftcuteT^ cruelle-
ment meurtris en la haute Prouence pour k Parolle de Dieu.
DE CESTE
Sédition a Cœftdan* & Dragtiigmn. jj#
DE C EST E hiftoireleforomairefoit.SI de Mcrindpl & Cabricrc les fidcles maflVrt , ont «lté comme prémices LiuJLf
dufjng efpandu pour rEuangileîvoici qui les reprefeote en pareil faic%& en Proueoce/ieiunt vn mdrne Parlement.
ESTE année plein ed'affli&iansdiucrfes eut vers fa fin yna&edefi hor- m.d.ux.
rible oppreision Ôc mutineric,que de long temps pareille n'a eftéouyeU'hi-
ftoire en eft telle. Le s feigneurs de Mouuans ont vne mailon en la ville de
Caftelane,au haut pays deProuence, en laquelle An t oi n« &Panl,fre-
rc§,fai^byentleurp^•lncipaledcmeure. Leurs predcéeiTeurs& eux fouloyent gouucr-
HiciSc conduire les affaires publiques des montagnes au grand contentement des gens
de bien enuie des contraires &: factieux. Ces deux frères après anoir employé vrie
partie de leur ieuneileau lcruice des Rois de France durant leurs guerres >eltans par4
uenus à lacognoiflance de la vérité , reformèrent tellement Jcur vie, que par bonne
ccnuerfation,pluficurs Gentilshommes, parens &: voifins ,&: maints du populâirefu-
rentattirezàlamefmecognoiiTancederEuangiledu Seigneur.Etpour mieux en eftre Miniftere
informez, ils cnuoyerentàGeneue quérir vnMiniftre: lequel arriué au moisde Ian- ^p^1*
uier commencement de cefte année, bien toft s'amalfa nombre d'hommes de toutes afteiane
qualitez,&:diuerslicuxd'alenuiron. Ceux-ci aftàmez du dciird'ouyr la parole de Dieu, cn Prouen.
furmontans toutes dirficûltcz des chemins &c de rhyuer,s'alTembloycntàces finscnla ce*
maifondefdits frères de Mouuans. Mais l'ennemi de la vraye lumière ncleslaiïîàgue-
res iouyflans de ce bien &c repos. Car incontinent après il eiueilla fesfuppofts,qui firent
venir à Caftelane vn Cordelier à la grand' manche pour y prefeher en Karcfme. Il ioua
fi bien fon pcrfonnage,quclcs Coniuls de la ville &C le populaire s'accordèrent bien toft
à vnefedition. Ils en vouloyent à lamailbn deidits de Mouuans : &C firent venir d'aude~
hors gens de renfort, pour cora mettre extrêmes outrages. Pour aufquellcs obuier,Paul
fufdit fut fecretement par les fidèles enuoyé au Parlement d'Aix,aim ans mieux pren-
dre la voye de iuftice ord inairc,que de repoufler violence par vtolence. Les feditieux en
eurent le vent:qui fit qu'aufsi toft ils maderent aufsi à Aix pour auoir adu h. On dit que
Bagari,Cônfciller audit Parlcmentjeurdonnaadrefie, d'autant qu'il auojïvncfcigneu-
rie prochaine de ladite ville, Se qu'il y auoit quelque picque entre lefdics.de Mouuans &c
luy. Ilss'adrefTerentaufsià vn de ladite ville, qui au tresfois auoit eft é Viguier,nommé
Girard Ambrois, ennemi de ceux qui font profefsionde la vérité, comme fonfrerele
PreKdcnt Ambtoisrduquel aefté parlé ci deàus en la perfecution d'Angiers.Il auoit cre- Liurc vibL
dit cnuers fes combourgeois de Caftelane, & pouuoit facilement appaifer le tout : mais W*>.
ayat à defplaiûr de voir lefdits de Mouuans eftee premiers,il luy ferobla que s'ils eftoyêt
morts, ilgouuerneroit mieux à fon appétit, A: feroit premier delà pàroirfe. Pour le faire
court,Paul ayant prefenté fa plainde,ily eut commifsion décernée pat : ledit Parlement
âdcuxCôfeillcrs,Henri Veteris,&Efprit Vitalis:mais comme elle fut cnuoyee an feau,
on la retint, iufqu'à ce que la côtreplaincte des ad uerfaires fuft prefen tee.&: ce d'vne fu-
ie de prattiqueinufitee: afin de rendrc.lapartieaduerfe première complaignante:com- Rccr;mina-
me ainfi foit neStmoins que récrimination n'ait lieu de couftume. Somme les feditieux tion n'a lieu
furent les premiers: &C commifsion fut expédiée pour informer, fuyuant laquelle lefdits dc vra>' ft>J
Confeillers firent ce qu'ils peurentpour rendre odieufela caufèdcfdirs de Mouuans. Et
qui plus eft,arriuezàRiez,firét eflargir dcuxdcs principauxautheurs de la fedition.l'vn
defquels fc nommoit Iofeph Aubert, & l'autre Claude Feraulr, quiauoyét efté arreftez
par le lieutenat deDraguignan , Se emprilonnez audit Riez fur informatiôs ia faites de
la feditiôà fondetoc-fainct. Et feignâs lefdits Comiflaires auoir peur du peuple de Ca-
ftelane,n'cn voulurét approcher plus pies que de ladite ville de Riez , diftante enuiron
fept lieues de là, qui fut ( outre la defpcnfe d'y mener les tcfmoins defdits de Mouuans)
chofe pleine de peril,à caufe des embufehes qui eftoyent dreflfees par les chemins. Mais
quand il fut queftiô d'informer pour les feditieux de Çaftelanejls ne firent aucune diffi- j?*^*1, <:
culté d'y allcrrau partir de laquelle au lieu de punir les coulpables, ils decet ncrét adiour J^x quîfc
nemét perfonnel &; prife de corps cotre lefdits de Mouuas.Ce que par eux entédu,Paul nbmmét éi
alla vers le Roy,& obtint lettres d euocatiôau Parlemétde Grenoble,portat inhibition ns ^t^l_
à ceux d'Aix de pafler&n'atteter es pcrfonncs& biens defdits de Mouuans. Aufquelles fticc.
ledit Parlemétd' Aix nevoulutacquiefccr,s'afTeurant les faire en bref rcuoquer.Antoi-
nedu Reueft licutenât de Draguignâ, &c Biuny receueur pour le Roy audit lieu,cfcriui-
rét audit de Mouuas, que le fufdit Ambrois eitoit à Fayenlc,del»bcré de traitter accord
auecluy,&: ceuxdeCaftelanedepriansdcne refulérlcs conditions qu'il offroit.La lettre
YY.
Littre VI. Sédition àDraguignan.
veuc , Antoine de Mouuas s'achemina audit lieu, accôpagné de quelques Cens neueus,
& d'Honorat Auldol,dit le Bramairc, hoftedu cheual blanc dudit Caftclane. N'y trou-
uant Ambrois,ainsfculemét Bruny,apresauoir eu quelques propos en femble,il s'ache-
mina droit à Draguignan,qui eft quatre lieues par delà, pour parler à quelques fiens
amis 82 gens de Confcil qui l'auoycnt mandé , pour donner ordre à certain procez qu'il
auoit là. Arrkié qu'il fut audit lieu de Draguignan fur le foir, U defeendu en l'hoftcllcrie
des trois rois, le i3,d'Ocl:obrc m .d. l x x,il trouuale Marquis de Trans, auec lequel il ne
fe promena gueres fans cftre apperceu de quelques Preftres,qui ne faillirent incontinét
d'efmouuoir les enfans de la ville de crier après luy,.^* Luthérien. Ce cômen cem ent dref-
fé,côme le populace eft enclin à mutinerie,alla de maifon en maifon efmouuoir les plus
defbordez, &: dire que Mouuas eftoit là venu pour leur faire la guerre comme à ceux de
a. Je Mou- Caftclane. Mouuans le voyant fuyui& agacé par les enfans,en repouflfa quelques vnsa-
"î^ic^enf uCC menaceS:raa^s^c tanc P*us ^cs autres le réforcerent,&: furet eimeus iufques àfonner
LaidcDrî» letoc-fain&.Quoy voyât,&: qu'on eftoit venu direaudit Marquis qu'il feretiraft,ilprint
guignan. c5gé deluy,&: penla de departir,& môter à cheual. Mais il fut pourfuyui de fi près de ce-
tte canaille, qu'il ne fecutefehapper. Mouuans donc & trois autres ayâs gangné le logis,
& fermé la porte,ie mirent à prier Dieu: mais ceux qui les pourfuyuoyét ne leur donnè-
rent loiûr d'y eftrelongucmenc.Sc fentansenuironnezdecefte multitude, iufqucs def-
fuslestoidts,ilscôclurentque chacun fcfauuaftcom me il pourroir. Sur ces entrefaites
quelques bons pcrfonnâgesdcDraguinan eflayerétd'appaifcr la fureur du peuple-mais
il leur fut to*ut befoin defe retirer haftiuement.Parquoy toute efpcrance pcrdue,il y eut
^vnieunegai çon qui mena le ûcur de Mouuas au plus haut des degrez du logis,luy mon-
ftrant vn endroit pour fe fauuer parle toid en vne maifon prochaine. Il ne fut pas il toft
monté qu'il receut vn coup dehacquebutte, & fauta ncâtmoins d'vn toict à l'autre. Son
nepueu Richieud qui le fuyuoit,tomba en vne eftable,où eftoit vn cuueau:dcdâs lequel
s'eftantmis,euita la fureur des pourfuyuans.Finalenient voyans qu'Antoine auoit gan-
gné vne chambre,&y tenoit bon,craignans qu'il leur efchappaft, parce qu'il eftoit fort
nui&,ilss'aduifcrcnt d'aller qtierir la Iuftice. Le Viguierdela ville du commencement
en fît quelque refusrmais fe voyat menacé,y alla. Eftât venu aux degrez, il appella Mou-
uans,luy difanc qu'il fe rendift. Antoincrefpondit qu'il ne vouloit contreuenirà iuftice:
mais pria qu'on luy laiflaft fon efpec:cc que le Viguier accorda:& entrât en ladite cham
bre prefenta la poinetc du ballon de iuftice,&: Antoine l'empoigna d Vne main,eftimât
parlàeftrecnbonne&feurcgarde. Parlanscnfcmble furent fuyuis de quelques garne-
mens, entre lefquels il y eut vn muletier, qui luy dôna d'vn bafton ferré à trauers du dos:
&futfuyui d'vn autre muletier qui le frappa fur lechinon du col, tellcmct qu'Antoine
n'eutne moyen n'cfpacc defe défendre, n'euiter la furie de ces enragez. Eftanttombé
parterre demi mort, il fut lié parles pieds,& trailhé iufqucs à la côciergcric, la face con-
tre terre. Comme il eftoit là tout prochain de rendre l'efprit,lcuant les yeux au ciel,il re-
m*acTd"t ccuc ^cs outrages & inibléces nô ouyes: car il y en eu t deux d'entre ces'enragez qui furet
iS^ditRe ^csnotez,qdcluy piflferfurfon vifagc,difans,Tu ne veux point d'eau bcnitc,& tu auras
Li'&Baiw de celle-ci. ^~ Et pour faoulerd'auantage leur rage, ils retournèrent à l'hoftellerie cer-
ïc^feL^è cher les autres pourfuyuis, d'autant qu'on difoit qu'entre eux il y auoit vn Miniftre.
Mais ne trouuans rien , quatre des plus enuenimez à l'inftant montèrent à cheual pour
aller raconter à leurs compagnons de Caftelane leur beau chef-d'œuurc, pour de tant
plus les efmouuoitàfaire le lcmblable,&furprendrc l'autre frère de Mouuans auant
qu'il en f uft aduerti. L e corps d'Antoine ayant cfté vn iour en la prifon , les fowvenez
n'eftans encores foulez, luy fendirent le ventre, &£ arrachèrent les enrraillcs,lcfi|Deiles
furent traifnces es rues par les petits enfans. Dequoy non côtens, ils prindrent le cœur,
a* t^Jc ^ ^C ^ccouPPans par picces,chacun en mettoit vn lopin au bout d'vn bafton. Vn autre
couppé par en prefenta vn morceau à fon chien, lequel n'en fit aucun fcmblant,ainsfe deftournant
morceaux, monftroit à fon maiftre fa vilaine afFcction.ee qui alluma d'auantagefa rage,fi que blaf-
Horreurs phemant &c defpitant Dieu,iîpfbferatels mots,Seras-tu Luthérien comme Mouuans?
horSIT A p n s s routes ces infolences,quelques gens de la ville tafeherent de le faire inhu-
mer,fous couleur qUe le corps pourroit infc&er la villc:mais les Prcftrcs qui auoyét me-
né ceftedanfe,n'eftans contens , firéttant queceux qui menoyetee corps au fepulchre,
furent forcez le remener & rendre en pri(on,où il demeura iufques à la venue les Con-
fcillers du Parlement d'Aix. Lequel eftant aduerti de ccfta&e, encore que lacognoif-
ïànce
sAéte des Inqmftteurs > à SeuiBe. jj. <y
faoccluy ruftoftee par inhibition royalc(corrrmca cité dit) emtoya les deiTufdits Vctcris
& Vital», Jeiquels arriuez firent ialer le corps, & continuèrent les informations en- Lccorpsd'-
commencees, au lieu d'informer de ces excez , & pourfuyure les fediticux , oupour le Jj^jJ?
moins les chefs faucheurs d'iceux- Or comme ils procedoyent à ceft examen il'Vn lé.
d'eux dit aux tefmojns deCaftelanc» que ceux de Draguignan leurauoyét mcnltré vnc
leçon: leur fignifiant qu'après le vieil tué,il ne reftoit plus quedefpefchcrleieune.il n'y
eut aduoeat ne procureur n'autre qui fçeuft auoir accez vers lefdics CoramnTairespour
prefenter requefte ne faireaucune pourfuict pour lefdits de Mouuans.
3|£Sjj V A NT àHoNORAt Avldo l, ci deuant nommé, ayant fait bonne cori- Honorât
fefsiondcfafoy,il rat mené' à Aix au mois de Nouembre, comme auisi le corps ^B^tl-
dndit Antoine de Mouuans, accompagnez de plufieurs quiauoyérefté de ladite efmo- re,bruflé à
tion,aufqucls on décerna falairccôme pour Vacations légitimer. Brcf,plufieursdelàdi- Aix
te Cour d'Aix fembloyèt ouucrtement donner adueu de moîefter autât de Luthériens
qu'on rencontreroit.Ccpendant le Capitaine Poulain (duquel eft faite metion cideflus
enl'hiftoire de Mcrindolêi Cabriercs)côtinuoitfes pourfuites audit Parlement contre
lcïdits de Mouuans & autres fidèles de Prouence. Ontrouua neantmoins Jade ci déf-
ais narré tant énorme, que la Courcraignant les murmures &c plaintes , laiiTa les collu*
fions qu'elle auoitauecles particsaduerfes,&remitces affaires ibus filenceiufqucsau
5.deFeurier, m.d. l x. & par areft le corps d'Antoine de Moiiuans fut muré» iufques
au iugemcm définitif. ÇParle mefmc areft ledit AuldolditBramaire fut condamné
d'eftre bniflé vif,&cxccuté en la place des Iacopins d'Aix. Auquel martyre il alla en tel-
le côftance, qneccux qui l'auoyétauparauantcognu, s'en efmerueilleTer grandement.
L'outrage qu'on dit Juy auoir cftéfait en le menant au fupplice,&d'auoircûé frappe
d'vnc pierre fi rudemét quelle luy fit tomber le baaillon dont il cftoit boufcbé,raonftra
fa dcbonnaireté:difant tout paifiblerhent à loutragcu r,Dieu le te vuciile pardonner:ô£
en cette fermeté rendit en grand martyre fon cfprit au Seigneur.
Septième liure de miftoire des
MARTYRS, ET DES E G L /*
fes du Seigneur en dmers lieux.
D E t^iâc Inqmptorial exécuté a SemUe^fur plufieurs fidèles £Ej]>4gnè.
V E L QJV E S mois après l'exécution tragique des Ihquifi-
teursà Valdolitcn Caftille, ci deflb s fim piement narrée &def-
criteVceux deScuille en AndalufielesiècondanSî Contîhuè^ "ïolw;
rent de mefme procédure. Mais auant que reciter oSftih&e- m.d.ldc.
ment & mettre en ordre les ptrfonnes mortes au Seigneur , il ™CtScptei&!
ne feraimpertinent de dire quelque^choie de la pompe &c gloi-
re folcnnclle tenue en leur exploic* contre les fidèles, & delà
victoire magnifiqueque tels Pères delà foys*y promettoyent.
Car d'infiiter fur leurs prac tiques finefles &. t ufes à pourchafîer
ceux qui fontfufpects au moindre rapport de leurs moufehes &fuppofts par tout efparS:
& leurs cautelles à faire deuiner aux prifonniers la caufe de leur détention: le râuifîe-
mentdes biens (appelé/e^etfnrtïo» ) letraittement cruel en la nourriture (nommé abfli-
nence )Sc mille maux &: tourniens que par leurs «mentions ( appelées pat cùiadrts pla$ Jt** fier*.
fecrets)les poures emprifonnez endurent: vnevoix de fer(com'me dit IcPôetedé fort cft- îî™
fer) ne fuffiroit à les conter, ne plume aceree pour les deferire. PcudeioUrs auantque
YY.ii.
Lmre VIL sAfte des Inquifeteurs , à Seuille.
procéder à la folennitéde l'exécution des prisonniers longtemps gardez, afin qu'en
plus grand nombre le triomphcfuft 4c tant plus illuitre , ils ront mettre enfemblcen v-
ne grande prifon tous les hommes qui deuoyenteftre condamnez à diuerfes peines pu
Pcnitenccj pénitences, & non à la mort. Ils appellent pénitences (pzr vn nom emprunté à fautes en-
dd'in^uifî. feignes de lancicnneEglife) les diuerfes amendcs&: punitions qu'ils leur font foufFrir.
Les femmes font aufsimifes en vn autre lieu femblable: mais ceux qui deuoyenteftre
condamnez à la mort , furent mis chacun en vne prifon à pa:t. Sur les dix &: onze heu-
res de la n u \St p recedente le iour de l'exécution, on leur enuoy e quelques Préfixes pour
Jeur porterie tnfte métrage de mort ,&: les confefler. Là s'entendent de grandes crie-
riesi débats entrelefdits Confe/Teurs&: Prifonniers,defendanslcsvns fermement la
vérité de rEuangile,&: les autres debattans&conteftans en vain de leur vie. Le ma-
tin venu tous les officiers de ce faincl: Tribunal s'aflemblent là de bonne heure pour
faire chacun ce qu'il a de charge en ce facriflce folennel-.lcfquels accouftrent rhabil-
lent ces pouresgens félon la condemnation de chacun deux. Ceux qui auoycnt con-
Lafigurcdu ftamment confefte la vérité, la louftenans iufquesàlafin, portent le Sambenito, duquel
Unk"u,t- nous auons parlé ci deuan t, qui cil vn habit uune , rcflemblant , hors mis les manches,
à vn faye d'armes , tout femé d'images noires de diables. &; fur la tefte vne longue mitre
de papier,où eft depeind vn homme fus vn tas de boisardant,&; force diables à lentour
attifanslefeu- Us eurent les mainsliecs& les langues eftroittement ferrées de tenailles
de bois en extrême douleur. Ceux qui dilsimulans la vérité , donnoyent quelque efpc-
rance aux Vénérables de leur conueriîon(& neantmoins furent condamnez à la mort)
font habillez de mefmc , hors mis qu'au lieu des images des diables pein&s à la robbe , il
yadescroix'.ôcenportentaufsi vne attacheeentre les mains. Lereftedcs autresvient
entelhabit&equippage, comme il îémble bon aufdits Peresdeles mettre en oppro-
Ceft u bredeuant le peuple. Et à l'heure qu'on les deuoidbrtir des prifons du" Chaftcau, les
SiMeTpî Inquiiiteurs de Seuille pour monftrerleur douceur vers les prifonniersainiiaccouftrez
«TiftiM fî & arrangez de toute façon pour eftre en ipectacle, leur font couurir des tables aucc for-
SeuiUe. cc vm & bonnes viandes pour les faire dehuner, & monftrer deuanc tout le peuple leur
charité &c clémence,**: que les condamnez n'ont eu moindre traittementen la prifon.
mais les poures patiens font bien lors fi angoifTez en leur efprit , qu'ils ne font pas grand
dommage aux Viandes, ains font pour les eftaffîers&: appariteurs qui les gardent &c
Autant de accoftent. ^ O r cft-il à noter qu'il yadiuerhté de fentenecs entre les condamnez:
ÊforteSe *cs vns * e^re bruflez vifs,aftauoir ceux qui ont fidèlement maintenu la verité iufqu a la
condamnez fîn,qu'ils appellent pertinax & obJ}ine^,Cc\ix qui par fragilité fc (ont deftournez d'icellc
font bien condamnez au feu,mais par bénéfice d'ejhe premièrement eftranglex, car nonobftat
leur abiuration, les Inquisiteurs difentauoir certains indices quel hercfie n'eft arrachée
de leurs cœurs,&: qu'ils n'y ont renoncé que de bouche.Us donnét au&i d'autres fenten?
ces quifemblentaucunement plus douces &gracieufes(&: partant nommées réconcilia^
tions) à ceux qui ayans rcnôcé la vraye religion, par la fatisfachon des amendes Inquiptoriales,
font remis au giron de l'eglife Romaine, iïy en a qui contiennent des confinemensaux pri-
fons^cloiflreSiOu autres lieux : defqucls corne il y adiuerfes fortes, aufli diuerfemêt font nom-
mez.les vns perpétués irremijiibtes : autres ftmplementperpetuels:Sc autres à certain temps, lequel
pane on y demeure encores au plaint des bôs Pcres:autrcs font nom mémentaa bonyou-
htr du gênerai dè F Ine}uifmonyqui eft pat-deiTus tous les autres duRoyaumc. Quant aux fen-
tenecs de porter lhabit,cc& zdùc le Sambenit,ily en a autant de for tes qu'ils veulent.
Oyons maintenant l'appareil & pompe de ce triomphe accouftré de toutefaço».
Premièrement marchent les enfans du Collège côduits en qrdre par Preftres veftus qc
La letanic furpelis,chfmtans les Letanicsdcs Saincts, qu'ils repetét&rednent les vns apreslcsau-
^J^"*- très auec ce refrein,Ôn< pro tUu. A leur queue viennét les prifonniers en ordre, fçauoir eft
L'ordre de des Penitêticz les moins notez,portas des torches efteintes,lahartau col,en pourpoint
l'eouippa- & a tefte nuc,finon entât que la mitre les couare. Ceux qui ont quelque dignité d'hon-
gc* neur,come Prcftrife ou NoblefTe,ou de biens,marchcntdeuant les autres inoindres.En
fecôd lieu après marcher ceux qui portet \cSambenitoy aueçjmefme obferuatioo de leurs
qualitez &c degrez. En la troiiieme &c dernière bande font ceux qui fpnt deftinez au feu:
entrelefquelsceux qui ie font defdits vont deuanr , en uironnez d'hommes armez & dr
Moines, &c Iefuites (qu'on nomme Theatin$)Jcfquels les accaftcm:& tourmentée ceûx
aufquels Dieu fait la grâce de demeurer conihns , qui fondes derniers du reng de cefte
troifieme
Fcrdinîd 5c
llabcl inuen
tcurs.
leur.
JeanPoncedeLeon. s 4-1
troiiîeroe bande. ^ Apres ceux-ci,marciieIeSenat&Iufl;icedelaYille,lcs AIguaziis,lcs
Iurez, les x x. degrez des luges , leRcgent ou Lieutenant pourlc Roy,accompagné de
force Gentilshommes à cheual. Puis fuyuent les Ecclefiaftiques, Clercs, Prellres, bé-
néficier &: Curez,lc Chapicre du^rand templc,&: les Abbcz &: Prieurs des Moineries,
auec leur fuitte. ^ Pour le derrière &: quelque efpace vuide vient l'eftendar de la facree
Inquifition, que porte leFifcal d'icclle, tenant le lieu de port- en feigne, &: comme ccluy
qui s'eft employé pour faire auoir cefte victoire aux Pères fain&s. Ceft eftcndareft de
foye rouge exquiiement brodé, ayant d'vncofté l'image, le nom&: les armoiries du
Pape qui ottroya& authorifa l'Inquifition:& de l'autrccelle du roy Ferdinand,qui pre-
mier la mit au monde. A la pointe duquel eftandareft fichée vnecfoix d'argent doré
auec fon crucefix, que tout le poure peuple adore par deftlis toutes les autres , &: la fuit: s«tc Pap<
parce feulement que c'eft la croix de l'Inquifition. Ces bonsPeresde la foy, aufqucls 4'
proprement eft dédié ce iour , fuyuent leur enféigne d'vn marcher graue&furhaulîé,
comme Empereurs &: chefs de cctriomphe:ayans à leur fuitte tous les familiers &: mi-
gnons de l'Inquifition à cheual. Finalement vient vne in finie multitude de peu pie fans
diftin&ion ni ordre :&:ceftc pompe eft depuis la prifon de leur chafteaudeTrianc iuf-
quesàlagrande place de la ville: où eft dreiTéreichafFautdccharpenteric, haut eflcué
pour mettreen moftre les Pcnitens, prefqucs au mefme ordre qu'ils font venus. Et c'eft
vis à vis d'vn autre prefques aufsi grand efchaiFaut,où fe mettent en feance lefdits Pcrcs
delafoy , en leur inqui(itionale& plus que royale maiefté. ^"Mais venons aux Martyrs,
pour lefquelsfpecialement l'hiftoire eft inftituee.
IE AN PONCE DE LEON, Gentilhomme,* Sentie.
N T R E ceux qui de ferme conftanceont parleur fangfecllc la vérité de M.D.UX.
TEuangile en la fufdite exécution Inquifitionale à Scuille , le ïxiiii.
de Septembre de ceft an m.d.lix. don Iean Ponce de Léon , fils, de Ro-
deric Ponce de Léon, Comte de Baylen,àbon droit eft nommé des pre- j^p^™
miers. Car outre l'ancienne race de Nobleffe dont il eftoit ifTu,Dieu l'auoit doué de de Léon,
vertus exquifes &: dignes d'vn Gentilhomme Chreftien. Ceuxquidc vrayecognoik
fance& familière ont remarqué fàconuerfation,luy portent tefmoignage de telle in-
tégrité, quede long temps il n'y eut enEfpagne homme de fa qualité exerceant telle
charité cnuersxeux qui auoyent quelque commencement de vraye Religion.Et fon re-
uenu annuel riche S>C grand y eftoit non feulement employé, mais aufsi ilyalloit du La ™ar^
principal de fes feigneurics à la fubuentiondespourcs. Le monde cependant, a fa fa- GétUhom-
çonaceouftumee,blafbnnoit ce Gentilhomme,iugeant nonchalance & prodigalité ce médire-*
qui procedoit d'vne fînguliere pieté & charité Chrefticnne. Les Inquifiteurs deSe- ftien*
uilte ne pouuans porter l'odeur de telle vie &£ conuerfation procédante d'vn fenti-
ment intérieur de vraye Religion, ne l'efpargnerent non plus que les autres de moindre
qualité.fî que l'ayans entre leurs mains,ils elfayerent tous moyens,& defployerent leurs
arts Scrufes les plus fecretes pour efbranler fa foy. Etdefai£t,cenoble perfonnage du Les arts
commencement fut en grande perplexité: mais finalement le Seigneur le fortifia de ^tion.10
telle force, qu'il fut mis le premier au rang des plus criminels. Delà fentenec pronon-
cée contre luy (combien que fouuent le fainft Tribunal y adioufte des faulfetez côtrou -
ueespour abuferle peuple) on peut affezeftimerce qu'il auoit confefTé&: maintenu.
Car en ladite fentence furent leus ces articles pourkfquels principalement on lecon-
damnoitau feu:aflauoir, Quilauoiteuenhorreur &* abomination i idolâtrie qui Je commet en ado- p^ra,^Ic*
rant le Sacrement, &* le nommant le dieu de pain. Et quand quelque $f ois tlfe rencontrait par les rues qu '- quels il eft
onleportott,ou en jolennité, ou vers quelque maltde,ilfe deftournoit en vne autre rue, & s'en alloir vifle conJ4lun=
deuant,pourneluy faire aucun honneur. Que fouuetefiant entré augrand temple, quand on difoit Mefje, Notez de
A auoit tourné le dos auVrefïre , pour nevoir point leuer fon dieu. Que plusieurs fotsil 's 'ejlott pourmenéa quelle ob-
Tentour de befehaffaud auquel on hrusloit les fidèle s, prenant plaijîr de tournoyer , $ aller <& de venir au- ç&at (dTcies
près , afin que par accoutumance & du lieu & du fupplice qu'tly v oyoit endurer aux autres, tlfusl corn- les lenteurs
me endurci a l'horreur de la mort,quand ilyferoit appelé. Que quand venoit le temps défaire fes Pafques, ^^T*"'
ilenuoyoit tous fes feruiteurs deçà & delà , feignant a leur retour d auoir communié ', afin qu'ils ne fuffent
ojfenfe^de la liberté qu'il fe donnott.
YY.iii.
Liurt^ VIL
Jean Cjon^alue.
Fxtrait de
la côfclsiou
delà toy.
Comme les
Inquilireurs
par leuiSjp-
pi cs nulices
maniiciîenc
la confiance
des fidclcs.
TelsenefFeft furent les articles inférez en fa fentence, dont vne partie auoicefte' ti-
rée delà confcfsion de fa foy, de laqucllelc fommaireefloit. Premièrement,*^ /'bowwr
efloit luflif.é & approuué de Dieu par le féal mérite de le fut Chrifl, appréhende' par foy quon a tnfay.
Que les indulgences & bulles du Pape de Rome ne font qu'abu fions , e£* quileft ^4ntechrift,&*c. Qtfil
auoitde bon «xur defire dtefîrc bruslé>nu f ou ffrtr quelque autre peine pour le fouftenemet de la vérité qttd
confefoit. Quil ri auoit de firé Remployer jesbtens ou rtcheff s k autre y f âge que pourla defenfe (^am-
plification dt ceflc doclrine{i>oire iufques à y mettre fa yie>& de fa femme & enfans:& de < e auoit iour-
neliement fait grandes prières à Dieu. ^ En tout ce que deffus, le faincl Tribunal s'efforça
d'obfcurcir ceftecôrelsion,femat le bruit de ce qu'il auoit cloché au milieu de fa coude:
adiouftans fur ce milles inuentions, pour faire accroire au peuplcfaconuerfionà leurs
loix.Mais en cela ils ont mal aduife à leur intention,&: le font defmctis eux mefmes: car
en publiant les crimes & genre du fupplice , de ce ils ont déclaré & fpecifîé la vérité du
ta ici, par ce s paroles d c leu r f en t en c , Jean Ponce de Léon , bruslépour hérétique , Luthérien olfli-
né&c. Lefquels mots donnèrent allez à cognoillrc leur fraude à ceux qui cuifent aucu-
nement doute de la conllance & perfeuerance de ce preux cheuaher Chreflicn.
M. D.LIX.
Efpagnols de
grande inté-
grité iic vie,
quand Dieu
lestouchcpjr
fa cognoiilàn
Deux fcEurs
germaines
de Gonz.aU
uc menées
quant &luy
au niclmc
fupplice.
Ceft le
Pfeaumc
1051.
Les mar-
ques de
vraye Con-
fclsion.
I.'Inquifitiô
tafchc fur
toutd'ad-
joufter au
Symbole
l'Eglifc Ro-
maine.
IEAN GONZALVE, Theok'ien deSeutUe.
D E V X de fes ferurs furent exécutées quant & lu y , & leur merc demeura eu prifon,rcferuec à autre exécution & atte In-
quifîtioual.
O N Z A L V E prefeheur renômé par tout le pays d'Andalufic,furaufîi
mené en ce mcfme triôphe InquifitoriaJ. Depuis qu'il eut quitté laTheo-
logieSophiftique,en laquelle il auoit furmonté fes compagnons d'efcolc, il
^^^^M s'adônadu tout à la pureté des lainclcs lettres, félon lefquelles favie&con-
ueriacion furent ordonnées àtoute intégrités de corps fie d'efprir. De long temps on
auoit alîezapperceu, qu'en tous fes fermons îls'cftoit propoféccléul but,d'ofler de la
fantafîedes hommes la confiance des ccuures méritoires , pour donner lieu àla fculciu-
flification parla foy en IefusChrifl ,& impnmer vjuementle feul mérite de fa fatisfa-
<5tion plcniere.De ce lien labeur il sattendoit allez d'en receuoir des hommes l'ifTue pa-
reille qu'ont eu de tout temps les vrais feruiteurs du Seigneur.Eftant donc tombé entre
les griffes de l'Inquifition de Seuille , il rendit raifon de fa foy en toute pureté de doctri-
ne,commelefufditIean Ponce. Siainfi qu'ils auoyent efté amis &c familiers, ils furent
aufsi ioinfts en vne confefsion,& menez au mefme fupplice par enfemble. Lanui&dc-
uantfon exécution , il difputa pu iffam ment auec les Theatins&TemifTaircs des Inquifi-
reurs,lefquelsen fin il renuoya tout confus. Depuislc chafteau&prifon de Tryanc iuf-
ques au lieu ordonné du dernier fupplice, on le mena auec deux fiénes fœurs d'vnc mef-
mecondemnation: laiffantfa mere&: vn de fes frères en la prifbn, referuez «à eftre exc-
cutezau prochain a&e Inquifitional.il ne monftra onques aucun fîgne d'eflonncment:
maisaucontraired'vne grande confiance &: fermeté de cœur, fe voyant deuanttoutle
peuple, auquel il auoit autresfois prefehé &: enfeigné la doctrine de pieté , il fe mit à re-
citerà haute voix le Pfeaume commenceant„0 Dieu dema louange , ne difimule point , &c.
Il ne changea ne de vifage ne de contenance fur l'clchaffaut , encores qu'on l'eufl fur le
lieuembaaillonné,pource qu'il confoloit&: affeuroit librement vne de fes fŒurs,qu'il
cognoiffoit pofsible s'affoiblir en Ton cfprit,l'exhortant à confiance. Ayant attentiue-
ment ouy le récit de fa fcntence,il ne fut de rien d'auantage efmeu ni troublé: ains endu-
ra celle folennclle dégradation, &receut les habillemcYis & marques defa Confefsion,
fauoir efl la robbe iaune , Ielicol,&: la mitre de papier , d' vn cceur ioyeux&: allaigre. Les
cognoiffant ignominieufesdeuant le monde, il les cflimoit vrais ornemens d'honneur
deuant Dieu &c fes Anges, deteftant les habits de la Mcfîè, defquels on l'auoit defpouil-
lé.Sur lefoir eflansceux qu'on deuoit brufler amenez au lieu du fupplice, on demanda
à chacun des autres de reciter le Symbole des A poflres. ee qu'ils ne refuferent. Mais
quand ce vin t à l'article, Iecroy la jawcfe Egbfe catholique, on leur comm anda d'adioufler ce
mot Romaine, fur quoy d'vn accord s'arreflerent. Lors les Preflrcs&: Moines importun
nans fort les fœurs de Gonzalue &: autres fem mes Chreflienncs qui deuoyét cflre br<a&
lees,d'adiouftercemot /cOw.^;»e,refpondiret qu'elles diroycntcequelean Gonzalue di-
roit : (nô qu'elles doutaflet de ce qui efloit à dire,ou qu'elles nefuffent bien affeurecs de
ce qu'il
Plufîeurs Martyrs, en Efiagne. j^fj
ce qu'il en diroicmais afin que par ccfte occalion on luy oftaft fon baaillon pour lelai/fcr Moy« pour
parlcr,&queparce moyen il peuft rendre raifondefafoy,&deceftarricle-la entre au- bâillonner
très.) Eftant donc dcmaillonné, tour premier il leur die qu'elles euffent bon courage, Gonzatue.
Se qu'il ne faloit rien adioufter. Sur celle dernière confeflion on leseftranglaaumelme
in ftanc qu'on allumoit le feu pour les bruller & conl'umer.
ISABEL DEVAENIA. MARIE DE VIROES.
CORNE LIA. MARIE DE BOHORCHES,
IO ANNE fafœur, à Se utile.
A R-dc/Tus tous les anciens Profciîeurs de la vraye religion, qui eftoyent M.D.LÔt
en l'Eglife des fidèles de Seuillcflaquclle a efté pi eique efteimc pai la cyian-
nie de l'InquiPicion) la fainctetc de vie &: intégrité de foy manifeita ces qua-
tre femmeSîaiîanoir Ifabel de Vaenia, Marie de Virocs, Cornelia, & Marie
deBohorches. Or combien qu'elles fuiTent toutes douces de grande pièce, laplusicu- De Bohor-
ne,à falloir de Bohorches n'ayant encore x x i.an,cftoir docte pardclfusles autres es niïtin^iS-
faindes lettres, par afliduelle lecture, &L conférence auec bons. SÎfauans perionnages, te.
(defquelsence temps Seuilleeftoit bien fournie:) elle auoit acquiie telle promptitude SeiiilIebicn
des partages du vieil &: nouueau Teftament, queplufiem s cftimez (auans en ladite vil rotmued'-
le,onteux-mcimcsconfeflé'auoirefté fouucnt vaincus d'elle en la union, par raifons homnus ^
ï t r n tt • bonUuoir
de lalainctcEicriture.
Qv an t àlapremierc,aflauoir De Vaenia, fa maifoneftoit corne vne efeeledepicté Lamaifon
&lelieuoùfefailbyétles{ain&esaflemblees pour annôcer les louange s de Dieu . Rien deVacm*
ne s'y voyoit de mauuais exéple, rien ne s'y faifoitpar vaine apparéce de fain£teré,ains d*
vne vraye &: entière fincerité. Mais les Inquifiteurs,qui font touilours au guet,d'vn feul
traie de leurs filets prindrent ces quatre femmes, auec autres de leurs voifins, quand
Dieu cognut qu'elles eftoyent meures pour la confefsion de fon famâ: nom . Et comme
la langue Latine auoit ferui à ladite damoifelle de Bohorchcs pour s'entretenir en la jVdeBohS
le&uredcsfain&es lettres» au temps que la tyranie Papale defen doit fi eftroitement les ches aidée
liures de l'Efcriture en langues vulgairesjaufsi^uy vint-elle bien à point eftant enuiron- La^ne"8"*
needetantd'aduerfairesenfacaptiuité. Le do&eurEgidius ( duquel la mémoire eft
fain&e en toute l'Efpagne à ceux qui inuoquetDicu)auoit efté fon précepteur fou- af^^ê
loit dire de ccfte fille qu'il fedepartoit toufiours plus fauant de fa compagnie & deuis. duquel cia-
Dvran t fon emprifonnemét que tant de Moines venoyentdiiputer cotre elle,fur pr«eftp^-
toutceuxde S. Dominique,ils eftoyent contraints de s'efmeiueiller de l'efprit de cefte
Damoiielle , &: de fa promptitude à foudre leurs arguments . Elle endura tan t de fortes
detourments, quepar la vjoléced'iccux onlaforçade nômer fa propre feeur Io an n e ioanncde
deBohorche s, &confeiier que quelques fois elles auoycnt communiqué enfem- ^"Jo"
ble de la doctrine de lEuangilc. Cefte loanne eftott femme d'vn nommé François l 'arquïs fti~ née par Tin
gneurde Higucras,fort renommé.Elle eft oit enceinte defix mon quand on Pemprifonna partant ne 1uiUtioa
fut fi cftroitemelttferree-tne ft rudement traittee, comme les autres prtfonmers,à caufe du frutel eu elle por*
toit. Mais huicî tours après qu 'elle eufl enfantt \on luy ojht fon enfant, puis fins luy donner grand re-
lafihc on començaa la gouverner à la façon det lnquifttion& former fon procéda la me f me rigueur^*
f Mérité. Om'auott-elle autre foulai en cefte penne calamité finon la copagnie d'y ne hwnesle i e vne
fille quonbrusla depunpour le mefinc fuel delà Religion , Cefte fitlevn tour eftant ramenée de la Vncicune
tomre,oïi elle auoit quafi efté defmcmbrce,& rcmife fus vnlici de ionc qui eftottenla prtfnnpour elles fille crueile-
deuXyplus p ourtrauailque repos: elle la penj oit & traittoitau mieux qui luy eftoit pt.fîtblejelon le heu ou ^."p^j^
elles eftoyent. ^4 grand ' pemecommeçoit la poure fille prendre vigueur après fîgricfnesfroijJuns,que Cau- quifinon
tre fut menée au mefmc traitement deï Inqmfition-.ou elle fut de telle forte tourmentée au burro, qu'ils ap- ^ j
pcllent>qui eft le banc où on donne laferuiettc>quc les cordes entendues luy entrèrent dedans Lcnairiuf- ioanne par
que s aux os des bras & des ïambes: & en ce piteux arroy tettan t force ftng> elle fut rapportée en fa prifon-, 1« horrible*
d'où il pleuftà Dieularetircrhuict tours après Centre les ongles de ces Iyons janglas^tn p gloire &feli- q°*eUe^n.
cité éternelle. Or mircnt-ilsgrad! peine à garder qu'on ne feeuft cornent cefte tendre damoifeUe,& de bon- dur*
ne race->eftott morte par leurs cruels tourments: mat* ceux qui auoycnt veu telle inhumanité ne s'en font
teus. Toutesfoifpourtequeles bons Pères ne font tenus de rendre conte d'aucunes de leurs acl tons , ils en
Y Y. nii.
Liure VIT. Ferdinand de Saintt-Imn.
vfcnt ainfià leur appétit fanguinaire . ^Revenons àfa fœur Marie , laquelle fut finale-
ment menée au triomphe aucc les autres hommes &: femmes fus mentionnez, portant
toutesfois fi ioyeufe chère qu'elle fembloit triompher elle melmc de les enncmis.Qupy
voyant le famtt Tribunal s'clfaya d'empefeher celte fienneallaigrefTe qu'elle declaroit
£ *mi^-C.r tan t par la confcfsion de vérité en laquelle elle perfiitoit con(tante,qu'aufsi en chantât
fcrrer eiwoi- haut & clair les louanges de Dieu:&luy mirét par grade malignité vn baaillon en la bou
g™ au de- che depuis la prilbn iu (qu'au lieu où elle deuoit reccuoir fa condamnation : auquel lieu
bouefc!1 auant que monter fur leur eicharfaud, ils luy firencofter. Là luyeftant leue publique-
ment la (encenec de mort.leslnquifiteursl'interroguerent il elle voudroitàlafinreco-
gnoiltre 6c confefTer les erreurs qu'elle auoit Ci obftincment maintenus. A quoy elle ref
pondic à haute &c incclligible voix,qu'elle ne le vouloic ni pouuoit confeifer. De là on la
mena aucc ta compagnie à l'cfcharraud dclexccutio : au quel on a de couftumc,comme
pour vn dernier eifay de foliciter lespoures patiens,de dire & adioufter la confelsion de
l'eglife Romaine auSymbole des Apoftres:mais elle fur toutes les aucres anticipa &:y re-
fifta virilement. Et neantmoins les eftarfiersdelafacree Inqui/ition pouramomdrir ou
obfcurcir la gloire de cette conltance,les firent viftement eltrâgler , à fin qu'il lèmblaft
au peuple qu'on euft vfé enuers eux de mifericorde , pour auoir à la fin de leurs iours re-
Scntcnccde cognu l'eglife Romaine . ^ Apre s ceschofeson exécuta la fentenec de ce fainttTri-
Ti.iquiiitiô bunal contre les miuaillcs,entrelefquelles on s'eftoit ii fouucntaffemblé pour annon-
contre u cer 1" louanges de Dieu.Car il fut ordonné que la maifon de Vaenia feroit mfques aux
Huaoudeh fondemens rafee,pour demeurer perpctuellemen t vn lieu de parterre,au milieu duquel
S^'fdlc feroit drefle vn pilier de marbre pour mémoire perpétuelle des horreurs qu'on auoic
commis : quahfians ainfi celle maiion&: alfemblee Chreftienne , au milieu de laquelle
Dieu auoit afsilté félon fes fain&cs promelfcs.
FERDINAND DE S A I N C T-I V A N, ,i SaOc.
I L redreffa & remit au bon chemin vn nommé Morzilio prifonnicr de ce temps 4 meiroe Inquilîon.'
M D'L1X' (^MIÊÊ^l^ S T V Y eftoitaulsivndcs principaux membres decefte eglife, fion
regardela crainte de Dieu, la bonne confcicnce, & le defir qu'il auoit de
bien faire à fes prochains fans s'efpargner : n'ayant efgard à lafplendeur de
fes anceftres , n a autre confideration mondaine. Il eltoit ieune , maïs re-
marquable par les grâces fingul ieres qu'il auoit , & par le iugemét des gens de bien qui
ïuh£ dtU auoyent fondé le collège des enfans,appclé communément La maifon de (Joclfw>e,duqucI
on lauoitefleu principal pour enfeigner la ieunefle. Ayant demeuré en ceft: office en-
uiron hui&ans au grand contentement de tous,il fe trouua à la fin Luthcrié,c'eft à dire
inftruiten la vraye règle de pieté, en laquelle il enfeignoit defon pouuoir le troupeau
des enfans qu'il auoit en charge,maugré la tyran nie qui regnoit alors .dequoy il receut
le loyer qu'on peut attendrede tels feruicesfaits à vn peuple ingrat, &: tel aufsi au re-
*rfett gard qu'à prédit Iefus Chrift aux fiés.Il endura en la torture telle &: fi defmcfurec cruau-
l'taquiïîtiô2 té,qu'eftans fes membres diifous quand on l'ofta de la corde & du banc nommé Burro,
d'Bpagne |es minifttes de l'Inquifition le traifnerenc commeon feroit la charongned'vnebefte
morte,du lieu de la torture iufques en fa prifon. Les fain&s Pères s'eftoyet acharnez co-
tre luy pour ainfi,'le traitter le voyant fi refolu en toutes fes rëTpofes,que de leurs de'ma-
Touchant des il n'en palToit ne quittoit vnefeule. Encedur& as~pretraittemcnt,Dieufe feruit de luy
Morzibo pourredrefjïrvn ceilain ieune moineau conuent de S.lfidore,nomme'MorzjboJ?quel pourauoirvn peu
ïSore^f rr0P Mremcntyï l' appétit des autres^confefféÏEuan^leyauo\t eftéemprifonné. Et toutefois vaincu & ef
fônicrCpour branlé par les ru fes <& beau femblat des lnquifteursys efloit deslourn é & dep ortéde fa fainUe confefio.
Uparolede j^au X}iciil,0t^int redrcjfer ic MorXjliopourt amour de Iefus Chrift , fit par les InqutfiteursqueFerdi-
nandfut lo féen la mef me pnfonauec luy -.lequel entendantla Ltfcheté de Mor^jlio , le tança rudement^
red°"iïe0par Caccufant deuantle fiegc de Dieu de fa reuoite,dc forte qu'il le redre(fa-.& confirma, & fit reuenir au bon
le miniftere chemin. Peu de iours apres^Morzjlio demanda audience^en laquelle deuantkfttincl Tribunal des Inqui-
de Ferdinad çiUun i[reMOqua la rétractation qu il auoit peu auparauant faite.difant quilperfeuero'tt en fa première con
fcfîion &foy Jaquette il tenait pour vrayement Chrejlienne. Et finalement fut bruslémort en cemefmt
aftelnquifîtorial.
Or
Cônftâcc.'e
Fcrdiruna
IulienHefnandes. £4.3
Or Ferdinand après que fa fentenceluy etrfleftéleué' fur rcfchafraut,eftant inter-
rogué par les Inquisiteurs s'il auoit délibéré dcperiîfter encores en fes erreurs , rcipon-
dittout haut deuant chacun en fa rôdeur accouftumee, que ce qu'il auoit cofeiléeltoit
puifé du vray Euangile de Iefus Chrift,qui eft la pure foy des Chrel liens , en laquelle il
defiroit mourir. Sur celaonluy oftâla croix de bois qu'on auoit liée à force entre fes
mains : puis luy fut mis vn baaillon de bois en la bouche,qu'il garda iufqu a ce qu'cûant
vifmis au feu,il rendit l'ame à Dieu au milieu des flammes ardentes.
I V L I E N HERNANDES,«/ Ferdinand^ Seuille.
LE grand acte Inquifîtorial fait à Seuillc,au<jucl cnuiron huid cents perfcnncs Iurent.eniprifoiMees,& toute la fainetc
congrégation difperlèe &difsipec.
E Iulien qui pour fa petite/Te s appeloit/e/>er/r, feruoità Geneuelean Pieres
Elpagnol miniftrede l'Euangile,lors que parla fréquentation de pluiieurs
dodes hommes , continuant la vraye religion, fut pouffé d'vn zelc def-
prit,plus que du confeil &aduis d'aucun , d'entreprendre vue choie d'aufsi
grande importance,comme elle eftoitfubiede à danger cuisent. Car il mena 6c fît por-
ter en Elpagne grande quantité de iiu t es de la fainde Efcriture en langue Efpagnole,de
grand delir qu'il auoit défaire croiftre la lumière del'Euangile en ion Efpagne,à la plus
grande difficulté de ce monde. Toutesfois le Seigneur fit la conduite de l'entrepriic,&:
amena à bô port ccfte fainde charge:voire,qui eft efmerueillablejiufques dcdasles mu-
railles de Seuille,nonobftat le grand guet q faifoyent les officiers de l'Inquifiriô. Ce fut
aux fidèles deladite ville comme vne pluye venat du ciel en la faifon,pour faire auancer
&meurirlefruidderEuangile,&pourpiuftoftle recueillir au Seigneur. Ceci paruint
aux aureilles des fainds Pères, premièrement par la folle crainte d'vn poure fuperfti-
tieux:puis par la trahifon d'vncdes moufehesou limiers del'Inquiiîtio\fàifant eftadous L« Mouf-
couleur del'Euangile de prattiquer toutes trahifons &: defloyautez. Incontinent que ^J^11"
les vénérables veneurs çurent ce gibier efuenté iufquesaugifte, ils nefaillircede pren-
dre&lamere&lespetits.Parceftegrandeprife,toutle troupeau fut ctifsipé : dont le
nombre du premier coup eftonna mcfme les ehafTeurs.Si que les prifons en furet telle-
ment remplies,qu'il falut emprunter des maifons particulières pour ferrer les prifon^
nicrs.On en brufloitàla fois vingt &c dauantagepour vnAde&execiitiô,lorsqu'ilyen Les inqiriii-
auoit dedans Seuillc bien huid cents de prifonniers, defquels çe Iulien fut des premiers J^crsJ|J£l*
prins,qui demeura trois ans en vne prifon feul,& chargé de fers , pendant lequel temps chacune exe
on voyoit tous les iours nouueaux fpcdacles delà melmeprifc. Les bourreaux par fa jCel^°ndc
confiance merueilleufe fclafTcrent de le plus tourmenter:& ne défaillirent oneques en dks* t a§C
ce petit & maigre corps les forces pour endurer tous les tourmens dellnquiiition. Il a-
uoit vne gayeté naturelle d'eiprit,&: Dieulaluyaugmentadetelleforte, qu'il retourn oit
aufsicontetdccœur delà torture, que quand on l'y menoit: tellement qucneles dou- ûctf deèb
leuts de la queftion , ne les menaces des officiers 'de fin quifi tiô,ne cruauté qu'on feeuft re fa gayeté
exercer contre luy, ne le pouuoyent engarderqu'en paifant au trauers des priions où e- ^fu^ch
ftoyentfescompagnons,pourleramenerenlafienne* il ne leur declaraft la vidoire,& nemis<
la honte des aduerfaires,par ce refrein dechanfbn Efpagnole,
Venados y an los frayles Comdos ya 'los lobos les Caphars le ne\en terre Fuyas corne loups g-ad 'erre
Vencidosyan, Corridosyan. Vaincus s eny ont, Quand chaffe\ font.
Il eut au commencement de fes refponfes&: audiences de grans troublcs& mer- Combats
ueillcufes difputcs auec les moines &: autres fuppofts de l'impiété Papale, qui aisiftent dc ^F111"-
&c aident aux fainds Pères peu fauans à bien qualifier la forte des hereiies qu'ils inten-
tent cotre lespoures fidèles. Au iour du triomphe des Inquisiteurs eftant tiré hors defa
prifon ,com me il fut en la place du Chafteau pour y receuoiries marques delaliurcedu
Fils de Dieu auec les autres prifonniers, on dit que d'vn cœur&z viiàge confiant il leur £ ^ t>g
parla en cette lorte : Or fus, mes vaillans& y ertucux frères , y oici l'heure en laquelle nous deuens afesCompa
comme yrais champions de Iefus Chrifl porter tefmoionage de fa yerité deuant leshommes , ftySicya. gnons
bien peu ejhe misa Tefpreuue par luy ipour triompher après en fil compagnie cdejte perpétuellement. In-
continent les Alguazils de l'Inquifition rompirent fon propos, luy mettansvn baaillon
Livre VII.
Plufieuts Martyr s, en Efragne.
Puis que la
voixcft o-
ftee aux
Martyrs.les
lignes recô-
penleut
Le Do&eur
Rodrigue
fait ofter le
baailîonà
lulien
Rodrigue
deceude fô
cuider , taie
hafter la
mort de lu-
lien.
en la bouche,qu'il porta iufques près de F* mort. En montant fur l'efchafFautoùilde-
uoite(treexecuté>ilmonftraparfignesfâconftance &: fermeté decœur qu'il nepou-
uoit déclarer par parolcs.Car fe mettant à genoux il baifa les degrez de l'efcharfaut . Ec
eftant attaché au polteau, enuirôné&: couuert de touscoftczde fagots, il baillala telle
à diuerfes fois dedans le bois,comme.s'il euft defiré la mort &: le feu, ne demandant que
derédrefonameau Seigneur.Melme clHtempefché de parler, ildemôftroitncâtmoins
par quelques lignes deuât tous les Ipeitateurs fa conftâce & perfcucrace,& par ce moye
enhardilToitfes compagnons à ne craindre le fupplice. A la mort letrouuavn certain
Docteur nômé Fcrnad Rodrigue)quitoutaureboursdecequ'ilpéfoitt'airc,réditbeau-
coup plus notable la foy entière du petit lulien. Car ceDo&curcuidant leitonner pour
l'apprehenlion du tourment lî prochain, demandai obtint du Preuoit qu'on luy re-
miftla langue en liberté, pour donner (commeil penfoit) quelque ligne au peuple de fa
conud lion: qui elUe dernier triomphe que demande la i'acree Inquifition . Mais il en
aduint tout autrement:car lulien ayant recouuré le moyen de parler,rcdi t plus que par-
auant euidenic confirmation de fa foy. ôife mit à ii bien rembarrer ce prefeheur Ro-
drigue (lccognoiiTantfaux,fedutteur,&: parlant côtrelacôfcience)qu'incontinétpour
venger par o\itrage fa vergogne, fe mit à crier corne forcené, Faut-il que l'Efpagne.qui
commande^: maittrife tant de gens, foit troublée maintenant par vn fi petit malheu-
reux!qu'onletue,qu'onledefpefche. A quoyfe trouuanspreftsles officiers del'cxecutiô
ne faillirent fur cefte parole de luy donner le coup de la mort,voire mefme le feu cftanc
ia allumé.
"oi Ferdi-
uind.
Mcxiq vil-
le en là non
uelle £fpa-
gne
Les moines
de S. Ifîdo-
rc près Sc-
uille
Le* moines
de S.ifidorc
auec le pri-
eur, quittée
le cloiitre&
l'Efpagne
Leslnquifi-
tcurs font
pourluite
îles moines
de S Jfidore
efchappct.
Promcflcs
à ceux qui
attrappe-
royent le/"-*
dits moines
IEAN DE LEON,«:t^IEAN H E R N A N D E S" a Vaîâoht.
D E cefte hiftoire on peut cognoiftre la haine horrible & incroyable de l'Inquilîtion d'Efpagnc , paflant les mer» , SC
tranfpcrceani ks terres pour attrapper poures fidèles eichappez de leurs griffes.
E premier nommé de ces deux auoitefté premièrement coufturier à Me-
xique ville de la nouuelle Efpagne,és terres neufues,d où eftat rcuenu à Se-
uille, par certaine deuotion mal reigleeil eut fantafie de fe rendre moine.
Et comme Dieu voulut modérer fa chcute,il tomba au conuent de S.Ifido
re,duquel la plus part des moines afpiroyent à vne cognoiifance de l'Euangile. Ayant là
demeuré quelques ans,&goufté parmi eux vn peu de bon enfeignement,fe fafchanc
comme les autres de cefte prifon des ames,fous honnefte couleur de ce qu'il fc trouuoic
quafi toufiours mal là dedans, quitta la moinerie.Quelque temps après qu'il en fuft lor-
ti,il eut regret d'auoir laiiïe les autres, pour la bonne conuerfation ôi (àin&s propos qu'il
auoiteuaueceux,quiluyauoycntdonnérenttceàceftccognoiflàncc de Dieu. II dé-
libéra donc de retourner audit conuent de S.ifidorc : mais ilfe trouua tromçé,n'y trou-
uantquc le nid.car depuis fonpartementilsauoyét tous iufques à vn quitte le cloiftre,
la moinerie & le pays:& s'eftoyent retirez en Allemagnc>où il les fuyuit comme à la tra-
ce,tant qu'à grand' peine il les trouua à Frankfort.De là il s'en vint aucc eux à Geneue,
pour y relider aucc plufieurs autres de fa nation,qui y demeuroyent. Aduint au mefme
téps qu'après la mort dcMarieroincd'Angleterrc,fafceur Elizabeteftât venue àlacou-
r5ne,l'Eglife Angloife qui parauâteftoit cfparfecn diuers paysfutrcftabliccn fon pro-
pre lieu . Sur quoy les Efpagnols qui lors eftoyent à Geneue, efti m erent l'Angleterre
plus commode pour recueillir leurs gens. Si que plusieurs d'eux s'en allèrent aucc les
Anglois rctournans en leur pays,en diuerfes troupes,pour euiter les furprifes.
Le s Inquifiteurs qui eftôyent extrêmement fafchez de la fultte &c reuoltc de ces,
moines de S. Ifidore,&: encores plus que la proye leur cftoit efchappee,deliberercnt de
les faire pourfuyure par leurs moufehes ,& les faire efpier par toutou ils fer oye nivelle-
ment qu'ils leur dreflerent des embufehes tant à Cologne fur le Rhin , qu'en Anuers,à
Frankfort>&:partoutle chemin iufques à Geneue. Et fi n'eftoit mefme alfeu ré le che-
min de l'autre cofté,de Geneue à Milan. On fournilToit à cela fbrcearget des deniers du
Roy félon le zcledel'Inquifition:& à grand eiTroy&defpenfe, on enuoya çà&làpour
attraper ces poures moines efchappez,pour chacun defquels les percs Inquifiteurs fai-
foyent de grandes promciTes à leurs gens , s jls les recouuroyent . Ce leaayde Léon
donc
Plufieurs Martyr s, en EJJtagne.
doncs'achcminant par l'Allemagne pour aller en Angleterre, accompagné d'vn fore
honnefte homme &c fidèle, nommé iean hernandes,ou Ferdinand,dela vil-
le de Valdoljt,tous deux tombèrent efdites embufehes, à Strafbourgrqui dés là furent dcVJdolit.
fuyuisàlatracc.fîquertansenlaiurildidionduroy Philippe, les firent empoigner en
vnportdc2clandeàFlelchem,oùilsscbarquoyentpourpanerenAngleterre.Ieandc
"Léon à la venue des officiers qui le vindrent predre , en luy dil'ant qu'ils le ccrchoycr,
ncrefpondit autre, fînon, Allons, Dieu nous aidera. Eftans menez en la ville prochai
ncduditportilsfurentmisàlaqueftionpourdeclarerleurscompagnons. Et peu de
iours après furent menez fur vn nauire,pour voguer en Elpagne. On leur mit àtous Nouuelle
deux,tant qu'ils furent en chemin, vn cheueftre de fer,reflTcmblant à vne lalade ou ca- ^dt»"
ballet que les Efpagnols dient abeffé,ç\wi leur couuroit & cachoit prefque le vil'age& la lespourcs
tefte,ayant dedans vne pièce ou plaque de fer qui entre en labouche,&:empelchedu fidclcs-
toutlepailer. Etainfi tourmentez decefte forte degehenne, outrelesgros fers qu'ils
tuoyent aux pieds &mains,furent portez és prifons de l'inquifition, à (auoir lcan de
Léon à Seuille,&: fon compagnon Iean Ferdinand à Valdolit, où depuis perfiftant co-
ftamment en la vraye religion fut bruflé tout vif. Il auoit demeuré aucc le docteur Ca- ^
çalla,qui vn peu auparauant fut bruflé à Valdolit(comme il cft recité "ci dcuant)& d'i- foi^J ™
celuy Caçalla auoit efpoufé la niepee. CQuantàiEAN de l e on, il demeura plu- triomphe
fïeursioursés prifons deSeuille,&:goufta de toutela cruauté Inquifitionale,tâtés tor ^ndeVal-
tures qu'en la nourriture qu'on luy dônoit.Il fut côduit au liippliceauec l'habit iaunc, dolic.
6C autres paremens qu'on donne aux plus vaillans combatans.Ilfaifoit horreur à ceux
qui le regardoyenr,tant il eftoit amaigri & deffait de longue mifere &c pourcté.On luy j"
voyoit les os au trauers de la peau qu'il auoit toute bleue: &c quile rendoit encores plus der&quifî
hideux,eftoitlabaucquiluyfortoit&filoitdela bouche parla veheméce du mal que t,on
luy faifoitlebaaillon qui luy ferroit la langue au dehors de la bouche. Apres qu'on eut
prononcé fa fentece , 5c qu'en lappreftant au facrificc on eut mis fa langue en liberté
pour luy faire renoncer la vérité, il la confefla en peu de paroles auflî franchemet qu'il
euft feeu faire eftant hors de tout danger . A fa dernière heure on luy prefenta vn moi-
ne de fon conucnt,auec lequel il auoit cfténouice, pour luy remémorer les premiers ^ „
commencemens defafuperftition.Maisdc tant plus qu'il mcttoitdechofes en auant s JZcTc°
pour cfbranler fa foy , il la manifeftoitdauantage.& comme fauorifé delefus Chrift toutes for-
pour lequel il combatoit,aufsi fouffrit-il cruelle mort,en grande afTeurancc d'efprit.
Les mifere»
priions
tes de téu-
tions.
F R ANCISC A DE CHAVE SJSaùBc.
E mefme triomphe fut orné de la mort heureufe decefte fille Françoife de »
Chaues,extraitedu conuent de fainttellàbel en la ville de Seuille: En l'cx- Le cloiftre
emple de laquelle le Seigneur a manifefteméc monftré qu'il n'y a endroit fl^u ^bd
fi enfermé,ne cloiftre fi ferré ne muré, auquel fa grâce ne pénètre pour * *'
y cercher les fiens,& les en tirer en fon temps. Elle auoit cfté cnlèignee en la doctrine
derEuangileparledodeurEgidius,fouuétesfoisnommc entre les fidèles d'Elpagne.
Accufce&emprifonnccpar lefiegederinquifition,ellcmanifeftacôbieneft puiflan- Combien
tcl'cleclion gratuite de Dieu en Iefus Chrift, contretoutes les machinations, portes eftpuiflkn.
&:ouuertures d'enfer. Car eftant en fleur d'aage,d'vn fèxe fragile^ in firme,peuaccou Jjj^jj
ftumee de parler aux hommes,ellea fait honte à tous lès oppofans qui la vouloyent di- dIcu C
uertirdelavrayecognoilîancedefon falut. Toutes les fois qu'on lamenoit en l'au-
dience,outre les conférons volotaires qu elle faifoit de la vérité, les vénérables Inqui-
fiteurseftoyent contraints d'ouyr des remonftrâccs qu'elle leur faifoit,qui leureftoyee
çfpouuantables.Et fans leur feindre,elle les aduertit de prendre garde que ces titres ne fiiquifeeuw
s'addreiralfent à eux, qu'on a iadis prononcez contre les Sacrificateurs & Pharifïens, ^"^îSîrc
Engeance de viperes>&: chiens mucts,&cc.Ccci futadmirable&: fur toutconfiderable,lc peu chiésmuets
de conte qu'elle faifoit delà mort 8c du cruel fupplice du feu, voire l'allaigrefle 5c force * en&cancc
d'efprit qu'elle monftra îufqu'au dernier foufpir de (a vie. e vlI)crts*
CHRISTOPHE DE LOSADA, médecin, àSeuille.
CES T V Y-ci efeoie aufsi de la bonne efcolc du do&cur Egidius/inftruit auec les bonnes lettres en la vraye religion.
Lmre VIL
La pcrfecu-
tionàcaufe
des liuresdu
petit Iulien.
Rufc de*
l'eres de
l'Inquifi-
tjon.
I
Tlufieurs ^Martyrs. ,
S T A N T prinsdeslnqujfiteursà l'occafiôdesliuresdu petit Iulien fut
^3p5' dit,il côfcifalibremct fa foy &: religion fans timuler.Parquoy après auoir en-
||p|g£{duré toutes les incômoditez de la prifon , les tourmenseks queftions&gc-
|PJ^hcnnes,6des opprobres de la fentencedecondcnation,ilfutfînalemctcxe-
cucéparlefeu. Les aduerfaires eflayas cous moyés pour le détourner de là fermeté, luy
propoferccdelTusrefchafFaut plusieurs condicios de vainc efpcrace: & fitér parce move*
qu'il eut liberté de parler &:refpôdreà leurs obieitiôs.Quoy voyâs,&afin que le peuple
n'entendill d'auatage de les proposais fe mirct à Iuy parler Latin. De laquelle rufc Lofa-
da ne s apperceuat , leur rcfpôdit aulsi en mefrne làg.ige d'vn parler &c grâce clmciucil-
lable,n'eltant ne troublé ni erFrayé de l'horreur du luppiice toutapprelté: auquel il ren
dit heureufement la vie au Seigneur.
CHRISTOPHE DE
ARELLANI O.Efta&olylSmiUc. '
jr^ÇfWi O I C I vn. autre Chnllophe tiréducloiftreS.IfidorepresSeuiIlc,lcpIus
ïkWrt&t *Çauant Pa^*a onc des Moines par les mains des Inquiiîtcurs, félon leur
; propre tefmoignage. Il auoit acquis ceftereputatiô vers eux, pourecqu'en-
'}i$È/f f]$£ treaucreselHt fort muni delado&rinefcholallique de Thomas d'Aquin,
côment les Lefcot, Lôbard, &: autres de celle farine, il s'en feruoit, les alléguât après les palla^csdc
SSÏÏes l£fcricurc & des autheurs de meilleur plus làiniugemcnt, pour côueincre les aducr-
(àires par l'authorité de ceux mefmes aux fonges defquels ils attribuent plus qu'à la pa-
role de Dieu. ^Eltant finalement condéné&: amené fur refcharfàut,cn Juy hiantlalcn-
tence il ouytvn vilain blafphcme que les Inquifiteurs à leur vfage &_"coufT:ume fau/le-
met luy mettoyent lus, d auoir parle* cotre la virginité de la vierge Marie. Sur quoy Arel-
lanioayat,dc bien venir,la langue à dcliure,s'efcna deuat tous, que c eftoit vn mcnlbn-
geexecrablementforgé,auqueliloppofalàfermccroyancc:laquelle(incontinentlefeu
cftat mis) il (ignade fon fang, corne il l'auoit c6felî'ec&: maintenue. Et fortifia pluficurs
qui eftoyét fes compagnons au fupplice : lelquels nous paffonsfous !ilence,pour n'auoic
eu certaine information de leur perfeuerance.
99
Scholifti-
<jue$.
Blafphcme
exécrable
impoféau
poure pa-
tient.
IEAN LOYS P A S C AL, Pwdmontok
AYANT eftéeflcu miaiftre de la parole de D::u pour le? fiJclcsde la Calabre, tombe entre les main-; des fuppofrs du
Pape Romiin. Et après longue détention en diuerics pnfons,fînalemeat cft mené à Rome pour y cftre iàcrific deuaat les
premiers & principaux ennemis de la vérité de Dieu.
L'eflat des fidèles du pays de CaLibrei& dit royaume de Naples en plufîcurs cndmiis.
cf^lfr^I^ E S Calabrois qui habitent les derniers bords d'Italie,prochains de la Sicile,
&fubietsdu royd'Efpagne,fencirentence temps combien loin s'eltend la
chaîfe deflnquilîtion. Et comme de long temps ils auoycnt eu quelque
cognoilîance de la vraye Religion ,aufsi eftoyent-ils menacez de perfecu-
tions &:calamitez extrêmes par leurs Gouuerncurs>fubmis à la deuotiondes faindrs
Pères Inquiliteurs. Mais Dieu amanifeftement monftré, que tant s'en faut que le cours
de fa vérité &c de fa làincte parole puiiTecitrcaneati par menaces quelcôques, ni exécu-
tions d'icelles, que pluftoft c'en: le moye de l'amplirîer)&: faire mieux cognoiftre le pro-
fit d'vn fi grand &: li exquis bcneficccommc il fera veu en l'hiftoirc de ce Martyr, qui c-
ftoit natif delà ville de Cuny en Piedmod,d'vne famille hônelte. En fa première icunef-
fes'eftant adonné à fuyure la guerre, s'en alla à Nice, où il ouyt premièrement parler de
la doctrine de l'Euagile. Et Dieu luy fit grâce d'y prédregoult, &: d'y profiter tellement,
quedepuis ayancentédu qu'à Geneue elle étroit cnlcigneepuremct parges craignans
Encetépsy Dieu,non jeulemét en langue Françoilè,mais aulsi I ta lienne, Espagnole, & Angloilè,il
auoit Egltje s'y en vint demeurer, auec le moyen qu'il pleut à Dieu luy dôner, pour y viurehônefte-
^es'Tce* ment. Or après auoir frequeté ordinaircmétles (ain&csaiïemblecs a/fez benne efpacc
ncue. detéps, il le mit à faire imprimer en Italien des liures de la lhinrtcEicricurc,&: quelques
traiccezcôcernansicclle.Depuis il fie vnerelblucion de s'adoner entièrement à l'c lhide
Laufar.ne. des fain&es Elcritures.Et d'autant qu'il y auoit aulsià Laulanne gens Içauâs prcfelfcurs
qui enfeignoyét publiquement, il s'y en alla auec quelques autresPiedmontois,pour de
tanc plus élire aduance aux làinftcs leccres. Il y clludia quelque temps, &: y profita heu-
rculcmcnt par la grâce de Dieujcomme le fruict s'en cil monltré puis après. i;''"
Advint
Jem Louys Pafcal. s 4 f
Advint que là cftanr,l'EgIife des Italiens, qifieft à Geneue,futrequifed'enuoyer
quelque Minillre au pays de Calabre au royaume de Naplcs , tellement q Pafcal fut efleu ^tfat*
pour y aller , & luy fut eferit parceux de l'Eglife Italienne ce qu'on auoit aduiié . Or deux
jours auat qu'il euft receu cefte lettrc.il s'eftoit fiance' à vne ieune fille Piedmontoife, nô-
mecCamillaGuarina.AyantreceulaIettré,&: lâchant qu'il clloit oblige' àceftefille,felô
le deuoir d'vn mari entiers la femmc,premicr quede refpondre,il en cômuniqua auec el-
le^ luy remonftra qu'il efperoit qu'vne telle ele&ion qu'on auoit faite de luy,pourroitfer
uir àlagloirc de Dieu, laquelle mérite bien dcftreprepoleeà tout le monde, &. plufieurs
autres propos femblables qu'il luy tint touchant ce voyage: <k qu'elle pourtant ne dcuoit
trouuer mauuais s'il lentreprenoit pour feruirà Dieu, & beaucoup moins en eftre mal
contente. La fllle,comme bien inftruite en la crainte de Dieu,luv accorda volontiers qu'-
il fift lcvovagcdepriàtdcrerournerlepluftoft qu'il pourroit. Et ainii ils s'en vindtet tous
deux à Gencue . Quant à luy,il accepta la charge qu'on luy donna: &: peu de iours après,
partit de Geneuc auecquelquesautres pour aller en Calabre. Il auoit eftddemâdé des po
ures fidèles , qui ertoyent pour lors à la Guardia, ôc à Saind-fixte , qui font deux villes au Jf^jjJ.
rovaume de Naples,dont cftoit Seigneur vh nommé Saluator Spinello.
Pascal donc eftantarriué là,commença incontinent à prefeher la doftrine del'E-
uangile aux pou res. fidèles, qui eftoyent affamez de cefte pafture de vie:& continua quel-
que temps aies enfeignermais ce ne fut pas fans fouftenir plufieurs aflauts,comme Satan
ne celle iamais de combatre par tous moyens , pour empefeher que cefte icience de làlut
ne foit publiée 6c receuë des hommes. Là defîus il y eut vn grâd bruit par tout le pays,qu -
vn Luthérien cftoit venu deGeneuc,qui gaftoit tout par fà doct.rihe.Ch.acun en murmu-
roit,les vns grinçoyent les dents, les autres crioyent quille faloit exterminer auecques
tous l'es adherens: &: tels autres propos le lemoyent parmi le peuple . Ce qu'ayant enten-
du le feignent Saluator , lequel pour lors eftoit à Filcaula ( qui eft vne ville affez près delà Fifcauii.
Guardia,&de Sain&-fixte)enuoya quérir quelques vns des principaux deces deux villes:
lefquels auant que d'aller,prierent ce feruiteut de Dieu , qu'il leur fift compagnie, afin de
refpôdre pour eux, &c m aintenir leur bonne càufe, d'autât qu'il le feroit beaucoup mieux
qu'eux ne le iauroyent fairc:ce qu'il leur accorda volontiet s. Ain fi partent tous enfemble:
&cftansarriuezà Fifcaula, quelques vns des gens du Seigneur Saluator confeil lerent à
Iean Louys Paical,de fe retirer fans fe monftrer:ce qu'il ne voulut faire pourles raifons cy
après déclarées en fes lettres. 11 le prelenta doneques auec les autres. Le feigneurSaluator
le voyant>commanda qu'il fuft retenu,&: que les autres s'en retournaiîent,cuidant parce
moyen que tout feroit aifément diffipé, puis qu'il tenoit le Pafteur . C'eft ain fi qu'en font
lesfages mondains, qui penient bien tout gagner en chaifant, ou mettant à mort les Mini
lires delà parolîedc Dieu: de tous leurs efforts ne tendent qu'à cela , comme on l'aveu de
tous temps,&: encores auiourdhuy plus que iamais aux lieux où Dieu par fa bonté fùfci-
te&:enuoye gens pour annoncer fàParolle. Ain/î Pafcal fut mis en la prifon deFifcaula, r
où il demeura ciiuirô*n huit mois.Et puis fut mené à Cofcnza,où ayant demeuré quelque 0Jpaï5a
temps, fut mené à Naples,&: delà finalement à Rome,&:fut mis en la priion, qu'ils appe- efté mené,
lét laTour deNoua,où il demeura enuirô l efpace de trois mois. Or en tous ces lieux auf-
quels il a efté ainfi promené , il a toufiours fait vne pure confeffion &: entière de fà foy , &:
de la vraye religion Chreftienne,feIon qu'on pourra voir par les lettres qu'ilaefcritesluy-
mefme en langue Italienne,^: qui ont efté fidèlement traduites &: extraites, fpecialennét
de celles qui concernent &c contiennent la procédure qu'on a tenue contre luy : quelle a
efté fa conftance &c fa foy:brief,comment il s'eft porté en les afni&ions,iu(qu a ce qu'il fut
trainéen la ville de Rome deuant le Pape&: (es Cardinaux , piliers de toute impieté & a-
bomination.
LETTRES de Iean Louys Pafcal prifonnîer pour la parolle du Seigneur , ercrites à Tes amis en tefmoignage
de fa foy & conftance. Aux frères fidèles de Sainct-fixte.
fôSS|ÎE s tres-chers & honnorez frères en lefus Chrift , la première leçon que nous
|^| trouuons à l'entrée de l'Euangile,eft ceftecy, Celuy qui veut venir après moy, Matu*.H
qu'il renonce foy-mefme,&: qu'il prenne fa croix, &C me fuyue. Ce que (à in cl Paul,ee
grarKlvaiireaud'eledion,aconfermédifant,Que tous ceux qui voudront viure làincte- *-Tim-3»
ment en lefus Chrift, feront perfecutez, & Que par beaucoup d'oppreffions il nous Aftl^lti
faut entrer au royaume de Dieu . Orienedoutepoint que dequitterfon proprepays,
perdre fes biens,& cxpofer fa vie en mille dangers , ne foit vne choie bien dure àla chair.
zz.
Liurc-j VIL Jean Louys P a/cal.
Mais i* l 'a y bien aufti, qu'abandonner Iefus Chrift , c'eft vne perte beaucoup plus grande
fans comparaifon &c pour le corps &: pour l efpnt,laquelle eft d'autant plus grande, que la
vie éternelle cft excellente,au prix de ce pèlerinage brief&tranfitoirc : & que les threfbrs
ecleftes (ont ineftimables>au prix de ces biens caduques , &: de peu de valeur. Or vous là-
uez,mesfreres,quellesrcprehenfionsontefté faites aux troupes qui ne fuyuoyent Iefus
Chrift; pour autre chofe que pour eftre remplis de viandes corporelles. Et nous voyôs cela
auiourdhuy par expericnce,cftans ici en vn heu où nous cognoiflbns la ftupidité de ceux
qui pour repaiftre leur ventre,nefefoucientdes viandes fpirituelles .Eftans en ceftepri-
fon,où nous voyons de quatre vingts à cent perfonnes réduites en lieu oblcur,ie fuis bien
certain &: ailcuré,qu'il n'y a pas vn feul de nous,qui ne donnait volontiers tous Ces biens,
pluftoft que d'eftre condamne pour tout le temps de fa vie à demeurer en telle mifere. Si
doneques pour fuir vne mifere de peu de durée, nous quictons volontiers toute noftrc
fubftance, combien pluftoft: le deuons-nous taire pour nous deliurer,&:nos familles aul-
fi de la prilbn perpétuelle d'enfer? laquelle eft appareillée par la fentence de noftrc Sei-
gneur Iefus Chrift à ceux qui aimeront leurs biens,percs,meres,& enfans,voire leur pro-
pre vie,plus queluy?Et pourtât, fi vous regardez auec les yeux de lafoy quellceft la fin du
vray Chrcftien,ie fuis afîeuré que vous choiiîrez pluftoft, comme Moyle,dêviure poure-
Hcb.ii.ij ment auec le peuple de Dieu, que d'eftreparticipans des playes d'Egypte.
I c y ic vous aduerti dvne chofe , afin qu'auec plus grande conftance vous puifiîez re-
Toi« liom fiuxr aux flatteries & allechemens de Satan: c'eft que tous les hommes du monde font ac
mescompa comparezaux deux Brigans,puis qu'ils doiuent tous mourir . mais la différence giftfèu-
rez anx lcment en cela,quc quiconque refufera de mourir en la compagn ie de ecluy qui confefla
gam. Iefus Chrift, receura la malédiction de ceft autrequile blafphemoir. Or pource que ie ne
vous puis pas exprimer ma conception,iefuis contrainct d eftre brief,pcur plufieurs incô
moditez:vous certifiant fans aucune doute,quel'amour quenoftre Seigneur Iefus nous a
porté, eft tel, que nous deuriôs expofer vn million de vies , fi nous en auiôs chacun autât,
pour leglorifier:puisquele Créateur a voulu mourir pour fàuuer la creature,laquelle ne
voulant fouffrir la moindre fafchcrie qui foit , pour leconrefTcr, dequelle condamnation
fera-elle digneîle fay bien que plufieurs dirôt,qu'ils ne Ce fenten t pas allez forts de mourit
pour Iefus Chrift :&ierefpon, Que celuy qui craint d'eftre vaincu en com bâtant, doit
pour le moins tafeher de vaincre, &c obtenir la vifroire en fuyant . Car de fuir il vous eft
bien licite, mais de ployer le genouil deuant Baal , il vous eft défendu, fous peinededam-
MatcLu nation éternelle. Et vous donnez garde , que les putains & peagers ne vous précèdent au
Royaume de Dieu. Cariefày que plufieurs de noftre pays felont retirez en la villed'oii
ie fuis lorti : &c font plus heureux auecques vn peu de pain &c d'eau , que vous ne fau riez e-
ftre iamais auecques tout l'or du monde . Et la raifon eftjquel'homme eftant compofé d'-
vn corps mortel 6c corruptible, &: d'vne amc im mortelle, a befoin pour eftre content , de
repaiftre &C nourrir ces deux parties-la,dc viandes qui lovent propres & conuenables.Or
quant à la partie corporelle,nous l'auous commune auec les beftes,&: fe nourrie , comme
ellcs,de viandes terriennes corruptibles: mais l'homme ne fe rafïafie iamais d'icelles,&:
iamais ne s'en contente . Carl'ame, qui eft immortelle,defîre auffi bien fa propre viande
celefte &z im mortelle. Et pourtant, fi vous cuidez la pouuoir raiTafier, ou contenter auec-
ques grande quantité d'argent, de maifons, pofTeffions,& grandeurs du monde, vous-
vous tromperiez grandement . Et de cela ie n'en veux poin t d'autre tefmoignagequc vo-
ftre propre confcience. Le corps fe peut bien contenter d'vn peu depain & d'eau: mais
La nourri- lame ne le contente iamais,lî elle ne trouuefa viande propre,qui la nourriiTe & entretie-
turc de l'a- ne en l'elperance de la vie éternelle: &c c'eft la prédication del'Euangile , de laquelle vous
mc' eftes priuez maintenant. Si doneques vous voulez eftre contens , délibérez, vous d'al-
ler en lieu où lame l'oit repeué ,& par ce moyen vous donnerez repos à voftre confcien-
ce , vous repaiftrez voftre ame:vous-vous contéterez vous-mefmes, vous confeiferez Ie-
fus Chrift,vous édifierez fon Eglife, vous rendrez confus vos ennemis, Se procurerez vo-
ftre lalut perpet ucl.Et defire pour l'amour de Iefus Chrift, que vous vueilliez accepter &
croire ce confeil.
A v refte,quant aux biens que voustne faites, ie fuis tellement obligé à vous,quene
pourrove allez vous remercier. Et pource,ie prie à Dieu, qu'il lui plaife vous en recompé-
îer.Mon eftat eft tel, que tant plus fapprochede l'heure que ie doy eftre facrifié à mô Sei-
Notez. gneur Iefus Çhr ift:tanc plus ic me trouuc allègre & refiouy en mon cœur. Si eft-cc q ic m e
recom-
Jean Louys Pafiai 6
recommande à vous, comme faitauffi Marc Vlègli: vous fuppliant d auoir roufioursfou-
uenance de nous en vos oraiibn$,ainfi que nous l atiôs de vous auxnoftres.Ie vousrecom
mande à Dicu:à Dieu,à Dicu*mcs chers freress vous priant,puis que noftre félicité negift
point en celte terre, que vous-vous délibériez deviurc tel!cment,qtie le pluûoft qu'il fera
poffible,nous-nous punitions 1 euoir au ciel. De la prifon de Cofenza , le 16. de Feuricr,
m . d . l x .
AVTRE lettre dudic Paftal, eferite à fes amis demeurans à Gcneue, contenant les examens dciiant le grand
Vicairedc Cofenza.
Omment feray- ie,mes trefehers frères, en fi peu de temps ,&;aucc vne plume qui
n'eferit point,pour vous exprimer au vil ce que iay côceu en mon elprit felpace de
onqmois,aulqucls îenevousayiamaispeucfcrircvn feulmct? Comment feray-ie,pour
fatisfaire à ma fcmme,veu que la honte m'en garde de pouuoir ùt isfaireà moy-mefmeîEt
toutefois ie ren grâces lîngulieres à la prouideceadm irablc ôc infinie de Dieu, que par vn
moyen merucilleux il m'a fait ce bien de vous pouuoir {aluer,&: vous dire,comme ie pen-
fe,le dernier A Dieu par celle lettre, auant q uc ie face le deux &: heureux voyage au ciel,
pour cftrereceu en la compagnie de Iefus Chrift. Niais pour commencer mon diL
cours, ietafcheray de vous déclarer les choies que ie penlè vous eftre les plus cachées,
laiflant celles qui lont toutes m anifeftes , que vous pourrez entendre de ceux qui les fa-
uentau vray.
Ap k e s auoir demeure' enuiron huit mois en la prifon de Fifcaula corn me enfeucly,
ayant toufiours les fers aux pieds* combien qu'en plulieurs lieux on feuft tout ouucrte-
mentquei'eftoye détenu prifonnier, li eft -ce neantmoins que pour quelque temps iene
peu iamais parler à perlonne.Mais Dieu eft celuy qui le veut feruir des hommes,ainiï que
deles inftrumens,pour faire fonceuure:& veut par le moyen d'vn pou rêver de terre&ire
manifefter la Vérité deuant la folle &: ôrgucilleule fagefle du monde . Or s'il y a quelque
choie à reprendre en l'inftrumcnt, i'en laiifeiugeraux autres, &vous l'entendrez d'eux.
Quant à moy , ie n'entendi iamais que le lèigneur Saluator Spinello euft aucun différent SaJuator
auec fes valîaux,iu fqu a tant que faye efté mené à Cofenza, auecques trois hommes delà stiûcU°<
Guardia,defqucls M a rcV s e g l i en eft l'vn, lequel (i'eipere)mc fera compagnie de-
puis Geneueiufquesau cie!,&eft ieyfeul auecques moyen prifon. Orpourlesdiffcrens
quei'ay dit, le feigneur Spinello aceufà fes vafiaux d'eftre Luthériens .&; pour maintenir
& prouuer cela deuant le Vice roy de Naples , il me fit examiner par le grand Vicaire de
Cofenza. Et pource que ie ne fauoye pas la fin où tendoit le Vicaire,lequcl ne cerchoit au-
tre chofe , finon de me faire charger &c acculer par ceux delà Guardia , ie m'efmerueillay
fort(làchant bien la grande amitié qu'il portoitau feigneur Saluator) île ce qu'il y proce-
doit en telle forte: attendu qu'auparauant pour efpargner lcfdits vanraux,ilnetafchozc
que de cacher mon cmprifonnement.Quantàma dcpofition,il ne tira pas de moy ce qu
il vouloir. Car quand il me fit iurer de dire la vérité de ce qu'on medemanderoit ,ie luy
refpondi queie le feroye , moyennant qu'il ne medemandaft choie qui fuft contre 1 hon-
neur de Dieu: tellement qu'il n'anacha de moy aucune aceufation ,nc charge qui peuft
nuireà ceux de la Guardia. Et pour ceftccàufe ie n'ay pas cfté mené-à Naples, comme ils
auoyent deliberé.Et ont cerchc tous les moyens qu'il aefté polïiblcj pour mefaire delpef
cher à Cofenza, ayansprouué ce qu'ils demandent par d'autres gens de la Guardia, qui
ont efté prins dcpui^ le premier examen qu'ils me firent à Fifcaula,lei7.de Decébre der-
nier.Et fut,comme cegrand Vicaire de Cofenza,ayât examiné quelques vns de la Guar_ Le v««"
dia deuant lefoupper-.apres qu'il eut bien fouppé, s'en vint m'examiner , voire après qu'il deCokruA'
cutbeu(fclonquemedit lepteftrequi meferuoit)lîxgrans verres de ce grand vin. & com
bien quel'examen euft duré plus d'vne heure, fi eft-ce qu'ils tafeherent dele réduire en
peu de parolles . Quand il entra dedans la prifon , ie le recognu incontinent au viùu
ge,au m archer, &: au ventre, quoy qu'il fuft accompagné d'aucuns gentils-hommes de
Colenza.
L a première demâde qu'il me fit,fut cefte-ci,D'où es-tu?Ieluy refpondi,De Piedmôt.
Il pourluyuit , N'as-tu autre chofe à faire , que de venir ici feduire ces pourcs fimples gens
delaGuardia?A quoy iedi,Si Iefus Chrift eft vnfedudteur,ie les ay feduits,autremétnon.
car iene leur ay dit finon ce que i'ayapprins en fon efcole. D. Etoùeftccfteelcole? çt. A
Geneuc,où la patolle de Dieu eft prefehee, com meen autres lieux lèmblables. D. Et
quilaprefche? y.. Les Minières de l'Eglue . Alors en grande colère & furie il me dit,
22. ii.
Liure VIL Jean Louys Tafcal.
Ecquc veut dire Cacholiquc?Icrefpondi,Vniucrfclle. Voila, dit-il, commctu.es maintc-
nant conuaincu, puis que tu veux que l'Eglife foit feulement à Genene . le refpondi,que
ceft argument eftoit contre luy-mcfme,d autât que nous tenons que l'Eglife eft par tour,
6c vniueriellefen quelque lieu que foyét les fidèles: 6c ne l'attachons point, comme vous
faites,i vn lieu particulier, ni à des mafques, 6c autres pompes &: apparences extérieures:
6c que noftre Seigneur ne nous a jamais défait l'Eglife telle qu'eft celle de Rome. Mais
vous autres,Uiflans lcsfain&es Efcritures fans vous en loueur, comme îadis en faifoyent
les Scribes 6c Pharifiens , vous allez cercher la vraye Eglilc en la Théologie de voftre cei-
ueau:&: au lieu qu'en icelles il y a vne Eglile dcfcritc,laqu elle eft poure felô le monde,con
temptible,iriefpnlee&: pcrlecutce:vous-vous en forgez vneriche,braue,&: triomphante.
Mais dites-mov,ie vous prie , lainct Pierre vous a-il apprins de perfecuter les Chreftiens?
Et Iefus Chnft vous a-il commandé que vous demeuriez en vos ailes 6c délices , iouifTans
des gros rcuenus&richeircs infinies :6c que cependant vous repaiffiez les pourcs brebis
dcfcu& dcperl'ecutiôs cruclles.?Et à qui parloitle Seigneur Icfus,di(ànt,Quele feruiteur
Icm m a n c^ pas plus grand que (on maiftre > Et aulîi quand il di(oit, Que le temps viendroir,que
celuy qui nous feroit mourir , cuideroit bien taire vnfacrificcà Dieu, pource qu'ils n'ont
point cognu le Perene mov,difoic noftre Seigneur:&: tant d'autres lèntences infinies? Et
quand les Apoftres voulovent faire defeendre le feu £ur les villes qui n'auoyent point vou
lu receuoir 1 Euangile, ne furent-ils pas repris de noftre Seigneur ? 11 eft bien certain qu'il
parloir de vous 6c de voftre eglife,laquelle fait tout le côtraire de ce qu'a tait Iefus Chrift,
lainct Pierrc,&: les autres Apoftres. Sur cela il demâda,Sn'auoyefouppé: le luy di qu'ouy,
mais non pas fi bien qu'il auoit tait. Et fe tournant vers les autres,dit, Pour vray ceftuy-cy
eft yure,c'eft le vin qui le fait ainfi iaier. Voire, voire, di-ie alors, quand vous ne fauez que
Aa.1,4 refpondre, vous dites le mefme que firent vos pères aux Apoftres le iourde la Pcntcco-
ftc. Et n'eftoit aullement attentif ace que iedifove, mais il marmonnoit entre les dents,
&:ielelainrbyefairc.Orcegennl-hommcquieftoitauec luy,medit, Vous- vous trompez
en vosfantaiies. Et le grand Vicaire adioufta, Comment ?ceux-cy ne croyent rien de ce
qu'vn Chreftien doit croire: mais ils nient tout entièrement . Et qu'eft-ce, di-ie,quenous
nions?LaPenitence&laConfe(fion,dit-il.Et moy, Nevousdefplaifc, nous ne nions pas
cela : mais au contraire , nous maintenons que fans Pénitence 6c Confelfioo , on nepeue
obtenir la remiftion des péchez: mais nous nions bien cefte làtisfa&ion que vous au-
tres auez controuuce. Alors ce g», and Vicaire dit, Regardez le grand hérétique qu'eft ce-
ft uy-ci.ncft-.il pas elcrit,Rachettctes péchez paraumofnes ? Çi. Ouy bien : mais cela
fe rapporte aux hommes . Etnelauoitpointen quel partage cela eft efcrit: là de/Tus ic luy
tournay le dos,&di à ce gentil-homme, Celle fenten ce eft elcriteen Daniel le Prophète
PaiTagcd'.i au 4. chapitre, là où il exhorte le roy Nabuchodonofor défaire penirence, lequel auoic
dècu^.an,el exercé vne grande tyrannie contre le peuple :6c luy fit cefte exhortation , commes'il
luycuftdit, Tu m iufcjues tcy fait beaucoup de cruauté^, & as fort maltraitté ton peuple '.maintenant
ya,&i>/ê de mifericorde enuers luy , 0* recompenfe par aumofnes le mal que tu luy affaity yfant de pitié
&compjfîon.
Cependant legrad Vicaire regardoit bien par toute la prifon,&ditaupreftrcqui
megardoit,Ceftuy-ci pourroit-ilbien efchapper?Non,nô,ditlcpreftre,ilafersauxpieds:
6c puis, nous ne l'abandonnons iamais de nuict. Gardez.le bien,dit-il,&:neluy donnez
que du pain à mager,&: de l'eau à boire, vne fois le iour tant feulement:&:le vous côman-
dc fur peine d'excommunication. Apres fe tournant vers moy,dit, Que ne vas-tu pref-
chcràRome,ouàCofenza?Etieluyreipondi,Pourcequeien'yay paseftécnuoyé.&da-
uantage,vous fauez bien qu'vn qui annonce la Vérité, il ne tant pas qu'il lemonftreen la
Papauté. Et au contraire,nousfaifons honneur 6c bonne chère à vn chacun, toitCardi-
nal,ou Euefque,& laiflons paiferôd parler chacun à fon plailir. Et pourquoy,dit-il,ne fai-
tes-vous point deCarefme,finon pour auoir liberté de la chair,& viure en diflblution?
ç».. Si vous faifiez telle abftinence, que font ceux que vous blalmcz, peuteftreque
vous viunez plus fobrement que vous ne faites. Et lequel eft-ce des deux qui fàitlaplus
grandcabftinenccou vn poure homme qui ne mange qu'vn bien peu de pain &: dechair
pour luftenter là famille, & fouucnt qu'vn peu defromage auecques grand' peine &
trau ail, pour iupporter lelabcur qu'il endure. ou vous,qui ne vous ibuciez point de fai*
re groircdc(pcnfe,pourauo:r voftretable bien fournie^ chargée deplufieurs forces de
viandes î Etpuis, qui vous a enfèigné d'aftuiettir les confidences qui font deliurecs
6c
^ean Louys Pafcai
& affranchies parlefus ChriftîSaind Paul&fain& Pierre ne vous le monftrent-ils pas ou-
uertefnent?Etcommentobferuez-vousles décrets dcceuxdcfquels vous-vous appelez
fiicceiTeurs?Alors il me die en Latin, Extmplum dedi-vob'uoa quemadmodum ego feci , ita &r vos
fdàatif.ceft. à dire,Ie vous ay donné exemple,afm que comme fày fait, vous faciezauffî.or
iceîuyieufha quarante iours.Etpourquoy,dy-ie,ne demeurez-vous fans manger quaran-
te iours,fi vous voulez enfuyure Ton exépleîMàis fous couuerture d abftinence,vous vou-
lez manger les bons morceaux,&: boirele bon vfh. Cela, dit-il, a cfté fait à bonne fin, 6c
pour matter&domter lachair. Mais le Seigneur ne veut que nous facions ce que
bon nous femblc,ains ce qu'il nous commandepar là Parolle:&r que ceft en vain qu'on 1'- Matth.15.;
honnore,enfeignant les dodrines des hommes.Puis,apres cela nous parlalmes de l'office
des Euefques, 6c luy monftray que celuy qui ne fait point office d'Euefque^ n'eft point E~
uefque,d'autant qu'vne Eucfché n'eft point vnefeigneurie,mais office 6c charge . Lors il
medit,qu'il prefehoit ce qu'a eferit faind Pierre, famdPaul,&: (kindL Antoine, le vous
aiïcure (ce luy di-ie incontinent) que ie vousen croy fortbien, 6c quevouslauez autant
ce qu'ont eferic faind Pierre &: faind Paul , comme ce qu'a eferit binât Antoine. Nous
parlafmes encores de beaucoup d'au très choies, que ien'ay moyen de vous pouuoir ci-
crire.
Voila l'examen qui me fut fait à Fifcaula parle grand Vicaire de Cofenza, corne ie
vous aydit.Maintenantie vous recireray ce qui s'enfuyuit encores depuis audit examen, pvRC
où parlant du Purgatoire, ienele voulu point rébarrer par l'Efcriturc, mais ieluy dy ceci, TOlI['
Que ie ne pouuoye nullemét croire q lelàind Pere,qui ie fait vicaire 6c licutenat de Ielus
Chrift,lequela voulu foufFrirvnemort fi cruellepour nous deliurer d'enfer , n'eu II quel-
que pitié' 6c compaftion de nos ames : 6c par ainfi qu'il ne les deliuraft du feu de Purgatoi-
rc,le pouuant faire fi aifementauec fa benedidion:&: pourtant q nousneledeuions point
craindre.Ques'ilnelefaifoit,ilmonftroitaflez qu'il cft du toutcôtraireàlefus Chrift. Et
ainfi ie luy mon ftray ce que S. Paul difoit de l' Antechnft aux Thefialoniciens &: à Timo- 1 .Tfcefllx
thee.Et en deuifant ainfi, nous vinfmesie ne fay comment à parler de ces mots, Ceci cft r' im'4
mon corps:furrexpofitiondefqueIs ieluy di,QuecômeIenomdelacho(efignifîeefedô-
ne au figne , tout ainfi qu'vn efpoux ayant donné vn anneau à fon efpoufe, elle l'appelé la
foy de fon mariage, qui eft vne façon de par 1er afTez comm une 6c ordinaire en l'EÎcri ture
fain&e:auffi noftre Seigneur Iefus donnât à l'es Apoftres &: à nous par eux, le pai &: le vin,
les appelé fon corps &: lbn fang: voire en telle forte, q non feulement ils nous reprefentent
fon corps 6c fon (ang,mais ils les nous ofFrct vraycment,pourueu que nous les reccuions
fpirituellement par foy. Car fon corps 6c l'on fang eft la propre viade de lame, 6c iccllc ne
peut eftre repeué ne nourrie de viandes corporelles . Voila en lomme tout ce dont nous
parlafmes enlèmble,lèlon qu'il m'en peut fouuenir.CeIafair,ledit grand Vicaire comma-
da qu'on apportait là vne table,&: dequoy pouuoir eferire, par fon Secretaire.Et pource il
medit,Si tu ne fais quiie fiiis,ictele dià ceftcheure,Iefuis feueique de Lefena,grand Vi~
cairede Cofenza, &:ambaffadc Apoftoiique, qui luis venu icy tout exprès pour t'exami-
ner,ô£ puist'cnuoyer à Naplcsauecton examen. Parquoy penieàtoncas , 6c aduifeà tes
affaires. Alors ie me tournay,efleuât les yeux au ciel,&: priant ce bon Pere éternel au nom
de (on Fils bien-aimc,qu'il medonnaft lbn S.Elprit, ainfi qu'il m'auoit promis. Puis après
ie luy dy,Interrogucz-moy,&ie vous rclpondray . Ecainfi il commença de s'enquérir de ^
mon pays.-Ie lu f refpondi que feftoye natif de Cunio en Piedmont, 6c queic m'eftoye fait je cnmo
bourgeois de Geneue.Puis il s'informa de pluiîeurs circonftances, comme on a accouftu kourgeoi
me défaire: 6c comméça à s'enquérir de ceux de la Guardia , ainii queie vous ay dit. Et ie c Gcna
luy refpondi tellement qu'il fat fatisfàit.
Il vint apresau faid de la Religion :& fon premier article fut, Si ie croyoyeau Pa-
pe. Aquoyiedi, que mon Credo portoit, qu'il faut croire en Dieu le Pere tout-puilîànt,&
ce qui s'enfuît,& non point au Pape :&c queie tenoyefa doctrine non pas fèulcmcnthu-
mainc,mais diabolique. A près il me demanda, combien de rem psilyauoit que ierte me
ftoyecôfciTé.Ieluy di,qii'encorcs auiourdhuy iem eftoyecôfefTé. Etàquikîit-il. A Dieu,
refpondi-ie. Lors il dit,Ie ne te demande pas cela: mais combien il y a que tu ne t'es côfei-
fé félon que lafaindemere eglile Romaine l'ordonne . Dieu m'en garde, di-ie: car ie tien
cefteconfciïion pour mdçhantc, pleine d'impiété &faciilege, 6c du tout diabolique. Et
luy di le mefmede la Mcflé,luy monftrant en quelle abomination iel'auoye. Apres qu'il
ÇVit mis par eferit tout cela, vn certain Dodeur quil auoit amené , fe leua debout , 6c dit,
ZZ-in.
Lime VIL Jean Louys Ta/cal.
Ceux-cy fc moquent tic nous .Et pourccle grand Vicaire mit fin à Ion examen , dilant en
Latin ,EîficnoUntesamplitss dHik^c.c'eft à dire,Et ainlï ne voulans plusouyr . La delfus
ce vendable Docfeur luy dit}Pourquoy faices-vous fi toft finfllkiy refponditje nele puis
plu s efeouter: la moindre de toutes ("es refponi'es cft alfcz pour le faire brufler trente rois.
Eta.nli ils mclaiifcrent. Depuis cela, le 1 1 1. iour de lanuicr,enuiron quatre heures de
fc^Minf1'' nuici rAuditcur de Coienza vint àFil'caula pour m'enuoyer àNaples auec Marc Vie-
jr gii,5c auec l'ancien Miniftre de la Guardiâ, Et quand nous fuîmes prefts de monter iur la
(i!a i'rilon- inci> J le fetroubla,doin nous retournafmc-> en arrière. Le \ i i.delanuierlcsfergeasvin-
drentencores vne fois «Je Cofenza,&: la mer letroubla derechef.
Ci: pendant ilvicntvnenouuellecommiHiondcNaplcs,quenousfufliôsmfnez
àCofenza,là où nous arriuafmes le vingtième de Ianuier. Si toft que icfuarriué, on me
leur mes reIponfes,lefquclles ie contermay tontes de poinc~ten poinrt: & en la hn ie m'of-
fn de prouucr par certains tefmoignages de rElcritmeiain&e, que tout ce que l'auoyedit
eftoit véritable . Et nous mirent auec mille moqueries &: outrages dedans vne prifon pu-
ante,fi'oide,& fi eftroite, que nous nepouuions pas nous eftédredeux enfcmble: &; pour
plus grande commodité,ils nous attacherét deux cnfcmbleà des fers, en iortequenous
ne nous pouuions pas remuer l'vn fans l'autre, &c nous baillèrent vne mefehante couuer-
turc toute pleine de poux, &: nous donnèrent en gardeà vnprcftre deFifcaula, nommé
meffire François de Scita: lequel non content de m'auoir ofté ma camizole, &: vne paire
de pantoufles, m'ofta l'vne de mes chcmifcs:& quand nous-nous plaignions que les poux
nous mangeoyent,il s'en moquoit,& crioit fouucnt après nous, Ah mefehans chiens ma-
tins, trailtres,cnnemis de Chrift &c du genre humain. Et demeurafmes en ceft cftatlefpa-
ce de dixlept îours . Et ncantmoins par les contolations lingulicres que le bon Pcre don-
ne aux liens en leurs afflictions, nousdcmeuralmostouliours allègres, chantans auec vue
ioye ineftimable.Lc v i i.deFeurier nous fuîmes menez au chafteau liezc*:enchainez:c\:
ce bon Preftre fit tant entiers la garde du chafteau, qu'il le contraignit de nous enfermer
en vne pr îlon fort obfcure 8c balle, où nous demeurafmes quatre îours . Mais noftre bon
Dieu &l. Pere de mitencorde, lequel n'abandonne iamaisles.lîens,trouua moyen de nous
faire adoucir cefte croix . Et amii nous fuîmes mis en vn lieu allez plailànt , auquel par le
loin de nos frères de la Guardia,&deSainct-fixte, nefommes que trop fournis de ce qu'il
nous faut:qui fait que ic délire bien de partir d'icy, afin de ne les plus greucr & falcher. Le
xx i .iour dudit mois , derechef le grand Vicaire vint au chafteau auec vn Auditeur . Et en
fommeîc luy confermay toutes mes premières relponles. Ils auoyent amené auec eux vn
Moine pour difputer contre moy.Car quant àl'mftru&ion du procès, l'Auditeur ne vou-
loit point efeouter aucune raifon,ncfouffrir que ialleguaflêrien pour prouuer marclpô-
ic,mais que ieluvdilTe feulement ony,ou non.Dcquoy ie me plaignoyegran démet: mais
il merepliquoit qu'il eftoit venu là pour m nitcrroguct,&: non point pour ditputer. Et me
donnerêt terme pour cinq iours,pour penfer li ie me vouloyedefdire,m'aduertiifansque
U ioveque c'eftoitla dernière admonition que celte-la . Maintenant ie melen ii refiouy pour cefte
fcntctccux nouuelle que iedov bien toft aller demeurer auec Iefus Chrift , qu'il me femblequeienc
fligcz°p^ur fuis point en pnlbn. Quant au Moine dont ie vous ay dit, après que icluyeu fait quel-
la venu-, ques refponi'es iur les matières dont nous parlions , il dit qu'il ne faloit plus parler à moy,
puisqueieniovclaMeiîe,&.lapuiiranccduPape. Sicft-ceque mon interrogatoire par-
achevé , l'Auditeur luv dit , Si vous voulez maintenant difputer , il en eft temps : &: il luy
relpon dit, le ne fuis pas venu icy pour difputer, mais pour le voir feulement. Alors le
grand Vicaire ditj'ay vn braue Moine queie luy ameneray . Il y a délia trois iours partez,
& ne l'ay point encores veu.Ie n'ay plus de papier. De la prilon de Colenza,le xxv i .iour
de Feuricr,M .n . l x.
AVTRE Epiflre à ceux de Gcneue,par laquelle il leur donne à cognoiftre les combats par luy fouftenus con-
r re le gr.îd Vicaire de Cofenza,!' Auditeur De fainâe croix, &: autres aduerf aires,fuppofts du fiege Romain.
Il fait mention des refponfes de Marc Vfegli Ton compagnon.
^ s trcscncrs Ôchonnorezrreres,ie mefuisfouuentefois fafché en moy-mefmcdu
temps que fay perdu demeurant en l'Eglilèdc Dieu: mais encores beaucoup plus
cftant en ces prifons,cra'gnant que mon ignorance ne donnait occaiion à ces poures mi-
fcrablcs,&: aueugles iages du monde, de s'endurcir dauantage. Mais il y a eu deux chofes
qui
Jean Louys PafcaL J48
qui m'ont beaucoup allégé en ma douleur, combien que l'vne doit allez dôner matière à
tous de lamenter .La première a efté,que la vérité deDieu eft il puiiîante &:de telle vertu,
que Satan netous Tes Rapports ne l'ont point furriiàns pour vaincre celuy qui l'areceuë à
bonefcient. La feconde,que la beftiîè&: lourde ignorance,ou la malice diabolique de
ceux-ci eft il grande au faict de la religion:& qu'ils y procèdent en telle lorte, que fans s'ar
refter trop à leur refpondre,& aux partages de l'Efcriturc fainde, qu'ils corrom pent & ti-
rent comme par les cheueux,ain(i qu'on enfaiçau paysdeFrâce, ilfurKtàces vénérables
& reucrens de tirer des concluions termes &: aueurees de quelque peu d'argumens. Et d'
autant que fay elle payé de ces belles railbns qu'ils amenenc, ie vous prie qu'il ne vous raf
che point de les ouyr.L'vneeft,Quele Pape peut tout:&ipouriat qu il peut faire des loix,
aulqlles celuy qui n'obéit, nieles premiers principes:^ contre ceux qui nientles premiers
principes, qu'il ne faut point difputer. Vne autre fois Y A uditeur me vint trouuer. & après
qu'il m eut fait vne belle remonftrance&: exhortation dedans le Palais, ie luy dy,Que tou
tes fois &: quantes q ie teroyeconuaincu par l'Efcriturelàincre , ie nercroyepas feuîemêt
vncamédehonnorable,mais vnecétainc. Lors le grâd Vicaire iélcua debout, medifanr,
Pcnies-tu que iete vueillccôuaincreparlafainctc Euriture?cc m 'eft alfez à movde tecô-
uaïcre par la loy du Pape:artédu qu'il y a deux loix au môdc:l'vne cil celle de Ielus Chnft:
&: l'autre eft celle du liège Romain, car il eft dit, l'ay beaucoup de choies à vous dire, que ic*ni6-ii
vous ne pouucz pas porter maintenant. Et adioufta quant <k quât, qu'il y auroit trop à fai-
re,fi on vouloir tout prouuer par la lainde Efcricure. le ne vous eferi point la reiponfe,d'-
autant qu'ils ne la voulurent pas eleouter . mais la concluiion fut , Que celuy qui n'obeic
point aux ordonnances du Pape,ell vn meilhanthcretique,niant l authontcd iceluy.Et
pourceie mcplaignicn premier lieu du tort qui m'eftoit fut en ces interrogatoires , de
cequeicnepouuoveconfermermes rclponlés, d'autant qu'ils ne vouloyent autre chofe
de moy,finôqueiedùTcouy,ou non,& rien autre. Mais le Peredemifericorde ,& le Dieu
de toute conlblation, lequel confole les enfans en leurs mileres&: afflictions , m'a fait ce
bien auant que ie meure:ou pour mieux dire , que faille de mort à vie , de pouuoir expri-
mer Omettre hors mon defir.Car ce matin l'An lircurDe fainde croix,com me ie penfc,
m'eft venutrouuer,pour mefairc(ainfi qu'ils pailent)la dernière admonition, s'enquerat
article par articles en attendant la refponfe, comme vous entendrez , fanant mettre le
toutparefcrit,cn meiausfaifantaucuncmcnt.Or la première choie qu'il médit, fut, Vou
lez-vouseftrecnduici& pcriïfter en ceftefauiTe opinion que vous aucz? leluy rei'pondv,
Si croire que Icfus Chriit eft noftre feul Sauueur, corn me dit faincfc Pierre, &: que par luy Act 4.1t
fcul on a remilïîon des pcchez,eft vne opinion, ie ne fay que c'eft que foy.il me demanda,
Croyez-vous qu ily ait vn Purgatoire ainii que Icglilè Komaine le croit ? le refpondy , Et
vous,Monheur,croyez-vous quele PapeaitlapuuTance d'en tirer les aines? lldcmcura
vn peu à longci :&: puis il me dit, Ponrquoy demandez-vous cela, puis qu'il eft tenu pour
le deuoir decharité,à tout le moins vne fois le iour de les en retirer ians argent? Mais l'Ef
criture iàin&e nous enk ignequeleft noftre vray Purgatoirc,aflauoir Icfus Chrift, lequel
feul a fait la purgation de n os péchez, corn me dit l'Apofl re en l'Epiih e aux Hebrieux . Et Heb.r.?
iaind lean,Que qui croit en Icfus Chrift,ne vient point en condânation,mais qu'il a pal- 1 -m v-4-
fé de mort à vie. Et pource noftre Seigneur citant en la croix dit au Brigand, Auiourd'huy Luc 13,43
tu feras en Paradis au ce moy. Apres il me demanda, Doit-on adorer les Saincts&: la vier-
ge Marie aufïiîle rcfpondi que non. Et pourquoy?dit-il.( !ar ceia,di_ic,eft côtraireau pre-
mier cômandement de la Loy. Cela lait, le Lieutenant de la g.irde du chafteau tira à part
l'Auditeur , luy dit en Efpagnol , Moniieur, vous ne luy deuiezpas demander, ii on les
doit adorer, mais prier &: inuoquer.Et pourtant il réitéra la demandc,dilànt,Sion deuo;t
pricr,inuoquci-,& adorer les Sainâs. lerclpondi que nousn'auons qu'vn (eul Aduocat&
Médiateur Ielus Chrilt, lequel dit enlaindlean, Q ue nui ne va au Pere finô parlôn mo_ lean T4 e*
ycn.lî roedemâda,Etde la vierge Marie qu'en ci oyez vous? Qu cllea efte m ère de noftre
Seigneur lefus, vierge deuant qu'elle enfantait, vierge après auoir enfante.
D. Dites vous K+Aue Maria}. ^1 lene jxmfaiV *AngcGabnel>ni elle au fit ne ftp lut en cefle
yiemorteilc. D. Et qu'en crois-tu? 1^. l'en ci ov tout ce qui en eft recité en l'Euangile:
c'eft qu'elle a cité falueederAnge,& bénite par Elilabethfa parente. D. Tiens tu 1-
^iue Maria pour vne prière? 6c ledoit-il dire ? çi. le ne le tien point pour vne prière, 6c
ne fe doit aucunement dire pour vne prit re.
D. Dy-moy,les Chrcltiens doiucnt-ils allci : à la Mefle? çt. Ne la vierge Marie, ne les
22'. mi.
L/#ro VIL Jean Loujs Vafial.
Apoftics ueléuréuamais qc'eftoitdcMeffe,&: iïfont allez en Paradis: 5c pointât, faime
beaucoup mieux fans aller à celle MelTe,controuuec par les. Papes , qui lont allez en en-
fer (corn me on le voie en Sabellique,Platina,&: Volacerran) m'en aller au ciel auec les A-
poih es. D.Tu mes doneques la communion? Ri. le ne nie point la com m union qui fc raie
en la laiiiLtcCenc de Iefus Chrift: mais iedi bien qu'il n eft point licite a perfonned'ad-
iouitcr,ou diminuer, ou chager aucune choie de fordônâce q noftre Seig. afaitc. Et voi-
la pourquoy faincl Paul voulant remettre la faincle Cene en Ion vray vfage , entier Se lc-
gitimc,quis'eftoit délia commencé à corrompre entre les Corinthiens, les ramené à ce
x.Cor.ii.ij qU'j] auoit t-eccu du Seigneur. D. Ne crois-tu pas que le corps de Iefus Chrift vient en ce-
lle hoftic, que le Preftrelàcrifie&coni'acrcrtyi. Pour rien ienecroiroyeeela- maispluftoft
ic la tien pour vne profanation énorme Se deteftable dufacrifice Se du précieux (àng de
noftre Seigneur Ielus,&: pour vn renoncement en efîect de là mort Se pafsion. Car l' Apo-
Hcb.10.14 lire aux Hcbrieux dit, Que par vne feule oblation Icfus Chrift a fanclifié pour iamais Ces
cfleus. Et au i o.chap.dc cellçEpiftre,il dit le mclfne,C'ell que nous auons elle fanttifiez
par l'oblation de Iefus Chrift, laquelle a elle faite vne feule fois . Et quant au corps de no-
ftre Seigneur lefus,ie tien qu'il clt au ciel à là dextre du Pere , 5c qu'il ne doit point venir
ça bas,(inon auiourduiugement qu'il fera des vifs 5c des morts,ainlî qu'il eft dit au Sym-
boledes Apollres,en faincl Matthieu 2.4. aux A&esdes Apollres premiei'chap.Et noftre
ican 11* Seigneur mcfme a dit en iainwt lean, Qu'ils auroyent touiiours les poures auec cux,mais
non pas luy. Et comme ie parloyeainli, l'Auditeur demeuroit corne en fufpend : puis il
me dit, Qu'entcns-tuparle Symbole des Apollres ? Alors ie luy rccitay au log tout le Cre-
do. Cependant il contoit par les doigts de combien d'articles il medcuoit interroguer: 5c
images dit, Que nous refte-il plusàdjrerEtainfîilluy fouuintdcs images:&: medemadali on les
dcuoit tenir dedans les cglifes , 5c les adorer. Aquoy ie refpondi , Pour vray, Monfieur,
voila vne des plus belles demâdcs que vous m'ayez point encores faites , pour defcouurir
manifeilement l'impudence des Papes, qui ont bien ofé falfifier la faincle Loy de Dieu,
en effaçant le fécond commandement de la premiereTable,lequel contient ces paroles,
Tu ne te feras image taillée, ne femblancequelconque des choies qui font là fus au ciel,
ne çà bas en laterre,n'és eaux de/Tous la terre.-Tu ne t'enclincras pointa icclles,&: ne les
fer u iras, Sec. Et fi vous voulez fauoir fi ce que ie di eft vray, cercliez dedans la BibIe,enco-
re qu'elle Ibit des plus vieilles,&:regardez au zo.chapitre de l'Exode. Ayant ouy ccla,il dit
b a p t ES au Grcffier,Notez en ^a marge> Exode chap.io. Aures il me demanda,Que crois-tu du Ba
ME. ptefme?Ri. Ielctien pourvu Sacremét ordonné de noftre Seigneur Iefus Chrift, 5c pour
vne entrée que les Chrcftiens font en l'EglifedeDicu: pourceq nul ne peut eftre mem-
bre d'icelle, qu'il ne ibit premièrement nettoyé de routes Ces taches 5c péchez par le pré-
cieux fang de Ieius Chrift, mortifiant fa chair, 5c les reliques du vieil homme,&: promet-
tant de viure en vne nouuelle vie fpirituellc.Et toutes ces choies nous font monftrees en
iceluy.Carpremicremcntilyalelauemcnt d'eau, laquelle nous figure lelâng de Iefus
Chrift: ce qu'on eft plongé ou baigné, lignifie la mortification delà chainle fortir hors de
l'eau,ou eftre effrayé, lignifie la nouuelle vie fpirituelle. Alors il dit, Mais tu ne l'approu-
nes pas comme il Ce fait entre nous,&: ainli que l'a ordonné le Pape.Ri. N©n pas moy.Car
ie ne croy point que celle eau-la me laue mes péchez, ne que la vertu de Dieu £bit enclo„
fc la dcdansjfclon que vous l'aucz longé. 5c puis ie renonce &:detefte tout cequiyaefté
adioufté par les Papes, comme vne profanation d'iceluy,& approuue feulement l'ordon-
nanccleuledeïefusChnft,ainfiqu'enontfaitles Apollres, baptizan s de touteeaufim-
c " 0 ple:&:fcxépleeneftaux Adcsdcs Apollres , dé l'Eunuque qui fut baptizé par Philippe.
C Or cependant que ie difoye ces choies, il faifoit Ion conte par l'es doigrs : 5c luy Ibuuint
du manger delà chair:&. pource me demanda,Si ie failbye différence d'en mager vn iour
pluftoft que l'au tre,&:fi i en auoye mangé tous les iou 1 s. le luy refpondi que tous les iours
ibntfan£tifiezauxfidelcsparlaparolIe,&:par la prière :5c que fainct Paul reprend ceux
qui font différence des iours: Se pourtant comme vne chofe indifférente, i'en auoye
ïTim^j, mangé tous les iours . Et adiouftay dauantage, que faind Paul prononce que c'eft
vncdodrinedcsdiables,de défendre les viandes aufsi bien que le Mariage. Etoyauttsela
il mcdit,Quetiens-tu,ou q crois-tu du Mariage? Ri. Quec'eft vne faincle ordonnance de
Dieu.D. L'approuues-tutoutainfî commenous le faifons ? le luy refpondi feulement,
qucien'approuuoyepas leur manière de faire, qu'ils le défendent en certain temps, &
puis, que pour argent ils donnoyent congé de ic marier comme bon leur fcmbloit.Et ne
voulu
Jean Louys PafcaL p
voulu point entrer à luy déclarer comment par vne fottifè trop lourde , voire impiété de-
teftableilsen faifoyentvn Sacrement,&:puis l'appelentvnepollution.nedelescOfondre
autrement parleurs propres armes,pource qu'il eftoit défia bien tard,& qu'il m'auoit efté
commandé que ie fulîe bref, ^ Voila en fommc ce qu'auiourdhuy,qui cft le dernier iour
de leur Carcfme-prenanr, a efté adio.ufté en mon procès plus que criminel . Iefày bien
queie puis auoir changé aucunement l'ordre, mais non la fubftâce de la procédure: & me
fuis perforcé de retenir les mcfmes refponfès,d'aurant que i'efpere que lies pourront tom
ber vn iour entre les mains de quelqu'vn quiles pourra côferer auec le procès . Combien
qu'en ma dernière refponfè faite al' Auditeur fur l'admonition qu'il me fît de me defdire,
auant que de toucher à ces derniers propos,i'auoye fait vne protcftation,Comment ie n-
ay point d'autre foy, que celle que i'ay apprinle.de noftre Seigneur Iefus,laquelle eftfom-
mairement comprinfe au Symbole des Apoftres:pour laquelle maintenir ie délire & luis
preft d'expolér à la mort non point feulement vne vie, mais mille, fi i'en auoye autant : 6c
prie noftre bon Dieu de m'en hiirelagrace,pour l'amour de Iefus Chrift ion Fils noftre
Seigneur.
Or decetcmps-Ia,M arc mon compagnon eftoit folicité par le conte d'Àiello, & çn1Cc°i^
par le Lieutenant de la garde du chaftean, de fedeidirc,&: luy mettoyét en auant l'autho-
rité du Pape. Aufquels il ditoit, Vous pouuez direeequ'il vous plaira:mais quant à moy,ie
croy que vollrc Pape a autant dauthorité de pardonner les péchez, qu'a mon aine. Car il
les homes euffent peu pardonner les pechcz,il ne faloit point que Iefus Chrift vinft mou-
rir pour iceux. Et ils luy repliquoyent,que Iefus Chrift auoit donné luy-mefmecefteau-
thorité à fes A poftres. Ouy bié, dit il, à Tes A poftres, &: à ceux qui annôcent la parolle de
Dieu,&: qui prononcer qu'au nom de Iefus Chrift nos péchez nous font remis. Mais qu'a
affaire voftre Pape auec ceux-ci ,ni auec fainct Pierre,ni auec les A poftres? A lors ils luy de-
manderent,Comment peux-tu fauoir,roy qui es vn ignorant, quêtes péchez te font par- Refpôfeç At
donnez, fi tu n'as l'abfolution du preftre? le le lày,refpondit-il, par le moyen de la foy, que ^rrc,J"rr^
i'ay en Iefus Chrift :&fuisaufii certain &aiTeuré que fon fang me laue&: nettoyé de tous Vérité!"'
lïies pecheZjComme ie fay que feau me laue les mains. Ils luy dirét, Que par la mort de Ie-
fus Chrift le péché originel nous eftoit feulement pardonné : mais que pour ceux q nous
faifons,ilnous faut auoir l'abfolution du preftre.Marcleurrefpondit, Dites-moy,ie vous
prie,Si quelqu'vn auoit tué cinquante hommes,&: qu'il euft obtenu grace&remiffion de
la mort de quarate-neuf,&: qu'il neleuft point de celuy feul qui refte, ne le feroit-on poit
mourir pour ce feul ,auf(i bien qu'on euft: fa îr pour tous les cinquate? Ain fi ie vous di, Que
fi Iefus Chrift nenous a pardonné tous péchez , tant l'originel que les noftres , il faut que
pour les noftres nous allions en enfer. Lors ils luy dirent,Ce fera à toy qu'il faudra aller en
enfer. Il leur refpondir,Et ie vous di,que tous les diables enfcmble ne me fauroyent fai-
re craindre,que faille en enfer: mais au côrraire,ie croy que Dieu me fera la grâce de por-
ter cefte croix,d eftre l'vn de fes Martyrs, & de mourir pour la mefme querelle qu'ils font
morts.
Mo n interrogatoire paracheué, l'Auditeur ditderechefàMA r c ,Vien-ça, As_tu bie
penfé à ton affairer Veux-tu renoncer à ra faufle opinion'Lors il luy rcfpondit,I'y ay penfé
& repenfétmais ie ne voy point que ie doiue recourir à autres qu'à Iefus Chrift fèul, lequel
eft venu en ce mode pour endurer & mourir pour moy.Et vn Efpagnol foyant parler ain-
fihardimet.dit, Voyez ceftuy-ci qui ne lait lire n'efcrirc,&: fi feveut méfier dedifputer.Et
quefais-tu que c'eft dételles chofèsrEt Marc fe tournant vers moy, dir, Demadez-en à ce
gentil-hômme,&: il vous en rendra bon conte . Et l'Auditeur luy dit , le te deman de fans
plus difputer,fi tu te veux amender. Et il refpondit,Ic me tien à ce qui a efté eferit , Alors
l'Auditeur fit deux ou trois fignesdelacroix fur luy , difant, Or va r'en au diable. Et
ainfi nousretournafmes enféble tous deux en prifon. Efcritdelaprifonduchafteaude
Cofenza,lci7.deFeurier,i 560.
AVTRE Epiftrc dudit Pafcal ,par laquelle il déclare les grâces & faueurs finguliercs que Dieu luy fait , mon-
ftrant raccomplifTemenr de les proraeiTes.
O m b 1 e n qnoftrccnnemi, ayanr perdu toute maiftrife qu'il a fui nous, feferue de
noftre chair corne de maqucrelle, pour rôpre le lien du famtt mariage, q nous auos
fair auec noftreefpoux Iefus Chrift: ii eft-eeque nous fommes certains q l'Eiprit de Dieu
qui habite en nous,rompant toute fon erïtreprinie,&; nous armât des armures dont parle
Pl'ca. u6.ii
Liurc^ VU- fan Louys Ta/cal
famct Paul aux Ephefiens, nous afsiftera tellement au combat,qu'en la fin nous emporte-
rons la victoire triomphante. Et ne cloute point que le Seigneur Dieu ne prolonge cefte
affaire, à ccquelafin&ifTuecn foit d'autant plus à fa louange &: gloire, &: à mon pro-
ht, «Se non fans quelque édification de Ton Eglife. Car quant à moy,i'cnfen vne tel-
le marque 6c vn tel gage,que le fuis honteux desfaueurs &c grâces finguliercs que le Sei-
gneur me daigne Kiire:d'autant qu'outre le profit que ic l'en auoir fait, de me repofèr tous
les iours de plus en plus en fa prouidenec , il m'a fait toucher comme auecles mains l'ac-
compli flcmenr de tes fainc~tcspro méfies. Et pour vous dirclevray,encores queiamaisle
Seigneur ne m'ait abandonnc,toliterois fi me fèmbloit-il que îenefcntoye point en moy
la viuacité &rcffîcace des confolations qu'il auoit fait fentir aux autres, comme il mefbu
hu« d« " ucno't d auoir leu dedans leliure des Martyrs: ce qui me donnoit occafion de quelque ta
Martyrs, fcherie 6c regret. Mais quand le temps eft venu, il n'apoint failli de medonner eequeie
dcfïroye,&: m'en adonnétant,quetoutainfi que du cômcncementdema prifon ie fen-
toye comme vn glaçon en mon cccur,à caufè de la faf chêne que i'auoye: aufsi depuis peu
dcioursençàilmcràitfentirtelleconfolacion enmonefprit, que ie ne la vous fauroye
exprimer.
£ t pourtant nous auons biert occafion tous deluy en rendre graces,attendans en pa-
tience le comble de les benedi&ions, perfeuerans neantmoins toufiours, commenous
îbmmcs enfeignez, en prières &oraifbnsXar ie vous allure, fi l'homme eft vne fois de-
laiifcenfcs propres forces, quec'eft vnepourecx: miferablecreature.Etpourcenouspou
uonsbien direauec Dauid.Ftayeur me fai(it,quandnous venons àconfiderer la condi-
tion de ceux qui font abandonnez de Dieu . Et puis il crie à haute voix, QjJÉrendray-ie
au Seigneur pour tous les biens-faits entiers moy? Car li eftans encores en l'abyfmc de
toutes miferes,auec vn petit gouft de la confblation qui doit aduenir, nous-nousfentons
trop plus heureux, fans aucune comparaiion, que tous les Rois & Princes delà tcrre,quc
fera-ce quand nous ferons participans de la nature de Dieu,& que nous iouyrons pleine-
ment de cefte félicite parfaite &c accomplie,laquelle iamais œil n'a vcu,ni oreille ouye,ne
cœur enrendu rParquoy, mes frères, ie vous exhorte dedemander inftamment à Dieu,
qu'il vous facefentirviuement ces confolations-ci , afin que renonçansà nous-mcfmes,
nous-nousconfacrionscntout&partoutau fèruice denoftre Rédempteur , eftans cer-
tains &afîeurez,fï nous fbm mes participans defes afflictions , qu'en la fin aufsi nous fe-
rons participans de lès confolations.
EPISTRE par laquelle il confole fa fernme,raflfeuràht des promefles infallibles de Dieu. Il admonnefteauf
fi Charles fon nepueu de feruir à l'aduenir à la gloire du Seigneur. La fuperfeription de la lettre eftj
A ma chere& bien-aimeefemme,Camilla Guarina.
A tref chere &c honnorecamie,ie cognoy bie que l'amour de Dieu enuers mov eft
_ ;fi grand, que ie demeure tout confusjfèulement de penfet à fes grans bénéfices :Sc
entre autres,dc ce que i'ay cefte commodité' de vous pouuoir faluer parlettres,ainfi que
i'ay toufiours dcfirc,&: vous faire participante de mes confolations,lefquellcs m'ont cfté
redoublées par vne prouidence admirable de Dieu. Car cftant en la prifon eftroitte du
Vrfetcopri- chafteau de Cofettza, cepourcieunegarçon delaGuardia,nommé Vrfetto, qui demeu
fonnicr. roit auec le tailleur qui fit voftre rob be,f ut prins de la Iuftice de Cofenza : &C depuis qu'il
eut abandonné Iefus Chrift,il fut mis pour enuiron vne heure en noftre compagnie: Se
luv ayant demandé de voftre eftat,il me dit, qu'auec vne patience Chreftienne , vous-
vous rengev. Se lubmettez à la bonne volonté de Dieu : auquel vous-vous eftes côfacree,
&moy aufsi. Dont ie vous promets de la parc denoftre bon Dieu, que Iefus Chrift fera
voftre efpoux cher Se gracieux, lequel pouruoira à tout ce qu'il vous fera ncccfTairc, puis
qu'il nepeutiamais abandonner quiconquefcficcnluy. Oriefaybicn, que patience&:
coftanccn'eftpasvneftupidicctrutalcqui nefentcpointlcs afflictions de la chair: mais
d'autrepart,ie me refiouy grandement du profit qu'auez fait en l'cfcole de Dieu , lequel
vous propofantlegrand honneur de vous faire compagnieen vnœuure fi excellcnr,reL
jouira tellemét voftre efprit,que ce fera pour renforcer voftre poure chair affligée. Vous
fauez bien que la fin principalcde l'homme eft deglorifier Dieu,lequel auec grand pro-
fit recompenfera toute peine &trauail que nous aurons prins pour l'amour de luy.L'arre
queie fen par fa bonté, eft fi grande, qu'elle me fait demeurer tout refiouy: Se ce d'autant
plus que i'en ten le mefme aufsi élire de voftre part.Que fi la chair fc ducilt Se pleine de ce
qu'elle
ncue.
Jtan Louys PafcaL f <p
qu elle tburfreafflicf ion plus grande que de couftume, l'efprit la reprend comme ingrate
de tant de bénéfices de Dieu:&(ur tout, pour le doux traiteement duquel le Seigneur vte
entiers nous , en defpit de tous nos ennemis . Et pource ic puis chanter à bon droit àuec
Dauid,Le Seigneur me paift,rien ne me defaudra.Chantons doncquesenfembleleslou- Pfeàw*»
anges de noftre Dieu. Et afin que vous ayez toufioursfouucnâcc de moy , îe vous cnuoye
au Pt'eaume qui commence,Iamais ne cefferay de magnifier le Seigneunnon pas afin que pfcau-3+
vous-vous ennuyez d'eftre demeurée en ce monde après moy , mais afin de vous efiouir
en certaine e(perance,que vous meluyurez au ciel, là où ic vous vay attédre. le pente que
monteftament vous donnera occation de cognoiltre que ie vous aime de bon cœur: &c
vous prie que pour l'amour de moy Vous ayez men nepucu Châties pour recomman- ^
dé.E t aduiiè bien, mon entant, que tu te portes tcllemét, que ton oncle ne toit point de- charkSJf0!l
ceu de l'efperancequ'ilaque tu dois ternir à la gloire de Dieu , quand le temps tera venu, ncpuai.
le t'ay laifle monfegneur le" Marquis pour pt re , non point que ie me derfiaif de la ron- njJjJJJ^Jj
deur àc tincerirédemon frère : mais pour le grand delir que fay que ru foisenfegné con- v,to,,cmuj
tinucllementen lacraintede Dieu.Iehe vous di autre chofe,tinon qu'il vous phuletaluer
tous mes compagnons etcoliers, & leur dre qu'ils appreftent des fauciliesbien trenchan-
rcs, pource que la moifTon eftgrande,& qu'il y a peu d ouui iers. A Dieu tous ,&: vous ma
chcrcfemme,en vous embrasant &: baifant,ievous di le dernier A Dieu. Delaprifondu
chafteau de Cotcnza,lei7.de Feurier, 1 }6o.
Au feigneur Laurent Maietto>&: à tous nos frères de Saintt-lixte,& de la Guardia.
D' A V T A N T que ta venue de Pafcal auoir caufé grade perfecution à ceux de Sain<ft-fixte,&: de la Guardia, Si
les admonnefte de ne trouuer eltrangt, fi ce qui doit élue pour coni olanon, eU fouixnt cauf V de ia dcfolatiô.
Et en la féconde partie de celiç Epiltre il les confole en fa perfonne , alléguant la ioye & félicite qu'ont ceux
qui fouffrent pour l'Euangile.
||qϣ,;Re s-c h e r ficre,vous n'auez quetropd occationsde vous contrifter, pour le pi-
tcux cas qui ett aduenu de puis mon arnueeen cepoure pays,5c villages. Car il iem-
blc que le Seigneur ne m'y ait point enuoyé àautr e fîn,iinon pour delcouunr fhypocnfie
& la iufte condamnation deplutieurs: lefquels non contens de s'eftre plaints de Marquet
a caufede ma venue (pour pouuoir lans en ettre repi ins , te veautrer e n leurs ordures & i-
dolatries)refontautri depuis efforcez de faire que tous les autres parle moyen &: aide de
leur feigneur terrien, fu tient contraints d'idolâtrer tome eux. Et pour ccfairc,moy eilanc
cncorcsàla Guardia, ils confpirerent à l'encontre de Dieu , failaus ces beaux cicrirsque
vous n'auez que par trop entendus: dont iefen vne telle douleur en moy, queic n'en puis
plus parler. Nedoutcz poit que Dieu n'au efte prouoqué à me parvnctelle ingratitude.
Et pourtant ilsnefedoiuent pasetinerueillcr , fi par ton iufte îugement il s ett leruipour
infiniment de leurs affiictions , de ceux qui leur auoycnt elte enuoyez pour lesconioler. ç-onfokti»
Car c'etl bien raifon queceux qui ne veulent point de la bénédiction de Dieu, reçoiuent t ■.uneeec
an non -
deiolacicm.
maledidion-.dequoyilsnetepeuuentpiaindie nullement, attendu queic leuray
ce rvnc&l autre,comme le Seigneur Dieu l'clcntau Deuteronome.Et Dieu vueillt qu'-
ils nefovét pointencores lî ftupides(ie ne parle pas des pouresfi^elcsaffligtz)quedefcre-
tournerev. courir comme chiens matins après la pierre qui les a frappez, pour la mordre D ^
& ronger defureur: ce qui ne leur feruira d'autre choie, linon de leur rompre les dents, ^ '
pource queceluy qui leur a donc !e premier coupleur en douera bien d'autres. Mais vous
mepourrez direq ce font les pouies fidèles quifèntentles plus grans coups: ce queic con
fctle élire viay,d'autant que leiugemcnt commence parla maiion de Dicmmaisfi celaié
fait au bois vetd,que fera-ce puis après ùuiec ? Et pourtant il y a toutïours cefte différen-
ce entre les fidef s Scies metchas, qu'à ceux qui craignet Dieu toute chofe tourne en bie,
&; parmi les afflictions mefme s ils lentent la bonté paternelle de Dieu : lequel com me vn
médecin bien expert ôclauant, tetert de médecines ameres pour guérir les poures mala-
des . Et nous laitons affez combien les afflictions font necetfaires pour aduertir les fidèles
de leur dcuoir . Car autïî te ft qu'ils l'ont trairtez vn peu délicatement , cefte chair rebelle
s'enyure aux délices & aitès de ce môdc,& met en oubli fa principale fin,&: ne tient grâd
conte du re pos 8c félicite perpétuelle.
Par Ci_v o y, tref-cherfrerc, icvouspricdeporterpatiemmcntlcs afflictions quele
Seigneur vous enuoye , attrempant &: modérant l'afprcté de la croix , par la douceur des
promeffes qui nous font faites en l'Euangile , quand il cft dit, Que ceux la font bien- heu-
Lime VU* Jean Louys Ta/caL
rcux qui mènent dueil,&: qui foufFrent pour iuftice^d'autant qu'ils feront confolcz. Ec Ci
lâchait* rebelle, pouftee par Satan, taichoitdevousperiuaderquc Dieu ne vous aime
point, 6c pour cefte eau Ce qu'il vous afHige,rcfpondcz-luy hardi met , Que puis qu'il vous
Mat.ç.4, chaftie,c'eft vn ligne manifefte qu'il vous aime,& qu'il vous eft bon Père &: benin. Et cô-
*13 bien que vous ne voyez pas des yeux corporels le mauuais temps & la grande tempefte
qui eft en la mer, regardez auec iaind Pierre en cefte clarté (Huilante de lefus Chrilt,voi
re des yeux fpirituels de la foy, & vous Verrez vnc grande tranquillité , &; aux miferes Se
pourete vne abôdancede richeffes merueilleule,& en cefte mort tat biieue vne vie eter-
Roco.s.54. nelle.Efiouiftcz-vous auec iam&Paul,difant,C^eft-ce qui nous pourra iamais feparer
de l'amour que Dieu nous porte en lefus Chrift rScra-ce la faim i la foif ? nudité ? les per-
fecutions ?]a mort î II eft certaih que ïamais nulle créature ne le pourra taire. Et avât fait
vne fois cefte rclblucion, de cheminer touficurs en la crainte& amour de Dieu , cercliez
puis après le meilleur moyen que Dieu vous prclèntc, pour appaifer voftre coniçicncc,
afin qu'en paix vous puilsiez venir au bout de ce pèlerinage (ans ofFenfer Dieu . le penic
que vous fauezbien qu'en tous nos procez vous elles nommé, non pas que iaye efté le
premier à parler de vous,combien quefaye efté examiné le premier oe tous: mais quand
vn vous a cudcfcouuci t,il a falu que les autres lavent confermé.De là vous pouuez bien
conclure,que iamais vous n'aurez paix auec le monde,tandis que vous marcherez par le
bon &c feur chemin de l'Euangile. Et vous veux bien aducrtir,que vous fbyez pruden t,&
que vous-vous gardiez fur tout fongneufèmcnt,qu'on nevousmettelamainfurlecolet.
Et voudroye,que comme le capitaine> vous mifsiezcn exécution le confeil quefayen-
uoyé à tous en ^encrai.
Qv_ a m t à 1 ennuy que vous auez,& tous mes autres frères à caufe de mon emprifon-
nement,ie vous en remercie, m'afTeurant que cela procède delà vraye amitié &Chre-
ftienne que vous me portez:^ fuis certain qu'il n'y aceluy d'entre vous,&:dc la Guardia,
qui ne me vouluft racheter de (on propre fàng, fi la volonté de Dieu cftoit telle. Mais en
cela ie ne voudroye point qu'on panait les bornes d'vn Chreftien,qui font , d'auoir la vo-
lonté de Dieu pour règle vnique de toutes fes affection s, & puis de modérer la douleur
qu'il fènt pour la perte de fonfrere,auec le triomphe qui m'eftappreftépar le moyen de
ce prochain voyage tant heureux. Or quel plus grâd honneur Dieu nous pourroir-il fai-
re,quede fe feruir de cefte pourecharongne& puànte,pourréndretefmoignageàfa vé-
rité éternelle & infaillible? Quelle meilleure nouuelle puis-ie receuoir,qucde fortir de
toutes mi (ères, & de m'en aller auec lefus Chrift,pour iouyr de la félicité éternelle ? Là il
n'y a plus dedouleur.ne de pleurs, ne demort. Nefàuez-vous pas bien que la mort des
VCe.xts.ii faincts eft precieufc en la preibneedu Seigneur? &: , Que bien- heureux font ceux-la qui
Apo.14.ij. meurcnc en iUy ? Auez-vous enuie fur ma félicité prochaine ? S'il eft ainfi , faites que ce
foit vne fàinîte cnuic,laquelle vous retienne continuellement en vn deflr ferme &con-
ftanc,dc me fuiute par le chemin du ciel, ne vous arreftant point en cefte obfcure vallée
de mifercs. ^ le vous fuppliearFcc~tueufement,qu'ayantleu cefte lettre,vous en faciez
part à nosfi-eresdeSainct-fixte, &: de la Guardia, lefquels tous enfemble nous faluons
moy ^Marquer, q eft ici auec moy.Le Seigneur Dieu (bit celuy qui vous recopenfe,tref-
chers &: bien-aimez frères &C fœur s en noftre Seigneur,detant de biens que vous nousa-
ucz faits, puis que nous ne vous en pouuons point aiTez.remercier . le me recommande
en particulier à madame Marie,&: à fes plus prochaines vo:fines,qui m'ont tant fait de
biens. Et quand cefte lettre aura efté receue, ie vous prie de l'cnuoyer à Geneue.Et vous
aduerti, que il par prières continuelles vous criez au Seigneur pour la defolatiô que vous
endurez.il ne faudra point de vous exauccr,vous prouuoyat de ce qui vous fera neceftai-
rc.Ie vous prie encorcs vnc fois d'auoir fouuenance de prier Dieu pour nous, côme nous
faifons pour vous. A Dieu mes frères &t mesfeeurs. A Dieu. La grâce du Pere, la charité
du Fils, par la communication du fain£t Efpritfoit auec vous tous. Ainfi foit-il. De lapa-
fondu chafteau de Cofenza,le dernier iour de Feurier, 1 5 60.
A ma trefehere fœur au Seigneur , madame Marie, &: à tous nos frères en lefus Chrift.
PAR cefte prefente il confole les affligez efpars en Calabre.defcendus de pères fidèles : &r cjuele Seigneurleur
ayant oflc maintenant la nourriture du pain celefte.Ia prédication & les exercices de fa Parolle, l'auroitfait
pour leur donner à cognoiitre par la priuation d'icelIe>combien elle doit eitre chère Se precieufe.
IE ne
JeanLoujuTafcaL jji
E ne fay pas bonnement, trefchere&honnoree fœur en IefusChrift,que iedoy
ïfair e,pour vous remercier des bies infinis que i'ay reeeu en particulier de vous. Et
pleuît à Dieuquemon^ouuoirrefpondiftàma volôté:icm'effbrceroye de faire cognoi
ftre voftre charité Chrcftienne à toute l'Eglifé, afin que cefuftvn exemple vif &: rare:
njaisnele pouuant faire, ieprieray leScigncur Dieudele faire luy m cfme, vous don-
riant la recompenfe qu'il a promife en fon fainét Euangile.Lelien de charité Chrellien-
nequimefaitiouirdevosbenedidions,eftceftuy-lame(me auffi qui me tait gemir 6c
foufpiter de vos afflictions,m'incitat de prier Dieu (ans ccfle,qu'il luy plaife vous fecou-
rir pafià grande mifericorde,&; mettre quelque bonordreà tant de piteux deiordres:
pour lerernede delquels ie vous enuoyecefte feule confolation 6c certaine,vuus priant
d'en âftoir toufiours fouuenance:C'eft que vous-vous donniez garde , quelque chofe qui
vous puifle aduenir, de iamais perdre courage,&; d'orfenfer Dieu par deffiance,comme
s'il eftoit voftre ennem'y moitel,à caufe qu'il vous afflige . mais au contraire , que vous-
vousafTcûriez qu'il vous aime comme vn bon pere pitoyable, 6c que pour cela il vous
chaftie. Iefay bien quececy ne fe peut faire fans combat, 6c fî,ie voy que Satan eft défia
tout preft pour vous perfuader le côtraire,pour vo* faire defefperer de vqftre falut , puis
que Dieu vous a priuez de les Miniftres : 6c par confequent de fa parolle , qui eft la feule
viandède nos ames.Et fuis touteertain qu'aueccefte tentationfiî plufieurs autres, il taf-
cheta de vous attirer au gouffre &; abyfme de defefpoir.
Mais pour luy refifter,& le vaincre de fes propres armes,recueillez de ce chaftiemet
de Dieu vne confirmation ferme & certaine, qui eft , Que quand le pere 6c la merefer- j^ôP*J*
ment l'armoire où eft le pain > à leurs enfans, ils ne le font pas pour les faire mourir de percteri
faim:maisaucontraire,ilsfechangeroyent pluftoft en viande cux-mefmes, que de les l'armoire
voir en telle extrémité. Or fi les hommes qui font mauuais, fement vne telle bonté en fo^Sn*.
eux,quefera-cedecefeulPere de mifericorde lequel n'a poîtefpargnéfon Filsvnique
&bien-aimé, l'enuoyant du ciel çà bas en terre, pour nous Je faire àiamais pain dévie?
Mais vous pourrez dire,que cependant neâtmoins l'armoire demeu re fermée, puis que
nous fommes priuez de fa parolle. Ievousrcfpon que celaeft pour voftre grand profit,
d'autant que c'eft vn moyen,duqucl Dieu fe fert maintenant', pour eftre tant plus glori-
fié en vous. Or cela le faiten deux fortes, afTauoir que Dieu eft glorifié en le pi îat , 6c en
luy en rendat grâces. Et pource il eftnecefïaïrc à caufe de noftreftupidité, qu'il nous aL
flige,afinqi^çnouslepnôs:&:enlepriâtqu'ilnousexauce>àce quenousluyen rédions
grâces. Qup fi vousentrezen vous-mefmes, pour vous bien examiner , vous ferez con-
trainte& vous 6c tous les autres de confefTer que vous n'auiez iamais cognu, combien la
parolle de Dieu eft precieufe, iufqu a ce que vous en ayez cfté priuez:& pourtant il vous
eftoit knpoffibtede leprier comme vous y eftiez tenus,pour l'auoir:& puis l'ayant obte-
nue,^ en remercier, comme vous y eftiezobligez. PourdÔquesreucnirànoftre fimi-
Jitude, jedyjpuis que Dieu vous a fait ceftegiace, de vous faire naiftred'vne louche be-
niteyquAvo^s foyezaiTeurezd'eftre heritiei*s aufli de leur benedi&ion,d'autât que Dieu J^.?|Jj™
aprAmis à;VQ*peres»>qu'il fera leur Dieu,&:de leurs enfans en mille generatiôs. Parquoy iabenedi-
qu?dDieUiVftftrc Pére vous a priuez de cefte vian de fpirituellc,ce n'a eftépourvousfai- ftion des
re mourir de faim,mais pour vo9 en faire auoirbôappetit,afin qu'elle fe tourne en meil- pcrcs*
leuçe nourriture.Et quant eftd'ouurir i'armoire,vous fauez qu'il ne faut feulement que
l'enfant dcmandejpource que fa voix penetreiufques dedans les entrailles du bon Pere
& payable. U ne reftedonques autre chofe,finon que comme enfans bien obeiffans
&c débonnaires vou^ demandiez le pain à voftre Pere ceiefte , félon que vous a enfeign4
jefùs Çhnft voftre frore*ne doutant point de fàbonté& amourf aternel. Ecpour vous
ofter tout foufpeçon , ayez recours au tefmoign^ge intérieur de voftre prop re confeien-
çe:ô6frquuant en vous l'efprit de pouuoir inuoquer Dieu* ayez cela pour vn tefmoigna-
gecertaip de voftre adioption, vous tenansafTeurez qu'en bref vous aurez la pafturede-
iiree. Car ceft efpritn'eft point donné finon anx enfans que le Pere celeftèveut repai-
ftre. de fes, viandes fpirituelles. Celuy dbnquesquilefencen foy(c'cft à dire, quiconque
prie Ç)ieu aucc certaine efperance d'eftre exaucé) Ce peur affeurer hardiméede lafaueur
4eDieu,&:4e fon fecours,d'au tat qu'il eft cfcrit,Qne quicôque inuoquera le nom du Sei a^-111*
gnquf^fçra^auué.Eçcncores quetelle inuocatiôfuft meflce parmi quelque deffiâce(aïfi
iqle iugemer.humain en eft continuellemét plein)enfuyuez les Àpoftres , lelquels eftas
agitez de vagues 6c tepeftes del a mer,craignans la morr,recoururem inconrinét à Iefus Mat,s IU
AAa.
Livrer FIL Jean Louys Pa/cal.
Chrift,qui dormoit, crians, O Seigneur,aidc-nous,pource que nous mourons. Et ainfi
ils nous monftre comment il y auoit de la deffiance méfiée auec la foy. La mer trou-
blée les faifoit craindre la mort la prcfence du Seigneur qui fèmbloitcftre endormy,
lcsdcuoitafTeurerdcla vie. Ainfi ne vous taillez point empefcKer parla deffiance que
vous fendrez en vous, que ne recouriez à Iefus Chrift, lequel combien qu il femble dor-
mir, c'eft, ne vous point ouyr ,&quevous voyczlachofc fort difficile, ne doutez point
qu'il nes'efueille en fon temps, &: commâdantàla mer &:aux vencs,ilferacciîeria tem-
Lon que pefte,encores qu'il femble que cela (oit impofîible. Car fon office propre eft , de befon-
wuteitdcf. gner lors queleschofes font venues à l'extrémité, &: qu'on en dcfefperc félon le fenshu-
bdbj^*31 mam> ar*n clue chacû cognoiiîe que ce qui eft impoffible aux hômes,eft tres-aife à Dieu.
Ceferadoquesenfommel oraifon qui vous fera obtenir de Dieu tout ce qui vous fera
necefTaire. Or pource que ic ne fay pas combien i'ay encores à demeurer icy , pour plus
grande confirmation devoftrefalut,ayansvoftre efperancc en Dieu par le moyen de
Iefus Chrift, ic vous annôce commefon Miniftrelaremifiion de tous vos péchez, pour
Ize.i8. u. *c dernier prefent que ic vous fay : d'autant qu'il eft eferit en Ezech. Que toutes fois &c
%*. quantes que le pécheur fera marry d'auoirofFenfé Dieu, &c qu'il luy demandera pardon
de fes pechez,incontinent il luy fera grâce &: pardon : corne il nous monftre par l'exem-
ple du Brigand,&: de l'Enfant prodigue,& de pluf ieurs autres contenus au vieil & nou-
ueau Tcftament. A Dieu, ma tres-chere fœur, &: tous mes frères en Iefus Chrift.
Qv^a n t aux autres chofes, iepenle que vous lauezbien comment vous auezdefîa
efté nommée en deux procez:dont ie vous aduerty, afin que vous y aduiîiez , ne fâchant
pas côme vont vos affaires particulières &: domeftiques. le prie Dieu qu'il vous afiîfte,
&: qu'il vous tienne en fa faincte protection. Ic me recommande à vos bonnes prières
en gênerai. Nous auons fouuenance de vous tous aux noftres . De la prifon du cha-
fteau de Cofenza, le 7. de Mars, 1 560.
SENSVIT
Ames
autre Epiftre pleine de belles exhortations : de laquelle l'infeription eft,
5 tres-chers & honnorez frères de Sain&-Sixte,& de la Guardia.
Mifericorde, aide, faueur, confolation, patience, fageffe, force, perfeuerance en foy, efperancc, & charité vot»
foit donnée de Dieu noftre Pere,par le moyen de Iefus Chrift^fin ^u'à luy feul foit toute Iouangc,honnçur
gloi re,t rapire>triompbe, & action de grâces à iamais, Amen . '
É|§|| O M B I E N que mes forces fbyet dcbiies,& mon pouuoir bien petit , fi eft-ce que
L-aff«ûioa affection oue ie vous porte , eft telle , & la douleur que ie fen à caufe de vos affli-
de Pafcal ctions,cft fi grande, que ic voudroye bien volôtiers mettre mes efpaules fous voftrc far-
rSJfc*46 deau,pour vous aider à le porter, d'autant qu'il me femble que par ce moyen ie feroyc
~ ! foulage du mien,fi ie vous pouuoye defeharger du voftre:mais Dieu noftre bô Perc, qui
nous aime tant, prouuoit trop mieux à nos neceffitez , que nous ne (aurions déliter At-
tendu qu'il n'y a nul de nous qui i peuft fouhaiter plus grande chofe, que d'eftre content.
Mais quand ce vient puis après à cercher où c'eft qu'on peut trouuer ce contentement,
nous y défaillons grandement.Car au lieu que nous deuriôs leuer les yeux au ciel,nous-
nous enueloppons comme des beftes en la terre , quoy que l'expérience nous môftrc (i
fouuent, comme l'abondance & commodité des chofes terriennes,font celles qui nous
font abandonner Dieu,ainfi que nous voyons en eftreaduenu au peuple d'Ifrael, lequel
cftant engraùfé, regimboit contre le Seigneur. Ce que nous voyons à l'œil , fans aller
trop loin,vous eftreaduenu. Car vous fauez combien vos p ou res frères de Picdmont^c
" Il entead de" Prouence ont fouftenu de combats pour la prédication de l'Euagile, qui eft feeptre
riadoi tel dc lcfus Chrift>& <lucllc conftance ils ent monftree , demeurans liez & coioints en vne
briere^ef- faincte vnion,quand Satan les a afîaillis pour les exterminer.
quels rhi- O x. quant à vous, qui elles d'vn mcfme lignage,& héritiers des mefmcs promelîes,ic
cu« cy de*- ne Puis Pabr 4UC ladifFerence fi grande qui s'eft trouuec entre plufîeurs de vous & eux,
iunt au*, quand il a efté queftion de combatre, foit procedee d'ailleurs, fîuô pour auoir efté trop
gras,& àleqraife:&:queç'aeitéauffil'occafionde vous des- vnir&feparcrJes vnsdesaul
tres.Mais Dieu qui eft fidèle en fes promeiTes, ne laiffera pas pourtat fon ceuure impar,
fait,& ne permettra iamais que Satan luy ofte des mains ceux qu'il a prins pour fïens en
Iefus Chrift. Parquoy qu'il vous fuffifc,&vous côf blez.de ce que voftrc falut eft entxe les
mains de ce fort Capitaine,lequcl n'a iamais perdu aucun defes foldats , combièii'éuij
les ait exercez U employez en côtinuels combats fie alarmes,pariefqucllcs tât s'en faut
qu'il
Jean L ouys Tœfcal. fji
qu'il les ait débilitez, ny afFoiblis, qu'il les rend tous les iours plus fermes 6C conftas, Car
ce n'efepaS f oifiueté,ne la plume du lid, ou l'aife , mais c'eft le trauail 6c la côpagnie qui
faitlcfoîdat bon & vaillant. RecognoifTczdonqucs ,que les affligions que Dieu vous
enuoye, font des moyens, defqucls il fc ferr pour procurer voftrefalut : attendu que nul
ne peut thefaurizer au ciel, qu'il n'ait apprins de melpnier cefte terre baffe 6c puante,la-
quelle trompe en la fin tous ceux qui fe fontoccupezen icelle poury trouuei leur con-
tentement & félicité. Et pour cefte caule il a voulu quefes plus civersik: plus aimez fer.
uiteurs ayent toujours efté tourmetez de leurs aduerfaires , afin qu'ils pratiquaient ce-
fte belle fcntcncc, Que nous n'auons point rcy bas dccitépcrmanece , mais que nous la Hcbr.13.14.
cerchons ailleurs. Etc'eftauflicequele bon lacob confeffa àPharao. Et quand la pro- Gta-t*?.
meffe d'adoption fut faite à Abraham, il luy fut incontinent fait cômandement de par-
tir hors de fa maifon, de quitter fon pays &:fes parens. Duquel fi vous fuyuez la foy,vous
ierez {cscompagnons,moyennantquevousfoyezfideles&. obeiflans comme ila efté.
Et non feulement le royaume des deux vous fera dôné en Ton temps,mais auffi vous en
iouyrez en ce monde, 6c lent irez l'affiftence du Seigneur, combien que vous loyez pèle-
rins cômeluy en la terre. Et quoy qu'il ait efté exercé de beaucoup de peines& trauaux,
il eft-ce que Dieu attrempoit toufiours le tout par quelques treues 6c repos. Ce qu'il fe-
ra pareillement enuers vous, moyennant que vous ne ceffiez par prières &oraifons de
demâder à Dieu le fecours& aide que vous délirez: puis qu'il a promis de ne point per- j£jjj£'5r
mettre que vous foyez tentez par deflus voftre portee:&: de ne point eftemdre le lin qui Man.u.io.
fume. Gcmiffez donques 6c lamentez de cœur continuellement au Seigneur , 6c ie fuis
certain qu'en brez vous fentirez le fruid de vos prières.
O r d'autant que tous ne font pas en vn mefme degré, 6c que les grâces de Dieu font
diuerfes 6c feparees , i'exhorte ceux qui font plus craïtifs,de fe retirer en quelque lieu af-
feuré,voire 6c bien roft, quelque empefehement qu'il y ait ou de famille , ou de biens 6c
richeifesmon pasque poureelaie vous vueilledelpouilkrderarFecl:iô naturelle, quieft
de porter amour à vos domeftiqucs-.maisievoudroye bié qu au zele de l'amour de Dieu
vous enfuyuifliez l'exemple de plufieurs du pays de France,lefquels fe trouuans au mef-
me eftat que vous eftes maintenant , fe retirent iournellement en l'Eglife de Dieu , où
ils demeurent iufqu'à ce qu'ils fe fentent auoir fait quelque profit en la Religion,tant en
doclxine,qu'en force & confiance. Cependant le Seigneur leur ouure quelque chemin,
par lequel fans offenfer Dieu, ils s'en retournent en leur pays:& auec bon confeil 6c ad-
uis ils prouuoyét non feulement à leurs familles, mais à toutel'Eglife en general:au lieu
que vous autres iufqu'à cefte heure demeurez enclos 6c ferrez dedâs vn gouffre,duquel
vous ne pouuezfortir,ne donner aucune aide aux autres,pour en efchappcr.Parquoy ic
voudroye bien que vous prinffiez quelque moyé, par lequel vous puiiliez aduertir ceux
qui vous aiment, 6c qui vous peuuent bien conseiller en vos affaires , encores qu'il vous
deuft coufter quelque chofe de voftte bourfe.Et Dieu fait combien il me fafche que cela
n'a point efté fait îufques à maintenant : 6c fur tout , quand il fe pouuoit faire fans aucu-
ne incommodité.Quc fi i'euffe feeu ce que ceux de la Guardia ont attiré (dont font for-
tis tant de defordres )ie les euffe enuoyé eftudier ce que dit M.Caluin au io.chap.de fon
Inftitution:& péfeque parauenture ils n'euffent pas entrepris ce qu'ils ont fait. Etcôfi-
derant les circonftances de ceft affaire, qui m'ont efté dites depuis que ie fuis icy, ie n'y
fauroye voir autre chofc,qu'vniufteiugement de Dieu , lequel ofte le bon cÔfcil,& fait
que les fages deuiënentfols&: infenfez, quad il veut enuoyer quelque punitiô.Parquoy,
puis qu'à vos dcfpens vous poiiuez apprendre de combien grand malvn confeil aucu^
ncment précipité 6c haftif eft,qu'il ne vous face point mal de porter quelque incômodi-
té,pour remédier aux incoueniens defia aduenus,tat qu'il vous fera pofiible. Il me refte
de vous remercier de tât de biés que i'ay receus de vous,lefquels font fi grans, 6c tels q ie
ne les puis exprimer. Et pourtât ie m'adreffe à Dicu,pour luy en redre action de grâces,
le priât pour vous,que luy qui ieul le peut faire, vous en recopenfe félon fon bon plaifir.
Qvan x à noftre affaire, ie ne vous en dy autre chofe. Carie croy que vous auez veu
noftre dernière Confeffion, depuislaquelle nous auons efté toufiours prefts , attendans
dvn cœur allègre 6c ioyeux l'heure que Dieu a ordonnée pour eftre menez au facrifice.
Et pource Marc 6c moy vous prions de vous fouuenir de nous en vos bônes prières, afin
queDieu paracheue fon eeuure qu'il a commencé en nous:& que vous ayez fouuenance
du poure François,& Louys,à ce qu'ils ne perfiftét pas au mal,où ils font tôbez : lefquels
AAa.ii,
Littrc~> V IL Jtan Loujs Tafcal
François & apress'eftre defdits,onteu Iacorde,& ontefté remis denouueaiî en prifon aucc no9. Ic
fiucdddïcs ne%Pasla caufepourquoy ils ont fait cela:mais leur infirmité a efté trop grande. Le
onr laque- Seigneur Dieu par fa mifericorde infinie vueillecouurir toutes nos iniquitez.Etd'autâV
ftion- quciufquesicyil m'a preferué feul delà torture,ievo' prie qu'il vous plaife tousenfem-
ble auec moy de l'en remercier affe&ueufemét,de peur que par noftrc ingratitude nous
ne nous ré Jions indignes de Tes bénéfices in finis. A Dieu m es frères &: mes fœurs. Q u'il
vous fouuienne de faire prière incefTamment aucc attention, auec foufpirs,gemiflemés
&: pleurs, &: qu'elles procèdent d'vn cœur embraie de l'amour de Dieu. Et fi vous trou-
ueZ quelque confblation en mes lettres, retenez-en la copie,& enuoyez l'original a Ge-
neue. De la prifon du chafteau de Cofenza,le 10. de Mars, 1 560.
A mes trefehers & honnorez freres,qui font les plus voifins:& puis après par leur première com-
modité, à ceux de Geneue.
h I vous euffiez efté plus près d'icy que vous n'eftes , ie vous eufTe aduerty plus fou-
g uent de nos affaires,pourvous inciter tant plus à fairepricres pour nous. Et com-
bien que i'ayefenty,&: que ie fente plus queiamais l'efficace de vos orahons, fieft-cc
neantmoins que i'experiméte bien encorcs combien il eft nece/faire de refueiJler la ftu-
pidité de noftrc chair, laquelle fi on nepicque&efguillonne, fe rendort incontinent
comme fi elle n'auoit plus que faire de Dieu. Et ie confefTe franchement^jue le pain n'-
eft pas plus necefrairc pour (uftenter noftre vie,que font les afflitf 10s pour le falut des fi-
deles.Au refte,felon que ie vous ay eferit par cy deuant, i ay efté examiné par l'Auditeur
De la croix,& me donna cinq iours de termepour penfer fi ie vouloyé ratifier ledit exa-
men:les cinq iours paiTez,il nous fut dit,quel vn de nos compagnôs, lequel s'eftoit def-
dit,auoiteulaqucftion,&: nefauoit-on pointlacaufe. Etayans entêdu cela,noftrc gar-
de vint appeler le petit Marc, qui s'efpouuanta fort : & cftant mené à l'Auditeur, il JUy
dit,qu'vn Luthérien ne mérite pas qu'on luy donne la corde. On luy demanda, Qu'eft-
Rcfpofc de ce donc qu'il mérite? Marc rcfpôdit, D'c ftre bruflé tout vifivoulant dire qucfclon la cô«
taînier" ^lon qu'il au°it défia faite, il ne deuoit plus eftrctourmenté,mais qu'ils le pouuoycnt
°nmcr' brufler,com me ils ont accouftumé de faire aux vrais Chreftiens , & fidèles feruiteurs de
Iefus Chrift.Ils efcriuirent (es paroles,& luy dirét qu'il ne falloir point d'autre luge pour
le condamner. Puis ils adioufterent qu'ils ne luy donnoyent pas la corde pour le fai& de
la Religion,mais pour làuoir autres chofes de luy. Et l'ayant efleué vn peu haut de terre
ils le remirent bas,fans luy donner aucun traid de corde,ainfi qu'ils l'auoyent fait aupar-
auant à deux autres , lefquels encores qu'ilscuiîent parlé à leur guife, eurent neatmoins
deux traifts de corde chacun. Et cepédant qu'ils defeédoyent de la cordc,ils m'enuoye-
rent querir:&: en allantils me difoyent, Va hardiment,on t'allongera bien les bras. Efti-
mez que ma chair n'eftoir pas fans grand tourment: mais aufli à la veritéj'efprit n'eftoic
pas fans reconfort &c confolation.
Qv^a n d ie fu arriué là deuât eux, ie leurdy,Que la foy,com me dit S. Hilaire, ne doic
point efti e forcée. A cela ils me refpondirent,qu'cux auffi ne me vouloyent pas forcer»
mais qu'ils vouloyent entendre quelle eftoit ma refolution ,puis que les cinq iours e-
ftoyent paifcz,lefquels m'auoyent efté donnez pour péfer à mon cas, & me raduifer. In-
continent ie leur refpondy,Non,non,ie rae rapporte à tout ce que iay dit. Durant cela
Agenouille- on fonnoit vne cloche: lors tous fe ietterét à genoux, difàns Maria-.&t ie me prome-
£dMh&n noyeparmy lachambre.Et l'Auditeur me demanda en colere,pourquoy ie ne m'eftoyc
pas agenouillé comme eux?Ie luy reipôdy,d'autant que ie ne dy point V^fut Maria com-
me vous,pour vne prière, mais le Paternofler&inCi que Iefus Chrift m'a enfeigné. CLe
grand Vicaire me toucha quelques poinds du Sacrement:&: quand ie luy voulu rcfpon-
dre, il me dit que ie m'en allaiTe,& qu'il ne vouloit point diiputerauccmoy. Etainfi ie
fu ramené en prifon par la grâce de noftre Seigneur: là où ie ne fuis pas demeuré fans lar
mes &: foufpirs,&: prieres,à cauiè du ipedaclê fi piteux que ie voyoye deuat moy,&:pour
la crainte que i'auoye d'eftredenouueau remené pour me donner la cordcifelcn qu'on
me rapportoit qu'il fcferoit.Et les plaintes & regretsque faifbyent ceux'tjuis'eftoyenc
defdits,mcperçoyentlccœur,non feulement pour ladouleurqu'ils fentoyent en leurs
corps, mais pource que Dieu auoit eftéainfi deshonnoré par eux. OrDieu voulut «d'IIS
ne me demandaient autre chofè: & ainfi l'accord que firent les trois compagnons , ad-
doucit &c modéra leur rage,combien que cela fuft de petite importance. Et le Seigneur
voulut
Jean Loujs Pajcal s SB
voulut > que pat ce moyen toute occafion leurfuft oftec de les remettre fur Ja qiieftion.
L.b iour fuyuanr,rAuditcur& le grand Vicaire vindrét en la prifon,pour fe faire con-
fermet noftre Confeffion,&: aux autres leur renoncement:^ puis ils nous mirent tous
quatre enfemble, là où nous fommes demeurez îufquau xxvi i. de Mars. Le petit
Marc &moy n attendions que l'heure d'eftre menez au triomphe que nousdefirons, Pafcal &
eftimans que Dieu fe vouluft feruirde nous,pour donncrquelquc exemple de conftan- JJ^!^'
cç à ce poure pays de Çalabre ainû defolé, Mais nous auons entédu à ce foir , qu'en bref Jncnez lia?
Bousferons menezà Naples:dequoy,CQmbjen que la chair fc côtrifte , fcfprit toutefois mort-
a bien occafion de ferefiouir, puisquilpIa!ftainiîauPeredernifericorde,denAUs faire
ccft faonneur,de fc feruirde nous pou res vers de terre, pour rendre tcfmoignagcà fa ve-
rit^en tantdelieux,&deuanttantdeperfbnnes,m'aircurantquele tout tournera à fon.
honneur &: louange, tant pour la confusion des mefehans, que pour l'édification des fi-
dèles : d'autant qu'il a commencé vne bonne ceuure en nous, il la conduira au ((I iufques
àlafin. À Dieu, mes frères. Priez Dieu pour nous. DclaprifondeCofenza,letroific-
me d'Auril, i j6o.
Lettres dudit à fa femme Camilla Guar ina,&rc.
fâ&Sft A tref-chere femme &c fœur en Iefus Chrift,par la bonté &: mifericorde de Dieu ie
jgjjjyvous ialueencorcs vne fois par la prefentc,voire cotre toute attéte, afin que vous
en puiflîez receuoir confolation . Vous entendrez plus au longpar deux moyens , cora-
ine quelque efperance d'eftre deliuré m'a efté donnée :l'vn par les lettres que i'efery à
Saintt-Sixte,à Rome,& à Cuniopourceft affaire la:& l'autrepar le porteur,lequel vous
pourra aduertir de tout ce qu'on aura obtenu par cela, d'autant qu'il a charge de palier
par Rome:& peut cftre encore par deuers le Seigneur laques Bonnello. Mais quoy qu'il
en foit, la fomme eft, que ievous deûreeftrcenreftat, auquel ie fuis maintenant parlaLc fou!ia,c
grâce de Dieux'eft adiré, que tous deux foyôs à Dieu en la vie & en la mort:& que nous a U
prenions toute noftre confolation aux prières faites en foy,par lefquelles nous fommes
a/leurezdeuoir obtenir tout ce qui fera expédient pour la gloire de Dieu .laquelle doit
cftre defiree par dé/Tus toutes autres chofcs,& pour noftre bien & profit. Quant à moy,
ic vous dy en vérité, que ie fouhaitte quaû la mort » voyant le frui&quiappàroift défia à
caufe de noftre prifon, pour dôner quelque édification à l'Eglifc de Dieu. Car fi vn peu
deconftance,quele Seigneur m'a donnée pour confeflTerfoa Fils Iefus Chrift; a remply
défia, & remplit encores tous ces lieux-cy demcrueillc,&defir d'entendre la certitu-
de de celle nouuelle dodrine(qu'ils appcllent)dc l'Euangile : que feroit-ce fi Dieu nous
vouloit employer à la feellerde noftre propre fang? Outre que noftre qualité cftfi
débile, ie ne fay pas fi ie ferayiamais pour faire vntel profit, encores que iel'annon-
çalfe de viue voix. Il eft vray que les miracles que Dieu a faits en moy par le pafTé,me dô-
ncroyent quelque efperance de lepouuoir feruir pour laduenir, d'autant qli'encores
que la puiiïance cloche en moy, tant y a que le Seigneur y a mis le bon vouloir, auquel
il eft aifé de faire que les pierres parlent,&: que les petis enfans le côfefTent , puis que les Match*-».
Scribes &c Pharifiens le renoncenr. Mais pourec que cela eft en fon confeil éternel ,
p non s-le de bon cœu r que fa fain&e volonté foit faite, afin que nous puifïions nous con-
foler de tou t ce qui nous aduiendra par fa prouidence. Et d'autant que la vie prefente
eft comme vn gage certain de la faueur de Dieu aux fidèles, mettons peine tandis
que nous demeurerons icy, qu'elle nous conduife au but pour lequel elle doit eftre
defiree, c'eft à dire pour feruir à la gloire de Dieu,& àl'edification de la faincte Egii-
fe, & non pas à nos commoditez charnelles &c terriennes. Et veux que vous fâchiez que
l'amitié que i" vousportoye (encores qu'elle fuft grande )n'eftoit rien auprixdecel- L'amitié dc
le que ievous porte maintenant.Etencelaiecognoy la benedi&ionfinguliere deDieu, ^ts*™!
laquelle a efté en noftre mariage, pource que le commencement a efté pour quelque I JEuaDgik,
bonne fin , &: digne de Chrcftiens : Se d'autant plus que i'ay profité en la religion Chre-
ftienne,tanr plus auffil'amitié s'eft augmentée, à caufe de l'efgard mutuel qui eft entre
l'vn 6c l'au trerm'aifeurant que les mefmes afFedtions qui font eh moy, font pareillement
en vous:&: qu'ayans efté conformcs,& defemblable condition au commencemét, nous
le fommes encores en affli&ions. Et pour parler plus clairemenr, ie vous aknoye à caufe
des vertus Chrcfticnnes queie cognoilToye en vous , en fentant que parles afflictions i'-
ay fait quelque profit en la religion Chreftienncrdefquelles affligions vous auez efté
aidfi participante auec moy, & par confequent du profit: & la caufe qui m'a induit à
AAa.iii.
Zàtfro VU. J**n Louys Ta/cal.
vous aimer cftant augmentée en moy, l'amour aufli en a efté plus grand.
O r noftre bon Perc nous ayant exercez en patience , cefte-cy a engendré en nous v-
nc vraye efprcuue,& vne viue efperance. Et pourtât après que le S. Efprit nous auraen-
graué & efpandu en nos cœurs l'amour de Dieu, nous ferons en luy,& luy fera toujours
en nous.Parquoy,ma trelchereamie,confolez-vous en IefusChrift,& faites que les trois
premières requeftes del'oraifon qu'il vousacnfeignce,vousfoyéttoufiours imprimées
au cœur, & remettez en Dieu tout voftrefoin & folicitude: fiez- vous en luy , qu'il accô-
plira tout voftre defir,quand il fera bien réglé, & fera en vous tout ce qui eft efcrit au $ 4.
Pfeaume, lequel ic vous ay cnuoyé parcicuberemét. RefiouilTcz vous au Sergneur,crai-
gnez Dieu, lifezince/TammentrElcriturefainâ:e,frequentezlesSermôs,fecourczaux
poures, viticez les malades, employez-vous félon voftre pouuoir à confoler les affligez:
foyezfur tout foigneufe de prier Dieu, & faites que voftre vie foit vn pourtrait de la do-
&rine,dont vous faites profeffion: & d'autat que vous eftes reffufciteeaueclefus Chrift,
cerchez les chofes qui font au ciel, & non pas celles qui font icy bas en terre. Et pource
que ie fa y que vous m'auez pour recommandé èn vos prières, iene vous en dy autre cho
fe,finon que vous les faciez en force que vous-vous puiffiez confoler d'auoir obtenu tout
ce que vous aurezdemandé.Et pour voftre plus grande conlolation, ie vous prie de lire
LeliurcJc diligemment vn liur'equafait M.Pierre Viret,intitulérinftru&ionChreftïcnne,enla-
ChShfnc. quelle ie fuis certain que vous trouuerez viande propre pour voftre eftomac.
Qv a n t à mon eftat, il eft tel que vous n'auez pas occafion de vous en fafchcr. Car
combien que du commencement i'aye efté aucunement tourmenté quand ie vins icy à
Cofenza, fi eft ce que le Seigneur m'a tellement foulagé &addoucy la croix, qu'il me
femblequepourle iourd'huy iene luis point prifonnicr,eftant icy dedans ce chafteau,
en vn lieu qui doit pluftoft eftre tenu pour vne bonnechambre &; commode , que pour
vne prifon. Il y a commodité pour fe coucher& dormir.nousn'auons point les fers aux
pieds, & auons vne compagnie qui nous eft d'vn grand foulagement:& combien qu'on*
nous ait baillé en charge au Concierge du chafteau , lequel eft Papille , 6c qu'on luy aie
comm andé de nous traiter commedes chiens,toutcfbis il nous a traitez commeChre-
ftiens, luy qui eft Efpagnol,&: de religion contraire: & outrecela,nous auons noftre gar-
de, qui nous honnore& reu ère comme frères , encore que nous ne pouuions accorder
quantàlà Religion. Tellement que noftre entrée dedans le chafteau deCofenza(Ia-
quelle fut le 7. de Feurier)rious a efté vn grand foulagement. Mais le comble delà boa-
té & prouidence de Dieu a cfté,quant à nos frères de Sainct-Sixtc,&: de la Çuardia. Car
GaLt-n. nous pouuonsvrayementdire,cômefailbitS.PauldcsGalat.Que s'il eufteftcpofûble,
ilsnouseuiTentdonnéleurspropresyeux. Etauonsbienefprouué combien eft verita-
M»t.x9^9. ble la promefteque Iefus Chrift nousafaite,Que quieonqucaura quitté pere,mere,frc
res,fœurs,& richefles pour fon Nom, il en trouuera cent fois plus en ce monde , & en l'-
autre la vie éternelle. le vous promets que ie fuis honteux de tant de biens que nous re-
ceuons d'eux. Car nous ne fauons que c'eft de neceffité:& au lieu queles autres meurec
de faim pour la grande cherté qui court ( attendu que la couppede bled , mefure de par
de-là, coufte icy au prix de quatre efcus)ils nous fou rnùTent, non feulement pour noftre
ncceffké, mais auffi pour délices, degrain, & de toute autre chofe.
En fomme,ie n'eu iamais tant de frères &c de fœurs,&: de riche/Tes, que i'en ay pour le
prefenc:& n'eu iamais fi grand contentement, ne récréation en mon efprit.Et pourtant
iereçoy des grâces fingulieresen mon corps parle moyen de nos frères: &c enl'ame, par
le moyen des confolations intérieures que Dieu me donne. Parquoy ievous prie, que
vous auffi luy rendiez grâces d'vn tel traitement & fi doux. Et pource ic vous recôman-
dc,&: à vous,& à tous nos autres freres,ces poures fidèles fugitifs, afin que vous les rece-
uiez en charité,laquelle refpôde en quelque partie à leur côditiô vrayemét Chreftiéne.
Maintenant ievierià vous, trcfcher&:honnorécompere,pour vous faire enté-
dre par ce mot & falutation particulière, la fouuenance que i'ay de vous,& des biés que
vous m'auez faits. Touchant mes affaires priueZjiene-vous en parle point, d'autat que
ie fay bien que vous le&auez pour recommandez,comme les voftres propres. Seuleméc
ievous recommande Camilla&:Charles,aufquels ievous prie d'eftrepere, fi la volonté
de Dieu eft que ie les laiife.LVn des prefens porteurs vous aduertira au vray de noftre
eftat. Car côbien que le Lieutenat du Côcierge de ce chafteau ait charge de ne no'laif-
fer parler à perfonnc:fi eft-ce que nous parlôsà to9 nos amis,& nous peuuét Venir voir à
toutes
JeanLouys Papal. j\4>
toutes heures. Et le iôur de Pafqucs Antoine Nicolimo mâgea auec nous, lequel ie vous
recommande auec fon compagnon lean Arnoul,lefquels fauent rheftienrnamls auront
béfoin d'aidé en ces commchcemens:& s'ils ont aucune necefsitc, aidez-les défi peu
Ai bien que nous auons,ainfi qu'ils nous ont fecouru du leur.il ne me refte autre choie à
vous dire,<inon queie me recommande à vos bonnes prieres,afin que le Seigneur ie fer-
iiedc moy,poùï'legloi'ifîer,foit que ieviueou queie mcurc,ainfi qu'il verra eftre expe-
dient.Salucztous nosfreres & fœurs en noftre Seigneur.
On bous a lignifie à ce loir, qu'il nous faut aller a Naples:& ainiî nous-nous appre-
nons pour demain,qui eft le lendemain de Pafques.Car le grad Vicaire fait cela par déf-
ait qu'il a de ne pouuoir faire de nous ce qu'il voudroit, à caufe de la lettre qu'on a eue
de Romc.Mais penfantfaire vnc chofe,il en pourroit bien aduenir vnè autre. Quant à
rrioy,ic m'offre &C confacre à Iefus Chrift mon Seigneur & Sauucur, m'afTeurant qu'ilne
m abandonnera iamais,iu(ques à tant qu'il m'ait donné la victoire de cède bataille. Et
j$us honteux en moy-mefme de tant d'honneur qu il me fait:àmoy,di-ie, qui , n'eftant
<jU*vnpoure&mifcrablefoldar,doy eftre conduit en champ-clos,pour maintenir Thon
tiCttr d'vn tel Capitaine,commc eft Iefus Chrift. Mais tan t plus grande fera fa gloire,
'quand ilfurmonrcratoutes les forces ôcpuiflànces du diable , parlesdiofesmefprifces Pafcalappe
deccmonde.AprcscfttearnuéàNaplcs,ieprefenteray vnerequefte au Vice-roy, par Ica"r°y
laquelle i'appele au fiege de la maiefté Royale,commc i'efperc que vous en verrez la co ppc*
pie.Or retournant à vous,matrcf chère amicic me recommande à vous: priant Dieu
«ju'il vous face vouloir ce qu'il veut. De la prifon du chafteau de Cofenza,le foir du
iourdePafques,le i4.d'AuriJ, i jôo. Vojtre fiancé 8c marylegitime,IeanL.P.
I L eferit à vn fien amy chofes particulierefc& s*aflcure, moyen n âî la grâce de Dieu,& les prières fain&es,derneu
rer conltant iufques à la fin,nonobftant les horreurs des prifons qu'il endure.
gj^R £ s»c h s r& honoré frère, d'autantque vous auezcftc mal informé du cardinal
|gJ§CarâfFe,il vous femblera,peut eftre, que fans propos ie luy ay cfcrit,& au capitaine
Ican Dominique Legras,& à vous, par les lettres que vous ay enuoyccs du chafteau de
Cofenza,lcfqueMes vous auez receués,comme ie penferfachez que mon intention n'eft
pointde donner aucune fafcherieàpasvn de mes amis,neparens, pour vnetelle caufé.
Car iefay Corribien elle eft odieufeaux hommes du monde. Et pourceie vous prie de ne
vous fafcher nullement pour l'amour de moy:d'autat qu'auec ioye admirable ie fuis dc-
» libéré 8c du tout refolu,de confefTer Iefus Chrift,^ ratifier tout ce que i'ay dit , iufqu'au
dernier foufpir de ma vic,& iufqu'à la dernière goutte de mon fang.Et penfeque lcslet-
tresque vous pou rrczvoir,peut eftre après noftre mort,vous donneront pluftoft matiè-
re de vous refiouir,que de vous contrifter. Car ie vous dy en bonne confeience, que ie
defire denk>urir,& d'eftre auec Iefus Chriftrfinon qu'il pleuft à Dieu par quelque moyé
miraculeux de me prolonger la vie, pour s'en feruir en quelque manière a l'édification
defon Eglife,felon Jamefuredu petit talent qu'il luy a pieu mcdonner.Auiourd'huy vn
de Foflan a parlé à moy, lequel demeure à Rpme , & m'a dit que lefeigneur Iofeph AL
cherio luy auoit eferit quelque chofe de nous,dont vous le pourrez remercier , de m'a-
noir fait vne telle faueur: Or fi par fon moyen , ou de quelque autre noftre amy, vous
auiez la commodité d'eferire à Rome,ic vous prie de vous employer , feulement en ce-
la que ie puiffe auoir quelque foulagcment en prifon , tant qu'il plaira à Dieu metenir
chceftevie.Aurcftcjicnevousdemandeautrechofe , finon que vous priez Dieu pour
moy,a6nc(u'il daigne fe feruir de ce poure ver de terre , comme d'vn infiniment pour
maintenir fa gloire,& apporter quelque édification à fon Eglifc. Quant au prefent por-
teuse vousprie de le tenir en voftremaifon,afin qu'il ie puifTc vn peu refrefchir&delaf
fer:& puis recognoiftre aufli aucunement ce qu'il fait pour moy. Car croyez qu'il prend
beaucoup de peine pour l'amour de moy. Recommandez- moy a tous nos pa~
rens 6c amis : 8c incontinent que vous aurez leu cefte lettre , cnuoyez-la à Geneue
le pluftoft qu'il vous fera pofïibîe , afin que mafemme& les amis puiifent entendre
comment il vade nos affaires . Et ainfi ie me recommande plus à vous qu'à tous les au-
tres,priant Dieu qu'il vous aflifte, & qu'il vous tienne toujours en fa protection. Et
pour fauoir le refte de nos affaires, vous pourrez lire la lettre que ie vous enuoye pour
nos frères & amis de Geneue. A Dieu. «De la prifon de leuefché deNaples,lc io.de
May, 1560.
AAa. iiii.
Liurc^ VIL Jean Louys Tajçal.
Amestrefchers&honnorezfreresdeGeneue,falut par IefusChrift.
E N recitant les raiferes extrêmes que vingtdeux prifonniers,condamnez aux gaIeres,enduroyent,il fe confole c«
Tiennes auec trois autres compagnons de fes liens.attendant d'eftre mené auec eux à Rome.
iY ANT ce peu de commodité, ie vous reciteray briefucmentnoftre parlement
J}deColenza„pourveniràNaples,quifut le x 1 1 1 i.d'Auiil,que nous-nous mifmes
xiii.prifon- en chemin auec x xn. autres qui eftoyent condamnez aux galères , voire en tels tour-
nias œa- mens &. miferes,quc ie tremble encores quand il m en fouuic nt.Car outre ce que la plus
gïcrc?3l X Part d'entr eux,à caufe qu'ils eftoyent tous liez par le col à vnechainc/entoyent détour
mésincroyables,eltâs traînez par force,ils defailloyérqlquefoisàcaufe de la faim qu'ils
enduroycnt.Car la nourriture que leur donnoit celuyqui auoitla charge de nouscon-
duire,n'eftoic que des herbes fauuages,& vn bien petit morceau de pain par iour. Ils c-
ftovent réconfortez à forçe coups de bafton.Q^uant à moy,par la grâce &: bonté de no-
ftre Dieu , ie n'eftoye point en telle extrémité du manger,ne mes trois compagnons auf
TroifipH- f^jfclefquels, comme ie vous ay mandé , les deux (c fontdeidits:fieft ce neantmoinsque
fonniers cô j^fqU'à prefent ils ont autant ibufFert que nous:& Dieufait ce qu'ils ont à foufFrir dedâts
pE™ 6 |lome,làoùils doiuent cftre menez auec moy &: Marquet. Ce bon Efpagnolqui nous
conduiibit, vouloit que nous_nous rachetiflîons,pour n'eftre point attachez à la chaine
auec les autres:mais i[ ne fe contenta pas de cela :il me mit par tout le chemin vnc paire
de manottes ii eftroircs,que le fer com mençoit à m'entrer dedans la chair:qui me faifoit
fi grand mal, que ie ne pouuoye nullement repofer ne iour ne nuift : & fi iamais il ne me
les voulu tofter,iufqtrà tant qu'il m'euft tiré tout l'argent que i'auoye,qui eftoyent deux
ducats feulement,qvti me reftoyent pour faire mes dcfpens. De nuift les belles eftoyent
beaucoup mieux traitées que nous , car on leur faifoit de la littiere pour leur pouuoir
couchermaisnous n'auionsque la dure,& terre toute nuepourrcpofer:& demeurafmcs
en cefte forte par les chemins,l'cfpaccde neufiours. Eftans arriuez à Naples,on nous
mit tous cnfemble en vn crotton des criminels , lequel degouttoit par tout,à caufcdcla
grande humidité quiyeftoit,&: de la puanteur de l'haleine des prifonniers.
CTroisiourspaiTez ils examinèrent mes trois compagnons , èc les mirent tous trois
eniemble dedans vne prifbn. Et moy, le foir,yqui eftoit vn Vendredy , ie fu examiné pat
vn m oineIacopin,quime demanda,Si depuis que i'auoye efté fait bourgeois dcGcneue,
i'auoye point efté enuoyé pour enfeigner ailleurs qu'à la Guardia,& à Sainft-fixte. Au-
quel îc refpondy^uei'eftoyebourgeoisdesvillesfranchesjquin'ontnullc inimitié auec
la maiefté Royale,& que ie n'ay fait aucune chofe qui mérite punition : &c pourtant que
ierequeroye d'eftre reccu à dire mes raifons deuant le Vice-roy: & cela fut eferit. De-
puis ce Moyne me fît la mefme demande,difant que ie luy refpondiflc. Et ie luy dy,Ic ne
vous veux pas refpondre,d'autant que ie ne recognoy point dautreluge que le Vice-roy,
&: me tien à mon appel que i'ay entreietté. Et cela fut auflS eferit. Et puis mettant fin à
iônexamcn,il me dit,Son excellence a bien autre chofe à faire, que d'efeouter tesfem-
bUbles. Cela fait,il me renuoya dedans vn crotton fort obfcur,où i'ay demeuré iufqii
au neufîcme de May,qui fut vn Ieudy : auquel iour nous fufmes menez comme pour vn
fpettacle à l'Euefché:&; de-là ils nous menèrent iufqucs àla mer tous nous quatre , auec
vn cerrain Preftre de Calabre, pour entrer en la barquc,& eftre mènezà Rome. Mais
■ ils appe- à cauie que la mer fe troubla,nou s demeurafmcs vn peu fur le " Molo,& puis nous-nous
^N^sie cnretournafmesenreuefchc,où nous demeurons, attendans que la mer foitappaifcc
Jortquiae! Et par ce moyen ie n'ay peu prefenterma requefte au Vice-roy, de laquelle ie vous a-
lié fait artifi uove Cnuoyé la copie.Mais ie m'en vay à Romercfiouy en mô cfprit, & fortifié de Dieu»
cjeJlement. eniamejfmeforteque dit S.Paul au i.chap.delàr.auxCorinth. Car félon que les affli-
gions abondent,auiîi les confolations abondent parIefusChrift,pour lequel nous fom-
mes tous prefts non feulement de foufFrir perfccution,mais auffi d'endurer la mort pour
fceller la do&çine de fon S.Euangile. Il y a en noftre compagnie deux ou trois preftres
détenus prifonniers pour pluficurs crimes enormes,& indignes d'eftre cfcrits.Ily a àuffi
vn du pays de France , qui a demeuré à Naplcs , &: a efté prins pour l'Euangilc : c'eft vn
hommedebonzele,&deboniugement:&: du commencement il a fait vne fort bft li-
ne Confeiïîommaiseftant perfuadé par fa femme &fesenfan$ , en la fin il a détail! j iôl
maintenant ils le menacent de luy donner la corde , pour luy faire aceufer fes compa-
gnons.Le Seigneur Dieuluy face mifericordc,cVl'infpirepour remédier àla fautequ'il
a
Jean Lottys Pafcal jrs
« commife,commc ie l'en exhorte,&: l'en cxhorceray tant que nous demeurerons enfem
ble.Si ieneparloyeen bonne conlcience deuant Dieu,i'auroye honte de vous tenir ces
proposrmaisi'efpere que le zelc qui me poulie à les vous dire, les vous fera prendre en
bonne part. Nous Tommes defcouuerts & manifeltczpar toute la ville de Naples,Co-
lenza,& par tout ce pays.Qui fait que ie délire bien que noslettres lovent imprimées à
mes defpens.& après quelc Seigneur m'aura appelé à fby,qu'clles loyent efpandues par-
my ce pays. Mais ie remets celaà voftredifcretion:faites-en tout ce qui vous femblerae-
ftre expedicntjpour l'édification du royaume delefus Chrift, &: pour la ruine dcl'Antc-
chrift.ADieu. De laprifon del'euefchéde Naples,le io.de May,i 560.
Pa * le difcoursdesfufdir.es lettres de Iean LouysPafcal,on peu tcognoiftrc vne partie
des procédures tenues contre luy,deuant qu'il fuft mené en la ville de Rome : en la-
quelle y eftant,bien peu degens eurent moyen dépariera luy. Son frère Barthélémy
Pafcal eftant party exprès de Cuny pour le voir à Rome , eut fort affaire auant que pou.
uoir parler à luy. Orpourccqu'on ne croirpit facilement la cruauté barbare des Ro -
maniftes,& que cela toutefois mérite bien d'eftrecognu de tous, nous auons icy mis la
Comme d'vne lettre cjuc ledit Barthelemy,qui n'eftoit autrement inftruit en la pureReli-
gion,adepuis cferite a Ion fils Charles Pafcal en la m aniere qui s'enfuir.
L E T T R E S de Barthélémy Pafcal de Cuny eferites à fon fils Charles Pafcal,touchant les grans affaux que fon
frère Louy s Pafcal endura à Rome deuant fa mort.
g£Q& O N fils eftant party de Cunyauec lettres de faueur de moniîeur le Colonel Ce-
HgSBJfar de Naples^demoniieurnoftre Gouuerneur,&:de monlîeur de la Trinité, efpe-
xan t par ce moyc de pouuoir aider à mô frere Iean Louys voftre oncle,que i'auoye enten
do cftre prifonnier à Rome:i'y arriuay le 1 6.dc May, 1 5 60, Vn iour deuant il y auoit efté
mené les fers aux pieds,& les manottes aux mains,aucc trois autres,& enferré en la tour
de Noua,qui eft vn lieu obfcur,hideux, & humide , voire fans qu'on luy euft donnç tant
foit peu de paille. Etayanteftétrouuerlc reuerendiflîme cardinal Alexandrin,quicft
grand Inquifiteur de la foy,ie luy recommanday mondit frere. Là delfus il me dit,qu-
il auoit infe&é beaucoup de pays:& que mcfme dedans la barque il n auoit fait que pref
cher de fes folies:& qu'il auoit dôné ordre qu'vn certain frere Thomas du Boisjacopin,
& mclfireBaptiftaByomo Lombard fon luge l'examinaiîent. Apres qu'ils l'eurent in-
terrogué,parlant à eux,ils me dirent que tous les jours il s'endurciflbit tant plu s aux o-
pinionsdes LutherienstouchantleSacrement,lePurgatoire,laConfelfion,enreiettât
les ordonnances de l'cglife Romaine:&: que fon affaire alloit mal: &: pourtant que ie fe-
roy' tref-bien de n'en parler point:& que s'il eftoit queftion de quelque autre crime,tant
énorme fult.il>on en pourrait bien parler,pour en auoir grâce: mais nô point de ceftuy-
cy .Et les priant bien fort>qu'ils melaifTaflent parlera luy,ils ne le voulurent nullement.
Parquoyieretournay derechef vers le cardinal Alexandrin auec lefeigncuir Baptifta
Rotta,doctéur Picdmontois:& l'ayant fupplié pour l'amour de Dieu , queie parlafTc à
luy,il m'en donna congé,moyennantqucleIugey fuft prefent,& ledit feigneurRotta:
& que takhafTcaullî de le réduire.
E t ainfi le iS.deMay on me mena en la tour deNoua,& le vy en vne petite chambre,
où Ion à accouftumé démener ceux qui doiuét eftte exécutez par la Iuftice. C'cftoitvne
chofe hideufe que de le voir la tefte nue,les bras &: les mains liées fi eftroit tement de pe
titescordes,qu'ellcsperçoyentlachair,commefi on l'euft mené au gibet. Le voyant en
teleftat,& penfant l'cmbraiTer,faifi de douleur , ie tombay à tcrre,dontfon mal fut aug-
menté. Et luy voyant que ie ne pouuoyedire vnfeul mot,medit,Monfrere,fi vouse-
ftes Chrcftien,pourquoy vous troublez-vous fi fort? Ne fauez- vous pas bien qu'il ne tô-
be point vne fueille d'arbre fans la volonté de Dieu ? Confblons-nous en luy parnoftre
Seigneur Icfus Chrift,puis que les fafchcries prefentes ne font point à comparer à la
gloire à venir. ^Comme il parloitencores,le luge luy dit,Tay-toy, ie ne veux point Les propos
que tu parles de telles chofes.Tout trou blé fétourna vers luy,difant, Eft-il pofîible que de BapnfU
tu fois fi obftiné,de ne vouloir croire corne fon t tant d'autres? Il luy refponditje croy en JJJJjJ^j
Dieu,auPere,auFtfs,& au fain&E(prit,en la forte que iay tant dé fois déclarée entant iugç,
de procès qu'on m'a fait aux prifdns,où i'ay efté.& n'atten point faJut d'ailleurs, que par
la mifericorde de Dieu,lcquel a efté appaifé par la mort & palfion de Iefus Chrift , & ay
cela engraué dedans mon cœur. Le luge luy dit,Tu retournes en çores à parler de ton
Liurc^ VIL Combats dmers dc^> J.L. Pafcal.
Icfus Chrift.& nous y croyons auflibicn:mais fous ombre de ccla,tu te forges vnedo&ri
ne nouuelle,&: qui eft contraire à tant defain&s perfonnages , qui ne fe font iamais de-
ftournez de l'opinion Se intelligéce de la kin&e eglifeRomaine:& penfes-tu plus fauoir
qu 'eux?Lors mon frercrefpondit,Ie fay bien vne.chofe-.c eft que ie ne me veux point de-
ftourner de la vraye intelligence des Prophètes &Apoftres,qui ont eu le fain& Elprit en
eux . Le luge luy dit, Et penfes-tu, que ton pere& tes anceftres, & tant d'autres ioyent
tous daronez:lefqucls ont nmiyfi long temps nos bonnes couftumes ? cuides tu que
Dieu vucille damner vne fi grande multitude de gens qui n'ont point l'humeur de Lu-
ther,ne la doctrine de GcneuerMon frère rcfpondit, Ce n'eft pas à moy d'en iuger: mais
Matth.713 je luis enfe.gné de ne point cheminer par la voyelarge,par oùpluiieurs vont : mais par
Luc 13.18 l'eftroiccCïpar où peu de gens marchent. Le luge, Voire, voire, dit-il,tu es bien enfèigné
de ta ruine par Luther &Caluin. Mon frère luy dit,Ie necognu iamais Luther: ainfi q ie
vous ay tain dit,&n'ay point veu de (es liures:&: ne fuis point natifdeGeneue , mais de
Cuny:& ce queie vous dyn eft point de Luther,mais de l'Euangile. Là de/Tus le luge
tout courroucé luy dit,Tay-toy : Se mon frère, le vous prie, laiflez-moy dire deux mots.
Le Iuge,Tay-toy(en criant haut)ie ne veux point difputer auec toy.Que tu eu/Tes beau-
coup mieux fait de demeurer en ta maifon,&: iouir de ton bien , Se eftre auec tes frères,
que d'entrer en ces herefies,pour perdre tout le tien. Mon frète luy refpondit , le n'ay
rien laifle que ie ne laiflaffe encorcs pour fuiurc Iefus Chrift,lequel fay toufiours engra-
ué dedans mon cœur. Ouy,dit le luge, le Icfus Chrift de Geneue,qui eftdefairegrand'
chere,.^ le lafeher la b ride à toute licence de la chair , Se fe donner du bon temps. Mon
frcre,Vousraucz,dit-il,bicndeuinc,lïccftfairegrand,chcrc,&fe dônerdu bontemps,
que d'eftre enferre en vn fond de foiîefi afpre, Miette ça &: là pour demeurer auec les
rats,&:la vermine,ayant les bras liezencroix,commeie fuis maintenant. Quandi'e-
ftoye en ma mai(bn,& que ie m'abandonnoye à toute vilenie Se difTolutiô, i'eftoye alors
eftimé bon coin pagnon: mais aulîi toft que i'ay fuiui Iefus Chrift,i'ay efté en afrlidio. Le
luge dic,Mais la damnation detoname fera encore pire. le fuis certain &afireuré,re£
pondit mon frere,que Iefus Chrift fera vn iour luge de nous tous. Ouy bien, dit le luge,
à ta condamnation.Mon frère répliqua , Iefus Chrift nous iugera tous.
Le luge fe tournant vers le do6\cur Rotta , dit , Ceftuy-ci s'eftime plus fage que tout le
Ucoilo c rnonde,&luyfemble qu'il entend mieux l'Efcriturcque toustantquilyadefainctspo
de BaptUfe cteurs. Alors le feigneur Rotta dit à mon frere,I'ay efté bien marri de ce que iene vous ay
Botta, do- peu viheer en vn autre eftat que vous n'eftes maintenant , pource que vous eftes fils de
pSImôtoij l'vn de mes plus gransamis.Mais puis quelesreuerendiflimcs Cardinaux nous ont fait
ce bié,de permettre queie vous foye venu voir auec voftre frere,qui eft icy prefent,nous
cfperons que cefte viiïtation ne fêta point fan s frui£t,&: que vous ne ferez pas fi entier en
vos opinions,que vous ne vous foumettiez à la correction de tant de fain&s perfonna-
ges approuuez delà fain&e eglife Romaine. Mon frère luy refpondir,Monfieur , ic tien Se
confefîeauiTi tout ce que ces fain&s perfonnagcs,que vous dites,ont tenu, moyennant
qu'il foit conforme à la fain&e Efcriture:& fi vous me faites entedre par l'Efcriture din-
de que ie luis en crrcur,ie fuis tout preft &appareillc de mefoumettt e àtoute corre&iô.
Le Dofieurdit,lc fay bien qu'il vous femble que vous nefaillez point : mais l'intelligence
de la fainde Efcriture eft fi profonde,qu elle ne peut eftre entédue de foy, mais il en faut
auoir l'expofition des fainds Dodeut s de l'cglite.Aionfrere refpondit,Mais au contraire»
l'Efcriture fainde eft facile,pourucu qu'on la lifeauec vn efprit humble,& auec prières,
Se non pas feulement auec les feiences humaines. Le Z)oc1e«rdit,Ne fauez-vous pas bien
quand vous alliez à l'efcolc , qu'il vous aduenoit quelque fois par faute d'auoir bien ex-
pofé vne fentence,de prendre vn fens tout contraire au vray &: naturel? Se que vous de
meuriez confus? Monfrere répliqua, Mais l'Efcriture fainde eft bien autre,que les feien-
ces profanes:& eft entendue félon que Dieu en fait la grâce , Se ainfi on s'en fouuient
tres-bicn:& c'eft alors le temps qu'on la pratique, Se ïentend_on fort bien auec l'expé-
rience. Le Docteur dit , Il feroit doneques licite à chacun d'y faire vn Commentaire à fa
poftefle ne di pas ccla,refpondit mon frere.-mais qu'on ne la doit point entendre finon
commeles Prophètes & Apoftres l'ont expofee. lelugedit alors,Maispluftoftiedyfc
Ion la fainde eglife Romaine JWo« /-mTeiponditjray confe/Té franchement Se ouuerte-
ment comme ie l'enten,& ne diray iamais autrement tandis queie viuray. ^Là def-
fus,lc luge ne voulut plus qu'il parlaft,luy difant, Tu infederois tout vn pays,&: pourcc
tay*
Jean Loups P a/cal jf6
tay-toy.Etmon frère feteutauec vne patience mcmcillcufe, ^Or comme le luge s'en
vouloir aller,ie le priay qu'il me laiflaft parler à luy de hos affaires priuees ; ce qu'il m'ac-
cordai à fa perfuafion ie dy à mon frerc vne menterie bien lourde,afTauoir, que noft re
racrefe defefpereroir,fiienc leremenoye vif à la maifon.ee qui le concrifta grande met:
mais pour cela il ne changea pas depropos. Et parlant d'autres affaires de la maifon,ie
fu contraint par l'importunité dulugedefairc fin. Alors mon frefedit au Iuge,Môfieur ^
vous fauez qu'eltant arriué de Naples en cette villc.icfu interrogué : &: depuis ayant re- &
ceufentencedemort>ieracceptay volontierstfur cela vous auez différé l'executiô défia tentations,
quarante iours,commeon fait bien, ce confideré,ie vous prie d'auoir pitié de moy, & de
memerrreen quelque prifon, qui ne foie pas fi afpre comme cefte-cy. Le Juge refpondir,
qu-'il n'y auoit point d'autre prifon pour luy,que cefteJa. Mon frerc luy dit, Pour le moins
ayez quelque peu de compadîon de moy en mes derniers iours, 6c Dieu l'aura de vous.
Le luge repliqua,On n'apo int compafïion de tes fcmblables,quiïont obftinez & endur-
cis. Alors le do&cuxRotta & moy l'en priafmes bien fort: mais il n'y eut ordre de le faire
defehir.' Monfrere nous dit,S'il ne le fait pour l'amour de moy, ne pour l'amour de vous,
il le fera pour l'amour de Dicu.Ze/fgcyToutcs les autres prifons font pleines.
jtion/rov, Elles nefôt point fi pleines,qu'il n'y ait quelque petit coin pour moy. Lelu-
^,Tuinfetterois vn chacun partesflatterics.^fo»/>w,Si on ne parle point à moy , ie ne
diray mot à per£bnne.Ze/#gf,Pour côcluûon,dit-iI,tu n'en auras point d'autre. Monfrere
nous ditjS'il ne luy plaift,ïauray patiencc.Et comme ie luy vouloye donner quelque ar-
gent pour luy aider à viure,ii ne le voulue point non plus permettre.Or le voulât laiffer,
ie luy dy que fa mere eftoit mortc,& le reconfortay,a ce qu'il print patience : dont le lu-
ge fe deipita.
Apres que ie ru party de là, ie m'en allay plufieurs fois au grand Inquifiteur,& le
priay tant qu'il m'ottroya vne autre prifon,ouil y auoit vne feneftre,par laquelle ie oar^
layàluy qlquefois:mais depuis ils la firent ferment enuoyeret là plufieurs moines a di-
uerfesfois pour difputer contre luy:ce qui le fafcha beaucoup.Et pourec ie priay le Car-
dinal qu'il luy pleuft d'y cnuoyer vn feulemét.Etainfi il y enuoyale " Doyen de Vienne, ^pDO™^
lequel ils entretiennent pour eferire contre Caluin:& alla auccluy vn Carme , comme ^cob^No
iei'auoyerequis,d'autant que c'cftvn homme bien doux& gracieux, &: mon /frère l'ef- gu^rus Ef-
coutoit volontiers . Quand ces deux-cy le virenr,felon qu il me raconta, ils luy dirent S^ubâïfé
plufieurs bonnes parolles,monftrans qu'ils eftoyent bien marris de fa fortune:mais que faitEuefoue
s'il vouloir rayure leur cônfeil,qu'ilsferoyent pourluy ainfi qu'ils auoyét fait pour beau- JJjjjJ^
coup d'au tres:&: qu'il penfaft bien aux tourmens qu'il auoit défia endurez, & qu'il eftoit Naples.
bien pour en fouffrir encore d'auatagc:& fur tout a la mort eternelle,s'il ne fe chageoic
qu'il penfatt aux commoditez qu'il auoit abandonnees,àfbnpays,à fes amis &c par en s,
à fa propre vie:& que déformais il oftaft de deuant fes yeux le bendeau d'obftination : àc
qu'il luy fouuinft q Iefus Chrift eftoit mott pour ceux qui fuyuent dcuotemétla voycan
ciennequ'il regardait bien à la faueurqui Juy eftoit faite du reuerendifîime cardinal A-
lexandrin, lequel defire tant fon falut:& qu'il penfâft bien à la grâce que luy faifoit le Pa-
pe,quieftoit fimodefte &mifcricordieuxauprix du pape Paul iii i. leql eftoit fi cruel,
que perfonne n'euft peu parler à luy.Et quat a moy,di(oit-il,en tout ce que ie pourray,ie
vous fer ay plus amy de f aict que de parollcs. CMon frère refpondit,à ce qu ils me con- £gfp0afc
terentje ren grâces à Dieu,que parmi tant de fafcheries, depuis que ie fuis icy,i'ay pour confiante
le moins trouué quelques vns qui ont bonnes parolles ,[&c monftrentqu'ilsm'aiment: dePafat
dont ie vous merciegrandement.Mais quant à moy , Dieu m'adonne telle cognoiflàn-
ce de Iefus Chrift,que ie fuis certain & aifeuré de n'eftre point en erreur^ fay bien qu'il
me faut marcher par le chemin dclacroix,& leconfeffer aucc mon propre fang. Er fi.
par crainte des tourmens Se de la morr,ic ne le faifoye,ie ne feroye pas digne de luy.Par-
quoy ne pen/ez pas me deftourner de cette vérité s combien que voftrc compagnie me
ioît bien chcrc,fi eft-ce que ie ne puis eftre retire de ce fondement certain &c afieuré de
Iefus Chrift.Et le Doyen me dit,d©Iuy auoir rcfpondu,qu'il eftimoit auffi bien eftre feu
uë par Iefus Chrift,& qu'il le tenoit pour feul fondement. Auquel mon frère refpondir,
Que s'il eftoit tenu vrayement pour tel , que beaucoup d'abus &C d'erreurs feroyent mis
bas,lefquels régnent entre les Chreftiens. Et voulant entrer plus auant en propos, le
Doyen luy dit,Il s'en va tard,ic ne puis plus demeurer aucc vous pour cefte heure. Lors
monfrere le remerciant du bien qu'il luy auoit fait , & à moy aufiValfeura que quant à
Liurcj V lï. Jem Lotiys Tajfcal.
liyy,il necraignoitpointlamprt,&: encores moins la perte de Ton biee i..&CQirimoditez
du mondc,eftant afleuré du cicl,&; ayant fon cœur vni aucc IefusChrift:& que Dieu luy
auoic tellement ofté dedeuant les yeux le bendeau de toute ignorancc,qu'il eftoit alleu
rodeftre au bon chemin,& que ceux qui ne le tiennent pas y doyuent bienpenfer. Là
dclîus le Doyen s'en alla.
Dvrant l'efpace de trois iours,ce Doyen, leCarmc,&: mon frère deuiferent en-
femble plus de quatre heures à chacune fois , de pluticurs poin&s de la Religion , &:
fur tout du Sacrement de la Ccne. Et voyant qu'ils ne s'accordoyenr poincenfem^
blc , îe madrellay à la fin à monfrerc, le priant qu'il vouluft vn peu flelchir &: s'ac-
commoder,afin de n'eftre plus tant tourmenté,& de ne me donner plus tâtde trauail,
de peine &c fafcherie,&: me faire vn tel deshonneurduy promettant de luy dônerla moi-
tié de tout mon bien,uielc pouuoye ramener vif à la maiibn, & qu'il ne deuoit point a-
uoir honte de le fane,pour s'en retourner auec les fiens. A qu >y il me relpondit en lar-
moyant,Qu'il eftoit beaucoup plus contrifté de mon mal,& du danger où îeftoye , que
fafché de la peine qu'il enduroit,&: qu'il deuoit fouffrir : me voyant li attaché à la terre
que ic ne penfoye point au cieh&qu'il luy aduenoit tout le contiairc,aflauoir qu'il eftoit
tellemét au ciel par cfprit,qu'il ne luy chaloit des chofes de la terre, ne mcfmede là pro-
pre vic,&: qu'il auoit Iefus Chrift imprimé en ion cœur,duquel nulnele pourroit jamais
deftourner. Bref,quc ie ne gaigneroye rie de tafeher à le retirer auec moy : &: li ïamais vn
tel mal-heur luy aduenoit,qu'il deuiend roit furieux Ôc defelperé. Et comme le Moine le
vouloit exhorterai luy diç , Icfaybien quelle eftvoftre intention : mais quant à moy,
Dieu me donne vne telle force,queiama;s ie ne me departiray deluy:&.cc que i'ay dif,
, , ie l'av dit. Et le Moine luy refponditjSi vous voulez creuer, crcuez.Et voila comment ils
L'Adieu du r . ' ,
Moine finirent leurs propos. (
Canne. Trois jours apres,ietrouuay moyen dp parler encores à luy: mais voyant fa conftan
ce inuincible,ie perdy toute çfperance de le pouuojr iamais retirer de la prifon.Et pout,
ceic talchoye de le faire détenir en-pj^fon pour deux ou trois ans^ afinjdeje gagner , &5
promettoye de payer tous les delpcps,& faire les frais,: mais on me con/eilladc.n en fitre
autre choie. Et ainli ie fi retourner Je, Çar/ne vers luy, afin que ic peti/Te aller au ec luyj
pour parler encores à,mon frère. Il deuifa auec moy de fon reftamentfaità jGeneuet&î
me conta les grans tourmens qu'il auoit. enduré aux prifons,où il auoit efté,rcndantgt4
ces à Dieu de tout. Alors comme le 3^o;nq le vouloir exhorter dereçhefxmeii frere luy
dit ,Ie croy que vous/àuez bien quelle eft ma ConfcfEon que i'ay faite:de foâç , quant i
moy,quil n'en faur plus parler.lfe
de Djcu,d'autant que.vous ferez inex eu fable. Ectous vos difçours.fpntfonckzifurla
Matdi.^4 prudencehumainç,&npnpointfurIaparplledePieu. ^çfauczTvouspa$bicnqu'on,
ne peut feruir à deux maiftrcs?Et pourtat pyriez^f Seigneur qu il vou$ doint. vn tel ç(j>git
$C vertu çpc vous(lejpuilfiez.glorièer;^ d'autant quç,vous;prefchçza;uxautjes>queVoys
fâchiez prefeher à vous-me(mes,4:;qïae pe foyez point rçppjfus en ce demie* jpvî&j que
Trahifon lacrainte de defplaire aux hommes,n^c ypufc^ce^^ Le
du moine lylpine demeura fort eftojpné de f eJs^r^p.Q^difajn^Ç eft Çïùeu Jequcla pitiédçjfcou^. Jitj
Carme. fi-çr.e dit,Dicu leiaçe.Ët aintfnq^sde'ûiiraûnes,. ;
E t comme nous descendions les degcez,ie Moine medilqit,Taut ^eai|, Qjsilauoie
commi/fion dédire quelque chofe contre moy.Leiout4'aprçs;eft^
fon,mpn frere me fit ligne fans fonner mpr,quc ie m'en a^lalfe. Et aya.n.t. entendu que les
Inquiiîteurs m'eft^ç.yenteftiedelaniçfmefoy quemen fiere ? ie party déjà fans d*iç
autre chofe, pour m'en reuenir en piedmonr. Depuis i'ay entendu que le, ixute Sep cébrq
il fur bru lié en la place du chafteaujfainâ: Ange , où le. Pape, eftoit, acçomt.p.ag déplu-
fleurs Cardinaux:^: qu/d mourut; auec vne confiance,^ ioye merueillpufe.
' BR IEF recueil de rfieureuté fihque'biéu dbnn^a ce ficn fèruiteuV IeanLouys Pafcal,en la vîîlç dt Rome*
P a R^e reçïtfuii^it dû ^ere de ce Martyr venu expres'deCunv à Rome , on. peut c(U
. gn.oiftre &c facilement, recueilli r quelrs aïfaux ce Ç<-ru;t,e.ur <de Dieu fyufkpqys auai}t
mounr&quela peu ei^fé le itrançmcnt'^u'iïa receu tout le temps .qjuiLa eux deten»,
prifpnnicr en ce gouffre d'epfer.Àirreftejtouchantlescrççpnltances.^es aunes prpee^
dures renues contré 1 uy cnladite villede Rome , quelque licence qutpn ajt peu^airc»
on ne les apeu bonne ment fauoir du tout iâ caufe queîe pquïe patieni fl!aupù laaucuti
moyeu
Le
V entre frinfe^) d'Amboifc > < SS7
tnoTcnd'era ire,commcésa^re$ prifons, ne de parler tinonàctuxqui pourchafloyétfa
mort. Et encores qu'il y ait là quelques {ideics r ainfi que Pieu le.rcferue toufiours de ce-
{tcfemenceoù b on luy terrible, tant y a que la tyrannie y eft fi rulèe&: cruelle contre les ^"iSc
vrais enfans de Dieu,que nul n'ofoitluy aflifter en la prifon.On a bien feeu pour certain, l«eo u pu
qu'il fut fouucnt interrogué par autres ennemis, & follicité par plufieurs fois de te deidi- Jj£dc Ro"
te^enluy faifantdcbellesprorneiTes.Finalemctonaau^iencedu fa mort bien heureufe,
laquelle a efté atteftee deuant le luge de Cuny par ceux qui le virent exécuter, U cefte
atteftation fut faite à l'inftâcedcles héritiers. f Or ce qu'ils dntçtepofë touchât famorr, j^g^J
eftenfommeyQucle v i n. lourde Septembre» m. d . l x.qui eftoitvn Dimâche,lean rCufedei.
LouysPafçal fut mené dés le matin en vn contient de Moihes,nommé laMinerua, là ou L. Fafial.
ceux qui font accufezdeftre Luther iens(felon la couftume)lbnt menez,pour leur lire le
contenu des procez qu'on a fait contre eux. Amené qu'il fut en cefte Moinerie, (on pro-
cez eftant leu deuant toutie peuple , conferma derechef toutes fes refpôfes fur le champ:
voire d'vn cœur allègre &: ioyeux,rendant grâces à Dieu de l'honneur qu'il luy faifoit. A-
prescelaon leremenaenlaprifon:&lelcndemain,quieftoitLundi i x .duditmois,eftât
lié &: garroté fu t m enc deuant le chafteau S. Ange ,, en la place près le pont du Tybrc : où
auant que d'eftre exécuté, il remonftrabriefuement au peupleauec grâce & confiance,
que ce n'eftoit pour forfàict ne maléfice qu'il euft cômis qu'on l'auoit condamné à mort:
mais pourauoir maintenu la (àinile querelled<*ï*fus Chrift,&: làdo#rine:&:au reftequç
tous ceux qui tenoyentle Pape pour dieu en terre, & vicaire de Iefus Çhrift, cftoyent par
tropabufez, veu qu'en toutic par tout il fe mon ftre ennemi mortel de fa doctrine, de ion Ses<jCTni<,
vray feruice,&dela pure Religion.brieÇque fes a&es le manifeftét vray Antechrift.Com resexhortà-
me il eftoit fur ce propos, tous les fuppofts de ce fiege l'efcoutas ainiî parler, firent hafter tioiw-
fa mort. & incontinent le bourreau l'ayant efleué haut, lcictta &: l'eftrangla : puis brufla
fon corps Yoila cornent ce herautdu fain&Euangilede IcfusChrift,fut traitté en la vil-
le de Rome: & commet Dieu Icretira en ion Royaume bien-heureux, pour le faire iouyr
de l'immortalité giorieule.
TO V C H~A N T? enp'eprtnjê $~<4mbotfe en ce tempsile but &Lfi» ficelle: & comme lappelation
de Huguenots commença, & otta le nom de LuthertenL
A perfecution des eglifes de France ci dciîus déduire , côntinueeiufques à ce
teps-ci fous le règne du roy Frâçois 1 1 . auec vnerigueur extrême ( les priions
citas encore$ réplies de ceux de l'Eglile de Paris) eut ici quelque intermiffion
_ par vn moyé admirable. Car Dieu nelaiffâtpas toufiours la verge d'iniufticc
$c tyrannie defTus r<xi peu ple,a de couftume de dôner relafche par fois,afin que fon EglL
fepuilferefpirer.Orla choie fut telle: côme eileaefté extraite d'vn petitdilcoursquien a
efté fait. Ce v x delamaifondeGuyfeincontinctqlcroyHcrieut l'ccil fermé, seftoyét
faifis de la perfonne du roy François: tellemét qu'ayans gagné l'aureillc de ce Ieune Roy, ^"J!^.
toutes les affaires du Royaume je gouuernoyét à leur volonté, ce qui delplailbit merueil- çS-g»-"
leufementàtouslesfuietsduRoy,&: principalement à la Nobleffe. Les chofes finalemét snce-
en vindrét là, que plufieurs gentils-homes & autres de tous eftats , s'eftàs alliez enlemble
fous vn chef, deliberoyenç de tirer le roy François d'entre les mains defdits de Guiie : 6C
fàîreles plaintes & doléances qu'ils auoyentàl'encontre d'eux, &: remettre le manie-
ment des affaires entre les mains de ceux aufqucls les loix deFrancc le donnoyent. Leurs
raifons eft oyent celles-ci, comme àl'inftant ijsies pubherétprefquepar tous les endroits
du Royaume.
Pr e mi eu* m p n t que c'eftoit contretoutes Jes anciénes loix du Royaume , qu'au- Couftume
très queles Princes du fâng euffent Jegouuernement 4urât la minorité du Roy:& fulTent £c ^orti
Içs eftrangers receus,ô£ admis au conleil de Ùl Maiefté:comme s'y eftoyent ingérez lefdits du Roy.
deGùyfe. Quelacouftumccn;oit,aduenantquelaçouronncelchcutà vn Roy mineur
d'ans, de coilùoquer ks trois Eftats: afin que par iceux il fuftpourueu au gouuerncment
du RoyaAime,pendain là minorité. Et que cela auoit efté frefehemet prartiqué en la per-
fonne du petif roy Charles v i i i. Que ladite conuoeation des Eftats auoit toufiours efté ^"eE*
empefehec par lefdits de Guyfe: iufques à menacer ceux qui en oferoyét tenir propos. Et
pourtai eftoyç t ihfra&curs &: violateurs de ces loix publiques , par lefquelles le Royaume
BBb,
£/Wo VIL VentteprinfL> £ AmboifcS>
s'eftoit tant accreu,& fi longuement conferué. Dauantagel'adminiftration du royaume
ne deuoit eftrelauîeeàceux quipretendoyent droit audit Royaume, comme fuccclTeurs
de Charlemagne,&: héritiers des ducs d' Aniou : félon les propos qui leur en eftoyent fou-
ucntefchappezde la bouche. Item qu'ils donoyent foufpçon de mauuaifc volonté , quad
ilseflongnoyentfubtilemcntdc la Cour les anciens Se fidèles feruiteurs delà couronne,
cômelcConneftable,i'Admiral,&: autrescvoireles Princesdu fang, fous couleur dequcl-
ques charges honnorables.Qu'ils changeoyct les Gouucrneurs,&: Capitaines dès places,
pour y metereceux qu'il leur plaifoit. Outreplus on apperceuoic combien leurgouuerne-
ment eftoit dommageable àla France. Car fans les grandes pertes, dcfquellcs ils auoyent
eftécaufeparle voyage d'Italie, à celle heure ils fajfoyent des exactions fur le peuple in-
fupportables,&:nonaccouftumees:&lorsquclc Royaumecommençoit à iouir de quel-
que paix, après tantdemifcres , ils entretenoyent vneguerre en Eicoife, fous prétexte de
la Religion,pour acheuer de le ruiner.
A ces raifons ils adiouftoyent des remonftranccs touchât ceux, qui fous couleur de tu-
t-iwla tele&curatele,auoyent autrefois viurpé les Royaumes,^: Principautez-. comme, par ex-
iôi+.iiurc. emplc,Tarquin le Superbe à Rome:" AndronodorccurateurdeHierome,filsdcHieron
enSicilc:& Antiochus en Egypte,
ïc Lorgne E cardinal dc Lorraine & (on frère le duc de Guyfe auoyent aduertilTemês de maints
&fon frerc lieux,tantd'Efpagne,Sauoye,que Flandres &c Alemagnc, qu'il fe faifoit vncentreprinfc
aduernsde p0ur jes venjr forcer iufqucs dans la maifon du Roy: qui les mit en grande fufpicion côtre
trepnfccô1- pluficurs: &futcaufequele RoycfcriuitauMarefchaldeMontmorcnty qu'il cnuoyaft
trecux. }ous feure& bône garde, &C par chernins deftournez Soubfelles qui eftoit au bois de Vin-
Soubfeiiesi cennes,&; Stuard qui eftoit prifonnier en la conciergerie: qui à cette fin partirent de Paris
Stuarden- le premier iour dcKarefme,&: furent menez mafqucz&defguifcz, ainfi qu'il auoit made
fcnrclc b6 ^e ^TC^Z 'c ^ov ^ re"ra * Araboifc,où il feiourna pour quelque temps,(c fians ceux qui
ne garde le confeillerent de s'y retirer , en la petite/Te delà ville te la force du Chafteau : ne laifians
ws le Koy rjen en arrière pour luy perfuader que c'eftoycntles Luthériens qui le vouloyent mettre
à morr,pourfe venger de ce qu'il en auoit tant&id mourir.
Defcnfe de L à cour de Parlement de Paris fit defenfes à tous bouchiers roftiiîcurs , viuandiers &
L Cour de autres(quele boucher de l'hoftel Dicu)de vendre durât le Carefmcaucune chair, fur pei-
e^Caretoe nedelahart : enioind audit boucher de faire regiftre des permiflions,& de la quantité de
chair qui feroit prinfe pour les malades , enféblele nom &c demeurance d'iccux, & de hui
taine en huitaine en certifierda Cour ordonna que Ion viuroit comme on auoit accouftu
me' félon les traditions Ecclcfiaftiques.
Le conte de E T pourautant que les nouuclles de l'cntreprife fufdite croiiîoyent de iour en iour, tut
Sicerrecn- enuoyé à Tours lccontedeSanccrre lieutenât da Roy: où ayant feiournétjuelques ioiits
Toure ^ ^eu • <luc ^ S*1011 de Caftelnau, le capitaine Mazeres, Renay & autrcs,iufques au nôbrc
de dix ou douze eftoyent logez en ladite ville dans vne hoftelerie , attendans l'argent qui
L'enneprifc deuoiteftre là rendu poureftre diftribue' à aucunes des compagnies eftans aux lieux cir-
clîtdnTu& conuoifinstquifutcaufêdu retardement de 1 entreprinfe, & donnacmpcfchemcntà icel
autresdtao» le. Ledit conte de Sanccrre fut parler audit Baron de Caftelnau , qu'il cognoùToit fàmilie-
dcfcotjucrte rcrncnt'Pour auoir efte enfembleauferuicedefeu monficurd'Orleans.Et pourcequele-
&icToyK dit Conte auoit reccu rude refponfe,pour s'enquérir trop curieufement au gré dudit Ca-
ca ft elnau où il alloit,iiri'ques à mettre la main aux armes, il en aduertit le Roy , & fut trouué
DesAuenel- cîu us s en auoycnt rendre à la maifon dudit de Renay,nôme' Noilày, près de trois ou qua-
îes aduertit tre lieues dudift Amboife: qui defcouurit incontinët plus au vray ladite entreprife,de la-
ie «rdiiul quellelc cardinal de Lorraine auoit efté en mefmctempsaduerti par vn aduoeat duPa*
dereooepri laisàParis,nommcdes Aucnelles, plus certainement que par nul autre: pour auoir efté
fe furdite. prefent en quelques délibérations de ce faites aux enuirôs de Paris.Dont il fut recopenfé.
iïStoect Or la vérité eft tclle,que l'executiô de ladite entrepriiè auoit efteMeliberee en la ville
trepnfc àla de Nantes en Bretagne, par alTcmblee quiy fut faite de gens appelez de ton s les endroits
dTfièur'de deceRoyaumc, àla grande diligence & pourftiîttc <fvn nomme* Goderrov4e Barry>
laRenaudie fieurde la Rcnaudie, gentil-homme du pays de Pcrigotfcvqui fe fauofc appeler la ro-
& delaGa- rcft,&:ia Garayc,gentil-hommcdu pays de BretaignaoûluL^reftc par ladite afïèmblee
Ceauifut faitefous couleur detraiter d'vn mariage, CJue les Chefs, & ceux du Confeil de ladite
arrefté en entreprinfe fe trouueroyent au fixicme ioùr de Mars en la maifon de ja. Fredonnieré»
prtfcfCntrC ^ Roy citant lors à Blois :& puis ayant change de lieu, & eftantvejmày Amboife»iùi
artettt
Leivt&Iafodicellcj* jjt
âr r cftéqinisfe trouueroyempresdudit Amboifcde orois lieue* *&c le /tmde^-yow des
crôJWCsaffigncauxv.dcMars.LcditDelaRcnaudicfutcflcu en ladite affcmblée Lieu- ,uu^£u
ttiti <jwu d'vn Prince q Ion difoitauoirjreccu la protettiô de ladite entreprinfe^fans autre- Ueuccsaoc
ment le nômer,nedcclarcr,qIesLaniquenctsont accouftumé d'appeler Vnçkcfmuer. *T^J^J
Se luy furent baillez pour confëil fix perfonnages, (ans lcfquels Une pouuoitricn fairefic Su^Trcccu
enuirontrence Capitaines bien expérimentez aufai&des armes, pour élire fous luy,& JT0^**
conduire ceux qui fc deuoyent trouuer àlcritreprife: la marque de laqucllcpourfe reco entreprise.
gnoiftre,eft oit vn efteuf mi-parti de blac Se de noir. Leur"bu t eftoit de depoffeder lcfdits Le bue de l»
tieursde Guyfcdel'authorité qirirs maintcrioyentauoirefté par eux vfufpee,& les faire pr^"e"
déclarer vfurpateurs par la voyede luftice, fans autrement rien attenter ni entreprédre
qui fuft preiodiciable au Roy ni à fon eftateomme il fut après cogneu,par le moyen d'vn
papier auquel le tout eftoit eferit d'vne façon cogneuc feulemét àceluy qui lauoit efcrit,
nommé la Bigne,qui eftoit ancien feruitcur dudid de la Rcnau die. Car cftant pris après 'Su/deU
la mort de (on maiftrc,proriîJt pour fauuerfà vie de déclarer ce qui eftoit contenu audi£t Rauudie,
papience qu'il fit;&: fut trouué que le premier article eftoiteouché en ces termes,Prote-
ftationfaite par le Chef, Se tous ceux du côfeil, de n'attenter aucune chofe contre la Ma- ente ladite"
iefté du Roy,&: les Princes de fon fang. Et eftoit le bu t auiïi de ladite entrepriofe, défaire «""«pnk
obferuer l'ancienne couftume de France par vne légitime afiemblec des Eftats.
^"En t r e ceuxdeccfteentreprinfey en auoitplufieurs recenansla doctrine appelée
Nouuelle,leIqu els on riomme Huguenots.Ce nom ayant premièrement commécé peu De ceux^'
deiours auparauat en la ville de Tours,àcaule delà porte du roy Huguon,q. eft T vne des
portes de ladite ville , auprès de laquelle ceux de ladite Religion auoyent accouftumé Ce o^SuguS
retirer pouriahre leurs prières à leur manière accouftumee:àrocca(iondequoylepcu- »uuds,&d;.
pie les appela Huguenauds,qui rut incontinent receu par ceux quifuyuoyent la Cour,&: **
depuispubliépar tout.Lefditsdoncques appelez Huguenauds , difoyent qu^is cftoyent
adioints aucc les defTufdits, comme à vne caufe ciuile Se politiqu e^Se qui concernoit les
loix SL ftatuts de ce Royaume:deliberans de prefenter leur ConferBoh de foy,afin d'obte
nir quelque relafche des extrêmes executiôsrincitez de ce faire entre autres chofes,dau-
tant qu'ils difoyent auoit entendu qu'en la Cour de Parlement à Paris il auoit eftépref-
que refolu en la Mercuriale (dont nous auons parlé)de ne perfecuter plus pour la Religiô
auant la détermination d'vn Concile . Et qu'il eftoit à prefumer quele cardinal de Lor-
raine & fon frère eftanshors d'authorité, la fentéce libre des Eftats euft peu efteindre les
feux qui eftoyent encores allumez en France.
L a Rcnaudie ayant rallié grand nombre de gés , en efleut iufques au nombre de cinq
cens cheuaux,& quelques gens de picd,lefquels il fîtapprocher delà ville d'Amboife.Lc
Roy enuoya vers le lieu où il auoit eftéaduerri qu'aucuns des deffufdits fe deuoyent raL
fembler,leducdc Nemours,aucc quelques cheuaux,pour recognoiftre la vérité du rap- Du t*]c;
port qui luy auoit <*lle rait.Eftan t paruenu au Iieu,il parlemeta auecques eux, Se s cnquit deNcmoun
pour quelle ràifon ils s'eftoyeht ar rhez,& s'ils vouloy ent faire perdre aux Fran çois la lou- lcî Hu
ange qu'ils ont touûourscuë d'eftre fidèles &: loyaux à leur Prince. Ils rcfpondirent par Sî^^f
lcBarondeCaftelnau, qu'ils ne vouloyent attenter aucunechofe contrcla Maieftédu poofe.
Roy: mais au contraire qu'ils eftoyent armez p" our maintenir fa perfonne , Se la police de
fon Royaume- Qu'ils vouloyét remonftrer à (a Maiefté les machinations &: delibcratiôs
fecrettes de ceux de Guyfe contre fa grandeur, leur viol encb mahifefte contre les fuicts,
l'opprciïion faite par eux cotre fa luftice , de les Eftats, des loix& couftumes de fô Roy»
aumerqu'en telle neceffité ils vouloyent entretenir le nom de fidèles fuiets qu'ils auoyét
acquis de fi long temps: poui autant qu'ils fcfentdyet obligez de faire! ce qui eftoit nc_
cefTaire pour la conferuation de leur Prince . Sur quoy ledid duc de Nemours leur re_
monftra>q ce n 'eftoit pas la façon d'vn fuiet de prefenter quelques rcmonftrances afon
Prince âùcc armes Se force ouuerte , mais qu'il y falloit venir aueercuerence Se humili-
té . A quoy ils refpondirent que leurs armes ne s addreffoyent aucunement contre le
Roy,mais contre lefdits de Guyfe, cjui leur eftoyent ennemis , lcfquels empefehoyent a-
uecqués vibléce qu'aucun euft accès au Roy,finon ceux qu'il leur plaifoit . Qu'ils s 'eftoy-
ent a^hc armez, afin que fi befoin eftoit ils peufTent malgré les fufdits de Guyfe fc faire
voye iufques à la Maiefté 4u Roy: là où cftans, ils fauoyent bien l'honneur Se la reucréce
qu'ils luy deuoyent porter.
. Aç* e s ces propos &plufîcurs prières dudit duc de Nemours de laifTer les armes,
BMui.
Leidcfluf- A venir fur fa foy parler au -Roy, s'obligeantpar foy de Prince qu'il ne leurcttjrcuiendroti;
dits viennét aucun mal ne danger. Eux s'alTeurasfur fa parolle,obeirétaudi& fieurduede Nemours,
ïi!tdc°Nc- diiansqu 'ils prenoyenc pour grand aduan cage d'auoir accès libre au Roy , fans qu'il fuft
moijrs par- befoin de l'acquérir par armes ne par force.Mais-eftâs arriuezà Àroboife,£iitcnt înconti-
lUfoncc^ ncl^C re*errez cn Pr^on> tourmentez par gchcnncs,condamiicz corne coulpablcs de cri-
pr.fonn«& me de lcfe-ma:efté,&: auec eux d'autres qui furent prins, &: fur le champ exccutezpardi
mj* à mort, uerfes manières de mort,les vns décapitez, & les autres pedus aux feneftres du chafteau
d'Amboife.Ët entre ceux qui s'eftoyent mis entre les mains dudit duc dcNemours fur fa
LcBarondc paroIle,eftoit ledit Baron de Caftelnau. Iceluy oyantlirc fa condamnation , qui portoit
remontre erime de lefe-raaiefté, remôftra qu'Un eftoitaucuncmét apparu qu'ileuft rien entrepris
n'auoir cô- contrelc Roy,mais feulcmét qu'il s'eftott voulu oppofer auec vne grade partiedelaNo-
J1cisj^n^j blcfredeFranceàriniuiticedeceuxde Guyfe.Et quefi vneentreprifè faite contre eux e-
iefté. ftoit crime de lefe-maieftc,il les falloit prononcer rois de France, auantqucdc le condam-
ner de ce crime. Finalement que ne pouuant appeler deuant les hommes d'vnefcntcncc
tant inique,il en appeloit deuât Dieu,lequcl en briefferoit vne vengeâce excmplair.edu
fàng innocétquieftoitrefpandu. De fcmblablcs propos vibrent pluiieurs autres,Ieibuels
. . ayans prié Dieu àhautcvoix,& appelé' Dieu pour Iugedelcurcaufe,moururcnt,contrai.
rlbiedVn"0 £nans pl" îîcurs de plorer. Et eft mémorable o^u'vn gétil-homrae de bônemarque,nômc
Gcntii-hom Vil!e-mongie,qui à Imitant après fut exécute, ayant trempe fes mainsau fangde fes c£L
^. pagnôs qui auoyér efté fur l'heure dccapitez,lcs efleuaen haut vers le ciel tant qu'il pcut>
s'eferiat auec telles parai les ou femblablcs, Seigneur, voicy le fangde tes enfansimufte-
ment efpandu,tu en feras la vengeance. 4
Apri s que ledit Baron de Caftelnau eutcftcprins,qui fut vn grand empefehement
Sfte'JePen * ceux ^c 1 cntrePr^e> entrc lesquels fut foufpcçonné le puifné de Maligny, Jedid La Re-
trepriie par naudiene JailTa de fe pref enter à tafeher par tous moyens de fc ioindre auec fa troupe : ce
la Kouudtc qUe fajfant fut rencontré par vn gentil-homme nommé Perdillan,quî auec d'autres cou-
roit ça & la pour defcouurir quelque chofe:& voyât que ledit La Rcnaudicluyfaifoit te-
lle , éc s'appreftoit au combat,iJ luy penfa tirer vn coup de piftolet,mais il ne print fcu:& à
ceftecaufèledictLaRenaudicluy donnantdcux coups d'efpeeau coftédroiâ:lctua,&s
fut quant & quant frappé d'vn coup d arquebouzepar le ferai teur dudic Pcrdjllan , dont
URenau- il mourut fur lechampi& auparauât quctoberduditcotfp,iltua encorcs ledit feruiteur.
(on 'cor* ^Dn corPs fat porté à Amboife,& deux de fes feruiteurs menez prifôniersjdonei'vn eftoit
porté dans laBignc,duql nous auôs parlé cy dem*s: & là fon corps demeura pédu tout vn iour,rurle-
Amboifc. qUCj eftoyét eferics ces mots>C'eftU Renauàteàid lajorejl , CafMmcÀes rtbe\les , ch€f&+dMthè*r
de la /édition .Et depu is fut m is en quatre quartiers,pédus en d iuers lieux,& fa refte mile for
le pon t,hchce àu bout d'vne lance . Ce fur v$ cas admirable comment les cinq cens che-
uauxauoyentcfté difpofcz, tellement qu'ils auoyct peu venir iufquespresd'Àmboife de
toutes les prouinecs de France fans eftredefcouuers.
Dvrant cetenipsleçhâcclierdeFrance,Frâçois01iuierquiauoitfàitlesproc^sde
ces poures gens,& qui ne S'cftoir ainfi porté és perfecutions,auparauant récitées « comme
luy commandoit fa confeience , efclairee de long temps de la cognoiflanec de Vérité,
d!c & ™ort ^ut ***** ^vne gtoffe maladie: durant laquelle il iettoit degrans fbufpirs fans ceiTc, & affli-
du chance, geoit fa perfonne en façon fort eftrange &: cfpouuantable. Il fut en ce tourment viûté par
& T<Scit" *c carcnnal ^e Lorrainc.lcqucl s'eftant efloigné de luy , ledid Chancelier s'eferia , difant,
nal de Lor- Ha ! Cardinal,tu nous fais tous damner: & dit-on qu'il regretta bien fort &: fouucntesfois
raine le vi- lamortde feu Du Bourg bruflé pcuauparauant,commcnousauons ditcy delfus.
£ T apres s'eftre ainfi miferablcmët tourmeté,quelque temps après il mourut II auoic
efté pourucu de l'eftat de Chancelier par le roy François premier,& au commencement
du règne du roy Henry fut renuoyé en fa maifon, & mis en fon lieu celuy qui n agueres c-
ftoit premier Prefident,nommé Bertrâd delà ville de Tholoufe, en titre d'office de Gar-
de des feaux:ce qui nauoit iamais efté veu,&(quiplus eftoit)pour y demeurer Châcehcr,
aduenant que ledit Oliuier mouruft le premier.
Et "combien quel'iffucde cefteencreprife fuft merueilleufcmét pitoyable: fi eft-ce
que Dieu laroumacnbïen pourlbn Eglife.Carccux de Guyfefefaifbyétà croire q toute
cefte menée auoit efté faite par ceux de la^Religion reformée, pour la trop grand 1 1 ieuccr
des perfecutions , qu'ils ne pouuoyent porter . Pourtant confiderans le gr»«<Ktlanger
où ils a-
Le but & la fini içellcs. $j p
où ils auoycntefté,&: craignis qee la continuation des perfecutiôs ncfmenftcncores de
pareilles entreprifes , ils penfercntdelesfaireaucunemcnr cclîcv , afin de gratifier aux E-
ghlcs . Tellement q lettres furent delpefchees par toutes les Coui s des Parlemcns, pour
rncttrehors des priions à pur ^àplein ceux qui feroyctpriibmiiers pour la Religion. Le urerlcspri-
Parlement de Paris en fit beaucoup de difficultez > &; fut l'éxecution des litres aiTez Ion- J^E'
gue: toutefois après plufieurs pouriuittes ,6c réitération de commandemens du Roy, les
prisonniers de Paris furent rédus,auec vnc ioye nom pareille de toute l'Eglilc. Il y eut auf-
d vn cdicl: du Roy,par lequel il dônoit accès à tous fes luiets,de luy venir faire leurs plain-
tes &: doléances, s'aucunes ils en auoyent:& falloir promelles de les ouyr touspailîble-
ment,& làns aucun danger . COn vitbienqueletoutfefailbitpar lcconfeildeceuxde
Guylc,afin d'effacer les reproches quilcur auoyenr elle faites par ceux d' Amboife:&: que
cen eftoit que par manière d'acquit : &: que leur volonté enuers ceux de la Religion n'en
elloit en lien meilleure :<ieft-ce qu'ils vibrent dutemps,& duloilîrquc Dieu leurdon-
noit:& présentèrent leur Côfefsion de foy auRoy,auecques vnc requefte pour eftre ouys,
fuiuantlbn ordonnance dernière: maiscela neièruitderien. Cependant neantmoins
les alTemblees pour ouyr la parolie deDieu,fepourfuiuoycnt auec moins de çraintc:&: les
chofes prenoyét vn merueilleux auancemét par tout le Royaume: iufques là, que les pré-
dications commençoyent à fe faire publiquement en bçaucoup de lieux. Trcfu«à
L e Roy eftant ven u d' A m boilè à Remorantin,il y eue vn edict fait , par lequel les eau- ^S^*
fesde ceuxdela Rcligiô reformée cftoyétremifes aux Eccleiïaftiques.Ceft edic* leur don
ha à penfer qu'ils n'auoyent quedes trelues , Se queleur repos ne leroit pas long:attendu
qu'ils cftoyent mis par ceftcdid entre les mains de leurs ennemis, pour les aupiriuges& Affcmblc<;
parties tout enfemble . Toutefois nonobftantcelal'efté luiuant ily eut vne alTçmblee af- j^™" ^
lez folennclle à Fontaine-bleau , pouf aduifer aux moyens d'appaifer les troubles , qui e- ?^Liuf
ftoyent défia grans par tout le Royaume: ôdàlesrequeftes de ceux delà Religion furent w«>We«.
prefentees par moniieur l'admirai de Chaftillon,& leurcaufedebatue par beaucoup de conc]ufoa
grans per ion nages, mefm es Euefqucs. tellement qu'il fut conclu d'allembler les Eftats, d'ajfcmbi»
pour ouyr les demandes de tout lepeuple,&vn Concile national,pourvuider les différés loEftao.
de la Religion.Ccs choies tenoyent les Egliles en fufpens,& ne pouuoyen t iuger où encli-
neroyent les affaires.
Finalement fur l'Automne la volaté des ennemis de l'Euangilefut defcouuerte.
Leroy de Nauarre eftoit en Guicnne âueclbn frère princede Condé j qui eftoit parti de
France,non fanslailTer loupçon à ceux de Guy fe,qu'il eftoit de lafa&iô d'Amboile.Ceux
de Guyfe les voy ans là enfemble, puindrent opinion qu'ils faifoyententreprinfe pour les
v enir chalTer du gouuernemcnt,&: fe m ettre en leur lieu,côm e premiers Pnn ces d u lang.
Etcouroit le bruit qu'il le failbit amas de gens par les Eglifes,pour tenir le parti du roy de
Nauarre . de manière qu'ils conuoqutrent toutes les compagnies d'hommes d armes,&: P=rfccutiôs
les départirent par toutes les prouinces, pour renouueler les perfecutions alencontre des rcnouudccs
fideles,&: leur mettoyenr délia lus le crime de rébellion. Deflors les trefues que les Egliles
auoventeués depuis le mois de Mars,furenrrompues:&commencerétieftrcrecerchees
plus que deuant.Tellcmcnt que depuis le mois d'Octobre, iufques en Décembre, les pri-
fonsde Pans furet remplies comme elles auoyenr efté l'an paiîe. Toutefois Dieu lia fi bip
les mains des Iugcs,que perfonne ne fut cnuoyé à la mort.
Cependant ceux de Guyfe tenoyent le Roy à Orléans, auec armée, &: attendoy-
ent là le roy de Nauarre, &: fon frere. Lefquels au mandement du Roy fe trouuerent là a-
uec peu de compagnic,pour fe defeharger enuers fa Maiefté de ce qu'on luy faifoit enten-
dre,qu'ilsattcntoyentquelqucchofecontrela grandeur: car lesennemis s'armoyéttouf- L°uys d«
ioursdu titre de Rov.Mais ils ne furent pas li toft arriuez à Orleans,&: fait la reuerence au *°™c?dc
Roy, que le prince de Condé nefuft reiterré en vne eftroite prifon,&: le Roy Ion frère rc- Condé rri-
tenu aueçques feure garde . Le prince de Condé receut celle affliction auec vne grande *onmcr-
confiance: &; louant Dieu , le confoloit fi bien en la prifon , qu'il eftoit en admiration à
fes ennemis. Et pourec qu'on auoit toufiours eftimé que ces deux frères Princes eftoyent
l'appuy de toutes les Eglifes, les Papilles les voyans arrêtiez, faifoyent défia les feux de
ibye, comme s'il n'euft plus rien refte pour tout deftruirc & exrcrmincr . Mais comme la
délibération eftoit défia faite d'enuoyer le prince de Condé à la mort : & qles procès des
fidèles, U meimes d'aucun? des Miniftres de Paris cftoyent défia fur le bureau, pour eftre
BBb. iii.
£*wo VIL éfflartjrs au pays d<u Flandre^.
procède à la condamnation :que toutes les Eglifcs eftoyent menacées d'vne rncrueillcufc
defolation:Dieu,qui fait fecourir les liens au befoin,cnuoyavnedeliurancemiraculeufc-
Francoisii. car le petit roy Frâçois,au milieu des triomphes des ennemis, fut frappé d'vneapoftumc
roydrFri- au cerueau, laquelle le fufFoqua:comme il lera dit. Et ainfi quelque paix & repos, ou plu-
Etdtfc CD ftoft crcues turcnt données aux Eglifcs fidèles.
r6>
CHRESTIEN DE QVEKERE. M. IAQVES DIENSS ART,
IE ANNE DE SALOME2, Je Steenvvercte en Flandre.
O N trouuera des refponfes autant à propos,& pertinentes aux demandes des ennenns,qu'en procédure de plus
faiians &: lettrez:pour monftrer les proportions des dons du S.Efprit. Ce fut à F urne en Flandre.
£F5§P^ï8 OMME en ce temps la pcrfecution continuoitcn diucrs lieux au pays-bas
M. D. LX -Wê^^^i deFlandre,fous Philippe roy d'Efpagne:&queplufieursfcretiroyenten An-
||\ V^^c^gleterre fous la protection delà royneElizabeth , ces trois furent du nombre
de ceux qui firent adiondion à la troupe eftrangerc en Londre,auccconfeL
fion publique de leur foydeuant toute l'cgli(e. Apres y auoir demeuré quelque efpace de
temps,il leur vint en necefïité de retourner en leur pais pour quelques afFaire:>:&: s embar
querent fur la fin de Iuin de ceft an m . d . t x. Arriuez qu'ils furent à Nicuport, les deux,à
fauoir laques &: Ieanne,tafcherentdegagncr Honfcotc, laiflàns Chrcftien veniràfonai-
fe,pource qu'il fc rrouuoit mal difpos , & charge de quelques petits liures de la Religion.
Le Bailly aucc autres le rencontrant fur les champs , luy demanda d'où il venoit, où il al-
loit,&: qui il eftoit . Chrcftien refpondit bien pertinemment , tellement qu'ils ne feurent
que mordre mr luy pafTant fon cheminm'cuft efté le pacquet deliurcs qu'ils apperceurct:
&C pour lcfquels ils le ramenèrent à la ville. Or entendans qu'il eftoit venu auec quelques
autres,ledit Bailly cnuoya incontinent fon Lieutenât furie chemin de Honfcot,lequelnc
tant par aftuces & mehees,q finalement les attrappa,& amenaliezen la viUedeFurnc.Ds
Les aduer- furent quelques iours en la mefme prifbn auecChreftien , fc confolans &c ençourageans
Liresncpcu mucuciicrne nt: mais les ennemis les fcparercnr,penfans par ce moyen rompre leurfer-
quc ieTpo- meté &conftancc. ^ Au premier abord des interrogatoires le 1 1 1 .& 1 1 1 1 .de Iuillet , on
ures fidi les demanda à laques pourquoy il s'eftoit feparc de l'eglile Romainc.il refpondit, Pource qu*
iTconfoicnt el*e n'c^ Pas la vrave ESnfe ^ *euJS Cririft- A °,uoy cognoiflez-vous cela ? dit vn Preftre.
ivn l'autre, r^. £)'autant qu'elle n'a pas la pure prédication delà parolle de Verité,nela vrayeadmini-
ftrâtion des Sacremens,n'aucun légitime vfage delà difeipline Eccleiîaftique. laques luy
prouua par raifons euidentes , & monftra qu'en leur cglife on enfeignoit le faluedes ames
parMcrfcs,anrtiuerfaires , longues oraifons, inuoeation des Sain&s , pèlerinages & telles
autres vaines & faufTes confiances. Voire,dit le Preftre, aceufez-vous ainii ceux qui don-
nent à manger à IefusChrift quand il afaim:& à boire quâd il a foif:& qui le veftet quand
il cft nud?&c.& mu 1 tiplia tellemét ce propos , qu'il ne dôna loifir audit laques de refpon-
dre plus auant fur ce poin£t. ^"Autres luy demandèrent s'il pourroit monftrer Qu'ils n'ad
miniftraflent bien le Baptefme.Iaques leur die: Vous raueztçllemét obfcurciparvosad-
ditions,qu'à grand' peine le peut-on recognoiftre cftre Baptefme. D. Cornent donc vous
contentez-vous de voftre Baptefme? i^.. Sn'eftoyeencoresàbaptizer, iene levoudrove
reccuoir de vous autres.-tant y aqueic me contete de fauoir vnefois receu. Interrogué de
leurfacrement del'autel: il monftra euidemment combien il eftoit eflongné du vray vfa-
ge de la làindc Ccne de Icfus Chrift. Quâtà la difeipline Ecclefiaftiquc , il leur en dit plus
qu'ils n'en vouloyct ouyr. CPeu après ils furent examinez par deux Caphars qu'on auoic
fait venir expresdvn nommé Ican Campo gardien desCordehcrs de Dixmude:&: l'autre
Pierre Pannct prieur des Carmes d' Ypre . Ceux-ci interroguerent premieremét les trois
prifonniers fur les.articles de leur foy-.&c puis, s'ils croyoyét que Chrift ait efté fait delà fè*
mence de la fem me. laques refpondit , qu'ils eftoyent tous perfuadez que IefusChrift a c-
Gal.4.4 ftéfaitdelafcmcnccdclafemmecommeDicuauoitpromisGcn. j:itemdc lafemehee
2.Sam.7- ii J'Abrahâ,&desreir.sdeDauid: voireenfomme fait (èmblable à fes frères en tourvexce-
Hcbï.17. ptc' péché. Apres plufieurs interrogatoires fur diucrs poirtfts,on leur demada,fien lacoft
i7 fecration dclaMeife lecorpsdelelurChrift eftoit prcfent-.Nenni, dit laques, il s'en fàut
Hcb.4.îs beaucoup que ce foie la Ccne du Seigneur : laquelle fut donnée à ceux qui eftoyent affis à
table a-
Ch.QjMkereJ3)imprt,& I.Salome^. j<fo
table auec Iefus Chrift.Suyuât quoy auffiles fidclcs,aux A des des Apoftres,fefontaiîcm a£U.4i
blez,&: ont rompu le pairienfemblcr&rTCtrouuonspas qu'vn fèul l'ait fait à part, &que
Jes autres le regardaient faire.Que fi faind Paul reprend à bon droit les Corinthiés,de ce l Cor 11 i0
que chacun d'eux saduançoit pour manger fon foupper à part, combien plus eftes-vous
dignes de cefte reprehenfion?Ievous tie donc du nombre de ces fa ux-propheres dont Ie-
fus Chrift nous aduertit pour s'en donner garde, quidifent, Voicy Chrift, &: levoila,&c.
Surcecy les aduerfaircsrepliquerét,Les parollcs de Iefus Chrift ne font ce pas, Ceaeftmon.
corprxecy cflmonfangï Les mots ne fedoiuent prendre à la lettre : car autremetiln'y au-
roicnul accord auec le fondement de l'Efcriture. Les parollesdes anciens Sacremens ont
efté expofez par le tàindEfpritmcfme: La Circôcifion eft appelée Alliance, &c l'Agneau j^17'"
léPajfàgeduSetgneur.comhicn qu'ils en fuilent feulement lignes. On luy demanda fur cela, ' *4'
fi Dieu n'eftoit point tout-puiifant. Ouy,ditIaques,maisil ne fait rien contre fa Parolle.
D. Si le pain ne fe change point,pourquoy faind Paul a il dit, Quiconque mange de ce pain in- iCor.5.7
àignementytl mange fon iugement^ne discernant point le corps du Seignettr'f . Nous le confeOons, d'-
autant quel'homme fe doit cfprouuer deuant qu'approcher de celte fainde Tablexar en
la Cene on ne reçoit point feulement du pain & du vin , mais aufli la vraye participation
du corps & du fang de Iefus Chrift,cÔme faind Paul nous enfeigne. ^ En quatrième heu, '-Cor.io.rf
les Moines firent cefte queftion, Si le M a r i a g e n'eftoit pas vn SacremcntrNon,dit la-
ques:car les Sacremens ne font point en la liberté des chresliem,coinrnelc mariagercar faind Paul , Cor 7 8
dir,Qiu fe maric,il fait bien, mais qui nefe marie, fait mieux . Nous eftimons donc que le 58.
mariage eft vnefainde ordonnance de Dieu, inftituee auparadis des lecommccemcnt j^^'1'* 1
du mondc,hônoree de Iefus Chrift par Ion premier miracle . Nousdilbnscn outre que le
mariage eft honorable entre tous, 6c la couche fans macule: &: q Dieu mgera les paillards Hcb.13.4
&adulteres. D. MaisfaindPaul ciuitqle mariage eft vn grand Sacremér. ru.Pourquoy
donc le défendez vous? Or ce que vous alléguez n'a point efté dit du mariage : car S.Paul
parle d'vnefinguliereôifecrettecommunion&coiondion que Chrift aauecfon Eghfe,
en difontiCcfe&etefîgrandiVoireldit-tljenChrifli&enCEglife. Interrogue' fur la C o n f e s- Ep^-W1
s 1 o n à fauoir fi c'eft vn Sacrement: Rt. le n'en trouuc que deux en l'Efcriture : fi vous en
trouuez dauantage , c'eft à vous à le monftrcr . mais touchant la confeffion, C'eft à Dieu
que nous deuons confeiTer nos péchez à l'exemple de Dauid,& du fils prodigue &c de plu pfcau
fieurs autres,accuiàns leurs péchez auec vraye repentâce: Se Dieu eft fidèle pour nous les [uc ir.ii
pardonncr.Or dcconfelfer les péchez à vn Preftrc,tants'cn faut qu'il (oit neceflaire , que i.fcan*»
mcfmeie n'eftime point qu'il (bit licite . Les Moynes eurent refuge à leur pansage accou-
(tumëjConfeJfe^yospe(he2^lesynsauxautres.i^Sa\nâ.l2Lq\iesweut que nous côfelïions nos lac^.*
fautes enuers ceux à qui nous auons mefdit ou mesrait: car Dieu commande denousre Mit.rf.iji
concilier enlemble par vnc telle Confeifion, fi nous voulons obtenir pardon deuant luy.
Lors les Moines dirent,7o«f ce que-vous liercxfùr la terre fera lié au ciel. Ri. Iefus Chrift par- Ma"*-i4«
le-làdeladifciplineEcclefiaftiquequidoiteftreobièruceentreles Chrefticns,enadmo- 15
nition&:applicationdeladodnnedel'Euangile:iufquesàictter les rebelles hors del'E-
glife.Mais il eft plus que notoire, que vous nefauez que c'eft de telle dilcipline ne du vray
miniftereenvos egliies. D. Pour le moins l'o n c t ion eft vnfacremét, veu que faind , %
laques en parle fi clairement, R>. L'Ondion dont parle S.Iaquesn'eft en rien lemblable a(picSÎ*
à la voftre.Carcelle-lal'efaifoit miraculeufement pour la guairilbn corporelle, lors que le Marc.tf.ij
don de miracles eftoit en l'Eglife: or, vous oignez ceux dont il n'y a plus d'efpoir de vie, Se
le faites pour le lalutdeiame.il eft bien beibin aux malades d'appeler les Miniftres pour
eftrc confolez &: prier pour eux : mais non pas de les grailler. Et la C o n f i r m a t i o n ,
dirent-ils, neft-ce pas vn Sacrement? laques refpondit, Qu'en toute rEicritureil n'auoit
rien leu de cefte Confirmation,&: partant ne fauoit que c'eftoit. Icy ils firent eferire fu 1 le
rcgiforC)Noncredunt. On vint à l'ordre de Prefti ife,fauoir fi c'eftoit vn Sacrement, y..
Non plus quel'autre.Trop bien que S.Pierre appelé les fidcles génération ellcuë,Sacrifi- i-Plcr2"f
cature royale,Gent iainde,&: Peupleacquis. Comme aufli S.Ieâ dit, qu'il nous a fait Rcis A{)ûc ï 6
& Sacrificateurs:mais ce n'eft pas à la façon de vos Euefques & Prcftres. D. Qu'eftimes-
tu donc du Pa p e? r>. Ce que Daniel &: S. Paul en ont prédit, car il fe trouue&: monftre Dan.11.cha.
tout tel qu'ils l'ont deferit , venu par fignes faux &: par menlbnges : fe feant au temple de *"Thc "
Dieu,&: s'efleuant par deiTus tout ce qui eft nommé Dieu : défendant le mariage inftitué i.Tim.4.3
deDicu:&:les viandes qu'il a cômandeesd'eftreprifes auec adion de grâce. D. Que nous
diras-tu du Pv rg a t o ir e'c^.Nous n'en recognoiftbns autre q le iang de Iefus Chrift, lItalîI-
BBb. iiii.
Liure VIL Ch. Quekere* fean Dicnfiart}& I.Saïome\.
qui feul nous purge &: nettoyé. D. SilcsSaincts prientpournous>nclesdoit-onpointauf
il prier ? 3i. Il faut adorer Dieu ôd'inuoquer feul. Les bainds eftans encore en ce monde
n'ont iamais fbufrerr qu'on les adoraft: ce que lors ils eufTent pluftoft demandé (quand la
nature corrompue appeteles honneurs) que maintenant eftans dcfpouillez de telles af-
Apoc.is».io. ferions. Les Anges mefmes n'ont iamais enduré qu'on les adoraft. ^11 y cutencores
& plufieurs autres chofes traittecs que laques n'a peu eferire , le papier luy défaillant : com-
me il le manda à ceux de TEglife.
Le xi i ii . d'Aouft ils furent pour la troifieme fois examinez par Pierre Titelman
doyen de Ronce, Inquifitcur gênerai de Flandre, duquel les cruautez&: extorfionsfe
trouucnten toutes les exécutions des fidèles qui ont endure la mort audit pais. On luy
amena ledit iour du matin Ieanne Salomez dite Coninckes, de laquelle il s'enquit fort
de ceux du village de Srcenvvercke dont elle eftoit natiue:& Ipecialeméts'elle auoit co-
gnu Charles vander J£auvve homme renommé entre les fidèles. Elle rcfpondit, Qu'ouy,
mais qu'il eftoit trefpafîe. Apres luy auoir demandé comme elle au oie à nom, il l'interro-
ga fpccialcmcnt fur les Sacrcmens , &c prefque fur le feul poind de la Ccne , &c la tint en-
uironreipacededeux heures deuant luy. ^"Quanta laques DienfTart, iinel'examina
autrement: maisvlàvers luydcces parollesbladiflames, Mon fils, vous eftes encore icu-
ne&bicndifposvparquoyleMagiftratdcccftevillcfaitgrande inftance de vous retirer
de cefte nouuelle dodrinepour vousramencr au droit chemin. mais i'enttn quedemeu-
LeScigncur rez ians v ous vouloir renger . laques reipondant, luy nia que ce fut vnc nouuelle dodri-
ÏÏoSrs ne>puis qu'elle eftoit fondée furies Prophètes &: Apoftres. A quoy l'Inquifiteur repli-
foaEgliic& qua, que Martin Luther l'auoit premier mile en auanr. y.. Etqucdeuicndront tant de
^cTm Lu" gens dodes qui ont efté &: deuant &: après luy:commeIean VviclenSIeanHuSjZuinglc,
d)CT. Caluin,Ieâ à La(co,MartinMicron,& autres en Angleterre, France &Fnfe?Et fi vous,ou
moy ne les cognoiftôns , Dieu les cognoit aufsi bien que les fept mille fidèles qu'Hehe de
fon temps ignoroit.L'Inquifiteur perfiftanten fa vieille chanlbn de la fuittede fes Prélats
& Euefques: laques luy allega vne autre marque delà vrayeEglife,afTauoir,qu elle auoic
de tout temps efté perfecutec: &c de cela inferoit qu'il en eftoit vray niembre.L'Inquifï-
teur dit, Nous fommes maintenant perfecutez en Angleter rc : car on y commence à
Bonerreçoic emprifonner les Preftres, y.. Ileftbien vrayqueBonerEuefquedeLondrcàefté prifbn-
mdcLicc" nier non pour la religion , mais'pourfcsforfaids: Lefurplus des Curez &: Preftres y vi-
«z. uent en liberté. Entre autres propos ceft Inquifiteur voulant monftrcr le feruice deu à la
vierge Marie,dit, N'eft-il pas eferit qu'il faut honorer vn chacun? &: que deuons donc fai-
re àla mere de noftre Seigneur Iefus Chrift ? Vous luy faites,dit laques, vn bel honneur en
vous agenouillant deuant vn tronc de bois ou de pierre,en l'inuoquant corne Dieu : vous
deuriez auoir honte de telles abomination s & blafphemes. ^"11 y eut plufîeurs autres pro-
pos que ledit laques par faute de papier &: de loifir n'a peu laifTer par eferit.
L e mefmc iour après midy,Chrcftien Quekere,qui auoit efté m is en vne prifô^ part,
futauisi produit deuant ceft Inquifiteur,& interrogué fur plufieurs chofes. Il le porta vail
lant en toutes (es refponfes : &c quand l'Inquifitcur voulut prouuer que Iefus ChVdt eftoit
prefentcorporellement au Sacremcnt.Iaques luy monftra par fix ou fept raifons perem-
proires,tireesdelafaindcElcriture,quecela ne pouuoiteftre nullement, &: repugnoità
toute vérité. ^ I es ennemis voyans la perfeuerance de ces trois prifohniers , serlorçeréc
par toutes voyes de les débiliter Se tourmenter : premierementils les firent feparer pour
les priuerdeconfolation : fi défendirent qu'en les vili tant nul ne fut fi hardi de leur por-
ter à boire ni à manger: & tiercement ils les firent foliciter par gens mefchans,de s'accom
moder fans ainli aba ndonner leurs vies à leur efeient. Ils eurent de grandes tentations,&
prièrent par lettres trefinftamment qu'on fit Drieres continuelles pour eux en toute» les
Egliles. Les fidèles eft rangers en Angleterre, aduertisdccesdeftroids , folicitercnr leur
fuperintendent Edmond Eueicfuedc Londres,àrinftanceduquel,rArcheuefqucde Can
torbie,& autres en noyèrent lettres parcnfèmble au Magiftrat de Furnc,requerans en
fomme de leur lafeher ces trois prifbnniers qui auoyét efté prins en pafTant leur chemin,
fans auoir molcfté perfbnne,ne difputé aucunement^ par confèquent n'ayans commis
chofe contre les ordonnances du pais. Et quanta leur foy qu'aucuns reuoqueot en dou-
te, que pour cela on ne les deuoitreccrcher:&: qu'en pareil eux,aufquels la maiefté de la
Royncabailleetoutcconimifsion&puifTanceau faid de la Religion, n'auoyent iufqua
prefent fafchc aucun des fubieds du pais-bas venant en Angleterre, &C fe portant, Hiode-
ftemenc
Ch. Quektretjean &iw$art& LSatome^ / 61
ftemcnt.Quéûon entendoitainfi moleftcr ceux leurs eglifcs , commis en leur garde*
comme luiets de la Roine , ils feroycht contraints à leur grand regret mefurer de mefme
mefureies autres nations; ce qu'ils n'efperoyent&: n attendoycntdc 1 equite& prudence
duditmagiftratdeFurne.CeslettiTseftoyentdattcesduxx.deltilletM. d. l x.&ibufïi-
gnez Matthieu archeuefqucde CâturbicEdmûd euefquede Lôdre:VvillhèlmcMcyns:
Valtcr tladon maiftre des requeftes ordinaires: &: Thomas Huycke do&eur es loix.
Ce, v x dCjFutneayansreceu ces lettres, les enuoyerent à Bruxelles, & furent leu es aii
priuécpnieiLduRoy. Mais pour exténuer l'authoriréd'icelles, on fèm a vnbrvtt qu'elles
auovent éfté ibrgees par quelques Luthériens : de manière que finalement on arrefta de
tfçoceder contre lcfdirs prifonniers félon I exigence des placars du Roy . ^"Apres cjuelef-
dits de Fume eurent en vain efTayé tous moyés de diuertit lefdits prifonniers de leur foy*
ils procédèrent à l'exécution, d'iccux. Pmfieurs delà ville &: d'alenuiron, oyans le bruit de
cefte exécution prochaine,fe tenoyent prefts pour la voir: §c péfoit-on qae cedeuft eftré
par vn Mercredy iour de marche'; Mais le Magiftrat voyant la multitude fut effrayé, fit
monter àcheualle Bourreau en plein marche fur Jemidy, pour faire femblantdefortir la
ville,&; môftrer q l'exécution attédue,nc fe feroit poît. Vers le fbir dudit Mcrcredijegrad
Bailly accôpagné de quelques Seigneurs, vint fecretemét en la prifon loliciter particuliè-
rement chacun defdits prifonniers par beaucoup de prières & allechemcns , à fè defdire:
leur promettant de les dcliurer tout à i'heure,s'ils vouloyent feulement dire vn mot:Mais
Dieu les tint roides,&: leur fît fiirmôter ce dâgereux affaut. Voyas donc les ennemis qu'ils
ne profitoyétrien de plus attédre,firent tout apprefter déslefoir dudit iour pour le lende-
main,afl!auoir chaines,eftache,bojs,&: ce qui appartient à l'exécution. Or le Seigneur qui
a eftabli les temps & momcns,retarda leur de/lein par vne pluye veheméte qu'il cnuoyai
de fitdurer iufques à midy. Onauoit cnuoyé quérir les deux Moines ci deuant nommez:
accompagnez chacun d eux d'vnfuppoftdeleurliurec. Ceux-ci commencèrent dés ce-
dit matin à huit heures aflàillir les prifonniers pour les deftournerouefbrâlerdeleurfoy.
Ce q n'ayans peu faire alendroit de Chreftien ne de laques, ils s'en allèrent à Ieanne , vers ^""^j
laquelle ils profitèrent auffi peu qu'alendroit des deux autrcs.Qupy voyans,ils eurent re- gercuiemét ,
cours àleurs menfonges accouftumezsqu'ilsàppelentfrrf«<fej/>/>i</fi,&luy dirér* Voulez-
vous feule adhérer à cefte fby,veu que vos deux corn plices l'on trenoncee?Lafaindévier
ge n'en fut en rien ef"meuc,mais refpôdit Quelle ne lecroyoit pas: &C ores qu'ainfl fuft ,que
iamais elle ne delaifleroit vne foy fi certaine, fondée fur Iefus Chrift & non fur les hômes.
Ces Moines fedu&eurs negagnans rien fur ellc,fe retirerent.Et les prifonniers donnoyét
courage l'vn à l'autre,fè preparans à la morr:& chantèrent le pfeaume l xx ix.^"Le Ma-
giftrat de F urne pour plus feuremenr mettre à executiô leur fentéce , firent tenir les por-
tes delà ville fermées: & toutefois plufieurs dedehors y entrèrent , laiflans leurs cfpees &
autres baftons à la porte. Ainfi qu'on menoit les prilbnn iers en la maifon de la ville,on ne
voyoitque gens leur tendans la main,&: donnanscourage.Eftans deuant les Seigneurs a-
uât la prononciation des fentéccs,leur fut dit qu'ils eftoyét hérétiques. A quoy Chreftien
pour tous refpondit que pas vn de leurs Do&eurs ne l'auoit feu &c ne fauroit môftrer par
l'Efcriture fain&e.On leur mit au deuant qu'ils ne tenoyent conte des Sacremens . Mais
ils refpondirent librement, Nous àuons les Sacrcmens ordonnez de Dieu en olus grande
& toute autre reuerence que vous n'aueZt Sur cela les Seigneurs fe retirèrent a part,& ay-
ans vn peu parlé enfemble,rerournerét en leurs fieges,& prononcèrent fèntéce de mort
furcestrois,àfauoir qu'ils feroyenteftranglez}&puisbruflcz,&:ledemeurant descorps
mis au gibet. Ils remercièrent les luges de la fentence , &: les aduertirent de bien prendre
garde à ce qu'ils faifoyent. Au fbrtir delà maifon de la ville pour les mener au fupplice,plu
fieurs fidèles leur difans Adieu,lesencourageoyent&confbloyentdcperfeuererconftâ-
ment. Dont le grand Bailly fort fafché,n'ofant rié faire autre que crier au derrière, poufTa
Ieanne du pied,queprefque elle tomba des dcgrez:dont le peuple fut grandement irrité.
Chreftien alloit le premier,Ianne âpres luy,& laques lefuyuoit : en tel fpe&acle, qu'il y a-
ubit bien peu qui ne iettafTcnt foufpirs, larmes ou regrets, en les oyant faire de fi belles àc
faindes exhortations. Vn des Moines quilàeftoycnt* nome frère Iean Bels rendit a Iean- çonfe{(ion
ne(plufieuts,gens dignes defoy i'oyans)ee tefmoignagc, en fon langage, Ieanne,comba- mec de la
tez vaillamment,la couronne de gloire vous cft appreftce.Com me le bourreau comme- ^^d'vu
ça de les attacher de chaines& au col &C aux pieds, ils châterent le Pfeaume 1 30. Dufons
de ma penfeey&c. Frère Icaii Campo ne pouuant porter vne telle harmonie, crioit côme
Liure VIL
JeanPfer<vvm.
vn homme forcené, Maintenant on voit bien que vous n'eftes pas Chrefticns]: car Icfus
Chrift s'en alla à la mort en pleurant. Il y cutquelcun du milieu delà trouppcquiaufsi
s elcria, Vous métez,faux prophète. Ayan s achcué les deux premiers couplets du Pfeaii-
mc,le Bourreau s eilant misa ellranglcr ChrcftienJtesdeuxcefTerent le cl,ant,&: selcrie-
rent à leu rfrere,Courage,bataillcz vaillâment.Et Chreftien leuant Tes mains &c les yeux
au ciel,dit par deux ou trois fois, Seigneur Dieu père celefte,ie recommande mon elprit
entes mains- Et derechef après, Pardonne le forfait deceux qui nous mettent à mort.
Ieannc&C laques prièrent de me(me:mais d'autant que laques fut le dernier ellranglé,&:
que le peuple cl m eu dccompafsion commençoitàs'efmouuoir, le Bourreau mit leïcu a-
lendroit de laques n'eftant qu'à demi eftranglé. Le peuple le voyant mouuohrau milieu
du feu,futencoresd'auuntagc irrite: fi que le bourreau tout trouble, printvnbafton de
baftelier ferreau bout, & donna deuxou trois coups au cofte droit du patient, pourle
faire expirer. Apres que les trois corps eurent efté quelque peu au feu , on les mena fut v-
nc charetteaugibbct,où ils furent misa trois perces à part : mais puis après furent oftez
&: mis en terre.
IEAN H E R WIN dcHoutkcr(k?,e*FLnire.
CONVERSION notable d' vn homme desbauché. & par degrez certains réduit ramené fi aiiant au parc
du S'„'igneur,qu'il elt produit pour tclHficr de fa do&rine , de laquelle il en eftoit auparauant aufsieflongnc
que la terre du ciel.
^^^^p^ERVV IN, dit Geerftecoorne, eftoit d'vn village nommé Houtkcrcice au
M.D. LX-VJ % quartier de Bcrgues S. Vvinock, en la Flandre Occidentale. DVne vie dif-
P §folue,& telle quegensdeguerre desbauchez &c adonnez à toute fenlualitc
|Sj5&^Bontaccouftumc de mener &c fuyure,Dieu voulant faire en luy l'œuuredc Ces
coniTcrfions admirables, pour l'attirer à Iel'us Chrift Ibn Fils,luy mit au cœur
le vouloir de fortir de fon pais, 6c lie retirer à Londre. Y citant arriué enuiron les Paf
ques de celle année , le Seigneur pourluiuant lbn œuure, luy fit rentontrer de la bc-
fongne de fon meftier de braiTcur de bière, auec gens de bien , &c compagnons fidè-
les &craign ans Dieu : choie autant ràrc qu'en mcllicrqui foit, veu l'yurongnerie &lcs
excès qui lont ordinaires es brafTcrics. UfutfouuentmenéàrEglil'eFlamcnguc en ladi-
te ville de Lortdre,& par audition fréquente de laparollc de l'Euangile^la cognoiflàncc
&c foy en Icliis Chrift commença de croiftre déplus en plus en luy. Vn bruit de guerre &C
nouuclles volantes qu'on leuoit gendarmerie, le fit retourner d'Angleterre en Flandre:
& partit enuiron le mei'mc temps que les trois fufdits Martyrs, &: faillit d'eftre prins quac
&c eux. LeBaillydcFurne ne l'ayant (eu attrapper:&: depuis entendant que cclluy-cise-
ftoitretiréàHonfcot,ilcn aduertit le Bailly duditlieu,& luy lignifia qu'on le trouueroic
chez fa fœur. Ce Bailly ne faillit de l'aller trouuer de nuift auec t'es fergeans , Se dcle pren-
dé h dre priibnnier. Comme on le menoit en prifon, le Bailly rencôtrant quelques yurongnes
on^rt?"' ^ur *cs rucs»dit ccs parollcs,On eftime qu'il y a beaucoup de gens del'EuangileaHonlcot:
ny il£* mais ceux-ci monftrent bien le contraire. Iean Hervvin nelailTa pas palier ceci fans luy
dire, Eft-ccmal faitdes'enyurer?Le Bailly relpondit, Quoy donc ; Iean fitfa conclufion,
Pourquoydonc nemettez-vous ceux-ci prilbnniers, veu que vous elles ordonné pour
punir les mcfclun s, 6c défendre les bons &: bien-viuans? Il ne le trouua réplique: mais Iea
fut logé en prifon,où il le porta fi vertueufement que chacun en eftoit esbahy . N'eftant
fi toft mené deuant la Loy de Hohfcot comme il defiroit ôc s'attendoit , il en fut côtriftc>
&demandoità ccuxaufquéls il pouuoit parler,lacaufe de tel retardement. Son cccurc
ftoitembrafé du delîr de confell'cr Iefus Chrift deuant les luges. Plusieurs doutoyenc fort
deluyTàcaulcdefaviepaiTee^qu'iln'auoitquc commence de donner audience à TE-
uangile : en qudy les hommes le plus louuent ne voyentgoutte,&fetrouuent abufez en,
leurs iugemens . Onldmenaà lafin deuant les Efcheuins : &c y auoitvn Preftrc attitré
pourdii'puter contre luy,lequcl demanda depremier abord. S'il y auoit long temps qu'il
s'clloit confefle : Se ce qu'il tenoit de laCôfefsion:&: l'interrogua de pluficors menus fuf-
frages&: fatras : fur lefqucls Iean relpondit autant modeftement que Chrcfticnnement:
&c ceux qui là eftoyent de quelque fainiugçmenr,cognurent que ce n'eftoit plus ccluy-la
du
Houfcoc
bourgade
en la baffe
Flandre re-
noniec
fergei
Jean Héf'vvyn» jâj
du temps parte: que la prifon luy eftoit comme vne efcoleoùil recordoit falcçon. Le
Preftre luy demanda en ontre,S'il croyoit qu'il y euft fept facremés ? Sur quoy le Bailly ai-
dât au Preftre dit,S'il y en a fept ou deux , qu'éporre cela?iï y taillera ceux qui y ibnt.^car il
en auoit côfefte deux.)Le premier Efcheuin l'interrogua en cestermes,Croycz-vous q le
Seigneur repofe fur l'autel en chair & fang? Iean luy dit,Ierefpô auec faindt Eftiéne,Que
le Souuerain n'habite point es temples faits de main: Le ciel,dit-il,eft mon tiege,&: la ter-
re le marchepied de mes pieds: quelle maifon m édifierez- vous? ma main n'a-elle pas fait
tout cecy'Et fur ce poinct prenant occaiion,remonftra à ceux qui là feoyent pout luges, Remôftrâ-
qu'ilscôieraflentde pluspres la doctrine de l'eglifc Romaine à la vraye pierre de touche, ^*"Ma8'"
qui eft l'Efctiture faincte, afin de voir comment elles font du tout oppofees & contraires
Tvne à l'autre. ConfiderezauÙi, dit-il, qu'emportétles parolles defàin&Pierre,Quenous hCt+.i9,&.
obeiffions pluftoft à Dieu qu'aux hommes. ^ Or il eft bien temps qu'y penûez à bon ef-
cient:car au dernier iugemcr,ne vos Preftres nevos placars que vous alleguezcôtre nous,
ne vous excuicront nullement. Et quant au titre de l'eglife Romaine que vous mettez
pour bouclier, il eft bien vray qu'au temps des Apofttes &: après, il yaeu egliieàRome QiundRc*
comme enConnthe,Galatie,Phihppes &: aucres licuxrmais après qu'elle s eftdeftournee ^^L^
delapureparollede Dieiu&mefmelafalfifiee&lesSacremés d'icelle, tournant la difei-
pline Ecclefiaftique en vne Côfeflïon auriculaire,Dieu s'eft retiré d elle:&:ne mérite plus
deftrenommee Eglifede Dieu, mawdu diable. Incôtinent que le premier Efcheuin(qui
eft nommé Le premier parlant)l'cut ainfi ouy parlerai le fit emmener. ^ Apres doc auoir
pardiuerfes fois rendu confclîlon &c tefmoignage manifefte à la vérité deuatit ceux de
Honfcot > il les pria qu'il leur pleuft de luy faire droict en vneou autre forte. Au contraire
pour la dernierefois ils inliftoyétàlefairedefifterdefes opinions:mais il refpondir,Qu'il
n eftoit point fondé fur aucune opinion, ains que le Seigneur l'auoit enfëignéde fuir le
mal&cercher le bien. Voire, dirent-ils * ne vois-tu pas qu'à caulede ces opinions, tout
le monde en eft en trouble? &: que tant de làuansycontredifcnt? çt. Tant s'en faut que
les troubles viennent de la doctrine de l'Euangile, qu'iln'y aqu'ellefèule quipuiffeofter
les troubles, noifes& diuifions qui régnent au monde, leiquelles procèdent de lamalice
des hommes.Et quant aux fauans que vous nvalleguez,il eft impoisible que par la fagefle
humaine la doctrine de Dieu puiiTecftrecôprife:&:c'eft pourquoy Iefus Chrift rend gra- Matth.rr.15
ces au Pere,qu'il l'a cacheeaux fages &c gras de ce mode, & l'a reueiee aux petits.^~Com Luc 1011
mêles fergeans le ramenoyenten prifon,ilsl'aduertirent de parler doucemenr,&quefon
cas iroit bien. ^ 11 eut encores deuant fa mort quelques rudes alTauts par certains Sophi-
ftes, qui luy amenoyent l'authorité des Docteurs anciens fur lepoinci; de la Cene : mais il
les furmônta , fe tenant arrefté au vray fens des parolles du Seigneur. Il fe confoloit en la
prifon à chanter Pfcaumesôi chanfons fpirituelles,& luy meimes'en eftoit fait quelques
vnes.Les Preftres &: Chanoines voyans q ne le peu pie s'alfembloit par trou ppes deuant la
prifon pour l'ouyr, fur tout aux Dimanches & Feftes , ils tafeherent par toutes voyesde
lcmpefcher déplus chanter. ^ On mit deux criminels auec luy pour le tourmenter:
lefquels puis après recouurans qlques inftrumés par le moyen de leurs amis, firétefFra- Aftede
ction de ptifon,& s'enfuirent.Herv vyn auoit occafion de fefauuer,mais craignant que fa ^u ^°ns
fuite ne fuft imputée aux fidèles de la ville,fe fentit au dedans plus toft efmeu de demeu- ne/auec
rer que defortir.Cepcndant fà fentence eftant venue de la Côur,aufsi toft qu'il en fut ad- IeaQ>
uerti , il remercia le Seigneur d'vn li grand honneur qu'il luy faifoit , de fournir pour fon
kin&nom. Et tefmoigna la ioye qu'il en auoit , par vne lettre qu'il enuoya aux frères : en
laquelle il les prioit& exhortoit à perfcuerâcc&conftanccen lavraye doctrine qu'ils a-
uoyentreceuëdeDieu.^Le 1 1 1 i.deNouembre entre quatre & cinq heures du matin,
les Magiftrats firét venir Hervvyn de la prifon en la maifon publique, où ils le tourmétc-
renc par prières & promettes, q s'il fe vouloir defdire & receuoir le dieu de la Me/Te qu'on
deuoit dire: ou pour Te moins confeiTer que Iefus Chrift y fuft en chair ôd'ang, ils le delL.
ùreroyent à pur & à plein.Hervvyn refufant leur ofïre,fut lié te mené par force en la cha- Hervvyn
peUe, &: contraint d'y demeurer : mais il tourna tou ûours le dos, &c fer ma les yeux & au- ^
teilles en ligne de deteftation. Corne on leuoit le dieu de pafte, vn qui eftoit là agenouillé Mcffc
luy demanda, Iefus Chrift n'eft-il pas maintenant entre les mains du Preftre? Non , non,
dit Hervvyn , il eft à la dextre du Perc qui eft és deux. Tantoft après la fentence de mort
luy eftant prononcée, fut liuré entre les mains du bourreau. En fortant de la maifon de là1
ville , eftant fur le premier degré, regarda le peuple qui là eftoit, & dit à haute voix, Voie;
jjure VIL
Jean de Crues.
comme le malheureux monde recompéfe les feruiteurs de noftre Seigneur IefusChrift.
Au tem ps palle quand îeftoyc adonne àyurognerie 6c au ieu de dez , 6c que ie vmove en
toute dillolution 6c impiété, feftoye hors de dager de ces lies , (&: leua en haut l'es mains
liees)i'eftoyc le bien voulu 6c venu : mais incontinent que i'ay commence de m adonner
àpicté,le monde m'a fait la guerre,& scftredu ennemi, m'a peiiccuté&: emprilonné :6c
MiKK^ii maintenant me meine au dernier fupplice . Mais le feruiteur n'eft point plus grand que
fon maiftre : Puis qu'ils ont perfecute le Seigneur,c'eft cholcfeure qu auffi ils nous perfe-
cuteront. A mené qu'il fut au lieu du luppplice, vn fîdeleluy rendant la main, approcha
deluy,leconfola,&: ne le tailla point iuiqua ce qu'il entra dans la petite loge de bois en
laquelle il deuoiteftrebrufié. Ilfcprintà chanter le Pfeaume 130. mais après qu'il eut
commencé le premier couplet, le Cordelier lovant chanter, palla à grande difficulté la
foule, pour s'approcher 6c le tourmeter:&: feiettat à genoux, luy dit, ConucrtifTez. vous,
Iean,ileft encore temps. Le panent fans faire cas de toutes (es mines, lui tourna le dos. Et
pluficu rs qui citoyen t là alemour,crierent contre le Cordelier, Hypocrite, ce (croit à te
conucrtii:& ainlikan continuale Pfeaume fans empefehement . LcCorcielicr voyant
ccScoî qu'il ne gaignoit rien de ce collé, continuant en fon impudence dit au peuple, Ne vous
délier. fcandahzez en oyat vn hérétique chanter de Dieu. Derechefon cria après luy,Tais-toy>
perlbnne n'en eft feandalizé . Plulieurs chantoyeht tout bas auec Iean, 6c quelques vns
haut &: clair fans le feindre . Il y en auoit plus de quatre ces qui l'cncourageoyét de pour-
fuyure comme il auoitcommencé:tellemet que Iean leur dit, Frercs,ie bataille fous l'en-
feigne &c auec l'aide d'vn grand Seigneur &c Maiftre . Apres qu'il eutacheuéle Pfeaume,
il fe mit à genoux,&: fit la prière à Dieu : puis fc leuan t pour entrer en ladite loge &: amas
de fagot s, dit au peuple,Iem'en vay maintenant en iacrificc,luyuez-moy , quand le bon
vouloir de noftre Dieu vous appelera. Quand il y fut entré, le Cordelier luy vint encore
redire,qu'il eftoit temps defe conuertir: mais Iean netenanteotedece bafteleur,reconi
mandoir fon cfprit à Dieu . Celuy qui luy auoit tendu la main, eftoit làau milieu des fer-
Salnflchar geans 6c près du Bourreau,donnanttoulïourscourageau patient, &: toutefois nul ne s ad
dieiïc aidée" uança pour Je prendre priibnnier: tant ils eftoyent eftônez de fa hatdieiTe, & honteux de
de Dieu, mettre à mort le patient . Le Bourreau n'eftant bien exercé en fon mcllier 1 cftrangla &
brufla piteufement , de forte que le peuple s'eferia fort , cependant que ce Martyr rédoic
refptit,leditiour n i i.deNouembre m. d. l x. Son corps fut mis eocendres,lefquellçs
furent enfeuelies au marché audit Honfcot.
IEAN DE C R V E S <fe Berthene, enFlandre.
LES Inquifitcurs fe feruent des Magiftrat* ordinaires pour exécuter leurs-cruels déteins: les Magiftrats s'excu
fent & s'appuyent fur les ordonnances & placars; mais le luge fouucrain en dernier refon môltrera le droit
à toutes les parties.
E Cr v e s fîls de laques demeurât en la parrouTe de Berthene au "quartier
de Bailleul,ne la fit pas longue après le précèdent Martyr en la mefmc Flan-
dre Occidentale. Son Curé le liuraentre les mains du doyen deRcnay In-
quifiteur de Flandre, vn Dimache x i m.iour d'Oftobre,cntre trois ^qua-
tre heures du mafin'. 11 emmena à Yprecepnfonnier comme fa proyeconquife,& lelo-
gcaauFortdu Contequon nomme communément aux Salles, en vncfofîefort pro-
fonde. Il l'interrogua à diuerfes fois fur les articles delà croyance Papale : à laquellefran-
chement s'oppofalc pri fon nier: 6c fut fort tourmentéd'vn Iacopin F. Iean Heyda. ïïsito-
fîfterent principalement defauoirfc$ compagnôsquifrequentôyétle$prefches:rnaisn«*
pouuâs a diuerfes fois rien tirer de luy, fînon qu'vn Pierre de Cuyperc l'auoit première-
ment gagné à l'Euagile, par inftru&ions familières, ils le lauTerent tréper longtemps en
prtfon. Finalement ils le gehennerent bien rudement lex i n.de Dccébrcrmais vpyans q
rien ne s'aduançorr- par ce moyen,ils le tbliciterent à fedefdire de fa Côfeffion de foy,par
U cruauté promelTes de le laiffer viure paifiblement auec fà femme & fes enfans. Cela l'cfb râla auffi
Hcrinqujfi- pcu que les tourmens qu'il auoit enduré. Derechef le xvi u.dudit mois eftant àmené aii
iugementdcrinquifition , ce Doyen le voyant perfifter&: tenir les mefmesrcfponfes&:
Confeflion, prononça fentéce d'excommunication': Se eh lapronohçant,il luy dit,Ican,
demafr
Flandre^ affligez-** France^ a quelques repçs . jtj
demande grâce , il eft encore temps , auant que tu ioialiuré à ceux du bras feculier : nous
formes ruifericordieux,mais euxnefàuroyentnepourroyetmonftrer mifcricorde.Iean
fçu* toute refponfe le pria de pafler outre : & ainfi l'Inquifiteur achcua la le&ure de Ton
cxcômunication.Quad on le prefenta à ceux du Magiftrat d'Ypre pour eftre mis à mort, Ceux <f y-
fuyuantlcs placartsdu Roy, ils firent refus de lereceuoir, aUeganscju'iln'auoitefté prins w^
en leur iurifdi&ion . Par quoy l'Inquifiteur le fît ramener à Belle : où ayant efte quelques
jours en prifon,ilfut fort affailli de fesparens,& folioté à fauuer fa vie : mais Dieu lcforti-
fia de confiance neceffaire. Le x x i r i. de Décembre cftant amené en la maifon delà
ville,apres auoir receu fcntéce decondamnation,Ican dit à ceux de la luftice, le fuis tout
preft d'endurer la mort pour mon Seigneur Iems: mais il vous en prendra trefmal quel-
que iour, que vous condamnez ainfi à mort le fang innocent, fans mefmcs auoir regardé
les mérites delà caufe.Le premier Efcheuin,quieft nommé" Premier parlant,ou portant "Jo Hgjj-
la parollc,luy dit,Nous ne te mettons point à mort, mais c'eft le Placart du Roy:& au de- mé voor-
jneurant,penieà toy-mefmc,nous porterons le foin de nous. En defeendant dèlattiaiibn fp»k<-
>dc la ville,il remercioit Dieu que l'heure de fon département eftoit fi prochaine. Etcom-
bien qu'il fuft enuironné de gens cemippez &em ballonnez par commandement, qui le
xnenoyent au fupplicc,fi ne laifla-il aakùte voix d'exhorter le peuple , Que pour nuls dan
gers on ne fc deftournaft de la vérité ta rEuangile . Les frères de leur part rcfpondans, 1-
«ncourageoyent.QuandiIfutattaché\iQpfteau,ilcria, O Seigncur,il te fouuicnneàce-
fte heure de moy,en la mefme fouuenance que tu promis au poure Brigand.Le Bourreau
l'eftrangla à demi.-de forte que le feu luy ofta le furplus de la vie: &c mit fin aux combats de
ce Martyr .Son corps fut tiré du feu,& mené en la place du gibet :&c peu après enfeueli pat
les amis.
COMME apreslamort duroy François II. les Eslatseûans ajfemm
IUt^ , Dteu donne quelque tranquillité & repas aux
Eglifes reformées.
E Roy François fécond , allant de vie à trcfpas en la ville d'Orléans , le cinquième
iourduditmoisde Décembre, ayant efté malade dixlept iours de la maladie en m ecc rc"
fauréille, cy dciTus touchée: après auoir régné ièizemois& vingteinq iours : tous
les defleins faits &: préparez pour eftre exécutez à Orléans, furent foudaincmcnt diffipez
ic rôpus.Les Eftats affemblez auparauant de timides & craintifs, commencèrent à pren- ,
<lre hardiefTe &c confiante : difànt vn chacun , que cefte mort ainfi aduenue eftoit vn des
plus admirables fai&s de Dieu > aduenus depuis long temps . Ceux qu'on auoit appelé 2/^22
pour venir à Orléans, en intétion de les abanîer, arriuerent à propos pour y eftre cfleuez, <jU'adnura-
&receuoir leprincipal maniement du Royaume: Etau contraire, ceux qui cuidoyent y ble-
cftablir, & mefmes accroiftrelcurauthoritc, fe trouuejent y eftre venus pour la laifler,&:
eftre remis en leur premier lieu &: degré. Lefdits Eftats vouioyét d'vn accord Antoine de
Bourbon roy de Nauarre pour Gouuerneur,& les Princes du fang pour Confeil légitime
duroyCH a r l e s aprefentregnant,pcndantforibas,aagCjauccqucsleConneftable,
l'Admirai, & autres Seigneurs , qui auoycnt acçouftumé d'y eftre :&: queles Cardinaux
&Euefqucs fuiTent reniîoyez à leurs charges Fcclcfiaftiques,poury vacquer &rcfider
félon les anciennes conftitutions Canoniques. CesEftatsdoncques(quieftrafiembleeQHfc'cft^c
pour communiquer par le Roy auecques les fuiets de fes plus grans affaires, prçndreleur ft^lcs E"J
aduis & confeil, ouyrauflî leurs plaintes & doléances, & leur pouruoiramfi que derai-
fon)commenccrent d'eftre tenus à Orléans le trciziefme iour 'de ce mois de Décembre,
ville ordonnée à cefte fin .
ï A Qjy ES DE L Q^UferfeakunkilskU^lLnire^
LES eferits qu'a laifle laques de Lo.fignez par l'efrufion de fon fartg,;h<ïus font donne? pouf cotiiolation , afin
qu'à Ton exemple nous icruiotu à Dieu d'yne aife&ion ardente,8/ qu'enTafléinbk* d«s hdeies nous^or non»
tefmoignage de fa Paroile étemelle.
CCc.
Liure VIL Jaques de Lo.
EPEND ANT que les Eftats retiennent en France, comme èîtHsû ,TArv-
tcchriftparfesfup^ofts-ne cefTedediflîperdcplus en plus les fain&ésafëm-
jblcesdes fidèles au ^. bas, fous la domination du roy Philippe. Nbù s auonsj
_Jpar les el'crits de laques de Lolafi>rc pourfuitte en la ville dcl'IAe au com-
mencement de Ianuier decefte année, m.d.lxi.Ei combien que ce perfonnageruft
fimple homme de mefticr, il a eu ce foin fpecial, &c ccftcfingulieregracede Dieu, dPefbri-
re à l'Eglifc de ladite ville , la manière de l'on emprifonnement : enfemblele fommaire de
fes interrogatoires &C refponfe s, que nous auons ici inférées pour tefmoign âge de fa vie,fa
conuerfation,&: faine do£trine:&: auffi afin que chacun cognoiffc les grâces queDieu dô-
ne à fes petics,le zele, la fermeté' &: confiance, autant furfifantes pour confondre les enne-
mis,queiingulicres & propres pour la confolation &c édification defon Eglife, comme on
pourra voir par les lettres qui s'enfuiuent:
Frère s &c Sceurs au Seigneur, vous n'ignorez pas comme Mecredi xxix.ou xxx.
de lanuier, le Preuoft de la ville accompagné d'aucuns Efcheuins, &c de quelques fergeas,
vindrent entre cinq &: fix heures du matin en ma maifon,frappans à mon huis(iepenfoye
que ce fufTent mes ouuriers.)Et entrans fèfeparerent l'vn de l'autre . le Preuoft auccques
l'vn des Efcheuins,cerchoyent haut & bas après mes liures : &c ayans trouué ce qu'ils cer-
choyent,nous emmenèrent prifonniers . Ainfi qu'on me menoit parla rue , ie difoyeen
Luc n.33. m0y.rncfme) o Seigneur, non feulement d'eftre emprifonné,mais aufli demourir, voire
fi cela peu c 1 cdonder à ta gloire.Quand nous vinfmes fur le marché, ie oenfoye qu'on me
meneroit en prifon , mais on me fit tourner vers la maifbn de la ville , ou ie fu quelque c-
fpace de temps deuant que Meilleurs fufTent venus.Eux eftans arriuez,icles faluay hum.,
blcment: puis me commandèrent d'entrer en vne autre chambre, où ictrouuay ma fem-
me accompagnée de trois ouquatrefergeans.Ic fufoudain appelé poureftre examiné.
Et pour commencer,le Greffier me demanda mon nom. çi. laques de Lo. LePenfion-
De u Con- nau-c de ja ville, ayant deuant foy mes liures , demanda com bien il y auoit de temps que ie
fciiioo. n'au0ye cfté à conreife: ie luy refpondi que ie n'en fauoyerien, & que ien auoyc prins gar-
de au temps. Ils me répliquèrent que ie fauoye bien s'il y auoit ou trois ou quatre ans.
^i.Qu'ouy. Interrogué pourquoyneme confeifoye point aux Preftres : le di que tous les
iours me confefTe à mon Dieu ,lequeli ofFenfe parmespechœ.Iadiouftayquant&çjuanç
pfc.ji.4 &j ja rajfon ^ qu'en cela ienfuyuoye le Prophète Dauid, difant, O Dicu,laue-rnoy de
mon iniquité , & me nettoyé de mon péché : car ie recognoy mes tranfgrefïions, &r mon
peché eft continuellement deuant moy.-i'ay peché contre toy feul, & ay fait ce qui t'eftoit
p{e.3M&tf defplaifânt. Et ailleurs, le t'ay donné àcognoiftre mon pèche, 6c n'ay celé mon delicï:
i'ay dit en moy-mefmc , le feray confeffion de mes forfaits au Seigneur ,& foudain tu as
ofté la coulpede mon pèche. Quanta ce donc que ne me confefleau Preftre,c'cft pource
Le femiteur que ie nelay en rien ofFcnfé, ô£ qu'il ne me peut guérir de mes péchez . Vous fauez,mcf-
donnw^rf fieurs><luc. leferuitcur ne" peut pardonner fofTenfe commifecontrefonmaiftre.Trop
fenfc com- bicn,di-ié,fi i'auoye ofFenfe quélqu'vn ,ie me voudroye réconcilier auecques luy, comme
le'maiftrr m en^eigne ^us Chrift, Si tu viens pour offrir ton don deuant l'autel , Se que là il te vien-
Mat!y.i3,& ne en mémoire que ton frère a quelque chofe contre toy , ïaifTe là ton don deuant l'auteJ?
H & t'en va premier réconcilier auec ton frère . Toutes ces refponfes furent diligemment
eferitespareux.
Le Pensionnaire me demanda combienil y auoit que ie nauoye receu leSacremenr,
. .. de râùtel.Pé refpondi derechef, queien'en fauoyerien. D. Hy a bjen quatre oucinqans,
napas?jjdi Ouy. D. PourîqUoy n'y allez-Vous oas? y.. Méffieurs,ié proteftfc ici deuant
vous, que ie ne veux rien dire nemaintenir,roirs ce qui eft contenu aux liures Canonir
ques du vieil 6c nouueau Tcftament:&: s'il vous plaiftqueie prenne la Bible , ië le vous
monftrcray. Aucuns vouloycntque ie parlafTe demoy-mefme fans liure : toutesfbis le
Penfionnaire me perrmcd'ajioir U Bible en main. îelcur&k&ure de l'onzieroe«èapiaf$
L'iniiUutiô déla premiercaux Corinthiens- rnn/^fa^t finJkïrution 4» la : ISene» leur notant enatuu
de ucenc. ^e Pehfionnaire dit quéeelâ ne contreuenoit point àu Sacrement de l'autel, quelc
Prcftre célèbre touslesiôursi. le luy di qu'on ^mohftrôif âupcu^levn morceau de pain,
luy faifant accroire que c'eft là le corps de noftre Seigneur rea|ctnent & corporeHeroent:
çôtre Icfus Chrjft,qui en fcmft Matthieu vingtfixieme chapitré, appelé le pain ftw**>r»rns
par lignification &c par vne manière ^e parler Sacramenfaîe'rcartout aùlfi^ueiepâin c-
ftant
Bnlaperfècuttondc^ t ljk~>. J64.
{tant mange, fouftient&: nourrit noftre corps: aufû femblablementle corps &: lefangdu
Seigneur Iefus nourrilîent &: fuftentent nos ames à la vie éternelle . Toutes ces choies fu-
rent derechef eferites par le Greffier.
O n me demanda s'il ne faut pas prier pour les trefpalïez,&:fi ien'alloye pas au fer-
ut ce des morts auccques mes voifins. E t pourec que i'eftoye pres du v mgc si cinquicfme
chapitre de fainét Matthieu, ie leur h* volontiers leiture du jugement à venir, pour leur
monftrerque touchant les viuans qui relieront, les vns iront àlavie,&: les autres à la
mort. Ils me prclferent fort de refpondre il ic vouloye conclure par cela qu'il n'y a que
deux voves. le refpondi commeeftant vn peu ralché , Vous voudriez bien tirer quelque
parolledemov pour meiugerlàdellus, maisi'auray ce bien, que ii vous me iugcz,vous iu
gérez auffi la parolle de Dieu . ^ Or voyant qu'ils infiftoyent pour fauoir de leurs tretpaf-
icz, Se s'il n'y auoit que deux voyes: le di qu'en fainttlcan au cinquième chapitre, Iefus
Chrift dit,En verité,en vérité ie vous di, que celuy qui oit ma Parolle, &c croit à celuv qui
m'a enuoyé, a la vie éternelle, &. ne viendra point en condamnation, mais cft palTé de
mort à vic.ltem qui croit en luy,ne fera point condamnerais quine croit point, eft dél-
ia condamnéi&c par tant d'autres paffages exprès del Efcriture. Voyans qu'ils ne pouuoy- Ican 3-i*;
enttirerdemoy que des témoignages des Efcriturcs,le Penlîonnaire dit queceferoit
grand' pitié pour eux &c pour moy,s'il n'y auoit que deux voyes. le luy demanday s'il ne la-
uoit à quelle occafion le Fils de Dieu eftoit venu en ce monde.IJs me demâderenr, Quel-
le île leur alleguay lepahr3geàTimothee,Paroleccrtairrc&: digne d'eftre receué' de tous, i.Tim.uç
que Iefus Chrift eft venu au monde pour fauuer les pécheurs, de/quels ie fuis le premier.
Ils m'obietterent que Dieu ne les fauuoit pas tout à î'heure,mais quilles purgeoit.leleur
refpondi, Si Dieu neles fauue pas rout àlhcurc,quec'eftoit pource qu'ils ne croyoyet pas
au Fils de Dieu:mais qu'il fauue tous ceux qui y croyent, &; leur donne dés maintenant la
vie éternelle.
Àpr é s cela on m'a demandé, li ie ne croy qu'il y euftvn Purgatoire. le refpondi al-
fez afprcmcnt,qu'ouy. Me demandèrent, Quel; I'auoye encore la Bible entre les mains:
&: leur leu au texte du premier chapitre aux Hebrieux,que Iefus Chrift a fait par foy-
incfme la purgation de nos péchez; joignant aucc ce le premier chapitre de la première
defain&Iean,quidit,qucleiangdefon Fils nous nettoyé de tou spechez:&:prouuoycde
mot à mot ce queiedifoye j non feulement par ce lieu , mais auffi par plufieurs autres . Ils
m'ont obie&é que ie faifoyeaccouftrer de la chair es iours de poiflbn. ie refpondi: Que ie
fauove parla Parolle fain de, que toute créature de Dieu eft bonne, &: que rien n'eft àre-
ietter quand il eft prins auccques action degtaces: mais queiem'en abftenoyeafîn de ne
feandalizer perfonne. Car lainctPaul dit ne manger pluftoft iarnais chair , que de fean- i.Tim.4^
dalizer le frère. Apres m'ont interrogue lion bef'ongnoitlesfcftesenla maifon. le leur Jj^™'^,
ay ditqu'aucunefbis pourfubuenir à l'indigence de;mes ouuricrs , cela auroit efté fait:
mais qu'au Dimanche on n'y belongnoit point. Interrogue des ailemblecs,me dirent
quei'eftoyc le prefcheur:maisie leuraynié.Ils infîfterent queie ne pbuuoye nierd'a-
uoir fait aiîèmblee le iour qu'ils appelcnt fainct Vincent. Qui fut trifte Se cft>ahi,c'e-
ftoit moy: car voyant qu'ils parloyent ainli, ie fu contraint de leur accorder que i'a-
uoyeeu cinqou flxperfonnes au fbupper. Lors ils me demandèrent qui eftoyent ces
gens-la. Sur quoy i'eftoye d'autant plus pcrplex&fafchc,qu a f heure ne mevenoyent
en memoirequelques noms incegnus . Eux voyans que ie tardoye tant à refpondre, me
dirent,Nc mentez pas,car vous auez promis d'eftre veritable.Soudain que i'eu penfé que
c'eftoit vn foupper,fen nommay quelques vns . Le 'Pétitionnaire dit qu'il n'auoit iarnais
efté à telfoupper.
« S v 1 v a n t cela,ils senquirent denoftrcfrere Guy, l'appelant comme vous fauez . le
leur di d'auoir efté quelquefois en fa compagnie.Comment? (dirent-ils)ilaefte' plufieurs
fois en cefte ville,faifant gro/Te affembiee de gens. Sur quoy rcmettans au deuant la perfe .
cutiô derniere,&: que i'auoye efté plufieurs fois en la compagnie de Robert Oguier. ie di,
qubuy,à caufe que nous eftions tous d'vn cftat.Enquis qui m'auoit Ci bien inftruir.i'ay dit
quec eftoic Iefus Chrift. Voila en fommece dequoy i'ay efté interrogue la première fois,
laiflant beaucoup de parolles qui ne valent pas le reciter. le ne fay quad ils me manderôt:
i'atré tous les iours qu'on meuoyera des Caphars: mais ie ne fuis délibéré de parler à eux
fi Meilleurs ne font prelèoSi le nauoyc pas grande volonté de vous cnuoyer mes interro*
CCc. ii.
Livres Vif. Jaqucidc^Loi
gâtions , n'euft efté que ic penfe & tien comme certain , cjue vous les délirez , ne regar-
dons point ni à l'éloquence, ni au fauoinains feulement à la mefuredes petits dons que
hoftie Seigneur Iefus Chrift a mis en moy . Reccuez le tout , mes frères & fœurs, d'auffi
bon cœur que ie le vous prefcnte.Ie le figne à prefent d'encre , priez Dieu auccques moy,
qu'il me face la grâce de le figner de mon fang, en la flamme de feu , fi c'eft fà volonté. El-
critenhafte,lei i i.deFcurier, m. d. ix. Voftre frère laques de Lo,prifonnier de Iefus
Chrift es priions del'Iflc en Flandre. A Dieu.Quandle temps fera venu,faites participas
rnesparens de ces eferits.
AVTRE Epiftre de laques de Loenuoyee aux fidèles, les exhortant de cheminer toufiours en la vocation des
Chrcftiens,nonobftant toutes les peines que les ennemis leur feront endurer.
E S cref-chers frères &: iœurs en Iefus Chrift , puis qu'il a pieu à ce bon Dieu &; Pc
_ /cdemifèricordemefairelagracedevous auoir mis ma fimple Confrflîon par e-
ïcrit :& encore auoir papier & encre à fuffifance, il m a fem blé bonde vous enuoyer en-
core cefte petite Epiftre, pour caufe que ienemattensplus auoir telle commodité'. Ic
fuis poulie d'amour pour voftre bien &falut,ma bouche &mon cœur parlent à vous:
priant au nom de Dieu,&: par la douceur &c clémence de noftrc Seigneur Iefus Chrift,que
cheminiez corne il appartient, en la vocation en laquelle Dieu vous a appelez,avarts foin
Tphcf.4.1 a de conuei fer comme il appartient félon l'Euangile de noftrc Seigneur Iefus Chrift. Ne
Plulipi.18. fovczcnricn troublez des aducrfaires: car ce qui leur eft en figne de perdition, nous cil
rhil.p .1.19 demonftrance de falut.Il nous eft donne' par Chrift non feulement de croire en luy: mais
aufsi de fouffrir & endurer pour luy. l'expérimente maintenant le tout, depuis quatre ou
cinq iours que ie fuis ici en cefte prifon, laquelle côtienr en quarrure quatre pas , n'ayant
autre clarté que par deux petites fentes eftroites pour y bouter le bout de mon doigt:per-
fonne ne parle à moy:i'attcn de iour en iour , & d'heure en heure d'eftre eftendu fur la ge-
hennecommevn parchcmin:i'atten finalement vne fentencefeucre&rigourcufed'eftrc
brufle tout vif. Ce font choies cfpouuantablcs àla chair : & toutefois mon Dieu fait qu'il
n'yaqueliefTe&ioyeen moy , quand ie penfe aux promefTes de noftre Seigneur Ieliis
*.Pier.4 Chrift : quand ie médite cefte fentence excellentcde fainct Pierre, qui dit, Qucncom-
muniquant aux afflictions de Ieliis Chrift, il nous faut refiouyr,& fbmmes bien.heu-
reux: car l'eiprit delà gloire de Dieu repoie fur nous . I'ay vne confolation qui parte tous
ennuis.
Frères & fœurs, donnez-vous bien garde de vous retirer delà compagnie de le*
fus Chrift pour croix ou affliction qui vous aduienne.au c6tra:re,exhortez-vous l'vn l'au-
Hebrîj'i tre' & Prenez *es mains * vn ^e l'autre: & dites cniëmblc, Allons à la montagne du Sei-
Hcbïji14 gneur, à la maifon du Dieu de Iacob,& il nous enieignera fes voyes: voire mefmc,allons à
Hcb.a.r ]Uy hors tentes portans fon opprobre : car nous n'auons pas ici de cité permanente,
mais nous cerchons celle qui cft à vcnir.Et comme l'Apoftre nous exhorte, veu quefom-
mes enuironnez de fi grande nuee detefmoins , oftons toutes charges, &: le péché qui
nous cnueloppe : courons par patience aucomba t qui nous eft propofé,regardans au ca-
pitaine de la foy & confom mateur Iefus.
M e s frères &: fœurs, notons bien ces parolles:il dit vne des fois , Allons : &c en l'autre,
comme ayant plus grande hafte,Courons. Refueillons,ref ueillons noftre pare/Te, & nous
"Afouoîr employons à l'œuure du Seigneur . le vous veux bien remémorer les " parolles de noftre
Ogulï" on frcre °iui eft al^e deuant moY au martyre,lequel fouuent difoit qu'il n'eftoit temps de dor-
tcnucscidc- mir&ceftrc à ion aife, cependant que nous, qui fommes vos membres, fommes en tour-
uit. Etainfi mensg,rpeincs,Mais,ievousprie,quiviendroitauiourdhuyàvous,nevoustrouueroit-on
nousvoyons , r > n \ 1 j 11
commet les pas dormans:q elt a dire,occupez du tout aux négoces de la terre? ne vous pourr oit-on pas
efcr.K des^ bie dire ce que Chrift dit à fes difciples,Ne pouucz- vous veiller vne feuleheure auecques
uent Yceux movî Veillez & priez,afin que vous n'entriezen tentation. Sus donc,freres,priez pour les
qui pms a poures prhonnics de Iefus Chrift : & que cefte fentence fonne toufiours en vos oreilles,
îuyucntau Ayez mémoire des prifonniers,commeûvous-mclmes eftiezemprilbnnez,cômeeftans
meiinecom d'vn mefmecorps.
Matt -6 I E vous rw^mande ma poure femme voftre fœur,ne l'oubliez pas en vosoraifons:&:
s'il aduient qu'elle foit deliuree de cefte captiuité , ie la vous recommande derechef: car
pour le
potir lctcfmoignage delefus, elle a expofé tout fon bien félon qu'elle en auoit . Ne faites
pas enucrscflc corne i'ay veuiairc a telles pourcs vefues deftituees de confblation . Aidez-
la,mes n-eres^<: la tenez entre vous, iufqucs à tant que Chrift l'aura pourucuëd'vn mari:
car fes parcns ne la voudront aucunement rcccuoir, comme vous fauez que telles gen s i-
gnorans ont hpnte de Ieliis Chrift . Qu.at à moy, ic mets ma caule enr re les main s de mon
Dieu,raerecômandant toujours à vos oraitbns. le vous penfoye derire dauantage,mais
letemps me défaut . I ay bonne èfperanceque Dieu me fera pierre conuenable pour Ion
edificexcquei'cipcre obtenir par Icfus Chrift, auquel foitgioire&: honneur au liededes
iiecles. Ainfilbit-il.
< I e vous remercie de vos epiftres Se bones admonitions, &: prie en receuoir fouuét. Et
fur tout dcrechcf,di-ic, priez pour nous: car ce n'eft encore que ieu: mais, comme i'ay dit,
îattenlatorturejaquellci'eipercporterpatiemment, moyennant les oraiionsque ferez
à Dieu pour moy.Quiièra la fin, vous rccommâdant à la garde 6c protection: auquel foit
gloire à, iamais. Ainli foit-il.le 3 .de Feurier, 1 560.
LES fécondes interrogations & refponres de laques de Lo : aufquelles pluficurs poincts de l'tfcriture font dé-
duits & déclarez.
E S tref-chers en noftre Seigneur îefus Chrift , ainfi qu'il a pieu à Dieu m'en faire la
gracede vous enuoyer mes premières interrogations , au fli maintenant il me veut
faire la grâce de vous enuoyer les fécondes , afin que vous voyez la perfeuerance qu'il me
donne en ma première confeflîon. Si veus vouliez auoir au long tout ce dequoy ils m'ont
intcrrogué,lc temps me defaudroitxar i'ay efté deuant eux,depuis vn peu après deux heu
res>iufques après fix heures &: demie du i'oirfi bié qu'eftant reuenu en ma gcole,lèpt heu-
res ne tardèrent de (onner . Ils me firent vn long difeours fur vne lettre de Francfort , me
demandans fi ic ne cognonToyc pas ceux qui y eftoyent nommez : Se qui cftoit ce maiftre
François de la Riuiere,&: ce M.Guillaume Houbrac Je refpondi, qu'ils eftoyétMiniftres
de l'Egiife de Francfort.Ils m'ont demade que c'eftoit de Miniftre. Fay dit,que c'eft celuy
qui eft eileu &: appelé par le confen tement de tout lepcuple,&: côfermé par vraye împo-
fition des main s.lls m'ont demandé quel eftoit l'office de Miniftre. çt. De pre (cher lapa-
rollc de Dicu,& d'adminiftrer les Sacremës,&: autres chofes requiiès. Enquis que c'eft de
ladifciplineEcclefiaftiquc: Fay rclpondu que c'eftoit le confiftoire des Mimftres&: An- Confiftoire
ciens. Intcrrogué fi ic n'auoye pas ici de Miniftre: le leuray relpondu obfcuremcnt:
pource que li i'eufle dit ouy,cela euft peu amener aune confequence. Ils ont infiftc,Que
ierccognoùToyc ici pour mes fupericurs. Fay refponduqucierecognoy Dieu&lcMa-
giftrat.
D. Qui eft ceMagiftrat?I'ay dit q c eftoit cux:&q le Magift rat eft ordoné deDieu,auquel
il faut obéir en routes choies qui ne font point contre Dieu . Ils me monftrercnt vn petit
papier que noftre frère Guy m'auoit elcrit, auquel il exploit le cinquième chapitre de la
première à Tirrjothec (iedi le paflagcoù les Papilles veulent fonder leurs vœus monafti-
quesÔcPapiftiques)& demandèrent où iel'auoyc eu. le di, A Anuers. Oràcaufe que le-
dit papier appeloit leurs vœus , Vœus Papiftiques , ils me demandèrent que c'eftoit à di-
re Papifte . Iedi que c'eft celuy qcii fait àc vit félon la reigle du Pape. Interroguéqucl- Lcmocdc
IceftlarcigleduPapc: Fay dit que c'eft touteequi eft contraire à la parollede Dieu. Ils
dirent à cela , Que fàincl: Pierre donc auoit efté contraire à Dieu , car il auoit efté pape de
Rome. le refpondi , qu'on ne fauroit monftrer cela par vne vérité hiftoriale , nepar la pa-
rolledeDieu.
Interrogve pourquoy ie n'alloye pas efeouter les preicheurs d'ici, . Pource qu'-
ils n'enfeignctle falutau peuple,parl'erîufion du lângde Chrift, ainspar les œuures. non
pas,dLie,que ic vueille mefprifer les œuures:car il les faut faire à caufe qu elles font com-
mandées de Dieu , mais elles nefont pas neceifaires à falut , comme fi par icelles nous a-
uions la vie eternelle:car c'eft parfoy qucnouslbmmesfauuez.Ielcuralleguaydu 5. de S.
Iean, Dieu a tant aimé le monde , qu'il a donne fon feul Fils , afin que quiconque c-roir en
luy,ncperiiTc,mais ait viceternelle,&:e.Surce, ils m'obic£terétcequi léra dit au îugemét
dernier, Venez les bénits démon Pere:cjuand i'ay eu faim , vous na'auez donné à manger: MattLif.
&c quand i'ay eu foif,vous m'auez donne a boirc,&:c.
CCc. iiï.
L/Wo VIL Jaques dç^j Lo,
Ne voyez-vous,dircnt-ils,comment les œuures font necefTaires àfalut île lcurrcfpondy,
que s'ils regardoy ent bien aux parolles de Chrift,clles ne dilent poît que c'cft par les œu-
Solutioni ures, veu qu'ildit, PofTedez le Royaume qui vous eft préparé dés le commencement du
d"8ÏTr mon^c'^t entant qu'il fait mention des ccuures,il parle des œuures faites par foy,felon la
ta. *-Utl J1 manière de parler des Efcritures , attribuât fouuent àlafoy ce qui eft propre aux œuures,
< &: aux ccu ures ce qui eft propre feulemct à la foy. Interrogué fi ie n'ay iamais fait ia Ccnc.
le leur refpondj par parolles ambiguës , toutesfois à mon grand regret , afin de negreuer
perfonne.
En outre.retombansfurle premier noindt, duquel ilsm'auoyét interrogué en mespre
mieiesinterrogations:afrauoir,touchant la Confeifionauriculaire,me demandèrent fi ie
teno\ e encore ce que i'en auoye die au iour de ma priie.Ic di qu'ouy.Si ainfï cft,diient-ils,
qu'il ne fe faille confédérées Apoftrcs en vertu de ce qui eft dit au 20.de faincl Iean, A qui
vous pardonnerez les péchez, &:c.pardonnoyent,& nefàuoyent à qui. le leur fi refponfe,
qu'ils n'allcguoyent pas le texte tout enticr-.car il eft dit deuant, que Chrift fouffia en eux,
diiànt,Receucz le faincl: Efprit: pour monftrer qu'ils ne pardonnoyent pas de leur autho-
ritcou puilfancc, mais parl'authoritéderEfprit quieftoiten eux :&:parainficeftcpuif-
fanec n'appartient &: n'eft donnée finon à ceux qui ont l'Eiprit de Dieu,en vertu delà pre
dicationdu nom de Iefus : comme on en peut voir l'excmplean deuxième des Actes des
Apoftrcs. Enquis fi apreseftrcadiointsà l'Eglile, ilsvenoyentàtombercn péchez, com-
ment ils obtenoyent 1 civnfïion: Pour refponïè ie leur leu le fécond chapitre delà Canoni-
r.ican i.i. qUC jc (ainct Iean,où il dir,Si aucun a peché,nous auons vn Aduocatenuers le Pcre,Icfus
Chnft le iuftc:&; ceftuy eft l'appointement pour nos péchez. Item m'ont demande com-
ment TEfcriturc faincte, c'cft a dire i'Euangile félon faincl Matthieu , faincl Marc , faincl
Luc,(ain£tlean,&: les Epiftresdes Apoftrcs,cftoycntlaparolle dcDieu.rayrefpôduquc
i'en cftoye fort bien aftcuré.Et eux de me répliquer, Commet i'en eftoye afTeuré.Iaydit,
que ie fentoye le faincl: Efprit en mon cœur qui m'en rendoit certain.Lors ils me firent v-
ne fotte demande à mon aduis:alîauoir,comment iefauoye que c'eftoitle fain£tEfprit,&:
quieftcitceluyqui m'auoit dit cela.nous fuîmes long temps fur ce propos.Iedifbyetouf-
iours que la chofe eftoit hors de doute, voire mefme entre les hérétiques qui font auiour-
dhuy au monde: lefquels iaçoit qu'ils foyent fort differens l'vn à l'autre en leurs opinions,
"C'ed le par toutefois ils confelTent que c'eft la parolle de Dieu. Ils fe moquerë t de moy,difàns que c'e-
fage dôdes ftoit vne prefomption que ie prenoyc de moy-mcfme:vcu que fàind " Auguftin &: les au-
boudier & zvçs ont dit, qu'ils n'ofoyent dire que c'cft l'Elcriture diuinc , fi l'cglifc ne les en afîeuroir.
cit prias du Quand ie repliquoye que ie m'en ten oy e pour tout afTeuré,ils me crioyent,en fe moquât,
Liurc
r 1 iftrcfon OH? 'c vous a cu c : *e mis au deuant 1C paflage de faincl: laques , Toute bonne donation &:
damçnulc, tous dons parfaits, viennent d'enhaut,defcédans du Pere des lumières: &c iceluy de fà pro-
du.f je«m- pre volonté nous a engendrez par la parollc de vérité . Item qu'elle fe monftreparollede
%tm, v>c. Dieu par fa verité:carce qu elle dit deuoir aduenir,aduiét tous les iours. elle dit que ceux
?a-iucs r. 17, qui voudront viure fclon icelle,fourfiiroyentperfecution. le l'experimére maintenant:^
SolutiôMiw autres telles chofes fcmblablcs. Chrift difoit à fesdifciples , Quel me difent les hommes?
obie&ions &c ils relpondiiér,L'vn redit Helie,rautrcIeremie,&c.Et toy,Pierre,qu'en dis-tuî&rildir,
dc$ aduerfai jc croy que tu cs ]e vray p|js ^ £)ieL1 vîuant.Chrift luy dit,Tu es bien-heureux,Simon fils
Matth.ifi.Tj de Iona-.la chair &: le làng ne r'a point rcuelé ces choies, mais l'Efprit deDieu mon PereX»
& h eufïc bien encore allégué autres tcfmoignages,côme Romains 8.maisie voyoye bien que
ncpouuoyenen profiter.
Sacrement In t t r r o g v e (iie tenoye encore pour bon ce que i'auoyc dit du Sacrement de fan
delà Ccac. tel au iourdema prife-.Ieleur di.qu'ouv.Ils me dirent aiTez doucement, que icm'abufoye
en cela:8J pour confermer leur propos, alléguèrent la 1 . Cor. 1 1 , Qui mange de ce pain, il
mange fbn jugement, ne dilcernât poinr le corps du Seigneur. Voyez-vous,dirent-ils l'vn
à Tau tre,comment il niequ'il l'appelé fbn corps?Ie refpondi,que ie nenioyepas qu'il l'ap-
peloit fon corps, mâis qu'il faloit prendre garde côme l'Apoftrelà mefmc,& par plufieurs
roislappele pain,&: nomme ce pain fbn corps:pourcequéle ligne porte le nom delà cho-
fe qu'il figm fie. D. Voulez. vous plus clairement parler,que quâd il eft dit, Hoceft corpus
meumy Voila mon corps? le di qu'il ne difoit pas, Voila:mais il difoit, Ce eft. Ce queie con-
feflc,rr»ais en lignification & manière çje parler facramenrale, cômeray plufieurs fois dit.
inthxi ^ a beaucoup de femblables manières de parler figurées aux lettres diuines : comme
1 01 quand(ainctPaL4dit,EtlapierrecrtoitChrift.Cequinefepeutentendreàlalettre,d'au-
tant
En la perfecution deUiflc^t. S 66
tant que Chrift n*eft pas vne pierrçjnon plus qu'il n'eft pain . Itemjean 10, Il dit qu'il eft
l'huis : voudriez- vous dit e qu'il foit vn huis de bois , qui s'ouure Se ferme comme ceux des
maifonsrllfaut donc entendre qu'il eft fignifié par l'hujs. Et quand l'Efcriture dit que les
Scribes Se Phanfiens mangeoyent les mailbns des vefues : voudriez -vous entendre qu'ils Mmh.x3
mangeoyent les parois Se les murailles? L'Eicriture exprefTémcnt dit, qu'ils mangeoyent
les mailbns:5£ cependant vous nel'entendez pas ainfi, ni ientences femb'ables , qui le li-
iientpsEfcritures.Ils m'alléguèrent du iixicmedeiàindIean,Si vousnemagezma (hair,
&«e beuuez mon fang, vous n'aurez vie en vous. le leur refpondi, qu'il elt là eferit que les
luifs murmuroyentjdilans, Ccftuv-ci nous donnera-il fa chair à manger ? A quoy Chrift
rcfpondit,Ceci vous (candalize-ilrQuc fera-ce donc li vous voyez le Fils de l'hom me m 6-
ter où il cftoit premièrement? C eft l Èfprit qui viuirie,la chair ne profite demies parollcs
q ic vous di,font Efprit Se vie.Beaucoup d'autres'parollcs furent dites lur ceft articlc,mais
voila quaii le principal.
Interrogve combien ie tien de Sacremcns.I'ay dit, Deux. D. Si ie ne tien point
pour Sacrement l'extrême Onction, le Sacrement de Preftrile, Se le Marir.ge pour Sacre- Mariage,
ment, veu que l'eftoye marié . A cela ie leur ay refpôdu ce qui eft eicrit aux Hebrieux tre-
zieme,Mariage eft entre tous honnorable,&: la couche (ans macule: mais E>ieu iugera les
paillards Se les adulteres.Ie confefle,di ie,eftre vneordonnâceiàin&e de Dieu,&: approu
uee par Ielus Chrift, Iean z .Interrogué pourquoy ie tien pluftoft le Baptelmc Se la Cene
pout Sacremens,que les autres cinq?veu que l'Efcriture ne les appelé ainfi.Ie fu contraint
de dire,queie nefaifoye difficulté de les appclet des noms vhtez entre nous . Ils prindréc
foudain cela en mauuaiic part,me difan tque i'auoye donc des côpagnons.Ie leur refpon-
di,quc quand ie difoye,Entre nous,que i'entendoye dire,Entre eux Se moy.Ils m 'on t auC-
fi demâdé,u* ie tenoyeencore ce quei'auoye dit du Purgatoire,& des prières pour les tref-
paiTez.Ieleurdi, Attédu queie n'auoye rien dit,quepar la pureparolle de Dieu,ie la vou-
îoyc maintenir. En après, ils m'ont fait le£ture d'vne chanfon qui a efté faite de nos Mar-
tyrs exécutez en ce fte ville, laquelle commence, L'an mille cinq cens en fomme,&c.de- .
mandans que i'en ditbye,& s'il y a encore auiourdhuy des Martyrs de lefus Chrift au mô- Aiîal,0,r s>l1
•> ' ' i n 1 c r% i> ■>-> y a autour-
de.Iay dit qu ouy,&:quc î en auove veu bruller par lereu. beaucoup d autres propos m ot dhuy des
efté tenus touchant la première perfecution, auant celle-ci :&:tenan s vn papier deuant Martyrs.
eux,m'ont nomme vne aflemblee faire en larue du Bois. Ils m'ont au/Tipreiîé de fauoirii
ic n'ay conféré de cefte dottrine auec perfonne en cefte ville . I'ay dit que i'en auoye con-
féré auec Guy , en la maifon de feu Robert Oguier , Se auec M. François de la Riuiereen
Anuers. ^ Au refte, mes frères, ie vous prie au nom de Dieu,q nulde vous necra gnercar
ie me dil'pofc, moyen nat l'aide de mon Dieu(fans laquelle ie ne peux rien,& auec laquelle
iepeuxtout)de me faire pluftoft defehirer que de mettre perion ne en danger. Et quant à
ma femme, elle maintiét qu'elle ne cognoit perfonne, Se qu'elle n'eft point de cefte ville.
Priez Dieu pour nous,afin qu'il nov s confirme en certaine aiîeurance de fa bonne volcn
té enuers nous. Saluez tout le troupeau en monnomjqucDieuvucilleconferuerdemal,
Amen. Voftre frère laques de Lo,prifonnicr de Iefus Chriftjle5.de Feurier.
LES troifiemes interrogations de laques de Lo deuant les Magiftrats de rifle.
E S tref-chers frères en noftre Seigneur , vous ferez aduertis que ce Vendredi , hui-
tième de Feuricr,le Magiftrat me fît amener deuant foy,& me dit, Veu quei'cftové
marié, que i euife à déclarer où i'auoye efté marié,&. comment. le refpôdicommc au iour
de ma prife,queç'auoiteftéen Anuers. Us m'ont demandé en quel endroit de la ville, Se
fic'eftoitencglile,&: parvn Preftre. Su r quoy ayant efgard à la fragilité de m a pourefern-
me,ie di que c'eftoit vn Preftre &: vrav Mmiffre de Dicu,&:que ce fut en l'Egliîe de Dieu.
Interrogué li on y auoit dit laMeffe: le leur di que non. Si le Preftre auoitl eftolle: le leur
di queie n'en vi point. D. Qu'eft ce donc qu'on y fît?Ie refpondi, qu'on y fît les promeffes
demariagej&qu'ony inuoqualenode Dieu, afin qu'il nous benift: &: autres choies Icm-
blables,comme on doit faire. En ceci mes frères , ie îàv bien que ic leur ay parlé alle z ob-
feur emët: toutefois iecroy qu'ils m'ont bien entendu,&: l'ay fait ayant efgard à mon pro-
chain.
Apre s ceci ils me dirent, laques, vous ne tenez pas que ce foit mal fait de prier S: in-
uoquer les SaincVs.Iertfpôdi que Chrift ibuuerain maiftre& docteur (que le Pcrecelefte M^tiJ7/
acômandé cl'efcouter)nous aenièigné de prier en ceftelbrte, Noftre Pere qui es és deux,
CCc iiii.
L 'iHYt^ VIL Jaque* de Lo.
&c. Uaditaufsi,Quetx>utechofcque nous demanderons à fon Pcre en Ton nô, il la nous
donnera. Ils m'ont répliqué qu'en priant les Saincrs, nous prions Dieu, d autant qu'ils
i lean t.i Pn'cnt ^icu Pou r n°us>& *ont no$ aduoeats. le leur ay allégué le pafTage de S. Iean, Si au-
cun a péché, nous auons vn AduocatenueœlePere,IefusChriltleiulte:ie meticnàcc
lèulAduocat certain. Intel rogué s'il ne les faloit pas adorer. Ri. Quand eux-mefmese-
ftoyent au monde, ils ne font voulu fouffrir,comme il appert au 14. des Aftes , quand on
vouloit lacririer &: adorer Paul&: Barnabas, ils s'eferierent , delchirans leurs vellemens,
Hommcs,pourquoy faites-vous ces choies ?nous Ibmmcs hommes kiicts à mefmes pai-
llons que vous, vous annonçans que de telles chofes vaines vous-vous conuertilsiez au
Dieu viuant.qui afait le ciel &: la tcrrc,la mer,&: toutes choies qui y font . Item en l'Apo-
calypi'e i9,(5c 12., Iean penfoit adorer l'Ange: mais il luy fut refpondu , Garde que tu ne le
races,ie lins ieruiteuraucctoy,&:auec tes frères les Prophetes,&:aucc ceux qui gardent
les parolles de ce liurc. Adore Dieu. Item dcCorncille, Actes 10, & autres lieux ièmbla-
bles:&:me lemble qu'on les honore allez, quand on enfuit leur foy , leur patience, Se
charité.
Il s m'ont interrogué de leur eau bénite, &: fi ien eftimopas la bénédiction du Pre-
ftre : mais ayant refpondu que Dieu les a bénites, & que toutes chofes font pures &: net-
tes à celuy qui eft pur:ils m'ont a/failli fur la matière de la Ccne : &c m'alleguans du 7. d'E-
x odc,que la verge d' A aron par le com mandemét de Dieu a efté changée &: con uertic en
vnferpent, difoycnt,Si les leruiteursonr eu ceftepuifiance, de pouuoirchâger vnecho-
ie en autre: combien pluftoft aura la parollc du Maiftre plus de vertu de conuertir le pain
en corps, par les parollcs Sacramentalcs rl'ay dit> que la choie n'eftoit pas fcmblable. Car
quand la verge fut conuertie en fcrpcnt,clleneftoit plus vcrge,& ne le voyoit plus telle.
Contre iv- Ma*s au Sacrement ,on ne void rien changé : on le voidtel qu'il cftoitparauat,de mefmc
biquicé fari- gouft,de mefmc grandeur &pe(antcur. ^Orquand a laprelèncedcChrifteorporeUc
u%uc- en tous lieux, ielcur ay aufsi refuté, fouftenant que le corps de Chrift demeure au ciel,iuf
i.Comi^. ques au iour du iugement : car il eft eferit, Toutefois &c quantes que vous fetez ces cho-
ies, vous annoncerez la mort du Seigneur, iufques à ce qu'il vienne : & fainct Pierre aux
îam n 8 dit,Qu 'A &u t que le ciel le reçoiue iufques à la reftauracion de toutes chofes. Item,
en S. Iean,Vousaurcz toujours les pouresauce vous, mais vous ne m'aurez point touP
iours.Item, Cololf.$, Si vous elles reflulcitezauec Chrift,cerchezles chofes qui font d'en
haut,où Chrift eft feant àladcxtrc de Dieu. En outre,pource que i'auoycdit,que ne vou-
Joye rien dire,quc ce qui eftoit félon l'Efcriturcils m'ont demandé où ic trouuc qu'il fe
Matc.14.rf ^a,^c maricr Par vn Preftt e.Ic refpondi,quc l'ordonnance de Dieu eft , Ce qu'il a coioint,
l'home ne le (èpare. C'eftluy quidésle commencement a fait le mariage des deux pre-
micrs.quantauxMiniftres qui marient, ils y font admis par le confentement public du
Magiftrat &c du pcuple,pour inuoquer le nô de Dieu,ccla neft contre la parolle de Dieu.
Ils m'ont aufsi demandé où ie trouuoye par elerit le iour du Dimanche, puis que TE-
Duicur de ^ture n'en parlcpoint. I'alleguay les dix Commandemens touchant leiourdu repos.
Dimanche. Ils m'ont répliqué que c'eftoit le Samedi, çt. Que ce iour pourroit bien auoirefté tranf-
mué par les Apoftres. Ils me dirent que non. Ot voyant leur obftination, U aufsi q Dieu
ncmefournifloit de matière propre en ma mémoire, touchant cepoinct,ien enparlay
pas beaucoup. Parquoy fi vous aucz quelques telmoignages fur ces deux fentences,en-
uoyez-les moy qu'il luy plaife de vous donner bon confeil fur ce queie demade : aflauoir
Ta effcft il ^ vous ^cs déduis que i'entre en dilpute cotre lesCaffars que i'at ten ,à caufe qu'ils pour-
fubmet ion royent auoir des cauillations, desquelles ienemedônegarde.Demapart,i'cftoyeen par-
r£CScnt * c'c deliberé de dire,Non ,Mefsicurs, vo9 auez ouy ma rby,laquelle i'ay approuuee le mieux
8 c* • que i'ay peu par la parolle de Dieu iugez s'if vous plaift li i'ay le droit : car pour entrer en
difpute.ienefuis docteur.
Me s fi cres,encfcriuant la prefente, i'ay trouué entre mes papiers vn bon aduertuTe*
ment, pour donner rcfponfe auidits CafFars: l'en fuis merucilleulcment refiouy, priez
L" tit- & ^'cu pourmoy»Ec quant à vous,foyez forts par noftrc Seigneur & ne craignez pas . I'ay
frSl'des af ^),n ^e vous,& crain que ne laifsiez vos aflemblees pour ce petit tourbiilô.Ne fauez-vous
(cinbtees. pas qucl'Apoftrevous admonneftedenelcslaiirer, mais pluftoft vous efforcer de tant
îfcni!** 1 P^US c]ue vous voyez le iour approcher? O mes frères , penfez vn peu à vous: ne fanez—
vous pas quenosiours font nombrez, $C que celuy qui veille pour rfracl,nc dort fiine
fommeille point : Ceux qui font léguée après vous, 6c qui vous guettent de tputes parts%
ne font
Enlaperfecuttondcjtljk-té S #7
ne font-ils pas fubie&s a dormir, ou pour le moins à fommeiller ? Croyez-mo^ie nedi ces
chofes pour vous faire venir au danger attquel ie fuis: Dieu fait comment ie prie pour vo
ftre profperité : mais ie vous cxhorte,afîn de châtier pareflê 6c crainte lois de vous: car
elledefpkuftau Scigneur,lequelie prie vous donner force , confiance* 6c hardiefle auec
toute prudécete fagefle pour bien fàuoir exercer voftrc vocation à la gloire de Dieu, & à
l'édification dcrEglife,Àmen.Iaqucsde LoprifonnierdeIefus,cencufîemede Feurier*
au matin, 1560. Priez Dieu pour moy.
LET ÎÎLE8 dudit,par lefquelles il prie les fidèles eftans à l'Ifle, de ne point iuger de fon emprifonnemçt
finon par la proiridence de Dieu : & les exhorte à auoir bon courage,3c demeurer conftans.
)E Dieu de toute confolation,Pcre de mifcricorde,mayant choifi &efleu (moy in-
îdigne) en ces derniers temps pour rendre tcfmoignage à fà verité,m'a fait telle gra-
:Sce iufques à prefent, queie puis dire en bonne confidence, que ie triomphe au mi-
lieu de mes petites âffli&ions: icles di pctitcs,au regard de ecluy pour qui ie les fbuffre tat
grand & ineffable. le commence d'expérimenter en ma per fon ne la vérité de ce que dit i.Cor.i».^
S.Paul,Quc Dieu eft fidelc,lequel ne permettra point que foyez tentez plus que rie pou-
uez porter: ains donnera bonne iflue à la tentation.Sus dôc,mcs freres,qucreftc-il, atten-
du telles promettes de Dieu , fînon de prendre courage , 6c ne craindre de tomber entre
les mains des hommes ? car ie vous afTcure bien qu'il n'y a que liefle 6c côfolation ici : ici
eft cognu Dieu eftre véritable en ce qu'il promet. Ec afin que ne peliez queie vous vueil*
le abuler d'vnc trop grande hardiefle, ie ne vous veux pas dire que la chair foit tellement
morte en moy, queie ne fente nulsafTauts. Car depuis queie fuis ici prifon nier, l'en
ay receudebien grands, iufques à pcnfcr,que fi ieufl'e voulu croire à mafcmme,ienefuf
feici maintenant, me fouhaittant hors de cette captiuite. Mais quoyî Dieu qui confole
les humbles, m'a-illaiffé long temps en ce combat? le vousdi que non: car après auoir
tout penfé,ie fuisreuenu là,afTauoir, queie ne fuis pas ici tombé de cas fortuit, ains parla
fain&c prouidence 6c ordonnance de Dieu. Comment cela ? pourec que quand i'eufle e*
fté, comme i'ay fait piufieurs fois, hors de ma maifon,iufques à douze 6c vne heure pour
obuier au danger oùiçfuis: voire mefmc que icuflecfté toute lanuid hors de ma mai-
fon, û eft-ce qu'a ï heu rc en laquelle ils font venus podr me prcndre,i'cufle efté de retour
en ma maifon:& quand toute la nuict i'eufle veille en craintc,à l'heure que ie fu prins>
i'eufle dormi comme en paix 6c feurcté.
Po v r cette caule,mesfrcres,oftez hors ce propos de vanité,quand vous dites,Voire,
on en pouTroitbien trop faire: s'il m'euft voulu croire (dira l'autre) il ne fuft point où il
eft: il void maintenant cément il luy en prend.Oftez,di-ie, ces propoSj 6c reiettez telles
penfees indignes d'vn cœur Chreftien : apprenez auec moy en l'efcole de l'Euangile à re-
cognoiftrelaprouidécedeDieu,quigouucrnetouteschoiès:&ne donnons pasterme à
n o ftre Dieu ^>our dire qu'il nepeutfauuer,finonentcl &teliour,ouenteltemps.Il agar Exod^
dé les enfàns d'Ifrael agitez 6c tourmentez de Pharaon,& de la mer rouge, les faifant paf-
ferà pieds fecs. n'eftoit-ce pas contre fefperance humaine? ne virent-ils pas eftre accom-
pli ce que leur auoit promis Moyfe feruiteur de Dieu : aflauoir,de ne craindre point, 6c q
le Seigneur batailleroit pour eux ? D'auantage,ayans pafle la mer entrans en ce grâd de-
fert ou il y auoit tit de beftes furieufes,delions,dc dragons,de leopards,d'ouf s , de tygres,
tant de ferpens,&: d'autres bcftesfauuages, Dieuabienfceuconferuerfon peuple par le
chemin tant difficile 6c dangereux«Et maintcnât,mes frères 6c fceurs,le bras du Seigneur
eft-il accourci,qu'il ne nous puifTc bien conferuer 6c garder de mal , comme il a fait fon
peuple de tout temps île di,quc fi nous marchons en vrayefoy,il eftnon feulement puif
fant de nous garder de nos aduerfaires, mais aufsi de nous faire fleurir au milieu des na-
tions tortues 6c peruerfes, entre lefquelles noushabitons. Prions-le,mes freres,inceflam-
mcnt,afin qu'il nous conduife en fes voyes,& q puifsions paracheuer le refte de nos iours
à fagloire. Quant àmoy,ic voy queie dcmoliflement de mon tabernacleeft prochain.
IedimaintenantauccS.PauljIenefaypasmavicplus precieufeque moy-mefmc ,mo» Aai01^
ycnnantquc i'acheuemon cours auec ioye& administration que i'ay reccué par le Sei-
gneur Ic£us,pourtefmoigner l'Euangile de la grâce de Dieu.
O mes amis,voire encore vne fois amis, vous tous enfcmble, à qui leSeignenra mis le Fxhorta^
tfoupeauen garde,ne vous efpargncz point. Cât quand legradPafteurnoftre Seigneur JJJJ^
IefusChriftapparoiftra^ousreceurezîegucrdondcfheritage.Susdôç^nesfreréSjauan-
Liurc^j VIL Jaques de Lo.
cez de tout voftrc poiuioir l'édifice du Seigneur par voftrc diligcncc,&:nc vous attendez
pas l'vn à 1 autre,mais qu'vn chacun léruc en là vocation. A u refte , l'exhoi ce tous en gê-
nerais* vn chacun comme il areccu du Scigncuisqu^il s'em ployé en fon endroit : il n 'cil-
pas maintenant temps de cercher fon propre, mais ce qui eft propre à autruy. Qu eft-cc
qui vous cmpefche que vousferuiezen voftrc vocation ?n'cft-cc pas l'amour de vous-mef
mes ?n cft-cc pas que vous cercliez voftrc propre? Iugez-vous vous mciines , afin que ne
fovez iugez du Seigneur. Trel-chers,ic vous ay ei'crit cefte epiftre,non pas pour vous def-
couragcr,ains pour vous donner cournge,c\: pour cftredu tout adonnez au fennec du Sci
gneur: car le temps eft prochain &: court: encore vn bien petit de cemps,&: celuy qui doit
venir,viendra,&: ne tardera. Ne vous fouuient-il point de ce que ditChrift noftre Mai-
ftie,Qiiand vous voyez le figuier ietter hors les hieillcs, vous dites , L'eue eft prochain:
aufsi quand vous voyez lafHicïioii & l'oppreflion^dites que ce iour eft prochain aux por-
tes :& puis que palle long temps nous auons expérimenté ces chofcs>lbyezftir vos gar-
nies, j fin den'eltrciurpnns.Au rcfte,ie ne fay allez louer cebo Dieu peur les grâces qu'il
mefait:pncz toujours pour nous, car nous prions pour vous. 1 ay auiourdliuy matin eu
tnfteiic^ay elle en ce poinctiufquesà midy,penlant que le Seigneur auoit liuré aucun
de nos frères aux ennemis, à caufe qu'on auoit amené trois ou quatre prifbnnicrs enui-
ron les cinq heures du matin: mais i'ayefté relîouy, quand l'ay entendu que c'eftovenc
larrons. Le temps me faut,prcnons courage, i'efperedebricf voir la fin pour aller à mon
Dieu. Par voftrc frerc,Iaques de Lo,ceûxieme de Feurier, 1 560.
EPIS TRE exhortatoire de laques de Lo,enuoyce à Guy de Eres, en laquelle il ladnionneP.c de ion deuoir
3c office cnuers le troupeau de Chrift.
ïhSic Jc AND ieconlldcre, freretref-aimé , corne lonas Prophète &: feruiteur de Dieu,
Jc ionw le ^^gfuc par vnç certaine prouidenceictté cft lamer,reccu &:cngouilé de ce grande
Prophète, horrible poilîbn, là conduit & amené par vn confeil admirable de Dieu, comme vous f a-
nez trop mieux que moy : voire &c que ceIonas,di-ie,s'eftoit mis fur la mer , afin d'euiter
&fuir l'éxecution de la volonté de Dieu, &: pour la crainte des hommes :i'eftime que le
Seigneur mon Dieu m'achoifi, &: le fore eft tombé fur rhoy, comme il cfcheut fur lonas:
voit efc que moy eftantiéttéau gouffre &cn l'abyfmedcla mer de ce monde,cefteprifon
a ou uert fa gueule &: m'a englouti, &: faut q tous les flots Se les ondes du Seigneur icpaf-
ient par defliis moy,afin que par ce moyen les dangers prennent fin . E t corne lonas mor-
tellement oftenfoit,voulanc fuir arrière de la face du Dieu viuant>auisiieconfeuedetouc
mon cœur auoir fouuen t ofFenfé cefte diuine bonté , tant en nonchalance , qu'en mes i-
çnorancescVchofesfcmblables. Et comme la mer fut appaifec à la réception de"I'onas,
aufsi i'av efperanceque ce tourbillon qui s'eft clleué, pour cefte fois s'appaifera : &: la pc-
Appiieation tjte naffelle de noftre affemblcepourfuiura fon cours & fa vogue en quclq feureté . Pour
C Ciei>C cefte caufe,monfrere,iela vous recommande, conduifez -la fêurement:&: d'autant que
voici ma fin venue, ie pren plus grande hardiefTc de vous admonnefter &:exhorter à vous
porter constamment èc diligemment en voftre Minifterc: vous monftrant en tout &c par-
tout l'exemple des autres ,approuuédcuantDicu Scdeuantlcs hommes . le ne di point
ces choies par ce que ie doute de voftre conftance 6c diligence : car ie vous porte tefmoi-
gnage, que depuis que vous ay fréquenté, vous-vous eftes porté comme il appartient,
au milieu des combats : mais le foin que i'ay de vous, m'incite à vous admonnefter, com-
me mon bien -aimé. Et combien que l'oyez conferme enla vérité prefenre, ieftime que
c'eft chofe iulte, tandis queie fuis en ce tabernacle,de vous inciter par admonition.
S v s donc, mon frerept enez courage, &c ibyez fortifié d'cLprit,6V: le Seigneur vous fu_
feitera quelque coadiuteur en voftrc Minifterc, &z fera prolperer ion œuure par vous,
comme vous en auezveu allez d'cxperienCc. Ne vous retirez donc du pays-bas , &: ne re-
gardez pas à ceux qui cerchen t les lieux pour demeurer à leur aife. Regardez à ce que dit
viau.io. Chrift à lès Apoftres , le vous enuoyccomme brebis au milieu des loups,&: telles fembla^
b'ies fentenecs. le ne di peint ces choies pour blafmernemefpi ilér les vrais Miniftres,
qui font és heuxdcleuretc : maisie parle pour ces couards,qui ne cerchent que leur aife.
Au 1 elle, m 6 frerc, prenez garde à vous-mefme,&: à ton tle troupeau , auquel le Seigneur
vous a mis Euclque &: lurueillant,potir conduire fa famille à fa gloire,& à l'édification de
ion troupeau. le vous ay efent bnefuemec , cognoiflant que cen'cft à moy a vous eferire:
mais
mais pluftoft de vous crcoutcr. Saluez en mon nom tous ceux qui font au Minifterc , &
leur chtes qu'ils feconfolent&: prennent courage. Priez pour moy,afin que Dieu mefa- .
celagrace d'acheuer macourfe à fagloirc, te à l'edificatiô del'Eglife. La lumière du iour iJ!f avo0"
2ûrfauf.parquoy ie fay fin. laques de Lo,prifonnier de lefus Chrift, es prifons dcl'Hle en ciuc
f ;*andre,c c huitième de Feu rie r, 156 1. &cn'
L'Ifluc heureufe que Dieu donna à laques de Lo fon feruiteur,le if.de Feurier , t j 6 1.
E Scfcritscideflus recitez, rédent fuffifanteapprobatiôdela venté du Seigneur,
conftamment maintenue par ce faind perfonnage. Il refte maintenat de cognoL
Tire comment il aieellé celte vérité par fon fan g pour la confirmation &: confolation des
fidèles. Apres donc qu'il eut fouftenu plufieurs affaux , queles Magiftrats luy liuroyenc
journellement, on ordonna certains Cordcliers pour difputer contre luy , lefqucls pour
faire bonne mine,enuoyerent deuant eux en la prifon vn vieil liure , pour monftrer que
delà ils vouloyent tirer leurs arguments. Mais laques de Lone futgueres cmpefchéà
leur refpondre : car toutes leurs difputes n'eftoyent qu'à crier après luy, comme gens
ienragez &c forcenez,en rappelant,Damné,damné^au feu, au feu. Et voyans qu'il le fou-
cioit peu de leurs menaces & outrages, s'aigriflbyentd'auantage: fur tout de ce qu'il les
defdaigijoit , d'autant qu'il addreflfoit toufiours fa refponfeaux Elcheuins de Ylûc , auf
ijucls il parloit auee modeftic.& douceur accompagnée de confiance, qu'iceux CafFars
nommoyent Obftination,procedantc, comme ils chfoyent,d'orgueil& vaine gloire ,ÔC
pour faire parler de luy. De Lo refpondit,qu'il ne yoyoit en tout cela aucun orgueil n ap-
pétit de gloire des hommes: ainsplultoftvna^yimé de deshpnneur deuant le monde,
accompagne dVne cruelle face de la mortqiii lattendoit : le ne regarde , dit-il > à autrd
gloire, qo'à celle de mon Dieu, pour laquelle rrîaintçnirie fuis preft de batatfler iufques
I la mort. Ce fait,tous fes liures furent cnuoycz au conuent des Cordeliers, pour les vifi-
ter. Entre tous u y auoit vne Bible imprimée à Geneue, laquelle fut côdâmncc pour hé-
rétique,^ digne d'eftre bruflee. Comme ce fainâ: perfonnage fut condamné d'eftrebru ^b^c^
Ûé vi£& fon corps réduit en cendres , ayant ouy fa fcntcncc , il cria à haute voix O Sei- ceux de J
gneur^ttefeurirhpute point ce pèché.car ils né fauet qu'ils font.Laditefentencewtmifc L'lflc:.
en exécution le xy.de Feurier fan de noftre Seigneur, m. d.l xi. Enuiron quatre heu-
res après micfi,îl fût mené au fupplicc,où il fe porta fort conftamment,priant continuel-
lement pour fes enncmis.Quand il fut attaché &c cnchainé,felon la couftume,lVn de fes
luges en fe moquant fut fi impudent de dire, Le voila en grand honneur à fa table, il a
fes feruietties de mefme: appelant les chaines dé fer fes feruiettes. Et ainfîconftamment Brocard
pafla la frontete moquerie du monde,pour dans les flammes de feu rendre fon ame au exécrable
Seigneur lefus Chrift,cn telle ferucur que ceux mefmes qui font condamné, en demeu
rerent conuaincus,confus,&: eftonnez.
IE AN LE BOSCHERP. <*«**«xelles.
LES fup^ofts deSatan ne pbuuans veiricre nar feu,ont recourt à l'eau élément côrraire.Et ce qu'en publique
ils pcrdcnt,eri vain le penïent en iecret regatgnen
Q S C H E R E natif de lâ ville deBruxelles,tàpifsier de fon mcftier,cflqit de m.D. LXt
çemeimetemps diacreen 1 e^ifel'famengued'Anuers^adrniniûrant fidè-
lement & ^iligf niment fpnmwifterc>u bien exercé auxEfcritvre? fajnâ;es,
qu \\ auoit dequoy initruire,.&cpniplcr; voire redarguer,^ s'oppofer au*
heretiqucs.Satan ennemi capital de tels hommes qui acluancent l'Eglife
de lefus vwii*, iijy tendit beaucoup d'çmfcufches , fi que finalement le temps ordonné
du Seigpcur*itant venu Jcsennemis mirent. les mains fur luyôÊlujia tcmme,aumois
deNouembre enranprecedont» Burarj^ Ulongtoe détention, il fut fort aflailli par pre
ft reste Kïoines en plufieurs fortes de combats :,mais Dieu Je prelerua; de fuccorufcence,
fie le r endit vicWêux/erme 3t f pnftani'Çwrif; fon de men t4e -v,etit£ f Aptes <ju!on fait ^£t£T*
aïlezfond©*&: fàitrrrmpcrenU prifon,finalemcntilrut{»mepé par vn vendredi dernier auquel on
lourde Feurier deeeft arr^i.D .z,x i*àl*Kfe>fc^pVwri^ Eftant Jg^^1"
dYuantJçs Seigneur? dc4a yuUCoiircnditamplc témoignage, à uangile de Jefus Chrift:
Vendredi»
Litirc^ VIL Jean Keyfer.
&c admonnefta d'aflfe&ion &: zele ardent ceux qui là eftoyent , de regarder fongneufeméc
à ce qu'ils faifbyent. Ayant donc receu fa fentence: comme on leramenoit en prifbn, il ex-
horta le peuple:& dit à quelques frères qu'il apperceut làpreles,Courage,mcsfrcres,prc
nez courage. Sur le loir dudit iour, pl ufieurs fidèles attendoyent ce qu'on feroit de luy : &:
les Seigneurs craignoyent quelque émotion, fachans qu'il eftoit homme bien parlant
&: aggreablc au peuple . Uss'aduifcrentde le faire fècrercment noyer enlaprilon :ce qui
ne s'exécuta point fans meurtre &: cruel tourment .Car outre ce que la cuue n'eftoicaL
fez large ni allez profonde :&quelepatient eftoit de haute ftature, le Bourreau y auoic
mis fi peu d'eau qu'il nelepouuoit noyentellement qu'il fut contraint, pour luy abbreger
ceft horrible tourment, bailler des coups de poignart,lefquels furent recognus fur le po-
ure corps mort. En ce martyre donc finit Bofchere fa vie,eftant aage enuiron de x x v 1 1 .
ans&fut mis auprès de fes frères occis pour vn mcfme tefmoignage de la Venté, le vingt-
huitième de Fcurier M.D. L XI.
I£AN KEYSER, enUviUeà'^mers.
D £ ce furnom de Keyfer(qui vaut autant à dire qu*Empereur)ceftuy-ci eft le fecond,auquel le Seigneur a don-
ne v" cœur magnanime pour- iurmonter le monde, & les tentations des plus notables aduerlaires de i'Euan-
gile.
m!d.lxi.|T^^^ E YSER eftoit auccceux-la qui le foir dudit iour dernier de Fcurier fepour-
mcnoyentdeuant la prifbn d'Anuers , pour attendre l'iiTue qu'auroit leîufdic
Martyr. Leslergeans fortans allez tard de ladite prifon, &: voyâs plusieurs at-
tendansà laported'icelle,fèietterenten fureur fur eux, Se appréhendèrent
Iean JCeyfer,difans qu'il eftoit de ces gens-la: blêmirent en prifon.Oreftoit-ilaufu" pour
lors Ancien de la mefmeeglifeFlamengue: homme débonnaire Se propre pour exercer
Difpure d'- vnc telle vacation . Le Curé du grand temple dit deNoftre-dame , entre les autres aduer-
Auumcon laires,difputafort contre luy , fur plufieurs articles delà Religion , dont nous ne fau rions
tre Keyfer. auoir meilleur tefmoignage q par la lettre eferitepar ledit priibnnier en lafbrtcc^ s'enfuit:
Me s f r e r e s au Seigneunil vous plaira fauoir, qu'ayant efté en difpute au ecvn Cu-
re deNoftre-damc,icn'ay gueres profité n'auancé. Car après longs propos,eftans tombez
fur lepaflage de Gcnefe, touchant lafemence qui deuoit brifer lateftedu ferpent:àgrand
peine finalement s'accorda-il que telle victoire fuft du fcul Iefus Chrift: Se toutefois ie luy
A&4-U prouuay qu'il n'y auoit quece feul nom fous le ciel, auquel puiflions eftre fauucz. Apres
cela il m'interrogua touchât le Sacremét delaCene.Ielui di en fômc,qu'en la Ccnenous
reccuions par foy auffi vrayement Iefus Chrift, comme nous recelions le pain & le vin
parlabouchei&commelepain&levin nourriffent & recréent nos corps : aufîi ïefus
Chrift,qui eft le vray pain de vie,nourrit ^entretien t nos ames. Bref,que par la foy,qui
cft la bouche en ceft endroit, nous fommes faits parneipansdetous les mérites de Iefus
Chrift. Sur quoy le Curé dit,Cecy tient auffi-bien Caluin:mais ne croyez-vous pas que
le pain le changeait corps de Iefus Chrift? fy. Si vouslcprouuezparlaparolle de Dieu,
t.Coi.io.i* iclecroiray. Lors il dit: Ouyd'a,Iefus Chrift ne dit-il pas, Prenez,mangez,cecyeftmon
corps:appelant le pain fon corps deuant qu'il le baillait: à les difciplcs î il faut donc qu'il
foit changé auparauant au corps, çt. Le pain &c corps le rapportent fîguralemetxarfainct
Paul expliquant le fens des parolles de Chrift, dit que le pain que nous rôpons c'eft la cô-
munion du corps,&: la couppe la communion du fang de Iefus Chrift.
Le Curé n'eftant content de cefte interprétation, ie luy priay de médire, Quefignù
fîoit ce mot de Sacrement. Ihefpondit qu'il fignifioit vn myftere ou fecet. Ainfilbit, dy-ie:le
pain donc &lc vin nelbnc que lignes externes d'vne chofe cachee:car fi les lignes eftoyét
la choie f ignificc &: intericurc,quel myftere oii i'ecret y auroit-il? Le Curé fur ceci s'eileua,
& dit,le maintien que le pain eft le corps de Iefus Chrift. P£, Si le pain eft Iefus Chrift mef
me,en vain nous leuons nos cœuçs en haut à Iefus Chrift. Et qui plus eft, nous aurions ce
Danjtx.jp dieu eftrange,predit par Daniel. Le Curé m'ayant dit que i'auoy' tort: Ieluy monftray
Ledicude <îue Daniel auoit parlé dufcmblabledieu depain lequel ils adoroyent , &: toutefois ores
piin. quclesllraelitesayentferui à plufieurs dieux , fieft-cequelc voftrc leur a efté incognu.
Mais vous rcfemblez à ccux-la qui adorèrent iadis le ferperit d airain,qui eftoit fîgurede
Chrift:car ainfi auez-v ous fait de la làinctc Cene,vnc idole abominable. Apres auoir dc-
batu
îPko Annood, & Daniel Ça//and. $69
bacu ce poin&,Ic Curé me dem5da,s'il eftoit licite de mettre à mort les hérétiques. le reY
fpôdi, qu'il ne falloir point punir toutes perfonnes qui errent: mais queleMagiftrat peut
punir de glaiue, c'eft à dire,de morr,ceux qui troublét le repos 6c paix publique. Car il eft
ordonne' de Dieu pour reprimer les mauuais &: rcbelles.Mais ienaccorde nullement que
l'Egide ait viàge d'autre glaiue que de la*parollede Dieu.-pas laquelle elle punira les here-
dquesjô^ les retrenchera&ietterahorsdu corps.^Pour ledernicr,ils'informa où auoyéc
eftér«jr^tflezmesenfans:ieluydi,quenies premiers enfans cftoyent baptiiezen leglife
Romame:mais mes derniers, en l'Eghlc de Dieu,ielon l'inftitution de Chnft. Voila en
l'omme,mes freres,le principal que ce Cure' traitta auec moy.Lc Seigneur me vueille for-
tifier oar ion faind Efprit, afin queiepuiffeconfeilcrlibrementibn fils Iefus Chrift, &là
Vérité. Efcrit le8.de Mars 1 561. par moy I. Keyfcr pritbnnier pour le teimoignage del'E-
uangilc.
Ps v après vint en la priibn le Cardinal de Granueile iadiseuelqued'Arras,accon-ipa^ ^
gné du Markgraue,pour voir ceprilonier te rarraiiôncr.Mais Keylcr l'an s rcfpccter les pei perS^
lbnnes,confelfa franchement le Seigneur Iefus & là Paroi le deuant ces grans aduerfaircs: dmaide
& protefta qu'il ne redou toit ne danger ne genre de tourment que les homes iuy leuiTent GranucUc
faire. Le Ca rdinal oyant ces proposait au Markgraue qu'il iè derfitt bie toft d'vn tel here-
tique.Etainfi ferctirerét. Se Keyferseiîouiftanc remercia Dieu de luy auoir fait ceft hon-
neur deconfeller fa vérité deuanttels chefs du monde.ÇL e Mercredi enfuyuat il receut
fencéce de mort:&fut noyé lemefmeiour en la priibn,aagé de xxxi n 1 .ans. Le corps fut l£^fcJ~
mis le lendemain au gibbet,mais futofté &: enfèueli toft après.
PIERRE ANNOOD,^4 DANIEL G A L L AN D» à Dunckercke.
E N ces deux de Meflme,Dieu nous monftre fes mifericordes anciennes,dont il a vfé de tout temps.il redeeffe la
cheutede Pierre:& preferue Daniel au milieu des Iions,fans eftre aucunement diminué de fa confiance.
E la Flandre Occidétale,ainfi agitée en ces perfecutions, côme plufieurs s'en- M d.lxl
fuyoyenten Angleterre, il y eut quelques mefnages delavillcdeMeflîneilef- En Auni*
quels pefans s'embarquer en Nouébre de l'an precedér,furét contraintsd'en-
trer & feiourner au port de Dunckercke à caufe des vêts contraires. Le bruit
fut incontinent efpars qu'il y eftoit arriué des Lutheriés:(ainfi eftoyet encores nômez les
fîdeles)tellemét que le Bailly le s recercha par toutes les hoftelleries de la ville. Pierre An-
nood &C Daniel Galland eftas là aîrriucz lexix.dudit mois, furent apprehédez,à loccafio
de quelques Iiures qu'on trouuafur eux, côme on difoit: les autres elchapperét les mains
dece Bailly. CesdeuxfurencpretcntezauxEfcheuinsde laville,&: examinez l'efpacc de
quatre heures fur leur croyance.Ils furent tenus en prifon prcfquc demi an, &: aifaillis en
diuerfes fortes tant par preftres &c moines,que de leurs parés 6c amis . Apres qu'on eut ef-
fayé plulieurs moyens pour les elbranler &diuertir,on leur prefentala torture: pour laql-
le Pierre,qui eftoit débile de corps, fut efpouuanté, &; cômençade relafcher quelque peu L'infirmité
de fa première conftace. Mais Daniel fe porta toufiours vaillanr , &: fut fi cruellement gc- de Wmc'
héné, qu'il perdit prcfquc toute forme Ù figure humaine, tellement qu'il n'y auoit Ci dur
Cœur qùile feuft regarder fans ietter regrets ou larmes.Tat y a qu'il n'aceufa perfonne:&:
futmisàparten vnefofTeobfcure. On enuoya quérir vn Roger le Icune,moine Auguftin
de Bruges,do&eur,S£ vn Iacopin d' Ypre frère Iean Heyda,bachelier,rcnômez entre ceux
de leurs fe&es:lefquels s'arreftans principalemét à Daniel, perdirét du tout leurs peines à
l'endroit deluy : fî bien, qu'en la vertu de la parole de Dieu , il ferma les gueules à ces liôs.
Le Seigneur aufti ietta l'œil de fa mifericordefur l'autre , &: le redrefla. par ce moyen : que
Picrrene s'attédant plus de fauuer fa vienne d'eftre mis fur la gehéne, laquelle il craignoit
plusô^lamort , reprint la première Côfeiïïô defoy qu'il auoit faite deuat les Seigneurs de
Dunckercke &: le Doyc de Renay:fe déclarât preft de la feeljer par fa mort . 11 quitta doc
toute dfflimulation & pufîUanimité, & en demadapardo : premieremét à Daniel fon cô-
pagnon, & en après à toutes les Eglifes : donnât charge à quelques frères deuant fa mort, rômc D
de mander & faire cognoiftre comme le Seigneurl'auoit puiftammét reftabli &c affermi, redreflepuif
Et à ces fin s, lahTa lettre adrelTanteaufditesEgu{es,laqlle il efcriuit de fa main auec peine gJJJJ1" lc*
incroyable;C Apres q ces deux martyrs Pierre & Daniel cttrët trepe en prifô depuis le xx.
DDd.
ieu
£;#rc VIL àa Tuijfons.
dcNoucmbre,iufquesau x v n i.d'Aurildeceftan m.d.lxi. Fmalcmetceux deDunc-
kcrcke les condamnèrent à eftrc bru liez. Et pour exécuter plus afTeurément ce meurtre,
ils rirent tenir les portes de leur ville, fermées. Ils ne feurent toutefois engarder que plu-
fieurs de dehors n'entraiTent &: par bafteaux& par autres moyens. Ainli qu'on menoic
ces deux patiens à la Vicricare , Pierre neftant plus ceftuy-la q ui auoit efté débile , récita
trois caufes de leur refiouifïancc en cefte croix : premieremét de ce qu'ils fbuftroyct pour
vne bonne caufe:fecondcment, pource qu'ils eftoyét a/feuiez del'uTue cerraine & ia pre-
fente: &tiercement,de ce quvnc affliction de {i petiteduree, lcureftoitouuertureà vne
ioyeeternelle.Ils parlèrent tous deux fort courageufemenr au peuplc.Quandon leur eue
prononcé leur condamnation , ils remercièrent les Seigneurs , de ce que plusgrand bien
nelcurfauroit eftreaduancé . Versl'apparcildudernierfupplicequieftoitdre/réau car-
refour deuant la maiion de la ville,Damel fut mené premieremcnr,d'autant qu'il n auoit
la grâce nela parolle ainfi à commandement que Pierre : lequel on amena incontinent a-
pres Daniel>& fut mis dans la loge de bois pour lchafter . Il parla neantmoins &: exhorta
à haute voix le peuple de fe départir de la Pa pauté damnable:monftrant en parolles clai-
res pourquoy le poure pays de Flandre demeuroitainfiaueuglé: A caufe,dit il, desfaux-
do&eurs, mercenaires &c loups rauiflans, qui tiennent les poures Magiftrats captifs fous
le ioug d'idolâtrie & faux (eruice diuin:& par faute de vrais Miniftres,&. de bons maiftres
d'elcole.En fomme,il monftra fort bien les caufes delà ruinedu pays. Si print vngracieux
congé des frères qui affiftoyentà leurs martyres, donnanr charge de faire toutes recom-
mandations à leurs meres, parens & amis. A près auoir ardemment inuoque le Seigneur,
& prié ni efme pour leurs ennemis, ils furent eftranglez&bruflez à la façon vfîtee quie-
ftoit pour lors , d'eftre tirez du feu pour eftre attachez à des perches hautes , en fpeetaclc
hideux aux paflans. Mais le xxn.dudit mois vers les dix & onze heures du foir les corps fu
rent oftez & enfeuclis.
IEAN DES BVISSONS, k ^nuers.
D'AVTANT que par diuers combats le Seigneur exerce les fiens,auffi il nous propofe gens de diuerfet qui-
Iitez,donnant a chacun quelques dons particuliers: & c'eft afin quefon Eglife foit de tant plus édifice au mi-
lieu des aduer faires,maugr é Satan ô: tous fes adberens.
N cemefmetempsmtprinspourtcfmoin4erEuagiIe, vnnommclean des
^ Buifîbns,natif del Ifle en Fiandrcexerçât train demarchandife, home doué
g de zele ardent, & de confiance Chreft ienne, en la petite portion decognoit
'rifance qu'il auoit de la vérité Euangelique. Or le Seigneur s'eft voulu feruir
de luy pour porter tefmoignage de fon Nom en Anuers au pays de Brabant,
ville marchande & riche,& partant entachee,comme iadis Corinthe,à difTolution,vanù
té,dcliccs,auaiice,& côuoitife infatiable.Ceperfonnage auoit efté inltruit ésaflemblees
fîdeles,&: alaifle par eicritla Confclïion qu'il a rendue deuant leMagiftrat d'Anuers,fclo
la grâce que Dieu luy auoit donnee.S'il n'eft pareil à plufieurs autres ci deuant mis,fî n'a-
il toutefois efté defpourueu de vraye perfeuerâcepar laquelleil a maintenu iufques à l'ef-
fuiion de fonfangla pure vérité de l'Euangile. Mais fans faire ici autre narration de fon
martyre,&: des procédures cotre luy tenues, oyons-le en la fimplicitérefpondantaux ad-
ucrfàires.
LES interrogatoires &r refponfes de Iean des BuiflTons deuant le Magiftrat de la ville d* Anuers.
ffigj Res-che»s freres,puis qu'il a pieu au Seigneur me faire ce bien de vous eferire,
c'eft raiibn de vous faire (auoir touchât mes Côfelïions, tant deuant les Seigneurs,
quedeuantles Preftres& Aduocatsenuoyczpar lefdirs Seigneurs . Mais fi faut-ilqueie
confefle mon infirmité,que 1 appreheniîon des tourmés dont ils m'ont menacc,a fait que
du commencement ie ne fuis pas entré en fi pleine côfeflion que i'eufle defiré. Toutefois
ie vous reciteray fîmplemét les trois poinéts fur lefquels fpecialement ils m'ont examiné.
Premièrement le Procureur gênerai, après plufieurs demandes qui ne concer*
noyenr ma fov , m'interroguacn laprefence duMarkgraue,&desEfcheuins,cequeif
tenoyc du Sacrement :& fi ienecroyoye pas que ce fuft levray corps de Iefus ChriÔ,
Iercfpon-
lean des Buijfom. j7o
le refpondi que nori:d'autant qu'il eftoitlà haut à la dextre du Père, dont nous Tattendos
pour venir ici bas iugerles viuans& les morts. Trop bien qu'en reccuant la Cene iélon la
do&rine de Iefus Chnlt&: de tes Apoftres,nousiommes vrayement faits participansdu
corps & du làng du Fils de Dieu,& ce par foy:voire &c de tous les bénéfices qu'il nous a ac-
quis par fa mort &pa(îion. Apres ceci on m'interrogua d'autres cho^s qui ne touchoyét
rnafoy: mais vn des Elcheuins s'aduifa de me demander corn ment i'entendoye que Icfus
Chrift eftoit defeendu aux enfers: le rcfpôdi,que des lors qu'il eftoit au iardin des Oiiues,
fuantfang &: eau de grande angoifle, pour l'apprehenfion de l'horreur du iugementde enfers.
Dieu>ic di que deflors il a iënti les peines d'enfer deucs à nos péchez. Et encore plus^pen-
dant en l'arbre de la croix,iufques à eftre contraint de crier, Mon Dieu; mon Dieu,pour-
quoy m'as-tulairTe ? Et quel abyfme pourroit-on penfèr plus grand, ne plus el'pouuâtablc
qucdefelèntir laiifé ou abandonne de Dieurledi donc qu'il a fenci choies extrêmes pour
nous,&:cn noftreperfonne,&: que partant il eft dcfcédn aux enfers, parlant de plufieurs,
&: non pointd'v.n lculcment. ^Puismefur demandé h* ieme côncencoycdu Bapcefme q
i'auoye reccu en mon enfance. le rcfiSôdi qu'ouy,&: que l'enten auoir cfté baptiié au fang
de Iefus Chrift,par lequel iecroy eftre laué, purgé,Sc nettoyé, &: pren mon contenteméc
en cela. ^ Voila en effeâ Je principal des premières interrogationiqui furent le xxmi,
deFeurier : depuis lefquellcs ils n'ont parlé à moy iuiqu'au xx v.d'Auril , auquel iour ie fu
menéâla Vierlcare: où le Markgraue me demanda fi ievouloyevn Aduocat pour parler
pour mov.le luy di,s'il luy plaitoit,que ieparleroye pour moy-mefmc . Lors le Procureur
luy bailla trois poincls pour eftre interrogué : aflauoir de la Congrégation : delà Cene: &C
de laConfeffion auriculairc.Et pourec qu'il lilbit en Flamen,le Markgraue medemanda
n* ie l'entendoye.Ie di qu'ouy. Touchant la Congrégation i'ay confelfé deuant tous de n'y
auoir efté à autre intention linon pourouyr prefcherlapureparollede Dieu, &cercher
mon (alut,&: non point pour con treuenir au com madement du Roy , & qu'en cela ie fen-
tove ma confcicnce nette deuant Dieu . Lors dit le Markgraue , Vous aucz eu beaucoup
de mauuais liures. le refpondi que les liures que i'ay eu ne font point cotreuenans à la pa-
rolle de Dieu. Surquoy ie fu remis à hui&iours. ^"Lelendemain on m'enuoyadeux Ad-
uocats,pour demander fi ievouloye demeurer en ma première confeffion . le leur di qu'-
ouy. D. Vous ne tenez rien de laConfeffion. ly... Que ietenoye la confeffion pour bon-
ne^ grandement ncceiTaire,quand elle eft fai te félon la parolle du Seigneur:^ que ie m'
accordoyeauec faintt lean, lequel dit, Si nous confelîbns nos péchez, Dieu eft fidèle pour r,Icanr
nous les pardonner. I'alleguay auffi ce que dit làinâ laques, Qu'il nous faut confeifer nos ^ ÎJ*'
péchez les vns aux autres: & de là, Que fi i'ay otfenfé quelqu'vn en fai&,ou di&,ou qu'il le
foie fcandalizc,iefuis tenu derecognoiftre mes fautes,&: tant que faire le peut luy fatisfai-
re.Ils ne me contredirent en rien touchant ce poind: mais me demandèrent fi icnecroy
point que le pain de leur facrement foit changé en vray corps de Iefus Chrift, auffi grand
& gros qu'il eftoit en l'arbre de la croix. Çi.Quenon,&quela parole du Seigneur ne nous
en fait aucune mention. D. Sieft-ilcfcrir,Si vous ne mangez ma chair,& beuuez mon Ion
fang, vous n'auez point de vie en vous. m. Il eft ainfi: mais quand Iefus Chrift eut ainfi
parlé, il déclara à fcsdifciples que c'eft fefprit quiviuifïe,&;quela chair ne profite rien:
Les parolles que ie vous di, (ont e(prit&: vie,&c. Par cela Iefus Chrift déclare ouuertc-
ment commentil nous faut manger ia chair, & boire fon fang, aiîauoir par foy: car ain-
fi quclepain&le vin matériels nournflent&: viuifient nos corps, ainfi nos ames font
nourries &: viuifices fpirituellemcnt des bénéfices qui nous fontacquis par fa mort &C
paffion . Ils dirent qu'ils parloyent auecques Iefus Chrift, difànt , Prenez, mangez, cecy
eft mon corps qui feraliuré pour vous :& pareillement delacoupe. Ierefpondi,qucle
iignecftlà nommé pour la choie lignifiée ,. comme il eft die audixiemcrhap.des Corin- l CorJ04
thiens, Queles Percs anciens onttous beu d'vn mefmebreuuagc fpirituel, alTauoirdcla
pierre,&: que la pierre eftoit Chrift. D. N'eft-il pas puuTant de ce faire, voire mefme en v-
ne pierre s'il luy plaifoit: Çi. Que Dieu eftoit tout-puifTanCjmais auffi ne fait-ilrien contre
fa Parolle.
Vo i l a en bref les propos que i eu auecles deux delïufdits. Or après eux on m'enuoya
auffi deux Preftres de la part du Markgraue, efperant gagner quelque chofe fur rnoy:mais
le Seigneur par la mifericorde m'a affifté & les a fruftrez de leur entreprinlé. Le principal
propos fut touchant la Cenedu Seigneur: fur lequel ie refpondi comme auparauât: Que
noftre Seigneur Iefus a ordôné ià Cene pour no9 rédre certaîs & afTeurez, qu'en comuni-
DDd. ii.
L«*ro VIL fan d& Huifons.
quant à Ton corps &: à Ton fang, nos amcs font nourries en efpcrance de la vie etcrncJle: de
ainfi que nos corps font nourris & fuftentez de pain , fortifiez &: refiouis de vin , pareille.,
ment la chair du Seigneur Iefus nourrit &: viuifie fpirituellemét nos ames , bc fon fang eft
la ioye,refctl:ion,&: vertu fpirituelle d'icelles.Outreplus,côbien qu'il fe ibit donne à nous,
quâdils'eftexpoféà la mort pour nous reconcilier à Dieu fon Pere,tantya que cela ne
fuffuoit, linon que le receuffions luy-mefme, pour fenrir en nous lcfruitt&: la vertu de fa
moi t&: palïiommaislc tout fe fait par foy, afin que n'imaginions rien qui (bit charnel en
la Cene du Seigneur . Et faut croire que non feulement il eft mort pour nous deliurer de
la mort éternelle , &: relîufcité pour nous faire obtenir la vie, mais auffi qu'il habite en
nous,&: eft conioint auec nous,comme le chef auec fes membres , pour nous taire partici-
pai de tous fes biens. Apresils me demandèrent où ietrouuoyecefte manière d'expoli-
tion des parolles de Iefus Chrift,lequel dit,Prenez,mangez,c eft-ci mon corps. le rcfpon^
di,que fi nous voulons entédre ces parolles lelon la lettre , nous entrouucrons beaucoup
de femblables qui fembleroyent eftranges-.comme quâd Iefus Chrift eft nomme la voyc:
& la vigne: la pierre que les edifians ont reiettee: la pierre qui iiiyuoit les Pères au deiert,
&dontilsontbeu.au(Ti bien pourroy-iedn e,que Ielùs Chrift eit vnepi«. rre,que vous dû
tes que le pain eft (on corps. Ils m'alléguèrent le partage du v i.dei"ainttIean,où îleftdir,
Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, &: ne beuuez fon fang, vous nauez point
de vie en vous. va. A u mefme chapitre Ieiiis Chrift déclare à fes difciples ces paroles,quâd.
il dit,C'eft l'efprit qui viuifie, la chair ne profite de riendes parolles que ie vous di,(ont ef-
prtt &C vie:cn quoy il demonftre la vraye manducatiô de fon corps eftre ipirituclle,&: non
point charnelle ne corporelle.
Ils demeuroyenttoufi ours fur ces parolles de Chrift, Prenez, mangez, c'eft-cymon
corps:alleguans pour toute raifon le grand temps , & le contentement des peuples en tac
Auguft/ur deregions qui l'auoycntainficreu& entendu. le leur di que S. Auguftin ne lauoit point
le 6 de s. cntendu autrcment,quandil dit,Qu'eft-il befoin d'ap prefter les dents ne le ventrejeroy-
SéU1S' onsj&nouslauons mangé. S. Auguftin a vefcuauant quelatranflubftâciation fuftinftî-
tuee.parquoy c'eft à tort que vous dites que nous tenôs vne foy nouuelle,veu que ie vous
la prouuc ancienne . Puis , ils pourfuyuoyent toujours auec céfte feule parolle de Iems
Chrift ,&auffi auec quelque railbn humaine, difans que ce grand fecret ne le peur ainfi
comprendre,maislefaut laifTer en la puiïîancede Dieu, &: vouloyent dire que ienecroy-
oye point que Dieu eft tout-puùTant.Ie leur refpôdi que c eftoit vn article de ma foy.-Mais
ie ne croy point qu'il face quelque choie contre fa parolle : car par icellc il nous a déclaré
fa volonté mefme.
Povrsvivans ceproposilsmirentenauantqueleshuiseftansfermezoùlesduci
pies eftoyent afTemblez,Iefus Chrift entra &c fe trouua au m iheu d eux,& concluoyët que
comme Iefus entra en la maifbn, qu'auflî fait-il en leur pain.Ie leur demanday s'ils me lau
royét bien monftrer qu a cefte heure-la il fuft en vn autre lieu : ou que de tout le teps qu'il
a efté fur la terre, il aitefté en vne mefme heure en diuers lieux corporellement. le n'eu
point de refponfe,finon que i'eftoye encore trop ieune pour entendre les Efcritures,conu
iideré que ien'auoye point efte aux eftudes. le leurrcfpondi qu'il ne tient pointa beau-
coup cftudier, mais faut que le Seigneur y befongne par fon faind Efprit . Car làin<ft Paul
x.Tim.3.7 parlant de ceux qui par leur eftude veulent auoir la cognoùTancedes Efcritures,dit,qu ils
font touliours apprcntifs,& iamais nefauent venir à la cognoiffance de l'EuangiIe.&: au£
fi Iefus Chrift dit en fainct Matthieu,Pere, Seigneur du ciel &: de la terre, ie te ren grâces,
Matdui.rf que tu as caché ces choies aux fages & prudens: mais les as reuelces aux humbles, voire,
puis que ton bon plaifir a efté tel.llsrepliquerenr , Vous-vous eftimez donc eftre de ceux
defquels Iefus Chrift parle, &: par con(èquent plus làuant que tant de milliers de perfon-
nes qui font au monde qui ne croyent point comme vous. Ierefpondi,queiene m'efti-
moye rien cognoiftre finon Iefus Chrift , & iceluy crucifié pour la fatisfa&ion de mes pé-
chez . Puis après plulieurs parolles ie leur prouuay par letefmoignage delà fâin&e Ef-
vfâ gc, criture, que la Diuinité ne peut eftre comprife ni enferrée, mais qu'elle replie le Ciel &c la
" La vérité terre. Efaiedit, Le ciel eft mon fiege, & la terre eft mon marchepied. &: par le ly.dcs A£L
côtraint les j)jcu a faiz \e môdc,&: eft Seigneur du ciel&: delà terre, &: n'habite point es fftmples faits
d'zccmln demains ,& n'eft poinn ferui par mains d'hommes, n'ayant belbin de quelque chofe.ÔC
ce qui eft aUy.des A6t.oùS.Efticnnedit,queleSouuerain n'habite pointés temples faits par mains
doanalT" d'hommes. " Ils m'accordèrent en partie ceci:Mais,dircnt-ils> d'autat q l'humanité eftoit
conioin-
Jean des Unifions. S 71
COOiointcàladiuinité , qu'elle habicoit auffi en leur pain: non point qu'elle y fuft toute
<jomprinlè,rnais en partie. le leur di,quc félon là Diuinité ileft iiKomprohenfible,& que
iclon ion humanité il n'eft plus au monde : & leur prouuay par le vi i i.des Hebrieux , où
il cft dit, Que s'il eftoit fur terre il neferoit point Sacrificateur. Se comme il clt dit au pre-
mier chap.des Ades, Ccftuy lefus que vousauez veu monter au ciel , viendra ainû" com-
me vous l'aucz veu môter au ciel.&: par le deuxième chap.des A&es, où faind Pierre dit,
Dauid a 'eft point môté au ciel, mais il dit,Le Seigneur a dit à mon Seigneur, Siyds-tôy à
madextre,iufquesàceque ie mette tes ennemis la lcabdle de tes pieds. & pu le vingt-
quatrième de lâinâ Matthieu, Ainfi que l'efclair apparoir de l'Orient iulqucs en Ceci-
dent , ainfi fera l'aduenemcnt du Fils de l'homme. & pareillement par le troiliemc chap.
des Actes, où ileft dit , Qu'jlfaut que le ciel contienne lefus Chrift , iufques au lourde la
reftauration de toutes chofes. COr après auoir fait quelques argumens , &£ voyans qu'ils
ne pouuoyent profiter, par grandes menaces ils vouloyenttouiîours maintenir leurs fa-
bles. Et quand on leur prouuoir ouucrtement leur tort, fi eft-ce que toufiours la fin eftoic
vne rnefme , aiTauoir , alléguer à toute fin celle meime parollc , Prenez , mangez, creft-ci j^'J^
mon corps:&: corne de propos délibéré demeuroyent obftinez fur celle feule allégation,
ennous condamnant côme gens reprouuez de Dieu. Voila le principal poind de la pre- ^cL Ccnc.
mieredifputequci'ay euëauecles Preftres. ^ Enuiron quinze ioursapres,dercchef vin-
rent parler à moy,efyeians de gogner fur moy quelque chofo
au Seigneur,iay elle gardé par luy fuis certain qu'il m'affiftera iufques à la fin. Premiè-
rement, on me demanda li ie ne m'eftoyc pas encore aduife depuis la dernière fois : le ref-
pondi,queien'cftoyepasli muabledefi toft changer defoy,vcu quelle cft fondée fur fer
me perfualion ôcafieurance des chofes qui n'apparoifient encore . Mais fi vous me faucz
monftrcrparlafainc-leEtcriturequeiefuis errant en aucuns pointtsdc mafoy, ieveux
/eccuoir corredion . Ils me mirent derechef en auant le rnefme poind qui plus les fafche,
aiTauoir la Cene:&: me demandèrent fi ce n'eftoit point vn fuffifant telmoignage,Que les
trois Euangcliftes partons tous d'vn rnefme accord, difent, Prenez, mangez, c'eft-ci mon
corps qui eftliuré pour vous î le relpondi, que i'en auoye amplement rendu raifon la pre-
miere fois qu'ils parlcrct à moy: mais que i'adioufteroye encore ceci,Que les anciens Do-
cteurs qui eftoyent long temps auparauant que le concile de Latran euft engedré la belle
traruTubftantiation (qu'ils allcguét) du pain au corps dcChrift, l'ont entendu Ôdahîé par
leurs eicrits comme nous le croyons &: entendons . Car faind Ambroifeau liuredes Sa- Les Do-
cremens chapitre premier ,dit , Qu'en la Cene nous recelions le Sacrement comme la fi. ^rs aa"
militude de la chair & du fang de noftre Seigneur iefus Chrift : mais nous obtenos la grâ-
ce de fa vraye nature.Et en reccuan t le pain, en celle viande nous fommes participans de
fa bonne fubftancc.Là rnefme il dit, Ainlî que nous auons reccu au Baptefmc la fimilitu-
<le de rnorr, ainfi pareillement auons-nous beu en ce Sacremet la fimilitude du précieux
fang de Chrift . Ils me refpondirent que ie n'auoye point leu tous les liures de faind Atn-
broife:&: que pour vn poindquei'allcguoye, ils m'en monftreroyentdix.Iclcur di, qnon
feulement faind Ambroifc, mais plulieurs autres nel'auoy ent entendu autrement : mef-
meTertullien qui a elle enuiron deux cens ans après les Apoftres, m'aenfeignéau qua-
trième liure contre Marcion , co m ment ie doy entendre les parollcs que tant vous m'al-
leguez:Chrift,dit-il,apr es auoir prins le pain, &: diftribué à fes difciples,lc fit fon corps,cn
difant, C eft mon corps, c'eft à dire (dit-il) le figne de mon corps. S. Auguftin ne l'a point
entendu autrement cfcriuant contre Adimantus,difcipledcManichecen l'epiftreix,
difant,Lc Seigneur n'a point fait difficulté de d irc,C'«ft mon corps,quand il donnoit le li-
gne de Ion corps.Ie croy auec S.Hilaire au liure 8 .dclaTrinité,que le pain qui eft dclcédti
ducicl,n'eftrcccu finôdcceluy qui a le Seigneur, &quicft vraymebre d'iceluy. Ccux-Ia
ont vefeu auant q voftrc tranlTubftâtiation fuft coceue. Si donc iccroy auec eux, ma foy
n'eft point nouuelle,mais plus anciéne.Lors Fvn me dit qu'il auoit vn liure faitdcs fentér
ces des anciens Dodeurs,auqucl il me môftreroit bien autremét:& l'cnuoya qucrir,mais
à ce que i'apperceu,cc n'eftoit que pourvneelchappatoire. Voila les principaux poinds
quei'ay eu auec eux touchant le Sacrement de la Cene . Quant aux autres poinds on ne
m'en a parlé que bien peu. Prenez en patience mes fimples&: petites confeilions. Le Sei-
gneur loit noftre protedion 6c defenfe,&: vucille garder nos efprits,ames &: corps entiers
U fans rcproche,iulqucs à la iourneè de noftre Seigneur lefus Chrift,auquel foit gloire &
empire maintenant & à toufiours-mais, Amen.
DDd. iii.
ENTR
conf
Liure VIL Jean d& Suifom .
R E autres epiftres de I ©an des Buiflons , nous auons ici mis celle ^ui s'enfuit, cfcrite à fa mcrç pour la
îfoler fur fi mort qu'il fentoit prochaine.
À trcfchere&bonnémercpuis que le Seigneur me donne temps & moyen, ic
ivous veux bien faircfauoir de mes nouuelles,voire comment leSeigneur mefauo-
rile. Car tout le temps qûefay efté captif, fayrcceu plusdeconfolation'&: -ûîôuucmens
iR.oc1.14. i7 d'elprit ( lefquels faind Paul appelle Ioye au fàin& Efprit-}que^ nW^nques aupara-
uant , &i lesquelles croiifent Journellement &: de plusert plus * félon que le Seigneur co-
gnoift quei'en ay befoin.Etcotnbiéquedemoy-mcfmefefiiisle plus infirme qiaifcpuit-
fe crouuer,(i eft-ce que le Seigneur m'a grandement fait feritir fa prelèncc, tellement que
fc.C0Mt.1b ie m'elîouy auec laine* Paul en mes infirmiez, en iniures i * en perfecutJotis;cn angoiffes
pour Chriftrcar quâd ie fuis foible, c'eft lors que ie fuis pUnTant, Ainfi,rna;tre£aimee mè-
re, (ac h çz de's que mes deux frères &: moy fufmes prinsenfembielexxvi i 1 tdeMay,lefer*
uiteur de la prifon nods vint dire qu'il nous fàloitallcr à là Vierfcharé(ceftàdire,àia'haii-
le, où (e tiennent les caufes criminelles. ) màft ien en fu point efpouuâtc pour ceftà voix:
& combien que iefeeuffe que nous ne receurionsferïcettce»de condamnation fitnseftre
iritèrroguez , &'qué cependant îedeuffeauoir quelque relafefteVfi eft-ce que quand on
noùs vint quérir tous trois pour y aller, rlmelèmW
mon c'Ccur.Etenside retournes prifon niers malfaiteurs éfTayerWderoirpttJt&pRfenss
Ifhi^tz ce 3UG nay^rïspeu fàirc,rls s'accordèrent enfèmble auecleferuiteur delà geoî^leqtrel les
d« pnfons mit iiôrs,'noii par.h porte d e deuant: m a Js(comm e on nou s menoit Je (oir eu la foue)il les
d'Anucrs. fic cuader par deitusles milles d'vne prochaine maifon . Aueceùx fortéerit deux denos
• frerés,& urufTe bien efté du nombre, carl-huism'eftoitouucrécc^meàctrx'i tt\aisk$t%
gneur m'en ofta la volonté. mais qui m'euft dit a'uparauant, Telle chofe àduicn4ra,i'éuf-
fe bien dit que ie fuite (orti . Toutefois ie m 'cfiouy grandement de ce que Dieu m'a ainû
retenu : car tout ce qu'il fait vient à bonne-fin rs'il luy plaift m e deliurer du tour & mettre
fin à mes péchez pour ne le plus ofFenfer, cVmefaïre participant grâce jaquellehous
pof|ederons après cefte vie , & laquelle nous cc*:ehipJons ici des yeux delà fov . le feray
tres-heureux d'cft're participât de celte béatitude & félicite' éternelle: & âinfi fi les autres
font deliurez d'vne prifon , ie Seigneur m'en deliurera de deux , aflauoirià fifTiie de cefte
pnfon,ieferay auffi deliuré delaprincipalé&plus maudire, quiefi macliair. Ëtainiî puis
que le Seigneur me monftre par efîect que c eft ialaincteôt bonne volonté, i eh tire gran-
de çôfoIation,fachaht que iufques à lafin il me fortifiera,* ce que ie puifîë dlfé^iiéc'iàinâ:
i.Tim4.7& Paul,I ay bataillé bonne bataille,iay acheué mon cours, i'ay garde la foy: & quataù refte,
* la courone deiuftice m'eft gardee,laqlle me rédra le Seigneur iufte luge, & ndri lèulemet
à moy,majs à tous ceux qui ai met fon aduenemet. Auffi,m a cheré met e, ic vous veux bié
faire faudir,q quâd on nous mena àlaVier{chare,iefu toutlepremier,auqneJ ieftiârkgta-
uc demada » ie vouloyc vn aduocat.Ie luy di,que s'il luy|>lailoit,ierefpôdrove pour rhoy-
mefme.Lorsil fit lire ce qu'il aubit tiré de ma Confcliion,afiauoir, couchant rÂ/fcrrïbîce:
puis des Sacremcns,ôidela Confefiïon aùriculairercomme vous pourrez coghoîftrepâf
meluitesconfeffions&refponfes. Quand il demanda aux autres s'ils voulovct parler par
adubcats,ils dirent comme moy:& fufmes auffi remis à mcfmes procédures &c ïours.
De p v 1 s i'ay efté par deux Vendredis à la Vierfchare: mais i'ay efte remis au xi x.dc
May.& me tien comme pour afleuré de receùpir fentence.ie di félon lapparencequé i'en
puis apperceuoir,combicn que les iours lèprolongent: mais à Dieu en foit la glbire&: ho-
neur.Ienefuis pas efpouuanté delà tres heureufefentence que Dieu me veutfaïrerece-
uoirpour laquerclledefonNomcmoyjdi-ic^ui nefuisqù'vn poure ver de terre. Ôquel-
legracedenoftrebon Dieu ! car quand ils penferont me faire ipoùrir, ce fera lors qu'ils
medeliurerôt de la mort pour me mettre en pleine iouyflance dèla vie erernellé;&:'pbur
contempler la gloire du Seigneur, & cftre pleinement conioinr à mon Chef& EfjpouxIe-
fusChrift . Le Seigneurm'enfacelagrace,&:Tne fortifie tellement Se me vueille tant
bien armer de fes grâces , que quand ils penieront m'auoir du tout abyfmé, qu'alors i ob-
tiennepleinevidoirepour tnôpher auecques mon Capiraine&protedeur Iefus Chtift.
A luy foit gloire maintenant &: au fiecle des fiecles. ^ A v refte, matrefcherecV'piUs
quhonnoree mere,ie vous eleri cefte mienne recommandation prenant congé de vous:
en vous priant que demeuriez toufioursferme en voftrebon commécemcnt:&: puis que
le Seigneur vous a mile au droit fenticr, que vous regardiez toufiours deuant vous lans
vaciller à dextre n'a feneftre:nefcoutâc point toutes manières degés, niais ceux qui fohe
menez
no-
Tkfietirs t&tartyrs à II [le, J71
menez Je l'Esprit de Dieu,<lçfquels vous-auez bon tefmoignage. Aiusi,mamerc,icvous
prie,8£tous mes amis aufqnelsDieuadoniaêJa eognoùTance de fa.parolle, qvous-vous
employez à cheminer cnrondetrr.de cpniciencc<*&nnant exemple aux poures ignoras:
ôcque foyez comme lumière pour lesjéfclairer&Dèftre conduits à la droite voycdeialut.
S'ils fët maUuais,obftinez,& mefdifans de Vou suites corne dit S.Pierre,q par voftre bô- Pier.z.ii.
ne conuerfation vous les faciez caire.Quc filous faites les mefmes chofes qu'ils font , &:
que vouscommuniquiezauxmefmesmaux&Uïperftitions qu'ils font, voftre lumière
iraefteintc&aulieuquc deutiez eftre pour exemple aux fimples., vous leur ferez en d'eftre'^
icaiidale,retardant ceux qui pourroyentauoir quelque commenceméten laparolledu tecs-
Seigneur. Tout mon defir èft feUlemët quelle Seigneur foirgloiifié en toures&Cpar tou-
tes chofes : que fi nous auons\aie fois cefteaffeto tout ira bien, &.nous gar-
derons entant qu'il nous ierapoflïble,quc perionne nefoit orTcnfé ennous. Le Seigneur
donç vueille garder vos corps,ames &c efprits entiers &fans reprôche,iufques à la grande
iournee du Seigneur Icfus.,, A u/u\ ma chère jnere^ie vousprieque ne regardiez point ii
le mondeaejpLmcfpris&horreur ces afflictions :car i'eftimeque le Seigneur, vous afaiç
ccfl;egrace que quand là viendra,les prendrez à grand honneur, Quant à moy ieme tien
pour hien-heureux:GÔmeayanE le plus grand bien &: honneur quels Seigneur rne pour-
voit faire, de m appeler à cefted^ Au Roy des liecles immortel inuiiiblefojt hon-
neur & gloire à toufiours^mais, Amen. le vous ;prie me recommander à tous mes parens,
en prenant congé de vous tous iniques à la iournee qu'iUuy plaira.nous mettre; tous en-
fembleen l'on Royaumc,pour pofîeder la vie bien-heuieuie, laquelle il a promife, à tous
ceux qui l'aiment. Efcrit le 15, iour de May.
E faind periônnage donc,apres auoir vertueufement fouftenu le tefmoignage de l'E-
! uangileduEils de Dieu>fut toft après codaDuiéilamort^ fit 4'autât qu'on çraignoit
qu'il aduinft tuniulte &;.fediçipn en ladite yilJed'Anuers ,ti(nt décapité en la prifon de
nui^enuirpnd'vneàdeux heures:à la gloire de Dieu & confulion des ennemis.
Petfecution continuée h Flsle en Flandre.
PIERRE LE PETIT. IËAN DENIS. SIMON
GVILMIN. SIMEON HERME.
PRES la mort des deux defTufdits , la fureur de la perfècution s'enflamma M.p .1x1.
de telle manière en la ville de rifle,qu on y executoit de dernier fupplice no
feulement ceux quifaiibyentprofeiïîon de la vérité du Seigneur, cV qui per~
feucroyent çonftamment en la confefsion d'icelle : ma/s aufsi ceux lefquels
SanTencores debiles,eftoyet recerchez fur propos tenus ou à la légère , ou delongtéps
misenauant. On n'y tenoit autre différence entre les vns & lesautres,finonaugenredu
fupplice : les premiers cftans brullez,&: les autres décapitez. Mais nous fanons eftat. de
ceux feulement aufque! s par grâce l'pcciale il aefté donné de confefTer en vraye côftan-
ce icelle vcrité,&: lafeeller de leur fang.
En t re lefquels PIERRE PETIT,fcrgierde l'Ifle, après auoir donnéconfeL
fionconftautedeuant leMagiftrat& le peuple, fut brufté. SIMON G VILAIN*
bonnetier,&: IEAN DENIS aagé enuiion dedans :qui ettoyent du petit troupeau
parqué maugré les aduerfaires en ladite ville,furé"t bruflez vifs,Ies bouches leurveftât bail
lônees, afin qu'ils ne parlaifent au pcuple.S I M E O N HE R M E coufturier de BaiTee,
futaceufé d'auoir ditpafle longtéps quelques propos contre leglife Romaine, Les tef-
moins luy eftans confrontez en la maifon de la ville,leMagiftrat le condamna à eftre dé-
capité. Etcômc leur façon défaire porte ,1e bonetluy eftant ofté après la condânation, Façon de
futrenuoyéenprifon. En attendant l'heure du fupplice; on luy enuoyadesCordeliers p^ederéf
pour le confelTer, ou pluftoft pour le tourmenter, à leur façon accouftumee: aufquels ce Sindiwi
fainci perfonnage bien munidelaparollede Dieu,donnaamplera.enw.cognQiftre.qtvil l'ifle.
n'eftoit pas celuy qu'ils eftimoyent.Ces Cordeliers retour nans vers ceux qui les auoyenc
çnuoyez,nrent rapport que ce Simeoneftoit le plus grand hérétique de tous les autres.
Quoy oyans les Seigneurs de la ville, le firent foudain reuenir en ipgement , en luy ren-
DDd.iiu.
Liurc^t VIL Caufes remonftrees au Ray
uoyant ion bonnet, pour ligne qu'on reuoquoiclafenterice première prononcée , pour
de nouucau luy faire fon procez. Par ce moyen Simeon eut qu slque loifir de difpofer de
fesafFaires:dcconfolei&: conforter les amis par lettrcs,n'eftimant rien les tourmens&la
mort qu'il attendoit. Trois iours après on luy prononça vue fentenec d'autre genre de
fupplicc,arrauoir,demourireftantbruflcvif,& l'on corps réduit en cendres. Cechange-
nventdefupplicecneffectmanirefta la vertu admirabledu Seigneur à toutle peuple do
llfle, de tant plus cxcelléce, quele martyre fut grad: &: qu'en paix il fit repofer ce fien 1èr-
uiceur Simeon au milieu de l'horreur des flammes allumées.
LES remonsTrances &* Confifiion de foy ^e firent en ce temps les fidèles du pays-bas fuhkft au Roy
d'Efyai9ne->pour eftrc prefentees à la Cour duait Seigneur.
p$3V milieu de ces cjifperfions, &: rigoreufes" pourluittes cotre ceux de la Rcligiô,&: par
Caufes* ^^feux&: par eaux, corne il a efté recité > on drefTa d'vn comun accord vnc Côfeflîon
raïfonjre- de Foyauroy Philippe, laquelle fut publiée auec Remonftrances aux Magiftrats defdits
phi- Pais : *cur donnans a cogttoiftre par icclles combien c'eftoit chofe dure &c inique de iugér
lippe. &: condamner auparauânt que d'ouir,n'eftantpoflîble d'entendre le droidt d'vnepartie
à laquelle on dénie l'audience.Suppliants à cefte caufe le Roy & fes Magiftrats de les vou
loirentedre, & en cefaifantdereceuoif leurjConfcûnon:laquelle bien leuë,furïiroit pour
leur monftrer qu'ils cftoyentcondânez par iniuftice : laquelle ils difoyent venir de deux
genres d'hommes tranfpoVtez de côtrairesafTectaons,& tous deux neantmoins tendans
â ce but de forcer par importunité les fentences des Iuges,pour s'en fèruir à leur cruauté:
les vns pouffez d'vn zele incofideré ô£ appuyé fur vn erreur cômun 6c înueteré: lesautres
pouffez d'vne certaine crainte qu'ils ont de l'Euangilccontraireà leur impieté, auarice,
ambition,pailiardife,homicidcs,yurorrgneries>& autres mefehanectez : auquel partant
ils réfiftoyent deleur pouuoir . Que c eft vne grande outrecuidance à l'homme , d'ofer
condamner comme coulpableceluy qui ne fe confole & rie sJappuye que iur Iefus Chrift
&: fa parolle,pour maintenir les ordonnances forgées des hommes. Qu'auparauant facuir
en leurs perfbnncs,ilfalloitles conuaincre d'eftre hérétiques par le texte de la Bible ou do
rEuangile,fans oppofer pour toute railbn des feux, couper les langues, & fermer auec a-
graphes les bouchesdeceux qui nedefircntquemonftrerlcurdo&rinecftrefondcc fur
la ferme pierre qui eft Iefus Chrift: la parolle duquel eft lefeul glaiuefpiritueI,quiydoic
L fubftâce &Peutrcmedier-
dcUcon-6 Qj a n t à leur Confefsion de foy qui eftoit longue, pource quelle fepeut ailleurs
fcfsion de voir au long,nous dirons feulement qu'elle portoit en lubftance , Qu'il y auoit vnefeulc
paSb" &fimplecflehccfpirituclIc,laquellenous appelons Dieu cternel,incomprehenfîbIe, in-
Que c'efl uifible, cognu par le monde créé, conduict & gouuernc d'iccluy:&: plus manifeftemenc
De^fahi cncorcs Par ^ tàn&c parolle. Que tout ce qui eft contenu en la fâincte Efcriture eftoic
ûcEfcritu- creu par eux,non tant pource que l'Eglife l'a receu&:approuué,que pource que lefâinâ:
«• Efprit le tefmoigncainfi au cœur des croyans : & fe deuoit bien chacun garder d'y adiou-
fter ou diminuer,mcflantla fapience humaine parmy la fapience diuinc:touthomme e-
DViifetil ^ W menteur,&: fà fageffene pouuant eftre affubiettie à Dicu.Quc fuyuant cefteverité,
Dieu en ils croyoy ent vn feul Dieu en effence & fubftancc , Se trois perfonnes , Pere , Fils & fâinft
iroispcrfon Efpric,chacun en fa fubftance diftinctcs,& là propriété à part. Que Dieu après auoir crée
le ciel & la terre , ne nous abandonne à l'aduenture , mais nous conduit par fa prouiden
De l'home; ce. Qu'il a créé l'homme de la terre, faict& forme à fon image &: femblance,bon, iufte&:
D fain&,&: tout parfàict. Que par la dcfobeiflance d'Adam le péché originel a cfté efpandu
or"Jnc!.C au genre humain , fans qu'il foit aboli par le Baptefme : combien qu'il ncfoit toutesfois
imputé à condamnation aux enfans de Dieu par fa grâce.
Que Dieu par fa merueiUeufefagefTe&: bonté s'eft luy-mcfmcs mis àccrchcr l'hom-
me lors qu'il s'enfuyoit de luy,&: depuis a accôpli la promeffe faicteaux Pères anciens par
Du fils de ja Doucrie des faindts Prophètes, e n enuoyat fon propre Fils &: éternel au monde,au téps
Dieuenuo- « > i i « • V • i i 1 '
yéaumon- ordonne par luy, vray homme, auec toutes les innrmitcz delà nature humaine, excepte
d*. pèche èc qui a efte le'grand Sacrificateur , àc s'eft prefenté en noftrc nom deuant fon
Pcrcpour appaifer fon ireauec pleine fatisfaction,en s'offrant luy-mefme fur l'aatcl delà
croix, &qefpandant ion précieux fàng pour la purification de nos péchez , ainfi queles o-
raclesdes Prophètes le contenoyent- Que par la grand' cognoifTance de ce grand myftc-
rc le fainct Eiprit vient apparoir en noftre cœur par vae vraye foy , laquelle cmbrafTc Ie-
fus
par les fidèles du pais-bas. jjfj
fus Chrift auec tous Tes merites,& le fait ficn,&necerche plus rien hors deluyrcom mefa-
chant que tout ce qui eft pour noftre falut eft en luy, & qu'il n'eft demy Sauueur.Que les
cérémonies &: figures de la loy ont ce/Te à la venue de Iefus Chrift,& les ombrages ontdcULoyà
Eris leur fin : &c que partant l'viâgc en doireftre ofté entre les Chreftiens,nous demourat Jj^J^
l vérité &: mbftâce dlcellcs en Icfus Chrift, en qui elles ont eu leur accompluTemér. Que fcui Media,
n'auons aucune approche vers Dieu,finô parvn feul médiateur &c aduoeat Iefus Chrift, tcur & Ad:
n'eftant poflSble d'en trouuer vn plus amy,ayant mis {à vie pour nous lors les ennemis: ne u°" "
qui tant ai t de crédit &c de puùîance au ciel ni en la terre, ne qui iltoftfoit exauce que
luy Filsde Dieu bien-aimé.Quepartantl'inuocationdesSain&s procède de desfiance de
lcfus Chrift,& ignorance de luy, leul voyc, vérité &c vie. Qu'il y a vnc feule Eglife Catho- ^ho^te
lique& vniuerlelledes fideles,attendans leur falut par Iefus Chrift,laquclle eft déslecô- &vnmerfcl,
mencemcntdu monde,& fera iufqucsàla fin , &c n'eft fituee, attachée ny limitée en vnIc*
certain lieu ou certaine fucceifion des perfonnes , ainseft efpandue&difpfirfee par-tout
le monde : ioin&e ncantmoins &: vnie de cœurs & de volontez en vn mefme Eiprit par la
vertu delafoy. Qu'il fc faut fèparer félon la parolie de Dieu de ceux qui ne font point de
cefte Egliiè pour le ranger à icelle,les marques de laquelle font: La pure prédication delà
parolie de l'Euangile, La pure adminiftration des Sacremens comme Chrift les a ordon-
nez, La dilcipline Ecclefiaftique pour corriger les vices:&,pourabbreger,quand en tout
on fe règle fe.lon la pure parolie de Die u tenant Iefus Chrift pour le fcul chef. Que, Dieu Dcj s^
ayant eîgard à noftre infirmité, nous a ordonne des Sacremens , pour feeller en nousfes mcns & '
promefles,&: nous eftre gage de la bonne volontés grâce d'iceluy enuers nous:&aufsin°mb"<ic
pour nourrir & fouftenir noftre foy. Que partantils {ontfignes vifiblcs*ierEglife inuiû- deux*
ble, par lefquels Dieu befongne ennouspar la vertu defon Efprit:& nefont desfignes
vains &; vuides,ains ayans Iefus Chrift poiur leur vérité , fans lequel ils ne ieroyent rien.
Qu'il n'y en a que deux. Le Sacrement de Baptefmeau lieu delà Circoncifion,par lequel ^" îaptef"
fommes receus en l'Eglife de Dieu,& feparez de cous autres peuples àc Religions eftran-
ges,dediez à Dieu, portans fa marque & fon enlèigne. Que le Miniftre nous baille feule-
ment ce qiii eft vifible,&: noftre Seigneur donne cequieftfigniné inuifible , alfauoir les
dons & grâces, lauant , purgeant , &c nettoyant nos ames de toutes ordures &: iniquitez,
rcnouuelant nos cœurs, & les rcmpliffantde toute confolation & afTeurance de fa bonté
paternelle, nous veftant le nouuel homme,& defpouillant le vieil , auec tous fes fai&s : &C
ne doit ce Sacrement eftre rcitcré,&: eft profitable aux petis enfans. Que le Sacrement Dc h Ceafc
de la Sain&eCene a efté inftitué par noftre S eigneur,pour nourrir & fufyftâter ceux qu'il
a défia régénérez 6c entez en fa famille, qui eft fon Eglife : lefquels ont deux vies,l'vnc
charnelle &rautrefpirituclle. Qu'en ceci Chrift a ordonné vn pain terreftre & vifible,
qui eft Sacrement defon corps, &c le vin defon (ang: pour nous teftifier, qu'ain ii q nous
prenons &C tenons le Sacrement en nos mains,&: le mangeons en nos bouches,&: fuftan-
tc noftre vie:aufïi vrayemét par foy receuons- nou s le vray corps 8c le vray fang dc Chrift,
noftre feulSauucur,en nos ames pour noftre vie fpirituelle:&: ce qui eft ainfi migé& beu,
eft le propre corps de Chrift, Se (on propre fang. Mais la manière par laquelle nous le
mangeons, n'eft pas la bouche, ainslefprit par la foy. Et par ainfi Iefus Chrift demeure!
toufiours afsis à la dexcre dc Dieu, &c ne laifle pourtant de fe communiquer à nous par la
foy en v ne manière à nous incomprchenfible. Que cebanquet eft vnc table fpirituellc*
en laquelle Chrift fc cômuniqucà nous auec tous lés biens. Que le mefehant prend bien
le Sacrement à fa condamnation, mais non pas Chrift,qui eft fignifié par iceluy , & eft la
vérité du Sacrement. Et pourtant nul ne s'y doit prefenter qu'il ne fcfoit bien efprouué
foy-mefme. Que toutes les inuentions des hommes &: brouilleries adiouftees audift Sa- pcrorfre
etementfont a reietter, & le faut contenter de l'ordre inftitué par Iefus Chrift. QueTor- politique,
dre politique des Rois &Magiftrats eft de Dieu j&cneceifaire à fin que le desbordement
des hommes foit reprimé,&: tout fe conduifè par bon ordre cntrelcs humains : &c pour o-
fter&: ruiner l'idolâtrie &: faux feruice de Dieu, leRoyaume de l'Antechrift,&:auâncer
ecluy de Icfus Chrift. Que chacun doit eftre fubiecl: aux fuperieurs , payer les tributs , les De la venue
auoir en rcuerence,& prier Dieu pour eux.Qu'au temps ordonné dc Dieu , Icfus Chrift àe icfus
viendra du ciel corporellement & vifiblement , comme il eft monte auec grande gloire chrift"
& maiefté,pour fe déclarer eftre luge des viuansfic des morts, mettant en feu & en flam^
me ce vieil mon de pour le confommer . ^ Voila les remonftranccs qu'en ce temps fi di^
uers firent ceux du Pays-bas à leur Roy.
Livre VIL "Des Eglifa de Tiedmont
Touchant les Egkfes des y allées <£*4ngrongne autres fonces en Piedmont^ayans ett
t exercice de la Religion parla prédication de ÏEuangJe.
iN accord fut traité en ce tem ps , fur lefai&de la Religion entre le DucdeSa-
|uoyc&: ceux des vallées de Piedmont appelez Vaudois: qui fut le v. deluinM.D.
x i . pour lequel mieux entendre,l'ordre de l'hiftoire requiert de reciter bref-
uemcntlc différent furuenu depuis que la prédication de l'Euangile commença pubh-
"Au Hure quemcnt en Angrongnc,commc il a efté touché ci"deuant. Apres l'accord &c le traitté
niuciïî^ de paix fait entre les Rois d'Efpaigne& de France,le Duc deSauoye ayâtefté reftitué en
*f7i> fon pais, les Eglifcs du peuple Vaudois &: tous autres fidèles du pays de Piedmont demeu
rerent par l'efpaced'vn an ou enuiron ians cftre inquiétez ni moleftez. C'eftoit vn bien
lingulicr que Dieu leur faifoit, qu'ayant changé de prince on les laifToit viure paifible-
ment. Etdefaift le Duc Emanuel Philibert ne les vouloit point tourmenter, aimanc
mieux les retenir en iafubie&ion par douceur & humanité,qu'autrement: fâchant bien
qu'il n'auoit point de fubiets plus fidèles &: obeiffans,que ceux-la, quoy qu'ils fuyuiffcnt
autre Religion que luy. Mais comme Satan,ennemi de paix &: rcpos,tafche toufiours de
LcDucirri- mettre diicord&: querelle entre les hommes,fufcira gens, qui par rapports , rufes &: me-
té contre nées irritèrent le Duc à l'cncontre de les propres fubiets. Et quoy qu'il euft voulu femô-
fesfubicB. ftrer doux & humain enuerseux,commc tous bons princes enfont.-tanty aque le Pape
&: les Cardinaux l'incitèrent à faire contre fon affe&ion. Le Légat qui fuit fà Cour,& au-
tres qui fauorifent à reglifcRomaines'employoyent par tous moyens de luy perfuader,
qu'il deuoit exterminer tous ces Vaudois,qui ne tenoyent point la religion du Pape:qu'il
ne deuoit fouffrir que telles gens habitaflent en fes pays, au grand preiudice& deshon-
neur du fiege Apoftolique : que c'eftoyent gens rebelles aux fain&es ordonnances,&de-
Lacaufedej crets de mcrefain&ceglife: brief,qu'il ne deuoit nullement endurer cepeuplefî contrai-
cnKc£t rc au ^in<^ ^cre' sil ^ voulo'c monftrer par effe& fils obeiffant. Tels foufflets furent cau-
fedclaperfecutionhotrible&: efpouuan table, qui dura fî longuement à l'encontredes
pouresfubie&s qui eftoyent en ces vallées te pays de Piedmont. Or d'autant qu'ils pre-
uoyoyent les maux &: calamitez qu'ils auroy ent à fouffrir, pour y remédier, s'il eftoit pot
Remôttnm fiblejtoutes les Eglifcs de Piedmont d'vn commun accord cnuoyercnt quelques remon-
cesdes Egli ftrances par efcfit, afin d'eft;re prefentees au Duc , &c à madame la Ducheffcaufsi. Ils re-
fcï' monftroycnt en fommè qla feule occafion pourquoy on leur en vouloit,& pour laquelle
on auoit irrité le Duc côtr cux,eftoit feulement pour le fait de la Religion qu'ils tenoyét,
& qu'ils auoyentreceuédeicursanceftres, qui l'auoyent tenue par fi longue efpace de
temps: &: que ce n'eftoit point vne opinion volage, mais qu'ils fuyuoyent la pureparollc
deDieu,contenue au vieil &c nouueau Teftament , qui eft la feule &c vraye règle de bien
viure,propofce à tous Chreftiens:& s'il leur eftoit monftre par icelle, qu'ils eftoyent en
erreur,qu'inconrinent ilss'en corrigeroyent,& receuroyent volontiers ce qui leur fèroic
enfeigné par cefte Parolle infallible.Mais on ne fçait pas au vray, fi ces remonftrances fu-
rent prcfbntees ou non,pourcc que le bruit couroitquele Duc n'en vouloit ouir parler.
Quoy qu'il en fbit, enuiron le commencement du mois deMars,la perfecution eftant
drelTce contre les poures fidèles qui eftoyent à Carignan,foudainemcnt quelques fidèles
"Autres h (àfauoirvn nommé "M a t h v r in 6c Ib a n n e iafcmmc,&:lE a n de c a r q_v i-
MiTceiïr.. g n a n , qui demouroit en la valleede Lufcrne,lequelauoitcftcprinsprifbnnier allât
au marché à Pignerol) furent brûliez dedans trois ou quatre iours. Lafèmme mourut
fort conftamment,exhortant fon mari,difant,Ayez bon courage, monfrere, carauioui-
dhuy nous irons enfemble en Paradis. ^ Ce bon perfonnageleande Carquignan auoit
defia efté prifonnier plufieurs fois pour le faift de la Religiô,& en auoit toufloursefté de-
liuré par vnegrace fînguliere de Dieu: mais fe voyant prins cefte dernière fois, dit incon-
tinent, Qu'il fauoit bien que Dieu l'appeloit alors. Par le chemin, en la prifon,& fur tout
àlamort,il monftravneconftanceinuinciblc,&: vertu admirable tant par fa pure confef
lion & franche qu'il fit delà do&rine de fàlut, qu'en portant atiec vne patience merucil-
leufeles horribles tourmes qu'il endura en la prifon^Si à la mort. Plufieurs s'enfuirentde
là : \cs autres effrayez d'vne telle cruauté,craignans plus Jjcs hommes que Dieu, &c s'arou-
fans pluftoft à la terre , qu'afpirans au ciel, s'accordcrentde retourner à l'obeiffance èc
l'eglife Romaine. Peu deioursapres, les Eglifcs du peuple Vaudois, à fauoir deLarchç,
Mcronne, Mcanc,&Sufe,furcnt affaillisfort rudement.
LES
^Appelées des Vaudois. J74.
.^E S cris publiques furent depuis renouuclez, Se Iaperfccution auffi dreifee plus
"^cruelle qu'auparauant. Enquoylcs moinesde l'abbaye dePignerol entre autres
Vem ployèrent de tout leur pouuoir. Car ils auoyentdesgarnemens à loage, qu'ils
enuoyoyent tous lesiours piller&faccager maifons, prendrehommes &c encans, les me-
ner prisonniers en leur moinerie. De ce remps-la ils enuoyerent de nuict vne trouppe de
cesruftresaulieudeS. Germain en la vallée delà Pcrouie,lefquels parle moyen d'vn qui
les con duifoit, s'en allèrent àlamaifon de m. i £ an Miniitredudi&licu, que cetraiftre m.iean
auoit cogneu &: hanté priuément. Le traiftre appela ce bon perfonnage, qui entendant ^^^j1*
la voix, le leua &: forcit incontinent . Mais voyant qu'il eftoit trahi , il s'enfuit , &: néant-
moinsfut pourfuiui,&: bien toft prins,&: fort blefle. Or pour lefairt cheminer plus vifte-
ment ainfi naure' qu'il eftoit,ils le piquoyent par derrière de leurs hallebardes. Ils en bief-
ferentaufîîpluiieurs autres, &: en tuèrent quelques vns. Ils en emmenèrent beaucoup
de prifonniers en la moinerie auec le poureMiniftre , tant hommes que femmes en
failoyent ainfi ordinairement. Ce bon perfonnage Miniftreiè porta conftamrnent en
la prilbn,&: en la mort cruelle qu'il endura. Us le firent roftir à petit feu : &: auoit défia v-
ne partie de fon corps bruflee, qu'il confeilbit touliours &:inuoquoit à haute voix le Sei-
gneur Iefus. L'Inquiiîteurlacomel auec les moines, & le collaceralCorbis vlerentd'vne
cruauté' plusquebarbareenuersce poure homme:Comme îleftoitau feu, ils contrai-
gnirent deux poures femmes de iàinct Germain (lefquelles ils tenoyent prifonniercs } de
porter des fagots dedan s le feu,&: dire à leur Miniftre, Tien ceci mefchât hérétique, puis
que tu nous as mal enfeignecs. Aufquelles ce bon feruiteur de Dieu reipôdit , Hapoures
femmes,ie ne vous ay pas mai enfeignees, mais vous auez malapprins.
Eftansdoncqueslcschofdsences termes ,&s'augmentans iournellement les pour- ^^j^,
fuittes alencontre d'eux,ils entreprindrent defè défendre. Car outreles exécutions defdiftes
il y auoit des larrons des villes circonuoifines,qui venoyent làns commiflîon les pil- JjJJ^f^6
1er & outrager, aufquels à l'exhortation des Miniftreson nefaifoit aucune refiftence. A- fairecdic. '
yanscefte délibération, &s'eflans rencontrez quelquefois enefearmouche, leschofes
allèrent tellement pour eux , qu'en peu de iours il en demeura foixante morts , fans que
nul deux euft aucun mal. Laquelle choie entendue par le Duc, il commanda qu'on ne
fift plus dételles courfes,&: enuoya le lieur de Raconis &: le fieur de la Trinité', des princi- Les fou»
pauxdefaCour, pour compofer&acquiefcer auec ceux des Vallées. Mais par ce q leur &Raeoni»
intention eftoit de chafTer les Miniftres &: faire receuoir la loy du Pape, le peuple n'y vou- nit/tnul™
lut confentir aucune ment ■ de forte qu'ils s'en retournèrent fans rien faire. Au moyen de- y« pour
quoyle Duceftant venuen Piedmonc, enuoyale fieur de la Trinité auec enuiron qua- ^eux*
tre ou cinq mille hommes, la plufpart harquebufiers,&: aucuns de cheual,contreles Val-
lecs,auec ordonnance,quenevoulans receuoir la religion du Pape, ilsmi/Tent tout à feu
&à(àng. L'armée donequesarriua à Luferne le dernier d'O&ob. qui fut leleudy, i 560.
^ Le Samedy aprcs,qui eftoit le deuxième de Nouembre,le matin donnèrent lafîauc
à An grongne, qui eft la première frontière. Les ennemis cftoyent enuiron raille cinq
cens tous harquebufiers, contre lefquelsceuxdcla ville k grand' peine eftoyenttrentej
lefquelss'oppofcrent à la première poin&ceftans là de garde, armez la plus grand' parc
de fondes Se arbaleftes. Or cependant que ceux-cy fbuitindrent le premier affaut, il fur-
uintvn riombredeceux des vallées prochaines, tellement qu'ils pouuoycnt eftrc deux
cens ou enuiron: lefquels en bref tournèrent leurs ennemis en fuy te , Ôc en tuèrent quel- ils fômeour
que nombre, auec perte feulement detrois de leurs gens. Peu de temps après, attendu p"^1KC
qu'ils nauoyent rien fait à AnçrongnCjilsaiTaillirét la Combe ô^Tagliarcr, qui font deux defdiaes
villettes fituees delautrecofte d'Angrongne,plus en dedans la vallée de Luferne. Etia- ^allccs-.
çoit que le nombre de leurs ennemis fuftgrand,ils furent neantmoins tellement repouf-
lez & mis en fuyte, qu'il en demeura bien vne trentaine, fans les bleflez. Parquoy le fieur
delaTrinité,cognoifTantladinicultédeI'entreprinfe,fetourna aux rufes&: fineflesde
guerre, comme il auoit par couftume,&: à tenter autre moyen que par armes. Il enuoya Le fieur de
quelquesgens pour leur donner cfperancede paix, & d'obtenir vn Intérim &: furfèance J^perîûfdc
s'ils delaiflbyent les armes, & enuoyoyeht hommes au nom delà commune, vers fon Al- de aifleries
tcifejpour demander pardon des chofes commîtes. Toutes lefquelles choies furet faciles Mmes'
à perfuader au peuple, lequel ne defiroit que pâix,& auoir quelque peu de refpit en tant
& (i grandes afflidions. Au moyen dequoy polèrent les armes" en vne maifon de la corn-
mune,lefquelles tout incontinent furent failles des foldats. Aucuns AmbaiTadcursdef-
Liurcj VIL Des V alleu de Tiedmont
dides Vallées allèrent au ficur de la Trinité,&: aufsi au Ducpour luy iurer hommage, &:
d'ar obtenir la furfcance qu'on leur auoit promife:Jefqucls demeurèrent bien enuiron deux
ecntpour mois à Vcrceil : durant lequel temps on exigeoitrigoureufementlacompofition , dela-
îacoaipoil- quelle fut paye la moitié contant)ôîde l'autre moitié ils s'obligèrent par public inftrumét
de la paver à vn temps certain U accordé. Apres toutes ces chofes, &: pendant qu'ils pen
fovent obtenir ce qui leur auoit efté promises furent menez vn îour, en vne Sacriftie du
licur de la Trinicé.où eftoit grande multitude de gens de toutes qualitez:&: là les ayans
faid mettre àgenoiix,(mleur fît crier mercy,& demander pardon premièrement à ion
d«?mbafe AltefTcpuis au Pape en la perfonnede fon Âmbaffadeur,&: promettre auec toutes folen-
ddeurs des nitezqu al'aduenir ilsferoyenttrcfobeyiransen toutes choies a l'vn 6c à l'autre: &c le tout
Villes. au nom des Vallées defquelles ils eftoyent enuoyez. En vertu defquelles promelTesiifo-
lennellcmcnt failles le Duc tout incontinent fit faire commandement à ceux des Val-
lées qu'ils euflent à licentier lcursMiniftres;acceptcr les prefeheurs qu'il leur enuoyeroit,
&aller à la Meife. Parquoy s'eftans apperceusde l'inconftance de leurs Ambailadeurs,
&: du tour &c tort à eux faid , refuferent totalement d'acquiefeer à ce commandement,
attenduquetoutec queleurs gens auoyentfaid, îlsl'auoyent faidpar lcgereté,&: non
qu'ils eulfent telle commiilion: 6c qu'il s'offroyent obéir à leur Seigneur es choies qui luy
appartenoyent : mais que quant à la Religion, ils pretendoyét qu'on leur ottroyall de vL
ure comme ils auoyent faid par le paiîé,iufquesà ce qu'on feroit vn Concilegcneral 6c li-
bre : 6c qu'à celle occafion ils s'eftoyent taillez de fi grande fomme d'argent.
Laquelle refponlè ne fut point pluftoft paruenue au Duc qu'il y renuoya larmee : qui
Armée con futau mois dclanuier m. d.l x i. Laquelle arriuee, commença tout incontinent à bruf-
ït! pou? f ^r *es n>aifons,& à mettre à lac tout ce qu'ils trouuoyent. A l'occafion dequoy ceux dcC-
icsbmfler dides Vallées furent contrainds fe retirer au plus haut des montagnes auec leursfem-
&m«trci ines,enfans,& ce qu'ils peurent fauuer de meubles &: viduailies, delaiflans tout le re-
fte àla rapine & flamme de leurs ennemis :&: ne voy oit-on par tout autre choie que feu
AUeercfle qui brufloit maiibns,arbres 6c grangcs,où les poures gens auoycot {erré la prouilion de
tiaù [S- leur Deft^u>fansquelonvift les femmes mefmes le lamenter, ainfiqu'il aefté recité par
lies. ceux qui en ont eferit :ains que voyans de loin leurs maifons flamboyer, difoyent, Benic
(bit Dieu que nous endurons toutes ces chofes pour fa fainde querelle!
|]|^| A garnifon tant de la Tour que celle de Villars s'alTemblerent vne nuid : &: s'en al-
HtSfohlerenT au Tailleretau lieu des Bouuets. L'ayansenuironné,lcsvns montèrent fur
xnn.pri- lés ioids >les autres rompirent les huis des maifons : &c prindrent x 1 1 n. prifonniers
fermiers. qU>fis lièrent 6c attachèrent deux à deux par les bras,&: les amenèrent à laforterelTedela
Tour. Mais deux qui s'eftoyent fauuez quand on prenoitles autres, allèrent au deuant
des Soldats qui emmenoyent ces prifonniers : 6c à grans coups de pierres les eftonnerent
fi bien, qu'ils leur en firent lafeher douze :lefquels fe iettans 6c roulans par les rochers
ainlî attachez deux à deux (aimans mieux mourir que d'eftre menez en laforterefTe) fi-
nalement elehapperent.
' L e s deux qui furent menez en la forterefTe,cndurerét des tourmés fort cruels , Et en
la fin le Capitaine en pendit 6c eftranglafvn, qui eftoit vn bon ieune enfant : L'autre qui
G£MEL eftoit aage d enuiron foixanteans, (Od ovl gemel nommépar aucuns ) laboureur
rcisi n on au Tailleret du mandemét de la Tour,fut mis à mort d'vne façon autat eftrâge qu'efpou-
eiSnfeÇOn uan table. Car après qu'ils l'eurent lié à leur plaifir,ils prindrent de ces belles qui viuent
delà ficntedeschcuaux,& les luy mirent fur le nombril, les couurans d'vne elcuelle:&:
par ce moyen elles fouillèrent tant,quelles luy entrèrent dedans le vétre:&: mourutainfi.
cruellement. Ces chofes tanteftranges& barbares ont cftércuelces depuis par aucuns
des foldats mefmes. ^ C e poure peuple eftoit pour lors en vne merueilleufe deftref-
fe&c captiuité , 6c fur tout de ce que la parolle de Dieu ne leur eftoit point prefehee com-
me de coullume. ^En ces horreurs d'afflidion extrême, reprenans courage délibérè-
rent rerourrîcr pour fe défendre iufques àla mort, &: poferentles gardes aux lieux où il
eftoit neccilaire: fortifièrent quelques paflagcSjempefcherent les chemins :& finalemet
pourucurentà touteequileur eftoit neceftairc pour la defenfc: cftans refolus vouloir
pluftoft mourir, qu'accepter la MefTe. Et pour abbreger, les chofes en vindrent imques
Ià,qu'cn plu (îeurs fois qu'ils auoyét com batu, il y demeura des leurs ennem is enuiron mil
le> 6c des leurs enuiron quarante. ^
Entre ceux de partie aduerfe qui furent tuez,y auoit aucuns Capitaines, du nombre
defquels
^Appelées des Vaudois. j7j
dcfquels fut le feigneur Charles Truchcr,vn des Gentils-hommes de la vallée fainct Mar
tin. Ceftuy-cy eftoit Fvn de ceux qui plus s'eftoit monftré contraire à ceux deiHictes Val- JuJJ^^
lees: lcqueleftanthommedegrandeftature,&:courageuxàmerueilles, s'arTeuravniour ne Truchec
auec cinq compagnies de gens de pied, qui pouuoyét eftre mille hommes 6c plus , de ve- ^"j^"
hirdu cofté de derrière de la vallée iufquesiur la plus haute cime de la montagned'An-
grongne: laquellechofe il euft fait fans empefehement aucun , ceux deidittes Vallées ne
craignans point dececofté là, pour l'extrême difficulté des lieux. Eftant donc arriucau
haut, il commença à feftoyer fes gens de paroIles,&: à diftribuer par promeiles le pillage.
Or ceux dcfdictes Vallées, qui eftoyent enuiron trente à la garde d'vne montaignette,
au defTou s laquelle regardoit l'entrée de la vallée, voyans la monraigneprife ,&: leurs en-
nemis qui defeendans fembloyent voler: après auoir faid leurs prières, partie d'iceux
leur allèrent à l'encontre, l'autre partie i'c mi t à fonner les cors, pour aduertir ceux qui e-
ftoyentloindcveniraulecours. Il fut combatu quelque petite clpace de temps, pendant ceuxdefdi-'
lequel furuindrent ceux defdictes Vallées de toutes parts, tant qu'ils pouuoyent eftre au tes Vallées
nombre de deux cens: lefquels fe portèrent tellement , q mettans les a/Taillans en fuyte, J*rj°v^_
en tuèrent beaucoup, fans qu'aucun d'eux receuft mal aucun, hors mis vn fèul. Et parce ncm au fc.
que leurs ennemis auoyentlaifle fur lacimedclamontaignevnegrofTegarde, ils furent ccurs*
refolus l'aller dechalTer: mais fur cela ils s'apperceurent qu'vne autre bande eftoit deC
cendue bien auantd autre cofté vers vn fort appelé le Pra del Torno (qui eftoit à ceux
defdictes Vallées: )parquoy, delauTansle premier deflein, allèrent aftaillir ceux-ey de
flancàTimporueuc, &lesdiffiperent telle ment,quefuyans ne fçauoyent où aller.
Pendant ces chofes, venoyét au fecours du peuple defdictes Vallées des lieux de Villa-
ro , Bobio,& Tagliaret bien enuiron cent homes, lefquels de loin & des lieux plus hauts'
auoyent vëu comme les choies eftoyent paiîees: parquoy coupperent le chemin tant aux
premiers qui furent rompus, commeau féconds, & à ceux de la gardcdela montaigne:
lefquels auflî s'eftoyent mis en fuy te,ayans ven la dôsfai&e de leurs gens : 6c fans vn Mini-
ftrequis'ytrouua,eufteftéfaicteencores plus grande boucherie. Or le Capitaine Tru-
chet, lequel auoit amené' 6c condu i£t (es gens,receut au côbat vn grand coup de picrre,&:
futiette par terre:& puis récontré d'vn autre ieunegarçon,defdictes Vallées, il reccutvn j.amort du
autre coup de pierre ietté fi roidement, qu'il tomba comme mort parterre: tellement Capitaine
qu'eftant abandonné des liens fut tué de (on efpec propre. , Truchct-
Adonc pour le dernier remède de defenfc cotre les pierres 6c harqueboufades, qui ve-
noyent d'enhaut,trouucrent vne inuention de certaines targes de bois , lefquellcs e-
ftoyent de telle grandeur, qu'vn homme feul eftoit tellemet chargé d'vnc d'icclles , qu'il ^""^
nepouuoit porter autre chofe: mais fecouurant d icelle feruoit de rempart aux autres targes de
quilefuyuoyent. Parquoy ils armèrent de ces targes enuiron trente hommes, lefquclsils boiï*
faifoyent aller dcuant,àcellefinque tout le camp fepeut plus feurement approcher.
Quand ceux dcfdi&es Vallées les veirent venir à eux, ils commencèrent à ceiTer de com-
jbatre de front, &fe tournant de flanc, commencèrent à chargerfur ceux qui eftoyent
defcouuerts: de tellcforte, que combien que ce iour-làtout le camp futtout en vn(qui
eftoit d'enuiron quatre mille piétons ) &que ceux defdictes Vallées ne fulTent à peine
deux cens: ce neantmoins ils les mirent en routte,&: en occirent grande partie.
Et en fin vne matinée après ilsalTaillirent Tagliaret pour de là aller plus feurcm en t Tagliaret
à Pra del Torno : &: au commencement eftant l'afTaut foudain , ils tuèrent enuiron trei- f^^*
2e perfonnes , tant hommes que femmes , qu'enfans , la plufpart delquels ils trouue- ueuc.
rentencorau li&,Sdereftequis'enfuyoitenchemife. Mais à la parfîn eftant la chofe
entendue par ledit peuple , s'eftant afTemblé , ils repoufferent tellement leurs ennemis,
que nul de ladide armée n'eut depuis volonté d'y retourner. Au moyen dequoy on com-
mença à capituler &traitter quelque accord,en la manière qui s'enfuît:
Qve Ion expédiera lettres patentes de ion AltefTcpar lefquelles apparoiftra qu'il fait £atpr^[en$
remmîon,& pardôneà ceux des Vallées d'Angrongne, Bobio,ViIlaro, Valguichard,Ro- "
ta, Tagliaret, la Ru a de Bonnet confin delà Tour fainct Martin , Peroflc , Roccapiata ,
fainct Barthélémy , 6c à tous ceux qui leur pourroyent auoir donné aide, des fautes qu'ils
pourroyent auoir commifes,tant pour auoir prins les armes contre fon Alteiîe,comme
cotre les feigneurs 6c Gentils-homes particuliers, lefquels il reçoit 6c tien t en fa protectio
6c (àuuegarde. Qu'il fera permis à ceux d' Angrongne,Bobio, Villaro, Valgu^chard, Rora,
EEe.
Liurcj VU. T>es Vallées de Tiedmont
membres de la vallée de Luferne) Se à ceux dcRodoret,Marcelc,Maneillan Se Salfa (me-
bres de la vallée lainct Martin ) de pouuoir faire congrégations , faire prelchcr , Se autres
miniftercs de leur Religion es lieux accouftumez . Qu'il fera permis à Villaro ( membre
delà vallée de Luferne) faire le mefmc,&: ce feulement iufques àeequefon Akène face
faire vn fort audid lieu : Se fefaifant ledid fort, il ne leur fera permis faire prédications ou
aflemblces en tout le circuit dudict lieu: mais il leur fera licite Se pourront faire édifier vn
lieu propre à cela,en quelque endroit là près qu'il leurfemblera commode ducofté de-
maîadcs" UCIS ^°^°-^t ^cra toutesf ois permis aux Miniftres venir audit circuit viiitcr les malades,
Se exercer autres chofes neceilaires à leur religion, moyennant qu'on n'y prefche neface
Deprefchcr aflemblee. ATagliaret,RuadeBonnetconfîn de la Tournera permis prefxher &: faire
aflemblees es lieux accouftumez,moycnnant qu'on n'entre pour ce faire au reftedes cô-
fîns de laTour.Qu'il ne fera loifible aux fufdits membres des vallées de Luferne Se iàinâ:
Martin venir au refidu des confins d'icelles,ny au demeurant du domaine de fon Altefle,
ny pafl'cr les limites pour faire prédications , aflemblees ou des difputcs:ayans feule-
in-crronez ment liber ce de ce faire en leurs confins . Et en cas qu'ils fuiîent interroguez de leur foy,
dclcur fby, leur fera loifible de refpôdre, fans encourir peineaucune réelle ny perfonnellc. Scraper-
fpConTc.rC* mis ^airc 'e *em b^blc à ceux de la paroifle de Perofle qui à prefent font fugitifs pour cau-
fc de ladi&e Religion, &r quifouloyent faire aflemblees, prédications ,& autres minifte-
rcsfclon leur Religion au lieu appelé le Puis: moyennant qu'ils ne viennent aux autres
lieux Se confins de ladifte paroifle . Sera permis à ceux de la paroifTc de Pinachia de la val-
lée de PeroiTe, & lefquels à prefent font fugitifs pour caufe de ladicte Religion,& qui fou-
loyent aller es predications,aflemblees&: autres minifteres dicelle Religion: de faire le
femblablc feulement au lieu appelé le Grand diblone. Sera permis à ceux de la paroifle
S. Germain de la vallée de Perofle, Se à ceux de Roccapiata,qui de prefent font fugitifs
Mh£&n Pour lat"&e caufe de Religion , & en icelle periiftent : d'auoir vn feiil Miniftre , lequel
pourral'vn iour prefeher au lieu de fainct Germain dit Ladormillcux , &c l'autre iour à
Roccapiataau lieu appelé Vandmi tant feulement. Sera permis à tous ceux des villes Se
Retour aux villages defditcs Vallees,qui de prefent font fugitifs Se perfiftans en ladietc Religion, nô-
- obftant quelconque promefTe ou abiuration faicte auant celle guerre contre leurditte
Religion : d'eux repatner Se retourner en leurs maifons, auec leurs familles , & viure felo
içelle, allan s &:venans es prefches&:aircmblees,qui par leurs Miniftres fe feront és lieux
fus fpeci fiez: moyennant qu'ils obferuenttout le contenu cydeflus . Et par ce que plu-
fleurs defdictes vil les & villages habitent hors les limites de la prédication, ayans befoirt
d'eftre vifitez, ou d'autre chofe félon leurdicte Religion: il fera permis à leurs Miniftres
qui habiteront dans les limites, fans preiudiced'iceux, les vifiterôi aider deuëment des
De ne faire rninifteresquileurferont neccifaires, moyennât qu'ils ne facent prédications nyalTem-
fu%!a«" klees fufpe&cs.Par grâce fpeciale fera permis à tous ceux de la valle deMeaùne,& à ceux
de S. Barthélémy ,voifins deRoccapiata, qui l'ont fugitifs,& perliftenten ladicte Religiô:
pouuoir iouir paifiblemcnt des grâces Se libertez accordées au prochain précèdent cha-
pitre: moyennant qu'ils obferucnt toutcequelesfufdi&s promettent d'obferuer.A tous
les fufdi&s dcfdicres Vallées , Se à tous les fufdi&s fugitifs Se perliftans en leur Religion,
des bkm.0* tant ^CS tcrres defdidtcs vallees,que de Roccapiata,S. Barthelemy,& de Meaune,feronc
reftituez les biens ia conflfquez : moyennant que ce ne Ibit pour autre caufe que pour la
Religion &: pour la guerre prefente&paflee. Sera permis à tous lesfuldicts pouuoir re-
couurer par voye de Iufticc,de leurs voiflns, leurs m eubles Se beftail,mais que ce ne foyet
cépteT. CX foldats:&:cequi fctrouueraauoir efté védu,leur feraaufsi permis le recouurer par voye
de Iuftice, moyennant qu'on reftitue& rende le pris qu'il aura efté vendu : Se le fembla^
ble fera permis à leurs voifins alencontre d'eux. Aux iufdi&s feront confermecs toutes
les franchifes, im munirez Se priuileges tant généraux que particuliers, tant côcedez des
p . predeccflfcursdefon Airelle, comme tous fes autres (ubie&s . Seront tenus les fufdi&s
dcccuxdCcs defdidcs Vallées, faire vnrollc des noms &furnoms de tous ceux defdittcs Vallées qui
Vailccs. font fugitifs pour la Religion, tant pariurez qu'autres, à fin qu'ils foyent remis & main-
tenus en leurs biens Se familles, &: qu'ils puilfcnt iouir des grâces Se bénéfices que leur
Prince &felgncur leur fait. Et parce qu'il eft notoire à vn chacun que le Prince peut
faire des forterefles en fon pays, ainfl qu'il luy plaift,fans qu'on luy puiflTe contredire:
Toutesfois pour ofter tous tbufpeçons de l'efprit des fufdi&s Vaudois , eft déclaré
que fi d'icy à quelque temps fon AlteiTe vouloir faire vn fort au lieu de Villaro , le
ditt
^Appelées des Vaudois. j :?6
did lieu ne fera contraind faire les frais, finon entant que bon leur fcmblera pour aider
amiablement à leur Prince. Lequel fort eftantfaid (Dieu aidant) on y pouruoyerade
Gouuernenr !Sc Capitaine, lequel n'attentera autre chofe que le (èrulcc de fon Altc/Te,
fans intereft des habitans tant des biens que des confeiences. Seraloifiblc aux fufdidsa- Ucemîcr
uant quelicencier les Miniftrcs qu'il plaira à fon AltefTequi lovent liceneicz,d'en choifir J^JJ^
&: faire venir d'autres en lieu d 'iceux: moyennant toutesfois qu'ils ne choififlent M.Mar-
tin de Pragela:& ne pourront aufsi changer de lieu en autre defdites Vallées aucun d'i-
ceur qu'on aura licenciez. En toutes les paroiiTcs defdides Vallées où Ion prefehera, Ce
feront aflemblces& autres minifteresd'icellcPveb'gion^lon célébrera desMeifes,&au-
très offices à l'viàge de Rome : mais les fuldids ne feront contrainds y aller rty affilier, ny
prefteraideoufaueur à ceux qui célébreront tels offices :&: ne fera donné aucun empef-
chcmcntàceùx, à qui il plaira d'y aller, par les deffufdids. Sera remis &: donné aux fuf- Difpcftfc
dids itreuocablemcntparfon AltefTe toutes defpenfes parluy faites en cefte guerre: & <îluttccs*
auffideshuir mille efeus que lesfufdids des Vallées reftoyent pour les feize mille qu'ils a-
uoyentpromis en la guerre palTee: commandera que les contrads loyent annullez&a-
neantis,qui à ceftecaufe ont efté fards. Seront rendus&reftjtuez tous les prilbnniersqui J^*^"
fetrouueronteftre entre les mains des foldats : payans toutesfois rançon raifonnable fé-
lon leurs biens,fe remettans au iugement & taille de m effieurs de Raconis &c de la Trini-
té' . Etferont relafchezfàns rançon tous ceux qui par lefdids Seigneurs ferontiugez mal u^yy,^
orins: fâifant pareillement relafcher fans aucune rançon tous ceux defdides Vallées, qui fans rançon,
acaule de leur Religion, & non d'autre, feront détenus e's galleres. Finalement à tous les
fufdids des Vallées fufHides &: à ceux de Meaune, Roccapiata 5c S. Barthélémy, de quel-
que degré,eftat& qualité qu'ils foyent, ( mais qu'ils ne foyét Miniftres) fera licite, & per-
mis de pouuoir conuerfer &z habiter en commune conuerfationauec les autres fubieds
de fon AlteiTe,& pourront demcurer,aller &c reuenir par tous lieux & pays de fon AlteL Conucri**
fe, vendre, & acheter & trafiquer en toutes fortes de marchandifes, en tous les lieux & ia auna
pays de fon AltefTe, comme deffus, moyennant qu'ils ne prefchent,facenr alTemblees ou fobie&s.
difputes, comracnous auons did:& que ceux qui fon t des limites n'habitent hors d «rel-
ies,&: ceux qui font aux villes & villages defdides Vallées ne demeurent hors d'icelles,.
ne deleurs confins. ^~Et que ce fâifàntne feront moleftezaucunement, &c ne ferontfaL Deneiofaf
chez ny deftourbez réellement nyperfonnellement: ains demeureront fous laprote- ^rber^
dion & fauuegarde de fon AltefTe. Outre ce,fon AltefTe enuoycra ordonnance,moy-
ennantlaqucllefèrapourueuà tous cmpefchemens,inconueniens &z mauuaifes confpi-
rations des roefehans: de fo rte que les fufdits demeureront pailibles en leur Religion.
Et pour obfèruatiô de toutes les choies lufd ides , George Monaftier Syndicd Angron Lescompj;
gne, &; AmbalTadeur d'icelles Vallées: Conftantio Dialeftini, autrement Rembaldo, ranspour^
Syndic de Villaro: Pirrone Arduinoenuoyé de la communauté deBobio: Michel Ray- '^J"8
.monder, enuoyé de la communauté de Tagliaret & de la Rua de Bonnet confin de la f«s.
Tour : Iean Malanotte , enuoyé des particuliers de faind Iean : Pierre Pafcal, enuoyé de
la cômunauté de la vallée de faind Martin : Thomas Roman de faind Germain, enuoyé
delà communauté dudid lie u,& de toute la Vallée de PcrolTe : Promettent pour eux èc
leurs communàutezrefpcdiuement, quelecontenudes capitulations fufdides fera in-
uiolablement obferué : &: en cas d'inobferuancefe foubmettent à telle peine qu'il plaira
à fon Altefl*e:Promcttanspareillementfaire approuuer& confermer ladide promciTe
parles chefs de maifons defdides communautez. L'illuftre Seigneur monlîeur de Raco-
nis promet que fon AltefTe ratifiera & approuuera les fuidides capitulations aux fufdids
en gênerai &c particulier, à l'intcrcefsion de la Scrcnifsimc Madame la PrincefTe , &c de fà
gracefpeciale.Etenfoy dece,lefufdid monfieur de Raconis a confermé les prefentes
capitulations delà main propre:&:fe font fouffignez les Miniftres au nom de toutes lcf-
dides Vallées: &: ceux quifauent eferire au nom de toutes leurs communes. A Cauor, le
cinquième iour de Iuin > 1561.
JEft accord ainfifait,par le moye de madame la DuchciTe, lepourepeuple dcsVau- _ ,
fi ni / r . . /• »\ • „ tx- /-i X. X . Dehurance
_[|uoiselt demeure en paix îuiqu a maintenant :&Dieu parla bonté infinie, 1 ayant a« peines
dcliuré de tant de fafcheries6icombats,luy a donné la liberté de le pouuoir fèruir pure- «caffliûiôs.
ment&cn repos de cônfeience. Parquoyiln'ya celuy maintenant quinevoye &: fen-
te($'il n'eft du tout aueugleou ftupide) que Dieu a voulu taire cognoiftre par expe-
EEe.ii.
L 'wz~> VIL Adms fur lefaiS de la Religion.
ricnce à ces pourcs gens & à tous autres fîdclcs aufst, que toutes chofis tournent en
lien {jr/alsità ceux qui ï Aiment & le craignent . Car par tant d'affli&ions qu'on aveu parcy
deuarit qu'ils ont endurées, ce bon Pere cciefte les a conuiez à repentanc t & arnen-
Lc ùuia dément de vie:il les a enfeignez par efFeft qu'ils dcuoycnc auoir recours à fa mifèricor-
acstribuU- de paternelle, ôdembrafTer IefusChrift pour leur feulSauucur S£ Rédempteur. Dauan-
wmondc ta8c il leur a apprins à domter leurs defrs & eufiiitc^de leur chair : à retirer leurs cœurs de ce
monde, pour les efleuer au ciel, &à fe tenir toujours prefts pour aller àluy comme
à leur Pere doux &: pitoyable. Bricf, il les a mis en l'cfcolcde fesenfans, afin de les faire
profiter en patience &eiperance,de les Faire gémir, pleurer & crier àluy. Et fur tour, il
leur afaiteiprouuertant dcfoisfonfecoursaube{oin,&le voir de leurs yeux, le (en tir 6c
toucher des mains,par manière de dire:tellemen t qu'ils ont bien occafion , 5c tous fidè-
les auec eux,de iamais ne fe défier d'vn Pere li bénin &: il foigneux du falu t des ficns:mais
de s'alfeurcrden'eftreiamaisconfus , quoy qu'il aduienne. Et pour mieux voir ceci
que chacun en punTe faire (on profit, il fera bon qu'on entende briefuement ce qcespo-
Ce que les ut es gens faiibyent eftâs à la guerre. Incontinent qu'ils voyoyét approcher rarmec,ils cri-
SoïSfo411 °yenttouscn^crn':)^e>^^a^e^:au^ecours^u Seigneur puis auant que commencera
eut quand " fe defendreils le mettoyent en prières &c oraifons: en combattant ils foufpiroycc après le
larmees'ap Seigneur. Tandis que les ennemis fe repofbyent , chacun de cespoures gens fe iettoità
pr K* genoux,& inuoquoit Dieu.Quand le combat eftoit ceiTé,i Is luy rendoyent grâces de fou
afliftence qu'ils auoyent fentie. Cependant le refte du peuple auec les Minières prioyenc
Dieu de bon cœur auecgcmiifcmens &: larmes , & ce depuis le marin iufqucs au foir. La
Prières à nu^ vcnuc>,lS & râlTembloyent. ceux qui auoyent combatu recitoyent l'aide Ôcfeconrs
D.eufonc admirable que Dieu leur auoitenuoyé. Etainfitousenièmblelcremercioyét de fabon-
le$ vrayes t^ pjus quepatcrnelle. Tous les iours il changeoit leur trifteife en ioyc. Dés le matin l'a£
armes. fljàion le prefentoitaueegrandes frayeurs de routes pars: le foir ils eftoyent deliurez,ôe
auoyent ample matière de fe refiouir & confoler.Ccs poures gens auoyent deu x terribles
ennemis, la guerre & lafamine, qui les preffoyent, tellement que félon l'apparence on
euft iugé qu'ils eftoyent du tout perdus & ruinez. Mais Dieu par fa clémence infinie les
a deliurez de tels dangers & remis en leurs mations, où ils font de prefent.
Comme la Cour de Parlement de Paris en ce temps esl affemblec four aduU
fer au fai£l de la Rebgon.
EnLiîftct' BBBisBS ^PENDANT que les chofes premifes fe traittoyent en Piedmont,Ie Roy
Charles i x.laRoinemere& ceux defonConlèil furent en la Cour de Parle-
ment, pour aduifcrauxdirTcrens de laReligion ,en ce qui concernoitle fai&
d'Eftat , auec les Prcfidens& Confèilhers d'icclle . Là fut fommaircmentpro-
faiaî°p"rîc poféparle Chancelier,qu'ils eftoyent là aifemblez pour donner aduis auRoy de quelque
chancelier, bon remède &: ptopreà pouruoiraux troubles &: eimotions,quclon voyoit pulluler &c
multiplier de iour en iour audit Royaume,à caufe delà diuerûré des opinions touchât le
faitt de la Religion: à ce que fes fubic&s peuflent cftrc maintenus en tranquillité &: repos
fousfonobeiflance. En quoy il n'eftoit queftion d'entrer au mérite du fait* de laReli-
gion ,'ains feulement au politique: ce qui appartenoit à la Religion citant remis au
Concile national, auquel appartenoit d'en traitter. Pria vn chacun d'eftrebrief en fon,
Cocilena- . . 4 *
tional. opinion-
Et après que tous eurent dit leur aduis l'vn après l'autre, fe trouuerent les opinions e-
ftre parties en trois, toutes différentes l'vne de l'autre: d'autant que l'vne d'iccllcs tcndoit
à furfeance des pcines,iufques à la détermination du Concile: l'autre à punition de mortî
rautreàrenuoyerlacognoiffanceàlaiurifdidionEcclefialtique:auec defenfes fur pei-
ne de confiïcation de corps &: de biens de faire aucuns conuenticules & afTemblecs , pu-
bliques ou priuees,auec armes ou fans armes, où fe feroyent prefehes &: adminifl I wions
des Sacremens,en autre forrne que ièlon l'vfagc obferuè* par l'eglife Romaine. Laquelle
opinion fut en fin trouueepafTer la premiere(qui eftoit laplus grande apres)de trois voix.
L'Edift dô- A la parfin fut dreifé vn Edift du mois de Iuillet,appele pour cette caufe depuis l'Edi&
delaE* ^e IuiHet,par lequel fut ordoné de viurc en vnion & amitie,fàns plus fe prouoquer par in-
iuresou côuices , n'cfmouuoir n'eftre cauie d'aucun trouble ne fedition , fous couleur ou
prétexte de quelque Religion que ce fuft : & ce fur peine de la harc. De ne faire aucuns
enrôle-
TSarthekmydz-jHoytJ. J77
enrolemens , (îgnatUres ou a ucres chofes tendantes à fa&ion , confpiration , ou partiali-
té' . Et aux preicheurs de n vfer en leurs fermons,ou ailleurs, de parolles fcandalcufes , ou
tendantes à'efrootion. A eux enioinct fe contenir modeltement , &: ne dire chofe
qui nefuft à l'inftruction & édification du peuple: &Je maintenir en bon repos, fur
meûnes peines. La cognouTance defdictes feditions attnbueeen fouueraincté aux luges
eftabiis par les fiegcs Prefidiaux appelez iufques au nom bre de dix pour le moins. Tous
conucnticules dcfendus,fur peine de confifearion de corps &c de bicns,pnuez ou publics, ^JjSjj
aue«»armes ou fans armes, où feferoyent prelches 6c adminiftrations des Sacrcmens en "
autre forme quçfelon l'vfagereceu enl'eglife Carholique,dés&depuiskfoy Chreftien-
ne receue par les Rois & Prélats deFrance. La cognoiflance pour le fai# du crimede la
fimpleherclie,delaiifeeauxgensd'Eglife. Et au cas que le preuenu ou accule duefret
crime fuit par lefdkts luges deliuré au bras feculier:quc Ion ne pourroic luy impofer
plus grande peine,queluy interdire la demeure & habitation du Royaume. Le tout par
manière de prouiijon,iul'ques à la détermination du Concile gênerai , ou de l'alicmblee
des Prélats prochaine à faire. Gracc,&:abolitionotcroyee à tous pour toutes les fautes
paffees procédantes du faict de la Religion,en viuant paifiblemcnt,&:c.Enioint de punir
tous faux délateurs.
Défendu de porter harqueboufes & piftollcs, fors aucuns exceptez par l'Edict. ^"11 LcsPrclats
futderechefaduile en celle grande compagnie, de faire appeler les Pielacs du Royaume, mandez ,*
pour aduifer audid faict de la Religion : &: derechef arrelté qu'iifcroit baille faufeonduit jou^n^c
aux Miniftres de la Religion appelée nouuelle ,pour venir feurement &c eftre ouis fur Minore».
laConfeffiondclcurfoy-,d'e{Tayer s'il y auoit moyen de les conuaincre par la parolle de
Dieu,fclon qu'elle auoiteftéexpofee par les Docteurs des premiers cinq cens ans après
noftre Seigneur. Auquel dernier article inclinèrent tous, d'autant plus volontiers, que le
Cardinal de Lorraine promettoit&affeuroit de veincre lcfdi&s Minières par les fufdi-
etes armes: &: n'en vouloit vfer d'autres . L'efperance d'vne telle promeflê &: offre, fît cô-
uoquer leldits Prélats pour saifébler à PohTy prez S.Germain en Laye au mois de Iuillet.
BARTHELEMY DE H O Y E, Lie^o^executéa^nuers.
LES fidèles aceufez par faufTes calomnies de rébellion ont dequoy les repoufler par çcs exemples : efquels on
peut voir leur innocence,&: comme agneaux eftre menez à la boucherie.
E 1 1 1 . iour du mois d'Aouft de cefte annee,lors qu'on faifoit grand triomphée md.lxi.
en la ville d' Anucrs pour les ieux & prix deRhctorique qu'ils appelent,pour En Aoufi-
lefqucls ouir & voir,on a de couftume de diuers lieux y venir: les fidèles d'An
uers obferuans toutes occaiïons de s'aiTembler, cependant qu'en telles vanL
tez les autres eftoyent occupez, fortirent en grand nombre de la ville,&: entrèrent en vn
bois afTez près de Markfem,pour ouir la prédication &viue voix de la parolle de Dieu.
LcDroiTartduditlieu deMarkfem,cftantaduerti,y allaauec les officiers à la conduite
de quel quespoures garçons gardans les vaches,aufquels ils promit donner des habille-
mens,s'ilsluy enfeignoyent en quel endroit du bois eftoitTallcmblee. Il demeura au de-
hors aucc deux ou trois de cheual & enuoya les autres lèrgeans dedâs le bois. Les poures
brebis à la venue de ces loups commencèrent d'eftre efpouuantez& s'enfuir. LesMini- J^^^i
ftres &autrcs voyans ce defordre admonnefterent l'aiTemblee de ne bouger,allegans que font con-
grandinconuenientdetellefuitteinconfidercepourroitaduenir. Lesperfecuteurs n'e- J^jjrjj*-6
(lovent que cinq ou iix:& les perfecutez de quatre à cinq censperfonnes,enfuifcntve- fuewde, '
nus aifément à bout fans grande difficulté. L'intention defdits fergeans eftoit principale-
métdefefaifirdu Miniftrc.&defai&ayansapprehédévndclatrouppe qu'ils cftimoyêt
eftre Miniftre, s'elcriercnt,Nous le tenons le mcfchant:&: le frappoyent à coups de pifto
lets& de baftons,&: le menèrent hors du bois. Le DrofTart entendant du poure patient
qu'il n'eftoit point Miniftre, le garda neantmoins. comme là proye:& pourchafTa iuf-
ques au loir le trouppeauefpars : & print encores deux autres fur la feigncuried'Ake-
ren. Et aucc ces trois prifonniers, &: force manteaux , cappes, failles, deuanteaux,
EEe.iii.
Liurt VII JeandtLamoy*
& autres meubles que les pouresdifperfez W>yent laiffê tomber &leunauoy eut oftez,
ils retournèrent à Markfem; Ledit Droflart en print encores deux fur le chemin qui luy
femblercnt eftre de la trouppe,dont Tvn eftoit Barthelemyiiatif de Hoye au Jjays de Lie-
gejmenufier,aagcenuiron de x x ri 1 i .ans. Ces cinq furent mis fepare'mcnt en prifon,
partie à Markfcm,partieàDamme. Peu de temps après, les trois premiers qui au oyenc
cfté'ptin s en la iuriïdichon d'Àkercn , eurét moyen d'efehapper fans dômage ne danger,
par Fafliftéce de leurs amis. Barthélémy refta ièul entre les mains dudit DrofTart:deuant
Tenuuons îç^neltf foiiftintdegransaffauts que luyliura le Curé dudit lieu :auec plufieurs autres
Xalrcsll- qui iourricllcment luy demand oyent comme par opprobre, Pourquoy vu ieune homme
«renr. cbmhréf ayi n'aimoît pas mieux fe tenir à leur foy & leur eglife , magnifique , ornée d ar_
ffcnt &C pierres prcckufes,pleine deioyc, de chant demufique&fond'inftrumentsrque
de feiomdre à celle qui eft reiettee,mefprifee & expofee à tous dangers de ce mon<âe?Bar-
thelcmi neantmbins fur monta toutesces tentations en la vertu de la parolle de Dieu: te
rrtonnVra à tôus que ce qui eft grand &eftimé entre les hommes,n'eftoit qu abomination
deuant Dieu. Ayant doric fou uentesfoisrefpondu & redargué de faux la dodrinedele-
glTfeRdmaine,&m<^rèlesfrui(asd,icelleparrcxecrable'vie des Preftres: après auoir
efté quelque efpace de temps en prifon , fut finalement décapite' le xx i x. dudit mois
d'Àoufoeritre qttatriï & cinq heu res du matin, m.o.ix i.
IE AN DE LANNOY, tapiJSierk Tournay.
EXEMPLE <T intégrité de vie & de zelc ardant à la parolle du Seigneur , nous eft propofé en ce Martyr,
exécuté à Tournay.
Vnombredes vaillans champions du Seigneur ,qui pour fa vérité ont heu-
reùfement combatu, lean de Lannoy natifde Dermeau lez Renay en Flan-
dte,nedoiteftremiscnoubly. Etcombien quede toute la procédure iudî-
ciaire tenue "contre luy etîla ville de Tournay, il ne nous foit venu ésmains,
finon vn double de la fentence de fa condamnation, prononcée le x v 1 1, de Nouembre
M.D.Lxi.fieft^eqiicfa fidelité&conftanceaefté ii notoirement approuuce iufques
au dernier foufpïr de fa vie, qu'ilny aceluy detous ceux qui l'ont cognu audit Tournay
&és lieux circôuoi(ins,auquel la mémoire de lean ta pi filer (ain G vulgairemetnômé)no
foit fain&e &: iacree. Durant fa vie, il a efté à tous par fa bonne conueriation , comme vu
miroir d'integrité: fpecialement aux fidèles de l'eglile de Tournay, en laquelle eilant du
nombre deSiAncicns,nece{roitencant qu'en luy ettoit,pt ocurer le bien&:aduanccment
d'icelIc.Cefutluyentreatfcres,quienh vertu Ô£ luthoricé de la paroi le de Dieu , par ad-
monition àc increpation digne d'vn vray Ancien Ecclefiaftique, tafehade reprimer les
grandes aftembiees deceuxquidezele fans tcicnce,à grandes trouppess'aflembloyétpar
J^™" les carrefours de ladite ville pour chanter à gorges dei'ployees les Picaumes.
"r" La perfecution pour telles affemblees ayant efté quelque temps parauant enflam-
mée cotre l'Eglife des fideles,chacun recognoiuoitquecepcrfonnage leur auoit eftéen-
uoyéde Dieu pour prédire quafd)ctionviendroit,pour préparer tous bons cœurs à l'en-
durer fans fefeindre ou diffimujer. La ferueur immodérée de plufieurs ieunesgens ae-
fté par luy fi bien réduite à vnefàin&e mortification, c«ue tous eftoyent contraints s'en
efmerueillcr : & aufsi les aduerfaires ne l'ont pas oublie entre autres crimes qu'ils luy ont
obie&cz en la fentence : laquelleà tous nom mes de bonne cognoifîancc pourra faire foy
de la grande côftance &. fidélité de ce iaind perfonnage:& partât nous l auons ici inférée
de mot à mot,comme s'enfuit:
y E V le procez criminel fait pour iuftice à l'en contre de lean de Lannoy,tapiiîîer,na-
* tifdeDer.rrîcaulezRenay,7ciprefent,chargé,attaint,&conuaincu, seftre paiTélong
temps feparc de feglife Catholique, &d'auoir dogmatizé&: enfeigné plufieurs propos
crronezSc fcandalcux contraires à la foy Catholique &: doctrine de l'eglùe générale & v-
niucrfellcmcfmcment d'auoir tenu plufieurs Se diuers conucnticulcs tant en cefte ville
qu'ailleurs :& il lec par fa faufTe doctrine èc peruerfe interprétation de TEfcricure, fe-
duic& abufé plufieurs hommes &c femmes, fpecialement ieunes gés. Efquels erreursn a
pertina-
Teneur de
la coodera
Floretttindt*jCoi4logtc^> j j8
pcrtinacement pcriifté,&: perfifte, nonobftant plufieurs bonnes 6c fain&es admonitions
fit* enièignemens à luy donnez, comme de tout appert plus am plemçht par Ton procez 6c
fes confeflions diucrles fois reiterccs.Et veu &: confideré tout ce qu'il faitoiû à conlïdcrer,
Le Roy noftre Sire,à grande 6c meuredeliberation de confeil, pour raifbn des crimes fuf-
dits, a condamné 6c condamne ledit de Lannoy , deftre mené au grand marché de ccfte
ville, &illcc eftre ars 6C confumé par le feu , en déclarant lès biens, fi aucuns en a , con-
fifquez.
Prononcé audit prifon nier en prefence de mef/îeurs les Commilîaires de fa Ma-
icfté, Bailly, Lieutenant, Preuoft, 6c autres. Le x x v 1 1 .du mois deNouembre,
l'an m . d . l x i .
LE Narré en cefte lèntence criminelle, manifefte alTez les mérites delaprocedure tc^
nue au procez de Ieâ de Lannoy:& n'y aura à 1 aduenir titre ou enfeignemêt plus am
pic pour prendre droid au faid des aduerlaires en la caufe des fidèles , que de voir 6c
examiner leurs fentences&: le motifd'icelles. Pour cefte caulè nous les enrcgiftrôs en ce-
fte hiftoire , en tefmoignageàlapofteritédclacruauté echnique 6c barbare deceuxqui
iugent 6c condamnent à feu 6c à fang la do&tineceleftedu Fils de Dieu.
FLORENTIN, DE C O VL O GNE, fur le zhin.
C E S T E hiftoire deFlorentin,cfplinguier,natif de Coulogne, exécuté â faine} Nicolas en Lorraine , eft gran-
dement notable pour plulieurs circonftances des lieux , des perfonnes , Se des moyens qu'a le Seigneur pour
aduancer la prédication de l'Euangile au milieu des ténèbres <k idolâtries horribles.
O V R C E que l'hiftoire du martyr Florentin concerne le faid de toute vnc M. D.
eglife, enladiflîpatiô de laquelle le Seigneur le voulut feul choifir pour fecl- L X II.
1er le tefmoignagede fa Vérité annoncée en icelle, il eft befoin de traiter la Eu 'amucr-
chofe vn peu plus au long, &: la déduire dés fon origine . Il faut donc entédre
qu'entre les parties de l'Europe, le pays de Lorraine eft l'vn de ceux aufqucls iz Lorraine
le Seigneur a moins voulu départir de les grâces fpirituelles,foit ou pour l'iniquité, ou moins rf-
pour l'impiété du peuple adonné à idolâtrie , ou foit pour finiuftice des Magiftrats ordô-
nez fur iceluy , ou autrement pour les caufes à luy cogneué's , pour lefquelles il exerce lbn pays,
iufte iugement fur cefte nation. Et tant s'en faut que ce pav^ aueugle ait voulu tenir coli-
te des aduertiflemens à luy faits par vrais AmbafTideurs 6c Prophètes du Seigneunqu au-
contraire s'oppofant à iceux,il les a perfecutez ,&: en a lait mourir plulieurs par feu 6c au-
tres fupplices,tant à Nancy, comme à Saincl-mihiel, Mirecourt, 6c ailleurs.Or au milieu
de ce pays y a vn bourg beau 6c célèbre entre les autres , pour raifon des trafiques 6c mai- s. Nicolas
chandilès, qui delong temps s'y exercenr, anciennement nommé Port, auquel la fuper- ^£°r£een
ftition a depuis donné le nom de iamd Nicolas,à eau (e de l'idolâtrie qui s'y com m et,y ar-
nuans de toutes parts des pclcnns abulez par laperfualion qu'ils ont de la vertu d'vnei- L'idofedc
S.Nicolas
en Lorraine
dolc qu'ils appeîcnt S. Nieoljs,&tcnâs pour certains Sevrais les miracles que les preftres SJ
du lieu leur font accioiic: lefquels outre cefte idole de bois:donncnt à entendre qu'ils ont
la ioindured'vn doigt cieS.Nicolas,& laleur donnent à bailèr, enchaltee en vn bras d'ar-
gent,dont on a attiré des deniers ineftimables, pour enrichir vn abbé de Gorze,cnfcm-
ble vn prieur de Vvarerigeuille,quiadancienneté occupé lafeigneurie temporelle dudic
bourg. Defquels deniers aufli a efté conftruit l'édifice fomptueux auquel eft érigée de ado
ree icelle idole. Encemcfmelieuseftant depuis q u elq u es an nées retiré &c marié Louys
Des-mafures,à qui Dieu par la milèricordeauoit donné quelque cognoilîancc delà Ve. Louis Dcst
rite, aucuns fidèles de ce mefme lieu , qui ia par petites alîcmblccs de quatre, ou cinq,ou "<a ur""
lix perfonnes, faifoyent leurs prières au Seigneur, sadreiians quelques fois à luy pour cô-
ferer delà fain&eEfcriture;à la fin le prierentd'afîémbler quelques vns d entre eux,les ex-
horter à leur deuoir enuers Dieu 6c leurs prochains , 6c leur faire les remonftranccs telles
que Dieu luy donneroit. Ceque neleurpeut refuièr ,6c l'ayant faifquelquc fois,s'ad-
uifaaueccux d'efcrireauxMiniftresdc l'eghie nouucllement drelTee à Mets , à ce qu'ils
lcuxenuoyairentquelquvndeleMrâftembleCjpourlesinftruire&confermerde plus en
plusenlacognohTance que le Seigneur auoit commencé de leur donner. A quoy volon-
EEe. iiii.
Liurt^ VIL Florentin de QoulogitJ.
tiers iccux Miniftres entendirent , U fut quelquetemps fecretement continué ceft exer-
cicc,par le moyen de diuers Miniftres enuoyezaudit lieu de S.NicoIas:iufques à ce qu'vn
Vendredi 1 3 .iour de Ianuier , en Tannée 1 56*. la femme d'vn des freros qui frequétoit lef-
dites afTemblces,nommé Nicolas Simon,eiguillettier de Ion mcftier,accoucha d'vne fîL
le. Et pource q Des mafures eftoit lors à Nancy, vaquant à la charge des cftats qu'il auoit
en la rnaikm du duc de Lorraine, Simon, accompagné defon beau-frère , le vintaduertit
que l'a femme eftoit accouchée, luy demandant confeil de ce qu'il auroit à faire touchant
le baptefmedefon enfant. Surquoy D«-mafures,prcuoyantledangcrquiaduicndroità
l'Egliiè , laquelle com mençoit à fe drerTer à S. Nicolas , fi le Baptefme y eftoit adminiftré
félon l'ordre des Eglilés reformées , refpondit qu'il falloit porter l'enfant baptizer en TE-
glife de Mets,côme délia on en y auoit porté quelques autres. Mais Nicolas répliqua que
M.François Chriftofle, miniftrede la parolle de Dieu, eftoità (aind Nicolas, enuoyé de
l'Egiife de Mets, &. que puis que l'opportunité s y addonnoit , il aimoit mieux y faire bap-
tizer Ibn enfin t,que le porter ailleurs. Surquoy,quelques remonftrances que luy fîft Des-
mafures du danger de la ditïipation du trouppeau, luy confeillant pluftoft de le tranfpor-
ter en quelque village ou autre lieu voilin, & y mener ledit Miniftre , accôpagné de quel-
ques frercs,pour adminiftrer le Baptefme : il perfifta neantmoins en fon opinion de lefai-
re baptizer à fainct Nicola s.& en cefte dchberacion auliî toft s'en retourna. L'enfant doc
fut baptizé par ledit miniftre M.Fraçois Chriftofle, en la falle d'vne maifon nouuellcmét
baftie,& non encore habitee:vn Pfcaume chanté, & la prédication faite : durant laquelle
les enfans de quelques mauuaifes gens, defquels la ville eft trop farcie, cnuoyez de leurs
percs &: mères , ne ceflerent de faire vn merueillcux bruid en la rue, &: de ruer des pierres
contre la porte du logis, fans que la pluycqui tomboit en grolfe abondâce,les empefehaft
aucunement . Cependant le Miniftre exhortoitle peuple affiliant à fa prédication, qu'il
n'euft à craindre (la plufpart y cftas venus pour appreheniîon de chofe non encorcs veue,
&: non accouftumé en tel lieu) & Taflfcuroit que le Seigneur eftoit pour eux.Lelédemain
vint à faintl: Nicolas M.Henry TouiTain,fubftitué du Procureur gênerai du Price,enuoyé
pour faire enquefte de tout FafFaire. Auquel feprefenterent plulieursdes plusapparesde
la villc,ofTrans de confcifcr leur foy,&: d'aller melmes deuant le Prince(s'il leur comman-
Prefchepu- doit)pour rendre laraifond'icclle . Durant cefte information , fut fait vn prefche public
bliqucmfnt par leditMiniftre,auecque grande alïiûence du peupledequel ledit mbftitut enquefteur,
nÎcoIm100 voyant vn tel nombre, eut crainte de fa perfbnne : &: d'autant qu'il le tenoit mal-afTeuré,
vlàde belles parolles entiers ceux qu'il interroguoit ,lefquels dcpofoyent& confelîoyent
volontairement tout ce qui eftoit de leur faid. Mais principalement le iour fuyuan t (qui
fut le Di mâche) s'aiTembla vn merueillcux peupleàla prédication qui fut faiteen lamcf-
me ii!le,du rat l'heure que la grand' MclTe le chantoir au mouftier des idoles. De forte que
toute la ville,ou peu s'en faut,laiiî*a icelle Méfie aux preftres qui la chantoyentà eux-mef-
mes,&: à peu d'autres gens.Or ce melme iour du Dimanchc,cftât ledit fubftitut,auec fon
enqucftc,retournéàNancy,oùilarriuafurlelbir:cefte enquefte fut vcuëpar lemaiftre
des requeftes del'hoftel dudit Prince, nommé M. Louis delà Motte, quiauffi toft en ad-
uertit Madame la DuchefTe douairière, mere d'iceluy Prince , laquelle eftoit lors au logis
du Côte de Vaudemont,où fe celebroit le feftin des nopees d'vne des damoifclles de la da-
me C6teiTe,femmc d'iceluy feigneur Côte. Et à la mefmc heure, qui eftoit après le foup-
per,ladite DuchefTe douairière le retirant de la falle , où Ion danfoit &: balloit aux violons
&C autres inftrumens, & entrant en vne chaabre voiline,fît appeler le Duclbn fils,aucclc
Contrnffiô confeil d'iceluy. ^"Là,aprcs pluiicursaduis& diuerics deliberarionsfut conclu , cntrelcs
A»neecô- danfes, que le bailly de Nancy , nommé Ican de Sauigny , &: mieux cegneu par le nom de
ktfe&inâ Lcroon,prefcnt,&: confentantàccfteconclufion,&eniemble acceptât la charge de l'exe
Nicolas, cution d'icelle,partiroit la nuid auec les gcntils-hômcs qui furent nommez,&: autres qu'il
voudroit choiiïr,,&: bon ne trou ppe de gens à pied &: àcheual:&: iroitfurp rendre Des-ma-
fures(lequel eftoit eftimé autheur & chef de tout le maléfice pretcndu)eniemblc le Mini-
ftre &: autres, qui furent fpccialemcnt defignez par leurs noms. Cefte côclufion ainiî pri*
fe,le Bailly s'alla apprcftcr:& félon Tordre mis &c donné par luy , partit de Nancy deux on
trois heures auantle foir, fuyui des gentils-hommes, aufqucls il auoit ordonné de fc tenir
prefts>& du Preuoft de Nancy ,aucc Vne bâde delà ville qui a accouftumé l'accompagner
aux exécutions de fa charge : emmenant quant & quant le bourreau à cheual , bien char-
gé de cordes. En ceftequippage marchèrent- ils. & au chemin departoy en t entre eux le
butin
Florentin de Qoulàgn^ j7p
butin qu'ils auoyent à faire, comme sMs allaflcnt en terre deconquèftc. Ainû" eftans arri-
ueZ à vnemaladerie nômee LaMagdelcine* diftante enuiron vn quart delieuë de faind
Nic©fes,le Bailly s'arrefta:&: après quelque confeil tenu,departic à chacun fa charge. Sin-
gulièrement ordonna-ilau Preuoftfcfaifirdes.pcrfonnes duMiniftrt^&delacqucmin
Maillote,àqui appartcnoith mailbn en laquelle auoyem»cfté faits les prcfchcs,& admi*
nifl» 1 1 Ç Uapçefme,combien qu'il demeuraft encore* en vne autre fienne maifon: &: pour
le trc ifîeme, de M. Antoine du Pafquicr apothicaire . A vn autre ildonna la charge! de
prendre Renaud Go:à vn autrc,Nicolas Simon,pere derenfant baptizé.&aux autres di
uerfement ceux q bon luy fembla. Quant àfoy,il fe referua à prendre DesdHiafuïes,pour
moftrer en ccft endroit la recognoiflance de laquelle il vouloit vfer enuçrs luy, d'vnc an^
cienne,ramiliere, & continuelle amitié' qui auoit efté exercée entre eux, couchansordù
nairement enfemble en la chambre du feu Cardinal Iean de Lorraine,duquel ils auoyent
efté fcruitcuBS des plus ramiliers,& depuis viuans enfemble au {cruicc du duc de Lorrai-
ne, &ayansfouuent conféré l'vnauec l'autre des poinds de la Religion, de laquelle ledit
Bailly auoit de long tempsailezam pie cognoii&ncc. Le tout ainfi arrefté fclô leur aduis, pe&e.
marchèrent outre pour en faire auffi toft l'exécution. Mais le Seigneur, qui dilïipe le con-
feil des hommes, difpofa des liens autremét qu'ils n'auoyenr propofé d'en faire. Car cftâs
entrez en la ville,&: faifant chacun félon quefa charge luy eftoit departic,ils nctrouuerét
ceux qu'ils cerchoyent,lefquels aducrti$ de leur venue, par vn homme que le Seigneur a*
uoit fait fortir de leur trou ppe,durant leur fufdit ar reft raid à la Magdeleine, s cftoyct in-
continent entr'aduertis les vns les autrcs,& efeartezen diuersheux . Le Preuoft alla au*
maifons qui luy eftoyent départies Jes autres aux lieux de leurs charges . Mais ils nctrout
uerent que les fem mes où les familles. Mais le Bailly au fortir du logis de Des-mafures:#
s'eftanrarr cft 6 deu an t la porte d'iccluy , comme il regardoir cqurir fes gens çà & là par la
rue,vn boucher luy monftra Florentin l'cfplinguier , lequel eftoit lors à la feneftre de fon
grenier,aifez près de là,& luy dit,En voila vn de ces Huguenots que vous cerchez. Et in-
continent les archers de la gardc,qui eftoyent au ec lu y,co unirent pour le prendre. Mais
le poure homme les voyant courir à fon logis, defeedit en hafte, & s'alla cacher fous le lid
de fa feme,laqueilc nouuellement eftoit accouchée. Et le&archcrs l'ayans fuyui*en la rnef-
mechabre,& eftans entrez furieufèmét,dcmanderent à la poure femme gifàntccnfon
li£t,auec fon enfant naguercs hay,où il eftoit : laquelle cftànt toute cfperdue,ne feeut que
refpondrc. mais les archers regardans & furctans par tout , le cerchcrcnt auffi fous le îiâ*
Et elle voyant qu ilsy ienoyent des coups de hallebarde, cra%nant qu'ils tuaftènt fon ma-
ri fous le li&,où elle eftoit,luy cforia,& dit,Sortez,m on ami, ou autrement ils vous tuerôr.
Parquoy Florentin , à la voix de fa femme eftant ainfi defcouuert , parlaà eux , & leur de-
mada la main pour l'aider à (brtir:car ilnefcpouuoir tirer hors du lieu où il s'eftoit caché.
Ainfi eftant pris,il fut meneau Bailly ,lcquelcepcndantcftoit môté en la fallc ouïes pref J^T'jé
ches s'eftoyentfaits.Là eftant amené Florentin, fi toft que le Bailly le vit, il luy demanda appr* c
s'il eftoit point de ces mutins quine vouloyent point obéir à leur Prince. A uquel il rcfpô- Crime de
dit,qu'il n'eftoit point mutin, & qtoufiours jlauoic porté obeiflânee àfon Prince de tout r^ucrlI^>r,$
fon pouuoir,ielon le commandement de Dieu.Lc Bailly demanda, fi ce lieu eftoit la fallc uenurc des
où le Baptefme s'eftoit fait,& s'il s'y eftoit trouué: à quoy il rcfpondit qu'ouy . Puis le Bailly JJ^jf*
luy demanda encores s'il vouloit point viurcen la foy de fon Prince. Sur quoy Florentin m^emp*.
refpondit qu'il ne fauoit quelle eftoit la foy aVfbn Prince : mais quant à foy , qu'il vouloit
viure& mourir en la foy qu'il auoit de fon falut en Iefus Chrift,fèlon l'inftru&ion qu'il en
auoit reccuë de luy & de fes fainds A poftresA: qu'au demeurât il vouloit obéir à fô Prin-
ce,comme il auoit fait en tout &c par tout après Dieu . Sur cefte Côfcffion le Bailly luy dit
qfc'il feroit pendu. Et Florentin luy refpondit, Loué en (bit le nom de Dieu. Au moins ne
tera-cc point pour mefehanceté que i'aye raitc,ni pour defobeiflance quefaye môftré cn-
uers mon Pnnce,auquel i'ay toufiours volontiers payé ce qui m'a efté commandé de tail-
les & contributions . En cefte forte,& fans autreforme ne figure deprocez, fut-il mis és
mains du bourreau, lequel luy mit la corde au col,le lia,&; l'emmena au fupplice.Et edm-
me il fut defeendu en la rue , eftant ainfi mené par l'exécuteur , il dit à quelques vnsqu'il
rencontra de fa cognoiffance, qu'il louoir Dieu de ce que pour vne fi iufte caufe il luy fai-
foit la grâce de fourTrinpuis arracha vn cheucu de fa tefte,& le nK>nftrant,dit,Qu'il fauoit
bienqu'vnfeulcheueuncpouuoittôberdefateftelànslapermiffion & volôté de Dieu*
auquel il rendoit graces,dcec qu'il luy plaifoit ainfi difpofcr de fa vie. Le bourreau le me-
Lime VI h Florentin, 0* la difterfwn des fidèles de Port,
nant ainh\nofa aller iufques au lieu accouftumé de rcxecuti6,qui eftoit hors la ville,crai-
gnanclepcuple-.maislemcnafurlaplacc derrière lahallc, en laquelley auoit vn toidler-
uant à iouer à la paulme. Là, n'ayât poîc d'cfchcllc pour monter au toict,fut quelque téps
Florentin attendau t des efeabeaux qu'il deinandoie : 6c Florentin luy dit , qu'il en y auoit en fa mai-
Eb«ux de c|ue s'il les enuoyoïc cjucrir, onlesluyapporteroic. Aufquellcsparollescftmanife-
Dmaiion C ftela fimplicité deccfàind Martyr,&: la volontaire obeiflànceau tcfmoignagede la Veri-
pouraider z£ dcl'Euangile, àquoyleScigncur l'appcloit . Les deux efeabeaux apportez, &c eftans
m?.0"1" montez Florentin fur l'vn &: l'exécuteur fur l'autre , vn preftre qui alfiftoit ace fpe&acle,
dit à Florentin,en fe riant 6c gaudiflant, Chace à cefte heure tes Pfeaumes: tu es en poind
pour les chanter. AuquclFlorcntin rcfpôdit,Mon ami,ie vous prie laùTez-moy,&: ne vous
moquez point de moyrcar ic ne vous en donne point d'occafion. Et icy peuuét confidercr
Sicr 1 13 1" fidèles vnc droite imitation deIcfusChrift,lequel,quand on le menoit à la boucherie,
" n'a poît ouuerfe fa bouchc,&<}uâdon luidifbit iniures>n'enrcdîfoitpoît,ains feremettoit à
celuy qui iugciuftcmét^Ccpédât il vit le fils de fa fémc,lequel elle auoit eu d'vn premier
mari: &c eftoit icune enrant,qui auoit fuy ui ion pere,pour voir qlle feroit la fin de luy . Et le
llconfolc voyant pleurcr,luy dit.Mon fils,nc pleurez poît de ce q vous voyez de voftrepere,&: n'en
(on fiU. ayc2 jamais honte deuant le môdexaron ne vous peut iuftemét reprocher q ce foit pour
inefehanceté qu'on ait fait.mounr voftrc perc,ains pour vnc bône&C iuftecaufe. Mais re-
tenez bien l'inftruction que ic vous ay donnée, &: viuez en la crainte de Dieu. Voila corn»
ment Iuy-mefmes,en lieu d'eftre confolé par les hommes à fa mort, receuoit confolation
du fainft Efprit,qui le fortifioit mefmcs,& faifbit feruir à confoler les autres. Eftant ainû
Florentin fur vn efcabeau,& le bourreau fur i'autre,Florentindit àl'cxccutcur,!! ne tien -
droic qu a moy de vous fairevn mauuais tour.maisienele veux pas faire.Entendant(cô-
me on cftime,&: comme on le pouuoit iuger à fa contenance, qui regardoit vers les pieds
du bourreau) que s'il euft voulu donner vn coup de pied à l'cfcabeau, fur lequel il eftoic
monté,le bourreau faft tombe par terre :dequoy le peuple euft peu fcmouuoir,&fè fuft
employé à la deliurancedcFlcrcntin.Finalement après auoir fait fa prierc,&: recomman-
dé fon ame à Dicu,ilfutexecuté>&. mourut heureuferact au Scigneur.^"Le Bailly pour a-
cheuer facommiffion,commâda furfheurcquela maifon delacquemin Maillote,où s'e-
ftoyent faits les prefehes , &adminiftré le Baptcfmc, fuft abbatue& rafee, laquelle eftoit
vnc des plus belles & fomptueufès de la ville, & tout nouuellcmet & entieremét acheuee
la maifon de baftir,fans qu'encore elle euft efté habitee.Ce qu'on commençadefaire au mefmein-
jJïSS. ftaut,& cft àprefent demolie,en fîgnedela haine& deteftation(quoy qu'on interprète le
ftréieBap- contrairc)de la pureté delà do&rinedc l'Euangile ,& des Sacremensadminiftrez félon
rtfme de- Ordonnance 8c inftitution de noftre Seigneur IcfusChrift . Ledit Iacqucmin, homme
maldifpofé defàpcrlbnncs'eftantfauué parla prouidence& conduitte de Dieu,fc retira
à Toul,& de là auflî toft à Mets, auec quelques autres, eftans efchappcz aucc luy. Le mi-
niftre M.François Chriftoflcdemeura caché tout ce iour,&: le lendemain iufques vers le
midirpuis de plein iourfortit, &: s'en alla à Mets. Les vnsfc retirèrent àSain&e-marie, &c à
Strafbourg: les autres fe fauuerét par les champs en diuerfes fortes, ainfi que Dieu les con
dui(bit:&: fontauiourdhuy difperfèz au nôbre deeto.ouyo.mefnagescn diuers licux.^La
lugemft de Bailly,ayant ainfi exploité,difha en l'hoftcllerie de fain£tClaude:&: après difner,ne fachac
raWe (mit cn clue^ u'cu on auoit exécuté Florcntin,vint,en s'en retournant à Nancy,pafler par la pla
Bailly de ce où il eftoit pendurcar c eftoit fon chemin:& l'ayât ainfi trouué,fans y penfer, il tut à l'in
Nancy. dVnefraycur &c çrainte,qui l'accompagna toute fa vie,laquelle depuis ne rut pas
longuc.Car eftant en continuel trembiemcncil ne cefTadefcicher,iufqucsà ce quauanc
vn an pafTé après cefte execution,il moùrut à Nancy, cftat tellement fec, que tout ce qui
eftoit deluy,ncfembloit autre chofe qu'vn parchemin ridé &c collé défais du bois, fans
Vncfonrai- uojr pCU trouucr remède, nia vnc fontaine qui cft au pays du Liège , où il fe fit porter, la-
Su Lic^eT quelle auoit lors vn bruit cn fingularitcdeguairifon à toute maladie, ni à tous autres mo-
yens & médecines qu'il pcuftcercherpourfeguairir.Cefte exécution eftantfaiteleLun-
di,!e corps du martyr Florentin demeura pendu tout ceiour& le lendemain, autoictoù
il auoit cftç cxecuté:& le vouloit-on laifTcr pour l'autre iour encores,qui eftoit Je Mecrc-
di,iourdemarchéordinaircàfaind Nicolas, afin qu'il fuft veudu peuple de tout le pays
d'alentour,pour luy donner crainte,^ faire auoir la Religion en horreur, à caufemcfmc
quclctoi&où il pendoit , eftoit fur la place du plein marché. Mais aucuns fidèles le
vindrent dépendre la nuic~c , fans que ceux que le Maire auoit commis pour le gaj ê <ir , ô£
qui
<tAj[ernblez*> duTrelats dc^j Franck jSo
quicftoycntfousla halle voifîne de là , véillans alentour d'vn feu , s'en peuffent apperce-
uoitfpuis le portèrent au cimetière del'hofpital, auquel'ils leietterentpardeflus vne hau-
tcmuraille qui le ferme,& là depuis il y fut enterré. Mais le Bailly,durant fa langueur, fen-
tarit fur foy &c craignant l'ire de Dieu,à caulè de cefte exécution qu'il auoit faite, pour co-
plaireaux Princes, contre fa propre confciencc, demanda plufîeurs fois à quelques gens
de fauoir &: de pieté, qui luy aiïiftoyét en fa maladie,Si Dieu ne pardônoit poit les péchez
quand on s'en repentoit:fàns leur dire ni confeiTcr cependant lacaufe delà douleur , ni
quellecftoitfa repentance.Etainfi n'ofant déclarer ce qu'il auoit fur lecceur,ni la crainte Lc ^'"y1-
du iugement de Dieu qui le preflbir,d'autant que de l'autre cofté il craignoïc de dcfplaire £cC&trc
aux Princes par fàconfefîïon&: repen tance ouuertc, il finit là vie en celte angoii~fe&: trê- bkmeut.
blcment. Mais cependant le Seigneur luy fit rendre vn euidenttefmoignagedelappre-
henlion qu'il auoit de la mort éternelle, pour cefte iniuftice commife. Car laiiànt Ion te
ftament,il ordonna par expres,en la déclaration de fa dernière volonté, deuât les Notai-
res & tefmoins à ce requis & afliftans , Que cinq cens francs fuflcnt débutez delbn bien,
pour la nourriture &C entretenement de la fille de feu Florentin, delaquelle la mere eftoit
en couche lors qu'il le fît executcr.Laquelle fbmme depuis les héritiers &c execu teurs du-
dit teftament,ont déclaré à la mere d'icelle fil Je luy élire deuë:&: à cefte caufelui en payer
vnc rente par chacun an,à taifon de cinq pour cent , pour ladite nourriture &; entretene-
ment, iufques à ce que cefte fille fbit enaage, afin que lors icelle fbmme entière de cinq
cens francs luy foit deliuree. Or ce iugement de Dieu eftant fi clair &c manifefte fur ceux
qui perfecutcntfbn Eglife:le pays de Lorraine toutefois,au milieu duquel le Seigneur ex- Lcpaysde
erce ainfifes iugemens, demeure aueuglc,& n'y voit goutte, afin que fa ruine foit plus Lorrame-
grande quand la mef ure de fbn iniquité fera accomplie , au iour del ire de Dieu : & que
pour eftrc inexcufàble , à caulede Ion endurcifTemcnt aux exemples que le Seigneur luy
propofe deuant les yeux(commc encor il fe pourra voir en l'hiftoirc de Iean de Madoc) fà ™aar^e
punition en foit plus grieue,laquelle Dieu, fclô fa bon té &: mifericordç, vueille modérer, doc , dfcfew
ouurant les yeux aux pourcs aueugles, & lesefclairant par la lumière de fon faind Efprit, jjjj'™ "
à ce que cognoi/Tans fa Verité,ils cheminent d'orefenauant en fà craintc,à la gloire de fon °n tcn,ps'
fainâ:Nom,&: laconfolation de fon Eglifè.
D E L'^4S SEMBLEE des Prélats de France & des Mimflres de l 'Evangile , tenue à PoiJJy de-
uant le Roy Charles I JC.cn laquelle le Seigneur fit retentir la voix de fa Venté aux oreilles des fins
grandsjnaugré toute contradiction.
•gx^éc'Sti Y ANS touché cidefTusen fon lieu le motif & l'occafion demander les
WTzSSpr^ Prélats de France, & donner fauf-côduit aux Miniftres pour les ouyr,il ne fe-
l^ll^jja ra impertinent à l'hiftoirc Eccleliaftiquc : dire quelque chofe d'vn Colloque
«3©SyYa autant adm irablc qu'il aduint de long tem ps par vne fingulierc grâce &: fpc
^5*55ê==* ciale bonté de Dieu :tenu au mois de Septem b re & Odobrc paflez.
Apre s plufîeurs rcmifès& longueurs, ceux delà Religion fupplierët finalement les
Princes du fang de leur faire don ner audiencc:& fignam ment que les conditions qu'ils a-
uoyent demandées leur fufîent ottroyees:mefmement de n'eftrciugez par lesPrclats,afin
quiccux ne fufTent iuges en leur propre caufe:requerans refponfe leur eftre baillée par ef-
crit. Ccqueftantdcnié,ilsallerentfupplierlaRoine de faire droi<5t fur leur requefte.
EUcIeurfitrefponfe,quenullerncntIefdits Prélats ne féroyent leurs iuges,&: qu'vnSecre- j^"^"
taire d'Eftat leur feroit baillé pour notaire &: greffier . Que fi eux-mcfmes vouloy ent re- ^ollic. 1
cueillir par eferiteequi feroit déduit au Colloque , âc ce dont ils fe potirroyen raccorder,
ou qui demeurcroit en controuerfe,l'arr eftant iour par iour: faire le pourroyent . Et meL
mes protefter publiquement de ne vouloir leurs dirficu ltcz eftrc décidées par autre preu-
ue que de l'Efcriture:Et que le Roy auec les Princes du fang feroit prefent à leur confere-
cc & difpute.Qu'au refte ils s'y portaient modeftemet , fàns rien ccrchcr que la gloire de
Dicu,dc laquelle elle eftimoit qu'ils fuiîentftudicux&: amateurs. Que de leur en bailler
aucune chofe par eferit, il n'eftoit expédient pour plufîeurs raifons :mais qu'il leur feroit
baillé quand en feroit befoin: les admonneftant de fe confier autant en fes paroles qu a
Z'Wo VIL Ajfemblccj des Prélats do France^,
rdcnture:quMeftoit mal-aifc mefmes au^^
Les Sorbo a intention de tromper. ^"Commc ils fortirent ayans receu celte relpôfe, les Do&eurs de
pSiRoï- ^ Sorbonne entrèrent jiuppliansla Roineden'ouyrceux delanouuclle Religion: que û
ne denouir clleauoit arrefté de les ouyr, qu'à tout le moins elle ne permift que le Roy y alïiftaft, pour
noLuefic"1 ^e Ranger qui pourroit eftre , fi en ce bas aage il eftoit infecté de leur peruerlè doctrine, de
Religion, laquelle mal-ailcment puis après il pourroit eftre deftourné: qu'eux eftanspieçacôdam-
nez d'herefie ils ne deuoyent eftre ouys . La Roine leur fit rcl'ponfe qu'elle ne feroit rien
qu'aucc confeil , 6c qu'ils pourroyent entendre que l'affaire ne leroit traittéà l'opinion de
Dcccuxqtii ceux de ljdire Religion. ^ Le i x. de Septembre s'aifemblerentà Poiffy au grand re-
lMT^bl i ^c^oir ^es Nonains,LeRoy, Monfieur le Duc d'Orléans Ion frère, Madame Marguerite
falcci Potf- fa lœur.la Roinc,les Roy 6c Roine de Nauarre, Monfieur le Prince de Condé (on fïerc,&:
fy- autres Princes du fang,& Sieurs du Confcil,où eftoyent aifcmblcz les Prélats fufdits, Car-
dinaux, Archeuelques 6c Euefqucs, iufques au nombre de quarâte ou cinquante prefens,
aucc plusieurs autres pour les abfens 6c déléguez des Chapitres. Il y auoit dyne part 6c d'-
L'ordre de autre du long de lafalledeux bancs,fur lefquels eftoyent aliis les Prelats:afiàuoir du cofté
i* flinScc ^extre,lcs Cardinaux de Tournon, Lorraine 6c de Chaftillon ,les Archeuelques de Bor-
deaux &: d'Ambrun,S£plufieurs Euelqucs de tuitte, félon leurs antiquitez 6c prééminen-
ce s:au feneftre eftoyent les Cardinaux d'Armignac Bourbon &: Guylé,&: les autres Euci-
ques.Il y entra gi and nombre deTheologiens accompagnans lefdits Prélats, 6c autres ges
mefmement de robbe courte. Puis après lesMiniftres,douze en nombrc,&: enuiron vingt
déléguez des Eglifcscntrerent:& afin quelacommuncnefeicttaft fur eux,ils furent con-
Propoiitiô c{uirs de laincl: Germain iufques audicllieu par des archers de la garde. Le Roy corn-
Ud«e°ai?cai mai ça à dire,Qu,'vn chacun eftoit aftez aduerti des troubles qui eftoyent au Royaume: 6c
bicc. que panree il auoit fait faire aftemblee en ce lieu, pour reformer les chofes qu'ils verroyet
y eftre à reformer ,fans paflion quelconque, ni regard aucun du particulier intereft,mais
feulem ent de l'honneur de Dieu, de l'acqui&des confciences,& du repos public: Ce que
ie defire , difoit-il , tant que i'ay delibct é que vous ne bougiez de ce lieu , îulques à ce que
vous y ayez donné li bon ordre , que mes fuiets pui/Ient defotmais viurc en paix 6c vnion
les vns auccques les autres:com me i'efpere que vous ferez . Et ce faifant me donnerez oc-
cafion de vous auoir en la mefmc protection qu'ont eu les Rois mes predeceffeurs.
Propofitiô l e Roy après commanda à monfieur ie Chancelier déclarer plus au long fon inten-
du chance- t;on compagnie : &: le fit alfeoir affez auant en la Salle vers le coite' dtoit . Lequel
expoià aufdits Prélats la caufe qui auoit meu le Roy de les aiTcm bler : leur rcmonftra que
l'es predccefifcurs&: luy auoyent eflayé par tous moyens tant de force que de douceur à
reunir fon peuple", qui eftoit fi miferablement diuifé par la diuerfîté des opinions : &c que
l'vn 6c l'autre defiein n'auoit que bien peu profité : tellement qu'à la diuifion qui ia long
temps eftoit commencée, eftoit encores furuenue vneinimitié capitale entre fes fuiets,
de laquelle ( fi Dieu n'y donnoit quelque prompt 6c brief remède ) l'on ne pouuoit atten-
drequ entiercruine &fubuerfiondeceft eftar. Et pour cefte caufe, fuyuant ce quelcs
anciens Rois auoyent fait , fc trouuans en pareille neceffi té , il les auoitfait appeler , pour
leur communiquer le befoin qu'il auoit d'eftre en ceft affaire confeillé & fecourudes priât
a utant qu'il luy eftoit poffible , d'aduifer auant toutes chofes commclon pourroit appai-
fer Dieu, qui certainement eftoit irrité.
o?c"Ufn? ^T s'^c^°'ctrouu^ ^ qu'en la manière de le feruir, parla pareflTe&auaricedcccuxqui
ladiwaflcm en ont eu la charge , eu fient cfté introduits quelques abus contre fa Parolle , contre l'or-
Ucc. donnance de fes A poftres,&: des anciennes conftitutions de l'Eglilé :il les pt ioit,d'autanc
que leur authorité fe pouuoit eftcndre,y vouloir mettre la main fi auant, que leurs enne-
mis perdilfent l'occafi on qu'ils auoyent prinfc de meldirc d'eux , &C diftraire le peuple de
leur obeiflance . Et d'autant que la diuerfité des opinions eftoit leprincipal fondement
des troubles 6c l'éditions , le Roy auoit, fuyuant ce que ia auoit efté arrefté par les deux al-
femblecs, accordé vn fauf conduit aux Miniftrcs de ladite fectc,efperant qu'vncconfetcrk
ce auecques eux amiable 6c gratieufe pourroit grandement profiter . Et pour cefte caufe
il prioir toute la compagniedelcsrcceuoircomme lepere fait fes enfans,& prendre la
peine de les end ottriner&inftru ire. Et de cefte difputc bien & fidèlement rtfcueillicd'v-
ne part 6c d'autre,la faifant publier par tout le Royaume , le peu plepourro?>coniprendrc
qu'aucc bonnes,iuftes&: certaines raifons>&: non par force, ni par authorité cefte doctri-
neauroit efté reprouuee& conJamnce. Promettait fa Maiefté, que comme fes predecef-
feurs
Et M'miîim 'detEuahgik. jSi
fcurs Rois Pauoyet cfté, auflî feroit^il en tout &: par tout prote&ettr Se deféfeur del'Eglife.
Ab o n c lcCardinaldcTournon prefiéentcncefteaflemblee,commc plus ancien &: Propofiuô
doyen du collège des Cardinaux, &c primat de Fr ace à caufe de Ton Archeuefché de Lyô, Ç*^1
refpondit,remcrciant Dieu de la grâce qu'il luy faifoit,&: à la compagnie,dc fe voir aflem
blez pour vn fi bon effed. Il remercia pareillemét le Roy,la Rojne , &des Princes du fang,
de l'honneur qu'ils faifoyent à celte affemblec d'y vouloir aflifter,&: faire propofer chofes
fi faindes, comme auoit déduites moniîeur le Chancelier , tant dodement, fagemenr &C
bien,qu ^ n'eftoit poflîble de mieux. Au furplus qu'il s'eftoit préparé pour refpondre aux
poinds principaux portez-paxlcs lettres à euxcnuoyecs,afîn des'aflembler en ce lieu, pe-
lant qu'on les deuft propolct : requeroitqucledit Chancelier baillaft fa propofition par cC-
crit,&: qa'illcor fuft donné loilir d'en délibérer. A quoy fut refpondu par ledit Châcelieji
qu'il n'eftoit befoin la bailler, & que chacun l'aiioit peu entendre. Le Cardinal au côtrai-
re qu'il euft à la bailler,melmcmentpour lamonftrerauxautresEuefqucs qui n'auoycnt
cfté du commencement, & qui venoyent de iour à autre, mais à ce ledit Chancelier fina-
lement ne voulut entendre . Ce faid, eftant commadé aux Miniftres deifuldits de parler,
Théodore de Befzeefieude tous les autres pour ce faire, dit & parla en la manière qui
s'enfuit:
Sire, Puis ql'uTue de toutes entreprifes & grades ôfpetites, dépend de l'affiftcncefi^
fàueur de noftre Dieu, & principalement quand il cft queftion de ce qui appartient à fon J**1^6
feruicc,& qui furmonte la capacité de nos entendemens: Nous cfpcrohs q voftre Maiefté ^
nccrouucra mauuais ni eftrange fi nous commençons par l'inuocation du Nom d'iccluy. Thcodorç
fApresqu'il eut fait la prière à Dieu d'affection ardentc,& pertinente en telle aflemblee, deBcfze'
dit au Roy,Si r b ,c'cft vnlicur bien grand àvn fidèle & affedionné fuiet,de voir la face
de fon PrincCid'autantquicelleluyreprefentantcommelaMaieftédcDieu vifible,faire
ne fc peut qu'il n'en foit grandem et cfmeu, pour côfidcrer le dcuoir de l'obeiflance &: fu-
icttion qu'il luy doit. Careftans tels que nous fom mes, ce q nous voyôsàl'œil (pourueu q
l'œil foit bon,& la choferefpôde à ce qu'on a côceu)eft de beaucoup plus grand effed q ce
qui eft côfideré par nous auec vne fimple &c nue apprehéfion d'efprit. Et s'il aduiet q non
(eulemetil puifie voir fon Prince, mais aufh qu'il foie veu de luy,&: qui plus eft,efcouté, &C
finalement receu & approuuéralors vericablcmét a-il receu vnc trefgrâdc fatisfadiôôdin
&gemiffemenscontinitelsjilnousâtelleméttauonfez,qcciournous apporte le bié,iu£
qu'icy ploftoft defiré qu cfperé,dc voir voflre Maiefté, Sirc:&, qui plus eft,d eftre veus &
ouys d'icelle en la plus illuftre &c noble côpagnie qui lbit au môde.Quad donc nous n'au-
rions iamais receu autre bii£c n'en reccurions par cy après: fi cft-ce q lerefte du cours de
nos ans ne pourroic fatisfairepour fufEfammet en remercier noftre Dieu ,& rendre grâ-
ces condignes à voftre Maiefte. <|"Mais quâd nous confiderôs auec cela, q cemcfme iour,
non feulemêt nous fait ouuerture, m ais au ffi nous conuic,& par manière de dire d'vnc fa-
çon tant benigneVtant gracieufe , &: tant côuenable à voftre Royale debonnaireté, nous
contraint^ telmoigner rous cnicmblelc deuoir q nous auos à confefier le nom de noftre
X)ieu,& àdeelarer l'obeifTance q nous vous porconsrforce nous eft de côfeiFcr,Sire,q nos
cfprits n e font-capablcs de côceuoir la grâdeur d'vn tel bien , &c nos ligues encores moins
fuffifantes à exprimer ce q 1 afîedion leur commande. Tellemét,Sire,qu'vne telle faueur
Surmontant toute éloquence humaine, nous aimons trop mieux confcfTer noftre imbé-
cillité par vn vergongneux fiîence , qu'amoindrir vn tel bien fait par défaut delà parolle.
Toutefois,Sirc,nousfouhaittons encores lequatrieme&:principalpoind,c eft aftauoirjCj
noftre feruicece iourdhuyfoit receu de voftre Maiefté pour aggreaole. Ce qu'auffi nous Que
cfpcrôs obtenir,sïl aduient (&: Dieu vueille qu'ainfi foit) q noftre venue apporte vne fin, ^^yî!
tfonpoint<ancànos nriferes 8c cala mitez pafîèes ( defquelles la mémoire s'en va comme
^ftdnte j>arccfteheureufeiournee ) qu'ace qui nousafemblé toufiours plus grief que ta
Wort mefnae:fauoir eft, aux troubles &: defordres furuenus en ee Royaume pour le faid
delà Religion,aucc la ruine & perdition d'vn grand nombre de vos pourcs fuicts.
Or ya-ilplufieursoccafionsquiiufquesicy nous ont empcfché deiouyrd'vn figrand ilamollk
\àcai &<jui encores auiourdhuy nous feroyent perdre tout courage , n'eftoit que d'autre lcsPrciudk
cofté pluircun chofes nous fortifient & aiTeurent.
FFf,
leur
Livres VU. ^femikc^desTrela^s dcu FmnccS,
I l y a prcmicremêt vne perfuafiô enracinée au cœur de plufieurs par yn certain mal-
heur te par l'iniquité des temps,qué nous (brames gens rurbulents,ambiticux,addonnez
à noftre fcns,ennemis de toute concorde & tranquillité. Il y en pcutauoirartfû qui prefu-
mcntqu'encorcsquencfoyc«sdurxîutennflmi$depaix,Cencantmoinsnousladcman^
dons aucedes codifions tant rudes te afpres * ique nous ne fommes nullemct reccuables:
comefi nous prétendions renuerfer tout iemonde, pour en faire vn autre ànoftre façon,
te mefmcs de defpouiller aucuns de leurs biés te facultez pour nous en emparer. Il y a cn-
cores plufieurs tels pu plus grans empcfchemens,Sire:mais nôus aimons trop mieux que,
la mémoire en foie enfeuelicque renouueler les vieilles plàyes en les recitant , maintenir,
quenous fommesfur lépoin&,non pas de faire doléances te plaintes, mais de cercher les
plus conuenablcs te prompts remèdes . Et qui nous donne doneques vnc telle afTeuran-
ce au milieu de tant d'empefehemés? 8ire* ce n'eft aucun appuy de chofe qui foiten nous,
veu que nous fommes en toutes fortes des plus petits ficcontcmptiblcs du monde. Ce
n'eft point auffi ( grâces à Dieu ) vaine prefomption ni arrogance:car noftre pourc& vile
condition ne le porte pas. C'eft pluftoft, Sire, noftre bonne confcicncc qui nous afleure
dcnôftrebonne&iuftccaufe-.dc laquelleaufli nous efoerons que noftre Dieu, par le mo-
yen de voftrcMaiefté,feraledefenfcur& prote&cur.Ceft aufli la débonnaire té défia re-
marquable en voftrcfacc,parolle te contenance. C'eft l'equitc que nous voyons te expe-
n* rî00 0010115 c^re crnprainte en voftre cœur /Madame. Ceft la droiture de vous, ? Sirc»ÔC
iuS. * des iUuftres Princes du fang.C 'eftauifi l'occafion toute manifefte que nous auons crefpe-
rer que vous nos treshonorez Seigneurs du Confcil,vous confbrmans à vncmcfmc volô-
té y h auréi moindre affection de nous ottroyer vne tant fain&e &: nccefTairciconcorde,
quCïtotts auons delà reccuoir . Et quoy plusîliy a encores vn poinct qui nous enrretient
^cha- éh bonne cfperancc : c'eft que nous prefumons félon la rciglc de charité,que vous " McL.
fieurs àuéeques lcfquels nous auons à conférer, vous efforcerez pluftoft aùécnous,felon
rioftre petite mefurc,! efclarcjr la Vcrité^qû a l'obfcurcirdauantagerà cnfeigner,qu a dc-
batrera pefer les raifons,qu'à les contredirc.Brcf,à pluftoft empefeher qucle mal ne pâflc
j>lus outre, qu'à le rendre du tout incurable te mortel. Telle eftl opinion que nous auons
cbnceu de vous , Meffieurs : vous priant au nom de cegrand Dieu , qui nous aicy aiTem.,
btezjte qui fera iuge de nos penfees $c de nos parolles , qùe nonobftant toùtes chofej di-
tes, efcrrtes, ou faites par l'efpacc de quarante ans ou enuiron, vous- Vous dcfpouillicza-
uecques nous déroutes lespafîions& preiudices qui pourrc^entempcfciicr lefruiad'v-
ne fi famete te louable entreprinfe,& cfpericz de nous, s'il vous plaift,cc que, moyennant
lâgracédeDieujVousy trouuctcz,ceftauauoir vn efprittraïtrable& preft à reccuoir tout
ce qui fera prouué par la pure parôlle de Dieu. Ne péfez cj nous foyôs venus pour mainte-
nir aucun erreunmais pour defcouurir te améder toutee quiie trouucra dedefaur, ou de
noftre cofté ou du voftrc. N'cftimez quenous foyons tant outrecuidez, que nous préten-
dions de ruiner ce cj nous fauons cftre ererneljc'cft aflauoir l'Eglifc de noftre Dieu;Ne cui
dez quenous cerchions les moyens de vous rendre pareils à nous en noftrepourc&viic
condition:en laquelle toutefois,graccs à Dieu, nous trouuons vn ûngulier contérement.
Noftre defir eft,quc les ruines de Icrufalcm foyent réparées: q ce temple fpirituclfoit re.
Ieué:quc cefte maifon de Dieu qui eft baftic de pierres viues,foit remiie en fon entiereque
ces troupeaux tant efpârs&: diffipez par vne iufte vcngcacc de Dieu , te nonchalacc des
hommesjibyent ralliez te recueilliscn la bergerie de ce ibuuerain te vniqucPafteur.
Lcbutoù Voi t a noftrcdcffcin,voilatoutnoftrcoefir&^
fente haren- ereU iiiftjues ici,nous cfpcrons que vous le croirez, quand nous aurons en toute patience
gue 5Cmanfùetude,confc ré ce que Dieunous aura donnée Etplcuft à noftre Dieu» que fans
paffer plus outre . au lieu dargumens contraires , nous puiflions tous d'vne voix chanter
Vn cantiqueau Seigneur, te tendre les mains les vns aux autres , côme quelquefois eft ad-
uenu entrejes armées te batailles toutes rageesdcs mefereas mefmcs te infidèles. ChofSr
grandement hôteufe pour nous, fi nous fàifonscûat de preicJierladc&rincdepaix&dc
con corde, &rcepedant nous fommes les plus faciles à eftrcdeiïoints,^ les plus durs te dif
ficiIesàrallier.Mais quoy?ccschofesfepeuuentcj£doiuétfouhaiterpar les hommes, mais
c eft à Dieu à les ottroy encomme auffi il fera, quand il lui plaira couurir nos peche par û
bonré,&: dechafler nos ténèbres par fa lumière.
E t fur ce propos,Sirc,afin qu'on cognoiûe quenous entendons de procéder en bonne
confcience,fimplcment, clairement te rondemétmous declarerôs en lommair c,s'il plaift
avo-
Et des M 'miflm de l'Emngik. j&*
à voftrcmaiefté nous en donner congé, quels font les principaux poinds de cefte Con-
ferencc-.en telle (brre routefois,que,Dieu aidant,nul n'aura iufteoccafion de s'en trouuer J^u^u!
offenlé.lly en a qui eftimcnt, ôiquiperfuaderoyent volontiers aux autres , que nous ne gwv
fommes dilcordans que de chofes de petite confequcnce,&: pluftoft de choies indifFercn
tcs,quedes poinds fubftantiels de noftrefoy.il y en a d'autres tout au rebours,quiparfau
ted'cftrebicn informez de ce que nou s croyons,prcfumét que nous ne fommes d'accord
en rien qui foit,non plus que Iuifs ou Mahumctiftcs. L'intention des premiers eft autant
à louer,que ropinion des derniers à reiettcr,commcnous efperôs qu'il apperra par la dé-
duction des propos. Mais pour certain, lesvns ni les autres nenous font ouucrtured'vne
vrave 6c ferme concorde. Car fi les derniers lbntcreus , l'vnc des parties nepciit fubfiôer
qu'en ruinant l'aurre:ce qui eft inhumain à penfer , 6c treshorrible à exécuter . Et'fi l opin
nion des premiers cftreceué'i il faudra que plufieurs chofes demeurer indecifes, defquel-
les il for rira vne di (corde plus dangereu{e&: dommageable queiamais. Ainfi doneques
>îo v s confelfons,cequ a peine pouuons-nous dire fans larmes :nous confeifons , dLie,
qu'ainiî que nous accordons en quelques vus des principaux poinds de noftrefoy Chre-
ftienne,auliî lommes-nous dirferens en vne partie d iceux.Nous confeifons vn fculDieu ^^J?
en vne mefmeeifcnce infinie &iincompreheniiblc,diftind en trois perfonnesconfubftâ- gionrtfor-
tielles 6c égales en tout 6c par tout, c'eft alfauoir, le Perenon engendre', le F ils éternelle- cé-
ment engendré du Pere,&! le liùnctEiprit procédant du Pere &: du Fils .Nous confeûcns
vn leul Lelus Chrift vray DieuSc vray homme , fans confufion nifeparation des deux na-
tures,ne des proprietez a iccllcs. Nous côfeflbns qu'entant qiVileft homme, il n'eft point
fils deIofeph,mais a efté conceu par la vertu lècrettedu faindEfprit,au ventre de la bien-
heureulè vierge Marie,vierge,di-ic,deuant&; après l'enfan remet. Nous confefîons fana-
tiuité,ià vie,fa mort,fafcpulture, fa dcfcenteaùx enfers, là refurredion,& fon afeenfion,
comraeelles font contenues au îàinCtEuaugile. Nous croyons qu'il eft là hautaucielaC
fis à la dextre du Peic, dont il ne bougera qu'il ne vienne iuger les vifs 6c les morts . Nous
CTOVons au faind E(prit,qui nous illumine, nous confole &nous fouftient . Nous croy-
ons qu'il y a vnefaindc Eglile Catholique, c'eft à dire,vniuerfelle, qui eft la compagnie^
communauté des Sainds , horslaquelle il n'y a point de falut. Nous-nous afifeurons delà
remiffion gratuite de nos péchez au fang de Iefus Chrift,par la vertu duquel, a près que
ces melmes corps reifufcitez auront efté reioinds à nos ames , nous iouirôs auec Dieu de
Ja vie bien-heureufe&: éternelle. •
Comment doncques,dira quelqu'vn , ne voila pas les articles de noftre foy ? en quoy 2fcf^ C
donc fommes-nousdifeordans? Premièrement, en l'interprétation d'vne partie d'iceux.
Secondement, en ce qu'il nous femble ( 6c fi nous fommes trompez en ceft endroit, nous
ferons trefoifes de leeognoiftre , ) qu'on ne s'eft contenté des deflfuidits articles, ains que
long temps y a qu'on n'a celle d'adioufter articles fur articles,comme fi la Religion Chré-
tienne eftoit vn édifice qui ne fuft jamais acheué.NouS diforts dauantage,que ce qui a e-
fté bafti de noutieau ,illon ce quenou s pouuons cognoiftre, n'a toujours efté bafti fur les
anciens fondemens:&£ par confequent difforme pluftoft l'edifice,qu'il ne luy 1ère de paru-
re^ ornement. Et toutefois on s eft bien fouuent plus arrefté à ces aCcelToires qu'au prin
jcipal. Voila comme vnfommaire de cequenouscroyons&enfeignons. Mais afin que
jnoftre intention foit encores micuxentendue , nous déduirons ces poindts par le menu.
N o v s dilons doneques ,6c elpcrons maintenir en toute fobrieté par les tefmoigna-
ges des faindes Efcritures,que le vray Dieu,âuquel il nous faut croire, eft defpouillé de fa ^tafeulç
partaire iuftice,fi on pcnlèoppofer à fon ire&: iufte iugement,autreiâtisfa&ion nipurga- purgation
lion en ce monde,ou en l'autre , que cefteobeiflanec toute entière 6c accomplie , qui ne j^"4^
fetrouucraen autre qu'en vn feulIefusChrift. ]EtpareilIemét,q fi nous difons qu'il nous
quitte feulement vne partie de nos dettes, d'autât q nous payons rautre,ii eft defpouillé
tlefa parfaide mifencorde. De là il s'enfuit (autant que nous en pouUons iuger) qu'eftant
queftion defauoir à quel titre nous auons Paradis, il faut du tout s'arrefteràla mortSc
paffiond'vnfeullefus Chrift noftre Sauueur& Redempreur:ou bien qu'au lieu du vray
Dieu on adoreroic vn dieu eftrange , qui ne feroit parfaitement ni iufte ni mifericor-
dieux. * .
De làauffi dépend vn autre poinddetrcfgrandeconfequence touchât l'office de le- Icfus cnric:
fus Chrift. Carfi luy tout feul n'eft entieremét noftre falur,ce nom tât précieux de Iefu.^, J^"* M
ceft à dirc,Sauucur,quia efté annôccpar l'Ange Gabric!,ne lui feroit^pre. Seblablemét
FFf. ii.
Iwro VIL Jffembkc^ des Prélats dej France^,
s'il n eft noftre (cul Prophete,nous ayanx pleinement déclaré la volonté de Dieu Ton Pere
pour noftrefalut: premièrement par la bouche des Prophètes, puis apr«s en perfonneet*
Uplfinitude des temps, &confequem ment par les fidèles A poftrcs; s'il n'eft aujûiclèul
cheC& Roy Ipiriruel de nos confcienccs: s'il n cft auffi noftre Sacrificateur éternel félon l'-
ordre deMdchifedcch,ayant par vne feule obîation defoy-melme vnefois faitc^ iamaig
teiccrable,reconcilié les homes à Dieu,& maintenant feul intercédant au ciel pour nous
iufqucsàla confommationdu monde -.bref, fi nous ne fom mes du tout complets en luy
feul, ce nom Se titre de Mcffias ou de Chrift,c eft à dire,Oin£t Se dédié de Dieu Ion Pere à
ceft efrect, ne luy appartiendra point.
Si doneques on ne le vouloit contenter de fa/cule Parolle fidèlement prefehee, Se de-
puis enregiftree par les Prophètes &: Apoftres , il feroit depofledé de fô eftat de Prophète,
il feroit aufli dégradé de fô eftat de Chef Se de Roy fpiriruel de Ion Egliic, fi on vouloit fai-
re nouuelles loix aux confciences:& de fon eftat de Sacrificateur eternel>par ceux qui en-
txeprendroyét de l'offrir derechef pour la rcmiffiô des péchez, Se qui ne le concenteroyét
de l'auoir pour feul Interceflcur & Aduocat au ciel entre Dieu Se les hommes.
En troifiemelieu,nousneibmmcs d'accord, ni de la difiSnition , ni de l'origine, ni des
Dc Ja T*' efFe&s de la Foy,que nous appelons,apres fain& Paul ,Iuftifiate,&: par laquelle feule nous
crôyés quclefus Chrift âucc tous les biens nous eft appliqué. Quant aux bônes œuurcs,
s'il y en a aucuns qui eftiment que nous les mefprifiôs,ils font trcfmal informez : car nous
ne feparôs non plus lafoy de la charité, que la chaleur Se lumière eft feparee du feu . Et di-
fons aucc S.leacn fapremienc Canonique, que celuy qui dit qu'il cognoift Dicu,& n'ob-
feruçfesCommandemcns,fedefmcncu)y>mefmc pàr japropre confcicnce^en touteû
vie. Maisaufurplusnousconfcflbnsrondcment,quc nous fommesdifeordansen trois
Difcord de poirifts/ur cefte matière . Le premier eft touchant l'orjgine& première fource dont les
trois poîOs. bonnes ceuures procéder: Lelêcond»quelles elles font;Le troificmc,à quoy cllesfont bô-
nes.Quant au premier,,r>ous ne trouuons autre franc arbitre en rnomc,queceluy qui eft.
aitrâchi par la feule grâce de noftre Seigneur Iefus Chrtft:& diibns q noftre narnrc,cn 1'©»
ftat auquel elle eft tombée, a befoindeftre auant toutes chofes, non pasaidec& foufte»
nue>maisplùftoft tuee& amortiepar la vertu de l'Efprit de Dieu,d'autant quclagracc.U
trouueinon pas feulement naurec & debilitee,nuis du tout deftituee de forcc,& contrai-
tciàiroiit bieji , voire morte Se pourrie en péché Se corruption : Se faifons ceft honneur à
Dicu,dene vouloir point partager auecques luy.car nous attribuons Se le comenccmenB*
Se le milieu, Se la fin*dc nos bonnes eeuqrcs, à Jafcuje graee/jfc rnifericorde d'iccluy-bcfon-
gnans en nous. Quan t au fecond.ppind, nous ne receuons point autre rciglc deiufttcc Se
d'abci&nÊcdwaivPiçujqucIesCom
regiftrez en là iaitt&e, Parolle ;aufquels nous n'eftimons qu Worf loi(jble àcreaturc quel-
conque d'adioufter ou diminuerpour obliger, les confcfcnçeà Quatau troificmepoinâ:/
c'eft ai&uoi^à quoy elles font bonnes, nous confeflons , qu entant qu elles procèdent do
11i£fpBÊt4ç DieubeCongnaat en nous, puis quelles procèdent d>ne fi bonne four cc»ellcst
doiuenceftrc appelées bonnesrcona bien que fi Dieu les vouloit examinera la rigjjeur,ily
tfpuueroit par tïop à redire.
:.: N « v s difonsaufû , qu'elles/ont bonnes a autre viâgc, d'autant que paricclles noftre ,
bon Dieu eft glorifié , les hommes £br»t attirez à fa cognoiiîance, Si nous fcmimcs aiTéu^
re£;y que l'Eipriç de £}i£u fcftant en »ou.$.(.$c.qui fc cognoift par fes efFeâs )n«jius fomm es
A^éltjtrt oWo4nl[tfede.ic4*^^ Mais quand il eft p^eftiotedejfciœirà^tiel
ncUcVouj t*rrc *a V*c ccc^ncu*^ BOU5 appaJrtienfcnous difons aucc iàin£t Paul, qu e ceft vndon gratuit
"ppIS, <k Dicu,âc non poiristrej3<wpefc4w£
" m&ittç par ià feule juftice,nous eftant imputée : nous fan ttifie par fa foule iàinacié , nou s
cftam f JÛargjc: Scuou s a rachetez par fon làcrifice vnique qui nous eft akrué, moyennant
ym vraye Se viuc foy par la feu Iç grâce, libéralité de,iioftr«|)icu.ToAJSce5t4uxfors nous
fôcrt oom mun iquez parla vertu du'fainft El prit y fe fermant pour ceft effeâ: de lapredic*.
tion de la parolk^cDlcu, Se de l'adminiftranon de (c& faines Sacremens j non point qu'il
en ait neceflàté^veu qu'il eft Dieu X^uft-pwiifant : m ajs d'autant qu'il byplaiftâcfi: feroir
de ces moyens ordinaires pour créer & nourrit en nous ce précieux don de Foy , qui eft
comme lai'eule *iain> pourapprehender , Se commelc fewi vajifeau pour îeccuoir Iefus
tiucflc M Chriftcn ialur auqêiqus ^s tnrdars.
ifeDiet? M a i r nousnereeeuans pourp^rolicdc t>ieu.,que.la.ojo<iànnecicntcisiicresde«
Ptophcj
Et des tMiniftm t Euangiku. jf j
Prophètes & A poftres, appelez le vieil &: nouueau Teftament . C ar par qui ferons-flous
acertenez de noftre {àlut,ùn«on par ceux qui ibnt tefmoins fans nulle reproche ? Er quanc
«uxefcrits des anciens Dodeurs,& aux Conciles, deuant que les receuoir fans aucun cq- Descfcncj
tredit, ilfaudroit premièrement qu on les accordait entièrement aueclJbicnrufe,&pUi$
aufli entre eux-mcfmes , veu quel i'Elprit de Dieu n'eft iamais contraire à îoy-mefmç: çc
que nous croyons que vous,Meffieurs, n'entreprendrez iamais de faire:&: quad vous fau-,
riez entrepris, vous nous pardônerez s'il vous plaift , fi iamais nous necroyôs qu'il lepuif.
fe faire,quc nous ne le voyons par erred . Qupy donc ? Ibm mes-nous de la race de çcmaL
heureux Cam fils deNoé,qui defcouuritla vergongnedclbn pere? Nous cftimons-nous
plus dote quêtant d'anciens Dodeurs Grecs &c Latins>Som mes-nous fi outrecuidez,de
penlèr qu»nous ayons les premiers defcouuert la vérité, &: de condamner d'ignorance
toutlemondc vniuerfeljA Dieu ne plaife, Mefficurs, que nous foyôs tels: mais vous nous
accorderez (à noftre aduis) qu'il y a eu Cociles&Côciles, Dodeurs & Dodeurs: veu que DcsCôciIcfc
ce n'eft de maintenant qu'il y a eu de faux-prophetes en J'Eglifc de Dieu, comme les Apo-
ftres nous en aduertiifent en pluiieurs Iieux,& nommément en la premiereà Timothee,
quatrième chapitrc,&: aux Ades des Apoftres chapitre vingtième. Secondement, quant
à ceux qui font reccus,puis que toute la vérité qu'on y lauroit trouuer,doit eftre ncceiTai-
remcntpuifeedcsEibriturcs : quel plus certain moyé trouueros-nousde profiter en leurs
efcrits,qu'en efprouu ant le tout fur cefte pierre de touche,&: côfiderant les tefmoignages
& raifons del'Efcriturc , fur lefquels ilslètrouueroyent auoir fonde leurinrerpretationî
Certainement nul ne peut, ni doit leur attribuer plus qu'eux n'ont requis. Or voila les
propres motsdelàindlcrofmc fur l'Epiftreaux Galates , La doctrine du S . Ejprit efl celle qui
efl decLree és hures Canoniques , contre laquelle fi les Conciles ordonnent quelque chofe, ce]} vne thofe illi-
ort.Et S. Augullin efcriuant à Fortunatian,iV0tf* nedeuons(dk-i\)auoirles dijputesdcs hommes,
quelques catholiques grgrans perfonnages qu'ils ayent ejle\cn mefme deg>c que les Ejcritures Canoniques:
qu'il ne nous fou licitefaufla rcuerence deue à tels perfonnages, reprouucr & mener quelquethojè en leurs
efcrits^fi d'auenture il je muucqu 'ils ayent autrement iugéquene porte lay enté j eflant entendue, moyen»
nant lagrace de Dtcu,ou par nous ou par autres: telfuU-ie és efents des autres,&* yeux aufi que les lecteurs
des miens s y portent ainfî. Autant en a-ilefcriten l'Epiftreccntdouzieme.Et pareillcmét au
fécond liure^hapitrctrentelèptiemejcontre Crefconius.S.Cypriaaulïi n'en a pas autre-
ment elcrit,difant,</« il ne noms faut regarder a ce cu'yn telouyntclafaiEi deuantnous: mavsàcequa
faicl Jefu-s Chrift, qui es! deuant toits . Telle cft aufli la reigle que ba illc S. Auguftin efcriuant à
S.Ierofme:&:cn vn autre lieu, quand il difpute contre ceux qui fevouloyent aider du Cô-
cile d'AriminjA7^ nous jondons, dit-il, nimoy furie Concile Nicene ( qui efl toutefois le plus ancien &
approuué ) ne yows furie Cocile d'^4rimin:maii arreftons-nout aux famttcs Efcritures. Saind Chryfo-
ftomen'aefté d'autre aduis en fon expolition féconde fur faind Matthieu , homélie qua-
ranteneufieme. Car aufli l'Eglifeeft appuyée mrlefondcment des Prophctes&: des A-
poftrcs.
Ainsi doneques, pour conclufion, nous receuonsrEfcriturefainde,pour vncentie-
redeclaration de tout ce qui cft requis à noftre falut. Et quant à ce qui fe trouuera és Cou
ciles ouliuresdes Dodcurs,nous nepouuonsnideuonsempelcher,qucnevousenpuif-
lîcz aider , &: nous aufli , pourueu qu'il Ibit fondé fur exprès cefmoignage de l'Efcriturc.
Mais,pour l'honneur de Dieu, ne nous amenez leur nue authorité,(ans q le tout foit exa-
miné fur cefte pierre de touche. Car nous difonsauec faind Auguftin,liure deuxième de
ladodrineChreftiéne, chapitre iixicm^Ques'ily a quelque difficulté en [interprétation d'vnpaj-
fage , le fiinct Ejprit a tellement tempéré les Jaincies Efoitures , que ce qui efl dit plus obfcurement en yn
endroiù, efl dit ailleurs tref (aire ment . Voila quant à ce poind , lequel i'ay deduid vn peu plus
amplement , afin que chacun entende que nous ne fommes ennemis ni des Conciles,ni
des anciens Pères par lefquels il a pieu à Dieu enfeignerfon Eglile.
I l refte encores deuxpoinds : Ceft aflfauoir,la matière des Sacremens,& la difcinline Dcs Sacre
ou police de l'Eglife.Quant au premier,il ell vray qu'il meriteroit bien d'eftre traitte bien mens.&qur
aulong,pour les difricultez qui en font auiourdhuy en la Chreftienté: mais pource que ie ^°tlfie cc
n'ay maintenant entrepris de dilputer, ains léulemét d expofer les poinds principaux de
noftre Côfeffiomie me côtéteray de déclarer en fommaire ce q nous en tenôs.Nou s fom-
mes d'accord,à noftre aduis, en la delcriptiô dece mot Sacrcmét: c'eft aiTauoir q les Sacre-
mes fontfignes yifibles^moyennat lefquels Lt coniontMonquenom auonsaueclejus Chrisl, ne nous efl pat
FFf. iii.
Liure VU. nAjfemdkt^ des Vrtlats dc_> franco
fmipftment fignifee ou fguree : maU aupi nous eil véritablement offerte du cofté Au Seigneur , ($r confia
yucthment ratifiée Jeetlee, & comme engrauet parla, vertu duS.Ejfriten ceux quiparvne vrayeFoyap*
prthètidentcc cptt leur eft amfifigriifié& prefenté. l'vfedece mot , Signifié, Mçfficurs, non point
poureneftierou anéantir les Sacremens : mais pourdiftingucr lefignedauec la chofe
qu'il fignifîe en toute vertu & efficace. Nous accordons par confcqucnt, qu'es Sacre-,
mens il faut neccffairemet qu'il entreuiénne vne mutation celefte& fupernaturelle. Car
DuBaptcf- nous ne difons pas que l'eau dufainct Baprefmefoit fimplementeau : mais quelle eft va
vrav Sacrement de noftre régénération, &: du lauemét de nos ames au fang de noftre Sei-
DeUCcne. gneur Iefus Chrift . Pareillement nous ne difons pas qu'en la faindc Cenc de noftre Sei-
gneurie pain foit fimplement paimmais Sacremct du precieuxcorps de noftre Seigneur
Iefus Chrift qui a efté liuré pour nous. Ny que le vin foit amplement vin: mais Sacremct
du précieux fang qqi a efté refpandu pour nous . Cependant nous ne difons pas quecefte
mutation fe race ehlafubftacedes fignes, ainsenl'vfage,&en la fin pour laquelle ils font
ordonnez. Et ne difons point auffi qu'elle fe face par la vertu de certaines parolles pronô-
ccesyni par l'intention dcceluyqui les prononce: mais par la feule pu iifance& volonté*
deectuy qui a ordonné toute ceftca&ion tant diuineSi eclefte : duquel auffi l'ordonnan-
ce doit cftre reciteehaut& clair en langage entendu , ôc clairement expoice , afin qu'elle
foit entendue ô£ receue par ceux qui y affilient.
Voila quantaux fignes extérieurs. ^ Venons maintenâtà ce qui eft teftifié de exhi-
bé du Seigneur par ces fignes' No v s nedifonspointeequ'aucunsparfautedenousa-
uoir bien entehdus,ont eftimé que nous en{cignons:C'eft affauoir, qu'en la fain&eCenc
il n'y a qu'vnc fimpie commémoration de la mort de noftre Seigneur Iefus Chrift . Nous
ne difons point aufsi quenous fommes raids en icelle participans feulement du fruict de
la mort Se pafïîon d'iceluy: ains nous conioignons l'héritage auecques les frui&s qui nous
en prouîennent , difans auec fainct Paul eh la première aux Corinthiens, chapitre dixie-
me,Quelepain quenous rompons félon fon ordonnance,eft la communication du vray
corps de Iefus Chrift,qui a efté liuré pour nous.Et la coupe dont nous beuuôs,cft la com-
munication du vray fang qui a efté refpan du pour nous: voire en ceftcmcfmcfubftance
qu'il a prinfe au ventre de la Vierge,& qu'il a emporté d'aucc nous au cicl.pt ic vous prie,
Mefficurs,aunomde Dieu, quepouuez-vousdonccerchcrni trouueren ce fainét Sacre-
ment, que nous n'y cerchionsôi trouuions auffi? I'cntcn bienlàdefl'usquelarcfponfc
cft toute prefte . Car les vns demanderont que nous confeffions que le pain & le vin
fonttranfmucz,ienedipas en Sacrcmensdu corps & du fang de noftre Seigneur Iefus
Chrift, (car nous lauons défia confefTé ) mais au propre fang de noftre Seigneur Iefus
Chrift. Les autres ( peut eftre) ncnousprefTeront iufqucslà,mais requerront que nous
accordions que le eprps &: le fang font réellement &: corporcllcment ou dedans,ou auec,
ôudeflbuslepain. Mais fur cela, Meffieurs, pour l'honneur de Dieu , efeoutez-nous
en patience fans eftre fcandalifèz, & deipouiÙez pour vn temps toute l'opinion que
vous auez conceue dé nous. Quand l'vne ou l'autre de ces deux opinions nous fera
monftreeparlafain£teEfcriturc,nous fômmes preftsde rembrafTer&: retenir iufquesà
lamort. Mais il nousfemblc,fclonlaperiremcfurcdccognoiirance que nousauonsre-
ftiuiSô ccllè °*c Dieu,que cefteTranfTubftantiatïon neferapportcà l'analogie &conuenance de
direftemet noftrefoyid'autantquellecftdirédcmcntcontraireàla nature des Sacrcmens, efquels
contraire à fauc nccefTaircmcnt queles fignes fubftantiels demeurent pour eftre vrais fignes de la
°Y' fubftance du corps 6e du fang de Iefus Chrift : Se pareillement renuerfe la vérité de
la naturehumâincfii afeenfion d'iceluy. Ic dy le femblable de la féconde opinion, qui eft
delà Confubftantiation,laquelle outre tout cela n'a nulfondement fur les parolles de Ie-
fus Chrift>&: n'eft aucunement neceflaire à ce quenous foyons participans du fruict des
Sacremcns.Si quelcun là defTus nousdcmâdcfi nous rendôs noftre Seigneur IcfusChrift
abfent de fa fâintre Cene , nous refpondons que non . Mais fi nous regardons à la diftan-
ce des lieux ( comme il le faut faire quand il eft queftion de fa prefenec corporelle , Se de
fon humanité diftin&cment confideree) Nous dilbns que ion corps eft eflongné du
pain & du vin , autant que le plus haut ciel eft eflongné<lc la terre : attendu que quant à
nous , nous (bm mes en la terre,& les Sacremens auffi: Se quât à luy,fa chair eft au ciel tel-
leroétglorifiee,quc/4 goircy comme dit S. Auguftin, neluyafointoslék nature $yn vray corps t
mou binfrrtoitédL iceluy.litt fi qudeun veut çÊtfurre de ccla,cj nous rendôs Iefus Chrift abfent
de fa faix)*
Et des Miniftres de l'Euangile, jfj.
(àinde Cene,nous rcfpondons que c'eft mal côclu:car nous raifons ceft honneur à Dieu,
que nous croyons fuyuant fa parolle, qu'encores que le corps de Iefus Chrift foit mainte-
nant au ciel, U non ailleurs :cenonobftant nous fommes faits participais de (on corps
Se defon fang par vne manière fpiritueile,&: moyennant la foy : aufsi véritablement que
nous voyons les Sacremens a l'œil,les touchons à la main, les mettons en noftre bouche,
te viuons dclcurfubftanceen celte vie corporelle.
Voyla enfomme , Meilleurs , quelle eft noftre foy en ceft emlroid : laquelle ainfi qu'il
nous femblc (&c il nous fommes trompez , nous ferons tref-aifes de l'entendre, ) ne fait
nulle violence aux motsde Icfus Chrift, ny de faind Paul : Ne deftruit la nature humai-
ne de Icfus Chrift,ny l'article de fonafcenfion,ny l'ordonnance des Sacremens: Ne fait
ouuerture à nulles queftions &c diftindions curieufes&: inexplicables : Ne derogue nul-
lement à la conjonction de nous auec Icfus Chrift, qui cft la fin principale pour laquelle
ont efte ordonnez les Sacrcmcns,& nô point pour eftre ny adorez, ny gardez , ny portez,
ny offerts à Dieu. Et finalement (fi nous ne fommes deceus) fait beaucoup plus d'hon-
neur à la punTance& parolle du Fils de Dieu , que ii on eflime qu'il faille que ion corps
foit réellement conioint auec les fignes,à ce quenousen foyons faits participans.
Nous ne touchons point au refte de ce qui concerne l'admin iftration du iàind Baptef L'admini-
me : car nous croyons que nul de vous,Mefïieurs, ne nous veut mettre au rengdes Ana» J^^.^5
bapnftes,lelquds n'ont plus rudes ennemis que nous. Et quant à quelques autres que- * cme
fiions particulières i'urcefte matière, nous cfperons, auec l'aide de Dieu, queles princi-
paux poinctscltans vuidez en cefte amiable &: douce Conférence, le refte fe conclurra
de fby-mel'me. Quant aux autres cinq Sacremens qu'on appelé , vray eft que nous ne
leur pouuons donner ce nom,iufques à ce qu'on nous ait mieux enfeignez par les faindes
Efcritures. Mais cependant nous penfbnsauoirreftablila vraye confirmation qui giftà côfinnatîS
catechifer&: inftruire ceux qui ont efte' baptifez en leur enfance, & généralement toutes
perfonnes, deuant que les ad mettre àla fainde Cene. Nous enfeignons aufsi la vraye pe-
nitence,qui gift en vraye recognoifTance de fes fautes,&: fatisfadion enuers les parties of- PenKcncc-
fenfecs,foit en public ou en paiticulier,enl'abfolution que nous auons au fang de Icfus
Chrift, &: en l'amendement de vie. Nous approuuons le Mariage, fuyuant l'ordonnance Mariage,
de faind Paul, en tous ceux qui n'ont le don de continence,àlaquelleaufIj nousnepen-
fons eftre licite d'aftraindre perfonne par vœu ny profefTion perpétuelle^ condamnons
toute paillardi(e& lubricité en parolles,en geftes&: enfaids. Nousreceuons les degrez ^
des charges Ecclefiaftiques, félon que Dieu les a ordonnez en fa maifon par fa fain de pa-
rolle- Nous approuuons les vifîtations des malades, comme vne principale partie du fa-
cré miniftere de l'Euangile. Nous enfêignon s auec faind Paul de ne iuger perfonneen la
diftindion des iours& des viandes, fàchans que le Royaume de Dieu ne gift en telles
choies corruptibles: mais cependantnous condamnons toute diffolution ,exhortans les
hommes lans fin & fans ceffe à toute fobrieté, à la mortification de la chair félon la necef
{lté de chacun, &: à prières afliduelles.
1 l refte le dernier poind,concernat l'ordre &: police extérieure de l'eftat Ecclefïaftiq,
duquel nous eftimons qu'il nous foit licite, MefTieurs,de dire auec voftre confentement,
que tout y eft tellement peruerti, tout y eft tellement confus &: ruiné, qu'à grand peine
les meilleurs architedes du monde, foit qu'on confiderc l'ordre tel qu'il eft auiourdhuy
dreffé, foit qu'on regarde la vie&: lcsmceurs:y peuuent-ils recognoiftrelcsveftiges,&;
marques de ceft ancien baftiment, tant bien réglé &: compafTé par les Apoftres. Dequoy
vouf-mefmcs pouuez eftre bons tefmoins,y ayans trauaillé ces iours pafîez . Bref , nous
laiflerons ces choies aifezcognues équivalent mieux tcuë'squedides . Et peurcon-
clufion de ce propos, nous déclarons deuant Dieu&: les Anges, deuant voftre Maiefté,
Sire,& toute l'Illuftre copagnie qui vous enuironne,q noftre intention &defîr n'eft,fînon
que la forme de fEglife toit ramenée à là naifue pureté &; beauté, en laquelle iadis ellefut
tant fioriffante du temps des Apoftres de noftre Seigneur Iefus Chrift. Et quant aux cho-
fes qui depuis y ont efté adiouftees, Que celles qui le trouueront fuperftitieufès , ou ma-
nifeftement contraires à la parolle de Dieu, foyent du tout abolies : les fuperflucs foyent
retrenchees : & celles que l'expérience nous aappris attirer les hommes à fuperftirion
foyent oftees. Et s'il s'en treuue d'autres villes &: propres à cdification,apres auoir meu-
rement conlideré les anciens Canons &authoritez des Pères , qu'elles foyent retenues
&obferueesaunomdeDicu,felonce qui fera conuenable aux temps, aux lieux &: au*
FFf.iiii.
Liure^j VU. ^ijfemblec^ des Trelats <k^> France,
perfonnes : à fin que tout d'vn accord Dieu foie ferui en efprit &c verité,£bus voftre obeif-
lance &: protection, Siie,&: des perfonnes queDieuaura eftablies fous voftre Maiefté,
pour le gouucrnement de ce Royaume. Car s'il s'en trouue encores qui penfentque la
doctrine, donc nousfaifons profcllîon , deftourne les hommes delà fubiection qu'ils doi-
uent à leurs Rois & fuperieurs, nous auons , Sire , dequoy leur reipondre en bonne con-
Dc i obcif- feience. Il eft bienvray que nous enfeignons que la première & principale obeilTance
fàncc&fii- cftde^ànoftreDieUiCuieftleRov des Rois ,& Seigneur fur tous Seigneurs. Maisau
aux fnpcri- reite, h nos etents neiont lurhians pour nous purger d vn tel crime a nous impole , nous
curs. alléguerons, Sire, l'exemple de tant de feigncuries&principautez,&mefmes des Roy-
aumes reformez félon celte medne doctrine : lefquels (grâces à Dieu ) nous pourront
feruirdebons&furfifanstefmoignages pournoftre defeharge. Bref, nous nous arreftons
enceft endroit à ce qu'en dit fainct Paul au treizième chapitre de l'Epiftre aux Romains,
là où parlant de la police temporelle, il enioinc expreflement, que toute perfonne foie
fubiecteaux puilîancesfuperieures: voire, dit S. Iean Chryfoftomcfur ce palTage, quand
tuferois ApoftreouEuangelilte: pource que telle fubiection ne derogueau ïcruice de
Dieu. Que s'il eftaduenu, ou aduientey après, q quelques vns fecouurans du manteau
de noftre do&rine, le trouuent coulpablcs derebcllion au moindre de vos officiers: Sire,
nous proteftons deuant Dieu &c voftre Maiefté, qu'ils ne font des noftres,& ne làuroy ent
anjoir plus afpres ennemis que nous, lelon que noftre poure con dition lepeut porter.
Paur conclufion, Sire, le deiir que nous auons d'aduancer la gloire de noftre Dieu,i'o-
beiflance&: feruice treshumbledcu à voftre Maiefté, laftection que nous auons à la pa-
trie^ nommément à l'Eglilé de Dieu , nous a conduits iufques en ce lieu : auquel nous
efperons que noftre bon Dieu & pere, continuant le cours de fes bontez&: mifericor-
des, vous fera pareille grâce, Sire, qu'il fit au petit Roy Iofias,il y a maintenant deux mille
deux cens &c deux ans.Et q fous voftre heureuxgouuernemét,Madame afsiftee de vous,
Sire, &: des autres trefexcellens Princes du (àng&: Seigneurs de voftre Côfcil, l'ancienne
mémoire de la tant renommée Roine Clotilde fera refraifehie: laquelle feruit iadis d'm-
ftrument à noftre Dieu pour donnerfacognoiflanceàce Royaume. Telle eft noftre efpe
rance,pourlaquelle,Sire,nous fommes prefts d'em ployer uos propres vies,à fin que vous
faifanstrcshumbleferuiceen vne choie fi louable & fi faincte, nous voyons le vray fieclç
doré, auquel noftre Seigneur &: Sauucur Iefus Chrift foit ferui tout d'vn accord>ainfi que
tout honneur & gloire luy appartient àiamais, Amen.
Jcy de Beke & fa compagnie fie febirent le fenouil en terre : puis releuéilpourfuyuit , en prefentant U
Conftfîion de Foy des Eofifes de France au Roy comme ils enfuit: Sire , il plaira à voftre Maiefté
Confefcion nauoir cfgard à noftrclangage tant rude& mal poli: mais àl aifection qui vous eft entie-
defoy pre- rcmentdediee. Et d autant que les poincts de noftre doctrine font clairement & plus au
Roy parle- *on8 contenus en cefte confefsion de Foy, que ia nous vous auôs prefentee, Se fur laqucl-
diftdeBd- lcfeferala prefente Conférence: nous fup plions treshumblement voftre Maiefté nous
faire derechef ceftefaueur de lareccuoir de nos mains :cfperans moyennant lagracede
Dieu, qu'après en auoir conféré en toute fobriecé&: reuerence defonnom, nousnous
entrouuerons d'accord. Et fi au contraire nos iniquitez empefehent vn tel bien , nous ne
doutons que voftre Maiefté,auec (on bon confeil, ne fachc bien pouruoirà tout,&ns pre-
iudice de l'vne ny de l'autre des parties,felon Dieu &c raifon .
Ain si que M. de Befzc parlant du Sacrement de laCcne eut dit que quandàladi-
ftance des licux,le corps de Chrift eft efloigne du pain & du vin autant quelc plus haut
ciel eft efloigne de la terre : Cela fut trouué fi nouucau & eftrange entre les Prélats , que
foudain ils commencèrent tous jà murmurer, & faire vn grand bruit: lequel toutesfois
cftant aucunemét appaifé, de Befze ne laiffa de pafler outre iufques à la fin. E t ayat ache
ué de dire, le Cardinal deTournoh,tout tréblant de courroux,print corne Primat & Pre-
Lc Cafdi- fidét de ladi&e aifcm blee,au nq d'icelle la parollc:saddrefTant au Roy, luy remôftra côme
naldcTour par fon expiés côm an dément ladi&e afTemblee des Eftatsauoit pour luy obéir côfenty q'
a ces nouueaux Eu5geliftesfuirentouis,nô toutesfois (ans fcrupulede leurs côicicnces,pre
uoyans qu'ils pounoyentdirc,côme ils auoyétfaict,chofes indignes delaureilled'vnRoy
Tre/chrcftien : lclquclles pourroyent, &nonlàns caufe auoir ofFenie plufieursgens de
bien qui eftoyent autour defadicte Maiefté. Que ladicte aflemblecle doutant qu'il en
aduiendroit ainfi , luy auoit donné charge de le rupplier en ce cas treshumblement»
de ne vouloir aucunement croire ny adioufter foy, ny auxièns ny aux parollcs queceluy
qui
Et Minières de t Evangile, jfj
qui auoic parlé pour ceux de ladi&e nouuelle Religion auoit dides,&: de fufpcndre le iu«
gement qu'ilenpourroirfaire,iufquesàcequ'ileutouy cequeladide aiTemblec enten-
doitluy faire remonftrex au contraire: par où elle efperoit que fadide Maiefté & toute
l'honorable compagnie,dont elle eftoitafsiftee,pourroitcognoiftre la différence qu'il y
a entre le menlbnge &c la vérité'. Le fu ppliant leur vouloir donner iour pour ceft cfïed : y
adiouftant que fans lé refped qu'ils auoyét eu à iàdide Maiefté , ils fe fulTent leuez en o~
yant les blafphcmes &: abom inables parolles qui auoyét efté proférées , &c n'euflent fou£
fert qu'on euft paiTé outre. Et que ce qu'ils en auoyent faid, auoit efté pour obéir au cq-
inandementde(adicteMaieftré,laprianttreshurnblernentdeperfeuerer enlaFoy dcfeS
pères :inuoquant la Vierge Marie & les benoifts fainds Se fainctes deEaradis qu'ainû
peut-il eftre.
La Roinerefpondit que l'on n'auoit rien faid en cela que parla délibération duCô-
Ici 1, 6c ad lus de la Cour de Parlement de Pans,& que ce n'eftoit pour innouer ou muer,
ainspourappaiier lestroubiesprocedansde la diuerfité d'opinions en laReligion, &de
remettre les foruoyez au y ray chemin.
Le lendemain de Befzeeicriuit àlaRoine en la manière qui s'enfuit: Madame, com-^ec:i<^£
me ainiî loit que voftre treshumble ièruiteur Théodore de Befze,ait occalîon de craindre Suc pi
que voftre Maiefté ne foitdemeurcepeufatisfaided'vneparollequ'hieril prononça fur icdidtde
la matière du Sacrement, laquelle ( à fon grand regret) fut trouueefort eftrange parmef Bel"!
fieurs les Prélats: Ce coniideré il fupplic treshumblemcnt voftre Maiefté, d'entendre
plus amplement ce que pour lors il n'a peu aflez exprimer, à caufedu bruit qui s'efleua:
de forte que là conclufion ne fut entendue, comme il euft bien defiré , Se comme ilauoic
p; opolé. Madame, ce qui m'a baillé occafion de tomber en vn tel propos , c'eft qu'il y
enaplulieursquieftiment (parfautedebien entendre, noftre Confefsion de Foy)quc
nous voulons forclorrelefusChrift de fa faindeCene, qui feroit vne impieté toute ma*
nifefte : car nous làuons, grâces à D eu, que ce tant précieux Sacrement eft ordonnéd*
Fils de Dieu, a fin qu'en nous faifant de plus en plusparticipans de la fubftance de fon
vray corps,& de Ion vrav fang,nous foyons de tant plus près vnis& incorporez auqf luy,
p our en tirer la vie éternelle. Et de fa ict, s'il eftoit autrement, ce ne feroit point la CeneDclama:
denoftreSeigncur. Ain s i, Madame, tant s'en faut que nous voulions dire que Icfusniercdcl'ab
Chriftfoitabiént de fa faindeCene, qu'au contraire nous fçaurions aufîîpeu porter vn£„^£pr'
telfacrilegcqueperfonnequifoitau monde. Mais il y a grande différence dédire, que chnft.
Iefus Chrift eft prefent en la faindcCene, entant qu'il nous y donne véritablement fon
corps Sifon làng:& de dire que fon corps &C fon fang font côïoindsauecle pain&levin.
la / conrefte le premier, qui eft aufsi le principal : i'ay nié le dernier , pource que le le-
ftime diredement contraire à la vérité de la nature humaine du corps de IefusChrift,
& à l'article de l'Afcenfion: côme il eft couché en l'Efcritu'-e fainde,&; déclaré par tous
les anciens Dodcurs de l'Bgliiè. .
le n'allegueray icy plufieurs partages &raifons: mais feulement, Madame ,iefupplie
treshumblcment voftre Maiefté de coniiderer en vouf-mefmes, quclleopinion nousap- Notablccô
prend à porter plus d'hon neur àla parolier ordonnance de Dieu,ou celle qui fait croire fider*tioflil
quenous nepouuons eftre participansdu corps delefus Chrift, s'il n'eft mis&rconioind
réellement Ôc de faid auecle Sacrement : ou bien celle qui nous enfeigne , qu'encor que
le corps d'iceluy refide maintenant au Ciel & non ailleurs, ce neantmoins par la vertufpî
rituelle d'iceluy,&:moyennant vne vrayefoy, nous quilbmmes en terre, &: qui croyons
en luy,fommes faids participans de lbn vray corps,& de fon vray fang, aufsi certaineméc
^véritablement quenous voyons de nos yeux & touchons àla main les fairtds Sacre*
mens viables du pain & du vin qu'il a ordonnez a ceft effed.
M a d a m e , li cefte déclaration , laquelle de longtemps eft enrégiftreeen mes liures,
&queie n'eu hier le moyen de donner affez à entendre , peut (atisfaire à voftre Maiefté,'
iauray vne finguliere occafion d'en louer Dieu bien grandement . Sinon, ieprendray la
hardiefTe de requérir encor cefte faueur, que ie puifleplus amplement fatisfàire deviué
voix à voftre Maiefté , mefmement , (fi meftier eft) en la prelencede ceux defquels iuge^
rez que ie puifte receuoir enfcigncment&; dodrine: com me celuy qui en a grârid befoin,
& quinedefirequed'apptendrede plusenplus,pourâuoir moyen de faire treshumble
ferufce à voftre Maiefté au reftabliiTemcnttf vne tant fainde vnion & concorde. >
Vo icï les propres mots que i'ây prononcer, defquelsfe font ofFenfez Messieurs les
Lim VIL lAjfemblet.j des Pnlatsdc^ France^,
"Prélats: Si quelqu'un là deffua nouademade finom ridons lefua Chrisl ahfent de fa fatncle Cene,noua re*
fondons que no. Ma'u ft noua regardons à la dislance des lieux(come il le faut faire,qùand d ejl queslion
delà prejence corporelle,^ de fonhumantté dijlmUement confideree) Noua difons que fon corps ejlef
Joigne du pain & du vin^tutant que leplus haut ciel eslesloigné delà terre: attendu que quant à noua,
noua fommes en la terre, & les Sacremens aufîi : & quant à luy,fa chaires! au ciel,tellementglorifee,quc
lagloirecomme dttfamcl ^4ugnjlin,ne luyjt point ofté la nature d'yn yray corps, mais Cinfrmitéd'tccluy.
Et ft quclqu'vn veut côclurre de cela, q nous rendons Iefus Chiift abfent de fa fain&e
Ccne,nous refpondons q c'eft mal conclu: car nous faifonsceft honeur à Dieu, que nous
croyons,fuyuantfa parolle , qu'encore quek corps de Iefus Chrift {'oit mainte nat au ciel,
& non ailleurs^ nous en la tcrre,&: non ailleurs: ce nonobftatnous fommes fai&s par-
ticipai de fon corps ôc de fon iangpar vne manière fpirituclle>&: moyennant la foy:auf-
fîveritablemet que nous voyons les Sacremésàl'œiUestouchonsàla main, les mettons
en noftre bouche, &y iuons deleur fubftancc en cefte vie corporelle.
Voicy les mots de faind Auguftin auTraitté cinquième fur S. Jean: Quand lefws chrisl\du
jait,Voua ne nï aurexjoufwm auccyoua, il parlait delà prefence de fon corps : car félon fa Maiefié , félon
fa prouidence, félon fa grâce inuifible,ce quil a promu ailleurs ejl accompli : le feray auec voua iufques a, U
conjômmation du monde. Mais félon U nature humaine quilapnfe,jelon ce qu'il eftnsde la Vierge, félon
cequ'ila ejléoffctfé & enfeuelt,felon ce qu'il ejl rejjùjàté, cefte fentence ejl accomplie, Voua ne maures
point toufiouxs auec y ous. Pourqucy ceU \pource que félon jbn corps il a conuerfc quarante iours auecjèsdi-
fiiples. : & euxJe fuyrnns dey eue non point allans après , il ejl monté au ael , & ncjl plus icy . Le
mefmefain&.Auguftio en l'Epiftrc à Dardanus: Entant qu'il eft Dieu il eft par tout : en-
tant qu'il eft homme il eft au ciel.
: yigiUuscucfquedeTfcntejquiaefcritcomrerhereiicd'Eutyches, enuiron l'an cinq
cens, vfedetels mots: Le Fils de Dieu ejl defyarti d'aueC noua quant a fonhumantté: mats quant à la
dminité, il w*s dit, le fuv\ auec yom iufques a la conjômmation du monde, il ejl auec noua , ri y ejl pas:
4ar il n 'apas laiffény abandonné ceux qu "il a laijfezi, & defquels il s'efl dtïfcarti quant à fon humanité.
ÇarqHantàJafirmedeferuiteur<juilaenleueeaucieJétauecnous,il ejl abfent-.ma'ta quanta lafojrmcde
Dieu, Qtii ne defrart pomt d' auec nous, dnoua ejl prefent. Item, Quant fa chair ejloit enterre, certaine-
ment elle n-e^toit point auciel, O* maintenant pource <ju'elle ejl au ciel, pour certain elle neslpaa en terre:
noire C?* en ejl tellement ab fente, que mefme noua attendons que celuy que n ous croyons ejhv auec n oua en
terre, entant quileslla PArolle^ yienne du aelfelon la chatr. ItcrruL'yniqueFils de Dieu, qui ejl aufîi fait
homme tesl çqmprins en yn lieu, par la natun due fa chair. & nesl comprins ennui lieu par la nature de fax
preroétS- E y. ç e s entrefaitejSjles Prélats sVifTembletentî&prettansconfeil auec aucuns Théo
Fcildc lare logiçiis &CaJ3oniftesdelarefpon(cqu'ils dcuoycnt faire, leCardinalde Lorrainedit, A
<KuencUfài ^Mienne volonté que ccluy-laeuft éftémuec,ou que nous enflions eftéfourds. Et après,
rc. longue délibération, la conduiion fut de ne refpondre qu'à deux chefs m is en auant par
ledict de Befze, fans parler des aurres : à fauoir àceluy de l'Eglife &rceluy delà Cene. Puis
fut nusen termes dedreflex vne Confefîîondeleurfoy, laquelle ils fouferiroyent tous , 6C
prefenteroyentcnfemblcauecleurrefponie. Et files Miniftresrefufoyent de Tapprou-
uer, que fentence de condamnation feroit folennellement prononcée alencôtre d'eux,
& fin par ce moyen mife à leur Colloque &: difpute. Ce qu'aucuns d'entre eux ne peurét
af>prouucr,&: y refifterent de tout leur pouuoir: qui ne fut fans entrer en grande conten-
LesMini- tion. Le s Miniftresd'autrepartdelibcreretdcfupplierlcRoy qu'il luy pleuftnepcr-
ftres fup- mettre que le Colloque encommencé fuft ainfi interrompue mefmes que leldicts Prc.
Roy nciaif lats entrcptinflentl authorité déluges fur eux qu'ils n'auoycnt encorcs que fimplemét.
fer le Col- propofé les arriclcsde leur foy,fans auoir allégué aucuns argumés pour les fouftenir , lef-
loquc inter quels cyapres pourroyent eftre deduictspar le tefmoignage de l'Efcriture. Et que fi fa
r°mpU* Maiefté permectoit qu'içeux Prélats prononçaifent en ccft arFaire iugement à leur plai-
fir,il aduiendroit qu'il ièroitfiufltré de fon attcnte,qui eftoit dctrouuer quelque remède
pour çompofer les troubles. Et futàcefteflnprcfèntée requefte, fuyuant laquelle le
Roy prcfenc,luy alsiltant la Roincla mere^leRoy deNauarrey&: autres Princes du fàng,
& grands Seigneurs,le Cardinal de Lorraine commença vneharangue , par laquelle a-
pres, longues préfaces & remonftrances donna à entendre au Roy le (bmmaire de (à lé-
gation, S i r e , il y a (dit-il) maintenant huit iours que par voftre ordonnance ex prefle fu
rent introduits en çelieu nombre dcperfonncsquifefont&parezlongteropsadcnous
ànoftretre^randregiet,faiIansdiuerfeprofelsiondeFoyAÔ^«e ic voulans aÛfubieftirà
nos
Et des &Ctfkftre4 tEuangilt^j. j8 6
nos obferuations: & par leur dire ont monftrc quelq defir d'apprendre & eftre inftruids,
rentrans en cefte leurpatrie,&cnlamaifbn&:aifemblce de leurs pères, lefquels quand
ils voudrôtrecognoiftre,iUferôt receus&cfnbrafTez pour enfans. A eux nous ne Voulôs
aucune chofe reprocher,mais côpatir à leur infirmité, non les reietter,mais rap pelet4, né
les feparcr,mais les reunir: à fin que tousd'vne mefmcbouchc nous portions honneur à
Dicu&: Pere de noftre Seigneur IefusChrift. A eux doneques en toute charité &eipric
de douceur nous refpondons,Qvi nous fommes tref-aiîès de la profefsion qu'ils ont
fâidc des articles du Symbole à tous Chreftien* commun, &c fouhaitons de bon cœur,
que comme ils cenuiennent au langage,ilsfuflent d'accord au (cns& en l'interprétation.
jB^ Yant ainii cômencé, fa prop ofîtion fut de parler feulement de deux poinds,pour ce
que de s'arrefter à vn chacun,il difoit qu'vn iour entier n'y fuffîroit. La déduction de
ces deux poinds fut fort longue : & pour en dire la fubftance fommaircment , celle du Dcu±
premierfutdercprouuerceuxquidifentquel'Eglifeneftque desefleus,plufieurs paflfa- principaux"
ges defEfcriture mis en auanc pour vérifier qu'en l'aire duSeigneur il fe trouue touîiours touchez en
delapaille&dufoin,qucneantmoinsl'Eglifenepcutfaillir:& fi quelque partie de l'Egli- J*ona°ucS
fe venoit à errer,qu'il falloir préférer lecorpsencoresfain à vn membre corrompu :&; Ci àioA
le mal ga-gnoit, qu'il falloitlorss'appuyerfur l'antiquité, & retourner aux premières Se
principales Eglifes, entre lefquelles toute l'antiquité auoit eu recours à la Romaine,
recogneué eftre la première de iaChreftienté.Quefïen l'antiquité il fe trouuoit erreur
en quelques lieux particuliers de l'Eglife, il falloir oppofer les anciens décrets des Côciles
& vniuerfels à l'ignorance de peu de perfonncs:&: fi en iceux Côciles ne fe trouuoit rien,
qu'il falloit diligemment recercher les fentences eferites &accordantes de tous les anciés
approuuez en l'Eglife Catholique. Et fur tout faire place au tefmoignage de FEfcriturc.
Et que pour n'auoir tenu ceft ordre les Arriens s'en eftoyent mal trouuez,&: feroyentauf-
fi ceux qui vouloyent iuger vn feftu en l'œil de leur prochain , Se ne voyoyét pas vn che-
uron au leur.
Av regarddufecondpoind)quifuttouchahtleSacremétdelaCene,oùilinfiftalon- Lefeeonà
guement à iceluy:& remonftra que luy,& les autres Prélats du Clergé auoyent vn extre- p°«i& <fe
me regret,&£ tel qu'il ne le pouuoit dilsimuler, de voir que le treifaind&: facré Sacremét |-^e lcga'
defEuchariftie, que noftre Seigneur auoit hifCé pour vn lien d'vnionôi de paix, parvne
certaine curiofité de cercher plus haut qu'on ucdeuoit,ruftfaidârgument,nonfeulemét Regrets ex-
d'vn différent &:altercation,qui eftoit pour n'auoir iamajs fîn,mais aufsi vn vray chemin pree™"dc4
de perdre en tiercment,ou bien efgarer la verité,fic le fruid que Ion en doit auoir,qu'il di-
foit confifter en quatre poinds. Le prcmier,en l'vnion &: reconciliation que nous deuôs
auoir & faire enfcmble,eft ant efcrit,Quc plu fieurs nous fom mes vn mefmc corps, parti-
cipant d'vn pain & d'vn calice. Le fécond, l'vnion auec Icfus Chrift,cftantdit,Quimân
ge ma chair &t boit mon fang,il demeure en moy &moy en luy. Le troifîeme,la remifsion
de nos péchez, le fang précieux ayant eftércfpandu pour ceft efFed. Le quatrième, 1 ar-
tente de h Vie éternelle, fuyuant ce qui eft eferit: Qui mange cepain, il viura éternelle-
ment. Tout le contraireaduenant en cefte difputc,c'eft à fàuoir diuifîon entreles vns
& les autres, feparation d'auccDicu, priuation delarcmifsion des péchez, &c del'attenté
delà vie éternelle. ^Qj e la diuitiô de ceux del'Eglife nouuelle cftoit telle fur ce poind,
qu'il eftoit aife d'en mbnftrer huid opinions,& plus,toutes diueffes &: contraires:& qu'il
eftoitbièh meilleur de perfeucrer aufens que Dieu dés le commencement de l'Eglife
Catholique auoit baillé tel,pour le dire en peu de parolies,que le vray & vif corps deDietl
& noftre Seigneur léfus Chrift & fon vray fang eft en ce faind Sacrement prcfeftt , & y eft
reccu conformément à ce qu'il adid, Cecy eft mon corps, cecy eft mon fang.
Les q_v elles paroIles( dii"oit-il ) Ci elles ne valent autant qu'elles diiënt & fon-
nent,pourquoyfonr-ellesmefmcs&:dutoutfémblables redides par trois Euangeliftes,
& par l'Apoftrc faind Paul*
Po m lafindefaharegue^'adre/fantàlaRoinemere^it EtvouSjMadamejpuisquc
tout ce Royaume vous a déféré toure ladminiitracion durant la minorité de noftre Roy
&fouuéram Seigneur,gardez nous ce gage fi ptecieux,6de nous rendcz,venu en fes ans,
de mefitieReligion &: Foy qu'il vous eft baiHé,& que iufques icy vous l'auez fi foigneufe*
mentiriftruid. Ceferârairenôttmoin>queceftefaindcRoincClorilde, que Ion vous à
propofeeà imitcr,laqucllcparfcs (àin&esmftrûdions futcaufe d'amener le RoyClouis
fon mary à la Religion Chf eftieflne. Ët vous, Madame,en icellc retiendrez le Roy voftrc
Lhrt-j VIL A ([emblée^ des Pre/ats France^,
fils bien inftruict félon l'intention &: volonté du bon Roy Henry voftre mary.
De par luy doneques, Madame,&: en Ton nom, puis qu'après Dieu nous n'auons rien
qui vous l'oit plus cher, par voftrecommune&: à jamais pci durable 6c îndilTolublc ami-
tié,nous vous iupphons trcshumblcment en ceft endroid,commc en tous autres, fuyure
6c exécuter (es fain&es volontez,&: ne permettre qu'ainli fa mémoire foit condamncc,&:
de ce grand Roy François voftre beau-perc, qui vous appela ace grad &: heureux maria-
gedelon hUs:<Scqu ils foyent totalement fruftrez de leur intention en linllruction lain-
dc de leurs enfans.
No v s ne doutons qu'en ce faifant vous ne foyez bien affiliée du Roy de Nauarre, 6c
de nos Seigneurs les Princes du lang, leiqutls ne voudront dégénérer de leurs trelchre-
ftiensprogenteeurs. Cela melme vous confeillei ont ceux quiontccft honneur d'eftre du
Corlcildu Roy,ô£ les Pairs, Se les officiers de Fiance,tous nourris &auancez par ces bôs
Rois,&: qui ont feeu leur volonté. Et non feulement vous illuftres &c trclchrelticns audi-
teurs vous vous monftrcrezcn cefaiCt vrais Chreftiens 6c fidèles à Dieu, mais trcllo\ aux
6c affectionnez fubiects de voftre Roy:en quoy nous efperons tous,aidant Dieu,quetout
ce Ro y a u n i e le tro u u cra v n y .
dcTiïcfu" ^T POVR conclulion, Sire,nous tous d'vn cœur &d'vne voix, &: pour route l'Eglife
' Gallicane vouons à Dieu 6c vous promettonslolennellemcnt deiamaisnenous dépar-
tir de ccftefainctevraye&: Catholique do&rine, laquelle nous mettons peine d'annon^
ccr en nos cglifes:&: pour icellesibuftcnir nous n'efpargnerons tout noftrciàng,&: nos
propres vicsjcommeaulsi fcrons-noustouliourspreftsncnousoublier en rien où il foie
queftion de voftre feruicc&idela manutention de voftre Couronne.
Pa|£Pr e s que le Cardinal de Lorraineeut acheué, les Prélats fek ucrcnt&; s'allV rnbie-
'g^^rent tous à l'cntour du Roy : auquelle Cardinal de Tournon parla briciuement, en
confirmants: approuuant delà partde Jadictcallembleecc que ledi&Cardinal de Lor-
raine auoit dit &:cxpo(c à fa Maiefté, &: offrans de le ligner, ii befoin eftoit,deleur pro-
pre lang,c\: proteftans de vouloir viure&: mourir en cefte foy&: créance, comme citant
conforme 6c félon la volonté de Di e v &dc IcfusChrift, ôede la doctrine de Ja mè-
re faincic Egliiefon cfpoufc : Supplians trcshumblcmcnc là Maiefté de le vouloir croi-
re,&:y adioufter pleine foy,£jc perfeuerer en la Religion Catholique, en laquelle fes pre
decciTcurs auoyent vefeu. E t au refte que li ceux qui s'eftovenc feparez 6c diuile z de
iadit e cgliîc , fc vouloyét recognoiftre, ou foulcrire à ce que ledicl lîeur Cardinal de Lor-
raine auoit expofé, ils feroyent rccueillis,&: plus amplement oins es autres poincts où ils
difoyent aufsi vouloir elhenftruic~ts:autrcrrientque tourcaudience leur deuoit cftre dé-
niée: & que ta Maiefté les deuoit renuoycr,cx: en purger fon Royaume. Dequoy il la fup-
plioit crcshumblemcntaunomdc ladicte alfembleedes Prc lats, à lin qu'on ne vift ny
euft en ce Royaume trefehreftien qu'vne Foy, vue Loy 6c vu Roy.
OVand le Cardinal de Lorrainecutparacheué,Theodorede Belzefit requefte inftan-
^tc au Roy qu il plcuft à la Maiefté de luy permettre de rcfpondie furie champ aux ar-
ticles mis en auantpar lcdid Cardinal, la mémoire de tous les argu mens leur cirant frai-
lche cv récente : ioinCt queluy 6c les autres Miniftrcs craignoyent de n'auoir plus l oppor-
tunité de refpÔdrc s'ils perdoyen t cefte-cy,pour le bruit qui Ce faiLbiz q les Prélats auoyent
délibère de ne traictcr plus ce iour pafl'c auec eux , q par condânation 6c cxcômunicatiô.
La Roine ayant fur le champ délibère auec le Confcil , dont les principaux eftoyent
les Cardinaux fufdits,& aucuns des autres Prélats, lit dire auldictsMiniftres qu'ils eulfent
aie retirer, &: qu'vne autre fois iour leur feroitalsigné pour venir refpondre.
Acefteoccalîon &caufe,ledicdcBefze,&:ièscôpagnonsMiniftres, vovans qu'après
debTc^c Pmnci-irs iours partez on ne s'aduançoit en rien, prefenterent requefte au Roy, tendant
ftc prciciî- a ce que puis qu jl auoit pieu à fa Maiefté les appeler de tant lointains 6c diuers pays,fous
tec a« nom laconduicte 6c afleurac e d'vne parolle Royale, aux fins de rcmonftrer les erreurs 6c abus
ftrci. '"' plantez de long ceps, 6c ia enracinez en l'Eglife par le Pape 6c fes fuppofts,& le moyen de
les exterminer du tout, qui cft la feule parolle de Dieu, glaiiieflamboyant: 6c~ par mefmc
moyen pour en conférer aimablement &; fraternellement auec leldids Prélats la venus
toutcxpreircmentpourceftemefmecaulcdeDieu, touchant de près Ion honneur, &
reftaurai ion de la fainCteEglife opprimée, &prefquc du tout accablée 6c difformee par
la tyrannie 6c inualion des miniftres dcSatan,&: loups rauifTans , qui l'ont defpouillee de
fon naifcc naturel ornement,&: l'ont delguifce par traditions humaines, qui ne tendent
qu'à la
Et des MiniftresdetEu 'angile. }g?
qu'à lafubmerger&: noyer, 6c a abolir de deiîus la terre le précieux &fain£tnomde fon
Etpouxlefus Chrift :1e tour mené' 6c conduid parlarufe , confeil& aide de Satan : 6c de
ceux qui faulfemenC ont vfurpé le titre d'Euefques.Que ceft l'office du Roy Chreftien de
prendre le bouclier 6c les armes pour défendre la caufe de celuy qui 1 au oit eftably en ce
throne Royal: à l'exemple d'Ezcchias&Iofias,& autres Rois amateurs de Dieu.
Ladite Rcquefte fondée fur telles &: pluiieurslèmbIablcsremonftrances&: doléances
àlaparfin far rclponduc ,non fans grande difficulté &: empefehement fait au contrai-
re: &:rut arrefté que le Colloque fe paracheueroitauec JefditsMiniftres,mais non plus
en public, ains en lieu priué tant feulement. Suyuantcc, eftant reculé le Colloque ini-
ques au x x 1 1 1 1 . iour dudit mois, ayant cite mandez les Miniftrcs cftans à S. Gcrmain,fe
prefcnterentdcuantia RoineafsifteedesRoy&Roine de Nauarre, &: autres Princes &
iieursdu Conleihlà eftansaufsi lefdits Prélats &Theologiens,&: lèsdouzeMiniftres leu-
lemcnt, peu d'autres receus à y entrer. L a commença le Cardinal de Lorraine à decla^
rer en peu de parolles q celle alfemblee eftoit pour ouir ce q les Miniftres voudroyét dire
fur ce que par luy auoitertépropofe'auparauant.AquoydcBefzelèleuât au nom de tous
les côpaguons Miniilres , 6c de toutes les Egliies Françoiles , après auoir inuoqué Dieu,
refpôditfur les poinctsmiscn auat parle Cardinal de Lorraine, affauoirjurcequicôcer
ne l'Eglife 6c Ion authorité:&: depuis fut la fainetc Cenc de Icfus Chrift. Quât au premier
poinctjillc diuiiè en trois :Quc ce It que l'Eglife :Qaellcs font les marques: Quelle eft Lcmot(j-E
fonauthonte. En premier lieu, que ce mot a EgUÇe qui cftGrec, eft tire d'vn autre mot ghic.
qui lîgnifîe autant (juapptlcrd'ynbeu enyn autre': mais qu'il y a deux maniei es de vocation.
Qu'à parler propreir et, ce met d'Eglile côprend feulcmét 1 aflemblccdes efleus 6c prede
ftinez de Dieu. Que pareillement il y a deux manières d'homes: les vns mébres de Chrift Dcui[nj
&lavraye Egli(e,&qui l'ont la maifon mefmc. Les autres, (ont bien en lamailbn de Dieu, nuresd hô-
6c il n'en font point, mais font comme la paille auec le froment,iuiques à ce qu'ils en for- ™cs.
1 i y • • j v i>t- i /• i 4 I rois mar-
ient Que nous nous douons <<llocicr 6c coniomdrea 1 hghlcqui poneles marques cer- <jUes.
taines, qui font U pureparoUe de Dieu , & fincerc administration des Sacrtmtm . Que l'Eglife
eftrappuy&colomne de vérité. Quant à la troiiîcme marque, qu'aucuns adiouftent, à
fauoir/.t (necefian ordinaire depuis le temps des Apofties, quelle eft grandement à pri-
fer>pourueu qu'elle foit bien conlidercc&: appliquée, commeles anciens s'en fontiou-
uent aidez contre la nouueautc des hérétiques : mais qu'il y a vne lucccflîonde doctn- Succcftion:
nc,&: vne lucceision de perfonnes. Quant à celle dcLt doctrine, elle eft à aduouer comme
infalliblc: maisquantà la perjonncllt , on ne ladoit aduoucrh clic n'eft conioinre auec
celle de la doctrine Prophétique 6c Apoitolique, pour le moins es poincts fu bftantic ls
fondamentaux, 6c non autrement. Erpour ignorance, ou pour diuerfitc d'opinion es
poincts delà doctrine, qui ne font fubftanticls,8caufsi pour les mœurs, il nefautlaiiler de
tolérer vn Paiteur pout pafteur,pourueu qu'il retienne le fondement. Que les vrais fuc-
ce(Teurs des Apoftics,lbnt ceux qui eftans légitimement appelez baftiilent lur le fonde-
ment d'iccux:ioit qu'il y ai: eu vne perpétuelle fuccefsion perfonnclIc,ioit qu'elle ait efte
pour quelq teps inteirompuc,ou mefmes qu'ils foyet les premiers annociateurs de l'Eua
gile en quel q Lieu.^Qu'il y a deux formes de vocatiG,vne ordinaire 6c vne extraordinaiye-Xor
dinaire eftre cclle,cn laquelle eft garde l'ordre q Dieu a eftably en l'Eglilè.En laquelley a jc v'0.
l'examen de ladcctrine&: de la vie, puis l'élection légitime, & rmalemctlimpoiition des catioa
mains:rextraordinaire,en laquelle ou l'vnc de ces deux choies defaut,ou les deux, ou ton
teslcs trois. De toutes les deux vocations le Seigneur a fouuent vfé. Quât à l'Eglife,quel
leeft tellemet corps du Seigneur qu'elle eft encores en partie en Ion pèlerinage, attédât
la pleine iouifsâcede fon chef. Que telle eft la maifô de Dieu, mais qui fc battit encore,ôi
croift de iour en iour:Qui eft gouuernee par l'Efprit de Dieu , mais côbatât encore cotre
la chair : Qui eft purifiée, mais c'eft pour eftre amenée petit à petit à celte pcrfeôtionde
beauté,où il n'y aura tache quelcôq:Qu'clle cognoiftDieu,mais c'eft en partie.Que hors
l'Eglife il n'y a point de falut, puis qla vie n'eft: ailleurs qu'en Chrift : 6c qu'iceluy ne deL
ployé fa vertu viuifiate ailleurs qu'en (es mébres, defquclsl'vnion 6c aflemblce s'appelle
j l'Eglife:Que les mébres de l'Eglife errent to9 les iouts en la doctrine &cs mœurs. en quoy Doftcur*
| ne faut excepter les anciens Docteurs:Quelcs Eglifcs particulières 6c les Côcilcs princi-
l pauxpeuuét errcr:Que les CGciles depuis vn longtépscôgrcgez d'vne multitude limai
qualifiée, ri ot efte côduits par le S.Elpnt iufques à ne pouuoir errenQuc l'alîemblee des
Prélats a côdâné les Prophetes,voirele propreFilsde Dieu,&:apres luy les Apoftrcs:Que
raftebleedes Prélats del'Eglife quelq vniuerfalité qu o allègue , a fbuuet efte gouuernee
GGg.i.
Liurcj VIL Ajfemblecj du Frelats dcj France^,
parl'Efprit d'erreur pluftoft q parle S.Efprit:QueSata s'efl: pieçatrâsfiguréenla lumiè-
re des Côciles généraux pour defguifer (araulfetc: Quecduy qui n'a aune fondemét que
la vie des hommes,& l'apparence cxreiieured'vn Concile, cftplulloit en danger d'eftre
trompe, qu'autrement: Que Dieu ne permet point quela vente des poin&s fubllaticls
de nollrefaiut ibit iamais tellement enleuelie en toute fon Eglife, qu'il n'y ait toujours
quelquenombre, maintenant plus petit maintenant plus grand, lequel entende cequ'il
fautentcdre,& fuyuece qu'il faut fuyurc: Que les Conciles anciens ne lbnt à condâner:
mais qu'il faut âJ'Efcriturefoit la pierredetouche,pour examiner tout ce qui fc fait &c dit
en l'Eglife.Ce q conuient côliderer deuat que fonder vne coullumc côme Apoftohque:
àfinden'abuferdei'authoritcoucouftumedes Apollres, pour troubler les Eglifes. En
fomme,pourcôclu(ion il rcquicrt,qrEfcnturcdiicerne entre les traditiôsbônes&mau-.
uaifcSjfainLlcs &; profanes , profitables & nuifibles,necelîaires &c fuperfîues.Et quencor
q l'Eg!i(e foit deuant rE(criture,fi eft-ce q celte parollc qui depuis a elle eferite , ell rouf
ioursplusancienne:vcu q par elle cil côceuë,engédrec& nomeel'Eglifc: Et qu'il ne faut
luyurc l'erreur ni de fes pères, ni de fes ancclïrcs,ains l'authorité des elcriturcs:aulquellcs
feules faut auoir refijge pour prédre la fermeté de la vraye foy. Voy la lommairc met la fé-
conde harengue de Befzerelponfiue aux principaux poincls dcl'oraifon du Cardinal de
Lorraine.-laquelleayât déduite en bon ordre &r vérifiée bien amplemét par paffages ex-
près tant delà fainde Efcritureq des anciens D jeteurs, il dit pour la fin: lufques ici, Ma-
dame,i'ay refpondu araplement,&: lelon la mefure delà cognoifîance q Dieu nous a de-
partie, au premier poinft de la Harengue dernière de Meilleurs les Prclats,côcernantre-
ftat&authoritédelEgliledenoftreSeigncunfurquoy nous lommes encor'tous prefts
^ d'entendretout ce qui nous fera monftréparla pure parolle de Dieu. Il relie l'article de
ridedeï" la Ccne,du quel ie m edeporteray,s'ilplaift à voiri e Maie(té,tatpout vous auoir défia par
Ccnc. trop retcnue,auec toute l'illuftrecôpagnicque pour ledelir q nous aurions q celte Con-
férence fuft cômencee Sduyuic auec vn meilleur ordre.IoinS qu'en parlât ibmmairemét
d'vne matière qui a eftéiufques ici tant obfcurc &: enueloppee.il efk mal-aifé q beaucoup
de parolles nelchappent, quelques véritables qu elles foyent , qui offe nient les coeurs de
ceux qui les oyent. Toutesfbis,s'il plaift à voftre Maicfté q nous pafsions plus outre,nous
fommes prefts d'en dire ce que le Seigneur nous en a donne' à cognoiftremous foumettâs
toufioursàcequinousferamôftre'parleslàincliesElcritures. Apre s celaplulieursau-
cjDcfpcn- £rcs jjifpytgs faret entre-meflees par quelques Sorboniftes.ClaudeDefpcnfe entre autres
après quelque préface fc mit en auant:& dit, Qu'il recognoilïbit cltre véritable ce qui a„
uoit efte mis en auât de l'Eglileyies marques & fuccefsion d'icclle: mais qu'il s eftoit touf-
iours esbahi de l'authorité de qui,& par qui appelez, les Miniftres eftoyent entrez en l'e-
glife,&: prins charge d'enfeigner:veu qu'ils n'elloyent inftiruez parles ordinairos , ne re-
ceu fimpofition des mains d'eux,faifant par là vn recueil qu'ils n'elioyent pafteurs &c mi-
nillres h-gitimes:Car vous ne pouuez(difoit-il) alléguer que vous lovez venus par fuccef-
fion ordinaire^ encores moins par extraordinaire, d'autant qu'elle fe doit prouuerpar
miracles,ainii que Moyfe a efte exciré de Dieu pour deliurer (on peuple:ou bie par quclq
tefmoignngede l'Elcriture,cômc S.Ieanda vocation duquelfur prouueeapertementpar
DcliCenc. Ictefmoignagedu Prophète Malachie. De là il vint àouurir lepropos de laCene.&a-
pres auoir dit quelque chofedelaprefence du corps de IefusChriil en icelle,il fitlcfture
de quelques endroits cicrits aux liures de I. Caluin,tailatlenomderauthcur,dilant,qu'-
il sesbahiroit bien s'ils y contredifovent. L'on eftima q ce qu'en failoit Dcfpcnfe, efloit
pour aggreer au Cardinal de Lorrainc,talchanr par le moyé de ce propos de la Cene trou
uerbonneoccaiion d'interrompre le Colloque,&: mettreles Minilires en débat auecles
Vn moine- Alcmans. Ainsi quede Befze vouloir refpondrc,vn moine blanc fe prefenta nommé
nônu Sjin- Sain&es, ardent ScclchaufFé pourcôbatrecV: difputer,lequel reuetaauec parolles aiguës
pourdi/pù! &piqiiantestoutcequeDefpenfeauoitiaditfuffilamment,afrermant en outre que les
«r. traditions fontappuyees fur vn fondement plus fc ur& ferme, q non pas l'Eicriture:car
1 Efcriturcl'aincle(diifbit-il)fe peut tourner ça & là par la variété des interpretations.EtS.
Cvprien fous ce prétexte auoit elle deceu auec les Aphricains , en ce qu'ils difoyent que
lefus Chrift n'auoitpasdit, le fuis la couliume, mais, le fuis la voye, la vérité & la vie:
de laquelle (entence les hérétiques n'auoyent depuis celTé d'abufer. Puis alieguaTer-
tullien au liurc Des prèferiptions des hérétiques, l'admonnellant de bien voir &: re-
uoir le pafiage, où il dit que les hérétiques plalircnt les Elcritures, &par leur auda-
ce elmcuucnt aucuns par ce moyen :6c que pourtant Une faut pas recourir à icelles,ne
fonder
Et de* Minières de tEuangtle. fSS
roder fur elles le côbat,n'eftâ^ aucune vic~toire,quoy q c'en loir,cerraineàefpererd'icclles.
Puis adioufta, Que Dieu outre fon intention nous auoit baillé fa doctrine par cfcric,
citant à ce propos Chryfoftome contre Manichee,au proé'fme du liure.
Làdefifus de Befzerefpôdit modeftemér,q tous ces longs propos ainfi diuerfcmét re- De Befze
petez,cftoyent peu propres pour vn tel Colloque &c difpute,pour en tirer quelq bô fruift rclPon'1-
fifmoyen de paix &: concorde qloncerchoit:&:qucdetous tels am as &: redites n'eftoit
àefpererfinôcôfufiomfupplialaRoined'y ordônerpour l'aduenir quelque meilleur or-
dre. Po v r donc premièrement fatisfairc à ce que Defpenfè auoit dit, qu'il s'esbahifîbic
cornent luy èc Tes copagnons auoyét pris la charge d'enièigner 6c prefeher , veu qu'ils n'a-
uoyent pointreceu l'impofition des mains par ceux qui ont la puiffanec ordinaire de ce
faire:Ce n'eft pas,uit-il, la principale marque de la vocation légitime qucl'impofitiôdes
mains : les marques principales &c comme fubftâtiales lont l'inquifition des mœurs & de
lado£tnne,&: l'élection, qui l'ont les voyes ordinaires,aufquelles fi l'impolition des mains
defaut,la vocation n'eft pourtant à eltimer moinslcgitime. Nous fommes efleus & côfir-
mezPafteurs&Miniftrcs,ofFerts&:receusaux Eglifcsfolcnnellemcnt,lefquelles ontap-
prouuénoftrc Miniftere:&: fi nous n'auonsreceu 1'impofnion des mains, &ne fommes
infticuez des ordinaires, il ne s'en faut esbahir,!! les chofes eftans confufes & defordônecs
enreglifeRomainc,nous,neceuxparlefquelsnousfommes inftituez, n'auons voulu at-
tëdre ttmpofition de ceux, les vices defquels,la fuperftitio & fau/fe doctrine eft par nous
reprouuee:car en vaincullions-nous demandé d'eftre approuuez de ceux qui perfecutét
la vérité contre ceux qui la maintiennent. Il eft certain que les Prophètes n'ont point
eu anciennemét de plusgiands ennemis que les Sacrificateurs, s'eftans deftournez delà
laine do£trine,& nefailans leurdeuoir.Les Prophètes dôcques excitez de Dieu alencô-
tred'eux,leur demaderent-ils approbation ou confirmation derauthorité& charge que
Dieu leur auoit baillée ? Et toutesfois l'on ne peu t dire d'eux qu'ils le foyét ingérez en exc
eu tant leurs charges au danger de leur vierce qu'il nous a aulfi côucnu faire,&aux noftres
en cetéps. Et ne faut dire q les miracles foyértoufioursnecerTaires pour la prcuue delà
vocation extraordinaire. Car ce q nous lifons de Moyfe,& des lignes & miracles qu'il a Faire mir*:
faitsm'a pas efté cômun à tous. Qu'ainli foit,quels miracles ont fait Ifaie , Daniel , Amos, des n'eft vn
Zacharic, pour prouuer leur vocation? S. Paul a-ilattendu l'impofition des mains pour ^°u,omuû
faire la charge qui luy eftoit commandée de Dieu? Et ayant voulu prouuer fa comiflîon
&puilTanced' A poftolat,il ne s'eft tant aidé d'alléguer les miracles par luy faicts, quede
mettre en euidece le fruift qu'il auoit fait par fa prédication ,&: côuerfion de maints peu-
ples Se nations , fi qu'eferiuant aux Corinthiens , il difoit qu'ils eftovent le feau de Ion A-
poftolat:ce que nous pouuôs dire en femblablc de tât de pays,Royaumes,& prouinces,a-
yansreceul'Euangile par noftre predication,maugré tous les empefehemens que l'on y
a feu taire au contraire^ ne penfons qu'il nous faille demâder autre meilleure confirma- 1
tion de noftreMiniftcre,la vertu &£ efficace deDieu fe manifeftat allez en nous,à laquelle
ne les liés,ne la prilbn,nc le feu , ne les banniiTemcs,nc la mort n'ont feu don cr empêche-
ment. S v r la queftion des traditions, à fin de faire ouuerture à leurs cérémonies non
receuables,aprcs maintes interruprios&debats entremêliez par lefdits Defpenle&Sain
£tes,q wi difoit q la virginité de la Vierge Marie après l'cnfantemet ne fe pou uoit prouuer
parrEfcriture,neqlesenfansdeuflent cftre baptifez:l'vn& l'autre toutesfois luy cftant
prouuépartcfmoignagcdcrEfcrituremo pourtâtdclaifTa-il d'argumenter &crier,à la fa
çondela dii'piîteSorboniq.Cequifutpeuaggrcableàtouteraffiitence.ËT ainfi q plu-
fieurs d'entre eux parloyent cnfcmblemét auec cofufion,le Cardinal de Lorraine fe met-
tant entreieux, côme eftant cefte queftion alTez debatue,rinterrompit, &C fit ceffer la di-
fpute d'icelle: qui fut caufe q les Docteurs de la Sorbonne ayas eu le dernier, le perfuade-
rent d'auoir eu la vi&oire.Puis après vint à parler de laCenc,proteftat au nom de tous les
Prélats de ne palfer outre,iufques à ce qu'ils fiufent d'accord de cepoin&âuec les deflui-
dits Miniftres:pource (difoit-il)q c'eft le principal article pour lequel la Chreftien té eft en
trouble: adiouftant quelefdits Miniftres eftoyent caufe qu'il falloit par neceflîté comen-
cer tout premièrement par cefte difpute, pourau tant qu'au premier Colloque ils ena-
uoycntfi clairement déclaré leur opinion, que le bruit en eftoitpartoutleRoyaume,&S
quelaharenguepareux faite eftoit ia imprimée &: diuulguce par tout. Le Cardinal
I l commença donques par la ConfelTîon d'Augufte, demandant s'ils la vouloyent propre'-» t
fouferire. Leldiâs Miniftres demandèrent d'autre part s'ils la vouloyent en toutapprou Aufoour^
GGg.ii.
l)nrz-j VIL Editt de Januier four les ajfembleu.
ucr. Aquoy lcdicl Cardinal n'ayant donne reljponl'c,lcurmonftra l'opinion de quelques
Miniftres, qu'il difoitluy auôir cfté enuoyee: &demanda s'ils y vouloyenc fouferire , les
priant au ce inftance de refaire. Ce que Ion dit qu'il faifoiccautcmenc,à fin que s'ils refu-
foycntde ce faire, il les mift encombat'auee lefdi&s Alemans: & s'ils l'appnouuoycnt,
De ccfz..- (]uc comme ayant obtenu la victoire , il triomphait d'eux. Lors de Beize pour euiter
rcipod.îux cesembufchcs,refpondit, Qucluy & fes compagnons eftoyent là venus pour défendre
pofitioj ' ° IcurCpnfeflion de Foy,& qu'ils n'auoycnt autre pouuoir ne mandement de leurs cghfes:
6c partant requirent qu'il Icurfuft loilibîedefuyure l'ordre d'icelle, à fin que toute la di-
fpure& conférence fut fuyuie 6c tenue par bon ordre, 6c qu'il peuft mieux par ce moyen
apparoiftreen quov ilspourroycntcftrecnlemblémcnc d'accord. Que l'ordre naturels
le moyen plus propre pour venir à quelque concorde, requeroic que les points plus al-
lez &rp lus faciles fuiîcnt les premiers trai&cz:& qu'eftant ainfi que les Sacremens dépen-
dent delà doctrine, ce (croie faire pluftoft au rebours que d'en traitter prcallablement.
V o 1 1 a les premières & principales côfercnccs du Colloque de Poi/fv : c oncernâtes
l'pecialcmcnt la Confcflion de la Religion 6c de l'Egliie Chreftienne : quenous auons ex-
traites des eicrics mis en lumière 6c diuuiguez plus amplemét furie faict delà Religion 6c
République de France.
D E l'cdicl nomme de Limier fait par le Roy fur le reglemtt de la Religionfuyuant l'aduU de tout le Con-
feil, &■ des convoque^ de tous les Parlcmens,à Satncl C ermetin en Laye,le XVI I. de Iauuicr.
^Bl^fSS 'E D I C T de Iuillct déclaré ci deuant, caufoit tant de troubles en France, q
y] |f|À|5f le Roy Charles i x. fit aile m hier fon Confeil pour y remédier. Et comme l'aÊ
W fof'Slj faire cftoitdegrandeimportâce, ilappcla à ceite délibération les plus doctes
i'rdict de SJillSv ^cs Parlemensdefbn Royaume.&plulieurs perfonnagesdegrand nom. Par
bniicr tant f aduis delquels fut rédigé, &: depuis publié vn Edict au mois de Ianuier de celle année a
cdcbrJ. nousprcnosàlaNatiuité m.d.lx i 1. par lequel leRoy permectoit aux fidcles de s'aflem-
bler pour ouir la parolle.de Dieu 6c faire tous autres exercices de leur Religion : pourucu
toutesfois que ce ne fut dans les villes , mais bien hors d'icelles , 6c aux faux-bourgs. Dé-
fendant à toutes perl'onnes fur grandes peines,de les troublenpouruoyoit aulsi à leur feu-
rcté par beaucoup de bonnes «Sdainctes cautions. Les principaux articles de ceft Edi;t
font ceux-ci qu'auons ici inferez auec la declaratiô faire par les Miniftres 6c députez des
Egliics de France,eftans en Cour pour feruir d'auis 6c confeil auidites Eglùcs fur l'exécu-
tion 6c obier uan ce des principales claufes, comme s'enfuie:'
LE premier article duditEdicl commande de vuider des temples: & rendre tous biens &lieux occii-
pe\furles Ecckfiaftiques Romain<;,& ne les empefeberen la perception de leurs reuenus, rendre les orne-
mens& reluiuairts,deffend d'édifier temples dedans oudehors desvilles. A efté aduifé qu'il faut o-
beir fans difficulre:& quant à la reftiturion des ornemés 6c reliquaires, fi ceux qui les ont
rauis font de rEglilé,{éroncadmoncftez de les rendre: Et à faute de ce faire feront defa-
uouez &c retrenchez du corps de l'Egliie.
Parle 1 1 .article a eflédeffendu d 'ah atre images, hnferdes croix <& faire aucun aile jcandaleux.Y aut
obeir-.car l'office du Mmiftreeft d'abatre les Idoles du cœur des hommes , par la prédica-
tion de laParollcde Dieu, & non autrement: Et la vocation desperfonnes priuecs ne
s'eftend plusauantquedepricrDieuqu il infpirc tellement les Roisôj Princes qu'ils s'eni
ployent à aduancer la gloire^' abatretousinftrumens d'Idolatrïej comme aulîi il a efté
ordonné cv deuant en Synode iiir ceft article.
LE 1 1 i . dejfend de s'afjcmhler détour ou de nuicl pour faire prefthesdans les villes. Ceft article
pourroir le m blerrude: mais en y regardant de près Ion trouuera que les prières domefti-
ques dechacuQe&milledans les villes n'v fonc prohibées, nylesConfiftoires,moyennant
qu'ils le ficenc félon l'ordonnance de l'Edict: ny les proposions, pourucu qu elles foyent
tellcmenc reiglees qu il n'y aie quelespropofansauec Miniftres 6c autres qu'il appartien-
dra de a nfurer lefdicis propoïans, à fin que l'alfemblee ne foie trop grande.
LE iii \ ,prohtbep'>rtd\mnesauxaffemWees&aill?urS)faufauxGentiù-homes efpees & dagues
qui leur font ordinaires. Eaut entièrement obéir: car noftre combat doit plustoft eftrepar ar-
mes fpiriruclles,aîfauoir par prières 6c patience contreles aduerlaires deverité.
L E v . de ffend de reccuvr aux ajjemblees aucuns fins s' informer de leurs vies, & condition s, a fin de
les rendre aux Magistrats s 'ils en font requis. 'il nes'encendde cous ceux qui viendront à la pré-
dication
Edift de Januier pour les afiemblecs . // p
dication,ains de ceux qui feront receus & aduouez en rEglife,c'eft à dirc,dc ceux qui s'af
fuiettiront à la difciplined'icelle:&: pourtant faudra quelesMiniftres rcmonftrent ceft
article,fpecialement fur le temps de laCene, en pleine aflemblce.
L E v i . commande de fouffnr l 'afîiflance des Magiftrats aux ^ffemblees , iceux reTpe&er.
Nous dcuonsdefircr que les Magiftrats fe trouuans aux aflcmblees foyent receus en lieu
honorable,&:qui ne foit occupé, en leurabfenceou ptefence, d'aucune pcrlbnnc priuec.
2*4 Rie vi i .eft inhibé détenir Confiftoire s ■> affèmblecs ou fynodtsfans la prefenct oucongé d'vn
àn officiers du Roy. Parce qu'il y a certains iours eftabhs pour les Coniiftoires.il faudra dé-
clarer ceft ordre aux Magiftrats,afin qu'ils y afsiftcnt, li bon leur femble.Et d'autant que
nousnepretendonsrienfairequinel'oit cognu de tous: & principalement de ceux qui
nous repreientent noftre Roy &: Prince: il faudra lignifier le temps &c le lièu defditsSyno-
des, tant au Magiftrat du lieu duquel chacun Miniftre partira, qu'à celuydu lieuoùlc-
dit Synode le tiendra,^: demander a&e defdites déclaration & lignification.
LE v i 11 . prohibe création de Magiftrat*; Joix &ftatuts. Faut obéir &aducrtirle Magiftrat
de l'ordre qu'on a cydeuant tenu aux Eglifes rcformees,làns confondre la vocation Ec-
clciiaftiquc auec la Politique.
V ^4 Rie ix .font défendu* enrollemens de gensyimpofttions de deniers , excepté les aumofnes vo-
lontaires. L'Edict porte de foy l'exception neceffaire touchant lesaumofnes &c contribu-
tions volontaires pour l'entretenement des Miniftres,&: nourriture des poures.
LE x. commande les loix Politiques ■> obferuer les feftes chômai [les,& aux mariages les degre^ de co~
ftnguimté. Les Minift res admonnefteront les auditeurs d'y obéir , veu que la liberté de la
confcience n'y eft intereftce,& que l' Apoftre nous admonnefte vier de noftre droicl: fans
le fcandale du prochain.
LE xi. charge les Minières de mrer entre les mains des Officiers du Roy/ obferuation de tEditt, &*
de ne prefeher autre chofe que ce qui eft contenu au Symbole de Nicene , & au Iturcs Canoniques du -vieil
& nmueau Teslament.¥ zut obéir &c faire le ferment entre les mains du Magiftrat fubalter-
ne Royal , auquel appartie nt la cognoilTance &: iurifdi&ion de la Police , &: non d'autres:
& faudra iurer par le nom de Dieu vi uant: &: fi le luge exige vne autre forme de ferment,
on s'y doit oppofer en toute modeftie.
LE x il. de fend de prefeher ^procéder par comices contre la meffe,&* autres cérémonies recettes &*
gardées en l'eglife Catholique. Faudra vfer dételle modeftie que chacun puifleentedre qu'on
ne tend à autre fin, qu'à édification, 6c non point à prouoquer & iniurier les perfonnes.
L E x 1 1 1 • défend d'aller de -village en village poury prefeher par force ^cotre ht voloté des Seigneurs,
Cure\.& MarguiÏÏiers. Quand ily aura quelques vnscnvn village qui defireront viure fé-
lon l'Euangiie, ils pourront demander vn Miniftre à l'Eglife, lequel Miniftre fera enuoyé
au Magiftrat du lieu pour prefter le ferment iouxtelaformc de l'Edict, &par ce moyen
Ion viendra au deuant des coureurs qui fe fourrent dedans les trouppeaux fans légitime
vocation. Et au iluplus ncfaudraplantet : l'Euangiie par force d'armes ny violence : ains
feulement par la pure 6c faintte prédication de la parolle de Dieu.
L E x 1 1 1 1 . défend de ne receler aucuns pourfuyuu ou iondan/ne\ pour fedition . Il y faut obéir
en bonne confcicncc,& monftrer par erfecl: que nous ne iommes point receleurs ne fau-
teurs de meichans, mais au côtraire ennemis de tout ce qui répugne à la voloté de Dieu.
La H rftcution des fidèles de Vegjxfe de V A I S S Y en Champagne.
CESTE hiftoire ainfi qu'elle a efte atte(tce&: deferite par gens dignes de foy, voire de ceux qui ont eflédes
premiers d'icclîe,nous donne à cognoiftre comment la lumière de l'Euangiie defcouui ante les grolfes ténè-
bres de F rance,a tellement csblouy les yeux des ennemis, que de fureur & de rage ils ont execrablcmét meur
tris & faccagez ceux qui fuyuent cefte lumière. Nous fert aufsi ce récit, pour eftre efmeus & incitez de veil
1er & prier,&: faire bonne garde du threfor ineftimablc de l'Euangiie.
E P V I S ceft Ediddelanuier q le Seigneur par vne bonté fpeciale,&: ad_ M.d.lxii.
mirable a drefle les enfeignes de là Veriré au pays de Frâcc,pour recueillir ce
qui eftoit efgaré en fa bergerie :1e petit trouppeaude Vai/Ty a efté comme
au premier reng propofé en ces derniers temps à toute la France, pour
GGg.iii.
Lime VIL Lbiftobrc dt-> la
vn miroir des mcrucillesdc Dieu. VailTyeft vne petite ville appartenue au roy de Fran-
ce, des plus anciennes du comte' de Châpagne: affile fur les limites du duché de Barrois,
en lieu plaifant & fertile &: degrandc commodité. Il y a preuofté & liège royal : du reibrc
duquel font plulieurs petites villes, bourgs,&: villages : 6c mcfme de toute ancienneté la
loinuilic. ville de Ioinuille,delaqucllc ci après fera parlé, &: plulieurs villages dependans dicellc,
ont efté iulliciables &: tenus de relpondre audit Vaiily . Et pour celle caufe elle a efté de
long temps eniuee parla mailon de Guyle,tellement que du viuantdes rois Henry 1 i,&:
François 1 1, derniers décédez, François de Lorraine duede Guyfe,& Charles cardinal
de Lorraine l'on frère, firent tant, quepour augmenter leur mailbn & famille , du colen-
remet defdits Rois, la terre dudit loinuilic, où ils ont efté nais, fut érigée en titre de prin-
cipauté : n'eftant auparauantquc (impie Baronie tenue en fiefdu Roy. Et pour orner ce-
fte principauté nouuelle,enuiron trentetrois ou trentrequatre quevilles &c villages fu-
rentdiftrnits de la Preuofté dudit Vailfy,&: iointsà loinuilic Advint le xii,dO-
clob. m .d . l xi, après le fufdic Colloq de Poifly, qu'vn des Minilire s de l'eglife deTroyes
en Champagne ayant efté efleu pour viliter ceux de VaifTy, &cy dreflfer quelque for-
me d'Eglile félon la parolle de Diemeftat y arriué pour exécuter cefte charge,aucuns des
Comment principaux de VaifTy l'aduertirent qu'il n'y auoit lors aucun moyen de rien drcfl"er, pour
rcjjhfcdc crainte de ceux de Guyle quis'alTembloyent a Ioinuilleau retour dudit Colloque. Et de
ft^phutcT faict,le du cd' Au maie fuyui de près de l'es freres,arriua audit Ioinuilleen ce melmctéps.
Ce nonobftant le Minilire ne doutant point que le Seigneur ne l'euftenuoyé, délibéra
auecceux qui monftroyentauoir plus grand faim de la parolle de Dieu, deffayer premiè-
rement s'il pourroit rien baftirenfecret, pourpuis après annoncer Iefus Chrift auxat
femblees comme ilauoitfait àRonay. A la première exhortation qu'il fit en Iamaifon
d'vn marchant drappicr,nepenlant yauoirque bien petit nombre de permîmes , voire
des plus fermes &: mieux inftruits , il fe trouua , tant hommes que femmes fidèles que
Papiftcs,qui auoyent fenti la fumec de celle aiTemblee,enuiron lix vingts perlbnnes,dc-
Comencc- man jans délire repeus de la pafture de vie.Lc fermon fait, on efleu t quatre Surueillans,
ment c tor 1 . *• . . . . . 1 N
me d'eghfe &c deux Diacres. Leiour luyuant i 6,dudit mois,I allemblee qui le trouua a la prédication
àVaifly. fLlt decinqà fix cens perfonnes,& croifloit de iour en iour, tellement qu'ils furent con-
traints de prelchcr en la court de l'Hoftel-dieu au defcouucrt: où plulieurs ignoranss'y
trouuansfurent li bien réduits que maints vieilles gens tâthommes que femmes dilbyét
àlaforticdes fermons, Loué (bit Dieu qui nous a fait ccllegraced'auoircognufafain&e
vérité deuant que mounr.L e io,dudit mois le Minilire partit de VaiiTy pour s'en retour-
ner à Troycs,i'Eglife eilant dreiîee,les Diacres aduertis u'auoir tel foin des pourcs q leur
charge rccjueroit, les Anciens de tenir la main à ceque nul ne fe polluall au baptelmc de
la Papauté , de lire aufsi quelques fermons faciles en Tartcmblce en commençant par les
fermons Sur les commandemens,qui font imprimezjiufques à ce qu'il pleuftauSeigneur
de les pouruoir de quelque fidèle palleur. Ce qu'aufsi ils firent fongneufement &c heu-
reufement. Carie poure peuple fut tellement retenu enfon deuoir par celle lecture ,q le
diable mettant en telle au duc de Guyfc d'enuoyer quelques gens d'armes enuiron le cô-
mencement du moisdeNouembre, pour clloufFer celle petite Eglife en fa naiiTance,ne
perdit que fes peines. Voila en fomme corn ment leglilè de Vaifly a efté plantée: rrftc de
Acctoiffc- rraitterdel'accroiflement,&: des aifauts qu'elle a fouftenus. Le Minilire, duquel men-
ment de l'E tjon a efâ faiteci deflus, partit deTroyes le 1 3 ,de Decemb.pour viliter derechef les fide-
Vaifl>^ ^cs deVailTy,àraifon de quelques baptefmcs qu'il faloit faire d'aucuns cnfans,par eux gar
dez à celle fin-la. Aufsi toft qu'il fut arriué il falut prefeher: tant eftoit le poure peuple ar
dant après la pafture. L e i7,dudit Mois il aduint vne choie memorable,qui nedoit eflre
obmife,tantpource qu'elle a efté vne des principales caufesdu carnage qui fera ci après
deferir, que pource qu'on peut cognoiftre par icelle combien le Seigneur befongne puif-
famment, quand bon luy femble,par les choies foibles &: infirmes. L'Euefque deChaa-
reuefquc Ions nommé HieromeBurgenlis, fut enuoyé du duc de Guyfe luyuant le confeil dû car-
de chaalôs j^ide Lorraincfon frère, à VaifTy diocele de Chaalons,accompagné d'vn Moint, efti-
mé pour eftre confit en théologie Papale,afin q par le moyen d'iceluy il renuerfaft lafoy
(li faire fe pouuoit) des limples gens de Vaifly. Iceluy eftant arriué auec fa trouppe garnie
de piftolcts $c piftoles le 16, dudit mois,fur les trois heures après midi,appcla aucuns des
plus apparens de l'Eglife,à ce q par leur moye il peuft tat faire enuers le peuple, qu'il vinft
le lendemain au fermon duMoinc qu'il auoip amcne.Ceux qui furent par luy appelez re£
pondi-
Terfèctétiond^ Vatjfy. j po
pondirent en toute modeftie,quc quant à eux,ils ne voudroyent ni ne pourroyet en bône
cofciéccouyr vn tel Moinc&quâtau peuple, qu'ils nepéfoyétpas qu'on le peuft amener
àcepoind;la.Ques'il plaifoit à monfieur l'Euefque venir ouyr leur Miniftrcilsfèraifoyét
fores qu'on ne luy feroit ne mal ne deiplaifir,ni aux fiés:&: outreplus, qu'il trouucroit que
lâ dodrine de laquelle on repaifîoit le pou re peu pie, n'eftoit autre que celle des Prophe- Fg- jc
tcs& Apoftrcs. L'Eucfquc ayant ouy vne telle refpôfè fut bien eibahy,& ie nritàleur fai- rCuefquedç
re remonftrance de fuyure le train de leurs pères qui auoyet efté fi gens de bien,fans s'em Chaalon*
brouiller en opinions nouuelles, qui ne pourroyet eftrecaufe que de leur totale ruine, ne
tenans conte de rentrer en grâce auec noftre mere faindecglhe,dei'obeiflance de laquel-
le ils s'eftoyent reuoltez à l'app etit de quelques afFronteurs de Geneue. Voila en eftèd ce
qu'il leur difoit,adiouftant qu'il eftoit bien marri qu'il ne fauoitprefcher,mais que le Re-
ligieux qu'il auoit amené, fuppleeroit àfon défaut. Voyant qu'ils demeuroyent fermes &:
arreftezen leur première refponle , il leur promit qu'il fetrouueroit le lendemain aufer-
mon . Et ainfi ie départirent tous ioveux de luy , efperans que le fermon ne feroit fans vn
grand fruid. Av fortir du logis del'Euefque, îlsvindrentdroirenlamaifonduMiniftrô
enuiron les cmq heures , pour l'aduertir de tout : & nommémen t de la promefle qui leur
auoit efté faite par l'Euefque de venir ouyr le fermon. Iceluy loua leSeigneur,efperatque
l'Euefque feroit fuyui de beaucoup de poures ignoras de Vaifîy, aufquels il pourroit pro-
fiter,encorc que ladodrine qui feroit annoncée, fuftreiettee par l'Euefque &: par les fiés.
E t afin qu'il peuft profiter dauantage,delibera,apresauoir eu fur ce l'aduis des frères,
de faire confeffion de fa foy, lai/Tant pour vneautrefois lcfecond Commandement, qu'il
deuoit expoicr. L' h e v r e du fermon venue.l'Euefque cmpefcha qu'on ne lcfonnaft,
mais le peuple ne s'efmeut aucunement pour cela , donnant ordre qu'vn chacun fuft ad-
uertidemain en main devenirouyrlaparollede Dieu comme de couftumc,encoresque
lefèrmonnefuftpasfonné. Le peuple eftantaffemble' on vient quérir le Miniftre,lequel
ne voulut partir dulogis que premièrement îln'euft prié le Seigneur de Iuydonnerde-
quoy refpondre à ce Moine qu'on luy faifoit fi terrible . A près la prière il s'achemina vers
le tem ple,s'affeurant de l'aluftence de celuy quia promis aux tiens boucheà laquelle leurs
ennemis ne pourroyent refifter.Commeonchantoitles Commâdemens de Dieu Ren-
trée l'Euefque arriué,eftat fuyuidu Preuoft,hommcquis'eftoitreuoltc delacognoiifan-
ce qu'il auoit eue de la vérité' de l'Euangile,du Procureur du Roy, du Prieur dudit Vaifly,
defon Moine, &: de douze ou quinze perlbnnes qui eftoyentdefa fuite ordinaire. Apres
qu'on eut fait fin de chanter les Com mandemens,on le mit à prier Dieu, pour demander
la grâce de fon faind Efprit,mais l'Euefque intcrrôpit la priere,difant, Me ssieyr s,ie Difputcde
vies icy cômeeuefquede Chaalons,&: par confequét dece Lieu. Le Miniftrenele voulât [^J?^
laifTer pafler plus outre,rompit fon propos, &L luy dit,Monfieur>puisquc ie fuis le premier Miniftrc.
en chaire,c'eft raifo q ie parle le premier. Que fi vous trouuez choie digne de reprehéiion
en ma dodrine,il vous fera libre de parler puis apres.Cefte rcfpofe ouye,le peuple cômé-
ça à faire quelque bruit,lequel eftantappaifé, l'Euefque retra erïfonpropos,\fantdemef-
mes termes que deiriis:Meifieurs,dic-il,ie viens icy, & ce qui s'enfuit . L e Miniftrel'cm-
peicha derechef de pourfuyuredifant, Monfieur. le m'efbahy comment vous nous voulez
empefeher d'inuoquer Dieu en celicu,veu que le Roy le nous permet &. môfieur le Gou~
uerneur.Ordifoit-ilcelaeftant feur qu'ainfi eftoit:car il n'y auoit rien queleGouuerneur
deChampagnceftantàTroyesIeurauoit permis d'inuoquer Dieu à la façon des Eglifcs
reformées: fc dilànt auoir charge d expofer les edids du Roy : pour fermer Ja bouche aux
preftres, requérant inftammentfobferuation d'iceux . L'Euefque ne luy voulutricnrcL
pondre,retournanc encore vn coup à Ion premier propos. Qv, a n d le Miniftrevid qu'il
n'en pouuoit autrement cheuir , Bien , dit-il , Puis que vous auez fi grand enuie de parler,
faites lc,non pas en qualité d'Euefque , ains d'homme particulier feulement: car nous ne
vous cognoiflbns point pour tel.Pourquoy?dit-il, fi eft-ce que i'ay l'impofition des mains.
Pourquoyîrefpôdit le Miniftre,pource qu'il faut quefEueique prefchclaparollede Dieu
en vérité: qu'il adminiltre les Sacremés,& ait foin iour&nnid du troupeau du Seigneur.
Mais vous qui vous dites pafteur , quad auez- vous repeu voftre troupeau delà pafture de
vie?quand auez-vous adminillré les Sacremens,ou fait la moindre chofe de ce qui eft re-
quis en voftre charge? Co m m e n t îàuez-vousqueieneprefche poît?dit l'Euefque. Vous
dites hier vous-meime,reipondit lcMiniftre,àceuxde noftre Eglife que vous appclaftes
GGg.iiii.
Liurc^f VIL tH iftoircj d<u la
Qucl'Euef- pOUr parlcr à vous,que vous ne fauiez prefcher,& q vous en eftiez bien marri. Et où trou.
îcprefcSr. uez-vous,dit-il,qu'il faille qu'vn Euefque prefchecle le trouue, refpondit le Miniftre,au 6.
Vcrf.4. des Ades.itemau4.chap.delapremiereàTimothee. Or nefaut-il pas oublier en paf
Vcrf.6.11.13, lant)queieMinirtreeftudiât au matin ion {érmon, eftoit tombé par la prouidéce de Dieu
fur ces deux patlages-la,cômeil cerchoit autre chofe.Par ainli il luy fut facile de refpondre
ainfi piôpcemct à l'Euefq.ayât la mcmoirede ces paflages toute freiche. L'Euefque voyât
qu'il eftoit pris,0,dit il,ie prefche par mes vicaires. Le Miniftre rcfpondant degrandeaf
fe&ion,luydit;Celbnt toutes moqueries : les Apoftres & anciens Euefqucs preichoyet^
ils par vicaires?L'Euefque ne pouuant côtredire,Et vous,dit-il,eftes-vous Miniftreîauez-
vous l'impoiîtion des mains?Ie le fuis, dit le Miniftre,&: ay ce qu'il faut que i'aye . L'EueL
que, Si elLce que vous nauez pasl'impofitiô des mains de quelque Euefque, dont icme
puis aiïeurer.Vous auez,rclpondit le Miniftre, l'impoiïtiô des mains des faux-prophetes.
L'Euefque dit,Nous ibmmes les vrais bergers de 1 egliic/uccelTeurs des Apoftrcs.Ec com
ment lcferiez_vous,dit le Miniftre,veu que vous cftes excômuniez par vos Canons mei-
mes?en tan t que vous eftes entrez en la bergerie par la feneftre ? veu que vous-vous y eftes
ingérez de vous-mcfmes>&: quele peuple n'a point approuué voftreelection? Alors l'Euef
que dir,rcgardant derrière luy,Mon(ieur lePreuoft,ien demadeacte. Le Miniftre reipcL
Fucf^ues dit,&dit,Ouy,ceft raifon:mettcz-la,queic m'offre à monftrer mefmej)ar les Canons du
excommu- Pape, que celtiy qui fe dit euefque de Chaalons eft excommunié & indigne d'eftre Euef-
quc.Le Miniftre eltant prefTé par quelques rifecs que faifbit rEuefque,futc5traint dédi-
re haut &: clair , le fuis preft de fceller de mon fangla doctrine que l'annonce à ce poure
peuple,duquel vous-vous ofez bien dire pafteur , fous ombre que vous auez l'impoiîtion
des mains(comme vous dites)de trois ou quatre de vos Euefques.Ia pafture que vous pou
uez alléguer, eft que vous auez mis peine de repaiftre voftre iniatiableconuoitife , &c non
point les ames , qui ont efté rachetées fi chèrement du fang du Fils éternel de Dieu . Puis
s'addreflant au peuple dit , Voyez-vous , pourc peuple, ce qu'il vous dit:il vous veut faire
accroire en fomme , queceftuy-la eft le berger qui fe contente d'auoir vne pannetiere &c
houllette pour viure à ion plailîr en la maifon, fans mener les brebis aux champs pour re-
paiftre. L'Euefque deigarni de replique,ne pouuant plus diflimuler la caufe de fa venue,
dit,Si cft-ce que vous délogerez . Le Miniftre refpondit , le prefeheray l'Euangile du Sei-
gneur Iefus: fi vousle voulezefcouter pai(]blement,e(coutez-le: finon, ne nous troublez
point. le voy bien, ditrEuefque,que tout fegouuerneicy par furie. Non, non, refpondit le
Miniftre,tout fegouuerncde noftre coftt- par vn fainct zele,qui a efmeu iadis les Apoftres
fl à dire à vos feinblables,Qu'il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux homes. Celadit,l'Euefque
L'ciiefijue te retira auec fa courte honte, neftant fi bien accompagné que quand il eftoit entré. Car
Je cjualôs le Preuoft & les autres qui dcuoyent former le procès verbal , que l'Euefque vouloit faire
fc retire. faire,s'eftoyet ia retirez de crainte,fans coucher vn feul mot par efcn't de tout ce qu i auoic
efté dit.L e peuple voyant que l'Euefque fe retiroit auecfon Moine, qui iamais n'auoit o-
fé fonner mot, pour aider aux refponfes im perrinentes de (on Euefque, com meça à louer
Dieu ,leuant les mains au ciel. Aucuns ne fe feurêt tenir de crier, au lou p,au renard, à laf-
ne,à l'çfcole,&: telles parolles. Voila à la vérité tout ce qu'on fit à l'Euefque : lequel de ce
pas s'en alla faire prefeherfon MoineauMouftierdela Papauté,n'eftantiuyuiqucdcfon
trainxar les pourcs ignoras, qui eftoyent venus quant &: luy en la grange,pour voir le dé-
bat du Miniftre &: du Moine , ayans ouy l'offre que le Miniftre de première arriuee auoic
faite,de fatisfaire après le iermon, à tout ce qu'on voudroit amener cotre la doctrine qu'il
annonçoit-.ayans auffi ouy comment il auoit refpondu à l'Euefque, &c que rie n'auoit efté
répliqué qui fuft pertinent,demeurerent aufermon du Miniftre : & l'ouyrent de bout en
bout:nonfansfrui£t. Entre ceux qui furent gagnez au Seigneur, il y eut vn vieillard tout
gris,auquel à 1'iiTue du fermon on demanda : Et bien, pere,quc vous en femble ? Ha , mon
enfant,refpondit-il,ic voy bien que nous auons efté abufez. Comm s lepeuplcfortoit
paifiblement , & fe retiroit chacun en fa maifon , le Moine prefchoit encore : mais oyant
quelque petit bruit du peuple deuifant au fortir de ce qui eftoit aduenu , fut faifi de telle
F f frayeur,pen(ant qu'on luy en vouluft,qu'il quitta la chaire habilement, fans dire ni pour-
po'iLitc! quoy,nicommenr,ylaiuant vne defes pantoufles. L'Euefque auffi penfanteftrepourfuy-
ui,fefauua en grand' hafte,parvne petite porte de la maifon du Pricur,qui eft tout ioignâc
le mouftier. mais ils cogneurét incontinent qu'ils s'eftoyent elpouuantcz deleur ombre.
L e lendemain au matin,rEuefque fans autre bruit s'en alla droit à Ioinuillc,pour dir«
des now-
Terftcuriond<uVaiJJy: ' jyt
des nouuelles de Ton voyage. Mais auffîtoft qu'il futarriué, ilfèfentittellemét picquédes
brocards du duc d'Aumaie(côme on a Iceu des feruiteurs domeitiques de la mailbn)qu'-
incontincnt à (a relation on drelfa vn procez verbal pour enuoyer àlaCounlequel eltant
faitàleurpoltetouchantriniure qu'ils difoyent auoir efté faite àrEuclque>tendoyer:cà
cefte fin que corn m illion fuit donnée au duc de Guyle , pour cftre exécutée lùr ksdelin-
quâsde Vaifly.maisilscn furentaduertisparaucuslèruitcursdomeftiquesduducd'Au-
male,& enuoyei et gens de leur cofté à la Cour,garnis du procez verbal,par lequel le CcL
feil priué du Roy informé delà vérité du faict, ne voulut permettre qu'aucune choie par
voyc de faictfuft attentée contre ceux de VaifTy. Cependant on fert toufîoui-s àDreuà
Vailïyur.efmeslcx x v. diulit mois de Deccbrc,au iour deNoei,qu'onappelc,IaCenet*uC
admini{trcc,nonobflant qu'aucuns ciuTcnt mandé par home exprès de Bar le I.)uc,qu'on
fcgardaft bien de lafairc,fedifansfauoirdebonnepart,quelcduc de Guyleauoit délibé-
ré de tout laccagcrceiour-la.Ily eut enuirôpoo. perlbnncs (de trois mille qui y pouuoyet
eftrc tant de la ville que des cnuirons)qui la receuren t après auoir rédu raiibn de leur foy.
L f. lcndemain(lcMiniltrevoyantletcmpscxpiréqu il deuoiteftrcà Vailfy, retourna
à Troyes après auoit rat fait entiers les frères, qu'ils enuoyaflcnt&: àGeneue& àPatisgés
pour auoir Miniftres quirefidaiTentfurlelieu.CeluyquifutenuoyéàParis,n'amenaper-
forinermaisceluyqui fut enuoyéàGeneue,amenaàlafin vn hommccraignantDieu,no-
mé Léonard Morel.Etd'autat qu'il mettoit beaucoup à \ en ir,& qu'ilyauoithuitou neuf
Baprelmes à fairc,leMiniftre de Troyes eftât parti , fut requis pour la tioiliemefois de les Lcfoinqu*^
venir vificer,& arriua à Vailfy le 27.de Ianuier. Ayant fait ce qu'il auoit à fcire à Vailfy,tira niiteis "
vers Bar fur Seine,fuyuant ce qui luy auoit efté enioint par les frères de Troyes,pour làfai Fglifcs.
rele icinblablc qu'à Vailfy ,con(blant& fortifiant l'Eglifc au Seigneur .Aptes y auoir lë-
iourné quelques iours , deux Miniftres arriuent, l'vn pour Bar fur Seine, & l'autre pour
VaiflV. E n ce mefme temps aufllarriuerent aucuns des frères de TEglife de Vaifly au ec-
aues lettres de l'Eglife de Troyes , par lcfquclles elle mandoit à ton Miniftrc qu'il retour-
iiaft à Vaifly auec les porteurs defdircs lettres,pour y demeurer le temps de Carefmc, qu'
appelent: à caule d'vnCaphard, que l'euefque de Chaalonsc'.euoit enuoyer pour pref-
cher audit temps. A quoy ceux de Bar s'oppoferent, d'autant qu'on leur auoit promis le- £
d-t Miniftrc pour quelque temps, qui n'eftoit encores expiré :accordan s toutefois à ceux & d.fcttcde
de Vailfy de 1 auoir pour quatre ou cinq iours,afin qu'ayâr introduit leur Miniftre,&: mis JJ ^ÎS?
toutes choies en bon ordre , il retournait faire le femblable à Bar. Ainli donc, il retourna fcrUentdcs
pour la quatrième fois à Vaifly,&: y arriua le20.de Feurier . Et li toft qu'il fut arriué , on le premiers
folicirade pretcherfclonlacouftume.Lepourepcupledela ville,&: ceuxqui cftoyétoc- audltcur5'
cupez àlabefongncdes champs,quittoyettoutau fonde la cloche.pour venir ouyr la pa-
rolledeDieu. Cependant Antoinette de Bourbô,douairiere de Guyfc,meredcldits
Duc & Cardinal, portoit fort impatiemment ce quiièfailbit audit Vaifly, prochain du-
dit loin uillc où elle auoit tefidenec, de trois lieues , cerchant tous les moyens à elle polïL
bl<»sdelcsdiuertir&empcfcher,eftantà^e faire folicitee parle Prcuoft &:Piicur dudit
Vaffly. Et de fait clic fît faire defenfes fur grofles peines à tous Tes fuiers&ceux defesen- Defcnfcïde
fans,de n aller n'aliiftet es prefehes qui le faifoyent audit Vaifly & ailleurs : & ne tenir au- " '
la doitairie-
cuns propos contre hglife catholique Pvomaine,leurenioignât d'aller à la Melïe,& viure
corne leurs prcdecclîcurs.Efcriuic aux Gouuerncur& principaux dudir Vaifly lettres rô-
minatoiresjlcur remôftrât queMancroined'Elcolfc, fille de fa fille, eftoit Damcvfufrui-
ctiere dudit Vailfy 1 & queeequi lé faifbitaudit Vaifly , touchant l'exercice de la Religion,
luy defplailbit grandement. Et que l'es en fans, qui eftoyent allez en Alemagne, à leur re-
tour neferoyent contens de ce, 6s en pourroyent bien faire repétir ceux dudit Vaifly, s'ils
ncfedefiftoyétdo leurs àllembîees. L'elfe^ de ces menaces fur,queretoutnanc lcduc de
Guvfc audit m ois de Feurier des frontières d'Alcmagne:arriué qu'il futàIoinuille,dema-
da à les plus familiers,»" ceux de V aiflv faifoyent toufïours prefchcs,&: auoyent Miniftres.
On luy rclpôd qu'ouv, &: qu'ils s'augmentoyet deibui en iour & déplus en plus. Dequoy
irrité iufqu'au bout, le Samedi dernier iour dudit mois de Feurier m.d.lxi 1 . pour plus
fecretement exécuter fa vengc.inceconceué cotre les fidèles de Vailfy , partit de Ioinuil-
le accompagné du cardinal de Guyle Ion hcre&rdefa fuitrc:&: vindrent loger au village Amueedo
deDammarrin le franc, diftant dudit Ioinuillceiiuirondedeux lieues & demie, & du- r)UCdD3IQ"
dit Vaifly d'vnc lieue 5: demie Françoife . L e lendemain , qui efloitle Dimanche pre-
mier iour de Mars, après qu'il eut ouy Meflede grandmatiu , accompagné enuiron de
Liure VIL Vhiftoiredc^jla
deux cens hommes de la fuitte , garnis de hacquebutes, piftolcs, & couftelaccs, partirent
Bronzcual. dudit Dammartin,&: s acheminèrent droit à VaiiTy. En paflant par le village de Bronzc-
ual,diftantde Vailïy vn petit quart de lieué,commeon fonnoit la cloche audit VaiflV à la
manière accouftumec pour aller au prcl'che: le Duc lovant demanda à aucuns qu'il ren^
contra par le chemin, que c'eftoit qu'on lQnnoità Vaifly fi hautement. Lcfquels firent ref-
ponfe,que c'eftoit pour aller à la prédication du Miniftrc. Lors vn nommé La môtagne,
maiftred'hoftelduducd'Aum.de(quiaueclaBroflc l'aimé marchoitàcofté du duc de
Guyle) dit quee eftoit pouraflémbler les Huguenots ,& qu'il y en auoit beaucoup audit
Brovizeua!,quifrcquenroyent les prek hes de VaiiTy, 6c que ce leroit bien fait de cÔmen-
cer audit licu,& leur bailler vnecharge.maisleDuc rcfpôdit,Marchons, marchons, il les
faut aller voir cependant qu'ils lontailémblez.Plufu urs decefteluitre,!acqunis-,&: pages
fcreùouiilans derentrcprinfe,difoyent,que le pillngc leroit poureux,iuroycntla mort&:
lefangqu,'.lyenauioitquireroventbicnhuguenotez. O r il yauoitaux enuironsde
VaiiTy quelque nombre d'hommes d'armes, & archers de la compagnie du ducdeGuyfc,
qui n'.iguercs auoyct paliémonftres à Monthicrendcr: lefqucls, au lieu de retourner cha-
cun chez foy, comme ils auoycnt accouftumé défaire aptes les monstres, le retirèrent à
rrcparatiôs Vailly:& logèrent 1 \ pîufpart d'eux es maifons des Papilles . Le Samedi précédant le cat-
miccanu- nage,on les voyoit préparer leurs armes, hacquebutes, & piftolcs: toutefois les fidèles ne
gc fe doutans de cefte coniuration , auoyent opinion que le Duc ne leur voudrait mesfaii e,
attendu qu'ils eftoyent luiets du Roy: & qu'en uiton deuxmois auparauant ledit Duc Se
les frères auoyent palfc aflez pi cs dudit Vaifly, fans leur porter iiiauuais vifage, finon que
le Cardinal leur cnuoyal'euefquc de Chaalons pour lesdiucrtir,comme diteft . Arri-
vant ledit duc de Guyle audit Vaifly auecfà troupe, vn ieune homme cordonnier for-
tan t delà maifon près de la porte, La montagnelemonftr.it au doigt, ditquec'efloitl'vn
des Miniftrcs. Le Ducappelace Cordonnier, &: l'interrogua s'il eftoit mimftrc,&r où il a-
uoit cftudiédequcl refpôdit qu'il n eftoit point miniftre,&: n'auoit iamais efté aux efcoles:
& par ce moyen efchappa de cefte troupe quil'auoit enuironné: &c luy fut dit par vnde la
compagnie que fonças eftoit bien laie, s'il eufteftc'miniftre. De là le duc dcGuyfc, La
brofte , La montagne, & autres, pafla outre en ladite ville auecla troupe, comme s'il eufl:
Palïenr ou- voulu prendre le chemin pour aller au village d'Efclairon > où on dilbit qu'il alloit difner:
trccnlavil- majs paflant pardeuant la Halle dudit Vaifly, qui eftaflîfe vis à vis Se prochaine du Mou-
fticr,au lieu de fuyurc le chemin audit Efclairon, fedeftourna&: alla defeendre en ladite
Le Duc en- Halle,puis entra au Mouftier.Et ayant appelé à foy vn nommé Deflalles prieur de VaiiTy,
Spapaîc1' vn autrc nommé Claude Lefain preuoft dudit Vaifly (le fils duquel cft pourueu delaCu-
re dudit Vaifly ,& du prieuré des Hetmites près Vaifly) communiqua vn peu aueceux,&:
fortant foudain hors dudit Mouftier fut fuyui debeaucoup de gens de fa troupe-.& fut cô-
mandé aux Papiftes de fc tenir audit Mouftier fans fe trouuer par les rres, fïnon qu'ils von
îiflentcftrecn danger deleur vie. Estant doc le Duc hors de ce Mouftier apperceut
autres de fa compagnie qui l'attendoyent le pourmenas fous ladite Halle & à l'en tour du
cimetière, & lent commanda démarcher droitoù le prcl'che fefaifoit, qui eftoiten vne
grange diftant dudit Mouftier d'enuiron cenr paffees: tout au contraire & à l'oppofîte de
la rue & chemin que ledit Duc deuoit prendre pour aller à Efclairon. S v y v a n t lequel
L'ordre te- commandi ment ceuxde la compagnieeftansdepied, marchèrent droit à laditegrange:
eciitcHnir &: pour le premier marchoit le guidon d'icelle compagnie, nommé La broflc,&i à coftiere
cHtrepridc. ,jes gens de pied il y auoit gens de theual: après lefqucls le Duc marchoit accompagné
de plu lieu rs tant de fafuitte que de celle du cardinal de Guyfe fon frère .. Le miniftre M.
Léonard Morel auoit ia fait les premières pneres,& commencé fa prédication à les audi-
teurs,!]^ pouuoycnt eftre enuiron douze cens perfonnes tant hommes , femmes, qu'en-
ccn^mX ^ans- D'arriv e e ceux quicftoyentàcheual, approchans de ladite grange enuiron
leur entre- vingteinq paflees, tirèrent deux coups de hacquebutes droit à ceux qui là eftoyent furies
pnnfe de efchaffaux, à l'endroit des feneftres.Quoy voyansceux qui eftoyent en icelle grange près
JC ' icelle portera voulurent fermer: maisils furent empefehez dece faire par ceux de ladite
compagnie: lefqucls incontinent commencèrent tous à defgainer efpees , furieufement
Le premier Cnans,tue,tue,tue,mort Dieu, tue ces Huguenots . Le premierqui futpareuxrenco-
meurtre. j^^rj-Q^ vn poure Ci ieur de vin, qui eftoit audeuant la porre delagrangc, auquel ils de-
mandèrent s'il n'eftoit pas huguenot,& en qui ilcroyoït ?Et ayant refpondu qu'il croyoit
en Iefus Chrift , luy donnèrent deux grans coups d'efpec à trauers du corps , dont il fut
atterré.
Terfîcu$i<m 4<^'Vai[Jy. s pi
acterréJEt s'efl;antrcIcucpourferauucr,luycnfprcncdercchcfbailJcz4,autrcs)tellcmcnc
que, chargé dcplayes de toutes parts,il tomba à tctre,&: mourut (budain. De vxautres ^çremcvr
hommesaumermeinftantmrenttuez&abatusàrcntrecdeladiteportc^omi^çilspcn-
foyentfortir ôt'efchapper d'iccllc grange, voyans ledefàrroy . Et alors ledit de Guyfc éc Tes
gens entrèrent à grande foullc& furie en icellegrange,frappâs àgrans coups d efpee, da-
gues^ couftelaces fur ces pourcsgens, fans aucunement auoir efgard ni au fexe nià l'aa-
ge:& eftoyenr là dedans tellement efperdus, qu'ils ne fauoyent quefaire , couroyent çà &c
là tombans les vns fur les autres: fuyans comme ponres brebis deuant vnc troupe de loups
entrez en la bergerie . Avcvns des maffacreux tirèrent plufieurs coups de hacquebu-
tes &: piftoles au crauers de ceux qui eftoyent fur les efchaffaux . Les autres fauchoy ent à
jgrans coups à trauers les corps de ceux qu'ils rencontroyent . Autres leur fendoyét les te-
lles,leur coupoyent les bras ôc mains,Ô£tafchoyent les tailler tous en pieces:tellemet que
plufieurs moururent fur la place.Les murailles &efcharTauxd'icellc grange cftoyét tain- Les murail-
les du fang des meurtris tout à l'enuiron . La rage des meurtriers eftoit fi grande, qu'vne Jj| l£i
partiedeceuxqui eftoyent dans icelle grange fut contraintede romprc& percer letoid main,
pourfe fauuer pardei'fus iceluy.Eteftans fur ledit toid craignans detomber derechef es
mainsdeleurs ennemis, fautoycntpardclfuslesmuraillesde la ville,quilors eftoyentaf- J^J'^^.
fezhautes:& s'cnfuyoyét aux bois &c aux vignes,où ils pouuoyet mieux , les vns eftâs bief- pic pourfe
fez au bras,lcs autres à la tefte,& autres parties de leur corps. Le Duc eftoit luy-mefme "un»,
en la grange auec ("on efpee nue en la mam pommadant à fes gens de tuer,& nom mémét
les ieuncs gens:mais fur la fin dit qu'on laiflaft les femmes grolfes.Et pourfuyuât ceux qui
eftoyent fur les efchaffaux,qui s'effbrçoyét de fc fauuer par ledit toid, En bas,ctioit-iI, en
bas,canailles:vfantdcmenacesefpouuantables. Ce qui le meut de dire qu'on laiffaft
les femmes grottes, fut par le moyen de la Duchefle fa féme, laql le pafTant auprès des mu-
raillesdcla ville, &oyantvn fi grand bruit& les piteux cris de ces pouresgens,&lefon
des hacquebutes &: piftolets:enuoya en diligence vers le Ducfon mari,lcfupplierdecef- Lapuckeflè
fer fa periecution, de peur des fémes groffes. Pe nd an t ce maffacre le cardinal de Guy- bîtccSlix
fe eftoit deuat letempledudit Vaiffy, appuyé fur les murailles du cimetierc,regardat vers cefteperfe-
ladite grage, où eftoyent ceux defafuitrc, tuans &malTacrans. Plvsievrs delaf- cutlon*
fcmbleeeftansainfipourfuyuis, du commencement fefauucrent par deffus le toid, fans
qlonlcsapperceuft dedchorsd'icelJegrâge:maisfurlafin aucuns des meurtriers voyans
ceux q. eitoyét fur le toid, tirerét fur eux auec lôgues haquebutes,dôt il y en eut plufieurs
de tuez & blefTez . Les feruiteurs domeftiques du fufdit Dédales prieur de Vaiiîy, tirans
contre ces poures gensjes fa ifoy et tomber en bas commepigeons fur vn toid . L'vn def-
dit s feruiteurs s'eft vante depuis le mafîacrc en preféce de plufieurs perfonnes , quepour
fa part il en auoit fai t tomber à bas d u toid vne demie douzaine pour le mois : &c que fi les
autres en euffent autant fait, il n'en fuft pas tant efchappé. Lb Miniftre au commen-
cement du maffacre necefTade prefeher , &: tint bon iufqucs à ce que Ton tira vn coup de
hacquebutc droit à la chaire où il cftoit.Qupy voyant,fe mit à genoux,priant le Seigneur
auoir pitié nô feulemét de luy, mais fur tout du poure troupeau. Et après la prière, péfanc
fe fauuer laiffa fa robe afin de n'eftre cogneu. mais aîfi qu'il-paffoit par la porte, il tôba tout
effraye fur vn qui eftoit mort,&: là receut vn coup d'efpeeen l'efpaule dextre . Seftant re-
leuéôd péfantfe fàuuer,il fut apprehédéd: frappé derechef agrans coups d'efpce fur la te-
ftc,dont il tomba tout plat àtcrre,&: fe fentant mortellement nauré,s'efcna,0 Seigneur,
mon ameen tes bras ievien rendre, car tu m as racheté, ô Dieu de vérité. Enfaifântfa
priere,il y accourut vn de la troupe fanglâte pour luy coupper les iarrets : mais Dieu vou-
lut que 1 efpee de ceftuy-la fe rompift à Icndroit de la garde. Et pour monftrer commet il
fut deliuré deceft inftant de mort , deuxgcntils-hommes , fe trouuans ainfi qu'on le vou-
loitacheuer de tuer,dirent,C'eft le Miniftre, il le faut mener àmonfieur de Guyfe. Ceux- ^JJjf^!
cile prindrent par deffous les bras>& l'emmenèrent iufqucs deuant la porte du Mouftier, raculeuic-
d'où le Duc fortant auec fon frère le Cardinal, demandaaudit Miniftre, Vien-ça, es-tu le mcqt-
Miniftre d'ici ?qui te fait fi hardi de feduirece peuple? Monfieur, dit le Miniftre, ic ne fuis
point fedudeur,car i'ay prefché lTuagile de Icfus Chrift. Le Duc fentat quecefte fimple
& bricfuerefpôfe condânoit fon entreprife, cômença à maugréer, en difant, Mort Dieu,
l'Euangile prefche-il feditionîtues caufe delà mort detoutes ces gens:tu feras pendu tout
maintenant. çà Preuoft,qu'on drefîe vne potence pour pendrecc bougre.Cela dit, le Mi-
niftre fut lluré entre les mains des lacquais , qui l'outragèrent de toutes façons . Les fem-
mes de la villelgnorantes & Pàpiftes>luy vindrent ictter delà fange au vifage, Se aucccris
&:voix delanftentatiorHdiroyentjTuez-leiCuez leleraefchanr,quicft caulcdelamortxk
tant de gens.On eut allez à faire de garder le poure Miniftre de la rage des femmes.
Cependant quelelditslacqUaisTauoyent engouuernementîleDucrentra en la
grange, où on luy apporta vne grande Bible dont on vloit es prédications. Et le Duc la te-
nant entre l'es mains,àppela fon frère le Cardinal,& luy dit,Tencz,mon frere, voyez le ti-
tre des liures de ces Huguenots . Le Cardinal le voyant, dit , Il n'y a point de mal en cecy:
car c'eft la Bible Se la laintte Efcriture . Le Duc fâfché qu'il ne luy refpôdoit félon Ion dc-
bSmctranf Rentra en plus grand' rage que parauant,&: dit:Commcnt,fang Dieu,la fain&e Efcritu-
ponedera- re?ily a millc&cinq cens ans quelcfusCbrift a fouffert mort& palïïon,&il Uyaqu'vnan
€c- que cesliures (ont imprimcz.comment dites^vous que celt fEuangilc? par la mort-dieu,
tout n'en vaut rien . Celte fureur tant extrême delpleut au Cardinal, tellement qu'on luy
ouyt dire en derrière, Mon frerea tort. Et le Duc le pourmenant en la grange clcumoit fa
fureur,& droit là barbepour toutelameilleurcconcenancequ'ileuft.Po v r reueniràla
troupe des poures affligez , ceux qui n'euren t moyen Se loilir de monter Se gagner le toi&
de la grange, s'enfuyans eitoyent rencontrez & fu y uis par ces malTacreux qui frappoyent
fur eux aucc leurs elpees Se couftelaces » Et ores qu'ils fullent cfchappezde lagrango,for-
Pourfuùte ce cft0jc de palier parmi deux autres rengs defdits ennemis , qui tenoyent le deltroi&des
cvcjinçmis à pied qu a cheual :&les pourluyuovent lifurieulcmentrqu'vnc grande partie
n'alloic pas iàns crcfbucher,forr naurez Se mutilez en leurs membres: toutefois par la gra^-
ce de Dieu pltilïeurs defdits fidèles cfchapperent tant par delfiis ledift toiit qu'autremét,
Trcpettcs fanselfrc blelfcz. C e maflacredura vnegrande heure, Se cepédant les trompettes du-
uitTmîf- Duc formèrent par deux diucrfesfois.Quand aucuns defdits fidèles demâdoyent mi-
lacrc. fericorde au nom de Dieu ou de Iefus Chrift,les meurtriers fe moquans d'eux leur difoyét
ryunnf °cl cn ccft^ manière. Vous appelez voftre Chrift,où eft-il maintenant qu il ne vous fauue? Et
nni*w* quand ils difoyent,SeigneurDieu,enx par grande derilion leur difoyent,Seigneur diable.
Il y mourut en ce maifacre dans ladite grange,& hors cTicelle parmi les rues, enuiron
quinze iours Se vn mois après , de cinquante à Ibixante petfonnes tant hommes que fem-
mcs,entre lefquels on a conté ceu* qui senfuyuent: M.Iaques de Moniot, Re&eur des
cfcoles dudit VailTy. Iean le poix,procureurfyndicque des habitansdudic VaifTy. Antoi-
ne de Bordes,fefgent Royal en la preuoftc dudit Vailîy.Claude le feure,drappier,auquel
fut prins après qu'il fut tué vne bourlc, dans laquelley auoit gradefomme d'argét que les
meurtriers emporterenr.Nicolas Caillot. Quentin Iacquart. Guillaume Drouet.NicoIas
Menilfier . Daniel Thomas. laques Ioly, tous drappiers. Iea Vancienne. Cl. Maillart. Cl.
Richart. Nicolas Robin. Cl Brachot. Nicolas couuertpuys. Didier Iacquemart.Claude
Leieune. Simon Geoffroy. Ican de Moniot . Iean deMoilï . Simon Chignet. Guillaume
Briel.Ican Iacquot. Denis Morilbt. Nicolas Brififonner.Iean Collcflbn.lean Boucher.Iean
Iacquemart.Claude Theuenin. Pierre Girard. Iean BaudelTon. Claude Simon. Iean de la
Loge.PierreDefchets.IcâduBois.GitardDauzamilliers.Benianiinfonfîls.Iean lefeure.
Pierre A rnar.d. Didier là Magdeleine. Nicolas Maillart. Didier Iobart. Marguerite fem-
mede Girard Lucot. Nicolede Bordes, vefue defeu Ican Robin demeuras audit VailTy.
Ican Pataut,marchat* demeurât à Trois-fontaines, qui eft vn village près Vailfy. Robert
dePortille.deHauteuille.Etautrcsdôtonna encorescognoilTance. Outre les perfonnes
ci delfus nomme, ilyen eutencores plusdedeux cens cinquante autres tanthommes
que femmes qui furen t fort naurez Se mutilez: dont aucuns en font morts,les autres font
mâchotz& eftropiaz de leurs membres:ayans aucuns d'eux les bras, iarrets, Se doigts des
Cruauté mains coupcZ&emportez.Iï annettî femmedeNicolasThielemantfuttueeenla
* arc' hal le dudit Vailfy par deux lacquais,pour luy ofter fon demi-fein & agrappes d'argent : Se
fon fils la voulant fecourir Se aidcr.eut vn coup d'cfpce dans le ventre,& fut en grand dan
gerdemort. Le s autresmorts&abatustanten laditcgrangequeparmilesrues,furét
I^ScHa! Pour 'a pluspaçt pillcz:mefmeiufques à defchauiîer leurs Ibliers, après auoir ofté les ma-
tcaux,bonnets,chappcaux, Se ceintures &: gibeflieres des hommcs:les chapperôs, coiffes
Se couurechefs des femmes Se filles prins Se emportez parles malTacreux Se pillars. L e
jV™tnddecs tronc des poures attaché aucc vn crampon défera l'entrée de la porte du Temple,futrSr
pourcs. pu,&enuirôdouzeliures tournois d'aumomes qui eftoyet dédans, prinfes Se emportées,
parles meurtriers. La chaire du Mfîiiftre rompue Se mile en pièces. La Bible où on auoit
leu vnchapitreauantlaprcdication,futprinfc&cmportec. L a maifond'vnnommc
Pierre
TtfJecutiondc^FaiJ/y. s 93
Pierre Chiguyon, boucher, prochaine de ladite grange, fut totalemet pillée iufques à la
dernière féru jette. On ne voyoit parmi les rues (inonfémesdefcoiffees&defcheueJees, Pleurs &ge
couuertes de fang fur le vifage,ayans plufieurs cou ps d'efpces & de dagucs,&; faHans gras JJ^JJ^
pleurs &gemilTcmcns. Le s Barbiers &: Chirurgiens eurent tant de prattique,qu il y rcjnm«.
en auoit aucuns d'eux qui auoyent loixanteou quatre vingts peribnnes à penfcr:plu-
fieur» moururent par faute d eftre penfez. Au refte , le prcuoft Claude Le làm ( lequel al-
liant ce maflaerc auecques La montagne auoit folicitéla Douairière de Guyfe,mere Diligence*
deldits Duc&, Cardinal, & îcellt- animée cc^ure lefdits fidcles) au fortir du Temple pa- p^f^u
pal, voyant le Duc aller derechef en la grange, accourut incontinentà l'hoftel du Ci- vaiflyAn
gne,oùy voyant quinze ou feizelacquais deldits DucÔc Cardinal, leur ditqu'ilsperdoy- desautteun
ent bien leur temps qu'ils n'eitoyent auecques le Duc &. les gens , qui accouftroyent fi u m
bié les Huguenots en la gtange.Ces lacquais oyans ces parollcs partirêtdu logis,& cou-
rurent auec les autres, ks vns garnis de longues haquebutes, les autres de leurs efpces &:
dagues nues: &: firentgrans meurtres àc excès. Le Miniftre ayanr plufieurs coups d'cL nSâ^&au?
pce fur la tefte &c autres parties de l'on corps,fut pr in s hors dudit téruple,commcil péfoit très eichc.
felàuuerauecvnnômé Eftienne Gallois, &: Nicolas Thielemat,efcheuins dudit VailTy,
qui furent liez &: garrotez de l'ordonnance dudit Duc, lequel demadaà Claude Lefain
Preuoft s'il auoit point de maiftre des hautes œuures:il luy fi t relpofe que non, mais qu'il
enauroittofttrouués'illuyen plailbit. Et au mefmeinftant ledit Duc manda quérir
Claude Tondeur,capitainede VailTy)quieftoit en fa maifon au chaftcldudit lieu, lequel
vint audit mandement.Et après auoir cité par iceluy Ducafprement reprins & tancé de Le capitaine
ce qu'il auoit foiiffert les alîemblees audit VailTy & d'y prefcher,Iuy commanda de le fuy- de vaifly
urc-.&c dit à fes gens qu'on le menait prilbnnier où il alloitrcc qu'ils firent. Le Miniftre pr onmcr-
& Gallois furent liez &: menez en trai&s de cordes de charrues , &: trainez parmi les fan-
ges depuis VailTy iufques au village d'Eftancourt, tirant le Duc à Elclairon,diftant dudit
Vaifly demie lieue. Qj^ ant à Nicolas Thielem ant, il fut cflargi à caution pour aller
faire inhumer Ieannettc la femme, & péfer fon fils qui auoit eu vn coup d'efpeedcs mef-
mes lacquais qui tuèrent fa mere en ladite halleen voulant icelle fecourir: fous promelTc
toutefois qu'iceluy Thielcmantfedeuftreprefenter au Ducleledemain matin àElclai-
ron. Et lur celle heure le Duc monta à cheual,& partit de VailTy auec le Cardinal fon p^™"/"
frere,laDuchelTe fa femme,&: plufieurs autres de leurs plus familicrs,&: s en allèrent dil- aller i E-
ner audit Eftancourt , en la maifon d'vn nommélean CollefTon . Apres difner le Duc fit ftancourt-
venir deuat luy lefdits Capitaine & Gallois, aulquels il fit plufieurs remonftrâces en me-
naces &C paroles rigoureufes,iufqucs à dire de faire perdre,&: ruiner Vaifly fi iamais ils en-
treprenoyent de s'alTembler &: auoir Miniftre comme ils auoyent fait . Leur commanda
de viure corne leurs anceÛres,&; aller à la MciTe.ce q par contrainte ils promirct faire. Et
toutefois le Duc à l'inftigation defdits preuoft de Vaifly & de La môtagne leurs plus grâs
ennemis, ne laifla de les raire mener à Licîairô, où toute cefte trou ppe meurtrière alla au
gifte.Là le Miniftre fut porté fur vne efchclle par trois ou quatre hommes depuis Eftan- Le Miniftre
courr.&rfur lechemin(outre ce qu'il enduroit peines ex tremes)fut battu &: outragé par j^heUc'"
les lacquais & autres de la i'uitte meurtrière. Et li furet lefdits Miniftre, Capitaine &: Gal-
lois,gardez toute la nuift à Efclairon côme criminels. L e lédemain Lundi 2.dudir mois,
Gallois &: le Capitaine auec Thit lcmât qui s'eftoitvenu reprefenterfuyuât lecômâde-
ment du Duceftâs la à Efclairon,furét menez en vncgallerie où le Duc deuoicpailér. Et
y eftâs on les fit mettre àgenoux pour crier merci au Duc , lequel dcuoit palier par cefte Les prifon-'
gallerie.Et comm e il palïoit, aucun s de les gens luy dirent que ceux de Vaifly auoyet en- niers cftâs i
uovéversleRoy : le Duc ne les daignant regarder, Qu'ilsy aillent, dit-il, ils ne trouuc- scnoux'
ront pas leur Admirai ne leur Chancelier. L s lendemain,apres q lefdits curent baillé
caution,furent ellargis &: renuoyez audit Vaifly. mais quat au Miniftre onle menale mef
me iourpar ordonnance du Duc de Guyfe,au ChafteaudeS. Dizier, fous la garde d'vn ^Jé™ ^ *
nommé François des Bofues , dit Dumcfnil , capitaine audit faindï Dizier , grand entre- Dizier..
metteur des affaires de ceux de Guyfe. Ce Dumefnil depuis lediriour tint ledit Mini-
ftreen telle forte prilonnier,q nul ne luy ofoit adminiftrer neceflîtez quelconques: mef-
mes ne fouffroit qu'aucun de ceux qui luy portoyenràboirc ou à manger de la ville en-
trait dans le Chafteau,pour voir ledit Miniftre . Et a efté ledit Miniftre durant ce temps
par quelque fois plus de vingtquatre heures fans boire ne manger : voire auffi par plu-
fieurs fois menacé des gens dudit Dumelnil d'eftre ietté dans vn fac àl'eau .
HHh.
Liure VIL tHiftotr^jd<ula
On voulut côtraindre ledit Miniftre à faire Pafque à la manière des Papiftes,fous pre-
mefles de l'eflarginmais il ne voulut aucunement obéira cela , demeurât terme en ladite
prifon de S. Dizier, îùfques au8.de May, m. d. lxiii ,qu'ilenfort]tparlemoyédutref-
illuftre prince de Portiari .Pendant le téps que le Duc eftoit à Efclairon,on enuoya
à Vaifly vn vieil Legifte,nômémaiftreAlexadre leGruyer,aduocat du RoyàChaulmôt
en Baffigny,pefionnairê de lamaifon dudit duc de Guylcdequel citât audit Vaifly,Clau-
de Le fain &: luy firent vne information du tout à la dclcharge du Duc, pour le faict de ce
Le rreuoft maflacre. En laquelle information furent ouys de examinez cinq ou fix téfmoins de ceux
p^ed"Û meimes qui auoyét affifté audit maiTacrc^ aide à commettre & perpétrer lefdits meur-
L«ft du rres&: excès. Mofmemcnt La montagnc(qui a fon fils pourueu d'vne prieure vallat mille
nulI,lcre' ou douze cens liures de rente à vne lieue près de Vaifly) fut ouy en ladite information,
combien qu'il ait cité entre autres autheurs dudit maflacre, ayant aidé à ruer ledit Ican
Pataut diacre de l'eglile de Vaifly. Semblablement furent ouys Claude Digoinc maref-
chai des logis dudit Duc: LabrofTe l'aimé , &C autres apoftâts de la Venté : &c leur dépoli-
tionmife& rédigée pareferit. ■
Dvran t letemps que le Duceftoit audit Efclairon , les lacquais&plu/ieurs autres
Vente du Je fa fuitte,cxpofoyent en vente à qui plus en bailleroit,les mâteaux,bôncrs,chappeaux,
but;n* ceinturcs,coifîes,couurechcfs, &: autres chofes par eux butinez audit maflacre,les crians
à haute voix,comme feroit vn fergeant ayant pnns des meubles par exécution.
Le fiimciii Environ huit iours après l'exécution dudit mairacre,laDouairiere mere duditduc
uo^HVii deGuyleenuoyaaudit VaiiTy lefeigneurdeThon,nomé Duchaftelecgrand ennemi de
fy.' ceux de la Religiô : lequel à fon arriuee pour empefeher q le relie des poures fidèles ne le
raffemblaft audit Vaifly : par leconfeil dudit Preuoft fit prendre du bois de ladite grange
où on prefchoit,de celuy leruant aux licges:&: en fit drefler deux potences: vfant de gran-
des menaces à lencontre deldits fidèles. Fi t aufii aller les gens vifiter les maifons dudit
Vaifly,s'ily auoit des armes,& leur fit cômandement fur peine de la hart,d'allcr à la Me£
fe,&: en contraignit aucuns qui auoycnt leurs parés morts à les enterrer à la manière Pa-
piltique. Et enuirô autres huit iours après îarriuee d'iceluy de Thon, arriua audit Vai£
DefpoScn- *ï vn autre nomme' le feigneur Defpotz, lequel dilbit élire enuoyé pour s'informer de la
uoyé i Vaif vérité dudit malîacre:ce que toutefois il ne fit, ains au contraireayât fait venir vn nômé
form^rdu'" Goudrccourt lieutenat particulier du Bailly de Chaulmont,& quelques autres officiers
faift, pélionnaires du duc de Guyleôi l'es frères , pour procéder au faict de ladite information:
Kehisdes Lccjjt Lieutenant print feulement la depofition défaits premiers téfmoins, ouvs par
deuceuoir ledit Le iain auec quelques autres qui eltoyent au taiit dud:t maflacre, &c n en voulut ia_
tcimoins à majs receuoir d'autres, iaçoit qu'on luy en prefentail des villages cncôuoilins dudùVaif-
«x prefen- ^ ^ ^ eftoyét audit lieu à l'heure dudit maflacre , non fuyuans l'Egliie reformée dudit
lieu. ôdadite depofition ainiirepnnlc, ledit Lieutenants»: autres fuldits s'en retournerét
à Vaifly. Paravant ledit mafl'acre>leshabitans de Vaifly fouloyent vendre &c diftri-
buer leurs denrées & marchâdiles tant à faincl: Dizier,Ioinuillc,qu'autrcs lieux:mais de-
puis iceluy maflacre furent empefehez de ce faire,fignammcnt à fainet Dizier &: Ioinuil-
le,efquels lieux fut eftroitemétdefendu, comme il cltcncorcs deprefent, de ne les laifler
dTvîff1" entrcrnitrafàqiier'nommcm^
nîjfcnt L- nc dudit fain£t Dizier , défendit à les ges & mortepayes de ne laifler ne foufFrir entrer en
cjuenter à i». icclle ville ceux dudit Vaifly, fur tout lel'dits de la Religion qu'ils appelen t Huguenots:&:
ioluuilk queceux qu'on fauroit venir tant dudit Vaifly q Vi&ry eftans de celle fe6te,qu'on fe gar-
dait bien d'en laifler entrer vn feul audit faincl Dizier. Et le plus lbuuent parlant de ceux
dudit Vaifly,&: deceux qui auoyét fuyui leurs prefehes & aflemblces , difbit qu'il les cha-
flieroit quand il les pourrait tenir. E t defai&pour mieux exccuterlà volonté, incon-
fuT^cur tinentqueledit Duc fut aniué à la cour du Roy, Dumelhil obtint vne commiliion pour
Dumdnil leuer gens au plus grand nombre qu'il pourroit és villages circonuoilins de lain^Dizier,
pour icuer jaqUcue depuis il mit à execution,& lenagrand nombre de foldats, lefqucls il fit payer &
fouldoyer parles habitans deldits villages , ce que toutefois n'elloit de fa charge:& furet
leidits villageois au moyen dece, grandement foulez &: trauaillez par les menées dudit
Du mcinil,mefmes les habitans de Vai/fy Se villages circonuoilîns:&: ne feruoyent les gés
leuez par ledit Dumelhil, linon à piller, agafterde molellcr le poure peuple, detroubler
&l em peicher ceux de la Religion: conduire &c faire efcorteà ceux qui alloyét ou venovec-
de Ioinuille,eftans du partidudit Duc &. ladite Douairière.
Li
"Perficutiond^VaiJfy. S P+
Li Dimanche premier iourd'Aouft, m. d. i. x n.DumcTnil nefe contentant de ce Ewrrprijtfi
grand nôbre degens,qu il auoit fait vr m* à Tainâ Dizier,fît Tonner le toxin es villages cir- £itc P* j«
conuoifins, & fit tellement qu'au Ton diceluy il afTembla grand nombredegens , tant so>i*kr.
à pied qu' à cheual, de fàin& £)izicr, ETclairon,Vallccourt,Humbercourt, Allichamp,
Louucmont , & autres circonuoifins , qu'il contraignoit le fuyure auec grades menaces
& coups de bafton.Iceux aiTcmblez,les fit marcher au lieu du Buiflbn^iftâtd'vnc petite
lieue' de VahTy,entcndans de prendre vn Gentil-homme nommé De la Chappclle , de-
meurant audit Buiflbn, qui auparauantfbuloit fréquenter les ailemblces & prefehes qui
fefaifoyent audit Vaiiry,Icquel toutefois nefut pour lors rencôtre dcsdeflufdirs.DumcT-
nil Te voyat fruft ré de Ton entreprinTe,fït entrée en la maiibn d'iceluy La Chappt lie , &c c-
ftoità ce faire preTent lePrcuoft de Vaiu7,folicitantDumeTnil pour alleraucc Tes gês au-
dit VairTy/uyuat la coclufîon qui auoit efté par eux faire. De ce BuhTen,lePreuoft me-
na Dumefnsl&: (es gens à vn grangeage allez près dudit lieu, appelé communément La
grange Collarrjcn la maifon d'vn nomé Iean MonTot, en laquelle m aiTon ceux delà Tuit- a-
te,prindrent grande Tomme d'argent dans vn coffre, &: autres meubles appartenus audit ke.
MoriTot. Av partir duquel grangeage Dumefnil fir marcher Tes gens droit à Voilccote
à coftiere de VailTy à vne lieue de diftanec, peniant illec rencontrer vn nommé Mombe-
lard &ibn gédre de Monthierader,grans aduerTaires à ceux de ITgliTe reformee,lefquels
auoyent pareillement fait alîembler nombre de gens des villages à.fon de toxin , tant de
Sommenoirc,Rozieres, Robert- magny, qu'autres lieux voifins , à inrention d'aller auec
ledit Dumcfnil au lieu de VaùTy pour fùrprendre &: maflâcrer le Turplus de ceux de VaiC
fy,qui auoyent recômencé àfc raflembler,&: faifoyent prières les ioursdes Dimanches &c
feftes Toir&: matin. Toutefois Dumcfnil,Mombelarr,&: leurs gcnsnefepeurentioindre
enfemble,parccqu'enuironles quatre heures après midi duditiour,Turuint vnegrefleft:
tempefte Ti impetucuTe &: véhémente» que les payTans qui les Tuyuoyent furet contraints
de Te mettre le viTage en terre:& meCmcslcs biens de terre furet perdus & gaftez: iuTques
aux chaumes coupez rez terre. Il y eut vne pâte merueilleule au moyen d'icellc tépefte, y^ ffMnce
&eftimoit-on quec'eftoit vnciuftc vengeance de Dicu,aduenue à cauTed'vne telle con- aminé for u
iuration,fignammentTur les confins dont les habitanseftoyent à ccftcTuitte,cômeTaind JJJ^jjjJ
Dizie^ETclaironjVallecourtîHumbeTcourt^oilccontejSommenoircjMonthierandcr» escntJCIIUS
& autres lieux. Dvme s nil voyât telle tempefte, gagnechemin droit à fain&Dizier
auec Tes gcns,& renuoya les payTans chacun en leur lieu: mena priTonnier vn nomé Guil-
laume Nobis, pour autant qu'il frequentoit auec ledit La Chappelle: mais l'ayant tenu
quelques iours,le renuoya,ne trouuant caufe qui meritaft détention de (à perTonnc. C s
dit iour premier d' Aouft , le Preuoft &: le procureur du Roy de Vaiffy , firent monter les
fonneurs de la ville au cloché , & commandèrent de lier les battas des cloches, pour Ton-
ner le toxin Tur les quatreheures du Toir, lors qu'on Teroit aux prières-, afin d'afTcmbler les
villageois voifins dudit Vaifly(auTquels eux-mcTmes auoyent les iours precedens fait co-
mandement d'eux trouuer en la ville, incontinent qu'ils orroyent Tonner la cloche) pour
ieruerfur ceux qui Tctrouucroyent aux prières qui Te faifbyét enuiron les quatreà: cinq
heures du Toir. Dont aduertis ceux de TEgliTc reformée dudit Vai/Ty,Te mirent en defcnTc, L«=»fi<Jc,cs
afin de refifter aux payfans,(i tant eftoit qu'ils voufiflent exécuter leur entreprinTe,laqlle *ugutt*
toutefois par le vouloir de Dieu ne fut executecau moyen de ladite tempefte.
De p vi s cedit iour les habitans de Vaifly, nommément ceux delaReligion,onte- . , . . _
-i > , „ ,n /• 7 , „ , . , b n Les habitas
(té errans ça &C la,mis &t expolcz en proyc aux voleurs &c bngans:dont aucuns eftans ren ae vaiffy
contrez par les ennemis,furent pillezjeurs cheuaux,armcs,&: argét perdus, &lcshom- fugfeifr.
mes contraints de payer telle rançon que bon Tembloit aux adueriàires.
Ad vint en ce mefmetemps les informations (defquelles maintenant eft faitmen-
tion)cftantmiTespardeuers le Parlement de Paris, le Procureur gênerai à l'inftigation
du Duc, obtint au moyen d'icelles informations ainfi faites que dit a efté , Areftparle-
quelentre autres chofesfutordonné, quela ville de Vaifly feroit démantelée, & que les
Anciens, Diacres & Surueillans d'icelle Eglifc feroyent prins au corps : finon , adiournez
àtroisbriefs iours auecTaifie& annotation de leurs biens. Suyuant lequel Areft,les mu- Comméce-
railles de ladite ville ont efté depuis ruinées, abbatues , &c razees pour la pluTpart : &les JJJJ^*^
Anciens,Diacres& Surueillans d'icelle Eglifè,adiourncz à kroisbriefs iours auec faille & vUl».
annotation de leurs biens.
HHh. iU
Umt~> VIL sAndré Michel.
Denis de M. De nisde raynel natif de Ioinuillel'vn des Diacres de ladite Eglifc deVaif-
Rayndexc- fy, fut prins, pendu & eftranglé à la pourfuitte de la Douairière dcGuyfe,lous couleur
vï marchât que ledit de Raynel auoit prins & porte les armes lbus le prince de Condé. Pi erre
prifonnicr Gallois,marchant de Vaiiîy,eftant rencôtréfut prins & mené prifonnier afainâ: Dizier,
P*>c"dt5- où Dumefnil le détint l'efpaccdeplusde fix îèpmaincs comme criminel en vnepriibn
humide: & après luy auoir fait payer certaine fomme d'efeus pour rançon,fut renuoyé à
Vaifly . D e p v i s le mois de Septembre audit an m . d . l x i i , &c iufqu'au mois d' A uni
Jk^eu!? cnfuyuant,les habitas dudit Vaiiîy ont toufiours eu garnifon,& ceux de la Religion ont
debïuïi- efté pillez,battus&: outragezdeurs maifonsrôpuesfc: defmolies, iufques aux huis, fenc
gion. ftres,('errures & barreaux de fer prins &: emportez parles foldats,tant de la côpagnie d'vn
nomme Dcrnepont,que d'vn autre nommé Afpremont , fous la côduitte de Claude Le
Meurtres & fain preuoft deVaiiTy. Meurtres exécrables, volerics & faccagemens ont efté faits durant
vo.cne,. ^ cemps par lefdits foldats cnuers ceux de la Religion, au veu &: feeu dudit Dcrncponr,
d' Al'premont,&: dudit Preuolt. E n ce mefme temps furent tuez, voire tnhumainemét
maffacrezPi erre h a v e dudit Vaiify,eftant au deuant la maifon duPaueux,oùpéd
pour enléigne la ville de Calais. Vn autre appelé Moniot,fergeat Royal, fils de laques
Monioteftant aux champs, fut tué &iecté dans la riuicre. Nicola s le CJerc,ditle
Bleat,chappelier.VN autre mcnuifierfut tué de nui&en fa maifon. A Claudin,iurnom-
mé Cent francs, chantât des Plèaumes, le nez fut couppé par les fatellites dudit Preuoft.
Trois autres reuenans du camp du prince de Condé,paiTans à Troyes en Champa-
gne furent prins,pcndus&: eftrâglcz. tout îembloiteftre lors permis aux ennemis del E-
uangile.
En lomme l'hiftoire de ce dur efetandre de Vaifly: fon commencement tel'uTue nous
monftret ce que iadis a efté dit de l'Eglife du Seigneur : Les gens y font entrez d'vne rage
defefperec,&:tellemcntdeibordec, queles debonnairesdu Seigneur ont efté expofez à
tout outrage, iufques à leurs corps iettez aux beftes de la terre . Et comme iadis la publi-
cation de la Loy a efmeu la terre, auffi la prédication de l'Euagile du Fils de Dieu l'ciDra-
le maintenanr.lequel,comme de tout temps ça efté odeur de mort à tous ceux defquels
Satan a enforcelé les entendemens, auffi eft-il odeur de vie à tous ceux qui en efperâce ÔC
patience poflfedcnt leurs ames : &: qui par tels exemples eftans deuement enfeignez , re-
noncent à toutes impietez&deiîrs charnels, viuans en ce monde fobrement &iuftc-
ment,en attendant la pleine venue de lagloire du fils de Dieu , feul Seigneur & Sauucur
IeiusChrift.
ANDRE MICHEL, aueuge de Tournay.
C E que le Seigneur a dit,d'e(r.re venu en ce monde pour exercer iugement , afin que ceux qui ne voyent point,
voyent:& ceux qui voyent,foyent faits aueugles , nous le voyons accompli en ces hiftoires. Voici vnaueu.
gle illuminé par la lumière du iour de l'Euangile, pour nous faire cognoiftre que tous ceux qui n'ont Icfus
Chrift pour guidc,ne font que taftonner comme en tenebres,& fouruoyer fans ordre comme aueugles.
M.d.lxii. Pff^^^j N rf'if>n<>nf à la pet fecution du pays-bas, l'emprifonncment d'vn aueùgle
nommé André Michel,natifde Tournay,iê prefenteen celieu.Cômeil cer-
choitremede pour rccouurer la veuë corporelle, il trouua& récôtra par vnc
lingulierc bonté du Seigneut la vraye veuë en la lumière de Verité.Enuirô le
rnoîs deSeptébre m . d . l xi, ayant obtenu congé de ceux qui gouucrnent la maifon des
aueugles à Tournay, s'acheminant vers la France pafTa par le milieu de tous empefehe-
mes,pour trouuer quelque remède à fa veuë . Eftan t paruenu à Paris , on luy adre/fa fon
chemin vers faind Germain en Laye , pour parler à certains médecins du roy de France.
Or eftant en la maifon de l'vn d'iceux médecins, oyat qu'on prioit Dieu auanc& après le
repas,& qu'on châtoit Plcaumcs de Dauid,il s'enquit d'vn certain feruiteur.du lieu où fc
faiioitla.predication,dontfon maiftfe difoit venir. Le lieu luy ayant efté enfeigné, Câ-
pres y auoir aOifté pluficurs fois, & par l'ouye d'icelles eftât touché du dclir de cognoiftre
Dieu , il s'en retourna en ladite ville de Tournay, en laquelle depuis fon arriuet , neceûa
de raconter ce qu'il auoit ouy & entêdu aux prciches,fpecialement à ceux de làcpjnoif-
fance.il publia tellement ce que dit eft,qu'il fut appréhendé prifonnier.au tem pique les
Commiflaires ordônez par le priuéConfeil de la Cour, eftoyëten ladite ville, pardeuant
lefquels
B
zAndré (tftiichtl. j#S
lcfquels Vautres officiers d'icelle,il fut par plufieurs fois interrogué de ce que dit eft,auf-
qticls interrogatoires il refpondit fïcouuertement que parfcntéceilfutmis horsdepri-
fon,à la charge d'abiurer par deuant i'offîcial de Tournay tous errcurs,&: faire autres cho-
fes contenues en la fentence, delaquelle la teneur s'enfuit en propres termes:
»t£V les confeffions&: dénégations d'André Michel pôureaueugledçccfte ville, ful-
V pe&c d'auoir tenu diuers propos erronez&abufifs: mefmes d'auoir efté à faintl: Gcr- Lçjaduer-
mainen Laye pays de France: & illec ouy vn iermon du nepueu de lean Caluin herefiar- jajrc$
que:qu'il ne conuenoit. Et autrement fufpe&é d'eftredoutifcn plufieurs poin&s delà do- mcncquc
drine dcleglilbcatholique&generale.Etconfiderétoiitcequ'ilfait avoir &: confiderer:. p^cJcnc
le Roy ayant eigard à fa pénitence , lecondamne crier merci à Dieu, à la Maiefté » &c à lu- lont parce*
ftice, pour les mefus fuldits. Et dauantage de renoncer &c abîmer &detefterfolennelle- dcCaium.
m en t és mains de l'ofricial de Tournav , à tous erreurs & herefies aux peines canoniques;
le confinant dedans la ville &C banlieue de Tournay, l'efpaced'vn an,à peine arbitraire.
Prononcé en la halle du Roy , prefens les CommûTaircs de fa Maiefté, le xx. de Ian-
uier m.d.lxi,
Ie n toftapres icelle fentence, ledit Michel fut emprifonnéésprifons del'Eucfque de
ladite ville,à raifon de ce qu'il n'auoit voulu abiurer certains poin&s cou aires à la do-
ctrine Chreftienne : ainçois les prouua eftre véritables par aucuns palTages de TEfcriture
lain&e. Lequel refus d'abiuration cauià q fon procezluyfutfait &: parfait par lefdits Of-
ficiers .Et par ce qu'il ne voulut nommer fes compagnons &adherans à ion opinion, la
queftion &: torture luy fut baillée à l'inftace du feigneur Doignie, vicaire de l'Euefque de
ladite ville.par l'Ofncial,&: autres de la fe&c des preftres Papaux : en telle forte de cruau- Cruauté
té,q ledit feigneur Doignie au lieu d'amoindrir le tourment &c conlbler le poure patient, barbarç,
s'empefehoit à toucher les cordcs,pour fauoir fi elles tendoyét alTez à fon plaifir,choié in-
ufitee entre les plus rigoureux iuges de laChrcftienté:comme mefme le Bourreau s'en ef-
merueilla,&: l'a récite en quelque lieu où on luy demada la vérité de ceft ade.Mais toute
cette cruauté n'a peuvaîcrc la patiéce de ceft Aueugle,ne faire qu'il mit perfôneen dager.
Ce que voyans les delTufdits Iuges,remirent Michel en la prifon accouftumee,auec ri-
goureufes menaces,lefquellcs auffi peu l'eftonnerent,combicn qu'il euft demeuré lôgue-
nientaupain&àleau aux baffes folles defidites prifons . Voyans derechef telle conftâce,
deltb«rerét entr' eux d'abreger Ion proccz,& de le déclarer hérétique &: fchifmatique. Et
ncantmoins ledit Doignie eftant auc c fes conforts en certain banquet ,auoit dit qu'il n'e-
ftoit de ceft aduis,alleguant cefte raifon, Veu que les Commùfaires ne l'auoyent iugé tel,
eftant entre leurs mains,le peu pie pourroit dire que les preftres l'auroyent fait mourir.
L e procez eftant mené à leur conclufion,i'Ofncial prononça fentéce à l'encontre du-
ditMichel,parlaquelleil le déclara hérétique &fchifmatique,&: leliura és mains du bras
feculier,àla manière accouftumee. Il y eut débat entrelcs Officiers du Roy &: de la ville, Eftrif entre
fur la decifion & iugemet du procez dudit Michel,& réception d'icelify.Le iieur de Man- |."„2^ed*
fart lors Prcuoft , dit qu'il prenoit ledit prifonnier en fa charge par prouifion: à quoy s'ac-
cordoit la Iuftice du Roy . Ce fait, le fit conduire és prifons de la Halle de ladite ville , iuf-
ques à quelques iours,qu'il fut mené en l'vne des tours des murailles de la ville, nommée
vulgairement,La tour de France:de laquelle depuis il fut remené en ladite Halle.
Estant le Priuéconieil à Bruxelles aduerti dudit différent, ordôna que ledit prifon-
nier feroit iugé parles deux Iufticesenfemble,aflauoir, la Iuftice de la ville, &: la Iuftice
du Roy. En procédant a la facture du procez au poure Aucugle, les luges ayâs cognu qu'il
fefortinoitdeioureniourenraiions &: palTages des Efcritures ordonnèrent qu'il feroic
mis àla torture pour déceler fes complices , &: fignamment ceux quil'auoyét viiité &: ex-
horté de perfeuerer:mais il endura patiemment le tout,fans nommer pcrfbnne. Ledit fei-
gneur de ManfartPreuo(l,ayant cognu ce priiônnier dés fa ieuneile,efmerueillé des arti-
cles qu'il fouftenoit,& de faconftancc: délibéra, depuis fon iècond emprilbnnemér,le vi-
fîter eldites priions: ? ai feu tant de le vaincre par fon îauoir.Et pour ce faire,il nefaifoit dif J"£f" t
ficultéd'y demeurer plufieurs heures, parlant àluy&: l'exhortant defe retrader tant peu pour rubri-
que cefuft,en luy promettant deliurance de fon corps. lcr PAueu-
Vo y an t quelcs promenés n'y profitoyent de rien, ily procéda par menaces, qui eu- êIe'
rent autant d'eiTect que les promeues.Plufieurs fois Michel de propos délibéré, oyant en-
trer & parler iceluy Preuoft, remercioit Dieu du bien &c de l'hôneur qu'il luy failbit d'en-
durer pour ion Nom:s'apprcftant à toutes heures d'eftre mené au fupplice.
HHh.iii.
Liwtj VII.
<*André Àdichel.
O n ne doit en ceftc hiftoire oublier , qu'vn certain perfonnage efmeu d' vn zele Chrc-
ftien,trouua moyen par aucuns tiens amis d'aller vifiter le prifonnier lors qu'il cltoitenla
tour , appelée La tour de France : pour fentir de luy au vray s'il eftoit tel qu on l'eftimoîtj
afîauoir, confiant en la doctrine Chïeftienne,& pour l'exhorter à perfeuerance.
C e perfonnage eftât entré en ladite tour, demanda audit prifonnier fi fa délibération
eftoit de viurc Se mourir en la venté de l'Euangile, pour laquelleil eftoit(côme Ion difbit)
cmpnfoimé . Michel fans hefiter refponditqu'ouy . Sur cela ce perfonnage l'exhorta fort
affedueufement, luy mettant au deuant l'honneur q Dieu luy faifoit deleproduire pour
fontefmoindeuant les ennemis del'Euangiledc (on fils vnique qucc'eftoit vndon fpe„
Comment cia] d,eftrecmprifonné,&: d endurci pour Ion Nom.Itemjqu'ilgouftaftbicncequelefus
fiîco?o!r<? Chrift a prononcé, Que celuy qui perdra fa vie pour l'amour de luy, il larecouurera. Sur
Matt.10.35 tout il le pria au nom de Dieu de fé garder des fedudeurs qui pourroyent venir à luy
pour ledcttourner du droit chemin , luy prefentans or, argent &c deliunmce de fon corps:
aufqucls il n'euflaucun efgard:& qu'il confideraft la vilaine faute qu'il cômettroit en ad-
hérant ou donnant femblant d'adhefer à leur faulfc religion. Finalement qu'il mefpnfaft
la honte du monde , voire aulfî les tourmens ordinaires à ceux qui fouflicnncnt la venté
de Dieu: Car, difoit-il,fi maintenant vous reniez la doctrine pour laquelle lbultcnir vous
MaK.10.33 cft-es iCy5 vericablement le Fils de Dieu vous reniera deuant fbn Perc.
Mic h e l efcouca&reccut ces parolles de bon cœur, &: remercia le perfonnage de fa
bonne vifitation &: exhortation , le certifiant qu'il n'auoit autre délibération que de fou-
ftenir la Venté iufqu a la mort,& qu'à celte fin il prioitDieu ordinairement.
Or ne fé contentant ledit perfonnage de ce quediteft,demanda en outreà Michel s'il
auoitefté interrogué du Baptefme qu'il auoit receu en regli!eRomaine,s'jlfe contentoit
duditBiptefmede priant de luy vouloir réciter la refpôfé qu'il auoit faiteaudit interroga-
toire deuant les luges. Michel luy dit,qu'il auoit refpondu,de croire auoirefté baprizé en
ladite eglifé,&qu il féconten toit du Baptefme vne foisprins . Ce perfonnage luy dit,Si
derechef vous en cites interrogué , adiouitez aufii à voftre rcfponfe , A caufe que la vertu
dudit Baptefme ne depe nd de celuy qui l'adminiltre , ains de Dieu : ainfi que faind Iean
Baptifte le déclare au 5 .de làind Luc,difant, Vray clt que 1e vou s baptize d'eau en repen-
tance,maisvnautrevienr après moy qui vous baptifera en efprit, parlant du vrav Meffias
Iefus Chnft : q voftre Baptefme vous a cfté adminiftré en eau au nom du Pc. e, & du Fils
&z du faincl Efprit. Il luy demanda auffi s'il auoit efté interrogué, Ayant des rnfans,s'il h s
feroic baptiféren ladite eglife Romaine. Michel luy di^qu'il auoit rcïpôdu que non, ma s
en la forme que lean Caluin & les autres fidèles miniltres les baptizét . Sur quov auffi cett
ami l'aduertit,fi derechef il en eftoit inten ogué,d'adiouftcr la raifô de cela,aflàuo.r, D'au
tant que lefdits Miniftrcs après lapredication delaparolle de Dieu adminiftrentpurc-
ment& fimplementeneaule Baptefme, au nom du Pere,&du Fils&du faind Efprit:
Mattli.3)& ain{i qu'il a efté adminiftré parles difciples & Apoftres de Iefus Chrift fans y nu fier ne
Aft.8A i5 ççinc c|irefmc,ne crachat ,n'autres badineries ordonnées & ordinaires en l'cglife Ro-
maine.
Le prifonnier remerciant derechefvn telami,lepriadel'aduerrirfurlarefponfequ 'il
deuoit fairede l'ordonnance des Conciles, & fingulierement de celuy des Apoftres. Luy
dit qu'il falloit approuucr les décrets des Conciles qui eftoyent conformes à la parolle do
Dieu,& reictter les autres côtraires à icelle. Et pour refpôdre, dit-il, à celuy des A poftres,
vous leur direz hardiment , que les preftres violent l'ordonnance d'iceluy , en prenant &C
mangeant les chofes dediecs&: facrifiees aux images , & en paillârdant au lieu d'eux ma-
rier. ^Ccmefmeami luy recorda aufli plufieurspa/Tages, pour prouuerquela Méfie cft
du tout contraire à la vertu &: efficace de la mort & palfion de Iefus Chrift:&: que lefacrc-
ment adminiftré en la Papauté le iour de Pafques&: autres iours, n 'eftoit administré felo
l'inftitucion du Fils de Dieu. Item qu'il n'y auoit autre Purgatoire quele fang d'iceluy : ni
autre merire neiuftification quefon obeiflance. Item qu'en prenant le pain & le vin deu-
mcntadminiftreZjOn communiquoitau corps &c au fang de Chrift fpirituellemeiit& par
foy,fans aucune rranffubftanriation.
Lcroinquc Ce s |Kopos&aduertifTemensdefTufditsonteftéicyinferez,pourmonftrerlefoin&:
pay$-bas<>nt 'a pei ne que prennent les fidèles audit pays en temps d'aduerficé l'vn pour l'autre: & font
dt leurs fre- conuena bles à cefte hiftoire,entant que le prifonnier en a fi bien fait fon profîr, que quâd
m pnion- |eprcuoft Manfart , dont a cfté parlé , &: autres aduerfaires l'ont afTaillipar difptuesen la
prifon.
André Michel. y p£
prifon,ils n'ont rien gagne fur luy: finon que fc doutât de ce qui eftoit , ont defchargé leur
colerefur le poureGeolier,commandans que ledit prifonnierfuft remue' de ladite tour
en la prifon des Halles dudit Tournay,au grand regret &c dcfplaifir de plufieurs,& princi-
palcmentduditpriibnnier, lequel efperoit le lendemairi&aufdits ioursplus grande vi-
îitation&confolation delà part des autres fidèles. En menantleditpriibnnier deladi-
retiur en l'autre prifon, on dit qu'il prononça ces parolles , Vous fêtez demoy cômeles
chats font des louris-.car après qu'jl s'en font affez iouez, ils les eftranglcnt. Il endura plu
iîeurs durs aflauts de fes amis charnels ,1'exhortans à fauuer fa vie, &luypromettan s aiîî-
ftenced'argent,&:de chofcs neceifaires. Mais le plus grand & difficile aûaut qu'il eut , fuc
leiour de deuârlapronôciation de fa fentece,le matin d'icelle, qui rut le vingt ôc dcuxie-
medeMay,auditan 1562. Car en ce temps, le diable ennemi de toute venté luy enuova
des Iefuiccs (fe&c mefchante & hypocrite) lcfquels luy mirent au deuantle iugement de
Dieu,lcquel(difoyent-ils)eftoit préparé à ceux qui fefeparoyent de l'vniondela fain&e
mère eglilcRomaine:luyremonftransaufsi, qu'en fouftcnantlespoin&s qu'il auoitiuf.
quesalors'fouftenus,il eftoit fans Dieu,&: partât dâné.Surquoy Andrérefpôditfommai-
rement,qu'il croyoit en vn feul Dieu , & qu'il neferoit dâné. ^"Ces Iefuites ne ceflans de
parler cotre la vérité dcDicu,&: le mérite del'obeifîancede Iefus Chrift;André pour ton
terefponfe, boucha fes oreilles delès deux mains, pour n'entendre leurs blalphemes. Ce
qui picqua ceftefaufle trouppede te lie forte , qu'ils s'efcrierent à haute voix , qu'il eftoit
damné.
S v r ces propos M. Guillaume Hanetô confeillier furuint, lequel dit aufdits Iefuites,
qu'il eftoit temps de prononcer la ièntence ,& que s'ils le vouloycntd'auantage exhor-
ter,qu'ils le pourroyent faire publiquement. Ces Iefuites luy dirent qu'en cefaifant il fe-
roitplus opiniaftre q deuant.La fentence dôc luy eftant prononcee,il fut liuré àl'Execu- „.,
teur:&: en defcendant les dcgrez delà" Halle,commença àhaute voix l'oraifon Domini- ulliï, ?mlL
câle,&: puis le Symbole des Apoftrcs en lâgue vulgaire,de tel zele & ardeur que pluficurs foM Publt-
des aflîftans en larmoyerent,voire entre autres leprcuoft Manfarr^lequel par tous moyés gj***1*1»^
auoittafché de furfeoir le iugement : mais en la fin vaincu decrainte, conlentit à ladite
condamnation. André donc eftant fur l'efchafFaut, cependant que le bourreau l'atta-
choit, remercia fes luges delà longue derention en leur prilbn, leur déclarant cjue par i-
celle il auoitefté mieux inftruit& de plus fortifié en lacognoiffanccde la vérité. Illeur
dit aufsi telles parolles, O Iuges,Iuges,vous m aueziugé: iene vous iuge^pas ,mais il y en
a vn qui vous iugera. 11 remerciâmes bien-fai&eurs du bien qu'ils luyauoyent eflargi du-
rantfon emprifonnement.
En parlant de la grande Paillarde, de laquelle il eftditau18.chap.de l'Apocadypfe, il
l'appliqua fi bien à propos à l'eglife Romaine, quelcsafliftanspeurét cognoiftre que c'e*
ftoit l'Eiprit de Dieu qui parloir , &c non ledit priibnnicr, lequel eftoit poure aueugle , Se
Étns lettres.
S v n ces entrefaites, vnieune gat çon en la multitude fe print à crier à haute voix ? di-
fam, Courage, André, courage. Aucunes femmes en la trouppe refpondircnt,Qucl cou-
ragé demandes-tu d'auantageîne vois-tu pas qu'il l'a bon?
C e fait, ôcapres que ledit perfonnage eut recommandé fon ameà Dieu, il futeftran-
glé , & fon cor £s réduit en cendres, enuiron les ncufheures du matin . Et telle fut l'nTue
de ce voyant Aueugle,appelé au tres-heureux banquet du Fils éternel du Roy des fiecles
immortels inuifible.
En ces enrrefaiteson enuoya certaines lettres aux luges deTournay en forme d'admo-
nition ÔC-aduectiffement , donnant à cognoiftre la vraye fource& caufedes troubles qui
s'efpandent au monde déplus en plus.Nous les auons extraittes &; ici inférées , aucc leur
fuperfeription qui eftoit,
A Meneurs les luges de l' Aueugle illu miné,à Tournay.
L E Dieu éternel vous vueillc faire la grâce que la lc&ure&ouye de fa Parole ne vous
puilfe eftre odeur de m ort^côme aux infidèles &: reprouuez,ains odeur de vieeter-
neUe,parfon Fils vniquenoftrc Seigneur Iefus Chrift, Ainii foit-il.
8^|E'S'SIEVRS, ilefteferitau 4. defaindMarc ,quelescontemprcurs de la vérité
fj^jjont des yeux, & n en voyét goutte:& des oreilles,defquelles ils nepeuuét entendre
les chofes ecleftes j d'autant,dit làind Paul, quelles fc difeernent fpirituellement. Au cô- 1 Cor x,
HHh.iiii.
Litpe VIL Jctuertifllaiix mapfi.de Toiérnaj.
EOk 4&. trairc il eftc£criteiiEfine,Qtt*lc Seigneur conduira les aueuglés parla voye qu'ils ont
ignorce,& les fera cheminer par les (entiers qu'ils nefâuent point: à celte caufe, on vous
prie regarder de bien près à la faute qu'auez commife,en condamnât à mort vn nommé
André Michel aucuglc,ccrtes des yeux corporels:maisvoyantclair desyeux delà vraye
&viuefoy. CevousdeuoiteftreafTcz qu'il croyoiten certitude de foy touteequieft au
vieil &: nouucau Teftamcnt:fans adioufter &: mefler le venin infâme de la grande paillar-
Gali.8. de Babylonique. Car vous ne péchez plus par ignorance: vous ne cognoiffezque par
trop qu'il eftaufli bien défendu d'adioufter que diminuer à laLoy de Dieu : voire que fi
vn Ange du ciel annonçoit autremét,ou autre chofc,de le maudire. Pourriez- vous prou-
uer par la Bible qu'il y ait autre iuftificateur, purgateur , n'aduoeat que le Fils vnique de
Dieu ? ni autre facrifice propiciatoire pour noftre rédemption que le fien vnique &: per-
pétuel îCuidcz-vous en le perfecutantainiî en les membres, euiterfon iugement horri-
ble &:efpouuantable qui vous attend ? Non, non, vous ne pouuezxar certainement vous
ferez contraints vne fois ,toft ou tard comparoiftreen iugement deuant iàface. En la-
quelle com parition voftre grande Befte ne vous fauuera point de la condamnation exé-
cutée de par vous.
Li z^nie S e m e z , femez hardiment voftre zizanie au champ du monde: le grand iour vien-
dfiun de dra,&: eftprochain,auqucl elle fera arrachée pour brufler& vous &: vosféblables. Ceux
«monde, qui ne v'eulét participer à voftre zizanie,font maintenantornezdu titre de feditieux &:
perturbateurs du repos public : &: comme tels liurez à toutes efpeces de tourmens. Mais
raduerti(Tement&: prédiction eferite au 5. &c io,dclainct Matthieu: 1 y&c itf.dcfainctlea:
Se 4. chap. de la première &: féconde aux Corinthiens,nous font mettre fous les pieds lcf-
dites iniurcs, puis que nous fommes certifiez de noftre élection à vie éternelle. Et afin de
vous rendre le bien pour le mal, foyez aduertis & trcshumblemcnt fuppliez , de ne trou-
uer eftrange les troubles qui font à prefent en la Chreftiente, à caufe de la contradiction,
qu'on fait à Iefus Chrift, qui en ces derniers temps pleinement fe manifefte par iàParole:
& pour tefmoignage de mon dire , lifez le chap. 10. de fainct Matthieu , & le 14. de fainct.
Luc. Et fi vous voulez remémorer les hiftoircs paiTecs, vous trouuerez que de tout temps
ileftaduenu ainli,que quand l'Euangilc de noftre Sauucur aefté purement prefche au
monde, grades tempeftes le font efmeuéV.le pcrc,la mcre,lefils,la fille diuiicz enfcmble:
nation s'eft efleuee cotre nation,&: royaume contre royaume. Qu'vn feuj exemple vous
Mat.z3,& foitpourinftruction: Quelle tragédie excitale royHerodes quand noftre Seigneur fut
Afti'tf 1 na^ au monc*e? tout eft°ic plein de troubles en fa Cour,& en Ierufalem.Et depuis en Phi-
&IP ' ' lippes,Berrhoé,Ephefc,&:enplufieursautrcslieux.Cen'eftdemcnieillesqueJemc(me
aduient journellement en ce pays bailleurs pourfemblableraifon:ccque vous ne pou-
uez ignorer.
u vraye e fi vous voulezdoncfauoir au vray la caufe de ces troubles,voyez& entendez ce.
caufe des quj elt dit au 19. chap. des Prouerbes, Quand il n'y a point de Prophéties , c'eft à dire , de
troubles. Vraye doctrine de Dieu,le peuplecft difsipe':mais celuy quigardela Loy cft bié-heureux.
Liiez aufsi au 4. d'Oiee, Mon peu pie eft dcftruit,pource qu'il cft fans feience. Bref, toute
l'Efcriture eft pleine de tels aducrtuTemens, Rien ne feraftable ne ferme iînon la parolle
de Dieu qui dure etcrnellemét. Que l'Antechrift forgeôc refonde nouueaux cheualiers,
ou pluftoft eftaffiers de fon ordre , qu'il les guerdonne de mitres epifcopales autant qu'il
"Ccft tou- veut, "qu'on lesdiipolc par villes &: proninces, pourattizer lczcle deladoucecuifine de
£UcU ^Cur *ain&c merc fynagogue:il a beau faire, il eft impofliblc que plus on puùTe empdcher
qu« *c cours de la vérité du Seigneur. Et quant à vous, Meflîeurs,à l'exemple de Y Aucugle q
omeftéde vousauczfaitmourir,CToyezàrEuangile,&de bonne heuredemandez en vrayccontrL
geiau^ys tion pardon à Dieu de tant d'impietez commifes,&: de tantde fànginnocent efpandu.
las deFlan En UfnAel'EptjbtpourfoufcriptionileJiohefcrir, Par celle qui defircd'vn vraye zelc la con-
ce duCaidi i°n^'on ^e tous au corpsdu chef fon ieul Aduocat , Purgateur , &: Sauucur lefus Chrift.
nalGranucl L e g l i s e du Dieu viuant.
(^ES lettres furent enuoyecs au cômencement du mois de Iuillet de l'an m. v.t x ni.
LcfeigncurpîcManfartjduquelci deuanteftfait mention, eftant fait lieutenant du
Bai 1 ly de Tout nay&Tournefi s,les ayant receuës fit empriibnner celuy qui les auoitap-
portees:lequel pour fa defeniè mettant en auant l'ignorance du côtenu d'icellcs^ut puis
apres cflargi &: deliuré.
LE
LemajjAcred&fîdektde Scni. s 97
HISTOIRE Lmeniableâuma/fadcsfidettsirf^ cnBour-
gongneyOppariAble a cthty de Vaijïy à datant dit.
AR le bénéfice de l'Edi£t ci deuât nomme delanuierjquieftoitgardéen plu M.D.LXO.
fieurs endroits du Royaume de France, maintes Eglifcs furent dreflecs^aL -
femblees défi bon accord &aucc telle modeftie, qu'il y auoit apparence d'vn
grand bien,& bref avancement del'Euangile. Mais les fuppofts de l'Ante-
chrift defployans toutes leurs rufes pour empefeher la publication d'vAc û bonne ordon-
nance, continu erenc la maudite oppofition par eux encommencee à force ouucrteôi
cruautez manifeftes. Le s fidèles de leglife reformée en la ville de Sens en Bourgongne,
eftanspourueusdeMiniftre, fuyuantceft Edift, le firent prefeher publiquement hors la
ville. &c en celte entre prife Dieu leur afsifta tellement queplus defept fepmaines, ils cô-
tinuerent les Prefches &c afiemblces fans aucunefedition populaire . Bien eft vray que le
Lieutenant criminel auec vn Câfdliier,& le chapitre archiepifcopal de ladite ville,firét C6mer«:
tous efforts en Cour d'obtenir lettre patente portât defenfe aux fidèles de ne s'aiTcmbler JJJ^J/jJ,
publiquement n'ouuertement en ladite ville n'aux faubourgs pour aucun exercice de
leur religion : mais n'obtenans rien pour lors de cela , laifTerent à ladite pourfuitteleurs «k* fîdclc^
foliciteurs. Des qu'ils forent retournez en la ville,ilsafTemblerent les habitans, aufquels
par ledit Lieutenant fut propofé qu'il eftoit befoin défaire bonne garde aux portes,
comme on faifoit à Paris,pour les tumultes &fcditions qui pulluloyét de iour en iour par
tout. Cefte remonftrance fut trouuee bonne par ceux qui n'appcrceuoyent où elleten*
doit : & de raidie vu. d' Auril ils commencèrent à fermer leurs portes : &C mirent garde
&artilleriefurlesmurailles,&:mefmcsbracqucrent quelques fàulconneaux és endroits
où les fidèles s'a(Tembloyent,qui eftoit près des murailles,pour les accabler, s'ils fcfufTcnt
aflcmblczcômede couftume. Les fidèles entendans ces menées des aduerfaires , pour c-
uiter plus grande confufion , conclurent en leur Confiftoire d'obmettre la prédication Condufîoa
pubhquepour quelque tcmps,& défaire fortirfecrettement leur Miniftre,auquel on en ft"i?e°dc
vouloit le plus. Cependant leldits ennemis fetenansforts,faifoyét guet tant de iour que Sens,
de nuiér, es portes & rues de la ville. Et fans qu'on leur donnaft aucune occalion ne mo-
tif de s'efmouuoir en la forte, le Vcndredy enfuyuant enuiron dix ou onze heures du foir
le guet vint frapper à la maifon d'vn Imprimeur,luy com mâdant d'ouurir de par le Roy.
A ce nom du Roy, l'Imprimeur ouurant fa porte , dit ces mots , le loué' Dieu dequoy on
procède en telle affaire par Iuftice. L'huis eftant ouucrt,vn du guet luy donna dans le Vnimpri-
corps vn coup de hallebarde,en criant, Retourne-toy coucher. Le poure homme fè fen- JJ^iT*
tantnauré, donna ordre de faire adouber faplayeen tou te diligéce,de forte qu'il ne mou- mort,
rut point fur le champ.Le lendemain matin ceux du Confiftoireaduertis de ce fàift con-
clurentd'cn faire plainte au fufdit Lieutenant & luy demander iuftice: mais ils ne furent
ouis,& leur fut dit qu'il n'eftoit point en la maifon. Derechef lefdits du Coniiftoire delL
beransfur les moyens d'en auoir iuftice , font aduertis par vn de leurs amis , s'ils ne fe re_
tiroyent du lieu où ils eftoyent/qu'on auoit arrefté de les faccager : & ainfi fe départirent
fanscôclurrepoureuiterquelafureurdesmutinsnes'enflabaft dauatage. Le Diman-
che matin les Prcftres font vne proceffion non vfitec de toutes les paroifïes: de laquelle la
ftation,qu'iIs appelcnt,deuoit eft re hors la ville à vne Abbaye nommée Saind pere,affez
près du lieu où lefdits fidèles auoyent accouftumé s'afTembler. A cefte proceflîon afli-
fterent les Prefident &c Lieutenant crimincl,&: la conduireht iufques audit lieu. Et après
auoir donnéle mot du guet à la populace, ils fe retirèrent haftiuement en leurs maifons:
dont les mutins au lieu de reconduire leur proceflîon à la manière acco'uftumee , s'en al-
lèrent droit au lieu où les affcmblces fe fouloyenttenir,& ne trouuans aucune refiftence,
démolirent & ruinèrent la place entièrement. Et menez d'vne rage defcfperee couppe-
rem les ceps des vignes du iardin, &c reduirent le lieu fans forme ne femblancc de bafti-
ment. Apres ce chefd'ceuure, rencrans dedans la ville & ayans difne , vindrent vers le lo-
gis d'vn Confeillicr du fiege Prcfidialde ladite ville, & murmurent &c fè mutinent deuât
u porte.Luy,comme des chefs de la Iuftice,fortant penfoit les appaifer de doulces parol-
lcs, leur rcmonilrat qu'ils ne uffent à fèmouuoir ne faire aucunefedition, de peurjjlecô-
Z,i/*ro VIL Lutnagacrtj des fidtlcsdu Sens]
treuenir aux Edi&s du Roy. Ccfte populace n'efeoutante aucune raifon , tafcha de s'em-
parer de la perfonne dudit Confeillier : mais il rentra en la maifon haftiuemem;>& ferma
la porte:laquclle ncantmoinsfut forcée par cefte racaille iu {qu'à y amener vn faulcôneau
poui :1a mettre-bas. Eftans entrez dedans la maffoh, voulans m anaçrcr le Confeillier, vn
delà trouppcplusattrempélcmcnaprifonnicrésprifons de l'Archeuelque dudit lieu,
LcCardinal qui eft le Cardinal de Guylc:pillcrcnt& rauiretce qu'ils trou ueret en la maiibn.Mefmcs
vcheJd aPrcsau°irbeu tout leur foui de vin,ils défoncèrent ^es tonneauxi& cipancherét le fur-
que dcScnj. pl us par m i la cauc : blcflerent aucuns des (bruiteurs dudit Confeillier. ^ Cela fait, sadref
f'erenc à la maifon d'vn autre Confeillier nomme Boullengenlequel entendant ces pitcu-
fes nouuelles aduenues à la maifon de fon compagnon,quitta haftiuement la fienne,& fe
fauuacommeilpeuf.ylaiiTantleulementfon fils auec vnfèruircur, lcfquelsfouftindrent
verrueufementles premiers artauts : mais finalement furmontczdela multitude entran-
te en la maifon,lefils du Confeillier fut tué& trainé en lar iuiere,&: la maiibn faccagee&:
pilljedegrans biens quiy eftoyent. ^"Encores ne fut la fureur deces mutins aiTouuic,
qu'ils ne fc t uaflent contre vn troifieme Confeillier nommé Maillot, &: vn Procureur de
ladite ville,dei*quels les maifonsfurent forcées & pillées comme les autres , voire iulques
àla menuièriedebois. ^"Cependant la poure trouppe des fidèles toute elperdue Se e-
ltonnee de ces malTacres , fe retira en vne maifon, deliberans de tenir bon auec quelques
notables Gentils-hommes, Mais fi toftq les ennemis en furent aduertis, ils tirèrent droic
vers cefte maiibn:& ne trouuans moyen d'y entrer amenèrent le mefme fàulconneau
p ou r faire ouuerture. Ceux qui eftoyent dedans fe voyansfi furieufement a/faillis, font
làillic fur ccfte populace, Se larepouiTcnt iufques bien loin : mais s'eftans alTez cflongnez
de leur quartier,furent auaillis Se pourfuiuis par d'autres d'enhaut à coups de pierres par
les feneftres: de façon que contraints fc retirèrent en la maifon de laquelle ils eftoyent
Onfenom- partis.Dcrechef auaillis par ces mutins,vn "Gentil-home fortât par derriereauec vn fica
moit mon- feruiteur donna tout à trauers d'eux,& les repoufla: mais il fut en fin atteint d'vn coup de
Mombaut pierrc>cntrclcs deuxyeux :Se puis rué par tetrcàgrans coups de hallebardes fut mifera-
blem ent efgorgc par ces meurtriers, crians, Victoire, Vi&oire, Viue le Pape,lcur Capitai-
ne eftmort. Ils manaercrent pareillement le feruiteur dudit Gentil-homme, & lièrent
enfemble les deux corps, Se les trainercnc&ietterent en l'eau auec les autres. Qupyfait
"Onlehô- laiiranslesaffiegczenladitemaifon,Uleurfouuintdufufdit''Imprimcur,&vontdroità
moit&ii. iàmaifom&letrouuansauli&mortclducoup de hallebarde qu'il auoit receu, comme
ISijRlChc ^Jt ilsl'acheucrent de meurtrir: Se trainerent au/fi fon corps en Iariuierc. Ils prindreç
fa femme eftantprefte d'accoucher :1a tuèrent, Se pillèrent tout le bien de la maifon.
^ Vn Efpinglier pareillement quieftoit de f Eglife reformée, Se toute ùl famille, fut prins
par ces voleurs: mais il efchappa miraculeufement de leurs mains. Sa femme Seù. fille
menées à la riuiere, après les auoir liées l'vn après l'autre par les pieds,furent iettees viues
cnlariuiere. ^ Delà vont au logis d'vn Efleu delà ville, forcent fa maifon, defrobet pour
plus de huit cens liures de bagues àla damoifelle (à femme: pillée Se butinée tout ce qu'ils
trouuét: Se befoin fut audit Efleu defe fauuer pardelfus là maifon chez quelques voiûns
quiluy eftoyent aucunement amis,encore qu'ils fuflent d'autre religion. ^ La femme
d'vn Médecin qui auoit fa maifon prochaine de celle dudit Efleu , cepédant qu'on faifoit
M h ucs ccs outragcs»Pcn^nt °ftCT & fouuer ce que Dieu luy auoit dôné d'argent , eft (aille de ces
irhicr. garnemens, qui luy couppent la gorge en la prefence de deux fiennes fillcs,la defpouillct
toute nue, l'cxpofenten opprobre publique Se font vilenies horribles à reciter : prennent
l'vnc d'icelles filles Se la meinent prifonnicre, cependant que les autres trainoyent la po-
ure mere liée par lecol àla riuiere pour accompagner les autres. &ne fçait-on que deuint
l'autre defdites filles.^* En ces entrefaites vne partie de ccfte racaille fort hors de la ville
au faubourg SaincVper, aflîeger la maifon d'vn poure Boulenger qui auoit toufiours af-
fifté aux prêfchcs &c exhortations. Il fe défendit vaillamment: mais en fin il fut prins a-
uec fa fem mc,& tous deux meurtris &trainez en vn pré pour eftre pafture aux corbeaux,
par ce que la riuiere eftoit trop loin de la maifon. En ce dernier exploiét , la nuict failît ces
brigans,&fc retirèrent en la ville :Se comme Jaflcz en leurs cruautez , lauTercnt treues
aux fidèles la nuid feulement.
L e lendemain quieftoit Lundy,des cinq heures du matin reuenans à la befongnc,cô-
meneen ta la maifon d'vn menu fier qui auoit fait la chaire du Miniftre, pillent &:fâcca-
gent fa maifon , le tuent Se trainent à la riuiere . Puis s adrcfTcntaux raaùons du Procu-
reur
Le mœffacre d&jide/ej de Sens. jg8
reurduRjtyduPreuoftdela ville,dcrEnquen^ur fon gendre,du fieurde Villabertgcn- Lct maifô4
tiMiommequiauoic logéleMiniftre, DelafofTc aduocat, Eftiennc penon procureur ^xlT
audit ficgc,Ducoin receucur du Cardinal de Chaftillon en fon Abbaye de Saind lean ci
faubourgs duditSenSj&quclquesautrestpillét&fourr'agcnt les maiibns des fuldits: blef-
fonc deux cnfans malles dudit Preuoft. bref,ilsnelaifléntfincn ce qu'ils ne pounoyent
exécuter ou emporter. e mefme iour enuiron les dix heures du matinée fufdit Lieu-
tenant criminel, accompagné du Preuoft des marefchaux , va par la ville &:fait defenfe
parle Roy que Ion n'ait A piller ne fàccager maifons fur peine de lahart, mais bien d'ap-
prehender les Huguenots pour les mettre en prifbn,&: cognoiftre en iufticc de leur fai&.
La commune après ccfte publication derechef icnna le tabounnôt quant &: quant le
tocfin:&: alla forcer la maifon d'vn Archer du Preuoft des marefchaux,lequel après auoir
fouftenu leurs efforts, il efchappale danger de mort par eftre mené' prifonnier: là maifon
fut pillée commedes autres, nonobftat la defenfe. ^De là, prennentleur chemin vers
la maifon de la vefue du feu Houdart en ion remps aduocat du Roy : entrent dedans /ans
reiiftencc aucune: defrobbent &: fourragent par tout,emportent le blé du grenier à plei-
nes fâchées : iettent es rues ce qu'ils ne pouuoycnt emporter à faute de lacs. Plu fi eu r s au-
tres maifons furent traittees de mefme,&:ma0acroycnt comme auparauant aucuns in-
cognus de nom à celuy qui a veu , rapporté & efent ces chofes. ^ Ils n 'épargnèrent vn
bon vieillart procureur en Cour d'Eglife, homme neantmoins bien eftimé , &c tafeherée
de le tuer, mais il efchappa par le moyen de quelques tiens voifins &: amis : &c fa maiibn
fut pillée &: faccagec comme des autres : &: en icelle fut acheuee la iournee de ce Lundy.
L e Mardy eniuyuant deux frères quinquailliers furet pillez:plufieurs armes, harnois,
& choies de leur eftat de quinquaillerie furent emportées &mifes à l'abandon. Ce mef-
me iour enuiron midy attendant vne heure, ceft Archer donta efté parlé , eftant amené Va Arcljer
dcsprifonsdcuantla place faindEftienne,cjui eftvnlieu publique, illccfut mafTacré ^crécî
par lafuidite populace.Celafait,ils delibereret d'aller derechef aflaillir ceux quis'eftoyét place pubu
retirez en la(ulditemaifbn,&y tenoyentfort: defortequequand celuy qui aredigé par
eferic ces mémoires, partit des faubourgs de ladite ville de Sens , ce peuple eftoit encore
autant altéré du fangdes pourcs fidèles que du commcncemcnt:faifant tel guet,& telle-
ment tenant les portes fermées qu'il n'eftoit poflible défaire fortir aucun defdits fidèles:
&: encores moins de leur donner fecours.
flTpSOES nouuellesdecemairacrc horrible en furent apportées au Prince de Condé e-
g^g|ftant à Orléans, qui n'oublia rien de fon dcuoir,ni de diligence qu'il auoit promife Lettres Je
po"urlacaufedcrEuaneile:&:dcpcichaincùntinêt lettres à laRoinemereen la façons î:ou>,s Je
* >• ■» r t / i 11 • i t ■ Bourbon
ftil qui s enfuit: Ma d ami , le penfoyc, veu les troubles qui depuis peudeioursont prince Je
Commencé à s'efmouuoir en ce Royau me à caufb de la Religion, que la déclaration qu'il Condc,i h
a pieu à voftre Maiefté faire dernièrement publier, pour l'obfëruation &: enttetenement *ouiemclc
del'Ediddumois delanuier, deuftferuir de bride aux perturbateurs du repos public:
Et qu'y voyans le feu défia par trop allumé,chacun fe mettroit pluftoft en peine d'appor-
ter les remèdes pour l'amortir,que de recercher les occafions de l'enflammer d'auantage.
Mais à cequeie puis cognoiftre,la malice des hommes eft tellement accreuë , qu'il fem-
ble qu'ils foyent maintenant paruenus au comble de leur mal-heur , pour en receuoir v-
necondigne vengeance &c iuftepunition deDieu. Et defaid, Madame, quandvous au-
rez entendu le piteux maflacre nagueres com mis en la ville de Sens, fur vne grade quan-
tité de pourcs gens faifans profefnon de l'Euangile , dont la cruauté n eft moins horrible
à efeouter que le faid eft inhumain &c barbare : ainfi que plus amplement voftre Maiefté
verra,s'illuyplaift,parledifcourscy enclos, lequel le vous cnuoye. Iem'ofebien tâtpro-
mettre de la bonté de voftre naturel, qu'outre le defplaifir que vous en refendrez , ôl re-
mémorant les ades precedentes,cela vous faire bien iuger quelle feureté chacun doit at-
tendre des doulces& emmiellées parollesque l'on nous donne: tellement,Madame,que
ne pouuant moins faire que de treshumblcment vous en prelenter les plaintes , &c en re-
quérir vne équitable iuftice, ie fuis contraint, &à mon trefgrand regret, devousdire,
Qu'il eft à craindre, fi elle nous eft déniée &: du Roy & de vous, a caufé des obftacles qui La clameur
vous empefehent d'y prefter la main viue&: forte, que la clameur du fang innocent ne dufàngin.
penetrefiauantiufquesau ciel, que Dieu en fon courroux ne face tomber fur ce poure net^ayT"
Royaume la calamité &c defàftrc dont tous les iours il eft menacé. A cefte caufb, Mada- ciel,
me, ie vous fupplie trcshumblementjapres auoir reprefenté deuant les yeux tac d'aduer-
ti<Tctncns<k tels m&eables fpe&ackf , & confidcré la patience que iufques ia i on a eue
pour le relpc&&or>eiûrance que nous deuons& voulons porter à vos Majorez de la-
quelle ilatoufiourseftéabufé: voftre plaifirfoit en ccft endroit faire paroiftre, que vous
voulez vos Edi6tsauoirlieu,&cftrcrigouxcufementexecuteziûsvosiubieâs infra&curs
driceux. Si que la confpiration dclaruinede Yoftreeftat,quifous ce pretextefe bralTe, ne
trouuc point tant de complices & fautcurs,que par la iuftice jdvne caufe tant fauorable
vous nepuiflîczauoir des prote&curs: &fâifant reparer &c corriger des meurtres fi exécra
blesfc cnormes,prcparcrlcchemin que la licence ne foit point baillée en France défaire
furmonter la raifon par la force. Qui fera vn moyen de dompeer tels efprits furieux, ren-
dre vos Maieftez obeyes,& remettre voftre peuple en paix: autrement,Madame,la cho.
fe tire vne telle confequence après foy, que lafin n'en peut eftrc que déplorable. &cipe-
rant que voftre Maiefté y fera pouruoir U donner ordre. Efcrit à Orléans ce is>.iour
d'Auril, m.d.l x 1 1.
' CHARLES ELINCK, de Honfcot> en la bafîe Flandre.
C E que lapoefie ancienne a mis en fable du changement & transformation des perfonnes 5 fe peut au vray re-
cognoiftre & remarquer en ces hilrot res. à fauoir d'hômes,deuenus loups enragez contre la parolle de Dieu:
&deplufieursdiffolus& abandonnez comme belles, conuertis en agneaux par la mefmc Parolle; dont les
exemples font ici tout manifeftes.
Du Doyen
deReaay&
de bref pon
fc faite a vn,
Preuoft.
^ITELMAN Doyen de Renay fouuent nommé és hiftoires précédentes,
* pourfuyuoit la chalïc des poures fidèles en fa foreft del'Inquifition de Flan-
dre,commcvn loup acharné au fang des brebis. Ceftdeluy qu'on recite,
qu'vn Preuoft des marefehaux audit pais fe trouuanç en fa connpagnie,luy de^
manda s'il ne craignoir quelque mauuaife rencontre, fipeu accompagne qu'il eftoit: Il
luyrefpondit, que non,d autant qu'ilauoitàfaire à bonnes gens . Siainfieft,dit lePre-
uoft,quevousayczàfaircaux bons &moy aux mefohans, tout palTerapar nos mains.
Ainfi eftoit ledit Inquifitcur en horreur aux plus fanguinaircs . Cardés qu'il ehtendoit
qu'vneperfonnechangeoitdcvic pour s'adonner au bien,par la cognouTancedelaParol
le régénérante, foudain il accouroit,pour,ou le diuertir, ou l'eftrangler & l'ofter du mL
lieu des autres. 11 eftoit fort après ceux de Honfcot , &: attira en ce temps fous fes griffes
CliarlesElinck ieune homme dudit licu,depuis auoir efté reformé à pieté &c honnefteté:
àc le fi t mettre en fond de fofTe,où il trem pa long temps. Apres cela , il mit toute diligen-
ce à le trauailier & moleft er par demandes ôcdilputes, pour le diuertir & faire rcuenir à la
fynagogue Romaine: mais ce fut en vain. Car le Seigneur donna fi bon preferuatif à ce
fien (bruiteur voguant en ce flot périlleux, qu'il demeura confiant fans flefehir, tellcmét
que tous ceux qui luy furent oppofez aduerfaires ne gaignerent rien fur luy , ne la pnfon
longue& durc,ne les fophiftcries,ne menaces. Sa confeflîon de foy & toute la procédure
qu'il cutauec ledit Inquifitcur, & quelques Confeilliers de la Chambre prouinciale de
Gand,en prefence du Magiftrat de Honî'cot,à efté extraite des efents propres du prifon-
nierenuoyez aux fidèles dudit licu,contenans en fomme ce que s'enfuit:
Pv i s qu'il nous eftcommâdé en la fain&eEfcriture,trcfchers frères au Seigneur, que
Confcfsion nous confeffions le nom de Dieu librement deuant les Rois & Magiftrats,&: querendiôs
iudiciairede raifon de l'cfperance qui eft en nous: le veux appeler Dieu feula mon aide, afin queie
Charles, vous piiiffe mander ma Confeiîîon , laquelle iay faite eftant conftitué deuant les luges,
pour niftification de ma foy,&commeic l'ay faite en vérité , quelq fi m pie &c petite qu el-
le foit. le vous recircray donc le plus briefuement queie pourray, comment &dcquoy
J'Inquifucur&: deux CôfeiliicrsdeGand m'ont interroguédeuât lés Seigneurs dcHon-
fcot,&. ce queie leur ayrefpondu. ^En premier lieu me demandans fi iecroyois enl'e-
gli(eRornaine?Ierelpondùquenon:maisen Dieu, me tenant à fa feule parolle . Car fiie
croyoïsen i'eglife Romaine, i'aurois vn fondement fort foible fit* de peu de durée au re-
£&.4 «. gardde Dieu & de fa parolle qui demeurent éternellement. D. Qu'eftimez-vou$ delà
Deut.i.zs Cene du Seigneur ? ij*. Mcu*îeurs,vous m'interroguez du fommet, deu ant qu'auoirf arié
1J du fonde ment. Nous en parlerons(dirent-ils)puis après: mais pour le prêtent, dites-nous
il vous croyez que les Apoftresayent mangé lachairdelefusChrift, &bcu fonfàng?
Ic
Qjarles Ehnck. s 99
y.. Ieicurdy dcrechef,quebaftirletoicldeuant qui*auoirpofe aucun fbndemcnr,eft
baftirduhautenbas. D. Mais,nous demandons ce que vous eftimcz delà Cene du DckCeBe#
Seigneur, le tiens la Cenc pour vn ligne de l'Alliancc,& vn feau de la grâce de Dieu,
confermeeen la more de Ton Fils, pourvnfaintt vfàge,anauoirpour lafouucnance de fà
inort. D'autant que nous fommes infirmes , le Seigneur a voulu fecourir à noftre infir-
mité, &c nous laifîer les Sacremens pour confermer noftre foy débile , &; rafraifchir la me*
moircu,
D. Ne croyez-vous pas, que Iefus Chrift a donné fa chair à manger, &c fon fang
à boire à Ces Apoitres? y.. Ouy bien, Mefsieurs , mais d'vne autre façon que voustic Manger fpi
penfcz.can'entensd'vn manger fpiritucl, qui Te fait par la foy, tellement qu'il n'y faut rima-
pas apporter vncftomacaf&mé, mais vne ame affamée &: altérée , qui defire deftre&:
repeuë,&abbreuuecàlavieeternelle, parles meritesde Iefus Chrift, lefquelles il a ac-
complies pour nous en là chair. &c'eftla vraye manducation du corps & fang de Iefus
Chrift, laquelle ierecognois en la Cene. D. Ne confefTez-vous poiflr, que Iefus
Chrift foit auec chair ôc fang, au Sacrement de l'autel ? çt. Mefsieurs*, i'aime mieux
croire au faincl:Ef prit, parlant par la bouche de fàind Pierre, qu'il faut que le ciel 1ère. CnrifttnOB
oiue,iufqucsautcmpsdela refticution de toutes chofes. Ce qui eftaufsi compris au téaua«i.
ymbole, où nous difbnsque Iefus Chrift eft monté au ciel, &: qu'il n'en retournera a&.j.u
point iufques au dernier ingénient^ Car commeil eft monté vifiblement , aufsi rerour-
nera-il viiiblement, félon la parolle de l'Ange. Partant,ie nie dutoutee retour inuiûble Aft.i.n.
de Ief us Chrift Mais ie vous prie Mefsieurs,comment voulez-vous qu'on mange le corps
du Se igneur en la Cene,eft-ce charnellement ou fpirituellement ? Sur cecy fe teurent-ils
longtemps, nefachans querefpondre.
A la fin de tat d'interrogation diuerfes,il y eut vn Cofeillier de Gand,qui dit,Il ne faut
pas que vous nous inteiroguiez, mais que nous vous interroguions. Mefsieurs (di-ie)
vous m'auez dit que vous me vouliez inftruire, &: ainfi ie defire fauoir , comment on
mange le corps de Iefus Chrift, intérieure ment par la foy , ou extérieurement de la bou-
che &c des dents. Sur cela l'Inquiû" ;cur commença de répliquer auec beaucoup de parol-
les. la fomme fut, qu'il vouloit dire que nous mangions le corps de Chrift en deux for-
tes, afTauoir, fpirituellement &: charnellement. Surquoy ie luy refpondi,que ie n'ad-
mets aucune tran/ïubftatiation aupaimmaisi entens les parolles de Iefus Chrift, Prenez
mangez (cecy eft mon corps ) comme parollesSacramentalcs . car fi la tranfTubftantia-
tjon eft véritable, la Cenc n'eft plus Sacrement : comme faintt Auguftin eferit, Oftez la
fimilitude ou fcmblancc,&: ce n'eft plus Sacrement. Et derechef, quand il dit, Que la
parolle foit adioufteeà l'Elément, & ce fera vn Sacrement. Vn Sacrement donc confi-
fte en deux chofes, aflauoir,la parolle &: l'Elemenr.Car quand il dit que la parolle foit ad-
ioufteeà l'Elément, le mot (adioufter) n'ofte point l'Elément, mais requiert qu'il y foit,
pour y ioindre la parolle. Quand nous croyons quela nature diuine de Chrift, a efté cô-
ioin&eàlanarurehumaine,&: que par ainfi il fbitvray Dieu&vray hommes dirons-nous
pour cela, quela nature humaine foit changée, tellement qu'elle ne foitplus? Sur cecy
melaifTerent,&: me firent emmener.
Environ fixfepmaines après, vint derechef l'Inquifiteur auec le Magiftrat &les
Preftres de Honfcot, &: plulieurs autres q ie ne cognoflbis point, &c derechef on m'inter-
rogua en cefte façon. D. Eftes-vous encore de cefte intention, dont vous eftiez lors
que nous vous lailTafmcs?&: voulez-vous demeurer obftine' en voftre opinion? fy. Met-
ficurs, i'ay toufîours traitte auec vous par la parolle de Dieu : &c fi vous mepouuez mon-
ftrer chofe meilleure , i'adhereray à voftre do&rinc : car ie ne pretens fbuftenir aucune
opinion eftrange. D. Voulez-vous eftre le plus fage de tout le monde? çt. Mef-
fieursjienem'eftime pas fage: car ma fàgefîec eft Iefus Chrift mefmc. Et la fagefîe du
monde eft foliedeuant Dieu. D. Où aunez-vousapprinsrEfcriturefainde,& com-
ment le pouniez-vous fauoir,qui n'eftes encore qu'vn ieunc enfant? Il eft vray,
Mefsieurs,que iefuis bien ieune: mais quand il plait à Dieudebefongncr, il n'aefgard
n'a ieunefle n'a vieillefle daage . Partant ne mefprifez point ma- ieuneiTe , mais ayez loeUatf
pluftoftfouuenancede la Prophétie de Ioel, qui a prédit, Que és derniers temps, il AajI7*
fera donné aux ieunesde prophetifer . Elles Iuifs ont ainfi rcierté noftre Seigneur le-
fusChrift,lors qu'il expofbic rÈfcriture,reftimans indo£te,comnie fils d'vn charpentier.
Ili.i.
Lime VIL Charly Elinck.
Partant ne faut-il pas iuger félon l'apparcncccar on s y abuferoit ainfî fouuentesfois.
De ron- D. Ne croyez-vous pas quelafain&e Onction foit vn Sacrement? Ncnny,Meflîeurs,
ftion. carl^{age de l'Onction qui eftoit du temps des Apoftres,n'ariende femblable aueevo-
ftre huile, veu qu'ils en vfoyent feulement pour la guerifon corporelle > &c non de lame;
au contraire vous vfez de la voftre, non pour la guerifon du corps , mais de l'âme . Car fi
vous penfez que ceux que vous engraiffez ne deuffent à Imitant paffer le pas , vous ne les
Baptême, engraifleriezpas. D. Croyez-vous queleBaptefmeofte le péché originel,quenous
auons d'Adam ? b/. le ne crois pas que le lauement extérieur ofte le pèche' originel , ny
aucun peché,mais bié Iefus Chrift,qui aefpâdu Ton iang pour lauer nos péchez: car l'eau
qui ne nettoyé qu exterieuremét,nous fignifie q nous fommes nettoyez intérieurement
en nos amcs,par le fang de Iefus Chrift. D. Combien croyez- vous qu'il y ait de Sa-
cremens? Deux, affauoirle Baptême &: la Cene: lefquclsi'ay en grande reueren-
ce. D. Vous ne croyez donc qu'il y ait feptSacremens. m. Non,Melsicurs:aufsi
ne le pourriez-vous monftrcr par fEfcriture. D. Ne croyez-vous pas que lesPreftres
Abfoiution. ayCnc pUiffancc de remettre les péchez? y.. Nenny,Mefsieurs. Mais ie croy que les
Apoftres, qui cftoyent cnuoycz de Iefus Chrift pour preicher l'Euangile, auoyent la
puiirance de remettre les péchez au nom de Iefus Chrift. Mais quant aux Preftres,ie ne
croy pas qu'ils ayentceftepuùîance, veu qu'ils ne font pasenuoyczde Chrift, &c nepre-
Confusion. fciient pas cn fon nom. D. A qui croyez- vous donc qu'il faut conreifer iespechez?
Iefus Chrift dit, Venez tous vers moy , qui eftes trauaillez & chargez , & îe vous
foulageray. Neantmoins ie me veux bien reconcilier aucc mon frère, félon le comman-
dement de Chrift, quand iel'ay ofTenfé. D. Ne croyez vous pas que le Pape de Ro-
LcPa m efoit vicaire de Dieu? y.. Mefsicurs,ie croy que le Pape foit l'Antechrift, qui s'op-
aF pofe à Iefus Chrift. D. Ne croyez-vous pas, qu'il foit fucceffeur de fainft Pierre?
b/.. Nenny,ôf ne fay pas mcfmes que fainct Pierre ait iamais prefchéàRome,beau-
Purgatoire. COUp moins qu'il ait cfté Pape. D. Ne croyez-vous pas qu'il y ait vn Purgatoire? B/. Ic
croy que le fang de Iefus Chrift , foit le vray purgatoire, par lequel tous nos péchez font
SaS purgez & effacez. D. Ne croyez- vous pas qu'il faut inuoquer les Sain&s, à fin qu'ils
prient Dieu pour nous ? b/. Sainct Ican dit, Enfans,fi quelcun a péché , nous auons
i.ieanx.i Vn fidèle Intcrcefleur enuers lePcrc, affauoir Iefus Chrift. Saind Paul dit, qu'il y a vn
i.Tim.z.f. moyenneurcncreD]|eu5(r les hommes , affauoir Iefus Chrift homme. Quiconquedonc
Mêmes, cerche autre aduoeat, celuy priue Iefus Chrift de l'office qui appartient à luyfeul.
Rom.j i8. d Nccroyez-vous pas qu'on mérite en fanant des bonnes œuures? b/. Nenny,
Rom n ff" veuquel'Efcrituredit, qu Abraham a creu à Dieu, & qu'il luy a efté réputé àiuftice. Ec
Bônes œu- l'homme eft iuftifié par la leule foy, fans les œuures de la Loy : car ie dy auec faind Paul,
lIrcs* que fi mérite eft mente, grâce n'eft pas grâce. D. Pourquoy donc faut-il faire bônes
œuures , puis qu'on ne mérite rien par icelles? b/. Pour monft rer noft re foy , laquelle
fans les œuures eft morte. Secondement, pour monftrernoftreobeiiTance,laquclle nous
deuons à Diéu,pour les bénéfices qu'il nous a fait en fon fils.Tiercemét, pouree qu'elles
font profitables à noftre prochain. A telles fins faut-il faire les bônes œuures. Or quicon^
que veut entrer au ciel par bonnes œuures, il eft larron Se brigand , car iln'entre point
Différence par levray huis , qui eft Iefus Chrift. D. Eftimez-vous des iours l'vn aufsi bon que
aeviandes l'autre :ô£ ne faites vous point confciencc de manger de lachairen vn vendredy?
çt. le ne fày aucune différence des iours , fors lèulement du iqva auquel ie ceffe de
mon labeur , pour me trouuer en l'Eglife de Dieu , pour ouir fà parolle, Se pour m'excr-
cer tout le iour en les fain&cs ordonnances , combien quecela le puiffe & doiue aufsi fai-
re tous les iours. Mais de défendre de manger de la chair au vendredy , ie l'eftimc eftrc
i.Tim 4.3. diabolique, de charger ainfi les confeiences, comme faintt Paul recite des faux Prophè-
tes qui viendront aux derniers tcmps,5£ défendront le mariage ôdes viandes, combien q
toute viande foit nctte,cftât prinfe auec a&ion de grâce. Iefus Chrift dit aufsi, que ce qui
Le Ma entre en la bouche, ne pollue pas l'homme. D. Ne croyez-vous pas qu'il y ait queL
ftrat. * queMagiftratau mondc,&: n'en voulez vous pas auoir? b/. Mefsieurs, Ierecognois
Rom.13. ]e Magiftrat pour Miniftre de Dieu qui ne porte pas le glaiue en vain , mais pour punir
les mauuai5,& défendre les bons. le me veux aufsi volontiers affuiettir auMagiftrat &C
tout ce qui eft de raifomrecognois aufsi mô deuoir eftre de m affuiettir voire prier pour le
j.Tim i. Magiftrat, à fin que nous puifsions ( comme dit iàincYPaul) mener vnc vie paifible
en toute
Qiarles Flinck. 600
en toute fiiin àeté. Partant quiconque refifte au Magiftrat, il refifte à lordoiinarice de
Dieu. D. Ne croyez-vous pas que les enfans qui meurent fansBaptefme foyentdam- bîSSn?
nez? ijt. Nenny: Caricneconftituepasleiàlut auBaptefmc, autrement leroyc-ie ido-
lâtre comme vous. Car Abraham n'a pas efté iuftifié en la Circoncilîon» mais au Prépu-
ce^ reccut la Circôcifiqn comme vn l'eau de la îuftice de fay fVoicv mes rreres,en bref
ce que i' ay conreffé par dèux fois deuanr le Magiftrat,& elperc dé petfifter en celle con-
feflîon , dont Dieu me face la grâce par Ion faine* Efprit, Amen. Charles Elinck.
Svk cecy les frères de Honfcot leconlblerentpar lettres, lcprians.&cxhortans qu'il
perfiftaft vaillamment en la confeflion de fa fôy.L'Inquifiteur donc èc les autres ennemis
delà vérité vOyans qu^lnçpouuoiteftredeftburnéd'iccll^foy) par aucuns afîàuts, mais
perfiftoitdc plus en plusje condamnèrent finalement commeheretiquc& lciiufçrcnc
au bras feculier. Il ne s'eftonna point pour cela, ainscercha déplus en plus à glorifier le
Seigneur Iefus parla mort. Finalementayantentenduqueletcmpsdelà deliutanceap-
prochoit,cfcriuit à l'Eglifc de Honfcot en cefte fortei
Ap k e s toutes Chrefticnnesrccommandations,mestrefchcrsfreres,il vous plaira fa-
uoir,qnei'ay receu voftre lettre, laquelle m a donné îoyc&conlolation en mes liens 6c
affligions: vous merciant de cequ'auez eu fouucnancede m oy en vos prières. le prieray
aufli le Seigneur au milieu de mÔangohTepour vous, temaffeure qu'il nous exaucerais
Ion fa mifericordc,& nous dcliurera détoures rtos angoiiîes. Car comment nauroit-il pi- Rom ^
tiédenous,veu qu'il nous areceusen grâce, lors que nous eftions encorcs fes ennemis? co™£°
Et comment ne nous exauceroit-il point, puis que nous fommes maintenâtfcs bien-ai*
mez en Iefus Chrift,nous ayant tirez des ténèbres & erreur s,cn l'admirable lumière de fa
vérité ?Partantpuis-iedire librement auccDauid, Le Seigneur eft mon refuge, &mon C*UI *
defènfeur : pârquoy ne craindray-ic point, tout ce que l'home me peut faire. Car 1 amour Pfem.
que Dieu a efpandu en nos cœurs par fon làin& Efprit , chafle non feulement la crainte
«u iufte iugcment&des menaces de Dieu, mais auflî toute peur &: oppreflîô des Tyrans, i.ie» 4 i«.J
Et ainfi nous exhorte rEcclefîaftique ,difant, Nccraignezpoirîtdé la face des puifTans, EccW-4H<
mais combattez pourlaveriré,iufquesàlamorr,&*Dieu combattra pour vous. Partant,
<îi-ie,auec fain& Paul, que ic fuis certain par lefamcl: Efprit, que nchautefle ,nepro- Rom.8.37J
fondeur, negIaiue,neperù\beaucoup moins aucune créature corruptible, me pourrafe-
parer de la charité , qui eft en Iefus Chrift nôftre Seigneur , auquel Ibit gloire éternelle-
ment. Amen.
Davantage >m es frères, afin queiefatisfaccà voftrc delir, il vous plaira fauoir,q
f ay fi bon courage au Seigneur, que ienele fçaurois exprimer par efcrit.Et depuis le téps-
que i'ây efté en ces pefans liens &: chaines,ne m'eft furuenu le moindre penfementde
me deftourner du moindre article de noftre Religiôn Chréftiennc.Et ne puis penfer^cô-'
ment it eft poflîble,que l'homme vienne à renier la vérité cegnue, pour la crainte des pei
nés àc tourmens.I'ay grand enuic &c delir, que mon corps foit prefen té en làcrifice par le
feu pour la vérité: ce que i ay aufsi defiré, tout le temps de ma prifon. Car il y a délia trois
mois,que l'Inquilîtcur,&: l'Éuefque " miné d'Iprc m'ont liliré au bras fecu lier.Mais l'eftL " ^ ^ufv0
mequ'ilsmegardentfilongtemps,ponrccquciay dit, que s'il y àuoit qtielcun d'entre UCâUX Eucf
eux quimepuilTcmonftrerparrElcriture faintte, mon tort, ieftoyecontentd'acquiel- «pesfoigji
cer.Ccqueieleur dy ,nonpasqueiedoutaffe aucunement delà doctrine queie main^aup,liS*
tien(cariefuisalTeuréen maconfeience, qu'il n'y a paiTagc du vieil ou nouueau Tefta*
ment qui foit contraire à mafoy)mais afin qu'ils n'ayent de quoy m'aceufer d'obftinatiô
ou opiniaftreté . Or ils ne difputcnt pas auecques moy par l'Ëfcriture fain£te félon que
feroit mon delir (car ils y font trefmal fondez) mais auec chaines &: puantes priions, &:
pcnfentdcmefutmonterparcemoyen. Maisie mcconfîeen Dieu, qu'il m affilier a, &:
qu'il ne permettra nullement que icfoys vaincu, ain s me donnera vi&oire, pour mefpri-
fer tous leurs tourmens,voircmcfmcpour magnifier fa veriré , non feuJemét de bouche,
maislafeclleraulfidé mon fang.Atant,mes chers frères, ie vous recommande à Dieu,8£
àfa parolle de grâce, lequel vous garde en fa droite vérité, Amen. Enhaftelex x vu.
de Septembre, m .d . l x i i . Charles Elihck prifonnier pour la vérité.
Ci champion de Iefus Chrift demeurât ferme &: confiant en fa confelfion,receut fi-
nalement lèntencede mort, des Seigneurs de Honfcot. Et d'autant qu'il cftoitdebonne
grâce & fon couragcux,craignans la multitude ils le firent rtoyer fecrettement le v ni,
IIi.il.
Liurc^ VII. frmçois Varlut,(f vîkxfDajk^
d'Octob. i yéi. Etfelohlcurcouftumcjccprpsfutcxpofc enfpc^acle.
FRANÇOIS V A R L V T, 4e Tournay en FUMv , &*
ALEXANDRE D A Y K E, cleBrayne-lecbatteau.
CES deux Martyrs ont elte* exécute* de mort à Tournay pour la confefsioa de l'Euangile/. Jeqrs efcritsfonB
de grande consolation, & contiennent vne dodrinefort vtile a tous vrais fidèles pour eftre munis/contre les
atfauts,quand ils feront euoquéz à pareils combàts,pour eftre tefraoins deuant le monde de la vente du Sei-
gneur, fl n'y a prolixité en leurs eferits qui n'aîtïoh Fruid pour recompeufe.
Ngrand avantage fut à François YarlutdeTournay ,d'auoir eu vnpçrcSc
vne mcrcappelez àla cognoiflancede l'Euâgilc,&: dauqir eftéentxetcnu dés
fon enfanceen la craïtede Dieu. Car citât venu en aagc,il pourfuyuitde plus
rçn plus les moyens de prendre accroiffemét en la doctrine de l'Euangile,&:
d^uoir, iouiflance des exercices de pieté qui le pratiquent es Eglifcs reformées à la paroi-
le du Seigneiir.il n'a pas efté fruftré de fes labeurs,puis que l'uTue de (à courte a efté fi heu
réufe, que d'auoir efté choifîde Dieu pour tefmoin de fa vertfé.LaifTantdoncle heu de fa
nainrance,du confentement de fes parens, s'en alla vers Honfcot bo.urgade.de Flandrc,où
ayant trauaillç quelque efpace detempsà faire larges qu'on nomme de Honlèot, voyant
quetowy.pftoit plcm dedifTolution,fc tranfporta à Francfort: auquel lieu ne s'eftancar-
refte,vjnt à Strasbourg pour finalement demeurera Geneue,,enlaquellepour gagner fa
vie s'addonn aà faire farges drappees, furmontant par continuelle frequétation des pre-
fches ordinaires les aflaufs de pourcté,& les difîScultez queSatanaaccouftumé de met-
tre au deuant des yeux depeux qui font en pays eftrangcpour les diuertir&desbaucher
de quelque bien. Y ayant paiféqudquesanneesauec grand frui&, délibéra dechanger
d'air, à raifon des maladies qui l'auoyent débilité, &c lé retira à Orléans en l'an m.d. l i x.
fréquentant les fidèles :en l'aiTemblccdefquelsil rendit confefsipnde fa foy augrand cô^
tentement dctous.Lcs principaux de celle compagnievoyâs des dons exquis cneeicune
homme non lcttrê,rcxnortcrent inftamment de ne ca, her en terre le talent qu'il auoit
receu du Seigneur, non pas pou rvfurper chofe qui fut outre faporcee& vocation , mais
pourconfolerceuxde fon pays. Varlut mené d'vn francefprit,acquielçaàce$exhortiôs:
6c entendant que le nombre des croyans lerenforçoit en la ville de Tournay, délibéra s'y
retirer pour aider au bafttmcnt qui s'auançoit de iour en lour. Estant paruenu au-
dit licu,apres s'eftre infinué au corps des fidèles , neceffa par l'efpaced'enuiron an &: de-
dTi^ïf S mi,d amener les pouresignoransàlcfus Chriit. Et d'autant qu'il eftoit en fleur d'aage, la
gnoiflknee plus part de la ieunefTe de Tournay ,à fon exemples par fes exhortations ,fucnon leule-
deverké. m £t jnftruite: mais aufsi des esbats pleins de vaniré &c fblie,furct amenez à tel ch âgeroét
dévie, quechacurt en eftoit esbahi : qui fut caufe qu'il ne demeura guère (ans eftre fur le
rolle de ceux que les ennemis del'Euângile ont en haine: &£ d'autant qu'ils ne trouuoyét
occafionl'uffifante pour raiTailIir,craignans le peuple r lelauTerent pailiblciufques à ce
que la perfccutioneftanteflcueeen ladite ville l'an m.d.l xi. à caufe que le peuple s'e-
ft ant amaffé en t rou ppe fur le marché pour chanter les Pfeau mes de Dau id ,ils le cerchc-
rent pour l'appréhender cpmc feditieux &: coulpable de cefte efmotion. Ne l'ayans trou-
ué,le bannirent à cris publiques des pays du royd'Efpagne ,furpeinedela vie. S'eftant
abfenté:fe retira en France, lors que quelque liberté fur ouuerte d'annoncer la parollc
de Dieu,& qu'au commencement de cefte année m.d.l xn. l'edicldelanuicr donna .
permifliondecefairc. Là cftant fut exhorté plufieursfois par les Miniftres,tât de Rouan
qued'Orleans, de s'appliquer du tout àl'eftude des fainctes lettres , pour feruir au Mi-
niftcrcdelaParolle, veule grand befoin qu'on en auoit :& que la grande mohTon re-
queroit tels éfprits débonnaires , pour enfeigner les ignorans. Quelque temps après de-
liberant en foy-mefme de retourner au pays bas , pour fubuenir à ceux qui par fbn
movenauoyent efté attirez à la cognoifTance delà verité,vn lien bcau-frere,jfafœur. &z
quelques amis, qui pour lamcfmc perfecution s'eftoyent retirez à Orléans, luy pro*
pol'ent ledangerauquclilfemcjttôit: mais refpondit, qu'il fefentoit pouffé à cefàirc,&
qu'il ncpouuoitrcfiftcr àrEiprit de Dieu. Partant donc d'Orléans s'en vint vifiter les fi-
dèles
FranfoisVarlut>& Alex.Daykc_j. fai
delcs de Tournay,de rifle,d'Ipre,Honfcot, Armenticrc,& autres licux,& les confola par
Pefpace tic quatre ou cinq mois,tant que finalement eftant venu à Tournay pour Faire le
mefmcfut appréhendé par les ennemis de la verité:com me on le pourra entendre par le
riatrédefès lettres ci après mifes& inférées énfoh ordre. Mais auantcjuelà venir nous
reciterons ce quegeris fidèles ont aufsi tefmoigpé d'Alexandre Daykc (on compagnon
enfceuuredu Seigneur,ayansenfemblcvriccaufé commune.
jg^L EX ANDRE Dayke,eftoit d'vne petite ville fituec es confins deBrabanrôc
||p|&Hainaut,nommce Brayne-le Chaftcau,auoit en fa ieuneffe hanté à Bruxelles : mais
s'ennuyant d'vne feruitude de Cour,la ferucur defon aa^èlépouiTa en ton fgnorace d'al-
ler à Rome Jl y demeura enuironlelpacc de trois ans, & y apprintk méfier de chauffe-
terié en la maifon des fuppofts du pape Carafre, nommez Iefuites. Or le Seigneur qui re-
ferue ceux que bon luy îcmble àporter finalement tefmoignagepour (à vérité deuant
les hommcs,commença peck à petit faire (on œuure à l'endroit dudit Alexandre . Pre-
mièrement par le grande extrême defordre)diflblution&: vilenies exécrables qu'il y vit,
mefmement entre les Iefuites,gens d'vne hypocrifieinfamcjil commença a àûôir en tel- Iefi,îtcs;
lé horreur la dodrinc du Pape,que laiiTant leficgede Sodomc, vint au pays deS<arifonSi home
où il ouyt la prédication de la parolle du Scigneur:& delà s'achemina à Gcheue , pour a-
uoirplus ample inftru&ion. Il n'eft befoin à plus de paroiles réciter le bienqu'il y receut*
& comment en peu de temps il y profita : puis que les a£tcs&: ifluc heureufe oueDieu
luy donna en rendent fufHfant tefmoignage. ^ Arriué qu'il fut en fon pays , s'eftan t gar-
ni (comme vnmarchanr,retournant d'vne bonne foire) de chofes neceffaires au pays,
defploya fa mercerie à Valenciennes:&: ne faut dire, comment ou de quelle hardiefïe il
communiquoit à chacun ce que le Seigneur luyauoit donne A cognoiftre^uis que les
cnfeignesSc falairequele inonde ade tout temps accouftuméderendreàcéux qui s em-
ployent à œuure vertueux Je fuyuirent incontincnt.Car les aduerfaires le firent cercher:
mais ne Tayans trouué,apres leurs folennitez accoutumées, finalement le bannirent du
pays du Roy fur peine delà vie. ce fut enuiron le mcfmetemps que fufdît François Var-*
lut fut dechaffé de Tournay.On peut noter en ceci vne bôté Se proùidéeé deDieu grade
à l'édroit de la ieuncfTe dcTournay ,qu'incÔt inént après q Xarlut fut départi deTôurnay,
Alexandre s'y retira: & ne cefla depuis y cftre venu, de lés admbnnefter,confoler, inftrui-
rc,& reprendre auec vne viuacité&:faindehardiefire,iufqueS à ce qd?if fut âpprehendé
àùee ledit Varlutpar lesenncmis,en Tournay.Et corn bien que plufiëursroisauparauât
Jléuftcfté menacé par eux, &: qu'il fuftgrandbruitde luy partoutcla ville; fi ne laifla-il
depburfuyureiufqu'à-lafin, Lacaufcdc
ORlàcàulédeleuremprifonnement eft telle: Que Tan mil cinq cens foixate& deux, içUI
lefeizieme iour du mois de Septembre, les deux fufaitsfortiret delà ville, accompagnez
enuiron de centperfonnes,tanthommcs que femmes &c filles,pour conuoyer vn certain
Miniftreeftrange, qui ésioursprecedens leseïtoit venuvifiter , & leurauoit donné plu-
fieursiainAesinftruttionsenla parolle de Dieu. Iceluy leurauoit accordé que pourl'A-
dieu il ferbit quelque exhortation en vn petit bois aiTez prochain delà ville dç Tournay.
Au fortir de la ville ils furent apperceus par quelque payfant, lequel s efmérueillant de
voir tant degens aller aux champs par vn iour ouurier, contre la façon accouftumee , Ce
douta de ce qui cftoit:parquoy il s'en alla droit à la villel'annoncer au feigneur d'Oignie,
grand Vicaire &: coadiuteur de l'eucfque de Tournay, homme cruel>&: ennemi mortel de
la dodrinc de l'Euangile: lequel incontinent fit toute diligence defurprendre toute l'af-
femblee. Il amafia toutes les forces de la ville,fauoir cft,de la iuftice du Roy, de la ville, &:
du Chafteau,auec quelques eftaffiers defon Chapitre^ en forte qu'ils eftoyent en grand
norribre tantà pied comme à cheual . Cependant les poures fidèles efeoutansau bois la
prédication de l'Euangile auec grandvioye,nefedoutans denen,foudainement ouv-
rent le bruit de la venue des ennemis , qui accouroyent auec grande fureur pour les
appréhender. Il y auoit aucuns fidèles qui eftoyent demeurez en la ville, lefquels en-
tendans cefte entrepruedes ennemis, firentleurs efforts d aduertir lafierriblee quieftoit
au bois-, de fe donner garde : mais ceux qu'ils cnuoyerent &:dcpied 6c de cheual , ne feu-
rentpreuenir la trouppe des ennemis, tant fut fubiteleutfortie. A leur venue toute la
compagnie incontinent fut difperfee: les vns s'enfuirent, les autres fc cachèrent és lieux
les plus efpez du bois: vne partie fut appréhendée, en nombre enuiron de trentetrois,
délquels aucuns efchappcrcnc fur le chemin auant qu'entrer auChafteau.Varlut voyant
Ili.iii.
Lmy<u VIL Franfois VarlHi,& ^AlexSDajkcS.
la rage des enttemis,qui d'vnc futeurçwremç leur couroycnt-fus^'cfcria feeux df la c 8-
pagnie: Courage,rncsfrctes,nou$fommcsà Dieu , tek la vie &à lamorc. Iceluy eftant
cnuironnéaueclejautresj&VQulantfairelesprieresàlaforticdu bois auantque cafter
plus outre,lc Promoteur de l'Eucfque aucefes ruffiens ne le voulut permettre» luy duanc
qu'ilferoit fes prières au Chafteau: te force fu* audit Varlut te aux autres , qui ia auoyeni
mis les genoux en terre pour.pricr Dieu , rompre cefte fain&e entreprife. Quoy voyanç
Alexandrc,dit au Promoteur, Monfieur,vous aucz bien à qui rcffcmbler , puis que vou$
ne voulez pas ouir parler de Dieu. Cela dit,ils cômencerét à marcher deux à deux vers la
Chafteau. Le bruit de cefte entreprife cftoit ia tellement diuulgué par toute la ville , que
le peu pic (qui de long temps s'eft monftré fort affectionné à laparolle deDieu)fortit
hors de la ville pour voir ce qui fc failbit. Or ceux qui les menoyent voyans la multitude
du peuplc,cômencerét à modérer leurs menaces,les lai/Tans aller fans cftre liez te fans au
cune contrainte , craignans efmouuoir fedition: te lesfuyuoyent comme le boucher va
après les brebis qu'il mené à la boucherie . Ceux de la ville donc parloyent à eux,& les
confoloyent fans aucun empcfchement,mefmes en retirerét quelques vns fans difficul-
té ne contredit des ennemis, quifeignoyentdene le point voir : tant eftoyent intimidez
que facilement tous les poures captifs fe fuffentïàuuez,n'euft eftéqucDicunc leur ou-
uroit point le cœur comme le chemin pour fuir : ordonnant par fa prouidenec autre chou
fed'eux. Varlut cftantàpcu près au milieu des deux rengeesdes captifs, confoloit&les
vns &: les autres : &aima mieux leur tenir compagnies*: les fortifier que d'efchapper. Le
peuple eftoit fur le poinct de les dcliurer. mais Varlut s'efforça de plus fort d'admonne-
fter a haute voix le peuple,& confoler ceux qui eftoyent appréhendez auec luy , en telles
Varlut con ou femblablesparolles : Frères & fœurs,foyons fortifiez au Seigneur, te nousdifpofons à*
pagnoiL" l'a bataille,puis que noftrc capitaine IefusChriftnous y appelc,auquel il faut feruir fidèle-
ment. Ne voyons-nous pas que tant de gendarmes de ce mode mettent en danger leurs
corps te leurs ames pour vn Pnncc,ne fachans s'il bataille pour vne bone querelle ou nô ?
ce feront ils pour quatre efeus le mois, nous feindrons-nous ? non, non : car nous fauons
quenous fommesavn bon Princc,&: que (acau(ecft bonne, &le loyer que nous atten-
dons neft pas or ou argent, mais vn Royaume tout entier. Ilyad'auantagc,qaenous ne
baraillôs point à raucture,mais auons defia la vi&oire entre nos mains , laquelle nous fe-
ra iouir de l'héritage celefte eternellcmét.Et en cela ne regardez pas fi vo9 eftes fimples &
encore mal îftruits-xar il ne faut pas auoir vne fagcfTe fi exquife pour rebarrer les fineifes
de nos ennemis . Retenons ce fcul fondement ferme,q Icius Chrift mourant pour nous
a effacé tous nos pcchezrq tous ceux qui ont recours au mente de l'obcifsâce qu'il arédu
Hcb.10.t4. pour nous à Pieu fonPerc,fcrontfauuez. Son facrifice vnique& éternel a fanâifié àia-
Rom 8 1. mais ^cs efleus : en forte qu'il n'y a plus de condamnation à ceux qui font en Iefus Chrift;
Douterons-nous qu'en cela nous n'ayons de la Théologie aiTez pour vaincre nos enne-
mis,puis que cela mefmc eft fuffifan t pour nous iuftifier deu^t la haute maiefté de Dieu?
Ce s t e exhortation donna courage à toute la compagnies pour monftrcr de quel-
le affe&ion elle lareceut? commença à chanter Pfeaumes: te Alexandre conduifoit le
chant. Et ainlilouans Dieu, entrèrent au Chafteau enuiron vingteinq perfonnes de la
trouppe prifonniere,pourfuyuie& accompagnée de maintes larmes te pleurs du peuple
fpe&ateur. Les ennemis penfoyent du tout auoir prins les chefs de ralTcmblce, aflàuoir,
le Miniftre te le Chantre, voyans Varlut te Alexandre . On les fourra tous enlemble du
premier abord en vne tour du Chafteau: qui leur fut en confolation &ioyc, Se* poura4-
doucir l'horreur de l'entrée delà prifbn.
L e lendemain on les fepara,apres auoir efté examinez l'vn après l'autre deuant le Ma
giftrat- Varlut & Alexandre (defqucls nous auonsàtraitter particulièrement ) confiè-
rent par eferit la compagnie,û auant que Dieu leur en donna le moyen te la faculté» Vne
partie de leurs eferits a percé les groiîes te cfpeifcs murailles de la prifon : te Dieu a vou-
lu qu'ils foyent venus iufques à nous,afindeJes publier pour la confolation de là poure
Eglifc>&: inftrudion de tous vrais membres d'icelle.
S* E N S V I T la première confefsion gue fit François Varlut deuant le Magiftrat de Tourna/ , comme ill'a
luy -mefme biffée pa r eferit en là manière qui s'enfuit.
\E S frères te fœurs, incôtinent que ie vi que c'eftoit la volonté denoftrc Dieu,que
iefufTeliuré entre les mains de nosennemis, te que i'eftoye certain que feroyeen-
quis
François Varlut. 60^
quisdcma foy, ieme difpofay pour en donner confeffion Amplement & rondement,
fans finefle ne couuerture quelconque. M'adrciTant doc à noftre Dieu, le priay de me te-
nir la promette faite par (on Fils Iefus Chriftralîauoir, Dedonner bouche & làpience à
ceux qui feront appelez deuant les Rois, Princes &c Seigneurs pour rendre celmoignage
de luy. Or s'il s'eft iamôftrc fidèle en fes promefles,ayant exaucé maprierCjen fortequ'il
m'a donné dequoy refpôdre,non pas fur tous poinéts: (car ie nay pas cfté enquis de tous)
mais principalement lur la Cene . Toutefois ie me lentoye bien difpos pour refpondi e à
beaucoup d'autres difïerens qui font entre eux &: nous , &c beaucoup d'erreurs qu'ils ont
contre la vraye parolle de Dieu . Mais ie ne me fuis pas beaucoup auancé de parle r linon
en temps &lieu, m'alfeurant que Dieu aura agréable ma petiteiTe&: ma fimple confef-
fion, comme eftant faite de franche volonté , &: auec zele delbn honneur & auanceméc
defonregne. Vov s feiezdoncaduertisqueleprcmieriourde monemprifonnemét,
eftant appelé deuant le Conléil,monfieur de Moulbay me voyât venir,dit,Ha,ha,levoi- ^rroeue1»!
ci leMiniftrc,le voici le prelcheur.Ie refpondi, Sau fvoftre honneur, Mon fieur . Et bien, Conjfol.
dit-iljfi vous ne l'eftes pas, vous l'auez contrefait en ce bois. Monfieur, ce di-ie,iefuis ap-
pris,& cognoy par la parolle de Dieu, qu'on ne doit pas exercer l'office de Miniftrc , h* on
n'y eft appelé &: ordonné legitimement:&: pourtant ie ne fay pas enti eprins pour l'exer-
cer ni contrefaire. Puis après le procureur du Roy me demanda mon nom. le m ap-
pcleFrançois Varlut. Lors plulieurs propos furent tenus de mon banmlfement. Ilsm'in
terroguerent puis après du Miniftre. le leur refpondi qu'il n'eftoit pas auccques nous, 8c
que c'eftoit la première fois queie lauoye ouy prefeher, & pourtant meferoit diffîciledc
le cognoiftt c.Sur cela kfu remis en prifon-auec les autres. Le lendemain eftant le pre-
mier mandé deuant le Confcil, monfieur de Manfart commença me dire, François, veu
qu'eftiezaduertide voftre banniftemen^commentauez-vousofé retourner en cepays-
cirvous moquez-vous du Magiftratîou cerchez-vous voftremortrle refpondi,Monfieur,
ia n'aduiéne queie me vueillc moquer des Seigneurs àc Magiftratsxar je fuis appnns par
la parole de Dieu, de les honnorer &: auoir en reuerécervoire d'obéir à eux en toutes cho-
fes ielon Dieu .Et quant à ee que demandez,Si i'ay cerché la mort, Non, Monfieur: car fi
on ne me fuft venu quérir où i'eftoye,ie me fufle bien gardé de venir en vos mains. Quât
à mon retour en ce pays,ie vous dit ay la caufe: Vous fauez, Monfieur,quedepuisPafque, Le a fie
Je pays de France eft fort troublé, en forte que ie penfe,qu'il n'y a pas de fix perfonnes l'v- France aw
nequi y pui/Te gagner les Hefpcns,&: principalement de mon eftat.orn'y trouuantplusà h[é'
gagner la vie,& n'ayant aucun bien pour viure à rien faire,ien'ay voulu viureen greuanc
ou faifant tort à mon prochain. Auffi mon afFettion n'eftoit d'aller à la guerre, &: pour-
tant i'ay efté comme conttaint de reuenir en ce pays pour befongner & gagner ma vieôC
c'eft vne des eau l'es pourquoyi'y fuis venu. Ad on c monfieur de Moulbay meparladu
bois &c de raiTemblce,me difant encore, quefeftoye le Miniftre , &c q i'auoyefait l'exhor-
tation.le luy di, Monfieur, ie vous ay ia dit queie fuis compagnon de meftier ,&non pas
Miniftre,&: n'ay pas fait l'exhortation. Monfieur deManfart dit: Vous eues eloquét alfez
pour l'eftre. Monfieur,di-ie,fi en demeurant en Fiance i'ay tourné aucunement ma lan-
gue fur le François,ce n'eft pas à dire pourtat quei'aye le (auoir pour eftre Miniftre. Il me
dit, Vos gens fepalfent bien deMiniftresquinelbntgueres doctes ne fauans . Là dertus
ieluyarFermayqueienereftoyepasi&furcemepredérent fort pour nommer lcMini-
ftre,&: ceux quiyeftoyent demeurez fans eftreprins. ledefenditoufioursfort & ferme
que iamais ie ne lauoye ouy que cefte fois:& cela eft vérité .Quât à ceux qui font demeu-
rez fans eftre prins,ie ne les cognoy pas,d'autant quefvn eft de l'Ifle, l'autre de Valencié-
ne,ou de Douay.Ils s't nquirent aulfi de ceux que ie hantoye deuant mon bannififement.
le leur di, L'vn eft en Frace,l'autreautrepart,car vous les auez tous bannis. Il médit qu'il
en eftoit encorcs demeuré aucuns.Ie reipondi, Qu'ils auoyent percé le fond, &: que tout
eftoit efpars .'Môfieur de Moulbay dit en paroles alfez côfufes,Et bien,ie penfe qu'il n'eft j^y^
pas befoin de beaucoup vous interroguer,car vous n'eftes poït Papifte: croyez-vous que
le Sacrement eft le corps deleius Chnftr que te.nez-vous de la puiftànce du preftre?^.. le
demanday dequoy il enrendoir parler,de la Cene,ou de la Meflfe?car,di-ie,iene veux pas
mettre la Meifedu reng de la Cene : il y a trop à dire , voire autant que du iour à la nuicl.
On me demanda,comment cela? Pourcc,di-ie, que noftre Seigneur Iefus Chrift en infti-
tuant fa Cene,print du pain,& lerompant le donna àfes difciples,en difant, Prenez,ma-
gez,c'eft-ci mon corps. Iefus Chnft doncaiompulepain,&:radonné:ilnerapasmôLtré
IL. un.
Liure VIL - "François Varht.
Antithcfcdc par defîus fa tefte,le faifant adorer,comme on fait à la Mcflc . 11 a donné le pain a cous fes
k Ccne 6i difciples en communion: ma» le preftre en laMelle le mange tout feul comme vn gour-
de la Mcffc. man j. & y faic beaucoup de fingeries du tout contraires à finftitution de Iefus Chrift.
parquoy ie ne la tien pas pour la Cene. Adôc maiftre Hermès de V vinglc m'amena ie ne
îay quels propos fort impertincns,qu'vn autre rompit,difant, Vous oyez qu'il ne la tient
pas pour la Ccne.Non,di-ie,mais pour vn dc(guifernenc& aneanti/Terncnt d'icelle. Sur
ce me rut parle du pain,fï ie necroy pas après lcsparolles dites,' queceibit le corps de Ie-
fus Chrift. Ic refpôdi:Noftre Seigneur Iefus Chrift au vingtquatrieme chapitre de l'ainct
Matthieu,^: au troifiemede faind Marc dit, Si on vous dit, Chrift eft ici, ou Chrift eft là,
ne le croyez point,& n'y allez pointrcar tout amfi que l'ôfclair fort d'Orient, &: s'en va en
a&ul Occident,ainfi viendra leFils de l'home. D'auantage,les Anges aux A&esdes Apoftres,
après que Iefus Chrift fut monté au cieî,parlans aux Difciples, difent, Hommes de Gali-
lce,que faites-vous regardans en haut?Icfus de Nazareth que vous auezvcu monter, vie-
Aft.j. ii. dra comme vous l'auez veu monter. Ecfaind Pierre parlant de Iefus Chrift,dit qu'il faut
que le ciel le contienne iufques à la reftauration de toutes chofes . Voila corn ment la pa^
rollede Dieu nous enfeigne que Iefus Chrift eftant monte au ciel, on ne le doiteercher
ne ça ne là,&: qu'il ne defeendra pas iufques à la reftauration de toutes chofes, qui fera au
iour du iugement: &ù c'eft ce q nous difons en noftrc créance, De là viendra iuger les vifs
& les morts.&: pourtat ie ne croy pas que le pain de la Méfie foit le corps de Iefus Chrift:
6c quand vous adorez cepain,iedi que vous adorez vne idole. Mon sie v r de Man-
fart me dit, Nous n'adorons pas lepain,mais ce que par fov nous croy os y eftre . le luy di,
Si vous croyez que le corps de Iefus Chrift y foit , voftre créance eft vaine , d'autant que
De la Ccnc. ja parolle de Dieu nous enfeigne le contraire. Quant à la Cene,eftant adminiftree pure-
ment félon l'ordonnance de Iefus Chrift, tous vrais Chrefticns qui y communiquent,ay-
ans repentanccdcleurspcchcz,&saiTeuransparlamort &c paffion de ïefus Chrift, ayas
charité enuers leurs prochains,ie croy que ceux la font vrayement participans du corps
&c dufangde Iefus Chrift. Non pas que le pain foitfon corps,nele vin fonfang: mais que
tout ainfi que le fidèle reçoit le pain &: le vin de la main du Miniftre,Ie met en Ja bouche,
&c le mange,aufli fem Maniement par le Minift re interieur,qui eft le faindt Efprit,& par fa
vertu & puiftànce, le corps & le fang de Iefus Chrift luy eft donné &c adminiftre, non pas
en la bouche,mais au cœur &: en l'efpritxar le fidèle le reçoit parla foy qu'il a. Et tout aifî
que le pain & le vin a cefte propriété de nourrir le corps , ainfi le corps &: le fàng de Iefus
Chrift nourrit l'amefîdcle en l'efperance delà vie éternelle . Cependant le corps de Iefus
Chrift eft &c demeureau ciel:Sd lepain demeure pain,& le vin demeure vin.Monfieur de
Manfartdit, Comment fe fait celaîLe corps delefus Chrift demeureau ciel,&: vous le re-
celiez?^, le vous ay dit;Monfieur,quec'eft par la vertu du S. Efprit,& par la foy du fidèle.
Voila, dit il,l'opinionde Caluin. Voila, di-ie, ceqi'en ay apprins parla parolle de Dieu.
Des traditi- Il medemandaengeneraldctouteslesordonnanccs&traditionsdei'eglifeRomai-
onshunui- ne. A cela ie refpondi qu'il cftoit eferi t au 4. 5 .&; 11. chapitres du Dcutcr. Qucle Seigneur
veut eftre ferui non point à la fantafie des hommes ni comme il leur femble bon, mais fé-
lon (à Parolle & félon fes commandemens, fan s y adioufter ni diminuer, fans aller à dex-
tre ni à feneftre&: que Iefus Chrift au 1 5. de faind Matthieu,dit, Que c'eft en vain qu'on
lefert félonies traditions& commandemens deshommes. Suyuantquoy,iereiette tou-
tes les inuentions des homes qu'on a mis-fus pour feruir Dicu,&: n'en tie rien, mais veux
demeurer en la parolle de Dieu , & en fes commandemens, pour le feruir félon iceux. A-
donc Manlàrt m'allégua vnpafîàgedefain£t Paul, où il exhorte,dit-il,Titeou Timothee
à garder les traditions mifes par cux.Icluy di, Auffi veux-ie gardcr&i tenir pour bon touc
ce que les Apoftres nous ont lauTé-&: quand on m'enfeignera autre chofe,ie le reictteray.
Gaht.i.s Mais regardez, di-ie, ce que faind Paul dit aux Galatiens premier chapitre, Que fî aucun
vient enfeigner autre chofe,qucce qu'il a en feigne, qu'il foitmaudit-.voire fuflevn Ange
du ciel. Vo t l A,mesfrcres,cedcquoyiefuenquispourla première fois, au plus près
que l'ay fecu eferire. I'ay encore aucuns propos à eferire , mais ie penfe que ie n'auray pas
le rem ps : car nous voyons félon l'apparence , que l'heure qu'on nous fera mourir appro-
che.Or,mesfrcres,iufqu'à maintenant iay grade occafîondelouer Dieu. Car iï m'a touf-
iours tellement fortifie', que i'ay cfté beaucoup plus hardi dedans les prifoh», que ien e-
ftoyefur rue, ou fur les chemins deuant maprinfe: tellemetque iccraignoyc plus vn hô-
mômccanique,qucicnay craint depuis ma prife tous les luges enfemble,encQrcs qu'ils.
foyenc
Frarifois V.arlut> to j
foyent grans. Or ie cognoy que cela vient de Dieu,& non pas de moy.Ie nedi pasifreres,
que ie n'aye fènti des poinctures de la chair>&: des aflauts au dedans: q Satan m'euffe bien Varlut aflàil
voulu mettre en doutcou de la do£trine,ou de mô falut: m ais inuoquât le nom de Dieu, jj^ttatt:
i'ay efté exancé.quant à la crainte des hômes,ie n'en aygueresfenti:les autres tentations
n auoyent pas de durecMais maintenances gransaftàuts viencjrôr : priez doncfongneu
fement pour moy, &: auiïî pour mes compagnons & compagnes, nous en auons befoin:
priez que ie pu uTe batailler bonne bataille contre tous ennemis,arln que i'obtiene la vL
ctoircpourcitxetrouué vray feruiteur &: foldat de Iefus Chrift,afin quefoyons courônez
de la couronned immortalité commeil a promis. A Dieu, mes frères Garnis, ie vous
recommandeles autrcs,principalemcnt ceux &: celles qui ont côfefle,dont lestroisfon^c
en la ville: nous auons efté afleurez de nous douze ayans confefTé, les autres^font tous au J^Jjj£
pain &: à J'eau.faites voftredcuoir delesfbliciter.tâdis quei'ay efté auec eux, iay fait mon ûaas.
mieux:pluudirs ont bon cœur.
■ AVTRES eferits de François Varlut à fa mere,freres, & foeurs: contenans les allants & difputes qu'il eut de-
uant le Magiftrat de Tournay,contre quelques Caffars & Moines apoftez.
Ovrci que iem'atten,fic'eft la volonté de noftre Dieu, que iefoye mis à mort,
que vous le portiez en paciencefans par trop vous troubler; i'ay fort defiré devous
pouuoir faire tenir par eferit la lom me des propos paf moy mainrerius : afin que puifliez
cognoiftrequeienemeurspascomme Anabaptjftc,mais pourlafoy Chrcftienne.Quc
fi vous ne pouuez pas encore bien entendre le tQur,pour l'ignorance qui refte encoreen
vou$,aumoins ciapres,iî Dieu vous donncplusdecognoifTanccvouslcpourrezlorsen-»
tendrc,&: auoir non feulement contentement* mais confolation & ioyc, de ce que Dieu
m'aura fait la grâce d'eftre mis à mort pour fa Vérité. Vous ferez doncaduertis, que le Sa-
medi après mon empri(onnemcnt,iefu mené derechef deuant toutJcConfeil,où il y eut
plus de propos tenus,que ie né fauroyeelcrire; Il y auoit vn Moihc qui ne mclanfoit ia-
mais dire mes relponies icnlortequeieprinslc Gonléilen tefmoin defa malice, qu'il oc
melaiifoit parler.Et leur di pîuficurs fois,que ie-ne parleroye plus,iï on ne medônoit au-
diéce:& c'eft vne des caufes pourquoy ie n'ay pa$ tout retenu .toutefois ie mettray le prin
cipal au plus près que ie pourray.
£ t premièrement encrant en propos,Monfîeur de Manfart me dit, Et bien, Fraçois,
pource que vous médites dernieremétque vous ne parleriez pas aux Do&eurs fi ce n'e-
ftoit en prefencedegens de bien,voici maintenant i'ay fait venir ces deux-ci,pour parler
àvousprefentleConfeil. çt. le ne demande pas de parlera eux, mais à tout le Con-
feil:& quant àceftuy-la(monftranc le Chantre) ie ne parleray point, cariefay qu'ilapref-
ché la mefme doctrine que ie veux maintenir: &: après il l'a vomie&: foullec au pied: &c fi
a mené vne vie fi diflolue,que tous enTournay en font tefmoins.Iedi donc qu'il n'elt pas
digne que la parolle de Dieu paile. par fa bouche . Monficur de Manfart dit , En voila vn
autre, y.. Quant à mov,ie luis ù'mplc compagnon demefticr,&: pourtant ie veux par-
ler flmplement &c rondement fansfubtilité ncrîneiTe:&:iefay que ces gens-cy n'y vont
que par cauteles& rulbs,&: pourtât ie ne dcmâde pas de parler àeux . Mais quant à vous
qui elles mes Iuges.ie vous veux ouurir & defploycr mon cœur:&: le vous diray iufqu a la.
dernière parolleque Dieu medonncra.Moniîeur de Manfart dit, Nousfauons bien que
vous nettes pas do£teur,& pourtât on ne veut pas difputer, mais parler à vous pour vous
remonftrer:vous dites que vous eftes de meftïer, &C cependant vous voulez eftreplus fa-
ge que les Docteurs qui ont long temps eftudié. rçi. Monlïeur, quanta moy,ie cognoy
&conferTequedemanatureiefuis Ci ignorant que ienepuis pas mefmepenfervnebône
penfee,comme le dit laind Paul, &: que iufqu'à ce que Dieu ait châgé mon cœur peruers 2,Cor 3 5
&: dur en vn cœur docile, ie n'ay rien cogneu debon,nedeDieu:mais quandila pieu à
Dieu par fa grâce me roucher le cœur, ÔC qu'il m'a donné à cognoiftre mon ignorance:
lors ie me fuis adreiîé à luy,&: luy ay demandé fapience, ieluy ay demandé d'eftre inftruit
par fon Efprit en ta cognoiflànce de fa Vérité: & m'a exaucé, &: m'a inftruir en la vraye in-
telligence de fa Parolle , tellement que ie fuis certain que ce que ie croy c'eft la vraye pa-
rolle de Dieu,ôc non vne opinion. Alors ils commencèrent à rire,& me vouloyentaccu-
fer de vainegloire,dece que ie me difoyeeftreaflèuré d auoir le fainft Efprit pourinftru-
&cur. Mais ie leur di,què ie le terioye pour certain î d'autant que i'auoye fenti que Dieu,
Liurt-) VIL François Varlut.
nVauoit fait cognoiftre mon ignorance, voire &: qu'il mnuoit donné la grâce de l'inuo-
Mact.77 quer pour eftreinftruit par fon fain&Efprit:car Iefus Chrift dit, Demandez,^ il vouslè-
Lu ra donné:& fi vous qui eftes mauuais fauez donner à vos en fans choies bonnes,combicn
CIM} plus voftrePere eclefte vous donera-il fon Efpritfi vousluy dcmâdezî,voila,di-ie,lapro-
meiîefur laquelle iefuis fondé &aiîeurc. Mon sievr Manfartmedit, Les Anaba-
ptiftes fe vantent d'auoir le fain&Efpric,nous difons auffi q nous l'auons,vous dites auiTî
que vous l'auez,&: fom mes cous difTercns,comment s'accordera cela? çt. Quint à moy,ic
n:ay pasfenti la conicience des Anabaptiftcs,ie n'ay pas aufiî ienti la voftre,mais iay fen-
ti la mienne,&:refpon pour moy, Que d'autant qu'en Tentant mon ignorance , Dieu m'a
pouflé à luy demander fapience &c fon Eiprit:& dauantage que Ictus Chrift & aulïi les* A-
Ia<iuesi5 poftres promettent queceux qui la demanderont, l'obtiendront . le me tien certain d'e-
ftreinftruirdecequeicfayparlefain&Efprit,tenant IefusChrift pour véritable en l'es
prome/Tes.De ce propos entrerét à parler de la certitude de mon iàlut:Ieleur di,que d'au
tant quei'auoye par foy appréhendé Iefus Chrift,auquel ie trouuoyc lefalut éternel & la
vie,quei eftoyeaiTeuré démon £alur,& que le diable, la mort ni les enfers n'auoycnt plus
de puuTancc fur moy. Le Moine lors m'allégua le^des Corinthiens, où faind Paul dit,Ie
ne mefen en rie coulpable,& pour cela ienefuis pas iuftifié: Voyez,dit-il,commetfain&
Paul encore qu'il euft tant bien cheminé, dit neantmoins quiln'eftpas encore afleurc.
d* pXgc" V" Sain& Paul a voulu monftrcr queiaçoicqu'ileuft exercé fidèlement fon office, en ibr
te que les hommes n'y fceuiTcnt que redire, cependant pour cela il ne fe veut pas iuftifier
deuant Dieu,mais fe fent encore iniufte, voire quant à (oy & fes œuures: &c cepédant il ne
demeure pas en crainte icruile: mais embraflant Iefus Chrift pour fa iuftice , par foy s'aC-
feurede fa iuftifî cation & defonfalut:&celademonftre-il clairement au huitième cha-
pitre des Romainsjic leur alleguay le paflage tout au longxôbien que le Moine medon-
naft empcfchemcnt,&: leur monftray qucfamÊt Paul,apres auoir dit que l'Eiprit réd tef_
moignage au noftre que nous fom mes ehfàns &: héritiers de Dieu, ofe bien s'aifeurer co-
tre la mort, cotre toute hauteur &c profondeur, chofes prefentes& à venir, bref, il ofe bié
defpitcr toutes forces d'ennemis, s'ailcurant que tous enfemble ne feparerôt pas les fidè-
les &: efleus de l'amour de Dieu qui cft fondé en IefusChrift noftre Seigneur. Voila, di-
df fidei " iC,cn cîuc^c hzidiciïc &c aiTeurace iain£t Paul parle pour luy &: pour tous les fidèles ôt en-
68 ca fansdeDieu. Sur cela monfieurManfart dit, Ouy, mais notez qu'il dit,Lesefleus:eftes-
vous des efleus? Ri. Puis que Dieu m a donné la grâce par fon îàindEfprit de croire en
Iefus ChriftjÔdembraiTer pour mon Seigneur, cei chant en luy mon faluc& la viecter-
nelle,ie me tien pour vn de fès efleus.^ Cela fut tourné comme en rifeé:Mais il rit bic qui
rit le dernier.
L i Moine m'adreiTa fa parollc en difant,Eftes-vous fainft Paul'auez-vous efté appelé
comme fainct Paul par Iefus Chrift?eftes-vous vaifleau d'elcdrion,pour p'orter le nom de
saytteur fi- Chrift aux Rois &c Princes de la terre? le luy refpondi que ie n'eft oye pas Paul,mais Fran-
enific en (ô ÇOIS Varlut,&: que ie n'eftoyepas Apoftre c6me fainct Paul,mais que l'eftoye fayetcur de
fê"??c f r mor^ m^'er^e ncmis pas efleu pour annôcei le nom deChrift deuat les Rois & Princes,
gec"' c ar" ie n'ay pas efté appelé par vifion corne S. Paul:& ne me vante pas d eftre fi exceller ferui-
teur de Chrift côme luy.toutesfois ie fuis mébre du corps de Iefus Chrift.Et pofé le cas q
S. Paulfoit l'vn des plus cxcellens membres du corps de Chrift,& que fuis l'vn des moin-
drcs:ilscniuitqu'eftantmebre d'vn mefme corps, nous auôsvnmefme chef, aflauoir Ie-
fus Chrift. Or la liqucur& fubftace(c'eft à dire la grâce q. découle de ce chef Iefus Chrift)
découle fur tous les m ébr es deeccorps. Etparconfcquctdc la mefme grâce dontlainct
Paulaefté participant,i'enay aufiî maportiô. Etiaçoitquefain&Paul, comme membre
plus excellent, en ait receu en plus grande abondance que moy, c'eft neanrmoins d'vne
mefme grace,laquclle aufli merendaflburé félon maqualiré. Car lagrace de Chrift a ce-
tte vcrtu,qu'elle rend content celuy qui en a receu feulement vnegouttelettcxar c'eft v-
ne eau fi viuc 2 queceluy qui en boit tant peu que ce ibit n'a plus iamais foif . Et puis que
vous me demandez fii'ayeftéappelécommeiàinttPaul,ie vous demande auffifi ceux
au nom deiquels fain£t Paul parle , U ceux aulquels il a prefché l'Euangjlc, ont ainfi efté
appelez comme luy?ileft certain que non: car fi Iefus Chrift les euft voulu ainfi appeler,
iln'eufteu quefairedes Apoftres. ^Les Moines ne feurent que dire, linon qu'à leur met-
chante couftume ils tafehoyent de me rompre mes propos à tous coups. Leurs memori-
ges ont cf^é iufqu a dire, queceftoit pour noftre gloire que aou s parlions, voire &c q nous
voulions
François Varlut. 604.
voulions maintenir noftre opinion pour eftrc mis en ce beau liutedes Martyrs de Genc- Le liurc des
ue.& tant de brocards que rien plus, mais Dieu efttefmoindetout. Ils ont recoursàces Ma"y«-
brocards , eftans vaincus par noftre confeffion de foy , &: par la confiance que Dieu nous
dpnncàls Tentent Dieu courroucé contre eux , poureequee eft contre luy qu'ils fe pren-
nent. Il s me mirent en auant les Docteurs anciens de rEgWe,difans qu'il faloit là me
rapporterJe leur di,que ma foy n'eftoit pas fondée furies hommes, mais fur la parolle de
Dieu,laquelle nous eft laifleepar les Prophètes &c Apoftres de Chrift . Ils me firent long
difcours,commentrEglifc le tenoit aux Dodeurs,&: fe conduifoit iclon fceux.Ie leur ref-
pondi que faind Paul au fécond chap. des Ephefiens nous enfeignequclavrayeEglife de
Dieu eft fondée fur la dodri ne des Prophètes & Apoftres , dont Chrift eft lamaiftrefTe ^fohie-^
pierre angulaire.Et veu que faind Paul m'enfeigne que tel eft le vray fondement ,ie m y ^.tdcIE
veux fonder auilî,& non ailleurs . Ils me demandèrent fi ie reiettoyc donc tous les eferits
desiàinds Martyrs & Dodeurs, qui ont elerit par ci deuant: corne faind Auguftin,faind
Ambroi('e,Chryfoftome& les autres. le refpondi,queie ne reiettoye nuls eferits des Do-
deurs conformes à la làinde Efcricure,d'autant qu'ils font tirez d'elle,côme lavrayefour
ce &c fontaine de toute faine dodrine. mais ceux qui ne font conformes à la làinde Efcri-
ture,ie les tien comme fable &c menlbnge . Ils me dirent qu'on me monftreroit par les
Dodcurs comme i'eftoye en erreur. le leur di, que combien que iene reiette pas tous ef-
erits des Dodeurs,mais veux tenir les bons pour bons, toutefois ie ne vouloye pas qu'on
parlaftàmoy parles Dodeurs,mais par l'Eicriture des Prophètes &: Apoftres. Car,di-ie, riuficursli-'
vous me pourriez monftrer quelque liure ledifantdelâind Auguftin, &: cependant ce men/wnt
feroit le liurc de quelque refueur ou fongeur.I'ay tafché à gagner ma vie de mon meftier, buez aux ]
& ay efté parles pays , & pourtant-ic n'ay pas eu tel loifir de cercher les grans liures des Do^curi
Dodeurspoury eftudier:maisi'ayeftudiéfeulemctenlaBible:&:c'eftlà queiemeveux
fonder &: demeurer. Sur quoy monfieur de Manfart dit, François, ie vous alTeurefii pren
fur ma confeience voftre charge , fi les Dodeurs qu'on vous veut bailler ne font vrais &
fidèles, çt. Monfieur,il eft dit en Ieremie, Malheur àThomme qui fe confie en l'hom.. tea&tf-T
me,mais bien-heureux qui feficau Seigneur. Ainfi iene me veux pas fier fur vous, car
chacun portera l'on fardeau . le me fieray doneques au Seigneur, &: demeureray en fa
Parolle.
Ils me dirent qu'il fefaloit rapporter aux Dodeurs qui auoyent interprété l'Efcritu-
re,8c que moy qui eftoye mécanique & compagnon de meftier,nedeuoye pas prefumér
d'entendre TEfcriture. fy. Monfieur, qu'eft-ce que dit Idus Chrift au chapitre onziè-
me defaindMatthieu?Pere,Seigneur du ciel & de la terre, ie te ré grâces que tu as caché
ces chofes aux fages &c prudens de ce monde, &: les as reuelees aux petis: voire, Pere, puis Lesfccrea
que ton bon plaifir a efte' tel. Voire,dit le Moine,il parle pour fes Apoftres. y.. Ce fait- aux
mon,&: pour tous ceux qui à l'excmpledes Apoftres s numilierôt,recognoinans leur pe-
tkeiTe&:ignoracc,inuoqueront Dieupoureltremftruits.Etc'eftaufllce quefaindPaul
dit aux Corinthiens au premier chapitre , affauoir , que Dieu a efleu les chofes folles du
monde pour confondre les fàges:iJ a efleu les chofes qui ne font point,pour côfondre cel-
les qui (ont. Ainfi donc,ce n eft pas mcrueilles fi maintenant les compagnons de meftier
font plus inftruits queles orgueilleux dodeurs. Monfieur de Manfart me dit qu'il s'efba-
hiflbit que ic ne me vouloye pas rapporter à l'ancieneté &c antiquité, &c ce q ui a efté tenu
de I'cglife pafle il long temps. Monfieur,diie, iefus Chrift dit Matthieu Z4, Que le ciel ôC
la terre palferont.mais que fa Parolleeft éternelle, &demeureàtoufiours . voulez-vous J^™,fc
vne dodrine plus anciennes: plus antique que cefteparolle deDieuqui eft éternelle?. c IC '
Alors il me nomma quelque grand perfonnagequipar cideuant pafle trois ou quatre
cens ans auoit voulu mettre cefte dodrine en auant,& cepédan t n'auoit pa s eu de cours,
mais eftoit demeurée cachée iufqu a main tenât, & pour cela vouloit dire que ce n'eftoit
pas la parollede Dieu. Monfieur,di-ie,il eft eferitauliure des Rois,quedu temps d'Eliele J-R*»"*10
Prophète, Achab & Iefabel perfecuterent les Prophètes en telle forte qu'Elie en là prière
dit,Seigneur,ils ontdeftruittes autels,&ontoccites Prophetes,tellement que ie fuis de-
meuré (eul,inuoquant ton Nom. Voila les parolles du Prophete.Monfieur,regardez,Le
vray feruicede Dieu eftoit ruiné : les Prophètes occis : les faux-prophetes auoyent la vo-
gue:Eliepenfoiteftrefcul:ôdbien, pour tout eclala dodrine qu'il enfeignoitlaiflbit-clle
d'eftre la parolle de Dieu pou rce qu'elle eftoit pcrfccuree?il eft certain qnon.Ainfi main-
tcnant,combien que depuis cinq ou fix cens ans cefte dodrine que ie veux maintenir aie
Liurcj VIL François Varlut.
efté cachée &r en feuelic,élle ne laiiîe pas d'eltrc la parolle de Dieu pourtant. "
I l fut tenu quelque propos touchant l'Egliie, mais le propos fut rompu: toutefois ie
fauoye bien qu'ils vouloyent dire , que l'Eglife le recognoiflbit par vn mutuel confèntc-
met de pluficurs perfonnages.Et moy ie leur di,que ie cognoiflToye l'Eglife de Dieu eftre
La vraye celle-là où ie voy prefeher la parolle de Dieu purement , & adminiftrer les Sacremcns fi-
EsUfe' delemcnt félon l'ordonnance de Iefus Chrift,&: où on tient Tordre, police, &: la dilciplL
ne félon la parolle de Dieu. Ils retournoyent toufiours à cela qu'ils vouloyent que ie dii-
putaffe par les Do£teurs:mais ie di que ie n'en feroye rien, d'autant quen'auoye pas eftu-
dié,&: que ie n'auoye eu le loiu'r.Quand le Moine veit que ie luy preftoye audience,il dit,
qu'il parleroit par l'Efcriture: & commença à ialer de la MciTe , l'appelant le (àinft lacre-
ment de la MeiTc.Ie luy di,que s'il vou loit parler de la Cene, qu'il faloit mettre la Méfie à
LaMcffcre part.Car,di-ie,ic nerecognoy point la Meife pour la Cene du Seigneur,maispourvnre-
dcUmort1 noncemenc de fa mort &c paffion , entant qu'on la veut mettre &: bailler pour vn facrifice
de chrift. propiciatoue pour les péchez des morts Se des viuans . Or Y Apoftreaux Hcbrieux y.ÔC
10 chap.nousenfeigne,que par le feul facrifice de Iefus Chrift,ayant offert fon corps vne
fois en la croix, nous fommes purifiez &c nettoyez de nos pechez,&: qu'il ncrcfteplus de
facrifice pour les péchez : & ainiî, il on veut mettre la Melfe au lieu de la mort de Chrift,
qu'eft-cc linon vn renoncement d'icelle?Sur cela il me voulut faire entendre qu'il y auoit
deux lacrifices,aflàuoir,le facrifice auquclChriftauoitfourFert&: efpandu lonfàngr&vn
facrifice fpiritucl, auquel eftoit fait mémoire du facrifice de Chrift. le luy di,queie fauoye
bien que la Cene eftoit commémoration de la mort de Chrift: 6c aucôtrairequela Mef-
fe eftoit vn renoncement d'icelle. Lors parlant delà Cene,me voulut prouuer que le pain
après les parolles n'eft plus pain, mais le propre corps de Iefus Chrift. Or penfant mieux
me prendre au filet , il me demanda premièrement ,fi ie ne tenoye pas Icms Chnft pour
Icani4.6 veritableen fa parole, fy. Iefus Chrift: ditjefuis la voye,la vie,& la verité:il eft,di-ie,ve-
ntable,puis qu'il cil la vente' mefme. Sur cela me dit, Ne croyez-vous pas qu'il eft tout-
puiifant? Il dit en faintt Matthieu, Toute puiflance m'eft donnée au ciel & en la ter-
Mat£l8lS re.Puisquetoute puiifancc luy cft donnée, iecroy qu'il peut faire tout ce qu'il veut. Or
bien, dit le Moine,puis qu'il eft véritable,^ qu'il eft tout-puiiTant,&: qu'il a dit en faifant
la Cene , &donnant le pain , Ccft-ci mon corps , nous croyons quele pain eft fon corps
par fa puiflance.ccci fut dit aucc longs propos,mais ierefpondi en peu,Ie vous demande
11 h parolle de fainct Paul n'eft pas véritable, comme la parolle de Chrift, &: fi faind Paul
en parlât ou efcriuât n'a pas cfté mené de l'Efprit de Iefus Chrift î vous ne le pouucz nier.
Or maintenant puis que vous voulez prendre les parolles de Iefus Chrift félon la lettre,
quand il dit,C'eft-ci mon corps: le vous demande commet vous entendez les parolles de
faincl: Paul au dixième chapitre de la première aux Corinthiens où il dit,Nos peres,afla-
uoir,les enfans d'Ifrael, ont mange vne mcim e viâdefpirituelle com me nous, & ont beu
vn mefmc breuuage fpirituel: car ils beuuoyent de la pierre fpirituellc qui les fuyuoit , &C
la pierre eftoit Chrift. Comment,di-ie,cntendez-vous que la pierre eftoit Chrift?
Ced eftoit ^ g Moine vouloir cm brouiller le papier, difant qu'aux parolles de fain£t Paul il faloit
ge.Quand expofition, mais aux parolles de Chrift en la Cene il n'en faloit point, yt. Ne nous cm-
monficiir brouillez pas ici la matière par vos propos , car c'eft tout vne m efme manière de parler,
wj? parier comme en pluiieurs autres lieux de l'Eicriture , là où le figne eft appelé' par le nom de la
de cci cho- chofe fignifiee. commeen l'ancien Teftament l'Agneau eft nomme' la Palque, ou le paf-
uîSloïïlf* ftge du Seigneur. Or 1' Agncau,à parler proprement, n'eft pas le pafTage , mais le figne
par lecofté, du Pafiage.Semblablcment la Circoncifion cft appelée l'Alliacé du Seigneur. Or ce n'e-
Ifto? liinj ^oic Pas 1 ^nancejmais ^e %nc ^c l'alliance,comme S.Paul aufli aux Romains 4.1appele
Ront+n" Seau delaiufticedefoy. Voila,di-ie,commententous cespaifages les fignes font appe-
lez par le nom delà chofe qui cft par iccux fignifiee . Et fi vous neftes contens de tout ce-
la, regardez au vingrdeuxieme chapitre de làin£t.Luc,en l'inftitutiondela Cene: Iefus
Liicn 10 Chrift baillant la couppe , dit , Beuucz-en tous : car c'eft le nouueau Teftament en mon
fang.il appelela couppe,Le nouueau Teftament. Or vous fauez bien qucla couppe n'e-
ftoit pas ce nouueau Teftament: mais le Vin qui eftoit dedans, fignifioit le fang de Chrift
qui dcuoit eftre efpandu en la nouuelle alliance.&; ainfi Chrift baillant le pain, &: difant,
C'eft-ci mon corps, vfe de cefte manière de parler,appelantlepain>quieft le figne de fon
corps, Son corps. mais le pain demeuré pain, & le vin,vin:& le corps &:(àng deChrift font
donnez interieurcm ent pat le Miniftre intérieur qui eft le fainît Eiprit, qui nous £&a£çn-
François V or hit. 60 /
tir en nos cœurs lefruiet,Ia vertu Sé efficace de ce qui nous eft acquis parla mort de Icfus
Chrift.Lc Moine fauta en vn autre paiîagc,&: me demanda comment l'entendoyedonc
ccquefainct Paul dit,Qu'ilfefautcfprouuer fby-melmedeuant qu'aller à la table du Sci- lCoMI*8
gneur,& que quiconque prend le corps du Seigneur indignement,lc mange àfa côdam-
nation. y.. Sain&Paul monftre là qu'il faut lentir en iby-mefmeii on eft bien prépare Quec*eft
deuant qu'aller à la Cenc . La préparation c'elt qu'on doit auoir repentancc& defplaifir jjy'«1Pr0Uî
de lès tau tes &c pechcz:qu'on doit auoir Ta foy & fiance en IemsChrift,attédant falut par
Ùl mort & pallion: on doit auoir amour &: charité vers fes prochains, fans auoir haine ne
rancune contre perfonne.Mais,dit le Moinc,voycz cornent il dit, iLe corps du Seigneur,
& non point Pain. Et fi ce n'eltoit point le corps du Seigneur,ilnelediroit point,maisdi-
roit pain. Voire,di-ie,cft-ce là que me voulez auoir ? ne fauez-vous point que fainct- Paul
l'appelé Pain par plufieurs foisîrcgardezau dixième chapitre où il dit , Le pain que nous
rompons n'eft-ce pas lacommnnio au corps de Chrift? regardez aufiî au z. des A&es,cô-
ment il eft appelé pain quand fainct Luc dit, qu'ils communiquoyent par les maifonsen
oraifon &: au brifement du pain. &c en ce chapitre onzième des Corinthiens eft par plu-
îîeurs fois appelé pain. S v r cela monfieur de Manfart dit: Voila, voila les melmes ar-
gumens de Caluin. Puis le Moine me nomma vn Docteur qui auoit efté de cefte doctri-
ne,maisqu'ilscn eftoit dcfdit. le luy refpôdi que ieneftoye pas fondé fur les homes. Et
leur di, Comment entendez- vous ceci,q le pain foit le vray corps de IefusChrift,veu que
Iefus Chrift dônant le paî à (es Apoftres eftoit aflîs à table , & tenoit le pain enfes mains,
& le donna à magerîCar fi le corps de Iefus Chrift eftoic fcmblableau n oit re, excepté pé-
ché, eftat aflls à table,n'eftoit pas en la bouche de Ces A poftres,mais deuant eux. Môfieur
Manfart me dit,Que le corps de Chrift eftoit femblable au noftrequad il vouloit: Vau-
tre auflï quand il luy plai(bit,com me il a monft ré en pluficurs œuures, quand il a chemi-
né fur les caux,car cela n'eftoit pas le faict d'vn homme.Ie luy di,Ie cognoy & côfelTc que
pat la vertu Diuine il a fait beaucoup d'œuures impoffibles aux hommes,comme chemi-
ner fur les eauxrrefTuiciter les mortsrillumincr les aueugles: ils'eft tranlfiguré en la mon-
tagne de Thabor.bref,eftant mort, pat fa puiflanec Diuine il s'eft refliifcité , &c plulieurs
autres chofes qu'il a fait par fa Diuine puiflanec : mais d'auoir mis fon corps humain en
deux lieux en vn inftat,cela ne fe trouue nullcmét en l'Efcnture.Car il atoufiours môftré
auoir les vrayesproprietez d'vn vray homme, Si n'a pas ioué de tel tour de pafle-pafl'e,
comme vous voulez dire qu'il auroit fait en fâ Ccne, d'eftre aflis à table,& d'eftre dedans
la main,&: puis en la bouche de fes difciples. Sur cela aucuns me dirent quefon corps
eft glorieux. le leur di que lors qu'il fit là Cene il n'eftoit pas encores glorifié : car il eftoic
encores fuiet à faim &foif,à froid &: chaut: bref,il eftoit encores fuiet à la mort : &C com-
bien que depuis fa refurredion il n'eft plus iuiet à toutes ces pallions, mais eft glorifié, Ci
n'a-il pas lai/Té de retenir les proprictezdVn vray corps , combien qu'il foit glorifié . Il
n'eft pas vnfantofme, mais eft encore vray homme: lia fa longueur &laigcurou groi- Lc$Ç°Jric*
feur,& n'eft qu'en vnlieu,auauoir,auciel,où ilfetaiufqu'àlareftauration detoutescho- '"y corps,
fes, comme il eft dit au troificme chapirre des Actes des Apoftres. Adonc monfieur
deMoulbay feleua delà table, en dilanr, le voy bien qu'il nous voudroitbien enfeigner
& prelcher,'& faire croire comme luy. A cela ie luy di,Monfieur,ie fay bien que celuy qui
plante &celuy qui arroufe ne font rien , mais c eft Dieu qui donne accroiflement : c'eft
que quandil luy plaira vous illuminer tous par fon fainct Efprit, adonc vous fentirezen
voftre confeience fes biens & grâces , &: repos que ie fen en ia mienne . voila où finirent
nos propos*
Or i'ayefcritnon pas le tout; carie fuis certain que beaucoup de propos furent en-
trelacez qui font mis en oubli, toutefois fay misles principaux au plus près que i'ay peu,
pour voftre contentement, priant Dieu les faire profiter entiers ceux &C celles qui les li-
ront.Ie remettray ici encores vn propos que iauoye oublié, priât qu'il foit mis en Ion en-
droit en corrigeât le tout: c'eft q le Docteur me reprocha q nos Miniftres ne font auiour-
dhuy nuls miracles,pour côfermer noftre doctrine: voirc,&: q fi c'eft la parole deDieu,qu' I^"mir*"
il faut que faifions des miracles comme les Apoftres. Ieleurdemâday lurcela:.Si vnelet- c"'
tre patente donnée &: feellcc vne fois par vn Roy, ou par Meffieurs iciprcfens,n'eftoit pas ^propre*
toufiours de valeur aufli long téps quele feau eft en fon entier, &: fi dedans trente ou qua
rate ans apres eftre dônee il lera befoin de feau nouueau, pourucu que le premier ne foie
point cafte ou rompu î Perfonae ne dit mot . Adonc ie di, Puis que la lettre eft la mefme
KKJc.
Lime VIL François Varlut.
quiaefté dônee,& que le feau demeure entier,il fert à toufiours pour cofirmation. Aullî
femblablemenc les miracles que Icfus Chrift a fait, comme muer l'eau en vin, guérir les
malades, illuminer les aueugles,reflufciter les morts, 6c chofes femblables qui font eferi-
tes tant en rEuangilc,comme A£tes des Apoftres , faits par eux, nous feruent de feau Se
de cofirmation de la do&rine de Chrift 6c des Apoftres, &: feruiront iufqu a la fin du mo-
de^ les fidèles fe contenteront deces féaux fans en cercher d'autres. ^Entre les propos
par nous tenus, môfieur de Manfartmedit qu'il fembloit queicme glorifiaflc en mes pa
rollesdaquelle chofe me piqua fort au cœur, en forte qu'en luy redondant les larmes me
vihdrentauxyeux:& luy reipondi, Sauf voftrehonneur,Monfieur,ic ne me glorifie polt:
&: fi ic parle franchement,ou fi i'ay des geftes qucles autres n'ont pas , ne dires pas quece
foit pour me glorifiencar c'eft ma couftume déparier clair 6c franchemet. Or ie penfoye
qu'il dift ces choies à demi par fafcherie, pource qu'il ne voyoit aucune apparece de nous
feduire,come il a fait Ican De la rue,duquel il s'eft glorifie. Or cen'eft pas en ceft endroit
feulement qu'il me picqua , mais en plufieurs . le remets tout en la main de Dieu , ne
mefouciantpas beaucoup de leur moquerie, eftantafleuré que le grand luge ingéra tout
iuftement.
Vo v s ferez encore aduerti que ledit de Manfart nous vient fouucntvoir en laprifon
pour deuifer.Etc'elt contre moy qu'il tient le plus de propos, & beaucoup fur la Cene. le
leseferiroye volontiers, maisien'ay pas lemoyen, faute de papier. Or i'clcriray vneque-
arbitre^" ftion d'autre matière. C'eft qu'il me demada, Et du franc-arbitre doc qu'en fèntez-vous?
ne croyez-vous pas quel'hommeauec lagracedeDieualapuiiîancede bié-faire.?Ievous
diray,Monfieur, que i'en fen félon la parolle de Dieu. Premierem ent, d'autant que Dieu
eft bon, il a créé l'home bon,& à fon image 6c femblance, &: ayant liberté de faire le bien
ou le mal.Eftât en ceft eftat, Dieu luy eômanda d'obéir à fa parolle,auec promefîe qu'en»
la gardant il viuroit en l'am itié de Dieu : au contraire, s'il delobcifToit , feroit ennemi , SC
mourroit. L'homme premier,anauoir Adam,n'eft pas demeuré en ceft eftat où Dieu l'a-
uoit creé:mais par le conieil &c inftigatiô du diable, s'eft retiré del'obeiflance de Dieu en
tranfgrciTant fon commadement: &: par ce moyen s'eftant lié auec le diable, & fe rendâc
en fa fùiettion a efté rendu ennemi de Dieu,du tout corrôpu &c adonné à mal luy &c tou-
te fa pofterité, fans pouuoir nul bien faire, mais tout mal: comme il eft dit Genef. 6,&8.
Btef.toutes les affedions de l'home des fa naiflance,ne font que péché. Voila que ie croy
&tien de l'homme en fa nature corrôpue,Qu.'il ne peut faire aucun bien, mais tout mal.
Li condiciô Quant à l'homme Chreftien,c'eft à dire,l'homme renouuclé 6c régénéré par le faind E-
chfdSe™0 lprit,& auquel Chrift habite, ie croy qu'il ne demeure pas oiiiftains Dieu par fonEfpric
fait par ceft homme bonnes œuures : toutesfois elles nefont pas encores parfaites : car il
demeure toufiours en ces reliques de la corruption qui refifte à l'Elprit :6c cela voyons-
nous au cinquième chapitre des Galates,où (aincl; Paul dit, La chair conuoite contre l'eu
fpritj&l'efprit contre lacrjair:&: ces chofes lont aduerfaires l'vne à rautre,tellement que
vous ne faites pas tout ce que vous voulez. Et au feptiefmc chapitre des Romains fain£t
Paul monftre bien par foy-mefme,que l'homme régénéré ne fait pas encore tout ce qu'il
defire,quand il dit, le trouue bien en moy le vouloir,mais ie ne trouue pas le parfaire . 6C
apres,Ie ne fay pas le bien que ie veux, mais ie fay le mal que ie ne veux pas. Voila que ie
fen du franc-arbitre,Querhommeen fa bonne création pouuoit faire bien &: mal: eftant
renouuelé parl'Efprit de Dieu, fait bien, mais non parfaitement.
Alors il médit , quil ne s'accordoit pasauecques moy en cela , mais difoit que
l'homme de foy-mcfmeauecqueslagracede Dieu, pouuoit faire bieu ou mal.&: fit beau-
coup de propos là deflus , mais ie luy ramenay toufiours le fixieme &: huitième chapitre
deGenefe.letroiiiemedc lafecondeaux Corinthiens, oùfainct Paul dit, que nous ne
îbmmes pas fuffifans de peniér quelque chofe de nous,commc de nous-mefmes,mais no
ftre fuffifànceeft de Dieu. Et au deuxième chap. des Philippiens, où il dit que c'eft Dieu
qui fait en nous le vou loir 6c le parfaire félon fa bonne volonté . ^ Or d'autant qu'il a-
unit dit aux au très que ie me vantoye en m'afleurant de mon falut : ie luy di , Monfieur,
I'ay entendu que vous auez dit à nos compagnons que ie me glorifie, difant , que ie fuis
afleurédemon falut,commefiiemevouloyevanterd'eflTeiuftecnmoy-mefme5Tevous
prie,entcndez comment i'ay parlé,& quel ie merecognoy eftrc. Quant à moy : Ieco-
gnoy & confefFequeie fuis vnpoure pécheur, ofFenfant Dieu iournellement: ÔCpar ce
moyen fuis digne de perdition 6c damnation : mais d'autant que Dieu me fait îerrttt mes
fautes»
Franfois Varlut. 6 06
rautes>&: qu'il me donne la grâce de luy en demander pardon au nom de Iefus Chrift,luy
priant qu'il reçoiue la more de Iefus Chrift , &: l'obcifTance d'iceluy pour reçompenfede
mes fautes:d'aucant, dwe,qu'il me fait auoir recours à Iefus Chrift , ie m'affeure qu'il me
les a pardonnez, & pardonne, en forte queftant par la foyconioint auec Iefus Chrift, ié
«roy ion fàng eftre mon lauemét:fa iuftice eftrela mienne: ie croy que fà mort eft ma vie:
j?ref,par luy ie fuis fait enfant de Dieu héritier defon royaume ce leftc. voila où ie m'af
feurc&nonenmoy. Mi s amis, voila les parolles que i'ay tenues au plus près que ie les
ay peu mettre.Il y eut encore beaucoup d'autres deuis, mais ie n'ay pas<le papier. I'cfpe-
rc que vous-vous contenterez de ceci . 5c ie prie que le tout foie corrige &: mis pat ordre,
le voudroye bien (auoir ii vousauez reccu mes premières interrogation s. Quantàma
difpofition,elIe eft telle que i'ay matière de rendre grâces à Dieu qui ma fortifie Tay fen-
ti le fruift de vos prières. continuez de prier auec moy à Dieu qu'il par face ce qu'il a com-
mencé en moy,afîn que ic perfeuereen vraye foy. Chrift eft mon tout.
EPISTREde François Varlut^ tous frères & foeurs fidèles en Iefus Chrift pour les encourager à purement,
feruir Dieu/ans diffirauler nullement.
E S frères & fceurs,ic vous remercie en premier de vos prières cV oraifons , vous af-
fairant que l'en ay lenti lefrui&iufqucs àprefcntcar Dieu ma fortifie' en telle ibr-
t cque pour craintedes hommes ie n'ay pas celé vn feul mot de ce qui peut feruir à lagloi
re 5C honneur de Dieu fur ce d'où i'ay efté enquis. I'ay refpondu limplement 5c ronde-
ment , félon le petit don que le Seigneur m'a départi , 5c depuis me fuis fenti tellement
fortifié par l'Efprit de Dieu,qu'ils n'ont rien gagné fur moy, ne par parolles ne pargehen-
ne.Ie n'ay pas redouté leur grandeur ne leur hautefle,maislesay eftimcz,par manière de
dire, côme marmoufets de neige,au regard de l'Eternel noftre Dieu,le Dieu fort &tout-
puilîant auquel i'elpere,& lequel eft ma tour 5c forterelTe qui megardera . Quant aux
prifons,combicn qu'elles fontafTez hideufes pour l'obfcurité : toutefois ie m'y fuis trou-
uc plusioyeux que ne font nos eunemis en leurs palais &: chambres parées 5c tendues de
tapilîerie. Touchant des chainesque i'ay auxiam bcs,ie m'y pompe &c m'eftime plus bra-
ue auec icelles, qu'ils ne font auec leurs chaînes d'or à leur col : ie me conforte au fon d'i-
celles,&: la mélodie m en femble belle ôiioycufe quand elles refonnent&rctentiiTent
auec noftre voix,lors que nous chantons les louanges de noftre Seigneur Dieu : ie di que
cela me donne cent fois plus de ioye &: de rcfiouyllance en mon cœur , que nos ennemis
n'ont de plaifirs de leurs fleutes,tabourins,haubois,violes,&: violons, 5c tan t de fortes de
pafle-temps qu'ils onten leurs grans banquets &conuiues. Voila comment le Seigneur
m'a conforté 5c fortifié . Et c'eft en qûoy i'ay fenti le fruict de vos prières . 5c auffi des no-
ftres. Mes frères &fceurs de Tournay , ce n eft rien d'auoir bien commencé 5c fouftenu
les combats iufques à maintenant , finon qu'on perfeuere iuf'quesà la fin pour obtenir la Marth.z^"
victoire. Si doneques vous aucz bien commencé à pner,que maintenat vouscontinuyez Jj^J'*"
auecefties moy 5c mes compagnons de prier l'Eternel noftre Dieu, qu'il continuefa bon- EpheU.
té fur nous:qu'il nous munifle de toutes forres d'armes fpirituelles,afîn quepuifîiôstouf-
iours refifter 5c combatre vaillamment 5c conftamment cotre tous enncmis,repouiTans
leurs efForts&les afTauts qu'ils donnent & donneront. Priez,priez, di_ie,car il eft temps:
les grans afTauts vont venir. 5c ie cognoy de moy que ie ne puis rien faire, ne queic puifïè
reiifter.Nefotez doneques endormis ne lafehes, mais faites voftre deuoir auecques moy
d'inuoquer le Dieu fort,pour eftre fortifiede Dieu viitorieux, pour auoir la victoire. le
fuis certain,moyennat q vous faciez voftre deuoir, 5c moy aufïi,de le prier,qu'iLmeforti- ^ ^.
fiera iufqu'à la fin,furmontant par patience toutes peines 5c tourmens , moqueries, bro- fçl[u 9
cards,&: rifees qu'ils nous font . Et ainlï pafTant parmi cefte voye eftroitte , 5c parmi tant Mardi.7-
d'opprobres,voire parmi la morr,iefpere entrer en la viebié-heureufe, où il n'y aura que APocd7,
ioye 5c confolatiomlà régneront les vrais fidèles 5c Chrcftiés auecques leur Chef 5c Ca-
pitaine Iefus Chrift,qui eft l'Agneau qui les conduira aux fontaines d'eau viue.-là ferons-
nous remplis de tout bien &plaifîr: les larmes feront effuyees de nos yeux -.nous n'y au-
rons ne foifnefaim:touteschofes feront noftres:& les mefehas alors n'auront pas la puif-
fanec de nous ofter ces biens-la,commcils font maintenant les biens mondainsrl'obfcu-
nté des priions fera pafîee, &: Dieu fera noftre lumière 5c clarté :1a fureur 5c mauuaifè
mine de nos ennemis ne vous fera plus auoir crainte ne peur : nous verrons noftre Dieu
KKk.ii.
L/tfro VII. François Varlut.
ficeàface:lcsfoufpirs, larmes & pleurs ne nous feront pluseftre fi laids &. défigurez: car
i Cor.13. nos faces feront reluifantes commelefoleil,& ferons (émblables aux Anges , voireiem-
Sutchjs. blables au corps glorieux de noftrc Seigneur Iefus Chrift, & le cognoiftrons comme il
Match 19. nous cognoirralors nous negemirons pas,&:ne chanterons plus complaintes,mais chan
fteln'3' terons cantiques de refiouylfancc, rendans grâces à noftre Dieu de la vi&oire obtenue
X" Ca°'3' par l'Agneau. Il n'eft poffiblc,mcs frères, que e puiife eferire ne dire ce que l'en (en déf-
ia en mon cœur,de cefte ioye fpirituel le des enfans de Dieu :& n'eft poffibledepcnferce
qui en cft,& qu'ilen (era. Parquoy ie vous renuoye aux promelîcs qui en font faites en là
parolle de Dicu:con(îderez-les diligem ment , afin que par ce grâd bien & ioye que Dieu
a préparée à les enfans,vous foyez de tant plus elmeus à vous retirer de toute ccuurc mau
Ceux qui uaile. le parle à ceux qui ont quelque cognoilîànce des Efcriturcs,&: cependant ne laiC
h vérité0" fentde communiquer aux ceuurcs du diable &c del' Antechrift,aux idolâtries 61 lupe rfti-
oycnrccci. tions de l'tglifeRomaine,du tout contrela gloire de Dieu . le di que s'ils auoyent bien
gouftc&: imprimé en leurs cœurs les biens &L ioye que Dieu promet à Ces enfansqui luy
lèront fidèles &: obeillans,ils ne leroyent fi lafehesnefidefloyaux qu'ils (bnt,communi-
quans auxeeum es mefehantes del'Arirechnft. Certes la caufequiles tait retirer de
Dieu, c'eft d'autant qu'ils n'ont leur fiance en Di'eu:&: negouftent finon les chofes de la
terrc:& ce qui les fait ainii difiimuler,cen'eftfinon pour la crainte des hommes. Or s'ils
auoyent mis leur fiance en Dieu, letanans pour leur prote&eur, veu qu'ils lediiènt le
Dieu des dieux,le Roy des Rois,lc Seigneur des feigneurs, auroyen c ils crainte des hom-
mes, quifont moinsque versdetetreau prisdeluy,&: qui ncfepeuutntrien mouuoir
fans luy & (ans fa volonté?helas nonxar avans leur fiance en luyj'aimcroyent en tel le for
te, que l'amour qu'ils luyporteroycntlesticndroit en telle obeiflance qu'ils pourroyent
deffier ton t le monde par Ja fiance qu'ils auroyen t en luy, eftans affeurez que rien ne leur
aduiendroit (ans fon congé. le ne veux pas direque les fidèles foyer (ans crainte, ic ne l'ay
pasefté,&: ne fuis encore:mais cependant la fiance lurmonte la crainte, & l'amour rend
obeiflance à la bonne volonté &c commandement de Dieu. Mais quoy? la plus part eft li
enracinée en cefte terre,&. aiment tantles honneurs, les plaifirs &c richefles dece monde,
qu'ils fe huilent conduire &c gouuerner par le prince du mondequi eft le diable : &: li tels
fe veulent vanter d'eftreChrcftiês, ie les renuoye à noftrc Seigneur Iefus Chrift qui dit,
Qu'on ne peut feruir à deux maiftres.EtàS. Paul qui dir en la i.des Cor.chap.io.Qu'on
ne peur eftrc participant de la table du Seigneur Se de la table des diables: qu'on ne peut
boire la cou ppe du Seigneu r , &: la couppe des d îables , &c . Que le Seigneur ne veu t pas
des enfans qui feruent moitié à luy, moitié au diable. Il le faut tenir du tout au pur fe ui-
ce de Dieu , & fuir toute idolâtrie, fi on veut cftrele peuplede Dieu ,& fi on (c veur dire
Chreltien.Carceux qui lcfôntvrayemenr,ontChrilt habitant eneux:& quelle horreur
feroir-ce déporter Iefus Chrift le Fils de Dicuau feruicedu diable ? porter Iefus Chrift le
Sainct,le Iuftcl'Agneau fans macule, aux bordeaux de Saran, remplis de tourepaill \rdi-
fe & fornication ipirituelle,lefquelles il a tant en haine?Ie fay bien que tels (imulateu rs a-
menent beaucoup deraifons humaines pour faire leurcaule bonne s'ils pouuoycht: les
vnsonr leurs femmes,cnfas,pere,&f mereàcontéter,&: autres couucrturcs friuclespour
pouuoir demeurer à leur plaifir auec l'amitié du monde:mais toutes leurs raisons ne cur
profirerôt de rien, veu que la parolle de Dieu eft contr* eux,& leur dcfvnd ces chofes. Or
il ie difoye ceci eftant à Gencue , ou en Angleterre , ou en quelque autre pays de liberté,
plufieurs merepliqueroyent, Voire, voire,il<n parle bien à fon aife eftant hors de dager:
s'ileftôitcn ce pays-ci, il (croit aufiï empclchc que nous . Mais maintenant que dira-on?
veu queie fuis non (èulemet au pays, mais délia dedans les prifons de l'Antechn'ft enfer-
re & enchaîné , arrendant de iour en iour , Se d'heure en heure qu'on me viendra quérir
pour me mener au feu pour cefte do£trine?Que dira-on maintenant ? Aucuns dironr, Et
voire, il eft bié heureux que Dieu luy a fait cefte grâce de le fortifier ainfi, mais pourmoy
icn'oferoyeartendrelecoup, car ie luis trop foible &c infirme. Certes icm'aiTeure voire-
ment queie fuis bien-heureux ,commedit Iefus Chrift au 5.defain£tMarthieu.Ic leur
confeffe aufftqucccft Dieu fans l'auoir mérité qui mefaitceftegrace . le croyaufti qu'ils
renJfroijT (ont foibles & infirmcs,comme ils difét:maispourquoyfont-ilsfoibIes&: infirmes? pour-
anfcniicc ee queles biens, plaifirs ,& honneurs de ce monde ne fortifient perfonncenl'œuurcdu
de Djeu. Scigneurxar ce font efpines qui les rendét fi foibles & froids au feruicc de Dieu. Alavcu
rite s'ils dreffoy ent leur defir & atfe&ion vers les biens celcftcs,s'ils ccrchoycnt les choies
d'enhaut,
Fr an fois Variut. 6q?
4'ctfht«t,e<jmmerain£bPaulcnfcigDc,S^: non celles delà ferrc:STi!ssfaiToyèhtleurthïcfor coiofTj
au ciel,& non en terrés'ils faifoyent leur deuoir de prïcr& iinioquer Dieu comme il ajv *J*tt^ o
pârîient,ils ferbyet fortifiez: car Dieu 1 a airifi:ptemis,& jl eft ftdeJè en fesprômeires: mais ^côrj* >0
d'autant qu'ils ne font pas valoir & profiter la féiticncc & lacognoitfancequieft en eux, Matth.13
mais h îtfùTeht fùrmontcr &c furïbqucr par les èfp>ihes,ayans plus de foin à conrer or te ar-
gent , & acquérir des héritages pour mettre leurs enfàns en crédit au monde: pour cela,
di-le, demeiu*ent-ils débiles, voire com me du tout morts au lèruice de Dieu . Pàrquoy de
tout mon cœilr te affe&iôn,pour la gloire de Dieu, te pour leur falut > ié les prie âc pren-
dre garde à eui,6<: de ferefueiller&: dcfuelopper des chofes du monde pour cer cher la
gloyede E)i èi2'& les bienscdeftes.Qùé S'ils demeurent en leur ftupidité, communiquas
aUfx ceuures mauuaifes,qu'ils foyenc aflettrez de ce que dit lefus Chrift,aflaùoir,Le ferui- Luck,
teùt qui Tait là volonté de Ion maiftre& rie la fait, fera battu de mout de pîaycs : te iàinâ
Pierre drt,que mieux vaudroit fi'auoiriarnaiscogneu la vérité j que l'ayant coeneué s'en
deftoutrter '
QV a n t à vous\mes frères & fceurs,quï auez fi auât profité en l'efcole de lefus Chrift,
qu'âuczddiberé de (croira Dieu le refte de voftre vie iainétement&: purement felonfa
Parolle,fans plus retourner à cette Babylone paillardcinfcclc , leglile dei'Antcchrift de
Rome: vous,di-ie, qui auez lecceurdifpoféàne iamaispluscommuniqucrà:dolatrie&:
fupcrftition, ie vous prie dè tout mon cceur que vous taichiez de profiter de plus en plus
à eftre fortifiez pour refifter à toute tentation &: à tous combats qui vous pourtoyent e-
ftre prefentez. le vouspriedonncz-vousgardedespiomcires&flatcricsdu monde. Ne
vous lahTezpas diftraire&: retirer arrière de lefus Chrift: car quand tout cft dit,qu'eft-ce
qu le monde vous peut donner finon des biens te riche/Tes de la terre? mais vousfauez
tant bien,quece qui eft ici bas ira en fumec,& pafTera comme le vent:& au côtraire, que
les biensjplaiiirs te honneurs quclcfus Chrift nous a promis , te qui font défia préparez,
ricpcrirontïamais:mais dureront éternellement . Parquoy ietrez vos dciirs te. aftechons
veriles biens ecleftes, afin quenefoyezplusaffe&ionnczauxbiésdecemondejmaisque
foycz,commelàin&Pauldit,vfansdu mondecommen'en vfans point : pofîedans com-
me ne pofledans point . Suyuez l'exemple deMôylc, quia refulc d'eftre appelé fils de la Hcbr.u
iîlle de Pharao roy d'Egyptc,aimant mieux eftre affligé auecques le peuple de Dieu, que
pourquelquetempsauoiriouyllàncedepeché:eftimantropprobrede Chrift plus gran-
de riche/lé que tous les biens & riche/Tes qui eftoyent en Egypte: ayant, di-ie, ceftuy-Ia
pour exemple, ne vous laifTezpas tromper du monde par fes prome/Tes ne par fes biens.
D'avtupart, mes frères &fccurs, ne vous laiflèz pas aufîl tirer de lefus Chrift
pour les grans bruits te menaces des ennemis . Si vous les voyez efleuez, fi vous voyez les
priions oûuertes, les efchaffauxdrefTez, les fagots tous prefts, voire les feux allumez, ne
laiflèzpas lefus Chrift pour toutes ces cho(ês,maisinuoquezDicu,& mettez voftre fian-
ce enluy, vous afTeurans qu'ils n'ont nulle puiiTance fur vous , non pas de yousoftervn
feulchcuëu de Voftre reftefarisla volontédcDicu noftrcPerc tout-puiiTant:&: vbusreti- J]"lh'£
rans fous fa protection &: fauue-garde,afleurez-vous qu'il enuoyera fes Anges pour vous c 34> 9
preferuer detous dangers: tellement que rien ne vous aduiendra fans fa bonne volonté.
te s'iladuient, comme vous voyez maintenant nous eftreaduenu, que foyez perfècurez,
ilvoûsfoulagera& fortifiera fclon fes promefles aumilieu des arrlidions-.comme à la vé-
rité il nous a fait fentir te experimenrcriufqu a cefte heure au milieu des ennemis te des
prifons.Ne perdez pas courage mais fortifiez-vous au Seigncur.il befongne maintenant
plus qu'il n a fait <ie long tem ps : car nous voyons que plufieurs de nos ennemis font plus
eftonriez que nous. Usfontplustriftesdece que fommes en leurs mains, que nous ne
tommes nous-mefmes d'y eftre : car leur confciencc les ronge te mine là dedans, fentans
defia Dieu courroucé contrecux pour leur iniuftice, te pour la tyrannie qu'ils exercent:
au contraire, nous-nbuscfiouylTonsauxprifons&: dedans le fort de nos ennemis, d'où
vient cela ? linon que Dieu nous fait fentir qu'il nous eft fauorable , &; qu'il eft noftie Pc-
re par noftrc Seigneurlefus Chrift . toutefois fi faut-il pafler par là , aflàuoir par le feu . Il
cft vray : mais àulfi nous fauons que delà mort nous allons à la vie: delà terreau ciel ,a-
uecques les bien-heureux fidèles de lefus Chrift . Si nous fommes vilipendez auecques
Chrift , nous ferons auffi glorifiez auccluy : H nous fbuffrons , nous régnerons auecques
luy:fi ndus fommes participans de fa couronne d'efpincs , auffi le ferons-nous de l'a cou-
ronneglorieufcâc éternelle : finous motons en la hontedu môdeiurles efchaftaux pour
KKk. iii.
Liurcj VIL François Varhtt.
mourir comme luy,aufii ferons-nous affis fur fon ficge roy al &: throne d'honneur. Bref,(l'
nous mourons pour luy , nous viurons éternellement auecques luy en ioye&: repos . O,
frères &c fœurs,fuyuat ces choies, ie vous prie tous de bon cœur de pourfuyure de mieu*
en mieux en la foy de Iefus Chrift . Çroyez-moy que iufqucs ici ie n'ay occafioa de di-
re finon,Que d'eftreemprifonné & fouffrir pour Chrift,eft vne vrayelielTe, pourucu quv
on fefubmettedu tout àfa volonté, 2>c qu en toute chofe on procède auecques rondeur
&:fimplicitc,fansfubterfugenecouuerturcdemalice:aucôtraîre, l'eftime que ceux qui
font prins,& qui voudroyenc bien efchappe^confeiTcnt Chrift à demi, &c f ont en grand'
peinc.Priez^priezlinsceflTeà Dieu qu'il parface en moy ce qu'il a commencé. Içfcn que
fans luy ie ne puis rien.Frere,iî vous me voulez faire plaifir,faitcs copier &c corriger la pre
fènte,mctçant les teimoignages qui défaillent, l'enuoyant en mon nom à ceux de Valen
ciennes,rifle, Armentiere, Y pre,&: Honfcot:Ô£ la retirez pour.ioindre après mes interro-
gations.Nous attendons le iounpriez donc fongneufement pour nous. le vous recoman
de les autres frères &fccurs en prifon:faites voftredcuoir,qu'il n'en penile aucun par vo-
ftre faute.eftat auec eux i'ay fait mon mieux.àDieu,mcs freres& fœursde Seigneur vous
benie,&: demeure auec vous eternellemét. Voftre frère &C ami Frâçois Varlur,prifonnier
pour la parollede Dieu,en Tournay. Chrift eft mon tout.
AVTRE eferir de Varlut,contcnant autres combats & difpures qu'il a fouftenues cotre les aduerfaires: Se fur
tout quant au poin& de la Ccnc du Seigneur.
ES frcres> outre ce que pouuez auoir i;eceudcmoy,onm'atcnu depuis encores
beaucoup d'autres propos , tant au Conleil que particulièrement :6c principale-
ment touchant le pain delà Cenc, pour m'amener là, de croire que le pain foit le vray
corps de Iefus Chrift . Or i'ay vfé de ces defcnfesralTauoir, que s'il eftoit prefenecorpo-
rcllemcnt,ce ne feroit pas mémoire, comme Iefus Chrift dit, faites ceci en mémoire de
moy .le leur ay dit aufii > Que fi le pain eft le vray corps , que ce ne leroit plus Sacrement,
Monfieur Manfart me djt,Nous y croyons eftre le Sacrement, &: auffi la vérité . Icluy di,
le pren le pain pour Sacrement de la main du Miniftrermais la ventéjaiTauoir Ja chair de?
Chrift, eft donnée par le Miniftre intérieur qui eft le faind Eiprit:&:nous la recelons par
foy .11 me dit qu'il prend les elpeces &: les accidens pour Sacrement , ôc la fubftance pour
le vray corps de Iefus Chrift,qui eft la vérité. Sur ce propos ie luy amenay le Pfeaume fei-
ziei'me , alleguéau fécond te treizième chapitre des Actes , où il eft dit , parlant de Iefus
Chrift, Tu ne permettras point que ton Sainct voye corruption. Commét,luy di-ie, en-
tendez, vous cela? voila qu'il dit,Que Chrift ne verra pas corruptio . Or le pain que vous
croyez eftre le vray corps de Iefus Chnft,eft aucunefois mangé ou des fouris ou des vers,
& corrompu des tignes:cv: comment, di-ie, les fouris mangent-elles le corps de Chrift?
eft-il corrompu par vers ou tignes ? l'Efcriture dit qu'il ne verra pas corruption . Sur cela
il me dit qu'elles mangent les efpeces& les accidens, & non le corps. Comment, di-
ic, Les belles necerchent pas la blancheur, mais la fubftance pour eftre fuftentees.-ÔC
de faid , c'eft la fubftance qui eft mangée , &: qui fe corrompt .11 me dit , que le corps y e-
ftoitauiîi longuement que les efpeces &c accidens eftoyent en vigueur. IeIuydi,Et après
que deuient-il?s enfuit-il? Adonc il commença à rire, me diiànt qu'il n'eftoit pas muni de
tclsargumcns. Or par pluiieurs fois ils me dirent que îcn eftimoycpas que Dicnfuft
tout-puiiIant,puis que ie ne croyoye pas qu'il peuft faire cela.Ie leur ay dit touiiours,que
ie croy que Dieu peut tout ce qu'il veut,mais il ne fait rien par fa puiiîance fans fa volôté.
Or d'autant que les Anabaptiftes leur auoyent dit, que nous prétendons à mettre
bas les Rois &: Princes,&: les pieftres,pour régner en leur lieu, ils fe font par plufieurs fois
&: fort diligemment cnquis quel eft noftre but , & à quoy nous prétendons quand nous-
nous aircmblons:&: fi nous n'auons pas vn ligne entre nous , pour nous entrecognoiftre
quand nous allons çà ou laie leuray dit, quenous n'auons nuls figncs:& que ne cognoif-
foyc pas les Chreftien s, linon quand ils fcdeciaroyent en priant &: cnrendant grâces â
Dieu . Quant aux afiem blecs,i'y vay pour ouy r la parollc de Dicu,car d'autant cjue de no-
ftre nature nous fbm mes ignorans Ôc enclins à mal-faire,Dieu a ordôné entre Ion peuple
la prédication de fa Parollc, par laquelle on eft corrigé &c reprinsde l'es vices, ony e.lai-
monnefté àbienviLue,onyeftconfolépourauoiraccroilTemcntdefoy.Siles Anaoapti-
ftes vous ont dit que nous précédons mettre bas le Roy ôc fes Princes , pour auoir liberté,
ils ont
lisant tort de dire telles chofes. Car ie j>rotefte deuantDieu& deuanttout ce Confeil
prefent,quc ie rccognoy le roy Plaiiippe pour mon Roy,& tous fes Princes & Seigneurs,
8é vous qui eftesici pour fes Lieutenans,aufquels ie veux obéir & rendre honneur en toji
tes chofes félon Dieu,fuyuant ce qui eft dit aux Romains i$>&,n'en. voulons mettre d'au-
très ; mais nous ferions bien ioycux que Dieu donnait la cognoifTance de fa vérité à no-
ftre Roy, & à vous tous. Q^ant aux Pafteurs, d'autant que ceux qui en portent le nom
ne font leur dcuoir d'annoncer la parolle de Dieu, nous en cerchôs d'autres qui nous !'an
noncent & prefehent purement : vous aiTeurans que nous ne prétendons aucune liber-
té , finon par le moyen de noftreRoy ou de fesfuccefTeurs , quand il plaira a Dieu leur
chager le cœur. Il faudroit donc qu'il creuft comme vous,me dit monfieur de Moulbay.,
Je di , Otiy, Monteur : ou bien qu'il nous donnaft congé de viure en la reformation de
noftre do&rine.
Il aeftéparlédelaiuftification . I'ay ditquenous n'auonsiufticene vie finon par le J^jjjf1'"
moyen de noftrc Seigneur Iefus Chrift, lequel a porté nos péchez furfoy ,&afatisfait
pour iceux. Le moyen donc d'eftre iuftifie' par luy , çeft que nous croyons en luy : car lors
que nous l'embrafTerons par foy, tout ce qu'il a fait eft noftre, ce qu'il a fouflèrt nous eft
imputé : faiuftice eft faite noftre,&: fommes receus par ce moyen de noftre Dieu î bref, Desbon
nous fommes fzks fes enfans,&;heritiers de fon Royaume etcrnel.Quanc aux œuures des œuures!n5
fidèles, ie îày bien q Dieu les reçoit , &c promet deleur donnerfalaire, mais non pas pour
ladignité d'icclles : car il s'y trouue toufiours beaucoup d'imperfe&ions,pour lefquejlcs
Dieu trouueroitiufteoccafion deles reietter : toutesfois quand le Chrcftien prefentefes
bonnes ceuiires à Dieu, au nom de Iefus Chrift , luy priant qu'il n'ait pas efgard à l'imper
fc&ion &: feuillure qu'il pourroit trouuer en icelles, mais qu'ileouurel'imperfc&ion par
la perfection de Chrift, qu'il couure les taches &: fbuillures par l'innocéce&i fain<5teté de
Ïeiùs-Chrift,& que pour l'amour d'iccluy il les reçoiue : quand , di-ie , l'home fidèle pre-
fente à Dieu fes œuures ainfi , il les reçoit, voire &. les rccompenfe,corome il dit, Que ce-
luyqui donnera vntraitd'cau auxfiens,receura falairc: mais cela vient non de ladignité
de l'oeuure, mais de la bonté & grâce de Dieu. Or lefondement de noftre falut & iufticç
demeure toufiours là, affauoir, que Dieu parla grâce &: amour qu'ilnous a porté , a don-
né fon Fils Iefus Chrift, qui a fait noftre rédemption, & nous a acquis la vie. Etainfiles
bonnes œuures qui enfuyuent la foy ne font pas caufe de noftre iuftice, mais dcmôftran-
cc&ctefmoignaged'icelle.
Vn e fois entreautres M. Pierre Dentier, quifittlieutenantduRoy,meprefTafortfur M.Pierre
Icpoind de la Cenc, en la prefenec de beaucoup de menu peuple. le luy di, Monfieur, ce Dentier,
n'eftpasen ce poind feulement que nous fommes difFerens, mais aufsi enecque noftre
falut gift &: conlifteen la mort&: pafsion delefus Chrift,*: quepar le fang précieux qu'il
acfpandu, nous fommes nettoyez & purgez de nos péchez :&: que par ce moyen feul
nous fommes faits enfans de Dieu. Voila, di-ie>que nous croyons quanta nous. &vous
voyez qu'en voftre eglife Rom aine on vous enfeigne toute autre chofe. On vousenfei-
gne la Méfie, le Purgatoire, les pardons ^indulgences du Pape , & beaucoup d'autres in-
tentions pour y cercher voftre falut &: la rem iision des péchez. Et ie di &: croy que toutes
ces chofes font autani déTenoncemens de la mort & pafsion de Ieius Chriftrc'eft autant
comme fi on fouloit fon fangaux pieds. & vous dites que vous cftesfi efmerueillé que
nous nenousfoucionsfi peu de la mort, veu que nous fommes en fleur de icuneiîc. le
vous di,Monfîeur, que voila la principale caufe, c'eft affauoir, q ie m'atten à Iefus Chrift,
eftant certain que là mort eft ma vie : fon fang , c'eft ma purgation & nettoyement de
mes pechez:&: maintenant ie le fen découler, &: arroufer ma confciencc, & c'eft l'aiîeu-
rance par laquelle i'efpere de mourir, tout affeuréque i'auray la vie éternelle pat Iefus aesS"
Chrift. le proferay ces parolles de grand zele& ardeur :& plufieurs,quand ieparloye,re-
gardoyent fvn l'autre : & M. Pierre demeura fi eftonné & fi trifte, qu'il dit deuant partir,
qu'il laiflbit maintes fois le dormir pour nous, ôc qu'il fe foucioit plus de noftre mort que
nous-mefmes: voirequ'ilvoudroit pour vne pinte de fon fang, que tout allaft autremét.
Il y a beaucoup dechofes,mais ien'y puis reuenir àlesefci ire:toutesfois qua t aux poin&s
delà Religion, ils ne m'en ont parlé d'auâtage au Côfeil,finon de laCene: & difènt toitC
iours que fi nous voulions accorder ce poin&,qu 'on feroit du refte. Vous prendrez ce qui
pourra feruir à édification , & faut que vous me fupportiez: car ie n'ay iour ni encre qu'à
demy. Or quant à ma difpofition elle eft telle, Que combien que pafle fixans i'eufte
Lime VIL François Varht.
penfé à ce qui meft aduenu à cefteheure,& que ie m'ateendoye vn iour de tomber en la
main des ennemis, toutcsfoisien'cuflc iamais penfé que ce bon Dieu mcuftfortirîc en
telle foriCj&donné.tel contentement qu'il me donne îûfqu a maintenant. Or d'autant
que ce n cft rien de bien commencer qui ne perfeuere,faitcs tous voftre deuoir de prier
Dieu ,qu'il parface ce qu il a commencé en moy, afin qu'il obtienne en moy &: par moy la
vi&oire par deflus (es ennemis. le requicr que mes recommandations foyent ràitesà mon
fîcur Colladon,àmonûeuT Crefpin, à Euftace Vignon,ià femme, Ambroife,& fa femme.
AVTRES difputes fouftenues par F. Varlut,ayant pour compagnon Alexandre Day ken.
^jARL VT eftantforri d'vnefbrte de combat, rentra en vn autre: car ies luges
jjvoyans fa conftance,&: que Docteurs ne Moines ne Preftres n'autres ne gaignoyce
rien fur luy,ils s'aduiièrcntde luy mettre en face vn Anabaptifte nommé Ioacim,qui lors
eftoitpril'onnier pour fa fe&eenTournay. Varlut donc mit par eicrit cefte conférence,
& par faute d'encre il l'eferiuit de fang,comme s'enfuit : Vo v s ferez aduerti que le iour
de deuanc , moniieur de Manfart nous vint voir : 6c après plnfïcurs propos nous dit, qu'il
feroit amener Ioacim deuantnous pour dùputer. Nous luy diimes quenousauions aflez
ouy parler de luy, &c comme après auoir communiqué à aucuns de nos frères, aiu oiteftc'
vaincu, principalement fur lepoin£t de l'incarnation de Icfus Chrift : ck: cependant cela
n'auoit rien profité,demcurant en fon erreur : qu'à cefte caufc ce feroit pour néant de di-
fputer. Lclendemain de ceftaduertiflementeftant premier euoqué deuant leConfeil,
on me fît affoir deuant Ioacim: là adreflant ma parolle à moniieur Manfàrt,luy dy: Vous
ouyftcs hicr,Monfieur, que ie vous dy quenevouloye difputcr: car ic fay bien qu'autres
n'ont rien profité vers luyr&dcmapartienenVeftimepas pouuoir faire ce que plusfa-
uans que moy n'ont lèu faire. Et mefme d'autant q l'ay quafi toujours demeuré en Fran-
ce, ie ne fuis pas muni tle leurs argumcns,&: ne cognoy -pas leur finefle: car en France il
n'y en a pas, ou bien peu. Ic n'ay iamais difputé auec vrais Anabapriftes touchât leur rcli-
giô.Sur cela Ioacim dit qu'aufi^ il ne dcmâdoit pas à difputcr,& néanmoins pour me met-
creen proposai mcparla de mon Baptefme. ledi,qu'ayantefté baptizé au nom duPere,
du Fils,& du faind Efprit,ie me tenoye pour content ( corne l'ordônance de Iefus Chrift
le porte en fain& Matthieu chap.z8.)de ce qu'auoyereceu en mon enfànce,puis qu'eftanc
Venucnaage Dieu m'a fait cognoiftre la vérité de tclBaptcime:&:m'a conduit par fon
fàind Efpnt pour en rendreà prefent le frui&.Et d'autant que Dieu nefait pas moins de
grâce ni d'honneur aux enfans des fidèles depuis la venue de Iefus Chrift , qu'il faifoit ia-
fsoÊo' ^s aux cn^ans ^es ^eles cn l'ancien Teftament , ic tien que les enfans des fidèles doi-
uent eftre baptizcz,comrae pour leur marquer &c ratifier ce que le Seigneur leur a défia
donné par fa promeffe. Orcn l'ancien Teftament les enfans des fidèles par lagracede
Dieu , eftoyent comprins en fon alliance auec les pères , fuyuant ce qui cft dit, Icferay
ton Dieu,&leDieudetafemence:&:ain(i portoyent la marque de l'alliance de Dieu,
afTauoir,la Circoncifion,pour monftrcr qu'ils eftoyent de fon peuple : maintenantfous le
nouucau Teftament les enfans des fidèles n'ont pas moins de grâce de Dieu, mais fbnc
aufsi receus &: recognus pour le peuple de Dieu auec leurs pères : car ils font fan&ifiez,
dit faind Paul, voire quand il n'y auroit que lepereou la mere fidèle. Et pourtant qu'ils
font participas de la grâce de Dieu, c'eft au fsiraifon qu'ils en portent la marque^: liurec.
Or c'eft le Baptefme qui eft le figne de l'Alliacé entre Dieu &c nous : &: cft tout ainfi qu'e-
ftoitla Circoncilion en l'ancien Teftament. Voila ce que leur di fimplement. Adonc
Ioacim commença entrer en propos: mais ie di que ie ne difputoye point. Surcelaon
me demanda queiecroyoye des petisenfans qui meurent fans eftre baptizez . le refpon-
dijeles laifTe en la main de Dieu &: en fon fecret,&: ne veux pas m'ingerer à iuger.Ils me
direnr,EtvoilaIoacimquidit qu'ils font tous l"auuez,&: vont tous en paradis. Quanta
moy, di-ic,ie n'en parle pas ainfi: carie cognoy par la parolle de Dieu que nous naiflbns
rrcau.51. tous dignes de perdition ,eftans conceus en péché & iniquité (comme Dauid le dit de
foy-mefmc) participans à la tranfgreflîon &£ corruption de noftre pere Adam : mais ie ne
doute pas que Dieu par fa mifericorde n'en ait choiii &: efleu beaucoup pour les fauuer
par lefang& par la mort de Iefus Chrift.voilaaufsi auant que i'en ién,&: n'en veux parler
autrement. On medemanda que i'entendoye par la corruption^ fi ienentendoye pas
le peché originel. le di qu'ouy. Ils parlèrent encore du Baptefme, &c me dirent, Vfcila Ioa-
cim
FrmfoisVarlut. éo?
dm quf nccroit pas quelc Bkpteftneofte lepechc : qu'cndites-w*us? m Caloin «fctqàc
le Baptefme oftelcpecrié originel. Iedi, Affeurez* vous que M.IcànCaluin n'eft pasçe*
luy qui vueille attribuer à l'eau du Baptefme la remilsion éc purgatiô des péchez: &«en-
ten d'eftre fauué niauoir remiifion de mes péchez finon par le lang de Iefus Chrift,efpan-
du en fa mort Se paflïon ; mais ie recoghoy l'eau du Baptefme eftrele Sadremcnj, fie : iignc
du fang de ïefus Chrift, nous fignifiant que tout ainfi que l'eau a pefte propriété de lauet
& nettoyer les ordures du corps, qu'aufsi le fang de Chrift eftant par la vertu du iàinc> E-
/j>rit efpandu en nos conicicnccs, nettoyé & purgé les ordures fpirituelles , qui fontm>«
péchez fie iniquitez : &nous afleure que par ce moyen fomrnes purgez Se nettoyez, nos
péchez <brit remis Se pardonnez . Se voila dont i'atten rcmifsïon deuant Pieu. Po vr
monftref donc que l'eau du Baptefme nettoyé les péchez, ils m'âmenerentletroificme
defaind Ican , où il eft dit notamment , Si on n'eft nây d'eau & d'efprir, on n'entre point
au royaumede Dieu. le renxkli que Iefus Chrift ne parle point là du Baptefme extérieur
fait en eau, mais il parle delà véri té du Baptefme, appelant lèS. Efprir, Eàu:comme Ican
Paptifteauj.defainct Matth.l*appeleFeu,difantque Chrift bâptizcrôit au fàin&Eipric
&en feu: orlefus Chrift n'a pa« baptizé de feu matériel: il appelé dock fainft Efprit Feu;
pource que c'eft le propre du feu d'anéantir Se cônfumer,&;le laind Efprit eflrceluy qui a* ExpUcauô
neantit Se confume les péchez. Semblablement ence 3 . defainft Iean;ïefus Chrift appe- jf
le le làind Efprit Eau, pource que le fainct Efpriteft ceiuy, parla vertu duquel nos péchez "3'u*
font nettoyez & purgez au fang de Iefus Chrift. M. Maniart tafcha de plus fort nous^L
rc entrer en propos toùchantrincarnationdcIéfusChrift.^Ioacim dit ,queVëftôttYÂ DePincar-
grand myftcre : Se fapperceu bien qu'il euft mieux aimé parler du Baptefme. le n'entrây Su°chrift
pas en matiere,maislculement recitay vn propos quei'auoyedït leiourdedeuantàmon- ieani.14.
fieur Manfart,afTauoir,qu'iis s'abufoyent grandement entendans mal cequi eft dit, Qud
la parolle a efté foite chair. Car s'ils maintiennent que1 Ccfte parolle eft ftiueccn chair, la J,^"'.,
diuinitc feroit deuenue chair: car il eft dit deuant , Que cefte parolléeftôît Dieu; Se ainfi
IaDïuinité auroit (bu fFcrt,& feroit m orte :car Iefus Chrift afôufFert en la chair,& la chair
de Chrift eft morte en la croix, or c'eft faire deshonneur à Dieu, voire blafphemer contre
fuy,de dire qu'il foit mort: car il eft immortel, Se l'immortalité meime. voila ce que iedi
fur cela. Maisapres que Meilleurs m 'eurent plu fi cure foi s dit, qu'on leur auoit rapporté
que nous tafehions en nous aifemblant de mettre bas le Roy Scies Princes,& les Preftresy
pour régner en leur lieu : le m'adreiTay à Ioac im ,& luy di, Pourquoy dites-vous que n ous
voulons mettre bas le Roy Se les Princes,& Magiftrâts,&:les Preftres, pour régner en leur calomnie
place ? pourquoy detra&ez-vous ainfi de nous à tort Se fans carné? loacim amenant les ex- pour char-
eufes le mieux qu'il peut, dit, le n'ay point du tout ainfi parlé, mais i'ây dit , Que fi vous %*}™chtc
eftiez les maiftres, vous nous perfecuteriez auisi bien que les autres : exemple d'Angle-
terre. le di,Meiîîeurs,quantàce qui auoit efté dit, que nous-nous aflemblions pour taL
fcherà démettre le Roy Se fes Princes,i'ay defiarefpondu paf plufieursfois deuant vous:
mais derechef ie di Se protefte deuant Dieu & le Confcil icy prefent , queles aflemblees
n'eftoyent que pour prier Se inuoquer Dieu ,&: ouyr fa Parollepour eftre inftruit a ie glo-
rifier,^ auancet le règne de Chrift :commeie vous en ay diter d^fTus l Hermès Vvingle
me demanda'commei'entendoye, Qui mange ma chair Se boit mon fang à vie éternelle.
Monfieur, I enten quequandle Chrcftjen recognoit Iefus Chrift pour ion faUJ
ucur,&qlie par fon fang fes péchez font purgez ^ nettoyez, il s affeure que par famort
il aura la vie éternelle, i'en ten qu'alors il mangeîachair&boitlefangdelefusChriftpar
foy qu'il a en la mort de Chrift. Il médit, Com nient ? fi on mange airtfi Iefus Chrift, nous
n'aurions que faire de Sacrement, ty.. Mohfieurid'autant que nous fommes ignoras
denoftrenature,&:quenousfommes fort infirmes,Tiousnefauons pas fort bien enten-
dre les myftercs Se les choies de Dieu, Se les biens qu'il nous fait,pourtant nous a-il ordon
néfes Sacrcmens, pour aider à noftre infirmité &foiblefle. Car parles Sacremens qui
font chôfes vilîbles,il nous monftre Se donne à entendre les chofes inuifiblcs:&: parainfi
nous font fort ncçcilaires.
Vo 1 l a , mes frères Se fceurs,les propos qu'auons eu . tout ce que vous voyez pouuoir
feruir à la gloire de Dieu,à la confuilon des ennemis de fa vérité , 'Se à l'édification de fon
Eglife, vous foit recommandé. Et combien qUciefoycaiteuré que ma confeflîon eft fé-
lon Dieu,& que leur opinion eft fauiTe:toutcsfois celame fera grand bien , fi ic puis én-
tendrevoftreaduis& confolation,en louant Dieu de ce qu'il m'atitâ donné de refpôdre.
Liurc^ VIL François Variât,
Or ic fais efmerurillé que pas vnnemaefcrit encore vn feul mot : & femblequaû queie
foyemisen oubli. MaisielouéDieudccequ'ilm'afortifiéfanscelaparfonElprit: ielc
fupplie de parfaire ce qu'il acoiumencé en moy à ion honneur & gloire.
S'ENS VYVENT autresefçrits particuliers dudit Varlut,addreflez à ceux fpecialeroent qui eftoyenr pri
fonniers au mefmc temps : lefqucîs non feulement il confole , mais aufsi inftruit à bien refpondre & perle-
uerer en la puf e confefsion de la vraye do&rine.
[ES tref-chcresfœurs en Iefus Chrift, fâchez que depuis q vous auez efté feparecs
|de moy, i'ay grandement defiré de vous pouuoir referire, mais ienay pas fort bien
le moyen .toutesroisefperant contre efperance que Dieu nous le donnerai ay bien vou-
lu eferire la prefente, afin que par icelle vous puifsiezreccuoir quelque coniblation &for
tification. le nedoute point que Satan noftre ennemi, auec fes feruiteurs ne vousliure
Letraittc- beaucoup d'afiaurs aufsi bien qu'à noufmcfmes. le luis aduerti qu'on vous afaitlemef-
pr^tonnicxî mc traitternent qu a nous,affauoir premièrement d'auoir efté gchennecs,&: maintenant
JeTournay eftreau pain & àieau,aucc les fers aux pieds, voila que nousauons pour noftre part. Or
jay efté fort contrifté en mon cœur pourlarudellé qu'on vous a fait: mais i'ay efté gran-
dement efiouy quand i'ay elle aduerti de voftre confiance, &: que nos ennemis n'auoyét
rien gagné fur vous par leurs belles promeffes&: flatteries, mais que vous auez toujours
refiftc,difans que vous voulez maintenir voftre confefsion.
Me s bien-aimeesl~œurs,ie vousprieque ne l'oyez point ingrates enuers noftre Dieu
dubien&de l'Honneur qu'il vousa defiafait,dc vous auoir non fculemét retirées de té-
nèbres d'ignorance pour vous amener à la cognoiffancede fa Parolle, mais d'auantage,
de vous auoir fait la grâce de confelTer ion nom deuant fes enncmis,voirc ayant délia fou-
ftenu beaucoup d'affauts,nelbycz,di-ic, ingrates de ces biens-la : mais rédez-en gracc&:
louangeà noftre bon Dieu, rccognoiifans que cela vient deluy,&: non de vous . Et d'au-
tant que ce n'eft rien d'auoir commencé fans perfencrer iufqu a la fin, regardez derefi-
ftcrtoufioursvertueulcmcnt aux tentations &affauts. Et puis que Dieu vous a donne
hardieffe& bouche pour confefferfonNom,donnez..vous garde maintenant de le fou-
ler au pied, en lerenonçant&: vous defdilant delà làinde-confeflion qu'auez faite deuac
les hommes. Monftrez-vous vrayesleruantes de Iefus Chrift, fouftenans fa querellecô-
tre l'Antechrift &; les fuppofts. Ayez touiiours fouuenance des confolations que nous a-
uonsdonneTvn ài'autreeftâsenlagroffetour. QuM'l vous fouuienne, &c tenez pour cer-
tain que noftre Dieu, commeic vous ay dit, tient & tiendra voftre confefsion pourauf-
û exGellente en voftre endroit, comme laconfeffion du plus grand dodeur du monde.
Demeurez toufiours en cela, que le corps de Chrift eftau ciel &:non ailleurs, comme
vous le pouuezmonftrer parle troifieme des Ades, où faind Pierre dit que le ciel l'a tc-
ceu iufqu a la reftauration de toutes chofes : & c'eft ce que nous croyons , que de là vien-
dra iuger les vifs & les morts. Maintenez touiiours que le pain de la Cene demeure pain,
&: le vin demeure vin : &: que les fidèles reçoiuent Iefus Chrift par foy , &: par la vertu du
faind Efprit,&: non pas charnellement. Ayez auffi memoirequeie vous ay tant dit,
que le principal de tout cft, que vous fentiez &c croyez en voftre cœur, que vous auez re-
iniffion de vos péchez par le fang de Iefus Chrift: que vous eftes iuftifiees pai lafoy que
vous auez en luy . bref, que nous fomrnesfauucz par la feule oblation &facriricequ'ila
fair,comme ileftditaux Hebi.9.& 10. chap.&: qu'il n'y a point d'autre moyen pour c-
ftre fauucz. Et d'autant que la parolle de Dieu nous lafTeure , il nous y faut tenir fermes:
&làdeifus vous pouuezreietter toutes inuentions, comme la Méfié , le Purgatoire, les
ÇuIles,Pardon s &: Indulgences du Pape,&: chofes femb labiés : vous les pouuez,di-ie, re-
ictter, dilàns.Quece font autant de renoncemens de Iefus Chrift. Voila,mcs fœurs,lcs
principaux poindts fur lefquels ils nous interroguenr. Soyez alfeurces que nous ne leur
Marciff pouuons accorder que le corps de Iefus Chrift loir enferré dans le pain, linon en demen-
A€t .7 . tant la parolle de Dieu,qui enfeigne qu'il eft au ciel à la dextre de Dieu.Vous ne leur pou
Coiof8 ucz accor(^cr q°e le pa»n foit le corps de Iefus Chrift, comme ils difent ,fans démentir la
°°'3' parolle de Dieu,quilcnômepain,Ad.i.&plulieursfois i.Cor.io,&: 13. Vous ne leur pou
uez accorder que la Méfie foit vn facrifice pour les péchez, fans démentir l' Apoftre aux
Hcbr.9,& io.qui dit, Que par le feul moyen du feul làcrifice que Ielus Chrift afaitvnc
Mater* foispour nous,nousfommesl'andifiez&: purgez de nos péchez :&: (ans démentir Iefus
Chrift m efme qui a dit eu la croix , que tout eftoit accompli. Vous neJcur pouuez accor-
der leur*.
Alexandre Dayken. 6 10
der leur Purgatoire, les Bulles,Pardons&: Indulgences du Pape, fans dem eh tir la parolle Fphcfr.
de Dieu qui nous dit en tant de partages, Que nous auons pardon, purgation, remiision, ^olbo11'
Sciati s faction des péchez parleîeul langdelefus Chrift. iJierj.
O r donc,trefchcres fœurs,donnez-vous garde de vous accorder à cux,fi vous ne vou- lcin »•
lez totalement renoncer Ieius Chrift, fi vous ne voulez fouler fon fàng aux pieds , &• quit- AP°ca1,1*
ter l'alliance de Dieu pour celle du diable. îa ne vous aduiennede fairccela : ne laiflez Ie-
fus Chrift auquel vous trouuczfalut & vie , pour derechef fuyure l'Antechrift qui mené
à perdition & mort éternelle. Dieu a donné fon propre Fils à la mort pour vous racheter
de la puiffance du diable,d'enfer, & delà m ort,pour vous faire l'es enfans héritiers de l'on
royaumct&T delà* ic éternelle. Rcndez-luy donc maintenant le deuoirde vrais enfans:
donnetJvousdu tout àluy : vous auez dciia bien commencé , puisqu'auez confeffé fon
Nom.Rehftezaux aifauts^ie vous accordez pas àleurspromelîes,car Dieu vous promet 3'
donner des biens beaucoup meilleurs que-les hommes ne peuuent meimesimaginer. Il
vous prelénte la vie eteinelle,Ia couronne de gloire:il vous prelènte vn throne pour feoir
comme roines auec fon Fils Iefus, fi vous bataillez conftamment îufqu a la victoire. Te-
nez-vous pluftoft aux promeffes de Dieu, que des hommes qui ne valent rien . Ne crai-
gnez pas leurs menaces, ne craignez pas les longues prifons, Dieu vous alsiftera: &. fau-
dra, maugré leurs dents, qu'ils vousenfacentibrur , quand le iour que Dieu a ordonné
fera venu. Inuoquez Dieu ians ceiTe : mettez voftre fiance en luy , &c il vous fouftiendra: „ ...
avezmemoiredupourcAueugle:ilainuoqueDieu,ilamis fa fiance en luy , îln a pase- dré Michel
fté repoulTé ne confus, mais exaucé: il a eu force&: a bien bata lié, Ôc ayant obtenu la vi- J"^?"^*
âroire, il a maintenant la robbe blanche que nous efperonsaulsiauoir bien toft. bruflé au
Fortifie z-vousen remcmorantles dcuilesdeIagrolTetour,&:vousfbuuienncdes marché de
prières que nous y auons faites, &faifons encore maintenant Alexandre &moy tous les Tournjy'
jours. Afieurez-vous qu'elles font montées îulques au throne de Dieu,& les a défia exau-
cées: car vous &: nous en auons défia lenti le fruict,&: lcfen tirons iuiqu a la fin,moyennat
quenous faiiionsnoftredeuoir de continuer àleprier . Et fi on vous veut faire accroire
que nous- nous ibmmes accordez auec nos aduerfaires, ne le croyez pas : on nous l'auoic
défia dit de vous Bai be&: Pcronne: mais nous fauons maintenant le contraire. Adieu,
mes fœurs,iufqu a ce que nous trouuei onsl'vn l'autre au royaumedenoftreDieu.
S'enfuyucnt les efoits d^L EDC^4 N DRE D>A TKEN.
E T premièrement les interrogations & refponfes faites deuant le Confeil de Tournay.
Y A NT artendu les moyens qu'il a pieu à Dieu me donner de vous eferire
iïmplemenc les demandes qui m'onc efte faites , & Jes i-efpôfes quefbn fainct
Eiprit ni adonné, de rondement confelfer deuant les hommes fans fimuler
aucunement, il feroit mal pofsiblcde les mettre de mot àmotcommcellcs
ôn7eft'édites&:re(pondues, pource qu'il y a quelques iours paffez: toutesfoisà peu près
fenay mis pour mémoire ce qui s enfuie :eiperantquelaieuneffeen pourra prédre quel-
que fruicr. pour fe préparer contre les finclTes des ennemis . Car comme a dit autres fois
noftre frère Guillaume, Nul ne fait que c'eftdecombatre iufqu ace qu'on loitàl'aflaut; J^jJ ■
Premièrement intrrrogue dont.i'eftove. Iereipondi, quei'eftoye deBraine-le meComu"
Chafteau. Et de mon nom , le di Alexandre Davken . Ils me demandèrent, Si l'eftoyc martyr ci
François Iedique Brainen'ertoitpointen France pour eftreeftimé François, llsmedi- dcLuntmjs'
rcrtt que i'auoye changédelargage,&:quei'auoyedemeuiécn France. Iedique ie n'a- i,Uerroga-
uoye pas demeuré en France, mais bien en Italie,en Alemagne,en Angleterre, & quatre non* pour
oucinqmoïsàGeneue,&qu eftoyereuenuparFrance. Ils me demandèrent où i'auoye- urprcn rc'-
apprins mon François. le leur di, A la Cour de Bruxelles , y ayant demeuré neuf ou dix:
ans. Enquiscombien ily auoitque ledemeureen cefte ville. Ieleur ayditenuiron demi
an en tout. Ils m'ontdemandé où l'ay beiongné. Ri. I'ay belbngné auec le fils Talleman.
Demandans fi ie 1 auoye ainfi inftruit , I'ay dit que non , & que i'auoye bon befoin d'eftfe
inftruit moy-mefme. Demandé ii c'eftoit celuy qui eftoit banny auec qui ie befongnoye:
l'ay dit qu'ouy, & qu'ils {ont tous deux bannis. Demandé où ie befongnoye maintenant,
I'ay dit que i'ay logé quelque temps au marché à vaches, près la maifon duPreuoft,&:
que le Preuoft nous en fit fortir pource que i'eftoye eftranger depuis ayant efté à An-
uers &: à BruxëllelSji eftoye reuenu penianc re,dem curer en cefte ville.
L/#ro VIL ^Alexandre Tïajken.
D. Qui m'auoit fommé pour aller en ce bois,&: que i'y alloye faire , veu que ce n'e-
ftoitpointvn chemin. rçt. Queien'y alloye point pour le cheminjmais pour ouyr la paroi
ledeDicu. D. Si iefay bien que c'eft la parolle de Dieu. y>.. Que ieleiày fi bien&ficcr-
tain,quepouricellcicvouloyeviure&:mourir,lamaintenâuufquesà la dernière gour-
tedemonfang. D. QuicftoitlcMiniftrc? rçt. le ne le fay point pour vousledire. D. Si
ie ne 1 cftoye point, rçt. le fuis trop i n digne d eft rc appelé en vn tant fainct office. D. Pour
quoyie l'appelle fainct office. ^. D'autant que la parolle de Dieu eft de li grade maiefté,
qu'il n'appartiét point à vn fi limple côpagnon,comme ic fuis,de s'ingérer à tel minifte
re. D. Comment i cftoye (i hardi d'aller aux alîemblees, veu qu'il eft Ti expreffément dé-
fendu par noftre Roy. çt. Il eft expreflement commande' par la parolle de Iefus Chrift,
Conjien quc toutes fois Se quantcs que vous ferez deux ou trois afTemblcz en fon Nom , il fera au
bkes fon milieu de vous : partant eft neceflairede nous afîembler, ti nous voulons que les promef-
neceflaircs. fès de Ieius Chrift s'accompliflent en nous:ioin& qu'il eft dit aux Hcb. Ne delaiiïcz point
vos aft*emblees,commcaucunsde vous ont couftume défaire. Ils m'ont dit, qu'on s'af.
fcmbJeroit bien deux &c trois en la maifon, fans aller en trouppe au bois auec des Mini-
ftres. Que les affemblees font aufsi bien défendues en la villecommcau bois:& aufsi
les gens ont telle crain te,qu a grand' peine voudroyent-ils prefter leurs maifons,pour les
exemples qn'ils ont veu le temps paffé en Tournay. D. Que ne vous contentez-vous
donc délire au Teftamcnr, puis que vous n'auez les moyens autrement? fy. D'autant
que nous fommes foibles Se débiles de noftre nature, Dieu nous a ordonné des Paftcurs
éc des Miniftrcs pour redreffer noftre foibleife:&: d'autant aufsi que fommes fi corrom-
pus de nature,nousauons befoin d'auoir toufîours quelque bon maiftre d'efcole pour
nousmonftrer nos fautes,&: remettre au droit chemin. D. Onditqucl'Efcriture enfei-
gne qu'il faut rendre obeifTance aux Rois & Magiftrats. Çi. Les Rois &fupericurs font
ordonnez de Dieu ,& leur faut obéir en toutes choies félon Dieut: mais fi les Rois de Prin-
ces nous commandent choie qui foit contre la gloirede Dieu , nous ne fommes en cela
A&.i. tenus leur obéir. I'amcnay fur ce l'exemple de faind Paul , lequel cftant enuoyé en Da-
mas par les Princes &: Sacrificateurs, pour perfecu ter les fidèles , fur le chemin oyantla
voix de Iefus Chrift qui l'appclla,il luy rendit obeiiTance,& laùTa le mandement de fes Su-
Dan 6 1 perieurS. Aufsi l'exem pie de Daniel qui fut ietté en la foffe aux lions pource qu'il ne vou-
lut point obéir à lbnRoy,qui luy commandoit chofe contre lagloirede Dieu. Ieleura-
menay aufsi lcxéple des trois entàns qui furet iettez en la fournaife,pource qu'ils ne vou-
Dan 3-zo. lurcnt point adorer l'idole qui leur cftoit commandé par le roy Nabuchodonozor.Ils me
dirent qu'ils n'auoyen t quefaire deftre prefehez. le leurdi,quc s'ils font de Dieu, ils doi-
uent ouyr la parolle de Dieu, pu is aufsi qu'ils m'ont mandé pour m'interroguer de Dieu»
&C de la vérité de fa fàin de doctrine.
Alors ils me dirent qu'ils voyoyent bien que i'eftoyeleMiniftrc&que itffauoye
trop bien caqueter pour eftrevnMiniftre. çt. Iencfuis pointMiniftre, ruais vnpoure
chauffetier. D. Si iefauoye Grec ou Latin. y.. Que ie me contente fi m plement du don
que Dieu madone. Mmterroguans fi ie croy l'Eglifc: i'ay dcmâdé quelle eglife? & m'ont
dit,catholique& vniuerfelle. y.. Que ieie n'en croy point d'aurre:maisie leur aydeman
dé s'ils prenoyent l'eglifc Romaine pour l'Eglifc de Dicu.Us m'ont dit, que c'eft vn mem-
bre de l'Eglile de Dieu. Rt.Qtfvn membre feul n'a que faire d'vnchef,mais tous les mem-
bres conjoints enfembleont vnfeulchef,alTauoir, Iefus Chrift,& nous tous fommes mé-
Apociw. bres de l'Eglifc. &: leur allcguay lez i . de l' Apocalypfc, pour prouuer qu'il n'y auoit qu'v-
ne Eglife,où il eft dit, le vi la faintte cité delerufalcm defeédant du. ciel comme l'efpoufc
ornée de fon mari. Vous oyez, Mcflicurs,que faind Iean ne fait aucune mention de l'e-
glifc Romaine , car alors il n'y auoit point de Pape pour en eftre chef.Ie leur alleguay le f .
des Ephef. pour prouuer qu'il n'y a qu'vn chef, afTauoir Chrift. D. Siiene croypointq
l'eglifc Romaine foit ordonneede Dieu i£. Puis que l'Efcriture n'en fait aucune men-
tion, c'eft ligne qu'elle eft inuentec des hommes. D. Si vous ne voulez croire autre cho-
ie que ce q u i eft eferi t, vous ne croyez pas leBaptefme des petis enfansxar il n'en eft aucu
nemét parlé en la làin&eEfcriture. rçt. D'autant que lesjpromefTesontcité faites à Abra-
ham & a fa femence,& que la Circoncifion (laquelle reprefentoitlors tout ce qui nous
eft mainrenanr monftré par le Baptcfme) a efté donnée aux petis cnfans,ic croy aufsi que
Pfeau ji le Baptefmc leur apparticnt^Et comme Dauid dit, Que nous fommes tous conceus en
pcchénl s'enfuit donc q les petis enfans ont peché , & ont befoin du fang de Iefus Chrift.
Ors'ilsfont participansdela veritédu Baptcfmc, aufsi peuucnt- ils bien eflrc participas
duûgncquieft moindre que la vérité.^ S v r cela fe regardent l'vn l'autre en riant, &
nefây pourquoy. EcmonficurManfart me demanda, fiiè ne crey point au fàcremcnt de
l'autel. le luy di, que ic ne fay que c 'eftoic du facrement dcTautel,mais bien du Sacreraéc
delaCene. Et bien, ditril,ç'eft ceftuy-la que nous appelons dcl'autel. ri. Quei'encroy
autant qu'il en eft eferit en fainct Matthieu, fainct Marc, fâinct Luc,iajnctlean,&: fem-
blablcmenten fain&Paulaux Corinthiens. D.* QuaWtldit,Ceft-ciraon£orps,ne
croyez-vous point que nous prenons le corps de Chrift fous lefpace de pa,in>&:qu'il eft là
fpirituellement ? Ieleur di, que le corps de Chrift n'eft point fpirituel , ains charnel, fem-
blableau noftre, excepté peche'.IIs medirét, qu'il faloit croire que le pain n'eft plus pain, veritcdu
mais qu'il eft par lavertu&puiilànce de Dieu tranfmué au corps de Chrift. corps de
^i. Iccroy que le pain demeure pain, le vin demeure vin:& qu'en prenant la fain* clui-
c~te Cene nous lbmmes faits participans du corps &c du fang de Iefus Chrift fpirituclleméc
par lafoy , non pas charnellement , comme vous autres : &c que tout aioti que le pain &c
le vin nourrit &: fouftient le corps, aufsi femblableraent le corps &le fang de Chrift nour
rit &c entretientnos ames fpirituellement. Quant au corps de Chrift , ie croy auec faincfc
Pierre que leciel le contient iufquala reftauration de toutes chofes: que toutainfi qu'oa
l'aveu monter viûblemenr,ainli le verra-on defeendre vifiblemcnt1. or fi vous dites qu'il
defeend, & on ne le voit point,la parolle de l'Ange feroit menfongcre:mais ie croy qu'el-
le eft véritable, &c qu'il ne viendra point mfqu ace qu'il iuge les viuans & les morts, voila
en briefles premières interrogations qui m'ont efté faites.
Porv r la féconde fois que fu mande, tout le Confeileftant afTemblé, il y auoit deux•I>euxA,*•
Auguftins,l'vn cftoit le Chantre, auqueliene voulu parler. Eftantentré,monfieurMan
fartmcdit,Alcxâdre,nousauôs icy fait venir ces bons Docteurs pour parler à vous. Vous
eftes encore ieune,& pourriez eftreinftruit. Ri. Ils auroyent bon befoind eftre inftruits
cux-mcfmes : &c viennent pluftoft pour leduire les amcs,que pour les mettre au droit che
min : toutesfois, s'ils me veulent monftrer quelquechole pour mon falut, ie îes veux bié
ouyr. L'vn de ces deux print la parolle, &: me dit , Ouy dea, mon ami , nous vous aimons,
tant que nous vous voudrions bien reioindreau corps de 1 eglife. le luy demanday quel-
le eftoit cefte eglife ? Il médit que c'eftoit l'eglifé catholique &: vniuerfcl le. le demanday*
à quoy on cognoiflbit cefte eglife eftre l'Egli(e de Dieu? Il medit,par la Parolle purement
annoncée, & les Sacremens purement adminiftrez^ffauoirJe^ptefmCî&lcfacremec
de l'autel qu'on adminiftre à la Méfie, que vous autres, dit-il, appelez Cene.Ie luy di,que
la Méfie eft trop exécrable pour eftre mife au rengdelaCenc du Seigneur, mais» Que te-,
ncz-vous,di-ie,du Baptefme ? Il me dit, que c'eftoit vne entrée en l'Eglife de Dteu.Quel-
le différence y a-il donc entre vous &moy>veu que vous me confcftezjque l'Eglife de
Dieu eft vne-aflemblee des fidèles efpars par tout le monde : voire&: qu'on çpgripjr cefte
Eglife par la Parolle, & parles Sacremens purement administrez? Surcelaluy deman-
dants'il ne ténoit que deux Sacremens, médit qu'il en tenoitfept. le di <jiè n'en cenoye
que deux, &: qu'il me prouiiaft les autres par TEfcrittirC fainfte. Me difa'nt que les Do-
cteurs les approuueht.-ieluydi, qu'il m alleguaft les tcfmoignages de J'Efçritufe fàfndte.
line les voulutpoint prouuer:mais m'alleguades Docteurs . Ieluy di, queie n'eftoye
point Do&enr comme luy, mais vn poure compagnon demeftier , qui n'auctyé7 ^bïnt c-
ftudiéauxDocl:eurs,meconteiuantfimplemcntderEfcriturc,fainde pour y fonder ma
foy. Alors il me demanda fi par ces mots, C'eft-ci mon corps, ien'entenpas quele pain
nèfoitpluspain,maisqu'iHbit tranlTubftantié au corps de Chrift. Ieluy demanday s'il
eft là aufsi grand & aufsi gros qu'il eftoit en la croix.Or le curé defainftNïcaife qui eftoit
là, dit quenon:& l'autre dit quouy. fur ce ieprih Mèffieurs en tdmoins,'querViïauoie
ditqu'ouy,&: l'autre non: &: fi demanday auquel ie croiroye. Monfieur Manfart dit que
c eftôyen t beftes qui croyent qu'il fbit aufsi grand qu'il eftoit eniaetoix; Ieluy di, ceftuy-
la donc eftoit befte qui eftoit auprès de luy,& en gênerai tous ceux par cideuaht qui ne
prefehoyent pas autrement.
: Il m'allégua vn moine nommé Cartini, qui auoit prefché le Q^arcfec pafféàfaincl: ^J^»
Brixe.Ieluydiquccc Cartinieftoitvn homme reprouucdeDicusalpeffiftoitcnjfama- ft"dekv<
lice>veu qu'ayantcognula vcrité,il eftoit deUeaublafphèiriateijr & pcrfccuceuï dftcclle.
Mcdîeuff; médirent qu'ils fecontentoyent, fi ic vouloye accorder le poin&dé laCcnc.
LLU.
Lime VIL Alexandre Dajken.
Ic leur di q i'en eftoye bien daccord,&: que ic voudroye bié que Messieurs en fu fient auf-
fi bien d'accord comme moy. Sur cela ils me dirent qu'il n'y auoit pas grad difFerét d'eux
&c de moy,finon que ie n'entendoye point bien l'Efcriture. Jjt. le voudroye auisi bié en-
tendre tout le refte, comme iefay cepoinft-la.Ilsontdit que i'eftoyc obftiné,&queio
ne vouloyeouyr ce bon Docteur, yi. le nefuis point obftine, mais confiant enlavraya
doctrine.
D.Pou rquoy niez-vous la puùlàncc de Dieu?^..Ie ne veux pas nier la puifsace de Dieu,
mais croy que Dieu a telle puiflance , q de fendre ce Chafteau en deux:& nous dôner ou-
uerturc pour nous en aller, à l'exemple de S. Pierre que l'Ange deliura des prifons d'He-
rode. Manfart me dit, que fi cela fefaifoit qu'il croiroit en moy. Ieluydi,que h'Dieu le
vouloit,quc là puiflancecft bien pour ce faire: mais fa Parolle,qui eft fa volonté, ne nous
enfeigne point que le corps de Chrift (bit dedans ce pain : mais au contraire , qu'il eft au
ciel, pour cela ie ne puis croire qu'il (bit en la MelTc. D. Pourquoy, dit-il, C'eft mô corps,
s'il n'y a que du pain ? rçt. Quand il dit, Prenez, mangez, prindrent-ils le pain ou lecorps?
mangerent-ilslepainoule corps?Ils me dirent que ce n'eftoit pluspain,mais le corps
de Chrift tranfmué au pain. Rt.Si lecorps de Chrift euft entré au pain, on l'euft veu chan
ger aucunement: mais li lors qu'il cftoit la prefent,les Apoftres n'ont point mangé le
corps ni la çhairdeChrift,commentla pourrons-nous manger maintenant qu'il eft au
fcor'"* ciel fi loin de nous? Il me dit, Si le corps de Chrift n'y eft point, pourquoy donc dit lainâ:
Paul, Quiconquele prend indignement ? &c. le luy di,S. Paul fc déclare allez ailleurs,di-
fant, Que les yurongnes ni les paillards, ni les idolatres,n'autres femblables,n'heriteronc
pointle royaume de Dieu: c'eft comme s'il difoit, que le fang de Chrift eft rcfpandu en
vain pour ceux-la. Et c'eft aufsipourquoy à Geneue &: autres lieux, les Miniftres excom-
munient tous mal-viuans,en leur defendât la Cene : &c vous autres receuez toutes gens à
voftre Me/Te. Vous y faites adorer vnehoftie qui n'eft qu'vne idole :& fi làuez bien que
toutcsidolesfontdefendues par le commandement de Dieu: elles &tous ceux qui les
font,& qui s'y fient,font maudits. Or faind Paul nous enfeigne que tout ce que vous fa-
crifiezàl'idole,quelquecholcquecclbit,vouslefacrifiezaux diables &: non pas à Dieu.
Voila en brief les principaux poin&s que i'ay eu côcre ce Moine, prefens Meilleurs,
ileftoitquafifoir: &n'eulmes aiitre propos que principalement delà Cene. I'ay oublié
de mettre en la première Interrogation, que Meilleurs me demandèrent, fiie n'auoye
point cfté en le Roque en la maifon d'vn homme polfedé d'vn cfprit immonde. le leur di
quouy. Sur cela Gombaut médit qu'il m'y auoit ouy. Il y en eut vn qui dit, que i'auoye
mai parlé des Preftres en la maifon du Pofîedé. le leur di que non , mais bien queiefi di-
tp les Articles delà fby , Se l'oraifon Dominicale,& les Commandemcns, &; (i luy di , qu'il
nefâloîtpas cercherfalutnedcliurancedu Poflede,en vn tasdeSaincts nefay quels,mais
n vnfeul Dieu,lequel vous faut adorer feul en efprit & vérité.
AVT RE S lettres d' Alexandre Dayken, eferites de fort propre fang par faute d'encre , aux fidèles de Tour-
nay, & principalement à laieunclfe , afin de fe préparer à tous combats fpirituels . Elles contiennent cho-
fes notaWes,&: par fpecial ladifpute qu'il eut à fon tour contre Ioacim prifonnier Aiubaptifte,deuant tout
le Confeil de Tourna/.
S^P R E S vous auojr fidèlement eferic le principal de mes interrogations &rrefponfes,
^^i'auoyecncorequelqueproposàvous mander: mais. d'autant que l'encre nous eft
failli, force nous eft d'efenre de noftre fang, comme voyez; ^Iefu mandé pour latroiile-
mefoisen plein Confeil, oùentreplufieurs propos monfieurManiàrt à fa façon accoû-
ftumceeremancbt,aflauoir, fticnccroyoye point queles ombrages duvicil Teftamenc
nousfoyent figures du Nouucau.Ieluydiqu'ouy. D. Et l'Agneau Pafcal nous eftoit-il
figuredelefus Chrift ?Icdiqu'ouy. Sur cdaii me fit vn drfeours,difant, l'Agneau eftoic
fans tache , & Iefus Chrift auisi cftoit fans tache :1' Agneau cftoit rofti , aufsi a efté lefus
Chrift : l'Agneau a cfté mangé *& ainfi queles enfans d'Ifraelmangeoyent l'Agneaua-
pres eftrc rofti, aufsi nous faur-il manger le corps de Chrift en l'hoftie. Ievoulu refpon-
dre à cela, mais ilne mç voulut pour l'heure efeouter,mais s'en alla. Lelendcmain ie
luy dieftant redemandé ,qu il m'auoit fait vne belle allégorie. lime dit qu'ouy.Ieluy
demanday, Moniiauti quand les enfans d'Ifrad mangeoyenr l'Agneau, n'dperoyenc-
ils autre choie feulement que cefte chair roftic? Il me dit, qu'ils eiperoyeni^ar foy ïdas
Chriftxôrne aufsiilnelcpouuoitnier.Ieluydiquec^eftoitla Yraycfigurc delà Cene du
Seigneur:
Seigneur : car ainfi ^ nous mangeons le pain aux dents en la Cène, àufsi mangeons-nous
par toy le corps de Chrift à l'exemple de l'Agneau: Se s'ils mangeoyé'c la chair pour ligne
du corps, auffi maintenant nous mangeons levain que Iefus Chrift nous àbaillé pour fi*
gnedeibncorps,efperans-parfoy eftrc participans defon corps & de (on fang. Alorsil
me dit que les lignes & figures font paiTecs,&: que nous auôs la vérité du figne. le luy dc-
manday, fi en l'eau du Baptcfmc il croyoit que ce fuft le fang de Chrift, Se non l'eau ? il me
die que le fang de Chrift eft fous l'efpcce de l'eau . le luy di, que e'eftbit feulement le figne
exterieurdulangrei'pandu pour nos péchez. Sur cela coupant propos médit queievuu-
loye cftre plus f âge que tous les Docteurs. le di, que ie ne ra'eftimoyc éftri fage,mais po-
ure compagnon de meftier.
Et fvn du Confeil me dit, puis que vous eftes compagnon de meftier, pourquoyne
voulez-vous croire à plus iàuans que vous? çt. Monfieur, ieluy veux bien croire, moyen-
nât qu'il m'allègue l'Efcriturc faincte. Et il me dit, qu'on ne fauroit auoir plus claire écri-
ture, que, C'eft-ci mon corps : il ne dit point que ce foitvn fàntofme,côme vous autres
le faites accroire. Vous le faites auoir plus de cet mille corps,quâd vous ledites eftreen
cent mille Meffes, qu'on dit tous lesiours par le monde. ^ Monfieur de Moulbay medir,
quec eftoicaftez difputé,& qu'on ne m'auoit point mande pour difputer, mais pour dire
quieftoitlcMiniftre,&ceuxquieftoyehtenraiTemblee. y.. Mo n fi eu r,Qui n'en fait rie,
n'en peut rien dire. Ils médirent que iefauoyebien le nom du Miniftre. fy.. Si l'cftoyeMi
niftre,iemegarderoyebien de dire mon nom :& font bien fi ad uifez, qu'ils fe gardent
bien de le dire. Me menaçant qu'on mêle feroitbien dire,ic refpondi, qu'ils fiffent ce
qu'ils voudroyent de mon corps,&: qu'ils n'auroyent autre chofe de moy . le fudoncre-
mené:& le lendemain mis fur la torture : où cftant ne me rirent q crier toufiours , Nom» Ajexan<lre
mez le Miniftre, ou quelque autre;mais Dieu me fortifia tellement que ie ne leur di rien gehenné.
qui foit. Quand ils virent cela, ils me firent relafchcr, &les remerciay du bon defiuner
qu'ils m'auoyent fait,fans l'auoir mérité. Sur cela on me mena en la maifon d'vn foldat du
Chafteau, pour me faire chauffer: car i'auoye froid d'auoirbeu tant d'eau maugré moy.
le fu fort malade des reins ce iour-la : car iecroy qu'ils m'auoyent bien tiré vn demi pied
. plus que parauant : Se ce mcfme foir nous fufmes remenez François &c moy en la prifon,
oùnousfommes maintenant, &nous mit-on les fers aux iambes pour tout allégement
de noftre maladie Se de la géhenne, voila en brief les a&cs de cefte iournee.
LE iour enfuyuant après que monfieur Manfart nous eut dit en la prifon , qu'il nous fe- ^ ^ ^
roit amènerai' Anabaptifte loacim , pour nous faire difputer contre luy, nourfufmes JDùJ™*e
produits en plein Confeil,prefens plufieurs Géntiis-hommcs,tant de la ville que du Cha l Anabapu-
fteau.François mon compagnon y fut premier appclé.-mais il ne voulut difputer à raifon ltc'
qu'il eftimoit eftre peine perduc,£uis que gens iàuans Se Miniftres n'auoyent rien profi-
té enuers luy combien qu'ils l'eu fient rendu confus. Quand François fbrtitdela cham-
bre,fy fu mcné,&: faluay tout le Confeil. On me fit afToir face à face dudit Ioacim,& mô-
fiair Manfart printla parolle,mc difànt, Alexandre,nous vous auons fait venir,pour voir
fi vous- vous pourriez accorder enfemble : car fi on eft fàuué pour mener bonne vie , voi-
re pour mourir conftamment , on le peut dire des Anabaptiftcs : car on ne trouue gens
de meilleure vie, ne de plus belle conftanceàla mort, pourtant fivous-vous vouliezac.
corder auec luy, &: tous deux auec nous, vous feriez fort bien,& en ferions ioyeux. le re-
fpondi, Monfieur,ie vous dihiec la caufepourquoy iene vouloye difputer cotre luy. Mô-
fieur de Moulbay me dit, Al exadre,peut eftre q Dieu vousfera plus de grâce qu'aux au-
tres plus fauans que vous, prenez propos enfemble. Ioacim dit, que moins il vouloir di-
fputer. Monfieur Manfart dit, Au moins amenez ici les difFerens qu'il y a entre vous. le
di , Que ie n'auoye iamais eu parolle contre aucun d'eux , Se ne fauoye bonnement leurs
[ difFerens»
I l y en eut vn du Confeil, qui me demanda touchant ladefeente aux enfers, aflàuoir, Defcéteau:
fi ie ne croy pas que Chrift eft defeendu au limbe pour tirer les Pères hors.Ieleur di,Mef- cnfers-
fieurs, quant à ce mot d'Enfer,il fe prend pour tout lieu d'affliction , &C a efté adioufté de- ^ Scr.
puislaprimitiue Eglife, pour donner plus amplement à entendre aux fimples gens la
grande deftrciTe que Iefus Chrift lourFrit en fa pa(fion,iufqucs à dire, quefon ame eftoit
trifteiufqualamort:&encoieplus,quadil eftoit en la croix, Mon Dieu,mô Dieu, pour-
quoy m'as-tu laiffc?&: cefte grande deftrefle venoit de ce qu'il fenroit tous les péchez du
monde chargezfur luy , pour nous racheter des douleurs d'enfer,alFauoir de la danation
LIliL
£/wo VIL ^Alexandre** T)ayken.
ccerncllc. Voila, Meilleurs, ce que i enten de ladefeente aux enfcrs,&rnc croy point ce cj
vos preftres veulent faite accroire, qu'il alla iouër vnc farce aucc vnc croix de bois en (a
main>& vne bannière au bout,fe moquans de Dieu & defon Fils Iefus Chrift,comme s'il
n'auoit aboli & aneati les enfers par fa mort &. pafsiô.Ils fe mirét tous à rire,& TAnabapti
fte aufsi : mais quandils eurent afTcz ri, il y en eut vn qui médit que Ioacim difôit, Quad
lésâmes s'en vont dece monde, qu'ellesalloyent dormir, fans fentirne bien nemal. le
leur di, Que les ames des fidèles en departanc de ce monde s en vont iouyr de la vie bien-
Luc^, heureufe, comme Iefus Chrift dit au Brigand , Auiourd'huy tu feras en Paradis auec
Apoc.tf m0y. Et aufsi en l'Apocalyple, où il eft dic,que les fidèles font repofansfouslautel,& l'au
tel eft Chrift. Voila, Meilleurs, comment ie croy que les ames des fidèles iouyfTent dés
maint enant delà gloire éternelle : mais non point fi pleinement qu'ils feront après la re-
furrection. On demandaà Ioacim qu'il en difoit. Il dit qu'il s'en contentoit bien. Ily
eut derechef vn qui me dit que Ioacim ne croyoit point de Purgatoire. le di,quei'cn
purgatoire croy0ye vn> majs non p0jnt cciUy qUC les preftres ont forgé pour fonder leur Méfierais
iJcam. la purgation des péchez par le fcul fang de Iefus Chrift, qui eft l'Agneau fans macule.Or
vos preftres veulent forger ienefay quel Purgatoire dcfeu,difans,qu on eft racheté de ce
Purgatoire par Me(lés,lefquclles aufsi il faut racheter par argent, qui eft direclementcô-
iJicn-ci.J crc i'£fcrjturc qui diCî Que nous ne fom mes pas rachetez par or ou argent. ^"Derechef
on nous fit parler enfembic Ioacim &: moy,&fpecialcmét du Baptcfme:itleurendico-
meauparauant: D'autant que les promeifes ont efté faites à Abraham &c à fes enfans: &c
que la Circoncifion eft donnée aux enfans, qu'aufsi le Baptefme leur appartient. Lors
l' A n abaptifte me dit,qu'on ne circoncifoit point les filles. le luy di , que quand l'Efcritu-
re fait mention, Que les paillards,yurongnes,& idolâtres n'hériteront point le royaume
descieux, ne parle-il point aufsi bien aux femmes qu'aux hommes ?& toutefois il ne par-
le finon des hommes. Pourquoy eft-cc que la femme aefté tireede lhommeî&que les
deux font vn, & font conioints enfemble? Ioind qu'en l'ancien Teftament on prcfèntoic
quelque don à l'autel pour les filles. Meilleurs dirent que c'eftoit afTez parlé de cela,&
^ ,„ qu'il reftoit de dire de l'Incarnation . le leur di , Que quant à moy , i'eftoye bien con-
Dc 1 Incar- » • . „ , M . ^— , , „ ' .
mtionde tent & a mon repos, &: que ic ne vouloyc plus parler, veu qu on ne faifoit que per-
Chrift. fac peine. Meilleurs dirent à Ioacim qu':l parlaft. Il dit, que ie ne le vouloye point ouyr.'
Mcfsieurs dirent qu'ils parleroycnt eux aueemoy. Iedià Mcfsieurs, que ieleur vouloye
GaUt.4.4. bien déclarer ce que ic tenoyederincarnacion, & qu'il eft eferit aux Galat. que quand le
temps a efté accom pli, Dieu a enuoyé fbn Fils fait de femme,& fait fous la Loy,afin qu'il
Rom.i. rachetaft ceux qui cftoyent fous la Loy.Et aux Rom. qu'il eft defeend u de la lignée de Da
uid félon la chair, &: s'eft déclaré Fils de Dieu félon lEfprit defanftification. Et quand ic
^Benef j. n'auroye que ce fcul tefmoignagedc Genefe, Que la femencede la femme briferoit la te-
ftc du ferpent, (afTauoir Chrift qui deuoit eftre fait defemmefelon la chair)c'eft vne pro-
méfie fuffifàntc que Dieu fit à Adam & à fà femme, à fin qu'ils ne tombaient en defe-
fpoir, mais rembarrafTcnt Satan qui les auoit feduits . Alors Ioacim dit , que ce n'eftoit
point lediable qui les auoit feduits, mais le ferpent. Mcfsieurs fur cela furent comme
courroucez, mais ie leur rcfpondi, Quei'auoye toufiours bien dit que ie n'y gaigneroyc
rientmais qu'ils iugeafTentcntreuxdenousdeuXjlcquel auoit meilleur droit félon lcfens
dei'Efcriturc. M. Manfàrtdit, Alexandre,ie tiendioyepluftoft des voftres que des fîens:
car,dit-il, il reiette entièrement noftre Loy comme vous , &c fi a encore d'autres erreurs,
ce neantmoins ic vous voudroyebien voir d'accord auec nous. çt. Monfieur,à la mienne
volonté que Ioacim &c vous tous voufifsiez accorder aueenous : car ic fuis certain q vous
& luy elles hors du droit chemin. Commentccla? dit-il, veu qu'il y a fi long temps que
nous fommesainfî.Monficur,di-ie, quand il n'y au roit autre choie qucccïa,que vous
nous voulez faire trouuer le corps de Chrift où il n'eft point , & que vos preftres difenc .
qu'il y eft aufsi grand &c aufsi gros qu'il cftoit en la croix. Lors il dit,quecc font beftes qui
ci efto lecroyentainfi. AcelaloacimrAnabaptifte dit, Pourquoy ne les bruflez-vous pas aufsi
a<iCiouftc,0& bien que nous, puis que vous dites qu'ils errent? Ils dirent, qu'ils n'en fau©ycnc nuls. le
coité en leur di,qu'il n'y en aquoparccntenTournay&Tourncfy , qui ne prefehent autre chofe
TnmLa- tOUS les iOUrS.
uvitionoflé Alors leConfeilfeleua,&nousfitrcmener,afTauoir,Ioacimalaville,&:nouscnno
UfùMcequi ftrepri(onciu Chafteau. Voila en bref les principaux propos que nouseufmcscciour-la.
fTrïriZ Les autres me leroy et trop lôgs & difficiles à eferire : &c aufsi pourec q noftre fàng, qli i eft
noftre
^AtéxandreDaykeji. €13
noftre encre, nous eft trop cher pour le prefènt : car ceux qu i né mangent que cîu pain &:
ne boiucnt que de l'eau, ne peuuent,comme fâuez, eftrc gueres fanguins.ParqUoy m'ex-
euferez li iclefay bref, en me fupportanc & pardonnant les fautes qui y font . Priez tous
enfemble pour nous tous les poures prifonniers de Iefus Chrift , cependant q nous fom-
mes viuans en ce monde : afin que Dieu par fon fainct Efprit nous v ucille augmenter la
foy auec vraye perfeuerance iufques à la dernière goutte de noftrefahg. Et au deflou* c-
ftoit eferir,
Alexandre Dayken, chaufletier de mon meftier.Dayken eft mon furrtom,combien q
icncrayiamaismanifefté,fieft-ce que maintenant.ie le manifefte à Meilleurs de
Tournay, à qui Dieu donne cognoiflance de fa parolle,ann que le peuple de Dieu
foit enfemble inuoquant fonfàin&Nom publiquement. Amen.
EPISTRE dudit Alexandre, par laquelle il confole Sradmonnefte les frères de Tournay,mon{trant la gran-
de ioye qu'il a en fes affligions.
S T A N T par la volonté de noftre bon Dieu appelé en celte captiuité , ie me fuis
_jfort efmerueillé delà confiance qu'il luy a pieu me dôner, veu iesaffauts qui m'ont
cité prefentez,&: la géhenne qu'il m'a fa lu endurer. Icncpuis,di-ic, magnifier le nom de
l'Eternel, de tant de bénéfices qu'il me fait iournellement : car tant plus ie voy les affauts
venirducoftéde la chair, tant plus ie fèn de l'autre cofté la bonté du Seigneur remplir
mon efprit de ioye & coniblation , tellement qu'en ces combats ie fuis comme raui en e-
fprit,fentantce bon Dieu prendre ma caufe en maimtellcment qu'il ne mefemble point
queiefoye en la prifon, encore que i'ayeles pieds &iambes enferrées dedans ces fers. O
mon Dieu, qu'eft-ce que d'eftre participai! t des afflictions de Iefus Chrift ton Fils?Quâd tfatx.tà
ie vien à coniiderer la parolle proférée de l'a bouche facree, Que nous fommesbicn-heu-
reux quand on nous aura perfecuté &c dit tous maux , en mentant à foccafion de fon
Nom (& ce qui s'enfuit ) 6 la grande confolation que ie fen ! mettant en exemple les Pro-
phètes qui ont efté deuant nous,qui eftoyent AmbafTadeurs dece téps-la, enuoyezpour
annoncer la venue de Iefus Chrift.
O mes frères & fœurs,puis q le Seigneur maintenant nous appelé tant doucement an
rcngdeceux-la,refuferons-nousd'allcrà luvfrcfuferons-nousjdi-ie^e porter fa croix?veu
que luy-mefmc ne s'eft point efpargné de la porter, voire de s'eftre luy-mefme prelènté à Mat.z1J.4rfJ
lamortlapîushonteufequiaduintiamais à homme? Certes ie n'ay point de honte de-
ftre cmprilonné pour fa parolle, voire d'eftre géhenne & enferré, ne d'eftre misa more
cruelle, quand fa volonté fera , foir par feu , par glaiuc,oupar quelque autre tourment
que ce lbit. Et vous mes frères &: feeurs en Ictus Chrift, ne foyez pas honteux de porter la
croix quand la volonté de Dieu fera de vous y appelcr.carc'eft le moyen pour paruenir MatI0.3g
auroyaumede Dieu : comme Iefus Chrift telmoigne luy-mefme, difant, Qui ne prend
fa croix &c me fuir, il n'eft digne de moy. Et fainft Paul dit, que nous ferons participans de *Tim.j. 1*
fon Royaume fi nous fouffions auec luy. Item, tous ceux qui veulent viurc fidèlement
en Iefus Chrift, fouftriront perfecution. Miis encore quand ie vien à penfer aux promef-
fes de Iefus Chrift qui font faites à ceux qui endurent perfecution pour (on Nom, iefuis
raui d'auancagccôikkrant ces parolles,Qui vaincra il ïèraaflls fur mon throne,ain fi que . ,
i' ay vaincu,& ie fuis aflls fur le throne de mon Pere. Item quand il dit , Qu'ils feront afïis poc'î"ÎI'
au banquet de l'Agneau. Se encore en vn autre lieu,Qui vaincra héritera toute chofe, &: Apoc.11.7-
ie luy feray Pere, &: ils me feront fils &fillcs,dir le Seigneur tout-puiffant. Et e'eft ce que
Iefus Chrift confolant les fiens après leur auoir mon ftré la perfecution pour les rédretât i<?
plus conftans, dir, Que le royau me des cieux eft à eux. voila, mes trefehers 6c bien-aimez & I0.i4.
en Chrift, lacaufe féconde de ma ioye.
O quelle ioye, ô quelle confolation fera-ce, quand nous viendrons en laiouyiTance de
la vie bien-heureutequand nous viendrons à receuoir la couronne degloire incorrupti-
ble , laquelle eft préparée àceux qui vaincront , quand le Fils de Dieu viendra accompa-
gné de fes Anges &: auec cride haubois, difant, Venez les bénits demonPere, venez,
pofledez le Royaume lequel vous eft préparé dés la conftitution du monde! Ornes tref- îtlî34*
chers, comment ?ne nous efforcerons nous pas dcnousrcdre de plus en plus obeiffansà
noftre Dieu» couras par patience au pris qui eft p lopofé'fourFrirôs-nous qu'on nousrauif
fece Royâume lequel eft préparé à tous ceux qui obtiédrôtla victoireîQuelle chofe nous K.?m. 8. 3^
LU.ih.
L iurc^j VIL Alexandre Dayken.
feparera de Chrift ? fera-ce tribulation ou pcrfecution? icra ce famine: fera-ce poureté ou
maladie ? fera-ce la crainte de perdre les biens? fera-ce la crainte d'eftre banni , ou chaC
le du pays? non, non: tout cela ne me pourra feparer deChnft. pourquoy ? pource que
Mat i€. is. quand mefme i'auray gaigné tous les biens du monde , & cependant ieray perte de mort
amc, que faurpye-ie donner en recompenfe pour icelle ? Se quand fauroye fauué ma vie
Rom 8.38. en ce m0nde,ie la perdioy e en la vie éternelle. Que feray-ic dôc ? le diray'auec faincl; Paul
qu'il n'yauranihautefîe, ni profondeur,™ choie preiente, ni choie à venir , qui melepa-
rcradela diledion de Chrift. pourquoy ? pource que Dieu eft pour nous. &fi Dieu cft
pour nous, qui fera contre nous ? fera-ce ce m al- heu ceux monde ? fera-ce la chair? lera-cc
le diable? non : car Dieu a maiftrife fur tousccux-la. SonFils,lon Fils, noftre fouucrain
Luc 11.1S. ^ j -t jUy_mc£me de fa {'aincte bouche , qu'il ne tombera point vn feul cheueu de 110.
i.Cor 10.13. ftre tefte fans la volonté de noftre Pere qui cft au ciel, voila comment ic m'ailcuredcilus
la parolle de noftre Dieu, ôc croy auec faincl: Paul, que Dieu eft fidèle, & qu'il ne permet-
tra point quenous fuyons tentez outre mefurcains donnera bonne ifluc à nollrc tenta-
tion. Nous (huons que noftre Dieu dôna coge au diable d'arfliger lob quant à Ion corps,
mais il n'eut aucune puiftance fur fon amc :lob demeura ferme &: confiant •• &: le diable
fc retira de luy:& noftre Dieu luy fît grâce de Iuy redonner des bien s & héritages plus
qu'anparauant. Aufli le mefmc Dieu maintenant ayant donne punTanceaux hommes
d'affliger nos corps, ncantmoms ils n'ont puilfancefui Tamc:& à l'exemple de lob, quâd
ce bon Dieu aura veu noftre perleuerance,il aura pitié de nous,&nous recompenfera de
tous maux que les hommes nous auront faits. Il nous donnerala vie éternelle , qui eft la
meilleure recompenle de toutes, où nous iouyrens pleinement delà gloire celelte,& fe-
rons alîîs à la table de l'Agneau, nous ferons lors inges de ceux qui maintenant nous ju-
gent :&: IcfusChrift leur donnera recompenfe du bien qu'ils auront fait en perfecutant
&: mettant à mort Ces enfans &c elleus. Il leur dira en voix terrible &c efpouuantable, De-
Mat.i5.41 partez_vous de moy,maudits de mon Pere, vous qui aucz i'uyui iniquité: allez au lieu qui
vous eft détermine auec le diable &: fes anges, plein de pleurs 8c degrincemens dedents
où vous ferez tourmentez àiamais.
Voil a, mes trefehers, la recompenfe que les mefehans reccuront pour leur falairc,
d'auoirvefcu félon lemonde,(ansauoir regardé à la volonté de Dieu. Au contraire co-
gnoiflansquelcsbonsiouyrontdelavie bien-heureufc &:perdurable, contemplons de
près au nom de Dieu , lequel des deux eft plus expédient, ou de fuyurcle monde& obéir
aux hommes, ou de laifïer le monde &: obéir à Dieu. Certainement quand nous aurons
bien contemplé ce bien éternel qui cft préparé aux cflcus:&:au contraire, les malédi-
ctions qui attendent les meichans après cefte vie : ayans bien examiné l'vn l'autre, noftre
confeience aifément iugera quel eft le plus neceffaire. Et (i noftre confeience le nous iu-
ge,&:nousnelefuyuonspas,quelle,penfez-vous,feranoftre condamnation? O fiDieu
nous donnoit encore les moyens &: le temps de vous refa ire, ie ne me laflêroyeiamais.'
LadifScul- Toutesfoisievouspriedefupporterdccequcic vouseferi (îtref-mal: car nous fommes
le?U0»r« en vne tour "* °blcure& fi noire,qu'à grand' peine y peut-on lire n'eferire, ii ce n'eft corn-
prifooniers me àlaprcs-dilher enuiron vne heureou dcux,quand le foleil eft de noftre cofté.
d'eferire, j» B $ p e r e donc que vous mefupporterez en cela, &aufsi les fautes qui v font: car
doit excu- .. 1 . \ * , , . ,, 1 1 . x
icr leurs c- ie ne vous ay point elcrit pour en auoir quelque gloire , mais pour 1 amour que ie porte a
fcrte. toUs en gênerai ,&: fpecialement àlaieuneife, pour 1 affection que l'ay veuë qu'ils por-
tent à l'Euangile du Seigneur refperant que d'auantage ils feront frui£t à noftre exemple:
&aufsi afin qu'ils ayentibuuenance de nous en leurs prières, à ce que noftre Dieu ait pi-
tié de nous en noftre infirmité, nous augmentant la foy en vraye perfeuerance iufques
àlafin.Dieu nous en face la grâce, &:à vous tous: qui fera la fin auec grand dueil d'vn
cofté, &: grande ioye de l'autre. La dilection de noftre bon Dieu, la grâce &: paix de noftre
Seigneur lefus Chrift, parla communication de fon iaind Efpritfoit &: demeure eter-
nellemenrr.uec nous, &C auec vous, Ainfi fbit-il. le me recommande à toute la ieunefle
en gênerai, tant ceux de dehors que ceux de dedâs : qu'ils ayent toufîours bon courage,&:
perfeuerent de bien en mieux, fuyuans toufiours la doctrine de l'Euangile, car c'eft par
icelle que nous efpcrons falut.
t XTRAIT des lettres qu'Alexandre a eferites fut la fin à fon frcre.-en partie de fang nulle' par necefsité
& faute d'encre.
MON
^Alexandre** T>4yken, 614,
^ ON cher frere,felon l'apparence que puis apperceuoir , voici la dernière fois que
1e vous pëurrayefcrirc. Toutefois fi Dieu medonne le moyen-ie ne laifTeray vous
efcrire,foit que foyez en Anuers ou à Londres,ou autre part.Que fi Dieu par longue pri-
fonmcveutexercer,iel'ay bien merité,&: mes péchez en feront pluftoft caufequechofe
que ie puiite alléguer. Toutefois félon l'apparcncchumaineien'efpere pas viureen ce
monde encore huit iours.Or,mon frère, ie vous veux fimplemét aduertir, qu'il ne fe faut
pas préparer à la croix, qui ne veut pourfuyure iufqu a la fin, autrement ce feroit à noftrc
condamnation. Et comme nul gedarme quibataille,ne s'empefche aux affaires de fa vie, 1-Tim-i- *x
auffi faut-il que ceux qui bataillent pour la querelle du Seigneur, laifTent toutes chofes
pour porter la croix.Noftre Seigneur dit,Qu.j aura garde' fa vie,la J)erdra:& qui l'aura per- M*e.m$*
due pour l'amour de moy,la fauuera. Preparons-nous, afin que quand l'cfpoux viendra, lÛcl.J *
nous ayons fioftre lampe toute preftc,afin d'entrerauxnopces auec luy.La lampe nous
eft dônee, non pour la mettre fous vn muid,mais fur lechadelier,afin qu'elle efclaire par
toute la maifô:car fa Parollc ne nous eft pas dônee pour la laifTer oifiue, mais pour la met-
tre en effc£t,afin q par noftre bonne conuerfàtion nous amenions les autres à la cognoif-
fàncedefalut.
Pv i s donc,mon frère, que Dieu vous a fait la grâce de vous auoir retire' des ténèbres
d'ignorance à fa lumière inénarrable, gardez- vous d'abufer defès dons. le vous prie nou
blier ce qu'auez apprins de moy,c'eft de prier Dieu & foir & matin , & deuant &: après lé
repas:item en cheminant (bit de iou r foie de nuift. Il vous fouuienne, di-ie, d'inuoquer le
nom de Dieu . Le fils de Dieu nous en a donné l'admonition, difànt , Priez fans cefTe:cat
Satan eftant fin &: cauteleux, il appartient bien que nous ayons les yeux au guet efleuez
en haut.Ie vous prie q par tout où vous irez,que vous cerchiez toufîours l'Eglife deDieu,
afinde ne vous laifTer tranfporter par le monde . Et en quelque maifon ou ville que vous
demeurerez, que vous foyez toùfiours fidèle , & parliez de la parolle de Dieu, afin que les
mefehans & iniques, voyans voftre bonne conuerfàtion foyent côuaincus : les fîmples i-
gnorans puifTent par voftre moyen eftre attirez à la Vérité .Nulle parolle deshônefte ne
forte de voftre bouchc,mais pluftoft propos d'edificatiô, &c de grâce, afin que le fruict eri
reuienne à ceux qui l'oyet.Et le Dieu de toute etcrnité,ie dile Dieu d'Abraham, d'Ifaac*
& de Iacob,vous confermant en la vraye voye de falut, vueille tellemet conduire vos pas
par fon fainct Efprit,que par tout où irez , il vous enuoye tout ce qui vous eft necefTaire
& propre,tant au corps qu'à l'ame, vous afTeurant fur fa Parolle. Il dit qu'il a foin des pal- Matr.*.**;
fercaux: 6c vous eftes plus que paflercaux,&: valez beaucoup mieux: or s'il afbindes be- Sci°'16-
ftes,auffi à plus forre raifon,l'aura_il defes enfàns. AfTeurez-vous que moyennant que ne
l'oubliez, il ne vous oubliera pas auffi . Et moyennant que vous luy demandiez , ille vous
donnera: car il a dit, Tout ce que vous démanderez à mon Pere , en mon Nom, il le vous Jja^jJ1*
donnera,voire,moyennant que vous luy demadiez auec certitude de foy . Et Dieu VOUS Marc 11.14
en face la grâce, &c vous vueille tellement conduire par fon faincl Efprit^que tout ce que Lue,I-7
vous direz, ferez, ou penferez , foit à la gloire defon fàinét Nom , &: à l'édification de vo-
ftre prochain.
Ie feray icila fin,prianr encore & encore noftre bon Dieu & Pere, au nom de noftre
Seigneur Iefus Chrift, qu'il vous vueille parrour conduire &gouuerner: vous vueille for-
tifier & augmenter de plus en plus les grâces defon fainttElprit,afïn que vous-vousgou
uerniez toufîours félon là faindc Parolle : &ù quand l'heure du Seigneur fera venue pour
départir de ce monde, vous foyez receu au royaume éternel de gloire, & qu'enfcmble
nous-nouspuilfionsrrouuerau banquet del' Agneau, pour triompher éternellement a-
ucc IefusChnft& fesfainds Anges. Ainfi fbit-il. Mon frere,ie n'efpere plus quant à moy
de vous voir en ce monde des yeux corporels,mais i'efpere q me trouuerez en la vie bien-
heureufe . Car dema part i'ay pieça receu fentencede mort en moy-mcfme :& l'efperej
moyennant la grâce de Dieu, batailler bonne bataille, iufqu ala fin.PartantiedijAdieuj
non feulement à vous,mais a tous mes amis &: parens .Noftre bon Dieu par le moyen de
fon Fils Iefus Chrift, en la communication du fainct Efprit foit &: demeure eternelJemét
auec vous , & auec tous ceux de ma cognoiftance , &; généralement auec tous peuples &c
natiôs de la terre. Adieu ma mere, Adieu mon frerc, Adieu mes fœurs, &c mes beaux-fre-
res. Adieu vous di tous mes amis. Adieu tous trefehers frères &: fœurs en Iefus Chrift,qui
eftes à Tournay,Valcrtciennes, Anuers, Tlfle, & Cambray: fans oublier Geneue &: Lon-»
dres, Louuain, &: Orléans: &: en gênerai toutes les Eglifes de Dieu qui eftes efparfes pai
tout le monde vniuerfel. LL1. iiiï.
Lime VIL François Varkt>& aJIex. Daykerï.
LE C an tique oefdits prifonniers ici înfcr^monftrc que de ioyc accomplie ils artendoyét li Volonté deDieui
puis qu'en vers (n'y cftans autrement duirs ) ils fe font cliouis. Et l'ont chanté fur le chant du Pfeaume
Eftansaffis.
DE* an s Tournaycnprifon tenebreufe Confcrme en riousfafain&e vérité:
Nous accédons la iourné bien-heureufe Donc à fon Nom chatons grâce & louage,
Qu'on nous ira cous mener à la more: En cefte cour en prifon fore eftrangc.
Or nous fauons bien que c'eft à grand corc: Recognoifians auffi la pecicefle
Car quanc à nous erreurs ne voulôs fuyure, Qui eft en nous, recourons pour adreHè
Mais cous en Chrift voulos mourir &c viure. A noftre Dieu,l'inuoquans au befoin
Enquis auons efté,Si en la Mcfle Difans,C'eft coy qui promecs d'auoir foin
Nous ne voulons auoir aucune adrefle, De l'affligé, qui après coy s'eferie.
Pour y cerchcrlecorpsdelcfus Chrift: Affifte-nous don c&c nous forcific:
Nous auons dic,ainfi qu'il eft eferic, A celle fin que iufqu a la more dure
Chrift eft là fus à la dextredu Pcre, Putflions coufiours maincenirl'Efcricurc
Prianc pour nous,cftac coufiours profperc. Concre Satan & fon fils l'A necchrift,
Ec que le pain de la MefTe exécrable En reieccanc cous fés mefehans eferics,
Eft pour cercain idole abominable, Tradicions,abufions infâmes,
Ec que Sacan par cefte abufion Qu'il a mis-fus pour feduirelcs ames.
En a m ené maints à perdition, Ec puis,ayans obeenu la victoire
Les retirant hors du Diuin feruice, Soyons receus auec coy en ca gloire» 1
Pour faire à luy honneur Ôifacrifice. Où nous ferons à coufiours iouyifans'
Suy uanc cela,en prifon force &c bafie De tous plaifirs en nous refiouyifans:
Sommes remis,auccques grand' mcnaiTe, Chantans à coy louange de voix viuc,
Donc maincenanc nous ateendons le iour, Bcuuans coufiours aux fon caines d'eau viuc.
Qu'on nous voudra faire viure à coufiour, Vous de Tournay,cognoiiTans la Parole,
En deftrunanc cefte maifon cerreftre: Voilacomment noftre Dieu nousconfolc.
Nous enuoyanc auroyaumeeelefte. Parquoy, prenez courage,& tous bôs cœurs
Enacccndantceftehcureufeioutnee, Ayczen Chrift, tanc que foyez vainqueurs
Cerces par nous grand' ioyc eft démenée: Del'Ancechrift, fans fimuler ne plaire
Car nous fencons que Dieu par fa boncé Au faux Satan qui eft noftre aduerfairc.
A Y a n s cidefTus au commcncemenc de cefte hiftoire monftrélafourcedclaperfe-
cucion aduenue en Tournay. &: de quel courage ces deux , François & Alexandre en
la fleur de leur aagé,s'cftoyenc confacrezau pur feruice de Dieu:il refte maincenanc à dé-
clarer l'heureufe fin qui a couronné leur courfe , & les courmens qu'ils ont enduré en la
prifon,qui leur ont cfté corne remèdes préparatifs pour receuoir le brcuuage de la mort.
En quoy ils onc manifeftemenc déclaré que l'Euâgile ne leur eftoic pas en la bouche (eu-
lemenemais engraué au cœur, de l'abondance duquel ils onc parlé les parollcs que nous
auons ouyes ci deflfus.Ce n'a pas,di-ie,efté en vai^qu'ils onc cane de fois die en la vertu de
l'Efpric du Seigneur,quc la couronne de iuftice leur eftoic appreftec : àc qu'en cefte con-
fiance ils onc fi aflfcurémepe marché à la more. ^"Le Samedi dixième iour d'O&obrc leur
apporta cefte heureufe dehurance , qui eftoic le vingequacrieme iour depuis leur empri-
fonnemenc.Mais pour plus grande approbacion de l'hiftoire,nous recicerons les fencéces
decondamnacion concre eux ce iour-laprononcees.Ecprcmieremenc contre F.Varluc
V E V le procès criminel démené pour iuftice à tencotre de François Varlut^fls de Haimond,de fon slil
Jàyeteur,natif de cesle ville cité de Tournay: chargé, attaint 0* conuaincu s'eslre depuis certain temps
"cahohquta feparéde CegUfe * catholique : & tenu, plufieurs propos erroné^, & fcandaleux contraires à lafoy catholi*
Uurfto» de yUe ^ do^nne fa l'eofife générale &* vnmerfelLe.Mefmcment d'auoir efiéen plufieurs ajjèmhlees & co-
ËmZw^w uemicubs tlliŒes.Iomè que ledn François a eflé par le JioynoslreSireyb vingtjiptiemeiourde Nouem-*
niLaj>p<lem ln dernier paffé^banni par défaut &* contumace perpétuellement & a toujours hors de ces pays barde*
n*mgii, fafir Pe'ne °e k ^rt.pour efire fujfeâ " dherejîe , & chargé d'auoir par diuerfes fou en afjemblees &
htnfie. ' conuenticulesdepluftcursheretiques,predtcans ér dogmatisons le tout contre thonneur de Dieu,contef>t
"nMh^e ^ rehgion-athohque&contreuention aux ordonnances &placars dej*"Maiefté. Et que nonobslant
"oMf,Lftofi' ledit banntjfement, il s esltrouué derechef en certain conucntiçule & prefche <jui seftfatten certainbm
& fyes C€fie yi^Ci °* * eilé appréhendé: Veu aufîi queflits erreurs &* pertmaate ilperfisle, nonobftantpks-
toHujuù peurs bonnes admonitions &* enfetgnemens a luy donne^par * Théologies dp* autres dateurs àf^effife^
François VtrkttQt Alex.Daykm, 6i j
cm fîderé tout ce qud fait a cohfiderer,Jà Maiefîe à grande &> meure àehberdttùn dé confél, (jy pour rai-
fon des crimes fitfdits , a condamné & condamne leérFranfùis Varlut d auoir la refie trenchte, déclarant
fes biens, fi aucuns en a, confifque^ . C e l l ï con tr e Alexandre eft oie de cefte ten cur:
VEV leprocés criminel \fak pour" htftke aï encontre S ^ilexandire Day^en ,defonfid ùauffetter, " O'M"/*
natif de Braine4echafieau,chargé,attaint,^p*conuaincH sefirepafièphsUng temps feparédeCcgtifeca- ^™m*'
tholitjuc, tenu plufieurs propos erronneT^ & fcandaleux contratreta la foy catholique & dotinne de
teglife générale & yniuerfeUe, mefmement d'auoirefiéen plufieurs conuenticules & diuers lieux, contre-
uenantaux ordonnances & placars défis Maiefté. Mefine que ledit Alexandre enuiron y» an a eflcba*
ni de Valenciennes pour les chantenes & efmouons y advenues : cfquels erreur! & perttnactté il perfifie-t
nonobfiant plufieurs bones admonitions &* enfeignemtns à luy donnez^ par Théologiens &• autres IH*-
Heurs de FeglifeiEtyeu & cofiderétout ce quilfiiifoit à confidererje " Ray noftre Strejt grande (9* mm- " d**
re délibération deconfetl,& pourrai/on des crimes fit/dits , a condamné &çondane ledit Alexandre £ a jljiJZffi/a
uoir la tefle trenchee par" F Exécuteur des îugemens crimmels.detlaratfies biens fi aucuns en a,confifque7^ <Lmtum»*,fi
PRONONCEauchafteau deTournay ,prefens Mejjîeurs de Moultay , Guillaume de Maude,fieL '**-,#S*
gneurdeManfart, lieutenant de haut (9 puifJantfieignenr,monfieUrleBailli deTournay f> Tournefy: J3r«uE*
Ç£* les confetllers du Roy noftre Sire efilits bailitages,le dixième tour d'OtHobre m. d. l ï|i , M. Hermès *** ^ ma**~.
de Vyin°lecon[eâer,lean Gombautfeigneurd^jlimotreceueurdu Roy,PafquierdeleBarre,procureur, 2'
confeiller du Roy, maislre Pierre de ùaulay,maiftre laques le Clercaduocat du Roy. " 1$ nom <f-
Exeaueur
Q
Van d cesdeuxpatienseurentreceulemefTagedecesfentencesdemort,quifutau ^2JJ"W
matin dudit iour,tant s en faut qu'il en ayent elle effrayez ou cftônez,quc mefme dés «mp«* pk-
l'inftant rendirent grâces à Dieu du bien &c de l'hôneur qu'il leur faifoit , à eux petis vaii- JSr 4 "*
féaux bc pourcs creatures.Et dece peu detemps qu'ils curent depuis qu'on leur eut figni- ltJ*mmeK'
fié en la prifonlefdites fentences, iufqucs à l'exécution d'icclles, ils efcriuirentlcs lettres
qui s'enfuyucnt , pour aiTeurace &scôfblation des autres prifonniers &c pnfonnicrcs pour
l'Euangile du Seigneur. Elles (ont djgnes(commctoutes les précédentes) quelapoftcritç
life& entende.La première eft de François Varlut,commes'enfuit:
A tref chere&: bien-aimee fœur , après auoir reccu fentence de mort , ie vous eferi
la prefente,vous aduertiflant q nous paierons par f efpee Alexandre & moy.Non
pas qu'ayons accordé en vn feul pointt auec nos aduerfaires autrement que nos interro- .
gâtions &: confefïîons portent: mefm es que leur auohs dit ^quenous aimerions autât paf
fer par le feu queparl efpee.afîn qu'ils ne facent accroire au fimple peuple delà ville que conftance
nous-nousfommesdefdits.Ils m'ont rêfpondu qu'on nediroit au peuple autre chofe que
la verité,& que Meffieurs nous font cefte grâce de mourir plus doucement. le leur ay die D° fc
derechef, Que nom aimions autant defignerla yeritéde Chnjlpar les cèdres de noslre corps que par no-
ftrefiang. Aucuns dirent que c'eftoit par gloire q nous dilionscela. Non, di-ie, mais eftans
fondez fur les promeuves de Dieu , qui a promis d'aider&aujftcr à pafler les afflictions à
ceux qui l'muoquerôt.Nous-nous afTeuros qu'il no9 feroit palTer le feu auffi bié q l'efpee.
Or,ma b ien-aimee,ie di Adieu,adieu , adieu pour la dernière fois . le ne puis plus eferire:
l'heureapproche qu'on nous viendra quérir. Adieu,mcs tref-cheres fœurs, fuyuez-nous,
nous allons deuant au banquet. Ainfiloit-il.
'autre lettre esJoit efirite de fang: &contenoit en la fùfcription,leftts Chriftyous foitpourfakit.
bien-aimec fœur,fi i auoyelcs moyens i'eferiroye volontiers tantà vous comme
aux autres , mais il fe faut pafTer en patience auec peu de mots . le vous prie feule-
ment d auoir en mémoire ce peu de parolles que ie vous di l'autre iour en pafîan t : afîa.»
uoir,que ce nefirten de bien commencer, mats quilfautperfeuereriufquà lafin:voirc8c prier inftâ- -
ment noftre Dieuo qu'il me face la grâce que ie puifTe prendre cefte admonition pour
moy à cefte heuFc,à ce que ie puifTe batailler conftamment, & obtenir la victoire par def-
fus tous mes ennemis : &que ié puifle receuoir la couronne d'immortalité auec Chrift.
De voftre coftéîtrefchcrefœur,faites voftre dcuoir de profiter en la cognoiflace de Dieu
& de fa Parolle,& en la foy q nous auons en noftre Seigneur lefus Chrift.Et fi Satan vous
baille encores desafTautsau dedans , ou fî vousfentez en vous encore beaucoup d'infîr-
mitez,nc perdez point courage pourtant , mais repou (Fez Satan arrière de vous, vous ak
feurant que lefus Chrift eft dcbonnaire,&: qu'il ne rompra point le xofeau caffé, mais re*
drcfTcra les infirmitez qui font en vous.
Sume de s elctitsdemonfttcnt quelle eftoit leur confiance , qui s'eft monftree déplus admi-
rhiftoirc ^ratie, quand ils ont efté produits en la naaifoo du preuoft des Marcfchaux dudit Cha»
fteau,près du pot qu'on uôïne du Munier. Amen é que fuç la Fraçois Varlut le premier,
il y eut vn Cordcher enfumé,quinecefTa de le troubler par difputes &allegatiôs tirées à
f'afaçon,pourluy empefcher les fain&cs cogitations &:confolations que le pourepatient
auoit à méditer deuant la mort tout apprcftec . Quand Alexandre fut amené' deu an tic
peuple qui làeftoit,d'vn coeur allègre &: hardi ( comme toufiours il s'eftoit monftré)fe
print à dire le mettant à la feneftre: Et dea, mon frère François,ce Caphard feducteur ne
tafchequede troubler nos cfprits: & voudroit par (on fouhait attirer vn million dames
àperdiciomPuis apres,on les fit defcendrede la chambre où ils auoycnt efté menez,pour
lestranfporteraulogisdu gouucrncur dudit Chafteau, en attendant l'heure de l'execu-
tion.Eftans vn peu outre le pont,ils fe mirent à chanter vn Pfeaume de Dauid.Quoy oy-
ant le feigneur de Moulbay,tout indigné leur dir,Si vous ne vous taifez, on vous baillera
Us appelentledentillon.En les menant à l'hoftcl du Gouuerneur , plusieurs delà ville à grand' prefle
lcDcntUlon, jcs fUyuirent:& Varlut voyat les mortepayes duChafteau à l'cnuiron en arme*, dit, Ainii
meat eftap furent les (bldats après Ielus Chrift au iardin d'Oliucr.poures gens, que de peine vous a-
pdévn bail Uezcn maliaifantlPlufieurs propos furent dits à l'entrée dudit hoftel:&: leurs fentences
on* derechef furet leuës, celle de Varlut lapremiere,puis celle d'Alcxâdre: lefquelles ouyes,
les deux dirent d'vn commun accord, Meilleurs delà mftice, vous nous auez donné t'en-
tenccsdemortfuyuantredictduRoy: mais elles vous feront quelque iour mifesaude-
uantparle fou uerain luge. ^Varl v t adiouftaccsparollcs:Meflicurs,rediâ;duRoy
contient que ceux qui perfeucreront en la confemon dclaloy par vou&reprouuee, doi-
uent eftre bruflez vifs : ôenous i'euffîons auffi bien enduré comme nos autres freres,qui
pour vnemelmcconfefiîonont foufFertlefupplîccau marché furvnefchafFaut. Nous
ne difons pas ceci par vanité ou vanteric , mais craignans q le peuple de Tournay ne foit
fcandalizé,cômc fi nous-nous fuffions defdits.Derechef Alexandre dit, Meffieurs,vous
no' iugezàmort,mais auat qu'ilfbit fix ans, vous en plcurercz,ou vous ou les voftres,vos
Notwcrft yeux tout ords. v r quoyVarlut fe fouuenât de certaine admonitiô qui Icurauoitefté
nwiK^our faite dés le matin par ceux delà Iufticc, aflâuoir qu'ils penfàfl'ent de rendre vnc bonne a-
laducnir. mC à Dieu , requit qu'il leurfuft permis de faire leur prière à Dieu, afin que par le mérite
de la mort &: paffion de fon Fils Icfus Chrift, leurs, ames peufTent auoir entrée au royau-
me des cieux.Monfieur de Moulbay dit,Faitcs-le court. Cefte permiffion donnee,auant
ijuc commencer les prières ordinaires deuat le peuple, Varlut dit,Meffieurs,ce n'eft pas
pour nous feulement que nous voulons prier, mais aufli pour vous autres qui portez le
glamc de iuftice,Qu'il plaife au Seigneur illuminer vos cœurs: car il y en a entre vous qui
ibnt endurcis, & d'autres quiiugent en partie contre leur propre confeience. <J*Ce s
Priera d«s prières d'ardente affection dites, ils commencèrent le Pfeaumefeiziem ede Dauid , Sois
fiddes. 5Çjgncur rnagarde&mon appuy : maisilsnelepeurentacheuer par faute de filen-
ce.Sur quoyVarlut adreflant fa complainte à raonfieur Manfàrt lieutenant du Bailly,luy
prefenta certaine prière eferite de fa main,difant,Monfîeur,voyla la prière dont m'auiez
parlé,cfcrite de ma main.Le fieur Manfàrt la print, & la laùTant fur la table , Moulbay la
retint pour lire. Varlut adreffa derechef fa parolle audit Manfart,cn difant, Monfieur,
Dieu vous afait dcgrandcs graccs,& donné du fauoir,ne reiettez pas ce qui vous eft pre-
fenté,mais priezle Seigneur qu'il vous vueille de plus en plus ouurir les yeux. Alexandre
laques i continuant lepropos,dit: Meffieurs , fi aucun de vous a fautede fapiencc& intelligence,
qu'il la demande à Dieu, lequel feul la donne à tous , & ne la reproche point . Le fieur de
Moulbay en leur impofant filence,dit: Nous n'en fauons que par trop. Vn certain Capi-
taine là eftant,icur demâda, Vous auez reccu fentenec de mort, voulez-vous que ieVous
face dire à chacun vnc Méfie? Varlut refpondant luy dit , Il nous fuffit d'cltre arroufez du
fang de Iefus Chrift, auquel nous croyons &c le confeflbns feant à la dextre du Perc : &lc
voyons &c lèntons maintenant intercédant pour nous. Alexandre dit,qu'il alloit foupper
au banquet del'Agneau fans maculc:&: que s'ily auoit en la compagnie qui voufift prier
pour eux,qu'il le fift cependant qu'ils eltoyét encorcs en vie,& qu'après leur trefpas il n'y
auoit prière qui les feeuft aider:SÎ réitéra ce propos.
A près cela,ils feîeuerent: &: s'entrebaifans donnoyent courage l'vn à l'autre , mettans
auçleuantles promcfiesderEuâgilc, comme certaines &c infallibl s à tous ceux qi« per-
feucreront iulqu a la fin .Celafait l'exécuteur des fènteces criminelles fcpLefeataâ-eux
d'vnc
François Varlnt,& Akx.Dayken. 616
d'vnc façon accouftumee de faire>pour leur demander pardon :mais monficurdeMoul-
bavn'eftoit content qu'il tardaft tant. Varlut embrailanc l'Exécuteur, dit, Frcre,ce n'e_
ftes-vouspasqui nous faites mourir :& de noftre parc nous ibmmesioyeux de mourir ce
iourdhuy pour auoir confefle noftre Seigneur Iefus Chrift, qui a fourFcrt pour tout légè-
re humain en l'arbre de la croix. Les feruiteurs ioc-ils par de/fus leur Seigneur? mais nous Mjtth 10
en efchappôs à bon marché paiîans par le glaïue. Cela dir,le Bourreau vint pour les lier.
&C Varlut luy dit,ll n'en eft aucun befoin, vous nous aurez comme brebis d'occifion. On
leur dit que c'cftoitla couftumc.&: en les liane ils dirent,Et bien,ccftrailbn,rciteransces
mots, Leferuitcurn'eftpas meillcurquefon Maiftre. ^To v s deux fu rent liez 6c ac-
couftrez pour cltrc menez au fupplice:maisauantqu'eftrefeparez , Alexâdre fupplialcs
Seigneurs qu'il leur fuit permis de chanter le Cantique de Simeon . On leur tefpondic,
qu'ils n'auoyent que par trop chanté. François inlifta,&: dit,Mes Seigneurs, nous aurons
bien toit fait:il n'y a quedeux bien petis couplets . Les ayans Jaifle chanter 6c acheuer le
Cantique,Frâçois fut mené le premier: 6c en la ieparation , tous deux s'cxhortoyétàper-
fcucrer,&: que ce feroit incontinent tait. Apres qu'on eut emmené François, vne grande
partie de ceux qui eftoyent en la (aile loi tirent pour voir fa dernière fin . A lexandi e d'ar-
dant courage adreifant fes propos à ceux qui eftoyée de la Iuftice, dit: Mes Seigneurs qui
portez le glaiue ordonne 6c eftabli de Dieu, pour maintenir les bons&: punir les malfai-
teurs: ie vous fupplie au nom de Dieu, qu'il vous plaife de punir les paillaidifcs 6c les yurô
gneriesqui ne pullulent que par trop & par tout. Et le foin 6c le temps que vous adonnez
apourchalfer les poures enfans de Dieu, employez-Ieà corriger les vices. Craignez celuy Notcz,Nq;
qui vous îugera iuftement en (on grand 6c dernier iugemét. Il luy fut relpondu par quel- ta"
ques vns de la Iuft ice, Vous nous iugez donc? Sauf voftre grâce, Meflieurs,c'eft la parolle
de Dieu qui vousiuge.Entreautres quilàeftoycntdelaIuftice,ilyauoitvnCôfeillerqui
de long temps a fait eftat deftre des premiers à faire les procès aux poures fidèles: cÔbien nomméii
qu'il (bit deuenu aueugle. Alexandre le voyantauec peu de gens,luy dit,Ie m'efbahi,Mô- pluficun
fîeur,dc vous quiauez perdu la veuë du mode, que vous reiettezauifi la lumière celeftc, jScsciîe-5
laquelle tant de fois Dieu vousa prefentee par ceux que vous auezfait mourir aueclcs uantexecu-
aùttes.vous ne péchez point par ignorance. Ce Confeiller luy dit, C eft poureeque iene c£*Tousz
veux pas croire comme toy.On cômanda à Alexandre defetaire:& incontinent il (e mit
à prier Dieu, en attendant qu'on le vinft quérir.
V a r l v t citant en laplacedu dernier fupplice, parla à mofieurdeMoulbay,&puis
en çencral à tous, requérant pardon à ceuxaufquelsil pourroit auoir ou mefditoumcf-
fait: D'auifi bon cœur,dit-il, que ie prie à Dieu qu'il me pardonne toutes mes offenfès, 6c
ainfi que par fon commandement ie pardonne de vrayeaffetion à ceux qui nous ofïen-
fent. Avant dit cela, il le tiravers le môceau de fablon qui là eftoit apprefté pour receuoir
le (àng:fur lequel eftantagenouillé, pria Dieu d'accomplir en luy les promc/Tes faites par
fon Fils Iefus Chrift à tous fes poures feruiteurs inutiles , qui perfeuereroyent en fa verni
iufqu a la fimliiy recômandant fon efprit. Et après auoir dit,Ie croy en Dieu le Pere tout-
puiiFant,&:cc qui s'enfuit , l'Exécuteur luy donna le coup.&: tellefutl'heurcufeiifueque
donna le Seigneur à ce Martyr l'on leruiteur.
On allaincontinentapres quérir Alexandre-.lequcl vintau mefmelieu,louantàhau-
te voix le Seigneur. Y eftant,fitplnfieurs exhortations à ceux qui là attendoyent pour e-
ftre fpectateurs de fa mort,defquels plufieurs furent grandement eftônez, vovans en luy
vne conftanec tant alfeuree. Quand il eut mis les deux genoux furlelàble,la prière qu'il
fit à Dieu fut celle-ci ou en fcmblables parolles : O Dieu Se Perecrernel: nous t'auons en
toute noftre vie piuftoft prouoque à courroux qu'à mifencorde: fi eft-ce qu'auiourdhuy
par ta bonté infinie, tu accôpliras tes promefles en tes poures feruiteurs. Vieilles dôc,Sei
gncur,cn faneur de ton cher EnfmtlefusChrift noftre feul Sauucur,mainrenat receuoir
mon ameen ton repos éternel . Et pour obtenir vne telle &: h excellente grâce de ta Ma-
iefté,ieteprcfcntel'oraifonquece grand Sauucur nousaapprins,en di(anp:Noftrc Pere
quicséscieux,&rc. A grand'peincl auoit-il commencée quand mon iïeur de Moulbav fe
mouuantdefaplace,s'auançadu Bourreau, pourluy lignifier qu'il euft à defpefcherJ'cxe
cution/.dc manière qu'Alexandre fut décapité auantqu'auoir acheué J'oiaifon Domini-
calc.Sa mort a efte vn lacrifice de bonne odeur deuant Dieu & fes Anges: &: en grade co-
folation à fa poure Eglifc. C e mcfmc iour après l'exécution accompke,les chefs d'icel-
le commandèrent ( combien que les fufditês fencences n'en fiffent aucune menrion)
L/Wo VIL Ant.Qaron£$ %emuâine de Francuillc^.
que les deux morts ièroyent mis fur roues à l'entrée du bois où l'aflemblee auoit efté fai-
te. L'Exécuteur ayant faittout fon appareil, mit les deux corps dedans vn tombe-
reau: &: grand nombre de gens les accompagnoyent. Et quand on vint au milieu du
chemin, le tombereau eftantvcrfé en derrière, &: les deux corps deuallez en terre, le
peuple s'eferiant après le Bourreau, luy dit, qu'il ne print tant de peine de les mener plus
loin, mais pluftoft qu'il fift là vne fofle pour les enterrer . Le Bourreau s'y accorda pour
crainte delà multitude: &: incontinent Ion feruiteu r ÔC ecluy qui menoir le chenal du tô-
bereau,cômenccrent a fairela foiTe. Aucuns du peuple qui les regardoyent faire,dcmao.
derentàccfetuiteur: Et bicn,quctefemblcdccesdeuxhommcs, quels ont-ils cftéquad
ils viuoyent ?Iceluy refpondit, Qu'ils parloyenttant bien ,quecefembloitcftrcdcs An-
ges, mon maiftre auoitgrand pitié de les faire mourir. Le peuple fut ioycuxqueles cho-
ies s'eftoyent il bien trouucesà poind, deles auoirlà veu enterrer: &£ retourna en la ville
fort concent que les corps dedeuxtancfain&sperfonnages n'auoycnt efté nus en ipecta-
clcfiir les roues.
m
ANTOINE CARON, de Cambray: &
RENAVDINE DE FRANCVILLE.
L Ii naturel des tyrans &r cruels ennemis de la vérité de l'Euangile , eft ici deferit en la perfonne d'vn Euefque
, Papal du pays-bas,fi auanc altéré du fang des fidèles, qu'il les recerche iufques au royaume de F rance,où ils
s'cltoyent retirez fans auoir mesfait à perfonne; qui eft vne marque de haine extrême , ou pluftoft d'vnc fu-
reur que les barbaresauroyent en horreur.
ayansquelquecommenceraentdecogr
ce, pour prendre plus ample inilruth'on es faindes affemblees publiquement
permîtes par ordonnances Royales. Entreautres qui fortirent de Cambray pour euiter la
"Usa h [et tyranniedeMaximilien de Berguceuefque dudit lieu , AntoineCaron natif delà ville,
murquSe" "murquinier bc coulticr de toillettes qu'on fait exquifesen ladite ville, auec Claudine fa
rie Je me- femmc,& Rcnaudinc de Fiancuille femme de François Del'eftre marchant de Cabray,
ftieniefai- • - - — —
rc toilJetrcs
CYJ
C
fe rctireret à Monclidier pour viure en Eglife reformée^ participer aux exercices de pie-
Kjuifesde té qui s'y font. Aduint qu'vn iour cftansailéàPcrône, pour quelques affaires auec autres
anbray. . s'cft0y£c aufli retirez de Câbrayvairi iïqu'en leur logis ils fe mettoyét du matin enfem
ble à prier Dieu, on les accufa,aflauoir, Antoine Caron,Piat,EftiéneBeauuarlet,& ladite
Renaudine, & furet côftitucz prifonniers par les Maieur & Efchcuins de Peiône. Vn ami
fidèle de Môdidier folicitalcur aftaire,&: dénuda leur reuov à MôdidierouParis,aunom
du Procureur du roy dcModidier : mais ceux de Perônc nedefereretrien à cefte inftace;
tellemct que ledit ami pouriuyuit ledit renuoyen la Cour : &: prefentarequefteà la Roi-
ne merepoureftre parl'euefquc d'Orlcans rapporté au priué Confeii.L euefque de Ca-
braventendantcelî:epourfuittc,&:quelaproyequ'ildemiindoit eftoit prochaine de les
cnbcour griffes , obtint lettresdela duchefle de Parme gouuernante des pays-bas, àla Cour de
dcHrancc Fiance, requérant par icellesque lefditsprilonniersfulfentliurez es mains dudit EueL
friSJSS? ql,epouren faireiufticc . La requefte que prefenterentlesenuoycz dudit Euefque fut
autant refponduc que celle prefentee pour leidits prifonniers , le tour fe paiTant en difïî-
mulation: &neantmoinsrEucfquefit tant vers vn fleur de Humieres gouuerneurdePe-
ronne, qu'il luy accorda leidits prifonniers. Vray eft que ce fut auec ccfteclaufeviitee,
Tories ^of/w^cafranoir de les reprefenter toutes cvquâtes fois qu'il en fcroit requis:mais
autant y feruit-clle appofee, que ii elle euft efté lanTcc. Car l'Eucfque ayant cnuoyé fes e-
ftafriers&iergeâs.àloageiufques aux lieux où fccôfînentles deux iu nidifions des pays,
incontinent qu'il eut receu cnfapuiffanceccs poures prifonniers , il neccfîàdcpourfuy-
urc leur mort de tout fon pouuoir,vers ceux du magiftrat de Cambray eftablis à fa pofte.
Antoine Caron perfeueraconftamment en la confc/îîondeladodiinedeVcrité,
& n cutcfgard n'aux menaces que ceft Euefque efeumoit contre luy , delefairemourir
crue llement : n'auffi aux promeifes que lesfuppofts dudit Euefque luy faùoyem pour le
faire
%Martyrs à Qambr^9<Tournay9tf Liegt^. 617
faire defdire.De longtemps il s'eftoitaccouftumc àconftance:& auoiten horreur tou
te iimulation prophane,par laquelle la vérité de Dieu fuft aucunement defguifee. M.D.LXir.
|MSEnaudinc auoit efté parauantprifénniere, comme fufpe&c d'adhérer à la do&ri Rcnaudiflc
i|jj§§(ié que le monde a en exécration. mais n' eftât lors que petitcmét inftruite , fin- cnau c*
firmitélagaigna, de manière que les aducrfaires luy firent brufler la carce telle qu'ils a- Brufler la
uoyent di£fcec,cn ligne d'amende qu'ôn appelle honorablc.Mais maintenant eftant re- *™ ^lan-
tombée entre les mains de ceft Euefque , a fi bien reparé la tante précédente, & mon- bwy,cîffe
ftré ce qu'elle auoit retenu des prédications ouycs au pays de France , que la mort cru- dcfdire.
elle dont *1ie eftoic menacée par Tes luges , ne les allechemens de fes parcns &: amis ne
l'ont fceu aucunement diuertir de la vrayeconfeflïon du nom de Dieu. Sabelle-merc
entre autres en fît tous les eftor t s,&: la vint voir auat qu'on l'executaft , pour effacer de
la diuercir:8i luy dit plufieurs fois ces mots en langage du pays,M'amie,retournez-vous
retournez-vous, ie vous prie Rcnaudine voyât l'importunité de fa belle-mere redifant
toulîours vn mefme propps,pourluy môftrcr qu'elle perdoit tem ps ,d'vn cœur allègre
& difpos fe retourna &: reuira vne fois &c deux deuant elle,en difant,£f bien ma mere,ieme
retourne : contentex^-y om , n'attendez^ qu'autrement iamais ieme retourne . ^ Le Seigneur luy
donna vne perfeuerance Ci entière , que fes luges n'eurent plus que tardcr,ou dauanta-
gcprolonger l'exécution qu'ils auoyentdés le commencement conclue&toutercfo-
lue entre eux,pour accom plir le vouloir del'Euefque leur maiftre.Lc mois de Iuillet de
ceft an mille cinq cens foixante deux,apporta à cefte vertueufe fem me repos a*e fes pei
nés &: trauaux , faifant cfchange de cefte poure vie à vnefelicité de vie permanéte & e-
ternelle . ^D'Antoine Caron, fa confiance a efté pareillement notoire en ladite ville. A
& combien que les aduerfaircs la deigui(ènt,en la nommant Obftination,elle leur a e-
fté toutesfois,maugré qu'ils en ayent,en admiration,ou pluftoft en eftonnement:eftâs
conueincus des vrayes marques de l'Efprit du Seigneur,fe monftrant fi punTammét en
ces poures vaiflfeaux infirmes Se mcfpriicz quant au monde. La fentence de mort,afTa-
uoir d'eftre bruflé vif,fut quelque temps après exécutée en façon & fpcétacle fi horri-
ble,que la cruauté des plus félons y deuft auoir cfté aflbùuie U raflafiee. Vne partie do.
corps eftoit bruflec quâd l'autre auoit encores fes mouucmés, en extrêmes tourmens:
au milieu defquels Çaron continua toujours f inuoeation du nom de Dieu par Iefus
Chrift,dont plufieurs furen t grandement édifiez.
TOVCH^iNT aucunes ieunes filles & femmes exécutées de mort h Tournay
» pour la confefsion de là doflrinc Chreflienne.
[E tout ce teps la perfecution ne cefla au Pays-bas,&s'embraza fort en la vil-
!tc de Tournay,n'efpargnat n aage ne fexc. Plufieurs ieunes filles & femmes
jprifonnieres au châfteau,rcndirent tel tcfmoignage à l'Euâgile, qu'elles fu-
Jrcnt en exéple de vraye conftance à plufieurs de l'Eglilc qui perdoyent cou
rage.ïï y auoit entre autres vnenommeè Barbe,&: Iaquelinedefaind Amand^efquel-5"1**01
les monftrercnt en ce fexè débile , combien cft grahde &: admirable la vertu du Sri- Kn^" ,u*
gneur . Il eft vray que les cruelles aftuces & menées des CommifTaires &: luges ont taf-
ché d'abolir leur mémoire &: obfçurcir leurs noms,les ay as fait noyer : mais le Seigneur
qui tient telles morts precieufesjfaites pour la côfefsion de fa vérité , les mettra de plus
en plusen euidcnce,àfon honneur &gîoire>&: àlaconfufion du règne de rAntèchrift.
THOMAS VV A T E L E T, duMarquifatdefrancimont^aysduLie^:, ny3e*, i
LIEGE enfuit icy les trace? précédentes de Cambray , toutes deux nommées villes de l'Empire , dont le Seigneur far fà Colw^de
mîfericorde a extrait des plus contemptibîes en apparence , ceux que bon luy t femblé, tefaioins de fa cagfe , pour chanoines, 4
confondre l'orgu eil des plus grans Epicuriens de ce temps. - Abbayes tref
ïh cité du Liège, prouerbialement appelée Le paradis des Preftres » à raifon g^L^p^oT
-des riches eglifes collégiales, * monaftercsôi conuents côpris en ion enclos, i^S' ftm
auoit eft é iadis abreuuee du fang de quelques Martyrs , lors qu'Eurard de la J^0;d*s
'Marche Euefque y teindit fon chapeau de Cardinal. &: maintenant Dieu, èen^w,^
poucrcfrcfchirce fang, meten auant vn ou deux tcfmoins de fa vérité , les oppofanta pî^wLto
tant tfAbbez, Chanoines, Preftres & Moines d'icellc ville. Thomas VVatelctnatifde^* hot?i~
MMm. i.
L/«ro VIL Thomas Watelet, an Liège*.
Beko,villageau Marquifac dcFrancimont pays du Liege,hôme de bafTecondition: le*
fat dcFrln- 9UC^ aYac ouv Par ^ vo'x ^c l'Euâgile que Iefus Chrift leul eftoit la voye , la vérité & la
amont a 4. vie à ceux qui croyet à Tes promenés, fut touche' de fi ardét defir de cognoiftre plus am
Li"" dU plcmétlTlcritiirc(ainftc,qu'enpcudcioursilapprinràlire,cftâtaagécnuirôde vingt
a ' ans. U fit fi heureufemét profiter ce qu'il auoit de vrayecognoiflance, qgaignantfa vie
au trauail le plus vlité en ce pays-la,a/Tauoir la charbônene de pierre à bruiler,ilin{trui
foitdefon pouuoirceux de Ion village qui trauailloycntauccliiy . mais le Princedecc
monde luy lufeîta incontinent pour partie aduerfe vn nomé Henry Conrad chaftclain
dudic Francimotdcquel ayât fait information furie rapport de certains Preftrcs , print
Thomas & le mena en la cité du Licgcl'an m. d. l vu i. Durant Ion cmprifonnemenc
vne bande d'Inquifitcurs &: moines commis par l'Euefque( qui tient aui'si le temporel
dudit pays)luy liureret maints aiîauts:mais au lieu degaigner îur luy,ilscnrappoi toyet
le plus fouuem hontedeuant les luges feculiers. On dit d'vn nommé M. Antoine Gui-
nart chanoine de S. Iean l'Euangelifte en ladite ville , apt es a(pre&: longue difputc , de
dclpit qu'il eut ne pouuât venir à bout de ce pcurecharb6nier,ilsarrachalescheuciix.
Et quelque temps après vn nommé frère Lambcrt,docT:eur& prieur des Auguftins,d€
la trouppedefdits Inquifireurs, piefchant a gorge ouucrte contre les (emblablcs dudit
^jjjjjjj* Thomas,qu'ils nomment Luthériens &Caluinilles , demeura touteourt au milieu de
Dieu.15 C ion (érmon,tellemcnt que défaillant de fens &de parolle, fut emporté de la chaire à fon
conuent.&: quelques iours après on lctrouuanoyé auxfoflez. Autres de celle mefme
troupe furent tellemét failis d'erîray pour tels iugemens exéplaii es, que quittans leurs
procédures & pourfuitt'es, remirent les prisonniers entre les mains du bras qu'ils appe-
lentfeculier. ^ Cependant Thomas &c quelques autres deldits prifonniers conftans
en la doctrine de rEuangile,paiTercnt vneconfcfsion defoy contenatenfomme, Qt^tls
bTôi'cfJon^^' cn Dieutout-puiffant^createurdu ciel & de la terre,qui a fait la promeffe a Abraham &àfapo
de fo> tics s}erité,defon cherFilsJaquellcacJléaccomp[ie,quad en U plénitude des temps iceluy fon Fils par la vert*
priloumtrs du S. Ffyrit a prvs chairhumaine de la propre fubflance de la vierge Marie y en notts réconciliant par fit
mort
à Dieu fon Pere. Et quant aux Sacremes^quils croyen t que le Baptefme efl ordonné de lefas Chrïft,
& cjue tous Chrefliens le doiuent receuoir iufqu aux petits enjans fîiceux, d'autant que cefivneaffeura-
ce du lautment des âmes que lefm Chrifla jait pari 'effufion de fon fang. Que la Cene efl pour repaifhrc
& nourrir les vravi fidèles du corps & du fangde Icfa C hnfl : tenantes parolles véritables , voire la
vérité mcjme . Qujlsne tenoyent rien de l'adoration du Sacrement, ne de le porter par les rues aucc
chandeillcs ou torfes enmonjhre .Bref, qu'ils ne font Sacrtmens finon quand ils fontadminiftrtz^auec
U parolle de Dieu. Que le mari.ige eflvne ordonnance Diurne, laquelle il faut fuyure en toutes chofesjl"
Ion htftincle Efcnture. ^Cefte confclsion plus amplement efcrite,fut prefentee par quel-
ques fidèles îblicitans la deliurance des prifonniers Liégeois, à Frideric prince trefillu-
LertresJe lire Electeur Palatin , lequel en faueur d'eux manda lettres à l'Euefque du Liège pout
FrideticElcleiirdeliurance,felon les ordonnâmes accordées entre les Princes de l'Empire. Robert
ftcur Palu- £.fcrc c|u MarqU]-s dc Bergues,pour lors Euefque, affligé d'humeurs melacholiques, do-
na exeufes , &: refpondit par ceux qui legouuernoycnt . Et cependant les Inquifiteurs
ne laiiToyent à tourmenter les prifonniers, de manière qu'aucuns d'iceux par infirmité
defaduoucrent leur confefsion de foy:mais Thomas perfeuera nonobftat la longue dé-
tention , ne les menafles des tourmens qu'on luy propofoit . Finalement à l'entrée de
May, m . d . l x i i,le Prouincial des Cordeliers luy eftât enuoyé pour difputer,Thomas
en fa ferueur & véhémence lereceutdeccftelaluration, Support del'Antechrift,loup
rauiflfant, viens-tu pour me fcduirecommcles autres? Non, dit le Cordelier,mais pout
te retirer de teserreurs,&: pour t'annoncer que noftre bon Prince &: Euefque te donne
fix iours de temps pour penfer atcdefdire,quiferata deliurancc:&:fi tu ne le fais,tu fe-
ras puny félon tes démérites &: le poids de tes blafphcmcs. Sur cela Thomas s'eferiant
au Seigneur, dit, O mon Dieu, mon Pere ! Ec incontinent le Cordelier rompant Ion o-
Parollc* d' ra^on^uy dit,Dieitn 'eft pas ton Pere,maisle Diables fi on te dônoit tous les iours trois
\n myfap fois lefouet,tu ne caqueterois pastant.Iladiouftacncores cccy,Crois comme moy,ÔC
poftde l'An tu feras aiVcuré: carie donne nion corps Se mers moname cn hoftagedeuât Dieu, que
techrift. noftre fCy Romaine eft bonne& falutaire:&: me donne entièrement au Diable,fi la tic-
ne n eft mauuaife& mefehante. A quoy Thomas dir,0 faux vendeur! veux-tu ainfi ob-
liger ou donner ce qui n'eft pas tien î Depuis recomparut ce Prouincial aux prifonsle
feptieme dudit mois,pour annoncer audit Thomas qu'on auoit receu vn mandement
: de
Jean dcj iïÇamur, au Liegu. 6i&
de rErbp.ereur,apportant audit Thomas & à fesfcmblables,la mort ; & pcfoit par cela
l'cibranflcr. Ce mandement fait àlapo/lulation des Chanoines & preftres,contenoit pSanî
en effett que l'Empereur Ferdinand mandojt \ l'Euefque du Liegede punir de mort Emp.àRo-'
tous ceux qui fctrouueroyçnfcdcfesfubiets en fon pays, contraires à l'eglifc Romaine: J^uf"^
nonobftantlesloixd'Eœpire,&c,auecplun*curs autres cJaufesinuiîtees,voire contrai- KêC'
resaw ftil des lettres Impériales . l'an t y a queïbus coujeur d'icelles , apres pluûeurs in-
qui7rtions,interrogations>difputes &: informations réitérées à diuerfes fois,&: icelles c-
feficcs& recueillies par vn Notaire inquifitional nommé Thomas Maflbt:finalement
ientéce diffirtitiue de mort fut minutée contre V Vatclet, laquelle vn nômé Co)Icy,de
Tordre des frères MineursefFrôté en audace, luy vint fignificr en la pnfon en cefte ma-
nicre:Et bicn,ton iour cft venu de mourir,que dis-tu>Bcnitfoit Dieu^àk Thomas,^ Dieu
de ma deliurance . puis il dit , Mais a quelle caujè rue fait mourir monfieur tEuefquey m ayant tenu en
fesprifons l'efface de quatre ans î il luy deuroit fuffre que la plupart dudit temps ie luy ay moins coufté
que les moindres diiens de fa Cour .car on 1 auoit nourry au pain & à l'eau , commclcs Inqui- ^JJneede
{iteurslauoyent condamné. ^ La fentence prononcée par les Efcheuins du Liège,
le xxi i • iour du mois de May , portoiç en- fommé, D'eftrc brune yif : te ce fatâ , fa cha-
rogne crainee au gibet,&:attaçnec en fpettacle d'horreur.Eftan t mené au fupplicc en-
tre .deux moines, comme ils paiîoyentdeuantlcgrand temple deS.Lamberr, ils diréc
à Thomas qu'ilfe recomandaft à la Vierge raerc& autres Sain&s taillezau pôrtail du-
dit temple.& il rc(pondit en fon Liégeois ,lenay que faire de, tels recommandeurs ,ie fuis tout
ncMmândfkmonSeigpçur&ftifuewI^ Le frère Mineur Colley quil'acoftoit,crai
gnant (jue je, peuple n'ouift dauantage de fes proposait au Maire qu'il fit tenir d«$ çhe
uaux aux deux collez,, a/in, qu'on n approchait pour l'entendre . Sur quoy Thomas dit jJJjjP0» aoz
àhaute voix ^ Et bien , itray donc mourir comme yn agneau fans fonnermot , car aufibienmà caufe e"
parle ■affoejour may . Il mourut confiant au milieu des tourmens de la mort^c des oppro
bresque luy mettoycntfuslesrnoinesfc preftres,pour le rendre abominable deuant le
pcuple.Mais fa mémoire cft demeurée beniw&dcuat Dieu & ceux delà vraye Eglife
audit Liège.
I E AN DE NÀM VR, li^wk
GESTVY-CYi expérimenté les Curez de la Papauté eftre mis loups/jui rauûTent les brebis :& eu toute
auarice & cruauté le» iipofcnr en proye aux Inquifiteun.
N la perfecution cfmeuc.( comme dit a cfté) au pays du Liège , vn nommé M,D LXIIi
Ican de Namur porteur & Vendeur de poiiTons , natif d'vn village à deux
lieues de la ville du Liege^rut^vn de ceux qui perfeucran s en la vraye confef
fion des poin&s de la religion Chrcftiene, aucc Thomas V Vatelct martyr
prédit, l'ont quât U quâtfcellce de leur propre fang.Le Curé de fondit village laccufa
d'herefie,pource qu'il auoit vn nouueau Teftament, où il auoit trouué plufieurs fueil-
lets pliez & marquez fpeciâlement aux paflages faifàns (corne il luy fem bloit jcontre la
Meflerfur laquelle ils eurêt quelques difputes & fur la Cene du Seigncur.Ce Curé le fit
fredre par ceux du Liège :& tcllemét fe porta cotre luy,qu'eftâtpartieaduerfe,fur fon
rapport &c à fa depofition les Inqih'iiteurs luy firct fon procès. Puis,c5mc altérez en ce- qUifitcur>
ftc perfecution du fang Chreftien , le condamnèrent comme hérétique, le laifîant à la ^^^^
iufticc rigoureufedu bras feculier,le xxn.dumoisdcMay, m.ek. lxii. M.Antoine :
Guinart {duquel a efté fait me tion àl'endroit du fufdit V Vatelct) &: autres luy annon-
cèrent quclquegrace , moyennant qu'il fe voufift fubmettre à l'eglifc Romaine . mais
Iean déclara tout court qu'il n'en feroit rien . Depuis cefte rcfpôfe on le fît tremper en
prifoh iufqucs au troifiemed'Aouft , auqueliour il luy fut annôcé que Jclcndemain fe'-
roitlciourde famort.Etilrefpondit comme d'vn efprit prophétique à celuy qui luy
annonçoit ces nou u elles , Retour nexhardiment^ mon heure rieft pas encores venue de mon Dieu. Secret de
Et ainfi fut. mais deux iours apres,aflaqoir le cinquième dudit mois d' Aouft,de bô ma- JjJ^JJJ1*
tinilditàceuxquieftoycntenprifon, EfiouifJez^yonsauecmoy\yoicyleiourdemesnopces:ie patient.
m'en irayà mon Dieu. Enuiron deux à troii heures aptes cela, voicy venir vn Cordelicr
pour le confefler : auquel il dit qu'ils eftoitcqnfefle au Dieu de fon efperance. Le îylpi-
nc luy prefenca vn crucifix : mais Iean meule fes brasi'vh futi'autre en fornie de croix
MMm. ii.
jL/wo VIL Lo temps dc^ la L Çuerrc^ ciuik^.
luy dir,E» vo/V? vnejilen eflottbefoini&fiDieuneneuftenjrraueevne autre enmon cosur.^ Co-
rne on le menoit au dernier fupplice,chantant vn cantique en figne de rcfiouuTance,le
Maire luy dit, Ne chante pas tant: penfe pluftoft à ton ame. Le patient refpondit, Mo»
ame eft enUrminàe Dieu^nen aye^pomtdefoucy.Aucunsluy dirent qu'il demâdaft des Mcf
fes,&: qu'on priaft pour luy: & il leur dit^Les Mejfes ne valent rien: mats pnex^pouv -vous .11 fut
^ï^nét tnisen vn tonneau defonfé,oùy auoiteude lapoix:&cftant attache par lemilieudu
defupplicc. corps, & le feu allumé , il cria à haute voix pluficurs fois )OIejUs>mtfertcorde: &c luy rendit
fon cf'prit au milieu des flammes ardentes . ^ Partons maintenant du Liège en Fran-
ce,oùlafuittedel'hiftoirc nous conuie.
Z' O C C^î S ION des troubles horribles de cefle année , au milieu defijueb , comme $-vn déluge de
mauxfE°pfe de Dieu aejlè miraculeufement conferuee contre toute ejperance humaine,
VIS que nous entrôs au temps des troubles de la première guerre ciu ilc
Mj).txn.$ël fe!8TÏ<i3 de Fracc, en laquelle pluficurs tant Miniftres qu'autres fidcles des Eglifes
reformées eftans enueloppez, ont figné par leur (àng la vérité de la bon-
ne partie: fhiftoirc requiert de donnera cognoiftre fommairement les
motifs d'icelle guerre: afin que la mémoire des bons ne demeure accu fee
depreiudicedu nom de Mutinerie & rébellion . ^"On fait aflez comme TE di&nom-
»pjge588,b. me de Ianuier, cydefTus* déclaré au commencement de celte année, ayant cfté ar^
refté & figné par l'vne des plus notables compagnies qui fuft oneques a/Tcmblce au
Deux fortes Royaume de France, deux manières de gens rirent tout leur pofîîbleafin d'en cm-
aegcnsern-pcfcher l'exécution. Les vns,c'cftauauoir les Bénéficiez, & ceux qui auoyent cfpe-
5îaïun^rance ^c ^'eftre>°u qui dépendent d'iccuxjcraignans que la fin de leurs voluptezâc
uier. dhTolutions ne fuft venuc.Lcs autres furprins de peur extrême, que félon la requ ifition
des Eftats faite enuiron ce mcfme tcmps,on ne s'enquift trop auant quels auoyent efte
leurs maniemens durant le règne des Rois prccedensle roy Charles ix, à prefent ré-
gnant. Ces deux fortes de gens ne penfoyent pouuoir mieux ny plus toft cm pcfchcr,
qu'en troublant le Royaume plus que iamais fous ombre de la Religion, en fe consi-
gnant auec le Clergé fur l'interinement&: exécution de l'Edidt, duquel dependoit la
paix du Royaume,& par confequent leur confufion& ruinc.Ceux delà Religion refor
mee tout au contrairc,combien qu'ils n euflent obtenu que bien peu de liberté, & mef
mcmétfuflènt contraints par lecontenu de l'Edi&,de quitter beaucoup de poin&s doc
ils iouifToyentttoutesfois comme obeùTans fubiets fe rengerent promptemet,quittans
les tem pies & villes qu'ils pouuoycnt aifémen t garder , fi l'obeiffance qu'ils doy uent au
Roy, & le defirdu repos public ne leureuflent cfté plus chers que toutes commodi-
tez particulières. D'autre parties menées fe mirent en auant,& ne furent m al-aifees,e-
ftans les peuples accouftumez à ouir condamner 8c voir brufler pour hérétiques ceut
aufquels quelque liberté deconfeience eftoit ottroyce.Lcs Parlemcns en partiecom-
pofez de gens d'eglife , & mefme efclaucs du Pape à caufe de leurs Nominations : en par-
tic auflî créatures de ceux qui s'en feruoyent : & bon nom bre d'iceux ne craignans pas
moins que les autres qu'on remuait leurs affaires, fuyuant l'intention des Eftats. Da-
uantage pour entretenir le tout en cefte volonté , il n'y eut faute de prefeheurs ouuer-
tement mutins & feditieux , comme entre autres , du Minime, à Paris : d'vn Melchior
L'au£«cefcordelier,à Thouloufe :& d'autres trottans çà& là, iufques à crier contre la maiefte
cjud^cs C ^u R°Y » & àdifputer publiquement en pleine Sorbonne, Si on eftoit tenu d'obéir à
Mendias & vn Roy fâuorifent aux Hérétiques . L'entreprue de ccTriumuirat iuréc entre Fran-
Sorbon,ftcs çois de Lorraine Duc de Guifc, A nne de Montmorafi Conneftablc,& laques Dalbon
îàruai m Marefchal de fain£t André , mife en auant , eftoit d'efmouuoir plus toft toute la machir
Fonce, ne de la terre, que d'oublier rien qui feruird'exterminer les Eglifes delà Religion refor
mec. Ils fe feruoyent de l'authorité du RoydeNauarre Antoine de Bourbon partrop
crcdule,& gouuerné par gens de mefmcs ,eftant cfblouy de 1 om bre de vaines promet-
fes de Royau mes imaginaires tant deSardaignequed'autres.Qtii fut moyen de recon-
cilier ledit feigneur Roy àlamaifon de Guifc, iufques à le bander contre fon propre,
fang . De là vindrent tant de contradictions du Parlement de Paris fur jintennemcnt
" ' "• •* dcl'Edict.
io temps délai. ÇuerrCt ciuil^j. 6 rp
del'Edi£t. Onarreftaquclc fcigncurdcGuifc, ( qui peu auparauantauec le Cardinal
fon ff ère , faifan t mine de vouloir eftrc de la Confcfsion d' Aufbourg , afin d'entretenir
les Princes d'Allemaignc, auoit parlementé auec le Duc de V Virtemberg, l'eftant ve-
nu trouucr à Sauerne fur les terres de l'Euefque de Strafbourg) viendroit à Paris,& de
là à la Cour:d'où cependant le Roy de Nauarre crouucroit moyen de Faire départir fôn
frere&: toute lamaifondcChaftillonTpour faire paiTer puis après la Roinc par où il
leur plairoit:& pour la fin,que par tout où Ton pourroition comméceroit dempefeher
à quelque prix que ce fut,les Huguenots qu'ils appellent, de iouir de l'Edict. Ce qu'ice-
luyde Guilé commença d'exécuter luy-mefme par vn cruel mafiacre de Vafli cyde-
uant déclaré . & enuiron le mefme temps il en fut fait autant à Cahors , à Carcaflbnnc,
& depuis à Sens en Bourgogne, & ailleurs: où fe firent grans& énormes meurtres des
poures gens fans armes, lé flans fut l'Ediét du Roy, fans efpargner meime les femmes &
enfans . La Roine voyant ces tem peftes , aufquelles il luy eftoit fort difficile de donner CaiIl -
ordre , auoit defia mehé le Roy 6t Monficur fon frère fes enfans à Monceaux , & de là à roine vduc
Fontainebleau,tafchant de deftourner la venue d u Duc de Guifc à Paris»QuIt au Prin du rev Hc-
cc de Condé, il eftoit venu le premier à Paris, où il auoit bon moyen dé fairetefteàla r> r"
partie contraire, s'il n'euft préféré le repos du Royaume à toutes chofes. Le feigneur A-
miral & le fieur d'Andelot fon frere s'eftoyent retirez en leurs maifons,là où entendans
les troubles qui fe preparoyent, s'eftoyent accompagnez de Gentils hommes voifins
pour leur feureté : ioinc que ddia de part &: d'autre plufieurs s'efmouuoyent * iufqu'a fe
mettre aux champs par troupes &en armesdefcouuertcs.Quoy voyant la Rdinc,& fc
doutant du malheur prochain qui menaçoitlc Roymefme& fon eftat, recommanda
la mere & les enfans au Prince de Condé:mais ce fut bien tard,comme l'euencment le
monftra,ayat peu après efté réduite auec fa Maicfté en la puifiance du Triumuirat , &:
de Fontainebleau menée à Melun,puis à Paris.Tels furet les motifs des premiers trou-
blessl'vnedes parties tenant le Roy à Paris,ne pouuant foufFrir fon Ediit : l'autre s'eftâc
retirée à Orléans en délibération de deliurer la Maiefté,& main tenir l'Edi&fifolen-
nellement pâfTé,& mefmes en fin publié par cous les Parlefflcns du Royaumc,hors mis
celuy de Dijon. Ap a e s queceftetantlamcntableguerre(commcnçantedesPafques
& finiftante à l'an rcuolu)fùt cfpandue par toutes les contrées de France, afin que là ve
utc ne fuft ignoree,& que les autheurs des calamitez fu/Tent cogneuz,fans laifTer au iu-
gcmcntdc l'opinion vulgaire,ou à l'incertain fucecs des armes douteufes, vnechofcfi
grande & importante: le prince de Condé diuulga plufieurs déclarations, protefta-
tions,remonftrancesalectrcs, & autres eferits bien amples, portans iuftification de fon
faict. D'autre cofté le duc de Guifcfc couuroitdu nom du Roy, & faifoit femer par tout
que ledit feigneur Princc& tous les fiens eftoyent rebelles au Roy:& partant criminels
de lefe Maicfté. ^Cependant le Prince,qui auoit obligé fa vic,fon honneur & fes biens
àladefehfcd'vnc fi iuftecaufe lors qu'il accepta le titre de Chef de l'afTociation auec Titrc dc
la plus lâinc partie des Seighcurs, Gentils-hommes & fubiets du Roy , pour maintenir chef de J af
par tous moyens licites l'honneur de Dieu,le repos du Royau me, l'eftatfc la liberté du foc»"»00
Roy:pour s'acquitter de fon deuoir, voulut mettre ordreà ce qui eftoit necefTaire pour
la feureté des Eglifes reformces.Et à ceS firts defpefcha homes aux meilleures villes du
Royaume pour s'en faifir, & les gouuerner par le Roy fous fa charge, pour en redre con-
te. E t de cela chacun a peu lire ce qu'il a eferit &c protefté publiqucment:qui pourroit
fuffir pour faire prœuuc de l'obcifTance perpétuelle de ceux de la Religion, &: de la det
efperee rage de ceux qui ne fe trouueront iamais autres par leurs a£tions , qu'ennemis
de toute Religion,de leur Roy,de leur patrie,bref de route humanité:ayant le Seigneur
iuftement permis que telles fortes d'ennemis s'efleuaflent ainfi en ces derniers temps,
pour efprouuer les fiens ,& à la fin amener les aurheurs d'vn fi horrible déluge de cala-
mitez & miferes à leuriufte iugement. ^ Cependant les bouts &: cxtremitezdela
France faifans aufiitous efforts de faccager ou difperfer les Eglifes reformées , pour-
chaflbyent de rage incroyable les premiers & principaux d'icelles.Pour lefquels^om-
meainfi foit que plufieurs ayent par leur fàng notoirement conferméla veritédumi- l^but des
niftere del'Euangile,toutes ces narratiôs hiftoriales des chofes aduenues en diuers en* ^«^cs
droits,font en ces Recueils deferites & inférées . Or en ce reng le martyre de M. Fran- Recueihdes
çoisdu Caluet fe prefentedes premiers, comme ayant efté authentiqué gar Areft &c Ma".vrs? .
exécution d'vn Parlement de Thouloufe.
MMm, iii.
Lim<u VIL nZftîiniftrt->&> autres Fidèles,
FRANÇOIS DV CALVET, de Montait, exécuté a fhouloufe.
CEVX qui de Preftres,Curcz ou Officiaux Papiftcs font réduits au vray feruice de Dicu.ont enccpcrfonr.agevnexei»-
pie du chemin qu'il faut tenir pour cftre admis à exercer le minifterede l'Euangilcauecfruiâ:& édification.
MJD.LXH. S^HSriONTALZAT eftvn village en Quercy diftant crois grandes lieues de
Môcauban,afsis en hauc&plaifanc couftau,enuirôné d'vn pays beau &c pla
rureux en toutes chofes neceflaires à la vie humaine . De ce lieu M. Frâçois
du Caluet eftant natifjauoit tenu la Cure quelque temps)homme des la icu
neiTe niftruit aux bonnes lettres-.auquel Dieu fit grâce par vnelain&ele&ure &confc~
L'vtilité de rcncc des Do&eurs anciens aux modernes,de luy manifefter fa verité,&: de renoncer à
A^iSa" laCure,&: quitter lcftatd'Official de l'Euefque de Môtauban. Puis fe dédiant dutouc
uec ks Mo- au pUr feruice de Dieu , il defaduoua publiquement toute la doctrine Papale , &: proce-
dcrncs fta folennellemcnten prefencedes Miniftres& Confiftoirede Montauban ,de viurc
& mourir au miniftere dcl'Euangilcauqucl il elloit appelé .11 adminiftrafî heureufe-
ment cefte vocation,que ceux de Montalzat ru des &c ignorans,furcnt en peu de temps
appriuoifez à l'audition de la parolle de Dieu : fi quefeigneurs &: dames & gens de tou-
te qualité d'alcnuiron y montoyent pour ouir fes prédications. L'émotion de laguerre
ciuile efpandue fur toute la France par maflacres&; faccagemens,difperfa letroup-
peau çà & là, tellement que ce perfonnage fe retira auec plufieurs audit lieu de Mont-
auban:& ne pouiunt continuer fon miniftere,delibera fe retirer à Thouloufe,pour fai
re frui£t des dons &c grâces que le Seigneur luy auoic conférées . Or comme cefte villea
de long temps efté garnie degens inueterez ennemis de toute fain&e reformation, auf
T^e,0ducfe fi nefaillit-il de venir au danger qu'il auoit auparauant prcueu,c 'eft aiTauoir,de tomber
Fc^g^cmps es mains des idolâtres en vn temps que fes frcres& amis nauroyent ne crédit ne moy-
"^If^f." endelefecourir.Lcdixiemedeluin m. d. l x i i, eftant logé chez vne femme vefuefi-
Sgde. dele,fut faifi au corps par le Preuoft de la ville cerchant(commc il difoit)vn nommé M
Roulland procureur en Parlement: lequel efchappa cependant que ledit Preuoft s'a-
mufa de mener DuCaIuecchezvnConfeillier,&:deià à la Conciergerie. Eftant ainfi
Confusion emprifonnc,voicy ce qu'il a mis par eferit de fes premières interrogatoires:Ow
de Ni Fran. dafi i duoye eflé Officiai de f Euefque de Montauban,fiieftoye relieur de Montahj,t en Quercy lieu de
du Caluet ma natiuitéfiieftoye preftre de l'eglife Romaine, (p* fi depuis ie meftoye marié, fay poftiHe refy'ôdu no*
Jl purement que ie deuoye-.qui eftcaufequà iomtes mains & du profond du cœur l'en ay demidek Dtcu
pardon au nom de fon Fils lefus Chrtft noftre feulredempteur>mediateur & aduoeat. Pu is il ad 10 u ft e,
efcriuant plus amplement à fa femme 6c fille,comme pour teftamêt Se dernière inftru-
ction,cequi s'enfuit, extrait de fes mcimcs efcrits: ïaybien voulu efcrireàvousdeux cefte
mienne confefion de foy, pour vous faire entendre la confiance de laquelle Dieu m'a voulu munir par fa
diurne bonté & mifertcorde, &cn quelle foy il m appelle de ce fiecleen la vie bien-heureufc > laquelle
deuant tetter les fondemens du monde il a appreftte a fes efleuT^ &* enfans. Et quelques efcrits au on
vous produira de moy au contraire,™ vous y arrefte^pas: car après ïmuocation du nom de Dieu deuant
pens notahles,iay conclu la période de ma vie en la confefion de foy, & pour icelle batailler tant contre
l 'ancien ennemy le Diable,que contre la mort,lc péché Jenferje monde & ma propre chair. Et de mef-
me ie vous exhorte au nom de ce Dieu viuant, vous deux jatre le femblable , &y conuier tout ceux &*
Lefomiïui celles devoflrecognoiffance . Le furplus delaconfeiîîon de ce prifonnicr,&: des dernières
rede iacon refponfcs qu'il fit deuant le Parlement de Thouloufe,contenoit en fomme plufieurs
fdsioa. points de la do&rine Chreftienne qu'il auoit annoncée pendant le temps de Ion mini-
ftere à Montalzat.Sur tout il infifta fur la Iuftification qui eft par la foy, fondée aux pro
méfies de l'Euangile: reicttant toutes les traditions des hommesdirettemét oppofees
&: contraires à la vérité de Dieu , à l'inuocacioa&: vray feruice de fa maiefté : fe remet-
tant en cela à tout ce qui eft contenu au vieil &: riouueau Teftament, &: aux Docteurs
anciens & modernes qui l'ont fidèlement expolé . ^ Finalement dixfept iours après
fa prinfc,le procès luy eftant fait par vn fien Rapporteur conleillicr audit Parlementai
fut condamné par Areft le xxvn. dudit mois de Iuin ,d'eftre pendu &: cftranglé ,&: fes
biens confifquez au Roy,d'aurat qu'il auoic efté Miniftre, &c prcfché fuy uant la confel-
fion des Eglilès prétendues reformees,&c. Il remercia la Cour : rendant grâces à Dieu
de rafteurahee &: aflîftancc qu'il luy donnoit fi grande, & le fupplioit de la luy côrinuer
pour furmoncerau dernier & cxcrcmecombaccQUïçc que Satan, le monde ,&: fa-pro-
pre chair
tMafacre^ au temps délai. ÇWrro ciuilc^j. 620
prc chair luy pourroit mettre d'empefehement au deuant . Ce iour l'Areft eftant exé-
cuté à Thouloufe en Ja placeS.Efticnne,cefcruiteurde l'Euangilc perfeuera prêtent
grand peuple en l'inuoeation de Dieu &c confeflion confiante de Ta fidélité . Il eftoit de *iiertoit n«
bonne *aage , d'vne moyenne corpulence &c proportion décente de Tes membres, lei*- £,£'lanuitr
quels Dieu par cefte fin heureufe a voulu aufli confacrer à fon honneur & gloire.
De plrfettrs FI D ELES maffacre^à Marfeille pour la Religion.
E V X de Marfeille au bout de la Prouence,quifaifoyétprofcfsion de fer- M D LXII-
uir à Dieu félon fa fain£te parollc, furent expofez en cefte perfecution Tri-
umuirale au gré des feditieux delà ville:aufqucls le mot du guet eftoit do-
nc,De ne laiffer efchapper aucun du nom de Huguenot fans payer rançon
de mort. Comme donc cefte ville a efte de longtemps célébrée, voire par v^|c rcnoI^
les anciens Autheurs,tantpour fa fitùation & fortereffe,que pour l'affluence des mar- mec.
chandifes ( y arriuans de tous coftezgens d'eftrange nation, à caufe du port des plus re-
nommez de la mer Méditerranée ) aufsi de prefent le bruit des infolences &: defborde-
mens voguepartout. h an de vega d'icclleville, homme Chreftien ne dégéné-
rât de la vertu de fon pere,qui eftoit Diacre de l'Eglïfc reformée, fut aflailly le premier
iourde May en ceftan,commeilreucnoitd'Aixen Prouencc. Des deux Confuls de
Marfeille authorifans ces feditieux , l'vn eftoit nouuellemen t reuenu de la Cour , où la
leçon luy auoit efté recordeed exterminer ceux de la Religion . Ce perfonnage donc
penfant arriuer fans empefehement à fa maifon , accompagné d'vn fien amy , rencon-
tra à la porté du marché la bande , laquelle fans autre propos que de tuer , commença
courir & frapper de baftons Se cfpees fur ces deux hommes. Vega fut accablé en vn in-
ftant,s'eftant fon compagnon fauué le mieux qu'il pouuoit-Ces gens du tout forcenez
ne voulurent onepermettre audit Vega eftant àdeux genoux,de faire fa prière à Dieu
auant fa mort,combien qu'il les en requift à mains iointes & degrande atfe&ion. Il fut u mort ic
defpouillé nud , lié &c trainé d'vne grofte corde iufqu a la porte appelée la Frafche . Le Icâ & Vega,
corps fut ietté au milieu d'vn abbreuuoir: & y demeura iufqu'au lendemain. Son pere,
qui eftoit efchappéàgrand'peinedu mutin populaire, ne craignit fecretemétla nuict
ènfuyuâte d'enleucr fon fils hors dece bourbier,pour l'enterrer en fa caue. Ainfi le Sei-
gneur s'eft voulu feruir de la mort de l'vn pour efprouuer la patience &: confiance de
l'autre,à la confufion de fes ennemis.
^~EN cefte fureurqui s'augmentoit à Marfeille de iour en iour, vn nommé An- antoi
toine vaze natif du pays de Picardie, Ancien en la fufditeEglifè, fut mis à mort NE va-
enuironle feptiéme de May. Vn des fufdits Confuls fit faire effort par grande outrage ZE:
àla maifon dudit Vaze , trauaillant pour lors de fon mefticr de ferrurier à huis & bou-
tique fermez . Il efTaya d efchapper & fe fauuer auec vn fié nepueu aagé de quinze ans:
maiseftansfaifis tous deux, fur le champ furent miferablcmentaftbmmezdecoups.
Puis on les traina liez de cables par les pieds en vn lieu où fe iettét toutes les infections
à la porte dite Galeas.
A V nombre de tant de fidèles qui furent en cefte année tyranniquement meur-
tris en ladite ville de Marfeille,ceux-cy entre autres font recommandables, Io s E P H
g a r in , George olivari, Ho norat pastovri t , & Léonard
romil l e T,lefquels ont enduré mort cruelle pour vnemefme caufe. Iofepheutaf-
faire à la multitude defefperee &: incitée contreluy par vn des premiers delà ville,qui
luy auoit publiquement feduit fa femme . Il fut trainé vif par la ville en hideux fpecîa-
tle,tantquel'amefutfeparcedu poure corps. Quant à George & Honorat,qui auoyét
efté auparauant mis prifonniers , èftans aufsi en ce mefme temps meurtris de nuict en
la prifon, contrel a volonté du Concierge , furent pendus deuant les prifons iufques au
lendemain , que le peuple acharné les traina, comme les autres, à ladite porte de Ga-
leas pour fepulture. ^Léonard menufîer d'art,à rinftigation des Confuls choifis pro-
pres à ce temps,fut mis entre les mains du Prcuoft des marefehaux, ponree qu'il eftoit
de ladite Eglife reformée . Eftant par luy condamné d'eftre pendu &c eftranglé , il y eut
des Prcftres qui le foliciterent à renôccr fa Religion,luy mettans entre mains vne ima-
MMm. iiii.
L/^ro VIL oMiniJlrc^ £f autres Fidèles,
ge de Crudfix,afin qu'il l'adoraft-.mais il la ietta contre rerrc,regardatau cicl,& remer-
ciant hautement le Seigncur de la grâce qu'il luy faifoit, de forcer en tel fupplice tef-
moignageàfa vérité.
S IMON B R O S S I E R, deMontoireenVendofmois.
A ville de Perigueux,o!ont le pays eft denommé,courut vne mefme carriè-
re demaflacre& d'hoftilité,&:laquel]efutarroufee,entreplufieurs,du îang
de M.Simon Broflîer . Mais auant que venir au gère de fa morr,il eft befoin
defauoirquel il auoic cfté ,&dequoyils'cftoit meflé auant qu'exercer le
minifterc de la parolle de Dieu . Depuis que pafle vingt ans il fe fu t retire à
Gcneue,fon but a toufiours tendu de profiter à ceux de fa nation, tellcmen t que les tra
uaux &c périls immines ne luy eftoyent rien , pourueu qu'il gaignaft quelques vns à TE*
uangile.il faifoit prorefîîon toute manifefte d'amener & conduire gens à Gcneue,pour
cdiT *es faircaPPrcnc*rc>comrae en vnc cfcolc,le pur & vray feruicede Dieu . Et maintes fa-
l^Tédî^k milles qui s'y font retirccs,peuuent tefmoigner combien le Seigneur a bénit le zelede
vrayfcruicc ceft homme ,& decombien de dangers il l'a non feulement preferué, maisaufli ceux
de Dku. j fcfonc feruis de fa conduitte . Sa conuerfation familière cftoit de fi petite apparen-
ce , à caufe de fa taciturnitc , qu'il n'y auoit que ceux dcfquels il eftoit cogneu interieu-
rement,quien fiiTenc cftime. Babil & propos fuperflus luy defplaifoyet fi forr, que mef-
me quand on vouloit s'informer de luy trop curieufement, fila ville de Gcneue eftoit
forte,ou riche, & de quoy y viuoyent tant d'eftrangers : le n'en fay rien , refpondoit-il:
mais il on me demandoit ce qu'on y cnièigne &c prefche,i'en diroye volontiers ce
que ien fay.Quelques vns luy faifans cas de certains prefeheurs de France,approchans
delà vérité, le voudroye. dit-il , qucccls prefeheurs defceodifTent delà chaire inconti-
nent qu'ils ont dit à l'entrée de leur fermon,i'oraifon Dominicale. ^ Apres plufieurs
voyagcs,finalementilsarreftacnFrance:&enuironlemoisd'Aouft m. d. l x ^exer-
çant le minifterc de l'Euangilc parmi petits trouppcauxdegensruftiqucs ,afTemblcz
es Eglifes de Campaigne, Allemans & Rochebœur-court,prcs la ville de Pengueux , it
fut requis de venir vifiter les fidèles de ladite ville.il ne fit faute de s'y acheminer,&: nô-
obftant la maladie U débilité qu'il auoit, commença de pre/cher au logis du chappeau
verd,& à la bafîe-court dudit.Incontincnt après il rut conftitué prifonnier par le Lieu-
tenant particulier du lieu mené en la maifon commune delà ville :& delà liuré en-
tre les mains des plus mutins garnemens du pays, pour eftre mené en prifon , par le£
quels il fut outragé d'iniures &c blafphemes'execrables,&r battu à coups de bafton & de
poing. Eftant entré en prifon, il y eut vn Aduocat du fiege deladite ville, qui d'vne furi-
eufe roideur le pouffa au plus puant lieu de la prifon. Le lendemain à lagrande prière Se
inftace des principaux de la Religion, il fur,enuiron dix heures, ofté de cefte infe&ion:
& veu fa maladie extrême , fut mis en la falle deladite prifon aucc quelques voleurs &c
l dun meurtriers prifonniers.Ce iour-la les principaux Chanoines de la ville le furent voir a-
n« de Perl! uec plufieurs Gentils-hom mcs,pour difputcr contre luy : mais il ne leur tint autre pro-
gueux, pos, finon qu'ils eftoyent là plus toft pour feriredeluy, que pour apprendre. Apresa-
uoir efté détenu enuiron vn mois,il (ortie : &c pourfuyuant fa vocation, drefTa en la mef-
me ville,nonobltant toute contradiction, vne Eglife autant bien policée &c reiglec qu -
en lieu d'alenuiron.Et d'autant qu'en ceft an m . d . l x i i,les troubles delà guerre ciuile
croifloyent de plus en plus,il fut prié partir de la ville par ceux delà Religion.Ce que ne
voulant faire, protefta de viure& mourir en la villeàlaqutlle il eftoit enuoyédu Sei-
gneur pour fa parolle . Les plus gros de la ville n'ofoyent fe faifir de luy ,craignans d'en-
trer en plus gransinconueniens de dangers apparens .mais eftant le glaiue des aduer-
faires hors du fourreau U flamboyant par tout , il fut conftitué prifonnier derechef, &
détenu miferablcment enuiron l'efpacede trois rooisrpendantlefquels il prioit fouuec
Dieu auec les prifonnicrs,&: les induifoit à la cognoilTance de leur falur.Or après qu'on
luy eut formé quelque procès (ans le faire refpondre,cuidant que fous le nom & prerc-
xtc de Miniftre, la Cour du Parlement de Bourdeaux le condamneroit, il mourut en la
prtibn, exténué de tout ion corps iufqu es au b ou t . E t d'autant que la Iufticc auoit opi-
nion
sAuguftin Marlorat Ô* autres ,a %puan. 621
nion qu'aucuns de ladite Religion l'euflent fait empoifonner, il fut fendu: & n'y furent
trouuees aucunes marqucs,finon du cruel traitcment& des miferes qu'on luy auoit fait
endurer. Le lendemain il fut porté fur des barres par des Deliftres au lieu auquel on iet Les œne-
tc ceux qui fe font dcffaits,dans vnc pierriere appelée yn calouchter au langage du pays, mis charger
10 v r continuer le furplus du récit des calamitcz &miTercsde la prefentean- f« cor^*
nee,s'eftantlcprincedcCondéemparédequelqucs villes,come ditaefté,lcduc des fidèles
de Guife prétendant le nom du Roy, ayant alfcmblégrofle gendarmerie, fit vn camp, mo^u•
auque'le Prince oppofa le ficnd'aiTcz petit nombre. Et bien que ces deux camps vinf-
fentpres l'vn de l'autre iufqu a la veue, fi ne choquerent-ils en tout l'Eftédcceftedite
annee:mais celuy du Ducfutcmployc d'ailîegcr&reprédrelcsvillesqle Princctenoit:
entrclefquellcs la ville de Rouan (auat que palier outre) nous prefente le fupplice qu'-
cnduracnicelle M. Auguftin Marlorat,& autres excellcns homes dignes de mémoire.
AVGVSTIN MARLORAT, de Bar-le-duc enLorraine,
& autres notables perfonnages exécutera Uprife de Rouan.
0 V A N ville capitale de Normandie, après auoir elle' fur la fin d'Odto-
bre de ceft an m . d . l xi i,afsiegee,minee &c battue defefperémcnt, l'cfpace
1 enuiron de trois fepmaines,tant le fort de S. Katherine que la ville, fut pn-
(e d'afîaut par les Guifiens . Durât le fiege, Antoine de Bourbon roy de Na-
uarre,s eftant diftrait,comme dit a efté,deceux qui fi longucment& fidèlement luy e-
ftoyétcôioints, pour porter le Triûuiratfufdit,fut frappé en l'efpauledvn coup tiré de Jjuroy ic
la ville hors de l'aiTaut,luy eftât derrière quelques gabions des canôniers du camp . Ce foîfSle
coup, qui n'eftoit qu'en lefpaule, luy fut mortel, & en mourut cnuirô huit ou dix iours parti de» en
apres,aiTauoirau mois de Nouembre, en regrets & complaintes. ^"Or entre les cruau S'e^
tez fur tout exercées cotre ceux de rEglife,celle alédroit de M. Auguftin Marlorat mi- rcfpaulc.
niftre audit Rouan,eft digne d'eftre notée pour plufieurs circonftaccs.c'eftoit vn ferui-
tcur de Dieu doué de gras dos & grâces exquifes:q. depuis auoir efté tiré de l'ordre m o-
naftique des Auguftins à la vérité de l'Eu âgile,acontinucllemet employé l'on tépsàl'-
œuure du Seigneur. Apres fa forcie de F râce,il exerça le miniftere de la parolle de Dieu
à Crefli,à Villette Se à Veuay fous la Seigneurie & Republique de Berne par lôgue cfpa
ce detcmps,&fans reproche. Delà Dieu difpofantfonferuicepour la France, le fit al-
ler à Paris:& ayant fort alîîfté au Colloque de PonTy (dont a efté parlé cy delîus ) conti-
nua heureufement le cours de fon miniftere en ladite ville de Rouan iufques à le figrier
& fecller de fon propre fang vifiblement deuant tous . La ville donc eftant expofee à la
fangla te deuorion des cnnemis,il fe retira au Vieil palais, auec plufieurs autres des plus
honnorables : mais cuidan t fortir la ville , & mieux fe fauuer à la conduitte de quelque
foldalt,fut recognu du populace fur la rue,&:tellemétpourfuyiiy qu'on le tira à la Con c OT
ciergeriedu Parlement. No bl cotton auec S o c c an s premiers Efcheuins de ton.
Rouan,& le feigneur de M a n d n e v il l b , qui eftoyent des principaux de l'Eglifere- soc
formee,cftans pareillement apprehendez,receurent vne mefme côdamnation,laqucl- c a N s.
le fut auflî foudain exécutée que du iour au lendemain. Ils furent trainez fur clayes atta D^AE N"
checs derrière des tombereaux ou beneaux, aux lieux ordonnez pour le dernier fup- ville
pliceàchacun. Comme on menoitMarlorat,vn archer portant lehalecretd'armes'ap Marlorat
procha de luy:& en grande rcuerenceà tefte defcouucrtclc confola à l'heure qu'eftant coafoléau
au pied des degrez du Palais lié fur la claye , il le voyoit expofé &: abandonné à tout op- fj"sj£^
probre . Le lieu du dernier fupplice luy fut ordonné par Arcft,deuant le grand temple,
auquel eftant paruenu,il eut fi peu d'audience qu'on ne feut rien recueillir de fes paroi
lcs,pour le grand bruit que menoit le populace. Mais quand il futfurl'efchelle,auant
qu'eftre eftranglé il admonnefta le pcuple,& dit en fubftanccces parolles,P«</>/eye/»V;»
vay maintenant feellerde mon fang la -venté de Dieu^ue te vous ay fidèlement annoncée . Et ainû fi-
nit heureufement fa vie,&: le cours de fon miniftere . <j Les trois autres fuf-nommez
furent traitez de mefme: Cotton &Soccans furent pendus à vne potence dos à dos,
deuant la maifon de ville, & le fieur de Madreuille décapité à la place du vieil marché:
& comme confors d'vne mefme caufe, ont obtenu pareille iiTue par leor mort."
Continuation de thijloire iujques aux ejfefls de la bataille mémorable de Dreux.
i e s tranfgreiTeurs des Edits non alTouuis de tant de fang efpadu, & de fi horribles
[mdignitez comifes es meilleures villes du Royaume, tendoyenc notoircmet à v-
Liurcj VIL temps de la I. Çuerrc^ ciuiJ^
ne dernière & générale dcftructiô des Egtifes reformées . Parquoy le prince de Code &
ceux de fa fukte, après auoir eflayé tous moyens d'appaifer ces troubles, en fin s ache-
minèrent vers Paris:d'autant que de celieu,commc d'vne Iburce,grande partiedesdef-
ordres&côfuiions procedoit . Et comme ity auoit apparence que de là les Chefs, de 1-
hoftilité afltmblcz le vie ndroyent corn batre : aufli efperoit-il que l'iiTue aNneba'taille
appointeroit les querelles.^ Voyant donc a.u mois de Décembre queles ennemisauec
toutes leurs forces eftoyent campez à deux petites lieues près de luy, empefehans qu'il
Secours des nc fuft iointaux Anglois qui eftoyent defeendus au fecours de ceftecaufe,fercfolut<dc
Ad§Iois' les combatrc;bien qu'ils fu/fent beaucoup plus forts d'infanterie recueillie de diuerfes
nations:voire& qu'ilseulTent pour retr^iteprochaincla ville de Dreux,auecvner*uic-
reàlcurdos,5ivnboisenfîâcpour leur defenfe.Surcefte délibération le x i x.deDe-
cembre de ceft an , après auoir choin" fes ennemis ainfi à propos quele lieu permettais
Le conflit parmcecja prjnce donna dedans autant courageufement,que la caufe auoit efté îufte-
meeîUXar ment entreprifcpàr luy &: les fiens.Lcscirconftances d'vne &c d'autre part de cefte ba-
taille méritent fbnhiftoire à part, pour cognoiftre& remarquer comme il appartient
les grandes merueilles du Dieu des armeesrLa victoire entière eftoit de premier abord
apparente du cofté duditfeigneur Prince: mais la volonté de Dieu, qui difpofe toutes
choies félon fa fageiîeincomprehenfibïe, fit tomber ledit ièigneur entre les mains des
La prife de ennemis . Cela eftoit bien pour non feulement empelcher le cours delà victoire , mais
Bourbon aufli pour tout tournercn pitoyabledefconfiture, fi parvne fingulieremifericordede
* ce de Codé Dieu , Gafpard de Coiigny Amiral ralliant la cauallerie Françoilè & Allemade, ne fuft
allé au deuant des forces qu'on auoit referuecs pour le dernier effort: de forte qu'après
auoir longuement combatu,les ennemis furent repouflez bien auantrtellement qu'en
fommetât au nôbre des tuez q des naurez& prilbnniers, il eftoit mal-aiie de receuoic
vneplusgrâd'pcrte,fi leur armée n'eu ftefté en fièrement ru inec. Bref,(la nui&prefque
ConGdm- c|0fe feparant les pourfuittes) tous doyuét confefler que le Seigneur a gouuerné Tifluc
d°rîflucdc de cefte batailie,cômc toutlepreccdent,auec vne equalité, mefure &c proportion tre£
U baille admirable : à ce que laFrance n eftant du tout ruineepar foy-mefme, fon fainct Nom y
dcDreux. ^e pjus en p|us rccogneu & inuoqùé au milieu des aiTemblees Chreftiennes.
D ^*Le duc de Guife après la bataille raflembla fes forces efparfes:&: vint camper au
LXIII mo^s<^e Feuricrenfuyuant deuant la ville d'Orléans. Elle auoit efté durant la guer-
' repour refuge & retraite aux fidèles, qui auoyent tant employé d'art &: diligence à la
fortifier, qu'on l'cftimoit imprenable. Cela toutesfois ne fit perdre l'efperance au
Duc de la pouuoir prendre, fe fiant en ce que l'Amiral auec la cauallerie eftoit allée»
Normadie vers les Anglois.Ilgaignad'arriuee le faux-bourg du cofté d'01iuct,appcUc
le Portereau: &,ccquiluy fit croiftrelecourage, printauiîî quelques tourelles fur le pont
d'O rleans,par le moyen d' vn traiftre eftant en garde,qui les mit entre fes mains. JPen-
dant la longueur de ce fiege,qui auoit défia continué quelque temps, le Duc fut at-
La mort de teint à cofté d'vn coup de piftole parvn nommé Poltrot, tellement que peu de ioursa-
Loreïï-k prcs • j cn mourut:qUj cftonna autât ceux qui auoyent mis leur fiance en luy,que choie
duc de Gui- qui aduint de long temps . Toutesfois pour celale fiege ne fut encores leué de deuant
fe la villetmais le prince de Condé ôc le Conneftàble prifonniers des deux coftez, mirent
quelque paix en terme.
ïïÊË@ A guerre eftât comme amortie auec la vie du Duc, ainfi que lcfîect ceflTe auec la
S2ic jjjsgftcâufe:vn deuxième edict , appelle J)c paaficati»n}fat fait par le Roy Charles ix,aa
cScaiioa* moisdeMars,M. d. l xm (félon la fupputation de ces Recueils) à condition, en fom-
me, Que la Religion demeureroit Iibrcà vn chacun, fans eftre recerché : &c <ju'on pref-
cheroit . félon que plus amplemet le contenude l'Edité en faitdeclaration. Et corn bien
qu'il fuft plus defaduatageux beaucoup contre ceux delà Religion, que neftpitle pré-
cèdent , toutesfois fut accepté par eux , ne cerchans que le repos de leurs confcicnces
& le bien publique.Mais au côtraire s'il y auoit eu des menées pour-aneâtir le premier,
il y en eut encores dauantage gour abolir ceftuy-cy:voire plus crTrontéraét que iamais.
^h^tee ^ar<lui eu^ eftimé que ceux-la principalement qui eftoyet députez pour l'exécution
paî ccuxC d'iceluy,fu fient les vrais moyens pour authorifer toutes les rebellions des Catholiq'ues
qui auoyét parmi les Prouinces?Au pays du Maine les excès & meurtres d'hommcs,femmes&:en-
«pnmcr.k fans,tant es villes qu'au dehors, par meurtriers publiquemêt conduits & foudoyez par
Le Maioc. l'Euefque , ont efté tels , qu'il n'y a Chronique de nation fi cftrange, qui en approche.
^*ATou»
Lejldtdu Fidelu du pays dc~> Toloignc~>. 6 22
^ A Tours il y eut tel rriaflacre commis de geps paifibles en leurs maifoiis, par manife- Tours,
ftc coniuration,que la plus part mefmes des plus acharnez aduerfaires en a eu horreur.
f"Au chafteaii de Loir on areprefentéau vif le maflacre fait à Vaiffi\tuât mefmeleMi- ^l""
NittRE en la chaire au lieu eftably parle Roy. ^ Au Vendofmois le Sieur delà Cu- védoimois.
rce,gouuerneur du pays, a efté de guet à penfee meurtry en rrahifon. ^ A Blois,au mef Blois.
me téps, fous la côduitc d'vn boucher, toutes horribles cruautez ont cité notoirement
perpétrées, (ans refiftence de la part de ceux de la Religion. ^"En Bourgogne,les villes Bo"rg°gne
ont efté clofes & gardees:les coniurations publiques d'vn Begat confeillier à Dijon,ab-
ufant du nom des Eftars de Bourgogne & du Parlement . Et qui pourvoit conter com-
bien d'cxtorfions,meurtres &: excès ont efté cômis es villes de chacune prouince.?f En
Languedoc,le pays(à peu près) eftant tenu,& puis rédu par ceux de la Religion, il n'y a L"i^icdoc-
piîierie fi auare,concuflîon fi outrageufc,iniuftice fi torfionnaire,qui n'y ait efté perpe-
tree:les a&es plus que barbares,les violemens de femmes & de filles : bref, tout ce qu'à
grand'peinc fe fait en pleine guerre, fi ce n'eft par les plus félons & enragez, y a efté
tout communément exercé, voire toléré par le Parlement, non encores auiourdhuy
aflbuuy detant de fang innocent refpandu . ^En Prouence,telle rébellion, telles in- prouenec.
humanitez , & fi horribles cruautez ont efté perpétrées , qu'il a fallu en fin que les plus
cruels en ayenteu pitié. Si làdelTuson demande comme tant de chofesont peueftre
faites fans Je feu & vouloir du Roy &: de la Roinc fa mere , ce n'eft à ceux delà Religion
d'enrefpondre:aufquelsilfunitdemonftrerlesiniquitez,oppreilîons,defloyautcz,cru
autez intolérables , &c non iamais ouyes , defquelles on a vfé depuis l'Editt alencontre
d'eux tendans le col comme pourcs brebis menées à la boucherie, fansqu'on leur ait
fait aucune iuftice . Et de fait, le Cardinal ayant charge de iouer la dernière farce du
Concile gênerai de Trente, fut d'aduis, pour mieux venir à bout des grans de/Teins ar-
reftez , qu'on ne rompit encores du tout l'Edict : mais qu'en paifiant à la manière défia
accouftumeeceux delà Religion de belles promeiTes,&:àvnbefoindetelles lettres £™Xj^rc
qu'ils voudroycnt,cependant on fit tout le rebours par aduertiflemens particuliers. Et p^?depro
lctouten attendant la JàinCfe kguedetous lesRoyaumes& Princes, pour l'exécution mcffcs-
de ce facré CÔcile ( duquel pour ceft efFcct la conclufion fur la fin de ceft an,fut haftee
tant qu'il fut poflible ) & pour vne calTarion totale de l'Edid , comme ayant efté feule- u conciu.
ment prouilional . Mais , qui eft bien pour monftrer vne fouuerainc bonté de Dieu en fi°ndu cô-
la conièruation des fiens, combien que ceux qui n'ont riendeuant les yeux que tout le £lcdcTre*
contrairede leur deuoir enuers Dieu:dc la vérité duquel ils font ennemis iurez: enuers '
fa Maiefté , laquelle ils tiennent en notoire &: trop indigne feruite fous vn titre d'hon-
neur & d obeiflànce,.& à la patrie, delà ruine &: deftru&ion de laquelleils cuident faire
vne efchelle pour paruenit au comble de leurs ambitieufes entreprifes : Combieiitdy-
icqueceux-laaycntinucntêmillemoyensdexecuter par tout ce que porte la famÙe
i>»e,qui eft vne extermination totale,fans aucune exception de degré, fexe ny aage de
toutes perfonnes en quelque lieu quece foit , qui ne voudront feruir à TAntechriftdc
Romeaueccux:Si cft-cequele Dieu viuant a toufiours aneanty tels malins 6c peruers
confeils, non feulement conferuant fon Egliiè, mais auiTilafur-hauifant&faifant vo-
guer au deflus des flots ôc vagues d'vn déluge efpars fur toute la terre.
L' E ST T des Fidèles de Pologne , afflige^ par Scmetiftes & Ariens nouueaux '.&,du.
Royaume ajjailly ceft an par les Mofcàuites& Tartares. ,
Ependantquc les chofes fufdites fedemenent en France, le pays de Po- M.DIX111
loigne,qui auoit efté bonne efpace de temps en repos,cefte année fut agi-
te de diuerfes afflictions & dedans ôz dehors. Sigifmond premier auoit efté
Roy fi clément & débonnaire, que combien que la cruauté fefuftefpan-
Siçifmonds
duedefon viuant par beaucoup de régions delà Chreftienté, cotre le fang p«c & fils
innocét des fideles.toutesfois il en auoit gardé fes mains pures. Sous Sigifmond fon fils loignCâ
& fuccefTeur à prefent régnant , grade partie de la NoblefTe & des principaux entre les;
gouuerneurs du Royaume,receurent Iefus Chrift fe prefentant à eux par fon Euangile,
afpirâsà vnefain&e reformation defonferuice . Mais aufliroft que le commencement
d'vne fi heureufe félicité ie monftra , Satan ne faillit d'amaffer comme en vn monceau
tous les moyens de nuire qu'il peut auoir , afin de rompre ou retarder vn plus grand a-
Liwcj VIL *Dupays dc^ Totoignc^ & d'£/j?aignc^.
uancemcnt.Ec comme il cft nommé Prince de ce monde, auflî il n'eut fauted'vn nom-
bre infîny de fuppofts & eftaffiers prefts à fcloër pour a/faillir le règne de Chrift . Et en
adumt comme il a accouftunié d'en prendre prefquc par tout: ceft que lès chofes eftâs
troublées ou côfufes,beaucoup de malins efprits s'mgeiét, lefquels ( voyans petit nom-
bre de gens,&: iceuxfoibles, eitre pourfuyuis& tourmentez par la grande multitude, à
grand' peine pouuans défendre la vérité, laquelle eft; eftoufîee degrofles fumées de ca-
lomnies ) te fourrent dedans plusaifément, y venans comme par deflbus terre . Et c'eft
vneaftuce par laquelle ce fin ouurier& pere de toute tromperie & herefie,machinede
ruiner i'Eglife,non fculcmet en defehirât par pièces l'vnité de la foy, maisauffien char
géant d'vn faux blafme le nom de Chrift: pource qu'il femblc queles aifcm blecs des fi-
dèles, parmy lefquelles ces mefehans garnemens fe méfient, font comme des retraites
Staucarus de toutes ordures. ^ A ce propos, cependant que ceft cfpritfrcnetiquedeStancarus c-
ftranger,e(pand fes refueries éc erreurs entre les Poloignois, eftant pouifé à cela de fou
ambition qui le brulle , de là eft fortie vne contention qui menace le trouppeau de l'E-
glifc non feulemét de difIipation,mais aufli l'expofe aux blafmes de beaucoup de gens:
pource qu'on cftimequefaleéteseftende bien auat,& qu'il ait beaucoup dedifciples.
Bbndrau Et puis d autre coîté vn Blandrata&autresItaliésefparspartoutleRoyaume,piresquc
Stancarus,abbreuuez d'erreurs plus deteftables nourriilans plus de venin caché,
versceux aufquels les facrileges terreurs de Seruetontii foudain trouuétantde fa-
ucur. ^"Ç eftoit bien ledeuoirdesgrans de pourchafler que telles pefees mortelles fuf-
fent pluftoft exterminées que de les fouftenir,& atcédre l'horrible vengeance de Dieu
Mofcouices de(ployee,telle que les bouts du Royaume l'ont fentie en ceft an par les Mofcouites ôc
&Tartares. Tartares . Iccux après plusieurs afiautsayans finalement emporté la ville de Polotzki,
j kJ autrementditePleski,aupaysdeLithuanie,diftantedesdeferts&: folitudesduditpays
en Lithua- enuiron feize lieues, ils la faccagerent & ruinèrent du tout . Et n'eft facile à déduite les
nic- cruautez barbares defquelles ils vfcrcnt,felon qu'on recite.Car en ce mefme pays furéc
defmcmbrcz&: eftranglez plus de vingt mille perfonnes . Ils emmenèrent en captiuité
des lieux alcnuiron vn nombre in fini de perfonnes, defpouillâs les matrones &: les viec
ges captiues detout veftemcnt.Ccs cruautez énormes donnerentgrand' frayeur à tou
tes les prouinces,(i que plufieurs grans Seigneurs n'attendans cefte foudre, abandonnè-
rent leurs terres &pays,leslai(Tanscn proyeàccs barbares. Ce fuccesaugmenra tel-
lement la felonniedu Mofcouite, qu'incontinent après il fit fa refolutiond'aiîaillirla
KiofFfurle ville de KiofF, des plus fortes dcPoloignc, afîife fur lagrand' riuierede Borifthene,re-
Borifthenc. nommeed'vne vi&oire memorableque iadis eut le fufdit Sigifmond premier contre i-
ceux Mofcouites, l'an m . d . x 1 1 1 1 . Cefte ville fembla propre à ceft ennemy non feule-
mét pour coupper les viures à toute la prouincc,mais auffi pour greuer &: tenir en fub-
ie&ion le Royaume. Au moyen dequoy feperfuadant qu'il en viendroit à bour,comme
des autres,il enuoya à coup, d e foixâte mille Tartares qu'il auoit en fon armée, enu iro
quarante mille tant loin qu'ils pourroyent entour la ville rafer &: confumer tout au fi. u
&: à l'cfpee,cuidant tout gaigner après qu'il auroit ruine lepayscirconuoifin. Entre au-
tres vantifes de ce Barbare on recite qu'il fit fauoir au Roy de Poloigne,qu'il trainoir a-
uec luy en fon camp vn farcueil ou bière d'argent , & qu'il n'eftoic délibéré de faire au-
cun appointement , que premier il n'euft mis la tefte du Roy , ou la fienne propre dans
cefarcueil. Par tels ennemis le Seigneur a fouuent vengé le mefpris de fa fain&eParol-
le:& exécute iournellement des iugemens horribles fur les Royaumes ôc prouinces.
~/i C T E Jnquijttional de cefte année au Royaume de Caftille.
llpJO L E D E eut fon tour de l'aflîette triomphale de l'Inquiiltiond'Efpa-
fcMgne : laquelle pénétra iufques dedans la Cour du Roy , tirât de là du nôbre
^yg£desGentils-hômes pages &c archers de la garde, ceux qui eftoyentfufpe&s
^^^^^1 d'adhérer à l'Euangile. Les vns furent condamnez à perpétuelle prifomles
autres de n'aller àcheual,mais bien à afnerâucuns de ne porter foye ou velours: mais le
»pagejî7.b, $^e»/ro,cy deiîus* déclaré. Vn ieurfehommed'Aufbourg,& A v t r e snatifsduPays
' bas,apres longue & réitérée prilbn,mourâs conftâs, furent bruflez vifs. Il n'y eut ordre
ne moyé ne pourfuitte quiles ait peu retirer des mains fanglatcs des Inquifiteurs, fans
pareil danger de mort , ou (quant aux grans ) fans donner quelques onces de leur fang,
poureftre bruflé en figne de latisfa&ion.
G V I L-
Cjmllaume Qornu. 62$
LXin
luillct.
GVILLAVME CORN V,Haymier.>
C E pcrfonnage a raillamment fouftcnu les aflàuts de Jiucrs ennemis: & entre autres dVn fage mondain confeiller en Tour-
nay. Il a rendu railon non feulement des charges dont il eftoit à tort aceufé , mais aui'si de plufieurs poincls de la religion
Chreftiennc,donnant lblutions propres aux obiections contraires cjuc luy faifoyent lcfdits ennemis.
W*^X^& VILLAVME Cornu, natif de Bury en Haynaut, compagnon cou- M.D
Vr^f^S fturicr, {'urucillant de Icglife de Tournay5eftant en fleur daage,apres que 10111
c\ fevKi |5 Dieu luy eut manitefté fa vérité, procura defon pouuoir lcprofk &c aduan
^^^^S cem^t ^c l'egliie du Seigneur. A faute d'auoir efté trouué lors que la gran-
de pcrfecution , aprcs les chants des Pfalmes , commença en Tournay, &: que les com-
miflaires de la Cour de Bruxelles furet arriuez: Cornu 6c plufieurs autres fidèles eftans
adiournez à trois briefs iours , comme ils parlent , à faute de comparoir , furentbannis
des terres &: pays du roy Philippe,fur peine delà hard.
Ad vin t le Ieudy fécond lourde luillct, qu'iceluyreuenant de foupper delà mai-
fond'vn lienami,futtrouuéparleguetdela ville,&: mené en prifonauec ceux qui luy Emprifon:
f aifoyent compagnie pour le conduire en fon logis. Au premier examen que firent les J/J^J6
Iuges,on luy mit au deuat,qu'ilauoite(tcbâni fur peine de mort. On luy mitfusaufsi, :
quec'eftoit luy qui auoit fait certaine prière publique en la ville de Valenciennes , où
s'eftoyenttrouuezgcns par milliers, qui auoycnt recoux deux prifonniers pour cefte
nouuclle doctrine. A ces deux accufations.Cornu refpondit, que touchant la premie-
re,radiournemécn'auoiteftéfait àfapeifonne,nedeuémentnotifîépourydoncr or-
dre. Quant au fécond, qu'a tort on l'accufoit d'auoir efté caufe de fedition, ou d'auoir
dcliureccuxquieftoyentemprifonnezparlaiuftice. Onl'interrogua aufsipuis après
de fa foy.dont il en a mis vnc partie par ef'cnt, que nous auôs extraite d'entre plufieurs
incerrogatoircs,com me s'enfuit:
LE Mccrcdi viii,de Iuiller au matin , fuyuant ce que défia Mefsieurs m'auoyent de-
mandé touchant les Sacremens,onmeprcfTadeprcs par paroles afîcz enuelop-
pces, Si ien'eftimoye point qu'il faluft adioufterfoy&: s'arrefter à vn Côcile vniuerfel, si çoy iolt
conduit par le fainci Efprit? le refpodi en termes gcneraux,qu'il n'y auoit homme fous eftrc adiou-
le ciel qui puifle déterminer chofè quelcoque contre la parole de Dieu , comme faind ^saus:CÔ::
Paul le môftre au premier des Galates,difant, Que fi moy ou vn Ange du ciel vous an-
nonce autre chofe que le ne vous ay annoncé , qu'il vous foit en malcdi&ion. Et Ieftis
Chrifcdit, Mes brebis oyent ma voix &: mefuyuent,&: nefuyuront point vn eftranger,
mais s'en fuyront de luy. Maiftre Pierre Dentiere me dit, Mais vencz-ça,Cornu,enco- Propos d\n
rc que Dieu me voudroit damner,&: que luy viendroye à dirc,Seigncur,i'ay receu con- jg£ mon*
leil des côciles vniueriels, & des Docteurs del'eglife,auec la foy des Percs & anceftres: '
cuidez-vous que Dieu n'auroit point pitié de moy? Croyez donc confeil des gens de
bien qui défirent leur falut aufsi bien que vous. yt. Monfieur,quand ic viendroye à di-
re à mon Dieu, s'il faut ainfi parler, Seigneur, tu as dit que faux chriftscV faux prophè-
tes viendront en ton Nom,& en f'eduiront plufieurs: &:, Que tes brebis oyent ta voix, fcamo.j
Sinon point celle des cftrangers:ie te prie qu'il te plaifc illuminer mon poure entende-
ment par ton fainft Efprit en la vraye intelligence de ta voix: c'eft bien vne prière tou-
te autre que la voftre:car elle eft conforme à fa volonté, n. Vous voyez que toutes les
eglif es fon t defîaites, tant celles de Coilantinople & autres fondées des Apoftres , tel-
lcmct qu'il ncrefteque celle de faindt Pierre,côtrc laquelle félon la promeffe de Chrift
les portes d'enfer ne pourront rien : car mefmes Iefus Chrift dit à faind Pierre , que Sa- Matins
tan auoit demandé pour le cribler, mais qu'il auoit prié pour luy, afin que fa foy ne de- Luc ix.%%
faillift point. Parquoy il eft ailé à voir que c'eft la vraye Eglife de Dieu , & que Dieu fé-
lon fa promeffe ne l'auroit point laifle errer fi long temps. Et de dire que celle de Ge-
neue,qui n'eft que depuis 3o,ou 4o,ans,fuft la vraye Eglife, cela feroit faire grand' hon-
te à Iefus Chrift. ^ . Vous voudriez dire, Monfieur, que les Eglifes quiont efté dref-
fecs par la predicatiô des autres Apoftres que de faind Pierre,n'ont point efté de Dieu?
aucontraire,ileft vray-fcmblableque l'eglifcdeRomeait cftépluftoft drefîee par la
prédication de fainct Paul que de fainâ Pierre, corne il eft bien monftré par le difeours
des Actes. Mefmes on n'a nulle certitude que fainct Pierre ait iamais efté à Rome : cat
NNW4"
L iurc^j VIL Cjuillawne Cornu.
x.TiiTM-i*. fainft Paul cfcriuant de Rome à Timothcc,&: en autres lieux,dit que tous i ont delaif
fe:ce que fa in et Pierre n'euft point frit,s'ily euft efté. Et quant à ce qu'auez allégué du
ié,Jc laiud Matthieu, iainct Auguftin expolant ce paflage vfe de telles paroles :Quad
lelus Chrift dil'oit que le Fils ciel homme leroit liuré entre les mains des iniques , Pier-
Nocez rom rc jUy dit)Cela n aduiennc,Scigncur. Chrift luy refpondit, Va Satan arricrede moy.ee
du SeiSiaî! qu'auparauanc il auoit dit,que la chair &: le iang ne luy auoyent point rcuelé, mais FE-
be i>ngnecn fnric Je Dieu Ion Pere,il dit coft après , Va Satan : pource qu'il ne lauouroit rien de l'E-
»Llcaur! 'prît. En quoy vous voyez que félon laine! Auguftin, il ne parloit quedelafoy laquelle
il auoit confeifee, &c que nous recelions pour vn vray fondement de noftrcfalut ,afla-
noir que IcfusChrilt cille Fils de Dieu. Quant à l'autre pauagc,lefus Chrift réprime
l'audace de Pierre, prefumant quelque choie de foyrcar lelus luy dit,quc le diable auoit
demande de le cribler comme le grain. Et fain£t Pierre mefmc le monft re, difanr, que
i.Ker.f.8 noftre aduerfaire le diable eft à l'cntour de nous,cômc vn lion bruyant cei chant quel-
qu'vn pour dcuorcr. Or quanta ce que Chrift dit , qu'il a prié pour luy ,arîn que l'a fby
ne defaille,il monftre le foin qu'il a de nous, lors que nous penfons eftre en feureté & à
WC4U7Î7 noftre aife.&: c'eft ce que dit Dauid, Que le gardien d'Ifrael ne dort,voire ne fommeil
le point. En quoy cuidcmmentfe monftre le foin paternel que Dieu nous porte. Au
rcfte,ce m cime partage nous monftre la débilité de noftre foy,fï elle n'eft îbullenue di-
uinement. Voila enfommeles propos que nous eufmcspource iour-la. Maisii
ne faut point ou blier que ie fu requis de repeter les prières que i'auoye frites fur le mai
ché de Valenciennesleiour delarecoulfedes prifonniers. Ieles recitay félon qu'elles
font contenues au Catcchifme,aflauoirlcs.prieresquife font ordinairement en lEgli
fe.aucunslcsoyans,foufpiroycnt. Or à la requrfte demaiftre Hermès, ie recitay quant
& quant le Symbole des Apoftrcs: lequel acheuc, médirent qu'ils croyoyct le mclme.
Toutesfois , cedi-ie, vous voyez où i'en fuis pour cefte mefmc roy que vous croyez: fur
quoy ils ne merefpondirétautrechofe,finon que i'eu/îc pitié dd mon ame: mais ie leur
di, que pour le falut de mon ame i'abandonnoye mon corps au bon plaifîrdeDieu,
& à Mefsicurs, pour faire de moy leur volonté.
Vo v s ferez aufsi aduertis,freres,quelc Mardi precedantiefu mené au parc, oùe-
ftoit le Lieutenant du Chafteau: lequel(commeiay entédu)auoit defir de m'ouyr par-
pnS^ont ^er: toutesfoisienefuenquis{inondu"fai£tde Valcnciennes. Ils infifterent fort pour
heu fa'b"ce'à me ^aire accu^er quelqu'vn, alléguant que tous enfans de Dieu, du nombre dcfquels ie
yïeSdénes.* me difoye,doyuent eftre véritables: & que fi ie ne leur nommoyc mes compagnôs par
douceur , ils me le feroyent faire par force. le leur di tout court, quant à la force qu'ils
difoyen t de me fairc,qu'ils auoyent mon corps à leur volonté. Le Lieutenant du Cha-
fteau me dit en fe gaudiftanr,que i'eftoye de ces galas qui vouloye gaudire , &c me don-
ner du bon temps,fans ieufner. Saune voftre grace,Môflcur,ce di-ie,iecroy &: tien que
Dyray la viedu Chrefticn doit eftre vne côtinuelle attrempance &c fobrieté de viure. Et pour
KU nc" entrer en propos de dcrïrinc,ieleur deelaray que les Miniftrcs &Pafteurs del'Egliléde
Dieu légitimement ordonnez, peuucnt félon les temps &faifons licitement ordonner
certains iours pour vaquer à ieufnes &: oraifons : toutesfois fans aucune luperftition ou
idolâtrie. Non pas, di-ie , que cela foit de prendre l'on manger à vne fois ou à deux :car
Dieu ne fe foucic point de ccla:mais fenten vne telle fobrieté qui rctrenche les délices
&: plaifirs du corps, tant au boire qu'au mangcr,afin que fefprit foit plus prompt à prier
Dieu. Us me refpondirent que cela eftoit bien dit. ^Or,mcs freres,ie vous ay bien vou-
lu eferire de ce poinct en paifan^eftimant qu'ils ne m'en parleront plus,ou,quc ie n'au-
ray plus moyen de vous eferire.
Maintenant ie retourne au Mecredi dont i'ay parlé au commencement >au-
Dc l'cxtre- quel ie fu enquis du cinqieme chapitre de fainct laques. Icleur refpondi qu'ilsneme
me onction 4 . r n i .« i ' • ■ n r- i r \
de? preftres. pouuo\ ent nier que ce ne luit vne huile , dont les Apoftrcs vfoyent en la guerifon des
malades, lors que le don de guerifon eftoit encorcs enl'Egli(e,pour conferaier par mi-
racles la doctrine de l'Euangile , qui commençait eftre prefché quand l'Apôftreefcri-
uit cela : comme aufsi a\i fixieme chapitre de fàinct Marc il en eft fait quelque métion.
Mais maintenant le don de guerifon n'eft plus en l'Eghïcror fi les Preftres veulent con-
trefaire ïefus Chrift &: les Apoftres,non feulement il faudroit vfer de ceft elemêt, mais
aufsi des autres, defqucls ils ont vfe en gueriffant diuerfes maladies. Mais ils contrefont
mal les Apoftrcs, veu que cela s'appliquoit aux malades pour les guérir &: remettre en
fanté:
G uillaHme Cornu. 624.
fan té: aucontraire ceux-ci n'appliquent leur huile aux malades, fînon quâd toute efpc-
raneedevie lcureftoftec. d. Et ponrquoy dit-il donc, Q^i'on appelle les Preftres
de rEglilè,& qu'ils l'oignent d'huile:& s'il eft en peché,il luy fera pardonné? R*. Vous
ne notez pas bien que premièrement l'Apoftre touche la fourcc de la maladic,alîauoir
nospechez-.Orlacaufcdela maladie doit eftre en premier lieu ofteeauant que le mala
de puifTe eftre guéri : comme Iefus Chnft auant que guérir le paralytique, luy dit pre-
micrement,Tes péchez te font pardonnez.car la caulèoftee,l'eftéct softeaifément. Or Mat.**
le pcchc ne peut eftre charte (înon par prières faites en foy, lefquelles il dit auoir gran- Lujf.i<s.i7
deefficace:carHelicqui eftoithommefuie&aux mefmes pafsions commenous,par la tjt.dk*?*
prière faite en foy a fermé les cieux, en forte qu'il ne plut point par l'cfpace de trois ans
&: demi. Les péchez donc qui font la première caufe des maladics&: afflictions , eftans
oftezpar la prière faiteen foy, rhuilcpuisapreseftoitappliquecjnaisfeulemétàlague
rifon du corps, & non pas pour conduire lésâmes en Paradis, comme on nous a fait à
croire. Pour cha/Ter donc de nous ce Fort, qui eft le peché, l'huile eft trop foible : il faut
vn plus fort que luy,fauoir eft la priere,qui cft degrande efficace.
Voil a ce qucievouslauroyeefcrirepourleprcfent:&: combien quetoutaitefté
démené au lôg,toutesfois voila le fommahe. Cependant , mes frères &; leurs , prenans
de bonne part le petit don que Dieu a mis en moy , fupportez mon ignorance & infir-
mité:priezaufsi que ce qu'il luy a pieu me départir de la grâce, il luy plaife mel'augmé-
ter & maintenir uifqu'à la fin demesiours : me donnant côftance&fcrmeté,à celle fin
qu'il ne m'aduienne de foire corne au mefehant foldat, qui dclaifîe fon ièigncur quand
il eft queftion de batailler. Or il m'en pendautant journellement deuant les yeux, n'e-
ftoit queic me fouftien & appuycfurla bonté & force de mon Dieu , par le moyen des
prières que faites pour mov.Dieu a mis en moy le vouloir, i'efpere&m'aiîeure d'obte-
nir de luy le parfaire ,ainh qu'ill'a promis. Voftrefrere&:ami,prifonnier pourla pa-
role du Seigneur, G. Cornu.
O v t r h les interrogatoires ci de/Tus dites, Guillaume Cornu a recité à vn fien ami
qui Teftoit allé viiiter en prifon, que certain iourauparauât vn docteur Sorbonifte fur- Cocau>t}-
nommé De le haye,chanoine dcTournay,accôpagnc de certains Iefuites,s'eftant van P.lS ic do-
té qu'il làuroit bien toftli Cornu eftoit Huguenot, le vint interroguer en la prifon de- û««pei*
uantle Lieutenant du Roy, &: du Prcuoft de la ville, 6c d'autres. Ce fage Docteur ia>t:
ayant interrogué Cornu furie poind delà Tranfïubftantiation au Sacrement, &£ le
voyant muni de rel'ponfcs,fe retira afTez toft:&: y laifla bien empefehez lefdits Iefuites.
Il y vint après eux le Curé defàin&Iaques, accompagné d'autrcs,pourdifputercontre
ledit prifonnier: mais il leur dit que journellement il parloit à fes Iuges>&: qu'il ne vou-
loitrefpôdre qu'en leur prelcnce.Toutesfoisenquis qu'il fentoit des merites,dit qu'il Dcsmeri-'
ne fauroit mériter fors que danation de mort éternelle, quelques bonnes œuures qu'il tcs'
feeuft fairedeur prouuant cela par partages manifeftes de l'Efcriture. Ses Iugesl'inter-
roguerent depuis, afîauoir fi le Pape eftoit chef de l'Eglilé & fuccefîeur de faintt Pierre. D"P*pe.
-Auant que refpondre , il leur demanda s'ils entendoyent parler du Pape à prefent , ou
de tous fuccefsiuement.Luy dirent qu'ils entendoyent parler de tous. Il rcfpondit,que
Iefus Chrift eftoit léul chef de fon Eglife,côme il eft eferit aux Ephcliens: & leur mon- £Phe
ftra que pluiieurs Papes eftoyét paruenus au Papat par art magique, comme Sylucftre:
Et commcnt,dit-il,ceux4a feroyet-ils chefs, qui mefmes iamaisn'en furentmembres? J^J^0
On luy donna la queftion pour fauoir où il auoit logé, ôc pour acculer ceux de fa
Religiô: mais il ne nomma & ne mit en danger perfbnnc. Finalement après tou-
tes procédures, fèntéce de mort luy fut prononcée le Lundi i3,deluillet,entrclesfept
à huit heures du matin. Ce fairt,on le mena en vne chambre prochaine du parc où la-
dite fentence auoit cfté recitee:en laquelle chambreCornu parlamagnifiquement de
la refurre&ion de fon corps en prefence d'aucuns de fes luges. Sur quoy fut menacé
qu'on luy bailleroitvn bâillon ou cfteuf en la bouchc,s'ilnepromettoit le taire en le
menant au fupplice. 11 promit en cela leur obéir à condition &: charge de prier Dieu.
En le menant au fupplice il dit telles paroles : Maintenant ie m'en vay aux nopees de
l'Agncau:ô que ie meut s volontiers pour l'honneur de mon Dieu! Aucuns recitet que
citant près de l'efchafFaut,vne ieune fille vint au deuant de luy,&dit, Mon frère, nous
ne vous verrons plus. Cornu luy refporuiit,Siferons:nous-nous verrons en la viecter-
nclle.&: la fille luy dit, Ainfi foit-il.Quand il fut monté fur l'eichafFaut,il s'eferia au Sei-
NNn. ii.
Lmre VIL V<vonterOom.
gneur,difant : O Dieu,ayc$ pitié de moy : ne regarde pas à mes fautes,mais à ta miferi-
corde.Et après auoir recité le Symboledcs Apoftres,ildic,SeigneurDieu, n etrepoint
en lugcmentauecmoy ton poure (bruiteur. En prononçant lcfquelles paroles, il fute-
ftranglé , te fon corps brune ledit iour xi u,de Iuillct, m. d. l x ii i, cnfacrifïccde
fouef odeur deuant le Seigneur.
».ou,gal- VVOVTER" OOM, delà ville d'Anuers.
VOYEZ en ceft exemple par quels degrez les elleus de Dieu montent de la cognoiflance de leur falut,à vn honneur Ibu-
Gaultier. uerain de glorifier l'on faind nom par cfrufion de leur fang.
NT R E autres du pays de Brabant qui de leur fang ont feellé la venté de
l'Euangile, V Voûter Oom eftoit doué de grâces fingulieres,qui recôman-
doyent grandemet là ieunefle.il eftoit natif d'Anuers,gaignat fi bien fa vie
de fon meftier de maflbn, qu'il auoit dequoy aider &: cômuniqucr aux po-
dungemét ures> |)és que le Seigneur l'eut euoqué des ténèbres de méfonge à la lumière de fa vc-
V1C" rite , il quitta les folies te vanitez auiquelles ordinairement eft addônee la ieunefle: te
Adionftion fe feparant des compagnies quiles entretiennent, il s'accointa de quelques fidèles de
il EgUic. rEgli(creformee,pour eftreplus amplemétinftruitenla doctrine de falut. Apres que
plufieurs de l'Eglife eurent art'ezcogneulezelc&: droite afFe&iondont il eftoit mené,
il fut receu en la compagnie des fidèles , ayant fait confefsion de fa foy. Il eftoit autant
bien exercé en i'Elcriturefainc~te,queieune compagnon fans lettres pouuoiteftrc, tel-
lement que lesMiniftres te autres auec admiration s'efiouyrent au Seigneur,del'auoir
aucc eux . Or comme ainfi fut que plufieurs des Eglifcs du pays bas fe retiroyet en An-
S'expatricr gleterre, comme on a veu ci de/Tus , V Voûter s'y en alla, &: demeura quelque temps à
dr^d-aîan- L°ndres>°ù il y auoit Eglife de ceux de fa nation , de laquelle pour lors eftoit miniftre
tige. M- Pierre Delcnus. Il y conuerfa comme il auoit fait à Anucrs, en toute intégrité auec
édification , te fort agréable à tous les frères. Mais confiderons l'admirable prouiden-
ce de Dieu, par laquelle il appelle te meineà la croix ceux qu'il a choifis dés le cômen-
cemcnt,pour eftre tefmoins de fa vérité. Ayant demeuré quelque temps en Angletcr-
re,il fefentit intérieurement efmeu de retourner à Anuers, comme redeuable à (a na^
tion : où après auoir efté quelque téps,il fut prins de nuid en la maifbn dvn bourgeois
à la nouuelle ville, foit qu'il ait efté ou trahy ou aceufé au Markgraue d'Anuers. Ce fut
au mois d' Aouft, m . d .' l x 1 1 . eftat aagé enuirô de x x v i .ans,que le Markgraue aucc ql-
L'cxamë & ques Efcheuins l'examina fpccialementdesMiniftres& des afTemblces qu'ils faifoy et.
Sur quoy il refpondit fi prudemmentjqu'ils ne feurent rien tirer à leur aduantage.il fut
fouuent vifité te folicité par les Seigneurs de la ville,&: autres particuliers,tant par di-
fputes,quepromefTcs & menaces, de fe fubmettre à leur eglife Romaine: mais rien ne
l'efbran lajtant il eftoit refolu és poin&s de la vraye religion. Aufîî peu firéten ceft en-
droit les Preftres te Moines qui luy furent prefentez,le penfant vaincre par leur fophi-
fterie. Vn libertin ambitieux, faifant profcflïon de Medecine,ccrcha les moyens de
le diuertir &:deftourner par fes raifons naturelles:mais V voûter luy môftra vn tout au-
tre fondement de fa foy, affauoir des Prophètes &: Apoftres, laquelle tant de Martyrs
Perfeueran- auoyent teftifiee parleur fàng.Il monftra aufsi à l'oppofite,&: donna à cognoiftre par la
Ssi"dcf0a Par°lct^ Dieu, que leur religion &: eglife n'auoit autre fondement que le Pape & fes
° fuppofts , n'autre defenfe que par feu,parglaiues te autres cruautez. Pour conclufion,
ceux-ci pour la dernière fois retournas en crainte que leurs erreurs en les remuant ne
f ufTent de tant plus defcouuerts, foliciterent le Markgraue te lefdits feigneurs,que tel
hérétique duquel on n'efperoit aucune rcpentance,fuft deipefehé. Mais aucûs des fei-
Çneurs cognoi/Tans aftczle courage fanguinairc des Ecclefiaftiques, n'en furet efmeus
aie faire mourir incontinent, efperansquela longue détention amoliroit cefte roi-
deur, qu'ils eftimoyent venir de ieunefte. Tantyaquelcprifonniereftantde iour en
iour fortifié,ne defiroit que de glorifier le nom du Seigneur non fèulemét de bon che,
Dcuoir en- maisauiTî de 1 effufionde fon fàng. Du rant fa longue prifon il efcriuit plufieurs lettres,
uersie pro- par lefquelles il inftruifoit&fortifioit plufieurs de fes amis d'Anuers. Cependant les
obftît bpn Ecclefiaftiques menez de leur haine furieufe,procurct vn tou t autre bien au poure pri
fon. fonnier, te parleurs complaintes à la Cour de Bruxelles abbregent ce que les autres
penfoyent
jreuuc.
Ieàn Vvolf, 0* T^icaije de le Tombe. f ij
penfoyent allonger par lettres de commandement a ceux d'Anucrs,quefansdelay ils
executaflènt le procez dudit criminel. Apres doc que Vvouter eut efté enuiron vn an
n prifon, perfiftant conftamment en la côfeflîon de la vérité du Fils de Dieu, fur con-
âné à la mort,& fut noyé en la prifon l'an reuolu,au commencemét du mois d' Aouft,
en
dâné
M. D . L X II
IEAN DE VVOLF, de U ville Ji^ndenArde.
IL eft aufsi du nombre de ceux defquels l'Eglifc des fidcics d'Anucri tient la mémoire prccieufc,& l'ont enregiftree.
V O L F fuyuitdebienprcsau mefmc côbatle précèdent Martyr en la- M.D.LX111
dite villed'Anuers.Ilauoitquitté Audcnarde,ny pouuant côtinuer fade- Jikïcôt*
meure fans grand danger de fa vie,ou de blefTcr fa confciencerfpecialemét de Flandre,
entant que la femme cftant enceinte, & encore débile en la cognoilTance
del'Euangile, iln'auoit moyen de ferangerde l'aflemblee des fidèles qu'en Anuers.
Mais lors qu'il péfa eftre hors de tout danger,& comme en vn port afleuré, vn fien voi-
iin efmeu de maltalent &: haine , l'accufàau Markgrauc , pourle baptefmc de fon en-
fant. Eftant conftitue' pnfonnier &: interrogué , où& deuant qui fon enfant auoit efté
baptifé, il refponditians heliter qu'il l'auoit fait baptifer félon l'inftitution&: ordon-
nance de Dieu, en fon Eglife, par vnMiniftre de fa làinôle Parole. LeMarkgraue noa
content de telle refponfe , le prefTa à diuerfes fois auec menaces de tortures pour accu-
fer ceux de fa cognoilTance. Ilfutauflîfort hara/Té de longues & inutiles difputespar
Preftres &Moines:& mefme vn outrecuide' Libertin & arrogant temporifeur luy fit de !iibcrtins. *
gransalTauts pour luy faire renoncer la vérité , ou au moins de ladefguifcr. Mais le pri- fcurTennc.
(bnniet repoulfa vaillamment par la parole de Dieu toutes ces tentations. Le plus ru- misdange-
de combat qu'il eut , vint de fa propre chair, en laquelle il fentit de tels mouucmés du- reux-*
rant fa prifon , qu'il euft volontiers euité la mort par diiïîmulations & fubterfugés. Et
ceci luy caufoit la grande afle&ion qu'il portoità fon enfant, & à fa femme qui eftoic
ieune,belle& gracieufertellcmentqueplufieurs de l'Eglifc n'attendoyent autre chofe
linon qu'il fuccomberoit à cefte tentation. Mais au milieu de ces durs aiTauts on l'oyoit
inuoquer le Scigneui; auec cris & ibufpirs,qui ne tombèrent point en terre:mais furet
exaucez en temps opportun , lors qu'au iugemet des hommes il fembloit du tout eftre y0™"0^
furmonté.On trouilâ moyen de luy faire tenir lettres de confolaçion: & mefme lèpre- abbatu&
cedet Martyr Vvo.uter Oom,qui eftoit aufsi pourlors prifonnicr, le fortifia par lettres, redrcCé.
& receutfingulierecbnfolation.il demeura depuis tellement ferme au Seigneur, &cii
çonftanten'laconfeflîonde fa vérité, que finalement il receutfentence de niort telle
que ledit Vvouter.Sa femme vint vers luy,&:parlerentqueIquetempsenfemble,fon-
dans tous deux en larmes fi abondamment, qu'elles euiTent efmeu les plus dursôd bar-
bares de ce monde. Au départir il luy recommanda à haute voix la crainte de Çficu, &
l'inftruction de leur enfant en vraye Dieté. Incontinent après il fut noyé declànsle eu*
uierdelaprifon:&lelendemainmisalaplace des gibets presla ville.
NIC AISE DE LE TOMBE,^».
L A plus pernicieufe rûfe que Satan ait feeu inuenter in ces derniers temps , ça efté des Serments , dont il eft ici parlé, pour
tyi-annizerlcsconfcicncei^u/qucbfermcnts le Seigneur a oppofé ia conftance de quelques vaiians champiouj^çurdon*
ncr courage à pluficurs de cœur failli.
I C A I S E <lemeuroit en Tournay,exercwntlâ'fayetteriey&: auoit pane ^™
grande partiede fon aage quand M fut amené a la cognoilTance de la vérité bre.
de l'Euàngile. Et pour en eftre pJuspteinement informé,il (e retira auec fa
femme & la famille en la ville de Vvefel , qui eft fous la ieigneuriç dtt.xiua La ville de
de Cleues. Il y auoit lors en ladite ville vneanemblee de gens étrangers, &: baiRAk.1*
mem<ie la langue qu'on appelle Vvalonne,com magne.
&auxSacremensde (onEglife. Mais Satan ennemi de laiHicité des enfansdeBïeuy
quelquctempsaprestroubla tellement par qwcftiôs dîuerfeiccftealîembl^ que lest
vns fe retirerétà Frankford,les autres à Stralboùrg^cautteslicur: Jtficaife retourna à'
NNn. lii.
L/Wro VIL Nicaife de le Tombe.
Tournay,dont il eftoit forti. ce ne fut pas pour auoir communication aux fuperftitions
^abominations defquelles il auoit efté enueloppé par le pafle: mais pour le ioindre aux
ailemblees Chreftiennes qui fe failbyent en ladite ville , &; pour mettre en euidence les
fruits de la cognoùTance qu'il auoit reccuc par la parole de Dieu . Ayat efté cogneu tel,
fut receu en lacompagniedes fidèles , en laquelle il s cft tellement porté , qu'on n'a ap-
perceu en luy qu'une vie &: coucrfation honnefte, côiointe auec vn defir ardant d'auan
cerla gloire de Di eu, & le règne de Iefus Chrift en l'édification de ion Eglife.Etcomme
larHidtion eft la vraye touche pour diicerner les vrais fidèles d auec les hypocrites, Ni
cailemonftra lors ce qu'il auoit au dedans, quand on l'importuna de prçftcr ferment
entre les mains des députez du roy d'Efpagne,dcviure félon les ordonnances de leglilc
Romainc,& obferuer toutes les traditiôs inueterees en icelle.Car nonobftat reproches,
ininres,&: menaces qu'on luy fir, il demeura côftant de n'en faire aucun femblant quoy
qu'il en deuftaduenir. Aucuns de fesparensladucrtirét qu'au moins il le voufift rctirer
quelque peu de la ville, tat que ce bruit des fermets fuft paiTé,&:ccpendac que fa fem me
pourrait çhâger delogisenionabfénce.Ilacquiciçaàcc côfeil: mais le Seigneur q. tout
gouuerne,fe voulant ieruir de luy pour encourager les autres, &: feeller le telmoignage
de fa vérité par fon iàng,l'arrefta en la ville. Il eftoit tout preft à partir quand vn iîen voi-
fîn ennemi de l'Euangile l'accula aux Comis, de n'auoir fait ne voulu prefter le ferment
commandé. I l futarreftéleleudi x x i.iour d'Octobre, m.d.ixi i i. à comparoir
deuant les Commiffaires , pour refpôdre s'il vouloir accepter le ferment félon le formu-
la fommai lairc qui eftoit ordonné. Nicaife demandant d'ouir la teneur du ferment auant que ref-
incBordcuî pondre: illuy fut dit, qu'il contenoit de garder &:obicruer toutes les ordonnances an-
nez par la ciennes:de reccuoir au iàcrement dclautel trois fois l'an fon creatcur:&: Dimanches &c
-dkt CBfU fc^cs a^ei" a 'a MeiTe &T à vcfpres,&:c. Incontinét qu'il eut ouy ce proposai leur dit qu'il
n'eftoit nullement délibéré de faire vn tel ferment, ne de bleiîcr fi malheureufement fa
confeience en chofes manifeftement contraires aux commandemens exprès du Sei-
gneur. Et quant &c quant rendoit raifon de fon dire, aceufant ceux qui auoyent fait vn
tel ferment^ pareillement ceux qui le reccuoyent.
L a de/rusilfutconftitucpriionnier,&:misenlaprifondes plus criminels,appelec
Pepignie, iufques au Vendredi douzième iour de Nouembre: auquel iour il receut iên-
tence demort,afTauoir d'eftre lié à: mené furie marché de la villc>& là fur vn cfchaffaut
eftre brullé& confuméen cendre. Apres le récit dcfafentcnce,ilditcnfelcuant,Louc
foit Dieu : &c comme il vouloir encore dire quelque chofe , le Procureur fifcal quieftoie
là,nc le voulut permettre,mais en le poufiant luy dit qu'il marchaft auartt. Incontinent
après on le mena au lieu du fupplice*. & de bié venir il n'y auoit auec luy aucû Caphard.
Quand il fut defeendu de la matfon de la ville , vn fien ami le recognut , &: en le recom-
mandant à Dieu,s'cntrebaifcrcnt l'vn l'autr e_
luriitu Estant venu auprès du "BerTroy de la ville, voyant le grand nombredu peuple
rr.jilon de la qui eftoit là afTemblé pour le voir pafTer , cfleua favoix,&dit telles paroles, Ouurcz
rork.g«r " les yeux , peuple de Tournay, Rcfueillez-vous qui dormez, & vous leuezdes morts ,
Chrift vous illuminera. Et fi crioit merci à tous ceux qu'il pouuoit auoir ofFenfez, par-
dôna nt de fa part volontiers à ceux qui l'offcnfoyent. Le peuple oyat ces propos, com-
mença à s'efleuer & mener grand bruit , & de la multitude qui s'eftoit aflèmblee,lafou-
"^Aïïàuo.r * le en eftoit fi grande que les " gendarmes qui accompagnoyent le patient» eftans en ar-
garmïwi ? mes auec leurs tabourinsfonnans , nepouuoyent tenir ordre ne marcher en leur reng:
Toumay. de forte qu'il y en eut quelques vns qui firent fcmblantdc vouloir deflacher: mais. le
peuple voyant cela commença de tat plus fc tempefter, & ne s'en falutgueres qu'il n'y
euft grand tumultc.PafTans outre,tirerent vers la place où eftoit rcfcharTaut:&: Nicaiie
ne fit autre chofe que prier Dieu. & y eftant venu dit telles paroles, Seigneur, ils m'ont
eu en haine fans caulé. & ainfi monta de franc courage fur lefchaffaut:&: incontinent
les bourreaux le prindrent,&: le portèrent à l'eftaçhe:&: ainfi qu'on l'eftachoit,il dit, Pè-
re ctcrncl,ayes pitié &: miièricorde de moy, ainfi que tu las promis à tous ceux qui le te
demanderont au nom de ton Fils Iefu s Chrift. Il fit plusieurs au très prières à Dieu, SC
continua iuCqu'àla fin del'inuoquer. Et combien que le bruit quemenoit la mulçiu •
de des gens,&: le rctentifTement des tabourins empefehaffent d'ouyr pleinemét fespar
rôles , fi eft-ce qu'on entendoit le nom de Icfus prononcé de grande véhémence , tant
que l'efpric luy demeura au corps.ôi celle fut fon heureufe ifliieau départit de ce mode.
RO-
Rogier du M ont. 626
ROGIER DV M O N T , deTournay.
CE qu'on peut noter en cette hiftoire eft communà plufieurs Martyrs, aflàuoir que le Seigneur en l'infirmité d'vnpoure
tomme impotent a manifefté la vertu & puiflance. Et, qui eft fpecial, après Tauoir difpofé & préparé pour eftretcunoia
de fa vérité , il l'a voulu aduertir par ligne vifible,& comme l'adiourner de prendre les arres ôi fuyure au meime combat
le Martyr précèdent.
V mcfme temps Rogier du Mont, natif deTournay, retordeut de Ton me- M.DXXni
fticr,fut mis prifonnier par lcsCpmmiflaircs députez de Bruxelles fur l'exé-
cution des ferments enioints de n'aguercs à tous ceux qui feroyent fufpects
d'adhérer à la doctrine qu'ils appellentnouuclie. Ilauoitlongcemps diffi-
mulé les fruits delà purecognoitfance qu'ilauoit receue delà lumierede l'Euangile:
voire encores que la débilité de ce qu'il eftoit boiteux le deuft admonnefter ou donner
loilir de recognoiftre les dos &: grâces d'efprit que Dieu luy auoit côferees, ncantmoins Moyen p*
ilne vintiamaisà quelqucdeuoir,iufqu'àcequ eftantdeucnuimpotent,& commedu k^de*°~
tout perclus de fes membres, il fut là réduit , qu'il ne pouuoiteftrecouché,mais feule- moudrai
menta(Tis,fourrrant de grandes douleurs,quifouuentluvdenonçoyent la more chemin,
L e CurédcfaincteMarguerite,en la paroi/Te duquel Rogier demeuroit,eftant ad-
uerti qu'il eftoit malade, 1 alla vifiter par plufieurs fois, l'admonneftantdefeconfcfTer»
&receuoir fon créateur, comme vn bon catholique doit faire. Mais Rogier ne tenant
conte de fa vifîtation ny de fes propos , luy refpondit en fbmmc , qu'il ne prinft tant de
peine pour luy,& qu'il eftoit fortà repos &: en paix, voire certain &: affeuré de fon falut,
par la bonté, mifericordc,&:gracedeDieu,enfaueur de fon Filslefus Chrift.Ce Curé
voyant que fes admonitions neprofitoyent de rien, eut fon recours aux menaces, & dit J^J*
àRogier,qu'illuy apporteroit Ion createur,& qu'il luy feroit bien prendre par force. Et re prend?*
ainfi courroucé & enflé de menaces,s en retourna.mais le Seigneur qui ne laiffe iamais J°nd*u p«
ce qu'il a vne fois commencé entiers les fiens, eftâc toujours prochain de ceux quil'in-* °rcc*
uoquent en vérité , ouyt la prière de Rogier, &c lerortifia li bien, qu'au lieu de s'effrayer
de ces menaces, &: craindre d'eftre aceufé par ce Curé vers les CommiiTaircs , il princ
nouuelle force par l'Efprit du Seigneur , non feulement d'attendre en patience tout ce
que les hommes luy brafleroyent,mais d'auancer auant que mourir la cognoiffance de
l'Euangile fi auant qu'il pourroit, magnifiant en toute affeurance la bonté & grâce que
Dieu auoit tout à coup il puùTamment delployee&efpanduefurluy poure impotent,
voire perclus &: de corps &T d efprit.On ne lecognut iamais en-fa profpcrité fi ioycux ne
content qu'il eftoit lors qu'il fut enuironné d'affliction: tellement que plufieurs fidèles
en eftoyent cfmerueillez, de ce qu'au lieu de le côfbler en fon aduerfité, ils retournoyet
confolczdb luy bc mieux infirmes. Sur tout, jeunes ges demeftier prenoyent grad plai-
fîr de l'aller voir,&: d'ouyr les fain&es admonitions qu'il leur faifoit de craindre Dieu,de
cheminer en fes commandemcns,deferetirer des idolâtries &c fuperftitions,&: de toute
chofe contraire au vray feruice dcDieu.Et fit cela enuiron lefpace de deux ans,n'ayant
defes membres meilleur vfage n'exercice qu'en la parole &fainctsdeuis. Souuétilfou-
haitoit que Dieu luy fift ceftegracede pouuoir endurer la mort pour fon Nom. Ce que
finalement aduint.mais(qui eft à notcr)auant cela le Seigneur luy en donna comme vn
iigne vifible,pour i'aduertir&: le préparer au côbat prochain. Car leiour qu'on brufloit Rogtfr ïïc
le précèdent Martyr Nicaife delcTombe , commeRogier eftoit en la cour de fon logis deuant qu'-
faifant prière à Dieu qu'il donnaft force &: confiance audit Nicaife d'endurer la mort, f^,™*^
ily vola en laditccourdcux flatrimefchcs, qui tombèrent droit deuant luy. Ce voyant,
il en fut efmeu , comme d'vn prefàgc luy lignifiant le feu qu'il dcuoit endurer peu après
pour mcfme caufe&quercIIeduSeigneûr. Sa femme 8c quelques amis voifins veirent
lcfditesflammefches.ceci aduint le Vendredi x n.iour de Nouembre, m. d.i x iii.Ec
le Lundi fuyuant x v .dudit mois, Rogier ayant eftéaccufé par le Curé cy defïus dit,fuc
mis prifonnier par legrandPreuoftdeTournay,homméIeanGrenut.
O n le mena en la Halle de la ville,où il luy fut demandé premièrement , Suyu ant la
nouuelle ordonnance emance<leBruxclles,s'iln'auoit point fait le ferment, s'il ne le
vouloitpoint fairecomme les autres. Il refpondit que non. & après plufieurs deman-
des à luy faites,on le ferra en prifon. Pendant fa détention il fut fouuent folicité à fe def-
dirc, &c à s'accorder auec les ennemis de la vérité , hiy faifant de belles promcfTcs qu'on
foulageroit fa débilite, & que durât fa vie on ne lelaifferoit auoir difctte, s'il vouloitfai-
NNnjiii.
Liure VIL Jean Mutonis.
rele fermée comme les autres, &c viure corne vn bon catholique doit faire. Il n'y voulue
aucunemét entendre,demourat ferme &: refolu. Il y eut en particulier vn des eftaffiers
du feignent Doignies vicaire 6c coadiuteurdel'euefque de Tournay , qui fît tous fes ef-
forts de deftourner Rogier,iufqu a lepner,&luy promettre degrandes afliftances delà
part des plus grans: mais il ne fît que perdre fa peine, car Rogier eftât aduerti par quel-
ques amis fidèles des rufcs&cautellesaccouftumees des Preftres,fefouuintquecc ne-
Rogier ftoit que vent U fumée tout ce qu'ils promettoyent, &: qu'ils le failoyent afin que lavât
S3 Je Sa,ênc> vinfflent mieux à bout des autres qui s'oppofoyét à l'ordonnacc des fermées,
fcdcidirc. Les ennemis voyans cela, &C aufsicraignans qu'il ne mouruft en la pnfon ,àcaufe
d vnegriefue maladie qui luy cftoit furuenue,fut condamné le Ieudi deuxième de Dé-
cembre, m. d. l x 1 1 1, a eftre mené dans vne charrette (pou rce qu'il ne pouuoirmar
cher)&: là fur vn efchaftaut eftre bruflé,&: fon corps réduit en cendre,à la façon accou-
ftumee. A près que la fentence fut prononcée, il dit à haute voix, Loue foit Dieu, ie le
rcmercie,&:les gens de bien qui m'ont aififté en toutes mes ncceflitez:&: quant à vous,
Me<neurs,ie le prie qu'il vous vueilledonncr à cognoiftre vos fautes, vous faifant mife
ricorde pour paruenir au royaume des deux , comme ie croy qu'auiourd'huy i'enferay
faift participant. Ayant dit ces propos, on le porta entre les bras de la maifon de la vil-
le en bas,& puis on le mit fur la charrette, & incontinent qu'il fut dcflus,il commença
a chanter le premier couplet du Pleaume x v i:ôcTayant fini, il commença lePleaumc
v lecontinua iu(ques à la fin.Eftât venu auprès de l'efchafFautjle bourreau le princ
entre fes bras,&; le bailla à Ion feruiteur qui le porta fur l'efchafTaut :&: là deifus,cepen-
dant que les bourreaux appreftoyent tout leur cas,il commença à dire les articles de la
foy, &£ puis l'oraifon Dominicale: &c ayant acheué,le bourreau le print & le porta à f e-
ftache,&: le mit en vne chaire là pofee &: faite exprcs,pour y eftre ars &c côfumc. Rogier
y eftant afïîs, réitéra pluficursfois cefte prière, Mon Dieu èc Pere éternel, ayes pitié da
Iffuc de grâ moy ton pou re feruiteu r: Et dilbit ces mots auec grande vehemence,dc forte que con-
dc confola- tinuant fcmblablcs prie res,il rendit paifiblcmctl efprit. Telle a efté lafin&: ifTue heu-
reufe de.ee Mai tyr,dc fingulier exemple aux infirmes cnladite ville,&: de grande con-
folation à tous fidèles deÏEglife.
MJ>LXIin,
cnFcuncr.
IE A N MVTONIS,J»|>^(îePw«wff.
C'EST aux Miniftres de U parole de Dieu, qu'en veulent les plus furieux & iofeofez de ce fîcclc : voire 8c quelques foi*
pour complaire à celles qui tofuj'ucnt le *ain tfHcrodiaj.
V I pourroitaiîez exprimer tant de violences &:out rages qu'ont en ce teps
enduré les fidèles endiuers pays&: contrées du royaume de France? Car
comme les prouinces rencontrent des gouuerneursaddonnez à tyrannie,
aufli les perîêcurions fe (ont dcfhordees-iur tout contre ceux qui portent la
charge d'ad m iniftrer la parolede Dieu. Mutonis eft misenlapremiereaffliction deçe-
fteannee, m. d. l xiiu. comme ayâtfentilapoin&cdes premiers làcrifîcesiànglants
exécutez en icclle.Djcu luy auoitfait lagrace,comme à pluficursautres,non feulement
d'auoir quitté le bourbier des Iacobins de Grâce en Prouence, mais auffi deprefcher&:
annoncer au mefme pays la vérité de l'Euangile. ^ Il tomba à la fin entre les mains
LaProuccc d'vn crue^ ennemi d'icelle , quigouue.rnoiçen fa fureur de icuneffe effrénée la prouin-
feréflemdc ç&t\ qu'eftant Mutonis appréhendé enuiron deux lieues près de Sain&Efprk, fut fans
c&cnee^e aucune forme de iuftice pendu cntre yiUdaeurued'Àuignon &: Bagnols.Çefutpar vn.
fonGouucr- Lundi x 1 1 1 1, iour de Feurier,deceflcrjiceannee,&:commelondit, pour le plaiîir &c à
aeai: . lïnftance de quelques defbordeesd'Auignon quigouueinoyentce.Gouuerneur:&:de-
(Iroyct, comme iadis Herodias,quelcsdâïcs& felbns dudit iour de Lundi, appelé gras
au royaume des ténèbres, fufTentfblenniféz & çonfacrez aufangdeccluy duquel on nç
pouuoit porter ne la faine do&rine ne les reprehenfionsfàinc~tes.
IE AN DE M À D O Ç , Mmijhre exécuté en Lomine.
L E mini ftere ie ceftaj-ci eft afpùlli de telles nues, & circonuenu de trahilbn G lafche des iufticicr s de Lorraine, que l'hirtoi-
rc
Jean de adoc. 6î 7
je de là mort fort mémorable , eft occafion au* Gentils-hommes du pays de folicitcr leur Prince de vouloir permettre li-
bre exercice de la Religion reformée.
E A N de Madocnatif du pays de Languedoc , ayant receu de Dieu Ja co- m.d.lxihl
gnoilTance delà vérité , ôc vn vray zele de l'honneur de Ton Nom , fe retira en ^
premièrement à Gcncuc , pour profiter plus amplement en cefte cognoif-
_ ïance,&:vacqucr aux offices de pieté.Puis cftant cogneu de l'Eglife Ton zele
&fàdo&rine,futenuoyé annoncer l'Euangile à Bal7in&: Arzier. Là s'eftant fidèlement Baf$i0&Ar-
porté en fa charge par pluiicurs annees,& voyant le peu de profit qu'il y faifoit,mefmes ua'
que ladifeipline Eccleiiaftique n'y eftoit receue ni exercée, fut contraint, à fon grand
regrer,en partir,&; fe retirer derechef àGeneue,auec fa femme enccincT:e,&: cinq petits
enfans. Mais le Seigncur,cjui vouloir fc feruir de luyà pourfuyurc fonœuure, difpolà
que bientoft il fut appelé parl'Eglifc de faind Nicolas de Port en Lorraine, laquelle
s eftoit ra/Temblee deladiflîpation aduenueàla mort de Florentin, félon qu'il a efté
traitté en fon hiftoire ci de/Tus récitée. De forte qu'vn fidèle auec lettres d'icellc Eghlè,
& recommandation des Miniftrcs de Mets , eftant enuoyé à Geneue, pour cercher vn
Pafteur qui euft la charge du troupeau dudit lieu de fain£tNicolas,ramena Iean de Ma- Madoc er£
doc: Lequcl,apresauoir exercé auecques toute diligéce&: fidélité la charge de Ion mi- Jc^nST
niftereenuiron deux mois audit lieu de faintt Nicolas , fut aduerti par les frères de fon las de Port.
Eglife , que le feigneur de Dcully auoit efté appelé à la cognoilTance de la vérité , à la-
quelle il deliberoit fc renger. Et pource qu'vne maifon dudit fieur de Deully, nommée
Gerbeuillcr(en laquelle il fe tenoit ordinairement) n'eftoit diftante dudit lieu de fainét
Nicolas que de quatre lieues,il fe delibera,melmes par le confeil dcldits freres,de l'aller
vifiter , pour le confermer en cefte cognoilTance que le Seigneur luy auoit dônee. De-
quoy faire aulîî luy donna grande occafion l'abfence de la plufpart des frcres,lefqucls,à
raifon d'vne nouuelle ordonnance du prince de Lorraine,auoyent efté contraints s'ab- Perfecutîon
fenter du pays, après s'cftrepuifn'agueres (comme di& eft )rafîèmblez à faind Nicolas, cnLorrauic!
de lorte qu'il n'y auoit plusprefques perfonncquiafiîftaft à fes prédications. Partant
donc de S.Nicolas le x x 1 1 1 1 ,de May, m . d . l x 1 1 1 1 , fut conduit par vn fidèle de Lu-
neuille(quicft vne ville voiline,lltueeiur le chemin vers Gerbeuiller)par laquelle il
pa/îa:&:(c6me il eftoit conduit de faguide)vint loger à Viller,lieu diftant de Luneuille
enuiron deux cents pas,en la maifon d'vn fidèle, où toft après deux autres de la mefmc
ville,aduertis de la venue,le vindrét vifiter.Mais Satâ eftât au guet , auoit difpofé quel-
ques ioueurs de quilles près Viller,leiquels voyas pafièr le dernier defdits frères, diréc,
en iurat félon leur couftume , Que les Huguenots de Luneuille feroyent bien toft tous
arriuez, &: qu'il les faloit malTacrcr.Puis peu après partit d'entr'eux vn îergent, nommé
Gueillarr,qui fe prefenta à l'édroit des feneftres de la châbre où eftoit Madoc &: fes frè-
res, &c dit,en parlât allez haut,Si ie fauoy' qu'il y euft leas vn prédicat, ie fauroy'bié qu'é
faire,& en aduertiroy' mon maiftre le Prcuoft. Ce qu'entendu par eux, après auoir en-
femblcaduile ce qui eftoit défaire, ils s'efearterent ,&futMadoc conduit parvnlieu
deftourné en la ville,chez vn d'iceux frères , où faifant le loir vne exhortatiô à vne dou-
zaine de perlbnnes,qui fecretement s'y eftoyent alTemblez , fut aduerti que le Preuoft Madoc a-"
eftoit en armes à Viller pour le cercher. Dequoy Madoc ne fc monftrat troublé,acheua gjjjj^ ^
fon exhortation,apreslaquelle,&: les prières faites,chacun fe retira chez foy. Lelcnde-
main fut aduerti par fon hofte que le Preuoft auoit mis doublegarde aux portes, auec
comandement aux portiers de ne laiflfer lortir aucû eftrager fans fon côgé. Ce qui trou-
bla les frcres,qui{émblablementl'en vindrent aduertir.Mais il les fortifia Se confola le
mieux qu'il peut,principalemét fon hoftelTejlaquelle il voyoit eftre fort intimidée , &£
ncantmoins empefehee à cercher moyé de le cacher en qlquelieuoùilnepeuft eftre
trouué.Il l'a pria de s'alTeurer,&: que s'il eftoit befoin defortir , elle ne fift corne la fem-
me de Lot> qui regarda derrière foy. Et aux autres il remonftra qu'ils n'auoyent befoin
de craindre,eftans en la garde du Seigneur,&:que c'eftoit à luy à refpondre pour eux,ce
qu'il efperoit bien defaire,fentant lalfiftance de Dieu. Apres ces remonftrances,ils dé-
libérèrent du moyen qu'ils auoyent à tenir pour lortir de la ville, & aller à Gerbeuiller.
Puis ilfe mit à faire les prières à Dieu , & comme il eftoit fur la fin d'icelles, le Preuoft,
accompagné du fufdit Gueillard,& d'vn autre fergent,nommé Mauceruel,cntra en la
chambrc.Et voyant Madoc,luy demâda que c'eftoit qu'il faifoit là: Lequel , fans s'eftô-
ncr,luy refpondit qu'il y eftoit pour les affaires qu'il y auoit.Le Preuoft en grande colc-
Liure V IL lean de Madoc.
rc luy demada encores,Quoy? Et Madoc répéta fcs mcfmes paroles. Puis le Preuoft luy
Fit côftituc commanda de le lliyure,auaiic( comme il difoit)que plus grâd mal luy aduinft. Cai(di-
prifouuierà f0jt_ji ) jc vcux aduertir Monfieur de voftre faict. Lors Madoc entendant, que c'eftoic le
Luocuillc. , prcuonJ j ^jj. à l'alîîftcnce, A Dieu, mes frères : &c fuyuic iceluy Preuoft, qui le mena à Ion
logis, & le donna en garde au fergenc Mauccruel.De cefte apprehenfion fut inconrinét
aduerti le ficur de Deully , qui enuoya prier le Preuoft de le lafeher , d'autant qu'il n a-
uoit aucun commandement du Prince de 1 apprchcnder,ou à tout le moins qu'il le trai-
caft le plus doucement qu'il pourroir. Mais le Preuoft, fit refpôfc qu'il en auoit délia ad-
aierti le Procureur gênerai du Prince, à foccafion dequoy il ne pouuoit s'en deflaitir,
Durant cefte pnfon de Madoc,lc Preuoft ht parlera luy plulittirsperfonnes,quidifpu-
terentdiuerlcmencauecqucs luy. Entre lelqucls y eut vn nomme d'Amondant , Cou
Dîf[>t««tc- feiHcr duduede Lorraine,côtrc les raifons duquel Madoc môftra en fa difpuce lafauflc
Madoc pat doctrine de laTranifubftantiationdu pain au corps de Chrift,enfeigncc en l'egliTeRo-
dùicrfcsk:r. rnainc. Contre vn autrc,quieftoit pédagogue d'vn îeunegentilhommc du pays,rctour-
tcîdcgcni. n^nouuei[cmentdeseftudesdeFribourgen Bti(gau,fouftenat la Meife Papale,il prou-
ua le renoncement du lacrifïce vniquede Chnftcn icelle,&: les autres abominations
exécrables qui s'y commettent. A vn autre,qui de maiftred'cicolc deladitc ville de Lu-
neuille,)' eftoit deuenu marchant, il monftrafon erreur en ce qu'il louftenoit fauthori-
tédel'Eglifcpar delfus la parole de Dieu :& les couftumes anciennes par de/lus la do
élnncderEuangile. Finalement vn Moine, Abbé de Beaupré ( qui cil vne Abbaye voi-
fine de Luneuille) vint auflî vers luy, plus parcurioiîté de voir vn hérétique ou Hugue-
not,ainii qu'ils appcllenr,que pour entrer en aucune diipute,n'avant autre fçauoirquc
celuy qui eft viïté en Ton cftat de Moinerie. Mais l'entendant parler Latin, il luy icmbla
encore plus làuuage qu'il n'auoiteftimé,&:fe retira aufsi toft auec autres Moines &c
Preftresdcfafuittc. Toutes lefquellesdiiputes furent veués depuis rapportées par
vn chirurgien lidele, qui eftoit familier &c bien-voulu du Preuoft. Le x x v iu,iourde
May arriua a Luneuille ledit Procureur gênerai, nomé M. Bertrand le Hongrc,acconv
L'arrîuec Ju pagné de deux archers du Preuoft des Marefchaux. Laquelle arriuee entendue par les
procurer frercs,ils curent grande crainte,tant pour eux-mefmes,que principalement pour le Mi
LoruiLc^ n&vc Madoc. Toutesfois ("ans partir de la ville, dont ils eftoyent tolicitcz par leurs fem-
mes &: leurs amis,rccoururent au Seigneur par pneres,&: fe remirent à fa prouidenec ôç
bonne volonté. Le lendemain matin leProcureur gênerai les enuoyaquerir,aufquels,
eftans venus à l'on mandement , il dit que fon Seigneur le Duc luy auoic commande
leurdeclarcr(d'autant qu'il eftoit aduerti de leur Religion,differétcà la fienne)que s'ils
ne vouloyent viurc félon lesordônanccs de l'egliiè catholique Romainc,il leur côman-
doit s'ablen ter de fcs pays dedens lix lcpmaines,(ur peine d'eftre pendus &. cftrâglez,en
cas qu'ils feilfent le contraire: Leur déclarant qu'il auoit trouueen ladite ville vn leur
Miniftre, auquel il auoit femblablemct commandé de la part dudit leigneur Duc, qu'il
euft a fortir deldits paysdedens trois îours, fur pareille peine de la harr. Surlaquellc
déclaration &: commandement fait aufdits frères, leur ayanceftéottroyé par luy huict
ioursd'aduis pour luy reipondre, ils fe retirèrent d'auec luy, &: auflî toft entendirent par
ceux qui ce îour-la eftoyent venus au marché des villages d'alentour, &c de S. Nicolas,
que le Preuoft auoit ouucrt la porte de grand matin, lequel ilsauoyentrcncontré,con-
duifant Madoc à pied , auec vn autre homme pareillement à pied, &c deux hommes à
Menées ar- cheual, iufques à vne petite colline diftant d'vn bon quartdclieucdc Luncuillc,&que
«Echc? scn C^0IC iceluy Preuoft retourné à la ville, auecques ion (cul homme à pied. Or
pour faire eftoit cefte chofe faite à la main : Car le bannilTement auoit efté déclaré à Madoc par le
mounr Ma- procureur gênerai commandement fait de fortir des pays dedens trois iours.Puis le
Preuoft de Luneuille, fous ombre de le conuoyer, l'auoit emmené iufques au lieu, où il
fçauoit que le Preuoft des Marefchaux , cftant en embulcheauccfès archers, l'attcn-
doitdcpiedquoy,à l'heure qui pour lors cftoir allïgnee. Puis li toft qu iceluy Preuoft
de Luneuillevidibrtird'vn buiifon vn defdits archers, il dit Adieu à Madoc, &s'cn re-
tournante ville, le lailfant auec les deux hommes decheual , qui eftoyent les deux ar-
chers du Preuoift des Marefchaux, que ledit Procureur gênerai auoit amenez auec ioy,
lefquels acheucrent d'emmener Madoc à pied, iufques à ce qu'ils trouucrenr leurs
compagnons, en la compagnie de leur maiftre mefme le Preuoft des Marelchaux,
qui auoyent couché à Dcuuille, village prochain, en nombre defept ou tuid: en-
tre
Jeandc^jMadoc. 628
trelts mains defqucls eftant ai n fili 11 ré lepourc Madoc, ils luy oftcrcnt Ton cfpcc.
comme ils le vouloyent faire monter fur vnchcua!,illeur dit qu'il les fuyuroit bien à
pied. Mais vn d'eux,le happanc furicuiementd'vncpiftolcje fît monter à chcual: puis
l'ayant lié <$J garrotte, l'emmenèrent par des chemins deftournez , à traucrsd'vne ga- M-docm
renne, &: d'vn taillis fort cfpais , titans au deifousdvn village, nomme Mont, vers v- i/p^dcT"
ne protonde riuicrc,qui cften vnfort bois à l'endroit dïcclluy village. OrcnalLmt jjJJuer?*
par ces lieux ain(îe(cartez,ils ne fccuiêt tant Te dtftourner qu'ils ne fuffent appciceus g«Tiamoa
par deux hoinmes,rvn duditlieu de Mont, nommé Iean Cardinal, &. l'autre Icanpati-
noftre,de Victrim6t,autrc village voilin,dc!quels ils prmdrétlcan Cardinal,qui eftoie
fur leur chemin , &: luy enueloppcrcnt la tcitc d'vn manteau , iuiques à ce queMadoe
fuft paflé.Lautre,quicftoit plus arrierc,failnnt des tagots,lc cachaau tons du taillis , &:
nefut point apperceu d eux. Puis quand ils turent, àlcuraduis , allez loin d'eftredet
couucrts,&cn vn lieu qu'ils eftimerét cftrc arrière delà cognoiilànce de tous hommes
(comme,de faict,il eftfortfauuage,&:eftrangementlblitairc) ils mirent à pied Madoc:
& après qu'il eut fait fa prière à Dieu ( comme depuisilaefte (eu d'aucuns des archers,
&dc l'exécuteur mcfmcs^lsreftranglercnt au pied d'vn arbrc,&: le îctteiét envn haL
lier le plus fort qu'ils peurent trouucr . VoiiaJa fin heureufe de ce S. martyr de nofttc
Seigneur IcfusChrift. Lequel depuis ayant cite longuement cerché par deux hommes,
à qui les fteres,qui eftoyent en doute de ce qui en eltoitaduenu,en auoyenc donc char-
ge, a tinaleméteftc trouue en vn fons,auqucl nul(cômeoneftime)netult iamais parue
nu, linon par diligente &z grande inueftigation. Sur cette trahiibn ainli complotée par Lcj gcntiI? .
lefdits Preuoft de Lu ncuille, Procureur gênerai , 5c Preuoft des marefehaux de Lorrai- homme* dé
nc,ccux delanoblelfcdu pays,àqui Dieuadonné.cognoitfancede fa venté éternelle, f"°rjJJnclur
aduifercnt de remonltrer a leur Prince cefte indignité , &c de requérir que liberté fuft dcccVi^re
ottroyee à leurs fubiets de viure félon l'ordre gardé ésEglifcs reformées de fiance, par ïnieren*
ceux qui veulent fuyurc& garder la pureté de l'Euangile,defquels,auec leurrequefte, Jcwfoicot-
ilsprefcntoventlaconfetfioncommune,&;queMadoc, volé parle preuoft des Marel- tro)ce-
. chaux.fuft repre(cntè,ouiufticefaitcdela volerie,fur lescxecuteurs&côplicesdicel-
le. A lcffcct. dequoy furent cnuoyez pour eux des ambatfadeurs de plulicurs Princes, Leprincede
tant de Fiance qued' Alemagnc&: de Suitfe, vers le duc de Lorraine . La Roine de Na Lorraine 1b
narre &c le prince de Condé cnuoyercnt le Sieur de Vcndyde comte Electeur Palatin &: ,l^t.& !c-
lc Lantgraue de Hclfencnuoycrcnt le docteur Iunius. Leduc de Vvirtcmbergenuoya ficunam"
vn gentil-homme des tiens: & la Seigneurie de Berne, n'ayant opportunité d'enuoyet baiIides-
pcrlbnne de fonconfcil,àcaufe des affaires de trop grande importance qui lors le trai-
toyent entre les Suilfes&: leduc deSauoye, pour JedifFcrent des terres d'iceluyduc, ef-
cnuit amplement par vnmeflager cnuoyé exprès, faifant par lettres grande inftâce d'-
obtenir ccqui eftoit requis parladitenoblcife touchâtladiteliberté,&: le miniftre Ma-
doc,&:s'cxcuiànsmr lefdits affaires, de ce qu'à l'occafion d'iceuxils ne pouuoyenten-
uoyer quclqueperfonnage de qualité. Au mefmetempsfe vint preténter auditducde
Lorraine la poure vefLieileMadoc,auec quatre petits enfans,lefqucls,auecvn grand &c
long trauail,elleauoit amenez de Gencue, & leiettantàfcs pieds & pleurant luypre-
fcntafarequcfte,rcquerantfonmariluyeftre rendu. Les ambatfadeurs furent ouys
par le Prince en fon conformais ils nercportercntqu'vnedctfaite. Lcfommaire delà
rcfponfcà eux donnccparclcritenlcttrcs clofcs, delà part du Duc (car il ne voulut
point donner de rel'ponfc verbale, combien que les ambatfadeurs eulîent apporté let-
tres contenantes créance fur eux) fut , Qu'il nes'eftoitiamais empefehéderequerir
les Princes &c Seigneurs qui faifoyent telle inilance entiers luy,depermettre à leurs fu- procède °
iets autre fiçon de viurcquecelle de leurs Princes melines, &C qu'à cefte caute il les kwaine
prioit (d'autant que c'eftoità luy d'impofer loyaux tiens) de ne vouloir aufli le requérir h<ïç*mbit~
qu'il leur donnaft liberté de viure autrement qu'ainli queluy-mefmesviuoit.il eft vray
queleScigncurdc Vcndy,nefe voulant contenter delettres ainti cachetées, tànsfça-
uoir ce qu'il reportoit,pourfuyuit de plus près le Prince, & le preifa de luy donner autre
rel'ponfc: lequel à parr, & arrieredetbn confcil,luy dit que de fa part il pouuoitaifeurer
la Roine de Nauarre (à laquelle aufsi il refpondoit par lettres efctytes de là main)&:
Monfeigneur le prince de Condé, qu'il ne vouloit s'enquérir de la confeiencedefes
fuicts,& que,pourueu qu'ils ne nlfenc des atfemblees en tes pays,il ne les pretîéroit d'à-
uantage.Quant à la vefue deMadcc,il ne luy fut dit autre chote,(inon qu'on ne tçauoit
Lim^j VIL Jean de <£Madoc.
que ion mari eftoit deuenu. Qui tut auffi la rei'ponfe donnée fur ce poin£t , à la roine de
Nauarre,Iaquelle particulièrement (par lettres eferites de la propre main) auoit requis
raiion de ce taict.Mais quelque rcfponfc qui fuft donnée , fi on euft voulu faire enque-
fte,les preuues eftoyêt toutes preites pour vérifier lavollerie dudit preuoft dcsMarcf-
chaux,la deliurancc que le preuoft de Luneuilleluy auoit faite de Madoc , (bus ombre
dclcconduirc,& la ientence contrefaite du procureur gênerai, en le baniflant du pivs.
Les ambailadeurs n'ayans autre rei'ponfe, s'en retournèrent. Et la pourc vefue, fans ob-
tenir autre iufticefut contrainre auiîi de partir auecques les petits enfans , ayant mel-
mes elle grandement intimidée par les menaces de quelques archers de la garde dudit
duc,qui luy dirent que fï elle împorcunoit dauantage le Prince pour le fut de fon mary,
ilsluy couperoyent la gorge . Le prcuoit de Luneuille, qui auoit appréhendé &em-
pnlonnc Madoc,& l'auoit mené à la boucherie,lc limant ( comme cy dcllus cft decla-
. rc)es mains du prcuoftdes Marelchaux , lequel il fauoiteftrc en embufchc , où il mena
Le prcuoit i l /• ï r it . > ~ . ..
dcLuncuille & rendit le poure martyr,rut depuis touliours en vue telle crainte qu ayant cotinuelle-
pourfiiyui nient vneapprchcfion de mort,il dit à pluiieurs gens qu'il n'clberoit ïamais auoir bien
ne repos en toute (a vie. l uis enuiron quatorze ou quinze mois après , citant fort trou-
ble' en Ion efprit,mourutàLuneuilJe. Outre cecyeft à noter que le bourreau du prc-
uoit des Marefchaux, nommé maiftre Chriftofle,qui auoit fait exécution de Madoc, fe
retira bien toft après de la iuite de ion maiftre, &c s'eftant retiré , a dit à pluficurs que de
nulle perfonnes qu'il auoit fait mourir, la mort d'vn homme leul luy pel'oit merueilleu-
lcment>&: luy iembloit qua toute heure il le voyoit deuant fes yeux. Si à ces iugemens
de Dieu tant euidens& manifeftcs,aufquelson peut rapporter ce qui cft dit en l'hiftoi-
AJmonitîô rc precedentede Florentin, touchant le baillifde Nanci, après vne infinité d'aucres,lc
* CC "deLor PaYs^c Lorraine per(ifte& demeure obftiné, fermât les yeux à la lumière, le Seigneur
rame. ° °r à la fin, félon fes menaces &c fa iufticeineuitable,defployera fon ire fur les côtempteurs
de fes aducrtiiîemés. Lequel nous cepédant auôs à ptier, queièlon la mifericorde il luy
plailè pluftoft conuertir les ignorans à Iefus Chrift fon Fils noftre Seigneur,^ les adref-
fer par la conduite de ion Elpntàla voye de vérité , pour cheminer toute leur vie en la
crainte de Ion lainct nom. Ainii foit-il.
L E T T R F' S que M Théodore de Bczc a depuis eferites aux fidèles dudit pays de Lorrainc>dciquclle<;raddrefle&:
fublcription eltoit, A MESS1EVRS & trefehers frcres,tant gentils -hommes qu'autres, faifans profefsion de
lavraye religion,au pays de Lorraine.
Ç^ÎEfsieurs,d autant qu'il n'y a qu'vne feule EglifedeDicu,i'efperequenetrouuerez
wvêi. mauuais fi eftan t aduerti comme vous eftes aflemblez pour regarder à ce qui cô-
cernevoftre deuoirenuers Dieu ,1a diftâce des lieux ne m'empefchc point de vous en-
couragerde plus en plusparlesprefcntcs,puisqucienelepuisfaireautremcnt. Lare-
fiftence qu'il vous iautibuftenireft grande. Mais fâchez que plus cft &: fera le combat
grande dirficile,plus fera voftreconftance recommandable,&: la vi&oire d'autatplus
glorieufe.Aiîcurez-vous feulement del'afsiftence de celuy qui peut &: veut tout pour
lcs liens. L'Apoftre nous admonnefte que noftre combat n'eft pas,à parler propremét,
contre la chair &c le fang,c'eil à dire contre les hommes qui font d'vne nature corporel-
le,mais contre les puiiîances fpirituelles,qui gouuernent les ténèbres decemonde. Et
c'eft aufsi la caufe pour laquelle il arme ion cheualier Chrcftien des vrayes armes fpiri-
. vrayes tuclles. Voila pourquoy,Melsieurs>ie vous prie &: exhorteau nomdeDieu , de vous e-
- eiinK h6 clinPPer U]r toutes choies de ces vrayes armes, qui font en fomme la vraye cognoiftance
iiK-sChrc &: crainte de Dicu,&: vrayzelc delagloire, qui vous rendront touliours victorieux &0
ftiens. fur autrUy & fur vous-meimes. Et d'autant que Dieu a ordonné pour ceft effed fon
fainct miniftere quigift en la prédication de ià parole , &c adminiftration des Sacremcs,
fouuenez-vous que ii vous ne pouruoyez à cela en premier lieu, il n'eft polsible que vo-
ftrt baftimentfoit ferme. Puis cclaeftâteftabli, ilreftequevouscn faciez voftre prou-
fitjfappliquansà voftre vfage,&; ne fouftrans en ibrte quelconque que ce threforvous
Notez cecy foit olté, par faute d'en vièr.Sata à mille rides pour nous en deigouter.Mais c'eft à nous
à luy reiifter,tenans pour refolu que quiconque nous veut tant foit peu deftourner de
louyedela parole du Seigneur, eftmeflager de Satan, apprefté pour noftre perdition
S-rrordfé" ii nous luy preftonsl'aureille . PuisqucDieu paria grâce a eftabli vn ordrcenfonEgli-
cihbli ■ic (c, fâchez que toute pcriônequi s'ingcre,en mefpriiànt l'ordreeftabli du Fils de Dieu,
D.cn cnion nc tafche à rien qui vaille,quand ce ieroit vn Ange du ciel:&: pourtant, pour l'honneur
de Dieu,
Michel %pbiUrt. 62 p
de Dieu,ne donez lieu à telle confufion ,de laqllc il vous foudroie rendre copte , & n au-
thorifeziamais tels courcurs.Mais quand le Seigneur vous aura enu oyc ion Ambafla-
deur,alors preftez l'oreille &c lecœur,regardans a celuy au nom duquel il parle. S'il eft
ieune, fachczqueDieuneftfuieûàraage, &: ne meipriiez la ieunciTc authorifee de
Dieu. S'il cft vieil, que la vieille/Te redou ble le reiped que vous deuez portera cefte pre
cicufeparole. S'il eft eloquent,beniflez Dieu en les dons. S'il eft de peu de grâce en pa- Contre Ii
rôles, gardez-vous de vous arrefter plus a la faufle qua la viande , &; vous lbuuiéne que jUrio^é
la vertu du royaume dcDieuncgift en paroles, maisenlefFed &c fubftance de vérité. reundes
Bref,recognoifTczlavoixduPafteur, de quelque truchement qu'il fe férue pour vous predicatifr.
déclarer la volonté' . l'adioufteray encorcs ce mor,que ie vous prie de bien marquer:
C'eftquelaChreftientégiften changement de vie, &: pourtant gardez-vous de fean-
dalcs:& quâd ils aduien Jront.ne faites pas corne les enfans de ce ficelé , qui fe fouftie-
nent en mal les vns les autres : mais foufïrcz d'eftre repris , &c vous tendez la main pour
vous relcuer mutuellement . S'il y en a qui adiouftent rébellion à leur malice (dont lé
Seigneur vous garde)gardez-vous bien d'auoir plus chère ou la paréte',011 l'alliance , ou
autre chofequelconquc,que la gloire de noftre Dieu, & l'édification de fonEglife. Le ^ ^jjjj
fils de Dieu a luy-mefmes ordonne la difeipline qu'il veut eftreobferueecnlon Eglife efa?obfcr-
pour remédier aux fcandales.Vous voyez l'honneur que Dieu vous fait maintenant,en U,CJL j"d'e"
vousdeclarant les pères nourriffiers de fe s troupeaux , & vrais gentils-hommes de fa S ,cu
maifon. le vous prie donc au nom de cegrand&: Souuerain Roy, que vous /bycZ, vri
chacun de vous en fon endroit, vrais protecteurs &: mainteneurs de ceft ordre, vous af-
fuiettiiîans des premiers aux loix&: ordonnances qu'il a luy-mefmes établies & dref-
fees.Or Meilleurs, ie vous ay eferit ces chofesmon point comme doutant de voftre fuf-
nïance,& moins encores de la bonne afFedion que Dieu vous a dônee par fa gracc,mais Jj^oy
àfindevousencouragerdcplusenplus*voyantcombienilyenadeiia, ànottre grand omoidic
regret,qui par faute de bien confiderer ces chofes, non feulement n'auancent point, J"£uccc
mais qui plus eft fe reculét,& en aterainét plufieurs aucc cux.Ie m'aiïeurc que celuy qui ftre fi peu
vous a conferuez iufques ici, vous conferuera iufques a la fin , dont le le prie de tout mô
cœur, après vous auoir fuppliez de vous fouuenir de cefte Eglifé&: efcole en vos prières.
La grâce & paix du Seigneur foitauec vous tous, Arncti. De Geneue, ce 14. d'Auril*
1 565. Voftre humble feruiteur au Seigneur Théodore de Bezc.
MICHEL ROBILL ART, i^irw.
S I le monde.fi les parens & amis.voirc les larmes & regrets des mercs.freres & fœurs aflcroblcz , empefehent le cours 6c MJJ.LXmi
lapourfiiitc d'vnefainéte vocation: nous auons en ce ieune compagnon vn miroir pour efpcrcr a celbefoin l'ifsiiten-
ce de Dicu:& quant & quant vnc force & vertu confondante l'orgueillcuie làgefle de ce monde , laquelle conférée à
celle que Dieu donne a fes petits.n'cft que pure vanité & beftife.
O M B I E N qu'à tous fidèles en gênerai ces exemples s'adrefTent, pour Lc Profit
en receuor inftru&ion &; confolation : tant y a que les pays &: villes def- ^ariier
quelles le Seigneur tire &£ produit fes tefmoins, y ont en particulier beau- qui reuient
coup plus que les autres. Voila pourquoy nous en auons de tant de lieux & csMartyra
nations,afin qu'en gênerai &c particulier eftans munis d'exemples,foyons efmcus de les
enfuyurc quand befoin fera. Ceux de la ville d'Arrasdelong temps n'eurent fi familier
exemple qu'en Michel Robillart,non feulement de ce qu'il en eftoir, iiTu de parens ho-
norables qui auoyent eu charge au gouuernement public.-màis auflî qu'il autoit efté iu-
gé en la ville de Tournay par M.Pierre Aiîct feigneur de Naues , prefident de la Cham- M Rerre
bred'Artois.Puis donc qu'autant le Condamné que le Condamnant leur font cognus, Met prefi.
&d'vnemefme ville d'Arras, ils y auront de tant plus fpecial aduertiffement pour en- ^dAr"
tendre les mérites de lacaufe:pour voir,d'vne part les rufes &c fineifes des aduerfaires:
l'orgueil des Iugcs,n'apportans de chez eux que preiudices & condamnation d'vne caù-
fe incognue : &: d'autre part , en l'innocence de la partie condamnée vne confiance &C
vertu admirable.U fut conftitué prifonnier en Tournay au temps d'après les Pafques,
m.d.l x m. &c (on procezluycftantrait&; formé par ledit prefident AfTct, commiiîai-
OOo.i.
Lwro VIL
Michel Robilart.
La prifon
nommée
Fjpignic.
Efcricsdc
Robilhrt.
Dtfputes
dudit.
Sa îoyc d*-
auoir trou-
ué quelque
beau paca-
ge-
ïihoru-
tions à bien
viure.
rc en cc{lepartie,fut longtemps détenu en la prifon en laquelle on met ordinairement
ceux qui n'en doyucnt fortir que parla mort. Si efl-ce que ccflc confiance que dés le
commencement il eut, onques n'en fut efbranleen'arlbihlie , ne par arguments desad-
uerfaires, ne menaces des Iuges,nedcs larmes,lamentations & cris de fa mcrc,defesfre
rcs,fœurs,parens&amis,vcnus exprès d'Arras en Tournay, pour le diuertir & deftour-
ncr d'où le Seigneur l'auoit achemine'.
Qv a n t aux peines &:n auaux qu'il a fouftenus , tantofl aiTaiHf par menaces,
puis par flacccries,par lefuites,par Auguttins & autres racailles de moines , ce feroit vne
chofe trop longue & confufe à reciter . On luy mit en fbmmc totitcs fortes d'aducrtài-
rcspourlediuci tif S: mattcr,auec ce qu'on luy auoir ordonne fi cltroittc& petite nour-
riturc,que iamais meurtrier ne l'endura plus rigouieufe : commcle tout s'entendra plus
à plein par aucunes iiennes lettres que nous auons cy deflus inférées. Vn Cordelier, qui
fe nomme le Pretcheur de l'Euefquejl'aiTaillit après les autres, en prefence de pluficurs
delà ville,& de quelques Chanoines &: Curcz,tur beaucoup depoin&s: mais l'impudrn-
cedu Caphard demeura confule. Quant aux eferits qu'il a faits durant fon emprifon-
ncmenr,ilna pas feulement en genei al coniolé ceux defEglifc , mais aulîî en particu-
lier cfcritàplufieurs d'entr'eux.II a traité amplement tous les poinctsdelareligionChre
ftienne,en forme de Confefsion de foy , pour m onllrcr rvnion & le confentement de là
do&rine auec r£glifc,(e fondant furies l'ainetes Etcritures. Quant aux dilputes , il ne les
a pas feulement eu verbales contre les ennemis ci delîus touchez, mais auisi par clcrit:
d'autant qu'iceux luy enuoyoyet& limes &: eferits de leur farine & leuain.pour leql refu
ter& côueincre, il a nô feu lemét fait fes preuues pai-pafTages expies du vieil &: nouueau
Teftameiu,maisaufsiparauthoriccdesDo&cutsanciens,quand beibin eftoit. Etquâd
l'Ecrit du Seigneur luy mectoic au deuant &: confortoit fa mémoire de quelque beau
paflTageouauthoritédcs Anciens,il s'en r efi ouynoittellem en t,qu'il fou haittoit à l'heure
les aduerfaires luy eftre confrontez,pour leur déclarer. Et ne failloit de fignifier par let-
tres celle ioye à ceux de l'Eglifcquand le moyen luy elloit offert : de manière que fou-
uent en fes lettres il refueilloit les lefteurs d'icelles par cefle excla mation, Riez,ricz auec
moy,mes frères &amis:ie fuis ioyeux de ce que le Seigneur mon Dieu me prefentc,&:
i'en faute de ioye en mon palais. Puis ailleurs adioulloit, A mis, ic vous prieque vous
employez bien le tem ps cependant que vou s F auez,à vous fortifier contre les afluces Se
fineffes de ces gés-ci.Pour vray,ie n'euffe iamais pèle qu'ils eulfenr elle fi cauteleux come
ils font. Parquoy ic vous prie défaire tout deuoir. Et la eau U pourquoyie vous prie de
ce faire,c'eft d'autant que moy-mefmcfay&cognoy maintenant qu'il y agrandeigno-
ranceen moy,par faute de ne point auoir autrement em ployé le temps . le vous prie,
mes amis,dc vou s fentir des liens où ie fuis , afin ou e par ce moyen vous cognoilsiez que
i ay grand befoin de vous,aiTauoir que priez Dieu pour moy , afin que ie ne décline n'a
dextre n'a fcnc(lre,ains que ic demeure ferme iufqu a la fin. le defire,silvous eft pofliblc,
de reccuoir bien tofl &c fouuent quelque confblation de vous. A Dieu, mes frères, vous
priant m'aider àauancerlagloirede Dieu par voftre bonne vie &: conuerfation : vous
promettant que de mon code (moyennant la grâce de Dieu, &: les prières que fe-
rez pour moyjie feray tout le mieux que ie pourray,ou plulïoft le Seigneur en moy , non
feulement d'élire emprifonné, mais defoufîrirpourlbn Nom , voire ficela peut venir à
fa gloire.
E t par vne autre lettre il exhorte ceux du pays en ce fie façon, F r e r s s , ce
queiedefirede vous n'efl pas pour vous induire à vous précipiter auxdangers, &C venir
es mains des cnnemis,mais feulement que par vne bonne &L iaincle conuerfation vous
viuiez encre les infirmes & infidèles :car ils regardent ibigneufement nothevie , non
point pour y pi endreexemple, mais afin de s'en moquer , 6c le nous reprocher quand
nous fommes deuant eux ,difàns,Quenefaites-vouscequc vous dites? A vray dire
on ne nous làuroit reprocher chofe plus griefue que cela: iedilesinfidcles. Paitant,
mes frères Se amis,au nom de Dieu, &: autant qu'il m cil polsible,ie vous fupplie que
voftre vie fort comme vne chandelle ardcnte,pour eiclah er les infirmes en la do&rinc
de vérité.
E S C R I T de Michel Robillarc,c5tcnant les premiers affauts qu'il eut de la mcrc,dc fon frere,dc fon bc.iufrcrc,& là
feeur»
M ichel %obiUart. 630
Ibeur.venus expres:puis les difputcs qu'il cuft dcuant le prefident d'Artois contre yn moine Auguftin , tufehant par pa-
roles blandiilàntes le diuertir de la vérité.
E S chers frères &amis,ayanttrouué le moyen & la commodité de vouseferire,
ie n'ay voulu faillir à ce faire , cognoùTant comme ie fay auflî quel defir vous auez
«Jèfeuoir demaprofperitc& demesafaires. Quanta ma fanté,ic remercie Dieu , ie
nelalàuroyedelirerméilleureMelefuppliequ'ainiifoit-ildevoustous. Quant à mes
afaires,ierez aduertis que Jeudi dernier, qu'on appelé le iour S. Iean,enuiron deux heu-
res après difner,le prefident d' Arras vint en la Halle,accompagné d'vn Commiflàire,&:
quelque homme de la villc,lequcl à ceque ie peux voir eft du Confeil: càr il a coufîours
cité en haut quand on m'y a appelé. LcFrefidcnt me fit mener deuat luy,& me deman- Admoniti5
da,Etbiê\ Michel, voulez- vous eftre toujours opiniaftreen voftre m clchâceté.?nauez- du prefidét
vous point péfé à voftre afaire?leluyreipondi,Ie prie Dieu que cequ'ilacommécé par 5^**°"
{agraceenmoy,qu'illuy plaile l'acheuer. C'eftle diable,dit-il,&: non point Dieu : car
vous cftes vn glorieux qui voulez eftrè plus fage que voftre pere n'a efté, qui eftoit vn
tant homme de bien & fi catholique. Penfez-vous que nous n'apperceuions point vo-
ftre outrecuidance ? vous vous deuriez mefler de faire vos pots &: vos plats , &: ce leroit
bien allez. Monfieur,fi eft-ce que ie doy auoir foin de cognoiftre ce qui appartient à mô
(alut,puis qu'il a pieu à ce bon Dieu de m'auoir mis au monde.Bien, bien, dit-il, nous ne
fommes point ici pour vous ouyr prefeher: maison vous fera bien changer voftre pror
pos. Que diriez-vous maintenant ii on vous faifoit parler à voftre mere , laquelle vous
faites mourir d'ennuy&: de fafcherie? (2. le fuis marri,Mon(ïeur,que Dieu neluy fait
cognoiftre la caule de fonennuy. Bien,bien,vous la voudriez délia auoir gagnée, carc'-
eft voftre couftume à vous autres de vouloir gagner tout le monde. Monlieur , ie ne luy
fauroye defirer plus grad bien. Or fus,dit-i),on parlera à vous d'autre forte:entrez là de-
dâs,vousy trouucrez voftre mère,on verra quelle falutation vous luy ferez. Et en diiànc
cela, ils me îiiyuirent.Incontinét que ie f us entré,chacun fe mit à pleurer,ma mere, mô
frerc,mafceur,monbeaufrere,& moyauflî.Iepefay embrafler mamerelafàluât,&: m'af-
lbir auprès d'elle : mais elle me reietta, dilàntxTu n'es point mon fils, ie ne fuis point ta RobiluTa
mere tant que tu fois ainfi.Et delà i'allay vers mon frere,& après aux autres.Sc ayant re- efte receu
prinscourage,iedi,Ilfautquenaturefaccfondcuoir: mamere, reconfortez-vous en 1e ,f* m"c
* c *.•■/• 1 1 n 1 • r • t t «ailles les
Dieu, & le priez qu il vous race la grâce de cognoiltre combien ie luis heureux . le parens.
ne feeu acheuer à caufe des lamentations tant d'elle que de mon frère &; autres . Ma
meremedit, Scras-tu toufïours ainfi enfant du diable ?ne te veux tu point conuertir? le
faindEfpritt'atantdefoisinfpircàretourner,&:tuyrefiftestouiîours . nous feras-tu
longuement ce deshonneur ? Les larmes l'empefchoyent de pourfuyure. Lors ie
luydi,Helas,ma merc,combien que ie vous diechofes véritables, vous ne voulez rien
croire:mais cependant ie vous prie, confolez vous en Dieu , & la priez qu'il vous foie
propice.
Apre s cela,monfrerc me dit,Faut-il que vous faciezainii mourir ma mere ? n'au-
rez-vouspointelgardàfa vieilleffe î ne pouuez-vous vn peu diflïmuler pour quelque
temps?eft-ce fi grand cas,quand vous le feriez pour vn mieux ? le ne di point que vous
changiez,mais que vous difsimuliez pourl'amour d'ellc,laquelle vous voyez ainfi'defo-
lec . le luy refpondi,0,mon frerc, puis qu'il faut aimer Dieu par deflus toutes choies,
il n'eft queftion de difsimuler:& melme lefus Chrift le nous a dit. Ma fœur pnnt le pro-
pos^ dit,Faut-il que iaye vn tel frere! tu n'es point mon frère: vous auez vn terrible
cœur de voir ainfi ma mere,& n'en tenir compte. Lors ie luy di,Contcntez-vous,ic pers
temps à vous dire quelque chofe:mais priezDieu qu'il vous face lagrace de le cognoiftre
en lefus Chrift.
Or ie penfoye auoir fait: & voici mon beaufrere , homme fage &: prudent félon les
hommes,me vint dire, N'eftes-vous pas biémifcrable devoir ainfi voftre mere mourir,
& cependât demeurer opiniartre,& ieteer voftre vie à l'abâdon? le luy di , Vous le dites:
mais quant à moy iefay mieux:& comméçay à parler des prome/Tes de Dieu, en luy de-
mandât s'il ne les tenoit point pour véritables. Ily eut vn qui s'eferia, Il cômence à pref-
cher:çà çà,prenez congé de voftre mere,puis que vous ne voulez dire autre chofe.ïc me
iettay vers ma mere,& en la baifànt,ic luy di, A Dieu ma mere , à Dieu pour la dernière
fois.penfez vn peu à ce que ie vous ay dit autresfois ,il en eft temps : ie prie Dieu qu'il dc-
OOo.ii.
L/wo VII. oïMtchel Robillart.
meure aucc vous. Elle ditje fuis bien contente de n'y point pcnfer:mais toy,penfc à ton
afaireque tu te damnes ainfi à tous les diables. On ne me donna point loilir de luy ref-
pondre,&: aufsï mon cœur eftoit ferré les voyant ainfi tous pleurer:toutesfois derechef
prenant congé de tous,icIeurdi,Ie prie Dieu qu'il vueille demeurer auec vous, & que
RobilLm puilsiez fi après viureen paix. Et le fergeant me remena en mon palais, où ic fuis encore,
garm de loué foi t Dieu.Mon jppre frère meconduifant iufqucs en bas,mcdit,Oeft vn grand cas,
couibnec ne faurjez_vous vn petit difsimuler pour l'amour de ma merc, & pour fauucr voftreper-
fonne?Qudfauuement,di-ie:vousfaucz mieux que vous ne dites. Et il me répliqua, le
ne veux point apprendre niouyrvoftre propos, ains feulement quevousayez elgardà
noftre mere. Et fur cela icfluy di, A Dieu.
Voi l a la departie:apres laquelle ieremerciay Dieu que tout s'eftoic aiîcz bien por-
té,ayant efté deliuré de telles tentatiôs.Mais enuiron vue heure après, voici on me vint
quérir pour aller deuâc les Commiftaires . l'y trquuaydcux Auguftins,dontl'vneltdo-
creur,àce qu'il m'a dit. On me fit feon -à bas fur vneclcabelledorsce Docteur me dit,Mi-
chel mon ami, mefsieurs les Commiffaircs m'ont enuoyé quérir à larequeftede voftre
mercjaquellclesapriczd'auoirquelque homme fauant pour vous remettre en la foy
'"Douceur &au droit chemin. Ie!nyrefpondi,Icnefuis point hors de la foy . Efcoutcz , Michel "
uoir dCCC mon ami, (ainfi parloit-il doucement,ayat touliours les mains iointcs)ic fuis venu pour
vous dire la vcrité,mon ami Michcl:& penfez-vous que ie vous voudroye tromper.- &:
puis, ne voici point mefsieurs les CommifiTairesquime reprendroyét fi ic faifbye autre-
mentfOr çà, efcoutcz, mon ami Michel, le vous pric,vousaucz dit que vous pliez Dieu
qu'il vous face l.i grâce Je viure& mourir (clon les commandemens : où font-ils clcnts ?
le luy di,a u zo,chap.d'Exode.C'cft bien dir,Michel mon ami,vous auez raiibn: Ne vou-
lez-vous rien tenir des autres? @£. le me contente de ceux-la: oùentrouuez-vous d'au-
Commande très que Dieu ait commandé de garder?U medit,Ccux qucl'Egli(ècommâdc,comme,
Tie Ro' C Les Dimanches meffe orras &: les feites:&: (en efleuant les mains)Tous tes péchez con-
«AiDc. fédéras, A tout le moins vne fois l'an.Etpuis,mô ami Michel,cuidez-vousquecefoitmal
fait que nous celebrôs auiourd'huy la fefte de ceglorieux fainct,monfieur S.Iean,dont il
eft tant pàrléînelc mérite il pas bien? car regardez là genealogie:(on perc eftoit muet,&:
fa merc eftoit fterile,& a efté lanctifié dés le ventre de fa merc . & encore quand c'eft ve-
nu à le baptifer,quefa mereadit,qu'on l'appelleroit Iean: & aufsi noftre Seigneur Iefus
Chriftna il point parlé de luy, qu'il a efté fon ambafladeur < Ilfitcclongdilcours, au-
quel ic penfoye refpondre pour monftrer là beftilermais ie n'eu pas d'audiece, me difant,
sic'cft nul Mon ami,quandi'aurayacheué vous parlerez. Dites moy donc, Eft-ce mal fait de gar-
deïl«|ar der les telles? Ouy,veu qu'il eft commandé de trauailler fix iours,& faire toute noftre
iks. ceuure,& garder le iour du repos,à l'exemple de Dieu, qui fit en fixioursle ciel Se la ter-
re,la mcr,& tout ce qui eft en iceux,&: fc repofaau feptieme iour,& la fan&ific. Le Moi-
ne me dit, Non, non,mô ami:il eft eferit au Pfeau me,Il n'eut point fi toft dit , que tout a
efté faitrmais c'eft vne rcigle que Dieu bailla à Moyfe pour inftruirele peuple qu'illuy a-
uoit baillé:&: que c'eftoit vne figure.Ie luy remonftray fon erreur , & declaray comment
le Sabbathauroit efté changé au Dimanche,& pourquoy:maisil pourfuyuoit touliours
les propos, &: me dit,Nctenez-vous rien de lafeftedeCirconcifion,& puisdçl'Epipha-
nie,quad les Rois fontvcnus adorer Iefus Chrift? (£. l'en tien autant des vnci que dés
autres:^ que ceft bien fait fefte quand on s'adonne à ouyr ou lire la fain&e parole de
Dieu,afin de nous inciter à viurc comme il appartient. Vous dites bien, Michel mô ami,
c'eft fort fagement fait de lire ce qui nous eft laiile pour mémoire de bien viure. mais tât
deConcilcs qui fc font tenus &approuuez,y voulez- vous contredire? Monficur, ien'-
ây deuant moy que la pat oie de Dieu,laquelle ie vous allègue. Il me dit, Mon ami, ie voy
bien où vous voulez venir raflauoir , qu'il ne faut adiouftei ne diminuer à la parole do
Dieumiais il eft efcrit,qu'il faut baptifer au nom du Pere,&: du Fils,&: du iain£t Efprit: &:
toutefois on trouueaux A&esqueles Apoftrcs baptiloyct feulement au nom de Iefus:
Solution.» ils ont donc diminué à la parole de Dieu. le luy refpondi , Monfieur, ceux aufquels les
l'obicaiou Apoftrcs auoyent à faire cognoifloyentDieu &r le faincl Efprit:mais le nom de Iefus leut
du Moine. cfj-0jc cn horreur à caufe qu'ils l'auoyent crucifié , lequel les Apoftres leur prclchoyent
Sauueurdu monde. Le Moine dit, Vous auez railon, mon ami: mais penfez aux Conci-
les^ à ce que tant de gens fages &: bien viuans ont apj t ouué de fi long temps., /©pen-
foye
Michel KobiUrt. . 631
foyc qu'il dcuoit pourfuyure les autres commandemés de leur cgUCe&cn eftoye ioyeux:
mais il coupa propos,&: dit, Venons aux Sacremens:y croyez-vous,Michel.?Lors le Prcfi-
dcntdit,C'eft-cy la maladiexarfon Eglifc n'en croit que deux. (*. Il eft vray. L'Augu-
ftin dit,Qucls font-ils,Michel mon ami?(il auoit toufiours ce mot en la bouche,pen(anc
par beau parler me tirer à ion opinion.) Ieluy di,lcBaptefrae&:la fain&e Cenc. Mais
pluftoft laMcfrc,ditlePrerident.Ieluyrefpondi,querEfcritureparloit delaCenc.Et le
Moine dit, Vous auezraifon,mon ami,pource que c'eftoit après fouper: &c parla Latin à
l'autre CommuTaire,Iequel dir,Et touchant les autres cinq,vous n'en tenez rien? g&. l'en
tien autant que l'Efcriturenous enfeigne:commc quant à pénitence, qui eft rcpcntâcc,
ic tien que c'eft vn vray defplaifir des fautes & offenfes corn mifes,qu'vn cœur contrit èc
abatu confciîcàtoutesheuresdeuantDieu,lequeladit,Qu'ilnevouloit pointla mort Eze.3j.11.
du pecheur,mais qu'il feconuertift. Et comme dit Dauid , Pleaume trentedeuxicme, le
feray confession de mes forfaits au Seigneur. C'eft bien dic,Michel mon ami : mais na-il
point donne' cefte authorité à S. Pierre & à lesiucceiTcurs, difant, Cequc tu lieras en la Jj]lw£t
terre,fera lie au ciel:&: ce queru deflieras en la terre,fera deilié au ciel : éc luy a donné les
clefs du royaume des cieux. (£. Il eft vray quant aux clefsrtout ainii quepar lapredicatiô
de la parole de Dieu le ciel nous eft propofé pour vnedemeurance éternelle, ainfipar
icelle il nous eft ouuert. Et quant à lier &c deiîicr,la parole de Dieu nous enfeigne com-
menos péchez nous tiennent liez,& comment nous en iommesdefliez par icelle mef-
mcjc'eftàdire^uandnousrecognoiftbns par la voix de l'Euangile la mifericorde de
Pieu prefenteeen Iefus Chrift,lequel tant doucement nous appelle à foy, Venez à moy MaMi.it
vous tous qui eftçschargez,&:ie vous Ibulagcray. Vous dites bien, Michel: mait,n'eft-ce
point facrement que Confirmation?Ic luy demanday cjue c'eftoit que Sacrement. 11 me
dit,C'eft vn ligne extérieur par lequel nous eft prefente Ynechofe intérieure pourlefa-
lutdel'ame. leluydi , Que Sacrement ne peut eftrc fans la promeiTe & la parole de
D ieu. (36. Il eft vray,dit-il,mais efcoutez-moy bien ic vous prie , &: ic vous monftreray le
%nc, la promeiTe,& la parole de Dieu:&: puis ne ferez-vous pas cotent? Les mains,n'eft-
ce pas vnfigne qui nous îignifievn tefmoignage de lapromeiTe, queccluy furqui elles
font mifes eft digne de la receuoir? Et l'huile qu'on leur baille, ne ilgnifie-ellc point la L« Partîc»
grâce du iain& Eiprit ? commeileft eicritaux Acres,quepar l'impofïtion des mains ils u^^11'
receuoycntleS.Elprit. Et puis il y a la parole de Dieu, Iet'oin au nom du Pcre & du Papiftiquc."
fain&Eiprit.Ieluydi,Vousnetrouuezpointcela aux Actes. mais quantàvoftre Con-
firmation , i'enten quedu temps pafte Jacouftume portoic, quand on cftoit venu en
aage de cognoiiTance,de faire proteftation folenn elle de la promette laquelle on auoit
faiteaubaptefme:&:cedeuantceluy quieftoitPafteur ouEuefque, lequel pnoit Dieu
de leur faire la grâce degarder ladite promette, ou autres femblabies prières , fans huile
n'autres lingeries. Le Moine fur cela me dit,Tcncz-la donc pour facremér, fuyuât mek
me ce que vous dites. QS. le n'en feray rien . ^ Le Curé deS.Iaqucsquieftoitprefent,
me dit,Et le facrement d'Ondion,û vous le nicz,vous démentez fainct laques. (S. Il ne 0nû;
l'appelle point Sacrement.il print vnTeftamcnt en Latin,& lifoittmais il ne le trouuoic
point:&ieluydi,Cclaaprinsfïnauec les Apoftres:&: c'eftoit vn don de guerifon que
Dieu leur auoit laiflé pour confermer leur doctrine . Mais ie vous demande, Tous ceux
que vous engraiiTezauiourd'huy reçoiuent-ils guerifon? Aucuns,dit-il.Etcôment,di-ic,
vousnelesengraùTeriezpas il vous pentiez qu'ils deuilcntrefchapper . brctjlaplus parc
de ceux que vous engraiftez font plus morts que vifsrpuis vous dites que ce facremét cô-
fere grace,ceferoit donc de mourir. IclaiïTe vos autres blafphemes en lmuocation de ^
vos Saincts & Sainctes. Voila vnc partie de ce qui a efté dit . I'efperç de parler encore
demain audit A uguftin, mais ic vous enuoye ceci en attendant.
EXTRAIT d'autre lettre dudit R obillart, contenant comment il a elle affailli pardifputcsdes Iefuites , douant le
Prefident d' Artois:& comment il a repouffé par viues raifons l'orgucillcufe ignorance ou pluftoft beftife des grans 8c
hges de ce pays-la.
ŒŒjQ'lj E S frères & amis , cefte fera pour vous aduertir que ce iourd'huy ayant efté ame-
né deuant meilleurs les Commiflaires,& lePrcuoftde cefte ville, accompagnez
de deux Iefuites , le Prefident d'Artois me fit fes remonftrances accouftumecs, m'al-
leguant mes parens &: amis, & fur tout ma mere: Penfez-vous, dit-il, entendre les
OOo.iiL
Livrer VIL
Michel Robillart.
fain&es Efcritures?non,non:meiïez-vous de voftre mefticr,&: pcnfez à voftre afaire, au-
trement voftre cas ira tore mal . Des Sacremens vous n'en tenez que deux.
Difputc fur Non Monficur. Lors l'vn des Icfuites dit, Et nous cn tenons lept. (*. Ielel'ay bien:
le nombre mais ou trouuerez -vous vos cinq après les deux que Iefus Chrift a mftituez? Mais
mens "C ou n ouucz-vous qu'il nV cn aic °iue deux ? En faiuct Matthieu 26,&:28, chap. L'vn a
fuccede àla Circonciiion,fSi l'autre àl'agneau Palcal. Vous n'y trouuerez point le
mot de Deux. . Sainct Auguftin au troifieme luire delà do&rineChrcltiênc chap. 59,
le dit a<Tcz,quâd il déduit fon propos de ce q le Seigneur ne nous a pas chargez de beau-
ftren/^1" couP ^c %ncs-Et ailleurs cn î'Epiftrcà Ianuanus,il dit, Que Iefus Chrift aordonnécn
l'Eglife Chrcftiéne peu de Sacremcs en nôbre,faciles àob("eruer,exccllés cn fignificatio,
aft'auoir le Baptelme,&: la communication du corps &: du fang du Seigneur . 11 ne parle
que de deux. S'- Qu'ainfi foitimais l'eglifc catholique cn a reccu lept, àc autant cn
ontordoné les Conciles. Ne tenez-vous pas que l'Eglife de Dieu eft gouucrnec par fon
fainctLipnt? Guy. <^>. Et qu'il a dit à les Apoftres,I'ay encore beaucoup;! vous
dire,quc prefentement vous ne pouuezportcnie vous cnuoyeray le S.Efprit, qui vous
ï.cs Conci- enfeignera Iecout. Oraux Conciles fe font trouuez de toutes parts gens conduits du S.
Efprit,qui a prelidé en leurs airemblccs,&: lequel ne peut errer. (*. Il ne peut errcr,mais
le contraire le peut prouuer des hommes:&:ic m'en rapporte à vous, il vousauezleules
Conciles qui ont eftabli les cinq facremens adiouftez aux deux ordônez en l'Eglile pri-
mitiue.Si vous en vouliezdire ce q polïiblevous en lèntcz,vous ne diriez pas qu'ils ont
efté conduits du S.Efpric. ^ Mes frères, cecy s'eft traitte' aflêz doucement, entendant l'-
vn l'autre. mais depuis le fonr mis lixparlans contre moy : aflfauoirles deux CommnTai-
res,lePreuoft,vn petit Confeilier,& les deux Iefuitesfvn après rautre,tcllem en t qu'on
syeftelchauffé. «^p. Mais quelleeft voftre Eglilc que vous croyez? (36. L'Eglife de
i tgiifcdu Dicu,c'eft la congrégation des fideles,quefainct Paul i.Timothee 3,nommemaifonde
Seigneur. Dieudaqucllc (commeil eft dit aux Ephe.i, ) eft fondée fur le fondement des Apoftrcs,
dont Iefus Chrift eft la maiftreiTe pierre angulaire,auquel toute l'edificatiôliee enfem-
blecroift en vn temple fainct au Seigneunnous croyons ceftc-la.Maintenant,Moniieur,
pourec que beaucoup délectes le couurent du nom d'eglife, on pourra facilement co-
gnoiftre la vraye Eglifè, par les îàin&es Efcriturcs , & aulîî û la parole de Dieu y eft pref-
cheepuremcnt,&: les Sacremens adminiftrez commclefus Chrift les a inftituez : & de-
puisjes Apoftres après luy.
Ce f v t lors à crier, Où cftoit voftre eglife auparauant Caluin,ou deuant
cinquante ans ? le demaderay aulîi,Où cftoit l'Eglife lors qu'Helie faifoit cefte com-
i.Roii 15.10 plainte,Scigncur,ils ont occis tous tes Prophètes, & fuis demeure' feul,encore ils cerchéc
de me mettre à mort:&: toutesfois Dieu luy dit qu'il s'eftoitreferué fept millehômes qui
nauoyent ployé legenouil deuant Baal.Ainfi,Monficur,combien que le nombre des fl-
icjm8 dclesfoitfouuent incognu,neantmoinscftimons,puis que Iefus Chrift eft vrayRoy,auf
û aura-il devrais fuie6ts,où qu'ils foyent partout lemonde. Efcoutez, il eft ci'crit,
Nktch.is.is Si ton frère a péché entiers toy.va &c le reprcm&s'il ne daigne d'efcoutcr,di-lc à l'Eglife.
Oùeft cefte Eglife.?faut-ii aller à Geneueî (*. Monficur, ie vous ay ditqucl'Eglifecftla
congrégation des ndeles:& y a cghfe là où les fidèles s'aflemblcnt : & ne faut pas aller à
Gencuc. En auez-vous veu ici? Monfieur,ie mefuis trouué à Paris,à Orléans,
à Poictiers,&: autres villes en France,oùily auoitalfemblee des fidèles. . C'cftoit
fous la cheminée, çt. Ouy bien,voirc es caues &: caucrnes,& quelquesfois aux îardins.
Et n'eft-ce pas raifon , Monlieur , puis quelafaulle Eglife n'a lai/Té place ne lieu leur à la
vraye Egliic pour s'yreigler? <gp. Et quelles enfeignesauez-vous de la vraye Eglifè?
(3S. La prédication de la pure parole de Dicu,& l'adminiftration entière des Sacremés.
Ec de prier la vierge Marie &c les Sain6ts,vous n'en tenez rien.@î. Non,car c eft cotre*
la parole de Dieu. L'Ange l'a faIuec:&auflîEuzabct,dhanr, Beniteftlcfruictde
ton ventremous la dcuons donc faluer à leur exemple. (*. Voulez-vous donc quelle en-
Rcfponfe fantcencort?L'Angc,&Elizabetrontfalueelors qu'elle dcuoit enfanter le fîlsdcDicu.
imapro- ^ Vous aucz parlé des images que Dieu a defendu:& pourquoy a-il commandé à
Moyfededrclferdes Chérubins? Dieu cft-il contraire à Iby-mcfme ? (£. Les Chérubins
neftoyent pas dreflez pour les adorer» comme on adore les images à prefent en voftre
cglife,côtrc lcxpres commandement de Dieu. Et par cela voit-on bien que IefusChrift
n'en eft point le chef. Mon ami,vous feriez fort bien de vous renger aucc nous,
&: dauoir
Aîichel Robillart. 6 32
&'d'au£>ir pitié de voftre amc,& de voftre vie. Mon ame & ma vie font en la main de
Dieutayez pitié des voftrcs.ie ne voudroye nullement eftre en voftre place . Ils fe iénti-
rent fort picquez de cefte parole.
Me s frères &amis,vous feriez efbahis de tant de proposé dcmades.qu'ils me font, fr"0"'s^^
tantoftl'vn,& incontinent l'autre. Et quand iepenfcrcijpondre à l'vn,l autre commen- ^nemet les
ccfoudain vn autre propos,comme,Et qui a ordonné voftre Caluinîpourquoy vousfai- j^""1*1^
tes-vous ainfi bruflcrfl'ay leu les liures de Caluimie Tay ouy prefchenil a fait 4 fermons mcicicom-
expres pour inciter les liens à fe faire brufler. Et puis ceftvn home feulaleftopiniaftre: T1^:
bL eft contraire à Luther.& quand Caluin fera mort,vn autre le leuera qui luy fera con-
traire.Ilreiette les liures des Machabees,pource qu'ils luy font contraires * Et puis ils
me difent,Et tous vos parés q font-ils deuenus?& fur cela à belles iniures : & puis à dou-
ceur,Mon ami,captiuezvoftre entendement aux docteurs:penfez-vous que nous-nous
voudrions perdre,& perdre les au tresfvous n'eftes que ie ne lay quelles gens: voftre mc-
ftiern'eft pas de fe méfier des<ain£tes Efcritures,ne de prefehencoyezee q l'eglife croit
fimplemcnt,fansvousenqucfternedecclanedcceci:&:cefaifant vous ierez hors des
mains delà iuftice,& voftre efprit a repos. Et monfieur le Prcfident faifant corne la con-
clufionde telles remonftrances,adioufta,Icfuis bien marri de fa fortune.
Mes frcres,c'eft vnc pitié que de leur fai£blls ne fe font que iouer& rire de la parole
de Dieu,&: trouuer queftions friuoles fans édification. Comme en parlant de leur Pur-
gatoirc,ils me demandercnr,Et bien,vous dites qu'il n y a que deux chemins:Où eftoic
le Lazare,quad il reifufcitaîs'il eftoit en enfer,il n'en pouuoit lortii :s*j1 eftoit en Paradis,
le mefme:il faut donc qu'il y ait vn autre lieu. Tellement que toutes leurs fubtilitez ne
fontque pour tourmenter les poures fidèles. Et quelque folution qu'on leur face parla
fain&e efcriture,ils retombêt toufiours fur quelques lopins de pacages qu'ils ont amaf
fez.Comme en parlant de la Ccne,ilsontpenfém'efbrâler par ce mot que S.Paul a dit,
Quand ieviendray à vousjicdifpoferay du refte. Et font fî impudens qu'ils prénenttout 1 or'"'54'
à eux,com me fi les Apoftres auoyent feulement commencé,^ donné licence à tels mi
ferables de parfaire. ^ Maintenant,mes freresjil faut que vous priez Dieu pour moy,
qu'il me fortifie iufqu a la fin,& qu'il parface ce qu'il a commencé en moy. Et cependât
que Dieu vous donne le loifir,exercez-vous aux faintles Efcritures autant qu'il vous eft
pofsible,afin que {oyez munis d'armes pour repoufler lesafiauts &: moqueries des enne
mis. Priez Dieu qu'il me donnepatience &; bon courage,foit en la vie foit en la mort.
Ainfi foit-il. D e Pepigny. Foy obtient tout. Michel Robillart.
LETTRE particulière dudit Robillart à vnlîen ami, pourmonilrer en quelle patience il porte la plus cftroite nour-
riture corporelle quefes luges ont commandé qu'on luy donnait:& de la,qucl profit il en reçoit quant à fon efprit.
[K E S-C HER frère &ami,cognoiiTant par voftre lettre le grand defirqu'auez
j&|de fàuoir de ma fanté corporelle, ie n'ay voulu faillira vous referirepour fatiffaire
à voftre defir.l'ay grade occafion de remercier Dieu de ce que les ennemis fe font bien
abufcz,penfansmematterenm'oftantde la nourriture ordinaire, &memettant au
pain &c à l'cau,comme fi Dieu ne fe referuoit des moyens incognus aux hommes , pour
entretenir aufsi bié ceux qui font au pain fec,que ceux qui ont routes fortes de délices:
maisles poures beftesnefauent pas quel'hommenevitpointfculementdepain,mais MjttIl-4*
de toute parole procédante de la bouche de Dieu. Vray eft que du commencement la
chairen eftoit en peine,maismaintenanti'en fuis accourt umé : tellement que l'efprit Traitement
en eft plus prom pt &: vigilant â la vocation en laquelle le Seigneur m'appelle . I'ay ^p'^^
alTez apperceu parquelquc propos delà Geôlière que i'auioye bien dauantage fi ie le *
demandoye:maisiecrain files Commiflairesmappeloyent en ferment, que ma con- .
feience meredargueroit ne difant la verité:&: autres en feroyent en peine. le l'ay dit àla
Geoliere,afin qu'elle s'acquittaft en cela de fon deuoir.car on a défendu à Ion mari liir
peine de mort,de ne me bailler autre chofe,& que luy-mefme l'apportaft,fans fe fier en
fafamille.l'ay mefme aduerti le Geôlier de s'en acquiter. Quant à la pnfon,ce ne m'eft Laprifon.
point prifonautrement,pour parler. car fauez-vous que ie fay:deiourierepofe quelque
peu, & de nui£b tant qu elledure ie m'applique à lire,nô pas toufiours, mais le plus fou-
uent. Et d'autant qu'il fait icifort reumatique,iencchaullc point mes chaufiés,finon
quand on m'appelle pour aller deuant Mefsieurs,pource queie les trouue touiiours co-
rne fi elles auoyent efté de/fous la ro(ec:de forte que quand ie les chaufie,ie luis bien vne
OOo.iiii.
Livre VIL Michel%oliJlart.
heure fremiiTant iC treblant,tant quelafrairchcur foit paffee.&pour euiter cela icpreri
ma cappe à l'entour de mby,&:fuisici côme autresfois fay efté aux eftudcsrne refte qu'a-
uoirdequoy eftudier,qui m'eftle plus grand ennuy. Iay dit à la Geôlière qu'elle parle
au grand Preubft pour mefaire auoir vn Teftament , afin d eftudier &: regarder les paf-
fages que ces Caphars m'allèguent. S'il ne tient qu'à demander , îe le demanderay tant
de fois, que poflîble ie l'obtiendray. Mais le'ne fçay que c'eft de cegrâd Preuoft. quand il
eft auprès de moy, il femble me prefter l'oreille : mais quand ie fuis en haut , ic le trouue
tout autre: qui medôneà cognoiftrequily a de l'hypocrifie. Si cil-ce que icne laifi'eray
de l'admonnefter de fon falut : &: aufll l'aduertir du traittemenc que iay, qu'on ne feroit
point au plus mefehant du monde,qui auroit mérité par fa vie defordonnee toute efpc-
cc de mort. Voila,mon frère &C ami,comment la fante corporelle eft en moy.
Safantéfpi Qj ant a la famé fpirituclle ( laquelle icdeuoye auoir mife du commencement)^
rituelle. j'ay occafion de remercier Dieu pour la corporelle, cefte-ci doit outrepalfer>&:cftde
tout autreprix. C'eft celle que les ennemis ne mefçauroyent ofter,ny mefme le moyen
pour l'entretenir, comme ilstafchent fairetouchant la corporelle, en laquelle auflî ne
pourront faire autre chofe finon autât que Dieu permettra:&:quoy qu'ils facent,le tout
finalement iera à leur cônfufion , s'ils ne viennent à repentance. Ils penfent auoir tout
gaigné pour vn ou deux qu'ils condamneront au feu matériel , & penfent par ce moyen
empeicher le cours de la parole dcDicu: mais ils ne fçauent point que les cendres des fi-
dèles fontles femencesdel'Euangile,&:qued'vnfeul mille peuuenteftre édifiez à fa-
lut. Confideronsen celacombien Dieu femonftreenuers nous mifericordieux, nous
appelant à foy par fon Fils Iefus Chrift,lequel il a donné à la mort,voirc rerrible & igno-
minieufe,voire maudite,comme il eft cicrit , Qu'il a elle fait maledi£tiô,pour nous fane
participans de fes benedi&ions éternelles. ^ Voila quant à fes exercices de la prifon.
EN fesplusfortcsangoiflesilefcrhiitàfamerecequeseiuir, Tr e $-c h e r e me-
te,ayant receu voftre lettre,& obtenu gracede Meflîeurs de vous efcrire,ie me fuis
voulu acquitter de mon deuoir. Vous ferez dôc aduertie que touchant ce que mandez,
de me garder des tromperies de Satan, iamaisien'eufi grand befoin de telle admoni-
tion que maintenant : carde tant plus que l'homme s'efforce de fe ranger àl'obeiflance
de Dieu,de tat plus l'ennemi fait tous fes efforts de le diuertir & tromper, fur tout quad
UxuitM on approche de la mort.il refte d'y rcmedienc'eft de veiller,&: prier celuy qui a dit, Suy-
uez-moy,renonçans à vous-mefmes,& portans voftre croix. Il ne le faut point fuyure à
noftre volonté,mais â la fîenne. E t ne parle pas d'vne croix de bois ne d'argent,ne de la
baifcrouadorcr,maisde laporter,aflauoir endurans patiemment tribulations,aduerfi-
tcz,emprifonnemcns,tortures,gehcnncs,&: confequemment la mort. Et partant il dit
Luc m auu^>QÏi^ v°udra fauucr fa vic,il la perdra: & aucôtrairc,qui perdra ici fa vie(adiouftant
la caufe)pour l'amour de moy, il l'a trouuera & fauuera. Quiconquedonc embrafle l'E-
uangile de IefusChrift,ce n'eft pas feulement pour croire en luy,mais auflî pour foufTrir
auec luy: &: c'eft ce qu'il entend par ces mots, Suyuez-moy. Puis qu'il eft noftre chef Se
nous fes membres: qu«ad le chef tient vn chemin, il n'eft poflible que les mébres aillent
Icoû it.ia par autre.C'eft pourquoy auflî il a dit, Ne vous efbahiflez fi le mode vous hait, car il m'a
eu en haine le premier : à cela cognoifTez-vous que vous n'eftes pas du monde,quand le
mode vous hait.La chair parle vn tout autre language,car elle ne demande que les plai-
firs qui meinent à la mort, mais i'ay dequoy me défendre contr' elle : &c ce que dit fain£t
Rem.8.13 Paul m'eft deuant les yeux, Si vous viuez félon la chair, vous mourrez: mais fi par l'efprit
vo9 mortifiez les fai&s du corps,vous viurez. Le mode viét apres,qui médit, Tu es bien
fol, ne fçais-tu pas faire corne les autres? tu iouyrois en paix de tes biens auec tes parens.
Mat.8.36 voila comme il parle:mais Iefus Chrift dit bien autrement, Que profitera à l'hômed'a-
uoir gagné tout le monde,& qu'il face perte de fon ame?
Extrait de Au commencement du mois d'Aouft les plus afpres aflauts de difputes luy furent
pl"tj de"*!» ^ureZ:^ 'c Seigneur luy donna non feulement dequoy refpondreà fes aducrfaires,mais
bilCrt.C ° auflî de confoler par lettres ceux de l'Eglife. LcDimanche v irr,dudit mois;efcriuant
de nui£t,les aduertit de prendre garde foigneufemen t , que par hantet mauuaiies com-
pagnies petit à petit ils ne fegaftaflênt:& vfoit de comparaiibn desminnesqui fe met-
Le foin que tent principalement és fourrures les plus cxquifes,&: les gaftét: &c que ceftoit le deuoir
RobilUrt a d'vn fage peletier principalemet d'y auoir efgard. Lexm d'Aouft, il leur fignifiaque
des fidèles, depuis le fécond dudit mois il n'auoit efté deuant les CommifTaircs : U que lors on luy
donna
Hugues cDeJlaiUeur,& Jean Tic. 633
donna terme de crois ou quatre iours de penfer à Ton cas. Et tant s'en faut que le coura-
ge luy fuit afFoibli,que pluftoft il le fentoit augmente approchant de là fin: Tenôs pour
certain, difoit-il,que quelques braucs ou grans qu'ils loyer, Dieu cft leur maiftrc,&: mes
iours font contez: &: il a dit que ma vie luy cft aufsi precieu le que la prunelle de Ion œil. Zach.i.i •
Et combien que ne voyons l'effet!: & l'accompliiTemcnt d'vne conjonction lî parfaite, li
eft-ce que quand le teps ordonné fera venu, nous le verrons à noftrc falut,&: à leur gran-
de condamnation. Le Ieudi x 1 x,duditmois,vers les cinq heures après di(ner,le Procu-
reur de la ville , accompagnéde deux fergeans , luy vint lignifier de par le Gouuerncur
leigneur de Montignv, quelelendcmaiiW'eroitiondernieriourpourcftre bru lié vif, li-
non qu'il le déportait de maintenir Tes erreurs. Et amena quant & luy vn docteur Augu-
ftinpourmonftierlefditserrcurs.C'eftoitlcmefm,e Docteur qui trois iours auparauant
cnla Halle desfeigneursdelaville luyauoit mis an deuant plulieurs choies :& fi auoit
prefenté certain cicrit touchant les facremens à i'vfage délégué Romaine. Michel eut
moyen d'eferire contre les allégations du Moine:<St le fît pour l'édification de plulieurs.
Sur la fin des lettres dattecs dudit iour x i x, il adiouftoit ces mots, Mes frères, ceci eft
quafi eferit delarmcs & de lueurs découlantes. 1e vous prie que prions noftrc bon Pere
qu'il mefacelagracedepcrfeuereriufqu a la fin.
Q_v e l qjv e temps après tousecs combats vertueufement fouftenus , il rcceutfcn-
tence de mort, Si fut brullc fur le marché deTournay , confctiànt iu (qu'au dernier arti-
cle de fa vie le nom de Dieu.
H V G V E S " DESTAILLE VR, ET IEAN PIC, Tourmfiens. ^H«-
C E fcid exemple deuroit bien fuffîre aux ennemis de la vérité de Dieu pour modérer leurs cruautez,c]uand en fi grande ieu- Leur prinfe
nèfle de ces deux-ci qui cftoyent de meftier , fans auoir cfté inflruits aux efcoles , ils font contraints d'y voir vne fainclc & a cite de cc-
fpiritucllc érudition & confiance iufcjues à la dernière goutte de leur fang. fte annee,
M.D.LX1UI
V E L Q^V E S paires d'amis fe trouuent îadis auoir cité célébrez pour
leurs amitiez exquifes &C rares,quc la ieule moi t feparoit : mais qui confide-
rera de près ces hiftoires,ily trouuera des miroirs de telle conjonction, que
la mort mefme a de plus fort vnis &: liez.Ces deux ieunes compagnons,Hu-
gues Deftailleur fur l'aage dciz ans,&:Iean Pic,de 18 , à 19, ans , tous deux de Tournay,
en ont monltré l'exemple deuant leurs parés &: amis, &: en la mefme ville: Lors que par
ferments extraordinaires on tourmentoitlcs poures fidèles ( comme il a efté veu ci de-
uât)ces deux eftasfortis de ladite ville vn iour de Dimache entre neuf &c dix heures du
matin pour traitter &:côferer par enfemblc de quelque palfagedc l'Efcriture , &: d'vne
lettre venante de la part de certains frères d' Anuers,furent furprins par leProcureur du
Roy accompagné des officiers. Hugues cftat trouué faili d'vn petit hure imprime à Gc-
neue,&: de ladite lcttrcd'Anuers,tous deux d'accord furet menez priibnnicrs en la tour £*J£"r l|-
deFrance,en laquelle ils promirent fainctement l'vnà l'autre, de maintenir la vérité de v%. de *
lefus Chrift iniques à la mort.Lclendemain furent menez deuat lc> Magiftrats,en pre- Tonrhay.
fence defquels ils firct vne pure &: entière proteftation &confc filon de leurroy.Et çl'au-
tant qu'ils s'cncourageoyentl'vn l'autre à perfeuerer, on les fepara,& furent mis en di-
uerfes prifons , où ils furent plulieurs fois lolicitez par Preftres & Moines de renoncer à
leur confelîîondefoy,par eux maintenue deuat lesfeigneursdela ville. Interroguezde
l'opinion qu'ils auoyent de fEglife,de la Méfie, delà prefence du corps &: du fàngdele- Somairede
fus fous feipece du pain & du vin, des Sacremens, delà confeflion auriculaire, des Con- ffaf** '
ciles,de l'inuocation des Sain£ts,du purgatoirc,&:c.Refpondirent fi bien à tous poincts,
qu'ils donnèrent à cognoiftre querÊglifèn'eftoitpoinccelle.^u'onappeloit Romaine,
veu quela parole de Dieu en eftoit forclofe,& qu'au lieu d'icclleles doctrines que fainct:
Paul nomme doctrines des diables &c des efprits abufeu rs,y eftoyent en voguc.Et qu'ain 1 Tim.4.1:
fi foit (difoit Iean Pic) on défend le mariage à quelque forte de gens,& les viâdes en cer- 3'
tain temps. Touchant la Mefife, qu'il n'en faloit rien croire, d'autant qu'au vieil ne nou-
ueau Teftament il n'en eft aucunement parlé. De peler que lefus Chrift (dircnt-ils^foit
prefent au pain &: au vin, outre vne abfurdité par trop grande,cela cotreuient aufsi aux
articles exprès denoftre foy,affauoir,Qu'ileft monté aux cicux,& dont il viendra iuger
les vifs &: les morts. Des Sacremens, qu'ils protefloyenten receuoir autantque lefus
L 'wrc^ VII. Hugues T>efi ailleurs Jean Tic.
Deux Sa Chrift en a inftitué, fauoir eft deux, lafain&e Cene, & le Baptefme, Se n'en receuoyent
démens. nuiSaUtres,commen'ayans fondement fur parole expreiîe de Dieu. Que laconfcftion
auriculaire n'eftoit qu'inuention humaine , qui ne pouuoit obliger les conlciences:ô£
kq.fj* tant s'en faut que le partage de fainâ laques la côfcrmc , qu'aucôtraire l'abolit du tour,
veu que là il n'eft parlé de Te confeiîer à l'aureille d'vn Preltie, ruais i'vn à l'autrcQuan t
Des Coud- aux Conciles , ne les vouloyent receuoir n'aduouer , linon qu'ils fufTent conformes à la
**** parole de Dieu : brefqu'iceux n'eftan s réglez &c compalfez au contenu des îainctesEf
critures .,n'eftoyentreceuables. De l'inuocation des faincts, qu'il n'en faloittcnirplus
grand propos , puis que toute l'Efcriture ne nous propofe que Icfus , par le feul moyen
duquel il faut que nous inuoquionsvn feul Dieu, &: efperions que pour l'amour Se en
faueur d'iceluy Icfus Chrift: nos prières feront agréables deuant la maiefte Diuinc. Du
Purgatoire. Purgatoire,qu'ils n'en vouloyét aduouer autre queceluy qui eft au iàng de IcfusChrift:
& que d'attribuer lauement des péchez à l'eau benite,ou au feu qu'on dit de Purgatoi-
re,n'eft pas feulement chofe imaginaireôefottejmais auflî cxecrable& pleine d'impie-
té,de mettre tels fattras au lieu du fang du Fils de Dieu. Voila en fomme quelle fut leur
confeftîon de foy , recueillie de leurs propres eferits : à laquelle nous auons infère deux
de leurs lettres,efc rites de leursliens,comme s'enfuit.
H. Delrailleur prifoniiicr pour la confefsion du falut en vn fcul Icfus Chri/t^î mon pcre.mercj&c. Cracc & paix.
KfêSlj E S treichcrs&: bie aimez en noftre Seigneur Iefus ChrinSperejmerejfrercSîfeurs,
jjaSjlj & aims',e nc vous fçauroy'dire ny eferire combien grande a efté la côfolation que
i'ay receuc par vos lettres, voyant que m'exhortez à perfeuerer toujours conftant en la
confertîon du nom de Dieu. Car le Seigneur m appelant à la cognoiflance de fa vérité,
m'auoit quant Se quant apprins celle leçon, qu'il me faudroit pour maintenir là dodtri-
•Lamycex- ne, renoncer à pere, mere,freres & feurs : &: mefmes ie craignoye que mes parens char-
pcncocc du ncjs nc mc fartent en grand empefehement à fuyure Iefus Chrift. Cependant puis qu'il
luyplaift me mettre àl'efpreuuc,i'cxperimente le cotraire. Carie fuis exhorté de perlè-
ucrer conftâment,voire iufques àla mort,en la cofeflîon du Fils de Dieu,& ce par ceux
' lefquels ie penfoye qui m'en deftourneroyent de tout leur pouuoir.Quelle confolation
penfez-vousquecela medonneau milieu de mes afflictions? le vous afleure que ienc
me peux faouler de méditer les grans bénéfices que le Seigneur méfait en ccft endroit.
Et pourtant ie prie le Seigneur Dieu , Pere de toutes mifericordes, qu'il vous face cefte
grace,que perfeueriez toufîours en ce qu'il a commécé en vous: Se que difiez pour l'ad-
ijicr^.5 uenir auec faind Pierrc,Qu'il nous doit fuffire que le temps parte nous auons fait la vo-
lonté des Gentils,quand nouscheminionsen iniblence,yurongncric,idolatricabomi-
Apcolai.8 nable, fçachant que, comme il eft eferit en l'Apocaly pfe,les idolâtres, & les yurongnes,
&lescraintifs,n'auront point d'héritage au royaume des cieux,ainsferontiettez en l'e-
ftang defeu Se de fouphre ardant. Profitez aulli de plus en plus en la parole de Dieu, Se
inftruftioa furtous,vous mon pere, afin quefuyuantlesadueiçirtemensquifonteniceile,puiflîez
f0" dc'S" in^riure ceux ^e v°ftrcfemMeîPrinc'Palcment à prier Dieu tant du foir que du matin,
îiSlc à fuyure bonne compagnie,à n'abandonner les commandemens de Dieu pour menace
quelconque que pourroyét faire les hommes , pour adhérer à leurs traditions. Gardez-
vous de Satâ Se de fes fuppofts,afin que ne défailliez de l'obeiifance de Dieu-mais qu'en
toute humilité &: obeirtanec vous-vous remettiez à fa fainde prudéce Se bonne volon-
té,eftas arteurez qu'il ne vous enuoyera rie qui nc foit pour là gloire &:pou r voftre falut,
encore que la chair en iuge autrement. Or,mô pere, touchât cequem'auczcfcrir,arta-
uoir que c'eft en affliétion fietribulatiô qu'il fe fau t efiouyr,cela eft vray. Car voila le plus
certain tcfmoignage de l'amour de Dieu enuers nous, c'eft quand il nous chaftic,cqme
fait tout bon pere,quâd il corrige fon enfant lequel il aime. Que fi nous eftiôs fans cha-
ftiment, nous neièrionsplusenfanslcgttimes,ainsbaftards. le ren grâces à Dieu que
vous entédez ces chofes beaucoup mieux que nc pourroye eftimenôde prie au nom de
fon Fils noftre Seigneur Iefus Chrift , qu'en puifsiez tellemét vlèr,que ce (bit à la gloire
de fon fain£t Nom,&: au làlut de voftre amc.Quat à la pourfuite que nos ennemis nou*
/ont,ic ne doute point que n'en foyezaduerti, Se que cela felô la chair ne vo9 ait efté oc-
cafiô de triftefle,a vous,di-ic,pncipalemct mô pere, Se vous ma roere. mais fi faut-il bie
que vous entriez en confideration du bien qui défia m'eft préparé , après auoir vn peu
foufFert:que fi vous le fai&es , certainement vous y trouuercz grande matière de confo-
lation:
Hugues Deflailkur,& Jean Pic. é 34.
lation.Hclas,mestrefchers,pere&:mere,ievous prie deconfiderercôbien eft excellent
cequcievây poileder,au prixdecequeielailfe. Etbien,ençoreqaoftrelcge&:rnaik)n i.cor.f.4
terreftrefoit deftruite , n'auôs-no9 pas là fus vne maifon ejcrnejlc, laquelle n'eft pas ba-
ftiepar les mainsdes homes, mais eft édifiée par la vertu de Dicu.? NegemilTons-no9 pas
après cela, defirans d'eftre reueftus & misen pofîefsion de cefte habitation qui eft aux
cieux?Vo,ila, voila en quoy vous-vous deuez côlbler,lifant la prefente:& ne fçay il elle.le-
raladcrmerc,veu la rage de nos ennemis dontils nous pourfuyiier,& ("ont enrîâbcz con-
tre la doctrine delaquelle nous faifons profession. Cependant en cela ie majeure, qu'ils
neferont pas tout ce qu'ils voudront,mais bien ce qu'il plaira à Dieu, lequel a tellement
lbin.de nous, qu'il ne permettra qu'vn feulcheueu de nos teftes peri/îe. Qiierefte-il,iinô ^.17.^
que nous tafchionsà luy obeir,&: nous gardions de murmurer contre luy:veu qu'il nous
veut conformer par ce moyen à l'image defonFils Icfus Chrift? Vray eft que la chair ne
s'y veutaccorder , voiremcfmes elle nepeût. cependant toutesfois Dieu me goùucrne
tellementpar fçn S. Ei'prit , que i'ay grande matière de luy rendre grâces. Voulez-vous
que ie vous die? Il m'aduient prefque ce qui eft aduenu à S. Pierre. Car vous fçauez qu'il
luy a efté dit,qu'il feroit mené là ou il ne voudroit allenncatmoins toutcsfois,qui doute lean 4"8
u'il naitrcpdu facrifice agréable à Dieu, corne mcfmes il leprotefteenfâ féconde epi-
re? Ainfiic croy aifeuremét que ce bô Dieu me fortifiera tellemét iufques à la fin, que
nelediable nefes fuppofts ne pourront rien gangner fur moy ,queiene luy rende vnc
obeiflânee volontaire telle qu'il requiert de moy:& ce non pas de moy, mais comme de
luy. Il nous a dit,Confiez-vous en moy : i'ay vaincu le monde. Et certes voila ma vidoi-
re,par laquelle i'efpere de furmôter le monde, aflauoir la foy de laquelle le Seigneur me
munit en telle abondance,queiefuis feur que pour quelques perfecutiôs ou tourments
quimcpuiirenteftreprc(èntez>iene defaudray aucunemét.Car puisque Dieu eft pour
moy,ie ne craintoutxçque les hommes mepourroyent faire. Etquipluseft,iemetien
aiTeuréauecce bon Prophète Elifee,qu'ilyenaplus pour moy que contre moy. Vous i.Rois<?.itf
voyez dpnc,mon perc U ma mere, en quelle confiance ie marche, & en quelle patience
&efpoir j'atten cefte heureufe iournee en laquelle ce bon Dieu me retirera à foy, &
effrayera toutes Jarmes de mes yeux,pour me colloquer en cerepos éternel. le vous prie
aunomdeDjcu que vous défailliez ces voluptezà: plaiiirs mondains ,& qucpluftoft
vueilliez endurer pour peu de temps quelques petites perfecutions ( ou bien telles qu'il
plaira à Dieu vous enuoyer ) afin de paruenir à la fin en la ioye à laquelle parviendront
ceux qui porteront la croix après luy. Voulez-vous auoir plusgrandpriuilegequelefus
Chriftne s'eft donné foy-mefmc? Voulez-vous eft re toufiours ici bas à voftre aife fans
aucune affliction, & finalement iouyr des biens qui ne peuuét eftre dônez finon à ceux
qui endurerôtiriiure, opprobre &detradtion,violencc,outrage, petfecution,afrliction,
prifon,& en la fin mort cruelle &: ignominieufe? Lefquclles chofes ne font à comparera
la gloire laquelle ferareueléeaux efleus,&; à ceux qui auront attendu fa vcnue.Eftimez- Noter cefte
vous que ie foye d'vnc autre matière que vous?ou que félon la chair ie ne foye autant faf- cd°lauon-.
ché comme vous dendurer affliftibnîCepcndant voyez comment le Seigneur medon-
neforceôc" conftance , pour entièrement renoncer au monde& à tout fon luftre , pour
du tout mefubmettre à fa faincte volonté,defirant pluftoft mourir en grade ignominie
& cruauté,quc renôcer à la vérité certaine de fa parole,laquelle il m'a 1 cuelee en l'Euan-
gilc,m'ayant apprins cefte belle leçon , Qui ne delai/Tera pere , mere, femme &: enfans, Mat.r0.j7
honneurjrichefteSïpoflcfsionSjVoirela propre vie pour mon Nom,il n'eft pas digne d'e-
ftre des miens. Et puis aufsi,Qu.i met la main à la charrue, & regarde derrière foy,il n'eft Luc>.<?»
pas digne du Royaume des deux. Or déroutes ces chofes à luy feul en foit la gloire , cÔ-
medefaict elle appartient àluylèul. Ilreftcquenousle prions qu'il nous face la grâce
qu'en puifsions vfer à fa gloire, fù r tout vous autres qu i demeurez en ce monde. le vous
fupplie que ces aducrtiiTemens vous feruent, afin de vous retirer de ce monde mauuais:
vous fouuenant que ceux qui voudront viure fidèlement enIefusChrift,ilfautqu'ils *»T«n-3'»
fouffren t perfecution.Confblez-vous. donc en Dieu, & qu'il vous niffife qu'il foit voftre
protecteur. Et puis qu'il luy plaift que îean Pic &: moy alliôs à luy,ie luy ren grâces, qu'il
nous a tellement fortifiez, que nous accomplirons (comme i'efpere) la promette que J™"*?0
filmes en la tour de France. Priez pour nous,recommandant à Dieunoftrecaufe, pour rer.
laquelle nous endurons. Saluez tous ceux de ma cognoiflanccennoftte Seigneur, au-
quelnous prions qu'il luy plaife nous faire celte grâce, quefon fain&Nom foit glorifie
Livre VIL Hugues 'ÙeflaiÏÏeur, & Jean Tic.
par nous iufques à la dernière goutte de noftre fang au nom de Iefus Chrift,auquel foit
gloire, honneur & empire à tout iamais. Ain fifoit-il. Par voftre fils prifonnicr pour it
parole de Dieu, qui délire voftre falut.
lean Pic prifbnnier pcmr la parole de D ieu,à mon bon ami N .grâce te paix.
R E S-C HER enIcrusChrift,iemcrecommâdeàvoustref-afFe£tueufcmént,
I vous iauîant fauoir qucje fuis en bône profperité & de corps & d cfprit: Loue' foit
Dieu ôc Pcre de noftre Seigneur Iefus Chrift,Ie Pere,di ie,dc toute confoiation, qui me
confole en toutes mes tribulations & fourTrançcs. c'eft luy , di -ie , qui me confole &: de
tant plus fortifie par fon faind Efprit,quc les alTauts font grads qui me font liurez par le
monde , lâchait , & le pechë : &: fur tout parle diable, lequel chemine comme vn lion
i.Ker.j. bruyant alentour de nous pour nous deuorer.Helas,qu'eft-cedenous,fi Dieu ne nous
fortifioit pour auoir viftoirc. Mais il cognoift noftre infirmité, & nous promet de nous
i.Cor.io. confolcr &aflcurer, afin que ne tombions. Il dit qu'il ne permettra point que foyôs ten-
tez outre ce que nous pouuons: mais fera bonne iffue auec la tentation, afin que la puif-
Heb.i. fions fouftçnir:& ce d'autat plus que(com me dit l'Apoftre)il luy eft aduenu d'eftre ten-
tée eft aufsi pui/Tant d'aider ceux qui font tentez. A quoy fain& Pierre a regardé quand
t.pjer.t; il a dit , Le Seigneur fiait àcliurer de tentation les ficlelcs', &: referucr les iniuftes pour cftre
tourmentez au iourdu iugement. Or i'cfpercenfabonté&: grâce qu'il nousdeliurc-
*.Thcff.i. ra de tous opprobres & affligions , &: me refiouy & glorifie en icellcs , à l'exemple de
RomJ. fain& Paul , auec lequel aufsi ie luis certain que ne mort , ne vie, n'Anges , ne princi-
pautez,nepuhTances,ne chofes prcfcntcs,ncchofesàvcnir,nchauteilc,ne profon-
deur, n aucune créature , ne nous feparera de la dile&ion de Dieu , laquelle eft en Iefus
Chrift noftre Seigneur. Nous voyons donc parce moyen, afTauoir par la dilection que
Dieu nous porte , que l'espérance ne confond point , pourec que nous attendons toute
chofe par patience, comme dit fain& Paul. Mais il faut (comme le tcfm oigne faind Ia-
Lrçues u quesfque la patience ait œuure parfaite, afin d'eftre parfaits^ entiers, ne defaillans en
rien E n fi quelqu'vn a faute de fàpiccc,c'eft à dire,de force ô£ de vertu, qu'il l'a demade à
Dieu,qui la donne à tous fi mplemet,&ne le reproche poiht,& illuy fera dôné,moycn-
nant qu'il le demande en foy. Ce qu aufsi ie luy ay demandé , & i'cfpere qu'il m exau-
ccra,afin (Juepàr ce moyen ie puilTe cftre vi&orieux du diable & du m6dc,&dc lâchait
& d u péché , pour régner auec le Seigneur au Royaume éternel , où il elTuyera toutes
larmes de nos yeux. Dieu nous en face la grâce à nous tous. A inû foic-il.
L'hcureufc iitue que Dieu donna à ce* deux' ieune» Champions au mcfirje h€t d'honneur.
0 1 L Aenfommcqucneacftéladc^rinequohtmaiûtenueDcftailleur&Pic
dejpuis le Dimache x x ,d'Aouft,iour de leur em prifonn émet m . d . i x 1 1 1 1 ,cômc
dit a efte. Le Magiftrat de Tournay efTaya tous moyes de matter leur conftance, par af-
preté Ô£ lôgueurdc prifon,'les feparâtl'vn de l'autre , aflàuoir Deftaillcur en vne prifon
qu'ils nôment laTcnerie,& Pic en vnc autre appelée Pipenie.Preftres, Moines &Icfui-
^ tes leur dônerenteepedant dégrades fàfchcries , & à plufieurs & diuerfes fois les mole-
fterent:maisle Seigneur par fonfain&Efprit les rcnditinuincibles: tellement que pen-
dant leur eroprifonnementrcfpaccdc fept mois &d'auantage, leurs bouches ont efté
confacrees du tout à la louange de Dieu , & leurs mains (fi auant qu'il leur eftoit loifible
d'efcrire)employees à confoler &: fortifier par lettres leurs parens, amisx& en gênerai la
defolee Eglife de Tournay.Les luges voyans qu'ils ne gangnoyc'trien deles détenir d'a-
La mort de uantage , finalement le x xn, iourdeMars enfuyuant m. d. l x v,enuiron fcptheu-
t"wUeftéï res du Matin, les condamnèrent à eftrc bruflez furie marché de la ville. Onlcurpre^
i!xv:fei£k ^enta ^eux "bleaux de crucefix, contre l'aduis toutesfois d'vnConfeillertemporifeur
«aicui vfité nommé M.Iaqucs leClerc,cognoiflant(difoit-il)lcuropiniaftreté. Enallantau fuppli-
■ ce,d'vn coeur ioyeux ils dirent à plufieurs deleur cognoiflance,àDieu,àDicii frères,
iufques à tant que nous-nous voyôs enfcmblc tous deuant la face du Seigneur. Quand
ils furent dedans l'enclos où ils deuoyent cftre bruflez,ils rendirent grâces à Dieu,& re-
mercièrent les Magiftrats de la deliuraricc qu'ils leur fàifoyent de leur captiuité & mife-
re.Puis eftas attachez de chaines,ils chantèrent ledernicr couplet du Pfeaumc 41 ,Mais
quoy? défia par cela voir ie puis Combien cher ie te fuis, &c. Le bourreau commencent
à eftrangler lean Pic,Hugues ne ce/Ta de crier,Couragc, mon frcrc,courage : encore vit
peu
Çhrifiophe S mit, à ^Anuers, 63 y
peu,5£nous-no9verros l'vn l'autre deuât la face deDieu en îoyceternelle.Telle fut la fin
de ces deux bié-heureux Martyrs de Iefus Chrift>iefpôdantcà leur conftâce precedéce.
P V I S-que de iefùites il efifait fouucnt ci datant & après mention, il ne fera impertinent de tou-
cher ycomme en pajjàntj origine de leuryurqye efparfe en plufieurs contrées.
N E fette de gens fe nom manslefuites, depuis quelques précédentes an- °ri§
incdcj
lciuir.es.
nées efleuee, & multipliée en pluiieurs grofies villes, tant de la France que
du pays bas &: autres régions , donnoit en ce temps de grinds cmpefchc-
mens au cours de l'Euangi!e& minifteredes Eglifes reformées. Se dilans
cllre ordonnez en ces derniers temps pour réparer les ruines de l'eglife Romaine, on
leur feroit tort de rapporter leur origine à ceux qui furent iadis en Portugal l'an
m.c c c.x x v i,nommezGendarmcsdeIefus,&:depuisàSenes&:en laTofcane,l'an
m. c c c . l x v 1 -.lefquels Platine &: Sabellic tefmoignent auoir efté gens viuansdu
labeur de leurs mains,fans célébrer Méfies: vacans à ieufnes & oraifbns:&: fulpeeb fina
lement au Pape Vrbain , entant qu'auec les Fratricclles&; Vauldois, ils preferoyenc
lesel'critsdes Prophètes àc Apoftres aux traditions des hommes. Qui voudra neant-
moinsrecerchcr de plus haut leur fource,on la pourra puiferdece creux& puits d'a-
byfme deferit en l'Apocalypfe , duquel tant de iàutcrelles font forties peur nuire à tout Au cfup. 9,
ce quifetrouueroit deverdenla terre. Ceux-ci tenansdu naturel des Scorpions, re- «kl'Apoc»-
ftovent à fortir : &: Iean Pierre Carafe Neapolitain, après que la clef dudit puits Juy euft yp c*
efte donnée, fit monter comme d'vne fournaifecefte fumeede Iefuites: fi qu'eftant
fait Pape nommé Paul 1111,1'an m. d. l v, leur donna puiftance de picquer,molefter
te faire guerre à tous ceux qui feroyent àlefùs Chrift. Les appelant donc Ieiuites,il
pourroit auoir eu efgardau ftyle des Romains, & à l'ancien v(àge&: façon dénommer
ceux d'entre eux, Aphricains, Asiatiques, Germaniques, & de femblabledenomina-
tion , non point pour eftre amis ne confederez à ces peuples-la : mais pour leur faire
guerre mortelle, les aflubiettir à l'empire Romain, & triompher d'eux. Etdcfaid,
le fiegede l'Antechriftjfils de perdition , ne s'eft point forgé fans grand befoincefte
nouuelle facture, fen tant fadefeonfiture prochaine &inftante par l'Efpritdçla bou-
che du Seigneur en la prédication des Miniftres de fa fain&e parole. Ioinc que fcs pré-
cédentes créatures eftourFees de graine, &abcfties d'ignorancc,rte luy monftroyent
que fignes cuidents de là ruiné totale. Gomme donc par fes Canons il s'eft attribué
puiflanec non feulcmcntde changer la nature des chofes, mais aufsi de donner eftre Du chapitre
acequin'eftpoint,cen 'eftpas merueille fi d'vne m efme exhalation du puits prédit, il J^&f©'
a fait ce nouuel Ordre différent & diuers" des autres quant à l'extérieur. Les defehar- ""^-W'-
géant du long feruice des cérémonies inueterees , il a voulu redoubler vne hypocrifie
nouuelle pour replafter les vieilles im poftures & rufes , en les parant de nouueau fard.
Car que veut en fomme ceftemalque deIefuites,finon ce que plus groflîerement les
autres qui les ont précédez fuppofts du fiege Romain , ont mis en auant? Les princi-
pales conclu fions de leurs Cenfiires qu'ils ont publiées n'agueres par imprcfsionenla
ville de Coulongue, font celles-ci: aflauoir, Que les traditions de l'Eglifc, encore que Axiom« d«
toutes ne fe puiifenc prouucrpar l'Efcriture , lont neantmoins de mefme authorité,&: ï/"^"
doyuent eftre receues en pareille foy comme ce qu'on a par tcfmoignages exprès en ^tr"equuui1°'K
l'Efcriture. Qu'après tant de Conciles ilnefaut plus reuoquer en dilpu te telles tradi- gueesi'an
tions,&: notamment après celuyde Trente, auquel a efté décrété qu'en telle reue- îingnL °w"
rence &: affection de pieté on doitreceuoir lefdites traditions, comme l'Euangileef
crit. 1 1. Que la continuelle fuccefsion des Pontifes Romains eftvn indice manifefte
d'Eglile catholique,&: foy Apoftolique. m. Qu'au Magiftrat politique n'appartient
aucunement de fe méfier ne prendre cognoififance delà doctrine qu'on propofe au
peuple: mais que telle folicitudedoit eftredeleguee auxPreftres. Qu'au faict de la re-
ligion, le feuldeuoir du Magiftrat en: , d'exécuter les rebelles& contredilàns au fiege
Romain, un .Qu'en conférant la doctrine de l'Eglife aux règles delà parole de Dieu,
quiconque les voyant difeorder, contredit à celle du Pape, doit eftre exterminédu
milieu des hommes, foit par glaiue ou par feu, afinque paix & tranquillité foit confer-
uee.Quc fi pafie quaranteans on euft ainfi procédé à l'endroit de Luther &: de fcs fecta-
tcursjiadc longtemps on euftveu larcftitution du repos Ecclefiaftique tantdefiré.
PPp.i.
Liurc VIL Qffiflofhe S mit > à oJrtuers.
Voila le fbm maire de leurs axiomes principaux , pour iefquels ils tournoyent la m cr&
.la terre, pour attrapperieunes efpnts,&: les faireenfansdelagehcnneau double pins
qu'eux. Ils ont occupé haiâ ans y a les efcoles d' Auftriche &rdc Bauieres , &c font après
à tourmenter les dernières parcies de l'Europe. LesCheualiers& premiers Gentils-
hommes du Pape, aflàuoir Cardinaux , Euefques , Abbez , Moines, & tels Epicuriens,
ledieuddquelseft le ventre, & regilion lacuifine,ontauioiird'hny leurs palais, mai-
fons&cloiftrcs emparez de telle forceçie gens, pour aft%cr&:tourrnentcrles infirmes
qui afpircnt à la cogn9^ancedela:yerité,&:pour pjcquer & mordre, voire naurcrà
mort lesMiniftres d'icelle , comme on peut voir en quelques exemples déduits en la
procédure de ces ruftoires.
ou, Ma CHRISTOPHE S M I T UcBrugesyMmiflrea^nucrs.
D E plufieurs aduertiflemens cefte hiftoire nous rend aduifcz.Prerniercrnent de ne nous fier legiercment auxperfonnesqu,
roiK lcaiblant d'eftre Chrofticns.Seconderncot,d'duoir foin & efgard des Miniftrcs de l'Euang.!c,fur tout es lieux enui-
ronnez de croix. De nq les induire ou amener à communiquer atiec tout; indifféremment. & quand ils ne s'y voudront
prefenter à l'àppetit'dcs hommes , ne les point iuger craintifs ou fans zelc. Ticrccmcnt , de confiderer ici comme en vn
miroir, l'eftat Se condition des fidèles feruiteurs de Ictus Chrift.expofez à lafuric des Preftrcs.Moines & Icfuitcs. qu'au
milieu des plus cruelles afflidjons, cfraorions &. tumultes, Duu leur donne fecours,lcs confolc^'ortiiic,4: par comïance
les imeine à iref-neureiife fin.
L yaupitçnlavilJed'Aïuaers vne femmedcla fe&edeslefuites, nommée
la grande Marguerite, marchande de bonnets, laquelle pafte demi an don-
na lèmblantd'auôirdefirdccommuniquerauec quelque homme fçauant
_ pour entendre la différence qui eft entrcla vraye&la fauiredpâ:nne&: re-
ligion. Continuant en ce femblant, elle promectoit d'abandonner l'eglife Romaine,
en luy prouuant qu'elle fufl: faulTc&abaitardiede la dodrine des Apoftres , ainfi que
Pcintife & plufieurs gens latenoyent &: dirîamoyent» Onparlaacllepour fonder de plus près fon
difsimula- affe&on : & luy fut remonftré queeen eftoit pas peu de cas d'amener quelque homme
»on conn- ^Q^c parmj preftres Moines i, &; qu'il y auoit plus de danger quelle ne penfoit. Là
defliiselle refpondit, qu'on ne deuoit craindre aucun péril de Ion cofté:&: qu'elle e-
ftoitdè celle façon efmeyèen l'intérieur (comme elle parloic)pour cercher Invente',
qu'elle propofoit dene plus Te confelTer aux Preftres , ne 4e receuoir leurs Sacrcmens,
iufqu a ce Qu'elle feroitautremen t afleurec & refolue en Ton cceur. Sur cela on luy pro-
mit d'auoir la chofe pour recommandée , pour fatisfaire au pofsible à Ton defir. Et com-
me elle ne cefToit de pqiyiuyure fon entreprise, afin de l'exécuter , monftrant de plus
enplusdefir deftre inftruite, finalement vn bon perfonnagede l'Eglife l'amena vers
M. Chriftophe Smit,Miniftre pour lors en l'Eglife Flamenguc d'Anuers: lequel puis
après fut par celle femme miferablcmenttrahi. Il eftoit de Bruges, &: auoit efteau
temps de fon ignorance veftu en ladite ville de l'habit de Carme, duquel Dieuheurcu-
fement le deueftit,pour luy faire porter la liurec de fon Fils Iefus Chrift.
O r cefte femme cftant venue vers luy, demanda d'eftre inftruite fur ces poin&s,
aflauoir,duBâptefme,de l'incarnation de Iefus Chrift, &c de la Cene, Cefte entrée
faite, & après auoirefte inftruite, déclara que touchant les deux premiers poincts el-
le en eftoit mieux à fon repos que parauanr, délirant plus fouuentouyr telles inftn;-
ctionstant en fa maifon -qulenfa boutique, mfqucs à ce queielon fon defir le iour de
la fefte Dieu (qu'on appelle) qui eftoit cefte année le premier iourde Iuin,elle fut a-
-xhenee.au prcfche eh laiTemblee de* fidèles, qui fc raifoit fecretement pour cuiter
Marguerite danger. Ledit M. Chriftophe fit la prédication , fur la fin de laquelle il traitta ampJc-
«tionde* mcnt^u droit vfage de la Cene, comme noftrc Seigneur Ie£is Chrift l'a ordonnée, &c
Smit enl'af les Apoftres l'ont pracr.iqucc*,$£ comme elleaeft câpres entretenue plufieursfentaincs
femblce. d'ans en l'Eglife Chreftienne. ^ Apres le fermon on demanda a- .Marguerite com-
me la chofe luy plaifoic. Elle refpondit , raifonnablement: mais qu!il luy faloit enco-
res parler d'auan tage de ces choies ausc Chriftophe , pour l'interroguer d'vne choie &c
d'autre. Pour làquelle occafion ledit Chriftophe vint parplufieurs fois parleràelic:
mais elle en vouloir trahir plus d'vn : Et pourtant elle déclara qu'elle défi ro.it d'ouyr
encores quclqueautrc hommedode. Chriftophe ayant cognoitfânce à vn nomme
Ôliuicr
CbriftephcSmk >à Amers. 6 $6
Oliuicr Boçk , natif d' Aloft en Flandres , profefleur en l'efcolc d'Hey dclberch. ,au pays oiiuier
du Carme Palarin( Jequeîpeu de iours auparauanc eftoit venu en Anuers pour ccr-
tains arraHçs particuliers) l'amena vers iaditc femme: laquelle après rauoirouy,pria
de communiquer encores auec luy vne autre fois , defirant inftamroent qu'on par-
laftàlonCure nommé mefsirc Simon, pour eftr$ mieux enicign.ee ,cn oyant lacon- M. Simon
.ierence entre les doux religions : promettant de fe tenir &c arrefter du cofté de ce- <J^J a,u.
iijy qui prouueroit fon dire parla parole deDicu,&:ancurant que de fon cofté&du §Awm.
çofté de fon Paftcur il n'y auoit aucun péril ne danger : Car ( difoit-elle en s'eicriant ) fi
maladucnoir par rnoy, oùcftcequeicme pourroyc tourner ? qucdcujeîidroy -ie?
Par ces paroles &: autres proteftations lamentables, Chriftophe fut induit à confé-
rer auec ledit Curé, en uiron le ûxiefme dé Iuin en la prefence de Marguerite U de fon f^^Ç
mari: en laquelle conférence il mit en auant grand nombre de tcfmoignages du vieil mon.
&noiiaeauTeftament:aufqucls le Cure ne pouuant rcfpondrc , eut recours aux an-
ciens Docteurs de TEglife. Cela fait ils Je départirent l'vndc l'autre, après néant moins
auoir aligné vn autre iour pour le retrouuer&: dcrechefconfcrerenlèmblc.
Aucunscraignoycnr la trahifon & le feu : mais Chriftophe qui auoit commencé la
chofe , defiroit l'accomplir par l'aide de Dieu , &: eftoit fort defircux de ce faire , pource
que ladite Marguerite luy auoic dit , que s'il la pouuoit gangner , il en gangneroit plu-
sieurs centaines d'autres auec elle. Il eftoit auisi induit à ce faire, à caufe que cefte
femmedu grand defir quelle monftroit d'apprendre, eftoit tombée en extrême mar ofeinrife
ladie , pourec ( comme elle faifoit femblant ) qu'on difFcroitpar trop de parler à elle, ^rue,Ucu-
pourl'inftruirc&confoler. Parquoy vne féconde difputc fut finalement faiteenuiron La «kuxie-
Jc vingtfixien)e.de Iuin, en laquelle ledit Curé mit en auant quelque ientçncçdçs li- me*^utc'
urcs de fainct Auguftin , pour maintenir fa caufe. Cette fentençe d'Augulrin> ainfi
quelcditÇuré l'alleguoit , tratttoic delà Cene,&; du changement dupam endiair,&:
du vin en iàng,r>ar la vertu des cinq paroles qui font proneme^ A £
dcilus luy amena des autres tel'moign ages &: allégations plus claires des liurcs de fainct mauiL
Auguftin , accordant Auguftin auec foy-mefme , ou pour le moins > déclarant &C expo-
sant les fcntcnccs d'iccluy l'vne par l'autre. . Ainfi U dit au Curé qu'il luy pieu lire l'v-
ne des fentences alléguées : Auquel le Curé fort dcfpité rebondit , qu'il la lent luy-
mefme* ce que Chriftophe ne : mais le Preftrc ne la vouloir pas ainii entendre. Parquoy
voyant qu'il eftoit tenu de près parla lentcnce qui luy auoic efte alléguée, &: que Chri-
ftophe luy produifoitdcs anciens Percsen grand nombi«rfinalemenr^lmitrpnt en vn
monceau & faind Auguftin & rous les anciens Docteurs ydefquels il s 'eft oit fi fort van-
té auparauant,& non feulement les rcietta, mais aufsi lcs proprcsdccTets.de fonÈgli- ^Jtàï
(e Romaine, pource que la fufditefentence alléguée auparavant y eftoit eferite : néant- o>e autres
moins Chriftophe print les décrets du Pape en main, Ôcroonftra cefte fentenec clai- <&ofes
rement & apertementauCuré: lequel, ièlon la façon &couftumc de fcsfemblables, a°ll££è™
cercha defehapperpar paroles iniurieufesoi propos outrageux. Chriftophe oyant fes p«iccorps
propos pleins d'iniurcs& d'où trages,(e retira delà, laifiantlc Preftrc auec ladite fem- JJ^jjf;
me.Etainfifutachcueeceftcdiiputc. met & cor-
L s iour fuyuant,vn des frères de l'EglifedcChrift feprcfcntaà Marguerite, pour J^Jj^f1
luy demander comment elle fefentoit édifiée en fa confcienccde ladite difputc : auquel nuhfpù-i.
elle refpondir, qu'elle s'en trouuoit mieux qu'auparauant. Mais l'ayefté fort touchée tudjernent
& efmeue ( difoit-ellc ) quand i'ay ouy que le Curé a iniurié ainfi Chriftophe : ce que l"airS.
ie n'euiTeiamaispcnfé. Parquoy aufsi i'ay conclu auec mon mari, dé changer dclogis, Notez les
&dc me retirer du tout en autre lieu, &: ne veux plus auoir aucune communication JJJ^J^
ne conuerfation auec les Preftres,&: abandonner la Papauté, &: m'en ièparer entière-
ment. Car ie voy bien(dilbit-elle) qu'ils n'ont pas le droit de leur cofté,& quelcurs chc-
fes ne valent rien, attendu qu'ils veulent maintenir leur doctrine &c leur foy par paroles
iniuricufes&: outrageuiès : mais à caufe qu'ils fefont lêparez l'vn de l'autre en trou-
ble &diuifion que ienay peu bonnement receuoir pleine cognoiftânec , ie defire-
roye volontiers de communiquer fans le Curé auec Chriftophe & Oliuier , pour eftre
mieux inftruite. Ce defir luy fut encores accordé , veu qu'on ne preuoyoït pas qu'il
en deuft forcir aucun péril , en partie à caufe que le Preftrc n'y deuoit point eftre, en
partie aufsi pourec qu'elle ne vouloit point lçauoir le lieu où on fe deuoit trouuer
pour parler enlemblc: & d'auancage , pource qu'elle difoit & aftermoit pour vérité, que
PPp. ii.
Liure VU. Chrifiophe S mit, a Anuws.
ledit Cure denoit aller à Louuain pour eftrc fait Liccntié , & que là il deuoit demeurer
quelque efpace de temps: de forte que de fa perfonne ne pouuoit venir aucun danger:
ioin t aulsi qu'elle difoit vouloir attendre iufques à ce qu'il fuft parti de la ville.
Quelque certain iour après , afiauoir Samedi premier de Iuillet, cefte femme fut
aduertiedefetrouuer le lendemain qui cftoit Dimanche à iîx heuresfur le pont delà
vigne, où on l'attendroit pour la mener àc conduire en vne maifon , pour là parler, am-
li qu'elle auoit defiré&i requis. Au mefme iour aisignc', qui cftoit vn Dimanche, arri-
ua Marguerite auec fonmarien la place fufdite,&delàfftrent conduits tous deux en
vne maifon, en laquelle letrouucrcnt aufsi Chriftophe, Oliuier Bock ,& cncoresvn
autre :aufquels foudain qu'ils furent arriuez elle donnala main, les faluant,&: en fcin-
tii'e leur dit qu'ils fufîent les bien venus. Or comme ils furent afsis,eftant prefent le
maiftre de la maifon, &L fa femme laquelle cftoit au li& malade, en premier lieu ils
commencèrent àinftruire ladite Marguerite fur le poinft de la Cene, duquel elle fe
difoit cftre plus en peine &en trouble. Comme doncon l'inftruifoit, cefte fau/fe&
malicieufe femme oyant l'abominable idolâtrie du dieu des Preftrcs , faifoit la con-
o double trifteeen fon cœur, demandant s'il y auoit point de mifericorde pour elle. Et quant
& quant elle fe laiifa tomber parterre, faifant fcmblant que la contrition & delplai-
fance de fes fautes luy caufoit cefte foiblefte. Apres cela ils l'admonneftcrent &:
confolerent par plulieurs belles paroles &;promefTcs confolatiucs tirées de la parole
deDieu.
O r fur ces entrefai&es voici venir en la chambre où ils eftoyent alfemblez, le
» c*eÇvn of " Markgrauc & l'Efcoutet auec leurs fergeans Se officiers. Et s'eftant mis ledit Markgra-
roit^ffiw ne deuant la table auec vnpiftoleten fa main, il demanda en Latin àChttftophe,s'iIe-
d« nurclii! Klebitius : lequel refpondit que non. Derechef il l'interrogua comment il auoic
Kiebuiui. nom . l'autre rcfpondit , qu'il auoit nom Chriftophe. Oliuier femblablement eftanc
interrogue', déclara fon nom. Apres cela le Markgrauc interrogua Marguerite, com-
me s'il n'euft rien feeu delà trahifon,difant, Que fais-tu ici malheureufe : elle refpondit
quelle eftoit là venue poureftre inftruite&enlèignee,&: pourcercher fon falut. Le
Markgraue luy dit qu'elle parleroit bien autrement deuant qu'il fuft trois iours. Son
mari frappoit fesdeux mains enfemble, difant: Monfieuri voici la première fois que
i'y fuisiamais venu. L'autre qui eftoit venu auec Chriftophe &c Oliuier, fut aufsi inter-
rogue de fon nom,&:dc la ville d'où il eftoit. ce qu'il confe/Ta franchement &C fidèle-
ment. Mais à caufe qu'il eftoit bourgeois, le Markgrauc ne le conftitua point prifon-
nier tains feulement luy fit promettre de fe représenter &refpondre quand il en feroie
requis. Le mefme promit aufsi défaire , par ferment , lemaiftre de la maifon , &: lcma-
ri de Marguerite raufquelsil commanda dedemeurer là,iufquesàce qu'il euft parle
m-uftrfd'ct au" Bourgmaiftre-.Maisil faut, dit-il, que ces deux ici viennent auec moy: ce qui fut
L^'k^a ^a'c> ^a^anc cependant huit ou dix fergeans & officiers pour garder la mailbn, iuf-
ue « péuê ques à ce que l'Efcoutet fuft de retour , lequel derechef les interrogua comme aupar-
vîC°rj£w* auant: & ayant prins leurs noms par cfcrit,les laifîa aller.
ÈbÏmJ?8* Or Pour wo'nftrerqoe tout ceci s'eft démené auec ledit Markgrauc : quand cefte
maiftre. grande Marguerite fut aduertie de fe trouuer fur le pont fufdit , elle s'en alla le mefme
TraMon. foira la mailbn du Markgraue, lequel elle fit appeler &leuer de table, & luy déclara
&C fit entendre le tout. Et le lendemain , qui fut ce Dimanche, quand on la menoit à la
maifon pour conférer , il y en eut quelques vns qui les fuyuirent par derrière, pour voir
en quelle maifon ils enrreroyent : &: quand ils furent venus au deuant delà maifon, la
femme parlant bien haut , afin que les autres la pcuiîent ouyr , demanda fi c cftoit là la
maifon en laquelle ils deuoyent entrer : ie penfoyc ( crioit-cllc ) quec'eftoit bien plusa-
uant. Vn bruit courut entre le peuple, qu'elle auoit receu fomme d'argent pour (k
trahifon .Quant à fon mari,il a efte fouuent exeufé &plaint par Chriftophe en plufieurs
lettres qu'il a eferites en fc$liens:cfqucllcs il l'appelle le bon homme &C innocent : de la-
quelle chofe à Dieu en eft le iugement.
ilsfontmc- Pourrcuenirau propos, comme on menoit ces deux do£tes&: bons perfonnages,
n« cnpn. Smit &: Bock , en la prifon cnuironlcs fept heures , vne grande troupe de peuple s af-
fembla fur la rue,&: s'cfmerucillant demada pourquoy on menoit prifonniersces hom-
mes d'apparence. Les fergeans efpouuantez decrainte, refpondoyent qu'ilseftoyenc
malfaiteurs. Sur quoy les prifonniers dirent , que ce n'eftoit pas pour aucun mef-
ùiâ
Qhrifiofhe S mit. 637
faict ne vilainie,mais que c eftoit pour la vente &: iufticc. Eftas ferrez en la prifon , Chri-
ftophe fur mis fur laqueftion,& tourmente d'vnc façon il mhumaine,qu'il fut preiques Chriftophc
quafi parl'elpacedc trois ou quatre heures efuanouy,&en porta les marques &: imp ici- "y^rc. *
lions en fon corps iufques à fa mort.
I l fut fort interrogue de là pcrfonnc,dcfoneftat,&: vacation, & s'il eftoit marié.
Sur quoy il refpondit qu'il auoit elle Moine, de l'ordre des Carmes en la ville de Bru-
ges , &. que maintenant par la grâce deDieu il eftoit fait Miniftre en l'Eglife Chrcftien-
ne:&: que félon 1 l'ordonnance de Dieu &c la bdoclrine de iaind Paul,il auoit efpoufc vne " pen-**4
femme. Outreplus, on l'imerrogua de beaucoup de gens, &: singulièrement de les * î.co^a
compagnons Miniftresdel Eglifc deChnft. Et il refpondit làgement&: dilcretemcnt)
mais cependant félon la vericé, par lagrace de noftre Seigneur qui a garde &c conduit
fa langue &c fa bouche, de forte que par fa confefsion perionne n'eft tombé en au-
cundanger. D/uiantage, on luy demandas'ilnevouloit pas bien ouyr&fuyurele bon
confeil que gens de bien& fçauans luy donneroyent. A quoy il fit refponfe, qu'il ne
vouloir reietter ne mciprifer aucun bon confeil : mais que volontiers il s'y vouloir
fubmettre.
Acaule de cefte refponfe, aucuns des Seigneurs qui l'interroguoyenteD prefencede
plulieurs Prcftres , Moines & Iefuites, femerent vn bruit entre le peuple , qu'il auoit re- Chrirtophc
noncé fa foy , &c qu'il deliroit de retourner derechef en fon Monaftere, pour receuoir a- gJ^JJmr
uec lechapperon &c la cappe la religion qu'il auoit abandonnée. dcrcuoiw.
Ce bruits'elpanditcnpeude iours bien loin parmi les villes &: villages du pays, de
façon que parce faux bruit vn grand fcandale fut donné à l'Eglife de Chtift entre le
peuple, non fans grand dueil& triftclïe de beaucoup d'hommes & 4e femmes crai-
gnansDieu. Mais toute la fafcherie tomba fur Chriftophe, quand il entendit ce faux
bruit, qui luy fut comme vne playe mortellecn fon cœur ,&: luy failbit plus grande 0 Ephef.4.,
peine 6C tourment que fa miferablecaptiuité& la pefanteur de fes liens. Plulieurs fu- J l^tll \
rent cfmeus d'eferireau prifonnier pour cftrc pleinement informez delà vérité. Sur ie»n 14. 7,
quoy il fit refponfe que c'eftoyent menfonges inucntez,&quemcfmesilnc l'auoitia- ,o.9,%h2
mais feulement penfé. Et pour plus grande afTeurance& confirmation , entre autres ^8Hebr.8.j,
chofes ilefcriuit&: enuoyaà iceux& à toute l'Eglife vne confefsion de fa foy, corn-
me s'enfuit. ciat. }. 9\
Hcb.jj;
Confefsion de foy de Chriftophe Smit,auz fidèles d'Anuers. Hcb i"7 *'
«A IN CT Paul eferit* qu'il n'y à qu'vn Seigneur, vne Foy, vn Baptefme, vn Jg^j'*-
Dieu 8c Pere de tous : ainlî ic déclare ÔC confelîe , qu'il n'y a qu'vne b vie éternelle, MaXi}.
en laquelle on ne peut entrer que par vne £lèule voye : comme aufsi il n'y a quvn a facri- *mÏÏL",
fîce de reconciliation, e&: vn Médiateur Icfus Chrift,' louuerain Sacrificateur félon J^,,,"Aa*
l'ordrede Melchifedech-.'feul Roy des rois, & Seigneur des feigneurs. h feul Dodeur, K. Rom.1.4,
feul Pafteur,&:lèul vray Prophète de fon Eglile.Pourlaquellecaufeileftàbon droit ap- yît*'
pelé Iefus : c'eft à dire Sauucur.Car il fauue Ion peuple de lès péchez. LGEfd.474i4,
Ceftuy-cielV vrayement Dieu, de la propre clTen ce &C fubftance de fou Pere cele- Ma*"j>i-uc
fte-, engendré deuant tous les fieclcs,eftantfemblableau Pere en fubftance, fagelfe, » Ph«iip.î.7,
puiltance , vertu , &: éternité, &c. Et quand 1 l'accompliftèment des temps a cfté venu, ,Hro^,4j,&
il elVnay d'vne vierge pureôi làin&e, nommée Marie, par la vertu & opération du ^'sletnuiSy
fain&Efprit, fans œuure d'homme, "eftant fait du tout lemblable aux hommes, exce- Coi.*.™
ptépcché:dcforte quemaintenant il eft &: demeure" vray Dieu &vray homme, du- l Ln?o.\7
quel, par lequel, &: auquel nouspreceuons toutes chofes qui nous font neceffairesà (Epw.tfi,
la vie éternelle- *En luy nous viuons, fommes,&: auons mouuement : ' il eft la porte de f I^l2,^r°1,
la bergerie , ' la voye , la vérité &c la vie : ' il eft; le chef&: le fondement de fon Eelife , &: le "
r t i v i.Cor 1.30,
Malut éternel. aô.*». *
Par la foy nous fommes incorporez tentez en luy, comme les membres àleur chef, ^'^^j,
èC comme les 7 branches de la vigne à leur tronc. 1 Les frui&s que nous pioduifons font &8-«
fiens:les œuurcs que nous faifons , entant qu'elles font œuures de l'Elprit , font iîennes. i
Carfans luy nous ne pouuons faire aucune chofe. Etcommelefep dclavignenepor- Îmvci<;.9,
te point de frui&,s'il ne demeure en la vignc:ainli eftil de nous femblablement>li nous A£,.*4 5°'
ne demeurons en Chrift. * m»«
"Et combien que Iefus Chrift noftre chef foit môté au ciel félon le corps, & foit b afsis ^.co"^
> PPp.iii.
Liurz_j VIL Qhrifiofhe S mit.
» Mat.»*.io, à la dexcre de Ton Pere,il n'a pas pourtant * delaiiïc ni abandoné ion Eglife *,mais la gou-
ï Ephe'i-n ucrnc,entreticc& côduit par ton S. El'prit : duquel Efprit les Minières de l'EuagiIeeftas
douez,prcfchent&:ann6centlaparoledeDieu,àredirîcationderEglife: cellcmét que
,m.,mo 4o,"quicleseIcoute,el"couteIefusChrift:&:qui les reiette,ilreiette Iefus Chrift.
L^/jjo'6' Ce mefme Seigneur Iefus Chrift pour plusgrandecôlblation& confirmation deno-
ftre foy 6c entendement dcbile,nous a laifle les fignes&memoriaux de (a grace& de fes
bénéfices, qui feront en vfageiufquesà la fin de ce mode: afin que par iceux,comme par
vn exercice diuin, nous foyons maintenus, fortifiez .^augmentez.
A«pift.doft. Ces féaux de gracc,qu'on appelle comunement Sacremés,nefont pas en grad nom-
J.JJ.J.' ' bre,ains y en a feulement deux, a.'fauoir le Baptefme &: laCene. Par le Baptefme nou§
mens Sacrc" fommes receus en la fainde Eglife corne bourgeois &domeftiques de Dieu. En la Cene
InSTi"* nous*ornrncs nourris & entretenus en vne vie fpirituelle&celefte. 'LeBapttefmcnous
lue }.„ lean nettoyé de nos péchez , &: eft le c bain & lauement de régénération &: rcnouuellement
j&A&w'iii au làng de noftre- Seigneur Iefus Chrift.
t«.Pm 5 'l6' En iceluy Dieu rcnouuclle & conforme en nous fon f alliance , laquelle auparauant il
jgj"' auoit faite au ce Abraham. L'alliance n'eft pas changée, mais feulement le figne,c'cft af-
f Lnc'i.n, fiuoirlc 'coufteau en l'eau: & lacirconcifion ou coupure en Bapcefme ou lauemenr.
tfiî.n ,C°" hLefang de Chrift eft efpandu,il ne faut donc plus maintenant efpandredeiang. L'eau
î "1™°" eft maintenant le ligne du lauement de nos péchez, qui a feulement fa vertu au fang
Apoeal; i.y, de Chrift.
rPicri.*' "' Et non feulement k les grands &: aagez font appelez à la communion de cefte alliacé
AôïS'i!7"" diuineanais aufsi les petits enrans innoccns,aufquels maintenant appartient aulsi bien
le ligne de l'alliance , comme par ci deuat il appartenoit aux enfans des Iuifs. Pour cefte
/ Mat.» 14, caufelefusChrift a'cômandéqu'onlesluy apportait, les nommant héritiers du Royau-
LucVi0ç '4> me des cieux. m Pour cefte caulc aufsi les enfans des fidèles font nômez fainèrs par fainft
" ,Cor-7' Paul,com me ainli (bit que" la promefTe de falut en Chrift leur appartiéne, ainiî que dit
* iaind Pierre. ° Et pourtant aufsi les Apoftres ont baptifc des familles toutes entières,
i cor. p comme Abiaham a circoncis toute fa famille.
* oU'.rT.îr Comme la circoncilîon neftoit donnée qu'vnc feule fois, 11 ainfi aufsi ne doit-on eftre
, F.phef.4.j baptifc qi'vrie feule fois.
La dignité des Miniftrcs ne fert ici de rien, mais l'ordonnance Se inftitution de Dieu
r Matth.io, tant feulement. 'Carludasaaufsibaptizéjprefché^faitdesmiraclescommelesau-
rtRoisij,* très Apqftres. r Les Preftres de Baal&: Idolâtres ont aufsi bien circonci que les autres,
,8 dcfquclslacirconcifion cftoitdemefme valeur.
t Mat.18.19, "Tous ceux qui font en aage,& n ont pas encores efté baptifez,doiuent eftre inftruics
Marc is.iy ^ etifei^nez^ doiuent faire confefsion de leur foy,auant que de receuoir le Baptefme.
Pcrfonne aufsi n eft condané limplement pour n'auoir point efte baptifé,ainspoura-
uoir mefprifé le Biptelme & l'ordonnace de Dieu. Car n'auoir point reccu le Baptefme
Bemar.Ep.ft. ne damne pas, mais le mefpris , comme eferit S.Bernard : auquel aufsi accorde S. Augu-
Au-uiuib.j. ftin.Car autrement on feroit de leau vneidole.
T<eftU*ft'vet' Nous reiettonsen l'vfage du Baptefme toutes cérémonies vaincs & inutiles les
fupcrftitions qu'on a adiouftees à l'ordonnance de Chrift pourl'obfcurcir.
LaCene. Afin que nous ne vinfions à oublier les fou flfran ces, mort & mérites de Chrift , &
que ne fuftlons tirez en defHance pour eftre menez à cercher falut par moyens illicites,
T,Mat.:<f.20, le Seigneur Iefus Chrift T nous a ordonné l'autre Sacrement dcfon corps &c de fon fang,
ilTzl^ en mémoire &: recordation de fa mort &pafsion& du facrifice qu'il a fait fur le bois de
j.cor.n.jj la croix pour la remifsion de nos péchez.
Comme nous ne fommes qu'vne feule fois nais félon le cours dénature, mais eftans
nais nousrauons befoin iourncllement de la viande naturelle(: ainfi aufsi eftans vne fois
naisfpirituellemët,nous auons befoin iournellemcnt de viande & nourriture fpiritucl-
» Ephef.4.13 le,afin que par icclle nous 'croissions en homeparfait en Chrift. Acelanouscftprofira-
j iean <r ble le corps &c le fang deChrift,lefqucls nous font dônez'cn viâde& breuuage fpiritud.
* lean * 2La vje des régénérez eft fpirituclle:aufsi faut-il quela viade &nourriture foit fpirituclle.
Or comme nous auons au Baptefme l'eàu pour vn figne naturel &: vifiblc ainfi auôs-
nous en la Cene du pain &: du vin naturels,qui feellent fermement en nous la viancte&:
le breuuage fupcrnaturel,fpirituel & inuifible,que nous recelions pa r foy,& en fommes
faits participans.
Pour
Qjriftophe S mit. 638
Pour ceftc caufe le pain &c le vin portent le nom du corps & du fang de Chrift ,com- , c^\î
me le h rocher eft appelé Chrift. Car afin que nous foyon s tant mieux admonncftcz *v^'/tr,0*f
quelles chofcs ces fignes feellenc en nous ,& quelles chofes ils nous représentent &: qu§t.(iipef
produiTencdeuant les yeux, voila pourquoy ils portent les noms des chofes qu'ils nous i£u'-v"{L
figurent &rcprefcntent. A infi eft appelé lagneau Pafcal, le partage du Seigneur la , j**0;"
coupe eft appelée le nouueau Teftament , pourcc que (comme dit Fulgencc ) elle le fi- Fuigmtms
gure&reprefcnte.
Ces maniérés &: façons de parler Sacramentales ont, toufiours efté a in fi entendue*
cnlTcglifcChreftiennexommenous voyons queceft ancienDo&curTcrtuIlian entend Ttrrui.i.i> 4.
&«xpofeles paroles de la Cene,quâd il dic:Chrift a appelé fon corps, Je pain qu'il print £1™,
ôc qu'il diftribua,difant, Ceci eft mon corps, c'eft à dire la figure de mon corps . Auquel
accorde aulîi Saintt Auguftin efcriuantainfi : Chrift n'a point fait de difficulté de dire, îa^Tmc3.
Ceci eft mon corps, quand il a donné le fignedefon corps. Item S. Ambrcife appelle jjJ;J;£2
ce Sacrement, vn e figure du corps &c du fang de Chrift. hb.dc.sacr'.
Mais comme Dieu ne trompe & ne déçoit perfonncainlî aufsi ne donne-il pas en la 4'tJr î
Cenedes fignes vains &nuds pour nous deceuoir. Car tout ainii quenous recelions de
la main du Miniftrc du vraypain&du vray vin * aufsi Iefus Chrift nous fait véritable- e,-CM-,OJ<
ment participans de fbn corps &C delbn fàng , pourucu que par noftre ingratitude &c in-
crédulité nous ne les reicctions&mefprifions. f Pour cefte caufc S.Paul appelle Iciàinct f,.cor.iu.i<
pain rompu &: le vin confacré,Ia communion du corps &: du fang de Chrift.
Or pourcefte communion il n'eft ia beibin de quelque tianfllibftantiation ou de
quelque mutation du pain,ni d'aucune confufion ou mefiinge du corps de Chrift auec
le pain.Car ceftc laincîeCenc n'a point efté ordonnée à fin que le pain (oit participant
du corps de Chrift, mais auconcraireç'aeftc pour nous,c'eft afTauoir afin que nous foy 5s
participans de Chrift auec tous fes dons,richcfles ôc mérites, &c que nous ayons commu
nion en fon corps rompu & en fbn fang efpandu,gpour eftre faits vn corps & vne chair a- * Jh**;*
ucc luy: pour à quoy paruenir , nous n'auons que faire d'vne defeente, ni d'vne prefènee
corporelle du corps &t du fangde Chrift. h Car comme l'homme &: la femme conioinéts JJJ^j " H
enfcmble parleliendcmariage,font vn corps & vne chair,quoy qu'ils foyenc cfloignez
ou feparez l'vn de l'autre:1 ainfi eft-il de Ch rift &: de l'Eglife fbn efpoufè. Car côbfen que iS^ly0
félon Je corps ils foyenc feparez l'vn de l'autre, neantmoins l'Eglife ne laifîe point d'eftre >cor.iz.»7
chair de la chair dcChrift fon cfpoux,& os de fès os, d'aucanc qu'ils foncconioinds&: vnis ^ Rom ,
enfemble,par le lien du mariage fpiricuel.k Car Chrift demeure 5c habite par fbnEfprit J^'J'gJ
au cœur du fidèle :& aufsi la conuerfation descroyans, la ciré de leur habitation, &; <r isEphc}*.
leur bourgcoifie,eft fcmblablcmenc félon l'efpric par la foy au ciel , là où Chrift fied à la j^pSJïJ,
dexcre du Pere : ainfi Chrift eft auec eux vne chair 5c vn corps , 5c eft de mcfmesos s i
qu'eux,&: aufsi de mefme fang.
Parcancceux-laerrencgrandement&lourdement,qui par ignorance des paroles Sa-
cramentales prennent, cômedit faind Auguftin,le figne pour la choie fignifice, n elle- *«|uftiibro
uans point les yeux de leurs entendemens plus haut que les Sacremens extérieurs & vi- cLiu^.
fîbles,lefquels ont eftéordonnez,afin queleshômes,qui fonc veftus de chair & de fang,
& qui fonc débiles &: grofsiers , foyenc par ce moyen conduits 5c amenez aux chofes in-
uifiblcs,qui font entendues &fignifiees par iceux Sacremens.
• Il ne fauc donc pas que nous facions des idoles decesmoycnsexcerieur$,&nefaut ml. sam.4,
poinc que nous leur actribuyons par trop. Mais aufsi il le faut bien garder de les reietter & 5' Gji'$
ou mefprilcr: ce que nous-nous garderôs bien de faire, quad nous en vferons félon l'or-
donnance de Chrift. Nous ne fommespas fauuez par ces moyens :"c eft la foy en Icfu S « iean*.**,
Chrift qui nous faillie 5c viuifie,fàns autre moyen extérieur. sémlc%?V>
Voila,mes frères en Iefus Chrift, quelle eft ma foy , en laquelle ie veux viure 5c mou- J^j'^f'J
rir.Cequ'autres difenede moy,ie n'en fuis caufe. Iefuis bié marri quêtant de maux font *bac.î.4,
ferriez de moy encre le peuple : mais ie vous prie afFectueufcment ne vouloir contrôler j iuita l9,
mon cœur croyasà tout le mode. Car la fin demonftrera ce qui en eft. Et quâd mefm es Hcb-10-*8
il feroic comme on die, demeurez, quoy qu'il enfoit, en ce que vousauezouy &receu
de moy,à quoy ic vous exhorte tref-affeétueufement : voire quand il aduiendroit qu'vn
* Ange du ciel vous enfeignaft autre chofe , &quemoy-mefmcmcreuolcal!ede la foy, • GaLu.«.»
(dequoy Dieu me vucillegarder)n'y croyez point: mais croifîtr2,multipJiez>&: profitez
toufiours de plus en plus en la foy, laquelle moy 5c mes compagnons vous auons pref-
PPp. iïii
Livrer VIL Chrtfiofhe S mit,
chcc& annoncées ne regardez point à moy ni à autre homme, ains feulement à Dieu
& à faparolc.Le Seigneur vous vucille fortifier en fa fain&c vérité. Amen. Priez Dieu
pour moy,à ce qu'il me fortifie aufsi en la vertu de fon fàind Efprit parlcfusChriftion
fils. Amen. I'efpere par la grâce de Dieu eferire des auttes poin&s & articles de la foy
quand il viendra mieux à propos. Ce 9,de Iuittet. m.d.lxiiii.
EV de tours après ledhChrislopheenuoyaencores v ne autre confeflionde foy furies artides du
Symbole, que pour breueté nom obmettrons:&' pourfuyurons thifloire.
*Z* caufe donc que plufteurs des Seigneurs & magtflrat d'^fnuersayansefléà l'examen, eftoyenten
partie caufe de ce fufdict faux bruit & detra£lion,qut couroit entre le peuple, {comme dit efl ) Chrtflophe a,
aufsiejcritvne epiflre au Magflrat de ladite ville,en laquelle il feyurjre, fe prefentant auec prière de ren-
dreratfongr confefsionde^foy,^ defiraMSexpoferfado^rimal'efpreuue ,^pourtcele ojfrirpt
vie s il pUifoit au Seigneu r.
lèpres ctU voyant que ce mauuais bruit ne ceffoit point, mats de plus en plus efloit efpandu (p* dilaté
H eferit i par tout, ilaprins occafton d 'eferire à vn certain (urueillantdieCE^fe, lequel défit auparauatluy auoit ef
jn ancien crityrequerant £ eferire toute la procédure de fon faiâ,comme s'enfuit.
CHER frère, quand ic confidere mes affaires &auflï les voftres, ie fuis fort con-
triftéen moncœunneantmoins la lettre qu'il vous a pieu menuoyer de voftrc
grâce ne m'a point petitement confolé & refiouy , en ce que par icellei'ay veu le grand
HparlcdcL loin que vous auez de moy . Mais qui euftiamaispenfé qu'il y euftvne telle malice &:
gronde Mu mefchanceté en vnc telle femme ? " Il euft efté bon (corne ic penfe)qu'cllc n'euft iamais
§52î«ij efté née.Ccpcndant Dieu a certains moyens propres,par lefquels il amcineles liens à la
fin qu'il a ordonnée. Si le Seigneur m'a appelé pour eftre tefmoin de fa vcrité,& pour
» Mitt * 10 mc laraire figner & feeller par ma mort, b fa volonté foit faite & accomplie,^ non pas la
miénc.Mon corps eft preft & ma vie aufli quadil luy plaira.Quant aux affaires q i'ay eu
auec leMarquis,ç'a efté d'vnefaçô bien cftrange. l'auoye vn Almanach qu'on a trouué,
auquel i'auoye marqué certaines rues cle la ville, où aufsi ily auoit plufieurs tefmoigna-
ges de l'Efcnture.Le Marquis auec les Efcheuins me firent vne telle glofe,afTauoir qu'-
en vn certain lieu fauoyefaitvn tel fermon& prédication. Ierefpondi , qu'ils prouuaf-
fent ce qu'ils difoyent. Parlefquelles paroles eux eftans grandement courrouccz,mciet
terét fur 1 a toi turc.I'auoyc outreplus auprès de moy vne pièce de quelque lettre de tef-
Nott nioignage,où il y auoit eferit en bas,Par moyChriftophe Smit Miniftrcde la Parolc.ce-
Fcdix que- la m'a efté merucillcufement pelant &: difficile à porter.Pourtanticpric&: admonnefte
ùaût alie- tous Miniftres de l'Eglifc&: tous les frères hdcles,d'vfcr de bonne prudence &£ difereriô
wwa. cn teis affaires. En fbmrne,ils ont voulu fauoir le fens &L l'intention de mon efçrit,& la
déclaration de mon liuret.I'ay toujours refpondu commedeuant. Mais n'eftans point
conrens,&: me tenans pour menteur, ils meliurcrét fînalemét entre les mains des bour
reâux.Eftat en la peine 6c au tourmét i'ay dit fur ce que ie fu premiercmet interrogué,q
géhenne. *e deûroyede fuiure bon confeil , &c comuniquer auec des bons& do&esperfonnages.
La cormes L'autre îour fuyuat,les Carmes vindrent à moy,& par paroles blandiflàntes ils tafchoyét
fiterSmiV ^e me Pcrwa<^er beaucoup de chofes, pour mc faire fage à leur modepour me tiendrez
fubmcttrelbus l'obeiffance de l'ordre. Apres cela arriua vn Curé de noftre Dame, auec
lequel ie n'eu pas beaucoup de propos. Parquoy ie n ay aucune chofe notable q ic puiffe
efcrire.il y a feulcmet q fur toutes fes raifons ic n'ay autre chofe refpôdu,finon q ie ne re-
fufoye point &: ne mc vouloye point forclorrc defuyure toufîours bô côfeil.ll leut quclq
cholè de l inftitutiô de Caluin,au 17.chap.du pliure, de la Ccnc,dclaqlle nous côferaf-
mes,luy blafmât & mefdifant bie fort Caluin. Aucûs qui eftoyentlà prefens,me dirent,Il
l'cra aifé à faire auec vous,&: ainfi ils fè départirent de moy.L'autreCuré par lequel pritt-
Le j *ft cipalcment le mal eft proccdé,m a aufTi intcrrogué delà Cene.auqucl i'ay refpôdubrie-
TOr^sdc uement,quelepaineftoitlecorpsdeChrift,enfèmblable façon que l'eau du S.Baptef-
chnft.com mc cft dite& appelée 'le pain &laucment de régénération. le I'ay efeouté long temps,
jkptSne car il auoit le babil &: le caquet tout fcul,& aufli le laiffay-ie parler : car les 'perles &: les
cft nôrôée marguerites eftoyent bien trop precieufes pour les ietter deuant les pourceaux &c deuat
k^^/les chiens. 11 m'a pareillement admonnefté &c confeillé par beaucoup de paroles défaire
t Bpbe.j.i* penitéce&: rcpentâcepublique.Surquoyi'ay refpondu que c'eftoit vne chofe droite &
Jpiîi»i bien conuenable,d'impofer la repentance publique furlespecheurj qui auoyent péché
îSaSi publiquement. Voici la principale partie de nos propos. Que ceft^trc les Carmes font
àprefent
(hriftophe S mit , a Amers . dj 3
àprefcnc,eelam'eftduCoucincogneu Faut ilpourcacqueie parte par la bouche de cous
hommes,voirede tousles freres,commevn rcnicurdeChrift?eft-ce îcy ma ioye,&i le lo- ingratitude.
yerdemcslabeurs&trauaux?'Ieruispreft,Dieulecognoift,d'abandonnet,quandil luy ^ ^
plaira, ma viepourChrift:bcarienefuis pas meilleur que mes Pères oui m'ont précède. &
Ilellvray qucienefuis pascercain demoy-mefme,&:nem en veux point aulsi vanter: il
s'en faut beaucoup que ie leface.Mais fi cft ce que ic ffiis tref-bié certain des promclfes
dcChrift,ne doutant nullement de fa lainde vente, laquelle l'ay côfeffee&: maintenue
ii long tempsdailfez donc premièrement accomplir le combat,& puis on pourra chârer
la vidoire. Ietcfmoignedeuanc Dieu, que quand mcline ieme rcuoltcroye(dc laquelle fMwh ^
chofe, cômci efpere,le Seigneur me gardcra)lac vérité de Dieu demeurera, &: fafainde Luc./*./?,
Eglife ne périra ïamais.Ie vous prie,mon cher trere, qu'en quclquelieu que vous alliez -Nousicuô»
ou veniez, vous medrecommandiezauxfaindesprieres&:ora;:(onsdesrrcres , afin que prierlésvm
je puiile demeurer ferme &: fiable en la foy,& fublifter au combat. Le Seigneur Icfus P^rlcsau~
Chrift m'en vueille faire la grace,& à cous ceux qui on teogneu la vérité. Amen. d Coioir+j,
Ici auez-vous,cher frere,la fomme de nos affaires. On ne m'a rien demandé de la foy. f pihcffî.«
neantmoins àcaufequeiemcfuisoppoféàla »Befte,ilscerchent dcniedeftiuire&: a- ÏxÏÏa,
ncantir Mais le temps vient& cft prochain f qu ellcfcra iettee au puits aidant de feu& 'f^°',l's2
de fouphre aucontrajre nous &: tousles croyans ferons gardez en la vieetcrnelle. »»*is»b,
Nous auons bon courage:h car fi nous viuons,ou fi nousmourons,nousfommcs au Sei- i&lp+i.
meur.Enhaftcccij.deluiller, m.d.l xiiii. *Rom./4.«
EV de tours après ledit Chriftophe , efcrtutt & enuoya plufteurs lettres à tente t E°pfe à diuerfes u cçCT\t à p.
jfoisypour U confier CjT* mettre plus a repos^voire aufltfermer la bouche à tous détracteurs gMcplu-
calomniateurs : lefpielles lettres font ta inférées par ordre, comme elles ont eiléefcrttes & datées . c?l~
IE Chriftophe Smic prifonnier pour la faincte doctrine & pute vérité de noftfc Sei-
gneur Icfus Chrift, vous prie cous au nom de noftre Seigneur, frères & feeurs, que
ne perdiez point courage,pour vous arfoiblir en ce que vous auez reccu de Dieu par , Gai.#'.t.
noftre miniftere : 1 & que ne vous laifliez aucunement feduire , foie par belle apparence Éph"^',4'
de paroles ou par belle conuerfacion,foic par quelque chaftimenc ou dure affliction qui jjSîïrt,
vous foicfaicc:foitkpar honneur ou deshonneur: foit mcfmes par mes lien* , lefquels ie /.un**
fouffre &: endure pour vous,&: lefquels fonc Se à vous Se à moy fore profîcablcs &: necef- &"'7'
/i.Tim.4./,
ne laquelle vous auez ouye de nous,eft la " parole du faluc éternel: °ôc" qu'ellecft le Fon- JJj/*w»
faires.1 Ieproceftedeuanc Dieu &:IefusChrift,lequclic fers en mes liens , que Jado&ri- u
dément des Prophètes &: Apoftres,qui cft Iefus Chrift.'Par lequel tous ceux qui onc ia- m iac.1.1 r
mais pieu à Dieu,onc efté fàuuez/ Car Iefus Chrift qui a efté hier &: auiourdhuy,eft auf ?.cw.i!u,
fi le mefme éternellement. Tous les Prophètes luy rcndenccc tefmoignage,quc qui- f^*0^
conque croira en luy,receuraremilfion de l'es péchez en fon nom. ' Tous ceux qui ba- •Act.4,,„*
ftiifenc fur ceFondemet font immuablesdes eaux,les ccmpeftes,les vencs,voire mefme ^nlb.^.»
les portes d'enfer ne pourronc rien à l'enconcre.Pourceftecaufe, mes frères &fceur 5, ie l5X"sJ,t4
prie Dieu pour vous iour & nuid, voire fans cefle,afln quevoftrefoy neden°aille,ainsqu'
clic foie de plus en plus fortifiée &: corroborée au Seigneur,& que nos lien s lefquels no* |
foufFronspour vous,nefoyencpoincdeshonorcz.Soyezferuens& diligens,' èc courez J-Gaht'.SÎj
toufiours aux meilleurs &: plus grans dons,&: rnc vous laffez poinc en bien faifànc.' Mais J^SS»" »
fur toute chofë fuyez bien loin du feruice des idoles/ voire mefme retirez-vous de l'ap- ''j™6^;"
parenccd'iccluy:I& n'ayez poinc de communication auec les œuures infrudueulcs de y * Cor.< .14
tenebres:maispluftoft les reprenez.' Sortez &: vous fcparezde l'Eglilc de Babylone &c Apoî,V4',
d'Egvpte, 'laquelle s eft efleuee par défias tout ce qui eft nommé Dieu, pour effacer en- Î^JSEc,^
fièrement de la teire le nom de noftre Seigneur Icfus Chrift. 'Car fa ruine eft bien pro- ^fj?-'8-'
chaine&: fort grande.Rcgardcz donc diligemment, "que vousnefbycz participansde *aPo!,«.4
fes playes. c Vous auez vnefois vcftu Iefus Chrift parla foy: pourquoy voulez vous main Eph^i!4
tenant eftreveftusa des pompes bordures de la paillarde?' Vous eftcslauez&: nettoyez ^l^,^
par le fàng précieux ôz innocent de Chrift :fèrez-vous derechef polluez & fouillez par *».<*r-*.«»
ces puantes paillardifesjgardcz-vous en bien.' Voulez-vous ofter les membres de Chrift, «fm}*
pour en faire membres d'vne paillarde? ainli n aduienne: car il ne vous en aduiedrpic fi- ^'Èph^'.i
non honce,8c" en la fin ruine & perdition eternelle.'Suyuez doc pluftoft Iefus Chrift.'hre- hk Matao-jg
noncezà vous-mefmes,& portez tous les iours voftrc croix, '& vous ferez participans Luc '<,. lhSt
de la gloire &: magnificence de Chrift. Ayez fouuenance que vouseftes ici comme en m£c8.î4
vn camp, &: que vous voyez ici deuanc vos yeux vos k ennemis, qui vous prefentenc vn ^Jjjji
Lmrc^j VIL Chrifiofhe S mu, a Amers.
*Mat.i*. 5 ïi rude &: afpre côbat: mais Cachez aufsi que vous aucz vn fort &i'vaillât Capitaine,' qui ell
auec vous>&: qui bataille pour vous, voire mefme qui a délia tout vaincu , 6c qui vous a
i i'îkiu.'s, promis& aifeurezde toute victoire en luyidilant/Ayez bon courage,i'ay vaincu le mon-
['fTc'-j 4,& ^r H Cl^- véritable en Ces promellcs. Ayez donc ibuuenance de ceci, mes frères bien
aimez,& ne vous laiifez point gangner ou furmonterpar aucunes h'neUcs. J Combien
t um'ÏEk quepoui vn petitdetemps vous loyez battus &: challiez par le Seigneur 6c Palleur du
i££iiîjZ troupeau, n en lovez point cfpouuantcz pourtant, 6c ne vous enfuyez pas pour cela.
Roml'oa»,* ma's demeurez d'autant plus fongneulement les vnsauec les autres en vnitc' delà foy
Hcb..jl ' par le lien de charité. Mon Dieu&: Pcre celefte,& mon iauueurlefus Chrill , m'ont im-
polé celle croix pour voftre coniolation&fortificatiomvoici toujours ma prière 6c laf-
îedion&ideiirdemoncceuisceftaflauoirquevous demeuriez 6c perfiftiez en la pure
^^JJjf** verité(commc défia i ay ditcidelTus) lans vous en deftounier aucunement.' Puez le
i.Tim.a.8. Seigneur pour moy d'vn cœur pur &: en bonne confciencc,àfin que mon combat pren-
icoti'i'Jîj, ne bien toft fîn,&: que ma foy demeure ferme &: immuable,' & que par ce moyen îc puil
•o£fl:j;|; le obtenir le prix propofé de pure grâce, par Ielus Chrill. Amen, 'le qui fuis abfentde
corps,& cependant prefencd'efprit,efpere par la grâce de Dieu, encore que ma bouche
* i.T.ra.î.j (etaife maintenant, que tous mes membres annonceront les louanges du Seigneur:^
combien que îeloyc lié, 1a parole de Dieu cependant neft point liée: mais cil libre 6c
franche,& aura ion coursiulqucsa lahn. Le Seigneur vous fortifie tous enfcmblc en fa
v-Cor.Kf.io (àinde parole Se éternelle vente', Amen. k Saluez l'vn l'autre de lâincts baifers. le vous
. r. .i. ^juctou5 je ma main. Donné te x xv.de Iuillct, m.d.l xiiii.
A vous tous.mcs freres & fœurs bien-aimez,ie defîic grâce & paix de Dieu le Pire par noftre Seigneur Iefus Chrill.
&^j|HERS freres &lceurs,ie ne puis de bouche parler à vous, car parla volonté du
'Seigneur nous fo m mes réparez les vns des autresxependatie fuis auec vous d'el-
prit,&: délire touilours d'auancer les louanges de Dieu,& de magnifier ion nom au mi
/ Hebr.ij.j Ucudevous.Pai airifi,niesbien-aimez,'ayezfouuenancedcmoy,commeieray de vous:
demeurez 6c perliftez fermes en ce que vous aucz apprins 6c receu de Dieu par mô mi-
muCor.i.7 niftere.Ie prie ce Dieu mifericordieux qu'il luy plaife m donner l'accroilTement. ' le tef-
" '-rir.i.ï.ii xnoigne&: protelle deuant Dieu &c le Seigneur Icfus Chrift,&deuant les Anges cfleus,
f S!< Rappelle ici le ciel & la terre en tefmoignage/ qu'il n'y a point' d'autre Euangile que
qfAâ.*»,&: ceiUy leql parla grâce deDieu ic vous ay enfeigné 6c apprins,q&qu:il n'y a point de falut
en autre qu'en Chrill, lequel îc vous ay annoncée prelchc félon fa parole. Quiconque
» iwn.î.f chemine Ôc marchehorsdiceluy,il chemine hors de ion falut. Quiconque ne demeu-
/,.ican.i.ai re en luy, il perd la vie éternelle .' Quiconque confeffe autrement, eft vn Antechrill.
tit™ 7 1 Que ce ne vous foit point chofecftrange, que pour ccft Euangile,&:pour confellerle-
* gj^jj" ius Chriftjic fuiscmprifonnc,opprcfle,&:gehêné,T&: finalement queieferay mis àmort
comme vn meut trier & malfaicteur.Car par ce feau la vérité a ellé de tout temps defen
duc 6c maintenue^ le fera aufsi iufques à la fin du monde. Ayez Ibuuenance de ces pa-
«Matao. rôles quelefus Chrill a dites à les Apollres&; à fes fidèles, x Quiconque veut élire mon
i£i£*j dilciple, qu'il renonce foy-mefme,&: charge fur foy facroix,&: me fuyue.Item/Leferui-
Luctf^iel teur nc& P°inc plus grand que Ion maillre: s'ils m'ont perfecuté, aufsi vous perfecute-
^'lùVi^T ront~us:' iruus vous poiîcdcrcz vos ames en patience. Voici, i'experimente maintenant
*Maî.io.34> quelfruidla vérité de l'Euangilc produit fur la terre: Veftalfauoirperfccution,croix,
*uMm j.» mort,& meurtres. k Qui eftceluy d'être les Prophètes, Apollres,& autres fidelcs,que les
leaaiiîiVVo* mc^cnans u'aycnt pcrlécutc pour celle vérité?' voire mefme ont-ils efpargné le chef
des Apoftres 6c des Prophetes?aufsinenous cfpargncrôt-ils nô plus. Par ainii,mes bien-
aimez, n'ayez point de honte de mes liens,&: ne perdezpoint courage:mais foyez d'au-
d ï.Tim.4.7 tanc plus fortifiez, hardis &enflambez au Seigneur. Telpere par la grâce de Dieu, de
finir conllamment la bataille 6c le combat qu'il me faut maintenant Ibullcnir . le ne
< itamo.i? doute point de la vi&oirercarceluy qui ell auec emoy,ellplus fort que ecluy qui cil a-
/r™484,i uectous mes ennemis.'Puis donc que le Seigneur ell auec moy, qui ell celuyqui fera
\."SS£t contre?Ic marche deuant vous,8 pour receuoir la courôncd immortalité delà main du
fub.n.t; iufteiuge,laquelleilapromifeà touscetixquiluyièruiront.Ie meconfoleen ceci, que
ien'ay point trauaillé en vain entre vous. D'orcfcnauant loyez vaillans Chrefticns,&:
u Mat (uyuez Iefus Chrill en toute fain£teté &: iullicc.h Faites û voftre lumière luile deuat les
t,i>.e"rr"e».r» hommes, afin qu'ils voyent vos bonnes ceuures,&: qu'ils glorifiét voftre Pere qui ell és
cieux.
Çhriftophe Smit?à A nuers. 64.0
deux.' N'ayez point de honte de la parole du Seigncur,afîn qu'il n'ait point auflï honte JjjJJJJj
devo9deuat Dieu l'on Pete& Tes fain&s Anges/ Demeurez en la foy,c &c en charité fra- luc9.î<?,*
tcrnelle. Au rcfte,chcrs frères &: fœurs en Chrift, ic vous prie de tout mon cœur au Sei- â.« ' 1Œ"
<meur,que vous ne croyez plus fi legeremet toutes lagues&: toutes bouches , qui difent Eph ™.',8!ÎÎ
q îe fuist6bé,& me luis reuolté de la làincte vérité de Dieu:car ceux qui femét tel bruit, J^JJ'JJJ
k>nc mes ennemis , ou, pour mieuxdire, les ennemis du Seigneur , qui talchent à vous Hcb.ij.i.Rô.
rendredebilesen lafoy.Mais,di-ie,ne les croyez point: car ils font menreurs & faulîai- '"l0
res.La grâce du Seigneur ne m'a point abandonné,&i'Elprit du Seigneur ne sert point
retire de mov, voire &c ne s'en retirera iamais,ainfi que i'efperc en mon bon Dieu, lequel
m'a appelé à (a fain&e vérité, "le me remets auecDauid au iugemét de Dieu cotre tous tc^lf'6
menlonges &c dctra£tions,& appelle Dieu en tefmoin fur ma confcjcnce,& le mets pour
inge entre moy & mes cnnemis,qui me chargent de menfonge &c de meldifance . Priez
le Seigncurqu'il luy plaiicmefortifieriufquesàlafin,&:ence faifant vous monftrerez
l'amour&lachancé que vous me portez. Or ie vous 'recômande tous au Seigneur,& à » Aa.io.j*
la parole de fa grâce. Demeurez en la vérité. le vous fadiure par le Seigneur que cefteE- /i The.j.»7
piftre foitleuc en toutes les cogregariôs de la ville entre toMes frères &lœurs, afin qu'ô
ait meilleure opinion de moy & de la parole de Dieu. le tefmoigne encores vne fois de-
uanttous,voiredeuantDieu,quccombien queievinfeà me reuolrcr,la vérité de Dieu
demeurera neantmoins ferme. 'Car Chrift demeure touiîours le mefme. h Et encores |"*2;!»tIJ
queles hommes le renonccnt,il ne fe peut renier foy-mefme.Or le Seigneur me garde-
ra &: mefauucra.
De ma cage &: prifon,cez£. lourde Iuillet, m.d.l xiiïi.
G R. A C E & pair de par Dieu le Perc,& de par noftre Seigneur Iefus Chrift.
RES-C H ERS frères en Iefus Chrift noftre Scigncur,ie 'prifonnier pour la fain »Ephef.4i
Jdc vérité ay celle confolation&: foulas,que icfay lbuucnt "mémoire de vous en KK°™*-9 *°
mésprieres,àcequelafainc1:e parole de Dieu prenne toufiours profonde racine1 en cJ*!?*'
vous,& qu'ellcfoitmfru&ueufe en toutes fortes de " bonnes œuurcs en Chrift , afin que *^t;M^
par icelles» noftre charité &foyfoit de telle façon manifeftee& déclarée eftre veftueu- Ti«*.»j '
fe,qu'ellepuiiTcauiTi admonnefter&P attirer ceux qui autrementncfepeuuentrenger .^tKV
par paroles. Voire,mcs bien-aimcz,telleeft la volonté de Dieu, 9 que nous foyons lalU- J^Xj.'î
mieredu monde. ' Il ne faut donc pas que la lumière foitmife lous le muy, mais fur le
chandelier,afin qu'elle elclaire à tous ceux qui font en la maifon.il ne faut pas que nous Marc^io',
ayons honte de la conuerfation celefte,à laquelle nous courons tous.Si Iefus Chrift fha- J",.*'1*' *
biteen vous, fi vous l'auez veftu/il faut que vous le lailficz viure en vous. "QujJ vous ^e3| |^| E"
fuffîfe que le temps pafTé vous auez fait la volonté des Gentils, eftans faits parricipans rR0m.13.14>
de leurs voluptez& mefchancetez:ilyfaut maintenant que tout le refte du temps vous- cSioffj.'o
vous addôniez à toutelàin&eté.'Or la fin de toutes choies approche: "leiufte luge vien- r^' o.Y,!
dra bien toft,& bfa venue fera comme vn larron en la nuift: ' bien-heureux fera le ferui- xl;l^etf*)
teur^uineferatouuédormant/Soyezdonctoufioursprefts&appareillezr'car le Fils ^'p^t7
de 1 homme viendra à l'heure que vousnefauez pas. 'Pourtant prenez garde que vos ^/-«.lLc
cœurs nefoycntaggrauezdegourmadile&d'yurongnerie&dcsfolicitudesdeceftevie. "j^H^h
Préparez-vous, & foyezveftusdela robbenuptiale,commeccux qui font vrayemetcô- »/rhefl:$.*,».
uiez m\ nopccs,afin que vous puilfiez eftre louez & magnifiez du Roy, quand ilfeftoy- pôc?,5*0'
cra lés coii îiez.Il faut que vous faciezainlî:& cela vous eft necefTairc.autremct vous le- 4
ncvconrez^'reputezentreleshauditeursdelafoy feulement , & non pas entre les fa- ^t'3^
£teur$:8d par conlèquent vous feriez encore fort elloignezde voftre laiut,duquel autre- fL»cu ?i.
ment vous-vous ofez vantenmaisc'cft en vain, fi vous necheminez en vérité. ' Aban- Apoc?"."'
donnez donece quieft mauuais,& apprenezà bien faire. Soyezlauez& ncttoycz,& 0- ^"j1,'.'
ftczlemal lie vos cogitatiôs de deuârmesyeux,dit le Seigneur. kMais ne loyez point cô- '^'p}£uIcr;
me plu lieurs d'entre les Iuifs,quife vantoyent du temple qui eftoit fainct , dclaloyde 4,i.Pier.,'.H
Dieu , delà fàcrificarure, du facrifice ,& d'autres chofes femblables , lcfquellesils auoy- ab!«5.mS
cntreceués:carceschofes-lâncpouuoyent fanttificrniiuftificr perlbnnedeuantDieu: *******
commenele peut faire aufsi ce que vous auezreceuen l'Eglifedc Dieu parla côfefsion
de voftre foy ,'ni mefme ce que vous auezefté fai&s participant delà table de Chrift. ' tCm-10i
Or lâchez ccci,mque celuy n'eft pas Iuif, qui l'cft feulement au dehors , ou qui eft leule- „ Rrra. :8
ment ciiconci en la chair. n Sachez aufsi que tous ceux ne font pas enfans d'Abraham, j*^9 7t
L/#ro VIL Chriftophe Smit,à Anuers.
« i Cor.^.y qui font procédez dé la femence d'iceluy^car en plulîeursdiceUx Dieu n'a point prins
î*™',o./S plai(ir:cômeainlî loir qu'il les ait deftruits au deièrt.b Mais celuyeftluif qui Tell au de-
puis > dens:& la circonci(ion eft celle qui eft faite du eccur en l'efprit,&: non point en la lettre.
Ceux aul'si font enfans d'Abraham qui enfuyuent lafoy &l les ceuuies d' Abraha :&c voi-
la comme on peut auoir louange deuanc Dieu . Pavquoy,mcs bien-aimcz, employez-
litSrt^"» vousà^esch°lW& ne vous lailcz point en bien failant: maispluftoft marchez coura-
t) ' geulemcnt en la voyc du Seigneur. JPrenez ton îoug fur vos efpaulcs,& vous crouucrez
t Rom'/i?, reposa vos ames.e Abandonnez le monde auec fes affections :'car il paife&: périt, en:
fi'um î.17, du touc ra? cn mauuaiftic:"& mefme celuy qui veut eftre (on ami, faut qu'il (oie ennemi
i,(^r.7.j„ de Dieu.' Crucifiez la chair auec fes concupifcences:k car il faut uueccluyqui vie en la
tt.iemi.,6, chair,meure:maisliparl'Efprit vous mortifiez les ceuures de la cliair,vons viurez. Reii-
? i.i'<H 4, ftez au diable,&: il s'enfuyra de vous."1 Ce font là les plus puillàns ennemis de l'hom n.e,
GaT/iî5" °iui ^UV llurcnt les Pms grans affauts lors qu'il fe veut dédier au fèruice de Dicu,&: aban-
,jw6.»,& donner tous vices. Pour ccftecaufe',Syrach nous admonnefte,quc nous pn autans au
< r<«. s.») leruicedu Seigneur,nous-nous maintenions toigneulementcn îultice & cn crainte , &c
id'ju^ 7 cluc noi!:> préparions nosames à tcntation.°Or fi là dclîiis nous auons la victoire pai no
n j^eîlr.f'I! ftreheau me & grand capitaine Iefù s Chrift île triu m plie & lacouronnede vie nous fc-
».ïim.}.ri ront donnez en ce iour-la/Mais fi nous-nouslaiifons vaincre &; furmonter,noi ferons
i.T.m i's*/' finalement auec tous les ennemis iettez fous les pieds de Chnft, &licz &: garrouezde
i£?M?' chaînes d'obicuritc,& iettez au feu éternel. O queleferuicedeDicueit bien plus doux
A'vat i° i &: amiableicheminezdoncen iceluy en toute ferucur d'efprit.'' Regardez commen; les
AFr!% ,5'!& meiclianslccomplaindront au iourdcrnier,apres qu'ils aurôc chemine les chemins fal-
fl°E&i}.8, chcux&: difficiles. Regardez 'comment ceux qui auront ici velcucn plaifirs ,gourman-
rK/^jr, £lifeîyurongnerie,voluptc2vpaillardifc,idolatrieïiS£c.feront recompeniez: c'eit qu'ils n -
cai.j.^, aurôt aucune part au Royaume de Dieu & de Chrift.il faudra qu'ils oyent, ' Allez mau-
Eph Apo dits au feu éternel. Mais ceux qui auront ici iuyui Chrift,renôç ansà eux-mefines »,mor
sa.15, i.ivt. tj£ans ]curs mcniDlcs fur la terre, "ils en receuront cent fois autant,&: poifederont la vie
{.Tun/.t* etcrnellcNe vous la flez donc point en lavoyedu Scigneui /car le temps eft brief . Met
Rm».«o tez'pluftoft à profit les dons de Dieu que vous auez receus,afin que quand le Seigneur
v VomLil viedra, vous les luy puifsiezrédreauec vfure.Voirejmesfreres,faitcsainfi,&: foyeztoul-
Gai 4-»4. fours bien fur vos gardes,afin qu'en aucune manière vous ne foyez furprins. le vous ad-
* ^r', '! i9 nK)nntfte^cccscbo(es,mesbien-aimez, " ma ioye Sema couronne au Seigneur,cn mes
i Ews-i1' liens* qui mclontappropriez&ordonnezdcDieueterncllement.Maisquoyflemon
«1"pkii.4.i de, les tyrans,&lcstraiftres ne cognoiflent point ceci jleiquelsmcperfecutentfeule-
pf«u menc Pource que ie ne fuis pas auec eux, ' &: pource queie ren tefmoignage que les ceu-
Rom.8.jtf ' ures du monde font mauuaifes. Quand ieftoyefuppoft&defenfeur de l'abominable
c eanj.ji j j0jatrje Papiftique,alors ils m'eftoyét amisrmais quâd i'ay efte fait Miniftrc deChrift,
â Ad.9 ils ont ouuert leurs bouches cotre moy pour m engloutir. Mais laiifez les faire: ''ils ne ba-
f Pa°p'o^. 16. taillent pas contre moy,mais contrcT Agneau qui eft alsis furie thronc, c'eft affauoir co
aÏ- .!«' '9< tre Chrift,qui cit afsis à la dextre de fon Pere : la fureur duquel s'enflambera vne fois co
K^Vr rac reu^ ^es engloutira, confu mera/ &: brifera de fà verge de fer comme vn vaifTeau de
vhûj.io potier." La pierre tombera vne fois fur eux, & les bnfèra du tout.' Car le fang qu'ils cfpa
/p^v"",^" dent crie vengeance au ciel, k lequel aufsi il vengera en fon temps. &: alors le malheur
fc'îl-tïi.44, le"1' tombera fus .'Neanrmoins il faut que pour vn peu de temps nous foyôs oppreffez
*gD,' v* cfiproilucz comme for par le feu : afin que l'efpreuue denoftre foy, qui eft beaucoup
Htbr.i^iç, plus precieufe que l'efpreuue de l'or (qui périt ,& toutestois eft eiprouué parle feu)
ffleb^o1.^ nous rourneà louange,& honneur,&: gloire,quand Iefus Chrift fera reuelc . Or ie vous
«fiS*1* c^cr' cescno^cs>mes bicn-aimez, non pas me pri{àntmoy-mefme,ou prefumant orgueil
leulemenc de moy-mcfme(car helas,ie fuis vn poure pécheur milerablc & débile , indi-
gne de la grâce que le Seigneur me fait)mais ie vous efcri,afin de vous monftrer par ceft
exemple Se patron la différence du feruicedc Chrift,&: du feruicede ce mondexomme
au^ Chrift luy-mefme a admônefte &: confolé fes difciplcs par la fimilitude'dcla fem-
ao me qui trauaille,°d]fant, Vous pleurerez &: gémirez, m ai s le monde s'efîouyra:vous ferez
contnftez, mais voftretriftefTefèraconuertieen ioye. Employez-vous donc, chers fre-
res,aux chofes qui font à venir,&: mefprifèz hardimét les choies prelcntcs. car celles qui
f Apo.11.». fontà venir lont eternelles,&: cclles-cy font temporelles. "le fuis maintenant comme la
femme qui trauaille,mais fefpere que ie feray bié toft comme vne mere,ayant iouyiTan-
cede
n Ican,
Chrifiofhe S mit , a Amers. 64.1
ce de mon fruict. 'le voy maintenant le figuier bourgeonner, Se pourtant iefçay pour M™
Mjt.14.jj.
CM. 18,
Luc:i.i7
a Mat 7.1},
lue 6. (i,
Col.
T. in.;
certain que l'efté m 'eft bien prochain, le leueray dôc ma telle en haut : car mô Redem
pteur approche/ voici la veye de vic:Sl faut ainlîfuyure Chrift. le m'en vaydeuant,
chers freres,6c efpcre par la grâce de Dieu en Chrift,d emporter la victoire.' Regardez f^pî£* j,
gÉconh'dcrezi'iffue de noftre conuerlaticn/Pncz pour moy, & me montrez mainte- < jj^J1'
naiula vrayecharité&dilection que vous me portez/ le ne me fuis pas moy-mefme Actes**?»
efpargnc iour&nuiâ, que ienaye veille' pour vos âmes* le n'ay conuoité aucune cho f^aai'o.n,
fe de perf'onnc:mais maintenant voici que îe délire, c'cll que vous nerediez point mes & 10, î0
labeurs ÔC trauaux vains enuers vous , ôc que vous ne les déshonoriez en aucune
forte. Ne foyez pas feulement contcplatcurs,mais pluftoft foyez imitateurs des admo-
nitions lalutaires que Dieu vous a faites par mon miniftere:6c en ce failant vous me rc-
compenferez allez.' Mais iccrain que îen'ayelabouré en vain pour pluiieurs, quipen- / Gaiat.4."
fcntquecefoitailezdeporterlenomdcChreitien,&:8iouscelaprouoquer Dieu aire s uC»1 ,0
6c à courroux par leurs iniquitez-Jiypocriiîc,detraction, 6c vanité. O vous mes frères,
penlez-vous que noftre labcur,foin&:trauail ne foitreccu&approuuc dcuancDieu?
Si eft pour vray.Et nos liens, (ont ils honteux 6c infâmes >ouy deuant ceux quiontouy
de nous la laine do&rinc,&: cependant la rejettent:1' Quat aux autres, ils font à la lou-
ange de Dieu ÔÉ aduâccmetitdc toute pieté. Mais il faut que vous fupportiezencorcs ^"-J-'J
vnc chc.fedc moyxeft a(fauoir,que ie vous admonnefteque vous ayez plus d'elgard à »^Thcr.j.n:
ceux que Dieu a conftituez fur vousr&fpecialementà ceux qui trauaillent en la pato-
lccxpolans&abandônans leur vie pour vous. Obeilléz à eux comme à Chrift: autre- ^^-J°14*
ment vous elles contempteurs de Chrift, li vous les mcl'pnfcz. Finalement , mestref- Lu- <>.s,&.
chers frcres,ic vous eferi tout ceci,commeayant mémoire de vous en mes hcns,ccpen 'fj'loy efl
dant queie vis,& que îevcux maintenir 6c honorer mon miniftere. Vous reccurez doc ç°g»^ p*
ceci de moy,& fenfuyiirczinon pas que je vueille pYifer 6c exalter de telle façon les bô- ^mirc"""
ncsceuures,comme filefalutyeftoitconftitué:carmonbut tendà ce, que par icellcs t G.d.u.5.<?,
vousdemonilriez6c déclariez voftrefoy, entant qu'elles feront comme feauxôCtel- !w^>o
moignagesdevoftre foy. m Auconti aire donc , tenez ceci ferme 6c indubitable, que L""1"-1""
nous lbmmesiuftifiez de grâce par Ielus Chrift fans les ceuures de la Loy. "Car Dieu lm\t..^,.
par fa charité nous a donne Ion fils vnique du temps que nous eftions encores fesen- *'R1°"n,J.1£J
nemis,arîn que maintenant cela dcmeure,que le falutn'eft point fondé fur les ceuures, «««-s-w
ains fur la grâce de Dieu. Car nous deuonsfauoir ceci,°qu'vn petit enfant nous eft nay, ,e& *.s
&C qu'il nous eft donné.' Ccftuy-cyeft l'Agneau occis des le commencement du mon- {Pic7° '/o
de^'lurlequelDieuaimpolétoutesnosiniquitezc^iniuftices: lequel oftelespechez q eû.55.8,
du monde/ & parlesplaycs duquel nousauonsguerilbn.Iceluy eft 1 Agneau, qui eft af- i"^"','.^
lis fur le throne,' ayant toute puiftance d'ouurh le liure fermé 6cieellé de fept lcaux/ll {f*J{y
eft le lion de la lignée de luda/le germe de Dauid,qui a vaincu. Pourtant ce n'eft point < aj>. ù$ '.5
lanscaulcque nouslccont^lTonscftreleyChrift,ccft àdire,celuyquieft oinctRoy,Sa *Âfo."i».is
cnrkatcur,6c Prophète. 'Tout ce qui nous fauue,viét 6c procède de luy & par luy ."11 eft ^^"Jj L'
la vove,la \ enté,6c la vie. Nul ne vient au Pere lînô par luy. bvoire (ans iuy nous ne pou-
uons faire aucune cholc.'De la plénitude nous auôs tout receu,voiregrace pour grâce. * .4
*C'cft luy qui ccuurecn nous 6c le vouloir Se le parraire,6c ce no point le!ô noftre vertu
6~ benne intention ou mcntc,mais (êlon Ion bon plailir.Si nous fai lions quelque choie c J
debferijC'eftluy qui le rait: le refte procède de noftre nature corrompue. 'Deforteque « a.cot.j.j
non b nefommes pas fuffiians de pefer ou faire quclq choie de nous corne de nous mef-
mcs,in.(5 noftre lulîîlance eft de Dieu. Voyezdonc6cregardez,chersfreies , quelle
force 6c vertu nosœuurescV nos mérites ont,quandnous-nous arreftonsa nous-mef-
i >cs c'eft,qu'cl!esnous lontdamnables.' Se quand meime nous aurions fait tout ce qui / Lvc^ •?
nous clt coin mandé, nous lommes encore (bruiteurs inutiles/Quand la foy œuure par g g ii.».<
chance, alors la gloire en cfta Dieu non pas ànous/lequelaulsinousdôncceftegra hvh\u^
ce de croire en ton nom/ Si nous croyons leulemcnt corne k s diables 6c les mcl'chans, . ic'an j!.,
cefte foy n'eft rien. Il eft neceffairc dek croire vrayement en Chrift, &l de mettre totale- f a 'tl^c
ment fa confiance, fou mérite, falut 6c vie éternelle en luy , pour ar tendre &: reccuoir MaiC,6-,7
tout de luy :6c par fon obciïlancc aux commandemens de Dieu rendre noftre toy
approuuee : ôcla monftrcr d'efficace en vie éternelle. Si on croit ceci fermement,
voyez comment les forces Se meritesdes hommes pourronteoniifter, 6c quclleabomi
nable doctrine on en feigne en la Papauté, touchant les mentes 6c les ceuures de lu- OEuuro
pererogation ( qu'Us appellent ) 6c de meritet maintenant 6c ci après . Certes vr
wirt
L/#ro VII. Clmjiophe S?mt,à Anuers.
« G4.5.:,4 telle doctrine i anéantit entièrement Ieftis Chrift auec tousies mentes, &: abolit aufsi
Tes ofhccs>lcfquelsnous apportent tant dcconlolationrceftaiïauoir l'on office Royal,
ha ia SacTificaturc,& fa Prophétie: bcar s'il y a en ia force &: vertu de l'homme quelque cho
Te qui mérite que nous obtenions de Dieu falut, pourquoy a-il efté neceflaire c;
, le» 1.1 4
d fini. 1.8
que
'Chrift ait elle fait hommc,J so/Trantloy-mclme a la mort de la croix pour nous,com-
Èpk t'n me fouuerain Sacrificateur,» afin qu'il lôpift la muraille qui eftoit entre deux, 'effaçât
i Kom^.o, l'obligation qui eftoit contre nous,8 6c par ce moyen nous réconciliant au Pcrc- neant-
î.Cu. j.iv moms ceux-ci veulent cftre eux-mefmcs Sacrificateurs & Interceifeurs, pour mériter
pour les autrcs:& pourtant aufsi ils n ot aucune paît ne poi tio au Royaume que Chrift
t, Afl.io.i8, nousaacquis,&: mérite pour nous hparfonfang:ains leur portion eftauee leur Pere,Jc-
iolrt'-th quel ils ont ferui , &c duquel ils font les mebres , au Royaume duquel aufsi ils feronr. lo,
'"SV.iî gcz>'ou le feu ne scfteindraiamais,&: leur ver ne mourra point.* Bic heureux cftccluy
Mat.t4.41, qUi n'a point de communion auec ceux-la. 1 car ils ne font point participais de la croix
de Chnit:mains cheminent en plaifirs 6C délices, par la voye large 6c fpacicuie qui mei-
î S.V.4 neàla mort éternelle. " Rctirez-vous,mcsfreres,retirez-vous,di-ie,&: fuyez du milieu
"•4EU.7.7, d'iceux.n'aycz aucune communion auec eux ncbcuuez point du vin délire de la
,5,Luci;.r2 paillarde.1. Car (prenez garde de bien prcs)en vu îour viendra ia ruine &dcfolar»on
îa.peJ!ÀÈÙ tort grande, 6c fera du tout deftruitc 6c ruinée. Suyuez 6c marchez pluftoft après Ictus
s.^Ap'Ss! Chrift nud 6c crucifié: car encore que ce foie en peine, mifere & fitfchcric, c'en ncant
^'ciV.'"' mo,ns ^ uroiilc voye qui meine à la vie,&: par laquelle tous ceux qui poifedentmain-
/Ap»f..4-8 tenant la vie ceernelleauec Chrift, ont pa/fé .'Aufsi les choies de ce monde font rem-
ApS«?& porelles,qui prendront bien toft fin:mais cequi nous eft promis en Chnit, demeutera
,3iÂc>i4'i éternellement. Employons-nous treftousàces cho(ès:&: qu'il nonsfoumene qu'il huit
r i.Cor.4.17 premierementaualler l'aigre &: l'amer, &puisapres viendra lecioux: caries fouffrâces
viennent premieremer,puis après la refiouy/lancercn premier lieu vient la bataille, 6c
puis la vidoircttout premier il faut trauaillcr>&: puis après fera donné le loyer îmmcr-
uïï'""»'» tel.' 11 faut ici iemer en pleurs &: en larmes, & fiaprcsnous moiiîonnerons en ioyc 6c
»f lieiTe.Prenôs donc bon couragc,&: ne foyons point foibles,encores q nous ayons grade
t H.b.u.i peine &trauail.' Regardons al' Autheur dcnoftrcfalut IcfusChnft :v car il eftnoftre
&"Ci6 ° iS' loyer,noftregioirc& honneur ^noftre efperance 6c couronne /en luy nous virions &:
* puju.-K. < demeurons, voire nous fommes vn auec luy : * 6c (ans doute là où il fera, là aufsi feront
7 Aa. 17. lit r r*. i 1
6 u-4.u.7.î4 les fertiiteurs . Dequoy donc auons nouscrainte : pourquoy perdons nous courage?
- Gtn.--7 jj, qu'eft-ce qui nous pourra empeicher ou reculer,quc nous ne polfedions la vie?' voulôs
jkhr.ii.ic nQUS ajjcr vcncjre noftre primogeniturc pour vne fouppe auec Eiàu ? choiiirons-nous
pluftoft les chofes qui font temporelles, que celles qui font éternelles? gardôs-nous-cn
t Ph.i.j.io bien. Et au refte,cheminons ici de telle façon (uyuansChrift,quebnoftreconuer(atiou
c p.er.i.r» nelbit pas fur la terre,mais au ciel, 'duquel nous lbmmcs à prefent corne cftrangers &C
/lCoMJI1 efloignez, 'Nous ne voyons maintenant que par foy comme en vn miroir:1 mais ci a-
e i.ieaiuu près, quand Dieu i'cram2nifeftérefplendifîantengloirc,alorsnousle vcrrôsfaceàfa-
f Apoc.?..-* ce cômeil eft.'Celuy qui vit & règne au iiecle des iiecles nous en vueille faire la grâce.
Amen. Saluez fvn l'autre d'vn famétbaiièr.Ic vous faluetousen mes liens.La grâce de
noftre Seigneur lefus Chrift foit auec vous tous. Ame. Demeurez tous enfemble con-
,s M« 7.1 j. ftans au Seigneur,^ vous don nez garde de la belle apparcecdefaincleté)&: "des faux
CaionïlS frères 6c fccurs.Ne ibyez pas légers 6c volages pour côfentir bien toft à quclqu'vn:' ains
l vr"ri".'û iôycztouiiours prudcs,&; ayezlouucnâcede moyen vos prières.'1 O côbien clt plaiian-
Efhef.f.1, te& fouha:table la mailbn de 1 )ieu,en laquelle maintenantic nepuis côuerfcrincant-
*" feau'8*' moins ie fuis d'cfprn en vos fainttes aifemblcrs &c congrcgatios,& en fuis confolé,cfpe
/ phiLi.t? ranten brcfde' deiloger d'icipour aller auec Chrift. Ce que 1 avelperé,&: clpercenco-
res de polleder 6c îouyrcn vericé.Dieu meledoinr,& bié toit. De ma main à vous tous
me; chers frères &: fœut s,ce Samcdi28.de luillet , M.D.L XII1I.
Hcicnti M.tr«ueritc (]ui l'auojt trihi.
Kom.u.;i rF,v ,
voulu fc contemy d cjcrircvite vpij; rc pleine d Admonition correction ( lireihcnne^d Lt fan-
oMi l\iuoit ty.xhi: comme s enfuit.
Arc vérité m amie, combien q tu refois portée hvilaincmct entiers moy,
que non ieulcment tu t'es mocquee de mes labeurs & trauaux, (lors quaufsi vo-
lontiers ie me fuis cmplo\c pourtôialur,q iamaisi'ay volôtiers mage ayatfaim:) mais,
qui
E mcpne pvijonnier fichant" cju on doit bentrfes ennemis 9&*rendre le lien pour le mal>napoint
M;
Qjrifiophe Smiti a^Amers. 64-2
qui plus eft,tti m'as iniquement trahi à la mort: neâtmoinsien'ay pas voulu lai/Ter de
t'elcrue&: admonncftercncesmifcrables&: trilles liens cfquelsie luis détenu ,'pour tÏ'm^!
voir il parauenture il y aura en toy quelque lieu de repentace.Quant clt de moy,en ce 26
qui me touchc,dcsla première heure que tu eus cômis ec vilain aetc,b ie te l'av pardô- M^r*',!^/'
ne du plusprofonddcmoncœur,commeencorcicletepardor.nc:'toutainlictimme '
ic délire que mon Dieu me pardonne &c remette routes mes fautes Néant m oins ton
pec hcn'elt pas am 01 ndrideuancDieu pour cela: tellement que ii en temps & de bon- j^J^'0*
lté heure tu neteconuertisau Seigneur, Ion ire 8c fa vengeance çû m bera bien toit fur
toy,& ne tardera gucres.O toy pourc& milerable femmeîoù es-tu tobec ? le te dema-
dc,lcs Préfixes, Moines &: IeluirestepoiuTont-ilsdeftndre,&rcfpctfidrcpoui toy dé-
liant le throncludiciai dcChrift?Opourcfemmeiconmietcft-ce que Je diable a ainfï
pofTedéton cœur écornent as-tu ainli efté enchantée & en forcelee par la doctrine du «CaUt-j*.
diablc.?pourvrayieSperoyequelq choie meilleure de toy, crovant à tes beaux mots, &:
penlant que tu voulois abandonner l'abominable idola trie. Mais (helas)tu n'es pas feu
îcment demeurée cequ'auparauanttucftois/ains tu es encoresdeuenuepire Se plus fiutit.^,
mel'chantc.Mais,ic te pne,comment eft-il poflibleque tu ayes taniais peu penier de tra "l ur'**18
liircv liureràlamort celuy qui ne t'a jamais tait que bien &c feruice? apprens-tu ceci
en l'efcole des Icfuitcs? lont-ce-ci les fruicts dece que tu te confeffes chacun iour: lont-
cc-ci les fruicts de tant de patenoftres que tu dis &c lis au temple des idoles tous les
iours?font-ce-ci les fruicts qui procèdent de tant de Meifcsquetu ois, & de tant de
dieux de pafte que tu manges .? Ce ne t'a point efté affez de nie trahir tout leuhains
comme vnelouue affamée, tu as englouti &deuoré deux brebis enlemble. Si nous
&:la Parole de Dieu iaquellcnous t'annoncions ncteplaiiions point,tu nous pouuois
laifier en paix,&: nous n'euffions pas efté diftraits de nos autres affaires & labeurs. Mais
quoy? toy-mefme courois après nous:toy-melme ne nous lai/îois pas en repos. Pour ce-
ftc caufe ta perdition &: damnatiô refera plus griefuc&: pefante à porter. g Tu es main- 17
tenant yure du fang des poures Chrcftiens, aucc la Ribaudc de Babylone, qui eft affilé
fur le dragon à ièpttcltes.h Cependant regarde (afin. Telle comme elle cftrtclle fera '' ap°'7 +
aufsi la tienne. La paillarde de Babylonetriomphe maintenant eftant accouftreeen
or,argcnt,&; bagues prccieufes :' neanrmoins fa fin fera perdition &c mort/Nous-nous « Ap<..i7.8,a:
rcfiouyffons cependant en nos fouffranecs &C en la croix de Chrift :' car noftre fin cft la ^iw<
vie éternelle. Penfes-tu quand tu auras fait mourir & moy &C mon compagnon prifon- ^j:';;^ 14"*
nicr,que lors tu ayes banni &c deftnutla laincfe vérité de Dieu .? non non : ains aucon- ' Ko";- - s
traire "elle prendra plus profonde racine,&:croiftra plus puiifammét par nofhemort. «Evod.i.iî
Car lefang des martyrs cil la lemence del'Eglife de Dieu . Voire mefme toutes les «"nageSs
gouttes de noftre fang annonceront encores les louanges de Diou après noftre moi t;
cependant &i toy &: tous ceux aufquels tues adherente,n'en receurez que honte 8c cô-
fufion fur vous." Car tout ainfî queSamfonaplusdeftruitdePhiliftinsenfamort,qu " fog-rfjo
il n'auoit fait en toutefa vicrainii aufsi noftre mort fera plus dommageable aux enne-
mis de Dieu que noftre vie n'a efte. Qu'ils bru lien r, qu'ils eftranglcnt,quils tuent &:
meurtriiîenr,par fcu,cordcs>eipcc,&: eau tant qu'ils voudront : ° la parole de Dieu de- *. m. 40.<r,
meure neantmoinsCx: demeurera cterncllcment.pU cft bie ditr& à toy & à tes fembla- p!£/,'*s '
blcs,dc regimber cotre l'eiguillon.': L'Agneau quieftafsisfur Jcthrone,eft bie tropfort p AJ"£6)'^
&: puiffantpour vous.Cçft Agneau nous veftira'dcrobbes blanches,' & nous coirmâ û "
dera de nous repofer encoi e vn petit de téps,iu{ques à ce que le nobre de nos frètes qui / Apo". y. u
doyucntaufsieftremis à mort pour le rermoignage dcTefus,commc non s, ioit ac c om-
pli.1 Or alors l'ire &:latureur de Dieu fera enfîambeecommc feu, quiconfumeranos r pfw«-».«*
aduerfaircs:&: toyaulsifemblabcment,li tu ne te repens de tout ton «. œur,& ne * pu- 1 îv!ac- ;-8
duis fruits digne de repentance, te retirant de tout mal &: de tous taux feruices i!e v ,•îl t; •, ^
Dieu,tefeparant de la compagnie de la génération de vipères, Sénocamm en c de la fc
de ties Ieiuites,pour t'adonner entièrement au vray feruice de Dieu en ion Egiu'c fa.n- Ul
de. Car " en ce failanr tu trouueras grâce auec Saul de Tharlc,& no pas antremet. Par-
quoy letadmônefte, Marguerite mamic,& te prie auec pleurs & larmes viayes , parla
mort& pafsiô de noftre Seig. Ictus Chrift , &par fon fang précieux qu'il a cfpadu pour ^
nous,\]ue tu te doues bien garde d'endurcir tô cœur en ta mcfcluncetc^ôme Pha ao: b cX
'ainsaméde toy,amcdc-toy,di-ic,!,cepêdantque tu as encore le téps.Car en vente ie te S
di auec le S. Martyr^Cvprian, qu'après ceftevie il n'y apoint delieu pour lercptntir,ou '^'mj'
Q^q. ii.
Mai.
Liure VU. Chriflophe S mit, a Amers.
*E*ech.i}.i8 p0urs'amender/Ncterepofe&:netecouchcpasrurlcs coufsins &: oreillers que les
preftres, Moines &Icfuices te mettent fous la tefte&: fous les bras.Iefçay bien qu'ils
t Rom.1tf.17 te difent de beaux mots,&: bte prefentet des paroles douces &£ cmmiellees,voire mef-
me que par ta trahifon tu as gangné &c mérité le Royaume des cicux.Mais en vérité en
' Bmw*-/s vérité, ils te trompent &deçoyuét,cviuifians ton ame,Iaquclleeft enuirônee de more
eret nelle,li tu ne te repens 6c conuertis félon mon conicil. le t'ay eferit ces chofes en
mes liens, lefquds ie fouftre&: endure pour le tefmoignage de la verité,efperant ta cô-
uerfion&repentanccparlagracede Dieu,fitu peux pleurer &c lamenter taviemau-
uaile.Icprie le Seigneur du plus profonddemoncœur,qu'iltedonne fa grâce par re-
fus Chiift fon Fils, Amen. Cejo.deluillet, m.d.lxiiii. Par celuyque tu as trahi,
&c neantmoins le tepardonne.de bon cœur, Chrillophc Smit.
I L eferit lettres confolatoires à fa femme «kfolee.
V NT fon emprisonnement il ri a point oublié fi poure & defoLe femme , (tins luy a eferit
plufu urs lettres amiables O-cofolatotrespar diuerfesfots^quad il en a eu le mojc&r lucajïon: Uj-
(juclies nous produiras ici par ordre -, afin quechaciï voye l affeÙio^amour & Join fpeiial cjutllu y a porté.
4Gcw.,.,<), A/T A bien-aimee,il a pleuàDieu/fclon fon commandement,que nous avons efté
& .jç,m.«. xYJL conioiinsenlcmble par le faintt citât de mariage: fi en quelque endioitiemc
s»* luis porte autrement que mon deuoir ne portoit,ie vous prie de le me pardonner. Et
quanta vous, d'autant que vous ne m'aueziamaisen rien méfiait ni ofrenfé, ie n'ay
rien à vous quitter ou pardonncr.I'ay fouucnt mémoire &c louuenance de vos larmes.
«Genr.i.»», Mais quoyîil eft vray que' le Seigneur nous a conioints enfemble,&: que maintenant
/ aRom!96iy nous-nous départons i'vn de l'autre pour vn téps,ou s'il luy plaift,pour toufiours:'mais
lS ï-'s1" cePen(^ant c e^ ^a volonré du Seigneur.qui eft celuy qui peut répliquer contre luy.?icar
tout ce qu'il fait eftiufte& parfait. Conlblez-vous au Seigneur,& vous tenez paifiblea-
uec noftre coufine,de laquelle auffi i'ay fouuent mémoire Ôc fouuenance.Et quoy qu'il
en foit,demeurcz toufiours en la fain&e vérité de Dieu , laquelle vous auez ouyc&: ap-
prinfe de fi long temps, èc ne vous en deftournez aucunement, encores qu'elle foiticy
u Mat.j./o, accourtreefi pouremcnt.llBien-heureux(ditChrifl:)fontceux qui fouftrentperfecution
V^'acT'X* Pour ,u^ice:car ^e Royaume des cieuxeft à eux. 'lté, Vous aurez triftciîeôc fafcherie au
4?Mn 16 x monde,mais en moy vous aurez paix: ayez bon courage, i'ay vaincu le monde.1 Il faut
< ». rim.4.8 ici combatre & bataillent 1 puis après nous atteindrons la couroncSd lapaix éternelle.
/Apo-..,o Q^arK] vous entendrez les nouuclles de ma mort, refiouyiîez-vous. Maintenant vous
» Gen.î.tj, pouuczpourvnpeudetépseftrcenangoiiTeauccmoy,n(carnous fommes vnechair)
fyhtylt ma,s furmontez voftre rnfteife, Se priez le Seigneur qu'il luy plaifc me fortifier: & il me
furfit. Soyez auffi diligente en la parole de Dieu. &c faites moy auffi fauoir commeon fc
porte entiers vous,& ii on a foin de vous,afin que ie foye enrepos . Côbien que félon le
corps ie loye feparé de vous, neantmoins mo efprit eft auec vous , &c y fera tant qie vi-
uray. N.eftoit Samedi auprès de moy,Iequel a plus aggraué mô cœur qu'il ne l'a point
foulagé:il demeure toufiours le mefme:Dieu le vueilleconiicrtir.Il eufteftébienaifeq
ie fuife derechef retourné auCôuent.maisquoy.?quandmefmes ilm'yfaudroitrctour-
"p?ai0,i ner,le Seigneur m'en donneroit"iiTue& deliurace,fuft toftoutard.Quandiypéfe,i'en
* m l 9 ay le cœu 1 fort affligé. le ne fay pas encores qu'on fera de moy. Mon defir eft pluftoft de
mourir que de viure . le voudroye bien quele combat euft prins fin , & quela noix fuft
• r™"^! ca(ïcc,afinqucic*fuflcdcliurc decc corps mortel. Mais quoy qu'il en foit,ie fuis &Pap
<n Mat. 6.,o pnrtien au Scigneur,lequel m'a conduit îufqucs ici: * il fera dôc de moy ccqu'il luy plai-
at.16.38 ra jc t>on cœur,0 Pere ta volonté foit faite/ Or ie vous recommade au Seigneur
Icfus Chnft.Nc vous elmerueillez point , fi ie vous eferi iî peu &: gueres fouuent: car il
faut que ie face tout à la defrobec&: en grande crainte.Si i'eftoye trouué,fans point de
doute ie feroyeiette fur la géhenne . I'efcriray toufiours, Dieu aidant, quand i'auray les
movens. Cependant ie vous prie que i'aye de vos nouuclles , afin que par icelles ie me
puuTe vn peu recréer .le vou s enuoye auec la prefente vnc chanfon, laquelle i'ay icy cô-
pofee pour palier le téps.Ie n'ay autre chofe à vous enuoyer: bien vous (oit, ma bien-ai-
m ce, m on cœur,& ma plus grande coniblation après Dieu . En grade hafte de ma forte
cage ce iod'Aouft,M.D.L x 1 1 1 r .Priez le Seigneur pour moy,cômeie le prie pour vo9:
/ Fiuiip./.ij &:ayc z bô courage. Voftre mari prilonier pour la parole du Seigncur,Ch.Smit.r II nous
eft donné de Dieu non feulement de croire en Chrift,maisaufsidcfouftTir poui luy.
A V T R E lettre à fadite femme.
L E Seigneur qui nous a appelez cnfemble en l'cftat de maruge & de paix,& lc<juclmainteaint,fcloa fon bon plaifir, nom
fepaïc ^ouc vn cemps,vous vueillc confolcr.Amcii. Combien
Chriflophe S mit 3 à Amers. 64. j
COmbien que, ma bien année, ie n'entende aucunes nouuellcs de vous, ii
eft-ce neantmoinsqueie ne vous puis oubJicr: voit emefmcs les larmes me dé-
coulent abondamment des yeux,quand il me fbuuient de vous . mais quoy ?ie ne vous
peux maintenat plus confolcr ny aider , attedu que félon la chair ie luis feparé de vous.
Vous auczauec vous le Dieu tout-puiûrant1& lefus Chriftfon Fils bien aimé noftrc " 'at '9
Seigneur,'' lequel ne vous abandonnera point,' fi vous mettez toute voftre confiance * icjm4.1t
en luy .. d car il eft le Pcrc des vefues , qui a grand foin &: efgard fur leurs afflictions , lar- Roin'.o.'»'
mcs&gcmiflemens. Abandonnez-vous entièrement à luyj'&l'inuoqucz en toutes p^J^'J
vos ncccftiteziil vous aidera & dehurera.Quoy qu'il en foit,demeurcz toufiours cnl'E- «ff^
gli(e de noftrc Seigneur lefus Chrift,& ayez foin que f l'enfant de noftrc coufine croiffe *jo,ij,& jt
en la cramte de Dicu.Teleftledeiïrdcmoncœnr.Monftrezluy vn loin maternel (car /4'Tob.»..e,
ilfuutquevousluyfoyezcômemerc)àceqn'ilpuiffe marcher en la voyedu Seigneur ÈPh-6-*
tous les iours de fa vie. le voudroye bié que noftrcdite coufine m'eferiuit quelque fa-
lutation. Iefuis,graces à Dieu, en la main du Seigneur , combien que ma chair me foit
bien faicheufe& pelante. I'elpere * que la génération mauuailè me fera pafTcr en bref. &,».,*,mJc
Or te prie mo Dieu qu'il me face ceftegrace , &c bié toft. car ie délire de defloger,pour 8 ,1
eftre auec Ch tift. le ne fay pas difficulté de (igner &c feellcr par mon fang la faincte veri- h
te de Dieu,laqucllci'ay fi louuent enfeignee,h& de laquelle ie tcfmoigne encore, qu'il
n'en y a point d'autre, refpereaulïid'eîtrctrouué au' nombre des fidèles tcfmoinsde ' 4'Bfd"*' 4*
Dieu &: de lefus Chrift, qui ont laué&: blanchi leurs veftemensau fangde l'Agneau. ^ Apo(fj(,
* 11 faut que lenombre de ceux qui doyutnt eftremis à mort foit accompli. Cependant
Ja chofem'cft bien pelante, auant que cela foie aduenu. Iefçaybien qu'il y a encore
beaucoup de combats qui m'attendent. Mais priez pour moy ians ceflè.'On tient con- ^"'a,'^*
tic moy vnc bien mefehante procédure : mais (helas) il leur iera quelque iout fort cher m ?feau a ^
vendu de Dieu,'" lors que de fes hauts cicux il fe moqûera d'eux,&: les brifera & caftera & ^
de fa verge de fer comme vn vaiilcau de potier ." Dieu leur vucille pardonner cefte in- ks^* H}>
jufticc,&: ne la leur point imputer,à eux, di-ic,6cà cefte traiftrctTe. Amen. Bien vous
foit au Seigneur, &£ ayez bon courage. Demacagccezi.d'Aouft, m.d.l xiih.
A VTR.E lettre à ladite femme.
LE lien par lequel Dieu nous a conioints enfèmble, qui eft le lien d'amitié , ne peut . ,.cor.n,
porter aucunement que ievouspuilfe mettre en oubli." Et combien que félon la cawci^
ch.iir nous foyonsfeparez,& que ie ne puifTc atteindre &paruenir iulqu a vous jfi eft- Romi.9,
ce que félon l'efpritie fuis auec vous infeparablement /ayant toufiours deuant Dieu, pjjjj£j4MW
mémoire de vous en mes prières &c oraifons.4Or Dieu eft le Pcre & le defenfeur des vef Heb |
ues & des orphclins:prefentcz-vous donc du tout & entièrement à luy/Ie vous prie af- r e ''î ,
fec"tueufement,quevous-vous vueilliezconfoler en luy,& vous fier & afleurer ferme-
ment en fa grâce:' voire louant &c magnifiant toufiours ce bon Dieu , pour fa grande &: {jS'o*
indicible mtfericorde,laquclle il a dcmôftrce cnuers moy poure &c milerable pécheur, Jom. ij.n.
fans aucun mien mérite .«Il faut qu'il foit magnifié & loué éternellement. Caril eftim- * Rom! 1^1°,
polïiblc qu'on puiffereciterdclalangue lagracedu Seigneur, laquelle il me monftre &,î
maintenant & iournellement.Caren premier lieu, lagracedu Seigneur eft fort grande
cnuers moy félon le corps, me donnant fan té, & dauantage mecommuniquanttout
cequim'eftcxpedicntpourlanouriiturc quotidienne^ ordinaire. Mais celte-ci eft:
ceni mille fois plus grande fur moy félon l'efprit, en ce qu'il le maintient fî fidèlement, vicin,4.it
"félon fa promeife, par fonfain&Efprit, me confolant&: fortifiant,1 de forte que tout l*™™'
mon àedr&c attente n'eft au tre,que d'eftre bien toft deliuré de ce peian t corps mortel, ?jJaa
pour eft reauec le Seigneur, Y afin queie puifTebien toft clairement 6c apertement voir
quel eft mon Seigneur & mon Dieu en (a maiefté Celefte. ^ Or priez pour moy , afin
quelc Seigneur me vueille toft ouyr. Et quant à vous, mon cœur &: mon fang, demeu-
rez ta me en la foy,&: louez le Seigneur en moy, vous confolant en ce * queicfbufFrc tt.Pier.i.ia,
non pas comme vn malfai&eur , mais comme vn Chreftien laquelle choie vous doit **'5
bien eftre en grande confolation &: îoyc quand vous laconliderez . Or ma bien aimee,
faites ainli,& remettez tous vos affaires au Seigneur," lequel nous tient tous en fa {au- *4P.f"J'9I>*
uegarde ÔC protection :b voire &C nous tient fi fermement enclos en fa main, qUe nul, n^tat
quelque fubtil, fin 6v puiftant qu'il puilfeeftre,ne nous en pourra retirer,' non pasmel- 'Ma^o-jo
mes arracher de noftre tefte vn feul cheueu.ll eft bié en la puiftace du Scigncur,encorc
que iefoye iugé &; codamne des h6mcs,dc me deliurer d'ici, cûbien q (clon le iugemet
QÇLq.iii.
Littrdj VII. Chrijlophe S mit, à A mers.
,.DaBJt„ humain on n'en puiife voir ni ouir aucune apparence," voire aufll me deliurer du
4i>kai..ii .s milieu du feu: ncantmoins il fera ce qui fera bon &c planant deuant les yeux/C'efl
donc choie bonne defe fiercnluy,&:nonpasauxhommes.rattcnle Seigneur, & Cuis
par fa grace,diTpos&: préparé pourlefuyurc.Ic délire de marcher en les fentiers: voire
èOau.u &: les baiferaucc le Prophète .b le langui d'entrer en la bonne &fouëfue odeur de les
baulmes &: onguens précieux. Mon eccur délire &: languit d'aller au banquet &: conui
' Ar°C I9'7 ue'dcsnopcesdel' Agneau,&: devoir labontc&gloiredcmô Dicu.Parainfi détaillez
vos larmes,& foyez vaillâte aucc moy au combat. Laiflez faire au Seigneur fon œuure.
u Ro:a.8.:8 car4 elle ne peut tourner qu anoftrefalut.Parquoy,ma bonne amie,foyez vertueufeau
Seigneur. Cheminez en la voye d'iceluyen toute confiance: ne vous taillez pointei-
t E&.49-1* pouuanter ne defuoyer/Encorcs que vous ruflriezdclaillce&: abandonnée des homes,
itou. iu.t le Seigneur ne vous abandonnera point,ains vous confolera,maintiendra,&: donne; a
/pfcan^o-y, fceoursenvoftrcncceffitc.Quideuez-vousdonc craindre; 1 Bien-heureux efl: l'hom-
*34»8Aa?»! me qui clpereau nom du Seigneur.EC'eft bonne choie de le confier en luy. Si ie
vous
zi, Rom. 10, pUis voir &c parler encore vnc fois deuât ma mort,cc me fera vn grad bien, a duen 1 1 par
î'pfc.j.iw.j la grâce denoftreScigneunii cela ne fe peut faire,nous rccomandcrons le tout a Dieu.
Saluez en mon nom N.noftrecoufînc:&:ficllc part,qu'elleùluedebien boi. cœur en
mon nom fon perc& fa mere,&: N.fon frere.Ic m'en vay deuant,i efpcre de les retrou-
ueren la vieeternelle. Saluez aulli en mônom N.&N.& lesvihtez aucunesfois.Ievo9
recommandcà la grâce du Seigneur. Recommandez -moy à tous 1er. freres & fœurs au
Seigneur,&: à tous ceux qui en bonne patience attendent la venue de noftre Seigneut
IefusChnft.Bien vous foit.Efcnuez-moy de voftre citât & dilpofition. Cecinqieme
Je Septembre, m.d.lxiiii.
'i i.Pier.c.8 — . _
ffiffi} £ V de tours après Satan* qui efltoufiows corne yn ho bruyant & rttgtffant,napas laiffé de s'ef-
forcer en p lufieurs fortes & manières par fes injlrumens,à dtuertir& deslourncrdelafoyle prc
fent prijonnier.ll fut fort tourmenté & trauaillé par les Prcjlres, Moines & Libertins . Cariournelle-
ÎLfrmi^tc & ment ^es Pwfhes-tMoinesi & principalement les Canncs,yenoyentà luy auecyne grande troupe de Li
vaille P.*r bertins,lefjuels l'affigeoyent&tourmentoycntplus que fes bens somme luy-mefme le confeffe & s en
MoJmftiî- complaintparfesepiflres, où il tfcrit qu'il a eu fouuent beaucoup ded-.ffutcs aueclesfufditsperfonnages,
bwtin5' qui fe fontportez^d'vne façon defordonnee,non comme Chrcfliens,ains comme gens fans Dieu,mefdi-
fans & blafphemansfort vilainement Dieu,& fon fis Iefus Chrifiy &• Jpecialement quand ils trait-
Hoc cft cniin toyent de U Cene,voulans auec leurs cinq paroles en vertu & putffancc de charmerie, faire defeedre Ic-
D^^T^ fMS Chriftdu Ctelypour prendre la forme £yn pain,de Jorte qu'il fott manié des mains, brifédes dents, &
EgoBcring.3- eng[0UtiparU bou^ie,^* auallé au yenti-e .Toutes leurs paroles efloyent, banniffemens, malédictions,
&* condemnationsàl 'encontre de ce poure prifonnier, le déclarant damné par plufeurs fois félon leur
fantafie,comme yn mefchanthcretiqtte,feducïeur, & comme yn homme,fâns Dieu, nietté de luy, &*
excommunié: &faifoyentcela par beaucoup de brocards,cians 0* tepeflans fans iamais y fer d'aucune
modcfli? ni raifbn,penfans le defeouragerô* deftourner de la foy par leurs cris & tempeftes immodé-
rées. Jls eftoyent de telle façon courrouce^, efchauffe^ & enflamb encontre luy , qu'ils nepouuoyent
fouffrir que iamais ilacheuaft (juelcue propos,mats a chacun mot qu ildtfoit,tls fe fourroyet tout a trauers,
par mejdiftmes & iniurcs,de forte que contre fon gré il faloit qu'il fufl muet}& qutlfeteuft.Lc CuréSe-
baflien a efté finalement tomfeuhn peu phs modéré, comme on peut cognoiftre parla lettre de chrislo-
phefa où il cja-itainfî.
Av io v rd'h v y IeCurc nomme' Sebaftié,m'eft venu vifîter, lequel m'a apporté
ftwn^TentV- fort bônes nouucllcs:c'eftaflauoir,queieneferay pas liurc&rédu celle femaine,pour-
mc7.U pnAl" ce ic uus Miniftrc.il penfoit bien m'cfpouuater par ceci,mais c'eftoit bien pluftoft
mondefir&fouhait.Ieluy declaray queievouloyctrei-volonticrsefpandremon fang,
lequel ncantmoins leur tourneroit en grande ruine: & qu'aucôtrairc,ilferuiroit pour
accroi f tr e &c augm c n ter l'Eglue d e C h r i ft .
Apres cela, il me chanta la vieille chanfon: affâuoir , quefeftoye vn feduetcur &
vn trom peur fans Dieu &: cognoin'ance de Chrift. Mais ie luy monftray par l'Efcriturc
fainde,que luy-mefme n'auoit point de Dieu: ains qu'il auoit le Pape &vne pièce de
pain cuit pour fon Dieu,&: que luy-mefmefeduifbit le peuple,lcdefuoyant delà droite
voycdefilut,qui eft Chrift. Nous parlafmes beaucoup des mérites , &c de l'Eglife..
Et entretous, ceux ci eftoyent blafmez,fclon 1a vieille façon , aflauoir Caluin,Bu-
hnger , Beze, Luther,ôc autres fèmblablcs.Finalemciitcftant vn peu amoli , il dit, qu'il
eftoic
ChriJlopheSmit ,aAnuer$. 64.4.
eftoic marri de ce qu'il me faloit mourir, Se qu'il m e voudroit volontiers aider &: recou-
rir,»* en quelqucfaçon il le pouuoit faire,voire rnefme par fon fang : mais qu'à cela il n'y
auoit point de remède ni d'aidcySi qu'il ne fe pouuoit raire autrement: en Tomme, qu'il
me faloit mourir. Entre autres choies il confefla aufsi, qu'il nd voudroit pas auoir com-
mis vne telle trahifon pour tous les biens de la ville d'Anucrs,non pas rnefme pour tous
les biens du monde, ainn* que mefsire Simon fon compagnon Curécommeluy ,auoit ^ot"cronc'"
commis aueclagrande Marguerite. ^"Voilace qui-m'eftaduenu cesioursici .Quanta iWi«cik
cequi me pourroit déformais aduenir, celaellrcferuéà lacognoilfance de Dieu tout- lvnl•,utrc•
puiffant. le recommande en fes mains mon corps, ma vie,&moname. 'Faites qu'on *Aa-,:-*
prie pour moy fans cefle.
LE Markgraue&rEfcouteCj&r'11^11" autre? cerchent de deftourner le prifonnicr de /a foy.
lUdiclios & mef
iî les Moines ne pouuans rtengangner & profiter par leurs crierics, hitfmes,maLdtc\
(^^à^'ftmeSy k'Mark.grdue&rEfcoiitetauec encore plufieurs autres , vmdrentau prifonnicr , pour
effrouuer s'ils ne pourroyent le retirer & deftourner de fa foy par belles paroles, blandijfemem & faujjcs
promeffes,comme luy rnefme tefmoigne par fon epijl,e,ainfi que s enfuit.
AViovrd'hvy le Markgrauc&: l'E/coutet font venus à moy, & m'ont par- y",ea£trJ£
lé fort amiablement,fc prefentans à me faire feruice, fi ie vouloye efcrireà la dcSnut.
Cour ,&c fupplier pour auoir grâce. De laquelle chofeie les ay remerciez, dilant queie
prieroye Dieu pour auoirfa grâce. Peu de temps après vn honnefte hommede la ville
de Bruges des Snoeckaerts, m'eft venu viiitcr, lequel auisis'eft venu prefenter par les
flefehes venimeufes , difant que ie n'eftoye pas en danger de mon corps fi ie vouloye, & Tentation»
qu'ii vouloir bien entreprendre de pouriuyure la caufe fans aucuns miens defpens. le yemn,sucï'
luy refpondi,que ie reccuoye tout bon confeil Se toute bonne offre en bonne part auec
remerciement, Se que volontiers i'cfcriroyeà la Cour, non point pour me deldire, mais
pour prefenter la confefsion de ma foy ,& là de/Tus qu'ils pourroyent faire ce qu'il leur
iemblerost bon. Oyantceciil fe retira foudain.
EST \A N T en la pnfon , lia aufi ejïé fort malade en fon corps , afin quen toute manière il fufl Tentatiorn
amfieffrouué du Seigneur , b comme for au feu. De fa maladie il en parle ainfienvneeptjlre qu'il JJlr^^M"
efcritàjafemme. 'I E délire & langui d'eitrcdcliuré de ce corps mortel, pour elh cpre- 'J^1-'**'
fent auec le Seigneur.Le tem ps me commence à fafchcr: car outre celle elpouuantable Autre pjttie
prifon,ieluis lournellement vifité du Seigneur par pluiieurs&diuerfes maladies. Et ^n Epi*
maintenant vne enflure a faifi mon corps auec fort grade douleur,de forte que tout me
tourne en peine,quoy que icfacc,foit que ie me tienne debout,ou que ie chemine, foit
que ie ioyeafsis ou couché: voire mclines ie ne puis cligner les yeux pour dormir. O s'il
plaifoit au Seigneu r que ie fulTe auprès de vo9, il ne me defaudroit aucune aide,i'en fuis
bié certain. Il n'y a ici perfbnneaupresde moy, qui me vueille fairequelque afsiftâce,ni
donner aucune aide. Et quand iedciire Se demande quelque Chirurgien , ie ne le puis
obtcnir.Cependant combien que la confolation humaine me dcfaille,ienelanTe point
pourtant de me confoler en la grâce Se bonté de Dieu^qui cil touiiours auec moy, 6c ne
m'abandonnera iamais. Si ien'auoye celle côfolation, mon cœur defaudroit : car autre-
ment ie fuis maintenant deuenu fort foib]e&: debile,&: rempli de larmes. dLe Seigneur à sap}>,
m'a ici mis au feu comme àl'cfprcuuc:il faut que ie loye purgé. Ma vie paffeea efté touf- ijpie* 1*7'
ioursen proi'perite,'&finguJicrementquâdic ne cognoilfoye point Diéir.voirciulques ioKy*
aces liens fay eu tout à fouhait. Mais il a pieu à ce bon Dieu de m'cxcrcer&: viliter par J^"*7,'
ces afliid:ions,&: le tout à mon grand bien Se falut.Et pourtant i'efpere après longue ex-
penencc,queicferay vnefoisorfin&refplendiilantdeuantluy.
LO RS qu'il eilottatnfi malade & mal difpos , quelques gens de bien & fidèles luy envoyèrent "Vn
peu de vin , duquelth'fott journellement & par mefûre , pour le foulas &• fortification defoncorps,
'comme auft S.Paul a conjeillé défaire a fon difdple & fils bien-aiméau Segneur. Or comme plufieurs f i.Tim.y.::
Anabaptistes, entre le/quels lors il eftoitpnfonnier, voyoyent quilvfoit de vin, ils le blafmoyent & de- *hi'™ * ^
tracloyent de luy , tapptlans entonneur devin ,yurongnc , homme charnel & mondain, comme ils font AiubaptuU-s
toufiours enclins a mefdifances &* detraclions, & fans cefjè le diffamoyent deshonn omyentà la* fa- i M""-'?
çon des Pharifïcns, comme il s en compLtinten vne de [es epislres.il faloit que le bon homme portafi tous
ces blajmes & detradions outre jes liens & Ja maladie. Nous-nous taifons ici du grand h combat qu'il a '' Bjom-7-«<f»
foujîenu de fa propre chair." auant qu'il tait peu vaincre & Jurmonterparl'Tjfrir. En omy ilafenti vne > KomLj
fi grande débilité & eFpouuantement ,ftr tout att commencement de J on empnfonnement ,quileji im- focJuk." d*
QÇLq- mi.
L/uro VIL (hrijlophe S mit , a aAnuers.
pofitblc de le àirCy de forte que la chair cuflvoïoticrs arche tous moyens pour efihappcr, ncufl cfie que? c
- ttnwu/*' ftntyrtfift01*-» &* que la main de Dieu,' en laquelle il eftoit enclos & enferré en bonne ^arde Je prefer
uott d'vn e façon merueilleufe contre nature, comme il confeffe & recognmfl manifeflement & hardi-
ment en y ne epijlre efcnteà vn fien compagnon & coadiuteur Mimfhe de Lt parole : laquelle nom infc
tons ici pour ce propre regard.
Epiftreenuoyccà vn Miniftrc de la parole de Dieu.
CH e R &: honoré frere,ie ne puis fufuTammcnt déclarer par paroles la ioye& lie/Te
tic mon cœur, laquelle i'ay receue par la confolation de voftrc lettre, & finguliere-
ment de ce qu'elle procède 6c fort de vofti e dileetion 6c amour , laquellccft tort grande
deuant mes ycux,oùaucon traire ie penfoye eft rc mis en oubluie vous. le vous remercie
tref-aftc&ueuiémentde voftrcamiable&: chreftienne admonition, l'clpeic par la grâ-
ce de Dieu, qu'elle eft efenre à vn tclhomme,qui non feulement l'aura en cftimcmais,
qui plus eft , l'imprimera en tous Tes membres 6c intérieurs &C extérieurs, &: mcfmcs cm-
« ployera tout ce qu'il a après, bafin qu'il puiffe élire conforme à l'image du Fils vnique de
«rPier.i.i,. l)1Cu:voirc,cher fi ere,à cela tend tout mon but&:mondelîr/&:eftime que ce mcftvn
h Rom.ï.îo, grand bcncficcde m5 bon Dieu &,Pcre( comme aufsi il eft à la vérité) 'te vn certain tel-
*• ier *-1 moignagedemon élection éternelle, l'cnrcn notamment parler de mes liens, lefquels
au commcncement(ielcpuis bien confclTer)m ontdetellefaçoncontriité, qu'il ne s'en
*ffc.ii8.tj cftgueresfalu que ienaye elle renuerié par terre," voire i'ay efté poufle rudement (com-
me dit Dauidjpour me faire trebufeher : mais le Seigneur m'a fecouru. Car ainfile pro-
/ prr.j7.î4, met-ilen la Parole,difant:fQuâd l'hommciuftc viendra à tomber, ilnciera point brifé:
,&H*','t car le Seigneur le fouftient de ià main. Pourvrayla main mifericordieufe de mon bon
Pcrc m'a fi gracieuiëmcntfbuftenti,que maintenant ie fuis debout(louangeluy en foità
toufiours)prcft appareillé deibuftcnir toutes les forces des ty rans,voire mefme aimac
mieux d'élire dclinembré, que de renôcervn fculmot de fa vérité. I'ay aucunesfois ouy
dire>que les foldars qui on t efté vne fois repouifez, s'ils font derechef mis au combat , ils
font les plus vaillas. l'elperc par la force& vertu de m ô Seigneur, qu'il m'en predra amli
en ce mien combat.Iecroy que le Capitaineauquelie fers ne bataillera point feulcmct
aucc moy & pour moy , ains aufsi que luy-mefmc vaincra 6c (urmôtcia en moy (es enne-
£ pfe.no.». rnisfic les miens, Me forte qu'ils tomberont deflous nos pieds. Car iedi volontiers auec
h P(Lu8.i4, Dauid,''Le Seigneur eft ma force & mon câtiquc,&: m'a efté en deliurance:'le Seigneur
Km1 *' cft pour moy, parquoy ienecraindray choie que l'homme me puiffe faire. Ainfi doncie
K$\'2'g* nie veux repofer fur le nom du Seigneur en pleine confiance :k6c aucc Dauid prenant
pr« «a ix cinq pierres hors du torrct,cn delpouillâr &. reiettât les armes de Saulaie m'en iray corn*
40"^ "/' batre le géant Goliath, ellant certain delà victoire au nom du Seigneur.il ne refte autre
/ Att.u.s chofe,chcr frère, finon que'l'Egiile face prières ardentes pour moy , afin qu'en premier
lieu ie foyc bien toft deliure de ce combat : en après , afin que confiance me (bit donnée
iufquesàla fin, pour confeiTer la laincte vente de Dieu,&: ejueienc défaille point au mi-
wKom.î.p, heu dcsalfauts. I'efpere que le Seigneur qui m'a m appelé 6c fcgrcgépour fourbir ,nc
,.p.cr.i.»i permcttrapointqueicloyefurmonté. Partant ie ne me vanteray point de moy, qui ne
m itr.j.it.ij fuisqu'vn poure pécheur mais ie me vanteray au Seigneur, 6c en fa puiflance&: vertu
. Pfe.ii8.8.>, inuincible,mcttantlà toute ma confiance, eftant bien certain Scaffcurc^quec 'cil cho-
Mtf-Î femcillcurede feconfierau Seigneur, qu'aux Princes ou aux hommes , elquelsil n'y a
t vfc.^.i, point de falut.I'ay aufsi la promelfe de Dieu pommoy/laqucllceft vcntablc,&:nc met
j ^?R.»m. poinr^par laquelle il me dit , que ie fuis (on enfant ; 6c qu'il eft mon Pere/queie fuis he-
*4Ron,tg#1J. ritier aucc Icfus Chrift en la vie éternelle , voire & que iciuis ainfi fauué , comme f ceux
h0 ' 4' ^.U1 ^>lî^"rcric pour iuftice. En ibmme,chcr fi ère, voici en quoy ie me conlble 6c fuis for-
r'it -,n8..7 tific,c'eftqueie regarde diligemment,non point leulemct ce qui m'aduient, mais plut
{£^4*7* toft combien le nom du Seigneur fera magnifie , exalté 6c loué par ma conllanccèV par
ma mort, aufsi cobien ceux qui (ont débiles en la foy feront fortifiez. Et quant à ceux
qui n'ont encores rien entendu de Chnft ,celeur pourra feruir de moyen pour les illu-
miner: voue mclmccefte mal-heurcufe femme (à laquelle le Seigneur pardonne la tra-
hifon^outroit encore bien cftre conuertie auccautres innumerables. Car il eft ainfi
iCoTi"V«4' te^rno'8nc' deChrift/fi le grain de froment tombant en terre ne meurt,il demeure feul:
mais s'il meurr,il apporte beaucoup de fruid. Ce traiftre de Prcftrc lèra encore t n hôce
6c moquerie aux ennemis de Chnft,voircen mort 6c ruine.Car par tels moyens ils pen-
lent
Qhriflophe S mit, a Amers. 6 4.5
fcntbannir &dcchaiTerIdùsChrih\&: çfteindi eôc obicurcir la fainctePaiolc:m.;;s ils le
gaftcnt& ruinent cux-mcfmes. Et par ce moyen contre leur propre vouloir fEgliië de
Chrift croiit &fleurift,&:auconcraire icglifedel Antechrifts'en vabas,commc bien&:
chreftiennement vous m'eferiuez. Ils iedreifent'contre l'Agneau qui eft afsis furie * APoc'i ;
thronc, lequellcurelttroppuiilànt&:fort:bparquov]lsterontdcftruitsparlegIaiucdc b ifa.n 4,
(a bouche. ' Il femblera bien deuanc les yeux des hommes que ie (eray ruiné 6c réduit à ] sj.',\'*
neant,commeii ma fin cftoit mal-heurcu(e&: infâme 6c pleine de miieres: dmais ma vie ^ *s? 5 ,
6c mon ameibnt en la main deDieu,&rcfplendiront honorablement en gloire deuanc
luyen Tacite éternelle: là où aucontraire les mefehans feront infâmes, 82 li pleins de tn-
ftcflc,qu'ils bruvront&cricronc' pour l'affliction de leui cfpric, f&C cei citeront la more, ' g|M-i
6c ne la pourront trouucr. Que ccux-la donc 'craignent a ufquels le feu éternel eft pie- ofe« »C8,
paré,h&: la damn ation>auec ie dragon 6c tous faux Prophètes, 'là où t tt le mal-heur cter- ^PMat9lj.4»
ncl/le grincement dcdents,Ie pleur des yeux,1 le feu qui ne sel teindra iamais , 6c le ver 5^J3J*
qui ne meurt point :laiifons,di-ie, craindre ceux-la. le puis maintenant eftreefprouuc -
ici comme au feu, pourvu peu de ceps, 6c y eftre examiné: mais a ia fin l'en fortiray plus \ E.8,u,
affine, 'comme citant venu de grande tribulacion,&: ay.it iauc ma robbe au lang de l'A- H>
gneau.Parquoy maconfolation neft point petite, ains cil fortgrandeen mon cœur, en Jj;;^4;'
cefte mienne affliction. O lii'auoye maintenatreccu tout ceci ; mais ie fuis encoreten- »» Apo.7.14
dant après en anxiété, il me faudra encore receuoir beaucoup d afflictions dcuantcjue
ie reçoiue ces choies : ncatmoins ie (çay bien que ie ne pins dcfpouiller cefte robbe ter-
reftre lans peine. "O quene fuis- ie dcfpouillc , pour eftre reueftu par defllis : mon cfprit "
gemitd: laguit après ces chofcs. *OScigneur,iaymismaconfîanceentoy,nepcrmets
point q ie foye confus 6c hôteux à toujours. Deliure moy en ta iuftice,&me fauuc.Priez
dcnc,cher frère au Seigneur, pour moy, que ce combat extérieur foit oftéde moy, aufsi
bien que l'intérieur :p Car iefens en moy ma chair répugner tref puiffamment contre {*TJ*6,
monefpiit Hclas,iepuis bien crier auecfainct Paul, 'O moy homme miferablei qui me s 1
deliureradu corps de cefte mort ? Ori'oy&enten cependant, quelagiaccde Dieu'par
leiusChrift meconibie.i'efperc&rn en douteaucunement,qu îcelleelt auec moy,&ne
m'abandonne point. Et dauantage, i ay aufsi reccu ce bien du Seigneur pour ma confo-
Iation, ccft ailauoir,que iefens en moy mefme par rEfpritdeDicu,mon cœur en repos * 1 • ,j
&c en ailburance mille fois plus que lors qucicfcruoyc entieremet au diable , au mondc>
& à mes propres deiîrs en la maudire Papauté. le voy maintenant 'quel chemin Jabc- 1
jieux 6c tortu fay cheminé >& combien feftoye loin demoiualuc , 'eftranger de Chrift ' ir >
6c de la bourgeoise d'Ifrael, voire mefme citant lans Dieu au mode. Poure homme que
i'eftoyc,demc fie r 6c repofer cnferuantaudiable&à ce monde mauuais! Maintenant
ic fuis appelé en la voye du Seigneur par la graeed iceluy . 6 combien ce m'eft vue chofe
douce de cheminer en icelle ! côbicn eft grand le repos que ie fens en mon cœur ! com-
bien maintenant ie fuis affeuré & acertené de mon faluti" certes PEfpritdcDieu rend ^5";"'"
tefmoignage à mon efpnt , que ie fuis enfant de Dieu ; * 6c à caufe que ie fuis en Chrift, * Ronu.i
rien ne me peut condamner. Voire quand mefme ma confcience me condamne-
roit, Dieu elt \ ar de/Tus, lequel me donne grâce. A bon droit donc dit IcfusChrift Mon ? Mawi.j >
ioiigcftaiié,&:mon fardeau eft léger. 1 Y a-il donc quelque choie qui nous puifle fepa- ^Kc,i; S 55
t : de ladilettion de Dieu? ô fi ceci eftoit bien confideré détoures gens, comment ils
courroyent après IefusChrifti 'cornent ils an royent faim&rlbif deiufticeiquclchan- « m
gcmcntirs en receuroyenticommet tomberoit le règne de Satan en ruine 1 fc voire corn- t Mat.u.tt,
ment n ous courrions aux nopcesSc" au (oupperde Chrift fans aucune exeufe ! alors cer- Ul'4 '8
tes ce feroit choie plaifantc& bonne d eitrcMiniftre de Chrift -.alors la voix des Mini-
ftres feroit bienouye. O quel îoyeuxtrauail 6c labeur ce fcroitde voir lepeuplccourir
dcioy-mefme à Chrift ! Mais quoy:- helas, il faut que cela fe face tout nuec fueur&fang.
Cherfrerc,foyez vaillant 6r conftanr }6c admnoncftczles autres Miniftres vos COmpa- Admonition
gnons, qu'ils ne perdet point courage en ces difficultez, voire meime quand il leur fem- Ji.****"
blcra que leurs labeurs 6c trauaux feront vains 6c ians profît:&: qu'ils ne fc defeouragent
point aufsi pour mes liens. 'Car vous neferuez point aux hommes, ains à Dieu en lefus ' GA-'-">
Chrift. Marchez conftammenr&: vertneufemet. que rien ne vous cmpefchc:apreichez, <t 1 Tim.4.»
endoctrinez, adm6neftez,côfolez,reprenez:n'avez point d'efgard àlapparécc desper-
fonnes,(bitriche oupourc,foitieuneouvieil,foithomme ou femme. cQuevoftrevoix » Ê«eh.;jî
s'eileuc comme la trompettc.Si on n'eicoute point voftie voix(comme,hclas,il aduient
Luirez VIL Cbrifiophc Smit3à Antms.
. e» à plulîeurs}» fçachezquc vousauczgangne voftrcamc,b&; voftrc loyer eft incôprehen-
i.i'ier.j.4 ' iible. Seulement regardez à qui vous eftcsferuitcur. Ic vous atimoneftc en mcslicns(il
me dcfplaiftfbuuâ de ma négligence &: parelle)ccquciefay,ahn qu'ainfi iemainticn-
c Rom.i.)i ne mon miniftere enuers vous, comme vn fidèle Miniftrcdc Icllis Chrift/Si Dieu eft a
d Mat.io.t8, uec vous, qui eft celuy qui vous nuira*dnc craignez doc point, ne rcfpe&cz point les per-
fonnes: craignez feulement le Seigneur noftrc Dieu , duquel vous elles miniftrc& am-
r^phii.». 15, baflàdcur.'Étfoyez la lumière pour cfclairer au lieu obfcur& ténébreux. Mon bon frè-
re, ie vous prie de prendre ces admonitions en bonne part:car la charité «x'dileclion que
ie vous porte, m'y contraint. Et combien quecefte epiftrefoit mal accouftree & polie.
fefcrineantmoinscequ'ilplaiftàrEfpritdu Seigneur de in inspirer & donner, le me re-
commande .1 vos faincîcs prières & oraifons.Qu.anc ell de mov,ic ne fçav rien de lpecial
pour vous efcrire.Ie fou m ers &: abandône le tout au Scigncur,&: en la mort,&: en la v it:
/ Rom.14 3 'iefuis à luy , qu'il tace de moy ion bon plailïr. S'il vous plaift de me faire quelque fenn-
ec, ie vous prie de le faire a mabien-aimec femme, Scie le reputeray eftre fnir à ma pro-
pre perionnc.Iela vous recommande Se donne du tout en charge. Qui fera l'cndroit,où
iemerecommaderay à toute la compagnie tic mes frères Se taurs. Cherfrere,cferïitez-
moyencorevncfois,s'ilne vous ellpoint rrop difficile,&: vous poi re/ entiers moyfetofl
voftrc foin paternel , lequel m'eft allez cogneu. La grâce du Seigneur foit auçcvous.
Amen, En hafte ccxvi 11. de Septembre, m. d. l xim.
r'n ktt 0 M A1 £ ^mc k tcmP amtt efiéfirtprfJongCi & U f entente de Chrifiophe donnée i\t la Cour
» • ... r i\Km - ^ du A'o) , laquelle contenoit qu'il deuoit ejhre bruslétouti'ij , // efcriuit vn v lettre pour toutes tprcna » t
con ?e & à: fein t ^idteu à fa femme , laquelle esioif grandement tonti iflee &dif liée , comme le conter» u
d'itelle^motà mot itieftriteje demonflre.
Fpirtrcpji A pRts toutes falittatiôs£aircs,matrc£aimeefcmmc au Seigneur, ie vous iayfça-
p'Tn.i'. on-c Jr\ noir par cette mienne 5c dernière lettre , que ie fuis maintenant bien difpos & en
iaf«nn»«- \ .. ,n ,,, ;iiKv (c|(: ]ecorps,Dieu en foit loue 6c magnifie à toufiours.Le Seigneur me donc
aulsi outre cela, iHon fa grâce indicible, vne grande alaigrejTc& hardieile,deforte que
, p, .< i je porreen * patience tout ce qu'il plaift à fa main pui/lantem'impofer , conformant ma
volonté à la lienne:car cela eft le meilleur & le plus feur,d'autat que par ce moyen tou-
tes les fouffrances, quelques pcfamcs&: difficiles qu'elles foyenr, dcuiennent légères Se
h MattK«.i ailées. Nousdeuons prierennosoraifons,hPerc,tavoJonre'iokfaitcenla terre comme
i au ciel , 5c due auec Chrift en nos dangers Se périls , ' Perc , s'il rc plaiit, traniporte ccflc
tRomJ.i> coupe de moy:iinon,ta volonté 6c non la mienne foit accomplie. kTout ce qu'il plaid à
Dieu ne peut tourner linon au bien &falut de les elle us, encore que ce loit choie du-
re à la chair. Or puis que nous entendons ceci, 8>c le tenons pour choie certaine, foyons
cnfemblc confolczen noslbuffranccs,ma bien-aimee.U eft vray quelc département Se
la feparation nous eft fort pcfante& difficilc-.mais attédu qu'il a pieu ainli au Seigneur,
t Rom.9.19, 'qu'eft-ce que nous dirons à l'cncontrc? voulons-nous murmurer contre Dieu? dirons-
«'iLbi.H nous qu'il fait malrmais pluftoildifons auccIob:,nDicu l'a donc, Dieu l'a oftc:ainli com-
me il a pieu au Seigncur,ainii eft ilfaitdc nom du Seigneur loit loue éternellement. Le
Seigneur nous a feparez: mais c'eft pour magnifier fcnlainct nom. le le loue donc te re-
mercie de mon coftc,eftant preft de lefuyurepar tout où il luy plaira me côduire, voire
- [ean 4 -U mefme en la morr,eftant bien certain " que ie paife delà mort à la vie. Et quant à vous,ô
ma bien-aimcc,ievous prie de faire ainmlouez&rcmercicztouiiours le Seigneur. Ec
croyez fermement^ en aflêurace, que combien queie vous lailie feule &: poure vefuc,
, Mdt.î8.îo vous ne ferez pourtant delaiflec du Seigneur, "lequel eft touiïours auec vous. Ma mort
t icanj.:4 n'eft pas vnc mort/ains vne porte Se entrée à la vie. Eftredccapité,noyé,oubrufle,ne
r. i.pi«r.4.ij me porte point dedommage/veu que ie ne fouffre point corne mal-raicreur, ainscom-
Rom.8.ï« me Clireiticn: ce qui ell pour vray fort honorable échoie bien-h eu reufe: 'laquelle ne
vous tournera qu'en bien : voirc,en ce que voftrefoy peur maintenant eftre de plus en
plus fortifiée par mes liens, Se ci a près l'eellee par mon fang. Ievous prie donc, ma fem-
/■Ifani4.i8 me bien aimcc,confolez-vous,confolcz-vous,di-ie au Seigneur: fil ne vousabâdonnera
point.il demeure auec vous,&: y veut demeurer iulques à la fin. Nelbycz point en fouci
* fpicr.y.7, &c en crainte r'rciettez toutvoftre foin au Seigneur: il vous gardera bien , Se vous ac-
,,s croiftra Bc aduacera en tout ce qui vous fera ncceiTaire,tant à lame qu'au corps. le vous
recommande entièrement & pour tout au Dieu Se Seigneur tout-puiflant: vous priant
pour
Chrifiophe S mit >ÀA nue' 6 ^6
pour la nn,que vous n'abandonnit z point le Seigneur ni fa iâincïc Eglife ,nepou: > ic
ne pour ia moi z. Si on vous veut enieigner autre cholCin'en ci oyez rien. Ceci eil mon
tciiamcnt & dernière volonté . le vous di Adicu,{iienc vous pouuoye plus efcrire: car
côme i enten, on doit prononcer ma lentence de mort corporelle la iépmainc prochai
j-ie.Or priez pour moy,adieu,adieu:lc Seigneur vous vucillerortificr,&: moy femblable-
ment. Mes larmes ne peuuentiburrrir que fefenue dauantage. Adieu auisi, ma cherc
coufîne: &: cepëdant que vous eftes encores ieunc,apprenez a craindre Dieu: &: dites a- Tdbtw1*
dieu en mon nom à voftrc perc,à voftremere,&:enlembleà vos frères. Ce x x vm. Thr-i :"
de Septembre , m . d . l x i i i i .
Il eferit i Jeu frçrc & J fi feeur, prenant
congé
£ mefmctwtril tfanùtaufk vneepiibeafon frère & à fa j~ocuryprenant congé d eux, laquelle aufsi
Ç^i^ n0l;s nc ycH'LOns pu oublier ttinjererid.
ME S trefchers,frerc&: feeur, ievoftre frerèprifonnier pour le teimoignage delà
faiiiéte vérité 5ay( louange à Dieu) bon couragcatccndantcoufioursFheure^en * m • 1
laucllc les ennemis de la croix de Chrift m'engloutiront pour m'aneantir. Mon corps fM*.i«.,*
eften leur piiiiTancc,par la volonté du Seigneur: ncantm oins il s nepeuucnttuer l'ame.
O file combat eitoit venu iniques à la vidoire, & queicfufléarriuc auec ma nauireati
port! mais le Seigneur qui ctt mon cfpcrance& mon gouucrnal,me rend rade tout bien
alfeuré.I! me faut maintenant départir de vous,& vous dire Adieu: laquelle chofe com-
bien qu elle foit dure &: difficile à la chair,cft neantmoins tout ce que l'efprit délire. Car
c'eft choie beaucoup meilleure délire auec Chrift, q deviure en ccite vallée de pleurs
ê£demiferes.Ordôc Adieu,chcrfrere:aprenezgardea voftrc vocation à laquelle Dieu 4 l,Cot^3*
vous a appelé. 'Soyez chefdc voftre remmc,& la rcondui(cz en toute iagefle & pruden- 'c^ph^
cc,h fupportant comme vn vaill'cau plus fragile:' l'aimant, corne Chrift aime l'on Egli- / • wer i.y
fc. Sovez luy pour exemple , en paro!e,en admonition,& en œuure. le prenaufsi congé \
devous,ma bicn-aimeelœur.mon cccur& ma cotisation. Faites rouiîours ce que Dieu
vous commande félon voltre pouuoir.hSoyez fubiette à voftre mari, Cvimmel Êglifeen: JJ^J***
fubictte à Chrift : portez-luy honneur & crainre, & viuez enfemble en la paix de Dieu,
le vous di adieu à tous deux au Seigncur,&: ayez mémoire de moy en vos pneres &:orai-
fons trci-ardcnres,aulsi long temps queie viuray. I'cfperc bien roft paruenirenla vice-
tcrnelleaupresdc ma feeur bien aimée. Et pour la tin, portez-vous biéeniernbie.Ie'vo9
recommande à Dieu & à la parole de lagrace. Cher frcre> ie vous recommâde mafem-
me:lovez-luy cnaide,pour ladefcndre&coniolcren fadeiblation.Snyuantceci,ic vous
diadieUi&pren moncongé.Engrand'haftece x x v i n,de Septembre, m. d.l x i i i i.
L'Epiftre qu'il enuoye àfon compagnon Minirtre,prcnant congé de luy.
x{ ' ■ E hurftyuant il ejcrmit encore vne epiflre , & ï enuoya à fon compagnon Aïiniftrc de la parole
. -; >\,v ' . de Dicuyprenant congé àc ky Jaquette efttellc.
C^H e r & bien-aimé frcrc,&: mon coadiuteur en l'œuure du Seigneur, vous auez
^receu de moy vne lettre, en laquelle ie pren congé de vous; ie vous en enuoyede-
c vne autre , qui eft beaucoup pluscei taineque la première, le m'en vay mainte-
nant,eftanc appelé au Rovaumede mon Dieu &: Seigneur. kCar la befte hflmblcqui ne * ^v n-n
ce : c de limer la guerre à Ch; ift 3c à fes membres,cxcrcera en bref route fa tyt aniecon •
çre moy. 'Sa gueule bien grandecft maintenant ouucrte,mdelaquclleeommed,vn fe- j^J^*^
puk Jire,il ne lbrt qu'vne puanteur mortelle, " Ôc beaucoup de blalphemcs côtre Chrift • s
&c fon Eglife. Tout ion but n'eft qdedeftruirc&: du tout abolir la parole de Dieu : mais
elle mefmefera finalement du toutdeftruitt & abolie: "elle fera ictteeau puits ardat de • A^.ij.t»
feu & d'ire auec fon faux- prophète. Il me faut maintenant (ouftenir vn combat pour
la hn>lequcl m'eft impolé du Seigneur fur le col. pMais ecluy auquel i'aycrcu,&: auquel t «.Tfawj»
ie me confie,eft puilfant de mefortirier.ee qu'aufsi il fera fans doute:de forte que par la
mort ie (éray receu à la vie e ternclle,de laquelle choie ie fuis pleinement afleuté bi cer-
tain parl'Elpntdc Dieu. 'Le demoh/fement de mô tabernacle eft trel-picchain. II me i j^'f'''**
faut eftre baptifé d'vn Bapte- nie: mais ô con.ment ieiuis prelfe iufqucs à ccqu'ii ibit ac- \^ >o^'
compli i f Or cela eft chair,ôc iang,&: foibleiïe iiumainc:'quantàrefprit,iedciîrc délire {1^ir.,6:,7
ccnioind auec Chrift.Parquoy aufsi long temps que ie vis,&: que ie fuis au combat, nc
Lmrcu VIL Chrifiopbe Srmt,k Amers.
* R«m.ij ja ceiTez vous & l'Eglifc de* prier ie Seigneur pour moy. Ils me traitteronc fort cruellcmêt
!a fepmaine prochaine:ils me menerôt au parquer, &: feront cela le matin de bône heu-
* prou.if.1 re>pour la crainte du peu pic : *car vne mauuaiic confeience craint toujours, &c eft toui-
«noi.}i.« ioui ;cii t;eine,'encorc qu'il n'y ait rien à craindre. Mais afin queic retourne derechef a
mon propos, la fin eft prochaine , &: la porte du ciel eft ouuerte pour tous ceux qui (ont
îlxSïJZ rachetez &c deliurez 4 par le fàng de Chrift. le m'en vay là,ecar elle eft aufsi ouuerte pour
,.pur *.& m0y,attendu que celuy quil'a promis eft fidèle, ÔC ne trôpe ou déçoit perfonne de ceux
qui fe confient en luy. Par ainli,mon frère fidèle & loyal au miniftere,de tout mon cœur
ij£ î.'îj »e vous :commâde' l'Eglifede Chrift. Ayez loin del'efpoulcdc Chnft, à laquelle vous
>.Cf.r.i.4, prefenterez en mônom vn Adieu amiable:quefi elle eft l'clpoufe de Chnft, qu'elle en-
iuyue Chrift Ion efpoux, l'aimât comme elle doit:* qu'elle coure après l'odeur de les on-
êfcanto.47 guents précieux. Si elle le recognoift pourfon1' Palteur vnique, qu'elle te donne bien
garde d'elcouter la voix des eftrangcrs. Si elle le recognoift pour l'on frère, qu'elle inuo-
; R »m.«.i7 queic Pcre vnique.'Si elle le recognoïft pourfon cohcritie^qu'clleaipire entièrement
j. EfheTi.) aux biens celeftes,kdefquels elle eft faite héritière par luy:finalement,iî elle eft la 1 vigne
uwSj£ du Seigneur,"1 qu'elle ne produite point des lambrufces:ains qu'elle produifede tels
fruicts,que par iccux elle foie recognue eftre la vigne du Seigneur. Par telles & (cm! bi-
bles admonitions, vous me recommanderez à l'Eglife, 5c en mon nom vous prenuiez
congé d'elle Portez- vous aufsi,cher frere,vertueufement au Seigneur,^: lovez vaillant.
Admonncftez vos compagnons au minifterc, que par ces grands trauanx & labeurs, &:
par mes liens tant difficiles ils ne perdét point courage. Vous ne feruez point aux hom-
* 'î'1,7 mes,mais à Dicu/auqucl il vous faudra vne fois rendre conte. 0 Paillez &: nourrirez les
i.Pier.,.î, ' brebis de Chrift , qui vous font recommandées du Scigneur,comme vn fidèle Part cur.
Furiw\ 1 Marchez conftamment&: hardiment , & ne foyez efpouuancé de rien: r prefchcz,entèi-
5 ierra.i8.i9 gnez,admonneftez,côfolez,corrigcz en heure &c hors heure:'1 &c n'ayez cfgard aux horii-
r ioei 1 mes,grands ne petits. Que voftre bouche fonne comme la trompette.En ce faifanc vo9
planez à Dieu éc au Seigneur Icfus Chrift. Derechef bien vous loir,auec voftre femme,
& à vos compagnons au miniftcre,&: à tous les frères &lœurs au Seigneur, Cexxv i,
de Septembre, m.d.lxiiii.
Derechef il prend congé Je fon compagnon Miniftre.
.V peu detcmpsauf>4rauitnt,ceiïtafptuoirle Dimtche, X X 1 1 1 I,du me 'fme moityilt firiuit en-
core -vne eptjhe aumefme Alimjhe^pource qutlauoit entendu quiljcroitjacrificen la mejme fep-
mâme. Laquelle epijheyajîn que perfonne ne s en pieigne^nous anons ia mife.
r e s toutes falutatiôsChreftiennes,ie vous fay fçauoir, mon cher frère &: com-
pagnon auSeigneur,qu en cefte prefente fepmaine(eommeiay entendu )ie feray
mené au vierichaer ou parquet, pour là receuoir lur moy fentêce de mort &c clecôdem-
/Mat.tc.i? nation. 'LeScigneur Dieu me donne langue &: bouche pour parler alors, qu'il gouuer-
* Rom.15.ta nccVconduifemesleuresà fonhonneur,ôdà l'exaltation de fon fain&nom. 'Priczar-
demment fans ce/fe le Seigneur pour moy aucctouterEglife, afin que le Seigneur me
»a.T.m.4.6, fortifiepar Ion Ei'prit.megouuernanten tout à l'a gloire.Amen/Mon temps eft ici fore
j. tcr.«.H court fur la tcrrc,&: le iour&: l'heure de madeliurance eft prochaine: alors ic ne feray
pas feulement deliuré de cefte pnlon trifte&; miferablede ces liens, mais aufsi hors de
* Ro(n.7.»4 la captiuité de cefte vie , * Se de cefte chair mortelle, & en leray affranchi. En bref pren-
dront fin tous mes maux,ma triftelfe&:fafchcrie,croix&: loufîVances. Le terme eftor-
,m*m<.m, donné &eftabli. le meurs volontiers & alaigremcnc: ne ne pers point à regret ma vie,
Luc"*»"! pour le nom de Icfus Chnft , afin que par la mifencorde fen reçoiue vne éternelle SC
i«n inimortclle.lefuispreft&;appareille*d'abandôner&:expofer tous mes membres, pour
* w.8 » ja vérité &: îuftice pour l'honneur de mon bon Dieu & Peremifcncordieux, 'lequel
* oftci).i4, iufquesà prefent m'a fait tant de grâces & bénéfices en (oncherEils Icfus Chrift. * La
«.Cor.15.5j mort nc mc pCut p0int: porter dommage ni empefehernent :ainsaucôtraire,elle m'ap-
portera beaucoup de biens &de profits. car en mourant ie viuray : en perdant ie gâgne-
t phii.i.M ray: en détaillant ie reccuray^Chrift eft ma vic,& mourir m'eft gain. Iccriedôc auecle
d phdMx hin& perfonnage Iob,'Mon ame s'ennuye ici de viurc:& auecfaincl Paul/ le dcfîred'e-
ftre defpouillé pour eftre auec Chrift. O fi i'eftoye deliuré de cefte chair,& que ie peufle
entrer au Royaume de Dicu,pourvoirh\lafacedemon Perecciefte,&: de mon efpoux
Icfus
A
Chrijlophe S mit , a A nuers. 6 47
Icfus ChriuV&enauoirlaiouy/Tanceiufques à cneftreraiîaiîé! Mon cœur b languit &c * Pfeau.i7.(j
défaut/ mon efp rit fou (pire après la deliurance de mon corps. O Seigneur mon Dieu, \ ïômi*)
quand fera ce que ieviendray en ton royau me &: gloire? 4&c quand contempleray-ie ta d pfeau.4j.*
face glorieufe, ap res laquelle ie gemi &: foufpire d'heure en heure, comme la colombe,
voire mcfmc à chafqueclein d'œil ic ne celle de languir&foufpircr après ?ô mon bon
Dieu, quand fera-ceî mais quad fera-ce? quad fcra-ce,d i-ie, que ie feray ralfafié de ton a-
mour?'ce fera lors que ie verray ta faceglorieule.Y a-il quelque enfant qui n'aime point * M"»-«7-«
(on Pcre,& qui n'aille volôtiers par deuers luy,pour en eftre près? où eft aufsi l'cfpoufe&:
laremmejaquelle n'aiile volôtiers à fon cfpoux &c mari, pour le voir &c regarder, & fina-
lemét pour eftre côioin&e à luy? îe n av pas encore veu mô bon Pcre &c moucher cfpoux
en leur nature &: eflenec diuinc, corne ils font:' mais ic les ay (culemct veus corne en vn f lXf^
miroir en obfcurité. Ien'av pas encore elle conioin&auec eux face à race, ainsfeulemét ,}'
par côionclion de i'cfprir. 'Nous cheminons ici corne par foy,&: non pas par veuè, com- &
me S.Paul tcimoigne.Cepédant,mon bon Pcre&môefpoux bicn-aimé,ic te prie mets
bien toll fin à mes afflictions, à ce queie foye bien coft au ce toy,&: que ie love plcincmct
&: parfai&eiAcnt conioinft & vni aucc roy , pour pofl'edcr le lalut éternel. Amen. Mon
cher frere, ie vous parle&: efcriamiablcmcnt,efpandant mon cœur parmi vous, &L le
defcouurantenticrcmcnt. Vous eftcsceluy que iecognoy,ocen quiie mefie&me re-
pofchardiment:vone,mon bon frère, vous eftes la moitié démon cocur&de monamc.
hMon ame eft conioin&eauec la voftre,coramf[amc de Ionathan eftoitcôioin&eauec h «-Sam-rt-i
celle de Dauid.ll m'eft bien dur félon la chair(ô mes cntraillcs)dc départir & eftre fepa-
rede vous:mais ie vouspers volontiers,^: quitte alaigrement voftrc compagnie,1 voire * Ph«i>p-î*
ie renonce volontiers &: abandonne entièrement toutes créatures pourgangnerChnft,
&C eftrecôioinctà luy ererncllemét. le pren donc congé de vous, mon cher frère, &: vous
di Adieu. Adieu mon bon côpagnon au miniftere:foyez vaillant &: fort au Seigneur,1 &c ^ 5^J
ne vous efpouuantez point pour les homes, lefquelsdoyucnt fecher & périr cômel'hcr- 6.&4'i4>&
be.Quc mes liens & ma mort ne vous efpouuantent ou afFoibliftent point en 1 voftre of- /5Aa.io.«»
fîcc&: miniftere , qui vous eft enioinct du Seigneur: mais foyez d'autant plus feruant en
l'œuure d'iceluy , &c ayez foin du falut des âmes , « veillant lbjgncufemct furie troupeau "p^"*',0'
de Chrift,lcqucl vous eft recommandé,afin qu'il ne foit point deuoré des loups." Iettez ■ 1 p,er Vf
tout voftre fouci au Seigneur,Iequel ne vous abandonnera point, ains vous deliurera de
toutecrainte.°Confïez-vousenluy,&:il vousgardera comme la pruncllcde Ion œil. Et •
quand mefme aufsi vous tôbericz pour fon Nom en prifon & liens, Se autres femblables
afmdions(commeon cerchede près voftre vie)le Seigneur ne vousabandôneraiamais,
fi vous-vous confiez fermement en luy. Prenez exemple en ma perfonne, & foyez'mon JcJJ^}^
imitateur,com m c ie le fuis de Chrift. 4 C'eft vne choie honorable de ibuffi ir pour lefus
Chrift,&:pour iceluy abandonner ià vie. ' Bien-heui e ux font ceux qui fouff. et perfecu- V'J^™9*
tion pour iuftict:car le royaume des cieux eft à eux,3jvn grand loyei leur eft préparé au r Matthî'°
ciel. LaùTcz les perfecuteurs & les tyrans (ànglans,cmprilonner,garroter,gchenner,de-
capirer,noycr,brufler,tuer&: meurtrir, rils n'ont cependant aucune puiifancefur lame: /Matth.io.si
car ils ne peuucnt tuer que les corps,' lcfqucls amour dernier reflufeiterôt glorieux par tuCotjjffî*
la force &: vertu de Dieu, la où maintenâc ils font afluiettis à foiblcjrc,&: remplis de mi- » '4Î' 1
feres.Or ie vous recommande à Dieu &z à la parole de la gi ace.Ie vous recommande ma
poure femme defolee, vous priant affe&ueufement de la prendre &:receùoir en voftre
foin Se garde. Vous luy direz Adieu en mon Nom,veu que ie nele puis fairemaintenât.
Les larmes découlent abondammcntdemesyeux, quand l'en aylbuuenance. vMais, v
ô Seigneur, 6 Pcre cclcftc, ie ne veux pas ma volonté, mais feulement que la tienne foit
accoplie . Bien vpus foit,&: priez le Seigneur pour moy. S'il m'eft pofsible, f eferiray quel-
que epiftre à l'Eglife pour prendre congé d'elle:que fi ie ne le puis faire,ie vous prie afFe-
éhieufement de luy dire Adieu, &c predre congé d'elle en mon nom. Derechef ie me re-
cômandcà vos fa in êtes prières &c de toute l'Eglife, afin que le Seigneur me donne con-
ftance&: hardiciïe. Iay maintenant le combat : mais i'efpere bien roft , par lagrace de
Dieu , obtenir la victoire. 1 le feray rcucftu& otné de robberefplendillante&: de vefte- * Apoc<M»
ment glorieux/ Se reccuray la palme en la main,* &c lors le repos me fera donné. Amen. » 4A Efd i+*
r i n. j c l z.APoc<.u,
En halte ce x x nu., de septembre, m.d.lxiiii. &h-«4
^jP^ V R la fùfàtte t}>/ftre m ùtqttelle il prend congé, fon compagnon au minijlo-e luy manda pourre-
h^^É JPonfe c€ qncjènfiit.
Rllr.i.
I
« Mat.É.tC
» Ifa 14 »7
Rom. 9 19
phil.?.M
4 EMr.1S.10
Rom. a.
t ( or. 4.9
Hd>. «
L iurc~> VIL Qmjlophe S m it , à Armer s.
' A y auiourd'huy receu repiltic,en laquelle vous prenez conge : clic m a fait courir
'z découler les larmes desycux. 6c encore ie ne cette de la lire & relire aucc mes yeux
hrmoyans ,& en abondance de pleurs,dc force que de grande criftefle, cnnuy& amer-
tume de cœur ( dequoy ie fuis pleinement iaili ) îe ne fçay& luis du tout incertain que
c'cll que ie vous pourray cfcrire&: enuoyer pour refpôlc.Ô mon frère bien-aimé,ô mon
tretcher compagnon en l'œuuredu Seigneur, ô mes entrailles, monamc&mon cœur
auSeigneur,faut-iI maincenâcque nous nous départions àinfiîcft-ce-ci le dernier adieu
6c congé'? • Il faut que la volonté de Dieu l'oit faite en ceci ,bà laquelle perfonnenepeue
6c ne doit refiller, encre les mains duquel nous vous lailibns 6c recommandons entierc-
menc.'Nous voulons laifler faire au Seigneur l'on ceunre en vous félon ion bon plaifir:
i îûic }j.J, d il cft le Seigneur, il fait ce qu'il luy plaiil,&: ce qui cil bon &plaifant deuanc fesycux.
1. «n.j.i 50yCZ donc en ceci conlolé 6c en repos ,& ayez courage, cher frère, vous abandonnant
Rcm.14.8 vous-mefmes au Scigneur,&càla vie 6c a la mortfclon Ion bon plaifir,' içachâc bien que
f pic . 14. .5. foit que nous viuions,ou que nousmourions.nouslbmmcsau Seigneur, r& que la mort
i Apoc.4.15 des fainclsellcherc& precieufe deuanc les yeux de Dieu.» Bienheureux l'ont les morts
qui m eu r et au Seigneur,ilsfercpofcnc de leurs labeurs. Si le Seigneur vousaordônc&:
préparé pour élire vn facrifice faind&de bône odeur deuac là face, pour magnifier ion
b ieaiuo .4 Nom parce moyen, foyez préparé & obeidâne, h marchez & fuyuez volontiers comme
i pfc.44.13> vn agneau innocent delà bergeriede Chrilt, ordonné & prépare au lacrifice & a l'oc-
ci(ion.kIl faut que nous mourions tous vne foisA nous tant cous venir à la mort foit toit
ou tard. 'Nous ne nous dcuons pas contriftcr& ennuyer à la façon des Gentils pour la
1 uihl+n mort;commefi après icclleil n'yauoicpoincderefurretciondelachair. Soyez doc vail-
lant 6c confiant au Seigneur, comme iutqucsà prêtent, par la grâce de Dieu vous auez
m î.Tim.4. efté.m Bataillez vne bonne bataille, afin que vous puilsiez bien toit reccuoir la couron-
i'3$?i ne de gloire," 6c élire vcllu derobbes blanches, 6c orné de veftemens rcfplendilfans, 6c
t^Mu'-7' ouyrlavoixdu Seigneur qui dira: "Bien, bon kruiceur,cu as elle fidèle en peu de choie,
r -:.cor 10. je temettray 6c confticueray lu r plus graderentreen laioyede ton Seigneur/ Voftreba-
J'Scor.'t? taille cfl fpiricuclle, aufsi ell la vicloire. , Le combat cft brief,& palTera bien toft: mais la
, coioir? 1 vi&oircelfc éternelle &: immortelle.'Leuez vos veux &:voitrecceuraucicl,où Chrift no-
f Mjt.tf.ïo, ftrechefeftafsisàladextredcDieufon Pere. î Noltrechrcfbr&nollre bourgeoifieeft
ph .p. au cieljdoù nous accendons le Sauueur 6c Seigneur Iefus Chrift.Il fauc que nous oubliôs
, pfc.4r.11, icicouccequi cil cerreftre, charnel, mondain 6c caduque. 'Il fmt que nous oublions la
Mitth^»^ maifon de nos pères 6c mères, nos propres familles, femmes, en fans, parens 6c amis. En
tue h 16 lbmme,il fauc que nous oublions couc en gênerai iàns en rien exceprcr.Car l hôneur de
Pieu 6c de fa fainde parole nous doic élire beaucoup plus cher que noilre propre vic,&:
que nos pères Se mères , femmes, enfans, parens 6c amis, ou quclqucautre créature. Le
ciel vaut bie mieux que la cerre, &: la vie eccrnellc plus que celle poure 6c mifcrable vie
caduque.Laparencé&conlànguinicé fpiricuclle de Dieu,c'ellafîàuoirlafainclcEgufe
v Matth.ic. deChrill,vauc bien mieux quela charnelle &natureile.'Chiiconque nehayt fon pere&c
i?, Luc 14. fa ni cre, femme & enfans, frères &fceurs,voirc au fsi fa propre vie, ilnepeutcllrcdiici-
ple dcChrift.Qui aime fon pere ou la mcre,fon fils ou fa fille plus que moy,dit Chrift,&:
* Mat.8.jr, qui ne porte là croix 6c m'enluit^il n'elt pas digne de mov. "Qiiîcôque aura gardé fa vie,
tnt il la perdra:& quicôquc l'aura perdue pour l'amour de moy,il la trouuera/ Nous n'auôs
»î point ici de cité permanente, ains nous en cerclions 6c en attendons vne autre qui ell à
\ 1.1JI.16, venir laquelle fera perdurablc. z Melprifez donc& abandonnczle monde auec roue ce
qui eit en iceluy,pour le Nom du Sejgneur,&: faites cela d'vn cœur alaigre&voloncaire,
« m. .19 !9 enluyuancChnit,1 afin que vous en reccuiez cent fois autant,& l'héritage de la vie éter-
nelle,corne le Seigneur Dieu IefusChrift la promis auec iuremét à ceux qui f enfuyuce,
t Tim.i. ay ans cou c abandonne. kOr il eft fidèle &: véritable en fes promclfes. Côficz- vous donc
i], i.iean ..? cn jUy ^ cr0yez fermemenc à fes promefl'es, 6c làns douce vous receurez& obeiendrez.
Arreibcz-vouscncicrcment à fa parole, & vous rcpofczfurfa volonté toutes chofes
prolpercront heureufement,&: tourneront à la gloire dcDieu 6c au ialut de vollt c ame,
quand bien melme il vousfaudroit mourir mille fois pour la parole du Seigneur : car le
*Mat.î8.c Seigneur ne laiifera point cn neccfsiré,& n'abandonnera iamais au côbatlonferuitcur
ï ri ' uî . fidcle,Miniftre 6c annôciateur de la Paiole,ains lcfortifiera par fon Efpritc iufqu à la fin
: â.ï.V ' 6c dernier foulpirdciavic."RcgardezenhautauciclaueclelàinclPropheteDauid,$u
J«Afl r' ' ' auec le vaillant' Martyr fainct Eilicnne:car de là vous viendra le fccours,& là aufsi vous
verrez
Qmjlophe S mit 3 à AnueYs. 64. S
verrez,par les yeux de la foy , Iefus debout à la dextre de ion Père , pour vous y receuoir
en Ton royaume &c gloire, afin que là vous foyez îouy/Tant auectous lcsfain&sdu falut
te de la béatitude éternelle. Amen. le vous eferiroye d'auantage,mon Frère, mais ie ne
le puis faire pour la triftefTe &c amertume de laquelle,helas , ie fuis faifi &: empefehé. le
fais homme, & tout cequi eft naturclàl'homme iene l'eftimepas feparé demoy. le
vous confolc, ou pour le moins ie m'employc& efforce dece faire, &fay mon mieux:
neantmoinsi'ay plus de befoin d eftreconfolémoy-mefmc. le vous remercie fort affe-
dueufement de ce que vous- vous efuertuez de meconfolcr , me fortifiant parla parole
de Dieu, prenant finalement congé, & me difant Adieu pour le dernier mot, fi cen 'eft
que le Seigneur Dieuordonaft que lque autre moyen fclon fon bon plaifir: neanemoins
fa volonté foit faite. Ievoy&: regarde par vos lettres voftre cœur viril &; magnanime au
Seigneur,citant preft &: appareille tant à la mort qua la vie.Cccouragc confiant &c ver-
tueux fortifie &c côfole mon trifteefpiit&mon cœur defolc&: plein damertume. Mar-
chezauant en cefte forte, ô vaillant champion de Chrift , afin qu'ayant fui monté, vous
puifsiez triompher &c régner aucc Iefus Chrift noftre Seigneur. Amen. Si ie ne vous
pouuoye plus rien efcrire,ou que l'entrée vers vous nous fuft fermée , icpren aufsi fem-
blablement congé de vous , &c vous di&c cfcri Adieu, priant le Seigneur qrriJ vous rem-
pliiTe de tous biens. Adieu , mon ft cre, mon cœur, mon amc,& trefeher champion : A-
dieu iufqucsàceque noftre Seigneur &c bon Dieu nous reuniife&conioigne derechef
enfemble. Ma femme &c aufsi la voftre vous difent enfemble Adieu , & prennent con-
gé de vous (mais non fans beaucoup de larmes &: de pleurs jiufques à ce que derechef
nous foyons recueillis & r'aflcmblez au royaume de Dieu. le prén congé de vous, mon
vray Chriftophe , côme font aufsi tous nos corn pagnôs au miniftere, & en gênerai tous
nos frères 6c fœurs au Seigneur tous enfemble vous recommandons au Seigneur
Dieu, lequel vous vueille confoler &: fortifier par fon Efprit. Amen. Si ie vous peux en-
cores aider falsifier en quelque chofè, faites-le moy fçauoir s'il eft pofsible, &: ne m'e£
pargnez point. Ce x x x . de Septembre, m.d.l ïiiii.
IN~4LEMENT comme fa mort eflort prolongée deiourà autre , * tin a pis aufivmluou- * lMni*-*
I blier fes brebtt de l Egltje àe Chrift>comme vray 0* jidek Pafteur^ins leuraeferit y ne eptftre,pre->
nanfeongéd'eUe}commeils'tnfiiit.
Il efcritàl'Eglifc Je Chrift,prcnant congé.
IE ne me puis contenir, chers frères au Seigneur Iefus Chrift , de vous efenre mainte^
nant,& admonnefter en peu de paroles à mon departcmeht,&; fuyuant cela prendre
congé de vous , iufques à ce que nous- nous reuoyons les vns les autres en la vie éternel-
le, h laquelle r.ous eft acquite par le fahg précieux de Chrift, côme à les vrais membres. h
Ayez fouuenance de la parole diuine de l'Euangile, laquelle i'ayfouuent annoncée en
toute hardicife, fclon le petit don qui m'a efté donne du Seigneur. rIene me fuis point e aû.jo.ïo
fouftrait , &: n'ay rien tcu de tout ce que le Seigneur m a départi. le vous pric& reejuiet
tousde cheminer eh içelledodiine ,&de vous tenir fermes en la foy, laquelle îeSei1
ghçur vousaapprinfeparmon minirtere.11 carie vous tef m oigne deda rit Dieu , auquel Rom.».9,
pai fagrace i'oifriray bien toft mon corps pour la maintenir , qu'il n'y a point d'autre np*
do&rine qui meine à la vie éternelle, ' que l'Euangile d£~Chrift, lequel vous auez ouy de * Rom.i.itf,
moy , iaçoit que vos ennemis & les miens , voire les eririemis de Chrift çrfent à l'encon- "''7
tre. f Car nous né vous auons pofntprefentedes fables que nous ayons inuentecs, con- / ! ^f-'-rf
trouuees, &fongeesy bu bien recdiësdbs hommes ritiaîs nous vous anbns prefenré ce
que le Seigneur luy-mefmc nous jîxfytins par fa fà'inde parolc^aquelle nous a efté laif- i h*.m,«
fee par les faintts Propriétés &, Apôtres; voire mefmejpar Iefus Chnft noftre Seigneur, \ \ CotA VJ
qui eft fon Fils bicn-aittié. hNousnauons point falfifié'cefte patoie,' comme voulans ■ g-j....o
plaireaux hommes, 'ou comme h6ù,s, prefehans nous-mefmcs, pour des prefens, dons, î'Thein0»"*
ougain def-honn'eifte ilmais nous voits auons parlé de Chrift , comme deuant lafacc & ' p^.' **
prefenee de Dicii , " terchans detôtit nôftrc cœur lefalur de voftre ame: Pieu mfeti eft tmt:^J'\u
tefmoin. "Ne vous faiifez donc pas feduire à petTôrrftev'quelqùerpéllé apparence qiv- h
ayent leurs paroles.Ie vous admonéfteB.eréchef,que foïis ne vo'laifsiez point trcrper&: Î.t£S^
deftournerdcladoanneqvousauci:iyeceue,laqu')fnerH ftarfis
RRr.ii. t :
Liurcs VII. Chrijlophe Smit3à Amers.
feulement par parole & doctrine , mais aufsi, auec l'aide de Dieu, par mon propre fangl
PhSJ'j %\ ^n OLltrc>ic vous admonnefte tous,* que vous cheminiez corne iUppartient aux Chre-
i.u..n 1.6 ' ftiens : b à lin que voftrcfoy ne foit pas feulement en parole & en langue , mais en faift &c
i.iwj'V, ' en ccuurcs de charité. Vousauezouy dcmoy &dc plufieurs autres la maniered'vnc
Ca,*î< fain&e vie, de forte que i'eftime eftrechofe fuperflue de le repeter ici , encore mefmc
cHeb j.n que le temps le peuft permettre :fli cen'eft que vous vueilliezeftretrouuez auditeurs
oublieux,&: contempteurs de ladite admonition qui vous a efté faite: de laquelle choie-
le Seigneur vous garde & preferue. le vous exhorte &: admonnefte,mes trefehers frères
& fœurs au Seigneur,d'y prendre garde:vous priant par le Seigneur IcfusChrift,de vou-
loir bic retenir,gardcr &: imprimer en voftre cœur ceci , comme mes dernières paroles.
ihfrfV' Adieu mes frères &: fœurs: Adieu,adieu mes brebiettes ellcues/ Combié quevo'foyez
t Hcb-io. ij frappez de voftre Pafteur,ne courez point efgarez par craintc,'&: ne delaillez point vos
/ Hebr.j.i}, alTemblees:ains demeurez cnfcmble, r& vous admonneftez les vnslesautresparlapa-
r*TM« "si, rôle de Dieu en la vérité prefenre,laquelle vousauezouye,*&: pour laquelle fabandon-
V 4*fi4, nc ma vie aucc tous ^es Prophètes &C Apoftres, Se auec tous les tefmoins de Dicù. " Ne
*uk££ craignezpoint,cncoreque vous foyez petit nombre. 'Car Chrift voftre Pafteureft plus
i'ucm.ji" ' grande plus fort que tous les loups qui font affamez apresvoftre chair &: voftre fang.
\il'uPUr"\ "Sz pourtât il vous gardera bien de leur gueule &: de leurs dents. Saluezl'vn l'autre d'vn
U>an.î,Aa. fain& baiferauSeigneur.Ie vous faluë& prencôgé de vous tous. Adieu,adieu leseiîeus
«*•« de Dieu. Ce i. d'O&obre, h.d.lxiiii.
L A procédure tenue en la caufe Je M.Chriftophcconrre tout ordre $: ftylc vfité en la ville J' Aoucrs.
O m m e ainli foit qu Anuers ait de long temps pour fon feigneur Se prince le Duc
te Marqui- y|||3 de Brabant , comme Marquis du fainft Empire, à caufe dequoy la ville iouytde
" 1 grlds priuilcges:celuy qui exerce l'office de Markgraue(lbuuent nôme en ces Recueils)
a puillance d'appréhender feulement les malfaiteurs, à la charge qu'en dedans trois
B"TîÈr" *ours au P*us tar(^ ^ ^cs rcPre^cnteau Bourgmaiftre&Efchcuins.Eux,comme Magiftrat
cheuini. liipreme, procèdent e's caufes des criminels: Scauant que prononcer les fentenccs,font
publier à Ion de cornet par tout le vieil Bourg , à ce qu'il foit notoire à chacun de venir
ouyr au parquet ordinaire,appclc Vicrfchaire( lieu defcouuert à l'air, Se à portes ouuer-
leMirkgra- tes)lcs mérites de la caufe. Là ledit Markgrauc, c'eft adiré Marquis , ou l'Efcoutet qui
^coutet cft fon Lieutenant,lc peuple prcfent,demande la vie du crimincl,ou quelque membre,
ou autre punition, comme bon luy femblc. Le criminel a pouuoir de prendre quelque
aduoeat pour propoferfesdefenfes:& à faute d'argent il ne demeure deftitué decon-
feil,d'autant qu'il y a aduoeats à ceft effe&. Ceci foit dit pour plufieurs caufes des po-
ures fidèles , aulquelles on nc tiét rien de ceft ordre, comme on a veu en celle procedu-
dMâD rccontreChriftophe. Carie Mardi troifieme iour d'Octobre, après longue Scmifcra-
lxiul ' ' bleprifon, il fut mené pour la première & dernière fois audit lieu de Vicrfchaire, pour
receuoir fentence de condamnation àfept heures du matin , fans iamais faire fonner 1s
cornet.Les officiers eftans venus en la prifon, luy dirent, Chriftophe, il vous faut venir
quant Se nous : & il refpondit, Soyez les bien-venus: iefuis preft non feulement de mar-
cher pour la venté,maisaufsid'abandonnermoncorpsau feu. Quand il fut fur le quar-
refour, comme ilauoit fouuent prié & requis le Seigneur, il commença à parler hardi-
! i.Ker.4.12 ment en telleou femblable forte, Hommes , bourgeois & frères , 1 que perfonne ne s el-
m i.Pi«.4 .«$ merueille de ce queie fuis ainli lié &c mené corne vn larron Se brigad:m car ceci ne m'ad-
* Mawo.18 uient pas pour larrecin,brigandage,ou autremefFaift/ainsfeulementpourleNomde
mon Seigneur lefusChrift,&pour fon fainCtEuâgilc, lequel félon la vocation de Dieu
i'ay prefcbé&: annoncé. Pour iceluy donc ie fuis auiourd'huyiugé&r condamné à la
• tant*.! mort(hommes frères Se bien-aimez: )°neantmoins il faut que ceci aduienne, afin que
t Mat.j.i* TEfcriture que Dieu a prononcée des fouffrances de fes Miniftres , foit accomplie. r II
afalu que lesfain&s perfonnages dés le commencement du monde ayent ainû fouÊ
4Mat.17.jo. fert,&efté perfecutez. 'Onlaifle en paix les paillards, ruffiens, adultères, m efchans,
" &: y urongnes : mais ceux qui inuoquent le nom du Seigneur purement , il faut qu'ils
r iumtf.4 foyent ainfi honteufement traittez. 'Maisquoy? Chrift a prédit toutcecïdcuoir ad-
/Mat.10.18 uenir:afin que quadil feroit aduenu,on en euft meilleure fouuenace.rVous ferez,dit-il,
menez deuat les Rois Se les Princes pour mon Nom:ils vous menerôt en leurs confiQoi-
t M«.y i» res,&: ferez hays de toutes gés à caufe de mô Nom:'ainfi ont-ils perfecuté les Prophètes
quionc
Chrijîophe S mit , à Anuers. 64 p
qui oncefté deuant nous/Nous fommcs comme brebis de la bouchcrie,pour eftre me- * Pft.44.1j,
nez à loccifion. kLes Prophètes ont prédit , qu'il faloit que le Chrift fbufFrift,&: qu'il en- Jo^VJ
traftainfi en la gloire. 'Comme donc noftrechcf,Sejgncur&Maiftrca foufFcrt,ainfi *fuc'i4'U,
aufsifàut-il que les membres , Miniftres & dilciplcs d'iceluy fouffrent. 4Ainfi i 'cftimc& «7
réputé pourvn fingulier bénéfice de Dieu ces miens liens &: tourmens,lefqucls i'ay Le i°ÎS
communs auec les fhinds du Seigneur,voire mefmeauec leliis ChrinY & me tien bien- fUJSJi,,
heureux de ce qu'ilm'a réputé digne de foufFrir pour le nom de Iefus Chrift. f Parainli « {^f^*l4
icn'ay point de honte de 1 Euangile de Dieu:' ains ic fuis preft de le confefler deuant ce- ^1Mat',J° »J*
ftegeiieration adultère & pechere/Te,ô<: le défendre deuant les Rois & Magiftrats, h voi- n*,. i*,'*
re&d'abandonnet pour iceluyma chair&mon fang, afin que ie foyetrouué fidèle &c i*fMei4,^
loyal feruitcur de Chrift. *7
Eftant venu en la Vier(chaer,il ne fut aucunement interrogué de fa foy: mais de luy. £"')£f£fa
mcfme,' comme celuy qui eftoit fortifie' du fainct Efpnt , l'aconfeflé hardiment & con- yjj'jj**
ftamment,autantquelabriefuetédutempslepouuoitporter. Apres cela iJadmonnc- '
fta les iuges de leur confeience , à,ce qu'ils prifTent bien garde à la confefsion de foy , la-
quelle il auoit faite en leur prel"ence,&: qu'ils iugeaflent d'icelleiufteméVcomme ceux ko^^Vo*
qui doyuentaufsi vnc fois comparoiftre deuant le thrône iudicialde Chrift. Surquoy ».Cor.s.ro
l'Efcoutct rompant fon propos luy dit, Nous ne t'intcrroguons pas de ta foy: mais fi tu
as efté Miniftre,&: fi tu as prcfche' &: dogmatizé en lieu fecret 1 comme tu as confefTé en
la prifon. Il rcfpondit franchemenr, Ouy,dic-il,& ne m'en repen point aufsi: mais il me
defplaift(Dieulccognoift)qucic n ave prefrhé d'auâtage. Puis l'Efcoutetiu) dit, Nous
ne te faifonspas mourir:mais c'eft le mandement du Roy.Làdeims Chriftophe refpon- J^gJ &
dit, Aduifezdoncbienquccemandemcntrelpondcpourvousj&rqu'jlvousgarantirTe fciauem rur
en cefte grade &cfpouuarableiourneedu dernier iugemét. Apres ces paroles ils leçon- i\om.^,6
dânerent àla mortjfuyuant redic~t,placart& mâdement de la M. du Roy. Mais ils firent
cela auec les faces tellement palles,qu'on pouuoit aifc'ment voiries fignes de leurs mau-
uaiics côfciences.Lafcntencefut prononcée mot après mot en cefte formel manière:
*4fres auotr ouy & entendu la confefiion & déclaration que ce prijonnier ia a faite de bouche en no-
Jhe prefence , nousEfcheuins déclarons ledit prisonnier efUe tombé en la peine contenue au plaçait delà
Maieftédu Roy^c.
m si que le prifonnier cut'reccu fentence de mort, il fut derechef mené du Jj,^^
^Vierfchaer en la prifon par les officiers ,& non pas fans grande crainte & en fort lap^oo.
grande hafte, attendu la grande multitude du peuple qui eftoit là afTemblé. Or comme
il fcrtit hors du Vierfchaer, &c que grand nombre de fidèles là cftoyét,il les admonnefta
par telles ou femblables paroles : Hommes bien-aimez,iefuis maintenant iugé& con-
damné à la mort : ne vous en efmeru cillez point, & ne vous defeouragez point pour ma
mort. * 11 en aainfî prins dés le commencement à tous fidèles feruiteurs de Dieu : voici m
la voye de tous les Prophètes &: Apoftres,lefquel& de tout temps ont fouffert pour la vé-
rité. "Ainfi ont-ils traitté& condamné noftre Seigneur &Maiftre Iefus Chrift. 'Corn- nu^^7^
ment donc leroit le feruiteur plus grand que fon Seigneur? &:ledifciple plus grand que »$> Luc 10,
fon maiftrc?Partantie vous admonnefte,mes chers frères, que foyez fermes &conftans 1/* '
en la verité,marchans conftammenten icelle,&: n'en ayans point dehonte deuat cefte i^V.0^*'
génération/ ains foyezhardis au Seigneur Iefus, pour confefler fon nom,& demeurez lt^rIj^t
fermes en fa'parole.Declarcz la vérité, Sd'efpandez deuant les hommes,voireconfefTez 14, i.Cor.itf.
la deuant tous,foyent grands ou petits, fbyéc Princes ou Rois, afin que le Seigneur vous umt#M'
confefle aufsi deuant fon Pere/Ne craignez point ceux qui tuét les corpsxar ils ne peu- * M*40-»8
uent rien d auantagc.Nefoyez pas aufsi de petit courage,quand il vous faudra porter &:
endurer la croix pour le nom de Chrift, ' fçachâs qu'il faut que voftre foy foit eiprouuee r ,-Pier-,-7
par foufFrâces,comme l'or cft ciprouué par le feu. N'ayez donc pas honte de mes liens,
&: ne (oyez point offenfez ou fcâdalifez en ma croix,&: ne perdez pas courage:mais pluf-
toft preparez-vous vous-rçefmes à cela , par veilles , prières &£ oraifons , afin que quand
l'heure viendra,vous loyez trouuez veillans. rIe me refiouy grandement â cefte heure, f aô-m«
de ce que i'ay hardiment & côftamment confeifé le Fils de Dieu deuant les tyrans infi-
deles/eftant certain que leFils del'homme me confeflera deuant fon Pere&deuantfes ^Jf^g0^'
fain&s Anges. le loue Ôc remercie mon Dieu,vqui m'a donné félon fà promefle,bouche, luc 9-
langue & fapience. ^"Quand il eut ainfi parlé,ilfut mené en la prifon,là où femblable- !*„'apo!™;
ment il s'eft porté conftamment, comme nous orrons. "
RRrm.
Liure VIL Chrifiopbe S mit, a Anuers.
A pi cs ces chofes voici foudain vne grande croupe de Pre(lres,Moines,&: autres mef-
chans Libertins, qui vindreiualuycnlapri(on,lefquelsiemocquoyctdeluy,riniurians
&l outrageas. Entre tous les au très il y auoit vn Moine de l'ordre des prclchcurs, Apoftac
Ce ftert cai- Clircitien renié, qui s'appelle Brocdcrc Balten.Ceftuy-cifur tous les autresaefté îm-
âbîdôiw fon portun & falcheux (comme il en prend ordinairement à ces apoflats) il le brocardoit a-
lojant "uM uecimutes ôc maudi/Tons : voire & vomit vn tel blaiphemeàl'encontredelamaieflé du
u'r°d îïidï ^icu tout-puifiant&de(bnEgli(e,quelepatiécrutcôtraintd>:eftoupper& boucheries
«chef re- oreilles, afin denc point ouyr& cmédrefespuats blafphcmcsr'Cc Moine cftoit de telle
tourné en Ion . ' t> n i ' i • «» »• i ■ « • • .
conucnt.cô. façon courrouce & enflambe contre le poure patiet,qu il tança leCjColier,pourcequ il
renvoi" neleiettoitpaslbudaincnla balle folle en quclquclieu bicneftroit. cequ'ilcomman-
LT."udtce ^a au Geôlier de faire promptement & en diligence. Mais ledit Geôlier luy rcfpondit,
dcfr«c Bal- qu'il le nietlaft &C s'empefchaft de ion officc:&: qu'il vinil là,quand il y feroit mande'.
Or quand le patient eutouy& entendu leur débat &: querelle, il pria fort amiable -
ment d'eftre mis 6c conduit en la balle folle , aimant mieux eltrelà îetté, que d'eltre au-
près de ce frere Balten,pour Tes horribles blalphemes.
VoflénMî. En outre,il vint aufsi auprès de luy vn grand babillard, nome M. Adrian Voflenholc,
de fon cilat Medccin>&: vn autre efceruelc Libertin, qui fort molefterent ce poure pri-
(bnnier/c mocquansdeluy,lecondamnans, &luy diians mille iniures, comme delïa ils
auoyent fait anparauant par plu lieu rs fois, car de ces deux braucs peribnnages le bon
homme elloit lournellcmcnttourmétc &: ttauaillc,commeluy-meimc s'en complaint
fouuent en fesepillres.& eiure autres il deritainii en vn certain lieu:
wpanic Hieriereceu vn grand combat contrece brouillon tortu de VoiTenhole,&: cotre fes
de wft'c compagnonsLibcrtins. 11 m'a fallu ouyr ce que les rnefchas reprochent fouuent aux cn-
a prra.i.î.j, fans efleus de Dieu:Vcll airauoir,queie necognoillbycne Dieu ne Chnlblefquelles pa
yUt i? 4) rôles m'ont nauré&r perce le cœur côme vn coufteau. Mais à caufequec'eftoit vn pro-
b Phiî.3.15, pos procédât des inn"dclcs,& de ccux-la meime qui n'ont point de Dieu ,b fino leur ven-
tre(ainhqucrEfcritiuel.i]nilenous cniejgne)on n'en doit faire grand cas, comme aufsi
Rom.«.i6 ienefay.'car lelaind Efpritnous tefmoigne tout autremét en noilie cœur, lequel nous
rend (i bien aifturcz&: a repos nu Seigneur, qunl n'y a affliction , ne tentation, ne péril,
d Re» 8.55. ne mÔrr,qui nous puilîè ofter &: rauir ce repos &. celle alleurace de nollre coniciéce. dIl
n'y a opprefsion,ne fafcherie,ne fcu,neglaiue,qui nous puiffe feparer de l'amour &dile-
, Rom.8.37, clion que Dieu nous porte en IefusChniVAins en toutes ces chofes nous fommes plus
phji.4-u que vainqueurs par celuy qui nous a aimez.Que les mefehans crientee qu'ils voudront:
/Pfcaa.,!.», fjemettrayma confiance au Seigneur mon Dieu, &: ne lèray point confus éternelle-
Heb.ij.(S mcnt> Encore que le monde me reiette èc meîprife , &: qu'il me iuge digne de Ja plus
honteufe mort qui foir, iefuis neantmoins eftimé grand deuant le Seigneur Dieu mon
s pfe. tref- bon &: trcf-mifericoi dieux Pcre,sdeuant les yeux duquel ma mort fera chere &pre-
b Heb.3.5, cieufc:hlequel aufsi ne m'oubliera iamais.' Car mô nom eft eferit au liure de vie, duquel
Deut \i.S -i r • rT '
,pha.4}, il ne fera ia mais efface.
vùS.oie Lcfuldit Voifenholeadccouftumcde vifiter,ou pour mieux dire,tourmenter ceux
fo^e« c6 *ont Prilonn5ers pour la parole de Dici^afin de les faire reuoltcr de leur foy, &L les ti-
mc i.iejuifi- rer en infidélité &: enlamelchâtefeftedesLibcrtinsdaquellecholeilfaiten partie pour
rÊicch.i,. obtenir les honneursremporels des hommes,ken partie pour legain infâme &c deshon-
ij.Mich.j.j nèfle, comme ilappcrtpar vne requefteprefentee par luy à Meilleurs de la ville d' An-
uers , en laquelle il demande &: requiert pétition annuelle &; ordinaire de la ville,
pour ce faire.
Vn certain PRES tjutl jut atnfiiugc^ il y eut vn frere fidèle qui luy cfcriuit & enuoya cefte epifhre confolatoi-
fme luy ei- ^jj^ rc } ledit tour de Mardi enutron midi , laquelle a ejlétraduttte de Latin en langue vulgaire , & ta-
auons ta inférée ^comme s enfuit.
1 pfc.44 .25, /~^0 m b 1 e n qu'il nous ait efte' fortgricf&: pefant,cher frere au Scigneur,'dc vous a-
i.Cor.f? V->uoir veu mener èc conduireau vierfcaer comme vne poure brebis innocenre,là où
aufsi vousauezreceulcntencedcmortmeantmoinsnous nous reiîouyfTons devoftre
confiance Se magnanimité, par laquelle vous auez hardimét &: conftammét confe/Tc' la
vérité de l'Euangile à l'encontre de tous les tyrans, &: cotre toutes les menaces, forces &c
violécesdecemonde. En quoy faifant vous auez demôftré la vertu &côflance de cou-
rage, laquelle cftoit vlîcee en vous,nô farts grâd' merueille,applaudiiTemét U louage du
commun
Qhriflofhe S 'mit, à $Amers. 6 y o
commun pcuplc,& lingulierement de ceux qui aiment la vérité. O quelzclc&ferueur
vous auez allumé en nous& en tout le peuple, en ce que vous auez honore l'Euangiïe
dcChriil hardiment & con ftam ment, non feulement deuant le Magiilrat , mais au (fi
au milieu des iergean s infidèles, citant lié &garrocé : voire meime q par ves ailes &: par
voftre exemple vous auez t'ait accourir le peuple de touscoltez,lcrelueillant ôc incitât
à receuoirôé aimer la vente: Nous voyons en venté,que le Seigneur a fidèlement 'accô- <• £xod.4.n,
plilapromelleen vous, par laquelle il promet à tous ion aide& fon ailillencc,& aufli de i<rem.i.$, '
leur donner bouche &lagclîé,quand îlsferont menez deuant les P.ois &: Magiftrats à îJj,"^^
caufedefon Nom. Dieu cil fidele:& tout ainli qu'il eiprouuc les liens par croix &:fouf- 2"+
frances,ainiiau/li lesbconfolc-iIlemblablcmenr,&: les fortifie par fon S. Efprit. Attendu 6 , Cor-' î'
donc qu'il eft ainfi,nous vous prions trefarfectueulcment tous cnfcmblc,de gauler celle
mefmeconllancefermementiui'qualafin . Vous n'ignorez pasla fenrence de Chnfl,
où il dit/Qui perfeuercra iulqu a la fin,iceluy fera fauuc.O corn hé eftes-vous heureux, cMa"kï+
ôc combien fera heureux le iour auquel vous lortirez& dellogerez hors de la troupe &:
compagnie des mcfchans,dpour paruenir en îa faincte compagnie des Martyrs&dcs ef- d Htbr"'*
leus de Dieu; O combien elles- vous donc heureux , quand pat lagracedu Seigneur
vous defpouillez ce 'corps mortel,pou rentrer en lafamcre cite de Dieu , qu i cilla no u- LcS^*
uclle Icrufalem i ' là où Dieu cfl'uycra routes les larmes de vos veux,s& vous donnera re ,: "
pospourvos trauaux&: pourles difficultcz deceftevie! Marchez doncainuconitarn- Apocai.7.-7>
ment,chertrere, hafpiranr toujours en haftc& en toute ardcui ta gloire eclefte,' afin s Apoc.14,1]
qu'ayant vne fois furmonte &: vaincula morf,vousviuiezauecChnftetcrnclleméc.'Il f fiit.1"
vous faut maintenant boire le calice d amertume, lequel Chrift nous a apporté , &le- \\
quel il abeu lepremier: il vous faut maintenant élire bapuzé du Bapteimc, duquel k. m«.»c.i2,
Chriftaefté baptizé.Qiîcrefte-il donçautre chofc,iînôquevous-vous prepariczd'au- um.i6.U
tant plus conftamment.pour partir d'ici heureulèment,que letemps de voftre iacrifice La£" +*
approcherons vouseulsions eferit d'au an tage, neuf l elle que i'amertunu & trifteiî'e
du cœur&labricfuctédu temps nous ont empefehez, £c aulsi que nous auonseu crain
te d'empelchcr&: troubler vos méditations ardentes cnuersDieu Afin donc que nous
facionsla fin,1 l'oyez vaillant &: conftant au Seigneur , eflant certain qu'après auoirdel- ' ,Cor,5-,i
pouillé m ce tabernacle charnel, vous viurez erernellement auec lelus Chi ill ." Les mei- "»^>«ïr « »4
chans tyrans entendront vne fois, ils entendront vne fois , di-ie, mais ce fera trop tard, $,6
qu'ils ont perfecuté & mis à nu rt les c nfans de Dieu par ° vn zele pcruci s Si malin . Sui- » ïw.o.»
uantcecyie vous recommande au Seigneur, mon cher frerc, par madernu re lettreen
ce monde/ Nous ne vous verrons plus d'oreIenauanr,iufqu'au temps que Chnltappa J,,^***
roiftradu Ciel,à la ruine des melchans,&: à laioyeôc confoiation delcseileus.'1 Le Dieu **£*e£ 1
de conlolation demeure auec vous. Amen. Ce Mardi 3. d'Odobrc, m.d.l x un.
Tjt^4RMl tomes ces .tflifclions-, difficulté^ £T fitfcheries Jt J.n patient condamné à Lt mort^atouf sa rcîîouif
jours efte de telle façon a fou y m Jon eSprit^tjUonapperceuoitdesfgnes notables de loyeenjafa- JJrcc iPrcs
ce^plws que ïamavson nauott-veu^pour Ltc^uelle chofe chacun quileyoyon en ejlott tfmemciilé ' : & feux |Cntcncc jc
qui le regardoyent,nc je pouuoi ent contenter de le cotirc wpler. llenfetgna , admonnefla & confia jon mort.
çhrefiennt nient tous ceux <ju: efloyentajSis a table auec luy an dijner. Finalement il demanda s il ny a-
UWtla perfonne en la compagnte^i le vouluftfcmbLlAcmtnt confier par U parole de Dieu. ~A quoy
rejfondit vne jeune fille nuiesjoit la pre fente ii U table: ckriftophc\dtt- elle) cjuteflceluy qui vota conjole-
roni volts efles tanxconfant & tonfoléau Seigneurie vous donnera tous conjolation paryos paroles,
& par voftre face, Làdef'w tlreJpondttcnceJïefrtei'C h r 1 s T,dit-il,quieft aflïs àladcxtrcdc ^Jjj*''*
fon Per,cayantlesbrasellenduspourme rcccuoir en fon Royaume, me donne de fon &4.3,coiof,
Efprit en tc!leabondâce,6c par iceluy me fortifie tellement, que îc ne le Iauroyediiede }''' c r*H
bouehe,de forte quêtons mes mébres voudroyét volontiers due &: exprimer fabôdan-
cedei Elprit q icfensen moy.Ma chair cfl de telle façôfurmôtee& vaincue par i'Efprit
quiœuureen moy/ que quand mcfme lerofme le geôlier mediroit, Rc garde Chrillo- fA& j6 »
phe,voilala porte de la prilbnouuerte,fors dehors, ic luy léfpondroyc, q ie n'en ter oye
riemeariay vaincu & lu: moté ma chair par la grâce de Dieu, de (brtequci'aimc m eux
fortir& defloger decc mondc,& aller demeurer auec le' Scigneui en l'un Ro;, iume.Par tzCoi>*
ci deuant ma chair rremiffoit & trembloit parl infirmicé qui elt en elle, penlantcobicn
lecombat de la mort, qui meftoit bien prochain, elloit horrible elpoîi iantable •/ car » ^^-41
combien que l'elpritfuft prompt & préparé atout ce qu'il plauoit à Dieu, ncantmoins
KRr. liii.
Liurc^j VIL Qjrijlophe S mit , à Amms.
iefentoye rnachair refifterauxfouflraces,&: principalemcntau combat de lamorr, fai-
iant toufiours (clon fa mcichante naturc,c'eft à dire me retirant à toute foiblene, debih
té décourage, doute & dcffiance.Cefte chair ccrchoit de viure à Ton aife , Se d cuiter la
croix, Icslbufïran ces, &: la mort:voire la mémoire &: fouuenanced'icelleluy eftoitforc
amere& inmportablcxcqueieconfefle&rccognoy de bon cœur, mais maintenant a-
ïf< EphV Presclue ,ay rcceu fentence de mort, ie ibis de telle façon fortifie par' l'arrêt le gage
■i,&4-p del'Eiprit de Dieu,quiaetté Vfpandu en moyen grande abondance, que ce m'eit vne
Ajt!».ir,V«. ioye &: licite de fouffrir,' &: la mort m cil gain . ellant certain qu'vnc vie éternelle & in-
âvUu corruptible m'ell préparée &; cachée en Chrill , à laquelle ie paruicndray,apres que ic
feray defpouilïc de celle chair. le tins de telle forte confolé en mon cceiu & en mon en-
rendement ( ie nedi pas ceci pourptiler ma chair, mais à la louange &: gloire du nom
de Dieu) que ie ne ien aucunerefillence pour mes loufKi anecs corporelles , loyent peti-
tes ou grandes ,tak.hât de medeftourner ou diftraircdu combat de la mort uuieità vc
nir.Ic n cuileiamaiscftimé ni penfé qucleSeigncur mô Dieu cull ainli fortifie & cor-
CviÎJi*}j robofl2dcc vaiiîeau mortel & tcrreftre,parfon Efpiit.I'ay maintenant obtenu domina-
, ù^rtji tion&:feigneunefurmachair,parceluy qui 'a vaincu la chair & le monde,ou atout le
moins fuis certain &c ancuré:ce que i'ay requis & demadé à Dieu aucc larmes, pleurs &:
gemifleiricns tout le temps de mon emprisonnement . O Dieu miiericordieux ietere-
' f(eM>-f* mercic,ie te loue de tout mon cœur,' que tu as exauce mon delir > Se as accompli mon
EkTf ' clPcrancc ;* pvefcnt ,par deifus toute Ela fagelfe de la chair.Pour iaquelle choie ie di auec
* oai.».»o, S.Paul," le ne vi plus maintenant,mais Chriilviten moy:'auec lequel eft mon amedés
i.Co.'.j!?, maintenant, eft ant ton tesfois encores vcllu &c enuirônc de ce vaiiîeau terrcftre.k le tra-
th»!cor°M «aille maintenant à cela,1 que mon amc foitdeliurce du fardeau de cette chair,pourdc-
-\Cîo/'*i nieurcr auec Chrift.Carie fuis bien "certain q file tabernacle ter reftre de ceilelogcefl
"Heb/'w.» deftruit,i'ay vn édifice de Dieu,c'ell aflauoir" vn tabernacle qui n'eil poît fait de mains
ains eft; éternel au ciel. Pour celle caufe icfoufpire&rgemi maintenant, defirant d'élire
reueftu de mon habitation, qui eft d ehaut.Car ie iày qu aufsi long temps queie fuis en-
uironné de ce tabernacle prefcnt,ie mis abfcnt de Dieu. Pour celle cauie eftmaintenât
mon efprit fort reiiouy,à caufe que pour le dcfpouiilcment d'iceluy ic retourne en ma
p£t»ô} '4' patrie,' là où vn repos & vnecité permanéte m'eft préparée/ Voyez5icdelailTe mainte-
J5^,4jf' nantie mondc,& m'en vay à monPere&àvo(lrcPcre,'iàmonDicu & à voilre Dieu.
<i jcan':'o.i7 Tay maintenant acheué mon cours.i'ay maintenant acheué le com bat, & ay obtenu la
rsTim.4.7 vi^oirejaquelle fe monftreraeftregloneufeen moy,en l'apparition de IefusChriil. le
m'en vaydeuant,&: vous me fuyurez après touseniemblc. Ainii ie prendevousmoa
dernier congé,ô ma treichere au Scigncur,iufques au îour de la refurreckion des morts,
ocot-K-u, 1orsCiye nous ferons tous recueillis 6c r'aflèmblez en l'air auec IefusChriil. Priez pour
moy auisi long temps que ie leray en ce vaiiîeau tcrrcitre:ie pneray aufsimon Pere
pour vous.
Ependant qu'il diloit ces paroles, le Geôlier luy vint dire,qu'il y auoit deux Car-
êmes qui dciiroyent parler à luy A quoy ilrefpondit quilauoicalfezparléàcux:
mais à caufe que le Geôlier ne ceiToit de l'imporrunerje priant de les e feouter vne fois,
il fe lcua,& entra en vne autre chambrc.où eftoyét les Moines : Lelqueh foudain qu'ils
le virent, s'elmerueillerent grandement de la grande ioye &: iieilc non accouftumee
qu'il demonllroir paria faœ&: luy demaderent,pourquoy il fembloit élire tant ioyeux.
Mai.^», Etillcurrefpondir/C'eftà caufe que ma deliuranceeil venue, &c que bien toil ieiorti-
iuc »i?»J8' raY d'ici, pour" viure éternellement auec Chrifl.Les Moines luy direnr,Nous voudrions
» SSuw'^i bien aufsi eftrelà.U lcurdit/U vous faudroit premièrement defpouiller&: abandonner
iatj.ii toutesvos^c|0jatrjes^ çu pcrftitios,&: toutes vos iniuilices& femtifes , auec voilre froc.
Apres cela il leur donna de bons enleignemés &: admonitiôs. Les Carmes s'en retour-
nèrent finalement auec grand dueil& triilefle,eilans grandement efmerueillez de voir
là confiance & fermeté,
pr-p*: Apres Midi enuiron trois heures on luy apporta la chemiie blanche,ièlon la cou-
re i u mert ftume du pays, en laquelleil deuoit faire fon iàcrificc. Quand il l'euft veft ue,il commen-
ça à fe préparer l'oy-meimes à la mort,nettoyant les veftemens , attachant ies chaufies,
peignant les cheueux & fa barbc:en fommedilpolant ia face à toute lienc& ioye, com-
me s'il fuit allé à quelques nopees ou baquet. Il p ria le Geôlier qu'il luy vouluft ortroyer
vu barbier,pour coupper Ces cheueuxfc là barbe : mais cela ne luy fut pas donné.
En
Qoriftophe Smit3à A mers. 6j /
En outrc,ilprintpar la main vn frère fidèle quileftoit venu vi£ier,& le baifa,difaut,
'Cher frercl'hcu te en laquelle iedoy eftreliuré cft prochaine, &Ie temps de mon de- JîJEîJÎ
parlement cft pres:parquoy îe pren de vous le dernier congé en cefte vie. le vous remer ^v^v^
cie 5c tous les frères 5c fœtirs du plus profond de mon cœur,de toute l'aide, fecours,con- fi^ic.
folation,&: feruicc qui m'a efté fait en mes liens. Saluez-les en mon nom par vn baifer
fainct&amiablcles priant qu'ils perfeuerenteonftamment en tout ce que ic leur ay'
prefché&:annoncé,fuyuantla parole de Dieu. ."Car ie protefte 5c tefmoigne deuant * 1T^'-'1^
Dicu&fes Anges fur mon ame,k que ie ne leur ay enfeigné aucune fable, ni aucun er- t rCor.i4i7,
rcurou herclie, ni aufsi aucune doctrine des hommcs:ainsIa vraye& purcparolede ^.^.Theï.
Dieu,comme elle nous a efté delaiHee en ce monde par les Prophètes, 5c par Chrift *»*,p"r"'»*
mefme,&fes Apoftres. La doctrine qu'ils ont apprile de moy par mon miniftere,cft
la pure vérité de Dieu, fans aucun menibnge,c& lefcrmc&: immuable fondement de ' rPhcf-, to
tous les fainfts Prophètes 5c Apoftres , contre laquelle ne les 4 portes d'enfer , ne les fctS*
torrens,neles orages & tempeftes n'auront iamais aucune puùTancc.I'ay enfeigné ces 'Ma"M'*$
chofes lélon'la mefurede la foy que le Seigneur m'a diftribuee. Pour cefte doctrine ie /Roo>jh
fuis prifonnier,gehenné,iugé 5c condamné à la mort, en fomme,ie fuie preft &: appareil
lé d'abandonner ma vie pour icellc,à fin que ie puifle tefmoigner 5c demonftrer que ie
fuis s fidèle Paftcur. Ilapleuainfiàmon bon Dieu & Perc,lequelh m'a efleu deuant la f^J^;"
fondation du monde,pour porterez manifefter fon nom aux hommes, 5c pour iceluy a- Gaiat.i.,, *
bandonner ma vie.'Il faut donc que ceci foit accompli en moy, afin que l'ordonnâcc fc- ' Rom-ï »?
crête de Dieu foit manifeftee. Partant ie prie toutes gens pour l'amour &: dilection de
Dieu,queperfonneneface aucune mutinerïe&: (édition quand ieferay liuré& conduit
àlamort:afinqu'il nefcmblcpointqu'on vueillerefifter à l'ordonanceSc" à Iak volonté ( Rom.5.,5
de Dieu. Car ic fuis certain &: bien afleuré, que rien ne pourra empefeher cefte ordon-
nance de Dieu, ne fageife, ne prudence, ni aide aucune des hommes.Et quant à ce qui
mctouche,iefuis prompt ôcdifpos, par la grâce de Chrift, d'obéir à lla volonté de mon /M,tth.$.r.
Pere celefte,comme aufsi iefuis apprins:1" eftat certain que Dieu ne m'a pas feulement mtUi'^a9
appelé pou r croire en Ion Fils, mais aufsi pour fouffirir pour luy. Par-ainfi, mon cher fre-
re,priezle Seigneur noftie Dieu pour moy auectous mes frères & fœurs au Seigneur, a-
nn que ie puiilê offrir & prefenter mon facrificc en toute confiance &; hardiefl'e ,° pour » i.co.mo.ji
magnifier 5c exalter le nom de Dieu,&: édifier vn chacun, le prieray aufsi humblement
mon Pere celeftc,qiul fortifie 5c garde fes brebis,lesconduifant° en entrant &fortant, .iMn .o.9
r&enuoyant de bons &: fidèles pafteurs,à ce que le troupeau de Chrift ne (bit pointef- />Ma£.o.»i
pars 5c difperfé pour eftre perdu. Or il me faut maintenant délai/Ter mes brebis,& m'en
aller au Pere,4 auprès duquel vne autre place m'cft préparée. $iean/4.»
T§ E foir du Mardi fufdit,enuiron cinq ou ftx heuresfin compagnon au Minislere luy enuoya enco- s™ compa-
\revne eptjhe ,pour l,admonnejler& confokr: laquelle nous auons traduitlc de Latin en langue f^"*"1^*
■vulvatrc. uore en«"-«
o celt» epiftre.
CHe r frère & bien aimé,atten du q l'heure de noftrc feparation cft prochaine, 5c
que maintenât vous cftes appelé rparvoftre Capitaine 5c condudteur,au dernier r Hebrjl,ï
combat, ievousay bien voulumonftrer le loin 6c l'amour que ie vous porte, par cefte
lettre pour la dernière fois. Il vous faut maintenant batailler vn combat fortdifficile , 5c
vaincre vn grandennemi. Maispenfczauiii queOefalaireferafortgrand, 5c la vi&oire / Mat.f..,,
glorieufccV: honorable.il cft bien vray que la mort de foy apporte auec elle grande an- , Cor ? z*
xierc,efpouuantcment&: doulcur,raais tout cela pafit: bien viftc,'&: eft conuerti en lief , iean i<?.io,
fe&gloire/Lamortacfté vaincue 5c engloutie parChrift,&:lbn aiguillôaeftébrifé 5c ^oESJLi,
cafte, de forte que maintenant elle ne vous peut plus apporter queprofit. Youslavain- JJjJJ"!*
crez auffi en Cnrift,& par Chrift,& icelle vous fera vne'cntrec 5c commencement de la hJC.ÎI^
vraye vie en Iefus Chrift .Soyez donc vaillant 5c difpos,encorc que la mort vous poigne * Iean r*4
5c tourmente en la chair.Car combien que les fidèles foyent certains 5c afïcurez de Ma ^Rom.8.3î
vi&oirc en Chrift,& combien que leur cfprit foit 'prompt à deftoger par la mort,ils fen- fc Miv.z6.6i
tent ncantmoins de bien grans tourmens,triftefles,anxietez,&: fremiiïêmésdela mort
cnlcurchainmaisilsneluy laifïcnt pas auoirledeftus,ains bataillent vaillamment à 1-
cncontrcaucçtouteconftance&ferueur. En ceci confifte l'efpreuue 5c examen des
croyans.en ceci eft leur vi&oireren ceci eft leur couronne. Vn dofte &: fauant perfonna-
ge a eferit de ceci bien &: chrcftiennemét,lequel nous voulôs bien alléguer pour voftre
confolatiô. Nous fommes bien ingrats(dit-il)fi nous ne receuons volontiers 5c ioyeu-
Liurd VIL Chrifiophe S mit, à Amers.
femcntl'affli&io&calamitédelamaindu Seigncur.Combicn qDieu ne requicrr point
de nous vne telle lieiTc,laquellcofte toute amertumede douleur :autremét la patienc e
des fain&s ibroit nulle en la croix, fi non qu'ils fuflent tourmentez de douleurs,& quils
fentifléntdes angoiiîés, quand on leur fait quelque fafcherie.Scmblahlemcnt fi la po-
urete' nelcur cftoit dure &: afpre,s'ilsn'cnduroyent quelque tourment de maladie, li
l'ignominie ne les poignoir,fi la mort ne leur eftoit en horreur, quelle force ou mode-
ration feroir-cede mefprifér toutes chofes.?Mais comme ainiifoit qu'vne chacune d'i-
cclles ait vne amertume conioint'te,dclâqucllc elle poin'd les coeurs de nous tous natu-
rcHement,en cela fedemonllre la foi ce d'vn homme fidèle, fieftant tente du fentiméc
d'vné telle aigreur,combien qu'il trauaillegriefuement,toutesfois en refiftant il furmô
te & vient au defîus:en cela il dedaire là patience, fi eftant picqué parce mcfmefenti-
ment ,il eft toutesfois arre ftc par la crainte de Dieu, comme par vne bride, à ce qu'il ne
fcdelborde point en quclquedefpitouautrc excez.cn cela apparoift fa ioye&ilielfch e-
ftant naurc de triftefle & douleur,ilacquiefce neantmoins en la confblation fpirituelic
de Dieu.Ce combat que fouftiennent les fidèles contre le fentimét naturel de douleur,
*:.Cor.4.«,9 en fuyuant patience & modéra tion ,eft ti cfbien deferir par S.Paul en cespaiolc»: 'Nous
fommes prenez en toute forte,mais non point opprcflez:nous endurons poureté, mais
nous ne fommes point deltituez: nous endurons perfecution, mais nous ne fommes
point abandonnez: nous fommes comme abbatus, mais nous ne pétillons point. Vous
voyez ici que porter patiemmet la croix, n'eft pas cftredu tout ftupide>&: ne fentir dou-
leur aucune , comme les philotbphes Stoiques ont follement deferit le temps paile va
hom memagnanime,airauoir qu'avant dcfpouilléfon humanité,il ne fuft non plus tou-
ché d'aduerfité que de profpci ite,ni non plus des chofes trilles que des ioyeufes:ou pluf.
toft qu'il fuft fans fentiment comme vne pierre. Et qu'ont-ils profité auec cefte fi haute
fagcile?ç'eft qu'ils ont dépe int vn fimulachredepatience>lcqueln'aiamais eftétrouué
entre les hom mes,&: n'y peut aucunement eftre. En voulantauoir vne patiéce trop ex-
quife,ilsontoftcrvfage d'icellc entre les hommes.
I l yen a aufsi maintenant entre les Chrcftiensdefemblables , lefquebpcnfcntquç
ce foit vice,non feulement de gémir ÔC pleurer, mais aufsi de lecontrifter &: eftre en fo-
licitudç.Ce^ppinionsfaûua^ésproceJcntquafidegensoififs ,lefquelss'cxerçans pluf-
toft à fpecirler qu'à mettra la main à Tœuure , ne peuucnt engendrer autre chofe
que telles fantafics. De noftre part nous n'avions que faire de cefte fidure&i rigouicufe
Philofôpliie,}aqucllenoftrt* Seigneur Iefus a condamnée , non feulement de paroles,
y Luc 9.41, mais auifiparfbrtexemplë.^carilagemi & pleuré tant pourià propre douleur y qu'en
îfenrflo ayant pitié des autres:^ n a pas-autrement apprins à fes difciples de faire . c.Gcj monde,
*Matth.$.4 dît-il, Vefioùyra,&: vous lierez en trifteffe:»! rira,& vous pleurerez."1 Et afin qu'on ne tour
naftcëlaàvice.il prononce ceux qui pleurent eftre bien-heureux .ce qui n'e&pointde
• Lu«»4.44 merueille.Car fionrcprouue toutes iarmes,quciugerons-nous du Seigneur Iefus/du
corps? duquel: font difti liées gouttes de fang?Si on taxe d'incrédulité txurf (pouuante-
/Mat.i<î .58, merit^ti'e^imerons-riôus de : 1 horreur dont il fut fi merucilleufcmenteftonnér û top-
lunn.tj*' tetrifteftenousdefplaift, comment approuuejps-nous ce qu'il confcfîe fon amc eftre
trifte rùfqu k la mort?i'ay bien voulu dire ces chofcs,pour retirer tous bonseceurs de def-
' efpqir^aEnrtqu'ils ne renoncent point à l'eftudede patiencercombien qu'ils nefoyent du
tb ut délivrez de doulc.ur,qui eft vne aiîedion naturelle. Or il côinent que çeux,qui font
de patience ftupidité,8£d'vn homme fort & confiant vn tronede bois,.pcrdentcoura-
i iacqo.j.n ge& (e ddefpcrent quand ils fe voudront addonner à patience.1'' L'El'criture aucon-
traire lotfèïcs'faintts de patiencc,quand ils font tellement affligez de la dureté de leurs
mauxjqu'iîs n'en fontp.as rompus pour derfaillir: quand ils font tellement poinds .d a-
rnert'oinc,qu,ils ont auec vue ioye fpirituelle:quand ils font telle ment prenez, 4'angoif-
ie,qtHî^he.lâifrent point de rcfpircr, fe refiouyiîàns en laconfolationdeX^cu.Çepen-
• .•• dantcefteiepugnancefede.meneçnleurscqeurs:c'eftquc lefensde naçure-fuic &aen
horreur tout ce qui luy eft œntraire:d'autrepa«l'a(Teclip^c pieté les tifeen fplpei^àn-
cedelàvoi6tédeDieu,par le milieu deces.4j$cult€z:Jaquellerepugnacc Iefus Qiilft
iieaniMi exprimé fâthnt ainfi à S.Picrre:hQuan4 tu eftoisieune tu te ceignojs à tan plaifir , &
chemihpls où bon te fembloit:quand tu feras vieil vn autre teçeindra, &,te mènera où
tu ne voudraspoint.il n'eft pas certes vray-femblablçciue S.Pierre ayanU glorifr^r^çû
par la mdrr,*tt efté tiré àce fake par contçaintf & maugré qu'il en eull j au^pneoc ion
» martyre
Chriflophe S mit 3 a A nuers » 6 J2
martyre n'auroit pas grande louange. Ncantm oins com bien qu'il obtempérait à l'ordo-
nancedeDieu d'vn courage franc &c alaigre,pource qu'il n auoit point dcfpouilléfon
humanité, U eftoit diflrait en double volonté: car quand il concemploit la mort cruelle
qu'il dcuoit fournir , citant c'tonnc de l'horreur d'icclle , il en cuit volontiers efchappé.
D autrcpart,quand il confideroit qu'il y cftoit appelé parle commandement de Dieu,
il s y prclcntoit volontiers &: mcfmcioyeufement, mettant toute crainte fous le pied.
'Pourtant ii nous voulons eftre difciplcs de Clinfl, il nous faut mettre peine que nos jJJjKlji
cœurs lovent remplis d'vne telle reuer jnce &: obciilance de Dieu, laquelle puilledon- 2*
ter & fubiugucr toutes afFc&ions contraires à l'on plaifir. Delà il aduiendra qu'en quel
que tribulation que nous pourrons eftre,&: en la plus grande deftrene de cœur qu'il fc-
roit poisible d'auoir,nous n e laiderons pas de retenir conftammet patience. Car les ad-
ucr lirez auront bien toujours leur aigreur,laqucllc nous mordrarà caufe dequoy cftans
affligez de maladie, nous gémirons^: nous plaindrons , de délirerons fanté:eftans prêt-
iez d'indigence, nousfentirons quelques aiguillôs de perplexité & follicitude: pareille-
ment rignominie,conténerncnt,&; toutes autres iniu res nous naureront le cœur :qnad
ily auraquclcundenosparens morts, nous rchdronsà nature les larmes qui luy font
deués. mais nous rcuiendrons toujours à celle conclufion, c'eltaiTauoir , " Dieul'a iïohlt
voulu, fuyuons donc fa volonté. Nous vous eicviuons ces choies , cherfrere,pour voftre
confolation,à fin que par ceci vous foyczvn peu recréé &vifité en voftre combat pre-
fent.Noftrc principal delircft (commeaufnnous lommes certains que vous faites ) que
vous bcuuicz volontairement &c aucc toute licile d'efprit ce prefent calice, encore qu'il
foitbien duràlachair,vousamfolantparcecientouttcmps, quec'cft la' volonté de c Uat'1°-i9
Dieu,&: aufsi voftre falut. Vous cftes maintenant au ti auail &: au plus grand combat, !*;"l
mais vous ferez bien toft merc,& receu rez v n loyer Se falairc immortel. f Vous fauez bié « *.t««.i.s
aufsi que nuln'eft couronné s'il ne bataille deuement, &c que cefte robbeterreftre ne fe
peut dcfpouiller lans douleur & peine. Nous (bmmes tous fubictsà Ja mort,grans&: pe-
tis, vieux &:ieunes: voire nous fommes tous nés pour mourir :&: combien que la mort
foithorriblc&cfpouuantahlequandonypenié,cllene peut cependant eftte fi amere
quand on l'endurc,&:ne peut aufsi durer long téps: f voire mefmeelleeft meilleure que f Éccier.?*
le iourde la natiuité,carclle met fin à toutes les miiéresde cefte vie*Pourtant,cherfre
re,p reparez voftre cœur pour fournir volontiers la mort pour le nom de Chrift,afin que
par ce moyen la gloire de Dieufoitaugmetec,&: (a fainéte vérité fouftenue&: défendue.
Delpouillez-vous entièrement des iblicitudcs de cefte vie , quelles qu'elles fbyent,afin
que la confiance de voftre cœur ncfoit en rien empefehee.* Ne foyez aucunement em- *Lu< 11 ^
pefché par créature quclconque,foitfemmc,freres,fœurs,parens ou amis, ou par aucu-
nes autres folicitudes de cefte vie.hEftimez toutes chofes pour dom mage & pour néant * Wia.j^j
pour Chrift,' auquel tout ce que nous auons appartient. Non s (bmmes à luy en corps &: • >4 »>
cname.Et quant à voftre femmc,nous luy afsifterons,& en prendrons foin en toute fi- ' ur'3 "J
délité, comme bien fouuent nous vousauons promis, & derechef vous promettons:
foyez donc à repos. Ici ie pren congé,frere au Seigneur, pour la dernicrerbis , vous recô-
mandant au Dieu du ciel& delà terre, qu'il vous fortifie en toute confiance &: hardief-
fc par l'on Efpnt. Amen. Nous prierons le Seigneur ardemmenr pour vous, à fin que vo-
ftre combat foit bien toft fini èc accompli en toute confiance &: magnanimité.
Q_V E L 3 ont cfté les exercices Ac M.Chriftophc fur la fui de fa prifon.
O m m e il s'eftoit porté au difher, il ie porta de mefme façon au foir au foupper,
P|rp iniques enuircn la minuid,lânscclfci d admôncfter&r exhorter amiablement&£
en toute faincte hardiêflè ceux quieftoyent là preféns à la table. Il auoit bien auparauat
cftchardi,& rempli de toute conlblation&do&rine, &: de fentenecs de FEfcriture di-
uine,mais il fît cela plus abondamment &: amiablement en fon dernier fouppcr,& auec
telle grace,quc ceux qui eftoyent afsis à table auec luy,a bon droit s'en cfmerueilloyent.
11 parla beaucoup en grand' douceur de la confiance &hardicffe qu'on doit auoirpour
maintenir la venté /d'abandonner le monde auec fes plailirs,\le porter la cro:x &c Hu"u]70
les toufTrances pour iullice, & fpecialement de la ioyedclavicà venir. 11 traita de
ces choies abondamment & en toute edification.il allégua auffi beaucoup de fentenecs
conlolatoires de l'Eu angi le félon S.Ican,iefquelles le Seigneur Icfus Chrift a proférées
cnuiron la fin de fa vie. Il auoit fouuent en fa bouchcles paroles de S. Eitiennc: m le voy
m Aas.s
Liure VIL Chrifiophe S mit, a Anuers.
les cieuxouuerts,&:Chrilclc Fils de Dieu viuant afsis à ladextre de fon Pcrc,pour mere-
* phi,,, îJ ccuoir en Ton Royaume eccrnel.Icem ces paroles de S.Paul ledefîrc d'eltre defpouillc
de ce corps, &: eftre auccChrift. car tout mon defir eft en Dieu mon Perc,apres lequel
b pfcau 4»i mon ame délire &:languic,i.comme le cerf de/ire la fontaine. Pourtant ce peu de temps
c ï.Cor.y.< quciay encore à viuiccn celle chair me fcmble bien long,attcndu que îc fuisabfentdc
aiTran uo mon ^cre-^-'ar ou crouuera-on vn enfant aimant bié fonPcrc,qui n'aille volôtiers à Iuy,
pour demeurer aucc luy; 1 hclas,hclas,combicn (èra ici prolongée ma demeure.- quand
. pkju.s^.h iray-ic en la maifon de mon Pere,een laquelle vn iour vaut mieux qu'ici mille an s?
IL difoit ces (ho fis auec vnc telle alaigrefje^ioye & liejfc de c œur.que personne nefepouuoit raffaftet
de regarda ft facettant on efoit efmerueiUc '. Finalement de grande peine & Labeur qui/ auoit eu
toute U mmiee^ qu 7/ auoit encore d'admonnefler exhorterait fueur luy fortoit hors du corps: fiait e
iuy la J entant ^dit^efl-cy la fueur de la morf.lt fin fera bien toft. ic defire maintenant de dormir vn peu dt
temps,&* prendre monrepos. Mtisauant que de jerepofer,il alla tonfolcrvn certain prisonnier lequel
vn ' C°nlonC ¥0ur CtrLuncs t'f^0lt tombé en dcjefpotr^ & lequel t hrtflophc auoit fort defiré quilfuj} menéaup) et
nicrdcfclpc de luyjorsqti' il efloit à table. Par-ainfi il parla quelque temps auec luy jort aimablement , leconfoiint par
™- la parole de Dieu.^4pres cela ils en alla repofer.
N ceftenuicl: qu'il deuoit le lendemain efti eiacnfié , beaucoup degens s'aflem-
blerenten grandccÔpagniedeuantlapiilbn,qui furent làtoutelanuicl:,penians
(commeon fait des autres communément qui font deiettres) qu'il ferait noyé,ou que
châteiïclu Pour *e moms,à caufe de lacrainre du peuple, il leroit bru/le en la minuicr. fur le marche,
mes toute commclc bruit en couvoit partoute la viile:&: ellant dciiat la prifon chantèrent Pfcau-
Unuittde- mcs £r cIianibns fpirituelles,3c palTercnt la nuict en celte forte.
liant h pn- /• l a. - i -i • i ,
fOI)l L e matin enuiron lept heures auantquiltult mciu a la mort, il print aimablement
iipicndcô- congéduGeolicr,deiàfem:nc,&:iemblableinentdcrous les prilonniers qui eftoyent
Kr.dci/0 là prefens au deliuner3les admonneftant foigneufement à repentance & amendement
femiw>& de vic,à renoncer à cux-mefmes,&: mortifier les ccuures charnelles , pour s'addonner à
toutes bonnes œuuresxe qu'il leur dit pour fonTeftamcnt&: dernier enfeignemcnc,de
forte qu il toucha de telle façon tous ceux qui eftoyent prcfcns,par paroles amiables ôc
enflambees de zele, que les larmes decouloyent des yeux de tous.
L E Markgrauc \ i Elcoutct aucc leurs halkbar Jicrs 5c fergeans viennent prendre le patient pour le mener à la mort.
n n,d'0£tobre, le Marquis ScTEfcoutet auec tous leurs hallebardiers &fer-
^jgeans fe mirent en equippage, cftans montez fur leurs cheuaux , &c s'en vindieni
droid à la prilon pour mener le patient au fupphce.Lors le bourreau vint à luy, 6c fe ier-
tant à deux genoux luy demanda pardon, lelon lacouftumcdu pays . Le patient luy ref
pondit amiablement&: doucemcnt,difant, qu'il luy pardonnoit volontiers fa mort.
Cela fait le patientfe defpouilla volontairement lufquesà fa chemife, ncrefer-
(cCdet>omi- uant <îue *on bonnette lès chauffes , lefqucllcslc bourreau luy vouloitaufsi oftet:
le foy-mcf mais le patient le pria qu'il les luy permift auoir pour l'honneftete' dénature, iufqu'au
mc- lieu qu'il deuoit eftre iacrifiérec q le bourreau luy accorda. Puis après qu'il euftvcftu fa
Onluymct robbe de nuitt, le bourreau luy mit les fers aux mains, 6l fut ainli mené ' comme vna-
m.i i " gneau innocent au milieu desloups. Les lergeans qui elloycnt là mirent foudain les
f MJt.io.ii jjjjjjps fur iUy fuyans le pouffoyent &: traifnoyent corne vnc pourebcfte.Us vfoyét de
force & de violece entiers le pcuple.en le frappât &poufTant,fous ombre de vouloir fai-
re ouuerture pour paffer.Ils fe portèrent entiers le patient fi rudemcnt,quc hnalemét il
fui contraint de leur duc, Et comment vous portez-vous ainiï enuets moyfie marche
comme vn agneau , de vous-vous portez entiers moy commeenuei s vnc belle. Et corn-
il admôoe- bien qu'ils couruffent ainli viftemcnt pour le defpefchersil ne laifla pasneantmoinsde
ftclepcuple parlerait peuple le mieux qu'il pcuft,iaçoit qu'il luy fuit bien difficile &: fàfcheux:cat il
nepouuoit que bien peu eftre entendu, pour le grand bruit des fergeans &: du peuple.
Or luy voyant le peuplefort elmeu,& craignant qu'il n'aduinft aucune l'édition, dit,Fre-
res bien-aimez^ que perfmnc ne sauance pour me delturer: LuJfcZ^ le Seigneur acheuer [on œiturc en
moy . Que perfonne ne tafche de vouloir empefeher ce que Dieu a ordonné de moy en fun con-
s GiUt.Mf, jlil étemel. "Carie fus ordonné dés le ventre de ma mere, pour eflrcvne brebis Soccifion : ' &* regarde*^
1 , Ml-44 *i yQia phCureq$teiedoy ejftre offert, OutnplMiefmsbiencertMnenmoname^quaccfleheHrececalM ne
paffera point de moy : ainsd fautqucieleboiue,commeilmcflvcrfc du Père. Parque,) levons prie, que
vous
de tous les
prjloiintc
Chriftophé Smit;à Ànuers. tffj
yousnerefifticZjk Dieu enfin ordonnan<TypourmerauircefiefeLcitéta»theurcufe.EiietZ2J\tCon re-
gard fur aucûs desfreres,dit, Perjeuere\conflammen:enla doàlrwe laquelle y ottt auezjreceuê par
mon mini ftere. Car tctlleesl Lyrayegr feule -vérité de Dieu , le fondement de tous les Prophètes t Cor
.Apoflres , fur lequel tay édifié. Icelleeftla pure parolîe de Dieu, pour iacjuelle,^ non pour autre , te de- fcphef.i.ij.
pre maintenant abandonner m a ne & ejpandremon fàn<r,commeivfquà prefenr*par la grâce de C'hnjl,
ietay maintentte &* défendue contre toutes les doclrmts des hommes. Iç demeure donc en icelle, &gra-
cesà Dieu, icrimfuupoint retiré ou deftournéenjaçon que ce fin. ilfautque te yotvs lujfe maintenant
pour m'en aller au Pere.yoiçy la yoye (juimeinck U yte éternelle. Trauaillez^ donc aiitft, mes chers frètes, Mat,h-7- n
afin que par beaucoup de croix & foujfranccs , comme ei'ians ejprouuexparlefeu, you-s ptujiie^ entrer tPi^uj,
au Royaume de Dieu.
Plvsiïvrs des freresouiret ces parollcs &. autres fcmblabJes, &: s'appiochoyent
de tous coltezluy difans , Bataillez vaillamment cher frère, car voici l'heure. Le
Marquis voyant celacrioit &:tempeftoit contre Ces fatellitcs,Fiappez,tucz:tellcmcnc
qucluy&l'Éfcoutettenans leurs Piflolets,faifbyent iemblant de tirer.
Qv and le patient futarriuc au marché où il deuoiteftrebrufîe',vn des hallebardiers JçJJJJJ
luyofta le bonnet delfus la telle, & la robe de fon corps. Lors Chnllophc mettant les phe.
genoux en terre deuat l'attache voulut fairefa prière à Dieu, mais il neluy fut point per- £,jrc^°|!he
mis:car les fergens Se les hallcbardicrs le firent leucr fur les pieds , & le pou fièrent rude- ^<L"^Ôufc
ment dedans les ragots, où le Bourreau factachaauec chaînes defer,luy mettant lacor- pr,erDl*u-
deau col, afin qu'il ne priaft poinr,& qu'il ne parlait au peuple. Attaché qu'il fut , plu-
fieurs delà trouppecommencerent à chanter quelques Pfeaumes,dont les Satellites ir-
ritez, commâdercnt qu'on feteuft, menaçans & frappans au trauers de la trouppe fans
auoirefgardàperfonne. De ceci vintvnefi foudaineemotiô&: troublcentre lecômun Bfmente*
peuple, que plufieurs commencèrent àieçterpierrcscontrc le Bourrcau,& fergens,que [^'ij[°t:t
mcfme le Marquis & l'Efcoutet n'en furent exempts. L'Efcoutct auec fa piflole mena-
çoit de tirer contreles Bourgeois, mais le Markgraueluy dit, Ne tirez point: car fi vous
tirez nousfommes morts. Il fut fi efTrayétquede peur il crioir,Et Bourgeois affiliez no9: i^ld'S-
àc haquebuners aidez-nous : mes chers Bourgeois ce nefommes-nous pas,qui le faifons ^*^c
mourir,mais c'cll le mandemét du Roy: voyez ce que vous faites, c'cll la iuftice du Roy.
Mais ileft bien fi aimé de la commune.que ne les Bourgeois, ne les " Sermens,nc gras ne
petis,n ai.ancerent leur main pour Je lécourir n'aider. L'Efcoutet courut au Bourreau, *eJ^
criant qu'il haftaft bien totllefeu. Les pierres voloyent cependant de tous collez, de baieiiiVa
forte que les vns courans deçà & delà tomboyent& trebufehoyent fur les autres par tas Trermen?"
en grand nôbre:ies autres ferroyent leurs portes, feneftres,bou tiques &:caucj», en gran- laviUf-
de defolation &c confufîon , fi que finakmcnrle Bourreau auec les fergens & hallcbar-
diers le gaignerét au pied. Les vns fecachoyent dedans les caucs de la nouuelle maifon
de vi!le:les autres couroyét par les ruesrle Markgraue & l'Eicoutet s'enfuyren t en la mai
fondeville:oùils fe cachèrent quelque efpaoe de temps. Soudain que les fergens &.hal-
lebardiers fe fu rent retirez, la lédition s'appaifa aucunement,&: plufieurs entrèrent de- Piuiîaine»-
dans l'enclos de l'exécution , & tirerét bas lesfagots,coupperent la corde,&: lafeherent PJ^'1'
lcschaines,efperâsdeliurer le patient-.mais ce fut en vain. car le Bourreau luy auoitcaf- p^-^1*
fc latefte auec vn marteau defer, &luyauoit donné vncoupdcdague par derrière au
dos,qui fut veu par ceux qui clloyétaux feneftres des maifons prochaines dudit enclos.
Quand le peuple vciî qu'il n'y auoitpoint deremedc,on cclfade plustirer les fagots,
ioinci que plufieurs crioyent, Que faite?-vous?bonnes gens,quefaices-vous?vousfaices
àl'homme double tourmét. Ce qu'on trouuavcritable:carlcpatiétmisiurlcschaincs, ^"J™,
i'vncdesiambespanchantedansle feu, & l'autre dehors, fut long temps en vn terrible «efaçonhoc
xnartyre,à caufe du petit feu, lequel brufloit plus de la graille du patient que du bois qui " e*
yeftoit. Onlevoyoitbonneefpacedetcmpshauuant les mains,iufquesà cequefina-
lement il tomba en terre & rendit heureufement (on efprit au Se:gneur.
Son corps fut long tem ps dedans le feu, de forte que plufieurs penfoyer qu'il detioic
cftre réduit en cendres , mais le feu fut elleint& le corps demeura en vn hideux fpe&a-
cle,de telle façon qu'outre ce que la telle eftoit enfondree,& laccruclle efpandue,tou*
te la chair , les cheueux , les yeux, le nez , les oreilles , & les leures demy bruflez , difFor*
moyét le pourc corps.Quant aux bras & mains qui eftoyét enferrez,on n'y pouuoit rien
Toir que les os tous defnuez de chair. Lcsiambcs&les genoux cftoyentfipiteulcraenc
tendus,^ Jcs nerfs recirez, quec'eftoie vnc chofe cffrayableà voir : le dos & le ventre
SSL i,
Iljappdl-t
Scrmem rtuX
har-
bute, ar-
L/Wo VIT. lim Cad
tellement gros &: enflé qu'on ne le pouuoit regarder fans grande compaflGon. Il de-
Le corpi meura en ce fpc&acle enuiron huit heurcs,fans eftrc ofté: les vns le plaignoyent auec rc-
raort diC>' £rets&larmes,les autress'en mocquoyét comme d'vncchofehidcufe ôc monftrueufc.
meure la en o . • i • •««>• -
fpeftacleau Fin a l s m e n t entre trois&: quatre heures après midi, le Markgraue&rEfcoutet
monde. accompagnez de hallebardicrs&: defergens,reuenâs à la place,firét ierter le corps more
fus vntombereau,pour le traîner augibet,felon qu'ils ontdecouftumc défaire: mais il
en aduint tout autrement. Car le Markgraue voyant qu'vncgrande multitude de peu-
ple les fuyuoit, fît charier le corps vers l'eau.pour le ietter dans la riuicrcxuidant par ce
moyen enfeuelir la mémoire d'vn meurtre fi horri ble &C exécrable.
En ces entrefaites on publia par ejlrit Vn aduertiffement a la vtUc d'^fnuersicommc prophétie & pre-
difiion de ce iptieft depuis dduem*tant a icellev:lle,quà plufieurs autres du Pais-bas comme il fera y eu
cy après.
a u ville d' Mal -heur fur toy, ô ville d' Anuers,fi tu ne te conuertis:car en toy le fang des fain&s
îiïit "3 34 C^ c^Pan(^u- Dieu t'enuoyedes Prophètes & des Miniftres pour t'annoncer ton falut,ta
35.37. paix,& ta iuftice,&: pour te raflembler en la vraye bergerie, mais tu ne les veux point rc-
lcamo.itf. Ceuoir.Tu demeures toufiours en vncmefmcobftination,rebelliô&: dureté. Tu noyés
les poures clleus de Dieu à la m inuic comme belles, dedans les cuucs d'eau, leur liant la
tefte,les mains & les pieds enfemblcen forme d'vne boule.Et où ïamais a efté veu fenu
ifaici.ii. blable iuftice? Tu es deuenue ville remplie de meurtres & du fang des fain&s de Dieu,
& ne te peux encore ralîaficr & faoulcr. Tu tafehes de dechafler la parolle du Seigneur,
&. de meurtrir & tuer les gens de bien .Le fang de Chrift &: de tous les Martyrs qui ont c-
fté occis &c iàcrifïez depuis le commencement du monde*eft trouué en toy. On ne voie
v.Icau t.16. en tQyfinon qu'orgueil, pompe, arrogance de vie,concupifcence de la chaire^ conuoi-
tife des yeux,ûefbordement en toutes fortes de voluptez.exroriions,violéccs,méreries,
tromperies,tr ahifons &C reintifes ont prins poifeffion en toy. Finalement tu es deuenue
i^auQ. vncc,té de toute fouillcure& or dure, voire vnecauerne de peruers, voleurs, larrons.&:
icrcm. 7.II. meuf triers,dc forte qu'il neft point libre aux Bourgeois quand le foir eft venu,d aller &
marcher fur les rues. LVn eft mcurtri,l'autrc noyé, bleiTé,nauré,defpouillé &: defnué
de les veftemens. iLcsfemmesauflî y font forcées, les filles violées &: deshonnorees:
Somme, que toutefortc d'iniquité & de mefehans tours font trouucz en toy. Paffant tu
Mat 10% reccuras vn Pe^ant & horrible iugcmét fur toy,fi tu ne te conUertis. Sodome &: Gomor-
rc feront plus doucement traittees au iour du iugement,que toy.Lcs villes dcTyr & de
Mat.n.11. Sidon s'efleueront contre toy en iugemcnt,& te condamneront, car fi elles euffent peu
Matt.io.itf, ouirlcs Prophètes & les Miniftres qui t'ont efté enuoyez,ô cité d'Anuers, ils fcfuflénc
lSïo P'cÇa conuertis de leurs pcchez,en fac & en cendre. Conuertis-toy donc de tes vilenies
Ôc mefchancetcz,ou autrement il faudra que ton lieu foie fait defert.
IE AN CATEL, de Moucheron en Flandres.
CEST V Y-CI ne voulant cnfcuclir le talent qu'il auoit rcceu de Dicu,fc manifeftant àluy par la lumière defon Euangile,
nous cftvnmiroir pour ne nousarreftcràvnecognoiflance particulière de noftrc falut:maisy profiter gçneralement pour les
autres iufiju'au dernier b jut de noftrc vie.
OMME Lille en la Flandre Wallône ou Gallicane eft réputée pour vn
petit Amiersenfaiftenmarchandife(ainfiquilen eft ci deuât parlé )aufîï
elle l'enfuie & féconde à pouifuiure&pcrfecuter ceux qui fuyuét la pure ^
té de rEuangileésafîèmblees fidèles. Et ce n eft pas dauiourdhuy que les
moindres villes enfuyuent Ja façon de viùfc des plus grandes, fe propofans
Les petites pour vn patron & exemple les pernicieufes couftumes d'icelles, pour fc penfer confer-
JSJiSS ucr,& agrandir.il y auoit vn certain fidèle, hommede bien en ces quartiers tè,nommi
des. Iean Catel,iiTu de Moucqueron en Flandres foubz la chaftcllcnie de Couftray, Jequcl
s'cftantdutout.dêdié au feruiccdeDieu,&nepouuantrinuocquercnlibertéfelonfa
fain&e parolle,dehbcra d'aller en Allemaigne, à fin de vojir & apprendre la'forme dès
Eglifesreformées,pourviure félon l'inftitution d'icelles. Mais auànt que partirai itiii
peine long temps poury attirer fa femme & la mener auecque luy,luy remonftrant le
bien qui prouient de la vraye cognoiiTance & adoration 'd'vn feul Dieu, & au contraire
le grand malheur que c'eft de fuiurc la do&rinc des Idolâtres, Or cftoit-elle fi adonnée
à la
Ejltéllfjeitvnt des Canjifloires.
6 S 4.
à la^frulTc-f c hgion de h Papaur , quecç laincl mary ne ivv.t tant taire paricsenfcigr< 1 •••• '<•
mens, de ta :etircr de reft errear. îl pnrtit doneques le ni en la garde de Dieu, clpc jj-,'^î(;!.
rantu1 obtenu la iouiïïance du bien qiruauoit rant defire'. Avanr pr>r artez longue cfpa-
cede temps confideic fvttlitc qu'il rcecuoit en ces Eglircs d Allemagne, il tue dete-
chef cnuie d'clTayer pai tous moyés d'attirer en ce?; pais-ta (a petire famille, h t pourec lo
mu: en chemin cfperant trouucrfafcmmeen mcrllcurcdifpofirion de le iuyure. Mais
qu'api il fut arriue,quelquc$ remontrances qu'il uy feeuft taire, elle Jcrr.eura obfti-
ncc,à;ncrvoulutoncquesconfthtirau bonconlci, defon marv. Adumt que* c elte fem-
me. trefpatTa peu de temps apres-.tcllcment que Ica n Catel deliuré de i elte Crohr,rctour
naaFrancfort,& y mena les enrans quant Sciuy,a fin de les fan e inftnure en L crainte
du Seigneur Cependant qu'il demcuroit làauec lafimillc, oyant dire que les Eglifes
n^clcidupaas-bascc mnicnçoyenr àflorir&L mukiphertout loyeux le propola d'y re-
tourner pour aider à red!flcc,&: communicqncr les dons que Dieu luy »«o»t départi.
Mfri* quelque temps api es qu'il fur arriucjcflant appreht ndc par la Iullicc de Lille , tC
cQnftrtuc'pnfonnier,feit vncconrefîiondcla foy m toute rondeur &r inregrité. Vruy
clique par quelque inftrmitCiOu crainte de la nvort,ilfiitefbian!cauCuncmcnr, le pre-
pp&ht les tourmers qu'il audit à fourînr:mals Dieu le redrciïa par (on fain& FJprit,& le
fortifia de celle conftanccqii 'il furmonta tonsles tourmes qu'on luy propoloir.cV; périr- ^'J"^"*
ltaenlapureconfcfliondel'Euangilc.A'raifdndequoy il ftit condamne" deftre hruflérc a« hes,
tout vif. & le Bourreau luy augmenta le tourment par petit feu: au milieu duquel ce P01^'"
Martyr ncantmoins rendit linguherc approbation & tefmoignage de Jcfpcrancc m ^ ^
qu'il auoit de la vie éternelle. Il cftoitaagéenuiron de trente lix ans,quand il f,ut exe- vertu,
cuté en Uditc ville de Liflc au mois de Noucmbre^cn celle année m . o . l xmi.
Huitième liure des Martyrs, &
H I STOI%6 ECCLESIAST 1 QJUe
des derniers temps.
TOVC H^NTles Confiton* & U Màfhne E( défit Jïi<j*e des Egbfis rtfirmccs,&
comment elle à efiéejtabhe en France &• «fleurs.
E SI grande diuerfitédenarions&penplesainfî recueillis au
Seigneur par lapredicatien de TEuangile, comme il aefté veu l'v»ô jv
cydefTusJ'vnioneniaprofcflion d'vnemelinedoihincg.n dec J^J^
&inamtenuepartantd'F.glifes reformas, cft lur tout clmcr-
ucillable&: notable. L'Etprit de Dieu y bcfongnoit puillam-
ment au milieu detantd hornblcs confinions de celicclc, pat
vnefainttc reformatiô& dileiplincEccle(iaftiqucobferuec&:
entretenue elditef Eghfes.dc l.iquellc comme d'vne partie Ipc-
cialement pertinéte à ce Recueil ci clefiaflique, il cft lu loin d'-
en toucher fommaireméccVmontlrctqueceftprcmicrctr.cnt:^ comme les fîdelesla
practrquêt &: dcfaic"t& par elcritsparcuxmiscn lumière. L* s Anciens la comparai» Cypr.!?.*.*-.
éM9ouacMAt<ïvnn*utre,\onç la nommans£*r<fcdrk >y,ont voulu fi«n:ficr non feulement ÇjfâVr
combien elle ell probable, mais aufîînecert'airc. Car puis que I h^lilcde IVu clt ordi-
nairement agitée de troubles fi^tempeftes^lfcrotcimpofîiblc quelle ne fut mcominéc
abifmec encôfufion extrême, li clic n'auoit la Di Iciphnc pour eoduite & adreife. Et de
ffit«t>q ui eft ee qui ne fçatt par combien de corruptions la dedrinede l'Euangile a elle
Lime VIIL De la Police &t Difcipline
falfifiee iiya fi long temps depuisque ladite difcipline a cfté retirée de l'Eglife. Or cefte
difcipline h'eft autre chofcfirionvn reiglement fpirituel eftably par l'exprès commade-
ment de Dieu, tendant à ce que la parollc foit conferuce en fon entier, & non corrôpue
ou falfifiee: que les facremens ne foyent poilus parles mefchansrque ceux qui ont la
charge d'enfeigner l'Eglife & veiller fur icclle,foyét légitimement appelez à leurs char-
ges^ les exercent deuëment:queceux qui fe rengent à la prédication de l'Euangile, la
mettent en erled par vne bonne & faincïe vie, eftans toujours con tenus en 1 obeiuran-
Cc <jui eft ce de Dieu &c du Magiftrar,&: en tout dcuoir & charité enuers leurs prochains. Le tout
ÎSoir«&° rcucnant là,que Dieufoit glorifié,le règne de Icfus Chrift (on Fils aduancé,&: fon Egli-
Synodcs. fe édifiée fcrepui'gee de cous fcandales. Voila en fomme le but auquel tendent toutes
leschofesqui font faites &c traittees tant es Côfiftoires quesSynodes Ecclefiaftiques\
Or il eftaifé à iuger de la différence qui eft entre la difcipline de l'Eglife, & l'authorité
ciuile du Magiftrat:a(çauoir que ladi&e difcipline eft fpi rituel lc,&: concerne feulement
différence, le faitt des confciences,n'ayant autre glaiue que les remonft races tirées de la parollc de
méreJi?ïe° Dieu,& les corredions fondées fur icelle, fans auoir aucune iurifdiction nefurle corps
au nuqi- nefurles biens. Mais la puifîance du Magiftrat regarde les chofes temporelles, admini-
j?raj.^li(li ftreiufticeàvnchacun^'eftend&furlesbiens&furla vie, frappe les mefehans par le
cîcfiAft.^" glaiue matériel que Diculuyamis en main,&: généralement conlerue le repos &: la
"~ tranquillité publique par le lien des loix,lefquclles elle fait entretenir & obferuer auec
main forte. L'vne donc eft fpirituelle, l'autre ciuileTvne regarde feulement le faid de
laconfcience,l'autrciettefaveuëfurles chofes extérieures qui concernent le bien &: le
repos de cefte vie-.l'vnes'employediredement pour retenir les hommes en J'obeiffan-
ce descommandemensde Dieujl'autrclcs faitaufli renger &: ployer fonbs l'oblcrua-
tiondes loix politiques 8c* ciuiles; l'vne ne peut que perïuader, l'autre peut auflî con-
traindre. -Bref, l'vne confifte en admonitions,aduertiflemés & rcprehenfions,& l'autre
eiichaftimensSc" punitions ou corporelles ou autres, félon le mérite des fautes Se de-
lids.Parquoy ladifciphneEcclefiaftique ne diminueaucuncmét l'authorité du Magi-
t ftrat,mais aucontraire eft miniftre d'icelle,en difpolànt les cœurs & volontez des hom
difcTptfcrt1 mes pours'yrcndre mieux obciflans.Etfilediredes anciens eft vray, Qu'il n'ya mcil-
aux Magi- leur fondement pour l'authorité des Roys & Princes, que l'obeiffance volontaire de
ftr4ts* leurs fubieds, on doit beaucoup eftimer les moyens qui induifent lefdids fubieds là
vne telle obeiffance. Et com me icelle difcipline iert au Magiftrat pour ceft cffed,au fli
eft- il raifonnablc qu'elle foit maintenue &: conferucepar luy en fon droict & légiti-
me vfage.
Ce s t e difcipline obferuee efdites Eglifes reformees,aeftédrcflee non à l'appétit
d'vn hommeoudedeux: mais par lemeur aduis&iugementd'vne grande &c notable
aflcrablee des Miniftres en l'an x 1 1 1 .du règne du feu roy Henry 1 1 .l'an de grâce m. d .
l i x. Lcfquels Miniftres n'ayans autre but que la gloire de Dieu , &: l'édification de
fon Eglile, fondèrent ladide difcipline fur la parollede Dieu, fexaminans félon icelle
au mieux qu'il leur futpoffiblç. Etpar-apreslayans prefenteeaux Eglifes, elle futre-
ccuè'&: approuuce par leur confentement:&yaeftéiufquesà prefentfoigneufement
&religieulcment pratiquée.
IlyaenchacuncEglife vn Confiftoirecompofé de Miniftres, Anciens & Diacres,
qui tous enfcmblc ont la charge de veiller fur l'Eglife:la conduire 8c" gouucrner félon
la parolle de Dieu , & repurger de tous vices &: fcâdalcs:à fin qu'on y voye fleurir toute
Minâtes, picté,charitc & reuerence enuers la vraye dodrine.Les Miniftres annoncent la parolle
de Dicu,adminiftrent les Sacremens, 8c" veillent généralement fur l'Eglife. Les A'n-
Ancicns c'cns voyent plus particulièrement toutes les parties de l'Eglife, &: rapportent l'eftat
d'icelleaudid Confiftoire. Les Diacres ont peculicrement la charge des pourcs, à fin
Ducr^. £c |es fecourjr & afJîfter des aumofnes qui font recueillies en l'Eglife. Les fcadales font
déferez audid Confiftoire, &: les remonftranccs conuenables raides aux fcandalcux,
ConGftoirc au nom & authorité de toute l'Eglife.Si la choie requiert necefTairement que les fean-
mo^iLa Galeux foyent excommuniez, œla eft cognu & décidé par ledid Confiftoire. Le peu-
excômuni - pie en eft aduerri,& exhorté de prier Dieu pour le fcandalcux: puis le iugement oTicc-.
canons & jUy Confiftoire auec les f aifons propofé au peuple, lequel y confentant &c l'approuuâr,
4c îcps. ]'cxcornmunjcatjon cft ajn^ fa,*àc# Quand il eft queftion d'eflire vn Miniftre, A neien,
ou Diacre,ledi& Confiftoire choifit premièrement ecluy qu'il iuge le plus capable d'v-
nc
EcckfefHque}&> Cônfifioires. 6 jj
ne telle charge,& lehommeau peuple, à fin qu'il aduerciiîe s'il fçait choie fiifjfnante
pourTempcfchcrd'eftreeflcu. S'il n'y a empefchement,lors il eft premièrement efleii
au Confiftoirc:puis prefenté au peuple:lcquel y confcntant& l'acceptant, I'cle6tiork0ft
parraiite.Lctoutreuientlàqu'oncmpefchcd'vncoltcla tyrannie &: l'ambition, &: de
raiureonobuieàlaconfufion&:licence:quicftlepoindlprincipalà obferucr en route
difciplinei&mefmcs en celle de i'Eglifc.Et pour micutf entretenir toutes chofes en or-
drCïilyadesa^remblcesdeplufieursConfiftoireSiquandlaneceffite le requiert, ou des
pe* fonnes députées par iceux, qui décident des chofes plus djfficiles:&; iettent l'œil fur
toutes les Eglifes,pour y redrefler ce qui feroit de vicieux . Et celafefait par le commun
aduis &£ iugement defdites ahTemblccs)(àns que fvn y ait plus de punlàncc &c authoritc
que l'autre.
L e gouucrncment donc en gênerai & la conduite de cefte difeipline Ecclefiafti-
que,appartient aux Pafteurs, Anciens & Diacres, par ce que les mots de veilkr, gvuuer-
ner,prefidcryconduire,S>£ autres de mefme fens leur font ordinairement attribuez en l'Efcri p^*|^ jj.
cure fain&e,&: non à tout le corps del'Eglife. Ss^cn"
Premierement,le nom dEuefque ou Surveillant impofé à ceux qui enfeignen t en l'Egli-
fe, monftre corne au doigt que Dieu lesaeftablis pourauoirlaconduj&ed'icclle:cka th'^ *
voulu que tant eux que toute l'Eglife en fufl'ent aduertis par le nom qu'ils portent. Co-
rne auffi S.Paul tire de là l'exhortation qu'il fait aux Pafteurs de l'eglife d'Ephefcleur di Aû.*oa*
fant quibprennet garde au troupeau auquel le S. Ejpritles a mu Euefques pourpaislre CEghfe de Dieu.
Et autre part,D/e« a mu(âizAl) aucuns en TEgiife premièrement ^pojhes^jêcondemenr Prophetést j.Çor.u.t^
tiercement Docteurs:^ pu'u les vertu* fconfequemment les dons deguerifonjecoursgouuerneurs, & ce
qui s'enfuit. Auquel lieu nul nedouté que les gouuerneurs ne iê rapportent aux char-
ges & offices Ecclcfiàftiques. Comme àuflî ilditàTimothce que les ^fnaes qui prefident i.Tim.f.17
bien Jfontrepute'Zjdignes de double honneur.prmcipalement ceux qui trauaillent en laparoUe & do3ri-
ne. Et ailleurs il exhorte ceux qui prefident en l'Eglife de fen acquitter fongneufe- Rbm41'*
ment.D'auantage il efcrità Titcque l'Euefqut doit ejire irreprehenfbleicomme conducteur de Tk.1,7
la rnatfon de Dieu. Etaux Thcilalonicicns , Qu^tls doiuent recognoisîre ceux qui trauaillent en-
treux , £<7* qui font par defiUs eux au Seigneur , Grqui les admonefient . Ce qui eft encores '
déclaré plus euidemment parce que die l'Apoftre aux Hebrieux , obeijfez^{ dit-il )à Heb.13.17
yos conducteurs & vowy fouhmetteT^carilsvetllentpourvos ames,comme ceux qui en doiuent rendre
compte.Etvû peu après il veut queles Hebrieux faluent en fon nomleurs conducteurs ,<*pHeb.i3.i4
fow/<r.<yd[;»c75:iignir]anta(lezque tous indifféremment ne font les conducteurs de l'Egli
fe.Tous ces pàffages monftrent la chofe côrrte à l'ceil;&: font entëdre que Dieu a mis le
gouucrnemét & côduitc de fon Egliie, nô es mains de tout le peuple,mais d'vn certain
nôbrechoificntretous,Icquelilaappeléà cefte charge. Si les aduerfaires &: contredi
lans à ceft ordre Ecddiaftiquerefpôdent qu'ils n'oftét pas les Côfiftoires,mais veulct
qu'ils foyer moderateuts de l'alfemblecdu peuple,laquelle neantmoins fegouuernera
i'oy-mcfmepar la pluralité des voix.eeftc refpohfe eft aiTez combatuc bc desfaite par1
les parollcs de l'Apoftre, quand il les afîigne tellement conducteurs, qu'il commande
qu'on leur obeiffe,&: qu'on s'y fdubmctte,auec cefte raifoli qu'ils veillent fur l'Elfe, 0* en
ont àrendre compte à Dteu.Dont il faut confeffer que lacôduitede l'Eglife eft mife entte
leurs mains. Car qui eft celuy qui doiue rédrecômpted'vne chofe quineluy eft pascô-
mifeîll n'eft donc pas en cecy qlieftion d'impôfer filence,de faire parler par ordre, de rc-
ccuillir les voix,& prononcer ce qu'il aura pieu à tout le péuple,marsil f agit des amesôd
dcsconfcienccs de tout le peuple,furlefquclles fes conducteurs doiuent veiller pour
le compte qu'ils en ont à rendre. ïiArgumtt,"
Et de faicT: la création &inftitution des Anciens de l'Eglife faietc parles Apoftres, fonde fur ce
ofle toute diffîculté-.veu mefmes qu'il appert que lcfdi£h Apoftres &: Anciens ont goU- ^^fj^
ucrnc&: conduit la primitiue Eglife,&:fèibrttaiTemblez toutes fois &: quantes que la poftrcs eo
neceflîté de l'Eglife fa requis.Comnie il eft di£t que fEgjife d'~4ntioche voulant auoir ïaduu PJnuuue
des ^/pojbes fur vne difficulté touchant la doctrine , cnuoya vers lefdits apoftres & les Anciens de Adta^a.
I Eglife de Ierufalem.hemyquiceux sajfemblerentpoury dduifer. Puis en vn au tre lieu, que les *An~ A&.*m|
cienssaffanbkntche^Iaquespourdehbererdecec^S.Paulauoitk faire pour fe purger des calomnies
piluyefloyenttmpofea. 2LSS&
D'auantage, que ceft ordre inftitue parles Apoftres ait continué en l'Eglife ancien- furlanth*
ne,ilfe voit aftèz par la lecture des anciens Docteurs, qui en tefmoigncnt en plufieurs ^fcsDo'
^ndroicts. Comme Iuftin'Martyr deferiviant l'ordre de fon temps, fait mention d'vn Su- »»Apoiog*
SSf.iii.
TermUpo f€ri&&& dè quelqm pta&es Et Tcrculiar* déclare qu'il y auoit quelque* 4pàèns>gm fa
Hiet.inEC ^^jfr&Miwcm^eM^ temps, Noms avons (aiz~i\) no-
origSomiL yfc* j*»4«p^rjçglj^* y^4iioir£tf coM/y^^c2«^^evM.Ecpocnr n'eftrelongs enchofe toute no
7. in lof. t(tf te, qu'on prenne garde aux eferits de tous les anciens,^ on trouucra qu'rlsifc (antacn
^o.adVi- fon£èZ(ôn ccftendroità la façon dcpartcirdprEfcritdiic&inde^ppelanrlciPafteijrsîas
Cypr. Bb.t. c6du£tcurs de rEglife,fupericurs,gouuerneùrs>a£ autres femblables , Gutequ aucun at>
epi.1, & U.3. ^r fo^ç ccs B(}rriS4a à tout le pcqpîe*Mcfmes qui voudra voir ce que les anciens ont orou
Amb.fer!n. delaurcemincnce des Pafteurs dcUEgiife»de l'excellence & du deuoit de leur charge,
Epipha.côt. ^îft voye-le trai&é que S.ChryfoftQme ena fai&,& poife les raifôs qui y fonç cotenucs.
Aug. E t quand il n'y auroit tant jdc paffages pour condamner vn gouuerncmcnt po-
corr.&gra. polaire, la-éonfdfion horrible qui s'en cùjfuyuroit,doit feruir d mftru&km fuffifarite.
Sfcmviu Car oui'e pourra trouuer l'ordre tant requisen rEglifepari'Apoftre,fi l'EglifeWa au-
Conftlj. tregouuerneur que la pluralité dc;fes opinions? La confufion eft la compaigne de la
conS îV" multitude : & fçait-on aflez que c'eft que du peuple : & qu'ordinairement lamcilleurc
i4 partie eft la moindre, fur tout quand il eft queftion du feruice de Dieu. Du temps
chry.deSac- <$cM0yfe - Caleb & Iofué difans la vérité au peuple, furent prefts d'eftre lapidez par
nôo*^40 luy: Du temps d'Achab, Michee maintint la vérité contre quatre cens prophètes ab-
i.Roii n, ufcurs &mcnfongers. AutempsdcIcfusChrift,dcfes ApoltrcSj&del'Èglifcancien-
18 ne>le nombre desèons a toufioursefte petit au regard des autres. Or, comme fi envri
/ hâuire ceux qui feroyent dedans , vouloyent rompre l'ordre qui y eft accouftumé,o£
quéchacuncouruft à la poupe pourgouuerner,on nepourroit attendre aûtrechofe
qirvn prochain naufrage : pareillement fi en l'Eglife tous indifféremment vouloyent
entreprendre le gouuernemcnt,il eft certain qu'elle demeureroit du premier iour (ans
condùite,SctQUsperdroyentiuftcment ce que tous auroyent témérairement affc&é*
Pai?*#t laconcjufion foit, que puifque la parolle de Dieu donne le goUucroemcne
defÊglifcinon à tous,mais à ceux qu'il appelle peculierement en cefte charge : & puif-
que le gouuernement populaire eft non feulement deftitué de la parole de Dieu, maïs
fuyui^e toute côfofion & ruine,on doit retenir cefte difeipline Ecclefiaftique, U rciet-
ter la noùuellc façon dcgouucrner qu'aucuns fantaftiques veulent introduire.
* Ci déliant*
P A V L MILLE T> «fa CHEVALIE R , mtnifbc au Pau-bas t
LES priforis font fentif aux Efleuz en leurs infifmiteï que Dieu eft leur Pcre propice, donnant
la vraye pratique déroutes fes promettes. € eft exemple eu eft roe manifefte efprceuuc.
P A V L Millet, du Cheualier , miniftre de i'Euangile au Pais-bas, &
r* nommément à Lifle lezFlâdre,auoiteftcmoynecnfontcmpsdc fordre
SXsSs \ACS jC°r^cncrs cn k vi^c de Tournay,d'aifcz bône&hôncftccôuerfation,
S * veu le lieu,la cauerne &: beftes fauuagcs entre lesquelles il dcmeuroit.Car
outre la chargequ'il auoit d'enfeigner les pctitsnouiccs,il prefehoit aufli quelques fois:
&: combien que ce fut à la façon des autres,toutesfois dés- lors iiluy cfchappoit de dire
bien ibuucnt quelque chofe approchante de la veritéj&dcfcouuroit ce que les autres
auoyenc fi grand peine de cacher. Cecy eft digne d'eftre noté comme chofe rare,àfça-
uoir,quand on faifoit mourir quelques malfaiteurs, cftat appclé,ilauoitceftegracedc
les admonefter fort bien à propos>& les enfeigner deuât U durant le fupplicc , au grâd
contentement des patiensôd du peuple. A la fin il fedefcouurità vn fien compaignon
Cordeliér,cn forte qu'vn nômé GuillaumcÇornu (duquel nous auons mis au precedét
liure le martyre aducnu"enTournay)l'ayant entédufeit telle pourfuiteq ledit Paul &c
fon compaignon conclurent du tout de fortir,auec pr orne fie de iamais plus retourner.
Eftansdemoinez,onlcs cnuoyaaucc lettres d'adreircàRouen,où pour lors la vérité c-
iloit publiquement prcfchcc, afin que félon l'efprœuue de la dextérité de leurcfpric
& fçauoir,on les emploiaft,quand ils en feroyét requis. Quelque téps apres,Paul eftâc
demandé par l'eglife de Vallcncienncs,apresauoircfté examiné par les Miniftresdu?
ditRoucn,fut trouué qu'il pourroit aucunement feruir pour l'édification de l'Eglife do
Dicu:àcaufedcquoy ûrut cnuoyc.Mais luy qui cftoit de bonne con/cience?ne vou-
lant
Pml MMkty&t Gbeualier. 6j6
lant rien entreprendre contre iccllc,s'excufa par pluficursfois:&r mefmeeftantarriuéà
Vallcncienncs,ainfî qu'on le vouloir côfer mer au miniftere,fe Tentant infufïîiànt à vne
telle vocation, iupplia humblement ladite cglifedcluy faire cette grâce, auant qùe de
l'admettre en telle chat gc,del'enuoyer à Paris quelque tcmps,poureftrc mieux iàçon-
né.Ces choies confiderées on aduifa del'enuoyer à Paris, mais d'autant que là on ne
iouilToitu pleinement delà parolle de Dieu comme à Orléans, il s'yrenra pour élire
mieux inftruic & enfeigné qu'il n 'eftoit. Il y rut tout le temps du liège d'Orleans,fai(ant
dcuoir&defrequcntcrlcspredicarions,&:de s'employer à la befongne des fortifica-
tions de la ville.durant lequel temps on appeveeut bien qu'il auoit vne vrayecraintcdc
Dieu &zeleà là parolle, parce qu'outre la peine qu'il prenoit à trauailler auec les au-
tres, il enduroit grade difetre,& cependant l'hqnnefteté en toute patience fansdeicou-
urir lànecelîité.Apres la paix faite parle moyen du Prince de Condé d'vr.e part , &: le
Conneftable d'autre, il trouua bon,(uiuantl'aduisdes Miniftres dudir Orleâs (lefquelz
luy donnèrent attellation delà bonne vie &: conuerfation ) de fe retirer au Pais bas, à
caufeque les egliles le multiphoycnt grandement. Or eftantarriué à Vallencienncs,de-
clarala cauledela venue en vertu du tefmoignage qu'il auoit:& luy fut permis d'y prel-
cheriufqucs à ce qu'autrement les eglilèsd'vn commun contentement en cuilent or-^
donné. Ce que bien toft après aduint. cartoutes les eglifcs du pais-bas eltans affem diTrAls-bL
bleespour décider de leurs affaires en ce qui rouche la gloire de Dieu ,&: le fajcl de la affemblees.
police Ecclelîallique, le confirmèrent Miniftre, nonobllant les allégations &: exeufes
pour prouucr fon mlurfilancc.Cela faid,iJ luy vint en fantalie de Ce vouloir marier :&C
derai&efpoulà vnehonncllc fille nommée Marie, qui s'eftoit retirée d'Armentieres,
dont elleciloit natiuepour la Religiô. Mais depuis qu'il fut mane(on ne Içait côme cela
aduint)il commençaa perdre courage,& à s'ennuyer en ce pais-la, à cauléde quelque
crainte qui le faifit:& cerchoit tous moyens à luy polfiblesdele retirer en France, &: fa-
Kit luy donner àla fin (on congé, à condition toutesfois qu'il demeureroit toujours ob-
ligéaux eglifesdu Pais-bas ,&: que toutes les fois qu'on le demanderoir, ilferoitrenu
de reuenirfar s difficulté, ne deflayquelconque.Eftant party d'Anuersauecfa femme,
ayant afsifté au Synode,&: où (on congé luy fut donné, arriua en la ville de Liflepour y
faire fes affaires auant (on partement. Mais Dieu, qui lçait tourner toutes choies à fa
gloire, dilpoiabien autrement que ledict Paul ne penloit. Carénant fur le poinct de
partir, il luy vint en fantalie d'aller auec fa femme (oupper chez vn nommé Matthis,
homme craignant Dicu& diacre de l'Eglife, lequel eftoit pour lors forr recerché par la
îuft ice de Lille à cauledela Religion. Ses voiiins lachans qu'il eftoit pour ce foir en fa
maifbn,aduerurent le Doyen de la villc,lequelaufîi toft le fie içauoir à la ïuftice, pour
élire prelte, quad il en auroit befoin. Or d'autant qu'ils foupperét allez tard, Paul léntac
qu'il-y auroir incômodité à fe faire côduire en fon logis rant tard,dit à Matthis, qu'il de-
meureroit celle nuict la chez luy. Matthis luy déclara le dâger, & qu'il feroit mieux de
n'y point coucher, dautâtq ny l'vnny l'autre eftoit autremét alléuré,&; qu'il viét en
vne heure,cc qu'il n'uduiéten cent.Tâty a qu'il ne luy feutperfuader de fe retirer à fon
logis. Enuirô deux ou trois heures du matin, en la dernière fellcde Pêtecoufte,lePrccu-
reurduRov en laGouuernace&: Chailellcnic de Lille , accôpaigné defergés vint àla
maifon de Matthis, Se d'abord heurterer doucemet à la porte. Voyas qu'on ne le haftoir
point deleurdôner ou ucr tare, ils rôpirent vnefeneftre par laquelle ils parièrent pour
eux mefmes ouurir la porte.Toutesfois ilsnefccuret Ci toft auoir rôpu ladirefeneftie,&;
ouuert la porte, que Matthis auec fa femme nefe (àuuaft par le derrière de la maifon.
Paul demeurant couché auec là femme, pouuoit aullî auoir moyen de fe l'auuer, n'etift
efté que Dieu ne luy en donnoïc point le courage. Les fergens voyans que ceux qu'ils
ccrchoycntleurcftoyentelchappez,commencercntafurettcr haut &: bas la maitbn.
Etcntrans en la chambre où eftoit Paul auec fa femme, demandèrent à lalcçur de Mat-circonftan-
this,qui eftoit ceft homme& celle femme, là couchez enlemblc. Elle reipondit quec« notables
c'eftoitvn marchant de France qui eftoit là demeuré au coucher. Et d'autant qu'il par- p"j_prifedc
loit alfez bon françois, ils penferent qu'ainfifut, &:nel'o(érenr conilituer prilonnier
fans preallablement auoir demandé congé au fiifdit Doyen: lequel leur commanda de
le prendre. Ce pendant qu'ils allèrent vers ce Doyen, ils laiiferent garde en la cham-
bre où il eftoit, craignans que celle proyen'efchappaft. La femme neâtmoinsffbleua,&:
feignanç d'eftre malade defeendit en bas: où ne trouuant perfonne , elle fortit de la
SSf.iùiv
Lmr<Ut V III. PaÀl^itietrfit Cheualier.
maifon,&: efchappa parccrtioyen.il fut mené droit au Chafteau delà ville» & inconti-
nent interrogué d'où il eiloit,&: de quelle vocation,& ce qu'il faifoit en la ville, & prin-
cipalement en lamaifondeceluy où ilàuoiteftéprins. Il reipondit frachement>dccla-
rantquelileftoiti&s quelle vocation il exerçoit: ce qu'oy ans turent bien eftonnez , &
fur tout de l'ouyr ainii promptement & do&cment parler.Eftant donc en ce Chafteau
(oùilfut aflèzlong temps)onncceiToitdcluy amener force Caphards, pour difputcr
contre luy,rnais celcureftoitpcineperdue,d autant que Dieu lemunilToit tellement
contre eux,qu'ils n'auoyéntquemordrejiiygaignerfurluy. Quelque temps après on
remmenaenTournay,&futmis prifonniercnla cour de l'Euefquc,en vneprilon fort
cftrange(comme on peut veoir parles eferits) là où il demeura bien long téps, endu-
rant de grands combats &tentations,iufques à ce qu'il rut ramené en la ville de Lille:
en laquelle cftât derechef remis prifonnier,onluyprefentavn certain Cordelier nom-
mé Defbonnets,lcquelfolicitafort ledit Paul à fe defdire, vojre iufques aie troubler
en fa conicicnce:tellement que Paul le pria de le lanTcr en paix, ou bien de luy tenir au-
tres propos.Et vn iour com me Deibonnets luy eut demandc,Nc crois-tu pas,qu'apres
lesparolles prononcéesfurrhoftie,quelepainfeconuertille aucorps de Iefus Chrift?
Paulluyrelpondit,Si i'eftoyevnc Ample perfonne,aifément tu me ferois entendre ce
que tu voudrois,mais veu que tu fçais que i'en ay conlàcré à ta mode plus de mille,voirc
les ayantlaùlees fur l'autel couucrtesd'vncorporal, la nuid fuiuantc les rats &c fouriz
les venoyent mangcr:pourquoy me demandcs*Eu telles chofes,commefiie ne fçauoye
comment le tout s'y porte?
OR àfindemieux entendre non feulement fcscombatsextcrieiirs* qu'il a eu con-
tre telle forte degens,raais aufsi intérieurs qu'il a fouftenuz contre îbymcfmc, il eft coh
uenablc &c conforme d'inférer &: conioindre àl'hiftoire quelques Lettres qu'il aelcrjtes
cîurantfonemprifonnement,lefquellespeuuentdôneraiiflià cognoiftre aux le&eurs
la fain&edo&rinc dont cftoitmuny ce fidèle Martyr du Seigneur, à fin qu'à fon exem-
ple en pareilles adueriitcz,&tcntations,nousfoyonsfermes& conftans, comme il eft
iequis au vray Chreftien. Toutesfois à caufe du nombre trop grand d'icellcs Lettres,
nousauonsfommairementrecucilly la fubftance des plus longues d'icelles, &c les au-
tres dignes de ce Liuremifcs au long,cftans pleines de toute confolation Chrcftienne.
Premièrement donpques il efcriuit aux frères fidèles de Lifle(faifant deuoir de vray. Mi*
niftre,ne fc lalTant d'enièigner,)Que toutes &c quantesfois que le Chreftien fent la
Sommaire main de Dieu appefantie fu r luy,que nonobftant il ne le doit abatre &: defefperer * ains
^^^ferefiouyrde telles chofes,fachant que cela vient commedelamaind'vnPeréquinc
de Paul veut perdre fonenfanr.tellementque tels chaftiemens nous font du tout profitables*
MMct. Car ils nous refucillcnt &c nous font recognoiftre Dieu , lequel auoir efté oublié de
nous. Il les prioitaufli&exhortoit. par icelles, qu'ils neceiTaffent de prier pour luy, co-
gnoiflant qu'il ne pourroit euirer la mort,ne les efpouuantemens d'icelle eftantajTaiHy
de tant d'ennemis. Que fon infirmité deuoit eftre corroborée par continuelles prières
deTEglife. Qu'ils vfalïent de charité entre eux: que tous s'entreaymaiTent tellement,
qùeiamaisdifcordn'aduint par leur faute. Qu'ils eulTent vn vray zele de Dieu, de fon
honncur&delàgloiretqu'ilsfeconformaiTentàla {implicite des petits enfans. Qu'ils
gardalTentde s'endormir en leurs péchez :& qu'ils crialTcnt mifericorde au Seigneur
Dicu.Finalement qu'ils euflen t fouuenancedes fain&es admonitions , qu'il leur auoit
ï«rak d'au faites. ^ Et par autre Lettre il leur mandoit qu'il auoit commencé à rédiger par eferit
très lettres. vnc confciïîon de foy pour leur enuoyer,mais queletempsnepermettoitqu'Ala feeut
paracheuer,eftant fi prochain delà mort.Quele défi r du falut qu'il auoit de tous, eftoit
càufe qu'il leur mettoit tant fouuent deuât les yeux la crainte de Dieu , & les enfeigne-
mens qu'il leurauoitfai&s.Quilauoirgrandbefoin du fecours d'enhaut,cftant infirme
&: pufillanime de naturcimais que par leurs prières il pourroit obtenir grâce de confta-
ceenucrsDieu. ^OR entre les au très Lettres celles qui s cnfuyuentàcaufedelabrcf-.
ucté d'icelles,oniefté âppofces en ce lieu:dont la première eft à faFémc,& l'autre à vne
Demifelleduditpais,qu'il auoitinftruitecnlafain&everitc.
LA GRACE paix & mifericorde vous foit à Jamais jiit Dieu nofttc Père
&noftre Seigneur IESVS CHRIST.
*A CHERE &bôneamye,de tout mon cœur ic vous falue, vous priant qu ayez
îpaticcede ce qu'il plaift à Dieu nous affligerdc telle forte corne nous le fommes.
îcluy
±-auUXtilkt3clit Cheuaticr. 6 'j?
le luy prie qu'il luy plaifc de tourner Je tout à bonncfin,àfonhôneur&gloire,&à no- PauI
ftrcfalut.Ie (uis efmerueillé cornent je fuis fi infirme,ie me courrouce côcremoy-mef ^fo"^.
me;inContinent que îemctz la mort deuant mes yeux, & que ie me penfe refbudre à mité.
l'encfurer,mon cfprit fepafme,&: mon corps nefàicVque trcmblcr,dcfortcque l'en fuis
du toutefperdu.Car alors ic iette mille foufpirs vers le ciel: m es yeux pleurent làns cef-
fc,con(îderantceftedinrohitionderame&c}ucorps,&: tombe en vne telle fragilité, que
le defirque iedeuroyeauokdeftreauecÇhrift,ièrcculeloingdemoy,ne pouuatpref-
que ouurk la houche pour l'inuoquer. Pourtant ic vous prie, qu'on face toufiours
prières à Dieu pour moy,que foniàind plaifirfoitde ne me point abandonner. Ceft
luy qui fait parler le muet , ceft luy qui donne le vouloir & le faire , c'eft par luy que
nous pouuons quelque choic,& (ans lequel nous nèpouuons du tout rien, lefçay &c cô-
feile qu'encores qu'il nous laiiîâft en noftre fragilité &mifêre, voire mefmcs qu'ilnous
damnàft,qu'ilncnous fait point de tort. Priez-le de routvoftre cœur qu'il ait fouuenâ- Lccombat
cedefes grandes mifericordes,&: qu'il ne me veuille point iuger félon mes démérites. de rrfp««
S'illuy plaift m'cfprouucr iufques au bout, (à volonté foitfâicTte, mais qu'il ne m'aban- 1
donne point, i'efpere auoir patience par fa grâce. S'il veut entrer en iugemenc aucc
moy,iccondamne défia mon iniuftice. S'il me veut confondre &: abifmer,ie confefle
qu'iHcra toufiours iufte& équitable, & fera trouué auoir iuftement fait , &c vaincra
ceux qui diront du contraire.Maisie le prie auecIob,qu'il ne veuille point defon vent
impétueux teefpouuantablepoUrfuiure vne feuille feichc,ny de fbn feu flamboyât at- lob iu$
toucher la paille.Quand il luy plaira il aura pitié de moy,& me fera mifericorde :il ai-
dera mafragilité,&feferuiràdemoy àfagloire,ouilmc deliurcra. Prenez coltrage(ma
chère amye)&: vous gardez de tomber entre les mains de ces loups rauiflans , car on y
endure de merueilletifes tentations. Icdefirelamort,&: fi ne la puis trouuer en la forte
queiedefireroye qu'elle mevint.Lesfai&zde Dieu font terribles, & fes iugemens in-
fcrutables,çht Dauid.celaay-iccxpcnmenté &c l'expérimente encores. Au refte ie me
porte bien &: mieux que ic n'eufle iamais penfé, de forte que ic m'clmerueille com-
ment cela fe fait, attendu qu'au commencement i'eftois fi debilité:mais c'eft œuurc
de noftre bon Dieu, qui fait tout comme il luy plaift,regardant aux fins qu'il a ordon-
nées Quant àvous,confolezvousen Dieujaiflêz le £iire,& ne vous troublez point de CôfoUtion
ce qu'il fera demoy,moycnnant qu'il me recognoifle pour vn de fesefieuz,& aflifte àa£l fcmmc-
mon infirmité,meconduifant par fa mifericorde à vne fin falutaire à mon amc.Ie ne
mefoucie point de toutes les douleurs que i'ay endurées, ny decellcs que i'ay à endu-
rer, mais il ny a rien qui m cfpouuantc que ma fragilité &-craintc. Et pource priez in-
cefTammcnt pour moy,que ie ne foys pojn t fi pufillanime& timide, que ie ne perfeue-
reen la foy. Or le Seigneur vous bcnyc&conferue.Ie ne doute point, que ne plouriez
fouucnt, &c que n'eftimiezceftecalamicécommune entre nous. Pourtant ayez coura-
ge^ vous confolezauec Dieu. S'il cft pour moy,tout va bien. Toutes les plus grandes
douleurs que i'ay (ont, que ie crain qu'il ne me delaifTe,à caufe demes infirmitez qui ne
font point de petite importace.I'ay fi grand' crainrcdelorfenfer queie n'en puis plus,
&fuis,comme i'ay dir, fi infirme que ie ne mepuis dominer. Voila les dcftroi&zoù ie
fuis.O mon Dieu que iayme de tous mes fens,&: de toutes mes forces , aflifte à ton po-
urcfcruitcur,&: ne l'abandonne point,à fin qu'il puifle demeurer des tiens, &fvn des
moindres de ton Eglife.le t'ayme Seigneur(tu lé (çais)& ay le zelc de ta gloire,&: de ron
honneur, conduy moy là où tu me] veux auoii ,cncores que ce fut à la mort. O Dieu tu
cognois mou cœur & le defir que i'ay dedemeurer des tiens. Helas (mon Dieu) fortifie
moy&rneremplisdeconftançe,pour ne point fouruoyer. Ta volonté foit faitte, &:
non pas la mienne.
Noftre Seigneur & fauueur Ielus Chrift vous donne fa paix & fa Gxacc perpétuellement.
j&ljjJ-E NE doute point ( Demifelle& chcreamye)que n'ayez efte aucunement fa- pV£J£|Jc
^fgehée &côtriftée,dece qu'àprefentic fuis détenu captif cntrelesmainsdcsenne au langage
misderEuangile.Cariefçayqucmepo«:czbonnefaneur,&que volontiers vous auez dcjbnpais,
receumes admonitions Se confeiis de cheminer en la crainte de Dieu , pource que fontcsc2def.
toufiours vous m'auezeftimé pour vne perlbnne telle que ie defire eftre, à fçauoir, que fous des da-
fechemine rondement fans fcincife&hypocrifie. Or maintenant quand voiis voyez moireUc*
^UçiçfuisanHigéôicotmenwiy^HCSaubout,comme fi Dieu m'auoit abandonné,^
Liur<u VUL TMM iUeiM ChetïaBer*
ne îeroye point efmcrueillé, fi Satan enhèmy de noftre falut ne Vous folicicaft â chàn^
ger d'opinion,pour m'eftimer tout autre, afin qu'il peut gaigner entrée, pour vous faire
tnefprifer &: defeftimer toutes les fainftes ?cmonftrances que ie vous ay faiftes. ConuV
derant doneques ces choi e s(Demifelle) ie me fuis aduifé vous eferire cefte prefencei
lion point en intention dcmeiuftifier,puyoAi3 Élirciacroirc que ic futa fans- pechévl»
naduienne que iefoye aueugleiufques là,poucme mefeognoiftre. carie fçay que rien
de bon n'habite enmoy»&quei'ay QffenAc.patfàutesiniiwmcrablcs. .Voicy doneques
quelle eft mon intcntionrCeft que ie vous prie au nomdeDicu,quepremc2to.uûours
courage >& que (oyez vertueuse contres ço^s les afïàuts que le Diable vous fgauroir,
mettre en auant.Rcmerciez Dieu de ce qulil vous a garxiee.cn tre les loups, &: ennemis
de l'a parolle:aiTeurez vous qu'il vousgardera.cncores». Scvfam&s Anges font campez à
l'encour de vous,à fin qu'on ne vous molcfteinez;vous dôcqHCs.cnluy>&..ltt<5Z le Pfcau.
9 1 .& fuiuez le confeil qui eft donnéen icduy à tout homme £dele. Ne vous lanTezjô-
ber pour vnc petite crainte,Dieu ne permettra point, que foyez tentée outre voz for-
ces.le fçay bien queceft vne mcrueilleufetentation,quand nous voyons le monde triô-
;pher,&: ceux quilbnt totalement adonnez à péchez, auoir tout à fouhait : & d'autre
part quand nous voyons ceux,qui défirent viure en la crainte de Dieu, boire à plein
hanap l'eau d'angoiilê., Quand (di-ie)npus voyons le monde ainû embrouillé, telle-
ment que l'innocent eft opprimé & crucllejDenrtourmçté,nousfomines alors fouuet
folicitez de dire en amertume de coeur auec Dauid,Eft-iJpofliple , que l'Eternel regar-
PW.7J de icy bas pour s'en foncier? Voila, ceux4 qui ne valent rien dutout,triomphcnt,& les
autres lamentent. Or il neiaut pourtatmurmurcr,ruaisil fefau-c taire. Car fou#rir ap-
partient aux enfans de Die». Appuyez tpufipurs voftrc foy deffus la parolledeDicu , &c
non point deflus celledes hommesXes hom mes peuuent faillir, & mentir , mais Dieu
eft veritablc&eft la vérité mefmes.Dieu vous à fai&'beauepp de grâces ,ne les mettez
pointa nonchaloir,craignant qu'il oe vous jdclauTe au rang des reprpuucz. Daujd dit
PfaJ-73 que tous ceux qui ne ferpnt loyaux à/pn/{èfuice,il faut necefifairement qu'ijs pcrjflenc.
Priez Dieu qu'il vous fortifie, apprenez continuellement de cognoiftre fa volonté , &C
cftudiez de la faire. Fuyez tant qucipourr&z les péchez . Ne vous rlatez iamais en
quelque ofFenfe , mais aceufez vous toujours deuant Dieu , auec douleur,*: re-
pentant^ vray' amendement. Car fe repentir (ans amendement, cela eft femoo
quer de Dieu. le vous recommande fouuonc à Dieu , qu'il vous recognoifle de fes
enfans, &: qu'il vous face la grâce de luy bien obeyr : devoftre cofté foyez curicule
aie bien fèruiré«(:honnorer,& ne. faites pointees ehofes maigrement , mais d'vn grand
zele,&auecques vne ardente amour. Quand vous fen tirez en vous-mefmesdesinfîr-
mitcz,dcs froidu res,dcs lafchetéz,&; que vous cpgnojftrez que ne pouuez faire le bien,
que vous voudriez bien faire,alors gemi#?z,&: plourezJo& en regardant vers le ciel.dites
auccSain&Paul,OmoymiiérabJe,quime deliurçra»de çç pourc corps morteU Ajnû
^•cnn*7 fachez(Demifelle& bonne amie) qu'il n'y euçiamais fi pariais*, qui n'euft touûoursfes
infirmitez auec foy.Parquoy ne vous deicoûragez point, ains pluftoft renforcez vous,
& pensez que les Prophètes $c A poftres ont bien efté infirmes, &c que Dieu -a eu pitié
d'eux. Dieu nous laifl'c en nozinfirmitez,àfin que nous ayons occaûon de nous main-
tenir tonfiours en humilire^ que nous apprenions à luy demander ce que nous n'a-
uonspoinr,commeau threforier de tout bien. Si vous fentez voz infirmitcz,ç'c# défia
vn bon commcncemenf,eftudiez-vousàleseognoiftred auantage : car elles engendre
té&> ront en vous humilité:Quicpnque s'humilie (dit Iefus Chrift)ilfçra exalté. le vous pria
jjokezeed. (Dcmiielle)nciamais paiTcr vn îour fans aupir apprins quelque chpfe à l'auancemenç
de la gloire de Dieu,& de voftre falut,a ut rement dites que c'eft temps perdu. Car tout
cequeproniterezàlagloiredeDieu,celanc périra point: mais ce que profiterez au
corps, pourrira. Aduifez doneques bien a voftre eas,&: ne vous confbrmez^point auec le
monde,craignantqucne treIbuchiez en perdition auecluy. le ne dy point cecy pouc
vousaduerpr démener vnc : viede Moyne, pudeî^onnette, quife gouuernçnr parles
ftatuts inuentez des hommes hypocxit«,j8c g«ir ra,fltu.ç,erdu fiable: ie requiers feule*
ment devous,quefoyezbiçn curieuiè^e^jiernmcr^en, la crainte de Dieu., &c, fes corn-
mandemcnsjde toutes voz force&& tpu^v^oljtjie courage. Ayez vne ferme roy, & faîtes4
qu elle ibic ornée de toutes vértiz. Ëriczppurmoy^imquc.ma foy ne défaille en ce
combat de I'efprit & du corps,car ie voy oier* fluc.la.foarauon n'en tardera guercs ,<r
Executions du CoacïU de Trtntc^. 4 ji
ftàns en t*o 1 es m ains drii grands perfccuceulSiSiiaoz tous noa frères. &C; amys , & ayez
pourrccQmJrtandec.Manc,&£ qu'elle vous foittouik>ursf<*ruainte & amycLeieigneur
Dieu, (bit aii coques vous.
^âjP R E S tous ces, combats & cfprcuuesvlciour cftantTch.u,-ordonnc du Seigneur
g|§§|pour donner vi<iîtoircô<:rcposàceiienifcruiceur/enrécedc mort luy fut prondn
cee,ôd l'cxecutio d'i celle appteftec par les afprcs courmes du feu. Ceux de Lille ont eu
deuant leurs yeux vn miroir de la verVu& bonté de Dieu admirable. Ils ont veuceluy
qui auoic auparauant tant redoute la mort^rant combatu -contre fa chair, tant ictte de
fou fpirs,rcgrettant la dure départie de la femme auec laquelle il n'auoic cire qu'enui-
ron neuf mois,eftre tcllemé't fortifié que les tourmensne luy out efté.en horreur quel- Paul forti
conque:&: mefmesayant efte parle pafïe paflc te blefme dec^uieur^lcuint vermeil en fié & de
vninllant,&: d'vnefaceiayeufc ligne cuident que Dieu luyiauoit tendu & tendoit lac"[* &dc
main pour le rédre victorieux de tous fescnnemis.A l'heure qé'-onle fit fortir de prifon V '
pour aller au fupplice fie ihftamment requefte, qu'on luy pétmirde parler tix motz feu-
lement au peupic.-ce qu'il luy fut reruié , auec menaffes que $'il tenoit propos à autre
qu'à fon confeiîeur(qùi eftoit ce Cordelier Deibonnets)oa le baillonncioit.&non con
tensdece,luyfeirentpromettrc aueciurcment de fe taire. Ainfi que Dcfbonnets, le
menoit&l'exhortoit dépensera fon faiut, dertnoncer aies erreurs, &de retourner à
Dieu:Paulrefpondit,quiiyauoic longtemps quefonfalut eftoitfait,& partant qu'il
s'y aflèuroit arreftoit > quant aux erreurs , il proteftoit n'en tenir nujs. Et efle-
uant fes yeu x en haut prioït Dieu dilant, Seigneur ,ior cihe rouiionrs ton pouce feruiteur
iufques à la fin:Seigneur tien toufiours ton ieruiteurfermecn lafoy.& ainfi priant ren-
dit Tcfpric le xii.de Décembre, m.d.i x un. mourant autant conftamment, que
Chreftiennement.
COMME les perficutions & guerres ciuiles ont efté augmentées far f tfjùe & dernières
conclu fions du Conàle de Trente: &*, quelques deo-ets faits en keU^^xaminex^
AFIN de cefte année à laquelle eft paruenue noftre hiftoire en ce mois
de Deccmbre,nous met au deuant les exécutions del'iirue du Concile de^, \oaglfct
Trcnterlequel ayant commencé de feoir dés Ianuicr en l'an m.d.xi v.fe ferions du
leua finalement en Décembre dernier pafFé m . d . l xiii.I1 eftoit requis ^
qu'vne longue & hideufe conception précédait l'enfantement de tant de maux que
detioit engendrer vne telle aflcmblee , qui nepretendoit pour couleur du commen-
cement qu'vne fain&e reformation des abus du Clergé, fuyuant les décrets & Canons
des Apoftres,& del'Eglifeprimitfueîmais l'ifîue a bien monftré qu'il n'y eut onèqucs
veine en tout fon corps qui tendit à cela.Car fans procéder à la decifiori ou expédition
dvnechofeplusquenotoire,onafaitgliiTer x v m. années l'vnc après l'autre, pour de-
meurer toufiour* en pleine poiTclîion de toute ordure& vilainierôi attendre Toccafion
pour mettre le mondeenplushorribleconfufionqueiamais. Car comme ainfi foit,ô£
fepeutcognoiftrcau difeours de ces Recueils, que le Seigneur par fa bonté & miferi-
corde infinie,ayantefclairé parla reftitution de fon Euangilc tant l'AUemaigne»- l'An-
gleterre & rEfcoiîe,comme depuis quelque temps en-ça la France,& le Pais»bas:il eft
aduenu que la vénérable affemblec de Trente,a prinfe cefte caufe pour occafiond ex-
pédier & hafter leurs dernières conclulîons fanglantes. Deux Cardinaux , Tvn du
cofté de France, & l'autre du Pais-bas, on tferui à cela de flambeaux pourembrazer
du tout ce qui n'ardoit que par rrop.Quant au premier,fansrecercher les chofes de plus
hautquedutempsque lcRoy Charles i x.fit publier l'Edift de Ianuicr, décrété en lal'Kdiddciî
meilleure cpmpaignic qu'il fe peut faire, à S.Germain en laye'(dont eft parlé ci deiTus) J^^J "
ce Cardinal, di-ic, ne pouuât porter que chofe fi necefifaircàla tranquillité iu Royau-
me fit plus long progres,attizaincôtinent lé feu d'vne autre façon qu'il n'auoic faitau-
parauan* contre la volonté du Roy,desEltats,Princes du fahg, & Seigneurs du Con-
fèil,& coûte la France Jlaflcrrfbla tant de moyens,& folicita de telle façon fon frère
François Duc de Guifc,grand Maiftre de France,à prendre les armes pour fubuerrir, ôc
Liurc^ VllI. Executions duCvncilede T rentcj.
du tout exterminer le party de l'Euangile&: Religion reformée, que ledit Duc ne les
polàoncquesiuiqu'àceque Dieu l'euft fait trefbucher en bas, comme il a efté dit en
(on lieu. De ces defleins 6c entreprifes n'eft reforti autre chofefinon vn dommage à
toutiamais irréparable à la France. Au moyen de quoy le Royeftant tombé aux trou-
bles qu'il vouloir euiter auparauant,fut contraint pour icelles appailèr,fajre publier vn
li\Ct depa autre Edicr,au mois de Mars de cefte année, appelé De Pacification: auquel il ordonna
cjficatK». ccux je ja ^eijgjon reformée pourront exercer librement leurdite Religion, par-
tie dedans les viiles,particdchors>&:c.aucc ces chufa,Ej]>crantc]uclerempSyle fruicldulon,
fiiintijil ' rcj&* gênerai ou national Conale:& la vertu àvnojltvmatorité prochaine^ &c. De ceci le-
dit Cardinal print occaiion de ioliciter les dernières concluions de ce Concile : sadui-
l'apouc iouuerain refuge que le Roy netarderoit pas beaucoup à faire déclaration de fa
maionce,&: qu'il viendroit bien à propos h le Concile eftoit expédié de ce meime téps,
pour puis ie fommerdelafufditeclaulcdcfonEdi&:&parccmoyen impofer iilenccà
tous Miniftres de la parolle de Dieu.Q_uat à l'autre, àfçauoir A ntoine Perrenot Cardi-
nal de Granoelle,il n'en a pas moins fait que le fuidit,mais plus lubtilcmct, minât par-
_ deifouz terre la fubucriion des Eglifes reformces,& des plus gras Seigneurs du Pais qui
Iioumuùx" ^Cur portoyent-faueur , par la création desnouucaux Euefquescftablis pourlnquiiî-
luciqucs teurs,és villes principales dudit Pais-bas. Or ont tant fait ces pionniers par leurs me-
SupSJba" nées & mines cauerneufes, qu'on aveu la fin de ce beau Concile plein d'cxorcifmes,
d anathemes 6c excommunications contre tous ceux qui ne feront à leur volonté , ou
qui voudront empefeher qu'ilsnc faccnuoutàlcursplainrs.Etontiagaignéce poinél
(quelque choie qu'iladuienne au rcfte)qn'il ne s 'eft rit n traité dcleurs vies, abus 6c îdo-
ïeTr?"c«e latriestfinon que,puis qu'ils y fontinueterez, aufliy demeureront-ils à perpétuité . Ec
change rien quant aux bourfes, boettes, vallifcs, boutiques, maga(ins& autres defpeiches , comme
min!*' lC bullcs,indulgcnces,& rogatons du Pape auec toute la marchandée de fon liège, tout
cela demeure en fon entier tant pourluy que les liens.
e s'il eftoit queftion d'entrer plus auant au particulier des articles 6c décrets
dndit Concile, pour faire veoir à l'oeil 6c au doigt eftic directement contraires aux
DroicVz,Edi&s&:authorité des Roys, fans entrer en vnlongdiicoursou enumeratiôde
plufieurs tels articles qui s'y trouueront, on cnpourroit alléguer feulement quelques
vns cnpalfantjpar oinlellailédefaireiugementdurefte. Quant aux articles concer-
nant la dovftrine,il lufHroit d'en produire vn de la cinquième Sefîion pour échantillon:
s:o Co?ie*di qui contient que Ie fainct Concile enleignc 6c inftruitparlefainctEiprir,declate,qu'cn-
re«enK»ti core que noftrefeigneurIe(usChrift,cn fa dernière Cene , air inftituéle vénérable (à-
ïri^idùs crcmcntd'£uchariihc,ésdeuxefpeces de pain &: devin, &: l'ait ainû baillé à les Apo-
Chriit. ftres:ii eft-ce que ii aucun dit que parle commandement de Dieu, ou de necefîité de
falut,tous les Chreftiensdoiuent prendre les deux cfpeces en la communication, qu'il
foit anathematizé & retranché. Qui ouit onques vn blalpheme fi exécrable , d'anarhe-
Bbf heme mat'zcr celuy qui feroit ou diroit eftrc bon &c i eceuable, ce qu'eux-mefmes confâclTenc
inamfdlc. auoir efté ordonné par Iefus ChriftîU ne faut donc douter de quel efprit ils ont efté mc-
nct&conduitZ:encorcs qu'aucuns d'eux foyent fiimpudens d'alTeurcr auoir veu vifi-
blcment lcfaind Efprit citant audit Concile.
Qv a n t à la tcformation des mœurs ,&dc laDifciplineecclefiaftiquc,ceque le
Côcilc de Tréte en ordonn c, parangonné à ce qu'auons mis ci dçlTus au ftil &: la police
La rcfoima des Eglifcs rcformecs,on rrouucra parantithefe les ténèbres oppofcesàla lumière, Se
cAeicTtè- menfonge à la vérité. L article du décret quatrième &feptiéme delà feptiémeSe/fion,
tepaungô- portât qu a l'élection & ordination des Euefques&:Preftrcs,le colëntemcntdu peuple,
Spimc ilcs &^vocatiô&authoritédequelcoquepuifrancefecuUcre,qu>ilsappeIlét,oumagiftrat,
Egbf« re- ne font requis ny neceiîâires,cft euidémetcôtraire au droit diuin,à la couftume dcl'E-
fbrmeo. gjjfc primitiue,aux anciens Canons 6c Conciles : 6c mefmes àleur Canon començanc
Sacrorum,diftincl.j$.6c au Canon VotaciMum/z l'Epiftre 87.de Iean premier, euefque de
Rome,&: aux Epiftrcs de Celeftin premier ,&: Grégoire le grand:par où appert qu'il eft
requis àl'infticution& promotion desEucfqucs& Prcftres ,lc confentement du peu-
TmKc'd.rc pl^auquelfontauflicomprinsles Magiftrats: comme il eft déclaré par les fufdits de-
^cm;nc co crets 6c Epiftrcs dudit Gregoirerqu auec le confentement du peuple.cft aufsi requis cc-
ancicnsc'a W ^u Prince-kc c& au chapitre Sakrnîtande. 6c autant en a efté approuué au Concile
Monv. x 1 1 .de Tolède. Ce que ledit Concile de Trente veut ofter, à fin de croiftre lauthoritc
de fon
Oppofè à tous 'Droiéts. 6 j p
dcfonPape,&:à ce que tout appartienne à luy feul, ou à ceux qui fe font vouez à Juy
pour efclaues. Maisqu'eft-il befoin d'examiner leur décrets Ecclefiaftiqucs, oppofez
dediametre aux ordonnances de Dieu &c defon Eglife?qu'on examine fculemét ledit
article&fesfemblables au Droid par lequel les Repubhqs &c Royaumes font entrete-
nus &gouuernez:& on trouuera le toutdiredemét côtrairenon feulcmêt à tous droids A"'<J« di-
fie authoritez des trois Eftats des Pais &: Royaumes, mais auffi à lafouueraineté qu'ont pofezniau0p
&C tiennétpar efpeciallcsRoisdeFrace, au droictdenominatiô,&: aux ordonnâmes fai-dr<»&s des
tes en formede Pragmatique fandion-.fuyuant le droid terequifit ion des Eftats gcne-J^^mcs
rauxtcnuz àOrleans,enlaconuocation&: aflcmbJee d'iceux,des Piinccsdu fang,&;
de tout le Confeil du Roy, publiées &c emologuccs à la Cour de Parlementer lefqucl-
les eft ordonné qu'aucc ceux du Clergé fe trouucront aufdites cledions, douze gentils-
hommes pour la noblelîe du diocefc,&: reprefentans rcftatd'icellenoblefle. Et outre,
douze notables bourgeois cfleuzàl'hofteldc ville, loit Archiepifcopale , Epifcopale,
ou Primatiale,confequemmcntreurelcntans le tiers Eftat.
En la féconde partie de ladite feflîon, ledit Concile entreprend fur les reuenuz des
fabriques des Eglifes:&: en actribue la cognoifTance aux Prélats Ecclefiaftiques : &: leur
commande de prendre partie des fruids. Qui eft entreprendre furies fondateurs, Se u q^jj
mefmement fur les Editz& anciennes ordonnances des Rois de France:& entre au- de Trente 1
trcs,de Charles vi.cnl'an m. c c cl x x x v .par où la cognoilfancc des fabriques Ec-vou!u toM
eleliaftiques appartient aux iuges royaux. Par après ledit Concile donne pu^nee^^e^*
aux Euefques , &C de leur Chapitre Se Clergé , de prendre &: rctrencher partie de reue-
nuz des hofpitauxj&mefmes dcsdifmes infeudez,appartcnans aux gens qu'ils nom-
ment lay s. Qui eft vne enrrcprinfemanifeftefurrauthoritéduRoy,&: fur grand nom-
bre d'ordonnances royaux, dont en y a quatre du Roy François I. C Le premier L.Eaia. ic
décret de la féconde partie de la huidiefme feflîon rompt l'Edici de la pacification , qui ap- pacification
prcuue les mariages contradez en raiTemblccdeseglifes reformées rlefquelz font par^mg^P*
ce décret diflbulz&: déclarez nuls,s'ilsne fontfaits par vn preftre de l'eglife Romai- dece Conci
nc:ce qui n'eft que pour engendrer grands troubles Se confufions tant au royaume de lc-
Frâce que par tout. Il y a vn grâd Se intolérable abus au douziefmc décret de la dernière
fefsion: par lequel eft cômadéà tous Patriarchcs,Primatz, Archeuei'ques, Euefques, Se
to'autres quclcoqucs,qui de droicl: Se couftume ont voix au Côcile ^uincia^qu'ils ayét
incontinent à receuoir publiquement tout ce qui a efté déterminée ordonné audit
Concile.qu ils promettent &: iurent vraycobeifîànce au Pape,& luy en facent profef-
fion publique: quilz détellent Se anathematizent publiquement toutes les herefies .CoiJ,fic}crc^
condamnées par les autres Conciles,&: mefmes par ccftuy-cy. Par autres articles ledit dibôos'pe
Concile commande, que ladite obeiflfance au Pape foit iuiée dedans deux mois :&: rcs dcTrcn
que chacun face confefsion de fa foy. Ce qui n'eft autre chofe,que fouz vne couleur 6c "'ourec de
prétexte de reformation , attirer vne plus grande déformation^ impieté profane :Se «us maux,
ériger &authonzer,&:attraire dedans le royaume d'autruy,vncairemblce de gens non
fubiedzd'iceluy. Ledit Concile commande aufsi aux vniueriitez de ne rien en(ei~
gnerfinon conformément aux decretzduditConciIo:&: qu'elles en facent ferment fo-
lennel,au commencement de chacun an. Ce qui tend toujours au rabaillement de
l 3uthoritédesRois,que ledit Concile veut faire comme les lèrgens&: exécuteurs.
A v x a t abus au Canon troifie(mc,en ce qu'il permette ordonne monitions &ex- Excommu-
communications,non feulement à fin de reuelation: mais pour lc recouurement des ™c£'°r^oa
chofes perdues. Lequel abus eft iugé&: condamné par pluficurs Arcfts delà Cour de urer choies
Parlement. Permet en outre de condamner lesgcnslays,par amendes pécuniaires, ïaiues»
& par failîe, prinfc,&: exécution de leurs biens & perfonnes,tant par les officiers dcf~
dits Prélats, &: leurs orficiaux,que par autres : combien qu'au Royaume ilz n'ayent tel- Aneantiffe -
lesiurifdidionsfur leurs gens d'Eglife mcfme, ôcencores moins furies lays,& que ce ïî^kcu?'
foyent vfurpatiôs faidesfurleRoVj&cl'cftatfeculier.DefFendaufsiàtoutMagiftratdelicr,
faire defenfeau iuge Eccleuaftique, d'excommunier aucun, ny de luy mander qu'il re-
uoquefon excommunication. Au Canon x x.il cômande à tous Princes Se Seigneurs
de garder tous leldits Canons &:decretz:renouuellantalencontre d'eux toutes les dé-
crétâtes vfurpatoircs cy deuant abrogées en France, tant par les Editz Se ordonnances
des Rois , que par les Arcfts de la Cour: Se fignamment font reftablics, par plufieurs ar-
ticles, beaucoup de confticutions Bonifacienncs, cxprcfTémcnc reicttees audit Royau-
TTc.i.
L 'w<u VI IL Jotfe de ÇrueL
,Aanateï-« ue.Dc mefme façon font les Annates. Les caufes concernans les Prélats & Eucfques
de France font attirées à la cognoùfance du Papc,contre lefdites libertez de Francç;&:
autres puiffances en grand nombre luy font par lelditesSefsions attribuées,^ àla Çouj;
deRome. . Finalement ledit Concile afubmis fous l'authoritc duPapequi cilàpj-ç-
fent,& qui fera cy après fucceifeur , tout ce qu'il a faid en x v 1 1 1 . ans , & depuis Pauj
m.iufques à ce temps: tellement qu'au lieu d'efpcrer quelque reformation & cor-
rection des abus &c vibrpations des Papes, U delà Chancellerie &c cour de Rome,on
les voit parla tous remis fus-.&vn déluge de maux misenauanrpour opprimer les Re-
^■^gJcrc publiques. Pour conclufîon,tout ledit Concilceft remis à la volonté du Pape,&: fub-
misà b de- mis à fadifpcnfefic teuoeatiomen luy donnant toute plénitude depuiffance. Et au lieu
uoeioo des qUelCSpreccdens Conciles lioyent la puiiTancedu Pape,qui eft par trop excefsiuc,cc-
ftuy-cy le remet par de/Tus le Concilc:de forte qu'il n'y a aucune détermination cer-
taine eftablie par iceluy,mais le tout eft reduict a fa volonté. Receuoir donques ce
Concile,n'eft autre choie que rabailfer l aurhorité des Rois,oftet les libertez anciennes
dcl'Eglifcpourenfaire vnappuy d'abufion Papale: &c par mefme moyen remettre les
troubles^ diuifions,non feulement entre les fubie&s des Princes &: Rois,mai* auflï
partoutelaChrcftientcîCommeleserfedsledemonftreronr.
Tapes.
IOSSE DE C R V E L , cfe Ronfe ,ou Rmay tnTkndre.
LES moyens,defquels bien fouuenc fc fert le Scigneur,font incognuz aux hommes. Ce perfonnagefut da
commcncemcnc ini\ruit par ceftuy-la niclmc oui dcpiiis l'a periccuté & fait mourir.
L a cfté parlé quelques fois ci deffus de Ronfe(ou autrementRcnay) bour-
gade à deux lieues d' Audenardc,à i ailon de TiteJman doyen dudit lieu : où
palTé plufîeurs années quelques ges receurét vn premier gouft de la parollc
AftcduDo^^J^^^^ dcDieuparles fermons d'iceluy. Depuis deuenu Inquifîteurgeneral de
yen de Re- Flancire\il a de celle iorec peifecucc les fidèles, qu'il n'eut oncquesfbn pareihliqueplu-
fieursdeceux-laquiauoyencreceuquelqueinftructionpar luy, ont efté iugez dignes
de mort parla propre inquificion.Entrc les autres fe trouua vn bon & fïmple perfonna-
ge, nommé Iode de Cruel , natif de ladite bourgade, lequel aucunement inftruit aux
joffcprifon premiers fondemensdepicté,tafchantdes'auancer en lagraeeque Dieu luy auoit fai-
nicr. ce,futauflitoftapprchendé)&conftituéprifonnier.Maisfinfirmicéde ce poure hom-
UCverité.UC mefucfigrande,qucpour crainte de la mortilrenia la veriti,eftant par les tentations
&perfuafionsdeceuxquife nomment gens deglife, induit à commettre vn fi grand
malheur. Toutesfois après qu'il fut deliuré de prif'on Dieu ne le voulant perdre, le tou-
chadel'efprit de repentance, voire ii viuemeni : qu'il délibéra de quitter le lieu de fare-
fidence,pour fe retirer és pais où il peuftferuir à Dieu en vérité. Et pource il vifita les
vifite les Eglifcs Chrefliennes d'Allemagne, Angleterre^ Ooftlande,& finalement vint à Em-
Ig,lfes" bdeen la Frife Orientale,où il demeura quelque temps. Or côme en l'an m . d . l x i i i i .
ilreuint à Renay,pour aucuns fîcns affaircs,aduint par admirable prouidence Se difpo-
Prifonnier fition de Dieu qu'il fut derechef prins. Les ennemis de l'Euangile, &. fingulicrement ce
derechef. j)oven apoftat &c Inquifîteur , auec les preftres,en furent fort ioyeux : &c vindrent à di-
uerfcsfois vers luy pourl'intcrroguerdefa foy. Entre plufîeurs chofes diuerfes,ilz luy
demandèrent s'il auoicefté en Allemagne Si en Angleterre^ quelle religion &c façon
; de viure on y obferuoit. Sur quoy Iofîe rcfpondit,que vrayement il y auoit demeu-
re quelque temps,& que le feruice de Dieu s exerç oit , &: la pure vérité fe prefchoit es
Eglifes reformées de ces pais-la. Ce qu'ayans entendu, ils luy demandèrent s'il auoit
cognu aucun de Rcnay,&: du pais de Flandre, qui fefuft retiré en ces lieux pourfui-
opi ' ure icellc Religion. Et alor s il leur dit,qu'il ne vouloir acculer perf bnne, par ce que ce-
la eftoit contraire à toute charité. L'interrogation fut longuc,& de plufieurspoin&s
delafoy,maisfpccialementils infiftercntfur lefacrementde la Cenc:&: leur confefîa
Quuertement tout ce qui eft requis en icelle, félon linftkution qu'en a faite noftre
Seigneur IcfusChriftjfans varier en forte quelconque.Et d'autant queladifpute dece-
fte matière ne leur plaifoic, pource qu'il defcouuroit par les confefîîons l'abomination
delà MefTe,ils commencèrent à criev& blafphemer,&;iQiurier cepourc patient. Luy,
perfî fiant
Jean de Graue. fj0
perfiftant vaillamment en iaparollede Dieu,quieftleglaiueduquel doiteombatre le
fidelc,demcura ferme en Tes confeiîions&: tefponfes.Lc Seigneur luy donna bouche
& fagefle, à laquelle ces vénérables ne peurent reiifter. Pendant le temps qu'il eftoit
en pri(bn,il deriuit vne Lettre aflez lôgue aux" frères fidclles de Rcnay , laquelle auons
obaufe pour eftre plus briefs. Commedoncqucsce vray tefmoin de Içfus Chrift d'vne
fetmefoy rcûftoit aux argumens de fes aduerfaircs, finalement le x. deFeunerM.D. Accuf?.
l x v .fut amené deuant les luges de Renay, où le Bailly à la façon de procéder du lieu,
le poftula à mort. Mais Ioflc de Cruel oyant la poftulation &: conclufîon de mort qu'on
prenoit contre tout droift U cquité,remonftra le tort qu'on luy failbir, defe ndant par
l'authorité del'Efcriturc fain&c fàcaufe,ou pluftoft celle du Fils de Dieu. Proteftoic
en outre qu'il ne craignoit mourir pour vne fiiufte caufe, mais que fa proteftation n'e-
ftoit pour autre choie linon qu'il les prioit de s'amender &: cognoiftrela vérité' d'vne
telle cauiè.Incontinent,fansauoirefgard à ce qu'il dilbit,les Efcheuins fuiuans la de- Condam^.
mande du Bailly,le condamnèrent à eftre exécuté par l'efpee. Et luy eftant prononcée
fentence de telle mort,rcmercia les Seigneurs,&: Iuges:& pria pour eux. Ainli qu'on le
menoie à la mort , il commença à chanter le Pfeaume ixxxim, ioyeux & affeu-
i é des promefles de Dieu. Si toft qu'il fut au lieu où il dcuoit mourir, ilfc meit à genoux
inuoquant fore ardemment le Se igneur,lc louant &: luy rendant grâces de ce qu'il l'a-
uoitcfleu pour eftre tchnoin dcfaverité.Ilrequiftlorsaupeuplc,qui làeftoit en grand
nombre alTemblé,dc prier Dieu pour luy cependant qu'il viuoit. Et en conioignanc
fes prières auec les autres, il pria fort pour fes ennemis. Finalement jldit tout haute -
ment,Mon Dieu &c Perc ie te recommande mon ame,rcçoy-la en tesmains.&furcele
Bourreau luy ofta la teftc,&: ainli rendit l'efprit au Seigneuries an &iour que deflus. Dcca^
IEAN DE GRAVE, d'£c£«gfc«j, enFlandre.
L A multiplication des tourmens au'tndurc le fidèle pour feeller le tefmoignage de l'Euangile/ait de
tant plus reluire la vertu & bonté du Seigneur ,à la confufion des ennemis.
OMME la lumière de vérité es années précédentes efclairoit déplus en M.Z>.
plus toutelaFlâdre,le feu aufTîdcsperiecutiôs de toutes parts de plus fort LXV.
s'allumoitàTencontredeceux quieneftoyentilluminez,commc à Axele, cn
Hulft,& lieux circonuoiûns cfqucls Dieu auoit faict retentir le fon defa pa
rollc. Entre lefquels vn nommé Iean de Graue, natif d'Eckeighcn prez de Gandr,
mufnicrdcmeurant à Hulft,nefut des derniers,combien qu'il fuft rude Ôù idiot.il auoit
cn telle horreur les abominations de la Papauté, qu'il ne vouloir auoir rien de commun
auec ceux qui les fuyuoyent en manière que ce fuft. Et comme fa femme fut prochaine
d'enfanter il s'en alla exprès à Anuerspourcuitcr toute pollution, & faire baptifer fon
enfant en ralfembleeChrcftienne. Par cecy&: autresattions pleines dezelc du vray
feruicc de Dieu,il ne faillit de venir en haine des preftres du lieu où il faifoit fa demeu-
ranccPreuoyant les dâgersapparens,ilfe retira en Anucrsauecl'Egliiè reformée en la
côrruniondesfrcres.Orpourcc quilauoitfon bienau quartier de Hulft, il y retourna
pour eiTaycr de retirer quel que choie à fin d'en fubueniràfa famille. Mais le Bailly du-
dit paiSjGyfbcrt Rabat,ayant cntêdu fa venue,monta incontinent à cheual: & le dixfe-
ptieme dcNouébre m.d.lxiiii .vint au moulin dudit quartier appelle Le moulin de ^Si^*
Lanckzvvecrdc,accorapaigné de gens de mclrne volonté, pour prendre le poure muf- dcHuHt
nier. Arriué qu'il fut, commença crier à la porte du moulin, & demander fi Iean
de Graue y eftoit. Lequel ne fe lcntant coulpable d'aucun mesfaid, rcfpondit tout
hautemét au Bailly,Qu'il eftoit là prefent pour faire ce qu'il voudroit.Cc Bailly luy cô-
mandade defcendre:& litoft qu'il fut defeendu le conftitua prifonnier,&lcmcna à ^pnloa
Hulft , fans le lier . Par le chemin le Bailly l'intcrroguant de fa foy , Iean rcfpondit
qu'il croyoit de tout fon cœur ce que Dieu luy auoit enfeigné cn fa parolle,fansy adiou-
fter ne diminuer. Or le lendemain qu'il fut mis en prifon,quelcun fidèle y vintfccrette-
mcntfçauoir pour quelle raifon il eftoit détenu. Uluy fltrcfponfc qu'il ne fçauoit au- dVo
trecaufedefon emprifonnement,finonqu'ilfuyuoitlapuredoârincdufain£tEuangi-
fc. Ce fidclc luy dit, Certes, ie ne voy point comment vouspourrczfortird'icy,8i ûay
TTt.ii.
L*Wo VIIL fan de ÇrattcJ-
grand' pitic de vous,d'au tant que vous auez vne ieune femme, & quatre enfans. Sur
quoy Iean luy dit, Quant à ma femme &c mes enfans ,ie les aycefte nui£t mis hors de
mon foin, les ayant recommandez de bon cœur au Seigncur,qui les prendra par (à grâ-
ce en fatutele:&:fi efpereparvnc mefme grâce côfeffer fon nom franchernet deuanc
tous.Etpourceic vous prie qu'ayez fouuenancc de moy en voz prières , aduertiflànt
toutes les Eglifes de prier pour moy. Or outre les liens qui l'affligcoyent en fon corps,
Tentations ^ fcncoic degrands affaux & tétations de tous coftez,par lefquelles Satan tafehoit de le
& combaa. deftourner delà confeflïon de la vérité. Mais eftant en ce combat il eut tout fon recours
au Seigneur,qui le fortifia d'vne telle confiance, qu'il ne fut nullement vaincu parles
rourmensdefaim &: foifqu'ilcndura,nypar les menaces de fesaduerfaires. Lacruautc
Cruautcdcs defquels fut fi grande enuers luy, qu'ils n'oublièrent nulles efpeces de tourment donc
aducrfaircs. ^ fc fcurcnt aduifer,cuidans par ce moyen le contraindre de renoncer à fafoy.il endu-
ra vne faim &foif plus extrême, lors qu'vn certain prifonnier qui eftoit auec luy en vnc
mefme cage,fut eflargy, pource que perfonne ne pouuoit venir vers luy , n'approcher
de fa cage,eftant le Geôlier fi malheureux & fa chambrière cruelle , qu'ils olbyent bien
dire qu'on ne deuoitauoir pitié d'vn tel hôme. La foifqu'il endura fut telle qu'il rut co-
Soif extre -trainct de boire fon vrine propre,pour fc refraifchir aucunement. Long temps futtrai-
roe* cté ce pouure prifonnier en cefteforte,& iufques à ce qu'vn malfai&eur nommé Guil-
laume Tabbart fut mis en prifon, il nereceut autre traittemenrmais pource que quel-
ques riches gens vifitoyét ledit Guillaume,la cruauté fut vn peu adoucie, par le moyen
d'vn bafton qui luy fut donné, par lequel il pouuoit tirer les aumofncs qu'on luy fai-
foitenfà cage. Mais cela ne dura long temps , s'eftant apperecu le Geôlier de ce ba-
S^nGco- fton, tellement qu'il leluyofta:& mcfmes rapporta aux Preftres du lieu les noms de
lier. ceux qui auoyent affilié à Iean en la prifon: dont s'en enfuyuît grande perfecution.
Cen'eftpas tout,il ne permit iamais cependant qu'il fut en la prifon, encores qu'il feift
vn froid d'hyuer plus afpic que de couftume, que ce poure prifonnier fe chauffait ne
qu'il s'approchaft du feu,combien qu'il ne deniaft cela aux brigans &: meurtriers. Or
voyantlafemmedc Iean ceftemalicedu Geôlier, s'adrefla au Bourgmaiftre de Hulft
Bour nui n°m^ Hubert Dulle , pour fe plaindre d'vne telle rigueur. Et luy remôftroit, que quad
ftrcle"*' fon mary feroit meurtrier ou larron , qu'il ne pourroit eftre plus mal trai&é, voire quâd
Hulft. amfî feroit comandé par Iufticc. Mais il luy dit audacieufement, qu'elle ne deuoit efti-
Re^onfc nier Ion mary, qui eftoit mcfchantheretiquem on plus qu'vn brigand Ôc meurtrier, iuf-
auelle. ques à ce qu'il laiffaft les mauuaifës opinions qu'il tenoit. N'ayant rien gaigné enuers
ceftuy-cy, elle vint à M. llltnc^ y an Sttelant, qui fut efmeu parles complaintes d'icclle:
&: pource manda incôtinent au Geôlier qu'on rraittaft le prifonnier plus humainemée
pource qu'il eftoit fon coufin , ou qu'aurrement on y prouuoiroir.Le Geôlier luy don-
na depuis cequi eftoit du boire &: du mager:mais il demeura tout le téps de l'hyuer en*
durant le froid, &: ne fut efmeu à compafîîon enuers ce poure hôme,encorcs qu'il euft
les membres tellement gelez,qu'il ne pouuoir marcher qu'à grand' peine, ny fe fenic
long temps debout. Cefte affliction bien rude à la chair, ne changea toutesfors ce pa-
tient:car d'autant plus il inuoquoit Dieu à fon ayde,à ce qu'il luy fît grâce de perfeuerer
conftamment en la vérité. Or corne Satan baftift toufioursdes moyens pour vaincre
les vrais fidèles, au fTïfufcita-il le frère dece prifonnier pour venir en la prifon , à fin de
luy perfuader delaiffer la fain&edottrincdefalut.& poury mieux paruenirluy mettoic
^fonfre ^euant *cs Yei1x^a Pic,é de quatre beaux petits enfans qu'il auoit,& que fans luy ils tom-
SflJïncL beroyentenpoureté &: difêtte: melmes qu'à tel befbin il ne feroit pas figrandmal de
" quitter quelque peu de la vérité. Mais Iean grandement efmeu luy dit, Retirez vous
de moy Satan, car vous m'eftes en empefehement : ne vousfuffit-il pasdevous eftre
aiTuicttivousmefmcsaudiable,enreniant'IcmsChrift,fans rafeher dem'iriduirc auffi
à cela?Retirez vous (dit il) carie ne veux pbinr efeouter voftre mefehat côfeil. Outre
toutes ces affliction s,il eftoit iournellemctaflailly degrandnôbre d'ennemis de lafoy,
Moynes &: Preftres, qui ne rafehoyée par tous moyens qu'à le diuertir:& entre autres
De deux eu fut anailli Par dcux c»rez de Hulft,l'vn nommé meffire Martin Barthélémy, & l'autre,
rexdcHulftméffire Corneille de Coulogne,quil'examinerct félon leur vieille couftume,par argu-
mens fophiftiques.il ne refpondit rien à leurs queftios, mais leur dit tout court qu'il ne
- voujbit croire autre chofe q ce qui cft eferit au Vieil & nouueauTeftamét.Des difputes
dçceux-ti,& d'autres pluûcurs pour tefmoièriagedclà côfefBon,ilen aeferit dùratfon
emprifon-
Jean de 0V*/*O. 66 1
cmprironncmcnt,àrEglircChiclliciinGd'Anuers,auccqucs lefs refponfes qu'il a rai-
&es,lcfqucllesfommairemcntonteftcexttaitre$ (elon la l'ubltancecôtenuc en îcclles^
comme s'enlùic.C'etf. à lcauoir,quela cruauté des enncmysUe la:vcrité, quelque gran-
dequklie fuft enuers luy, ncl'auoit fait defuoyer delà vcrjitéjCneot es que ce fuft choic
difficile de porter tant de maux &e les allants de Satan :Se qu'il n'efpcroit autre eliofe
qued'acheuer lempelcrinagealaglonede Dicu.Quil auoit refpondu de fa foy à vn
mcllire Cornille,&; à mellïre Martin furrragant,commc il eftoit tenu puis qu'il en eftoïc
incerroguc.-c'eft à içauoir, Qu'il n auoit point honte de lefus Chnft, Se de fa paiolle la-
quelle il auoic receue à fon ialut. Qu'il croyoit les dix comrnandemcns de Dieu, par
lefquclz la volonté diceluyeft clairement cnleignée,&: tout ce qu'on doit faire oulaif-
fer.Quil auoic dreii'e la vie félon iceux, au mieux qu'il luy eftoit pollîblc, Ôo qu'iJ tafehe-
roità s'y conforme r. Qu'il croyoit les articles de la foy contenuz au Symbole , tout le
vicil&: nouueau Teltament,efcrits& laiffez par les faincf s Prophètes, Se Apoltres, à ritx
de cognoiitre la volonté de Dieu. Qu'il ne croyoit point à leurs docirines &inuctions
humaines.mais qu'il les detcitoitaucclainctPaulme pou uaseftre confirmées par lapa- Cal.i.1
rolle de Dieu. Et quâd ces vénérables luy mettoyet en auâc corne leur dernier refuge,
qu'il falloic croire en la faincteeglilcRomaine,laquelle ne pouuoiterrer:il leur allégua,
qu'ileltoitefcnt,qucceluy leroic maudit qui adiouiloit ou diminuoic de la loy du Sci- JJfJJ^J^
gneur,&: que s'il croyoit leurs inucntions, que par confequence il aduoucroic que la
Lov de Dieu ne feroic parfaite.Ces proposles firent entrer en colere,&: dirent, qu'il fal-
loic croire que Icms Chriftcitoit en chair en fang au Sacrement de laMelî.e,ce qu'il
leur nia tout a plat.
Or pource que la forme de leur?; interrogatoires eftconfufe, il ne fera impertinent Difpuœs.
• de la réduire en Ion eferit par demâdc& relpôicqui en fut faite .Et d'autant qu'vn nom
me CoulôgncprintJaparolle le premier en celle forme &: manière, il 1 elcriuir ainùaux
frères.^. Or ça Iean de Graue,peut-on baptilèr les petits eniàns:i£.Ouy,&:lc baptefme Du baptef.
leur appartiétanlh bien qu'à ceux qui font enaage.^'.Oùcft baptifé voltre enfant? ç&. me-
A Anuers. Croyez vous qlel'usChrilHbit en chair Se langea la Meife? çt. le croy
luyuantlesarticlcsdelafoy que lefus Chrift foie monte' au ciel. Ocfui ce!a,vn appelle
meflire Martin luy dit,Melchant heretiquc,n'cft-il point efcrïs, Cecy clt mon corps?^..
Ouy,maisilyaauffi,Iefuislavignc,la voyc:&:pour cela lefus Chrift n'eft ny vigne ny r*'' &
voyc.il faut doneques que ce paiiage , Cccv elt mon corps,foic entédu fpiricucllemcnr,
De h Ce ne,
comme Chrift mefme le nous monftre clairement. car il dir,que la chau neprolfite de
rien,maisquec'eJtre'l'pritqui viuifîc: Les paiolles que îe parle ion: eiprit & vie. Item, lua6-6i
Que Dieu n'habite point es temples faiez de tnain,& n'cll point ferui par mains d'hom Rois 8 17
mes côme s'il auoit befoin dequelque choie. Làdeifus le pourelean de Grauc fut ciel- Aft.7.48.17
mentyparle Curc,qui luy dit,Quil ieroit mieux de femcller delon moulin que de14'
s'entremettre de telles choies Mais Iean refpondit, Qu'on crouueroit entièrement ce
qu'il auoit dit,aunouueanTeftament. Alors vn nommé Iean de Boxtale dit aux Cu-
rez en Latm, Faites apporter vnc Bible: ce qui fut fait, Se fut trouuc ainh que Iean auoic
allégué: donc cous les preftres furent honceux»& ne dirent ancre choie pour couurir gjXs.
leur beftife linon qu'ilfalloic entern!; e les palTages autrement: & qu'il n'y entédoit rien.
Et de là a belles iniures,luy dilans que mal luy prendroit,silnelailîbic l'on obftinacion.
A quoy rei pondant, die, S'il faut que îe fouffre pour la veritc',mon lalaire fera grand au-
près du Seigneur. Alors ils dirent, Que IcMagiftrat auoit pui/lancc de le fane mourir. Temationi
Maisle patict fans s'eftôner leur remôltra,que s'il iugcoitiniuftcmét,qu'illcroitiugé de ^and«. .
Dieu. Sur ce fc leuerentde courroux, en blafphcmant horriblement la venté. Plu-
fours autres demandes luy furem faites, auxquelles îi entl de quoy refpondre, encore
qu on l'eftimaft de bien balfe condition. Cependant l'Inquiliteur de Flandres Pierre Pierre Ticd
Titelman, entendant la prinfede Iean de Grauc, vint à Hulft pour l'examiner: &: cela
futfaid à lafulcitation des preftres , lefquels irritez de ce qu'ils ne Fauoyent peucon-
uaincreparraifon,auoyent mande ceftlnquiiitcur.Ainh le xx i.&c x xn.de Ianuier
Iean fut amené à l'hoftellenedu Cigne, où cftoyent afîcmblcz les Bourgmaiftre Se
Efcheuins de Hulft auceceft înquîlîteur. Là fut mis le criminel deuant vn grand feu,
où il fua à groifes gouttes, d'autant qu'il fortoit d'vne vilaine cage, oùil auoit endure
faim &: froid cxcreme.L'Inquihteur commençai rcxaminer,luy difant,Iean, Puisque
TTt.iii.
L'inquifi
teuriettevn
Liurc-> VIII. Jean de Çrauc^.
nousfommesicy aiîcmblcz pour ouyrcequc vous croyez, qu'eftimez vous de l'Eglifc
Romainc,&: de la doctrine du Pape? R. I'ay défia faittcôfelTîon de mafby deux ou trois
fois,fans aucune faintifcric vous dis derechef, que le me tiens à la parolle de Dieu tant
{eulemcntj&m'appuye fur le fondement des Prophètes, & A poftrcs,&: non point fur
les traditions humaines.Nc croyez vous pas,dit l'Inquifiteur , que Dieu auec chair , fie
fang, comme il eft né de la vierge Marie, a efté pendu en l'arbre de la croix, fok en la
Méfie, & finguliercment quand on leuc l'hoftief R.Nenny vrayement,carce feroit co-
tre la vérité • de l'Efcriturefaincliexar i'ay dit ci deuant que le Souuerain n'habite poinc
fenl.tf.33. es téples raids demain. Lccicl,ditleSeigneur,eftmonfiegc,&:laterre lemarchepicd
Yaj'+s de mes pieds.-quellemaifon m'édifierez vous? Ma mainn'a-cllc poin&faidt touteecy?
Fhl.no> Puis doneques que Dieu nhabiteences lieux, comment le pouuez vous enfermer en
vn morceau de pain?ou en vos ciboires?Et qu'il ne foit ainfi,vous le pouuez voir en mon
Teftamcntque i'ay icy : ô£ le luy bailla. L'inquifiteurfuttellementcourroucé &tranf-
nouucauTc porté, qu'il ietta au feu ceTeftamct, combien qu'il fuftpriuilegc^lequelvn des Efchc-
ftiment au ujns fOU(Jain ramafia.Dequoy l'Inquifiteur s'enflammât de plus en-plus en fureur con-
L'inquifi. tre le prifonnicr, commença àcrier comme forcené, Ofaux infernal hérétique! mef-
ïéï'ire'"" cnant bcliftrei& femblables iniures (qui font leurs plus forts arguments ) tcllemét que
leuant fa main le pcnià frapper au vifage.Mais l'vn des Eichcuins,voyant l'excès de ceft
Inquifiteur,l'cmpe{cha & luy dit,M6fieur,ne lcfrappez point, on en fera iurtice. Apres
que celte tempeltefut vn peu appaifee, l'Inquifiteur luy dir,Comment?garnimcnt, be-
liftre,nc veux-tu pas croire quele Seigneur ton Dieu foit au facrement? le vous prie c-
feoutôs vnpeuce que dira ce malheureux. Or bien, mefehant hérétique, ne croys-tu
pas qu'il y ayt fept Sacremensrlc croy i"culement(dit Ican)en Dieu qui m'a crcc,me gou
uerne,&: me maintient,^ des Sacremcns l'en croy ce que l'Eicriture m'en enfeigne. D.
Du purg». cr0yS.tu pas, qu'il y ayt vn Purgatoire,par lequel il faut que les ames foyent purgées
apresIamortfR.Ielc croyray volontiers, fi vous me le pouuez monftrer parlaparollc
de Dieu. le croy chofe plus certaine,c'cfi: que le îàng de Iefus Chrift nous purge de tous
péchez. L'Inquifiteur perdit encores icy déplus fort toutecôtenâcc>criar,Qu.cdiray-ie
de ce marautrD.Ne crois tu pas que l'home a fon franc arbitre:& par fes bônes ceuurcs
peut meriterle Royaume descieux.'Que les fain&z prient pour nous? Que c'eft bonne
chofe d'aller en pelennage?R.Ie me tié ieulemét à la parolle de Dieu, non point aux tra-
ditions des hommes. D. N'eft-ce pas la parolle de Dieu, dont ie t'interrogucfR. Mon-
ftrcz-lemoy partefmoignagedcl'Efcriture. Lorscomtwença ceft Inquifitcurà faufle-
ment alléguer quelques partages en adioultant aux vns &c diminuant aux autrcs,dc for-
Larcfpôfci tequelean lesefiimaindigncsd'yrei'pondre,tant ilzeftoyent lourdement coufuz par
ic le filcnc» loppins.&: le teut tout coy,le laiïfant babiller tout fcul.Ce filéce fit de plus en plus crier
font déplus cç^ \n(^u ,f]tcur e feu mat ces mots,Mefchat Caluinifte,diaboliq,as-tu vn diable muet?
quuîceurtn ça,ça,iele chafieray bien. Or y auoit il,commcdit eft, en la chambre vn grand feu d'au-
r*§e« tant qu'il faifoitfortfroid.il menaça ce pourc homme de le ietter dedans, &: qu'il le fe-
roit la brufler s'il ne parlait autrement. Iean luy dit,qu'il craignoit bien peu ce feu-la au
Ma.iHi regard du feu eternel,lequel ne fera iamaisefteind,&: duquel la fumée monre de fieele
Apoca.13.r1 en fieclc. L'Inquiliteur voyant &oyant tout ceci, prononça contre luy en prefenec
Sen£e de ^cs Elchcuins éc aflîftans , lèntencc de mort éternelle, & lcliuracomme blalphcma-
rinquift. teur,aucccorps&:amc au diable. Ce iugemcnt(dit Iean)appartient feulement à Dieu,
Diîîerfcstë Partant *c n'eftime rien voftreiugemêt. Or voyant le Bourgemaiftre que l'Inquifitcur
tarions, nefaifoitrien par menaces pour amener leprifonnier à fa do£trinc,il voulut eflayer de
l'auoir par belles parolles : Iean, dit-il, ie vous prie laiflez vousefmouuoir.Iean refpÔdir,
Monfieur le Bourgemaiftre,ne me priez point,mais priez Dieu qu'il vous illumine en
îfa.«.i4 la vrayefoy,àfin que vous ne choppiez point contre la pierre angulaire, qui. eft Iefus
Ficn*i'33 Chrift,& que n'entachiez vos mains au làng des membres d'iceluy.Surquoy ceft Inqui-
fiteurdit, Hérétique endiablé, ton cas neilqu en fauflésopinions,& pureopiniaftreté,
Iean répliqua, Dieu (çair, fi ledelire viurefelon la pureté de l'Euangilc. Les Efchcuins
voyans que ny par menaces, ny par belles parolles,on ne lepouuoitaucunement diuer-
lean liuré tir,le liurerent aux Sergens,le(quclz le lièrent fi fort,qu'il fut contraint de crier de dou-
ua Scr^w. ]eur ^ieur dire,Ne mêliez pas fi fort,car tous mes membres lont fi miferablcmét ge-
lez,qu'il faut que ie me tienne à vous,autrement ie nefçauroyc marcher:partât necrai-
gnez point que ie m'enfuye.Comme on le menoit ainfi lie àlapnfon le Bailly ic tint en
I allée
Jeande CjraucS* 66z
l'allée dclamaifon,&:luy diten pleurant, Monamy Iean,ie te prie de renoncera ta foy,
<Von tclaiifera aller. Monficur le Bailly (die Ican) ne pleurez point pour l'amour de
moy,mais pleurez &: priez le Seigneur qu'il vous pardonne voftrc mesfaift. Jean donc-
quetrut derechef mjs dedans fa cage,& fa portion iournelle & ordinaire fut deux pic-
ce«dcpain bis,auecvnpcu de beurre infect, & de l'eau laquelle eftoit la plufpartdu
temps glacée. Toutes cespcrfecutions&: diuerfes tentations ne le deftournerent de
l'office &C deuoir d'vn vray Chrcftien : car fi toft qu'il fut en fa cage il eut recours aux J*"Pjje &
prières qu'il faifoit d'vn ardant courage & affection, rendant grâces à Dieu de ce qu'il «"'laçage.
J'auoitainfiailïfté&: fortifié. Le temps doneques acheué de x x m.fepmaines entiè-
res de fon craprifonnement, ayant toufiours confefle Ieius Chrift,& fait preuuc fuffiiàn
te de fa foy deuant leMagiftrat,fon procès fut porté à Gand, pour auoir l'aduis des fça-
uans,(ainfi nomment-ils les Iuriftes)& procéder meurement &: feurement en ccft af- j^i^ dc
faire. Ces lu riftes à leur façon accouftu m ée,condam ncrét le criminel de mort félon les Gaud le cos
Placarts du Roy. Apres donc que les Efchcuins furent d'accord auec les' Preftrcs, Moy- dc
nesô£nnquifitcur,touchantlefang(à fçauoirla mort)du prifonnicr,ils ratifièrent l'ad-
uK&fentencedefditsIuriftes,&: ordonnèrent iour pour l'exécution d'icelle. L'affaire
citant démené fi auant,le Bailly félonie ftil forma fon aceufation contre le prifon»
nier,de laquelle les articles eftoyent^Que Iean auoit fouftenu,que Iefus Chrift n eftoic
point auec chair & iàng en la MelferQue c'eftoit Idolâtrie d'honnorer les Saincts, & de
mettre Images aux temples: item d'aller en pèlerinage» &c chofes femblables. àc fe fon-
dant fur icelles il print fes conclufions,quclccrirnineldeuoiteftrebruilé. Cela fait, il
ordonna auec les Efcheuins(fuiuantlacouftumeou pluftoft vnc vainc fiction de droict)
que le prifonnier choifiroit vnProcureur,pour coucher par eicrit fa defenfe,& rcfpôfcâ
l'accufation . Le procureur de Iean efcriuit les articles, parlefquelzil defendoit, Se.
prouuoitpartefmoignagedcrEfcriturequeleprifonniernefouftenoit rien qui ne fuc
conforme à icclle.Mais le poure procureur receut ce ialairedcfa pcinc,qu'en fin ilfutTraitemét
appelle par les Efcheuins & luges du lieu,pourrcfpondrc fur la defenfe qu'il auoit e-JJJ^'11*1
ferite encores qu'il luy euft efté en ioinct de ce faire. Il fut adiourné, à peine de confifea- «uxquipa
tiondecorps&dc biens,dc comparoir en perfonne deuant le confeil de Fladres, pour rtukwt
fe défendre &refpondreaccqu'onluymctroit fus. Et nonobftant fes raifons, d'autant 5dS<Ie* ***
qu'ilauoit feulement eferit la defenfe du prifonnier,il fut condamné à faire amende
honnorablcàHulftcn pleine aiîemblee de Vicrfchare,priant à deux genoux mercy à
la Iuftice,&: en outre à payer x x i rii.Flor.Car.au proffit de l'eglife bruflécà Hulft.
Peu de remps après, à fçauoir le Samcdy x xmi.de Fcburier le bourreau d'Anucrs
parcommiisiondes Bourgemaiftre&: Efcheuins vint à Hulft pour cxecuter( comme il
penfoit)lean deGrauecemefmeiour. Mais d'autant que le Bourgemaiftre faifoit vn
grand banequet le lendemain qui eftoit Dimanche, cefte exécution fut différée iuf-
ques au Mardy fuyuant.Apresdoncquesquclcfcftin du banequet fut paifé en yuto-
gnerie,&diiToiutionbrutale,leMardymacin,le Bailly auec fes Sergens s'en vint à la
prifon,pour amener le patient à la maifon de ville.Or Iean voyant que Ion heure eftoic
venue baila fon compaignon prifonnier auec luy, Se print congé de luy fort amiablc-
ment,difant, A Dieu mon frcre,à Dieu, le temps de mon oblation s'approche.ll fut lie
& garrotcé:& comme vn aigneaupaifiblemenéàla maifon de ville ,auecqucs deux
Cordeliers, qui par tous moyens s'efforçoyent d'efbranler la conftanec du patient. Cordelim
Mais il leur refifta de li bonne grâce, qu'en fin ilz y perdirent toutes les peines de*^^'1*
leurs rules ordinaires. Ce pendant les fufFragans Se fuppofts de l'Antcchriftauec leconfeU cju
Bailly Se Efcheuins de la ville firenc vn complot de confeil ordonné , d'en charger çcIcujL
cxprclTémcnt aux lergens , s'ilz entendoyent quelcun durant l'exécution , qui par-
lai pour le patient propos de l'Elcriture,qu'ils ne failliiîcnc à l'empoigner, quel qu'il
fuft,ôde mener en prifon.Le Bailly,à qui appartient la charge de l'exécution, auoit fait
cerchar diligemment de la paille &c du bois,mais perfonne ne vouloir rien vendre pour
vntclaàre. A la fin il acheta d'vn payfant vne charretée de bois,laqucllefut defchar-Par ^ oa
gce au marché. Ilhctrouuoithommequi voufift percer vn pofteau pour attacher k jjJJIJJJPj?*
paticnt,maisilfcit entendre fauiîcment,qucle pofteau qu'il faifoit percer eftoit pour,^'
faire vne barre de cheuaux à l'eftable. Durant qu'on failbit ces préparatifs ,fu ruine vn uoy{tc«u«
nommé Iean VVillaerts braiTeurdcbicte, qui fut mis prifonnier, pource qu'il s'eftoit J J^£!
deuifé de la cruauté Se iniufticc des Magiftrats auec vn fien voifin, qui l'accu falncon ci- g.on.
TTt.iiii.
Liurcj VU 7. Jean de C uuC.
nent,&: fut mis dedans la mcfmc cage de laquelle cftoit forti Ican de Graue, où il fut'
Crainte des iong temps en grand' peine& tourmet.Les preftres ayans peur s'alfembleret tous mec
Ftcftrcs. ceux c|eja £uftjcc:^ furies douze heures de midy , les Bourgmaiftrc & Efchcuins fu-
rent a (Tiz au fiege iudicial de la Vierfchare, pour publier fentenec de mort. Le piiifon-
iwnadmo- nicr en toute alleuranccadmonefta les luges de penfer à leur faluc&dit taux hautde-
«cfteksiu- uant le peuple là a(remblé,MeiIieurs,examinez bien macauic& pronôcez droit mgc-
5e** ment,caril vous faudra comparoir vniourdeuantlefiege iudicial de IefusChrift, cô~
Matt M 3I me iecompareauiuordhuy deuant vous, où chacun rendra compte de (on faict.rcgar-
Rom.M 10 dez doncqucs à ce que vous faites. Le Bourgmailtrc luy dit,N'as-tu autre chofe à dire?
i.Cor.j.io nous auons prinsconfeil aucegens plus fçauans que toy. Ican derechef dit, Auifcz bien
à ce que vous entrepreneziladottrine que ie fouftien &confeiTèeft fondée furie fon-
demeiK des Prophètes &: Apoftres:faitesce que vous voudrez. Or lelon leur ancien-
ne manière de procéder , le Bailly admonefte le Bourgmaiftre de déclarer &c pronon-
cer la fentenec. Incontinent le Bourgmaiftrecommâda au Greffier d'en faire lecture.
Teneur de LQ tcncur d'icellc,portoit(comme ellea efté traduitc)ce que s'enfuit : Nous Efchcums
«ntre'iean ayan&eu l'aduis des fçauans,enlèmble plulieurs aducrtiflemens denoz Paftcurs, 6c fin-
deGraue, gulierement de l lnquifiteur dece quartier,& ayans trouuc quecelean de Graue muf-
nicrnatifd'Eckerbcrgucn,ou commet qu'il puiilc autrement eftrenommé,cft herctic-
que detaufle foy, contraire à noftrcfoy Chrcftienne singulièrement en ce qu'il a dit,
que Dieu n'eft point véritablement en la Mcflc en chair 6c en fang:&: que c'eft idolâ-
trie de mettrcles Sain&s en FEglifc,& d aller en pelennagc:& plulieurs autres mcfchâ-
tes opinions contre noftre foyrNous le condamnons à élire cftrâglé,&: fon corps brufle,
6C après eftre mis à vnc fourche ou perche, au champ desgibetzde cefte ville. Confi-
feans en outre tous les biens meubles 6c immeubles, quelque part qu'ils fe trouucnt, au
profhtduRoy.
Apres cefte fentence leué , le patient dit auec vn vifage ioyeux, Seigneur mon
Dieu,ie te remercie,que tu me fais digne de iouffrir pour ton nom. Le bourreau incon-
tinent le feit taire. Et outre le conte nu en la fentenec, les preftres, cuidans rendre la
Tcftanent cnotc P'us odienfe au peuple,feircnt tant enuers les luges, que le nouueauTcftamcnt
bruilc. du condamné,fuft pendu à fon col pour élire brullé quant 6c luy .Finalement le poure
patient futemmenéau feu parlebourrcau,auccgrandecompalfion de tous ceux qui
voyoyent la debônaircté,i'a patiencc& conftance,& les fainctes admonitions qu'il fai-
foit,eftant muni del'cfpritdeDieuiIciç iy bien, dit-il, que plulieurs de cefte compai-
gnie ont cognoiflance de la vérité de Dieu,&: pource, frères, ie vous admonefte tous d'y
perfeucrcrconftammcnt,&: que defpriticz ce monde qui n'eft rien,au pris de lafelicite
qui eftappreftée aux eflcuz de Dieu. Apres, il feit cefte prière à Dieu,0 pere celcfte,
Prière de plein de mirericorde,n'imputcs pointâmes perfecuteursccqu'ilzmcfont.O môDicu
Icaa- vueiUes les illuminer de la cognoilîance de ta parollc, &: me vueillcs auiourdhuy recc-
uoir en ton paradis. Le Bailly enflamméde vergogne, ne pouuoit ouyr cefte laincte
pricre,&: s'eferia aigremét cotre le patient auec ces mots imparfaits, On le t*a allez dit.
A quoy le patient dit, Homes, ie puis bien dire cecide vous prie feulement demeurez en
la vérité. Dcfpelche, dit le Bailly au bourreau, fay ton office. Alors lepatient defoymef-
mesentranten la logettedeboisfe mit volontairement au pofteau ,&: demanda s'ilc-
Aioitbicn:ouyIean(ditle Bourreau, )vous elles bicn:& luy mitlclicolaucol.Eftant lié,
Seconde il commençai crier hautement, difant, Seigneur Dieu perc celefteaye pitié de moy: O
prière. Père de miiericorde,reçoy mon efprit. Ainfi ce vaillant tefmoin de Iefus Chrift inuoe-
quantlcnomduSeigncur,pa(fa ie mort àla vie des bicn-heureux,&:fcellade ion fang
la vérité Euangelicque, ainli comme ila.cftédeduict au long par fa confcrtion,le x x-
v n.deFebuuer,M.D.L x v .Or félon lacouftumede ce Bourgemaiftrcadonné à tou*
tegourmandife&: yurognene, touscesiugcss'arTemblerentenfa maifon,&y furenc
trouuces plulieurs parolles en yurognant pleines de blafphcmcs contre Dieu& fes
fidèles. Mais le Seigneur ne laiila guercs telles infolcnccs làns en faire vn iugement exe
plaire.Car certain temps apres,àiçauoir le v n.d'Aouft, ledidt Bourgemaiftrc retour*
DfcoSr'k natlt d'Anuers,où à force de boire il auoit gaignc,&: rapportoit vne tafle d'argent, per-
Hubcrt.Dui dit par le chemin la parollc Vn iugement de Dieu II manifefte doit bien faire trembler
mfmr^de tous ceux qui par leur cruauté,mcttent l'innocent à mort, &c trempent leur yurognerie
Huift auiangdcsiuftes.
LIEVIN
Lieuinde Blekere^.
LIEVIN DE BLEKERE, de Pamele h^udenarde.
L'E X E M P L E qui nous cft ici propofé à l'entrée de cefte annee.nouj monrtre combien nous dcuons eftimer le
bénéfice de la pirollcdu Seigneur.quandd'vn foudain changement d'vnc vie desbordec nous voyons vncfaindtc
refbrmàtion tendante à l'édification de l'Eglife . . Ai D
LEKERE peintrc,eftoitd'vne petiteville nomméePamele,conioincte fa
à Audenarde,furIariuieredcrEfcauld,coutesdeux renommées en Flan-
dre pour les tapifTeries&: toiles exquiies qui s'y font. En fbn ignorance il a- Ia vilk<lc
uoit mené vne vie diiîblue 6c abandonnée à tout excès, fur tout d'yuro-
gncrie, vice inueteré encre ceux de fa nation.Mais aufll tort que Dieu l'euft Liemn fore
touché delà cognoilTanccdefon Euangileil changea (a viemauuaifeenlaincte conuer defbauché
fanon. Et du commencementpource qu'il auoit bien petite accointâce aux fidèles qui gnoiS'E
efloycnt multipliez en grand nombre par toutalenuiron, il s'aida pour eftre plus am- uaflgJc
plcment inftruit,de la lecture particulière des faindtes lettres I j y profita fi bien qu'ayâe
quitte toute diirolution&:mauuaifccompagnie,il renonça quant &: quatàtoutes ab-
ominations &: idolâtries Papiftiqucs.Ce que voyant fafemme &: là belle-merc, ne pou-
uans porter l'odeur d'vne telle conucr(ion,l'accuferent à leur Curé de Pamele: lequel
entendant l'accufation,neceflaiu(qu ace qu'ilTeuft mis en danger de mort. Il en ad-
uertit l lnquifiteur de Flandre, qui eft nom mé en plufieurs endroits cy delîus : & accula
Blekere comme hérétique &: ennemi de 1 Eglife Romaine. Cefi: Inquifiteur, ne deman
dantque tel gibbier, incontinent vint à Audenardc accompagné de lés fuppofts &c fa-
tellites:&:parlaluftice de Pamele le feit mener prifonnier le deuxiefmc deSeptébrc
m. d . l x v . à fix heures du matin,au Chafteau de Pamcle en vne tour nôrnéc L'oyc. Il
feroit trop long de déduire icy par ordre combien de grands & difficiles combats ce
poure prifonnier fouftinc de tous coftez. L'Inquifitcur,&: quelques preftres,&: autres
îemblablesle vindrctvoir louuet pour l'interroguer:& après lôgucs difputes fur quel-
ques articles de la foy,ilztomberent fur le Sacrement, qu'ils appellent, de l'autel, &
tafehoyent partons moyens de le feduirc par leurs faulTes interpretationsde l'Efcriturc
fainc^e.Mais combien qu'il femblaft homme contemptiblc,ôc qui n'auoit cogneu lave
rite que depuis nagueres,rcfifta vaillamment par la parolledcDieuàtous ces Geans,
efforts foldats de l'Antechriibproteltant clairement qu'il entendoic de mettre la vie Lafecïe d«
pourladocttinequ'ilauoitconfeiTédeuantcux. Depuis cela plufieurs Libcrtins,dont Libcrtil«
Ienombreeftoitpourlorsairezgrandencepays,gensquine(efoucientfouz quelle rc- m lp'ee'
ligion îlz viuent,vindrentvifitcrcc poure affligé, luy voulant perfuader qu'il n'eftoic
befoin de fe mettre en danger c|e mort pour quelqueRcligion quecefuft,&: qu'ilne fe
deuoit ainfifeparer de l'Egl'fe Romaine* Mais en vaintrauailloyent-ils, d'autant que
i'Efpritde Dieu eftoitauecques luy. Ce pendant l'Inquifiteur qui auoit délibéré de luy
parfaite Ion procès ainfi qu'aux autres,voyant qu'il perfiltoit en fa confcfllon : le x 1 1 1 .
deNoucbreaudictan le condamna comme hérétique, &le liura au bras feculier. Et
pource il fut mis en vn autre prifon dite l'Ammanie de Pamele, où il futtraittéôc af-
faillyde mefmc que parauant.Mais le Seigneur donna à fon feruiteur confiance &£ pa-
tience, tellement qu'il endura toutes tentations &c afflictions patiemment. L'Inquifi-
teur cependant pourchafia à route diligence la mort de Blekere :& commanda de par
le Roy au Magiftrat qu'on cuti adcfpechcr vn tel hérétique . Le Magiftrat le voyant
ainfi folioté par luy&: prefTé parlcsEccIefiart:iqucs,ordonnacertain iour pour en faire
exécution, & combien que quelques vns des Eicheuinsle feiiïent à regret, toutesfois
pour ne tomber en l'indignation du Roy, ils confentirent àefpandrelefang innocent. Piiate cnpiu
Le lundi donc,quieftoitle xx i.dc Ianuier m.d. l x v i. leBaillyauec fes officiers vint 5^"^" és
cnlapnlon,pour mener lepatientàla Vierfcharc, lieu Iudicial pour ouyr condemna- de fa fcàe.
tion.Or côrae on le menoit par la rue, le peuple incontinent s'aiTcmbla tout à l'entour,
&efmeu de compailion,fut tellement animé , qu'auec grand bruit & tumulte courue -,
- , ... K .. , / _ y •■ / n t r i» Commence
fus au Bauly &: fergens, tellement que le patientrutdelmre,&: otte par rorced entre ment de h
leurs mains.QuelquesCordeliers &: autres caphardsqui félon la couftumcaccompa- h^rc£ ^
gnoyent ce ptifonnier,furentiettez à terre, tellement qu'ilz furent contraints fe fau- Sba.**
ucr aux maiibns,crians aux Seigneurs de la viUcMonft rez que vous cflcs le Magifbat.
L/Wo FUI- Lieiiin de TtkimS
Cc pendan t Blekcrc prioit & admonneftoit lepcuple fe déporter de telz outrages : Mes
frères &amis,difoit-il,laifTez au Seigneur paracheuer l'œuure qu'il a propofee défaire
en moyilaifTez faire le Magiftrat. Sur ces entrefaites furuindrenc ceux de Jaluftice qui
s'eftoyent renforcez,& empoignèrent le patienr,&: l'emmenèrent haftiuement au tri-
bunal de la Vicrfcharc dcuatles Seigneurs.Lorslesgrans Baillizde Pamclcôc Audcnar
t« Bailliz Je communiquèrent quelque peu cnfcmbleà l'orciile.Puis le Greffier par commiflîon
î ÏSeL d'iceux Bailliz,recueillit par ordre l'aduis Se iugcmét des Efcheuins ,afin défaire la fente
4e côioino. cc diffinitiue cotre le patiét.cntre lcfquels vn cftât requis dôner fa voix,dit,Qu'cft-il be
foin de tant dcmader,puisqu'ilfautqu'ainfifoit? Apres cela ils le côdâncret à mort fui-
uant les placarts duRoy,maisilsparlerétfibasqperfonncdupeuplc cftât tout à l'cn-
tour ne l'entédit.Quelqs vns des Efcheuins femonftroyent fi eftôncz &fipalles,qu'on
pouuoit ailémcntiugeràleurcontcnance,qu'ilz condamnoyentceft homme contre
leur confcience.Blekere cftant ainfi iugé,dit:Meffieurs, aduifez à vous:& voulant par-
ler dauanrage,fut amené par plufieurs officiers auec grand tumulte au bas de la mai-
fon de ville, où ilz le lièrent fur vn chariot le menèrent haftiuement à la mort.
Mais auflî toft qu'il rut au Marchc,la multitude du peuple fc rua fur le chariot,&: confo-
lalepatient.Ceuxquieftoyent àleurshuys & feneftres, mefmes lesfcmmcs,crioyent
à haute voix,Licuin demeurez ferme en voftrefoy,&: bataillez vaillamment, car vous
auez la vérité pour vous. Cc martyr feruitcur de Dieu efleuât fes yeux & fon cœur au
ciel & chatant louanges à fon Sauueur recita quelques Articles de la foy : mais pour le
grand bruit tant du peuple que du chariot,il ne peut eftre entendu que de peu de gens.
Or afin que les miniftresde cefte Iufticc paruinfent pluftoftaulieu de l'exécution, le
menerét par le Chafteau d'Audenardc,ayâs faict des ponts pour pafTer Je chariot: mais
iceux eftas trop foiblcs les cheuaux s'efpouuaterent,& ne fe peurct hafter ainfi que ces
mefchansefcfTent bien voulu. Cependant le peuplevoyantlcBourgmaiftrc,& vn fé-
cond Efcheuin qui commandoyent de fe taire, cria à haute voix contreeux qu'ilz
fe teufTent eux -mefmes. & alors la querelle euft efté bien grande du peuple con-
tre la Iufticc , fi cc poure patient entédant ce débat , n'euft remonftré au peuple araia-
blemenr,qu'il ne print querelle pour l'amour de luy. Or il prioitDicu ardemment fie
Aaion de recommandoit fon ame entre fes mains. & en fin rendât grâces au Seigneur du tumul-
neaCde ^elê tc appaifé,il dit ainfi tout haut,Ietc rends grâces, Pcrccelcfte,quc tu m'as retiré destc-
dc glorifier nebrcs>&: amené à ta lumicre,carautrcmcnticdcmeuroye en perdition. ôPeretuas
Dicu' preueu cefte offrandede moy,dés que ieftoye encorcs au ventre de ma merc, voire de-
uantquelesfondcmcnsdu monde fuffent mis. Pourtant, Seigneur, cc facrifice te foit
agreablc,&: veuilles receuoir en grâce ton feruitcur , &: cependant pardonner ce mc£
faict à mes perfecuteurs. Apres cela il dit à vn fidcle,qui cftoit làauprcs,Frerc,bataillcz
auecques moy,& priez pour moy fi long temps que ic fuis en la chair. Et comme il par-
loir encorcs, le Bourreau l'eftrangla. Enuiron douze heures dudit iour, le corps mort
fut vn peu griflé au feu, & après , mis au lieu du gibbet de Pamele:dôt il fut ofte de nuiCt
par quelques vns & enfeuely. Le Bailly &: Efcheuins d'Audcnardc pour faire plaifir
aux Ecclefiaftiques feirent information de ceux qui auoycnt faict telle chofe, &C qui 1 a-
uoyentconfolé quand il fut mené au fupplice,à fin de les punir comme feditieux &
fauteurs des hérétiques. Et le Icudy après il feirent tant que plufieurs furet prins 6c con-
ftituez prifonniers pour cefte caufe: les autres euiterent par la fuite la fureur de ces
perfecuteurs.
î E ks Egfifcs reformées eurent en diuers endroiils de ce temps <p*el<jue paix
ou pluftojl treue gr relajihede perfecution.
JS8|E S années m .'d.lxv .& l x vi .furenraflczpaifiblcs aux Eglifes de la Religion
jy|!^ reformée en laFrâce,sentretcnates cnfcmblecn vraye vnion de doctrinc,& poli-
ce Ecclefiaftique,par Synodes & communications mutuelles. Plufieurs renonçans aux
idolatries,eftoycnt conuertis au vray feruice de Dieu par les prédications publiques de
l'Euangile.Les Magiftrarsretenuzdecr*intc,nofoyent contreuenir auxEdictsdu Roy
Charles i x.& par cc moyen Satan perdoit beaucoup de fon credirde nuire. Vray cft
qu'il auoit toufiours quelques fiens fuppofts es Cours de Iuftice,qui faifoyent tous
leurs efforts degreuer ceux d'entrelcs fidèles qui tomboyent entre leurs mains& pour
iaBiom4recaufequecefaft,eftoyentfouuentcondajnnez ou à mort,ou aux galères. Sccrcte$y.
-£t vomiiToyenctcllesfentencesaFencontred'iceuXjpiuspourcequ'iis fuiuoyent laRc- gcanccs èX
ligion (dclaquelle toutesfois neftoit fait mention en leurs iugemens) que pour le peu treceuxqu*
de cas qu'ils auoyentcommis,qUi neftoit dignc.de fi grande &afpré côndemnation. EUg2CTref
Et encre toutes les verges defquclles Dieu a longuement battu la France, on doit con- formées,
ter cefte cy pour la plus grade, queles lièges de Iufticc qui deuoyen t eftre le refuge des
oppreliez,la bndc&: punition de tous viecs/e font fi cHongnez de leur droit & naturel
\fage,qued'oi\urir la porte à toute iniuftice»impunité&: licence demal-fairc.
O r ceux du Pais-bas fe reientans de ces treues de France afpiroycnt aufii
à quelque liberté , comme le progrès de fhiftoire monftrcra, &: déclarera que les
feux allumez commencèrent aucunement s'amortir :& conuertir en après en guerre
ciuile , à l'exemple de France , combien que la procédure aie cfté diuerfe ; comme ilfera
déduit pat ordre cy après.
IEAN DESRENE A V XjeTorqHom.ChafieUenitàtnjle.
iE prouerbe commun portant qu'il eft difficile de quitter chofe inueteree,& d'oublier ce qui eft apprins en
ieuncflc,pcrd ici fa vérité: Tant cft puiffante k vocation du Seigneur.
Ai. JD.
V E l'extrême vieillefle n'cmpefche les anciens de quitter vn vieil zbusLXVf-
long temps tenu pour vraye religion , voici Delreneaux aagé pour ]€cnFcuncr
moins de l x x. ans qui en eft bon tefmoin. Tout inueteré èc confit qu'il
fuft en (à vieille fuperftitiô de la Papautc,in côtinet que Dieu l'cuft touché
de fon fainct Efprit,il changea entièrement de façon de vitire , Sdans delay
fréquenta les afTemblecs &: prédications qui fe faîfoyent en plufieurs endroits en la
Chaftcllenie de Lifle félon la pureté de l'Euangile.Et n'eut point efgard qu'il eftoit en
vn pais auquel on brufloit fi fouuent les fideles,demeurant à Torquoin dont îleftok na
tif, village fous ladite Chaftellenie.tant precicuie luy fut en fes derniers iours la parolle
de Dicu.Les fidèles du pais voyanslezeledu bonhomme,eurcnt grand ioye,fe fouue-
nans(cn le voyant)que iadis le grand Pere defamilleauoit prédit qu'il en appelloit plu-
fieurs en fa vigne fur le foir à iour failly .Et combien qu'il ne feeuft ne lire n'clcrirc , il e-
ftoitneantmoins fi bien refolu au dedans de fa vocation, qu'il nercdoutoitne péril ne
danger quelconque.Or,Dieu ayant ordonné le temps &: l'heure pour le produire tef-
moindelacaufe de fon Fils IefusChriftjlaluftice de Lille le vint faifir pnfonnier pour
l'emmener en la ville luy faire fon procès. Lors en prenant congé' de fa fille &c de fes
amis, il donna aflez à entendre que c'eftoit pour le dernier Adieu .-failant fon conte de
rnourir.Entre les officiers qui lauoyent prins, aucuns efmcuz de fa vieilleile, prièrent
le Curé du village de parler pour luy &c luy preftervn bon mot. Mais comme le loup a
pitiédclabrebis,aulîiceCuréfcit refponfe,que le vieillard paifé long temps auoit de-
jeruilamort.Eftantdoncconftkuéprifonnier&interrogué de fa foy,ilconfelTa ron- delà Papau
dément cequ'ilcroyoitparlaparollede Dieu. Etfiiamais lafedtedes Preftres &: Moy-té-
nesfeit inftance à gaigner fur homme fidèle , &c le diuertirdu bon chemin, ce fuft
àrendroicdeceftuy-ci:maisilsne profitèrent de rien. Car iltrenchoit tout court fes
refponfes , demeurant arrefté en la confeifion qu'il leur difoit auoiria faite deuant
ceux de la Iuftice. Et voyant qu'ils ne ccfïbyent de Je tourmenter , il leurditen ion
langage, Vous vous rompez la tefte,&: perdez temps:penfez vous que pour vn5" layon , xl aj)pcle
plus ou moins que ic pourroyc encore vièr,que ie vueille renier mon Sauueur?Or,fut-il vn r*>»** «
jugé le x x i.deFeurier m.d.l x v 1. à eftre confumé&; réduit en cendres fur le marché on a"t vn"
de Lifle: mais pour cela fa contenance^ couleur n'en furent aucunement changez :iefaye'
tenant refolu comme il auoit fait auparauant.Ce bon Dieu qui n'oublie iamais les fiens
lefupportafortcnfontourment.Carpluficursatteftentquclafumec leftoufra auant Cc ^nc les
que le feu fuft fort aliumé,de manière qu'il ne le fentit quebien peu. Vn Caphard qui Caphars ne
aflîftoit de bien près au fupplice, voyant qu'il n'auoit rien gaigné fur le viuant,com-PcculJ"v^
mença de s'eferier au peuple contre le mort,à fçauoir qu'on ne deuoit prier pour luy, ils l'effarée
d'autant(difoit-il)qu'il eftoit damnc.Cc que vomifient ordinairement tels abufeurs,à Jj^Je
fin de rendre la mémoire des vrais Martyrs de Dieu odieufe &: exécrable deuant les
poures ignorans.
Liurcj VUL Qu*trt*%tartyrsà DJlcJ.
MARTIN BAYART, & CL A V DE DV FLOT, auec
IE AN DAVTRICOVRT, natifs du Pau d'Artois : & NOVEL
T O VRNE MIN E , <fc Hemng près Scckn.
CES quatre experimentans la defloyauté Si trahifon de la fefte des Iefuiir.es,ont furmonté toutes difficultér,
au temps que les Gentils-hommes du Pais-bas fe preparoyent de former oppofition contre la rigueur des
Placarts du Roy £t de rinquifition d'ETpaignc qu'on vouloit mettre audit pais:
N a bien peu voir par les difeours prcccdes,que les cruautez exercées con-
tre les fidèles au pais de Flandre, nontamoindri le nombre d'iceux. Car à
pluiieursignorans,cefang innocentainfi efpandu,aferuide îemécc pour
"L'hiftoire 5È5â*§21 'cs engendrer au Seigneur. Et comme " des quatre Martyrs parauant exc-
«neftaucô cutcz en cefte mcfme ville de Lifle,àfçauoirduPerc,delaMerc&: des deux Fils ,1a
duTi.Liure. mémoire en demeure prccicufc à toutel'Eglifc: auflî fera celle des quatre hommes «4
cefte hiftoire, pour auoir magnifiquement en la mcfme villeconfeifé & rédu authen-
tique la do&rine du Fils de Dieu, comme il fera dedu i& par ordre. Or il eft ainfi, que
Martin Bayart, Claude du Flot, tous deux eftans hommes mariez, Iean Dautricourc
di£t DcfmartcJoys,& Nouel Tournemine,icuncs compaignonsà marier, tous pei-
gneurs de fayette natifs d'Artois,exccpté Noucl qui eftoitd'vn village près de Scclin,
demeuransd'vn mefme temps en la villedc Lifle,cheminoycnten la crainte de Dieu,
Zcle eon- auec zeJe conioint à édification, comme l'cffctt s'en eft monftré. Car cftantlccoufin
ioim auec de l'vn d'iceux feruiteur à vn Ieluifte,nonobftant les dangers apparens à caufe de la
e cation. pCruer(jt^ cefte fc&e (comme il enaefte parle ci deuant) ils ne laiflercnt de foliciter
&enfeigncr ledit feruiteur, enlaparolledcDicu& l'Euangile delefus Chrift.-luy re-
monftrans quece n eftoit le chemin d'aller à la vie éternelle de croire la fauflc doctrine
de fon maiftrcvrayfcdu&eur du peuple, tellement qu'après luy auoir monftré l'abus
du chappelet qu'il portoit, il receut de bonne part Pinftru&ion qu'ils luy faifoyent. Ce
qu'eftant confideré par eux, ils luy prefterent vn petit liuret,côtcnant quelques fâin&s
enfeignemens de l'Efcriture. Mais ce poure fcruitcur,ne penfant à l'inconucnicnt qui
enpourroitaduenir,monftra peu de temps apresccliuretàfon maiftre lelcfuifte. Le
faux-prophete cogneut bien incontinent que ce liure n'auoit pas efté forge en Ton
Rufcs&cau efcholle. parquoy il s'enquift diligemment de quel lieu ill'auoitrcceu. Et pour mieux
Sei« fcfc Paruenir à fon intention,donna à ce feruiteur vnc pièce de fept patards,luy difant qu'il
fuiftes. feroit fort bien de s'enquefter delà demeure de ceux qui luy auoycnt prefte ce liurct,
afin de l'en aduertir. Cefte chofe fut fort facile à faire, d'autant que ces quatre compai-
gnons fidèles befognoyent deleurmeftierenlamaifond'vncbonnc vefuc,qui eftoic
de mefme religion auec eux. Lelcfuifte après en auoir cfté informé, fuyuanc l'ordon-
nance de fa fède ne faillit de le déclarer à la Iufticc. Et pour n'eftre cognu dcnunria-
teur,fe retira pour quelque temps de la ville, cependant que ces quatre poures com-
paignons furent conftituezprifonnicrs vn Samcdy au matin fur les deux heures, par la
Iuftice. Aduin t que ce mefme iour furent trouuez quelques placarts attachez à la mai-
Placartsat- Ion de ville contre l'horreur de l'Inquifition d'Efpaigne^ qu'on vouloit lors introduire
tachez à partout le Pais-bas. Ce que fans doutecnflamma de tant plus cefte Iuftice contreles
nn<CuiuîSC prif°nn'cl's-Toutesfoispourcequ'on ne leStrouuacoulpablcs de ces attaches de pla-
d'EÎpaigne. carts,on infifta feulement à les interroguer de leur foy. Or pource qu ilz rcfpondircnt
en grande confiance & rondeur de tout ce qui appartient a la vraye doctrine fans rien
defguifer,il y eut vn desEfcheuins à qui cfchappade dire tout haut qu'on enferoit bien
toft dufeu.Plufîeursfurentcfmerucillez, voire le Geôlier mcfme, queces quatre auo-
yentrefpondu deuant les luges fi pertinemment comme s'ilsfc fuiTenc recordez l'vn
l'autre, eftans neantmoins fcparczcnla prifon. Quelques iours après, combien que
defenfes fuiTcnt faites au Geôlier de ne laifter perfonne parler à eux,fi cft-ce qu'on trou-
ua moyen de demander à Claude du Flot comment il feportoit: lequel rcfpondlt que
"Usa eilct tou c bien,veu qu'il fe {buzmcttoit à la volonté de Dieu cane à la morteommeà la
communé" vie.Quant à Martin il auoit cefte ioye qui luy eftoit donnée de Dieu, qu'il chantoit or-
ment Hal- dinairementenlaprifon des Pfcaumcs. Durant leur emprifonnemenc ils furent plu»
faûkf0* heurs fois menez en "Halle Efchcuinalc de Liflç, pource qu'aucuns fc vantas de faire
brcfchc
Qgatre &ÎMyrs k Lifte. 66 j
bref^t.Aicieurconftancclcsfolicitoyenc à fedefdire,&: prendre iour d'aduis pour rc-
fpon4rcauircmec qu'ils n'auoyct fait. Mais pas vn des quatre ne fît cas de cela.perfèue-
ran^efljafoy qu'ils auoycntcojifefrce.Qiwlque fqis aduintqu'eftans en Jadi£tcHalJe,&:
ne iQ^pondans point à toutes les queftions qu'on leur faifoit , pourec qu'elles citoyen t
qu par^rop impertinétes ou ridicules, il y eut vn maiftxe Doyen de fain&Maurice enlu-
miné de colère, qui, les appcllantopiniaftrcs, dit,Qujlen falloitdefpcfcher Je pais. Or
quand il -eftqit queftion de eonfcflcr Iefus Chrift, &c fa doctrine, ilz n'eftoyent pas
muctZ:icimoingsdcux Preftres qui fortirent vn iour aucc leur courte honte, pourec
qu'ils n'auoyent teeu rien alléguer ne prouuer contre les refponfes qucfaifoyentces
quacreen prefenceduMagiftrat. ^Le fécond de Mars m. d.l x v i.ilzfurent*caIcn-JUJl^2
gezparlcPreuoftdelavillc,&: voyais que la calenge contenoit qu'ils eftoyent herc- kunLuto
tiques , çespatiens répliquèrent qu'il n'en eftoit ricn,finon (difoyent ilz) que la parolle cnmincl]cs
deDicufufthcrefie:cequ'ilnepeuteftre.par ainfi proteftoyent deuant tous qu'ils e- Jîïquïpîï
ûoycntChrcftiens,entant qu'ils s'arreftoyent du tout à la parolle de Dieu. On leur de- drc condu-
jnanda s'ils fefoubzmettoyent à la volonté de Meilleurs: de quoy ils prindrent occa- conîeTT
lion de remonftrer à tout le Confeil de iuger iufte iugement,lcur denonçeans qu'il fau- prifonnkn.
droit vn iour comparoir deuant le fiege Iudicial de Chrift, pour rapporter toutes les
chofesfai&cscncefteviefoitbienoumal. Et quelque mocqueur qui eftoic làprefenr,
dit, Vous l'entendez bien. Ouy,rcfpondirent-ils,nous l'entendons vrayement: car il cfh
efen'tauv n. chap.de S. Matthieu. Derechef interroguez s'ils fefoubzmcttoyét à la vo-
lonté de Meilleurs: ils dirent franchement qu'ils fc foubzmettoyent à la volonté de
Pieiulncontinent fcntcncc de condemnation fut prononcée contre eux, laquelle cô-
tenoit en efFcd qu'ils feroyentbruflcz tous vifs deuant ladite Halle. Ce iugement ne
fut pas fîtoft mis en exécution que de couftume.les luges eftans( peut eftrc)faifiz de L'oppofîtiô
quelque frayeur ôccrain te decc qu'on murmuroit de l'oppofition prochaine que pre- Sommes "du
tendoyent faire les Gentils-hommes du Pais contre l'Inquifition d'Efpaigne:teflcment Pau-bas , à
qu'on ramena les condamnez en la prifon par vne voye non accouftumée, ami de ne JW*"5
point cftre veuz,& de fruftrer le peuple attendant pour les voir. pi,^uc*
Sv r ces entrefaites les Officiers de Liflen'eftans lasdeperfecuterles fidèles, fei-
rentempr^fonnervn certain amy de Iean Dautricourt,pource qu'il luy vouloir don-
nerfon manteau,& luy dire quelques propos pour le dernier A-dieu. Ainiî eftans dere-
tour en la prifon,le Diable qui ne celle de tendre fes lacqs pour furprendre les fidèles,
fufeita quelques Cordeliers prefts de difner aucc ces poures condamnez, pour les tour-
menter ou fedu ire. Mais tout cela ne feruiefinon pour monftreren euidence de tanc
plus l'intégrité des poures patiens,& à l'oppofitela gourmandife defdits Cotdeliers,
qui ont le ventre pour leur dieu,& lacuiiinc pour religion. Quand ils fortirent des pri-
ions pour cflrc menez au fupplicc, leperc de Nouel vint l'embraiTer ,&: le baifant dit,
Mon filz, allez vous ainiî à la mort? Lequel rcfpondant dit, Oeft peu de cas, mon pere, AffeOfon
carc'cftàprefcntqueiem'envay viurc.Et combien que Nouel pleuraft comme il fut ?"aa *
monté,voyan t fon poure pere fondant en larmes &: foufpirs,tant y a qu ertant muni au
dedans d'vn courage efleué par-deflTus ce qu'il voyoit,cria à haute voix, O Preftres Pre-
ftres,finous eulïîons voulu aller à voftre Méfie, nous ne fufiions pas ici- mais Iefus
Chrift ne l'a pas commandé. Il yeutdesdifputcs tenues au pieddel'efchalfaut, fur ce
que les Caphards vouloyent faire croire au peuple que ces quatre cftoyent héréti-
ques^ qu'ils croyoyent comme les diables, reiettans les facremens,&: chofes lembla-
bles.Mais ils furent rembarrez.Car Iean Defmarteloys prenant la parolle leur dit, Que
leur foy eftoit bien autre que celle des diables, &: qu'ils tenoyent autant de facremens
que Iefus Chrift en auoit ordonne. Puis Martin leur dir,Laiiîez nous en paix, car nous ClPVrJs
fommesau droit chemin,& allons à Iefus Chrift: ne no9 en deftournez point. Par telles ner jdnc
& femblables refponfes les Caphards demeurèrent confus, & les biffèrent fans ofer*"* poures
monter fur l'efchafFaut comme ils auoyent de couftume. Iean Dautricourt y eftantfidcIts*
montc,recitales articles du Symbole, adiouftât quelques mots par forme d'expofition
à chacun article.Ceux qui l'auoycntcognu deuant fon cmprifonnement,s'efmerueille-
çentdel'ouyrfibien&do&cment parlant. Le Bourreau pourcomplaire à îesmaiftres
luy prcfentale baaillon » &c Iean promit de fe taire. Mais eftant au pieu eftroitement
cncliainé par lccol,ditau peuple, Helas^eftieurs, fi c'eftoit pour direchoic mefehace,
on ne meferoit pas taire, mais pource qu'il eft queftion de la parolle de Dieu , on me
VVv.i.
c ontinm
don ci
ftojrc
Litfro VIII. Le faitf de la Religon3&
veut empefcher.Et fur cela il s'eferia, Qui eft-ecqui nous pourra feparer de ladile&Ion
T " ia\"u ddChnit?rcra-cclatribulation,ouangoiflc? ô Seigneur, nous fommes liurez à la more
îîoi"L *c« pour l'amour de toy,& fommes faits fcmblables aux brebis de la boucherie. Mais ayôs
quatre M» COnforr,mcs frères, nous auons vaincu le monde, par celuyqui nous a aymez. Les au-
n s tics de leur codé crioycnt,C'eft ici,c eft ici le chemin qui meinc à la vie : c'eft la voye
eitroitc,par où il faut entrer: ccft le chemin que Iefus Chrift a cnfeigné.Noucl d'au-
tre part difoit,Entre vous, mes frères fidèles, priez pour moy à prcfentxar après la more
les prières ne peunentayder. Quand tous quatre furent attachez &c couuerts de fagots
preftsà receuoir le feu,cômencerent d'vn rnefmeaccord à chanter le premier couplée
duPfcaume x x v 1 1. Puis chantèrent bien à propos le Cantique de Symeon tout au
long. Et comme ilz eurent acheuc, le feu commença de s'embrafer: au milieu duquel
ils s efcriercnt iufques à dix ou douze fois au Seigneur :& fur cous Nouel &: Iean haute-
ment linuoquoyenr,difans,Scigneur,veuille nous auiourdhuy icceuoir à mifericorde
& nous mettre en ton Royaume. Tellement que le dernier mot le mieux entendu, e-
ftoit,Mifcricoidc.EtainliceiTcrentdecrier,rendansleurefprit à Dieu. Or leur conftan
Lcfruiadc cc procédante de l'Efpric dcDjeu,feit vn tel prorfit pour l'augmentation de PEglife,
co^brw quepluGeurs vrayement touchez le retirèrent, ibrtans de là comme d'vnc prédication
pleine d'efficace. On dit que le Sieur Je Meurchin quiauoitaffiftéà leur condemna-
tion en deuint perplexe^: fort efFrayé,fur tout quand il les ouït ainfi chanter d'vn com-
mun accordrcac il entendoit aifez la luftice de leur caui'c, &c ne pcchoit point par
ignorance. Le faict de ces quatre Martyrs & d'autres qui de cc temps endurèrent cx-
dïi- tremes affligions pour rEuangile,anima les Gentils-hommes du Pais à commencer la
pouifuitte,dont l'hiftoirc s'enfuit.
C O M M £ après auoir dijpofé des înquifteun au Pais bat, dé*nife^ en titre d'Euepjue, les
Gentils hommes firent leur compromit-.®* de ce qui eft enfmut après leur oppofitton.>tant au
regard des Eçlifes reformée s, que de tout le Paii-bas.
E-T?§2Sp! OICI, après laFrancclePA i s-b a s (partie principale delà Gaule Bel-
' ïu^'f £ giquc)mis en théâtre & fpe&aclc à tous peuples &c nations d'alenuiron. Il
l. c^ ain^ communément nommé de fa baiTeure vers la mer Oceane : mais
llî^V|£S prefquc toute l'Europe l'appelle Flandre : prenant vne partie pour le
toutjàcaufc des grandes &c premières trafiques qu'eurent parle paifé les marchans e-
ftrangersen jcelle prouince.dontilsen firent par tout retentir la renommée. Le pais
pourroit eftre accomparé à grands Royaumes, non point au regard de fon enclos,
en revendue & eftendue,*mais pour beaucoup de qualitez&: conditions, &: de tant dcgroHcs villes
^vifte* comme amallccsl'vncaupres de l'autre,des bourgades tresfrequentes &: pleines d'ha-
ïîo"m«do bitans,quipartoutfetrouuentcn fi grand nombre que les eftrangcrs qui les voyent,
ftr.tc6p.rii s'cncfmerueillenr.Cc que cognoiiTant l'Empereur Charles v. de fon viuant eut non
■iutt&mk feulement volonté de l'ériger en Royaume: mais aufÏÏ le propota plufieurs fois en fon
icTwnn C Confeil pour en faire deliberarion:toutcsfois trouuant pluficursdifficultez principale-
JjJÎ^Jft ment pour caufe delà diuerfité des poidz, mefurcs,couftumcs&:ftils,&: des langages
ncurs. diuers qui font entre tant de régions &c pais particuliersdefquelsl'vn à l'autre, en aucu-
nes chofes [coin me par l'vnion &vraye inltitution de Royaume conuiendroit faire) ne
veulent cedcnoccupé auflî de fes grandes entrcprifes,lailTa ces delfeins imparfaits. Ce-
ci foir dit, non tant pour ici reciter quelque bencdi&ion extérieure donnée de Dieu
aux habitan s par induftrie&: diligence,pluftoft que de nature ou bonté de la terre: que
pour paruenir à vne félicité fpcciale venant d'enhaut d'vne grâce fupcrnaturelle: com-
me l'hiftoire , pour laquelle (pccialement ceci eft dilcouru, lemonftrera. ^ Co m m e
ainfi foie donc que le peuple en gênerai foit fort enclin tardant de long temps à la
doctrine dcl'Euangile,il yacemalheurrerardantlcfruict&accroifiementde celle fc-
PcuJesno- licit'é,quelaNobIeilcpartrop adonnécau monde, &auxplaifirs de la chair , monftrc
blcsdti Pais- pareftectn'auoirgucres de cognoiffance de la crainte de Dieu, &encorcs moins d'af-
l&an'ilc?* fe&ion &:zelcd'auancerlc règne du Seigneur Iefus Chrift. Et en ceci pouuons-nous
conlîdererlafapicncedeDieu diuerfeen fes cfFects:de manière qu'en France laNo-
blefic, mais au Pais-bas le peuple embraffe ladoclrinc dcl'Euangilc. Toutesfoiscom-
i.Rou.wao J11C jc Scigncui ladis refpondità Elie,pcnfant cftrc fculderefte feruiteur de Dieu,qu,îl
s'en
Des (gentils-hommes du Tais-bas. 666
s'en elloit referué nombre qui ne fe (ouilloycnt aux idolâtries de Baahainfi en ce rem ps
choiiîc iUepcou huit Gétils-hommesencc Pais-bas,lefquels couchez au dedans,fere*
folurenedecheminer en la crainte de Dicu,&:à ces fins feirenc proruc/]cics vns aux
autres de ne le point fouiller aux (uperftitions &C Idolâtries de la Papauté', &: de fc crou-
uer quclquesfois ensemble, pourinuoquerlcSeigneur,& feconfoler&: forcificren fa
parolle.Or d'autant qu'ils neftoyenc ignorans des dangers &: périls immincncsulz trou Côpromis
uerent bon de faire vn compromis, par lequel Uz s'obligcoycnt des'encre-aduercir les ceîïbSÎT
vnsles autres des necelficezoccurrentes, s cntre-aydcr&fecourir par tous moyens le- met de iT
ginmes,pourleseuitcr.Cezelecroirtanc de plus en plus en cux,ilscalchoyenc d'atti- Rcl,S10"-
rerautresGentils hommesàccftemefmerefolution. Mais cependant le bnur de fin- L,,n .fi „
quilitiond'Efpagne,laqucllelcRoy prerendoic (nonobftant toutes rcmonftranccs au d'Eljagne
contraire)introduire audit Pais, paftbit corne pour loy:voirc defortc que lesfondemés en Flidrcs-
cftans délia ieteez par l'eftabliilcment de pluiieurs nouucaux Inquisiteurs defguifez en ï„qUiflccurs
titre d'£uefques,il n'y auoit autre apparcnce,finon que ladite Inquilïtion,&: les décrets cHcicrr d'E
du Concile de Tren te, feroyêtcftabliz au Pais-bas, auccrigoureule éxecution des Pla- llclejuesJef*
carsconccrnans le fai&de la Religion. Et que telle fuft la finale refolucion &: volonté êU"CZ4
du Roy d'E('pagnc,apperr par certaines lettres de laDucheifedc Parme Régence audic
Pais,du x v ui.iour de Décembre paile, m. d.l x v .aufquclies elloit conioinc l'extrait
d'autres Lettres du Roy,qu'cllecnuoya quanti quant, pour tant mieux exprimer la
volonté dudit Scigneur.Or ces Gétiis-hômes,&: quelques autres lefquelz ils tafehoyée
d'attirer à leur confédération, prenoyans la certaine &: extrême dciblacion, qui neccl-
fairemencfuyuroic l'exécution de celle refolucion de faMaicfté,&de la Revente, prin- Com?T°mii
' « . i» i rf i • . gcncrai ca-
drent occauon dece premier compromis, d en dreitervn gênerai, poumon leulemcnt rrclcsGen-
pouruoirà leurs peribnnes particulières, mais aulfi preuenir (entant que pofljblc fc-
roit)vne lï grande calamité dont le Pais eftoit menacé, & prcfque faiii. Et d'autant gœipjjl
qu'ils eftoyenc en fore petit*nombrc, &c qu'ils fçauoyent bien que de parler de la dodn- bas.
ne,&: exercice de la Religion n'euft leruique de matière aux Inquiiiteurs , pour com-
mencer fur eux l'exécution de leur rage, crouuerent expedientde drelfer le compio-
jnisenteliel'orrcquefefondansiingulicremenclur les pnuileges du Pms, dz s'efforce- La fubftâcc
royentd'obuier à ladite Inquificion Se exécution des Placars.Ce fondement &c pied duCompra
pleut à pluiieurs baity fur vne telle raifon, aufqueis la fubftance hit communiquée: m'
aux vns pour crainte du ioug infupportabie de celle Inquiu*tion,de laquelle il n'y a per- Le Roy d'E
fonne,non point le Roy mclmes, qui foit exempte: aux autres par vne arfc&ion natu- 'pagncn'eil
relie à leur patrie, neftimans eftrc raifonnable que les franchîtes &prùiilegcs fuilent ftaqùuitiô!
violeZj&iqu'vnc telle tyrannie fur les corps,lcs biens, 5c lesconfcicncesfuc reccue en
leur viuant : de laquelle s'enfuiuroit la ruine &: dcfolation totale du Pais. ^~Ain s i ^J*^fi
ce compromis fut fignéenuiron de deux cens Gentils-hommes, iefquelz pour mettre ccnsGéois-
à chcfleurentreprife fe trouucrcntà Bruxelles le 1 1 i.d'Auril m.d. l x v i. Etlelendc- Sommes. _
main prefenterent vnercmonftranceàla régente Marguerite duchefle de Parme,re- cca«°Gc"
querans,pour pluiieurs raifon s contenues en icelle,abohtion del'Inquilkion, &" lufpé- tils-hômcs.
fion desPlacars pour lefaicr.de la Rcligion^ufqu'àl'aduis Se refolucion de la Maicftédu
Roy, &: des Eftatz généraux du Paisrprotcftansdcs'cllrefuffifammenc acquicez du de-
uoirdebons & loyaux fubie&s &: va/Taux, lia faute d'y auoirpourueu fuyuanc lcurad-
uertilTement& delir,aduenoit quelque ruine &: dcfolation au Pais. La re(ponfç& refo- R ;i,r lc ■»
iution de ladite Ducheilefut en Comme, qu'elle donneroie ordre à ce que tant par les rtJ™pâf
Inqui/îtcurs(où il yen auoic lors) que par les OrHcicrs refpecliiiement fcroir procédé la Duchefle
diferetement «Se" modeltemcnt endroit deJcurscharge^de force que l'on n'auroit eau- icPaune<
fedefcplaindre,cn attendant faduis ôc intention de la Maiellé. < S v y v a n t quoy,
ellecommada par Lettres aux Gouuerneurs&Magifti atsd s Prouinces dene procé-
derai! fai&de la Religion à la rigueur desPlacars iniques a ce qu autrement en fuft or-
donne par laMaiefté.Ainlî s'eftans retirez de Bruxelles les Gentils hommes concéde-
rez^'eut par ce moyen quelque relafche de la rigueur accoullumée, tellement toutef-
fois qu'en pluiieurs lieux on nelailHidecontrcuenir manifefteméc auldites Lettres de
fon Altclfe, tant par emprifonnemens, comme autres voyes de procédures extrao;di-
naires.Ceneantmoins lepcuplefe contenoieen couce modeftic, fentanr quelque di-
minution de la rigueur accoullumée, &C fouZ efperancc que dedans le terme de deux
mois pnns par ladicc Régence, pour fçauoir& déclarer lmcencion de la Maiefté du
VVv.ii.
Limc~>VIII- Jean Tufiaen.
Roy,fe feroic quelque bonne relolution par l'aduis des Eftats généraux du pais. Mais
Eltm mi <^"n licu lcs aftcmbler comme les Gentils-hommes auoyent requis, on en aflémbla
cuîicrs , & quelques particuliers par voyeextraordinaire,dontpluiicursdcidits Gentils-hommes,
non genc jc ceux qUi Jc tout temps auoycnt efté reputez membres des Eftats, furent manifefte-
iu Pais-bj&i ment forclos contre tous anciens droits,couftumes,&: priuilcges.D'auantageau lieu de
demander libre aduis&opinion àceux quis'y trouuercnt,leurfut propofé vn certain
concept qu'on appelloit Modération des Placars-.Sc ce de la part delà Maiefté, laquelle
daFhttR. nonobllantqu'ellenereultoncqucs veu n'ouy,on maintenoit auoir relolu &: ai relle
de lefairccntretenir.Suiuant quoy on in(îfta fortqu'il fuft incontinent &£ fans autre
Lefonmui- clilation ou délibération aduoué,&: confirme par ferment. Or cefte Modération, nonob-
di r«io",J« ftant la lignification du nom,n'eftoit eu crKect qu'vn refraichiflemenr, ou plultoft ren-
Pbcaw. forcemctdes vieux Plaçai s. 11 y auoir. la mclme côfifcation de corps & de bics cotre to9
AutheurSjSuperintédenSjPrefcheurs^ogmatifeurSjMiniftrcs, Semonccui s, Diacres
&: autres lemblables chefz, Officiers, &c (comme ils cftoyét la nommez) ledutteurs du
peuple au nombre defquclz cftoyent compris tous ceux qui compolbyent liures, châ-
Jbus,pafquils,oucfcris hérétiques &c feand aïeux: ceux qui prcfteroycntlccrctement
leurs maifons,iardins,ou autres lieux à eux appartcnans,&:c. Généralement tous les ar-
ticles contenu?, en ladite Modération ne ten doyen t à autre fin, qu'à la fubueriion tota-
le des fidèles fuyuans la puredodrine de l'Euangile. ÇLe bruit de cefte Modération
rigoureufe eltant elpandu > aduint que la playe, qui n'eftoit encorcs qu'en cicatrice
commença aie renouueller, & le peuple à redoubler l'es complaintes. Et ce d'autanc
plus qu'ayant conceu toute efperance d'eftrcdeliu ré dételle tyrannie,il voyoit la corde
filée pour y eftre lié &: enlacé plus que ïamais. Celle crainte aueclalFcdion ardente
d'élire confolé>&inftruit en h vérité de l'Euangiie,ioint le de/ir que pluficurs auoyenc
de déclarer ouuertement& en publicqla dodrine que l'on condamnoit tant inique-
queconcoy mentfans en vouloir prendre cognoilïanccrd'auantage 1 efperance qu'on conceuoic
uendeskie que ce feroit vn bon moyen d'attirer grand peuple à la cognoi/Iancedc la vérité, &: par
ba/" ^ confequent monftrer combien il (eroit dcfraifonnable &: difficile d'eilablir l'Inquilî-
tion ou la Modération fufditc au pais fans entièrement le troubler 6c ruiner : &C pour
conclufionfe confians que ce qui n'auoit peu eftre obtenu par la remontrante des
Gciuils-liommes,pourroit eftre ottroyé,cu efgard &: confiderarion à la multitude du
peupk:ou bien s'il n'yauoit nul lieu à la mi(ericorde,pour le moins par vne telle décla-
ration feroit fait notoire à toutes nations du monde,que la eau le, pour laquelle on les
pourluiuoit fi rigoureufemen^n'edoit que pour vouloir ic ruii à Dieu félon làparolle,&:
croire en lefus Chrift, félon la dodrinedes Prophètes &c Apoftres: telles &c autres fem-
duVafbîs blablcsconfiderationsftirent refoudre les fidèles de s'ailèm hier publiquement, pour
s'alTcmblct àvcuédc tous inuoquer leSeigneur &. ouir fa lainde dodrine, toutesrois allez loin des
auïprefchcs villes, & fans armes au commencemem:comme ainfi (bit que leur but ne fut aun e, que
mcnr^orV de fe retirer des louillures de la Papauté , &: leruir à Dieu en pureté de confcience &C
les villes. fclonfa parolle. ^"Ma i s auant que procederplus outreen l'hilloire,rordredu temps
nousprefente ici le martyre d'vn ieune compaignon d'Andenarde, exécuté non pas
en tumulte ou f. dit ion, mais par iugement de- procès inftruit, comme des dernières
offrandes du Pais-bas, pour les caufes déduites en la narration fuyuante.
IEAN TVSCAEN, d'^udenarde, en Flandre.
C E S T vn fàift mcrueil!eu*,& conucnable à ce tempî auquel Dieu a voulu refueillcr vnc fi brutale
rtupiditc des homrr.es,comnie à grands coups de foudre & de tonnerre.
E ieune compaignon tapiffier,aagé enuiron de vingt & deux ans, fils d'va
nommé Simon Tulcacn demeurât au fauf bourg d'Audcnarde, auoit elle
intlruit& nourri en toute pieté desfon premier aage de cognoilîance. En-
tendant le bruit efpars par tout des chofes ci defllis touchees,qui fc deme-
noità Bruxelles plus pefamment qu'il ne defiroir, entra en délibération
de monftrer par effed quelelàcrificeleplus eftimé en l'Eglife Romaine, n'eftoit qu'vn
feruice d'abomination exécrable. Apres auoir long temps prémédité la pefanteur de
foncntreprile^nalemempouren faire demonftration plus patente 6c manifefte en
grande
^canTufiaen^Audenarde. 66?
grande & folcnnelIeaiîèmblee,ilchointvn certain leudy x x x. de May, iour en celte
annecM.u.L x v i .appelle à rvfageRomain,Lafclr.e Dieu. Or, comme ainli foit qu'en
l'enclos des deux villes Audenardc&Pameleconioin&es il y aie deux temples non pas j'aJjuw '
dédiez au Seigneur, mais l'vn à SainctcVvalburguc,quifc nomme le temple d'Aude- <fc&Par.c:
nardc,& l'aune à leur Nolr.re-dame,quicft en la iurifdiclton du Seigneur de P.imele: lc'
IeanTuicaen ne tarda point de venir en ce temple, pour parfaire & monftrer dé-
liant tous ce qu'il auoitli long temps tenu cache en foy-mefrae. Ecaprcs qu'il tut entré
dedans lecheeur du tcmpledc Pamcle,contcmplantvncgrand'trouppede gens efloi-
gnezdufcruice de Dieu, le dilpofans d'adorer vn morceau de pain &c le prolternerd, -
uant iceluy:incotinentians aucune frayeur ne crainte,eftat poulie d'vn zele prémédité Tufwen r-
parplulieursiout s, accourut près le Prcftre, lors qu'il eilcua& monftra au peuple par ™ch ^ rj ° *
dclfus la telle ce qu'on appel le l'hoftie,& d'v ne grade véhémence ôcprôptitude i arra- main ou
chade les mains, Sch ieâa contre terre dedans le temple, & la brilà en pluticurspie- ^àkie.
ces,difanthautement,Voilavoitrcbeau Dieu Mcflieurs,quina puiiTancedcsaidcr,ne Tu.-...n
fedeliurerdes mains deceiuy quile prends qui le rompt. Iniques a quand, PicUres in- pr« lu< ir"
fenfcz,abu ferez vous du Sacrement de lalamélc Cencdu Seigncni : v aura-il jamais fin j ttdu ] ,Jû
à voz idolâtries? Si vousn'cPtes efroeuz par lauthonte des lamctcs Eicritures,a ppicncz paT£exiior-
par ceft. exemple, qu'il n'y a nulle diuinitc en ce pain, puis qu'on luy peut taire nnylan- u!t •
ce.Adoterez-vous ainli vne choie morte, vous qui elles en vieï De celte véhémente *J2îigècc?
exhortation fchardieilêde IeanTuicaen accompagnée de confiance, tout le peuple *
qui edoit là prêtent, en tut tellement faify de frayeur &c eftîahnllmcni, qu'il le feit (i
grand bruit & tumidtepartoutletcmple,queleCuiédelaparroiiiè,qui lors eiloit en
quelque coin du temple, venan t vers le chœur rencôtraTulcaen qm en l'ortoit ("ans e-
ftreempcîché n'effraye -&Z le iàlua ne fâchant qu'il au oit fa ici, ne qu'il fut eau Ce de ce
bruit.OrciioitceCuréfoncoufmimaistoutcstoisIean ne luy rendit fon falut,ains cora
mença de le tancer,luy mettant deuant les ycuxles rrompcTics&tallaccs,doiic il abu-
foitlepeuple,duquel ileftoitpafteur,luy dénonçant qu'il en rendroit compte vn unir
deuant Dieu. Ce qu oyant le Cure, incita le peuple a haute voix de prendre Iean Tu-
fcaen,quiferetiroitfans(èhafter aucunemcnt.Et Ce fuft aiicment lanué d'entre leurs
mains s'il euft voulu haller le p2s,pource que perfonneneievouloit entremertre de lc
prendre. Parquoy le Cure ne tarda vie (e tran porter en 1 1 maiion du petit Bailiy de Pa-
mclc:& il feit tant par les clameurs & imponuniïez,quece Bailly fut contrainct luy-
mèfme s'acheminer quant & luy pour appréhender Ie.m. Et quand ils furet approchez
deluy,il ne ht femblant de fuir ne d'efehapper non plus que parauanr. Il fut donc
cmpoigné,& mfsen pnfon,fansaucunercu*itence. Apres difncr il fut p relente deuant
lalufticcdePamelepoureftreinterroguéjCn laprefènee du Curê\& après anoir elle
enquis qui fauoit incite à faire tel outrage à leur hoftie, on luy demanda quelle opi-
nion ilauoitdu pain qui eft confâcre en la Méfie s'il ne croyoit pas que ce fit il le
corps de IefusChrift. Si i vous côlideriez{dit Iean)bien auâr la fdle que vonsauez célé-
brée nagueres del'Alïumption du Seigneur, vous croinezà larefponfedes Anges faite Afl.clup.ï;
aux Àpoftres,qucIcfus quieft eilcuéen hsut au ciel viendra ainîî que lors on l'a veu
aller au cichmonftrant par cela qu'il ne le falloir cerchrr icy bas. Et après plusieurs au-
tres remontrances par luy faites, puifees de l*Efcritutefain&e, futtenuoyé en prifon
iufqucs au fécond examen fàicten pieleneedcs Magiftiatz,& deplulieurs parroilïïens
d'Audenarde:auqucl luy fut demande pourquoy il auoit commis vn crime il detefta-
ble r&is'il eiloit fain de (onentendementquandilleperpetra.il leur rcfpondit qu'il ne
voudroit pas quecequ'iIauoitfai&,fuftàràire>& qu'il l'auoit meurement 6c lainemtnr,
voire de long temps prémédite. Sur cela, après autres déclarations ilz luy demandèrent
derechef Iacaufeà» le motif de ce taiét. Vous autres Mertieurs(dit il)qui renezen grand
eftime la Loy Chreitienne,auriczgrandeoccauon de vousfalche.r,{i quelcun lavouloit
faliificr&impugner.Et fi lefaict vous iemble cftrange,ic vousdemandc,Qnieft- ce qui
contraignit Moyfe de iccler contre terre 6c brifer les tables de pierre elentes du doigt J^'T"^^
de l'Eternel? Alors tous ceux qui clfcoyent là prefens, cognurent allez que tacitement il piti«uble$
touchoit leur idolâtrie. 6C par ainli fut renuoyé en prilbn. Or, le Sieur de Pamele «itDieur
aduerti de ces refponfes,meit toute peine, que celle caufe ncftill iugcefouzlà iuritdi-
£tion:&: partant il saduilade la remettre entre les mains du grand Bailîy d'Audcnarde.
Ccque volontairement acceptaleBailly, à cauieque lean Tulcaen futtrouuc fils de
VVv.iii.
Lmtcj VUL LefaiiïdeU Religion,&
bourgeois de la ville : 8C ainfi fut mené de Cayphc à Pilatc. Le y ni.de Iuin m. d.
i xv i .on le mena du matin enlamaifondeville,pourreceuoirle iugerrient qu'on luy
prononceroit. Auquel lieu deux frères Mineurs apoflez pour le diuertir de fa conflan-
ce,luy demanderenr,s'il ne croyoit que Dieu fuft dedans le pain en la Méfie. Il leur re-
fpondit par vnc autre qucflion,lcur dcmandant,Si le potier peut pas bien faire vn pot:
lefquelz refpondircnt q'u'ouy ,mais quecela n'efloit à propos.il leur demanda derechef,
ilrenicon- Silepotpourroitbienrairelcpotier.Àlorslesbonsfrercs Mineurs fentirent bien où il
ÉOnspwS vouloittcndre-.commc par fimilitude,que les hommes qui refTemblcnt au pot, font
mandes fain fai&s de Dieuqui eft le potier,mais que le contraire ne fe peut faire . Et auflï tofl ils le
ôo' quitterent,dont luy bien aife fe meit à remercier le Seigneur. ^"Sur ces entrefaites le fi-
eilr de Pamcle vint en la maifon de ville, & fut rendue fentenec de mort à rencon-
tre du crimineltc'cfl à fçauoir, que le poing luy feroit couppé,duquel il auoit prins l'ho-
iîie,& que Ton corps puis après feroit bruflé tout vifiufques aux cèdres, lefquclles puis
après feroyent ie&ées dedans la riuicrc.Ce qu'ayant entendu tout ioyeux remercia les
iuges,SclefieurdePamele.Maisle grand Bailly d'Audcnarde luy dit, qu'il demandait
pardon à Dieu & au peuple , du fcandale qu'il auoit cômis.Ouy bicn(dit-il)ie demande
pardon fi i'ay ofîcnfé aucun.Finalcment il fut mené pour cftre exécuté :ôc en allant il
chanta l'oraifon Dominicale, en fa langue maternelle, aùec affeurance quimonftroit
vn repos intérieur en fa confcicnce, 3c vneioyede mourir pour vne telle caufe.Or le
Tufcaen a Bourreauluy fciteftendrelebras pour luy couppcrle poing: ce qu'il feit.& l'endura fi
le poing patiemment qu'on euiteftime' qu'il ne fouflProit aucune douleur. Et dk,Scigneurraon
uTûïSftrf Dieu^'eft pour ton nom que iendure ces chofes :fay moy la grâce queiepuifîc para-
bmflé. cheuer ce facrificc. Incontinent le feufutallumé,quiefmeutvnpcu le poure patient:
mais la continuelle & ardente prière à Dieu luy allegeoit fon tourment. Et eftant au
fort des flammes du feu, cômcprefquedcmyrofty,monftroitcncc*csparfigncs à plu-
fieursqui les obferucrcnt,lagrande confiance, leuant au ciel,fi auant qu'il pouuoit,les
mains flamboyantes defeu.Ainfifùttraifté ce vaillant champion cnraagèdc x xn.
ans,deuant ceux de fa ville: dont grand nômbrcfût par vnc mort fi confiante, confor-
mé déplus en la doctrine de l'Euangilc qui commençoit de's lors cftre prefchc publi-
quement prefque partout. Lariuiercde l'Efcauld reccut fes cendres poui accomplir
la fçntcncc contrcJuy donnée.
TOVCH^iNTles prédications publiques, & leur commencement $vn mtfme temps
és Eglifetreformees de diuerfis ProumcesduPais^MS occafion^la necefiité& rtiwéd'kelks.
E S prédications publiques commencèrent fur la fin du mois de Iuin m.
d . l x v i. Premièrement en quelques lieux dclabafTc-Flandre,& incon-
tinent après à Anuers le xx 1 1 1 i.dudit mois . Ceux de.Tournay ôc ^Je Va*
lencicnnes fuyttirent incontinent, ôc femblablemétpluficurs autres villes
en Zélande, Hollâdc,0rabànt,Flandrcs,Erifc, 5c autres Prouinccs du pais. Le nôbre de
ceux qui fe trouuoycntauxafTcmbléescroiflbiilouracllcment en telle forre qu'on fe
peut imaginer que le peuple s'aficmbleroit en vn marché, où après longue famine on
apporteroit à tfiftribuer abondance de blé.Lcs Magiftrats des villes, qui parauant mon
ftroyent d'auoiropinion, ÔC fe vantoyentqùe les fidèles n'efloyent qu'vnc poignée de
" gens de bafle 5C vjle condition, furent fàifiz d'vn tel eftonnement, voyans la roukitu-
lesM^oa de,SC gens de qualité, & le nombre croiftre iournellcment à veuc d'cdl , qu'ilz endu-
nommez royent , fans faire aucune menace n'outrage, les fidèles fortir des villes pour aller aux
«lieux. prcfches^Jcy retourner & conuerfer fans contradi&ion. Mais Satan ne pouuat fourrrit
Séditieux* vn tclauancemcnt du règne de Iefus Chrifl, commença à fufeiter des garnemens, lcf-
garnemens quels,oude leur propre malice, ou eftans apoftez^c incitez par les Prcftres ennemis ru-*
coure les fi rcz(je rEuangileçfâifôyent courir des menaces de faccager les fidèles en leurs afTem-
blées.Qtu' foc caufe,qu en pluficurs lieux ilz com m enecrem à porter quelqu es armes
allans à la piedication,pourfc garécir aucc leurs f cmmcs,& enrans^des outrages die tels*
SuppUcatiô garnemés, 8c brigans.mais eftans retournezaux villes les mettoyè't bas. Et cependant
aux magi- luriplioyentlesMagifttatSjOudelcuç baiUcr quelque garde contre telles gens, ou de
fiddeî"10 leur pctiïîcj*re,qtt'iis s afTcm expofez en tel dan-
ger,& qu'eii ce cas ils poferoy ent encicrcmcu les armes. Orne pouuâï obtenir ny l'vn'
ny
Des Eglifès du Tait-bas. 668
nv l'autre,futaduifé&: déclare par les Seigneurs Magiftrats de diuers lieux, &: notam-
ment à Anucrs, qu'ils s'en pourroyenc bien feruir eftans en leurs ailemblccs, mais les
lailferoycnt dehors aux villages fans les rapporter dedans les villes. A quoy ilz obéirent:
telinoignans de plus en plus leur lîmplicité,&: intention de garentïr eux, leurs fem-
mes Se enfans contrcles aduerl"aires,ïors qu'ils eftoyentaifemblez aux champs.
Piv sievrs leur reprochcjK,ques'ilsfefulfent tenus àdeuraiTcmblccs petites &:
feercttesjon ne les cufttaxczde rébellion, comme maintenant l'ayans Fut en public,
maisilstcfpondentqueteileacculationn'afbndemcnt: car la defobeiiTancc commife
cotre les Edicts du Roy,negift point en la circonftance des lieux publiques ou particu-
liers, veuqu'vn chacun fçait qu'il eft autant défendu de prclchcr en cachette Se en fe-
cret,commecn public. Mefmemcnt qui voudra confiderer depres le contenu des Les aflem-
Placars Se Ordonnances, il trouuera qu'elles s'attachent phiftolt aux ailemblccs fecret- ^k"lu'jJr^
tes,qu a celles qui fe font en public. Ht de faiCti celles font blafmées pour conuenticu- plaque
les Se menées tëcrettes,où le font choies vilaines Se deshonneftes le font confpira-1" l,ub[i-
tionscontre le Roy ou la Republ.lefqucls blafmcsne pcuucntauoir lieu en ces predi-^"'
cations Se ajfemblées pu bliques.Dont s'enfuyuroit qu'on auroit beaucoup moins d'oc-
cafion deles charger maintenant de rébellion , que lors qu'ils s'aifembloyent en ca-
chette Car les alfcmblées feercttes, combien qn elles foyent necelfaircs durant le têps
desperfccutions,&:avcntefté prattiquéespar les Apoftres,&: par l'Egliie ancienne, en-
uiron l'clpace de trois cens ans, tourestois il lemble à quelques vns qu'elles ayent ie ne
fçay quelle affinité auecconfpirations ou lècrettes machinations contre le Roy on la
Rcpubl. Et pourtant femblcroic y auoir grande occafion aies défendre &: prohiber, i
taifon q toutes alfemblécs qui le font de nuict Se en cachetteront fufpecles auxGouucr-
ncurs de Rcpubl. d'autant qu'ils ne pcuuent fçauoir ce qui s'y traitte : fi qu'en don-
nant pied à telles aflemblées,ils mettrovent la République en continuel hafard Se dan-
ger des traiftres, qui fous ombre de s'aiTemblerpourlct'aivtdeleurPvCligionjauroyent
moven dcbrahTerconfpirations& traînions qu'ils voudroyent .combicn,certes, que la
£iute&: le mal qui y eft, doit cftrc impute non point à ceux qui salle m blent, mais à
ceux qui par feux ou glaiucs veulent empefeher l'exercice dvne Religion laquelle ils
nefçauroycntmonitrercftreconrraireàla parolîc de Dieu.^ Sidonquesily euft par-
auanr quelque fufpition contre ceux qui s ailembloycnt en fecret, comme de rébel-
lion, trahifon, ou autre confpiration contre le bien publicq , comme il lemble qu'ils
font chargez aux Placars Se Ordonnances -.tout cela pouuoitcftre à bon droit effacé
par les prédications publiques : par lefq u elles le Roy,&;vn chacun peut entendre, que
tant s enfant que tellcfoit leur intention, qu'au contraire,ils recommandent fur toutes D,c (*a'"
choies du monde, 1 obeiiTance qu'on doit aux Rois, Princ es Se Magiltrats,comme or-ic^ffan-
donnczlieutenans dcDieu,auquel rousdoiuenr honneur &:obeiflance, lans en excm bkescJwc-
ptervn feuhpiians Dieu pour leur falut,profpcrité&grandcur,eftimans que leur feli- *cnncs*
cité ne peut autrement conliller. ^Et tant s'en faut que ces prédications publiques
puùTcnt ellrc interprétées pour crime de rébellion, que mcfmes ils n'auoycnt moyen,
plus propre pour fe purger dcfemblablefoufpeçon Se blafmc. foincl au/fi que par là
l'on peut obuicr au mal& inconuenient,pour le regard duquel les Ordonnances &: Pla
cars de feu Charles v .emp. Se ceux du rov Philippe fon /ils ont cfté menez au com-
ble de toute rigueur. Car le principal motifdefdits Placars a elle l'opinion qu'on aeué'Lc prind-
de Martin Luther autres fesadherens, qu'ils vouloyent abolir toute fuperiorité ^ff™™^
police tant Ciuile qu'Ecclchaftique ,&: inciter lepcuple àrebellion contre le Magi-dcsPlacars.
ftrat,&:à tout abandon de mefchansa£tes:commede piller, delrobbcr, meurtrir, s'en-
tretuer l'vn l'autre, laccager tout par feu&glaiue:8£ finalement viure à la façon de be-
ttes làuu:igcs, lans loy ou ordonnance quelconque , ainli qu'il eft expi efiément Se en
cysmefmes termes déclaré en lapremieie ordonnance îadis publiée par ledit Empe-
reur Charles,en date du vm .de May,l*an m.d . xx i. fur laquelle toures les autres de-
puis faites,refpectiucmcntfe rapportent. • Or, par ces prédications publiques, eft o
Itéel'occaliondetelsinconueniens.Carpremierementon voiteuidcmment que tou-
tes telles façons défaire leur font en horreur & abomination tiefgrande, ii bien qu'on
n'a plus occalion de craindre qu'ils voudroyent inciter le peuple à telles ôcfcmblables
cnormitcz.Et puis il y a vn grand bien, que quandils levoudroyent defuoyer tant loit
peu, du chemin d'honnefteté &: du dcuoir qu'ils ont au Magiltrat, ils font là comme eu
V Vv.iim
LiurtjVllL LeTaift de la Religi<m,&
vn theatreexpofczàlavcuë&au iugement de tout le monde: fi bien, que non feule-
ment chacun au roit moyen de les redarguer par la parolle de Dieu, mais aufli leMagi-
ftrat les pourroitchaftier exemplairement toutes & quantesfois qu'il luy lembleroit
Lwprcfches bon. ^11 y a d'auantage,que ces prefehes faits ainfi en publiq,lbnt-le vray moyen pour
publique cmpelcher le cours de plufieurs mefehantes fectes, qui en fecret ont eu long temps la
ImÏmiho voguc,d'autant que ceux qui fous prétexte de l'Euangile par cy-deuant ont iémé leurs
fcmccscnca erreurs en cachette,feront maintenant tirez en lumière &: contraints, ou de le taire, ou
chette. metne leur doctrine à latouchede la parolle de Dieu.Dont il aduiendra,quelesigno-
rans&fimples ne feront d'orel' en- auantainli feduitspargensProphanes &: Athciftes
ou Anabaptiftes,qui ont voulu mettre leurs longes &: refucriesau lieu de l'Euangile. Si
qu'on pourra obtenir par le moyen dcfdits prefehes vn bié lequel on n'a onques peu gai-
gner par la rigueur des Placars, quelque'extrcmc qu'elle fuft.Brcf,ce doit eftre le vray
moyen pour paruenir à ce qu'on a tant prétendu par toutes les Ordonnâmes &c Plaçai s,
àfçauoird'empel'cher lecours de mefehantes &prophanes fectes, & d'amener le peu-
ple àtranquillité,& vrayerecognoiflancedu dcuoir deuau Magiftrat, &: au Roy. Clly
a encores pluiieurs ancres poincts aufqucls prenant de près garde, on verra qu'ils onc
efté contraints èc forcez de condefeendre à ces prédications publiques. Premièrement
la multitudedeceuxquiiournellementlefont adiointsàcefte doctrine, a efté de plus
Neccfsitédc enp]us [1 grandcqu'tl n'y auoit plus nulles chambres fecrettes ne mailbns qui leseuf-
^"pi'cT " lent peu contenir:&: cependant on voyoit le peuple û* affamé de ceftedoctrine, qu'il n'y
auoit moyen de la leur refufcr,n'euft efté qu'on en euft voulu faire d'Atheiftes, Liber-
tins, Anabapriftes,&fectaircs. Car comme ils voyoyent à l'œil les abus & erreurs auf-
quels ils auoyent vefcu,& par là cognoifloyent qu'il y auoit quelque autre doctrine
meillcurc:en cas qu'on nela leur euft prclchéc,il falloir neceflairement de deux chofes
Us danger l'vnc,ou qu'ils fil lient deuenus du tout fans Religion, reiettans tout iougdedoctrine:ou
d va peuple kjcn qu'ils le fulTent amaflez des nouueaux docteurs àc des nouuelles doctrines à leur
dSrie.e poftc,vn chacun félon fafantafic:donts'enfuft enfuyuievnc horrible confulion&dcf-
ordre,& en lieu dedeuxourroisfcctcs,enyeuft eu vne infinité. Et de fait comme ainfi.
fuft que les Miniftres & Prcdicans de cefte doctrine faifoyent au commencementgran
de difficulté de prcfcheren publiq,craignansquelquenouuellcté, il en y eut pluiieurs
qui les menalfcrent ouuertement,que li on ne leur vouloit annoncer la parolle de
Dieu, ils en ccrchcroyent d'autres qui la leur annonceroyent, quelque part que ce
fuft.En conlîderation de quoy,les Miniftres &: les Anciens de leurs Eglifes,furent con-
traints pour euitervntelfcandale,d'annocerleurdoctrineen publiq:outre ce qu'il y
auoit pluiieurs gens dcbicn& de qualité, lefquels cognoiflans leur doctrine eftre con-
forme à la parolle de Dieu,& toutesfois voyans àqucls blafmes eftoyent afluiectis leurs
alTemblées fecrettes, protcfterencouuertemcnt,qu'ilsdeilroyent qu'on la leur annon-
çait en publiq, àfin qu'iis ncfulTcnt enueloppez aux melmes blafmes dont faufiemenc
inueaiues on ^cs chargcoit.Et de fait,en ce mefme temps, on oyoic plufieurs Moines & Curez en
de plufieurs leurs chaires fc tempeftans contrecefte doctrine:&: poureequ'ils cftoyencdcfpourueus
SoSs& de bons &: fermes argumens,ilsfefondoyétfurcequetelles alTemblées fefaifoyent en
cachette,dilans qu'ils fuyoyent la lumiere,&: fe retiroyent ainfi en ténèbres , pour exer-
cer infâmes paillardifes &lubricitez:& pourtant nommoyent leur doctrine, La (hanté
delà 'courtine. Tout ainfi comme anciennement Celfus,Porphirius, Lucianus,& autres
femblables gens Prophanes &: Atheiftes , calomnièrent les alTemblées fecrettes des
Chreftiensj&incitoyentla haine &c mal- vucillancc des Princes ôc" du peuple cotre eux.
L E brifement & détection des idoles & images^ démolition des
Autels, és "villes "villages du Pau-bas .
'ESTANT ainfi côtinué l'exercice publique des prefehes enuiron fix i
fept fepmainesfans aucun trouble ou émotion , aucuns de la baffe-Flan-
dre commencèrent à abattre les Images ou Idoles aux tepIcsdesPapiftcs,
Vautres lieux publiques. Ce qui futpourfuiui en plufieurs villes du Pais
en telle alTeurance, comme fi c'euft efté par le commandement ou pour le moins con-
gé &: permilTion des Magiftratsren telle diligcncc,& par fi petit nombre de gens info-
gnuz (pour le moins és villes cfquclles ce déluge commença) que ceux, qui ontveu
vnc
Des Eglifa du Tais-bas. 66 p
vne fi foudaine,& Ci vniucrfellc cheuce de tant d'idoles, font contraints de ccnfeiîér
queccltvneeeuureextraordinairedu Seigneur. Aulîi il ne faut douter, que pluiieurs
n'y ayencefté pouffez dVnzeleardcnc,&: de regrec d'auoir fi longtemps &eux, &: leurs
anecitrescenu 6e adoré pour Dieux ces images depicrre,Ô£ de bois, qu'ils ont veu tom^
ber bas de leur throfne,commegrellcdu ciel. Ecdcfair,lî ainlieltquc feltonnement
de coeur lans caufe eft vne iulte vengeance du Seigneur contre ceux qui ne chemi-
nent point en l'a crainte,&: lingulieremen t fur les Magilti ats,auiqucls comme à les heu-
tenansiia imprimé quelques traces 6e imagedcla maieitc,pourcftrc reucrez &: re- ^S'^"
doutczdupeuple:ilfaut recognoiftre 6e confclîerque c'cll de Dieu voulant faire ion Sonnez?"
ccuureque vint l'efpouuantement Se frayeur dont les Magilhats furent iailîs,*qu an- *cefHteilIa
cunsontdonnéà vn feul homme requérant d'abbatre les images en vne ville,commif- H»y««H«i
fiondccefaire,luy prometcant falairede ion labeur.* Autres ayans laille encrer deux
poures hommes, qui demandoyenc deuant laporce delà ville de voir liles images yreprXbî!
eftoyentabbatues,les ont conduit par cous les temples 6c chapelles, &: à leur comraan ue"'
dementjfaicabbatrecequi rcltoit,(ansles olcrapprchender,ny mefmcs contredire au-
cunement. * Autres cômectoyen t gens aux portes des temples, le conter, tans de pour- c»d?! t
uoir à ce qu on n'emportait rien dehors.* Autres fe font tenu z enferrez en leur maifon au"
de ville, comme en vne priibn, cependant que les enfans alloyent parles temples abat- *AAnu«*
tre les images, le peuple les regardant à bon loilir,& plaiûrcdontauiïi pluiieurs après s'y
adioignoyent,e(timans qu'ils le failoyent par authotité &cômiflion,ou pour le moins
permiflion du Magiilrat,d'aucanc qu'il citoit commandé aux guecs de les lai lier palier
lors qu'ils ailovent de temple en temple lans contradiction , ou empefehem ent. Bncf,
on peut dire à la vericé,quc d'aucanr que les Magiltracs,aufquels appartient dabaccre
les idoles, & ruiner leurs temples, les ont non feulement enduré depuis quatre ou cinq
ans,maisaullî maintenu parleurauthorite,lemonltrans feruiteurs &C protecteurs des
idoles, Dieu, ne pouuant plus long temps porcercelcehlchecéabominable, 6e impiété Les cnfens
damnable,a nucicé des enfans, pour, en failant l'on œuure par eux , lenuoycr les Magi- fmjg™
ftratsàl'elcholedcsenfansàleur honte 6e conlulîon. Et cependant a rendu par vne
tellccheuted'idoles,cntierementinexcufables ceux qui d'orelenau.at les fetuiront 6e
maintiendront. e briiémenc doneques d'images ayantainh e lionne les cœurs des
Magiftrats,&: au côttairc encourage !epeuple,on commença en pluiieurs villes àpref-
cher dedans les temples repurgez i'idoles,l'Euangilc de noitre Seigneur lefus Chrilt,
Sey chanter les Pfeaumes en lieu de Mettes. <j Ce qui fut caufe d'induire les Gouuer-
neurs, 6e Magiib ats des villes où on preichoïc, d'accorder cane plus faeilemet l'exercice
diceluy,iufques à permettre de baltirdrs temples en quelques villes dedans, aux au-
très dehors, cv" Je prendre ceux de l'vnc& l'autre Religion en leuriauuegarde&prote- Lettrcs ^
ftion. Vray clt que la Ducheiîe en les lectres pacences qu'elle accorda lors en forme tentes de h
d'aifeuranceaux Gentils-hommes confederez, dateecs du x 1 1 i.du moisd'Aoult m. Jcu?cff<;
n.L x v i. pairalegeremcntccltepermirtion, en difant feulement, que les Gentils-hom- permettant
mes concéderez s'erforceroyenr d'empefeher que prefehes ne le feifient où l'on na-jjexc™c?
uoit encores prefché,&:qu'aux lieux où ilz s'eicoyent faits dôneroy ent ordre, qu'on n'v- ea^crwîns
fait d'armes, lcanda!c,&defordre publiq.maisclledeclaraouuercemenc aux cheuaiicrs lour-
de l'Ordrc&cux après aux Genrils-hommcs conredercz,au nom de l'on AlccHé(côme
ils font cou liours donné à entendre au peuple, Se l'ont protclté en leur remonltrance
dernière enuoyéed'Anuers parMonlicurdcBredcrodele v 1 1 i.de Feuncr m. n. l x-
v ï i. )que Ion intention eleciede permettre 1 exerciceentiei de ia Religion és lieux ou
on auoit prciché.Mais qu'elle ncl'auoic point voulu coucher li ouuertement en les let-
tres patentes,pour ne point irriter fa Maiefté, délia par trop oifenlee de ce oui eltoic
aduenu au regard des prelches,&: le feroitencores d'auantage entendant le briiement
des images.Ecdcfaict.fuiuâc celte refoîution les Gouuerneursdcs Prouinces COmmCll Accords tn-
cerent à faire aux villes de leur charge où fort auoic preiché,certains accords, 6e règle- rre Ies Go"-
mensauec ceux de la Religion, touchant le nombre 6e qualité des Miniftres,lcs iours, p^b^ &:
te lieux des prefehes, &pluiieurs autres articles concernanslefaicl: de la Religion, 6e l'ai- ceux de h
feurance des vns 6e des autres. Par ce moyen on a continué long temps à prelcher paili- Rello:ou-
blement en pluiieurs villes. En quelques autres oncau/fi pourluiui fans accord, tailans
ceuxdeladicteReligion difHculté d'accorder defaircles prefehes hors les villes, com-
me fingulierement en Hollande^ 2elande,ne voulans aucunemét força des temples
Liurc^j VI IL Le faitt de la Religion
des Papilles ,c!ont ils auoyent prins polfeflîon.
• Lt s ennemis de la Religion reformée qui depuis onc voulu charger les Miniftres,
Anciens ou Confilloires de cefte deiedion d'images &c démolition d'autels , ont mon
ftré vnc impudente calomnie,quis'citmanireftee par ades iudiciaires: attendu qu'on
Calomnie n'aiamaisfeu r,rer cc&c confcflîon de ceux que pour ce faicl: on a exécutez à mort,
<k laquelle quelques tourmens ou géhennes qu'on leur ait donné. Au contraire l'on fçait que
h» cSîoi ccux ^c *acntc Religion ont touiiours efte d'opinion que ce n'eftoit à faire à gens parti-
rcs,aefcoii- culiers d'abatre les images drcflees par authorité publique. Ce qu'ils ont plufieurs fois
uertc. déclaré, tant en leurs exhortations publiques, qu'es rcmonllranccs particulicrcs:ten-
d:ins touiiours à ce but, que l'on n'en donnait à perfonneoccafion de fcadalc. dont cer-
tcsnul nepcutellrcignorant,quiconquca ïamais voulu prendre la peine d'entendre
leur doctrine. Et quand ils auroyenteité d'opinion de le faire(ce qui n'eft nullement vc
ritabk)can:y atoutcsfoisqueiamaisils ne l'enflent voulu rairc.Et auiTî ne leur clloic
expcdicntau tcmpsquaml il fut faitràcaufe qu'ils auoyent tous d'vn commun accord
rcloludemioycrlcursdeputez à Bruxelles, pour fupplicr la Gouuernante Je leur oc-
troyer par manière de prouilion , quelques temples ou autres lieux publiques pouc
l'exercice de leur Religion ,à fin d'euiterpai ce moyen tous troubles & tumultes. Ce
qu'ils cfperoycnt bien d'obtcnir,pource qu'vn chacun voyoit alors que ceftoi: le feul
remède de conferuer le peuple en repos &c tranquillité. Or ne pouuoyent-ils (inon em-
pirer leur enuie, &: acquérir désfaueur enuers fon Altc/Tc, fi en ce mcfmctcmps ils fc
fuflentaduancez à conleiller vnadetant pieiudiciablc&: contraire à leur Reqi;eflc\
Si, qu'il appert manuellement, qu'onques îlsnefurentdecelladufs & délibération.
Luenu^" ^E p v 1 5 la pacification des troubles à AnuerSjcftaduenuqu'vnnouucau tumuice
Aouc« par ayant elle efmcu par aucuns, qui forcèrent ce grand temple nomme noltre-Dame,dc
ftx kdi- (jx qUj furcnt appréhendez pour ce faid& pendus le lendemain, il en y auoit quatre Pa-
cl,x' pilles,&: entre iceux vn Gentilhomme bien cogn eu, qui auoit elmcu les autres. Telle-
incnt qu'on preiumoirquelcsPreftresauroyent elle premiers autheurs de cefte rufe:
partie pour irriter les Magiilratscontrc ceux delà Religion ( comme on a aflezcognu
qu'ils ont foLuicntfiit du pad'é tels a&es à fin de fufeiter par ce moyen nouuellcs perfe-
cutions)particpourromprecc commun accord de toutes les Eglifcs. Defaidon aveu
du depuis, que celafeul a cftécaufe que ladite Rcquefte n'a elle prefcntce,&: que ceux
delaReligion n'ont depuis trouué linon toute déî'fàueur &: haine. Combien qua dire
le vray,il le faut attribuer, non pas tant à tel llratagemc des Preftres, comme à vniuge-
meut mcrueilleux &: prouidence de Dieu admirableiayant voulu vifiblement déclarer
en ces derniers temps, combien il a en deteftation & horreur l'abominable idolâtrie
dcsimjges:cxpofanten opprobre perpétuel la prudence maudite des plus grands & Ca-
ges de ce monde. ^ Car qui voudra regarder toutes les circonftancesderhilloircdonc
ell maintenant quellion , il verra aifémentque tout a elle conduit & exécute par vnc
vertu extraordinairede Dieu, àlaqucllelcsliommcsn'ontpeu refiftcr. A-il elle poffi-
blc qu'au bout de quatre ou cinq iours,des fem mes, enfan s, &c hommes fans authorité,
fans armes, en petit nombre , gens pourla plus grand' patc contemptiblcs & de balfe
condition, ayent peu abbattre&: ruiner prefquc par tout le Pais tant d'images, tant d'au
tels &c parures de templesîquc les maifïxcs -m allons ayent alTcurc en plufieurs lieux,
qu'il ne leur eu 11 elle poffible de démolir cnhuitiours(quand ils euifent elléaccompa-
gnez de cinquante hommcs)ce que des garçons en bien petit nombre, auoyent rafé en
vn ou deux ioursî voircencoicauxvillesiespîuscelebres&frequcntéesdu Pais-bas,
à la \Tuëdctcutlemonde,fansrcccuoiraucundeftourbiei ouempcichcmcntïQijiell
l'homme ou iï aueuglé,ou li hebeté,quine voici &: n'entend point qucç'actlélcdoigt
&. lapuiflanccdeDieu quiafaitcecy?de Dieu(comme il a elle dit) lequel a enuoyé le-
ftnn fifiiz *Pric dcltoiirdinemcnt aux Magi(lrats,&: commelié leurs mains, à fin qu'ils nes'auan-
avipr.ta c-çairentpointà empefchcrlbnœuure? On a veu cy-deuat en plufieurs exemples que fi
ftourdiflè- aucun cullcouppé feulement le nez à vncimage,ou euft traittél'hollicirreuerement,
mcnt" ou bien ne le fuit agenouillé deuant laSainte huile qu'on appelle,toutle monde eh euft
^i'hinoire eftcfiefmeu&fcandalifé,comiviefiIc ciel fiift tombe. &:euil-on penféne pouuoir cx-
piervn tel làcrilege,ou reparer tcliefaute,linon en faifant mourir * vn tel homme de
'tne°a "jjjg" mille morts l' vnc après l'autre, & le defehirant u.ccquctenailles ardantes parloppins
res vérifié & morceaux. ^~Et maintenat là où on a abbatu ôc. brife tant d'imagesjdemoly tant d'au-
tels,
DesEgUfis du Pais-bas. 670
tels,fbullé aux pieds & hofties, & huiles,& reliquaires, &: tout ce que l'auarice des Pre-
ftres auoit de ii long temps araaflfé pour faire finances,il n'y a eu perfonne qui s ell bou-
gé pour les reuenger.Mais tout ainii comme iadis le peuple d'Ephra, voulant tuer Ge- 1^.31
deon qui auoitabbatu leur autel, fut faifi d'eftonnement à la feule parolle de Ioas,di-
fant, Prenez vous queftion pour Baal,ou ti vous le voulez reucngcr?s'il eft Dieu, qu'il fe
vengefoy-mefmefurceluy qui a demoly fon autel. Au/fi pareillement à cclVlieure ont-
ils tous efté faihs d'vn eftonnement fecret: ii bien qu'il n'y a pas eu vn fcul qui s'y loit op-
pofé. Voire qu'en plufieurs villes le Magiftrat le plus contraire à cefte Religion, a fait af-
fiftance de leurs iergcans& officiers, &. s'elt rendu volontaire &:obcijïant au comman- ccft crton-
dément d'vn ou dedeux, ienc fçay quelles perfonnes priuees'& de nulle authorité ou "emcnt ne
apparéce.^~Maisiui toutla ville de Gand, métropolitaine de Flandre,rcndra tcfmoi- dire!"' "
gnage de ceci dignede memoire,&: par lequel à iamais fera cognuc la force &c puifTante
vertu de Dicu.Le cas fut tel.Pluficursgensdc mefticr s'eftans afTemblczJe x x v.d'A-
ouft& fepropofans l'exemple de ceux d'Anucrs pour abbatre les images ,vn nommé
Lieuin Onghenafutd'aduisauccion frere,pour n eftrc accule de (édition, <c cran (por-
ter du matin vers le grand BaillydeGand Adolphe de BourgongneSicur de Vvacke,
vice- Admirai de la mer, homme du tout contraire. Et luy (ïgnifîans qu'il y auoit vne gé-
nérale commiffion d'abbatreles images:cegrand Bailly tout citonné dcmâdant d'où e-
ftoitceftecommiilion,refpondirentquc c'eftoit de la Maiefté, tenans vn parchemin
plié.Luy,ne penfant à autre maiefté quede fon Roy d'Efpaigne,fans s'informer plus a-
uant,lespria de contenir le peupledeuxoutrois heures en paix, cependant que toute
cefte exécution fcferoitparbonordre.il leur donna quelques iiens hallebardicrs pour
les accompagner auec deux fergeansde la ville, quicômandoyenc au nomdudit Sieur
grand Bailly,Quenulnes'aduâceaftdefaireplusauant quelacommifiion defdits Un-
ghenaz portoit,à fçauoir d'abbatreles images feulement, fans rien ofter ne defrober,
fouz peine de defobei/îance : &: pareillement que nuls ne refufafténr ouucrture des
temples, monafteres ou chapelles, fouz vne mefme peine^c. Incontinent &; dés 1 heu-
re m efmc, ce fut à exploiter par tous les temples l'vn après l'autre fans en nul excepter:
bnfans après les images leurs orgues, defehirans les lim es de parchemin , rompans les
tableaux cxquilement faits, &: genetalement tout ce qui ici noir, au leruicc des idoles
e lendemain à deux lieues à la ronde delà ville,furenr les images brifecs en pièces:
& ceiour mefme fe retirèrent comme après leur labeur, en la ville, chacû à ion meftier.
Ce grand Bailîv en a efté depuis fi confus, qu'il ne fçauoitautrcment réparer ion fait},
iïnon parmenallés,Sc:àforcedcpouri'uitterecerchâcles aut heurs de ceci. Et lors que
ceux du Confiftoire de Gand firent inftanec vers le Conte d'Egmond comme gouuer- Le Conte
neur gênerai deFlandre,pouraucunspntonniersdetenuzà raifon de ce bnfemtnrdcs d'£gmond.
imagcs,ilsalleguoyét que fans le mandement dudic Sieur grand Bailly les chofes n'eui-
fent point efté enrreprifes ne faites.
CL a ville de Lierc litucefuda riuierede Nethe,à trois lieues d'Anucrs, fournira, h Licyc C)1
bcfbin eft,d'vnautreeuidenttefmoignagedecequc dit cit. Cefuc cl te en laquelle àla * mt'
venue d'enuiron huit hommes venans d'Anucrs pour fçauoir (i les images elloyent là
mifesbas, le Magiftrat permit que deux entraftent feulement. Et (ans demander leur
corn m iffion, furent menez par tous les temples:ii qu'en prefence de ces deux remar-
quai! s ce qu'on deuoit abbatre, toutes les idoles furéc fans côcredit oftecs.il y eut vn du
Magiftrat qui les accompaignoit,lequcl s'aduifa de demander en vertu dequoy on fai-
(bit cela. Mais ces deux fans hetiter dirct,Meiiieurs,vous nous auez en voftre puiftance,
s'il vouseftaduis quenousfaiibnscecifanscômilfioncu ad ieu,vous entédrez tantoft
à qui vous aurez à faire.Par cefte refponfe courte &c ii afteurémenr proférée, le Magi- ^ ^
ftrat fut tellement retenu, que mefme après que ces deux eurent efté promenez par ^j^JJ.
tout,iufques à dire qu'ils fecontentoyent du deuoir qu'on auoit fait en la ville, on les m^citonne
alla défrayer de la defpcnce qu'ils auoyent faire en la tauernedes faifant fortir auec pro- J^^16
melTc d'en faire bon rapport à ceux qui les auoyent enuoyez. ^To v t le Pais rutJors deLiexe.
plein de tels cxcmples:&: afallu necciîairement qu'il ait fend par vne fi lourde ftupi-
dité de lés Gouuerneurs, combienilsauoyêtdefhonnorépar leurs Images &z Autels,
la maiefté dch sv s Christ. Troubïcs
DEp vis ce temps-la il y cutpartoutde grandstroubles: fur tout à Anucrs,tant *^™™'cz
pour ce brifement d'images, comme au regard des prédications publiques, qui bis.
Liurcj VU L Lefaicfdela Religion^
fe fin foyent lors en lieu dcMcfics:dc forte que prcfquc cous les Bourgeois cftoyct conzU
nuclletnenc au gucc,& les portes de la ville& les boutiques fcrrnees.-quirut caufeque le
feigneur Guillaume de NTanau, Prince d' Aurage, qui clloit allé à Bruxelles, retourna eu
dilurêce à Anucrs lcz^.d'Aoult aueccharge de Gouuemeur pour leRoy,afinde pacifier
les troubles. Pour à quoy paruenir feit requérir par deux Gentils-hommes les deux
califes Flamenguc & Vvalonnc, de députer chacune quatre perfonnages qui enten-
droyent& corn muniqueroyentaucc ledit feignent Prince ,des moyens pourappaifer
U„,t alicurer le peuple de l*vnc& l'autre Religion. Les huit députez furent approuuez Se
ia pour authorifez en celte charge premièrement parluy, &: puis parle Magiftrat d Anuers.
l^Pince" ^ R pour la première conférence, fon Excellence propofa auldits députez, x v ,Ar-
a'Aur.Liigc ticlcs qui s cnfuyuét,aueclcsRcfpôl'esà chacun d'iceuxjprefentces par lefdits députez.
i 7) F. point empcjcherles Papistes depouuotr retourner en leurs cglifes, &y faire tel exercice de leur
Jleli^ion,cotnme ils trouueront conueuir, 1 1 Qu'ils ne pourront prejeher en aucune e^f , mais feule-
ru ent en 1 t No u utile- ville, es \ 1 t ; t s qui leurj ero nt defign t es .
Ri. Combien que les Temples foyent communs à route la Bourgcoiue,&: non p.w ticu-
liers aux Papiftcs,touteslois nous promettons ne prendre ny occuper par force ne vio-
lence aucun d'îcctix,ne troublerny empefeher les Papilles en l'exercice de leur Reli-
gion.Supplions neani moins vo{lreExceIlence,rtousa(lîgner quelque temple d'iceux,
pour l'exercice de la nollrc:ayantefgard à la multitude, éc au droiclquc nous y auons,
comme Bout geois,lequel nous ncpouuunsauoir perdu pour auoir embraile la do&ri-
ix ix Picf-ncdel'Euangilc. i 1 1 Qu'il» y aura que deux prefeheurs \natij 's du Pats. iv. Nous prions que le
rhtil"ki,ic nombre des Miniftreslbit (don la multitude du peiiplc&que pour la necefiitc pre-
fcntcnousen foitottroyepourle moins huicl pour rÈglitc Flamenguc, &: trois pour
l'Eglife Vvalonnc. Au relie nous accordons que les Miniftrcsdcla Parolle,foyent na-
tifs du Paisfubiecl de noilrcRoy,ourcceus bourgeois en quelque bonne ville dc-par-
deça. Suppliansauffi que cane & fi longuement qu'il fera permis à quelques autres
p., n„ _or^ d'en auoir d'autres, nousaulïi îouiffions de la mcfme liberté, nu. Q^ils ne pouvant.
m armes, porte,- aucunes armes aux pre(ches,&* depojerontaux mains de monfieurle Prince toutes armes défen-
dues. Rt Quant au premier poin^b, nous croyons que l'on Excellence n'entend point
qu'il ne i'oit libreàvn chacun déporter efpce& dague, & qu'il ne baillera plus ample
liberté aux autres que defdites efpées& dague. Et quant au fécond poincî, qui cft de
depofer toutes armes detenducs,cntrc les mains de moniieut ie Prince rioubs corre-
clion,femblequ'vnetelîeprcpofîtionconcernantclcs priuileges de la ville, doit eitre
, r',k v ïi> fâicre en gênerai a tous Bourgeois Se manant de celle ville, y Qiiils exhiberont vn Catalo-
.» .-. F ..'.îles. ,rltc de tous w:i v de Lut TA>Çej& mie monpeurle Prince les j croit venir verstuy, pour jçauotr d'eux s'ils
aduouct lediil Catalogue. Ht . D'autant que la liberté dont nous iouilîons prefentemet n'eft
point conferméc parle Roy 6: les Lltats généraux, & que pourtant plulieurs feront dit
ficultéde bailler leur nom p ueferitriometauffi qu'il fci oit fort difficile d'en faire le Ca-
talogue a in li que fon Excellence le denrc,pour la grande multitude du peuple; nous la
fnppiionsne vouloirprcndrcdemalc-parL>fincfatisfailbnsencecy audefir de ion Ex-
cellence: nuis poureftre aucunement informe du nombre, fupplions fonExccllen-
^ ce députer des Commiuaires pour voiries aflbmblées. vi. L ) obéir au Magiftrat
mx VUg>- entendre .î U ton feruarton de la Republique ^ félon qu'il fera ordonné, qt. Accorde, (auf les priui-
fhuis. leges,&: lans préjudice de l'exercice de Ja Religion qui nous ell permis, v n. Que les
Ministres qui prefrhl'rom quelques chojes feditieuf es contre le Magiéhat, ou autres , feront chafft*i&
bannis hors de U ville. Ri. Accordé,moyennancquelesreprehen{îons de là huile doctri-
ne &: abus des cérémonie o.: des corrupt ions quant aux mœurs , ne foyent point tenus
pour propos (bditicuxs& que ce qui fera allégué, foie deuement vérifié par perfonnes
dignes de foy,&: non fufpcclcs:& que tous autres prçicheurs foyent fubiecls à mcfme
loy. v 1 1 r. Quil ne pourront chan^er^ugmenter^it diminuer veux de leur Confiftoire , fans lefceu de
Mon fn-iu\ny prendre nouueaux Minii'tres. Ri. Pour plus grande afleuranec de ion Excellen-
ce nous fupplions qu'il luy plaifc députer quelqu'vn du Magiftrat,ou autre, faifant pto-
feffion de uoftre Religion, fur la fidélité duquel fon Excellence fc pourra rcpofcr,le-
quelafliftcradreleclion des Minilbesj Anciens & Diacres,^ à tous an'ajrcs qui fetrait-
; ■ s'entre- teront en tr'eux pour la conduirtc&;rciglementtle leur Eglifc. i x. Qujls ne pourront em-
ai4r. j-ifher ne faire violence a atttruy p ourla diunfi édc /Il ligioHyams leur aider & dcfendre-flon leur vou-
lait faire cueleue outrage, rz. Accordc,moycnnanc que les autres promettent le mcfme
en
I
Des Sglijes du Vais-bas. 6 7/
en noftre endroit, x . Qùjls n 'empêcheront la Iufticeenchofe quelconque, me finement en t exécu-
tion de ces pilleurs d'Eglifc. Rt. Accorde',bicn entendu que les voyes légitimes ne leur fc-
yentforclofes. xi. Qujls ne pourront chanter fur les rues ent>oupeaux,fînonauxprefches (pexer Denccl:;n
qcesde leur Religion, fy. Accorde', qu'on ne chantera par troupes aux rues. xix. Que mille ter fur les
figneront les potnàscy de/fus. y.. D autant que reftablilîcmcnt refoiu de noftre Religion Te fuCi*
rcmetàladeciiîon desEftats généraux, nous eftimonsque plufieurs feront ditàcultc
dcligaenlitoutesfoislesautresfontpreftsdc fairele femblable, nous elperons faire le
mefmc^e noftrecofté. xui, Letout par prouifion, iufques à taffemblement des Ejlatsgene-
raux ituféptcls ils fefttbmettront par ferment. $t. AcCordé^ien entendu que il quelque cho-
fe s ordonnort contre noftre confciencc&: exercice de noftre Religion,il nous (oit don-
né terme compétent pour nous retirer &nozbicns,où bon nous femblcra fans aucun
empefchcmcnc. Le xi ni* contenait Fafaèurance qu on demadoit. fy.. Que les autres lignent Les fignaw
femblables articles comme diteft, &: que ion Excellence, & Menteurs du Magiftrat rc*
rennent les vns& les autres en leurfauue-garde&: prorettion,& ce par ferment & pu-
lication parles carrefours delà ville, x v. Que tous aclesfaditteux foyït chaftiex^. y., Ac-
corde', fuyuant ce qui eft déclare' aufepcieme article.
*ACCO RDS faits k ceux des Egltfes reformées au Pais-baf,non feulement parles
Gouverneurs des Proùinces &vtUes,mavi aufaide par le Roy Philippe.
<SE?8! O V Rparucnir à la narratio des calamitez aduenues premièrement au poure peu-
|jg|§jple,& en après aux Gétils-hômcs,& puis aux grâds Seigneurs du Pais,ii eft befbin
prcaliabkmét mettre leurs actiôs,& accords faits &: fignez auec i^sCôfiftoires&Depu-
tczdes Eglifesaux Prouinces de leurs Gouucrneméts.Etcn premier lieu quat auPrin*
ce d'Aurange, après les capitulations ci de/Tus touchées, il accorda ai ec les Magiftrats
d'Anuers,cn la forme qui s'enfuit ici inférée: A f in que tous troubles & difeords ad-
uenusen Anucrs à caufe de la Religion, ceifent êc demeurent empcfchez,&: que tous
Bourgeois &: manans puiflent d'oref-enauant viureenfemble ea toute modeftie, paix,
amourSt amitié,ôc la négociation quant & quant eftre remifeen fon train ordinaire-,
& quecefte ville puiiiecftredcfFcnducde tous vltcrieurs inconueniens: Si eftnl qu'a-
près diuerles communications Se délibérations fur ce eues & tenues, te diuers points
& articles propofezd'vn &C d'autre cofté,Mon(ieur le Prince d'Aurange Viconte de cc-
fteville&commisGouuerneurau nom de fa Maiefte: &le Sieur Efcouret , Bourgmai-
ftres& Efcheuins de ce.le ville d'Anucrs,ont à ceux delà nouuellc Religion, par ma- Connluenc<
niercdeconniucnce&prouition, (iufques à tant que par (à Maicft. auec l'aduis des E- commence
ftats généraux de ces Pats-basautrementen pourra eftre ordonne')accordé &c permis cftr* mifc
les poincts&: articles cy-apres efcrits:Lefquels ceux de la Religion ont auiîî promis, &: vers ceux de
deuront entretenir &T enfuiure. Quils ne pourront empefcherny troubler les feruices, fermons,^ I'Eglifc.
autres exercices des Eidefiafaiques,de ceux de U vieille Catholique Rcbgion,ny faire empcjcheryt, cu- Anu
hier ou endommager par eux ny par autres, en manière quelconque. Item,quils ne pourront occupemy An.u.
auj^i tenir leui-s prefehes ou autres exercices de leur Religion en aucuns Temples , Monafaeres , ou autres
places conj\crées,ma'vs tant feulement en aucunes des trùis places qui leur ont efté defrgnees. ^4ufquelles An-Uu
places ils pourront tous en vn temps prefeher le Dimcnche, & les tours defefes, mais point aux autres
iours,finon au Mercredy , quand tin y aura iuurdefajle en la fepmaine. Et pourront auoirpour chacun-
prefaht vn Miniftrc, & iointdtceluy encores vn autre, pour en temps de maladie ,abfcnce & empe-
fihe.vcat^arderlapLcc des autrcs,& leur afisler. Item, que tous ces Predicans & Ministres deuront Art.tm< ,
ejh-e natifs des Pa>i fubiecîs a fa Maie .oumejme efare Bourgeois de quelque bonne villede ces Pachas.
Et fur ce U aux mains de fon Excellence, ou en fon abfence du Magiftrat, faire le ferment d'obeifjànce
& fidélité en tGUteschofes politiques-, fi longuement qu'ils demeureront ià. QhiIs ne pourront en leurs ak.t.
pref hes cjt* af emblée. ^ny en ali.int ny en reuenanr.auoimy porter quelques haquebttttesipistolles, hal-
iebardcs,ou autres armes defcndues'.bien entedu,quon ne fera empeÇchement à ceux qui tant feulement
partent efpéc ou poignart.Ite,quen toutes chofes politiques deuior efare obeijftns aux Supérieurs & Ma-
giftrat s , & aufaiaidera porteries communes charges de la ville, comme les autres habitans,& eux em~
ployer, corne tout autres ,à U cbferuatton <& tranquillité de la ville & du bien publiq. Itè\quetous les Pre- Art.vn.
dtcans, de quelque Religion qu ils foyenr,fe garderont de tous propos defptteux,inucclifs & tniuricux,&
généralement de tous propos fedmcuxfait contre la Supériorité & Magiftrat, ou contre ceux des autres
Religions:bienentendu,que ce qui concerne la doclrine ou l 'exercice de L Religion* & larcprehenfion
des mœurs vie defordonnée,ne fera tenu pour propos fediticux. Item, que fon Excellence députera* Art.vm,
XXx.i.
Ait.x.
Art.xn
Liur<L; VIII. LeFaiâ de la Reltgton&
ijucL-ju'vnduMagifà'at pour fetrouuerprefent quand ils voudront eflire quelques Minisires, u4ndens%
ou Diacres deleurs Eglfts,ou qu'ils trameront enfemble de quelque autre caufe tournant leur Religion,}
Art U" fin r uon en putjfe toufiours à fon Excellence & au Magiflrat faire fidèle rapport. Item, que les vns ne
pounontfe woe^tfer desautres,ny les empefherjendommager^ny outrager en manière cjuekonque pout
Li dmerfitédeit Religion, m aiy feront tenu* d'aider & fecounr l'vn l'autre , en cas qu'outrage ou imurc
leur fon faite. Jtcm,que perfonne qui que ce foit,& fujlil de cefleou de l'autre Religion-, ne pourra enu
pefcherU tuftice en l'apprehcnfion,pumtion exécution des pilleurs des Egpfes,ny des mal-faiteurs,
ny en autres caujes quelconques fauf que lis mai faneurs feront traitte^ partaluftue. Item,<ptonne
pourra chanter fur les rues où les gens feront afjembleX^ou fe pourroyent affembler. Que fon Excellence
(p* le Magislrat S^Anucrs prendront & tiendront en leur protedion , non feulement ceux de ceflc
Relrgkn,mais aufii généralement tom les inhabitans de la ville ,viuans en obeîffance, paix & concor*
Art.xnr. de pclmqut,fans prendre regard s 'ils foyent de la vieille Catholique, ou decefe Religion. Sauf que fi
qudqùvn commet quelque ad ejedioeux, quittera de cela puni par la luflice, félon la qualité de fon for-
Art xiiu f<tn,fans contradiction de quelqùvn . Et eft a entendre que les Gens-à 'armes qu'on leue, ne feront em-
ployez^à autre fin,quejityuant le contenu des articles a eux propofh^defquels on donnera copie authen-
tique a ceux delà Religion. ^ Tous lefquels poincts & articles ,les Minières &* Prtdkans de leur Reli-
gion deuront en leurs prefihes remonfher au peuple, & les admonefler en diligence qu'ils fe retglent
& gnuuernent félon iceux. Et que tous les poinds cy-deffus mentionne^ feront inuiolablcment tenus
& obferue%Jpa\ y manière de prouifionjufqv.es à ce que par fi M. auec laduts de fes Effats généraux de
ce Pav^autranent en fera ordonné, À laquelle ordonnance, ceux de U. Religion de là en auant deuront e-
fi,t fubiets^ dés à-cefî'- heure promettre la fuyure & entretenir.bien entendu , que fien icelle efl fia-
tuée quelque thofi contraire a leur confcience oh Religton,qu'cn ce cas leur fera accordé temps propice &•
%àoine,pour fans empcfcht mcnt &* librement auei leurs bien* fe pouuoirretireyhcrs dece Patf,où il leur
plaira. Que les Prediians, Mini ftres, Anciens, &* Diacres , f> autres jeruiteurs de leurs Eglfes ,auee
bon nombre des mieux qualifeT^de leur Religion accorderont ces articles , & promettront les entretenir
félon leurpouuoir, &fgnero»taufîtà plus grande affeuranct decejeprefentadc, Stefi-il qu'ils nefe-
C«i * ce Yontk caufe de cefe fignature kl'aduenirnoti^moUfleXnerecer^e^.Et fon Exallece auec vn Gref-
uluf Infalfieratt nom du Magistrat d'^fnuers , fous -fêteront aufît à leurfeureté le prefentade, duquel deux fe-
poulpe- r0Wf expediex^l'vn pour fon Excellence & lé M agiflrat,& l'autre pour ceux delà Rel'gion. En tef-
tudiemcn-oi mom ce,cft le prefentade conclu fous-fignè comme deffw.,le deuxufme de Septembre, l\An M.
ït?t tn vam d.L X V I .Et jvn-ftgné par Guillaume dcNaffitu: & mandata Dominot-urn^ iîgné Pôlircs.
îïeflii"* F v t auiii en ce téps-lâ publiée iabolition del'Inquiiitiôd'Efp.igne,& des Placars,
en la forme qui s'enfuit , par publication faite par ïean de Imcrlcele\ markgraue,
cheu3licrlcigneurdcBoudrie,rEfcouter, Bourgmai(trcs,Efcheuins,&: Confeil de la
villed'AnuciSiledcrnieriourd'Aoufl^M.n.L x vi. dont la teneur eft ici mferee, pour
c ftre en perpétuelle mémoire, comme s'enfuit:
O N deciaire&fait Jçauoiravn chacun de Lt part <{e M an fleurie Prince d '^4urange comme Gou-
verneur & Chef en ccjfe ville d'~4nuers,a ce commis parla Ma.& aufi de parles Seigneurs, &* la ville:
Que la Ma. de noflre tref clément Sire le Rny,fuyuantfadcbonnairetcnaturelle,ayanteuefgard&con
Le roy v*\-fA\crationaurepQs,bien,&proffmtédefesher?dita^^^^ accordé, dedairé Çr cofenti expreffe-
urPePfon Pj!5- ment,cue les inhabitans & Bourgeois de ceJkVille,^ detout le Paisferont &* demeureront à tout ta-
îjjHfitdi5 £aë mais deturen^quitteSi dejtharge%Jt& fans efo e trauaillexny molefle^ de llnquifition , de laquelle de-
pmedent i " Pul* feH ^tmm tn "f rf on a t4nt Par^e nm-murépar tous cef-dtts PaU-b&: Et qu'ils feront en outre
demeureront francs,hbres, <& dejeharge^de toutes les Ordonnances^ Placars faits furie faifldeshe-
refics,& contrauentions touchant la Religion,qui par cy- deuant ont aucunement efté fans &*publiezj
Et ce pour le temps & iufques a ce queparnouueaux (^généraux V lac ars{qui pourront ejlre ordon,
nexj& faits par fa Mate. auec t adttts des Efl at s généraux de ceflits Pais fur lefattl de la Reïigion)y foit
en gênerai autrement pvttrueu & ordonné: félon lefquels d'orefenauant vn chacun fe deura con-
duire & reiglcr , & furquoy chacunfe peut repo fer & affeurer. figné A.Grapheus,
Et afin dedonner plusgrandeaUcurance &: repos à ceux de l'vne Se l'autre Reli-
gion , fut publié par vn autre Edid , que ceux du Magiftrat prennent les vns &lcs
autres fous leur lauue-gardc&:proteâion,auecdcfenfc de ne s'entr'iniurier ny outra-
ger l'vn l'autre.
^Ce s chofes démenées en lavijled'Anuers,quifcmbloyentdonner loy de repos
aux Eglifcs reformées des autres villes:il eft aduenu qu'en certains endroits, l'iniquité
des conditions propofees à ceux defdites Eglifes,au dehors des premiers accords ci-def-
fu5tquchez,aempefchéqu'vnepoliccn'ait efté arrcftee& entretenue telle qu'il appar-
tenoit.
Des Eglifcs du Pais- bas. 6 7 2
tenoit.LeConfeil du Roy auoitcognu& iugé qu'il cftoit ncceffaire de Jai/Ter en paix
lesefpritsde (es lubiects, ayant efprouueparceux.de France, qu'ils ne pourroyent eftre
ployez ou domptez ne par la flamme, ne par le fer, ains îéulemenr pai la viucperfua-
fion,&: par la raifon qui domine fur les hommes. Il n'y eut onques tant d'occalion de l liuimi
lailTer paifible ce peu que le Roy accordoit,qu a ccft inftat:& neantmoins,les matières diicipimeEc
furet déguiiees incôtinentpar Gouuerneurs&: GentiJs-hômes agitez de paillon quilcs defiaftique
fît reculer en arrière, voire ÔC au rebours de leurs prem iercs actiôs &c deffeins. Ils ne mô- fa JJ Jjj^
ftrerent en eux rien deciuil, ne d'humaimmais comme malades, trouueient gouft aux rcpiuficurs
Cennls-lkô-
mes.
chofes pernicieufes,dédaignanslesfalutaires :ainiï que le progrès de l'hiftoircen fera
foy.Quant aux lieux efquels on auoiteftabli&: accordé quelque ordre, il a dure feule-
ment autant que le loi(ir &: occafîon a efté donnée à ceux qui font ennemis de profef-
fion,decircôuenir les Eglifes par diuerfes menées &c extorhons.-renuei fans petit à petit
tout ce qu'on auoittraittécV: accordé auecle peuple, pour pacifîcatiô &manicrede jpui
fion. ^Premièrement m.andrs b a r d e l o t s de HontfcotevilledcFlandrc,Mi-
niftrede l'Euâgile fut faifî prifonnicr en la Ville d'Aloft à deux lieues près de Tenrcmô-
dc,pour auoirprefché,contre la defenfe du Magillrat, en autre lieu qu'en ecluy qui e-
ftoitdefigné pour l'exercicedc la Religion. Il fut pendu lepremicr iour dcNouembre
de cefte année m.d.l x v i.&c mourut bien conftamment,confirmant la doctrine deve
rité qu'il auoitunceremctannoncee.^"Pv 1 s pour empefeher en outre les fu (dites per-
miffiôs, ou pluftoft mettre à néant tous accords de pacification, les aduerfaires tiouue-
rent bon d'ourdir leur trame & commencer la ruine &c calamité du poure Pais bas
parvne ville JcVallencine s : a la façon de ceux qui depuis peu d'années cn-
ça,en caufe pareille commencèrent au royaume de Fracc,alendroit de ceux de Vailfy: Procédures
pourpuisapres venir à bout des autres par tous moyens à eux poffibles, à hn d'extirper ^«"«1
ceux qu'ils nommcntdela Religion nouuelle. Ettoutesfois il n'y a ville qui ait prinfclesdu Pais-
plus de peine &dcuoir defe contenir en toute modeftie,&: traitter toutes choies en bjs"
paix, que lefdits de Vallencenes aucc vn feigneur de Noircairme, comme Bailly de
Hainaut,&: Vallencenes: abfcnt Iean Marquis de Bcrgue enuoyé en Efpagne, auquel
appartenoit ledit gouuernement. Apres plulicurs embalfades 6c enuoys vers ledit de
Noircairme, finalement accord &:Contract futpa/ie&: receu par le Gretficrdela ville
deQucmoy, en datte du x x.du mois d'Octobre m.d.l x v 1. auquel accord comme
les trois offices 6c fonctions eccleliaftiques de Miniftrcs, Anciens, 6c Diacres (ont de-
nommez,auffientendoit ledit de Noircairme en ces trois auoir contracté folennelle-
mentauec tout le corps de l'Eglife de Vallencenes: tellement qu'il promit d'y venir
le pluftoft qu'il pourroit, pour publier l'afleurance de la part, 6c effectuer ledit Con-
tracta prendre les iïgnatures des principaux de ladicteEglifc.Mais ledit licur de Noir-
cairme qui eitoitdeceux à qui l'ambition &: conuoitife des 'agrandir corn mandoit du
tout(ayanttoutesfois efté des premiers liguez contrele Cardinal Granuellepour la li-
berté du Pais)fcmonftraidoinc&: proprepourcommécerd'allumcr vn feu qui nes'eft
point cfteinten la ruine deceux de ladite ville qui îuyeftovéc commis :mais qui depuis
a tout le Pais embrazé.^O r , tant s'en faut que ceux de l'Egliiè reformée ayent aucune-
ment différé l'entier accompliifement de leur deuoirenceft endroit, qu'au contraire
ils eitoyent fort ei'merueillez& marris que ledit hem rardoit tat à venirdepuis l'accord
fait,pour maintenir la ville en paix. Car il n'y vint point qu'vn mois après, à içauoir le*La
Mercredy x x .de Noucmbre,troisioiirs après que les Miniftres curét publié la* Cenc.
Auql iour eftât arriué à la porte delà villcayatvnegrâd'fuittedechcuauxoutrefonor itraii,
dinaire,il s'y arrefta tout court,fans entrer plus auant:& demâda fou d a in après ceux du „lr >
Confiftoire,lefquelsnefetrouuansprcftsàrinftant(caraunuls n'en cftoyent aucune- J
ment aduertis)il commença à protefter contre eux, 5c menacer la ville d'vne calamité
extremcauantquedix ioursfcpaAfânrent:& fur cela le partit incontinent. Dont chacun
peut facilement apperceuoir qu'vnc telle venue&. parlement foudain,n'a efté qu'vne
furprife manifefte,pouricttce par ecluy lequel ne trouuant en eux aucun refus ne defo-
beiHanccàfcscommandemens,apenfépar ce moyen fonder quelque occahon pour
exécuter toute forte d'afflictions. ^Or, fur la dirficul te Sidilation que firent ceux de la
ville de receuoirgendarmcrie,Noircairmefeit tant qued'aflemblcr gens pour exécuter
par violence la defolation parauantconccuë&arreftec. IUcs feit premièrement venir
à fainft- Amand&: lieux circonuoifins,à fin de fermer tous paiî'ages à ceux de Vallen-
XXx.ii.
crjinte
i c enc
imini-
feit ve
oircair
iecn lapor-
e de Villon
coes.
Liu roT III. Les affiittioris dti Pais-bas,®?
hoH ccnes,&ainfi les tenir afficgez.CE pendant la miferablc diflïpation de l'eglife reformée
î>i" o»'ûrî- deS.Amand,&1arecerchedu Miniftreauccblafphemcs& menaces crucllcs,les pilla-
gcscôtrclw ges,faccngemcns, violemens monftrucux de femmes &: filles >iufqucs à les vendre &C
Sahlft-A- prollïtucr au fon de tabourin:&: tant d outrages énormes, iufqu a brufler à petit feu vn
nund eu poure hom me dcfplayé,non pour autre caufe qu'en hainete defoit de la Rcligion,&:de
Tourncii. itlCene audit lieu peu auparauant célébrée, monftrerent allez a ceux de Vallencencs
commenton leseuft traitccz,s'ils ne iéfuflcnttenuzclos&: fermez cotre tels aduertifle
ments,& mii'cres incroyables. ^To v t le moisdcDecébrcrut plein de troubles & tu*
multesrcepcndantquelavilledc Vallencencs demeuroit aflîegcc. Les fidèles du Pais
à femuron incitez de commiferation saflèmblercnt de plufieurs endroits>commede
Vvarneron,Commincs,Vveruy,Menin,&:dupaisde Laleu,&: d'autres quartiers pour
CcDcccIkc leur llibuenir.Chacun y animoit demain en main fcsprochains,iufqu a faire fonner en
rcfpondau- aprcs ]c cabourimayans promette qu'après qu'ils feroy en t amaflez, quelques Gcntils-
^luT^ïri hommes expers en conduite de gucrrcmarchercyent quant &: eux. Mais fe voyans fru
ce m. D. rtrezdeccftepromcne,lapluspartpcuàpeuferetira.Lesautres(fpccialemétvncfleur
Lxn" dcieunelîcTournilienne)demeurerent &: campèrent fans chef endiuers lieux. Etlc
xxrx.de ce mois,comme ils tiroyent vers la ville de Lannoy, appartenante au Conte
de Burcn fils du Prince d'Aurange, il y eut deuant icelle vnc rencontre fi afpre, que les
Gueux, fi peu qu'ils elloyent, après auoircombatuiufques au vcfpre, furmontez de la
multitude des cheuaucheurs ennemis, eurent le bénéfice delà nuict pour fe retirer Se
s'efearter.^ A v moisdclanuierfuyuant,ceuxquifouz vn titrede la Confeflîon d'Au-
îllyricu- , lbourg s'eftoyent fourrez en Anucrs la liberté y eflant,s'aduiferentdeliurervn combat
SpâStt>M» dcdifputeàccuxdesEglifcsrcformecs.Et combien qu'ils fiflentcela,abondans deloi-
acautt«.an fir&d'aifcau plus fort des affaires que fouftenoyent les autrcs:fi leur fut-il ncantmoins
refpodu.L e x.du moiscertains articles furet propofezàIllyricus,neccflaires d'eftreob-
fèrucz d'vne &C d'autre part,au cas qu'vne difpute publique fouz Modérateurs & luges
compctcns,fuitottroyeeparleMagiftrat.Lc jourenfuyuant,vnde leurs dodeurs no-
me Hciman Hamelman s'intitulantlicentié en Théologie, enuoyé par Illyricus, vint
trouuerccluy qui auoit eu charge de pvefenterlcfdits articles, pour luy fîgnifier, que
fur le poinéfc de la Cene il falloir commencer la difpute par la queftion de Comntprefence
du corps de [cfa ckriflj&L que fan s la croire il eftoit impoflîble deconuenir auec cuxaucu-
nement.Mais peu de téps après, leur leuee de bouclier fe bailla bien fort,&: leurs mots
monftrucux s'éuanouircnt. Cardés que les ennemis eurcntcommencéfefaifir en ce
Les Do- mois, premicremcntdeTournay,puisd'Audenarde,&cnapresdeGand fidautrcsvil-
ftCUucllcCô les, ces Do&curs qui auoycntefté amenez en Anucrs à gros gage dediuers lieux d'Al-
fcfsiond'Au lemaigne,pour rendre odieufé la caufe des Gueux ,aprcs qu'ils curent publié & fait im-
*k°urg- primer vne nouuclle Confeflîon d'Aufbourg, voyans que la profperité commençoie
fort à décliner les périls approcher d' Anucrs, feretirerent de bonne heure. Et com-
me on demanda à l'vn d'entre eux comment fe portoyent les Eglifes Euangeliques
d'Anuers,on dit qu'il fit celle refponfejefus Chriftpend encore en Anuers à la croix
entredeux bngans:entendantlesPapiftes&: lés Gueux. Voil a commeau dedans
ceux de la Religion elloyent moleftczen Anuers (nouuelleCorinthe)par gensappor-
tans doctrines enrages pour retarder le vray germc.^E n Feurier fuyuat rien ne fut ne-
gotiéd'iinportaceiufqu'au v ; 1 1. auquel la tequeftedes Gentils-homes (qui seftoyenc
trouucz à Anuers à la venue du Princc,& des Contes de Home, Nicunar , Hauftrat, &
Bredetode,)futcnuoyce à Bruxelles: par laquelle enfommeon requeroit trois chbfes:
l'Obferuatiô de l'Accord du mois^d'AouilrleReftabliiTemctdelexercicedelaRcligiô:
&: qu'on caflaft la gedarmerienouucllcmét leuee. Ce pédant que le Princc(ellât folici-
té à force de requeftes,& de multitude de gés pour la jptectiô des Eglifes)infiftoit qu'on
receuftouaduouaft laCôfcffiond'Auibourg:iaRegéteduche0cdeParmerefppnditle
xv i.dece moisauxdemâdesdesfufditsGenrils-hômeSj^e/ow/wfff/oww'rfMO/fe/^éowgi^f
de coftnur ÏÏauoir prédications pttblicjues^nadmintftration des Sacremens^ne ConjUtotres.Que de cajjèt
la gendarmerie &lcs Pb.cars chacun pouuoit cognoislre a cjuoy tendait cela. Finalement les exhortoit
fe retirer chacun au lieu de farefiàenccy preuenir t indignation du Roy , duquel elle leur fignijioh U
Le bien «les venue prochaine. On imputoit la caufe de toutes calamitcz aux prcdications,& toutef-
&CooMoî ^ C^ Pulscluenoto'rc R06 par ce moyen le peuple auoit cfté retenu que les Prc-»
01 ftresôc Moines n'auoyent efte du tout cxtcirninez.Lcsmefmcs prédications & difei-
plinc
DeceuxdeVtdlencenes. 673
plinc Ecdefiaftiqueontauflitenuenbridelcpeuplequ'il ne s'eftpasefleue contre les
Gransjefquclsayans fait tant depromciTcsd'aduanccr&: maintenir Je vray fermée de j£ «Sa
Dieu,&: d'aider aux oppreflez par leurauthorité:s?efttrouué ,deceu,&: finalement en- tionsaenuc
ueloppé aux dangers extrêmes qui font depuis aducnuz.& dcfqueJs Jcfdits Grans en ^JJJ,1**
ont fend liiTue mifcrable fouuentefois prédite , pour n'auoir cognulc iour de leur l'ngerspre
vifitation,&d'auoir eu en defprisvniî excellent &: incomparable threfor de lapredica- ufu.z& B0U
tion de la parolle de vieeternelle,fans la fréquenter aucunement. obkrucz.
A r mefme iour,datte des fufditcs complaintes, le Seigneur de Bicderode s'ennuyât Lcpartcmct
d'auoir feiourné treize iours en Anuers,(ans effed ne conclufion telle que luy&les JuiieurHc
Gentils-hommes auoyent cfpcr cê,fe retira vers fa ville de Viane aux confins de Hollan Zdl BKi*
de:où pluficursdediuerfes qualitez depuis le fuyuirenr. Cciour-laqui eftoit premier
Dimenche de Kareime papal, Dieu manifefta l'hypocrific déboutée des Cordelicrs
d'Anuers. Car comme ainfi ioitqu'vn des principaux de leur fecte ,eu(t ce iour mef-
me publiquement taxé en fon fermon l'horreur de la religion des Gueux, qui ie difpen-
fent ( entre plutieurs chofes ) de manger chair en Karefmc : aduint que fur les neuf Notable iu-
heuresdu foirvnfeu merucilleux commença par leur cloche, (i grand que chacun y ac- tS^ts
courant, 6C le Magiftratauecle Prince d'Aurangc&leurs gardes y eftans, on trouua les Cordelicrs
frères Cordelierslolénifans ce iour des Bradonsàbeau roiti& boulliauectoutelubnci- dAjiUtrs-
té:fansplusauât ipecifici ce qu'on en difoit. Leurs fauteurs euiTcnt bien voulu imputer
aux Gueux l'origine de ce feuanais on ncfçcutàcela donner moyen neraiionne cou-
leur. Car Dieu pour y faire venir toute la vilIc,voulut que le feu fe prin; au plus haut du
cloché,oùils auoyent ordinaircmenttenu leur guet, depuis le brifement des images
& autels , à fin d'eftre fur leur garde. ^ L e furplus de Feurier après la commu- La iourncc
nicationdes Seigneurs, Se outre quelque fortic de Dambrughc,& certains amas de deDairbro
gens^nutilemcntfaidsU'epafTaaugranddefaduantagedeplufieurs fidèles: contre lef- ^hnC|*" d"
quels on procéda par criées &: fubhaitations de biens, iufques en Mars (uyuât:combien
qu'ils ne fufTent hors du pais de fa Maiefté.CCeux de Vallencenes ce pendant demeu-
royentaffiegez&ajTaillizâuecmenaccsde deiblation extrême: leurs biens cxpoiéz au
pillagc,&: leur vie à l'abandon des ennemis.
G V Y DE BRES, ie Monts en Haynaut: f>PEREGRIN DE
LA GRANGE, de Dauphmé, compagnons au Mmiftere, & a la mort: auec
Autres fidcUs de Vallencenes.
•
C E difeours monftrera que le fçauoir & Pcxercice.ce font chofes fi réciproques , & tellement conioinftcs enfemble
que comme l'vn ne !<• peut acqutrir n'obtenir farts l'autre : auhi ne peut l'ancre eftrc bienfait , qu'auccl'aidedc
ecluy qui a cite acquis 6c obtenu par fon moyen:3c ces perfbnnages en donnent renfeignement & la prattique.
PRES que ceux de Vallencenes eurent long temps foufteuu le fiege en m.D.
grande mifere tant au dehors quededans la ville, fevoyans frultrez del'ar- LXVII.
tente de fecours & pourchas de deliu tance promis par aucuns Seigneurs
_ &: premiers Gentils hommes du Pais:fînalement après auoir continué fans
intermilïion l'exercice de la Parolle de Dieu,auec l'adminiftration des Sacrements, fu-
rent contraints fe rendre le x xni.de Mars: l'ennemi leur ayant promis ce qu'il ne
tint pas. Onpeuteftimerficcfutaprcs les Miniftres &c les plus notables de cefte ville
gaignccquondreffa les premières recerches. Les deux Pafteurs eftoyent lors Guy De
Bres,&: Peregrin De la Grange: de la vie &c vocation delqucls nous parlerons ci-apres
auât q reciter leur mort,côioingnant les deux, à fçauoir leur vie refpondate à leur rnorc
bienheureufe. Ces deux appelez en l'ceuurc de Dieu, corne ils cuidoyet quelques iours
apres,cftansfortis dclaville^ofter delà decôfiture,auec Michel Hcrlin leicune,vn fien
feruiteur, & laques de Rieu,tombercnt entre les mains du grad Maire de fain£t- A mad:
où ils furent vn iour &: demi.LeTourneuVcfteridantiufques-là,foudainceuxdeTour-
nayvindrent les demander comme par force:menaiTans, à faute de leur liurer les pri-
fonniers,rcndre le bourg de fàin£t- Amand defolé. Or après qu'on les eut liez &c enfer-
rez de pieds &: mains, furent iettez fur vn chariot,& menez au chafteau de Tournay di-
ftant quatre lieues de faincl:-Arnand>auec grande coropaiguie de foldats.
XXx.iii.
Mjk.4-
GuLt..
Litir<L*> VIII» Çuyde lires. auecTeregrin de la Cj range.
Gv y futvifitc de grand nombre de Gentils-hommes,de Dames & Damoifellcs,
rjienezdVndcfir&curiofitédelc voir vnefbis, àcaufe qu'ils auoycnt tant ouy parler
deMuy. Les vns s'en moquoyent, îcs autres l'iniurioyent: aucuns en auoycntpitié &c
co'mpaflîon.Plulîeurs vouloycntdifputer: mais quand ils fc voyoyentprins &: renduz
mucts,ils en efchappoyent pour dire, qu'ils n'eftoyent pas Théologiens. Les Commif-
faires fe fourransen la difpure comme iuges d'icclle,luy accordèrent qu'il nefalloic
point adorer les Sainds,nela^vierge Marie, mais vn feul Dieu : Ceux donc,dit Guy, qui
les adorcnt,errent.Sur ce refpôdirent, Qu'on peu t bien prier & inuoquer les Sainfts.Ec
il répliqua que l'ctymologie du mot ^Hor.tf;o,fignifiok faire prière à quclcun:&: quefi
on ne doit adorer la Vierge ne les Sain£ts(clon leur dire^u'auflî ne les doit-on prierxar
c'eft vne mefme chofc.^"C e combat &affaut fini, voici deux autres qui vindrent,def-
quels l'vn difoit qu'il prefcheroitaufli bien qu'vn Miniftrequand il s'y voudroit em-
ployer.Ce que Guy voyante entendant,luy dit, Moniieur-Je voy bien que vous elles
kauant:me voudriez-vous dire que c'eft de foy ? Sur quoy demeurant tout efperdu,dc-
uint rouge:mais avant reprins cou rage,rcfpondit,Qu.ec'eftoit fVire les commademens
de Dieu. Sur ce Guy rcpliqua,qu'il ne demandoit pas quels eftoyent les fruits de la
foy.mais que c'eftoit que foy. Or il eftoit fi fçauant que iamais ne fecut dire autre choie.
En après ils parlèrent des images l'vn dit qu'il n'eftimoit toutes les images des temples
Notez ici non plus qu'vn petit babouin qu'il monftroit fui Tappuy d'vn banc. L'autre s'oppofa à
U"cffeCîcU l'encontre , dilant qu'il les eftimoit d'auatage à caule du lieu. Et Guy leur dit,Meilieurs,
ccïiï qui s'e diiputez donc premier enfemble &c vousaccordez,& puis nous parlerons d'autres cho-
frimcnc fr- çc$ car pU ,s q,ie par voftre dire le lieu fait les images plusexccllentcs,quon couppe ce
S" petit marmout'ct du banc,& qu'on le porteau temple,& adonc il fera aufll exccllét que
celles qui y font. Semblables autres propos furent tc nus,mais qui ne valent d'élire
recitez, & moins d'en eferire d'auantage. CL e lîeur Tramcry,capitaine, accompagne
decinqou fixfouldats d'vn Preftre (qui par fes geftcs& contenances donnoitàen-
tendre qu'il auoit plus humé que (buffle) vindrét à Guy,&: miret plufieurs queftiôs en a-
uant,& entre autres de la Cene. Guy fur cela printoccafion de leur demander que c'e-
ftoit que.Sacremcnt. Tous ceux qui deuant cefte demande caufoyent comme per-
roquets,furrnt plus muets que poiifons:donnans bien à entendre qu'ils eftoyent hors
de Icurroolle. Mais Guy s'addrc/Tant au Preftre, dit, Voicy vn homme d'eglife: c'eft
lîvionr.ce fon meftier défaire des facremens,il nous dira bien que c'eft. Le Preftre dit, que c'eftoit
d'vn prcilre vn [ccrcz incognu à Dieu &: aux hommes. Guy nel'entendit pas bien : mais aucuns de
5icuk"C " ceux qui eftoyent près de luy, dirent qu'il rcfpondoit ai nu*. Et certes c'eftoit vne refpô-
fe digne de fa prcftrife.Or en ceftedifputeon mitlbuuent en auant le Hoc eft emm corpus
tneum. Mais Guy leur monftroit qu'on doit entendre ces paroles comme les plus an-
ciens Doîteurs de lEglife les auoyentexpolecs.Etentrc les autres Docteurs il mit en
adAdmun" auant (ai net Auguftin qui àiv.Lc Seigneur ri a point fut difficulté de dire > C'eft mon corps , quand
rmucap.i. ^donnoit lefignede fon cor^.Quand ils eurent ouy cefte reipofe, qui ne fauorifoit à enclor-
re le corps delcius Chrift fous vneoublic cuitte entre deux fers, ils commécerentàdi-
re(commcpar maniered'exclamation) Leiigne? le/igne? Voire, dit Guy, le figne:car
ainli parle S. Auguftin. regardez (i vous voulez fuyure cefte expofition qu'il donne.
Lors le Preftre( lequel les Gentils-hommes auoyent fait retirer pource qu'il gaftoit
tout)fe fourra derechef tout au trauers de la troupe,&: répliqua fur la fentence defaincl
^branle Auguftin:Il s'cnfuit,dit-il,au mefme lieu,£/? ver* caro chnflt. Ce Preftre fe monftra d'v-
Ivn pre nc impudence (î effrontée, que Guy s'eftonnantneditautrechoiefinonque cela n'e-
ftre* ftoitpasenfaincl: Auguftin: & mefmes repugneroit à ce qu'il appelle ligne: &: qu'au
refte il falloit faire accroire cela à des petits enfans ou pluftoft aux beftes. Et après qu'il
leur euft dit qu'il s'offroit de monftrer par les liures du Pape mefme, que la doctrine Pa-
pale eftoit faufTerils s'en allerent,luy diians qu'il fe vantoit de grand' chofe,&: que ia-
mais les Miniftrcs de Tournay n'auoyent oie difputcr contre ceux qui fe prefentoyent.
Ce Preftre ditenfortant qu'il luy falloir des fagots pour faire la difpute. Tramcry dit
aufll en fortant àGuy,qu'il eftoit encore plus mefehant que fon compagnon Delà Gr.î-
ge. ^Apr e s cefte volée, voicy arriucr la Cote/le du Reu, accompagnée de beaucoup
dedamoi(elles:laquclled'entrce regardant la groflechainedefer à laquelle il eftoit at-
taché,dit,Mon Dieu,monficur Guy, ienefçay comment vous pouuezdormir, manger
ncboire:il me ièmblc quefi i'eftoye cnveftreplaceque icmourroycdepeur.MaDa-
Et les affauts par eux foujlenuzj. 674.
me, dit-il, la bonnecaufe que ic fouftiens,&: la bonne confciencelaquellc Dieu me don-
ne,me fait dormir, manger, & boire mieux à mon aife que tous ceux qui me veulent £™ fiddc
mal:Svr quant à ma chaine&ràmes liens, tant s'en fuit qu'ils în'clpouuanrcnt, ne qu'ils Chrcrtien.
me (byent en horreur pour troubler mon repos : qu'au contraire ie m'y delc&c & glori-
fie^ les cftime plus précieux que les chaincs&les anneaux d'or & ancres fcmblablcs
ioyaux precicuxrcar ils me (ont plus profitables, de quand j'oy le Ion de mes chaînes , il
mefemblequei'oy quelque doux inftrumentdemuiiquelbnncr en mes oreilles: non
pas que cela procède du naturel de tels liens ,mais de la caufe pour laquelle ic me voy
ainli traite, quieft lafain&c parolledc Dien.CCefte Dame Iuy die, qu'eileatioit c nten-
du qu'il delchiroir fort le leruicediuin de leglile Romaine en lesprelchcs. Madame,
refpondit Guy,i'en parloye félon que mon texte le requcroit,&: non autrement:^: d'au-
tant que Iclon ma charge il falloie aduertir le peuple des abus & idolâtries qui meinent
les potircsames à perdition. ^Cefte Dame feit cnuoyervn lot de vin à M. De laGran-
gcluy mandant que s'il vouloit retourner en l'eglife Romaine, elle luv en donneroit
tous les iours autant. Mais elle perdit temps autant cnuers l'vn que l'autre. ^ Il y eut
lors vn certain pertbnnagejequel parlant du Piugatoircallegi ce que Vergile eferit F.iblcsPoc-
aux Eneides,des champs Elilez,&: d'vn Tantalus, lequel eftoit en l'eau iufques au men- J'^" jjjjj-
ton,& quand il penfoit boirc,leau fe retiroiten arrière eftoit ainfi puni pour l'es ex- ^loJ'dc--
ccz. les autres cftoyent pendus au vent pour les purger, &:c. Mais pourluv coupper bro- Aillent.
cheGuy luy refpondit en vn moc,Monficur,ce (ont fables de vieilles: il faut amener les
authoritezdesdiuinscfcritslîonvcutquc nous croyons quelque chofe. Lors il dit, le
penfoyebien que vous merefpondriczcrla.^Ily vint encores d'autres danioifellcs, def-
quelles plulieurs cftoyent ieuncs&r brauementartifecs. Et vne des vieilles , dit , Voicy
a/ïez pour tenter môfîeur Guv.de voir tant de belles filles Ma-damoi(clIc,dit Guy, ear- To'l,cc for*
1 , ' 0 te île gens
dez-lcs des rentations de vosPreftres& Moincsrcar vous içauez qu'ils (ont hazardeux viennêtvoir
en rellemar< handife.^VN autrciourvnegrand'compagniclevjncvoir,entrekfqucls Gu>-
y en auoir pluiîcursquiraiioycnt femblantd'cftre fort fçauans. Ils parlèrent des acci-
dens fans fu bilan cc,àlçauoir s'ils pouuovent habiliter fans leur fubiect,& àlçauoir fi les
accidensfansfubitanceauoyent poids. L'vn d'iceux fouftenoit fort &z ferme qu'ouy:
deuxauercs de l'a compagnie luy nioyent. Accordez-vous par cnlcmble , dit Guy,&
puis nous acheuerons.Lcur ayant dit cela, il adioufta, Puis qu'il ne refte que les accidens
fans fubftanceau Sacrcmentjqu'eft-ccquiy poife?eft-cc le mcfmepoids quipefoit dé-
liant la confecration.?on ne peut dire que ce foit lafubftanc .cdu pain: car on die qu'elle
n'y cil plus:ce ne font pas auffi lesaccidcns, à fçauoir rondeur, blancheur, grandeur,
fans leurfubftanccrcncores moins lecorps de Clirift: car vn corps auflî grand 5z auflî
grosqu'il pcnditcnlacroix,poifeplusquenefait la fubftancc de fi peu depain.Ev x
oyans ces propos s'en allèrent confus fans rien refpondre, lînon qu'ils n'eftoyent pas
Theologiens:maisGuy Ieurdit,Or-bicn Meilleurs, faites donc venir vosTheoIogiens,
& vous nous orrez s'il vous plaift. ^~Apr e s qu'ils eurent efte là detenusdixou onze Dcbatcnrre
iours,ilyeut vn grand débat entre les feigneurs: les vns les vouloyent auoir à Vallen- ,cs eiemiis-
cenes : ceux de Tournay ne les vouloyent rendre,difans qu'ils auoycntcftèprins fur le ^^""ics
Tonrnefy:&: ledebat monta fi grand entre lefieur du lieu & lefieurdeQuarrcuaux, priûmnicn
qu'ils te battirent prefquc l'vn i'autre,&: fut-on bien tard en la nuiit empelché pour les <JcTourna/-
appointcr.Du Reuqui ne les vouloit laiifer aller,print le lendemain la poftc,&: s'en alla
à Bruxelles pour parler à la Dticheflcdaqueilcluy commanda deles rendre aux Vallen-
cemrs. Le lendemain delbn arnuee,bicn matin on vint dire aux prifonniers qu'ils
s'appi efta:]*ent pour partir.les vns difoyent que c'eiioitpour mener à Bruxelles: les au-
tres à Vallenccnes. Soudain le heur de Moulbay lieutenant du chafteau ,auec l'vn
dcsCommiflaires,&: plufieurs Capitaines vindrentà Guy-.lefqucls parlèrent de l'inuo-
cationdelaviergeMarie,&:desSaincts.Sur ceilleurdit, qu'on nedoit inuoquer finon
Dieu feul par Iefus Chrift , qui eft (bal Aduocat& Interccifeur, comme rEfc riturc en- u demâJe
fcigne:&: quant aux Sainch&ala vierge Marie,ilsontferuia leur remps,commedit le «JeMoulbay
faincl Efprit par la bouche de fainéfc Paul,djfant que Dauid après auoir ferui à fon teps Aftesij.
a efte recueilli aucefes pcres.Si donc il pouuoit encore lèruir à noftre temps & nous ai-
der,cefte manière de parler feroit vaine&: fuperfluc. D'auantagel'Apoftre cfcriuant Cihl-6-
aux faincls del'Eghfedes Galatiens,dit:Cependant que vous auez le temps faites bien
àtous.Surcelafvnluy dit,C'eft mal argumenté àvous,de dire, cependant que vous
XXx.iiii.
L«*ro VIIL Cjuy de lires, auec Peregrin de la (jrange.
eftcsàTournayfaitcsdubiems'enfuit-il que ic n'en pourray faire quand ieferayenvnc
autre villc?Monlieur,ditGuy>mon aigu ment, qui cil aufficcluy que fait rApoftre,n'eft
pas fonde fur le licu-.mais furie temps & temps, à fçauoir qu'au temps prelcnt on peut
aider l'vn l'autre, mais qu'après cette vie l'on n'a plus le moyen: Mefme(lcur dit-il) les
faincts trefpailez ne fçauent rien de nos affaires. Et pour prouuer cela, il amena l'exem-
ple du Roy Ezcchias,auquel le Seigneur dit que pour fon bié il le retireroit de celte vie,
Momb h * (luelcs ycl,x nc vilTent la vengeaneequ il feroit de Ierufalem. femblablcmét Moy-
fc,lequel dit à Dicu>5i/V> trouuêgratt deuaMtoy^tue-moy^a fin que mes yeux ne vvyent pu mon
mal. entendant la ruinedu peuple. Lors vn de ceux-la dit, que ceci fe deuoit entendre
Aur"",uli- des yeux charnels.Guy fur ce propos allega fainct Auguftin , lequel parlant de fa mere
Jroniortûu Monica femme fain£teô£ vcrtueufe,quieltoit trefpaiTce, dit, Si les faincts trefpailez fça-
agenda, uoyent nos affaires &: nous pouuoycnt aider : ma mere qui m'a toujours fuiui en mes
voyagcs,&quincmepouuoitvoirfafché,ne mclaiiTeroit pas à prclént.mais c'clt-cc
Pfcau.1". 4U' e^ eferitau Pfeaumc, Mon pere &c ma mere m'ont abandonnez, mais le Seigneur
veria 10. me rcçoit,&rc. Et en Efaie,Tu es noftre Dicu,Seigneur. Abraham noftre pere ne nous
Ifaic 6]. a point ccgnu,& Ilracl nc nous a point feeu. ^ Ils luy demâdercnt puis après, s'il croyoic
quela Vierge (bit demeurée vierge après l'enfantement. Il rcfpondit, qu'ouy : d'autant
qu'au fymbolc clleclt nommée Vierge,&: qu'il la tenoir pour la plus hcureul'e entre tou-
rne-- tcslesfemmes, comme l'Angcluy dit,&: auiliElilabet facoufine;& qucllecfton la mere
du Fils de Dieu, l'ayant enfante vray Dieu &: vray homme. ^Ainfiqu'il leur ttnoit ces
proposais le regardoyent I'vn l'autre, comme s'ils eulTent eu autre opinion de luy. Puis
le lieur de Moulbay dit, Vous ne croyez pas qu'il foitvn Purgatoire. G. Pardonnez-
moy,Mon(icur,ienefuispasdeccux qui nient qu'il y ait vn Purgatoirc:caric tiens le
a Cor.f. *ano c^u ^c ^cu Poul *e purgatoire des péchez de ceux qui fc repentent &C cm braf-
Eph.1. fent ce bénéfice par foy: mais ie ne cognoy pas les forneaux&: roftifleries des ames, co-
Culoffi. mc jcs fab\cs des Preftrcs contiennent. Et Moulbay répliqua en colère contre Guy,
qu'il pouuoit aulfi bien nier l'enfer : mais Guy luy dit qu'il y auoit vn enfer pour les ini-
MattL 15. ques 6c mcfchans,ainfi que la parole de Dieu cnfeigne,& non pas vn Purgatoire tel que
Luc 13. jcs Prêtres ont forge. Moulbay luy dit qu'il fçauroit s'il y a vn en fer quand il feroit dam-
né. G uy luy dit qu'il auoit fon luge au ciel qui en iugera tout autrement:&: que de cela il
en eltoit tout certain par fa*parole. CEn ces entrefaits voicy arriucr le Capitaine Tra-
mery, qui les deuoit. mener iufqucs à fainit-Amand . Ileftoit fort irrité comte Guy
pour les propos qu'il auoit eu auec luy &: auec fon Preltrc récitez ci deflus. Il s'en vinc
doncà luy bien rudement, &: dit,Marche,marche:puis le fît monter fur vn chariot fans
paille n'aucun foulagement, finon que pour l'affliger d'auantage il luy fit enferrer les
deux ïambes de gros fers :& lier les mains d'vnecorde,fans vneautrequi leierroit par
derrière. Cependant Dieu luy faifoitccllegracede dire, Mon Dieu,ic reloué &: te re-
merciedeta bonté enucrsmoy, tu meconfoles& mefortifies:&: eniettant fa veue fur
laques i. Tramery,illuydit,Iugcment fans mifericordc fera fait à celuy qui ne fait point mil'eri-
corde.^Eux en telles deftrelTes edeuâs les yeux au ciel,inuoquoyétDieu,à cequ'il les co
folalt &: fortifiaft de plus en plusrce qu'aulTi il fcit.Car côme ilz cftoyét là eftéduz,licz>&:
enchainez comme brebis deftinees à la boucherie : voila le Seigneur qui toucha le
cœur d'vn des Commiflaircs, qui leur Ordonner de la paille pou ries fou lagcr,fe mon-
trant humain enuers eux. Ainfi furent tirez du Chafteau , &c auec grande compaignic
dcfoldatsmencztoutàtiauersde Tournay : plufieurspoures fidèles les regardans en
pitié, & nofansfonner mot. Finalement ils arriuerent à S. Amand, endurans extrê-
me froidure : où deux cents foldats^ks attendoyent. On leur changea de chariot pour
Brun5i|de ^CS rnenerc0 la vi^e de Vallencenes. Ai riuez qu'ils y furent, Guy pour le premier fut
m laquelle logé en lapluseftrangcprifonquifoit,&: où on n'auoit point accouftumé de mettre
cft.»ilefc perfonne. Celle prifon cft pour fon obicurcté nommée Brunain,où il auoit l'air par
kc nourc vue treille de fer, fur vn trou puant à caufedes ordurcs,&: où mcfmes lesyurongnes re-
brebk dcicjentc5muncmcnticurSvrinescngrandeinfcction&:puateur. ^Tclleeft l'hiftoire de
ftisChrift. ja p^ifc &: cmprifbnnemcnc de ces bons perfonnages, extraite de leurs eferits: fpccia-
lement de M.Guy, lequel feit deuoir d'eferire aux Frères de Vallencenes chofesgra-
ucs&: d'edifîcation:& lesdifputesdu x v i.&x v n. d'Aurilauec vn Cordelicr,ô: plu-
Ceurs gens d'apparence, rouchantla primauté du Pape : en attendant de iour en
iour M. François RichardotEucfque d'Arras. ^Mai s pour déclarer le foin &:l'aMc-
Eferits deCjuyDe lires. 6yj
âion qu'il auoir du falut de ceux defqucls il eftoit encore Pafteur,il leur manda par Ler- Soin & ro,._
très ce que s'enfuit, citude d <n
ES bonsfrercs,ic n'ay foin quedevoftrcfalur,c*:quedemeuricz fermes en la do- J"ydJ£'p^
ij|jfctrinc laquelle nous vousauons prcfchee:d'autant qu'd n'y a poinc de doctrine fa- rolc de
ïutaireencemonde, finon celle-la: Parquoy prenez nous pour patron de patience, &: Iiicu-
qu'il ne foie pointgrief aux brebis de {uiurc leur Paftcur.Car par la grâce de noftre bon tS/dc Î'E-
Dicu (auquel appartient couc honneur &c gloire ) i'cnfuy les pas démon bon Seigneur uangilc cft
& maiftre Icfus Chrift au plus près qu'il m'elt pollible. ^ N b regardez pas à ceux qui le ^neqjj'"
rcuolrcnt de la vericé îoumellement, defqucls le nombre(comme i'entcns)eft fort apporte fa-
grand. Ils font deccuxdcfqueIsChriftadit,qu'ilsreçoyucntlafcmcnLC de la parole de J"^" cro"
Dieu enterre pierreufe : ibudain que pet fecution & affliction aduiennenr pour la paro- Mactk.13
lede Dieu, ils font fcandaliiez,&: abandonnent là tout. Or que tels fâchent qu'ils n'ont (
pasainfiappri«sChnit:voircsil leur (buuient comme nous leur auons prefehé. Le s p ^
vns auront d'oref-enauant leurs ventres pour leurs dieux, les autres les idol es, & les au-
tres deuiendront A theiftes.c'eft àdiregens (ans dieu. Car lesiuftes iugemensde Dieu Triftcfle,&
font & feront dcfploycz fur tels contcmpceurs.Iedi ccci,mes frères, en pleurant àchau
des larmes.Hcïas, helas!&: cent mille fois helas! poure peuple de VallcncenesJ quand Dieu,
ilmefautouyrlcsrcuoltcmens &c apoftafiede tant de gens, &: cependant cen'cft en-
core rienimon cœur cft tranfpeicé de douleurs. Helas.'ievoy aucnircequepluiicurs
foisie vousayditen mes prefehes: Qv e il telles apoftafies^: reuolcemcns font ad-Apoftjfies
uenusenlaprimitiueEglife&du temps des Apoftrcs: cen'cft chofe nouuelle fi de no ** JjF de
ftre tempsnousoyons&: voyons le fémblable. Pource l'Apoftrc fàincl: Pierre parlant ^We&d"
parrEfpricdcDicude telsreuoltez apoftats,dit qu'il vaudroic mieux qu'ils n'eufTent "Ilc » F«-
iamais cognu la verité, qu'aptes l'auoir cognuc fe deftourner dufainct mandement. cat*
mais ce qu'on dit par vn vray prouerbe leur cft aduenu, Le chien eft retourné à fon Proucr.K
propre vomiflcment,&: latruyelaueeeftretournee au veautrement du bourbier. Au
refte,mcflîeurs mes bons freres,maioyc,&: ma couronne, loycz fermes en la vertu deIhl'4
noftre Dieu:& ne foyez pas comme le rofeau branlant à tous vents, mais eftanscnraci Mann
nez,fcrmes& fiables, fouftenez conftamment l'efpreuue &: l'examen du Seigneur. Si Ephci.4
vous cheminez en la crainrede Dieu, il retournera fa face versvous Se vous deiiutcra,
renuerfant vosennemis(quifontlcs liens)5»: vousdonnera plus grande liberce pour lcAmour mii
feruir queiamais. Or comme ainfî foit queie vous aye toufioors porte vnc amitié tud& rea*
trefcordialecn mon coeur , &: qu'au iîi de voftrecoftéi'ayefenti le meime en beaucoup ^
d'cndroits(dontievous remercicjd'autantque maintenat il mefembleque mon Dieu desbrebu.
me veut retirer de cefte pourevie pour me mettre en fon repos, vous n'aurez plus de
moyen decontinucr vers moy voftrc-ditcamitic:ie vous prie &fupplie de la côtinuer
cnuers ma poure femme & mes petits enfans. Car pour le Fils de Dieu &pour voftrc
feruice,cllecft priueedefon mari,& les enfans de leur pere en leur tendre ieunefïe. Ne
faites pas vers eux comme i'ay veu faireenuers plufieurs autres vefues, les laiffans-là Les orphei
fans s en foucier.Et ne vous attendez pas les vns aux autres, mais aiîï.tezla poure vefue^* r^ô
Sdfes petits enfans en ce qu'elle aura bcfoin de vous. Que li vous vfez d'ingratitude, &: mandez de
qu'après mon trefpas me mefcognoilficz en ma pofteritéde Seigneur iufte iuge le verra Dlcu*
&: s'en fou uiedra. Or, mes bicn-aymez,ccqucieparleainfi,n'cftpasqueic mr derfiede
vous,ne qu'aucunement icndoute:carieiçay&: m'affeurc que mcfmcs vous ferez plus
que ie ne requiers de vous. Et d'au rat qu'il me faut eferire d'autres choies qu i vous pro-
fiteront d'auantage,icferayicy la fin delà prefente. Priant mon Dieu qu'il luy plaifc
vous fortifier en la cognoifîance de fa parole iufqu a la fin, Amen, Amen, bon peuple de
Vallencenes.Des priions de la ville, en mon trou nommé Brunain, ce x v m.d'Auril,
m.d.l x vu. A Dieu mes brebiettes,bien vous foit.
A T O V S mes cher* frères & fœurs fidèles de l'Eglifc reformée de !a ville de Valleneencs, Guv de Brcs,
voftrc MiQiltre&Palteur.vo isdefirc grâce & milericordc de Dieu noftre bon Pcre:& vn accroilîcir.cur. &
augmentai on en la feience Si cognoiliàncc de noftre Sauucur Icfus Glu ift, Amen.
R E S-C H E R S frères &: fœurs en noftre Seigneur Icfus: pource qu'en mon cm-
y » ; Argument
prifonnement plufieurs me viennent vihter,les vns pour voir marace par eu rio- maigres , &
literies autres pour m'ouyr parlcr,à caufe qu'ils ont ouy parler de moy:Ic voy qu'ils infi- débiles def,
ftentquali tous fur l'antiquité, & fur le long temps qucl'eglife Romaine a tcnula do -.^Roiva
Liar<u VIII. Çuj De %es
niftcs vfcnt c\nne qu'elle enfeigne: 11 y a(difcnt-ils)plus dequinze cents ans. Et principalement
m^"apour (comme ils difcnt) elle a toufiours fentiainfi du Sacrement de la Cenc,&a tous les
maint'c .r Docteurs anciens pour elle :auec le confentementvniucrfcl de tant de ficelés, de tant
leurRch- Repeuples &; nations. Or ie veux bien vous cfcnrcce queie refpons,&ce que ic fens
S °n de tout ccla:à fin de toufiours vous édifier de plus en plus en la cognoiflance de la vraye
La Cenccft doctrincjaquclleic vous ayprelchee &c enfeignee.Et notâmenr ie vous veux eferire du
paixïdt poinftde la fainetc Cene:pource que c'eft là principalement que tous s'arreftent: &c
mitié. que de là Satan prcntoccafiondeconuertirleSacrementdepaix Se d'amitié, en occa-
fion de trouble&: d'eftufion defang, comme il aduient ordinairement en toutes leurs
&bSc difputcs. Premièrement doncie veux monftterquc le contentement &. accord du-
.icicripnoa quel ils fc vantcnt,clt faux:&: n'eft qu'vn babil de paroles pour efblouir lesycux des fim
traita^1*11 p'cs.Puis iemonftrerayqucles anciens Docteurs leur fbntdu tout contraires ainii
nous traittcronsdetouteslcspattiesdeccfainCt Sacrement félon que mon Dieu m'en
Humble & fcrabgracc en mes licns,Ôc enceftcobfcurctéoùleiournemedonnegucresdeclarté.
Tufe.^ " Vous iupporccreZjs'il vous plaift,cequc vous trouuerezn'eftre couché en fi bon ordre
que ic defire,ne fi bien poli qu'il eft requis. Ic feray donc comme iepourray: & non corn
meievoudray. ^Or pour venir au poinct,les aduerfaires de la vraye Doctrine difenr,
quelcglifc Romaine aucc tous fes Docteurs a toufiours tenud'vn mclme accord que
laconlecration du pain & du vin au Sacrement, fefaifoit par ces paroles du canon de
leur Meife, à fçauoir, //oc c/?twi» corpm meum; &c quaufn le vin eftoit coniàcrc par ces pa
rôles de leur mefmc canon, Hic cfl enim calix fanguinit mtinûui & Aternitejlxmcntt^myderium
jideirfuipro vobif &*pro mulru ejfunàeturtn rcmifiionem pea<itorum:ccl\ à dire,Car c'eft le calice
de mon fang du nouueau & éternel tcftamcnt,lc myfterede la foy,qui fera efpadu pour
vous &z pour plufieurs en remiftion des péchez. Or voila les propres mots desquels ils
vfcnt pour conuertir le pain &: le vin au corps & au fang de Icfus Chrift.Et fi vnelyllabe
dccesparollesdefailloit(difent-ils)iln'yauroit pas detranfTubftantiation. le vous prie
ouurez vosyeux, mes frcrcs,& voyez commeils accordent auec Icfus Chrift en ces pa-
Luc ii. rôles. Voicy les paroles de Iefus Chrift,Ce eft mon corps,5cc.Cc calice eft le nouueau te
dament en mon fang, qui fera cfpandu pour vous. Conférez les paroles du Canon de
mua
ceSc pre
SpSonî leur Mefl"e,auec ces paroles de Chrift,&: vous verrez corn me ils ontefté fi outrecuidez
paoa imolc &; prefomptueux dadioufter à la con (ecration du pain leur £«/w,c'eft à dire, car : lequel
rm^,,{"Romotnefetrouueen nuldes EuangeUftesny en faincî Paul:&: cependant plufieurs en
LcgraJcrc font fi grand cas qu'ils ofent bien affermer que fans ce mot d'-F»//», la consécration fe-
d Vn-nl|llC roitimparfaite,& que le corps de Chrift nefci oit nullement en la Méfie. Mais ic vous
Romaine C prie quelle im pudence defefperee eft-cela,que les hommes mortels,voiredcs méteurs
au mot t- pOVirroutpotragc,oi'cntadioufter,diminuer,&:changcrlcsparolesduFilsde Dieu,ac-
fi^iificïcu- tendu que le Seigneur a défendu fort eftroitcment de ce faire?Car voicy comme le Sei-
knKt.car. gneur parle,Tu n'adio uftcras,&: ne diminueras rien à ma Parole. Item,Tu n'adiou-
Proîicî o Itéras rien aux paroles du Seigneur :& n'en diminueras rien, à fin que tu ne fois reprins
1 &trouué menteur Mais fi leur Enim qu'ils ont adioufté aux paroles de Iefus Chrift eft
tant neceffaire que lecorps de Chrift n'eft pas au Sacrementfans la prononciation d'i-
celuy:ilfaudroit donc dire que Chrift auroitefte mal-aduifédene l'auoir prononcé en
faCene. Et but bien dire que les Apoftres qui ont receuce Sacremenr confacré fans
£/ï/w,n'ont pas receu Chrift. Ce quiferoit du tout mefchantàdire&: àpenfer. Us ont
donc adioufté Enim^&c ont retranché le principal des paroles du Seigneur en emoy con-
fîftetoutnoftrefalut,àfçauoir,^oc//'rovo^fwci/r«r:c'eftàdire, qui eft liuré pour vous.
Efaicî3 Qui e^ cc'uy ne *ac'lc bien,que îaçoit que le corps de Chrift ait efté liuré à la mort,
qu'il ait efté déplayé &: nauré pour nous de toutes pars: que neantmoinsil ne nous
Fauflc caiô profite de i :icn, fi par vraye &: viue foy appuyée fur les promc/Tes de Dieu, nous ne cro-
ucrfalrcs^ yons fermement qu'il nous eft donné, &: que tout ce qu'il a fait eft pour noftrc falut ? Ic
dy donc que c'eft vnfacrilege abominable d'ainfiaccouftrer la Paroledu Fils de Dieu.
Us ditént que nous prenôs la parole de Dieu pai loppins,&que nous la brouillons: mais
les pecis enfans en peuuent iuger. Regardez aufîi les paroles qu'ils prononcent pour
Ccnc3 confacrerlevin,commeielesay récitées cydeiTus,&: les conférez aucc celles de Chrift»
ôevous verrez qu'elles font toutes diucrfes,brouillees,& pleines d'additions. A ppartiét-
Colof.1 il à l'homme quiin'cft que cendre &: putréfaction dadioufter à la Parole de Chrift:
auquel , comme ditfainit Paul, font cachez tous les threfors de laSapicnce& Scien-
Efcrits de (juy De Tires. 6 76
Ce de DieufSi quelcû entreprenoit d 'adioufterou diminuer quelque choie au teftaméc
dcquelque home mortel, vn tel neferoit-il poinc rendu infameàtout iamais &ind/gnc
d'eftrccrcu>En quelle eftime donc aurons-nous ceux quiofententreprédred adioufter
ou diminuer à vn tel teftament,lequcl n'eft pas ligné &c fcellé par cire n encre, ma is par
leiang précieux de IcfusnoftreSauucur'M a i s, voyons comme ils (ont vnis.lls difent
qu'on a toujours confacrépar lcsmefmes paroles defquclles ils vient pour conlacrer. L'opinion
Voila Innocent , & l'Eicoc , qui difent que la confecrarion fe fait par ce m oc {BencdiXit) JJjJJjj-*
pource qu'il eft dit croelefusChrift printdu pain &C le bcnit. Lombardus,&: Pierre • ^
Comeftorcftimoyétqu'ellefe fait par les paroles du canô de laMeife:àTçauoir,/«6c/?<ec Lombard*
ptffeni&c&l ces parolles(fu ay bonne memoire)tediicnt en laMeife après le<; parolles Orales i
qu'ils appellent Sacra mentales. Qu'on liic la Liturgie de Ghryfoftome , &: de Baiiie, ce innocent,
on verra que le miniftre entent conlacrer par prière. Pareillement iaiiul Cypfien au chr.vfofto-
fermon de la Cene, recitant les parollcs par lesquelles oncontàcroit de ion temps, ne Bafile
ditpas,Ceryç/rwo»co>^,mais Ceçyeftma chair.îl eft vray que lecoips eft bien la chaîné la cyrrKn-
chair lecorps.Et S.Ierofme fur Sophonie(ii bien ie me recorde) reprent les preftres qui
penfoyent coniacrer le corps du Seigneur par prière feulcm en t,&: leur dit que la bon-
ne vie y eft auiîî requife. S. Grégoire auflï en fes dialogues chap.36. dit quedu temps des De Cre-oi-
Apoftreson confacroitiimplementparl'oraifon Dominicale. Il ne dit pas, &c par Hoc re-
eftenimeorpus meum.Ez toutesfois on voit combien obftinément ceux de lYglife Romai-
ne debatent pour la prononciation de ces paroles &: de leurs fyllabes.Si ie vouloye icy
reciter tout ce qu'on pourroit produire des Anciens touchant ce poin&,ie n'auroye ja-
mais fait:feulcmentie les prie qu'ils voyent comment ils font vnis,&: cornent ils prou-
ueront qu'on a touiîours confacré par Hoc eft entrn corpus meu m. Qu'ils accordent ces flû-
tes enfemble,& puis ielcurdemanderay, d'où ils viennêt imaginer que la côiêcrarion
foit faite iuftcmët par ces cinq parolles.Si la côfecration ièfaiibic par le recit de ces pa-
roles ,pourquoy leseicriroyenc diuerfemécles EuagcliftcsrVrayeftquequât aux parol-
les que Chrift proféra rôpant & diitribuat le pain, qu'ils s accordét.-car rous difent, Cecy
eft moncorps(côbicn qu'en Grec foit autremet cfcrit,à içauoir:Ce eft ce mien corps)mais
quant à celles qu'il pronôçaprefentât la couppe,ou le calice, ils les recirenr diuerfcmêt, Matd,**tf'
d'autat que l'vn dit,Cfçy eft mon fang du nouueau teftamenuY&mrc àit^Ceftecouppe eft le nouueau i_uc tu
teflrtmeTenmonfangmeimcqui plus eft,S. Marc dit que Iefus Chrift prononça les paroles M-»«i4
de lacouppe après qu'ils eurétbeu le vin. Par quelles paroles donc ftittralfubltantié le
vin,puis que fans la prononciation des paroles le vin n'eft que vin?iedemande(dMc)pai"
quelles paroles lacouppefurcôiacrce.ÈrafmcdcmeurelàtouccourtenlêsAnnotatiôs, ErafmC x
&yappcrçoit qucrquechoiépliisquilnaofédire.Qy 1 eft celuy donc qui ne voit bien Plus coKn«
que l'egliie Romaine levante en vain defonvnité, que l'on atouiiours tenu ce qu'elle ^ vJ"nz
tient des Sacremcns? CFn après, oyons cornent plufieurs des docteurs de la-dite eglifc vouluefoi-
parlent delà traniîubftantiation, de laquelle on fait Ci grand cas, voire ii grand, que ii vn re'
Chreftientientck croit entièrement touteeque Dieu a commandé en la Parole, &: il
ne croit la traniîubftantiation, fera iuge pourheretiquedigne d'eftre bruilé. Les nou- Tranflùb-
ueaux Théologiens deceftenouuellceglifedifent,quela traniîubftantiation eft de la ftjl,0ition:
ParoledeDieu. Alencontre decefteopinion , i'oppofc leurs propres docteurs, à fin
qu'ils voyent commeilsfontd'accord,ienedipas auec la Parole de Dieu, mais me (mes
auec leurs propres Percs&: docteurs. En premier licu,voilaIoannesScotus leur docteur
fablWjnfententU 1 1 .///>. 4. 5. lequel manifeftement confeile quel'arcicle de la tranf- Comivcn .j
fubftantiation n'eft pas du Symbole des Apoftres,ny es fubfequcns Symboles : mais y a que u
queccftarticleaeftéfinalcmentdeclarc&defîni par l'Eglife, (il parle ainiî entendant jf—J*^
par ce mot deglifc,regIifeRomaine)fous le Pape Innocent rroiiîeme au concile de La- "diéhluro
tran,l'an m.c c.x y Jndecretts^Defurnmatriniute^fidecatholicjUd^cap.firmite^ ce:&par
iUqu'ondoiteftreefmcuàreccuoircefte féntence, principalement poureequ'on doit Sfcot Prc
tenitdes Sacremcns comme la fainde eglife Romaine. Or icelle tient que le pain fcrelcsords
eft tranflubftantié au corps de Chrift, &: le vin en fonfang:&ainii ceplaiiant ôc fubtil jjt"^ ^
docteur après qu'il a confefteque la traniTubftantiation n'eft comprinie ésfommaires Paroiede
de la fby,dit qu'il en faut croire ainiî que l'eglife Romaine en adeterminé: comme iila ç^riélBk!
foyne deuoit pas venir par la parole de Dieu, (comme parlefainct Paul) & non pas par fur Zavô
les ordonnances &conftitutions des hommes. Puis après voicy encores vn autre de dcjaMcflc,
leurs doctcurs,nommé Gabriel Bicl,dit,On doit noter que iaçoit qu'il foit expreflemet ^Sç™
Liurc^ VIII. Efcrits de (juy De Bres.
nuin
v cri te,
demonftic par l'F.fcriture que le corps de Chrift eftvraycment contenu fous lesefpc-
cesdu pain,& eft receu des fîdeles-.cc pendant de pouuoir dire ou cognoiftre comment
lecorps de Cbrill y cft, à fçauoir s'il y cft parla mutation de quelque chofe en foy, ou
nia le corpsdeChriftcommenccàeftrc aueclepain,y demeurant la fubftance & les
accidensdu pain>on ncletrouuepoint cxpreiTcment en la Bible rtoutesfois d'autant
qu'il faut rcnirdesSacrcmens comme la lainclccglife Romaineen tient, comme il eft
contenu Dchxriticvi^cap.aànl ;/cv«/«w: maintenant îccllecglife ticnt&: a déterminé que
Cameraccn 'c Paui cft tranfTubftantié au corpsde Chrift, &: le vin en Ion fang. ^Jt em vnautredo
15, doreur, tu-tir de leur-dite eglife, nomme Cameracéiis,dn'putantdcceschoIesdit,Qu'ileit plus
CO"C icé- probables mieux accordant «a la vérité, il nous affermons qu'en l'Euchariftie demeure
« preferc vray pain &: vray vin,& non pas les accidens : n'eftoit que 1 eglife, vefl à fçauoir Romaine,
le8-il<: f °a cn a détermine le contraire. Voila le dire de ces docteurs dc-l'eglilc catholique H
mainc. Et louéfoit Dieu qu'ils ibnc contraints de confefTerqueceft vnenouucllc do
drine forgée par Innocent i n.de ce nom rlaquclle les eglifes Orientales(quiibnt celles
ftitlaci'ôfor defquelles la lumière cft paruenue iufqucsà nous) iamais n'ont voulu receuoir. E r
geepar m- cju ainu* loit,il appert par la fincfle & ruze du Pape Eugène k~iu.au Concile deFloi cn-
Boccncm. cc(Iequel fut aiîcrnblc pour vnir & accorder enfembic fcglife Grecque auec fcgldè
Latine, touchant le différent du lainct Efprit)cftans les Grecs & Latins accorde / fur ce
Rufc du Pa poinci,ie Pape auec les liens fit tous les efrorts d'amener les Grecs à receuoir l'artu ic de
pc pour in- huranlfubîtantiation du pain $C du vin de l'Euchanftie au corps &: fang naturel de
Ic'crcce *a Chrift:lcqud article Innocent i 1 î.auoit parauantaduxifté&rcoufu auecles douze ar-
rcccuoir la ciclcs delà foy au Symbole des A poltres,en failanr treze ai ticles.Mais les Grecs ne peu-
doclxme. rem ,amais cftix attirez à la receuoir ne par raifons,ne par aucuns argumens.tant cefte
tranifubrtantiation leur fembloit nouuellc, effrange, &c du tout contraire aux cicrits
Prudécc/cr Apoftoliques,aux anciens Percs,&: contre toute raifon, attirât vn monde d'abfurditcz
Jliïc dcl'c aPrcs^°y-^tcom mc ^es ^rccs eftoyent d'accord auec 1 eglife Latine touchant d'où pro-
glifedc Grc cède le fainCt Eiprir,ils prindren t de presgardc,qu'on ne meflaft parmi la lettrede leur
«■ accord, aucune chofe decefte tranilubftantiationrcomme il appert pat la bulle du Pape
Eugène ç[ml~ccomm€nce>Exultentc*lt&*l£tetHr terra. IOk il appert que les Grecs, en-
fembic toutes les egliics d'Orient, n'ont point voulu recognoiftre celte nouuellc do-
ctnnclaquelleils n enflent refufe II la parole de Dieu l'euft enfeigné &: les Anciens. On
doiticy noter quelePape ncreicttepas les Grecscomme hérétiques pour ne vouloir
i!.u>pertky receuoir ceft article, mais le coniointaucceux :6«:dc ioyequ'ila d'eftre accordez tou-
foi* cnant le différent du S.Efprit,ilcricqueles cieux ic reiïouiifent & que la terre meinc
Papale n'a lielfe,&:c.Et auiourd'huy tous ceux c]iu ne veulent croire celte nouuellc doctrinc,on les
menr pair ncnc P*rcs q chien s, dignes du feu &: du gibet:&: cefte doctrine cft maintenue par force
«utéceux 6c tyianic côtretout droit &c raifon. Vous pouuczdonc, mes trelchers frères, facile-
(]ui n'ont ment apperecuoir que c'elc de 1 eglife Romaine ôc de fa doctrine. Elle a beau entonner
uoir fa do- & auoir toujours en la bouche ces gros mots, L'ancienne Religion jEgbfc Catholique & Ro~
ftnnc. mainc:c\lc n'en fera pas d'vn iour plus ancienne ne meilleure. En après pource que nous
ne voulons croire comme eux que le pain &: le vin font vrayement tranlfubftanticz au
MoyC pour propre corps 6c fang de lefusChrift,de forte que là,Ie pain n'eft plus pain ,ny le vin n'eft
tugcrquellc pjus vin,ils nous condamnent : mais voycz,mes frères, Jefqucls de nous deux tiennent
«inouucSc 1 ancienne doftrinetouchant ce poinit. Us afferment de leur cerueau , qu'après leurs
doftrine. cinq paroles le pain n'eft plus, le vin n'eft plus.Or ieprouuc le contraire par la parole de
Dieu ,& par les anciens Docteurs. Premièrement il eft tout euident que les Euangc-
Mattnirf liftes difent que IefusChrift print du pain, le rompit Se le donnaà Tes diiciplcs. S.Paul
Marc 14 par cinq fois l'appelle pain : Le pain^dit-iU i. Cor. i o. que nous rompons ,n'eft-ce pas la
Lllcli communion du corps de Chrift: ItcmjNous pluficursquiauons mange dynpain, fem-
mes vnpain Su vn corps au Seigneur. Item i .Cor.i i . Toutes les fois que vous mangerez
ilc ce pain vous annoncerez la mort du Seigneur iufques à ce qu'il vienne. Item,Qu,icon-
que mangera de ce pain,&£ beuura la couppeâu Seigneur indignement, 1er a coulpable du
corps &c du lang du Scigncur Finnlcment que l'homme s'eiprouue foymefmc,&: ainf]
Aftcs i qu'il mange ce pain 6c boiuc de ccfltcouppe. Et faind Lucaux AclieSjditjQi^e lesdifci-
Ates io ^CS l)Cllcut-rovcnccn ^a doctrine des Apollrc:s,en la fraëlton du pain, en la communion 6C
en oraifon. Etaux mefmes Adcs,il dit,Vn iour du Sabbath,Ies diiciplcs eftans aifem-
blcz pour rompre le p.vn,6Lc.Qiic(ï-cç que laindt Luc&lainft Paul appellent ïkrompre le
pairil
^Idinifire de ceux de Vallencennes. 677
jttw'nous nedeuons pas eftimer que l'ECcriturc fain&e parleainfi clairemec pour nous
deceuoir& tromper. Il eft donc cuident que c'eft pain naturels ces paroles Ibnc fi fer-
mes que fi vn Apoftre, voire vn A nge du ciel annonçoit autremen t,fàinrt Paul ofe pro- Gj,at I-
nonçerqu'ilfoitmaudit,ceftà direexecrable,abominable.OR cotre cefte tac claire &c ies aducr.
manifefte vérité, les aducrfaircs ofcnt bien répliquer en ceftc manière, Le corps de fairesnepeu
Chrift eftlàappelé^Wjpourcequedeuantlaconrecrationc'eftoicdupain^pourcclV J^fi1*
occafion(difent-ils)le nom de pain luy demeure, comme Adam de terre eftant conuerti Dieu,
en chair,eft encore appelé terre,ainfi qu'il luy fut dit: Tu es terre, & en terre tu retour- GcnclJ
neras.& cepédant on vit qu'il n'eftoit plus terre,mais vraye chair. &: Eue pareillement,
pourec elle a efté prife de la chair &: des os d'Adam ,elie eft(difent ils)appelée os de fes Gencfe i
os &c chairde fa chair.I l s allèguent auflî q la verge d' Aaron a efté conuertie en ferpenr,
&cependantl'Efcnture l'appelle encore du nô de verge,côbien qu'elle foitcôuertie en £xoJc +
ferpéç. Mais ces côparaifons font impertinétes: car nous oyons qî'Efcriture dit, qu'Eue
a efté faite des os &de la chair d'Adam.Quant à la verge d' Aaron ,laqlle fut couertie en ifcfte rCfPô
ferpét:ie les prie qu'ils nous monftrét en l'Eferiture où il foitditq lepaincftcôuertiau fe&bléPro
corps de Chrift, & le vin au fangd'iceluy.Et quadTEfcritureappclle Ada terrc,on voy- futer ksfo-
oitq c eftoit vraye chair: au tât en eft-ild'Eue:&: delà verged'Aarô:on voyoit qu'elle n'- Phiftcs-
cftoiç plus verge, mais ferpet,iointaufsi qu'elle deuoit bien toft après retourner en fon "n
premier cftat de verge. Quelle apparence y a-il d'alléguer telles fimilitudes? Or après
qu'ils ont parlé du pain, ils n'oubjient pas aufli d'amener vne fimilitude de la bouteille,
&du vin qui fera dedans. Voila, difent-ils, vous m'auez baillé vne bouteille pleine de
vin:iladuiendraquele-dit vin fera conuerti en vinaigre, quand ic le vous rcndray,ie
vous diray, Voila voftre vin:& cependant ce n'eft point vin,mais vinaigrc:ainu" (difent- vin trâffub
ils)cn prent-il du Sacrement, il cft appelle de fon premier nom,àfçauoir du paih,&c. «éenvinai-
Mais cela eft tant fot, qu'il ne mérite aucune refponfe queparlefens du gouft.Sur ce grc'
aucuns d'entre eux penfènt bien vuider cefte difEcultéjquandils difent que fain£b Paul
parle non pas du pain matériel, mais du corps de Chrift, comme Iefus Chrift mcfme
appelle foncorpsf*/»,difanten{àin& Iean,Iefuis le pain vif, &c. Et voila, difent-ils, la 193,1 *
caufe pourquoy faind Paul dic,Qui mangera de ce pain, voulant mon ftrer qu'il eft au-
tre que matériel: mais telle fophifterie ne peut auoir lieu. Voila S.Paul qui dit,Ze pain .Cono
que nous roptis neftce pas la comumon du corps de CfenffîEftre rôpu ôC brifé eft ch ofe qui ne peut £
conucnirau corps de Chrift .'attendu qu'il eft eferit de luy, Vous ne romprez nul de fes lani^
os.Ils répliquent, qu'on rompt feulement les accidens,&nonpas le corps. Mais puis
qu'ils font fi prefomptucux d'affermer qu'il n'y a là plus de pain ne de vin, quand ils ont
foufflé deiTus,d'où vient que leurs hofties confacrees fc corrompent dedans leurs boet-
tes?Lçs accidens fans fubftancc ne fepeuuentcorrorhprc:&: quand les vers s'y engeri-D'où vient
drentjde quelle fubftance font-ils engendrez? car ils font fubftantiels, c'eft à dire, ils jj^orh™P^
ontfubftâce.Ilsn'ofentdireqcefoitdelafubftacedu corps de Chrift:dc dire auffi que confierce^
cefoitdesaccidens,ilsfecontrediroyent.De quelle fubftancedonc font engendrez ces
vers?Là deflus ils difent qu'il fe fait vn miracle : c'eft, que le corps de Chrift s efiianouit,
& la fu bftanccdu pain retourne après q le corps de Chrift s'eft deffait . Mais q. leur a re-
udécebeau miracle fait jilahafte,& tant fubitement? Qu'ils me difent vh peu, Quand
les ratsrles fouris,lcs araigncs(comme parlcleur cautclle de la MefTc) viennent à le man
ger.mangent-ils le corps de Ghrift?le Seigneur dit, Qui mange ma chair & boit mon fang il a ^
LtvieeterneÛ£.û\cs befteslcmangent.ellesaurontla vie cternelle.Ils difent qu'elles man-
gent feulement les accidcns,àfçauoir grandeur,blancheur &efpefleur fans fubftance.
Mais ie di que les beftes s'en nourriftcnt,SC quand quelques fois on brufle le refte du Sa-
cremenr au feu,les cendres qui font fubftantielies,font elles cèdres du corps de Chrift:
ou des accidens fans fubftance?Ne voit-on pas cuidemment vne beftife plus que br uta-
leîmais qui veut voir l'expérience de leur belle doctrine , qu'on baille vn lot de vin ou
plusàconfacrcràvnpreftre,cenefera plus de vin,car tout fera côuerti au propre fàng Si le vin con
delefusChriftipuis^uecepreftreleboiuej&onverras'ilen fera yure. le demande : fi œc"rJ™ç
les accidens fans fubftanccpcuuentenyurcr.il eft certain que non: on ne s'enyure pa.s
auffi de fang:il faut donc que cefoit de vray vin naturelapres la confection, puis qu'il
peutcnyurer.Iefuis contraint de parler ainfigroffierement, pourec que l'opinion de
ceux qui tiennent le contraire cft fi groffiere &lourde:& toutesfois ils ne m'ont ia mais
fceu donnet aucune refponfe fur cela, paflans la chofe par rifee. Quand ie leur ay dit que
L/Wo VIII- E fcrits de Cjuy De "Bres,
\ iâorànpa ViutoriuscucfqucdeRomeaefté empoifonnéenreceuantle Sacrement: comme aufli
cmp. empoî pareillement l'empereur Henry fut empoilbnnc de la foire : aulîî peu m'ont-ils refpon-
fonnez par du.Maisreucnons à la pure &: fimple parole de Dien,qui dit que c'eft pain, &: qui appel
'"j!hc* lcccquieiloiten lacouppc/>wcr devigne,& croyons pluftoft à ieellequa vn cas de fo-
phifteries&badinages qu'ils ameinent. Nous auons pareillemct les anciens Docteurs
(iedi mefme tous les plus anciens)lefquels ont fenti comme nous, à fçauoir, qu'en ce
C-ftà fuix Sacrement le pain matériels le vin demeurent. En quoy tous ceux qui fedifent eftrc
wreque l'cChrelhenspcuuent facilement iuger que reghieRomainefc vante en vain de fon an-
gliic Ronui tiquïté, entant qu'elle tient vne doctrine touce nouuclle, laquelle aeftéincognueaux
de pjiulqul plus doctes Se anciens Do&eurs.Etquainii l'oit, nous en produirons quelques vns.
té. Premierementvoila vn crel-ancien Docteur,àfçauoir Ircnee,euelquc de Lyon,pro-
quedeLyô" chain dutempsdes Apoftres,lcquelefcriuant contre les herefies liu.4. chap.34.dit, Le
pain par lequclgraccs font rcnducSiCombienquiljbit de U terre jrecemnt la vocation de Dicu^ilneft a-
lors pain commun jnati eucharistie confîftant en deux chofes ,terreftrc , &* celefte. Notez qu'il die
qu'après que le pain terreftre a receu fa vocation du Seigneur (c'en: à dire, ordonne de
par le Seigneur pour lignifier & reprefenter fon corps)alors ce n'eft plus pain, ains t cft
î'euchariftie,c'cft àdire pain d'action de grâces. Nous ne difons pas aufli que le pain de
i.Cor.n laCcnefoitvnpain commun,ouprofane,ainsauecS.Paulnous l'appelions le pain du
Seigneur, pain fanctifié,&:euchariftie. Le mefmclreneedit dauantage, quenoscorps rece-
uans l 'euchariflie ne font pu corruptibles,ayans ejperance de krepm#/o«: par lelquclles paroles il
met vn changement à nos corps,&: l'elgale au changement de l'euchariftie, difanc, co-
rne ce pain commun,aufti nos corps ne fonr plus corruptibles. Et combien que ce Do-
cteur parle fi clairement,toutesfois nos aduerfaires à tort & à trauers veulent de ce paf-
fage d'Irenee tirer leur traiTubftantiation,pource qu'il dit que le pain terrien eft fait eu-
chariftie: mais en cela ils môftrent bien qu'ils n'ont entédu ny n'entendent le dire & in-
tention de ce Docteur,lequel n'a iamais penfe' parler de leur trâiiubftantiatiomains feu
Iement(par fon dire)fait lechangemet de nos corps cfgalemét à celuydu pain.il n'y a ce-
luy qui ne fâche bien que nous ne fommes pas tranflubftatiez, mais q nous demeurons
toufiours ce que nouseftions,eftans feulement changez de qualité : Se ainfi fe doit en-
tendre le changemcntdupain.il demeure terreftre (ce qu'il eftoit auparauant)mais il
eft mue' en vne autre quai ité,à fçauoir en pain d'action de graccs-.ee qu'il n'eftoit pas au-
Oii^cnc parauant. Oyons Origene, qui eft aufli des plus anciens. il dit fur fainct Matthieu cha-
pitre x v : 5/ toutee qui entre par la bouche dépend auvcntrc,& eft ietté au retrait^cefte viande quteft
fancltfiec parla Parole de Dieu & par Oraifon, félon ce quelle a de matière, défend auventre,&eft
tetteeau retraif.mau félon la prière quty eft adiouftce,elIe eft faite vtile,pour proportionner la foyjaifant
que l'entendement deuient plus clair-voyant^regardant a ce qui eftvtiltr. & ce n eft pas la matière du pain
qui profite, mais la parole quiy eft prononcee^a celuy qui ne le mange indignement au Seigneur. Nous
voyons qu'il met tout le profit en la parole :&nonen lamacieredu pain. Et à fin qu'on
entende qu'il neparle là d'autre viandeque du Sacrement de la Ccne, il adioufte, Cecy
foit dit du corps myttique & fymbolque. Or nous deuons noter qu'il nedit pas, les accidens
defeen dent par digeftion au ventre &fortenc par bas:il ne dit pas aufli que le corps de
Chrift defeende làrmais il dit,quec'eft la viande,felon qu'ellea de matériel, qui defeend
Lesaducr- par bas. Parquoy onvoitquela macierc&: nature du pain demeurent. Les aduerfaires
Ciircsicvo- m'ont dit,qu'Origene peut tien auoir erré en cela aufli bien qu'en d'autres choies:
pu VsPc' - mais qui eft celuy qui ne voye bien queeequ'ils difent n'eft qu'cfchappatoire?Car nous
fcritxdcsDofçauonsqu'Epiphanius,&:S.Icrofme,&:aurres ont diligemment noté les erreurs, &c ce-
^rsn?"n"t pendant nefontàucune mention qu'il ait mallc nti delà Cene. Ils ont bien remarqué
awtrccfclup de plus petites chofes fans comparaifon,tellemét qu'il n'eft vray-femblable qu'ils I'cuf-
Scdirc ^entouD^e- Oyons auffi ce que dit Theodoretus en fon premier Dialogue intitulé
iboiu erré. Immuables la huitième page. Il propofe là l'Hérétique &: le Fidèle parlans l'vn après
l'autre. LeFideledit,quenoftreSeigneurluy-mefme a changé le nom des fignes,&a
mftsdhio d°nnélenomdufigncâlbncorps-.&:au{ignclenomdcfon corps. En cefte mefme fa-
gues. çon s,cftantappcléfby-mefme'v^>jr,ilamefmcnommélc ûgne fâng. Puis l'Heretiquc
demande, le voudroye bien fçauoir la caufepourquoy les noms font changez:le Fidèle
refpond,Le but eft cuidemment propofé à tous ceux qui font appelez à ce myftere. Car
il a voulu queceux qui font appelezà la participatiô des myfteres facrez, ne s'arreften t
point à la nature des chofes qui fe voyentemais que par la mutation &: changement
des
^linifire de ceux de Vdlencennes. 6 7$
des noms ils croyenc à la tranfmu tation qui eft faitepar grâce. Car celuy qui appelle Ton
corps naturel/rowew &pain:\c mefmeaullî s'eft nôme U vigne. Luy-mefme aufïi a fait Ican IT
ce ft hôneur aux lignes qui apparoilîent deuat les yeux, de les appeler fion corps & fion fiang:
non pas qu'ils ayét châgé de nature, mais ayât adioufté fa grâce à la n aturc.Puis au mell
me lieu il dit encore: Les fignes myfHques,apres la fitnfiificatio ne fiorttt pat de leur nature : car ils de-
meurent en leur première fiubft ace, figure & forme, & fie peuuct voir <& toucher corne auparauant. line
dit pas en la première fenteeeq le pain & le vin font trâilbbftâticz:mais que le pajn &:
le vin font muez&: changez quât aux noms. Ils (ont appelez corps& fang de IefusChrift,
qu'ils n'eftoyétpasauparauantnômezJlditauifiquelanaturedupain n'eft pas chan-
gee,ains que la grâce eft adiouftee à la nature. Celademonftreclairemet que le pain de-
meurcauSacrement,pain:&femblablement le vin,vin.Ccdo£teurTheodorerus,euef-
que de Cyprcjhomme de grand fçauoir &: fain£teté,eftoit du temps de Cyrille, &: a efté
auecluy au Concile d'EphefeSc de Calcédoine, & le liurc lequel il a eient de cefte ma-
tiere-cy,a efté imprimé à Rome.^Efcoutcz aufîi côme parle Chryfoftome de cefte ma- Po-
tière,efcriuat à Ccfar moine.Deuant la fanclificatw(du pain)«o«* l'appelons pain : mais quand la Sa'u
grâce diurne l'a fiancfifie par le moye du preftrejl eft alors deliuré del 'appellationdu nom de pain>&eft e- chap.itf.
fieuéàCappeUatioduno du corps du Seigncur^cncore que la nature du pamy demeure. Notez qu'il dit
q lanaturcdupaindemeureapresla fan&ifîcatio.Efcoutezauiiîce q ledit Chrylofto-
me dit: Quand Chriftdona ce myflere^ildona duvin : fiemblablemet après fia refutreClio en la table nue
des myttercsjla vfiéde dons:ila -v/e, dit-il, de U génération delà vigne, la ruelle produit du vin & non
pas deïeau. Cyrille fur S.Iean,liu.4.chap.i4.Chrift a donné à les diiciples des pièces (ou £j^e,
morccaux)de pain,difant, Prenez & mangez:cccy eft mon corps. Il dit que ce que le Sei- ^dup.^.'
gneur donna eftoyét des pièces de pain, mais il ne dit pas que ces pièces de pain fuifent
le corps de Chrift .Sainft Cyprien efcriuant ad Magnium liu. i -Epift .6 . Le Seigneur ap- s Cy c j
pelle le pain(lequeleftamaiîe& fait de plu(ïeurs grains) fon corps, & le vin (lequel eft diucrs lieux
prefledcplulîeursraifins&reduitcn vin)fonfantr. Il dit que le pain fait de plufieifrs d^fescf"i:s
* ,r . ., i r • -il- >ti r \t ■ * • i i.Connch.io
grains eft appelé le corps du Scigneur,il ne dit pas qu il le ioit a la vente: mais par appel-
lation. Le mcfmc Docteur au fermon delà Ccnc du Seigneur, Le pain fianclifiè, diz-i\, eft
tf»ryr/Ê,»/4^o«cl7c/>o//«e.ilneditpasIcpaintranilubftantié)ou ce qui eftoitpain, ou les ac-
cidens fans fubftancc:mais il dit,le pain fan&ifîé. Le mel'mc,au fermon des pécheurs
repentans dit, Le breuuagefan&ifié au fangdu Seigneur,eft forti des entrailles pollues,
il dit ceci à raifon d'vne certaine fille qui auoit vomi le Sacrement. Or il dit notamméc
lebreuuagefan&ifiéaufang:ilncditpointlcfang. Saindt Hilaire disl.i. dic,Le corps jjJ'^J*
de Chrift lequel on prent de l'autel: c'eftvne figure quand extérieurement on voit le Poîcîcts. C
pain&le vin:la vérité, quandinterieuremcntoncroitlccorps &le fang de Chrift en
vérité. Il ne dit pas qu'on voit extérieurement les accidens,mais le pain &: le vin. Sainc~t
Auguftinfur S. Iean,homel.i6, Approche toy hardimcnt(dit-il)c'eft du pain,& non pas
du venin. Le mefmc au fermon qu'il fait aux enfans ; Ce que vous auez c'eft pain : & le
calice auffi c'eft que vosyeux vous dcmonftrcnt, mais ce que voftrefoy demande c'eft
d'eftre inftruitcde pain eft le corps de Chrift,& lecalice fon fang. Puis après il adioufte:
Chrift efleuafon corps au cielà la dextre de Dieu. Commet donc eft le pain fon corps,
& le calice(ou ce qui eft contenu au calicc)commét eft-cc fon fang?Mes frères, ces cho-
fes-cypourautantfont dites Sacrement, pource qu'en icelles eft veuc vnechofe:&:
vne autre entcndue.Notez qu'il dit apertement du Sacrement que v eft pain :& que ce
qui eft dedans la coupipc,c eft du vin naturel, te non pas des accidens fans fubftance. Puis
il dit que c'cft-vtfwjytfm^d'aurantqu'vncchofey eft vcué',&: vne autre entenduedacho-
fe quiy eft veuê,c'cft le pain &: le vin:&: la chofe cntendue,cft le corps & le fang de Iefus
Chrift. GelafcEuefquedeRome,contreEutychcs,&Neftorius,dit:LesSacremens
du corps & du fang du Seigneur Iefus Chrift que nous prenons, cefbntchofcs diuines:
parquoy par iceux nous fommes faits participans de la nature diuine,& cependant la i.pimci
fubftance&: la nature du pain ne biffent pas d'y eftrc:&: certes l'image 3c la fimilitude
du corps & du fang de Chrift font célébrez en l'actiondes myftercs. Ccft Eucfque de
Romedit ouucrtement,quc la fubftance& naturedu pain & du vin demeurent aux Sa-
cremens, encore qu'ils foyentchofesdiuincs:&: outre ce,il dit que la fimilitude &: ima-
gc du corps de Chrift eft célébrée enl'a&ion.Meime&Gelafecn ce lieu déduit fon ar-
gument contre Eutyches, de la conion&ion du pain auec le corps de Iefus Chrift : Et
pour cela, dit-il, les natures ne lauTent pas de demeurer en leur entier, tout ainli com-
YYy.ii.
Liurc^j VI IL Efcrits de Çuy de Bres,
me les deux natures conjointes &:vnics en Chrift,àfçauoir la nature diuine &: humai-
ne, y demeurent. La nature humaine pour eftre coniointe à la nature diuine, ne lailTe
pas dedemeurer en fa propre fubftance,&£ n'eft pasconuerticnetraniïubftaïuiee cnla
nature diuine : ainfi, dit-il, demeurent les natures & lubftanccs du pain & du vin com-
meils eitoyent auparauant. Il veut dire que comme la naturediuinc 6c humaine c-
ftansconiointesdemeurcntenleurekre,&: l'vnen'eft conuertieen l'aucre:ainii au Sa-
tremcntjes natures du pain Se du vin>& lecorps 6c le fang de Chrift demeurent en leur
eftre.Et fuyuantcepropos,Sain&Cypnendit ainii , Cefioh vtn ce que le Seigneur auoit du
eftre [on fang. Que pouuoit-on dire plus clair que cela? Ilditauffi au meime heu. L'eau
ne peut pu exprimer le Janç de Chnfl. Item encore au melme , Non* yoyons <jtie le peuple tft
Ad Cxciliû entendu parteau,& cjue le [an^dc hfus Chrtjl ejl demonfh-é auvin. Il veut dire & monftrerque
lib*.Epift.3 Commc le peuple efloic entendu par l'eau qu'on auoit accouftumé de nieller aucc le
vin,cn ion temps,ainfilcfangdc Chrift eftoit demonftréau vin ou par le vin. Or qui
eftceluy qui ne fâche bien que l'eau n'eftoit pas tranfîubftatieeau peuple?ainii en cft-il
du vin au fàng,àfçauoir quelà demeure le vm pour reprefenrer &: figurer le langdii Sci-
fc^kn«niine gneur- Bertramus diX)Sicevin<]ui eflfanchfié 'part office des Minières eft converti corpottlltn n nt
Dcunini. au fang de Chriftjl eft donc neceffatre aufh de prendre Spirituellement ce qui eft dit du fan* de C hrift au
■vin. Voilavne{cntcncetantc]aire&: tant manifefte,qu'clle n'a befoin de déclaration.
Heiichius,fur le Leuit]que,liu.2xhap.8.Po«r«y?ef<r«yÉ>,dit-il,//rffoww(r«Jt,'tlc' manger les
chairs auec les pains ,<i fin oue nous entendions tela ejlre dit de ce myftere qui efl enfemble pain chair.
Il met deux chofes au Sacremcnt,lepain &: la chair du Seigneur figurée par le pain: il
ne dit pas les accidens du pain, mais le pain. Si ie me vouloyearrefter à produire 6c met-
L t fin ' trecnauant tous'cs telmoignagcs desanciensquidifent quele pain &levindemcu-
gnlgcj des rcnt au Sacrcment,ic n'auroye jamais fait. Parquoy qu'il vous lurfife, mes bons frères,
ancjéscômc deceux que i'ay cy de/lus fidèlement amené & recité de mot à mot, comme ils font
ènTcunTîi- eferits en leurs liures,&: ceqnei'ay eicrit vous férue pour vous confirmer Se corroborer
urts.fontici en la vrayefoy de ce S.Sacrcment : cognoilfans que toute la parole de Dieu fait pour
n»rSc!e nous ^urceP0'n^'comniccydc^ll,;'e^ay monftré. pour nous auffi eft toute l'Eglilean-
metamenez cienne côme vous oyez.Parqncy il appert que ceux del'eglifeRomaincauec leurnou-
îm'le c'fir l,c^c do&rinc de la tranifubftantianon fevantenten vain de l'antiquité, veu que cefte
nunonde' do&rine, comme cy deiïus a eftédit;futdecrcteeauconcilcdeLatranparlepapeIn-
poflrcfoy. nocenttroifiemc,l'an m.c cxv. Quant 6c quant notez que la douceur de ce Sacre-
ment nous eft oftec par cefte tranlîi.bftamiation,àfçauoir,quc comme le pain nourrit
Se fortifie le corps de l'homme &: entretient fa vie terreftre,aulfi véritablement le corps
propre du Fils de Dieu nourrit Se fortifie en vie éternelle, la vie fpirituclle de nos e-
fprits.Icdile mefmcdu vin Se du fang:defortequela vérité du pain Se du vin nous ren-
dent affeurez qu'en ce Sacrement Dieu ne nous veut pas amener après des ombres vai-
nes qui s'efuanouifTent, mais pour eftre participans defonvray& propre corps natu-
rel, Se de fon propre fang. Or cefte afTeurance fc perd fi nous n'auons quclcs accidens
fans fubftance: &: cefte tranffubftantiation eft contraire à la nature de tout Sacrement.
Voila, au Sacrement du Baptefme l'eau naturelle demeurelà,& n'eft pas tranftubftan-
tice félon la doârinedeceux-mcfme de l'eglife Romaine :Sc cefte eau eft la figure du
fang de Chrift,&: nos ames n'y font pas moins véritablement lauees &: nettoyées de pé-
ché par le propre naturel fang de Chrift, qu elles font entretenues en laCcne du fang
d'iceluy,commc dit fainét Pierre, i.Pier.i, Que les Chrcftiens font arroufez du fang de
IcfusChrift. Cefang-làdontilparle,cftlemefme duquel les fidèles font participans
au Sacrementdulauementquenousauonsaufangdu Seigneur, ainfidilons-nous que
le pain Se le vin vrais & naturels demeurent au Sacrement de la Ccne.Et ne faut pas ré-
pliquer cjue Chrift n'a pas dit de l'eau, Ceci eft mon fang, commeiladitdu pain Se du
vin,Cecyeft moncorps,Cecy eft mon fang. car ierefpondy à ceux qui m'obiectoyent
ccla,qu'au Baptefme l'eau n'eft pas m oins Sacrement du iàng que le vin.Ioint auflîquc-
i.Cor.a l'Apoftrc côioint ces deux Sacremés enfemble quad il dir,Nous fommes tousbâptifez
en vn mefmeEfprit,&: auôseftcabbreuuczpar vnmefmeefprit. il les côioint Vôlontier
cnfemble,à cauie que les frui&s fe rencontrent, Se fe rcffcmblent : l'vn laue fpirituelle-
Tîrc 3 mcnr,& l'autre abbreuue fpiritucllcmcnt. Quant au nom (à fçauoir de l'eau du Baptef-
me)rEipritdeDieuraappelé/<r^/«»deregencrat!on.lemefme Efprit dit par S.Paul,
Cfcîat.j que nous y veftons Chrift : faudra-il pourtant dire que l'eau foittranffubftantiec en no-
ftre
AîiniJiredeceuxdeVallencenes. é/p
ftrercgeneratio«,ou au corps de Chtift?il n'y a nulle raifon.Parquoy ie dy, que comme
l'eau n'eft pas tranflubftantiee au làng de Chrift duquel elle cft Saeiemcnt.ainfi Je pain
&. le vin, Sacrement du corps & du fang du Seigncur,demeurent en leur propre nature
fcfubftancc. Venons maintenant à l'intelligence desparoles de lefus Chrilt qui adir,
Cecyeft mon corps, &c. Ceux de l'cglile Romaine, qui lont les plus grans glolateurs
de»Eicnturcsfaincl:es>&:mefmc qui veulent attirer les hommes à croire ce qui n'eft
point enrEicriturc,demeurent icy attachez à trois ou quatre petits mots, fans y vou-
îoir ad mettre ou receuoir aucune expofition :&: maintiennent leur opinion par fer &:
feu,fe vantans au (îifaulement (comme deiîa nous auons dit) dci'antiquite enceft en-
droit . Or nous deuons noter en premier lieu , que nos aduerfaires difent que noftrc
Seigneur a dit,Lepain que ie donneray,c'eft ma chaii,laquellc ie donneray pour la vie
du monde.Ilsdifentlàdelius,que le Seigneur promet de donner du pain, &c dit que ce
pain eft fa chair : Quand (difent-ils) il adonné du pain, n'a-ce pas cité en là Cene, lors
qu'il a dit du pain qu'il donnoir,que c'eftoit fon corpsfMais les bonnes gens fe trompée
trelgrandement en ce qu'ils ne coniiderent pas les paroles. C'eftchofe claire qu'il ap-
pelle la chair pain en ce partage : Si veut dire qu'il la donnera à la mort pour la vie du
monde. Or que ce partage ne fe peut rapporter au Sacremcnt,ileft manifefte. Premiè-
rement il dit, Le pain que ie don neray,c'eft m a chair, il vfed'vn vcrbc(àfçauoir, cft) du
temps prefent, S'il euft parlé de fa Cene, il euft vfé du verbe futur, &: euft dit, Le pain
qucïe donneray ,ce/êr4 ma chair: mais puis qu'il vfed'vn verbe& mot lequel dénote le
temps futur.ainfi que feroit ce mot,$«tf:& outrc,ce qu'il eft tout certain par le récit des
quatre Euangeliftes,quc Icfus Chrift n'a inftitué la Cene linon vn peu deuant fa mort:
il cft tout feur queecs parolles du chap.6. de fain& Iean nefc peuuent aucunement en-
tendre de la Cene,ains feulement de la mort paflion.Voulantdonclors Iefus Chrift
donner à entcndrc,que comme par le pain matériel la vie du corps eft entretenue, qu'-
auffipar fa mort& paffîon (en laquelle làchair fouffriroit pour nous) la vie éternelle
nous feroit donnée &: maintenue,il dit que fa chair eft comme le pain: Le pain, dit-il,
queic donneray c eft ma chair:monftrant qu'il donne le nom de pain à fa chair, non pas
qu'ellcfoit traniïubftantieeenpain. Ainfi pareillement en fafaintte Cene , il change le
nom du pain,&:luy donne le nom de ion corps: en quoyiln'y anonplus detranlfub-
ftantiation.Et d'auanrage chacun fait bien auflî que ie pain de la Cene n'eft pas don-
né pour la vie du monde. En après, il eft tout cuidenc qu'en ce partage il n'eft par-
lé de la Cene par ce qui eft là dit, Qui ne mange ma ch air , & boit mon ftng> il n'aura point
layie éternelle ,il s'enfuyuroit que tous ceux qui n'auroyent fait la Ceneferoycnr dam-
ncz:ce que nos aduerfaires ne veulent dire : mais il n'eft là queftion que de fa chair,qu'il
appelé du nom du pain ,& du breuuagede fon fang qu'il donnoit dés. lors pour la vie
des hommes. Depuis en fa Cene il a adioufté à cefte manducation fpinruellele pain
&: le vin,poui afleurer les hommes, qu'aufii vrayement qu'ils rcçoyuenc ce pain &. ce
vin,auflî le manger de là chair &c le brcuuage defon fanglcureft donne. Et pource
toutainfi qu'au rroifieme chap.de S.Iean,iln'eft parlé du Sacrenet du Baptefme, mais
de la vérité du Baptcfmc:ainIiaufixiemedeS.Iean,iln'eft pas parlé de l'inftitution de
la Cene,ainsdelavcnté d'icellc. Or Icdebat de nos aduerfaires luec nous eft pour ces
paroles, Cccy eft mon corps: Nous les recognoiflons vrayes paroles de Chrift: mais
nous diibns qu'il faut entendre cequ'il veut dire,veu que luy-mefme a commandédi-
l.mt,^///r/V»rtwk.Etnousdifons femblablementauccS.Auguft.au liu.de la do&rineSentcccno-
Chreftienne (pïtlnefaut point expoferyn pafjàge pour le faire contredire à beaucoup S autrcs-.m au il lel^u dc S'
faut tellement interpréterait il s'accorde auecplufieurs autres. Et S.Paul baille cefte règle en l'Epi-
ftreaux Romains, chap.n. parlant de l'interprétation des Efcritures,laquelle doiteftre
faire felô l'analogiede la foy.Et ne faut pas s'arrefter aux paroles, mais au fensxôme auf- J^J"^16
il il fe faut bien dôner garde de dire,Les lettres fontainfi couchees:autrement fi vn héré-
tique Antropomorphitedifputoit cotre nous,difant que Dieu a vn corpshumain,dîau Gcncfc t
tant qu'il cft eferit, Faifons l'homme k nojire image &* femblance. que dirons-nous s'il nous
dit, Voila l'Efcriture toute claire: Ne luy dirions-nous pas que cefte image 6c femblance
deDiciienrhomme,n'eftpasaucorps,maisenrefpritqui eftoit créé en iuftice, inno-
cence^ fainfteté:&: que Dieu eft cfprir,& qu'vn efpritn'any chair ny os? Et ainfi nous Iean 4
interprétons vn partage par d'autres. Si vn hérétique Arrian nousvouloit prouucr parlcill ,4
ce partage de S.le^Mon Pere eft plut grand ftemoy^ue Chrift eft moindre que le Perc en
YYy.iii.
Liurc^j VU L (juy délires, mec Peregrin de MCj range.
la diuinité:n'alleguerions-nous pas d'autres partages pour monftrer que cela fe rappor-
te à l'on humanité? Et ainii confequemment détoure autre Efcriturc qu'on amènera
répugnante à la foy.il faut bien coniidcrer & bien poifcr- les paroles du Fils de Dieu:car
fcanf il a dit,Z« paroles que leyous défont efj>rtt& y ie. Nicodeme(comme il eft cfcrit en laind
Iean,chap.3)oyant la parolede Chnil,difanr,E» vcrité,en vente\ie te di,ft aucun ntft nay de-
rechef yii ne peut y otr le Royaume des cteux. Là dciTus Nicodeme dodeur de la Loy , prend
les parole s charnellement:&: dit, Comment pourra l homme quteft defu ancien rentrer dercdicf
auyentre de fa mere, & natihe de nouucau\\\ n'entendoit pointquil parloir d'vnenatiuité
kan4 ipirituelle.il demeure là orfcnie en celle lourde &:groffierc opinion. La Samaritaine
oyantqueChriftluy promcrtoit del'eau yiue : elle cntendoitquecc deuft cftrede l'eau
Mat 16. du puits. Iefus Chnft difoità les kpodics^Donne^-you^garde duleuain des Phanjîens : eux
Marc 5, entendoyent qu'ildifoit cela,pource qu'ils n'auoyent pnns des pains matériels: mais f-
Lucu' Euangelifte dit, qu'il parloit de ladodrinedesPhariliens. Iefus Chrift dilbit auxluifs,
Ieam, Deftrwfeç^ce temple-çy,& entroys tours te le reedtfîeray , Les Iuifscntendans cedirede Chrift
Mat.i<r, du temple matériel qu'auoit fait faire Salomon, s'en nioquoyentr&toutesfois faind
i7-Marc 14 jcana(jjpUftC qUC ie(us Chrift difoit cela du tcmplcdefon corps. Item il difoir, Lxxjkc
nojlreamy fart : les difciples entendans mal ces paroles , difoyent , S'il dort, il fera gue-
Icjiih ri. Item, Celuy tjui gardera ma Parole^ dit Iefus Chrift, neyerra pointla mdrt éternellement,
Icjnf Les îiyfs çptendpycnt qu'il parloit de la mort corporelle : mais il entendoitde la
moït fpirùuclle, Parquoy il fc faut donner garde de prendreles paroles du Seigneur
par les çfaeueux, comme on dit>& dire à la volcc,fans iugement nydiferction, Ce-
la eft eferit , il eft clair : mais il faut prudemment regarder à ce qu'il veut dire.
Ivsq.vï s icy , mes frères bien aymez, tant pour le zelc de voftrcfalut, que pour
raraitiéqu.e ievous portc,&: porteray tant qu'il plaira au Seigneur me conferuerla vie)
iemefuisçlFQrce'Jelonla mefuredegraecque i'ay receu d cnhaur,de vous faire enten-
CcfiddcMi dre^tant par la parole de Dieu que par les elerits des plus anciens Dodeurs, le vray fens
ïfmewtï1 de ces paroles, Cccj eftmonco>p. Et ceay-iefait,d'autant que par faute de les bien enten-
cft efforce dre,eireurs &: abus infinis ont efté introduits en rEgufeChreftienne.Que fi par le pafîé
^aid'^aux &cnC0rcPo,jr cc iourd'huyon euft receu ces paroles félon 1 intention que Chrift les
brebîf de ic a proferees»&: félon l'expolition &: interprétation des bons anciens Dodeurs, il eft cer-
fus Chrift le uin qu'vn feul Dieu feroit ferui 6c adore en efprit & verité,& toutes fuperftitions &c ido
cwparolles! latries mifes fous le pied. Et à fin que ie vous puiffe encore d'auantage & plus facilemet
Matth.4 donner l'intelligence d'iceiles paroles, Cer? eft mon corpsy Outre ce que ie vous ay îa mis
Rd lcà en auant,Notcz que quand noftre Dieu à fait quelque promciîe notable & de grande
obicrucr. importance à l'homme, iladecouftumeoudadioufter quelque ferment ou quelque
ligne viiible, pour plus afleurcr les hommes de fa promeife. Comme pour exemple:
Gcn" voila,Dieu qui donna la vieàrhomme,&: pour figne&: Sacrement de celle vie il donna
l'arbre de vie. ce Sacrement eft appelé *Arbre de yie: non point que ccft arbre fuftla vie,
Gcnc.5> maiscnccqu'ileneftoitlefigne&: legage.AufïiàNoeaprcsle déluge Dieu donna lare
du ciel pour l'alfeurcr de fa bienuueillance:& faifant alliance auec Abraham,il luy donna
Koml C ;rco»c//îo» pour vn ligne delà iufticc delà foy,&: a appelé la Circoncifion du nom de
txod.it l'alliance. Puis delmrant les enfans d'Ifrael du palTage de l'Ange: il ordonna yn Agneau
poureftre mangé: Or t agneau cftoit appelé le pafTage:mcfmeencorque ce nefuft que
i.Cor.10 je $acrerïlcnc ^ ]e {jgne:Et la Pierre eft appcllce Chrift. Et ne faut icy rien dcfguifer,com
me aucuns qui difent que les Sacremcns anciens ont porté les noms de leur vente défia
palTee : &c qu'au nouucau Tcftamét les Sacremés ne portét pas les noms de leur vérité,
mais bié la vérité pred le nom du ligne. Ainfi parle M.l'Euefque d\Arras,mais ienc fçay
où il a apprins celle rciglegencrale : l'Efcriturc &C tous les anciens Dodeurs difcftf tout
autrement. le confefTc bien que combien que les Sacrcmens anciens fuflent figures de
Chrift,neantmoins ne font appelez Chrift,ny du nom du corps de Iefus Chrift,c3£ la rai-
fon en eft claire par ce que les Sacrcmens anciens eftoyent fans comparaifbn plus ob-
feurs &: plus ombragenx que les noftres du nouucau Teftament : &: principalement en
l'appellation du nom, & en plus grande facilité. Or ie retourne à mon propos, Noftrc
Bonté de Seigneur voyant que les hommes eftoyent difficilement attirez à luy par beaucoup de
Dicufup- bénéfices, cftans toufîours incrédules en leur naturel , a voulu donner des fignes vifî-
SrTîudeffê ^cs pour fupporter leur debilitérà ce quc(par manière de parler)ilrcndift vilîblc par le
&iniïrrnirc. ligne vifiblc,cc qu'il leur promcttoit. Voila la çaufcpourquoy le Seigneur ayant cfpan-
du
^Minifirès des Bgltfcs du Tais-bas. 680
dufonfangpourlauernosamcs,iladonncle iigncdcft /^cwc^en eau matérielle, cô- ApocJ.r:
me cy deiîus i'ay dit:Ô£ donnant fon corps 6ç fonfang pour la nourriture de nos ames ,iJa
donné du pain 6c du vin, les appelant du nom de ion corps,&: de Ton fangrpour nous al-
feurer qu'aulli véritablement que noftre corps eft nourri 6c (ubftaté du pain &: du vin, Pfeau
aufli véritablement le corps 6c le fang de Chnft rçceus par foy, nourrirent & viuificnc
noftre efprit. Or fur cecy il faut tou iiouts bien retenir que l'hom me a deux parties,à fa- Deux vies,
uoir le corps 6c l'efprit, &: qu'il y a deux vies en Iuy, à (auoir la vie terreftre & corporelle, 'Avr"c terrc-
laquelle il apporte en ce monde:& la vie fpirituelle qui eft donnée à l'efprit par regene- parîS^J
ration fpirituelle. Ces deux vies ontleur nourriture, lavieterreflrealepamO* levinque corPs>l'au-
la terre a produ it : 6c la vie Tptntmlle & celesle qui eft en Pe/prit, aie corps &> le fang de noflre Sei- "\\c
^wewrquieft lepainceiefte. Le cotps& le fàngde Chrift ne nous fontpasdonnez pour ftc.tpcon"
entretenir noftre vie terrcftre:car quand iamaisnous ne le receurions,nous ne laiiferiôs 1 c~
de viure:comme il appert des Turcs 6c Iuifs, lefquels ne le reçoy uent pas : &: cependant "
vjucnt de la vie temporelle. le dy donc que puis que le corps 6c le fang font dônez pour
nourrir noftre efprit,qu'illcs faut receuoirfpirituelkment.Lecorps&léiàngdcChrift
font fubftantiels & corporels : mais le moyen que noftre efprit a pour en iouir,eft fpiri^
tuel& par foy. Enaprcs, comme i'ay dit cydeiius,queChift adonné deuxehofes en ce
Sacremétji fauoirle pain&:le vin,& fon corps 8.: fonfang:auflï ie dy que c'cftlacouftu-
mc de J'Efcrjture de donner au figne le nom de la chofe lignifiée par vne figure nômee
metmimie. Aucunefois l'Efcriture parlant d'vne partie comprend letoutpar vne figure
appelée Smecdoche^ à fauoirle tout pour vnepartie, ou vne partiepour le tout. Et quand
nous déclarons ainfU'Efcricure, ceuxdel'cgliic Romaine difent que c eft ouurirla por-
te aux herefies:car,difcnt-ils,les hérétiques voudront'interpreter l'Efcriture à leur fan-
taûe. Mais au contraire, iedy que finous n'admettons quelque cxpofîtion , nous ou- Foureuiter
urons là porte aux hérétiques pour maintenir leurs erreurs: car foudain qu'ils rencon- tousiucon-
trent quelque partage difficile de rEfcriture,ils dirôt , Voila l'Efcriture, il ie faut là arre-
fter. Pour euiter donc tous inconueniens, il faut regarder que l'Efcriture (corne cydef /eurement
fus i'ay dit)admet des figures:&: fouuent appelé le fignc,du nom de Ja chofe fignifiee: 6c £?ofcr rE-
qu'ainfî foit,ie vo9 prie, S. Paul n'appelé il point la Pierre Cbriftîll eft vray que les aduèrfài- pafoscdoïc
res péfent efchapper,diiàns que l'Apoftre le reftraint à la pierre fpiricuelle, qui eft Chnft ^{^cr.
àlaverité&nonpar figurermais ieleuroppofcOngene & fain et Auguftin, lefquels I - l'-
ont ainfi entendu,difans que L pierre figmfioit chnfl: 6c non point qu'elle fut Chrift à la ve- Éfcmure
rité.Dauantage,fitouslesPercsq.uieftoyentau defert auoyent beud'vn mefmc breù- J^J:
uagefpirituel comme nousjcommentferoit vray ce que dit Chrift , VosVeresontmangéL
manne au defert&* font mortstmùs quimàngeralepain queie donneray ne mourra point
éternellement. Ceux qui auoyent mangé la manne ,& ceux qui auoyent le corps de
Chrift, tant les vns quelcs autres mouroyent de la mort corporelle, mais on doit enten-
dre qu'il parle de la mort fpirituelle, l'oppofant à la vie fpirituelle, qucreceuoyent ceux
qui mageoyent par foy le corps du Seigneur. Ainfi iedy,que ce manger & ce boire fpi-
rituel des Peres,duquel fain£l Paul parle, ne fe doit feulement rapporter à Chrift , mais
aufli à la pierre qui en eftoit le ligne,&: laquelle mefmement (comme ianou s auons dit) 1C0r.ro.
l'Apoftre appelle Chnfl. U eft pofiible que les eaux découlantes de ce rocher fuyuoyen t
les enfans d'Hrael, 6c ceftecau de lapierre, d'autant que c'eftoit vn Sacrement, eftoit dite
^W/f.comme nous appelons viande celefte &: fpirituelle le pain 6c le vin delaCene, Matlh
6c comme le Baptefme d'eau que Iean donnoit,e(t dit eftre duael.Età fin qu'on ne trouuc
mauuaife l'expofition que nous donnôs aux paroles , Cecy eft mon corps, on doit fauoir
que l'Efcriture parle ordinairement ainfi-.Dieu dit à Abraham, Mon alliance fera engra- Gcn.17.
uee en voftre chair,&c. 6c cependant la Circoncilion n'eftoit pas fallianccmais c'en e-
itoit le ligne. Et en Genefe, il eft dit que Iacob édifia vn autel, lequel il appela lepuiffànt Gen.33.
Dieud'lfrael\6c toutesfois il eft certain que c'eft autel n'eftoit pas Dieu,encorcs qu'il fuft
ainfiappelé. Moyfe ayant obtenu la vi&oirc contre les Amalecites* il édifia vn autel, & E*od.i7.
appeiafon nom lehoua-NifiM Seigneur eft mon exaltation ou ma bannière. Et Iercmie
difoit de la citc,qu'il la falloit appeler l'Eternel no flrciufîice. L'Arche de l'alliance qui n'e-
ftoit qu'vn cofTre,eftoit appelé du nom du Dieu des armées. Et la raifon de ces noms eft,
qu'ils expriment 6c reprefentent la prefenec de la maiefté de Dieu. Serablablemét auffi Mm 3.
fainct Iean Baptifte appelle la colombe qui apparut au Baptefme,du nom dcl'Efprit:& Jj^*.
cependant il n'y a lî iîmplc qui n'entende bien , &: qui ne fâche auffi que ce n'eftoit pas
YYy.iiii.
Liurc^ VI IL Difputes de Cjuy De Bres.
là le S. E{ brirrcar vn cfprit n'a ne chair ny os :mais pource que cefte colombe eftoit vn li-
gne certain du S. Elprit, pour ceftc caufe eft-il appelé du nom de la choie lîgnificc.
D I S PVT E S & conférences tenues a Vallencenes ennc Guy àt Bres 0* François
Richard ot euefque cirrus , O* antres mentionne\en iccllcs.
'Autant que le furplus du difcours précèdent que Guy efcriuit pendat fon empri-
sonnement pour contermer les liens en la vraye &: ancienne dodiinc desSacre-
mcnsUftcôtenu pleinement au liuredefia mis en lumière, Jes Lecteurs y aurôtrecoui s,
à fin de dôner lieu en celle hiftoire à l'extrait de certaines dilputes que ce iaind perl'on-
nage euft contre plulicurs aduerfaires. ^"En premier lieu M.François Richardot hom-
me lut cil (ayat îadis fait profelïion de cognoiftre la vérité de l'Euâgilc, lors que couuert
Richardot du manteau d'Auguftin,il s'mlinuoic aux Cours,& depuis deuenu Euefque d' Atras ) fc
cucfquc d'- tlouoaà Valencencsle x v 1 1 i.d'Aunl pour conférer (comme il difoit)auec Guy. Ceft
AmS" Euefque à fa façon blandilfantc d'abord via de cefte rhétorique, Qu,'ilauok bonneopi-
nion de Guy,ayant ouy dire qu'il n'cftoit pas colere,mais railbnnable ; dont il fc perfua-
doit qu'il auoitvnzelçtle Dieu ,Ôivnfoindefon falut.Et fur cela il le pria qu'il ne le> euft
point en horreur,encores qu'ils fartent d'autre profertion que laliennc:& qu'aulii pour
cela il ne reietaft les remonftrances qu'ils luy feroyent. ^A ces propos Se autres fembla-
bles Guy refpondit que leur opinion en cela eftoit vraye, &: que de fait il auoit le zele de
Dieu, félon qu'il luy en auoit fait la grâce : Tefmoinsi dit-il , en fonif tous mes trauaux,
peincs,&: périls cfquels i'ay chemine par longue efpace de temps. Cela parte l'Euéfque
luy demanda de quel poind ils traiteroycnt: Guy dit, fur celuy qu'illuy plairoit: Ô r lus
donc,dit rEuefque,parlôs du facrifice de la MeiTe.Ic penfe que vous autres auez accou-
ftumé d'alléguer contre iceluy ce que dit Y Apoftrc aux Hebrieux, chap. té. Si nota pechoi
volontairement après la co«noiffance de verité^l ne refiepba de facrifice pour lespeche\. Or l' A poftre
parle en ce lieu du péché irremiflîble, pour lequel il dit n'y auoir de facrifice. Cependac
vous confortez bien que le facrifice de Chrift eft touliours vallablc pour les autres pe*
chez. y. Monlieur,dit Guy,yous plaift-il commencer par la première inftitution delà
Mefle:pour fauoir qui l'a ordonnee,ô£ quand. Car, monlîeur,ic n'en puis rientrouuer
aux lettres diuines.Iay bien leu que S. Luc qui a couché par eferit les faits des Apoftres,
au fécond des Actes fait vne défeription de l'exercicede TEglife primitiue, difant, Quils
perfeueroyent en lu doctrine des ^Jpoflres, en la communication, en la fraction du pain , & en oraifon.
On fait quelle eft U doctrine des Apoftrcs.fain& Luclemonftrepar les fermons qu'il en
Exercices a couche par eferit Vrayeftquece qu'il en a eferit eft comme vn fommairc de toute
de TEglife |eur dot\\ inc. La communication font lesaumofnes,commerApoftrelcsappele,difantaux
Apoftrtsf" Hebrieux, N oubliez la beneficence de la communication, Sec. Par la fraCtion du pain , il
entéd la faincte Cenc:&: par C oraifon il entend les prières. Or fi la Méfie eftoit en ce téps-
Hebr.13. la, S. Luc ne s'en dcuoit taire, veu quec'eft vn facnfîce profîtant(commc dit l'eglife Ro-
maine ) aux vifs Se aux mors. Cela n'euftgueres courte d'efcrireàS. Luc, lequelabicn
parlé de plulicurs choies fans côparailon moins necclfaircs que la Mefle,voire li elle eft:
fi fain&e& valable comme on dit. C L'Euéfque dit fur cola ,-quc la Meflc ne lailîbit pas
d'eftrealors,carc'eftoit la Cene:& les Apoftres ne l'ont voulu appeler du nom deSacri-
fice,de peur qu'on ne penfaft qu'ils eullent encore voulu retenir le peuple es facrifices
ancies de la Loy,mais que pour cela,la Cene ne laiflbic pas d'eftre facrifice. G v y . Mon-
fieur,li pour ce refpeft les A poftrcs n'ôt ofé appeler la Cene Sacrifice, pourquoy a faincl:
Paul donné le nom de la Ctrconàfion au Baptefme , Se appelé la viande de noftre Cene du
nom dePafqueancienne^.Lcsûdclcsfont^^clcztempledeDieuiYEglitceiïi^elcc du nom
Cobf.x. de / 'ancienne Ierufalem>de Sion. Chrift eft appelé noftre ^utc/.Et tant s'en faut que la Cene
ï.Cor.6. cftant appelée du nom des Sacrifices ancicns,cuft fait quelque rerardement aux fide-
Hebr,i3. jCS) qucc'euft pluftoft efté quelque moyen pour les attirer, quad ils eullent ouy fonner
en leurs aureillcs, ce nom de Sacrifice, lequel leur eftoit fort plailant: ie dy tât aux Iuifs
qu'aux Gentils. L* Euefque luy dit que les anciens trejprochains du temps des apoftres , auoyentap-
peléla Cene Sacrifice. U eft vray,dit Guy , c'eftoit à caufe du lacrificc d'adtion de grâces qui
Pourquoy s'y faifoit tSc aulsi des aumofnes : ioint que les fidèles s'offrent cux-mcfmes en facrifice à
ont^pdé Dieu, fc'on qu'à ce faire les exhorte l'A poftre: mais auez-vous leu qu'aucuns de cesan-
1» Cene Sa- cicns-la ayent vfé de ces m ots, Nous facrifions le propre corps de Chrift> &* t offrons a Dieu , pour
crificeî appliquer aux yiuans &* aux morts U mérite de la paÇton du Seigneur 3 L'Euéfque luy dit, Et quad
vous
Difputts de Cjuy de %es. 681
vous faites la Cene, en vos prières vous oificz Icfus Chrift ôde mérite de fa paffion à
Dieu le Pcrcpourrecompcnfe détoures vos fautes. G v y. Monfieur, nous faifons ordi-
nairement cefte prière à Dieu, &non pas feulement en la Cene:demandans à Dieu
qu'il ne regarde pas en nous,mais en la face de fon Chrift. Or quant à vous, &: ceux de
voftreeglile Romaine, n'ofFrez-vous pas autrement Chrift en la Méfie? Si vous ne l'of-
frczautrcmcnt,pourquoy donc dit-on qu'on l'offre en chair &: en os,aulîîgrâd&: gros
qu'il fut iamais: Sur ce l'Euefquc rc(pondir,Qu ils n'orfroyent rien autre choie finon le
mefme facrifice que le Fils de Dieu auoit fait, & queceftuyla mclme eftoit offert par
eux.G v y reliqua,Ccft donc vne chofe fanglantc que vous offrez: car Chrift au facrifi-
cc qu'il a fait en la croix, a efpandu fbn fang,&: vous oftrcz(ditcs vous) ce mefme facrifi-
ce:il s'enfuit qu'il eft fanglant: ou autrement ce n'eft pas le mefme. L'Euefque demeu-
rant là deffusafiez court, dit,quibojfroyent le propre corps &JangdeChrift. G v y refpôdit:Si
le corps &: le fàng font offerts en la MeiTe, c'eft donc vn facrificc fanglant. Et quand les
Anciens ont parle d'vne hoftie fans fang, ils entendoyent que c eftoit vn Sacrement, v-
ne figure de fhoftiefangla te qui auoit efte vne fois offerte en la croix. G v y en après in-
iifta allez long temps,à lauoir fi le nom de facrificc eftoit donné proprement à la Cene:
car fi c'eft proprement, fienfier eft tuer, comme il appert au fàcnfîce d'Abraham :luy
cftant commandé de facrifîerlfaac, Abraham entend qu'il le faut tuer:comme auffi Gcncfc
ïephté faifant vœu au Seigneur,que s'il luy donnoit en main les enfans d' Ammon,qu'il
facrifîcroit en holocauftc,le prem îcr qu'il rencontreroit. Si la Cene eft proprement ap
pelée Sacrifîce,il s'enfuyura que Chrift y fera occis. Or pu is que Chrift n'y eft point oc-
cis,c'eft dôcimpropremet qu'on l'appelle Sacrifice,commele Baptefme eft impropre-
ment appelé Circoncifion. ^Làdcffus ils le trouuerent bien empefchez.Et eux ne pou Co 0
uansfatisfaire,rompans ce propos,entrerentenvn autre. C'eft qucl'Euefqucvintàla
diftin&ion delaparolcde Dieu efcritc,&: non efcrite:& dit que toutes les EpiJtres des^po»
Jhresncjont pastrov.uees %& qu il eftvrayJembUble que les apoftres en ont ef&itdauantage que nous
nauonsaprejent^jquellesils peuucnîduoir eferit d'autreschojès. G r y. le ne trouue qu'vne Epi-
ftredefaind Paul perdue, afTauoir celle qu'il efcriuoit aux Laodiciens: de laquelle il eft
parle aux Coloflicns^ Il eft vray qu'il s'en treuue vne de ce titrc,mais elle eft fuppofee.
Et ores que les A poftres euffent eferit dauatage que ce que nous auons,il faut que tout
ce qu'on dira cltrc procédé d'eux, s'accorde auec ce qu'ils ont eferit: autrement fi on
tact enauantquelquechofequifoitdifcordantcàcequ îlsont e(erit,à qui fera-on ac-
Croire que cela foit des Apoftres? Quand l'Ange eut commandé a Corneille centenicr, *a IO,&
d enuoycr en Ioppe quenr Simon Pierre,pour luy dire les paroles par lefquelles ilferoit
fauué luy &: toute fa familleren toutes ces paroles, il ne luy parla aucnncmét delà Mef-
fe,ncd'autrc facrificc que de ce grand facrifice que le Seigneur Iefus auoit vne fois fait
en la croixme d'application finon par foy. Vn Cordelicr là eftant allégua, Que comme
le facrificc de la Loy Mofaiqucferuoit pour appliquer la mort de.Chrift aux hommes :
qu'ainfilefàcrificedelaMefieferuoitpour appliquer la mortdu FilsdeDieuaux gens.
G v y refpondit quecen'eftoitpasvnargumét: déchoies fcmblables:Lesfacrificesde
la Loy eftoyent ordonnez par la parole de Dieu ,lel'quels cepédant ne pouuoycnt ofter
les pechez-.la Meflcne fc trouuenon plus au vieil qu'au nouueau Teftament,commenc
donc nous pourra-elle appliquer la mort de Chrift ? L'Euefque dit fur cela que les apo-
ftres vfoyent de liturgies, <& que les Grecs appellent la Mefjc Z/ft»g/c.CeIa,dit G uy, eft aux A îles Actes g.1
des Apoftres, Que les Prophètes &: Do&eursde l'Eglifc d'Antiocheminiftroyent au
Seigneur,& îufnoyenr.ie demande donc s'il entendoit que là il fuft parlé du facrifice de
laMcfie. Le Cordelwr rcfpondit,qu'Erafmel'auoitainfi traduit.Commcnt(dit Guy)pour
facrifice de la MefTc.?Il rcfpondit,pour facrifice. Monfieur, dit Guy,vous fauez que ce
mot GrccdeZ/r«r£/e,fcpréd ordinairement pour Adminiftration, de quelque forte que Liturgie.'
ccfoit, comme on voit en l'Epiftreaux Romains treizicmecha. où il eft parlé du Magi-
ftrat,qu'il eft miniftrede Dieu: ce mefme mot duquel vfe faincl: Luc aux A&es, eft auffi
eferit en la mefme Epiftre aux Rom. Item en celle aux Hebricux premier chapitre,
rApoftrevfedecemcfme mot de Liturgie,quandilditqueles Anges font cfprits ad
miniftratcuts:dira-on pourtant que le Magiftrat doiue chanter la Méfie, &: les Anges
pareillement? le fay bien que ce nom eft donné au pere de Iean Baptiftc,lequel eftoit fa
crificateur: mais îlfaudroit prouuerquç les Apoftres eftoyent facrificatcurs , deuant Luccha.
qu'on les puifTc tirer & admettre à ceft office. Or on ne les prouuera iamais tels , car
Liurts VIII. Difputes de Cjuy de Bres.
Chrift ne lcuranoit pas conimandé(quand il les cnuoya)d'aller chanter la Mcflcrmais
de prefeher l'Euangile. Et ainfi ce mot de Liturgie, qui eftlà couché, doit eftreprins
pour la charge Ôc adminiftration des Apoftres, qui eftoit de prefeher, faire prières, &cc.
&nonpas{acrifier.Queleshornmcs,dicS.Paul,eftiment de nous comme de miniltres
de Chrift,& difpenfateuts des fecrecs de Dieu. Il ne dit pas (acrificaceurs. ^ Guy dc-
mandaderechef à lTucfquc,s'il eftimoitquelcs Apoftres euiTenc chante quelqueMef-
fe:il refpondit que non:mais qu'il cftimoit qu'ils faifoyenc la Cene,&:c. ^ O R la dil'pu-
tefepaiîaauecbeaucoup de femblables propos , le tout amiablement &c fans colère.
L'Euefqueluy monftroitgrandeamitié,promcttant de le venir encore vi/iter.Ôi Guy
le remercia treshumblemcnt de la peine qu'il prenoit:&: qu'il fera toufiours le bien ve-
nu. &l fur cela on fe partit les vns des autres.
VOil a cnfommeccqueRichardotaccompaigncdc plufieurs autres fes fem-
blablcs traita aucc M. Guy, en la première difpute,cxtraitedcs eferits qui en ont
efté faits,& publiez par imprefsion.En fin deiquels cefte côclufion fut par iceluy eferi-
teaux fidèles de Vallencéncs ainfi que s cni'uit-.Mesbrebiettes faites voflrc profit de ces (hofèst
& de toute la doctrine que ie yous ay prefcheeja reduifant fouuent en yoftre entendement. Prie\Jbuu
fans ceffe pour y oflreperfeuerance,^* pour la fortification des infirmes & débiles en lafoy. Et notam-
n fait ai- ment ne m oublteTi pas en y os prières tant que ie feray en cecombat: carcefl pour yous pour yoftre
J"'!?du f*J- f°y ^Me'e bataille, & pour laquelle {fi le Seigneur le y eut) volontiers deTpendray * & feray dépendu.
gert
w'nncm'i! quant amoyie ne vows oublieray iamavi, tant que ie feray en ce bas monde. le yous ay efcrit
u menafib- affe\,aulongde cefte matière de la Cene &* De la M effe,dï autant que ce font les points principaux fur
lefquels à prefent ceux de l'egltfe Romaine infftent. Et cela ay-ie fait pour le foing que iay de voftre falut.
^ÎVTRES dijputes tenues le X X I 1.de May.M. D. L XV 2 1 l.enla fille des
prtfons ie Vallencennes.
Nv i r o n les huit heures du matindu fufditiour,pour la féconde fois l'euefque
j'd'Arras reuintaccompagnédcgrandnombredGpreftres, °ens qu'on ap-
pcHe Ecclefiaftiques,&: autres,vcrs lefquels G v y fut mene':& après les falutations fài -
tes d'vne part &: d'autre, l'Euefquc fit approcher Gv y près de la table, àc afleoir vis
à visdeluy:&:tous les autres eftoyent à l'cntour de ladite falle :&: eurent plufieufs
propos de la Méfie &: de la Cene. ^Or les propos d'eux furent tels. llEuefque, Et
bien, M. Guy, depuis que nous parlaimes dernièrement enfemble, comment vous
eftes-vous trouué.?Eftes-vous toufiours en vn mefme eftatrN'aucz-vous pas penfé aux
propos que nous eufmes dernièrement enfemble? G v y , Mon fieur, ie loue mon Dieu
&Perede ce qu'il luyplaift cfpandrc fa mifericorde paternelle fur moy, me confolant
&: fortifiant d'vne merueillcufe façon en mes liens & afflictions: en quoy i'apperçoy à
l'œil & touche à la main la fermeté & fidélité' de fes promeltes: dont ie le remercie de
tout mon cccur,luy priant de continuer iufques à la fin de ma vie:&: au refte ie me fens
toufiours de mcfmc,&: d'vn mefme cftat.Z'£«e/^«e, Commentée vous penfoye trouuer
du,tout changé, félon l'cfpcrancc que i'en conecu dernièrement. Vous voulez-vous
clorre&: ferrer à l'encontre de la vérité ? O monfieur Guy, mon frère &: amy, ie vous
prie de ne vous point opiniaftrer en voftre fens, & ne point préférer voftre iugement
au iugement de toute l'cglifc, 6V: de tant de fauans perfonnages qui ont eftédeuant
nous. ^"Noustraitafmcs dernièrement du facrifice du corps &: du fang du Seigneur
Icfus Chnft en la Meife, lequel les Anciens difent auoir efté en vfage du temps des
Apoftres, difans fouuent , Nous offrons , parlans del'Euchariftic. C'eft mcrucille com-
ment vousaimez mieux croire à vnc doctrine qui a commencé depuis quarante ans
ouenuiron,afauoirproduitc& mifeenauantpar OEcolampade &: Caroloftade, qui
en ont efte les premiers autheurs. Certes il me femble qu'on doit pluftoft croire aux
Anciens qui difent que l'Euchariftie eft facrifice, qu'à vous autres difans le contraire.
Iefay bien quelle chofe vous me refpondrez, que fainft Paul aux Hebr.dit que Chrift
s'eft offert vne feule fois:maisie.vousrcfpondray, que ce que nous faifons en la Méfie
n'eft pas vn autre facrifice que celuy qu'il a défia fait: nous n'en faifons point auiour-
d'huy vn & demain vn autre: c'eft toufiours le mefme lequel nous offrons, non pas
comme il s'eft offert en la croix.car là il s'eft offert pzrpreftationdemerites.mais nous l'of-
frons comme miniftres& exécuteurs de fonTcftament par application dudit meri-
te.Et
Bifputes de Çuy de %es. 682
tc.Et m'cfbahi comment vous trouucz cela cane eftrange. Nous difons que nous of-
frons Ielus Chrift à Dieu le Pere pour nos péchez: en voftre Ccnc ne preièneez-vous
pas lefus ChriiH Dieu pour vos pechez?neluy priez- vous pas qu'il vous applique les
indices de la mort Se paillon de (on FilsrG«y,Monfieur,ie ne fay quelle efperance vous
auiez dernièrement conceu de moy:fi vous auezpcicdemegaignerà voftre religion,
ie ne penfe pas vous en auoir donné occafion:ii ce vieil que vous l'ayez ainli penfc, de
ce que i'ay dit(& encore le dy à prefent)à fauoir que ie n'ay iamais efté opiniaftre pour
me clon e &c fermer contre droit &raifon.Maisiufques à prefentien'ay rien apperecu
de tout ce que i'ay ouy quifoitfolide & ferme pour m'arrefter là deflus,&: quitter le
certain pour l'incertain.fur quoy à bon droit ie fuisencore au mefme eltat que i'ay efté,
iuiquesàcequcparvifstefmoignagcsdela parole de Dieu, vous m'ayez fait appaioi-
ftre le contraire. Au refteie ne fuis pas opiniaftre :& ne préfère pas mon iugement au
iugemenc dei'Eglife.Mais bien ie préfère à bon droic & à iufte cauic l'Egliie ancienne
& primitiue,cn laquelle les Apoftres auoycnt dreifé toutes chofes ielon l'ordonnance
deChrift,à l'eglifede noftre temps, laquelle eft chargée d'vne infinité de traditions
humaines,&laquelIes'e{labaftardied'vnemerucilleulèfaçondecefteancienne Egli-
fe:à bon droit,dy ie,ie me tiensàce que la première a receu parles Apoftres. Car Ictus
Chrift enl'Apoc.chap.z.ditàceuxdeThyatire, quidifoycntnc cognoiftre les crom-
peries profondes de Satan, pour fe pouuoir garder delà faune do6lrine:Ie n'enuoveray
pas fur vous autres charges: feulement ce que vous auez, tenez-le iufques à ce que ic
vienne. Il n'euft pasainii parlé,s'ileuftfaliïreceuoir tout ce que l'eglile Romaine a for-
gé. ^ Quant eft du facrifice de la Meiîc,que les Anciens (félon voftre dire)diienc auoir
cfté en vfage du temps des Apoftres, ie vous prie, moniieur, m'en nommer vn leul qui
ait dit ce que vous ditcs,& vous me donnerez matière d'y penfcr.Ie fay bien qu'Irenee
cucfque de Lyon qui eft des plus anciens après les Apoftres, dit, <\ue nom offrons a Dieu [J^0^.
les chôfes qui font k luy,prefchans continuellement la communication vmtéde la chair & de ïeffrit. 34.
Car quand au pain,qui eft de la ter><e,precedc la yocation de Dieu,cen\ft alors plus pain commun, mais
T.uchariihe confiftanten deux chofes,à fauoir terrienne & celefte.ainfinos corps receuans /' Euchariftie
nefbntplm défia corruptibles ^ ansl 'efterance de larefurreilion. Or nom luy offrons non pas comme
a aucun qui iftindi*cnt>maisrcndans grâces a fa domination fancltfians Ltcreature. Voila les pro-
pos d'Irenee, lequel appelle le pain delà Cene Euchariftie, c'eft h dire a&ion de grâces, hCeme
combien que ce foit improprement: car ce n'eft pas l'a&ion de grâces, maisl'inftru- «ômecEu
ment par lequel nous rendons grâces. Car on ne fe preiénte pas à cefte fain&e table chariitlc'
pour prefenter &: donner quelquechoieà Dieu lequel n'a faute de rien : ains nous po-
urcs&indigens3venonspourprendre&: receuoir ceque Dieu nous y prefente 6c of-
fre.Puis il reçoit pour aggreable le facrifice de louange que nous luy prefentons. Voila
bien ceque dit ce faind perfonnageIrenee,mai5 que fait cela pourlaMeiTe?Moniîeur,
fî vous auez quelcun des Anciens quiaitvefcu prochain des Apoftres,qui ait dit que
les Apoftres facrifioyent le corps de Chrift, ou. Nous facrifions le corps du Seigneur
pour la remiflîon des péchez en la Cene, vous me ferez vn fingulier bien de le me met-
tre en auanr.car i'ay leu diiigêment Irenee,Iuftin,Tcrtullian,&: Origene,qui font les
plusanciens.Maisicn'ay rienleudecequevousdites.Quantàce que vous dites que
iemctienspluftoftàvn OFcolampade,ou Caroloftade : Iecognoy le premier pour
vn grand icruitcur de Dieu, lequel ne doit eftre noté d'auoir mis en auanc vnc nouuel-
lc do£trinc,cnenfeignant de faire toutes choies en 1 Eglife comme les Apoftres l'auo-
ycntenfeignéenreglifeprimitiue,&:dequiccer toutes les nouucautez que les hom-
mes auoyent inuétees. Vous dites que vous offrez lefus Chrift en la Meile comme mi-
niftrcs de Dieu,& par application démérite. Ievous refpondray tancoften lieu propre,
feulement ie vous di fur ce dernier poincl de voftre harcngue,qui eft, que vous deman-
dez finous n'offrons pas lefus Chrift en noftrc Ccne.Certcs nous ne l'offrons pas, mais
Dieu nous l'offre pour noftre nourriture fpirituellc. Parquoy, monfieur, derechef ie
vous prie,fi vous auez quelque tcfmoignage que les Apoftres ayenc appelé la Cene fa-
crifice, ou qu'ils ayent dit, Nous offrons Chrift à Dieu fbn Pere,ou que quelcun des
plus anciens Docteurs ayent ainli parlé,que me le mettiez en auant.Z'£w^«e,Ie n'ay
pas fort bon loifir de fueilleter les hures des Ancicns,tant y a neantmoins qu'il fe trou-
vera qu'ils ont appelé la Cene,facrifice,&: entre autres Chryfbftome. Quant aux Apo-
ftres ie ne trouuc pas qu'ils l'ayent nommée facrifice, de peur de fcandalifer lesChre-
Liurc^ VIII' Difputes de G uy de Bres.
fticns,&: qu'on euft penfc qu'ils cuiïent voulu mcflcr les faciifices de la Loy parmi l'E-
uangile.Voila,ce me iemble,la caufe pourquoy ils ont fait difficulté de la nommer de
ce nom,combié que fainet Paul aux Hebr.chap. 1 3 .appelle la table de la Cene du nom
Grec Tijiajltnon^ui lignifie autel. Etcertcsilmefemble que ce feroit en vain que les
Anciens einTent appelle les miniftres de l'eglife de ce nom, Sacerdotes^ qui vaut autant
que lacrificateur,s'ilsn'eftoyét quelque choie en l'Eglife. G«7,Iefay,Mon(ieur, qu'au-
cuns des Anciens ont appelé la Cene du nom defacrifice,maisc'eftcn la lignification
deifuldice,à lauoir à caufe qu'on y offre action degraces,& aufTi à caufe qu'en reccuanc
le pain &: le vin, qui font Sacrement du corps &: du làng du Seigneur, on y faifoit mé-
moires: recordation du facrifice quiauoitvne fois efté fait en la croix :&: de cela ic
peux produire plusieurs Anciés, entre autres ceux cy,àfauoir,IuftinMiicyr, lequel cft
trel'ancien .Loblation,dit-il,laquelle eft baillée afin qu'elle loit offerte pour celuy qui
eft nettoyé de la lepre,a efté figure du pain de l'Euchariftie, lequel noftre Seigneur Ic-
ius Chnft a commandé faire en mémoire &c commémoration de fa paflîon, laquelle il
a foufïert pour purger les hommes en leurs ames de tous vices,à fin qu enlcmblc nous
cuchanftifsions,c'eft à dirc,que nous rendions grâces à Dieu,tanr à caufe qu'il a ci ce le
monde auec toutes les chofes qui font en iceluy pour l'homme, &: à caufe qu'il nous a
deliu ré de nos vices &: pechczefquels nous eftions,& que par vne parfaite deftriktion
iladeftruitlesprincipautcz&les puiffanecs par celuy qui a efté fait paisible îelon ion
confeil. Voila ce trefancien perfonnage qui dit que l'oblation du ladre ncttoyc, eftoie
figure du pain de la Cenc,lequclle Seigneur a commandé receuoir & prendre en la
memoire& commémoration du facnfice qui a efté offert pour nous purger de nos pé-
chez^ pourtant il ditjNous Euchariftiifions,c'eft à dire nous rendions grâces à Dieu.
Il ne dit pas, Nous offrions Iefus Chrift au Pere pour nos péchez. Sainct Auguftinefcri
uantco»rrrfF^/?«w,liureio.chap.i8.dit,Les Hebrieuxfacrifians les belles brutes s'exer
çoyent en la prophétie. L'hoftie que Iefus Chrift a ofFerr,&: maintenant les Chreftiens
en l'oblation & communion du corps de Iefus Chrift célèbrent la mémoire du facrifi~
ce dcfia parfait. Il ne dit pas qu'ils offrent realcment Iefus Chrift à Dieu pour les pe-
chcz:mais que feulement en la communion il s'y fait mémoire du facrifice défia par-
fait.Puîs après le mefmc Auguftin o)«rr4Frf«/?«w,liurcio.chapitre2i.dit, La chair 8c le
fang de ce facnfice eftoyen t promis deuant l'aduencment j>ar les victimes des fimilitu-
des:cn la pafsion de Chrift ils ont cité rendus parla vérité mefme:apres l'afcenfîon de
Chrift on les célèbre par le Sacrement de mémoire. Puis qu'il dit que cela fe célèbre
par le Sacrement de mcmoire,il monftrc clairement que la vraye chair & le vray fang
du Seigneur eft efpandu à la vérité en la croix: mais qu'en la Cene cela fe fait par mé-
moire^ non pas règlement. Ceftefentence me fcmble fort claire. Quant à Chryfo-
ftome,lafentence que vous voulez alléguer d'iceluy,cft eferite en l'homélie 17. fur
Ckvf flnf ^P'ft-^X^k'OÙilditainfi, N'oj^^ certes noHS offrons >mais
me HomeL n0M ^ faifons en recordation de famort\&* ctfle hoslie eftyney& non plufieurs : & pottree que cesle
17. fur les hofiie a efié offerte vne Jêulefot6,elIe a efté offerte au lieu tre ffain^\ or ce facrifice -cy eft exemplaire &*
***** figure iïiceluy. te vn peu après il dit, Noftre grand Sacrificateur eft celuy quinous a offert l'hoftie net-
toyantc,& icellc eft offerte par nous qui fut lors offert e, &qui ne fe peut confumer. Ce donc que
nous faifons cft fait en recordation de ce qui a efté fait,car il dit,Faitcs cecy en mémoi-
re de moymous ne failbns pas vn autre facrifice comme le facrificateur, ains nous fai-
tj fonstoufioursceftuy la mefme. &: pour mieux dire nous faifons la mémoire du facrifi-
ûeSur îê ce qui a efté fait. Theophy lacté fur le io.chapitredes Hcbr.cn dit autant, Nous auons
io.dcs Hcb. ync oblation & nonplufieurs^combien que ce foiticelle mefme quia efté offerte ynefots. Nous offrons
toufiours teelîe mefme, ou plusloft nous faifons mémoire dt fon oblation , comme fi maintenant il efloit
immolé au teps prefent-.par oh il appert que noftre facrifice eftvn,&* quen la Loy ily en auoit plufîeurst
qui s'offroyentfouuentyh fin quils profitaffent plus c£* à plufieurs : mats le noslre eft vnique y ne fou
vffertS. Cyprianfait aufsi pour nouSjliu.t.Epift.j.à Cecilc,difant que c'eft lapafiion de
s.Cyprun it fus chnft que nous offrons.lc vous pric,qui cft l'homme tant ignorant qui ne fâche bien
Epift.3. lu. ja pafsjori ju Seigneur n'eft pas là prefènte dedanslcs mains du Miniftreîll y a long
temps qu'il a enduré, mais c'eft la memoirc&: la recordatiô qui en eft faite. Puis action
Profpcrfur de grâces font rendues pour lçgrand bénéfice. EtProfperinfcntentiis dit, Le pain celcfte qui
lesfenten. cftUc\utr de chrisl , pion fa façon & mode eft appelé le corps de Chrifl , combien qu'à la y cri'
té ce foit le Sacrement du co>ps de Chnsl. Et ce qui fe fait par les mainsdu preftre cft appelle
icclle
DifputesdeCjuy Degrés. 683
icclle immolation de la chair,&: pa&ion,la mort & le crucifiement de Chrift,non pas à
la vérité, mais par myftercs fignifians.Touces les fcnccnccs dcsdo&eurs de l'Eglife an-
ciénefonc crefclaires, &: n'ont befoin d'explicarion:ainfifaifons-nous en noftre Cene.
Nous receuons le Sacrement du corps &: du fang,en faifant mémoire &: commémora-
tion du facrifice quia eftévnc fois fait en la croix : & par ce moyen nous eft appliqué
non feulement le corps & le iâng du Seigneur,maisaufsi les mérites de fa mort & paf-
fion.Conûderez donc iî nous ne faifons pas comme Chrift a commandé, difant de fa
CeneyFaites cecy en mémoire de moyy& non pas, facrifîezcecy pour vos péchez, & fi nous
n'enluiuons pas entièrement l'ancienne Eglifepas à pas. Voila comment les anciens
ont appelé la Ccncfacrifice, qui eft bien différence à ce que fait l'eglifc Romaine au-
iourd'huy,difant, Nous offrons le propre corps & fangàe Chriflen chair & en os realcmcut pour U
remifiondespeche^. ^"Puis après, quanr à l'exciile que vous donnez de ce que les Apo-
ftres n'ont appelé la Cene facrifice, de peur doffenfer les fidèles, & qu'ils neuflenc
penfé qu'ils vouloyent meiîer les facrifices delà Loy parmi l'Euangile: iene voy aucu-
ne raifon en cela: veu que fain&Paulne fait pas difficulté d'appeler le Baptefme du
nom deCirconcilion,àcaufequ'ileft entré en laplaced'iceile:&illcfait tout exprès
pour retenir les Colofsiens en la foy.tant s'en faut qu'il ait craint de les offenfer aucu-
nement.Les faux- Apoftrcs leurs difoyent qu'ils ne pouuoycnt eftrefauucz s'ils n'efto-
yent circoncis: au contraire fain£t Paul leur difoit qu'ils eftoyent circoncis d'vne cir-
concilion faite fans main, qui eft la citeoncifion de Chrift& non de Moyfe,&: que là
le prépuce de la chair n'eft pas couppé,ains le corps de péché y eft defpouillc. Le nom
delà Circonçifion donné au Baptefme a grandement ferui aux Colofsiens:&: combien
plus euftferui le nom de facrifice donné àla Cene, fi de fait c'euftefté vn facrifice real
du corps de Chrift,&: félon le commandement d'iceluyîCe nom de facrifice eftoic vfité
entre les Iuifs & entre les Gentilsxar leur feruice diuin cofiftoit en facrifices,& le nom
leur cftoit fort plaifant &: agréable. Par quoy il n'eft nullement vray-iemblable que
les Apoftres ayenc faic difficulté d'appcller la Cene, facrifice, pour crainte d'offenfer
aucun par le nom.Mais eux cognoiffans que la Cene n'eftoit pas facrifice, entant que
leur Maiftre leur auoit dityPrene^mange^&c non pas,Prencz, &: facrifiez, ils ne luy ont
aufsi voulu donner ce nom:car il n'eft nullement croyable que les Apoftrcs euffenc
iamais facrifié Iefus Chrift, d'autant qu'ils n'eftoyent facrificatcurs , 6c qu'ils n'a-
uoyent aucun commandement n'exemple de ce faire. Et s'ils l'auoyent fait,
ilsn'euffent pas oublié de coucher par eferit vne fi grande ceuure, tant profitable &:
neceffaire à falut, comme on la dit auiourd'huy. le confefle bien que l'Apoftre
aux Hebrieux 13. dit, Que nous auons vn autel duquel n'ont point puiffance de
manger ceux qui feruent aux tabernacles:mais ic ne voy nulles raifons de prendre ceft
auceLfom \sl table de la Cene-.&c mefmecela contredit à voftre coniecïure, que vous dite*
queles Apoftres n'oncofé appeler la Cene, facrifice, craignans doffenfer aucuns. Y
cuft-ileu plusde dangerde l'appeler facrifice, que d'appeler la table, autel, fur laquelle
elle eftoic celebree?cerces cela bacaille du cout contre iby-mefme. Mais quant à moy, il
me ièmble que l'Apoftreau paffage preallegué neparlc pas de la Cene : ains par l'autel,
il entend tout le feruice que nons faifons àChrift,auquel feruice ceux quifont détenus
fous les cérémonies de la Loy n'ont nulle part. Et que ce foit le vray fens,ce qui fuit a-
près le dcmonftre.Car comme il auoit vfé du nom dWc/par metaphore,il monftre de
quel ieruice il entend parlenà fin qu'on n'entende pas qu'il parle d'vn feruice charnel.
Nous offrons donc(dit-il)par luy facrifice de louange toufiours à Dieu,c'eft à dire, le
frui&des leures confeffances fon nom.il nomme aufsi après les aumofncs,facrifices : &
voila ce qu'il encend par ïautelfic non pas qu'on offre &{acrifîe Iefus Chrift fur iceluy.
Comme le facrifice delouange eft vne chofe fpiricuelle:ainfi faufil prendre l'aucel. Et
quanc à ce qu'aucuns Anciens onc appelé les miniftres de l'EglïCc Sacerdotes,Cc(l à dire,
facrificaceurs,iccroy qu'ils l'onc faic de mefmc raifon, comme ils onc appelé la Cene,
facrifice,&:laTable,avicel,àfauoirimpropremenc.L'JE:«e/^«c,Maislafencencede Chry-
foftome doic bien eftre nocee:car il n'euft poinc dic,2Vo*# offrons iournellement,s\\riy euft
eu quelque facrifice real auquel l'Eglife fe fuft iournellemenc exercée. Guy, le confciîc
queChryfoftomeparleainfienfafencence:mais confiderez,ie vous prie, comme il fe
corrige puis après. Il die que le facrifice qu'ils faifoyenc eftoic l'exemplaire &c la figure de ee-
luy que Iefus Chrift auoic vne fois fait:& puis il dit que nous offrons le mefmc qui a cfté
ZZz.i,
Liurc^j VI IL Difputes de Çuy de Bres.
vnc fois fait pournous-.ce donc que nous faifons,dit-iI,cftfait cnrecordationdccctpti a efïè
/rf/ncar il dit, Faites cecy en mémoire de moy : nous ne faifons pas vn autre facrifice
comme le facrificateur,ainsnousfaifonstoufioursceftuy-la mefmecpuis après il adiou-
ftepourexpolitiôde les hypcrboles,c'eftàdirc,rnaniercsdcparlerexcefsiues:Et pour
mieux dire, nous faifons U mémoire dufacrifice qui a efléfait. Et à la vérité, en noftre Cenc
nous y offrons vne telle forte de facnfice,à fauoir,nou s faifons la mémoire & recorda-
tiondulacrificeque Iefus Chrift a fait en la croix pour nons,comeilnous a comman-
dé, Faitcscecy en mémoire de moy,c'eft à dire, en mangeant 5i beuuant nous le fai-
fons en fa memoire.Tout cela ne peut feruir au facrificede la Mefle:car d'autant qu'on
dit que ce n'eft pas vne figure, mais le vray Seigneur Iefu s Chrift, comment peut-on
offrir Iefus Chrift en mémoire &C recordation de Iefus Chrift &C de fa mort ? C'cft autre
chofe de la mémoires recordatio d'vne'chofe,entre celle de laquelle on fait mémoire.
Si félon Chryloftomevous offrez lemefme lacnfîce en la Melfc,voftre facrifice (croie
ianglant,quiferoit du tout contraircà la diftinction que vous faites de fiûtfiaum ourn^
f«w&mo»e»f«w,c'eft à dire,de facrifice fan glant& fans fang. Vous dites que le facrifi-
ce quia efté fait en la croix eftoitfanglant, mais que ecluy que vous faites en la Men*ê
eft fans fang:&: vous oyez que Chryfoftome dit qu'ils ofFroycnt le mefmc facrifice qui
aefté vne fois fait:c'eft donc celuy qui eft fanglant. Et puis monftrant clairement fon
intention il dit,Ou pour mieux dire,nous en faifons la mémoire & recordation en la com-
munion. EtProfpcrenfesfentcnces,ditqucce queleprcftre fait eft appelé /wmo-
i<f/o»dclachair,lapafsion,îamort&:cruciflemcntdeChrift,maisnonpas à la vérité,
ains par myftere llgnifianr.il s'enfuit que la preftrife eft de mcfme.Et par ainfi ie dy que
rEglifea(on(acrificcpours'cxcrccr,àfauoirleSacremcntducorps& du fang du Sci-
gnenr,en la receptiô duquel on fait mémoire du facrifice qu'il avnefoisfait.Iointaufsi,
moficur,que vous fauez que les Anciens ont vfé du mot d'offrir pour prefentcr,cômeS.
Cyprian au fermon <fcl*/>/u,ditquele Diacre commencera à offrir le calice au peuple
qui eftoit prefent.Et Sainéfc Auguftin en l'epiftrc à Ianuarius epiftre i i8.dit,qu'aucuns
ont prinsplaifit à vne certaine apparente raifon,qu'vn certain iour de Tan, auquel le
Seigneur a fait la Cenc,il fuft loifible qua le corps & fang du Seigneur fuiîcnt offerts èC
receusapresfoupper pour vne plus notable commémoration. offrtrCc prend là pouc
prefenrer &: dôner au peuple. Et de chtkateDei liur. io.tefmoignc que toutes opérations
par lefqueîlcs nous fommes conioints & arTociez auec Dieu, font appelées facrifice és
eglifes. Voila comment les Anciens ontencor vfé du mot o^w-jpour prefen ter au peu-
ple^ non pas offrir à Dieu:& mefmeienepenfe pas que vous preniczlc mot âc facri-
fice en voftre Meffe en fa propre fignification.Z'£«e/^«*,Ie confefle que les Anciens ont
appelé facrifice toutes opérations par lefquelles nous fommes conioints à Dieu : mais
cela n'empefchepasquel'Eglife n'ait vnfacriflce real du corps du Seigneur, non pas
que le mot de facrifice foitprins en fa propre fignificationtcar il fignific tuer cor nous
ne tuons pas Iefus Chrift en la MefTè:ée c'cft la caufe pourquoy les Anciens ont appelé
Tiofa cfacxihcC) facrifice fans fang.Guy,l[eÇk. bien certain que les Anciens ont parle cfvn
facrifice fans fang,mzis il faut fauoir leur intétion. Ils ont ainfi parlé voulans demonftrcr
la nature des Sacremens-.& n'ont fait difficulté de dire qu'vne hoftie fans fang eftoit
icy offerte en facrificc,pourdiftinguer le ligne de la vérité. Comment pourra-on ac-
corder à cela eeque ditl'cglife Romaineîà làuoir qu'en fon hoftie le vray fang naturel
ôc corporel eft contenu.Iefày bien qu'on r cfp on d que l'hoatic eft dite cftre fans fang,
àraifon que Iefus Chrift n'y eft point mis à mort, &: que fon fang n'y cftpas efpandu:
tantyaneantmoins que vous tuezee quevous facrifiez,&: vn facrifice ne fe fait pas
fans fang. Car vous dites qu'en l'hoftie le fang y eft contenu corporcllcment auec le
corps:crgo ce n'eft pas vne hoftie fans fang. En outre vous dites que vous ne prenez le
mot de facrifice en fa propre lignification en la MclTe, d'autant,(dites vous)que facri-
ficr eft tucr.Or là deffus i argu menteainfi: Le mot de facrifice fignific tuer : eh la Meffc
vous facrifîcz Iefus Chrift à Dieu fon Pcrc:ergo il s'enfuit que vous le tuez en la Mcflê.
Or vous refpondez que vous ne le tuez pas. Et là dcfTus ie dy auec vous que facrifier eft
tuer: vous ne tuez pas Iefus Chrift enla Meffc-.ergo vousne faites pas de facrifice.
L'Euefifue^ C'cft merueille comment vous trouucz mauuaife vne fifain&eceuurc»
rantlouablc & profitable à l'Eglife. Qxjjand ie célèbre la MefTe, ie prie Dieu qu il hiy
plaifcreceuoir le corps &lc fangdcfonFils,lequel icluy offre làà l'autel, Se qu'H le rc-
çoyuc
Difputes de Çuy délires. 68 ^
çoyue pour tous nos péchez. Nous ferions trefmal logez fi nous ne faiiîons ainfi
cnprcfcntantlcFilsbien-aimcau Pere. Pourquoy trouuezvouscela mauuais? Guy,
Ieneùuroyeiamaistrouuer que treflaind Se tresbon de faire ainfi que vous faites , fi
Dieu nous l'auoit commandé : mais de faire des chofes à noftre fantafie , quand il
eft queftion du feruice de Dieu , cela n'eft pas fainét , mais vne profanation des
fainfits Sacrcmens, comme il futtresbien dit à Saul, au premier de Samuel quinzie-
mechapicre,lequel vouloir faire facrifice de ce que Dieu ne luyauoit commandé. Sa-
muel luy dit , Cuides-tu que le Seigneur prenne plaifirauxholocauftcs Se facrifices
commedobeiràfavoix? Voila obeifiance vaut mieux quefàcrifice,&: efeouter vaut
mieux que graifle de moutons : car rébellion cft comme le pèche' des deuins , Se tranl-
grefsion eft iniquité Se idolatrie.C'eft à d ire,fuiure fon fens &: fon aduis contre la parole
deDieu,n'eft pas moindre péché, que le péché des idolâtres &: deuins.
Or en la Ccne voila Chrift le Maiftre qui commande , difant , Prenez, mangez^: 6c on
trouue meilleur défaire autrement, à fçauoir le prendre &lefacrifierlansaucuneor-
donnanccdeDieu. Ccquifutdit à Saul a icy lieu , contre tous ceux qui font autre-
mentqueChriftn'afait&commandé. Vous dites qu'en la Méfie vous priez à Dieu
qu'il rcçoyuelcfus Chrift, lequel vous luy offrez pour les péchez des hommes. Nous
ferions tantoft d'accord fi vous me pouuiez monftrcr que vous auez charge Se
commandement de ce faire . Iufqucs à prefent vous prefuppofez toufiours eftre vray,
ceque nous n'auons pas encore debatu, à fçauoir, que ce que le preftre tient Se offre
en la Méfie , eft le vray corps real Se naturel de Chrift . Car quant à moy , ie tiens
que le pain Se le vin de la Cene demeurent . En après il s'enfuit , puis que vous offrez
&facrifiez, que vous eftes facrificateurs : Se ie voudroyc bien fauoir félon quel or-
dre vous l'eftes. Car en rEfcrirurc tant du vieil que du nouueau Teftament ie n'y
trouuc que deux fortes de Sacrificateurs , à fçauoir de Melchifedech , Se de Leui.
Dites-moy,ie vous prie,fi vous l'eftes de l'vne deces deux fortes-la : ou d'vncauttc troir
fiemede laquelle mention n'eft faite en l'Efcriture. Outreplus , que vous dites que
la Méfie eft la Cene du Seigneur Iefus Chrift , ie voudroyc bien fauoir pourquoy
le preftre fait autrement que Chrift n'a fait Se commandé de faire . Chrift eftoie
afsis à table auec fes difciplcs : il prefche &c admonnefte de la parole de Dieu : il
n'eft point dcfguifé d'accouftrement comme le preftre : il ne parle pas en langue
incognue : il prent le pain , Se après auoir rendu grâces à Dieu, il le rompt Se le
diftribue à fes difciples :6c pareillement lacouppc,difant,Be««c;^e»fo»* . Il n'a point
d'autel,mais vnetable:il ne facrifie pas,mais mange 6e commande de manger . le vous
prie,de me donner refponfe fur ces trois poin&s.
L'Euef<jue, Vous propofez ici trois queftions aufquelles ie vous refpondray. Premiè-
rement, fbit que vous teniez que le pain Se le vin demeurent : cependant ie ne croy
pas que vous foyez d'opinion que ce foyent fignes nuds , ains qu'ils ont auec eux
ce qu'ils fignifient : Se par ainfi on ne laiffcra pas d'offrir le corps Se fang de Iefus
Chrift , d'autant que le figne n'eft pas feparé de fa vérité . Laifibns latraniîubftan-
tiation fans y entrer . Quant au fécond , vous demandez de quelle facrificature nous
fommes : ie vous dy que ce n'eft pas félon l'ordre de Melchifedech , ne félon l'or-
dre de Leui , qui eft aboly . Car en l'ordre de Melchifedech , Iefus Chrift y eft feul
entré , &c deuant luy 6c après luy nul n'y cft entre. Il eft feul Sacrificateur félon l'or-
drede Melchifedech, comme Dieu luy iure au Pfeaumeccnt&: dixième. Et pourtant
dit iainft Paul aux Hebrieux feptieme chapitre qu'il eft fans pere, fans merc,& fans
généalogie, fans commencement de iours,ne fin de vie . Cefte facrificature ne
vient point par fuccefsion ne par génération comme celle de Leui . Il eftfeulcnceftç
facrificature: combien qucHofius dit qu'il cft entré en celle de Leuifèmblablemenr.
Mais il ne luy dcfplaira point: &c fauf fon fauoir , cefte opinion eft â reietter : mais
au furplus nous fommes miniftres des chofes faindes . Et ie vous prie , preftez-
moy l'oreille , 6c entendez ce que ie veux dire. Ne fauez-vous pas bien que faind
Paul appelle Iefus Chrift en Grec ~4rchiereus , qui eft à dire , prince des preftres&:
fouucrain Sacrificateur? Or ne peut-il eftre fouuerain Sacrificateur qu'il n'y en ait
des autres fous luy qui foyent moindres 6c inférieurs à luy : car le mot de grand,
principal Se fouuerain prcfuppofe qu'il y en a d'autres fous luy . le vous prie , qui font ces
ZZz.ii.
Lturc^ VIII- D if put es de Cjuy de Bres.
faerificateurs qui font ions Chrift, &defqucls Chrift eftle Souuerain? Certes il faut
bien dire que ce lontlesminilhcsdcrHglii'c.Qjiintautroiricmepoinddc voftrcpro-
pofition , ie dy que ce feroit vnc choie grandement louablc,que toutes les fois que
la McfTe le dit , que la communion le riit : ie le defireroye bien. Et fi quelcun la
demandoit , on ne luy refuferoit pas . Mais faudra-il que le preftre qui a deuotion
de célébrer , foit fruftré de ce bien,pource qu'il n'y a nuls communians? il n'y au-
roit point de raifon. Et certes vous elles grandement à condamner de cruauté &c
inhumanité . Pardonnez-moy que ie parle ainfi de ce que vous refafez le Sacre-
ment aux poures malades,qui eft vne choie du tout répugnante à charité fraternelle,&
à la façon ancienne de l'Eglifc , qui le donnoit pour porter aux malades . Voila ce
que ie vouloye dire.
G v y , Monfieur, vous plaift-il medonner congé déparier &: audience? L* Eutf<juc%
Ouy,c'eft railbn:parlcz>ie vous orray.
G v y , Premièrement vous dites qu'encore que ie croye que le pain demeure
pain , & le vin , vin : neantmoins puis que ie ne tien les lignes pour (ignés nuds,
mais qu'ils ont leur vérité coniointe auec eux, on a lefus Chrift qui eft la vente du
Sacrcmenten main pour le facrifier .1 le confeflé que les lignes des Sacrcmens ne
font point nuds, mais que Dieu nous exhibe &: donne à la vérité, ce que par eux il
nous lignifie &: rcprcfcntc . Maiscependant , comme ie ne fuis point du nombre des
tranllubftantiateurs , ainfi ne fuis-ie pas du nombre des confubftantiatcurs : ains ie
croy que comme le corps &:Iang de Chrift demeurent vray corps &: vray fang en tou-
tes leurs proprictez, aufsi dcmeurcntle pain& le vin ,non que fous le pain, dedans le
pain,ou auec le pain le corps foit là enclos , attaché ou caché , pour cftre leué , haufie,
rabaiifé, ou pourentrerdedansnouspar labouche. Mais le corps de Chriftfàns bou-
ger du ciel où il eft , fe communique à nous pour nous eftre en nourriture fpirituelle de
nos ames.commc le pain nourrit noftre corps. Et quand mefme le corps feroit au pain,
il nes'entiiiuroit pas pourtant qu'il y feroit pour le facrifier : car il n'y a exemple ne
commandement de ce faire . Quant au fécond poincl que ie demande,aiTauoir félon
quel ordre vous cftes faerificateurs , vous refpondez quecen'eft point félon l'ordre de
Melchifedech , d'autant que lefus Chrift y eft feulentré:&: que ce n'eft pas aufsi félon
l'ordre de Leui , d'autant qu à la venue de lefus Chrift il a efté aboly . Mais que
vous eftes miniftres de Dieu & des choies fain&es. Et puis , vous dites que Ielus
Chrift eft appelé fouuerain ou noftre grand Sacrificateur ,&: de là vous inferez qu'il
y doit auoir des làcrifîcateurs qui foyent moindres: autrement que Chrift ne feroit
point fouuerain ou grand pontife. Mais ierefpon qu'il ne s'enfuit pas pourtant qu'il
y ait des moindres làcrifîcateurs . Comme , pour exemple , nous difons que Dieu,
eft noftre fouuerain Dieu : s'enfuit-il pourtant que nous ayons des petis dieux &:
moindres que luy ? Ncnny . D'auantage nous deuons noter à qui l'Apoftre eferit
l'epiftre aux Hebricux . Il eft certain qu'il eferit aux Iuifs,lcfquels auoyent vn fou-
uerain Sacrificateur , &C d'autres làcrifîcateurs moindres, lefqucls faifoyent leurs
facrifices . Et l'Apoftre les voulant retirer de leur fouuerain Sacrificateur & de leurs
facnfiecs , il leur monftre que lefus Chrift eft leur fouuerain Sacrificateur^ qu ils
ne doyucnt faire difficulté de quitter la figure pour prendre la vérité. Ainii donc
l'Apoftre parle de fouuerain Sacrificateur au regard des Iuifs qui en auoyent vn,
comme il parle aufsi de leurs facrifices . Mais on ne peut de là iuger que nous au-
tres qui fommes Gentils,& qui n'auions rien des choïes que les Iuifs auoyent, nous
ayons à prêtent des petits làcrifîcateurs : cela eftoit propre aux Iuifs au (quels
il eferit. Mais en cecy il me femble qu'il y a grande contradiction en vos paroles:
car vous auez dit qu'en la Sacrificature de Melchifedech , en laquelle lefus Chrift
eft entré , il y eft entré luy feul , Se n'y a perfonne de cefte facrificature , ny
aufsi de l'ordre de Leui , laquelle vous dites eftre abolie . Et cependant de l'or-
dre de Melchifedech, en laquelle Chrift eft feul entré , on n'y peut trouuer de fou-
uerain Sacrificateur , félon voftre dire,d'autant qu'il eft feul : &: que grand &c fou-
uerain Sacrificateur prefuppofe qu'il yen doit auoir des moindres fous iceluy. Le fou-
uerain Sacrificateur en la Loy eftoit de l'ordre Leuitique Chrift n'eft pas decefl:
ordre, ny les preftres. Aufsi ie voudroyc bien fauoir comment Chrift eft félon l'ordre
Difputes de Çuy de % es. 68 j
de Mclchifedcch , &: que vous autres n'en foyez point : &: cependant vous eftes
facrificateurs fbusluy. Cela certes ne peut nullement rencontrer . Ioint aufsi
que l'offrande que Chrift a fait de foy-mefme , a efté faite en la faciificature
lclon Tordre de Melchifcdech . Pour offrir en la MefTc l'offrande que lefus
Chrift a offert en ceft ordre , il faudroit que vous fuffiez facrificateurs félon l'or-
dre de Melchifedech , de laquelle vous vous niez d eftre : car cefte offrande n'ap-
partient qu'à cefte facrifïcateure . 'Il eft vray que vous dites que vous eftes mi-
niftresdc Dieu &dcs chofesfain&es . Saincl Paul en la première aux Corinthiens
quatrième chapitre parle quafien cefte forte, difant , Que l'homme eftime de
nous comme de miniftres de Chrift &: difpcnfateurs des f'ecrets de Dieu , Mais
deuant que cela vous peuftfciuir , il vous faudroit prouuer que Miniftrc de Chrift
foit à dire eftre facrifîcateur : ce que jamais on ne pourra prouuer. Car fainft
Paul ne dit pas, Que l'homme eftime de nous comme de facrificateuts de Chrift
& difpenfateurs des fecrets de Dieu . rien de tout cela . Partant cela ne vous
fert de rien . Et vous ne trovmcrez pas ce mot facerdos , c'eft à dire , facrifîcateur,
en tout le nouueau Teftament. Ainfi à bon droit ic defire de fauoir félon quel or-
dre vous eftes facrificateurs , à fin que ie puiffe auoir certitude de voftre voca-
tion . Vous dites que vous ne l'eftes pas félon Tordre de Melchifedech , ny félon
l'ordre de Leui . Et il n eft parlé que de ces deux ordres en toute TEfcriture une
du vieil que du nouueau Teftament : il s'enfuit que voftre ordre n'eft point or-
donné de Dieu , & n'a point de tcfmoignage par les Efcritures diuines , mais que
c'eft vn troifieme ordre inuenté des hommes hors TEfcriture faincte . quelle cer-
titude auez-vous donc de voftre vocation? vous faites ce à quoy vous n'eftes point
appelez de Dieu. Que fi vous eftes miniftre de Dieu du nouueau Teftament,
vous fauez que ceft office n'eft pas de facrifier , mais d'adminiftrer la parole de
£>ieu fidèlement , Se les fain&s Sacremens en pureté, fans rien adioufter ne dimi-
nuer , faire prières &: oraifons. Et voila la charge d'vn Miniftrc félon les Efcritu-
res fain&cs. Et faifant ainfi on applique les mérites de Chrift au peuple qui re-
çoit les Sacremens , quand il les reçoit en foy. Quant au troifieme poind , qui
eft,que le preftre fait tout autrement en fa Mcffe que Chrift n'a fait en la Cene,
vous dites que ce feroit vne chofe louable que la communion fe fift quand la Mef-
fe fe dit , &c que lé |>eupic reéeuft le Sacrement auec le preftre. Il n'eft pas que-
ftion fi cela feroit louable ou non , ne fi vous le diftribuez bien . Mais la quefti-
on eft , s'il eft loifiblc de le faire ainfi : car il eft certain que quand Chrift a dit en
faifant fa Cene , Faites cecy , qu'il ne faifoit pas ce que le preftre fait, , mais chofe
entièrement contraire , comme defia i'ay dit. Chrift en la table de la Cene offre
& prefente fon corps & fon fang à fes difciples pour leur nourriture fpirituellc : &C
le preftre à fon autel offre &; prefente à Dieu le corps & le fang de Chrift , com-
me il dit , pour la reniilfion des péchez :ce qui eft du tout répugnant à Tintcn-
tion du Maiftre. Et certes en ce que le preftre mange tout feul en fa Méfie, c'eft
vne chofe non feulement indécente , mais du tout derogante à la nature de ce
faind Sacrement . Sainct Paul l'appelle Communion en la première Epiftre aux
Corinthiens chapitre 10. Or ce ne peut eftre communion là où il n'en y a qu'vn
feul qui communique. Icfus Chrift crie haut & clair, Prenez , mangez^ : Il ne dit
pas , Pren O* mange pour tous les autres. Les anciens ont appelé la Cene Synaxin
en Grec , qui eft à dire communion de plufieurs. Et faintt Paul efcriuant aux Co-
rinthiens les reprend de ce qu'ils n'attendoyent point Tvn l'autre ,ains vn chacun
mangeoit fa Cene en particulier. Et làdcfTus TApoftre dit, Ce n'eft pas la Cene du
Scigneut :&lesrameinc à la première ordonnancedu Maiftre, difant,Quantà moy,
i'ay reccu du Seigneur ce qu'aufsi ie vous ay baillé. Et les Grecs encore auiour-
d'huy ne font point de MeiTe que les Dimanches & les feftes: ôc lors tout le peuple
communique au Sacrement fous les deux cfpcces auec le Miniftre. A uiourd'huy tout
cela eft renuerfé, le peuple reçoit le Sacremét par procureur, entât que le preftre man-
ge &boit à l'autel pour le peuple qui eftprefent. Et comme le preftre ne peut rece-
uoir le Sacrement du Baptefme pour vn autrc,aufsi nepeut il receuoir la Cene pour vn
autre. le ne puis pas viure dece qu'vn autre mâgera pour moy,aufsi ne puis-ic receuoir
aucun profit de ce qu'vn autre receura le Sacremét pour moy. Eticvousprie,combierv
ZZz.iii..
Liurcj VI IL Difputes de Cjuyde Bres.
eft la cliofe exorbitante , de voir là vingt ou trente preftres en vn temple , Se chacun fe-
ra fa Cenc à parc(voirc s'il la faut ainli appeler)&: chacun enclos en fa chapelle mangera
tout feul ? Que diroit fainft Paul s'il voyoit cela , luy qui en a rcpnns h grandement les
Corinthiens démanger à parciEt la corruption eft venue fi auantquelaMefle parocia-
lc,en laquelle par cy-deuant le peuple communioic, n'eft quafi différence aux Méfies
priueesquiontcômencédu tcps de Grégoire. Etvousauez beau dire qu'il ne faut pas
que lcpreftre foit empefché de communier en fa Méfie tout feul , combien quele peu-
ple ne s'approche pour communiquer: car l'intention du Seigneur lefus Chrift con-
damne tout cela,commetresbiéfainctCyprian Do&eurtrefàncicn&; martyr de Chrift
enfeigne en U troifcme epifoe burez.ad C<ra/«ww:Si,dit-il,au facrifice de Chrift,il ne faut fui-
lire que Chrift , pour certain il nous faut ouyr &: faire ce que Chrift a fait 6c comman-
dé de faire : veu qu'il dit en fon Euangile, Si vous faites ce que ie vous commandc,ie ne
vous appclleray plus mes feruiteurs,ains mes amis. Et que lefus Chrift doyue eftre feul
ouy, lePeremcfmeenarendu tcfmoignagedu ciel,difant, Ceftuy eft mon Filsbien-ai-
mé,auquel i'ay prins mon bon plaifir : efcoutez-le. Parquoy fi Chrift doit eftre feul ouy,
nous ne dcuons point regarder à ce qu'vnaurre aura penfc deuant nous eftre bonde
faire:mais à ce que celuy qui eft deuant tous,à fçauoir Chrift,a fait le premier. Car il ne
faut pas fuiure la couftume d'vnhommc,mais la vérité de Dieu : veu qu'il dit par fon
Prophète Efaie,Ils m'honorent en vain,cnfeignans ordonnances &: doctrines des hom-
mes. Et le Seigneur répète icy melme en i'Euangilc,difant, Vous reiettez le comman„
dément de Dieu pour eftablir voftre ordonnance Se tradition. Mais encore il a dit en vn
autrelicu, Quia rompu vnde cestrefpetitscommandemens,&auraainiienfeignéles
hommes,il fera trefpetit au royaume des cieux . Que s'il n'eft point licite de rompre le
plus petit de tous Jes commandemens de Dieu : combien moins fera-il licite d enfrein-
dre ceux-cy tous tant grands,tant cxccllens , &: tant proprement appartenans aux Sa-
cremens,mefme de la pafsion du Seigneur & de noftre rédemption, ou les changer pat
ordonnance Sz tradition humaine, à vneautre chofequ'à celle à laquelle ils ont efte
diuinementinftituez.Voilacommecebonperfonnage parle contreceux quicorrom-
poyentl'inftitution de ceS.Sacrement. Etiamaisonne pourroitexcufercecy.&pour
corriger tous ces abus il faudroitfairccommefain&Paul, lequel voulant corriger les
1C0r.11. Corinthiens en l'abus de ce Sacrement, il leur dit, I'ay receu du Seigneur ce qu'auC
fiievousay baille: &: les reforme félon la première inftitution du Sacrement: com-
me aufsi Chrift voulant corriger l'abus du mariage touchant lesdiuorces quifedon-
noyent , il dit , Au com mencement il n'eftoit point ainfi . Ne leuftes-vous iamais que
celuy qui créa lhom m eau commencement,crea le malle & la fcmelle?Et aufsi pour re-
former les abus de la Meife , il faudroit mettre en auant l'ordonnance de la Cene, com-
me Chrift &c fes Apoftres nous ont enfeigne. Quant à ce que vous nous notez d'inhu-
manité de ce que nous ne donnons le Sacrement aux malades , ie confelTe qu'on en a
vfé quelque fois par cy deuant. Mais à fçauoir h cela, eft louableiie n'y voy pas grand' raî-
fon , fuiuant ce que ie vien de dire, quece n'eft pas vn Sacrement pour donner à vn, en-
tant que c'eftvne communion de pluficurs qui le doyuent rcceuoir,& non pas d'vn
feul. Cependant ie ne lèray tant rigoureux fi quelque fidèle citant malade requeroic
dereceuoir ce Sacrement,&: que là plulieurs fuflènt dilpofez pour le reccuoir auec ledit
requérant, Se que cefte eghic eut cette couft'umc:ie ne voudroye,dy-ie,condamncr v-
netellecouftume. L'Euepjuc , Surnoftrepremierpoin£tvousditcsquevousne pou-
uez admettre la tranflubftantiation . Et certes ie vous veux bien confe/Tercela , que
fi ie vouloyc croire à mon iugement& à maraifon,ie ne la croiroye pas.Etlèmble bien
que ceux qui ne la croyent pas , approchent de plus près ce qui eftvray , &c rencontre
mieux l'Efcriture fainde. Mais quoy ? puis quel'Eglife l'a ainfi déterminé & arrefté,oci
le doit croire fimplement . Et certes i'ay plus trauaillé tout le temps de ma vie à capti-
uermesfens à croire & tenir ce que l'eglife Romaine croit, qu'à mille autres eftudes.
Et fur voftre fécond poinct , ie confefle volontiers que le nom dcS<tcerdos>qm eft fa-
crificateuroupreftre,n'eftpasentout Jcnouueau Teftament. Mais il ne s'enfuifcpas
pourtant que nous ne deuons pas facrificr le corps Se le lang de lefus Chrift . Vous de-
mandez qui nous a commandé de ce faire . Mais ie vous demanderay, fi vous ne m'ac-
corderez pas volontiers, que noftre Seigneur lefus Chrift nous a ordonné &c comman-
dé de faire le mcfmc qu'il a fait en l'inftitution de ce faindt Sacrement, û ie vous nvon-
ftre
Di/put€sde(jUjT>e<jBr€st 686
ftre qu'il ait offert quand il l'inftitua.
G*7,Certes,monfieur,vous me ferez vn fingulier bien , & m'accorderay facilement
auccvous,&: feray des voftres.Ie vous priedonc,monfieur,mcle monftrer. L'euefae , le
levousmonftreray:enccndcz. Vous fauez bien que les anciens Pères auoyent decou-
ftume de ne faire iamais aucun banquet folénnel, fignamment en chofes religieufes,
que premier deuant qu'y toucher,la première part d'iceluy eftoit offerte à Dieu. Cecy
fe peut monftrer par vne infinité' de paffages del'Efcriture. le vous allegueiay le feftin
de cebonperfonnage lob, qu'il faifoit auccfesenfans:il ne le faifoit fans facnficr pour
eux* Le congé & l'adieu de Iacobd'auecfbn beau-pere Laban,nele fit point fans la*
icrifice. _QuandMoyfe&:Iethrofon beau-pcrefcfeftoyerent: fut-ce fans faire lacrifi-
ce.? Voila lacouftumedes Anciens en leurs banquets. le penfe que vous n'oferez nier
que Melchifedech n'ait fait le mcfmcs,quandil vint au deuant d'Abraham.& de les ges
auec pain &: vin. le ne debatray pas de la lignification du verbe Hcbraique/fo//,duquci
rEfcriturcvfc là, lequel verbe fignifie offrir &; prefenter. Iln'eftpas àcroire que Mel-
chifedech en vn a&c tant religieux ait oublié fon deuoir&r office d'offrir. Cela,di-ie,ne
fc peut nier fans vnelourdeopiniaftreté,mefmemcnt veu querEfcriturcl'appellefacri-
ficateur du treshaut Dicu,pout môftrer qu'il fit lors office non de viuandier, panetier,
ou bouteillier,mais de facrificateur; &: qu'Abraham ne les fiens ne prindrent leur réfe-
ction de ce qu'il leur fut apportc,quc premièrement Dieu n'en fuft ferui par le minifte-
redcccgrandfacrificateur,tantparoblation,benedidion,qu'a£tiondegraccs. le tien
que ce fainct facrificateur a fait fon oblation par action de grâces &: par fa bénédiction,
recognoifTant ce pain &: ce vin comme dons de Dieu,& inuoquant fon làinâ nom def-
fuspoureftre profitable à tous ceux qui en reccuroyent auec louange Se gratitude.
Autrement comment auroit-il fait officede preftre en ceftepçodu&ion de pain Se de
■vin? Etpourquoy luyauroit Abraham baillé la décime de toute defpouille qu'ils a-
uoyent rapporté , s'il ne le recognoiffoit pour fouuerain preftre de Dieu,&: s'il ne re-
cognoiffoit ce qu'il faifoit pour œuure facerdotalc , en laquelle Abraham pro-
phétiquement recognoiffoit la facrificature de Iefus Chrift noftre vray Melchi-
fedech , 6c loblacion de fon corps &c de fon fang fous les efpeces de pain &: de
vin ? Or comme Melchifedech fut au patriarche Abraham comme gage &c feu-
reté de la facrificature de Iefus Chrift, te que luy-mcfme s'appelle facrificateur fé-
lon l'ordre de Melchifedech , certes c'eft trop peu fentir de la dignité facerdotale
de noftre rédempteur Iefus Chrift, fi nous ne croyons qu'en l'inftitution de ce fainct fà-
cré bâquet,lequel il inftituoit pour toute fon Eglife , il ait fait le mefme qu'a fait ce grad
preftre Melchifedech. Tellement que quand nous n'aurions nuls argumens des Efcri-
tures,pour croire que Iefus Chrift , comme noftre grand preftre &c facrificateur , ait , a-
uant toutes chofes , en l'inftitution de ce Sacrement offert à Dieu ce qu'il vouloit dé-
partir à fes difciples : fi cft-il plus que raifonnablc que nous tenions certainement qu'il
a en chofe tant excellente &augufte, gardé Tordre &l'vfance des fain&s Percs : voire
qu'il ait fait le mefme en ce Sacrement qui fe faifoit en l'agneau Pafcal, lequel on im-
moloit premièrement que le manger. Et ne doute que par ces paroles, defqudles vfent
les Euangeliftcs,qui font actions de graces,benediclions &r fractions du pain, ne foie en-
tendu oblation qu'il faifoit à Dieu de fon corps & de fon fkng , le vouant & baillant à la
fouffrancedela mort, pour victime en la remifsion des péchez. Et pourtant il dit,
Vota mon corps, qui efl pourvousùuré . Il commença lors la faincte action facerdotale, &C
l'oblation de fon corps &c de fon fang,lequel il accomplit en fa mort . Et au refte fur le
troificmc poinct vous dites que le preftrcmâgeant tout fcul le Sacrement, le peuple re-
çoit le Sacrement par procurcur:ccqueienie,carily communique parfoy.
G v y ,Monficur,ie fuis ioy eux d'entendre de vous fur noftre premier poinct,que vo-
ftrefens&iugcment répugne à la Tranffubftantiation , &: que ceux qui ne lacroyent
pas fcmblent de plus près fuiurc l'Efcriture,&: ce qui eft veritable:mais vous dites qu'il
la faut croire fimplement,d'autant que l'eglifeen a ainli déterminé . le fay qu'il y a plu-
fïeurs de vos docteurs qui parlent ainfi. Et certes ie m'eftonne grandement d'ouyr ain-
li parler . Vous confeffez que la tranffubftantiation ne fe peut prouue/ par l'Efcriture
fain&c,ny parraifons humaines: mais que cependant il la faut croire fi mplement, d'au-
tant queî'Èglifc en a ainfi déterminé . Sainct Paul Rom. i o .m'aapprins que la foy viét
par l'ouyc de la parole de Dieu : àc vous dites qu'il la faut croire fimplement à caufe du
ZZz.iiii.
LiuTC^VHL v TUfputes de Çuy Degrés.
décret de l'Eglifc: il s'enfuiuroit que la foy viwidroit du décret & ordonnance dcTEgli»
fc . Or ie dy que l'Eglifc ne peu t rien déterminer quant à lafoy , fans l'Efcriture fain&e.
Or cefte doctrine de la tranlfu bftaatiation cft toute nouuelle,ordonnee par le Pape In-
nocent 3 . au concile de Latran , ily a enuiron trois cens ans : & Ta adiouftee aux douze
articles de la foy pour le trezicme article , chofe certainemet du tout répugnante à l'Ef-
criture fain&c & aux anciens Docteurs de l'Eglifc . Voila les Euangeliftes qui difenc
tous d'vn commun accord, que comme ils mangeoyent Iefus print du pain,& après a-
uoir rendu grâces le rompit,& le donna àfesdifciples,&dit , Prene^mangezj. cecy efl mon
corps. Il ne fait pas de metion quclc pain fuft tranflubftantic au corps naturel de Chrift.
Et de la cou ppe l'Efcriture dit, que Chrift appelle encore génération de vigne, ce que
les Apoftres auoyent beu, difant,Iencbeuuray plus d'orefenauant de cefte génération
de vigne. Actes i. ileftdit quelesdifciplcspcrfeueroyent en lado&rine des Apoftres,
en la communication & fraction du pain, &cn oraifon. Nous oyons que l'Efcriture
dit que c'eft: pain, que c'eft vin. Actes io, VniourdcSabbathnous eftions affemblez
pour romprclcpain. Et Paul dit, i.Cor.io, Le pain que nous rompons, n'eft-ce pas la
communion au corps de Chrift ? Nous qui auons mangé d'vn pain,fommcs vn pain &c
vn corps au Seigneur. Et i .Cor. 1 1 .par trois fois l'appelle pain. L'Efcriture parlant ainfi
ne nous veut point tromper, difant que c'eft pain * & ce n'en feroit point.Et les anciens
docteurs en bon îangagedifentique c'eft pain & vin après la confecrarion . Voila Ori-
gene qui eft des plus proches du temps des Apoftres furie 1 5.chap*defain& Matthieu,
expofant ces paroles, Tout ce qui entre en la bouche s'en va au ventre,& fort hors par
bas,ditâinfi , Cefte viande qui eftfanftifiee par la parole de Dieu, &* par prière , félon cequelleade
matenelyerttre dedans leyentre^ eftietteehorsparbas. Et foudain après il dit, Ceneftpas lanut-
tiere dupain oui profite, mais c eft la parole qui eft récitée deffus. Et afin qu'on n'entende ces pa-
roles eftre dites d'autre pain , que ecluy de la Ccne , il dit , Cecy foitdit du corps myftique&
Origene jymholique. Iamais Origene n'aefté noté d'auoir malfenti de la Ccne. Pattant il en parle
félon qu'en tenoit l'Eglifc de fon temps . Cefte fentenec nous monftretrcfcîairc-
mcntqùc la fubftance &: matière du pain demeure en la Ccne félon la do&rine de 1 an-
TemilUia cienneEgluc. Tcrtullianaufsitrefancienau i.liure,contreMarcion,dir, chriftnapoint
reprouué le pain par lequel tla prefemé fon corps. Et au pliure contrcledithcretiquc,il dit qu'il
a prins le pain & l'a diftribuc à fes difciples , le faKànt fon corps en difant , Cecy eft mon
cor/»i,c'eft à dire,lc figne de mon corps. Ce ne peut eftre vne fïgure,s'il n'y a vn corps de
verité,ou vray .En outre vne chofe vuide Se vaine,qui eft vn fanrofmc,ncpcut reccuoir
Cypùrn aucune figure . Saind Cyprian martyr de Chrift , en la troifieme Epiftte liure deuxiè-
me à Cccilian , dit que le fang du Seigneur cft dcmonftré au vin . Item au mefmc
lieu, C'esloitvinceque leScigneur difott eftre fon fang. le vous prie, monfieur, notez bien
cela. Item encore, L'eau ne peut exprimer le fang de Chrift : & nous voyons que
le peuple eft entendu par l'eau, &: que le fang de Chrift cft dcmonftré au vin: il s'en-
fuit que le vin demeure , puis qu'il fert pour exprimer &dcmonftrer le fang . Et
fcriramu» Bertramus parlant quaii en femblablc fentenec, dit au liure du corps & du fang du Sei-
gneur : Si ce vin-la qui eft fan&ifié par l'officcdu Miniftrc, eft conuerti corporcllcmenc
au fang de Iefus Chrift, il eft neceflaire aufsi que l'eau, qui eft m cflee, pareillement foie
conuertie corporellemcnt au fang du peuple croyant. Car là où tlny a quvne fanttificâtton,
Unes 'enfin quvne opération:^ là où ily a pareille raifonjl s 'enfuit aufsipareil mystère. Or nous vo-
yons qu'en l'eau il n'y a rien de conuerti félon le corps , confequemment donc il n'y eft
rien dcmonftré au vin corporellemct. Ce qui eft fignifié du corps du peuple en leau,fe
prendfpirituellcmenttil cft donc ncccfTaire de prendre fpiritucllcmét cequi eft démo-
lir é du fang de Chrift au vm.L'Euefque.Quoyfcpic dites-vousîS.Cypriâ dit-il tout ce que
vous dites icy? Guy. Non pas, monfieur. Mais ie dy que Bertramus traite ces paroles de
Expofitjon S.Cy prian,& les expofe ainfi mot à mot,comme ie les ay récitées. Or S.Cy priai» dit bie
jjs^f£dauantage contre les ^iquariftes, que file vin défaut d'eftre au calice , que le (âng de
Chrift n'y peut eftre veu,& n'y peut eftre entendu. Si le vin cft tranfTubftantié,ildelaif-
fe d'eftre vin.Et par ainfi félon fainâ: Cyprian,le fan^ de Chrift n'y peut eftre entendu.
•Au fermoa Le mefme * doreur du; que le pain fanftific eft entre en la bouche pollue. Item au fer-
Jj^^Jj"* mon<fel4/>yîf,(iit,parlantdclaieuncfîllequiauoit vomileSacrcmcnr,Z*&ir»^^yW7i-
fié aufangdu Seigneur eslfirti des entrailles pollues.Uric dit pas ,1e pain & le brcuuagetranf-
fubft amicz,mais le pain & le vin lànetincz au corps &: au fang du Seigneur. E t fem bla-
Di/putcsdeCjuyDecBres. 68/
t>lcment Theodoretus,qui viuoitdu temps de Cyrille, & qui flic auec luy au concile Tfceodorct,
d'Ephefe &: de Calcedone, homme trefdocte,le liure duquel a cité imprime à Rome en Jv^jjjjjjtae
Grecdit ainli au premier dialogue, propofanc deux perfonnages, le Fidèle &: THereti- temp,.
que:le fidèle c\\t,Noftrc Sauueur luy-mcfme a changé les noms dupain & du vin, & a donné le nom
dit figne a fon corps, aufigne le nom defon corps:enccslcmefme façon s" cftant appelé fay-mefmc
-vigne, il a mefmc nommé le fgnefang. Puis l'herctique demande : Mais ic -foudroyé bien j'amir
Lawfepourquoy les noms font change^, Le fidelc refpond, Lebuteft propofé euidemment à tous
ceux qui font appelé^ au myfterc. Car il a -voulu que ceux qui font appelé^ à /a participation des my-
fieres facrez^ne s'arreftaffent point à la nature dcsihofes qui Je voyenr.mats que par la mutation ou chan- Chngemct
gement des noms,ils o-ôyent à la tranfmutation qui cfl faite par grâce. Car celuy qui appelle fon co)-ps fro- Jci noœs'
ment&painjemefmeaufîi s e(l nommé le cep delayigneduy-mefmc aufU a fait ceft honneur aux f-
gnesquiapparoiffentdeuantles y eux, de les appeler fon corps & fon fang,nonpas quilait change la na-
ture,maus ayant adiousléftgrace à la nature. Puis au mefmc lieu il dit encore, Les ftznes my-
Jltques après la fandijkation ne fortent pas de leur nature. Car ils demeurent en leur première fub-
ftance>fi^re&,forme,&*fepeuuentvoir& toucher comme auparauant. Il ne dit pas en la pre-
mière Icntence, que le pain &: le vin font traniîubftanriez: mais quelepain &: le vin LcF''n& le
font muez &; changez quant aux noms. Ils font appelez corps &c fang de Chrift, ce qu'ils qlLÏ^Eï
n cftoyent pas auparauant noramez:& dit que la nature du pain n eft pas changée, ains noms-
que lagracc cft adiouftee à la nature.Cela demonftre clairement com me le iour,que le
pain demeure au Sacrement, ôc femblablement le vin.
1 Ar ces difputes dônecs ci deflus par extrait de plus amples que Guy eut auec Ri-
êchardot cuefqued'Arras,onpeutcognoiftrccôbien ceux font dangereux , voire
'pernicieux,qui par ambition & auarice s 'eftâs deftournez de la verité cognue, fe feruét
de tous moyens par fubtilitez&rufcs pour cfbranfler la foy des poures fidcles. Ilauoit
parauant triomphe publiquement d'vn poureMenuficrpriionnierenla ville de Dou-Ce mefmc
ay, pour rauoirconuerti(commetelsapoftatsparlent)oupluftoftdiuertidu vray che-E"^ue 2
min -maisilatrouué cncesfcruiteursde Dieu prifonniers à Vallcncenncs vne vcritëimprdsion
puiflantc,s'il en vouloit parler (elon fa confciencc ce qu'il en fait. fes
Il y eutencoresplufieurs autres aduerlâires qui airaillirentGuy&DelaGrâge au
mefme mois de May lu(dit:entre lefquels vn certain Cordclicr,qui auoit autre fois con
f eré auec eux auant cefte perfècution cftans libres, les vint vifiter en la prifon.Iccluy ac-
compaigne d'autres aborda Guy,en luy difant qu'il eftoit bié marri de la prifon, & qu'il
Juydefiroittouteprofpcritc&fonfalutrEtàccsfînsjGuy mon amy(dit le Cordelier) corddiervi
ie vous vie vifiter,vous priant d'eftimer de nous que nous auons foing de noz ames, voi- foanc kspri
rede maintenir la vraye religion & la gloire de Dieu. Et fi autrement eftoit, quel befoin yïicuc dC
meferoit-il(difoit le Cordelier)de viùrc en ceft habit,pour cftrccn rifec & moquerieau
niondc?ic fuis viuantenlblitude-. iene manie point d'argent rie feroyc bien mieux à
mon aifcd'eftre marie:i'auroycdel'argcnt:iefcroye bien venu au monde comme vous
eftes.Sur ce Guy rcfpondit,Monfieur,ie vous mercic du bien que dites me defirer: iene
vous en defire pas moins de ma part.mais ieloue Dieu de ce qu'il luy plailt m'enuoyer,
fâchant que c'eft pour mon grand bien &: falut. Et quant à ce que dites eftre foigneux Refponfe
de maintenir la vraye religion,cela ne peux-ieapperceuoir:& voftre habit eftrange &
defguifé ne mo peut perfuader cela. Ieconfefle bien quevouseftes en moquerie & ri- lier.
feeàplufieurs.maislacaufcvicntdevous,qui vousexpofez vous-mefmes à tel oppro-
bre. Et quant à mal-aifc que vous endurez en voftre conuent,cela ne peut feruir dindi-
cefuffîfant pour prouuer que vous maintenez la vraye religion. Car en mal-aile que
vous dites, vous y auez tellement vos aiies &: vos plaifirs, que fi ie vouloye viure à mon
aife,ie me voudroyc rendre Cordelier,ô£ voùdroye prendre la beface de S.François, la-
quelle vaut mieux que la croix de S. Benoit,comme on dit. Vous dites que pour cercher
vos aifes vous prendriez fcmmc,&: vous marieriez, le conferlc que celuy qui cft bien
marié,a vne grande commodité:tant y a neantmoins quela (entence de fainct Paul de-
meure vraye, que ceux qui font matiez auront tribulàtion en la chair: mais vous qui
dormez à voftre aife,vous n'auez pas les petits enfans qui vous em pefchent le repos de £e mal-aifc
la nuit, vous n'auez pas les ordures & infections d'eux corne ceux qui font mariez: vous a^foj^
n'auez pas le foing dequoy vous les nourrirez & efleucrcz.Et s'il cft vray ce que vous di- ré.
tes que vous ne maniez point d'argent (tous ceux de voftre ordre ne font pas fi con-
fcicnticux)& ie dy que vous eftes d'autant plus à voftre aife.Plufieurs font en fort grand
Liurc^j VI IL G uy De Bres, auec Peregrin delaG range.
danger ôc" pcril pour l'or &: l'argent, &: en m ille mal-aifes : voire fouuent l'or &C l'argent
eft caule de la ruine des pofledans. ^Ce l a dit on commença entrer bien auant eu
♦ Remwy de difpute de la primauté du Pape:mais d'autât que la queftion eft de chofe toute cognue,
£Duï"tcfu! 6cnocoirc,nous renuoyons derecheflcs lecteurs au liure*quiaefté publié par impref-
Jj Pape au li lion des ekrits deGuy,apres la mort.Toutcfois pour mieux cognoiftre ce Cordelier,&;
"mpr.ml- 'lîcntcndrc,commecnpaHànc,quclseftoycnt plufieurs exercices que fouftenoyent lef-
torme de 8. j -£S (juy ^ rje |a Grange,durât la liberté de leur miniftcre en la ville de Vallencénes, il
ne fera impertinent de toucher par forme d'hiftoire la difpute que tous deux eurent
contre ledit Cordelier en la maifon de la dame de la Tour, prefent plufieurs bourgeois
îSrifdZw ^ habicansen ladite ville.Cc Cordelier peu après la fractionne abat* des images pref-
lîu «n rw- ques gênerai par tout le Pais-bas,(ctrouuaen ladite mailbn en habit feculier (comme
',0'rf' ils parlent)pour cftrc defguifé.Il auoit madé par efpecial qu'on luy fit venir De la Gran-
ge,àfauoii le pctitMiniftrc, comme ille nommoit:voulantnullementdu grand, à fa-
lloir de Guy,côme il dit à ceux aufqucls il donna cefte charge. Peregrin De la Grange
eftant venu vcrsluy,&: ne pouuatauoir audience deuant ce Cordelier, abulant par ion
babil&audacedeladouceur& modeftie dudit De la Grange: quelcun des frères là
eftant s'aduifa d'aller versGuy,& le prier de fe trouucr à ladite difpute.Guy donceftant
Guy & La furuenu,entra,&: plufieurs autres quât&luy.Il trouua fon compaignonLa GrangeôC
Grangcdif- le Cordelier difputans de la Cene.La Grange laifia parler fon côpaignon:&: après plu-
ScTc'cordc ficurs propos qui feroyent trop longs àreciter, le Cordelier fut contraint de confellcr
lier. haut &: clair,(lalibertécftât lors au Pais)qu'ilnefauoit comment& en quelle forte le
corps de Chrift eftoit en la Cene, s'il y eftoit corporellemcnt ou Ipirituellement. Sur-
quoyvn des Bourgeois qui là eftoyentluy dit,Cômenr>monfieur,eft-ilpofsible eclarie
vous ay plufieurs fois ouy prcfcher,qu'il faloit croire qu'il y eftoit corporcllement,char-
ncllemét,aufsi grande gros qu'il eftoit enlacroix:&: qu'il le faloit croire ainfi fur peine
de dânation eternelle:mcfme,s'il vous plaift,ie vous monftreray quelque lettre de vo-
ftre propre main eferite à vne certaine femme de la villc,en laquelle vous luy cfcriuez
qu'elle le doit ainfi croire &c y mourir.ee qui m'eftonne grandemet à prefent. LeCorde-
lier refpondit,Il faut entédre ce qu'on prcfche,& ce qu'on elcrit : ie ne l'cnten pas ainfi.
Ce Bourgeois repliqua,Lcpoure peuple cependant qui vous a ainfi ouy prefchcr,dit
qu'il veut viure éc mourir en cefte foy,commc vous leur auez prefché: vous leur deuiez
donc auoir dit voftre intention ouuertement,commc vous le dites icy, que vous ne fa-
uez pas comment il y cft,à fin qu'ils l'apprinfent de ceux qui le fauent mieux. Apres ce-
la le Cordelier iafant delaMeuc,Guy demanda s'il eftoit facrificateur. Il ne rcfpondic
rïcnj&faifoitquelquedifncultédedireouy.Guyluy dit qu'il parlaft hardiment &c fans
fiSt^ra"! cramcc>& qu'il n'y auoit aucun danger ne pcril.Lorsdit,qu'il eftoit facrificateur. Et de
kuoir d« Le quel ordre>(dit G uy )de Lcui,ou de Melchifedech?car en toute l'Efcriturc faincte il n'eft
ài fcdec^1 Par^ clue ^c ces deux ordres. Le Cordelier refpondit qu'il eftoit facrificateur félon l'or-
1 ec ' dre de Melchifedech.Sur ce Guy luy dit qucl'Apoftre aux Hcbrieux déclare qu'il n'y a
que Iefus Chrift feul qui foit entré en ceft ordrc:&monftrc euidemment que celte fa-
crificature n'eft pas comme celle de Leui,laquellc eftoit par pere, par mere, & par ge-
nealogie,dontlesfacrificatcursauoyentcommencemcnt de iours &c fin de vie. Mais
qu'en la facrificature de Melchifedech en laquelle Chrift eft en cré,il n'y a point de gc-
ncalogie,ceft à dire, on n'y entre pas par fuccefsion, d'autant que Chrift,qui y eft feul
entré,vit éternellement:^ ayant acquis rcdcmption,cft viuant à toufiours, ayant puif-
fance de fauucr tous ceux qui s'approchent de Dieu par luy. Les Miniftres donc lors
declarerent,puis que Chrift vit à toufiours, que le Cordelier fc trompoit grandement
dcpcnfereftredeccftc facrificature: car il n'eft pas comme le fouucrain Sacrificateur
de la Loy,lequel attiroit vne grande troupe de facrificateurs. Déclarèrent en outre que
Chrift eftoit feul plus que lu tri fane pour faire parfaitement le lalut éternel des fiens par
le feul facrifice de là mort en la croix,fans qu'on face encore le mcfmc.
S" E NSVTVENT quelques lettres efcritespAr Guy de Bres de fi prifon de Vallencennes.
|Ov $ auons vcu iufqu'icy de quellcforce&: doctrine ce feruitcur de Dieu a efté
ggçj muni denhautpourfurmontcr les premiers combats de l'emprifonnement: Se
puislesfubciUcœ&rufesdesaduerfcircsle prouoquans endifputç:oyons maintenant
quelle
Lettres fonfolatoires. 688
quelle affection & foingChreftié il a porté aux ficns:& premièrement à fa femme Ca-
therine Ramon, à laquelle entre autres lettres, celle qui s'enfuit cft digne d'eftre confer
uce. Ma chère &bien-aimec efpoufe,&: fœur en noftre Seigneur Iefus, voftre
angoiflfc&: douleur troublant aucunement ma ioyc &lieffe,caufequeie vous eferi la
prefente,tancpourvoftreconfolation quepourla mienne :ie dy notamment pour la
voftrc,d'autant que m'auez toufiours aimé d'vne affe&ion treferdente, & qu a prefenc
il plaift au Seigneur que la feparation fe face de nous dcux.pour laquelle feparation ic
fens voftre amertume plus que la mienne. Et vous prie autant que ie puis de ne vous
troubler outre mefure, craignant d'offenfer Dieu. Vous fauez allez que quand vous h, <'U€,le
, r r' ■ i i i • • .1 côditioo la
mauezeipoule,vousauezpnnsvn mary mortel,lcqud cftoit incertain de viurc vne femme cf.
minute de tcmps:&: cependant il a pieu à noftre bon Dieu nous laiflcrviure cnfemble Poufc fan
l'cfpaccdcnuironfcptansjnous donnant cinq enfans. SilcSeigneur euft voulu nous mary"
laufer viureplus long temps enfemble, il en auoit bien le moyen.mais il ne luy plaift
pas:parquoy fon bon plaiiir foit fait,& vous foit pour toute raifon. D'autrepart confi-
nerez que ienefuis pas tombé entre les mains de mes aduerfaires par cas fortuit, mais
parlaprouidenccde mon Dieu, laquelle conduit & gouuerne toutes choies tant pe-
tites que grandes,comme il appert par ce que Chrift dit,' Ne craignez point: vos che-
ueux font nombrez. Deux paifereaux ne font-ils pas vendus vne maille.' &: vn d'i- Matt-10- 3°«
ceux ne cherra point fur la terre fans la volonté de voftre Pcre. Ne craignez point
donc, vous eftes plus excellents que beaucoup de paffereaux. Qu'y a-il qui (oit eftime
denous moindre qu'vn chcueuî&: cependant voila la bouche de la fapience diuinc qui Dieu tient
dit que Dieu tient enregiftré le nombre de mes cheueux. Commentpourra donc mal^f'1^.0^
ou aduerfité aduenir à ma perfonnc,fans l'ordonnance &: prouidence de Dieu î cela ne cheueux.
peut nullement eftre,fi on ne veut dire que Dieu ne foit plus Dieu. Et voila pourquoy
le Prophète dit,Il n'y a aduerlité en la cité que le Seigneur n'ait fait.Et en cefte doctrine Amos^€'
nous voyons que tous les fàin&s perfonnages qui ont cfté deuant nous,fe font confolez
en toutes leurs affligions fie tribulations. Iofephcftant vendu par fes frères pour eftreGeacfjo.
mené en Egypte dit, Vous aucz fait vne mauuaifc œuure,mais Dieu l'a conuertic à vo-
ftre bien:Dicu m'a enuoyc deuant vous en Egypte pour voftre profit. Autant en a fait
Dauid à l'endroit de Semci qui le maudiflbit. Le mefmc a fait Iob:&: ainfi confequem-
ment tous les autres. Etc'eftlacaufe pourquoy les Euangeliftes traittans fi diligem-
ment des foufrranecs & de la mort de noftrc Seigneur Iefus Chrift, adiouftent, Et cecy a
eJléfanjàfinqueJyJlacmmpLceejuiefloiteJbitdeluy. Le mefmc doit eftre rapporté à tous les u raybh
membres dïceluy.Ileft bien vray que la raifon humaine bataille contre cefte doctrine, ,,uma|ne m
& y refîftc tant qu'elle pcut,& ie l'ay tresfort expérimenté. Lorsque ie fu appréhendé uT\x\xZ
iedifoyeen moy-mefme,Nousauonsmal fait de cheminer lî grande troupe enfemble: »"<fcncc de
nous auons cfté defcouuers par vn tel & par vntehnous ne deuionsarrefter nulle part. Dieu'
&: fous telles cogitations ie demeuray là tout accablé enmespenfees,iufquesà ce que
i'eu eflcué mon cforit plus haut àla méditation delà prouidencede Dieu. Adonc mon
cœur commença a fentir vn merucilleux repos :ie commençay lors à dire, Mon Dieu,
tu m'as fait naiftre au temps & à l'heure que tu auois ordonnée durant tout ce temps
de ma vie,tu m'as gardé &prefcrué en des mcrueilleux dangers, & m'en as deliuré du
toun& fi àprefent mon heure eft venue que icdoy parler de cefte vie à toy,ta bonne
volonté foit faitCjic ne puisefehapper de tes mains. Et quand ie pourroye ie ne vou-
droye, d'autant que c'eft toute ma félicité de me conformer à ta volonté. Toutes ces
confiderations ont rendu &c rendent encore mon cœur trefalaigre &c difpos. E t ie vous
prie, ma chère &: fidèle compagne, de vous en refiouirauccmoy,& remercier ce bon
Dieu de ce qu'il fait. Car il ne fait rien qui ne foit iufte & trcfequitable,& principale-
ment vous vous en deuezrcfiouir, d'autant que c'eft pour mon bien &c pour mon ^-^y^-
pos.Vous aucz alTezapperceu&rcfenti mes labcurs,croix, perfecutions 6c afrii&ions,
lefquelles i'ay enduré:&: mefmes en aucz cfté participante quâd vous m'auez fait com -<fc Guy De
pagnieen mes voyages durantletemps démon exil.& voicy à prefent mon Dieu quiBrcî*
me veut tendre la main pour me recueillir en fon Royaume bien-heureux. le m'en voy
deuant vous:& quand il plaira au Seigneur vous me fiiyurezrce ne fera point pour tout
temps que la feparation fc fera. Le Seigneur vous recueillira aufsi pour nous con-j^^1^
ioindre enfemble à noftrc chef Iefus Chrift. Ce n'eft pas icy le lieu de noftre habita- aucicL
tion,il eft au ciel: c'eft icy le lieu de noftre pérégrination. Parquoy afpirons après no-
Liurc^j FI IL Lettres confolatoires.
ftrc vrav pays qui elt le ciel,&: defirons ku-toucd'cilrcicceusenlamaKon dciiaflrt
Perecelefte, pourvoir noltre Frère, Chef, &: Sau u eu r Iefus Chtift , pourvoir latreino-
ble compagnie des Patriarches, Prophètes, Apoftres,&: tant de milliers de Martyrs , en
la côpagnie deiquels l'efpere eftrereceuilli quand i'auray achcuelecoursdel'admini-
itration,laquellei'ay receuë démon Seigneur Icfus .levons prie donc, ma bien-aimee,
que vous vous confoliez en la médication de ces choies. Conlidcrez à bô clcient l'hon-
neur que Dieu vous tait, de vous auoir donne vn mary qui loir non Seulement Miniftrc
dufainct.Euangile,maîs aufsi qui cft tant eltime &: prile de Dieu, qu'il le daigne taire
Quel non- participant de la couronne des Martyrs. C elt vn tel honneur que Dieu n'en fait pas de
SvftreMar- femblable à fes Ànges.Ieluisioyeux,moncœureltalaigre:ilneme de but rien en mes
tyr du Sù- afflictions . Ieiuisrempliderabondancedesricheifcs démon Dieu, voire ie fuis celle-
gncuf: ment confolé quefen av allez pour mov &c pour tous ceux aufquels ie pourroye pai 1er.
Pour l.i quelle choie ie prie mon Dieu qu'il continue enuers mov fon pnfonnicr fa bon-
té Se bénignité: ce quaufsii'efpcre qu'il fera: car iefens bien par expérience qu'il n'a-
bandonne iamais ceux qui efperent en luy. le n'eurle iamais pcnlé que Dieu cuit cité
LuSwcs>S tant débonnaire enuer s vne iipoure créature que ie luis . ïefens a prefent la fidehtc de
qui «c Ce lîlon Seigneur Iefus Chrift. le pratique a pnjent ceqitei'ay tant prejehé aux autres. F.tccrtc< tljaut
cTTimcfCZ ^uc ieconfcfji icLt,à jçauoirquv quand tay prefché-, ieparloye comme vn aueugle dis i oulearsy au regard
dece que iejéns à prefent par pratique, l'ay plus profité &:apprins depuis queie iuisprilon-
nier que ienay fait toute ma vic:ie fuis en vne tresbonneefcole: l'ay lefainciEfprit qui
ni'inlpirc continuellement, & qui m'enfeigne à manier les armes en cccôbat. 1 > autre
coite Satan l'aducriaire de tous les enfans de Dieu, qui elt comme vn lyon bruyant &£
rugi liant , me circuit de toutes pars pour menaurer. Maisceluy qui m a dit, Ne craia
point , i'ay vaincu le monde , me rend victorieux . Ht délia ie voy que le Seigneur brile
Satan defîbus mespiedst&fenslapui/Tancede Dieu parfaite en mon infirmité. Noltre
Seigneur me fait fentird'vn collé mon infirmité 8>C ma pctitelfc,quc ie ne luis qu'vn
poure vaiifeau de terre,fragille au pofsible,à fin que ie m'humilie, & que toute la gloire
delà victoire luy foit donnée. Del'autre collé il me fortifie & me conlbled'vne façon
incroyable:mefmeie fuis mieux a mon aife que les ennemis del bluangile. le mâge,bov,
&: repofe mieux qu'eux. le fuis loge en la plus forte prifon &c la plus mefehante qui Ibit,
Brunjin.pri obfcure & tenebreule , laquelle pour fon obfcurité on nomme Brunatn : & n'ay l'air que
Ici.3 Par vn Pet'c trou Puanc>^ ou on iettc lcs infedtionsaay des fers aux pieds &: mains-gros
&C pelans, qui meferuent d'vncgehenne continuelle, mecauansiulques dedans mes
pourcs os:apres le Preuoft des marefehaux viét viiîtcr mes fers deux ou trois fois le iour,
craignant que ie nefehappe: & d'abondant ils ont mis trois gardes de quarantehom-
Lccapitainc rnesdeuant la porte de la prifon . l'ay aufsi les vifi tarions de monlîeur deHamaide, le-
fcsTonfolS quel me vient voir,pour me confoler&: exhorter à paticnce,comme il dit : mais il vient
rioHï. volontiers après diiher, après qu'il a le vin en la telle Se le ventre farcy. Vouspouuez
penfer quelles font fes conlblations : ii me donne force menaces, &C m'a dit que li ie tay
le moindre ligne du monde de vouloir efchapper, qu'il meferaenchainer par le col , le
corpsôe lesiambes,defortequciencpourraymouuoirvn doigt: &; beaucoup d'au-
tres femblables propos. Mais pour tout cela mon Dieu ne laille pas de tenir fa prome/fe
&: conloler mon cceur,me donnant trelgrand contentement. Veu donc que les choies
font telles, ma bonne feeur & fidèle efpoufe , ie vous prie de vous confolcr au Seigneur
en vos afrlictions,6c remettre en luy &: vous &: vos affairesnl elt le mary des vefues fidè-
les, &: le peredes poures orphelins: il ne vous delailfera iamais. àc de cclaie vous alfeu-
re. Portez-vous toufiours corne vne femme Chrefticne &: fideieen la crainte de Dieu,
comme toufiours vous auez fait, &c honorez , entant qu'en vous fera, par voltrc bonne
vie &; conucrfation,Iadottrine du Fils de Dicu,laquelle voftre mary a prefché: &; com-
me toufiours vous m'auez aime trenrancectueufement,ie vous prie de la continuer en-
uers nos petits enfans:inlîruifezdes en la cognoiifance du vray Dieu &C de L'on Fils Iefus
Chrift. Soyez leur perc& merc , &: regardez qu'ils foyent traitiez honneftemét d u peu
que Dieu vous a donné. Si Dieu vous fait la grâce de viurc après mon trefpas en vidui-
té auec vos petits enfans, vous ferez fort bien . Si vousnepouuez,&: que les moyens
vous defaillcnt,rcgardez que vous-vous alliez à quelque homme de bien,fidele&:crai-
gnant Dieu, duquel on ait bon tefmoignagc. Et quand i'auray les moyens i'eicriray à
nos amis qu'ils ayent foing de vous , côme ie croy qu'ils ne vous defaudrôt point. Vous
vous
Lettres confolatoires. 68 ?
vous pourrez remettre en voftre premier train, après que le Seigneur m'aura retiré.
Vous au ez noftre fille Sara , qui fera tantoftefleuee : elle vous pourra tenir copagnie,
&vous afsifterenvosafflidions,ôi vouscôfoler en vos tribulations:^: le Seigneur fera Ajmon;ti5s
toujours auec vous. Saluez tous nos bons amis en mon nom, Se qu'ils prient Dieu çarricuhcres
pour moy,à ce qu'il me donne force,bouche,&: fâpienec telle pour maintenir la vérité a*a fcnun&
duFils de Dieu iufques àla fin,& iniques au dernier foufpir de ma vie. A-dieu Catheri-
ne,ma tres-bonne amie. le prie monDieu qu'il vous vueille côfolcr,&: donner contéce-
ment de fa bonne volonté. I'efpere que Dieu me tera la grâce de vous eferire d'auanta-
ge,s'il luy plaift, pourvoûsconfolcr tant que ieièray en cepoure monde- & gardez ma
lettre pour fouuenance de moy : elle eft bien mal eferite , mais c'eft comme le puis , 6c
non pas commeie veux. le vous prie de me recommander à ma bonne met e. I'efpere de
luy eferire quelque confolation, s'il plaift à Dieu. Saluez aufsi ma bonne iceur,&: qu'elle
prenne de Dieu ion affliction. Bien vous foit. Voftre fidèle maryGuydc Brcs,miniftrc
de la Parole de Dieu à Vallencennes,& à prefent prifbnnier pour le Fils de Dieu.
A V T R E lettre dudit de Bres,par laquelle il conlolc fa mere en fon affliaion.
Abonne&: bien-aimeemere,quandieconiiderc à partmoy, combien mon em-
_^ prifonnement vous eft grief & difficile à porter, à eaufe de la grade affection ma-
ternelle que nfauez touliours porté: il ne fe peut faire que mon cceui ne ibit tranfpei cé
de do uleur,&: que mes entrailles n'en foyent grandement cfmeués. Et certes iepuis a
prefent bié dire par experience,quc c'eft vneduredefpartie de la mere & de fon enfant. pa1^ ^ jA
Mais quoy?quandicconfiderequeladelpartieeftfanscomparaifon plusdurc,quandil mere &. de
faut que l'home defparte de fon Dieu, &: quitte la félicité éternelle : ie me ièns aucune- fon ent'lm*
men t releuc de ma peine,pour regarder à ma vocation,& à la caufe du Fils de Dieu, la-
quelle il faut que ic maintienne deuant les hommes . Il mefemblequei'oy Icfus Chrift
mon Maiftre,parlant de viue voix,& me difant, Quiconqueaimera ion pere & (a mere Mm* '°-37
plus que moy,il n'eft point digne d'eftre des miens. Puis il me dit, le vous di en veritc,il Mattlu<?.ij>
n'yanulquiaitdelaifléfarnaiibn,ou parens,ou frères, ouenfans pour le royaume de
Dieu,qu'iln'en reçoiue beaucoup plus en cetéps-cy,&au fiecleaducnir la vie éternelle.
Telles paroles certes me font mettre toutes chofes en arrière, ôc me font bôdir le c œur
deioyeen mes entrailles, quand icpenlèàla fermetés veritédeceluyqui parle ainfî
à mov. le dy donc hardiment auec faind Paul, I'eftime toutes chofes comme fiente, & PH%3-8-
Icsrcpute pour dommage, pour l'excellence de la cognohTancede mon Seigneur Icfus
Chnft. Vous aufsi ma bien-aimee, furmontez vos douleurs par la confédération du bon
vouloir de Dieu , lequel veut ainfi difpofer de ma perfonne pour eftre glorifié en moy
pourc vaifleau fragile. Rcduifez en voftre entendemét comme il a pieu à Dieu de m'ap-
peler à fon feruice contre toute efperance humaine: voire &c quand feftoye encore por-
té en voftre ventre,vous couriez par la ville de Mons après vn certain Iefuifte Italienne-
quel prefehoit parles rues . Vous dites lors en priant Dieu, Mon Dieu que ne m'as-tu fa°^ fc
donné vn tel enfant? Et que n'eft ljenfant que ie porte en mon ventre, vn enfantpour Guy de
pref cher ta Parole? Vous le dites,& Dieu vous exauça: voire félon qu'il eft riche en mi- Brcs-
ferk orde, & qu'il peut faire toutes chof es plus abondamment que nous n'oferions de-
manderai vous a donné plus queneluy demandiez. Vous demandiez que l'enfant que Lafefte des
vous port iez fuft tel que ce Iefuifte:il l'a bien fait Iefuifte, mais no pas de ces fe&es nou- JefuiiWf-
uclles qu'on appel le Iefuiftcs. Ainsmefaifant eftre vray imitateur de Icfus Fils de Dieu, C
m'a appelé aulàin£tMiniftere,non point pourprefeher la dodrinedes hommes, mais
lapure& fimple Parole delefus& defes Apoftres :ceque i'ay fait iufques à prefent en
bon n e &: faine confeien ce,ne cerchan t au tre chofe que le falut des hom m es, non pas ma
gloire,ne mon profit particulier. Tefmoin le zele de Dieu qui a cfté en moy, accompa- Zele de
gnéde beaucoup decroix , afflictions &: trauaux , &c non par vn petit nombre deiours, D,eu arcom
mais par beaucoup d'années. Toutes ces chofes vous doyuent retourner au deuat pour J^fjjjf dc
voftre confolation,&:vousreputerbien-heureufède ce que Dieu vous fait fhôneur d'à-
uoir porté,nourri,&: efleué vn de fes feruitcurs, lequel il reçoit à la courône & gloire de
martyre. Qu'il ne vous foit point grief,fi mon Dieu me veut à prefent receuoir en facri-
fice de bon odcur,& confermer par ma mort le peuple qu'il a elleu. le fuis ioyeux quac
à moy:& vous prie de vous en refiouir auec moy,fachant que cela tournera à mô grand
bien &: falut. le me fubmets â tout ce qu'il luy plaira faire de moy, fâchant qu'il ne veut
AAA. i.
Uuy^j V HL Lettres confolatoires.
rien faire qui ne foie iufte & raifonnablc. Il eft mon Dieu & mon Pcre,n ayat point fau-
te de bonne volonté enuers moy , &C de puiflance pour me deliurer , s'il le crouuc bon.
partant ie merepofe du tout en luy .Que s'il trouue bon de me retirer à prefent de cefto
poure vie tant caduque &laboricufc,il me retirera en lafleur démon aage,ayant beau-
coup labouré & femé en l'Eglife de fon Fils : voire,&: m'ayant deiïa fait vok de mes yeux
le fruitt de mes labeurs & trauaux,beniflfant&:rendat grandement fructueux monmi-
niftere : de forte que l'Eglife s'en refentira longues années après ma mort . le ne puis
moins que de me tenir contenté ralTafié d'auoir veu ce quemon Dieu m'a fait voir. 11
y a encore beaucoup de bonnefemence,laquellci'ayfemee,quieftàprciènt corne enfe-
uclicen la terrc.Maiscftant arroufee démon fang,clle croiftra& fe manifeftera à mer-
ueilles.Qucdoy-ie donc maintenant defirer,tinon que la volonté de mon Dieu le face,
&: que ie m'apprefte à moùTonner au ciel en gloire &incorruptiô le rruict de ce que l'ay
* rw£ femé çà bas en terre auec larmesaux yeux î Et,ccrtcs,i efpere que legrand peuple que
le fe moîf- j>ay a<1jgnc à mon Seigneur Iefus par TEuangile , fera ma gloire &: ma couronne au iour
["cl"0 a" dernier. le m'en vay donc Se marche par le chemin eftroit&: difficile qui mené à la vie:
le m'en vay le chemin par où ont parte' tous les Prophètes , &c les Apoftrcs, voite le pro-
pre Fils de Dieu noftre Seigneur Iefus Chrift , Se tant de milliers de Martyrs qui ont ef-
panduleur fangpourleteimoignage dcl'Euangile . Ceft la voye de laquelle Chrift a
parlc,dilanc, Entrez par la porte eftroitte : car ie vous dy que plutieurs tafeheront d'en-
Nbtcl».7.i3- jrer g£ n'entreront point. Ceft le chemin trefeftroit duquel parle Efdras, lequel n'eil
4.EfdraS7.7 qu vn pas dclarge,& deftous celte planche il y a vn grand fleuuc,& vn feu lequel deuo-
rc ceux qui choppent &c treibuchent . Cependant cefte planche mené àla cité remplie
de tous biens, qui eft la vie bien-heureufe , où les enfans de Dieu n'auront faute de rien.
Que me profiteroit de cheminer auec le monde par la voye large& fpatieufe pour tref-
bucher à la fin en ruine & perdition éternelle? Ic fay bien que fi ie vouloyc renoncer
mon bon Seigneur Iefus, &: retourner en mon immondicité & fouillure de cefte vie,le
monde m'embracheroit, &: feroit eftime de ma perfonne . Mais à Dieu ne plaii'e que ie
renonce mon Sauueur,pour mettre des idoles en faplace,Ô£ deschofes profanes,au lieu
de fon fang pretieux. le luy ay défia ferui plus de vingt ans,& iamais il ne m'a défailli en
aucune choie: ains m'a toufiours môftré vnedile&ion,furmontant tout entendement
des homes:outrecegrandbeneficc qu'il s'eft donné àlamortignominieufe de lacroix,
pour me donner la vie éternelle. Quoy doncîdelaiiferoy'-ie le viuant pour auoir refuge
aux morts'ïLaiiferoy'-iele ciel pour prendre la terre; les chofes éternelles pour les tem-
porelles? Abandonneroy'-iela vraye vie pour la mort corporelle ? Celuy qui feu 1 eft; ma
force & mon rocher,m,cnvueillegarder,& femonftreaiibefoineftremongarant,mon
bouclier &: defenfeur,& la force de ma vie en ma petitefTc&: infirmité. le puis dire auec
(aintt Pierre, quand Chrift luy demanda, après quegrand nombre de fes difciples l'a-
uovent abandonné & s'eftoyent reuolt ez de luy, Et vous,dit-il,vous en voulez- vous pas
\an6.67 ftu^. aller comme içS autres ? Pierre refpondit, Seigneur , à qui irions-nous ? car deuers
tovfont les parolesdevie éternelle. Le Seigneur mô Dieu ne melaiflcpas venir iufqucs
là,queie quitte auec le monde les fontaines d'eau viue,pour fouir & cauer des eifternes
qui ne contiennét point d'eauxomme Dieu à bon droict fe coplaint par fon Prophète
lcrcm.ia3. jcrcrnie ^c fon pCU ple d'Ifrael. Or ie croy fermement que ie ne fuis pas fils de fubftra-
ction pour aller à pcrdition,ains de foy en acquifition de lame. Quant à moy,ie dy har-
dimctauecMoyfe, que i'ayme mieux cftre affligé auec le peuple de Dieu, que de iouir
Hcbr.iwj- ^ tem^s des délices de péché, eftimant l'opprobrede Chrift plus grandes richef-
fes que tous les threfors du mondc-.carie regarde à la rémunération, & fefpere que la
vertu de la foy ne fera point vaine en moy au befoin. Et défia par icelle ie furmon te le
mondcSc tous mes aduer£aires:commerApoftrememonftrc&cnfeigne,Que les fidà
les del'ancien Teftamcnr, ayans la mefmc foy ont furmonté en leurs afflictions : difant
Htbr.n.?î. qu'aucuns ont cftécftendus comme tabourins , ne tenans conte deftre deliurez,àfin
• qu'ils trouuaftentvne meilleure refurrection:&: les autres ont efté moquez&batus:en
iifiXtroutreontcftéliez&misenprifon:ilsonteftélapidcz:ilsont eftéfcicznls ont efté ten-
du vicilTc- ceZ:jlSont efté misa mort par occifiôdeglaiue:ils ont cheminé çà& là veftus de peaux
1Uum' de brebis U de cheurcs:cn indigence,tm angoifîe , opprefléz Se affligez, deiquels le mo-
de n'eftoit pas digne: en ans aux deferts, aux montagnes, fofTes & cauernes de la terre.
Tous ces faincts perfonnages ont vaincu le monde par foy en mourant , &: eftans corn
BcneHccsdc
Dieu incô-
paublcs.
me
Lettres confolatoires. 6 $ 0
me veincus&: exterminez des hommes. Que diray-iedonc maintenant quand mon
Dieu me propofe deuantles yeuxvne fi grande nuce detefmoins&: vaillans cham-
pions? Certes îereiettc loin de moy, tant que ie puis, le fardeau de péché qui m'enui-
ronne,pour eftrc plus alaigre à la luitte , &c que ie coure par patience au côbat qui m'eft
propofé, regardant au chef de la foy &: confummateur Iefusdequel quand la gloiic 6c la Hebr.ua;
croix luy ont elle propolees, a choifi 6c efleu pluftoft la croix , en melprilant confulion:
&eftaflis àladextreduficgede Dieu. Et penfe&: repenlcàccJuyquia fouftert telle
contradiction de pécheurs contre foy-mefme,à fin queieneloycennuyé pour défaillir
en mon courage. le conlidere que ien'ay pas encore refifté contre le péché iulques au
fang lldoitfuffin(dit Ielus Q\\ù^)quandle ferutteur ijl aufibien traité que fon maifire-.car le ferai- Macr.10.z4.
teurrieftpas fins grand, qmfon fèigneur. I'ay bien matière de me refiouir grandement,quad & 15
ievoyquemon Maiftre Ielus Chrift me fait l lionneur de me faire Icoirauecluy à fa
table y me faiiant ma fouppe de l'on mcfmc pain , & me fanant boire à l'a propre coup-
pe,6V:en fon hanap. Eft-celàpeude chofedefuyurc vntel Seigneur?C'cft luy qui a fait
leciel& lacerredericn par fa parole vcrtueufe.Ceft luy deuât la face duquel les Anges
6c Archanges couin ent leurs faccs,&: tremblent deuant luv : 6c voicy moy vn poure ver
de terre enuironne d'infirmité, il luy plaift m'appelerfon amy, 6c non pas (eruiteur. O ^jrtlnû,
quel honneur! Il ne lait pas mefmeceft honneur à les Anges delesadmettreà fouffrir lurmomc U
pour fon nom. Et qui fuis-ie moy pour receuoir vn tel honneur de mon Dieu ? Cer- ^"a^'odts
tes ie fuis raui au ciel , quand ie conlidere ces choies. Et comme li c'eftoit peu de tout
cela , il me conl'ole fans celle en mes combats,il eft icy prifonnier auec moy : l'enten Ie-
fus ChriftmonMaiftre.Ielevoy,parmaniercdedire, enclos 6c enferré en mes fers 6c
liens. le le voy des yeux de mon cl prit enclos en ma prifon obfcure& çenebreufe,com-
jne il m'a promis par fa parole très véritable d'eftre auec moy tous les iours iniques à la
fin. Il dit que quand fvn de lés plus petits dilciples eft pnlbnnier, que ceft luy-mefme,^attIliS'
difant,iVy ejléprifonnier&voiu mauexyifité.W difoit à Saul, Saut, Saul, pourquoyme perfecu- Matt.15.3er.
tes-tu?6c cependant il neperfecutoitunon les poures fidèles: mais Chrift dit que c'eft àAa,M-
luy qu'il s'attachoit. Il a dit par fon prophète Zacharie, Qui vous touche, il touche Uprunel- ~ , ?
le de monveil. qu'y a il de plus précieux 6c de plus près gardé que l'œil : &c cependant voila
mon Seigneur qui dit, que le mal &c les afflictions qu'on me fait luy redondent droit en
la prunelle de l'œil. O quel Maiftre! 6 quel Seigneur mon Dieu mafaittrouuerlTrou-
uera-on beaucoup demaiftresqui parleront ainll de leurs leruiteurs?ie ne lecroy pas. Il
eft icy auec moy auec vne infinité d'Anges, me conlolant& fortifiant, &:faifant Ton-
ner celte tant douce mélodie des paroles de fa bouche en mes oreilles, me difant, le ApocaU.7.
donneray à celuy qui veinera , à manger de t arbre de vie , lequel efi au milieu du paradis de mon Dieu.
\ï.cu\,lecognoyta irilmUtion&tapoureté^maistuesriche.TuesbUfmédeceu p
&nele font point: m au font la fynagogue de Satan. Ne crainles chofesquetu as a fouffrir wouy le
diable doit enuoyer aucuns de vous en pnfon. Puis il me dit, Sois fidèle iufques à la mort ,<&iete don- Apoc.i .10.
neray la couronne dévie. O quelle confolacion: Mon cœur bondit dedans mes entrailles ,
quand ces paroles Ibnncnt à mes aureillcs. Cen'eft pas vn menteur ou trompeur qui
parle ainli : mais c'eft le Fils de Dieu, la bouche lins fraude ,1a vérité infaillible. Eftâc
donc ainliconfolé, fortifié , &difpolé par laconfolation diuine , ie combats en mes
liens, me tenant millcfois bien-heureux d'auoir part &: communion auxlbufFrances&S
arHidions de Chrift : fâchant bien queienefouffre point pour auoir tait tort 6c extor-
(îon àperlonne. I'ay procuré le falut de tous hommes, entanc qu'en moy a efté:i'ay an- 0 ,czccci
noncélapaixàtous. Etnclbuffrcpour aucrechofe, linon pour auoir prefché IefuSpeticcuteurî
Chrift crucifié pour le falut des hommes. Et de cela l'en appelle en tefmoignage la con- J« vnis Mi
feiencedeceuxqui me tiennent icy enferré comme mal-faicteur. Partantàbon droit"' s*
iemerefiouyde foufFrirpour Chrift, pour la vérité, pouriuftice, fachant,comme' dit
faind Pierre, que TElprit de la gloire de Chrift repofe fur moy : ie fuis content: ie fuis iPicr.4. ï4;
rempli de biens. le n'ay faute de rien, tant bien le Seigneur me remplit de fes biens.
Que diray-ic donc î puis que mon Dieu m'a fait voir le royaume de fon Fils florir en la
terre de ma natiuité, 6c que maintenant il m'appelle au repos, certes ie dy de bon cœur
auec Simeon le bon vieillard , embraflant Ielus Chrift comme nouueau nay entre mes
bras , diiant, Or LujJès,Createur, en paix ton ferutteur, enfuyuant ta promejjè. le fuis content de Luc 2i^;
départir de cefte vie m ortcllc, pour entrer au repos de mon Dieu. Ainli donc, ma bon-
ne mere, puis que vous me voyez ainfi bien difpos& alaigre, foyez contente >6c vous
A A A. li.
Liurtu VIII- Lettres confoUtoires.
refiouiffez auec moy de l'honneur que Dieu vous faic. Dieu vous adonné vn fils pref-
cheur de la parole, encore que vous encendiez demander vn qui prefehaft les doctri-
nes humaines. Et comme les croix & perfecutions accompagnent volontiers la paro-
le de Dicu, l'en fuis fait participant. Netrouuezpascela ellrangc: carfoit moy,foit
i.Tirooth.}. qui que ce foit ^Quiconque voudra Viure fidèlement en IefusChriJlfouffrtra perfecutton , comme
w" fainâ Paul tefmoigneà tous. Soyez donc contente: Dieu vous a fait voir tous vos en-
fans mariez : &c auez veu leurs lignées. Vous auez vefeu en bonne vicillelfe : & félon le
cours de nature vous ne pouuez pas long temps viure après moy . le m'en vay deuant,
& vous me fuiurez après que vous aurez accôpli vos iours. Il ncfautpass'arrcfter aux
fouffrances de la vie pretente , pout demeurer là tout coy en les contemplant:tout ce-
la ne fait que tirer larmes des yeux , &: eftonner les perlonnes. Mais il faut confiderer
quetoutlepalferahaftiuemenr,&;laioye qui fuyurapuis après fera éternelle & per-
manente. Et les perfecuteurs ne feront autre choie fincnamafler fur eux l'ire de Dieu
qui les ruinera & accablera à la fin. Ne voyez-vous pas bien qu'vne génération pafle,
&vne autre vient ?&ainli tout palïc légèrement comme le vent & comme la fumée,
fans que rien Ibit de durée. L'vn meurt auiourd'huy &: rautrcdcmainrl'vn d'vnc for-
te, l'aune d'vne autre. Il n'y a nul bien-heureux en celle variétés inconftance de ce
ficelé, linon ceux qui font appuyez lur le ferme fondement qui cft Icfus Chrift. Piopo-
fez-vous deuant vos yeux lcxemplede celte vertueufe mere donrileft parle aux. liu.
i.Maclub. dcsMachabecs,iaqiicllevoyantmartyrizer leslcptfilsen vneiournee, voire les voyâc
mourir d'vne trefcruelle mort , la langue couppee,la tefte efeorchee, les bras & les iam
bescouppez, puis élire roftis dedans vne paelle fur lefeu: elle voyantee piteux fpc-
ctacle deuant l'es yeux, monlira vn cœur vrayement virile, conlblant & fortifiant fes
propres enfans, pour endurer la mort pour la Loy de Dieu. Etoùlcplusieune elloit
îî"« & di! commcelbranlé par les promefles du tyran,e!le le rencouragea à IbufFrir conftammét,
gn« d'eftre &: àmarcherle chemin de fes frètes, luydifanr qu'il donnait volontiers làvie&fon.
JJJkJJJJ* corps pour la Loy de DieUj&quil luyferoit renduen la refurre&ion. lime fouuient
' aufli d'auoir leu aux hiftoires Ecclefiailiques , que du remps des grandes perfecutions,
quifefaifoyentiadis, Les pourcsChreftienss'elloyentalTemblcz hors de quelque vil-
le, pout là ouyr la parollede Dieu.Ilyeut vncertaingouuerneurqui futenuoyé pour
aller mettre à mort tous ces poures fidèles. Orcommecc gouucrncurmarchoit pour
exécuter fa mefchantecommilfion,le bruit en paruintiufqucs aux oreilles d'vne bône
femme fidelleôi vrayement Chrellienne, laquelle fehafta bien ville decouriren la-
dite afifemblee, prenant fon petit enfant entre fes bras. Or comme ellcapprocha de la
trouppe des tyrans, cllefe fourra au trauers d'eux par violence pourfe faire palfage.
Leditgouucrneur la voyant ainlî courir &efchaufree, la fit appeler , &:luy demanda
où elle couroit tant halliuc ment.Elle rcfpôdit promptement, qu'elle s'en alloit en l'af-
femblee des Chrellicns. Lors il luy dit,N'as-tu pas entendu la charge & la commilfion
qui m'eft donnée de mettre tout à mort ? Elle refpondit , Si ay : &: c'elt pour cela que ie
cour tant villcment, à fin d'élire fi heureufequedefourTrir auec les autres. Puis il luy
dem anda, Et que veux-tu faire de ce petit enfant ? le le porte auec moy , dit-elle , à fin
qu'ilfoit patticipantdela couronne de martyre auec lesautres. Lctyran ayant le
cœur naure des paroles de cellefemme, retourna à Ion maiftre, fans exécuter fon en-
treprinfe. Voilacertcsvncœur merueilleufement enflamblé dczelcde l'amour de
Auueeïcm Dicu:c'cll vn cœur digne d'eftre propofé à toutes femmes. Il me fouuient encore d'vnc
SoireEc?" autre mere &: de fon fils , du temps que Romain fut martyrizé,on vouloit qu'il adorait
«lefiaiHquc. quelques images: il dit haut & clair au lieu publique, qu'il n'adoroit qu'vnfcul Dieu
par Icfus Chrift fon Fils, Se que celle do&rine eftoit tant certaine^ vraye,que fi on luy
propofoitvn petit enfant de fept ans qui n'eft encore préoccupe d'affection particu-
lière, &: il luy demandait de ces chofes,ilen refpondroit. Ainlilors onprint quelque
petit enfant d'enuiron fept ans , lequel eftant mis en publique, Romain luy deman«
Exi* lcsmc da,difant, Viençàmon fils, faut-il adorer plulieurs dieux, ou s'il fautadorervnfeul
morables Dieu par Iefus Chrift ? L'enfant lui replbndit, Entre nom petits enfansynout necognoijfons
S°Ur ercî <pyn\eulDicu. Lors le tyran fitapprehendcrla mere,ôô<iefchirerde verges le petit cn-
fiadts"" fantcnlaprefencedefamere. L'enfant demanda à bpirc à fa mere. Laquelle luy re-
fpondit, Helas monenfantyie nay point de quoy tedonner a boire , mais ya mon fils , boy au calice
de martyre auec les petits enf ans quHerodes fit oeàr. Puis l'enfant fut décolle. Tels exemples
font
Difjtutes de 1*eregrw de U (jrangt^j. 6 p ,
• font laùTez comme miroirs pour y voir les triomphes de Dieu en l'infirmité des fiens:
afin que tous d'vn cœur fcjd'vne volôte luy rendions îacrificcs de grâces &c de louanges:
&en racontant en '-nos frères & fœurs fes vi&oires, nous luy chantions nouucau canti-
que , lequel refonant par route la terre, incite toutes les créatures vojre les Anges mef-
mesàglorificr fonfain&nometernellemenr. Ainii foit-il...
S'EN S V IT vn extrait de quelques efents de Peregrin de la Grange Jonchant les
propos dr difputes tenues auec l'Euefqu<LJ d'Arras cy dejfus fouuenf nommé.
vy deBrestrauaillant ainiî en l'ceuuredu Seigneur par les moyens côuenables
àfavocation, Peregrin de la Grange fon compagnon n'en fai(oic
pas moins de Ton cofté. Richardot eue) "que d'Arras eftant à Vallencennes l'ef-
fàyaauffien difputes >defqucllesieraconuenable aces Mémoires en donner quelque
extrait. D'entrée ledit Euefque s eftant informé du nom & des qualitez doulccs qui
eftoyent en ce prifonnicr,raborda de cefte façon:
lime defplaiH grandement jnonfieur de la Grange,devous voir en ce piteux eïiat.pour lebon l'eve
raport qu'on me fait de vous: ejr defireroye que vojke condition & f ortement fujl autre qu'Un eft.
Monlieui ,1e vous remercie bien humblement de la bône & (inguheie affection que la «ran
dites me porter, ne l'ayant mcntècn voftre endroit .Et quant à ce piteux eftat auquel
me voyez, Dieu ma tellement coufolé parfagraccj que facilement 6c d'vncipritpaiii-
ble l'endure ce qu'il iuy a pieu m'enuoyer:&: meimeie le loue&r remercie de ce qu'il ae-
gallélapcfantcurdelacroix&:amidion,àla force des efpaulcs qu'il mcdonnc,àceque
ic ne fuccôbefoubs la pelanteur du fardeau: faiiant abonder les confolatignspai Chtift
ainfi que les (ouffrances d'iceluy.
Cette manière de parler ejtvfttêe entre vous autres -.car tout incontinent queftes affligez., vous t*£ VEsq^
dites que ce font les fuff tance s de Chrtjl : & quand on fait mourir quelcun d'entre voui yon met
en atiant que ceflpour la vérité de Dieu.ejr neantmoins quand la chofe eft 'examinée de bien près
on truuue tout le contraire.
Moniieur,quant à ceux qu'on a fait mourir pour la doctrine pour laquelle ie fuis en- tA cran.
chaîne ayant les fers aux pieds, l'eftimc qu'ils ont t tdu telle raifon de leur foy que ceux
qui lifcntauiourd'huy leurs refpbnfes, &les confideiem auecques jugement e/loigné
d'affection particulicre.n'cn iugent point aucrement que nous. Et quant à moy,iefuis
preft de donner à entendre deuant qui il appartiendta,quc la doit) ine que ie tiens &: ay
enfeignee , eft la pure venté de Dieu prinicdcsfaincrcs Eicrituresfansaddition,dimi-
nution, ou changement.
Tout le monde de tout temps s* eft emparé du filtre de la paro/le de D;eu : de forte me fine que tou- 1 1 v E $<*-
tes les hereftes ancienne s fie font voulu orner de ce nom ejr filtre : & eft fort requis qu'on fe donne
garde ,de peur que foubs cefte couleur ey taptjferie on ne fe trompe.
le n'ignore point,Monfieur, que Satan nefc iras figure en angedelumiete, pour don gran.
ncrplace à (es tenebres,eftabliilant mefongeau lieu de vérité: mais le S. Efpnt y a pour-
lieu de telle forte, que nul n'y peut eftre trompé qu a ion efcicnr fermant les yeux au
foleil de veritéluilàntcommeen plein midy.
Auez.-vous quelque déclaration du S.EJprit par laquelle la venté vous ait efté 'déclarée ,& non l'e vesoJ
point aux autres^
Iene fuis poinr, Monfieur,comme ces ionge-creux qui fe vantet auiourd'huy de par- c*Ar^[
ticulicresrcuelationsdu S. Efprit; mais ie parle de la reuelation ordinaire & gcncrallc nabjptiiie»
qui a efté faite amiî qu'elle eft contenue en la Bible que nous appelons la laincte Eicri- & leurs se.
ture,rcueléc degrace finguliere &£ don particulier par les Prophètes &C Apoftrcsaux bljbics-
hommes, à ce qu'ils n'erraflenten leur tencbres:5c prinfent menfonge pour vérité.
^ OrTut ce poind(pourvierde brefuete ) La Grange luy déclara entièrement que
ccftoitdcla Ccne:cômétéV pourquoy elle auoit efté inftiruéede Dieu par Ieiiis Chnft
fon Fils: lcfruict que nous en receuons:& le moyen par lequel nous iommes vnis &c par-
ticipons à fa chair &l à fon fang en vie éternelle . Ce fut en eftect tout le propos renu la
première fois que 1 Euefque le vint trouuer , en laquelle lediâ Euefque dit deux ou
trois fois aux Commis du Roy,qu'il ne les vouloir de ftoui ber dauantage. Lors Peregrin
de laGrange eftât appelle en vn autre lieu pour eftre interrogue dcldirs Commis, print
congé de l'Euefquct& le pna(pour l aflCiftacc qu'il prc(enroir)dc vouloir obtenir que les
«fer* luy fufTentoftçz des pieds ,v eu qu'il eftoit en vnefortepnlon,&: bien gardé. ^La
A A A.iii.
Uwf*-> VIII. Dilates de Teregrin de la Grange
féconde fois qu'ils furet cnfemblc, l'Euefque dcprôpte mémoire récita coude difeourt
des propos qui auoycnt cfté tenus la iournée précédente: &puis il luy dit,
L'ivisqu Veuyquece que nous tenons de ce point? , eft félon la faintfe Efcriture confirme par tant d'aages
ejr consentement de tous les anciens DocJeurs & fanants perfonnages }pourquoy ri efies-vous de
me fine opinion que nous*. Aimez,-vous mieux vous tenir a t opinion muuellefiit Caluinific ,ou de
la Confefiion et A us bourg?
a* «ah. Monfieur,icnc fuis neCaluiniftencPapiftc,icfuisChrcfticn: ce que ie tiens en la
Religion , eft prins de la do&rine de celuyqui eft l'vniquc Do&eur.Ce que Caluin a di£t
conforme à la parollc de Dieu,ie le tiens,&: nôautrcmct. Quant à ce que vous vous em-
parez de laS.Efcriturc, des anciens Doreurs, & delà preferipeion de temps, cela ne
m'csbranlc point, &: ne m'eft cftrangc que vous aceufez la doctrine que nous te-
nons,dc nouucauté:vcu que le perc des calomnies a dés long temps forgé ccftc-cy pour
diffamer la verité,arîn d'eftablir lcgvand nombre demenfonges &c d'abfurditcz de vo_
ftre do&rinc . Corne en la queftion prefente , Icfus Chi ift ayant tefmpignéque ce qu'il
donnoità fes difciples cftoit fon corps,on a forgé que le paindeuenoit le corps de Icfus
Chnft,commcficncesparollcs,CECi est mon coRPS,le verbe es Tfignifioiccftrc
conuerti en autre fubftanccrqui ne fe trcuuc en nulle langue.
a » ▼» Nous ne maintenons point la tranjfubftantiation du pain par ce verbe e s t , fâchants-bien que
les Hebrieux vfent du Participe du temps prefint au lieu du Verbe: mais nous la maint erios par ce
que Iefus Chrift a dicl ,Ceci eft mon corps.
&a »a>n. le vousay ditquelefusÇhriftenfaCenedonnefon corps qui a efte' conceuduS.E..
fprit au ventre de la vierge Marie,qui a cfté crucifié,mort & cnfcucly,rcirufcicé,&: mon
te és cieux : mais nous nions qu'il y ait quelque changement de fubftancc au pain , &: fi
on veut que nous le croyons , qu'on en monftrcquclque paflageen l'Efcriturc.
a*» vs i <vi Proprement le changement de la fub fiance du pain ne fe peut maintenir par la parolle de Dteu,
mais nous le croyons pour la raifon cy deffus difie.
n •ran. Lavantericdonc^ucsQue la parollc de Dicu-eftoitdcvoftrecofté, eft anéantie: te
ncantmoins c eft ce pourquoy on abruflé tant degcns.Dc noftre cofté nous ferions bic
marris d'affermer que la fubftance du pain demeure, fi nous ne le prouuions par le ré-
cit de l'inftitutiô delà Ccnc:en laquelle ce que Icfus Chrift print cftoit du pain,cc qu'il
rompit ayant rendu grâces cftoit pain,cc qu'il donna àfes difciples cftoit pain. Et fain£t
Paul après auoir reciré l'ordonnance du Scigncur,ditpar trois fois qu'en icellcnous ma
geons &c rompons le pain.
s. W« eu Vous fauezy La Grange ,qu'en la langue Hebraique le pain fe prend pour le demeurant des via-
des: & en ce pajfage de S. Paul il eft parlé des viandes qucj les Corinthiens mangeoyent en leurs
banequets .reprenant leur façon de faites. Etainfi combien qu'il foit parlé du pain, & me fine s aux
Acl es foit dttt guon rompoit le pain, ce la ne peut feruir à vojtre propos.
la chah. 11 eft vray qu'en l'Efcriturc le mot de Pain fe prend ainfi : mais nommât le pain pour
lerefte des viandes^ n'eft pas di& que fa fubftancc fut perdue ou changée en autres vi-
andes. Et n eft point fans caufe que l'Efcriturc metenauant la fra&ion du pain,quand
i il eft queftion de la Ccne,à ce qu'on fâche que ce n'eft point vn figne en apparence feu-
lcmenr,mais véritable en fa fubftancc-
*'»v»»<^ £luoy qu'il en foit , nous nous tenons fermes aux parolles de Iefus Chrift prononçant Ceci eft
mon corps:^ croyons ainfi que nous difons .le n'cjtimepoint faillir en ceft endroit , ni debuotr
eftre reprins deuatDieu ni deuant les hommes . cardeuant Dieu ie diroye»Seigneur tu tas dit ejr ie
l'ay creu.
la «*am. Nous nous y arreftons aufli , mais ceft en regardant à l'intention du Seigneur qui c-
ftabliffoit vn facrement:& ainfi nous receuons ces parolles facramentcllcment pronô-
cées>où le facremenc exrerjcur,rcçoic le nom de la chofe qu'il figniflc.
l'aria^ ' Nous tenons que les Sacremes du vicilTcfiament,{qui auoycnt leur efié due & durée iufque s a
la venue de Iefus Chrift & non plus,)portoyent le nom de la chofe fignifiéepariceux : & ainfi tA~
gneaupafchalejloit appelle le pajfage: & la Circoncifion eftoitappellée l'alliance de Dieu combien
qu'elle en fut le figne .mais ce n'eft point ainfi des Sacremes du nouueau T eflament,q*i ont leur du
rée iufque s a la fin du monde, ejr contiennent en foy la chofe ftgnifiée.
&a «ran. Voftre diftinétionicracogncuë vainc fi nous regardons les facremensdu nouueau
' Teftamcnt.qui font deux en fomme(combicn que l'eglife Romaine en tient fcpt)le Ba
ptcfmc &: la Ccnc. L'Efcriturc appelle le Baptcfmç lauement de rcgcDcrauon,d'autant
qu'il
Contre^ tSue/quc^d'Arras. 691
qu'il en eft figneportattoutesfois le nom de ce qu'il n"gnine: &ncfetrouue encore nul
d'entre vous qui ait eferic que l'eau du Baptféfrnc foie changécau fang de Icfus Chrift,
quieftveritablementlclauemetdcregencration.Itcm,la Coupe cftappcllceLanou-
uclle alliance, d'autant qu'elle cft le figne. oferiez-vous bien dire qu'elle foie l'alliance
mefme* Mais s'il vous plaid de venir aux anciens Docteurs,pour môftrcr qu'ils ne nous
font Ci contraires que vous aucz dit,nous ferons purgez par ce moyen du crime de nou-
Ueauté,duquclonnousblafmc: & par après on pourroit toucher les inconueniens &:
abfurditez qui fourdent de voftre doctrine. L'e v e st^v e ayant donne rcfponfe qu'il en
eftoit content, la Grange amena ce que s'cnfuit.Gelafius qui eftoit ancien docteur
& mefme Pape,dit en vn concile de Romc,Que la fubftâcc & nature du pain & du vin
demeurent au facrcmcnc de la Ccnc , comme la nature humaine demeure en noftre
Seigneur cftant conioincte auccques fon eïlcnce dmine . Chry foftome ancien docteur
nie (en fon œuure imparfait fur fainct: Matthieu)qù'au facrement de laCcne fousle pain
lôit enclos le corps de Chrift,mais que feulement c'eft vn myfterede ion corps.
Vay autre fois notélafentence de Gelafius,& dit qu'Un 'apoint efté philofophe & ri 'apoint di- l'BVBS<*-j'
Jputé fubfiantieUement de la fubftance du pain: à1 eftime qu'il ri a point entendu que <? eftoit de fub~
fiance: entendant par ce mot,ce aue nom appelions accident:^* quelque fois par ce mot accident
nous entendons la fubftance Jtcfmoin Julien qui le prent en cefte forte.
Ienepcnfepoint,Môficur,quecebon Ancien ait efté fi ignorant qu'il n'ait entédu tA Cluw*
que c'eftoit de la fubftance du pain,ou pour le moins,la nature d'iceluy,vcu qu'il en ma
geoit tous les iours. S. Auguftin eftoit ancien docteur qui dit fur le troifieme Pfeaume,
Que Iefus Chrift aefté admirable en patience receuant Iudas au conuiue auquel il in-
ftituoit &: donnoit à fes difciplcs le figne de fon corps & de fon fang.
Jette doubte point que S. Auguftin riait fait beaucoup de telles fentences quifemblentfauo-
tiferavoftre opinion ,comme quand il dit contre Adimantum Manhicn<%ue Jefus Chriftn'a point
fait de difficulté de nommer fin corps , combien qu'il en donaft le figne: mais il faut entendre telles
manières de parlera* expofantvnlieupar l'autre.
Si cela fe faifoit, on ne trouueroit point que S. Auguftin ait eu cefte lourde opinion tA 0RA>v
de laquelle vous auez dit que tous les anciens docteurs nous eftoyent contraires : veu
qu'il eft ainfi que la plus grande partie eft de noftre cofté.
Mais venons aux inconueniens cr abfurditez, que vous dites fortir de nofire doctrine. t e v B » q^.
Entre les abfurditez ie mettray en auat cefte-ci, qui cft Que par voftre doctrj ne vous *•* cran.
feparez ce qui en foy cft conioinct ÔC vni.Le Fils de Dieu en la Ccnc donc fa chair pour
viandc,&fon fang pourbrcuuage,qui en foy font conioincts par facremens extérieurs,
aftauoir le pain & le vin : & félon vbftre doctr inclc pain eft côuerti en chair,& le vin en
fang:&: feparez la chair d'aucc le fang de Iefus Chrift.
Nous ne feparons point la chair et auecle fangyd 'autant que par cocomitance la chair ri eft point i'*vss<^.
fanslefangyCr lefangfans la chair.
Si ainficftoit,on reccuroit deux fois en vne mefme action la chair & le fang de Iefus tA *****
Chrift. Car prenant le pain que vous dites cftrc chair accompagnée du (an£ par voftrc
eoncomirance , vous receuriez Iefus Chrift tout entier vne fois en chair, & vne fois en
fang:& ainfi receuriez deux fois la chair & deux fois le fang.
guelinconuenienty a-il de les receuoir par deux fois en vne mefme acJionî 1 BVBiqti
'.Le Fils de Dieu n'a point inftitué fa Ccnc pour la receuoir deux fois en vne mefme a-
ctiomdifant en nom bre finguîicr, Ceci eft mon corps >prcnez,magez, . Il n'a pas dit au nom-
bre plurier, Ceux ci font mes corps. Cc&c feule abfurdité,quand il n'y en auroit point d'au
très, vous meinc hors dcl'inftitution de Iefus Chrift. ^ Icy l'Euefque ne rebondit rien.
S'il eft queftion de venir aux parolles de Iefus Chrift,on cognoiftra les ablurditcz de LA
voftre doctrine contraireà ce commandement, Mangez,: car quemangez- vous en ce fa
crement ? L'e v e s. L'ejfece du pain, la GR.ANGE,Ncmangez vous autre chofe que
l'cipccc? il eft dit, Mangez,,ceci eft mon corps. L'e v es. Nous receuons ejr le corps & le fang.
" Quand vous mâgez le corps,ne le brifez- vous point? L'e v es. N on ,car Jefus Chrift t* «ru*.
d vn corps impafiible: & quand nous mangeons ou rompons l'hoftieje corps pourtant n' eft point ro
fusains les ejpeces: le corps n'eftdefmembré^ns en vne chacune pièce efile corps de Iefus Chrift.
Monficur, vous tomberiez toujours en la mefme abfurdité que par cMcuant . Car 14 ***
faifant trois pièces de voftre hoftie en la Mcffe ,&c en chacune d'icelle le corps tout cn-
tierzil s'enfuit que prenant ces trois pièces, vous auallez trois corps de Iefus Chrift.
AAA.iiù.
Lmrcj VIII. Dictes de Teregiiri de la Grange .
l'iYBsqJ il nefautpoint etrehet ces raifons humaines la Grange, Monficur>ceq^eicdy,eft
clairôimanifcûcî&iànsmcflognerdclap^rollcdcDjcu ic veux monftrcr fluecc que
vous dites de vos cfpcees,nc4>cut conucmr.Iefus Chrift ne dit point, Mangez les efteces,
ains Mangez,ce ci eft mon corps &v nc.pcut-on manger qu'on ne mafche auec les dents en
tmfant ce qu'on mange^Si vous dites quç.le pain qui cft chair félon vous , c£ mis fur la
langue &c doucement aualléac rcfpons quece n'eft point manger., mais engloutir . Car
cHroït-on que quclcunraajpgeaft quand de grand' faim il auallcroit le pain & la viande
fans mafchcr>au contraire, on diroic qu'il dcuore. Dauanragc,iefauroye volontiers,
SUc pain,qui cft chair (Won wus,eft mis en la bouche & auaUé: comment vous refpon-
Matt.1j.17. drez àeequedit IefusChrifttnS.Matth.Quccequientrccnla bouche dcfcend au ve-
rrez cft rctté au retrait & bafTe-ç^ambroqu^on appelle icy.
i'e ves q_. ' il faut f rendre ces parolles du m4nger.»rdïwin,q%Uft jette (fauf l'honneur de la compagnie )i
latbabreiajfe->eftant entré parla hfi(het la G juak. Que deuiéï donc cefte chajr aualléc?
». Bvas.ot Les efteces du pain fontïonuerties en kelle, & U tkair de lefus Çhriftfe perd- il ne faut point
fonder les chofes fi carieufetiient. la Grange, Ççftcidpôfcnepeutmbfiftcr,carlesac
-Cidcns,quc vous appeliez ^^i,ne peuucnt cftreconuertis en icclle : ç'cfl lafubftance
qùifc conucrtit.Ma>s venons ï quelque argument plus ferme. Par voftre doctrine tous
«•Cor.ii.ip ccux qui rcçoiucnt ce pain,que vous dites chairvrecoiucnç Iefus Chrift. Qu'cft-ildonc
deccuxdoncparlcS.Paul,quimâgcntccpainindigncniét,fi^reçoiuent leuriugcniétJ
h »vE$q^ c^ argument a quelque pois : Vous dites ainjt, Jguircçoit lefusChrift il le reçoit a vie éter-
nelle: Par noftre dottrint tous Ureçoiuent en UCené:C'eH donc a vie éternelle, llest vray qu'ils
le reçoiuent comme porte la mineur de voftre argument: mais, ie nie que tous le reçoiuent a vie eier
ncUe, comme la proportion contient. Car s'ils ne reçoiuent la chair par le S.Eftrit elle ne leurprou-
fttederien. la G rang, l'ay prins la première de ma proportion de S.Iean, où lefus
Ican n*ï* Chrift dit qu'il eft la vie: or comme oryje peut reccuoir vne herbe fans la vertu d'icclle:
aih£ ne peut onreceuoirlc(us Chrift (ans la vie contenue en iceluy, autrement on reco
uroit vn corps mort,&; non pas lefus Chrift qui vit éternellement . Car ce Sacrement si
efté inftitué de Dieu paria main de fon Fils pour môftrer fa bonté paternelle en noftre
endroit: en ce qu'il ne s'c&point contenté de nous auoir reccus en fa famille par le Ba-
ptefme,non point comme fcruiteurs,ains domeftiques le enfans ; mais il a adioufté ce
fécond Sacrement de fa Cene , pour nous donner en fa maifori vraye nourriture conti-
nuelle. Et quant au S«Efprit,c'eft Jernoye par lequel nous mangeons la chair de lefus Chrift
& heumns fonfang: conioingnant lés chofes qui par fi grande djftance des lieux font ic-
parécsrfaifantque tout ce que lefus Chrift a& pofTede,defccnd iufques à nous comme
par vn canal, nousapportant la vraye cômunication de fa chair ôc de fon fang.En fomme
quiconque reçoit lefus Chrift,a vie éternelle,
i/tvEicu Moyennant qu'il 1ère fâiuep4r le S.E/fritiautremet la chair neproufte derien\come dit S.lea.
ia cran. Monfieur,lc partage que vous alléguez fait contrevous, car là lefus Chrift reprend
ic« <r.«3- fes difciplesdc ce qu'ils auoycnt entendu qu'il falloit manger charnellement fa chair:
commela fuite du propos le môftre,difant,Lcs parolles que ie vous dy font efprit&: vie.
Et fi nous apperccuôns que le folc'il enuoyeicy en terre par fes rayôs fa fubftance aucu-
nement pour engendrer, végéter & nourrir, l'irradiation & lueur de l'Efprit de lefus
Chrift feroit-clle-de moindre efficace pour nous apporter la vraye participation de fa
chair &. de fon fang?
LorsjMonfieurrEucfqucfe voulut retirer pource qu'il cftoit tard: & àfautedeteps
nousdemeurafmes là.Monfieur l'Euefque merecommanda à Dieu,prcnant congé: de
la copagnic,ô£ moy deluy.Voilaquci'aypcu retenir des prppps qu'au on s eu cnfcmble.
Exercices l^^f n peut cognoiftre de ceft extrait deCfifpute, vne fain&c hardieftp attrempeo
M^^ux '^BSÏ de douceur , de laquelle Dieu aupit doué ce lien icruitcur en la première
S^^a fleur de fa icunefle , l'ayat tire de fes premiers eftude*,* lomg du lieu de (à,
riainanec pour annoncer fa vérité aux Haynuyers , & la feelîer finalement de foo,
fang . ^"Guy-de Bres aflbcié en ceft cçutjrc, ayant défia palTcpar toutes les cautclles
des plus rufez de fa nation,ne cefloit d'exhorter & encourager par Lettres les liens aux-
quels il portoit vn foin fpecial.E t fur tous à fa mere aagée Se dcbilc,ainli que nous auons
vcufcsEpiftres précèdent cs,auffi pourles dernières confolatipns,illuy recômandade
fe mirer aux exemples des mères vc«ucufcs,dont il auoit parlé. C £ 3 miroirs, duou>jj,
font dignes
Çuy De Trestf Teregrin Z>o la Cjrangc~>. 6 p$
font dignes d'eftrc mis deuant vos yeux,& de toutes mères fidèles, & ne faut pas qu'el-
les reflfcmblent à la mère desfilsdcZebedee , laquelle preientoit bien fes deux fils à
Chrift , mais c'eftoit pour les faire grands félon le monde: le veux, Seigneur, difoit-el-
le, que mes deux filsioyentafsisrvnàtadextre^I'autreà ta feneftre en ton royau-
me-orelleentendoitvn royaume terrien. Mais Iefus Chrift les renuoye bien toft àla
croixjdùanr^ PouueZj-vous boire la couppe laquelle iebeuuray? donnant à entendre, que pour
entrer en fon Royaume, la croix & les foufFranccs feruentcommed'efchclles:comme
Chrift a foufterc&ainfi eft entre en là gloire par beauçoup de tribulations il nous
faut entrer au royaume aes deux. C Au refte, ma bône mcrc,ie vous prie de vous mon-
ftrer femme vercueufeen voftre affliction porter cefte ct'prcuue que Dieu vous cn-
uoye patiemment &alaigrement, cognoiflantquec'cft le bon plaiûr dcDicu contre
lequel il ne faut nullement renfter, encore meimequ'on le peut faire. Viuez le refte de Soîq
vos iours en la crainte dcDieu, vous fouuenant de moy , &c comme ie fers à mon Dieu nd.°
iufques alamort. le vous recommande toufioursmapourc fcmmc&: mes petitsen-
fans tant que vous viurezen ce monde. Us perdent leur perc en leur tendre ieuneife*
ie prie le Seigneur mon Dieu de tout mon cœur qu'il leur foir pere pitoyable &L miferi-
cordieux,qu'il leur donnefon faindt Efpriç dés leur enfance, &c les face cheminer en fa
craintetout le temps de leur vie. le luy demandefans ce/fe qu'il me face ce bien,& qu'il
fedeclare mary de mapourevefue, labeniflant&luycftant fauorabieà roufiours. le
fuisioyeuxqu'ellecftretireeauecfesenfansàSedan:ce m'eftvn petit foulasôi repos. ^uDucdï6
Et combien qu'elle foit eflongnce de vous & de mes frères, ie vous prie tous de ne l'ou- BuilW
blier iamais : mais d'en porter le foin,& de mes petits.Ie prie le Seigneur mo Dieu qu'il
luy plaifc vous remplir de toutes fes grâces &c bénédictions ecleftes, &: r^dre de plus en
plus voftre vieilleftchonnorable, vousconfermant en tous biens , iufques ace qu'il
vous recueille en fonroyaumebien-heureùx aucc tous fes vrais enfans. le vous recô-
mandcà. Dieu & à la parole defa grâce, laquelle eft puilTantcde vous édifier & donner
héritage entre tous les iàn&ificz. A-dieu mamere,à-dicu ma bonne mere: le Seigneur
vous vucilleconfoler en voftre ttibulation. Cei9. de May 1567. Par voftrefils, le-
quel vou^airae trefcordialement , Guy de Bres prifonnicr & enferré pour Iefus Chrift
le Fils de Dieu.
RE CI T particulier tant de la vie que de la mort defditzideux Miniflres , &* autres
de Vallencennes cy -après nommez^
L n'y arien, après la pureté de la doctrine , quitant recommande ceuxquifont
^'appeliez à la porter 6c leeller deuant les hommes, que la fincerité de vie conti-
nue e iufques à fa fin heureufe. Ilreftedoncderouchcricienbrefquelseftoyentces Lebicde u
perfonnagesen leur vie &: conueriàtion, pour magnifier de tantplusles mifericordes iù^uw"?"
& grâces du Seigneur en ces fiés feruiteurs. Quant à G V Y DE BRESnatifdeMôs fin heureu-
en Hainaut ayât cfté en fa premiet e ieunefle fort adonné aux fuperftitions papiftiques, fc*
il paruint par vUc continuel le lecture des Eicritures, à la vérité de l'Euangile. Cefte co-
gnoilfanceappoi tâte fon fruict en fa fàifon nefut poinr reccuë ncfoufFcrte entre ceux
de fa nation. Guy donedeparuft de Mons après auoir apprins le meftier depeintre fur
verre,& fe retirai Londres lors que le bon Roy Edouard v 1. euftdonné port& accès
à tous fidèles en fon Royaume d'Angleterre. Y ayant demeuré quelque temps, &c en-
tendantque rEuangileauoitquelqueaudicnceau Pais-bas, reuint pour aider à ceux
de fa nation. Ses premiers commencemensdtoyent (impies exhortations qu'il faifoic
é$ lieux où il trouuoit quelque nôbre d audireurs rant petit qu'il fuft.Sur tous il s'adon-
naà ceux de la ville dcLifle pourlamulritudc descroyans qui ne defiroyent que de Affcaj^
s'aflembler publiquement pourouyria prédication de l'Euangile. Etdés-lors com- descroyans
mécaauflivnefain&egucrre contre la fette des Anabaptiftes qui s'eftoit meflec parmi iLuk-
Je bon grain : &: côtinua fon train iulques à la perfecution des Oguyers(donr a efté par- »Aucomm£ v
Ié*ci-deuanc)lorsqueletrouppeaû cftant en difperfion fe retirant à Gand , drcilale cément du
liure intitulé Lcbafton de la foy,exrrait des Do&cursanciens.Dcpuis,commeileftoit jjjjj^J
ftudieuxdefauoir plus amplement ccquieftrequisau Miniftere, il s'achemina vers
Laufanne& Gepeue,.àcesfins&pour apprendre la langue Latine. Apres y auoir de-
meuré quelque temps,rcucnu qu'il fut au Pais-bas, redreffa les eglifes à Lifle,Tournay,
A A A. iii.
Littrc^ VUL Do ceux <k^> Vallencennes.
noit le ciel & la terre en tefmoignagc.
^Pev après on amenaM.Guy,lequel eftantarriuéaufupphcefe proftcrna voulac
faire fa prière au pied de refchelle,mais on ne luy permit d'acheuer, car le releuans le fi-
rent ibudain môccr.Efcanc fur rcfchcllc,il ferra les pieds entre les eichellons,&exhorta
lepeupleàporterreuerenceau Magiftrat,remonftrant qu'aucuns ne s'eltoyent acqui-
tezencedelcurdeuoir. Puis les pria de vouloir perfeuerer en la doctrine laquelle il
leur auoit annoncee:proteftant qu'il n'auoit prefché q la pure vérité de Dieu.il n'achc-
ua pas du tout fonpropos,d'autant que les Commis firent fignc au bourreau de leha-
fter ôidefpefcher. Incontinent qu'il tut ictté hors de i'efchelle,aduint vn tel trouble en-
tre lesfoldats eftans en armes fur le marché, qu'ils fe prindrent à courir par la ville , la-
FrayeursciK fchans leurs harquebufes fur ceux qu'ils rencontroyent tantPapiftes qu'autrcs,s'cntre-
Dieu" dC tuans eux-mefmcs en piteux fpe&acle: de manière qu'il y en eut qui tombèrent bas
morts entre plufieurs naurez.&s'eftoyentainfiefmeusde frayeur fans occaiion quel-
conque .
TOVCH^NT fij]ue de quelques autres prifonniers à Vallencennesyhommes
fidèles & notables .
ESamcdyfufdit dernier iour dcMay,les deux M i cheis herlin*
pere&fils,& h an mahiev furent décapitez fur le marché de Val-
lencennes. Les ennemis à tort fondoycnt la côndemnation de ces perfoti-
_i nages d'auoir cfté chefs du refus de la réception des garnifons qu'on vouloir
mettre en ladite ville:mais la vérité du fait confîderé de plus haut, eft tel.
Apres l'abat des images,la démolition des autels,&: les troubles enfuyuis,&dccla-
te Marquis rez cy-deuant , Ican Marquis de Bergues , gouuerneur de Haynau t &: Vallencennes, a-
dc Bereues uànt que partir du Pays-bas pour aller vers le Royd'Efpagne ,auecFlorisde Montmo-
de Montu ranfi,feigncur de Montigny cnOftreuant,gouuerneur du paysdcTournefi,eftabliten
gnytnuoy- Vallencennes trois compagnies prifesdes bourgeois, pour maintenir la ville en feurc-
«cn Efpa- |^ & obenTancc.Michel Herlin le pere ayât efté elleu &c ordonné capitaine de l'vne def-
^ dites com,pagnies:voyant plufieurs dcfordres,demandaeftre defchargédecefteftat . Il
ne feut onques obtenir cela,ains fut requis en la maifon de ville de côtinuer en fa char-
ge,pour vn bien & tranquillité plusgrande . Orcommcdurant le fiege il n'auoit voulu
abandonner la ville , ne tranfportçr aucun bien, afin de nedcfcourager perfonne : aufsî
ne voulut-il,la ville cftant prife,s'abfcnter: aliénant aux parens & am is le follicitan s à ce
faire,qu'il n'auoit raitchofcdc laquelle il ne fuft preftde rendre fufrifanteraifon&: dé-
claration. ^"Depuis le x x i i i. de Mars, que la ville fut rendue, il demeura quel-
que iour en liberté» cependant que plufieurs gentils-hommes affamez plumèrent en
trahifon le furplus du meuble exquis qu'il auoit en la vilJe:comme ils auoyentdeuant
& durant le fiege,rauy entièrement le bien des champs es fcigncuries qu'il auoit. Le
xx vi.enfuyuant à neuf heures du foir, commcilpenfoitfe mettre au Iid, Goini gou-
uerneur du Quefnoy,accompagné d'vn nommé Hamet &: de plufieurs autrcs,luy vint
lignifier auoir chargedu Gouuerneur delcconftituer prifonnier de par le Roy. Et Her
linremonftrant pourquoyil auoit tant tardé , ne l'ayant appréhendé durant le iour:
Goini refpondir qu'il ne luy auoit voulu faire ce des honneur . Mais Herlin répliqua
en fc veftant, qu'il ne tenoit cela à deshonneur, veu qu'il n'auoit fait chofe que par au-
torité dcsMagiftrats&Côfcil de la ville.Choififîcz,dirent-ils,oùil vous plaid aile r,ou
enlaprifon,ouen la maifon que vous auezfurle marché. Ccm'eft toutvn,refpondic
Herlin: mais s'il vous plaifoir melaifler lecdrps de derrière de ce logis pour prifon,auec
telle garde que bon vous femblcroit,cela ne porteroit aucun preiudice. Goini dit qu'il
en parleroit le lendemain au Gouuerneur:&: cepen dant il le mena en ladite maifon fur
le marché. Plufieurs Je lEgliiefurent appréhendez ceftenui$>la,entrelcfquelsRo
HoUndle land le Bouc , co'ufin delà femme dudit Herlin, endura depuis conftamment la mort,
W»6! comme il fera ditenfon lieu. Or Herlin pendant ceftemprifonnementprénoiteon
folation en la lecture des Pfeaumcs joints auec les Prières fiç Catechifme , qu'on luy a-
uoitpermis d'emporter au départir de famaifon. Lefrui&auflides prédications a®0
quelles il auoitdiligcmment aflîfté , depuis qu'elles furent publiques, amortit en luy
les regrets que tel le mutation &xcaitcmcnt pouuoitcaulcr. JJ y eût aufsi ( qui eft à no-
ter) que Dieu pour le préparer à ces combats,auoit,pcu auparauât la ville alsiegec, fait
tomber entre les mains dudit Herlin par le moyen d vnuen affin logé chez luy , le vo-
lume
JumeclesMartyrsràlale&ureduquel il s'adonna tellement &foir&matin,que le récit
qu'ilcnfaifoit^manifeftoitaflezlefruid qu'il en auoit tiré * Illcmonftrapar efFect aux
interrogatoires qui luy furent à diuerfes fois reitcre'es non feulement deuant les Gen-
tils hommes qui auoyent occupé la ville; mais auffi deuant le Procureur fifcal de Gad,
& autres Commis 6c députez à ces fins. On le follicita de la part de quelques parens 6c
amis d'entendre à fàdeliurance:&: mcfmcvnrfien bcau-frcrdÀduocatvcnu d'Arras i
Vallcncéncs,drenra vne requefte pour porter à Bruxclles,remôftrant qu'on euft efgard
àraagc&îauxqualirczdufuppljât, quiauoit vefeu corn me fes anceftres félon leur mè-
re fain&c eglife , & y vouloit perfeuerer iufqu a la fin . Cefte requefte eftant communi-
quée à Michel , il l'apoftilla de ces mots : Mittezyquei'ay ainfi vefeu dupaffe, mais-que ie
n'y veux plus retourner, à peine de perdre lavie & les biens . Lesparens furent cftonnez do
cefte refponfe, ou pluftoft d'vneafreuranceefmerucillablcenluy.
, Le x x i x.dc May,ne fâchant ne luy n'aucun des fi* ns qu'on le deuoit exécuter le le-
demain,rcquift que fa femme & fes enfans vinflent louppcr auecluy . En fouppanc
il demanda entre autres chofesàfa fcmmc,cequelcfufditbcau-frereàfon parte ment
auoit dit. EJlc refpondit qu'il eftoit bien fafché à caufe de cefte apoftille: 6c neantmoins
qu'il auoit dict au partir qu'il feroit fon mieux en la Cour . Sur quoy Michel dit, le m'ef
merueïlle de vous qui Us croyez,: ie fuis feur^veue la rejponfe que tay efcrite,qùUs ne marcheront
plus vn feul pas, puis que de difimuleril ne H queflUn en mon endrotcJ : ne de promettre ne vingt
ne trente mille florins pour madeliurance. Car or es qu'on obteinfl quelque chofe, ce feroit fous pro-
mejfede viure félon leur eglife Romaine: ce que ie ne feray iamais : IoincJaufi que i'ay bien apper*
ceu que la Cour ne defire autre chofe que de nous faire mourirpourau$irnos biens. CMais i'ay bien
tu meilleur aduertijfement ce iourd'huy par la lecture d'vn texte de l'Efcriture, ou noflre Seigneur
a prédit? gue nous ferons menez, deuant les Rois & Princes pour fon nom: & qu'en la fin ils nous
feront mourir; & n'y voy autre chofe.
Des le xvii .d' Aunl il auoit eferit en fes tablettes par forme de i cftament vne recô-
mandation de fes quatre fils qu'il laifîbit. Et comme n'ayant à difpofer d'autre chofe en
ce monde que d eux,prioit fes frères 6c fœurs de les aider en leurs ncccffitez,affignant â
chacun le fien par nom 6c furnom. ^ Apres ce dernier foupper il dit, Adicu,& donna
admonitions paternelles conucnablesà tcldepart,recommandantce qui eftoit le plus
expédient & neceiTairc.
L e lcdemain,qui eftoit dernier iour de May,à trois heures 6c demie du matinée Prc-
uoft des bandes vint pour luy annoncer fa fentence de mort*, qui eftoit d'auoir la tefte
trenchéefur le marché. TLtbien>à\i Michel,,} quelles heures ferace_j\Lt Preuoft refpon-
dit, Enuiron les fix heures du matin. I'ay donc,dit Michel^ viure en ce mondes deux heu*
res drdemics.&ci'oudain commença dcfelcuer&veftnscftantgardédc neuf foldats. Et
après que le Preuoft fe fuft retiré, il enuoyafon feruiteur dôner le bon-iour à fa femme,
& luy lignifier qu'il auoit reccu fa fentence: & qu'elle fccôlblaftcôme luy au Seigneur*
Aucuns ont voulu dire qu'en ces entrefaites ayant prins fa robbe de nuict pour aller à
la baiTe-ehambre,Satan ennemi des hommes gaigna ce poinft fur luy,qu'eftât en ladfte
bafle-ebambre il fe donna quelques coups d'vn caniuetcnlapoictrinc,dontilreuint
tout foible fe ictter fur fon lid . Quoy qu'il en foit,fa confblation eftoit de lire ou ouir en
fon affliction quelque chofe de la faincte Efcrituretfi bien,qu'au retour de fon feruiteur
qui luy apportoit le dernier Adieu de fâ femme(d'autant que nombre dcfoldats tenais
le marché ne permettoyent qu'elle lbrtift)illuy fit lire les prières du Dimanche en la
prcfcncc de fes gardes .Son affection eftoir tellement en prière 6c inuoeation du nom
de Dieu, qu'icellcs acheuécs,il les fit derechef prononcer,iufques à ce que le fufdit Pre-
uoft le vint quérir pour l'emmener. Le trouuant foiblc&: débile, il fut porté de fa mai-
fon au lieu du fupplicc affis en vne chaire, inuoquant la merci de Dieu par Iefus Chnft.
Oh couppa le dcfliis du dos de la chaire afin qu'il n'empefehaft le coup du bourreau, 6C
ainfi dans icelle porté fur lefchaifautjfut decapité,rcndantfon efprit au Seigneur*
e an M ahiev" notable bourgeois de la ville, chenu de vicillefTe honorable,
fut amené au fupplice incontinent après les fufditsMiniftres:& que l'émotion JSJ-"""^
populaire,de laquelle a efté parlé,fuft affopie. Le Preuoft des bandes l'ayant de ^jujutoR
bon matin aduerti comme les autres,qu'ilfe prcparaftàla mort: il luy rc fpondit prom- «Lr que r*
ptemêV "Fous autres foyez, prejls,quatà moy ie m'y vay diJj>ofcr,& me treuuerez, tout prefl.Lots^ JJjJ^ 1
BBB.
Liure VI IL Des Fidèles de Vallencenes.
feleuant de la couchette aux prifonniers qui eftoy ent auec h\y,M es frères prenons coura-
ge,ce n'estrien delx morr.Et en figne de ioye il Comma lcfdits prifonniers à chater quelque
pfeaume pour a&ion de grâce au Seigneur. On ne vit oneques ce perfonnage en toute
la vie plus conftant:tantil alla alaigrementà la mort. Quand il fut paruenu au lieu du
(upplice,eftant fur l'efchaffautie ietta à genoux, &: leuant les yeux au ciel fit fa prière à
Dieu fur vn bout dudit efchafïaut : laquelle acheuce , il fe prelènta à la mort , &c fut de-
capité par l'Exécuteur.
ichel HerlinIc ieune fut puis après amené: pour auoir part aux mefmes
fouffrances. Et d'autant que fpecialement ceux eftoyent recerchez qui auoyéc
. .. eu quelque charge ésEglifcs reformées, ayant confeiTé d'au oir cité du Confi-
ée sail!-"^ ftoirc d' Anuers:on luy mit au deuant la iournée &C afîemblée de Sain-Tron en Brabat,
Tron. en laquelle il s'eftoit trouué auec ceux qui aduouërent la requefte &c compromis de la
NoblefTe & Seigneurs confedercz.Quant aux poin£b de fa foy on ne l'interroga nulle-
ment , car il en faifoit profeilion ouuei te ( commeauili les autres prifonniers) en vraye
pureté de doctrine. On luy demanda les caufes &c les moyens par lcfquels ceux de la vil-
le auoyent fouftenufi longuement le ficge.-ôirefponcit fi pertinemment à toutes de-
mandes,quelcs ennemis n'eurent dequoy charger Ja caufe commune 6c concernante
touc le corps de ceux de Vallencenes.
Cil y vint delà ville dcl'Hle deux frères de fa femme, hommes d'eftude, lefqueh fei-
gnoyent eftre venus pour folliciter la deliuranec de leur beau-frere:mais l'iflue demon-
ftraquec'cftoit pour emmener leur fœur àl'Ifle, afin de ladiuertir delà cognoillance
qu'elle auoit du vray feruice de Dieu :& du debuoir qu'elle portoit à fon mary . Us
luy firenraccroirequ'ilslamencroyentàlaCour , & qu'en faueur de plufieurs grands
Seigneurs, ils obtiendroyent de la DucheiTcde Parme la deliurâce de fon mary: mefme
que l'Euefqued'Arras s'y trouueroit pour les aider. La ieune femme fe doubtant aucu-
nement de ce qui aduiendroit, à grand regret & toute defolée, monta fur vn chariot a-
Afmaion p0fté:fabelle-mereprefcnte&: redoublante fes douleurs par lamentations &c Adieux
dowéia'5 pitoyables : & ainfi fut emmenécà l'Iik . Quelques iours après , quand le poure mary
prifonnier eut entendu le partement de fa femme, il n'eft poffible d'exprimer les dou-
leurs ne les*regrcts qu'il en ietta. Sa mere le venant voir pour le confoler,il luy fift cefte
côplainte,C ommeK T,ma mere,i'auois du tout cefte fiâce,que iamais vous ne confen-
tiriez qu'elle partift arrière de vous, ne fauez-vous pas qu'il y a prefquc fix ans qu'ils ont
cfïâyécousmoyens de laretircràriilc,pourladiuerdr de la Religion en laquelle ils la
voyent inftruite &c amenée ? Helas, iamais on ne la pourra retirer de leurs mains . A la
i îienne volonté que iefufle feulement vintquatrc heures eflargipour la ramener à pei
.ie d'y perdre la vie? Auray-ie perdu tant de peines que fay eu àl'amener où elle eft par-
venue par vn iingulicr bénéfice de Dieu, pour la voir replongée en la fange d'idolâtrie,
Regrets en la maifon de fa mere? Au moins que n'attédoit-on mon trefpas, fans me«naurer d'vn
d'vn mary ennujc qUj m'eft plus grief que ma mort prochaine ? ^~S a mere le confortant du mieux
c a-ftico. qU>ejiCpOUUOjtjiUydit, Ayez patiéceMichcl,ie vous promets d'enuoyerdemai àl'Ifle
pour fauoir s'ils font partis pour aller en Cour. que s'ils ne font partis,il n'y a danger qui
me retiene que ie n'aille la requcrir.Ie m'affeure bien qu'elle retournera auec moy, car
ie fav la trifteflé &: ennuit qu'elle auoit de vous laifler,autant que iamais euft femme : &
n'euft oneques bougé d'icy fi fes frères &: vn Do&cur nepueu deMonficurd'Arrasnc
luy euiîent promis auec ferment que c'eftoit pour aller à "Bruxelles folliciter voftrede-
liurance:&: que fa prefence auec fapetite fille, perceroit le cœur de madame la Regétc.
ENCéfte forte la mere rendoit peine dadoulcir ledefconfortdefon fils:maisrappre
henfion qu'il auoit de l'horreur du danger de l'ame auquel on tafehoit d'expofer fa po-
ure femme en la tendreté &: de fon aage & de fa cognoiflance, furmontoit toutes remô
ftrances humaines. Tant y a,que Dieu l'ayant toufiours foultenu d'vne force &confo-
lation interieurc,fit que cefte doleur mefme luy feruit de préparant à la deliuranec par
Ja mort qu'il attendoit de iour en iour. Car le Samedi dernier de May ( qui eftoit le iour
ordonné à la mort des cinq dont nous recitons l'hiftoire) après que le Prcuoft des ban-
des luy euft du matin comme aux autres apporté fa fentence,il monftra de faid qu'il s'y
H*HirTaux eftoit préparé. Et ayant obtenu dudit Prcuoft, daller voir en la priibnauec gardes les
papiers autres prifonniers , U prendre congé d'eux; il fut menç vers les miniftres Guy& laGra-
De Vallencenes, Cambrefis, &4rtois. € 96
ge & les autres: qui s'eftoyentaufli préparez à la mort:& de ce confort mutuel & der-
nier, leur ioye& confolation en fut multiplie'e &: tefmoigne'c par action de grâces &c
Pfcaumcs chantez.
Qvand on l'cuft ramené chez le Preuoft, il commença de donner aux feruitcurs
dcl'hoftelcequ'ilauoit iufquesau coletdc bufle& pourpoint qu'il portoit. Et faifoit
ces partages de fi bonne grâce &: fi alaigrement, que plufieurs foldats &: prifonniers là Vertu cft
mefme détenus, le voyans faire, dirent , Nous fommes ici prifonniers, les vns pafle vn J
mois, les autres dauantagc:& ayans deferuilcs peines, on nbusgardc,& fait-on mourir
ces gens de bien ? Il n'y auoit fi dur qui ne pleuraft ôc defiraft de mourir, voyant la con-
ftance & faces ioyeufes de fi notables perlbnnagcs. Michel déclara par plufieurs fois fa
ioye en difant,Voicy,voicy la iournéeheurcufc,& par moy tant de fois defiréc:de mou
rir auec les feruiteurs de Dieu.parlant des Miniftres, qu'il aymoit dégrade affection . Il
auoit fuffifamment monftré ceft amour quand il futprins auec eux parle Maire de
Sainct-Amand:ne les ayant voulu abâdonner,combicn qu'il euft le moycn&lcsadref
fes de fe fauuer. Il dit auffi deuat le Preuoft & plufieurs prilbnniers, Il eft vray que nous
fommes auiourd'huy condamnez des hom mes:mais il faudra que ceux qui nous ont iu
gez com paroiffent deuant la face de noftrc Dieu . Et ainfi encouragé, marchea au fup-
plicc,aprcsauoir demandé fi fon perc eftoit mort. Quand il vint au marché, en mon-
ftrant les Iuges,dit tout haut, Voila,voila ceux quinous ont condamnez:ie prie Dieu
de leur vouloir pardonner. Eftant fur l'cfchaffaut , chacun eftoit efmerueillé le voyant
fifermc& confiant. Là fafentence, (ou calengc^ commeils la nomment) fut publiée:
contenant en fomme qu'il auroit la tefte trcnchée,& que tous fes biens feroyent confif-
qucz,&c.Sur ccla,affauoir fur la côfifcation de fes biens, dit, Voila la faulec du poiflbn: Proucrbc
donnant à entédre qu'on aualloit la mort des gens de bien à cefte faulec . Puis fc mettât ™a^^
à deux genoux fît fa prière à Dieu,leuant la face & les mains au ciel d'vnc affection ar- greffe de
dente. Les plus durs furent efmeus à compafîîon, iufqu'au bourreau mefme qui efcou- cœur-
toit à genoux les prières qu'il faifoit . Et telle futfadifpofition en laquelle il finit heu-
reufement fes iours à la gloire du Seigneur & édification de plufieurs qui eftoyent pre-
fcnsàfamort.
Apres cela on laiffa les corps quelque temps en fpc£tacle,afTauoir ceux des deux Mi-
niftres pendans au gibct:& les corps des autres furent mis aux Halles du drap, iufques
à l'apres-difnée bié tard. Ainfi qu'on dcuoit mener tous les cinq corps au Mont-d'azin
(qui eft le lieu du gibet hors la vi!le)quelcun s'aduifa de demâdcr au ficur de Hamet &
Commiflaires,que les corps des dcuxHcrlinsfufTentcnfeuelis. Cequ'iccux Hamet 8c
Commiffaires ottroycrent,Par tel fi (dirent ils) que ce ne foit en terre fain&e, d'autant
qu'ils font morts comme hérétiques . Les corps de M. Guy & de M. de la Grange & de
Ican Mahieu furent menez au Mont-d'azin:auqucl lieu on enterra les corps de Guy&
Mahieu fi peu auant en terrc,qu'aux belles des champs(felon le récit qu'on en a fait)ilz
ont elle en proyc :quin'eft pas choie nouucllc aux feruitcurs de Dicu,ains prédite & pfcaUTne7,
deferite. Le corps de M. delà Grange , eftant dépendu du gibet du marché,fut répen-
du hors la ville au gibet de Mont-d'azin:& par grand'opprobre&: iniblence tiré d'har-
quebufades par les foldats: &: ce pour l'opinion qu'on auoit de luyd'auoirle plusem-
pcfché &c retardé la reddition tant des temples que delà ville.
^TO V C H A NT quelques autres Fidèles depuis executezfourvne mefme caufe
en la ville de Vallencenes}Ç ambre fis & ailleurs.
l v sievrs autres furent traitez de mefmc,defquels la mémoire fera bénite à
toufioursenl'Eglifedu Seigneur. Matthievde la Haye marchât de drap
natif de Hauflî village vcrs.Cabrefi,qui auoit cfté des premiersAncicns de l'Eglife à Val
lcncenes. Pierre de la Rve le icune,cirier, auffi Ancien en ladite Eglife. Ro-
land le Bovc marchât, Diacre. François Pattov mercicr,aufli Diacre.
Iean TiEViLLEj&autresbourgeoisnotablcsdelaville. C Etquipourroit reciter
les cruautés comités contreccux qui eftoyent des Eglifcs reformées,non feulement en
ladite ville de Vallencenes, mais auffi en Cabray & Chaftcau en Cambrefi, Tournay,
l'Ifle, Audenardc, Gand, Malines, BruxelleSj&: autres villes & bourgades du Pais-bas?
Les tourmens que les aduerfaires ont fait endurer à tant de pcrfonncs,font encore
BBB.ii.
Livre VIII. Trefches publiques finis au Pays-bas.
leanleScur coutfanglans . M. Iean le Se vr d'Arras pour auoir prefché en la ville de Cha-
fteau en Cambrcfi l'Euangilc de Dieu,contrc la volonté de Maximilian de Bcrgues ar
chcucfquc de Cambray,aefté tourmenté horriblement. Et M. Iean C a tt e v, fut
leâoOtteu trai&é de mcfmc pour auoir adminiftré la parolle de vérité à Saint-Amandcn Tour-
nefi:ô£ pour y auoir célébré vnc fois la Ccne du Seigneur . On ne seft pas contenté
vers ces deux-ci de les auoir pendus &: eftranglez:mais auant leur mort on les a fait lan
guir en douleurs U opprobres cxtremes,pource qu'ayans renoncez à leurs cloiftres, ils
s'eftoyent cm ployez au vray feruice de Dieu &: de fon Eglife.
NicoUs du M. Nicolas dv P vis natifd'Artoiseur pareil traittemct par autre façon de fup
Puw* plicc.Car ayant cfté conftitué prifonnier,&: détenu long tépsenlaville dcDuaypour
auoir fouftenu la vraye doctrine, on l'cnuoya à Saint-Omcr ville d'Artois, vers l'Abbé
de Saint- Bertin,qui cftoit des Euefqucs nouuellemen t forgcz:fous lequel il cftima gain
de pourrir membre à membre en la miferc &c infc&ion extrême de faprifon,plus
toft qu'en renonçant l'Euangilcreprendrc les ordures &vilainics de l'Abbaye qu'il a-
uoit quittées. ^11 ycnaplufieurs autres dcfqucls ores que la mémoire foit encore en
obfcureté,la mort en cft neantmoins precieufe dcuantDicu & fes Anges.
^COMMENT & quand Us prefehes publiques de ceux de la Religion cejftrent
partout le Pais-boa.
io v s auons veu ci de/Tus par quels degrez on cftoit paruenu des prédications fc-
crêtes aux publiques, desquelles vnc multitude inct oyablc de gens s'eftoyent
monftrez auditeurs : il cft befoin maintenant de noter, côme chofe pertinente
auxdifcoursEcclefiaftiqucs,lc iour qu'elles fînirét au grand regret des vrays fideles.Quji
remarquera de près toutes les procédures deuât mifes,il trouucra pour chofe notable,
quelesPlacarts rigorcux, les Euefqucs nouucaux, les Inquifiteurs&femblablcs enne-
mis ont cfté caufe, maugré leurs intentions, que les chofes fc font aduancées fi auant.
Cucoafti - Au contraire , Qu'vne grande partie des Seigneurs &: de la Nobleftc,qui par leur con-
drcftrcoo!' fédération &côpromis auoycnt fait ouucrtureà quelque libcrté,à caufé par nôchallan-
cé«. ceouplustoft mefprisd'vnfi prccieuxtreforjquedc beaux cémcnccméslcs ifluesen
ont cfté triftes & lamétables. Car après que ceux de la Religiô reformée curét efté en-
tretenus de iour en iour en diuerfes efpcrâces, finalement la refolu tion des plus grands
Rcfolution Seigneurs aufqucls on s'eftoit attédu,fut,Que la contribution des deniers qu'ils auoy-
dC$Pa "bas cnt demadez cftant faitc,&lors qu'on auroit réduit les aduerfaires de l'Euagile à aiîcm-
u ay$ blerlesEftatsdupays,&faifcquclqucappoin(5kcmentàrauantagedcccuxdc la Reli-
gion: la plus grande feureté qu'ils pretendroyent feroit,Que remettant le toutau iuge-
mentde l'empereur Maximilian &c des Princes d'Allemaignc,ils eftimeroyent auoir
faitgrand bien au Pays,& particulièrement aux Euangcliftcs,s'ils obtenoyent la Con-
c'fcffi- d' fc^on d'Ausbourg en quelques villes .^"En fin & fommc,on trouua au lieu de confort
Ausbourg. cfperé,grand defeonfort par tout.
Les prefehes publiques prindrent fin au commencement de Ianuicr, m. d.lxvi.
cnTournay &Tournefi>lorsqucle fécond iour de ce mois quelques bandes entrè-
rent par le Chafteau,& fc faifirent de la villc,y apportans vn changement aufE horrible
quefoudain.Car au lieu des prédications publiques, blafphcmcs du nom de Dieu & de
fa doctrine auec outrages exécrables fuccederen t.
La ville de Vallcnccnes eut les derniers prefehes au iour de fa reddition, qui cftoit
le Dimanche qu'on appelle des Ramcaux,x x 1 1 i.de Mars:comme il a cfté dit ci-deuât.
^"Armcntiere>Ypre,Audenardc,Gand &c les villes & bourgades de la haute & bafle
Flandre,furentpriuéesdecebien les vnes après les autres en grande dcfolation& op-
prcflion.Les villes de Brabat,cclles fur tout qui font prochaines des Cleuois, & le pays
de Hollande & Zélande eurent quelque refpit d'auantage: mais finalement elles curét
vnemefmeiflue.
v an t à la ville d'Anuers, qu'on a nommée à bon droit le cœur du Pais-bal,
I depuis la prinfc de Vallencenes ci deftus dcfcrite:& après qu'vn des princi-
! paux Seigneurs auquel on s'attédoit , euft déclaré qu'il nevouloit embrafler les
afFaires,touteefperancedc continuer dauatagcfiit perdue.- fingulicrement eu regard à
la diuifxon qui cftoit en lavillc.Lcs Miniftres tant des V Valons queFlamcns cra'gnoyct
fort
Ueîlat des Fidèles fous les Vénitiens, 6
fortdcnepouuoirpaifiblcmemprcfcherle Dimanche vid'Auril: ce que toutesfois Lc,Prcdic*
ils firent , voire& le Mercredy fuiuant i x. dudit mois , qui fut la dernière des predica-
tionspubliques:auqueliourreclipfcdufoleiiremonftraenplcinmidy autant admira- nées en vn
ble par tout que de long temps elle ait efté . La grande prouidence de l'Eternel e- S^SS
ftendantiufqucsàcciour-làleterme d'icelles, monftra vifiblcmentqucfafain&ePa- ?C * °a
rolle eft la vraye lumieredu monde:& qu'il n'y a chofe oppoféc,n'obieâ tant grand qu'-
il foit,qui la puhTe entièrement obfcurcir n'efteindre.
Le lendemain x.d'Auril les Minières furent appelez deuant les Seigneurs &Ma-
giftrat d'Artucrs,qui les exhortèrent auec prières de fe retirer des pays du Roy d'Efpa-
gne,adiouftans menaces de la part de fa Maieftc s'ils pourfuiuoycnt de prefeher. Suiuat
quoylesMiniftresconiideransles circonftancesdes chofcs,&: que tous les Députez
fcplufieurs des Confiftoiress'eftoyentdcfia retirez mcfmeque le Teigneur Prince
d'Auran^ecftoit délibère' départir le lendemain,ils prindrét refolution de Te retirer, a-
yâs dône ordre à ce qui cftoit de leur charge,pour entretenir le furplus des fidèles reftâs
enl'afflidion commune du pays.^~M a i s auant que pourfuiurc la retraite de ceux qui
fortirent du pays,&l'nTue d'aucuns qui demeurèrent & lignèrent de leur mort lado-
drinequilsauoyentapprife,nousauons à inférer ieyeequi s'eftfaità Venife prcfquc
en vnc mef me faifon pour pareille caufe, &: à rinftancedel'Inquifition Papale en tant
de régions eftablie&desbordée.
L'E S TA T des fidèles en la ville de Venife de quelques vns exécutez, de
mort pour la Religion reformée^.
vrant ce temps de calamité,la ville de Venife affife au milieu de l'eau au
dernier confin de la mer Adriatiquc,violalafranchifede fa République a-
Iendroit de quelques vns de la Religion . On feait alTcz la grandeur de la ^ Scigne»
feigneurie qu'elle a,à caufe des deux Mes & Royaumes de Cyprc& deCâ r£ dc Vcni
die,Ceraîonie & Zantc tresfertiles en la mer Ionique : Corfou fortcrciTc de gran de im-
portance,&: ifleau commencement de fon golfe. On feait aufîi qu'elle tient vne bonne
partie dc la Sçlauonie,Cattaro,Lefina,Sebenico,Spalato,Zarra & autres terres &: vil-
les fortes : fans que befoin foit faire mention dc cel les qu'elle a en Lom bar die , qui font
cognues & fréquentées de la plus grande partie de l'Europe. Mais fur tout il ne faut ou-
blier ici l'opinion communequ'ona dc ladite ville prefquc par toute l'Italie :c'eft que
pour fes qualitez rares, & pour vne liberté, qui a efté là par longue efpace de tem ps ne liberté
s'afTuiettirTantpointàrinquifition cruelle du Pape,ony deuoit voir multiplication dc^""***
Fidelesrcequin'eftoit pas fans occafion, d'autant que l'an m. d. xxx. iufqu'en l'an m.
d.xl i i. il y auoit eu telle liberté de parler & traider des affaires dc la Religion, qu'on y
faifoit prcfque publiquement des aiîemblces,au feeu dc plufieurs nations eftrangercs .
O r telle cfpcrancc s'eft d'autant plus efloignée , qu'elle fembloit eflre prochaine.- à
caufe que l'autheur&: perc dc méfongcs'eftanr apperecu dc ccla,cômcnca parle moyé
de fon Lieutenant,feantaufiegedeRome,d'infe&erde Cardinautez, Archeuefchez, Moycmpar
Eucfchez,Abbaycs,Chanoincrics,&: autres fiens bénéfices, la NobleiîeVenitienne,où Jcfquds le
la plus part de ceux qui eftoyent des premiers à iouir des honneurs en icclleRepubli- fu\nCa"ies
quc(à caufe dc leur vertus &: preudh6mic)&:defqucls les autres dependoyent aucune- grands de
ment : afin que puis après il peuft par ce moyen introduire plus feurement & mainte- ccmoodc-
nir la tyrannie du fiege Papal en ladite cite, & en toute fa feigneurie.
O r cft-iladuenu de cela puis après, qu'ayant là demeuré prefques toufïours vn
grand nombre deFidelcs,quis'y rcciroyentdcleur bon gré, ou bien eftans chaflezdc
leurs pays pourl'Euangilc, ont efte contraints dc s'enfuir par fucceffion de temps
ily en aeu bien fouuent quelques vns pnns prifonniers,&; cnuoyez à Rorne,comme on
a vcués difeours precedens. Les autres par vne façôde fupplice quin'auoit iamaisc-
ftéaccouftumé, ont efteiettez en l'eau & noyez au fond de lamer,ainfi qu'on le peut
voir en l'hiftoire prcfente.Si eft-ecque pour tout cela plufîeurs ne laifîbycnr pas de s'af
fcmbler&: fetrouueraux lieux a(figncz,pourcôferer&: traider deschofesfpirituelles,
voire &dc recueillir quelques collectes pour fubuenir aux pourcs neceflitcux. Etmcf-
BBB.ui.
Liure VIII. De quatre Fidèles Jtaliens
EjUfc àve mes depuis Tan m. d. Lx.ilsauoyent faift venir vnMiniftrc delà Parolle de Dicu,afin
d'introduire quelque bon ordre d*Eglife:& auoyent défia commencé d'adminiftrer la
Dcfloyauté faincleCcne du Seigneur. Mais la trahifon & dénoyauté d'aucuns faux frères (lefquels
defauxfrc- foubsombre defaireprofeflionderEuangilc,faifoycntmeftierdaccufcrles autres^ac-
fté caufe, que ces chofes eftans defcouuertes , les Veneticns fe font oubliez iufques là,
que mefmcs ils ont lanTé d'obferuer certaines loix Se ordonnancesfaires par eux,&: paf
fées en leur grand Confcil,Touchanc la procédure iuridique en l'eftat te officede l'In-
quifition.Eftans prefques tous(commc il a cfté dit ) beneficiers & obligez au fiegeRo-
mainjOudependansdeceux-là,ils ontfurfimples aceufations & noms donnez par e-
fcritjcommencé telle Inquifition,quc l'Antechrift ne la pouuoit defircr plus grade ne
Somme an- plushorrible.Dont cft aduenu, que tous les ans le Pape enuoye de Rome vncfomme
nouchnde <i,c^cus»au ^cgc ^c l'Inquifition,pour les diftribuer à gens qui facent l'office d'efpions
l'inquifidô. &: de rapporteurs fecrcts.Et combien qu'en celle hiftoirc il n'y ait que quatre nommez
fi eft-ceneantmoins que plufieurs autres ont efté icttez en l'eau &: noyez -.aucuns en-
uoyez àRome:& d'autres pour le long tormét qu'ils ont fouffert és prifons ( qui ne font
quefcpulchres)ont fini leurs vics:tellemcnt qu'on n'a iamais peu auoir leurs Confeffiôs
par cfcrit,nc par le rapport d'autruy,lefqucllcs fonent certaines.
Ivles G v irlavda, Treuifan. François SEGA^deRomgo.
Antoine Ricett otdeVincence. François S p in o la, UiUnnoù.
♦ Ivles Guirlauda Treuifan, aagé d cnuiron quarante ans , eftant détenu
captif àVenife(és prifons de ceux qu'on appelle chefs dedix)pom la vérité
de rEuangile,perfecutéc par nouueaux Ebionites:quclques fidèles iufqu-
Acajfation au nôbrc de x x 1 1 1. partirent de Capo d'Hiftria,& s'embarquèrent pour al-
ler paSer l'hyuer és lieux fubiects i rEmpire,où il y a feureté . Mais aucuns de la Iufti-
cc firent arrefter la barque , fous prétexte qu'vn certain du pays des Grifons ('auquel
vnfrerc de miflerc Nicolas Bucella de Padoue debuoit quarante ducats) lesvouloic
retirer dudiâ Bucella: ou demifs. Antoine Ricetto de Vinccnccjors aagé enuiron de
X li 1 1 ans,ou de miflere François Sega de Rouigo , aagé pour lors d'enuiron x x x 1 1 1
ans.Tellcment que la barque eftant à la riue,lcs trois fufdits feulement furent menez à
la Iuftiçe,& tous les autres fuy uirent leur chemin qu'ils auoyent commencé . Ain fi ces
trois perfonnages eftas en Iufticc,nicrcnt,comme la vérité eftoit,qu'ils deuflent aucu-
ne ebofe à ce Grifon: lequel eftant defpité de cela,les aceufa deuat le Iuge,qu'ils eftoyée
heretiqucs,& qu'ils s'cnfuyoyét.Au moyen dequoy ils furent conftituez prifonniers,ô£
enuoycz à Venife le x x v 1 1 iour d'Aouft, m. d. l x i i. là où ils fe confolerent,& fortifiè-
rent au Seigneur,eftans auec Iules Guirlauda fufdiéb lequel après auoir purement cô-.
feue IefusChrift U fa doctrine, finalement fuft condamné lexv d'0£tobrc,&puis
mené hors des deux Chaftcaux], fut noyé dedans la mer. Comme il eftoit dcfTus l'ais
qui eftoit mis entre deux gondoles,il dit au Capitaine, Iufqu'au rcuoir par-delà . Et in-
continent les gondoles fc retirât l'vne d'vn cofté,& l'autre de l'autre, il tomba au fond
del'eau,eninuoquant le nom du Seigneur & Rédempteur Iefus Chrift.
Tovchant à Bucella, après auoir tafché en vain d'efehapper de prifon parle
moyen des gardes qu'il auoit ,delibera de renier tout,& fe defdirc,nonobftant les admo
nitions de fescôpagnons,côme François Sega en a rendu tefmoignage par fcs efcrits.
Ricetto fol Mais AntoineRicctto6cSega,perfeucransconftammentenlaconfcfiîondclapu
mc^defon rc doctrine dcl'Euangile l'efpacc de plus de deux ans, furent à la fin condamnez à la
fils. mort.Le fils dudit Ricetto aagé de x 1 1 ans,vifitant fon pere, lepriaen pleurant , félon
que fon icuneaageportoit, de s'accorder & s'accommoder auec ceux qui lecondam-
noyent,afin qu'il ne le delaifiaft point orphelin.Le pere luy refponditjquclcvrayChrc-
ftien eftoit tenu &C obligé de ne faire côte de fon bicn,dc fes enfans , ne de fapropre vie,
au regatd de l'honneur &c gloire de Dieu:& qu'à cefte caufe il eftoit du tout refolu d'en
durerla mort pour la maintenir.
Les Seigneurs de Venife offrirent de luy remettre entre mains fon patrimoine,
qui eftoit en partie engagé,^ en partie vendu,s'il fe vouloir accorder auec l'Egtifc Ro-
integrité de mainermais il refufa toutes les conditions qu'on luy prcfcnra.Lcs prifonnicrs\qui elloy
mlndéc"1 0X11 aucc W » & principalement vn M. Iules Forlan , reciten t grand's chofes de l'ab-
nun cc' ftinenec
ExecuteT^de mort à Venifc^. 6 pS
ftincnce, patience & fain&cté de ce petfonnagc,& de fon compagnon,iufques à les cô-
parer à S.lean Baptiftc.
L e x v.iour de Feburier m. d. l x v (qui eft à noftrc fupputation m. d. l x v i. ) le Ca-
pitaine Clairemontvinc à la prifonenuiron deux heures denui&,&: ayant tire dehors
Fr.Sega,luy demanda s'il ne vouloitpas eftre obeiiTant: lequel rcfpondant Qu'ouy, *ceiuy<joi»
rut*renuoyé en prifon . ^"Puis on feit venir Ricetto, auquel le Capitaine dit, que Se- ftjjfS
gan eftoit pas autrement délibéré de mourir, mais d'obéir à Iuftice. Soudain Ricetto JJ-^'JJJ
luy rcfponditjQijay-iequc faire auec Sega? ie veux faire mon debuoitenuers le Sei- towvnan»
gneut mon Dieu, &*infi il fut mis lié & garrotté en vne gondole . Il y auoit vn certain fept m0|fc
Preftre qui alloit aueccux,lequel luy prefentant vn crucifix de bois à baifer , l'admonc-
ftoitdefcrcdyire,pourmourircnlagracede Dieu,cnferecôciliantàla faincte efpoufe
de Iefus Chrift,aflàuoirreglifcRomaine.Mais Ricetto reiettatle bois,pria lepourc Pre-
ftre,^ les autres delà côpagnie,àfcdepeftrer des laqs du Diablc,& venir à Iefus Chnft
pour viure félon i'cfprit,& non félon la chair. Et fur cela il leur difoit, Si vous faites au-
trcrnét,vous paruiendrez par voftre infidelitéau feu qui ne s'efteint iamais: pourec que
côfefTans de bouche que vous cognohTez Iefus Chrift,non feulemét vous le reniez par
effe&jmaisvousleperfecutez^ftansfeduits&cnforcelezdu Pape, lequel eft ennemi
tout ouu ert de Iefus Chrift.
Qvand ils furet arriuez auprès des deux Chaftcaux, le Capitaine luy lia les mains: Les deux
& d'autant qu'il faifoit bien froid pour lors , il pria qu'on luy rendift fon manteau qu'on chafte»ul«
luy auoit oftc.La defTus celuy qui menoit la gondole luy refpondit,Crains-tu maintenat
vn peu de froidîque feras-tu au fond de la mer?pourquoy ne cerches-tu de fauuer ta vie?
ne vois-tu pas que iufqu'aux puces mefmcs , elles fuyent la mort ? Auquel il replicqua,
Et moy, ieruis la mort éternelle.
E s t ans paruenus au lieu du fupplicc,lc Capitaine le lia d'vnechaine par le corps,
auec vne pierre fort pefantc.Et fur ce Ricetto hauflant les yeux au ciel dit,Pere,pardô-
ne à ccux-cy,quinefçaucnt ce qu'ils font.Et citant misfurl'ais, il dit, Seigneur Dieu ie
recommande mon efpri t en tes mains : & tira après foy ce poix fi pefan t , fans attédre
que les gondoles s'en allaitent d'vn cofté &c d'autre , comme en tels fupplices & genre
de mort on auoit accouftumé de faire.Et ainfi ce perfonnage dormit au Seigneur: dont
turent gradementesbahis ceux de la Iuftice, lcfquelsn'auoyent point veu auparauant
en autre quelconque, vne fi ferme confiance en mourant.
, EL a ainfi cxccutéjle Dimache fuiuant M.François SpinolaMilanois, aagé pour Francefco
ilors d'enuirô xl v i ans, fut prins & mené és prifonsfufditcs des Chefs de dix •, là où pm0
cftoit aufli le pourc Fr. Sega . Deux iours après (qui eftoit le xxviu de Feburier)
Spinola fut mené deuant les luges, & là luy tut mis entre les mains vn petit traicté De
la Genc de Iefus Chrift,lequcl il auoit eferit luy-mefme , comme il le confefTa franche-
mét:& dit,Qu'il eftoit de l'opinion laquelle eftoit déclarée en ce trai£té,affauoir,que le
pain U le vin font Sacrcmens tant feulement, & non pas la chofefacrée: & pourtant, ^
qu'il ne doit eftre adoré. Il fut interrogué touchant la puifTance du Pape,lcferuicc des fucrs j^eia
SainctSjfic du Purgatoire: A quoy il refpondit,qucla puifTance du Pape eftoit humaine, Spinola eft
laquelle luy auoit efté donnée du confiftoire Romain, &: des Princes: mais qu'à Iefus imcrr0Sué'
Chrift,commeauchefderEglifc,lePerecclefteauoit donné toute puifTance au ciel&: Marchés
enlaterre.QuicftPierrc?QuieftPaul?&c.II adioufta qu'il n'adoroit & n'inuoquoitfi-
nonvnfcul Dieu, félon qu'il eft cfcrit-.com bien que la mémoire des Sain&s luy fuft
aggreablc, comme de ceux qui eftoyent des vrays fermens en la vigne,c'eft à dire en le- can IT*
fus Chrift .Et ne recognoifToit point autre Purgatoire que le fang du Fils de Dicu,com- Hebr. i.
me TApoftre en l'Epiftrc aux Hebrieux,& Saind Iean l'enfcignent. lIcan u
Apres ccla,comme Spinola rctournoit en prifon, Sega qu'il ne cognoifToit point,
lattédoit auec vne chadeile en la main :& pafTant auec fa garde, il le falua par fon nom:
dont aduint qu'ils communiquet en t enfcmble de la do&rine de falut. Et combien que
Sega fuit d'autre opinion que Spinola touchant le nombre des Sacrcmens, ncâtmoins
il s'en rapportoitau iugementdel'Eglife du Seigneur. Mais ayant entendu que Spino- rCncontrc à
la auoit confefTé la vérité conftament,il fe conforta & confola grandement, difant que Sega,
jjieu l'auoit referpé iufqu'à ce iour-là,pour le faire participant d'vne fi grande con fola-
tion . Ilefcriuic donc lettres confolatoires à Spinola , luy recommandant fes eferits,
BBB.iiii.
Liure VI IL
F. Spinola. Tachard.
defquels aucuns ont efté preferuez,les autres cfgarez par la defloyauté d'vn faux-frere.
Finalemen^ le xxiii deFeburier les gardes de la prifon dirent à Sega qu'enui-
ron vne heure de ntiid on le feroit mourinlequel pria Spinola de faire oraifon aucc luy.
En priant , Sega ayant dit que fon amc eftoit trifte iufqu a la mort, Spinola refpondit,
Tantoft elle fera ioyeufe pour iamais . Il fut donques tiré hors de la prifon obfcure en-
uiron deux heures denui£r.:& en fortant fe recommanda à Spinola & aux autres prifon-
niers. Or citant en la barque, vn certain Moync luy voulant perfuader qu'il rctournaft
au bon chemin : Sega luy refpondit qu'il eftoit au bon chemin de noftrc Seigneur Iefus
Chrift.& ainfi allant inuoquoic le nom de Dieu. Il ne fe fafcha point quad on luy lia les
u monde mains, mais bien quand on luy ferra le corps d'vncchaine. Toutesfois il rcuintincon-
tinent à cefte feure confiance des Chreftiens,de prendre toutes peines en patience.
Ainfi qu'il fut mis deiTus lais, il fe recommanda à Dieu :&delaifTé des deux gondo-
lesf fur le bord dcfquelles l'ais eftoit appuyé) l'vne tirant deçà , l'autre delà , il tomba au
fepulchre de la mer,& mourut paifiblement.
Spinola puisapres fut prefenté pour la féconde fois à la Iuftice., aflauoir lex.de
•Affaaoirpie Mars : là où il reprint le Légat du Pape * auec ceux du Clergé qui eftoyent prefens,&:
Mpar«îî" quelques Seigneurs Vénitiens qui prefidoyent, de ce qu'il perfecutoyent fi dcfefperé-
SxM!En.A" l"enc la vérité de Dieu:(tout ainQ qu'il auoit fait la première fois qu'il fut mené deuant
euxjles appelant Race Se fuccefTeurs de Cay phe, des Pharifiens Se des Payens, qui tuez
maintenat(dffoit-il)Iefus Chrift en fes mébres. ^"Le x x i x de ce mois on le mena pour
latroifiemefoisenIufticc:oùil luy fut demandé s'il ne vouloit pas renoncer à fes im-
pietez.il refpondit,que ce qu'il maintcnoit,n'eftoyent point impietez,ains la pure véri-
té qui eftoit tirée de la doctrine que Iefus Chrift Se fes A poftres ont prefchée,& pour la-
quelle tous les Martyrs tant anciens que de noftre temps ont volontairement expofe
leurs vies,& enduré la mort.
Apres toutes ces chofes, Spinola tomba en telle infirmité', qu'il délibéra
de caler le voile, comme on dit: Se de s'accommoder, ayant efté induit à ce fai-
re par quelques vns , faifant femblant de confentir à la Iuftice , afin par ce moyen d»e-
fchapper de leurs mains . Mais enuiro la minuict d'entre le dixième Se onzième iour de
Septembre s'apperceuant deceftctromperie,ilreuintà(by-mefmes,& proteftadeuâc
tous,qu'il vouloit mourir en la Côfeffion qu'il auoit faite iufqu'au premier iour d'Auriî
precedcnt.Parquoylcxixd'Aouft il fut mené deuant les luges, où il conferma tout
le mefme.Ces luges luy dirent,qu'ils le feroyet noyer ,ou brufler tout vif. Se ainiî le x x x
La mon de iour de Ianuier m.d.lxvi félon que content les Vénitiens (qui feroit m. d. l x v i i) vn
Spmola. Icudy matin ayant efté mené deuarit le Tribunal, fa fcntcncc luy fut prononcée qu'il
feroit noyé comme vn hérétique. A quoy il refpôdir, le fuis feruiteur de Iefus Chrift Se
non point hérétique. Alors le Légat du Pape luy commanda qu'il fe teuft, en lu y difant
qu'il auoit menti . ^ Le lendemain au matin(qui eftoit lcdernierdcIanuier)iJfut me-
feoifeS'i né au * Chaftcl ,& fut là degradé^pourceqiî'il auoit efté preftre: Se la nui& fuiuante on
arche demeu |c mcna àlamcr,&:fut noyéau lieu accouftumé : cependant qu'il louoit Se bcniiToit
pVueUlui|ai Dieu d'vne conftance admirable.
rement 5. Pif
MARTIN TACHARD, de Montattbanen guercy.
O N peut ici confidercr en quelles difficulté! fe trouue le Minière qui veut pourfuiure fa vocation lors que
toutes confuiïon'i horriblcs.dangers extrcmcs.faux b!afmes,& trahilons l'enuironnctinc trouuant lieu de
feureté auquel il puùTc parquer le trouppeau qu'il a en charge.
'exercice de la vrayeReligioncontinuoiten la France nonobftant les
ciuautczouuertcs &: les confpirations du complot qu'on exerçoit conrre
ceux qui faifoyêt profefîïon d'icelle.Sur rout le Parlement de Tholoufe fou
ucrainau pays de Lâgucdoc,s'eft efforcé en ces dernières années*dcdifîlper
métdeTho toutes lesEglifes reformées qui eftoyent de fon refTort:& pour ceftefFc&ataiché d'ex
IcTfÏÏ^ cerminer les Miniftrcs d'icellc autant qu'il luy a efté poffible . Outrc,lc grand nombre
des Miniftres qui ont efté mis à mort par ceux de ce Parlement,M.MartinTachard mi-
Lcspremi- niftre de la parollc de Dieu à Montauban lieu de fa naiiTance(où il prefehoir pendant
de France? 'cs premiers troubles de France en l'an m. d. lx 1 1.) n'a peu efchappcr leur iniufticc Se
felonnic.
m d.lxvii
Voyezcy
deflus les
procédures
de ce Parle
<£klartin Tachard., fpp
fclopnic.Carfercfouuenans encore de ce que les habirans deTholoufc auoyent du
temps des troubles afliegé Montauban pourpenfer ruiner les Fidèles qui y eftoyent,
n eftans paruenus à leur defleins , ils ont allez monftré , quand ils en onc peu auoir
le nioyen,que la haine qu'ils portoyent à ce bon perfonnage n eftoit efteinte, le faifans
mourir ainû qu'il fera récite ci après . Tachard donc eftant dédié du tout à lœuurc du
Scigneur,futcnl'anM.D.LXVi. enuoyé pour exercer Ton miniftere au lieu d'Acier en Rcmucm&
Qucrcy, où il fut aducrtideladilfipationde l'Eglifcquieftoità Pamies ville prochai- <le ville en
ne,de laquelle il auoit cfté pafteur auparauant. Elle futdiflïpc'e parvne cfmotion &: J^* j£„
fcdition qui furuint au mois de Iuin audit an,cn forte que les pourcs Fidèles furent cô-
traints de fe retirer en vn autre lieu pour feurcté de leur vie.Tachard ne voulant delaif-
fer fa charge,fît tant qu'il ramafla fes brebis efgarces à Caria au comte de Foix qui n'eft
defort loin diftant de Pamies . Là eftant,il fut aduerti que les gcnf-d'armes,qui depuis
furent mis de par le Roy en garnifon à Pamies,faifoyent leur conte devenir bien toit au
lieu de Carla,pour ofter l'exercice de la Religion qui cômençoit d'y fructifier. Parquoy Mandcmét
Tachard craignant quelque ruine totale de fes auditeurs , après auoir meurement de- Joyne'de*
libère tous cnfemblc ,fut côclu que le meilleur moyen eftoit d'euiter ce danger de bô- Naiurre.
ncheure. Et pour ceft efTc& l'Eglifcfut tranfportéc au lieu du Mas d'Azils: mais elle
y fut en repos bien peu de tcmps.Car le Roy manda à la Royne de Nauarr c,qu'ellc en-
uoyaftvn perfonnage capablccn fon côté de Foix pour s'informer par toutes les villes
& Lieux d iceluy,commcron y viuoit,& côme Ces Edi&s y eftoyent obferucz.La Royne
de Nauarrcfuiuant le mandement du Roy , enuoya incontinent le fieur de Boryes lieu
tenant de la compagnie & gendarmerie du Prince dcNauarrefbn fils, vifîccr tout le
comté deFoix,pour reprimer les rebelles quelque part qu'ils fuflent trouucz.Cequ'e- Le fieur <fe
ftant entendu par le Miniftre Tachard, pour nedonneraucun foupçonde rébellion, ^"u"
(craignant d'eftre taxé damafTer quelques gens fuitifs &dechaflez pour en mal vfer,) Royne de
fc retira en vn autre lieu auec fon eglife, qui le fuiuoit. Et combien que pour cefte eau- Nauarre-
fe il n'euft iamais cfté reprins dudit licur de Boryes commis de la Royne( eftant de long [ cs Cjb4.
temps cefte fain&c Dame du toutdcfdiée au purferuicede Dicu)(îeft-ce qu'il remuai-
fon troupeau en vn petit lieu ou bourgade di&c des Cabanes, prochaine des monts Py
rcnécs,pourcôtinuerfes exhortations auecplusgrande feurcté.^" Aduint certain efpa-
ce de temps après que pour la querelle particulière qu'auoyent cnfemblc les (leurs de
Solan & Roqucmaurcl à caufe (comme ondifoir) de quelque oyfcau deproyc,ilstin-
drent bandes l'vn cotre l'autre au pays de Cumcnge haut& bas pays limitrophe dudit
comté de Foix:dont il y eut des mcurtrcs,bruflcmens & autres defordres d'vn coft é &
d'autre. Ce qu'eftant paruenu iufqucs au confeil du Roy , fut mandé par lettres paten- Occafiô ne
tes au feigneur de Montluc lieutenant en ce pays, en l'abfcnccdu Prince de Nauarre, defaut Poif
de fc tranfportcr furies lieur auec le canon & autres forces s'il eftoit befoin , pour pu- veulent gre
nir les coulpablcs . ucr-
O Rce defordre apporta occafion à ceux dcTholoufe,pour faire les bon s feruitcurs,
de rcccrchcr les Fidèles de l'Eglife de Pamies, qui s'eftoyét retirez pour euitcr la fureur
de leurs cnncmis.Car cftas deputezCômi/Taires par le Roy^ffauoir M.Iean d'Affi s pre
micr prcfidcnt,& fix Confcillers de la Cour deTholoufe,ils ne s'enquirent pas comme
ils deuoycnt, des auteurs de la fedition de Pamiesrcncorc moins delà querelle des Gé- uUtfcd!uon
tils-homm cs:ains fuiuans leurs hayncs accouftumées cotre ceux de la Rcligion,ils pen admis en tcf
fcrcnt(pource qu'ils s'eftoyent retirez de leurs maifons) qu'eux fans autres fu/Tcnt les mo,gna§e-
principaux complices de la fedition . Et pour mieux couurir leur fai6t, ils prenoyent le
tcfmoignagedeceuxmcfmes qui eftoyent la feule & principale caufe de l'efmotion
publiquc,làns ce que perfonne parlaft pour les poures Chrcftiens abfcns & dechalTcz.
Vray eft qu'aucc eux s'eftoyent retirez quelques vns qui auoyet fuyui les querelles des
gcntils-hommes,mais les Fidèles en eftoyent ignorans. Et cependant eftans fauiTemét
acculez côme les autres qui sc(tx>yent retirez au lieu des Cabanes, ils furent fous cefte
couucrture perfecutez.
Povr ce faire ces CômiiTaircSjfeirentaflembler iufquesàcinq cens hommes des
plus renommez garnemés du pays, y eftans pour chefs &c conducteurs lefieur deTilla-
det & autres Capitaines , accôpagnez des maflacreurs de Foix,& des enuirôs auec plu Maflâ-
ficurs bâdoliers& bannis . Et ne faut douter qu'en ce nôbre il n'yeuft mefmesdeceux £™"de
qui eftoyét ennemis îurtz desFidcles fortis de Pamycs. Cefte bâcle fît tel deuoir de mar
Liure VI IL &lartin Tachard.
cher iour&nuid,qu'vn matin xxv.dc May en l'an m.d.lxvii.cIIc arriua audit lieu
de Cabanes, où elle feit en vn inftant plufieurs meurtres, pillerics, faccagemens, rauif-
fcmens&: violemens de femmes & filles.Chofe degrande lamentation.
L e MiniftrcTachard voyat en ce dcfordrc,la dcfolation te difpcrfion du peuple qu'il
JfCi&mc cn^cignoit»Pcn^a'commcnt ^ kpourroit fauucr. Et de faid il fe vouloit retirer (ecrete-
né ^prifon- ment quand deux payfans le prindrcnt,& l'amenèrent auditTilladetdequcl s'en cftanc
nier en de- faify le traidaen toute cruauté te derifion. Car après auoir fouillé fes hardes,& prins ce
rifion. ^on jUy fcmDi0it)ie fcjt marcher par mocquerie portât des grolîes patinoftrcs à fon
col. Plufieurs autres furent pris alors, lefquels furent deliurez en payant rançon , mais
Tachard ne peut fortir de Ces mains par rançon, ny autrement. Et pourtant il fuc mené
par le commadement dudit Tilladct à Tholoufe auec quatre autres prifonniers,vn vc
dredy v i.dc Iuin.On le mit en la côcicrgcriedu Palais tout feul en vne baffe foflc,auec
de gros fers aux iambes,fans permettre qu'aucû parlait à luy. Il fut trouuc faify de quel-
ques mémoires drelfées pour l'ordre tant de fon Eglife que des circonuoifines, corne le
iuwrroguc (oin&c diligécc de ce petfonnage s'eftédoit par tout.^Le v 1 1 1. dudit mois il fut interro-
gué par deux Confeillcrs déléguez en ce temps par le Roy au parlement de Tholoufe.
Maintiét U ^ais auant cluc refpôdre,il les fuppliade luy permettre qu'il priaft Dieu . ce qui luy fut
▼crité de ottroyé . Sa conftance fut telle qu'en tout te partout il confefla la pure vérité con-
Dicu- tenue en la fainde Efcriture,& tout ce qui appartiét àfalut . &: pourtant fut incontinec
renuoyé en la prifon.Puis cftant aduerti fecrettement que la plufpart de fesluges eftoie
bandée contre luy, il prcfcntarcqucftc pour reeufer les Preiidcns,Côfcillcrs, l'Aduocac
Se deffend ^ Procurcur généraux du Roy,les greffiersCiuil6£ Criminel delà Cour de Parlement,
par droift. Mais combien que les caufes d'icelle requefte fuflent pertinentes &: percmptoires,&
particulièrement propofées contre eux:à raifon de la haine qu'ils auoyent contre luy,
pource qu'il auoit prcfché l'Euangile en la ville dcMontauban : ncantmoins il fut dé-
bouté de l'interinement d'icclle,par Arcft donné par eux mcfmes le x x v 1 1 i.dc Iuin.
Tachard dôcques voyant que ce moyen n'empefeheroit qu'il ne fuft bien toit iugé par
fes mortels ennemis, il fut aduifé , pour euiter ceft inconuenient , de dreffer autre re-
quefte contre les Prefidens te Confeillers de la grand' Chambre te Tournclle, fort fu-
fpeds : laquelle contenoit caufes vallables te pertinentes pour les reprocher . Mais il
wut« téfc« en ^uc Pareillement débouté le 1 1 1 i.dc Iullet cnfuiuant.combicn que plufieurs reque-
rc<jucftcs. ftes de plus petite importance ayent efté fouucnt renuoyées au Roy. Il y eut quelque
queftion entre les luges , pour fçauoir qui condamneroit ce pourc patient. Mais ce
débat ne dura guercs, côme Satan fçait bien conioindre fes miniftres quand il eft que-
ftion de perfecuter les enfans de Dicu . Il fut doneques arefté , Que fans auoir efgard à
tout ce que Tachard auoit mis en auant , encores qu'il eut appcllé du droid dénié fur
les caufes de reeufation prcfentécs,qu'il feroit procédé à la confection du procès.
L e v.du mois de Iullet il fut amené deuant les luges des deux chabres qui cftoyent
xxi. en nom brc:où cftant venu ils le firent afleoir fur la fcllctte, pour rcfpondrc aux
demandes qui luy feroyent faides.Mais (comme il auoit de couftume) il requift la com
Prière con- pagnic luy permettre de prier Dicu auant toutes chofes. Ce que luy cftant permis feie
tenant rc- vne prière fainde te pleine d'exhortations,prcnant argument fur la création de l'hom-
T^Satdc McJ'mgratitude&mefcognoifTanccd'iceluyjaimant^ ténèbres te i-
Tholouft. gnoranecquen la lumière te cognoiffance de la parolle de Dicu. Eftant doneques de-
rechef interrogué il rcmonftra que les caufes dereeufation qu'il auoit propofécs,eftoy-
ent fuffifantcs,& partant qu'il n'eftoit tenu de refpôdre. Mais il fut prefTé par plufieurs
menaccs:& en fin luy fut dit,quc fur peine d'eftre pendu & eftranglé,il eut à obéir te re
fpondre à leurs interrogations. Lors il rcfpondit fagcment& prudemment, te n'oublia
rie du dcuoir requis à l'cftat d'vn vray C hrefticn,qui cft de confefler le grand &: vnique
fauueur Icfus Chrift deuant les hommes:& mcfmes deuant les luges te les Roys , quad
il luy plaift d'y appcller les ficns:& pour cefte caufe il fut renuoyé à la Conciergerie.
*Cefontlcs Le v i i.de Iullet audit an m.d.lxvi i.fuiuant les opinions de ces Iuges(ou pluftoft
tiirr« dont parties te ennemis manifeftes de Tachard)les deux Confeillers commiflaircs déléguez
en'ecs dir" du Roy^flaiioir Buct te Rudclle allèrent à la Conciergerie luy lignifier l' Arcft, duquel
nieri juge- la teneur cftoit,fclon la forme extraide des regiftres du Parlement deTholoufe:
dcC u v"yc ENTRE le procureur gêner d du Roy demadeur en tas d excès, * conjpir étions yfeditions , en-
Religion. trcfrifes,& contrauentions aux Ediffs ér ordonnances du Roy ct'vnefATt.EtmaiJht MArtin T a-
ebard
'Retraite des Fidèles en ^Angleterre \ 700
thardfoy difantminiflre,pnfonniercn la Conciergeries défendeur d'autre^>, VE V parla Cour
leproces faictpar authoritéd'icclle audit T achard .article s par luy eferits iowmeçans,\\ faut tenir
ceit ordre qu'en chacun Euefché flic, lettres mifiues de fquclle sa eflé trouué fa: fy, le tout par
iceluy T achardaduoué & recognu: charges, & informations contre luy fuclesfon audition ejr re-
jponfe,cnfembl<LJ le dire_j & conclufions dudtt Procureur gênerai du Roy baillé es par cfcrit; & t-
ccluy T achard ouy en la grand' Chambrer furies crimes & excès a luy impofez, . D ICT a eFlé
que^ ladite Courp our réparation des excès & crimes par ledit T achard commis refultans dudit
procès & confefiond'a condamné & codamne a eflre deliuré és mains de l'Exécuteur de la haute
tu(t"ice_jy lequel luy fera fairc^ le cours par les rues & carrefours accou/lumez dt la pre fente cité de
Tholoufè-j, monté fus vn tombereau ou charette, ayant La h art au cof l'amènera en la placepubli-
qtirç_j de Sainct Gcorge_j,ou en vne potences qui à ces fins y fera dreffe^fera pendu & eftr angle
fes biens conff/uez, au Royy&c. Prononcé àTholoufe en Parlement le v i i.iour de Iullet,
m.d.lxvii. Ainii (igné, La Croix.
Cela faid,au(H toft Tachard commençai chanter en latin le Pfeaumc 1 11. com-
mençant, L&tatu-s fim in his qudt dic7afint3(jrc. d 'autan t qu'il cit oit défendu de chanter c n ÇjSouî?
François dedans les priions . Apres il commença à leconfolcrgrandcment,&f piocelta de louer
qu'ilalloitàlamortinnocentdesconfpirations^&leditionsdont on fauoft fauiTemêt pieu ™
charge,ainii qu'il cft contenu en fon Arcfr. il conlbla aulîî par vnefaincleexhortacion tix^0is'
tous ceux qu'il voyoit trilles, à caufede facondemnation.
L'h evre venue pour le mener au lupplice.e (tant prefl à monte r en la charrette , il
priales îngcs de luy vouloir taire ofter les fers des pieds: Car ie fèray(difoit-il)plus allè-
gre pour aller auec mon Dieu auiourd huy s'il luy plaift.Mais cela luy fut dénié . D'au-
trepart,le commun peuple rude &ignorat& plongé en toute idolâtrie via par les rues fo.X'^mic
degrandes infolcnces& outrages, contre ce (aintr pcrfonnage,fans ceque les luges, la auxchefc.
prefens,reprimairentce tort en aucune façon . Eitantdoncqucsamenéaulitu dufup-
plice,à la place faillit George, il monta allaigrement fur rcfchclle,& tout hautement
inuoqua Dieu au nom de nollrc Seigneur Iefus Chriit,d'vn grand zele:& prononça di-
ftinctement l'oraifon Dominicale, auec brefue paraphrafcluricclle pleine degran-
deintf ruction. Finak ment en récitant le Symbole des Apoftrcs,fur ce dernier ver!etD<r
la viendra tugerles vifs cr les morts-, le bourreau le ietta:& dit-on que ce fuit par comma-
dement,ou par ligne qui luy fut fàic.Etcontrela coullume,on le laiiîa pendu en la po-
tence iufqucs au lendemain midy.
M
• L'E ST AT de la liberté données à ceux delà Religion en ^4r.gleterre_j ,esf icy
déduit a l'occafion que^ la plus part delà dijpcrfion des Eideles du Pays-bas s'yreti-
rapourfeurcté.
2i-'@'î.v R la fin du gouucrnement de Marguerite d'Auftrichc,duchefle de Parme, re-
5^jfc§gcntedes Pavs-bas.-ceux delà Religion reformée furet dilperlez ça & là. Le pays
a^^du Du c de Clcucs &: plufieurs villes delà baiTc Aliemaigne,rcccurent grand nô-
bre d'iceux.On donna lettres de faufcôduitaux Miniftres d'Anuers par la cômiflîon de
ladite Dame pout forcir du Pays en fix iours.lefqucls ils anticiperét titans aduertis des
dangers préparez. Les plus grand's trouppes paiTcrentla mer pour paruenir en An-
gleterrc,non feulement pour la liberté delaReligion,maisai-;lii pour la commodité de
la traffique&: negotiation vfitée. Or d'autant que celte fois n'eft pas la première reee-
ptionde ceux du Pays-bas (comme les precedens difeours en font foy ) louuenons-
nous par quels moyens & degrez ce Royaume cit paruenu à celte liberté de donner
port, de tendre la main & recueillir les poures affligez ôefuitifs poui rEiiangile,afin d'y
recognoillrc vne mifericorde du Seigneur admirable au milieu de les iuftes iugemens.
Le Roy Henry v 111. de ce nom,rctênant les cérémonies delà religion ratifie, voiic Henry
la MeiTe& autres pollutions du vrayfcruice de Dieu, fit ce bien d'ofler les Moinerics&:
ordres des Mendians,dc fondre les reliquaires, d'abolir vœux pelcrinsgcs& fcmbJa-
bles impiété? dcsblcanc par ce moyen ce qui eult retarde à i'aducnir les fonderoens d'-
vn bon baftiment. Il ficauffi fur la fin de fon règne que la Bible fui in primée en vulgai
rc du pays,& penruleà vn chacun. Il commanda que les Prcftics récitaient lorailon
Dominicale, le Symbole des Apoitres,les Dix commandèmtns de Dieu, rEuangilcfic
lÀutt VI IL T ouchént les Eglifes XsAngleterre^.
l'Epi ft re des iours en langue Àngloifc .Tels furent les corn m encemens (bus le Roy Hcn
ryen Angleterre.
< . À p r £ s la mort> E d v a r d Ton fils,Roy d'heureufe memoirc>ayant fait appcllcr tous
t*,,,Tf* les nobles &fauans du Royaume, par leur confcil&aduis commença de reformer l'E-
glife,& commanda par tout que toutes ftatues& idoles fuflent miles bas. Celafaitt,il
défendit que la Méfie nefe dit en langage eftrange &: incognu . Il ordonna que le peu-
ple euft en la Cene les deux cfpeces,ceft aflauoir le pain te le vin. Il ba il la vn formulai-
re de prières Ecclefiaftiques en langue Angloife,qui ne difFeroit guer es de celles au'on
auoit vfitées en Latin . L'adminiQration des Sacremens fe refentoit d'vne façon
efloignéc de la pureté d'iceux. Les Mïhiftres curent puifiance de fc marier,&: leurs en-
fans par vneloy qu'il ordonna furent légitimez. Les autcls,Ies orgues, chappes,furpc-
lis &: chofes icmblables furent retenues pour l'ornement des temples &c des Miniftres.
Mais après voyant combien on cftoit cfloigné du but d'vne reformation entière, il infti
tua vne plus fain&c forme de prières publiques, & ofta beaucoup de fu perditions & a-
bus, excepté de quelques veftemens de Preftrcs , agenouillemens à la Cene, le Baptef-
mc des femmes en cas de ncccflité,comme ils difent. Ce bon Roy vrayement craignât
Dieu, afpirant de vraye affection à vne pure & entière repurgation de fon féruice, vou-
lut pour la dernière fois y mettre la main. Et à ce fairc,le Parlement,ceft aflauoir les E-
ftats du Royaume cftans publiez &: conuoquez , on cfpcroit beaucoup par telle altern-
bléc: n'euft efté qucle Seigneur retirant du monde cefte precieufe perle des Rois, don-
na à cogniftre que l'ingratitude des homes eftoit digne que cefte félicité ne continuai!;
fucccflïucment.
Marie fafœufficluyfuccedaqu'enla couronne, car au demeurantelle changea
entièrement tout,& reftitua le Papifme . Mais au milieu des perfecutions (qu'on a veu
» Au Liure Cl deflus * deferites) combien qu'il femblaft que les Eglifes des Fidèles fuflent extermi-
HIL.* V. n^CSjVn Don nombre ne laùTa de s'aflcmbler à Londres fous le miniftere de l'Euangile:
fi bicn,quela vérité de Dieu y regnoit fous la croix ,&: la gloire de Chrift y reluifoit plus
magnifiquement,^: en fes triomphes beaucoup plus cxccllens,quc fi la profpcrité euft
touïïours continué.
Eliiâbcà. Marie morte,la Roy ne Elifabcth auec vne grand' ioyc du peuple commença à ré-
gner. Lors les Fidclles qui cftoyent és prifons à caufe de la Religion, furent mis en liber
té:& ceux qui s'eftoyent retirez d'Anglcterre,ou bannis, retournèrent en pleine aiTcu-
race . Le Parlement tenu pour la reftauratiô des loix du Royaume,&: pour remettre vn
chacun en fon bien , chafla derechef la Papauté : & les Prières fécondes que le Roy E-
douardlaifla dcuantfamort,furcnt remifes& reftablies en l'Eglife. La puifiance fut
permife à la Royne & à l' Archeucfquc deCanturbie fur l'ordonnance des Cérémonies.
Peu de temps apres,au lieu de pain commun auparauant administré en la Ccne,les pe-
tits pains ronds cuits entre deux fcrs,furent mis en vfage . Il fut aufli déclaré que cha-
cun feroit tenu d'ofter le bônet & s'encliner à la pronôciation du nom de Iefus. ^Tous
les Euefques Papiftes déboutez de leurs bénéfices , il fut queftion d'en fubftitucr d'au-
tres: tellement que plufieurs de ceux qui au oy en t efté en exil furent reccus & admis en
leur lieu. Ceux-ci d'entrée menez d'vn bon zèle, voulurent ofter les cérémonies, mais
ayans cogneu que leur oppofition feroit le moyen pour les priucr de leurs dignitez, ils
laifTerent Cefte entreprife & pourfuitte. Cependant aux Miniftres & frères fidèles qui
nefccontcntoycnt point de la nonchallancedes Euefques, on donnoit cfperance de
iour en iour d'auoir vne pure & libre adminiftratiô en l'Eglifclaquclle fut auflî par cer-
tain temps exercéc.Mais Satan ennemi capital de cefte pureté, par fes rufes inucterées
ram ena quelques débats &: diffères pour des ccrcmonies:& fit que plufieurs clblouis en
îitFcrcnt à la fplcndeur de tant de bicnsEcclcfiaftiques qu'ils pofiedoyentjOiiblierent leur deuoir,
eaufe des &fe donnèrent loy de n'admettre en leur diocefes Preicheurs ne Miniftres qui ne fuf-
ceremonies çcm ± jcur dCUotion choifis:voire & que perfonne n'euft à interpréter f Efcriture és pa-
roifTes,fans mandement exprez figné de leurs cachets.
L E Seigneur cependant entre plufieurs difficultez donna graccaux poures cftran-
giers,tant ceux delà langue Flamendc que Françoife , de retenir en pureté la prédica-
tion dcl'Euangilc,& adminiftration des Sacremcns.Et combien qu'ils ayent efté quel-
ques fois agitez de qucftiôs diuerfcs,fi cft-ce qu'elles n'ont empefché entre eux le cours
& exercice du Miniftçrc,ains fc font cuanouies auec leurs autheurs.
«QVANT
Tourfuittedes perfècutions au Pays-bas. ' 70/
a nt à ceux qui s'eftoyent retirez, comme diteft , es villes de la bafle Allema-
gne, ils ont au/Ii expérimente la grande afsiftencc de Dieu, qui leur donna Villes
2>ù lieux prochains de retraite:/! que faifans f ruiâ: de leur exil, ils ont elle confolez,trou-
uansadrefleenleurdifperfion.L'Egl4fedcGeneue,qui s cittoufiours employée, tant
chez elle que dehors, d'aider ceux qui endurent pour l'Euâgilc, conlbJa ceux-ci par let-
tres au temps que nous difcouronsrcftant requife de leur donner aduis,Comment ils fc
deuoyent conduire au milieu des peuples &: nations qui les auoycnt.receus. Etoutrc
larefponfe&: lolutiô aux difficultez proposées, les Miniftres d'icclle Eglife,lcur mirent
au deuanc commcils deuoyent porter leurs calamitcz , ayans elle aduertis long temps
auparauant de lcuenemét d'icelles.EUe leur fignifia ceft aduertiilcmentjtant au com-
mencement qua la fin deidites lettrcs:en la manière que s'enf uit,
çJWes ; e ■ ■• rs & frères, nom femmes d'autant plm contrifiez, dupoure tjr miflrableeflat
de tant d Eglifes, qu'il nous femble qu'vne telle difipation a eflé pluflofi: attirée ,qu autrement : de
forte que nous ne doutons point que ce ne feitvn fléau de Dieu , iuflement irrité en beaucoup de for-
tes JEt pourtant le vray moyen d obtenir foulagemet fera de s'humilier de uanticeluy à bon efcient:
fîr qu'au lieu quon s'ejl voulu par trop efgayer,ejr qu'on s' efl fié fur le bras de la chatx/naintenant
qu' on fe contienne en fa petite mefure,(jr qu'on regarde du tout au Seigneur }iufques a ce qu'il luy
plaife par fin fiiincî Nom,en oubliant tant de fautes pafjees auoir pitié de fin poure peuple , & ti-
rer la lumière des ténèbres. De noflre cofié,ily a longtemps quepreuoyans ( comme il n'efloit dif-
ficile ) ce qui vous efl maintenant aduenu : nous auons foigneufement inuoquéle Seigneur, qu'il
vous preparafla ce que vous expérimentez, maintenat a nojhe grand regret-.ejr a chofes plus dures
encore s qui vous menacent. Ce que nous faifons encore s ce tourd'huy, & ferons continuellement,
s'ilplaifiau Seigneur, comme la necefité tointe a la charité le nous commande : non feulenietfout
*vom,mais aufi pour nous-mefmes,& pour tant d'autres Eglifes }puis qu'ainfi efl que nos temon-
ftrances & aduertiffemens fouuetesfois réitérez,, n'ontpeu empefeher que la tempe/le n'ait efléef
meu'e,qui nous enueloppe maintenat & tant d'autres auec vous. Or loué ÇoitDieu de tout,érvùctl-
le,fuyuant fes fàincJes promejfes ,doner bonne ijfue à cefle efpreuue comme a toutes les autre s y nous
fortifiant par fon fiinc?EJprit,& rompant tous les dejfeins de fes ennemis.
Et à la fin ac Vepiftrc les Miniftres fous lignez , après auoir dôné rcfponfe & folution
à quelques demandes & difficultez , que lefdits du Pays-bas leur auoyét propofecs,ad-
ioufterent pour conclufion: T refehers fleurs & frères ynous vous prions deflreperfuadez, que
vos affligions font Us noflres, comme nous vous le monflrerons toufiours , Dieu aidant, en tout ce
qu 'il nom fera poflible : combien que nom ne diftmulions pas que nom enflions bien voulu qu'on
tufl fuyui tout autre confeil que ce luy qu'on a prins,dr qui caufe a prefent tant de troubles dr mife-
res. Et d'autant qu il plaifl à Dieu nom menacer par le mefme efl>ritqutvousperfecutey& ne fauos
encore quelle fera l'iffue de telles entreprinfes & menaces , nous vous prïos qu'ayez, aufliafltduel-
lement fouuenance de nous en vos prières: afin qtte noflre bon Dieu & Pere eftablijfe le Royaume
de fon Fils trejpuijfammet au milieu de nousji la gloire de fon fiinct Nam, au falut des flens ,foit
en vtuant foit en mourant: & a la confufton de tous ceux qui ne luy appartiennent. De Geneue ce^j
x 1 1 1 /.lourde Iuin, is<>7-
Ces lettres donnèrent confolatiô &: reiglement à ceux de la difperfion des Pays-bas:
lefquelsen firent G heureufement leur profit, que leurs Eglifesfe font depuis entrete-
nues bL multipliées, nonobftant les efforts non ieulemét de la régente Marguerite du-
chefle de Parme,fur la fin de fon gouucrnemcnt , mais aufsi du duc d'Alue qui luy fuc-
ccu..,comœe fera déclaré.
M. D.
LWII.
AJuerrilîc
ment nota-
ble à tous ri
dcles du
Pays-bai.
Commu-
nantéc* il",
fliétiom.
Fin du gou
uernement
de la du-
chctTedc
Parme.
^D È ce qui s' efl démené fous le gomernement du duc d'Alue, concer-
nant le fiucï de plufleurs mis a mort.
es afflictions de ceux delà Religion reformée és Pays-bas , multiplièrent
celte année fous legouucrnementdeFernandde Tolède duc d'Alue. On
eftaffez informé des prccedétsdifcours , QuedelongtépsIcsEfpagnols,
_ tafehans de preuenir à régenter à leur appétit lefdits pays , n'ont eu moyen
plusprompe qu'en y plantant leur Inquilition. pour s'aflubiettir les vies , biens & hoft-
ecc
Lime V 1 1 L Deux frère s de Battembourg, & autres.
l x vin ncurs ^6C^acun- La noblefl*e,lcs villes S£ cômunautcz s'y cftoyent oppofez,&: auoycc
inftammcntrequisla vcnuede leurRoy , ace que fa Maiefté prefcntclcs ouït vncfois
en affaire de il grande importacc:à l'exemple de l'Empereur Charles fon pe;c,qui pour
beaucoup moindre occafiô, s'eftoit iadis hazardé de paflcr en grande diligence au tra-
i.c Lia Je uers des pays de (on ennemi peu auparauantreconcilié.&:ce,pourdoner ordre à qucl-
Oind tile- q«cmutineried'vneleule villcdcGand. CesrcmonftrancesauoycntefmeufaMaie.
gué en exé- lté, de promectre par pluficurs lettres la venue, mais les fuppofts de l'Inquiiîtiô larom-i
P!c- pirenepour mieux venir à bout delcurs de/feins. Au lieu doncdefaMaieftc,leducd'-
Alueeftantenuoyé, trouua à (on entrée les priions remplies de Gentils-hommes au-
tres perfônes de qualité,quc luy lailîa la ducheflede Parmeà fon departeraet.lls trem-
pèrent long cemps en cefte captiuitc , cependant que le duc d'Alue par promeuves
muloit quelquedebonnaireté naturelle: donnant elpcrance d'vn pardon gênerai de U
clémence du Roy , afin d'attirer en fes retslcs Seigneurs &; Gouuerneurs. De quoy ne
donnerctqu'vntrop lamentable telmoignage les feigneursLamoral côte d'Egmond,
ncmaîtde" prince de Gaurc,gouuerneur de Flâdre&: d'Artois , &c Philippe dcMontmorancy con-
deux grans tede Homc^ Amiral de la mer,& tat de Gentils-homes &; autres de qualité,qui fous vai-
deplufieure nc Perujaiion ont e^e inhumainemét mis à mort. LesfcizcProuincescôprinfes fous lo
Gcntils-hô- Pays-bas,àiàuoirBrabant,Lembourg,Luxébourg>Gucldre:Flandre,Artois>Haynautil
HollandejZelâdcNamu^ZutphenjFrifeîMalincs, Vtrccht,Oucr-yfcl&: Gruningue»
fubmifesàce nouueau gouucrnemct,perdirent leurs priuilegcs&: libcrtez anciennes:
corne il eft notoirepar les exploits exécutez depuis l'an m.d.lxvi i.iufques à prêtent,
par le nouueau confeil des douze efleus &: eftablis parle Duc ; dcfqucls Vergas &c Del-
Rio font les chefs, &: comme Inquifiteurs maieurs. iceluy confeil vulgairement non>
mé le Confeil de làng.
a mort des deux barons de Battembourg Gysbrecht&Thierr y, frères: &
de certains Gentils-hommes exécutez, vn mejme tour a Bruxelles.
NTREplulieurs Getils-hommes Se Capitaines qui furent prins après la defrou*
<f]|f|f tedelairemblcefaiteen HolladcA' leiqucls la Ducheflede Parme auoit fait fer-
rer au chafteau de Viluord, les deux frères de Battébourg, trefancienne baronie fituco
furMcufe , enuiron deux lieues deNicmcgue, monftrercnt pardefTus les autres com-
bien leur auoit profite' d'auoir eftéinftruits en l'Eglifede Geneuc. L'aimé de ces deux
auoit nom Gyfbrecht,&: l'autre Diecrich ou Thierry. qui en la fleur de leur ieunefle ont
conftamment fouftcnu&: conftfle lapurcdoclrinedel'Euangilc.
LEmardy premier iourdeluin de cefte année m.d.lxviii, le ducd'Aluccomen-
çade donner déclaration manifefte delà debonnaircté contrefaite, failant mourir le
mefmeiour:à fauoir ces deux frères de Battembourg,& les fieurs Pierre Dandelot, Phi-
lippe V Vingle, Maximiliam Cock, lean Formault ,& autres Gentils-hommes Se Ca-
pitaines quiauoyent luyuilefeigneurdc Brederodc.
Ils furent menez de la mailon du Preuoft Spcllen au marche à cheuaux en la villede
B ruxelles,enuironnez de groflV gardc& de pluficurs tabourins pour empefeher qu'on
n'ouift leurs derniers propos. Allans à la mort, l'aime Battembourg fembloit eftrc au-
cunement tiifle:ôc au côrraircfon fiere Dietrichfort allègre, leconfoloitpar ces pro-
pos: Quoy, mon frère? n'eft-cc pas ici la iourneeque nous auons tant defiree? Il n'eft pas
queftion de fecontriftencar c'eft le plus grand bien&: honneur qui nous lauroitadue-
nir,que de mourir pour la doftrinc du Fils de Dieu. S'il vous eft griefpour l'amour quo
me portez ,deme voir mourir le premier ,iefuis content que fortiez de ce monde
deuant moy,ainfi que vous y eftes entré lepremier. (inon,ce m'eft tout vmcar nous al-
Commeics lonsànoftrc Dieu . Gylbrecht incontinent luy dit, Ne penfez-pas, mon frerc, qu'au
açux frerc$ dedans la ioye me foitoftce,veu que i'approche du Seigneur, allant mourir pour fon
Wg fefët k,n& Nom . Et fur cela , il monta fur l'cfchafFaut , où après vne prière ardente qu'il fît,
mutuelle- le bourreau luy ofta la tefte:&: ainfi trefpalTa heureufement.
folC« coa" S o n frerc le fuyuit de près, voire d'vne telle vigueur que les fpc&ateurs enfurè'r.rbrç
' cfmcrueilkz. Aucuns difent qu'il voulut voir le corps de fon frerc, &: qu'en voyant la
tefte il s'efcria,Mon frerc,iefcray incontinétaucc vous. Etainfiapresfapricre,lamorjt
foudain le rendit vni auec fon frerc. Ceux qui ont donne' ce recit,difcnt quclcs autrci
Gentils-
Pourfuitte des perfecutionsau Pays-bas. 702
Gentils-hommes eurét fepulturc, & queces deux frères furent monftrcz en fpe&aclc
pendus par deflous les ailieUes: pourcc quêtant le matin de cciour queparauâc,ilss'c-
ftoyentoppo. ?z plaincmentauxidolatnesqu onleurpropofoit.
L ESamedy eniuyirarir,cinquicmeiour de Iuin, furent décapitez &c mis en fpc£tacle Lamortdes
publique les Contes d'Egmondâ: de Horne : defquels le dernier, à (auoir le Conte de Contes j*e-
Horne,donnagrandcapprobationd'vnevrayecognoi(fanceqiie Dieu luy anoit con- ÇJ^J* dc
feree,Ô£ en laquelle fpecialement ilauoit eu acaoïiTcment en ion affiidion.
es Pais-bas:& nommé-
Ç La pourfuitte des mefmes perfeutions contre ceux de U ReVgi
mer, t d'vn nommé Iean le Grain, natif du pays d'Artois'.
§3^5 E confeil des Efpagnols en la ville de Bruxelles mandoit force commiflions
d'emprifonner gens des x v i.Prouinces ci deuat nommées, fous aceufation M. d.
pretcnduede crime de Lefe-maiefté,&: de rébellion. Mais la plus part d'i- LxVIIi«
3fjJ ceux, tantenprifon qu'en Icurmort, ont clairement demonftré que telles
acculations n'auoycnt apparence ne fubfiftencc fur ce fondement : ains procedoyent
d'vne haine inueteree alencontredeceuxde Javraye Religion , comme fource dont
de tout temps font decoulces les perfecutions.
D e ceci entre pluiieurs a fait foy Iean leGrai N,du quel Ja côfeflion Chrcftien-
nc s'eft monftrce entre ces brouillarts 6V fumec dc faux blalmes. U fut appréhendé en
la ville d'Anuers par le Preuoft des foldats AHcmans , le mardy x x v 1 1. iour d'Aurilde
ceftanM.D.Lxviii:&mis prifonnierchez ledit Preuoft; , quanti quant iettéfurla
torture prefent le Conte Ladron,colonnel dcfdits Allemans eftans là en garnifon. icâ le G>ai«
Ce prifonnicr eltoitaufll du nombre de ceux qui fcrcfelitoyent de la nourriture de toxmé-
l'EglilcdeGcneue, & qui auo'ccftc remarqué pluiieurs années entre les premiers fi-
dèles des Pays-bas. Lacaufepourquoyainfi on legchcnnafut ,quayatpieçaouuert
hoftelerie à ceux (pecialemét qui pour l'Euangilc eftans fugitifs fevenoyent rendre en
Anuers:on pretendoit (auoir dc luy quelque chofe de l'entrcpri(cd'vn nommé Iean dc
Beauuart,lequcl cftoit prifbnnicr au mefme téps à Bruxelles, pour auoir voulu ( com-
mclon difoit)enroul!erdesgensde guerreau feruiceduPn'ncçd'Aurangc. Eftant 0tcafli d
donc fur latorturc interrogué s'il cognoi/Toit Bcauflart,ilconfeiTaderauoirveu vue torturer iJ
fois venant en fa maifon demander où demeuroit vn certain homme auquel il auoit à lc G"»n-
faire.& qu'autre cognoiftance n'accointâceil n'auoitonques eu auccluy,nefceu cho-
ie quelconque de fes affaires. Le Grain donc demeurant prifonnier en la maifon dudit
Prcuoft/ans qu'autre euft moyen dc parler à luy qu'vne ficnne petite fille , il cfcriuit eji
langue Fiarriengue à fa femme & à (on beau-frere, fur quelques morfeaux depapier,à
diuerfes fois(commc à ladefrobee) le contenu qui (enfuit, lequel on a tranflaté au plus
pies qu'il a efté poflible.
Lettre efcrite a, fa femme.
Apres auoir efté interrogué touchant Iean de Bcauflart (ce qui ne vaut pas lcfcrire) Haine mor
ils me menaflcnt pour auoir efté aux preiches &: comuniqué à la Cene : fur laquelle ils «çllçdesen-
ont la plus mortelle haine,&; font le plus enuenimez. Le Seigneur foit loué,ien'ay ac- ^c"
cuféperfonne:fcfpcreaulîiquenulne viendra en peinepourmoy. L'Efpritde Dieu bratk>n de
me vueille confoler par fa grâce. Cc?c;
tttre eferit a fa femme.
Trefchere femme, ie vous fay fauoir par la prefente, comme nous fommes journel-
lement ateendans vn autre Commiflaire-de Bruxelles,appcié Iean del Rigo , par lequel
nous attendrons l'vn ou l'autre , ainfi que nous dit le Preuoft. Dieu nous veuille dôner
cequinouscftfalutaire. Il nous conuient le prier . Rccommandez-moy à mon beau-
frere,& à tous ceux qui craignent le Seigneur.
ÇLexviii. dc Iuin , il manda ce que fenfuit dedans des tablettes, l'adreiTant à fa
femme &: à fon beaufrerc:
N o v s ferons menez ce iourd'huy vers Bruxelles, ainfi qu'on nous a dit. Ceftc nuid ^°jJir m°'
cft venu la pofte:on a mandé fur cela noftrc Preuoft. le m'apprefte pour attendre la vo- fonnicriaN
lontcdc Dieu , auquel ie vous recommande, &àfonfain& Euangile. Icvouspriede jjjjjkj'k
demeurer en paix & vnion entre vous, raeditansaflîducllementla fain&e Efcrituredu i^u"'"6
ecc ii. -
Liure VIII* Des calamit éludes Tays-bas.
Seigneur. N'oubliez point dcdôner à chacun de mes enfans vne Bible, que ie leur laif-
fe pour Tcllament. Trefcherefemme,ie vous prie de continuer à endoctriner nos en.
fans en la crainte de Drcurayant touliours cotentemenc de ce qu'il vous donnera . Fai.
Tant fin, ie dis A Dieu trefeherc femme , s'iladuientqueicne vous puiffe plus voir.
Amies auoir c-nuoyé ce dernier elerit à fa femmes à fon bcau-frerc,il fut mené à
m. d. Brr.-,.ejles par eau,lc xix.de Iuin,du matin, par le Prcuolt fufdit: auec fix autres lefquels
tx vi ii. e^Qycn[ priibnniers pour diuerfes caufes. Arriué qu'il fut en Bruxelles , fut mis en vno
tourappelee Cavvenberchs&:gardé par des foldars E(paignols,fans que perfonne euft:
permilliôde parler à luy.iufqucs lexxvin. du moisdcIuin,qinlfut exécute par l'efpee,
fcul d'entre ceux qu'on nommoic criminels pour la Religion. L'exécution fut faite en-
uiron les fept heures du foir par vn bourreau qui eftoit y urc, lequel luy donna trois ou
quatre coups auant que luy pouuoirà moitié trencher la celle : laquelle il parcouppa la
fcianrcngiand martyre du poure patient jinuoquant le nom du Seigneur iufques au
dernier ioulpir de fa vie.
^£xtrait d'vne déclaration de Complainte érproteflation du Prince ctAurange
& Gentils-hommes furies oppre fions des Pays-bas.
V mois de Iuillct de ceft an,le Prince d'Auragc,Guillau me de Naflau, accompa-
gne de plulieurs Seigneurs &: Gétils-hommesdes Pays-bas faifans profcfsion de
l'Euangile, pour obuier aux calomnies &impolturcs des aduerfaires, publia par eferic
vne déclaration: afin de rendre à tous notoire que tant s en faut qu'ils fc foyée oneques
trouuez coulpabJes de rebciliô,ou de lefe Maieftc5qu'au contraire ils ont procuré touf-
ioursl'cnrretencmét du Roy leur Prince 6c naturel icigneur. Maisquelcs caufes prin-
cipales de ladite deelaratiô éc prinfe d'armes par ledit Prince, pour la defenfe de fa per-
fonne &; des fidèles ,efl:oycnt les extorfions,les connotations des corps &c biens, d les
continuelles condemnations de mort, voire contre les plus grans Seigneurs du pays.
Etpour monftrcr euidemment riniu(licc&: cruauté dont on vfoit contre ceux delà
LcCarain.il Religion,il meteoit en auanc les grand's rufes du Cardinal de Granuellc&: autres , lef-
dcGranuel- quels fous le manteau de la Religion prétendue catholique , ne cerchoyet autre chofe
,c' que de diminuer Thoneur de Dieu,l'authoricé du Roy, & le bien du cômun peuplc.-rc-
fpâdrclefang de tac de poures Chrefticns, par la mort defquelss'enfuyuroyent des con-
nTcaciôs qu'ils sappliqueroyét fous couleur de iuftice. Et dautac que les tortures,tour-
mcns>banniiTemens,exccutions par feu &: eau, par prifons, glaiues &: gibets, s'augmen-
toyent déplus en plus , quec'eftoit bien vne iuftecaufede prendreen mainladefenfe
de tant de poures peuples, aufquels la DucheiTe de Parme lors gouuernante pour fa
Maiefté, auoit exprciîement permis &: accorde' les prédications , pour cuicer les périls
& dangers qui mcnaçoyentlefdits Pays. Et commcledit Prince auoit tant fait debons
3£ fiuciesleruiccsàfaMaicfté,fans efpargner corps ny biens, qu'encores il defiroiede
s'employer mieux queiamaisà chofesfemblables.
D e là continuant fon propos,mcctoic deuant les yeux de tout le monde,Qùe le duc
d'Aluequi deuoiteftrc,à caufe de la dignité en laquelle il eftoir, comme prorefteur des
CcntUs-hc- Gentils- hommes &C de laNobleiTe,auroitfaitmourirplusdefoixante Gentils-hom-
mes mis i meS) & aucres notables &: riches perfonnages &: bourgeois de Bruxelles, & d'autres
villes: Que fon ambitiôcfleuce en cruauté dcfmefuree, auoit bien ofé faire mourir les
feuzillultres Contes d'Egmôd&: de Hornc,fans ordre &c figure légitime de procez:qui
auoyentiî fidellcmentieruicn tant deguen cs l'Empereur Charles de treshaute mé-
moire. Ec pour rendre plus odieufclaNobleifedu pays,quieftlefoufi:enementdefadi-
Dcpbratio &e Maiellé,auroit fait drciTer les telles defdits Conces fur des baftons & fourches , afin
«kl'oppro- qué par vn tel fpectable lesparens &: amis d'iceux fulTent chargez d'opprobre &dc
d«ix^Côt2 blafmc. Dauantage,que ladite exécution fi horrible auoit donné telle frayeur à plu-
tl'Fgmond ficurs, qu'ils s'en feroyent pour cefte caufe fuis du pays,pour euicer l'opprçfsion. Il ad-
& . dç Hor- jouft0jc pour la fin,Que toutes ces choies ne tendoyetqu a l'extirpation 8cdeftru&ion
de lavraye doctrine de4'Euangilc,& à priuer par confequent les fidelcsiion feulement
de tous biens fpirituels,mais aufsi des temporels.
^ E t pourtant comme Prince cftant membre natifderEmpire,ilfefentoit tenu,
du°QplirfcT Pour la pitié qu'il doit auoir des poures Chrefticns, leur donner fecours U aideten-
d Aurangc. dante à l'augmentation de la parole de Dieu,& à la confolation de tant de bons fubicts
delà maiefté du Roy perfecutcz,opprclTcz& prifonniers.
Av
dc^jla ville & Du chéde Lembourg. 703
A v mois de Nouembre de ceft an m. d. l x v i i i,entrc plufieurs vaillans champions
du camp du Prince d'Aurangcqui moururenc pour la querelle du Seigneur , deux
furent pendus en la ville du Liege:à fauoir M.Corneil de Lesenne Miniftre, 8c
M. Charles iadis praticien d'Auldenarde en Flandre. Ils furent prins pres du Lie- Le camp du
ge,reuenans du camp dudic ieigneur Prince,lors eftant deuant Teilemont. Corneil a- Aurangc*
uoiten diuers lieux du Pays-bas prefchc l'Euangileaux V Valons de fa nation,cn finec-
ritcdedoctrinc,&: fe retiroir vers VVcfcl,oùeftoit fa famille. M. Charles auoit efté em-
ployé en plufieurs feruiecs à rEglifcFlamégueen Angleterre: d où il fuft enuoyé à Ge-
neue pour quelqucsîdirFeïeris furuenus entre ceux de la nation Flamenguc.Ils ont tcf-
moignaged eftre morts conftans & fidèles à IefusChrift.
^ La dippation des Fidèles au duché de Lembourg: & de plufieurs mis a mort par Us
Commis du Duc d 'A lue en la ville capitale duditpays.
E vx de la ville de Lebourg tiendrôt le premier rang en cefte année m.d.lxix, m*>- l*ix
entre les fidèles de l'Eglife reformeepour auoir à l'entrée de Ianuierfccllé de
ÊSSii leur fàngla vérité de TEuagiledu Seigneur. Cefte ville donc le nom au duché
de Lembourg fur la riuicre de V Vefcr, loin d' Aix troisgrades lieues, & quatre du Liè-
ge. Entre plulieurs autres commoditezfpeciales dcmarchandifc,&outreleplomb&
le fer qu'elle fournift aux autres natios, elle eft renommée des minières dvne*pierrede feZj?2^
caUminne jefembhnt plus toft à métal qu'à autrechofe, laquelle iaulnift&: augmente ScCtd-
tellemen t le cuiut c,que de là le laidon en prouiét. La ville a efté cfclairec de lôg temps
par la lumière de la pure parolle de Dieu , au moyen de quelques bôs Pafteurs & Mini-
ftres,& des Magiftrats qu'elle a eu bénins &: fauorablcs depuis quaranteans. La perfe-
cutio qu'elle eut l'an m.d.xxxii, par les Comiffaires de l'Empereur Charles le quinc,
augmenta le nombre des fidèles, & afîaifonna leur trop long repos & tranquillité. On
y brufla lors d'vne Famille honorable, fix pcrfonncs:à fauoir le mari,la femmc,& leurs ^"biedï
deux filles aucc les maris d'icclles-.la mort dcfquels fut precieufe deuâtDicu,&: de grad r« «J3*-.
fruid deuant les fidelcs.Eftans menez au dernier fupplicc à la montaigne nômee Rot-
felt,lelongdu chemin /enuiron d'vne licuëfrançoife )onlcsoyoit tous fix d'vnfaind
accord chantans quelques Pfalmcs ,& feconfolans &c fortifians en Icfus Chrift , & iuf-
ques au dernier de leur vie inuoquans le nom d'iccluy.
La prédication publique delà pure dodrine ne leura cftc'oftec qu'àla venuedu
Duc d'Alue,lors quela meilleure partie des bourgeois, après auoir fait déclaration pu-
blique en leur maifon de villc,detcnir la Religiô reformec(fuyuant la requefte qu'ils a-
uoyent prefentee auparauantàla duchelTc de Parme fur lafindefongouuernemcnt)
furent contraints defortir. Abandonneeque fut la villeàla fanglantcdeuotiondcs
Efpaignols,les fieurs Rcnhardt à Radclo maire, & les Bourgmaiftres, Efcheuins, iuges
&: officiers, furent forcez la quitter,&: le fauucr aucc leurs familles.
A v mois de IanuierlcsCommisduducd'Alucy firentdecapiter Six bourgeois: en- knuier.
trelefquelseftoit vn nommé Henry Hv es CHjfilsd'vn des iuges delà ville de Lem-
bourg:&: tous moururent conftans &: perfeucrans en la vérité cogneuë.
E n Feburier fuyuant on en décapita pour la mcfmc caufe deuant la maifon de ville Feurien
Trois bourgeois-dont lvn cftoit nommé^G villavmeFreIci N,aagé enuiron de fe-
ptante ans : les corps Se fang defquels furent expofez aux chiens par opprobre des cn-
nemis.
Avmcfmcmois, Franco isNize, & Thomas Tolm ont furent bruflez
vifsauecvntroificme. Accux-ci,apres auoir enduré de grandes tortures, on leur tira
les langues aucc fers chauds,&: fi curent les bouches ferrées auec inftrumens à la façon
d'Efpaigne. Et quand ils furent demi bruflez , les exécuteurs de ces cruautez les firent
cftacher hors la ville, pour eftrc expofez aux belles : de manière qu'on trouua plufieurs
de leurs membres ça Se là cfpars.
V n nommé I e an van A k s n ( pource qu'il eftoit d'Aix ville Impériale ) ayant efté
appréhendé à Lembourg fur quelque accufàtion,d'auoir démoli quelques images par
le commandement du ContcdcCullcmbourg,enfa fcigneurie& paysde VVitthem,
fut mis au gibct:& mourut en grande conftancc& inuoeation du nom de Dieu.
En Mars vn grand nombre de prifonniers reftans en cefte ville de Lembourg n'at- M«*
CCC.iù,
Lime V III- Les fidèles Martyrs
tendoit que de iour en iour eftrc menez au dernier fupplice. De ce nombre-M. G v i l-
l a vm e chirurgien rendit ample confefsion à la doctrine de l'Euangile, & fut décapité
cncemefmemoisdcMars m. d. lxix.
M. Pierre Hamon, de Blois,eferiuain & feerctairedu Roy, & autres
exécutez en la ville de Paris.
Nlapcrfccution&crucllcrecerchequc ftiétence remps à Paris les enne-
mis de la Religion reformee,plufieurs fidèles & notables perfonnages furéc
côftituez prifonniers, & leurs maifons pillées &c faccagees. Entre autres M.
Pierre Hamo N,natifde Blois,fort excellent cfcriuain (côme il appert
par fes exemples d'eferiture mis en lumière ) ayant eu ceft honneur de môftrer à eferi-
re par quelque bôneefpacc de temps au roy de France Charles i x. de ce nom, &: auoir
cftércceufecrctairedciachambre,futàrinftanccdcquelquesgransfeigncurs& mal-
vueillans, prinsenfamaifon csfaux-bourgsS. Germain des prez lez Paris. Quelques
Capitaines de la ville s'cltans aflfemblez vn certain iour dés le matin aux Mathunns
pour faire ce beau chef-d'œuurc , apprehenderét auiîî tous ceux qu'ils trouuercnt eftâs
de la Religion aufdits faux-bourgs ; du nombre defqucls Hamon nefut exempt , quel-
que pafle-port&: fauue-gardc qu'il euft delaMaieftéduRoy. Et ce (comme le bruit c-
ftoitXou s prétexte de quelques papiers qu'ils auoyent charge de cercherenla maiibn
dudit Hamon,&: qu'ils difoyent du depuis luy auoir elle trouuez , concernans pluueurs
gentils & bons propos que le Roy fon maiftre luyauoit tenus particulièrement, les-
quels il auoit rédigez par eicrit. Et entre les autres papiers , vn certain fonnet fait fur la
deuucduRoy,PiETE et Ivsti ce, qu'ils luy vouloyent faire accroire d'auoircom-
pofé,aufsi bien qu'il l'auoit excellemment eferit de fa main,qui cftoit tel:
Si R E,on voit bien en vous , fans voir voflre deuifet
Vn amour enuers Dieuycjr enuers l'equite:
Et fi voflre vouloir efloit exécuté
Jecroy qu'on changer oit de Police & d'Eglifc.-
Mais fuis que voflre peuple encore Dieu tne/prife,
Veu qu'il a en horreur la pure Vérité >
Puis qu'au lieu de Iuftice on fait iniquité^
Et que vos Jufliciers iugenttout a leur G ay fe:
S i r e pardonnez,- m oyfi ie di rondement
Que vous ne pouuez, pas encore bonnement
Porter ce titre beau->¥ iete^Ivstice,
Si vous ne reformez, du tout premièrement
La grand' Idolâtrie & le grand Parlement,
L'vnpourïln\\>ictc /autre pour Yltiiu&icc.
Il ne faut oublicr,qu'auant que lefdits Capitaines fuHTent au logis de M.Pierre Ha-
Trois 6ic mon>pour fc faiûr de fa pcrfonne,trois autres de la Religion fort remarqucz,s'y cftoyet
l*ét îedan * àl'mftant fauuez : lcfquclsil auoit reccus fi humainement &: en telle feureté te fidélité,
ger par le qu'ils efchapperét fort miraculeufemet de la main de leurs ennemisxe qu'il ne pleut à
H«aouC P* Dieu <lu'1^ ^ ^c fa Part>s cn voulant *cruir a gloire . Hamon donc fut conftitué pri-
iW>a' fonnier en la Conciergerie du Palais, où furent auiTimis tous les autres fidèles defdits
faux-bourgs,&: de la villc,comme le ficur Croquet,&: les fieurs de Gaftines,pere& fil s :
defquels fubfecutiuemcnt fera parlé. Et quelques lettres miifiues ou patentes du Roy,
cftat lors à Mets,que ledit Hamon peuft obtenir en fafaucur,il fut quelque mois après
exécuté en la place de Greuc à Paris, après luy auoir fait premièrement bruflerenfa
prefence les fufdits prétendus papiers, & fon procez mefmes:lcquel(comc il feeut tref-
bien dire & declarcr)monftroit allez fon innocence. Il pria tres-inftamment que fi au-
cuns
Do U ville dz^j Paris! y 04.
cuns de la compagnie afsiftente à fa morc,fe trouuoyct à la Cour du Roy/ju'ils luy fuf-
fenttefrooinscommeileftoitmorten vraye cognoiiTancc& purcconfeisiondclafoy
Chreftienne,& bon feruit eur du Roy fon maiftre. En figne &c mémoire de quoy,il ict-
ta fon mouchoir deuant touterafsiftence,n ayant autre chofe en main. Et puis le con-
folant en Dieu,commcDçadirc quelque Pfalme,comme il auoit fait au fortir de la pri-
fon:8c fut incontinent detpcfchc Se eftranglc, non fans grand regret de pluficurs gens
de bicn,&: refiouuTance des contraires.
Nicolas Croquet, Philippe ejr Richard dî Gastines,
pere ejr fils, march ans de la ville de Paris.
Ecestrois homes la preudhommic& intégrité eftoit aufsinotoiremëtcognuë,
que leur pieté & profefsion de vrayeRcligiôhayedcsaduerfaircs. Nicolas Cro-
chet auoit ceft auâcage ,d'auoir demeure' bonne efpace de temps en l'Eglife de Genc-
uc,d'où il auoit reporté vne ferme cognoifTance des poï&s de la iairi&c Efcriturc. Tous
trois demeuroyét en celle fcrmcté,de ne fc diuertir nullemét du vray feruice de Dieu:
& l'ont manifestement monftré,quand les ennemis les en ont voulu forcer par violen-
ce &c rauiiTement de leurs biens, couuert du matcau de Iuftice. Des actions particuliè-
res durant leur emprisonnement, combien que la Cour de Parlement fefoit fort gar-
dée d'en publier queiqucchoi'e , fi eft-ce qu elle a aflTez manifefté par fentence &: areft,
les raifons pour lesquelles on les a fait mourir , allauoir pour auoir fuiuy les prefehes &C
communiqué aux Cènes du Seigneur. Et à cefte caufe nous l'auons ici inféré de mot à
motjcnteimoighagcnon feulement de l'innocence des condamnez: mais aulli delà
fauiîe & inepte dcuotion des condemnans &c partageurs d'amendes.
O N fait aJfauoir{ d i t Y A reft )^ue Nicolas Croquet, Philippe s ejr Richard de Gafiines, pere &
fis ciprefins, pour raifon des contraucntiôs, prefehes, alfemblees&: Ctncs par eux fait es Caufe*
en la maifon dudit de Gafiines fize rue S. Denis , ou pend pour enfetgne les cinq croix blanches:
ejr autres chofe s a plain contenues & déclarées en leurs procez criminels fur ce contre eux faits:
Far Arefi de ladite Cour ont efiécondânez a efire pendus ejr ejl rangiez, chacun en vnepotcce,lef Supr ,c*
quelles pour ce faire ferot mifes ejr platées en la place de Greue,deuatl'hofiel de cejle ville de Parts,
lieu plus commode pour ce faire : Et leurs corps morts efire portez, & conduits depuis ladite G reue
tufques au gibet de cefi édite ville de Paris. Et cependant a ladite Cour condamné ejr condamne
lefdits Croquet & de G afin es pourraifon defdites contrauentions ,prefthes , ajfemblees ejr Cènes
par eux faites en ladite maifon des cinq croix blanches fize rue S. Denis, près faintfe Opportune:à
fauoir lefdits de Gafiines en deux mil Hures Parifis et amende appliquable : ajfauoir aux quatre ^
Mendians de cefte ville de Paru 200 .Hures parifis: Aux enfans de la Trinité ', 200. liu.parif. Aux m™^*"
filles pénitentes 2 oo.li.parif Aux enfans rouges, 2 00. li.parif.Aux filles de V Aue-maria, 200. li.
parif.Aux enfans du S. EJprit, 200.liparifEtles autres zooM.pariffaiJàns lerefie defdtts2000.lt.
parif aux pour e$ enfans orphelins de l'hofieUdieu de celle ville de Paris. ^ Et ledit Croquet en
2000. lipanf applicable s comme dejfus. E t néanmoins a ladite Courordoné ejr ordonne, que la
maifon des Cinq croix blanches fize rue S. Denis ,cn laquelle lefdits prefches,affemblees ,ejr Cènes JeeJJ2j"£
ont efié faite s fera rompue \demolie,& rafieparles charpentiers, maçons ejr a ce cognoijfans }dont
ladite Cour conuiendra.Et cependant a ladite Cour ordonné ejr ordonne, que le bois ejr ferrures de
fer qui prouiendront de la démolition de ladite mai fon , feront vendus, pour les deniers qui en pro-
uiendront efire conuertis ejr employez, a faire faire vne croix de pierre de taille -.audeffous de la-
quelle croix fera mis vn tableau de cuiure, auquel fera efirit en lettres grauee s , les caufespourlef Bois & fer-
q ne lies ladite maifon a efléainfi démolie & razee. Et aufii a ladite Cour ordonné & or donne, que ™/r"ecs°çâ
Us provenant defdits bois & ferrures de fer fe montas a plus haut pris que ladite croix ejr tableau, vne croix
fi aucuns en y a, feront baillez ejr diftribuez aux poures en l 'honneur de Dieu. Et laquelle maifon dc Picrrc*
des cinq croix blanches afiife rue S. Denis, appartenant aufdits des Gafiines, feruir a d'vn lieu pu-
blique a iamais. Et pour à cepouruoir3eff prohibé ejr défendu à toutes perfonnes , de quelque quali-
téou condition qu'ils foyent,d'ypouuoirfaire baftir à perpétuité, fur peine de 6000. li.parif d'amen*
de appliquable au Roy, & punition corporelle. E t pour la commémoration de l'ame defdits Cro-
quet & de Gafiines ,a ladite Cour ordonné ejr ordonne qu'il fera dit,chanté,ejr célébré à perpétuité
à ladite eglife faintfe Opportune de cefiedite ville, vne grand LMeJfe du S.Sacremet de t autel tou-
tes les fepmaines,au mefme iour que ce iourdhuy. Et pour l'entretenement ejr accompltjfement du-
quel feruice qui ainfi fera dit, a ladite Couradiugé ejr adiuge a ladite Eglife faintfe Opportune U
CGC. uiL
Lime V I IL Les fidèles Martyrs
fomme de 1000. liu.parif à prendre furies btes meubles & immeubles defdits Croquet & de Ga-
flines reflans , après auoirprms les fommes que deffus. Neantmoins a ladite Cour confifqué&
confifque toits & chacuns leurs biens , tant meubles qu'immeubles, a qui il appartiendra, fur le f
quels ferapreallablementpnns la fomme de 600. liu. t. en rente pour les femmes & enfxns defdits
de Gaflines. E t pour les rcparatws des prefches faits par ledit Croquet au village de S. Pris,a la-
dite Cour condamné & condamne ledit Croquet enuers les C\targuilliers de ladite eglife de S.
Tris en S 00. liu.parif & en 400 Mu.parif. enuers le Curé de ladite eglife: ejrés defpensdu procez,.
Prononcé auidits Croquet &dcGaftincs eitansen la Chapi lledciatoncieigeiiedu
Palais à Paris, le Ieudy dernier iour de Iuin Tan m.d.lxix.
C e s t Areft peftri à la vieille farine du Parlcmct de Paris,fut exécute' le m efme iour
N Cr^uer aU IiCU & plaC° dc Greue' Crooiuct & lcs deux de Galtines ne s'eftonerent d'ouïr vn fi
&'dcsTux dlrange partage de leurs biens,ncd'auoir tels fucceffciirs, s'eitans dclôg temps prepa-
dcGafti- rez à quitter volontairement laccelTbirc pour retenir le principal. Etlans morts , les
nc*' corps furent del'pendus,& emportezdans vne charette au gibet de Mont-faucon, pour
accomplir l'Areft &c fatisfaire au defir fanguinairc des ennemis.
Marc de La no y, Tournifien, Iean le G ran t>> eï Armentiere ,
G v illavme Tovart de l'/fle lez, Flandre.
Nvers &c Paris fc rencontrent ccfte annec,& fuyuent de fi près leur con-
* formité en faiîfc de pcrlccution, que ces trois^narchans d' Anuers appariez
aux trois fufdits de Paris,en monftrent les pleins effecls. Nous parlcrôs de
ces trois particulièrement l'vn après l'autre, quid'vn mefme iour, aflTauoir
le Samedy vi.d'Aouft,receurent fentencedecondemnationdemorten
Anuers pour vne mefme caufe de vraye Religion.
Et quantàMARC de LANOY,quidelavillc"deTournayeftoit venudemeurer
en Anuers, aagé enuiron de cinquante quatre ans , nous auons recueilli defes propres
Marc ac- cfcrics touchant fa prinfc,&:fes interrogations &rcfponfcs)cc que s'enfuit: Deuxfcm*
mes, defquellcs on s'eftoit ferui à faire la lexiuc à bucr le linge,furent caufe de fon em-
. prifonnement. LeMarkgraue&dcuxdcsEfcheuins d'Anuers,pour luy faire fon pro-
gué cez,layans interrogue toutprcmieremcnts il auoit lettres de ion Cure, luyuant les or-
donnances du duc d'Alue:il leur rcfpondit que non:&: allega cefte raifon, D'autât, dit-
il,quc quand ie forti de Tournay , ayant payé les droits de la ville , on nc parloit lors de
lettres de Curé. Apres cela ils luy demandèrent s'il auoit cfté à Confefle aux Pafques
parlées , enfuyuant lesmefmcs ordonnances,aufquelles vn chacun eftoit fubmis. Il rc-
fpondit que non. Pourfuyuâs leurs interrogatoires,s'il auoit efté aux prefches, &c com-
Surlcsprcf muniqué à la Cenc,ck: combien de fois:il leur dit qu'il auoit fréquenté les predicariÔs,
municatiô & q11'1! auoit efté àla Ccne du Seigneur deux ou trois fois. Or en toutes fes refponfes
delà Ccnc. il fe donna de garde,autant qu'il luy fut polfible,dc nommer aucun de ceux qui demeu-
royent à AnuerSjpourlemcttrccnpeinc : comme on peut voir par ceft extrait de fes
depofitions mifes par eferit.
S'il auoit fait baptizer fes cnfansrcôment ils auoyét efte nommez:& qui eftoyent
pîcfmc Bdê ^eurs Parrms^ marrincs. Qu'il auoit fait baptifer vne fillette, laquelle fut nom-
ks cafana? mee Sara : &: que le parrin s appeloit François , &cc. &: la marrine Marie, Sic. lcfquels fe
tenoyent en Angleterre.^. S'il en a eu aucun depuis demi an cn-çà,& où il l'auoit fait
baptifer: &: de quels parrins &marrines. Qu'il en auoit eu vn que luy-mefme porta
en la maifon d'vn nommé Philippe, lequelfut parrin au baptefmeaucc vnevcfucla
marrine demourans à prefent à Vvefel . S'il y auoit eu exhortation au lieu où fe fît
le Baptefmc. (fc. Que nô. S'il n auoit point efté aux alTcmblecs. @s. Qu'ouy:deux ou
trois fois, ^.combien il y auoit d auditeurs. Il rcfpondit qu'il y en auoit enuiron fix ou
fept. Quels ils cftoyenf :& qui fut le Miniftre. Sur quoy fc trouuat en perplexité, &:
ne donnant refponfe,on le fît renfermer iufques au lendemain.
Le iour eftant venu, ils luy réitérèrent la mefme demande auec menace de le met-
SolkWd'- tre fur la torture, s'il nc nom moit& les auditeurs &C le Miniftre. Il leur rcfpondit qu'il
autres" ne ^es fauroit nômer finon lcfufdit Philippc,fa femmc,fon frcre,&: Guillaume Touarr>
&quantau Miniftrcqu'ilignoroitfonnom. ^ Sur ceci ils luy firct donner la queftion
aflez
jDo la 'ville d'aAnuers. yoj
aflez long temps, le preflant toufiours de les nommer. Scvoyantainfienangoiflc
de la torture , & ayant crainte de mettre quclcun en danger, il en nomma aucuns,fa-
chanc bien qu'ils elloyent hors de la ville.Mais qiiant au Miniftre, il perfifta toujours
en ce qu'ilnelecognoi/To itpoint. Quoy voyansfesiugcs,aprcs rauoirforttourmétc
le firét delîier:&: fut plus de trois fepmaines fans pouuoir marcher, ^".Ilfut auflî enquis
fi dclong temps il n'auoitefté à l'egiife Romaine. @E. Qu'en vingc ou trente ansil
n'auoit cité que trois ou quatre fois à la MeiTe:& que toutcsrois cinq defesenfansy a-
uoyentefté baptizez , à caufe que les moyens ne feprefentoyent lors de les baptizer
autrement. ^Surquoy ils firent fin de rinterrogucr.&: depuis, ne parlèrent plus à luy,
finonvnefois pour luy demander à qui il auoit baillé àlouage la chambre d'enhauc:
& comment on lcnornmoir,&: où il fetenoitdcprefcnt. Il le leur nomma par nom &
furnom:adiouftant qu'il elloit allé à Francfort.
Apres auoir foultenu ces durs alTauts,il y eut vn Cordelier qui luy demada qui le M»cafli&-
mouuoit à fefaire ainfi tourméter,& fouftenircequ'iliouftcnoic .Marcluy mitau de corddîtx.
uant la parole de Dieu. Le Cordelier demanda comment il fauoit que ce fuft la paro-
le de Dieu,veu que c'eftl'Eglife qui en dorme aileurance.Marc demanda de quelle E-
glife il entendoit. Le CordeLerluy dit qu'il n'y en auoit qu'vne , à fauoir Romaine: Se
de là tirant vne queftion du chef de l'Eglifc : Marc luy prouua que c'eftoit Chrift , fans
autrc.Le Cordelier paiîeoutre,&demandace qu'il croyoir delà Cent*. (É. CequeDe ** Cc*.
lefus Chrift en auoit ordonne par fa fain&e Parolle. Le Cordelier répliqua, que quand
Iefus Chrift celtbroit la Cene , il donnoit ion corps entre fes deux doigts, ainfi que le
Preftre tient l'hoftie, & amena à ce propos bien extrauagât pour prccuue , le v i .chap.
de S.Iean,où Iefus dit,Si vous mangez ma chair & beuuczmon (ang, vous aurez vie en
vous.(£.Mais regardez, dit Marc,cequi (enfuie là mcfme,àiàuoii Que les parolles font
efprit & vie:& que la chair ne profite ricn,&:c.Le Cordehei après auoir ouy ces rcipon
les, le parut tout falchc^ le laiifa. ,
Le Icudy v 1 1. iour deluillet, Marc fut aiTailli d'vn autre, qui luy vint dire d'eftre en- A{çMt ^
uoyé par le Matkgraue pour luy annôcer qu'il mourroit le lédemain,s'il ncfecôuertif- radïigcde
foit à l'egiife Romaine:& que partat il regardait à l'on faicl.Marc luy déclara prompte- raor1,
ment qu'il eftoit tout côfeiilé:& qu'au relte ilfe remettoit à la pi ouidece de Pieu, à ce
qu'il fift de luy fa bonne volonté. Le lendemain le mefmc vin t dercchcf,&: l'incita plus
que parauant depenferàfes affaires, Mârc luy vfa d'vn mefme langage qu'au iour de
deuant,(ans aucunement sefFraycr de ce melTagc qu'il luy faifoit , Qu'on ledepcfche-
roit dans trois ou quatre iours. C Voila en fomme cc que nous auôs extrait deseferits
deceperlbnnage,&: de fes actions durant fon emprilonncrnent.
I l eleriuit à ceux del'Eglife de fa propre main , de îus de noires guines (à faute d'en- Efcm è»
crcjle foir du iour precedét que luy & les côpagnons receufset fentécedemorr, ce que Marc d"L'~
le n lu i t : Mes trefehers fer es au Seigneur-, nous nous recomandons trefaffec~iueuÇemetyvous priant XuyScÇn
que ne nous oubliez point en vos prières \à fin que Dieu par fa grâce nous veuille fortifier,efians en côpagnoni.
vnecotinuelle bataille, iufques a ce qu 'il nous aura fait ce bien de nous appeler en [on Royaume,^
que nous aur os obtenu la couronne de gloire Jaquette il apreparee a tous ceux quifayment. Or fâ-
chez.,mes trefehers frères .que nous au on s efléfept fepmaines ences liens fans auoirrecett confia-
tion de vous.Helas ,vous fauez, quejivn corps efiant longtemps fans manger deuientfoible,com-
bit plus l'eJprit?Parquoyfivous nous eufiezpeu afifier de quelque petit eportion de confort pour
noftre efprit , vous nous eufiiez, fait vn grand bien ■ a caufe que félon nojlre nature, nous fonimes
toufiours débiles & fragile s -.mais nous vous fupportos »à caufe que les moyes fe trouuent a fi gract
peine. Or s' il s* en trouuc, mes frères, nous nous recommandons .& fi vous me faites cebienjelts
feray aup tenir à Guillaume T ouart. Prians l'Eternel qu'il nous face perfeuerer en vraye confia**
cède cœuriufquau dernier foufcir de noflre vies.
Ce peu d'elcrit cfmeut grandement les freres,qui toutesfois ne le receurent iufques j°™maj.^
au lendemain. Et fuyuant iceluy on luy referiuit fommairementôd à fes compagnons, leuîfïire-
Qu'il elloit heure de prier ardemment le Seigneur,à ce qu'il les fortifiait par fon fain& fpondu.
Elprit,pour rclifter aux alîauts&: embufehes de Satan:&: qu'il faloit maintenant prat-
iquer ce qu'ils auoyent reccu & apprins de longue main en l'fcole de noftre Seigneur.
Qu'ils s'alTcuraiTent cependant des promeiTes de Dicu,qui n'abandonne point les fiés
au befoin &: àrJa neceflité: mais qu'il feroit toufiours aucc eux.& qu'à celle caufe ils n'-
auoyét à craindre les men aces de Satâ qui eftoit vaincu par Chriftmc le péché , qui ne
les pouuoit fouillcr,eftans Jaucz par le fang de l'Agneaumi la mort,qui n'auoit aucune
Liure VI IL M Je Lanoy, Lie Grand, Çf G.T ouart.
puifTance fur eux cftans en Chrift : nilcstormens, qui pafleront tantoft , &: ne fon* à
corn parer à la gloire &c ioyc qu'ils deuoycnt incontinent receuoir aucc lcgrand Prmcc
& capitaine des Martyrs,qui leur faifoit ce grand hôneur de fouffrir pour fon Nom, bc
qui mefme les attendoit pour les faire feoir auec luy en fon thronc,& leur donner parc
au Royaume qu'il leur auoit préparé auantla conftitution du monde. Et au refte,
rricr«dcs on les aduertiffoit qu'on faifoit prières pour euxenuers Dieu, ace que demeurans
fideicspour fermes ils fortifiafTent les foibles,&: feruiflent d'exemple & édification à l'Eglife de
nierT' 0n l^Cus Chrift . ^ Les prières des fidèles furent exaucées de Dieu : & la fin heureufe
qu'eurent ces trois champions ledemonftra manifeftement , comme il fera dit.
Ie an le G ra ND,drapicrd'Armentieres,aagêdei8.àtrentcans js'cftantpour
les mcfmescaufes que Marc de Lanoy, retiré en Anuers, futprins parle Markgraue,
&faic compagnon des liens des deux: afTauoir Lanoy &c Touart. A la première de-
mande qui luy fut faite, Pourquoy il eftoit forci d' Armentieres : il refpondit non feule-
ment que c'eitoit d'autat qu'il n'auoit voulu faire ferment à l'cglife Romainemiais anf-
(i adioufta déclaration delà foy&: religion qu'il tenoit. A pi es auoir reccu fenteneed'-
eftre bruflé vif, il eut cefte confolatiô de voir fa fcmmc&: fes enfans en la pnfon : & les
ayant exhortéà perfeuerer conftammcnt,&: prendre bon courage, les recommanda
Mjrc&ie» par faintte&: ardente prière à la fauue-gardc du Seigneur. Cesdcux ,àfauoirMarc
le Grâd me- q\c Lanoy, &: lean le Grand , furent menez à la place du marché par le Marlcgraue ac-
fUccï U? compagne degrande multitude :& furent bruflez vifs, ayans les bouches cmbaillon-
nees de la façon inuentec &: preferite par flnquifition des Efpagnols.
Gvillavme Tovart, marchant mercier,natir*de la ville de rifle lez Flandre,
receut pareille (entence de mort d'eftre bruflé vif, aucc les deux fufdits : mais Dieu luy
difpofa nonobftant ladite fentenec ,vneautre cfpcce de fupplice, pour monftrer le
triôphcdes liens en ladiucrlitédcs peines qu'ils endurét. Ce perfonnage eftoit parue-
nu à vnevieillefle honorabIe,&: fa maifon auoit Icrui prcfqucrcfpacededouzeà quin-
Lcî demeu zc ans comme d'eglileaux fidèles en icelle ville de l'Iflc. EftantdechafTé&: banni d'i-
TouirtCG cellccnuiionlanM. d. Lxi,feretiraquelquctempsàTournay,d'oùilfutcontraints*-
oftcr&: aller à Amiens &: Mondidier villes de Picardie,pour iouir du bien delà prédi-
cation de l'Euangile. Depuis, retournant aux iîens,vint demeurer en la ville d'Anuers:
en laquelle après auoir refide longue efpace d'annees,fut finalement conftitué prifon-
nier auec les deux fuldits. ^ Entre plufieurs lettres par luy eferites durant fon empti-
Lcttre d*i- fomement , nous a lions extrait celle-ci qui fenfuit: Treschers frères &fceurs
cciuy aur en Icfus Chrift, le remercie grandement noftrc bon Dicu,dc luy auoir peu tellement
Amtaf' me fortifier &; cofoler, que ie me trouue plus allègre en ma prifon obfcure , que ic n'e-
"fl ftoye en marchant fur les rues. le parle félon l'cfprit: car quant au corps, ce n'eft plus
„ quevapeui &: fumée. Parquoy , mes amis , s'il aduient que foyezapprehendez pour le
n nom de C hnft, ne craignez point la prifon,ne ceux qui tuent les corps : car ils ne peu-
„ uent rien dauantage. Ne vous efpouuantez point, puis que c'eft le falairc qui cft pro-
„ mis à tous bons foldats de noftre Capitaine Icfus Chrift. Qui tournera le dos,ne gai-
gnerarien-.maisqui bataillera vail!amment,obtiendra finalement vnccouronne,non
pasd'oroud'argent,ainsdegloireimmorrelle. Nous laiflbns cefte vie caduque,pleine
decalamitez& fafcheries,pour en auoir vnc éternelle: nous defpouillôs ce corps mor-
tcl,pour eftrc reueftus d'vn immortel: nous quittons vne vie doloureufe & lamétable,
„ pour viure en ioye & félicité éternelle. Y- a-il châge ou proufit plus grad que ccftuy-ci?
„ O doux martyre,que tu nous faits riches &: honnorables maugré noftre propre chair!
Etqu'y-a-ildequoy feplaindre, puis que noftre Seigneur & fouuerain Maiftrc l'a pre-
Mat.i^. » dit tant expreflement aux ficns:Me voulez- vous fuyurc, qu'vn chacun renonce à foy-
*4 mcfme,& qu'il prennefacroix,&: me fuyuc?Portôsdonc,portonsioycufementla croix
Pliir " pour eftre viuifiezenlaprefencedu Pere celefte. Il ne nous eft pas donne feulement
*V " „ de croire en Chrift, mais aufsi d'endurer &: fouffrir aucc luy: Et lî nous fbuffrons auec
s „ luy, nous régnerons aufsi auccluy. Regardez, mes amis, fa bonté: il nenuoye point
ican ie " P*as to^ ^C trauaiMu'mc°cmcnt ïc frui& ne foit prefent: Voftrc triftefTe,dit-il, fera cô-
i"" 1 », uertie en ioye.Reicttons donc de nous , tous les empefehemés de cefte vic:cncorc que
„ ce fuflcntperes,mercs, frères, fœurs,man's, femmes & enfans, voire noftre propre vie.
„ Vendons tout,pour acheter cefte perle tant precieufe . O, que ie fenseftre bien-heu-
„ rcuxceux-la,qui font appelez pour foufirir&abandôncr leur vie pourlaconfefliopdu
* lean S orret,& autres. 706
nom de IefusChrift/ le Fils éternel conférera auflï leurs noms dcuantfonPere&: fcs M
Anges. 11$ lieront reueftus de robbes blanches, &c refplcndiront comme le Soleil au ti
royaume de Dieurtempiis de ioyeen la prefence dcl'Agneau : ils poiTcderont le fr ui£t M
de la vie eternellc^ui leur a efté préparée dés lafbndation du monde. lettons les yeux M
fut ces grandes promeiTes de Icfus Chrift à tous ceux qui perfeuererôt iufqucs à la fin. t,
O que nous feros heureux eftansdeliurez de cecorps demort,pour viureaucc Dieu. <t
Prions donccontinucllcmét,à fin quelafoy nous foit ici augmentée. Ornes trefehers, tt
ayez toufiours fouuenance de moy (qui fuis aux liens de rAntechriity en vos prières Se tt
oraifons: Ayczcn recommandation les prifonniers,commc fi vousl'eftiezvous-mef- ti
mes. Priez>di-ie,fans cefle:car noftre ennemi, qui eft le diable, cft toufiours autour de it
nous,pour nous faire faillir le cœur: vous fçauez auflî que noftre chair nous cft vn mer- it
ueilleuxennemi:maisiecroy fermement que mon bon Dieu n'a point cômenccccft it
ceuure en moy,qu'il ne la vucille parfaire. A Dieu foyez.
L a vieillelle de ce fain£t perfonnage inftruit de long temps en tout exercice de pic-
té, a efté en confolation à ceux qui ont cognu faconuerfation. Ilreceut vncmefmc
condemnationauccMarc&: Iean le Granddeflusnômcz^àfauoird'eftrebruflé vifau
mefme iour: mais quand ce vint que le bourreau luy lia les mains &: mit vn baaillon
en la bouehe,comme aux deux autres, auant qu'aller au fupplicq: Dieu le voulut reti-
rer par autre genre de mort. Car lors tombant en foiblcfte,à caufe de la débilite' de fon
corps aagé enuirô de quatre vingts ans,il fut remis en la pnfon,&: plongé en vn cuucau
plein d'eau:&: le corps porté hors la villcau lieu dit Berken, auquel on met fur roues &c
potences les corps des condamnez.
SlSjPj e s fpc&aclcs de corps meurtris par l'Inquifition fe voyoyentprefquesen tous
îis^à lieux Spécialement aux villes de Tournay&: Valcncenes, pour le nombre des
croyans,tant hommes que femmes teicunescompaignons, qui auoycnt long temps
trempez es pnfons en trefgrandemiferc &pourete.Et fans oublier ce qu'au commen-
cement decefte année a efté faic"t,on exécuta en Valcncenes, cinquante fcptpcrfon-
xies,dôt la plus part eftoyent bourgeois de la ville : & ce pour auoir adhéré àla pure re-
ligion. Ce carnage fut diftnbué en trois iours : dix furent décapitez le lundy x x 1 1 1 1 . Cinquante
de lanuier: vingr, le mardy:& autres vingt le iour fuyuant:&: lesfept fublècutiuemcnt: fcff ,f lU*
auec cftonnement & lamentation du poure peuple , & refte des autres bourgeois d'i-
celle ville.
IEAN SORRET,^ Pays et Artois.
LES aducrfaîres ont beau difsimuler Se couuriren ces temps tempeflueux leur haine contre la vraye Religion,ils font
redarguez. & démentis par ics aftes 3c procédures qu'ils tiennent au raitt de l'Inquifition dernière.
V milieu du déluge de ces perfecutiôs desbordees és Pays.bas,& entre tat m.o
" de fidèles, dcfqucls le fang a efté efpandu commccau:& dont à peine pou- cn
uons-nous auoir les noms : Dieu a faift que ce ieune compagnon, natif du
village de Cauron prcs Hefdin au pays d'Artois, ait manifefté par fcs
propres elerit s , la procédure contre luy tenue par les aduerfaires. Et c'eft
afin de monftrer de quelle haine ils font menez con tre la pure Religiomcombicn qu -
ores par tout ils facent bouclier de punir le fai£t de rébellion &c l'édition tant feulemét.
Sorret auoit demeuré en la ville de Tournay l'efpace de douze ans, quand il fut confti-
tué pnfonnier , allant fur l'aagc de x x v 1 1 1 , à x x i x ans. Sa conucrfation , tant vers
ceux qu'il auoit ferui, qu'autres fous lcfquels il auoit trauaillé de fon meftier , eftoit en
exempleàla ieunefle: tellement que la feule pourfuitte de ce qu'il femaintenoit en
vray Chreftien,le fit mettre prifonnier à Tournay, vn Samcdy premier iour d'Octobre
deceftan M.D.LXix.Maisnous entendrons trop mieux par l'extrait de fcs efcrits,les
rcfponfes qu'il fit aux demandes des iuges; lèfquelles il cnuoy a à ceux de la religion en
ladite ville de Tournay,commc fenfuit:
Frères Ô£ fœurs, afin que ne foyez ignorans de ma prinfe , fçachez que le Procu-
LXIX.
en Odob.
Linre y III. IeanSorret.
»» rour de la ville eftant venu en m5 logis le premier d'O&obrcr 5 69. furies neuf heures
»» du foir,me fit mener par fes officicrs(ie me fuflè bien defrobé d'cux_,fi bon m'euft fem-
»> blé)en la prifon qu'on appelle Tannerie. Le lundy fuyuant fur le midy, eftant interro-
*> gué par NWs«curs,premieremcnc démon nom,&: de quel lieu ieftoyenatif: Icleurdis
»> qu'on in appeioit IeanSorret ,&: que i'eftoye natif du village de Cauron près Hefdin.
»> <gp. Si ie ne fouloye point aller à la Meffe,ô£ fi maintenatien en tenoye rien: (fc.Non.
>» <5p. Combien croyez-vous de Sacremcns. (X. Deux, aurant que Chrift en a ordon-
»» né,lefquels font vne vraye marque de l'Eglife: aflfauoir le Baptcfmc&: lafain&e Ccne.
»» c2?- Si le mariage n'eftoie point Sacrement. (*. Non, combien que ccfoit vne chofe
lateroga- fâïn£te &: ordonnée de Dieu. «^p. Si i'auoyeendo&riné plufieurs en ma religion , &:lî
t0u"' ie n'en auoyc point autresfois parle à mon maiftre, Antoine du B. (X. Non , &c que
quand à mon maiftre, ic n'auoyc point encore de familiarité auec luy : d'autanequ'il
n'yauoitgucrcsdetempsqueiem'eftoyemisenfonlogis. Oùie me.tcnoyeau-
parauant. (X. En la paroiiîcS.Pierre.,enlamaifon d'vn nommé Laurent. Auec
quelles gens ieconuerfoye ordinairement. (X. Auec ceux dcmacognoiflance/elon
9 que l'occaûon feprefentoit. <£P. Siienelcurparloye pas de ma religion. (X. Non.
Ou i auoyc aprins ceftedodrinc. (X. Au prefchc, durant le temps de la liberté:
Lcmartyre combien qu'au parauant i'en auoye bien quelque fentiment. <g>. Qui m auoit enfei-
•ftcTdcff" gné icelle premièrement. (X. Vn nomme HugueDeftaillierj&IcanPicqucque vous
efcntfol.1" auczfaid mourir par le feu. Sionncfaifoitpoint d'arTemblecenlavillc&fiic
«jj.l4u.ru. n'auoyc pas de couftume d'y aller. (X. Non. Toutefois nous fômes bien cerrains
" qu'il s'en fai£t. çt. le n'y ay point efté depuis la liberté ,combié que ft on en euftfaift,
M i'y eulTe efté pluftoft qu'à la Méfie : voire mcfme de nuid, fi le temps l'euft ainfi requis.
" Pourquoy ien'alloye point au fermon en l'eglife Romaine, iji. D'autant que l'E-
'» uangilen'y eft point purcmétannôcé:mais bien les traditiôs des hommes. <gp. Com-
»» menteela? rçt. Ic vous diray pour exemple: Au lîcu de trauaillcrfixiours la îcpmainc,
.*» ils commander tant reftesjcommc fi l'oifiueté eftoit plaifante à Dieu.& qui plus cft,ils
»> commandent d'adorer les idoles,contre l'exprès commandement de Dieu. Ils me di-
•> rent lors qu'ils ne les adoroyent pas,mais s'en feruoyent comme de rcmébrance:& qu -
»> aurcftclcn'cntcndoyepointrEfcriturc. Surquoyon me dit qu'il fcroitbô que iepar-
»» lafle à quelque hommcdcbien,afin de me remettreau droit chemin. On me deman-
»» da aufsi fi ic vouloye ouir quelque Cordelicr,ou bic le Cure de ma parroiefle. çt. Non:
»> carie fuis biéa/ïeuré de môfalut. Penfcz-vous qu'ils vous voudroyétfeduire, ou
que nous voudrions vous faire damner à noftreefcientî fy. le ne le dis pas,Mcfsicurs:
car peut eftre que vous le faites par ignorance. Surquoy ils feprindrét à rire,en fe moc-
quant de moy, & mappelant glorieux. Voila,mes frères, les premières demandes. Ic
fus encore interrogué le foir ; mais outre ce que i'ay en partie oublié , ie n ay pas de pa-
pier^ ne le fauroyc à qui bailler, encore que iercuflccfcrit.
Le troificme iour dudit mois d'Odrobrc , ie fus derechef interrogué : mais d'autant
que i'eftoye fort troublé, à caufe qu'ils parloyent deux ou trois à la fois , i'ay oublié vno
grande partie des propos qui furet tenus pour lors . tou tesfois ie vous en eferiray quel-
ques vns. En premier lieu monficur le procureur me demanda, Si ie vouloye perfeue-
rer en mô herefic. çt. Que n'eftoye point hérétique t ains defendoye la vérité de Dieu.
DuMagU gpm SiienetcnoyerienduMagiftrar. Çi. Ic di que fi:&: fur cela ils difoyent entre eux,
quciefouftenoyclareligiôdcCaluin. D. Si i'eftoye receu en l'Eglife. fy.. Ouy. D. Où
a efté toufiours cachée cefte Eglifc?cardeuat Luther & Caluin on n'en parloir rien du
tout. fy. Elle a toufiours efté:d'anrât que quad il n'y en auroit quedeux ou trois afiem-
blez au nom de Iefus Chrift , là eft fon Eglife. D. Noftrc eglife n'cft-elle pas de Dieu?
y. Non,d-'autant qu'il y a trop d'idoles. D. Eft-cc cela qui vous empefchc d'y aller? Ce
font les liures des ignorans. rçt. Ic ne fuis point de ces ignorans-la .• carie fçay qu'il fâuc
efleuer les yeux au ciel,d'aurâr que Dieu y eft. D. Chrift n'eft-il pas partout? ijt. Ouy
quant à fa diuinitc. D. Comment cft-ce donc qu'il eft entré en la chabreoù eftoyent
fes difciples,attendu que les portes eftoyent fermées ? le leur demanday s'ils eftimoyct
que Iefus Chrift quant à fon corps,eftoit par tout : Ils me dirent qu'ouy , d'autant qu'il
Aft4.ii. cft giorieuX:Mais ie dis qu'il eftoit fculemen t au ciel: Car il faur,côme parle l'Efcriturc,
qu'iceluy le contienne iufques à Ta confommatio du monde. Ils me dirent encore* que
i'eftoye vn orgueilleux. D. Eftcs-vous point le Miniftrc,ou bien Diacre? çt. Non.co
que i«
leanSorret. 707
que ic dis en foufriantreat i'eftime qu'ils me demâdoycnt cela pour fe moquer de moy,
d'autant que mes refpon Tes eftoyent fort (impies. D. Siievoulois ouyr vn homme
de bien &c fauant. (*. Pefcouteroye volontiers vn homme de bien &: (àuant:mais non
pas tels que me voulez enuoyer. Lors le procureur me tirant à part, me dit qu'il mefal-
loit prier Dieu,à fin qu'il me remift au droit chemin (X. le le pric& Je prieray,Môlîeur:
car ie ne demande que de demeurer en la droite voyc. Sur quoy on me fit emmener en
vne prifon obfcure , qu'on appelle Pippegnie. ^ le fuis marri que ie n'ay eu le moyen
devousefcrirepluftoft.car ien'euifepastât oublié dechofcs.toutesfois vous reccurez
ce que vous cnuoye,de bonne part : vous priant eftrc fupporté en mes (impies rcfpon-
fês. le vous prie aufsi de ne monftrer mes interrogatoires à home qui loit , finon après
ma mort : car outre ce qu'elles font eferites àgrand'hafte,il y a celadauatage,quc fi on
fauoit qu'aucuns m'euflent baillé afsiftence,pour vous Jes faire tenir,ils en feroyent en Defirfainft
grand danger,qui me tourneroit à grad dueil,àcaufe que ie les cognoy craignas Dieu, de ne mer-
Au refte,priez le Seigneur qu'il me face la grâce deperfeuerer en la foy de Iefus Chrift epnerdf°£
iufqucsàlafin. ger.
^ A utre lettre de Jean Sonet auxfreres fidelesjcontenant exhortation a vaquer
fins que iamais à la leiïure des faincles Efcritures.
Treschers frères en Chrift, toutes recommandations faites, ferez aduertis que
combien qu'auiourdhuy monefpritaitefté fort troublé par les interrogations d'vn
frere gris que Mefsieurs m'orçt oppofé: iefuis(graces à Dieu)bien difpos^voire d'efprit.
Car Dieu par fa grâce m'a toufiouis baillé dequoy refpondre en toute (implicite aux
ennemis de la Parolle. Mais cependant ie veux bien que (àchiez,que fi iamais il fut
tempsde prier Dieu, &delire lafain&cEfcnture, c'eft maintenant. Carilsfont relle-
ment remplis de fin elfes, qu'il faut bien élire fur fes gardes pour cfchappcr leurs lacqs.
I'ay efté interrogué de plufieurs pefints queie vous eferiroy' volontiers : mais d'autant
quele temps me dcfFaut,ie toucheray les chofes principales. Premiercmct,apresauoir
voulu monftrer de degré en degré qu'il tenoit lavraye do£tnnc( comme vous fauez ^""dîn
qvùis fauent fnre,)il me demanda que ie tenoyedes iepe Sacremens:mais en telle forte Cordclier.
qu'il ne fa 1 foie autre chofe (Se pareillement Mefsieurs) que me brocarder fur la liberté
des Miniftres: proférant des blafphcmes exécrables a l'encontre de Dieu ,Se alléguant
menfonge fur menfonge. Sur quoy ie refpondi, quand le moyen m'eftoit baillé de re-
fpôdre. ^"Entre autres,il meditqueS.Pierreauoitelcritcn (es Epiftrcs, Qu'il prieroit
pour le peuple après fon trefpas.ee que ie luy niay appertemet: trop biê, Qu'il pi ieroit y^^^
pour eux après qu'il feroit departy arrière d'eux. Il me répliqua q nos docteurs auoyét ne fcioucic
tourné fauiTeméc ce lieu:& que i'eftoyevn pourchomc,de croire à leurs eferits. (S. le J^egucr
nerecognoy point de dodrine d'homme, finon entant qu'elle côuient à celle des Pro-
phètes Se Apoftres. ^11 me dit aufsi de mefme.mais iladiouftoit que Ie(us Chnft n'a-
uoit pas tout dit de bouche ce qu'il falloir croire , ains auoitenuoyé , mefme après les
Apoftres, plufieurs docteurs pour nous enfeigner:voulant donner à entendre par cela,
qu'iceux ont fuppleé au défaut de Iefus Chrilbqui cft vn blafphcme tour ouuert. Au rc
fte,ils m'ont fouuent appelé orgueilleux , d'autant que ie me difoyc cftre certain Se af-
feuré demafoy, voire parl'EfpritdeDieu,qui m'auoitainfi enfeignc.Ils m'alleguoyét,
Que Dieu refifte aux orgueilleux & donc grâce aux humbles: eftimans hûbles ceux-la
qui confentet facilementà toutes leurs idolâtries Se fupcrftitions. ÇApres cela, on me
demada fi ic vouloye efeouter quclqueautre perfonnage. le les remerciay grandemét:
Se cufmes plufieurs autres propos, mais d'autant qu'ils ne font point de grande édifica-
tion i&C queie fuis à demi troublé des blafphcmes queie leur ay ouy prononcer,ie ne
vouseneferiray point dauantagepour leprefent. Dieu fçait combien i'ay pleuré de Se,
rct na-
mef
larmes,depuis auoir ouy leurs mefehas propos. Priez le Seigneur auecmoy,à fin que urédes n
ic puilTe perfeuerer en la foy de Iefus Chrift. iufques à la fin. Quantàmoy,i'efpere bien ci^cf'£
toft aller à Dieu:car i'ay délia receu en moylcntécedemort. Vous fauez quelle eft ma Serfaire»;
foy.ie me confie que le Seigneur me fera la grâce d'y demeurer ferme à iamais. le dis
Adieu,mes frères Se amis:ic ne fçay fi ce fera pour la dernière fois:Dieu le fçait. Le i x.
d'O&obre m. d. lxix.
S enfuyuent autres interrogations du vu t. tour d'Octobre m.d.lxix.
c& Il faut que vous côfefsicz auec qui vous auez conuerfé depuis deux ou trois ans
^' DDD.
Luire VIII. IeanSorret.
en-ça: car vous n'aucz point cfté fi long temps en la vil le, que n'ayez eu quelques com-
pagnons. (&. Melsieurs,ienc lefauroyedire. <^'. Oùalliez-vousdonqucspourme-
ner les Dimanches cependant qu'on chantoit la McJTe,&:auec qui? (£. Icmepour-
menoye tout fcul, tantoft en vn lieu , tantoit en vn autre. <gp. Commcnt,tout feul?
nous fommes bien aduertis que trois ou quatre vous venoyent quciir en voftre logis,
pour aller pourmcner& deuifcr de voftre doctrine, rl. Il n'eft point ainfi,Melneurs.
combien que j'en foyc bien marry:car fi nous euffions faict cela>i,cu(fe plus proufîté en
laparoledeDieu queien'ay faiâiufqucsàprefent. Voulez- vous donques touf-
iours demeurer en voftre herefie? (36. le nefouftien nulle hereiie:mais ba n la vérité.
Z>. Que fauez-vous fi c'eft la vérité ? auez-vous parlé à Dieu? p^. Ôuy,Mefsieurs,cn
deDicu' ^aParo^e' Et où eftcefte parole? gt. Elle eft contenue au vieil éc nouu eau Tc-
lC " ftament <$f. Ne croyez-vous point qu'il y ait autre parole de Dieu , que celle qui eft
contenue aux liures ftifdits? ijt Non,pouraireurcrmonfalut. Obferuczvou:
leDimanche? rçt. Ouy. Et toutcsrbis il ne vous eft pas commandé en la paroi-
le de Dieu de le garder, ç>. Il nous eft commandéde garder leSabbat. Ouy,
ob'c&'on ma's le^bbat venoit par vn Samedy ; il faut doncquclcs hommes ayent ordonne i e
du îour du iour du Dimanche . &: toutesfois vous auez dit que vous ne voulez pas obéir aux hom
Samedj au mes. j^., l'y veux bien obéir y quand leurs commandemens couiennent aucc la pa;
Dimanche. ^ ju sejgneur:mais non autrement. D. Il ne vous faut donc pas garder le Diman
chc,mais bicnle Samcdy:attédu quelaparole du Seigneurie comandeainli. îjt. Me{-
fieurs,ie ne fuis point alTcz (auantpour vousrefpondtedece poinft D. lelecroy
bien^dit le procurcuncar voftre docteur Mcrmier n'en a leu luy-mefmc refpondrc: Au
regard de quoy il faut que vous efeoutiez ceux qui vous veulent enfeigner la vente.
Sorrct s'ar- ^- lefuis content de les efcoutcr,pourueu qu'ils m'enieignent la vérité. D. Sinon*
rertanc lur vous enuoyons vn Cordelicr làuant , ou vn Auguft in , ou bien vnCurc, le voudriez -
fondtmciuî vousefeouter? (£.Non:d'autant qu'ils neferoyenr que troubler môcfprit, en mettanc
ne iefoucic en auant des menfonges. D. Voulez-vous doneques du e qu'ils n'annoncent point
durefte. la vérité? comment le prouueriez-vous? La chofe eft toute manifefte: carie fçay
qu'ils nannonceroyent quelaiuftincationparlesoeuurcs : qui fuJÏit pour môftrer leur
Bôncs œu- men(onge&: impudence. D. Ne faut-il pas doncraire boues ceuures? (£. Ouybicn:
ares. mais nô pas pour nous (auuer par icelles : car encore que nous euiîîôs faid: ce qui nous
Luc i7.ia c^ commandé,nous ferions touficurs feruitcurs inutiles. c'eft donc degrace quenous
lommes fauuez. D. Nous fauons bien que c'eft degrace : mais nous voyons bien que
Let aducr- c'cft } vous aimez mieux croire à ces coureurs de Miniftres , qu'à ceux qui demandent
vcuLwipc- voftrefalut. ijt. le ne croy point aux hommes:mais à Dieu, qui habite en moy p.. . fon
cuJemcnt fainét Efprit. D Vousauczdoncl'EfpntdcDieu. y.. Ouy , Monfieur. car leiénscn
ftrcsMim" nioy-mefmc qu'il me fortifîe,&: me confole de iour en iour: principaicmét depuis que
ie luis entre vos mains. £>. Ce n'eft point l'Efprit de Dieu, monamy, maispluftoftdu
Rtfponfe diable. Hi. Et cornent feroit-ce le diable , attendu queie fuis pouffé parceft Efprit, à
pluiloft obéira Dieu qu'aux homes? le Diable ne prendpoint plaifiraubicn. Cepen-
dant l'endure volontiers vos iniures , d'autant que les mcfmcs chofes ont cfté dites à
mo Seigneur Iefus Chnft, lors mcfme qu'il fâifoit quelque miracle. D. Eftes-vous auf-
fi gtad maiftre quelelus Chnft? ijt. Non,n6,Me/ficurs,ic me côtente bien d'eftre f vn
de l'es pctis&:pouresferuiteurs,fuyuâtau plus près queie peux lés traces. D. Croyez-
vous que lespetisenfansfoyent fauuez après qu'ils ont receu le Baptefmc? y., le les
laifte en la main de Dicu:car ce n'eft pas à moy d'en iuger . Lors ils parlèrent enfemble
Latin, pour monftrer qu'il falloir qu'ils creuiîcnt pour eftrcfauuez, d'autant qu'il cftoit
*Quîcredi- ainii eicrit. Çi. Iefus Chnft ne parle point là *dcs petis enfans,mais de ceux qui font
capables delà fby. Sur cela il me dit > Voila, mon amy,pource que vous n'entendez pas
l'Efcriture , tantoft vous parlez d'vn, & tantoft d'autre: Les Anabaptiftes font plus fa-
ges que vous en celte matière. Voulez-vous eftrc plus aduilé que les S. Pères ? Vous
voyez que vos Docteurs font contraires les vnsauxautres. En Allemaigne, il y a plus
Caluinifccs. de trente fortes de Luthériens, il y aura tâtoft en France autat defortes de Caluiniftes.
i^. Mafoy nelt point appuyée ne fondée fur les homes, mais fur vnfcul Dieu. D. Ne
faut-il pas prier les Sainds? fy.. Non:attcndu que l'Efcriture le défend. D. Pourquoy
rricres de» ^onc eft-ce que vous priez en cefte vie les vns pour les autres? Les Sain&s quifonten
Saîn6î. Paradis n'en font-ils pas autat dignes que ceux qui font cncorecncemondc? ^. Puis
que ce-
notable.
derit,&
Marc 16.1'j
Luthériens
Jean Sonet. poS
que cela ne fe peut prouuer par rEfcriture,il ne le faut pas faire,attédu mefme quePier-
re,Paul&lcs Anges fe font courroucez, quand on leur a faid l'honneur qui appartient
à vn feul Dieu. D. Iefus Chrift na-il pas memoirede nous?R> . Voulez-vous mettre les
Sainds du rég de Iefus Chrift : Encore qu'iceluy ait mémoire de nous, fcnfuit-il que ce
foit le mefme des Sainds ? Ils l'ont tous femblables à luy , & pourtant il les faut in-
uoquer. Rt . Il eft eferit au i x.de rEcclefiaftc,Quc les morts ne lauét pas ce qui fe faid
furla terre. Surquoy ils me dirent qu'il n'eftoit pas vray:& me voulurent faire venir vn
hommelauant (comme ils difoyenc) furcepoind. fà. Si l'auoyevnc Bible, ie le vous
monftreroyeprefentement: quant à l'hommefanant que me voulez faire ouyr, ie vous
remercie grandement, <0>. Il vous mettra en la droite voye. Iecroy que i y fuis.
<£P. Auez-vous ouy quelque prefche depuis que les foldats font en cefte ville. (£. No.
bien eft vray que ie fus à Anuers , aux feftes dé Pafques, pour ouyr la prédication qui y J5£ïï?1
cltoitencorc. Vollre pere&: mere, vousont-ilsenfcigné celle doclrine? (38. Nô,
Mefsieurs5car ils lont ignoras de la vérité. <$p. C'ell mcrucille, que li vollre Eglilc eft
de Dieu , comment elle a elle ainfi cachée, &: pareillement vollre doctrine nouuclle.
(38. Ellea elle toujours Eglifc: quant à noftre doctrine, elle n'ett pas nouuelle , mais
bien la vollre, entant qu'ellccft inuentec des hommes. Sur cela,ils me dirent derechef
que le Dimanche auoit elle inuenté par les hommes , &: que toutesfois ie l'oblèriioye.
VjL. Il vous Ibuuient touliours de ce poind, d'autant que Dieu nem'a point faid lagra- Simp!c&
ce d'y pouuoir rcfpondrc.Ic fçay bien que ce n'dl pas vn article defoy: & pourtatic ne lAindc u
m'cntoui mente point beaucoup. Vous deuezenfuyure vos anceltres. ri. le le s"or"tK "
feroye fort volontiers, s'ils m'euilent bien en feigne': mais d'autant qu'il n'elt eferit qu'il
faille enfuyure les peres,ni cheminer félon leurs ordonnances, voila pourquoy ielesay
laifTez,&:mefuisarreftéàla vérité, g?. Necroyez- vous point que Dieu cil realeméc
au facrement de l'autel î (38. Iecroy que Dieu elt au ciel. <^p. Mais ne croyez-vous
point que le corps de Iefus Chrifl cil par tout? (36. Il efl au ciel quant au corps: &c n'en
bougera iniques à la rellauration de toute choie : ôc pourtant il ne peut élire par tout.
Ouy:maisilcftmaintcnantglorifié,&efttout-puiirant. le ne dis pas le con-
traire: mais iem'arrefte à fa volonté', félon laquelle il veut élire allîs à la dextre de Dieu,
iniques à ce qu'il vienne îuger les vifs &c les morts. f Pour latin ils me dirent que i e. ^q'"!^
ftoyegrandement abuié:& le Cure me tirant à part, médit, que ie priaiTediligemmét
Dieu, à fin qu'il me rem ift en la droite voye. Icfis rcfponfe que ielc prioyeinccifam-
ment , à fin que ie ne me dcuoyalfe du droit chemin , auquel l'elloye : &: qu'au relie, ie
prioyeleSeigncurqu'illcsaddreflaft audroi'61 chemin de fa vérité, pour élire alfcurez
corne moy. $j"Voilj,mcsfrcrcs,en bref mes interrogatiôs:PriezleSeigneur pour moy.
Il efiriuit U lettre qui s'enfuit , quelques iours auparauant lejûpplice , laquelle ejl pleine de
confort contre les efpouuantemeas de la mort , & contre tout ce que les ennemis pourroyent ma-
chiner & faire.
Très chère fecur, ie ne vous fauroye allez remercier delà grande charité
qn'auez eue enuers moy lors queielloy" preïent: ievous prie bien fort maintenant
qu'en priant pour moy , aucc touslcsfrercs & feeurs en Chrift /vous y continuyez:à
fin que le Seigneur Iefus Chrift paracheuant ce qu'il acneommencé, meface la grâce DcfirChrs-
de luy offrir mon corps en facrifkc auec vraye conftance& hardiclfe, mettant la chair fticB*
fous les pieds pour combatte vn bon combat,&: obtenir finalement vicloire&: la cou-
ronne de gloire. Ma fceur,felonquemon clpritmetefmoigne^ien'efpere plusd'eftre
longtemps au monde: mais pluftoft de quitter celle loge terreftre. Et pourtant pre-
nanteonge' devous,ievousdy,Adieu:icmblablementà tous les frères en gênerai de
Tournay , L'ille, Valenccnes&: Anuers , iufquesàcequenous-nousvoyonsenlalc- L'Adieu de
rulalem celefte,où nous ferons tous allîs au banquet de l'Agneau , cllas aduouez &: re- Sorrct-
cognuz deuat Dieu &: les faincts Anges. Au refte,ic vous prie au no de noftre Seigneur
Iefus Chrift, que vous viuieztoufiours en ce monde faindement de irreprehenlible-
ment,n'abandonnant pour chofe qui foit la parole de vérité. Ne foyez efpouuanteeà
caufe des priions, ne mefme de la mort:car noftre Dieu eftant auec nous,&: foulageant Confolatio
noftre foiblefle parla vertru defonlaind Efprit,nons ferafentirparexperiéce que la efpoLuan-
croix de noftre Seigneur Iefus Chrift, pelante &: difficile à la chair, nous fera légère &: temensde
facileà porter.Car iceluy nous donnant à cognoiftre les promelfcs,& nous faifant l'en- " mon'
DDD.ii.
Liure VIII* IeanSorret.
tir en nous-mefmes les ioyes celcftes, fera que nous n'aurons point crainte de ceux qui
ne peuuent autre chofe que tuer les corps . Vous lauezqueparmout de croix & affli-
gions il nous faut entrer au Royaume des cieux : &: pour y paruenir,il ne nous faut pas
cercher autre chemin que ecluy par lequel noftrc Seigneur Iefus Chrift a marché le
premicr:finon que nous nous vucilliôs fouruoyer à noftrc eicient. Seroit-ceraifon que
lcMaiftrc ait beu ramcrtume,&: que nous cerchions la liqueur douce , attendu que le
ieamf.*o Maiftre eft plus grand que fes ieruiteurs î S'ils m'ont pet iecuté , dit Iefus Chrift , auffi
vous pcrfecuterôt-ils:maisayez bon courage,car vous elles bien-heureux û pour mon
nom vous eftes perfecutc^d'autat que l'Efprit degloire repofe fur vous. Certes la ioye
eft il grande en cecy/]uc facilement elle nous fait oublier tous les tourments du mon-
de. Car quelle ioye cftàcompaior à celle qui eft éternelle? de laquelle auflî parle Ilàic
ga.fM difant^Qu'odl n'a pas vcu,n'aurcille ouy,& n'eft monté au cœur d'homme, la ioye que
Dieu a préparée à ceux qui l'aimer. Parquoy ie prie le Seigneur que fînalemét il nous
mette en pofTcflîon d'ïcellc, Amen. La paix de Dieu foit auec vous éternellement. Ce
v 1 1 i.d'Octobre m. d. lxix. I. S.
Depuis auoire frit ceflelettre^d demeura en prifon iufqu'au. treiz ième enfuyuant.Jê confiant
en la parole Je Dieu : de laquelle il recommandoit fpecialcment la leclure ejr méditation conti-
nuelle. Et à cepropos, pour fa confolationjlen fit quelques vers en forme de chanfon^au vulgaire
de fin paysycommençantainfi:
Si a cela qui mefltofladuenu Helas.mon Dieu jamais ie naygoujlé
ïeuffepenfé-.bien mejutfouuenu Surmoy fi bien ta grâce & ta bonté
De lire l'Efcriture: Comme fay à ce/le heure!
Ettresbien meujl armé ficelle la leclure. Cejtdc ton S.E/prit quifaici en moy demeure.
Mais,parejfeux,ie nay pas faitt deuoir-, 0 mon vray Dieu /il me conuient mourir
Comme de Dieu c'ejî oit bien le vouloir* Pour ton faincl Nom^veuille moy fe courir:
Délire l'Euangile: Et mes péchez efface:
Dontjielas^maintenantie me trouue fragile. Et fay que dans me cœur toufiours fente ta grâce.
gui guerroyer fous Iefus Chritt voulez, allons, allons, o mon cœur^vaillamment
le vous fupply ne (oyez point foulez. ce combat, mejprifant le tourment
De ce/le vray pajlure: Decejle chair mortelle:
Car ç'ejl de no s ejprtts la propre nourriture. Car Dieu feul en fera la vengeance éternelle.
Si appelez, vous eftei pour fouffrir Seigneur mon Dieu,en ta garde ie fuis
Ne crargnez point de vos corps luy offrir: Guide mes pas:çjr ainf me conduits
Car par ferme ejperance En cefie petne amere'
Nous fommes tout certains de vraye recopenfe. Et reçois mon e (prit par Ils s s nofhrc frère.
Le iour de deuant fa mort , Dieu le mit à l'efpreuue : & fouftint vn afprc combat dc-
Lepenultic uant fes iuges &c le Prcuoft de la ville .Ils le foliciterent par pludeurs remonft rances de
me affaut quitter quelquepcu de (on obftination &: roidcur(ainfi appeloyent-ils fa conftance) la-
& Efche1'* quc^c nc W apporteroit aucun allégement , mais rcdoublcroit le dernier fuppliceen
uins contre peine efpouuantable. Sorret demeurant ferme refpôdit à toutes leurs raifons, Qu'il te-
Sorrct. nojc ja confellion de foy qu'il auoit dite &c redite deuant eux,fclon la mefure du don de
Dicu,fi véritable que les portes d'enfer mefme ne pourroyentrien à lcncon tic d'elle.
Rcfponfe. Et qu'au refte il cfperoitque le bon Seigneur parferoie par fa grâce ce qu'il auoit en-
commenec. Qu'il aimoit mieux aller àla vie permanente par vn feu matériel, voire
par tous les tor mens de ce monde.,quc d'entrer par vn cou p d'efpee au feu eternel,prc-
paréàceuxquidefguiferontou renonceront la vraye doctrine du Fils de Dieu.
^ Quand le Preuoft & ceux de la Loy virent qu'ils negaignoyent rien fur luy,efton-
nez de fa refponfe,lercnuoycrcnt en pnfon.Le lendemain, qui eftoit le x 1 1 1. iour du
?*™)kcà mois d'O&obredc cefteanneeM. d. LXix,ilfutamenéau parquet dcuatlefditsSci-
bat contre gneurs:& là fa fentenceluy fut prononcée: de laquelle le fupplice eftoit d'eftre brufle
la r^diT vifiauccpluficurs autres claufcsaccouftumces,enlapublicatiod'icelle. Le mefme iour
S.'cu U auffi ferme que parauant,il rendit fon ame à Dieu,lc bcnûTan t au milieu des flammes.
Du
Des Fidèles mis à mort3& majfacre^.
709
D V grand nombre des fidèles feruiteurs de Iesvs Christ, qui far dtuers torwents ejr ejj>e~
ces de mort , ont en ces dernières années ifipandu leur fang four maintenir la vraye
Religion, & defquels les noms & acles demeurent enfeuelis en ouhly.
E grand nombre de ceux qui ont endure la mort en ces dernières années,
pour le nom del'Euangilc, eft tel, qu'à grâd* peine vnc petite portion en cft
venue à noftrecognoùfance. En quoy on peut à bon droit s'efmerueiller
d'vnc nonchalance (dont i en ay par-cy deuant ietté les plaintes es Préfa-
ces de ces Liures,) de plufieurs qui deuoycnt auoir fait diligence 6c deuoir de noter les Compljin-
memoires de ccuxqu'ils ont cognus.Car qui eft-ceauiourdhuy d'être les hdeles>quine ^J.Jj"0]
voit côme de toutes parts il y a des Tefmoins de la vérité autant exccllcns que iamais, recueillir
qui nous font niisdeuât lesyeux.àcequclesayanscôme pre<;urfeurs,fuimonti5stou- lestoemoi-
1 i.<e 1 1 • o. r > i l resJesMar
tes difncultez pour alaigrement &: courageulement nous préparer a pareils combats, t..r$<
à la gloire de noftrefouuerain chef IefusChrift ? Quant aux tourments qu'ils endutét
ionrnellemenr,quieft-ce qui les a ouy plus horribles que de ce temps prefent? Et de
frefche mémoire la France nous en fournift de merueilleux exéples, qui méritent vne
hiftoire à part. Le Pays-bas en eft fi fertilc,qu il nous en donne maintenant aufllgran-
deprouui'ion queiamais:&de nagueres tant degensnotables.,bourgeois&: marchas,
damoitclles,fillcs&:compag-nôs, onteftc exécutez du dernier fupplice,quc le nombre
en furmonte le contc.Entre lcfquels vn aduoeat 6c confcillier des Doyens d'icelle ville
nommé M.Pierre Cottree L,nc doit eftre ou blic-.car après auoir enduré les tor JJi^J'
mentz de la longue prifon,il a efté crueiement bruflé vifjalangucluy eftant percce.Sa
mort ,afai£t vn tel fruid,qu a iamais il en fera mémoire entre les fidèles à édification.
E t qui nourroit lufhfarnment expliquer tant de maux&: oppreftions qu'endurent
par tout les fidèles, le fang defquels regorge de toutes partsrles corps morts baillez aux
beftes de la terre &: aux oifeaux du ciel i Combien d'hommes , femmes , filles , & petis
en fans, qu'on a tramez à tant de fortes de morts cruelles ? combien de Miniftres 6c Pa-
lpeurs fidèlement annonçans la pure parole de Dieu_,y ont laifle la vie i defquels la mé-
moire demeurera precieufedeuâtDieu,& lain&c àtoutefon Eglife. Le pere non feu-
lement y a trahhmais aufîîtuéfon propre fils : les voifins,apres auoir meurtri leur voi-
fîn ,luy ont tiré le cceur du ventre , &c l'ont découpé, 5c mangé: ne pouuans autre-
ment, aftouuir leur cruautés furieplus que barbare 6c brutale. Bref,dececiilya v-
ne fi ample matière à deduire,que fi ceux quien peuuent auoir recueilli les Mémoires, j^"ra£"*
s'employent diligemment à en donner l'hiftoirc , on aura chofe autant vtile pour ceux de ces J«-
qui viuent maintenant,que neceffaire à ceux qui viendront après nous: afin qu'au mi- uic" tCPs'
lieu de fi horribles &iuftes iugemcntsdeDieu , fa mifericorde admirables*: infinie e-
ftant toufiours recognue à l'endroit des fiens, l'Eglife delEsvsCHRisT ibit de plus
en plus certifiée de fa conferuation, lors que tout le monde fc fera bandé &: auracon-
fpiré fa dcfolation&: ruine.
CoNCLVSION.
0 1 l A les chofes que i'ay peu recueillir touchât l'hiftoire des Tefmoins qui
{'jM ontfeellé parleur fang la vérité de la do&rinedel'Euangile deuant ceux,
quien les condamnant ôifaifant exécuter ont non feulement faift paroi-
ftre leur iniuftice 6c cruauté:mais aufsi ont maugré eux ferui d'inftrumcns,
par lcfquels Dieu à fai& reluire la foy &: confiance de fes fufdits fidèles feruiteurs.
Or comme Satan eft abondant en toutes fortes decruautez,Ô<:inuentetousles Noùuéaus
iours nouueaux moyés pour empcfcher le cours delà parole de Dieu, il eft aducnu que m0yés oP-
plufieurs fidèles ont efté maiîacrez(ainfi qu ila efté dit ci dcfTus)au milieu des troubles Polcz JJj,
& guerres, fufcitecs contre la vraye Religion en plufieurs endroits de l'Europe,&: mcf- Eu"„gue."
mes au royaume de France. Vrayeft,quc les moyens defquels lesaduerfaires del'E-
uangile ont vfé en ces dernières années , font aucunement différents de ceux dont ils
DDD. iii.
conclusion.
vfoyentau commcncemcntrmaistant y a qu'ils prouiennent cous d'vncmcfmefour-
Staemcf ceJa^auoirc^e Ia haine qu'ils porcentau règne de noftre Seigneur Iefus Chrift: parla-
meiburec. quelle ils le bandenc li furieufemencconcreluy.Cadonqucs elle vnc merueillcuferu-
fe du diablc,en cequene pouuanc efteindre ceftegrande lumière qui apparolToit en la
côltanec desMarcy rs execucez par les lenteccs & arefts des iuges,ila taiché de l'obfcur
clr,les faifanc meurcrir par la fureur de la guerre/ous preeexee de fedicion &c rébellion,
dont ils ont efté\& (ont cncoresfaulTcment acculez . Mais ceux à qui Dieu a donne
vmSus les ^cs ycux,pcuucntaflez facilement voir que c'elt la feule dodrine à qui on s'attache :&:
apperçoy - qu'on la voudroic eitcindre,fi on pouuoic , par la more de ceux qui en font profefsion.
ucot. k-fquclseftans accablez par les armes du peuple, méritent bien d'eftre mis au nombre
deccuxquipar cy deuantontioufïerr lamort,parriniuftecondamnationdesiuges.
Ec derechef iedy,&: m'alîeure, que Dieu ne permettra pas que leur mémoire fbitenle-
Hiitoirc rc uelic,mais pluftollfufcitera quelques vns,qui puiffent fidèlement reprefenter à la po-
dernierr" fteruélcs cruaucez barbares , & leshorribles tourments par oùles Egîifes reformées
tempi. ont paiTé,&; où encores elles font à prelenc détenues en plulieurs lieux.
C ar li nousappclons Martyrsceux-laquionc elle exécutez vnàvn p.tr Iuttice_jt
cpu)T*' ainii qu'on rappellcQueiera-cede cane de milliers d'exccllés perfonnages qui ont c
lté marcynfez comme tout en vn coup, lors qu'en lieu d'vn Bourreau il y enacuinfi-
infînubour nis & quelcs glaiues desfoldats&du peuple ont elle lalov,leiuc:e&: l'exécuteur des
veaux pour n. fi' ' i,r ir
vn. plus effranges cruaucez qui ayenc ïamais cire exercées contre 1 Eglile ?
A vparavant on faifoit mourir les fidèles fous couleur d'herefic maintenant
îcTcSïSJ on les accable lous pretexcede rébellion: mais tourainfi uieles ennemis de l'Euangile
aulicud'hc appdoyëtJferetiques ceux quicroyencenla pure parole de Dieu,ainii maintenantes
rcllc- appellent Rebelles ceux-laqui delirans obéir &:fcruir à Dieu félon les cômandemens,
font toujours prefts de rendre à leurs Princes la fubiedlrion 6c obeilfance qu'ils leur
doyuenc.
Rufesinuc- Ce n'eft decefte heure que les fuppolt deSacan oncvlé du mafque de Rébellion^
terecs. pour defpnfer la venré de l'Euangile:Car outre ce que les Hiitoires anciennes en réci-
tent,nous auons veu de nollre temps qu'on a exécute plulicurs fidèles fous couleur d-
auoirrai£t contre les placars,cdits 6c ordonnances des Princes.
E-rmeimes en l'an m. d. LX,iladuincen France, qu'après que par vn edift donné
L'Ediâ de ùRemoraunn, François fécond lors régnant cuit renuoyé la caufe delà Religion par
Rcmorun- ^euât leurs luges EcclefiaJliquesjLÙttam aux luges Séculiers la cognoiiïance des fedirieux:
(aiali appeloit-onceux qui s'adembloyent pour prier Dicujlelquels fa Maielte' vouloir
eltre pendus <S£ eltranglcz: Alors M. Gilles Magiftri,qui eftoiten ce cemps-la premier
Le but ! confeillerau parlement de Paris, ne fe peulr. tenir de >J£uHs pendroyent les fidèles co-
perfcciïtiôï me feditieux}& les eflrangleroyent commet hérétiques : rîefcouurât allez par cela que quel-
déclaré par qUCS prétextes &C delgutfcmens de noms qu'ils cerchent,ils n'ont autre buten tou-
Magiftri^ Ms leurs perfccucions qu'ils font , que d'abolir la doctrine de l'Euangile:&: arracher du
ciel, s'il elloit poflîble, celuy qui elîant monte par de/fus tous les cieux,rcgnera au mi-
lieu de fes ennemis, iufques à ce qu'il les fera eltre le marchepied de fes pieds, puniiîanc
de fa mite Vengeance les cruaurezcommil'es contre les liens. Alors les mentonges 6C
calomnies donneront lieu à la vcritc,&: la pacienec des fidèles Martyrs fera couronnée
d'vnc éternelle gloire 6c félicité.
LES
L6S J^OMS DES %M A R T T R S ,
def quels, ou l'hijîoire eft contenue en ces huit Liures>ou la
mémoire en es! exprejfement faites.
Le nombre est félon les Pages contenues en ce Liure_j.
Dam de Mets, a M etsy 14 2
vjfaj^AdamVVaâacc.Ffioffois iç2.b
Adolphe Clarebach,Alemand,à Coulogne 70
Adrien Daup, dtt Douliancourt,Picard,à Pa-
ris. 523
Adrien de Lopphen,Flamen 39$
Adrien le Peintre .a. Anuers 7/ 3
vn Affetfeur de cuirs , en Angleterre 437. b
Agnes F aufler, Angloife 423
Agnes George, Angloife 437^
Agnes Snode, Angloife 42 3. b
Albigeois bru (lez. s
Alexandre C anus, autrement Laurent de^j la
Croix .Normand 7 S
Alexandre^ Datken ,de Brefacs Ic^afeau
éoo.b
A 1/feSp enfer .Angloife 424
Ammon 424
André Griffera Dammartin 336
André Huet.Anglois 77
André Michel,aueugle.de Tournay 5$4-b
M. Angel pafteur,Zelandois 4s 9
t^4nnc du bourg.confeiller au parlement de Pa
ris $2s.b
Anne Albrigt, Angloife 423.b
Anne A fkeuc, Angloife^ 164
Anne Audeberty Angloife 17 9 b
Anne P otten,Anglotfe_j 423 b
Antoine Burvvard, Anglais 36 5 .b
Antoine Caron.de Cambray 617
Antoine Laborié,de£hterct.à Chambery 3S&
Antoine cJW agne.d'Auuergne 26 9
Anthoine Pcrfm.Anglois 106
Antoine Vcrdrickt.Flamen . ///
Archambaut Seraphon.dcLamoleyre en Baza-
dois 4//
Armeric Prince. François' s
Arnaud Diertx, Flam en 460
Arnaud Monter. Gaf on /34<b
Asken, Angloife 437 -b
Auguftin Barbier. Hainuyer 17 7 -b
Auguftin Marlorat» minijhe de U parolier de
Dieu a Rouan éti
Aimond de la Voye. Picard 9 9 a?
B ,
Barlet,ou Barthelet Grenc.Anglois 424b
Barthelemi Andouin.dit de Beffa.pres de Bri-
3<*
3*7
$2
4>7-b
42.b
449
S98-b
gnôles i76.b
BarthelemïGrene.Anglois
Barthelemi II cttor,Poitewn . 437. b
B arthelcmi de Hoye, Liégeois ^7
Baudichon Oguier.de ifjle en Flandre 42 j .b
Beghard Aleman.a Erphurd y
Benoit Romien,D 'Auphmois 4J 9
Bernard Seguin, dc~> la Reole^j en Bazadots
20Q.b
Bertrand Bataillefiafcon)
Bertrand le Biis.T ournifien
Bouffon le Neu.T ournifien
C
la Catelle,maijhejfe d'cfcole a. Paris
Catherine H ut, Angloife
Catherine S aube, Lorraine
Charte Coninck^Gantoù
Charle Eltnc,de Honfcote
Charte Faure ,dc-J Blanz,ac enAngoulmois
226
Chrefiten de guckere,Flamen $S9-b
Chrifophe de Arellamo, a Se utile s 4 4 b
Chrijîophe Lyjler .Anglais 4,37. b
Chrifophe cI<lj Lofida , médecin , à Seuillç^f
S44
Chrifophe Smith, de Bruges
Claude de la Caneftere,P ariften
Claude^ du Flot,d Artois
Claude Mcnier,d A uuergne
Claude le Peintre, Part fie n
Claude Thierry, de Chartres
Conjlantin ejr fis compagnons ,en Normandie
106
Corbtrley,Anglois 437.b
vn Cordonnier Anglots , a Maffeld 437. b. à
Morthampton
Corneille Bungaye,Anglois
Corneille Ualcwyn,à Anuers
Corneille Volcard, a Bruges
Cornelia,à Seuille
vn Couflurier,à Paris
Ccuvbrig.Anglois
Croter,Anglois
Cutbert Stmfon.Auglois
D
la Dame de Chafeatt
Damian Witcocq^Uainuyer
Daniel Galland, F l amen
63s
38*
(>Ô4.b
1S2
97-b
I79.b
437-b
31 S b
SI2.b
ipi.b
$42
178
S6
437 -b
472-b
S
306
S69
Dev/t PelocjHW,dcBlois
D enis de Rtettx.de Rieux
Bénis le Vair, Normand
vt> Diacre ^Anglois, à Exford
Bim/lerman, Andois
BrtanderEnftnas ,Ejpaignol
Bu Roujfeau
Bu/lotte Chettenden, Anglois
E
Eckhard,a Ueidelberg,
Edmond Hurft, Anglois
Edmond P dus, Anglois
Bdmonde Hurft
Ehfabct Paper^ngloife
Eiifabet T haettel,Angloife
Enz,inas, dit Briander,Ejpagnol
Eftienne b ourlet \ T ournifien
Eftienne Brun,Bauphinois
Efttennes des la Forgea-, T ournifien
Noms & Surnoms des Martyrs.
23p. b Gaultcri,bruftéa*Aixen Irouence 17 6.1
70 Geoffroy Varagle,Piedmontois \^C6
3P3 Geoffroy Gtterin,Normand>aP'aris 4gS
S 9 George ^4mbroife,a Londres 437. h
361 George Baynam,a Londres
J+S .b George Bing,en la tour des Lolards 36 $.b
4$i.b Georges Bradbridg,en Newgat, à Londres
437>b 36$.b
Georges Carp entier, d'Emering, a Munkett
6 9
George librairt,bruflêà Vienne en -Auftriches
67
George Marché, Anglois, a VVeftceftre 317 M
George Catner, en Nevvgat à Londres 36^ .b
George mimjlre de Hall, occi près Afchembourg
S
437-b
43-jb
442
437. y
A37&
ijS.b
$2.b
94.b
Efttennes Grauot,des Gyan fur Loire , à Lyon
263.A
Eftienne Harvvod, Anglois 36 4. b
Eftienne Knygt-, Anglois 3is-b
Eftienne Mangin,à Meaux 16 1
Eftienne Peloqutn,de Blois 17 S
Eftienne Pouillot, Normand 17 0 .b
Efttennes le Roy,de Cheauffours en Beaujfes
27 4. b
F
Fanino Italien 17 9^
*une Femme aueuglc,Angloifc 417 -b
la Femme de Michel, Anglotfe 42 3. b
la Femme de P olkins, Anglotfe 4}7>b
Ferdinand des Sainft-iuan, a Seuilles S4*-b
Florent V enot , de Courginot près Sedanesen
Brie 179
Florentin de Coulogne S7 $
Fortuné, Anglois^ 437 -b
FrancifcadeChaues,àSeuille . 544
François Brtbard 114
François du Calu et âip.b
François le Clerc,a Meaux iGo.b
'François Gamba, Lombard 2pi.b
François Matthys, de Malines 38s
François Niz.e,de Lembourg 7 03
François Rcbezies , sT^Aftaforten Condonnois
475>b
François des Sant Romain^ EJpagnol,en An-
uers J3{b
François Varlut,T ournifien 600. b
Frideric Banuill<Sides C 1er on en Bearnfa,
Paris 4$j.b
G
Gabriel Beraudin, de Lodunjbruftcà Çhambe-
ry jSi
GaftarTamber, brufté à Vienne en*Auftriche
■ *7
é2
George Egle, Anglois ^t.b
G eorge Rop er, Anglois 37f.b
George Searles^ Anglois 437. b
George Tardif, a Sens en Bourgongne +$i.b
George Tankerfcld, Anglois 362 .h
Gilles le Court ,de Lyon $2 j.b
Gilles Til/cman, Bruxellois io2.h
Gilles Vcrdrickt, F lamen jap.b
Gillot Viuier,de Saincl faune 184 .b
Cuber de Battembourg,à Bruxelles 7oi.b
Godcfroy de H amelles ,dc N iuelles,aTûur»ay
iSâ
Grégoire Painter^n^is
Guy de Bres,de Mons en Hatnau
Guillaume Aheral,miniftre Anglois
Guillaume d'*Alençon,de Mont-auban
Guillaume Alyn,r^Anglois
Guillaume André , Anglois
Guillaume Baume for d, ^Anglois
Guillaume Butler, Anglois
Guillaume Cocker, Anglois
Guillaume Cornu,de Haynaut
Guillaume Bigel,*Anglois
Guillaume de Dongnon,Lymoftn
Guillaume F ofter, Anglois
Guillaume Frekin,de Lembourg
Guillaume Gardiner,en Portugal
Guillaume H ar le s ,-Anglois
Guillaume H 'opper, -Anglois euefque
Guillaume Hunter, Anglois
Guillaume Huffon, François
Guillaume Leache, Anglois
Guillaume H ierome, -Anglois
Guillaume Holivvel,<Anglois
Guillaume Michaut,a Langres
Guillaume N eel,de Normandie
Guillaume Sautree,preftre Anglais
Guillaume Stere,*Anglois
Guillaume T aylour, Anglois
Guillaume Touart,de Lifte
Guillaume Thorp,preftre Anglois
jrjs-b
673
4376
277
3<>s-y
3<SS*
362 b
32p
36 '2, .b
62s
3i7
H9
437 ^
703
'94
36 4 -b
362b
317
13*
437-b
p6.b
437-b
171
269
6
362M
4*
yo4.b
6
Guillaume
Noms & Surnoms des Martyrs
Guillaume T hrace,home d'armes Anglois 72b
Guillaume Tyndal Anglois, a Viluord 8j.b
Guillaume T ymmes,mimflre Anglois 437 b
Guillaume VVhyte ou,le Blanc 48. b
Guillaume VViffeman, Anglois 3 7 s.b
Gujraud Tauran,de Jguercy 338
H
Honon le Feure.de Saintf-fauue près T ournay
/84b
Heftor Remiyde Bouuigny en Artois
Hemond Picard, bru (lé à Paris
jod.a
SS
Henry Adlington, Anglois 437 -b
II enry Butinot,a M eaux j6o.b
M.Hcnry,Flamcn,a 'T ournay 70
Henry le Couturier -,a A nuer s s12
Henry Grunfilder,<^flcman 47 Jb
Henry Laurence, Anglois 36 2. b
Henry Poille,de Biie S 2
Henry Pond, Anglois 47 2. b
Henry Radtgeber, Aleman 47 -b
Henry Sufphen.de Dietmar Ci.b
Henry Foi: z,,à Bruxelles jS.b
Henry VVte> Anglois 437 .b
H enry c Adlington 40.2
H enrye VV te gaufres de Stratfort 44*
Herman Ianffen,lî olundois $12. b
Hier orne Cafabone,Biernois 440.b
Hieromede Prague ,B oh emienfa Confiance
36. a
Hierome SauanaroLt, Italien
Hirtpoole, Anglois
Hiftotre de l'an des Placars de Paris
Hijloire des Perfecutions de Paris
Hifioire de le an Zifca, Bohémien
Hijloired'vn homme demejtier,bruflé en <vn
tonneau en Angleterre auec vne confiance
admirable,? an 1 310 s.b
Hubert Burre, de Bourgongne 178.0,
Hubert l Imprimeur, à B ruges ipi.b
Hugue DeJlailleur,TourniJien 633
Hugue Foxe,chaujfetter ^72^
Hugue G ramer, du CM aine, a Bourg en Brejfe
239.*
Hugue Latimer,euefque Anglois
Hugue Lauerok, Anglois
Hunfioy Midelton ,en Angleterre
Hunter Buruovvood
I
James G crie, Anglois
laques Abs, Anglois
laques Bouchebec,a CM eaux
laques Boulereau,à Langres
laques Bretenayji Langres
Jaques ChobardyLorrain
laques, compagnon de Philippe Cene3a Dijon
454
M. laques DienJfard,Flamen 5S9'^
SS.o
437 -b
79
474
<\2.A
382.4
437 -b
358. b
3i6.b
37S.b
0,2 4. a
i6o.b
171
J7\.b
iji.b
laques le Feure,de Santt-fàuue près T ournay
iS^.b
laques Liefe, Anglois 36 j .k
laques de Lo,de t ijle en Flandre s6 3
laques M or ton, Anglois jo.b
laques Pauane s, Boulenois ét.b
laques Tuttye, Anglois 36 s.b
le an Adlam, Anglois 16 p
le an A Icok, Anglois 317 .b
le an Almaric,de Prouence 49 ob
le an Ajlon, Anglois s. a
lean Barbeuille, Normand 514b
leanBaudouinfaMeaux léo.b
lean Beffroy,a Paris S*4'b
lean B ertrand, Vendofmois 43* -b
lean Beuerlau,minifirede la Parole, Anglois
J4.b
lean Bland, Anglois 3s t
lean de Bofiheres,de Bruxelles s&8.o
lean Briffèbarre,a M eaux îôo.b
lean Bradfort,minifire Anglois 3^ b
lean du Bordel ,en l' Ameruque 460. b
lean Brovvn, gentil-homme Anglois 14})
lean Brugiere, Auuergnois 171b
lean Buron,du bas Poiclou 456. b
lean des BuiJfons,à Anuers en Brabant s*9.b
lean de Bucz,,Flamen lyo.a
lean Caillou, de T ours en Tour. 4 8i.b
lean Canel, Anglois 437 -b
lean de Carcquignan , a Pignerol S7 3&
lean Cardmakcr, Anglois 321
lean Carels, Anglois 4.37, h
lean Cafiellan, Tourntjien 62
lean Catel,Flamen ijo
lean du Champyde Bauay 4Po.b
le anClarcke, Anglois 437 -b
lean Claydon Anglois ij.b
lean Clement,bofquillon, Anglois 4$7-b
lean Cornon,de Brejfe en Sauoye 8/
lean de C attirée, de Limons 73b
lean de Gaz,es,Gafcon 434-b
lean de Crues, F lame n $62.b
lean Dauus, k^A nglois 472 b
IeanDenys, de CÏfle en Flandre S7*
lean Denleye, Anglois 361
lean Denny, en Angleterre 437 d?
lean F) e frêne aux 3 F lame n 664.0.
lean Deuenyfch, Anglois 47*>b
IeanDiaz>e,Efiagnol isi.b
lean Dorefal, Anglois 437 -b
lean Draendorf,de Mifne 47 Jb
lean du Bec, de s Ejfars , près Sedan en Brie
114b
lean du B ourg,marchant à Paris 82
lean Erdley, Anglois 3X p
lean Filleul,} Saincl Pierre le Mottftier en Ni
uermis 28p.lt
Lean FlefiheJ tàeaux
Iean F lond, -Anglois
Iean Forman-. Anglois
lean Frank s, Anglois
Jean Frytq, ^Anglois
Jean G ode au Je C binon en Tour aine
Iean-Gonzalue,à. Seuiile
Jean de Gratte, Flamen
Jean le Grain J '.Artois
Jean Guyne, Anglois
Jean le Grand \d' Arm entière
'Iran H amon, Anglois
Jean H art. k^A nglois
Jean Harrifon, A nglois
Jean Ilernandesfa Valdolit
Jean Hervvin, Flamen,
Jean Hefh^x Bruxelles
Jean Iloillyardc,miniJlre Anglois
Jean Noopcr,eiiefque Anglois
Jean H orne ■> Anglois
Iean Huilier, pafteur Anglois
Jean Hus, Bohémien
Iean Loery, Albigeois
Le Seruitettr de Iean Ioery\
Iean lfabeau.de Bar fus Aube
Jean Iudet,a Paris
Iean Keifer,
Jean de Lanoy, à T ournay
Iean LacelstAnglois
Iean Lander, Anglois
Iean l' Anglois -.Bourguignon
Iean Laurent^ Anglois
Iean le Clerc-.de Meaux en Brie
lean Lavvmas, ^Anglois
Iean de Leon->à Seuiile
Iean Liefe-, A nglois
Iean Louys Pafcal-.Picdmontoù
Iean de Mxdocje Languedoc
Iean Malo, ILainuyer
Iean M arbek. ^Anglois
Iean MarlarJ'Orchies près de Douay
Iean Maf'-.<^Anglois
Iean Mathefon,à Meaux
lean Mord Je Caux en Normandie
Iean Mutonis-,Prouencal
Iean Nicolfon,dit Lambert ■» Anglois
Iean Nevvmans^sf nglois
Iean Oldcaftel.feigncur de Cobham,Anglois
Iean ofewarde-,isf nglois
IcanPeintre,<^Anglois
Iean Pbilpotjocicur ^Anglois
Iean Pic->Tourmficn
lean Piquer y, a féaux
Iean Powtet-.de Sauoye
lean Porceau,FLainuyer
lean Porteur ^Anglois
ISÎoms & Surnoms des Martyrs
iôo.b
437*
3SS
74
SSi
660
702
437-b
704
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Iean Puruey^n^
Iean Rabecje Normandie
Iean Roger s -.^A nglois
Iean Ros,en ^Angleterre
Iean Rothcyt^A nglois
Iean S la de ,U 'nglois
Iean Sorret, d'Artois
Iean Sp enfer ^nglois
Iean Symfon -.^Anglois
Iean T affignm,a Langres
4oS.b
I93.b
424.x
437.b
47 2. h
706
437-b
32Ç.O.
171.0.
b Iean T rigaletje Laguedocfa Chambery 358. >
Iean T ufcaen^Flamen 666.b
lean Tujlon , Anglois 42 3. a
Iean van AkenjAix 70$
IeanVernouyPoiteuin 349.x
Iean Fpri/è,au eugle ~A nglois 437. h
1 e an VVade ^nglois 3éj.x
Iea n VVaren-, -Anglois 32 1 .4
le anVFent, -Anglois 423.4.
Iean FFeb, Anglois- 37 , b
lean FFicleff. Anglois 1
Iean de VVoij r\d\ Audenarde dis.*
Iean de l 'Fordejfollandois Cù.b
le an ne B.iilly,a Langres . 171
leanne Bêches, .Angloife 437-b
leanne de Bohonhes-,a Seuiile ^2
b leanne femme de Robert Oguyer,à Lifle 4Z8.X
leanne Graye fille du duc de Sufolc,
Ieannc Ilorne.a Londres
leanne Lashefôrt,à Londres
leanne Peintcr.a Canturbie
lean m de Salonnez,Flamcngue
Ioanne Seionrnan,a Langres
leanne Soalle^ngloife
leanne de Sylua,
leanne Velafjue
lofe de Cruel, Flamen
lfibella de Strada-.cn Fjpaigne
ifabel de V<ema,Fjpaignolle
lulicn H ernandes-. a Seuiile
lttlien LetteilUyde S an ferre
lusle Iusberg , de Louuam
L
Lan ce lot, fèrgent royal, Anglais
Lanutbûïha Huntmglhon
Laurent Parmen-.a Siratforde
Laurent Saunders, miniflrc à Londres
Laurent de Bruxelles, a M on s
Léon Coyxe,a Stratforde
Léonard GalimardA'endomois
Léonard du Pré,Limâfin
Léonard Kcifer^leman
Lieuin de Bleekere
Lollards en -Angleterre
Louis de Berquin^gentil-homme
Louis Courtet
Louis de MarfaCiBourbonnois
26\.&
437 b
421*
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s
70.b
92
M
M
MacéMereau.à T royes en Champaigne
Marc de Lanoy.T ourmfien
Marguerite le Riche.a Paris
Marguerite Boulard,d Orchie
Marte BecaudeUe,des Effars
Marie de Bohorche,a Seuille
Marie de Viroes
^Marin Marié .Normand
^Marin Rouffeau.à Paris
Matthieu Limon et, de Lyon
Matthieu Haguer,à Berl en Allemagne
Matthieu Rycarbie.*A nglois '
Matthieu Fermeil,en la terre du Brejïl
Matthieu FFethers.a Londres
CUatthinette du Buijfet,d' Orchie
Matttrin auecleanne Ça femme
Maundrelle.li S ait sb une
jSiJf
704 b
S22.b
97-b
82. b
(JMamice Secerut.de S, Saturnin près Colet de
Deze en Seuennes 1 S s
CMichel CailIon}'a M eaux léo.b
Michel \dit Miquelot,TourniJien 171
Mtchelle de Caignoncle,* Valencenes 184 .b
N
Nicaife de le Tombe, a T ournay 6 '2$. a,
Nicolas d'Anuers.à Anuers 6 1
Nicolas Balon.Poiteuin \ S2o.b
Nicolas B elenian, A nglois 169
Nicolas Ce ne. Normand 484
Nicolas Chamberlain , A nglois 32 ç
Nicolas du Chefne.Champcnois 38s
Nicolas Clinet.de Xaintonge 48 2. a
Nicolas Croquet.de Paris 7 04
Nicolas l'Efcriuent, a Arras 82. b
Nicolas François I7ô.b
Nicolas If ail, a Rochefire 361
Nicolas H olden ^nglois 4 37
Nicolas de Ienuillefa Ienuille 48 2. b
Nicolas Matthys , a M aimes s 8s
Nicolas N ail, du Mans 26S.b
Nicolas Ridiey ,Euefquc de Londres 37 s. b
Nicolas du Rouffeau.Angoulmois 4SS.A
Nicolas Sceterden A nglois 3_s8.b
Nicolas Valeton.de N antes en Bretagne, Si.b
Nicolas Fanpoule, F lamen 130
0
Ociouten Blondel.de Tours en T ourame 174.4
Ottho, ou OefiCate line, Gantois 2S7.b
P
Taris Panier, de Salins au conté dc^> Bourzon-
gne 2^7. b
Patrice H amelton,Efcoffois 71Û
Patrice Patinghan, A nglois 362. b
Paul Cravv, Bohémien 48. b
PaulMtlet.dit Cheualier 6s S- b
PhilibertHamelm.de Tour aine 4s 0. a.
Philibert ,menujier3a Bruges j pi,b
Noms & Surnoms des Martyrs.
Philippe Cene.de Normandie 454.*
Philippe de Gafiines -704
Philippe de Lus. damoifelle du Grauero 48y.a
Philippe Parmentierfa Paris S2$.b
Philippe petit. à M eaux , iôo.b
Pierre Annood,Flamen $6 ç. a
Pierre *Arondeau. Angouhnois 323. b
Pierre Bergier,dc Bar fur Seine 2 36. a
Pierre Bon-pain, à Paris 164
Pierre Bourdon.enl' Amérique du Brefil46o.b
Pierre Brully,miniflre.aTournay ' 134M
Pierre le Clerc.a M eaux i6o.b
Pierre Chapot.Dauphinois 16 p
Pierre Cheuet.de Ftlle-parifi 316. b
Pierre Denocbcau,de là Beauffe 274Ù
Pierre Efcnuain,de Boulongne^j en Gafiongne
202.b
Pierre Flijlede, allemand 7 0
Pierre Gabart, l'oiteuin 484 .a
Pierre G au de t, du F al de G allie * an chafleau de
S\2
la mefmc
522
S23.b
2S2.b
S4.b
472.b
4ôo.b
^7 2. b
io6
S73.b
437-b
Penay 83.a
Pierre Hamon,de Blois 7 o3.b
Pierre Le petit, a i ijle en Flandre S74>a
Pierre Milet.champenois $24. a
Pierre Mioce, T ourmfien 130. a
Pierre Nauiheres.de Limoges 2ip.a
M .Pierre, Pajleur a Douay en Flandres 8 9. a
Pierre Piquery,a Meaux léo.b
Pierre le Roux,à Bruges rpi.b
Pierre de Rouffeau d'Aniou 414
Pierre Serre de Languedoc 27 6. b
Pierre Toraw allemand 47}}
Pierre de la F au, de Languedoc 2p3.b
Pomponius ^Algier.Neapolitain 36 s. b
Popd' Ayc.^A 'nglois 36. 4
Quatorze Martyrs, exécutez à Meaux iâ3.b
Quatre cens fidèles brujlez a Paris, pour main-
tenir la F enté, l'an M. CC.X1. 6
Quatre Martyrs exécutez à Louuainen Bra-
bant
9J.t
Quatre vingts fidèles aufquels on trecha la te-
lle a P ans pour l Euangil<LJ> 6, a
Quoquillard.A Befançon en Bourgongne 82. b
R
Raulin FFhygth,^Anglois 317.4
Renaudme de Franqueuilleje Cambray éiô.b
23p.b
490,b
472.b
73-b
36 2. b
704
. A72.b
261
S6.A
102
René Poyet.K^Angemn
René du Seau Je Xantonge
Reynod Lauonder
Richard Bayfildj^A nglois
Richard 'Coller, x^-f nglois
Richard de Gajlines,de Pari:
Richard H erris,K_A nglois
Richard Hork,~Anglois
Richard Hun.^f nglois
Richard Mekins,Anglois
Richard Nkhol,Angl<rU 437.6
Richard Smyth^nglois 365.6
Richard Spenfer,^Anglois 101.6
Rkbard Spurge^^Anglois 4j'7-^
Richard Turmyn,^A nglois 1 5 .6
Richard Wrigth ^nglois ^2. h
Richard le Feure>de Rouan 2-77-6
Rôhert Barnsydu eontéde Nordvvic 96.6
Robert Drakes, minifire ^A nglois 437*6
Robert Ferror^uefque ^A nglois 3 14
Robert Glovver->CÀ r nglois 371 .6
Robert Oguier-, de Life en Flandre 415
Robert Samuel,^A 'nglois 3 64.6
Robert Smy t h ,^Anglois }6i.b
Robert Steuter-,^ nglois 365. 6
iî^r* Teflvvod, t^A «g/fli* 1 06.4
iW; , afc 5 rabant,execut cen Ejpaigne 1 3 4
Jiodulphc Iacfont\^A nglois 441
Rogier AcTon,chcualier de l' ordre, A nglois i^.b
Rogier Cirierj^A nglois 3 61 .6
RogierDul 54.6
RûgiefHolland,Anglois /fji.b
Rogier du Monade Tournay 626
Rogier.de Nortfolc, Anglais 164
Roland Taylot \ Anglais 3 0 <* .6
S
Sanc~tinNiuet,dc Mcattx
le Seruiteur de lean Joeryy Albigeois
le Seruiteur d vn marchant o4 nglois
Simeon Jfermé,dc l'ijle en Flandre
Simon Brofieren Perigueux
Simon Gutliemin^de Ï/Jle en Flandre
Simon! o'me, ^A nglois
Simon Laloé,de Soijfons
Stmon CMarcfbal,à Langres
Spencere>^A ngloife
SpicerAnglois
Spurdanc,^A nglois
cr
T aurin Grauelle,de Dreux 4S2M
T hierry de B 'attembourg,a Bruxelles 7oi.b
T bornas Abington, cinglais 437 .6
T homas^au vigie, A nglois la mefme
Thomas Bernard, Anglois io2.b
Thomas Bilnce \prefcheur Anglois 72.a
437*b
Noms & Surnoms des Martyrs.
Thomas Brovvn>Angtyis
Thomas Bugle^a Londres 42. b
Thomas Calbergue,de Tournay 2po.b
Thomas Cauflon, Anglais 3 / j.b
Thomas Çranmer primat d'Angleterre 416 ut
Thomas Cromcl, conte d'Ejfexe, Anglois ç zjt
'73-6
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437-6
f}%.a
62.0.6
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171.É
437-£
x 437-^
là mefme
T h ornas Bovver, Anglois
Thomas Cobbe Anglais
Thomas CaéyAngloss
Thomas de Bongay, A nglois
Thomas de SaincJ-faul,de Soiffôns
Thomas Dokçe, ^Anglois
Thomas Disagat/u Dungat,Anglois
Thomas Euerfôn ,A nglois
Thomas G arc et > nglois
Thomas G orway^^A nglois
Thomas M arland, ^Anglais
Thomas HauxyAnglois
Thomas H ayvvar de ^ Anglais
Thomas Honnoré,a Meaux-
Thomas Hoode>minijtre ^Anglois
Thomas Hyqby,^A nglois
Thomas Hytten^minijhe ^Anglois
Thomas Monfarde,de Valencenes
Thomas Tolmon^de Lembonrg-,
Thomas MyU.es ^minifire A nglois
Thomas Norys, Anglois
Thomas Ojmundc, Anglois
Th ornas Par et, Anglois
Thomas Rauendale, Anglais
Thomas ,Re de ,*A nglois
Thomas S cwth an, Anglais
Thomas Spurge, ~A nglois
Thomas Tomkrns, Anglois
Thomas VVatelet,de Francimoni
Thomas VVat s Anglois
T h ornas VVithed,Anglois
Thomas VVttlé,mimfire Anglais
vn Tijferand A nglois
vn Tifferandde CouberonJ Meaux
vn T ondeur de drapybrujlc à Montpellier 277
la more Trie , Angloifc
V
VVauldrue Carlier, Hainuyere
William H ollivvel, Anglois
VVolfgang Schuch,Aleman
V Voûter 0om} d' A nu ers
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457 -b
3oS.b
442.*
64. a
Ô24.b
F I Kj
Léon-E. HALKIN
Professeur a l'Université de Liège
TABLE ALPHABETIQUE
DES NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX
DU MARTYROLOGE DE JEAN CRESPIN
CENTRE NATIONAL DE RECHERCHES D'HISTOIRE RELIGIEUSE
Liège
1964
Jean Crespin publia la première édition de son célèbre Martyrologe à Genève, en 1554.
Sur la formation de l'ouvrage, ses éditions diverses et sa valeur critique, on peut consulter :
F. Vander Haeghen, Th. J. L Arnold et R. Vanden Berghe, Bibliographie des Martyrologes pro-
testants néerlandais, 2 vol. in-8°, La Have, 1890 ; — A. Piagct et G. Berthoud, Notes sur le Livre
des Martyrs de Jean Crespin, in-8°, Neuchâtel, 1930 ; — L.-E. Halkin, Les Martyrologes et la
critique, dans les Mélanges historiques offerts à M. Jean Meyhoffer, p. 52-75, Lausanne, 1952 ;
— G. Moreau, Contribution à l'histoire du Livre des Martyrs, dans le Bulletin de la Société de
l'histoire du protestantisme français, t. 103, p. 173-199, Paris, 1957.
L'édition de 1570, — dont notre Centre a fait faire la reproduction anastatique, d'après un
exemplaire aimablement prêté par le Musée de la Réformation, à Genève, — fut la dernière que
Crespin publia lui-même, deux ans avant sa mort. Il s'agit là d'une œuvre historique sérieuse,
mûrie et, par ailleurs, rarissime. Les éditions ultérieures, — un peu mieux représentées dans nos
bibliothèques, — ont supprimé de longs passages de l'édition de 1570 et, en s'éloignant des faits
qu'elles rapportent, elles n'ont rien gagné en autorité. L'édition de 1619 a été réimprimée au siècle
passé : Histoire des Martyrs, introduction et notes de Daniel Benoît. 3 vol. in-4°, Toulouse, 1885-
1889. Si méritoire et si utile que soit cette publication, elle ne répond pas adéquatement aux exi-
gences de l'érudition contemporaine ; ce n'est pas une édition critique donnant les variantes du
texte, précisant ses sources et éclairant ses problèmes. Sans doute est-il encore trop tôt pour une
édition critique qui exigerait de nombreux travaux préparatoires et entraînerait une comparaison
approfondie des divers Martyrologes : une telle entreprise ne pourrait être réalisée que par le con-
cours d'une équipe internationale. Dès à présent, on trouvera dans la reproduction du Marty-
rologe de 1570 un élément essentiel et une base solide pour le travail de l'historien.
Si l'œuvre de Crespin est digne de foi, malgré ses préoccupations apologétiques, son éru-
dition n'est point impeccable. Des erreurs déparent son récit, mais il reste le seul, en langue fran-
çaise, à nous donner le témoignage irremplaçable des martyrs de la Réforme.
Nous avons voulu rendre plus aisée et plus sûre la consultation du Martyrologe en le
munissant d'une table alphabétique très complète. Les six pages de tables que Crespin lui-même
a ajoutées à son livre sont nettement insuffisantes, comme on a pu le constater ci-dessus. L'index
historique de la réimpression de 1885-1889 est plus étoffé et nous a rendu de grands services.
Pour les martyrs anglais, nous avons consulté aussi les tables de la grande édition du Martyrologe
de John Foxe (4e édition, par Josiah Pratt, 8 volumes in-8°, Londres, sans date).
La présente table comprend tous les noms de personnes et de lieux, ainsi que leurs va-
riantes orthographiques. En outre, pour faciliter les identifications, elle cite trois fois chaque martyr :
à son nom, à son prénom, au nom du lieu de sa mort.
Les noms de personnes et leurs prénoms sont imprimés en caractères gras ; les noms de
lieux en bas de casse. Les variantes ou graphies anciennes, imprimées en italiques, renvoient à la
forme communément admise. Nous ne tenons pas compte des particules dans le classement des
noms de personnes.
Les noms de personnes sont suivis, autant que possible, d'une qualification brève : martyr,
condamné, suspect, théologien, professeur, docteur, réformé, etc. Ceux qui sont morts en prison
pour leur foi sont indiqués comme tels, mais leurs noms sont repris dans la liste des martyrs de
la ville où ils sont morts. Les martyrs dont Crespin ne donne pas le nom, ni le prénom, sont
rappelés sous la lettre N. et au nom du lieu de leur martyre. Quand Crespin indique seulement la
profession du martyr ou ses liens de parenté, nous ajoutons ces indications. Enfin, lorsque des
martyrs, non identifiés par Crespin, sont connus par ailleurs, leurs noms figurent aussi dans la
table. Lorsqu'un prénom sert de patronyme, ce patronyme est placé à la fin de la série correspon-
dant au prénom.
Les noms de lieux sont identifiés par la précision du pays et de la région. Quand nous
n'avons pu résoudre les difficultés d'identification, nous confessons notre embarras. Le lecteur voudra
bien excuser les erreurs qui ont pu se glisser dans cette table, malgré de nombreuses révisions.
Ont collaboré à la confection de cette table : Mn,PS Geneviève Moisse-Daxhelet et Paillette
Pieyns-Rigo ; Mlle Angèle Williot ; MM. Gérard Moreau et Philippe Muret. Ils ont droit à toute
notre reconnaissance.
3
A
Aaron, Aoron, personnage biblique, 138, 205, 335 v°, 337,
414 v°, 566 v°, 677.
Aarschot, Arscot, Ascot, duc de, 176 v°, 177, 177 v°, 475 v°.
Abacuc, voir Habacuc.
Abbes, Abs, Abbus, Jacques, martyr à Bury-Saint-Ed-
munds, 361, 423 v°-426.
Abbus Jaques, voir Abbes, Jacques.
Abdenago, personnage biblique, 505.
Abel, personnage biblique, 138, 154 v°, 209, 210 v°,
217 v», 223, 245, 271 v°, 346 v°, 359 v°, 383 v°, 500.
Abercromby, Abercromy, Jean, 196 v°.
Abercromy, voir Abercromby.
Abington, voir Avington.
Abiron, personnage biblique, 138.
Abraham, personnage biblique, 65, 75, 79 v°, 107 v°,
108 v°, 138, 140 v°, 187, 189, 199 v°, 200 v°, 205,
213 v°, 245, 272, 278 v°, 285 v», 311 v°, 318 v°, 335,
345, 350, 355, 360 v», 430, 466 v°, 508, 534, 552, 559 v°,
600, 610 v°, 612 v°, 614, 617 v», 637 v", 640, 674 v°,
679 v°, 680, 681, 686.
Abs, voir Abbes.
Absalon, personnage biblique, 346 v°.
Achab, roi d'Israël, VI v°, 161, 357 v°, 473, 604, 655 v°.
Achille de Harlay, président de la Tournelle à Paris, 516.
Acier, voir Assier.
Acle, Eccles, Erkek, Angleterre, Norfolk, 56.
Acton, Roger, chevalier, martvr à Londres, VII v°, 14 v°,
15.
Adam, personnage biblique, 75, 139, 189, 198 v°, 210,
220, 271 v», 275, 334, 334 v», 351 v», 369, 414 v», 463,
466 v", 572 v», 599 v°, 605 v°, 608 v", 612 v°, 677.
Adam, martyr à Metz, 141 v°, 142.
Adam le Conte, de Meaux, 161 v° - 163 v°.
Adam Foster, martyr à Bury-Saint-Edmunds, 437 v°.
Adam Wallace, martyr à Edimbourg, VIII v°, 195 v°-197.
Adams, Adlam, Jean, martyr à Londres, 169.
Adémar, Pierre, évêque de Maguelonne, 43 v°.
Adhérait, Aheral, Guillaume, martyr à Londres, 437 v°.
Adimant, théologien, 220 v°, 381, 495 v°, 508, 571, 692.
Adlam, voir Adams.
Adlington, Henri, martyr à Stratford, 437 v», 441 v°, 442.
Adolphe de Bourgogne, seigneur de Wacken, grand bailli
de Gand, 670.
Adolphe Clarebach, martyr à Cologne, VII v°, 70.
Adolphe de Nieuwenaar, Nieunar, 672 v°.
Adrian, voir Adrien.
Adriatique, 697.
Adrien, Adrian, empereur romain, VI v°, 479.
Adrien, couturier, martyr à Tournai, voir Jacques de
le Tombe.
Adrien, Adrian, dit le Peintre, martyr à Anvers, 512, 513 v°.
Adrien Daussi, Douliancourt, martyr à Paris, 523-523 v°.
Adrien Grongnet, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Adrien van Hamstede, Amstedius, ministre, 510.
Adrien de Loppem, Lopphen, martyr à Ath, 395.
Adrien Vossenhole, médecin, 649 v°.
Adrisia, voir Aldridge.
Aelmer, Jean, professeur, 264 v°.
Aeneas Sylvius Piccolomini, Pie II, pape, 42 v°.
Aepinus, Epin, Hoeck, Jean, théologien, 58.
Afrique, Aphrique, 133, 133 v°, 399, 400, 405, 406, 444 v°.
Agar, personnage biblique, 138, 312, 348 v°.
Agenois, province de France, 99 v°, 440 v°, 487.
Aggée, prophète, II v°, III.
Agnès, voir Jean(ne), papesse.
Agnès Fawster, voir Isabelle Foster.
Agnès Georges, première épouse de Richard Georges,
martyre à Stratford, 437 v°, 442.
Agnès (lire Christiane) Georges, ou N., épouse de
Georges, seconde épouse de Richard Georges, martyre
à Colchester et non à Norwich, 472 v°.
Agnès Hatheld, Anne Hatfeldam, mère de Thomas Cran-
mer, 415 v°.
Agnès Potten, Anne Pottene, martyre à Ipswich, 364 v°,
365, 423 v°.
Agnès Snoth, Snode, martyre à Canterbury, 423 v°.
Agostino Trivulzio, vice-légat d'Avignon, 123, 123 v°.
Agrippa, roi, 391 v°.
Agrippa, Cornélius, écrivain, 416.
Aheral, voir Adherall.
Aiello, Italie, Calabre, 549.
Ailewarde, Guillaume, voir Aleworth, Jean.
Aillens, Alenc, France, Bouches-du-Rhône ; — Jacques
Reynaud, seigneur de, 116, 119.
Ailly, Pierre de, Aliaco, Petrus de, évêque de Cambrai,
19 v°-36.
Aimé de Saint-Julien, Sainct-Iulian, second président du
Parlement de Turin, 458, 466 v°.
Aiston, voir Ashton.
Aix-en-Provence, France, Bouches-du-Rhône, 115-131,
176 v°, 470-472, 620. — Parlement, 115-131, 176, 415 v°,
470, 472, 539, 540. — Évêque : Antoine le Filleul. —
Martyrs : Barthélémy Audouin, Honorât Auldol,
Gaulteri, Benoît Romyen.
Aix-la-Chapelle, Allemagne, Rhénanie, 703.
Aken, Jean van, martyr à Limbourg, 703.
Akeren, voir Ekeren.
Akkergem, Eckerberguen, Eckerghen, faubourg de Gand,
Belgique, Flandre Orientale, 660, 662 v°.
Alablaster, Alebaster, Edmond, 422.
Alain, voir Lalaing.
Alain de Chadeville, augustin, 436 v°.
Alane, Alèse, Alesius, Alexandre, réformateur écossais,
92 v°-94 v°.
Alanus, franciscain, 413 v°.
Alba, Martial, martyr à Lyon, VIII v», 197-236.
Albe, Alve, Fernand de Tolède, duc de, 521 v°, 701,
703, 704 v°, 709.
Albert, margrave de Brandebourg, 485 v°, 493.
Albert de Brandebourg, archevêque de Magdebourg,
57 v°.
Albert Hartung, réformé, 485 v°.
Albert de Unicow, archevêque de Prague, 16.
Albert Warentrape, Warentrap, doyen de Faculté à
Prague, 21.
Albi, Albic, France, Tarn, 5, 185 v°.
Albic, voir Albi.
Albin, voir Albinus.
Albinus, Albin, Claudius, général romain, 477 v°.
Albizzi, Barthélémy, de Pisis, voir Pise.
Albon, Jacques de, Dalbon, seigneur de Saint-André,
maréchal de France, 289 v°, 618 v°.
Albret, Jeanne de, reine de Navarre, 580 v°, 587, 628,
628 v°, 699.
Albright, Albryght, Anne, martyre à Canterbury, 423 v°.
Albryght, voir Albright.
Alcala, duc de, 546, 554, 554 v°.
Alcanizes, marquis de, 538.
Alcantara, Espagne, Estrémadure, 538. — Ordre de, 538.
Alcock, Jean, mort en prison à Londres, 317 v°.
Aldham Common, près de Hadley, Angleterre, Suffolk.
— Martyr : Roland Taylor.
Aldridge, Adrisia, Robert, évêque de Carlisle, Cam.il, 297.
Alemaigne, voir Allemagne.
Alebaster, voir Alablaster.
Alenc, voir Aillens.
Alèse, voir Alane.
Alesius, voir Alane.
Alesme, Jean, conseiller au Parlement de Bordeaux,
435 v°, 436.
Alesme, N. de, l'aîné, commissaire, 435.
Aleu, voir Alleu.
Aleworth, Jean, Ailezvarde, Guillaume, mort en prison
à Reading, 361.
Alexandre V, pape, 20, 20 v°.
Alexandre VI, pape, 57.
Alexandre Alane, Alèse, Alesius, réformateur écossais,
92 v°-94 v°.
Alexandre Canus, dit Laurent de la Croix, ministre,
martyr à Paris, VIII, 78-78 v°.
4
Alexandre Dayke, Daiken, Dayken, martyr à Tournai,
600 v°-616 v°.
Alexandre Grapheus, secrétaire d'Anvers, 671 v°.
Alexandre le Gruyer, juriste, 593 v°.
Alexandrie, Égypte, 400 v°.
Alexandrie, CÏément de, Clément Alexandrin, saint, 379,
445 v°.
Alexandrin, voir Alexandrie, Clément de.
Alexandrin, cardinal, futur Pie V, 555, 556.
Alfonso, voir Alphonse.
Algier, voir Algieri.
Algieri, Algier, Pomponio, martyr à Rome, 365 v°-
371 v°.
Aliaco, Petrus de, voir Ailly, Pierre de.
Alice Potkins, Polkins, morte en prison à Canterbury,
437 v°.
Alice Spencer, Alile Spenser, suspecte, 424.
Alile Spenser, voir Alice Spencer.
Alisius, voir Haies.
Alkerton, prêtre, 13.
Allemagne, Alemaigne, passim.
Allemans, France, Dordogne, 620 v°.
Allen, Alyn, Guillaume, martyr à Walsingham, 365 v°.
Alleu, Aleu, Laleu, pays de, France, Pas-de-Calais, 672 v°.
Allevert, voir Arvert.
Allichamp, France, Haute-Marne, 594.
Almaric, Jean, mort en prison à Paris, 490 v°.
Almeric de Bena, voir Amaury de Bène.
Alnewich, Guillaume, évêque de Norwich, 48 v°.
Alonse Perez, prêtre, 538.
Alost, Belgique, Flandre Orientale, 636, 672. — Martyr :
André Bardelots.
Alphonse de Castro, moine, 337 v°-338 v°.
Alphonse Diaze, avocat, 151 v°, 153-159.
Alphonse, Alfonso, de Fonseca, époux d'Anne Heniques,
538.
Alphonse Versellis, vicaire général de Limoges, 328.
Alphonsus, voir Alphonse.
Aise, voir Saint-Asaph.
Alsso de Wyskowits, gentilhomme morave, 42.
Altdorf, Autdorff, Allemagne, Bavière, 61 v°.
Alve, voir Albe.
Alyn, voir Allen.
Amaury de Bène, Almeric de Bena, Armeric, martyr à
Paris, 5, 530.
Amboise, France, Indre-et-Loire, IX, 55 v°, 557-559 v°.
Ambrois, Girard, viguier, 539.
Ambrois, Ambroys, Remy, président du Parlement d'Aix-
en-Provence, 415 v°, 471 v°, 539-539 v°.
Ambroise, saint, 46, 93, 107 v°, 109, 111, 160, 219 v°,
220, 221, 221 v°, 227 v°, 307 v°, 335 v°, 378, 396 v°,
397 v°, 463, 466 v°, 532 v°, 571, 604, 638.
Ambroise, voir Ambroise Wille.
Ambroise, voir Ambrose.
Ambroise Wille, ministre, 608 v°.
Ambrose, Ambroise, Georges, martyr à Londres, 437 v°.
Ambroys, voir Ambrois.
Amédée, duc de Savoie, voir Félix V.
Americ Vespuce, explorateur, 444 v°.
Amérique, IX, 442 v°-444.
Amian, diacre, 221.
Amiens, France, Somme, 492, 693 v°, 705 v°.
Ammon, personnage biblique, 681.
Ammon, suspect, 424.
Amondant, conseiller du duc de Lorraine, 627 v°.
Amos, prophète, 25, 166 v°, 588.
Amstedius, voir Hamstede.
Amsterdam, Pays-Bas, Hollande, 84 v°, 85, 512 v°, 513.
Ananias, personnage biblique, 14, 325 v°.
Anastase, empereur d'Orient, VI v°.
Anaxagore, philosophe, 40.
Ancyran, Ancyre, voir Ankara.
Andalousie, province d'Espagne, 540, 541 v°.
Andalnsie, voir Andalousie.
Andelot, Dandelot, Pierre de, martyr à Bruxelles, 701 v°.
Andrada, Diego Payva, comte de, 537.
André, saint, 420 v°.
André, Polonais, 35.
André Bardelots, martyr à Alost, 672.
André du Bois, de Colmars, 122 v°.
André Coiffier, martyr à Dammartin, 536.
André Durie, évêque de Galloway, 195 v°.
André la Fon, tailleur, 4, 33 v°, 464.
André Goullay, procureur du roi à Craon, 456 v°.
André de Guttenstein, évêque de Prague, 24.
André Hewet, Huet, martyr à Londres, 77-77 v°. — Voir
Hewet.
André Karlstadt, Carolostade, réformateur, 681 v°, 682.
André Maynard, bailli de Mérindol, condamné par con-
tumace, 115, 115 v°, 121, 123-125 v°.
André Michel, martyr à Tournai, 594 v°-596 v°, 610.
André Thijs ou Matthijs, Diessen, suspect, 385-385 v°.
André, Guillaume, mort en prison à Londres, 365 v°.
Andréas, voir André.
Andronodore, tyran de Sicile, 557 v°.
Ange Merula, le Merle, van Merle, dit Angel Emphlitius,
curé de Heenvliet, martyr à Mons, 459-460.
Angel Emphlitius, voir Ange Merula.
Angers, Angiers, France, Maine-et-Loire, 55 v°, 388,
408 vO-415, 456 v°-457 v°, 539. — Évêque : Jean de
Rely. — Martyrs : Jean Buron, Jean Rabec, Pierre
de Rousseau.
Angiers, voir Angers.
Angleterre, passim.
Anglais, Anglais, Jean le, martyr à Sens, 55, 171.
Anglois, voir Anglais.
Angoulème, Marguerite de, reine de Navarre, 79.
Angoulmois, voir Angoumois.
Angoumois, Angoulmois, France, 197, 226, 455, 525.
Angous, voir Angus.
Angrogne, Angrongne, Angronne, Italie, Turin, VIII, IX,
87 v°, 114 v°, 438-440, 457 v°-458, 466, 466 v°, 469 v°,
473, 573 v°-576 v°.
Angrongne, voir Angrogne.
Angronne, voir Angrogne.
Anguien, voir Enghien.
Angus, Angous, Écosse, 195 v°.
Aniou, voir Anjou.
Anjou, Aniou, France, 239 v°, 408 v°, 414, 415 v°, 456 v°,
471 v°, 557 v».
Ankara, Ancyran, Ancyre, Turquie, 300 v°.
Anne, sainte, 217.
Anne, épouse d'Antoine Laborie, 346 v°, 347, 352 v°,
354.
Anne Albright, Albryght, martyre à Canterbury, 423 v°.
Anne Askew, Askeve, martyre à Londres, VIII, 164-169,
373.
Anne Audebert, martyre à Orléans, 178, 179 v°.
Anne de Boleyn, Boulen, reine d'Angleterre, 88 v°-90,
92 v°, 97.
Anne de Boulen, voir Anne de Boleyn.
Anne du Bourg, conseiller au Parlement de Paris, martyr
à Paris, IX, 518 v°, 519, 521, 523, 525 v°-536, 558 v°.
Anne de Bretagne, reine de France, 55 v°.
Anne de Clèves, reine d'Angleterre, 94 v°.
Anne Hatfeldam, voir Agnès Hatfield.
Anne Heniques, condamnée à Valladolid, 538.
Anne de Montmorency, connétable de France, 235,
557 v°, 563, 618 v°, 621 v», 656.
Anne de Pisseleu, duchesse d'Étampes, 106 v°.
Anne Pottene, voir Agnès Potten.
Anne Tree, Trie, Try, martyre à East Grinstead, 437 v°.
Anne van de Velde, épouse de Jean de Bucq, martyre
à Gand, 150.
Annecy, Annisi, Annissi, France, Haute-Savoie, 78 v°, 92.
— Martyr : Louis Courtet.
Annisi, voir Annecy.
Annissi, voir Annecy.
Annood, Pierre, martyr à Dunkerque, 569-569 v°.
Anselme de Neuningen, évêque d'Augsbourg, 16 v°.
Anselme de Soubselles, suspect, 557 v°-559 v°.
Antarctique, Antartique, 443 v°, 448, 460 v°.
Antartique, voir Antarctique.
Antioche, ancienne ville d'Asie Mineure, 19, 282 v°, 317 v°,
403 v°, 406, 655, 681. — Patriarche : Wenceslas Kralik.
Antiochus, roi de Syrie, VI v°, 557 v°.
Antoine, saint, 441, 547.
Antoine, prisonnier à Lyon, 390, 394 v°.
Antoine, le Bon, duc de Lorraine, 62-67.
Antoine du B., maître de Jean Sorret, 706 v°.
Antoine Basor, condamné à Valladolid, 538 v°.
Antoine de Bordes, martyr à Wassy, 592 v°.
Antoine de Bourbon, roi de Navarre, 499 v°, 559, 563,
580 v°, 585 v°-587, 618 v°-620.
Antoine Brown, Broum, messager, 193.
Antoine Burward, martyr à Canterbury, 365 v°.
Antoine Caraffa, Caraffe, cardinal, 554.
Antoine Caron, martyr à Cambrai, 617.
Antoine Cavalier, consul à Draguignan, 470.
Antoine de Créquy, évêque de Nantes, 491 v°-492.
Antoine Dominique, condamné à Valladolid, 538 v°.
Antoine Duprat, du Prat, chancelier de France, 473.
Antoine de l'Église, suspect, 525 v°.
Antoine Escalin des Aymars, baron de la Garde, dit le
capitaine Polin, Paulin, 127, 127 v°, 129-130 v°, 175,
540.
Antoine de l'Eschaux, bailli de la ville d'Aoste, 458 v°.
Antoine le Filleul, évêque d'Aix-en-Provence, 116.
Antoine Fumée, conseiller au Parlement de Paris, suspect,
519.
5
Antoine Gaudin, maréchal du château de Roussillon, 123.
Antoine Ghénart, Gninart, inquisiteur, 617 v°-618.
Antoine de Goignies, Goini, gouverneur du Quesnov,
692 v°.
Antoine de Huezuelo, martyr à Valladolid, 538-538 v°.
Antoine Kitchin, évêque de Llandaff, 300.
Antoine Kyngston, chevalier, 304-304 v°.
Antoine Laborie, martyr à Chambéry, 340-358.
Antoine de Lalaing, l'Alain, Lalain, comte de Hoog-
straeten, Haustrat, 177 v°, 184 v°, 672 v°.
Antoine de Lescure, procureur du roi à Bordeaux, 434 v°,
435 v°, 436, 436 v°.
Antoine de Levis, évêque d'Embrun, 95.
Antoine Magne, martyr à Paris, 269.
Antoine Mellety, religieux, 435 v°.
Antoine Michel, de Chorges, 122 v°.
Antoine de Mouchy, dit Démocarès, Démocharès, inquisi-
teur, 490, 521, 525 v°.
Antoine de Mouvons, voir Antoine de Richieud, seigneur
de M au vans.
Antoine Nicolimo, 554.
Antoine du Pasquier, apothicaire, 579.
Antoine Peerson, Person, martyr à Windsor, 106-106 v°.
Antoine Perrenot, cardinal de Granvelle, 96, 569, 596 v°,
658, 658 v°.
Antoine Prévost, archevêque de Bordeaux, 580 v°.
Antoine du Revest, lieutenant du sénéchal de Draguignan,
470 v", 539.
Antoine Ricaut, libraire, 522 v°.
Antoine Ricetto, martyr à Venise, 697 v°-698.
Antoine de Richieud, seigneur de Mauvans, Mouvons,
martyr à Draguignan, IX, 538 v°-540.
Antoine Saunier, ministre, 87 v°.
Antoine de Scalingue, Escalingue, moine et vicaire-général
de l'abbaye de Pignerol, 439-440 v°.
Antoine Tallemant, Talleman, condamné à Tournai, 610.
Antoine Vaze, martyr à Marseille, 620.
Antoine Verdrickt, martyr à Bruxelles, 509 v°-512.
Antoinette de Bourbon, douairière de Guise, 578 v°,
591, 593-594 v°.
Antoinette van Roesmals, martyre à Louvain, 95-98.
Antoni, le Barbe, ministre vaudois, 438 v°.
Antonin le Pieux, empereur romain, 474.
Anvers, Belgique, Anvers, VII, 58 v», 85 v°, 131 v°-132 v°,
134, 134 v», 176 v°, 293 v°, 449, 490 v°, 491, 509 v°-513,
543 v», 565, 566, 568, 568 v°, 572, 577, 610, 614, 624 v°-
625, 633, 635 v°, 637, 638 v°, 643 v°, 644, 648 v», 649-
650, 652 v° 653, 660, 661, 662, 667 v°, 668, 669-673,
693 v", 695 v°, 696 v», 697, 702, 704 v°-706, 708.
— Martyrs : Adrien, dit le Peintre, Henri Bockhalt
dit le Cousturier, Jean de Boschere, Jean des Buissons,
Jean du Champ, Jean le Grand, Corneille Halewijn,
Baudouin le Heu, Barthélémy de Huy, Herman
Janssen, Jean Keyser, Marc de Lannoy, Nicolas,
Christophe Smith, Guillaume Tovart, Jean de Wolf,
Wouter Wrage dit Oom.
Aoron, voir Aaron.
Aoste, Aougste, Ost, Italie, Turin, 458-458 v°. — Martyr :
Nicolas Sartoire.
Aougste, voir Aoste.
Aphrique, voir Afrique.
Apollon, Apollo, 336 v°.
Appasel, voir Appenzell.
Appenzell, Appasel, Suisse, Appenzell, 84.
Appius Claudius, héros romain, 42 v°.
Apprice, U prise, Jean, martyr à Stratford, et non à Glou-
cester, 437 v°.
Apremont, Aspremont, France, Vendée, 456 v°, 594 v°.
Apt, France, Vaucluse, 115 v°, 130 v°. — Martyr : Colin
Pallenq.
Aquila, saint, 368.
Aquin, voir Thomas d'Aquin.
Arabie, Pierre de, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Arande, Michel de, ministre, 68 v°.
Arannsick Douant de Poloniae, gentilhomme morave,
42.
Archambaut Séraphon, martyr à Dijon, 450-456 v°.
Archer, Jean, tisserand, mort en prison à Canterburv,
437 v».
Ardeley, Erdley, Jean, diacre, martyr à Rayleigh, 329.
Ardisson, Pierre, consul à Draguignan, 470.
Arduino, Pirrone, délégué de Bobbio, 576.
Arellanio, Christophe de, martyr à Séville, 544 v°.
Aretin, Léonard Bruni, dit, humaniste, 39 v°-41.
Argove, voir Argovie.
Argovie, Argove, Suisse, 84.
Argyle, Argylle, comte de, 195 v°.
Argylle, voir Argyle.
Arimin, voir Rimini.
Aristote, philosophe grec, 28, 501 v°.
Arius, 423, 528 v».
Arles, France, Bouches-du-Rhône, 116-117 v°, 130. —
Archevêque : Jean Ferrer.
Armagh, Armaque, Irlande, 309. — Archevêque : Hugues
Goodacre.
Armagnac, Armignac, Georges de, cardinal, 580 v°.
Armant, Guillaume, procureur de Mérindol, 120, 124.
Armaque, voir Armagh.
Armentières, France, Nord, 601, 607 v°, 656, 696 v°,
704 v», 705 v».
Armeric, voir Amaury de Bène.
Armignac, voir Armagnac.
Arnaud Monier, martyr à Bordeaux, 434 v°-437.
Arnaud, Pierre, martyr à Wassy, 592 v°.
Arnobe, écrivain latin, 478.
Arnok, Jean de, serviteur de l'archevêque de Saint-
Andrews, 195 v°.
Arnoul, Jean, 554.
Arnould Diericx, martvr à Moerkerke, en Flandre, 460-
460 v°.
Arnould Estalluffret, dit Mioce,Myoche, martyr à Tournai,
150-151.
Arondeau, Pierre, martyr à Paris, 525-525 v°.
Arques, France, Aude, 175 v°.
Arras, France, Pas-de-Calais, 82 v°, 89 v°, 137 v», 629-633,
695. — Évêque : François Richardot. — Martyrs :
Étienne Bourlet, Nicolas dit VEscrivent, Jean de Pois.
Arscot, voir Aarschot.
Arthur, Arthus, prince de Galles, frère d'Henri VIII,
88 v°, 416.
Arthur, Artus, Thomas, suspect, 72-72 v°.
Arthus, voir Arthur.
Artois, province des anciens Pays-Bas, 70 v°, 82 v°, 89,
95 v°, 114 v", 425, 629, 664 v°, 696 v°, 701 v°, 706.
Artus, voir Arthur.
Arundel, Richard, suspect, 44.
Arundel, Thomas, archevêque de Canterbury, chancelier
d'Angleterre, 6-14 v°, 44-48.
Arvert, Allevert, France, Charente-Maritime, 450.
Arzier, voir Azerailles.
Asaphen, voir Saint-Asaph.
Aschaffenbourg, Aschembourg, Allemagne, Bavière, 62. —
Martyr : Georges, ministre.
Aschembourg, voir Aschaffenbourg,
Ascherio, Joseph, 554.
Ascot, voir Aarschot.
Ashton, Aiston, Aston, Jean, mort en prison à Londres ( ?),
3, 5, 7 v".
Asie, 391, 399, 400, 479.
Asken, voir Askin.
Askew, Askeve, Anne, martyre à Londres, VIII, 164-169,
373.
Askew, Askeve, Guillaume, père de la précédente, 164.
Askin, Asken, Thomas, martyr à Newbury, 437 v°.
Aslacton, Aslocton, Angleterre, Nottinghamshire, 415 v°.
Aslocton, voir Aslacton.
Aspremont, voir Apremont.
Asse, voir Saint-Asaph.
Assendelf, président du Conseil de La Haye, 459 v°.
Assens, Haffinie, Danemark, Fionie, 287.
Asses, Claude des, conseiller au Parlement de Paris, 473.
Asset, Pierre, seigneur de Naves, président de la Chambre
d'Artois, 629.
Assier, Acier, France, Lot, 699.
Assis, Jean de, président du Parlement de Toulouse, 699.
Assise, église Sainte-Marie de la Portioncule, 467 v°.
Astaffort, Astafort, France, Lot-et-Garonne, 485 v°, 487.
Astafort, voir Astaffort.
As te, voir Ath.
Aston, voir Ashton.
Astorgas, marquis de, 537.
Ath, Aste, Belgique, Hainaut, 395. — Martyrs : Adrien
de Loppem, Julien van den Sweerde.
Athanase, saint, 398 v°, 442, 500, 506 v°.
Athènes, Grèce, 391.
Atignan, Jean, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°
Attancourt, Estancourt, France, Haute-Marne, 593.
Aubert, commissaire, 185.
Aubert, Joseph, 539.
Auberville-la-Campagne, France, Seine-Maritime, 170 v°.
Aubery, avocat, 176.
Aubigny, France, Cher, 164.
Audebert, Anne, martyre à Orléans, 178, 179 v°.
Audenarde, Belgique, Flandre Orientale, IX, 625, 659 v°,
663, 663 v°, 666 v°-667 v», 696, 696 v», 703. — Martyrs :
Lievin de Blekere, Jean Tuscaen.
Audlé, voir Audley.
Audley, Audlé, Thomas, chancelier d'Angleterre, 102.
Audouin, Barthélémy, martyr à Aix-en-Provence, 176 v°.
Auge, pays de, France, Normandie, 499 v°.
6
Auger, Gaspard, fermier, 95.
Auguier, voir Oguier.
Augsbourg, Auguste, Ausbourg, Allemagne, Bavière, 16 v°,
58, 156-159, 588, 622 v°, 672 v°, 691 v°, 696 v°. —
Évêque : Anselme de Neuningen.
Auguste, voir Augsbourg.
Auguste Ier, duc, électeur de Saxe, 493.
Augustin, saint, 9 v°, 10, 11, 22-23, 25, 39, 40 v°, 46, 60,
73, 75-76 v°, 80, 90 v°, 91 v°, 93 v°, 107 v°, 108 v°,
109-113 v°, 160, 176 v°-177 v°, 206, 219 v°-221 v°,
227-229, 231, 276, 298, 306 v°, 307 v°, 310, 316 v°,
321, 337-339, 366-369 V, 378-381, 399 v°-401, 404-408,
433, 462 v°-464 v°, 466 v°, 468 v°, 486, 495 v°, 496 v°,
500, 501 v°-503 v°, 507-508 v°, 532 v°, 565 v°, 570 v°,
571, 583, 583 v°, 585 v°, 599, 604, 623 v°, 636, 637 v°,
638, 673 v°, 674, 678 v°, 679, 680, 682 v°, 683 v», 692.
Augustin, barbier, voir Augustin Dumarchiet.
Augustin de Caçalla, martyr à Valladolid, 537 v°-538 v°,
544.
Augustin Cooper, Couper, officier de la ville d'Oxford,
382 v°.
Augustin Dumarchiet, barbier, martvr à Beaumont,
176 v°-177 v°.
Augustin de l'Église, conseiller au Parlement de Turin,
438.
Augustin Marlorat, ministre, martyr à Rouen, 534 v°,
621-622.
Augustin Pakyngton, Palzington, marchand, 85 v°.
Auldol, Honorât, dit Bramaire, martyr à Aix-en- Provence,
539 v°-540.
Aumale, France, Seine-Maritime, 589 v°, 591-591 v°.
Aumale, Claude de Lorraine, duc de, 589 v°-591 v°.
Aurange, voir Orange.
Ausbourg, voir Augsbourg.
Aussonne, voir Auxonne.
Autdorff, voir Altdorf.
Autriche, 27, 635 v°.
Autriche, Marguerite de, régente des Pays-Bas, 700-
702 v».
Autun, Authun, France, Saône-et-Loire, 119.
Auvergne, France, VIII, 169 v°, 171 v°-173 v°, 269, 525 v°.
Auxence, évêque arien de Milan, 337 v°, 478 v°.
A'uxois, Laussois, France, Côte-d'Or, 119.
Auxonne, Aussonne, France, Côte-d'Or, 451 v°, 455 v°.
Avenelles, N. des, avocat à Paris, 557 v°.
Avignon, France, Vaucluse, 117-118 v°, 120 v°, 121 v°,
123, 123 v°, 126, 129 v°, 130, 130 v°. — Martyrs :
Eustache Marron, dit Étienne le Maroul, N., libraire.
Avington, Abington, Thomas, martyr à Lewes, 437 v°.
Avranches, France, Manche, 480 v°. — ■ Évêque : Robert
Ceneau.
Axel, Axele, Pays-Bas, Zélande, 660.
Axele, voir Axel.
Aye, voir Eye.
Aymond de la Voye, martyr à Bordeaux, 99 v°-101 v°.
Azerailles, Arzier, France, Meurthe-et-Moselle, 627.
B
B., sieur de, 348 ; — épouse de, 348 v°.
B., Antoine du, maître de Jean Sorret, 706 v°.
Baasa, personnage biblique, 473.
Babel, tour de, 85, 427.
Babou, Philibert, sieur de la Bourdaisière, évêque d'An-
gaulème, 455 v°.
Babylone, ancienne ville de Mésopotamie, 97, 208, 233,
257, 370, 413 v°, 499 v°, 607, 639, 642.
Babyngton, geôlier à Londres, 300 v°.
Babraham ( ?), Pabram, Angleterre, Cambridgeshire, 429.
Bacchus, 118 v».
Bacheler, Bachelier, Pierre, conseiller au bailliage de
Tournai, 387 v°.
Bachelier, voir Bacheler.
Bacon, Jean, carme, 5.
Baczko de Convald, gentilhomme morave, 42.
Bade, voir Bath.
Baden, voir Bath.
Badet, Bernard de, conseiller au Parlement d'Aix-en-
Provence, 126 v°, 129 v», 130, 130 v°, 175-176.
Bagari, conseiller au Parlement d'Aix-en-Provence, 539.
Bagé-le-Châtel, Bagi, France, Ain, 239.
Baget, suspect, 323 v°.
Bagi, voir Bagé-le-Châtel.
Bagnacavallo, Italie, Ravenne, 180.
Bagnols-sur-Cèze, France, Gard, 626 v°.
Bailin, voir Baylen.
Bailleul, Belle, Bellabacht, France, Nord, 562 v°-563. -
— Martyr : Jean de Crues.
Bailly, Jeanne, martyre à Langres, 170 v°, 171.
Bakker, voir Pistorius.
Balaam, prophète, 415, 515.
Balardi, Jacques, évêque de Lodi, Londen, 28, 38, 38 v°.
Bâle, Basle, Suisse, Bâle, 56 v°, 57, 63 v°, 77 v°, 84, 115,
152, 299, 518 v°.
Baie, Balee, Baleus, Jean, John, évêque d'Ossory, histo-
rien, 47 v°, 48, 97 v°, 169, 408.
Balee, voir Baie.
Baleus, voir Baie.
Baliste, M., 320 v°.
Balbote, Barbotta, Italie, Turin, 350.
Ballon, Nicolas, martyr à Paris, 487, 520 v°-522.
Baltazar, voir Balthasar.
Balten, Broedere Balten, dominicain, 649 v°.
Balthasar de Cordes, officiai de Tournai, 70.
Balthasar Hubmaier, Hubmor, anabaptiste, 83-84.
Bambridge, voir Benbridge.
Bamford, Baumeford, Guillaume, alias Butler, martyr
à Harwich et non à Saint-Albans, 329, 362 v°.
Bampoele, Vanpoule, Nicolas van, martyr à Gand, 150.
Banbury, Damburie, Angleterre, Oxfordshire, 317-317 v°.
— Martyr : Guillaume Dighel.
Bangor, Bangore, Angleterre, Caernarvonshire, 408. —
Évêques : Jean Bird, Guillaume Glyne, Benoît
Nichols.
Bangore, voir Bangor.
Baptista, voir Baptiste.
Baptiste Byomo, juge, 555.
Baptiste Mantuan, écrivain, 49.
Baptiste du Mesnil, avocat du roi à Paris, 481 v°, 526,
528.
Baptiste Rolta, docteur, 555-556.
Bar, voir Bar-le-Duc.
Barabbas, personnage biblique, 515 v°.
Barath, Jean, carme à Valenciennes, 48.
Barbe Couppe, épouse de Nicolas Larchier, suspecte,
relaxée, à Mons, 176 v°-177.
Barbe Lestrée, martyre à Tournai, 610, 617.
Barberoux, Léon, condamné par contumace à Tourves,
115, 115 v°.
Barbes, Denis, conseiller à Blois, 432 v°-433 v°.
Barbeville, Jean, martyr à Paris, 509 v°, 514 v°-515 v°,
517.
Barbosi, juge à Draguignan, 471-472.
Barbotta, voir Balbote.
Bardelots, André, martyr à Alost, 672.
Barge, Barges, Italie, Coni, 466, 466 v°, 469 v°.
Barges, voir Barge.
Bargibant, Jean de, martyr à Tournai, 150 v°.
Barholt, voir Bergholt.
Barle, voir Barlow.
Bar-le-Duc, Bar, France, Meuse, VIII, 62, 151 v°, 591.
Barlet Grene, voir Barthélémy Green.
Barlovs, voir Barlow.
Barlow, Barle, Guillaume, évêque de Saint-David's, puis
de Bath and Wells, puis de Chichester, 321-321 v°,
332 v°, 416 v°
Barmy, Barni, juge à Limoges, 320 v°.
Barnabas, voir Barnabé.
Barnabé, disciple de saint Paul, 211 v», 226 v°, 299 v°,
317 v°, 375, 390 v°-392 v», 566 v».
Barne, voir Barnes.
Barnel, Thomas, procureur fiscal de Londres, 56 v°.
7
Barnes, Barne, Barns, Robert, martyr à Londres, 75 v°
76, 90, 96 v°-97 v°.
Barnet, Angleterre, Hertfordshire, 364 v°. — Martyr :
Guillaume Haie.
Barni, voir Barmy.
Barns, voir Barnes.
Baronis, Philbert, adjoint du lieutenant du sénéchal de
Draguignan, 470 v°.
Barras, notable de la ville de Lille, 429.
Barre, Pasquier de le, conseiller à Tournai, martyr à
Vilvorde, 615.
Barrois, France, 589 v°.
Barry, Godefroid de, seigneur de La Renaudie, dit La
Forest, chef des conjurés d'Amboise, 557 v°-558 v°.
Bar-sur-Aube, France, Aube, 536.
Bar-sur-Seine, France, Aube, 171, 171 v°, 236.
Barso, dit Hloderde, Zeinicz, gentilhomme morave, 42.
Barthélémy Albizzi, de Pise, Berthelemy de Pisis, francis-
cain, écrivain, 468.
Barthélémy Audouin, martyr à Aix-en-Provence, 176 v°.
Barthélémy Chassanée, Chassané, président du Parlement
d'Aix-en-Provence, 116, 119, 120 v°-121 v°, 125, 126.
Barthélémy, Berthelemy, Emetiers, président du Parle-
ment de Turin, 438.
Barthélémy Green, Barlet, Barthelet, Bartlet Grene,
martyr à Londres, 423, 424-425.
Barthélémy Hector, martyr à Turin, IX, 437 v°-440 v°,
458.
Barthélémy de Huy, Hoye, martyr à Anvers, 577-577 v°.
Barthélémy, Berthelot, Milon, martyr à Paris, 81-81 v°.
Barthélémy Pascal, frère de Jean-Louis, 555.
Barthélémy Platina, historien, 548 v°, 635.
Barthélémy, Martin, curé à Hulst, 660 v°, 661.
Bartholmi, Jacques, messager, 123.
Barthomier, suspect, 482 v°.
Baruch, personnage biblique, 9 v°, 10, 32.
Basile, saint, 108 v°, 160, 336, 467, 527 v° , 676.
Basle, voir Bâle.
Basor, Antoine, condamné à Valladolid, 538 v°.
Basse-Fontaine, ambassadeur du roi de France en Suisse,
235.
Bassigny, Bassin, France, 593 v°, 627.
Bassin, voir Bassigny.
Bassinet, dominicain, 117, 117 v°, 118.
Bastiane, voir Bastienne.
Bastien, de Lyon, 388, 389.
Bastienne, Bastiane, épouse de Thomas Honnoré, con-
damnée à Meaux, 161 v°-163 v°.
Bataille, Bertrand, martyr à Chambéry, 340-358.
Batenburg, Battembourg, Gijsbrecht de, martyr à Bru-
xelles, 701 v°.
Batenburg, Battembourg, Thierry de, martyr à Bruxelles,
701 v°.
Bath, Bade, Baden, Bathon, Angleterre, Somerset, 92 v°,
93, 97, 321, 321 v°, 333, 333 v° 339, 339 v°, 398, 398 v°,
408. — Évêques : Guillaume Barlow, Gilbert Berkley,
Gilbert Bourne, Jean Clark.
Bathon, voir Bath.
Battembourg, voir Batenburg.
Baudechon, voir Baudouin.
Baudesson, Jean, martyr à Wassy, 592 v°.
Baudeivin, voir Baudouin.
Baudouin, Baudezvin, Boutzon, Le Heu, martyr à Anvers,
512 v°.
Baudouin de Lannoy, bailli de Tournai et Tournaisis,
387 v°.
Baudouin, Baudechon, Oguier, martyr à Lille, 425.
Baudouin, Jean, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Baufremés, notable de Lille, 429.
Bauldier, Robert, seigneur de La Chapelle-Monthodon,
suspect, 594.
Baume, Pierre de la, évêque de Genève, 83.
Baumeford, voir Bamford.
Bavai, Bavay, France, Nord, 490 v°.
Bavay, voir Bavai.
Bavière, Allemagne, 635 v°.
Bavière, Louis, duc de, 30.
Bayard, Gilbert, fonctionnaire royal, 120.
Bayart, Martin, martyr à Lille, 664 v°-665 v°.
Bayeux, France, Calvados, VII v°, 49 v°, 292.
Bayfield, Bayfild, Richard, martyr à Londres, 73 v°.
Bayfild, voir Bayfield.
Baylen, Bailin, Espagne, Badajoz, 541.
Baynam, Georges, martyr à Londres, 73.
Baynes, Ralph, évêque de Lichfield-Coventry, 372, 373 v°-
375 v°, 399-401 v°.
Bazadais, Bazadois, France, Gironde, 197, 209 v°.
Bazadois, voir Bazadais.
Beach, Bêches, Jeanne, martyre à Rochester, 437 v°.
Béarn, Bierne, France, 440 v°, 485 v°.
Beaton, Béton, David (lire : Jacques), archevêque de
Saint-Andrews, VIII, 71 v°-72, 89.
Beaubrueil, L, juge, 320 v°.
Beauce, Beausse, France, VIII v°, 274 v°.
Beaufort, Henri, évêque de Winchester, Wynton, 45 v°,
47.
Beaujeu, Beau-ieu, France, Basses-Alpes ; — Beaujeu,
seigneur de, 116, 116 v°.
Beaumont, Belgique, Hainaut, 176 v°-177 v°. — Martyr :
Augustin Dumarchiet.
Beaumont-en-Argonne, Beaumont en Porcien, France, Ar-
dennes, 385.
Beaumont, Etienne de, conseiller de la cour de Bordeaux,
436.
Beaune, I., juge, 320 v°.
Beaupré, abbaye, 627 v°.
Beaussart, Jean de, suspect, 702.
Beausse, voir Beauce.
Beauvarlet, Étienne, suspect, 616 v°.
Bec, Jean du, martyr à Troyes, 114 v°.
Becaudelle, Marie, dite Gaborite, martyre aux Essarts,
82 v».
Beccles, Beckels, Angleterre, Suffolk, 437 v°. — Martyrs :
Jean Denny, Edmond Poole, Thomas Spicer.
Becco, Beko, Belgique, Liège, 617-618.
Bech, Etienne, prévôt de l'église de Manchester, 339.
Bechameil, F., voir Chameil, F. B.
Bêches, voir Beach.
Beckels, voir Beccles.
Becket, Beket, Thomas, chancelier d'Angleterre, 73 v°.
Becol, voir Leyde, Jean de.
Beda, Noël, théologien, 71, 75 v°.
Bednam, suspect, 3.
Begat, conseiller à Dijon, 622.
Bekensal, voir Bekinsaw.
Bekinsaw, Bekensal, Thomas, secrétaire, 300 v°.
Beko, voir Becco.
Beleniam, Belenian, Nicolas, martyr à Londres, 169.
Belenian, voir Beleniam.
Belial, personnage biblique, 344, 533.
Bellabacht , voir Bailleul.
Bellay, Eustache du, évêque de Paris, 521, 525 v°, 528 v°,
530, 530 v».
Bellay, Guillaume du, seigneur de Langey, lieutenant
du roi de France en Piémont, 119, 119 v°.
Bellay, Jean du, cardinal, évêque de Paris, 114-114 v°,
473 v°.
Belle, voir Bailleul.
Belleville, France, Rhône, 252 v°.
Bels, Jean, religieux, 561.
Benbridge, Bambridge, Thomas, martyr à Winchester,
472 v°.
Bène, Amaury de, Almeric de Bena, Armeric, martyr à
Paris, 5, 530.
Benedictinus, inquisiteur à Paris, 485 v°-486 v°, 488-489,
509, 515-515 v».
Benedictus P., voir Benoît, Pierre.
Benette, voir Bennet.
Benerlar, voir Beverley ( ?).
Benjamin, personnage biblique, 313.
Benjamin Dauzamilliers, martyr à Wassy, 592 v°.
Bennet, Benette, Robert, suspect libéré à Windsor, 106 v°.
Bennett, Benoit, docteur, 416.
Benoist, voir Benoît.
Benoît, saint, 687.
Benoît XIII, Pierre de Luna, de la Lune, pape, 20 v°, 36.
Benoît, Benoist, Nichols, évêque de Bangor, 46, 47.
Benoît Romyen, martyr à Aix-en-Provence, 470-472.
Benoît, Pierre, assesseur de l'official de Limoges, 319 v°,
320.
Benoit, voir Bennett.
Beor, personnage biblique, 415.
Beraudin, Gabriel, martyr à Chambéry, 181, 181 v°.
Bérée, Berrée, Berrhoé, Berroé, Grèce, Macédoine, 282 v°,
391, 596 v°.
Berengarius, voir Bérenger.
Bérenger, Berengarius, 496.
Bergeron, Jean, lieutenant criminel de Saint-Pierre-le-
Moûtier, 290, 290 v°.
Berghes, Jean de, dit Malo, martyr à Mons, 277, 306.
Berghes, Bergue, Jean, marquis de, gouverneur de Hainaut
et Valenciennes, 672, 692 v°.
Berghes, Maximilien de, archevêque de Cambrai, 696 v°.
Berghes, Robert de, prince-évêque de Liège, 617 v°-618.
Bergholt, Barholt, Angleterre, Suffolk, 364 v°, 423 v°.
Bergiban, voir Bargibant.
Bergier, Denis, frère de Pierre, 236 v°.
Bergier, Pierre, martyr à Lyon, 236-239, 254 v°, 255.
Bergues, voir Berghes.
Bergues-Saint-Winoc, Bergues-Saint-Winock, France, Nord,
561 v».
Bergues-Saint-Winock, voir Bergues-Saint-Winoc.
Berie, voir Bury-Saint-Edmunds.
Berkley, Gilbert, évêque de Bath, 92 v°.
Berktold, voir Berthold.
Berlin, Allemagne, 54 v°. — Martyr : Matthieu Hager.
Bernard, saint, 4, 22, 22 v°, 25, 25 v», 108 v", 637 v°.
Bernard, évêque de Castellamare, Castelle, 17 v°, 21 v°.
Bernard de Badet, conseiller au Parlement d'Aix-en-
Provence, 126 v", 129 v°, 175-176.
Bernard Roger, martyr à Bury-Saint-Edmunds, 437 v°.
Bernard Seguin, martyr à Lyon, VIII v», 197-236.
Bernard, Thomas, martyr à Lincoln, 102 v°.
Bernardin Ochino, Ochin, ou de Sienne, Sienes, passé à
la Réforme, 156, 156 v», 466.
Bernardin Santacroce, Sainte Croix, juge à Cosenza,
548-574.
Berne, Suisse, Berne, 57, 84, 115, 182, 197, 202 v», 203,
235, 236 v°, 239, 279 v°, 280, 340 v°-342, 344, 385,
408 v°, 411 v°, 412, 438 v», 458 v°, 621, 628.
Berquin, Louis de, martyr à Paris, VIII, 70 v°-71.
Berrée, voir Bérée.
Berrhoé, voir Bérée.
Berroé, voir Bérée.
Bertelot, Gilles, prévôt, 163.
Berthaud, voir Berthauld.
Berthauld, François, augustin, passé à la Réforme, 79-
79 v°, 81.
Berthclemy Emetiers, voir Barthélémy Emetiers.
Berthélemy de Pisis, voir Barthélémy Albizzi.
Berthen, Berthene, Bertheneau, France, Nord, 562 v°.
Berthene, voir Berthen.
Bertheneau, voir Berthen.
Berthold, Berktold, Haller, réformateur, 115.
Berton, Guillaume, professeur, 2 v°.
Bertram, Bertramus, Corneille-Bonaventure, professeur,
678 v°, 686 v°.
Bertramus, voir Bertram.
Bertran, 87.
Bertrand Bataille, martyr à Chambéry, 340-358.
Bertrand Le Blas, martyr à Tournai, VIII v°, 387-388.
Bertrand de Chandieu, conjuré d'Amboise, 557-559 v°.
Bertrand le Hongre, procureur général, 627 v°.
Bertrand, Jean, martyr à Blois, 432-434 v°.
Bertrand, voir Bertrandi.
Bertrandi, Jean, cardinal, archevêque de Sens, garde des
sceaux, 481 v°, 483 v°, 491, 492, 519, 530 v°, 558 v°.
Besançon, France, Doubs. — Martyr : Pierre Coquillard.
Bessa, voir Besse-sur-Issole.
Besse-sur-Issole, Bessa, France, Var, 276 v°.
Béthanie, Palestine, 316 v°.
Béthel, Palestine, 404.
Bethléem, Palestine, 32.
Bethsabée, personnage biblique, 751 v°.
Béton, voir Beaton.
Beukels, Jean, voir Leyde, Jean de.
Beuvry, France, Pas-de-Calais, 82 v°.
Beverage, dominicain, martyr à Edimbourg, 89.
Beverlau, Jean, martyr à Londres, 14 v°, 15.
Beverley, Benerlar, Angleterre, Yorkshire, 10.
Bezançon, franciscain à Troyes, 181 v°.
Bèze, Besze, Théodore de, réformateur, 197 v°, 581,
584 vO-588 v", 628 v°-629, 643 v».
Biard, conseiller à Blois, 433 v°.
Bibra, Laurent de, évêque de Wurzbourg, 58.
Biel, Biellus, Gabriel, théologien, 469 v°, 676.
Biela, Drliko de, gentilhomme morave, 42.
Biellus, voir Biel.
Bierne, voir Béarn.
Biez, Belgique, Hainaut, 387.
B illuge, voir Bull en.
Bilnée, voir Bilney.
Bilney, Bilnée, Thomas, martyr à Norwich, 72-72 v°.
Bing, King, Georges, mort en prison à Londres, 365 v°.
Bird, Jean, appelé petit vieillard, évêque de Bangor,
Chester, puis Londres, 325, 325 v».
Bivero, Blanche de, martyre à Valladolid, 537 v°-538 v°.
Bivero, Constance de, martyre à Valladolid, 537 v°-538 v°.
Bivero, François de, martyr à Valladolid, 537 v°-538 v°.
Bivero, Jean de, martyr à Valladolid, 537 v°-538 v°.
Bivero, Léonore de, exhumée et brûlée à Valladolid, 537 v°.
Biaise, saint, 56.
Biaise, voir Bertrand Le Blas.
Blanc, voir Whyte, Guillaume.
Blanc, Lanteaume, mercier à Draguignan, 470.
Blanc, Maurice, Maurizi, martyr à Mérindol, 127-130.
Blanche de Bivero, martyre à Valladolid, 537 v°.
Bland, Jean, ministre, martyr à Canterbury, VIII v°, 358.
Blandine, sainte, 164.
Blandrata, Georges, antitrinitaire, 622 v°.
Blanzac, France, Charente, 197.
Blas, Bertrand le, Biaise, martyr à Tournai, VIII v°,
387-388.
Blekere, Liévin de, martyr à Audenarde, 663.
Blois, Bloys, France, Loir-et-Cher, 131, 178, 179, 245 v°,
252 v°, 432-434 v», 557 v", 622, 703 v°. — Martyr: Jean
Bertrand.
Blois, Maximilien de, dit Cock, ou Coq van Necrijnen,
martyr à Bruxelles, 701 v°.
Blois, Nicolas de, conseiller à la Cour de Bordeaux, 436.
Blondel, Octovien, martyr à Paris, 174.
Bloys, voir Blois.
Bobbio-Pelice, Bobio, Italie, Turin, 575-576.
Bobio, voir Bobbio-Pelice.
Bock, Olivier, professeur à Heidelberg, 636.
Bockhalt, Henri, dit le Cousturier, martvr à Anvers, 512,
513 v».
Boèce, philosophe, 40.
Bohème, 5 v°, 15 v°-37 v°, 41-42 v°, 120 v°, 529.
Bohorches, Jeanne de, morte en prison à Séville, 542-
542 v».
Bohorches, Marie de, martyre à Séville, 542-542 v°.
Bohunko de Wratisdow, gentilhomme morave, 42.
Bois, André du, de Colmars, 122 v°.
Bois, Jean du, martyr à Wa?sy, 592 v°.
Bois, N. du, juge, 409 v°-411, 414 v°.
Bois, Thomas du, dominicain, 555.
Bois-le-Duc, Bolduc, Pays-Bas, Brabunt Septentrional, 491.
Boissoni, voir Boissony.
Boissony, secrétaire criminel, 115 v°, 122 v°, 123.
Bolduc, voir Bois-le-Duc.
Bolengers, Boullenaer, Christophe de, conseiller à Sens,
597 v°.
Bolengers, Boullenger, N. de, fils du précédent, martyr
à Sens, 597 v°.
Boleyn, Boulen, Anne de, reine d'Angleterre, VIII, 88 v°,
89, 90, 92 v°, 97.
Bologne, Italie, Emilie, 56 v°, 400 v°.
Bonaventure, saint, 466 v°.
Bond, prévôt de Gloucester, 304-305 v°.
Bonnette, conseiller au Parlement de Paris, 526, 528.
Boner, voir Bonner.
Bonesb de Frabenicz, gentilhomme morave, 42.
Bongay, voir Bungay.
Boniface, saint, 76 v°, 220 v°.
Boniface Ier, pape, 381, 381 v°, 466.
Bonnello, Jacques, 553.
Bonner, Boner, Edmond, évêque de Londres, 92-94 v°,
102-102 v°, 165-168, 191 v°, 300, 303, 309 v°, 316 v»,
321 v° 334, 361-364 v», 376, 395 v°-408, 422-423,
441 v°, 560 v°-561.
Bonnet, La Rua de Bonnet, Italie, Turin, 575-576.
Bon-Pain, Pierre, martyr à Paris, 164.
Booz, personnage biblique, 354.
Borde, Jean de la, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Bordeaux, Boardeaux, France, Gironde, 99 v°-101 v°, 197,
198-201, 319 v°, 434 v°-437, 440 v°-441 v» 449 v°-
450 v°, 454, 519 v°, 580 v°, 620 v°. — Châteaux :
Hâ, Trompette, 436 v°. — Églises : Saint-André, 101 v°,
436, 436 v», 450 v° ; — Saint-Christophe, 100 v». —
Rue : Poitevine, 437. — Tour des Barons, 100 v°. —
Archevêques : François de Mauny, Antoine Prévôt.
— Martyrs : Jérôme Casabonne, Jean de Cazes,
Philbert Hamelin, Arnaud Monier, Aymond de la
Voye.
Bordel, Jean du, martvr à Fort-Coligny, au Brésil, 460 v°-
465 v°.
Bordes, Antoine de, martyr à Wassy, 592 v°.
Bordes, Nicole de, martyre à Wassy, 592 v°.
Borel, Georges, geôlier, 87 v°.
Boristhène, voir Dnieper.
Borne, Martin de la, juge, 320 v°.
Borschnitz, Jean de, évêque de Lubusz, 17 v°, 21 v°.
Boryes, le sieur de, 699.
Bosc, Jean du, seigneur de Mandreville, martvr à Rouen,
621.
Boschere, Jean le, martyr à Anvers, 568-568 v°.
Boston, Tavernier de, musicien à Oxford, 74 v°.
Bosves, François des, dit Ditmesnil, capitaine de Saint-
Dizier, 593-594.
Bot limes, voir Pôttmes.
Botteler, Jean, huissier du roi d'Angleterre, 45.
Bouc, voir Boucq.
Bouchebec, Jacques, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Boucher, Jean, martyr à Wassy, 592 v°.
Boucher, voir Butcher, Jeanne.
Boucq, Bouc, Roland le, martyr à Valenciennes, 692 v°,
696.
Boudri, voir Boudry.
g
Boudry, Boudri, Suisse, Neuchâtel, 239.
Bouillon, Buillon, Buoillon, Henri-Robert de La Marck,
duc de, 693, 693 v°.
Boulard, Marguerite, martyre à Douai, 97 v°-98, 106.
Boulen, voir Boleyn.
Boulenois, voir Boulonnais.
Boulereau, Jacques, martyr à Langres, 170 v°, 171.
Bouliers, Françoise de, dame de Cental, 130, 175, 176.
Bouliers, Jean-Louis-Nicolas, seigneur de Cental, 129 v°,
130.
Boullenger, voir Bolengers.
Boulogne-sur-Gesse, Boulongne, France, Haute-Garonne,
197.
Boulongne, voir Boulogne-sur-Gesse.
Boulonnais, Boulenois, France, VIII.
Bouncer, Oudard, martyr à Rouen, 106.
Bourbon, Antoine de, roi de Navarre, 499 v°, 559-563,
580 v°, 585 v°, 587, 618 v°-620.
Bourbon, Antoinette de, douairière de Guise, 578 v°,
591, 593-594 v°.
Bourbon, Charles de, connétable de France, 129.
Bourbon, François de, seigneur d'Enghien, 393 v°.
Bourbon, François de, duc de Montpensier, prince
dauphin, 519.
Bourbon, Louis Ier de, prince de Condé, 559, 580 v°,
594 v°, 598, 619, 621-622, 628, 656.
Bourbon, Monsieur de, voir Bourbon, Charles de.
Bourbon-Montpensier, Charles de, prince de La Roche-
sur-Yon, 408 v°, 409, 410, 410 v°, 411, 519.
Bourbonnais, Bourbonnois, France, 258, 289 v°.
Bourbonnois, voir Bourbonnais.
Bourdaisières, Bourdoisière, Philibert Babou, sieur de la,
évêque d'Angoulème, 455 v°.
Bourdeaux, voir Bordeaux.
Bourdeys, Guillaume, oncle de Guillaume de Don-
gnon, 319 v°.
Bourdoisière, voir Bourdaisières.
Bourdon, Pierre, martvr à Fort-Colignv, au Brésil, 460 v°-
465 v".
Bourg, Anne du, martyr à Paris, IX, 518 v°, 519, 521,
523, 525 v°-536, 558 'v°.
Bourg, Jean du, martyr à Paris, 82.
Bourg-en-Bresse, France, Ain, 239. — Martyr : Hugues
Gravier.
Bourges, France, Cher, 269.
Bourgogne, Bourgongne, France, VIII v°, IX, 114 v°, 171,
178, 278 v°, 385, 451, 455 v°, 481 v°, 597, 622.
Bourgogne, Adolphe de, seigneur de Wacken, grand
bailli de Gand, 670.
Bourgoin, François, ministre de Genève, 237.
Bourgongne, voir Bourgogne.
Bourgues, voir Burgos.
Bourguignons, César des, évêque de Limoges, 320.
Bourlet, Etienne, martyr à Arras, 82 v°.
Bourne, Burne, Gilbert, évêque de Bath and Wells, 330,
330 v°, 331, 339 v°, 398, 398 v°, 408.
Bourne, Burne, Bumo, Jean, secrétaire, 296 v°, 297, 306 v°,
331 v°, 332.
Boutignis-en-Gâtinois, voir Boutigny.
Boutignv, Boutig:iis-ei;-Gâîinois, France, Seine-et-Marne,
523 v°.
Boutzon, voir Baudouin.
Bouvery, Gabriel de, évêque d'Angers, 408 v°, 411 v°,
412, 412 v°, 414, 414 v°, 457.
Bouvigny, voir Bouvines.
Bouvines, Bouvigny, France, Nord, 106.
Bouvot, commissaire, 499.
Bovenkerken, Guillaume de Keicken, seigneur de,
maïeur de Malines, 385 v°-387.
Bozver, voir Bowyer.
Bowyer, Bozcer, Thomas, martyr à Stratford, 437 v°,
441 v-o-442 v°.
Boxtale, Jean de, 661.
Brabant, province des anciens Pays-Bas, VII v°, VIII, IX,
59, 60, 85 v°, 95-96, 98, 103, 186, 293 v°, 385, 395, 491,
601, 648 v°, 667 v», 670, 695 v», 696 v°, 701 v°.
Brachot, Claude, martyr à Wassy, 592 v°.
Bradbrig, voir Brodbridge.
Bradford, Bradfort, Jean, ministre, martyr à Londres,
318 v», 325, 329 v°-340, 373.
Bradfort, voir Bradford.
Braine-le-Château, Brayne-le-Chasteau, Belgique, Brabant,
600 v°-601, 610, 615.
Brainford, voir Brentford.
Braintree, Braintrie, Angleterre, Essex, 316 v°. — Martyr :
Guillaume Pygot.
Braintrie, voir Braintree.
Brumaire, voir Honorât Auldol.
Bran, Charles le, martyr à Liège, 703.
Brandebourg, Allemagne, voir Albert, margrave de.
Brandebourg, Albert de, archevêque de Magdebourg,
57 v".
Brasbourg, voir Brasbridge.
Brasbridge, Brasbourg, Guillaume, seigneur anglais,
373 v».
Bray, Brès, Guy de, ministre, martyr à Valenciennes,
427 v°, 429, 567 v", 673-694 v", 696.
Brayne-le-Chasteau, voir Braine-le-Château.
Brederode, Henri, de, 669, 672 v°, 673, 701 v".
Brème, Allemagne, 62, 131 v°.
Brence, voir Brenz.
Brentford, Brainford, Angleterre, Middlesex, 472 v°. —
Martyrs : Etienne Cotton, Robert Dynes, Robert
Milles, Guillaume Pikes, Jean Slade, Etienne Wight.
Brentwood, Burnowood, Angleterre, Essex, 316 v°. —
Martyr : Guillaume Hunter.
Brenz, Brence, Jean, théologien, 154.
Breron, Jean, chanoine d'Angers, 410 v°, 412.
Brès, voir Bray.
Brésil, 442 V-446, 448 v», 449, 460 v°-465 v°.
Bresse, France, 85, 239, 291 v».
Brest, France, Finistère, 442 v°.
Bretagne, Bretaigne, France, VII v°, 442 v°, 456 v°, 491 v°,
557 v».
Bretaigne, voir Bretagne.
Bretenay, Jacques, martyr à Langres, 170 v°, 171.
Bribard, François, martyr à Paris, 114-114 v°.
Bricheras, voir Bricheros.
Bricheros, Briqueras, Briquerds, Italie, Piémont, 457 v°.
Briçonnet, Guillaume, évêque de Meaux, 68 v°-70 v°,
82, 160 v°, 161, 162.
Bridges, Edmond, 304 v°.
Bridges, Brydges, Jean, Lord Chandos, Sandoiz, Schan-
doitz, Shandon, juge, 304 v°, 305, 401 v°, 402 v°, 419 v°.
Bridges, Brigge, Thomas, chevalier, 419 v°.
Brie, France, VIII v», 114 v», 160 v°, 170 v", 173 v°.
Briel, Guillaume, martyr à Wassy, 592 v°.
Brigge, voir Bridges, Thomas.
Brignoles, Brinolles, France, Var, 176 v°.
Brinolles, voir Brignoles.
Briquerds, voir Bricheros.
Brischell, N., gentilhomme morave, 42.
Brisgau, Brisgoye, Allemagne, 67 v°-68 v°.
Brisgoye, voir Brisgau.
Brissac, Charles de Cossé, comte de, maréchal de France,
474.
Brissebarre, Jean, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Brissonet, Nicolas, martyr à Wassy, 592 v°.
Bristav, voir Bristol.
Bristol, Bristav, Angleterre, Gloucestershire, 194, 382 v°,
383, 437 v°. — Évêque : Jean Holyman. — Martyrs :
Édouard Sharp, tisserand, N., charpentier (et non
gantier).
Britwel, Brytzvel, Thomas, suspect, 4 v°, 7, 13 v°.
Brodbridge, Bradbridg, Georges, martyr à Canterbury,
365 v°.
Broedere Balten, voir Balten.
Brok, voir Brook.
Bronzeval, voir Brousseval.
Brook, Brok, seigneur anglais, 493 v°.
Brooks, Jacques, évêque de Gloucester, 398-399.
Brossier, Simon, ministre, martvr à Périgueux, 620 v°-
621.
Broun, voir Brown.
Brousseval, Bronzeval, France, Haute-Marne, 591 v°.
Brown, Broum, Antoine, messager, 193.
Brown, Broun, Brun, Jean, chevalier, martyr à Londres,
VII v», 14 v°, 15.
Brown, Brovn, Thomas, martyr à Londres, 423.
Browne, Jean, gentilhomme, 419 v°.
Bruge, voir Bruges.
Bruges, Belgique, Flandre Occidentale, 191 v», 268, 268 v°,
395, 449-449 v°, 460, 569, 635 v°, 637. — Eselstrate,
449 v°. — Martyrs : Charles Coninck, Philibert de
la Haye, Pierre le Roux, Corneille Volcart.
Bruges, Bruge, Jean, commandant de la Tour de Londres,
268 v°.
Bruges, Bruge, N., frère du précédent, 268.
Brugière, Jean, martyr à Issoire, 171 v°-173 v°.
Brully, Pierre, ministre, martyr à Tournai, VIII, 134 v°-
140.
Brun, Étienne, martyr à Planuol en Dauphiné, 94 v°-95.
Brun, voir Brown.
Bruneau, Jacqueline, martyre à Tournai, 617.
Brunerol, Jean, lieutenant du bailli de Mérindol, 125,
125 v».
Bruni, Léonard, dit YAretin, humaniste, 39 v°-41.
Brunsvic, voir Brunswick.
Brunswick, Brunsvic, duc de, 57 v°.
Bruny, receveur du roi à Draguignan, 539, 539 v°.
10
Bruslard, procureur du roi, 473.
Brute, N. de la, capitaine, 129 v°.
Bruxelles, Belgique, Brabant, 85 v°, 98, 99, 102 v°-103,
104 v°-105 v° 135, 395, 509 v°-512 v», 561, 568, 594 v°-
595, 601, 610, 623, 624 v°, 666 v°, 669 v", 674, 692,
695, 696, 702 v°. — Martyrs : Pierre d'Andelot, Gijs-
brecht et Thierry de Batenburg, Maximilien de
Blois dit Cock, comte d'Egmont, Jean Esch, Jean
le Grain, comte de Hornes, Josse Jusberg, Jean Ru-
mault, ( Formault) , Gilles Tielemans, Antoine Ver-
drickt, Gilles Verdrickt, Henri Voes, Philippe van
Winghe.
Brydges, voir Bridges.
Brytan, cousin d'Anne Askew, 165 v°.
Brytwel, voir Britwel.
Buendia, comte de, 537.
Buathier, voir Buatier.
Buatier, Buathier, vicaire général, officiai de Lvon, 197 v°,
198, 203-206, 235, 253, 253 v°, 388, 391 v0.'
Bubbiana, Bubiane, Italie, Turin, 469 v°.
Bubiane, voir Bubbiana.
Bucella, Nicolas, réformé, 697 v°.
Bucer, Martin, réformateur, 115, 134 v°, 152, 153 v°,
154, 156 v°, 157, 191 v°, 307, 322 v°, 329, v», 488.
Bucka, Jean, évêque de Litomysl, 18, 32, 32 v", 33 v°.
Bucq, Bucz, Jean de, et son épouse Anne van de Velde,
martrys à Gand, 150.
Bucz, voir Bucq.
Budé, Guillaume, maître des requêtes, 71 v°, 78.
Budé, Mathieu, réformé, 151 v°.
Buet, conseiller au Parlement de Toulouse, 699 v°.
Bugenhagen, Jean, théologien, 58.
Bugle, Thomas, martyr à Londres, 48 v°.
Buillon, voir Bouillon.
Buis, Jean du, comte de Sancerre, gouverneur de Tours,
557 v°.
Buisset, Matthinette du, épouse de Hector Remy, mar-
tyre à Douai, 106.
Buisson, voir Le Buisson-et-Braux.
Buissons, Jean de, martyr à Anvers, 569 v°-572.
Bulinger, voir Bullinger.
Bulingere, voir Bullinger.
Bullen, Billuge, Thomas, comte de Wiltshire, 416.
Bullinger, Bulinger, Bulingere, Henri, réformateur, 85,
488, 643 v».
Bullingham, Nicolas, évêque de Lincoln, 92 v°-93.
Bungay, Bongay, Thomas de, martyr à Norwich, 56.
Bungaye, voir Bungey.
Bungey, Bungaye, Corneille, martyr à Coventry, 375 v°.
Buoillon, voir Bouillon.
Buren, Philippe-Guillaume de Nassau, comte de, 672 v°.
Burgensis, Jérôme, évêque de Châlons-sur-Marne, 589 v°-
591 v".
Burgos, Bourgues, Espagne, Castille, 131 v°.
Burie, voir Bury-Saint-Edmunds.
Burne, voir Bourne.
Burno, voir Bourne.
Burmvood, voir Brentwood.
Buron, Jean, dit Le Lanlernier, martyr à Angers, 456 v°-
457 v°.
Burre, Hubert, martyr à Dijon, 178.
Burward, Antoine, martyr à Canterbury, 365 v°.
Bury, Belgique, Hainaut, 623.
Bury-Saint-Edmunds, Berie, Burie, Edmond-Burye, Ed-
mondsbury, Angleterre, Suffolk, 73 v°, 361, 424, 437 v°.
— Martyrs : Jacques Abbes, Jean Fortune ou Cutler,
Thomas Spurdance ; — trois martyrs exécutés ensem-
ble : Roger Bernard, Adam Foster, Robert Lawson.
Busca, Busqué, Italie, Coni, 466.
Busqué, voir Busca.
Butcher, Boucher, Cantie, Contienne, de Kent, Jeanne,
martyre à Canterbury, 191 v°, 192, 310 v°, 402 v°.
Butinot, voir Hutinot.
Butler, Guillaume, voir Bamford, Guillaume, alias
Butler.
Byland, abbaye cistercienne, Angleterre, Yorkshire, 7 v°.
Byomo, Baptiste, juge, 555.
C
Cabanes, voir Les Cabanes.
Cabasse, Raymond, docteur en théologie, 43, 43 v°.
Cabot, Jean, docteur en théologie, 435 v°, 436.
Cabrie, Jean, ancien de Mérindol, 124 v°.
Cabrierette, France, Vaucluse, 129 v°.
Cabrière, voir Cabrières-d'Aigues.
Cabrières, voir Cabrières-d'Aigues.
Cabrière-d'Aigues, Cabrière, Cabrières, France, Vaucluse,
VIII v», 114 v°, 123, 123 v», 126-131, 174 v°-176 v°,
470, 473, 539, 540, 551 v». — Martyrs : N.N., nom-
breuses personnes massacrées.
Caçalla, Augustin de, martyr à Valladolid, 537 v°-538,
544.
Cadenet, France, Vaucluse, 126 v°, 127, 129 v», 130, 175.
Caesar, voir César.
Cahors, France, Lot, 340 v°, 619.
Caiarc, voir Cajarc.
Caillon, Michel, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Caillot, Nicolas, martyr à Wassy, 592 v°.
Caillou, Jean, martyr à Tours, 481 v°-482.
Caïn, personnage biblique, 34 v°, 62 v°, 151 v°, 154 v°,
271, 359 v°.
Caïphe, Cayphe, grand prêtre juif, 217, 667 v°.
Cajarc, Caiarc, France, Lot, 340.
Cajetan, Thomas, cardinal, 58.
Calabre, Italie, 77 v», 115, 544 v°, 545, 550 v°, 553, 554 v°.
Calais, Calets, France, Pas-de-Calais, 43 v°, 594 v°.
Calbergue, Thomas, martyr à Tournai, VIII v°, 290 v°-
291 V.
Calcedone, voir Chalcédoine.
Caleb, personnage biblique, 205, 655 v°.
Calets, voir Calais.
Caligula, empereur romain, VI v°.
Calixte Ier, pape, 531 v°.
Calvet, François du, officiai de l'évêque de Montauban,
martyr à Toulouse, 619-620.
Calvin, Jean, 77 v°, 82, 134 v° 197 v°, 228-229 v°, 233,
251-252 v°, 254 v°-255 v°, 259-262, 269, 277 v°-279,
340 v», 350 v°, 353, 357, 394 v», 401, 445, 461 v°, 466 v»,
468-469 v°, 486 v°, 487 v°, 496 v°, 499 v°, 503, 528 v°,
529, 552, 555 v°-556, 560 v», 568 v°, 587 v°, 595, 595 v°,
602 v», 605, 609, 631 v», 632, 638 v°, 643 v°, 691 v°, 706.
Calvinus, voir Calvin.
Cam, voir Cham.
Cambrai, Cambrav, France, Nord, IX, 19 v°, 21, 21 v°,
23, 25-27 v°, 28 v», 58 v°-60 v°, 135, 614, 617, 696,
696 v°. — Évêques : Pierre d'Ailly, Maximilien de
Berghes, Robert de Croy. — Martyrs : Antoine
Caron, Renaudine de Francville.
Cambray, voir Cambrai.
Cambrésis, France, 5.
Cambridge, Cambrige, Cantabridge, Cantabrige, Cantorbie,
Angleterre, Cambridge, 102 v°, 191 v°, 293 v°, 309,
322 v°, 329 v°-331 v», 376, 379, 382, 406 v», 415 v°,
416, 417 v°, 429-431, 437 v°. — Pembroke Hall et
Université, 322 v°, 329 v°-331 v°, 376. — Martyr :
Jean Huilier. Bûchers posthumes : Martin Bucer, Paul
Fagius.
Cambrige, voir Cambridge.
Cambry, Nicolas, conseiller du bailliage de Tournai,
387 v°.
Camilla Guarina, épouse de Jean-Louis Pascal, 545-
549 v°, 553, 553 v°.
Camille, Marc Furius, héros romain, 42 v°.
Campagne, Campaigne, France, Dordogne, 620 v°.
Campaigne, voir Campagne.
Campbel, Jean, député de la justice, 195 v°, 196 v°.
Campege, Cardinal, voir Campeggio, Laurent, cardinal.
Campeggio, Campege, Laurent, cardinal, évêque de Salis-
bury, 86.
Campo, Christophe del, martyr à Valladolid, 538.
Campo, Jean, juge à Dixmude, 559 v°-561.
11
Cana, noces de, 187, 187 v°.
Canaries, îles, 444 v°.
Candace, reine d'Éthiopie, 213 v°.
Candie, voir Crête.
Canesière, Claude de la, martyr à Lyon, 3S8-395.
Cantabridge, voir Cambridge.
Cantabrige, voir Cambridge.
Canterbury, Cantorbérie, Cantorbie, Canturbie, Angleterre,
Kent, VIII v», 1 v°-2 v°, 4 v°, 5, 8 v°, 13, 44, 44 v°,
72, 90-90 v°, 92 v°-93 v», 94 v°, 294, 306 v», 325, 327 v°,
339, 358-360 v°, 362 v°, 365 V, 375 v°, 376, 402 v»,
415 v», 416 v°, 418, 423 v», 434 v», 437 v°, 560 v°, 561,
700 v°. — Archevêques : Thomas Arundel, Thomas
Cranmer, Henri Chicley, Guillaume de Courtenay,
Mathieu Parker, Simon de Sudbury, Guillaume
Warham. — Martyrs : Anne Albright, Jean Archer,
Jean Bland, Georges Brodbridge, Antoine Burward,
Jeanne Butcher, Georges Catmer, Jeanne Catmer,
Dunston Chittenden, Jean Clarke, Guillaume Co-
ker, Richard Colliar, Guillaume Foster, Jean Franks,
Guillaume Hopper, Henri Laurence, Jacques Leaf,
Jean Lomas, Humphrey Middleton, Grégoire Parke,
Alice Potkins, Georges Ropper, Nicolas Scheterden,
Agnès Snoth, Jeanne Sole, Guillaume Stère, Robert
Streater, Jacques Tutty, Jean Webbe, Richard Wright.
Cantie, voir Kent.
Cantie, voir Butcher, Jeanne.
Contienne, Iane, voir Butcher, Jeanne.
Cantier, voir Kent.
Cantorbérie, voir Canterbury.
Cantorbéry, voir Canterbury.
Cantorbie, voir Canterbury. — Lire : Cambridge, f° 379.
Canturbie, voir Canterbury.
Canus, Alexandre, dit Laurent de la Croix, ministre,
martyr à Paris, VIII, 78-78 v°.
Capo d'Istria, voir Kopar.
Caraffa, famille, lignée des Caraffes, Caraphes Neapolitains,
365 v°, 371 v°.
Caraffa, Caraffe, Antoine, cardinal, 554.
Caraffa, Caraffe, Charles, cardinal, 491.
Caraffa, Caraffe, Giampetro, voir Paul IV, pape.
Caraffe, voir Caraffa.
Caraffes, voir Caraffa.
Caraphes Neapolitains, voir Caraffa.
Carbonieri, Valguichard, Italie, Turin, 575.
Carcassonne, France, Aude, 619.
Cardiff, Cardiffle, Angleterre, Galles, 317 v°. — Martyr :
Rawlins White.
Cardiffle, voir Cardiff.
Cardinal, Jean, 628.
Cardington, Carlington, Angleterre, Shropshire, 10.
Cardmaker, Jean, chanoine, martyr à Londres, 297 v°,
313, 321-322, 332 v°, 396.
Careless, Carels, Jean, mort en prison à Londres, 437 v°.
Carels, voir Careless.
Carignan, Italie, Turin, 573 v°. — Martyrs : Jean de
Carquignan, Jeanne et Mathurin.
Caria, voir Carla-Bavle.
Carla-Bayle, Caria, Fr^ce, Ariège, 699.
Carleton, Karleton, Guillaume, docteur, 46.
Carlier, Wauldru, martyre à Mons, 308 v°.
Carlington, voir Cardington.
Carlisle, Carnil, Angleterre, Cumberland, 297. — Évêque :
Robert Aldridge.
Carlos, Charles, fils de Philippe II, 537.
Carmarden, voir Carmarthen.
Carmarthen, Carmarden, Angleterre, Carmartenshire,
314 v°. — Martyr : Robert Ferrar.
Carne, Karmns, docteur, 416.
Carneys Pradier, juge, 320 v°.
Carnil, voir Carlisle.
Carnolis, Jean de, prévôt de la cathédrale d'Aix-en-
Provence, 117, 118.
Carolostade, voir Karlstadt.
Caron, Antoine, martyr à Cambrai, 616 v°, 617.
Caron, Claudine, épouse d'Antoine, 616 v°.
Carondelet, Jean, archevêque de Païenne, 60 v°.
Carpentier, Georges, martyr à Munich, VII v°, 69-
69 v°.
Carpentras, France, Vaucluse, 120 v°, 123, 123 v°. —
Évêque : Jacques Sadolet.
Carquignan, Jean de, martvr à Carignan, 573 v°.
Carthage, Tunisie, 113 ; — concile, 113, 114, 227, 400,
405 v°, 406, 468.
Cartheny, Cartini, Jean de, prieur des carmes à Valen-
cienne, 611.
Cartini, voir Cartheny.
Carver, Dirick, Harman, Herman, Diricke, martyr à
Lewes, 361.
Casa, Jean délia, secrétaire du cardinal Caraffa, 371 v°.
Casabone, Hierome, voir Casabonne, Jérôme.
Casabonne, Jérôme, Casabone, Hierome, martyr à Bor-
deaux, 440 v°-441 v°.
Cassius, 477 v°.
Castalio, voir Castellion, Sébastien.
Castelain, voir Castellan.
Castelane, voir Castellane.
Castellamare, Castelle, Italie, Naples, 17 v°, 21 v°. —
Évêque : Bernard.
Castellan, Castelain, Chastellain, Châtelain, Jean, martyr
à Vic-sur-Seille, VIII, 62-63 v°.
Castellane, Castelane, France, Basses-Alpes, 539-540.
Castellanus, voir Chastel.
Castelle, voir Castellamare.
Castellion, Castalio, Sébastien, théologien, 493.
Castelnau-Tursan, Charles de, baron de Castelnau,
conjuré, martvr à Amboise, 557 v°-558 v°.
Castille, Espagne, IX, 537, 540.
Castro, Alphonse de, moine espagnol, 337 v°-338 v°.
Catel, Jean, martyr à Lille, 653 v°-654.
Cateline, Otto van, Katelin, Ottho, Oest, Georges van,
martyr à Gand, VIII v°, 287 v°-289 v°.
Cateline, Christine van, épouse d'Otto, 288 v°, 289.
Cateline, Samuel van, fils d'Otto, 289.
Cateline, Sara van, fille d'Otto, 289.
Catelle, N. La, maîtresse d'école, martyre à Paris, 82.
Cateux, Catteu, Jean, martyr à Valenciennes, 696 v°.
Catherine, fille de Jean Ricourt, 161 v°-163 v .
Catherine d'Aragon, reine d'Angleterre, 88 v°, 90 v°,
416, 416 v», 417 v°, 418, 420.
Catherine Grey, sœur de Jeanne Grey, 267 v°-268.
Catherine Howard, Havart, cinquième épouse d'Hen-
ri VIII, 94 v°.
Catherine Hut, martyre à Londres, 437 v°.
Catherine de Médicis, reine de France, 178, 178 v°,
580-581 v°, 585-588, 598, 598 V, 619.
Catherine Metsys, martyre à Louvain, 95-98.
Catherine Ortega, martyre à Valladolid, 538.
Catherine Romain, martyre à Valladolid, 538.
Catherine Saube, martyre à Montpellier, VII v°, 42 v°-
43 v°.
Catherine Thys ou Matthijs, Diessen, épouse d'André,
suspecte, 385-386 v°.
Catmer, Catner, Georges, martyr à Canterbury, 365 v°.
Catmer, Painter, Jeanne, épouse du précédent, martyre
à Canterbury, 423 v°.
Catner, voir Catmer.
Cattaro, voir Kotor.
Catteu, voir Cateux.
Caturce, Caturco, Jean de, martyr à Toulouse, VIII,
73 v°-74.
Caturco, voir Caturce,
Caudebec-en-Caux, France, Seine-Maritime, 170 v°.
Caudebek, voir Caudebec-en-Caux.
Cauron, voir Cavron-Saint-Martin.
Causis, Michel de, curé à Prague, 16 v°, 17, 19 v°, 24,
27 v», 33 v», 34, 37 v».
Causson, voir Causton.
Causton, Causson, Thomas, martyr à Rayleigh, 315-316 v°.
Caval, consul à Draguignan, 471 v°.
Cavaillon, France, Vaucluse, 120 v°, 123-126, 129, 130,
130 v°. — Évêque : Pierre de Ghinucci.
Cavalier, Cavalieri, Antoine, consul à Draguignan, 470,
471 v°.
Cavalieri, voir Cavalier.
Cavel, Caves, Jean, martyr à Londres, 437 v°.
Caves, voir Cavel.
Cavor, voir Cavour.
Cavour, Cavor, Italie, Piémont, 576.
Cavron-Saint-Martin, Cauron, France, Pas-de-Calais, 706,
706 v°.
Cawch, Léon, Coyxe, Lyon, martyr à Stratford, 437 v°,
441 v°-442v°.
Cayphe, voir Caïphe.
Cazes, Jean de, martyr à Bordeaux, 434 v°-437.
Cécilian, Cecilius, évêque de Carthage, 478, 478 v°, 682 v°,
685 v", 686 v°.
Cefalonie, voir Céphalonie.
Célestin, pape, 658 v°.
Celse, Celsus, philosophe romain, 668 v°.
Celsus, voir Celse.
Cenalis, voir Ceneau.
Cene, Nicolas le, martyr à Paris, 484-485 v°.
Cene, Philippe, martyr à Dijon, 450 v°-456 v°, 484.
Ceneau, Cenalis, Robert, évêque d'Avranches, 480 v°.
Cental, Françoise de Bouliers, dame de, 130, 175, 176.
— Jean-Louis-Nicolas de Bouliers, seigneur de,
129 v°, 130.
Centfrancs, voir Claudin.
Céphalonie, Cefalonie, île Ionienne, 697.
12
Cephas, personnage biblique, 91.
Cerisy-la-Forêt, Cerisy-monpinson, France, Manche, 408 v°.
Cerhy-monpinson, voir Cerisy-la-Forêt.
César, Cesarius, moine, 300, 678.
César, colonel, 555.
César des Bourguignons, évêque de Limoges, 320.
César Cibo, Ususmaris, archevêque de Turin, 439.
Cesarius, voir César.
Chaalons, voir Châlons-sur-Marne.
Chabot, voir Chapot.
Chadeville, Alain de, augustin, 436 v°.
Chadsé, voir Chedsey.
Chadsee, voir Chedsey.
Chadsey, voir Chedsey.
Chaillaud, Jean, chanoine d'Angers, 457, 457 v°.
Chalcédoine, Calcedone, ancienne ville d'Asie Mineure,
concile de, 160, 307, 380, 400, 678, 687.
Challes, Jacques, martyr à Rouen, 106.
Challopin, Raoul, juge de la prévôté d'Angers, 412 v°,
457 v».
Châlons-en-Champagne, voir Châlons-sur-Marne.
Châlons-sur-Marne, Chaalons, Châlons-en-Champagne,
France, Marne, 62, 521, 589 v°-591 v°. — Évêque :
Jérôme Burgensis.
Chalopin, voir Challopin.
Cham, Cam, personnage biblique, 583.
Chamberlain, Chambreland, gentilhomme anglais, 334.
Chamberlain, Chamberlayn, Nicolas, martyr à Colchester,
329.
Chamberlain, Chamberlayne , Robert, prieur des domini-
cains à Londres, 46 v°.
Chamberlain, Chambreland, seigneur de Woodstock, 334.
Chamberlayn, voir Chamberlain.
Chamberlayne, voir Chamberlain.
Chambéry, France, Savoie, VIII v°, 181, 181 v», 340-358,
458. — Martyrs : Bertrand Bataille, Gabriel Berau-
din, Jean Godeau, Antoine Laborie, Jean Lambert,
Guyraud Tavran, Jean Trigalet, Jean Vernou.
Chambon, Jean, Jean-Pierre, brigand, martyr à Lyon,
214 v°-218, 236, 236 v», 237 v°-238 v°, 244, 244 v°.
Chambreland, voir Chamberlain.
Chameil, F.B., Bechameil, F., 320 v°.
Champ, Jean du, martyr à Anvers, 490 v°-491.
Champagne, France, 114 v°, 171, 181 v°, 385, 444, 470 v°,
536, 589 v», 594 v°.
Champoléon, Champolion, France, Hautes-Alpes, 87 v°.
Champolion, voir Champoléon.
Champsaur, Chansaur, France, Hautes-Alpes, 87 v°.
Champy, Marc, lieutenant criminel de Troyes, 181 v°.
Chandieu, Bertrand de, conjuré d'Amboise, 557-559 v°.
Chandos, Sandoitz, Schandoitz, Shandon, Jean Bridges,
Lord, juge. 304 v°, 305, 401 v°, 402 v°, 419 v°.
Changuyon, Pierre, suspect, 593.
Chansaur, voir Champsaur.
Chapelain, Pierre, inquisiteur, 89.
Chappelle, voir La Chapelle-Monthodon.
Chapot, Chabot, Pierre, martyr à Paris, 169-170 v°.
Charles, neveu de Jean-Louis Pascal, 549 v°-550, 553 v°,
555.
Charlar, Quintin, chanoine de Tournai, 188, 191.
Charlemagne, empereur, 557 v°.
Charles, voir Carlos.
Charles IV, roi de Bohème, 21.
Charles V, voir Charles-Quint.
Charles VI, roi de France, 659.
Charles VII, roi de France, 57.
Charles VIII, roi de France, 55, 55 v°, 56, 557.
Charles IX, roi de France, IX, 563, 576 v°, 580-588 v°,
593 v°, 594 v", 597-598 v°, 618 v°, 621 v», 658, 663 v°,
703 v°.
Charles de Bourbon, connétable de France, 129.
Charles de Bourbon-Montpensier, prince de la Roche-
sur- Yon, 408 v°, 409, 410, 410 v°, 411, 519.
Charles Le Bran, martvr à Liège, 703.
Charles Caraffa, Carafe, cardinal, 491.
Charles de Castelnau-Tursan, baron de Castelnau, con-
juré d'Amboise, 557 V-558 v°.
Charles de Cossé, comte de Brissac, maréchal de France,
474.
Charles Coninck, Le Roy, martyr à Bruges, 449.
Charles de Croy, évêque de Tournai, 135, 595.
Charles Elinck, martvr à Hondschoote, 598 v°-600 v°.
Charles Favre, martyr à Lyon, VIII v°, 197-236.
Charles Ferré, seigneur de La Gareye, conjuré d'Amboise,
557.
Charles de Guise, cardinal de Lorraine, 178 v°, 475 v°,
519, 521 v», 527, 534 v°, 557 v°-558 v», 577, 580 v°,
585 vO-589 v», 591-592 v», 619, 622, 658.
Charles Joseph, fonctionnaire épiscopal, 56 v°.
Charles vander Kauwe, suspect, 560 v°.
Charles de Lorraine, cardinal, voir Charles de Guise,
cardinal de Lorraine.
Charles Tisnacq, Dissenac, conseiller impérial, avocat
fiscal du Brabant, 135.
Charles Truchet, gentilhomme, capitaine, 575.
Charles-Quint, empereur, 58, 88 v°, 95 v», 106, 118, 129,
132, 133, 134-135, 139 v», 150 v°, 151 v°-153 v°, 171,
177, 184 v», 186, 191 v°, 277, 287 v°, 288, 292, 306,
308 v», 337 v°, 388, 416, 472 v°, 509 v», 510 v», 537 v»,
573 v°, 665 v°, 668, 701 v°, 702 v°, 703.
Charles le Quint, voir Charles-Quint.
Charlotte d'Orléans, 92.
Chartier, Guillaume, missionnaire de la Réforme en
Amérique, 444, 446.
Chartres, France, Eure-et-Loir, 274 v°-276 v°, 482 v°. —
Martyrs : Pierre Denocheau, Étienne Le Roy.
Chassané, voir Chassanée.
Chassanée, Barthélémy, président du Parlement d'Aix-
en-Provence, 116-119, 120 v°-121 v", 125-126.
Chasteau-en-Cambresi , voir Le Cateau.
Chasteau-Gautier, voir Château-Gontier.
Chasteau, dame de, martyre à Paris, 5.
Chasteau-Briant, voir Châteaubriant.
Chastellain, voir Castellan.
Chasteler, Jean de, seigneur de Maulbais, Moidbay,
lieutenant du château de Tournai, 602, 605, 608, 612,
615 v°, 616, 674.
Chastel, Castellanus, Pierre du, lecteur de François Ier,
évêque de Mâcon, puis d'Orléans, 120 v°, 178 v°, 473.
Chastillon, voir Châtillon.
Chate, voir Chatte.
Châteaubriand, Chasteau-Briand, France, Loire -Atlantique,
473, 516-516 v°.
Château-Gontier, Chasteau-gautier, France, Mayenne,
408 v°.
Châtelain, voir Castellan.
Châtillon, famille de, 619. — Voir Coligny.
Chatris, voir Sautre.
Chatte, Chate, France, Isère, 693 v°.
Chaubmont, voir Chaumont.
Chauffours, France, Eure-et-Loir, 274 v°.
Chaidmont en Bassigny, voir Chaumont.
Chaumont, Chaubmont, France, Savoie, 92.
Chaumont, Chaulmont en Bassigny, France, Haute-Marne,
593 v°.
Chaumont, Théodore de, abbé de Saint-Antoine-en-
Viennois, 62, 67.
Chaves, Françoise, Francisco, de, martyre à Séville, 544.
Chay, François, procureur de Mérindol, 120.
Chedsé, voir Chedsey.
Chedsey, Chadsé, Chadsée, Chedsé, Guillaume, chapelain
de l'évêque Bonner, 303, 326-327, 401 v», 403, 406,
408.
Chelmisford, voir Chelmsford.
Chelmsford, Chelmisford, Chemsford, Angleterre, Essex,
329, 432. — Martyrs : Georges Eagles, Thomas Wats,
N., N., deux larrons.
Chemsford, voir Chelmsford.
Chen, Jean, chevalier, 44.
Chêne, François du, voir Enzinas, François de.
Chêne, Ouercu, Guillaume du, professeur à la Sorbonne,
70 v°.
Chenée, voir Cheyney.
Cherité, voir La-Charité-sur-Loire.
Cheron, Jeanne, épouse de Louis Coquemant, condam-
née à Meaux, 161 v°-163 v°.
Chery, lieu non identifié, près de Blois, France, Loir-et-
Cher, 179.
Chesholm, Guillaume, évêque de Dunblane, 195 v°.
Chesne, Nicolas du, martyr à Gray, 385.
Chester, Chestre, Westcestre, Angleterre, Cheshire, 317 v°-
319, 416 v°. — Évêques : Jean Bird, Georges Cotes.
— Martyr : Georges Marsh.
Chetford, voir Thetford.
Chettenden, Dustone, voir Chittenden, Dunston.
Chevalier, Jean, employé de Saint-Maurice à Angers,
412 v°.
Chevalier, voir Paul Millet.
Chevallet, Pierre, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Chevet, Pierre, martyr à Paris, 516 v°-517 v°.
Cheyney, Chenée, archidiacre de Hartford, 404.
Chicestre, voir Chichester.
Chichel, voir Chicley.
Chichelé, voir Chicley.
Chichester, Cecestre, Chichestre, Cicestre, Angleterre, Sus-
sex, 54 v°, 90, 92 v°, 93, 300, 300 v°, 303 v°, 336-337 v°,
361, 408. — Évêques: Jean Christopherson, Georges
Day, Renauld Pecock, Richard Sampson. — Martyrs :
Thomas Iverson, Richard Hook.
13
Chicley, Chichel, Chichelé, Henri, archevêque de Canter-
bury, 47 v°, 48.
Chien, Robert le, réformé de Lille et son épouse, 428.
Chieri, Quier, Qitiers, Italie, Turin, 458.
Chignet, Simon, martyr à Wassy, 592 v°.
Chinon, France, Indre-et-Loire, 181.
Chittenden, Dunston, Chettenden, Dastone, mort en prison
à Canterbury, 437 v°.
Chlum, Jean de, gentilhomme tchèque, 16-35 v°.
Chobard, Jacques, marty r à Saint-Mihiel, 151, 151 v°.
Cholmley, Chomlee, Roger, officier de justice, 396, 396 v°.
Chomlee, voir Cholmley.
Chonnette, Thoinette, Oguier, fille de Robert Oguier,
425 v», 427 v», 428.
Choré, voir Coré.
Chorges, France, Hautes-Alpes, 122 v°.
Chrestien, voir Chrétien.
Chrétien, Chrestien, de Quekere, martyr à Furnes, 559 v°-
561 v».
Christiane, Agnès, Georges ou N., épouse de Georges,
seconde épouse de Richard Georges, martyre à Col-
chester, et non à Norwich, 472 v°.
Christieme, voir Christine.
Christine, femme d'Otto van Cateline, 288 v°, 289.
Christine de Danemark, Christierne de Dannemarc, du-
chesse de Lorraine, 67.
Christofle, voir Christophe.
Christoforson, voir Christopherson.
Christophe, Christofle, bourreau, 628 v°.
Christophe, duc de Wurtemberg, 493, 619, 628.
Christophe de Arellanio, martyr à Séville, 544 v°.
Christophe de Bolengers, Boullenger, conseiller à Sens,
597 v°.
Christophe del Campo, marty r à Valladolid, 538.
Christophe Colomb, Christofle Colon, 444 v°.
Christophe Daire, député, 164, 164 v°.
Christophe Depincé, lieutenant criminel à Angers, 408 v°,
412-413 v°.
Christophe Goodman, ami de Barthélémy Green, 424 v°.
Christophe Lyster, martyr à Colchester, 437 v°.
Christophe de Losada, martyr à Séville, 544-544 v°.
Christophe de Padilla, martyr à Valladolid, 538.
Christophe de Prive, conseiller du roi à Angers, 457.
Christophe Salmon, valet de chambre, 264 v°.
Christophe Smith, ministre, martyr à Anvers, IX v°,
635 v°-653 v».
Christophe (et non Jean) Wade, martyr à Dartford, 361.
Christophe, François, ministre à Saint-Nicolas, 578 v°,
579 v».
Christopher, voir Christophe.
Christopherson, Christoforson, Jean, doyen de Norwich,
futur évêque de Chichester, 408.
Christophle, voir Christophe.
Chrysostome, voir Jean Chrysostome.
Chypre, île de la Méditerranée, 697.
Cibo, César, Ususmaris, archevêque de Turin, 439.
Cibot, I., 320 v°.
Cicéron, orateur romain, 487.
Cicestre, voir Chichest?r.
Cigogné, Ciguongnes, France, Indre-et-Loire, 432 v°.
Ciguongnes, voir Cigogné.
Ciret, Jean de, conseiller au Parlement de Bordeaux, 436.
Cirier, Roger, martyr à Taunton, 362 v°.
Cisteaux, voir Cîteaux.
Cisueras de Sareglio, époux de Marina de Saiavedra,
538.
Cîteaux, Cisteaux, Citteau, France, Côte d'Or, 452 v°,
456 v».
Citteau, voir Cîteaux.
Claimond, principal de collège à Oxford, 86 v°.
Clairemont, capitaine, 698.
Clair-Lieu, abbé de, 67.
Clarebach, Adolphe, martyr à Cologne, VII v°, 70.
Clark, Jean, évêque de Bath, 97.
Clarke, Jean, mort en prison à Canterbury, 437 v°.
Claude, saint, 56.
Claude, épouse de Maître François Orbouton, réformée,
390, 394 v°.
Claude des Asses, conseiller au Parlement de Paris, 473.
Claude Brachot, martyr à Wassy, 592 v°.
Claude de la Canesière, martyr à Lyon, 388-395.
Claude David, juge, 92.
Claude Despense, d'Espense, professeur à la Sorbonne,
107, 587 v°, 588.
Claude Digoine, soldat du duc de Guise, 593 v°.
Claude Favyer, de Tourves, condamné par contumace,
115, 115 v°.
Claude Ferault, 539.
Claude Le Fèvre, martyr à Wassy, 592 v°.
Claude du Flot, martyr à Lille, 664 v°-665 v°.
Claude de Hamaide, Hamet, prévôt de Valenciennes,
688 v», 696.
Claude Lejeune, martyr à Wassy, 592 v°.
Claude Lesain, prévôt de Wassy, 591 v°, 593-594 v°.
Claude II de Lorraine, duc d'Aumale, 589 v°, 591-
591 v».
Claude Maillart, martyr à Wassy, 592 v°.
Claude Monier, martyr à Lyon, 182-184.
Claude Le Peintre, martyr à Paris, 97 v°.
Claude Petit-Pain, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Claude Richart, martyr à Wassy, 592 v°.
Claude de Sainctes, chanoine de Saint- Augustin, puis
évêque d'Évreux, 587 v°, 588.
Claude Simon, martyr à Wassy, 592 v°.
Claude Thevenin, martyr à Wassy, 592 v°.
Claude Thierry, martyr à Orléans, 179 v°.
Claude Tondeur, capitaine de Wassy, 593.
Claudin, dit Centfrancs, mutilé à Wassy, 594 v°.
Claudine Caron, épouse d'Antoine Caron, 616 v°.
Claudius, Appius, héros romain, 42 v°.
Clausse, greffier, 176.
Claydon, Jean, martyr à Londres, 15 v°.
Clemanges, Clemangis, Nicolas de, recteur de l'Université
de Paris, VII v», 49 v°-54 v°.
Clemangis, voir démanges.
Clément, voir Robert, empereur, 36 v°.
Clément, saint, 527 v°.
Clément V, pape, 51 v°, 53 v°.
Clément d'Alexandrie, Alexandrin, saint, 379, 445 v°.
Clément Marot, écrivain, 107.
Clément, Jean, martyr à Londres, 437 v°.
Clepier, procureur fiscal, 203, 235.
Clerc, François Le, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Clerc, Jacques Le, mari de Michèle de Caignoncle, 184 v°.
Clerc, Jean Le, martyr à Metz, VII v°, 61, 74 v°.
Clerc, Nicolas Le, dit le Bleat, martyr à Wassy, 594 v°.
Clerc, Pierre Le, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Clerc, voir Clercq.
Clercq, Clerc, Jacques Le, avocat à Tournai, 387 v°, 615,
634 v".
Clerici, Nicolas, doyen de la Faculté de théologie de Paris,
79, 169 v°.
Clermont-en-Beauvaisis, Beauvoisin, ancien comté de Fran-
ce, 523.
Clermont en Beauvoisin, voir Clermont-en-Beauvaisis.
Clermont, voir Clermont-Ferrand.
Clermont-Ferrand, Clermont, Montferrant-en- Auvergne,
France, Puy-de-Dôme, 171 v°-173 v°, 182.
Clèves, Allemagne, 696 v°.
Clèves, Anne de, quatrième épouse d'Henri VIII, 94 v°.
Clèves, duc de, 387, 700.
Clinet, Nicolas, martyr à Paris, 482-482 v°, 483 v°-484,
487 v».
Clocestre, voir Colchester.
Clotilde, épouse de Clovis, 584 v°, 586.
Clovis, roi des Francs, 586.
Clyfford, Louis, chevalier anglais, 2, 4.
Cob, Cobbe, Thomas, martyr à Thetford, 365 v°.
Cobbe, voir Cob.
Coberley, Corberley, Guillaume, martyr à Salisbury,
437 v°.
Cobham, voir Oldcastle, Jean.
Cock, voir Blois.
Cocker, voir Coker.
Cockshall, voir Coggeshall.
Codet, Nicolas, de Meaux, 161 v°-163 v».
Coe, Thomas, voir Coo, Roger.
Coggeshall, Cockshall, Angleterre, Essex, 322 v°-329. —
Martyr : Thomas Hawkes.
Cohnam, voir Oldcastle, Jean.
Coifrier, André, martyr à Dammartin, 536.
Coin, N. du, receveur du cardinal de Châtillon, 598.
Cointac, Jean, étudiant de Sorbonne émigré au Brésil,
445-446 v°, 447 v°.
Coker, Cocker, Guillaume, martyr à Canterbury, 362 v°.
Col, voir Cole.
Colas, le grand, voir Nicolas Vaultherin.
Colcestre, voir Colchester.
Colchester, Clocestre, Colcestre, Colchestre, Angleterre,
Essex, 106, 315 v°, 316 v°-317 v°, 329, 375 v°, 431 v°
432, 437 v°, 472 v°. — Martyrs : Nicolas Chamber-
lain, Richard Day (Daye, Jean Daivs), Christiane
(Agnès) Georges (ou N., épouse de Georges), Jacques
Gore, Jean Hamond, Guillaume Harris (Richard,
Jean Harrison), Henri et son serviteur, Simon Joyne,
Jean Laurence, Christophe Lyster, Jean Mace, Ri-
chard Nichols, Jean Spenser.
Colchestre, voir Colchester.
Coldingue, voir Kolding.
Cole, Col, Henri, prévôt du collège d'Eton, archidiacre
14
et doyen de Saint-Paul à Londres, 398 v°-399, 419-
420 v°, 421 v°.
Cole, Jacques, notaire, 46 v°.
Colet de Deze en Savennes, voir Collet-le-Dèze.
Colier, voir Collier.
Coligny, Colligny, fleuve du Brésil, actuellement Janeiro,
444 v°, 447 v°, 448 v°, 461, 464.
Coligny, Colligny, Gaspard de, amiral de France, 557 v°,
559, 563, 593, 621 v°.
Coligny, Odet de, cardinal de Châtillon, 580 v°, 598.
Colin Pallenq, dit du Plan d'Apt, martyr à Apt, 115 v°.
Colin, F., conseiller à Angers, 457 v°.
Colladon, Nicolas, ministre, 608 v°.
Coller, voir Colliar.
Collesson, Collisson, Jean, martyr à Wassy, 592 v°, 593.
Collet, voir Colley.
Collet-le-Dèze, Colet de Dèze en Savennes, France, Lozère,
184 v°.
Colley, Collet, franciscain, 618.
Colliar, Coller, Richard, martyr à Canterbury, 362 v°.
Collier, Colier, prévôt de l'église de Manchester, 339.
Colligny, voir Coligny ; voir Coligny.
Collins, Collouse, commissaire du diocèse de Canterburv,
358 v°-359.
Collisson, voir Collesson.
Collonges, Colonges, France, Ain, 197 v°, 202 v°.
Collouse, voir Collins.
Colmars, France, Basses-Alpes, 122 v°.
Colonges, voir Collonges.
Cologne, Coulogne, Couloigne, Allemagne, Rhénanie-West-
phalie, VII v°, 37, 58, 70, 543 v°, 578-580, 635. —
Martyrs : Adolphe Clarebach, Pierre Flistede.
Cologne, Corneille de, curé à Hulst, 660 v°, 661.
Colomb, Christophe, Colon, Christophle, 444 v°.
Colon, Christophle, voir Colomb, Christophe.
Côme, Italie, Lombardie, 291 v°-293. — Martyr : François
Gamba
Comelin, Martin, réformé de Douai, 97 v°.
Comestor, Pierre, théologien, 676.
Comines, Commines, Belgique, Flandre Occidentale, 672 v°.
Comines, voir Commynes.
Commines, voir Comines.
Commode, empereur romain, VI v°.
Commynes, Philippe de, historien, 55, 55 v°.
Compesières, Suisse, Genève, 83.
Comtat Venaissin, conté de Venisse, France, 118 v°, 123,
126.
Comte palatin, voir Louis, voir Otto-Henri.
Condé, Louis Ier de Bourbon, prince de, 559, 580 v°,
594 v°, 598, 619, 621, 621 v°, 622, 628, 656.
Condonnois, France, Gers, 485 v°, 487.
Congnart, Yves, Yvon, condamné à Meaux, 161 v°-
163 v°.
Coni, Cunio, Cttny, Italie, Coni, 544 v°, 547, 553, 555,
556 v°, 557.
Coninck, Le Roy, Charles, martyr à Bruges, 449.
Coninckes, voir Jeanne de Salomez.
Conliège, Cornière, France, Jura, 287 v°.
Connétable, voir Anne de Montmorency.
Conrad, Henry, châtelain de Franchimont, 617 v°.
Conrard Sceitther, vicaire de la cathédrale de Munich,
69 v°.
Conrard de Vechta, archevêque de Prague, 16.
Constance, Allemagne, Bade, concile de, VII v°, 6, 14 v°-
42 v°, 56 v°, 57 v°, 518 v°, 527, 530. — Martyrs : Jean
Huss, Jérôme de Prague.
Constance, voir Coutances.
Constance de Bivero, martyre à Valladolid, 537 v°.
Constant Dialestini, alias Rembaldo, syndic de Villaro,
576.
Constantin, empereur de Byzance, 23, 48 v°, 111, 469 v°,
473.
Constantin V, empereur d'Orient, 467.
Constantin VI, empereur d'Orient, 467.
Constantin, martyr à Rouen avec trois autres personnes
(Oudard Bouncer, Jacques Challes, Guillaume
Fonques), 106.
Constantin, voir Constantine.
Constantine, Constantin Georges, officier d'état-civil, 314.
Constantinoble, voir Constantinople.
Constantinople, Turquie, 17 v°, 21 v°, 37 v°, 57, 108,
113, 160, 174, 221, 221 v°, 307, 379 v», 400, 400 v», 467,
623. — Évêques : Jean Chrysostome, Macedonius,
Nectarius, Nestorius, Jean de la Rochetaillée, Jean
le Scolastique.
Conte, Adam le, de Meaux, 161 v°-163 v°.
Convald, Baczko de, gentilhomme morave, 42.
Conventrie, voir Coventry.
Coo, Roger, Coe, Thomas, martyr à Yoxford, 365 v°.
Cook, docteur, 77 v°, 396 v°.
Cooling, Coulyng, Angleterre, Kent, 45.
Cooper, Couper, Augustin, officier de la ville d'Oxford,
382 v°.
Cootse, voir Cotes.
Copus, suspect, 263.
Coq van Necrijnen, voir Maximilien de Blois.
Coquemant, Louis, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Coquemant, Pierre, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Coquillard, Quoquillard, Pierre, martyr à Besançon, 82 v°.
Corbeil, Louis, réformé, 254 v°.
Corberley, voir Coberley.
Corbis, officier, 574.
Cordes, Balthasar de, officiai de Tournai, 70.
Cordes, Philippe de, procureur du bailliage de Tournai,
387 v°.
Coré, Choré, personnage biblique, 138.
Corfou, île grecque, 697.
Corguilleray, Philippe de, dit du Pont, gentilhomme
genevois, 444-445 v», 446 v°-449, 461 v°.
Corinthe, Grèce, Argolide-et-Corinthe, 280, 338 v°-339,
363, 409, 562, 569 v°, 672 v».
Corneil, voir Corneille.
Corneille, saint, 368.
Corneille, saint, pape, 211 v°, 232 v°, 400 v°, 468, 566 v°.
Corneille Bungey, Bungaye, martyr à Coventry, 375 v°,
681.
Corneille de Cologne, curé à Hulst, 660 v°, 661.
Corneille Halewijn, martyr à Anvers, 512 v°-514.
Corneille de Lesenne, ministre, martyr à Liège, 703.
Corneille Volcart, Volkaert, martyr à Bruges, 191 v°.
Cornel, Cornelia, Marie, martyre à Séville, 542-542 v°.
Cornelia, voir Cornel, Marie.
Cornelis, voir Corneille.
Cornélius Agrippa, humaniste, 416.
Cornière, voir Conliège.
Cornon, Jean, martyr à Mâcon, VIII, 85, 94 v°.
Cornu, Guillaume, martvr à Tournai, 610, 623-624 v°.
655 v».
Cortaillod, Courtaillou, Suisse, Neuchâtel, 239.
Cosenza, Italie, Cosenza, 544 v°-554. — Vicaire général :
Zacharias Delfinus, évêque de Hvar.
Cosins, Cosin, chapelain de Bonner, évêque de Londres,
398, 406 v°-408.
Cossé, Charles de, comte de Brissac, maréchal de France,
474.
Coste, voir Lacoste.
Coste, Georges, comte de la Trinité, 555, 574-576.
Cotes, Cootse, Georges, évêque de Chester, 86.
Coton Cotton, Noël, martyr à Rouen, 621.
Cotrel, voir Cottrel.
Cotton, Etienne, martyr à Brentford, 472 v°.
Cotton, voir Coton.
Cottrel, Cotrel, Cottreel, Pierre, martyr à Tournai, 709.
Coulogne, voir Cologne.
Couloigne, voir Cologne.
Coulyng, voir Cooling.
Couper, voir Cooper.
Couppe, Barbe, épouse de Nicolas Larchier, suspecte,
relaxée, à Mons, 176 v°-177.
Couraud, voir Courault.
Courault, Couraud, Jean, dit Élie, augustin, passé à la
Réforme, 79-79 v», 81.
Coureur, voir Georges Eagles.
Courrier, juge à Lyon, 203 v°, 394.
Courtaillou, voir Cortaillod.
Courtenay, Guillaume de, archevêque de Canterburv,
2 v°, 3.
Courtet, Louis, martyr à Annecy, 92.
Courtin, Philippe, huissier du Parlement d'Aix-en-Pro-
vence, 126 v°.
Courtrai, Courtray, Belgique, Flandre Occidentale, 70,
653 v°.
Courtray, voir Courtrai.
Couserans, Coserans, France, Ariège, 276 v°. — Évêque :
Hector de Ossuno.
Cousturier, voir Couturier.
Cousturier, voir Henri Bockhalt.
Coutances, Constance, France, Manche, 408 v°.
Couturier, Thierry, Théodore Sartor, anabaptiste, 84 v°.
Couvertpuys, Nicolas, martyr à Wassy, 592 v°.
Coventrie, voir Coventry.
Coventrv, Conventrie, Coventrie, Angleterre, Warwickshire,
313 v°-314, 317 v», 330 v», 372, 373-375 v», 399-401 v".
— Évêque, voir Lichfield. — Martyrs : Corneille
Bungey, Robert Glover, Laurent Saunders.
Coverdal, Milo, voir Coverdale, Miles.
Coverdale, Miles, Coverdal, Milo, évêque d'Exeter, 293 v°.
Cowbridge, Cozvbrig, Guillaume, martyr à Oxford, 86.
Cowbrig, voir Cowbridge.
Cox, Léonard, principal du collège, Reading, 74 v°, 166 v°.
15
Cox, N., gentilhomme, 193, 193 v°.
Cox, Richard, évêque d'Ely, 92 v°-93.
Coyxe, Lyone, voir Cawch, Léon.
Cranmer, Thomas, archevêque de Canterburv, martvr
à Oxford, VIII v°, 75 v°-76, 90-90 v°, 110 v°, 306 v°,
324 v°, 326, 339 v°, 376, 382, 382 v», 401 v°, 402 v°.
415 v°-422.
Cranmer, Thomas, père du précédent, 415 v°.
Craon, France, Mayenne, 456 v°, 457.
Crassus, conseiller au Parlement de Chambérv, 343, 349,
349 v».
Craw, Paul, martyr en Écosse, 48 v°.
Créquy, Antoine de, évêque de Nantes, 491 v°-492.
Cresconius, évêque donatiste, 583.
Crespin, Jean, 151 v°, 608 v°.
Cressi, voir Crissier.
Cresvel, Perseval, voir Creswell, Percival.
Creswell, Percival, Cresvel, Perseval, 336.
Crête, Candie, île grecque, 697. — Duchesse de, 55. —
Martyr : N., gentilhomme.
Creux, Jean de, dominicain, 433 v°.
Crissier, Cressi, Suisse, Vaud, 621.
Croidon, voir Croydon.
Croker, Thomas, martyr à Gloucester, 437 v°.
Crom, voir Crome.
Cromassona, N. de, gentilhomme morave, 42.
Crome, Crom, Cromel, Edouard, docteur, 165, 337 v°.
Cromel, voir Crome.
Cromel, voir Cromwell, Thomas.
Crompe, Henri, cistercien, 3.
Cromwell, Cromel, Thomas, chancelier de l'Échiquier
et secrétaire d'Henri VIII, 85 v°, 90, 91 v°, 92-94 v°,
97-97 v°, 101 v°-102.
Croquet, Nicolas, martyr à Paris, 703 v°-704 v°.
Crouy, voir Croy.
Croy, Crouy, Charles de, évêque de Tournai, 135, 595.
Croy, Jean de, comte de Rœulx, gouverneur de Flandre,
674.
Croy, Crouy, Robert de, évêque de Cambrai, 135.
Croydon, Croidon, Angleterre, Surrey, 76.
ruchot, Vincent de, seigneur de Soquence, Soccans,
martyr à Rouen, 621.
Cruciger, Gaspard, théologien, 58.
Cruel, Josse de, martyr à Renaix, 659 v°-660.
Crues, Jacques de, père de Jean, 562 v°.
Crues, Jean de, martyr à Bailleul, 562 v°-563.
Cruninghen, voir Kruiningen.
Crusson, voir Cucuron.
Ctésiphon, Zetrophone, ancienne ville de Mésopotamie,
267 v°.
Cucuron, Crusson, France, Vaucluse, 129 v°.
Cuenca, Cuence, Espagne, Cuenca, 151 v°.
Cuence, voir Cuenca.
Cullembourg, voir Kuilenburg.
Cumenge, voir Saint-Bertrand-de-Comminges.
Cunio, voir Coni.
Cuny, voir Coni.
Curée, seigneur de, gouverneur du Vendômois, 622.
Curtop, docteur, 399-401 v°.
Curry, Hugues, porte-croix de l'archevêque de Saint-
André, 196 v°.
Cutbert, voir Cuthbert.
Cuthbert Symson, Simon, martyr à Londres, 472 v°.
Cuthbert Tunstall, Tonstall, évêque de Londres, puis de
Durham, 85 v», 91, 191 v°, 294 v°, 300, 306 v°, 307,
408.
Cutler, voir Fortune.
Cuypere, Pierre de, suspect, 562 v°.
Cyprian, voir Cyprien.
Cyprien, Cyprian, saint, 25, 108, 108 v°, 112 v°, 113,
119 v°, 160, 221, 221 v», 307 v°, 337, 339, 380 v»,
400 v°, 401, 403, 404, 405, 405 v», 463, 468, 478, 496,
501,501 v», 504, 506, 508 v», 509, 532 v", 583, 587 v°,
642, 654, 676, 678, 682, 683 v», 685, 686 v°.
Cyriaque Spangenberg, théologien, 672 v°.
Cyrille, saint, 678, 687.
Cysueras de Sareglio, 538.
Czecko de Mossnow, gentilhomme morave, 42.
Cziczow, Jean de, gentilhomme morave, 42.
D
D., maître de Claude de la Canesière, 390 v°.
D. L., suspect, 433.
Daij, voir Day, Georges.
Daiken, voir Dayke.
Dalbon, voir Albon.
Dalençon, Guillaume, martyr à Montpellier, 277-277 v°.
Dalila, personnage biblique, 351.
Dalveren, voir Malveren.
Damas, Syrie, 610 v°.
Dambrughe, voir Anvers.
Damburie, voir Banbury.
Dame de la Caille, voir Riche, Marguerite Le.
Damian Witcoq, martyr à Mons, 306.
Dammartin, voir Dammartin-en-Goële.
Dammartin-en-Goële, Dammartin, France, Seine-et-Marne,
536, 591-591 v». — Martyr : André Coiffier.
Damme, Belgique, Flandre Occidentale, 577 v°.
Danau, voir Danube,
Dandelot, voir Andelot.
Danemark, Dannemarc, 42 v°.
Danemark, Christine de, Dannemarc, Christierne de,
duchesse de Lorraine, 67.
Daniel, prophète, 27 v», 33, 34 v°, 208, 208 v°, 222, 256,
267, 272, 325, 342, 370, 373, 374, 392, 431, 502, 502 v°,
505, 515 v°, 546 v», 560, 568 v°, 588, 610 v°.
Daniel Galland, martyr à Dunkerque, 569-569 v°.
Daniel Quadra, condamné à Valladollid, 538.
Daniel Thomas, martyr à Wassy, 592 v°.
Dannemarc, voir Danemark.
Danube, Danau, 133, 153 v°.
Danville, Frédéric, Frideric, martyr à Paris, 485 v°-490 v°.
Darbe, voir Derby, comte de.
Darbie, voir Derby.
Dardanus, correspondant de saint Augustin, 75.
Dartford, Dartforde, Angleterre, Kent, 361. — Martyr :
Christophe (et non Jean) Wade.
Dasch, Gaultier, procureur, 3.
Dathan, personnage biblique, 138.
Daulphiné, voir Dauphiné.
Daulphinois, voir Dauphiné.
Dauphiné, Daulphiné, Daulphinois, France, VIII, 87 v°,
94 v°-95, 114 v», 169, 174, 279 v°-283 v°, 438, 470,
470 v°, 673, 693 v°.
Daussi, Adrien, dit Douliancourt, martvr à Paris, 523-
523 v°.
Dautricourt, Desmarteloys, Jean, martyr à Lille, 664 v°-
665 v°.
Dauzamilliers, Benjamin, martyr à Wassy, 592 v°.
Dauzamilliers, Girard, martyr à Wassy, 592 v°.
David, roi, passim.
David (lire : Jacques) Beaton, Béton, cardinal-archevêque
de Saint-Andrews, VIII, 71 v°-72, 89 v°.
David, Claude, juge, 92.
David Gottre, disciple de Wiclef, 7 v°.
David Joris, Georges, anabaptiste, 85.
David Whitehead, Wythod, théologien, 165.
Dates, Jean, martyr à Norwich, voir Day, Richard, martyr
à Colchester, et non à Gloucester, 472 v°.
Day, Daij, Georges, évêque de Chichester, 90 v°, 92 v°,
93, 300, 300 v» 336-337 v°, 376, 408.
Day, Dave, Richard, martyr à Gloucester (lire Colchester),
472 v».
Daye, voir Day.
Dayke, Daiken, Dayken, Alexandre, martvr à Tournai,
600 v-o-616 v°.
Dayken, voir Dayke.
Decius ou Dèce, empereur romain, 478 v°.
Decize, Désire, France, Nièvre, 289 v°.
Decombis, franciscain, 204.
Dee, Deye, Jean, juge ecclésiastique, 404 v°, 405 v°.
Delaenus, Delenus, de Laene, Pierre, ministre à Londies,
624 v».
16
Delaenus, Delenus, de Laene, Walter, ministre, père du
précédent, 509 v°.
Delanda, docteur en Sorbonne, provincial des carmes,
131, 131 v».
Delatre, voir Latre.
Détenus, voir Delaenus.
Delestre, François, marchand de Cambrai, 616 v°.
Delfînus, Zacharias, évêque de Hvar (Lésina), vicaire
général de Cosenza, 546-554.
Demetrian, voir Démétrien.
Démétrien, Demetrian, évêque d'Antioche, 478, 496.
Démocarès, voir Antoine de Mouchy.
Démocharès, voir Antoine de Mouchy.
Demouchi, voir Mouchy.
Denck, Hans, Denk, Jean, anabaptiste, 83, 84.
Denée, Madame, suspecte, 167 v°.
Denis, Denys, saint, 401, 527 v°.
Denis Barbes, conseiller à Blois, 432 v°-433 v°.
Denis Bergier, frère de Pierre, 236 v°.
Denis Guillot, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Denis Le Vayr, martyr à Rouen, 293-293 v°.
Denis Morisot, martyr à Wassy, 592 v°.
Denis Peloquin, prisonnier à Lyon, martyr à Ville-
franche-sur-Saône, 178, 239 v°-252 v°, 254 v°, 260-262.
Denis de Raynel, ministre, martyr à Wassy, 594 v°.
Denis de Rieux, martyr à Meaux, VIII, 70-70 v°.
Denis, Jean, martyr à Lille, 572.
Denk, Jean, voir Denck, Hans.
Denley, Denleye, Jean, martvr à Uxbridge, 361-362 v°,
363 v», 364 v°.
Denleye, voir Denley.
Denny, De?ry, Jean, martyr à Beccles, 437 v°.
Denocheau, Pierre, martyr à Chartres, 274 v°-276 v°.
Dentier, Pierre, voir Ennetières, Pierre de.
Dentierre, Pierre, voir Ennetières, Pierre de.
Deny, voir Denny.
Denys, voir Denis.
Depincé, Christophe, Christophle, lieutenant criminel à
Angers, 412-413 v°.
Derby, Darbie, Angleterre, Derbyshire, 437 v°. — Martyre :
Jeanne Waste, aveugle.
Derby, Darbe, Edouard Stanley, comte de, 331 v°, 333,
337 v°.
Dergneau, Dermeau, Belgique, Hainaut, 577 v°.
Derifall, Dorefal, Dorefall, Jean, martyr à Stratford, 437 v°,
441 v°-442 v°.
Dermeau, voir Dergneau.
Dernepont, officier, 594 v°.
Desbonnets, franciscain à Lille, 656 v°, 658.
Deschets, Pierre, martyr à Wassy, 592 v°.
Désire, voir Decize.
Deslaw de Nakli, gentilhomme morave, 42.
Desmarteloys, voir Dautricourt.
Des-masures, voir Masures.
Despense, Claude, professeur à la Sorbonne, 587 v°-588.
Despotz, seigneur français, 593 v°.
Desreneaux, Jean, martyr à Lille, 664.
Dessales, prieur de Wassy, 591 v°, 592.
Destailleur, voir Destailleurs.
Destailleurs, Destailleur, Destaillier, Hugues, Huchon,
martyr à Tournai, 633-635, 706 v°.
Destaillier, voir Destailleurs.
Destoubequin, Michel, Miquelot, martyr à Tournai, 171.
Deully, seigneur de, 627-627 v°.
Deuville, voir Deuxville.
Deuxville, Deuville, France, Meurthe-et-Moselle, 627 v°.
Devenish, Devenysh, Jean, martyr à Londres, 472 v°.
Devenysh, voir Devenish, Jean.
Devereux, Walter, vicomte de Hereford, baron Ferrers
de Chartey, 401 v°.
Deye, voir Dee.
Dialestini, Constant, Constantio, dit Rembaldo, syndic de
Villars, 576.
Diane, personnage mythologique, 82 v°.
Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, 178 v°.
Diaze, Alphonse, frère de Jean, VIII, 151 v», 153-159.
Diaze, Jean, martyr à Neubourg, VIII, 148 v°, 151 v°-
160 v».
Didace de Moxena, franciscain espagnol, 17.
Didier Érasme, de Rotterdam, 58, 71, 77 v°, 379, 380,
415 v», 676, 681.
Didier Jacquemart, martyr à Wassy, 592 v°.
Didier Jobart, martyr à Wassy, 592 v°.
Didier la Magdeleine, martyr à Wassy, 592 v°.
Diensart, voir Dienssart.
Dienssart, Diensart, Dieusart, Jacques, Jaques-Jean, martyr
à Fumes, 559 v°-561 v°.
Dieppe, France, Seine-Maritime, 131, 693 v°.
Diericx, Arnould, martyr à Moerkerke, en Flandre, 460-
460 v°.
Diessen, voir Thijs.
Dietmar, voir Dithmarschen.
Dietrich, voir Thierry, baron de Batenburg.
Dieusart, voir Dienssart.
Digel, voir Dighel, Guillaume.
Dighel, Digel, Guillaume, martyr à Banbury, 317-317 v°.
Digne, France, Basses-Alpes, 176 v°.
Digoine, Claude, soldat du duc de Guise, 593 v°.
Diion, voir Dijon.
Dijon, Diion, France, Côte-d'Or, VIII v°, 115, 171, 178,
274-274 v», 450 v°-456 v°, 484, 619. — Martyrs : Hubert
Burre, Philippe Cène, Jacques, Simon Laloé, Pierre
Masson, Nicolas du Rousseau, Archambaut Séra-
phon.
Dimonet, voir Dymonet.
Dingat, voir Dungate, Thomas.
Dioclétien, empereur romain, VI v°.
Dion Cassius, historien latin, VI v°.
Dirick Carver, Diricke Harman, Herman, martyr à Lewes,
361.
Diricke Harman, voir Dirick Carver.
Dissenac, voir Tisnacq.
Dithmarschen, Dietmar, Allemagne, 61 v°.
Diwa de Spissnia, gentilhomme morave, 42.
Dixmude, Belgique, Flandre Occidentale, 559 v°.
Dnieper, Boristhène, fleuve d'Ukraine, 622 v°.
Dob, voir Dobbe.
Dobbe, Dob, gentilhomme anglais, suspect, 265.
Dobbe, Dobee, Thomas, mort en prison à Londres, 191 v°-
192.
Dobee, voir Dobbe.
Dobessius de Tyssa, gentilhomme morave, 42.
Dodington, Dodyngtone, Richard, prieur des augustins
à Londres, 46 v°.
Dodyngtone, voir Dodington.
Doignies, voir Oignies.
Dôle, France, Jura, 287 v°, 385. — Martyr : Paris Panier.
Doloplatz, Kus de, gentilhomme morave, 42.
Domicelli, franciscain, 95.
Dominique, saint, 537 v°, 542.
Dominique, Antoine, condamné à Valladolid, 538 v°.
Domitien, empereur romain, VI v°.
Donant de Poloniae, Arannsick, gentilhomme morave,
42.
Donant de Poloniae, Jean, gentilhomme morave, 42.
Dongnon, Guillaume de, martyr à Limoges, 319-321.
Dordogne, Dordoigne, rivière de France, 99 v°.
Dordoigne, voir Dordogne.
Dorefal, voir Derifall, Jean.
Dorefall, voir Derifall, Jean.
Douai, Douay, Duay, France, Nord, VIII, 89-89 v°, 97 v°,
106, 134 v°, 137 v°, 602, 687, 696 v°. — Martyrs :
Marguerite Boulard, Mathinette du Buisset, Jean
Garcette, dit Pierre, curé, Jean Marlar, Hector Remy.
Douay, voir Douai.
Doue -en -Brie, Doux -en -Champagne, France, Seine-et-
Marne, 524.
Douliancourt, voir Daussy, Adrien.
Dounton, Guillaume, serviteur de Jean Hooper, 301.
Doux-en-Champagne, voir Doue-en-Brie.
Draczdw, Iessko de, gentilhomme morave, 42.
Draczdw, Steffko de, gentilhomme morave, 42.
Draendorf, Jean, martyr à Worms, 47 v°.
Dragonere, Dragonera, Italie, Turin, 466 v°.
Draguignan, France, Var, 470-472, 539-540. — Martyr :
Antoine de Richieud.
Drakes, Robert, dit Gien, ministre, martyr à Londres,
437 v».
Drazko de Hradeck, gentilhomme morave, 42.
Dreux, France, Eure-et-Loir, 482 v°, 524, 621.
Driander, voir Enzinas, François de.
Drliko de Biela, gentilhomme morave, 42.
Drouet, Guillaume, martyr à Wassy, 592 v°.
Drowry, Thomas, martyr à Gloucester, 437 v°.
Duay, voir Douai.
Duba, Dube, Wenceslas de, chevalier tchèque, 16-21 v°,
28, 32, 32 v°, 35, 35 v°.
Dube, voir Duba.
Dubois, voir Bois.
Duc, Jean du, conseiller à la Cour de Bordeaux, 436.
Duchesne, voir Enzinas.
Dudlée, voir Dudley.
Dudley, Dudlée, Maître, 373 v".
Dudley, Guilford, époux de Jeanne Grey, 265, 417 v°.
Dudley, Jean, duc de Northumberland, 265, 417 v°.
Dule, Roger, Rogier, martyr en Angleterre, 54 v°.
Dulle, Hubert, bourgmestre de Hulst, 660 v°-662 v°.
Dumesnil, voir François des Bosves.
Dunblane, Ecosse, Perth, 195 v". — Évêque : Guillaume
Chesholm.
17
Duncan Sympson, prêtre, martyr à Édimbourg, 89.
Dunckercke, voir Dunkerque.
Dunelme, voir Durham.
Dunfermline, Dunformelin, Écosse, Fife, abbé de, 195 v°.
Dunformelin, voir Dunfermline.
Dungat, voir Dungate, Thomas.
Dungate, Dingat, Dungat, Thomas, martyr à East-Grin-
stead, 437 v°.
Dunkerque, Dunckercke, France, Nord, 569-569 v°. —
Martyrs : Pierre Annood, Daniel Galland.
Dunois, ancien comté de France, 432 v°.
Duns Scot, L'Escot, Jean, théologien, 377 v°, 380, 415 v°,
466 v°, 467, 544 v°, 676.
Dunston Chittenden, Dustone Chettenden, mort en prison
à Canterbury, 437 v°.
du Pont, voir Philippe de Corguilleray.
Duprat, Antoine, du Prat, chancelier de France, 473.
du Prat, voir Duprat.
Dupré, voir Jean du Pré.
Durance, rivière de France, 129-130.
Durant, Pierre, boucher à Aix-en-Provence, 130 v°, 131.
Durham, Dunelme, Angleterre, Durham, 91, 191 v°, 294 v°,
300, 306 v°, 307, 331, 332, 337 v°, 376, 408.
Durie, André, évêque de Galloway, 195 v°.
Durieux, Rien, Jacques, condamné à Valenciennes, 673.
Dustone Chettenden, voir Dunston Chittenden.
Dyat, voir Dyer.
Dyer, Dyat, seigneur anglais, 193 v°.
Dymonet, Dimonet, Dimonets, Matthieu, martvr à Lvon,
182 v°, 216 v», 218, 252-258, 260 v°.
Dynes, Étienne, martyr à Brentford, 472 v°.
E
Eagles, Egle, Georges, dit Trudgeover, le Coureur, martyr
à Chelmsford, 431 v«-432.
East Grinstead, Grenestade, Angleterre, Sussex, 437 v°. —
Martyrs : Thomas Dungate, Jean Foreman, Anne
Tree.
Eastland, Reinald, Lavonder, Reynod, martyr à Londres,
472 v°.
Eck, Eckius, Jean, théologien catholique, 58.
Eberhard de Neuhaus, archevêque de Salzbourg, 37.
Eccles, voir Acle.
Eckerberguen, voir Akkergem.
Eckerghen, voir Akkergem.
Eckhard, dominicain, martyr à Heidelberg ( ?), 5.
Eckius, voir Eck.
Eclaron, Esclairon, France, Haute-Marne, 591 v°, 593-
594.
Ecolampade, voir Oecolampade.
Écosse, passim.
Écouen, Escouen, France, Seine-et-Oise, 519 v°.
Édesse, ancienne ville de Mésopotamie, 479.
Édimbourg, Edinbourg, Écosse, 89, 195 v°-197. — Martyrs :
Beverage, dominicain, Thomas Forret, chanoine, Ro-
bert Foster, gentilhomme, Jean Kelow, dominicain,
Duncan Sympson, prêtre, Adam Wallace.
Edmond Alablaster, Alebaster, 422.
Edmond Bonner, Edmond Boner, évêque de Londres,
92-94 v», 102-102 v°, 165-168, 191 v», 300, 303, 309 v°-
316 v°, 321 v°-334, 361-364 V, 376, 395 V-408, 422-
423, 441 v°.
Edmond Bridges, seigneur, 304 v°.
Edmond Grindal, évêque de Londres, 560 v°-562.
Edmond Guest, évêque de Rochester, 92 v°-93.
Edmond, Edmonde, Hurst, martvr à Stratford, 437 v°,
441 v°-442 v°.
Edmond Poole, Polus, martyr à Beccles, 437 v°.
Edmond Scambler, évêque de Peterborough, 93.
Edmond Teler, officier, 362.
Edmond-Burye , voir Bury-Saint-Edmunds.
Edmondsbury, voir Bury-Saint-Edmunds.
Edmund, voir Edmond.
Édouard III, roi d'Angleterre, 1 v°.
Édouard VI, roi d'Angleterre, VIII v», 88 v°, 191 v°,
193 v», 194 v° 264, 264 v°, 287, 287 v», 293, 294, 299,
300, 302 v», 306 v», 309, 314, 314 v», 321, 322 v°-323 v»,
326, 329 v°-333, 365, 374-376, 395 v°, 402 V, 406 v°,
417-418, 422, 431 v», 693, 700 v°.
Édouard Crome, Crom, docteur, 165, 337 v°.
Édouard Foxe, évêque de Hereford, 97.
Édouard Hall, Haul, commissaire d'Edouard VI, 165 v°.
Édouard Lee, archevêque d'York, 93, 97, 416.
Edouard Semer, voir Edouard Seymour.
Edouard Seymour, duc de Somerset, 191 v°, 192, 294,
_ 294 v°, 299.
Édouard Sharp, martyr à Bristol, 437 v°.
Édouard Stanley, comte de Derby, Darbe, 331 v°, 333,
337 v".
Edridge, bachelier en théologie de Londres, 404 v°, 405 v°.
Êduard, voir Édouard VI.
Edwin Sands, Sand, futur évêque de Worcester, puis de
Londres, puis archevêque d'York, 358.
Effretière, voir Guy Lasnier.
Egidius, voir Gil.
Egle, George, voir Eagles, Georges.
Église, Antoine de 1', suspect, 525 v°.
Église, Augustin de 1', conseiller au Parlement de Turin,
438.
Egmond, Pays-Bas, Hollande septentrionale, 60 v°.
Egmond, voir Egmont.
Egmonda, voir Egmont.
Egmont, Lamoral, comte de, gouverneur de Flandre et
d'Artois, martyr à Bruxelles, 670, 701 v°-702 v°.
Egmont, Egmonda, Nicolas de, inquisiteur des Pays-Bas,
59.
Égvpte, III v°, 128 v°, 354, 456, 456 v°, 545, 557 v°, 607,
639, 688.
Ekeren, Akeren, Belgique, Anvers, 577.
Éléazar, personnage biblique, 267, 505.
Élibertin, voir Grégoire.
Elle, voir Ely.
Élie, Hélie, prophète, 111 v», 138, 218 v°, 310 v°, 327,
336 v», 354 v», 373, 374, 383 v°, 560 v°, 565 v°, 604,
624, 631 v», 665 v°.
Elinck, Charles, martyr à Hondschoote, 598 v°-600 v°.
Elisabeth, voir Isabelle la Catholique.
Élisabeth, personnage biblique, 383 v°, 409, 631 v°, 674 v°,
Élisabeth 1ère, Élisabeth, reine d'Angleterre, 89, 264, 431,
472 v», 543 v», 548, 559 v°, 561, 700 v°.
Élisabeth, Isabelle de France, reine d'Espagne, 519, 521 v°.
Élisabeth Pepper, Peper, martyre à Stratford, 437 v°,
_ 441 v°-442 v°.
Élisabeth Thackvel, Thaevel, martyre à Londres, 437 v°.
Élisabeth Warne, Varenne, veuve de Robert Lashford,
épouse de Jean Warne, martvre à Stratford, 362 v°.
Élisée, prophète, 138, 325, 634.'
Élisabeth, voir Élisabeth.
Ellinck van Steelant, échevin à Hulst, 660 v°.
Elverseele, Hilverseele, Belgique, Flandre Occidentale, 511.
Ely, Elie, Angleterre, Cambridge, 92 v°-93, 416 v°. —
Évêques : Richard Cox, Thomas Goodrich, Thomas
Thirlby.
Emaus, voir Emmaiis.
Embden, voir Emden.
Embrun, Ambrun, France, Hautes-Alpes, 95, 122 v°, 580 v°.
— Archevêques : Antoine de Levis, François de
Tournon.
Emden, Embden, Allemagne, Saxe, 287, 288 v°, 449, 509 v»,
659 v°.
Emetiers, Barthélémy, Berthelemy, président du Parle-
ment de Turin, 438.
Emmanuel Ier, roi de Portugal, 444 v°.
Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, gouverneur des
Pays-Bas, 519, 521 v°, 573 v° 574 v°-576.
Emmaùs, Emaus, disciples de, 339.
Emphlitius, voir Ange Merula.
Eneuse, Roardus de, voir Tapper, Ruard.
Engarrande, Jean de, dominicain, 435 v°.
Enghien, Anguien, François de Bourbon, seigneur de,
393 v°.
Ennetières, Dentier, Dentierre, Pierre de, lieutenant du
bailli de Tournai-Tournaisis, 387 v°, 608, 623-624 v°.
13
Ensinas, voir Enzinas.
Enzinas, Ensinas, Chêne, François de, dit Driander,
écrivain, 133, 134, 148 v°, 149.
Enzinas, Duchesne, Driander, Jacques de, martyr à Rome,
148 v°-149.
Éphèse, Asie Mineure, conciles de, 160, 262 v°, 307, 400,
596 v°, 655, 678, 687.
Ephraïm, personnage biblique, 167, 278 v°.
Epin, voir Aepinus.
Épiphane, Epiphanius, saint, évêque de Salamine, 379,
467, 677 v».
Épiphanius, voir Épiphane.
Érard de la Marck, Evrard de la Marche, prince-évêque
de Liège, 617.
Érasme de Rotterdam, 58, 71, 77 v°, 379, 380, 415 v°,
676, 681.
Erdley, voir Ardeley, Jean.
Erfurt, Erphurd, Allemagne, Saxe, 5. — Martyr : N.,
bégard.
Erfurth, voir Hereford.
Éric, Érice, roi de Danemark, 42 v°.
Érice, voir Éric.
Erkek, voir Acle,
Erphurd, voir Erfurt.
Errem, François, martyr à Valladolid, 538.
Esaie, voir Isaïe.
Escalingue, voir Scalingue.
Ésaù, personnage biblique, 346 v°.
Escau, voir Escaut.
Escaut, Escau, Belgique, 388, 663, 667 v°.
Esch, Jean, augustin, martyr à Bruxelles, VII v°, 58 v°-
60 v».
Eschaux, Antoine de 1', bailli de la ville d'Aoste, 458 v°.
Esclairon, voir Eclaron.
Escosse, voir Écosse.
Escot, 1', voir Duns Scot.
Escouen, voir Écouen.
Escrivain, Pierre, martyr à Lyon, VIII v°, 197-236.
Escrivent, voir Nicolas.
Esdras, personnage biblique, 689 v°.
Ésope, fabuliste grec, 259 v°, 373.
Espagne, Les Espagnes, passim. — • Connétable de, 537.
Espense, voir Despense.
Esprit Vitalis, conseiller au Parlement d'Aix-en-Provence,
539, 540.
Essors en Poitou, voir Les Essarts.
Essars, les, voir Les Essarts-le-Vicomte.
Essemaut, voir Essenault.
Essenault, Essemaut, juge, 320 v°.
Essex, Essexe, Essexie, Angleterre, 91 v°, 92, 315, 316 v°,
322 vo-323 v°, 328-329, 397, 431 v°. — Martyrs : Onze
ou douze inconnus.
Essex, Monsieur, voir William Parr, duc d'Essex.
Essexe, voir Essex.
Essexie, voir Essex.
Estalluffret, Arnould, Pierre, dit Mioce, Myoche, martyr
à Tournai, 150-151.
Estampes, voir Étampes.
Estancourt, voir Attancourt.
Estaple, voir Étaples.
Estenay, France, Marne, 432 v°.
Ester, voir Esther.
Esther, Ester, 3, 531 v°.
Estienne, voir Étienne.
Estouteville, Guillaume de, archevêque de Rouen, 49.
Estrada, voir Strada.
Estroble, voir Étroubles.
Êtampe, voir Étampes.
Étampes, Estampes, Étampe, France, Seine-et-Oise, 106 v°.
— Anne de Pisseleu, duchesse de.
Étaples, Estaple, France, Pas de Calais, 68 v°.
Étienne, Estienne, saint, V, 40, 165 v°, 229 v°, 268, 271,
_ 335, 342, 358, 376 v°, 392, 431, 562, 570 v°, 647 v°, 652.
Étienne, Estienne, ministre en Piémont, 438 v°.
Étienne Ier, Estienne, pape, 113.
Étienne Bech, prévôt de l'église de Manchester, 339.
Étienne de Beaumont, conseiller à la Cour de Bordeaux,
436.
Étienne Beauvarlet, suspect, 616 v°.
Étienne Bourlet, martyr à Arras, 82 v°.
Étienne Brun, martyr à Planuol, Dauphiné, 94 v°-95.
Étienne Cotton, martyr à Brentford, 472 v°.
Étienne de la Forge, martyr à Paris, 82.
Étienne Gallois, échevin de Wassy, 593.
Étienne, Stephen, Gardiner, dit Marc-Antoine, évêque
de Winchester, chancelier d'Angleterre, 76, 90-94 v°,
97-106, 293 v°-299, 300-302 v», 306 v°-307 v°, 315,
376, 377 v»-378 v», 380, 395 v°-396 v°, 402, 404 v°,
416-417, 421 v», 431.
Étienne Gravot, martyr à Lyon, 263-264.
Étienne Harwood, Harzcod, Heroald, martyr à Stratford.
363, 364 v°.
Etienne de Hmodorkat, gentilhomme morave, 42.
Étienne Knight, Knyght, martyr à Maldon, 316 v°,
317.
Étienne Mangin, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Étienne le Maroul, voir Eustache Marron.
Étienne Marmier, Mermier, ministre, 707 v°.
Étienne Négrin, ministre à La Guardia, emprisonné,
547 v°.
Étienne Noël, ministre à Grenoble, 466 v°.
Étienne de Palec, Palets, 16-37 v°.
Étienne Peloquin, martyr à Paris, 178, 179 v°, 239 v°,
245 v°.
Étienne Penon, procureur à Sens, 598.
Étienne Poulliot, martyr à Paris, 170 v°.
Étienne Le Roy, martyr à Chartres, 274 v°-276 v°.
Étienne Wight, martyr à Brentford, 472 v°.
Eton, Etone, Angleterre, Berkshire, collège de, 309.
Etone, voir Eton.
Étroubles, Estroble, Italie, Aoste, 458 v°.
Eugène III, pape, 4, 22 v°.
Eugène IV, pape, 49, 56 v°, 57, 676 v°.
Eugubio, voir Gubbio.
Eureux, voir Évreux.
Europe, 399, 400, 444 v°.
Eusèbe, historien grec, 111, 164, 306 v°, 307, 399, 400,
405 v°, 479.
Eustache du Bellay, évêque de Paris, 525 v°, 528 v°,
530, 530 v°.
Eustache Marron, Étienne le Maroul, martyr à Avignon,
150 v».
Eustache Vignon, gendre de Jean Crespin, 608 v°.
Eutychès, hérésiarque grec, 380, 381 v°, 585 v°, 678.
Évagre, Évagrius, 401.
Êvagrius, voir Evagre.
Ève, personnage biblique, 309 v°, 334, 334 v°, 361, 612 v°,
677.
Everson, voir Iverson.
Évrard de la Marche, voir Érard de la Marck.
Évreux, Eureux, France, Calvados, 269-274. — Évêque :
Gabriel le Veneur. — Martyr : Guillaume Neel.
Exmew, Exmene, Guillaume, chartreux, exécuté à
Londres, 77 v°.
Exmene, voir Exmew.
Eybl de Roissowan, gentilhomme morave, 42.
Eve, Aye, Angleterre, Suffolk, 56. — Voir Pope.
Eymar, Joseph de, conseiller à la Cour de Bordeaux,
435 v°, 436.
Ézéchias, roi de Juda, 10, 344, 348 v°, 473, 474, 674 v°.
Ézéchiel, prophète, 8 v°, 53, 138, 210, 310, 325, 409,
489, 531 v°, 532, 534, 551 v°, 587.
F
19
F. Bechameil, voir F. B. Chameil.
F.B. Chameil, 320 v°.
F. Lamy, 320 v°.
Faber, voir Lefèvre d'Étaples.
Fabien, voir Fabyan.
Fabri, Smyth dit, voir Smith.
Fabyan, Fabien, Robert, chroniqueur anglais, 15-15 v°.
Facy le Tourneur, et son épouse, condamnés par con-
tumace, 115, 115 v°.
Faence, voir Faenza.
Faenza, Faence, Italie, Ravenne, 179 v°.
Fagius, Paul, exhumé et brûlé à Cambridge, 191 v°,
322 v».
Fanino Fanini, martyr à Ferrare, VIII v°, 179 v°-181.
Fametin, voir Faventinus.
Faragle, voir Varagle, Geoffroy.
Farel, Guillaume, réformateur, VIII, 68 v°, 78, 79, 83,
87 v°, 140-148 v», 260-261 v°, 357 v°.
Farvacques, Nicolas des, conseiller du bailliage de
Tournai, 387 v°.
Fasseau, Jean, martyr à Mons, 395.
Faucigny, Fossigny, France, Haute-Savoie, 92, 340 v°.
Faucille, N. la, receveur des marchandises au Fort Co-
ligny, île de Villegagnon, Brésil, 446 v°.
Faucon, Faulcon, France, Vaucluse, 127.
Fauguerolles, N. de, président de la Cour du Parlement
de Bordeaux, 436.
Faulcon, voir Faucon.
Faur, N. du, suspect, 519.
Faure, juge de Monflanquin, 441.
Faustus, de Milève, 75 v°.
Faventinus, Fametin, historiographe italien, 55.
Faversham, Fenersam, Angleterre, Kent, 13.
Favier, Claude, condamné par contumace, 115, 115 v°.
Favre, Charles, martyr à Lyon, VIII v°, 197-236.
Favster, Agnès, voir Foster, Isabelle.
Fayence, Fayense, France, Var, 539.
Fayense, voir Fayence.
Feckenham, Fecknam, Feknam, Jean, doyen de Saint-
Paul à Londres, abbé de Westminster, 265-266, 268,
315 v°, 324 v", 325 v», 326.
Feknam, voir Feckenham.
Félix V, pape, 56 v°, 57.
Fenersam, voir Faversham.
Fenestella, voir Fenestrelle.
Fenestrelle, Fenestella, Italie, Turin, 350.
Feraud, Jean, consul à Draguignan, 470.
Ferault, Claude, 539.
Ferdinand, empereur d'Allemagne, 618.
Ferdinand V, le Catholique, roi d'Aragon, roi d'Espagne,
88 v°, 416, 444 v°, 536 v°, 541.
Ferdinand de Sainct-Juan, martyr à Séville, 542 v°-543-
Ferdinand de Tricio, évêque d'Orense, 537 v°.
Ferdinand de Valdes, archevêque de Séville, 537-537 v°.
Ferdinand, Jean, voir Hernandes, Jean.
Ferdinand, Julien, voir Hernandes, Julien.
Fernand Rodrigue, docteur, 543 v°.
Fernand de Tolède, voir Albe, duc de.
Fère-en-Tardenois, Fère en Tretenois, France, Aisne, 170 v°.
F'ere en Tretenois, voir Fère-en-Tardenois.
Feret, réformé, 79 v°.
Fernando Ortis, époux de Constance de Bivero, 537 v°.
Fernoël, Formai, France, Puy-de-Dôme, 171 v°.
Ferrar, Ferror, Robert, évêque de Saint-David's, martyr
à Carmarthen, 314-314 v°, 330 v°, 420.
Ferrare, Italie, Ferrare, 56 v°, 180. — Martyr: Fanino
Fanini.
Ferré, Charles, seigneur de La Gareye, conjuré d'Am-
boise, 557.
Ferrer, Jean, archevêque d'Arles, 116-117 v°.
Ferrers, voir Walter Devereux.
Ferrier, Maître, avocat général à Bordeaux, 435 v°, 436.
Ferrières, Jean de, seigneur de Maligny, conjuré d'Atn-
boise, 557-559 v°.
Ferror, voir Ferrar.
Festus, gouverneur de Judée, 391.
Fèvre, Claude le, martyr à Wassy, 592 v°.
Fèvre, Hanon le, martyre à Valenciennes, 184 v°.
Fèvre, Jacques le, martyr à Valenciennes, 184 v°.
Fèvre, Jean le, martyr à Wassy, 592 v°.
Fèvre, Michel le, martyr à Valenciennes, 184 v°.
Fèvre, Richard le, martyr à Lyon, 182 v°, 277 v°-287.
Ficin, Marsile, théologien, 55.
Figueroa, Mencia de, condamnée à Valladollid, 538.
Filleul, Antoine le, évêque d'Aix-en-Provence, 116.
Filleul, Jean, martvr à Saint-Pierre-le-Moûtier, 289 v°-
290 v".
Filmer, Finemor, Henri, martvr, non gracié, à Windsor,
106.
Finemor, voir Filmer.
Fiscaula, voir Fuscaldo.
Fischer, voir Fisher.
Fisher, Fischer, Fyscher Rossensis, Jean, John, évêque de
Rochester, 72, 77 v°, 401, 404 v°, 420.
Fit-William, voir Fitz-William.
Fitzian, voir Fitz-Jarnes.
Fitz-James, Fvtzian, Richard, évêque de Londres, 44 \ °,
45 V, 47, 50 v°.
Fitz-William, épouse de, 167 v°.
Flamand, voir Henri de Westphalie.
Flandre, province des anciens Pavs-Bas, VIII, IX, 70 v°,
95 v°-98, 114 v", 134, 288, 395", 425, 427 v", 449, 459-
460 v°, 509 v°, 511, 559 v°-572, 577 v°, 598 v», 600 v»,
636, 653 v», 659 v°-670, 696 v°, 701 v°.
Flesche, Jean, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Fleschem, voir Flessingue.
Flessingue, Fleschem, Pays-Bas, Zélande, 544.
Fleury, Nicolas, condamné à Meaux, 161 v° - 163 v°.
Fliste, voir Flistede.
Flistede, Fliste, Pierre, martyr à Cologne, VII v°, 70.
Floisel, N. de, 528 v».
Flond, voir Floyd.
Florence, Italie, Toscane, 19 v°, 20 v", 41, 55, 56, 399. —
Archevêque : François Zabarella. — Martyr : Jérôme
Savonarole.
Florent de Montmorency, Floris de Montmoranci, sei-
gneur de Montignv, gouverneur du Tournaisis, 633,
694 v°.
Florent Venot, martyr à Paris, 179.
Florentin, dit de Cologne, épinglier, martvr à Saint-Xicolas-
de-Port, IX V, 578-580, 627, 628 v».
Floris, voir Florent.
Floris van Pallandt, comte de Kuilenburg, Cullembourg,
seigneur de Wittem, 703.
Flot, Claude du, martyr à Lille, 664 v°-665 v».
Flower, Guillaume, dit Branche, martyr à Londres, 319.
Floyd, Flond, Jean, martyr à Londres, 472 v°.
Fodrigal, voir Fotheringay.
Foix, France, Ariège, 699.
Foix, N. de, conseiller au Parlement de Paris, suspect, 519.
Fon, André la, tailleur, réformé, 463 v°, 464.
Fond, Fonte, François de la, second président du Parle-
ment d'Aix-en-Provence, 126 v°, 129 v°, 130, 175-176.
Fonques, Guillaume, martyr à Rouen, 106.
Fonseca, Alphonse de, Alfonso, époux d'Anne Heniques,
538.
Fontaine-bleau, voir Fontainebleau.
Fontainebleau, France, Seine-et-Marne, 120, 559, 619.
Fonte, voir Fond.
Fontenay, voir Fontenay-aux-Roses.
Fontenay-sous-Bagneux, voir Fontenay-aux-Roses.
Fontenay-le-Comte, Conte, France, Vendée, 82 v°.
Fontenay-le-Conte, voir Fontenay-le-Comte.
Fontenay-aux-Roses, Fontenay-sous-Bagneux, France,
Seine,' 293.
Forbin, Gaspard de, seigneur de Villelaure, 130.
Forbus, seigneur écossais, 195 v°.
Forcalquier, France, Basses-Alpes, 119 v°.
Foreman, Formait, Jean, martyr à East Grinstead, 437 v°.
Forge, Étienne de la, martyr à Paris, 82.
Forlan, Jules, suspect, 697 v°.
Forman, voir Foreman, Jean.
Formai, voir Fernoël.
Formault, voir Rumault.
Fornier, Jean, banni de Meaux, 161 v°-163 v°.
Forret, Thomas, chanoine, martyr à Edimbourg, 89.
Fort-Coligny, Brésil, actuellement île de Villegagnon, baie
de Rio-de-Janeiro, 460 v°-465 v°. — Martyrs : Jean
du Bordel, Pierre Bourdon, Matthieu Vermeil.
Fortunat, Fortunatian, manichéen, 583.
Fortunatian, voir Fortunat.
20
Fortune ou Cutler, Jean, mort en prison à Bury-Saint-
Edmunds, 437 v°.
Fossan, voir Fossano.
Fossano, Fossan, Italie, Coni, 554.
Fossigny, voir Faucigny.
Foster, magistrat à Ipswich, 365.
Foster, Adam, martyr à Bury-Saint-Edmunds, 437 v°.
Foster, Guillaume, mort en prison à Canterbury, 437 v°.
Foster, Isabelle, Fawster, Agnès, martyre à Londres, 423.
Foster, Robert, gentilhomme, martyr à Edimbourg, 89.
Fotheringhay, Fodrigal, Angleterre, Northamptonshire, 309.
Fouace, Julienne, Juliane, épouse de Pasquier, con-
damnée à Meaux, 161 v°-163 v°.
Fouace, Pasquier, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Fournier, Marion, épouse d'Augustin Dumarchiet,
martyre à Mons, 176 v°-177 v°.
Foxe, Edouard, évêque de Hereford, 97.
Foxe, Hugues, martyr à Londres, 472 v°.
Foxe, Jean, Foxus, John, historien anglais de la Réforme,
97 v", 164, 193, 472 v°.
Foxus, voir Foxe.
Frabenicz, Bonesb de, gentilhomme morave, 42.
Fraikin, Frekin, Guillaume, martyr à Limbourg, 703.
Framlingham, Freminghamen, localité et château, Angle-
terre, Suffolk, 264 v°.
France, passim.
Francesco Stancaro, Stancarus, théologien, 622 v°.
Francfort-sur-le-Main, Frankjort, Allemagne, Hesse, 335,
493, 543 v», 565, 600 v°, 625, 654, 705.
Franche-Comté, Franche-Conté, France, 171.
Franche-Conté, voir Franche-Comté.
Franchimont, Francimont, marquisat de, ancien pays de
Liège, 617-618.
Francimont, voir Franchimont.
Francisco, voir Françoise.
François, saint, 467 v°, 687.
François, suspect, 552, 552 v°.
François, réformé de Tournai, 704 v°.
François, commis du concierge du Parlement de Bordeaux,
435.
François Ier, roi de France, IX, 70 v°-71 v°, 79, 79 v°,
106 v°, 115-131, 161 v° 171 v°, 174 v°, 438 v°, 461 v°,
486 v», 492 v°, 537 v°, 586 v», 659.
François II, roi de France, IX, 521, 521 v°, 534 v°, 557-
559 v°, 563, 589 v°, 709 v°.
François Berthauld, Berthaud, augustin passé à la Ré-
forme, 79-79 v°, 81.
François de Bivero, martyr à Valladolid, 537 v°-538 v°.
François des Bosves, dit Dumesnil, capitaine de Saint-
Dizier, 593-594.
François de Bourbon, seigneur d'Enghien, 393 v°.
François de Bourbon, duc de Montpensier, prince
dauphin, 519.
François Bourgoin, ministre de Genève, 297.
François Bribard, martyr à Paris, 114-114 v°.
François du Calvet, martyr à Toulouse, 619-620.
François Chay, procureur de Mérindol, 120.
François Christofle, ministre, 578 v°-579 v°.
François Le Clerc, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
François Delestre, marchand de Cambrai, 616 v°.
François Emin, de Manosque, 123.
François d'Enzinas, Ensinas, du Chêne, dit Driander,
écrivain, 133, 134, 148 v°, 149.
François Errem, martyr à Valladolid, 538.
François de la Fond, Fonte, second président du Parlement
d'Aix-en-Provence. 126 v°, 175-176.
François Gamba, martyr à Côme, VIII v°, 291 v°-293.
François van der Hulst, inquisiteur, 59.
François du Jon, Junius, ministre, 628.
François Lambert, réformateur, 72.
François Landri, curé de Sainte-Croix à Paris, 106 v°-
107.
François de Lorraine, duc de Guise, 151 v°, 519, 578 v°,
579, 589 v°, 591-594 v», 618 v°-620, 658.
François de Mauny, archevêque de Bordeaux, 437.
François Maynard, condamné par contumace, 115.
François Mestayer, marchand de Bordeaux, 436 v°.
François de Montmorency, maréchal de France, 557 v°.
François Morgan, juge à Londres, 300 v°.
François de Morel, ministre à Genève et à Paris, 518 v°.
François de Navarre, évêque de Valence, 537 v°, 538.
François Nyset, Nize, martyr à Limbourg, 703.
François Olivier, chancelier de France, 558 v°.
François Orbouton, Maître François, réformé, évadé de
Lyon, 390-390 v", 393 v°-394 v°.
François Pattou, martyr à Valenciennes, 696.
François de Pérussis, seigneur de Lauris, conseiller au
Parlement de Provence, 129 v°, 131, 470, 470 v°.
François Poncher, archevêque de Sens (et non de Tours),
473.
François Rebezies, martyr à Paris, 485 v°-490 v°.
François Richardot, évêque d'Arras, 674 v°, 679 v°,
680 v°-687, 691, 692, 695 v°.
François de la Rivière, ministre à Francfort, 565, 566.
François de Saint-André, président du Parlement de
Paris, 487 v°-489, 525 v», 530.
François de Saint-Romain, Sant Romain, martyr à
Valladolid, 131 v°-134.
François de Scita, prêtre, 547 v°.
François Sega, martyr à Venise, 697 v°-698 v°.
François Spiera, Spera, martyr à Padoue, 449, 505.
François Spinola, martyr à Venise, 697 v°-698 v°.
François Thijs ou Mathijs, Diessen, martvr à Mali nés,
VIII v°, 385-387.
François de Tournon, cardinal, archevêque de Lvon,
106 V, 234 V, 235, 389, 530 v°, 581, 584 v», 586 v».
François de la Tramerie, Tramery, baron de Roisin,
673 v», 674 v°.
François Varlut, martyr à Tournai, 600 v°-616 v°.
François Varquis, seigneur de Higueras, époux de Jeanne
de Bohorches, 542.
François Zabarella, cardinal, archevêque de Florence,
19 v», 20, 24 v°, 27, 28 v».
Françoise de Bouliers, dame de Cental, 130, 175, 176.
Françoise, Francisco, de Chaves, martyre à Séville, 544.
Franconie, Allemagne, 83 v°.
Francs, voir Franks.
Francville, Renaudine de, martyre à Cambrai, 616 v°.
Frankjort, voir Francfort-sur-le-Main.
Franks, Francs, Jean, ministre, martyr à Canterbury,
VIII v°, 358, 360 v°.
Frecht, Martin, théologien, 156 v°, 157.
Frechtius, voir Frecht.
Frédéric, duc d'Autriche, 27.
Frédéric, burgrave de Nuremberg, 19-25.
Frédéric II, duc de Saxe, électeur palatin, 57, 57 v°.
Frédéric III, dit le Pieux, duc de Saxe, électeur palatin,
534 v°, 617 v°.
Frédéric, Frideric, Danville, martyr à Paris, 485 v°-490 v°.
Frekin, voir Fraikin.
Freminghamen, voir Framlingham.
Fressinière, voir Fressinières.
Fressinières, Fressinière, France, Hautes- Alpes, 114 v°.
Fretière, Effretière, Guy Lanier, seigneur de la, avocat
à Angers, 412, 412 v°.
Fribourg - en - Brisgau, Fribourg - en - Brigoye, Allemagne,
Bade-Wurtemberg, 36, 627 v°.
Fribourg-en-Brigoye, voir Fribourg-en-Brisgau.
Frideric, voir Frédéric.
Frideswid, voir Frideswide.
Frideswide, Frideswid, Fryszvid, abbaye à Oxford, actuel-
lement Collège du Christ, 4 v°, 74.
Frise, province des anciens Pays-Bas, 287, 287 v°, 449,
460, 509 v°, 560 v», 701 v°.
Frise Orientale, Allemagne, 460.
Frith, Fryth, Jean, martyr à Londres, 74-77, 85 v°, 165 v°.
Froyenne, voir Froyennes.
Froyennes, Belgique, Hainaut, 171.
Frysziid, voir Frideswide.
Fryth, voir Frith.
Fueillie, voir La Feuillie.
Fulgence, écrivain latin, 9 v°, 80, 108 v°, 638.
Fulham, Fullam, Angleterre, Londres, 324 v°, 441 v°.
Fullam, voir Fulham.
Fumée, Antoine, conseiller au Parlement de Paris, suspect,
libéré, 519.
Fundanus, consul romain, 479.
Furbiti, évêque auxiliaire de Chambéry, 340 v°, 341.
Furne, voir Furnes.
Fumes, Fume, Belgique, Flandre Occidentale, 559 v°-
561 v°. — Martyrs : Jacques Dienssart, Chrétien de
Quekere, Jeanne de Salomez.
Furstemberg, Guillaume de, comte, 148 v°.
Fuscaldo, Fiscaula, Italie, Calabre, 545, 546, 547, 547 v».
Fusse, voir Fust.
Fust, Fusse, Thomas, martyr à Ware, 364 v°.
Fyscher, voir Fisher.
Fyscher Rossensis, voir Fisher.
Fytzian, voir Fitz-James.
G
21
G., Madame, 313 v°.
G., L, réformé, 342 v°.
G., I. d., réformé, 182.
G. Poylene ou Poileve, juge, 320 v°.
Gabart, Pierre, martyr à Paris, 484-485 v°.
Gabonecz, Jean Dern de, gentilhomme morave, 42.
Gaborite, voir Marie Becaudelle.
Gabriel, seigneur de Lorges, comte de Montgomery,
521.
Gabriel Beraudin, martyr à Chambéry, 181, 181 v°.
Gabriel Biel, Biellus, théologien allemand, 469 v°.
Gabriel de Bouvery, évêque d'Angers, 408 v°, 411 v°,
412, 412 v°, 414, 414 v°, 457.
Gabriel de Saconnex, musicien à Lyon, 174.
Gabriel le Veneur, évêque d'Évreux, 269, 273, 273 v°,
274.
Galars, voir Gallars, Nicolas des.
Galatie, Asie Mineure, 562.
Galilée, Palestine, 187, 187 v°, 602 v°.
Galimard, Léonard, martyr à Paris, 179.
Galland, Daniel, martyr à Dunkerque, 569-569 v°.
Gallars, Galars, Nicolas des, ministre à Genève, 455 v°.
Galles, Wallie, Angleterre, 15, 47, 47 v°, 85 v°, 299, 314,
314 v».
Gallie, voir Galluis.
Gallois, Étienne, Estienne, échevin de Wassy, 593.
Gallois, Pierre, suspect, à Wassy, 594 v°.
Galloway, Galowaye, Écosse. — Évêque : André Durie.
Galluis, Gallie, France, Seine-et-Oise, 83.
Galowaye, voir Galloway.
Galter, voir Wouter Oom.
Gamaliel, personnage biblique, 78, 469 v°.
Gamba, François, martyr à Côme, VIII v°, 291 v°-293.
Gamba, frère de François Gamba, 291 v°.
Gand, Gang, Belgique, Flandre Orientale, VIII v°, 95 v°,
149-150, 287 vo-289 v°, 449, 449 v°, 598 v°, 599, 660,
662, 669, 670, 672 v°, 693, 695, 696, 696 v°, 701 v°.
— Akkergem, 660, 662 v° ; — Brugschewalpoorte, 288 ;
— Le Verlere, Veerleplein, 149 v° ; — Saint-Michel
288. — Martyrs : Nicolas van Bampoele, Jean de
Bucq, Otto van Cateline, Martin Huerblocq, Jean
Onghena, Anne van de Velde, épouse de Jean de
Bucq.
Gand, Jean de, duc de Lancastre, Lanclastre, 1 v°-5.
Gang, voir Gand.
Gansfort, Wessel, Wesselius, théologien, 492 v°.
Gap, France, Hautes-Alpes, 95.
Garcette, Jean, Pierre, curé, martyr à Douai, 89-89 v°,
97 v».
Garcia de Toledo, s igneur espagnol, 537.
Garde, Antoine Escalin des Aymars, baron de la, dit
le capitaine Polin, Poulin, 127, 127 v°, 129-130 v°,
175, 540.
Gardiner, Étienne, Stephen, évêque de Winchester, chan-
celier d'Angleterre, 76, 90-94 v°, 97, 106, 191 v°, 293 v°-
299, 300-302 v°, 310, 312, 312 v°, 313, 315, 321-322 v°,
327 v», 330, 332 v°, 334, 336 v», 339 v», 376, 377 v°-
378 v», 380, 395 v°-396 v", 402, 404 v", 416-417, 421 v°,
422, 431.
Gardiner, Guillaume, martyr à Lisbonne, VIII v°, IX,
194-195 v°.
Garet, voir Garret.
Garin, Joseph, martyr à Marseille, 620.
Garnishé, voir Garnish.
Garnish, Garnishé, Lord et Lady, 166 v°.
Garrard, voir Garret.
Garret ou Garrard, Garet, Thomas, martyr à Londres,
72 v», 96 v°-97.
Garsonnet, avocat du roi à Aix-en-Provence, 122 v°.
Gascogne, Gascongne, France, 197, 340, 483, 487.
Gascogne, Thomas de, écrivain, 47 v°.
Gascongne, voir Gascogne.
Gase, paroisse de Luns, diocèse de Périgueux, 483.
Gaspar, voir Gaspard.
Gaspard Auger, fermier, 95.
Gaspard de Coligny, Colligny, amiral de France, 557 v°,
563, 593, 621 v».
Gaspard Cruciger, théologien, 58.
Gaspard de Forbin, seigneur de Villelaure, 130.
Gaspard van der Heyden, Verheyden, ministre de l'Église
d'Anvers, 449, 509 v°.
Gaspard de Renialme, échevin à Anvers, 512.
Gaspard Signier, viguier de Draguignan, 470.
Gaspard Tamber, martyr à Vienne en Autriche, 67.
Gaspard Vivian, procureur de la foi à Turin, 439 v°, 440.
Gastines, Philippe de, martyr à Paris, 703 v°-704 v°.
Gastines, Richard de, martyr à Paris, 703 v°-704 v°.
Gaudet, Pierre, martyr à Penay, VIII, 83.
Gaudin, Antoine, maréchal du château de Roussillon, 123.
Gaudun, Jean de, théologien, 1 v°.
Gaulay, Pierre (lire : Jean) de, conseiller au bailliage
de Tournai, 615.
Gaulteri, avocat, martyr à Aix-en-Provence, 176 v°.
Gaultier Dasch, procureur, 3.
Gaultier, voir Wouter Oom.
Gavinus, voir Gawand Hamilton.
Gawand, Gavinus, Hamilton, doyen de Glasgow, 195 v°.
Gayan, Gayant, Louis, conseiller au Parlement de Paris,
481 V, 526, 528.
Gayant, voir Gayan.
Gaye, Graye, Jean de, capitaine, 127, 130 v°.
Gédéon, personnage biblique, 670.
Geerstecoorne, voir Jean Herwin.
Gélase Ier, Gelasius, saint, pape, 109 v», 220, 339, 379,
381 v°, 506, 529, 678, 691.
Gelasius, voir Gélase.
Gemel, Odoul, martyr à Torre-Pellice, Tour ( ?), 574 v°.
Genest, Pierre, pharmacien, 179 v°.
Genève, Suisse, Genève, III, VIII, 78, 79, 83, 92, 97 v",
151 v°, 152, 169-172, 176 v°-182 v°, 185, 185 v°, 187 v°,
197 v», 229, 236-239 v°, 252 v", 254, 258, 260, 261 v",
268 v°, 274-274 v°, 276-280, 282 v», 289 v°, 291, 291 v",
293, 319 v°-321, 340-346 v», 353 v", 388-390, 393 v°-394,
401, 413 v°-414, 433, 435, 438-440 v°, 443-446 v°,
450-457, 466, 466 v°, 470-471 v°, 473, 480 v», 481 v°,
484 v», 486, 486 v°, 503, 503 v», 506, 507, 508, 514 v»,
515, 519 v°-523, 539, 543-547 v°, 550 v°, 552 v°, 554-
555, 568, 589, 591, 600 v", 601, 604, 606 v», 610, 611 v°,
614, 620 v°, 627, 628, 631 v°, 633, 693, 701. —
Église, 228, 237, 255 v°, 282, 282 v°, 354 v°, 357, 389-
390, 452, 455, 455 v°. — Fidèles, 205 V. — Ministres,
235, 260, 342, 342 v°, 347 v», 349-350 v°, 452, 455,
455 v°, 466, 469 v°. — Livres imprimés à, 172.
Genevois, France, Savoie, 92.
Genniense, Jeanne, suspecte relaxée à Meaux, 161v°-
163 v°.
Gensson, voir Saint-Estève-Janson.
Geoffroy Guérin, martyr à Paris, 493-499 v°, 515 v°.
Geoffroy de Pikeringe, Pakring, religieux de Byland,
7 v».
Geoffroy Varagle, ministre, martyr à Turin, IX, 465 v°-
469 v°.
Geoffroy, Simon, martyr à Wassy, 592 v°
Geoffroy, voir Goodrich.
George, voir Georges, Richard ■ — voir Otto.
Georges, ministre à Hall, martyr près d'Aschaffenbourg,
VII v», 62.
Georges, de Mayence, martyr à Londres, 191 v°.
Georges, libraire, martyr à Vienne en Autriche, 67.
Georges d'Armagnac, Armignac, cardinal, 580 v°.
Georges Ambrose, Ambroise, martyr à Londres, 437 v°.
Georges Baynam, martyr à Londres, 73 v°.
Georges Bing, King, mort en prison à Londres, 365 v°.
Georges Blandrata, antitrinitaire, 622 v°.
Georges Borel, geôlier, 87 v°.
Georges Brodbridge, Bradbridg, martyr à Canterbury,
365 V.
Georges Carpentier, martyr à Munich, VII v°, 69-69 v°.
Georges Catmer, Catner, martyr à Canterbury, 365 v°.
Georges Constantine, Constantin, officier d'état-civil, 314.
Georges Coste, comte de la Trinité, 555, 574-576.
Georges Cotes, Cootse, évêque de Chester, 86.
Georges Day, évêque de Chichester, 90 v°, 92 v°, 93,
300, 300 v°, 336-337 v°, 376, 408.
Georges Eagles, George Egle, dit Trudgeover, le Coureur,
martyr à Chelmsford, 431 v°-432.
Georges de Lichtenstein, évêque de Trente, 16 v°.
Georges Marsh, Marché, prêtre, martvr à Chester, 317 v°-
319.
Georges Martin, seigneur de Champoléon, 87 v°.
Georges Maurel, ministre, 114 v°, 115.
Georges Maurice, bourgeois d'Orchies, 97 v°.
22
Georges Monastier, syndic d'Angrongne, 576.
Georges Olivari, martyr à Marseille, 620.
Georges des Prez, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Georges Ropper, Roper, martyr à Canterbury, 375 v°.
Georges Searles, martyr à Stratford, 437 v°, 441 v°-
442 v».
Georges Tankerfield, Tankerfeld, martyr à Saint-Albans,
362 v°.
Georges Tardif, martyr à Sens, 481 v°-482.
Georges Taylor, fils de Roland Taylor, 308.
Georges, Agnès, première épouse de Richard Georges,
martyre à Stratford, 437 v°, 441 v°, 442 v°.
Georges, Christiane, Agnès, seconde épouse de Richard
Georges, martyre à Colchester et non à Norvvich, 472 v°.
Georges, un nommé George, Richard, suspect, relaxé, à
Londres, 472 v°.
Georges, voir Joris.
Gérard Haméricourt, évêque de Saint-Omer, 696 v°.
Gérard Roussel, Ruffy, Girard Rufi, évêque d'Oléron,
chapelain de Marguerite de Navarre, 68 v°, 79, 79 v°,
486 v°.
Gerbéviller, France, Meurthe-et-Moselle, 627.
Gerson, Jean, chancelier de l'Université de Paris, 20,
26 v°, 30, 36 v", 48, 492 v°.
Gerzê, voir Jersey.
Ghénart, Guinart, Antoine, inquisiteur à Liège, 617 v°-
618.
Ghinucci, Pierre de, évêque de Cavaillon, 120 v°, 123-
125 v», 126.
Gien, Gyan, France, Loiret, 263.
Gien, voir Robert Drakes.
Gijsbert Rabat, bailli d'Hulst, 660.
Gijsbrecht de Batenburg, Battembourg, martvr à Bru-
xelles, 701 v°.
Gil, Egidius, Jean, évêque de Tortose, exhumé et brûlé,
542, 544.
Gilbert Bayard, fonctionnaire royal, 120.
Gilbert Berkley, évêque de Bath, 92 v°.
Gilbert Bourne, évêque de Bath et Wells, 398, 398 v°,
408.
Gilbert d'Oignies, Doignies, vicaire général, puis évêque
de Tournai, 595, 601, 626 v».
Gillam, vcir Williams.
Gilles, Allemand, martyr à Londres, 102 v°.
Gilles Bertelot, prévôt, 163.
Gilles Le Court, martyr à Paris, 523 v°-524.
Gilles Lemaître, Lemaistre, Magistri, président du Parle-
ment de Paris, 709 v°.
Gilles Le Pers, prévôt des maréchaux, 289 v°, 290, 290 v°.
Gilles Richebois et son épouse, martvrs à Sens, 597-
597 v°.
Gilles Tielemans, Tilleman, Tilman, martyr à Bruxelles,
99-99 v», 102 vo-105 v», 510 v».
Gilles Verdrickt, martyr à Bruxelles, 509 v°-512.
Gillot Vivier, martyr à Valenciennes, 184 v°.
Girard Ambrois, viguier, 539.
Girard Dauzamilliers, martyr à Wassy, 592 v°.
Girard Lucot, habitant de Wassy, 592 v°.
Girard Rufi, voir Gérard Roussel.
Girard, Jean, imprimeur, 87 v°.
Girard, Pierre, martyr à Wassy, 592 v°.
Givry, Belgique, Hainaut, 395.
Glascow, voir Glasgow.
Glasgow, Glascow, Glaskoiv, Écosse, 195 v°.
Glaskow, voir Glasgow.
Glenluce, Glenlus, Angleterre, Wigtownshire, abbé de,
195 v°.
Glenlus, voir Glenluce.
Glocester, voir Gloucester, Gloucestershire.
Glocestre, voir Gloucester.
Gloster, voir Gloucester.
Gloucester, Glocester, Glocestre, Gloster, Angleterre, Glou-
cestershire, 86, 87, 293-306, 314, 382 v°-383, 398-399,
437 v°. — Évêques : Jacques Brooks, Jean Hooper.
— Martyrs : Thomas Croker, Richard Drowry,
aveugle, Jean Hooper. — Pour Jean Apprice (Uprise)
et Hugues Laverok, voir Stratford.
Glouer, voir Glover.
Glover, Jean, frère de Robert, 371 v°-372.
Glover, Robert, martyr à Coventry, 371 v°-375 v°.
Glyne, Guillaume, évêque de Bangor, 408.
Gnapheus, Guillaume, professeur, 60 v°.
Go, Renaud, suspect, 579.
Godeau, Jean, martyr à Chambéry, 181, 181 v°.
Godefroid de Barry, dit La Forest, seigneur de La Re-
naudie, chef des conjurés d'Amboise, 557-558 v°.
Godefroid de Hamelle, martyr à Tournai, 186-191.
Godefroid Lomé, Lom, suspect, 72 v°.
Godefroy, voir Godefroid.
Godescalc, Hodscalc, Rosemondt inquisiteur, 59.
Gohin, P., conseiller à Angers, 457 v°.
Goignies, Goini, Antoine de, gouverneur du Quesnoy,
692 v».
Goini, voir Goignies.
Goldwell, Thomas, évêque de Saint-Asaph, 399, 399 v°.
Goliath, personnage biblique, 188 v°, 208, 215, 502 v°,
644 v°.
Gombaud, Jean, compagnon de Benoît Romyen, 470 v°.
Gombaut, Jean, seigneur d'Archimont, conseiller à
Tournai, 611 v°, 615.
Gomorre, voir Gomorrhe.
Gomorrhe, Gomorre, ancienne ville de Palestine, 54 v°,
257 v», 653 v».
Gonçalo Vaes, martyr à Valladolid, 538.
Gondrecourt, lieutenant du bailli de Chaumont, 593 v°.
Gonin, Martin, ministre, martyr à Grenoble, 87 v°-
88 v°, 114 v°.
Gonzalve, Jean, théologien, et sa famille, martyrs à Séville,
541 v°-542.
Goodacre, Gudaker, Hugues, archevêque d'Armagh,
primat d'Irlande, 309.
Goodman, Christophe, ami de Barthélémy Green,
424 v».
Goodrich, Geoffroy, Thomas, évêque d'Ely, 416 v°.
Gore, Jacques, Gorie, James, mort en prison à Colchester
375 v».
Goreway, Goruay, Thomas, martyr à Lichfield, 365 v°.
Gorie, voir Gore.
Goruay, voir Goreway.
Gorze, Goze, France, Moselle, 62, 148 v°, 578.
Gosmold, voir Gosnold.
Gosnal, voir Gosnold.
Gosnold, Gosmold, Gosnal, Jean, chevalier, commissaire
d'Édouard VI, 297 v".
Gotleben, voir Gottlieben.
Gottlieben, Gotleben, Allemagne, Bade, 30.
Gottre, David, disciple de Wicleff, 7 v°.
Goullay, André, procureur du roi à Craon, 456 v°.
Goze, voir Gorze.
Grâce, voir Grasse.
Grafflenne, voir Gravesend.
Grain, Jean Le, martyr à Bruxelles, 702-702 v°.
Graisivaudan, Grésivaudan, Grivodam, France, vallée de
l'Isère, 279 v°-287.
Grand Champ, Grand Chant, N. de, juge, 320 v°.
Grand Chant, voir Grand Champ.
Grand diblone, voir Gran Dubbione.
Grand-Saint-Bernard, grand saint Bernard, col des Alpes,
458 v°.
Gran Dubbione, Grand diblone, Italie, Turin, 574.
Grand, Jean Le, martyr à Anvers, 704 v°, 705 v°, 706.
Grange, Pérégrin de la, ministre, martyr à Valencien-
nes, 673-694 v°, 696.
Granianus, consul romain, 479.
Granvel, voir Granvelle.
Granvelle, Antoine Perrenot de, cardinal, 96, 139 v°,
569, 596 v°, 658, 658 v», 672, 702 v°.
Grapheus, Alexandre, secrétaire d'Anvers, 671 v°.
Grasse, Grâce, France, Alpes-Maritimes, 626 v°.
Gravelle, Tavrin, Taurin, martyr à Paris, 482 v°-484,
487, 487 v°, 489 v°.
Graveron, seigneur du, 482, 483.
Graveron, Philippe de Luns, dame du, martvre à Paris,
482, 483-484, 499 v".
Gravesend, Grafflenne, Angleterre, Kent, 287.
Gravier, Hugues, martyr à Bourg-en-Bresse, 239.
Gravot, Étienne, martyr à Lyon, 263-264.
Gray, Gry, France, Haute-Saône, 385. — Martyr : Nicolas
du Chesne.
Graye, voir Gaye.
Graye, voir Grey.
Greathead, Robert, évêque de Lincoln, 24.
Grèce, 391.
Green, Grene, Griné, Barthélémy, Barlet, Barthelet,
Bartlet, martyr à Londres, 408, 423, 424-425.
Grégoire, Gregorius Eliberitanus, Elibertin, évêque d'Elvire,
467.
Grégoire Ier, saint, pape, 8 v°, 10, 11, 25, 112, 113, 221,
226, 276, 335 v», 381 v», 413, 658 v», 676, 685 V.
Grégoire VII, saint, pape, 221.
Grégoire XI, pape, 1 v°, 2 v".
Grégoire XII, pape, 20 v°, 36.
Grégoire de Nazianze, 306 v°.
Grégoire Parke, Pointer, martyr à Canterbury, 375 v°.
Grene, Barlet, Barthelet, Bartlet, voir Green, Barthélemi.
Grenestade, voir East Grinstead.
Greno, suspect, 182 v°.
23
Grenoble, France, Isère, 87 v°, 279-283 v°, 341, 342,
350, 350 v°, 539. — Porte Troine, 87 v°, 279-280 v°. —
— Martyr : Martin Gonin.
Grenut, Jean, grand prévôt de Tournai, 626.
Grésivaudan, voir Graisivaudan.
Grey, Catherine, sœur de Jeanne Grey, 267 v°-268.
Grey, Grave, Jeanne, Jane, reine d'Angleterre, VIII v°,
265-268 v°, 315 v°, 417-418 v°.
Grignan, Louis-Adhémar de Monteils, seigneur de,
gouverneur de Provence, 126, 126 v°, 129, 131.
Grimoald, docteur, 310 v°, 313 v°-314.
Grindall, Edmond, évêque de Londres, 560 v°-561.
Griné, voir Green.
Grisons, Suisse, 601, 697 v°.
Grivodam, voir Graisivaudan.
Grongnet, Adrien, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Groningen, voir Groningue.
Gror.inghe, voir Groningue.
Groningue, Groningen, Groninghe , Gruningue, province des
anciens Pays-Bas, 84, 449, 701 v°.
Grossi, Jean de, juge à Apt, 115 v°.
Gmf, voir Gruffy.
Gruffy, Gmf, France, Haute-Savoie, 470.
Grunfelder, Henri, prêtre, martyr à Ratisbonne, 47 v°.
Gruningue, voir Groningue.
Gruyer, Alexandre le, légiste, 593 v°.
Gry, voir Gray.
Guarina, Camilla, épouse de Jean-Louis Pascal, 544 v°-
557.
Gubbio, Eugubio, Italie, Pérouse, 113.
Gudaker, voir Goodacre.
Gué, P., juge, 320 v°.
Gueillart, sergent, 627.
Gueldre, province des anciens Pays-Bas, 701 v°.
Guenon, Nicolas, martyr à Paris, 520 v°, 521, 522.
Guérin, Geoffroy, martyr à Paris, 493-499 v°, 515 v°.
Guérin, Guillaume, avocat général à Aix-en-Provence,
126 v°, 129 vO-131, 176 v°.
Guérin, Joseph, voir Garin.
Guérin, Madame, épouse de Guillaume, 130 v°, 131.
Guernesey, Guernezé, Angleterre, île, 293.
Guernezé, île, voir Guernesey.
Guest, Edmond, évêque de Rochester, 92 v°-93.
Gui de Brav, Brès, ministre, martyr à Valenciennes,
427 v», 429," 567 v°, 673-694 v°, 696.
Guienne, voir Guyenne.
Guilford Dudley, époux de Jeanne Gray, 265, 417 v°.
Guillaume, frère de Robert et Jean Glover, 372.
Guillaume, chirurgien, martyr à Limbourg, 703 v°.
Guillaume, portier de la prison de Lyon, 434.
Guillaume Adhérait, Aheral, martyr à Londres, 437 v°.
Guillaume Ailezvarde, voir Jean Aleworth.
Guillaume Allen, Alyn, martyr à Walsingham, 365 v°.
Guillaume Alnewich, évêque de Norwich, 48 v°.
Guillaume André, mort en prison, à Londres, 365 v°.
Guillaume Armant, procureur de Mérindol, 120, 124.
Guillaume Askew, Askeve, père d'Anne Askew, 164.
Guillaume Bamford, Banmeford, alias Butler, martyr
à Harwich et non a S-.i-.t-Albans, 329, 362 v°.
Guillaume Barlow, évêque de Saint-David's, puis de
Bath and Wells, puis de Chichester, 321-321 v°, 332 v°,
416 v°.
Guillaume du Bellay, seigneur de Langey, lieutenant
du roi de France en Piémont, 119, 119 v°, 473 v°.
Guillaume Berton, professeur à Oxford, 2 v°.
Guillaume Bourdeys, oncle de Guillaume de Dongnon,
319 v».
Guillaume Brasbridge, Brasbourg, seigneur anglais, 373 v°.
Guillaume Briçonnet, évêque de Meaux, 68 v°-70 v°,
82, 160 v°, 161, 162.
Guillaume Briel, martyr à Wassy, 592 v°.
Guillaume Budé, maître des requêtes, 71 v°, 78.
Guillaume Butler, voir Guillaume Bamford, alias
Butler.
Guillaume Carleton, Karleton, docteur, 46.
Guillaume Chartier, ministre en Amérique, 444, 446.
Guillaume Chedsey, Chadsé, Chadsée, Chedsé, chapelain
de l'évêque Bonner, 303, 326-327, 401 v°, 403, 406,
408.
Guillaume du Chêne, Quercu, professeur à la Sorbonne,
70 v°.
Guillaume Chesholm, évêque de Dunblane, 195 v°.
Guillaume Coberly, Corberley, martyr à Salisbury, 437 v°.
Guillaume Coker, Cocker, martyr à Canterbury, 362 v°.
Guillaume Cornu, martvr à Tournai, 610, 623-624 v°,
655 v°.
Guillaume de Courtenay, archevêque de Canterbury,
2 v", 3.
Guillaume Cowbridge, Cowbrig, martyr à Oxford, 86.
Guillaume Dalençon, martyr à Montpellier, 277-277 v°.
Guillaume Dighel, Digel, martvr à Banbury, 317-317 v°.
Guillaume de Dongnon, prêtre, martyr à Limoges,
319-321.
Guillaume Dounton, serviteur de Jean Hooper, 301.
Guillaume Drouet, martyr à Wassy, 592 v°.
Guillaume d'Estouteville, cardinal, archevêque de Rouen,
49.
Guillaume Exmew, Exmene, chartreux, exécuté à Lon-
dres, 77 v°.
Guillaume Farel, réformateur, 68 v°, 78, 79, 83, 87 v°,
140-148 v», 260 v-o-261 v°, 357 v».
Guillaume Flower, dit Branche, martyr à Londres, 319.
Guillaume Fonques, martyr à Rouen, 106.
Guillaume Foster, mort en prison à Canterbury, 437 v°.
Guillaume Fraikin, Frekin, martyr à Limbourg, 703.
Guillaume de Furstemberg, comte, 148 v°.
Guillaume Gardiner, martvr à Lisbonne, VIII v°, IX,
194-195 v».
Guillaume Glyne, évêque de Bangor, 408.
Guillaume Gnapheus, professeur, 60 v°.
Guillaume Guérin, avocat général à Aix-en-Provence,
126 v°, 129 v°-131, 176 v».
Guillaume Haie, Harles, martyr à Barnet, 364 v°.
Guillaume Hallywel, William Holhvel, martyr à Strat-
ford, 437 v°, 441 v°-442 v°.
Guillaume Hanneton, conseiller à Tournai, 596.
Guillaume Harris, Richard Harris, Jean Harrison, martyr
à Colchester, et non à Norwich, 472 v°.
Guillaume Hopper, martyr à Canterbury, 362 v°.
Guillaume Holt, couturier, 75, 77, 77 v°.
Guillaume Horsey, Horsee, chancelier de l'évêque Fitz-
james, 56 v°.
Guillaume Houbrac, ministre à Francfort, 565.
Guillaume Howard, Havart, seigneur anglais, 295.
Guillaume Hunter, martyr à Brentwood, 316 v°-317.
Guillaume Husson, martyr à Rouen, 131, 131 v°.
Guillaume de Keicken, seigneur de Bovenkerken, maïeur
de Malines, 385 v°, 386, 386 v°, 387.
Guillaume Jérôme, Hierome, martyr à Londres, 96 v°-
97.
Guillaume Langlois, lieutenant, 293.
Guillaume de Laurencery, condamné à Meaux, 161 v°-
163 v".
Guillaume de Maulde, seigneur de Mansart, lieutenant
du bailli de Tournai, 595-596 v°, 602-605, 607 v°, 608 v°,
609, 611, 612, 615.
Guillaume Maynier, Menier, Mesnier, père de Jean,
conseiller au Parlement de Provence, 126.
Guillaume, Willhelme, Meyns, 561.
Guillaume Michaut, martyr à Langres, 170 v°, 171.
Guillaume Ming, Minge, mort en prison à Maidstone,
340.
Guillaume Morel, imprimeur, 502 v°.
Guillaume de Nassau, prince d'Orange, Aurange, dit
le Taciturne, 670 v", 671, 672 v», 673, 702-703.
Guillaume Neel, martyr à Évreux, 269-274.
Guillaume Newil, chevalier, 4.
Guillaume Nobis, suspect, 594.
Guillaume le Normand, condamné par contumace, 115,
115 v°.
Guillaume Paget, baron de Beaudesert, 295.
Guillaume de Paris, dominicain, 492 v°.
Guillaume Parr, duc d'Essex, 166 v°.
Guillaume Paulet de Basing, lord Saint-John, sieur de
Sainct Jean, marquis de Winchester, 401 v°.
Guillaume Pikes, Pike, martyr à Brentford, 472 v°.
Guillaume Piquery, de Meaux, 161 v°-163 v°.
Guillaume Poyet, chancelier de France, 121 v°, 239 v°.
Guillaume Pygot, Pygat, martyr à Braintree, 316 v°.
Guillaume le Rat, lieutenant-général d'Angers, 412,
412 v», 413, 457 v°.
Guillaume Repps, Repse, évêque de Norwich, 92 v°-93,
416 v».
Guillaume Sautre, Sautree, ou Chatris, martyr à Londres,
VII v», 6, 7.
Guillaume Simons, Symons, homme de loi à Windsor,
106 v°.
Guillaume Slech, Leache, mort en prison à Londres,
437 v».
Guillaume Stère, martyr à Canterbury, 362 v°.
Guillaume Tabbart, 660 v°.
Guillaume Taylor, Tailleur, Taylour, martyr à Londres,
48.
Guillaume Tessières, religieux de Bordeaux, 435 v°.
Guillaume Thorpe, Thorp, mort en prison à Shrews-
bury ( ?), VII v», 6-14 v°, 47 v°, 310 v°.
Guillaume Thrace, exhumé et brûlé à Toddington, 72 v°-
73.
Guillaume (lire Jean) Tooley, Toulêe, exhumé et brûlé à
Londres, 322-322 v».
24
Guillaume Tovart, martyr à Anvers, 704 v°, 705 v°.
Guillaume Tyms, Tymmes, martyr à Londres, 437 v°.
Guillaume Tyndale, Tytidal, martyr à Vilvorde, 6 v°,
72, 73 v», 74, 85 v°, 86, 293 v°.
Guillaume Venant, franciscain, 433 v°.
Guillaume Warham, Waram, Wauram, archevêque de
Canterbury, 72, 73, 416, 416 v°.
Guillaume Whyte, le Blanc, prêtre, martyr à Norwich,
48 v°.
Guillaume Windsor, Wynsor, baron de Stanwell, 401 v°,
402, 404 v°.
Guillaume Wiseman, Wisseman, mort en prison à
Londres, 375 v°.
Guilleaume, voir Williams.
Guillemette, épouse de Léonard le Roy, suspecte, relaxée
à Meaux, 161 v°-163 v°.
Guillemette, épouse de Jean Saillard, condamnée à
Meaux, 161 v°-163 v°.
Guilleminot, Jeanne, condamnée à Meaux, 161 v°-163 v°.
Guillot, Denis, condamné à Meaux, 161 v°- 163 v°.
Guilmin, Simon, martyr à Lille, 572.
Guinart, voir Ghénart.
Guirlauda, Jules, martyr à Venise, 697 v°.
Guise, Guyse, France, Aisne, 589 v°. — Maison de, IX,
521 v°, 557, 558 v", 559.
Guise, Guyse, Charles de, cardinal de Lorraine, 178 v°,
475 v», 519, 521 v°, 525 v», 534 v°, 557 v°-558 v», 577,
580 v°, 585 v°-589 v°, 619, 622, 658.
Guise, Guyse, François de Lorraine, duc de, 151 v°,
519, 578 v°, 579, 589 v°, 591-594 v°, 618 v°-620, 658.
Guise, Henri Ier, duc de, 473.
Guise, Henri II de Lorraine, duc de, 557 v°-558, 589 v°,
621 v».
Guise, Guvse, Louis de Lorraine, cardinal de, archevêque
de Sens, 519, 580 v°, 597 v».
Guise, voir Lorraine.
Guttenstein, André de, évêque de Prague, 24.
Guy de Brès, voir Gui de Bray.
Guyenne, Guienne, France, 559.
Guy Lasnier, sieur de la Fretière, Effretière, avocat à
Angers, 412, 412 v°.
Guy de Lo, frère de Jacques, 564, 565, 566.
Guyne, voir Gwin, Jean.
Guyraud Tavran, martyr à Chambéry, 340-358.
Guyse voir Guise.
Gwin, Guyne, Jean, martyr à Newbury, 437 v°.
Gyan, voir Gien.
Gyôr, Raab, Rabi, Hongrie, Gyôr, 42 v°.
H
Habacuc, Abacuc, prophète, 212, 374.
Hacht, Walter, Hadon, Valter, maître des requêtes ordi-
naires en Angleterre, 561.
Hacquelebac, garde, 55 v°.
Hadlee, voir Hadleigh.
Hadleigh, Hadlee, Hadley, Haldey, Angleterre, Suffolk,
73 v°, 306 v°-308 v°. — Martyr, voir Aldham Common.
Hadley, voir Hadleigh.
Hadon, voir Hacht.
Hadrien, voir Adrien.
Haetzer, Louis, Hetzer, Lodovik, anabaptiste, 83, 84.
Haffinie, voir Assens (?).
Hager, Matthieu, martyr à Berlin, 54 v°.
Hainaut, Haynaut, Henaut, province des anciens Pays-Bas,
VIII, 48, 176 v°-177 v°, 277, 306, 308 v°, 387-388, 395,
425, 460, 490 v°, 601, 672, 673, 692 v», 693, 693 v»,
701 v°. — Baillis : Jean, marquis de Berghes ; Philippe,
sire de Noircarmes. — Sénéchal : Pierre de Werchin.
Haldey, voir Hadleigh.
Haie, Harles, Guillaume, martyr à Barnet, 364 v°.
Haies, Alisius, Halesius, Jacques, juge à Londres, 264, 308.
Halesius, voir Haies.
Halewijn, Corneille, martyr à Anvers, 512 v°-514.
Hall, Allemagne, Wurtemberg, VII v°, 62.
Hall, Hazol, Edouard, commissaire d'Edouard VI, 165 v°.
Hall, Nicolas, martyr à Rochester, 361.
Haller, Berthold, Berktold, réformateur, 115.
Hallywel, Holhvel, Guillaume, William, martyr à Strat-
ford, 437 v°, 441 v°-442 v°.
Hamaide, Hamet, Claude de, prévôt de Valenciennes,
688 v°, 696.
Hambourg, Allemagne, 287.
Hamelin, Philbert, martyr à Bordeaux, 449 v°-450 v°.
Hamelle, Godefroid de, martyr à Tournai, 186-191.
Hamelman, Herman, théologien, 672 v°.
Hamelton, voir Hamilton.
Haméricourt, Gérard, évêque de Saint-Omer, 696 v°.
Hamet, voir Hamaide.
Hamilton, Gawand, Gavinus, doyen de Glasgow, 195 v°.
Hamilton, Jean, archevêque de Saint-Andrews, 195 v°-
196 v°.
Hamilton, Hamelton, Patrice, martyr à Saint-Andrews,
VIII, 71 v°-72, 89.
Hamon, voir Hamond.
Hamon, Pierre, martyr à Paris, 703 v°-704.
Hamond, Hamon, Jean, martyr à Colchester, 437 v°.
Hampshire, Hampton, Angleterre, 395 v°, 403.
Hampton, voir Hampshire.
Hamstede, Amstedius, Adrien van, ministre, 510.
Hanneton, Guillaume, conseiller à Tournai, 596.
Hanon Le Fèvre, martyre à Valenciennes, 184 v°.
Hans Denck, Jean Denk, anabaptiste, 83, 84.
Hans, voir Jean.
Happe de Pappenheim, grand maréchal de l'empire, 30 v°.
Harfleur, France, Seine-Maritime, 445.
Harland, Thomas, martyr à Londres, 437 v°.
Harlay, Achille de, président de la Tournelle au Parlement
de Paris, 516.
Harles, voir Haie.
Harman, Diricke, voir Carver Dirick.
Harpole, Hirtpoole, Jean, martyr à Rochester, 437 v°.
Harpsfeld, voir Harpsfield.
Harpsfield, Harpsfeld, Harpsfild, Jean, archidoyen de
Londres, chancelier, 303, 324 v", 325, 327 v», 334-336,
338 v°, 363 v°, 397-398 v°, 404 v°, 405 v°, 406-407 v°, 408.
Harpsfild, voir Harpsfield.
Harrington, Haryngthon, Jean, trésorier des camps et
des bâtiments royaux à Boulogne, 329 v°, 334.
Harris, Guillaume, Harris, Richard, Harrison, Jean,
martyr à Colchester, 472 v°.
Harris, Richard, martyr à Norwich, voir Harris, Guil-
laume, martyr à Colchester.
Harrison, Jean, voir Harris, Guillaume.
Hart, Jean, martyr à Mayfield, 437 v°.
Hartford, Hatford, Angleterre, Huntingdonshire, 404.
Hartung, Albert, réformé brandebourgeois, 485 v°.
Harvig, voir Harwich.
Harvich, voir Harwich.
Harwich, Harvich, Harvig, Angleterre, Essex, 329, 432. —
Martyr : Guillaume Bamfbrd, alias Butler.
Harwod, voir Harwood.
Harwood, Harzcod, Heroald, Etienne, martyr à Stratford,
363, 364 v».
Haryngthon, voir Harrington.
Hasard, Hasard, Thomas, franciscain à Tournai, 135 v°,
137, 150, 426.
Hasembourg, Sbinco, Zbynck, de, archevêque de Prague,
20, 20 v°.
Hasse, voir Hussey.
Hatfeldam, Anne, voir Hatfield, Agnès.
Hatfield, Agnès, Hatfeldam, Anne, mère de Thomas
Cranmer, 415 v°.
Hatford, voir Hartford.
Haussi, voir Haussy.
Haussy, Haussi, France, Nord, 696.
Haustrat, voir Hoogstraeten.
Haute Rue, Laurent de la, martyr à Mons, 395.
Hauteville, France, Marne, 592 v°.
Haux, voir Hawkes.
Havard, voir Howard.
Have, Pierre, martyr à Wassy, 594 v°.
Havx, voir Hawkes.
25
Hawkes, Haux, Havx, Thomas, martyr à Coggeshall,
322 vo-329.
Hawl, voir Hall.
Haye, Jean de la, chanoine de Tournai, 624.
Haye, Matthieu de le, martyr à Valenciennes, 696.
Haye, Philibert de la, menuisier, martyr à Bruges, 191 v°.
Hayes, P. des, conseiller à Angers, 457.
Haynaut, voir Hainaut.
Hayward, Haywarde, Thomas, martyr à Lichfield, 365 v°.
Hayzuarde, voir Hayward.
Hazard, voir Hasard.
Heath, Heth, Hetee, Nicolas, évêque de Rochester, puis
de Worcester, puis archevêque d'York, 97, 300, 336-
337 v°, 376.
Hector de Ossuno, évêque de Couserans, 276 v°.
Hector Remy, martyr à Douai, 106.
Hector, Barthélémy, martyr à Turin, IX, 437 v°-440 v°,
458.
Heenvliet, Pays-Bas, Zélande, 459-460. — Seigneurs de,
voir Jean et Joost de Kruiningen.
Heidelberg, Heildeberg, Heydelberch, Allemagne, Wurtem-
berg-Bade, 5, 37, 534 v°, 636. — Martyr : Eckhard,
dominicain (?).
Heildeberg, voir Heidelberg.
Hélène, sainte, 326 v°.
Hélène Taylor, fille de Roland Taylor, 308.
Hélène Tylnee, suivante de Jeanne Grey, 268.
Hélie, voir Élie.
Hellesgnore, voir Helsingoer (?).
Helivegh, voir Heylweghen.
Helsingoer, Hellesgnore, Danemark, Sjaelland, 287.
Hémond Picard, martyr à Paris, 55.
Henaut, voir Hainaut.
Heniques, Anne, condamnée à Valladolid, 538.
Henri, évêque de Saint- Andrews, 48 v°.
Henri, Henry, et son serviteur, martyrs à Colchester, 106.
Henri II, roi de France, VIII, IX, 131, 174 v°, 178, 178 v°,
186, 320 v°, 340 v°, 341, 344 v°, 346, 354 v°, 357 v°,
411 v»-415 v°, 431 v», 436, 436 v°, 438-438 v°, 440 v°,
442 v°-444 v°, 446, 448 v°, 451 v°, 455 v°, 456, 457,
458, 461 v», 466, 469, 471, 471 v», 473, 475-476, 481 v»,
482, 485 v°, 490, 491, 492, 515 v», 518 v»-519 v°, 521,
525 v°-529, 539, 557, 558 v°, 586 v», 589 v°, 654 v».
Henri III, duc d'Orléans, roi de France, 580 v°.
Henri IV, roi d'Angleterre, 5, 44.
Henri V, roi d'Angleterre, 5 vJ, 14 v°, 15, 44-45.
Henri VI, roi d'Angleterre, 48 v°.
Henri VII, empereur, 677 v°.
Henri VIII, roi d'Angleterre, VIII, 73, 88 v°, 90-92,
94 v°, 97, 134, 164-169, 191 v°, 264, 294 v", 295, 298 v°,
299, 309, 310, 326, 329 v°, 375, 415 v°-417, 418, 420,
700-700 v°.
Henri Ier, duc de Guise, 473.
Henri, Henrye, Adlington, martvr à Stratford, 437 v°,
441 v°-442 v°.
Henri Beaufort, évêque de Winchester, Wynton, 45 v°, 47.
Henri Bockhalt, Je cousturier, martyr à Anvers, 512,
513 v°.
Henri de Brederodc, 669, 672 v°, 673, 701 v°.
Henri Bullinger, Bulinger, Bulingere, réformateur, 85,
488, 643 v°.
Henri Chicley, Chichel, Chichelé, archevêque de Canter-
bury, 47 v°, 48.
Henri Cole, Col, archidiacre et doyen de Saint-Paul à
Londres, prévôt d'Eton, 398 v°-399, 419-420 v°, 421 v°.
Henri Conrad, châtelain de Franchimont, 617 v°.
Henri Crompe, cistercien, 3.
Henri Filmer, Finemor, martyr, non gracié, à Windsor,
106.
Henri Grunfelder, prêtre, martyr à Ratisbcnne, 47 v°.
Henri Heusch, Huesch, martyr à Limbourg, 703.
Henri Hutinot, Butinot, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Henri Lacembok, Latzembog, chevalier tchèque, 16-17.
Henri Laurence, martyr à Canterbury, 362 v°.
Henri II de Lorraine, duc de Guise, 557 v°-558 v°.
Henri Morgan, évêque de Saint-David's, 406 v°.
Henri de N., gentilhomme morave, 42.
Henri de Navarre (Henri IV), 699.
Henri de Percy, Perse, comte de Northumberland, 1 v°.
Henri Pfeïffer, Phifer, anabaptiste, 83 v°.
Henri Philips, Philippe, dénonciateur, 85 v°.
Henri Poëlle, martyr à Paris, 82.
Henri Pond, martyr à Londres, 472 v°.
Henri Radtgeber, prêtre, martyr à Ratisbonne, 43 v".
Henri Sidney, Sedvey, gentilhomme anglais, 264 v°.
Henri Supphen, martyr à Meldorff, VII v°, 61 v°-62.
Henri Sydal, Sidal, professeur à Oxford, 418 v°, 419,
421 v", 422.
Henri Tolzen, Token, chanoine de Magdebourg, 48 v°.
Henri Toussain, substitut du procureur général en Lor-
raine, 578 v°.
Henri Veteris, conseiller au Parlement d'Aix-en-Provence,
539, 540.
Henri Voes, Voez, martyr à Bruxelles, VII v°, 58 v°-
60 v°.
Henri Ware, officiai de Canterbury, 46.
Henri de Westphalie, dit Flamand, martyr à Tournai, 70.
Henri, Henry, Henrye, Wye, Wie, martyr à Stratford,
437 v», 441 v°-442-v°.
Henri de Zrenanowicz, gentilhomme morave, 42.
Henri-Robert de la Marck, duc de Bouillon, 693, 693 v».
Henry, voir Henri.
Henrye Wie, voir Henri Wye.
Hepburn, Patrice, évêque de Morayshire, 195 v°.
Hercule, Hercules, 416 v°.
Herdford, voir Hereford.
Hereford, Herford, Herfurd, Angleterre, Herefordshire,
44 v°, 92-94 v°, 97. — Evêques : Édouard Foxe, Robert
Mascall ou Maschal.
Hereford, Herford, Nicolas, partisan de Wicleff, 3-7 v°,
13 v°.
Hereford, Herdford, Walter Devereux, baron Ferrers
de Chartey, vicomte de, 401 v°.
Herford, voir Hereford, Hereford.
Herfurd, voir Hereford.
Herlin, Michel, martyr à Valenciennes, 673, 692 v°-696.
Herlin, Michel, fils du précédent, martyr à Valenciennes,
673, 692 v°-696.
Herman Janssen, martyr à Anvers, 512 v°-514.
Herman, Diricke, voir Carver, Dirick.
Herme, Siméon, martyr à Lille, 572-572 v°.
Hermès de Winghene, Wingle, Wingles, conseiller du
bailliage de Tournai, 387 v°, 602 v°, 609, 615, 616,
623 v°.
Hernandez, Ferdinand, Jean, martyr à Valladolid, 543 v°-
544.
Hernandez, Ferdinand, Julien, dit le Petit, martyr à
Séville, 543-543 v», 544 v°.
Hernando Piazo, fiscal de Valladolid, 538.
Heroald, voir Harwood.
Hérode Antipas, Hérodes, tétrarque de Galilée, IV v°,
VI v°, 140 v°, 208 v°, 363 v°, 390 v°, 596, 596 v», 611 v°.
Hérode le Grand, Herodes, roi de Judée, IV v°, VI v°,
130 v°, 596 v°, 690 v°.
Hérodias, personnage biblique, 626 v°.
Herpfer, Michel, 158 v°.
Herrin, Herring, France, Nord, 664 v°.
Herwin, Jean, dit Geerste-coorne, martyr à Hondschoote,
561 v°-562 v°.
Hesdin, France, Pas-de-Calais, 706, 706 v°.
Hesichius, voir Hesychius.
Hesse, Hessen, Allemagne. — Philippe le Magnanime,
landgrave de, 72, 139 v°, 628.
Hessel, Jacques, procureur général, 288-289 v°.
Hessen, voir Hesse.
Hesychius, Hesichius, 678 v°.
Hetée, voir Heath.
Heth, voir Heath.
Hetzer, Lodovik, voir Haetzer, Louis.
Heusch, Huesch, Henri, martyr à Limbourg, 703.
Heu, Baudouin le, Baudewin, Boutzon, martyr à Anvers,
512 v°.
Hewet, Huet, martyr à Salisbury, 102 v°.
Hewet, Huet, André, martyr à Londres, 77-77 v°.
Heyda, voir Heyden.
Heydelberch, voir Heidelberg.
Heyden, Verheyden, Gaspard van der, ministre à Anvers,
449, 509 v°.
Heyden, Heyda, Jean van der, dominicain, 562 v°, 569.
Heylweghen, Hehvegh, Louis van, président du Conseil
des Flandres, 288 v°.
Hiérome, voir Jérôme.
Hierome Savanarola, voir Jérôme Savonarole.
Hierosme, voir Jérôme.
Hieron, roi de Syracuse, 557 v°.
Hiérusalem, voir Jérusalem.
Higuera la Real, Higueras, Espagne, Badajoz, 542.
Higueras, voir Higuera la Real.
Hilaire, saint, évêque de Poitiers, 107 v°, 111 v°, 337 v°,
478 v°, 505, 552 v», 571, 678.
Hilverseele, voir Elverseele.
Hirtpoole, voir Harpole.
Hlud, Odich de, gentilhomme morave, 42.
Hmodorkat, Étienne de, gentilhomme morave, 42.
Hmrsdorfar, Jean, gentilhomme morave, 42.
Hochstraten, Hocstrat, Jacques de, inquisiteur aux Pays-
Bas, 59.
Hocstrat, voir Hochstraten.
Hodscalc, voir Godescalc Rosemondt.
26
Hoeck, Johannes, voir Aepinus, Jean.
Hoeurblocq, voir Huerblocq.
Hoffman, Melchior, anabaptiste, 85.
Hoillyarde, voir Huilier.
Hogard, Milo, voir Huggard, Miles.
Holande, voir Hollande.
Holden, Nicolas, martyr à Mayfield (?), 437 v°.
Holiday, Holydaie, Jean, martyr à Londres, 472 v°.
Holizvel, William, voir Hallywel, Guillaume.
Holland, Roger, martyr à Londres, 472 v°.
Hollande, Holande, province des Anciens Pays-Bas, 84 v°,
85, 459-460, 667 v°, 669, 673, 696 v°, 701 v°. — Voir
aussi Pays-Bas.
Holsace, voir Holstein.
Holstein, Holsace, Allemagne, 287.
Holt, Guillaume, couturier, 75, 77, 77 v°.
Holydaie, voir Holiday.
Hondschoote, Honscote, Hontscote, France, Nord, 559 v°,
561 v°, 562, 598 v°-601, 607 v°, 672. — Martyrs : Charles
Elinck, Jean Herwin.
Honneur, France, Calvados, 444 v°.
Hongre, Bertrand le, procureur général, 627 v°.
Hongrie, 42 v°, 70, 120 v°.
Hongrie, Marie de, gouvernante des Pays-Bas, 98 v°.
Honnoré, Thomas, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Honorât Auldol, dit Bramaire, martyr à Aix-en-Provence,
539 v°-540.
Honorât Pastouret, martyr à Marseille, 620.
Honoré de Tributiis, conseiller au Parlement d'Aix-en-
Provence, 124, 126 v°, 129 v°-130 v°, 175-176.
Honscot, voir Hondschoote.
Honscote, voir Hondschoote.
Hontscote, voir Hondschoote.
Hoode, voir Whood.
Hoogstraeten, Haustrat, Antoine de Lalaing, comte de,
177 v», 184 v°, 672 v°.
Hook, Hork, Richard, martyr à Chichester, 361.
Hooper, Hopper, Jean, évêque de Gloucester puis de
Worcester, martyr à Gloucester, VIII v°, 299-306, 314,
314 v», 325, 374, 420.
Hopkin, voir Hopkins.
Hopkins, Hopkin, Nicolas, seigneur anglais, 373 v°.
Hopper, voir Hooper.
Hopper, Guillaume, martyr à Canterbury, 362 v°.
Hopton, Jean, évêque de Norwich, 365.
Hork, voir Hook.
Horn, Home, Jean, martyr à Wootton-under-Edge (et
non à Newent), 437 v°.
Hornchurch, Home, Angleterre, Essex, 328.
Horndon, Angleterre, Essex, 316 v°. — Martyr : Thomas
Hygby.
Home, voir Horn et Horns.
Horne, voir Hornchurch.
Hornes, Philippe de Montmorency, comte de, martyr
à Bruxelles, 672 v», 701 v°-702.
Horns, Jeanne, martyre à Londres, 437 v°.
Horry, voir Ory.
Horsee, voir Horsey.
Horsey, Horsee, Guillaume, chancelier de l'évêque Fitz-
james, 56 v°.
Hortense, voir Hortensius.
Hortensius, Hortense, Lambert, historien, 84 v°.
Hosius, Stanislas, cardinal, 684.
Houdart, avocat du roi, 598.
Houtkercke, voir Houtkerque.
Houtkerque, Houtkercke, France, Nord, 561 v°.
Hovenden, Thomas, martyr à Londres, 48 v°.
Howard, Havart, Catherine, épouse de Henri VIII,
94 v".
Howard, Havart, Guillaume, seigneur anglais, 295.
Howard, Thomas, duc de Norfolk, 94 v°, 164.
Howel Kiffin, Kyffin, docteur, 46.
Hoye, voir Huy, Huy.
Hradek, Drazko de, gentilhomme morave, 42.
Hradek, Marc de, recteur de l'Université de Prague,
18 v°.
Hubert, imprimeur, martyr à Bruges, 191 v°.
Hubert Burre, martyr à Dijon, 178.
Hubmaier, Hnbmor, Balthasar, anabaptiste, 83-84.
Hubmor, voir Hubmeier.
Huchier, N. Le, conseiller à Blois, 433 v°.
Huchon, voir Hugues.
Huerblocq, Hœurblocq, Martin, martyr à Gand, 149-
149 v°.
Huesch, voir Heusch.
Huet, voir Hewet.
Huezuelo, Antoine de, martyr à Valladolid, 538-538 v°.
Huggard, Miles, Hogard, Milo, tailleur, 328.
Hugues Curry, porte-croix de l'archevêque de Saint-
Andrevvs, 196 v°.
Hugues, Huchon, Destailleurs, Destailleur, Destaillier,
martyr à Tournai, 633-635, 706 v».
Hugues Foxe, martyr à Londres, 472 v°.
Hugues Goodacre, Gudaker, archevêque d'Armagh, 309.
Hugues Gravier, martyr à Bourg-en-Bresse, 239.
Hugues Latimer, évêque de Worcester, martyr à Oxford,
VIII v°, 72, 92 v°-93, 166 v», 310 v», 324 v°, 326, 339 v°,
374, 375 v°, 376, 382-384 v°, 401 v°, 416 v°, 418 v°, 421 v°.
Hugues Laverok, martyr à Stratford, et non à Gloucester,
437 v».
Hugues Pallenq, condamné par contumace, 115, 115 v°.
Hugues Weston, doyen de Westminster, 310 v°, 338 v°,
339, 376, 382, 382 v°, 408, 418 v°.
Huilier, Hoillyarde, Jean, ministre, martyr à Cambridge,
429-431, 437 v».
Hulst, Pays-Bas, Zélande, 660-662 v°. — Martyr : Jean
de Grave.
Hulst, François van der, inquisiteur aux Pays-Bas, 59.
Humbécourt, Humbescourt, France, Haute-Marne, 594.
Humbescourt , voir Humbécourt.
Humphrey Middlemore, Mydelmoy, chartreux, exécuté
à Londres, 77 v°.
Humphrey Middleton, Hunfroy Midelton, martyr à
Canterbury, 192, 358-360 v°.
Hunfroy Midelton, voir Humphrey Middleton.
Hunt, Martin, mort en prison à Londres, 437 v°.
Hunt, Richard, martyr à Londres, 56, 56 v°, 364.
Hunter, Guillaume, martyr à Brentwood, 316 v°-317.
Huntingdon, Huntvngton, Jean, prêtre, passé à la Réforme,
165.
Huntington, Angleterre, Yorkshire, 472 v°.
— Martyr : Lawton.
Huntlé, voir Huntley.
Huntley, Huntlé, comte de, 195 v°, 196.
Hunteman, Jean, procureur, 3.
Huntyngton, voir Huntingdon.
Hurlault, Jacques, évêque d'Autun, 119.
Hurst, Edmond, martyr à Stratford, 437 v°, 441 v°-442 v°.
Hus, voir Huss.
Huss, Hus, Jean, martyr à Constance, VII v°, 5 v°, 6,
15-42 v°, 47 v°, 49, 57 v°, 345, 560 v°.
Hussey, Hasse, docteur, 408.
Husson, Guillaume, martyr à Rouen, 131, 131 v°.
Hut, Catherine, martyre à Londres, 437 v°.
Hut, Jean, Hans, anabaptiste, 83.
Hutchinson, Huthchynson, professeur à Cambrigde, 192.
Huthchynson, voir Hutchinson.
Hutinot, Butinot, Henri, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Huy, Hoye, Belgique, Liège, 577-577 v°.
Huy, Hoye, Barthélémy de, martyr à Anvers, 577-577 v°.
Huycke, Thomas, docteur, 561.
Hvar, Lesena, Lésina, Pharen, Yougoslavie, Dalmatie, 546-
554, 697. — Évêque : Zacharias Delfinus.
Hygby, Thomas, martyr à Horndon, 315-316 v°.
I
27
I. G., réformé, 342 v°.
I. d. G., réformé, 182.
Iacomel, voir Jacomeli.
Iacomelly, voir Jacomeli.
Iaquart, voir Jacquart.
Jacques, voir Jacques.
Iacson, Rodulphe, voir Jackson, Ralph.
lames, voir James.
Ianuario, voir Rio-de-Janeiro.
Ianuarius, voir Janvier.
Iberlingue, voir Uberlingen.
Iconie, voir Iconium.
Iconium, Iconie, Asie Mineure, 392 v°.
Idden, officier de justice, 424.
Iean, voir Jean.
Jeanne Contienne, voir Jeanne Butcher.
Ienkin, voir Jenkins.
Ienon Romane, syndic de Mérindol, 124 v°-125 v°.
Iephcot, voir Jephcot.
Urémie, voir Jérémie.
Iérusalem, voir Jérusalem.
Iesabel, voir Jézabel.
Iesseniz, voir Jesenice.
Iessko de Draczdw, gentilhomme morave, 42.
Ignace, saint, 378 v°, 404.
Iles Canaries, Isles fortunées, 444 v°.
Uliers, France, Eure-et-Loir, 269. — Doyen : Legoux.
Illiricus, Flacius, théologien, 672 v°.
Imerseele, Immerselle, Jean de, margrave d'Anvers, 512 v°,
671 v°.
Immerselle, voir Imerseele.
Indes Méridionales, 443.
Indes Occidentales, 444 v°.
Ingram, habitant de Gloucester, 303 v°.
Innocent Ier, pape, 405 v°, 406.
Innocent III, pape, 63 v°, 108, 338 v», 377 v°, 380, 467,
469, 676, 678 v°, 686 v».
Ioacim, voir Joachim.
loanne, voir Jeanne.
loannis, voir Joannin.
Ioanson, voir Johnson.
lob, voir Job.
Ioery, voir Jory.
Iohannes, voir Jean.
Ioly, laques, voir Joly, Jacques.
Ion de Tossawicz, gentilhomme morave, 42.
Ionas, voir Jonas.
Ionchère, La, voir La Jonchère.
Ionienne, mer, 697.
Ionson, voir Johnson.
Ioppe, voir Joppé.
Iordain, voir Jourdain.
Iork, voir York.
losué, voir Josué.
Ioyne, voir Joyne.
Ipre, voir Ypres.
lpsenytche, voir Ipswich.
Ipswich, Ipsezvvtchc, Ipszvitch, Ypsvige, Angleterre, Suffolk,
56, 362, 364 v°-365 v», 423 v°, 432. — Martyrs : Kerby,
Nicolas Peake, Agnès Potten, Robert Samuel, Jeanne
Trunchfield, épouse de Michel.
IpsKÙch, voir Ipswich.
Irène, Theodora Irène, impératrice de Byzance, 467.
Irénée, saint, 108 v°, 220 v°, 336, 337, 398 v", 400, 404,
445 v», 468, 508 v», 532 v°, 677 v», 682.
Irlande, 309.
Isaac, personnage biblique, 79 v°, 138, 140 v°, 189, 219 v°,
224 v», 278 v°, 285 v°, 318 v°, 346 v°, 369, 383 v°, 614,
681.
Isabeau, Jean, martyr à Paris, 536.
Isabel, voir Isabelle.
Isabelle, voir Élisabeth.
Isabelle la Catholique, reine de Castille, 536 v°, 541.
Isabelle Foster, Agnès Favster, martyre à Londres, 423.
Isabelle de Strada, martyre à Valladolid, 538.
Isabelle de Vaenia, martyre à Séville, 542-542 v°.
Isaïe, Ésaie, Isaye, prophète, 9 v°, 10, 40, 77 v°, 101, 107,
113 v», 114, 118 v°, 138, 166 V, 270 v», 272 v», 328, 335,
341 v,0 347, 349, 427, 428 v», 487 v», 531-532, 588, 596 v»,
674, 685 v°.
Isaure, Léon, voir Léon III.
Isaurien, voir Léon III.
Isaye, voir Isaïe.
Isé, voir Iséo.
Iséo, Isé, Italie, Lombardie, 291 v°.
Iser, voir Isère.
Isère, Iser, rivière de France, 88.
Isle, voir Lille.
Isles fortunées, voir Iles Canaries.
Ismaël, personnage biblique, 138, 140 v°, 346 v°.
Israël, peuple et rovaume bibliques, 85, 112-113 v°, 184,
272, 285 v° 311, 341 v°, 351, 354, 357, 401, 414 v°, 431,
456 v°, 463, 534, 566 v», 604 v°, 611 v», 645, 674 v°,
679 v°, 680, 689.
Issoere, voir Issoire.
Issoire, Issoere, France, Puy-de-Dôme, 171 v°-173 v°,
182. — Martyr : Jean Brugière.
Italie, passim.
Ithier, Jacques, l'épouse et les filles de, martvres à Sens,
597 v°.
Iudas, voir Judas.
Iules, voir Jules.
Iulien Ferdinand, voir Julien Kernandes.
Iulien de Lespe-darme, voir Julien Van den Sweerde.
Iuno, voir Junon.
luppiter, voir Jupiter.
Iuste Iusberg, voir Josse Jusberg.
Iustin, voir Justin.
Iustus, voir Juste.
Iverson, Everson, Thomas, martyr à Chichester, 361.
J
Jackson, Ralph, Iacson, Rodulphe, martyr à Stratford,
437 v°, 441 v°-442 v°.
Jacob, personnage biblique, 79 v°, 189, 219 v°, 278 v", 281,
285 v°, 313 v°, 318 v°, 340 v°, 346 v°, 369, 383 v°, 552,
564 v», 614, 680, 686.
Jacob, Kautz, Kautzi, anabaptiste, 84.
Jacomeli, Iacomel, Iacomelly, Thomas, inquisiteur à Turin,
438 v°-440 v», 574.
Jacquart, Iacquart, Quentin, martyr à Wassy, 592 v°.
Jacqueline Bruneau, martyre à Tournai, 617.
Jacquemart, Didier, martyr à Wassy, 592 v°.
Jacquemart, Jean, martyr à Wassy, 592 v°.
Jacquemin Maillote, suspect, 579-579 v°.
Jacques, Iacques, Jaques, saint, 12, 34, 91, 102 v°, 110,
113, 219 v°, 221, 270, 278, 342, 344 v», 356 v°, 359 v°,
368, 368 v°, 398, 410, 421, 442, 500 V, 506, 527 v°,
560, 570, 623 v».
Jacques, laques, martyr à Dijon, 450 v°-456 v°.
Jacques, prieur des augustins d'Anvers, voir Jacques
Praeposirus.
Jacques Abbes, Abbus, Abs, martvr à Bury-Saint-Edmunds,
361, 423 v°-424.
23
Jacques d'Albon, Dalbon, seigneur de Saint-André, maré-
chal de France, 289 v°, 618 v°.
Jacques Balardi, évêque de Lodi, Londen, 28, 38, 38 v°.
Jacques Bartholmi, messager, 123.
Jacques (et non David) Beaton, Béton, archevêque de
Saint-Andrews, VIII, 71 v°-72, 89.
Jacques Bonnello, 553.
Jacques Bouchebec, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Jacques Boulereau, martyr à Langres, 170 v°-171.
Jacques Bretenay, martyr à Langres, 170 v°-171.
Jacques Brooks, évêque de Gloucester, 398, 398 v°, 399.
Jacques Challes, martyr à Rouen, 106.
Jacques Chobard, martyr à Saint-Mihiel, 151, 151 v°.
Jacques Le Clerc, mari de Michèle de Caignoncle,
184 V.
Jacques Le Clercq, Clerc, avocat du bailliage de Tournai,
387 v», 615, 634 v°.
Jacques Cole, notaire, 46 v°.
Jacques de Crues, père de Jean, 562 v°.
Jacques, Jacques-Jean, Dienssart, martyr à Furnes,
559 v°-561 v°.
Jacques Durieux, condamné à Valenciennes, 673.
Jacques d'Enzinas, martyr à Rome, 148 v°, 149.
Jacques Le Fevre, martyr à Valenciennes, 184 v°.
Jacques Gore, James Gorie, mort en prison à Colchester,
375 v».
Jacques Haies, Alisius, Halesius, juge à Londres, 264, 308.
Jacques Hersel, procureur général, 288-289 v°.
Jacques de Hochstraeten, Hocstrat, inquisiteur, 59.
Jacques Hurlault, évêque d'Autun, 119.
Jacques Ithier, l'épouse et les filles de, martyres à Sens,
597 v°.
Jacques Joly, martyr à Wassy, 592 v°.
Jacques Latomus, inquisiteur, 59, 96.
Jacques Leaf, Liefe, martyr à Canterbury, 365 v°.
Jacques Lefèvre d'É tapies, Faber, 68 v°, 415 v°.
Jacques de Lo, martyr à Lille, IX, 563-568.
Jacques Massyot, conseiller à Bordeaux, 319 v°.
Jacques Maynard, condamné par contumace, 115.
Jacques de Moniot, martyr à Wassy, 592 v°, 594 v°.
Jacques Morton, martyr à Lincoln, 102 v°.
Jacques Nogaerus, doyen de Vienne, 556-556 v°.
Jacques de Pavanes, Pavane, martyr à Paris, VIII,
68 v°, 82, 160 v°, 161.
Jacques Praepositus, prieur des augustins d'Anvers,
131 v°, 132.
Jacques Reynaud, seigneur d'Aillens, 116, 119.
Jacques de Rien, voir Jacques Durieux.
Jacques Sadolet, cardinal, évêque de Carpentras, 120 v°,
123, 123 v°.
Jacques de Sangre, maître d'école, condamné par contu-
mace, 115, 115 v°.
Jacques de Savoie, duc de Nemours, 92, 558-558 v°.
Jacques Le Sevré, habitant de Craon, 456 v°.
Jacques Sylvestre, bourreau, réformé, 274 v°.
Jacques, Adrien, de le Tombe, martyr à Tournai, 151.
Jacques Turmin, voir Richard Turming.
Jacques Tutty, Tuttye, martyr à Canterbury, 365 v°.
Jacques le Veau, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Jacques-Benoît de Largebâton, Largebaston, président
du Parlement de Bordeaux, 456.
Jacquot, Jean, martyr à Wassy, 592 v°.
Jacson, voir Jackson.
James Gorie, voir Jacques Gore.
James, voir Jean.
Jan, voir Jean.
Jane, voir Jeanne.
Janeiro, voir Coligny.
Janssen, Herman, martyr à Anvers, 512 v°-514.
Janvier, lanuarius, donatiste, 93 v°.
Jaque, voir Jacques.
Jaques, voir Jacques.
Javelle, Pierre, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Jean, peintre, martyr à Londres, 102 v°.
Jean, ministre, martyr à San Germano Chisone, 574.
Jean, religieux espagnol, 422.
Jean, fils du duc Robert, Clément, du Palatinat, 36 v°.
Jean Ier, pape, 658 v°.
Jean XXIII, pape, 15 V, 20 v», 24, 25, 36.
Jean Abercromby, Abercromy, 196 v°.
Jean Adams, Adlam, martyr à Londres, 169.
Jean Aelmer, professeur, 264 v°.
Jean Aepinus, Epin, Hoeck, théologien, 58.
Jean van Aken, martyr à Limbourg, 703.
Jean Alcock, mort en prison à Londres, 317 v°.
Jean Alesme, conseiller au Parlement de Bordeaux, 435 v°,
436.
Jean Aleworth, Guillaume Aileivarde, mort en prison à
Reading, 361.
Jean Almaric, mort en prison à Paris, 490 v°.
Jean André, libraire, 169 v", 185, 473.
Jean l'Anglais, Anglois, martyr à Sens, 55, 171.
Jean Apprice, Uprise, martyr à Stratford, et non à Glou-
cester, 437 v°.
Jean Archer, tisserand, mort en prison à Canterbury,
437 v°.
Jean Ardeley, Erdley, martyr à Rayleigh, 329.
Jean d'Arnok, serviteur de Jean Hamilton, 195 v°.
Jean Arnoul, 554.
Jean Ashton, Aiston, Aston, mort en prison à Londres (?),
3, 5, 7 v".
Jean d'Assis, président du Parlement de Toulouse, 699.
Jean Atignan, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Jean Bacon, carme, 5.
Jean Baie, John Balee, Baleus, évêque d'Ossory, historien
anglais, 47 v°, 48, 97 v°, 169, 408.
Jean Barath, carme à Valenciennes, 48.
Jean Barbeville, martyr à Paris, 514 v°-516.
Jean de Bargibant, martyr à Tournai, 150 v°.
Jean Baudesson, martyr à Wassy, 592 v°.
Jean Baudouin, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Jean de Beaussart, suspect, 702.
Jean du Bec, martyr à Troyes, 114 v°.
Jean Beffroy, martyr à Paris, 524 v°-525.
Jean du Bellay, cardinal, évêque de Paris, 114-114 v°.
Jean Bels, religieux, 561.
Jean Bergeron, lieutenant criminel de Saint-Pierre-le-
Moûtier, 290, 290 v».
Jean de Berghes, Malo, martyr à Mons, 277, 306.
Jean Bertrand, martyr à Blois, 432-434 v°.
Jean Bertrandi, cardinal, archevêque de Sens, garde des
sceaux, 481 v°, 483 v°, 491, 492, 519, 530 v°, 558 v".
Jean Beverlau, martyr à Londres, 14 v°, 15.
Jean Bird, appelé petit vieillard, évêque de Bangor, Chester,
puis Londres, 325, 325 v°.
Jean de Bivero, martyr à Valladolid, 537 v°.
Jean Bland, ministre, martyr à Canterbury, VII v°, 358,
360 v».
Jean du Bois, martyr à Wassy, 592 v°.
Jean de la Borde, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Jean du Bordel, martyr à Fort-Coligny au Brésil, 460 v°-
465 v».
Jean de Borschnitz, évêque de Lubusz, Libuss, 17 v°,
21 v».
Jean du Bosc, seigneur de Mandreville, martyr à Rouen,
621.
Jean de Boschere, martyr à Anvers, 568-568 v°.
Jean Botteler, huissier du roi d'Angleterre, 45.
Jean Boucher, martyr à Wassy, 592 v°.
Jean du Bourg, martyr à Paris, 82.
Jean Bourne, Burne, Burno, secrétaire, 296 v°, 297, 306 v°,
331 v°, 332.
Jean de Boxtale, 661.
Jean Bradford, Bradfort, ministre, martyr à Londres,
318 v», 325, 329 v°-340, 373.
Jean Brenz, Brence, théologien, 154.
Jean Breron, chanoine d'Angers, 412.
Jean Bridges, Brydges, lord Chandos, Sandoitz, Schan-
doitz, Shandon, juge, 304 v°, 305, 401 v", 402 v°, 419 v°.
Jean Brissebarre, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Jean Brown, Broun, Brun, chevalier, martyr à Londres,
VII v°, 14 v°, 15.
Jean Brown, gentilhomme anglais, 419 v°.
Jean Brugière, martyr à Issoire, 171 v°-173 v°.
Jean Brunerol, lieutenant du bailli de Mérindol, 125,
125 v".
Jean Bucka, évêque de Litomysl, 18, 32, 32 v°, 35 v°.
Jean de Bucq et son épouse Anne van de Velde, martyrs
à Gand, 150.
Jean Bugenhagen, théologien, 58.
Jean du Buis, comte de Sancerre, gouverneur de Tours,
557 v°.
Jean des Buissons, martyr à Anvers, 569 v°-572.
Jean Buron, dit Le Lanternier, martyr à Angers, 456 v°-
457 v».
Jean Cabot, docteur en théologie, 435 v°, 436.
Jean Cabrie, « ancien » de Mérindol, 124 v°.
Jean Caillou, martyr à Tours, 481 v°-482.
Jean Calvin, 77 v», 82, 134 v°, 197 v°, 228-229 v», 233,
251-252 v°, 254 v°-255 v», 259-262, 269, 277 v°-279,
340 v°, 350 v°, 353, 357, 394 v°, 401, 445, 461, 466 v°,
468-469 v», 486 v°, 487 v°, 496 v°, 499 v°, 503, 528 v»,
529, 552, 555-556, 560 v», 568 v°, 587 v°, 595, 595 v°,
602 v», 605, 609, 631 v», 632, 638 v°, 643 v°, 691 v°, 706.
Jean Campbel, juge, 195 v°, 196 v°.
Jean Campo, juge à Dixmude, 559 v°-561.
Jean Cardinal, 628.
Jean Cardmaker, martyr à Londres, 321-322.
Jean Careless, Carels, mort en prison à Londres, 437 v°.
29
Jean de Carnolis, prévôt de la cathédrale d'Aix-en-Pro-
vence, 117, 118.
Jean Carondelet, archevêque de Palerme, 60 v°.
Jean de Carquignan, martyr à Carignan, 573 v°.
Jean de Cartheny, Cartini, prieur des carmes à Valen-
ciennes, 611.
Jean délia Casa, secrétaire du cardinal Caraffa, 371 v°.
Jean Castellan, Castelain, Chastellain, Châtelain, martvr
à Vic-sur-Seille, VIII, 62-63 v°.
Jean Catel, martyr à Lille, 653 v°-654.
Jean Cateux, Catteu, martyr à Valenciennes, 696 v°.
Jean de Caturce, Caturco, martyr à Toulouse, VIII,
73 v°-74.
Jean Cavel, Caves, martyr à Londres, 437 v°.
Jean de Cazes, martyr à Bordeaux, 434 v°-437.
Jean Chaillaud, chanoine d'Angers, 457, 457 v°.
Jean, Jean-Pierre, Chambon, brigand, martvr à Lvon,
214 v°-218, 236, 237 v°-238 v°, 244, 244 v°.
Jean du Champ, martyr à Anvers, 490 v°-491.
Jean de Chasteler, seigneur de Moulbais, Moulbay,
lieutenant du château de Tournai, 602, 605, 608, 612,
615 v°, 616, 674.
Jean Chawoy, chevalier anglais, 4.
Jean Chen, chevalier anglais, 44.
Jean Chevalier, d'Angers, 412 v°.
Jean de Chlum, gentilhomme tchèque, 16-35 v°.
Jean Christopherson, Christoforson, doyen de Norwich,
puis évêque de Chichester, 408.
Jean Chrysostome, saint, 10, 11-12, 24, 76 v°, 108,
109, 112, 219 v», 306 v°, 307, 336 v°, 337 v°, 338 v°,
367, 378-380, 407 v°, 501, 506, 508, 508 v°, 527 v°, 531 V,
532 v°, 583, 584 v°, 588, 604, 655 v°, 676, 678, 682, 683,
691.
Jean de Ciret, conseiller au Parlement de Bordeaux, 436.
Jean Clark, évêque de Bath, 97.
Jean Clarke, mort en prison à Canterbury, 437 v°.
Jean Claydon, martyr à Londres, 15 v°.
Jean Clément, martyr à Londres, 437 v°.
Jean Clerc, professeur à Oxford, 74 v°.
Jean Le Clerc, martyr à Metz, VII v°, 61, 74 v°.
Jean Cointac, étudiant de Sorbonne, émigré au Brésil,
445-446 v°, 447 v°.
Jean Collesson, Collisson, martyr à Wassy, 592 v°, 593.
Jean Cornon, martyr à Mâcon, VIII, 85, 94 v°.
Jean Courault, Couraud, dit Élie, augustin passé à la
Réforma, 79-79 v», 81 v°.
Jean Crespin, 151 v", 375 v°-415 v°, 608 v°.
Jean de Creux, dominicain, 433 v°.
Jean de Croy, comte de Rœulx, gouverneur de Flandre,
674.
Jean de Crues, martyr à Bailleul, 562 v°-563.
Jean de Cziczow, gentilhomme morave, 42.
Jean Dautricourt, dit Desmarteloys, martyr à Lille, 664 v°-
665 v°.
Jean Daivs, martyr à Norwich, voir Richard Day, martyr
à Colchester, 472 v».
Jean Dee, Deye, juge ecclésiastique, 404 v°-405 v°.
Jean Denis, martyr à Lille, 572.
Jean Denk, voir Hars Der.ck.
Jean Denley, Denleye, martyr à Uxbridge, 361-362 v°,
364 v».
Jean Denny, Deny, martyr à Beccles, 437 v°.
Jean Derifall, Dorefal, Dorefall, martyr à Stratford, 437 v°,
441 V-442 v°.
Jean Dern de Gabonecz, gentilhomme morave, 42.
Jean Desreneaux, martyr à Lille, 664.
Jean Devenish, Devenysh, martyr à Londres, 472 v°.
Jean Diaze, martyr à Neubourg, VIII, 148 v°, 151 v°-
160 v».
Jean Donant de Poloniae, gentilhomme morave, 42.
Jean Draendorf, martyr à Worms, 470 v°.
Jean du Duc, conseiller à la Cour de Bordeaux, 436.
Jean Dudley, duc de Northumberland, 265, 417 v°.
Jean Dans Scot, L'Escot, théologien, 377 v°, 380, 415 v°,
466 v°, 467, 544 v°, 676.
Jean Durandi, conseiller, commissaire à Mérindol, 123 v°,
124 v», 125, 125 v».
Jean Eck, Eckius, théologien catholique, 58.
Jean d'Engarrande, dominicain, 435 v°.
Jean Esch, martyr à Bruxelles, VII v°, 58 v°-60 v°.
Jean l'Escot, voir Jean Duns Scot.
Jean l'Évangéliste, saint, passim.
Jean Fasseau, martyr à Mons, 395.
Jean Feckenham, Fecknam, Feknam, doyen de Saint-
Paul, abbé de Westminster, 265-266, 268, 315 v°, 324 v°,
325 v°, 326.
Jean Feraud, consul à Draguignan, 470.
Jean Ferrer, archevêque d'Arles, 116-117 v°.
Jean de Ferrières, seigneur de Maligny, conjuré d'Am-
boise, 557-559 v°.
Jean Le Fèvre, martyr à Wassy, 592 v°.
Jean Filleul, martvr à Saint-Pierre-le-Moûtier, 289 v°-
290 v».
Jean Fisher, John Fischer, Fvscher Rossensis, évêque de
Rochester, 72, 77 v°, 401, 404 v°, 420.
Jean Flesche, martyr à Meaux, 160 v°-163 v».
Jean Floyd, Flond, martyr à Londres, 472 v°.
Jean Foreman, Formait, martyr à East Grinstead, 437 v°.
Jean Fornier, banni de Meaux, 161 v°-163 v°.
Jean Foxe, John Foxus, historien anglais de la Réforme,
97 v°, 164, 193, 472 v°.
Jean Franks, Francs, ministre, martyr à Canterburv,
VIII v°, 358, 360 v°.
Jean Frith, Fryth, martyr à Londres, 74-77, 16 5 v°.
Jean de Gand, duc de Lancastre, Lanclastre, 1 v°-5.
Jean Garcette, Pierre, curé, martyr à Douai, 89-89 v°,
92 v°.
Jean de Gaudun, théologien, 1 v°.
Jean, Pierre, de Gaulay, conseiller au bailliage de Tournai,
615.
Jean de Gaye, capitaine, 127, 130 v°.
Jean Gerson, chancelier de l'Université de Paris, 20,
26 v°, 30, 36, 36 v», 48, 492 v°.
Jean Gil, Egidius, évêque de Tortose, exhumé et brûlé,
522, 544.
Jean Girard, imprimeur, 87 v°.
Jean Glover, frère de Robert, 371 v°-372.
Jean Godeau, martyr à Chambéry, 181-181 v°.
Jean Gombaud, compagnon de prison de Benoît Ro-
myen, 470 v°.
Jean Gombaut, seigneur d'Archimont, Assimont, conseiller
à Tournai, 611 v°, 615.
Jean Gonzalve, et sa famille, martyrs à Séville, 541 v°-
542.
Jean Gosnold, Gosmold, Gosnal, chevalier, commissaire
d'Edouard VI, 297 v°.
Jean Le Grain, martyr à Bruxelles, 702-702 v°.
Jean Le Grand, martyr à Anvers, 704 v°, 705 v°, 706.
Jean de Grave, martyr à Hulst, 660-662 v°.
Jean Grenut, grand prévôt de Tournai, 626.
Jean de Grossi, juge à Apt, 115 v°.
Jean de Guilloche, conseiller à la Cour de Bordeaux,
435 v», 436.
Jean Gwin, Guyne, martyr à Newbury, 437 v°.
Jean Hamilton, archevêque de Saint-Andrews, 195 v°-
196 v°.
Jean Hamond, Hamon, martyr à Colchester, 437 v°.
Jean Harpole, Hirtpoole, martyr à Rochester, 437 v°.
Jean Harpsfield, Harpsfeld, Harpsfild, archidoyen de
Londres, chancelier, 303, 324 v°, 325, 327 v°, 334-336,
358 v°, 363 v°, 397-398 v», 404 v°, 405 v», 406-408.
Jean Harrington, Haryngthon, trésorier des camps et des
bâtiments royaux à Boulogne, 329 v°, 334.
Jean Harrison, voir Guillaume Harris.
Jean Hart, martyr à Mayfield, 437 v°.
Jean de la Haye, chanoine de Tournai, 624.
Jean Hernandez, Ferdinand, martyr à Valladolid, 543 v°-
544.
Jean Herwin, dit Geerstecoome, martvr à Hondschoote,
561 vO-562 v».
Jean van der Heyden, Heyda, dominicain à Ypres, 562 v°,
569.
Jean Hmrsdorfar, gentilhomme morave, 42.
Jean Holiday, Holydaie, martyr à Londres, 472 v°.
Jean Hooper, Hopper, évêque de Gloucester, puis de Wor-
cester, martyr à Gloucester, VIII v°, 299-306, 314,
314 v", 325, 374, 420.
Jean Hopton, évêque de Norwich, 365.
Jean Horn, Home, martyr à Wootton-under-Edge (et non
à Newent), 437 v°.
Jean Huilier, Hoillyarde, martyr à Cambridge, 429-431,
437 v°.
Jean Hunteman, procureur, 3.
Jean Huntingdon, Huntyngton, prêtre passé à la Réforme,
165.
Jean Huss, Hus, martyr à Constance, VII v°, 5 v°, 6,
15-42 v°, 47 v°, 49, 57 v°, 560 v°.
Jean, Hans, Hut, anabaptiste, 83.
Jean Isabeau, martyr à Paris, 536.
Jean Jacquemart, martyr à Wassy, 592 v°.
Jean Jacquot, martyr à Wassy, 592 v°.
Jean de Jesenice, Iesseniz, 27.
Jean Jory, loery, et son serviteur, martyrs à Toulouse,
185 v°-186.
Jean Judet, martyr à Paris, 536 v°.
Jean Juliot, 498 v°.
Jean Kelow, dominicain, martyr à Edimbourg, 89.
Jean Kempe, Kemp, docteur, 46.
Jean Kenyngham, carme, 1.
Jean Keyser, martyr à Anvers, 568 v°-569.
30
Jean de Kruiningen, Cruninghen, seigneur de Heenvliet,
459.
Jean Kurde, cordonnier, martyr à Northampton, 437 v°.
Jean de Kzymicz, gentilhomme morave, 42.
Jean de Laistre, de Meaux, 161 v°-163 v°.
Jean Lambert, martyr à Chambéry, 92, 181.
Jean Langlois, procureur du roi, 293.
Jean de Lannoy, martyr à Tournai, 577 v°-578.
Jean a Lasco, ministre, 287, 287 v°, 560 v°.
Jean Lascelles, Lacels, Lassel, martyr à Londres, 168,
169 v».
Jean de Latre, lieutenant du gouverneur de Douai, 97 v°.
Jean Launder, Lander, martyr à Steyning, 361.
Jean Laurence, Laurent, ministre, martyr à Colchester,
316 v», 317-317 v".
Jean de Laurencery, l'aîné, condamné à Meaux, 161 v°-
163 v°.
Jean de Laurencery, le jeune, condamné à Meaux, 161 v°-
163 v°.
Jean Lawder, juge ecclésiastique, 195 v°, 196, 196 v°.
Jean Leaf, Liefe, martyr à Londres, 330 v°, 340.
Jean Lechat, dominicain, 126 v°.
Jean de Léon, martyr à Séville, 543 v°-544.
Jean de Leyde, Becol, Beukels, anabaptiste, 84 v°.
Jean de la Loge, martyr à Wassy, 592 v°.
Jean Lomas, Loivmas, martyr à Canterbury, 423 v°.
Jean Longland, Longlands, évêque de Lincoln, 92 v°-
94 v», 102 v°, 416.
Jean London, chanoine de Windsor, 106 v°.
Jean de Lorraine, cardinal, 62-63 v°, 579.
Jean Mace, Mase, martyr à Colchester, 437 v°.
Jean de Madoc, ministre, martyr en Lorraine, IX v°,
580, 626 vo-629.
Jean Mahieu, Mathieu, martyr à Valenciennes, 695, 696.
Jean Mainerd, mort en prison à Londres, 472 v°.
Jean Major, Johannes, John, Maieur, Mair, Majeur, histo-
rien écossais, 15, 15 v°, 89.
Jean Malanotte, délégué des Vaudois, 576.
Jean Marbeck, Marbek, condamné puis gracié à Windsor,
106, 106 v°.
Jean Marlar, martyr à Douai, 97 v°-98, 106.
Jean Mateflon, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Jean Maundrel, Maundrelle, martyr à Sa'isbury, 437 v°.
Jean de Maynier, Menier, Mesmer, dit le Juif, baron
d'Oppède, président du Parlement de Provence, 126-
131 v°, 175-176 v°, 470, 470 v», 473.
Jean Meran, juge ordinaire d'Aix-en-Provence, 115 v°,
129 v°-131.
Jean Milles, prévôt de Wisson (peut-être Winston), 424.
Jean de Moisi, martyr à Wassy, 592 v°.
Jean de Moniot, martyr à Wassy, 592 v°.
Jean Montaigu, chevalier anglais, 4.
Jean Mordaunt of Turvey, Mordant, conseiller de Marie
Tudor, 309 v°, 310, 364, 406 v°.
Jean Morel, martyr à Paris, 490, 499 v°-509 v°, 514 v°.
Jean Moret, 224 v°.
Jean Morin, lieutenant criminel de la prévôté de Paris,
78, 81, 81 v», 473.
Jean Morisot, suspect, 594.
Jean Morton, cardinal d'York, 92 v°, 93.
Jean le Moyne, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Jean Mutonis, martyr en Provence, 626 v°.
Jean de Namur, martyr à Liège, 618-618 v°.
Jean Newman, Nevman, martyr à Saffron-Walden, 361-
362 v°, 364 v°.
Jean Nicolson, dit Lambert, martyr à Londres et non à
Winchester, 89 v°-92.
Jean Oecolampade, Ecolampade, réformateur, 63 v°, 77,
84 v°, 132, 337, 349 v°, 681 v°, 682.
Jean d'Oignies, Ognie, gouverneur de Tournai, 135,
135 v°, 150 v».
Jean Oldcastle, Oldecastel, seigneur de Cobham, Cohnam,
martyr à Londres, VII v°, 4, 14 v°, 15, 43 v°-47 v°.
Jean Oswald, Osewarde, martyr à Lewes, 437 v°.
Jean Pallenq et son épouse, condamnés par contumace,
115, 115 v0, 124 v°, 125.
Jean Pascal, Pasquier, inquisiteur, 59.
Jean Pataut, martyr à Wassy, 592 v°-593.
Jean Patinostre, 628.
Jean Paul, prêtre, 287 v°.
Jean de Peterswald, gentilhomme morave, 42.
Jean Philpot, martyr à Londres, 395-408.
Jean Picard, docteur en Sorbonne, 163, 163 v°, 169 v°,
514.
Jean Picque, Pic, martyr à Tournai, 633-635, 706 v°.
Jean Pieres, ministre à Genève, 543.
Jean de Pins, de Pinis, évêque de Rieux, 118.
Jean Piquery, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Jean Pistorius, Bakker, martyr à La Haye, VII v°, 60 v°.
Jean Pointet, martyr à Paris, VIII, 78 v°-79.
Jean de Pois, martyr à Arras, 82 v°.
Jean Le Poix, martyr à Wassy, 592 v°.
Jean Polley, martyr à Tunbridge Wells, 361.
Jean de Poltrot, seigneur de Méré, réformé, 621 v°.
Jean Pom et son épouse, condamnés par contumace, 115,
115 v°.
Jean Ponce de Léon, martyr à Séville, 541-541 v°.
Jean de Pontac, greffier du Parlement de Bordeaux, 437.
Jean Porceau, martyr à Mons, 308 v°.
Jean Porter, Porteur, mort en prison à Londres, 102 v°.
Jean Poynet, Ponet, évêque de Rochester, puis de Win-
chester, 395 v°.
Jean du Pré, commissaire royal, 126 v°.
Jean Purvey, Purné, martyr à Londres, 7, 7 v°, 47 v°, 48.
Jean Rabec, martyr à Angers, IX, 408 v°-414.
Jean Rabier, juge à Saint-Maximin, 115 v°-131.
Jean Rastell, Rastal, beau-frère de Thomas More, 75 v°,
76.
Jean de Rely, évêque d'Angers, 55 v°.
Jean de Reychenberg, gentilhomme morave, 42.
Jean Ricourt, de Meaux, 161 v°-163 v°.
Jean del Rigo, commissaire de Bruxelles, 702.
Jean Robin, de Wassy, 592 v°.
Jean de la Rochetaillée, patriarche de Constantinople,
17 v°-21 v°, 37 v°.
Jean Rogers, Roger, martyr à Londres, 192, 293 v°-299,
302 v°, 303, 332 v°, 334, 339 v°.
Jean de Roma, inquisiteur en Provence, 121 v°, 125 v°,
126, 473.
Jean Ross, suspect, 424.
Jean Roussel, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Jean Routh, Rothe, martyr à Stratford, 437 v°, 441 v°-
442 v°.
Jean de la Rue, suspect, 605 v°.
Jean Rumault, Formatât, martyr à Bruxelles, 701 v».
Jean Ruzé, Rusé, conseiller au Parlement de Paris, 473.
Jean Sachet, prêtre, 287 v°.
Jean de Sainct-André, ministre de Genève, 237, 237 v°.
Jean de Saint-Gall, San-Gal, marchand suisse, 234 v°,
235.
Jean de Sansot (?), 487 v° 489 v°.
Jean de Savigny, dit Lemon, bailli de Nancy, 578 v°-580.
Jean Schats, martyr à Louvain, 95-98.
Jean le Scolastique, évêque de Constantinople, 221,
335 v°.
Jean le Seur, dit Monsieur Philippe, ministre, martyr au
Cateau, 696 v°.
Jean Sibert, Sibrandt, anabaptiste, 84 v°.
Jean Simson, Symson, martyr à Rochford, 329.
Jean de Simusin, gentilhomme morave, 42.
Jean Slade, martyr à Brentford, 472 v°.
Jean Sorret, martyr à Tournai, 706-708 v°.
Jean Spaldyng, 56 v°.
Jean Spellius, Spellen, drossart à Bruxelles, 701 v°.
Jean Spenser, martyr à Colchester, 437 v°.
Jean Spicer, martyr à Salisbury, 437 v°.
Jean Stenyns, notaire, 46 v°.
Jean Stokesley, Stokislé, évêque de Londres, 73 v°, 87,
416, 416 v°.
Jean Story, Stor, commissaire de Marie Tudor, 395-
396 v°, 399-401 v°.
Jean Taffignon, martyr à Langres, 170 v°, 171.
Jean Taylor, Tayler, futur évêque de Lincoln, mort en
prison à Londres, 90 v°.
Jean Tetzel, Tekel, dominicain, 57 v°.
Jean le Thieullier, Tieuille, martyr à Valenciennes, 696.
Jean Thys ou Matthijs, Diessen, martyr à Malines, 386 v°.
Jean, Guillaume, Tooley, Toulée, exhumé et brûlé à
Londres, 322-322 v°.
Jean Trigalet, martyr à Chambéry, 340-358.
Jean Tudson, Tuston, martyr à Londres, 423.
Jean Tuscaen, martyr à Audenarde, 666 v°-667 v°, 669 v°.
Jean Utenhove, ministre, 287, 287 v°.
Jean Vanciennes, martyr à Wassy, 592 v°.
Jean Vargas, Vergas, membre du Conseil des Troubles,
701 V.
Jean de Véga, martyr à Marseille, 620.
Jean Vernou, martyr à Chambéry, 340-358.
Jean Vicart, martyr à Louvain, 95-98.
Jean de Villa-Garcia, Ville-Garcine, dominicain espagnol,
418 v°-422.
Jean Vincent, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Jean Volant, de Meaux, 161 v°, 163 v°.
Jean Wade, mort en prison à Londres, 424.
Jean (lire Christophe) Wade, martyr à Dartford, 361.
Jean de Wallenrode, évêque de Riga, 21, 27 v°.
Jean Warne, Waren, martyr à Londres, 321-322.
Jean Webbe, Web, martyr à Canterbury, 375 v°.
Jean Went, martyr à Londres, 423.
31
Jean White, évêque de Lincoln, puis de Winchester, 406-
406 v».
Jean Whitehead, Withead, professeur à Oxford, 46.
Jean Wiclef, Wicleff, 1-6, 7 v», 14 v°, 38-39 v», 48.
Jean Williams, baron de Thames, Vilian de Thamo, 419 v°,
422.
Jean Witnam, docteur en théologie, 46.
Jean de Wolf, martyr à Anvers, 625.
Jean Zischa, gentilhomme morave, 42-42 v°.
Jean de Ziwla, gentilhomme morave, 42.
Jean-Baptiste, saint, IV v°, 4, 40, 210, 212, 213 v°, 230,
231 v°, 232 v°, 291, 324 v°, 327, 362, 368, 369, 370,
374 v°, 375, 383 v°, 407 v", 410 v°, 414, 505, 595 v°,
609, 680, 681, 698.
Jean-Dominique Legras, capitaine, 554.
Jean -François Pic de la Mirandole, 55 v°.
Jean-François Pogge, humaniste, 39 v°-41.
Jean-Frédéric, électeur de Saxe, 139 v°.
Jean-Louis, Loys, Louys, Pascal, ministre, martyr à
Rome, 544 v°-557.
Jean-Louis-Nicolas de Bouliers, seigneur de Cental,
129 v°.
Jean-Macchabée Scotus, Mac Alpine, Monsieur Maccha-
bée, théologien, 132.
Jean-Martin Trombaut, habitant de Briqueras, Bricheros,
457 v».
Jean-Philippe Sleidan, historien allemand, 83 v°, 97 v°.
Jean-Pierre, voir Jean Chambon.
Jeanne, épouse de Mathurin, martyre à Carignan, 573 v°.
Jeanne, épouse de Nicolas Codet, suspecte, relaxée, à
Meaux, 161 v°-163 v".
Jeanne, épouse de Robert Oguier, martyre à Lille, 425-
429.
Jeanne, épouse de Denis Peloquin, 241 v°, 244 v°-245 v°,
248, 248 v», 250.
Jeanne, veuve de Macé Rougebec, suspecte, relaxée, à
Meaux, 161 v°-163 v°.
Jeanne, épouse de Guillaume Whyte, 48 v°.
Jean(ne), Agnès, papesse, 25 v°, 26.
Jeanne d'Albret, reine de Navarre, 580 v°-587, 628,
628 v°, 699.
Jeanne Bailly, martyre à Langres, 170 v°, 171.
Jeanne Beach, Bêches, martyre à Rochester, 437 v°.
Jeanne de Bohorches, morte en prison à Séville, 542-
542 v».
Jeanne Butcher, Boucher, de Kent, Cantie, Contienne,
martyre à Canterbury, 191 v°, 192, 310 v°, 402 v°.
Jeanne Catmer, Pointer, martyre à Canterbury, 423 v°.
Jeanne Cheron, épouse de Louis Coquemant, condamnée
à Meaux, 161 v°-163 v°.
Jeanne Genniense, suspecte, relaxée, à Meaux, 161 v°-
163 v°.
Jeanne Grey, Graye, reine d'Angleterre, martyre à Londres,
VIII v°, 265-268 V, 315 v°, 417-418 v°.
Jeanne Guilleminot, condamnée à Meaux, 161 v°-163 v°.
Jeanne Horns, Home, martyre à Londres, 437 v°.
Jeanne Lashford, Lashefort, alias Warne, belle-fille de
Jean Warne, martyre à Londres, 423.
Jeanne de Portugal, sœur de Philippe II, 537.
Jeanne de Salomez, dite Coninckes, martyre à Furnes,
559 v°-561 v°.
Jeanne Sejournam, martyre à Langres, 170 v°-171.
Jeanne Sole, Soalle, martyre à Canterbury, 423 v°.
Jeanne de Sylva, condamnée à Valladolid, 538.
Jeanne Trunchfield, épouse de Michel, martyre à Ips-
wich, 423 v".
Jeanne Velasquez, martyre à Valladolid, 538.
Jeanne Waste, aveugle, martyre à Derby, 437 v°.
Jeannette, épouse de Nicolas Thielemant, martyre à
Wassy, 592 v°-593.
Jenkins, Ienkin, prévôt de Gloucester, 304-305 v°.
Jephcot, Iephcot, serviteur du chancelier Dunning, 374 v°.
Jephté, personnage biblique, 681.
Jérémie, prophète, 32 v°, 40, 50, 107, 111 v», 138, 212,
271, 271 v», 341 v°, 347, 374, 501 v°, 531 v°, 532,
565 v°, 604, 680, 689 v°.
Jéroboam Ier, personnage biblique, 106 v°, 474.
Jérôme, Hiérome, Hiérosme, saint, 11 v°, 12 v°, 25, 28,
40 v°, 46, 109, 111, 113, 160, 211 v», 220, 221, 227,
280, 337 v°, 366 v», 367, 368 v°, 379, 401, 467, 496,
502, 506 v°, 534, 557 v°, 583, 676, 677 v°.
Jérôme, geôlier à Anvers, 650.
Jérôme, Hierome, docteur à Groningue, 449.
Jérôme Burgensis, évêque de Châlons-sur-Marne, 589 v°-
591 v».
Jérôme Casabonne, Hiérome Casabone, martyr à Bordeaux,
440 v°-441 v°.
Jérôme de Lasco, ambassadeur polonais, 70.
Jérôme de Prague, martyr à Constance, VII v°, 15, 21,
28, 32, 33, 36-42 v°, 47 v», 49.
Jérôme Purpurat, président du Parlement de Turin,
440 v°.
Jérôme Savonarole, Hierome Savanarola, martyr à Flo-
rence, VII v°, 55, 55 v°.
Jérôme, Guillaume, martyr à Londres, 96 v°-97.
Jersey, Gerzé, île anglo-normande, 293.
Jérusalem, VI, 1, 34 v°, 83 v°, 84 v», 110 v°, 116 v°, 117 v°,
280, 282 v», 349 v°, 370, 370 V, 375, 384, 390 v°, 391,
399, 400 v°, 404, 406, 466 v», 501 v», 527 v°, 570, 596 v°,
610 v°, 650, 674 v°, 680 v".
Jesenice, Iessenis, Jean de, 27.
Jésus, le Christ, passim.
Jethro, personnage biblique, 686.
Jeune, voir Jonghe.
Jezabel, personnage biblique, VI v°, 604.
Joachim, Ioacim, de Lalaing, martyr à Tournai, 608 v°,
609, 611 v", 612.
Joachim Portanier, consul à Draguignan, 470.
Joachim Vadian, consul de Saint-Gall, 83 v°, 84.
Joan, voir Jeanne.
Joannin, loannis, Pierre, juge à Saint-Maximin, 131.
Joas, personnage biblique, 670.
Job, personnage biblique, 245, 311 v°, 325, 347, 362, 384 v°,
389, 392 v°, 488 v°, 613 v°, 645 v°, 646 v°, 685 v°, 688.
Jobart, Didier, martyr à Wassy, 592 v°.
Joël, loel, prophète, 481, 531 v», 599.
John, voir Jean.
Johnson, Ioanson, Ionson, greffier de l'évêque Bonner,
397, 406, 408, 422 v».
Joinville, Ienville, France, Haute-Marne, 481 v°-482,
589 v», 590 v», 591, 593 v°, 594 v". — Martyr : Nicolas.
Joly, Jacques, martyr à Wassy, 592 v°.
Jon, Junius, François du, ministre, 628.
Jonas, louas, personnage biblique, 565 v°.
Jonas, prophète, 208, 208 v°, 531, 567 v°.
Jonas, Juste, Ionas, Iustus, théologien, 58, 306 v°.
Jonathan, personnage biblique, 647.
Jonghe, Jeune, Juvenis, Roger De, ermite de Saint-Au-
gustin à Bruges, 569.
Joost de Kruiningen, Cruninghen, seigneur de Heenvliet,
459.
Joppé, loppé, Palestine, 681.
Joris, Georges, David, anabaptiste, 85.
Jory, loery, Jean, et son serviteur, martyrs à Toulouse,
185 v°-186.
Josaphat, personnage biblique, 474.
Joseph, personnage biblique, III v°, 40, 208, 278 v°,
313, 313 v°, 346 v°, 383 v°, 688.
Joseph, saint, 383 v°.
Joseph Ascherio, 554.
Joseph Aubert, 539.
Joseph d'Eymar, conseiller à la Cour de Bordeaux,
435 v°, 436.
Joseph Garin, martyr à Marseille, 620.
Joseph Parpaille, vicaire général de l'archevêque de
Turin, 439-440 v°.
Joseph, Charles, fonctionnaire épiscopal, 56 v°.
Josèphe, Flavius, historien juif, VI v°.
Josias, personnage biblique, 473, 474, 501 v°, 584 v°,
587.
Josse de Cruel, martyr à Renaix, 659 v°-660.
Josse, Iuste, Jusberg, van Ousberghen, martyr à Bruxelles,
98-99 v», 102 v°, 103 v°.
Jossek de N., gentilhomme morave, 42.
Jossko de Sczitowicz, gentilhomme morave, 42.
Josué, losué, personnage biblique, 318 v°, 473 v°, 531,
655 v».
Jourdain, Iordain, fleuve de Palestine, IV v°, 213 v°.
Joyne, Ioyne, Simon, martyr à Colchester, 437 v°.
Juan, voir Jean.
Juda, personnage biblique, 501 v°, 641.
Judas Iscariote, IV v°, 11 v°, 22, 22 v°, 220 v», 338 v», 393,
409, 533, 637 v°, 691.
Judas Maccabée, Machabeus, personnage biblique, 534.
Judet, Jean, martyr à Paris, 536 v°.
Judith, personnage biblique, 128 v°, 505.
Juif, voir Jean de Maynier.
Jules II, pape, 57.
Jules III, pape, 180, 473.
Jules Forlan, suspect, 697 v°.
Jules Guirlauda, martyr à Venise, 697 v°.
Juliane, voir Julienne.
Julien, oncle de l'empereur Julien, VI v°.
Julien l'Apostat, empereur romain, VI v°.
Julien Hernandez, Ferdinand, dit le Petit, martyr à
Séville, 543-543 v», 544 v°.
Julien Léveillé, martvr à Saint-Pierre-le-Moûtier, 289 v°-
290 v°.
Julien Van den Sweerde, Iulien de Lespe-darme, martyr
à Ath, 395.
32
Julienne, Juliane, épouse de Pasquier Fouace, con-
damnée à Meaux, 161 v°-163 v°.
Juliot, Jean, 498 v°.
Julius Palmer, martyr à Newbury, 437 v°.
Junius, voir Jon.
Junon, Iitno, personnage mythologique, 334.
Jupiter, luppiter, personnage mythologique, 334.
Jusberg, van Ousberghen, Josse, Liste, martyr à Bruxelles,
98-99 v°, 102 v°, 103 v°.
Juste Jonas, Iustus Ionas, théologien, 58, 306 v°.
Juste Menig, Menhts, Moenius, ministre, 58.
Justin, Iustin, Iustinus, saint, 379, 445 v°, 477 v°, 655,
682.
Juvenis, voir Jonghe.
K
Karleton, voir Carleton.
Karlstadt, Carolostade, André, réformateur, 681 v°, 682.
Karmus, voir Carne.
Katelin, voir Cateline.
Katrin Phineas, Phinées, seigneur anglais, 373 v°.
Kautz, Kautzi, Jacob, anabaptiste, 84.
Kauwe, Charles vander, suspect, 560 v°.
Keiken, Guillaume de, seigneur de Bovenkerken, maïeur
de Malines, 385 v°-387.
Keiser, Léonard, martyr à Raab, VII v°, 68 v°-69.
Kelow, Jean, dominicain, martyr à Édimbourg, 89.
Kemp, voir Kempe.
Kempe, Kemp, Jean, docteur, 46.
Kensington, Kenyngton, Angleterre, Surrey, 45.
Kent, Cantie, Cantier, Angleterre, 48 v°, 191 v°, 315.
Kent, voir Jeanne Butcher.
Kenyngham, Jean, carme, 1.
Kenyngton, voir Kensington.
Kerby, Kyrbi, couturier, martyr à Ipswich et non à
Londres, 106.
Keyser, Jean, martyr à Anvers, 568 v°-569.
Kiev, Kioff, Ukraine, 622 v°.
Kiffin, Kyffin, Howell, docteur, 46.
King, voir Bing.
King's Lynn, Lynne, Angleterre, Norfolk, 97.
Kioff, voir Kiev.
Kirby-le-Soken (ou Kirby-Cross), Kyrbie, Angleterre,
Essex, 422.
Kitchin, Antoine, évêque de Llandaff, 300.
Kleczam, Zibilutz de, gentilhomme morave, 42.
Knight, Knyght, Étienne, martyr à Maldon, 316 v°-317,
323.
Knyght, Estienne, voir Knight, Étienne.
Kolding, Coldingue, Danemark, Jutland, 287.
Kopar, Capo d'htria, Yougoslavie, 697 v°.
Kotor, Cattaro, Yougoslavie, 697.
Kràlik, Wenceslas, patriarche d'Antioche, 19.
Kruiningen, Cruninghen, Jean de, seigneur de Heenvliet,
459.
Kruiningen, Cruninghen, Joost de, seigneur de Heenvliet,
père du précédent, 459.
Kuckh, VVaczlals de, gentilhomme morave, 42.
Kuilenburg, Cullembourg, Pays-Bas, Gueldre, 703. —
Comte de, voir Floris van Pallandt.
Kurde, Jean, cordonnier, martyr à Northampton, 437 v°.
Kus de Doloplatz, gentilhomme morave, 42.
Kyffin, voir Kiffin.
Kym, voir Kyme.
Kyme, Kym, époux d'Anne Askew, 166.
Kyngston, Antoine, chevalier, 304-304 v°.
Kyrbi, voir Kerby.
Kyrbie, voir Kirby.
Kzymicz, Jean de, gentilhomme morave, 42.
L
Laban, personnage biblique, 686.
La Bassée, Bassée, France, Nord, 572.
La Baume, Pierre de, évêque de Genève, 83.
Laber, juge à Avignon, 118 v°.
La Bigne, serviteur de La Renaudie, 558, 558 v°.
Laborie, Antoine, martyr à Chambéry, 340-358.
La Branche, adjoint du prévôt du Dauphiné, 279 v°.
Labrosse, soldat du duc de Guise, 591 v°, 593 v°.
La Canesière, Claude de, martyr à Lyon, 388-395.
La Catelle, N., martyre à Paris, 82.
Lacédémone, Grèce ancienne, 535 v°.
Lacets, voir Lascelles.
Lacembok, Latzembog, Henri de, chevalier tchèque, 16-
17.
La Chapelle-Monthodon, Chappelle, France, Aisne ; —
Robert Bauldier, seigneur de, 594.
La Charité-sur-Loire, Chérité, France, Nièvre, 205 v°.
La Chaire, voir Saint-Amant-Tallende.
La Combe, Italie, Turin, 469 v°, 574.
Lacoste, France, Vaucluse, 122, 123, 130 v°, 175.
Lactance, 111, 227.
Ladislas, roi de Pologne, 16 v°.
Ladislas VI, Vladislaus, roi de Hongrie, 120 v°.
Ladormilleux (?), lieu-dit, près de San-Germano-Chisone,
Italie, Turin, 575 v°.
Ladron, comte, prévôt des soldats allemands à Anvers, 702.
Laene, voir Delaenus.
La Feuillie, Fueillie, France, Manche, 293.
La Fon, voir Fon.
La Forest, voir Godefroid de Barry.
La Fosse, N. de, avocat, 598.
La Fueillie, voir La Feuillie.
La Gareye, Charles Ferré, seigneur de, gentilhomme
breton, conjuré dAmboise, 557 v°.
La Grange, Pérégrin de, ministre, martyr à Valenciennes,
673-692 v°, 695 v°, 696.
La Guardia, Italie, Calabre, 545-547 v°, 549-550 v°, 552,
553 v», 554 v°.
La Haye, Pays-Bas, Hollande du Sud, 60 v°, 459, 669.
— Martyr : Jean Pistorius.
Lainam, voir Lavenham (?).
Laistre, Jean de, de Meaux, 161 v°-163 v°.
La Jonchère, Ionchère, France, Haute-Vienne, 319-320.
Lalain, voir Lalaing.
Lalaing, Lalain, Antoine de, comte de Hoogstraeten,
Haustrat, 177 v», 184 v° 672 v°.
Lalaing, Joachim de, martyr à Tournai, 608 v°, 609,
611 v°, 612.
Laleu, voir Alleu.
Laloé, Simon, martyr à Dijon, 274-274 v°.
La Loge, Jean de, martyr à Wassy, 592 v°.
La Magdeleine, Didier, martyr à Wassy, 592 v°.
33
La Marck, Érard de, La Marche, Êvrard de, prince-évêque
de Liège, 617.
La Marck, Henri-Robert de, duc de Bouillon, 693,
693 v°.
Lambert, prieur des Augustins à Liège, 617 v°.
Lambert Hortensius, Hortense, historien, 84 v°.
Lambert, voir Jean Nicolson.
Lambert, François, réformateur, 72.
Lambert, Jean, martyr à Chambéry, 92, 181.
Lamoleyere en Bazadais, localité non identifiée, France,
Gironde, 450 v°, 451 V.
La Montagne, maître d'hôtel du duc d'Aumale, 591 v°.
Lamoral, comte d'Egmont, martyr à Bruxelles, 701 v°-
702 v°.
La mote, voir La Motte-d 'Aiguës.
La Motte-d'Aigues, La mote, France, Vaucluse, 129 v°.
La Motte, Louis de, maître des requêtes du duc de
Lorraine, 578 v°.
Lamy, F., juge, 320 v°.
Lancastre, Angleterre, Lancashire, 334.
Lancastre, Lancaster, duché de, Angleterre, 317 v°-319,
329 v°.
Lancastre, Lanclastre, Jean de Gand, duc de, 1 v°-5.
Lancelot, officier, martyr à Londres, 102 v°.
Lanclastre, voir Lancastre.
Landave, voir Llandaff.
Lander, voir Launder.
Landri, Landry, François, curé de Sainte-Croix à Paris,
106 v°-107.
Landry, voir Landri.
Langeay, voir Langey.
Langey, Langeay, Guillaume du Bellay, seigneur de,
lieutenant du roi en Piémont, 119, 119 v°.
Langlois, Guillaume, lieutenant, 293.
Langlois, Jean, procureur du roi, 293.
Langres, France, Haute-Marne, VIII, 170 v°, 171. —
Martyrs : Jeanne Bailly, Jacques Boulereau, Jacques
Bretenay, Simon Mareschal, Guillaume Michaut,
Jeanne Sejournam, Jean Taffignon.
Langthon, voir Laughton.
Languedoc, France, VIII v°, 184 v°, 185 v°, 276 v°, 340,
622, 627, 698 v°.
Lannoy, France, Nord, 672 v°.
Lannoy, Baudouin de, bailli de Tournai et Tournaisis,
387 v°.
Lannoy, Jean de, martyr à Tournai, 577 v°-578.
Lannoy, Lanoy, Marc de, martyr à Anvers, 704 v°-706.
Lannoy, Lanoy, Sara de, fille du précédent, 704 v°.
Lanoy, voir Lannoy.
Lanteaume Blanc, mercier à Draguignan, 470.
Lanternier, voir Jean Buron.
Laodicée, ancienne ville de Syrie, 384.
Larche, localité non identifiée, Italie, Turin, 573 v°.
Larchier, Nicolas, ministre, martyr à Mons, 176 v°-177 v°.
La Renaudie, Godefroid de Barry, seigneur de, chef
des conjurés d'Amboise, 557-558 v°.
La Réole, France, Gironde, 197, 209 v°.
Largebaston, voir Largebâton.
Largebâton, Largebaston, Jscques-Benoît de, président
du Parlement de Bordeaux, 456.
La Rochebeaucourt-et-Argentine, Rochebœuf-Court, France,
Dordogne, 620 v°.
La Roche-sur- Yon, Roche- Surion, France, Vendée, 408 v°.
— Charles de Bourbon-Montpensier, prince de,
408 v°-411.
La Roque, voir La Roque d'Anthéron.
La Roque d'Anthéron, La Roque, France, Bouches-du-
Rhône, 130.
La Rua de Bonnet, voir Bonnet.
La Rue, Jean de, suspect, 605 v°.
Lascelles, Lacels, Lassel, Jean, martvr à Londres, 168,
169.
Lasco, Jean de, ministre, 287, 287 v°, 560 v°.
Lasco, Jérôme de, ambassadeur polonais, frère du pré-
cédent, 70.
Lashefort, voir Lashford.
Lashford, Lashefort, alias Warne, Jeanne, belle-fille de
Jean Warne, martyre à Londres, 423.
Lasnier, Guy, sieur de la Fretière, avocat à Angers,
412, 412 v°.
Lassel, voir Lascelles.
Lastarig, voir Restalrig.
Latimer, Hugues, évêque de Worcester, martvr à Oxford,
VIII v°, 72, 92 v-o-93, 166 v°, 310 v» 324 v°-326, 339 v°,
374, 375 v°, 376, 382-384 v», 401 v°, 416 v°, 418 v°, 421 v°.
Latimer, Thomas, chevalier, 4.
Latomus, Jacques, inquisiteur des Pays-Bas, 59, 96.
La Tour, voir Torre-Pellice (?).
Latran, concile de, 57, 108, 162 v°, 214, 338 v°, 467, 509,
527 v», 530, 532 v°, 571.
Latre, Jean de, lieutenant du gouverneur de Douai, 97 v°.
Laudiane, voir Lothian.
Latzembog, voir Lacembok.
Laughton, Langthon, Angleterre, Leicestershire, 317 v°.
Launder, Lander, Jean, martyr à Steyning, 361.
Laurence, Henri, martyr à Canterbury, 362 v°.
Laurence, Laurent, Jean, ministre, martvr à Colchester,
316 vO-317 v°.
Laurencery, Guillaume, condamné à Meaux, 161 v°-
163 v°.
Laurencery, Jean de, l'aîné, condamné à Meaux, 161 v°-
163 v°.
Laurencery, Jean de, le jeune, condamné à Meaux, 161 v°-
163 v».
Laurens, voir Laurent.
Laurent, Laurens, saint, 49, 420 v°, 426 v», 458 v°.
Laurent, réformé de Tournai, 706 v°.
Laurent de Bibra, évêque de Wurzbourg, 58.
Laurent Campeggio, Campège, cardinal, évêque de Salis-
bury, 86.
Laurent de la Croix, voir Alexandre Canus.
Laurent de la Haute Rue, martyr à Mons, 395.
Laurent Maietto, seigneur italien, 550.
Laurent Parnam, Parmen, martvr à Stratford, 437 v°,
441 v°-442 v°.
Laurent De Ridder, évêque auxiliaire d'Utrecht, 60 v°.
Laurent Saunders, prêtre, martyr à Coventry, 309-314,
317 v°, 318, 321, 321 v» 373.
Laurent Valla, Valle, humaniste, 48 v°.
Laurent, voir Laurence.
Lauris, Loris, France, Vaucluse, 127, 130.
Lauris, François de Perussis, seigneur de, canseiller au
Parlement de Provence, 129 v°, 131, 470, 470 v°.
Lausanne, Suisse, Vaud, VIII v°, 182, 197, 197 v°, 202 v»,
203, 205 v», 228, 279 v», 280, 341, 351, 385, 389 v",
408, 410, 411 v°, 414, 451 v°, 458 v°, 544 v», 693. —
Cinq écoliers de, martvrs à Lvon, VII v°, 197-236,
237 V-238, 243.
Laussois, voir Auxois.
La Vau, Pierre de, martyr à Nîmes, 293 v°.
Lavenham, Lainam ( ?), Angleterre, Suffolk, 424.
Laverok, Hugues, martyr à Stratford et non à Glou-
cester, 437 v°.
Lavonder, Reynod, voir Eastland, Reinald.
La Voye, Aymond de, martyr à Bordeaux, 99 v°-101 v°.
Lawder, Jean, juge ecclésiastique, 195 v°-196 v°.
Lawson, Robert, martyr à Bury-Saint-Edmunds, 437 v°.
Lawton, martyr à Huntington, 472 v°.
Lazare, personnage biblique, 34 v°, 212 v°, 288 v°, 316 v°,
327, 501 v°, 632, 679 v°.
Leache, voir Slech.
Leaf, Liefe, Jacques, martyr à Canterbury, 365 v°.
Leaf, Liefe, Jean, martyr à Londres, 330 v°, 340.
Le Barre, Pasquier de, conseiller à Tournai, martvr à
Vilvorde, 615.
Le Blas, Bertrand, martyr à Tournai, VIII v°, 387-388.
Le Bleat, voir Le Clerc.
Le Boschere, Jean, martyr à Anvers, 568-568 v°.
Le Boucq, Bouc, Roland, martyr à Valenciennes, 692 v°.
Le Bran, Charles, martyr à Liège, 703.
Le Buisson-et-Braux, Buisson, France, Marne, 594. —
La grange Collart, lieu-dit, 594.
Lebuss, voir Lubusz.
Le Cateau, Chasteau-en-Cambresi, France, Nord, 696,
696 v°. — Martyr : Jean le Seur.
Le Cene, Nicolas, martyr à Paris, 484-485 v°.
Lecestre, voir Leicester.
Lechat, Jean, dominicain, 126 v°.
Le Clerc, François, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Le Clerc, Jacques, mari de Michèle de Caignoncle,
184 v».
Le Clerc, Jean, martyr à Metz, VII v°, 61, 74 v°.
Le Clerc, Nicolas, dit le Bleat, martyr à Wassy, 594 v°.
Le Clerc, Pierre, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Le Clerc, voir Le Clercq.
Le Clercq, Le Clerc, Jacques, avocat à Tournai, 387 v°,
615, 634 v».
Le Court, Gilles, martyr à Paris, 523 v°-524.
Le Croisic, Le Croisil, France, Loire Inférieure, 491.
Le Croisil, voir Le Croisic.
Lee, Édouard, archevêque d'York, 93, 97, 416.
Le Fèvre, Claude, martyr à Wassy, 592 v°.
Le Fèvre, Hanon, martyre à Valenciennes, 184 v°.
Le Fèvre, Jacques, martyr à Valenciennes, 184 v°.
Le Fèvre, Jean, martyr à Wassy, 592 v°.
Le Fèvre, Michel, martvr à Valenciennes, 184 v°.
Le Fèvre, Richard, marty r à Lyon, 182 v°, 277 v°-287.
Lefèvre d'Étaples, Faber, Jacques, 68 v°, 415 v°.
L'Église, Antoine de, suspect, 525 v°.
Legoud, doyen d'Illiers, 269.
34
Le Grain, Jean, martyr à Bruxelles, 702-702 v°.
Le Grand, Jean, martyr à Anvers, 704 v°, 705 v°, 706.
Legras, Jean-Dominique, capitaine, 554.
Le Havre, Le Havre de grâce, France, Seine-Maritime, 443,
443 v°.
Le Havre de Grâce, voir Le Havre.
Le Heu, Baudouin, Baudezvyn, Boutson, Boutson, martyr
à Bruxelles, 512 v°.
Le Huchier, N., conseiller à Blois, 433 v°.
Leicester, Lecestre, Licestre, Lincestre, Angleterre, Leicester-
shire, 4 v°, 7 v°, 14 v°, 437 v°. — Martyr : N., serviteur
d'un marchand.
Leicestershire, Leycestre, Angleterre, 382.
Leiden, voir Leyde.
Leipzig, Lipse, Allemagne, Saxe, 5 v°.
Lejeune, Claude, martyr à Wassy, 592 v°.
Lemaître, Lemaistre, Magistri, Gilles, président du
Parlement de Paris, 525 v°, 535, 709 v».
Le Mans, France, Nord, 268 v°.
Le Mas-d'Azil, France, Ariège, 699.
Lembourg, voir Limbourg.
Lemon, voir Jean de Savigny.
Le Moyne, Jean, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Le Normand, Guillaume, condamné par contumace,
115, 115 v".
Léon Ier, pape, 113.
Léon III, Ylsaurien, Léon Isaure, empereur d'Orient, 467.
Léon IX, pape, 469, 533.
Léon X, pape, 57, 69, 468.
Léon Barberoux, condamné par contumace, 115, 115 v°.
Léon Cawch, Lyon a Coyxe, martyr à Stratford, 437 v°,
441 v°-442 v».
Léon Isaure, voir Léon III, Ylsaurien.
Léon, Jean de, martyr à Séville, 543 v°-544.
Léon, Jean Ponce de, martyr à Séville, 541-541 v°.
Léon, Roderic Ponce de, comte de Baylen, 541.
Léonard, saint, 433.
Léonard Bruni, dit l'Aretin, humaniste, 39 v°-41.
Léonard Cox, principal du Collège de Reading, 74 v°,
166 v°.
Léonard Galimard, martyr à Paris, 179.
Léonard Keiser, martyr à Raab, VII v°, 68 v°-69.
Léonard Morel, ministre à Wassy, 591-593 v°.
Léonard Du Pré, martyr à Paris, 171, 171 v°.
Léonard Romillet, martyr à Marseille, 620.
Léonard le Roy, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Léonard Schyker, anabaptiste, 84.
Léonore de Bivero, exhumée et brûlée à Valladolid,
537 v".
Léonore de Lisueros, condamnée à Valladolid, 538.
Le Peintre, Claude, martyr à Paris, 97 v°.
Le Petit, Pierre, martyr à Lille, 572.
Le Poix, Jean, martyr à Wassy, 592 v°.
Le Quesnoy, France, Nord, 672.
Le Riche, Marguerite, Dame de la Caille, martyre à
Paris, 522 v°-523, 524.
Le Roux, Pierre, martyr à Bruges, 191 v°.
Le Roy, Étienne, martyr à Chartres, 274 v°-276 v°.
Le Roy, Léonard, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Le Roy, voir Coninck.
Lesain, Claude, prévôt de Wassy, 591 v°, 593-594 v°.
Les Cabanes, France, Ariège, 699, 699 v°.
Les Costes, Coste, France, Hautes-Alpes, 130 v°, 175.
L'Escot, Lescot, voir Duns Scot.
Lescure, Antoine de, procureur du roi à Bordeaux,
434 v°, 435 v°-436 v°.
Lèse, voir Lezat-sur-Lèze.
Lesena, voir Hvar.
Les Essarts, Essars-en-Poitou, France, Vendée, 82 v°. —
Martyre : Marie Becaudelle.
Les Essarts-le-Vicomte, Essars, France, Marne, 114 v°.
Lésina, voir Hvar.
Lespe-darme, voir Sweerde, Julien van den.
Lestonna, Richard de, conseiller à la Cour de Bordeaux,
436.
Lestrée, Barbe, martyre à Tournai, 610, 617.
Leuret, F., conseiller à Angers, 457 v°.
Le Vayr, Denis, martyr à Rouen, 293-293 v°.
Leveillé, Julien, martyr à Saint-Pierre-le-Moûtier, 289 v°-
290 v».
Le Veneur, Gabriel, évêque d'Évreux, 269, 273, 273 v°,
274.
Lévi, personnage biblique, 11, 11 v°, 383, 684, 685, 687 v°.
Levis, Antoine de, évêque d'Embrun, 95.
Lewes, Angleterre, Sussex, 361, 437 v°. — Martyrs :
Thomas Avington, Thomas Harland, Dirick Carver
(Herman), Thomas Miller, Jean Oswald, Thomas
Read, Thomas Whoode, Richard Woodman.
Lexden, Lexdovie, Angleterre, Essex, 317.
Lexdovie, voir Lexden.
Leycestre, voir Leicestershire.
Leyde, Leiden, Pays-Bas, Hollande, 84 v°, 85.
Leyde, Jean de, Becol, Beukels, anabaptiste, 84 v°.
Lezat-sur-Leze, Lèse, France, Ariège, 276 v°.
Lhota, Ulric de, gentilhomme morave, 42.
Libourne, France, Gironde, 434 v°, 435 v°.
Libuss, voir Lubusz.
Licestre, voir Leicester.
Lichfield, Litchfeld, Lychfild, Lycofeld, Lytchfeld, Angle-
terre, Staffordshire, 309, 365 v°, 374-375, 404 v°, 405.
— Évêque de Lichfïeld-Coventry : Ralph Baynes.
— Martyrs : Thomas Goreway, Thomas Hayward.
Lichtenstein, Georges de, évêque de Trente, 16 v°.
Liefe, voir Leaf.
Liège, Belgique, Liège, IX, 577 v°, 579 v°, 618-618 v°,
703. — Église : Saint-Lambert, 618. — Martyrs :
Charles le Bran, Corneille de Lesenne, Jean de
Namur, Thomas Watelet.
Lier, voir Lierre.
Lierre, Lier, Belgique, Anvers, 669, 670.
Liévin de Blekere, martyr à Audenarde, 663.
Liévin Onghena, Onghenaz, réformé, 670.
Lille, Lisle, L'Isle, France, Nord, 134 v°, 137 v°, 425-429,
563-568, 569 v°, 572-572 v», 601, 602, 607 v°, 614,
653 v°, 654, 655 v°, 656, 656 v°, 658, 664-665 v°, 693,
695, 696, 704 v°, 705 v°, 708. — Martyrs : Martin
Bayart, Jean Catel, Jean Dautricourt, Jean Denis,
Jean Desreneaux, Claude du Flot, Simon Guilmin,
Siméon Herme, Jacques de Lo, Paul Millet, dit
Chevalier, Bauduin Oguier, Jeanne Oguier, Martin
Oguier, Robert Oguier, Pierre Petit, Noël Tourne-
mine.
Limbourg, Lembourg, province et ville des anciens Pays-
Bas, IX v°, 701 v°, 703. — Martyrs : Guillaume, chirur-
gien, Jean van Aken, Guillaume Fraikin, N.N.,
plusieurs personnes, François Nyset, Thomas Tol-
mont.
Limoges, Lymoges, France, Haute-Vienne, VIII, 171, 197,
319-321. — Évêque : César des Bourguignons. —
Martyr : Guillaume de Dongnon.
Limons, France, Languedoc, 73 v°.
Limousin, Lymosin, France, 319, 319 v°.
Lincestre, voir Leicester.
Lincoln, Lincolne, Angleterre, Lincolnshire, 1 v°, 7 v°,
8 v», 11, 13 v°, 90, 92 v°, 93, 102 v°, 164, 166, 294,
382 v°-383 v°, 406, 406 v°, 416. — Évêques : Nicolas
Bullingham, Robert Greathead, Jean Longlands,
Jean Taylor, Jean White. — Martyrs : Thomas Ber-
nard, Jacques Morton.
Lincolne, voir Lincoln.
Lion, voir Lyon.
Lipse, voir Leipzig.
Lisbone, voir Lisbonne.
Lisbonne, Lisbone, Portugal, 194-195 v°, 538. — Martyr :
Guillaume Gardiner.
Liset, voir Lizet.
L'Isle, Lisle, voir Lille.
Lisueros, Léonore de, condamnée à Valladolid, 538.
Litchfeld, voir Lichfield.
Litomis, voir Litomysl.
Litomysl, Litomis, Lutomislen, Tchécoslovaquie, Pardubiec,
18, 32, 32 v°, 35 v°. — Évêque : Jean Bucka.
Livonie, 114 v°.
Livry, France, Seine-et-Marne, 163, 163 v°.
Lizet, Liset, Pierre, premier président du Parlement de
Paris, 97 v°, 162, 169 v°, 171 v°, 173-174, 179, 473.
LlandafF, Landave, Galles, Glamorgan, 300. — Évêque :
Antoine Kitchin.
Lo, Jacques de, martyr à Lille, IX, 563-568.
Lodi, Londen, Italie, Milan, 28, 38, 38 v°. — Évêque :
Jacques Balardi.
Lodovick, voir Louis.
Lodun, voir Loudun.
Loge, Jean de la, martyr à Wassy, 592 v°.
Loire, France, 263, 281 v°.
Lom, voir Lomé.
Lomas, Lowmas, Jean, martyr à Canterbury, 423 v°.
Lombard, Pierre, évêque de Paris, 544 v°, 676.
Lombardie, Italie, 17, 291 v°, 697.
Lomé, Lom, Godefroid, suspect, 72 v°.
Londen, voir Lodi.
London, Jean, chanoine de Windsor, 106 v°.
Londre, voir Londres.
Londres, Londre, 1 v°-15 v°, 28, 38, 43 v°-48 v°, 56, 56 v°,
73 v°-77, 85 v°-106 v», 164 v°-169, 191 v°-194, 264 v°-
268 v°, 287, 294-340, 361-365 v", 375-382 v», 395-408,
416-425, 437 v°-442 v°, 472 v», 559 v°-561, 614, 624 v°-
625, 693, 700 v°. — Églises et abbaye : église des Fla-
mands, Flamenque, 287 v°, 561 v° ; — Saint-Mary-
Overy, 332 v° ; — Saint-Paul, 10, 13, 46 v°, 48, 56 v°,
35
102 v», 192, 322 v°, 324 v°, 326, 327 v°, 329 v°-330 v°,
332 v°-333 v°, 398 v°, 418 ; — Saint-Pierre, 90 ; — West-
minster, Westmoustier, Westmunster, 265-268, 319, 323.
— Parlement, 327 v°, 397 v°, 399 v°, 405 v°, 416 v°,
417. — Prisons : Charbonnière, Coal-house, 397-401,
404 v", 405, 422, 422 v° ; — Compter, Counter, 313,
334, 337 v°, 340 ; — Fleet, Fletien, 314 v» ; — King's
Bench, 437 v° ; — Marshall, 191 v°, 332 v° ; — New-
gate, Newgat, Nouvelle Porte, Porte Neuve, 100 v°, 102 v°,
166 v», 167 v°, 303, 303 v», 317 v», 327-330 v», 340, 363 v°-
365 v», 423-425, 472 v° ; — Tour des Lollards, 56 v»,
365 v°, 375 v», 396, 396 v° ; — Tour de Londres, Grosse
Tour, 101 v°, 167 v°, 168, 191 v°-193 v», 268, 268 v°,
417 v°-418 v°, 424 v°. — Rues, places, lieux-dits :
Breadstreet, Bradstret, 313 ; — Champs-Saint-Gilles,
15, 47 v°, 102 v° ; — Charing-Cross, Croix de Charing,
322 ; — Lambeth, Lambet, 2 v°, 13, 76 ; — Lincoln,
73 v" ; — Marché aux Chevaux, 87 ; — Smithfield,
Smithfild, Smythfield, Smythfild, 15 v°, 77, 164-169,
315, 321 v°, 330 v°, 340, 384 v°, 424 v». — Évêques :
Jean Bird, Edmond Bonner, Richard Fitzjames,
Edmond Grindall, Nicolas Ridley, Jean Stokesley,
Cuthbert Tunstall. — Martyrs : Roger Acton, Jean
Adams, Guillaume Adherall, Georges Ambrose,
Guillaume André, Anne Askew, Robert Barnes,
Richard Bayrield, Georges Baynam, Nicolas Bele-
niam, Jean Beverlau, Georges Bing, Jean Bradford,
Jean Brown, Thomas Brown, Thomas Bugle, Jean
Cardmaker, Jean Careless, Jean Cavel, Jean Clay-
don, Jean Clément, Jean Devenish, Thomas Dobbe,
Robert Drakes, Reinald Eastland, Jean Floyd, Guil-
laume Flower, Isabelle Foster, Hugues Foxe, Jean
Frith, Thomas Garret ou Garrard, Georges, Alle-
mand, Gilles, Allemand, Barthélémy Green, Jeanne
Grey, André Hewet, Roger Holland, Jean Holyday,
Jeanne Horns, Richard Hovenden, Thomas Hoven-
den, Martin Hunt, Richard Hunt, Catherine Hut,
Jean, peintre, Guillaume Jérôme, Lancelot, officier,
Jean Lascelles, Jeanne Lashford, alias Warne, Jean
Leaf, Jean Mainerd, Richard Mekins, N., artisan,
N., fabricant de gibecières, N., prêtre, Jean Nicolson,
dit Lambert, Jean Oldcastle, Thomas Parret, Jean
Philpot, Henri Pond, Jean Porter, Jean Purvey,
Matthieu Ricarby, Rogers, de Norfolk, Jean Rogers,
Guillaume Sautre ou Chatris, Guillaume Slech,
Richard Smith, Thomas Southam, Richard Spurge,
Thomas Spurge, Cuthbert Symson, Guillaume Tay-
lor, Elisabeth Thaevel, Thomas Tomkins, Jean
Tudson, Richard Turming, Thomas Tyler, Guil-
laume Tyms, Jean Wade, Jean Warne, Jean Went,
Thomas Wittle, Guillaume Wiseman, Matthieu
Wythers. — Bûcher posthume : Jean, Guillaume,
Tooley.
Longland, voir Longlands.
Longlands, Longland, Jean, évêque de Lincoln, 92 v°-
94 v», 102 v°, 416.
Loppem, Lopphen, Adrien de, martyr à Ath, 395.
Lopphen, voir Loppem.
Lorge, voir Lorges.
Lorges, Gabriel, seigneur de, comte de Montgomery,
521.
Lorges, N. de, capitaine, 259, 521.
Loris, voir Lauris.
Lormarin, voir Lourmarin.
Lorraine, France, VII v°, VIII, 134 v», 140, 144 v°, 148 v°,
151, 171, 557 v°, 578, 580, 626 v°, 627, 628, 628 v». —
Martyr : Jean de Madoc.
Lorraine, Antoinette de Bourbon, duchesse douairière
de, 578 v».
Lorraine, Charles de Guise, cardinal de, 178 v°, 475 v°,
519, 521 v°, 525 v°, 534 v», 557 v°-558 v», 577, 580 v»,
585 vO-589 v", 619, 622, 658.
Lorraine, Claude II de, duc d'Aumale, 589 v°, 591-
591 v°.
Lorraine, François de, duc de Guise, 151 v°, 519, 578 v°-
579, 589 v», 591-594 v°, 618 v°-620, 621, 628, 658.
Lorraine, Henri Ier de, duc de Guise, 473.
Lorraine, Henri II de, duc de Guise, 557 v°-558 v°,
589 v», 621 v».
Lorraine, Jean de, cardinal, 62-63 v°, 579.
Lorraine, Louis de, cardinal de Guise, archevêque de
Sens, 519, 580 v», 597 v°.
Lorraine, Louis de, comte de Vaudémont, 578 v°.
Lorraine, voir Guise.
Losada, Christophe de, martyr à Séville, 544-544 v°.
Loth, personnage biblique, III v°, 272, 350, 627.
Loth, femme de, personnage biblique, 257 v°, 372 v°.
Lothian, Laudiane, Écosse, 195 v°.
Lothon, N. de, vice-légat à Avignon, 123, 123 v°.
Loudun, Lodun, France, Vienne, 181.
Louis, Louys, suspect, 552, 552 v°.
Louis, comte palatin de Heidelberg, 19-25.
Louis, fils du duc Robert, Clément, du Palatinat, 36 v°.
Louis XII, roi de France, 57.
Louis de Bavière, empereur, 20 v°, 30.
Louis de Berquin, martyr à Paris, VIII, 70 v°-71 v°.
Louis Ier de Bourbon, prince de Condé, 559, 580 v°,
594 v°, 598, 619, 621-622, 628, 650.
Louis Clyfford, chevalier anglais, 2, 4.
Louis Coquemant, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Louis Corbeil, réformé, 254 v°.
Louis Courtet, martyr à Annecy, 92.
Louis Gayan, conseiller au Parlement de Paris, 481 v°,
526, 528.
Louis, Lodovik, Haetzer, Hetzer, anabaptiste, 83, 84.
Louis van Heylweghen, Helwegh, président du Conseil
des Flandres, 288 v°.
Louis de Lorraine, cardinal de Guise, archevêque de
Sens, 519, 580 v°, 597 v».
Louis de Lorraine, comte de Vaudémont, 578 v°.
Louis de Marsac, et son cousin, martyrs à Lyon, 244 v°,
248, 249 v", 251, 252, 252 v°, 254 v», 258-264.
Louis des Masures, Des-Masures, Maître Louys, ministre,
387, 578-579.
Louis de la Motte, maître des requêtes du duc de Lorraine,
578 v°.
Louis Ortega, capitaine, 538.
Louis Piquery, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Louis del Rio, membre du Conseil des Troubles, 701 v°.
Louis de Roxas, condamné à Valladollid, 538.
Louis de Vaine, beau-frère de Jean de Maynier, 130 v°,
131.
Louis-Adhémar de Monteil, seigneur de Grignan, gou-
verneur de Provence, 126, 126 v°, 129, 131.
Louise, régente de France, 71.
Lourmarin, Lormarin, France, Vaucluse, 119 v°, 130.
Louvain, Belgique, Brabant, 58 v», 59, 60, 85 v°, 95-98,
101 v», 102 v», 132 v°, 133, 377 v°, 385 v», 459 v°, 460,
510, 511, 614, 636. — Saint-Martin, 459 v° ; — Saint-
Pierre, 96 v°. — Martyrs : Catherine Metsys, An-
toinette van Roesmals, Jean Schats, Jean Vicart,
N., épouse d'un apothicaire.
Louvemont, France, Haute-Marne, 594.
Louys, voir Louis.
Louys, Maître, voir Louis des Masures.
Loumas, voir Lomas.
Loys, voir Louis.
Loyse, voir Louise.
Lubec, voir Lubeck.
Lubeck, Lubec, Allemagne, Schleswig-Holstein, 287, 287 v°.
Lubusz, Libuss, Pologne, 17 v°, 21 v°. — Évêque : Jean
de Borschnitz.
Luc, saint, passim.
Luc-en-Provence, France, Var, 490 v°.
Lucianus, voir Lucien.
Lucien, Lucianus, écrivain grec, 668 v°.
Lucot, Girard, habitant de Wassy, 592 v°.
Luna, Pierre de, de la Lune, voir Benoît XIII.
Lunéville, France, Meurthe-et-Moselle, 627-628 v°.
Luns, Philippe de, dame du Graveron, martvre à Paris,
482, 483-484.
Luns, France, Périgord, 483.
Luserna, voir Luserna-San-Giovanni.
Luserna-San-Giovanni, Luserna, Luserne, Sainct Jean de
Luserne, Italie, Turin, 87 v°, 440, 440 v°, 457 v°, 458,
466, 573 v°-575.
Luserne, voir Luserna-San-Giovanni.
Lusmicius, voir Luznice.
Luther, Martin, VII v», 42, 56-60 v», 62 v°, 68 v°, 70,
70 v°, 77, 85 v°, 97, 98, 121 v», 132, 337, 345, 349 v°,
415 v°, 419, 461 v°, 528 v°-529, 555 v°, 560 v°, 632,
635, 643 v°, 668, 706 v°.
Lutomislen, voir Litomysl.
Luttervorth, Angleterre, Leicestershire, 1 v°, 3.
Luxembourg, province des anciens Pays-Bas, 701 v°.
Luzerne, voir Luserna-San-Giovanni.
Luznice, Lusmicius, Tchécoslovaquie, fleuve, 42 v°.
Lychfild, voir Lichfield.
Lycofeld, voir Lichfield.
Lynne, voir Kings-Lynn.
Lymoges, voir Limoges.
Lymosin, voir Limousin.
Lyon, France, Rhône, VIII V, 78, 114 v°, 174, 182-184,
187 v°, 197-239 v°, 240 v°, 242 v°, 243, 252-264, 277 v°-
287, 335, 388-395, 435 v°, 438, 466 v", 479, 523 v°,
530 v°, 580 v°, 581, 584 v°, 586 v°. — Archevêque :
François de Tournon. — Martyrs : Martial Alba,
Pierre Escrivain, Charles Favre, Pierre Navihères,
36
Bernard Seguin, dits les Cinq Écoliers de Lausanne ;
Pierre Bergier, Claude de la Canesière, Richard le Fè-
vre, Claude de Monier, Matthieu Dymonet, Étienne
Gravot, Louis de Marsac, N., cousin de Louis de
Marsac, Étienne Peloquin, exécuté à Villefranche-sur-
Saône, Bernard Seguin.
Lyon à Coyxe, voir Léon Cawch.
Lyonnais, Lyonnois, France, 114 v°, 178.
Lyonnois, voir Lyonnais.
Lyra, voir Lyre.
Lyre, Lyra, Nicolas de, franciscain, 337 v°.
Lysse, monsieur, voir John Dudley, comte de Warwick.
Lyster, Christophe, martyr à Colchester, 437 v°.
Lystres, Asie Mineure, 392 v°.
Lytchfeld, voir Lichfield.
M
Macchabée, voir Jean Macchabée Scotus.
Macchabée, Machabeus, Judas, personnage biblique, 281,
534.
Macchabées, personnages bibliques, 267 v°, 317, 318 v°,
690 v».
Machabeus, voir Macchabée.
Macé Moreau, martyr à Troyes, 181 v°-182.
Macé Rougebec, de Meaux, 161 v°-163 v°.
Mace, Mase, Jean, martyr à Colchester, 437 v°.
Macédoine, Grèce, 391.
Macédonius, patriarche de Constantinople, 496.
Mâcon, Mascon, France, Saône-et-Loire, VIII v°, 85,
178 v°, 239. — Évêque : Pierre du Chastel. — Martyr :
Jean Cornon.
Maçonnais, Masconnois, France, VIII, 78.
Madoc, Jean de, ministre, martyr en Lorraine, IX v°, 580,
626 v°-629.
Magdebourg, Allemagne, Saxe, 48 v°, 57 v°. — Archevê-
que : Albert de Brandebourg.
Magdeleine, Didier La, martyr à Wassy, 592 v°.
Magistri, voir Lemaître.
Magne, Antoine, martyr à Paris, 269.
Maguelonne, France, Hérault, 43 v°. — Évêque : Pierre
Adémar.
Mahomet, 334, 349 v°.
Mahieu, Jean, martyr à Valenciennes, 695, 696.
Maidstone, Maydeston, Angleterre, Kent, 47, 72, 340. —
Martyrs: Guillaume Ming, mort en prison, Thomas
Hytten.
Maietto, Laurent, seigneur italien, 550.
Maillart, Claude, martyr à Wassy, 592 v°.
Maillard, Nicolas, docteur en Sorbonne, 163, 169 v°,
170, 170 v°, 185, 185 v°, 482-483, 490, 494 v», 496 v°,
497-498 v°, 521.
Maillart, Nicolas, martyr à Wassy, 592 v°.
Maillot, Malliot, conseiller à Sens, 597 v°.
Maillote, Jacquemin, suspect, 579-579 v°.
Maine, Meine, France, VIII v°, 239, 621 v».
Mainerd, Jean, mort en prison à Londres, 472 v°.
Maieur, voir Major.
Maioris, personnage non identifié, 346 v°.
Mair, John, voir Major, Jean.
Majeur, voir Major.
Major, Maieur, Mair, Majeur, Jean, Johannes, John,
historien écossais, 15, 15 v°, 89.
Malachie, prophète, 429 v°, 587 v°.
Malanotte, Jean, délégué des Vaudois, 576.
Maldon, Maulden, Angleterre, Essex, 316 v° 317. —
Martyr : Étienne Knight.
Malemort-du-Comtat, France, Vaucluse, 120 v°.
Malines, Belgique, Anvers, VIII v», 385-387, 696, 701. —
Martyrs : François, Jean et Nicolas Thijs ou Matthijs,
Diessen.
Maligny, Jean de Ferrières, seigneur de, conjuré d'Am-
boise, 557-559 v».
Malliot, voir Maillot.
Malo, voir Jean de Berghes.
Malvenda, Pierre, prêtre espagnol, 152-154 v°, 158.
Malveren, Dalveren, juge ecclésiastique, 12-13 v°.
Man, Meinhard, abbé d'Egmond, 60 v°.
Manassé, personnage biblique, 278 v°.
Manasses, personnage biblique, 138.
Mancestre, voir Manchester.
Manchester, Mancestre, Angleterre, Lancashire, 318 v°,
329 v°, 330 v°, 339. — Prévôt : Étienne Bech.
Mandreville, Jean du Bosc, seigneur de, martyr à Rouen,
621.
Maneillan, lieu non identifié, Italie, Turin, 575 v°.
Manentrie, voir Manningtree.
Manès, Manichée, 571, 588.
Mangin, Étienne, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Mangin, Marion, suspecte, relaxée, à Meaux, 161 v°-
163 v».
Mangin, Perrette, suspecte, relaxée, à Meaux, 161 v°-
163 v°.
Mangin, Pharon, ministre à Orléans, 164.
Manichée, voir Manès.
Maningtree, voir Manningtree.
Manningtree, Manentrie, Maningtree, Angleterre, Essex,
329. — Martyr : Thomas Osmond.
Manoasco, voir Manosque.
Manosque, France, Basses- Alpes, 123.
Mansart, Guillaume de Maulde, seigneur de, lieutenant
du bailli de Tournai, 595-596 v°, 602-605, 607 v", 608 v°,
609, 611, 612, 615.
Mantuan, Baptiste, écrivain, 49.
Marbeck, Marbek, Jean, condamné puis gracié à Windsor,
106, 106 v°.
Marbek, voir Marbeck.
Marbourg, Marpurg, Allemagne, Hesse, 72.
Marc, saint, passim.
Marc-Antoine, voir Etienne Gardiner.
Marc Champy, lieutenant criminel de Troyes, 181 v°.
Marc de Hradec, recteur de l'Université de Prague, 18 v°.
Marc de Lannoy, Lanoy, martyr à Anvers, 704 v°-706.
Marc Usegli, suspect, 546, 547 v», 549, 552-553.
Marc-Antonin, voir Marc-Aurèle.
Marc-Aurèle, Marc-Antonin, empereur romain, VI v°.
Marcele, voir Massello.
Marc Furius Camille, héros romain, 42 v°.
Marche, Évrard de la, voir Marck, Érard de la.
Marchenoir, France, Loir-et-Cher, 432 v°-433 v°.
Marcion, philosophe et théologien, 380 v°, 462 v°, 468 v°,
495 v», 508, 571, 686 v".
Marck, Érard de la, Marche, Évrard de la, prince-évêque
de Liège, 617.
Marck, Henri-Robert de la, duc de Bouillon, 693, 693 v°.
Mareschal, Simon, martyr à Langres, 170 v°-171.
Mareschal, voir Smith.
Marguerite, mère du roi Henri VII, 191 v°-192.
Marguerite, Lange Margriet, marchande à Anvers, 635 v°-
636 v°, 638 v°, 641, 644.
Marguerite, épouse d'Étienne Mangin, condamnée à
Meaux, 161 v°-163 v°.
Marguerite, épouse de Guillaume Thrace, 73.
Marguerite, veuve de Jean Volant, suspecte, relaxée, à
Meaux, 161 v°-163 v».
Marguerite, princesse de France, duchesse de Savoie,
519, 521 v°.
Marguerite, épouse de Girard Lucot, martyre à Wassy,
592 v°.
Marguerite, messagère de Pierre Brully, 135.
Marguerite, épouse de Jean de Laistre, suspecte, relaxée,
à Meaux, 161 v°-163 V.
Marguerite d'Angoulème, reine de Navarre, 79.
Marguerite d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas, 700-
702 v°.
Marguerite Boulard, martyre à Douai, 97 v°-98, 106.
Marguerite de Parme, gouvernante des Pays-Bas, 666,
669, 672 v°, 674, 693 v°, 695 v°.
Marguerite Rossignol, épouse de Jean Ricourt, suspecte,
relaxée, à Meaux, 161 v°-163 v°.
Marguerite Le Riche, dite Dame de la Caille, martyre
à Paris, 522 v°-523, 524.
37
Marguerite de Valois, fille de Henri II, 580 v°.
Marie, sainte, 9, 45 v°, 59, 70 v°, 108, 110 v», 114, 211,
222 v°-223 v°, 227, 240, 240 v», 253, 270, 273 v», 275,
278, 279 v°, 280 v°, 307 v°, 319 v°-320 v°, 326 v°, 327 v°,
336, 359, 361 v°-363 v°, 381 v», 383 v°, 386, 388, 388 v°,
408 v», 409, 411, 413 v", 414, 432 v°, 435 v°, 439, 442,
456 v», 462, 468 v°, 469 v», 470, 470 v°, 472, 483, 484 v°,
485, 487, 489 v», 490, 495, 498 v°, 499, 548, 560 v»,
583 v°, 585, 588, 617 v°, 631 v°, 661, 674, 691 v°.
Marie, réformée de Tournai, réfugiée en Angleterre, 704 v°.
Marie, épouse de Paul Millet, 656.
Marie, Madame, amie de Jean-Louis Pascal, 550 v°.
Marie Becaudelle, dite Gaborite, martvre aux Essarts,
82 v°.
Marie de Boborches, martyre à Séville, 542-542 v°.
Marie Cornel, Cornelia, martyre à Séville, 542-542 v°.
Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, 98 v°.
Marie de le Pierre, épouse de Jacques de le Tombe,
appelée Marion, martyre à Tournai, 151.
Marie de Rojas, condamnée à Valladolid, 538 v°.
Marie Stuart, reine d'Ecosse, 557 v°, 591, 591 v".
Marie Tudor, reine d'Angleterre, VIII v», IX, 88 v°,
192, 193 v», 264-265, 287, 299, 294 V, 295 v», 296 v°,
297, 298 v°, 299, 300, 301, 302 v», 303 v», 304, 305,
306 v», 308, 309, 309 v», 310, 312 v», 313 v", 314-315,
319, 321-322, 323 v», 327, 328, 330 v°-333 v», 336 v°,
339, 361, 363 v», 364 v», 365, 376, 382, 382 v», 395 v°-
404 v», 406 v°, 408, 417-421, 423 v», 424 v», 431 v», 437,
437 v», 441 v°, 449, 472 v°, 543 v», 700 v».
Marie de Viroes, martyre à Séville, 542-542 v°.
Marie, Marin, martyr à Paris, 522.
Mariette Oguier, fille de Robert Oguier, 425 v°, 427 v°,
428.
Marin Marie, martyr à Paris, 522.
Marina de Saavedra, condamnée à Valladolid, 538.
Marion, martyre à Tournai, voir Marie de le Pierre.
Marion Fournier, épouse d'Augustin Dumarchiet,
martyre à Mons, 167 v°-177 v°.
Marion Mangin, suspecte, relaxée, à Meaux, 161 v°-
163 v°.
Marksem, voir Merksem.
Marlar, Jean, martyr à Douai, 97 v°-98, 106.
Marlorat, Augustin, ministre, martvr à Rouen, 534 v°,
621-622.
Marmier, Mermier, Etienne, ministre, 707 v°.
Marot, Clément, poète français, 107, 435 v°, 437.
Maroul, Étienne le, voir Marron, Eustache.
Marpurg, voir Marbourg.
Marquet, suspect, 550 v°, 554 v°.
Marquina, Espagnol, 153, 153 v°.
Marron, Eustache, Maroul, Étienne le, martyr à Avignon,
130 v°.
Marsac, Louis de, et son cousin martyrs à Lyon, 244 v°,
248, 249 v", 251, 252, 252 v°, 254 v», 258-264.
Marseille, France, Bouches-du-Rhône, IX, 126 v°, 129-
130 v°, 355 v°, 470, 620. — Martyrs : Joseph Garin,
Georges Olivari, Honorât Pastouret, Léonard Ro-
millet, Antoine Vaze, Jean de Vega.
Marsh, Marché, Georges, prêtre, martvr à Chester,
317 v°-319.
Marsile de Padoue, théologien, 1 v°.
Marsile Ficin, humaniste, 55 v°.
Marthe, épouse du libraire Pomery, condamnée par
contumace, 115, 115 v°.
Martial, pénitencier de Paris, 68 v°.
Martial Alba, martyr à Lyon, VIII v°, 197-236.
Martial Navihères, oncle de Pierre, 222, 224 v°, 225,
225 v°.
Martin, saint, 500 v°.
Martin V, pape, 368 v°.
Martin Bayart, martyr à Lille, 664 v°-665 v°.
Martin de la Borne, juge, 320 v°.
Martin Bucer, réformateur, 115, 134 v°, 152, 153 v°, 154,
156 v°, 157, 191 v°, 307, 322 v°, 329 v°, 488.
Martin Comelin, réformé de Douai, 97 v°.
Martin Frecht, Frechtius, théologien, 156 v°, 157.
Martin Gonin, ministre, martyr à Grenoble, 87 v°-88 v°,
114 v».
Martin Huerblocq, Hœurbloc, martyr à Gand, 149-149 v°.
Martin Hunt, mort en prison à Londres, 437 v°.
Martin Luther, réformateur, VII v°, 42, 56-60 v°, 62 v°,
68 v°, 70, 70 v°, 77, 85 v°, 97, 98, 121 v», 132, 337, 345,
349 v°, 415 v°, 419, 461 v°, 528 v°-529, 555 v», 560 v°,
632, 635, 643 v», 668, 706 v°.
Martin Maynard, syndic de Mérindol, condamné par
contumace, 115, 121, 123.
Martin Micron, ministre, 287, 287 v°, 289, 509 v», 560 v».
Martin Oguier, Aughier, Oguyer, Waughier, martyr à
Lille, 425.
Martin Rithove, Rithovius, évêque d'Ypres, 600.
Martin Rousseau, martyr à Paris, 523 v°-524.
Martin Tachard, ministre, martvr à Toulouse, IX v°,
698 v°-700.
Martin Vian, et son épouse, condamnés par contumace,
115, 115 V.
Martin, Georges, seigneur de Champoléon, 87 v°.
Martin P., juge, 320 V.
Martin, Thomas, commissaire de Marie Tudor, 302 v°,
321 v».
Martine, voir Martinne.
Martine, épouse de Pierre Le Clerc, condamnée à Meaux,
161 v°-163 v°.
Martinne, Martine, procureur du roi à Paris, 475.
Martyr, voir Vermigli.
Mascall, ou Maschal, Robert, évêque de Hereford, 44 v°.
Mascon, voir Mâcon.
Masconnois, voir Maçonnais.
Mase, voir Mace.
Massello, Morcelé, Italie, Turin, 575 v°.
Masson, Michel le, procureur du roi, 412.
Masson Pierre, ministre, martyr à Dijon, 114 v°, 115.
Massot, Thomas, notaire, 618.
Massyot, Jacques, conseiller à Bordeaux, 319 v°.
Masures, Des Masures, Louis des, Maître Louvs, ministre,
387, 578-579.
Matefîon, Matheflou, Jean, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Matheflon, voir Matefîon.
Mathias, Matthis, Remy, diacre à Lille, suspect, 656.
Mathieu, voir Matthieu.
Mathurin, Matthieu, Ory, Horry, Orri, Orry, inquisiteur
général, 253, 253 v», 255 v°, 272 v°-273 v», 411 v°.
Mathurin, époux de Jeanne, martyr à Carignan, 573 v°.
Matthew, voir Matthieu.
Matthieu, saint, passim.
Matthieu Budé, réformé, 151 v°.
Matthieu Dymonet, dit Des trois frères, martyr à Lvon,
182 v», 216 v°-218, 235, 236 v°, 252-258.
Matthieu Hager, martyr à Berlin, 54 v°.
Matthieu de le Haye, martyr à Valenciennes, 696.
Matthieu Horry, Orri, voir Mathurin Ory.
Matthieu, Mattheiv, Parker, archevêque de Canterburv,
560 v°, 561, 700 v".
Matthieu Ricarby, Ryccarbie, martyr à Londres, 472 v°.
Matthieu Vermeil, martyr à Fort-Coligny, au Brésil,
460 v°-465 v°.
Matthieu Wythers, Wethers, mort en prison à Londres,
472 v°.
Matthieu, Odet de, conseiller de la Cour de Bordeaux,
436.
Matthijs, voir Thijs.
Matthinette du Buisset, épouse de Hector Remy, martyre
à Douai, 106.
Matthis, voir Mathias Remy.
Maucervel, sergent, 627 v°.
Maulde, Guillaume de, seigneur de Mansart, lieutenant
du bailli de Tournai, 595-596 v», 602-605, 607 v°, 608 v°,
609, 611, 612, 615.
Maulden, voir Maldon.
Maundrel, Maundrelle, Jean, martyr à Salisbury, 437 v°.
Maundrelle, voir Maundrel.
Mauny, François de, archevêque de Bordeaux, 437.
Maupair, Pascal, évêque auxiliaire d'Arras, 89 v°.
Maurel, Georges, ministre, 114 v°.
Maurice, Maurizi, Blanc, martyr à Mérindol, 127-130.
Maurice Secenat, martyr à Nîmes, 184 v°, 185.
Maurice, Georges, bourgeois d'Orchies, 97 v°.
Maurizi, voir Maurice.
Mauvans, Mouvons, dépendance de Vence, France, Alpes-
Maritimes. — Mauvans, seigneurs de, voir Antoine de
Richieud, Paul de Richieud.
Maxence, empereur romain, VI v°.
Maximien, Maximin, empereur romain, VI V°.
Maximiliam, voir Maximilien.
Maximilien Ier, empereur d'Allemagne, 57, 58.
Maximilien II, empereur d'Allemagne, 696 v°.
Maximilien de Berghes, archevêque de Cambrai, 696 v°.
Maximilien de Blois, dit Cock, martyr à Bruxelles, 701 v°.
May, Guillaume, archevêque d'York, 92 v°-93.
Maydeston, voir Maidstone.
Mayence, Allemagne, Rhénanie-Palatinat, 191 v°.
Mayfield, Mesfield, Angleterre, Sussex, 437 v°. — Martyrs :
Jean Hart, Nicolas Holden (?), N., cordonnier, N.,
corroyeur, Thomas Ravensdale.
Maynard, André, bailli de Mérindol, condamné par
contumace, 115, 115 v°, 121, 123-125 v°.
Maynard, François, condamné par contumace, 115.
S aynard, Jacques, condamné par contumace, 115, 115 v°.
Maynard, Martin, syndic de Mérindol, condamné par
contumace, 115, 121, 123.
33
Maynard, Michel, condamné par contumace, 115 v°.
Maynard, Michelin, syndic de Mérindol, condamné par
contumace, 124 v°.
Maynard, Philippon, condamné par contumace, 115,
115 v°.
Maynier, Menier, Mesnier, Guillaume, père de Jean,
conseiller au Parlement de Provence, 126.
Maynier, Menier, Mesmer, Jean de, dit le Juif, baron
d'Oppède, président du Parlement de Provence, 126-
131 v», 175-176 V, 470, 470 v°, 473.
Mazères, capitaine, conjuré d'Amboise, 557 v°.
Meana di Suza, Meane, Meaune, Italie, Turin, 573 v°-576.
Meane, voir Meana di Suza.
Meaune, voir Meana di Suza.
Mcaux, France, Seine-et-Marne, VII v°, VIII, 61, 68 v°,
70-70 v», 82, 160 v°-163 v°, 170 v°, 173 v°-174, 516 v°. —
Évêque : Guillaume Briçonnet. — Martyrs : Jean
Baudouin, Jacques Bouchebec, Jean Brissebarre,
Michel Caillon, François Le Clerc, Pierre Le Clerc,
Jean Flesche, Thomas Honnoré, Henri Hutinot,
Étienne Mangin, Jean Matenon, N., N., N., N., Phi-
lippe Petit, Jean Piquery, Pierre Piquery, Denis de
Rieux.
Meaux en Brie, voir Meaux.
Mécrin, Mescrignes, France, Meuse, 151 v°.
Médicis, Catherine de, reine de France, 178, 178 v°,
580-581 v°, 585-588, 598, 598 V, 619.
Mediomatrices, voir Metz.
Meinhard Man, abbé d'Egmond, 60 v°.
Mekins, Mekyns, Richard, martyr à Londres, 102-102 v°.
Mekyns, voir Mekins.
Mélanchton, Philippe, réformateur, 58, 132, 486 v°, 508.
Melchior, franciscain, 618 v°.
Melchior Cano, dominicain, 537 v°.
Melchior Hoffman, anabaptiste, 85.
Melchior Rink, Rinc, anabaptiste, 83.
Melchisédec, voir Melchisédech.
Melchisédech, Melchisédec, personnage biblique, 79 v°,
109, 214 v", 282 v», 345 v°, 414 v°, 438, 582 v°, 637, 684,
685, 686, 687 v°.
Meldorf, voir Meldorff.
Meldorff, Meldorf, Allemagne, Schleswig-Holstein, VII v°,
61 v°-62. — Martyr : Henri Supphen.
Melier, juge, 206.
Mellety, Antoine, religieux, 435 v°.
Melun, France, Seine-et-Marne, 619.
Mencia de Figueroa, condamnée à Valladolid, 538.
Mende, France, Lozère, 185 v°.
Menier, voir Maynier.
Menig, Menius, Moenius, Juste, ministre, 58.
Menin, Belgique, Flandre Occidentale, 672 v°.
Ménissier, Nicolas, martyr à Wassy, 592 v°.
Menius, voir Menig.
Menno Simons, anabaptiste, 85.
Menthon-Saint-Bernard, Menton, France, Haute-Savoie,
78 v°.
Menton, voir Menthon-Saint-Bernard.
Meran, Jean, juge ordinaire d'Aix-en-Provence, 115 v°,
129 v°-131.
Mérê, voir Poltrot de Méré.
Mérindol, France, Vaucluse, VIII v°, 114 v°-131, 174 v°-
176 v», 470, 473, 509, 539, 540, 551 v". — Martyrs :
Maurice Blanc, N., jeune paysan. — Habitants de
Mérindol envoyés aux galères.
Merksem, Marksem, Belgique, Anvers, 577-577 v°.
Merle, voir Merula.
Mermier, voir Marmier.
Meronne, localité non identifiée, Italie, Turin, 573 v°.
Merula, le Merle, van Merle, Ange, dit Angel Emphlitius,
curé de Heenvliet, martyr à Mons, 459-460.
Mescrignes, voir Mécrin.
Mesfield, voir Mayfield.
Mesmer, voir Maynier.
Mesnil, Baptiste du, avocat du roi à Paris, 481 v°, 526,
528.
Mésopotamie, 479.
Messine, France, Nord, 569.
Mestayer, François, marchand à Bordeaux, 436 v°.
Mets, voir Metz.
Metsys, Catherine, martyre à Louvain, 95-98.
Metz, Mediomatrices, Mets, France, Moselle, VIII, 61,
62-63 v°, 140-148 v», 578-579 v», 627, 703 v". —
Martyrs : Adam, Jean Le Clerc, N., N., N., un homme
et deux femmes.
Meurchin, France, Pas-de-Calais, 665 v°.
Mexico, Mexique, Mexique, 543 v°.
Mexique, voir Mexico.
Meyns, Guillaume, Willhelme, 561.
Michaut, Guillaume, martyr à Langres, 170 v°, 171.
Michée, prophète, 111 v°, 218 v°, 655 v°.
Michel, prisonnier à Lyon, 247 v°, 248 v°.
Michel, dit Miquelot, voir Michel Destoubequin.
Michel d'Arande, ministre, 68 v°.
Michel Caillon, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Michel de Causis, curé à Prague, 16 v°, 17, 19 v°, 24,
27 v», 33 v», 34, 37 v°.
Michel, Miquelot, Destoubequin, martyr à Tournai, 171.
Michel Herlin, martyr à Valenciennes, 673, 692 v°-696.
Michel Herlin, fils du précédent, martyr à Valenciennes,
673, 692 v°-696.
Michel Herpfer, 158 v».
Michel de l'Hôpital, chancelier de France, 576, 580 v°-
581, 593.
Michel Le Fèvre, martyr à Valenciennes, 184 v°.
Michel Le Masson, procureur du roi, 412.
Michel Maynard, condamné par contumace, 115 v°.
Michel du Mont, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Michel Raymondet, délégué de Tagliaret, 576.
Michel Robiliart, martyr à Tournai, 629-633.
Michel Servet, exécuté à Genève, 343 v°, 622 v°.
Michel Trunchfield, martyr à Ipswich, 423 v°.
Michel, André, martyr à Tournai, 594 v°-596 v°, 610.
Michel, Antoine, de Chorges, 122 v°.
Michèle de Caignoncle, martyre à Valenciennes, 184 v°.
Michelin Maynard, syndic de Mérindol, 124 v°.
Micron, Micronius, Martin, ministre, 287, 287 v°, 289,
509 v°, 560 v°.
Micronius, voir Micron.
Middlemore, Mydelmoy, Humphrey, chartreux, exécuté
à Londres, 77 v°.
Middleton, Humphrey, Midelton, Hutifroy, martyr à Can-
terbury, 192, 358-360 v°.
Midelton, Hunfroy, voir Middleton, Humphrey.
Milan, Italie, Lombardie, 55 v°, 57, 291 v°, 292, 335,
543 v°, 697 v°.
Miles Coverdale, Milo Coverdal, évêque d'Exeter, 293 v°.
Miles Huggard, Milo Hogard, tailleur, 328.
Milève, concile de, 366 v°.
Milevitain, concile, voir Milève, concile de.
Milles, Jean, prévôt de Wisson (peut-être Winston), 424.
Milles, Robert, martyr à Brentford, 472 v°.
Milles, Mylles, Thomas, martyr à Lewes, 437 v°.
Millet, Paul, dit Chevalier, ministre, martvr à Lille, IX v°,
655 v°-658.
Millet, Pierre, martyr à Paris, 524-524 v°.
Milo Coverdal, voir Miles Coverdale.
Milo Hogard, voir Miles Huggard.
Milon, Barthélémy, Berthelot, martyr à Paris, 81-81 v°.
Minard, Antoine, président du Parlement de Paris, 494 v°,
535.
Ming, Minge, Guillaume, mort en prison à Maidstone,
340.
Minge, voir Ming.
Miquelot, voir Michel Destoubequin.
Miranda, comte de, 537.
Mirecourt, France, Vosges, 578.
Misac, voir Misach.
Misach, Misac, personnage biblique, 374, 505.
Misne, voir Misnie.
Misnie, Misne, ancienne province d'Allemagne, 5 v°.
Mladonovice, Mladonyewits, Pierre de, notaire, 18-21 v°,
37.
Mladonyevnts, voir Mladonovice.
Moenius, voir Menig.
Moerkerke, Monikeree, Belgique, Flandre Occidentale,
460 v°. — Martyr : Arnould Diericx.
Moirans, Moran, France, Isère, 283 v°.
Moïse, Moyse, personnage biblique, 8, 9 v°, 10-11 v°, 20 v°,
40, 66, 67 v°, 75, 128 v°, 138, 198 v», 199 v°, 200 v», 205,
210 v°, 221, 226, 233 v°, 245, 250, 271 v», 272, 281,
318 v°, 335 v», 338 v», 343 v°, 347, 350 v°, 354, 369,
383 v°, 390 v°, 392, 414 v°, 467 v", 545 v°, 566 v°, 587 v°,
588, 607, 655 v», 667, 674 v°, 680, 683, 686, 689 v°.
Moisi, Jean de, martyr à Wassy, 592 v°.
Mombaut, N. de, gentilhomme, et son serviteur, martyrs
à Sens, 597 v».
Mombelart, 594.
Monastier, Georges, George, syndic d'Angrongne, 576.
Monceaux, France, Seine-et-Oise, 619.
Monflanquin, France, Lot-et-Garonne, 440-441 v°.
Monica, voir Monique, sainte.
Monier, Arnaud, martyr à Bordeaux, 434 v°-437.
Monier, Claude, martyr à Lyon, 182-184.
Monikeree, voir Moerkerke.
Moniot, sergent royal, martyr à Wassy, 594 v°.
Moniot, Jacques de, martyr à Wassy, 592 v°, 594 v°.
Moniot, Jean de, martyr à Wassy, 592 v°.
Monique, Monica, sainte, 674 v°.
Monroy, prêtre, 525.
Mons, Monts, Belgique, Hainaut, VIII v°, 176 v°-177 v°,
39
277, 306, 308 v°, 395, 459-460, 673, 689, 693. —
Martyrs : Jean de Berghes, dit Malo, Wauldru Car-
lier, Jean Fasseau, Marion Fournier, Laurent de
la Haute Rue, Nicolas Larchier, Ange Merula, Jean
Porceau, Damian Witcoq.
Mons, Pierre de, curé, 320 v°.
Mont, voir Mont-sur-Meurthe.
Mont-sur-Meurthe, France, Meurthe-et-Moselle, 628.
Mont, Michel du, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Mont, Roger du, martyr à Tournai, 626-626 v°.
Montaigu, Jean, chevalier anglais, 4.
Montalzat, France, Quercy, 619 v°.
Montauban, Montaulban, France, Tarn-et-Garonne, 185 v°,
197, 277, 619 v°, 698 v°-699 v°.
Montaulban, voir Montauban.
Montbéliard, France, Doubs, 173 v°.
Montdidier, Mondidier, France, Somme, 616 v°, 705 v°.
Monteil, Louis-Adhémar de, seigneur de Grignan,
gouverneur de Provence, 126, 126 v°, 129, 131.
Montereau, France, Loiret, 176.
Monteza, seigneur de, 537.
Montferrant-en- Auvergne, voir Clermont-Ferrand.
Montgomery, Gabriel, seigneur de Lorges, comte de, 521.
Monthier, voir Montier-en-Der.
Monthierander, voir Montier-en-Der.
Montier-en-Der, Monthier, Monthierander, France, Haute-
Marne, 591 v°, 594.
Montigny, seigneur de, voir Montmorency.
Montiscalle, N. de, 466 v°.
Montluc, seigneur de, 699.
Montmoransi, voir Montmorency.
Montmorency, Anne de, connétable de France, 235,
557 v°, 563, 618 v°, 621 v°, 656.
Montmorency, Montmoransi, Florent de, seigneur de
Montigny, gouverneur du Tournaisis, 633, 694 v°.
Montmorency, François de, maréchal de France, 557 v°.
Montmorency, Philippe de, voir Hornes, comte de.
Montoire, voir Montoire-sur-le-Loir.
Montoire-sur-le-Loir, Montoire, Montoire en Vendômois,
France, Loir-et-Cher, 432 v°, 620 v°.
Montoire en Vendômois, voir Montoire-sur-le-Loir.
Montpellier, France, Hérault, VII v°, 42 v°-43 v°, 277-
277 v°. — Martyrs : Guillaume Dalençon, N., ton-
deur, Catherine Saube.
Montpensier, François de Bourbon, duc de, prince, 519.
Monts, voir Mons.
Moran, voir Moirans.
Moravie, Tchécoslovaquie, 21, 31 v°, 41-42 v°, 84.
Morayshire, Monrraye, Écosse, 195 v° — Évêque :
Patrice Hepburn.
Mordant, voir Mordaunt of Turvey.
Mordaunt of Turvey, Mordant, Jean, commissaire de
Marie Tudor, 309 v°, 310, 364, 406 v°.
Mordon, religieux, 13.
More, Morus, Thomas, chancelier d'Angleterre, VIII,
72, 72 v°, 74-77 v°, 85 v°, 92 v°, 420.
Moreau, Macé, martyr à Troyes, 181 v°, 182.
Morel, Maître, franciscain, 181 v°.
Morel, François de, ministre à Genève et à Paris, 518 v°.
Morel, Guillaume, imprimeur, 502 v°.
Morel, Jean, martyr à Paris, 490, 499 v°-509 v°, 514 v°.
Morel, Léonard, ministre à Wassy, 591-593 v°.
Moret, Jean, 224 v°.
Morgan, d'Oxford, 408.
Morgan, François, juge à Londres, 300 v°.
Morgan, Henri, évêque de Saint-David's, 406 v°.
Morgan, Philippe, Philippes, docteur, 46.
Morin, Jean, lieutenant criminel de la prévôté de Paris,
78, 81, 81 v°, 97 v°, 473.
Morisot, Denis, martyr à Wassy, 592 v°.
Morisot, Jean, suspect, 594.
Morlay, Robert de, chevalier anglais, 45 v°, 46 v°, 47.
Morton, Jacques, martyr à Lincoln, 102 v°.
Morton, Jean, cardinal d'York, 92 v°, 93.
Morus, voir More, Thomas.
Mossnow, Czecko de, gentilhomme morave, 42.
Morzilio, moine, martyr à Séville, 542 v°.
Moselle, Allemagne, 140.
Mosnier, voir Musnier.
Mouchy, Antoine de, dit Démocarès, Démocharès, inquisi-
teur à Paris, 480 v», 490, 521, 525 v°.
Moulbais, Moulbay, Jean de Chasteler, seigneur de,
lieutenant du château de Tournai, 602, 605, 608, 612,
615 v°, 616, 674.
Moulbay, voir Moulbais.
Mouqueron, voir Mouscron.
Mourraye, voir Morayshire.
Mouscron, Mouqueron, Belgique, Flandre Occidentale,
653 v°.
Moussy, Nicolas de, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Moutarde, Thomas, martyr à Valenciennes, 538 v°.
Mouvons, voir Mauvans.
Moxena, Didace de, franciscain espagnol, 17.
Moyne, Jean le, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Moyse, voir Moïse.
Mucius Scaevola, héros romain, 41, 49, 315.
Muncer, voir Miinzer.
Munich, Munchen, Allemagne, Bavière, 69-69 v°. —
Martyr : Georges Carpentier.
Munster, Munstre, Allemagne, Westphalie, 84 v°, 85.
Munstre, voir Munster.
Mùnzer, Muncer, Thomas, réformateur, 83, 83 v°, 85.
Muret, France, Haute-Garonne, 276 v°.
Muret, M. de, juge ecclésiastique, 320 v°.
Musnier, Mosnier, lieutenant civil, 483, 499.
Mussière, lieu-dit en Genevois, France, Haute-Savoie, 92.
Mutel, Nicolas, réformé, 390, 393 v°.
Mutins Scevola, voir Mucius Scaevola.
Mutonis, Jean, martyr en Provence, 626 v°.
Mydelmoy, voir Middlemore.
Mylles, voir Milles.
N
N., libraire étranger, martyr à Avignon, 118-118 v°.
N., tisserand, martyr à Bristol, voir Edouard Sharp.
N., gantier (lire : charpentier), martyr à Bristol, 437 v°.
N., serviteur d'Henri, martyr à Colchester, 106.
N., gentilhomme, martyr en Crête, 55.
N., aveugle, martyre à Derby, voir Jeanne Waste.
N., bégard, martyr à Erfurt, 5.
N., épouse de Michel, martyre à Ipswich, voir Jeanne
Trunchfield.
N., serviteur d'un marchand, martyr à Leicester, 437 v°.
N., artisan, martyr à Londres, 5 v°.
N., fabricant de gibecières, martyr à Londres, 73 v°.
N., prêtre, martyr à Londres, 5 v°.
N., épouse d'un apothicaire, martyre à Louvain, 96-96 v°.
N., menuisier, prisonnier à Lyon, 248 v°.
N., cousin de Louis de Marsac, martyr à Lyon, 258-264.
N., cordonnier, martyr à Mayfield, 437 v°.
N., corroyeur, martyr à Mayfield, 437 v°.
N., tondeur, martyr à Montpellier, 277, 277 v°.
N., martyre à Newent (lire : Wootton-under-Edge), 437 v°.
N., cordonnier, martyr à Northampton, voir Jean Kurde.
N., épouse de Georges, martyre à Norvvich, voir Christiane
Georges, seconde épouse de Richard Georges, martyre
à Colchester.
N., diacre, martyr à Oxford, 5.
N., couturier, martyr à Paris, 178-179.
N., moine, martyr à Prague, 67.
N., archer, martyr à Sens, 598.
N., menuisier, martyr à Sens, 597 v°.
N., serviteur de Mombaut, martyr à Sens, 597 v°.
N., martvre à Séville, 542.
N., enfant, martyr à La Tour, Torre-Pellice ( ?), 574 v°.
N., serviteur de Jean Jory, martyr à Toulouse, 185 v°-186.
N., ferblantier, martyr à Valladolid, 538.
N., ministre à Wassy, 590, 590 v°, 594 v°.
N., crieur de vin, martyr à Wassy, 591 v°-592.
N., menuisier, martyr à Wassy, 594 v°.
N., prêtre, martyr à Winchester, voir Saxy.
N.N., deux gentilshommes moraves, 42.
N.N., trois (lire : quatre) martyrs à Brentford, voir Étienne
40
Cotton, Robert Dynes, Robert Milles, Etienne Wight.
N.N., trois martyrs à Bury-Saint-Edmunds, voir Roger
Bernard, Adam Foster, Robert Lawson, et non Jean
Fortune et Thomas Spurdance, autres martyrs de
Bury-Saint-Edmunds.
N.N., nombreuses personnes massacrées à Cabrières
d'Aiguës, 130 v°.
N.N., trois (lire : cinq) personnes mortes en prison à
Canterbury, voir Jean Archer et quatre autres déjà
cités nommément : Dunston Chittenden, Jean Clarke,
Guillaume Foster, Alice Potkins.
N.N., deux larrons, martyrs à Chelmsford, 43.
N.N., cinq personnes martyres à Édimbourg, voir Beve-
rage, dominicain, Thomas Forret, chanoine, Robert
Foster, gentilhomme, Jean Kelow, dominicain, Duncan
Sympson, prêtre.
N.N., plusieurs martyrs à Limbourg, dont une famille de
six personnes, 703.
N.N., quatre martyrs à Louvain, voir Catherine Metsijs,
Antoinette van Roesmals, Jean Schats, Jean Vicart.
N.N., un homme et deux femmes tués à Metz, 142.
N.N., quarante martyrs à Narbonne, VI v°, 5.
N.N., nombreux martyrs à Paris, 6.
N.N., nombreuses personnes massacrées à Pevpin-d'Aigues,
129 v°.
N.N., compagnons de Constantin, martyrs à Rouen, voir
Oudard Bouncer, Jacques Challes, Guillaume Fon-
ques.
N.N., boulanger et son épouse, martyrs à Sens, 597 v°.
N.N., épouse et fille d'un épinglier, martyres à Sens,
597 v°.
N.N., épouse et fille d'un médecin, martyres à Sens,
597 v°.
N.N., plusieurs personnes martyres à Sens, 597-598 v°.
N.N., trois personnes, martyres à Troyes, 594 v°.
N.N., deux hommes, martyrs à Wassy, 592.
N. Brischell, gentilhomme morave, 42.
N. de Cromassona, gentilhomme morave, 42.
N. de N., gentilhomme morave, 42.
N. Studenika, gentilhomme morave, 42.
N., Henri de, gentilhomme morave, 42.
N., Jossek de, gentilhomme morave, 42.
N., N. de, gentilhomme morave, 42.
N., Wenceslaus de, gentilhomme morave, 42.
Nabuchodonosor II, roi de Babylone, 52 v°, 546 v°, 610 v°.
Nail, Nicolas, martyr à Paris, 268 v°.
Nakli, Deslaw de, gentilhomme morave, 42.
Namiescz, Parsifal de, gentilhomme morave, 42.
Namur, province des anciens Pays-Bas, 701 v°.
Namur, Jean de, martyr à Liège, 618-618 v°.
Nanci, voir Nancy.
Nancy, Nanci, France, Meurthe-et-Moselle, 64-67, 578-
579 v°, 628 v°. — Martyr : Wolfgang Schuch.
Nantes, France, Loire Maritime, 81 v°, 491 v°-492, 557 v°.
— Évêque : Antoine de Créquy.
Nantouillet, France, Seine-et-Marne, 473.
Naples, Italie, Sicile, 48 v°, 55 v°, 155 v°, 365 v°, 544 v°-
547 v", 553-555.
Narbonne, France, Aude, VI v°, 5. — Martyrs : N. N.,
quarante personnes.
Naso, voir Naz.
Nassau, voir Buren.
Nassau, voir Orange.
Navarre, 559, 563. Reines de : Jeanne d'Albret, 580 v°,
587, 628, 628 v°, 699 ; Marguerite d'Angoulème, 79.
— Roi de : Antoine de Bourbon, 499 v°, 559, 563,
580 v°, 585 v°, 586 v°, 587, 618 v°-620.
Navarre, François de, évêque de Valence, 537 v°, 538.
Navarre, Henri de (Henri IV), 699.
Navihères, Martial, oncle de Pierre Navihères, 222,
224 v°-225 v°.
Navihères, Pierre, martyr à Lyon, VIII v°, 197-236.
Naz, Naso, docteur, 21, 27, 27 v°, 37 v°.
Nazareth, Palestine, IV v°, 602 v°.
Nazareth, voir Nezero.
Nectaire, Nectarius, saint, patriarche de Constantinople,
221 v°.
Nectarius, voir Nectaire.
Neel, Guillaume, martyr à Évreux, 269-274.
Négrin, Étienne, ministre à La Guardia, emprisonné,
547 v°.
Nemours, France, Seine-et-Marne, 92, 558-558 v°.
Nemours, Jacques de Savoie, duc de, 558-558 v°.
Nemours, Philippe de Savoie, duc de, 92.
Nemrod, personnage biblique, 373.
Népotien, saint, 401.
Néron, empereur romain, VI v°, 478 v°.
Nestorius, patriarche de Constantinople, 506, 678.
Nèthe, rivière de Belgique, 670.
Neubourg, Allemagne, Bavière, 153 v°, 154 v°, 156 v°-
158 v°. — Martyr : Jean Diaze.
Neuchastel, voir Neuchâtel.
Neuchâtel, Neuchastel, Neuf-Chastel, Neufchastel, Suisse,
Neuchâtel, 78, 79 v°, 89 v°, 144 v°, 239, 351, 451 v°.
Neuf-Chastel, voir Neuchâtel.
Neufchastel, voir Neuchâtel.
Neuhaus, Eberhard de, archevêque de Salzbourg, 37.
Neuman, voir Newman.
Neuningen, Anselme de, évêque d'Augsbourg, 16 v°.
Nevers, France, Nièvre, 289 v°-290 v°.
Nevman, voir Newman.
Newbury, Nuberie, Angleterre, Berkshire, 437 v°. —
Martyrs : Thomas Askin, Jean Gwin, Julius Palmer.
Newent, Angleterre, Gloucestershire, 437 v°. — Martyrs,
voir Wootton-under-Edge.
Newdigate, Nudigat, Sébastien, chartreux, exécuté à
Londres, 77 v°.
Newil, Guillaume, chevalier, 4.
Newman, Neuman, Nevman, Jean, martyr à Saffron-
Walden, 361-362 v°, 363 v°, 364 v°.
Nia, marquis de, 537.
Nicaise de le Tombe, martyr à Tournai, 625-625 v°.
Niccoli, Nicolas, humaniste, 39 v°.
Nice, France, Alpes-Maritimes, 544 v°.
Nice, personnage non identifié, 477 v°.
Nice, voir Nicée.
Nicée, Nice, Nicene, Asie Mineure, concile de, 23, 107 v°,
108, 160, 298, 307, 368, 398 v°, 400, 400 v°, 405 v°,
462 v°, 466, 500, 583.
Nicene, voir Nicée.
Nicéphore, écrivain ecclésiastique byzantin, 379.
Nichol, voir Nichols.
Nichols, Benoît, évêque de Bangor, 46, 47.
Nichols, Nichol, Richard, martyr à Colchester, 437 v°.
Nicodème, saint, 500 v°, 679 v°.
Nicolas, cordonnier, martyr à Joinville, 481 v°-482.
Nicolas, dit YEscrivent, martyr à Arras, VIII, 82 v°.
Nicolas, inquisiteur à Prague, 15 v°-18 v°.
Nicolas, maître des finances, 42 v°.
Nicolas, martyr à Anvers, VII v°, 61-61 v°.
Nicolas II, pape, 469.
Nicolas V, pape, 57.
Nicolas Ballon, martyr à Paris, 520 v°-521, 522.
Nicolas van Bampoele, Vanpoule, martyr à Gand, 150.
Nicolas Beleniam, Belenian, martyr à Londres, 169.
Nicolas de Blois, conseiller à la Cour de Bordeaux, 439.
Nicolas Brissonet, martyr à Wassy, 592 v°.
Nicolas Bucella, réformé de Padoue, 697 v°.
Nicolas Bullingham, évêque de Lincoln, 92 v°-93.
Nicolas Caillot, martyr à Wassy, 592 v°.
Nicolas de Calonne, sous-prévôt, 291.
Nicolas Cambry, conseiller de Tournai, 387 v°.
Nicolas Le Cene, médecin, martyr à Paris, 484-485 v°.
Nicolas Chamberlain, Chamberlayn, martyr à Colchester,
329.
Nicolas du Chesne, martyr à Gray, 385.
Nicolas de Clémanges, Clemangis, recteur de l'Université
de Paris, VII v°, 49 v°-54 v°.
Nicolas le Clerc, dit le Bleat, martyr à Wassy, 594 v°.
Nicolas Clerici, doyen de la faculté de théologie de Paris,
79, 169 v°.
Nicolas Clinet, martyr à Paris, 482-482 v°, 483 v°-484.
Nicolas Codet, de Meaux, 161 v°-163 v°.
Nicolas Couvertpuys, martyr à Wassy, 592 v°.
Nicolas Croquet, martyr à Paris, 703 v°-704 v°.
Nicolas d'Egmond, Egmonda, inquisiteur des Pays-Bas,
59.
Nicolas des Farvacques, conseiller et receveur du bailliage
de Tournai, 387 v°.
Nicolas Fleury, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Nicolas des Gallars, des Galars, ministre à Genève,
455 v°.
Nicolas Guenon, martyr à Paris, 520 v°, 521, 522.
Nicolas Hall, martyr à Rochester, 361.
Nicolas Heath, évêque de Rochester, puis de Worcester,
puis archevêque d'York, 97, 300, 336-337 v°.
Nicolas Hereford, Herford, partisan de Wicleff, 3-7 v°,
13 v°.
Nicolas Holden, martyr à Mayfield (?), 437 v°.
Nicolas Hopkins, Hopkin, seigneur anglais, 373 v°.
Nicolas Larchier, ministre, martyr à Mons, 176 v°-177 v°.
Nicolas de Lyre, Lyra, franciscain, 337 v°.
Nicolas Maillard, docteur en Sorbonne, 163, 169 v°,
170, 170 v", 185, 185 v°, 482-483, 490, 494 v°, 496 v°,
497-498, 521.
Nicolas Maillart, martyr à Wassy, 592 v°.
Nicolas Menissier, martyr à Wassy, 592 v°.
Nicolas de Moussy, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Nicolas Mutel, réformé, 390, 393 v°.
41
Nicolas Nail, martyr à Paris, 268 v°.
Nicolas Niccoli, humaniste, 39 v°.
Nicolas Peake, Pekus, martyr à Ipswich, 56.
Nicolas du Puis, martyr à Saint-Omer, 696 v°.
Nicolas Ridley, Ridlé, Rydlé, évêque de Londres, martyr
à Oxford, VIII v°, 97, 294, 294 v°, 310 v°, 325 v, 329 v°,
339, 339 v°, 375 v°-383 v°, 401 v°, 402 v°, 418 v°, 420,
421 v».
Nicolas Robin, martyr à Wassy, 592 v°.
Nicolas du Rousseau, martyr à Dijon, 450 v°-456 v°.
Nicolas Sartoire, martyr à Aoste, 458-458 v°.
Nicolas Shaxton, Sharton, évêque de Salisbury, 92v°-
93, 167 v», 169, 416 v».
Nicolas Scheterden, martyr à Canterbury, VIII v°, 358-
360 v».
Nicolas Simon, réformé, 578 v°-579.
Nicolas Storch, Stork, anabaptiste, 83.
Nicolas Tallemant, Talleman, condamné à Tournai, 610.
Nicolas de Tedeschi, Panorme, théologien, 298, 298 v°.
Nicolas Thibaut, marchand, 129 v».
Nicolas Thielemant, échevin de Wassy, 592 v°-593.
Nicolas Thijs ou Matthijs, Diessen, martyr à Malines,
VIII v», 385-387.
Nicolas Valeton, martyr à Paris, 81 v°-82.
Nicolas Vaultherin, dit Le grand Colas, bonnetier, 181 v°.
Nicolas de Villegagnon, Ville gaignon, amiral français,
442 v°-449, 461-465 v°.
Nicole de Bordes, martyre à Wassy, 592 v°.
Nicole Pothée, docteur en théologie, 433 v°.
Nicole Savin, inquisiteur à Metz, 62 v°.
Nicolimo, Antoine, 554.
Nicolson, Jean, dit Lambert, martyr à Londres et non à
Winchester, 89 v°-92.
Nicopole, voir Nikopol.
Niemegue, voir Nimègue.
Nieunar, voir Nieuwenaar.
Nieuport, Belgique, Flandre Occidentale, 559 v°.
Nieuwenaar, Nieunar, Adolphe de, 672 v°.
Nieva, comte de, 537.
Niger, 477 v°.
Nikke, voir Nix.
Nikopol, Nicopole, Bulgarie, 62 v°.
Nil, Égypte, 477 v°.
Nimègue, Niemegue, Pays-Bas, Gueldre, 701 v°.
Nîmes, Nismes, France, Gard, 115, 115 v», 184 v°-185,
293 v°, 340. — Martyrs : Maurice Secenat, Pierre
de la Vau.
Ninive, ancienne ville de Mésopotamie, 208 v°.
Nismes, voir Nîmes.
Nivelles, Belgique, Brabant, 186.
Nivet, Sainctin, martyr à Paris, 173 v°, 174.
Nix, Nikke, Nyx, Richard, évêque de Norwich, 72 v°.
Nize, voir Nyset.
Nobis, Guillaume, suspect, 594.
Noé, personnage biblique, III v°, 138, 245, 325, 341 v°,
346 v», 374, 383 v», 583, 679 v°.
Noël Beda, théologien, 71, 75 v°.
Noël Coton, Cotton, martyr à Rouen, 621.
Noël Royauld, prêtre, 319 v°.
Noël Tournemine, martyr à Lille, 664 v°-665 v°.
Noël de Venise, procureur des carmes, 49.
Noël, Étienne, ministre à Grenoble, 466 v°.
Noémi, Noemy, personnage biblique, 354.
Noemy, voir Noémi.
Nogaerus, Jacques, doyen de Vienne, 556-556 v°.
Noircairme, voir Noircarmes.
Noircarmes, Noircairme, Philippe, sire de, gouverneur
du Hainaut, 672, 693 v°.
Noisay, France, Indre-et-Loire, 5£ v°.
Nola, Noie, Italie, Naples, 365 v°.
Noie, voir Nola.
Nomeny, Nommeny, France, Meurthe-et-Moselle, 62-63 v°.
Nommeny, voir Nomeny.
Nonancourt, France, Eure, 269.
Noorde, voir Norden.
Norden, Noorde, Allemagne, Saxe Inférieure, 509 v°.
Nordvic, voir Norwich.
Noremberg, voir Nuremberg.
Norfolk, Northfolc, Northfolch, Angleterre, 56, 92 v°, 164,
364, 417 v°, 431 v».
NorfoUi, Thomas Howard, duc de, 94 v°, 164.
Normand, Guillaume le, condamné par contumace, 115,
115 v».
Normandie, France, VIII v°, 106, 129 v°, 130, 269, 273 v°,
274, 293, 408 v°, 444, 454, 456, 484, 514 v», 519 v°,
621 v».
Nortampton, voir Northampton.
Northampton, Nortampton, Angleterre, Northamptonshire,
309 v°, 437 v°. — Martyr : Jean Kurde, cordonnier.
Northfolc, voir Norfolk.
Northfolch, voir Norfolk.
Northomberland, voir Northumberland.
Northumberland, Guilford, fils de Jean, duc de, 417 v°.
Northumberland, Northomberland, Jean Dudley, duc
de, 264-265, 314 v°, 417 v°, 420. — Voir Percy.
Norvich, voir Norwich.
Norwic, voir Norwich.
Norwich, Norvich, Norwic, Norwicht, Nozvic, Angleterre,
Norfolk, 48 v°, 56, 72 v°, 90, 92 v°, 93, 97, 365, 416 v°,
424, 472 v°. — Évêques : Guillaume Alnewich, Jean
Hopton, Richard Nix, Guillaume Repps. — Martyrs :
Thomas Bilney, Thomas de Bungay, Thomas Norys,
Pope, tisserand, Thomas, prêtre, Guillaume White,
Thomas Whitehead. N.B. Three, martyr à Norwich,
472 v°, est une erreur. Il s'agit du nombre trois. Il existe,
en effet, un groupe de trois martyrs à Norwich, oubliés
par Crespin (Thomas Carman, Thomas Hudson et
Guillaume Seaman), tandis que les noms de Richard
Harris, Jean Daws et N., femme de Georges sont une
redite fautive de trois martyrs de Colchester : Guillaume
Harris, Richard Day et Christiane (Agnès) Georges.
Norys, Thomas, martyr à Norwich, 56.
Notingam, voir Nottingham.
Nottingham, Notingam, Angleterre, Nottinghamshire,
415 v».
Nouvelle Espagne, colonie d'Amérique, 543 v°.
Nowich, voir Norwich.
Nuberie, voir Newbury.
Nudigat, voir Newdigate.
Nuremberg, Noremberg, Allemagne, Bavière, 16, 19, 25.
Nyset, Nize, François, martyr à Limbourg, 703.
Nyx, voir Nix.
O
Ochin, voir Ochino.
Ochino, Ochin, Bernardin, de Sienne, Sienes, religieux
passé à la Réforme, 156, 156 v°, 466.
Octavius, 478.
Octovien Blondel, martyr à Paris, 174.
Odet de Coligny, cardinal de Châtillon, 580 v°, 598.
Odet de Matthieu, conseiller à la Cour de Bordeaux,
436.
Odich de Hlud, gentilhomme morave, 42.
Odoul Gemel, martyr à Torre-Pellice (?), 574 v°.
Oecolampade, Ecolampade, Jean, réformateur, 63 v°, 77,
84 v°, 132, 337, 349 v°, 681 v°, 682.
Oedipe, Oedipus, personnage mythologique, 378 v°, 479.
Oedipus, voir Oedipe.
Oest, voir Otto.
Ognies, voir Oignies, Jean de.
Oguier, Aughier, Oguyer, Waughier, Baudouin, Baudechon,
martyr à Lille, 425, 693.
Oguier, Aughier, Oguyer, Waughier, Chonnette, Thoin-
nette, fille de Robert Oguier, 425 v°, 427 v», 428.
Oguier, Aughier, Oguyer, Waughier, Jeanne, femme de
Robert Oguier, martyre à Lille, 425-429, 693.
Oguier, Aughier, Oguyer, Waughier, Mariette, fille de
Robert Oguier, 425 v°, 427 v°, 428.
Oguier, Aughier, Oguyer, Waughier, Martin, martyr à
Lille, 425, 693.
Oguier, Aughier, Oguyer, Waughier, Robert, martyr à
Lille, 425-429, 564, 566, 693.
42
Oguier, Augkier, Oguyer, Waughier, Robert, un fils de,
428.
Oguyer, voir Oguier.
Oignie, voir Oignies.
Oignies, Doignies, Gilbert de, vicaire général, puis évêque
de Tournai, 595, 601, 626 v°.
Oignies, Ognies, Jean de, gouverneur de Tournai, 135,
135 v°, 150 v».
Oldcastel, voir Oldcastle.
Oldcastle, Oldcastel, Oldecastel, Jean, seigneur de Cob-
ham, Cohnam, martyr à Londres, VII v°, 4, 14 v°, 43 v°-
47 v», 310 v».
Oldecastel, voir Oldcastle.
Oléron, France, Charente-Maritime, 485 v°, 486 v°. —
Évêque : Gérard Roussel.
Olivari, Georges, martyr à Marseille, 620.
Olivet, France, Loiret, 621 v°.
Olivier, François, chancelier de France, 522, 558 v".
Onghena, Jean, frère de Liévin, martyr à Gand, 670.
Onghena, Liévin, condamné à Gand, 670.
Ooliba, nom symbolique de Samarie, 53.
Oolla, nom symbolique de Jérusalem, 53.
Oom, voir Wouter Wrage.
Oostlande, 659 v".
Opede, voir Oppède.
Oppède, Opede, France, Vaucluse, 125 v°, 126, 129-130 v°.
— Voir Jean de Maynier.
Orange, Guillaume de Nassau, prince de, 670 v°, 671,
672 v°, 673, 697, 702-703.
Orbouton, François, Maître François, réformé, évadé de
Lyon, 390-390 v°, 393 v°-394 v°.
Orchies, France, Nord, 89, 97 v°, 106.
Orense, Espagne, 537 v°. — Évêque : Ferdinand de
Tricio.
Origène, 306 v», 379, 379 v°, 677 v", 680, 682, 686 v».
Orknay, voir Orkney.
Orkney, Orknay, archipel du Royaume-Uni, 195 v°-196 v°.
— Évêque : Robert Reid.
Orléac, voir Orliac.
Orléans, France, Loiret, 164, 178, 179 v», 473, 525 v°,
527 v°, 557 v°, 559-563, 598, 598 v», 600 v°, 614, 616 v»,
619, 621 v°, 656, 659. — Évêque : Pierre du Chastel.
— Martyrs : Anne Audebert, Claude Thierry.
Orléans, Charlotte, duchesse de, 92.
Orléans, duc de, voir Henri III.
Orliac, Orléac, France, Dordogne, 269.
Orri, inquisiteur, voir Ory.
Ory, Horry, Orri, Orry, Mathurin, Matthieu, inquisiteur
général, 253, 253 v», 255 v°, 272 v°-273 v°, 411 v°.
Orry, voir Ory.
Ortega, Catherine, martyre à Valladolid, 538.
Ortega, Louis, capitaine, 538.
Ortis, Fernando, époux de Constance de Bivero, 537 v°.
Osée, prophète, 393 v°, 463, 531 v°, 596 v°.
Osewarde, voir Oswald.
Osmond, Osmunde, Thomas, martyr à Manningtree, 329.
Osmunde, voir Osmond.
Osorno, comte de, 537.
Ossuno, Hector de, évêque de Couserans, 276 v°.
Ost, voir Aoste.
Ostrevant, France, 692 v°.
Oswald, Oseivarde, Jean, martyr à Lewes, 437 v°.
Ottho, voir Otto.
Otto, Ottho, Oest, George, van Cateline, Katelin, martyr
à Gand, VIII v", 287 v°-289 v°.
Otto-Henri, comte palatin, 153-154 v», 158 v°, 490, 493,
628.
Oudard Bouncer, martyr à Rouen, 106.
Ousberghen, Josse van, voir Jusberg, Josse.
Over-Ysel, province des anciens Pays-Bas, 701 v°.
Owen, médecin d'Henri VIII, 264 v°.
Oxford, Oxone, Angleterre, Oxford, ville et université,
1, 2 v°, 3, 4, 5, 13, 27 v°, 48, 56 v°, 74, 85 v°-86 v°,
191 v», 299, 322 v°-325, 326, 329, 375-384 v°, 395 v»,
396, 398, 405 v", 406 v°, 407 v» 408, 415 v°-422, 424 v°.
— Martyrs : Guillaume Cowbridge, Thomas Cran-
mer, Hugues Latimer, N., diacre, Nicolas Ridley.
Oxone, voir Oxford.
P
P. Benedictus, voir Pierre Benoist.
P. Gohin, conseiller à Angers, 457 v°.
P. Gué, juge, 320 v°.
Pabram, voir Babraham ( ?).
Pacquot, capitaine, 112.
Padilla, Christophe de, martyr à Valladolid, 538.
Padoue, Italie, Vénétie, 365 v°-367, 371 v», 395 v°, 400 v»,
449, 505, 697 v°. — Martyr : Francesco Spira.
Padoue, Marsile de, théologien, 1 v°.
Paerdus Zwiranowicz, gentilhomme morave, 42.
Paget, marchand, 194.
Paget, Guillaume, baron de Beaudesert, 295.
Pointer, voir Catmer.
Pointer, voir Parke.
Pais-bas, voir Pays-Bas.
Pakring, voir Pikeringe.
Pakyngton, Palzington, Augustin, marchand, 85 v°.
Palec, Palets, Etienne de, 16-37 v°.
Palerme, Italie, Sicile, 60 v°. — Évêque : Jean
Carondelet.
Palets, voir Palec.
Pallandt, Floris de, comte de Kuilenburg, Cidlembourg,
seigneur de Wittem, 703.
Pallenq, Colin, dit du plan d'Apt, martyr à Apt, 115 v°.
Pallenq, Hugues, condamné par contumace, 115 v°.
Pallenq, Jean, ancien de Mérindol, et son épouse, con-
damnés par contumace, 115, 115 v°, 124 v°, 125.
Pallenq, Thomas, dit du plan d'Apt, condamné par con-
tumace, 115, 115 v°.
Palmer, Julius, martyr à Newbury, 437 v°.
Palmer, Thomas, franciscain à Londres, 46.
Palzington, voir Pakyngton.
Pamele-lez-Audenarde, Belgique, Flandre Orientale, 663-
663 v°, 667.
Pamies, voir Pamiers.
Pamiers, Pamies, France, Ariège, 699.
Pandelton, voir Pandleton.
Pandleton, Pandelton, docteur, 334, 339, 399-401.
Panier, Paris, martyr à Dôle, 287 v°, 385.
Pannet, Pierre, prieur des carmes d'Ypres, 559 v°.
Panorme, voir Nicolas de Tedeschi.
Pantillac, voir Paulhiac.
Paphnuce, Paphnutius, saint, 298, 307.
Paphnutius, voir Paphnuce.
Pappenheim, Happe de, grand maréchal de l'empire,
30 v°.
Pardaillan, Perdillan, gentilhomme français, 557-559 v°.
Parfew, Purfoy, Robert, alias Warton, évêque de Saint-
Asaph, 97.
Paret, voir Parret.
Paris, VIII, VIII v°, 5, 37, 57, 79-82, 101 v», 151 v», 152,
160 v°, 164, 169-171 v», 173 v°-179 v°, 185, 185 v°, 206,
222, 268 v°, 269, 277 v°, 281 v°, 287, 380-391 v», 444,
446, 446 v», 451, 451 v°, 453, 454-455 v°, 473-475 v»,
482-491, 494-499, 508, 514-530 v°, 591, 594 v°, 597,
621 v°, 656, 703 v», 704 v°. — Abbayes, cime-
tières, églises et chapelles, hôpitaux : Hôtel-Dieu,
268 v», 557 v° ; — Notre-Dame, 441, 441 v», 498 v°,
509 v° ; — Saint-André-des-Arts, 79 ; — Saint-Benoît,
474 v° ; — Saint-Crépin, 55 ; — Saint-Eustache, 492,
514 ; — Saint-Hilaire, 522 v° ; — Saints-Innocents,
514, 519 ; — Saint-Jean, 178, 536 ; — Saint-Merry,
Marry, 527 v° ; — Sainte Chapelle, 55 ; — Sainte-
Croix, 106 v°-107. — Lieux-dits, rues, places : Château-
Renard, 178, 179 v° ; — Grève, 68 v», 71 v°, 178 v»,
525, 525 v» ; — Halles, 499 ; — Maubert, 78, 97 v°,
114 v», 170 v°, 178 v°, 179, 185 v", 268 v°, 269, 484,
488, 489 v°, 494 v°, 498 v°, 506, 522, 525, 536 v° ; —
Montfaucon, 514, 704 v° ; — Pré-aux-Clercs, 492 ; —
Saint-Antoine, 178 v°, 521 ; — Saint-Germain, 483,
484 v», 485 v°, 499 v°, 523 v°, 524, 703 v° ; — Saint-
Jacques, 458 v°, 474, 514, 516 ; — Saint-Marceau,
43
97 v° ; — Seine, 523 v° ; — Temple, 535. — Parle-
ment, IX, 82 v», 161-163 v°, 171 v°, 175 v°, 176, 178,
179 v°, 276 v°, 290 v°, 389 v°, 391 v°, 411 v°-413, 415 v°,
433 v°, 434, 473, 481 v°-491, 516, 516 v°, 557 v°-559,
576 v°, 585, 594. — Prisons : Bastille, 519, 521, 525 v°,
527, 529 vO-530 v° ; — Châtelet, 97 v°, 185, 475, 475 v°,
482 v°, 484 v°, 485 v°, 487, 489 v°, 505 v», 517, 521,
523 v°, 525, 593 v° ; — Conciergerie, 114 v°, 170 v°,
171 v», 482, 485 v°, 490, 490 v°, 493-499, 514-525 v°,
536 v°, 557-559, 704 v° ; — Four-l'évêque, 504, 504 v°;
— Tournelle, 490 v°, 494 v°, 505 v°, 521 v°, 535. —
Sorbonne, 106-114, 124-126 v°, 172, 284-285, 388 v°,
416, 437, 445, 446, 474, 480 v°, 482-485 v°, 488, 488 v°,
492-500, 580 v°, 588. — Évêques : Eustache du Bellay,
Jean du Bellay, Pierre Lombard. — Martyrs : Pierre
Almaric, Pierre Arondeau, Nicolas Ballon, Jean
Barbeville, Jean Beffroy, Amaury de Bène, Louis
de Berquin, Octovien Blondel, Pierre Bon-Pain,
Anne du Bourg, Jean du Bourg, François Bribard,
Alexandre Canus, N. La Catelle, Nicolas le Cène,
Pierre Chapot, N. de Chasteau, Pierre Chevet,
Nicolas Clinet, Gilles le Court, Nicolas Croquet,
Frédéric Danville, Adrien Daussi, dit Douliancourt,
Étienne de la Forge, Pierre Gabart, Léonard Gali-
mard, Philippe de Gastines, Richard de Gastines,
Tavrin Gravelle, Nicolas Guenon, Geoffroy Guérin,
Pierre Hamon, Jean Isabeau, Jean Judet, Philippe
de Luns, Antoine Magne, Marin Marie, Pierre Millet,
Barthélémy Milon, Jean Morel, N., couturier, N.N.,
nombreux martyrs anonymes, Nicolas Nail, Sainctain
Nivet, Philippe Parmentier, Jacques de Pavanes,
Claude le Peintre, Étienne Peloquin, Hémond Pi-
card, Henri Poille, Jean Pointet, Étienne Poulliot,
Léonard du Pré, François Rebezies, Marguerite
Le Riche, Martin Rousseau, Thomas de Saint-Paul,
René du Seau, Nicolas Valeton, Florent Venot.
Paris Panier, martyr à Dôle, 287 v°, 385.
Paris, Guillaume de, dominicain, 492 v°.
Parke, Pointer, Grégoire, martyr à Canterbury, 375 v°.
Parker, Mathieu, archevêque de Canterbury, 560 v°, 561,
700 v°.
Parker, Thomas, docteur, chancelier du diocèse de Wor-
cester, 73.
Parme, Marguerite, duchesse de, gouvernante des Pays-
Bas, 666, 669, 672 v°, 674, 693 v°, 695 v°.
Parmen, voir Parnam.
Parmenian, évêque de Carthage, 507 v°.
Parmentier, Philippe, martyr à Paris, 523 v°-524.
Parnam, Parmen, Laurent, martyr à Stratford, 437 v°,
441 v°-442.
Parpaille, Joseph, vicaire général de l'archevêque de
Turin, 439-440 v°.
Parr, Guillaume, duc d'Essex, 166 v°.
Parret, Paret, Thomas, mort en prison à Londres, 437 v°.
Parsifal de Namiescz, gentilhomme morave, 42.
Pas, Pas-en- Artois, France, Pas-de-Calais, 82 v°.
Pas-en- Artois, voir Pas.
Pascal Maupair, évêque auxiliaire d'Arras, 89 v°.
Pascal, Barthélémy, frère de Jean-Louis Pascal, 555.
Pascal, Camilla Guarina, épouse du martyr, 544 v°-557.
Pascal, Charles, neveu de Jean-Louis Pascal, 549 v°-
550, 553 v°, 555.
Pascal, Jean-Louis, ministre, martyr à Rome, IX, 544 v°-
557.
Pascal, Pasquier, Jean, carme, inquisiteur, 59.
Pascal, Pierre, représentant vaudois, 576.
Pasquette, veuve de Guillaume Piquery, condamnée à
Meaux, 161 v°-163 v°.
Pasquier, voir Pascal.
Pasquier de le Barre, conseiller à Tournai, martvr à
Vilvorde, 615.
Pasquier Fouace et son épouse Juliane, condamnés à
Meaux, 161 v°-163 v°.
Pasquier, Antoine du, apothicaire, 579.
Passau, Passaiv, Allemagne, Bavière, 68 v°-69.
Passaiv, voir Passau.
Pastouret, Honorât, martyr à Marseille, 620.
Pataut, Jean, martyr à Wassv, 592 v°, 593.
Pâtes, Richard, évêque de Worcester, 294 v°, 398, 398 v°,
399, 408.
Pathingham, Patinghan, Patrice, martyr à Uxbridge,
362 V.
Patinghan, voir Pathingham.
Patinostre, Jean, 628.
Patrice Hamilton, Hamelton, martyr à Saint-Andrews,
VIII, 71 v°-72, 89.
Patrice Hepburn, évêque de Morayshire, 195 v°.
Patrice Pathingham, Patinghan, martyr à Uxbridge,
362 v°.
Pattou, François, martyr à Valenciennes, 696.
Paul, saint, passim.
Paul III, pape, 180, 659 v°.
Paul IV, pape, VIII v°, 556, 601, 635.
Paul, le barbe, ministre, 350, 438 v°.
Paul Craw, martyr en Écosse, 48 v°.
Paul Fagius, exhumé et brûlé à Cambridge, 191 v°, 322 v°.
Paul Millet, Chevalier, ministre, martyr à Lille, IX v°,
655 v°-658.
Paul de Richieud, seigneur de Mauvans, 539.
Paul, Jean, prêtre, 287 v°.
Pauline, Poline, veuve d'Adam le Conte, suspecte, relaxée,
à Meaux, 161 v°-163 v°.
Paulhiac, Pantillac, France, Lot-et-Garonne, 293 v°.
Pavane, voir Pavanes.
Pavanes, Jacques de, martyr à Paris, VIII, 68 v°, 82,
160 v», 161.
Pavlowicz, Wolffart de, gentilhomme morave, 42.
Pavs-Bas, Pais-Bas, 101 v», 106, 385, 425, 459, 573, 594 v°,
600, 622 v°.
Peake, Pekus, Nicolas, martyr à Ipswich, 56.
Pecock, Renauld, évêque de Chichester, 54 v°.
Pedrosa, voir Pedroso.
Pedroso, Pedrosa, Espagne, Séville, 538-538 v°.
Peerson, Person, Antoine, martyr à Windsor, 106-106 v°.
Peintre, Claude le, martyr à Paris, 97 v°.
Peintre, voir Adrien.
Peiron, voir Peyron.
Pekus, voir Peake.
Pélage, Pélagius, 366 v», 369 v°, 466 v°.
Pelagius, voir Pélage.
Peloquin, Denis, prisonnier à Lyon, martyr à Ville-
franche-sur-Saône, 178, 236 v°, 238 v°, 239 v°-252 v°,
254 v°, 260, 260 v°, 261 v°, 262.
Peloquin, Étienne, martvr à Paris, 178, 179 v°, 239 v°,
245 v*.
Peloquin, Jeanne, épouse de Denis, 241 v°, 244 v°-
245 v°, 248, 248 v°, 250.
Peney, Penay, Suisse, Genève, 83. — Martyr : Pierre
Gaudet.
Penon, Étienne, procureur à Sens, 598.
Peper, voir Pepper.
Pepper, Peper, Elisabeth, martyre à Stratford, 437 v°,
442.
Percival Creswell, Perseval Cresvel, 336.
Percy, Perse, Henri de, comte de Northumberland, 1 v°.
Perdillan, voir Pardaillan.
Pérégrin de la Grange, ministre, martyr à Valenciennes,
673-694 v°, 696.
Perez, Alonse, prêtre de Valence, 538.
Peries, voir Periers.
Periers, Peries, France, Manche, 293.
Périgord, Périgort, France, 557 v°.
Périgort, voir Périgord.
Périgueux, France, Dordogne, 441, 483, 620 v°-621. —
Martyr : Simon Brossier.
Péronne, France, Somme, 616 v°.
Péronne Rousseau, réformée de Tournai, 610.
Perosa Argentina, Perosse, Perouse, Italie, Turin, 87 v°,
458, 474-476.
Perosse, voir Perosa Argentina.
Perouse, voir Perosa Argentina.
Perrenot, Antoine, cardinal de Granvelle, 96, 569, 596 v°.
Perrette Manguin, suspecte, relaxée, à Meaux, 161 v°-
163 v».
Perrier, N. du, gentilhomme du Piémont, 438.
Pers, Gilles le, prévôt des maréchaux, 289 v°-290 v°.
Perse, voir Percy.
Perse, voir Persey.
Perseval Cresvel, voir Percival Creswell.
Persey, Perse, serviteur de Ralph Baynes, 374 v°.
Person, voir Peerson.
Pertuis, France, Vaucluse, 126 v°, 129 v°.
Pérussis, François de, seigneur de Lauris, conseiller au
Parlement de Provence, 129 v°, 131, 470, 470 v°.
Peterborough, Angleterre, Northamptonshire, 93. — Évê-
que : Edmond Scambler.
Peterswald, Jean de, gentilhomme morave, 42.
Petit, Philippe, martyr à Meaux, 160 v°-163 v».
Petit Julien, voir Julien Hernandes.
Petit, Pierre, martyr à Lille, 572.
Petit-Pain, Claude ou Pierre, condamné à Meaux, 161 v°-
163 v°.
Petrus de Aliaco, voir Pierre d'Ailly.
Petrus Castellanus, voir Pierre du Chastel.
Peypin-d' Aiguës, Pupin, France, Vaucluse, 129 v°. —
— Martyrs : nombreuses personnes massacrées.
Peyron, Peiron, Roy, condamné par contumace, 115 v°,
121, 123, 124.
Pfeiffer, Phifer, Henri, anabaptiste, 83 v°.
Phalaris, tyran d'Agrigente, 535 v°.
44
Pliaren, voir Hvar.
Pharon Mangin, ministre à Orléans, 164.
Phifer, voir Pfeiffer.
Philbert Baronis, adjoint du lieutenant du Sénéchal de
Draguignan, 470 v°.
Philbert Hamelin, prêtre, martyr à Bordeaux, 449 v°-
450 v°.
Philebert, voir Philibert.
Philibert, Philebert, de la Haye, menuisier, martyr à
Bruges, 191 v°.
Philibert Babou, sieur de la Bourdaisière, évêque d'An-
goulème, 455 v°.
Philibert-Emanuel, voir Emmanuel-Philibert.
Philippe, calviniste à Tournai, 704 v°.
Philippe, frère d'Hérode, IV v°.
Philippe, saint, 362, 368, 407 v°, 548 v°.
Philippe II, roi d'Espagne, 322, 337 v°-338 v°, 387 v°,
418 v°, 419, 421, 425 v°, 437 v°, 458 v°, 491, 510 v»,
519-521 v°, 543 v°-544, 559 v°, 561, 563, 568 v°, 572 v°,
578, 595, 608, 614 v°, 615, 623, 666, 668, 670 v°, 671-
672 v°, 692 v° 693 V, 701 v°.
Philippe Cène, martyr à Dijon, 450 v°-456 v°, 484.
Philippe de Commynes, Comines, chroniqueur français,
55, 55 v».
Philippe de Cordes, conseiller au bailliage de Tournai,
387 v°.
Philippe de Corguilleray, dit du Pont, gentilhomme
genevois, 444-445 v°, 446 v°-449, 461 v°.
Philippe Courtin, huissier du Parlement d'Aix-en-Pro-
vence, 126 v°.
Philippe de Gastines, martyr à Paris, 703 v°-704 v°.
Philippe de Luns, dame du Graveron, martyre à Paris,
482, 483-484.
Philippe le Magnanime, landgrave de Hesse, 72, 139 v°,
628.
Philippe Melanchton, réformateur, 58, 508.
Philippe de Montmorency, voir Hornes, comte de.
Philippe Morgan, docteur, 46.
Philippe Parmentier, martyr à Paris, 523 v°-524.
Philippe Petit, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Philippe de Repington, Repvngton, abbé de Leicester,
3, 4-5, 7, 7 v°.
Philippe de Savoie, duc de Nemours, 92.
Philippe de Savoie, seigneur de Raconis, 574-576.
Philippe Turpin, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Philippe van Winghe, Wingle, martyr à Bruxelles, 701 v°.
Philippe, voir Philips.
Philippe-Auguste, roi de France, 530.
Philippe-Guillaume de Nassau, comte de Buren, 672 v°.
Philippes, Grèce, Macédoine, 339, 562, 596 v°.
Philippes, voir Philippe.
Philippes, Monsieur, voir Jean le Seur.
Philippon Maynard, condamné par contumace, 115,
115 v°.
Philips, Henri, Philippe, dénonciateur, 85 v°.
Philpot, Jean, martyr à Londres, 395-408.
Philpot, Pierre, chevalier, père de Jean Philpot, 395 v°,
403.
Phinéas, Phinées, Katrin, seigneur anglais, 373 v°.
Phinées, personnage biblique, 75.
Phinées, voir Phinéas.
Phrygie, Grèce, 479.
Piat, de Cambrai, suspect, 616 v°.
Piazo, Hernando, fiscal de Valladolid, 538.
Pic, voir Picque.
Pic de la Mirandole, Jean-François, 55 v°.
Picard, Hémond, martyr à Paris, 55.
Picard, Jean, docteur en Sorbonne, 163, 163 v°, 169 v°,
514.
Picardie, France, 99 v°, 620, 705 v».
Pichon, la veuve de, à Bordeaux, 437.
Picque, Pic, Jean, martyr à Tournai, 633-635, 706 v°.
Pie II, Aeneas Svlvius, pape, 42 v°.
Pie IV, pape, 574.
Pie V, cardinal Alexandrin, pape, 555, 556.
Piedmont, voir Piémont.
Piémont, Piedmont, Italie, VIII v°, IX, 87 v°, 114 v°, 119,
119 v», 126 v°, 127, 129-130, 438,446 v°, 457 v», 458,466,
469 v°, 474, 544 v°, 546, 547, 551 v°, 573 v», 576 v°.
Pieres, Jean, ministre à Genève, 543.
Pierre, saint, passim.
Pierre, prêtre, 381.
Pierre, infant de Portugal, 42 v°.
Pierre, notaire, voir Pierre de Mladonovice.
Pierre, secrétaire, 294.
Pierre, curé, voir Jean Garcette.
Pierre, dit Mioce, Myoche, voir Arnould Estallufret.
Pierre Adémar, évêque de Maguelonne, 43 v°.
Pierre d'Ailly, Petrus de Aliaco, évêque de Cambrai,
19 v°-36.
Pierre Annood, martyr à Dunkerque, 569-569 v°.
Pierre d'Andelot, Dandelot, martyr à Bruxelles, 701 v°.
Pierre d'Arabie, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Pierre Ardisson, consul à Draguignan, 470.
Pierre Arnaud, martyr à Wassy, 592 v°.
Pierre Arondeau, martyr à Paris, 525-525 v°.
Pierre Asset, seigneur de Naves, président de la Chambre
d'Artois, 629.
Pierre Bacheler, Bachelier, conseiller au bailliage de
Tournai, 387 v°.
Pierre de la Baume, évêque de Genève, 83.
Pierre Benoist, assesseur de l'official de Limoges, 319 v°,
320.
Pierre Bergier, martyr à Lyon, 216 v°-218, 236-239,
254 v°, 255.
Pierre Bon-Pain, martyr à Paris, 164.
Pierre Bourdon, martyr à Fort-Colignv, au Brésil, 460 v°-
465 v°.
Pierre Brully, martyr à Tournai, VIII, 134 v°-140, 150
150 v°.
Pierre Changuyon, suspect, 593.
Pierre Chapelain, inquisiteur, 89.
Pierre Chapot, martyr à Paris, 169-170 v°.
Pierre du Chastel, Castellanus, lecteur de François Ier,
évêque de Mâcon, puis d'Orléans, 120 v°, 178 v°, 473.
Pierre Chevallet, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Pierre Chevet, martyr à Paris, 516 v°-517 v°.
Pierre le Clerc, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Pierre Coquemant, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Pierre Coquillard, Quoquillard, martyr à Besançon, 82 v°.
Pierre Cottrel, Cotrel, Cottreel, martyr à Tournai, 709.
Pierre de Cuypere, suspect, 562 v°.
Pierre Delaenus, Delenus, de Laene, ministre à Londres,
624 v°.
Pierre Denocheau, martyr à Chartres, 274 v°-276 v°.
Pierre Dentier, voir Pierre d'Ennetières.
Pierre Dentierre, voir Pierre d'Ennetières.
Pierre Deschets, martyr à Wassy, 592 v°.
Pierre Durant, boucher à Aix-en-Provence, 130 v°, 131.
Pierre d'Ennetières, Dentier, Dentierre, lieutenant du
bailli de Tournai-Tournaisis, 387 v", 608, 623-624 v°.
Pierre Escrivain, martyr à Lyon, VIII v°, 197-236.
Pierre Flistede, Fliste, martyr à Cologne, VII v°, 70.
Pierre Gabart, martyr à Paris, 484-485 v°.
Pierre Gallois, suspect, à Wassy, 594 v°.
Pierre Gaudet, martyr à Peney, VIII, 83.
Pierre de Gaulay, voir Jean de Gaulay.
Pierre Genest, pharmacien, 179 v°.
Pierre de Ghinucci, évêque de Cavaillon, 120 v°, 123-
125 v°, 129.
Pierre Girard, martyr à Wassy, 592 v°.
Pierre Hamon, martyr à Paris, 703 v°-704.
Pierre Have, martyr à Wassy, 594 v°.
Pierre Javelle, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Pierre Joannin, loannis, juge à Saint-Maximin, 131.
Pierre Lizet, Liset, premier président du Parlement de
Paris, 97 v°, 162, 169 v°, 171 v", 173 v°, 174, 179, 473.
Pierre Lombard, évêque de Paris, 544 v°, 676.
Pierre de Luna, voir Benoît XIII.
Pierre de la Lune, voir Benoît XIII.
Pierre Malvenda, prêtre espagnol, 152-154 v°, 158.
Pierre Martyr Vermigli, théologien, 191 v°, 322 v°, 339,
418, 424 v°. — Son épouse, exhumée et brûlée à Oxford,
322 v°.
Pierre Masson, ministre des Vaudois de Provence, martyr
à Dijon, 114 v°.
Pierre Milet, martyr à Paris, 524-524 v°.
Pierre de Mladonovice, Mladotivewits, notaire, 18-21 v°,
37.
Pierre de Mons, curé, 320 v°.
Pierre Navihères, martyr à Lyon, VIII v°, 197-236.
Pierre Pannet, juge, prieur des carmes d'Ypres, 559 v°.
Pierre Pascal, représentant vaudois, 576.
Pierre Petit, martyr à Lille, 572.
Pierre ou Claude Petit-Pain, condamné à Meaux, 161 v°-
163 v°.
Pierre Philpot, chevalier, père de Jean, 395 v°, 403.
Pierre Piquery, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Pierre Richer, carme, réformé, 444-449, 461 v°.
Pierre de Rousseau, martyr à Angers, 414-415 v°.
Pierre le Roux, martyr à Bruges, 191 v°.
Pierre de le Rue, martyr à Valenciennes, 696.
Pierre de Saint-Ange, voir Pierre degli Stephaneschi.
Pierre Sarmiento, condamné à Valladolid, 538.
Pierre de Sczitowicz, gentilhomme morave, 42.
Pierre Séguier, président du Parlement de Paris, 516,
516 v°, 518 v°.
45
Pierre Serre, martyr à Toulouse, 276 v°-277.
Pierre degli Stephaneschi, Pierre de Saint-Ange, cardinal
de Saint-Ange, 24.
Pierre Stephay, licencié en théologie, 433 v°.
Pierre Stockis, carme, promoteur, 4 v°.
Pierre Thomas, carme, archevêque de Crête, 55.
Pierre Titelmans, doyen de Renaix, inquisiteur général
des Pays-Bas, 511, 560 v°, 562 v°, 598 v°-600, 659 v°,
661, 662 v°, 663.
Pierre Toraw, martyr à Spire, 47 v°.
Pierre de la Vau, martyr à Nîmes, 293 v°.
Pierre Valdo, hérésiarque, 114 v°, 121 v°.
Pierre Vermaerts, 509 v°.
Pierre Viret, écrivain réformé, 87 v°, 197 v°, 228, 229 v°-
233, 255 v°-258, 350, 553 v°.
Pierre de Werchin, sénéchal de Hainaut, gouverneur de
Tournai et du Tournaisis, 291, 291 v°, 387, 387 v°, 388.
Pierre, dit Nieniczk, de Zaltoroldeck, gentilhomme
morave, 42.
Pierre, Marie de le, Marion, épouse de Jacques de le
Tombe, dit Adrien, martyre à Tournai, 151.
Pierreport, voir Pont-Pierre.
Piggot, voir Pygot.
Pignaranda, Espagne, Séville, 538.
Pignerol, Pinereul, Italie, Turin, 438-439, 458, 573 v°,
574.
Pikeringe, Pakring, Geoffroy de, moine de Byland, 7 v°.
Pikes, Pike, Guillaume, martyr à Brentford, 472 v°.
Pilate, voir Ponce Pilate.
Pinachia, voir Pinasca.
Pinasca, Pinachia, Italie, Turin, 575 v°.
Pinereul, voir Pignerol.
Pindar, voir Pindare.
Pindare, Pindar, professeur à Cambridge, 192.
Finis, voir Pins.
Pins, de Pinis, Jean de, évêque de Rieux, 118.
Piollenc, Pyolenc, Pyolenq, Thomas de, procureur général
du roi à Aix-en-Provence, 115, 120, 122 v°, 126, 126 v°,
129 v°.
Piquery, Jean, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Piquery, Louis, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Piquery, Guillaume, de Meaux, 161 v°-163 v°.
Piquery, Pierre, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Pirebbor de Tirczewicz, gentilhomme morave, 42.
Pirrone Arduino, délégué de Bobbio, 576.
Pise, Italie, 55 v°, 57.
Pise, Barthélémy Albizzi de, Berthelemy de Pisis, francis-
cain, 468.
Puis, Berthelemy de, voir Pise, Barthélémy Albizzi de.
Pisseleu, Anne de, duchesse d'Étampes, 106 v°.
Pistoris, dominicain à Gand, 288.
Pistorius, Jean, Bakker, Jan de, martyr à La Haye, VII v°,
60 v°.
Plan, Planuol, France, Isère, 95. — Martyr : Etienne
Brun.
Planuol, voir Plan.
Plata, rio de la, rivière de Plate, Argentine, 448, 461 v°.
Plate, rivière de, voir Plata, rio de la.
Platina, Barthélémy, historien italien, 548 v°, 635.
Platine, voir Platina.
Platon, philosophe, 40, 478.
Pleski, voir Polotsk.
Pline le Jeune, Pline second, 398, 477.
Pogge, Jean-François, humaniste, 39 v°-41.
Poictiers, voir Poitiers.
Poictou, voir Poitou.
Poiet, voir Poyet.
Poileve, voir Poylene.
Poille, Henri, martyr à Paris, 82.
Pointet, Jean, martyr à Paris, VIII, 78 v°-79.
Pois, Jean de, martyr à Arras, 82 v°.
Poissv, France, Seine-et-Oise, IX, 577, 580, 580 v°, 588 v°,
589 v°, 621.
Poitiers, Poictiers, France, 222, 225, 340, 438-440, 520 v°,
521.
Poitou, Poictou, France, 456, 456 v°, 484 v°.
Poix, Jean le, martyr à Wassy, 592 v°.
Pol, voir Pôle.
Pôle, Pol, Polus, Réginald, cardinal, légat, IX, 294 v°,
322 v°, 382 v°, 472 v°.
Polin, Poulin, Antoine Escalin des Aymars, baron de
la Garde, dit le capitaine, 127, 127 v«, 129-130 v°, 175,
540.
Poline, voir Pauline.
Polkins, voir Potkins.
Polley, Jean, martyr à Tunbridge Wells, 361.
Pologne, Poloigne, IX v°, 16 v°, 18, 27, 28, 31 v°, 115,
400, 622.
Poloigne, voir Pologne.
Polotsk, Pleski, PolotsH, Lithuanie, 622 v°.
Polotski, voir Polotsk.
Poltrot de Méré, Jean de, 621 v°.
Polus, voir Pôle.
Polus, voir Poole.
Polydore Virgile, historien italien, 14 v°, 15.
Pom, Jean, et son épouse, condamnés par contumace,
115, 115 v°.
Pomery, libraire, condamné par contumace, 115, 115 v°.
Pomery, Marthe, épouse du libraire Pomery, condamnée
par contumace, 115, 115 v°.
Pomponio Algieri, Pomponius Algier, martyr à Rome,
365 v°-371 v°.
Pomponius Algier, voir Pomponio Algieri.
Ponce de Léon, Jean, martyr à Séville, 541-541 v°.
Ponce de Léon, Roderic, comte de Baylen, 541.
Ponce Pilate, personnage biblique, IV v°, 23 v°, 29 v°,
189 v», 344, 363, 452 v°, 535, 667 v°.
Poncher, François, archevêque de Sens et non de Tours,
473.
Ponchet, bourreau à Issoire, 173 v°.
Pond, Henri, martyr à Londres, 472 v°.
Ponet, voir Poynet.
Pont-Audemer, Ponteau-de-mer , France, Eure, 493.
Pont-Saint-Esprit, Saint-Esprit, France, Gard, 520 v°,
626 v".
Pontac, Jean de, greffier civil et criminel au Parlement
de Bordeaux, 437.
Ponteau-de-mer, voir Pont-Audemer.
Pont-pierre, Pierreport, Monsieur de, juge, 409, 411,
411 v°.
Poole, Polus, Edmond, martyr à Beccles, 437 v°.
Pop d'Aye, voir Pope.
Pope, Pop d'Aye, Eye, tisserand, martyr à Norwich, 56.
Porceau, Jean, martyr à Mons, 308 v°.
Porphyre, philosophe, 668 v°.
Port, voir Saint-Nicolas-de-Port.
Portanier, Joachim, consul à Draguignan, 470.
Porter, Porteur, Jean, mort en prison à Londres, 102 v°.
Porteur, voir Porter.
Portille, Robert de, martyr à Wassy, 592 v°.
Portugal, IX, 194-195, 442 v°-444 v°, 446, 461 v°, 635.
Pothée, Nicole, docteur en théologie, 433 v°.
Potkins, Polkins, Alice, morte en prison à Canterbury,
437 v°.
Potten, Pottene, Agnès, Anne, martyre à Ipswich, 364 v°,
365, 423 v°.
Pottene, voir Potten.
Pôttmes, Bothmes, Allemagne, Bavière, 157, 158 v°.
P ouille, voir Pouilles
Pouilles, Fouille, Italie, 87 v°, 115.
Pouiz, gouverneur, 47 v°.
Poulain, voir Antoine Escalin des Aymars.
Poulin, voir Antoine Escalin des Aymars.
Poullet, prévôt, 197 v°.
Poulliot, Etienne, martyr à Paris, 170 v°.
Pourrières, Pourriers, seigneur de, 127, 129 v°.
Pourriers, voir Pourrières.
Poyet, Guillaume, chancelier de France, 121 v°, 239 v°.
Poyet, René, martyr à Saumur, 239 v°.
Poylene, ou Poileve, G., juge, 320 v°.
Poynet, Ponet, Jean, évêque de Rochester, puis de Win-
chester, 395 v°.
Poza, marquis de, 538.
Pra del Torno, Italie, Turin, 575.
Pradier, Carneys, juge, 320 v°.
Pragela, voir Pragelato.
Pragelato, Pragela, Italie, Turin, 474.
Praepositus, Jacques, prieur des Augustins d'Anvers,
131 v", 132.
Prague, Tchécoslovaquie, VII v°, 5 v°, 6, 15 v°-42 v°, 47 v°,
49. — Archevêques : Sbinco de Hasembourg, Albert
de Unicow, Conrad de Vechta. — Martyr : N., moine.
Prague, Jérôme de, martyr à Constance, VII v°, 15, 21,
28, 32, 33, 36-42 v°, 47 v», 49.
Prat, N. du, voir Duprat.
Pré, Jean du, commissaire royal, 126 v°.
Pré, Léonard du, martyr à Paris, 171, 171 v°.
Prévost, Antoine, archevêque de Bordeaux, 580 v°.
Prez, Georges des, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Priscille, sainte, 368.
Prive, Christophe de, conseiller du roi à Angers, 457.
Prosper d'Aquitaine, saint, 682 v°, 683 v°.
Provence, France, VIII, IX, 87 v», 114 v», 115, 116, 118 v°-
121 v°, 122 v°, 123-126 v», 129, 174 v°-175 v°, 176 v°,
415 v°, 470, 473, 490 v°, 538 v°-540, 551 v», 622. —
Martyr : Jean Mutonis.
Psateska de Wikleck, gentilhomme morave, 42.
Puis, Nicolas du, martyr à Saint-Omer, 696 v°.
Puis, voir Puy.
Pupin, voir Peypin-d'Aigues.
45
Pitrfoy, voir Parfew.
Purné, voir Purvey.
Purpurat, Jérôme, président du Parlement de Turin,
440 v°, 466 v°.
Purvey, Purné, Jean, martyr à Londres, 7, 7 v°, 13 v°,
47 v°, 48.
Puy, Puis, N. du, lieutenant à Lyon, 234 v°, 235, 388.
Pygat, voir Pygot,
Pygot, Piggot, Pygat, Guillaume, martyr à Braintree,
316 v», 323.
Pyolenc, voir Piollenc.
Pyolenq, voir Piollenc.
Pyrénées, France, 699.
Q
Quadra, Daniel, condamné à Valladolid, 538. Quesnoy, voir Le Quesnoy.
Quatreveaux, seigneur de, lieutenant des arquebusiers, 674. Quier, voir Chieri.
Quekere, Chrétien de, martyr à Fumes, 559 v°-561 v°. Quiers, voir Chieri.
Quentin Jacquart, martyr à Wassy, 592 v°. Quintin Charlar, chanoine à Tournai, 188, 191.
Quercu, voir Chêne. Quoquillard, voir Coquillart.
Quercy, France, 197, 340, 340 v°, 698 v°.
R
Raab, Raub, Autriche, Haute- Autriche, VII v°, 68 v°-69.
— Martyr : Léonard Keiser.
Raab, voir Gyôr.
Rabat, Gijsbert, bailli d'Hulst, 660.
Rabec, Jean, martyr à Angers, IX, 408 v°-414.
Rabi, voir Gyôr.
Rabier, Jean, juge à Saint-Maximin, 131.
Racdaw, Ulric de, gentilhomme morave, 42.
Raconis, Philippe de Savoie, seigneur de, 574, 576.
Raczeck Zawskalp, gentilhomme morave, 42.
Radelo, voir Ratloe.
Radtgeber, Henri, martyr à Ratisbonne, 47 v°.
Rahab, personnage biblique, 350.
Raile, voir Rayleigh.
Ralph Baynes, évêque de Lichfield et de Coventry, 372,
373 v°-375 v°, 399-401 v».
Ralph Jackson, Rodulphe Iacson, martvr à Stratford,
437 v°.
Ramon, Catherine, épouse de Guy de Bray, 688-689.
Raoul Challopin, juge à Angers, 412 v°.
Raoul Surguin, juge à Angers, 412.
Rastal, voir Rastell.
Rastell, Rastal, Jean, beau-frère de Thomas More, 75 v°,
76.
Rat, Guillaume le, lieutenant général d'Angers, 412,
412 v°, 413, 457 v°.
Ratisbonne, Reinsbourg, Allemagne, Haut-Palatinat, 47 v°,
132 v°, 133, 152-156 v°. — Martyrs : Henri Grun-
felder, Henri Radtgeber.
Ratloe, Renard, a Radelo, Renhardt, maïeur de Limbourg,
703-703 v°.
Raub, voir Raab.
Raulin Whyght, voir Rawlins White.
Raunay, Renay, baron, conjuré d'Amboise, 557 v°.
Ravendale, voir Ravensdale.
Ravensdale, Ravendale, Thomas, martyr à Mayfïeld,
437 v°.
Rawlins White, Raulin Whyght, martyr à Cardiff, 317-
317 v°.
Rayleigh, Raile, Rayly, Angleterre, Essex, 316 v°, 329. —
Martyrs : Jean Àrdeley, Thomas Causton.
Rayly, voir Rayleigh.
Raymond Cabasse, théologien, 43, 43 v°.
Raymond Rebezies, Remond Rebezies, père du martyr
François Rebezies, 487.
Raymond Varlut, père du martvr François Varlut,
614 v°.
Raymondet, Michel, délégué de Tagliaret, 576.
Raynel, Denis de, martyr à Wassy, 594 v°.
Ré, France, île, 499.
Reade, Rede, Thomas, martyr à Lewes, 437 v°.
Reading, Rheding, Angleterre, Berkshire, 74 v°, 361. —
Martyr : Jean Aleworth.
Rebezies, François, martyr à Paris, 485 v°-490 v°.
Rebezies, Raymond, Remond, père du précédent, 487.
Rede, voir Reade.
Rege, voir Reggio di Calabria.
Reggio di Calabria, Rege, Italie, Calabre, 113.
Reginald Pôle, Pol, Polus, cardinal, légat, IX, 294 v°,
322 v», 382 v°, 472 V.
Reid, Robert, évêque d'Orkney, 195 v°-196 v°.
Reims, France, Marne, 385, 591.
Reinald Eastland, Reynod Lavonder, martyr à Londres,
472 v°.
Reinsbourg, voir Ratisbonne.
Rely, Jean de, évêque d'Angers, 55 v°.
Rembaldo, voir Constant Dialestini.
Remi Ambrois, Remy Ambroys, président du Parlement
de Provence, 415 v°.
Remond, voir Raymond.
Remorantin, voir Romorantin.
Remy, Hector, martyr à Douai, 106.
Remy, Mathias, Matthis, diacre à Lille, suspect, 656.
Remy, voir Remi.
Renais, voir Renaix.
Renaix, Renais, Renay, Ronse, Belgique, Flandre Occiden-
tale, 510, 511, 560 v", 562 v», 569, 577 v», 598 v°, 659 v°,
660. — Martyr : Josse de Cruel.
Renard Ratloe, Renhardt a Radelo, maïeur de Limbourg,
703-703 v°.
Renaud Go, suspect, 579.
Renaudine de Francville, martyre à Cambrai, 616 v°-
617.
Renauld Pecock, évêque de Chichester, 54 v°.
Renay, voir Renaix.
Renay, voir Raunay.
René Poyet, martyr à Saumur, 239 v°.
René du Seau, mort en prison à Paris, 490 v°.
Renhardt a Radelo, voir Renard Ratloe.
Renialme, Gaspard de, échevin à Anvers, 512.
Réortier, France, Hautes-Alpes, 95.
Repingdon, Repyngton, Philippe de, abbé de Leicester,
3, 4-5, 7, 7 v°.
Reps, Repse, Guillaume, évêque de Norwich, 92 v°-93,
416 v°.
Repyngton, voir Repingdon.
47
Restalrig, Lastarig, Écosse, 196 v°, 197.
Retel, voir Rethel.
Rethel, Retel, France, Ardennes, 385.
Reu, voir Rœulx.
Revest, Antoine du, lieutenant du sénéchal de Dragui-
gnan, 470 v°.
Reychenberg, Jean de, gentilhomme morave, 42.
Reynaud, Jacques, seigneur d'Aillens, 116, 119.
Reynod Lavonder, voir Reinald Eastland.
Rheding, voir Reading.
Rhedon, Thomas, martyr à Rome, VII v°, 49.
Rhin, 30 v», 39, 62, 543 v°, 578.
Rhodes, île grecque, 83.
Riant, avocat du roi, 176.
Ribadio, comte de, 537.
Ribérac, Riverac, France, Dordogne, 100.
Ricarby, Rycarbie, Matthieu, martyr à Londres, 472 v°.
Ricaut, Antoine, libraire, 522 v°.
Ricetto, Antoine, martyr à Venise, 697 v°-698.
Rich, Rych, Richard, baron de Leeze, chancelier d'An-
gleterre, 167 v°, 328 v», 401 v°-404.
Richard, moine espagnol, 422.
Richard, voir Richard le Fevre.
Richard II, roi d'Angleterre, 1 v°, 3 v°, 43 v°, 44.
Richard Arundel, comte, 44.
Richard Bayfield, Bayfild, martyr à Londres, 73 v°.
Richard Colliar, Coller, martyr à Canterbury, 362 v°.
Richard Cox, évêque d'Ély, 92 v°-93.
Richard Day, Daye, Jean Daws, martyr à Colchester et
non à Norwich, 472 v°.
Richard Dodington, Dodyngtone, prieur des augustins à
Londres, 46 v°.
Richard Le Fèvre, martyr à Lyon, 182 v°, 277 v°-287.
Richard Fitzjames, Fitsian, évêque de Londres, 44 v°,
45 v», 47, 56 v°.
Richard de Gastines, martyr à Paris, 703 v°-704 v°.
Richard Georges, un nommé George, suspect, relaxé, à
Londres, 472 v°.
Richard Harris, martyr à Norwich, voir Guillaume Harris,
martyr à Colchester, 472 v°.
Richard Hook, Hork, martyr à Chichester, 361.
Richard Hovenden, martyr à Londres, 48 v°.
Richard Hun, martyr à Londres, 56, 56 v°, 364.
Richard de Lestonna, conseiller à la Cour de Bordeaux,
436.
Richard Mekins, Mekyns, martyr à Londres, 102-102 v°.
Richard Nichols, Nichol, martyr à Colchester, 437 v°.
Richard Nix, Nikke, Nyx, évêque de Norwich, 72 v°.
Richard Pâtes, évêque de Worcester, 294 v°, 398, 398 v°,
399, 408.
Richard Rich, baron de Leeze, chancelier d'Angleterre,
167 v», 328 v°, 401 v°-404.
Richard Sampson, Sanson, évêque de Chichester et non
de Chester, puis de Lichfield-Coventry, 416 v°.
Richard Smith, Fabri, Smvth, doyen de Faculté à Oxford,
86, 299, 300 v°, 328.
Richard Smith, Richerd Smvth, mort en prison à Londres,
365 v».
Richard Spenser, 423.
Richard Spenser, martyr à Salisbury, 102 v°.
Richard Spurge, martyr à Londres, 437 v°.
Richard Stur, chevalier anglais, 4.
Richard Southwel, Suthvel, chevalier, 296 v°.
Richard Thornton, Theonden, évêque auxiliaire de
Douvres, 418.
Richard Thrace, 72 v°-73.
Richard, Jacques, Turming, Turmin, Turmyn, martyr à
Londres, VII v°, 15 v°.
Richard Warwick, Varnic, comte, 44.
Richard Woodman, Wodman, martyr à Lewes, 396.
Richard Wright, martyr à Canterbury, 362 v°.
Richardot, François, évêque d'Arras, 674 v°, 679 v°,
680 v°-687, 691, 692, 695 v°.
Richart, Claude, martyr à Wassy, 592 v°.
Richebois, Gilles, et son épouse, martvrs à Sens, 597-
597 v°.
Richer, Pierre, réformé, émigré au Brésil, 444-449, 461 v°.
Richerd Smyth, voir Richard Smith.
Richieud, Antoine de, seigneur de Mauvans, martyr à
Draguignan, 538 v°-540.
Richieud, neveu d'Antoine de Richieud, 539 v°.
Richieud, Paul de, seigneur de Mauvans, 539.
Richmond, Rychmonde, Angleterre, Surrey, 297 v°, 301.
Ricourt, Jean, de Meaux, 161 v°-163 v°.
Ridder, Laurent De, évêque auxiliaire d'Utrecht, 60 v°.
Ridlé, voir Ridley.
Ridley, Ridlé, Rvdlé, Nicolas, évêque de Rochester, puis
de Londres, martvr à Oxford, VIII v°, 97, 294, 294 v°,
310 v», 325 v", 329 v°, 339, 339 v°, 375 v°-383 v°, 401 v°,
402 v», 418 v», 420, 421 v".
Rieu, voir Durieux.
Rieux, France, Haute-Garonne, 70, 118. — Évêque :
Jean de Pins.
Rieux, Denis de, martyr à Meaux, VIII, 70-70 v°.
Rieux-en-Mulcien, voir Rieux.
Riez, France, Basses-Alpes, 539.
Riga, Riçen, Lettonie, 21, 27 v°. — Évêque : Jean de
Wallenrode.
Rigen, voir Riga.
Rigo, Jean del, commissaire de Bruxelles, 702.
Rimini, Arimin, concile de, 583.
Rinc, voir Rink.
Rink, Rinc, Melchior, anabaptiste, 83.
Rio, Louis del, membre du Conseil des Troubles, 701 v°.
Rio-de-Janeiro, Ianuario, Brésil, 444 v°.
Riom, Rion, France, Puy-de-Dôme, 169 v°.
Rion, voir Riom.
Ripaille, château à Thonon-les-Bains, France, Haute-
Savoie, 56 v°.
Ripet, secrétaire à Aoste, 458 v°.
Rithove, Rithovius, Martin, évêque d'Ypres, 600.
Riverac, voir Ribérac.
Rivière, François de la, ministre, 565, 566.
Roanne, Rouane, Rouanne, France, Loire, 206, 219, 234,
235 v», 238, 248 v", 262, 263, 263 v», 283 v», 285 v»,
394 v°.
Roardus d'Eneuse, voir Ruard Tapper.
Roardus Tappaert, voir Ruard Tapper.
Robert, avocat, 176.
Robert, dit Clément, duc du Palatinat, empereur, 36 v°.
Robert Aldridge, évêque de Carlisle, 297.
Robert Barnes, Barns, martyr à Londres, 90, 96 v°-
97 v°.
Robert Bauldier, seigneur de La Chapelle-Monthodon,
suspect, 594.
Robert Bennet, Benette, suspect relaxé à Windsor, 106.
Robert de Berghes, prince-évêque de Liège, 617 v°-
618.
Robert Ceneau, Cenalis, évêque d'Avranches, 480 v°.
Robert Chamberlain, Chamberlayne, prieur des domi-
nicains à Londres, 46 v°.
Robert le Chien, réformé de Lille, 428.
Robert de Croy, évêque de Cambrai, 135.
Robert Drakes, dit Gien, ministre, martvr à Londres,
437 v».
Robert Dynes, martyr à Brentford, 472 v°.
Robert Fabyan, Fabien, chroniqueur anglais, 15-15 v°.
Robert Ferrar, Ferror, évêque de Saint-David's, martyr à
Carmarthen, 314-314 v», 330 v°, 420.
Robert Foster, gentilhomme, martyr à Édimbourg, 89.
Robert Glover, frère de Jean, martyr à Coventrv, 371 v°-
375 v°.
Robert Greathead, évêque de Lincoln, 24.
Robert Lawson, martyr à Bury-Saint-Edmunds, 437 v°.
Robert Mascall ou Maschal, évêque de Hereford, 44 v°.
Robert Milles, martyr à Brentford, 472 v°.
Robert de Morlay, chevalier anglais, 45 v°, 46 v°, 47.
Robert Oguier, martyr à Lille, 425-429, 564, 566.
Robert Parfew, Purfoy, alias Warton, évêque de Saint-
Asaph, 97.
Robert de Portille, martyr à Wassy, 592 v°.
Robert Reid, évêque d'Orkney, 195 v°-196 v°.
Robert Rygge, Ryg, chancelier d'Oxford, 3, 4 v°, 5.
Robert Samuel, ministre, martyr à Ipswich, 364 v°-
365 v°, 423 v°.
Robert Smith, Smvth, martvr à Uxbridge et non à Staines,
362 v°-364 v°.
Robert Streater, Steuter, martyr à Canterbury, 365 v°.
Robert Stuart, Stuard, gentilhomme écossais, 557-559 v°.
Robert Tesrwood, martyr à Windsor, 106-106 v°.
Robert Wombewel, curé de Saint-Laurent à Londres,
46.
Robert-Magnil, Robert-Magny, France, Haute-Marne, 594.
Robert-Magny, voir Robert-Magnil.
Robillart, Michel, martyr à Tournai, 629-633.
Robin, Jean, de Wassy, 592 v°.
Robin, Nicolas, martyr à Wassy, 592 v°.
Robinson, docteur, 166 v°.
Roccapialla, Roccapiata, Italie, Turin, 575-576.
Roccapiata, voir Roccapialla.
Rocestre, voir Rochester.
Roch, martyr à San Lucar, près de Cadix, 134, 134 v°.
Roche-sur- Yon, Roche-Surion, voir La Roche-sur- Yon.
Rochebœuf -court, voir La Rochebeaucourt-et- Argentine.
Rocheford, seigneur de, frère d'Anne de Boleyn, 89.
Rochefurt, voir Rochford.
Roche-Surion, voir La Roche-sur-Yon.
Rochester, Rocestre, Rochestre, Roffens, Roffensis, Angle-
terre, Kent, 44 v», 45, 72, 74, 75 v°-77 v°, 92 v°, 93,
97, 331 v°, 361, 376, 399, 401, 404, 404 v», 437, 437 v°. —
48
Évêques : Jean Fisher, Maurice Griffith, Edmond
Guest, Nicolas Heath, Jean Poynet, Nicolas Ridley.
— Martyrs : Jeanne Beach, Nicolas Hall, Jean Har-
pole.
Rochestre, voir Rochester.
Rochetaillée, Jean de, patriarche de Constantinople, 17 v°-
21 v», 37 v°.
Rochford, Rochefurt, Angleterre, Essex, 329. — Martyr :
Jean Simson.
Roderic Ponce de Léon, comte de Baylen, 541.
Rodoret, Italie, Turin, 575 v°.
Rodrigue, Fernand, docteur, 543 v°.
Rodulphe lacson, voir Ralph Jackson.
Roesmals, Antoinette van, martyre à Louvain, 95-98.
Rœulx, Reu, Jean de Croy, comte de, gouverneur de
Flandre, 674 ; — comtesse de, 673 v°.
Roffens, voir Rochester.
Rojfensis, voir Rochester.
Roger Acton, chevalier, martyr à Londres, VII v°, 14 v°,
15.
Roger Bernard, martyr à Bury-Saint-Edmunds, 437 v°.
Roger Cirier, martyr à Taunton, 362 v°.
Roger Coo, Thomas Coe, martyr à Yoxford, 365 v°.
Roger, Rogier, Dule, martyr en Angleterre, 54 v°.
Roger Holland, martyr à Londres, 472 v°.
Roger de Jonghe, le Jeune, Juvenis, ermite de Saint-
Augustin à Bruges, 569.
Roger du Mont, martyr à Tournai, 626-626 v°.
Roger, voir Rogers.
Rogers, Rogier, magistrat de Coventry, 374.
Rogers, du Norfolk, martyr à Londres, 164.
Rogers, Roger, Rogier, Jean, martyr à Londres, 192,
293-299, 302 v°, 303, 315, 332 v°, 334, 339 v°.
Rogers, N., épouse de Jean, 297 v°, 299.
Rogier, voir Roger.
Rogier, voir Rogers.
Roissowan, Eybl de, gentilhomme morave, 42.
Rojàs, Marie de, condamnée à Valladolid, 538 v°.
Rojàs, marquis de, 538 v°.
Roland le Boucq, Bouc, martyr à Valenciennes, 692 v°,
696.
Roland Taylor, martyr à Aldham Common, près de Had-
leigh, 306 v°-308 v».
Roma, Jean de, inquisiteur de Provence, 121 v°, 125 v°,
126, 473.
Romagne, Italie, 179 v°, 180.
Romain, saint, 690 v°.
Romain, Catherine, martyre à Valladolid, 538.
Roman, Thomas, délégué de San-Germano-Chisone, 576.
Romane, Ienon, syndic de Mérindol, 124 v°-125 v°.
Rome, Roma, VIII v», 3, 48-49, 53, 55, 97, 112-113, 123,
123 v°, 144, 145 v°, 148 v», 149, 153-155 v°, 212 v°-214,
265, 268 v», 295, 326, 338, 343 v», 365 v°-371 v°, 395,
399-401, 405 v», 406, 416, 416 v°, 419, 445 v°, 466, 466 v°,
510 v°, 541 v°, 545, 546, 546 v», 553, 554-555, 556-
557 v», 562, 565, 576, 599 v», 601, 607, 622, 623-623 v°,
659 v°, 678, 687, 691, 697 v°. — Marty rs : Pomponio
Algieri, Jacques d'Enzinas, Jean-Louis Pascal, Tho-
mas Rhedon.
Romford, Rondine, Angleterre, Essex, 328.
Romillet, Léonard, martyr à Marseille, 620.
Romorantin, Remorantin, France, Loir-et-Cher, 559, 709 v°.
Romyen, Benoit, martyr à Aix-en-Provence, 470-472.
Ronay, voir Rosnay-l'Hôpital.
Rondine, voir Romford.
Ronse, voir Renaix.
Roper, commissaire de Marie Tudor, 395 v°-396 v°.
Roper, voir Ropper.
Ropper, Roper, Georges, martyr à Canterbury, 375 v°.
Roquemaure, Roquemaurel, France, Gard, 699 ; — seigneur
de, 699.
Roquemaurel, voir Roquemaure.
Rora, voir Roreto.
Roreto, Rora, Italie, Turin, 575.
Rosemondt, Godescalc, Hodscalc, inquisiteur, 59.
Rosières, Rozières, France, Haute-Marne, 594.
Rosnay-l'Hôpital, Ronay, France, Aube, 589 v°.
Rosoay en Brie, voir Rozoy.
Ross, Jean, suspect, 424.
Rossignol, Marguerite, épouse de Jean Ricourt, suspecte,
relaxée, à Meaux, 161 v°-163 v°.
Rossillon, voir Roussillon.
Rothe, voir Routh.
Rotta, Baptista, docteur, 555-556.
Rouan, voir Rouen.
Rouanne, voir Roanne.
Rouen, Rouan, France, Seine-Maritime, IX, 106, 131,
131 v°, 277 v», 293-293 v», 519 v°, 600 v», 621, 655 v<>. —
Église : Notre-Dame, 293 v°. — Archevêque : Guil-
laume d'Estouteville. — Martyrs : Jean du Bosc,
Oudard Bouncer, Jacques Challes, Constantin, Noël
Cotton, Vincent de Cruchot, Guillaume Fonques,
Guillaume Husson, Augustin Marlorat, Denis Le
Vayr.
Roulland, procureur, suspect, 619 v°.
Rougebec, Macé, de Meaux, 161 v°-163 v°.
Rousseau, Martin, martyr à Paris, 523 v°-524.
Rousseau, Nicolas Du, martyr à Dijon, 450 v°-456 v°.
Rousseau, Péronne, réformée de Tournai, 610.
Rousseau, Pierre de, martyr à Angers, 414-415 v°.
Roussel, Rufi, Ruffy, Gérard, Girard, évêque d'Oléron,
68 v°, 79, 79 v°, 486 v».
Roussel, Jean, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Roussillon, Rossillon, France, 123.
Routh, Rothe, Jean, martyr à Stratford, 437 v°, 441 v°-
442 v».
Roux, Pierre le, martyr à Bruges, 191 v°.
Rovigo, Italie, Vénétie, 697 v°.
Roxas, Louis de, condamné à Valladolid, 538.
Roy, voir Coninck.
Roy, Peyron, Peiron, condamné par contumace, 115,
115 v°, 121.
Roy, Étienne Le, martyr à Chartres, 274 v°-276 v°.
Roy, Léonard Le, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Royauld, Noël, prêtre, 319 v°.
Rozoy, Rosoay en Brie, France, Seine-et-Marne, 61.
Rozières, voir Rosières.
Ruard Tapper, Roardus Eneuse, Ruardus Tappaert, in-
quisiteur général des Pavs-Bas, 59, 60 v°, 96, 385 v°,
459, 459 v°.
Ruardus Tappaert, voir Ruard Tapper.
Rudelle, conseiller au Parlement de Toulouse, 699 v°.
Rue, Pierre de le, martyr à Valenciennes, 696.
Ruffy, Gérard, voir Roussel, Gérard.
Rufi, Girard, voir Roussel, Gérard.
Rumault, Formatât, Jean, martyr à Bruxelles, 701 v°.
Rupert Taylor, fils de Roland Taylor, 308.
Rupilius, 40.
Rusé, Jean, voir Ruzé, Jean.
Ruth, personnage biblique, 353 v°, 354.
Ruzé, Rusé, Jean, conseiller au Parlement de Paris, 473.
Rycarbie, voir Ricarby.
Rych, voir Rich.
Rychmonde, voir Richmond.
Rydlé, voir Ridley.
Ryg, voir Rygge.
Rygge» Ryg, Robert, chancelier d'Oxford, 3, 4 v°, 5.
Rynald de Ticzewicz, gentilhomme morave, 42.
49
S
Saale, Sala, fleuve d'Allemagne, 83.
Saavedra, Marina de, condamnée à Valladolid, 538.
Sabellicus, Sabellie, Marc-Antoine, historien italien, 635.
Sabellie, voir Sabellicus.
Sachet, Jean, prêtre, 287 v°.
Saconnex, Gabriel de, musicien à Lyon, 174.
Sacy, France, Marne, 162.
Sadolet, Jacques, cardinal, évêque de Carpentras, 120 v°,
123, 123 v°.
Saffron-Walden, Safronwal, Safronwalden, Angleterre,
Essex, 32, 364 v°. — Martyr : Jean Newman.
Safronwal, voir Saffron-Walden.
Safronwalden, voir Saffron-Walden.
Saillard, Guillemette, épouse de Jean, condamnée à
Meaux, 161 v°-163 v°.
Saiavedra, voir Saavedra.
Sainct-Albons, voir Saint-Albans.
Sai?tct-Amand de Talande, voir Saint-Amant-Tallende.
Sainct- André , voir Saint-André et Saint-Andrews.
Sainct-André, Jean de, ministre à Genève, 237, 237 v°.
Sainct-Aubin, voir Saint-Albans.
Sainct-Barthelemy, voir Saint-Barthélemy.
Sainct-dauberville, voir Auberville-la-Campagne.
Sainct-David, voir Saint-David 's.
Sainct-Dizier, voir Saint-Dizier.
Sainct-Edmunds Bury, voir Bury-Saint-Edmund's.
Sainct-George, voir Saint-Georges-sur-Eure.
Sainct-George lez Montagu, voir Saint-Georges-de-Mont-
aigu.
Sainct-Germain, voir Saint-Germain-en-Laye.
Sainct-Germain, voir San-Germano-Chisone.
Sainct-Ioery, voir Saint-Jory.
Sainct- Iulian, voir Saint-Julien.
Saine t-Juan, Ferdinand de, martyr à Séville, 542 v°-543.
Sainct-Jean, voir Luserna-San-Giovanni.
Sainct-Jean, sieur de, voir Saint-John.
Sainct-Jean de Luseme, voir Luserna-San-Giovanni.
Sainct-Marcelin, voir Saint-Marcellin.
Sainct-Martin, voir Saint-Martin-de-la-Brasque.
Sainct-Martin, voir San Martino di Perrero.
Sainct-Maximin, voir Saint-Maximin-la-Sainte-Baume.
Sainct-Mihiele, voir Saint-Mihiel.
Sainct-Nicolas en Lorraine, voir Saint-Nicolas-de-Port.
Sainct-Paul, Thomas de, martyr à Paris, 185, 185 v°.
Sainct-Pere (?), abbaye près de Sens, 597.
Sainct-Pierre sur Dyve, voir Saint-Pierre-sur-Dives.
Sainct-Pierre-le-Moustier, voir Saint-Pierre-le-Moûtier.
Sainct-Remi, voir Saint-Remi.
Sainct-Rouffy, voir Saint-Osyth.
Sainct- Saturnin, voir Saint-Saturnin.
Sainct-Sauve, voir Saint-Saulve.
Sainct-Sixt, voir San-Sisto.
Saincte-Foy-la-grand, voir Sainte-Foy-la-Grande.
Saincte-Marie, voir Sainte-Marie-aux-Mines.
Sainctes, Claude de, chanoine de Saint-Augustin, puis
évêque d'Évreux, 587 v°, 588.
Sainctin Nivet, martyr à Paris, 173 v°-174.
Sainctonge, voir Saintonge.
Saingal, voir Saint-Gall.
Sain-milion, voir Saint-Émilion.
Saint-Albans, Sainct-Albons, Sainct-Aubin, Angleterre,
Hertford, 313 v°, 362 v°. — Martyr : Georges Tanker-
field. — Guillaume Bamford, Baumeford, alias Butler,
est martyr à Harwich.
Saint-Amand-les-Eaux, Saint- Amand, France, Nord, 617,
672, 673, 674 v°, 696, 696 v°.
Saint-Amant-Tallende, Sainct- Amand-de-Talande, France,
Puy-de-Dôme, 182.
Saint-André, voir Saint-Andrews.
Saint-André, maréchal de, voir Albon.
Saint-André, Sainct-André, François de, président du
Parlement de Paris, 487 v°-489, 525 v°, 530.
Saint-Andrews, Saint-André, Écosse, Fife, VIII, 71 v°-
72, 89, 195 v°-196 v°. — Archevêques : Jacques (David)
Beaton, Jean Hamilton. — Martyr : Patrice Hamil-
ton.
Saint-Ange, voir Stephaneschi.
Saint-Asaph, Asaphen, Aise, Asse, Angleterre, Flint, 97,
399, 399 v°. — Évêques : Thomas Goldwell, Robert
Parfew.
Saint-Barthelemy, Italie, Turin, 575-576.
Saint-Bertin, France, Pas-de-Calais, 696 v°.
Saint-Bertrand-de-Comminges, Cumenge, France, Haute-
Garonne, 699.
Saint-Cloud, France, Seine, 83.
Saint-David's, Sainct-David, Angleterre, Galles, 314,
314 v°, 330 v°, 406 v°, 416 v°. — Évêques : Guillaume
Barlow, Robert Ferrar, Henri Morgan.
Saint-Dizier, France, Haute-Marne, 593-594 v°.
Saint-Émilion, Sain-milion, France, Gironde, 433 v°.
Saint-Esprit, voir Pont-Saint-Esprit.
Saint-Estève-Janson, Gensson, France, Bouches-du-Rhône,
130.
Saint-Flour, France, Cantal, diocèse de, 172.
Saint-Gall, Saingal, Suisse, Saint-Gall, 83 v°, 84.
Saint-Gall, San-Gal, Jean de, marchand suisse, 234 v°,
235.
Saint-Georges-sur-Eure, Sainct-George, France, Eure-et-
Loir, 274 v».
Saint- Georges-de-Montaigu, Saint -George -lez -Montagu,
France, Vendée, 484 v°.
Saint-Germain-en-Laye, France, Seine-et-Oise, 106 v°,
485 v», 577, 580 v°, 587, 588 v°, 594 v°, 658.
Saint-Hippolyte, France, Doubs, VIII, 64-67.
Saint-Jean de Luserne, Sainct Jean de Luseme, voir Lu-
serna-san-Giovanni.
Saint-John, Guillaume Paulet de Basing, sieur de
Sainct-Jean, marquis de Winchester, lord, 401 v°.
Saint-Jory, Sainct-Ioery, France, Haute-Garonne, 185 v°.
Saint-Julien, Sainct-Iulian, Aimé de, second président
du Parlement de Turin, 458, 466 v°.
Saint-Léger, Sainte-Liège, France, Gironde, 101 v°.
Saint-Léonard, Sainct Léonard, France, Haute-Vienne,
319 v», 321.
Saint-Marcellin, France, Isère, 693 v°.
Saint-Martin-de-la-Brasque, Sainct-Martin, France, Vau-
cluse, 129 v°.
Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, Sainct-Maximin, France,
Var, 115 v», 131.
Saint-Mihiel, Sainct-Mihiel, France, Meuse, 151 v°, 578.
— Martyr : Jacques Chobard.
Saint-Nicolas-de-Port, Sainct Nicolas en Lorraine, France,
Meurthe-et-Moselle, 578-580, 625. — Martyr : Flo-
rentin.
Saint-Omer, France, Pas-de-Calais, 696 v°. — Évêque :
Gérard Haméricourt. — Martyr : Nicolas du Puy.
Saint-Osyth, Sainct-Rouffy, Angleterre, Essex, 432.
Saint-Pierre-sur-Dives, Dyne, Dyve, France, Calvados,
454, 484.
Saint-Pierre sur Dyne, voir Saint-Pierre-sur-Dives.
Saint-Pierre-le-Moûtier, Sainct-Pierre-le-Moustier, France,
Nièvre, 289 v°-290 v». — Martyrs : Jean Filleul,
Julien Léveillé.
Saint-Quentin, France, Aisne, 458 v°, 473, 474 v°, 514.
Saint-Remi, Sainct-Remi, Italie, Turin, 458 v°.
Saint-Romain, Sant Romain, François de, martyr à
Valladolid, 131 v°-134.
Saint-Saturnin, Sainct- Saturnin, France, Hérault, 184 v°.
Saint-Saulve, Sainct-Sauve, France, Nord, 184 v°.
Saint-Trond, Belgique, Limbourg, 695 v°.
Sainte-Croix, voir Santacroce.
Sainte-Foy-la-Grande, Saincte-Foy-la-grande, France,
Gironde, 99 v°-100.
Sainte-Liège, voir Saint-Léger.
Sainte-Marie-aux-Mines, Saincte-Marie, France, Haut-
Rhin, 579 v°.
Saintes, France, Charente-Maritime, 450.
Saintonge, Sainctonge, Xantonge, France, 197, 435 v°, 450,
482, 490 v°.
Sala, voir Saale.
Salamine, Grèce, 467.
Salbure, voir Salisbury.
Salins, voir Salins-les-Bains.
Salins-les-Bains, Salins, France, Jura, 287 v°.
Salins, N., dominicain, 181 v°, 182.
Salisbourg, voir Salzbourg.
Salisburie, voir Salisbury.
Salisbury, Salbure, Salisbur, Salisbure, Salisburie, Salopie,
Sarisbur, Sarisbure, Angleterre, Wiltshire, 4, 86, 92-93,
102 v°, 416 v°, 437, 437 v°. — Évêques : Laurent
Campeggio, Nicolas Shaxton. — Martyrs : Guil-
50
laume Coberley, Hewet, Jean Maundrel, Richard
Spencer, Jean Spicer.
Salmon, Christophe, valet de chambre, 264 v°.
Salomez, Jeanne de, dite Coninckes, martyre à Furnes,
559 v°-561 v».
Salomon, roi, II, 9 v°, 10, 110 v°, 146 v°, 313, 324, 325,
328 v°, 329, 398, 408, 409, 414 v° 679 v°.
Salop, voir Shropshire.
Salopie, voir Shropshire.
Salopie, lire Salisbury, 92 v°-93.
Salsa, voir Salza-di-Pinerolo.
Saltwod, Angleterre, Kent, 6 v°.
Salubry, voir Selivri.
Salvator Spinello, seigneur italien, 545-546.
Salza-di-Pinerolo, Salsa, Italie, Turin, 575 v°.
Salzbourg, Salisbourg, Autriche, 37. — Archevêque :
Eberhard de Neuhaus.
Samarie, Palestine, 53, 112 v°, 368.
Samora, voir Zamora.
Sampson, Sanson, Richard, évêque de Chichester et
non de Chester, puis de Lichfield-Coventry, 416 v°.
Samson, personnage biblique, 209, 351 v°, 642.
Samuel, personnage biblique, 8 v°, 25, 531 v°, 684.
Samuel van Kateline, fils d'Otto van Kateline, 289.
Samuel Saunders, fils de Laurent Saunders, 309, 312,
313 v°.
Samuel, Robert, ministre, martyr à Ipswich, 364 v°-
365 v°, 423 v°.
Sancerre, Sanserre, France, Cher, 289 v°, 557 v°. — Comte
de, voir Jean du Buis.
Sand, gentilhomme anglais, conseiller, 303 v°.
Sand, voir Sands.
Sandoitz, voir Chandos.
Sands, Sand, Edwin, futur évêque de Worcester, puis
de Londres, puis archevêque d'York, 358.
San-gal, voir Saint-Gall.
San-Germano-Chisone, Sainct-Germain, Italie, Turin, 574,
575 v°, 576. — Martyr : Jean, ministre.
Sangre, Jacques de, maître d'école, condamné par contu-
mace, 115, 115 v°.
San-Lucar, Sant-Lucar, Espagne, Cadix, 134, 134 v°. —
Martyr : Roch.
San-Martino di Perrero, Sainct-Martin, Italie, Turin,
87 v», 438, 440, 440 v°, 457 v», 458, 575-576.
Sanserre, voir Sancerre.
San-Sisto, Sainct-Sixte, Italie, Calabre, 545, 547 v°, 550-
551 v°, 553-554 v».
Sanson, voir Sampson.
Sansot, Jean de (?), 487 v°, 489 v°.
Santacroce, Sainte-Croix, Bernardin, juge à Cosenza,
548 v°-574.
Sant-Lucar, voir San Lucar.
Sant Romain voir Saint-Romain.
Saône, France, 205 v°, 252 v°.
Saphira, personnage biblique, 325 v°.
Sapor, Sapores, roi de Perse, 267 v°.
Sapores, voir Sapor.
Sara, personnage biblique, 138, 348 v°.
Sara de Bray, fille de Guy de Bray, 689.
Sara van Kateline, fils d'Otto van Kateline, 289.
Sara de Lannoy, Lanoy, fille de Marc de Lannoy, 704 v°.
Sardaigne, Italie, 618 v°.
Sareglio, Cysueras de, époux de Marina de Saavedra,
538.
Sarisbur, voir Salisbury.
Sarisbure, voir Salisbury.
Sarmatie, 114 v°.
Sarmiento, Pierre, condamné à Valladolid, 538.
Sarria, marquis de, 537.
Sartoire, Nicolas, martyr à Aoste, 458-458 v°.
Sartor, Théodore, voir Thierry Couturier.
Saserson, voir Saverson.
Saturne, personnage mythologique, 50 v°.
Saube, Catherine, martyre à Montpellier, VII v°, 42 v°-
43 v°.
Saùl, personnage biblique, 8 v°, 25, 208, 510, 644 v°, 684.
Saul de Tarse, voir Paul, saint, passim.
Saumur, Saulmur, France, Maine-et-Loire, VIII v°, 239 v°.
— Martyr : René Poyet.
Saunders, Laurent, martyr à Coventry, 309-314, 317 v°,
318, 321, 321 v», 373.
Saunders, Samuel, fils de Laurent Saunders, 312,
313 v».
Saunier, Antoine, ministre, 87 v°.
Sautre ou Chatris, Sautree, Guillaume, martyr à Londres,
VII v°, 6, 7.
Sautree, voir Sautre.
Savanarola, Hierome, voir Savonarole, Jérôme.
Saverne, France, Bas-Rhin, 619.
Saverson, Saserson, docteur, 399-401 v°.
Savigny, Jean de, dit Lemon, bailli de Nancy, 578 v°-580.
Savin, Nicole, inquisiteur à Metz, 62 v°.
Savoie, Savoye, duché de, VIII, IX, 78-79 v°, 83, 87 v°,
92, 181, 340 v», 458, 557 v°.
Savoie, Emmanuel-Philibert, duc de, gouverneur des
Pays-Bas, 519, 521 v°, 573 v°, 574 v°-575 v°.
Savoie, Jacques de, duc de Nemours, 92, 558-558 v°.
Savoie, Philippe de, duc de Nemours, 92.
Savoie, Philippe de, seigneur de Raconis, 574-576.
Savonarole, Jérôme, Savanarola, Hierome, martyr à
Florence, VII v», 55, 55 v°.
Savoye, voir Savoie.
Saxe, Allemagne, 21, 58, 83, 139 v°, 295 bis v°, 493. —
Électeurs, voir Auguste I?r, Jean-Frédéric.
Saxy, prêtre, martyr à Winchester, 106-106 v°.
Sbinco, Zbvnck, de Hasembourg, archevêque de Prague,
20, 20 v°.
Scœvola, Mucius, héros romain, 49, 315.
Scalingue, Escalingue, Antoine de, moine et vicaire-
général de l'abbaye de Pignerol, 439, 439 v°, 440, 440 v°.
Scambler, Edmond, évêque de Peterborough, 93.
Scapula, proconsul d'Afrique, 477 v°.
Sceitther, Conrard, vicaire de la cathédrale de Munich,
69 v°.
Scevola, voir Scaevola.
Schaffouse, Suisse, Schaffouse, 36.
Schaffuse, voir Schaffouse.
Schandoitz, voir Chandos.
Schats, Jean, martyr à Louvain, 95-98.
Schetersen, Nicolas, martyr à Canterbury, VIII v°, 358-
360 v°.
Scholastique, Scolastique, Jean le, évêque de Constanti-
nople, 221, 335 v».
Schuch, Wolfgang, ministre, martyr à Nancy, VIII, 64-
67, 151.
Schyker, Léonard, anabaptiste, 84.
Schyker, Thomas, anabaptiste, 84.
Scita, François de, prêtre, 547 v°.
Scolastique, voir Scholastique.
Scotus, Joannes, voir Duns Scot.
Scotus, Mac Alpine, Jean Macchabée, Monsieur Mac-
chabée, théologien, 132.
Sczitowicz, Jossko de, gentilhomme morave, 42.
Sczitowicz, Pierre de, gentilhomme morave, 42.
Searles, Georges, martyr à Stratford, 437 v°, 441 v°-
442 v».
Seau, René du, mort en prison à Paris, 490 v°.
Sébastien, curé à Anvers, 643 v°-644.
Sébastien Castellion, théologien, 493.
Sébastien Newdigate, Nudigat, chartreux, exécuté à
Londres, 77 v°.
Sebenico, voir Sibenik.
Secenat, Maurice, martyr à Nîmes, 184 v°-185.
Seclin, France, Nord, 664 v°.
Sedney, voir Sidney.
Sega, François, martyr à Venise, 697 v°, 698 v°.
Ségor, Palestine, III v°.
Seguier, Pierre, président du Parlement de Paris, 516,
516 v°, 518 v°.
Seguin, Bernard, martyr à Lyon, VIII v°, 197-236.
Seille, Seine, rivière de France, 140.
Seine, fleuve de France, 106 v°.
Sejournam, Jeanne, martyre à Langres, 170 v°-171.
Séleucie, Seloma, ancienne ville de Mésopotamie, 267 v°.
Selivri, Salubry, Turquie, Constantinople, 89 v°. — Évê-
que : Pascal Maupair.
Seine, voir Seille.
Seloma, voir Séleucie.
Semeï, personnage biblique, 138, 688.
Semer, voir Seymour.
Senas, France, Bouches-du-Rhône, 116, 116 v°.
Senes, voir Sienne.
Seninghen, Se?iigan, Seniguen, comtesse de, 475 v°, 481 v°,
499.
Seniguen, voir Seninghen.
Sens, France, Yonne, IX, 171, 473, 481 v°-483 v°, 519,
522, 523, 530 v°, 597-598 v», 619. — Archevêques :
Jean Bertrandi, Louis de Lorraine, cardinal de Guise,
François Poncher. — Martyrs : Jean l'Anglais, N.
de Bolengers, N., archer, N.N., boulanger et son
épouse, N.N., épouse et fille d'un épinglier, N.N.,
épouse et fille d'un médecin, N.N., épouse et fille de
Jacques Ithier, N., menuisier, N., serviteur de Mom-
baut, N.N., plusieurs personnes martyres, Gilles Riche-
bois et son épouse, Georges Tardif.
Séraphon Archambaut, martyr à Dijon, 450 v°-456 v°.
Serenus, 10.
Serre, Pierre, martyr à Toulouse, 276 v°-277.
Servet, Michel, exécuté à Genève, 343 v°, 622 v°.
51
Seur, Jean le, dit Monsieur Philippes, ministre, martyr
au Cateau, 696 v°.
Séville, Espagne, Séville, IX, 134, 335, 537-537 v°,
540-544 v°. — Archevêque : Ferdinand de Valdes. —
Martyrs : Christophe de Arellanio, Jeanne de Bo-
horches, Marie de Bohorches, Françoise de Chaves,
Marie Cornel, Jean Gonzalve et sa famille, Julien
Hernandez, Jean de Léon, Christophe de Losada,
Morzilio, N., jeune fille, Jean Ponce de Léon, Ferdi-
nand de Sainct-Juan, Isabelle de Vaenia, Marie de
Viroes.
Sèvre, Jacques le, habitant de Craon, 456 v°.
Seymour, Semer, Édouard, duc de Somerset, protecteur
du royaume d'Angleterre, 191 v°-193 v°, 294, 294 v°, 299,
314, 314 v°, 417, 417 v°.
Seymour, Semer, Thomas, amiral, 192, 193 v°.
Shandon, voir Chandos.
Sharp, Édouard, martyr à Bristol, 437 v°.
Sharton, voir Shaxton.
Shaxton, Sharton, Nicolas, évêque de Salisburv, 92 v°-
93 v", 167 v°, 169, 416 v°.
Shrewsbury, Angleterre, Shropshire, 93. — Martyr :
Guillaume Thorpe (?).
Shropshire, Salop, Salopie, Angleterre, 7 v°, 8, 9, 10, 11 v°.
Sibenik, Sebenico, Yougoslavie, 697.
Sibert, Jean, Sibrandt (?), anabaptiste, 84 v°.
Sibrandt, voir Sibert.
Sicile, Italie, 544 v°, 557 v°.
Sidal, voir Sydal.
Sidney, Sedney, Henri, gentilhomme anglais, 264 v°.
Sidon, Phénicie, 653 v°.
Sidrach, personnage biblique, 505.
Sienes, voir Sienne.
Sienes, Bernardin de, voir Ochino, Bernardin.
Sienne, Senes, Sienes, Italie, Toscane, 466, 635.
Sigismond, empereur, 6, 15 v°-42 v°.
Sigismond Ier, roi de Pologne, 622, 622 v°.
Sigismond II, roi de Pologne, 622.
Signier, Gaspard, viguier de Draguignan, 470.
Silas, compagnon de saint Paul, 282 v°.
Silésie, 21.
Siméon, personnage biblique, 341 v°, 616, 665 v°, 690.
Siméon, saint, 267 v°.
Siméon Herme, martyr à Lille, 572-572 v°.
Simon, curé à Anvers, 636, 644.
Simon, voir Simon le Magicien.
Simon Brossier, ministre, martyr à Périgueux, 620 v°-
621.
Simon Chignet, martyr à Wassy, 592 v°.
Simon Geoffroy, martyr à Wassy, 592 v°.
Simon Guilmin, martyr à Lille, 572.
Simon Joyne, loyne, martyr à Colchester, 437 v°.
Simon Laloé, martyr à Dijon, 274-274 v°.
Simon le Magicien, 11 v°, 33, 50 v°, 369 v°, 565 v°.
Simon Mareschal, martyr à Langres, 170 v°-171.
Simon de Sudbury, Sutburie, archevêque de Canterbury,
2 v», 34 v°.
Simon Vigor, pénitencier d'Évreux, 269, 269 v°, 274.
Simon, Claude, martyr à Wassy, 592 v°.
Simon, Nicolas, réformé, 578 v°-579.
Simons, Symons, Guillaume, homme de loi à Windsor,
106 v°.
Simons, Menno, anabaptiste, 85.
Simson, voir Symson, Cuthbert.
Simson, Symson, Jean, martyr à Rochford, 329.
Simusin, Jean de, gentilhomme morave, 42.
Sion, voir Jérusalem.
Sirach, personnage biblique, 362.
Sixte IV, pape, 541.
Skitzynye, Wldko, gentilhomme morave, 42.
Slade, Jean, martyr à Brentford, 472 v°.
Slech, Leache, Guillaume, mort en prison à Londres,
437 v°.
Sleidan, Jean-Philippe, historien allemand, 83 v°, 97 v°.
Smalcalde, voir Smalkalde.
Smalkalde, Smalcalde, Allemagne, Hesse, 97.
Smith, Smit, Mareschal, Christophe, ministre, martyr à
Anvers, IX v», 635 v°-653 v°.
Smith, Richard, Smyth, Richerd, mort en prison à Londres,
365 v°.
Smith, Smyth, Fabri, Richard, doven de Faculté à Ox-
ford, 86, 299, 300 v°, 328.
Smith, Smyth, Robert, martyr à Uxbridge et non à Staines,
362 v°-364 v°.
Smithfield, voir Londres.
Smithfild, voir Londres.
Smyth, voir Smith.
Smyth, Richerd, voir Smith, Richard.
Smytfield, voir Londres.
Smythfild, voir Londres.
Snode, voir Snoth.
Snoeckaerts, de Bruges, 644.
Snoth, Snode, Agnès, martyre à Canterbury, 423 v°.
Soalle, voir Sole.
Sobna, personnage biblique, 77 v°.
Soccans, voir Soquence.
Socrate, philosophe grec, 40, 41.
Sodome, ancienne ville d'Asie Mineure, III v°, 54 v°,
257 v», 272, 601.
Soissonnais, France, VIII v°.
Soissons, France, Aisne, 170 v°, 185, 274.
Solan, seigneur de, 699.
Sole, Soalle, Jeanne, martyre à Canterbury, 423 v°.
Soliman, Solyman, empereur, 70.
Solyman, voir Soliman.
Somerset, Sommerset, Édouard Seymour, Semer, duc de,
protecteur du rovaume d'Angleterre, 191 v°-193 v°, 294,
294 v°, 299, 314, 314 v°, 417, 417 v».
Sommenoire, voir Sommevoire.
Sommerset, voir Somerset.
Sommevoire, Sommenoire, France, Haute-Marne, 594.
Sonthwork, voir Southwold.
Sophonie, prophète, 676.
Soquence, Soccans, Vincent de Cruchot, seigneur de,
martyr à Rouen, 621.
Sorret, Jean, martyr à Tournai, 706-708 v°.
Sosthène, Sosthenes, saint, 409.
Souabe, Suaube, Allemagne, 32, 35 v°, 83 v°.
Soubselles, Anselme de, suspect, 557 v°.
Southam, Sozvthan, Thomas, martyr à Londres, 472 v°.
Southampton, Angleterre, Hampshire, 15.
Southampton, Thomas Wriothley, Wriothesley, comte
de, chancelier d'Angleterre, 166-167 v°.
Southzvel, voir Southvvell.
Southwell, Southvel, Richard, sir, 331 v°.
Southwold, Sonthwork, Angleterre, Suflfolk, 423.
Sozvthan, voir Southam.
Spaldyng, Jean, 56 v°.
Spalato, voir Split.
Spangenberg, Cyriaque, théologien 672 v°.
Spellen, voir Spellius.
Spellius, Spellen Jean, drossart à Bruxelles, 701 v°.
Spencere, une femme nommée, voir Spicer, Thomas.
Spencer, Alice, Spenser Alile, suspecte, 424.
Spenser, Jean, martyr à Colchester, 437 v°.
Spenser, Richard, martyr à Salisbury, 102 v°.
Spenser, Richard, 423.
Spera, voir Spiera.
Spicer, Jean, martyr à Salisbury, 437 v°.
Spicer, Thomas, Spencere, martyr à Beccles, 437 v°.
Spiera, Spera, François, martyr à Padoue, 449, 505.
Spilman, monsieur, 165 v°.
Spinello, Salvator, seigneur italien, 545-546.
Spinola, François, martyr à Venise, 697 v°-698 v°.
Spire, Allemagne, 15 v°, 47 v°, 153 v°. — Martyr : Pierre
Toraw.
Spissnia, Diwa de, gentilhomme morave, 42.
Split, Spalato, Yougoslavie, 697.
Spurdanc, voir Spurdance.
Spurdance, Spurdanc, Thomas, martyr à Bury-Saint-
Edmunds, 437 v°.
Spurge, Richard, martyr à Londres, 437 v°.
Spurge, Thomas, martyr à Londres, 437 v°.
Staines, Stanes, Angleterre, Middlesex, 364 v°. — Martyr :
voir Uxbridge.
Stancaro, Stancarus, Francesco, théologien, 622 v°.
Stancarus, voir Stancaro.
Stanes, voir Staines.
Standonc, officier de justice, 55.
Stanislas de Znojmo, Stanislaus de Znoyme, professeur
à Prague, 16, 25 v», 27.
Stanislaus, prêtre, 27.
Stanley, Édouard, comte de Derby, Darbe, 331 v°, 333,
337 v°.
Stanislaus de Znoyme, voir Stanislas de Znojmo.
Stanwell, voir Windsor.
Steenwerck, voir Steenwerque.
Steenwerque, Steenwerck, France, Nord, 559 v°, 560 v°.
Steffko de Draczdw, gentilhomme morave, 42.
Stenning, voir Steyning.
Stenyns, Jean, notaire, 46 v°.
Stephaneschi, Pierre degli, cardinal de Saint-Ange, 24.
Stephay, Pierre, licencié en théologie, 433 v°.
Stephen, voir Étienne.
Stère, Guillaume, martyr à Canterbury, 362 v°.
Steuter, voir Streater.
Stevenyg, voir Steyning.
Steyning, Stenning, Stevenyg, Angleterre, Sussex, 361. —
Martyr : Jean Launder.
52
Stokesley, Stokislé, Stokislée, Jean, évêque de Londres,
73 v°, 77 v°, 87, 91, 416, 416 v°.
Stokis, Pierre, carme, promoteur, 4 v°.
Stokislé, voir Stokesley.
Stokislée, voir Stokesley.
Stor, voir Story.
Storch, Stork, Nicolas, anabaptiste, 83.
Stork, voir Storch.
Story, Stor, Jean, commissaire de Marie Tudor, 395 v°-
396 v», 399-401 v°.
Strada, Isabelle de, Estrada, martyre à Valladolid, 538.
StradforboKe, voir Stratford.
Stradford, voir Stratford.
Stradforde, voir Stratford.
Stratford, Stradforbowe, Stradford, Stradforde, Stratford-
le-Boive, Angleterre, Londres, 362 v°-364 v°, 437 v°,
441 v°-442 v°. — Martyrs : Henri Adlington, Jean
Apprice (U prise), Thomas Bowyer, Léon Cawch,
Jean Derifall, Agnès Georges, Guillaume Hally-
well, Etienne Harwood, Edmond Hurst, Ralph Jack-
son, Hugues Laverok, Laurent Parnam, Elisabeth
Pepper, Jean Routh, Georges Searles, Elisabeth
Warne, Henri Wye.
Stratford-le-Bowe, voir Stratford.
Strasbourg, France, Bas-Rhin, 84, 115, 115 v°. 134 v°,
139 v», 152, 152 v°, 161, 191 v°, 274 v°, 355 v°, 544,
579 v°, 600 v°, 619, 625.
Streater, Steuter, Robert, martyr à Canterbury, 365 v°.
Stuard, voir Stuart.
Stuart, Stuard, Robert, gentilhomme écossais, 557-559 v°.
Studenika, N., gentilhomme morave, 42.
Stur, Richard, chevalier anglais, 4.
Suaube, voir Souabe.
Sudbury, Sutburie, Simon de, archevêque de Canterburv,
2 v°, 34 v".
Suétone, historien latin, VI v°.
Suffolc, voir Suffolk.
Suffolch, voir Suffolk.
Suffole, voir Suffolk.
Suffolk, Suffolc, Suffolch, Suffole, Angleterre, 56, 167 v°,
264-265, 299 v°, 306 v°, 308, 308 v», 364 v°, 417 v»,
423 v», 431 v°, 437 v°.
Suffolk, Suffolc, duc de, 264, 265, 299 v°.
Suffolk, duchesse de, 167 v°.
Suffolk, Suffolc, Jeanne, fille du duc de, 264, 264 v°.
Suisse, passim,
Sultzbrach, voir Sulzbach.
Sulzbach, Sultzbrach, Allemagne, Haut-Palatinat, 36 v°.
Supphen, Henri, martyr à Meldorf, VII v°, 61 v°-62.
Surguin, Raoul, juge à Angers, 412.
Suse, voir Suza.
Sussex, comtesse de, 167 v°.
Sutburie, voir Sudbury.
Suza, Suze, Italie, Turin, 573 v°.
Suzanne, personnage biblique, 34 v°, 40.
Suzanne Taylor, fille de Roland Taylor, 308.
Sweerde, Julien van den, lulien de Lespe-darme, martyr
à Ath, 395.
Sydal, Sidal, Henri, professeur à Oxford, 418 v°, 419,
421 v°, 422.
Sylva, Jeanne de, condamnée à Valladolid, 538.
Sylvestre II, pape, 624.
Sylvestre, Jacques, bourreau, réformé, 274 v°.
Sylvius, Aeaneas, voir Pie II.
Symons, voir Simons.
Sympson, Duncan, prêtre, martyr à Edimbourg, 89.
Symson, Simson, Cuthbert, martyr à Londres, 472 v°.
Symson, voir Simson.
Syrie, 391.
T
T., ami de Claude de la Canesière, 390.
Tabbart, Guillaume, 660 v°.
Tabor, Thabor, Tchécoslovaquie, 42 v°.
Tachard, Martin, ministre, martyr à Toulouse, IX v°,
698 v°-700.
Taffignon, Jean, martyr à Langres, 170 v°, 171.
Tagliaret, Tailleret, Italie, Turin, 574-576.
Tailleret, voir Tagliaret.
Tailleur, voir Taylor.
Taler, voir Tayler.
Talleman, voir Tallemant.
Tallemant, Talleman, Antoine, condamné à Tournai, 610.
Tallemant, Talleman, Nicolas, condamné à Tournai, 610.
Tamber, Gaspard, martyr à Vienne, 67.
Tamié, Tamis, col de, France, Haute-Savoie, 340 v°.
Tamis, voir Tamié.
Tankerfeld, voir Tankerfield.
Tankerfield, Tankerfeld, Georges, martvr à Saint-Albans,
362 v».
Tantale, personnage mythologique, 674.
Tappaert, Roardus, voir Tapper, Ruard.
Tappaert, Ruardus, voir Tapper, Ruard.
Tapper, Ruard, Eneuse, Roardus de, Tappaert, Ruardus,
Ruivard, inquisiteur général des Pays-Bas, 59, 60 v°, 96,
385 v°, 459, 459 v».
Tardif, Georges, martyr à Sens, 481 v°-482.
Tarantaise, voir Tarentaise.
Tarentaise, Tarantaise, France, Savoie, 340 v°, 341, 342,
344, 344 v».
Tarquin le Superbe, 557 v°.
Taunton, Tautone, Angleterre, Somerset, 362 v°. —
Martyr : Roger Cirier.
Taurin, voir Tavrin.
Tautone, voir Taunton.
Tavernier de Boston, musicien à Oxford, 74 v°.
Tavran, Guyraud, martyr à Chambéry, 340-358.
Tavrin, Taurin, Gravelle, martyr à Paris, 482-484, 487.
Tayler, Taler, professeur à Cambridge, 192.
Tayler, voir Taylor.
Taylor, Tailleur, Taylour, Guillaume, martyr à Londres,
48.
Taylor, Georges, fils de Roland Taylor, 308.
Taylor, Hélène, fille de Roland Taylor, 308.
Taylor, Tayler, Jean, évêque de Lincoln, mort en prison
à Londres, 90, 294.
Taylor, N., épouse de Roland Taylor, 308.
Taylord, Roland, martvr à Aldham Common près de
Hadleigh, 306 v°-308 v°.
Taylor, Rupert, fils de Roland Taylor, 308.
Taylor, Suzanne, fille de Roland Taylor, 308.
Taylor, Zacharie, fils de Roland Taylor, 308.
Taylour, voir Taylor.
Tedeschi, Nicolas de, Panorme, théologien, 298, 298 v°.
Teilemont, voir Tirlemont.
Tekel, voir Tetzel.
Teler, Edmond, officier, 362.
Tempsey, Temsée, chanoine de Lichfield, 374 v°.
Temsée, voir Tempsey.
Tenremonde, voir Termonde.
Térence, poète latin, 379.
Termonde, Tenremonde, Belgique, Flandre Orientale, 672.
Tertullian, voir Tertullien.
Tertullien, Tertullian, père de l'Église, 109, 160, 220 v°,
379, 380 v°, 445 v°, 462 v°, 473 v°, 476 v°, 495 v°, 496 v°,
501 v°, 502, 506 v°, 508, 532 v°, 571, 587 v°, 638, 655 v°,
682, 686 v°.
Tessières, Guillaume, religieux de Bordeaux, 435 v°.
Testwood, Robert, martyr à Windsor, 106-106 v°.
Tetzel, Tekel, Jean, dominicain, 57 v°.
Thabitha, personnage biblique, 501 v°.
Thabor, mont de Palestine, 605.
Thabor, voir Tabor.
Thackvel, Thaevel, Élisabeth, martyre à Londres, 437 v°.
Thaevel, voir Thackvel.
Thames, Jean Williams, Thamo, Vilian de, baron de,
419 v°, 422.
Thamo, Vilian de, voir Thames.
Theodora Irène, voir Irène.
Théodore de Bèze, Besze, réformateur, 581, 584 v°,
585-588 v°, 628 v°-629.
Théodore de Chaumont, abbé de Saint-Antoine-en-
Viennois, 62, 67.
53
Théodore Sartor, voir Thierry Couturier.
Théodoret, Théodorite, évêque de Cvr, 379, 380, 677 v°,
678, 687.
Théodoric, roi des Ostrogoths, 109.
Théodorite, voir Théodoret.
Théodose, empereur d'Orient, 109.
Théophilacte, voir Théophylacte.
Théophylacte, Théophilacte, théologien grec, 405 v°,
682 v°.
Theorden, voir Thornton.
Thessalonique, Grèce, 282 v°, 339.
Thetford, Chetford, Angleterre, Norfolk, 365 v°. — Martyr :
Thomas Cob.
Thevenin, Claude, martyr à Wassy, 592 v°.
Thibaut, Nicolas, marchand, 129 v°.
Thielemant, Nicolas, échevin de Wassy, 592 v°-593. —
Jeannette, épouse de Nicolas, martyre à Wassy, 592 v°-
593.
Thierry de Batenburg, Battembourg, martyr à Bruxelles,
701 v».
Thierry Couturier, Théodore Sartor, anabaptiste, 84 v°.
Thierry, Claude, martyr à Orléans, 179 v°.
Thieullier, Tieuille, Jean le, martyr à Valenciennes, 696.
Thijs ou Matthijs, Diessen, André, 385-385 v°.
Thijs ou Matthijs, Diessen, Catherine, épouse du précé-
dent, suspecte, 385-386 v°.
Thijs ou Matthijs, Diessen, François, martvr à Malines,
VIII v», 385-387.
Thijs ou Matthijs, Diessen, Jean, martyr à Malines, 386 v°.
Thijs ou Matthijs, Diessen, Nicolas, martyr à Malines,
VIII v°, 385-387.
Thijs ou Matthijs, Diessen, N., sœur du précédent, suspecte,
385-387.
Thijs ou Matthijs, Diessen,N., frère des précédents, suspect,
385-387.
Thirlby, Thomas, évêque d'Ely, 296 v°.
Thoinnette, voir Chonnette.
Tholoiise, voir Toulouse.
Thomas, prêtre, martyr à Norwich, 56.
Thomas d'Aquin, saint, 9 v°, 93 v°, 204, 469, 499, 544 v°.
Thomas Arthur, suspect, 72-72 v°.
Thomas Arundel, archevêque de Canterburv, chancelier
d 'Angleterre, 6-14 v», 44-48.
Thomas Askin, Asken, martyr à Newbury, 437 v°.
Thomas Avington, Abington, martyr à Lewes, 437 v°.
Thomas Barnel, procureur fiscal de Londres, 56 v°.
Thomas Becket, Beket, chancelier d'Angleterre, 73 v°.
Thomas Bekinsaw, Bekensal, secrétaire, 300 v°.
Thomas Benbridge, Bambrige, martyr à Winchester,
472 v°.
Thomas Bernard, martyr à Lincoln, 102 v°.
Thomas Bilney, Bilnée, martyr à Norwich, 72-72 v°.
Thomas du Bois, religieux, 555.
Thomas Bowyer, Bower, martvr à Stratford, 437 v°,
441 v°-442 v°.
Thomas Bridges, Brigge, chevalier, 419 v°.
Thomas Britwel, suspect, 7.
Thomas Brown, Broun, martyr à Londres, 423.
Thomas Bugle, martyr à Londres, 48 v°.
Thomas de Bungay, Bongay, martyr à Norwich, 56.
Thomas Cajetan, cardinal, 58.
Thomas Calbergue, martyr à Tournai, VIII v°, 290 v°-
291 v».
Thomas Causton, Causson, martyr à Rayleigh, 315-
316 v».
Thomas Cob, Cobbe, martyr à Thetford, 365 v°.
Thomas Coe, voir Roger Coo.
Thomas Cranmer, père de l'archevêque, 415 v°.
Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury, martvr
à Oxford, VIII v°, 75 v°, 76, 90-90 v», 192, 294, 294 v°,
306 v°, 376, 382, 382 v», 402 V, 415 v°-422.
Thomas Croker, martyr à Gloucester, 437 v°.
Thomas Cromwel, Cromel, chancelier de l'Échiquier et
secrétaire d'Henri VIII, 85 v°, 90, 91 v°, 92-94 v°,
97-97 v°, 101 v°-102.
Thomas Dobbe, Dobee, mort en prison à Londres, 191 v°-
192.
Thomas Drowry, aveugle, martyr à Gloucester, 437 v°.
Thomas Dungate, Dingat, Dungat, martyr à East Grin-
stead, 437 v°.
Thomas Forret, chanoine, martyr à Édimbourg, 89.
Thomas Fust, Fusse, martyr à Ware, 364 v°.
Thomas Garret, Garet, Garrard, martvr à Londres, 72 v°,
96 v°-97.
Thomas de Gascogne, écrivain, 47 v°.
Thomas Goldwell, évêque de Saint-Asaph, Aise, Asse,
399, 399 v°.
Thomas Goodrich, Geoffroy, évêque d'Ely, 416 v°.
Thomas Goreway, Goricay, martyr à Lichfield, 365 v°.
Thomas Harland, martyr à Lewes, 437 v°.
Thomas Hasard, Hazard, franciscain à Tournai, 135 v°,
137, 150, 426.
Thomas Hawkes, Haux, Havx, martyr à Coggeshall,
322 v<>-329.
Thomas Hayward, Hayivarde, martvr à Lichfield,
365 v».
Thomas Honnoré, martyr à Meaux, 160 v°-163 v°.
Thomas Howard, duc de Norfolk, 94 v°, 164.
Thomas Huycke, docteur, 561.
Thomas Hygby, martyr à Horndon, 315-316 v°.
Thomas Hytten, martyr à Maidstone, 72.
Thomas Iverson, Everson, martyr à Chichester, 361.
Thomas Jacomeli, Iacomel, Iacomelly, inquisiteur à Turin,
438 v°-440 v», 574.
Thomas Latimer, chevalier, 4.
Thomas Martin, commissaire de Marie Tudor, 302 v°,
321 v».
Thomas Massot, notaire, 618.
Thomas Milles, Mylles, martyr à Lewes, 437 v°.
Thomas More, Morus, chancelier d'Angleterre, VIII,
72, 72 v», 74-77 v», 85 v», 92 V, 420.
Thomas Moutarde, martyr à Valenciennes, 538 v°.
Thomas Munzer, Muncer, réformateur, 83, 83 v°, 85.
Thomas Norys, martyr à Norwich, 56.
Thomas Osmond, Gsmunde, martyr à Manningtree, 329.
Thomas Pallenq, du plan d'Apt, condamné par contumace,
115, 115 v°.
Thomas Palmer, franciscain à Londres, 46.
Thomas Parker, docteur, chancelier de Worcester, 73.
Thomas Parret, Paret, mort en prison à Londres, 437 v°.
Thomas de Piollenc, procureur général du roi à Aix-
en-Provence, 115, 120, 122 v», 126, 126 v°, 129 v».
Thomas Ravensdale, Ravendale, martvr à Mavfield,
437 v°.
Thomas Reade, Rede, martyr à Lewes, 437 v°.
Thomas Rhedon, martyr à Rome, VII v°, 49.
Thomas Roman, délégué de San-Germano-Chisone, 576.
Thomas de Sainct-Paul, martyr à Paris, 185, 185 v°.
Thomas Schyker, anabaptiste, 84.
Thomas Seymour, Semer, amiral, 192, 193 v°.
Thomas Southam, SoKthan, martyr à Londres, 472 v°.
Thomas Spurdance, Spurdanc, martyr à Bury-Saint-
Edmunds, 437 v°.
Thomas Spurge, martyr à Londres, 437 v°.
Thomas Thirlby, évêque d'Ely, 296 v°.
Thomas Tolmont, martyr à Limbourg, 703.
Thomas Tomkins, martyr à Londres, 315, 363 v°.
Thomas Tylar, Tyler, mort en prison à Londres, 472 v°.
Thomas Walden, Waldenus, prieur des carmes à Londres,
46 v°.
Thomas Watelet, Watlet, martyr à Liège, 617-618.
Thomas Wats, martyr à Chelmsford, 329.
Thomas Wendy, Wendie, médecin d'Henri VIII, 264 v°.
Thomas Whitehead, Withed, martyr à Norwich, 472 v°.
Thomas Whittle, Witlé, martvr à Londres, 397, 422-
423, 424, 425.
Thomas Whood, Hoode, martyr à Lewes, 437 v°.
Thomas Williams, Gillam, Guilleaume, ministre, maître
de Knox, 165.
Thomas Wolsey, Vulsé, archevêque d'York, chancelier
d'Angleterre, 72-72 v°, 74-74 v°, 86, 92 v°.
Thomas Wriothley, Wriothesley, comte de Southampton,
chancelier d'Angleterre, 166-167 v°.
Thomas Wrothe, Vrots, gentilhomme anglais, 264 v°.
Thomas, Daniel, martyr à Wassy, 592 v°.
Thomas, Pierre, carme, archevêque de Crête, 55.
Thon, voir Thonnance-les-Moulins.
Thonnance-les-Moulins, Thon, France, Haute-Marne,
593 v°.
Thoret, N. le, capitaine, 446 v°.
Thornton, Theonden, Richard, évêque auxiliaire de Dou-
vres, 418.
Thorp, voir Thorpe.
Thorpe, Guillaume, mort en prison à Shrewsbury ( ? ),
VII v», 6-14 v», 47 v», 310 v".
Thou-en-Lorraine, voir Toul.
Thoulouse, voir Toulouse.
Thrace, Guillaume, exhumé et brûlé à Toddington,
72 v-o-73.
Thrace, Richard, 72 v°-73.
Three, martyr à Norwich, 472 v° ; erreur : il s'agit du
nombre trois. Il existe, en effet, un groupe de trois
martyrs à Norwich, ignorés par Crespin (Thomas
Carman, Thomas Hudson et Guillaume Seaman),
tandis que les noms de Richard Harris, Jean Dazcs et
N., femme de Georges, sont une redite fautive de trois
martyrs de Colchester : Guillaume Harris, Richard
Day et Christiane Georges.
Thurin, voir Turin.
Thyatire, ancienne ville d'Asie Mineure, 682.
54
Thyeste, personnage mythologique, 479.
Tibre, Tybre, Italie, 477 v», 557.
Tielemans, Tilleman, Tilman, Gilles, martvr à Bruxelles,
99-99 v°, 102 v°-105 v°, 510 v°.
Tieuille, voir Thieullier.
Tignac, lieutenant de Lyon, 235 v°, 283 v°-285 v°.
Tillac, N. de, réformée, 251.
Tilladet, N., seigneur de Saint-Orans, capitaine, 699,
699 v°.
Tilleman, voir Tielemans.
Tilman, voir Tielemans.
Timothée, saint, 65 v°, 139 v°, 200, 213, 226 v°, 241,
307 v°, 343, 346, 366, 368, 370, 463 v°, 487 v°, 489,
507 v°, 564, 565, 590 v°, 602 v°, 623 v°, 655, 703.
Ticzewicz, Rynald de, gentilhomme morave, 42.
Tirczewicz, Pirebbor de, gentilhomme morave, 42.
Tisnacq, Dissenac, Charles de, conseiller impérial, pro-
cureur fiscal de Brabant, 135.
Tite, saint, 307, 307 v°, 363, 368, 370, 489, 602 v°, 655.
Titelmans, Pierre, doyen de Renaix, inquisiteur général
des Pays-Bas, 510, 511, 560 v°, 562 v°, 598 v°, 599, 600,
659 v°, 661, 662 v°, 663.
Tobie, personnage biblique, 420.
Toddington, Todyngton, Angleterre, Gloucestershire, Glo-
cestre, 72 v°-73. Bûcher posthume : Guillaume Thrace.
Todyngton, voir Toddington.
Token, voir Tolzen.
Tolède, Toledo, Tolete, Espagne, Tolède, 151 v°, 537,
622 v°, 658 v».
Tolède, Fernand de, voir Albe, duc de.
Toledo, Garcia de, seigneur espagnol, 537.
Toledo, voir Tolède.
Tolete, voir Tolède.
Tolmont, Thomas, martyr à Limbourg, 703.
Tolzen, Token, Henri, chanoine de Magdebourg, 48 v°.
Tombe, Jacques, Adrien, de le, martyr à Tournai, 151.
Tombe, Nicaise de le, martyr à Tournai, 625-625 v°.
Tomkins, Thomas, martyr à Londres, 315, 363 v°.
Tondeur, Claude, capitaine de Wassy, 593.
Tonstal, voir Tunstall.
Tonstall, voir Tunstall.
Tooley, Jean, Toulée, Guillaume, exhumé et brûlé à
Londres. 322-322 v°.
Toraw, Pierre, martyr à Spire, 47 v°.
Toro, Espagne, Zamora, 538.
Torquoin, voir Tourcoing.
Torre-Pellice, La Tour (?), Italie, Turin, 574 v°-576. —
Martyrs : Odoul Gemel, N., enfant.
Toscane, Italie, 635.
Tossawicz, Ion de, gentilhomme morave, 42.
Toul, Thou-en-Lorraine, Tulles, France, Meurthe-et-Mosel-
le, 43, 62, 140, 579 v°.
Toulée, Guillaume, voir Tooley, Jean.
Toulouse, Tholouse, Thoulouse, Toidouze, France, Haute-
Garonne, VIII, IX, 73 v°-74, 185 v°-186, 197, 276 v°-
277, 293 v°, 319 v°, 482 v°, 558 v°, 618 v°-620, 698 v°-
699 v°, 700. — Martyrs : François du Calvet, Jean
Caturce, Jean Jory et son serviteur, Pierre Serre, Mar-
tin Tachard.
Toulouze, voir Toulouse.
Tour, voir Torre Pellice (?).
Touraine, France, VIII, 174, 181, 449 v°, 450, 481 v°.
Tourcoing, Torquoin, France, Nord, 664.
Tournai, Tournay, Belgique, Hainaut, VII, VIII v°, IX,
62, 70, 82, 82 v°, 134 v°-140, 150-151, 171, 176 v», 184 v»,
186-191, 290 v°-291 v°, 387-388, 577 v°, 578, 594 v°-
596 v°, 600-617, 620, 623-625 v°, 629-635, 656 v°-658,
667 v», 669, 672 v°-674 v°, 693, 696, 696 v°, 704 v°-
706 v°. — Prison : Pepignie, 625 v°. — Évêques :
Charles de Croy, Gilbert d'Oignies. — Martyrs :
Jean de Bargibant, Bertrand le Blas, Pierre Brully,
Jacqueline Bruneau, Thomas Calbergue, Guillaume
Cornu, Pierre Cottrel, Alexandre Dayke, Hugues
Destailleur, Michel (Miquelot) Destoubequin, Ar-
nould Estallufret, Godefroid de Hamelle, Joachim
de Lalaing, Jean de Lannoy, Barbe Lestrée, André
Michel, Roger du Mont, Jean Picque, Marie de le
Pierre, Michel Robillard, Jean Sorret, Jacques de le
Tombe, Nicaise de le Tombe, François Varlut,
Henri de Westphalie.
Tournaisis, Tournesi, Tournesis, Tournesy, province des
anciens Pavs-Bas, 171, 387, 387 v°, 673, 674, 692 v°,
696 v°.
Tournay, voir Tournai.
Tournemine, Noël, martyr à Lille, 664 v°-665 v°.
Tournesi, voir Tournaisis.
Tournesis, voir Tournaisis.
Tournesy, voir Tournaisis.
Tourneur, Facy le, et son épouse, condamnés par contu-
mace, 115, 115 v°.
Tournon, France, Ardèche, 106 v°, 580 v°, 581, 584 v°,
586 v°.
Tournon, François de, cardinal-archevêque de Lyon,
106 v», 118 v°, 126 v", 234 v°, 235, 236 v°, 389, 530 v°,
580 v°, 581, 584 v°, 586 v°.
Tours, France, Indre-et-Loire, IX, 174, 450, 473, 481 v°-
482, 536, 557 v°, 558, 621 v°-622. — Martyr : Jean
Caillou.
Tourves, France, Var, 115, 115 v°, 131.
Toussain, Henri, substitut du procureur général en
Lorraine, 578 v°.
Tovart, Guillaume, martyr à Anvers, 704 v°, 705 v°.
Traian, voir Trajan.
Trajan, Traian, empereur romain, VI v°, 477.
Tramerie, Tramery, François de la, baron de Roisin,
673 v°, 674 v°.
Tramery, voir Tramerie.
Tran, voir Trans.
Trans, Tran, marquis de, gendre de Bertrandi, 483 v°.
Tree, Trie, Try, Anne, martyre à East Grinstead, 437 v°.
Trente, Italie, Trentin, 16 v°, 152 v°, 155 v°, 186, 340 v°,
459, 585 v°, 622, 658-659 v°. — Évêque : Georges de
Lichtenstein.
Très-Émines, Trézemines, France, Vaucluse, 130.
Trêves, Allemagne, Rhénanie-Palatinat, 140.
Trévise, Italie, Vénétie, 697 v°.
Trézemines, voir Très-Émines.
Tributiis, Honoré de, conseiller au Parlement de Pro-
vence, 124, 126 v°, 129 v°-130 v°, 175-176.
Tricio, Ferdinand de, évêque d'Orense, 537 v°.
Trie, voir Tree.
Trigalet, Jean, martyr à Chambéry, 340-358.
Trigonel, homme de loi, 416.
Trinité, Georges Coste, comte de la, 555, 574, 574 v°,
576.
Trivulzio, Agostino, vice-légat d'Avignon, 123, 123 v°.
Trois-Fontaines, voir Troisfontaines.
Troisfontaines, Trois-Fontaines, France, Marne, 592 v°.
Trombaut, Jean-Martin, habitant de Briqueras, Bricheros,
457 v°.
Trosnovie, lieu non identifié, 42 v°.
Troye, voir Troyes.
Troyes, Trove, France, Aube, 114 v°, 181 v°, 182, 470 v°,
536, 589 v°-591, 594 v°. — Martyrs : Jean du Bec,
Macé Moreau, N.N., trois habitants de Wassy.
Truchet, Charles, capitaine, 575.
Trudgeover, voir Georges Eagles.
Trunchfield, Jeanne, épouse de Michel Trunchfield,
martyre à Ipswich, 423 v°.
Trunchfield, Michel, d'Ipswich, 423 v°.
Try, voir Tree.
Tryphon, 477 v°, 478.
Tudson, Tuston, Jean, martyr à Londres, 423.
Tule, voir Tulle.
Tulesia, N. de, conseiller au Parlement de Turin, 458.
Tulle, Tule, France, Corrèze, 454.
Tulles, voir Toul.
Tumbridge, voir Tunbridge Wells.
Tunbridge Wells, Tumbridge, Angleterre, Kent, 361. —
Martyr : Jean Polley.
Tunstall, Tonstal, Cuthbert, évêque de Londres, puis de
Durham, 85 v°, 91, 191 v°, 294 v°, 300, 331, 332, 337 v°,
376, 408.
Turin, Thurin, Italie, Piémont, IX, 437 v°-440 v°, 458,
465 v°-469 v°. — Archevêque : César Cibo. — Martyrs :
Barthélémy Hector, Geoffroy Varagle.
Turmin, voir Turming.
Turming, Turmin, Turmyn, Richard, Jacques, martyr à
Londres, VII v°, 15 v°.
Turmyn, voir Turming.
Turpin, Philippe, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Tuscaen, Jean, martvr à Audenarde, 666 v°-667 v°,
669 v°.
Tuscaen, Simon, père de Jean Tuscaen, 666 v°.
Tuston, voir Tudson.
Tutty, Tuttye, Jacques, martyr à Canterbury, 365 v°.
Tuttye, voir Tutty.
Tybre, voir Tibre.
Tylar, Tyler, Thomas, mort en prison à Londres, 472 v°.
Tyler, voir Tylar.
Tylnée, Hélène, suivante de Jeanne Grey, 268.
Tymes, Tymnes, Guillaume, martyr à Londres, 437 v°.
Tymnes, voir Tymes.
Tyndal, voir Tyndale.
Tyndale, Tyndal, Guillaume, martyr à Vilvorde, 6 v°,
72-74 v", 85 v°, 86, 293 v°.
Tyr, Phénicie, 653 v°.
Tyssa, Dobessius de, gentilhomme morave, 42.
u
Uberlingen, Iberlingue, Allemagne, Constance, 36.
Ulm, Ulme, Allemagne, Wurtemberg, 156 v°, 157.
Ulme, voir Ulm.
Ulric de Lhota, gentilhomme morave, 42.
Ulric Zwingli, Zuingle, Zvingle, réformateur, 83 v°,
349 v°, 419, 560 v°.
Ulricus, voir Ulric.
Ultrecht, voir Utrecht.
Unicow, Albert de, archevêque de Prague, 16.
Uprice, voir Apprice.
Urbain IV, pape, 3, 3 v°.
Urbain V, pape, 635.
Ursetto, suspect, 549 v°.
Usegli, Marc, suspect, 546, 547 v°, 549, 552-553.
Ususmaris, voir César Cibo.
Utenhove, Jean, réformé, 287, 287 v°.
Utrecht, Ultrecht, province des anciens Pays-Bas, 60 v°,
85, 459, 459 v°, 701. — Évêque auxiliaire : Laurent
De Ridder.
Uxbridge, Angleterre, Middlesex, 362, 362 v*. — Martyrs :
Jean Denley, Patrice Pathingham, Robert Smith.
V
V., moine, 354.
Vadian, Joachim, consul de Saint-Gall, 83 v°, 84.
Vaenia, Isabelle de, martyre à Séville, 542-542 v°.
Vaes, Gonçalo, martyr à Valladolid, 538.
Vaillant, procureur général du roi à Turin, 438 v°, 440.
Vaine, Louis de, beau-frère de Jean Maynier, 130 v°, 131.
Vaisoy, voir Wassy.
Vaissi, voir Wassy.
Valcourt, Vallecourt, France, Haute-Marne, 594.
Valdes, Ferdinand de, archevêque de Séville, 537-
537 v°.
Valdo, Pierre, 114 v°, 121 v°.
Valdolit, voir Valladolid.
Valence, Espagne, Valence, 537 v°, 538. — Évêque :
François de Navarre.
Valenciennes, Vallencenes, Vallenciennes, France, Nord,
IX, 48, 134 v°, 137 v°, 140, 184 v°, 538 v°, 601, 602,
607 v", 614, 615, 623, 623 v°, 655 v°, 656, 667 v°, 672 v°-
696 v°, 706, 708. — Martyrs : Roland le Boucq, Guy
de Bray, Michèle de Caignoncle, Jean Cateux, Hanon
le Fèvre, Jacques le Fèvre, Michel le Fèvre, Péré-
grin de la Grange, Matthieu de le Haye, Michel
Herlin, Michel Herlin, junior, Jean Mahieu, Thomas
Moutarde, François Pattou, Pierre de le Rue, Jean
le Thieullier, Gillot Vivier.
Valens, empereur romain, 479.
Valentier, président du sénat de Chambéry, 345 v°.
Valentinian, voir Valentinien.
Valentinien, Valentinian, empereur romain, 397 v°.
Valeton, Nicolas, martyr à Paris, 81 v°-82.
Valguichard, voir Carbonieri.
Valla, Valle, Laurent, humaniste, 48 v°.
Valladolid, Valdolit, Valledolid, Espagne, Valladolid, 536 v°-
538 v°, 540, 544. — Martyrs : Blanche de Bivero,
Constance de Bivero, François de Bivero, Augustin
Caçalla, Christophe del Campo, François Errem,
Jean Hernandez, Antoine de Huezuelo, N., ferblan-
tier, Catherine Ortega, Christophe de Padilla, Alonse
Perez, Catherine Romain, François de Saint-Romain,
Isabelle de Strada, Gonçalo Vaes, Jeanne Velasquez.
Valle, voir Valla.
Vallecourt, voir Valcourt.
Valledolid, voir Valladolid.
Vallencennes, voir Valenciennes.
Vallenciennes, voir Valenciennes.
Valleron, capitaine, 127.
Valois, Marguerite de, fille de Henri II, 780 v°.
Valter, voir Walter.
Vancienne, Jean, martyr à Wassy, 592 v°.
van den Sweerde, Lespe-darme, Julien, martyr à Ath, 395.
van der Heyden, Verheyden, Gaspard, ministre à Anvers,
449, 509 v°.
van de Velde, Anne, martyre à Gand, 150.
Vanpoule, voir Bampoele, Nicolas van.
Varagle, Faragle, Geoffroy, ministre, martyr à Turin, IV,
465 v°-469 v°.
Varangeville, Warengeville, France, Meurthe-et-Moselle,
578.
Varenne, veuve, voir Warne, Elisabeth.
Vargas, Vergas, Jean, membre du Conseil des Troubles,
701 v°.
Varlut, François, martyr à Tournai, 600 v°-616 v°.
Varlut, Raymond, père du précédent, 614 v°.
Varnic, voir Warwick.
Varquis, François, seigneur de Higueras, époux de
Jeanne de Bohorches, 542.
Vases, rivière des, Amérique du Sud, 461.
Vaissy, voir Wassy.
Vassy, voir Wassy.
Vau, Pierre de la, martyr à Nîmes, 293 v°.
Vaudémont, Louis de Lorraine, comte de, 578 v°.
Vaulgine, capitaine, 127.
Vaultherin, Nicolas, Le grand Colas, bonnetier, 181 v°.
Vau-Luzerne, voir Luserna-San-Giovanni.
Vayr, Denis le, martyr à Rouen, 293-293 v°.
Vaze, Antoine, martyr à Marseille, 620.
Veau, Jacques le, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Vechta, Conrad de, archevêque de Prague, 16.
Vega, Jean de, martyr à Marseille, 620.
Velasquez, Jeanne, martyre à Valladolid, 538.
Velde, Anne van de, épouse de Jean de Bucq, martyre
à Gand, 150.
Venant, Guillaume, franciscain, 433 v°.
Vendôme, France, Loir-et-Cher, 179.
Vendômois, Vendosmois, France, 432 v°, 622.
Vendosme, voir Vendôme.
Vendosmois, voir Vendômois.
Vendy, seigneur de, 628.
Veneur, Gabriel le, évêque d'Évreux, 269, 273, 273 v°,
274.
Venise, Italie, Vénétie, IX, 49, 121 v°, 365 v», 367, 370,
371, 371 v°, 395 v°, 400 v°, 697-698 v°. — Martyrs :
Jules Guirlauda, Antoine Ricetto, François Sega,
François Spinola.
Venise, Noël de, procureur des carmes, 49.
Venisse, voir Comtat Venaissin.
Venot, Florent, martyr à Paris, 179.
Verceil, Italie, Novare, 469, 574 v°.
Verdrickt, Antoine, martyr à Bruxelles, 509 v°-512.
Verdrickt, Gilles, martyr à Bruxelles, 509 v°-512.
Verdun, France, Meuse, 62, 140.
Vergile, voir Virgile.
Vergas, voir Vargas.
Verheyden, Gaspar, voir van der Heyden, Gaspard.
Vermaerts, Pierre, 509 v°.
Vermandois, France, 458 v°.
Vermeil, Matthieu, martyr à Fort-Coligny au Brésil,
460 v°-465 v».
56
Vermigli, Pierre Martyr, théologien, 191 v°, 322 v°, 339,
418, 424 v°. — Son épouse, exhumée et brûlée à Oxford,
322 v».
Vernet, N. du, pédagogue, 176 v°.
Vernou, Jean, martyr à Chambéry, 340-358.
Versellis, Alphonse, vicaire général de Limoges, 320.
Vesdre, Weser, rivière, Belgique, 703.
Vespasian, voir Vespasien.
Vespasien, Vespasian, empereur romain, 478 v°.
Vespuce, Americ, navigateur, 444 v°.
Vesulus, voir Viso.
Veteris, Henri, conseiller au Parlement d'Aix-en-Pro-
vence, 539-540.
Vevay, voir Vevey.
Vevey, Vevay, Suisse, Vaud, 621.
Vian, Martin, et son épouse, condamnés par contumace,
115, 115 v°.
Viane, voir Vianen.
Vianen, Viane, Pays-Bas, Hollande du Sud, 673.
Vic-sur-Seille, France, Moselle, 62-63 v°. — Martyr :
Jean Castellan.
Vicart, Jean, martyr à Louvain, 95-98.
Vicenza, Vincence, Italie, Vénétie, 697 v°.
Vico, marquis de, 550.
Victor Ier, Victorius, pape, 337, 400.
Victor III, Victorius, pape, 677 v°.
Victorius, voir Victor Ier, Victor III.
Victrimont , voir Vitrimont.
Victry, voir Vitry-le-François.
Vienne, Autriche, 67, 70, 283 V, 416, 556, 556 v°. —
Martyr : Georges, Gaspard Tamber.
Vienne, France, Isère, 479.
Vigilius, évêque de Trente, 585 v°.
Vignon, Eustache, gendre de Jean Crespin, 608 v°.
Vigor, Simon, pénitencier d'Évreux, 269, 269 v°, 274.
Vilards, juge, 204.
Vilian de Thamo, voir Jean Williams.
Villabert, sieur de, gentilhomme, 598.
Villa-Garcia, Jean de, Ville garcine, dominicain, 418 v°-
419 v°, 421 v°, 422.
Villar-d Arène, voir Villars d'Arennes.
Villar-Pellice, Villaro, Villars, Italie, Turin, 574 v°.
Villaro, voir Villar-Pellice.
Villars d'Arennes, Villar d'Arène, France, Hautes-Alpes,
470.
Villars, voir Villar-Pellice.
Ville-france, voir Villefranche-sur-Saône.
Villefranche-sur-Saône, Ville-france, France, Rhône,
VIII v°, 239 v°, 240 v°, 248 v°, 252 v», 262. — Martyr :
Denis Peloquin, prisonnier à Lyon.
Villefranquon, N. de, lieutenant du gouverneur de Dijon,
455 v°.
Villegagnon, île dans la baie de Rio-de-Janeiro, Brésil,
voir Fort-Coligny.
Villegagnon, Villegaignon, Nicolas de, amiral français,
442 v°-449, 461-465 v°.
Villegaignon, voir Villegagnon.
Ville-garcine, voir Villa-Garcia.
Villelaure, France, Vaucluse, 130. — Seigneur de, voir
Gaspard de Forbin.
Vile-Mongie, voir Villemongis-Briquemaut.
Villemongis - Briquemaut, Ville - Mongie, gentilhomme
français, 558 v°.
Villeneuve-lez-Avignon, France, Gard, 626 v°.
Ville-Parisi, voir Villeparisis.
Villeparisis, Ville-Parisi, France, Seine-et-Marne, 516 v°.
Viller (?), dép. Lunéville, France, Meurthe-et-Moselle,
627.
Villette, Suisse, Vaud, 621.
Villevord, voir Vilvorde.
Vilvord voir Vilvorde.
Vilvorde, Villevord, Vilvord, Wilvord, Belgique, Brabant,
58 v°-60 v°, 85 v°. — Martyrs : Pasquier de le Barre,
Guillaume Tyndale.
Vincence, voir Vicenza.
Vincennes, France, Seine, 557 v°.
Vincent, saint, 564.
Vincent de Cruchot, seigneur de Soquence, Soccans,
martyr à Rouen, 621.
Vincent, Jean, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
Vincestre, voir Winchester.
Vindan, voir Windham.
Vire, France, Calvados, 239, 408 v°.
Viret, Pierre, écrivain réformé, 87 v°, 197 v°, 228, 229 v°-
233, 255 v°-258, 350, 553 v°.
Virgile, Vergile, poète latin, 674.
Virgile, Polydore, historien italien, 14 v°, 15.
Viroes, Marie de, martyre à Séville, 542-542 v°.
Vismare, voir Wismar.
Viso, Vesulus, massif montagneux, Italie, 87 v°.
Vitalis, Esprit, conseiller au Parlement d'Aix-en-Provence,
539, 540.
Vitrimont, Victrimont, France, Meurthe-et-Moselle, 628.
Vitry-h-François, Victry, France, Marne, 593 v°.
Vitry-en-Partois, voir Vitry-en-Perthois.
Vitry-en-Perthois, Vitry-en-Partois, France, Marne, 62.
Vivian, Gaspard, procureur de la foi à Turin, 439 v°-440.
Vivier, Gillot, martyr à Valenciennes, 184 v°.
Vladislaus, voir Ladislas VI.
Voes, Voez, Henri, martyr à Bruxelles, VII v°, 58 v°-
60 v°.
Voez, voir Voes.
Vogize, Bohême, non identifié, 42 v°.
Voileconte, voir Voillecomte.
Voillecomte, Voileconte, France, Haute-Marne, 594.
Volant, Jean, de Meaux, 161 v°-163 v°.
Volcart, Volckaert, Corneille, martyr à Bruges, 191 v°.
Volckaert, voir Volcart.
Vossenhole, Adrien, médecin, 649 v°.
Vouvray, Vouvrey, France, Indre-et-Loire, 92.
Vouvrey, voir Vouvray.
Voye, Aymond de la, martyr à Bordeaux, 99 v°-101 v°.
Vozioine, N. de, capitaine 129 v°.
Vrots, voir Wrothe.
Vuincestre, voir Winchester.
Varcebourg, voir Wurzbourg.
Vulsé, voir Wolsey.
w
Wacke, voir Wacken.
Wacken, Wacke, Adolphe de Bourgogne, seigneur de,
grand bailli de Gand, 670.
Waczlals de Kuckh, gentilhomme morave, 42.
Wade, Christophe (et non Jean), martyr à Dartford, 361.
Wade, Jean, mort en prison à Londres, 424.
Walace, voir Wallace.
Walden, Waldenus, Thomas, prieur des carmes à Londres,
3, 15, 46 v°, 48 v°.
Waldene, voir Walsden.
Waldenus, voir Walden.
Waldkirchen, Weldkirchen, Allemagne, Bavière, 157 v°.
Wallace, Adam, martyr à Edimbourg, VIII v°, 195 v°-
197.
Wallenrode, Jean de, évêque de Riga, Rigen, 21, 27 v°.
Wallie, voir Galles.
Walsden, Waldene, Angleterre, Yorkshire, 330 v°.
Walsingan, voir Wolsingham.
Walsingham, voir Wolsingham.
Walter Delaenus, Delenus, de Laene, ministre, 509 v°.
Walter Devereux, vicomte de Hereford, baron Ferrers
de Chartey, 401 v°.
Walter Hacht, Valter Hadon, maître des requêtes ordi-
naires en Angleterre, 561.
Waran, voir Warham.
Ware, Angleterre, Herfordshire, 364 v°. — Martyr :
Thomas Fust.
Ware, Henri, officiai de Canterbury, 46.
Waren, voir Warne.
Warengeville, voir Varangeville.
57
Warentrap, voir Warentrappe.
Warentrappe, Warentrap, Albert, doyen de Faculté à
Prague, 21.
Warham, Waran, Wauran, Guillaume, archevêque de
Canterbury, 72, 73, 416 v°.
Warne, Varenne, Elisabeth, veuve de Robert Lashford,
épouse de Jean Warne, martyre à Stratford, 362 v°.
Warne, Waren, Jean, martyr à Londres, 321-322.
Warne, voir Lashford.
Warneton, Belgique, Flandre Occidentale, 672 v°.
Warton, voir Paiîfew.
Warwick, Varnic, Richard, comte, 44.
Wassv, Vaisoy, Vaissi, Vaissy, Vassi, Vassy, France, Haute-
Marne, IX, 589-594 v°, 597, 619, 622. — Martyrs :
Pierre Arnaud, Jean Baudesson, Jean du Bois,
Antoine de Bordes, Nicole de Bordes, Jean Boucher,
Claude Brachot, Guillaume Briel, Nicolas Brissonet,
Nicolas Caillot, Simon Chignet, Nicolas le Clerc,
Jean Collesson, Nicolas Couvertpuys, Benjamin
Dauzamilliers, Girard Dauzamilliers, Pierre Des-
chets, Guillaume Drouet, Claude le Fèvre, Jean
le Fèvre, Simon Geoffroy, Pierre Girard, Pierre
Have, Quentin Jacquart, Didier Jacquemart, Jean
Jacquemart, Jean Jacquot, Jeannette, épouse de Ni-
colas Thielemant, Didier Jobart, Jacques Joly, Claude
Lejeune, Jean de la Loge, Girard Lucot, Marguerite
Lucot, Didier la Magdeleine, Claude Maillart, Nico-
las Maillart, Nicolas Menissier, Jean de Moisi, Mo-
niot, Jacques de Moniot, Jean de Moniot, Denis
Morisot, N., crieur de vin, N., menuisier, N.N., deux
hommes, Jean Pataut, Jean le Poix, Robert de Portille,
Denis de Raynel, Claude Richard, Nicolas Robin,
Claude Simon, Claude Thevenin, Daniel Thomas,
Jean Vancienne.
Waste, Jeanne, aveugle, martyre à Derby, 437 v°.
Watelet, Watlet, Thomas, martyr à Liège, 617-618.
Watlet, voir Watelet.
Wats, Thomas, martyr à Chelmsford, 329.
Waughier, voir Oguier.
Wauldru Carlier, martyre à Mons, 308 v°.
Wauran, voir Warham.
Web, voir Webbe.
Webbe, Web, Jean, martyr à Canterbury, 375 v°.
Weldkirchen, voir Waldkirchen.
Weldour, Wolfang de Zweibriicken, comte de, 493.
Wellen, voir Wells.
Wells, Wellen, Angleterre, Somerset, 321.
Wenceslas, saint, 20 v°, 42 v°.
Wenceslas, Wenceslaus, roi de Bohème, empereur, 20 v°,
42, 42 v°.
Wenceslas de Duba, Dube, chevalier, 16-21 v°, 28, 32,
32 v°, 35, 35 v°.
Wenceslas Kralik, patriarche d'Antioche, 19.
Wenceslaus de N., gentilhomme morave, 42.
Wenceslaus, voir Wenceslas.
Wendie, voir Wendy.
Wendy, Wendie, Thomas, médecin d'Henri VIII, 264 v°.
Went, Jean, martyr à Londres, 423.
Werchin, Pierre de, sénéchal de Hainaut, gouverneur
de Tournai-Tournaisis, 291, 291 v°, 387-388.
Wervicq, Belgique, Flandre Occidentale, 672 v°.
Wesel, Allemagne, Prusse rhénane, 387-388, 625-625 v°,
703, 704 v°.
Weser, voir Vesdre.
Wessel Gansfort, Wesselius, théologien, 492 v°.
Wesselius, voir Wessel.
Westcestre, voir Chester.
Westmunster, voir Londres, Westminster.
Weston, Hugues, doyen de Westminster, 310 v°, 338 v°,
339, 376, 382, 382 v°, 408, 418 v».
Westphalie, Allemagne, 84 v°.
Westphalie, Henri de, dit Flamand, martyr à Tournai, 70.
Wethers, voir Wythers.
White, Jean, évêque de Lincoln, puis de Winchester,
406, 406 v°.
White, Rawlins, Whyght, Raulin, martvr à CardifT, 317-
317 v».
Whitehead, Wythod, David, docteur, 165.
Whitehead, Jean, professeur à Oxford, 46.
Whitehead, Withed, Thomas, martyr à Norwich, 472 v°.
Whittle, Witlé, Thomas, martyr à Londres, 397, 422-
423, 424, 425.
Whood, Hoode, Thomas, martyr à Lewes, 437 v°.
Whyght, Raulin, voir White, Rawlins.
Wicks, Wik, gentilhomme anglais, 303 v°.
Wiclef, Wicleff, Wicliff, Jean, VII v°, 1-6, 7 v», 14 v»,
15 vO-36, 38-39 v°, 43 v°, 48, 48 v°, 310 v°, 345, 560 v».
Wicleff, voir Wiclef.
Wicliff, voir Wiclef.
Wie, voir Wye.
Wight, Etienne, martyr à Brentford, 472 v°.
Wigorne, voir Worcester.
Wik, voir Wicks.
Wiklek, Psateska de, gentilhomme morave, 42.
Willaerts, Jean, brasseur à Hulst, 662.
Wille, Ambroise, ministre, 608 v°.
Willhelme, voir Guillaume.
William, voir Guillaume.
Williams, Jean, baron de Thames, Vilian de Thamo,
419 v°, 422.
Williams, Gillam, Guilleaume, Thomas, ministre, maître
de Knox, 165.
Wilvord, voir Vilvorde.
Wincestre, voir Winchester.
Winchester, Wincestre, Wynton, Angleterre, Hampshire,
3, 45 v", 47, 72 v°-74 v», 75 v°, 76, 90, 91-93 v», 94 v°,
97, 106, 166 v°, 169, 191 v°, 300, 310, 315, 321, 321 v°,
327 v°, 330 v°, 376-378 v°, 380, 395 v°, 407 v°, 416-417,
421 v°, 422, 431, 472 v». — Évêques : Henri Beaufort,
Etienne Gardiner, Jean Poynet, Jean White. —
Martyrs : Thomas Benbridge, Saxy, prêtre. — Voir
Londres pour Jean Nicolson, dit Lambert.
Windham, Vindan, Angleterre, SufFolk, 265.
Windsor, Winsor, Angleterre, Berkshire, 106-106 v°. —
Martyrs : Henri Filmer, Antoine Peerson, Robert
Testwood.
Windsor, Winsor, Wynsor, Guillaume, baron de Stan-
well, 401 v°, 402, 404 v°.
Winghe, Wingle, Philippe van, martyr à Bruxelles, 701.
Winghene, Wingle, Wingles, Hermès de, conseiller au
bailliage de Tournai, 387 v°, 602 v°, 609, 615, 616,
623 v°.
Wingle, voir Winghe, Winghene.
Wingles, voir Winghene.
Winsor, voir Windsor.
Winston (?), Wisson, Angleterre, Suffolk, 424.
Wirtemberg, voir Wurtemberg.
Wiseman, Wisseman, Guillaume, mort en prison à
Londres, 375 v°.
Wismar, Vismare, Allemagne, Mecklembourg, 287, 287 v°.
Wisseman, voir Wiseman.
Wisson, voir Winston (?).
Witcoq, Damian, martyr à Mons, 306.
Witembergue, voir Wittemberg.
With, voir White.
Withead, voir Whitehead.
Withed, voir Whitehead.
Witlé, voir Whittle.
Witnam, Jean, docteur, 46.
Wittem, Witthem, Pays-Bas, Limbourg, 703. — Seigneur
de, voir Floris van Pallandt.
Wittemberg, voir Wittenberg.
Wittenberg, Witembergue, Wittemberg, Allemagne, Saxe-
Anhalt, 48, 68 v», 97, 293 v°.
Witthem, voir Wittem.
Wlko Skitznye, gentilhomme morave, 42.
Wodman, voir Woodman.
Wodstoken, voir Woodstock.
Woerden, Worden, Pays-Bas, Hollande, 60 v°.
Wolf, Jean de, martyr à Anvers, 625.
Wolffart de Pavlowicz, gentilhomme morave 42.
Wolfang de Zweibriicken, comte de Weldour, 493.
Wolfgang Schuch, ministre, martyr à Nancy, VIII, 64-
67, 151.
Wolsey, Vulsé, Wulse, Thomas, cardinal, archevêque
d'York, chancelier d'Angleterre, VIII, 72-72 v°, 74,
86, 92 v».
Wolsingham, Walsingan, Walsingham, Angleterre, Durham,
10, 365 v°. — Martyr : Guillaume Allen.
Wombewel, Robert, curé de Saint-Laurent à Londres, 46.
Woodman, Wodman, Richard, martyr à Lewes, 396.
Woodstock, Wodstoken, Angleterre, Oxfordshire, 334.
Wootton-under-Edge, Angleterre, Gloucestershire (et non
Newent, 437 v°). — Martyrs : Jean Horn, N., femme.
Worcester, Wigorne, Worcestre, Angleterre, Worcestershire,
92 v°-93, 294 v°, 295 v°-296 v°, 300, 332, 376, 382,
398-399, 408, 416 v», 418 v°. — Évêques : Nicolas
Heath, Jean Hooper, Hugues Latimer, Richard Pâtes,
Edwin Sands.
Worcestre, voir Worcester.
Worden, voir Woerden.
Wormes, voir Worms.
Worms, Wormes, Allemagne, Hesse, 47 v°, 69, 84, 139 v°.
— ■ Martyr : Jean Draendorff.
Wouter, Galter, Gaultier, Wrage, dit Oom, martyr à
Anvers, 624 v°-625.
Wrage, Wouter, Galter, Gaultier, dit Oom, martyr à
Anvers, 624 v°-625.
Wratisdow, Bohunko de, gentilhomme morave, 42.
Wright, Richard, martyr à Canterbury, 362 v°.
53
Wriothesley, voir Wriothley.
Wriothley, Wriothesley, Thomas, comte de Southamp-
ton, chancelier d'Angleterre, 166-167 v°.
Wrothe, Vrots, Thomas, gentilhomme anglais, 264 v°.
Wulse, voir Wolsey.
Wurtemberg, Wirtemberg, Christophe, duc de, 493, 619,
628.
Wurzbourg, Vurcebourg, Allemagne, Bade, 58. — Évêque :
Laurent de Bibra.
Wye, Wie, Henri, martyr à Stratford, 437 v°, 441 v°-
442 v°.
Wynsor, voir Windsor.
Wynton, voir Winchester.
Wyskowits, Alsso de, gentilhomme morave, 42.
Wythers, Wethers, Matthieu, mort en prison à Londres,
472 v°.
Wythod, voir Whitehead.
X
Xantonge, voir Saintonge.
Y
Yeres, voir Yerres.
Yerres, Yeres, France, Seine-et-Oise, 470 v°.
Yexford, voir Yoxford.
Yonge, mère de la dame de, martyre en Angleterre, 55.
Yorc, voir York.
York, Yorc, Angleterre, Yorkshire, VIII, 92 v°, 93, 97,
336-337 v°, 416. — Archevêques : Nicolas Heath,
Edouard Lee, John Morton, Thomas Wolsey.
Yoxford, Yexford, Angleterre, Suffolk, 365 v°. — Martyr :
Roger Coo (et non Thomas Coe).
Ypre, voir Ypres.
Ypres, Ypre, Belgique, Flandre Occidentale, 559 v°,
562 v°-563, 569, 600, 601, 607 v°, 696 v°. — Évêque :
Martin Rithove.
Ypsvige, voir Ipswich.
Yves, Yvon, Congnart, condamné à Meaux, 161 v°-163 v°.
z
Zacharias Delfinus, évêque de Hvar, vicaire général de
Cosenza, 546-554.
Zacbarie, personnage biblique, 108 v°, 278, 383 v°, 409,
420, 588, 690.
Zacharie Taylor, fils de Roland Taylor, 308.
Zadar, Zarra, Yougoslavie, 697.
Zaltoroldeck, Pierre de, dit Nienicsk, gentilhomme mo-
rave, 42.
Zamora, Samora, Espagne, Zamora, 538.
Zante, île grecque, 697.
Zarra, voir Zadar.
Zawskalp, Raczeck, gentilhomme morave, 42.
Zbynck, voir Sbinco.
Zébédée, personnage biblique, 3 v°, 693.
Zeinicz, Barso, dit Hloderde, gentilhomme morave, 42.
Zélande, province des anciens Pays-Bas, 459, 544, 667 v°,
669, 701 v».
Zénon, philosophe, 40.
Zetrophone, voir Ctésiphon.
Zibilutz de Kleczam, gentilhomme morave, 42.
Zischa, Jean, gentilhomme, 42-42 v°.
Ziwla, Jean de, gentilhomme morave, 42.
Znojmo, Znoyme, Stanislas, professeur à Prague, 16,
25 v°, 27.
Znoyme, voir Znojmo.
Zodoni de Zwyetzick, gentilhomme morave, 42.
Zofinge, voir Zofingen.
Zofingen, Zofinge, Suisse, Argovie, 84.
Zrenanowicz, Henri de, gentilhomme morave, 43.
Zuingle, voir Zwingli.
Zurich, Suisse, Zurich, 83 v°, 509 v°.
Zutphen, province des anciens Pays-Bas, 701 v°.
Zvingle, voir Zwingli.
Zweibriicken, Wolfang de, comte de Weldour, 493.
Zwingli, Zuingle, Zvingle, Ulric, réformateur, 83 v°, 337,
349 v°, 419, 560 v°.
Zwiranowicz, Paerdus, gentilhomme morave, 42.
Zwyetzick, Zodoni de, gentilhomme morave, 42.
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