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Full text of "Histoire des vrays tesmoins de la vérité de l'Evangile : qui de leur sang l'ont signée, depuis Jean Hus iusques autemps present"

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BR1600  .C82  1570 

Crespin,  Jean,  d.  1572. 

Histoire  des  vrays  tesmoins  de  la  vâeritâe  < 

IT-vantale  :  oui  de  leur  sani?  l'onl  siynâee.  < 


HI  S  TO  IRÈT 

des  vrays  Tcfmoins  de  la  ven- 

TE  <DB    L'6  V*,4*dg  j  LE,  QJJ  / 
de  leurfing  tonts fignéc^Jepais  Jean  If  hs 
iufqucs  au  temps  prefent. 

C  0  U\f  PRIX  S  E  E  N  VI  IL  L  I  V  R  ES  CO  N  TE  N  of  N  S 
Aûçs  mémorables  du  Seigneur  en  l'infirmité  des  fiem  :  non  reniement 
contre  les  forces  &  efforts  du  monde,  nuis  aufsi  à  l encontre  de  dmerfes 
fortes  d'aiTatus  &  Herefies  mpnftrucufes . 

L  E  S  Trefaces  monfirervts  me  conformité  des  l'efîat  Scclefi  ijth 
que-;  en  ce  dernier fieclcs,  à  celuy  de  L  pwmtmcs  Egli- 
JedejEsrs  Qhrist. 


p  0  C  A  L.     VI.  IX. 
Itj>  vy  fow  l'autel  les  urnes  des  ceux  qui  4noytnt  tfte  tuez. Mut  lapantes  des  J>ieu%érf$ur 
les  tefmoignages  qu'ils  maintenoyent.    x .  Et  elles  irioyent  à  hautes  v»ix-,dtfans ,  luj- 
nues  a  quand.SeigneurfuncI  &  véritables, »cs  iugestu,&  nés  venges-tu  n§flresfang 
des  ceux  qui  habitent  en  la  terres  f 

L'ANCRE  bE    ÏJEAN  CB.ES  PIN. 


Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2014 


https://archive.org/details/histoiredesvrays02cres 


Jeanlfooper.  jçr 

par  le  commandement  du  Chancellerie  peu  de  liberté  que  i'auoye  me  fut  conuerty  en 
vne  prifon  bien  eftroite,  où  ié  dcmeuray  l'efpace  de  trois  mois  en  grande  poureté  Se  ex- 
trémité Finalement  par  le  moyen  d'vne  damoifelle  i'obtin  liberté  de  venir  au  repas, 
auec  condition  Se  promefTe  folennelle  que  ie  ne  parleroye  à  perfonne  de  mes  amis:ains 
quefoudainapreslerepasiemeretireroycenma  chambre.  Eftant  aux  heures  du  dif- 
aer  ou  foupper,le  Geôlier  &:  fa  femme  ne  s'cftudioyent  qu'à  s'informer  auec  moy ,  Se  s  - 
enquérir  des  caufes  de  mon  emprisonnement,  pour  voir  ce  que  l'en  diroye  :Sc  à  fonder 
tous  les  moyens  par  lefquels  ils  pourroyent  me  mettre  de  plus  en  plusen  lamale-grace 
&  indignation  du  Chancelier  .de  façon  que  trois  ou  quatre  mois  après  nous  euimes 
quelque  différent  enlemble  touchant  la  MeiTe:dequoy  s  eftant  pleint  au  Chancelier,  il 
fit  r,ât  qu'on  me  remua  de  ma  chambre,qui  eftoit  dans  la  petite  tou*rnelle,pou r  me  met- 
tre bas  en  vncroton  au  plus  profond  de  la  prifon,  où  n'y  auoic  qu'vnelitticre  de  paille 
auec  vn  mefehant  couuertoir  puant  :  c'eftoit  le  repos  qui  m'eftoit  apprefté,  iufquesà  ce 
que  quelques  gens  de  bien  ayans  compaflion  de  ma  poureté ,  me  Secoururent  d'vn  lift 
&  de  quelques  linceux. 

Or  ce  lieu-la  reumatique&:  faletantdefon  naturel  que  de  la  vilenie  qui  s'y  engen- 
droit,  fe  rendoit  encore  plus  infeft  &:  puant  en  ce  que  d'vn  cofté  il  eftoit  enuironné  de 
l'ordure  Se  efgouft  de  toutela  prifon:de  l'autre  samaffoyét  les  immondices  &:  cloaques 
de  toute  la  ville:  tellement  que  prcfTé  merueilleufemét  de  cefte  pua  nteur  Se  infection,  jbîSîïÛ? 
ietombay  en  diuerfes  maladies,  &  telles  que  i'encuiday  mourir.  Eftant  doneques  bien  quelhoo. 
fouuent  malade,  &:  les  portes  de  ma  chambre  clofes  Rembarrées  par  derrière  auec  P*"1»™ 
doubles  ferrures,  verroux&  cadenas  de  fer,  de  peur  que  perfonne  vinft  pour  parler  à  cnkrré' 
moy,on  m'oyoit  fouuent  crier  auec  telle  extrémité &deftrefle,  que  la  mort  fembloit 
me  menacer,^  s'auacer  de  bien  pres:toutesfois  le  Geôlier  n'en  eftoit  efmeu,&  ne  fouf- 
froit  que  perfonne  fîft  office  d'humanité  Se  s'approchaft  de  moy. 

Les  priionniers  efmeusdemon  mal  Se  affliction,  l'importunoyent  d'auoir  pitié  Se 
compaflion  de  moy.  mais  luy  au  contraire  crioit,&  menaçoit  qu'on  n'euft  àsappro- 
cherde  moy:difant  qu'on  melainraft,&  qu'il  feroit  bié  aife  d'en  eftre  defpefché.  Quand 
il  eftoit  queftion de  payer,f eftoye  du  nombre  des  plus grans:&  me  falloit  bailler  toutes 
les  fepmaines  trois  efcus,outre  la  defpenfe  de  mon  fcruiteur,&:  ne  fay  quels  autres  frais 
pour  le  droit  de  la  prifon .  ce  qui  dura  tant  que  l'Euefché  me  demeura.  Mais  après  qu'il 
me  fuft  ofté,  ie  commençay  de  bailler  quelque  peu  raoins,ainfi  que  feroit  vn  médiocre 
gentilhomme  toutefois  i'eftoye  traité  plus  vilement  que  les  plus  énormes  prifon- 
nieris&lespluscontemptiblesdecemonde.  Outre  celail  retint  mon  feruiteur nom- 
mé Guillaume  Dounton,  auquel  il  oftatousleshabillemens,  pour  voir  s'il  portoit  au-  rj>ount0n 
cunes  lettres  que  ie  luy  eufle  baillées  .&toutesfois  il  ne  trouua  qu'vn  billet  touchant  feruiteur  de 
certain  argent  que  quelques  bonnesgens  m'auoyent  donné  pour  Dieu,cftât  en  prifon.  Hoo?cr' 
Encore  porta-il  ce  billet  au  Chancelier ,  pour  me  fafcher  dauantage.  C'eft-cy  le  dixhui- 
tieme  mois  queie  trepe  céans  en  prifon ,  abandonné  Se  defprouueu  de  la  iouiflance  de 
tout  ce  qui  eftoit  à  moy,de  mesamis,de  mes  familiers,  bref  de  toute  confolation.  A  ve- 
nir à  bon  conte,la  Roine  trouuera qu'elle  me  doit  plus  de  quatre  vingts  liurcs  fterlines 
monhoye  d'Angleterre,&  toutcsfojs  quand  elle  m'enuoya  en  prifon, elle  ne  m'aida  pas 
d'vn  feul  denier  fi  ne  permit  qu'homme  viuantparlaft  à  moy.  Encorcs  outre  tout  ce- 
la, ce  qui  megrieue  le  plus  eft  langueur  SitudefTe  que  me  tient  ce  cruel  Geôlier  &fa 
femme  plus  cruellertellemct  que  fi  ce  bô  Dieu  ne  m'aflifte,ie  n'atten  finon  l'heure  qu'il 
me  faillemourir  en  prifon  auant  la  détermination  Se  iugement  définitif  de  ma  caufe. 

BSBQ  I L  A  le  traitemét  qu'il  eut  en  la  prifon  :  de  laquelle  il  enuoya  vne  requefteam- 
{§i||jple , dattee du  vingtfeptieme  d'Aouft,  m.  d.  l  mi  ,en  forme  d'appel  au  parle- 
ment d'Angleterre,  tant  en  Ion  nom  que  de  tous  vrais  fidèles  qui  lors  soppofoyent  aux 
împictezdelaMefle&del'Antechrift  Romain.  Et  d'autant  qu'icelle  requefte  ft  ruira 
d'aduertiflemét  des  maux  &  griefs  qu'on  fait  aux  fidèles  durant  leur  emprifonnemept, 
nousl'auons  icy  inférée  extraite  de  les  eferits. 

I L  eft  monftré  en  cèftc  fupplication ,  commcntlcs  gratis  de  ce  monde  ont  efte  miferablement  abufez  par  la  mafque 
du  fiege  Romains  faux  titre  &  mefehantes  enfeignes  nommé  Apoftohque. 

Treshomio&b  2feigneurs,quadlaparoliefacrcedeDieueftempefcheeparfuper- 

Ee.iîi. 


L<«ro  ////•  J***  M 00P*r' 

(lition  ou  impiété  des  malins,ou  quand  ceux  qui  défirent  lauancement  d'icellc  font  at" 
fligez&:  opprimez  ;  on  a  accouftumé  d'appeler  à  l'authorité  fouueraine  &c  au  Magiftrat 
Aa.i4.aa$  fuperieur:  corne  faind  Paul  appela  à  Ceiàr,  à  celle  fin  qu'il  defendift  là  fa  caufepluftoft 
deùant  gens  qui  n'auoyét  nulle  cognoilTance  de  Dieu(ie  confiant  à  l'équité  &c  humani- 
té des  Gentils)quc  deuant  les  gens  defanation,qui  touteffois  le  vantoyent  d'auoir  toi*, 
te  cognoifianec  de  la  parolle  de  Dieu.  Par  lequel  appel  fait  au  fiege  iudicial  de  Cefar, 
non  feulement  la  vie  luyfut  prolongée,  mais  auflî  il  eut  plus  grande  commodité  de 
publier  la  doctrine  de  Chrift  plus  diligemment,  laquelle  il  defiroit  eftre  faindemen  t  & 
en  diligence  auanece  par  toutes  les  régions  du  mondc:&  ce  non  feulemét  de  viue  voix, 
quand  par  deux  ans  entiers  il  fut  détenu,  mais  aufli  par  plufieurs  Epiftrc s  fort  excellen- 
tes, qu'il  efcriuitdela  prifon:lefquelles  par  vne  bonté  linguliere  &prouidencc  admi- 
rable de  Dieu,  font  îufques  à  cefte  heure  conferuees  pour  noftre  inftrudion  &:  confola- 
Lacaufcde  tion.  Pour  cefte  raifon  l'appelé  au  Parlement:  afin  que  la  contention  des  queftions 
foo  appel.  qUj  (bnt  debatues  entre  nous  &C  les  nouueaux  docteurs ,  foyent  appaifees  fclon  la  véri- 
té de  la  parolle  de  Dieu,  &  les  tefmoignages  des  fainds  Pcrcs  ?&  que  cela  fc  face  publi- 
quement &c  en  la  prefence  des  fidèles:  afin  aufll  quenous-nous  déchargions  finalemêc 
deuant  voftre  tribunal  treicquitable,  de  tout  diffame  &blafme  d'herefie,  lequel  nos 
aduerfaires  nous  on  t  mis-fus  à  grand  tort  :  d'autant  qu'en  premier  lieu  nous  attribuons 
feulement  au  ciel  la  prefence  corporelle  du  corps  du  Seigneur ,  félon  les  faindcs.Efcri- 
tures.  Item  d'autant  que  nous  nerecognoufons  point  aucun  facrifice  propiciatoire, 
par  lequel  le  courroux  de  Dieu  foie  appaifé  enuers  les  pécheurs  :  &  par  le  prix  ôc  digni- 
té duquel  foyons  receus  en  grâce  &c  faneur  aucc  Dieu,  fors  la  feule  mort  de  IefusChrift, 
&  l  oblation  qu'il  a  faite  vne  fois  feulement  en  la  croix. 

O  a  tous  les  liures  des  fain£tes  Efcritures,  tous  les  Patriarches  &  bon  Prophètes ,  Ie- 
fus  Chrift  le  Sauueur  du  monde ,  les  Euangcliftes,  les  Apoftres,  les  Canonsfc  Conciles 
anciens,  Scprcfque  tous  les  fainds Pères, tefmoignent  de  cefte noftrefoy, quelle eft 
fainde&  falutaire.  Et  nous  promettons  hardiment  de  monftrer  cecy  deuant  cefte  vo- 
ftre faindeaffemblce, par argumens clairs  &raifonstrefeuidentes,àpeine  de  perdre 
la  vie:  moyennant  que  nous  qui  auons  longuement  enduré  les  liens  &  prifons  aucc  fort 
grande  difHculté,puimx>ns  impctrer  quelque  temps  compétent  pour  refraifehir  noftre 
mémoire ,  &  loiiir  pour  relire  les  liures  des  bons  Pères.  Nous  demandons  feulemenc 
cecy,  que  puiflïons  eftre  ouyspaifiblementenfcmblc  auec  nos  aduerfaires  deuant  ce 
fte  voftre  faindeaffemblee,  &  que  toutes  affections  foyent  mifes  bas  :&quc  lafainde 
Bible  foit  iuge  entre  nous  &c  nos  aduerfaires ,  à  laquelle  nous  fubmettons  &  nous-mef- 
mes  &c  lacauié  treffainde  que  nous  maintenons. 

Qv  £  fi  par  Tau  thorité&  grâce  de  ce  treffaind  Sénat,  nous  pouuons  obtenir  que  les 
queftions  pour  lefquellcs  il  y  a  auiourdhuy  différent  entre  nous ,  foyent  examinées,  de- 
batues &:  finies  par  lauthorité  de  la  parolle  de  Dieu,  &  par  les  tefmoignages  des  Pères: 
c'eftehofetouteaffeuree  que  lors  lameilleurc partie  obtiendra  vidoireparlabontéde 
Dieu,  &:  la  fainde&  catholique  foy  &:  religion  fera  reftituecaux  eglifes  de  Chrift.  Il 
n'eftbefoin  d'vfer  de  long  propos  pour  monftrer  quel  œuure  le  Sénat  facré  feroit  agré- 
able à  Dieu,  s'il  rendoit  aux  eglifes  d'Angleterre  les  chofes  diuines &:  celeftes ,  U  oftoic 
les  chofes  humaines  U  terreft res. 

Osl  donc  file  Sénat  débonnaire  admet  nos  humbles  requeftes,&:nousottroye  de 
plaider  noftre  caufe  publiquement,  tous  fidèles  entendront  facilement  que  les  chofes 
que  ces  nouueaux  dodeurs  font  auiourdhuy  és  eglifes,  ne  font  que  menfonges&  inuen 
lions  faulfes  de  l'Antechrift  Romain ,  qui  non  feulement  ont  efté  introduites  outre  la 
parolle  de  Dieu ,  mais  auffi  font  directement  répugnantes  à  icellc  :  comme  eft  la  Meffc 
du  Pape.  Car  nous  fauons  que  Chrift  a  dit,  Prenez,  mangez, &c.  Prenez,  beuuez-en 
tous.  Mais  les  preftres  Romains  prennent  du  pain  &:  duvinàpart,  rous  feuls,  &:  fans 
qu'il  y  ait  aucun  qui  lcur'ticnne  compagnie.  Chrift  a  ordonné  les  Sacremens  à  cefte 
fin  qu'ils  fuftent  lignes  ou  leaux  facrezdefon  alliance,  faite  par  fa  mort  auec  le  genre 
humain  ,aufquels  tant  le  miniftredel'Egliiéquctous  fidèles  deuffent  participer  éga- 
lement :  mais  ces  nouueaux  dodeurs  ont  ofté  au  peuple  cefte  communication ,  laquel- 
le Chrift  a  ordonnée  à  toute  l'Eglife  :  &  au  lieu  d'icellc  ont  introduit  l'adoration  des 
Sacremens. 

L'idole  exécrable  (affauoir  ce  dieunouueau ,  que  ces  nouueaux  d  odeurs  imagi- 
nent 


Jean  Ifooper.  jp  t 

nent  forgé  du  pain  U  du  vin)a  elle premièrement  fourré  es  eglifes  de  Chrift  parla  bar- 
barie du  Pape:&  par  le  mefme  vfage  de  la  Ccne  du  Seigneur  a  efté  ietté  hors  des^eglifcs 
duFilsdcDieu,quandilapropofcfes  refuerics&mcnfonges  pour  les  faire  receuôir  à 
tous.Lesefcrits  des  bons  Peres,&  les fain£ts Canons  condamnçnr  les  Méfies  priuees, 
&c  non  feulement permcttent&: commandent  l'vfagede.lafaincte  Cene  du  Seigneur 
es  eglifes  à  tous  tant  au  Miniftrc  qu'au  peuple,mais  auffi  mcnftrent  auec  quel  ordre  on 
la  doit  prendre.  Il  y  a  ordonnance  expreuc  ésCanons  du  concile  de  Nicce:qu'en  pre- 
mier ordre  les  Prcftres,puis  les  Diacres ,  confequemment  tout  le  peuple  communient 
à  la  faincte  Cene  du  Seigneur.  Mais  le  jfilsaifaéderAntechrift,a  chafTé  dcseglifcslc 
fainft  vfage  dt  la  Cene  par  feu  &  glaiue.il  eft  ordonné  par  la  parolle  de  Iefus  Chrift,que 
fa  mort  &c  paflSon  foit  déclarée  à  tout  le  peuple  par  la  prédication  de  fa  parolle  :  au  con- 
traire la  tyrannie  du  Pape  commande  que  cela  fe  face  par  l'enforcellemét  d'eau,ou  par 
coniurationdcpain,ou  parenchanrcmentde  cendres,deraroeaux,de  branches  &  de 
cierges. Si  vous  voulez  donc  obéir  à  la  volonté  de  Dieu,ô  noble  aflemblee,  il  faut  que 
vous  ofticzxles  eglifes  toutes  traditiôs  humaines  farcies  d'impieté,&  remettiezau  def- 
fus  les  chofes  diuines&fainttes.Si  vous  refufez  de  ce  fairc,vous  en  lerezgrieuement  pu 
nis:car  Dieu  requerra  de  vos  mains  la  perdition  &  ruine  du  peuple ,  qui  fera  procedee 
des  peruerfes&  faufTcsdoctrines.Ccn'eft  pas  afTez>&  cecy  n  exeuferapas  deuant  Dieu, 
le  fouuerain  Sénat  du  Parlement»  aflâuoir  ce  que  ces  fuppoftsRomanifques  difcnt,Qu' 
ils  fauent  pour  certain  que  les  chofes  qui  fe  font  maintenant  és  eglifes ,  font  bonnes, 
fainctes  &  diuines.Car  il  n'y  a  point  d'autres  chofes  fain&es  &  bonnes ,  linon  celles  que 
la  parolle  de  Dieu  recognoift  pour  fain&es  &  bonnes.  Et  quant  à  toutes  autres  chofes, 
encore  qu'elles  femblent  hautes  &  excellentes  aux  hommes ,  toutefois  elles  font  abo- 
minables deuant  la  face  de  Dieu  :  &:  feront  finalement  arrachées  comm  e  plantes  que 
Je  Pcre  celefte  n'a  point  plantées. 

Or  donc,magnifiquesfeigneurs,  puis  qu'ainfi  eft  que  tout  l'ordre  des  fâin&es  Ef- 
critures  nous  admônefte,quc  pour  obtenir  la  vie  éternelle  il  faut  fur  toutes  chofes  queMac  if  .ij 
nous  fuyons  les  confeils,do&rincs&  ordonnances  de  ceux  qui  tafehent  nous  deftour- 
ner  du  vray  feruice  de  Dieu,rendcz»rcndcz,  di-ie ,  aux  Eglifes  de  noftrc  Seigneur  Iefus 
Chrift  leurs  y euz  &  luminaires,par  lefqucls  elles  puiflec  efprouuer  les  doctrines,  les  reji 
giôs  U  feruices  de  tous  hômes,afïâuoir  û  tout  cela  eft  de  Dieu. O  vous,mes  freres,puis  q 
toute  noftre  foy  U  religion  dépend  de  la  feule  parolle  de  Dieu,contcnrons-no^s  d'elle 
feule,mefprifans  hardiment  tous  les  tourmés  &c  toutes  les  efpeces  de  mort  que  les  nou 
ueaux  doreurs  exerceront  contre  nous,mouransglorieufcment  pour  Chrift.  Il  nous 
fuf  fit  aufïî,  que  félon  le  tefmoignage  que  nous  rendent  nos  confcienccs  en  IefusChrift, 
nous  ne  fommes  point  venus  à  exercer  le  miniftere  facré  de  TEuangile  pour  y  ccrchcr 
noftre  profit  particulier^  epourcha/Tcr  noftrc  gloire,  ains  pour  obéir  à  la  vocation  de 
Dieu,&  à  la  volonté  &:  commandement  de  noftrc  bon  roy  Edouard  fixieme.  Et  en  ce 
que  nous  ne  confentons  à  l'impiété  &  fauffc  adoration  des  nouueaux  do&eurs,nousn  - 
ofFenfons  point  les  droicts  diuins  ou  humains  ;fculeméc  nous  orfenfons(fî  toutefois  c'eit 
offenfc  quand  on  oppofe  la  parolle  de  Dieu  contre  l'Antechrift  pour  le  falut  de  nos  a- 
mes)  contre  les  ordonnances  tyranniques  du  Pape  Romain: à  l'authorité  feinte Ô£  con- 
trefaite duquel  nous  autres  Anglois  fommes  cftroitemen  t  obligez  par  ferment  de  refi- 
fter.Cependant  nous  n'entendons  pas  refifter  à  la  maiefté  de  la  Roine  ,  ncparparolles 
ny  auffi  p  ar  fai&s  &  œuurcs,non  pas  mefme  de  penfee,s 'il  plaît  à  Dieu . 

X)  r  toutefois  les  grans  feigneurs  &  tous  les  eftats  du  royaume  d'AngIeterrc,ordô- 
nez  de  Dicu,tiennét  noftre  foy  obligée  enChrift,la quelle  nous  leurgarderôs  toufiours 
fauue  bL  entiere.mais(ce  que  Dieu  ne  vueille  permettre)s'ils  nous  aftreignent  à  des  fer- 
uices eftranges  &c  infideles,comme  font  les  inuoeations  des  Sain&s ,  les  adorations  du 
pain ôc du  vin,les menf«ngcs& fables  dufacrifice  propiciatoire  és  MeiîesfaufTement 
controuuees,les  purgations  des  péchez  par  l'eau  coniurec,  qu'ils  appclent  Eau  bénite, 
parenchantemensdu  pain,desluminaires,chandelles,ciergcs ,  branches,  rameaux 6c  AStcs  ltf 
autres  chofes  femblables:noftre  dcuoir  eft  de  rendre  obeifTance  à  Dieu  pluftoft  qu'aux 
homes^i  de  mefprifcr  hardiment  &C  en  bonne  confeiéce  tous  tels  décrets,  autant  qu'- 
on en  propofera:&  nous  y  fommes  obligez  parle  commandement  de  Dieu.  Et  nous  taf 
cherons  autant  qu'il  nous  fera  poffible,dc  porter  paifiblement  toutes  les  iniures  te  ou- 

Ee.  hii. 


L/tf  ro  ////.  ffooper. 

trages  qu'on  nous  fera:&  nous  garderons  de  fafchei  les  autres,OrDieu  eft  le  Seigneur, 
i.  Sam  ?.  18  |e  Sejgneur  face  ce  qui  eft  bon  deuant  les  yeux:la  vengeance  luy  appartienr,ôdl  Jafera. 
Rom.urp  Et  quanta  nous,quelques  outrages,  iniures,  violences  &extorfions  que  nos  ennemis 
nous  auront  faites,toutefois  nous  prierons  noftre  bon  Dieu  &  Perc  celefte  en  lefus 
Chrift,qu'il  ne  leur  imputepoint  leurs  ofrenfes&  péchez,  ains  qu'il  les,reduife  à  vnc 
meilleure  vie.  Et  aufïï  nous  recommanderons  à  Dieu  par  nos  prières  afuduelleslama- 
iefté  de  la  Roine,les  Princes  &c  rous  les  cftar s  de  ce  royaume  d'Angleterre  ,  à  ce  qu'vn 
chacun  s'employe  fain&emcnt  &:  fidèlement  en  fa  charge  en  ce  monde ,  &c  après  cette 
viemiferableque  nous  tous  enfembleiouiffions  de  la  vie  bien-heureufe  6c  éternelle. 
Ainfi  ibk-il.    Delà  prifon  ce  vingtfeptieme  d'Aouft. 

Voftretrefhumbleferuiteur  Ie  an  Hoope  R,naguereseuefquede Vvigorne 
&:  de  Gloccftrc,  Anglois  non  feulement  de  nature ,  mais  aufli  félon  les  loix: 
6c  de  bonne  volonté. 

C  E  qui  s'enfuit  iufques  i  la  fin,eontient  l'heureuJc  iffue  dudit  Hooper. 

a  v  R  e  s  tous  ces  combats  6c  rudes  aifauts  qu'a  fouftenu  ce  feruitcur  de  Dieu,  finale  - 
Amène  l'an  (uy uant,qui fut  m . n .  l  v  ,1e  vingtdeuxieme de  Ianuier,  on  commanda  au 
Geôlier  d'amener  Hooper  deuant  les  Cômillàires  députez  par  la  Roine.  où  le  Chance- 
lier prendoit,lequel  tant  en  fon  nom  que  de  fes  compagnons  commença  d'exhorter 
Hooper  qu'il  laiifaft  celle  tau  fie  6c  corrompue  religion  (ainfi  l'appela- il)  laquelle  du  vi- 
uant  du  feu  roy  Edouard  auoir  efté  en  vfage:&  qu'il  fe  retiraft  au  giron  de  l'eglife  catho 
lique,&  que  luy  auec  eux  recogneuft  le  Pape  pour  chef  d'icelle,(uyuant  ce  qui  en  auoic 
efté  ordonné  par  areft,&  prononcé  publiquemét.Que  s'il  le  faifoit,il  ne  doutoit  nulle- 
ment que  la  mefme  douceur  &  clémence  de  la  Roine,enfemblc  la  bénédiction  du  Pa- 
pe(laqucllé  les  auoit  tous  conferuez&:abfous)nelc  receuft  ,  6c  pardonntft  fcmblablc- 
ment.  Hooper  refpondit  en  premier  lieu, qu'en  ce  qui  touchoit  le  Papc,d*autantquc 
fa  doftriné  repugnoit  directement  à  la  religion  de  IefusChrift,il  ne  l'cftimoit  pas  digne 
d'eftre  receu  entre  les  membres  deChrift.tant  s'en  falloit  qu'il  le  recogneuft  pour  chef 
de  l'Eglife,laquelle  efeoute  la  feule  voix  de  fon  erpoux  lefus  Chrift,&  reiette  toutes  les 
autres  eft  rangeres  6c  incognues.  Touchant  à  la  Roinc,s'il  auoit  iamais  offenfc  fa  maie 
fté  par  imprudence  ou  au  tre  m  en  r,  qu'il  la  fuppîioittreihumblementde  luy  vouloir  par- 
donner, fi  cela  fepouuoit  faire  fans  greuer  fa  confeience  6c  fans  offcnferDicu.  On  luy 
refpondit  tout  court,qué  laRoinc  ne  pardonnerons  nullement  à  homme  qui  fuft  enne- 
my  du  Pape.  CAinfi  on  le  remit  en  prifon  en  vne  chambre  plus  baiTe&crcufc  que  la 
première: où  il  demôura  fix  iours  entiers, cependant  que  le  docteur  Martin  fouilloit  eh 
îautrc  chambre,pour  voir  s'iltrouueroit  lettres  ou  liurcs  qu'ils  péfoyét  auoir  efté  com- 
pdfez par  luy  en  prifon.  Apres  ces  fix  iours,Hooperfut  derechef  amené  deuant  le  Cha- 
cclier&  autres  commis  pour  la  decifion  deceftematierc.Et  après  plufieurs  altercatios 
faitesentreeux,on  commanda  à  Hooper  de  fe  retirer  vn  peu  a  part ,  tant  que  Rogers 
Hooper  &  qu'on  auoit  peu  deuant  amené  de  prifon,tuft  examiné.  Apres  que  les  luges  eurent  mis 
Swagcn"  fin  à  leursdehberations,on  bailla  charge  à  deux  CherifFes  de  Londres  de  les  prendre 
î  vn  l'autre,  tous  deux,&  lesmcner  foigneufement  vers  les  quatre  heures  en  la  prifon  prochaine  du 
logis  de  l'Eucfque.auec  charge  de  les  rendre  6c  ramener  le  lendemain  à  neuf  heures, 
pour  voir  fi  laiflfans  leurs  erreurs,ils  fe  feroyét  rengez  à  l'eglife  catholique.  Hooper  paf- 
fale  premier,accofté  de  fon  Chcriffe: Rogers  venoir  après  auecques  l'autre.  Eftans  for- 
tisdutemple,Hoopers'arreftantvnpeu,attendoitque  Rogers s'approchaft  :  puis  luy 
dit,Susdonc,mon  frère  Rogers,  ferons-nous  les  premiers  qui  commencerons  à  tenir 
bon  contre  le  feuîl'efpere  bien  qu'ouy,dit  Rogers, s'il  plaift  au  Seigneur  nous  en  faire  la 
grâce.  Ne  doutez,dit  Hooper,que  le  Seigneur  ne  befongne  en  nous,&:  qu'il  ne  nous  dô 
ne  force  6c  puifTance*d'y  refifter.  Puis  eftans  venus  plus  outre  à  la  place,  voicy  venir  vne 
grandefoule  de  peu  pie  cou  rat  vers  eux,  auec  vne  ioye  merueilleufe  de  ce  qu'ils  auoyét 
perfeueré  fi  constamment  en  laconfeffiondela  verité:ô£  cftoit  la  prefiê  fi  trefgrande 
qu'on  ne  pouuoic  paflfer.En  cheminât  le  Cheriftè  difoit  à  Hooper,qu'il  s'efmerucilloit 
de  ce  qu'il  auoit  refpondu  il  hardiment  6C  auec  fi  peu  de  patience  au  Chancelier.  Hoo- 
per luy  dit  qu'il  ne  s  eftoit  point  monft  ré  impatient: maisÇpeut  eftre)  vn  peu  véhément: 
6c  pourlafain&e  querelle  defon  Maiftre^duquelilfouftenoitlacaufe^quelachofelc 
meri  toit  &:  requeroit  ainfi  neceflairemét:  laquelle  n'eftoit  pas  de  fi  petite  côTequencci 
qu'elle  n'emportaft  de  la  vie  6c  de  la  mort  non  feulementprcfentc  ,  mais  aufli  de  celle 

qui 


Jean  hfooper.  %o$ 


qui  eft  perdurable.  Finalement  ils  furent  tous  deux  baillez  en  garde  au  Geôlier,  aucc 
charge  qu'ils  fuirent  mis  à  part  &:  feparezen  diuerfes  chambres  pourcèftenui&:cn  for- 
te qu'ils  n'euifcnt  moyen  de  parlercnfemble,ny  auffi  perfonne  de  venii  à  eux. 

Le  lendcmain,quifutle  xu.  dclanuier,  vers  les  neuf  heures  furent  ramenez  par 
les  Chcriffesdeuant  les  Seigneurs. lefquels  après  plufieurs  inrerrogatoires  ,  voyansla  Con«jam(U 
perfeuerance  de  Hooper  ôt  qu'il  n'eftoit  polïible  de  rien  gaigner  fur  luy  ,  ils  ne  feurent  non  de 
autre  choie  tàirc,finon  recourir  à  ce  feul  &:  dernier  remède  de  leur  force  &c  violence  ac  HooPcr- 
eouftumec.  Premièrement  ils  l'excommunièrent. puis  le  degradcrent:&:  finalement 
donnèrent  contre  luy  fentence  de  mort.  Autant  en  firent-ils  contre  Rogers , 'ainlî  qu'il 
a  eité  déduit  en  l'on  hiftoire.Quoy  fait,tous  deux  furent  mis  en  la  puilfance  du  bras  fe- 
culier.&  les  deux  Cherirfes  les  mencrét  eh  la  prifonla  plus  prochaine  du  logis  du  Cha- 
cciier-.&:  les  gardèrent  iufques  à  la  nuiôt.  Lanuicteftantvcnue,Hooper  fut  mené  en 
la  priion  de  la  ville,qui  eft  delà  la  riuierc,  nommée  Nev  vgat  :  &c  le  paflerent  première  - 
ment  par  le  logis  du  Chancclier,&:  puis  fur  le  pont  de  Londres  :  auec  grand'  garde  &C 
compagnie  de  gens  en  armes:&:  auant  que  paifer  par  les  rue»,on  donna  ordre  d'enuoy- 
cr  premieremêt  des  fergeas  pour  efteindre  les  chandelles  &:  lumière  des  frui&iers  &:  re 
ucndeui  s,craignans  le  tumulte  du  pcuple,s'ils  le  menoyent  à  la  veue  d 'iceluy.  Par  ainlî 
ils  aymerent  mieux  le  mener  denuicl,ahn  de  le  conduire  plus  aifeui  émcnt  la  par  où  ils 
proiettoyent.&  celas  accordoit  fort  bien, afin  que  le  prince  des  ténèbres  (duquel  les  ai 
faites  fe  raiioycnt  )  fift  auffi  (on  cas  en  ténèbres  par  ceux  qui  ruyent  la  lumière.  Mais 
tout  cela  nempefcha  point  queplulieurs  des  bourgeois  aduertis  du  tait,  nefortiifent 
de  leurs  mailons&:  vaillent  audeuant  de  Hooper,  lefaluaffentà  raifon  de  fa  ferme- 
té &  conftâce,&:  que  tous  nemercia/Tcnt  Dieu,&  lepriaffentdc  lefaireperfcuereriuf  ^^>atdc 
ques  à  la  fin.  Hooper  de  fon  cofté  les  exhorta  inftamment  auffi  de  vouloir  prier  Dieu  laprifon. 
pour  luy.  Ainfi  donc  eftant  Hooper  mené  par  la  grand'  place,  fut  baille  en  la  garde  du 
G eolie i  ,ou  il  demoura  fix  iours  entier.  Ce  teps  durant ,  fi  hardy  q  perfonne  de  fes  amys 
l'olalt  aller  voir:mais  au  lieu  d'eux, Boncr  euefque  de  Lodres,  Chadfec,Harpsfeld  auec 
quelque  bien  peu  de  mefme  farine  le  venoyct  trouuer  par  fois:  pour  le  ployer &  fléchit 
àleur  poiUspataducrtiircmens,allechemensptomeflcs&  flatteries  méfiées  d'eftonne 
mcns&  menaces.  Brcf,ils  n'oublièrent  aucun  artifice  pour  l'aiTaillir  par  lequel  ils  e- 
ftimairentpouuoirchanget  oudiftrairedefon  opiniommais  le  confiant  perfonnage  de 
meura  touiiours  arrefté  en  Dieu. Les  ennemis  voyans  qu'il  ne  pouuoit  eftre  diuerty  en 
façon  qu'il  fuft  pour  fatiffaire  aucunement  au  regret  que  le  peuple  auoit  de  Hooper  fi- 
rent femer  vn  brui  t  par  leurs  leruiteurs  que  Hooper  s'eftoit  deldit.  Ce  qu'eftant  receu 
de  pluficurs,&  entendu  de  quelques  vns  de  Londres,  qui  venoyent  tous  les  iours  vers 
Hooper,il  en  tut  aduerty:&:  cfmeu  de  la  crédulité  du  menu  peuple, trouua  moyen  de  re 
couurcr  papier  &:  encre,&:  d'eferire  ce  qui  s'enfuit: 

I  E  A  N  Hooper  à  fes-  frercs  en  Iefus  Chrift  &  aux  prifonnjers  poui  vne  mefnie  doctrine. 

Sf^^  A  grâce  de  noftrc  Seigneur  Iefus  Chrift  foit  aucc  ceux  qui  défirent  l'aduenemet 
Hrâg  iu  Sauueur&  Rcdempteur,&c.Mes  chers  frères  &;  fœurs  en  IefusChrift,partici- 
pans  des  liens  &:  pnfon  auec  moy  au  Seigneur,pour  raifon  de  fon  Euangile:  ie  vous adui 
fequefuistrefaifede  voftre  fermeté  &  perfeuerace  en  la  pcriecution  &c  affliction  que 
vous  foufFrez,&:  en  ren  grâces  au  Seigneunfouhaittant  bien  fort  qu'il  vous  face  la  gra- 
ce  de  perfiftet& tenir  bon  iufques  à  la  fin. Et  comme  ie  me  fen  bien  aile  de  voftrccon-  Faux  bruis 
ftance  pour  voftre  grand  bien  &c  proufit  :  ainfi  fuis-ic  bien  delplaiiant  pour  l'amour  de  [*mé  Suc, 

i-  i   r       i      y  •  n  '  »  J     ^  Hoopci  S- 

nos  autres  frercs, leiquclsn  ont  encore  rien  goutte  des  maux  que  nous  enduros  en  par-  cftoudcd»& 
tic  en  celle  prifon5en  partie  d'autres  plus  griefs, fauoir-eft  du  feu  par  lequel  il  nous  faut 
palî'er'Et  toutefois  i'enten  quelque  bruit  s'cftrcleué  demoyxomme  fi  Ican  Hooper,  a- 
pres  .mon  tnntpaffé  de  tourmens  en  prifon, après  tant  de  moieftes&trauaux  pour  l'a- 
mour de  Chrift, finalement  après  la  condamnation  par  laquelle  il  cftiugéàmorrcom- 
me  fi  après  auoir  affranchi  le  faut,il  foit  venu  a  le  dcfdire,&  defmetir  tout  ce  qu'il  a  pref- 
ché  cy  deuant  en  fes  fermtms.Ie  fay  alfczles  premiers autheurs  de  ce  bruit:  c'eft  Boner 
ceft  euefque  de  Londres  8c  fes  complices ,  lefquels  me  venoyent  ttouuer  quafi  tous  les 
iours. Or  les  frercs  deuoyent  bien  penfer  que  c'eft  que  ledit  Euefque  &£  fes  fuppofts  euf 
fent  iuge  de  moy>fi  ïeufte  ou  relufé  ou  defdaigné  de  parler  à  eux  :  6c  comme  ils  euflcnt 
dit  incontinent  ou  que  par  ignorance  ie  n'ofoye,ouquepar  gloire  &c  orgueil  ie  nedai- 


UmelIIL  JeanHoopèr, 

gnoyeVenir  en  difputc  auec  eux,tcllement  que  pour  euiter  toucfoufpeçonicme  tiens 
centenc  de  leur  auoir  monftré  barbe,ô£  fuis  preft  de  le  faire  iufques  au  bour,moyennâc 
mon  Dieu.  Au  moyen  de  quoy  ie  vous  prie  aduercir  ceux  que  pourrez  de  ce  que  vous 
voyez  en  moy:&  comme  tancs'en  faut  que  ic  me  fente  efpouanré  de  rien,que  mefme  ic 
voos  aifeure  que  i'en  fins  plus  refolu  te  aflèuré  que  iamais.  Ainfi  doneques  ie  vous  prie 
félon  ks  moyens  te  occafions  que  chacun  de  vous  aura ,  d'efenre  aux  frères  qui  font  en- 
cores  infirmes,  te  les  aduertir  qu'ils  ne  me  rompent  plus  la  cefte  de  cela:mais  ayent  cou 
te  autre. qpiniondc  moy.I'ay  perdu  des  biens:i'ay  foufFert  les  peines  te  pourcrez  indici- 
bles en  prifon:&  maincenanc  encore  en  l'infirmité  de  ce  pourc  corps  mortel,  iefuis  a«f 
li  preft  de  foufFrir  la  more  que,  iamais.  Ils  euiTenc  mieux  fait  leur  deuoir  de  prier  Dieu 
pour  nous,quc  non  pas  fauorifer  à  tel  bruicou  le  receuoir.Nous  auons  ailez  d'ennemis 
lefquels  ne  demandent  que  noftre  ruine-.fans  que  nos  frères  infirmes  nous  doublenc  en- 
core noftre  croix.Ie  prie  Dieu  par  Iefus  Chrift,  qu'il  vous  tienne  tous  en  bonne  p'rofjfe- 
ritéj  VousfuppliantaiFedueufementqucnous  prions  tous  les  vns  pour  les  autresyafin 
que  ce  qu'il  a  commencé  en  nous,forte  finalcméc  (on  plein  te  entier  effect.  I'ay  iufques 
icy  mopftré  conftammét,tant  par  parollequc  parefcrir,la  pure  vérité  du  Seigneur Jte\ç 
fuis  prçft  auec  la  grâce  de  Dieu  de  la  feclicrôt  ratifier  par  mon  lang.  Efcric  enla'prçfon 
de  Nevvgac,ce  fécond  iour de  Feurier.    Par  voftre  frère  en  Chrift,  I  s  anHo^pei. 

LE  lendemain  croiffemeiourdudic  mois  de  Feurier,  le  Geôlier  luy  donna  aucurie- 
rtemenç  à  cognoiftre  qu'il  falloir  qu'il  allaft  à  Gloceftre  pour  y  cftre  exécuté:  dont  il 
s'en  efiouit  grandemenc:fique  leuant  les  mains  te  les  yeux  au  ciel,rendit  grâces  à  Dï^u, 
que  fon  bon  plaifir  eftoit  qu'il  m  pu  ruft  entre  ceux  defquels  il  auoit  eftéPafteur,&  à^'edi 
fication  defqueis  principalement  il  defiroic  d'expofer  fa  vie,  s'afleurant  qu'il  parferoic 
enèuy  ce.qu'ilauoit  comme  ce  à  la  gloire  &  louange  de  fon  nom.Ec  incontinent  manda 
àfoa  içruiteur  qu'il  appreftaft  fes  bottes  te  cfperons,&  fon  mateau,&  le  refte:affii\  que 
tQut  fu&  preft  quand  il  faudrait  monter  à  chcual.Le  lendemain  enuiron  quatre  heures 
cj  u  m  trin,voicy  venir  les  CherifFes  te  autres  gens  de  la  ville»aufquels  auoit  cfté  comma 
d  c\le  faire  forcir  de  nuidHooper,Sdie  mener  hors  la  ville  en  cerraî  lieuaux  faux-bourgs» 
où  ils  ctouueroyent  fjx  hommes  en  armes  cmioyez  de- par  la  Roine,  qui  le  prendroyenc 
pour  1  ecinaener  i  Gloceftre.  Il  y  auoit  encore*  au  ce  ce  s  fix  quelques  gentils-hommes, 
Ht*  «  «a  îeû«^rSandcbnfeiilicr,lefieur  Vvik,&  quelques  aucres,auiquels  on  auoicbaiiféchar- 
toco«à  ofo  g€<^alleràGloçcftre,&aulfteràrexeeiiti5X'ayansenIeureharge,ferecirerét  foudam 
çcftrc      cny^fogisqui  eftoit  de  làmômc  (âin&-Ànge,pour  defiuner^:  auec  eux  Hoopcr  man- 
gea autant  aUigremenc  qu'il  n'auoit  pieçafak.Le  foleil commençant  à  poindre  ,  ils  fe 
mettent  en  chemin ,  montent:  à  cheual,  te  s'en  vcncHooper  monta  (ans  q  perfonne  luy 
aidaft,Çe  pendan  t  iî  s  luy  enfoncèrent  le  chappeau  fort  auant  fur  le  vuage,&  l'attachè- 
rent en  façon  de  chapperon  de  moine,afin  qu'il  ne  ruft  recogueu  par  les  chemins.Cela 
fait  ils  t  ire  m  vers  Gloceftre.    Le  Ieudy  fuyuant  ils  arriuetent  enuiron  midy  à  Ciceftrc 
ville  de  fon  diocefe,loin  de  Gloceftre  enuiron  fept  ou  huit  heures.  Us  diuiererft  lâchez 
vne  femrné,laqlle  iufques  alors  auoit  hay  la  vérité^  fonEuefqucHoopcr  encoies plus. 
Çcftc  fe  me  après  auoir  veu  Hoopcr,&  feu  la  caufe  de  fa  venue,  côuerciiTanc  foudain  ce- 
2jJ£5jî  $ck**nc  ca  amour  te  en  iarmes,vinc  àle  reccuoir  autant  humaineméc  qu'illuy  fWpof- 
oe  (cmac .  fiblc*&à  defplorer  fa  m  iferc,confeiTan  t  pu  bhquemét  deuact  cous  quelle  auoit  /oyucc 
mal  pt  nfé  te  dicque  fi  Hooper  fe  crouuoic en  Heu  où  il  falluft  à  bon  efeient  fouftenit  Ja 
do&rmc,&  mourir  pour  iccllc,quil  s'en  garderoit  bien.  Apres  difncr  eftans  montez  à 
che^ual,SC  s  appkochans  de  Gloceftre^vnt  grande  compagnie  de  gens  luy  vindrenc  au 
douane  hors  de  la  ville  auec  ple«rs&:gemi^emcns,fi  crâUuTecliônezàleurPaftcur  que 
les  foldats  te  gentils  hommes  quMe  conduifoyont,  craignans  qudqucvioîence  popu- 
laircrdefpefchcrer?c  vndelcursgensçrrdiîfgcacç ,  rwur  aller*  àîa  vijle,  demander  main 
force  ai?nom  dè  ï*Koîuc:te  qu  auîrçraent  il  y^aiwit  danger  quet> fi  grand'  foutle^  cô- 
curiencc  de  peuple,le  prifonnier  ne  Jcasruft  cilé.Ei  de  fai&  les  gens  tant  de  iuftjee  que 
de  la  police  Ichaftercnrdt  vcfirjaccomp^n^  d'vh  nombre  digehs  armez  à  1  aciuan- 
tagdOh.commandàaopeu«pie  d^  fe  renltéstnaiion's:^  air» fi  entrerenc  a  Gloceftre:  te 
fogerehc  Hooper  chez  vn  romméïngram,où  il  f9upa.Sc  coucha  «eftonuiûaffezen  re- 
por,iufqucs  enuiron  vne  hsurea[>rcw,iuy-nutït,ain  {i  qu'daimiracçcuftumc  de  faire  fur 
le  chemin  (  comme  onc  dit  ceux  m^fhie  qu:  le^garcJoycnc)touclc  reftç  de  lanui&ikveil 
kte  ptia.Sa^ardcne  bougea  df  f%cha«brc^eUewcn:  qne  quand  il  fui^leue',  il  leurde»- 

manda 


Jean  Hooper.  304. 

manda  de  fe  retirer  en  vne  autre  chambre  prochaine  pour  prier.  Ce  qu'ayant  impetré 
d'eux,il  employa  tout  ce  îour  en  prières ,  fînô  le  temps  qu'il  mit  à  prendre  ion  repas,  ou 
à  parier  à  ceux  que  fa  garde  laifîbit  entrer  pour  parler  à  luy.  Entre  lefquels  fut  Ahtoine 
Kyngfton  chcualienlequel  ayant  efté  par  le  paflé  grand  amy  de  Hooper ,  lors  par  corn-  Kpgfto» 
mandement  &  lettres  expreilcs  de  laRoine,fu  t  côtraint  de  faire  côme  les  âutres.Entré 
qu'il  fut  en  la  chambre,il  le  trouua  en  prieres:&  ayant  ietté  les  yeux  fur  luy  ,  les  larmes 
cômencerent  à  luy  tôber.Hooper  ne  le  cogneut  pas,iufques  à  ce  qu'il  Juy  die,  Comenr, 
necognoifïcz-vous  pas  Antoine  Kyngfton  voftre  amyîMaintenant  que  je  vousaduife, 
dit  Hooper,ie  vous  recognoy  afléz,mon(ieur  Kyngfton  -&c  fuis  bien  aife  de  vous  voir  en 
fanté,&:  en  loue  Dieu  .Ec  moy,dit  Kyngfton,ie  fuis  marry  deyoftre  inconuenient:  car  f- 
enten  qu'on  vous  a  amené  icy  pour  vous  faire  mourir.mais  (  helas  !  )  confiderez  ic  vous 
prie  combien  doit  eftre  chère  la  vie:&  au  contraire,combien  eft  rude  la  mort.  Par  ainfî 
puisque  vous  pouuezviure;faitc  s-le.la  vie  vous  pourra  encores  fcnpir~&  aux autres.  le 
confeiî'eîmôfieurKyngfton^itHoope^queie  fuis  venu  maintenant  pour  mourir,  par 
ce  que  ie  ne  veux  rcuoquer  la  do&rine  laquelle^'ayprefchce  tant  icy  deuat  vous  autres 
iufques  à  cefte  heure,qu'ailleurs:vous  merciant  de  voftre  confeiJ,  combien  qu'il  nefoic 
telqueicdefireroye.    lefay  de  vrayquelamorteft  vne  chofe  bien  dure ,  &quclavie 
eft  douce.mais  confiderez  auffi  que  c'eft  de  la  mort  éternelle  qui  vient  après,  &  de 
la  vie  que  nous  attendons.  CognoifTant  donc  l'horreur  de  l'vne ,  &  la  douceurde  l'au- 
tre,ie  ne  crain  pas  beaucoup  la  mort  prefente,&:  fi  ne  me  foucie  pas  de  viure.  Et  par  ce 
moyen  ie  me  fuis  refolu  d'attendre  l'ifîue  de  toutes  chofes ,  pluftoft  que  de  renoncer  la 
vrayedottrine,vous  priât  cepepdant,enfemblc  tous  les  autres,de  me  vouloir  affifterôc 
recommander  à  Dieu  en  vos  prières  &c  oraifons.Kyngftô  luy  dit,  Or  fus,puis  que  ie  voy 
que  vou  s  eftes  en  cefte  délibération  arreftec,ie  vous  dy  A-dieu,auquel  ie  ren  grâces  per 
petuelles  de  m'auoir  fait  ce  bic  de  vous  auoir  veu  &c  cogneu.car  tel  a  efté  le  bô  plaifir  du 
Seign.Dieu,q  moy  qui  ay  efté  autrefois  vn  enfat  perdu,fornicateur,adultere  &  du  touc 
melchant,ie  fuis  maintenant  par  voftre  moyen  &  fain&e  remonftrance  amené  à  vn 
meilleur  chcminiufqucs  à  detefteràbonefcient  ma  première  vie.  Hooper  refpondit,^^""" 
Si  Dieu  par  fa  grâce  &  mifericorde  vous  a  fait  ce  bien ,  que  vous  foyez  deuenu  meilleur  Kyngfton, 
par  mon  moyen,ie  luy  en  ren  grâces  immortelles:fînon,ie  prie  que  vous  le  deueniez. 
^"Or  a*pres  ces  propos  ainfî  qu'ils  vouloyét  prédre  côgé  l'vn  de  l'autre,tous  deux  fe  prin- 
drét  à  plourer:&:  Kyngfton  plus  abondâment.Hooper  luy  protefta  qu'en  tatdeprifons 
où  il  auoit  efté, rien  ne  luy  eftoit  aduenu  fi  grief ,  qu'il  ait  peu  tirer  autant  de  larmes  des 
yeux,ne  fentir  autant  de  douleur  du  cœur.       ^  Ce  mefme  iour  après  difner  vn  ieune 
garçon  aueugle  des  deux  yeux,  après  grades  prières  impetra  finalement  des  fergeans  Leug!?°^ 
de  parler  à  Hooper.il  auoit  cfte  peu  auparauat  détenu  prifonnier  pour  la  vraye  do&ri  vicnl  * 
ne.  Hooper  ayant  efprouué  fa  foy,&cogneu  la  caufe  pourquoy  il  auoit  efté  mis  enpriHoopcr' 
fon,le  regarda  attéuuement,&:  pleurant  luy  dit,Mon  enfanr,noftre  Seigneur  t'a  ofté  la  Les  parol- 
veue  des  yeux  corporels,&:  ce  pour  vne  caufe  fecrete,  laquelle  nul  ne  cognoit  que  luy  lcs<kH 
feulrtoutcfois  luy-mefme  t'a  redonné  des  yeux  d'autantplus  excelles  :  c'eft  qu'ila  doué  Jk  *r* 
ton  ame  de  la  lumière  de  la  foy,ô£  de  vraye  intelligence.    Ce  bon  Seigneur  face  par  fa 
miiericorde  &:  bonté  que  tu  l'inuoques  continuellement ,  à  ce  que  tu  ne  perdes  iamais 
ces  yeux,de  peur  que  par  ce  moyen  tu  ne  deuiennes  aueugle  &  de  corps  &:  d  efprit. 

^  Âpres  cela  vn  autre  furuint,lequelHooper  cognoiffoit  eftre  Papifte,quifaifoit  femr 
blanc  d  eftre  marry  de  telle  calamité:en  luy  difant,  Monfîcur,  ie  fuis  marry  de  vous  voir 
cnteleftat.Hoopcrluydir,Commcnt,demevoirain/î?Lautrcluyrefpondit,  De  vous 
voir  en ceft  eftat  miferablexar  iay  entendu  qu'on  vous  a  icy  amené  pour  vous  faire  Jy? jSTiva 
mourir.Hoopcr  luy  dit,Soyez  pluftoft  fafché  de  vous-mefme  &:  de  voftre  infidélité,  car  nyp°c»<c« 
qnant  eft  de  moy,ie  m  eftime  bien  porter,veu  qu'il  ne  m'eft  pas  grief  d'endurer  la  more 
pour  le  Fils  de  Dieu. 

En  cefte  mefme  nuidles  gardes  ayans  fait  félon  qu'il  leurauoit  efté  ordonné,  man- 
dèrent à  Ienkin  &:  Bond  preuofts  de  Gloceftre,qu'ils  prinfTent  la  charge  du  prifonnier: 
&ainii  s'en  defchargerent.Lorsceux-cyauec  le  Maire  de  la  ville  &  autres  de  la  iufticc 
vind  rent  au  lieu  où  eftoit  Hooper,&  à  la  première  abordée  le  faluerent,&  luy  baillercc 
les  mains  l'vn  après  l'autrc.aufquels  ce  faine*  Eucfque  parla  en  cefte  manière ,  Môfieur 
le  Maire,ie  vous  mercie  grandement  &c  tous  ces  bons  feigneurs  qui  font  icy  auec  vous 


00- 


Liurc^  Il  IL  Jean  Ifooper, 

decequevousauezdaignémedonnerlamain.    Cela  me  donne  quelque  matieiedc 
ltfaux  mÎÎ  ioye  &aireurancc,qucvoftrc  bonne  volonté  &  charité  ancienne  cnucrs  moy ,  n'eftpas 
re&con-    encore  du  tout  amortie. Cela  auffi  me  fait  eftimer  que  la  femence&  doctrine  del'Euan 
hn\k  dC       n  e^  Pomt  encore eftouffeeenvousdaquelle  auec grand  labeur  i'ay  femee,lors  que 
faifoye  encore  office  de  Pafteur  entre  vous.  Et  pour  ce  que  ie  ne  veux  point  maintenat 
contreueniràicelIedoctnne,&  félon  l'inconftance de plufieurs,  tenir  pour  fau/fes  les 
choies  vrayes  que  i'ay  annoncées,  i'ay  efté  par  ordonnance  &:  commandement  de  la 
Roineicyenuoyé  pour  endurer  l'opprobre  de  mort  au  milieu  de  vous  :  afin  que  tout 
ainfi  comme  ie  vous  ay  eu  iadis  difciplcs  d'icelle  doctrine ,  ie  vous  aye  auffi  maintenant 
pourtefmoinsdemamort&delaperfeuerancc  que  Dieu  me  donnera  :  pour  confir- 
mer parjc  dernier  argument  de  mon  fang,  ce  que  ie  vous  ay  enfeigné.  Et  pour  ce  que 
i'ay  ouy  maintenant  par  ces  miens  conducteurs(lefquels  ie  remercie  pour  la  bénignité 
&c  humanité  delaquelleils  ont  vie  enuers  moy  par  le  chemin  )  que  ie  fuis  mis  en  voftre 
garde  &  fous  voftre  charge'  pour  cftie  demain  bruflé:  ie  vous  prie  que  vous  m'ottroyez 
Hoopcr  fc  vne  choie  fclon  voftre  debonnaireté&humanité,que  vous  faciez  tellement  apprefter 
difpoiant  à  le  feu,que  ie  foye  bien-toit  defpefchc.  Au  refte  ie  me  rendray  obeiflant  à  tout  ce  que  bô 
prîecftrc    vous  femblcra.que  fi  vous  voyez  que  ie  m'en  deftourne  aucunement,  faites  feulement 
ioft  bruûé  fignedudoigt,&:i'acquiefceray .    Peu/Te  bien  euité  cefte  necefiité  de  mourir,  fi  i'eufle 
vouju  receuoir  les  conditions  de  vie  qui  m'ont  efté  propofees,comme  vous  iàuez.  mais 
pource  que  cela  ne  conuenoit  à  mon  deuoir,&:  encore  moins  expédient  pout  voftre  e- 
dification:ie  iuis  icy  volontairement ,  preft  à  endurer  pluftoft  toutes  oppreffions  ,  que 
défaillira  voftre  falut&:  édification  .    Et  ay  bonne  efperance  que  cefte  fidélité  que  ie 
vous  doy,me  deliurera  demain  de  telle  forte,quc  ie  mourray  fidèle  feruiteur  de  Dieu,ôc 
fuiet  à  laRoine. 


Venu  cft 
admirable 
aux  plus 
barbares. 


Ce  s  t  e  harenguecaufavnemerucilleufetriftefîeés  cœurs  prefque  de  tous  :  &plu- 
.ieurs  ne  fe  pouuoyent  contenir  de  larmoyer.cepédant  les  deuxPreuofts  ie  retircret 
vn  peu  à  part,&  pnndrent  côfeil  enfemble  de  tranfporter  Hooper  en  la  prifon  commu- 
nique Ion  dit  Delà  porte  de  Scptcmrion,ou  du  cofté  de  la  Biie.  Mais  les  conducteurs 
officiers  de  la  Roine  ne  pouu  ans  endurer  ccla,hrent  inftanecaux  Prcuorts  de  ne  pro- 
céder en  façon  fi  rude  enuers  leur  Euefque:&:  remonftrerent  comment  il  s'eftoit  mon- 
ftré  doux  &  bénin  toutle  long  du  chemin.  &c  quand  us  ne  luy  donneroyent  qu'vn  en- 
fant pour  le  mener,il  ne  faudroit  qu'ils  craigniflent.  Que  s'ils  en  ont  quelque  doute  ou 
crainte,ils  s'ofFroyent  d'employer  toute  cefte  nuict  à  le  garder,que  de  le  voir  emmener 
en  cefte  prifon. Finalement  il  fut  conclu,qu'on  commeteroit  gens  fuffifans  pour  le  gar- 
der au  logis  où  il  eftoit.Hooper  pria  qu'il  luy  fuft  loifible  de  fe  coucher  de  bonne  heure 
ceitenuid  la,d'autan:  qu'il  auoit  plufieurs  chofes  en  mémoire ,  lefquelles  il  euft  bien 
voulu  remettre  en  fon  entendeme  t  à  part  ioy,en  y  méditant. En  cefte  forte  il  fe  coucha 
à  cinq  heures,dormit  &  repofaaflez  bien  au  premier  fommeil  félon  fa  couftume  :  &:  le 
furplus  de  la  nuict,fe  pafi'a  en  oraifon&  prières.  Se  leuant  au  matin ,  requit  q  de  rechef  il 
fuft  à  part,&:  qu'il  luy  fuft  loifible  de  demourer  feul  iufques  à  l'heure  du  fupplice.  ^  Sur 
leshuit  heures  le  feigneurlcan  Bridges  auec  grand  nombrede  gens  armez  ,  Antoine 
Kyngfton,&:  Edmond  Bridges,&  autres  députez  par  la  Roine  commandèrent  que 
Hooper  fe  préparai!:  à  la  mort.IncontinëtlesPreuofts  l'ameneret:&:  auffi  toft  qu'il  vit  la 
trouppe  de  gés  armez  &c  munis  de  glaiues,arcs  &c  hallebardes, il  dit  aux  Preuoft  s,Ic  n'ay 
point  c5m  is  crime  de  lefe  maiefté  côcre  laRoine,ô£  ne  luy  ay  point  efté  rebelle  :  &  n'e- 
ftoit  befoin  de  faire  fi  grad  appareil  de  gés  armez  contre  moy.fi  vous  m'cufficzfait  cô- 
mandement  feulement  de  parolles,de  m'aller  ietter  fur  ce  tas  de  bois  ,  ie  vous  cufTe  o- 
Gudc  mul-  bey.Or  la  multitude  qui  eftoit  là  afieblee,eftoit  enuiron  de  fept  mille  homes.  Plufieurs 
î^vP°ur  d'entre  eux  eftoyét  venus  aumarché^maislapluipartyeftoitpour  voir  cefte  tragédie. 
Hooper  iettant  fesyeux  fur  cefte  airemblee,dit  à  ceux  qui eftoyentpresde  luy,Hclasî 
il  fe  peut  faire  que  cefte  compagnie  eft  icy  efperant  qu'elle  orra  quelque  chofe  de  moy, 
comme  de  couftumemais  maintenant  on  m'a  ofté  toute  faculté  de  parler  :côbien  que 
i'eftime  que  la  caufe  de  macondamnation  ne  vous  foit  point  cachée.  Quant  ie  faifoye 
entre  vous  office  dePafteur,ie  vous  inftruifoye  en  la  pure  ôd'alutaire  doctrine  de  l'Euan 
gile:&  maintenant  pource  que  ie  ne  veux  reprouuer  contre  ma  confeience  la  doctrine 
queie  vous  ay  enfeignee&:  publiee,ne  confentir  ou  fouferire  aux  traditions  de  l'eglife 

Romaine, 


le  voir 
brullcr 


Jean  hfooper.  jof 

Romaine,  ie fuis  icytrainé  au  fupplice.  11  eftoit  veftu  de  la  longue  robbedefon  hofte, 
laquelle  il  luy  auoit  prefté,  Se  auoit  vn  chapeau  fur  Ja  telle,  &c  s'appuyoit  fur  vu  ballon, à 
caufe  d'vncfciatique  qu'il  auoit  gaignee  en  la  longue  détention  des  priions.  Aptes  ce- 
la, defenfe  luy  fut  faite  de  ne  parler  plus  au  peuplc:à  quoy  il  rendit  obcillance,  lans  ion- 
ner  mot  ny  aux  vns  ny  aux  autres:feulcmcnt  il  icrtoit  les  yeux  tantoft  fur  le  peuple  faifi 
detriftclfc:cantoftillescflcuoit  auxcieux.  Et  comme  aucuns  ont  tefmoigné,  on  ne  le 
vit  oneques  auoir  la  face  plus  ioyeufe  ne  plus  vermeille  qu'il  l'eut  tout  ce  iour-  Ia,qui  luy 
eftoit  ordonné  pour  mettre  fin  à  fesangoiiîcs.  .  Quand  il  fut  venu  au  lieu  deilinepour 
le  martyre,  premièrement  il  regarda  comme  en  fouinant  lepofteau  où  il  deuoitctlre 
attaché,  &c  le  bois  &  la  matière  qui  eftoit  là  arna/fee.  Ce  lieu  eftoit  vis  à  vis  du  temple  &c 
collège" des  preftres,  auquel  Hooper  auoit  accouftumé  de  prefe lier  au  pcuple,&:  à  la  rô- 
de tout  elloit  couucrt  &:  rcmply  de  gens  qui  cftoyent  là  venus  pour  regarder.  Là  auilî  e- 
ftoyent  les  preftres,  qui  de  la  tour  prochaine  audit  temple  regardoyent ,  pr<  nans  plailir 
en  te  fpeclaclc.Cependât  ce  Martyr  de  leius  Chrift  fc  prépare  au  dernier  combat,  pour 
furmonter  par  la  patience  la  mort  ion  dernie  r  ennemy.  Il  le  mit  à  genoux  pour  prier  :  &Z  u  morc 
quai  &  quât  tix  ou  (ept  de  l'es  plus  familiers  amis  miret  aufîi  les  genoux  en  terre ,  arrou-  dt'rn,cr  ;> 
fans  de  larmes,&  approch.ms  le  plus  près  qu'ils  pouuoyent  de  leur  Euefquc ,  afin  qu'ils  "™!)  * 
entendirent  les  parolles  de  fbnorailon.  Sa  prière  eftoit  comme  vne  méditation  iur  le 
Symbole,  en  laquelle  il  demeura  prefquevne  demie  heure.  Cependant  que  Hooper 
faifoitoraifonà  Dieu,  vn  ieunchommcleprefcntadeuantluy ,  lequel( comme  depuis  ParJon  n. 
ona  péfé  )eftoitcnuoycdeparlaRoinc,aueclettresqu'ildeuoi[  mettre  lut  l  clcabeau  1^0>,^U 
deuant  le  pofteau,  par  lefquelles  pardô  pour  lauuer  la  vie  luy  eftoit  propoie.  Alors  Hoo- 
perdit,  Sivousmaimez& mon  falut,oftez-moy  cecy.  Et  derechef  répétant  ce  meime 
propos, il  s'efenadifant,  Si  vous  délirez  le  falut  de  celle ame,  oftcz-moy  cecy.  Le  léi- 
gneur  Iean  Bridges,  dont  a  efté  parle  cy  deftus,  ayant  /a  principale  commillion  de  celte 
exécution  :&  voyant  qu'il  n'y  auoit  aucune  efpcrancc  de  deftourner  Hooper  de  fono- 
pinion,  commanda  de  defpefcher  ce  qui  reftoit  de  l'exécution.  Hooper  luy  dit,  Mon 
feigneur,ie  vous  prie  donnez-moy  congé  d'acheuer  ma  prière  que  ie  veux  faire.  Iceluy 
commanda  fur  cela  à  Ion  fils  Edmond,  difanr,  Aduife  qu  il  ne  face  autre  chofe  finon  de 
paracheuer  fa  prière:  que  s'il  fait  autre  chofe  outre  cela,  vien  m'enaduertir:  carie  ne 
veux  point  qu'il  nous  tienne  îcy  plus  longuement.  En  ces  entrefaites,  deux  forts  hom- 
mes rompans  la  foule,  firent  tant  qu'ils  s'approchèrent  de  luy ,  &c  l'ouyrent  prier  en  ce- 
lle forte . 

O  Se  igne  v  R,icfuisrabyfrned'enfer,&:tucsleciel:iefuis  vnretraicl  de  toutes  or-  rrartJe 
dures  de  peché:mais,ô  mon  Dieu, tu  es  la  fontaine  de  tous  biens.  Rédempteur  plein  de  Hooper. 
toute  bénignité, lois  propice  à  moy  trefmifcrablc  pecheur,felon  ta  grande  compaffion 
ôù  bonté.  Toy  qui  es  monté  par-deffus  tous  lescieux,  tire- moy  à  toy  qui  fuis  le  basabyi- 
me  des  cnrçrs,  afin  que  ie  foy'  fait  participant  de  ta  gloire  &  fclicite:de  toy,  dy -ie,  qui  es 
aflîs  à  la  dextre  de  ton  PereÀ  eileué  en  vne  mefme  gloire.  De  fai& ,  tu  cognois  la  vraye 
caufcpouiquoy  mesaduerfairestraincnttonpourefcruiteur  iufques  à  ce  feu:  ccn'eft 
point  poui  forfait  que  i'aye  comm  is  contre  eux,  mais  pource  que  ie  ne  confen  point  àl* 
impieté  de  ceux  qu;  polluent  ton  fang,&que  ie  neveux  point, pour  leur  aggtecr,me 
defuoyer  de  la  vérité  que  tu  m'as  apprife  par  ta  bonté  &:  mifericorde  :  laquelle  i'ay  pu- 
bliée iufques  à  prefent,  félon  mon  office $C  vocation ,  autant  qu  il  m'a  elle  poflîble,  à  la 
gloire  de  tyn  nom.  Hclas  Seigneur,  tu  n'ignores  point  combien  de  tourmens  me  font 
apprêtiez  pour  endurer  celle  gricuc  mort ,  àmoy  qui  fuis  ta  poure  créature  :  Il  tu  ne  me 
lecourspar  ta  puillànce  ,'cne  fuis  pas  allez  fort  pour  endurer  des  tourmes  ilgricfs,ains 
ilfaudra  neceiîàircment que iefuccombe.  Parquoy  Seigneur,  donne  prompt  iecours 
àcefte  poure  ame  par  ta  bonté,  de  peur  qu'au  milieu  de  l'apprêté  de  ces  flammes  ie  ne 
vienne  àoutrepaner  les  limites  de  la  patience  Chreftienne  :  ou  bien  appaife  tellement 
îa  véhémence  d'icelles,  comme  tu  cognoiftras  qu'il  fera  principalement  txpediét  pour 
ta  gloire,  &c  pour  la  confirmation  de  ta  doctrine. 

e  Maire  de  la  ville  ayant  entendu  que  ces  deux  courtifans  seft  oyent  approchez  bien 
près  de  Hooper  pour  recueillir  1-s  parollcs  de  fa  prière,  les  fît  incontinent  oiier  de  là- 
EtapresqueHoopereut  hny  ion  oraifon,  il  fe  prépara  au  dernier  combat.  Première- 
ment il  defpouilla  cefte  longue  robbe  qu'il  auoit  emprûtee  de  (on  hofte,  auquel  elle  fut 
redue  parle  cômandemécdu  Preuott.puisil  hift  defpouilléde  fes  autres  accouftremêsj 


iufques  au  pourpoint  &C  aux  chauffes,  ei'perant  que  pour  le  moins  on  luy  lairroit  le  reftc 
de  les  veftemcns,à  celle  fin  qu'il  ne  mouruft  tout  nud.  mais  les  Preuofts(defquels  lacu- 
pidité  ne  pouuoit  eftre  raffafiee)commanderent  que  ce  refte  d'habillemens  luy  fuft  en- 
core ofté.  A  quoy  il  obtempéra  volontairement.  Voyant  qu'on  neluy  auoit  rien  laiffé 
fur  Ion  corps  que  fa  chemife,  il  print  vne  efguillette  de  fes  chauffes,  de  laquelle  il  lia  les 
deux  bords  d'vn  petit  fachet,&  l'attacha  à  l'entour  de  fes  iàmbcs,  dedans  lequel  fachec 
y  auoit  vn  bien  peu  de  poudre  à  canô,&  autant  en  auoit  il  fous  fes  deux  aiffcllestlaquel- 
le  poudre  luy  auoit  efté  baillée  auparauant  par  les  fergeans  &:  officiers  de  la  Roine ,  afin 
que  cela  luy  auançaft  la  mort. 

O  r  quand  tout  cela  fut  fait,  il  fe  difpofa  pour  eftre  attaché  au  pofteau,  &  alors  il  pria 
toute  la  multitude  de  prier  Dieu  inftamment  pour  luyxe  que  tous  firent  diligemment 
auec  grande  abondance  de  larmes,  durant  tout  le  temps  du  lupplice.  Incontincnt^on 
mit  en  auant  trois chaincs  de  fer:  l'vne  luy  fut  appliquée  au  col ,  l'autre  à  l'endroit  du 
nombril,  Se  auxiambeslatroifïeme.  Et  combien  quecefte  rigueur  luy  fuft  dure  à  por- 
ter, comme  (i  les  autres  fe  fulfent  derfiez  ou  de  fa  conftance ,  ou  de  Ion  obcilîance  :  tou- 
tesfois  afin  que  luy  auffi  ne  mift  par  trop  fa  fiance  en  l'infirmité  humaine ,  il  les  laiffa  fai- 
te tout  ce  qu'il  leur  (cmbla  bon,  fans  replicquer.  Parquoy  les  bourreaux  fecontentans 
d'vne  chaine,  l'attachèrent  par  le  milieu  du  corps  au  pofteau.  Mais  pourtant  que  cefte 
chaine  eftoit  iicourtequ'ellene  pouuoit  pas  cmbrallèr  ou  faire  tout  le  tour  du  cofps, 
qui  eftoit  deuenu  enflé  pour  la  lôguc  détention  des  prifonsjuy-mefme  referroit  de  fes 
propres  mains  le  bas  de  l'on  vetre,  iufques  à  ce  qu'on  euft  peu  faire  venir  la  chaine  à  fon 
point.  Ces  bourreaux  tafeherent  défaire  lefemblableà  Ion  col:  mais  ils  s'en  déporte- 
rent,  voyansquelepourc  patient  refîftoit  à  cela,  trouuant  eft  range  vne  fi  eftroite  liai- 
fon  de  tant  de  chaines.  En  cefte  forte  donc  ce  faind  Martyr  de  noftre  Seigneur  Icfus, 
preft  à  eftre  offert  en  facrifice,  fut  eflcué  debout,  regardant  toute  la  multitude  qui  e- 
ftoitlàprefenteence  piteux  fpe&acle  de  fon  Euefque.  Il  eftoit  daflezgrandeftature,8c 
dauantage  il  y  auoit  vne  fcabellefous  fes  pieds,  en  forte  qu'il  pouuoit  voir ,  &c  eftre  veu 
facilement  de  tous.  On  cogneut  lors  facilement  de  quelle  force  eft  l'innocence  &  vet- 
tu enuers tous hommes:moycnnant  toutefois  qu'ils  foycnthômcs,&:  non  point  beftes. 

S  v  r  ces  cntrefaites,ainli  que  ce  fainft  perfonnage  auoit  les  yeux  elleuez  au  ciel  priât 
à  part  foy  ,1e  bourreau  qui  ledeuoit  brufler,  fe  mit  enauant,  8c  luy  demanda  pardon. 
Auquel  ce  vray  pafteur  dit,  Pourquoy  te  pardonnerois-ie ,  veu  que  tu  ne  m'as  point  of- 
fenfé  que  ie  fâche?  Et  le  bourreau  luy  dit ,  Helas  i  mon  feigneur,  il  m'eft  ordôné  de  met- 
trelcfeu.  EtHooperluy  refpondic,Ilny  anulle  offenlecncecy.  le  prie  au  Seigneur 
qu'il  te  pardonne,  au  demeurât  fay  ton  office.  Alors  on  ietta  autour  de  luy  des  fafeines 
de  rofeaux  ou  canes  humides,  lefquelles  ce  bon  perfonnage  empoignant  deux  à  deux 
de  fes  propres  mains,  premièrement  les  baifa,  puis  après  les  agença  fous  fes  deux  aiffeL 
les  -,&C  quant& quant  faifoit  ligne  de  la  main  où  il  failoit  entaffer  les  autres.  Quand  le 
bois&  les  fagots  eurent  efté  ainlî  accouftrez,  commandement  fut  donné  de  mettre  le 
feu.  Mais  pource  qu'il  n'y  auoit  gueres de  ces  fafeines,  aifauoir  feulement  la  charge  de 
deux  cheuaux,  ce  qui  eftoit  là  de  bois  fec,  print  plus  facilement  le  feu:&  fut  prefque  du 
tout  confumé  &  bruflé  auant  que  la  flamme  fut  paruenue  iufques  au  plus  haut.  Et  fina- 
lement le  feu  faifit  les  fagots  qui  le  couuroyent  par  deffus,  &c  commencèrent  auffi  à  fla- 
boyer.  mais  le  vent  qui  eftoit  véhément  ce  iour-la,  chaifoit  à  tous  propos  la  flamme  de 
l'endroit  de  la  telle  Se  efpaules,lefquellcs  parties  à  grand'  peine  furent  atteintes  du  feu. 
Horrible    On  apporta  donc  derechef  d'autres  fagots  (car  la  paille  &:  les  fafeines  de  canes  eftoyent 
fpcaadedu        t'aiUies)lefquels  d'autant  qu'ils  eftoyent  fecs,  baillèrent  facilement  :mais  ils  attei- 
fyre       gnirent  feulement  aux  parties  baflés,à  l'endroit  dcfquelles  ils  auoyent  efté  mis:&:  le  feu 
Iloopcr.    n'auojt  gueres  touché  aux  parties  hautes  du  corps,  linon  qu'il  apparoilfoit  que  la  flam- 
me auoic  comme  lefché  en  palfant  Se  vn  peu  bruflé  l'vne  de  fes  oreilles  auec  la  peau 
prochaine.  Cependant  ce  fain£t  Martyr  en  ce  fécond  feu  fe  porta  paifiblement  com- 
me il  auoit  fait  au  premier  :Sc(c  ferrant  en  foy-mcfme,  demouroit  ferme  comme  ce- 
luy  qui  n'euft  point  fenty  de  douleur,  priant  en  cefte  façomO  Seigneur  Iefus  fils  de  Da- 
uid,aye  pitié  de  moy,&  reçdy  mon  ame. 

O  r  quand  ce  fécond  feu  eut  eftéainfi  confumé ,  il  effuya  fes  yeux  de  fes  mains ,  Se  re- 
gardant le  peuplc,dit  d'vne  voix  allez  baffe,  Hommes  frères,  pour  l'amour  de  Dieu  ap- 
pliquez icy  plus  de  feu.  Cependant  duranc  cecemps-la  les  iambes&le  gras  des  iam- 

bes 


Damian  V 'vit coq.  30  f 

bes  luy  brufloycnt ,  &  les  autres  parties  prochaines .  car  comm  e  il  a  efté  dit ,  ij  y  au  oit  Ci 
peu  de  fagots,  que  le  feu  ne  pouuoit  atteindre  iufques  au  plus  haut  du  corns,  Dauan- 
tage,  entre  Tes  pieds  &  la  terrey  auoit  aflfezlongue  efpace.ee  qui  luy  tourna  a  grade  faf- 
cherie.  ^"11  y  eut  vntroifieme  feu adiouftévn  peu  plus  afpre&;  véhément  que  les  deux 
premiers:maisilneprofitagueres  pour  le  faire  pluftoft  mourir,  ou  pource  qu'il  eftoic 
mal  mis,  ou  pource  que  le  vent  contraire  oftoit  la  vertu.Derechef  ceft  heureux  Martyr 
en  ce  troifieme  feu  inuoqua  d'vne  voix  plus-haute  difant,  O  Seigneur  Iefus  Chrift,  ayes 
pitié  de  moy.  O  Seigneur  Iefus ,  reçoy  mon  efprit.  On  ne  l'ouit  plus  parler:  &  combien 
que  la  face  luy  fuft  deuenue  toute  noire  à  caufe  de  la  grand'  fumee,&que  fa  langue  auflî 
fuft  tellement  enfleç  &  roide  qu'il  n'euft  peu  proférer  vn  feul  mot  :  tant  y  a  neantmoins 
qu'il  remuoit  fes  leures,autant  qu'il  luy  eftoit  poflîblciufqu  a  ce  qu'elles  auflî  furent  re- 
(errees  par  l'ardeur  du  feu ,  &C  la  peau  reftreinte.  Il  ne  luy  reftoit  plus  qu 'vne  chofe,  aiTa- 
uoir  qu'il  frappoit  continuellement  fa  poiftrine  du  poing,  tant  que  l'vn  des  bras  luy 
tomba  bas.  Et  iufqu'à  ce  que  lesliaifons  des  nerfs  fulTent  coupées  du  feu,  il  continuoit 
encore  de  faire  le  femblable  de  l'autre  main,  cependant  que  la  graille  &  le  fang  meflé 
auec  de  leaujdecouloyét  en  bas  par  le  bout  des  doigts,en  horrible  fpe&acle.Finalemét 
la  flamme  ayant  repris  nouuelle  force,  luy  ofta  toute  vertu, &  fa  main  demeura  fichée  à 
la  chaine  contre  fa  poitrine.  Et  tout  foudain  ce  S.Euefque  rendit  l'efprit. 

Il  demeura  en  ce  grand  combat  de  la  mort  &c  tourment  de  feu  par  l'efpace  de  trois 
quarts  d'heure  ou  plus,  auec  fi  grande  patience  &  confiance,  que  fans  bouger  fon  corps 
il  ne  fe  tourna  ny  auant  ny  arnere.Et  ia-foit  qu'il  euft  le  ventre  tout  bruflé  U  les  iambes, 
Ô£  que  les  entrailles  luy  tombaient  bas  au  milieu  des  flammes  ardentes  :  neantmoins  il 
rendit  l'efprit  fort  paifiblement,  &c  fans  fe  tourmenter  en  façon  quelconque.^  mainte- 
nant il  iouit  d'vn  repos  bien-heureux  en  noftre  Seigneur  Iefus  le  çrand  Pafteur  fie  Prin- 
ce des  Euefques. 


DAMIAN    VVITCO  Q^Hainuyer. 

L  A  parolle  4e  Dieu  nous  inftruit  de  nous  afTembler  en  fon  nom,  auec  promcûe  quM  fera  au  milieu  de  nous ,  auec  toute  fa  - 
ueur  &  afsiltence.  Quant  aux  moyens,  il  fait  luy  leul  ce  qui  cA  le  plus  profitable  pour  le  fàlut  des  fiens ,  &  pour  l'édifica- 
tion de  fon  Eglife:&  ce  qui  eft  le  plus  conuenable  à  fa  gloire. 

N  ce  temps  s'efleua  vne  perfecution  en  la  ville  de  Mqs  en  Hainaut:  ou  pluf-  M 
toft  celle  qui  eft  icy  defliis  mentionnée  en  la  mort  de  Iean  Malo ,  continua 
refafpre  contre  les  fideles,à  loccafion  de  certaines  a/Temblees  quefaifoyet 
les  fidèles  en  ladite  ville  pour  ouyr  la  parolle  de  Dieu.  Vn  iour  qu'ilseftoyée 
enlamaifon  d'vn  orfeure  nomme  Damian  Vvitcoq  ,  pour  prier  Dieu,  il  y  entre  vne 
ieune  fille  coufinedudit  Vvitcoq:  laquelleayant  donné  quelque  apparence  de  pieté, 
fut  enfeigneeenlapure  vérité,  mais  enuiron  deux  ou  trois  iours  après  fut  diuertre  par 
aucuns:  fi  qu'eftant  appelée  deuant  le  magiftrat  de  la  ville,&  enquifede  ceux  qu'elle  y 
auoit  veus,Sc  de  ce  qu'on  y  auoit  fait,declara  tout  ce  qu'elle  en  fauoitrparquoy  plufieurs 
furent  recerchez&  mis  en  prifon  :  &:  lors  plus  que  parauant  la  fureur  des  ennemis  s'al- 
luma furies  fidèles  de  telle  rigueur,  que  fans  garder  aucune  forme  de  droit,  incontinéc 
onprefentoitlaqueftionauxprifonniers,pourles  forcer  d'aceufer  les  autres,  puis  a- 
pres  fans  les  interroguer  de  leur  foy  &c  religion ,  on  les  condamnoit  â  la  mort:non  pour 
autre  caufe ,  finon  pour  auoir  contreuenu  aux  edits  &  placars  de  l'Empereur ,  &:  s'eft  re 
trouué  és  afTemblees défendues, &c.  Entre  autres,  lefufdit  Damian  orfeure, homme 
honnorable,  fut  condamné  à  eftre  décapité  «.lequel  ayant  ouy  fa  fentence,  dit  aux  lu- 
ges, l'abandonne  volontiers  ma  vie  &c  mon  iàng  pour  le  Seigneur  Iefus.  Les  ennemis 
oyans  qu'il  parloitau  peuple  qui  là  eftoit,  le  menacèrent  d'entrer  derechef  en  iugemét 
de  fon  fait,  &:  le  faire  brufler  après  midy.  Et  nonobftât  toutes  ces  menaces  ce  faind  per- 
fonnage  perfeuera  toufiours  en  cefte  confiance  ,fii  paiTa  de  ce  monde,  glorifiant  Dieu, 
&  confermant  les  fidèles  par  fon  exemple.    Quelques  autres  furent  exécutez  après 
luy ,  defquels  tantoft  fera  parlé. 

Ff.ii. 


Liuret  ////.  Roland  Taylor. 


ROLAND  TAYLOR. 

I L  y  a  en  cefte  hiftoire  grande  variété  de  procédure  &  interrogations  diucrfes,qui  de  coup  à  autres  furent  prefcn- 
tees  à  ce  perfonnage  durant  fon  emprisonnement:  par  lefquelles  on  pourra  facilement  cognoiftre  les  grâces  fin- 
gulieres  que  Dieu  auoit  mifes  en  ce  vailfeau,  pour  s'en  feruir  au  temps  aufsi  diuers  qu'autre  de  noftre  mémoire. 

M.  d.  LV.  Ifç^^$k&  Vmcfmc  temps  &  fous  la  perfecution  de  Marie  roine  d'Angleterre,  Rolad 
Taylor  dodeur  en  droic~r,miniftre  de  1  'eglife  deHaldey  au  duché  de  SufFolc, 
homme  de  grande  érudition  &  pieté,  ayant  efté  côftitué  prifonnier,  fut  ex- 
aminé par  plufieurs  fois  de  fa  foy.Efticnne  Gardinercy  defl  us  nommé  euef- 
qae  de  V vinceftre,  Chancelier  au  pays  d'Angleterre ,  luy  fît  fon  procezauec  l'euefque 
de  Du nel  me ,  &  Burne premier  fècretaire.  &:  en  premier  examen  l'aborda  en  la  maniè- 
re qui  s'enfuit: 

llarégucdu  Ta  ï  i  or,  nous  auons  efté  d'aduis  qu'entre  autres  tu  tulles  icy  appelé  des  premiers, 
iT^ytor."  afin  que  tu  puiifesiouirauec  nous  dclafaueurck:  mifericorde  delà  Roinedaquellet'eft. 
maintenant  prel'entcc&:  offerte:  moyennant  qu'ente  releuantdc  cefte  cheute  com- 
mune &  mortelle  (  en  laquellenous auons  efté prefque tous enueloppez,&  delaquel- 
le  nous  fom  mes  derechef  tirez  par  vn  bénéfice  fingulier  de  Dieu,  ou  pluftoft  par  vn  mi- 
racle) tu  vueilles  eftre  réduit  enfembleauec  nous,&:  reuenir  au  bon  chemin,  autreméc 
fi  tu  refuies  cefte  grâce  &  pardon  volontairement  offert ,  maintenât  on  te  fera  ton  pro- 
cez  ainfi  que  tu  le  mérites.  Taylor  refpondit,  Mon  feigneur,  fe  releuer  de  cefte  fa- 
çon, ccft  tomber  d'vne  cheute  grieue  &c  mortellc:c'eft  choir  de  Chrift  pour  tomber  fur 
l'Antcchrift.  ma  raifon  eft  làarreftee  &fuis  refolu  furcepoin<ft,Qjjelaformedereligio 
que  le  roy  Edouard  a  introduite,  conuient  à  la  fainÊte  parolle  de  Dieu,&:  aux  inftitutiôs 
des  anceftres.  Parquoy  îe ne  pourroye  iamais  fouffrir  d'eftre deftourné  d'icelle,tat  qu'il 
me  fera  donné  de  viure  icy.bas  au  mode,  moyennant  la  grâce  du  Seigneur  Iefus.  B v  r- 
ne  Se  cre  t.  Quelle  ordonnance  de  religion  entens-tu?  Car  tu  fais  qu'il  y  auoit  plu- 
fieurs  fortes  de  feruice  diuin  du  temps'du  roy  Edouard.  &c  entre  tat  de  diuerfes  efpeces 
de  Religion,  il  y  en  auoit  vne  fous  le  nom  de  Catechifme,  mife  en  auant  par  larcheucC 
quedeCantorbie.  Eft-ce  decefte-lade  laquelle  tuentens  parler,  à  laquelle  tu  te  fois 
Cuechifme  rengé?  T  a  y  l  .  Vray  eft  qu'iceluy  a  traduit  vn  petit  liure  de  Catechifme  compofé  par 
ion^1"  *u^us  I°nas:&  combien  qu'il  n'en  fuft  point  l'autheur,  toutesfois  il  luy  a  femblé  bon  de 
o  us*  le  propofer  aux  eglifes  en  fon  propre  nom .  &  pour  certain  ce  liuret  a  fait  grand  profit. 
Puis  après  vn  autre  petit  liuret  a  efté  mis  en  lumière  fous  le  nom  &  authorité  du  roy  E., 
douard,  Prince  digne  de  grande  louange,&  pour  lequel  nous  rendons  grâces  immortel- 
les à  Dieu:&  cela  n'a  point  efté  fait  lans  le  confentement  &:  approbation  des  plus  fauâs 
Théologiens  :  &:  outre  cela ,  le  liure  a  efté  cmologué  par  le  iugeraent  public  de  tout  le 
Parlement.  Or  combien  que  ce  liure  ait  efte  reueu  8c  reformé  (qui  n'a  efté  qu'vne  feule 
fois)neantmoins  cefte  reformation  vnique  a  efté  fi  pleine  8c  parfaite ,  &  fi  bien  &  fi  pro- 
prement rapporté  à  la  pureté  de  la  religion  Chreftienne,qu'il  peut  facilement  conten- 
terla  confeience  de  tout  homme  Chreftien  &c  fidèle ,  fans  y  laiffer  aucun  fcrupule.  Et 
Le  liure  de  c'eft  de  cefte  reformation  que  ie  veux  6c  entens  parler.  Le  C  h  a  n  c  .  As-tu  iamais  veu 
Gardmcr.  ]e  liure  que  i'ay  fait  des  Sacremcs?  Ta  v  l  .  Ouy,iel'ay  leu.  Le  Ch  an  c .  Que  t'en  fem- 
blec  Surcela  vn  des  Cômi/faireslouadeflattcrieimpudentecefte  demande  duChan- 
celier,difant,Mon  feigneur,  cefte  demande  que  venez  de  faire,  a  efté  fi  bien  à  propos 
que  rien  plus.  Car  ie  peux  bien  dire  cecy  ouuertemét,  que  ce  liure-la  a  fermé  la  bouche 
à  tous  ces  gens-cy,&  les  rend  du  tout  muets.  Tatl.  Ce  liure  (  comme  il  femble  )  con- 
tient plufieurs  chofes  eftoignees  de  la  vérité  de  Dieu.  Le  C  h  a  n  c  .  Que  faut-il  que  ie 
parle  plus  auec  toy?  tu  es  homme  qui  te  méfies  déboutes  chofes.Tu  es  vn  fot&  baboin 
ignorant.  T  a  y  l  .  la  foit  qne  ie  ne  me  mette  du  rang  Sesjauans:tant  y  a  toutesfois  que 
ie  ne  fuis  pas  h  mal  exercc,que  ie  n'aye  leu,  voire  plufieurs  fois  8c  iufques  au  bout ,  les  li- 
ures  de  la  fain&e  Efcritureutem  aufîi  bien  les  œuurcs  de  S.  Auguftin,  de  S.Iean  Chryfo- 
ftome,  d'Eufebe  &:  O rigene,  de  Grégoire  Nazanzenien  &  autres ,  voire  8c  les  liures  du 
Droit  Canon.  Et  ma  profefîîon  eftoit  de  lire  en  Droit  ciuil:  comme  vous-mefme ,  mon- 
iteur le  Chancelier,en  faifiez  profefîîon  par  cy  deuant.  Le  Chanc.Tu  as  peu  auoir 
leu  toutes  ces  chofes  :  mais  ç'a  efté  d'vn  iugemen t  corrompu.  Au  refte  quant  à  ma  pro- 
fefîîon, 


RdlandTaylor.  307 

fcffion,  c'cft  lafain&e  Théologie,  enlaquelle  matière  i'ay  mis  en  lumière  plufieurs  œu- 
ures.  Ta  y  i.U  eft  vray:mais  vous  aueZ  compolé  vn  liure  entre  autres  s  qui  eft  intitulé 
De  la  vraye  obeùTance:à  la  mienne  volonté  que  tous  vos  autres  liures  fu/fent  correfpô- 
dans  à  ceftuy-là.  Le  C  h  A  n  c  .  Pluftoft  tu  deUois  parler  de  ce  petit  liûre  qu'ay  fait  con-  Gardincr  » 
tire  Bucer,  qui  eft  contre  le  mariage  des  Preftres:mais  quelque  chofe  qu'il  y  ait;  ie  fay  bié  myeîbcif 
que  tels  liures  Refont  gu ères  agréables  à  ceux  de  ton  opinion  &c  fecle,  qui  deûa  dé  long  fcnee. 
temps  aue2  des  femmes  efpoufees.  Ta  t  l  ;  le  coqfeffe  voirement  que  ie  fuis  marié,  Se 
que  Dieu  m'a  baillé  neufenfans  en  faincl  mariage .  auquel  ie  ren  grâces  immortelles  &c 
de  bon  cœur,  comme  à  celuy  qui  eft  donateur  de  tous  biens,  au  contraire,quant  à  cefte 
voft  ie  do6trine,&  ce  que  faites  profeflîon  de  défendre  le  mariagei  i  ofe  bien  affermer  a- 
presle  S.Apolhe,quec'eft  vne  do&rine  de  diables  xcomme  dirc&ement  répugnante  i.Timôt.4. 
non  feulement  aux  loix  &  ordonnances  diuines,  maisauflià  la  nâtiîre  commune:  au 
Droit  Ciuil,  voire  &:  au  Droit  canon, aux  Côcilcs  généraux,  aux  traditions  &:  ordônah- 
cesdes  Apoftres,&  finalement  à  l'opinion  des  anciens  Docteurs  fidèles.  L'e  ves.de 
D  v  n  s  l  Tu  dilbis  nagueres  que  ta  profeflîon  eft  de  Droit  ciuil ,  auquel  les  Inftitutes 
font  comprifes  :  ie  penlè  bien  que  n'ignores  pas  qu'entre  les  loix  &  ordonnances  de  Iu- 
ftinian  cefte-cy  eft  entre  autres,de  prendre  le  lerfnent  des  Prcftres:par  lequel  tous  ceux 
qui  ont  intention  de  fe  faire  Prèftres  ;  iurent  que  iamais  auparauant  n'ont  efté  liez  par 
mariage .  &  en  ce  lieu-la  il  allègue  le  Canon  &  ordonnance  des  Apoftres.  T  a  y  l  .  Il  he 
me  fouuient  point  qu'en  toutes  les  loix  de  Iuftinian  il  y  en  ait  vne  telle.  le  fay  bic  qu'en 
quelque  part  Iuftinian  fait  cefte  ordonnance  :  Si  quelcun  par  droit  de  teftament  laiffe  Jfoîdtf 
quelque  chofe  à  fa  femme,  à  condition  qu'elle  n'entré  point  en  fécondes  nopces,&fi  ute.cap. 
outre  cela  il  prend  ferment  d'elle  pour  plus  leure  confirmation  de  la  foy  de  fa  promeffe:  *™&g^ 
cefte  condition  &mefme  le  ferment  né  doit  empekher  qu'elle  lepuiffe  marier  fi  bon  cond.&ke- 
luy  (emble,  après  la  mort  du  teftateur .  &:  dauantage,ie  penfe  que  le  ferment  n'a  gueres  monft-L 
plus  d'efficace  à  obliger  leur  foy  à  Dieu ,  que  les  vœuz  Papiftiques.  Et  és"  Digc  ftes  il  y  a  L  j! 
vne  prouifiô  prefque  femblable  pour  les  filles &c  femmes  férues &c  cfclaues:  Que  fi  quel-  Audilciu. 
cun  a  affranchy  fa  feruante  fous  cefte  condition,  qu'après  l'affrahchiffement  elle  ne  fe  rc  p«">na- 
puifTe  marier ,  ii  eft-ce  qu'elle  n'eft  point  empefehee  par  vne  telle  obligation  de  fe  ioih- tus' 
dre  à  quelcun  par  mariage,&c.  Le  Chanc.Tu  difois  qu'il  eftoit  permis  par  les  loix 
diuines  aux  Prèftres  de  le  marienpar  quelle  forte  de  probation  nous  pourras-tu  côùein- 
cre  en  ceft  endroit?  T  a  y  l  .  Les  parolles  de  faind  Paul  en  la  première  Epiftre  à  Timo- rTim-  3- 1» 
thee,  &:  en  l'Epiftre  à  Tite  font  tant  claires  que  rien  plus  :  aufquels  lieux  il  parle  ouuer-  Ttos  ' t>  € 
tement  &C  expreffément  du  mariage  dés  Prèftres,  Diacres  &  Euefques.  Outre-plus ,  S. 
Iean  Chryioltome  fur  le  paiTage  de  Tite  déclare  aufh*  ouuertemcnt ,  que  le  fainft  Apo- 
ûre  approuuant  là  le  droit  du  mariage,  ferme  la  Bouche  à  tous  les  hérétiques  qui  répu- 
gnent &c  contredifentaux  mariages  légitimes. 

LeChancelie  r.  Tu  attribues  fauffement  à  fainft  Iean  Chryfoftome  ce  qui  he 
fe  trouuera  aucunement  en  tous  fesceuures:&:  cela  eft  félon  la  façon  commune  &àl- 
exemple  de  vos  gens,  qui  n'ont  point  de  honte  de  parler  à  fauffes  enlèighes  des  fainites 
Efcritures  &  des  anciens  Docteurs  de  l'Eglife.  Ne  difois-ru  pas  auiîî  que  le  Droit  canon 
approuuoit  le  mariage  des  Prèftres?  ce  qui  eft  faux  &  contre  toute  vérité.  Taylor. 
Il  appert  par  les  Décrets,  que  les  quatre  Conciles  généraux,  aiîauoir  de  Nicee,de  Cô-  Difom  rr. 
ftantinoble,d'Ephefe&dc  Chalcedoine, font d'aufll  grande  authorité  que  les  quatre  cap  ilcut- 
Euangcliftes.  Puis  donc  que  ces  Décrets  metmes ,  qui  font  tenus  pour  la  principale 
partiede  toutes  lesloixôi ordonnances  des  Papes  ittfmoignentquele  concile  de  Ni- 
cee,  à  la  perfuafion  de  Paphnuce  ratifia  que  (es  mariages  des  Prèftres  eftoyét  légitimes: 
pourquoy  ne  dirions  nous  que  le  mariâge  des^reftres  eft  eftably  par  le  Droit  canon  &: 
authorité  des  Papes,  comme  vne  chofe  légitime?  LeChancelier.  Ce  que  tu  as 
forgé  des  Conciles  généraux,  procède  de  ce  mefme  menfonge:  comme  ainfi  foit  qu'- 
en ces mefmes  Décrets ileftdemonftré  ôuuerterheht  comment  les  Prèftres  eftoyent 
côtraints  de  répudier  leurs  femmes,voire  autant  qu'il  y  en  àuoit  de  mariez.  Taylor. 
S'il  eft  parlé  aucunement  de  cela  en  ce  lieu  que  vous  allègue^ ,  ie  veux  pèrdre  la  vié:faï- 
tes-vous  apporter  le  liure. 

L'evï  jqye  ûbDvnelme.  Combien  que  telles  parolles  n'y  foyent  point, 
tant  y  a  qu'on  les  peut  trouucr  en  l'hiftoire  Ecclefiaftique ,  laquelle  Eufebe  a  eferite, 

Km. 


Lmre  II  IL  Roland  Taylor. 

&  de  laquelle  ces  Decrets'ontefté  tirez.  Ta  y  l.  Ilnîeft  pas  croyable  que  le  Pape  ait 
voulu  tailler  "palier  celieu,&:lafentenced'vn  Concile fi  notable,veu  mefme qu'elle dô- 
noit  authoricé  fi grande &c  tel  poids  pour  confermer  fon  intention.  Le  C h  a  n  c  . Gra- 
tien  n'a  tait  autre  choie  linon  que  ramafler  plulieurs  Canôs  de  diuers  lieux:  &C  toy  auffi, 
tu  en  prés  par  tout  où  te  femble  bon ,  &c  ramalles  de  tous  coftez  des  chofes  que  tu  accô- 
modestellementquellementpourfairevaloirtonerrcur.  Ta  y  l. Monfeigneur,iem* 
efbahy  comment  vous  aucz  vne  telle  opinion  de  ceperfonnage  la,qui  eftcôme  vn  por- 
te-cnleigne  de  l'eglife  du  Pape,  Qu'il  foit  feulement  vn  ramafieuç  ou  rapetafTeur.  Le 
C  h  a  n  c.  Maisc'eft  toy  que  fappele  Rama/Teur.  Mais  pour  mettre  fin  à  tout  cecy,dy- 
moy  maintenant:  Es-tu  en  délibération  de  retourner  derechef  à  l'eglife  catholique,ou 
non?& le Chanceliercndifantcelafe  drefla fur fes pieds.  Ta  y  l.  le n'aynullemct de- 
libéré  ,  moyennant  la  grâce  &  bonté  de  mon  Dieu ,  de  m'aliener  iamais  de  l'Eglife  de 
Chrift.  A  pics  celaTaylor  leur  fit  requefte,que  pour  le  mois  ils  luy  ottroyafîènt  qu'il  fuit 
licite  à  aucuns  de  les  familiers  Garnis,  de  le  venir  voir  en  la  prilon.  LeChanc.  rc- 
lpondir,Ton  procezfera  paracheué,S<:  fentence  donnée  contre  toy,auât  que  feptiour* 
fe  pa/ïent.  Ainlî  on  le  remena  en  prifon. 

Déclaration  de  Roland  Taylor  docteur  en  Droit  ciuil,  touchant  la  caufe  de  fa  condamnation. 
N  mon  accufation&:  condanacion,ily  a  eu  deux  principaux  poin&s  pourlefqueb 
on  m'a  iugé  hérétique.  Premièrement  à  caufe  de  la  de&nfe  du  mariage  des  Prc- 
ftres,  qui  eft  du  tout  illégitime  &  illicite:  pource  que  c'eft  vn  erreur  faifant  violencc,8C 
manifeftement  répugnant  à  l'El'criture  diuine.  Sainct  Paul  en  les  Epiftres  à  Timotcc 
&  à  Tire,  eft  bien  loin  de  détendre  le  mariage  aux  Prcftres,  Diacres  &  Euefqucs:veo 
qu'il  appelle  doctrine  diabolique,  la  doctrine  de  ceux  qui  le  défendent:  &  fi  veut  que 
tous  fidèles  miu  iftrcs  de  Iefus  Chrift  enfeignét  cela  mefinc,  de  peur  que  le  peuple  fidè- 
le &C  Chreftien  ne  foit  tiré  en  erreur  par  telles  fallaces .  Et  tout  ainfi  qu'ils  n'ignorent 
point  l'intention  de  S.Paul ,  auffi  peuuent-ik  fauoir(finon  qu'ils  n'entendent  rien  du 
tout)que  par  l'ordonnance  de  Dieu  mefme ,  la  liberté  de  fe  marier  n'eft  oftee  à  perfon- 
ne,  ains  permife  à  tous  ceux  qui  au  demeurât  ne  fe  peuuent  contenir  :  mefme  que  cefte 
ordonnance  a  elle  faite  en  Paradis  terreftre  auant  qu'il  y  euft  quelque  ordure  &c macule 
dépêché,  voire  entre  les  plus  nobles  créatures  de  Dieu ,  qu'il  eftoit  bon  que  l'homme 
ne  fuft  point  feul&:  fans  aide.    ^"IIs ont  mefmes appris  de  fainctCyprian,&de  S.  Au- 
Confirma-  gUftin, qu'il  n'y  a  vœu  de  fi  grande  force,qui  doyueou  puifTe  rien  valoir  contre  le  maria* 
mge  pIT  ge,  foit  que  le  mariage  foit  à  contracter,  ou  qu'on  le  vueilleabolir.Ils  ne  font  point  auffi 
authoritez  jgnorans  de  quelle opini<5n  eft  S.  Ambroife en  ceft  endroit,  lequel  eft  d'aduis  qu'il  ne 
desAnciens.       point  donner  commandement,  ains  feulement  confeil  degarder  virginité.  Ils  en- 
tendent &:fauenteomment  Iefus  Chrift  le  Fils  de  Dieueftant  inuitéaux  nopees  auec. 
famere&rfes  Apoftrcs,n'afait  difficulté  de  s'y  trouuer:&nô  feulemét  a  fandifîé  le  ma- 
riage par  fa  prefence,ains  l'a  honoré,  faifant  là  le  premier  miracle  deuant  fes  Apoftres.' 

L'a  v  t  r  e  caufe  pourquoy  iefuis  condamné  comme  hérétique,  eft  que  ie  con- 
feflelc  Sacrement  du  corps  &  du  fang  de  Iefus  Chrift  eftre  tellement  fon  corps  Se 
fon  fang,  que  cependant  les  natures  du  pain  &du  vin  demeurent  fans  aucun  chan- 
gement. &:  que  ie  maintien  que  la  doctrine  de  la  Tran/Tubftantiation,  par  laquelle  les 
Papiftes  enfeignent  qu'après  les  parollcs  le  pain  du  Sacrement  eft  foudain  conuer- 
ty  en  la  fubftance  du  corps  de  Chrift  ,  &c  que  là  flefus  Chrift  luyjmcfme  le  Fils  de 
Dieu,  nay  de  la  vierge  Marie ,  non  feulement  eft  adoré  de  nous  en  telle  nature  qu  - 
il  eft,  mais  auec  cela  eft  offert  à  Dieu  fon  Perepour  les  vifs  &  pour  les  morts:  eft  du 
tout  friuole,&  pleine  d'erreur  &  de  menfonge.  Touchant  cefte  matière,  il  y  eut  bien 
peu  de  propos  ten9  entre  nous:mais  auffi  toft  que  i'eu  reierté  cefte  do&rinc  Papiftique, 
ou  pluftoft  cefte  idolâtrie  &  impieté,  &  ce  blafpheme&hercfie  exécrable:  ie  fu  con- 
damné comme  hérétique.  Outre  toutes  ces  chofes  il  me  fut  auffi  parlé  de  quelques 
autres  articles,  comme  de  laprimauté  du  Pape.  Auquel  article  iefy  refponfe ,  Que  le 
Pape  eftoit  Antechrift,  &C  que  la  Papauté  eftoit  vne  religion  côtraire  à  la  religion  Chre- 
ftien ne,  &:  que  le  fer  ment  que  nous  autres  Angloisauions  fait  contre  la  primauté  du 
Pape,  eftoit  de  droit  légitime:  comme  le  ferment  que  nous  auions  fait  au  Roy  ou  à  la 
Roine,  de  recognoiftre &receuoir  leur  prééminence.  I'admonncftay  en  outre  lés  E- 
uefques  à  repentance  &  amendement ,  comme  ceux  qui  auoyent  ofté  le  règne  â 

Chrift 


Roland  Taylor.  joS 

Chrift  pour  le  tranfferer  à  l'Antechrifticonuerty  la  lumière  en  tenebres,&:  amené  lave 
rite  en  mcnfongc.  ^  le  t'ay  déclaré  icy  lefommairede  mon  dernier  examen  &c  corida- 
nation.Pne  pour  moy,  comme  auffi  ie  fuis  en  cefte  voloncé  de  prier  pour  toy ,  Grâces  à 
mon  Dieu,depuis  le  teps  que  l'ay  efté  condamnera  neceffité  de  mourir  n'a  point  trou- 
blé mon  eiprit.  La  volonté  du  Seigneur  foit  faite  en  toutes  choies.  Si  ie  medeftour- 
ne  de  li  vérité  que  i'ay  receuc,il  y  a  grand  danger  qu'vne  telle  mort  ne  m'aduien- 
ne  comme  celle  du  iuge  Alifius.  Mais  ie  ren  grâces  à  mon  Dieu  de  tout  mon  cœur,on 
m'a  ofté  tous  moyens  &defià  de  long  temps  i'ay  mis  toute  ma  fiance  en  fa  ferme  Pier-  a1UÎUj 
re,ne  me deffiant  nullement  defamilencorde  qu'il  ne  face&  paiiace  en  moy  iuiques  à  Londres! 
la  fin  ce  qu'il  y  a  commencé  vne  fois:&  non  feulemét  en  moy,mais  aufîï  és  au  tres.Gloi- 
re  foit  à  luy,&:  a&ion  de  grâces  perpetuelles,par  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  feulSau- 
ueur&  Rédempteur,  Amen. 

LE  teftament  du  dofteur  Taylor,  lequel  il  fit  vn  peu  deuant  qu'il  mouruft.  A  ù  femme  5c  àfesenfans. 

P^E  Seigneur  vous  a  donnez  à  moy:maintenant  le  Seigneur  m'ofte  de  vous,&  vous 
fef  de  moy.U  luy  a  (cm  blé  bon  de  le  faire  ainfi:fon  nom  foit  bénit.  le  crov  &c  fay  pour 


>y.II  luy  a  icm  ble  bon  de  le  taire  ainti:ion  nom  îoit  bénit,  le  croy  &c  iay  pour 
certain  que  ceux  qui  meurent  au  Seigneur/ont  bienheureux.  Iceluy  a  conté  tous  les 
cheueux  de  nos  teftes:&:  mefmc  les  petits  oiieaux  font  conduits  par  fa  prouidenceluf- Luc  lii 
ques  icy  i'ay  toufiours  expérimenté  fa  benignité,voire&  plus  prefte  à  me  bié  faire  que 
pere  ou  mere de  ce  monde.  Faites  donc  que  toute  voftre  fiance  foit  arreftee  en  luy,ne 
vous  appuyans  fur  vous  mefmes,ains  fur  noftre  Sauueur  vnique IcfusChrift  le  Fils  bien- 
ayméde  Dieuxroyez  en  luy,cfperezenluy,craignez-le,ferucz  lc,rédezluy  obcifTance, 
demandez  luy  fecours,veu  qu'il  l'a  promis.  Ne  penfez  pas  que  faille  mourir  :  carie  ne 
mourray  point,ains  viuray  c  n  luy  perpetuellement.De  fait  ie  m'en  vay  maintenant  de- 
uant vous,&  vous  viendrez  finalement  aprez  moy  au  repos  éternel  du  ciel,&  à  lafelici 
té  perdurable.Ie  m'en  vay  deuanr,dy  ie ,  après  mes  autres  enfans  qui  font  allez  deuant 
moy,Suianne,George,Helene,Rupert &2acharie.Ie  vous ay  recommandez^  vous re  ^ 
commande  derechef  au  Seigneur. 

Qv  an  t  à  vous  autres  mes  amis,&  vous  tous  qui  par  cydeuantauezouy  mes  predi- 
cations,ie  vous  teftifie  que  ie  m'en  vay  de  ce  monde  auec  grand  repos  de  confcicnce. 
Ie  defire  querendiez  grâces  à  Dieu  auec  moy,  que  félon  la  mefure  ou  portion  de  mon 
talent ^ie  ne  vous  ay  enfeigné  autre  chofe  que  ce  que  i'ay  fidèlement  appris  de  la  paroi- 
le  facrec  de  Dieu,&  de  l'Efcnture  canonique  de  la  Bible.  le  vous  prie  parle  Seigneur, 
que  vous-vous  donniez  garde  de  vous  deftourner de  fa  parolle,de  peur  qu'iceluy  ne  de- 
ftourne  fa  face  de  vous,&  que  ne  periffiez  éternellement.  Donnez  vous  garde  de  la  re- 
ligion Papiftiquejlaquelle  monftre  bien  quelque  mafqued'vnité  :&  nonobftant  toute 
cefte  vnité  n'eft  de  fait  autre  chofe  que  vanité  des  fallaccs  de  l'Antechrift,en  laquelle  il 
n'y  a  rien  de  veritc.Et  pource  que  vous  auez  efté  vne  fois  illuminez  en  la  cognouTance 
fpirituelle  d'iccIuy,gardez-vous  de  pécher  contre  fon  S.Efprit,  par  lequel  vous  Anglois 
eftes  appelez  à  la  celcfte  cognoi  flance.Or  le  Dieu  de  toute  grâce  te  confolatioh  vueille 
infpirerôi  multiplier  en  vous  ion  bon  Efprit,auec  toute  fapience  (pirituelle,mefprisde 
ce  mondes  defir  des  biens  celcftes:afin  qu'eftâs  de  plus  en  plus  enflammez  d'vn  vray 
zele,vous  defdaigniez  les  ordures  de  T Antcchnft:&  afpiricz  de  bon  cœur  à  cefte  felici-  uorTdè*  fc 
té  qui  côfifte  en  la  focicté  du  Seigneur  Iefus  &  de  fes  fidèles:  à  laquelle  iceluy  noftre  Sei  Êardcr  dy* 
gneur&:fanaificateurdetous,leFilsde  Dieu, noftre  feul  aduocatleius  Chrift,  noftre  lJ*?iSme' 
vie,iuftice  &£  rédemption  vous  face  paruenir:  A men. Priez,  priez.    Le  toutvoftre  R  o  - 

iandTayl'or  décédant  de  cefte  vie  prefente  auec  vne  certaine  efperance  de  iouyr 
delà  vie  éternelle &bien-heureufe:Ce  y. de  Feurier,  m.  d.l  v. 

Ïy  E  v  de  iours  après  que  ces  chofes  furent  faites^ecefmom  du  Fils  de  Dieu  futmené 
par  quelques  officiers  de  la  Roine,de  Londres  à  Hadley  (  qui  eft  vne  petite  ville  de 
Suftblc  où  il  auoit  efté  miniftre  de  la  parolle  deDieu)pour  y  eftre  bruflé.Par  le  chemin,  ^finquel* 
Pfeaumes  furet  châtezés  lieux  où  il  paifoit:&  ceux  qui  le  menoyent  firér  la  plus  grade'  5*^*7 
diligence  qu'ils  peurent,de  pattir  de  bon  matin,  craignans  que  ie  peuple  s'afiemblaft.  Taybrt 

Quand  ils  furent  paruenus  audit  lieu,Taylor  îettantfes  yeux  fur  la  multitude  qui  e- 
ûoitlàefpandued'vncofté  &d'auttc,parlaàeux  enfomme:  Commepar  laprouiden- 

M.  hii, 


LiurcjIIlI'  Plufieurs  M  artys 

ce  mefme  il  eftoit  prcfent  au  milieu  d'eux,pour  confcrmer  par  fa  mort  &:  fon  fang  la  foy 
U  la  vérité  de  la  do&rine>en  laqlle  il  les  auoit  inftruits  au  Seign.Et  côme  il  pcrfcueroa 
d'exhorter  le  peuple  à  vne  féblable  conftâce,leGouuerneur  de  la  prouince,qui  eftoit  à 
cette  cxecutiô,rôpit  fon  ptopos,luy  remôftrat  qu'il  fe  fouuint  de  la  promelTe  qu'il  auoit 
faite  de  ne  dire  mot.Et  il  relpondir,Môficur  le  Gouucrncur ,  i'ay  fait  ce  que  ie  defiroye 
faire.  &  incontinent  il  defpouillafeshabillemës,&auec  grade  afleurace  decœurabâ- 
donna  fon  corps  aux  bourreaux.  Le  peuple  efmeu  dezele,le  folicitoit  inftammcntà 
prendre  bon  courage,&  le  prioit  de  seiiouir  &  eftrc  fort  au  Seigneurd'appelant  parplu 
iieurs  fois,Bon  pafteur  expofant  fa  vie  pour  fes  brebis.On  le  ietta  dedans  le  fcu,&:mou- 
rut  heureufement  au  Seigneurie  ii.iour  de  Ianuier  de  cette  année  m.d.lv. 


VVAVLDRVE    CARLIE  R,H«inuyere. 

D  E  ceft  exemple  &  autres  pareils.nous  pouuons  cognoiftre  que  les  cruautez  des  aducrfaires  non  feulement  donnent  aduan- 
cament  au  cours  de  la  parolle  du  Seigncurmais  aufli  que  leurs  prifons  feruent  d'cfcole  à  plufîcurs,quj  autrement  n'e- 
ftoyent  que  petitement  &  médiocrement  îhftruirs  en  la  vrày  c  religion  quand  ils  y  font  entrez. 

EPENDANT  que  les  ennemis  de  l'Euâgilc  tonnent  à  tous  codez  tant 
horriblement  contre  le  troupeau  du  Seigneur,  par  cdi&s  foudroyans,  il  y 
eue  vne  femme  vefueen  la  ville.de  Mons  en  Henaur,  nommée  Vv*auldruc 
Carlier,qui  fut  emprifonnee  pour  les  mefmes  efTe&s  &c  caufe  que  Damian 
Vvitcoq  cy  deuant  dit.  Le  plus  grand  poind  de  fon  aceufation  que  les  iuges  luy  met- 
toyent  au  deuant,pour  la  condamner  à  mort ,  eftoit  qu  elle  auoit  fouftenn  en  fa  maifon 
gens  lifan  s  les  Efcritures  fainttes,en  contreuenan  t  au  mandement  de  l'Empereur.  Itc 
qu'elle  auoic  fouftenu  fon  fils  en  fa  maifon,fans  l'accufer  de  ce  qu'il  lifoit  la  fain&eEfcri- 
ture.La  femmefqui  n'eftoit  q  petitement  inftruitc  es  premiers  rudimés  de  la  Religion) 
fe  voyant  tant  inhumainement  traitée  pour  auoir  fait  vn  a&e  làin&  Ôdcôuenable  à  tous 
Chreftiens,fut  de  tant  plus  confirmée  en  la  vérité  de  l'Euangile>&:  fe  difpofa  totalemét 
de  conrefTer  Iefus  Chrift,quelque  chofe  qu'on  luy  deuft  faire.  Vn  iour  eftant  deuant 
les  Iugcs,clleloua  Dieu  de  la  grâce  qu'il  luy  auoit  faite  depuis  quelle  eftoit  prifonnic- 
re,d'auoirplus  appris  en  cette  prifon  qu'en  nulles  efcolesauparauâc:&  dit  haut  &clair, 
Bénit  foit  mon  Seigneurjc'eft  pour  luy  que  ie  fuis  ainfi  traitée.  ^Sa  lentence  luy  fut  pro 
nonccejafTauoir  d'eftre  enterrée  viue ,  qui  eft  vn  fupplice  cruel  âc  eftrange  inuenté  pe- 
culierement  au  pais  bas  par  les  Placars  de  l'empereur  Charles  r .  contre  celles  qui  per- 
les fruits  feucreïu  en  *a  verit^  ^c  l'Euangile.  Ce  iugement  cruel  eftant  donné,ellc  demanda 
de  la  pr.fon  de  cœur  prompt  &:  allègre  aux  Iuges,Eft-ce  tout  cela  que  vousmeferez  ?  Dieu  donne 
a  '''eft?  Par  mcwre  *  Cfiacun  ^a  portion  du  breuuagc  que  nous  deuons  boirc.il  me  donnera  pa- 
^c  c  c  em  t  jcnce  pU  js  qU'jj  vous  p|aift  ainfi.  Au  Seigneur  ie  me  refiouy  que  ie  ne  fourTre  point  pour 
larrecinne  meurtrc,mais  pour  Iefus  Chrift.^"  Aptes  le  difncr,à  heure  accouftumecclle 
fut  menée  au  fupphce,retenant  toufiours  vne  fimplicité  confiante ,  laquelle  eftonnoic 
tous  ceux  qui  la  eftoyent,fpecialement  de  ce  qu'en  vne  mort  tant  hideufe  à  voir ,  elje 
louoit  le  nom  du  Seigneur,iufqu  a  ce  que  la  terre  l'euft  du  tout  couuerte* 


IÈAN    P  O  R  C  E  À  V,  Hainuycri 

3^  E  V  de  iours  après  la  mort  de  cefte  vertueufe  vefue,il  y  eut  vn  nomme  Iean 
iPorceau  aufli  de  la  ville  de  Morts  en  Hainaut ,  lequel  eftant  du  nombre  du 
jpetit  troupeau  inftruit  eh  la  veriré  du  Seigneur  i  enduralamortfort  Chré- 
tiennement. Ilferoitàdefirèrqaenouscuffions  les  a&es  &  confeffions  de 
ceux  qui  fourTrirent  d'vn  mefme  temps  le  martyre  au  pais  de  Haynaut: &c  eft  befoin  qu - 
en  cela  les  fidèles  foyent  exhortez  de  faire  leur  deuoir ,  comme  dcnoftrepart&dccc- 
ftuy-cy  &c  de  pluficurs  autres  noûs  en  donnons  feulement  la  mort  bien-heureufe ,  n'ay- 
ansefté  plus  auant  informez  de*  procédures  tenues  en  leur  endroit. 

LÀ  V- 


L  aurent  Saunders.  30  p 


LAVRENT    SAVNDER  Sanglots. 

S  A  VND  E  RS  s'oppofcauxcnncmisderEuangilc:fcntintericurcmcntgrandcafsiftenccduS.  Ffprit:  confolc  par  lettres 
ceux  qui  eftoycnt  au  melme  combat  :  puis  fortifie  aufsi  par  lettres  &  de  bouche  fa  femme  :  &  en  voyant  fon  petit  en- 
fant reuoquc  fà  ioye  plus  haut.bref,  en  toute  cefte  procédure  nous  y  voyons  des  affections  e«ellcntes,par  lelquellesil 
efpand  ion  cœur  deuaut  Dieu  pour  la  dtfenfe  de  fa  cauJe.  ■ 

A  V  R  E  N  T  Saundersi/Tu  de  bons  parens  premièrement  fut  mis  au  col-  M.dxv; 
leged'Etone  poureftreinftruit:  puisapresonl'enuoyaà  Cambrige  poure- 
ftreaduancédauantage.&  là  demeura  au  collège  du  Roy  l'efpace  de  trois 
(ans,durant  lelquels  il  fît  grand  profit  :  mais  il  ne  tint  point  à  fa  mere  &  à  les 
autres  parens  qu'il  ne  fuft  entièrement  deftourné  de  l'eftude,prenans  occalion  de  quel- 
que fomme  d'argent  que  ion  pere  luy  auoit  laiflee.  A  leur  folicitation  il  s'appliqua  au 
fait  de  marchandifc,&:  elTaya  comment  il  fe  pourroit  accommoder  à  cefte  façon  de  vï- 
ure.Pour  ce  faire  s'eftant  retire  chez  vn  marchant  de  Londres ,  comme  en  vne  nouuel-  Saunders 
le  elcole,bientoft  il  s'ennuya  de  ceftcftat,&  retourna  à  Cambrige  pour  y  côtinuerfes 
eftudes.il  auoit  l'efprit  vif,&  eftoit  d'vn  bon  naturel ,  &  propre  à  comprendre  tout  ce  à 
quoy  ils  appliquoit.  Sur  toutilauoitafFe&ionàla  Theologie:&:  cogneutquepoury 
paruenii  il  falloit  qu'il  apprinft  les  langues  :  parquoy  il  s' adonna  tellement  qu'auec  ce 
qu'il  eftoit  délia  bien  verfé  à  la  langue  Latine,il  apprinft  les  lâgues  Grecque  ôc  Hebrai- 
que.  Muny  de  tels  aides,il  eftima  qu'ouuerture  luy  eftoit  faite  pour  cercher  les  fontai- 
nes &:  fources  de  la  cognoiiTance  de  Dieu.  Il  y  profita  tellement ,  qu'on  apperceut  que 
fes  trauaux  6c  peines  n'auoyent  point  efté  vaines. Le  but  auquel  il  tendoit  en  cefte  eftu- 
de  de  Theologie,cen'eftoit  point  pour  fe  faire  valoir  ,  oupourmonftrerla  viuacitéde  Ladelibcra- 
fon  efprit,ou  pour  contentions  friuolesrmais  pour  profiter  à  l'eglife  Chreftienne.  Ou-  "on  df 

î  i'  j  M    *  cr        j   i  t-l     i     •  Saunders. 

tre  cela  vn  autre  moyen  1  auança grandement  a  la  cognoiliance  de  la  vraye  Théologie: 
aifauoir  qu'il  eftoit  exercé  interieuremenr  en  diuerfes  façons ,  &:  auoitpratiqué  en  iin- 
cerité  de  vie  les  chofes  (pirituelles. 

Comme  ainfi  l'oit  donc  que  Laurent  Saunders  fuft  venu  iufques  à  ce  pointt,de  pou- 
uoir  paruenir  aux  honneurs  &:  charges  de  l'Vniuerfité  :  il  donnaaiTez  à  cognoiftre  qu'il 
ne  defiroit  autre  chofe  que  de  voirie  temps ,  auquel  comme  vn  marchand  heureux  ,  il 
peuft  defploycr  les  marchandifes  pour  le  profit  &  bien  commun  des  autres .    Il  ne  fut 
point  longuement  fans  auoir  félon  fon  defir  ce  temps  &  occalion  pour  s'employer .  car 
quand  le  bon  roy  Edouard  fils  de  Henry  fut  entré  en  polTeffion  du  royaume  ,  auquel 
temps  les  affaires  de  l'Eglife  requeroyent  des  miniftres  fauas  &c  de  bonne  prudence ,  ce 
bon  perfonnage  eut  congé  entre  autres  de  prefeher  publiquement  :  auquel  office  il  fe 
porta  fi  vertueufement,qu'il  fut  depuis  ordonné  profefleur  en  Théologie,  première-  Saunders 
ment  au  collège  de  Fodrigal,puis  après  au  collège  de  Lycofeld,  qui  eftoit  plusrenom-  ^u  min»- 
mé.IlfutaufliefleuauminiftereaudiocefedeLycofeld  ,  auquel  il  fit  diligemmentfon 
dcuoir,iufqucs  à  ce  qu'il  fut  appelé  en  la  ville  de  Londres.       ^  Or  ainfi  que  Laurent  Le  temps 
penfoit  de  venir  à  Lôdrcs,l'orage  delà  roine  Marie  furuint,com  me  vntourbillô  impe-  deMane- 
tueux  qui  troubla  tout  T  Angleterre,^  le  temps  fe  dônaauqtielle  Seign.  voulut  difeer- 
ner  les  vrais  Pafteurs  des  faux&mafquez,&  monftrer  que  c'eft  de  faire  vray  office  de  vente  des 
Preftreau  temple  deDieu.  Il  y  auoit  pour  lors  en  Angleterre  &:  Irlandegrand  no  mbre  bénéfices 
de  Prcftres  &:  Euefques  qui  faifoyét  de  grades  brigues  ôc  pourchas  pour  auoir  des  bene  lousMane< 
fices&preuoftezd'egliie.delqls  tout  le  bruit  eftoit  de  viure  en  oifiueté  chacun  corne 
fur  ion  fumienFoires  de  permutations  &:  vêtes  de  bénéfices  rendoyét  allez  fuffifant  tef 
moignage de  cela. Presque  tous  ceux-eyfe  retirèrent  au  party  delà  roine  Marie  ,  reue- 
nans  à  leur  première  religion .     Il  y  en  eut  d'autres,non  point  du  tout  malins,  qui  par 
crainte  &:  frayeur  des  perfecutions  abandonnèrent  leur  troupeau  ,&  comme  iettasbas 
le  bouclier  s'enruirent,fe  banniilans  d'eux-mefmes.Il  y  en  eut  qui  demeurerét  en  leurs 
cglifes,&:  furet  afiaillis  par  fraudes  fecretes  des  malins-.entre  lefquels  fe  trouua  Hugues  ^Ja*". 
Gudaker,primat,&:  métropolitain  en  Irlande .   Selon  la  commune  opinion,quelques  Armaque 
prcftres  confpirerent  contre  luy  enuiron  le  temps  du  deces  d'Edouard  roy:  &:  l'empoi-  «»  IrUndc* 
fonnerent. 

Qv  a  n  d  le  feu  de  laperfecution  de  Marie  eut  commencé  ietter  ks  premières flam 


L  iurc^  11  IL  Laurent  Saunders, 

mes,Laurent  Saunders  poùuoit  fauuer  fa  vie  par  fuitte:  toutefois  ayma  mieux  encou- 
rir les  dangers  que  d'abandonner  Ton  troupeau,  à  la  charge  duquel  il  eftoit  commis. 
„    ,     .  Tât  s'en  faut  qu'il  perdift  courage,&:  qu  il  ait  taille  de  faire  office  dePafteur,  qu'il  fe  mic 

Saunders  s"  j    i     u        if  C  J       r  i 

oppofe  aux  au  premier  reng  de  la  bataille  ,  comme  vn  mur  joppole  aux  aduertaires  pour  la 
ennemis,    defenfe  de  lamaifon  de  Dieu:  txhoi  tant  ouuertement  &:  publiquement  le  peuple  en 
la  ville  de  Northampton,à  perléuerer  fidèlement  &C  conftamment  en  la  doctrine  en  la- 
quelle ils  auoycnt  efté  inftruits.Et  ne  tailla  de  continuer  ce  qu'il  auoit  com  mencé  :  iuf- 
ques  à  ce  que  finalement  par  l'aduis  6c  edit  commun  de  tous  les  Eftats  du  royaume  les 
bouches  furent  fermées  aux  prefcheurs,&:  cômandement  eut  efté  fait  à  tous  de  fe  taire 
es  eglifes.mais  rien  ne  l'empelcha  de  fatisfaire  à  fon  office.Quâd  il  eut  a/Tez  ainfi  exploi 
té  enl'vnedefes  eglifes,  voyant  que  la  force  &  violence  l'empefchoit  de  plus  profiter 
aux  champs,il  s'en  alla  à  Londres  pour  faire  le  mcime  en  fon  autre  eglife  &:  paroifle,  fé- 
lon que  fon  office  le  requeroit.     Ces  deux  paroifîes  eftoyent  diftantes  l'vne  de  l'autre 
enuiron  de  trois  iournees.  Ainfi  que  Laurent  eftoit  en  chemin  allez  près  de  la  ville,ily 
Lecheua    eut  vn  du  confeil  de  la  Roine  nommé  le  an  Mordant ,  cheualier,qui  le  vint  aborder  le 
lierMor-    quatorzième  iour  d'Octobre, en  luy  demandant  où  il  alloit, Saunders  refpondit ,  I'ayi 
daût  ufche  Londres  certain  bénéfice, auqueUe  me  retire  maintenant  pour  fane  office  de  Pafteur 
neolu1^  enuers  mes  brebis.  Mordant  l'admunnefta  qu'il  fe  donnait  garde  de  faire  ce  qu'il  difoic 
ders.       Laurent  dit,  De  quelle  façon  m'acquitteroy'-ie  de  la  charge  qui  m'eft  commife,&  met- 
troy'-ie  ma  confeience  en  repos, s'il  aduenoit  qu'aucun  des  miens  tombait  en  maladie, 
qui  euft  bcloin  &c  defir  de  ma  confolatiô  ou  s'il  aduenoit  qu'aucunes  de  mes  brebis  ruf- 
fent  tirées  en  erreur  &  quelque  feruice  impur?  Et  Mordant  luy  dit ,  N'es-tu  pas  celuy 
qui  as  ces  iours  paflez  prelché  àLondres?&  quant  &  quant  luy  nomma  la  rue,&  I  edroic 
&c  le  iour.  Auquel  Saundcrs,Ie  recognoy  celle  paroùîe  pour  mienne.  Mordant  dit,  Et 
certes  il  me  fouuient  queie  fu  ce  iour  la  à  ton  fermon,&:t'ouy  prefcher.&:  maintenancy 
penfes-tu  encore  prcfcher?Saunders  dit,Si  bon  vous  femble  de  vous  y  trouuer  encore 
demain,vous  entendrez  que  derechef  icconfermeray  par  raifons  fermes  des  fain&es 
Efcritures,au  mefme  lieu, tout  ce  que  i'ay  enfeigné  par  cy  deuant,&:  tous  les  propos  qu' 
on  m'a  ouy  tenir  là  mefme.Mordant  lad  monnelia  qu'il  ne  le  fift  point.&:  Saunders  luy 
refpondit,Si  ainfi  eft  que  par  quelque  puiflance  ou  authorité  légitime  vous  m'empef- 
chez  de  ce  faire,il  me  faut  rendre  obeififance.  Mordant  luy  dit ,  le  ne  le  te  defen  point: 
de  Mordit*  m2Lls  ^eu^cment  *c  te  baille  confeil.      Sur  ces  entre- faites  tous  deux  entrèrent  enfem 
e  °r     ble  en  la  ville. Mordant  d'vne  malice  pernicieufe  s'en  alla  droit  à  l'euefque  de  Londres 
pour  luy  faire  fauoir  que  Saunders  prefeheroit  le  lendemain.  Saunders  s'en  alla  en  fon 
logis  ordinaire, pour  fe  préparer  à  ce  qui  eftoic  de  fon  office.  Et  auffi  toft  qu'il  y  fut  arn- 
ué  monftrant  vne  chere  plus  trifte  q  de  couftume,quelcun  luy  demada  que  c'eftoit  qui 
^  le  troubloitrll  refpôdirje  fuis  pour  certain  en  prifon,iufques  à  ce  que  ie  foye  mis  en  pri- 
fon:(îgnifiât  par  cefte  façon  de  parler,que  fon  efpnt  feroit  trifte  iufqucs  à  ce  qu'il  fe  fuft 
acquitté  de  fon  fermon;&:  que  lors  fon  efprit  feroit  en  plus  grand  repos,ia-loit  qu'il  feuft 
qu'on  le  deuoit  mettre  en  prifon. 

L  e  lcndemain,qui  eftoit  le  iour  de  Dimanche,Saunders  fit  vn  fort  beau  fermon,  tc- 
dant  àadmônefter&  confei  merfon  troupeau. L'argumét  de  fon  fermô  eftoit  du  chap. 
deslunder"  onzicmc  de  ^a  féconde  aux  Corinthiens:  le  vous  ay  conioincs  à  vn  mary,  pour  vous  pre- 
ienter  vne  vierge  chafte  à  Chrift.  mais  ie  crain  que  comme  le  ferpent  a  feduit  Eue  par 
facautelle,vos  fens  ne  foyent  femblablement  corrompus,en  déclinant  de  la  fimplicité 
qui  eft  en  Chrift  :&; ce  qui  {'enfuit.  ^  Ayant  commencé  par  cefte  matière,  première- 
ment il  propofa  la  fomme  de  la  pure  doctrine ,  par  laquelle  il  eft  monftré  comment  les 
fidèles  font  conioints  à  lefus  Chnft,&:  gratuitement  iuftifiez  en  falut  par  foy.  Au  con- 
traire,il  demonftra  que  la  doctrine  du  Pape  eft  femblable  à  la  fraude  &C  déception  du 
fevpenr.  Et  afin  que  lefaict  d'iccluy  fuft  euident  deuant  lesyeux  d  vn  chacun,  il  fit  vne 
antithefe  entre fes  deux  dodrines,oppofant  la  parolle  de  Dieu  contre  celle  du  ferpéc 
Papiftiquc:pour  donner  à  entendre  au  peuple  quelle  differéce  il  y  auoit  entre  les  deux 
feruiccs& les  deux  fortes  de  religion.  Etcompaioitle  feruice  Papiftiqueà  vnbreu- 
uage  de  poifon,où  on  auroit  meflé  quelque  miel  parmy ,  pour  tromper  plus  facilement 
ceux  qui  en  beuuroyent.  Voila  prefque  toute  la  fomme  de  cefte  prédication. 

<[I  l  deuoit  faite  vn  autre  fermon  après  difnerjau  peuple  :  maison  luy  enuoya 

vn 


Laurent  Saunders.  ji  o 

vn  officier  qui  le  cita  decomparoift  re  deuant  Boner  euefque  de  Lôdres:&par  ce  moyé 
fut  empefché  de  prcfcbcr.Laurent  comparut  deuat  ceft  Euefque,&;  parla  à  luy  en  pre-  s^ 
fencedeMordât,duqlil  aefté  nagueresparlé.Laurétaccuféde  trois  crimes:deleie  ma  «cuiède 
iefté,de  {"édition  &c  herefie, Boner  promettoit  de  luy  pardonner  les  deux  premiersimais  trois  ti- 
quant à  rhcrelie,qu'ilauoit  délibéré  de  former  procès  contre  luy,  &c  tous  autres  qui  mcs' 
prefehoyent  de  ceftemaniere.il  remonftra  que  l'mftitution  del'eglife  Chrcftienne  & 
fidele,la  plus  parfaite  &approuuee,eftoit  celle  qui  approchoir  de  plus  près  du  patron 
de  l'cglile  primitiue:&:  que  l'cglife  de  Chrift  qui  ne  faifoit  que  naiftre  alors  n'auoit  peu 
porter  ces  charges  pelantes  des  cérémonies  &de  plus  grande  perfe£tion,lefquelles  de- 
uoyent  fucceder  apres.Et  q  ç'a  efté  la  raifon  pourquoy  IelusChrift  &c  les  Apoftres  après 
luy  ont  enduré  l'imbécillité  de  l'eglife  naiifante,qui  eftoit  encore  rude,  n'eftant  encore 
domtee.    ^  Saunders  refpondit  à  cela  félon  le  ccfmoignage  de  iaind  Auguftin ,  Que  reremo-1 
Jes  ceiemoniesauoyent  efté  premièrement  introduites  pour  aides,parlefquelles  la  foi  ««pour- 
bleflc  àc  imbecilité  des  rudes  eft  aucunement  auacee  à  mieux  cognoiftrcDieu  .&:  pour-  32s  >na° 
tant,quec'eftoit  vn  telmoignagequ'cn  la  primitiueegliieilyauoit  plus  grande  per- 
fection: affauoir  que  les  fidèles  n'eftoyent  contreints  oupreflez  de  garder  telles  céré- 
monies.   Et  qu'il  ne  falloit  raifon  meilleure  pour  monftrer  la  fuperftition  de  l'eglife 
Papiftique,queceftc-cy:aurauoirquemeime  en  ce  grand  amas  de  tant  de  cérémonies, 
la  plus  part  contiennent  blafphemc  manifefte,ou  font  friuoles  &  inutiles.     ^  A-  Tranfl-ub. 
prespluiîeurs  propos  Boner  luy  demanda  fon  opinion  touchant  laTranflubftantiatio,  ftancution. 
&  qu'il  la  luy  donnaft  par  eferit.     Saunders  luy  dit,  le  voy  que  vous  auezfoif  démon 
fang:  ôdeertes  vous  beuurez  ce  dont  vous  auezfoif.&ie  prie  noftre  Seigneur  que  vous 
puiîîiez  cftre  baptifé  en  iceluy  en  nouucauté  de  vie.    L 'Euefque  ayant  obtenu  ce  qu'il 
dcfiroit,&  tiré  ceft  eferit  de  la  main  deSaunders(c'eft  à  dire  le  glaiue  duquel  il  luy  deuft 
couper  la  gorge)incontinent  le  liura  à  quelques  officiers  pour  le  mener  au  Chancelier 
euefque  de  V  vinceftre.  Mais  pource  que  le  Chancelier  n'eftoit  point  pour  lors  en  ùl 
maifon,on  contreignit  Saunders  de  l'attendre  quatre  heures  en  vne  chambre ,  iufques 
â  ce  qu'il  fuft  retourné  de  la  Cour.  Cependant  qu'il  attédoit,le  chapelain  de  l'euefque 
Boner  paftbit  fon  temps  à  iouer  au  tablier  auec  quelques  gentils-hommes  :  &fembla- 
blementpluiieursiuppoftsdecefte  belle  famille  s'cfbatoyent  àmefmeieu.  &Saun; 
ders  eftoit  debout  contre  vn  buffet ,  &:  fe  tenoit  là  à  tefte  defcouuerte  :  &  Mordant  qui 
pour  lors  eftoit  de  l'ordre  du  Parlemente  promenoir . 

L  e  Chancelier  retournant  de  la  Cour,  il  rencohtra  vne  grande  troupe  de  gens  plai- 
dans,tellcment  qu'vne  demie  heure  paifa  auan  t  qu'il  entrait.  A  la  fin  il  vint  en  la  cham- 
bre où  eftoit  Saunders:&  de  là  en  vne  autre,où  Mordant  luy  prefenta  vn  billet ,  auquel 
la  caule  de  Saunders  eftoit  contenue.  Quand  le  Chancelier  eut  leu  ce  billet,il  dit,Où 
eft-ilîEtainli  on  luy  amena  Saunders  au  lieu  auquel  on  auoit  accouftumé  d'examiner; 
A  uant  toutes  chofes  Saunders  fe  ietta  bas  en  terre  en  toute  humilité  deuât  la  table  où 
le  Châcelier  eftoit  aflïs:  lequel  luy  dit,Comment  s'eft  fait  cela,que  tu  as  ofé  prefeher  pu 
bliquement  contre  ledit  public  de  la  Roine?  Saunders  refpondit  qu'eftant  admonne-  £zc  J&  J} 
fté  par  le  prophète  Ezechiel,auoit  exhorté  fes  brebiettes  de  perfeuerer  conftamment 
en  la  dodrine  qu'ils  auoyentreceue,&  qu'à  l'exemple  des  Apoftres,Ilfaut  obéir  àDieu 
pluftoft  qu'aux  hommes:&:  que  fur  tout,fa  confcience  le  preffoit  fort  à  cela.  Le  Châ-  Aft  j 
celierluy  dit,  Vrayement  voila  vne  belle  confcience  !  mais  cefte  confcience  pour- 
roit-elle  rendre  noftre  Roinebaftarde  ?  Saunders  dit,  Nous  ne  déclarons  ne  pronon- 
çons la  Roine  baftarde:  &:  defaid  nous  n'atten  tons  rien  de  femblable.  Que  fi  on  y  vou- 
loir aduiier,c'eft  à  faire  à  ceux  defquels  les  eferits  font  encore  entre  mains,  lefquels  ren 
dent  tefmoignage  de  cela  au  grand  deftionneur  de  ceux  qui  les  ont  eferits.  Il  taxoit 
occultementle  Chancelier  mefme:  lequel  auparauat  auoit  compofé  &  fait  imprimer 
vn  liure  inritulé,  De  lobeiflance:auquelil  declaroit  expreffémentMarie  eftre  baftarde* 
pour  gratifier  au  roy  Henry  v  1 1 1 . 

Savnd  e  r  s  doncpourfuyuantfon propoSjdifoitîNousnenousmeflôsdautrecho 
fe,finon  que  d'annoncer  purement  la  Parolle:&  combien  que  maintenant  on  nous  dé- 
fende delà  confefTer  de  bouche,toutefois  il  ne  faut  douter  que  cy  après  noftre  fang  ne 
la  prefche.Le  Chancelier  atteint  au  vif  de  ces  propos,dit,Prenez-moy  ce  frenetique,& 
le  menez  en  prifon.Et  Saunders  dit,Ie  ren  grâces  à  mon  Dieu,  de  ce  que  maintenant  ij 


Liure  II  IL  Laurent  Saundets. 

m'a  donné  lieu  de  repos  pour  faire  prière  pour  vous  &  pour  voftre  conuerfion,  Ç  Ot 
f  n  "ne"  ce^uY  qui  depuis  couchoic  envn  mefme  hd  auec  luy,a  recité  qu'il  luy  auoitouy  dire  que 
coïfoîicion  cependant  qu'on  l'cxaminoit il auokfenty  vncconfolation  finguliere  :  comme  fi  vne 
intérieure.  douceYecreation  luy  fuft  entrée  par  tous  les  membres  de  fon  corps  iufques  au  fiege  du 

cœur. 

O  r  il  fut  détenu  en  celle  prifon  par  l'efpace  de  i  j. mois, durant  lequel  temps  il  eferi- 
uitfouuentefois  à  phificurs  de  fes  familiers, comme  à  Cranmer,  àRidlé,àLatimer  ,  à 
fa  femme  &:  autres, les  admonneftant  de  la  calamité  publique,des  choqs  qu'il  auok  fou 
ftenus  contre  lesaduerfaires:comme  Vvefton,  duquel  entre  autres  choies  efcriuant  à 
vn  ficn  amy  recice  ce  qui  fenftiit.    L  E  docteur  Vvefton  nous  eft  venu  voir  en  la  prifon 
auec  mailtrc  Gnmoalu,&:  saddrelfa  droit  à  moy,difant  qu'il  me  venoit  viiîtcr  :  me  fai- 
iant  de  grandes  promefles,&:e{pcrances  magnifiques,  mais  voyant  q  ie  n'en  faifoye  pas 
grâd  côte  il  me  dit,  Vous  autres  eftes  du  tout  édormis  en  péché. le  rclpôdi ,  Quât  à  moy 
Mu1i  J    J  iem'efueilleray,n'ayâtmis  en  oubly  ccquefEglifc  m'a  dés  long  temps  enfeigné,  Veil- 
MÏrc  14. 36  lcz&  priez.    Vvefton  fur  cela  dit,  Quelle  eglife  y  auoit-il  deuant  trente  ans,  le  luy 
demandayaufli,Quelle  eglife  y  auoit-il  du  temps  du  prophète  Elierll  me  ditJaneCan- 
tieme  eftoit  de  voftre  cgHÏe.Non  eftoit:(dy-ie)car  les  noftres  la  chailerent.Et  il  dit,Qui 
VvidefF,    eftoit  donc  de  cefte  voltre  eglife  auant  tretc  ans?Ceux  (dy-ie)que  V  Antechrift  Romain 
ThorpeA:  &  fcs  côphces  ont condanez &reiettez  pour  heretiques.Ic  penfe  bien,ditVvcfton,que 
îo^yid-  c'eftoit  voirement  Ican  Vviclctf;Thorpe,01dcaftel&: leurs  féblables.Ceux-la(dy-ie)&. 
lusau  1.  h-  beaucoup  d'autres, delqls  le  catalogue  eft  côtenu  es  hiftoires.  Vvefton  dit,  Or  fus,  iulqs 
urc'        icy  vous  auez  en  vos  predicatiôs  pleines  de  mcldifances,fait  muer  vn  rolle  au  Pape  tel 
quevousauezvoulu:maintenantil  iouera  vn  perfonnagetelpofîîble  que  vous  ne  vou- 
drez paz.Et  ic  luy  dy  ,  Tant  plus  nous  en  faut-il  eftre  marris,  cependant  toutefois cecy 
nous  apporte  foulagcment,que  le  mcfme  eft  toujours  aduenu  aux  plus  fauans& gens 
de  bien  de  tous  les  voftres,combicn  que  pluiîeurs  en  ces  mutations  ont  tourné  viiagc. 
Vvefton  rclpondit ,  Que  dis-tu .? m'as- tu  ouy,ou  quelque  autre,iamais  ptefeher  contre 
le  Paperle  luy  dy,ll  y  a  bien  plus,ie  ne  t  ouy  ïamais  preicher .  &:  toutefois  ie  n'ay  point 
cefte  opinion  de  toy,que  tu  lois  feul  plus  fage  que  tant  d'autres. Outre  cecy  il  y  eut  bien 
d'autres  propos,  &c  principalement  du  Sacrement.  Mais  toy  m  on  amy,  prie  Dieu,  prie 
Dieu. 

I  l  efcriuit  en  outre  de  la  prifon  lettres  à  Cranmer,Ridlé  &  Latimer  :  «1  partie  les 
exhortant  à  conftanec,  en  partie  les  aduertiifant  de  fa  conftanec  &  des  autres  au  Sei- 
gncur,commcil  fcnfuit: 

(-oIlIJ  2§Ppk  vous  defne  falutdebon  cœur,  Pères ScFret-es honorables  en  noftre  Seigneur 
^S^^eUJS  Rendons  grâces  à  Dieu  immortel  &:  viuant,Pete  de  toute  miferieorde,  de 
ce  qu  il  nou  s  a  faits  idoines  pour  participer  à  l'héritage  des  Sain&s  en  lumière: qui  nous 
atirtzhorsdelapuiflancedestenebresj&traniferez  au  royaume  de  fon  Fils  bien-ai- 
mé, auquel  nous  auons  rédemption  par  Ion  fang.  O  combien  eft  heureufe  la  condition 

Co]  3  3-  de  noftre  vocationîveu  que  d'vne  façon  incomprehc/ible  noftre  vie  eft  cachée  en  Dieu 
auec  Chi  ift:à  ce  que  quand  Chrift  noftre  vie  fera  apparu ,  nous  auffi  apparoiffions  auec 

i.Cor.13.  a.  ^UY  cn  gloit'e. Cependant  tout  ainfi  que  maintenant  nous  voyons  comme  par  vn  miroir 
en  obfcuricé:aufli  cheminons-nous  par  foy,&  non  par  veue.  toutefois  combien  qu'icel- 

i.Cor.s.7  le  noftre  foy  fcmble  eftre  légère  &imbecille,  félon  le  iugement  des  hommes:tanty  a 
quelcseleus  de  Dieu  fauent  bien  que  la  fin  &  le  poids  de  noftre  foy  eft  d'vne  gloire  fi 
excellente^  d'vne  félicité  habôdante,que  laprudence  ou  vanitéde  la  chair  ne  lafau- 

1.C01.1.  TO[t  tant  peu  que  cefoit  comprendre  par  toutes  fesopinions&:  imaginations.  Ilnya 
nuls  biens  que  nous  ne  poftedions  par  cefte  foy- voire  tels  blés  que  l'œil  n'a  iamais  veus, 
ne  l'oreille  iamaisouis,&:  ne  font  iamais  montez  au  cœur  de  l'homme.  ^Iufques  à 
prefent  nous  auons  fenty  grande  délectation  de  voftre  prefence  corporelle.mais  main- 
tenant nous  fommes  beaucoup  plus  viucmentfoulagez  de  ceft  allégement  que  nous 
recelions  de  vous  en  efprit,àcaufe  de  voftre  perieuerâceau  Seigneur,&  que  voftre  foy 
refplcndit  deuant  les  yeux  de  tous  donnant  vngraticuxlpccrtacle& aux  Anges  ,  Seaux 

i  Cor.4.?  hommes. Ce  que  de  rai£t  nous  expérimentons  en  vous  auec  grande  confolation:  vous 
m  ci  mes  aulii  le  pouuez  trefbie  èftimer  à  part  vous ,  afTauoir  que  les  chofes  qui  nous  fÔc 
a'iucnuesjfont  aduenues  pour  l'auancement  del'Euangile:en  forte  que  nos  liens  ont  e- 
ftcmanifeilcz  en  Chrift  par  toute  l'Europe:  tellement  que  pluiîeurs  d'entre  les  Frères 

au 


Laurent Saunders.  jrr 

a»  Seigneut  ont  eu  côriance,&:  à  caufe  de  mes  lien  s  on  t  pris  hard  jtefle  de  parler  en  beau- 
coup plus  grande  abôdance  la  parolle  du  Seigneur  fans  crainte.  ^"Quanç  a  ce  qui  vous 
toucheen  particulier,  combié  que  Chrift  vous  foir  gain&  en  la  vie  &  en  la  mort, &  que 
vous  ayez  grand  detir  d'eftre  fe  parez  de  ce  corps,  &  eftre.  auec  Ieius  Ch  rifbtan  t  y  *  qu'il 
Vous  cft  beaucoup  plus  neceftaire  pour  1  attente  commune  de  i'Eglife  fidèle ,  que  vous  ^jQtcZt 
demeuriez  encore.  Et  noftrp  Dieu  vous  vueille  ottroyer  cela  par  ion  Filslefus  Chrift  :  à  ' 
ce  qu'il  y  ait  plus  grand  profit  pour  Ton  Eglife ,  &  plus  grande  ioye  pour  tous  Tes  fidèle  s, 
U  que  leur  licife  abonde  en  Iefus  Chrift  quand  vous  luy  ferez  rendus  :  Amen ,  A  mcn. 
Màis  s'il  a  déterminé  en  fon  cofcil  que  par  voftre  mort  fon  nom  foit  de*  plus  en  plus  glo- 
rifié &  magnifié  :  quecequifemblc  bon  deuantfes  yeux,  foit  fait.  Toutainfi  donc  que 
cela  a  vous  U  à  nous  feroit  en  grande  refîouiflancc ,  ii  par  noftre  vie  la  maiefté  Se  gloire 
de  Dieu  pouuoit  eftre  mieux  cogneuëdes  hom  mes:  au  (Il  ce  ne  nous  feroit  pas  moindre 
gloire,  fi  nous  poumons  obtenir  cela  mefme  par  noftre  mort.  le  ren  grâces  à  Dieu  pour 
cela  en  voftre  nom ,  qu'il  vous  fait  ce  bien  d'endurer  pour  le  nom  de  Chrift ,  &  que  tou- 
te l'Eglifcfera  vn  iour  enrichie  par  le  tefmoignage  de  vous  trois.  O  bon  Dieu  { pour-  ^  fritte 
rions  nous  tous  aiTez  fuffi&mment  te  remercier  pour  cefte  tienne  bonté  &  libéralité?  So!?Sci 
No  v  s  auons  dés  long  temps  receu  la  parolle  de  vérité,  l'Euangile  de  noftre  falut:  lents  Eud- 
auquelcroyans  nous  fommes  lignez  par  rÉfprit  de  promefle(  quieft  legage  de  noftre  Çi.13.14 
héritage)  en  rédemption:  lequel  Efprit  rend  tefm oignage  à  noftre  efprit  que  nous  fora-  Ro.  «.  ijjtf. 
mes  enfans  de  Dieu:  &  pourtât  nous  auons  receu  i'eiprit  d'adoption,auquel  nous  criôs, 
Abba,Pcre.  Ainfi  donc  fel  on  cefte  mefure  de  don,  par  lequel  eniemble  auec  l'Egliie  de 
Chrift  ac  voftre  pieté  nous  auons  receu  vn  mefme  efprit  de  foy  (comme  il  eft  efent,  I'ay 
creu,&  pourtant  ieparlcray,&  nous  auflî  croyans  nous  parlons  )ayans  vn  mefme  com-  Pk*"-11*' 
bat ,  nous  ne  fommes  point  eftonnez  pour  quelque  chofe  que  nos  aduerfaires  nous  fa- 
cent .  Et  ppurce  que  cefte  adminiftration  nous  eft  impofee,felon  ce  que  nous  auons  ob- 
tenu mifericordemous  ne  fourlignons  point,  &  ne  fommes  point  abaftardis ,  ains  félon 
la  mefure  de  noftre  talent  nous  manifeftons  Ja  veritérfachans  bien  queia-ioit  que  nous 
portiôs  ce  threfor  en  des  vaifleaux  de  terre ,  que  neâtmoins  nous  ne  fommes  point  fou- 
lez  ne  brifez.Nous  fommes  contriftez,mais  nous  ne  fommes  point  deftituez:  nous  fom- 
mes abatus,  mais  nous  ne  periflbns  point  :  nous  foumrons  toute  perfecution,  mais  nous 
ne  fommes  point  abandonnez  :  portans  toufiours  la  mortification  du  Seigneur  Iefus  en 
noftre  corps,  afin  que  la  vie  de  Ieius  Chrift  foie  auflî  manifeftee  en  noftre  chair  mortel- 
le. Car  c'eft  vne  parolle  fidèle ,  Si  nous  mourons  auec  luy,  nous  viurons  auffi  auec  luy:  G  xTm-  *• 
nous  foufFrons  auec  luy,  nous  régnerons  auffi  auec  luy ,  fi  nous  le  nions ,  il  nous  deiad- 
uouêra  auiû.  Et  pourtant  aduifons  à  nous,qup  noftre  homme  extérieur  fe  corrompant,  «•Com. 
l'intérieur  fe  renouuelle  de  iour  en  iour.  Car  noftre  tribulation,  qui  eft  de  peu  de  durée 
&  légère  à  mcrueilles,  produit  en  nous  vn  poids  éternel  de  gloire  éternelle.  Nous  vous  iÉucn.3. 
teftinons  qu'en  ioye  nous  puifons  les  eaux  des  fontaines  du  Sauueur ,  &  efpere  qu'auec 
perpétuelle  action  de  grâce  nous  célébrerons  le  Seigneur  des  fontaines  d'lfrael,&  mef-  pfcau.*8. 
mes  que  nous  reiiouyrons  à  iamais  au  banquet  de  l'Agneau ,  duquel  nous  fommes  l'e- 
fpouie  par  f<gy,&  là  nous  chanterons  cefte  nouuelle  chanfon  &  éternelle  >  Hallelu-iah, 
Amen:  voire  6  Seigneur  Iefus ,  vien .     La  grâce  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  foit  a» 
uec  vous ,  Amen. 

C  O  P  I  E  de  la  lettre  qu'il  enuoya  à  fa  femme ,  par  laquelle  il  remercie  Dieu  d' vn  véhément  courage,  de  luy 
auoir  donné  fa  lumière  pour  fa/onfolation  &  adreûe. 

|R  A  C  E  &  confolat  ion  en  Iefus  Chrift,  qui  nous  confole  en  toute  noftre  affli&iô, 

 [Amen.  Mon  Dieu  comment  cefte  chair  débile,  rebelle  &retiue  fuit  volontiers  J^j^J^ 

les  chofes  que  l'efprit  embrafle!  ô£  com  me  cefte  nature  groffiere  &  pefante  eft  à  grande  ^acte  v& 
difficulté  pou/Tee  à  ce  qu'elle  chemine  es  voyes  du  Seigneur.  Si  la  vertu  de  la  foy,  com- p"1- 
me  vn  agu  ilion  des  promeifes  diuincs ,  ne  l'aguillonnoit  outre  fon  gré ,  il  y  au  roit  dan- 
ger qu'elle  ne  defaillift  au  milieu  de  la  courfe.  Mais  bénit  foit  noftre  bon  Dieu  ,  Pere 
des  mifericordes,  en  noftre  feul  Sauueur  fon  Fils  bien-aimé,  duquel  le  bon  plaifiraefté 
d'efclairer  nos  coeurs  par  la  cognoiflance  de  fa  gloire  en  la  face  trefglorieufe  de  Iefus 
Chrift.  Eftans  donc  appuyez  fur  l'aide  de  Chrift,  nousnedefaudrons  point  eftans 
laflez ,  quand  nous  fommes  efprouuez  par  le  feu  d'afflictions  (  qui  nous  cft  enuoyé 

Gg. 


LittrLj  TNÎ.  Ldturtnï  S  ami*  s. 

pournotis Wfâtnintr)Comme  fTquelane  chofènoutjçHe  rtdas  adutnurc  :  mais  comanj- 
niquans  aux  payons  de  Cnritt,  nous-nuua  icuouiirons  >  aim  aum  <{uc  nous  ayons  IfrHfe 

Vkia.n6.  en  la  reuelationrde  la  gloire.  Ceux  qui  fement  en  larmes,  moiffonneronten  ioye:  enrff- 
lantilsplouroyentjiettans  leurs  {èmencesunaisenretourrrtmciïsteuicncfrontchanrâs, 

i.Cot.ij.^4.  portâs  leurs  gerbes.  Lors  Dieu  cfluycra  toutes  larmes  :  6C  fera  accomplie  la  parolle  qui 
eft  eferire,  La  mort  eft  englouticcn  victoire  s  Mort  où  eft  ton  aguillon  i  Enfer  *  où  eft  ta 

ofee  13.14.  victoire?  Oi 'laguillondela  mort,c'eft  peché^lapuilianceaepcchëjc'ellla  Loy.MaiS 
grâces  à  Dieu,  qui  nou s  a  donné  viitoire  par  noftre  Seigneur  Ienis  Chrift.  ^1*  «*fte  Ce- 
pendant que  fuyuant  le  confeiîdefainct  Pierre,  nous  qui  fouffrons  félon  la  volonté  de 

i.Pier.4.j5>.  Dieu,  recommandions  nos  ames  au  fidèle  Createur,en  bien  faifant.  Cariceluyeft  no- 
ftre Créateur,  &  nous  fommes  les  œuures  de  (es  mains  :  6c  il  ne  nous  abandonne  point 
après  qu'il  nous  a  vne  fois  formez,  comme  vnfaifeur  de  r\auires*qui  ayant  paracneué 
vn  nauire  ou  autre  vaifTeau  demer ,  le  iaifleià ,  6c  l'abandonne  à  l'agitation  des  flots  6c 
.  ondes:  mars  noftre  bon  Dieu  non  feulement  maintientceuxqu'ilacreez,&:a  foind- 

Aa. 17.181  eux:  comme  défait  nous  vnions,auonsmouuement&:eftreen  luy  :  maisauffi  nous  re- 
forme eh  Chrilt,  nous  purifiant  pour foy  mefme  tomme fon  propre  héritage,  au  fang 
de  fon'  Filsrlccjucl  nous  aime  d'vne  affection  6c  bénignité  telle  que  quand  il  aduiendroit 
quelafemmemetrroit  fon  enfant  en  oubly,  encorenerious  publieroit-il  iamais.  Et 

ï.Pier.jV  pourtant  il  nous  admonnefte  par  fon  Apoftre  ,  que  nous  remettions  toute  noftre  foli- 
citude  fu  r  juy,prômettant  qu'il  aura foin  de  nous.  Et  combien  que  quelque  Fols  11  nous 
enuoyc  des  tempeftés&:  orages  de  téntations,commc  s'il  nous  auoit  du  tout  mis  en  ou- 
bly, &  comme  s'il  eftoit  courroucé  contre  ne  perdons  point  efperan* 

iob  13.  ij.  ce ,  ains  difons  auec  lob,  Encore  qu'il  rn'euft  ôccy,  fi  eft-ce  que  i'efperéray  enfuy.Et  fuy- 
uant la  fc>y  inufncible  d'Abraham,  qui  fous' clperancc  creut  contre  efperance.Helasien 
miellés  &  combien  dé  fortes  nous  fommes  tenus  Se  obligez  à  noftre  bon  Dieu*pour  lef- 
quelles  bous-nous  deUons grandement  refiouyri  Et  pourtant  ayans  iufte  occafîon  de 

pfriu.130.  rendregracés,  chantons  auec  Dauid,  Beny  le  Seigneur,©  mon  aroe:&  tdutes  IcVchoics 
quieftes  dédansmby,  benin^zfohfaindbom.  Monàmc,  beny  le  Seigneur,  Sine  mets 
point  en  oubly  toutes  fesliberaiitez. 

M  a  femme  6c  compagne  bien-aimee,ie  n'a*y  point  de  bien  pour  Vous  Iâifler,ne  pour 
vous  enrichir  après  thoy  fëîonîa  façon  ordinaire  de  ce  mondermais  voicy  ce  que  ie  vous 

Lcteihmct  IaiirepârteftâmétauSeigneurjâcequirvou^demcurcperpetueileméta^i  nos  enlans 
cSaun  pft  bicn;aimcZ:ainiuôirïèthrefoir'dela  îieUc&r  jîâixfpirituelle,que  vous  auez  gouftee&r 
receueinterieurement:delaqueIlelaconicicncc  afïàmee  eft  tërh plie  en  Tefus  Chrift 
par  vn  fentirnent  fecret.  Priez  Dieu ,  priez  Dieu.  Or  quant  àu  refte ,  iefuis  Joyeux  &  a- 
laigre  au  Sci£  neur,&  efpere  que  ce  bien  me  demeurera  à  jamais  en  del^uVdes  portes  d - 
enferST  dé  toûs  les  diables.Et  certes  ic  me  refîgne  entièrement  6c  recommande  au  Sei- 
gneur ïefusi  6c  ay  fiance  ferme  qu'il  rn'adminiftrera  force  6c  vertu  félon  que  matfeceffi- 
téle  requerra.  Priez,  priez,  priez  le  Seigneur. 

Voftre  mary  6c  compagnon  en  Chrift,  LavrêntSavkdirs. 

Qr  ire  ces  lettres,  on  en  a  trouué  encore  plufîeurs  autres  eferites  à  d'autres  Frères 
détenus  es  mefmes  prifons ,  faites  en  rythme  Angloife  a/Tez  proprement  :  par  lef- 
quellesil  les  exhortoitàla  vraye  crainte  de  Dieu,  &  a  obéir  àfesfaincts  comrnandeJ 
mens,&:  à  viurc  fainctement  &c  honneftemerit.Item  d'autres  lettres  eferites  i  piuiîcurs 
amisparcy,parlà,  qui  luy  adminiftroyent  de  leurs  biens  en  la  p  ri  fon.  Entre  autres  ily 
auoit  yne  fem  me  noble,  à  laquelle  il  efcriuoitprefque  en  ce  ièns  :  Qyji  t  auoit  «eccu 
grande  commodité  6c  confolation  de  fa  libéralité  &c  benefîcencc,  d'autant  que  par 
cela  on  pouuoit  b'ien  cognoiftre  vne  finguliere  bonté  de  Dieu  cnuers  les  iiens ,  pluftoft 
qu'vnebeneficence  humaine.  Et  comme  iccluynous  a  tous  conïoinéts  enfembJepar 
Pourquoy  foy  en  Iefus  Chrift  fon  Fils  noftre  feul  chef&  efpoux ,  auffi  nous  conioint-ii  Ici  vns  a- 
maTha-  ucc^csaufrcsentrcnousparferuicesmutuelss.lefquelsnousd^ 
rité.        vns  aux  autres- par  charité,  prerhieiement  à  la  gloire  de  Dieu&:  de  fon  Fils  noftre  Sei- 
gneur Iefus  Chrift  :  puis  àce  quenous-mcfmes  fpyons  en  bonne  confeience  conioinâ:s 
enfemble  :  &:  finalement  p.our  fermer  les  bouches  aux  aduërlaircs.  Encecy  tous  co- 
Ican  13.      gnoiftront ,  dit  le  Seigneur  ,  que  vous  eftes  rues  difcipJes  j  fi  vous  -  vous  aimez 

l'va 


Laurent  Saunders.  $ii 

iVnlautre,commeicvousay  aimez,  Ccfte  arjhc  de  charité  nionftre  bien  aufli  quelle 
eft  la  prouidence  fingulierc  de  Dieu  enuers  tous  fes  fidèles,  car  combien  que  ce  foitluy: 
feul  qui  donne  nourriture  à  toutes  fes  créatures  :  tant  y  a  qu*U  difpenfe  tellement  çcftç 
fienne  prouidence,  qu'en  diftribuant  à  vn  chacun  chofes  diuerfe$,il  a,  voulu  qu'vn  cha- 
cun euft  befoin  du  feruice  ou  fecours  mutuetl  de  fon  compagnon.  Et  cela  pour  certain  *&W7*\ 
fert  de  beaucoup ,  non  feulement  à  nousrendre  honnorables  »  mais  aufli  pour  entrete- 
nir vne  mutuelle  beneuolence,  nous  qui  fommes  membres, de  ce  corps  myftique.Que 
s'il  aduient  que  foyons  forclos  de  la  compagnie  les  vns  des  autres ,  ou  par  faute  de  biés* 
ou  par  diftance  des  lieux,  ou  par  quelque  autre  occafion  :  pour  cela  nous  ne  fommes 
point  empefehez  d  affifter  &:  donner  fecours  par  prieresl  fi  plus  auant  nous  ne  pouuôs) 
lefquelJespuifent  les  grâces  celeftes  en  Chrift  leur  chef  fpirituel,  pour  les  efpandre  &ç 
verfer  de  l'vnen  l'autre  au  fournifîement  de  tout  le  corps. 

pvv  r  a*s  t  le  temps  que  Saunders  eftoitprifonnier,lesEuefque$  rirent  vne  defenfee^ 
^droite  auec  menaces ,  que  la  porte  de  la  prifon  ne  fuft  ouuerte  à  perfonne  pour  l'al- 
ler voir.  Sur  ces  defenfes  fa  femme  vint  auec  fon  fils  nommé  Samuel,  cuidant  entrer  Ô£ 
parler  à  luy.  Je  Geôlier  ne  luy  ofa  donnner  entrée ,  mais  print  le  petit  garçon  d'entre  les 
bras  de  la  mere,&  le  mena  à  fon  pere.Et  Saunders  ayant  fon  fils  deuant  les  yeux  fut  gra-  Saundcns^ 
dément  refiouy:&  afferma  qu'il  auoit  eu  plus  de  contentement  de  la  prefence  d'keluy,  jj^i^- 
que  fi  on  luy  euft  apporté  trois  ou  quatre  talens  d'argent.  Et  le  monftrant  à  ceux  qui  e-  faut> 
ftoyent  prefens ,  qui  auflï  tous  comme  d'vne  mefme  bouche  louoyent  la  beauté  &ù  la  fa- 
ce de  l'enfant,  dit, Quand  moy  &  mes  femblables  n'aurions  autre  caufe,  cefte-cy  ne  fu£ 
firoit-elle  pas  pour  nous  faire  endurer  la  mort  alaigrement ,  pluftoft  que  defirer  la  vie 
prefente,  &  en  la  rachetant  déclarer  tels  petis  enfans  baftards,&  les  mères  adulteres,&; 
nous  paillards?  ^"11  efcriuit  à  fa  femme,  qu'elle  ne  le  vinft  plus  voir  en  la  prifon ,  pour  fe 
mettre  en  fi  grand  dangcnluy  remonftrant  que  quand  on  ne  fe  prefenteroit  aux  dagerç 
de  fon  propre  gré,encore  viendroyent-ils  d'eux-mefmes  fans  les  cercher.  Et  la  pripit  de 
continuer  en  la  méditation  des  fain&es  Efcritures(laquelle  il  appeloit  la  pafture  de  l'a- 
me)&en  oraifons  fréquentes.  &  que  ces  deux  chofes  principalemét  font  que  nous  ap- 
prochons de  iour  en  iour  &  de  plus  en  plus  à  la  iouyfTàncedu  royaume  de  Chrift  &C  de  la 
gloire  d'iceluy,  Par  ce  moyen  ,difoit-il,iladuiendroit  quelque  fois  que  tous  deux  fe- 
royét  participans  en  vraye  focieté ,  de  l'immortalité  bien-heureufe  auec  Iefus  Chrift  ô£ 
fes  Sain&s  :  &  que  fans  cela  on  ne  peut  attendre  en  ce  monde  finon  toutes  fortes  de  mi- 
feres  &  fafchcrics.  Etadiouftoit,  Quefid'vn  commun  accord  tous  deux  tafehons  de 
nous  conioindre  en  Chrift  le  Fils  de  Dieu,  il  aduiendra  par  ce  moyen  que  la  focieté  de 
telle  bénédiction  diuine  s'cfpâdra  aufîî  fur  noftre  petit  fils  Samuel.  Et  ia-fôit  qu'en  bref 
(comme  il  femble)  la  vie  prefente  deufteftreoftee  à  tous  deux,  &que  noftre  petit  Sa- 
muel demeure  deftitué  de  tout  fecours  corne  pou  r  e  orphelin  :  toutesfois  il  ne  faut  dou- 
ter qu'iceluy  n'expérimente  quelque  iour  la  bonté  de  Dieu ,  qui  luy  fera  tuteur  &:  cura- 
teur bénin.  Car  de  fait  ce  bon  Pere  &  Seigneur,qui  comme  il  ne  peut  eftre  trompé,auf- 
iine  peut-il  tromper,  a  fait cefte  pro méfie,  le  feray  ton  Dieu,&  detafeméce  aprestoy. 
Et  quan.d  il  faudroit  mourir  pour  la  cÔfeffion  de  Chrift,  ou  endurer  quelque  autre  cho-t 
fe  femblable ,  en  forte  que  vous  ne  peufliez  pouruoir  aux  necefïîtez  de  l'enfant ,  &:  qu'i- 
celuy feroitlaiflenud  en  vndefert:tantyaqueceluyquiaeu  compaflîon  du  petit  en- 
fant de  la  feruante  Agar  ietté  au  defert ,  encore  moins  mettra -il  en  oubly  ceftu^  npftre 
petit  Samuel,  ou  le  fils  de  quelque  autre  que  ce  foit  qui  aura  la  crainte  du  Seigneur,  & 
mettra  fa  fiance  en  luy  .Que  fi  noftre  foy  eft  fi  foible  (comme  il  aduient  afTez  de  fois)que 
nous  ne  puiffions  croire  cela,  prions  noftre  Seigneur  en  toute  humilité ,  tant  pour  cela 
que  pour  quelconque  neceffité  que  ce  foit.  Bref  ,m'amie& aimée  compagne,  ie  vous 
prie  afFe&ueufement& exhorte  que  vous-vous  efiouyfiiez  au  Seigneur.  O  quelle  ma- 
tière de  refîouyfTance  nous  auons  en  luy,  quand  nous  confiderons  ce  royaume  éter- 
nel, qui  eft  propofé  en  ce  bon  Seigneur  és  lieux  celeftes  par  la  pure  grâce  de  Pieu, 
àceuxquirenonçans  àeux-mefmesenont  finalement  la  iouifiance!  Et  pour  certain 
cela  eftvrayement  fuyure Iefus  Chrift,  qu'vn  chacun  porrefa  croix.  Et  lors  fi  nous 
endurons  auec  luy,  nous  regnerpn  s  au  ffi  auec  luy  à  perpétuité.  Ainfifpit-il:£;  en  bref, 
&  en  bref, 

Gg.  ii, 


Laurent  Saunders. 


Revénans  à  l'hiftoire  de  Saunders,  il  refte  de  réciter  comment  on  procéda  cô 
tre  luy  pour  la  féconde  fois,  quand  il  fut  rappelé  deuât  le  fîegc  iudicial  des  Inquifiteurs 
&:  CornmiiTaires:&:  comme  il  refpondit.  Le  Chancelier  l'interrogua  en  cefte  façon: 

T  y  ne  peux  ignorer,  Saunders ,  que  delîa  dés  long  temps  tu  es  détenu  à  caufe  de  tes 
herefies  exécrables,  &:  mefehante  doctrine  que  tu  as  femee .  maintenant  le  temps  &  le 
iour  eft  venu  auquel  fi  tu  veux,  tu  peux  obtenir  mifericorde,te  rendant  obeiiTant,&  de- 
rechef te  reduifant  au  bon  chemin  auec  nous,  voila, le  pardon  t'eft  offert. Nous  deuons 
bien  tous  côfeffer  auec  toy,que  prefque  tous  fommes  tombez  en  erreur  commun  auec 
les  autrcsrmais  nous  fommes  derechef  releuez  par  repentance,  &  ramenez  à  l'eglifé  ca- 
tholique, delaquellenous-nouseftionsdeparris.  Saunders  en  toute reuerence  dit  au 
Chancelier, &  aux  autres  feigneursqui  eftoyent  làaflemblez,  Vos  reuerences  fauues, 
magnifiques  feigneurs,  ic  demande  terme  pour  aduifer  de  refpondre  comme  ie  doy  fur 
Calomnies  ce  que  vous  me  demandez.  C  h  a  n  c  e  l.  Laifle-Ja  ce  fard  de  parollèspôpeufes,&  cefte 
celS""    rhétorique  ambitieufe.car  défait  cela  vous  eft  peculier&  familier  à  vo'autres, que  vo9- 
vous  plaifez  merueilleufemenr  en  ces  braues  façons  de  parler,  dy  nous  icy  que  c'eft  que 
tu  veux  affermer  ou  nier.  Savnd.  Monfieurle  rcueréd,le  temps  ne  pei  met  pas  main- 
tenant que  nous-nous  lafehions  la  bride  à  defguiicr&-  farder  nos  parolles .  la  condition 
où  ie  fuis  pour  cefte  heure,  me  rend  allez  efloigné  de  cefte  arrogance,  laquelle  vous  m - 
attribuez. le  cognoy  mon  petit  fauoir&pouuoir ,  cependant  touttsfois  i'ay  befoin  de 
bonaduispour  refpondre  prudemment  à  vos  demandes  fi  hautes  &de  figrande  im- 
portance :  comme ainfi  foit  que  neccflairement  il  me  faille  tomber  en  l'vn  de  ces  deux 
dangers  .ou  que  ie  perde  ma  confeience,  ou  la  vie  prefentede  cecorps.  Et  pour  dire 
franchement,  cefte  vie  &  liberté  m'eft  vne  chofe  precieufe,  moyennant  que  iela  peufîe 
contregarderfansbleffer  ma  confeience.  Chanc.  C'eft  bien  à  propos,  confeience. 
vous  autres  n'en  auez  poinr,  mais  plus  d'orgueil  &:  d'arrogance  qu'ilne  feroit  de  befoin. 
car  vous-vous  plaifez  tellement  en  vous-mefmes,  que  vous  vous  retirez  de  la  commu- 
nion de  l'eglife.  Savnd.  I'ay  vn  tefmoin  ,&  iuge  de  ma  confeience,  afTauoir  le  fouue- 
rain  Seigneur  qui  feul  fonde  les  cœurs.  Et quant  à  cequevous  memettezenauant,que 
ie  me  fuis  retiré  de  cefte  egljfe  laquelle  jous  tenez  maintenant  pour  catholique  :  ie  re- 
Saundcrs  rc  fpon  à  cela,  le  n'ay  encore  changé  de  cefte  foy  &:  Eglife ,  laquelle  m efme  vous  nous  a- 
i^eficu/"  utZ  aPPr,n^e»  l°rs  9ue  ie  n'auoye  que  quatorze  ans  :  afTauoir  que  n'adiouftifîîons  foy.  au 
incôftmcc.  fîege  Romain,  ny  a  fes  abus  :  &  ne  luy  donniflïons  aucune  authorité  ou  crédit.  Nous  a- 
uons,  dy  ie,puifé  &:  tiré  ces  chofes  de  vous  mefmes  :  comme  de  ceux  qui  nous  eftoyent 
conducteurs  ôimaiftres.  Chanc  Or  fus,dy-nous  Vn  peu  ,Qui  font  les  autheurs  qui 
vous  ont  abbreuuez  de  ces  herefies,  touchant  le  fain&facrcmentde  J'autel'S  a  v  n  d-. 
S'il  eftoit  licite  de  commettre  de  deux  maux  rvn,icpenfe  quilyauroit  moindre  cau- 
fe de  punition  de  couper  vn  bras  ou  vn  pied  d'vn  corps,  ou  quelque  autre  membre,que 
fi  on  trenchoit  la  tefte  du  corps .  Et  vous  autres  meilleurs  les  reueTends,  &c  tout  voftre 
Confdsion  ordre  &'afTcniblce  auez  donné  vos  voix  publiquement,*:  confenty  quelquefois  que  la 
dcSauiidcr5  primauté  du  (iege  Romain  fuft  retrenchee  de  cefte  republique(comme  vn  chef  baftard 
ôc  vicieux)  laquelle  vous  talchez  maintenant  de  remettre  au  dcfTus ,  ayans  changé  d'o- 
pinion. L'e  v  e  s  qj/  e  de  Londres,  dit  au  Chancelier,  Monûeur,  s'il  plaift  à  voftre  re- 
uerence ie  produiray  icy  vne  confeffion  eferite  de  fa  main  contre  le  fainét  facrement  de 
l'autel*  Toy,  Saunders ,  que  refpondras-tu  à  cela?  Savnd.  Il  ne  faut  point  attendre 
que  par  cy  après  ie  m'aceufe  moy-mefme.  Et  vous-mefmes  n'auez  rien  contre  moy,  dot 
à  bon  droict  vous-vous  puifliez  pleindre.  Chanc.  Continueras-tu  d'endurcir  ainfi 
ton  efprit?ne  reccuras-tu  la  liberté  laquelle  nous  te  voulons  offrir  ?  Savnd.  le  vou- 
droyefupplier  vos  reuerences,  de  moyenner  vers  lamaiefte  delaRoine,que  fon  bon 
plaifir  fuft  de  me  donner  tellement  la  vie,  que  cependant  il  me  fuft  loifible  de  garder 
ma  confeience  fauueauec  ma  vie.  Et  de  ma  part  i'efperebien  tellement  viurefous  fa 
fubie&ion,  qu'elle  cognoiftra  que  ie  luy  feray  fidèle  &  obeillant  :  finon,i'ay  délibéré 
d  endurer  pluftoft  toute  extrémité  de  maux,  moyennant  l'aide  de  mon  Dieu,  que  de 
La  façô  des  bleffer  ma  confeience.  Chancei.  C'ef^  bien  à  propos ,  qu'il  foit  licite  à  vous  au^ 
Donauftcs.  tres  de  viure  comme bon^us  femblera.  Tels  eftoyent  iadis  les  Donatiftes ,  lefquels 
voulans  fuyure  vne  façon  particulière  de  vie,  cerchoyent  de  viure  toutautrement  que 
les  autres  :  &:  tototes'fois  ne  meritoyent  pas  que  la  terre  les  fouftinft  vifs,  comme  aufïï 

elle  ne 


Laurent  Sauniers.  jtj 

clic  ne  vous  fouiliendrapas  longuement  :  ce  que  vous  expérimenterez  auant  qu'il  foie 
feptl  ours.  Ayant  ainfi  parlé,  il  fit  ofter  Saunders  de  là.  lequel  leur  dit»  Ce  que  le  Sei- 
gneur nous  enuoyera ,  foit  fait,  foit  la  vie  ou  la  mort.  Et  de  ma  part, ie  vous  veux  bien 
dire  qu'il  y  a  long  temps  que  iay  appris  a  mourir.  Cependant  ie  vous  aduerty  de  vous 
garder  d'efpandre  le  fang  innocent,  croyez-moy,  qu'vn  iour  il  criera  au  Seigneur,&  de- 
mandera vengeance  contre  vous. 

Apres  ces  chofes  ainfi  faites ,  lefquelles  appartenoyent  à  l'examen  &c  à  la  cognoif- 
fance  de  la  caufe  :  les  officiers  prindrent  Saunders ,  &  le  tirèrent  hors  de  la  foule ,  &  le 
gardèrent  iufques  à  ce  que  fes  compagnons  fuflentdefpefchez  de  mefme  façon,  pour 
les  mener  tous  enfemblecnprifon.  Saunders  donc  attendant  quelque  temps  dehors, 
ainfi  quele  peuple  eftpitailem  blé  pour  voir  ce  qui  fefaifoit,  il  l'exhorta  de  grande  ve-  Remonftr- 
hemence  ceux  qui  là  eftoyent,  à  garder  la  doctrine  qu'ils  auoyent  receuë:  ôcrepnntde  cède  saun- 
legereté  &inconftance,  ceux  qui  foudainement  s'eftoyent  reuoltez  deChnit,  pourd"s  auPcu 
fuyurel'Antechrift.  Illesadmonneftaque  fe  rcdreflans  de  bonne  heure  par  repencan-  pC' 
ce,ils  retournafTent  à  Iefus  Chrift  auec  vne  foy  entière,  maugré  l'Antechrift, le  péché, 
la  mort  &  Satan,  &qu'ainfi  ils  auroyent  repos  en  toute  feurtê&  félicité  en  lafaueur& 
benedidion  du  Seigneur. 

Sa  v  nd  e  r  s  «ut  plufieurs  pareils  combats  &difputes  contre  les  Euefques.lefquels 
finalement  Tayans  déclaré  excommunié,  le  dégradèrent  &  Jiurerent  entre  les  mains  côdamna- 
du  bras  feculier,  comme  on  a  accouftumé  de  faire.  Le  Maire  de  Londres  le  pnnt ,  &c  le  5°^^ 
mit  en  la  prifonqui  eft  dedans  les  limites  de  la  cure  de  Saunders.  La  rue  eft  appelée  au°  6 
Bradftref.h  prifon  Counter.  Celaluy  apporta  vn  fort  grand  foulagemeut,  &  ce  d'autant 
qu'il  trouua  en  cefte  prifon  Cardmakerion  amy,ôc  compagnon  d'v  ne  mefme  caufe  6c 
affliction  :&:  pour  cefte  raifon  principalement  qu'eftant  entre  fes  brebis,  il  auoit  recou- 
uré  cefte  opportunité  de  les  inftruire  &  exhorter  de  la  prifon,comme  s'il  euft  efté  mon- 
té en  chaire:  voire  eux  pour  l'amour  defquels  il  eftoit  détenu  prifonnier. 

COPIE  <fvne  lettre  qu'il  cfcriuit  de  cefte  prifon  à  fa  femme,  &  a  quelques  autres  fes  familiers  &  amis ,  après  que  la  fentence 
de  mort  eut  efté  prononcée  contre  luy,  eferice  le  dernier  iour  de  Ianuier,  M.  D.LV. 

^"La  grâce  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift ,  &  la  confolation  du  fainct  Efprit  vous 
conlerue  par  foy  &  confeience  entière ,  afin  que  vous  foyez  vaifteaux  de  fa  gloi- 
re fan  s  fin,  Amen. 

J^IfSE  quelles  actions  de  grâces  &:  louanges  pourrons  nous  allez  célébrer  la  bonté  &: 
g|j§^mifericorde  de  noftre  Dieu,&:  fadile&ion  infinie  cnuers  nous;&  moy  iepremier, 
qui  fuis  le  plus  ingrat  de  tous  les  hommes  du  monde?  Pour  cela  ie  vous  prie  afFcctueufe- 
ment  que  priez  Dieu  par  fon  Fils  Iefus  Chrift  pour  moy,  qu'il  luy  plaiie  mefaire  pardon 
tant  de  mes  autres  forfaits  griefs  &  infinis,  que  pour  cefte  mienne  grande  ingratitude 
enuersluy.  Or  de  vouloir  reciter  par  parolles,  ou  comprendre  par  penfees  cefte  mife-  Lamiferi- 
ricordç&  bénignité  de  Dieu  en  fon  Fils  Iefus  Chrift ,  qui  eft  vne  chofe  du  tout  infinie  JSeîeftin- 
&  inénarrable ,  ce  feroit  autant  comme  fi  i'entreprenoye  de  puifer  &:  verfer  toute  la  finie, 
grand'  mer  Oceane  en  vn  petit  gobelet ,  ou  de  comprédre  les  eftoilles  en  certain  nom- 
bre. Omafemme  bien-aimee,& vous  mes  amis  lie  vous  prie  de  bonne  affection  que 
vous-vous  efiouifTiez  auec  moy,  rendans  grâces  à  noftre  bon  Dieu  de  ce  qu'il  m'a  fait 
ceft  honneur,  que  ie  glorifie  fon  Euangilc  non  feulement  par  cefte  mienne  vie,  ôc  ces 
leures,&  ce  cœur  incirconcy  :  mais  auffi  par  vn  tefmoignage  fi  grand  de  ma  mort  &c  de 
mon  fang.  Et  afin  que  ie  die  ce  qui  en  eft,  mon  Seigneur  Iefus  m'a  tellemêt  ofté  iufques  N.alIoirhot 
àprefent  toute  crainte  &  fentiment  de  la  mort ,  que  ie  n'ay  point  horreur  d'icelle.  mais  reur  de  b. 
fi  ceft  efpoox  bien-aimé  mon  Seigneur  Iefus  Chrift ,  retirant  fon  Efprit  de  moy  vn  bien  J^y1}™ 
pcumclaifToit,helas  mifcrable!  ienefayqueiepourroye  deuenir.    Et  quand  enco-  (p™ 
re  il  luy  plairoit  de  le  faire  pour  m'efprouuer,  fi  eft-ce  que  ieconçoy  en  mon  efprit  Dic"î 
vne  bonne  efperance  qu'il  ne  fera  pas  ne  loing,ne  long  temps  abfent  de  moy:  ains 
félon  le  cantique  myftique  de  Salomon,  eftant  derrière  la  paroy  regardera  par  les  fe- 
neftres  ou  par  quelque  rendafTe  de  la  paroy,  pour  ouyr  que  ie  fay.    Ceft  ce  Iofeph 
tant  plein  de  grand  amour:  que  combien  qu'il  femble  parler  rudement  à  fes  frères: 
fie  menace  Beniamin  fon  frère  bien-aimé  &  germain,  de  le  faire  mettre  en  prifon: 
tant  y  a  qu'il  ce  fc  peut  tenir  de  plourçr  auec  nous  ,  &c  quant  &  quant  de  fe  ruer 

Gg.iii. 


Lùtrcj  II  IL  Laurent  Saunders. 

fur  nous  pour  nous  embraflfer  de  fes  deux  bras.Quc  rien  donc  ne  vous  deftourne  de  luy: 
ceiwfc  4j.  pluftoft  delahTans  toutes  chofes  allez  à  luy  auec  Iacob  le  pere  &  fes  enfans,  qui  ont  bif- 
fé &  leur  pays  &c  toutes  leurs  amitiez  acquifes.  Ce  Iofeph  a  obtenu  pour  nous  que  Pha- 
raon mefme  nous  fournira  de  haquenees  &  chariots  pour  nous  faire  pafTer  outre  félon 
noftre  defir.  Et  nous  expérimentons  auffi  comment  nos  aduerfaires  nous  abrègent  fort 
le  chemin,  pour  faire  que  nous  paruenions  pluftoft  aux  repos  bien-heureux:&  nous  ad- 
miniftrent  toutes  choies  feruates  à  cela  mefme.  Beny  foit  le  Seigneur.  le  vous  prie  doc 
ne  vous  efpouuâtez  aux  bruits  de  fonnettes ,  ny  à  ces  vains  fpe&acles  &  fantofmes ,  lcf- 
quel<  fe  viennent  offrir  par  le  chemin-.mais  pluftoft  craignezle  feu  de  la  géhenne ,  crai- 
gnez ce  ferpent  ennemy,qui  a  l'aguillon  de  la  mort  ecernelle:auquel  tous  ceux  qui  font 
fans  foy,pnu.ezdela  familiarité  fcfocieté  du  Fils  de  Dieu  (  qui  feula  commandement 
fur  la  mort  )  font  fubiets  &  deftinez  à  la  mort .    ^  A  u  refte ,  nous ,  ma  bon  ne  amie ,  8c 
vous  aulfi  mes  frères  bien-aimez  en  lefus  Chrift,lefquels  Dieu  a  tirez  hors  de  la  puiflan- 
Le  triôphe  ce  de  ténèbres ,  vous  defpouillant  du  vieil  homme ,  &:  faifant  veftir  le  nouueau ,  qui  eft 
font^i^  noftre  Seigneur  lefus  Chrift,lafapience,lafandification,laiuftice& rédemption  d'icc- 
CkV     luy:nous(dy-ie)auons  dequoy  triompher  auecgrandeaffeurâce  contre  Satan  le  dragon 
horrible,  contre-la  mort,le  péché,  la gehenne&  toutes  fortes  de  maux.  Noftre  Serpent 
d'airain  a  rebouché  &c  aneanty  l'aguillon  mortel  du  vieil  Serpent;&  pourtant  il  ne  nous 
refte  plus  maintenant,  à  nous  qui  iouyiTons  du  gracieux  regard  de  cefte  victoire ,  fin.cn 
de  chanter  vn  chant  royal  au  Roy  victorieux  lefus  Chrift,recueillans  le  butin  8c  les  dc- 
Ofce  13.14.  fpouilles  du  Serpent  abbatu,&  difans  auec  le  fainct  Prophète,  Mort,  où  eft  ton  aguillô? 
Enfer,où  eft  ta  victoire?  Nous  rendonsgraces  à  noftre  Dieu ,  qui  nous  a  fait  obtenir  vi- 
ctoire par  noftre  Seigneur  lefus  Chrift.  ^  Ayez  touûours  fouuenance  du  Seigneur,ayez 
hefTe  en  efpcrance,  patiéce  en  tribulatiompriezfans  ce/re,&:  fuppliez  le  Seigneurpour 
moy  qui  fuis  maintenir  deftiné  à  occifion.afîn  que  ie  foye  fait  facrifîce  agréable  à  Dieu. 
A  grand'  peine  me  donne-on  loiûr  de  vous  efcrire.  Pour  cefte  raifon  pardonnez-moy  G. 
pour  l'heure  prefente  ie  vous  enuoy  e  des  lettres  plus  brieues  &c  reftreinteis  que  ne  vou- 
driez Et  quant  &  quant  ie  vous  prie  les  receuoir  comme  vn  deuoir  de  recommadation 
tant  enuers  vous  ma  femme,  qu'enuers  tous  les  autres  qui  nous  aiment  au  Seigneur, 
principalement  vers  mes  parochiens,entrelcfquels  Dieu  m'a  maintenat  conftitué  par 
fa  faindteprouidence  :  combien  que  ce  ne  foit  auec  telle  condition  que  ie  puuTc  pref- 
cher  félon  la  façon  accouftumce  entr'eux ,  affauoir  qu'il  ne  m'eft  loihble  de  monter  en 
chaire  :  tant  y  a  que  ça  efté  en  telle  forte  que  mes  liens  ne  font  point  du  tout  fans  fruict 
entr'eux,puis  que  Dieu  l'aainu*  voulu  par  fa  mifericorde  &  bonté.  Et  combien  que  ic 
Leminifte-  foye  indigne  d'vn  tel  miniftere,  neantmoins  il  faut  bien  rendre  gloire  &:  honneur  au 
«  de  Saun-  Seigneur  lefus  fouuerain  Pafteur,duquel  la  vérité  leur  a  efté  manireftee>  &  feraencorc 
glorifiée  par  ma  mort ,  en  la  vertu  d'iceluy  qui  les  repaift  par  moy. 
•  Vo  v  s  ferez  fauoir  de  mes  nouuellesà  madame  G.femmehonnorable,&  me  recô- 
derez  à  elle,  &  luy  communiquerez  ces  lettres  :iefày  bien  qu'elle  faluerales  autres  en 
mon  nom.  M'amie,  ne  vous  tourmentez  point:  remettez  toute  voftre  folicitude  au  Sei- 
gneur, auquel  ie  vous  prie  me  recommander  par  vos  prieres&oraifons  larmoyantes: 
comme  auffi  ie  vous  recommande  à  luy,&  noftre  petit  fils  Samuel ,  lequel  i'ay  délibère 
eftantvenu  au  pofteau  prelenter  en  oblation  au  Seigneur  ne  plus  ne  moins  que  moy- 
mefme.  Ainli  ie  délire  de  bon  coeur  que  vous-vous  portiez  bien  tous  au  Seigneur  lefus, 
eftans  fortifiez  d'vne  bonne  efperance ,  que  cy  après  ieferay  conioint  ensemble  auec 
vous  en  vie  bien-heureufe&:  éternelle.  Cefte  efperance  eft  profondement  enracinée 
en  mon  cœur  :  Amen,  Amen,  A  mem    Noftre  Seigneur  &  bon  Dieu  foit  loue  &  bénit 
éternellement:  Amen.    Priez,  priez. 

A  près  que  TEuefque  de  Londres  l'eut  dégradé  le  quatrième  lourde  Feurier  de  fa 
preftrife ,  Saunders  déclara  qu'il  rendoit  grâces  à  Dieu  ,  d'eftre  feparé&  mis  hors  de 
cefte  eglife,à  laquelle  il  ne  pouuoit  eftre  conioinct  que  ce  ne  fuft  a  fa  ruine  &  perdition. 
^"Lc  Maire  de  Londres  le  liura  aux  officiers  de  la  roine  Marie  pour  le  mener  à  Couéti- 
re,lieu  ordôné  pour  (ô  dernier  fupplice.Eftâs  môtez  à  cheualja  première  repeuëfut  en 
vne  petite  ville  nômé  faict- Aubin,  Là  Saûders  rencôtrant  maiftre  Grimoald  l'exhortaà 
M         môftrer  meilleure  côftâce  qu'il  nauoit  fait ,  luy  demadant  s'il  levoudroit  fuiure  à  boire 
ino«dd.     de  ce  calice.Grimoaldfau  demeurant  home  de  fauoir,&  qui  auoit  grâce  de  bien  parler) 

dit 


Robert  F  mûr.  314. 

dit  qu'il  refpôdroit  biéde  ce  gobelet  qu'il  cenoit  en  fa  main:  mais  qu'il  ne  fe  prbmettoit 
rien  de  la  coupe  de  laquelle  Saunders  entendoit  parler.  Êt  Saunders  luy  refpôdic,  Mais 
quoyfmon  Seigneur  Iefus  Chrift  n'a  point  fait  difficulté  de  boire  pour  l'amour  de  moy 
d'vû  breuuage  beaucoup  plus  fafcheux.Et  moy  ne  beuuroy-ie  point  après  luy,veu  qu'il 
me  femond  à  boire?  Le  croiûeme  iour  après  ils  arriuerent  à  Couentric  de  nuici  :  là  vn 
certain  cordonnier  citoyen  de  la  ville,vint  à  luy:&  après  l'auoir  falué,luy  dit,Noftre  bô 
maiftrele  Seigneur  vous  vueille  confotter  &  confoler.  Auquel  Saunders  refponditj  Fre 
reô£  amy,ie  vous  mercie  grandement:^  prie  qu'ayez  fouuenacc  de  moy,  &  me  recom- 
mandez à  Dieu  par  vos  prières :&  faites-le  de  tant  meilleure  affection,  que  ie  fuis  indi- 
gne de  ce  miniftere  que  ie  doy  pat  acheuer.  Cependant  iay  bonne  efperance  en  Dieu 
mon  PcretrefbeninjduquellapuifTancemepeu^armer  contre  toutes  aduerfîtez  pro- 
chaines.Sur  cela  il  fut  mis  en  pnfon  publique  entre  les  mal-faicteurs ,  où  il  dormit  bien 
peu:de  manière  qu'il  employa  piefque  toute  cefte  nuict  en  prières  &c  oraifôns  fainctes; 
ou  en  deuis  falutaires  qui  appartenoyent  à  rinftru&ion  des  autres.  Le  iour  enfuyuant, 
qui  cftoit  le  huitième  du  mois  de  Feurier,on  le  mena  en  la  place  pour  eftre  exécuté  vn 
peu  hors  la  ville,pres  vn  bofeage  aflez  prochain  de  la  ville  de  Couentrie,n'ayant  fur  foy 
qu'vne  longue  robbe  fort  vfee  &c  fa  chemifè  defîbusrau  demeurât  il  auoit  la  tefte  &c  les 
pieds  nuds.En  allant  il  fe  iettoit  fouuent  à  terre,&  prioit  Dieu:  &  comme  il  approchoit 
du  lieu  vn  de  ceux  q.  auoyét  la  charge  de  le  faire  brufler,parla  à  luy,reprochat  qu'il  eftoit  saunders  fc 
vn  de  ceux  qui  auoyét  corrôpu  le  Royaume  de  laRoine  par  faufTe  doctrine  &herefic:  &  fouuét 
l'appcloit  Perturbateur  de  la  république,^  qu'à  bon  droid  il  deuoit  eftre  pUny  :  &  tou- 
tefois  reiettat  fes  opinions,s'il  venoit  à  fe  réduire  de  bonne  heure  au  bon  chemin,enco  Dieu.  J 
re  y  auoit-il  efperance  que  pardon  luy  feroit  fait,  &  la  vie  luy  feroit  fauuee  parla  grâce 
de  la  Roine.finon,il  voyoit  là  le  feu  prcparé,dedans  lequel  on  le  ietteroit  promptemêc 
s'il  ne  fe  repentoit.Saunders  fit  cefte  refponfc,Nous  qui  fommes  ambaffadeurs  de  la  ve 
rite  diuine,fommes  fauffement  aceufez  de  cecy,comme  fi  nous  auiôs  offenfc  la  Roine* 
ou  troublé  la  republique.  Pluftoft  cefte  aceufation  doit  eftre  reietteefur  toy  &  fur  tes 
femblables,quiiufquaprefentaueztoufioursreflftéopiniaftrement  à  la  parolle  eter- 
helle  de  Dieu.  De  moy,ie  ne  maintié  aucunes  herefîes,ains  la  droite  difeipline  deDieu; 
&;  le  faind  Euangile  de  fon  Fils.C'cft  ce  que  ie  maihtien&  croy,&  ce  que  i'ay  enfeignéi 
&  que  ie  ne  reuoqueray  iamais.Ceftuy-cy  ayant  ouy  parler  Saunders  de  cefte  façon,  cô- 
xnanda  qu'on  leiettaft  foudain  dedans  le  feu.&:  incontinentSaunders  fe  mit  de  fon  bon 
gré  en  la  main  des  bourreaux  pour  eftre  lié. mais  auant  que  faire  cela ,  il  fe  profterna  en 
rerre,&  pria  Dieu.  Puis  fe  leuant  embraffa  le  pofteau  auquel  il  deuoit  eftre  attaché>&:  ApoftrrV 
dit,0  croix  de  mon  bon  Seigneur  lefusilncontinent  après  il  fut  lié:&  eftant  enuironné^1^11 
de  flamme  &c  de  feu>  rendit  paifîblement  l'efpnt  au  Seigneur. 


ROBERT    FERROR,  euefque  Knglois. 

S I  nos  afrîi  £Hons  prennent  commencement  par  quelque  aceufation  pour  choies  temporelles,  coiifofons-nous  à  l'exemple  Je  ce 
fainA  Euefque,  &  nous  humilions  deuant  Dieu.a  ce  que  puissions  refifter  à  tentations:  &  que  la  rage  de  ceux  qui  pour- 
chaffentnoitre  mortpour haine  fecrete  qu'Us  portent  i  1* tuangile/oit  furmonteepar  noftrefoy  &  patience. 

E  premier  Euefque  qui  fetrouue  au  catalogue  de  ceux  qui  ont  enduré  la  MJXLV" 
mort  après  Iean  Hooper  euefque  de  Gloceftre,c'eft  Robert  Ferror  euefque 
deSaind-DauidaupaysdeGalles,lequelauoit  efté  appelé  à  cefte  dignité 
_  par  le  moyen  du  duc  de  Sommcrfet,protedeur  d'Angleterre  du  viuant  du 
roy  Edouard  v  i  .Plufieurs  iniures  &  fafçhcries  luy  furent  faites  du  temps  dudit  Roy ,  z- 
près  la  morr  du  PVotecteur,à  la  fufeitation  (  comme  la  plus  commune  opinion  eft  )  d'vn 
nommé  Conftantin,quifedefpita  contre loy  à  caufe  qu'il  auoit  refufé  vne  prébende  à 
qlcun  qui  eftoit  ignorant.Quelq  chofe  qu'il  y  ait*  foit  que  ce  Conftantin  fuft  proUoqué 
pour  cefte  caufe  ou  quelque  autre,on  pourchafTa  cefte  fafcherie  à  ce  bon  Euefque  en  iu  enpeîneT 
gement  contradictoire.Le  nœud  de  fon  aceufation  eftoit,  qu'il  auoit  retenu  longue  ef- 

caule  d'vne 

pace  de  temps  quelques  prébendes  de  fon  eglifc*  iufques  à  ce  qu'il  euft  trouué  des  per-  Prebender 

Gg*  iiii. 


fonnes  idoines  pour  leur  côferer  ces  benefices-.en  partie  auffipoUrce  qu'on  difoit  qu'il 
auoit  acheté  pour  foy  des  terres  &  pofleflions,qui  eftoit  contre  les  loix  publiques,  caril 
y  auoit  vne  dercnfe  faire  aux  Ecclefiaftiques,par  les  loix  &  ordonnances  du  pays ,  de  ne 
s'entremefler  des  affaires  du  monde. Et  nonobftant  Ferror  auoit  toujours  elle  efloignc 
d'vne  telle  conuoitife.mais  voicy  comment  il  en  alloit  :  Vn  fien  voifin  home  noble  eut 
quelquefois  bcioin  d'argenr,&:  pour  cela  mit  en  vente  certaines  terres,  Ferror  voyant 
la  neeefikédecegentil-homme,tutefmeu  de  faire  quelque  tranfaction  auecluy,  pluf- 
toft  que  de  le  voir  contreint  à  vendre  ion  héritage.  Et  combien  qu'il  ne  fuit  fort  pecu- 
nicux,toutefoispourfubuenii  àla  neceffitéprclente  de  (on  voifin,il  luy  fit  ceft  offre  de 
luy  prefter  argent  autant  qu'il  en  auoit  befoin,fous  condition  qu'iceluyluy  bailleroic 
vne  partie  defa  terre  correfpondante  à  la  fomme ,  comme  pour  gage  ou  aiïeurancede 
fon  argent  :  &:  rc  prendroit  derechef  la  tcrre,quand  il  auroit  payé  la  (omme.  Ainlî  vou- 
loit-il  poui  uoir  qu'à  l'aduenir  il  ne  fuft  point  en  danger  de  perdre  la  fomme  qu'il  au roic 
preftec:d'autrc  part  que  le  gentil  homme  euft  moyen  de  fubuenir  à  fa  necefhté,  en  fau- 
uant  Ion  héritage. Et  ne  faut  douter  que  ceft  Eucique,qui  eftoit  homme  de  bonne  vie, 
n  ait  fait  cela  pour  gratifier  à  fon  voifin ,  pluftc  ft  que  faire  profit  de  luy.Iladuint  depuis 
quele  gentil-hommeayant  délibéré  de  vendre  fon  bien,  s'adreiTa  à  Ferror  première- 
ment^ voyant  qu'il  ne  le  vouloitacheter,ilfe  retira  à  vn  autre  gentil  homme  ,  qui  de 
long  long  temps  vouloit  mal  à  Ferror.     <j  L'Euefque  ayant  entendu  le  tout,&  confi- 
derant  quelle  ralcheric&:  inconuenient  ce  luy  feroit  fi  vn  voifin  haineux  occupoit  vne 
fois  ces  terres  qui  luy  eftoyent  prochaines, marchandaluymefme  le  fond  de  ceft  herita- 
ge,en  forte  toutefois  que  le  gentil-homme  vendeur  auroit  faculté  de  reemerer,  ceft  af 
L'inimitic  lauoit  racheter  (on  bien  toutefois  &  quantes  que  bon  luy  fembleroit.  Onlcchargea 
de  Nor-    aulfi  qu'il  n'auoit  payé  au  threlor  du  Roy  le  reuenu  de  la  première  année.  Cependant 
th°d"contr  le  duc  de  Northomberland,qui  luy  vouloit  mal  de  mort  (poffible  de  ce  que  le  duc  de 
So  nmcS  Sommerfet  luy  portoit  faueur)  tafehoit  en  toutes  fortes  de  luy  ofter  fon  euefché  ,  pour 
le  faire  tomber  és  mains  de  quclcun  qui  fuft  de  fa  faction. Ceft  Euefque  donc  eftanten- 
ueloppé  de  tels  troubles,&:  exercé  de  telles  prceuues,fut  arraché  &:  feparé  de  fon  eglife 
&:  détenu  es  priions  de  Lôdres  prefquc  deux  ans  entiers,  vers  la  fin  du  règne  du  roy Edo- 
uard v  i .      CTous  ceux  qui  furent  autheu  rs  de  ce  trouble  &c  tempefte ,  furent  caufe 
de  îetter  ceft  Euefque  dedans  la  tempeftexar  cependant  qu'il  eftoit  détenu  en  la  pnfo 
nommeeFletien,laperfecutiondelaroine  Marie  furuint ,  durant  laquelle  Ferror  fut 
là  trouué  tout  à  propos  comme  entre  les  premiers. On  cerchoit  à  tous  coftez  les  autres 
Euefqucs  pour  les  conftituer  prilbnniers:  mais  la  prifon  le  prefenta  à  (es  aduerfaires 
pour  luy  faire  fon  procés:&:  Dieu  voulut  cju'il  leur  fuft  vn  rocher  inuincible.  Nous 
pourrions  icy  dire  comment  Ferror  a  efte  traité  rudement  par  fes  aduerfaires  Papiftes, 
quel  a  efté  le  procès  tenu  contre  luy,&  quelle  fut  fa  condamnation:  m  ais  à  grand  peine 
a-on  peufauoir  encore  la  procédure  en  tout  cecy,  ûnon  qu'après  M.Iean  Hooper  on  le 
mit  hors  de  la  prifon  pour  eftre  interrogué.  Et  les  luges  voyans  qu'ils  ne  le  pouuoycnt 
deftourner  de  la  verité,laquelle  il  maintenoit,prononcerent  fen  tence  contre  luy,  telle 
qu'ils  auoy  ent  faite  contre  Hoopenfi  que  le  douzième  îour  après  il  fut  mené  au  pays  de 
Galles,en  la  ville  de  Carmarden,  de  laquelle  il  eftoit  Euefque,pour  eftre  bruflé  auec 
grief  tourment-car  alentour  de  luy  il  y  auoit  bien  peu  de  feu  :  mais  princlpalemet  d'au- 
tant qu'en  lieu  de  bois  ils  n'ont  en  cefte  contree-la  que  des  mottes  égalons,  qu'il  tirer 
d'vne  terre  grade  &  m  oit  te.  Le  feu  donc  allumé  de  telle  matiere,faifoit  plus  de  fumée 
que  de  flamme,&;  là  fut  ietté  ce  S. Martyr  de  Iefus  Chrift,&  bourrelé  d'vne  façon  autâc 
rcuelle  qu'on  a  gueres  vcu. 

O  r  ceft  EuelqucR.Ferror  eftoit  homme  de  ftature  allez  grande,&:robufte  de  corps, 
de  couleur  noire,conftât  &:ferme  en  fes  fai&s  &:  dicts,graue  en  fes  mœurs  autat  que  nul 
autre  qui  tuft.^  Et  outre  les  vertus  excellentes,il  auoit  cecy  de  fingulier  (  &c  à  grand  pei- 
ne en  eult-on  trouué  vn  autre  qui  euft  cela  que  luy)aiTauoir  qu'il  auoit  retenu  fi  bie  par 
cœur  les  paifages,lesfentenccs&:  chapitres  tant  du  vieil  que  du  nouueau  Tcframent, 
qu'il  ne  luy  ta!  ioit  point  de  liure  pour  monftrer  le  lieu  duquel  on  parloit.  Ce  Martyr  fi- 
dèle de  Chrilt,euefque  de  lainct-Dauid^ut  bruflé  enla  ville  deCarmarden,l'an  du  Sei- 
gneur m  .  d  .  l  v  .le  xxvi  .iour  de  Feurier. 

THOM. 


Plujteurs  Martyrs  . 


THOMAS 


*lf  a-il  vn  Mutius  SceuoLa  rant  célébré  des  anciens  Roma4ns,qui  puifle  eftre  accomparé  en  vertu  &  conftancea  ce  Martyr:  au- 
quel la  mainfutmife  àl'eiprœuue  lur  la  flamme  ardente  auant  que  le  lurplus  du  corps  ait  efte  misau  feuî 

N  celte  forte  donc  il  y  eut  cinq  excellons  Prefcheurs  brûliez  au  mois  de  Fe- 
(iJÏCr^  urier,entre  lefquels  il  y  auoit  deux  Euefqs.  Au  mois  de  Mars  liiyuant  il  y  en 
""eut  huit  autres  exécutez  pour  le  teimoignage  de  cefte  doctrineChreftiéne. 
Le  premier  futThomasTomkins, citoyen  de  Londres,tiiferand  de  Ton  me 


M.  D.LV. 


ftie:  .Or  les  cinq  defquels  il  a  efté  parlé  iufques  icy,furent  condamnezpar  eftienne  Gar 
diner  euefque  de  Vvinceftre, qui  pourlorseftoitgrand  Chancelier  du  royaume  d'An- 
gleterre. Depuis  s 'ennuyant  de  la  peine  &C  fafcherie  qu'il  luy  falloir  prendre,  ilrenuoya 
les  procès  des  autres  prifonniers  à  Edmond  Bonci  euefque  de  Londres,  pour  les  con- 
damner :  comme  nous  pourrons  ouyr cy  apres,s'il  plaift  à  Dieu .  Il  eft  parlé  de  Gar 
diner  cy  de/Tus  en  l'hiftoire  de  Rogers,maintenant  on  poun  oit  parler  de  Boner,pource 
qu'il  en  eft  fait  mention  fouuentcy  apres:aiTauoir  quec'eftoit  vn  homme  merueilleu- 
femét  cruel  à  efpâdre  le  fang  :  &fembloit  que  nature  ne  l'euft  mis  au  mode  q  pour  cela, 
mais  pource  que  nous  orrôs  cy  après  q  les  Martyrs  qu'il  a  condânez  à  mort,  ont  fait  leur 
deuoir  en  ceftendroir,il  vaut  mieux  lelailTer  là,&  venir  au  récit  de  l'hiftoire  de  Tom- 
kins.  ^  Tomkins,ti/rerand,duquel  il  eft  icy  fait  mention,fut  amené  deuant  Edmond 
Boner  euefque  de  Londres. Entre  tous  autres  Martyrs  qui  depuis  ont  efté  exécutez  en 
grand  nombre,ceftuy-cy  fut  le  premier  qui  iouftint  la  fureur  de  ceft  Euefque  :  lequel 
comm  ençant  par  ceftuy-cy,monftra  ouuertement  l'cfprœuue  de  fa  cruauté.  Car  com- 
bien que  Tomkins  fuft  homme  fans  lettres,ncantmoins  il  auoit  allez  de  fauoir  pour  ne 
pouuoircftrecôutincu parl'Euefque.&: eftoitiifermeenicelle,qu'ilne  voulut  ïamais 
donner  lieu  aux  erreurs  qui  eftoit  reprouuez.  Comme  ainfi  foit  donc  que  ceft  homme 
de  meftier  ne  peuft  eftre  deftourné  de  la  profefiîon  qu'il  maintenoit ,  Boner  vfa  d'vne 
nouueile  ruic:c'eft  que  ne  le  pouuât  veincre  par  raifons&:  argumens ,  il  luy  voulut  faire 
fentir quelques  angoilîes  mortelles  auantquclefairemourir,  pourl'eftonner  du  tout. 
Il  fît  apporter  par  fes  feruiteurs  vn  flambeau  ardant ,  &:  dit  à  Tomkins,Mefchat  garne- 
mcnt,fi  tu  penies  qu'il  y  ait  fi  grand  plaifir  à  endurer  le  tourment  du  feu,  ie  te  monftre- 
ray  en  cefte  flammc,&:  ientiras  par  expérience  que  ceft  d'eftre  bruflé:puis  après  fi  tu  es 
fage  tu  changeras  d'opinion. &c  quant  &c  quant  fit  commandement  qu'on  luy  arreftaft 
la  main  fur  cefte  flamme  ardantepenfant  par  ce  moyen  eftonner  le  poure  homme  par 
la  vehem  ence  de  la  douleur,&:  le  deftourner  de  la  doctrine  quil  auoit  maintenue.  Mais 
cetilferand,bruflantau  dedans  de  plus  grand' flamme  de  zele,endura  cefte  bruflure  ex 
terieure  de  telle  conftance,quefon  tyran  ne  profita  de  rien  ,  linon  qu'il  deuint  beau- 
coup plus  cruel.car  ne  fe  contentant  de  luy  auoir  défia  bruflé  la  main ,  ne  cetfa  iamais  à 
ce  qu'il  l'euft  fait  tout  réduire  en  cendres.ee  fut  en  vne  place  de  Lpdres  nomee  Smyth- 
fild,le  cinquième  de  Mai  s,  m  .  v .  l  v , 


Le  Chance-- 
lier  enuoye 
les  procès  à 
Boner, 


TomKinç 
end:.re  la 
main  eftre 
fîamboyeC; 


THOMAS    H  YGBY,^THOM  AS    C  A  V  S  S  O  N, 

Ç  E  S  deux  gentils-hommes  furent  bruflez  en  vn  mefme  iour  pour  la  verité,& pour  la  confeffion  qu'ils  ont  ren- 
due à  lâ  vraye  doûrine  de  l'Euangilejlacnftlle  confelfion  eft  icy  inférée. 

N  ne  pourra  nommer  que  bien  peu  de  contrées  ou  diocefes  en  tout  le  roy-  m.D.LV, 
!aumed'Angleterre,quclquegrâd'qu'il  foit,  qui  ayent  efté  du  tout  exéptees 
rde  cefte  perfecution  faite  fous  la  Royne  Marie  :  &c  entre  les  autres  à  grand 
Jpeiney  en  a-il  qui  ayent  tant  produits  de  Martyrs  fidèles ,  que  la  contrée  d'- 
■»Eilexie  &  l'autre  voifine,  aflauoir  Cantier.  En  ce  mois  de  Mars  il  y  en  eue 
plufieurs  qui  fourfrirentmartyre,defquels  il  fera  parlé  cyapres-.mais  il  y  eut  deux  per- 
sonnes notables  entre  les  autres,&:  de  maifons  notables,l'vn  nommé  Thomas  Hygby, 
l'autre  Thomas  Caulïbn;ce  dernier  eftoit  plus  aagé ,  &  tous  deux  eftoyent  allez  riches. 


Lime  II IL  T bornas  Ifygbj,  &  Thomas  Çaujfon, 

Leur  vertu  ôc  religion  ne  peut  pas  demeurer  longuement  cachce,que  finalement,  eftas 
trahis  &:  empoignez,les  Gouuerneurs  deColcellre  les  rirent  emprifonner.  ^On  cnv 
prifonna  auec  eux  vn  feruiteur  deThomasCaufibn,qui  fe  monftra  confiant  en  la  vrayc 
religion.  L'euefque  de  Londres  eut  charge  de  faire  leur  procès:  &:  s  y  trouua  auec  maia 
forte  à  caufe  qu'ils  eftoyent  de  bonne  maifon,&:  auoyét  la  faucur  de  leur  peuple:&  crai- 
FeKnam.  gnoit  qu'il  n'y  euft  qlque  tumulte.  Là  auffi  fe  trouua  Fcknam,duquel  cy  deflus  en  l'hi- 
ftoire  de  Iane  G  raye  eft  faite  mention ,  lequel  fut  là  appelé  tant  pource  qu'il  eftoit  ftila 
&ruféàinterroguer,  que  pource  qu'il  auoit  défia  de  quelque  temps  familiarité  auec 
CaufTon.Et  comme  il  fit  tout  fon  pouuoir  à  perfuadcr,auffi  Cauifon  fit  tout  effort  à  luy 
refifter  &:  fu  rmonter  fa  rufe.Les  autres  pareillement  fi  eiTayerent  de  faire  tout  ce  qu'ils 
peurcnt  par  douces  paiollesjmenacesjpromefies&cftonnemens.tellement  qu'on  vint 
iuiques  à  ce  poin&,que  les  prifbnnicrs  demandèrent  loifir  pour  y  penfer.  Cela  donna 
quelque  crainteaux  fideles,qui  auoyent  peur  que  leur  fermeté  ne  vinft  à  ployer,ou  que 
par  infirmité  ils  ne  feufitnt  deceus  par  fraude.  Mais  tat  s'en  fallut  que  le  terme  qui  leur 
fut  donné  amoindrift  leur  confiance  &  fermeté, que  pluftoft  ils  fe  monftrerent  puis  a- 
pres,  plus  munis  que  parauant,&:  firent  conteffion  de  leur  foy  en  la  façon  qui  s'enfuit: 

No  v  s  croyons  &  confefibns  que  nous  renonçons  à  Satan  &  à  (es  œuures&  toutes 
fes  pompes:au  monde  &  à  la  chair  auec  toute  la  vanité  fes  flateries  &:  mefehantes 
concupiicences:  eftans regenerez parle Baptefme.  Qutreplus,que  nous fommes necef- 
fairement  obligez  &  aftreins  à  garder  de  toute  noftre  affecïiô,la  loy  facree  du  Dieu  tout 
puiflant,&:  fes  fain&s  commande  mens  &  ordonnances,  &:  cheminer  en  icelles  tous  les  , 
iours  de  noftre*vie.      ^  Nous  croyons  tous  les  articles  de  la  foy  Chreftienne,qui  font 
contenus  au  Symbole.Que  toutes  les  choies  que  l'vfage  tant  du  corps  que  de  lame  re- 
quieit,(orucontenuesertroraifon  Dominicale,  &:  que  toutes  nos  demandes  doiuent 
eftie  adreflees  à  Dieu  feul,&  non  point  auxSain£ts,n'y  aux  Anges  mefmcs.  ^"Nous 
recognoiflfons  qu'il  n'y  a  qu'vne  Eglife  catholique,qui  eft  la  communion  des  Saincts ,  e- 
Epheri.  20  difiee  fur  le  fondement  des  Apoftrcs  &:  Prophetes,dont  Iefus  Chrift  eft  la  pierre  angu- 
laire,qui  a  expofé  fa  propre  vie  pour  icelle ,  afin  qu'il  la  rendift  glorieufe  &c  fans  ridede- 
uant  fa  face.  Quelque  chofe  que  cefte  Eglife  foitglorieufe,toutefois  nous  confeflbns  q 
de  fa  nature  elle  eft  infirme  &  fuiette  à  péchez:  &c  pour  cefte  caufe  elle  a  befoin  de  faire 
cefte  requefte  à  Dieu,Pardonne-nous  nos  on°enfes,&:  ce  au  nom  de  Iefus  Chrift,  qui  eft 
AO.4-  »   ]c  (cul  nom  fous  le  ciel  donné  aux  hommes(fclon  le  tefmoignage  de  fainit  Pierre  es  A- 
&cs)auquel  il  nous  faille  eftrc  fauuez.       Et  comme  iceluy  eft  noftre  Sauueur  vnique, 
i.Tim.3.7    aufti  tenons-nous  cecy  pour  refolu  ,  qu'il  eft  noftre  feul  Médiateur.  carl'Apoftre  parle 
ainfi,Vnfeul  DieujVnleulMcdiateurde  Dieu &:  des  hommes  ,  Iefus  Chrift  homme. 
Comme  ainfifoit  donc  qu'il  n'y  en  ait  point  d'autre  à  qui  ces  noms ,  Dieu &c  homme, 
compete qu'à noftreScigneurlefus:  pour  cefte  mefme  raifon  nous  ne  recognoiflbns 
point  vn  autre  Médiateur  que  luy  feul. 

No  v  s  ci  oyons  que  cefte  Egliie  eft  fouuentefoisexpofee  aux  perfecutions&oppref 
ican-if.  u  fions,(elon  que  le  Seigneur  Iefus  luy-mefme  l'a  predit,difant,  Comme  ils  m'ont  perfe- 
cuté  auffi  vous  perfecuteront-ils  :  carie  difciple  n'eft  point  plus  grand  quefonmai- 
ftre.&  ne  nous  eft  point  feulement  donné  de  croire  en  luy  :  mais  auffi  d'endurer  pour 
i.Tim.3. 12  lUy.Et  com  me  l' Apoftre  auffi  teftifie ,  tous  ceux  qui  voudront  viure  religieufement  en 
Chrift  îbuffriront  perfecurion.       Outre-plus,que  cefte  mefme  Eglife  propofe  pure- 
ment la  parolle  deDieu  (ans  la  corrôpre,n'y  adiouftant  ne  diminuant  rien. Elle  admini- 
itre  auffi  les  Sacremens  purement  félon  la  fain&e  inftitution  de  fon  Seigneur.  Elle  per- 
met également  à  tous  de  lire  les  fainctes  Efcritures ,  à  laquelle  auffi  Iefus  Chrift  inuite 
Aft  *  3*    C°US  nommes  ^c  quelque  eftat  ou  condition  qu'ils  foyent,Sondez  les  Efcritures  :  car  ce 
font  elles  qui  redent  tefmoignage  de  moy.Et  au  liure  des  Actes  après  la  prédication  de 
fainét  Paul  la  multitude  conleroit  auec  les  Efcritures  ordinairement  ,  pourfauoirfi  les 
chofes  dites  par  faincr  Paul,eftoyent  vrayes  ou  non. Les  Prophètes  exhortent  de  prier 
F  ^ti.io.i7  auccmcc'ngcncc',ans  laquelle  comment  le  peuple  refpondra-il  Amen?  Etn'yachofe 
fineceirairequelafoy,laquellceftparrouyt,&  rouyeparlaparollede  Dieu- 

^Aufsi  nous  croyons  &c  confelTons  que  Dieu  ne  peut  cftreferuy  nyhonnoré  linon 
félon  l'ordonnance  de  fa  parolle,&:  non  point  félon  le  iugement  des  hommes,ne  les  de 
cre  ts  que  la  raifon  humaine  a  forgez;leiquels  le  Seigneur  luy-mefme  redargue  &:  rcier- 

te 


P  lufatrs  Martyre  3** 

te  enfEuangi|eiâlleguant  Iè  tefrnoignagc  des  Prophètes ,  difant  j  Ils  m'honnorent  en 
VâiD,enleignaoscommandcmens&:  traditiohs  cThommes.ii  commande  cxpreiTemènc 
parfonProphete  que  nous  ne  cheminions  point  es  décrets  ^traditions  de  nos  peres» 
ains  que nous  nous  arreftions  à  fesconimanderncns.  Et  quaha  le  Fils  de  Dîeii  commâ- 
de  de  laiifer  pere  &c  mere,afin  quenous  Jèfuy  uicns ,  on  peut  facilement  cognbiltrc,  par 
cela>que  beaucoup  pluftoft  nous  deuonsiaiflèrles  oed^nnaces  &  traditions  huitaines 
cuu'  ne  &  accordent  à  la  parolle.  Quant  à  llnftitution  delà  Cene  du  Scigneurjncws  auô$  t3t  h  «oe; 
cela  pour  tout  refolu  ,  qu'il  n  y  faut  rien  remuer  ne  changer  en  fortequecefoit,cftans 
certains  que  Iefus  Chrift  luy  mefme,qui  cft  la  fapience  du  Perejî 'a.<w:donnee  U  laûTec  à 
fop  Eglifc.C  eft  chofe  notoire  que  délia  des  long  temps  on  a  introduit  de  grans  abns  & 
deformitez  en  cefte  S.Cene.prcmierement'd'eftre  offerréau  commun  populaire  (bus 
\pe  efpeceïeulement,au  lieu  que  deux  cfpeces  y  ont  efté  inftîtuees.Secondement,que 
la  çommqnion  de  plufieurs  mangeas  U  beuuans  a  efté  tranfferee  en  vne  Me/Te  priuee. 
Eljkeftmalheureufementcohuertieenfacriflce,aulieuqûeIef  ils  de  Dieu  TalauTee  Les  abusa* 
pour  vn  mémorial  &  gage  facré  des  enofesqui  ont  efté faites. &r  principalement  ençô-  j^jj?1^ 
mwnoration  de  ce  facrificc.eternel  qui  a  efté  offert  vne  fois,  &:  parachcué  en  la  croix*  - 
Ceft  envain  qu  o  réitère  derechef  ce  qui  a  efté  vne  fois  fi  parfaitemétaccôp.ly.On  ado- 
re le  pain  de  la  Cene:qui  cft  chofe  dire&ement  co traire  au  commâdement  qui  défend 
d'adorer  aucune  image  ou  femblance.  Que  la  Cene  eft  admmiftree  en  langue  eftran 
ge  & incognue:& qucle poure peuple neft pas  in&Vuit  au vray  vfage de  ce  myftcre , à 
fauoir  que  IefusChnft  eft  mort  pour  nos  péchez  &:  oftefes,&  eft  reCutcite'  pour  nQftrchi 
ftification;paclequel  auffi  nous  obtenons  paix  enuersDieus&  de  cecy  ceSacrement  eri 
cft  vn  ûgnefic  feau  infallible.Finalcment  qu'on,  a  acconftumé  de  pendre  ce  (acrement 
en  haut,5i  f  enfermer  en  vne  boitte,  &  fouuentcfois  fi  long  temps  qu'il  eft  mangé  de 
vers ,  ou  tellement  relenty,  qu'il  pourrit .  &  de  cela  mefme  les  rudes  &  ignorans  pren- 
nent occafion  d'en  parler  irreucremment  :  ce  qu'ils  ne  feroyent  fioncorrigeottlV 
bus .  Parquoy  ce  que  le  commun  populaire  a  ce  Sacrement  en  fi  grand  mefpris* 
Vous  doit  cttre  Imputé  principaïement:&  non  point  à  nous  qui  prions  affectueufemét 
le  Seigneur,que  ce  facremét  foit  remis  quelque  fois  en  fa  première  pureté,&  àfon  vray 
vlace. 

Q v  a  n  t  aux  parolles  de  Iefus  Chrift,ctefquelîes  il  a  vfé  en  adminiftratceftëfàincte 
Cene>nous  ne  nions  poiht  ces  parolles:  mais  hous  efpluchons  le  vray  fens  d'icelles  ,  en 
conférât  les  autres  paffages  de  l'Efcriture  auec  ceftuy-cy:laqllefait  bien  dôner  la  vraye 
interprétation  à  foy-mefme.car nulle  prophetiede  l'Efcriture  n'appartient  à  particu- 
lière declaration,comme  dit  S.Pierre»ainfi  aduiendra-il  que  quand  les  faindes  Lettres  *' p,ctI 
nous  feront  pour  guidc,nousparuiendrons  facilement  au  ferts  myftique  de  l'Efcriture. 
Or  eft-îl  aihfi  que  par  toutes  les  faindes  Efcritures  on  trouucra  telle  façon  de  parler  j  & 
principalement  au  nouueauTeftàment:commequâd  le  Seigneur  Iefus  dit,  Cefte  cou-  luc.h.k,: 
pe  eft  le  Teftament  en  mon  fàng:&:  faindt  Paul  dit,La  pierre  cftoit  Chrift.    Item  Iefus  i-Çor  jo.4 
Chrift  dit  jQuiconque  reçoit,voire  vn  enfant  eh  mon  nom,il  me  reçoit  :  &  autres  telles  Nhrc,,:  *7 
formes  de  parler iftfinies.Et  côme  ces  façons  de  parler  fontfpirituellesiauffi  il  y  avnc  au 
tr-e  intelligence  cachée  en  icelles,que  celle  que  les  parolles  monftren  t.finon  que  de  no 
ftre  propre  gré  nous  vueillions  errer  auec  ces  Capernaites,qui  oyans  parler  Iefus  Chrift 
de  la  manducation  de  fon  corps,conceurent  cefte  opinion  tout  incontinent ,  qu'il  eri- 
tendoit  de  la  manducation  de  fa  chair.LeSeigneur  Iefus  voulant  corriger  leur  erreur,a 
enfeigné  que  la  manducation  externe  de  la  chair,  faite  par  la  chair,  ne  profite  de  rien, 
La  chair  ne  profite  rien,c'eftrefprit  qui  viuific:  mes  parolles  fontefprit&  vie.Pbûrce-  lean*.<fj 
fte  raifon  quiconque  fe  voudra  approcher  de  ce  banquet  facré,  qu'il  apprefté  la  foy ,  SC 
non  point  le  palars:l'efprit&hoh  point  les  dents,afin  qu'il  mange  &:  boiue  dighementi 
eftancpoulféd vnefaim&roiffpiritueile.PourtantiaindtPauldit,  Qu'vn  chacuns'ef-  i.Cor.u.x8 
prouue,6i  qu'en  cefte  forte  il  mange  de  ce  pain  îafTauoir  lï  noftre  conlciencc  rend  tet 
moignage  à  noftre  foy,que  nous  croyons  purement  au  Fils  de  Dieu  félon  la  vràye  raifô 
de  l'Elcriture.Pour  confirmation  de  cecy  il  y  a  des  tefmoignages  infinis  &  inuihcibles. 
touchant  lamutation  des  GgneSjOu  tranfubftantiatiomceque  les  hommes  en  bnt  inïa- 
ciné,eft  vne  chofe  friuole  &  ridicule* veu  que  le  pain  ne  laifle  rie  de  fanaturc  j  aittî  de- 
meure tel  qu'il  eftoit  auparauant  quant  à  la  fubftahce.  Nous  auons  en  S.Iean  vne  atte-  iwn 
ftation  euidente  du  Seigneur  Iefus  Chriftiquâmi  il  dit,  Vous  aurez  toujours  les pôtire  $ 


Liarc^  II IL  Efiermc  Kn^kt. 

auec  vous-.maisvous  ne  m'aurez  pas  toujours:  car  ic  laifle  le  mode,  &  m'en  vay  à  mon 
Pere:&  fi  ie  ne  m'en  vay,le  Confolateur  ne  viendra  pas:lcqucl  le  vous  enuoycray.  Par- 
^uoy  lélon  (a  promefle  iceluy  eft  monté  lai/Tant  la  terre,commc  l'Ange  l'a  teftifié.  Et 
ia;  ntt  Pierre  accordant  a  cela  dit ,11  faut  q^u'il  tienne  les  cieux  iufques  au  temps  auquel 
il  doit  retourner.  ^  Finalement, quant  a  la  puiffance  infinie  de  Iefus  Chnft,  voicyçe 
que  nous  refpondons  félon  fain&  Auguftin  :  Qu'ilyaautreefgardà  fa  diuinité,autrc  à 
fon  humanitéda'diuinité  eft: par  tout,  &:  fc  fait  (en tir  prefente  par  tout:&  fon  humanité 
ne  peut  eft re  fînon  envn  lieu  ccrtain:coïïime  de  faid  félon  ce  regard  il  eft  à  la  dextre  de 
b  18.  <  £)jeu  je  pcre<  11  cft  cjic  qu'Un  eftoit  point  au  lieu  où  les  fémesje  cerchoyét.  Quâd  il  cô- 
UIJ  uerfoit  en  terre,il  n  'eftoit  point  en  Bethanie  lors  que  Lazare  mourut:&:  s'efiouifToit  de 
ce  qu'il  n  y  eftoit  pas.  Or  donc  eftans  appuyez  fur  l'authorité.des  fain&es  Efcritures, 
nous  affermons  ouucrrement ,  qu  a  la  vérité  noftre  Seigneur  Iefus  Chrifteften  la  Cè- 
ne d'vne  façon  facramentale  &  fpirituelle:mais  il  eft  au  ciel  félon  fa  prefence  corporel- 
le.     ^Or  vous  auez  maintenant  la  vraye  confefiion  de  noftre  foy,laquclle  nous  vous 

Srefentons  fans  obftination  ne  contention,ains  d'vne  fimple  confeience  :  &:  fur  tout  e- 
ans  perfuadez &C  ainfi  enfeignez  par  la  fain&e  parolle  de  Dieu. Et  auons  imploré lc'fe- 
cours  de  noftre  bon  Dieu  d'vn  defir  &  affeiuon  ardente,auant  que  nous  entrepriffions 
ceft  afraire,à  ce  au'il  nous  gouuernaft  tellement  par  la  grâce  de  fon  faind  Efprit,quc  ne 
fiffions  rien  qui  contraire  à  fa  parolle  falucaire,&:qui  ne  fuft  refpondant  en  tout  à  fa 
fainfte  &  bonne  volonté.  En  quoy  la  bonté  n'apoint  permis  que  nos  prières  fulTcnt 
inutiles,ains  a  parfait  fa  vertu  en  noftre  foibleffe&  infirmité.  Au  refte,  nousnepourrôs 
iamais  faire  que  luy  rendions  grâces  d'vn  ù  bon  cœur  que  nous  deurions.  A  luy  foie  éter- 
nellement louange  Se  action  de  grâces  par  noftre  Seigneur  Iefus  Chnft,  Amen. 

DE  quelle  fin  le  Seigneur  couronna  ces  ûens  feruitcurs. 

J^^PR  E  S  que  le  temps  qui  leur  auoitefté  donné  pour  délibérer  fut  pafle,on  les  in- 
|||gccrrogua  s'ils  auoyent  toufiours  vn  mefme  propos  &  volonté:pour  refpôfe  ils  ren- 
dirent telimoignage  de  leur  do&rine  &:  de  leur  foy  comme  auparauant  &C  repoufTerent 
leurs  aduerfaires  auec  plus  grande  confiance  que  parauant,&foi  tifierent  tât  plus  leurs 
amis:cequerEuefque  Bonerne  pouuant  foufFtir  fortit  de  la  ville  de  Londres, les  fit 
quant  &  quant  emmener,^  quelques  autres  auec  eux,qui  pour  lors  aufïi  eftoyentpour 
vne  mefme  eau  fe  prifonniers,côme  menant  en  triôphe.  Finalement  après  qu'il  les  eut 
afTez  tourmentez,il  y  eu  t  fentence  de  mort  donnée  contre  Thomas  Cauflbn, Thomas 
Hygby,Guillaume  Hunter,Eftiennc  Knygth,Guillaume  Py^at  tifTcrandJeanLaurcn» 
ce  Minittrc. qui  tous  eftans  condamnez  à  mort,furét  menez  a  Effexieau  mois  de  Mars: 
&:  le  Magiftrat  ordonna  à  tous  les  gctils-hommes  de  la  prouince  de  fe  tenir  prefts  pour 
donner  fecours,s'il  eftoit  befoin.  Puis  on  les  fepara,fi  que  les  vns  furent  brûliez  en  vn 
lieu,les  autres  en  vn  autre.  Cauflbn  fut  bruflé  de  grand  matin  à  Rayly  le  vingteinquie- 
me  iour  de  MarsrGuillaumePygat  à  Braintrie  le  vintfeptieme  iour  dudit  mois:Thomas 
HygbyàHorndonauiïî  levingteinquieme  :  Hunter  Burnovvood  le  mefme  iour:  Ican 
Laurence  miniftre,à  Coiccftre  le  vingtfeptieme  du  mefme  mois. 


ESTIENNE    KNYGHT,  ^nghb. 

PAR  l'oraifon  que  ce  faindt  perfonruge  fit  à  Dieu  auant  que  mourir.on  peut  cognoiftrç  de  quelle  affection  &  elprit  il  eftoit 
mené  &  conduit  à  endurer  la  mort. 

^^^^^J^Y  delTusaefte  touché  d'EftiéneKnyght,qui  eftoit  de  meftier  déboucher, 
^^^^^homme  de  grande  pieréfii  véhément  d  efprit:lequel  ayant  receu  fentence 
condamnation,  fut  exécuté  à  Maulden.Le  Seigneur  a  voulu  que  la  priè- 
re qu  il  fit  auanc  qu'endurer  la  mort,  ait  efté  recueillie  £>C  mife  par  eferit 
pourentcigncment&  certification  de l'heureufe  iffue  qu'il  eut:  laquelle  a  efté  tradui- 
te en  la  manière  qui  s'enfuir: 

O  Se  1  g  n  e  v  r  Iefus  Chrift,pour  l'amour  duquel  iexpofevolôtiers&d^  cœur  alai- 
gre  cefte  vie,aimant  mieux  endurer  ce  grief  tourment  de  la  croix ,  Se  perdre  tous  biens 
facultez,quc  conféntir  à  ceux  qui  blafphement  ton  fainct  nom,  &  reiettent  tes  com. 

man. 


Plufîetsrs  Martyrs,  317 

niandemens:  tu  vois,  6  Seigneur,  qu'on  meprefentede  vrureencemonde>en  quittant 
k  vray  ferUice  de  ton  nom,  6c  me  rendre  cfclaue  à  ton  aduerfaire  ;  mais  i  ay  eboifi  par  ta 
grâce  ces  tour  mens  du  corps,&  la  fortie  de  cefte  vie:eftimant  toutes  chofes  côme  bal- 
Heures,afin  que  tu  fois  mon  gain  en  la  mort.Ét  certes  ta  charité  a  imprimé  en  roô  poure 
coîurvn  tel  amour  enuerstoy,  que  toute  mon  amefoufpire  après  toy,  comme  vn  cerf  pfcau.4i.ï. 
lanefic  altéré  bruyt  après  lesfbntaines  des  eaux.O  Seigneur,aflifte.-moy  par  |a  grâce  de 
ton  S.Efprit,  par  laquelle  cefte  imbécillité  de  mon  corps  foit  munie  &  fortifiee,qui  fans 
cela  eft  deftituçc  de  toute  force.  Tu  cognois,  Seigneur,  que  ie  ne  mis  que  poudre ,  inu- 
tile à  tout.  p*rquoy,ô  Seigneur,  tout  ainfi  que  par  ta  miiericorde,  laquelle  tant  fbuuent 
i'ay  fentic,  tu  m'as  fait  ce  bien  de  me  mettre  au  reng  de  tes  efleus,&  m'en  donner  main- 
tenant tefmoignage  par  cefte  coupe  que  ie  doy  boire  :  auffi  que  ta  dextre  tout-puiûante 
me  conferme  contre  ceft  élément  de  feu:lequel  comme  en  apparence fembleeftre  ter- 
rible &  horrible,  auflî  par  ton  ordonnance  &  commandement  me  foit  rendu  tolerable 
6C  paflkble  :  afin  qu'eftant  en  cefte  forte  armé  de  la  vertu  &  force  de  ton  S.Efprit ,  ie  fois 
receu  en  ton  fein  par  l'afprecé  de  ce  feu:&  comme  purgé  au  fourneau,  ie  defpouille  tou 
te  corruption  pour  eftre  reueftu  d'incorruption  auec  toy.  O  Pere  mifericordicux ,  fay 
que  ceft  holocaufte  6c  facrifice  te  foit  de  bonne  odeur ,  pour  l'amour  du  grand  (acrifice 
de  ton  Fils  vnique.au  nom  duquel  ie  t'offre  tout  ce  mien  facrifice-cy  tel  qu'il  peut  çftre: 
me  pardonnant  tous  mes  péchez,  comme  ie  pardonne  à  tous  ceux  qui  m'ont  offenfé. 
Eften  mr  moy  tes  ailes,  ô  Seigneur  tres-beninrô  Efprit  fouuerain,  transfère  la  vie  bien- 
heureufe  6c  éternelle  en  moy,  recommandant  mon  efprit  en  tes  mains. 

1 1  endura  conftamment  la  mort  à  Maulden,le  vingteinquieme  iour  du  mois  de 
Mars  audit  an,  m.    d.    l  v. 


GVILLAVME  HVNTER,^. 

SPECTACLE*  exemple  digne  de  mémoire  en  la  perfoone  de  G.  Hunten  la  vertu  confiante  de  fo  parens  en  là  mort 
cft  pareillement  digne  que  tous  pères  &  mer  a  ay  eut  en  admiration. 

N  T  R  E  ceux  defquels  il  a  efté  parle  cy  deflùs,  Guillaume  Hûter  eftoit  fort  md.lv. 
[icune,&  cependant  iflu  de  nobles  parens  6c  craignans  Dieu  :  lefqucls  outre 
jee  qu'ils  l'auoy ent  inftruit  à  aimer  6c  honnorer  Dicu,aufîi  1  auoy entrils  con. 
ffirmé  à  endurer  la  mort.furmontans  les  affe&ions  naturelles  par  vn  vray  2e- 
*k  de  l'honneur  de  Dieu.  Eux  voyans  emmener  leur  fils  ,n'vfercnt  oneques 
4e  parolles  lamentables  pour  le  deftournet  de  fon  bon  propos  :  mais  fuyuans  l'exemple 
4e  la  femme  yertueufe  mere  des  Machabees ,  bailloyent  courage  à  leur  fils ,  6c  comme  ••Maoto» 
5'efiouiyrtos  ï  incitoyent  tant  qu'ils  pouuoyent  à  perieuerer,  tellement  que  fur  l'heure 
qu'illuy  talloit  endurer  lamorr,ils  luy  prefenterent  du  vin  â  boire  pour  le  fortifier  &  ac- 
couraget*  Et  en  ceft  endroit  à  grand  peine  euft-on  feu  dire  de  qui  plus  on  s 'efrnerueil- 
lok,ou  du  pere  &  de  la  mere,ou  du  fils .  Le  fils  en  fon  tourment  recita  le  Pfeaume  84. 6c 
mourut  auec  grade  coftance.  Le  pere  6c  la  mere  en  leur  endroit  aufli  endurans  vn  mar- 
tyre en  la  mort  de  leur  fils,furmonterent  en  ce  regard  leurs  partions  naturelles.  Le  fils 
expofant  ion  corps  à  la  mort ,  a  furmonré  la  mort,a  veincu  les  tourmens  6c  toute  la  cru- 
auté des  tyrans.  Les  tourmens  que  le  fils  enduroit  dehors  en  fon  corps ,  ceux-cy  les  en  • 
duroyét  dedans  en  leur  efprit. Cefte  precieufe  mort  fut  le  quinzième  de  Mars,  m.  d  .  l  v  . 


IE  AN  L  A  V  RE  NT,  RAVLIN  V  VHYGTH  &>  GVIL^ 
LAVME  DlGEU^ngois 

£  A  N  Laurêt  eftoit  pafteur  de  Lexdouie  :  lequel  ayant  efté  comme  moulu  M.  d.lv. 
.d'ennuis,  de  la  pefanteur  des  chaines>&  delà  longue  détention  de  la  prifon, 
auoit  acquis  vn  tel  mal  de  piedsxqu'il  le  falloit  porter  où  on  le  vouloir  auoir: 
^Jmais  cepedant  il  eftoit  fort  de  courage,  6c  puiffant  en  faî&es  6c  bônes  parol- 
lés:&  fe  monftra  vaillant  champion  de  IefusCnrift,au  dernier  côbat  auquel  il  eftoit  ap- 

Hh. 


Liurcs  II  IL  Jean  zAkock.    (jeorgu  M arche. 

pelé.  Combatanc  donc  pour  la  vrayc  doctrine ,  fut  finalement  bruilé  à  Colceftre ,  lez8. 
iour  du  mefnie  mois  de  Mars.  Outre  les  fufnommez  il  y  en  eut  deux  autres  autfi  bruf- 
kzcedicmois:afTauoirR  a  v  linVVhygh  TàCardifflelezy.iou^&G  y  il  l  a  y  m  e 
Di  gel  à  Dam  burie  le  iour  mefme  que  lean  Laurent  fut  exécuté. 


IE  AN    ALCOC  K^ngbis. 
M  V  fecôd  iour  du  mois  d'Auril  enfuyuantjean  Alcock,  ayât  efté  détenu  quel- 
que temps  en  la  pril'on  nommée  de  la  nouuelle  porte,  pour  le  tefmoignage 
de  Iefus  Chnft ,  mourut  de  maladie,  &  par  ce  moyen  euita  le  martyre  du  feu 
.qui  luy  eftoit  apprefté.Onie  ietta  inhumaineroét  dans  les  fumiers  auxchâps 
près  la  ville  de  Londres,  en  quoy  les  ennemis  accomplirent  ce  qui  eft  dit  par  le  Prophc 
ricaurp.1.  te,Ilsoncdonnélcs  corpsmorts  de  tes  féiuitcurs,  pour  viande  auxoifeaux  duciel:3c 
la  chair  de  tes  débonnaires  aux  belles  de  la  terre. 


1 1  E  M  que  la  pieté  &  doctrine  de  Ce  perfonnage  nous  eft  manifeftec  tant  par  fa  vie  &  propos  ordinaires ,  que  par  U 
cruelle  exécution  qui  en  fut  faite  :  fi  eft-ce  quelle  eft  grandement  approuuce  par  deux  excellentes  Epiftrej.,  que  nous 

cy  de1  ~ 


M.  D.  LV. 


GEORGE    MARCHE,  Anglais. 

0  M  B I  E  M  que  la  pi 
cruelle  exécution  i 

auons  inférées  cy  dedans  pour  lefruictfinguiier<juiy  eft. 

iN  y  fa  de  mefme  cruauté  cotre  George  Marche  le  3,4.  d'A  uril,  audit  an  m.  d; 

[l  v.  lequel  Laurent  Saunders(dontcydcuâtrhiftoire  eft  defcrite)av^oit  or- 
donné miniftre  en  l'Eglife  de  Langthon ,  qui  eft  vne  petite  ville  en  la  iurif. 
ldiction&  feigneurie  de  Lancaftre ,  auec  certaine  peniion  qu'il  luy  bailioit 
âimuelîëment  pourviurefii  sentretenir.Et  toutainfi  qu'il  l'anoit  eu  pour  compagnon 
&  coadiuteur  en  l'ccuure  de  la  prédication  du  S.  Euangile  fa  vie  durant ,  auffi  l'eut-il  en 
fa  mort,combien  que  tous  deux  ne  moururét  pas  en  vn  mefme  iour.  Saunders  fut  bruf. 
lé  à  Couentric,  comme  il  a  efté  dit  cy  deffus  :  &c  Marché  fut  bruflé  toft  après  à  Vyeftce- 
ftrç.Au  demeurant,  pour  plus  ample  hiftoire,on  peut  inférer  icy deux  fiennes  Epiftres, 
efciices  auantla  mort  de  Saupders. 

^George  Marché  auxfaiflt3:s& fidelesquifbnt  à  Langthon,fesfreres«n  IciusCnrifr. 
'  ~]R  AC  E&:  paix  vous  foit  multiplieeenla  cognoiifance du  Seigneur  Idfës  Chrift, 
^jAmen.  Frères  &  compagnons  d'armes  en  Chrift,  vous  qui  eftes  dentéurans  à. 
La'ngthon,il  m'à  femblé  bon  de  vous  admonnefter  à  perfeuerance ,  comme  Barnabas 
homme  rcmply  du  S.Efprit  &  de  foy,a  iadis  admonnefté  les habiians  d'Antioche , â  ce 
que  demeuriez  fermes  en  efperace  de  TEuangile,  lequel  vous  auez  receu  par  voftre  pib- 
fleur  M.Laurent  Saunders,  &c  par  plufîeurs  autres  feruiteurs  fidèles  de  Iefus  Ghrift^qui 
fefont  monftrez  prompts  &c  alegres,  à  perdre  non  feulement  tous  leurs  biens ,  leurs  a- 
mis  &  pays  pour  1  amour  de  vous,  mais  aufj&à  endurer  toutes  choCes  hifqtfcs  à  i'ciîùfîon 
de  leur  fong,la  neceffité  le  requérant  ainfi.  ^"Piiis  qu'ainfi  eft;vous  mc^es^oneJucz 
lefquelsvous  aimez  mieux  receuoir  pour  do&eurs&miniftresîou  ceux  qui' s'eftudienc 
à  vous  affaifonner  du  fel  de  leur  prédication ,  combien  qu'ii fbitafpre:oU  c"eux;qui  n- 
ayansrien debien  falé,nep'refcntentque  chofe  infecîe  &:  puante,  les  traditions  fades 
des  hommes, &  lesxehieriesdc  l'AntechrifL  Mes  frères,  receuez  en  touttf  manfuenufe 
la  parolier  iadis  plantée,  laquelle  peut  fauùec  vos  ames,  à  tel\c  fin  que  puifficiî  titre  c6« 
parez  à  ce  fage  baftiffeur,  duquel  noftre  Seigneur  Iefus  fait  mention  en  l'Euangile  ,1c- 
Matth.7.  quel  édifia  fa  maifon  fur  vn  roc  :&  la  pluye  eft  tombée,  &  les  torrens  font  venus,  &  les 
vêts  ont  louf¥lc,&:  ont  heurté  contre  eefte:maifon-la,&  n'eft  point  tôbee:car  elle  eftoit 
fondée  fur  la  roche.  C'eft  que-  quand  Satan  eftant  muny  de  toutes  fortes  de  rufes  &  de 
folicitations  vehementcs,&  le  monde  armé  de  la  puiflâncc  des  grans  Rois  &Princes  6c 
de  confeils  pleins  de  fraudes  &:  deccptions,nous  courront  fus ,  nous  ne  perdions  point, 
courage  pour  cela  :  mais  d'yn  cœur  confiant  &  alegre  perfiftions&:  tenionsfenfceen  1* 
i.Timot.  3.  vérité  que  nous  auons  receu.è,  qui  eft  la  doctrine  de  l'Euangile.  Nous  n auons  point  d*- 
accez  au  royaume  bien  heureux  des  cieux ,  que  par  plufîeurs  tribulations/  S'il  faut  en- 
durer pour  le  royaume  des  cieùx,  ou  pour  là  luftice:  nous  auons  Chrift,  les  Apoftres 
&  Martyrs ,  defquels  l'exemple  nous  ehVw  bôn'appuy..     Car  ils  ont  tous  paffe 

deuant 


Çeorgutftf arche.  318 

deuant  nous  par  cette  porte  baffe  Se  voye  fort  eftroite,  laquelle  mené  à  la  vie.Et  fi  nous 
ne  portons  la  croix  de  Chrift,  renÔçans  à  toutes  chofes,  voire  à  nous-mefm^s;&  li  nous  Mwh?  • 
ne  le  fuyuons  en  cette  façon,nous  nepouuons  pas  eftre fes  difciples.  Si  nous/ref  ufons  d*- 
endurer  auec  Chrift  &  fes  fain&s,ceiera  vn  argumét  que  nous  ne  régnerons  poinràuuî 
auec  eux.  Au  contraire,  fid'vne  patience  confiante  &  ferme  nous  endurons  toutes  a- 
fpretez  pour  l'amour  de  Chrift,ceft  vn  tefmoijgnage  qu'il  nous  fait    repute  dignes  de 
fon  royaume.  Et  comme  dit  fam&  Paul,  c'eft  dhofe  iufte  enuers  Dieu ,  qu'il  rende  affli-  *TMI* 
ction  à  ceux  qui  vous  affligent  &  opprimer:  &  à  vous  qui  eftes  affligez,  repos  auec  nous 
en  cette  iournce-la,  quand  le  Seigneur  Iefus  femanifeftera  du  ciel  auec  les  Anges  de  fa 
puifTance ,  &  en  flamme  de  feu,  faifant  vengeance  cotre  ceux  qui  ne  cognonTent  Dieu, 
&  ne  rendent  obeifTanceà  l'Euangile  de  Ieriis  Chriftriefquels  fbuffriront  peine,affauoir 
perdition  éternelle  deuant  la  race  du  Seigneur,  &  la  gloire  de  fa  puiifancc,quandil  vié> 
dra  pour  eftreglonfic  en  fc s-fain&s,&:  eftre  fait  admirable  en  tous  les  croyans.    Il  nout 
faut  propofesrecyincefTammenc  deuant  nos  yeux,&  le  porter  engraué  en  noscœurs:a* 
fin  qu'en ice  temps. d'aduerfité  &  opprelfion,nous  demeurions  fermes  &conftans:  car 
tant  plus  que  nous  auonsefté  abondamment  abbreuuez  parla  prédication  de  l'Euan- 
gHcvoirc  par  dcfTus  les  autres,  tant  plus -Di'cusious  punira  grieuement/i  nous  reiettos  ^ 
fa  cognoiflancetfic  le  royaume  fera  ofté ,  &c  dône  à  vn  autre  natioa  qui  fera  fiuiets  ^lignes 
d'iceluy.   Parquoy  frères  bien-aimez  en  noftre  Seigneur  lefus,  aduifez  à  vos  affaires,&: 
confiderez  de  bien  presen  voùs-mefmes  quel  grand  &  horrible  danger  c'efode  tom  ber 
es  mains  du  Dieu  viuant  :  gardez-vous  bien  de  receuoirl  a  parolle  de  Dieu  envain.tr*- 
uaillez  en  la  foy,&monftrezvoftrefoy  par  bonnes  &c  fàinctes  œuures,  lefqueltas  font 
vifs  refmoignages.En  toutes  chofes  monftrez- vous  exemplaires  de  bônes  œuures  :  en-  i-Tun.*. 
tre  ïefquelles  vne  prompte  &  docile  obcilTance  enuers  vos  Magiftrats  obtient  le  pre-*001-^ 
mierlieu;  comme  de  faitils  font  ordonnez  de  Dieu,  quels  qu'ils  foyent, bons  ou  mau- 
uais:ûnon  qu'ils  commandent  chofes  qui  répugnent  ouuertement  à  la  pure  Religion, 
car  en  ce  cas-la  il  faut  perpétuellement  garder  la  reigle  de  TA  poftre.On  doit  pluftoft  o- 
beir  à  Dieu  qu'aux  hommes.  Et  en  cecy  il  ne  refte  qu'vne  feule  defenfe  à  l'homme  fide-  Aft* 
k  &  Chrefticn  :  affauoir  le  glaiue  fpiritucl ,  qui  eft  la  parolle  de  Dieu ,  &  la  prière  ardeft- E*  — 
tefaitc  en  humilité  &  abie&ion  d  efprit ,  eftantprefi  d'endurer  pluftoft  tontes  choies, 
que  d'attirer  quelque  macule  de  rébellion.  Qui  refifte  autrement  â  la  puifTance ,  reïu  iob  34. 
ftc  à  l'ordonnance  de  Dieu  :  &ceux  qui  y  refiftent ,  receuront  damnation  fut  eux-  Roœ  «' 
mefmes.  Et  comme  nous  honnorons  pet  es  &  mères  en  toute  fubmiffion,  auffi  ceux  qui 
tiennent  leur  lieu ,  &  ont  foing  de  novtpU  de  nos  affaires.    Nous  ne  deuons  auffi  met-  EPhcf-*% 
tre  enoubly  le  foing  de  nos  familles ,  fur  lefquelles  nous  fommes  commis  pour  y  auoir 
l'œil ,  afin  qu'elles  n'ayent  faute  non  feulement  des  chofes  neceflaires  au  corps,mais  fut  lTunî« 
tout  de  celles  qui  appartiennent  à  la  nourritureinterieure  de  lame.  Er  pour  vn  troifie- 
me  deuoir,  ayôs  auffi  foin  des  affaires  de  nos  frères  &  prochains ,  comme  fi  c'eftoit  pour 
nous-mefmes.  Bref,  tels  que  nous  voulons  que  les  autres  foyent  enuers  nous ,  tels  mon- 
ftrons-nous  enuers  lesautrestfans  faire  chofe  à  autruy  que  ne  vueilliôs  eftre  faite  àno9-M»td,-7« 
mefmes.  Car  cela  cft  lefommaire  des  chofes  que  laLoy  &:  les  Prophètes  nous  enfei-  i.Tinu« 
gnent.  Finalement  la  charité  Chreftienne  &  fraternelle  comprend  auffi  nos  ennemis 
félon  la  reigle  &  ordonnance  de  l'Euangile  du  Seigneur,lequel  commande  de  bien  fai- 
re à  ceux  qui  nous  ont  en  haine,  prier  pour  ceux  qui  nous  perfecutent,&  qui  nous  0£. 
fenfent&  blefTent.  Si  nous  le  faifonsainfi,  iladuiendraque  nous  rendrons  certaine  U  %jbîb*. 
ferme  l'efperance  de  noftre  vocation.  Maintenant  donc  ie  vous  recommande  à  noftre 
bonDieu,&  à  la  parolle  de  fa  grace:lequcl  a  bie  cefte  puiftance  de  baftir  par  defTus.&de 
vous  dôner  héritage  entre  tous  les  fan&ifiez:  vous  fuppliant  arfe&ueufement,  mes  frè- 
res, que  vous  nous  affiftiez  par  vos  oraifons,&  priez  de  défi  r  ardent  pour  monfieur  Saû- 
ders&  pour  moy  vos  Paftcurs,  &c  pour  tous  ceux  qui  fonc  détenus  pnfbnniers ,  à  ce  que 
(oyons  deliurez  de  la  main  des  infidèles ,  &  des  hom  mes  peruers  ôc  orgueilleux ,  U  que 
cefte  noftre  affliftion  tourne  à  la  gloire  de  Dieu,&àrauancemétde  l'Euangile.  Saluez 
de  par  moy  les  frères  fidèles  en  Chrift.  Et  pourcp  que  ic  n'ay  pas  eu  le  loifir  ny  opportu- 
nité d'eferire  en  particulier,  ie  vous  fupplie  faires  que  ces  lettres  foyét  leuès  de  tous ,  ou 
bien  qu'elles  foyent  ouyes  en  commun.  La  grâce  de  noftre  Seigneur  foit  auec  vous,  A- 
mcn.  Ce  18.  iour  de  Iuin.    ^  Sauucz-vous  de  cette  génération  peruerfe.  Priez ,  priez, 
priez,vous  n'en  eûtes  iamais  plus  grand  befoin 

Hh.ii. 


Liurcu  1111.  (jeorgu  éftt aféi. 

L'A  VT  R  E  epilfre  de  Marché-d  aucuns  de  les  amis  bourgeois  de  Manceftre  en  la  coûté  de  Lincaftrc  :  cibortatoke  i  per- 

feucranee  au  combat. 

ÇgME  vous  mercie  grandement  de  h  fainct.e  affection  que  vous  auez  emiers  ihoy:& 
§|[l|de  ma  part  aufli  Tay  louuenance  de  vous  non  feulement  en  mestettrçs»  mais  aufli 
en  mes  prières  &c  oraifons  que  ie  fay  afliducllemeht  poux  vous:vous  fouhaitant  vne  tel- 
le coniolation ,  qu'ayans  vrayement  goufté  les  riche/Tes  celeftes,  vous  batailliez  perpé- 
tuellement en  foy  &:  en  chàritéjvous  perfeucriez  fermement  en  cfpcranCe,&  foyczpa- 
tiens  en  tribulations  afHi&ion  iufques  à  la  fin,&  iufques  à  la  yenue  de  Chrift.  I'ay  bien 
voulu  vous  exhorter  maintenant  par  lettres,&  prier  afFechieufement  enChrift,que  cô- 

CoU.  me  vous  auez  receu  lefus  Chrift ,  aufli  vous  cheminiez ,  eftans  enracinez  en  lay  &  fon- 
dez fur  luy -M  que  ne  foy ez  nullement  eftonnez  par  vos  aduerlaires,  quelque grâd  nom- 
bre qu'ils  (oyent ,  ou  puiflans  :  &:  nous  foyons  en  bien  petit  nombre ,  &  contcmptibles. 
-  Car  pour  certain  cefte guerre  que  vous  iouftenez,  ri'eft  point  voftre,ajns  du  Scigneuri 
lequel  comme  il  afouuentaflïfté  à  AbràhàmiUàacIacob^oyrcDauid^auxMacha- 
bees,&  tant  d'autres  qui  auoyent  à  fouftenirle  choq  de  leurs  ennemis  :  femblabJement 
fa  promette  ne  faudra  iamais,comme  il  a  dit  à  Iofué  :  Ainli  que  i'ay  efté  auec  Moyfe,auf- 

iofué  r.  u  feray-ie  auec  toy  :  ie  ne  te  lairray  &  ne  t'abandonneray  point .  fois  fort  &  robuftet  ne 
crain  point  :  car  le  Seigneur  ton  Dieu  eft  auec  toy  en  toutes  chofes  que  tu  feras.  Si  dbrie 

Rom.8.  Dieu  eft  auec  nous,  qui  fera  contre  nous  ?  Nul  n'eft  vaincu  en  cecombat  fpi rituel, û'non 
celuy  qui  s'enfuit  &laifle  le  camp  de  fon chef,ouquiparlafcneté  décourage  iette  bas 
fon  bouclier,  ou  qui  par  couardife  fe  rend  aux  ennemis. 

îpheu.  Parqjoï  mes  frères,  foyez  forts  en  Chrift  :&  en  la  puiflatice  de  fa  vertu,vcftez  1- 
armure  de  Dieu,  afin  que  vous  puillîez  fubùftcr  cotre  les  aflauts  du  diable.  Si  nous  vou- 
lons fauoir  de  quelle  forte  d'armés  nous  deuons  eftre  munis  de  pied  en  cap  pour  bien 

Aacs  m.  entreprendre  vn  tel  combat,  faine*  Paul,  quia  efté  vn  bon  champion  &  bien  exercé  en 
cecy,lesadefcrites,lequel  le  Seigneur  a  deliuré  miraculeufemc»t&  tât  de  fois  desern- 
bufehes  de  fes  ennemis ,  au  milieu  de  tât  de  dangers  &c  par  mer  &  par  terrevoire  au  mi- 
lieu des  ondes  lors  qu'il  n'y  auoit  efperancc  de  (àuueté,il  luy  a  tendu  la  main  pour  le  de- 

-..Timot.4:  liurer:&  eft  demeuré  toujours  fain  &c  fauf  contre  tous  orages  de  maux,iufques  à  cequ - 

pÏÏj!*'  avant  paracheué  vne  longue  continuation  dcfafcheries&  trauaux,il  confe/Te^  Tay  par- 
acneué  mon  cours:iefuis  maintenant  facrifié:ie délire  d  eftre  feparé du  corps, &  eftre 
auec  Chrift; 

C  e  s  chofes  fonteferites  pour  noftre  doctrine  &  cohfolation  ,&pour  eftrè  admoîù 
neftez  qu'il  n'y  a  fi  grande  violence  laquelle  il  nous  faille  craindre,  moyennât  que  nous 
obeiflîons  à  Dieu  &  à  fa  parolle  :  &  n'y  a  danger  duquel  il  ne  nous  deliure  :  Voire  de  la 
mort  mefme.  Puis  qu'ainii  eft,  courons  au  combat  qui  nous  eft  propofé,icttans  lesyeux 
Heb.u  au  Capitaine  de  la  foy  teconfommateurlefus,  qui  pour  la  ioye  laquelle  luyfut  propo- 
fee ,  a  enduré  la  croix ,  ayant  mefprifé  la  honte.  Ce  que  nous  deuons  faire  aufli  à  fon  ex- 
emple. Auflî  toft  qu'il  eut  efté  baptizé&  déclaré  manifeftement  le  Fils  de  Dieu,  Satan 
fe  trouua  là  incontinent  pour  luy  faire  ennuy.  De  tant  plus  auflî  qu'vn  chacun  tafehera 
à  bien  viure,  de  tant  plus  furieufemefit  fera-il aflailly  du  mefme  ennemy:  auquel  il  nous 
faut  refifter  à  l'exemple  du  Fils  de  Dieu  jprincipalerft  ent  par  les  fainctes  Efcritures  &  la 
parolle  facree  de  Dieu,qui  eft  noftre  armure  celefte,  &  le  glaiue  de  lefprit.  ^Et  ce  qu'il 
aieufnénousfoiten  exemple  de  fobrieté  Se  attrempanoe  perpétuelle,  non  pas  pour 
quarante  iours  à  la  façon  des  finges  Papilles,  ains  toute  noftre  vie  tant  que  nous  aurons 
à  combatre  contre  Satan  en  ce  defert  du  monde.  Il  ne  pourra  rien ,  que  le  Seigneur  né 
luy  permette,  non  pas  mefme  contre  les  porceaux:tant  moins  contre  nous, qui  vallons 
beaucoup  mieux  que  grand  nombre  de  porceaux  deuant  le  Seigneur,  pourueu  que  de 
foy  ferme  adhérions  àlefus  Chrift  noftre  chef.  ^Etpour  eftre  dauantage  munis  de  fer- 
meté propofons-nous  la  vie  des  mondains  ,lefquels  pour  vne  volupté  bien  courte,  te 
pour  accomplir  l'appétit  &:  ledefir  qu'ils  ont,  fe  mettent  en  danger,  ie  ne  dy  pas  d  eftre 
icy  mis  en  pnfon,  mais  d'eftre  menez  au  gibet  éternel.  Autant  donc  qu'il  y  a  de  diffé- 
rence entre  la  vertu  &  les  vices,  entre  Dieu  &  le  diabie,  d'autant  plus  deuôs-nous  eftre 
hardis  en  cefte  guerre  fpirituelle.Et  pource  qu'il  a  pieu  à  Dieu  d'ainfi  ordonner,que  M. 
IeanBradfort&moy,  qui  fom  mes  d'vn  mefme  pays  auec  vous,  foyons  mis  au  premier 
reng  de  cefte  bataille,  où  eft  le  principal  danger  de  toute  cefte  guerre ,  mes  bons  frères 
&  amis ,  ie  vous  prie  que  vous  faciez  prières  au  Seigneur  pour  nous,&  pour  tous  nos  com- 
pagnons 


pagnons  de  guerre,  combatans  en  ce  fort  dangereux,  à  ce  qu'eftans  tous  munis  de  fa 
grâce  &:  bonté,  nous-nouspuilfions  maintenir  chacun  en  (à  garnifon  où  nous  tommes  z'Tltr' 1 
pofez:&:quepar  ce  moyen  nouseleuionsdeuantnosyeuxenhaut  vncxemplc  de  con-  iicao*. 
ftancc&:patience,comme  vne  banieïcafinqucfuyuiez:  voire&:  qu  aullî  envoftre  en_  Col-3- 
droit  prouoquiez  les  foiblcs  par  voftrc  exemple ,  le  tenir  fermes  en  vos  pa  s ,  pour  achc- 
uercefteguerreheureu(cmcnt:Ainfifoic.    \  Entendez  bien  ce  que  ledy,  Le  temps  eil 
bref:)!  relte  que  ceux  qui  vfent  de  ce  monde ,  en  vfent  comme  n'en  vfans  point:  car  la  h-  EphcU, 
guredecemondepailc.N'aimezpoinclcmondejnelcs chofesquilontau  monde:mais 
cercliez  les  chofes  qui  font  d'enhau  t,  où  ChriU  cil  à  la  dextre  de  Dieu.  Soyez  mife  ncor- 
dieux>doux&  bénins  les  vns  enuers  lesautres,  edifians  enfemble  vn  chacun  félon  le  ta-  Fpkf.; 
Jent  qu'il  a  receu. Donnez  vous  garde  de  l'aftuce  des  doctrines  eftrangcs  &c  diuerlcs.O-  l-Via  * 
ftezle  vieil  homme  lequel  le  corrompt  felô  les  defirs  d'erreurs.  Que  touteimmondici- 
té,auaricc,paillardife,& babil  loit  bien  loin  de  vos  mœurs.  Ne  vous  enyurcz  point  de 
vin,enquoy  certes  y  a  dhîolucion:  pluiloftfoyez  remplis  dcl  Efprit,  chantans,pfalmo- 
dians  &  relonnans  en  vos  cœurs  au  Seigneur ,  louanges  &  a&ion  de  graceà  Dieu.  Em- 
ployez le  refte  de  voftrc  temps  à  m  éditer  la  volonté  de  Dicu:&  aimez  vous  l'vn  1  autre: 
&quelagloiredeDieu(oitlcfeulbutdevoftre  vie,  auec  ladikdion  du  prochain.  Re- 
pentez-vous de  voftre  vit  pailéc ,  &  aduifez  mieux  à  vous  pour  l'aduenir,&:  loyc  z  iagts. 
A  dherez  en  toutes  chofes  aceluy  leul  qui  eft  mort  pour  nos  offenfes  &:  pechez,&:  elt  re- 
fufcicé  pour  noftre  iuftification:  Auquel  foit  honneur  &  action  degraces  auec  lePerc 
&  le  S. Efprit,  Amen.    De  Lancallrc  ce  jo.d'Aouft,  m.  d  .  l  i  1 1 1. 

Sa  l  v  e  2  en  Chnft  tous  ceux  qui  nous  aiment  enfoy,&aufli  faites  les  participans 
de  ces  lettres  félon  voftre  prudëce.  Et  pour  la  fîn,priez  tous  pour  moy  &:  pour  tous  ceux 
qui  lont  emptifonnezpour  l'Euangile,  afin  que  le  Seigneur,  qui  nous  a  iadis  tirez  de  la 
Papauté  pour  nous  faire  venir  à  la  vraye  religion  Chreftienne,  &  qui  efprouue  mainte- 
nant noftre  foy  &  patience  par  affl  i&ions,nous  vueille  félon  fa  milericorde  &c  par  le  bras 
de  (a  puiflance  deliurer  de  ces  angouTes  ÔÎtourmcns ,  foit  par  mort  ou  par  vie ,  àla  gloi- 
re de  fon  nom ,  Amen. 

V4ARCHE  efcriuit  ces  lettres  à  Lancaftre  le  3o.d'Aouft  en  l'an  m.d.liiii.  &par^ 
tant  comme  fa  détention  &c  priibn  a  efté  longue,aufii  la  perfeuerace  fut  de  mefmc, 
femonftrantvray  champion  de  l'Euangile,  accompagné  de  deux  autres  fidèles  ferui- 
teurs  de  Dieu.  Il  fut  bruilé  à  V  vcftcheftrc,  qui  eft  vue  ville  au  conté  de  Lancaftre  :  le 24. 
d'Audi  de  ceft  an,  m.d.l  v.  E  mefmeiour  on  bruila  à  Vveft-mmfter  lieu  prochain  Guillaume 
de  Londres,  vn  nommé  Guillaume  Flovver,autremcnt  dit  Brancherpour  auoir  donné  Hww- 
vn  foufHet  à  vnPreftre  en  difant  fa  Melfe,  au  commencement  du  règne  de  Marie,  lors 
que  les  chofes  eftoyent  encore  en  crouble  Se  mutination. 


GVILLAVME    DE    D  O  N  G  N  O  N,  Lymofn. 

L  £  S  interrogations  &a£tes  iudkiaircs  de  ce  Martyr,  donnent  fuffifante  approbation  que  la  vérité  de  rFuangile  ne  dépend 
point  de  la  prudence  ou  inftruction  que  pourroit  auoir  l'homme,  mais  de  Pc/prit  du  Seigncur,qui  façonne  les  plus  rudes 
&  îgnorans  quand  il  s'en  veut  feruir  pour  les  faire  fes  hérauts  deuant  les  homme»:. 

Hfô^^ONTIN  V  ANT  ledifcoursdecefteannee,qui  a  efté  fur  toutes  abon-  ^  D  Lv 
il  fêfec^damment  arroufee  decenoble  fangdcstefmoinsde  rEuangilc,il  nousfaut 
ÇÀ  teL^^vn  peu  fortir  d'Angleterre  &:  venir  en  France,  où  maintenant  nous  appelle 
ly^Ê^Jf  le  martyre  de  M.  Guillaume  de  Dôgnon;natif  de  la  Ionchere, bourg  au  pays 
bas  de  Lymo!ïn,diftant  enuiton  de^lieués  de  la  ville  de  Lymcges.  Il  feruira  d'exemple 
pouv  de  cane  plus  magnifier  les  grâces  que  le  Seigneur  iournellenient  cllargit  aies  pe- 
rfts,en  l'infirmité  defquels  il  veut  manifefter  fa  grande  louange. Car  combien  que  ledit 
Dongnon  ne  fuft  fi  auant  inftruit  en  tous  les  poin&s  de  la  religion  Chreftienne  que  plu 
fieurs  autres  que  nous  auonsveucy  deuant,  fia-il  toutesfois,lelonla  mefurede  fa  foy, 
fouftenu  le  combat  contre  fes  aduerfaires.  L'horreur  des  tourmcns,ne  les  allechcmens 
de  ce  mode,  ne  la  mort  cruelle  ne  l'ontdeftourné  de  l'œuure  auquel  le  Seigneur  l'auoit 
appelé,à  l'honneur  duquel  il  a  employé  &c  fait  valoir  le  petit  talent  qu'il  auoit  receu  de 
luy,  demeurant  ferme  fur  ce  leul  &vray  fondement,  qui  eft  Iefus  Chrift.  Nous  a- 
uons  icy  inlcré  quafi  de  mot  àmotleptocez  qui  luy  a  efté  fait  &:  formé  au  fiege  des 

Hh.  ïii. 


Lime  1111.  (jttilUumcs  rfo  Dongwn. 

aduetfaire$:par  lequel  auflî  oncognoiftraleftile&  manière  de  procéder  des  Lymofins 
contre  les  enfans  de  Dieu:commcnt  ils  interrogucnt  diuerlèment ,  tant  en  la  géhenne 
que  dehors.  Et  puis  que  ce  perfonnage  n'a  eu  le  moyen  &ù  faculté  de  mettre  l'es  propres 
refponfes  par  efcrit:Dieu  a  Voulu  par  a&es  &  efcrits  iudiciaires  manifcfter  fa  confiance. 
&:  ceftc  variété  ne  fauroit  cftre  qu  agréable  aux  Lecteurs. 

]  Ehuiticmeiourd'AurilM.D.  l  v, M.Guillaumede Dôgnon  fut  déféré  en  iuftice:ô£ 
le  lendemain  9.  dudit  mois  conllitué  prrfonnier  au  bourg  delà  Ionchere, qui  eft  aa 
baspaysdeLymofin.  Le  17.  cnfiiyuant  fut  mené  enlacitédeLymogespar  deuant  M. 
Pierre  Benoift  Licentié  es  droits,  allelfeur  de  rOfHcial  dudit  Lymoges,&:  interrogué 
comme  s'enfuit:  D  Où  as  tu  demeuré  deuant  qu'eftre  preftre  ,&  aufii  depuis  que  tu 
l'es  f  R.  Eftant  ieune garçon  on  menuoyaàl'efcoleàS.  Léonard,  auec  mon  oncle  M. 
Guillaume  Bourdeys.  EtaptesàTouloufe,  oùiefu  feruiteur  de  M.  laques  Mafiyot,à 
prefent  confciller  à  Bourdcaux:  chez  lequel  ic  demeuray  quelque  temps:  luy  portât  fes 
hures  quand  il  alloit  aux  efcoles  publiques.  D.  N'as-tu  eftudié  ailleurs  qu'audit  Tou- 
loufe& à  faind  Léonard?  R.  Non.  D.  Le  Dimanche  des  rameaux  dernier  parte,  as-tu 
fait  comme  vicaire  ce  qu'il  te  conuenoit  faire  en  l'eglife  de  la  Ionchercafiàuoir  procef- 
fion  ,  benedi&ion,  grand'  Meire,  &  telle  qu'il  te  conuenoit  célébrer  :  à  qui  te  confeflas- 
tu?  R.  Leiourdes  rameaux  (helasi)ie fis  l'office  tel  qu'on  a  accouftumé  de  faire  entre 
vous,  &C  me  confeiîay  à  mefTire  Noël  Royauld  :  mais  ce  fut  penfant  euicer  fcandalc,  fa- 
chanc  neanemoins  qu'il  ne  nous  faut  confeifer  qu'à  vn  fcul  Dieu,  &  qu'autant  a  de  puif- 
fance  vn  laie  de  pardonner  les  péchez  quvn  preftre.  D.  As-tu  autres-foiseelebré  Mef- 
fe  fans  te  confeifer?  R.  Ouy:  voire  quâd  ie  ne  trouuoye  point  de  prcltrc:mais  ie  vous  dy 
que  ie  ne  mefuife  confefie  depuis  Noël  en  ça,ne  pareillement  célébré  Méfie ,  n'euft  e- 
ftévne  crainte  feruile  qui  lors  me  tenoit,  de  fcandale  qu'eufient  peu  prendre  les  aueu- 
gles ,  menez  par  des  conducteurs  aueugles.  Car  ie  fay  que  la  confeftion  auriculaire ,  ne 
pareillemenc  la  Méfie  ne  feruent  de  r^en,  &:  que  les  laies  ont  autant  de  puiffance  de  re- 
mettre les  péchez  comme  ceux  qu  on  appelle  Prellres:&  que  tous  fidèles  &:  efleus  de 
Dieu  font  frères  en  vn  mcfme  chef  Iefus  Chrift.^Dauantage  auparauant  Noël  i'eûoye 
en  doute  fila  Méfie  eftoitbonneounonrmaisàcefte  heure  iecognoy  quelle  ne  Vaut 
rien.  D.  Quelles  gens  font-ce  que  tu  appelles  fidèles?  R.  Ceux  qui  font  Chreftiens,&: 
qui  gardent  les  commandemens  de  Dieu.  D.  Le  lour  des  rameaux  ne  dis  tu  pas  les  pa- 
rollesfacramentalesefcrites  au  canon  dé  la  Méfie,  touchant  le  précieux  corps  deno- 
ftre  Seigneur  Iefus  Chrift?  &:  ne  crois-tu  pas  qu'après  la  côfecration  du  pain ,  vin  &c  eau, 
là  foit  le  corps  d'iceluy?  Ledit  iour  ie  dy  Méfie,  comme  i'ay  depolé  cy  defius,&  pris  l'ho- 
ftie,&  mis  du  vin  &:  de  l'eau  dedans  le  calice,  proférant  les  parolles  facramentales ,  par 
ce  qu'il  y  auoit  des  preftres  derrière  moy:  mais  mon  intention  n'eftoit  de  confacrer,  Se 
ne  croy  aucunement  qu'en  celle  confecration  le  corps  denoftre  Seigneur  Iefus  Chrift 
foit  côpris:mefme  que  ce  neft  qu'abus  :  àc  n'auoye  plus  délibéré  de  dire  Méfie ,  ains  de 
m'en  aller  par  le  pais  gagner  ma  vie  au  trauail  de  mes  mains.  D.  Ne  faut-il  pas  aller  àl- 
eglile  pour  prier  Dieu,&  le  remercier  des  biens  &  grâces  qu'il  nous  fait  iournellement, 
foïïcs  d"' &  auffi  la  gloricu(e  vicrgc  Maric  » s- Pierrc  &  S.Paul,  les  fainds  &  fainctes  de  Paradis ,  a- 
monftrcnt  fin  qu'ils  foyent  nos  aduoears  pour  impetrer  grâce  &:  pardô  pour  nous  entiers  noftre  Sei 
derdm"  gneurIellls  Chrilbporter  honneur  au  S.  crucifix,&:  autres  images  des  Saincls.  R.  Dieu 
dcwduer-  eft  par  tout,&:  partant  il  le  faut  prier  en  tous  lieux.  Au  refle  ie  ne  croy  point  que  l'hoftie 
qui  eft  mile  dans  la  euftode,  foit  dieu. Item  que  nous  n'auôsautreaduocatcnuersDieu, 
que  Iefus  Chrift  fon  Fils,  lequel  a  foufrert  mort  &:  paillon  pour  nous  racheter.  Il  ne  faut 
prier  les  fain&s  ain  s  feulement  iceluy  Ielus  Chrift.Que  les  images  qui  font  dedans TÇ- 
glifene  font  qu  idoles,lcfquelles  deuroyent  cftre  rompues& abatues.  D.  Tuasromp-U 
&;  brife  les  images  de  l'eglife  de  la  Ionchere*  Il  eft  vray  quele  Lundy  fuyuant  le  Diman^ 
chc  des  ranu  aux,  ie  prins  de  ladite  eglife  vne  petite  image  de  bois ,  &  la  portant  en  ma 
maifon  la  vouloyc  faire  brufler,  mais  en  fortant  quelcun  me  l'ofta.  Et  auoye  délibéré  d- 
abatre  les  images  tan  r  de  ladite  eglife  de  la  Ionchere  que  d'ailleurs  au  moindre  fcanrçU* 
le  qucicufle  peu.  D.  Où  as-tu  appris  cefte  doctrine  &  feience  malheureufe?  &  en  quel 
palfagele  monftreras-tu?  R.  le  ne  fuis  pas  fi  grand  clerc  que  ie  puilfe  dire  par  cœur  les 
partages. mais  fi  vous  me  permettez  d'aller  quérir  mônouueau  Teftament,&:  vn  petit  li 
ure  intitulé  Dominic£  precationes  ,ic  les  vous  monftreray.  D.  Nas-tu  point  d'autres  liures  cj 
les  fufdits  qui  foyet  venus  dcGeneue?R.  Il  eft  bié  vray  que  i'en  ay  eu ,  lcfquelseftoyét  en, 

Fran- 


Cjutiiaume  de  Dongnon.  $20 

François,  m  aïs  craignant  d'eftrefurprislcs  bruflay  :&  pourleprefentn'ay  que  les  deux 
fufnommcz.    D.  Ne  cognois-tu  perfonne  en  ce  pais  de  ta  fe&e  5c*  doctrine?  R.  Non. 
D.    Or  fus  il  fauc  que  eu  pries  Dieu, Iaglorieufe  vierge  Marie,lesSaindts&:Saincl:es  de  Touchanc 
Paradis,&:  te  mettes  à  genoux  pour  demander  pardon  à  Dieu  ,  afin  qu'il  luy  plaife  de  te  l'inuoeatio 
remettre  en  la  foy  &"  vniondereglireraufllquetudifesle^/wewgïwrtàla  Vierge,  la  priât  dcs  SalQÛ" 
d'eftre  ton  aduoeate  enuers  noftre Seigneur  IefusChrift.  R.  Volontiers  ie  prieray Iefus 
Chrift,afin  qu'il  luy  plaifeimpetrer  pour  moy  grâce  &c  pardon  enuers  Dieu  l'on  Pere: 
mais  quât  à  la  vierge  Marie  &  les  S.&:  fain&es  de  paradis, ie  ne  (les  prieray  aucunement: 
car  tous  enic  mble  n  otaucune  puiflance  de  maider,tat  s'en  faut  q  ie-voufiflé  dire  le  Sal 
ueregma^Sc  peur  ce  faire  me  mettre  à  genoux.  D.  Necrois-tu  pas  qu'ily  ait  vn  purgatoi  Pur§at0ire- 
re  auql  les  ames  vôt  pour  faire  penitéce  de  leurs  péchez,  &:  q  parles  fupplications  des 
gés  de  bien,par  Méfies, vigiles,oraifons,ieufnes&  aumofnes  elles  font  releuees  de  leurs 
t«urmcns,&*enuoyees  en  la  gloire  de  Dieu  en  Paradis?    R.  Ierefpon  qu'il  n'y  a  autre 
purgatoire  que  le  feul  fang  delefus  Chrift,duqUel  nous  fommes  rachetez>d'autant  qu'- 
il a  louftert  mort  &*  paflîon  pour  nous:&  que  les  Méfies,  vigiles ,  àc  autres  chofes  ne  1er- 
uent  de  rien  aux  ames  des  trefpaffez.    D.  Necrois-tu  pas  qu'il  faille  obferuer  les  feftes  Lesfcites. 
de  commandement ,  corne  eft  le  iour  du  Dimanehc,fcftes  de  Pafques,  Noël  &;  Noftre- 
dame,Ô*  autres  feftes  commandees,&*  en  icelles  cefTer de  toute  ceuureferuile ,  comme 
de  labourer  &:  faire  autres  ouurages?R.  le  fay  qu'il  faut  obferuer  leDimache  pour  certai 
nés  raifbns,mais  des  autres  feftes,ie  n'en  croy  rien.    D.  Ne  crois-tu  pas  qu'il  faille  ob- 
feruer les  autres  feftes  cômandees  de  noftre  mere  fain&c  eglifc,encore  que  cela  ne  foit 
eferit  au  vieil &nouueauTeftament?    R.  le  ne  croy  aucunement  auxeonftitutions 
&  ordonnances  forgées  &  faites  par  les  Papes  ou  leurs  adherans.    D.  Veux-tù  perii- 
fter  en  tes  mefehantes  opinions?    R.    le  croy& veuxfouftenir  cequei'ay  depofé,&: 
veux  viure&  mourir  en  la  foy  €hreftienne,&:enfuyure  les  commandemens  de  Dieu: 
^"Les  affiftans  fur  cela  dirént,Or  bien, puis  que  nous  perdons  temps  auec  toy,&  que 
tu  te  déclares  hérétique  pertinax  &*  obftiné  *  nous  ordonnerons  que  tu  fois  priué  &  de- 
gradé  de  la  tonfure  cléricale  &c  ordres  facrez,&  remis  &  laifîé  au  bras  feculier  &  juridi- 
ction temporelle  .^Celaf  ait,on  procéda  à  la  fentence,  laquelle  luy  fut  prononcée  peu 
après  en  cette  forme  &c  teneur  qui  fenfuit. 

k 

L  A  fentence  donnée  par  L'Afleffeur  contre  M.GuiIlaume  de  Dongnou ,  afin  d'eftre  priué  des  ordres  de  preftrife,  laquelle  fut 
prononcée  le  4.dc  May,audit  anM.D.LV. 

Entre  le  Procureur  de  reuerend  pere  en  Dieu  monficurl'euefque  de  Lymoges 
demandeur  &c  aceufant  en  crime  d'herefie  :  &c  M.GuiIlaume  de  Dongnon  natif  de 
Ionchere,preftre  àc  vicaire  dudit  îieu,defendeur  &  pnfonnier  détenu.  Veu  les  charges 
SL  informations  interrogatoires  par  nous  faites  audit  Dongnon  concernantes  la  foy  ca- 
tholique,herefies&  erreurs  y  contenues,fes  refponfes  &confeffions,perfonnellemeht 
faiceipar  deuant  nous,&:  réitérées  par  plufieurs  fois,voire  fignees  de  luy  :  par  lefquelles 
appert  c^ue  de  cœur  endurcy  &obftiné  il  a  toufîours  ci  eu, fouftenu  &:  défendu  plufieurs 
proportions  erronees,hereriques  &fcandalcufes  contre  la  do£trineEuangelique,deter 
minationdefa*nâ:emereegiife&:  foy  catholique,mefme  contre  le  fainct  facremet  de 
reudhariftie,contre  la  vénération  des  fain&s,côfefiîon  auriculaire,purgatoire ,  ieufnes 
&  oraifons,&  autres  facremens  &c  inftitutions  de  l'egîife  :  plufieurs  admonitions  &:  ex- 
hortations quiluyonteftéfaitestantparnousquepar  plufieurs  honnorables  perfon^ 
nés  afliftans  auec  nous,pour  le  réduire  ôc  remettre  en  la  vraye  foy  Se  vniô  de  fain&e  me- 
re egliie.  A  quoy  n'a  voulu  entendreiains  par  grande  obftination  a  rcfiflé ,  répugné, 
&:  demeuré  en  fefdites  herefîcs  &:  erreurs.  Le  tout  veu  &  confideré  auec  meure  délibé- 
ration du  confeilqu'auons  eu  auec  plufieurs  prédicateurs  de  la  parolle  deDieu,qu'a^ 
uions  auffi  appelcz:le  nom  de  Dieu  premièrement  inuoqué,  par  cefte  noftre  fentence 
difhnitiue  auons^ déclaré  &c  déclarons  ledit  de  Dongnon  vray  hérétique  pernicieux  &C 
obftinérauons  ordonné  &:  ordonnons  qu'il  fera  priué  &  dégradé  de  la  tonf  ure  cléricale 
&  facrez  ordres ,  &  comme  tel  delaifîé  au  bras  feculier&*  iuiïdidtion  téporelle;  fanons 
condamné  &*  condamnons  à  l'amende  de  cent  Jiures.t.applicables  à  œuures  telles  qu- 
ittera befoin  &  de  raifon:&*  aux  defpens  du  procès  &:des  officiers,la  taxe  d'iceux  à  nous 
referoce.  Ainfifigné,  Àlphonfus  Verfelhs  Vicarius,  P.BenedidusafTefTor  domini  Orri- 

Hh.  iiii 


Liurc^jIllL  Cjuillaumz^dt-}  Dongnon. 

cialis,  M.  de  muret,  I.  Beaubrueil,  F.  Bechameil,  G.  Poylenç,  Eflenault,M.Balifte. 
D  e  celte  fentêce  ledit  de  Dongnon  appela  par  deuant  les  gens  du  Roy  au  fiege  pre- 
u'onCuittc  filial  duditLy  mogcs:afin  de  réduire  les  torts  &c  griefs  qui  luy  cftoyent  faits,difanc  qu'il 
volouwi-    n'ciloir  point  preltre,^:  que  ce  n  eftoit  qu'abus  de  leurs  ordres  qu'il  auoit  pnns  :  &C  que 
rement.      partât  il  le  s  quittoit  de  loymefme,&:  n'eltoit  befoin  que  quelque  Euefque  les  luy  oftaft. 

mais  nonobftant  l'es  appelations  tut  dégrade  actuellement  le  dixncuficme  dudit  mois 
de  May,&  delaillc  à  la  iurifiidion  temporelle.  Et  le  vingtième  îour  dudit  mois  les  lu- 
ges temporels  s'affcmblerent  pour  1  interrogucr,&  remontrer  comme  les  autres-mais 
ne  seftonnant  aucunement,  perfifta  toujours  comme  il  auoit  fait  en  fes  premières  dé- 
polirions.Ce  que  voyanslefdits  luges, ordonnèrent  qu  il failoitauoir quelque  homme 
de  lauoit  pour  l'exhorter,afin  de  le  faire  rcuenir  &c  remettre  en  la  loy,s'il  efloit  poffible. 
&:  tut  cnuoyéquerit M.Pierre  deMcns,curé,auquel  enjoignirent  d'admonnefter  ledit, 
&:  le  leduiredetoutfon  pouuoir.  Aulîi  qu'il  ieroit  mandé  à  toutes  les  eglifes  de  lapre- 
fente  ville  &C  aux  faux-bourgs, qu'ils  fe  mettent  en  deubtiô  &:  pnet  Dieu  qu'il  luy  plaife 
întpirer  ledit  de  Dongnô  de  fa  fain&egrace&:mifericorde,afin  qu'il  delaiife  les  erreurs 
fauiles&  reprouuees  qu'il  a  de  la  vraye&  tainétc  foy  catholique.  Et  d'autant  que  ledit 
de  Dongnon  auoit  demadé  vnnouueau  Teltament  pour  eftudier  &  penfer  bien  à  fou 
affaire, luy  en  fut  baillé  vn.Et  le  lendemain  z  1  .dudit  mois  les  luges  eltansairemblezea 
la  chambre  roy  ale,ledic  M. Pierre  de  Mons  ayant  fait  fon  polïible  enuersM. Guillaume 
de  Dongnon  fit  la  relation,&  dit  qu'il  eftoit  obftinc  en  fes  reprouuees  opinions,&  qu'il 
luy  auoit  elle  im  poflible  de  le  rcmettrc,combien  qu'il  luy  ait  produit  beaueoup  de  paf- 
fages  de  la  taincteEfcriture.dont  eft  ans  les  luges  indignez, donnèrent  le  iour  tuiuât  fen 
tence  contre  luy  ,dc  laquelle  la  teneur  f  enfuit  de  mot  à  mot  : 

Ve  v  le  procéscriminel  par  nousfait,requis  Je  procureur  duRoy,àl'cncôtredeGuil- 
laumedc  Dongnon, auditions  interrogatoires  &:  refponlesreiterees:aurre  procedu 
refaite  par  rOffiaalde  Lymogesoufon  AfTefTeur,fentéceparluy  baillée  àl'encontre 
duditdeDongnonlequatriemeduprefentmois:parlaquelle  il  l'a  déclaré  hérétique: 
conelufîonsdudit  procureur  du  Roy  ,&c.  Le  tout  confiderc  par  aduis  du  confeil,  pour 
réparation  des  cas &c  crimes  fcandaleux&:  pernicieux  contenus  audit  procès  &c  procé- 
dure, auons  condamne  ledit  Guillaume  de  Dongnon,  à  eftre  traîné  fur  vne  claye  des 
prifons  royales  du  prêtent  liège  iufques  à  la  grâd  place  pubhque,&illec  eftre  ars&  bruf- 
le  vif.  Déclaré  &  déclarons  les  biens  d'icc  luy  eftre  acquis  &  confifquezau  Roy  ,  &:  or- 
dônôsqu'auparauât  l'exécution  du  prefent  iugemet,  il  fera  mis  en  la  torture ôîquefti6 
pour  déclarer  6c  enfeigncrlcsfautcurs,alliez&  complices  Vautres  gens  defafedeôi 
erreur:&:  refpondrefur  cet  tains  interrogatoires  que  par  nous  luy  feront  faits,  afin  que 
la  mémoire  de  la  punition  en  demeure  pour  exemplc,&  baillecrainte  aux  mauuais de 
cômcttreféblablcs  crimes  &  errcurs.Signé  I.  Beaune,F.Lamy,P.Martin,De  la  borne, 
De  gi  and  chaut, Barmy,P.Guc,l.Cibot ,  Carneys  Pradier.De  laquelle  fentéce  ledit  de 
Dongnon  appela  deuant  Dieu  &:  le  Roy,difant  qu'il  louftenoit  la  foy  Chreftienne  6c  la 
parolle  de  Dieu. mais  luy  fut  relpondu  que  nonobftant  fon  appel  ladite  fentence  feroic 
exécutée. 

ET    DE  F  AIT  tout  à  l'heure  tut  mené  &  mis  fur  le  banc  de  la  torture  en  la  pre- 
fence des fufdits:ÔJ  întcrrogué d'où  îlà apprinsceftedoctrine qu'il  fouftient  .  R.Ie  l'ay 
Lj  qi  cfiion  apprifc(dit-il)au  vieil  &  nouueau  Teftament&:  Euangile  de  Dieu.  D.  Necognois-tu 
donna  a    perlonr.c  de  ta  fcrïe  ?  R.  Non.  melmeau  parauantNoel  l'erroyeenlafoycomme  les 
gnôn!  °"    autres:mais  depuis  Dieu  m'a  infpirc  de  croire  ce  que  iecroy.  D.  N'as-m  pointeftéen 
quelque  lieu  fecret  pour  apprendre  ladite  doctrine  ?  &:  n'y  a-il  pcrlonne  qui  t'ait fuiuyî 
R.  Ien  ayeltéen  aucu  lieu  fecret  pour l'apprédre,& n'ay  ouy  pi  cfche  ne  lecture  ne  paro 
le  reprouuce.&  croy  q  ce  que  i'ay  depofé  eft  la  vraye  foy.  D.  Qui  t'a  induit  à louftenir 
Icldites  parolles&d  allerà  Gcncue?  R.  Perlonne  n'a  parlé  à  moy  de  cela,  tant  s'en  faut 
qu'on  m'ait  induit  à  ce  faire:mais  ça  efté  de  mon  efprir,&:  y  vouloye  aller  pour  fauoir  s'- 
ils tenoyent  autre  toy  que  celle  cjue  i'ay  icy  dcpofee:&:  comment  ils  viuoycnt. 

h  r  après  luy  auoir  fait  attacher  pieds  &  mains  fur  ledit  bac,&  vne  pierre  à  d'osd'af- 
ne  lui  le  dos,  ôdfait  tu  er  vn  tour  de  rouet, cftant  au  pied, luy  demanderét  qui  eftoyet  fes 
côphces:&  qu'il  pnaft  la  vierge  Marie  &  les  Saincts  luy  eftre  en  aide  enuers  Dieu:&  qls 
hures  il  auoit  en  fa  maifon  quand  il  fut  pris.  Le  pourepatient  en  s  eferiant  dit ,  Miferi- 

corde, 


{juMUtme  *D*  Dcingim  j  jr 

corde,  ôlefus,ien'ay  nuls  complices  hcliurcsjfinon  le  npuueau  Teftament  &Ie  liure 
Dominkxpreçattonestéc  ne  fay  s'ils  ont  eftéprins.  Aufsiy  âuoitvn  JiuredeS.  Auguftiri 
furS.îéan. 

Et  loy  baillant  vn  autre  tour  de  rouet ,  luy  demandèrent  la  place  où  oh  prefchoic,  &c 
où  premieremët  ilauoit  appris  cette  do&rine.Il  refpôditjc  vbus  ay  défia  dit  que  nul  ne 
me  l  a  enfeignée:  bien  eft  vray  qu'vh  Do&eur  paflSt  par  S. Leonard,me  dit  que  fi  ie  vou^ 
loye  aller  àGencue,il  nie  hourriroit,  mais  n'eut  la  puïflacc  quand  fut  en  chemin.  Et  fur 
cela  fu  c  lafche,&:  la  pierre  oftêe;&  derechefrn rerro£ué.  D.  Ne  te  veux-tu  pas  réduire  a 
là  foy  catholique,&declarer  qui  t'a  appris  cette  doftrinefR.Ie  perfifte  en  ce  que  fay  dit. 
ï>.  Pourquoy  ne  crois-tupas  ces  gens  dotées  qui  t'ont  remonftre  tes  erreurs?  R.  Iene 
fay  s'ils  font  do&es,  mais  non  gens  de  bien,de  me  tirer  &  condamner  ainfi  âtortrtoutes- 
foisieprendrayla  mort  en  grét&  ncmedemadezilitrc  chofe,car  vous  perdrez  temps. 

Or  voyans  lesiuges  la  côftancëaJtiditDôgnon,firent  venir  deux  corde/ièrs  pour  le 
fcorifefler,  penfans  par  la  bien  befqnghèrrmais  ce  patient  refpondit  qu'il  nevôùloitdë 
telles  gens  delguifez;  né  fe  voulant côfe/Ter  qu'à  Dieu  (eul:&  du'ils  eftudiaflent  le nou- 
veau TeftameiK,&  fe  rendirent  comme  luy  a  la  Loy  &  vérité  de  Pieu.bref,qu'ils  le  faf- 
choyent.  Mais euxnoncontensladraonnefterent derechef  quilfe  Cônfelfaft  àquel- 
quepreftte  en Ihonneùr de la.pMôn  de  Icfus  CUtid .  aufquels  refpondit  qu'il  n'en  fe- 
roit  rien,&  qu'il  n'y  a  Pap'e3&efque  ne  preftte,  qui  ait  la  puafance  de  l'abfpudre. 

Pb  v  après  l'ayans  tire  des  prifôs dii  Roy<fut  Hure  entre  les  mains du  boûrreaù,&fut 
mis  fur  vue  çlaye,ayanc  vne  bride  qui  luy  tenoit  vn  efteuf  dedans  là  bôuchcqui  le  ren- 
ddlt  tout  deffiguré:&:  ce  afin  quil  ne  parlaft.Et  eftànt  parUenu  à  la  place  pùblique,ap^e 
léq  Des  bancs,fut  defbridé.là  eftoitle  Lieutenât  criminel  qui  luy  dit,  que  s'ilfe  vpuloic 
defdire  il  luy  ferôit  grace:auquel  ne  refpôdit  rienrmais  perfiftâc  conftâmenti  ihuoquoit 
le  Seigneur.dont  eftarit  iafcJbé  ledit  Lieutenant,  dit  au  bourrcâu,Bride,  bride.&  incoti 
nenttut^ttachéaupofteaujiceiliâd'vne  chaîne  de  fer  autour  du  corps ,  &  audit  po- 
fteau  y  aubit,vn  pertuis  par  lequel  paûbit  viie  petite  corde  qu'on  auoit  hiiîe  pour  l'eftrâ 
gler;mais  comme  le  bourreau  l'accouftroit,  ce  Lieutenant  efmeu  de  rage  &  dedefpit,' 
voyant  la  confiance  &ç  patience  de  ce  Martyr,cria  à  haute  voix  au  bourreau,  Ôfte,ofte, 
deipefche:  ie  veux  qu'il  foie  bru/Ic  vif.Et  le  bpurreau  ayat  mis  le  feu  au  bois,l'efteuf  qu'il 
auoit  dedans  £a  bouche  plein  de  poudre  à  canon,feritât  lafiame  du  feu  fe  creua,  &fufïb 
cjua  ledit  Dongnon,lequel  à  tefte  bauTee  humantla  furnee,expira.Il  endura  celle  more 
il  cônftamroent  &alaigremenr;que combien  qu'il  ne  peuft  parler;  fi  demôftrPit-il  alfez 
par  geftes&  contenance*  exterieUres,que  tout  fôn  bien  eftoit  aù  Ciel,y  ayant  toufiours 
les  yeux  e{leiiez&:  fichez. 

-I  E  A  >î    CARDMAKER^IEAN  VVAREN. 


£  N  l'èxemplcdc  CardnuKer  nous  pouifons  voir  combien  eft  grand  &  excellent  le  fecours  du  Seigneur  Ion  que  le  fidèle  eft 
en  «ioufc.oa  qu'il  eft  agité  de  Eeaucions:&  que  ûns  Ton  adrefîe  toute  la  fcicncè  que  nous  aurons  acqûïlc  ne  fera  que 
poudre  ou  paille  qui  fera  menée  au  gré  de  nos  ennemis. 

L  aefté  parlé  cydelTus  dé  lean  Cardmakcr,aû  lieu  où  mention  a  cfte  faite 
deremprifonnemehtdéSâunders.Iceluy  tenant  vne  prébende  de  l'eglilè  MdLV 
de  Vvellendu  temps: du  royEdouard,s'eftoit  fidèlement  employé  à  publier 

 la  parolle  derEuangile,maintehant  eh  cefte  diflîpation  se  ruine derÈglï- 

Ce,il  fut  empoigné  auecBarleEuefq  du  diPcele  de  Bàden  :  éiaprcscela  bnlcmepapri  B"\^**k 
fonnier  à  Londres. Les  Parlemensn'auoyeht  encores  aboly  les  ordonnahces&ftatuts 
cjue  le  roy  Edouard  auoit  fait  publier  auparauant:&  la  loy  iudiciaire  (  laquelle  ils  appe- 
Ict  d'Office)n'eftoit  encore  remife  és  mains  des  Eûefqs*Or  aùfli  toft  que  là  pui(Tance&: 
faculté  hit  ottroyce  aux  Euefques  de  maintenir  leur  auchoricé,  on  fit  venir  entre  plulL 
eurs  autres  ces  deux-cy  de  la  prif6,pour  cftrc  interroguez&examinez  de  leur  doânne. 
Le  Chahcelicr  euefquedc  Vvinceftrc  retournant  à  fa  vieille  chanfon,  léurpropôfala 
mifericotde  délaRoine,moycnat  qu'ils  châgealTent  de  foy  &  deReligiô,&  qu'ils  fe  mô- 


Liurcs  ////-  Jean  Cardt,;aker,  &  feanVVaren . 

ftrafTcnt  dociles  te  obeifÇms  à  leur  Princeflè.Eux  rçfpondirent  de  telle  force  que  ÏEacC 
que  &:  fes  complices  les  laifferent  aller fauues.^icomme  les  cttimansaflez  catholiques. 
Et  foit  que  ces  deux  ayent  fait  cela  par  infirmitc,ou  pluftoft  que  cela  ait  efté  fait  par  l'a- 
ftucedefeucfquede  Vvinceftre,&:  pardiffimulation  cauteleufe:onnefauroitdire  corn 
ment  cela  fc  fir,finon  que  ce  dernier  eft  plus  vray  femblablcîaflauoir  afin  que  ce  renard 
de  V  vjnceftre  euft  quelq  argumét  &  couleur  de  rctra&a&ion  feinte,'!  aqlle  il  peuft  pro 
pofer  aux  autres  pour  imiter,oupourlé  mettre  en  fàce  à  ceux  aiifqucls  il  auroit  affaire. 
Ec  en  aduint  ainli:car  toutes  fois  &c  quantés  que  depuis  il  eut  quelque  caufe  à  démener 
contre  quelques  autres,il  leur  mettoit  en  auant  les  norris  de  Cardmaker&  Barle,&les 
louoit  comme  gens  de  grande  grauité,prudence  &  doctrine.  Tant  y  a  que  quant  à  leur 
rcfponf^quelque  chofe  que  ce  fuft, on  commanda  à Barle de  retourner  en  prifomdc  la- 
quelle il  forcit  par  ie  ne  fay  quel  moyen,&:  de  là  alla  en  l'Alemagne  :  &  eftan  t  là  comme 
relegué/fùprofeffionouuerte  dcl'Euangile.Mais  Cardmakerfutmisà  part  en  vne  au- 
tre prifon,en  laquelle  vn  peu  après  L.  Saunders  fuir  mis ,  comme  on  a  veû  cy  dcrTus.  Ec 
celanefut  point  fait  fans  quelque  fingulierc  prouidece  deDiéu.Et  de  faicc,Cardmakec 
ayant  la  familiarité  de  Sâunders,recueillit  plus  de  force  à  défendre  l'Ëuangile.  De  là 
aduint  que  Boncr  cuefquc  de  Londres,fe  promettant  toures  chofes  de  Cardmakcr,  di- 
uulgûo'jt  par  roàt  qu'il  lelafcheroit  en  bref  de  la  prifô,apres  qu'il  auroit  fôufcrit  à  laTrâf 
fubftantiatfon& autres  articles.  Cardmakcr  demeurant  ferme  en  (on  bon  propos, Se 
fie'rtechiflaht  pour  belles  promeffes  ou  menacés  qu'on  îuy  feuft  faire,  montera  combic 
là  vât'erïe  de  l'Êuefqueauoicefté  vaine,&  comment  le  peuple  aufsi  y  auoierrop  légère- 
ment creu. 

O  r  après  que  Saunders  eftant  feparc  de  luy  eut  efté  mené  àla  mort(eommeil  aefté 
dit'cy  demis  )& que  Cardmakcr  eut  efté  laifTéfeul  en  prifon  ,  il  eut  beaucoup  d'aflaux 
par  les  Papiftes,&  long  temps:  lefqucïs  conceurent  grande  efperancedciaturèrâ  leur 
cotdéllc.  Plulïeurs  trauaillerentàccla:&:y  vcnoycncfcMuêntefôispartrotip  es,&fai- 
foyerit  tout  ce  qu'ils  pouuoycnt  àduifcrp 

çoyent,ils  rèfpeuuantoyent,ils  le  prioycnt,ilsle  fiattoyenr.  Se  voyant  doncaffailly  dq 
tant  déport  cït&cpc  fc  pouuant  defpeftrer  bonnement  de  leurs  lâqs,il  lespriadé  mettre 
ïçu  .  s  raiibns  par  efcrit,&  qu'il  leur  refpondroitauflî  par  eferit. 

V  m  db£reurLegifte  entre  autres  pria  que  cefte  charge  luy  fuft  donnee,de  refpondrc. 
Ce  docteur  auoit  nom  Martin?&  eftoit  de  la  facture  de  l'eucfquc  de  Vvinccftre  ,  ayant 
cire*  fort  inftruit  en  fon  efcole  à  tromper  &  deceuoir:hommcau  demeurant  d'auez  bon 
efpric  entre  les  Papiftes,s'il  euft  voulu  employer  les  grâces  qu'il  auoir,  à  défendre  la  vé- 
rité &c  droiture, plu  ftoft  que  s  accômodcr  a  vilaines  Saterics  :  ou  s'il  fe  ruft  modeftemec 
contenu  en  fes  bornes,dedanslefquellesfaprofeu1onrauoitb'mité>&  qu'il  ne  fe  ruft  in 
géré  plus  auant  que  fa  vocation  le  portoit.  Tout  ainfi  qu'en  celail  fe  raonftra  plus  im- 
pudent mainteneur  que  prudent  Theologiemauffi  il  acquit  plus  de  deshonneur  à  foy- 
mefmé,  que  de  profit  aux  aucresr&fufcita  beaucoup  plus  de  riotes  oifiuesenl'Eglife, 
que  d'édification  necefFaire.  Cela  fut  affezdeclaré  par  vnpctitliure,lequelluy-mcfmc 
compofacn  langue  vulgaire,lan  m.d.  l  i  i  i  i:parlequelil  efmeut  de  grandes  tragédies 
contre  le  mariage  des  Prcftres.  Ce  gentil  do&eurdonccntraau  combat  contre  Card- 
maker,pour  maintenir  la  Tranffu bftan nation  &:  autres  articles. Cardmakeraufficfcri- 
uit  contre  luy,&:  reprima  fort  dextrement  la  fiere  audace  de  ce  do&cur,luy  remonftrâc 
que  s'il  euft  efté  bien  fagc,il  fe  fuft  contenu  dedans  fes  bornes. 

E  n  cefte  forte  Card  maker  ayant  efté  long  temps  &  par  plufieu rs  fois  pourfu iuy ,  de- 
meura toutefois  confiant  iufques  au  tourmét  de  la  mort  trefcruelle ,  laquelle  il  endura 
peu  apres,au  marché  de  Smythfild  en  la  ville  de  Londres  ,  &  l'endura  autant  paifibie- 
ment  qu'il  auoit  conftamment  maintenu  fa  caufe. 

t  i  an  Vvarcnjreuendeurdemeurantenlavillcdc  Londres  ,  fut  condamné  à  eftrc 
*  bruflé  auec  Cardmakcr,  Quand  tous  deux  furent  paruenus  au  lieu  du  fupplicc, 
Cardmakcr  fut  appelé  à  part  par  les  Efcheuins  de  la  villc,aufquels  il  tint  fi  long  propos 
que  Vvaren  eut  loifîr  d'acheuer  fon  oraifon,&  de  fcdefpouillcr  de  fes  habtflcmens,  ÔC 
d  cftre  attaché  a  u  pofteau:&  finalement  toiy  ce  qui  eftoit  propre  à  le  brufler  eftoit  déf- 
ia preparé&dcrneura  là  quelque  temps  à  attendre  que  le  feu  fuft  mis  dedans  le  bois  du 
quel  il  eftoit  enuironnné.  Durant  le  temps  que  Cardmaker  fut  retenu  parlant  aux  Ef- 

cheuins, 


Récit  iKifioire,  j*j 

cheuins  Je  peuple  eftoit  en  grand  (ointe  crainte:car  ilsfauoycnt  auparauaot  ouy  mur- 
murer ie  ne  fay  quoy  de  la  rétractation  de  Cardmaker&  eftans  amenez  à  quelque  fôup* 
çon  »  ils  n'attendoyent  autre  chofefinonqu'iceluy  fuft  contreint  de  fe  defdire  auprès 
des  cendres  de  Vvarcn.mais  après  que  les  propos  furentachcuez  :  CardmakerlaùTanc 
les  Efclieuins-s'en  vint  au  lieu  où  fon  compagnon  eftoit  défia  attaché.  &  eftant  encores 
veftu  des  habillcmens  qu'il  auoit  lors,fc  mit  incontinct  à  genoux,&  pria  lôg  téps  à  parc 
foy,fanseltre  ouy  des  autres»Et  cela  encore  augmeta  la  foupçon  dupeuple,d'autatqu'é 
premier  lieu  ileftoit  encore  veftUi&qu'ilprioittacitemét:&dauâtage  qu'il  ne  môftroic 
aucû  ligne  qu'il  vouluft  faire  quelq  exhortatiÔ.bref,Cardmakcr  eftoit  en  vn  eftat  dou- 
teux &  tort  dangereux. On  luy  donnoit  encoreliberté  de  le  defdire.  S'il  refufoit  la  con- 
dition qui  luy  eftoit  offerte  au  no  de  la  Roine,il  voyoit  la  mort  prefente  deuant  fesyeux 
&c  la  chofe  ne  pouuoiteftre  difteree.il  n'auoit  pas  loifir  défaire  longues  délibérations. 
Des  deux  parts  on  attendoit  ce  qu'il  reipondroit  &;  feroit  II  voyoit  Je  danger  de  tous  co 
ftez.Je  danger  du  corps  d'viiile  danger  de  lame  d'autre.  Sa  confeience  le  tourmentoit 
d'vncofté:&:  d'autre  part  fon  efprit  eftoit  miferablement agité  pour  l  eftonnemenc  de 
la  mort.Mais  tout  ainfi  qu'il  voyoit  le  danger  des  deux  coftez,auflipreuoyoit-il  leguer- 
donja  vie  Se  la  vi6toire:l'vne  en  ce  monde,qui  eftoit  facile,mais  temporelle:  l'autre  au 
ciel,immorcclle,mais  dangereufe.encore  ce  chois  luy  eftoit  en  liberté  ,  laquelle  il  euft 
voulueflire  des  deux. Les  Efcheuins  luy  auoyent  permis  (  comme  on  le  pouuoit  facile- 
ment coniedurer)dc  choifir  ce  qui  luy  fembleroit  le  meilleurJl  auoit  bien  befoin  du  fc 
cours  prefenc  de  Dieujlequeln'âbandonna  point  ce  poure  homme  en  fa  neceflîté.  Caf 
après  que  Cardmakereutacheuéde  faire  fon  oraifon,il  fe  leuafur  fes  pieds,&  fedefha- 
billaiufques  à  la  chemife  de  fon  bon  gré.&  ayant  fait  cela,  accourut  à  fon  compagnon 
Vvaren  au  lieu  où  il  eftoit  attaché  pour  eftrc  bruflé  ,  &c  tendant  fes  bras  &:  les  mains ,  il 
baifa  le  poftcau,&  donna  la  main  à  Vvarcn,lexhortant  à  prendre  bon  courage:puis  a- 
près  fe  prefenta  alaigrement  &  fans  refiftence  pour  eftre  attaché.Le  peuple  voyant  ce- 
la  contre  toute  fon  attente,fut  autant  reliouy  qu'auparauant  il  auoit  efté  troublé.&  cô- 
mençaàgrandcry,voire  autant  grand  que  iamais  on  ouyt  enfemble  tel  :  &  touscri- 
oyencd'vnemefme  bouche&  con  lentement,  Dieu  foitbenit:Cardmaker,  leSeigneutf 
te  vueille  fortifier: Le  Seigneur  Iefusreçoiue  ton  efprit.  Etlepeuplenecefla  de  con- 
tinuer cette  acclamation  iufques  à  tant  quele  feu  fut  mis,  &  que  tous  deux  eurent  ren- 
du ïefprit  au  Seigneur  en  facrifice  de  bonne  odeur.  Cela  fut  le  dernier  iour  de  May, 
l'an  m. ï> vit. 

O  r  yvaren,  qui  eftoit  bourgeois  de  la  ville  de  Londres,auoit  fait  entière  confefsiô 
de  fa  fpy  le  iour  deuant  qu'il  fut  mcné,ayant  expliqué  en  bref  le  Symbole  des  Apoftres: 
&  auec  cejl  déclara  apertemeht  fon  opinion  touchant  la  doctrine  des  Sacremés»  fepuf 
géant  fuffifamment  contre  la  condamnation  de  fes  aduerfaires. 

RECIT  &Hifloire touchant  certains perfonnages  qui  ont  efte' deterres^en  ce  temps ,  &brusk%jt* 
près  leur  mort. 

Ë  récit  qui  de  prime  face  Semblera  ridicuie,nous  eft  icy  propofé  pour  remarquer 
la  cruautéj,ou  pluftoft  forcenerie  que  les  aduerfaiées  exercent  contre  les  morts: 
enquoy  nous  noterons  qu'il  y  a  diuerfes  efpeces  de  perfecutions  que  Satan  fufeite  au 
cœur  de  fes  fuppoftsjes  mettant  en  inquiétude  &  rage  continuelle  .^"Les  Efpagnois 
en  ce  remps  auoy ent  la  vogue  en  Angleterre ,  a  raifon  du  mariage  de  la  roine  Marie  a- 
uec  Philippe  roy  d'Efpagne.  Il  y  auoit  en  la  ville  de  Londres  vn  nommé  Guillaume 
Toulee,du  nombre  de  ceux  qui  n'oht  autre  moyen  de  viure  que  de  feruir  és  cours  des 
Princcs,ou  és  familles  des  grands. 

Advint  qu'ayat  rencontré  vn  Efpagnol,il  luy  ofta  par  force  fon  argent. Cela  eftoit  Lesiçpii 
vn  forfait  deteftable& énorme  :  &  encore  eftimé  tant  plus  griefde  ce  qu'il  auoit  efté  gnolscaref 
commis  contre  vn  qui  eftoit  du  pays  auquel  la  Roine  portoit  grande  faueur,&:  toute  la  {f  cn  An* 
Cour  auec elle.  Apres  que  la  iuftice  eut  cogneu  du  fait ,  Toulee  conueincu  de  larrecin, 8 
fut  condamné  à  eftre  pendu.on  le  mena  donç  auprès  de  la  croix  de  Charing  pour  eftrc 
exécuté.  Deuant  mourir  il  dit  beaucoup  dechofes  au  peuple,  comme  par  forme  de  re- 
montrance :&  fie  vne  prière  que  les  Anglois  auoyent  accouftumé  de  dire  és  eglifes,  du 


Urne 1IIL 


Thomas  tf aux. 


le  carJi- 

fcii  i'OiUS 

pcrfècutc 
le*  morts. 


L»  femme 
de  Pierre 
Martyr  de- 
icnccc 


temps  du  roy  Edouard,  Que  le  Seigneur  les  deliuraft  des  erreurs  deteftables  de  la  Pa- 
pauté^ de  la  cruelle  tyrannie  de  l' Antechrift  Romain.  Toulee  à  loccafiori  dételle 
priere3tomba  après  fa  mort  en  cefte  tyrannie  dcfbordec  par  tout.  Auffi  toft  que  le  bruit 
eut  efté  ferné,&:paruenuiuiques  aux  oreilles  des  Preftres  &Euefques,felon  leur  cou- 
ftume  ils  rirent  des  bruics  merueilleux:fe  tempefterent  &  prindrent  confeil  qu'il  ne  fai 
loir  endurer  vn  tel  outrage  fait  contre  le  iicgeRomain.  Ayans  aflemblé  Jcur  fynagogue 
comme  pou  r  mettre  chofe  neccllairc  &:  de  grande  importance  fur  le  bureau,on  propo 
l"aiefaitdeToulee:onprendconfeil,on  détermine,  finalementapres  longues  enque- 
ftes,combicn  que  les  opinions  futfent  diuerfes,on  s'arrefta  à  l'opinion  de  ceux  qui  fu- 
rent d'aduis  que  la  faincteté  du  treiïainct  Pere  de  Rome,  quiauoit  efté  ainfi  outragée, 
deuoit  eftre  vengée  par  feu. On  veut  dire  que  le  cardinal  Pol  fut  autheurdeceft  aduis: 
car  tout  ainlî  que  le  Chancelier  Gardiner  &:  l'Euefque  Boner  efeumoyent  leur  rage  co- 
tre les  vifs,fcmblablementlesfulminations  dePol  nefedefployoyétgueresque  contre 
les  moi  ts.U  luy  feul  vouloir  bien  prédre  cefte  charge  particulière^  ne  fauroic-on  dire 
pour  qu  elle  railon  il  faifoit  cela,finon  qu'il  ne  voulojt  pas  eftre  fi  cruel  contre  les  viuans 
(il  auoit  cogneu  la  vérité'  auant  eftre  Cardinal)  que  ces  deux-cy:&  (  peut  eftre  )  penfoic 
par  ce  moyen  maintenir  fa  réputation ,  &  donner  à  en  tendre  comment  il  fauorifoit  au' 
party  des  Papiftes. 

To  v  l  e  e  donc  après  auoir  efté  pendu &:  eftranglé,&  felô la  couftume enterré: par 
ordonnance  des  Euefques  fut  tiré  hors  de  la  folle  en  laquelle  il  auoit  efté  mis.  Et  (ans 
rien  obmettre  de  leur  ftil,le  firent  citer  comme  hérétique^ condamner  à  eftre  brufle1. 
On  attacha  des  breuets  de  citation  aux  portes  du  temple  de  faind  Paul  à  Londrcs.Ec 
comme  ainfi  foit  qu'eftant  ainfi  cité  il  ne  comparuft  point,la  fufpenfion fut  iettee  félon 
la  façon  accouftumee:&:  d'autant  qu'vne  feule  fuipéfion  ne  fuffifoit  pas,on  adiouftaauf 
fi  l'excommunication.  ^"A  près  qu'on  eut  ainfi  gardé  la  forme  Se  iolennrte,  on  apofta 
vn  procureur  qui  deuft  au  lieu  du  mort  refpondre  aux  articles  publiquement  recitez 
en  iugement.  Il  fut  conueincu  comme  hérétique  U  liuré  au  bras  feculier,  aftauoir  aux 
iuges  criminels  de  la  ville  de  Londres.Ils  prindrent  ce  pendu  excom  raunic,conucincti 
&  condamné  comme  heretique,&  le  firent  mettre  fur  vn  tas  de  bois  pour  le  brufler,a- 
fîn  que  la  mémoire  de  ce  fait  en  £uftàiamais:&  que  l'odeur  d'vn  lacrifîce  fi  fouef ,  par*, 
uint  aux  nareaux  du  Pape  leur  feigneur.  ^"Ce  s  chofes  furent  faites  à  Lo  ndres  le  qu*. 
triemedeluindeceft an  m.d.l  v. 

D  £  deux  premiers  homme*  en  renommée  a\5&we&pieté:ai^^ 
Pierre  Martyr,deterrez  âpre»  leur  mort. 

A  meime  foudre  de  ce  cardinal  Pol  pénétra  iufques  aux  os  d'autres  perfon» 
nagesdememoire&renômeebié-heureufeiaftauoirsMA  ktinBvcir, 
^PaviFagivs  ,profe(Teurs  des  fainctes  lettres  en  rvniuerfite'deCahi- 
_  brige:où  ils  eftoyent  décédez quafi  d'vn  meime  temps  l'vn  apresTautrc.  Ils 
furent  déterrez,  &:  de  pareille  folennité,  que  le  précèdent,  condamnez.&cequi  fus 
trouué  de  1  eu  rs  os,fut  bruflé  &C  réduit  en  cendres,enuiron  deux  ans  après  leur  tf  efpas.  ^ 
E  t  afin  que  ceC  ardinal  ne  faillift  à  donner  auffi  quelque  mémorial  de  fa  fidélité  en- 
uersle  nege  Romain(comme  Légat  fouuerain  dudit)  en  l'autre  vniuerfitéd'Angleter- 
rc,qui  eft  Oxford,il  mit  en  exécution  vne  chofe  femblable,fauf  que  par  faute  d'vn  tteC- 
pafle  de  renom,il  fît  déterrer  &c  brufler  en  ladite  ville  lafemme  de  PierreMartyr(lequeI 
eftoit  efchappé  d'Angleterre  après  auoir  efté  profefTeur  en  Théologie  en  ladite  vniuer 
fité)fem  m  e  de  bonne  &c  fain&e  renommee:&  ce  qu'on  trouua  de  fon  corps  fut  par  op- 
probre ietté  fur  vn  fumier  prefque  trois  ans  après  fa  mort. 


M.DXV. 


THOMAS  HAVX,^, 

C  E  S  T  exemple  s'adreffe  à  ceux  part  iculiercment  qui  ont  eu  ce  priuilcge  d'auoir  efté  inftruits  des  leur  ieuneûc  en  la  pure  de» 
étrine  de  Dieutcar  Hauxs'eft  tellement  porté  cala  fleur  defon  aage.cju'u  n'a  pas  fait  grâd  conte  de  fa  vie  au  regard  de  ladite  do 
£trine:&  eft  tellement  mon  qu'il  a  monftré  qu'en  icelle  il  efperoit  trouuer  la  vie.    Il  y  a  des  chofes  oompareiÙes  i  coefiderer. 

N  T  R  E  plufieurs  excellens  perfonnages  qui  moururent  au  mois  de 
Iuin,il  y  eut  vn  ieune  homme  nommé  Thomas  Haux,qui  rendit  cefte  perfe 
cution  illuftre.Il  eftoit  du  pays  d  EiTexie,nTu  d'vnc  famille  honnefte,  dé  po- 
ble  race,&  fuyuant  laCour,&:dés  fon  entance  itourry  en  délices  &  aboftdan 

ce. 


Thomas  H  aux.  $23 

ce.  Ileftoit  beau decorps&deftaturc,& orne' degraces  extérieures .  mais  ilauoit  vne 
vertu  qui  furmontoit  tout  cela,  a/Tauoir  vne  rôdeur  Ôc  affection  à  la  vraye  Religion, voi- 
re  telle,qu  a  peine  y  en  a-il  en  telle  ieunefle  qui  fe  foie  maintenu  plus  fagemêt  en  fa  cau- 
fe,ne  plus  honneftemon  t  en  fa  vie,ne  plus  conftamment  en  la  moi  t.^  Ayant  cômencé  à 
future  la  Cour,  il  fut  au  feruice  du  côced'Oxone  affezjong  téps.agreablc  à  tous  en  celte 
famille  tant  quele  roy  Edouard  vefquit,&que  la  vertu  auoit  iieu:mais  après  la  mort  du- 
dit  Roy,la  Religion  ettat  renuerfec,  la  crainte  de  Dieu  nô  (eulemét  refroidie,  mais  auffi 
expofee  aux  dangers,  Haux  changea  de  lieu  abandonnant  laCour>$£  fe  retira  chezi'oy,  JJjJJîgjJ 
afin  de  librement  iouyr  de  fa  confciencc,&  s'adonner  au  feruice  de  Dieu.  Cependant  cour, 
qu'il  cftoit  en  repos  en  fa  maifon ,  vn  fils  luy  nafquit ,  duquel  il  auoit  délia  1 1  îrferé  le  jia- 
ptefme  lefpace  de  trois  fepmaines.pourautât  qu'il  ne  vouloir  foufïrir  que  fon  enrâc  fuit 
baptifé  àla  façon  des  Papiftcs.Les  aduerfaires  ne  pouuans  endurer  cela,  firent  tant  que 
premièrement  il  fut  mené  au  conte  d'Oxone,&  aceufé  de  mefprifer  les  tacrem  t  ns  de  1- 
eglife,&  le  baptefme  principalement*  Ce  Conte  renuoya  toute  la  caufe  &  l'hom  me  a- 
uec lettres  fi£  vn  meflager  à  l'cuefque  Boner.  L'Eucfque  retint  quelque  temps  Haux  en 
fa  famille,  auec  lequel  il  eut  beaucoup  depropos,&:  l'eiTayaen  plufieurs  fortes  :  mais 
voyant  qu'il  n'y  auoit  plus  d'efoerance  de  le  deftourner  de  fon  opinion, n'admettant  au- 
cune condition  qui  fuil  au  deuduantage  de  fa  confeience ,  le  fit  mettre  en  laprifon  de 
Vveftmonftier. 

Ma  i  s'auant  que  procéder  plus  outre  en  l'hiftoire,notons  les  pourfuites  &c  inftanecs 
que  fit  ce  Boner  cotre  Haux,  qui  ont  efté  eferites  par  luy-mefme:  &L  depuis  traduites  co- 
rne s'enfuit  :  Le  x  x  i  i  i  i  .  de  Iuin,  l'an  m  .  d  .  l  i  1 1 1 ,  le  conte  d'Oxone  me  donna  en 
garde  àvn  fien  feruitcur,  pour  me  mener  à  Boner  euelque  de  Lôdres ,  auec  lettres  qu'il 
luy  efcriuoit  »  en  cefte  fubftance  : 

Rbverik©  perc  en  Chrift,  ie  vous  enuoye  vn  certain  Thomas  Haux ,  qui  a  gardé  ^^q. 
vn  fien  enfant  en  la  conté  d*Eflexie  par  trois  feprnames  fans  le  faire  baptizer.Enquis  fur  xoneàBo. 
ce  faicï,  il  refpond  qu'il  ne  fera  point  bàptizer  fon  fils  félon  la  façon  qui  eft  auiourdhuy  nef* 
receuè  en  l'eglifc.  Et  pourtant  nous  auons  procuré  de  le  vous  enuoyer,  afin  que  vous  en 
ordonniez  de  luy  félon  voftre  prudence.    ^  Apres  que  l'Euefque  eut  receu  ces  lettres, 
fit  qu'il  les  eut  leucs,il  me  les  bailla:ayant  ku  le  contenu,  ief>enfay  en  moy-mefme,  que 
ce  ne  feroit  pas  bien  mon  auantage  que  leiugemét  du  fai&fuft  commis  à  ceft  euefque. 
Boner  me  demanda,  Quelle  fantafie  m  auoit  prins  de  tenir  mon  fils  fi  long  temps  en 
ma  maifon  fans  le  faire  baptizer,    R.  Pource  qu'il  nous  eft  commandé  ne  rien  rece- 
uoir  contre  la  fainetc  ordonnance  delà  parollc  de  Dieu.    D.  Maisquoy?  Le  Baptcf- 
me  a  efté  inftitué  par  la  parolle  &  ordonnance  du  Seigneur.    R.    le  ne  mcfpriie  pas 
l'inftitution  du  baptefme,  veu  que  c'eft  la  chofe  que  ie  deba  principalement^  requier 
de  vous  fur  tout.    D.  Que  rcprouues-tu  donc?    R.  Toutes  les  chofes  qui  ont  efté  ad- 
iouftees  d'ailleurs  par  leshom  mes,  outre  l'ordonnance  diuine.    D.    Qui  font-elles? 
R.  L'huyleje  chrcfme,lefel,lc  crachat,  le  cierge,  I'exorcifme  ou  coniuration  de  l'eau,  te*  chofes 
&  autres  chofes  fèmblàbles.  D.  Reietteras-tu  les  chofes  lefquelles  tout  le  monde  6c  2*^^ 
tespredeceffeursontpar  leur  authorité fit  d'vn  fi  grand  confentementapprouueesiuf-  me. 
ques  à  cefte  heure  en  l'eglife,&:  nous  ont  efté  données  corn  me  de  main  en  main?  R.  le 
ne  fay  que  mes  anceftres  ont  fait ,  ne  ce  que  tou  tle  monde  a  ordonné:  mais  c'eft  à  nou  s 
d'acquiefeer  à  tout  ce  que  Iefus  Chrift  a  commandée  ordonné.    D.  L'eglife  catholi- 
que l'a  ainfienleigné.    R.   L'Eglife  catholique  eft  la  congrégation  des  fidèles  difper- 
fez  par  tout  le  monde,  don  tle  chef  eft  Iefus  Chrift.    D.    N  as-tu  point  leu  comme 
Iefus  Chrift  promet  en  fainct  Iean  de  bailler  fon  Efprit  confolatcur  àfes  fidèles  pour 
lesenfeigner,&  mener  en  toute  vérité*    R.  le  le  confeiîc,  à  cefte  fin  qu'il  enfeignaft 
toute  vérité  accordante  àla  parollede  Dieu,&  non  les  ordonnances  &  traditions  des 
hommes.  D.  le  voy  bien  que  tu  es  du  nombre  de  ceux  qui  ne  peuuent  rienfouffrirou 
admettre  en  l'Eglife ,  que  les  Efcritures  feulement.  Et  certes  il  y  en  a  beaucoup  de  tels 
en  ton  pays,qui  font  de  cefte  faction.    Ne  cognois-tu  point  Knygth  &  Piggot  qui  font  Knygth  & 
detonpays?  R.  le  cognoy  bien  Knygth:  mais  ie  ne  cognoy  point  l'autre.    D.  I'auoye  l%èot- 
bien  penfé  que  tu  auois  acquis  cognoiflance&  familiarité  auec  telle  manière  de  gens, 
qui  font  de  ta  focieté  àc  manière  deviure:  &  cela  aufij  eft  afifez  déclaré  par  le  iuge 
ment  fit  opinion  que  tu  as  des  Efcritures.    Dy-moy  quels  prefeheurs  vous  auez  là  en 

II 


Thomas  H  aux. 


EfTexie.  R.  le  n'en  fay  point.  D.  Entre  autres  ne  cognois  tu  pas  vn  nommé  Baget?  R. 
Ielecognoy  bien.  D.  Lecognoiftrois-tufitulevoyois?  R.  Ouy,commeie  penfe.  Ba- 
feaget.  g  e  t  euoqué enua fui fes entrefaites, auquel Tcuefquc  Boncr  dit,  Bagct,  cognois-tu 
ceft  homme  de  bienr  Bagct  refpondir,  le  le  cognoy.Et  quant  &  quant  nous  donnafmes 
la  main  l'vn  àl'autre.Sui-  ce Bonerluy demanda, Qu'endis  tu Baget.? ce ruftre-cyàvn 
entant  qu'il  garde  en  fa  maifon  fans  lé  taire  baptizer.Et  perfifte  en  l'on  opinion,  qu'il  ne 
feroitadminiftrerle  Baptefme  à  fon  fils  félon  la  façon  que  le  Baptefme  eft  auiourdhuy 
adminiftré.  Dy-moy  ton  opinion  fur  celar  Baget,  à  la  façon  de  Cour  luy  rcfpôdit,  Mon- 
fieurlcreuerendjienaynenàdirefurcela.  Bonerfafché  luy  dit,  Tu  ne  veux  doc  rien 
dire  rietrouueray  bien  le  moyen  pour  te  faire  déclarer  Ci  cefte  façon  &  cérémonie  du 
facrement  du  Baptefme,  qui  cft  en  i'cglife,eft  louable  ou  non.  Baget  infifta,Monlïeur  ie 
vous  prie  nvfez  point  de  rigueur  enuers  moy.  il  a  de  l'aage,qu'il  refpondc  pour  foy.  Bo- 
ner  appela  vn  officier,&:  luy  dit,  Fay-moy  venir  le  portier.Ie  te  feray  donner  des  fouliers 
de  bois,&  ferrer  eftroitement  en  pnfon,&  n'auras  que  çlupain  à  manger,  &:  de  l'eau  à 
boire.ie  voy  bien  que  ie  t  ay  par  trop  cfpargné  iufques  à  prêtent. 

To  s  t  après rEuefqueiè  retira  aux  iardins, où  il  s'affiti fie  commanda  qu'on  Juyfiffc 
venir  Baget  ,auec  lequel  aulÏÏ  on  m'appela .  ôc  l'Euefque  commença  à  dire  ainfi ,  Que 
dis-tu  du  Baptefme  lequell'cglife  a  maintenant?  parle  ouuertement:  as-tu  opinion  qu'- 
on en  doyue  vfer  en  l'eglife,ou  non  ?  Refpon-moy  à  cela,  Baget.  B  a  g  .  le  te  penfe  ainfi, 
monfieurlereuerend.  D.  Vrayement tu  mérites  bien  qu'on  tedifè  desiniures  &ou- 
trages.  Fol  que  tu  es,pourquoy  n'as-tu  ainfi  parlé  dés  le  corn  mencement?  car  tu  âs  bief- 
fé  auparauant  la  continence  de  ce  poure  homme  ignorant,  par  ta  folle  refpôfe.  Et  tour- 
nant ton  propos  à  Haux,dit ,  Tu  vois  bien  que  ceft  homme-cy  retourne  à  fôn  bon  fens, 
H  a  v  x  .Ma  foy  n'eft  point  appuyée  fur  ceft  homme-cy,ne  fur  vous,monûeur,ne  fur  hô- 
H<br.  u.ij.  me  qui  foit  au  monde  :  mais  elle  eft  fondée  fur  vn  feul  Iefus  Chrift ,  authetir  &c  confom- 
mateurdenoftrefoy.  D.  Iecognoy  que  tu  es  rebelle  ôid'vn  cceurobftiné .  parquoy  il 
nous  faut  trouuervn  autre  moyen  pour  te  faire  flefehir.  R.  Ié  fuis  defîa  réfolu  &  preft 
d'endurer  tout  ce  qu'on  ordonnera  contre  moy. 

S  v  r  ces  entrefaites  on  s'en  alla  difner.  De  moy ,  ie  fu  mis  à  la  table  du  maiflrc  dlio- 
ftel:&  après  qu'on  eut  acheué  de  difner,  les  Preftres&  autres  eftafiers  de  l'Euefque  c5- 
mencerent  à  mettre  des  propos  en  auant  d'vn  cofté  Se  d  autre.Entre  autres  il  y  auoic  vn 
Vj  du  colîc  PrinciPâl  du  collège  d'Oxfordiparét  bien  prochain  de  l'Euefque,  qui  difoitquei  eftoye 
gcd'Eurypii  curieux  plus  qu'il  n'eftoit  debefoimfis  ten'oit  ce  propos:  Vous  autres  ne  pouuez  rie  ifouf- 
frirque  ce  beau  liure  diuimainfiappeloit-il  le  nouueauTeftament.  Haux  îûy  dit , Ne 
penfez-vouspasquece  liure  fuffifeàfalut?l€eluy  dit,  le  penfe  bien  qu'il  fuffit  afalut, 
non  pas  à  inftru&ion.  R.  le  dcfîre  que  ce  falut  m'aduienne  :  &c  quant  à  c:  fte  inftru- 
ûion,gardez-la  pour  vous.  ^"Cependant  que  nous  tenions  ces  propos ,  l'Euefque  fur- 
uint.  Bo  n  e  r»  Mais  quoy?nc  t'auoy'-ie pas  défendu  de  parler  à  perfonne?  R.  le  vous  a~ 
uoye  auffiprié  de  mon  cofté ,  que  nul  de  vos  docteurs  ou  feruiteurs  ne  me  prouoquaft  à 
refpondre?  ^De  là  nous  fufmes  derechef  menez  au  iardin  :  où  l'Euefque  commença  à 
parler  en  cefte  façon:Que  dis-tufPermettras-tu  point  que  ton  fils  foit  receu  au  Baptef- 
me félon  le  formulaire  du  liure  qui  eflpit  en  vfage  du  temps  du  roy  Edouard  fixième?R« 
Certes  ie  le  defire  grandement  &:  de  toute  mon  affection.  3  o .  le  l'ay  bien  penfé  ainfi: 
mais  voicy  tu  as  maintenant  vn  mefme  formulaire  de  faicr.  La  forme  &:  fubftancedela 
vérité  Ceft,  AunomduPere&duFils,&:dufàinctEfprit.  Ceque  mefmeie  neniepas 
eftre  afTezcn  temps  de  neceflïté.  Or  afin  qu'il  nefemble  que  nousncvueillions  rien 
faire  pour  toy,tu  pourras  demeurer  en  ma  maifon ,  s'il  te  femble  bon:  8c  cependant  ton 
enfant  fera  baptifé  fans  ton  feu.  R.  Si  l'eufTe  voulu  accepter  cefte  condition ,  il  n'eftoit 
befoin  qu'on  m'amenaft  icy.car  cefte  mefme  condition  m'a  efté  offerte  premièrement 
chczle conte d'Oxone.  Boner.  Tuesplusaudacieuxquetonaageneporte:&:ilfe 
peut  bien  faire*  que  quelque  opinion  de  réputation  te  meine,  afin  que  tu  acquières  lou- 
ange. Ne  penfes-tu  pas  qu'il  foit  en  la  ptnffance  de  la  Roine  Se  de  moy ,  de  commander 
que  cela  foit  fait,encore  que  tu  y  contredifes?  H  a  v  x  .le  ne  deba  point  maintenant  que 
peut  valoir  l'authorité  de  la  Roine  ou  la  voftrermais  entât  que  touche  ma  confeienec» 
i'efpere  qu'elle  demeurera  ferme.&  immuable. B  b  ,Tu  es  vn  ieune  home  mcrueilleufe- 
metopiniaftre.il  faut  q  ie  t  aye  par  vn  autre  moyen.  H.  Vo9&c  moy  fômes  en  la  main  de 
Dieu,moyénant  fa  bôté  Se  grâce:  ie  foufFriray  patiement  tout  ce  que  bon  luy  femblera. 

Bon. 


Thomas  H  aux.  3  24- 

B  o .  Quelque  opinion  que  tu  ayes  de  cecy  en  ton  cœur,  ie  ne  veux  point  que  tu  en  Ton- 
nes vn  feul  mot  dcuant  moy.    En  celle  forte  le  propos  fut  rompu ,  &C  chacun  fc  retira. 
Cependant  l'Euefque  m  ayant  fait  venir  en  fa  chapelle,  me  dit ,  Haux ,  ie  voy  que  tu  es 
beau  ieune  homme,  à  qui  Dieu  a  diftribué  de  fes  grâces .  i'ay  telle  afFc&ion  enuers  toy, 
que  voudroye  te  faire  plaihr  en  toutes  fortes.  Tu  fais  que  ie  f  uis  ton  pafteur ,  &  qu'il  me 
faudra  rendre  conte  du  ialut  de  ton  amedeuant  le  luge  fouuei  ain,  fi  tu  n'es  purement 
inftruit  &:  comme  il  appartient.  H  a  .  Ce  conte  que  vous  aurez  à  rendre  ne  fera  pas  que 
iedemeureimpuny  quand  ïeferay  quelque  faute.  Parquoy  iciuisrefolude  perfcuerer 
hifques  à  la  mort  en  ce  que  i'ay  dit, moyennant  l'aide  de  mon  Dieu:  &t  n  y  a  créature  qui 
medeftourne  démon  propos.  Bon.  Haux,nedy  point  cela»,  &  ne  le  mets  point  en  ta 
fantafie.  Ne  fais-tu  pas  que  Iefus  Chrift  enuoya  deux  hommes  en  fa  vigne:  &l'vn  dit  Mattli  u  is 
qu'il  iroif  ,&  toutefois  n'y  alla  point.  Ha.  Le  dernier  y  alla.  Bon.  Fay  le  femblable.& 
de  moy,  ie  te  veux  traiter  aimablement.  Que  veux-tu  direfll  eft  efcrit,  le  fuis  le  pain  de  fc 
vie:&  le  pain  que  ie  bailleray,  c'eft  ma  chair,  laquelle  ie  bailleray  pour  la  vie  du  monde. 
Qui  mangera  ma  chair  &  boira  mon  fang,demeure  en  moy,&:  moy  en  luy,  &:  aura  la  vie 
eternellei  Ne  crois-tu  pas  ces  chofes  eftre  vrayes?  H  a  .  Ouy  biemcomme  de  fait  il  nous 
fau  t  nçceflairement  adioufter  foy  aux  parolies  de  l'Efcriture.  B  o .  le  n'ay  donc  point  de 
peur  que  tu  ne  fois  pur  fie  entier  en  la  foy  du  Sacrement.  Ha.  Monfieur,ie  vous  prie  de 
ne  mettre  aqtrechofe  en  auanr,n  en  d'autres  queftions  que  celles  defquelles  on  m'ac- 
eufe.  Bo  n  ;  Allons  maintenant  ouyrvefbrcs.    Et  l'Euefque  voyant  que  ie  tournoyé  le 
dos,  ô£que  ie  fortoye  de  la  chapelle,me  dit,  Commet,  pourquoy  n  affilieras  tu  pas  à  ve- 
fpresaueenous?  Ha.  Pource  qu'il  n  eft  expédient  à  édification  &sfalutque  faille  ouyr 
ce  que  ien'enten  point.  Bo.  Mais  quoy?  Tu  pourras  cependant  prier  fecrettement  à 
part.Q^elslrares  as-tu?  H  A.LenoriueauTeftament,lesPrôuérbesde  Salomon, &c  le 
Pfautier.  Bo.  Mais  tu  pourras  prendre  des  prières  du  Pfautier.  Ha.  Ien'ay  point  affe- 
ction de  prierencelieu-Ia  ou  vn  autre  femblable.  Alors  vn  de  fes  preftres  dit ,  Qu*ils'- 
cn  aillc-Jl  ne  fera  point  participant  auec  nous.  H  a  .  Pour  celle  raifon  mefme  m'eftime- 
ie  plus  heureux,  quand  ieferay  bien  loin  de  vous.  Et  pourtant  ië  defeendy  de  ceft  ora- 
toireou  chapelle,  &  m'en  allay  pourmener  au  paruis  au  dehors,  qui  eftoit  entre  la  cha- 
pelle 8£  la  fait.    Bien  toft  après  ils  acheuerent  leurs  vefpres ,  &c  l'Euefque  me  mena  en 
vnechambrefecrette  auectrois  preftres,  &c  commença  à  m'interroguer  derechef  ti- 
rant, Ne  te  fouuient-il  point  du  dernier  propos  que  i'ay  eu  auec  toy  touchant  fe  Sacre- 
ment, quand  tu  me  requerojs  que  ie  ne  preflaffe point  ta  confeience  plus  auant  que  les 
chofes  defquelles  tu  es  aceufe?  H  a  v  x .  Fefpere  que  vous  ne  ferez  pas  iuge  &c  partie  co- 
tre moy.  B  o .  Ceft  cela:mais  tu  me  refpondras  du  facrement  de  l'autel ,  du  Baptcfme, 
du  Mariage,&:  de  Pénitence.  Premièrement  en  ce  qui  touche  le  facrement  de  l'autel,il 
femblequetuy  es a/Tez pu r&: entier.  H.  Qu'appelez-vous  facremét  del'autel?Demoy 
iené  cognoy  point  vn  tel  facremét.  B.  Et  bien  bien,nous  donnerôs  bien  ordre  que  tu  le 
fauras,&  quetuyadioufterasfoyauatquetû  partesd'icy.  H.  Vous  ne  le  pourrez  jamais 
faire,moyénant  la  gtacc  de  Dieu.  B.  Mais  les  fagots  le  feront  faire.  H  a  .  le  ne  me  fbucie 
point  de  tous  vos  fagots.vous  ne  me  ferez  non  plus  qu'il  femblera  bon  à  Ja  volonté  Di- 
uine.  B.Ne  crois-tu  pas  qu'en  ce  trefTainct  facremét  de  l'autel  le  pain  n'y  demeure  plus 
pain  après  les  parolies  de  confecratiomains  que  feulemet  y  demeure  le  vray  corps  &:  le 
vray  fang  de  Iefus  Chrift?(&  en  difat  cela  il  ofta  fon  bônet).  H.  le  ci  oy  tout  ce  que  Iefus 
Chnf|  a  exprimé  par  fafain&e  parolle.B.Mais  IefusChrift  nous  enfeignant  par  fa  parol- 
le,n'a-il  pas  dit  ainfi,  Prenez  mâgez,cecy  eft  mon  corps?  H  a  .  le  côfeflê  que  ces  parolies 
font  deChtrift'.toutefois  il  ne  s'enfuit  pas  de  cela  que  voftre  facremét  de  l'autel  foit  ainfi. 
&  de  fait  IefusChrift  ne  l'a  iamais  ainfi  môftré  de  loin  au  peuple  par  defllis  la  tcfte,&:n'a 
rié  enfeigné  de  tout  ce  qu'auez  en  vfage.  B.  Toutefois  l'eglife  catholique  l'a  ainli  enfei- 
gné. H.  Les  Apoftres  qui  ont  efté  les  Docteurs  de  la  première  Eglife,ne  lot  pas  ainfi  en- 
feigné. B.  Quelle  raifon  as-tu  pour  môftrer  qu'ils  n'ont  pas  ainli  enfeigné?  H.  Lifez  le  i. 
&  zo.  chap.des  Actes  des  Apoftres.  S.  Pierre  fie  faincl  Paul  n'ont  iamais  inftruit  les  Egli- 
(es  de  cefte  façô.  B.  Ce  ruftre-cy  ne  reçoit  rie  en  l'eglife,finô  ce  cnii  eft  côtenu  feulemet 
en  l'Efcriture^ce  que  Iefus  Chrift  a  laiffé  nuemët.H.Ie  n'adioufteroyc  poît  foy  à  celuy 
qui  m'éfeigneroit  d'vne  autre  façô  que  Chrift  luy-mefme  nem'a  enfeigné.  B.  Il  faut  doc  , 
que  vous  aurres  faciez  laCene  auec  vn  agnèàa,s'il  ne  faut  rién  receuoir  finô  félon  finfti 
tutioa  de  Iefus  Chrift.  H  a  .  Cela  n  eft  point  neceilàire:  car  quand  la  Cene  a  efté  intre 


L  imc^IIIL  Thomas  H  aux. 

duitc,quanr&  quant  les  cérémonies  de  la  Loy  ancienne  ont  efté  abolies.  Bo.  Pourc 
homme  que  tu  es,  ne  fçais-tu  d'où  la  Cene  a  eu  fon  origine  première,  ou  d'où  eft  procc- 
dee  l'inftitucion  d'icclle?  H  a  .le  voudroyc  bien  que  vous  me  fiffiez  plus  fauarit  queie  ne 
fuis.  Bo .  Et  nous  délirerions  volontiers  de  remédier  à  ton  ignorance ,  pourueu  que  tu 
te  rendides  docile  .H  a  .Quant  à  moy,  fi  vous  ne  m  enseignez chofes  meilleures  ou  plus 
pures  par  la  parolle  de  Dieu,  vous  ne  ferez  iamais  queie  vous  adiouftefoy ,  encore  que 
vous  raciez  cous  vos  efforts.  ^  L'Euefque  fut  cela  foufriant  àfcsefta/îers  de  Preftrcs, 
dit,  Iefus,  Iefus,  quel  homme  ignorant &opiniaftre  nous  auonsicy  !  Ces  chofes  fe  fai- 
ioyent  en  fa  chambre  fecrette.  Or  il  parla  derechef  à  moy  en  cefte  forte ,  Defccnaprcs 
moy,&:  demande  à  boirexar  il  eft  auiourdhuyiourdeieufne,  a/fauoir  la  veille  de  la  fe- 
fte  Carnet  IcanBaptifte:  mais  iepenfe  que  vous-autrrtne  tenez  conte  deieufnernc 
de  faire  orailon.  Ha.  I'approuueoc  les  ieufnes&lesoraifons, félon  que  l'vn&rautre 
eft  infticue  par  la  parolle  de  Dieu.  Sur  cela  nous  mifmes  fin  au  propos  de  ce  îour. 

LE  lendemain  qui  eftoic  Dimanche,  Bonerfedifpofa  pour  aller  à  Londres:  car  cc- 
Xok le  iour  folcnnel  auquel Feknam  deuoit  eftre  inftallé  Doyen  de4a  grande egli- 
fuiiam  cû  jc  icdemeuray  cependant  à  la  maifon  de  BoneràFullam  :  où  eftant  requis  par  les ler- 
pr«de  Lwî  uiteurs  d'aller  à  la  Meife,  ie  dy  que  ie  nele  feroyepas,&  vfay  de  cefte  mefme  exeufeen- 
uers  eux  que  i  auoye  fait  parauant  vers l'Euefque:  lequel  furie  tard arriua  de  Londres. 
Le  Lundy  fuyuant,  il  commanda  que  vinife  vers  luy  au  plus  macin ,  eftant  accompagne 
de  Harpsfild  Archediacre  de  Lôdres:  auquel  Boner  dit ,  Voicy  l'homme  duquel  ie  vous 
auoye  parlé, qui  ne  veut  point  que  fon  filsfoit  baptizé,&nepeut  endureraucunece- 
remonie.  Harps.  Comment,  mon  amy,IefusChriû  n'a-il  pas  luy-mefme  vfé  dece- 
remonies,quand  ayant  fait  de  la  boue  de  la  poudre  de  la  terre  &:  de  la  faliue,il  en  mit  Au: 
lcsyeuxdel'aueugle?  Ha.  Ielcfay&confefle  qu'il  eft  ainfhmaisnousnelifonspasqu'il 
ait  fait  cela  au  Baptehne.  Que  fi  nous  voulons  vfer  de  cérémonies  à  l'exemple  de  lelîis 
Chrift,  ie  dy  que  cela  fe  doit  faire  pour  la  mefme  fin  qu'il  le  faifoit  ,&  non  autrement. 
Ha  r  p  s.  Et  que  fera-cefî  l'enfant  meurt  fans  Baptefme?  ne  luy  ferez- vous  pas  caufed- 
vn  grand  mal?  H  a  v  x  *  Et  que  cela  aduint ,  qu'en  fcroit-il  pourtant  ?  Harps.  Vous- 
vous  précipiteriez,  &:  voftre  fils  en  danger  euident  d'eftre  damnéxar  ne  fauez-vous  pas 
bien  que  voftre  fils  eft  engendré  en  péché  originel?  H  a  v  x .  Il  eft  vray.  H  a  r  .  Cornent 
eft-ecque  le  pechéoriginel  eft  effacé?  Ha  v  x.  Parfoy  en  IefusChrift.  Har,  Etcom- 
ment  pourra  le  poure  enfant  auoir  cefte  foy  que  vous  dites  ?  Ha.  Pour  effacer  fon  pé- 
ché originel,  il  n'eft  pas  feulement  queftion  de  l'eau,  mais  la  foy  des  parens  luy  fett  àcc- 
la.  Har.  Par  quel  argument  prouuerez-vous  cela?  Ha.  IeletienderApoftre,quîdil 
i.Cor.7.  die,  L'homme  infidèle  eft  fan&ifié  par  la  femme  fidèle,  &;  au  contraire,  car  autrement 
(dit  -il)  vos  enfansferoyent  immondes,  maintenant  ils  font  fain&s.  Har.  Ëencognoy 
n  uxoic    ^>ien  qui  ne  font  pas  de  voftre  opinion, voirede  vos  plus  gras  piliers  ôddocleurs  d'Oxo- 

Crunmer,  Tt       r-  Vrr    ■  r  ■  cl  j 

R\di<:&    n^-  Ha.  btvousoueuxmepouuezconueincreparlhlcricure,  leluis  prcit  de  me  ren- 

Lacuncr.  geràla  vérité.  ^Lors  Boner  criât,  Defdy-toy,defdy-toy,  il  die:  Neiais-tu  pas  que  Chrift 
a  dit,  Si  vous  n'eftes  baptizez  d'eau ,  vous  ne  pouuez  eftre  fauuez  ?  Ha.  Sauoii-mon, 
monfieur,  fi  la  vraye  Chrcftienréconfifte  en  cérémonies  extérieures?  Bo,.  Ouy  bien  en 
partie:  mais  toy  que  dis  eu  là  deftus?  Ha.  le  vous  rcfpon  félon  les  parolles  de  S.  Pierre, 

i.Pin.3.11.  qUe  ie  Baptefme  nous  fauuemon  point  en  oftant  les  ordures  de  la  chair,  mais  en  ce,  qu'il 
y  aie  atteftation  de  bonne  conlcience  parla  refurre&ion  de  Iefus  Chrift.  Bo.  C'eftak 

De  UMcflp.  fczdecepropos:dy-moy  ce  qu'il  tclemblede  la  Mclfe.  H  a. le  vous  dy  quec'eft  vnc  cha 
fe  abom inable  &  pernicieufe ,  pour  cntorcillcr  les  poures  confeiences  pour  lefquelles 
Iefus  Chrift  eft  morr.  Bo.  Comment?  n'y  a  il  donques  rien  de  bien  ne  de  fai net  en  la 
Meffe?  Que  deuiendra  donc  l'Euangile  &:  l'Epiftre  qu'on  y  chante?  H  a  .  L'Euangile  eft 
bon,l'Epirti  e  eft  bonne:moyennât  que  le  tout  foit  fait  à  telle  fin  &:  vfage  auquel  il  a  efte" 
inftitué  dés  le  commencement.  Bon  e  r.  Premièrement  que  dis-tu  delà  préface  qui 
eftau  commencement  de  laMe/fe,où  lepreftre  le  confeffe:  laquelle  nous  appelons; 

bc  confier,  confitcor  ?  Ha  v  x .  le  dy  quec'eft  vn  b'ialpheme  hérétique,  6c  contraire  à  Iefus  Chrift,' 
d'inuoquer  aucune  créature  de  ce  monde,  ou  fe  fier  en  autre  qu'en  Dicufeul,  Boner. 
Nous  ne  parlons  de  la  confiance,  mais  nous  difons  que  limiocacion  qui  s'y  fait  eft  bon- 
ne &:  faintre.  Quand  tu  viens  à  la  Cour ,  tu  fais  bien  qu'incontinent  on  ne  te  fait  pas 
entrer  en  la  prefence  de  la  maiefté  du  Roy,  ou  de  la  Roine:ains  il  faut  que  1  entrée  vous. 

y  foit 


Thomas  H 'aux* 

y  fojt  faite par  le  moyen  flesgran  s  Seigneurs  &  des  Princes  familiers  de  la  maJcfté.  H  a > 
Yrayement  cecy  eit  bien  contraire  4 ce  que  vousdiûcznagueresi  qu'il  ne  falloir  point 
mettre  Ion  efpoir  ne  Confiance  en  aucune  créature  du  monde?  Et  %n&  Paul  die. 
Comment  evUl  poiriblc  qu'ils  inuoquent  ecluy  auquel  ils  n  ont  iamais  creu?  B  o  n  .  Ne 
feray  ie  point  deuoir  d'homme de  bien,  Q  ie  prie^eft  homme  (monftrant  Karpsfiîd  )  de 
prier  Dieu  pour  mqy.?  H  a  v  x.  Ouy:cela.fcra  bien  fait,  car  la  prière  de  l'homme  iufte 
eft  <jlegrande  efficace  enuers  Dieu,quandcUe  ferait  en  ce  monde,&  pendant  que  nous 
fom-mes  en  vie.  Bon.  Tu  m'accordes  doncques,que  la  prière  du  iufte  eft  vallable  eh^ 
uersDieu.  Ha  v  x.  Voireen  cefte  vie:  mais  après  la  mort>non.  Car  comme  il  efteferic 
çs  Pfeaumes,il  n'y  a  pçrionne  qui  punTe  racheter  fon  frère,  ne  qui  puifle  faire  fa  redem- 
ption^Carla  rançon  de  leurs ames  eftdegrand  prix,  pourles  faire  viurc  immortelle* 
mentJïtEzechiel  dit,  Corn  bien  que  Noe,  Daniel,  lob  habitent  au  milieu  d  eux  :tou-  Eiec^-i^ 
tefois  lesiuftesviurôtenîeuriuftice.LorsrEuc 

(dit-il  )que  c'eft  homme  n'a  befoin  de  noftre  doctrine,  ne  d  aucunesprietes  des  Saincts. 
Qr  ie  ne  vous  tiendray  point  dauantage,& ce  que  ie  vous  ay  faita.ppeffï,  ^yefté  pour 
autre  raiibn,fmon  pour  voir  s'il  pourrotteftre  réduit  par  voftre  moyen.  Pujfsïe  retour- 
nant vers  moy,Orfus(dit-il)le  temps  eft  venu  de  parlera  bon  efeient:  carde  foufkîr 
quenous  (oyons  dauantagefafchezpour  toy,  nousncle  vsniôs  point,  tic  croy  que  quad 
pnt>nroit  fait  ce  qu'il  t'appartient,  nous  ferions  defpefcàcz  d'vu  grand  hérétique . 
H  a  r  a  s .  Ne  lifez- vousautres  liures  que  le  nouueau  Teftamcnt,les  Prpuêr bes  4e  baio- 
mon#  le  Pfautiert  H  a  ▼  x .  Si  vous  m'en  baillez  d'autres  qui  foyen$  de  la  (a.m^e  ^icn- 
turc,&  tels  que  les  fouhaireroye,  ie  lesliray.  H  a  a.  Q  uels  liures  iont-ee?  fi  a  v  #~4-es 
liures  de  i'archcucfquc  de  Canturbie ,  les  fermons  de£arirncr>Je$«:uutes.  de  Hbober, 
les prefehes de Bradf6rd,&f  autres fcmblables conformes àla fainfte  Êteriture,*  Bo,n. 
Àlipn^aJÎQns,  ienten  bien  qu'il  ne  veut  point  d'autres  liures  que  ceux-Ja  jqju'il  entend 
çftre  propres  pour  la  derenfe  de  Ion  hereûe.  Àinfi  ils  me  laùTerent  :  car  Haxps&jd  cftoiç 
houle  &  efperonné ,  &  preft  à  monter  à  cheualpouç  s'en  aller  à  Qxoae,  Etje  tu*eh  re~ 
p ournay  vers  le  portier ,  qui  eftoit  ma  garde .  f  Le  lendemain  vn  petit  vfeilîard  vint 
vers  Boner,  lequel  vieillard  auoit  vn  peu  au  parauant  eitédepolé  defon  Euçique»»  eau-  miSS. 
fe  qu'il s'eftoit  marié:  lequel  apporta  à  î'Eueïquc  pour  prefent  »  des  pommes. &  vn  flaicô 
de  vin.  L'Eaefqucleprintparlaroain&lcmena  aniardin  :oà  B&yaat&fe  appeler, 
luy  <&t  en  ma  prefencc»Ce  ieunc  hotqmea  vn  fils  lequel  il  ne  veut  permettre  eiïre  ba- 
pciz&<  Ha  v  x^  le  ncmpefche  qu'il  ne  foît  baptizé  :  ains  iç  fouhaite»  moyennant  que  ce 
(bis  félon  l'infUtution  que  Chrift  a  laijtïee.  B  q  n  .  Vous  eftes  Vn  grand  for  i  vqusne  fanes 
que  vous  demâdez(ce  qu'iiprofera  de  grande  colerc).Le  vieillard  qui  eftoirlàBd!f,Beau 
'fils*  il  faut  que  vous-vous  monftriezQbehTant  auxeonftitutions  de  f  eglifc,&  imitateut 
de  vos  ancettres.  Bon.  Luy  ?  il  ne  le  fera  ïamais ,  comment?  il  ne  veut  ouyr  ncreceuoir 
autre  choie  que  l'Efcriturclaquelle  il  n'entend  point.  S'itrpiette  toutes  les  cérémonies 
^uifont  en  l'eglifé ,  qu'eft-ce  qu'il  nous  dira  de  l'eau  bénite  ?  a  v  x.  I'endirove$ou$ 
autant  que  i'ay  fait  des  autres  refueries,&  de  leursautheurs.  Bo  n  ïoutesfoisl'Çlteri- 
turerapprouue:  car  ileftefcritaux  hures  des  Rois,  qu'Eîifec  ietta  du  fel  dedans  les 
eaux-  Ha  v  x^  Il  eft  vray.  car  les  enfans  des  Prpphetesfepiaignansà  Elifee  luy  dirent:  4^o»«. 
Nous  te  prions,  voicy  il  fait  bon  habiter  en  cette  ville:  mais  les  eaux  font  mauuaiies. 
aufquels  il  dit ,  Apportez-moy  vn  vaifTeau  neuf,&  mettez-y  du  fel.  Çç  qu'ils  firent: &c 
incontinent  après  furent  rendues  faines  iufques  auiourdhuy ,  félon  îaparollc  qu'Elisée 
auoit  dire.  Scmbiablement  quand  nos  fontaines  deuiendront  mauuaifes&  corrom- 
pues ,  fî  à  l'exemple  dïlifee  vous  les  faites  deuenir  bonnes ,  lors  1  eltimeray  vos  céré- 
monies .  Bon.  Que  diras- tu  du  pain  bénit  ?  car  tu  fais-bien  ce  qui  eft  efcrit  en  llL  j£paio  bom 
uangile,que  Chrift  rafTafia  cinq  mâle  hommes  de  cinq  pains  &  deux  poifTons.  H  a, 
Si  vous  voulez-dire  que  ce  pain-la  fuft  bénit,  il  faut  donc  par  ce  moyenque  vousbailîez 
du  poiffon  bénit  au  peu  pie, 

Bons*.  Voyez  ie  vous  prie ,  que  ce  galand  içy  fait  du  fubtil.  H  a  y  x.  k- 
fusQuriftneiitiamais  ce  miracle,  ne  tant  d'antres  qu'il  aÉMrs,afin  dèles  maiter^s 
feulement  p^ur  monftrer^jue  c'eftojt  de  fa  do&rine,&  poujp induire  le  peuple  à  croire 
en  luy;  Il  eft^bicnvrayqucIefps  mefmee^awiieuroVtcfmoin  que  tous  fidèles  feront 

ïhiik 


Litfro  Thomas  H  aux. 

Mire  der-  de  tels  fignes  &  miracles,difanr,  En  mon  nom  ils  ietteront  les  diaMes  hors  dès  corps:  ils 
oierchap!  parleront  langages  nouueaux  :  &  s'ils  boiuent  quelque  chofe  mortelle,  cîle  he  leur  fera 
aucun  mal.  B  o  n  .  Et  vous  autres,quelles  langues  nouuelles  parlei-Vousîdy-  moy;  Ha. 
Notrt  «fte  le  le  diraytdefgoigeant  iadis  blaiphcmes&:  vilenies  contre  Dieusmaintenaht  àyantfen 
ttipoafc.    t  qUe  c'eft0it  de  TEuangile ,  i'ay  changé  ma  langue,&:  commence  de  parler  tout  autre- 
ment :  c'eft  à  dite,  choies  (ainctcs&:  honneftes,& félon  Dieu.  Bo.  Etcomment  eft-ce 
que  vous  iettez  les  diables  hors  des  corps?  H  a  .  Le  Seigneur  eftant  en  ce  monde  j  ietta 
les  diables  par  la  vertu  de  fa  parolle  -.laquelle  il  nous  a  laiifee  à  ce  que  par  la  mefme  ver- 
tu ,  quiconque  croit  en  luy  iette  femblablement  les  diables  de*  corps.  -B  o .  N'as-tu  ia- 
mais beu  de  poifon,  ou  quelque  autre  chofe  femblable?  H  a.  Icri'ay  beu  que  trop  de  la 
poiibn  des fuperftitions &  cérémonies  de l'cglife  Romaine,pour  lefquelles  vous  batail- 
lez fi  afprement.  Bo.  Maintenant  tu  te  monftresvray  hérétique.  Ha.  Siiefuishcreti- 
Qnec'cft   que,  ie  vous  prie  dites-moy  que  c'eft  qu'Herefîe.  Bo.  Herefieeft  tout  ce  qui  répugne  à 
d'herefici    lado&nnede  Dieu.  Ha.  Si  ie  m'oublie  iufques  là,  de  monftrer  ou  dire  quelque  chofe 
contraire  à  la  doctrine  de  Dieu,  ie  ne  refufe  point  d'eftre  à  bon"  droi&  eftime  hérétique. 
B  o .  le  dy  que  tu  es  hérétique ,  &  te  feray  brufler  û  tu  perfeuercs  eh  tes  opinions,  &  fi  tu 
continues  comme  tu  as  commencé.  Ha.  Icvoudroyeque  vous  me  monftriffiez ,  s'il 
vous  plaifoit,  où  c'eft  que  lefusChrift  ou  aucun  de  fes  A  poftrcs  furent  iamais  caufe  de 
faire  mourir  perionne  pour  le  faicl  de  la  Religion.  Bon.  Ne  les  ont- ils  point  aù  moins 
excotnmuniez&:  bannis  de  lacompagniedel'EgUfe?  Ha.  I'enten  bien  :  mais  il  y  a  fort 
grariî' différence  entre  Excommunier &  Brufler.  Bo  n.  N'aùcz-vousiamais  feues  A- 
ctes,  de  l'homme  &  de  la  femme  lefquels  S.  Pierre  fit  mourir?  Ha.  lime  fouuiCnt  bien 
Aft.j.  s.    de  ce  que  Thiftoire  Euangelique  recite  d'Anan ias  &  Saphira,  lefquels  mentirent  deuac 
le  S.Él prit:  mais  cela  ne  fait  rie  à  noftre  propos  de  la  foy.  Si  vous  voulez  que  houscroyôs 
que  vous  eftes  de  Dieu,  vfez  donc  de  mifericorde  i  car  c'eft  cela  principalement  que  le 
Seigneur  demande  des  fiens.  B  o .  Nous  te  rehdrôs  la  m efme:  mifericorde  quecelle  que 
nous  auons  expérimentée  en  vous  autres,  car  on  m'oftafibientnon  Eaefché^û'ôn  he 
me  lailfa  rien.    L'Euefque  fe  tournant  vers  ceux  qui  cftoyent  à  1  entour  *  leur  dit  qu  il 
me  plaignoit  fort,  &:  qu'il  eftoit  bien  many  de  mon  mcoriuenient:  toutefois  qu'il  ne  fe 
demoit  point  que  quelque  fois  ie  ne  vin/Te  à  me  réduire.  Et  incontinent  il  s'en  alla  dif- 
ner  :  &  ie  m  en  retournay  vers  mon  portier. 

Apres  difneriefuderechefappeléenla  falle:  où  eftant  jfEuelque  pria  ce  vieillard 
qui  luy  auoit  nagueres  apporté  des  prefens,de  me  receuoir  pour  hofte,  U  me  retirer  en 
fa  chambre  ,  pour  prendre  vn  peu  de  peine  après  moy  &  faire  tant  que  ielainaftc  mon 
opiniâftreté.  Nous  obeifmes  tous  deux  à  l*Euefque ,  &  nous  en  allâfmes  en  la  chambre: 
Harcnguc  ou  eftans  venus,  mon  hofte  commença  de  me  tenir  tels  propos,  Vous  eftesieunchom- 
dl  Ha^a  i  me> &  encores  ^e  k°n  aage-.aduifez,ie  vous  prie ,  de  ne  paner  plus  outre  que  la  vie  &  la 
a  aUX     feurté  de  voftre  perfonnene  vous  commande.  Ne  refufez  point  d'apprendre  des  plus 
grans  :  U  fi  me  croyez,  temporifez  pour  quelque  terhps.  Ha.  le  ne  telhporïferay  point 
autrement  que  la  parolle  de  Dieu  me  commande.  Fattendoye  qu'il  me  deuft  répliquée 
quelque  chofe:  mais  le  vieillard  eftant  aftis  en  vne  chaire  &  furprins  de  fommeil,dettint 
tout  muet.  Etvoyantqu'il  s'endormoitainfi,ielelaiflay,&m'ert  rcuins  à  mon  portier. 
Ce  fut  la  dernière  fois  que  ie  le  vy. 

LE  lendemain  Feknam  artiua  :  en  la  prefence  duquel  TEuefque  me  comman- 
da de  venir  en  la  chappelle.  Où  eftant  Feknam  me  dit  à  fa  façon  de  parler,  Vous 
lydcrazna  eftcsdoncquesceluy  qui  mefprifez  toutes  les  cérémonies  de  l'eglife,  Ientert  que  vous 
ne  voulez  pas  iouffrir  que  voftre  fils  foit  baptifé  finon  en  langue  vulgaire,  fi£  fans  cere- 
comiderez  morne.  H  a  .  le  ne  trouue  rien  mauuais,ne  trouueray,qui  nous  ibit  commandé  par  les 
ky  comme  £fcrjtures.  F  e  k  .  Les  cérémonies  doyuentaurlî  eftre  receués  par  authoritéde  î'Efcri- 
roiïuïïue  ture.    N'auez-vous  pas  leu  és  Actes ,  quefainct  Paul  a  autre  fois  portéhabillemens, 
ne  des  gri$  par  jcfqucls  on  guerihoit  les  malades?    H  a  v  x ,  Il  me  fouuient  bien  qu'if  eft  dit  aux 
de  «  mode.  j^cs  j  qUC  £)jeu  faifoit  des  vertus  non  accouftumecs  par  les  mainsde  Paul  ;  tant 
qu'aufîi  on  portoit  les  linges  &C  les  furceints  de  fon  corps  fur  les  malades  :  &  leurs 
maladies  fe  partoyent  d'eux  ,&les  mauuais  efpritsforroycnt  hors.  N  eft-ce  pas  ce  que 
Actes  i9.il.  vous  voulez  dire?    F  e  jc  n  a  m  .  Ouy ,  qute  vous  en  {etribleî  jl  Ha  v  x*.    Ce  pàilàge  n'- 
appartient en  rien  aux  cérémonies:  car  il  y  aainû  au  texte,  Et  Dieu  faifoit  des  ver- 
tus 


Thomas  hfaux.  j 26 

tus  ncoi accoutumées  pari*  s  mains  dcfain&Paùl,&c.  Donc  il  appert  que  les  mala- 
des qui  rccouuroyent  Cahtfc ,  cftoyent  guéris  par  la  feule  vertu  de  Dieu  &:  non  par  ce 
que  vousnommcz  cérémonies.  Fb  kN  am.  que  dites-vous  de  Jatemme  malade  du 
flux  de  (angjacjuelle  toucha  Je  bôrd  delà  robbe  de  Iefus  Chrift  i  aifauoir-morifi  parce- 
lle cérémonie  elle  n'obtint  pas  çc  quelle  demandons  H  À  v  k.  NuHcroeht,'.  car  Ie- 
fus Chfift regardaautoUr de  loV,3c  demadàqui  èftoit  cfcluy  qui  iauoit  fcouchëi  Eàfrinâ:  tucM 4f 
Pierre  iuy  reïpohdit ,  11  y  a  (i  grande  foule  de  peuple  à  l'entour  de  toyj  &^tu  demandes 
auitàtouché7&)e  Seigneur  répliqua,  Quclcuii  a;  a  toucue.  cari aycogyu^wc  vertu 
feftiflue  de  moy.E,t  lors  la  fcmsne,&: c*  Maintenant  ié  voudéoye  bien  que  vous  me  dif- 
iîezieqaej  dés  deuxpcUtaUpirguery  celle femmci  la VcrtuduSeigheur,oule  toucbe- 
0i  ch«  de  larohbe.  F  *  x .  Tous  deux  enfcmble. 

Ha  v  xi  ^isut^on€Parte^*^^on<îue^o4*s  G^iez 'îeftis Chrié  menteur*  car  il  dit  ,  , .  «, 
après»  Va-teftc^paix^tafoycafauuée,  Bot  Qî^onlaiflè  tout  cela,  &  venons  mainte-  qUc<^ndu 
nant au  Safiretjientxe  nc  foiit que  fatras aufqUcls  vous autres  vous amufez»  qui  jîcfof&  Sdcroncht, 
rie»:4p»opos,.r  Fbk.  Vous  dites  vrayimonfieuriOrdoncmonamyjCommententen- 
dex-vous  ce  lieu  pu  il  eft  dit, Iefus  Ghrift  priht  lepain  >ie  rompit,&  dit,Mangci  :  £'cft-cy 
raon  corps?  If  vous  demande  il  ce  qui  eft  là  exprimé  par  pârolles,  n'y  eft  £a$  reàkmeut 
&  de  fai&  Ha  .  Je  ne  le  perifc  point*  Voudrie*-  vous  dire  qu!il  faille  entendre  fimple* 
àhent  toutes  les ,pàr0lles4e  Iefus  Chrifr,&  aiofi  qu'elles  font  propôfces  i  IcfuS  Chrift  sr 
eft  ar* ?elé  Là  fkJftejLa  vigncLa  voye*  &Ci     '  f  Fciçnasn  efirncû  &  prefle  chce  propos 
coupa  parolie  U  dit  »  Nagueres  ie  tombay  en  vn  autre  qui  me  ierioit  tout  tels  propo& 
U  vibir  de  mefmcs  argumens  que  ceftuy-cy.O  poUres  gens  ?  ces  paOàgès  que  Vousalte- 
gu?t.fc  dcfqucls  vous- vous  armez  amti,ne  font  rien  pour  vous,  ains  vous  coUpét  à  tous 
kgorge^fcteispscK  bien,  vous  atm,  vos  autheurs,meffieurs  ies  do&eurs  d'Uionç,  & 
Çnten  L&im&h&ïWtn  vouiez  v  ous  adiomter  iov  à  tels  ruais? 

k'vad'euxa&tf;  viiiiurc^au^usl  il  dit  que  la  prefenec  rcaJe  du  corps  de  Chtift  cftpro- 
|*emeBia«Sa<3&riae&t,  lenelay^u^peuuentauoirfaitparey  deuant ;mamrcfca&c 
ie&y  brèa  ce  ^u#if£fii  pepfent  M  difent.fe  prie  le  Seigneur  qu'iJ  leur  face  la  gracepat  & 
mifericorde*«its^  ,  qu'ils puiûèut  pcrfélJcr(cr4fit3ç« 

mr  î>on  iu&wefa  U  ûû.    ¥t'm   Kidlé  preichant  publiquement  au  temple  de  ,(ain& 
Paul,ofa  bien  affermer  que  le  diable  croyoit  mieux  que  nous  j  &<jucfafoycftoi£Jrttil-  FeKnamac: 
leur e  que linofttèï  Çayil «ettt (dit-il) ^e  Iefus  deconuertu:  cufe*id&' 

lis  pierres  enpaàtu#3ai$  vous  autres  ne  croyez  point  que  le  corps  dè  Chrift  foitau  Sacre 
inent.  Hâ.  Ma  foyU'eft  point  fondeeauxhommes.car  combien  que  tout  lè  monde 
çhangeafcd  opinion^outerois  par  la  grâce  de  Dieu  i  cfpcreray  de  tenir  bon  fiêiic  jp'cf- 
Kranierenaucunc<^sè>fequciefachçcftre  Vcritablei  Bo*  Quèdiricz-vous.ii  qucî- 
Cun  deccnxJachangeoitdcpropos^reiettoit  du  tout  te  qu'il  en  à  cy  deuant  entendu 
teenfeigné»  rlÀ-C^n^çclaaduiendrajienparierayfeforî  queie  verrày  eftrc  à  faire.  . 
Bon.  Toferoye  bien  dire  cJUeCrâmer  ne  Çt  fera  pas  beaucoup  tirer  loreille  à  fedefdirê*  ^ct£ 
s'il  efperoit  par  cela  recouurer  fes  premiers  cftats  &  dignitez.  ^Et  fur  ce  l'Euef^ke  te 
Feknam  s'en  allcrcnçâ:  ië m'en  rctournay  au  lieu  de  ma  garde. 

|  e  iouraofuyuât  reuefqueBohcr  allât  en  foniardin  accompagné  de  Chadféluycôtà 
i-que  ie  ne  vouîoyc  endurer  mon  fils  eftrc  baptifé  fînon  en  langue  vulgaire/&  fais  ce-  Noimei  & 
remome.^ur  quoyChadféditjQue  voulez  vous  dire  de  l'eghfc?  Ha;  Iedyquel'eglife  faut, 
de  Rome  eft  vne  fynagogue  dcCardinaux,Preftrcs,Moines,à  l'abus  defquclsie  n'adiou 
fteray  iàmaisfbyjainfi  que  i'ay  fait  par  le  pafle.    Ch.    Et  du  Pape  qu'eh  dites-vous? 
Hx.  O  Seigneur  Dieu,vUeilk>-  nous  dehurer  de  la  tyrannie.    Ch.  IcpoUrroyebieh  cdlc  prie4 
aufli  dire<Deliure-moy  de&mains  de  Henri  huitième  te  de  fes  erreurs  deteftables»       «  dteit 
Ha.  Où  cftiei- vous  lors  qu'il  viuoit»pour  luy  dirè  cèlai  Ch.  îen  cftoyç-pas  loin.  Sî^^ 
Ha.  Oùeftiez-vousdu  viuantde  fon  fils  le  royEdouard,pour  luy  en  dire  autât  comme 
vous  meri  dites  ?  C  h  .  leftoye  en  prifon.    B  o  ;  Voyez  comment  il  fe  iôue  de  hous,5c 
commeUtifchcdenousfurpreridre.il  mefprifc&  rciette toutes  nos  prierès:&nevou-  Dej  v  , 
droit  qdc  rien  fe  fift  cri  l'eglife  qu'en  langue  vulgaire.  C  ».  Iefus  Chrift  nc  parla  iâfhais  **  ^ 
iioftre  langue  d'Angleterre-  Ha  i  Nôri-.mais  il  a  vfc  dU  langage  faaiiiier  &c  vulgaire  en- 
tre ceux  de  fa  nation, du  quel  il  vous  vouliez fuyurerexempl^nousferions  bientôft  d'- 
accdtd.Et  rApoftxe  fainà  PauUpârlsUit  des  langues,lcs  eftime  toutes  jnutiles,s  elles  ne  ^ 


Lwts  MI-  Thomas  tianx. 

font  enrendues:vfanc  de  la  fimilicude  de  la  trompette  &  clairomSi  la  trompette,dit-il, 
i.Cor  i4.  s  nc  lonne  quelque  certain  fon  pour  animer  les  gendarmes  à  la  guerre  ,  nul  d'eux  ne  fera' 
encouragé  de  marcher  Ch.  Si  vous  voulez  à  vofti  e  fantaiicainfi  interpréter  lcsparol- 
lesdeS.Paul,vous  vous  efloignerez  grandement  du  but&  de  ion  intention,  car  S.Paul 
en  ce  partage  parle  de  Prophctic:comme  lî  nous  voulions  prophctiler  en  langue  eftran 
ge &  incognue.  Ha.  Au  contraire:il  ne  parle  là  que  des  langues, pour  monteu  r  qu'el- 
les né  profitent  rien  à  ceux  qui  ne  les  entendent.  Ch.  le  vous  dy  que  hindi  Paul  parle 
la  vniuerfellcment  de  Prophétie.  Ha.  11  raie  vnebien  claire  diftmehon  entre  les  lan- 
gues &.  la  Prophétie  :  S'il  aduienc(dit  il  )quc  quclcun  parle  en  langue  eftrangere,il  faut 
poui  le  moins  qu'il  y  aytvntruchcman  qui  leur  donne  à  entendre  ce  qu'on  veut  duc. 
Bo.  Aquclpropos  nous  romps  tu  les  oreillesde  tant  debabil  ?  veux  tu  faireicy  du  do- 
cteur pour  nous  cuider  apprendre, ce  que  nous  îauons  mieux  que  toy  ?  Il  y  a  bien  autre 
choie,  afin  que  tu  le  laehes:ceft  que  des  le  commencement  on  a  trouuébon  ,  &c  receu 
par  vn  treianeien  àt  commun  confentement  de  tout  le  monde  en  1  cglile  catholique, 
que  la  langue  Latine  feroit  par  cy  après  langue  commune  Se  vfitee  en  toutes  les  cgliies 
Ul  n  ;uc    £jc  là  Chrelticntc,à  ce  que  toutes  euilent  à  prier  en  Latimei'perant  que  par  le  moyen  v- 
Lat  ae'      niucrfél  de  cette  languc,&  communauté  de  ceux  qui  en  vferoyent ,  on  poun  oit  racilc- 
ni .  nt  arracher  toutes  fe&es  &  diueriïté  d'opinions.  H  a  .  Celaacfté  introduit  pane  ne 
fay  quelle iuperftitiondt  Caphars&  Prelats,leiquelsmcnoyent-là  où  ils  vouloyentles 
poures  Empereurs  &:  Monarques  par  crainte  de  leur  authoritc  ,  non  par  la  parolle  de 
Dieu:ainii  qu'ils  talchent  bien  encores  de  faire.  Ch.  Vouseftes  digne  auquel  ondife 
du  maljd'autant  quittant  du  tout  ignorât  les  bonnes  lettres,  vous  elles  toutefois  Ci  ou- 
Cor.ciles    trccuidé  de  parler  contre  l'authorité  des  Conciles  faits  par  les  plus  fages  de  ce  monde, 
généraux.   ^  ^  Ic  ne  luis  pas  leul  qui  parleainh,  ains  la  parolle  de  Dieu  mefme  &  faind  Paul:  lef- 
qiu  ls  nous  enfeignent, que  quiconque  prelchera  autre  Euangile  que  celuy  qui  a  efté 
pre(che,qu'vn  tel  homme  foit  abominable  e  ntre  vous,fi£  mishorsde  toute  bonne  cô- 
pagnie.  Ch.  Voire  bien  quelcun  qui voudroit apportèrâutre Euangile: mais  nousau- 
trcjsnerailonspasccla.  Ha.  On  m'a  bien  annoncé  autre  Euangile  &c  bien  contraire  à 
céWyde  Chril^depuis  que  ie  fuis  arriué  céans.  Ch.  Dites-nous  quel  Euangile?  Ha. 
Cctld'inuoquer  la  vierge  Marie&  les  autres  Sain&s:  ccft  de  mettre  mon  eïpcranceen 
la  Mefle,au  pain  benic,en  l'eau  benite,aux  images,&c.    Bon.    Tu  pai  les  comme  vn 
{ov&c  ne  fais  pas  quelle  différence  il  y  a  entre  vne  image  &  vne  idole.  le  te  dy  que  toute 
dïïoieC'ft    idole  eft  bien  image,mais  non  toute  image  eft  idole.  Ha.  Nouscognoiftronsaifcmêc 
la  différence  de  l'Idole  &  lmage,fi  nous  venons  à  les  parangonner  enfcmble .  car  vos  i- 
Lcs  images.  mâges  n  ont  elles  pas  des  pieds?  &  toutefois  elles  nc  cheminent  point  :  n'ont  elJes  pas 
bouches?elles  ne  parlent  point.qui  lontles  vrayes  marques &:  proprictezd'vnc  idole. 
Ch  a.    laind  Paul  dit ,  Qu a  Dieu  ne  plaife  qu'il  fe  glorifie  iamais,finon  en  la  croix  de 
wla^j4    noftîre  Seigneur Ielus  Chrift.    Ha.     Eft.ce  ainii que  vous  entendez  la  gloriation 
de  laquelle  fainâ:  Paul  parlecn  ce  partage? 

.  Çïl  ne  refpôdit  rien  la  dciTus.Et  lors  boncr  dit,  Y  a-il  chofe  en  ce  mode  laquelle  nous 
foit  plus  lalutaire  en  voyageât  cheminant  par  pais,pour  nous  mettre  en  mémoire  la 
fouuenancedeschofcsfain&es,que  le  regarda  contemplation  que  nous  fartons  delà 
croix?  H  a  .  Monfieur  le  reuerend,  trouuez-vous  aucun  de  tels  exemples  en  toute  la 

5.  Efcn  ture>  Aucz  vous  ïamais  leu  ou  ouy  dire,  q  lefus  Chrift  ou  les  A poftrcs  en  prières 
Helcuc.     &  oraifons  publiques  ayent  porté  la  croix?ou  ayentiamais  chanté  ,  Nous  te  faluons,ô 

iour  de  Fefte?  C  h  a  .  Cela  fut  introduit  par  vne  certaine  femme,nommee  Hélène. 
Ha.  H  eft  ainlnc'eft  la  melme  Hélène  qui  cnuoya  iadis au  monaftereauquel  i'ay  efté 
fenutcur,vnepieccde  la  croix,  mais  après  que  les  conuens  &  monafteres  fuient  mis 
bas  en  cerovaume,on  vint  pour  viliter  ce  morceau  de  croix:  &Con  trouua  que  c'eftoit 
vnlopindc  boisayant  vne  membrane ôicouuerture  au  dcllus ,  d'vnelame  fubtilede 
cùyure.  Bo.  Va  melehant,n'as-tu  point  de  honte  de  mefpriierainfi  le  s  choies  facrcës, 

6.  les  expolcr  par  tels menfonges  à  moquerie?  ^Eux  bien  courroucez  de  ce  que  ieleur 
anoyedit,feretircnt,animcz  au  poifible  contre  moy.  Et  Chadlé  en  s'en  allant  difoit 
que  i'eftoye  indigne  de  plus  longuement  viure.Et  fur  ce  on  me  remit  vers  ma  garde. 

Le  iour  enfumant  ,  qui  eftoitleiourdtfS.  Pierre,  eftant  appelé  pouraller  à  la  cha- 
pelle de  l'Eucfque  pour  ouyr  le fermon  que  le  docteur  Chadlé  deuoit  faire  félon  la 

couftume 


Thomas  H aux.  $27 

couftume  du  lieu,i'y  allay.  Et  eftant'venu  à  la  porte  de  la  chapelle,ic  m'arreftay  là.  L'_ 
Euei'que  demanda  au  portier  li  i'eftoye  venu.&  oyant  cela  ie  refpondy,Ie  fuis  icy ,  mon- 
fieur.  B  o .  Que  fais  tu  laïque  n'entres-tu  dedans?  Chadle  ayant  le  furpelis&  l'eftole  fur 
lesefpaules  s'enallaau  benoiticr,&:  prenant  l'afpergés  le  bailla  à  l'euefquc  Boner,pour 
luy  ietter  de  l'eau  bénite.    Telle  bencdi&ton  faite,le  Do&eur  arroufé  d'eau  ,  depeur 
que  fans  eftre  laué  &:  net  il  entreprinft  vne  chofe  n*  grande  &:  haute  ,  print  fon  texte  du 
1  é.chap.  de  fainft  Matthieu,où  il  eft  efcrit,Qucl  dit-on  eftre  le  Fils  de  l'homme?  Pierre 
refpondant,  dit,Lesvns le  difent  eftre  Elie:les autres  IeanBaptifte  :  les  autres  l'vn  des 
Prophètes,  &cc.  Puis  eftant  venu  au  lieu  où  il  eft  dit,Ccux  defquels  vous  pardonnerez 
les  pechez,feront  pardonnez:&  ceux  aufquels  vous  ne  pardonnerez  pointais  ne  feront 
point  pardonnez:Cefte  authorité,dit-il,n'cft  baillée  qu'aux  Prélats  de  l'eglife,du  nom- 
bre defquels  eft  monlieur  le  reuerend  qui  eft  là  aflîs ,  &c  à  ceux  qu'il  luy  plaift  lubrogucr 
en  fa  place. Or  cefte  eglife  à  enduré  louuent  dés  le  commencement  plufîeurs  aduerlai- 
res&ennemis.maisquelesheretiquescrienthardiment  conrre  tant  qu'ils  voudront, 
iamais  ils  n'en  viendront  à  bout:airis  perfeuerera  toujours  de  mieux  en  mieux.^  ApreS  Argument 
qu'il  eut acheué  ce  difcours,il  tomba  fur  leSacrement  de  l'autel, lequel  il  mit  par  de/fus 
les  neufcieux,(i  qu'après  pluiîeurs  longs  propos ,  il  vintderechef  à  ce  qui  eft  dit  en  l'E- 
uangile,Ceux  deiqucU  vous  remettrez  les  pechez,&c.Il  laiilbit  la  puiffance  &C  authoti- 
tédelîer&deflicrauxfeulsEuefques&rpreftres ,  en  difanr  qu'il  falloir  que  tous  ceux 
qui  vouloyent  appartenir  à  l'eglife,&  eftre  dits  Chreiticns,vinffcnt  à  eux  pourauoirre 
mifiion  de  leurs  pechez.Ce  qu'il  prouuoit  par  ce  qui  eft  eferit  en  faind  Iean  ali  chapitre  I(,aIl  w 
i  i.où  il  eft  dit  quelefus  Chrift  approchant  de  Lazaie, lequel  cftoit  au  tombeau  enfeue 
ly  &c  enueloppé  de  linges  &;  fuaire,s'adrefïa  à  ceux  qui  eftoyent  en  authorité ,  c'eft  alla- 
uoir  à  fes  difciples,&  leur  dit,  A  Uez,&:  defliez-le.  Ce  fut  prefque  le  principal  de  fon  fer. 
mon,rapportant toutes  les  parolles  que  Chrift  auoit  tiites  à  les  Apoftres,  aux  Prélats &C 
Eue(ques,Sc  àleursfuppoftsde  Preftresrconcluantparlà  qu'à  eux  feulsappartenoicla 
fuperintendence  de  toute  l'eglile.    ^Finalement  ce  fermon  ainfi  fait,chacun  fe  retira 
pourdilner,&:apresdirnémefutcommandédcreiienit  àla  chapelle  pour  parler  àfE 
uefque,où  il  y  auoit  quelques  gens  delà  Roine  &:  autres  que  ie  ne  cognoiflbye  point  Et 
l'Euefquem'ayant  appelé  à  foy,dir,  Comment  eft-cc  que  t'es  trouuc  du  fermon?  carie 
l'auoye  exprelfément  commandé  pour  l'édification  de  vous  autres.     Ha.    le  fuis 
rnarry  que  vous  auez  perdu  tant  de  temps  en  mon  endroit ,  car  ie  n'y  ay  feu  prendre  ne 
plaiiîr  ne  profit.    Bonhr  ditauxaiîiftcns,mcifieursmesamis:ie  vous  prie  ne  vous  faf- 
cher  point  de  deuifet  vn  peu  auec  luy,&  gagner  fut  iuy  quelque  choie.  Sur  cela  aucuns 
me  dircntjQue  voulez-vous  dirc,mon  amy,de  vous  cm  brouiller  ainii  eh  ces  queftions 
ôc  troubles?  H  a  .  Quels  troubles:Ils  i  cfpondircnt ,  De  ce  que  ne  vous  voulez  rendre  o- 
beiffant  aux  ordonnances  &  volonté  de  la  Roinc.    H  a  .  l'en  aydefn  dit  la  eau  fe  allez 
amplement  aux  Iuges,aufquels  la  cognoiflàncc  en  appartient.  Les  feruiteurs  de  l'euef- 
quc Boner  dirent,Moniîeur  vous  a  commandé  de  refpôdre  à  ces  mefiieurs-cy,&:de  leur 
rendre  raifon  de  ce  qu'ils  vous  demanderont.  Ha.  Si  l'Euefque  veuiluy-mefmcs  m'eri 
parler,ie  nerefuleray  point  de  luy  refpondre:mais  d'vfei'  Je  redites ichevoy  qu  il  en  foie 
necelTaire.Et  lors  tous  fc  m  irent  à  crier  cotre  moy,les  vn  ;  difa  us,  Au  feu:  les  autres,  Ou' 
on  le  depefche&:  qu'on  Je  peMc:  lesautres,Qu  ô  Je  mette  aux  fers  il  pefas  qu'il  ne  fc  puif 
fe  bouger.En  cefte  crieneie  demeure  fans  mot  diref&voyâr  qu'ils  ne  celfoyentde  crier 
i e me defrobay  d'eux, &mVn  reuinàmagarde.    Le  lendemain  au  matin  l'Euefque  fe 
courrouçant  contre  moy,&  me  reprochant  qu'il  auoit  fait  beaucoup  pour  moy,dit  que 
maintenant  puis  qu'il  voyoit  qu'il  n'y  auoit  plus  d'cfperance  en  moy  ,&:  que  ie  me  ren- 
doye  pire  de  iour  en  iour,qu  il  ne  differcroit  plus  longuement ,  ains  m'enuoyeroit  en  la 
prifcmdeNcvvgat.H  a>  le  luis  délibéré  .Tout  ce  que  bon  vous  femblera  ordonner  ou 
faire  contre  moy, il  eft  neceffairc  que  ie  Tendu  re.    Et  îorsl  Luefqu  étirant  vn  petit  pa- 
pier de  ion  fein  me  dit,  Vous  verrez  ce  que  i'ay  eferit  cy  dedans.  ^Orlefommairede  Deiapre 
l'eferit  contenoit,Sauoir-mon  iî  ie  croyoye  ce  que  l'eglile  catholique  nous  enfeignoit,  w  .  ■  corpo 
que  la  prefence  corporelle  de  Iefus  Chrift  fuft  au  Sacrement  après  les  parolles  de  lacô  ^[[^  çhrift 
fecration,ounon:Sauoir-mon  file  pain  que  nous  romponsjn'eft  point  la  cemmunica-  auSacre^ 
tionducorpsdeChrift:&:iilecaîicequenousbcuuons  ,  n'eft  point  le  fangdumefme  nicnc. 
Chtift.     ^"Cependant  l'Euefqueayant  commande  aux  antres  de  fc  retirer,  m'appela 


Lime  II  IL  Thomas  H  aux. 

à  part:&:  tafcha  à  me  perfuader  parcoures  rufcs&  flatteries,de  ne  me  précipiter  ainû 
dedanscelle  pri(on,&:en  vn  danger  iï  euidenc  q  celuy  qui  fe  prefencoic  pour  moy.Ieluy 
refpondy  comme  toufiours, que  ie  ne  feroye  rien  contre  ma  confcicnce.Et  ainfi  les  cho 
feseftansen  furfcancc,iefu  renuoyéàmagarde,  me  douranc  bien  que  le  lendemain 
ie  ne  faudroye  délire  bien  marin  enuoyé  à  la  pfifon.ee  qu'indubicablemenc  i'eufle  efté 
(ans  que  l'Archediacre  de  Cancut  bie  furuint:  lequel  l'Euefque  pria  de  vouloir  parlera 
moy,  pour  eiTayer  s'il  me  pourroitdiftraire  de  mon  opinion.  Lequel  ayanc  commencé 
par  les  cérémonies  &c  Sacremens:apres  plufieurs  difeours,  fa  conclufion  fuc  de  dire  que 
le  facremenc  de  l'autel  eftoit  le  propre  corps  qui  auoic  efté  nay  de  la  viergeMarie,&  le- 
quel auoic  efté  attaché  en  l'arbre  de  la  croix.  le  luy  dijefus  C  hnft  a  efte  en  croix  vif  fie 
more. lequel  des  deux  dites-vous  eftre  au  Sacrement?  L'ar.  le  dy  qu'il  eft  vif  au  Sacre- 
ment,»^ non  poinc  more.  H  a  .  Par  quel  argumenc  prouiierez-vous  cela?  L'ar  .Ille  faut 
ainfî  croire. N'cft-il  pasdiccnfainôtlean,que  quiconque  ne  croira  fera  condamnélHA. 
Jcjb  3.18  Saindleandic  ,  Qui  ne  croira  au  Fils  de  Dieu,  fera  coridamné:mais  il  ne  parle  poinc  là 
4e  la  foy  deuë  au  Sacrcmenc:ains,qui  plus  eft,il  n'y  penfa  onques.  ^  Ec  lors  il  me  vint 
à-dite  qu'il  n'y  auoic  poinc  de  fondement ,  de  perdre  ainfî  le  cemps  à  me  cenir  plus  long 
propos, puis  que  ie  n'auoye  ne  foy  ne  fauoir  ou  doctrine  quelconque.Ec  par  ce  moyen  il 
s'excufoic  de  parler  plus  longuemcnt.Mais  pour  auoir  occafion  de  parler  dauantage,ie 
kSiftx  luy  dy  que  ieufle  volontiers  leu  pourquoy  c'eftoicque  le  Crucifix  eftant  mis  aumilieu 
eft  misau  de  leurs  temples  faifoic  leparatiô  de  la  nef,  qui  eft  le  corps  de  l'eglife,d  auec  l'autre  par- 
çic  d'icelle,qu'ils  appeloyenc  Le  chœur.Il  me  demanda  fi  i'en  fauroye  rendre  raifom  le 
repliquay  que  s'il  eftoic  beiom,i'en  pourroye  dire  quelque  chofe.  Cai  ^di-ie  ,&c  quclcun 
de  vos  docteurs  enfeigne  que  la  nef  de  l'eglile,à  fauoir  couce  la  place  qui  eft  depuis  le 
Crucifix  iufqu'au  bouc  du  cemple,fignifie  l'eglife  militance:&:  que  le  chœur,qui  eften- 
uironné  de  chaires  &Z  clos  couc  àl'encour ,  figm fie  l'eglife  triomphante  ,  dans  laquelle 
n'eft  loifible  dencrer,li  premièrement  on  n'a  porté  la  croix  de  Chrift. 

LE  lendemain,qui  eftoit  le  premier iour  deluillet,reuefque  Boner  m'appela  ,&mc 
cÔraanda  de  m'apprefter  incontinét  pour  aller  droit  en  la  prifon  de  Nevvgat  auec 
lettres  a,uGeolier  qu'il  bailla  à  Harpsfild,  lefq  u  elles  contenoyent  en  lubftacc ce  qui  s- 
Lcttrcsdc  cnm'c>^e  vous  charge  &£  commande  que  receuiez  l'homme  que  ie  vous  cimoye:  &  que 
Boner  au  vous  ayez  à  le  garder  eftroitem  ent ,  que  perfonne  n'ait  moyen  de  parlera  luy  :  &  que 
^eeli€r-  vous  ne  le  deliuriez  à  amc  viuante,quece  ne  foit  ou  au  Parlemét  ou  au  Prcuoft  &Lieu- 
cenant  criminel.  Quatorze  iours  après  l'Euefque  enuoya  vers  la  prifon  deux  de  fes 
feruiteurs  pour  fauoir  en  quel  eftat  i'eftoye,&:  comment  ie  m'y  portoye.  le  leur  dy  que 
ieme  porçoye  comme  vn  prifonnier.Ec  ils  me  dirent  que  l'Euefque  defiroic  bien  fauoir 
fi  ie  n'auoyepoint  changé  d'opinion.Ie  leur  refpondy  que  ie  n'eftoye  point  homme  de 
deux  parpjles,&:  que  l'efperoye  de  ne  l'eftre  iamais.Ils  me  dirét  derechef  que  l'Euefque 
leur  maiftre  me  portoit  bonne  voloncé,&:  ne  me  fouhaicoit  que  tout  bien.  Et  ie  leur  dy 
qu'ils  me  recommandaient  humblement  à  fa  bonne  grace:&:  que  de  ma  part  ils  le  mer 
cialTcnt  du  bien  &  honnefteté  qu'il  me  defiroic.  Les  priancau  refte  qu'ils  me  tilfent  ce 
bien  de  m'aider  à  impetrer  enuers  luy,que  mes  amis  peuflent  auoir  entrée  &c  ouuerto- 
re  yers  moy:ce  qu'ils  me  promirent  qu'ils  feroyent ,  combien  que  depuis  ie  n'en  ay  ouy 
parler.Depuis  ce  temps  de  mon  emprifonnement,&:  que  ces  deux  feuiceurs  me  furent 
enuoyez>l'euefque  ne  fit  point  d  autre  pourfuicce  iufques  au  dernier  iour  de  Sepcébre. 

LE  lédemain  premier  d'Odobre,ie  forcy  de  cefte  prifon,&:  fu  mené  en  la  maifon  de 
l'euefquede  Londres:  qui  eftoic  le  iour  que  le  Chancelier  euefque  de  Vvinceftrc 
deuoir  prelcher  au  temple  de  iaind  Paul  auec  grand  auditoire  &:  concurrence  de  peu- 
ple. Et  cependant  l'cuefque  de  Londres  s'adreflant  à  ma  garde,luy  dit,Iecroy  que  vo- 
ftre  homme  ne  voudra  point  auiourduy  affifter  au  fer  mon.  le  refpondy  que  ie  le  prioye 
fort  qu'il  me  fuft  loifible  d'y  eftre,&:  l'ouir  .  que  s'il  y  auoitriendebien,ieleprendroye, 
&  lairroye  le  mal.  Ayanc  cela  imper ré,i  y  allay,iel'ouy,&:  m'en  recournay.  Puis  après  4»f 
né  m'ayanc  faitvenir,me  demada  fi  ie  perfiftoye  toufiours  envn  melmc  eftat.  Auquel Kfc 
refpondy  que  ie  n'eftoye  point  mûable,ny  ne  feroyc,s'il  plaifoit  à  Dieu.  Et  il  me  dit  que 
ie  ne  le  crouueroye  pas  auilî  muabic.  Et  foudam  fe  ietta  en  fa  châbre  pour  efcrirc  ie  ne 

fay 


Thomas  H  aux.  328 

fayquoy.Safalle  eftoit  pleine  de  gés:entre  autres  quelcun  me  dit  que  le  docteur  Smyth 
autrement  ditFabli  y  eftoit,duqucl  Je  renoncement  eft  allez  cogneu  &publié  par  tout.  Î^Xn  ' 
S'approchant  ck*  moy,me  dit  qu'il  parleroit  volontiers  à  moy.  le  luy  demaday  s'il  eftoit  Fabri  auoit 
le  doâeur  Fabri ,  duquel  nous  auions  entendu  le  renoncement  .11  me  refpondit  que  ce  f*^f  J 
n  eftoit  point  renoncementunais  vne  limple  déclaration.  H  a  .  Il  appartient  bien  que 
pour  voftie  honneur  vous  couuriezvn  tel  meffteou  que  le  palliez  le  mieux  que  vous 
pourrez-.mais  premièrement  que  parlions  ensemble,  ic  délire  fauoir  fi  vous  délibérez 
de  perleuercren  voftredcfdit.  L'ayant  laifle,ie  me  retiray  eh  l'autre  codé  de  la  falle. 

1  L  y  auoit  en  cefte  tourbe  vn  certain  Milo  Hogard  tailleur  (  comme  iepenfe  )  delaRccitlIc 
1  Roine,lequel  me  dit ,  Par  quelle  raifon  cftes-vous  d'aduis  que  les  petits  enfans  doi..  quelques 
uent  eftie  baptilczîll  eft  efctit(dy-ie)Enleignez  toutes  gens ,  &:  baptizez-les  au  nom  du  f^J*' 
Pete,duFils&:  dufaind  Efprit.Cefonc  lcsparollesderEfcriture,lefquelsconuiéttout 
le  monde  à  Baptefme,&  n'en  reculent  perlonne.  Que  deuons  nous  donc  taire?  (dit_il)  Mac.  is.  ic 
Dcuôs-nous  aller  &:  enfeigner  les  enfans?Ic  luy  di,Ces  parolier  ne  vous  l'ont  guerescon 
uenables,qui  ne  prenez  plaint  à  enfeigner  les  autres.  Luy  bien  iafché  monta  inconti- 
nent fur  fes  ergots:&:  fe  pourmena  parmy  la  (aile  tout  furieux  de  colère.  Puisapres  en 
voici  venir  vn  autre,qui  eftoit  curé  de  l'eglife  de  Rondine  &Horne  au  pais  d  E/lexierlc 
quel  me  dit,C  eft  dommage  que  vous  eftes  fi  obftiné.Ic  r'efpondy,  N'eftes-vouspasle 
cure  de  l'egliie  deHorne?Mc  difant  que  c'eftoit  luy,ie  demanday  s'il  n'auoit  point  choifi 
vn  vicaire  puis  nagueres  en  fa  cure,l'ayât  fubftitué  en  l'on  lieu ,  duquel  on  auoit  ouy  par- 
ler.Il  me  confcila  qu'il  l'auoit  fait  par  necet'fité  &c  difficulté  du  temps.  I'cnten  bien  (dy- 
ie)  tel  le  maiftre  tel  le  leruiteunl'vn  eft  aufli  homme  de  bien  que  lautfe.(cat  i'eftoye  ad- 
uerty  quel  eftoit  ce  vicaire)  Ce  Curé  incontinent  me  laifle  ,en  difant  que  l'cftoyedeue- 
nu  întenféauiîî  bien  que  plufieurs  autres.  En  voicy  venir  vn  autre  qui  me  deman- 
da quel  liurei'auoye  entre  mains:  ieluy  refpondy  quec'eftoit  lenouueau  Teftament. 
Lors  il  me  demanda  s'il  luy  feroit  loiiible  de  regarder  dedans.  le  luy  baille:  &c  l'ayant  re- 
garde me  dit  que  le  liure  eftoit  corrompu,voire  au  beau  premier  mot  du  commence 
nient  d'iccluy.Car  il  commcnce(dit-il)par  la  généalogie  de  Icfus  Chrift  :  6c  toutefois  L 
faiedit,Qui  fera  celuy  qui  pourra  reciter  fa  génération  ï  le  leroyebiencontent(dy-ie)Ifj  iJ 
d'entendre  de  vous  ce  qu'Haie  veut  dire  cn.ee  partage.  Peut  eftre  (dit-il)  que  vous ne 
prendrez  pas  dcfpkiûr  h  le  difciple  enfeigne  le  maiftre.Toutefois  fi  vous  me  voulez  el- 
couter,ie  vous  dcfcouuriray  le  fensdu  Prophetc.Perfonnc(dit-il)  ne  peut  faire  généra- 
tion entre  le  Pere& le  Fils:maisic  me  doute  bien  qu'auant  queie  le  vous  die,  vous  ne  c* 
l'entendiez  pas.  Si  eft-ce  (dy-ie)  que  le  Prophète  ne  nie  point  la  génération  deChrift. 
Pourquoydonc(dit  il)Chrift eft-il appelé  Chrift?Par  ce(dy-ie)qn'il eft Meflîas.  Pour* 
quoy  cft-il  appelé  MefThs?  dit-il»  D'autant(dy-ie)  qu'il  a  efté  prononcé  &:  attendu  des 
Prophctes.Pourquoy(dit-il)leliure  eft-il  liurejCes  propos  (dy-ie j  font  plus  pour  cfmou- 
tioir  noife,q  nô  pas  pour  feruir  d'edificatio. Puis  il  me  dit,Gardez  de  vous  deftolirner  de 
lWlife.car  fi  vous  le  faites,voUsdeuicmlrez  hérétique.  Tout  ainfi(dy-ie)que  vous  au- 
tres nous  tenez  hérétiques  quand  nous  ne  voulons  acquiclcer  à  vos  traditions ,  6c  nous 
renger  de  voftre  cglife:ainti  vous  cftimons-nous  faux-prophetes ,  de  ceque  laiilàns  le- 
fus  Chrift,vous  vous  retirez  vers  rAntechrift.Ccladit,il  s'en  alla,  f  En  voicy  venu  vn 
autre,delibci*é  (  comme  il  dil'ftit  )  de  parler  à  moy,  d'autant  qu':l  m'auoit  cogneu  vn 
peu  impatient.  Auquel  ic  dy,quauant  que  parler  à  luy ou  à  quelconque  que  ce  ruft.ic 
deiiroye  fauoir  à  quel  titre  &c  authonté  il  vouloir  parler  à  moy:car  autrement  ic  ne  voy- 
oye  point  rnoycndemedelpeftrerdecesgcnsmabordans  ainii  confecutiucmentl'vn 
aines  l'autre.  Cependant  l'Euefqueiortit  de  fa  chambre,&:  vint  en  fa  fallc,portartt  en 
main  certain  papier  auqurl  eftoit  eferit  ce  qui  (enfuit,  le  Thomas  Haux  protefte  de-  JJjJj ic 
uant  Edmond  Boner,moniugeordinaire,commceuefque de Londrcs,quelaMcfle  eft  l'accufat 
chofe  deteftable  &  mcfchante,&:  pleine  de  fuperftition.  Qu'au  Sacrement  du  corps  &c  Jc  HaU 
du  fang  de  IefusChnft,qu'on  appelé  Sacrement  de  l'autel,IefusChrift  n'y  eft  nullemét, 
mais  au  ciel.  Iel'ay  ainfi  creu&Iecroy  encore,&:c.  le  di'à  l'E uefque,  A  rreftez  vous  vn 
peu  là,monfieur,ic  vous  prie.  Premièrement  vousn'auez  que  faire  de  ce  que  i'ay  creu 
par  le  pafle.maintenant  quant  à  ce  que  ie  croy,ie  fuis  tout  refolu  de  le  maintenir.  L'E- 
uefque  prenant  la  plume,dit  qu'il  eftoit  contét  pour  l'amour  de  moy  de  Pefcrire  autre- 
ment^ en  fit  lecture  comme  ilfenfuir.Ie  Thomas  Haux  ay  conféré  &  communiqué  a- 


L/'tfro  ////.  Thomas  H  aux 

uec  mon  luge  ordinaire,en{cmble  autres  gens  de  bien  &:  fainc"ts  perfonnages:&:  néant- 
moins  ie  perfeuere  &  veux  perfeuerer  coulioursen  mon  opinion.Comment(di-ie)vou 
lez- vous  que  ie  confeile  que  vous  autres  eftes  lain£ts,veu  que  parvoftre  efcric  mefme  ie 
confelferoyc  que  mon  opinion  cft  autre  que  la  voftre?  B  o .  Pour  le  moins  tu  ne  nieras 
point  comment  tu  en  as  communique  auec  nous. quant  au  Surplus, ie  fuis  çontcnt  pouc 
l'amour  de  toy  de  palier  outre  &  de  le  laifler.  Et  lors  l'vn  des  doreurs  qui  eftoyent  là, 
vint  à  dire,Monléigneur,fi  vous  luy  obeiflez  à  rayer  &c  canceler  ce  qu'il  reiettera ,  il  ne 
vous  lairra  point  grand  refte  à  mettre  par  efcrit.  Incontinent  apres,Boner  appelant 
fes  do£teurs,dit  qu'il  auroit  les  opinions  d'vn  chacun  d'eux  qui  eftoyent  en  la  falle,&Jes 

cinq  do-   fcroit  ligner.Si  que  finalement  il  y  en  eut  cinq  qui  fignerent:&  l'Euefque  menaça  de  fai 

fignez/01*  re  Pen^re  tous  ccux  ne  voudroyent  figner.  Et  me  dit,  Afleûre-toy  que  tu  n'en  de- 
meureras pas  aintf  H  a  .le  ne  m 'efpouuante  pas  de  vos  rudes  menaces,nc  de  toutes  vos 
imprecations.car  ie  fay  que  les  verges  du  Seigneur  vous  confumeront,&:  que  les  vers  &C 
tignes  vous  mangeront  comme  ils  font  les  veftemens.  B  o .  Tais-toy,i'efpere  te  re- 
compéfer  dece  que  tu  dis.  H  a  .  le  fay  bien  qu'il  eft  en  vous  autres  de  ruiner  vn  homme 
par  voftre  credit,quand  vous  le  voudrez  faire,     B  o .  Si  tu  cognois  que  ie  t'ay  fait  iniu- 

Ecd.7.17  tc,appelle-moyeniuftice,&:mefay  venir  en  îugement.  Ha.  Salomon  nous  enfeigne 
de  ne  plaider  auec  le  luge.   ^Ces  propos  eftans  ainli  dtmenez  de  cofté  &  d'autrcil  re- 

Prouatf.t.  commença  encore  de  lire  fon  papier:Sc  l'ayant  leu, voyant  que  ie  ne  pouuoye  eftre  per- 
fuadé  de  le  lignerai  tafcha  par  tous  moyens  de  me  ie  mettre  dans  les  mains, me  comma 
dant  de  le  prendre  tant-feulemenc&puis  le  luy  bailler  comme  demainen  main.  '  le 
luy  demanday  lors  que  ce  myftere  vouloir  dire  :  &:  que  ne  le  prendroyc  ne  de  main,  ne 
de  cœur,ne  d  efprit  pas  vn  feul  coup.  Alors  il  plia  promptement  le  papier,&  le  mit  en 
fon  (ein:&  enflammé  d'ire  Se  de  courroux,demanda  fa  monture  pour  s'en  aller  en  EfTe- 
xie,pourvoir&  examiner  mes  autres  frères.  le  m'en  retournay  en  la  prifon  de  laquelle 
i'eftoye  nagueres  forty  Vous  auez  icy  tout  le  conflit  que  l'eu  auec  l'Euefque  Se  fes  lup 
pofts,deduit  par  le  menu,&efcrit  de  ma  propre  maimpriant  aflfe&ueufement  tous  fide- 
les,mes  bons  frères  &  fœurs,de  priei  noftre  Dieu  qu'il  luy  plaife  me  confirmer  teaiTeu- 
rer  en  la  vérité  iufques  à  la  fin:  Ain fi  foit-il. 

pfljf|E  L  S  furent  les  aflauxde  Thomas  Haux,  &  les  combats  qu'il  a  fouftenus  con„ 
Piètre  les  plus  cruels  aduerfaires  de  l'Euangile:  il  refte  maintenant  dedefcrireleder 
nier  afte  de  ta  vie,duquel  les  circonftances  font  notables ,  fur  toutla'promeflè  qu'il  fit 
de  donner  ligne  à  fes  compagnons  lorsqu'ilferoit  dedans  le  feu.  Ayant  donc  demeuré 
quelques  mois  en  prifon,receut  finalement  fentence  de  mortau  mois  de  Iuin  auec 
quelques  autres,  defquels  aufsi  nous  traiterons  cy  après ,  moyennant  la  grâce  de  Diem 
Se  fut  ramené  en  fon  pais  d,EHcxie,&  mis  à  mort  en  la  ville  de  Cockshall.  La  fin  de  ce 
ieune  homme  eft  digne  d  eftre  récitée  pour  vne  raifon  fingulierc.  Apres  que  fa  fenten- 
ce fut  publiee,lefeigneurRych  fut  commis  pour  le  mener  à  ElTexie  auec  cinq  autres 
MP.ycL  fes  compagnons.  Ce  gentil-homme  ayant  gens  de  guerre  pour  fa  garde ,  &  quelques 
gentils-hommes  poui  le  tenir  fort,fit  diligence  d'exécuter  fa  comraiflion.  Haux  à  tou- 
tes occafions  qu'il  pouuoitauoir  parle  chemin,  exhortoit  fes  compagnons,  trouuant 
par  fois  opportunité  de  deuifer  auec  eux  familierement.De  fes  propos  &de  fa  conftan- 
ce,il  eurenr grande  confoiacion &: alïiftence,neantmoms efpouuantez  de  l'apprehen- 
lîon  de  l'horreur  delà  mort  &c  du  tourmét  du  feu  qui  leur  eftoit  apprefté  le  prierét  d'au 
tât  qu'il  les  deuoit  preceder,qu'au  milieu  desflâmes,s'il  eftoit  poflible,il  leur  fift  qlq  fi- 
gne,par ieql  ils  fuiîet  mieux  acertenez  s'il  y  auoit  fi  gi  ad  tonner  en  cegére  de  fupplice, 
encourageï  qu'ô  ne  peuft  retenir  mémoire &:  conftaceen  iceluy.  Ce  que  ce  bÔ  ieune  home  promit 
fescompa-  de  faire  fi  auât  qu'il  pourroit  pour  l'amour  d'eux.&voicy  le  ligne  qu'ils  eurét  enti 'eux: 
£nom*  Si  la  force  &  violence  de  la  flamme  eftoit  intolérable  ,  qu'il  demeurait  pailible fans  fe" 
bougenmais  il  elle  eftoic  rolerable ,  Se  pour  eftre  endurée  facilement  qu'il  efleuaft  les 
mains  en  haut  par  de/Tus  fa  telle  auant  qu'il  rendift  lefprir.  ^  Apres  qu'ils  eurent  ainû 
conclu  entre  eux,&confermé  leurs  cœurs  par  mutuelles  cxborcations,rheure  du  mar 
tyre cftant prochaine,les bourreaux puindrent HauxjSd'attacherenc au  pofteau eftroi- 
tem  en  t  auec  vne  grollé  chaine  de  fer  à  l'entour  de  fon  coips.Il  y  auoit  là  grande  compa 
gnie  tant  de  gentils-hommes  queducommûpeuple,aufquelsHaux  parla  longucmét: 
&  principalement  au  fieurRych,  le  pleignant  de  l'efïufion  du  fang  innocent  des  fidè- 
les 


Tlufteur s  Martyrs.  3X9 

lesferuiteurs  de  Dieu.    ^Finalement  après  qu'il  eut  prié  Dieu  d'affection  ardente  ,4e 

feu  fut  mis  au  bois:& après  qu'il  eut  là  demeuré  quelque  efpace  ayant  défia la  bouche  Notcz  bicr' 

retraite  de  la  violence  du  ftu,  la  peau  toute  grillée,  &c  les  doigts  bruflez ,  ainfi  que  tous  CCC> 

attendoyent  qu'il  deuil  alors  rendre  l'cfprit,fc  fouuenat  de  la  promette  qu'il  auoit  faite, 

il  efleua  les  mains  l'vnc  contre  l'autre.  Le  peuple  voyant  cela,  ne  cognoiffant  toutefois 

le  motif  de  cefte  eleuation  des  mains,  s'eferia  de  grand  applaudiftement.    Et  Haux  fe 

baiffanf  dedans  k*  feu,  rendit  lefprit,  à  Cockshall,  le  10.  de  Iuin  m.d.lt. 


ThomasVVats.  Ni  c  o  l  a  s  Ch  a  m  b  s  R  l  a  y  n. 

GvillavmeBvtler.  ThomasOsmvnde. 

Ie  AN  Sy  M  SON.  Ie  A  N  ErD  L  E  Y, 


On  peut  voir  au  rccit  de  la  mort  de  ces  lîx  manys  d'Effcxic,  combien  cft  véritable  ce  que  le  fainct  Efprit  par  la  bouche  de 

Salomon  nous  a  prédit,  Que  les  mefehans  fuyent  fans  qu'onles  pourfuyue  :  &  au  contraire  les  iuftcs  font  affeurex  Trou.iS.1. 
comme  le  Uetk! 


ÇJ"p^^^N  Thiftoire  cy  deflus  récitée  de  Haux,  nous  auons  veu  comment  Boner  par  m.d.lv. 
fel  |^^S3'espourluites&:  menées  auroittourmentépluiieurs  fidèles  du  paysd'EiTc 
Él  Pj^Jj^xie  :  entre  leiquels  la  mort  de  fïx  fe  prefente  pour  eftre  récitée  en  ce  lieu. Le 
IfcSggjffi  premier  eft  Thomas  Vvats,qui  fut  exécuté  à  Chelmisford  le  iour  precedét 
la  mort  de  Haux,affauoir  le  9. de  ceft  an  m  .  d  .  l  v .  CL'onzieme  iour  dudit  mois  Nicolas 
Chamberlayn  homme  craignant  Dieu  &  for t  conftant,fut  exécuté  à  Colceftre  de  mef- 
mc  cruauté  &  forte  de  Martyre.  Le  lendemain  qui  fut  le  ii.dudit  mois  de  Iuin,Guillau 
me  Butler,&  Thomas  Ofmunde  furent  auffi  martyrifez  de  mefmc  :  Thomas  deuat  dif- 
né.en  la  place  de  Manentrie,&  Guillaume  après  difné  au  lieu  d'Haruig.  Outre  ceux-là 
il  y  en  eut  encores  d'autres ,  c'eft  affauoir  Iean  Symfon  &  Iean  Erdlcy  :  lefquels  comme 
ils  eftoyent d'vnmefme pays,  tous  deux  Diacres,  aufli  furent-ils  exécutez  de  meime 
mort.  La  caufe  de  leur  emprifonnementeftoit,  qu'ils  auoyent  rcfufé  à  vn  Preftrc  appa- 
reillé pour  chanter  Me/Te,  de  luy  bailler  vn  Meftel  &  les  ornemens  pour  célébrer.  Au 
moyen  dequoy  eftans  aceufez  d'herefie,&:  condamnez  à  morr,furent  tous  deux  bruflez 
l'onzième  iour  dudit  mois  :  l'vn,  c'eft  affauoir  Erdley,au  lieu  de  Raile:&:  Symfon  au  lieti 
de  Rochefurt- 

En  t  r  e  ceux  qui  furent  prinsauecSymion,&:  menez  deuant  la  iuftice,&  finalemét 
condamnez ,  y  en  eut  vn  qui  eftoit  plus  llmple  &  indoéte  que  les  autres  :  lequel  rie  pou- 
uan t  gueres  bien  refpôdre  aux  interrogatoires,qu'on  luy  faifoit,Symfbn  prenant  le  par- 
ty  de  fon  compagnon,  parla  haut,  pour  fe  faire  entendre  de  tous  ceux  qui  eftoyent  aux 
enuirons.Tellemét  qu'ayant  la  voix  plus  robufte  &  hautaine  que  pièce  des  autres,  telle 
que  font  ceux  quifont  cômunément  la  baffe-contre  es  téples:il  eftonna  de  fa  voix  ceux 
qui  eftoyét  à  l'entour,  &C  tous  s'approchèrent  pour  entédre  ce  qu'il  vouloit  dire.  L'euef- 
que  Boner eftonné de  la  foudaine  concurrence  &: acclamation  du  peuple,  demanda 
foudain  que  c'cftoit:il  luy  fut  refpondu  qu'on  cômençoit  à  dreifer  quelque  grand  bruic, 
tendant  à  confpiration  àl'encontrede  luy.  L'Euefque  efpouuanté&  comme  efper- 
du,  le  gagna  incontinent  à  vauderoute,  accompagné  de  fesxlo&eurs  &  preftrailles,  qui 
luy  failbyentefcorte.De  crainte  &:  eftonnement ,  &:  de hafte  qu'ils  auoyent  defuyr  ne 
pcuuansrrouueri'entreedela  porte,  s'entre-heurtoycnt,&  cheoyent  les  vns  fur  les  au- 
tres,comme  fi  les  ennemis  fuitent  à  la  porte.  Etdônerentàceuxqui  regard  oyét  ce  fpe- 
étacle  à  rire,  &:  faire  des  huecsmerueilleufes  ,&  telles  qu'on  n'a  ouy  parler  de  fembla- 
bles.  Qui  fut  quafi  vn  mefme  exemple  d'efpouuantement  que  teluy  qui  auparauant  e- 
ftoic  aduenuaux  docteurs  théologiens  d'Oxone,  quand  le  feu  fe  print  à  leur  temple  :  &C 
n'y  eut  difference,(inon  que  celuy  qu'on  pourchaiîoit  lors,apres  auoir  ietté  le  fagot  qu'- 
il portoit ,  efchappa  :  mais  ceux-cy  en  ce  tumulteayans  eftè  laiiîez,furent  toft  après  ra- 
menez au  fupplice  du  feu ,  lequel  ils  endurèrent  en  grande  conftance  auec  édification 
des  fidèles  qui  eftoyent  prefens. 


Kk. 


L/#ro  ////. 


Jean  Bradford. 


M.D  LV 


Haryngdi 


IEAN     BRADFOR  D,mintftrc  Anglais. 

L  A  vie  de  Bradford  défaite  suce  les  procédures  qui  onc  cfté  tenues  contre  luy  en  public  deuant  les  luges,  enfemblc  les  di- 
iputes  particulières  qu'il  eut  contre  les  Théologien*,  ne  fera  iuperflue  :  huis  donnera  en/cignemenr  comment  le  fidèle 
le  deura  conduire ,  quand  pour  auoir  taie  &:  procure  vu  bien,  les  adueruircs  l'accuiéronr  fauirerueiit:  &  au  Uçu  d'auoir 
.ipppailé  h  multitude,  ib  le  pourlu)  mont  a  mort  comme  fediticux  &  rebelle. 

RADFORD  natif  de  la  ville  de  Manceftre,  ville  d  affez  grand  renom  au 
diocefe  de  Lancaftrc,fur  des  ion  bas  aage  par  fesparens  deftiné  aux  lettres. 
Entre  ces  louanges  il  obtint  cecy,  qu'il  auoit  vne  grande  promptitude  &C 
dextérité  de  mettre  quelque  choie  par  efcrit:ce  qu'auflî  luy  a  feruy  de  beau- 
coup aux  vïages  neccifairesdefa  vie. 


Ixenv 

gne  d'eftre 
coté. 


En  ce  temps- la  Iean  Haryngthon,cheualici de  Tordre,  eftoit  threforier  du  royHen- 
bJu^qc!  ry  huitième,  ayant  charge  de  payer  les  gens  de  guerre.  Ccftuy-cy  auoit  pour  lors  ledit 
Iean  Bradford  en  ion  feruice,  &:  l'aimoit  fort  &:  honnoroit  par  deifus  tous  l'es  domefti- 
ques.  Bradford  voirement  eftoit  vtilc  à  fon  maiftre.  cependant  toutefois  fous  le  feruice 
d'iccluy  il  apprint  à  cognoiftre  &c  eftre  experimété  en  beaucoup  d'affaires.,  d'autiepart 
le  Seigneur  Haryngchon  aufli  expérimenta  Bradford  tellemét  fidèle  en  fon  feruice,qu- 
ill'eftimoit corne  vn chrefor precieux,& l'auoit  pour adioint prefque  en  to9fes  affaires. 

Bradford  ayant  deiia  vie  vne  bonne  partie  de  fon  temps  en  celle  façon  de  viure  ' 
auoit  facile  entrée  àamafTerdes  richefles ,  s'il  cuit  appliqué  ion  efprit  à  acquérir  des 
biens:  maislaprouidencedc  Dieul'auoit  ordonné  à  vn  autrebut.  S  ennuyant  finale- 
ment de  celte  manière  de  vie,  &c  ayant  diligemment  &:  fidèlement  recueilly  fes  contes 
touchant  les  affaires  de  ion  maiftre ,  il  luy  demanda  paiiiblement  congé ,  &c  Ce  retira  de 
fon  feruice -&c  fît  cela  afin  qu'eftant  deipefti  é  des  autres  affaires,il  fe  peuft  du  tout  adon- 
ner au  feruice  de  IéfusChrift.  Or  vn  înftin&fecrctdela  vocation  de  Dieu  le  pouffoit  à 
cela,  &  ne  lailfoit  iamais  fon  efprit  en  repos,quelquc  part  qu'il  allaft,iufques  a  ce  que  fi- 
nalement il  euft  pofTedé  fon  efprit  entier ,  eftant  à  fby-mcime  :  tellement  que  combien 
f^l  qu'après  auoir  pris  côgé  de  fon  maiftre,  il  fe  fuit  appliqué  à  l'eftude  des  loix,  neâtmoins 
Cfon  efprit  ne  peut  longuement  s'arrefter  entre  les  Legiftes.  Parquoy  ayant  quitté  auffi 
cefte  façon  d'eftude,en  laquelle  toutefois  il  n 'auoit  pas  perdu  fon  temps:du  temple  des 
loix  ciuiles(car  le  collège  où  il  demeuroit  eftoit  ainfi  nommé)il  s'en  alla  à  Câtabrige  au 
temple  des  loix  diuines,poureftudierés  chofesquiappartenoyent  déplus  près  aumi- 
niftere  de  l'eglife  du  Seigneur.  Ce  qui  fera  dit  cy  après,  monftrera  bien  de  quel  ardeur 
il  eftoit  poulie  à  cefte  eftude:affauoir  que  dés  la  picmiereannee  il  fut  créé  docteur  en  la 
faculté  de  Theologie:&:  tous  luy  portoyent  telle  faueur,&:  l'auoyét  en  telle  admiration 
qu'il  fut  fait  incontinent  principal  du  collège  de  Pembruth. 

O  a  il  proiîtoit  tellement  de  iour  en  iour,que  tous  auoyent  les  yeux  drefièz  fur  luy  &: 
principalement  il  commença  à  cftre  en  cfiime  enuers  Martin  Bucer,  la  perle  des  Thé- 
ologiens de  ce  temps,  lequel  fe  promettat  choies  grandes  du  bon  naturel  de  Bradford 
l'cxhortoit  de  tout  ion  pouuoir  à  employer  le  talent  que  Dieu  luy  auoit  baillé,  au  pro- 
fit&inftructioncommunedel'Eglife  de  Iefus  Chnft.  Sur  cela  Bradford  alleguoit  fon 
imbecillité,&s'excufoitqu'iln'auoicfauoirfurrifant.  Bucerluy refpondit, Encore  que 
frc-vousnepuifïiezpaiftredefriandifes,oudepainblanc,lî  eft-eequ'au  moins  vous  pour- 
c  rez  prefenter  à  manger  de. quelque  pain  pour  refectionner.  A  infiles  exhortations  qi  é 
Bucerluy  faifoit  fouuentefois,luy  donnèrent  couragc.&:  comme  il  eftoit  du  toutatten- 
tifà  cela,  il  y  vint  bié à  proposque  Nicolas  Ridley,  lors euefque de  Londres  le  fit  venir 
de  Cantabnge  pour  l'auanccr  aux  degrczôd:  charges  ecclefiaftiqucs.  Il  Je  fit  première- 
ment Diacre,&:  incontinent  luy  donna  congé  de  preicher  :  en  outre  luy  conftitua  pen- 
fion  iuffifante,qui  eftoit  le  reuenu  d'vne  prébende  de  l'eglife  cathédrale  de  S.PauI:&  là 
autant  de  temps  que  les  bôs  &  fidèles  Docteurs  ont  peu  auoir  loifir  &  commodité  fous 
le  roy  Edouard,  Bradford  s'cmployadiligemment  à  faire  fon  deuoirde  purement  &  fi- 
dèlement enfeigner  en  l'Eglife  de  Dieu. 

Apre  s  lamortdece  bon Roy>combienquelaReligion  commençait  à  décliner 
Bradford  toutefois  ne  lailfoit  point  de  pourfuyure  fidèlement  cefte  bonne  ceuure  qu'il 
auoit  cômencec.Lors  on  trouua  vne  caufe,mais  fort  inique ,  dautat  qu'il  n'y  auoit  poît 
encore  des  loix  publiques  par  lefquellcs  on  euft  ofté  la  liberté  de  parler,&  êcore  moins 

pour 


Notabl 
Ipoulc 
Buccr. 


Jean  Uratiforcl.  3 jo 

pour  eneftreemprifonnc.  Orvoicyquecefut:Letrezicmeiour  d'Aouftilyen  eutvn 
nommé  Burr*c,de  la  faction  du  Pape,  qui  depuis  fut  fait  eucfque  de  la  ville  de  Bade ,  le- 
quel en  vnlermon  qu'il  fie  en  la  Croix  de  fai net  Paul,  dcfgorgea  beaucoup  de  vilenies 
d'vne  façon  arrogante  &  impudence,  tant  contre  le  roy  Edouard,quecÔcrela  pure  do-  Tumultci 
ctrine  de  l'Euangilc:&  fe  porta  fi  fiercment,qu'il  ne  s'en  fallut  gueres  que  les  auditeurs  Jjl0"J* 
neleiettailentdelachaireenbas.carilsmonftrerent  des fignes aflezeuidens qu'ils  a-  Bumc. 
uoyent  grand  delîr  de  ce  taire.  Tous  eftoyent  tellement  dclpitez  cotre  luy ,  que  la  reue- 
rence  du  lieu,ne  l'auchorité  de  leuefque  de  Lôdres  qui  eftoit  là  prefent,ne  le  cômande- 
mét  légitime  du  Preuoft  de  la  ville  ne  pouuoyét  appaifer  les  tumultes  &  bruits  du  peu- 
ple.   Bujne  fe  trouuant  bien  empefché  à  caufe  de  ce  grand  trouble,&:  principalement 
pourcoque  du  milieu  de  la  meflce  on  luy  ietta  vn  poignard ,  duquel  il  fut  frappé ,  n'ofa 
pourfuyure  outre  pour  acheuerfon  fermon  feditieux:& le  peuple  auffi  ne  le  peut  fouf- 
frir  de  parler  plusauant.  Il  pria  donc  Bradford  qui  eftoit  derrière  luy ,  de  venir  tenir  fa 
place,  &  de  parler  au  peuple,  la  fin  &C  euenement  de  ce  confeil  luy  fut  bon.  Et  de  fait,a- 
pres  que  ledit  Bradford  fe  fut  prefenté  au  peuple,  tout  le  bruit  fut  facilemétappaifé.  Et  ^ 
auffi  toft  que  le  peuple  l'eut  regardé,  luy  defira  longue  profperité ,  &  s'eferia  :  Bradford,  p0"u1™,c' 
Bradford:  Dieu  te  vueille  longuement  conferuer  la  vie,Bradford.  Puis  après  tous  l'ouy-  BudfLrj 
renc  attentiuement  ainfi  qu'il  parloir  de  la  vraye  obei/Tancc  Chreftiennc.  Apres  que  le 
fermon  fut  finy,  vn  chacun  s'en  retourna  paifiblement  en  fa  maifon ,  exceptez  aucuns, 
car  quand  vn  Ci  grand  peuple  eftoffenfé&  irrité,  à  grand'  peine  fe  peut-il  faire  que  tou- 
tes chofes  foyent  Ci  foudain  &:  facilement  appaifees. 

Entre  ceux  donc  qui  remuèrent  en  ce  tumulte,  il  y  eutvn  gentil-homme  accom- 
pagné de  deux  feruiteurs ,  qui  monta  fur  les  degrezde  la  chaire  :  &  fe  ietta  iufques  à  l'- 
huis de  la  chaire  pour  approcher  dudit  Burne,ayât  intention  de  luy  faire  mal*  Bradford 
cognoiffant  ce  gentil-homme,  &:  preuoyant  bien  ce  qu'il  vouloit  faire,fe  mit  au  deuant 
&  s'oppofadetoutefaforce:&  cependant  adraôneftaBurnefecretement  par  fonferui- 
teur,  qu'il  fe  donnait  garde  de  ce  péril  emment.  Burne  s'enfuit  tout  incontinent  vers  le 
Gouuerneur  delà  ville,&  euita  derechef  la  mort.  Toutefois  ne  penfant  point  eftre  en- 
core alTez  en  feurté,  il  pria  Bradford  de  luy  tenir  côpagnie ,  iufques  à  ce  qu'il  peuft  ren- 
contrer quelquemaifon  pour  fe  cacher,&;  euiter  tous  efforts  &L  violences. Ce  que  Brad- 
ford fît  volontiers ,  &C  s'eftant  mis  au  deuat  le  couuroit  par  derrière  de  la  longue  robbe: 
bref,il  ne  l'abandonna  iufques  à  tant  qu  il  fuft  entre  les  mains  du  Maire  de  ia  ville  &c  de 
deux  autres  gens  de  iuftice,par  lefquels  il  fut  mené  fain  &  fauue  iufques  au  college/de  S. 
Paul  qui  eftoitprochain  de  là.  En  cefte  forte  ceft  arrogant  Burne,qui  auoit  ainfi  defgor- 
gé  fes  outrages  contre  le  bon  roy  Edouard,  fut  fauué  pour  cefte  fois  de  la  mort,laquelle 
toutefois  il  auoit  méritée  à  bon  droit  à  caufe  de  les  infolences.  Cela  fut  par  le  moyen  de 
Bradford:ce que  ne  diffimuloyent  point  ceux  qui  auoyent  intention  d'en  faire  la  ven- 
geance:entre  lefquels  il  y  en  eut  vn  qui  dit  cefte  parolle  deuat  tous,Bradford,Bradford, 
fauues- tu  ainli  la  vie  à  celuy  qui  n'efpargnera  pas  la  tienne  ?  que  Ci  ce  n'euft  efté  pour  l'a- 
mour de  toy,i'cuffe  percé  cefte  befte  de  mon  efpee. 

A  v  refte,  ce  iour-la  mefme  après  diiné  ledit  Bradford  fit  vn  fermon  deuant  le  peuple 
de  Londres  au  milieu  de  la  plus  grand'  place  de  la  ville,  auquel  il  reprint  aigremét  tout 
le  peuple  de  ce  fait  feditieux,  attendât  cependant  à  Londres  quelle  feroit  l'inue  de  ce- 
fte tragédie.  Voila  en  fomme  &c  de  poinct  en  poinct  &  à  la  vérité  comment  Bradford  fe 
porta  en  ceft  acte  cy:&:par  cela  peut-on  bié  entedre  quel  guerdô  il  meritoit  deuat  des  iu 
ges  équitables  pour  vne  œuurefi  faîcte.  Oyôs  maintenat  quelle  rccôpcfe  il  en  a  receuë. 

O  r  trois  iours  après  que  ces  chofes  furent  faites,le  Sénat  &:  les  Euefques  firent  venir 
Bradford  deuant  cux:&;  là  fut  contraint  de  refpondre  de  cefte  faction,  &c  de  l'herefie  qu'  Allufioiu 
on  luy  impofoit :  &c  l'accufoit  on  de  cefte  mefme  façô  que  la  brebis  fut  iadis  aceufee  par  1 
Je  loup  d  auoir  trouble  lafontaine(qui  toutefois  auoit  beu  bien  loin  de  là )no  point  qu'* 
elleeuftorfenfc,maisd'autantquele  loup  auoit  foif:  non  point  qu'elle  euft  troublé  la 
fontaine,ains  d'autant  qu  elle  n  c  pouuoit  refifter  à  l'autre  qui  l'auoit  troublée.  Voila  c6 
ment  il  en  eft  aduenu  à  Bradford,lequel  feul  auoit  efteint  la  flâmede  lafedition:&  non-  ^enf^n  ^ 
obftant  il  eft  mené  en  prifon,  en  laquelle  il  demeura  près  de  deux  ans.durat  lequel  téps  pnion. 
les  Papiftes  luy  donnèrent  plufieursaflauts,&auffiautresgens  d'autre  fecteluy  firent 
plufieursfafcheries.  Toutefois  il  ne  lai/Ta  de  fortifier  plufieurs  infirmes,  confoler  plu- 
fieurs affligez :dauantage il  fit  quelques liures félon  leloiûr  &clc  temps  qu'il  pouuoit 

Kk.ii. 


Liurc^>  II  IL  Jean  "Bradford. 

recouurer.  Entre  autres  chofes  il  enuoyoit  plufieurs  lettres  aux  habitans  de  Londres,  â 
rVniuerlité&  à  la  ville  de  Cantabrige,&:  aufli  aux  habitans  de  V  valdene&  de  Mance- 
ftre  :  outre-plus  il  efcriuit  lettres  à  deux  frères  &C  aufli  à  leurs  femmes  &c  familles, par  Ici- 
quelles  il  monftroit  bien  quelle  affection  Chrellienne il  nournlfoitenfoncceur.  Fina- 
lemét  après  longs  labeurs  &C  ennuis,  il  fut  tiré  hors  de  la  priibri  de  Conuentric,&  mené 
en  vneautreprii'onnômeeNevvgat:&y  futttienéfecretement.Le  lédemain  de bô  ma- 
tin on  le  mena  au  marché  de  Smychfild  auet  yn  autre  ieune  home  nommé  1e  anLie. 
f  e  ,quin  auoitque  i8.ans:où  to*4euîf&  'ét  bruilez,le  premier iour de Iuillet,  m.d.iv. 

DIVERS  aflaux  de  Jean  Bradford,qu'il  entrant  du  Chancelier  euefque  de  Vvinceftre,quedeplufieurs  Théo» 
logiens  à  diuerfes  fois.  Et  premièrement  des  interrogations  qui  luy  furent  faites  par  le  Chancelier. 

WSjfâÊ  PRES  qu'on  eut  acheué  de  parler  à  Robert  Ferror,  euefque  de  Saîct-Daifid ,  du- 
quel  le  martyre  a  eftéexpofé  cydetTus,  Ican  Bradford  fut  appelé,  &prefenté  en 
îugemcnt.  Et  premièrement  il  lé  mit  à  genoux  félon  la  façon  accoultumee.  Le  Chan- 
celier auant  que  de  luy  faire  aucune  interrogation,  letta  vne  vcué'  dedefdain  fur  luy,  &c 
quelque  temps  le  regarda  fans  dire  mot,  afin  dcfprouuer  fa  conltancc,  ou  pluftoft  pour 
rintimider,ouabatreparfonauthontc.  Bradford  d  autre  part  fc  tenant  aifeuré,  ietta 
femblablementlesyeuxdroit  fur  le  Chancelier,  leregardant  d'vnc  veucarrcitcc:linon 
qu'il  haufli  vne  fois  fa  vcuéau  ciel,implorant  l'aide  du  Seigneur ,  &c  derechef  après  les 
arrefta  tellcmét  furie  Chancelier,que  finalement  il  fut  côtraint  de  deftourner  fa  veuc, 
voire  mefmc  d'entrer  en  propos, &:  dire  à  Bradford  que  délia  dés  lôg  temps  il  auoit  efte 
détenu prifonnier  à  caufe  de  fonoutrccmdacefeditieuie,&:  fa  faufle  doctrine:  cômece- 
luy  qui  auoit  efte  li  o(e  de  prefeher  tant  haï  diment&:  (ans  authorité  deuat  tout  le  peu- 
ple en  la  Croix  de  S.Paul,  le  trezicme  iour  d'Aoult,  l'an  m.d.lïii.  MaintenantÇdifbit- 
il)  le  temps  eft  venu  quegrace  te  fera  faite  li  tu  veux.  LaRoinetepreicnte  mifericorde 
de  fonbongré,airauoirh  d'vn  commun  accord  auec  nous  tu  retournes  derechef  au 
bon  chemin 6c  à  la  vérité. 

Bradford  for  cela  fe  fubmettant  d'vne  telle  reuerence  qu'il  deuoitjuy  refpôdit: 
Mon  feigneur  le  Chancelier,&:  vous  auffi  rreshonnorez  feigneurs,c'eft  vne  chofe  toute 
certaine  que  par  voftrc  commandemennl  y  a  défia  long  temps  que  ie  fuis  détenu  prL 
fcfnnier,&:  fans  caufe,(ce  toutefois  que  ie  protefte  eftrc  dit  en  humilité  ,&  fans  defir  qu - 
aucun  de  vous  en  foit  offenië)comme  de  fait  ie  nay  aucune  fouuenance  quei aye  n 'icy 
fc  ailleurs  dit  ou  fait  aucune  chofe  qu'on  puifTe  à  bon  droit  redarguer  ou  de  fedition,  ou 
d'impiété,  ou  d'arrogance ,veu  que  de  ma  nature &:  inclination  i'ay  toutiours  aimé  la 
paix»&î  l'ay  pourchaflée  toute  ma  vie,  voire  &  en  celte  mefme  procédure  en  laquelle  ic 
donnay  ïecou  rs  à  Burne  qui  prefchoir,3c  eftoit  en  grad  danger  d'y  perdre  la  vic-.&L  outre 
cela  iefy  exhortation  publique  tendante  à  paix,  comme  vous  en  cites  bien  informez. 

L  e  Chancelier  ne  feut  endurer  qu'il  paifaft  plus  ou  trc,&  dit  comm  e  faifant  l 'efbahy, 
O  le  menfonge  cuident  &c  trop  manifelte  '.  Le  fait  meune  demonltrc  allez  ouucrteméc 
que  tu  as  cfmeu  fedition  &:  ttoublcs.  Et  vous  monfïeur  de  Londrcs,en  pourrez  bien  re- 
dre  tefmoignage. 

B.p  n  £  r  euefque  de  Londres,Ce  que  vous  dites  cft  trcfueritablc,  monfïeur  le  Reuc- 
rendxar  moy-mcfmc  qui  eftoye  prefent  en  tout  ce  fait ,  ay  veu  de  ces  propres  yeux,  co- 
rnent ceftuy-cy  parvneaudace&cutrccuidanccfeditieufe a  vfurpé  authorité  de  gou- 
Bradford    uerner  &:  conduire  le  peuple.  Ce  fait  demonitrc  affez  qu'il  a  efté  autheur  de  la  fedition 
a"'  S&u      des  troubles  qui  on  teftéefmeus.        Trefnoblesfeigneurs,  comme  qu'il  en  aille  de 
fedition,  tft  ce  que.monhcur  l'euefque  de  Londres  afferme  auoir  veu  de  les  propres  yeux,  toutefois 
acciîfé  au-  la  chofe  n'a  cité  conduite  autrement  qu'ainfï  qu'auez  délia  ouy  de  moy,  comme  le  iu/ftc 
dicurdicel-  jUg£  i£  man,feft;era  VI1  iour  à  tout  le  monde,dcuant  Je  throne  duquel  nous  deuoiis  tous 
comparoillre.  Cependant  pource  que  ie  ne  peux  obtenir  cecy  de  vous ,  d'adioufter  foy 
âmes  parolles,ie  porteray  pailiblement  tout  ce  que  Dieu  vous  permettra  d'attenter 
&  faire  contre  moy.  Ch.  le  fay  que  tuas  vne  langue  pleine  devanterie  orgueilleufe. 
lesparollesquifortentde  ta  bouche  nefontque  purs  mcnlbnges.dauantage,  ie  n'ay 
point  encore  mis  en  oubly  corn  ment  tu  t'es  monftré  obltiné,  quand  tu  plaidois  ta  caufe 
deuant  nous  en  la  tour,  eftant  là  appelé  pour  refpondre  de  la  fedition,&  quand  il  te  fuc 
çommâdé  d'aller  de  là  enprifon  pour  la  Religion.  le  fay,&:  encore  retien. ie  cela  en  ma 
memoire,quelle  contenance  tu  tenois,Ô£  quelle  fierté  y  auoit  en  tes  parolles  :  &:  dés  ce 
temps-la  tu  as  efte  détenu  en  prifçn  à  bon  droit.&:  comme  il  fembloit ,  tu  pouuois  bien 

eftee 


Jean'Bradford.  jjr 

eftreàraduenirautheurdegransmaux,&  plusgransqucicne  fautoye  recirer  pour  l'- 
heure prefen  ce.  Br.  le  dy  encore  maintenant  ce  que  i'ayproteftécy  deflus:  Tour  ainfi  J"^0 
que  i'aflîfteicy  deuant  vous  en  la  prefence  de  Dieu,  deuanc  le  fiege  duquel  (commei'ay  seigneur0 
dit)nous  deuons  tous  quelque  fois  comparoiftre  :  &c  en  ce  iour-Ja  la  vérité  fera  manife., 
ftec,  combien  que  cependant  elle  foie  cachée  comme  en  lieu  obfcuf ,  ou  pluftoft  qu'el- 
le foit  reicttec  des  hommes.  Et  mefme  ie  ne  doute  pofnt  que  Burne ,  à  qui  l'aflïftay  lors 
grandeme  nt,ne  vucillc  maintenant  confelTf  r  epeû  ie  ne  l'cu/Te  fècouru,  fa  vie  eftoit  en 
grand  danger:&:  encore  me  l'uis-ie  mis  moy-raeftb* ei>plus  grand  danger.  Bo .  Tu  mes 
en  difantcelaxaiïct'ayveut&ay  pris  garde  qtlei'esftioriftré  plus  arrogant  &  hautairi 
qu'il  ne  t'euft  efté  de  befoin.  Br  .  le  ne  me  fuis  riê>ï  attribué  en  ceftxndroit ,  Se  auflî  ie 
n'y  ay  rien  fait  que  ce  n'ait  eftéàla  prière  dautruy,& principalement  àla  requefte  de 
Burne  mefme.  Que  s'il  eftoit  icy  prefenr ,  ifhe  le  voudroit  pas  nier:&  iele  fay  bien.  Car 
luy-mefme  m'induifit  par  fes  prières  à  luy  donner  fécours ,  &  à  remédier  au  fcandale  du 
peuple.  Dauantage  il  me  pria  inftamment  que  ie  ne  l'abandonnafle  point  iufques  à  ce 
qu'il  fuft  hors  du  danger  de  fa  vie.  Aurefte,quantàma  contenance  &aux  propos  que 
i' ay  tenus  deuant  vous  en  la  tour,  s'il  y  a  eu  quelque  faute  en  ceft  endroit,  ou  fi  i'ay  laiifé 
à  faire  ce  qui  eftoit  de  mô  office,ou  s'y  ie  m'y  fuis  porté  autremét  qu'il  ne  falloir ,  ie  vous 
fupplie  de  bon  cœur  me  monft  rer  en  quoy  i'ay  offenfé ,  &:  ie  repareray  volontiers  la  fau- 
te. Ch.  Afin  que  ne  foyons  contrains  de  perdre  toufiours  ainfi  le  temps  après  toy  ,  il 
refte  vne  chofe  :  c'eft  que  fi  tu  veux  retourner  au  bon  chem  in  à  noftre  exemple,  &L  lou- 
ferireà reglil'e,la Roine te prefente grâce  & mifericorde de fon  bô gré.Que dis  tu?  B r  . 
Ienerefufe  pas  la  mifericorde  de  la  Roine,moyennant  qu'elle  foit  conjointe  auec  la  mi 
(encorde  de  Dieu .  mais  la  mifericorde  &:  grâce  coniointeauec l'ire  de  Dieu ,  que  profi-  Jj£.£ 
teroit-clle?  Toutefois,  grâces  à  mon  Dieu,  ie  ne  me  fen  point  coulpablc  d'auoir  corn.  Rome.' 
mis  quelque  offenfe  iufques  à  prefent,pour  laquelle  i'aye  befoin  d'implorer  fi  fort  la  mi- 
fericorde de  la  Roine  :veu  qu'en  ce  temps-la  ien'ay  rien  fait  qui  ne  s'accorde  tant  aux 
loix  &  ftatuts  de  Dieu,qu'aux  edits  &  ordonnances  publiques  de  ce  royaume:&  qui  n'- 
ait feruy  grandement  au  bien,  repos,&  tranquillité  publique.  C  h  .  Et  bien,  fi  tu  perfe- 
ueres  à  mettre  en  auant  tels  propos  faux  &:  vains,  te  plaifant  fi  fort  en  ton  babil  orgueil- 
îeux,faches-pour  certain  quela  volonté  de  la  Roine  eft  de  purger  en  bref  ce  royaume  de 
tels  homes  que  toy.  B  r  .  Dieu,  deuant  la  face  duquel  i affilie  maintenant  auflî  bien  que 
deuant  vous,  cognoit  quelle  gloire  ie  me  pourchafle  en  ceft  endroit,  ou  que  ie  me  fuis 
pourchaflee  par  cy  deuant.  Iedefire  grandement  la  bonté  Se  mifericorde  de  Dieu:  &c 
mefme  iedefireroye  atteindre  iufques  à  la  faueur  de  la  Roine,  à  ce  qu'elle  me  permift 
de  viure  fain  &  faufauec  les  autres  fuiets  de  fon  royaume,  pourueu  que  la  côfcience  me  Notable  cô 
demeuraft  auflî  faine &fauue.  Carautrement  la  mifericorde  du  Seigneur  m'eft  certes lolit,on- 
bien  meilleure  Se  beaucoup  plus  chère  que  ma  propre  vie.  dauancage,ie  fay  és  mains  de 
qui  i'ay  baillé  ma  vie  en  garde ,  aflàuoirde  celuy  qui  la  pourra  fufnfamment  garentir  Se 
xnaintenirreomme  auflî  fans  fa  permiflîon  nul  ne  me  la  pourra  ofter.  Il  y  a  douze  heures 
au  iour:&  tant  qu'elles  durent,nul  n'aura  puilfance  de  me  fofter.  La  bône  volonté  doc 
du  Seigneur  foit  faite:car  la  vie  coniointeauec  la  fureur  &  indignation  de  Dieu  eft  pire 
que  la  mort:au  contraire,  lamortconiointe  auec  fa  faueur,  c'eft  la  vie  mefme.  Ch. 
Tiens-toy  pôur  afTeuré,  qu'ainfi  que  iu fques  à  prefenr  tu  as  (eduit  le  peuple  par  vne  do- 
ttrinefauflc&  corrôpue,auiïi  en  rapporteras-tu  falaire  tel  que  tu  as  mencé  à  bon  droit. 
Br.  le  ne  me  fens  nullement  coulpable  d'aucune  fedu&ion,  &:  nay  jamais  propolé  au- 
tre façon  de  doctrine  que  celle  que  ie  fuis  preft  maintenant  de  feeller  démon  propre 
fang,  moyennant  la  grâce  de  mon  Dieu.  Et  quant  à  ce  que  vous  apppele.z  ma  doctrine, 
Corrôpue  &:  diabolique,  cela  me  feroit  vne  chofe  fort  difficile  à  porter ,  il  vous  pouuiez 
monftrer  par  efFe&  ce  que  vous  dites  de  bouche. 

L'e  v  e  s  ci.  de  Dunelme,  Orfus,  dy-nous  maintenant  qucllecft  ton  opinion  touchât 
l'adminiftracionde  la  communion,  laquelle  tu  vois  eftremainrcnant  en  vlage.  Br.  A- 
uant  que  ie  refponde  à  voftrc  mrerrogation ,  il  faut  que  ie  vous  face  vne  autre  demâde 
premieremét  &:  aux  autres  feigneurs  qui  font  icy  prefés:C'cft  defiapour  lafixiemefois  Serment  h 
que  ie  fuis  obligé  par  fermé»,  voire  par  parolles  exprefTes ,  à  ce  que  ie  ne  côfente  iamais ,pr 
quelaiurifdi&iôdu  Pape  foit  icy  reftablie  quelque  fois,ou  ramenée.  Parquoy  ie  vo'fup- 
plie  qu'il  vous  plaife  me  dire  en  bonne  foy ,  Se  me  faire  entendre  fi  vous  me  demandez 
cccy  en  l'authorité  du  Pape,  ou  non,  Siainfi  eft,ie  ne  vous  peux  refpondre  en  cecy 

Kk.iii. 


lennel  de  uc 
conlcnrr 
au  Pape. 


Liure  11  IL  Jean  Bradford. 

fansmeperiurermanifeftement.  Bvr.  fecretairc,  Cela  peut-il  eftre  vrayque  tu  ayes 
iméfixtois  contre  le  Pape?  Icteprie,  quelles  charges  as-tu  eues  en  la  republique  pour 
ce  faire  ?  B  r  .  Le  premier  ferment  qui  m'a  efté  donné ,  c'a  e'ité  à  Cantabrige,  quand  on 
me  voulut  faire  docteur. Le  fécond  hit  quand  on  m'appela  en  la  communauté  de  lafal- 
le  de  Pembruch.  Le  troifieme,  quanj  ambafTadeurs  furent  enuoyezau  nom  du  Roy ,  & 
toute  l'Vniuerlité  fut  contrainte  de  iurcr  publiquement  d'obleruer  tous  les  cdicts  du 
Roy.  Le  quatrième,  quand  on  me  fit  reccuoir  les  ordres  du  facré  miniftere.  Le  cinquiè- 
me futincontinent  après,  aiTauoir  quand  ie  fueleu  chanoine  de  S  Paul.  Le  fixieme&; 
dernier  fut  vn  peu  deuant  la  mort  du  Roy,quand  nous  tous  indifféremment  auons  pre- 
fte'  derechef  ce  ferment  mefmc.  Ch.  Et  bien,  que  veux-tu  dire  pour  tout  cela?  Tels 
*rmcîHc-  fermens  Herodiens  n'obligent  nullement  la  confeience.  Br.  Mais  certes  rcls  1er 
rodkns.  mens  n'ont  point  efté  pour  lors  Herodiens,&:  ne  doyucnt  eftre  reputez  iniques  :  ains  s' 
accordoyent  fort  bien  à  la  parolle  légitime  de  Dieti:&  vous-mefmesl'auez  ainfi  attefte 
&c  ratifié  au  liure  que  vous  auez  nagueres  compofe ,  De  la  vraye  obeuTance. 

Ro  c  h  é  s  t  e  R, qui  eftoitvn  des  aiîîftens,&aircz  près  de  fa  table  ditjTrtsIiojinorcz 
feigneurs,ien'auoye  iamais  iuiques  à  prefent  entendu  la  caufe  pourquoy  ccihiy  Brad 
iord  a  efté  conftitué  prifonnier.ic  voy  maintenant,quelque  caufe  qu'il  y  ait,  que  vous  a 
uezbefôngné  prudemment  encecy,quandvousrauczainiifaitemprifonner.  Que  s'il 
euft  efté  en  (a  liberté,  il  euft  peu  faire  beaucoup  de  mauxen  ce  temps-cy.Parquoy  pour 
quelque  caufc  que  ce  foit  qu'il  ait  efté  détenu  prisonnier  iufques  à  prelcnt,  ic  cognoy 
maintenant  qu'il  eft  tel ,  que  mcfme  hors  la  caufe  il  mente  bien  d'eftre  eltroitemêt  gar- 
dé par  vous.  Bvrne  fecretaire,  Qui  plus  cft,par  le  rapport  du  conte  de  Dai  bc  nous  a 
uonsouydernierement  en  l'aiTemblce  publique,  que  maintenant  en  la  pnlonil  a  fait 

res  ac  beaucôupplusdedommageàlareligionparleslettresqu'ilaefcrites^u  iln'aùoitfait 
BradSrdC  auparauant  quâdi/prefchoit  publiquement  en  liberté.  En  ces  lettres  il  detefte  fort  le* 
pour  encou  fauxprefcheurs  &:  maiftres  de  doctrine  corrompue  (car  voila  comment  il  appelle  la  do- 
2£ IeSfi"  ftrinequinerefpond  point  alafiennc)&:  exhorte  de  grande  affedion  tous  fes  coplices 
àperfeuererconftamment,&fetenirfermesen  la  vraye  doctrine  laquelle  ils  auoyent 
receue  de  luy  &:  des  autres.  Ily  en  auoit  aliffi  plufieurs  autres  du  confeil  delà  Roine,  qui 
atteftoyent  cela  mefme.Quc  dis-tu,  homme  de  bienîrcfpon:  voudrois-tu  nier  que  tu  n'- 
ayes  point  èferit  telles  lettres?  Br.  Tant  s'en  faut  que  i'aye  rien  fait  ou  ditpar  fedition 
que  iené  fen  point  en  mon  cœur  que  iamais  aucune  mauuaifc  penfee  de  fedition  y  (oie 
dcfcendue,dontie  ren  grâces  à  Dieu.  Bvr.  Maistuncpeuxnierquetun'ayesefcrit 
des  lettres.  Pourquoy  te  tais-tu?refpon.  Br.  Ce  que i'ayefcrit  eft  eferir.  S o  v  t  h  vv  e  t 
Ceft  merueilles  defarrogance  de  ceft  hom  me,  laquelle  il  a,  monftrec  mefme  lors  qu'il 
eftoit  en  adolefcence:  &  encore  fe  porte  tant  audacieuiement,ofan  t  bien  fe  iouer  auec 
lesconfeilliersdela  Roine  &  autres  gens  deftat.  Adonc  feregardansl'vn  l'autre  en  co- 
lère d-vn  œil  de  trauers,  comme  par  deldain,  Bradford  les  regardoit  au/ïï,&:  parla  à  eux 
comme  il  s'cnfuir.Treshonnorez  feigneurs,  Dieu  qui  eft  &  fera  iéul  luge  de  nous  tous 
fait  bien  que  comme  i'aflïfte  deuant  fa  faincte  maiefté,  aufli  ic  me  porte  icy  humblemêt 
deuant  vos  reuerences,comme  il  eft  railbnnable,  me  donnant  garde  autant  qu'il  m 'eft: 
polïible,àpequeienevousofFenfeoucn  parolles  ou  en  faid*  félon  que  ie  le  peux  co- 
gnoiftre.  Que  il  vous  le  prenez  autremét ,  ie  fay  bien  que  le  temps  viendra  auquel  Dieu 
reuelera  cecy.  Cependant  l'ay  bonne  efperance  que  iendureray  paiiiblemenr&:  volon- 
tiers tout  ce  que  bô  vous  femblera  de  dire  &  faire.  C  h  .  Ce  font-la  belles  parolles  de  re- 
uerencexependant  toutefois,  comme  eh  toutes  autres  chofes  tu  n'as  fait  que  mentir 
aufîï  nefais-tu  que  mentir  en  ceft  endroit.  B  r  .  le  délire  queDieu  qui  fonde  les  cœurs  &: 
qui  feul  eft  autheur  de  la  verirc,m'arrache  maintenat  en  vos  prefences  la  lague  de  celle 
bouche  qui  parle  à  vous,&:qu'il  môftre  vn  cxéple  en  moy,duquel  tous  autres  foyentad- 
môneftefc,fi  i'ày  délibéré  de  métir  ici  deuât  vous,ou  me  gaudir  à  pUifir  de  quelque  cho- 
fequevousmepuiiliezinterrogùer.  Ch.  Pourquoy  ne  refpôs  ru  donc?  As-tu  paselcrit 
des  lettres  telles  que  ceux-cy  te  mettét  en  auant?.  B  r  .  le  fay  la  mclme  i  cfponfe  que  fay 
fait  par  cy  deuant-.Ce  que  i'ay  cfcrit,eft  défia  efcrit-I'aflifte  icy  deuant  vous,fubmis  à  vo- 
ftrecognx)ifTance:  vous  pouuez faire  mon  procez  fur  ces  lettres  fi  vous  voulez.  Que  fi 
vous  le  pouuez  faire ,  ou  s'il  y  a  quelque  chofe  en  ces  lettres  dequoy  on  me  pui/Te  accu- 
fer  &blafmer  à  bon  droit,  iementiroye  fi  ie  lenioye.  Ch.  Il  n'y  auroit  iamais  fin  en 
ceft  horame-cy.  Or  fus ,  dy  nous  en  bref,  veux- tu  qu'on  te  face  mifericorde ,  ou  non? 

BR.Ie 


Jean  Uradf ord.  332 

Br  .  le  prie  noftre  Seigneur  qu'il  m'ottroye  l'a  mifêricorde.  Que  fi  auec  ccftc  mifêri- 
corde dcDieù  vous  voulez  auflîconioindre  voftre  mifêricorde,  ie  ne  la  refuferay  pas. 
Alors  chacun  eftoit  cmpefché  à  dire  Ion  opinion,  l'vn  en  parloir  d'vne  façon, l'autre  d'- 
vne  autrc,&:  tous  deuifoyent  de  fon  arrogance:aiTauoir  qu'il  reiettoit  ainfi  fièrement  la 
mifêricorde  que  la  Roine  luy  prefentoit  li  libéralement.  ^[Bradford  donc  parla  à  eux 
en  celle  forte:Si  vous  me  permettezde  iouîr  tejlement  du  droit&  liberté  des  autres  ci- 
*oyens,que  cependant  auflî  ie  puifte  retenir  la  liberté  de  ma  côfcience  :  i  auray  matière 
de  vous  rendre  grâces  de  bon  cœur  de  voftre  bénignité. Et  fi  ie  me  porte  autrement  qu' 
iln  eftfeantà  vn  boncitoyé&:  paifible,vousauezdes  loix  par  leiquelles  vous  me  pour- 
rez punir.  Cependant  ie  ne  requier  autre  chofe  de  vous,  fihoh  que  celle  grâce  commu 
ne  me  foit  ottroyee,de  viure  auec  les  autres  citoyens ,  iufqu  a  ce  qu'on  trouue  en  moy 
chofe  digne  d'eftre  punie  de  mort  par  les  loix.Que  fi  ie  ne  peux  impetrer  çecy  de  vous 
(comme  ie  ne  1  ay  peu  impetrer  iufques  à  preleht)la  volonté  du  Seigneur  foit  faite  :  A- 
mer».  ^Sur  cecy  le  Chancelier  fit  vne  longue  digreffion,&:  commença  à  vomir  d'vne 
bouche  impudente  eje  grans  outrages  contre  le  roy  Edouard,  dilànt  q  plufieurs  auoycc 
efté  feduits  par  fon  erreur.Puis  après  quand  il  eut  mis  fin  à  fes  mefdifances,il  adrefla  de 
recheffoh  propos  à  Bradford,tafcharit  de  le  furprendre  eh  quelque  forte:  &:  luy  dit ,  Et 
toy,homme  de  bien,que  veux-tu  dire?  B  r .Tout  ainfi  que  lafaçon  &:  doctrine  delà  Re- 
ligion que  noftre  bon  roy  Edouard  a  fuiuie,  &  laquelle  il  nous  a  recommandée  par  fon 
authorité,nem'aiamaisdefplcu  tant  qu'il  a  vefcu:auffi  maintenant  depuis  famortm'a 
femblé  beaucoup  meilieurej&  me  fens  de  iour  en  iour  plus  confirmé  en  icelle:&fi  mon. 
bon  Dieu  le  permette  fuis  preft  de  féeller  cecy  de  mon  propre  fang,  auffi  bien  que  ie  le 
teftifie  de  parolles  maintenant. 

O  r  du  temps  du  roy  Edouard  il  y  auoit  plufieurs  liuresappàrtenansauxobferua- 
tions& cérémonies  de  l'Eglife,lefquelles combien  que  toutes peuflent  bien  feruiràla  Lesliurc* 
reformation  de  la  Religion,touteroi$  p.ource  qu'il  fembloit  bon  à  ceux  qui  auoyent  les  des  cere- 
afFairesen  maniement,  de  reformer  l'eftat  de  l'Eglife  petit  à  petit  &:  comme  par  ihter-  fj^^ 
ualle,  elles  turent  changées  vne  fois  ou  deux  >  ou  pluftôft  les  liures  eftoyeht  corrigez,  temps  du 
Tonftal  euefque  de  Dunelme  repiochoit  celle  diuerlité  aux  Euangeliques>commeles  ™J  tdou 
aceufant  de  légèreté  &:  incôftance.  Il  rit  donc  cefte  interrogation  à  Bradford,  Quelle  * 
forme  de  Religion  il  entendoit  de  toutes  celles  qui  auoyent  eftéfous  leroy  Edouard. 
Bradfordluy  refpondit,Monficurl'Euefque,i'ay  commencé  à  faire  office  de  prefeher 
Tan  auquel  le  Roy  mourut.    ^  Burne  le  prothonotaireprint  alors  des  tablettes ,  auf- 
quelles  il  eleriuit  quelque  chofe.     Finalement  après  qu'ils  eurent  fait  quelque  peu 
defilence,le  Chancelier  retourna  derechef  à  la  doctrine  &*religiô  du  roy  Edouard,&  s' 
efforçoit  de  monftrer  qu'elle  eftoit  hérétique  pour  celle  railon  pnncipalement,qu'ellc 
fentoit  fa  rébellion  &  lefe  maiefté.  Au  demeurant  il  n'amenoit  rien  de  l'Efcriture,&:  on 
pouuoit  par  cela(difoit-il)racilement  îuger ce  qu'vn  chacun  deuoit  fentir  de  telle  façô 
de  doctrine.  Br.  O  fi  ainfi  eftoit,môfieur  le  reuerend,que  vous  peuflièz  vne  bonne  fois 
entrer  au  landuaire&  au  cabinet  de  Dieu,&  là  regarder  la  fin  ôc  l'i/fue  de  celle  voftre 
dottrine,laquellevousprifez  maintenant  fi  fort!  Ch.  Que  veux-tu  dire  par  cela?Il  me 
femble  bien  que  fi  nous  le  voulons  ouir  vh  peu,nous  pourrons  maintenant  mcfmcfeh- 
tir  quelque  flair  de  rébellion  en  fes  parolles.  B  r  .  le  ne  penfe  à  rien  moins  qu'à  ce  qua 
vous  dites-.pluftoft  ic  regarde  à  vn  but  tout  cohtraire  à  celuy  que  les  hommes  fe  propO 
fenteouftumierement  deuarit  leurs  yeux  charnels. c  eft  le  bur  de  ceux  qui  efta*  entrez 
au  fan&uaire  deDieu,contemplas  les  chofés  celeftes,&:  nô  point  celles  qui  font  du  mo- 
de.   Car  les  choies  qui  font  telles  eiblouiflent  facilement  les  yeux  des  hommes ,  &  les 
tirent  en  erreur. 

Or  fur  cecy  le  Chancelier  propofa  derechef  les  conditions  deviez  pardon  àBrad- 
ford:auquel  il  refpondit  de  la  mefme  façon  qu'il  auoit  fait  auparauant,a(fauoir  qu'il  de 
firoit  bien  qu'on  luy  fift  mifericorde,pourueu  qu'elle  fuft  coriiointe  auec  la  mifericôr- 
de de  Dieui&  non  autrement.  Auffi  toft  que  le  Chancelier  l'eut  ouy  ainfi  parlerai  fît 
figne  à  aucuns  de  fes  gens  qui  eftoy ent  dehors,qu'ils  ehtraflfent .  car  en  celle  aflemblee 
il  n'y  auoit  nul  outre  ceux  qui  ont  efté  nomracz,&  l'euefque  de  Vvigorne.Et  après  que 
quelcun  y  fut  entré>le  fecretairc  Burne  dit ,  le  fuis  daduis  qu'on  face  icy  venir  le  Geo- 
bet,à  qui  nous  donnions  çeftuy-cy  en  gartie.  Vn  leruiteur  donc  alla  quérir  le  Geôlier, 

Kk.  iiiif 


Br.iJtor<î 


cebcc 


delaprifon  de  Marsh  al  &  quand  il  fut  là  venu,  le  Chancelier  luy  commanda  exprefic- 
menequ'il  veillait  fur  luy  de  li  pres,quc  nul  n'euft  encrée  pour  venir  parler  à  luy. Dauan 
cage  qu'il  le  donnait  gai  -de  qu'aucunes  lettres  ne  tu  fient  enuoyecs  par  Ion  prifonnicrà 
biiîtTw  homme  du  monde.ht combien  qu'il  ne  le  défiait  delà  vigilance  du  Geolier,neâtmoins 
Ccohcr  jj  eftoit  befoin  que  celle  remonlltâce  luy  fuft  faite,qu'il  y  anoit  pour  l'heure  plusde  rai- 
Ion  pourquoy  il  deuft  garder  plus  loi'gneufcmenc  ce  prilbnnier;qu'auparauant.Le  Ge- 
ôlier donc  s'en  allaauec  Bradiord,ayanr  celle  commiiïiondu  Chancelier,  comme  il  a 
cftedic  Et  Bradford  lorrant  du  conieil,s'enalloitioyeux&:a]egre,fans  changer  de  face, 
commeceluy  qui  clloitjpreft d'endurer  toutes  choies  extrêmes  pour  le  tefmoignagc 
delà  dodlnne  de  J'Euangile,voirc  quand  lur  le  champ  il  luy  eufl  rallu  efpandtefon  fang 
îufques  à  perdre  Ja  vie. 

L  A  féconde  journée  3:  proceJurctcmu:  par  k  Chancelier  &:  £es  jdioiots  coorre  Bradfoid  au  temple  qu'on  appeic  de  U  vierge 
Max«c,le  ip.de  Ianuier,MX)i-V.  * 

PRES  que  Rogers  eut  elle  condamné  ,  duquel  les  actes  &:  le  martyre  eftcydef. 
§  lusdefcrir,!e  premierqu  on  fit  venir  en  iugement,ce  fut  Iean  Bradford ,  lequel  le 
Chancelier  &:  les  autres  Eucfques  qui  clloyent  auec  luy,firent  venir  deuant  eux.  Lors 
le  Chancelier  répéta  en  peu  de  parollcs  ce  qui  auoit  efte  fait  en  la  prem  iere  procédure: 
aflauoir  qu'il  auoit  refuie  allez  orgueilleufemc  nt  la  mifericorde  de  la  Roine ,  tjui  Juya- 
uoit  elle  offerte. &:  elloitdemeuréopiniallre,nepouuant  fournir  délire  deftournédes 
opinions  &:  erreurs  du  roy  Edouard:toutcfois  qu'il  y  auoit  encoreefperance  que  la  vie 
luyleroitfaunec,pourueu  qu'il  rctournaft  àlon  bon  fens. Puis ladmôncfta  de  regarder 
diligemment  à  foy_mefme  cependant  qu'il  en  auoit  le  lojlîr .  poffible il  aduiedroit  puis 
apresquecefteopportunitéluy  teroitoltce,&:  qu'il  ferepentiroit trop  tard.  Lctoute- 
£Sgue  ^oit  encorc  en  f°n  entiertpour  le  moins  qu'il  y  auoit  encore  remède, veu  qu'il  cftoiten- 
auChan-  tre  les  limites  de  fa  puilfanccneftant  encore  liure' au  bras  feculier.  Qu'il  fc  propofaft 
les  exemples  de  Cardmaker  &:  de  Barle  deuant  lesyeux ,  defquels  il  dilbit  tout  ce  qu'il 
pouuoitàleurslouangcs,afinqueparcemoyenil  enflammait  le  courage  dudit  «Brad- 
ford à  les  imiter. 

Bradford  après  celle  longue  harengue  du  Chancelier,  voulut  aufïî  parler  pour 
foy.Premierement  il  pria  ceux  qui  luy  eftoy  ent  là  pr donnez  pour  mges ,  de  vou  loir  dih- 
gemment  conlïdcrcr  non  feulement  le  lieu  où  ils  eftoyêt  alîîs ,  mais  auffi  de  qui  c  eftoie 
qu'ils  rerkefentoyét  la  maiefte  &:  âuthorité  ailauoir  du  luge  fouuerain  &  eternel,qui  fc 
rfc.gi  r    Ion  le  tefmoignage  de  Dauideftafiis  au  milieu  des  dieux  &  des  luges  pour  iuger.  Par- 
quoy  fi  ccux-cy  veulent  élire  tenus  &  reputez  enuers  les  autres  pour  minillres  &  vrais 
officiers  de  Dieu:s'ils  veulent  aufli  que  leur  fîcge  foit  eftimé  comme  vn  throne  ou  (îege 
L'office  des*u^lc'a^  ^e  ^'eu'^  ^aut  <lu regardent  diligemment  à  eux,àce  qu'ils  ne  fe  deftournét 
luges      tant  peu  que  ce  foitdu  patron  El  exemple  de  celuy  duquel  ils  portent  la  figure  lima- 
ge: ains  qu'ils  s'accommodent  au  naturel  d'iceluy  le  plus  près  que  faire  fe  pourra  ,  veu 
qu'ils  tiennent  fon  lieu, comme  diteft:qu'ils  ne  mettent  point  embufchesdcfallace au 
fang  innocent  :  qu'ils  ne  circonuiennent  pet  lbnne  par  queftions  ou  par  interrogats 
captieux, par  lciquels  ils  cnueloppent  en  laqs&  fraudes  telles  gens,qui  toutefois  félon 
la  loy  font  en  liberté.Quant  à  luy  il  recognoit  volontiers  le  lieu  où  il  cil,&  leur  veut  de 
f  ercr  tout  ce  que  le  lieu  qu'ils  occupent,reqniert:&  que  maintenant  il  affilie  deuat  eux 
oucoulpableou  innocent.  S'ileftcoulpable ,  il  prie  qu'on  luy  face  Ion  procès  félon  les 
Argument  *olx&ord°nriâces.  S'ileftinnocent,pour  le  m  oins  qu'il  luy  foitloifiblede  iouyrdupri 
dVnTray  uilege  commun  d'vn  citoyen  innocent,duquel  il  n'auoit  peu  iouyr  iufques  à  ce  iour.Ia. 
fidèle.         Le  Chancelier  refpondant,dit,Ce  qu'au  commencement  de  ton  propos  tu  as  récite 
du  Pfeau.alfauoir,Dicu  a  affilié  en  l'alfcmblee  des  Iuges,&c.efl:  bien  vray:  mais  tout  ce 
que  tu  dis,&:  toute  ta  con  tenance  n'ell  que  pure  hy  pocrifie,&affectation  de  vaine  gloi- 
re.   Làdelîusil  vfa  de  beaucoup  de  propos,tafchantde  perfuader  qu'il  nefloir  point 
tel  qu'il  appetall  l'erTufion  du  fang  innocent .     Au  contraire,  reicrtanttoutleblafme 
fur  Bradford,  1  appeloit  Orgueilleux  &  arrogant ,  d'autant  qu'en  la  Croix  de  faincr  Paul 
il  auoit  fait  le  mailtre  &c  conducteur  du  peuple  ,  principalement  en  vne  façon  de 
doctrine  &:  religion  ,  laquelle  il  maintenoit  pour  lors  d'vnc  manière  fi  obftinee  :  ce 
qui  ne  fe  pouuoit  faire  ,  fans  grandement  troubler  feglife  &:  la  religion  ,  félon 
que  les  affaires  fe  portoyent  adonc  .      Er,  difoit  que  c'efloit  Ja  raifon  pourquoy 
on  l'auoit  mis  en  prifon,  en  laquelle  il  n'auoit  point  laiiTé  de  faire  auffi  grands  troubles, 
qu'au  parauant,veu  qu'il  auoit  incité  les  cœurs  du  peuple  par  lettres  efcrites,à  s  edurcir 

vne 


Jean  Bradford  jjj 

àvne  mcfme  fa&ion  de  doctrine,  félon  que  le  conte  deDarbe  l'auoit  rapporte  au  Senar. 
Dauantage,illuy  remonftroit  comment  il  s'eftoic  monftréobftiné  à  maintenir  fa  do-  Jç^JJe 
&rine  en  la  première  afTcmblee,quand  ils  debatoyent  entre  eu*  de  la  religion. E ri  quoy 
il  vouloir  aufti  maintenant  eflayer  Se  fonder  quelle  refponfe  il  luy  feroit.  Bradford 
ayant  faicla  reuerence  au  Chancelier^  à  rairembleejrefponditrPremieremer quant  à 
cequ'onleblafmoit  comme  hypocrite&arrogantjillaifloitcelaauiugement'deDieU, 
qui  quelque  foismettoitjen  lumière  les  cœurs&  penfees  des  vns  &  des  autres;&: cepeh 
da^it  il  fe  contentoit  du  tefmoignage  de  fa  confciencc.  Mais  quant  à  ce  qu'il  auoit  fait 
en  la  Croix  de  faind  Paul  tant  s'en  falloit  qu'il  fe  fentift  conlpable  de  ce  crime ,  qu'il  be 
doutoit  point  que  quelque  fois  Dieu  ne  manifeftaft  la  vérité  de  ce  faid  à  fôn  grâiïd  fou- 
lagemcnt.Et  û  ïamais  il  auoit  fait  quelque  chofe  en  toute  fa  vie  gui  pcuft  apporter  pro-  H  fe  puîgfc 
fit  à  la  republique: c'eftoit  principalement  en  ce  iour-la  qu'il  âuoit  profité,  tanty  â  toù-  jjjyjjîj^â 
tefois  que  pour  ceftemefmecaufe,pour  laquelle  il  meritoitpluftoft  quelque  guerdon 
en  vne  republique  non  ingrate,il  auoit  cfté  ietté  en  prifon  $  où  il  auoit  cfté  gardé  défia 
long  temps.  Et  quant  à  ce  qu'on  luy  mettoit  en  auant  des  lettres  qu'il  auoit  eferites  en 
la  prifon,ilne  vouloir  fur  cela  refpondrcautre  chofe ,  finori  ce  qu'il  en  auoit  défia  dit  le 
iour  auparauanc:  à  quoy  il  fe  tenoit  nonobstant  leurs  cotradiétiohs .  ^  Lors  le  Chan- 
celier luy  dit,Mais  ce  iour  Ja  mefme  il  femb  loit  bien  que  tu  voulûmes  obftinement  dé- 
fendre la  dodrine  du  roy  Edouard ,  cerchant  occafion  par  ce  moyé  de  nous  mettre  aux 
laqs. 

Br  a  d  f  o  r  d  luy  dit,Dcfia  dés  long  temps  ie  vous  ayreipondu  de  ce  fait,que  par  fix 
fois  i'ay  iuré  contre  l'authorité  du  Pape. Et  fur  cela  ie  voudroye  fauoir  cecy  de  vous$  cÔi 
me  ie  deiîroye  pour  lors,aflauoir  fi  c'eftoit  au  nom  du  Pape  que  me  faifiezeefte  deman 
de.Que  li  ainii  euft  efté,  ie  ne  vous  eulfe peu  reipôdre  fas  me  periurer.Toutcfdis ie pro- 
nonce cecy,que  mon  efpriteft  beaucoup  plus  fortifie'  en  cefte  façon  de  doctrine  que 
nousauons  iuyuiefousle  roy  Edouard,que lors  que iefu  premièrement  conftitué  pri- 
fonnier:&:  fuis  preft  de  rendre  tefmoignage  de  ce  queiedy,non  feulement  pàrconfeL 
fion  de  boucherais  aufli  par  efïufion  de  mon  fang ,  fi  la  neceffité  &l  la  volonté  de  mon 
l>on  Dieu  le  requièrent.  Le  Chancelier  ,  Il  me  iouuient  voirement  que  pour  lèrsttàas 
mis  en  auant  beaucou  p  deparolles  qui  neferuoyent  de  rien  à  propos  :  commè'li  lefer- 
mentfait  contre  le  Pape  euft  efté  de  fi  grande  importance»Mais  quoyfUéft  certain  ^ii 
il  y  en  a  plufieurs  autres  que  toy  &C  deuanttoy  qui  ont  fait  vn  autre  ferment  *  faÇoit  que 
la  raifon  ne  fuft  (cmblable  en  tout  &  par  tout.  C  ar  ce  que  tu  couures  ta  corifeiencè  <ie  Lamukî- 
ferment  n'eft  qu*vne  pure  h.ypocrifie.Bradfotd,Lc|  Seigneur cognoit quelle  eft  ma  co_  ^J^" 
fciéce:lequel  comme  il  doit  venir  quelque  fois  pour  eftreluge,  aufli  m'eflMl  maihtenat 
cetefmoinfien  cecy  iefayrien  parhypocrifie  ou  diflimulatiô.Parquoy  iercfpÔmain- 
tenant  ce  que  i'ay  protefté  cy  deuant,aflauoir  que  pour  crainte  dé  me  periurer ,  ie  n  oie 
rien  refpondreéschofes  desquelles  vous- vous  enquerez*  quand  il  femblerok  quema 
refpôfe  deuftferuir  de  quelque  chofc, ponr  eftablir  l'authorité  du  Pape  en  ce  rôyîume. 
LeChancelicr,Et  pourquoy  difois-tu  au  commencement  de  ton  propos  quenousfom-- 
mesdieux,&que  maintenant  nous  tenons  la  place  de  Dieu,fitu  refufes  denOUSrefpçih- 
dre,eftant  interrogué  par  nous?    Bradford ,  Aiîauoir  fi  ce  que  ie  difoyealorS,'&  eeqile 
i'alleguoye  du  P(eaume,appartenoit  à cela,que  tous  reputent  cefte  voftre  autKoritéoki 
liège  que  vous  occupez  comme  vne  authorité  &:  fiege  de  Dieu,  puis  que  vôU^fe^WÛkz 
ainfi.    Pour  cefte  raifon  eftant  venu  au  tefmoignage  de  cefte  Èicriture  duPf&àtfme,ie 
vouloye  bien  vous  admonnefter  commet  vous  deuez  vfer  de  cefte  authorité*  ^te- vous 
auez  de  Dieu:&  comment  il  ne  faut  point  que  vous-vous  deftdurhiez  de  la  iuftice  d'i- 
celuy,duquel  vous  vous  vatez  d'eftre  Lieutenas.Et  quat  à  ce  qui  nie  touche,  iceïuy  (oie 
Iuge,fi  ie  me  veux  couurir  de  quelq  hypocrifie,en  propofant  ce  ferment.  L  Change 
Quand  il  n'y  auroit  autre  chofe  quececy,fi  eft-ce  qu'on  peut  facilement  cognoiftre  tô 
hypocrifie.Car  fi  tu  n'eufles  point  fait  de  fcrupule  de  rcfpondre  pour  autre  raifon  que 
pour  le  ferment,tu  n'euftes  ïamais  parlé  de  cefte  façon  deuant  nous,ains  tu  cufTei  furie 
champ  refpondu  au  fajd.Maintenant  on  peut  aifemétapperceuoir,  que  c'eft-cy  feuler 
ment  vne  couuerture  pour  bailler  couleur  à  ton  filence  ,  veu  qu'autrement  tu  n'ofes 
refpondre  au  faifr&^cependahr  tu  perfuades  au  peuple  que  ce  qUe  tu  asfait,qnèç'ae- 
fté  en  bonne  confciencc.  B  r  ;  Les  parolles  defquelles  i'vfay  alors^ne  tendoyehtjpbint  à, 


Lime  II IL  Jean  Bradford. 

ce  but  qu'elles  fultent  pourrefponiès  oppofees  à  vosobiections:  veuqu'en  cetcfnpOa 
vous  ne  m'obie&icz  nen.Quc  fi  vous  eufliez  bien  penfë&  confideré  ce  que  ie  diloye  su. 
lors, iln  euft  efté  nullement  befoin  de  faire  mention  du  f  erment.  Maintenant  voyant 
que  vous  ne  vous  rendiez  pas  beaucoup  attétifs  aux  choies  dites,  ains  penuez  à  autres, 
&:cerchiez  occafion  feulement  pour  me  faire  tomber  en  periure  ,  lîi'eulîe  rclponduà 
cequeme  propofiez  au  npm  du  Pape:pour  cela  l'en  fay  conlcience .  le  ne  cerche  point 
<leùibterfuge  en  ceft  endroit,&  ne  talche  point  à  deceuoir  le  peur/le  par  rauiîès  couuer 
tures-Garn  vous,treshonnorez  feigneurs,quieftesicy  affispouriuger,meproteftczce- 
cyfrançhcmcnr,que  vous  ne  me  demanderez  rien  de  ce  qui  me  race  en  quelque  lbrtc 
vibJermafoyÔi  lefermentfait  contre  le  Papcricrefpondray  fi.  ouuertement  &  claire- 
ment aux  choies  que  vous  me  demanderez,que  vous  aurez  occasion  de  dire  que  nul  au 
trenevousarcfpondu  plus  clairement.  Ienecrainquemaconrcience,  quand  l'heure 
viendra  qu'il  me  faudra  mourir,autrement  ie  n'eufle  fi  long  tempsdirferé.  Le  Chance- 
lier fur  cela  dreifantfon  propos  à  ceux  qui  là  ettoyent,  dit,  Vous  voyez  quelle  eftl'arro 
.ganec  de  ceft  homme-ci,qui  s'attribue  plus  de  làgcflc  &:  de  confciencc  que  tous  autres 
feigneurs  &c  gouuerneurs  du  royaume,&:  plus  que  tout  le  refte  des  hommes  de  quelque 
eftat  qu'ils  foyent:&  nonobftant  pour  dire  la  vérité,  il  n'a  nulle  confeience  du  tout. 

Bradford  dit,Que  ceux  qui  font  icy  prelens  iugent  en  vérité  &c  droiturcrll  y  a  pJusd'- 
vnan&demy  que  ie  fuis  détenu  prifonnierrquemondeur  le  Chancelier  déclare  quelle 
caufe  ila  eu  de  mecôftitucr  pnfonnier.il  n'y  a  pas  long  temps  qu'il  a  dit(ce  qu'aulfi  mô- 
lîeurdeLondresaattefté)queiayfait  vn  fermonau  peuple  en  la  Croix  de  S.Paul,  fans 
mandement  ou  ordonnance  d'aucun  .  Icy  maintenant  en  cefte  alfemblee  mpnfieur  V 
euefque  de  Badealfifte,  lequel  me  preiTainftammcnt  de  ce  faire:  voire  m'adiurantpar 
la  pafsion  de  noftre  Seigneur.  A  fa  requefteiemontay  enchairc&nes'cnfalut  gueres 
que  ie  ne  fu Ife  frappé  du  mefme  poignard  qu'on auoit  ietté  contre  Burne.carle  coup 
me  paiTa  près  du  cofté.  Apres  que  i'eu  appaifé  le  trouble,il  me  pria  derechef  que  ie  ne  1- 
abandonnafle.Ieluy  fipromelfequetoutceiour-laie  m'employeroye  à  procurerqu'il 
xieuft  point  de  mal.  Apres  que  le  fermon  rut  fini,comm,e  ainfi  foit  qu'il  n'y  euft  nulleaf- 
feurance,ie  me  mis  en  chemin  aucc  luy:&:  en  grâd  danger  de  ma  vie  ie  le  menay  fein  & 
fauf  en  vne  maifon  prochaine,en  laquelle  il  pouuoit eftre  à  fauueté.  Apres  dilhé  ,  ainfi 
qu'il  me  faloit  encore  prefcher,quelcun  m'aduertit  que  ie  me  gardafle  de  reprendre  le 
peuple  en  ce  fai£t:que  fi  ie  le  faifoyc,ie  ne  defeendroye  vif  de  la  chaire.  Tan  t  y  a  que  ie 
nemarreftay  point  àceftaduertïirement:mais  préférant  le  bien  publicau  mienparti- 
culier,ie  repris  aigrement  ce  tumulte  qui  auoit efté  fait,&  le  nommaySedition,plus  de 
vingt  fois.Et  pour  tout  cela  voicy  la  belle  recôpenfc  que  i'en  rapporte  maintenant:  pre 
miercmet  q  vous m'auez fait  conftitucr  prifonnier,&:  défia  m'auez détenu  li  lôg temps 
pour  me  faire  finalement  mourir.Que  tous  les  hommes  du  monde  iugent  maintenant 
où  eft  la  confciencc^  A  bien  grand  peine  luy  laifTa-on  acheuei  ce  propos  iufqu'à  la  fin. 
Et  leChancelier  dit,Combien  que  ces  parolles  foyent  arrogamm'ent  dites, fi  eft-ce  que 
tu  nefauroisperfuader,que  ce  qui  fi.it  dernièrement  fait  à  la  croix  de  iainct  Paulnefoit 
digne  de  condamnation.  Br.  Et  moy,ic  débats  à  l'oppofite  que  cefaict  a  efté  légitime 
a<  bpntGommc  auftî  vous  mcfmes  le  confeffiez  lors  que  î  eftoye  e  n  la  tour  deuant  vous. 
De  fai&ivous  diliez  en  ce  têps-la,que  l'acte  eft  oit  droit,  mais  la  volonté  peruerfe.Or  fur 
cehic  vous  refpondi:Qucd  autant  q  vous  approuuiez  le  fai6t,neâtmoinsreprouuiezr 
intention:eni'vn  i'cftoyeabfousde  vous:en  l'autre, il  me  faloit  lai/Ter  au  iugement  de 
Dieu  qui  cognoift  les  volôtez  &:  les  manifefteraqlq  fois.  Oi  leChâcelierauecdefdain 
niaqu'ileuft  iamais  ainfi  parle . &  qu'il  n'eftoit  li  delpourueu  d'entendement  de  dïftin- 
guer  fi  fortement  entre  les  fai&s  &c  volontez  des  hommes. mais  il  lauoit  bien  qu'il  ne  fa 
loit  point  mefurer  les  a&es  &t  fai&s  des  hommes  par  les  euenemen s ,  ains  pair  l'intentiÔ 
de  laquelleon  le  failoit.  Et  qu'au  demeurant  on  auoit  fait  emprifonner  Bradford  d'au- 
tant qu'il  refufoitde  confentir  à  la  Roine,&  ne  luy  vouloir  obtempérer  en  la  Religion. 
Br.  Vousfauez,monfieurle  Chancelier ,  qu'au  cômencemétiln'y  eutrien  de  fait  où 
commencé  entre  nous  touchât  la  Religion:  ains  vous  diliczque  quelque  autrefois  vti 
autre  temps  viendroit  propre  pour  en  conférer.  Dauantage,  ainfi  foit  que  i'ayeeftémïs 
en  prifon  à  caufe  de  la  Religion:  toutefois'veu  que  les  ordonnances  &  loix  publiques 
de  ce  temps-la,&  que  les  droits  du  royaume  eftoyent  pour  moy  &  ma  ReligiÔ,  de  quel- 
le confciencc  pouuoit-on  faire  alors  que  ie  fufle  détenu  en  prifon  pour  telle  caufe? 

JSvr 


Jean  "Bradford.  3  34. 

CSv  r  cecy  vngentiLhommedeVvodftokcn,dit  Chambreland/eleua debout de- 
uant  l'aTliftefice,  &c  rapporta  au  Chancelier  que  Bradford  auoit  cfté  autrefois  feruiteur 
de  monfieur  Haryngthon.  Sur  quoy  le  Chancelier  dit,  Voire,  &:  fi  defrobba  à  fon  maiftre 
enuiron  trois  cens  eicus:  &:  ayant  fait  ce  beau  feruice,il  fe  mit  du  party  de  l'Euangile  :  &c 
de  larron  &:  pilleur  il  s  eft  fait  prefeheur:  &  toutefois  il  nous  veut  mettre  en  auant  fa  con 
fcience.B  r  .  Eftantappuyé  fur  la  bonté  de  ma  caufe,&:  ne  Tentant  rien  en  ma  confeien- 
ce  qui  me  redargue  en  cecy,ie  déifie  hardiment  tous  hommes  du  môde.S'il  y  a  quelqu- 
vn  qui  puifle  intenter  ôcformer  aceufation  cotre  moy  que  l'aye  defrobbé  mon  maiftre, 
ou  fait  fraude  en  forte  que  ce  foit,qu'il  forme  a&ion  contre  moy.  Et  pource,monfieur  le 
Chancelier  ,  que  vous  eftes  le  plus  grand  de  la  iuftice  de  ce  royaume,  Scconftitué  en 
plus  haut  degré  de  dignité  &  offieeque  les  autres,  i'appele  icy  deuant  vous,  afin  qu'en 
feuerité  de  droi&,ii  ie  fuis  trouué  coulpable,ie  foyc  puni.Le  Châcelier,&:  ce  Chambrc- 
land  laiifans  ce  proposèrent  qu'ils  l'auoyent  ouy  dire.  Le  Chancelier  adjoufta,  En* 
core  y  a-il  vne  autre  chofe  fans  cela,laquelle  nous  propoferons  contre  toy.&  fur  ce  pro- 
pos l'euefquc  de  Londres  le  mit  en  auant,&  dit,  Et  quoy?  il  a  eferit  des  lettres  merueil-1 
leufes  à  PandcLton,quicognoit  aufli  bien  fa  main  que  la  fienne  propre:&vous  melmes, 
monfieur  le  Chancelier,auez  veu  ces  lettres.  B  r^  le  maintien  que  cela,  nefe  trouuera: 
car  ie  n  ay  n'efent  n'enuoyé  aucunes  lettres  à  Pandelton,  depuis  qu'on  ma  enfermé  eii 
prifon.  L'evesq.de  londre  s, Mais  tu  as  ditté  les  icttres,&vn  autre  lésa  eferi- 
tes  fous  toy.B  r  .le  n'ay  dicté  ny  efent  des  lettres  à  Pandeitô:  &:  ie  ne  fay  que  fignifie  ce  q 
mettez  en  auant.  Alors  vn  certain  fecretairedu  Confeil  ramenteut  au  Chancelier  les 
lettres  que  Bradford  auoit  eferites  aux  habitans  de  Lancaftre.il eft  vray,dit  leChance- 
lierxar  nous  auons  fon  efcriture,laquelle  rend  tefmoignage  de  cela. 

DIS  P  V  T  E  S  &  combats  particuliers  que  lean  Bradford  eut  cotre  diucrsThcologicns.au  mois  de  Fcurier,&  des  autres  cho- 
fes  qu'il  a  faites  durant  fon  emprifonnement. 

JE  auatrieme  deFeurier,lors  qu'on  executoit  le  martyre  de  lean  Rogers,Boner  e" 

»     ?        .    .        1         •  1  •  /  -  _  J  _  /~  l_-  i  1    _l   -    st\t  Rogers 


Quelque  de  Londres  vint  en  la  prifondeCountree  enuiron  vneheure  après  difné,  x°°iors  & 
pour  dégrader  le  do&eur  Taylor,defquels  mention  a  efté  faite  cydefîus.  Ilparlalorsà  Bradford 
Bradford  qui  eftoit  auffi  détenu  en  la  mefme  prifon,&:  luy  dit ,  Pource  que  ray  entendu  j™^1^ 
quetu  défît  es  qu'en  t'ameine  quelques  gens  fauans  pour  conferer:  voicy  i*ay  amené  fembk. 
monfieur  l'archediacreHarpsfild.  Bradford  refpondit ,    Iufques  à  cefte  heure  ie  n'ay 
point  autrement  defiré  de  conferer,&  ne  le  defire  point  pour  le  prefent .  toutefois  fi 
quelcun  vient  icy  pour  deuifer,ie  ne  refuferay  point  de  parler  à  luy.  Boner  fe  mettant 
en  colère  dit  au  Geôlier,  Quoy?  ne  m'auois-tu  pas  dit  que  cefthôme-cy  defiroitauoir 
quelque  homme  fauant,auquel  il  peuft  defcouurir  fon  cœur  ?  Le  Geôlier  refpondit, 
Monfieur,voicy  ce  queVaydït,Que  fi  quelcun  venoit  vers  luy  pour  deuifer  ,  il  le  rece- 
uroit  volÔtiersrmais  il  ne  m'a  pas  dit  qu'il  euft  afFe£tion,ou  qu'il  pourchafïaft  de  côferer 
auec  quelque  autre.  B  o .  Or  fus,Bradford ,  ie  cognoy  que  vous  eftes  en  la  grâce  de  plu- 
fieuis:conlidercz  le  faift  ainfi  qu'il  appartient.&:  ne  foyez  fi  outrecuidé  de  refufer  la 
douceur  &:  clemencc,laquelle  vos  amis  vous  offrent .      Harpsfild  commença  d'a/Tez 
haut  propos  aborder  Bradford,duquel  la  fommetendoit  à  ce  but ,  Que  tous  hommes,  Tous  dch- 
de  quelque  pais  ou  religion  qu'ils  fufîcnt,Turcs,  ou  Iuifs,  Anabaptiftes ,  &:  Libertins,  ™n  fo^r 
&aufîi  Chreftiens,cftoyent  menez  du  defir  de  paruenir  à  la  iouiflance  du  fouuerainbié  JJbkn/ 
&:  beatiuule.&:  qu'il  n'y  auoit  nation  qui  par  fa  religion  n'efperaft  de  paruenir  à  vn  bien 
&:  félicité  louuerainc.mais  tous  ne  tiennent  vn  mefme  moyépoury  paruenir.  LesPay- 
ens  penlent  iouir  du  ciel  par  Iuppiter,  par  Iuno&aucrcs  dieux  forgezà  leur  fantafie: 
les  Turcs  par  leur  Alcoran&  Mahomet  :  &:  ainfi  confequemment.Toute  laqueftion 
donc  &c  difficulté  eft,que  fuyans  tous  autres  efgaremens,nous  cerchions  le  feul  chemin 
qui  mené  droitt  aU  ciel,  fans  fouruoyer.  Br  .  Si  nous  tafehons  d'aller  au  ciel,il  nous  faut  u  m . 
fur  tout  garder  que  ne  nous  forgions  nouuelles  voyes  pour  y  paruenir,  outre  celles  que  voVepour 
lefus  Chrift  qui  eft  la  voye,nous  a  propofees  en  fa  parollc  &  en  fon  Eglife.La  voyc  eft  le  g|J,eBir  ' 
fus  Chrift  le  Fils  de  Dieu:felonqueluy-mefmetcfmoignedifant,Icfuislavoye,&:c.      Iej^*I4.  é 

Ha.  Ce  que  vous  dites  tft  vray.Et  de  fait  il  eft  noftre  Pcre,&  l'Eglife  fon  efpoufe 
cft  noftre  mere.Tout  ainfi  que  de  noftre  vieille  nature  nous  auons  tous  Adam  pourpe 
re,&  Eue  pour  mere:femblablement  en  la  génération  fpirituelle  lefus  Chrift  nous  eft 
Perc,^  l'Eglife  nous  eft  mere.Et  tout  ainfi  qu'Eue  a  efte  faite  de  la  cofte  d'Adam ,  auffi 


Liurcu  ////,  J  m»  "Bradford. 

l'Eglife  du  cofte  de  Chrift:duqucl  le  tang  eft  forty  pour  purger  nos  péchez.  Mais  dites- 
moy:rEgli(c  a-elle  cité  de  tout  tëps,ou  nonrB  r  .  Elle  a  cité  depuis  la  création  du  mode, 
&fera  toufiours.H  A. Vous  aucz  bien  parle.mais  cefte  Eglife  eft-elle  vifible,ou  non?Ba. 
Comment  le  confefle  qu'elle  eft  viiible,en  iorte  toutefois  qu'elle  eitvifible  cômeChrift  luy  mefmc 
i  Fgitfc  dl  a  cfâ  viuble  entre  les  hômes,l'âs  oftentatiô  ou  pôpe  externe  du  môde,&:  ne  monftranc 
T,ûblc-      aucune  apparéce  de  gloire  môdaine.Tcllcmét  que  fi  nous  voulôs  contempler  l'Eglifc 
vifible,nos  yeux  doyuent  eltre  tels  que  ceux  defqucls  Iefus  Chrift  eftoit  vrayemenc  rc 
gardé,tandis  qu'il  viuoitau  mondc.Car  tout  ainii  qu'Eue  a  efté  d'vncmeimcfubftance 
^  qu'Adam,aufli  l'Eglife  a  vne  fubftance  commune'  auecC  hrift:&  comme  fainct  Paul  die 
Ephef.  5,  Elle  eft  chair  delà  chair,&osdesosdefonefpoux.parquoytoutainfiqu'iie- 
ftoit  aux  regardât  recogneupoiu  Chrift,  afïauoir  aux  yeux  de  ceux  qui  le  mefuroyent 
par  fa  parolle,&  non  point  au  regard  charnel  :  par  cefte  façon  mefme  ie  voudroye  dire 
que  fon  Eglife  eft  vifible  en  terre. 

H  a.  le  ne  fuis  pas  icy  venu  pour  difputer,mais  pour  côferer  &:  fuyure  ce  que  fauoyc 
commencé.    le  vous  prie  donc  dites  moy ,  Cefte  Eglife  neft-clle  pas  compofee  d'vnc 
multitude  ou  afîemblee  d'hommes?  B  r  .  le  ne  vous  nieray  pas  cela  :  combien  que  ic  fâ- 
che qu'il  y  ait  qjqfurprife  cachée.  Har.  Cefte  Eglife  n'a-elle  point  l'adminiftrariô  de 
la  Parolle  pardeuers  foy?  B  r  .  Vous  vlez  de  longs  circuits, pour  finalement  venir  à  quel- 
que poinît.Si  par  le  minifterc  de  la  Parolle  vous  entendez  la  profeffion  de  l'Euangile,  i* 
accorde  que  l'Eglife  a  cefte  adminiftration  pardeuers  foy.  autrement,  ce  minifterc  de 
la  Parolle  eft  fouuentempefché  parperfecutions.  H  a.  Iel'entenainfi.  maisdires-moy 
fi  l'Eglife  n'a  point  aufli  i'adminiftracion  des  Sacremens?     B  r  .    le  le  confefle:t6utc- 
Lcbaptcf-   fois  afin  que  ie  vous  coupe  broche(cariecognoy  à  quel  but  tendent  ces  interrogatiôs) 
medcsH».  ie  penfeque  vous  nenierezpoint  ,  Que  fi  au  milieu  de  l'eglife  des  hérétiques, le  Sacre- 
rc«qu«.    meBt  fa  Baptefme  eftoit  adminiftré, comme  nous lifonsauoir  efté  du  temps defainct 
Cyprien,tel  Baptefme  des  hérétiques  ne  lairroit  pourtant  d'eftre  Baptefme  ,  voire  tel 
qu'on  ne  doit  point  reiterer,combien  qu'il  foie  des  hérétiques.  (^"Bradford  an  t  icipoic 
ces  propos  à  caufe  de  ceux  qui  eftoyent  là  prefens,à  celle  fin  qu'ils  entendifient  que  cô- 
bien  que  l'eglife  Papiftique  s'vfurpaft  l'adminift  ration  du  Baptefme ,  pour  cela  toute- 
fois ne  la  doit-onreputer  eftrevraye  Eglife.)  Ha.  Vous  vous  efloigr^ez  de  voftre  pro- 
posé voy  bien  que  vpusn'cftes  point  infecté  d'vne  feule  herefie.  Bk.  Vous  le  dites  :  il 
refteroit  de  le  piouuerpar  rai  Ion.  H  a.  Cecy  toutefois  demeure  veritable,quc  l'Eglife  a 
l'adminiftration  de  laParolle  Se  des  Sacremés.Que  fera-.ee  dôc?Ne  direz-vous  pas  aufli 
qu'elle  a puiflancede iurifdiction?  Bk  .  Quelle  iurifdidtion  eft  exercée  au  temps  delà 
persécution  &  affliction;^  H  a  .Elle  a  la  fucceflion  continuelle  des  Euelques,qui  eft  vne 
marque  certaine  pour  prouuer  l'eglife.  B  r  .  Vous  ne  trouucrez point  en  toutes  les  Efcri 
turcs,que  cefte  fucceffion  des  Euefques  foit  mife  pour  vne  marque  certaine  de  l'Eglife. 
Premièrement  elles  telmoignent  que  l'Antechrift  fera  aflisen  l'Eglife  de  Iefus  Chrift, 
iTicrM?  Outre-plus,faindt  Pierre  nous  enfeigne,que  tout  amfi  qu'il  a  efté  iadis  fait  en  l'Eglife 
&.»       ancienne  auant  la  natiuité  du  Seigneur  Icfus:au(fi  faut-il  attendre  le  melmeenlanou 
uellc  Eglife  après  les  temps  de  Chriftiailauoir  quecomme  au  temps  pafté  les  faux  Pro- 
phetesôt  ceux  qui auoyent  le gouuernement  principal,  eftoyent  contraires  aux  vrais 
Prophètes  de  Dieu:on  ne  doit  auffi  attédre  autre  chofe  entre  lesEuefques  de  ce  tempr- 
cy,&  ceux  qui  ont  la  principale  authorité  en  l'Eglife.  H  a  .  Vous  faites  toufiours  des  di- 
greÛîons:finelairraypointdepourfuyurecequci'auoye  comence  delà  fucceflion  des 
Euefques. Premieremét  ne  m'accorderez  vous  pas  que  ksApoftresont  efté  Euefques? 
Bk.  Nenny,finô  q  vous  doniez  vne  nouuclle  définition  d'Euefque:car  ils  not  point  eu 
certain  fiege  pour  adminifti  er  leur  charge.  H  a  .Cela  eft  bien  vray,  q  la  charge  des  Apo- 
ftres  eftoit  différente  de  l'office  des  Eueiquesxar  la  charge  des  Apoftres  eftoit  yniuer- 
felle,&  efpadue  par  toutes  les  régions  du  monde:côbien  que  leScigneur  4  aufli  luy-mef 
me  ordonne  des  Euefques  en  l'Eglife,felon  que  fainct  Paul  tefmoigne,  Il  en  a  donné  au 
cuns  Pafteurs,les  autres  Prophetes,&:c.  Ainfi  peut-on  cognoiftre  facilement  par  les  Ef- 
critures,quc  cefte  fucceffion  des  Euelques,dc  laquelle  i  ay  fait  mention,cft  tenue  pour 
vne  marque  eflcntielle  de  l'Eglife. 

Bk.    Ie  confeife  voirement,que  la  difpenfation  de  la  parolle  de  Dieu  ,&lçsmini- 
ftres  mefmes  conftituent  bien  quelque  marque  d'Eglifc  :  neantmoinsfidn  trànffe- 
rccccy  feulement  aux  Euefques  &c  à  la  fucceffion  d'iceux,  cela  n'eft  que  farder  le  pro- 
pos 


jfdvitf  ^Bradford.  j jj 

pos,  &îedefguifer  parfubtilité  captieufe.  Ec  afin  que  cecy  Toit  mieux  cogn  eu:  Quelle 
différence  penfez-vous  qu'il  y  ait  entre  les  Euefques  &L  les  Miniftres ,  que  vous  appelez  J^Jj  JjJJ 
Preftres?  H  a  .  I'eftime  qu'il  n'y  a  nulle  différence»  Br.  Ce  m'eftafTez.  Pouriuyuezdonc  nith-cs  & 
maintenant ,  s'il  vous  femble  bon ,  &:  voyons  que  vousauez  gagné  en  cefte  fucceffion  Eucf(îucs- 
de  vos  Euefques  :  ce  qu'il  ne  faut  &:  ne  peut-on  autrement  entendre ,  finon  de  ceux  qui 
adminiftrent  purement  &  fidèlement  la  parolle  du  Seigneur,&  non  point  de  ceux  qui 
exercent  domination  fur  le  troupeau.  H  a  .  Vous-vous  efloignez  de  la  vérité .  Pourricz- 
vous  produire  en  toute  voftre  eglife  vne  telle  fucceffion  d'Euefques  àc  Prélats ,  outre  P- 
adminiftration  de  la  Parolle  6c  des  Sacremens?  Pour  cefte  raifon  il  faut  dire  necefTaire- 
irient  que  vous  eftes  hors  de  l'Eglife,  &c  par  côfequent  feparé  de  falut.  Po/fible  que  vous 
produirez  quelque  magnifique  apparence  de  fucceffion  en  ces  derniers  ans  en  voftre 
Eglife  de  quelques  hommes  nouuellcmentfufcitcz:  mais  pour  certain  vous  ne  pourrez 
continuer  ceft  ordre,  ne  fuyure,  ne  conioindre  par  aages  continuelles ,  comme  en  mô- 
tant  par  degrez,  auec  les  premiers  temps  de  l'Eglife.  B  r  .  le  penfe  que  vous  me  permet- 
trez bien  de  fuyure  l'Efcriture  comme  vraye  guide  &conduite,&  pour  la  demôftration  Aa.^7 
de  cecy  accommoder  les  exemples  des  bons.    Eh  premier  lieu  S. Eftienne,  le  premier 
des  Martyrs,  a  efté  blafmé&:  aceufé  par  les  principaux gouuerneurs&  prélats  de  l'Egli- 
fe de  fon  temps,  &c  condamné  d'iceux  prefques  pourlamefme  raifon  de  laquelle  nous 
fommes  auffi  aceufez  &:  opprimez.  Et  S.Eftienne,  comment  le  purge-il  contre  les  accu-  pom-qapy 
fations  fauifement  intentées  contre  luy .?  ce  n'eft  point  en  montant  du  bas  en  haut:  ains  s.Efti«me 
pluftoft  en  defcendant  des  fieclcs  hauts  &c  precedens  à  ceux  qui  font  venus  après  :  &:  ce  ^cPcrfccu 
par  tels  degrez,  que  fon  ordre  ne  continue  pas  daage  en  aage:  mais  commençant  par 
Abraham,&  par  ordre  recueillant  les  aages  precedétes,  il  déduit  le  fait  iufques  au  teps 
d'Ifaie,&  iufques  à  la  captiuité  du  peuple.  Puis  comme  faifant  vn  grand  faut  ,laiiTant 
beaucoup  de  fiecles  il  vient  iufques  a  fon  téps,  &c  à  parler  des  principaux  gouuerneurs 
quieftoyent  alors,  lefquels  il  appelé  à  bon  droit,  Génération  peruerle»  Maintenât  auffi 
ie  vous  pourray  bien  prouuer  quelle  eft  ma  foy  par  vn  ordre  femblable:ce  que  vous  au- 
tres ne  pourriez  faire»  Harpsfild  voyant  qu'il  ne  pouuoit  rien  gagner  fur  luy,  ains  que  fat 
caufe  par  tels  propos  pourrdit  eftre  fufpe&e,  fe  leua  pour  s  en  aller.  Alors  le  Geôlier  &C 
autres  qui  eftoyentlà  prefens^dirét  à  Bradford  qu'il  fe  rendift  docile  à  monfieur  le  grad 
Archedlàcretquirepetoitfouuet  cemot,queBradford  eftoit  hors  de l'Eglifc.Mais  Brad- 
ford refpondoit  qu 'iln'eftoit  point  feparé  de  l'Eglife  de  Chrift ,  &  qu'il  pourroit  rendre 
certaine  raifon  de  (l  do&rinc  &  religion,  par  aages  continuelles.  ^Et  âpres  auoir  tenu 
ces  proposai  fît  fa  prière  à  Dieu  comme  s'enfuit. 

O  die  v  &C  Pere  tout-puififant,  noftre  Createur./ois  propice  &  fauorable  à  nous  to9,  ^j^"/* 
&  à  tout  t6  peuple,par  le  fang  de  noftre  Seigneur  Iefus  ton  f  ils:&  deliure-nous  des  faux 
do&eurs&Tcondu&eursaucugles,  par  lefquels  (helas  )il  eft  à  craindre  que  ce  royaume 
d'Angleterre  ne  reçoyue  quelque  grand  inconuenient.  Bon  Dieu&Pere  detoutemi- 
fericorde,  vueille-nous  faire  grâce  pour  l'amour  de  Iefus  Chrift  ton  Fils ,  de  nous  côfer- 
uerenfaveritéauecques  tapoure  Eglife: Ainfi  foit-il.  L'Archediacre  ayant  fait  pro- 
meuve de  retourner  le  lendemain,  fe  retira.pour  ce  iour. 

COMMENT  TArchediacrc Harpsfild  aborda  îean  Bradford  pouf  h  féconde  fois  :  où  il  eft  déclaré  do&eraét 
'  quelle  eft  la  vraye  fucceffion  de  l'Eglife  du  Seigneur,  &  de  la  certitude  d'icelle  quant  à  la  doftrine.Puis  il  eft 
parlé  de  la  prefenee  deChrift  aux  Sacremens:itera  de  ceux  qui  ont  forgé  les  pièces  de  la  Mefle. 

SB^E  x  v  i.  de  Feurier,  ceft  Archediacre  retourna  derechef  en  ia  prifon  comme  il  I'- 
â|&5auoit  promis.  Apres  les  falutations,Harpsfild  répétant  les  propos  awparauant  te- 
nus^ commençant  vint  à  monftrer  la  fuccefsion  continuelle  des  Euefques:  premiè- 
rement en  Angleterre  depuis  800.  ans:  en  France  &:  à  Lyon  depuis  12.00.  ans:  en  Efpa- 
gne,en  la  ville  de  Scuille  depuis  800.  ans:à  Milan  &:  en  Italie  depuis  izoo.  ans.  Et  pour 
mieux  faire  valoir  fon  dire,  il  tafehoit  faire  le  mefme  de  l'eglife  Orientale.  Ayant  misLafuccerj 
fin  à  fon  propos.il  exhorta  Bradford  à  recogdoiftre  cefte  eglife,&  laduouer,&:  luy  obté-  fionUa«  e« 
perer.  Bradford  refpondant  à  ce  long  amas,  dit  qu'il  n'auoit  pas  fi  ferme  mémoire,  de  «tenues, 
rcfpondre  de  poinft  en  poind  à  ce  long  récit  qu'on  auoit  fair,&  pourtant  il  refpondroit 
aux  principaux  articles  de  la  matière  en  gênerai  :  veu  que  cefte  fi  longue  harengue 
d'Harpsfild  eftoit  pluftoft  faite  pour  perfuader  que  pour  prouuer.  Il  dit  donc  ,  I'eftime 
que  fi  les  Pharifiens  euflent  requis  de  Iefus  Chrift  ou  des  Apoftres  (lorsqu'ils  eftoyent 
icy  bas  au  monde  )  vne  fuccefsion  d'Eglife  qui  euft  confenty  à  fa  dottrine,  il  euft  fait  ce- 
7  Ll.i. 


Lmr^j  II  IL  Jean  Bradford. 

la  mefme  que  ic  fay  maintenant  :  aflauoir  qu'il  cuft  produit  Ja  vérité  mefme&:  h  paro! 
lede  Dieu  receué,nô  point  parles  Pharificns&:  le  s  principaux  Sacrifïcateurs,quironc 
perlécuté,ains  par  les  Prophetes,&  hommes  {impies  &craignans  Dieu,  qui  eftoyetu 
lors  reputez  hérétiques  par  cefte  autre ,  qui  fe  glonfioit  du  tiltre ,  de  l'authorité ,  de  la 
fuccerfîon  &c  du  lieu  de  l'Eglife.Et  fain&Piene  melme  m'induit  à  le  péfer  ainfi,quand  il 
dit,  Telle  qu'a  cite  la  condition  de  l'Eglife  auant  la  natiuité  de  Chrift ,  elle  fera  aulsi  a- 
1  P,cr  1      pres.Or  eft-il  ainii  que  les  principaux  gouuerneurs  de  l'Eglife  perfecutoyent  les  fidèles 
auant  la  venue  de  Chrift,il  faut  donc  dire  qu'ils  la  perfecuteront  après  Chrift.  H  a  .  le 
pourroye  (  s'il  eftoit  befoin)  déduire  la  luccefsiondes  louuerains  Sacrificateurs  en  Ieru- 
Cômenties  falem  iufques  à  Aaron  meime.  N'auoyent-ils  pas  la  Loy  de  Moyle  ?    B  R.Ouy:&mef- 
^ïtcT  »    mc  1 ont  garc*ée  comme  vous  gardez  auiourdhuy  la  Bible  &c  liures  de  la  làin&e  Efcritu- 
îôurlferi  rc,dcfquels  toutefois  vous  ignorez  le  lens,  ou  le  corrompez  de  propos  délibéré.  Mais 
ture-        pourlcfairecourt,iefayquelamorteft  touslesiours prochaine  de  ma  tefte,  &  îei'at- 
ten  de  vous  autres  d'heure  en  heure.  Parquoy  puis  que  i'ay  fi  peu  de  temps  à  viure  en  ce 
monde,mon  efprit  eft  adonné  à  cela,de  palier  ce  peu  de  temps  auec  mon  bon  Dieu  :  &c 
Bradford    le  prier  qu'il  luy  plaife  me  donner  vn  entendement  paifible.  Vous  me  pardonnerez 
twieom6»  ^^nc  il  pour  celle  heu  re  ic  pren  congé  :  vous  merciant  de  l'humanité  &airc&ion  qua- 
quitoydT  uezcnucrsmoy.  Bradford  fur  cela  leleua  comme  pour  s'en  aller  .-mais  l'Archediacre 
court,      délirant  deialerdauantageluy  remonftra  par  plufieurs  parollcsen  quelle  dangereulc 
condition  eftoyent  fes  affaires.    B  r  .  I'ay  cefte  fiance  que  ma  mort  ne  feradefagreable 
àDieu,&q  tous  fidèles  en  receurontcofolation.    H  a.  Mais  que  feroitee  fi  vous  cftes 
deceu  de  voftre  opinion?    B  r  Que  fera-ce  fi  vous  dites  que  ce  loleil  ne  luit  point ,  qui 
elclaire  par  fes  rayons  maintenant?    H  a.  Voila  dequoyie  luis  esbahy,  de  vous  voirfi 
afleuré  en  voftre  efprit,  n'eftant  point  Je  l'eglife  catholique.    B  r.  Ia-foit  queiefoye 
banny  de  voftre  eglife,toutesfois  i'ay  certitude  que  ie  fuisen  l'eglife  de  Chrift,de  laquel 
le  ie  luis  enfant  obeiûant,&  me  confie ,  qu'il  n  vlera  point  enuers  moy  de  moindre  hu- 
to       roanité,  qu'il  a  iadismonftre  à  l'aueugle  que  les  Phariliensietterent  hors  de  lalynago- 
*"C'34'  gue.     H  a.  Quelque  chofe  qu'il  y  ait,  vous  donnez  allez  à  cognoiftre,que  vous  ne 
laiflezdutoutaucuneprelencedeChnftauSacrement,&que  vous  difeordez  d'auec 
nous  en  tout  &:  par  tout.      B  R.Iedy  que  ie  confefle  la  vraye  prefence  du  corps  de 
Çhr|ft,  afiauoir  qu'il  eft  prefentà  lafoyde  ceux  qui  le  prennent  fidèlement  &fainûc~ 
nient.    Vn  de  ceux  qui  afsiftoyent  luy  demanda,  Entendez  vous  parler  de  la  prefen- 
ce4e  ce  corps  qui  eft  mort  pour  nous?    B  r.  Iedyduvray  corps  de  Iefus  Chrift,  qui 
eft  Dieu  &  homme ,  lequel  nourrit  l'ame  du  fidèle  prefentement,realement,  &c  de  fait. 
DcUrece-,      H  a.  Que  veutdire  donc  que  vous  niez  lapuilTancc  de  Dieu,  enoftant  du  Sacre- 
£kc*  ^C  roent  la  venté  du  miracle  ?    B  r  .le  n'exclu  nullement  la  puiflance  de  Dieu,  mais  vous 
chriil.      autres  l'excluez,  car  ie  croy  que  Iefus  Chnft,felon  la  puiflance  infinie,  baille  &c  accôplit 
ce  qu'il  nous  a  promis  :  6c  quand  nous  venons  à  fa  fain&e  table,cc  n  eft  point  pour  cefte 
raifpnqu'vn  petit  morceau  de  pain  nous  y  eft  prefenté  :  mais  c'eft  à  cefte  fin  que  nos  a- 
mei  foyent  remplies  &:  ralTafiées  de  Chrift  par  le  moyen  delà  foy:que  les  infidèles  n'ont 
point:  &  ne  fe  peut  faire  qu'ils  mangent  le  corps  de  Chrift  :veu  que  le  corps  de  Chrift: 
n'eft  point  vne  charogne  morte  &fans  amcôJvie  :  ôcque  ceux  qui  font  participans 
dececorps,  fontaufsi  participans  de  (on  efprit. 

H  a  r  p  $.  Vous  eftimez  la  Méfie  eftrc  abominable,  Se  nonobftant  on  dit  que  faindt 
Ambroife  Juy-mefmt  l'a  chantée.  Pour  prouuer  cela ,  Harpsfild  allégua  vn  lopin  de 
fentenceduditfaindt  Ambroile,  prife  d'aucuns  lieux  communs  amaifez  de  quelque 
autheur  de  légère  foy.  Br.  Du  temps  de  lain&  Ambroife  on  ne  fauoit  du  tout  que 
c'eftoit  delaMelTetclle  qu'on  l'a  depuis  façonnée,  car  quant  au  canon  d 'icelle ,  fainct 
Grégoire  &Scolaftique  en  ont  forgé  la  plusgrand'part.  H  a  r  p  s.  le  confeffeque 
fainéfc  Grégoire  a  com  pôle  la  plus  grand' part  du  canon  delaMellé.  aurefte,  ce  Scola- 
Grcgoirc  &  ftique ,  duquel  tu  fais  mention,  eftoit  dcuantfaind  Ambroife. 

to°^ndu     B  r.  le  ne  le  penfe  pas:  combien  qu'en  cela  ie  ne  debatray  point  opiniaftrement. 
cairon  de  la  faind  Grégoire  confeilé  que  les  Apoftres  mefmes  ont  chanté  la  meiTe:mais  ç'a  efté  fans 
Mcffc*      le  canon,  le  contentans  feulement  de  l'oraifon  Dominicale.      Ha.  Vous  dites  vray: 
car  ce  Canon  icy  n'eft  pas  la  principale  partie  de  la  Méfie  :  mais  le  facnfice,  l'Elcuation, 
la  Tranftlibftantiation  &:,  l'Adoration. Et  ces  mots,  Faites cecy  ymonCttent  a/fezle  facri- 
fice  de  rEgliie,auquel  il  eft  impofsiblc  que  puifliez  contredire. 

Br.Vous 


Jean  Bradford.  $$6 

Br.  Vous  confondez  tout,  ne  faifant  point  de  diftin&ion  entre  le  facrifice  de  l'Eglife  sacrifice  <k- 
&  le  facrifice  pour  rEglife.  Car  le  facrifice  de  l'Eglife  n'eft  point  propitiatoire,  ainspluf-  j^jj1^  * 
tôftd'adion  de  grâces:  tellement  que  Faitescccyy ne  regarde  tien  moins  que  le  facrifice:  pour  l'£gU- 
mais  il  fe  rapporte  à  toute  l'action  de  pre»dre,mar*ger,&:c.  Ha.  Iefus  Chrift  n'a  points- 
donné  cefte  Cene  finon  à  fes  douze  Apoftres,  à  laquelle  il  n'a  point  admis  fa  mere  mef- 
me,ny  aucun  des  feptante  Difciples.  Or  les  Apoftres  nous  reprefentent  les  Preftres. 
^Etfurce  ceftArchediacre  amena  vn  pafTage  de  Bafile.tnais  Bradford  déclara  fuffifam- 
ment  que  ce  palfage  allégué  ne  feruoit  à  propos.  Puis  il  luy  dit,  Le  temps  ne  porte  pas 
maintenant  de  debatre  auec  vous  des  fens  ambigus  des  Do&eurs.  Fay  efté  long  temps 
détenu  en  prifon,&  longuement  forclos  de  tous  liures  &c  moyens  neceflaires  pour  mon 
éftùdcen  outre,la  mort  qui  n'eft  pas  loin  de  moy,  me  contraint  vous  prier  de  me  laifler, 
afin  que  ic  me  puuTe  préparer  pour  ce  iour  bié-heureux  du  fupplice  qui  approche.  H  a  . 
Certainement  ie  defireroye  de  bon  cœur  vous  faire  quelque  bon  plaifir ,  tant  pour  vo- 
ftre  corps  que  pour  voftreefpnt.  Carie  vous  afTeureque  vouseftesen  grand  danger  & 
de  l'vn  Se  de  l'autre.  B  r  .  le  vous  mercie  de  voft re  volonté.  L'eftat  où  ie  fuis  (  quelque 
chofeque  vouseniugiez)neme  fembla  iamais  plus  heureux:  car  la  mort  me  fera  vie. 
Alors  Perfeual  Crefuel  à  fon  tour  exhorta  Bradford,  qu'il  priaft  l'archediacre  Harpsfild 
de  vouloir  faire  requeft  e  pour  luy.  B  r  .  le  ne  voudroye  qu'aucun  fuft  mis  en  peine  pour 
me  faire  obtenir  quelque  prolongation  de  temps.  ^"Cefutlafin  de  leurs  propos,  cken 
cefte  forte  prinrent  congé  amiablement  l'vn  de  l'autre. 

L  E  S  propos  que  l'archeuefque  d'Yorlz,  Se  l'euefque  de  Chiceftreont  tenus  à  Iean  Bradford  »  ioucha.nt  la  certitude 
qu  ont  les  fidèles  de  leur  ialut.& comment  il  faut  citimer  l'authorité  de  l'Eglife. 

■ARCHE  VESQVE  d'York  &  l'euefque  de  Chiccftrc  vinrent  le  x  x  1 1 1 .  de 
Fenrier  vers  Bradford ,  &  luy  monftrerent  figne  de  douceur &  humanité ,  princi- 
palement l'Archeucfque.  En  premier  lieu  ils  le  firent  couurir,  puis  afTeoir  auprès  d'eux 
pour  côferer.  Mais  quelque  chofe  qu'ils  ûfféïy&c  alleguaffent  qu'obeifTance  vaut  mieux  i-Samaja». 
que  facrifice,  Bradford  demeura  deb'out,8c*  pourtant  eux  auflî  leuerent.^Et  l'Arche- 
ucfque commença  fon  propos,  qu'ils  eftoyent  là  venus  de  leur  propre  mouuemétpour 
vri  deûbîr  d'amitié,  laquelle  défia  dés  long  temps  il  auoit  eue  vers  Bradford,  fe  donnant 
de  merueille,  comment  fe  pouuoit  faire  cela,qu'il  fuft  certain  de  fon  falut  en  la  rcligio 
qui  délia  défi  long  temps  eftoit  condamnée  de  l'Eglife.  Bradford  le  remercia  de  cefte 
bône  volontc,&  dit  cjue  ce  qu'il  eftoit  certain  tant  de  fon  falut  que  de  fa  religion,  eftoit 
parla  parollc  de  Dieu.  L'a  .  Cela  eft  bien  dit  :  mais  cornent  cognoiftrez-vous  cefte  pâ-, 
rélle  de  Dieu,  finon  que  l'Eglife  vous  la  monft  re?  B  r  .  le  ne  nie  pas  que  l'Eglife  iie  férue 
grandement  àfairecognoiftre  fa  fain&e  Efcricure:.comme  la  femme  Samaritaine feruit  Jf^JjJ* ',, 
de  beaucoup  aux  citoyens  de  fa  ville  en  leur  annonçant  Chrift.  mais  quand  ils  virent  le-  Eghie  nous 
fus  Chrift  mefmedeuant  leurs  yeux,  après  Falloir  ouy  parler,  ils  en  eurent  telle  certitu- 
de  qu'ils  creurent  àluy  nô  point  pour  les  parolles  de  la  femme  :  mais  par  la  parollcindu:  f^.0 
brtable  d*iceluy,adiouftas  à  icelle  pleine  foy.  L' Archeuefqùe  luy  dit ,  Que  cefte  paroljé 
n'eftoit  encore  rédigée  par  efcritdu  téps  des  Apoftres. Bradford  refpôdit,Cela eft  vray, 
s'il  eft  entendu  du  nouucau  Teftament&  non  point  du  vieil,felon  que  S.Pierre  tefmoi- 
gncaupremierchap.de  fa  deuxième  Epiftrc,  où  il  dit,  Nous  auons  laparolie  des  Proi 
phetes  plus  ferme.  Non  pas  qu'elle  fuft  autre ,  mais  d'autant  que  les  Apoftres  lors  con- 
uerfans  auec  les  hommes,&cnuironnezd'infii  mité,nc  pouuoyentcftre  tellement  efti- 
mez  que  l'authorité  delà  parolledeuft  eftre  repuree  fi  ferme  &  irreuocable  que  celle 
des  Prophètes.  Et  toutefois  lvne  &:  l'autre  eftoit  fortied'vnmefmeautheur  de  vérité,' 
qui  eft  le  S.  Efprit.  L'a.  Lesparollesde  S.  Pierre  ne  doyuent  eftre  entendues  en  cefte 
forte  de  la  parolle  eferite  :  car  vous  fauez  qu'Irenee  &:  les  autres  docteurs  ont  toufiours 
pluftoft  allégué  l'authorité  dé  l'Eglife,  en  léurs  eferits  contre  les  heretiques,que  les  fain 
Êtes  Efcritùres.  Br.  Il  ne  s'en  faut  pas  efbahir:veu  qu'Irenee  auoit  à  faire  auec  des  gens 
qui  nioyent  les  Efcritùres,  &c  neantmoins  tenoyent  les  Apoftres  en  grande  réputation, 
parquoy  il  falloir  necefïàiremét  qu'ils  fortifiaffent  leur  caufe  par  l'authorité  des  Eglifes  ^"f™ 
qùiàuoyént  efté  drefTees  par  les  Apoftres.  L'e  v .  de  Chiceftre,  Il  eft  ajnfi  comme  vous  qui  uioyent 
dites.    Car  les  hérétiques  l  ors  rciettoyent  toutes  les  Efcritùres ,  excepté  vnc  petite  rçfcnwc, 

Uii. 


£/aro  ////.  J**n  BfadforcL 

partie  de  S.  Luc  Euangelifte.  B  r  .  Et  quel  befoin  eft  il  doncd'allcguer  raurhonte  de  K 
Eglife  contre  moyî  veu  que  tant  s'en  faut  que  ie  nie  les  Ecritures ,  que  mefmc  l'appelle 
àicclles  commeauiuge  qui  peut  competemment  iuger  de  toutes  choies.  L'a.  Il  n'eft 
point  conuenable  que  vous  p refumiez  tant  dcvous,que  iugiez  l'Eghfe.mais  dites  moy, 
quelle  a  elle  cefte  voftre  eglife  iufques  à  cefte  heui  e.?ou  en  quel  Jieu  a-elle  elle  veuc?car 
l'Eglife  qui  eft  de  Chrift,  eft  catholique  &  vniuerfellc,  &C  a  efté.touiiours  apparente  de- 
uant  les  nommes.  Bu .  Monlieur,ie  vous  piie,ne  me  prenez  point  pour  vn  homme  qui 
fe  conftitue  iuge  de  l'EglifedeUlemenr  ie  fay  diftin&ion  entre  ceux  qui  appartiennent 
à  la  vraye  Eglife,  &  ceux  qui  n'ont  que  le  titre.  Or  ic  n'ay  iamais  nié  que  l'Eglife  ne  ftift 
catholique  &C  vilîble,  combien  que  ie  confeilecela,  que  tantoft  elle  apparoift  plus,tan- 
toft  moins.  L'  e  v  .  de  Chiceftre,  Dites-nous,  Cefte  Eglife  de  laquelle  vous  embraifez  G 
volontiers  la  doctrine,  en  quel  lieu  s'eft  elle  monftree  depuis  quatre  cens  ans  ?  Br.  le 
reipondrayrs'il  vous  plaift  au  (Time  faire  refponfe  à  vnechofe  que  ie  vous  demanderay: 
IO.J+1'    où eftoit l'Eglife  lors qu'Helie  difoiteftre  delaifîé  (éul?  L'e  v  .de  Chiceftre,  Cela n'eft 
Une  taut   pointàpropos.  BR.QujauroitmaintcnâtdetelsyeuxdelquelscetteEglife-Jaeuftpeu 
'àrdcTi'  c^rc  rcgar^çc  a'orsî vous  ne  diriez  pas  que  ma  rel'ponlè  eft  nulle.  Que  h  cefte  Eglife  n- 
Eghk  jcï  eft  euidente  deuantlcsyeux,  ce  n'eft  point  l'obicureté  de  l'Eglife  qui  en  eft  caufe  »  mais 
ycui  cor-  ce  font  les  yeux  qui  font  eibiouys,&:  qui  ne  la  peuuent  voir.  L'e  .de  Chicellrè,  Vous  e- 
Pwcli-      ftes grandement  abufé,  en  faifaur  ainfi  comparaifon  de  l'ancienne  6t  nouuelle  Eglife. 
L'ar.  Nous  oyons  Chrift  parlant  ainfi  :  I  ediheray  mon  Eglife, &:  non  pas,  le  l'édifie. 
Br.  Ienepenfepasque  vueillicz  fonder  vn  argument  décela,  corne  s'il  n'y  auoit  point 
eu  d'Eglife  deuarir  la  venue  de  Chrift  ;  pluiloft  me  diriez-vous ,  Qu'il  n'y  a  point  aucun 
tCor.).d.    baftiment  d'Eglife,  linon  que  Dieu  feuly  mette  la  mainrautremét  Paul  plante  &:  A  pol- 
io arroufe,  mais  il  n'y  a  que  Dieu  quidonneaccroiifement.  L'a.  Ccftuy-cy  fait  comme 
tous  autres  de  cefte  faction  ont  accoufturné  de  faire,  de  fe  conftituer  iuges  &:  cenfeurs 
de  l'Eglife.  Br  .  Mcffieurs,ie  vous  defcouurc  lî ni plement  mon  opinion, &:  defire  qu'on 
m'amène  fuffifanre  raifon.  S'il  vousfemblc  bon  de  réduire  en  mémoire  toute  la  procé- 
dure &  façon  de  ma  condamnation  :iefay  pour  certain  qu'il  ne  fe  pourra  faire  que  ne 
foyezelmeus.  Car  vous  n'ignorez  pas  la  fource  des  choies  quionteilé  intentées  cotre 
BrÏÏoïdcft  moy,aiTauoir  que  ic  nioye  laTran/lubftantiation,&:  que  Je  corps  facré  duSeigncurfufl: 
condamné,  communique  aux  infidèles.  Voila  pourquoy  ieluis  excommunié:  non  point  par  l'Egli- 
fe, ains  par  aucuns  qui  fe  reputet  eftrc  les  piliers  d'icelle.  L'e  .  de  Çhiceftre,Ce n'eft  pas 
cela.-mais  i'ay  entédu  qu'ily  a  vne  autre  caufe  pourquoy  vous  autz  efté  emprifonne  ,af- 
fanoirque  vous  auez  exhorté  le  peuple  à  prendre  les  armes  d'vnc  main,  &c  de  l'autre  le 
fraflbuil.  Br  Meilleurs  ic  vous  prie  croyez  moyen  cecy,queiamais  vne  tejlc  parolle  ne 
fprtit  de  ma  bouchc,&:  mefme  ne  m'eft  entrée  en  l'efprit  en  ce  fens  que  vous  dites.  ^ L - 
ArchcuefqMe  luy  dit  dauantage qu'il  s'eftoit  porré  trop audacieulement  &:  obftincméc 
deuantleconleil  de  la  Roine,  en  maintenant  par  trop  cefte  façon  de  religion:  &  que 
pourtant  il  auroit  efté  mis  en  prifon.  B  r  .  Vous-mefme  auez  efté  tefmoin  ,  monlieur  1- 
Archeuefque,quand  ie  fu  aceufé  de  cela  mefmc  par  monlieur  le  Chancelier,comme  ic 
m'en  purgeay  lors  ouucrtcment.  Mais  prenôs  le  cas  qu'il  foit  ainfi  comme  vous  lepro- 
pofez,  aflau  oir  que  pour  lors  raye  défendu  le  party  de  la  religion  par  trop  obftinément: 
les  loix  &c  ordonnances  publiques  du  royaume  defendoyét  alors  ma  caufe  :  parquoy  on 
me  fit  tort  de  me  conftituer  prifonnienmais  il  eft  certain  que  la  fentéce  de  condamna- 
tion donnée  par  monlieur  IcChancelier  ne  côccnoit  que  ces  deux  poin£ts:ailâuoirque 
ie  nioye  la  Tranllubftantiation,&  que  les  infidèles  fulfcnt  faits  participans  du  corps  de 
Chrift.  L'e  .de  Chiceftre,  Auez-vous  leuGhtyfoftome?  Br.  Il  y  a  délia  long  temps  que 
toute  commodité  de  liurcs  m'eft  oftec:  &c  toutefois  ie  n'ay  point  mis  en  oubly  ce  que 
sommée  de  Chryfoftome  dit^touchant  ce  faid,  que  la  table  eft  pleine  de  myitercs,  &,  que  l'Agneau 
chr>fofto-  c^  hcnfo  pour  np'.&qu'é  icelleSeraphim  auec  les  tenailles  applique  le  feu  fpirituel  du 
ciel  à  nos  leures.     Des  façons  de  parler  hyperboliques, Chryîbftome  vfe  fouuentefois. 
L' a  .  Voftre  herefic  eft  prefque  defefperee:  mais  retournons  encore  à  cefte  eglife,de  la- 
quelle vous  eftesreternché.  BR.Ouybienàlafaçon&:  comme  iadis  le  poure  homme 
Icmp.H.  aueugle,ltquclayant  efté  illuminé  futchafle  parles  Pharificns:&:  tout  ainfi  que  vous  a- 
uiez  bien  fait,,  quand. vous-vous  retiraftes  iadis  de  l'eglife  Romaine:auflî  ieftimeque 
ce  que  vous  faites  maintenant ,  afTauoir  d'y  eftre  retourncz,eît  vne  impiété .  car  il  ne  fe 
peut  faite  Iqùc  vous  approuuiez  cefte  eglife-la  pour  la  vraye  eglifede  Chrift.  L'i  v.dc 

Chice- 


Jean  Uradford.  ^$7 

Chiceftre,  Ha,  Bradford,  vous  eftiez  lors  bjen  petit  quand  ces  chpfes  commencèrent  à 
eft refaites.  l'ciloyemoy-melme  bien  îeune:  mais  fâchez  qu'on  doit  tenir  pour  héréti- 
que, de  par  confequent  banny  6c  eftranger  de  l'Eglile,ccluy  qui  s'eftant  elgai  e  après  des 
doctrines  cllranges,  maintiendra  obltinément  quelque  erreur  contraire  a  bône  doctri- 
ne,comme  de  la  Tranifubltantiation.  On  ne  peut  dire  de  laincl  Cyprien  qu'il  fuit  herc-  s-c>?licn 
tique ,  combien  qu'il  eu  II  quelque  opinion  allez  contraire  à  l'Eglile  :  alfauoir  qu'il  faut 
baptifer  derechef  ceux  qui  auoyctelté  baptizez  par  lcsJicretiqucs:&:  la  raifon  eft,  pour- 
ce  que  le  faicl  n'eftoit  encore  décide  par  ie  décret  6c  ordonnâce  de  l'Eglile:  mais  s'il  tuft 
puis  après  continué  en  celle  opinion,  il  cuil  elle  digne  d'élire  repris  comme  hérétique. 
Br  .  Si  quelcun  a  fain&e  6c  entière  opinion  es  articles  de  la  foy,&  principaux  poincls  de 
la  foy  6c  religion  Chreft îenne , 6c  eft  bien  d'accord  aucc  l'Eglile ,  le  iugerez-vous  digne 
des  enfers  s'il  ne  s'accorde  en  tout  &par  tout  aux  ordonnance^  6c  fcatuts,auec  la  déter- 
mination de rcglife,que  vous  nommez? 

Lo  r  s  l'Euelquede  Chiceftre  voulut  môftrcr  cômenc Lucher auoit  iadis  foudroyé' 
contre  Zuinglc  pour  cela  mefme  :  6c  lifoit  certain  paflage  de  quelque  Jiure  de  Luther. 
Bradford  reljpondit  à  cela, Tout  ainli  que  vous  ne  vous  loucicz  pas  beaucoup  cïe  ce  que 
Luther  a  fait  en  cell  endroit ,  aulîi  de  ma  part  ie  n'en  fay  pas  grand  cas.  Car  ma  foy  n'eft 
point  appuyée  ne  fur  Lucher,ne  lur  Zuingle,ncfur  Ecolampadc:  tant  y  a  ncantmoins 
que  quant  à  eux,  ie  ne  doute  point  qu'ils  n'ayent  efte  bons  6c  faincls  perfonnagcs,&:  qu 
ils  ne  foyent  maintenant  au  ciel  auecDieu.  L'a.  Quelque  choie  qu'il  y  ait,  vous  elles 
maintenant  forclos  de  la  communion  del'Eglife.  Bit..  II  n'eu  po/liblexar  celle  commu- 
nion conlifle  en  foy  6c  vérité.  L'a  .  Voicy  derechef  comment  vous  ùites  voftie  cglife 
inuihble,  delaqucllcla  communion  conflit c  en  foy.  Br.  Iedy  cela  \oircnuiit:car 
pour  lacômumon  de  l'Eglile,  il  n'eft  befoin  que  nous  la  côllituyons  viliblc,  veu  qu'icel-  R  jia'5-i8- 
le  conlifle  en  vraye  foy ,  6c  non  point  en  apparence  externe  de  cérémonies  6c  cbferua- 
tions:  comme  il  appert  par  ce  que  dit  S.  Paul,  qui  ne  requiert  que  la  foy  feule.  Cequ'I- 
renee  aulîi  tefmoigne,  efcnuant  à  Vidlor  touchant  la feile&:  obfcruation  de  Paique . &£ 
delà  différence  des  temps  dit,qu'il  ne  faut  point  pour  tout  cela  rompre  la  concorde  6c 
vnité  de  la  foy.  L'e  .de  Chiceftre ,  Ce  mefmc  partage  a  fouuentcfois  poincl  mon  cœur  à 
me  faire  penfer  que  nous  ne  dénions  eftre  feparez  du  licgc  Romain.  Orlur  ces  entre- 
faites  fArcheuefquc  d'York  miten  auant ,  commentil  y  auoit  beaucoup  de  chofes  qui 
retenoyent faind  Auguftin  mefme  au  fein  de  l'Eglifc-aiîauoir  le  confentement  du  peu- 
ple &:  des  nations,  l'authoritc  confermee  par  miracles,  nourrie  par  cfperance,augmen- 
tec  par  charité,&:  fortifiée  par  l'ancienneté.  Outre  cela  encore  y  auoit-il  le  nom  de  Ca- 
tholique. Il  difoit  donc,  Vous  voyez  bien  commcntfaincl  Auguftin  louë&  prifenollrc  Di  lam>c 
egh(e:vous  de  vollre  part  ornez  voilreEglife  de  fcmblable  façon,  fi  vous  pouuez.  Br.  1VJuflcJ:- 
Ces  parollesdeS.  Auguftin  font  autant  pour  moy  que  pour  vous  pour  Je  moins:  tes'il  8 
vous  femble  qu'elles  foyent  de  fi  grand  poids  ou  importance ,  qui  acmpefché  qu'on  ne 
les  ait  peu  alléguer  contre  le  Fils  de  Dieu  mefme  &:  contre  l'es  Apoftres?  Car  pour  lors 
la  Loy,îcs  obferuations&:  cérémonies  elloytrnt  reccués  du  conlentement  commun  du 
peuple:outre  cela  elles  cftoycntconfermccs  par  pluficurs  miracles,  &:  encore  pouuoit- 
on  alléguer  l'ancienneté,  &  la  déduction  continuelle  des  Sacrificateurs  depuis  Aaron 
iulques  à  ce  temps-la  1/  a  .  Poflîbie  cil  q  vollre  opiniô  feroit,  qu'il  ne  faut  point  eftimer 
aucun  eftre  de  l'Eglifclinô  qu'il  loulfic  perfecution.B  r.  OyczcequeditS.  Paul, Tous  ,Tl"1 
ceux  qui  veulent^ïurc  religieulemcnt  en  Chnrt,  foufiriiont  perfecution.  Or  combien 
que  quelque  fois  l'Eglile  ait  relafche  6c  temps  pour  rclpircr,tant  y  a  que  le  plus  fouuent 
elle  eft  enueloppee  des  perlecutions:&  principalement  en  ces  derniers  temps  &:  vieil- 
li (le  extrême  de  ce  monde,  la  face  de  l'Eglife  eil  terriblement  deffiguree  par  angoilïes 
&c  oppi  eflïoUs.  L'  a  .  Mais  que  refpôdezvous  à  S.  Auguftin  ;  &  quel  accord  de  peuple  6c 
nations  monftrez-vous  en  vollre  Lglile:  Br  .  Autât  que  nous  fommes  de  fidèles  au  mo- 
de, Sevrais  amateurs  de  la  venté  de  Dieu, nous  fommes  tousd'vne  mefme  opinion  en 
celle  vnité  de  foy  6c  doctrine.  L'  a  .  S.  A  uguftin  traite  de  la  lue  ceilion  continuée  depuis 
JecômencementdeS.Picne.  Ba.  La  voix  de  Chnlt  eft  recognue  de  les  brebis,  6c  ton 
tefois  ellesnelaiugentpas:maisladilcernentd'aueecelledes homes.  L' a  . Enquelles  Lc< 
chofes?     Br.  Es  choies  lesquelles  vous  célébrez  en  langue  cftrangcie:  item  en  diitn-  jJJfl-^.J 
buantàdemylaCeneduSeigneur,&:  en  autres  lcmblabJcs.  (JU  <"c^1- 

L'k  .de Chiceftre, ce feruice  fait  en  Latin  a  efte  introduit  en  Icglifcafin  qu'il  fuft 
fait  au  chœur  par  les  clercs  cognoillas  lalagu  e  Latine,  6c  que  cepédaat  les  laïcs  retirez 

Uni. 


Luire  UII.  Jean  Bradford. 

l  nef  des  arrière  du'clergé,&:  occupans  la  nef  du  cépk,pcuflcnt  prier  à  part  vn  chacun  felo  fa  lan- 
"mpL^L  gue.  Et  on  peut  mefme  facilcmct  cognoittreccla  par  celte  diftindion  laquclleon  voir 
Pjrcc  du  |ujourtjhuyés  téples,a(TauoirladilbndionentrelechœurhautÔ<:labaflcncf:laquelle 
'  ŒUr      feparation  fait  que  les  laies  ayans  les  treillis  ou  barreaux  deuant  eux,  ne  pcuuenc  aller 
dcuersles  autres.  Br.  Mais  anciennement  du  téps  de Chryioftome,  le  peuple rcfpon- 
doit  ordinairement  Amen:  &  cela  a  non  feulement  efté  fait  es  eglifcs  des  Grecs ,  mais 
au  iTi  des  Latins  du  temps  de  S.  Hicromc  :  dont  il  appert  quele  peuple  n'a  pas  elle  telle- 
ment leparé  du  clergé,  qu'il  n'efcoutalt  6c  entendiit  les  prières  qui  fefaiioyent  parles 
Clercs.  L'ar.  Pour  certain  nous  nerailons  que  perdre  temps,  Bradford,  &:  negaignos 
rie  à  vous  enfei<mer:car  vous  ne  faites  que  cercher  des  efchappatoires  pour  reietter  les 
argumens  qu'on  vous  fait.&:  toutefois  voftre  Eglilé  ne  peur  eftrc  monftree  en  euidéce. 
B  r  .  Cela  fe  pourrafaire  facilemenr,moyennant  que  vous  ouuriezles  yeux  pour  la  con- 
templer. L'  a  r  .  Quelles  marques  aura-e!le,par  lefquelles  nous  lapuiffiôs  apperecuoir? 
BR.Chiyfoftome  le  vous  die, affermant  quelicefteognue  feulement  par  les  Efcritures. 
Ï3-  Et  il  répète  ce  mot-la  tant  de  fois.  L'a.  Celaeltefcnten  Chryfoftome  ,en  (on  Oeuure 
imparfair.  toutefois  la  fueccilion  des  Euefques  elt le  plus  certain  moyen  de  cognoiftre 
Nicol  is  de  l'E^life.  B  r  .  Mailtre  Nicolas  de  Lyra  a  vrayement  bien  dit,  que  l'Eglife  ne  gift  point  es 
Lyu.       hommes  pour  rail'on  de  la  pui/fancelcculiere,ains  es  hommes  elquelsil  y  a  vne  vraye 
co^noiilance&:  pure  confeflion  de  foy  ÔL  venté. En  outre,  faind  Hilaireelcriuant  à  Au- 
*S  U  xence,tefmoigne  d'vne  femblablc  façon,  que  l'Eghie  eft  plultoft  cachée  en  descauer- 
S  (      nes,quenonpaseminente.    ^  Ils  fuiembicnttoisheures  àdeuiler  ainfi  :  finalement 
entra  vn  feruiteur ,  qui  lignifia  à  ces  prélats ,  que  l'euelque  de  Dunelme  les  attédoic  ea 
la  maifon  de  monheur  d'York.  Iceux  laiilerent  incontinent  les  liures  qu'ils  tenoyent^ 
dirent  qu'ils  cftoyent  bien  marris  de  voir  ainlï  Bradford  en  ce  mal-heur,  &c  le  prioyét  de 
lire  vn  certain  liure,  lequel  (comme  ils  d;îoycnt)auoit  profité  au  docleur  Cromel.Ainli 
ayansditgracieufementrAdieuà  Bradford, s'en  allèrent :& Bradford  fut  ramené  en 
fa  prifon. 

CONFERENCE  que  deux  moinesEfpagnols  ont  auec  Bradford,  touchant  la  Cene  duSefgneur^n  laquelle 
plufieurs  allégations  des  Do&eurs  anciens  font  amenées  d'vn  cofté  &  d'autre. 

|E  vingteinquieme  de  Feurier,  enunon  les  huit  heures  du  matin,vinrct  deux  moi 
bes  Elpagnols  en  la  prifon  de  Countree ,  aiTauoir  le  côfefléur  du  roy  Philippe,fils 
de  Charles  le  quint  empereur,&:vn  autre  nommé  Alphonfc.  Bradford  leu  reliant  ame- 
né pour  conférer,  ce  confe/Teur  du  Roy  commença  à  parler  à  Bradford  en  Latin, &: 
demander  s'il  auoit  iamais  veu  vn  A  lphonfe  qui  auoit  elerit  cotre  les  hereiies.  Bradford 
refpôdit  qu'il  ne  l'auoit  iamais  veu,&:  fi  n'en  auoit  iamais  ouy  parler.Et  I  e  c  onfefiéur  luy 
dit,Voicy  le  perfonnage  deuant  vos  yeux:  venu  exprez,efmeu  de  charité  &c  afrcction,&: 
à  la  perfuafion  du  conte  de  Darbe,pour  côfercr  des  matières  de  la  religion. Bradford  re- 
fpondit  à  cela,quiin'auoit  iamais  appeté  qu'aucun  luy  ruft  amené  pour  parler  auec  luy 
ou  pour  prendre  confeil  de  luy .  mais  pource  qu'ils  eftoyent  là  venus  par  charitc(  corne 
ilsdifoyent)&:  pourluy  faire  quelque  plailir,  il  ne  pouuoit  faire  autrement  qu'il  neles 
remerciait.  Alphonfe  voulant  entier  en  propos  auec  luy,  l'admonnefta  auât  que  pat 
fer  plus  outre  de  prier  Dieu ,  àce  qu'il  peulî  impetrervn  bon  entendement  pour  obéir 
à  bons  confeils,  fans  eftre  adonné  à  fon  propre  fens  &c  volonté.  Bradford  fit  fa  prière 
à  Dieu,  qu'il  luy  donnait  Ion  faindt  Efprir,  par  la  conduite  duquel  toutes  leurs  volontez 
&c  a&ions  fufTent  dreflees  corne  il  appartient  à  vrais  enfans  deDieu.  Alphonfe  dit  alors, 
Il  faut  bien  que  vous  priez  Dieu  du  profond  de  voftre  cœur, &n5  pas  de  langue.  Brad- 
fcUttL.7.t.  ford  luy  dit,  Ne  iugez  point,  afin  que  ne  foycziugé.  Vous  auez  ouy  que  i'ay  prié  de  lan- 
gue &:  deparolles:  maintenantla  charité  requiert  que  vous  lailfiez  tout  le  iugementà 
Dieu.  Alphonfe  luy  dit,  Vous  deuez  maintenant  tellement  confermer  voltre  efprir, 
qu'il  ne  foit  adonné  à  vne  partie  ou  à  l'autre,  ains  le  tenir  iuftement  en  balance,  ne  pan- 
chant  ne  d'vn  cofté  ne  d'autre.  Priezdonc  Dieu,&:  vous  lailTezgouuerner  par  la  mair, 
bc  permettez  qu'il  encline  voftre  entendement  où  bon  luy  femblcra  :  ou  autrement 
tout  ce  que  nous  pourrions  dire  icy  &  faire  ,  ne  profitera  de  rien.  Bradford  luy  re- 
fpondit,  Si  vous  parlez  de  la  religion  Chrefticnne,  mon  opinion  eft  vne  certaine  per- 
fuafion :  &  faut  que  tous  Chreftiens  &:  fidèles  foyent  ainfi  alïeurez.  Parquoy  il  ren- 
doit  grâces  à  Dieu  de  ccfteperfuaûon  qu'il  auoit  delà  doctrine  pour  laquelle  il  eftrit 

con 


Jean  bradford.  j  jf 

condamné.    Outre-  plus,  il  prioit  Dicn  qu'il  luy  pleuft  augmenter  de  iour  en  îour  ce. 
fie  fermeté  d  efprir,&:  luy  accroift  recette  afîeurance:que  tant  s  en  falloir  qu'il  fuit  in- 
certain de  la  cognoifsacc  de  celte  doclrine,qu'il  eftoit  preft  d'eftre  produit  en  lumière. 
Pour  celle  caule  leur  venue  luy  eftoit  agréable.  Ai..  Nous  ne  fauons  quieftlacaufe 
pour  laquelle  vous  aucz  cité  condamné.    B  r  .  Il  n'y  a  gueres  moins  de  deux  ans  que  le 
luis  îcy  détenu  prifonnier.Or  s'il  falloir  vous  en  rendre  quelque  raifon ,  ie  ne  pourroye. 
A  l  .Voyons  donc  premicremét  ce  que  vous  lentcz  de  la,Tranflubftantiation:Ne  croy- 
ez-vous pas  que  Icfus  Chrift  eft  prêtent  en  Ion  propre  corps  fous  les  figures  &efpeces 
du  pain  &c  du  vin?    B  r  .  Non  point. le  croy  que  Iefus  Chrift  affilie  &:  eil  prefent  à  la  foy 
de  ceux  qui  reçoiuent  deuement  la  Ccne  :  voire  autanr  prefent  aux  yeux  delà  foy,que 
le  pain  ôde  vin  font  vrayement&realementprefens  aux  yeux  &:fens  des  regardans. 
A  l  .  le  lay  que  vous  ne  nierez  pas  cecy,que  le  corps  de  Chnll  de  l'a  narure  eft  limité  en 
certain  lieu.  Et  lur  cela  il  tint  long  propos  des  deux  natures  en  Chrift ,  desquelles  l'vne 
cil  prefente  par  tout,l'autre  eft  retenue  &:  limitée  en  certain  lieu.  Apres  qu'il  eut  entre- 
ietté  beaucoup  de  queftiôs  fur  ce  fait,i!  mit  en  oubli  fô  premier  propos:mais  Bradf.  l'av- 
ant remis  en  train,dit,Coinment  fe  peuuent  accorder  ces  choiesiC'cft  aurant  que  li  on 
difoit:Pour  celte  railon  que  vous  elles  icy,aulii  raur.il  neceifan  cment  que  vous  loyez  à 
Rome. Et  certainement  voltre  façon  d  argumenter  nell  point  autre  que  cela  :  Pour  ce- 
ftc  raifon  que  le  corps  du  Fils  de  Dieu  eft  au  ciel, il  eft  autîi  necclfairement  enclos  au  Sa 
crement  lous  les  figures  6c  efpeces  du  pain  2c  du  vin.  A  i. .  Quoy  donc? Ne  voulez-vous 
rien  croire  s'il  n'eft  expreiTcment  ou  notamment  contenu  es  lainetes  Efcritùres?  B  r  .  le 
veux  croire  tout  ce  que  vous  produirez  ou  enfeignerez  par  demonftration  fufhYante  &C 
probable  des  fain&es  Efcntures.    Or  Alphonfe  fe  tournant  vers  l'on  compagnon, dit, 
Ceiluy-cy  eft  du  tout  obftiné. Puis  dit  à  Bradford  ,  Quoy  ?  Le  Seigneur  n  eft-il  pas  tout- 
puifTant  pour  ce  faire?  BR.IlefttoutpuiHant  voirement  :  maisiln'cft  pasicy  queftion 
de  la  puiflance  de  Dieu,ains  de  la  volonté.  A  l  .  N'auons  nous  pas  les  parolles  c  laires  d' 
iceluy,Cecy  eft  mon  corps?  Br  .  Ce  font  fes  parolles:mais  il  les  fauc  attribuer  &:  rappor- 
ter à  la  foy  de  ceux  qui  participent  à  tels  myltcrcs  comme  il  appartient.  A  l  .  A  la  f  oyîle 
vous  prie  comment  fe  fait  cela?  B  r  .  Tout  ainii  que  ie  n'ay  ne  langue  ne  parolle  fuffifan 
te  pour  bien  exprimer  ces  my fteres:aulïi  vous  n'auez  poin  t  d'oreilles  pour  ouir  &c  enté- 
dre  ce  que  ie  dy .  car  pour  certain  la  foy  ne  peut  eftre  expliquée  par  force  &  faculté  de 
parolles.    A  l  .  Neantmoins  ie  peux  bien  expliquer  par  parolles  tout  ce  qui  eft  en  ma  u  fo  ne 
foy.  B  r  .  Les  chofes  que  vous  croyez  par  voftre  foy,nc  font  pas  for  r  grandes  ,  fi  vous  ne  peSkc 
comprenezplus  auant  que  les  fens  charnels  en  peuuent  porter.    Car  tout  ainfl  que  la  expliquée 
méditation  de  l'cfprir  eft  plus  capable  que  n'eft  la  langue:aufii  conçoit-elle  plus  de  cho 
fes  que  la  langue  ou  la  parolle  ne  peut  mettre  hors.  A  l  .  IefusChrift  luy-mefme  tefmoi- 
gne  que  c'eft  ion  corps.  B  r.  Saincl  Auguftin  le  declare,difant ,  De  mefme  façon  que  la  L  cor.i.  * 
Circoncifion  eft  l'alliance  du  Seigneur -au ffi  le  Sacrement  de  la  foy  eft  la  foy. Et  pour  ex- 
pliquer cecy  plus  familieremcnt,Toutainfi  que  l'eau  du  facremet  du  Baptefme  ,  eft  la 
regeneration:de  telle  façon  le  Sacrement  du  corps, eft  le  corps  du  Seigneur.  A  l  .  Le  la- 
uement  du  Baptefmc,eit  faitSacrement  de  la  grâce  diuine,&:de  l'Efprit  enclos  en  leau, 
•par  lequel  font  purifiez  ceux  qui  font  lauez  par  le  Baptefme.  B  r  .  Lailfons  ces  mots,  En 
clorrc&:  Enfermer.  A  l  .Lagracc  diurne  eft  par  fignificarion  au  lauément  duBaptefmc. 
B  r  .    le  confelTe  que  le  corps  du  Seigneur  Icfus  eft  de  femblable  façon  au  Sacrement, 
Al  .    Ne  faites-vous  point  de  diftin&ion  entre  les  Sacremens  quidemcurcnt  &les  Sa- 
cremens  qui  paifcnt.'Cecy  foit  pour  exemple:  Le  Sacrement  de  l'ordre(lequel  eftant  re  Des  Ordres 
ietté  par  vous,eft  toutefoisapprouué  par  lainct  Auguftin;  eft  nombre  enrre  les  Sacre- 
mens  qui  demeurent,ia-foit  que  la  cérémonie  d'iccluy  paife.    On  en  peut  autant  dire  ^  u 
du  Baptefme:quand  l'eau  a  laué  le  corps, elle  a  fait  fon  offïce,&:  celle  d'eftre  Sacrement.  Bipccimc 
Br.    le  confeilc  que  le  femblable  aduient  en  la  Cene  du  Seigneur  :  aufli  toft  qu'elle 
celle  d'eftre  en  vfage,elle  celTeaulfi  d'eftre  Sacrement.    ^Alphonfe  fut  fort  irrité,tel- 
lement  qu'après  plu  fîcurs  proposai  reprocha  à  Bradford  fa  rudclfej&  qu'il  ne  fauroic 
trouuerentouterEfcriturequele  Baptefme  &:  la  Cene  fufTentconioints  en  quelque 
fimilitudc.Sur  cela  vnPreftreprefentantvnnouueauTe'ltamcnt,  Bradford  manftra  le 
paffage  du  douzième  chapitre  de  la  première  aux  Corinthiens,où  il  eft  dit ,  Nous  fom- 
mestousbaptizezen  vnmefm'ecorps,&  fommcstousabbreuuezcnvn  mefmeEfpnt. 

Ll.  ihi. 


Linrc^I  M.  fan  "Bradford. 

Alors  les  magnifiques  gaudificrics  de  ces  Elpagnols  turent  abairtee$:&:fe  regardoyent 
iNmi'autre,prenanspourrcfugeceitecauillation,que  lairct  Paul  ne  parloir,  point  làdu 
Sacrement.  Bradtord  leur  dit,que  ce  partage  eftoit  allez  clair  de  foy ,  &  que  les  docteurs 
Hnterpretoyent  en  cette  façon,&:  principalement  Chryfoltome.  Alphôlequi  tenoic 
le  liure  en  la  main,fucilletoit  comme  pour  y  cercher  remede.Finalemét  ces  Elpagnols 
vinrentau  partage  du  chapitre  vnzieme  de  la  première  aux  Corinthiens ,  où  il  eit  dir> 
Que  celuy  qui  ne  iuge  point  le  corps  du  Seigneur,eft  coulpable:&c.  Bradford  dit ,  Li- 
fez  ce  quis'enfuit,artàuoir,qui  mange  de  ce  pain  ,  &  boit  de  ce  calice , &c.  Ne  voyez- 
vous  pas, dit-il ,que  l'A  poftre  le  nomme  icy  pain, mefme  après  la  confecrationîComme 
il  dit  aufli  au dizieme chapitre  de  la  mefme  Epiftrc  ,  Le  pain  que  nous  rompons  ,&c. 
A  l  .  N'entendez  vous  point  q  les  chofes  qui  l'ont  tranlmuees  retiennent  quelq  fois  les 
noms  de  celles  qui  eftoyent  auparauant?La  veige  de  Moylé  nous  l'oit  en  cela  pour  exé- 
ple.La  Bible  tut  apportee,&:  lelieu  trouué  ne  reftoit  plus  que  le  triomphe ,  commes'ils 
eurtent  cauregagnec.Bradtord  repoulla  derechetccft  argumêt  en  cette  TortcLn  la  ver- 
gedeMoyfcileltditqu'ellcfutconuertie:&:dauantagcla  chofe  apparoi/lbit  telle  de- 
uant  les  yeux  corporels,  mais  nulle  de  ces  deux  choies  ne  peut  eltre  monftrce  en  ce 
Sacremenr.De  fait,comme  en  iceluy  il  n'y  a  nulle  apparence  de  corps,  aufli  il  n7  anuL 
le  mention  faitedeconuerlion.^Le  moine  tut  troublé, &:  penia  efchapper  reprochant 
que  Bradford  eiloit  trop  adonne  à  Ton  fens.  Bradford  dit  qu'il  pourroit(ti  bcfçin  eftoit) 
produire  des  Docteurs  anciens  pour  tefmoins  de  Ion  opinion.  Al.  Mais  l'cglife  vous 
cft  contraire. 5 r.  1  Egliiede  Chrifteft  pourmoy ,  rcfpoufedelclus  Chrilt,  lacolomnc 
SdJ^r.  U  de  vérité.  A  l  .  Conte/lez- vous  qu'elle  toit  vilible,ou  non.'BR .  Elle  eft  voirement  vifiblc 
à  ceux  à  qui  Dieu  donne  desyeux&:  lunettes  de  fa  parolle,à  ce  qu'ils  la  puiflènt  voir. 

Al.  le  veux  monftrerouuertemcnr.  que  toute  cette  Eglile  combat  contre  vous, 
depuis  fa  première  nailfancc  iufques  à  noftre  tem  ps,il  y  a  mille  cinq  cens  ans.  ^  Apres 
cela  ce  confelfeur  du  roy  d'Efpagnc  demanda  à  Bradford  quel  eftoit  lautre  poinct  de  fa 
condamnation. Bradford  rcfpondit  que  c'eftoit  touchant  les  inhdeles.afl'auon  , qu'ils  ne 
participoyent  au  corps  de  Ictus  Chnibcomme  làinct  Auguftin  parlant  de  Iudas,dit  qu* 
iceluy  a  pris  le  pain  du  Seigneur,  &:  non  point  le  pain  qui  eft  le  Seigneur.  Alphonfeluy 
dit,quecela  n'eftoit  point  en  fainct  A  uguftin. Bradford  maintenoit  le  contraire.  Sur  ces 
propos  ils  le  départirent.  Apres  tout  cela, l'vn  des  Preftres  qui  eftoyent  là  prcfens,pria 
Bradford  qu'il  ne  demeurait  point  obftiné:&  Bradford  aufli  le  pria  de  ne  fe  flatter  point 
légèrement  en  ton  efprit,&  qu'il  ne  fe  lairtaft  tranfporter.  Puis  il  y  eut  vne  queftion  en- 
tre eux  de  quelque  choie  qu'on  difoit  fe  trouuer  es  fainctes  Efcritures:&  Bradford  difoit 
que  non.  Le  Preftre  fe  faifoit  fort  de  la  trouuer  en  cinq  lieux  d'icelle:&  finalement 
quand  le  liure  eut  efté  produit,nele  pouuant  trouuer  vne  feule  fois  ,  il  s'en  alla  com- 
v  me  les  autres.^  Ce  mefme  iourfur  les  cinq  heures  après  midy,  Vvefton  vint  voirBrad- 

vknri"  ford:&  l'ayant  faluéjfittortir  ceux  qui  y  eftoyent,  &:  eux  deux  demeurèrent  fculs  pour 
Bradfoid.  conférer  enfcmble.Vvefton  remercia  Bradford  de  la  lettre  qu'il  luy  auoiteferite  en  la- 
quelle il  amenoit  quelques  raifons  contre  la  Tranlfubftantion.  La  première  raifon 
eft  déduite  du  tcmps:commec'eft  vne  chofe  toute  notoire,quc  lesEglifesnefauoyent 
que  c'eftoit  delà  Tranrtubftantiation  deuant  le  concile  de  Latran ,  qui  fut  tenu  tous  le 
pape  Innocenttroilicmedecenom.  La  féconde  eftoit  prife'descirconftanccs&ana 
u  concile  logicefes  Sacremens  ,  bc  auffidestelmoignagcsdcs  Docteursancicns.  Tiercement, 
Je  Latran 3.  jChrift  eut  pris  le  pain  en  ta  main ,  luy-mefme  bénit  ce  qu'il  auoit  pris,lc  ropitôc  le 
diftribua:&:  de  là  recueilloit  que  le  pain  a  efté  appelé  du  nom  du  corps.Quartement,de 
la  condition  du  calicc,qu'on  deuoit  auffi  fentir  du  pain.  Car  fi  après  la  confecration  le 
vin  de lacoupe  eft  demeuré frui&de  vigne,  il  falloir  neceflàirement  conclure  que  le 
pain  demeure  pain.  Cinquiemement,és  fainctes  Efcriturcs  le  pain  eft  appelé  corps 
de  Chrift.fcmblablement  le  corps  myftiqucdeChrift  eft  appelé  pain.  Çomme  ainfi 
foit  donc  que  nul  ne  vouluft  dire  qu'il  y  ait  quelque  chagement  de  fubftance,aufli  n'eft 
point  raifonnable  de  le  dire  enl'autrc  po  met.  Sixièmement ,  puis  que  le  Seigneur  luy- 
mefmea  appelé  le  calice ,  Le  nouueau  Teftamcn  t  en  vne  mefme  Cene,il appert  claire- 
ment que  par  vne  femblablc  figure  le  pain  a  efté  nommé  Corps  fans  Tranrtubftantia- 
tion, Finalement  cette  doctrine  de  la  Tranrtubftantiation  ne  fut  iamais  ouye  en  aucu- 
ne de  toutes  lesEglifes  bienôi  fainctement  drefleesrcomme  celle  deCorinthe,d'Ephe- 

fe, 


JeariBradford.  ^^p 

fcdcPhilippcSjdeColoflcSjcieTheflaloniqucj&s'ilycna  quelques  autres  qui  ayenc 
elle inftituecs U  tormees  parles  Apoftres,&  que l'eglife  Romaine  mefme  n'a  (eu  que  c 
cftoit  au  temps  du  PapeGelafe.  Et  que  partant  on  pouuoit  conclure  que  toute  cefte 
forte  de  do&nne  eft  nouuelle.  V  vefton  pour  la  maintenir  dit,Combicn  qu'il  n'y  euft  Tranfïi.b- 
pas  long  temps  que  l'Eglife  euft  reccu  ce  mot  de  Traniîubftantiation:toutefois  la  veri-  flantianoo 
té  auoit  duré  de  puis  la  première  inftitution  de  Chrift.  Dauanrage,ilargumentoitde 
fainct,  Auguftin  en  cefte  forte:S'il  n'y  a  homme  fi  mefehant  qui  en  faifant  Ion  teftamét 
vue  ille  tromper  fon  héritier  par  figures  ou  parolles  defguifees  :  certes  cela  beaucoup 
moins  conuiendroit-il  à  ce  dernier  Teftament  de  Iefus  Chrift.En  outre  auiïi  argumen- 
roit  de  fainft  Cyprien, lequel  dit  que  la  nature  du  pain  eft  conuertie  en  chair:&  combic 
que  le  pape  Gelafcexpofe  cefte  nature  pour  qualité  :  tantya  qu'il  appelé  le  pain,  Son 
corps.il  allégua  ce  que  laind  Cyprien  dit  en  l'Epiftre  cicrite  à  ceux  qui  combatoyent 
pour  l'eau. Il  propofa  auffi  le  brilemct  du  pain  fait  en  la  prefenec  de«  deux  difciplcs  qui 
alloyentenEmaust&miten  auant  pluficurschofes  prifcs,côme  il  difoit  de  l'interpréta- 
tion de  fain£t  Auguftin.  Bradfordrcfpondit,  Qu'il  ne  fe  (oucioitgueres  de  l'origine 
du  mot:&  quec'eftoit  principalement  la  vérité  du  fait  qu'il  falloit  confiderer.  V  vefton 
entrant  en  d'autres  propos,l'interrogua  de  ion  emprifonnement,de  fa  condamnation, 
&:  chofes  femblables:&  luy  dit  qu'il  auoit  entendu  del'euefque  de  Bade ,  qu'ilauoit  fait 
bon  rapport  de  luy  vers  la  Roine  &:  fonConfeil.  Ce  deuis  dura  enuiron  l'efpace  d'vne 
heure  entierc,tcllement  que  Bradford  corn  mêlas  d'eftre  aflîs,feleua:  V  vefton  auffi  fc 
difpofanc  pour  s'en  aller,appcla  le  Geôlier^:  en  fa  prefenec  dit  à  Bradford  qu'il  euft  bÔ 
courage.Nonobftant  le  Geôlier  luy  dit  qu'il  auoit  entedu  qu'il  deuoit  mourir  Je  lende- 
main. V vefton  oyant  ce  propos,tenoit  contenance  d'vn  homme  esbahy.  Finalement 
?  près  auoir  pris  vn  peu  de  vin, ils  le  départirent  l'vn  d'auec  l'autre. 

I  A  dernière  conférence  qu'eut  Bradford  auec  rroljquî  auoyent  cfte"  auparauant  fes  araii  familicn:cn  laquelle  fa  confiance  eft 
dernonftree. 

¥&&^  vingux'enie^c  Mars,le  docteur  Pandelton,  ledodeurColicr ,  qui  auoit  efte  Bfiifor<i 
jjË|kprcuoftde  legliie  de  Manceftrc,&:vn  autre  nommé  EftienneBech,  vinrent  Voir  e"viîké  àc 
iirad^ord. Pandeltoniqui  auoit  cogneu  la  vérité  demandai  Bradford  les  cauies  dëta  pto^j. 
condamnation:  &  deuiferent  fommairement  de  deux  points.  Premièrement»  Aflàuéir  u"  £imen 
ii  les  infidèles  participent  au  corps  de  Chrift  auffi  bien  que  les  fidèles.  Pandelton  pro- 
pofa  vue  telle  quelle  diftin&ion  pour  faire  efuanouyr  l'argument:  c'eft ,  Que  lès infiete- 
ict  participent  bien  d'vne  mefmechofe,maisnon  pas  à  vne  mefme  chofe.     Etquâfnt  Solution 
a  4a  TranifubftantiatiôjPandeJtô  allégua  le  partage  de  faine*  Cypricn,où  il  dit ,  Lé  pam  *u  *re *^ 
r.  il  changé  de  nature, Bradford  refpondit  :  Comme  la  précédente  diftin&ion  nediffii-  '  >pnca 
nuoit  rien  de  la  ientence  de  fainct Auguftin :auffi  ce  pa/fage  de  fai  n&Cyprien  né  faifeit 
r.en  à  propos,veu  que  ce  mot  de  Nature  ne  fignifioit  pas  la  fubftance,ains  la  qualitédé 
i  *  chofe.    Comme  quand  nous  parlons  de  la  nature  des  herbes,nous  ne  dénotons  pfcs 
h  ûibftance  d  icelles,ains  les  forces  &:  proprietez.     ^  Ils  parlèrent  auffi  de  rareheuff- 
que  de  Cantorbie,du  Jiurede  Pierre  Martyr,des  lettres  eferires a  Pandelton, lefqùelles 
n  d  m  es  furentpropofees  à  Bradford  après  fa  condamnation.  Item  dece  pafTagédeï'Ef 
cnture,Dy  le  à  l'Eglife  ^c.afîaùoir  il  en  cepafTagc  on  doit  entendre  l'Eglife  vrtiuerfel- 
le,ou  particulière. 

^  Apr  e  s  ces  propos  Bradford  print  congé  de  Pandelton  ,  luy  diiant*  Monfieutffe 
Doéteur,ie  repcte.ee  que  nagueresay  dit  au  Docteur  Vvefton ,  quand  il  eftoitîcy.-qufe 
touehant  àla  religion  &  doctrine, ic  fins  tel  auiourdhuy  que  i'ay  efté  par-cy  deuâr,qoa<t 
iefu  premièrement  mis  en  prifon:  comme  de  faicl:  depuis  ce  temps-laie  n'ay  rien  oiry 
dcfermcoufolidCiqui  puiiîedèftouincr  mon  efprit.  -  ' 

K  O  VSauonsicy  inféré  vne  Epiftrc  confolaroirc  que  Nicolas  Ridley.iadis  euefque de  Londres  emwya  à  Bradford  digntfque 
'  tous  fidèles  liient. 

A  D  F  O  R  D  v  frere  bien  aimé  en  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift,ie  penfoye  bien 
wjfevousauoirenuoyé  le  dernier  A-dieu  par  mes  lettres,  lefqùelles  l'auoye  baillées  à  LaCilufc 
Auguftin  noftre  bon  frere,pour  vous  porter  lors  que  le  commun  bruit  eftoit  qu'on  vous  pourvue, 
deuoit  faire  mourirrmaintenant  puis  qu'ils  ont  prolongé  voftre  mort ,  i'enten  que  cela  gr^J"ri"c 
iVcft  autre  chofe  finon  cequicft  aduenu  à  fainct  Pierre  &ù  à  fainct  Paul.  Combien  qu'ils  eftuntcif 
fuffent  des  premiers  mis  en  prifon  ,  toutefois  le  Seigneur  n'a  voulu  qu'ils  fu/Tcnt  des  fcrce* 
premiers  rriis  à  mort  :  &:  c'eftoit  afin  que  tant  plus  qu'ils  dureroyent  en  leur  mi- 


^  niftere  ,ilseuflent  auflî  tant  plus  grand  loifir  d'accomplir  les  chofcs  que  le  Seigneur 
auoit  délibéré  faire  par  eux.  Bénit  loit  Dieu  noftre  Seigneur,  lePere,leFils&:lefainct 
Efprk,àcaufe  de  voftre  confeffion  faite  par  trois  fois  ,  lesquelles  trois  confeffions  i'ay 
leués  chacune  à  part  auec  grande  refiouiflance  d'efpnt:  &c  pour  icellesauffi  i'ay  rendu 
grâces  \  Dieu.Ielay  remercié  de  ce  qu'il  vous  a  eflargy  de  fes  grâces  en  grande  abon_ 
Le  ferment  dance.Benit  l'oit  noftre  bonDieu,qui  vous  a  donné  celle  confiance  de  maintenir  le  fer 
contre  ic    ment  que  vous  auez  iadis  fait  contre  le  Pape,  lequel  ferment ,  félon  le  Prophete,a  efté 
1  Jpe       faiten  iugement,iuftice&  verité:&  pourtant  on  ne  le  fauroit  reuoquer  {ans  periure. 

Que  le  diable  fe  defpite,qu'il  gronde,qu  il  enrage,qu'il  exerce  toutes  cruautez  tant  qu' 
icre.7«    il  pourra.  Tant  y  a  qu'il  nevousaduiendrarien  de  nouueau  en  ceft  endroit.  Lesfaux 
Sacrificateurs  ontainfi  crié  anciennement ,  6C  toufiours  contre  les  vrais  Prophetes&: 
feruiteuis  de  Dieu,difans:Le  temple  du  Seigneur,  Le  temple  du  Seigneur ,  Le  temple 
L.sb«uus  ^u  Seigneur.  Item:  La  Loy  ne  périra  point  du  Sacrifîcateur,ne  le  conléil  de  la  bouche 
quVmdifoir  dufagc:&:toutefoisceuxquicftoyent  feuls  reputez  fages  &:  Sacrificateurs  nauoycnt 
JeErjdford  point  laLoy  deDieu  ny  aucune  fapiéce.^Orc'eft  merucillesdecequ  oditicyde  vous. 
Aucuns  difent  qu'on  vous  doit  reléguer  en  quelque  part,&  par  ce  moyen  vous  veut-on 
iauuer  la  vie:&  qu  auez  refufe  cefte  condition, diiant  que  ne  vouliez  eftre  enuoyé  envn 
licu,où  il  ne  vous  fuft  libre  de  viure  en  bonne  conlcience.    Ceux_cy  dtfent  queBurne 
euefque  de  Bade  vous  a  impetré  celte  grâce,  auquel  vous  auiez  autrefois  fauué  la  vie. 
Les  autres(entre  lefqucls  eft  mon  hoftefre)femët  ce  hruir,que  vous  elles  eleué  en  grâd 
hOnneUr,&:  que  monfieu  r  le  Chancelier  vous  fauorife  grandement  :  ce  que  toutefois  ie 
n  ay  iamais  creu,&:  auflî  ie  lay  nié  ouuertemcnt  deuant  clle.&:  ay  bien  ofé  me  faire  fort 
de  voftre  force  &C  confiance. 

^On  ne  fait  encore  ce  que  le  Seigneur  a  délibère  de  faire  de  vous.  Cependant  il  eft 
befoin  de  bien  côliderer  comment  la  iapience  diurne  fe  moque  de  la  prudence  orgueil- 
leufe  de  ce  monde,&  diffipe  les  confeils  des  hommes  cauteleux  •  Quand  l'eftat  delare- 
ligion,commença  à  eftre  changé,&:  cefte  perfecution  fut  drcfTee,  nul  ne  doutoit  que  la 
.première  impetuouté  des  aduerfaires  neiedreflaft  cotre  Cranmer ,  Latimcr  &:  Ridlcy 
Not«.  deuant  tousautres.Mais  la  finefTe  prudente  &c  la  prudence  fine  de  ce  monde  nous  laiP 
(an*  poijrquelque  temps,a  mieux  aimé  commencer  par  les  autres ,  &  principalement 
par  ceux  defquels  ils  auoyent  opinion  d  eftre  infirmes,pcnfans  que  leurinfirmité  feruî- 
toit  grandement  à  opprimer  noftre  caufe.  Mais  Dieu  par  fa  puiflance  a  rcnuerfé&  rç- 
duit 4  néant  toute  cefte  fineffe  &  malice  fubtile  de  ces  pernicieux.Car  noftre  bonDieu 
&  Seigneur  a  imprimé  vne  telle  magnanimité  &c  conftance  és  cœurs  de  ceux  qu'ils  cfti- 
moyens  les  plus  debiles,que  tous  les  Anges  ferefîouyfTentés  cieux  d'auoir  veu  vn  tel 
$4?eieu*combar.  Frerebienaymé,ayezfouuenahcedemoy&detousvos  frères  en 
vo§  pfiçrcs  &  oraifons  enuers  leScigneuncomme  auflî  nous  auons  fouuenance  devous 
ésriouVefr.  Voftre  frère  en  noftre  Seigneur  lefus,  Nicolas  Ridley. 
jf.t.^efcduit  auffi  d'autres  lettres^vn  peu  deuant  fa  mort,mais  pource  que  le  temps 
.  ItleftiOjf  |yenu,de  fou  ftenir  le  dernier  combattil  luy  mandoit  qu'il  eftoit  bien-heureux, 
)#bi$n-^eureux  eftoit  le  iour  auquel  il  fut  nay:d  autant  qu'eftant appelé  à  cefte  voca_ 
Mao.  m  «  **°n>tf  Witcftc  trouué  vigilanr,&  que  pourtant  cecy luy  feroit  dit  parle  Seigneur,Bic 
Luc  i9i7  te  foit  bon  feruiteur &fîdele,d  autant  que  tu  as  efté  fidèle  fur  peu  de  chofes,ie  te  confti- 
j^ray  fof  plu  fi  eurs:  tu  entreras  en  h  ioye& félicité  du  Seigneur.  ^11  luy  fignifioit  auflî 
qu'ondoie  qu'il  deuoit  eftre  exécuté  de  mort  en  fon  pays  :  mais  les  luges  changèrent 
(t'aduis^  par  ce  moyen  fut  bruflé  à  Lôdres,&:  non  point  en  fon  pays.Ridley  adiouftoit 
«s  mefines  lettres  qu'il  attendoit  la  more  de  iour  en  iour:&  q  côbien  il  n  y  euft  vn  fîfoî-, 
ble  que  luy  en  toute  la  côpagnietneâtmoins  depuis  qu'il  auoit  ouy  parler  de  la  mort  qu 
-auoit  endurée  Iean  Rogers  d'vn  courage  fî  Chrefticn,fon  efprit  s'eftoit  defaify  de  toute 
frayeur &c  crainte.  Finalement  il  luy  deliroit  longue  &  douce  felicitc,&:  le recomman- 
doit,au  Seigneur,  ^lufques  icy  la  vie  de  Bradford  a  efté  defericeauee  toutes  les  difpu- 
tes  quvil  a  foùftenues  tant  en  public  qu'en  particulier  :  &c  comme  on  a  peu  voir,il  a  fou- 
(tenu  beaucoup  d'aflauts  &c  coup  fur  coup  auec  telle  modeftie, patience &;  fermçtc,dc 
côùf  age,qûe  le  fafet  mérite  bien  d  eftre  lçu:&  la  lecture  ne  fera  fans  grand  fruit.  Il  refte 
maintenant  pour  mettre  fin  àrhiftoire>  qu'on  entende  le  dernier  combat  Ôciflùedc 
&  vie.f  Eftant  demeuré  ferme  &:  conftant  au  milieu  de  tant  d'angoifleSjOpprelfions,  èc 

aflauts 


P lutteurs  Ad artjrs,  340 

aflfauts  qu'il  eut  contre  les  Théologiens  tant  Anglois  qu'Efpagnols.  Finalement 
quand  le  temps  qui  auoit  efté  ordonné  pour  le  faire  mourir  fut  venu ,  on  le  tîraïeçt^tt- 
ment  de  la  prilbn  de  Countree,&  tut  me  né  durani  les  ténèbres  de  la  nuitf  enlaprnon 
delà  porte  ncuue.  Le  lendemain  maun  les  (ergeans  le  tirèrent  de  là ,  &c  le  menèrent  en 
la  place  de  Smyrhfild  pies  de  Londres:&:  fut  mis  fur  vn  tas  de  bois,  auquel,  tomme  iur 
vn lift  d'honneur^l  mouruc,&:  expira  heureufemenc. 


IEAN    L  IEFE, ^»gfoi>. 

L  A  fidélité  de  noftrc  Dieu  reluit  en  ceft  exemple,  faifam  feru>r  &  profiter  toutes  les  affligions  au  lalut  des  Cens:  &  comme  le 
vigneron  appuyé  le  bois  tendre  du  fep,ainiî  a-il  redreisé  latoibleffe  de  ce  jeune  homme  a  laiewncrc  uc  Eiadlord  con:pa- 
»non  au  meime  mart)  re.  U  y  a  des  exemples  cy  deflus  pareils  à  ccftuy-cy. 

(N  MIT  auffi  dedans  ce  mefme  feu  Iean  Liefe,ieune  homme  n'ayant  que  .  f 
Kdixhuitans,lequel  Bradlord  confola&:  redrei]à,luy  donnât  courage  a  mou  lé  &  fortifié 
\nt  conftamment  pour  la  venté  du  Seigneur.  Le  ieune  homme  forti6e  des  Bradf. 
^parolles  de  Bradford,fe  prefcntaallegïcmcntàlamorr&:  remercioitDieu 
de  ce  que  ion  bon  plaifir  auoit  cité  qu'il  mouruft  auec  vn  tel  perlonnage.En  celte  forte 
doc  Bradford  6C  Licfe,apres  auoir  exhorté  le  peuple  à  confiance  6l  repentance ,  turent 
brnflez.     ^~  Le  iourluyuanc  leur  mort  *  qui  eftoit  l'onzième  de  Iuillet,G  vulavme  Guillaume 
Mi  n  g  ,  miniftre  de  la  parolle  de  Dieu, mourut  en  pnlon  en  la  ville  de  Maditon.  Ec  s'il  ^'"f^!* 
ne  fuit  mort  en  prifon,il  eft  certain  qu'il  n'euft  efchappé  de  la  main  des  ennemis. 


Cinquième  Iiure  de  lhiftoire  des 

^Martyrs:  0*  des  chofes  aduenues  en  l  Gglifi^du  Seigneur. 


h  an  Vbrno  v,  Jf  Poidiers. 
Antoine  Lab  oRi£,clf Quercy. 

1  F.  A  N  T  R  I  G  A  L  E  T  ,  i\t  LmgUeAoC. 

Gvyravd  Tavranjc/é* Quercy. 
Bertra.vdBataji  Lt, deGafogiie. 


LES  caufes,&  circonftances  confide recs  de  ces  cinrj  Marry  redonnent  mat ierc  de  loye  nouuelle  au letfeur  fidèle. 


qaand  il  entend  que  Dieu  veut  exercer  Us  fiens.prernieremcnt  pour  les  efproi 
Et  puis  qu'il  eit  fauueur  de  tous  hommes, qu'à  plus  forte  raifon  il  eft  Pere,&  a 
a  pnns  en  fa  garde,les  employant  à  fon  feruice. 


efprouuer  quels  ils  font  au  combat, 
n  loin  fpecial  de  Ceux  qu'il 


E  P  V  I  S  que  le  Seigneur  par  fa  bonté  a  mis  fon  Euangile  en 
la  ville  deGeneuc,y  ayant  la  entretenu  les  liens  l'eipace  oc  plus 
de  vingt  ans,il  en  a  fait  fortir,comme  de  l'on  parc,pluiieurs  vail 
lans  champions,pour  manifefter  aux  hommes  fa  venté.  Et  en 
ce  temps  il  en  a  cire  6c  produit  cinq  pour  porter  teimoignage 
de  fa  vcncé,deuant  le  parlement  deChâbery.defquels  les  trois, 
àfauoiriEAN  v  h  rno  v,  natif  de  Poidiers,  an  t  oin  e  u- 
^  b  o  r  i  e  ,natifde  Caiarc  en  Quercy ,  licentié  és  loix ,  iadis  luge 
C>h^J^(US^^^^S  royal  dudiftCaiarcôC  i  e  a  n  t  r  i  g  a  l  e  t  ,de  Nilmes  en  Lan- 
guedoc,licencie  es  ioix,auoyent  cftéeilcus  pour  aller  annôcerrEuangile,s'eftans  défia 
des  long  temps  conlacrez  au  feruice  de  Dieu.Et  combien  qu'il  vident  les  dangers  emi- 


jjjj,  JeanVernou 

Lmt^lHH-  mmeaefiaan0mez,neantmointslevrayzelequilsauoyentdeferu.t 
àlagloiredeWe^ 

t«4es*duetfa,,rf:fl"e»Sg  erq u'.lUflcntarreftezencheminiceneatmoms 
•ro^ci,  leutvoyage.qa.lyauoitg^  cmpcfcte de pourfuyureleurvo- 

«~»»«  touceapprchenlion de«a'""P°upy  Y  a  A  T  „  T  a  v  a  a  N.nat.tdeCahorscnQuercy, 
ÊCrS.  cation.    Les  deux au""   *  °  ^  "A  .  efcolierGafconlcur  vou.urenc  fairecompa. 
urc^ausci-  mercier,8c  •  £  »  T  *  ? ntaueconuoyerlesluldits  trois ,  cnuiron  outre  le  poncd  Arue, 
S—  g"'e-T»««7/^ntX dcGeneue:eftantrequ,sdaUerpluSauaot,poutfoulager 
qui  eft  près  de  W1»*  ™« ■  d     Ue  pron,ptitude& alegrcfle,quecombienquilne 
Anto.neLabor1e,.lsyaccordade,^ P  mpFagnie)quiduraiufqualamort. Ainfidôc 
»ftoitd'fP°^ quelquesautrL  lecolpagnie.pltiuyuirent  .oyeufe. 
ces  cinq  feruiteurs  louanges  S:  aâion  de  grâces  au  Seigneur  :  ayans  les  cœurs 

mentleurchenun,chantanstou  j  oml    ]o„e  de  ce,uy  quilesmettoic 

temptoae^fi»^P^^  enfeœble  cn  vn  ,icu  nomme  Le  col  detamisau 
enoeuure.Arr.uezqu ^  s™"n^  rcren ^nP.cuoftdesmarefchaux.quibienpeude 
paysdeFoflignyenSauoyj ^"n^Ccuei8,(commecc,lemanieredegensfefauentbien 
temps  auparauantauot  laueDru,tdecevoyageentre- 
delguiler  pour  "'"P^J,^  lbfL  corne  lesaguertant  au  paflage.Les  ayant  là  at- 
ptis.tes  vint  droit  attenar  h  fes.s-eftît  fai|i  de  leurs  lettres&  nures.il  les  me- 

reftez,.l  les  interrogua  '  c      chïb     fai{antceft  exploit  pour  coplaire  à 

ceux  qui  »J»d^"  >  de  cc5  a„neaux  a  contreinâ  leur  rage  de  s  adouen  en  quelque 
monftre?ladebona.tetedec«  g  traite2  commeon  a  aCcouftuméde 

traiter  les  autres,  ce  qt  du  aux  inccrrogations  de  leurs  iuges:bref,  comment  ils 

tre  eux,comm  entas  gjftk>|uU  conftance  qu'ils  ont  eu  à  endu*cr  la  mort  igno 
fc  font  Pr0"eZCnnr  ^rommes(à  laquelle  ils  furent  finalement  adiugez)aefte  rapportée 
mi*i™fcdcuant^  Or  en  premier  lieu  nousauons  mis 

tfS2flES  freres,i^  dauourefte menez 

|{®M|h.b  treres,"*i'       ,  •  Jeiaprifonen  l'auditoire  pardeuant  le  Jieutenat  du 
iiNnapteSl*^ 
VibaillydePreuoftdad^ 

quiliceurdeU^ 
fonnagesdaderechefonnous^ 

fiesqud^ppelen^mai^pr^^^^^^  fiifions  &[  noftrechemj„ 

paifiblement.K  au  r     >4  l'Euangile ,  Se  comme  défia  en  amons  fan  quel- 

2ra^ÙVne°epouuoYentfairelegitimemét:veuenpremierl,eu _que  ceux  qmnetrou 
ne,qu  ils  ne  le  pou    j  o    ft    perfecutez  pour  leur  foy.  Secondement 

blcnt  l'ordre  publique  n foyo ns  certains  de  noftre  foy,  toutefois  fi  on  nous 
combjen  que :  grac  ftredefainans<.nquelc|oe  choie,  nous  fêtions  prefts 

monftro.tparlalainweticri  ilnousauoitdonnécefainadc. 

tt^^l^tnû^inchtzi^eav^iç^d  cofteefto.t  fa  vente, en 
Et  que  par  ce :  moy  rcligion.Et  nous  a  finalement  rengezau  parti  de  ceux 

««grands troublestouchantia     8      ,     rf  é &nedemandons,utrechofefino|l 

^r^^SS^po^faenotoluge.  EtpuisquerinftitutionChre- 
^      «ek»?^£££££ ftoitla,Urlatable,queni«Uen<ms,nonfttertons 
a=  ft,enne,dont  fuîmes  "  °uu«       .  alleguet:voite  encore  qu'ils  difient 

^  *^,Œ  P  ouu  ,ïœnd?mnéau^o„c.legdeTrenteauecfenfed.pe 
S  ïl!t  T«»  à  noftre  affaire,  qui  eft  la  querelle  de  noftre  Seigneur, 

*        ïuSrporrJmitob.esVetsde terrepottons,  ievou,  aduerty  que  Mecredi 


Caufe  de  te 


Antoine^  Laboric^.  j+f 

de  Juillet  riousiufmeiamenez  l'vn  aprcs  l'autre  enchainez  par  deuat  le  lieutenat  du  Vi- 
bailly,  ruge  député  parla  Cour,  accompagné  de  deux  Vicaires,  l'vn  de  l'euefque  de  Ta- 
rantaife  fi£  l'autre  de  l'cueiquc  de  Grenoblef  pource  qu'au  ion  s  efté  (aifis  au  corps  par  le 
Preuoft  aux  terres  deïdits  feigneurs)  Mnquifiteur  de  la  foy,  fie  d'autres  moyncs ,  tant  Ia- 
copins  que  Cordeliers,  fie  vn  Eucfque  portatif  nommé  Furbiti>fi£  autres  Aduocats,  qui 
eftoyée  députez  poureftre  nos  iuges  auecle  procureur  du  Roy.  Et  après  que  le  Preuoft 
nons^utleu  noftre  confeflîon  de  foy,  ou  nous  demanda  Ci  cela  contenoit  vérité,  fie  fi  y 
voulions  perfifter:nous  diimes  en  la  vertu  &  force  du  S.Efprir,  qu'ouy:&  que  nous  vou- 
\\  ans  Conftenir  le  contenu  en  icclle  iufqu'au  dernier  foufpir  de  noftre  vie  ,fie  cfFuiion  de 
la  dernière  goutte  de  noftre  fang ,  comme  eftant  fondée  fur  la  parolle  de  Dieu  >  conte* 
nu«  au  vielle  nouueau  teftament.  Bien  eft  vray,que,d'autantque  lesfcigneursde  Ber- 
ne auoyent  prefenté  requefte  aux  feigneurs  du  Parlemenr,ôe  enuoyé  herauk  accom  pa- 
gne d'y  nefeolier  de  Lauiane,  pour  nous  deliurer,  nous  requifmes  qu'il  nousfuft  faict 
droicrjàdeilusjôe  quene  receuions  pournos  luges  competens  Jefdits  Vicaires fielnqui-  JjjShw 
fi«îurdelafoy,commeeftans parties aduerfes  del'Euangilc  fie  des  Eglifes  reformées:  eccl<tiaftiT 
bref  que  ne  refpondrions  point  deuant  eux.  Cequenousdifiôs,non  pour  reculer,  mais  *îues' 
pour  neles  habiliter  pournos  luges,  car  quâd  la  Cour  nous  en  bailleroic  d'autres,  eftiôs 
prefts  de  faire  ample  confeflîon  de  noftre  foy  fie  religion  Chreftienne ,  &:  de  la  prouuer 
par  l'Efcriture»  félon  la  grâce  que  Dieu  nous  en  auroit  donnée.  Ledit  Lieutenant  nous 
commanda  par  deux  fie  trois  fois,fie  vfa  de  comminationrmais  nous  periiftafmes  en  no_ 
ftre  appel.fie  ainfi  fufmcs  ramenez  aux  prifons,  excepté  que  noftre  frère  fie  compagnon 
enrœuureduSeigneur,maiftreIean  Vemou,difputa  contre  les  moines  cnuiron  cinq 
heures,  tant  du  matin  que  d'après  difné.  Or  depuis,ledict  Lieutenat  ayant  fait  rapport 
à  la  Cour  de  noftrc-dicte  refponfe  fie  appelation,on  s'aiTembla  en  vne  falc  du  Parkmcc 
Piraanche  dernier,quatorziemcdudit  mois ,  auec  la  fufdicte  compagnie ,  fie  vn  grand 
nombrecT Aduocats,  de  vingteinq  à  trente  en  tout.  Où  nous  ayans  fait  venir  l'vn  après 
l'autre ,  fut  leu  vn  areft  de  la  Cour,  par  lequel  luy  eftoit  enioint  fie  à  fes  aftiftens  députez 
par  cllc,de  parfaire  noftre  procez dans  trois  iours,  fur  peine  d'eftre  nifpendus.de?lcuts 
offices  pour  vn  an.  Et  delà  cômandemcntfaitde  rcfpondre  à  ce  dontnous  ferions  en- 
quis,5e  ce  aprcs  nous  auoir  fait  leuer  la  main ,  fie  iurer  de  dire  vérité.  Ayans  p  remierc- 
méc  protefté,que  fans  preiudicier  à  l'appelatiô  par  nous  interie&ee,fierequis  que  drôiét 
nousfuft  fait  fu  r  ladite  requefte,  promifmes  dédire  vérité. 

Lois  l'vn  de  nos  frères,  après  la  lecture  de  fa  depofition,8e  confeflîon  faite  fur  les  in- 
terrogatoires touchant  la  Meflêfieles  commandemensdelcurmere  faincteeglifevcô- 
mc  ils  1  appeloyenr,  fie  des  facremens  qu'elle  tient  :  il  leur  refpondit  que  la  Me/Te  auoic 
efté  mife  au  lieu  de  la  faincte  Cene  du  Scigneur,auec  laquelle  elle  auoit  auflî  peu  de  cô- 
ucnance,que  la  lumière  auec  les  tenebrcs:fie  que  tant  s'en  falloit  que  ce  fuft  le  facreméc 
du  cotps  du  Seigneur  Iefus,que  c'eftoit  vn  pur  renoncement  d'iceluyrvoirc  vn  facrilege 
exécrable  fie  abominable,  auquel  le  fang  de  noftre  Seigneur  IefusChrift  eftoit  foullé  Luclt'*& 
aux  pieds:  bref  qu'en  l'eglife  Romaine  n'y  auoit  poît  de  Cene  du  Seigneur.  Interrogué,  Ma«  14. 
s'il  croyoit  que  le  corps  fie  le  fang  de  noftre  Seigneur  fuiTent  au  pain  fie  au  vin  en  la  Ce- 
ne, refpondy  que  non:  mais  quand  la  Cene  eftoit  célébrée  fie  adminiftree  aux  Eglifes 
Reformées  parl'Euangile,  la  parolle  eftant  prefchee,fie  les  Sacremens  adminiftrczfiedi- 
ftnbuez  fuyuant  la  pure  &  (impie  inftitution  de  Iefus  Chrift,  comme  elle  eft  eferite:  fie 
de  fes  Apoftres,aîhfi  qu'il  eft  demonftré  aux  Actes  au  chap.fccond:fie  par  S.Paul  au  cha. 
1 1.  de  la  première  aux  Cor.  lors  les  fidèles  communiquans  en  cefte  forte,  fie  prenans  le 
pain  fie  le  vin,  ayans  foy  fit  repentance,auec  charité,  lepain  demeurant  pain  en  fubftah 
ce  fie  qualit  c,fi£  le  vin  vin,  nous  prenons  par  la  bouche  de  la  foy  les  lignes  de  la  vérité  fie 
ehofe  lignifiée,  c'eft  afl'auoir  le  corps  fie  le  fâg  de  noftre  Seigneur  Iefus:lequel  eft  la  vraye 
viande  fit  breuuage  de  nos  ames,fie  la  parfaite  Se  entière  nourriture  d'icelles.  Quant  à 
ces  parolles,  Cecy  eft  mon  corps,fut  rcfpondu  que  c'eft  vne  figure  en  l'Efcriture ,  qu'on 
appelle  Synecdoché  ou  Métonymie,  qui  attribue  le  nom  de  la  chofe  fignifiee  au  ligne:  %cdocif 
côm  e  la  pierre  eft  dite  Chrift,ôe  la  colombe  le  S.Efprit.  Or  eft-il  certain  que  la  pierre  n  -  mie. 
eftoit  point  Chrift,  ny  la  colombe  le  fain&Efprit.  Que  leur  tran/Tubftantiation  du  pain 
fie  vin  en  la  chair  fie  au  fang,  les  fubftances  fie  qualitez  du  pain  fie  du  vin  changées,  eftoit 
vne  chofe  fi  mal-heureufcmenc  fie  brutalement  inucntecquvn  homme  de  fensraflis 

Mm. 


Liurç^s  V.  aJnto'mc^  Latérite. 

s'en  pourroic  moquer  à  bon  droi&.  Maisd  autant  que  le  monde  adelaiffélaverité  de 
Dieu  &  de  Iefus  Chnft  pour  fuy.ute  le  menfonge du  diable  Scde  l'Anccchrift ,  c'eft  bien 
raifon  que  l'elprit  malin  ait  befongne  en  eux  aucc  efficace  d'erreur,  &  leur  ait  fait  au 
lieu  de  receuoir  la  Cene  du  Seign.adorcr  vn  morceau  de  pain,  &  le  tenir  pour  leurdicu. 

Et  apresicommel'efpritdcDieulepouflbit  ,ilremonftraque  depuis  auoir  eftére- 
cucilly  en  l'Eglife  du  Seigneur,il  auroic  ïenty  de  nouueaux  mouuemens  in  terieurs,tant 
par  la  prédication  de  la  parolle  de  Dieu,  que  ladminiftratioh  des  Sacremens.  Lesquel- 
les chofes  il  auroic  receu  comme  de  labouche  de  Dieu,  qui  fe  fert  de  la  lague  de  les  roi- 
.  niftrescommed'inftrumensrques'ilsauoycntveu&ouyleschofes  commcluy,  qu'ils 
en  iugeroyent  tout  autrement  qu'ils  ne  font.  L'vn  des  moynes  demanda  comme  ic  fa- 
uoye  que  le  vieil  &  nouueau  Teftamét  fuiTcnt  la  parolle  de  Dieu,  &  que  cela  ne  fe  doit 
Tousaducr  croire,  linon  entant  que  l'eglife  la  tient  &  reçoit  pour  telle.  Il  refpondit  qu'il  ne  croyait 
méltt  ce  Pas  cluc  la  Parollc  de  Dieu  couchée  es  faites  Efcritures,foit  parolle  de  Dieu  pour  cefte 
îcul  cïïon  raifoh:mais  pour  ce  que  le  ftyle  &  lâgagc  des  fain&es  Efcriturcs  eft  vn  langage  de  Dieu, 
P™r^.*- di^éparleS. Efprit aux fain&s Prophètes,  A  poftres& Euâgeliftesdu Seigneur.  Carau 
mctd'iwMc*  telmoignage  que  rend  S.  Pierre  au  Fils  de  Dieu,  qu'il  croit  qu'il  eft  le  Fils  de  Dieu  vL 
uant,&  qu'il  a  les  parolles  de  vie  éternelle:  Iefusluy  rcfpond,  qu'il  eft  bien-heureux ,  &c 
que  la  crïair  &  le  fang  ne  luy  ont  point  reuelé  ces  chofes,maisle  Pere  cclcftt:Que  celuy 
en?  nay  de  Dieu  qui  croit  que  Iefus  eft  le  Chrift,  &  reçoit  (es  parolles  :  Quiconque  oit  Je 
Fiisiloit  le  Pere,  &C  qui  voit  le  Fils  voit  le  Pere-.ceux-cy  font  enfeignez  de  Dieu,6£  on*  le 
S.Elprit  en  eux,qui  rend  tefmoignage  à  leur  efprit  qu'ils  font  dcDieu,&:  qu'ils  font  tous 
enfeignez  de  Dieu.  Par  le  cinquantequatrieme  chapitre  d'Ifaie,  &  trente  &  vnieme  de 
Iercmic,  S.  Iean  fixieme  chapitre, &  depuis  le  quatorzième  chap.iufques  au  dixhuitie*. 
tieme  de  S  jlean,  il  eft  monftré  clairement  que  c'eft  la  parolle  de  Dieu.  Les  Prophètes 
qui  ont  prédit  de  la  venue  du  Fils  de  Dieu,n'onc  rie  laifle  que  la  parolle  de  Dieu.  Sainct 
Paul  au  hwicieme  chapitre  des  Romains,  monftre  que  1  efprit  de  Dieu  habitât  en  nous 
rend  tefmoignage  au  noftre,  quenous  fommes  de  Chrift:&  que  pariceluy  eft  fai&quc 
nous  crions  Abba,Pere.  Lors  ils  abbayerent  comme  chiens  contre  luy ,  pour  auoir  dit 
qu'il  auoit  l'efprit  de  Dieu  habitant  en  luy  ,&  qu'il  luy  rendoit  tefmoignage  que  c'e- 
ftoitla  Parolle,&:  qu'il  luy  imprimoit  &feelloit  enfon  cœur  les  promenés  defalut,  gra- 
ce,faueur&:  amour  de  Dieu  enuers  luy,  l'aneurant  de  fon  adoption  en  noftre  Seigneur 
Iefus,&:de  fon  falut  pariceluy.  j 

L'iiN  ojf  i  s  i  t  e  v  r  luy  allégua  lors  en  Latin,que  S.Paul  clifoit  de  Coy.Mhilmiht confems 
fum^Stàm  hoctuftificaruenonfimccft  à  dire,Ie  ne  me  fen  en  rien  coulpable: toutefois  pour 
celaie  ne  fuis  pas  iuftifié.-laquellc  fentenec  fut  trefmal  à  propos  alléguée  par  luy ,  côme 
quelques  aduoeats  Nicodemites  nefe  peurent  tenir  de  luy  dire,&  ainfi  futridicnle  Vn 
:  Cordelier  iappoit  de  l'autre  coft é,  difant  que  c'eftoit  vne  prcfompriôh  diabolique  de  s - 
affeurcrainfi  du  S.  Efprit  &:  de  lagracc.de  Dieu  :  &  qu'il  n 'cftoft  licite  d'en  auoir  que 
quelque conie&ure.  Il  luy  fut  refpondu  que  ceferoit  poure  chofe  dcnoftre  foy,  fi  elle  c- 
(ftoicfondce  fur  conic&ures,  mais  faut  qu'ellefc  fonde  fur  les  promenés  de  Dieu,conte- 
nues  en  fa  parolle:&  quiconque  n'a  cette  certitude  6c  aflfeurance,  Se  n'en  fent  vn  certain 
tcffnoignage  en  fon  cœur  par  l'Efprit,  il  ne  fait  que  ceft  de  Foy  &  Chreftientc,&:  ce  qu'- 
il en  dit  &  babille,  c'eft  comme  vn  clerc  d'armes,  f  Delà  puùTance du  Pape, &  de fes 
traditions,  &  de  l'authorité'  des  conciles,  Se  de  ce  que  le  plus  grand  nombre  tiét  les  tra- 
ditions de  l'eglife  Romaine ,  &  non  point  delà  religion  Chrcftienne,  il  leur  fut  refpon- 
du» que  le  troupeau  de  noftre  Seigneur  eft  petit  :  que  la  porte  eft  eftroite  qui  mené  à  la 
vie  éternelle ,  &c  peu  degens  entrent  par  içcllc,?mais  large,  celle  qui  mène  à  perdition, 
le  nombre  petit  qui  fut  fauué  auec  Noc  en  larche,fut  allègue'  :  te  les  enfansdlfraei  qui 
eftoyent  en  petit  nombre  au  pris  de  tout  le  refte  du  môde,qui  cftoyent  idolâtres  &  fans 
Dieu  &  religion  vraye.  Ils  luy  dircnt,Ne  vois-tu  pas  que  tant  de  gen  s  y  eontredifent?  R. 
Luc  1.34.  En  cela  voy-ie  accoplie  la  prophétie  de  Simcon,  Que  Ieftis  Chrift  eft  pour  figne  auquel 
ASaU*  on  contredirai  au  dernier  chap.dcs  A£bcs,où  Jes  Iuift  refpondirent  à  S.  Paul,  qu'ils  fa- 
urne  bien  que  partout  on  contredit  à  la  vraye  religion  ^îrcftiçnne. 

Vn  Aduocatfe  leur,  &  luy  dit,  Vien  ça,  ne  fais-tu  pas  comment  on  en  a  fait  à  plu- 
■fieurs  autres  tels  que  toy  ,& qu'on  le*a  kir  mourir  comme  hérétiques?  Que  c'eft 
la  première  leçon  quemonfouuerain  Doâeur&Maiftre  Iefus  Chrift  m'a  apprife  ,  c'- 
eft que  quiconque  veut  eftrc  fon  difciple,  qùtt  porte  fa  croix,  &  le  fuyue,  laquelle  il 

deferit 


dcCcàt& dcp«ia&aprc$,c'eft  qu'il  fef.ôtfiàroy-m^rme  ^IbandoonevoJoatJetJ  fa  vie 
poux  hty.&  qui 4  ¥ie  prdera,il  la  perdra.  Lifefc le  io.chap.de  S.  Matt&icu,que  ceux  qui 
nous  anWesptit,  cuiocronc  faire  feruicc  &  facrifice  à  Dieu,  comme  dit  noftre  Seigneur 
IefaseB$5T«*  >fcizieme;Etc?eft  la€Onditiondes fidcl^quenonÉeulemenCilscroycnï  phlUl9- 
en  wy,  maisauiïi  qu'ils  end  uicm  pour  luy.  Il  fut  au lîî  allègue  ce  que  l'Efcriturc  nous 
tcfmoigne  tiint  du  v  ieilque  du  nouueau  Tcftam  embouchant  les  perfecuqons'drcH'êes 
kifqu'&lâ  mort  aux  vrais  feruiccurs  de'Dieu  :  comme  des  trois  enfans  qui  furent  lancez 
dans  la  fottrnaifc  ardante;  pour  ne  vouloir.repôccr  à  leur  religion^  adorer  l'idole  d  i  cf- 
fee<&  de  Daniel.  Item  de  S. laques  Se  S.Efticnneiiclon  fain  et  Luc  aux  À&es  7.  chap . à  la 
fii^*r<iouzierne,  au  commencement. 

Du  F^urlioriré  defs  Conciles,  nou&refpondifmes  que  ihhis  receuions  ce  qui  auroit  e- 
fté  décrété  tdlichaht  les  points  de  la  religion  Chreftienne,pounicuque  ce  fuft  félon  la 
parott*&  Dko.  entendue  félon  1  analogie  de  la  foy,  comme  dit  S.  Paul  au  x  1 1  .des  Ro- 
mainttmais  queux  n'en  tenoyentfinonccqni  leur  fait  befoih  pour  eftabiir  la  tyrannie 
du  Pape,  qui  eft  Antechrift ,  peine*  au  vif  de  fes  couleurs  au  deuxième  chapitre,  cfe  la  fe-  L'Ame- 
conde  aux  Thcflàl.  par  PEfprit  de  Dieu,qui  le  npus  a  deferit  par  S.  Pan) ,  afin  de  le  fuy r? cb^  ac~ 
pour  n'eftre  perdus  aueçluy.  Que  û  en  ce  monde  par  vos  décrets  &C  cdneiles  vous  nous1*"" 
condamnez  comme  hérétiques,  vous  aurez  à  faire  en  l'autre  auec  vn  luge ,  qui  nousrad- 
uouint  Fidèles  &c  Catholiques,  nous  abfoudra&  vous  iugera  par  fes  éternelles  ordon- 
nances, vous  condamnant  aJa  mort  éternelle ,  fi  vous  ne  vous  répétez,^  delaiflâns  vos 
voyes'damnablcs,  ou  le  Pape  vous  détient  par  fes  menfonges ,  vous  fuyujez  cefté  pure 
Vérité  du  Fîfc de  Dieu.    Alafinfefafcherenr,&  le  renuoyerent  comme  obftiné. 

Hxx  R,*xvn,les  moynespar  leur  fentence^efinitiue  nous  déclarèrent  heretiqucs& 
nous  excommunièrent  de  1  egîife  Romaine ,  comme  membres  pourris.  Et  nous  bien 
ioyeuxnous  dcclarafmes  que  cela  nous  eftoit  vn  tefmoignage,  que  nous  eftions  de  TE- 
glife  Chtèftienne,  ayant  pour  chef  Iefus  Chrift,  puis  quel' Antechrift  nous  bânifïbiC  de 
la  fienne,&  que  nous  eftions  en  la  voye  de  paradis,puis  que  les  membres  de  Sataft  nous 
deelaroyent  que  n'eftions  des  leurs.  Loué  (oit  le  Seigneur, de  la  grâce  qu'il  nous  a  fait 
d'eftre  fortis  des  horribles  blafphemes  deces  diables  cncHarnez.  Nous  attendons  no- 
ftre fentencede  iour  en  iour,  $c  Tiflue  que  le  Seigneur  Iefus  nous  donnera,  lequel  nous 

iteci- 

àmef 

gênerai,  aufquels  no'auos  eferit  vhc  a&itî  ^j»g^ 
degraces,&  rcrtferciement  à  n6s  treslrônorez  ScigncurrdeGcncue,auec  vnefuppîica-  ncuc ,  après 
tion  Ôcprïere  de  recognoiftre  les  grâces  de  Dieu,  &  comme  il  leur  donne  viéroirc  con-^  ^ttc 
tre  les  mefchans,nous  efiouiflàns  en  noftre  dernier  foufpir,  d'auoir  entekidu  les  faih&ds  Uoyent  en 
ordohnaces  imprimées,  pu  blicesfic  attachées.  Le  Sejgheurvous  face  la  gracc,&  àtôns  "J^^5 
frères '&fœurs  fidèles,  de  vous  cbnfermer  à  là  Loy  de  Diéu,Ô£  à  celles  ordonnances;  Ce  * 
dixhuifiemedeluillet,  m.  d.l  v.vousdifantàDieupourîadernierefois,&nousreca- 
hiandantauxbonnè$graccs&:fam&es  prières.  Vousdifantle  grand  &  dernier  Adieu 
de  ce  monde ,  pour  aller  àla  gloire  celeftc,  &:  receuoir  la  couronne  qui  nous  eft  prépa- 
rée par  noftre  Roy  &  Seigneur  Iefus. 

EJ ISTR.E  contenante  la  confirmation  des  a&es  precedens,eicritè  par  Iean  Vcrnou^u  nom  de  tous. 
JKfiSÎE  SSIEVRS&  trefehers  freres,depuis  Ven  dredy  dernier,douzicme  de  ce  mois, 
'S^^Jauons  efté  amenez  deuant  le  Lieutenant  du  Vi-bailîy,  accompagné  des  Vicaires 
de  Tarentaife  Se  Grenoble,de  l'Inquifiteur  de  la foy,&  certains  cagots,&  de  vmgtrinq 
à  trente  Aduocats.  Cecy  fut  Dimanche  dernier.  Ledit  Lieutenant  en  fit  venir  quatre, 
aflàuoirLaboriCjTri^alct,  Bataille  ScTauran.  Car  quant  au  frère  Vernou  ,  iln'auojt 
point  tant  inïifté  fur  l'appel  que  nous  fondafmes  fur  les  lettres  des  feigneurs  de  Berne: 
ainspluftoft  fur  la  djfpiïte,  iufqu'à  leur  en  dire  plus  qu'ils  n'en  vouloyent.  Puis  on  nous 
leur  vnarreft  de  la  Cour  du  parlement ,  par  lequel  eftoit  enioint  audit  Lieutenar\t,qu*il 
euft  àparfaire  noftre  procèz  dedans  croisiours,  fur  peine  de  fufpéfion  de  fon  office  pour 
vn  an,  honobftant  l'appel  par  nous  interietté.  Apresj  la  confe/fion  de  foy  par  nous  fai- 
te fut  leue*  :  &C  nous  fut  demandé  fi  voulions  perfifter  en  icelle.  Nousrefpondifmes,qu*: 
oay,iufqties 1  àla  dernière  goutte  de  noftre  fang:çôme  eftat  fondée  en  la  pure  pàrolle  de 
DicuXors  Ilnquifiteur  s  efforça  denoùs  diuertir  delà  vérité  deDicu  par  fes  vaines  illu- 
fiÔs.^aislcSeigneurno'aùoittéliémérfortifiezparlavertu  delô  Efprir,&de  ftiParolîe, 

Mm.ii. 


quenousdemeutafmetfermes,&  nous  en  retournafmcs  ioycux,  glorifions  Dieu:&  Iwy 
chantaimeslouaogesen  la  priions  de  ce  qu'il  nous  auoit  faitvne  telle  afTiftence  de  ion 
Efprit.  De  vous  eferite  par  le  menu  ce  qui  fut  die,  par  qui  à  quel  propoi.il  f croit 
bien  difficile,  veu  le  peu  de  loiiir,&  la  fuiettioa  ou  nous  {bmmes,ioin&  ledcfordrçqui 
fut  en  toute  la  procedure^combien  que  nous  defirôs  d'en  faire  plus  long  récit  lettres 
cfcritesà  tous  les  frères  en  gênerai.  Les  çnoyncs  &L  autres  faifoyét  force  queftiqns  :  mais 
ils  n'atcendoyentpasla  relponfe  à  chacune  d'icellesjencorcs  qu'on  larequifttât&plus. 
Lcpoincb  ÇLes  inrerrogatoires  furent  entre  autres  poin&s,  du  facremer  (qu'ils  appelect  )  du  ma- 
SrSrTctn.  riage,&  de  l'extrême  on&ion,  aufli  delà  Me/Te &:  du  Pape.  Chacun  y  refpondic  félon  la 
taroguez.  mefure  de  fa  foy,&  l'audience  qu'on  luy  donna,  les  vns  en  particulier  par  l'Efcriture:  les 
autres  engeneral  prièrent  ces  queftiôn  aires  de  les  interooguer  de  chofe  meilleure  que 
de  la  Mcileou  chofesfemblables,  les  lauTantlà  pour  autant  qu'elles  valent:  que  s'ils  en 
veulent  difputes,  ils  aillent  à  Geneue  &  aux  autres  Eglifcs  reformecsjoù  ils  trouueront 
à  qui  parler, yoire  fans  danger  aucun,cncores qu'ils  ne  puùTcnt  vaincre. Leidits  moyqes 
feplaignoyent  que  n'eftions  traitez  plus  rudement,  &  que  cela  nous  rendoit  fi  hardis: 
puis  difoyent  qu'à  Geneue  n  eftoyent  quelarrons.Mais  on  leur  refpondicque  c  eftoyét 
eux  qui  s 'engrefloyent  du  bien  d'autruy:  &c  qu'à  Geneue  chacun  trauailloic  pour  viuxc 
à-lafucurdeibnviiage.  Quant  au  Pape,larefponfe  fut, Si  on  prou uoit  par  t'E&dture 
qu'il  fuft  le  chef  de  î'Eglife,que  vrayemét  on  fe  Ibumettroit  à  toutes  Ces  ordonnances^ 
articles  de  jfpy.  Mais  il  ne  fot  iamaisqueftion  d'obtenir  ce  poinct.  Cela  fait  nous  fufmes 
pour  ce  iour-îa  feparez  l'vn  d  auec  l'autre,  iufques  à  cinq  heures  du  foir.  Le  Lundy  Usè- 
rent encoresfeparer  Bataille  &c  Tauràn  dauec  nous,  cuidans  parce  moyen  les  cftoner 
&  druertir.  Mais,graces  à  Dieu,  ils  demeurèrent  li çonftans,qu'on  les  commanda  cftrc 
remis  auec  nous.  Parquoy  maintenant  fommes eniemblc,  nous  confoïans,te£omn*ns 
fi&conrermaics  par  prières &Pfeaumes  que  chantons  auSeigneur;&  mettions  peine; 
deoQçsaiTeurcren  fcspromeiTes»attendans  telle  ilïue  qu'il  Juy  plaira  nous  enuoyer» 
6utf  M.vieou.pat  mort, 

LET  ^KES  d*  Antoine Laborsc aux Miniftrn de TEglifc de Geoeue,& à fesamùjcftai» 
audiâ  lieu  dé  Geneue. 

^|£S  S IE  V  R  S&bie-aîmczp  ères  ^  vous  mes  trefehers  frères  en  noître  Seigneur» 
f  ay  bien  expenmetCjgtaccs  au  Seigneur,  combien  nous  vous  fommes  chers,  par 
la  diligence  qu'avez  faite  pour  nous  fubuenir  en  nos  liens,  ne  laj  flans  aucun  moyen  en 
arrière  pour  ce  f  aircen  quoy  auez  auflï  monftré  voftre  charité  eftrc  vraye  enuers  nous» 
non  telle  comme  de  pluueurs,  quipreferans  les  biens  &  commoduez  du  monde  au  fc- 
cours  qu'Us  poittroyent  faire aux  enfans  de  Dieu,  aiment  mieux  voir  efpandre  lc  fang 
innocent  deuant  leurs  yeux  (ans  s'y  opposer ,  craignans  auoir  reproche  pour  Chrift  :  &c 
coutefoisie  vantent  d'eibegrans  Chrcftienç,&r  des  plus  charitables.  Mais  ie  r en  grâces 
4  mon  Dieu ,  qui  m'a  fait  cognoiftre  coût  le  temps  que  i  ay  conuerfe  auec  vous,&  plus 
fort  depuis  mes  liens,  à  ma  grande  edi£cation,que  vous  cftesvrais  Miniftrcs,fîdelcsfcr- 
uiceurste  enfans  de  Dieu, abondans  en  toy& chanté  manifefte  à  cous  pour  le  tefmoi* 
gnàgc  de  voftre  vocation ,  &:  gloire  de  noftre  Dieu.  Celuy  qui  a  commencé  en  nous» 
nousfaccperfcucreriufqualafîn.  Les  deux  frères  qui  furent  icy  de  par  vous  ces  ipurs 
paflez,nous  avertirent  par  lettres»  que  délirez rccouurer  nos confeifions  clé  foy  .Nous 
euflions  voulu  de  bon  cœur  (atisfaire  à  voftre  deur.  Mais  depuis  que  le  frère  I.  G.fb. 
dernièrement  auec  nous»jp 'auons  eu  papier  ny  lùrrcs  aucunement,  nv  rien  pour  nous 
confo|er,àcaufedequovnrauonseu  commodité  de  ceraire.  Et  maintenant  le  papiet 
nous  efbbaiilé  à  la  mefure  que  voyez.  Il  vous  plaira  donc  m  acculer,  &  en  rccucillât  m* 
Confeffioji,ou  le  principal  d'icellc  de  m  es  précédentes  lettres,  cn/emblctout  ce  quia 
çûc^ut  iufaues  ànoftre  feotênee  des  galères,  vous  contenter  que  ie  vous  srduertiiïede 
^jj^g^  ce  qui  a  cfte  fait  par  la  Cour  depuis  ladite  (cntcncc.  ^Mecredy  palfécut  huitiours,& 
auJc^it^vi^t&vûic^med,Aouft»quenoftre premier  Iugemcos  vinc  prononcer  noftre 
G»lere».    fentence  desgalcrcs,à  quatre  heures  après  mydi,dan$  nofttc  prifont  (ur  laquelle  re^pô-i 
difmcs ,  Que  rcndiôs  grâces  à  Dieu,dece  qu'il  ntous  ra ifoic dignes  de  fouffrir &:  endurer 
peurlon  Sincî  Nom.    Incontinent  après,  de  ce  que  le  procureur  du  Roy  fut  appelant 
de  ladite  fentenec,  les  Seigneurs  de  la  Cour  cnuoyercnt  quérir  le  frère  Vemou^equei 
demeuM  ce  fc*r  long  temps  deuant  eux  :  8c  poqree  que  te  temps  eftoit  coure  »  on  le  re^ 

mit 


Antoine  LahoriLj.  34-3 

mit  eiicores  au  lendemain  matin  -.te.  fut  fcparé  de  nous  ce  foir  à  noftre  grand  regrec ,  te 
ne  fut  fans  prier  Dieu  ardemment  pour  luy  te  pour  nous.  Le  lendemain  qui  eftoic  Ieu- 
dy  il  fut  encores  remené  deuant  Meneurs,  où  il  demeura  tou  ce  la  matinée  :te  grâces 
au  Seigneur,  fc  porta  fi  vaillamment  deuant  eux,  te  leur  refifta  de  forte,qu'ils  ne  gagne- 
rentricreiurluy.  Apresdifné  la  Cour  n'entra  point.    Le  Vendredymatin  à  fept  heu-  meaédêuâc 
resohme  vint  quérir,  pour  me  mener  deuant  lefdits  Seigneurs  en  la  chambre  de  leur  la,Co"dc 
bureau.  Là  eftoyent  affis  en  leurs  chaires  les  deux  Prefîdcns,neuf  ConfeiJliers,i'Àduo-. c      ry  ' 
cat  du  Roy,&  le  Greffier.  Incontinent  que  ie  fu  encré ,  l'vn  des  principaux  commanda 
au  Greffier  de  me  prefencer  vn  tableau,où  il  y  auoit  vn  crucifix  pein& ,  te  me  comman- 
da de  me  mettre  à  genoux.  le  refpôdy,  A  Dieu  ne  piaife  que  ie  me  profterne  deuât  l'ido- 
le ou  créature.  Alors  mefut  dit,  Vous  eftes  bien  mordant  :&  penfez-vous  quela  Cour 
entende  que  vous  adoriez  l'image,  ny  nous  auffi?  non  :  mais  la  Cour  vous  cômande  que 
vous  adoriczDicu,&  honoriez  le  Magiftratr&pour  ce  faire  que  vous  mettiez  à  genoux, 
afin  de  iurer  deuant  voftre  Dieu,  que  vous  direz  vérité ,  te  refpondrez  d'icelle  en  toute 
l-euerence.  Meflieurs(dy-ie)  c'eft  ce  que  ie  dc/ire  d'adorer  Dieu ,  te  l'honnorer ,  voire  te 
obéir  au  Magiftrat  :  te  pourtant  ie  me  fubmets  à  voftre  commandement ,  pourueu  que 
l'idole  foit  ollee  de  là,&:  non  autrement:veu  que  ce  feroit  contre  l'honneur  de  Dieu  A- 
lors  il  commanda  au  Greffier  d'ofter  limage.  Et  derechef  il  me  commanda  de  me  met- 
tre à  genoux,auec  déclaration  que  la  Cour  n'entendoit  que  iadorafle  autre  que  Dieu, 
mais  feulement  pour  monftrcr  l'obeifTance  deuê  au  Magiftrat.  Lors  proteftat  que  ie  n  - 
entendoye  le  faire  autremët,ains  pluftoft  mourir,  ie  me  mis  à  genoux.  Incontinét  il  me 
fit  rapporter  l'idole  pour  iurerxe  que  voyant  ie  me  voulu  relcuer,  difant  que  ie  n'en  fe- 
roye  rien.  Alors  il  commanda  derechef  qu'on  ioftaft,&:  me  fit  apporter  la  Bible ,  fur  la- 
quelle ieiuray  dire  vérité.  Cela  fut  caufe  que  la  queftion  de  l'idolâtrie  futauancec  de- 
uât que  demander  mon  nom  :  te  fut  affez  au  long  debatue.  Apres  on  me  demanda  mon 
nom,ma  naiffance,&  ma  vocation.  le  refpondy  de  tout  à  la  vérité.  Le  Prefîdent  me  de- 
manda de  ma  prife,  de  la  procédure  qui  mauoit  efté  faite  par  mes  luges  precedens ,  te 
de  noftre  fentence  :  m'aducrtifTant  que  le  procureur  du  Roy  en  auoit  appelé.  Sur  quoy 
ie  luy  refpondy,  comment  le  tout  auoit  ejtc  démené  :te  quant  à  la  fentence,  que  icnc 
pouuoye  pas  empefeher  leditt  Procureur  d'en  appelerrmais  quant  à  moy ,  i  eftoyc  preft 
de  receuoir  en  patience  tout  ce  qu'il  plairoit  à  Dieu  m'enuoyer ,  fuftladeliurance,  la, 
mort,  ou  les  galères:  veu  quec'eftoit  pourfon  nom  ,quei  enduroye  V%n  ou  l'autre.  Sur 
cela  ilme  demanda  pourquoy  i'auoye laùfé  mon  pays,&  m'eftoye  retiré  à  Geneue.  Ic 
luy  refpondy  de  la  caufe  à  la  vérité.  Lors  il  me  commanda  de  me  leuer:&  après  que  ie 
f  u  debout ,  il  me  fit  vne  harengue ,  ornée  d  allechcmens ,  autant  graas  que  i  aye  iamais 
ouy,pour  me  remonftrer  que  ie  pouuoye  auffi  bien  viurc  en  ma  maifon  te  feruir  àDicu, 
corn  me  à  Geneue:&  mefme  que  i'ofFenfoye  Dieu,  me  retirant  auec  fcandale:&  fur  cela 
pacages  de  la  lain&eEfcriture  n'y  furent  cfpargnez.  Sur  fin  de  ladite  harengue,  il  print 
des  argumens  pour  prouuer  que  nous  eftionsiuftifiez  par  ceuures:  que  nous  auions  vn 
franc  arbitre:que  le  Pape,  combien  qu'en  fa  vie  il  fuft  mefehant  (comme  il  confeiTa  par 
fon  propos)deuoit  eftre  tenu  pour  Euefque,  te  que  c  eftoit  mal  fait  de  l'appeler  l'Ame- 
chrift  :  que  la  Méfie  eftoit  la  Cene     vn  facrifice  d'action  de  grâces  :  que  ies  cérémo- 
nies que  l'on  fait  au  Baprefmc  ,font  fupportables,  encores  qu'elles  foyét  fuperflucs:  veu 
que  S.  Paul  circocitTimothee,&  fe  rafa:&:  plufîeurs  autres  belles  raifbns,par lesquelles 
ils  me  prioyent  de  me  réduire  à  leur  eglife.tur  cela  corn  bien  que  ma  chair  fentift  de  ter- 
ribles atteintes,  le  Seigneur  me  donna  dequoy  leur  refpondre  premièrement  des  eau- 
fts  par  leiquelles  ie  ne  pouuoye  demeurer  en  faine  confeience  en  la  Papauté,eftant  prir 
ué  de  la  prédication  de  l'Euangile,&:  des  Sacremens. 

le  refpondy  puis  après  fur  les  argumens  qu'il  m'auoit  fait  pour  le  frac  arbitre,  te  pour 
les  ceuures,&  amenay  argumens  àu  contraire.  Mais  luy  fans  attendre  autres  raifons , 
rompit  propos,  tellement  que  îefu  contraint  de  me  plaindre,  te  demander  fî  la  Cour 
n'entendoit  point  que  ie  fuffe  ouy  lors  les  propos  furenr  mieux  reiglez,  fi  continuât 
mes  de  debacre  tous  lefdits  points,  iufqucs  à  dix  heutes.ïc  vous  pourroye  bié  en  partie 
reciter  par  le  menu,ce  qui  tut  dit  par  ordre.mais  de  peur  q  le  papier  ne  faille ,  te  d'autât  *£jj*^c 
que  vo9  le  pouuez  mieux  penfer ,  îculemét  ie  mettray  la  fin  de  nos  difputcs.laquellc  fut  ^Sde 
telk(ne  fay  fi  c'eftoic  parfcïttfc  ouà  la  vérité  jqu'il  m'accorda  n'y  auoir  libéral  arbitre,  q  i*  Religion. 

Mm.iii. 


Lia  ro  V.  cJntcinc^  Laboric^. 

nous  femmes  iuftifiez  par  foy,&  non  par  œuurcs  :  que  la MelTe  eftoit  farcie  de  mille  fu. 
perfluitez,  voire  qui  ne  valoyent  rien:  qu  elle  ne  pouuoit  eftre  facrificepour  les  péchez, 
mais  feulement  d  adion  de  grace:que  le  corps  de  kfus  Chnft  n  e  toit  point  localement 
Tu  pa.n,  ny  le  fang  au  vin  :  que  ceux  qui  l'adoroyent  là  eftoyent  idolâtres  Quant  au  Pa- 
ne au'il  n 'eftoit  point  Euefque  des  Euefques,mais  Euefque  de  Rome  feulement:^  que 
c  'eftoit chofe  vraye  qu'il  viuoit  trefmal,&  luy  &t  les  Euefques  &  preftres:&  ne  s'acquit- 
covent  en  rien  de  leur  charge:^  eftoit  à  defirer  vnc  bonne  reformation.  Bref,  il  mac 
cordoit  prefque  tout,  tellement  que  ie  m  contraint  luy  dire  ces  f>arolles ,  Monueur ,  ie 
voudroyeque  Dieu  euft  fait  la  grâce  à  tous  les  moines  de  France,d'eftre  aufsi  bos  theo^ 
Ioniens  que  vous:  car  nous  ferions  toft  d'accord.  Et  à  ce  que  ie  puis  voir,  il  ne  faut  pas 
craindre  que  me  condamnez,fi  ne  le  faites  contre  voftre  confcience.  Car  fi  ie  fuis  héré- 
tique (  ce  que  non  )  vous  l'eftes  aufsi  bien  que  moy  par  voftre  propre  confeflïon.  Sur  ce- 
OalTus  cô.  la  tous  les  confcilliers  fe  prindrent  à  rire:&  vn  nommé  Cramas  qui  eftoit  noftre  rappor- 
feiliicr  de  me  dit,  Il  faut  que  vous  foyez  hérétique  comme  luy,  non  pas  luy  comme  vous.  A 

Clmnbcry .  '  ^  refpondy,  Monfieur,ie  ne  le  veux  pas  eftre  comm e  luy:  car  parauenture  ie  le  fe- 
rove  par  fidion.  mais  ie  voudroye  bien  que  luy  &:  vous  tous  le  fufsiez  comme  moy,à  fa- 
uoir  (eulement  par  l'opinion  &  faux  mgement  du  monde. 

Ce  Prefident  vint  rouge  de  vifage:&  leprint  amehureencores  quelque  exhortation 
à  fa  modc,pour  me  faire  renoncer  :  &:  voyant  qu'il  n'auançoit  rien ,  me  firent  ramener, 
pource  que  l'heure  de  leur  difner  les  preftoit.le  fu  mis  en  vne  cham  brette  à  part,feparé 
de  mes  freres,qui  me  fut  bien  dunmefme  que  ie  les  eufle  bien  voulu  aduertir  des  moyés 
cauteleux  dcfdits  Seigneurs.  Maisfoudainiefu  grandement confolé,  cognonfantl'af- 
fiftence  que  le  Seigneur  m'auoit  faite  :  à  caufe  dequoy  ie  me  mis  à  luy  rendre  grâces ,  ÔC 
le  prier  pour  mes  frères,  qui  n  eftoyent  encores  mandez.  Et  veu  que  ledit  Prefident  m - 
auoit  accorde'  ce  que  deftus,i'eu  grand  defir  de  parler  à  eux,pour  leur  annoncer  le  iuge- 
ment  de  Dieu.  A  caufe  dequoy  ie  priay  celuy  qui  m'apporta  à  difner ,  que  fi  Mcflïeurs 
entroyentapresdifné,illeurdiftqueie  les  prioyede  parler  encores  à  eux:  ce  qu'il  me 
promit  de  faire.  Soudain  ie  me  mis  à  prier  ardemment  noftre  Dieu ,  qu'il  me  fift  cefte 
grâce  de  leur  remonftrer  le  deuoir  de  leur  charge,noftre  innocence ,  &  le  iugemenc  de 
Dieu.  le  demeuray  ainfi,  priant  &:  méditant  iufqu  a  deux  heures  après  midy ,  que  ledit 
feruiteur  me  vint  dire,  qu'il  auoit  parlé  à  Meilleurs  pour  moy,&  que  ie  vinfc  dire  ce  que 
ie  voudroye.  Soudain  bien  ioyeux  d'vne  tellcnouuelle,ie  m'en  vay  deuant  Meflieurs  au 
lieu  fufdift,où  tous  eftoyent  comme  de  matin.  le  me  mis  tout  debout  deuant  eux,  &  le 
Prefidét  me  dit  ainfi,Maiftre  Antoincque  dites- vous?  Alors  efleuant  mo  efprit  à  Dieu, 
pour  le  requérir  à  mon  aide,  ie  commençay  à  leur  remonftrer  le  deuoir  de  leur  charge» 
&  pourquoy  Dieu  les  auoit  conftituez  guettes  fur  fon  peuple,  mefme  leur  auoit  cornu- 
nique  fon  nom  de  dieu,  &c  ainfi  les  exhortay  de  s'en  acquitter  félon  fa  volôté,  Apres  leur 
remonftray  l'innocence  de  mes  frères,  &  la  mienne,  laquelle  ils  ne  pouuoyent  ignorer, 
veu  que  de  matin  ils  l'auoyent  confefTee,  &C  qu'ils  ne  pouuoyent  eftre  de  ceux  qui  iugee 
par  ignorance,  au  rapport  &  iugement  des  moynes  fur  les  herefies ,  veu  que  Dieu  les  a- 
uoit  doué  de  grande  cognoiflanec  pour  en  faire  iugement.Et  par  ainfi  qu'ils  aduifafTenc 
ta.  à  la  caufe  de  Iefus  Chrift,puis  qu'ils  en'eftoyent  iuges  en  nos  perfonnes ,  comme  eftan» 
fes  mébres,aduifant  bien  de  ne  cômettre  le  péché  contre  le  S.  Efprit,  furquoy  leur  pre- 
fentay  le  iugement  de  Dieu  viuement,&  finalement  leur  remonftray  le  foin  que  le  Sei- 
gneur a  des  fiens,&  comment  il  requiert  leur  fang.  Bref,  Dieu  me  fit  la  grâce  que  ie  fu 
efeouté  d'eux,  enuiron  vne  heure  fans  interruption,  &  leur  dytout  ce  que  le  Seigneur 
me  donna  de  leur  dire,  auec  application  des  partages,  tellemét  qu'il  faut  glorifier  Dich 
en  l'affiftence  qu'il  me  fit  par  fa  grâce. 

Tant  queie  parlay,tous  auoyent  l'œil  fur  moy,&  moy  fur  eux,&  en  vy  quelques  vns 
des  plus  ieunesqui  auoyent  la  larme  à  l'œil.  Apres  que  i'eu  acheué ,  l'vn  de«  principaux 
confeflâ  que  tout  ce  que  ie  difoye  eftoit  vray,quant  à  leur  office, mais  que  ie  fauoye  bien 
que  Dieu  a  commandé  par  Moyfe,  que  les  hérétiques  foyent  punis  lespremiers,  &  que 
ie  ne  pouuoye  nier,  que  combien  que i'eufie  dit  des  chofes  vrayes,que  ie  n'eufie  offen.fé 
grandement,&:fcandalizé  mes  prochains,  appelant  le  Pape  Antechrift,&  fils  déperdi- 
tion^ la  Méfie  inuention  du  diable,fingerie,&:  œuure  de  toute  abomination,  par  ainfi 
îfefhcS-  mon  fang  ne  pouuoit  eftre  innoeen  t,&  pfufieurs  autres  propos.  le  luy  accorday  qu'il  fal- 
que  puny  a  joit  pumr  \cs  hérétiques,  &;  luy  alleguay  Scruet  qui  auoit  efté  puny  à  Geneue,mais  quL 
r  ils  ad- 


Antoine  Ltborie.  34  ^ 

ils  aduifafTent  bien  de  ne  punir  IesChreftiens  &  enfans  deDieu,au  lieu  des  hérétiques, 
comme  toute  la  Cour  auoit  tefmoignage en  leurs  confciences  que  nous  eftions  en- 
fans  de  Dieu:&  ainfi  qu'ils  fe  gardaient  de  communiquer  au  iugement  de  Pilatc ,  pour 
fauorifer  aux  Princes  du  monde,&  Sacrificateurs  de  Bclial.  A  la  fin  il  me  pria  fouuente- 
fois  par  beaucoup  d'allechemcns,de  faire  vne  rétractation  fimplemcnt  deuant  eux ,  &: 
qu'il  melairroit  aller,  veu  que  ie  pouuoyc  faire  grand  fruid,  &  ladite  rétractation  ne  fe- 
roit  point  dangereufe.^Sur  quoy  il  mit  vne  Mené  toute  nouuclle,&  vn  Pape  tout  nou- 
ueau,les  bigarrât  de  diuerfes  couleurs:&  me  pria  q  ie  receufTe  ccfte  moderatiô.Ie  refpô 
dy,que  pour  bien  amender  la  Me/Te  il  la  falloit  ofter  du  tout,&  faire  comme  faindPaul, ç0I,  n 
reucnir  à  l'inftitution  première  du  Seigneur  pour  reftituer  Ja  Cene  en  fon  entier.Tou. 
chant  au  Pape,ie  refpondy  quand  il  enfuyuroit  faind  Pierre  &  les  Apoftres,en  vie  &:  en 
dodrine,quc  ie  le  tiendroye  pour  Euefque.  Ces  chofes  dites  ie  fu  renuoyé  en  ma  peti- 
te chambrette.  quatre  heures  le  frere  Trigalet  fut  am  ené  deuant  eux,  &c  leur 
refpondit  de  mefme  (grâces  au  Seigneur)comme  il  le  vous  mande.  ^  Le  lendemain 
Samedy  matinées  frères  B  a  taille  &Ta  v  r  an  ,  furentamenez,&:  tenus  toutela 
matinee,au(quels  le  Seigneur  affifta  fi  bien,  qu'ils  triomphèrent  de  rembarrer  Satan  &C 
fes  cautelles*  Et  après  bien  ioyeux,du  cÔmandement  de  laCour  fufmes  remis  enféble. 
Le  Lundy  apres,i6.d'Aouft,tous  enfcmble  fufmes  amenez  deuât  Meffieurs ,  qui  firent 
grande  remonftrance  &  inftance  pour  nous  réduire.  Le  frere  Vernou,  par  la  grâce  de 
Dicu,rcfpondit  amplement  pour  tous ,  de  forte  qucglorifiafmes  noftre  Dieu  ,  &  nous 
en  rctournafmcs  vidorieux.Depuis  auons  efté  condamnez  entre  eux,comme  Ion  dit,à 
eftre  brûliez  tous  cinq.Nous  rendons  grâces  à  Dieu,&  attendons  l'heure,  nous  recom- 
mandans  à  vos  prières. 

AV  T  RE  efcritdudit  Antoine  Laboric à  lès  artus,i  Geneifc. 

Wîffîà  V I S  qu'il  ne  plaift  à  ce  bon  Dieu,  mes  freres,nous  donner  la  commodité  de  vous 
BPgSefcrire  au  long  nos  confeflions  de  foy,&  tout  ce  qui  a  efté  fait  parle  menu  par  nos 
aduerfaires  contre  nous,  comme  aucuns  de  vous  defircnt,&:  nous  prient  parleurs  let- 
tres,il  faut  que  vous  &:  nous  prenions  patience^  nous  contentiôs  de  ce  qu'il  luy  plaift 
encores  nous  faire  ce  bien  de  vous  en  pouuoir  mader,  com  me  par  pièces,  la  fomme  de 
cequi  en  eft,felon  la  mefure  du  papier  &c  de  l'encre  que  nous  pouuons  auoir.  Car  no- 
ftre def ir  n  eft  autre  que  de  ndus  exercer,tant  qu'il  plaira  à  Dieu  nous  laifTer  viure  en  ce 
mondera  vous  pouuoir  rendre  quelque  petite  portion  des  fîngulicres  confolations  $c 
exhortations  diuines  que  nous  auohsreceu  par  vos  lettres,  depuis  qu'il  a  pieu  à  Dieu 
nous  faire  les  pnfonnicrs:par  lefquellcs  nouspouuôs  protcfteràlaverité,  qu'auons  re- 
ceu  plus  de  dodrine,de  forceôc  de  conftance(moyennant  vos  prieres,defquellesauons 
expérimenté  &:  expérimentons  ioumellement  les  fruids)  que  h  auons  fait  depuis  que 
le  Seigneur  nous  a  communiqué  fa  verité:dont  vous  mercions  trefhumblement,&  pri- 
ons bien  fort  de  continuerjafTauoir  &:  de  prier  &c  de  nous  eferire  *  iufquet  à  ce  que  nous 
foyons  retirez  auec  le  Seigneur*  Vos  dernières  lettres  nous  furent  rendues  Samcdy 
vindrent  bien  à  poind:  carnous  auons  efté  amplement  confolez en  la ledured'icelles 
tout  ledit  iour  de  Samedy.  ^L  £  lendemain  qui  eftoit  Dimanche,on  nous  enuoya  qué- 
rir tous  l'vn  après  1  autre,excepté  le  frere  maiftre  Iean  Vernou,qui  ne  fut  point  appelé: 
&:  fufmes  menez  feparément  par  deuant  nos  luges  i  qui  eftoyen  t  alfemblez  en  vn  par- 
quet,où  Ion  tient  les  audiences  criminelles,au  palais. Là  prelidoit  montieur  le  Lieute- 
nant du  Vi-bailly  auec  les  gens  du  RoyrSC  vne  trouppe  de  Confeilliers  Se  Aduocats  y  e- 
ftoyent  aufn,l'Inquiiiteur  auec  les  Officiaux  de  cefte  ville  &  de  Tarétaife ,  auec  quatre 
ou  cinq  moines,Cordeliers  &  Iacopins.Or  pource  que  c  eftoitDimanche,ily  auoit  plu 
fieurs  autres  gcns,qui  n'ayans  autre  chofe  à  faire  eftoyet  là  venus.  Là  par  le  Lieute- 
nant nous  fut  leuvn  areft  de  la  Cour,  par  lequel  eftoit  enioint  à  luy  &  à  fes  afîïftans  de 
nous  parfaire  nos  procès  dans  trois  iours,fur  peine  d'eftre  fufpendus  de  leurs  offices 
pour  vn  an  .  Suiuant  lequel  areft  ,  nous  fut  commandé  par  ledit  Lieutenanc 
defcouter&refpondrefur  les  admonitions,  qui  nous  feroyent  faites  par  ledit  Inqui- 
lîteur  ,  fur  peine  d'eftre  attaints  &conueincus  d'herefie,  &  d'eftre  feditieux,fcanda- 
leux  &c  obftinez.Sur  quoy,aores  auoir  inuoqué  le  nom  du  Seigneur ,  nous  alleguafmes 
que  nous  auions  afleZ  refpondu  aufdites  admonitions ,  &  mefme  que  ne  voulions  faire 
preiudice  auxpriuilegesdenos  Seigneurs  de  Berne  &  de  GencueJDerechefcomman- 
demet  nous  fut  fait.  Lors  nous  difmestout  haut  ce  verfet  delà  compleinte  d'Ezechias, 

}Am.iiii, 


Liure  V .  Antoine  Laiorie. 

i&ei**+  Vominevmpatiwtrcfyotâepromr.cpic  fans  preiudicc  dudid  priuiicge  &  liberté  de  nof- 
dits  Seigneurs ,  U  la  pourfuitc  qu'ils  en  pourroyenc  faire ,  tant  deuant  le  Parlement  q 
deuant  leRoy,mefmes  veu  la  contrainte  que  Ion  nousfaifoit,uous  obcirons.Et  incon- 
tinent par  le  Greffier  furent  leués  les  refponfes  que  nous  auions  faites ,  tant  pardeuanc 
le  Preuoft  que  deuant  les  autres. 

Apre  s  la  levure  d  icellcs,fufmes  interroguez  parfermet ,  fi  voulions  y  perfeuerer. 
Fut  rcfpondu,Veu  que  nofdites  refponfes  eftoyent  fondées  fur  la  parolledp  Dieu,  &: 
qu'on  ne  nous  auoit  pas  encore  remonftré  du  contraire  par  icelle,  qui  eft  la  vérité  infal 
lible,  que  nous  ne  pouuions  dire  autrement.  Toutefois  pour  monftrer  que  neftions 
point  hérétiques,  ny  obftinez ,  ofTiifmes  que  fi  par  ignorance  nous  errions  en  quelque 
chofe,&qlon  nous  remôftraft  par  la  parolle  de  Dicu,de  prendre  correction.  Carno- 
ftre  intention  &  volonté  n  eft  autre,que  de  fuyure  &c  croire  Iefus  Chrift,en  la  voye  qu'il 
nous  a  communiquée  par  fa  parolle.  Lors  l'Inquifiteur  commença  à  nous  faire  vne 
harengue,comme  les  autres  fois,où  il  ne  faifoit  mention  que  du  Pape,&  point  de  Iefus 
Chrift.  Et  d'autant  qu'il  difoit  y  auoir  en  nos  refponfes  des  articles  hérétiques,  nous  le 
priaf mes  de  nous  monftrer  lefdits  articles  hérétiques. 

^Nous  ne  vous  réciterons  icy  tous  les  poincts:mais  feulement  les  principaux. Ledit  In- 
quifiteur  dit  alors,q  nous  teniôs  qu'il  n'y  auoit  que  deux  Sacremens,&  ne  vojuliôs  rece 
uoirles  autres  cinq,qui auoyent toufiours  efté  tenus  par  l'Eglife.  R.  Quand  vous 
nousmonftreiez  par  la  parolle  de  Dieu  qu'il  y  en  ait  d'autres,  nous  offrons  de  les  re- 
ceuoir.  Il  allégua  alors  le  cinquième  chapitre  des  Ephefiens:comment(dit-il)  n'eft-il 
pas  eferit  du  mariage  ,  Hoc Sacramentum  magnum  ejt>  R.  Etcomment,Monfieur,enten- 
dez-vous  fi  bien  les  Efcritures,que  d'appliquer  cela  au  Mariage?Sainct  Paul  mefme  dit 
qu'illencenddeChrift&de  l'Eglifc:&:  par  ainfi  vous  renuerfez  le  fens  de  faind  Paul. 
Mais  encore  qu'il  parlaft  du  Manage,fi  vou s  entendez  leGrec,vous  pouuez  cognoiftre 
que  le  mot  a  efté  mal  tourné.Si  fay(dit-il)i'en  enten  quelque  peu.  Nous  demandaf- 
mes  qu'il  luy  pleuft  nous  dire,comment  il  y  a  enGrec.  Alors  l'Inquifiteur  fut  cftonné,Sc 
ne  feut  dire  mot.Et  nous  luy  difmes,Monfieur,nous  voyons  bic  que  vous  n'ofez  le  dire: 
nous  le  dirons  donc:Le  mot  Grec  fignifie/ècwr,ou  myjfere,&c  non  pas  Sacrement.  Et  par 
ainfi  voftrc  argument  eft  mal  fondé.  Item,nous  fommes  bien  eibahis  comment  vous 
voulez  que  nous  receuions  le  Mariage  pour  Sacrement,&:cepédant  vous  le  tenez  pour 
chofe  pollue  entre  vous,&:  l'auez  chafTé  pour  introduire  la  paillardife.  ^  Comme  nous 
parlionsainfi,ceft  Inquifiteur  dit  que  c  eftoit  trop  difputé:car  nous  eftions  hérétiques. 
Que  dites- vous(dit-il)de l'Extrême  ondion?  R.  Mais,Monfieur,debattons  première 
ment  du  Mariage,  &:  allons  par  ordre,ou  confefTez  que  vous  eftes  veincu  .  Incontinent 
tous,&Officiaux,  Moines ,  &c  Aduocats  fe  mirent  à  crier ,  C'cft  trop  prefché ,  il  ne  faut 
plus  difputer,re(pondez  fi  vous  voulez.  R.  Helas,  Mefsieurs,  vous  eftes  bien  haftez,  à 
faire  mourir  cinq  poures  innocens ,  fans  vouloir  entendre  leur  iufte  caufe  :  vous  voyez 
bien  que  nos  aduerfaires  ne  fauent  rien  prouuer  de  ce  qu'ils  difent,  &  pource  que  vous 
en  eftes  marris,  vous  remettez  la  colère  fur  nous .  Bien,  û  vous  ne  nous  voulez  ouyr  icy, 
nous  auons  le  Iugevdes  iuges,  qui  eft  noftre  Dieu, qui  nous  orra  benignement,&:nous  fe 

Nôtczcecy  radroità  tous  :  &:  deuant  lequelil  vous  faudra  refpondre  du  tort  que  vous  faites  main- 
tenant à  Iefus  Chrift  fon  Fils  en  nos  perfonnes ,  d'autant  que  nous  fommes  icy  comme 
fes  membres.  Il  nous  fut  fait  commandement  de  refpondre  fur  ladite  Extrême  on* 
éfcion:  car  S.Iaques,dirent-ils,l'a  commandée,  &  vous  ne  pouuez  fuir  à  cela. 

R.  Nous  accordons  qu'au  commencement  que  l'Euangilcfut  prefché  par  les  Apo 
ftres,  d'autant  qu'il  eftoit  befoing  que  la  doctrine  fuft  confirmée  par  miracles,  il  y  auoic 

£3ûge  de"  <*cs fignesouSacremens  reprefentans  lefdits  miracles,la  vérité  defquels  s'en  enfuyuoir. 

s.uqucs.  Comme  i'impofition  des  mains,qui  fignifioit  le  don  du  fainct  Efpric  :  &:  quant  &  quant 
la  vérité  s'enfuyuoit,  comme  il  appert  par  l'hiftoirc des  Actes.  Scmblablement  ladite 
on&ion  d'huile  eftoit  tellement  falutaire,  que  la  guerifon  s'en  enfuyuoit  miraculeufe- 
ment  ,  comme  le  texte  mefme  de  faind  laques  le  porte.  Or  quand  la  prédication 
derEuangilefutreceucpar  le  monde,le  don  du  fainct  Efprit  vifiblement,&  fembla- 
blement  les  miracles  cefferent ,  &confequemracnt  lefdits  fignes  lefquels  font  vains 
fanslaverité.Etpuis,quelleconuenance  y  a-il  entre  ladite  onction,  &c  voftrc  onction: 
&  quelle  guerifon  s'en  enfuit-il?  vous  ne  la  portez  qu'à  la  defèfperee. 

Il  s  demandèrent  encore  fi  ladite  onction  ne  conferoitpas  la  remi/fion  des  péchez. 

R.  La- 


mirnome  Ldbork.  jfc 

R.  LatditrecnïiOîon dcspechezn'eft pas atrrihiceàTon&ion au  texte,  mais  notam- 
ment a  h  pntreiaitepar  foy.-car  la  remrtfionde  nos  péchez  cit  au  fangdc  le  fus  Chnft, 
Se  oc  «ailleurs.  11$  direiicqutfToat  cet*  effoiç  c^ndaamé  parles  Concilesyfic  que  nous 
élrions?d©nchcretiqués.Mai$»l  yauoittanrdeoonfufîon  en  ces  propos  que  rien  plus: 
o«  ils  eihjyenctouûoursfeptouhuiâ:  à  parlera  la  fois  :  U  hous  leur  baillions  toujours 
quelque  defeou  u  erre  de  leu  r  folic,quc  lcsaffiftaiis  eftoy  en  t  con  csaints  d'en  rire.  Nous 
àliaesiocerroguea(i  ne  voulions  croire  aux  Conciles.  R.  N ous  accordons  toufiours 
auccles  Conçues  te  ordonnances  qui  font  conformes  à  JarvtUcé  de  Dieu  ,  6t  fondées 
lut  icelle,  autrement  non:  car  pluûoft  nous  les  au  on  s  en  exécration, côme  traditiôs  hu- 
ritauies  côtreuenates  ôc  répugnâtes  à  la  parolle  de  Dieu,  côme  S.  Paul  mefme  comman- 
dokâuxGahtiens  de  œfaire:voirc  quand  vn  Ange  du  ciel  nous  apporteroit  autre  do-  Q^MÂ- 
£trinc,quc  ce  qui  eft  contenu  en  l'Euangilc.  Sur  ceia  s'efmeut  vnc  grade  queftiô  qu'ils 
w)U6fitcnt:au^uoircomrncncnousikuionsquc  le  vieil  &  nouueau  Teftamcntfuflent 
•fa Jparollcdc.Dieu,fi  ce n'eft  d'autant  que  les  Conciles  &  Teglife  Romaine  rapptou- 
uenc,&  nous  en  rendent  certains.  Il  leur  fut  reipondu,  que  combien  que  Dieu  fe  foit 
aidé  &  des  Iuifs,&  des  Papiftes,pour  garder  les  fain&s  liuresde  la  volonté,que  pour  ce- 
la nous  ne  prenons  pas  deux  tefmoignagcs  ny  approbation, que  ce  Toit  la  parolle  de 
Dieu:  mais  nous  en  auonsvn  certain  tefmoignage  en  aoftrcconlcience  parlefpritd'a- 
dopii&quibefongneen  nos  cœurs,  &  nous  rend  certains  pleincn\ét  des  prome/Tes  de 
Dicu,nous  faifant  crier  Abba,Pcre ,  come  faind Paul  traite  au  huitième  des  Romains.  Rom^  ij 
Et  mefme,cfcfroes-nous,ecluy  qui  n  a  point  certitude  du  mefme  efprit,ne  peut  eftre  en- 
fant de  Dieu.  Ce  poinct-lafut  debatu  pleinement:^:  leur  fut  rcmonftré  (  grâces  au  Sei- 
gneurie grand  blalphcmc qu'ils  commettoycnt,de  vouloir  ajfluicttir  la  parolle  eter- 
nclledc  Dieu  àl'authorité  des  hommes  charnels,  &  mefmes  des  diables  :  car  il  eft  bien 
certainque  iarnaishomme  qui  foit  mené  de  Dicu>&  qui  ait  quelque  raifort,  ne  penfera 
va  fi  grand  bl afphexne . 

.  Il  fetoit  pour  le  p  relent  impoflible  à  nous  de  vous  mander  parle  menu  tout  ce  qui 
ftttdit.tmuefoisnefaut  omctrrequ'ilyeneut  en  la  compagnie,qui  nous  dirent  que 
c'eftoitFelptit  du diablc,ÔC  non  point  l'elprir  de  Dieu,qui  nous  rendoit  certains  deces 
chofes.  Aufquels  en  rcfpondant  fut  par  nous  demandé,par  quel  efprir  fut  commandé  à 
Abraham  de facrifier  fon  fils  Jfaac:&  ils  rcfpondirent,Par  fefprit  de  Dieu.  &  ShAbra- 
nam  a  creu  de  faire  vn  meurtre,qui  eft  oit  contre  la  loy  naturelle,  il  a  fallu  qu'il  ait  au  vn 
roouucment  en  fon  cœur  autre  que  de  la  cbairUaquelle  le  pouuoit  bien  induire  a$>en- 
fer  que  ce  fuû  vn  diable  pluftoft  que  l'Efprxc de  Dieu, Et  c  eft  le  mefme  efprit,  qui  nous 
rend  certains, qui  befongnoit  auÛi  en  luy,poiir  luy  faire  croire  que  c'eftoit  la  volôte,  de 
Dieu. mais  il  ne  fc  ifauc  pas  cimcrueillcr  fi  vous  ne  iâuezq  c'eft -car  l'home  bruralnc  peut  uCcxjjï 
iuger  dcscWcs  fpiritueiles.  £t  beaucoup  d'autres  chofes  leur  furent  dites  fur  ce  pro- 
pos. Aprcsfufmesinterroguczdela  Cerïe,  de  la  MelTe,  du  Purgatoire,dé  laConfeL 
ûon,&C  autres  leurs  Sactemens.Et  vn  chacun  article  fut  tellement  debatu  entre  eux  &c 
nous,qu'ils  en  demeurèrent  côme  des  fùfdits:  ce  feroit  trop  long  de  vous  eferire  ce  qui 
tut  traité  là  de/Tus.il  iuffira  qu'vn  chacû  de  nous  y  rcfpondit  félon  la  mefure  de  fafoy,3c 
de  forte  q  les  ennemis  furent  rembarrez  de  tous  coups,&:  confus:  grâces  en  loit  à.ce  bô 
Dieu.  Pour  la  fin ,  il  fut  requis  par  nous  que  nous  parliffions  vn  peu  du  Pape,leur  fai- 
fanscefton^rejques'ilsnouspouuoyentprouuerparlafaindcEfcriture^uclePapefuft 
chefdel'EgliUe  de IefusChrift,  que  nous  receurions  toutes  fes  ordonnances  .  mais  ia- 
maisne  voulurent  entendre  à  ce  poin&,ny  en  débatre  aucunement.  Et  alors  nous  diL 
mcs,que  puis  qu'ils  ne  vouloyent  prouucr  que  le  Pape  fuft  chef  de  l'Eglifc,que  nous  of- 
frions prouuer  &  fouftenir  par  le  texte  de  l'Efcriture  fain&e  ,  que  ledit  Pape  eft  1>  Ante- 
chrift>&  qu'ils  nous  baillaflent  vneBible,comme  nous  les  auions  requis  pluûeursfois: 
&  n'en  voulurent  ia mais  rien  faire.Nous  commcnçalmes  à  déduire  le  paflfage  de  la  fé- 
conde aux  ThelT.i.chap.mais  iamais  ne  peurent  auoir  patience  ,  ains  fc  mirent  à  crier 
comme  loups,qucnouseftiôs  plus  hérétiques  que  Vviclef,Hus,Luther& tous  autres: 
&  qu'il  ne  falloitdifputer  aucc  nous:toutefois  qu'ils  nous  admonneftoyent  de  nous  ré- 
duire. A  quoy  fut  refpondu,quc  veu  qu'ils  n  amenoyent  raifons  autres  que  de  leur  bou- 
tiquc,que  nou  s  auions  aufli  peu  à  faire  de  leurs  admonitions  que  du  diable  d' éfer.Pro- 
teftans  toutefois  deuant  le  iuge  &C  fes  afliftan  s,de  ce  qu'il  voyoit  bien  que  nos  aduerfai- 
resnelàuoycat& ne  pouuoyentmonilrcrle  contraire  de  ce  que  nous  diilons.  Etpac 


Liurcj  Vi  jirtèmeLdè&rie. 

mmfi  veu  que  noftre  innocence  eftoît  maniteftcqu'il  adùilaft  bien  quel  jugement  «  Gp 
Kok  de  ia  catifc  de  Icfus  Chrift  que  nous  ujuft  emons:eftant  atleuré  qu'il  luy  faudreac  v« 
Refais reipondre  dudic  iugemeat dcu3îu  Dieu  mcfme ,  &  deuant  nous.  Sdtceia  nous 
fu&ncs,f emioyre  à  la<p rifon  fe parez  Fvnde  l'autre  iufques  à  cinq  heures  du,  feir.  lie. 
ic«demaio,qui  eftoî  t  Luodyvle  frère  Taotan,qui  n'a  demeuré  à  Geneue ,  se  iamais  ac 
g.  Tamia.  VCQ  ^  cogneu  de  Diee»que  depuis  trois  mois  en  ça,  fur  enuoyé  quérir.  Er  faut  noter 
que  penfaaslc  gaigncc  l'aueyenc  f-rparé  le  fbir^Tauec  nous  :  mais  Dieu  luy  fit  la  grâce 
qu'il  leur  reux>nditi&  Ici  rembarra  de  relie  fiarte,qu'illeur  de&ouurit  toutes  leur*  vile- 
nies,mieux  que  n'auioos  pas  fait.  Dcquoy  ils  furent  bien  fafchez  ;&  le  reouoyerent  a- 
uec  nous,luy  dùaut  qu'il  eftoit  auffi  bien  perdu  que  les  autres.  -A  près  fut  amené  auec 
nous,dcquoy  nous  fuuttes  bien  aiics,&:  rend ifm es  grâces  ànoftre  bon  Dieu  de  la  force 
&  perfeuerancequ&nous  auoic  donnée  à  tous. 

LE  Mccrcdy  1 1.  d  Âouft  à.  quatre  heures  après  midy,noftre  luge  leLieutenât  dvtVi- 
baifly  nous  vint  prononcer  noftrefcntefi  ce  en  la  châbre  dcaoftrcprlfoo,parJa*jile 
èftkms  condamnez,  Vernou,Labotfie&T>igaler,pour  toute  noftre  vie  aux  galères^  àc 
Ôatafflie&Tauran  pour  dix  anstauèc prohibition  &  defenfede  n'en  fortir,lor^eine  de* 
ftre  bruftez,fi  eftiorrs  tTOUucz,&  les  deux  frères  devant leur  temps:  nous  demandant  iî 
en  appelions.  Et  lors  Laboric  au  nom  de  tous  rcfponditxjue  nommais  que  receuions 
ce  qu'il  phifoit  à  noftre  bon  Dieu  3e  Pbrenous  donnenle  mcsciant  hùmblcmeiu,&lou 
v  anr,deccqu  ilnôus  auoitfaitdignesde  louffrir  pour  fon  nom.  De  cette  ientenec  s'e- 
ftoït  porté  pÇur  appelant  le  procureur  du  Roy  delà  Coûrdu  Bailliage,  àl'inftigatiôxiu 
Parlement.  ;  Parquoy  incontinent  après  à  la  mefme  heure  fut  mandé  venir  par  deuers 
Meffieurs  le  frère  Vernou,&  fut  ouy  ledit  iour  &  le  lendemain  ,  eftant  feparé  dauec 
nous. 

X  fr  Vendredy  fuyuât  an  matin  fut  appelé  &  mené  le  frère  Laborre ,  Scouy  ce  matin 
&  l'apres  difner  bien  au  long,comme  pouuez  voir  par  leurs  lettres,&  fut  auffi  feparé  de 
mefme.  Ledit  iourauffi  à  quatre  heures  iefu  amené  deuant  4e  Senas  >  ôty  f u  iufques  à 
^.Lequel  tint  telle  procédure  que  s'enfuit.En  premier  lieu  mcfutcommâdéde  m'a- 
genouiftenec  qu'ayant  fait,on  me  prefenta  vn  tableau  de  bois,où  eftoit  en  cpqleur  ver- 
de  vn  crucifix,  Ôi  me  commanda  le  premier  prclîdcnt  Vakntier,  au  nom  de  tout  le  Sé- 
nat, èe«*eCtrc  la  main  là  dèffusxeque  ic  refbfay  faire  pour  raiion  de  l'image,  àc  dy  que 
ieiûtttye  jparleDieuviuant,lcuant  mes  mains  &  mcsyeuxau  ciel,  de  dite  la  vérité  de 
ee  q*  on  mlnterrogueroit  touchant  ma  foy ,  dont  ils  auoycro  ma  confemon  par  eferir. 
Udemamia  lors  au  Sénat  s'il  fc  contentoit  de  mon  ferment.  On  rcfpondit  qu'ouyySC 
queiê'nc  pouuoye  iurer  par  vn  plus  grand .  Parquoy  après  auoir  entendu  ma  rcfpon- 
fe,mon  nom^le  lieu  de  ma  naifTance,&:  mon  emprifonnement ,  il  me  dit  qu'il  refultoic 
par  mestefponfcs  faites  au  Prcuoft, touchant  ma  foy ,  que  i'eftoye  hérétique  &  déclaré 
tel  parla  cènfure&:  (entence  definitiuede  linquifiteur&  docteurs  en  Théologie. Lors 
ie-re%ondy  qu'eux  mefmeseftoyent hérétiques,  d'autant  qu'ils  s'eftoyent  fcparczdc 
noftre  Seigneur  IefusChrift,&  de  fa  do^trinc,&:  s'eftoyent  adioints  à  l'Antechrift,  Se 
fuyuoyent  (a  doctrine.  Parquoy  ne  me  pouuoyent  iugerheretique,roaisque  piuftoft 
ièpoarroye  prouuer  par  la  parollc  de  Dieu,qu'ils  eftoyent  tels ,  s'ils  m'efeoutoyentpa* 
tiemment. 

Ad  on  c  le  premier  Prefident  me  dit  que  principalement  en  deux  articles  de  ma 
confeffion,ic  me  moriftroye  heretique:c'eft,en  difant  que  le  facrificc  de  la  McfTe  eftoic 
vn  (acrilep  abominable  &  exeerab4e,âuquel  le  fang  de  noilre  Seigneur  Icfus  Chrift  c- 
ftoit  foule  au  pied,&:  le  facrifîce  de  fa  mort  &  paiuon  du  tout  aneanty,cn  après  qu'iceL 
le  eftant  tenue  pour  vn  mémorial  de  la  Cene  de  noftre  Seigneur  (  comme  à  la  vé- 
rité elle  eft)  eftoit  vneinuention  diabolique  forgée  &  inuenteedu  diable  peredemen- 
Vnfculu-  fonge  ,  pour  perdre  à  damnation  éternelle  ceux  qui  y  croycritô£  adhèrent.    Et  moy 
enfice  cter.  ayant  rcfpondu  que  cela  conteriôit  veriré,icluy  dy  qu'il  n'y  auoit  qu'vn  fucrificeeter- 
nel,faït  par  le  Sacrificateur  éternel  félon  l'ordre  de  Melchïïedec ,  noftre  Seigneur  Icfus 
ChrifHequel  ilafàitde  foy-mefmefurlaute!  de  la  croix,pourla  remifliôdenos  péchez 
enfonfanfr:lcqucleftctitrém5rf»i?4^»^oj«w:ceft  àdirelà  haut  au  cielàfonPere,  oè 
nous  aubns  *tcêi&  entrée  par*luyvqui  eft  noftre feuf  Médiateur,  InterceflèuraçAdun- 
car  enuersle Petejfurccallcguatit  le neufiem'edcsHebricux.Et quant  au^oçr m* cèdes 
Chxeftiens>qu'il  eonfiftoic  en  louange  fi£  a&km  de  grâces:  &:  que  toutelayie  des  Chré- 
tiens 


JcanTrïgalet*  34.6 

ItienSjqu^menent  cniuftice  &fain&cré  (qui  cft  vnehoftie  viuante  &:  raiïonnable) 
eft  oie  le  facrifice  qu'ils  deuoyentprefcntcrà  Dieu,  fcdcdians&conlecransdu  coûta 
fon  feruice  :  en  quoy  ilseftoyent  compagnons  de  Ja  facrificaturctic  noftre  Seigneur  le- 
fus, pour  Si  au  nom  duqueîilseftoyent  agréables  au  Pcre,  aucetoutee  qui  eft  du  leur, 
combien  qu  il  foit  imparfait.  Apres  il  me  dit  que  la  Me/Te  &  la  Cene  eftoyent  vnc 
mefme  chofe  qu'il  n'y  auoit  différence  que  de noms , non  de  la  fubftancc  :  te  aufsi  de  * 
la  façon  de  faire,  quant  aux  cérémonies  externes.  le  refpondy  que  la  Cene  te  la  la  c  c' 
MefTe  eftoyent  directement  contraires,&;aiPtant  différentes  que  le  ciel  te  la  terrerte 
lotf»f>J»laûncs  Latin ,  touchant  ce  que  nous  deuons  cercher  te  prendre  en  la  Cene ,  te 
où  rions  conduifent  les  lignes  du  pain&  du vùrau  contraire  de  ce  qu'offre  le  preftre  en 
fa  Meflc,&  prefente  à  Dicu:&  alleguay  la  différence  qui  eft  entre  le  donateur  &  celuy  à 
qui  on  donne.Car  lefus  Chrift  nous  eft  donné  pour  viande,&  parfaite  te  entière  nour- 
riture de  nos  ames  à  vie  éternelle  en  la  Ccne  du  Seigneur  quand  nous  prenons  le  pain 
&lcmangeons,&:beuuonslevin,quinousfont  entière  nourriture  de  nos  ames  pour 
cette  vie  caduque  :  ces  lignes  nous  font  aides  pour  confermer  noftre  foy  &:  efpcrâcc  de 
lavieeternelle,laquelle  nous  eft  donnée  en  lefus  Chrift  ,  félon  faind  Ieanau  fixicme 
chapitre ,  Qui  void  le  Fils  te  croit  en  luy  ,  a  la  vie  éternelle:  te  ie  le  refulciteray  au  der- 
nier iour.^Ie  luy  dy  queie  participoyeau corps&au fang de IefusChrift  par  foy,par  la- 
quelle ie  montoyeau  ciel  pour  là  cerchçr  à  la  dextre  du  Pere ,  lefus  Chrift  mon  falut & 
ma  vie ,  &  ne  le  cerche  pas  dans  le  pain  &:  le  vin,comme  les  preftres  &  les  Papiftes.  Là  Comment 
dclfus  il  me  voulut  prouuer  la  prefence  du  corps  du  Seigneur  au  pain  ,  te  du  fang  a 
au  vin  ,  te  poifa  les  mots  de  noftre  Seigneur  lefus ,  qui  dit  en  la  Cene,  Cecy  eft  mon  cher  idus 
corps.Ie  luy  refpondy  quïft  le  prenoit  pour  fignifier,comme  en  d'autres  lieux,La  pier- chr,ft' 
re  eftoit  Chrift:&  de  la  colombe  &  du  S.Efprit ,  de  l'agneau  6:  de  la  Pafque  :  te  que  c'e- 
ftoit  vnc  figure  vulgaire  en  rEfcriture,appeleeMetony  mie  ou  Synecdoché:  par  laquel- 
le le  nom  Je  la  chofe  fignifié  eftoit  attribuée  au  ligne.  Il  m'allégua  le  paffage  de  fain& 
Jean  le  fuis  le  pain  de  vie:  te,  Qui  mange  ma  chair  te  boit  mon  fang.  le  dy  que  là  n'- 
cftoit  parlé  de  la  Ccne,mais  de  la  foy  en  lefus  Chrift:luy  alléguant  les  parolles  mefmes 
du5eigncur,difant ,  Mes  parolles  font  efprit  &vie:&  auflironziemechap.de  la  i. aux 
Çorinth.où  les  mots  dcpain&decaliccquefainÛ  Paul  répète  par  quattefois ,  furent 
diligemment  poifez.Làdefftis  y  eut  beaucoup  d'autres  propos  qui  feroyent  longs  à  ré- 
citer:^ comme  voyez  auons  faute  de  papier. 

Dr  Papcauffi,quc  ie  difoye  Antechrift,fut  difputé:dc  fon  authoritc,&dcfes  ordon  du  Pape. 
nances>commc  elle*  font  contraires  à  celles  de  Chrift.  Par  moy  fut  allégué  le  fécond 
de  la  féconde  aux  TheiTalonicicns4& le4.de  la  i.  àTimothcc.  Bref  en  fin,  quoy  qu'ils 
feulfcnt  dire  par  leurs  rai(ons,Dicu  occit  l'Antechrift  par  l'efprit  de  fa  bouche.  Lors  ils 
me  firent  plufieurs  remonftranccs,d ifaRS  que  fi  ie  me  vouloye  remettre  au  giron  de  l'c- 
glifc  catholiquc,ils  me  tiendroyent  pour  leu  r  frerc,&  qu'en  ayant  pitié  de  moy-mefme 
16  pourroye  cy  après  faire  grandf ruir-fic  effayerent  toutes  fortes  dallechemens ,  afin  de 
me  faire  crefbufchcr.mais  par  la  vertu  du  S.Efprit  ie  perfiftay  confiant  te  iriuincible, 
fans  eftre  efbranlé  de  rien,  f  Quoy  voy  ans  vindrent  au  dernier  rerugc,menaçâs  de  me 
iuger  félon  les  ordonnances  du  Roy:lors  ie  refpondy  finalement,  qu'il  y  auoit  vn  luge 
au  ciel,  deuant  lequel  faudroit  qu'ils  com panifient,  te  qu'vn  iour  il  tiendroit  fes  alsifes, 
&  adonc  les  liures&:  regiftres  ferôt  ouuers,&  la  caufe  des  fiens  iuftifiee,&la  leur  reprou 
uee&  condamnée.  *  Lors  me  donnèrent  congé,les  vns  difans,Quellcinfolence!&les 
autres  par  moquerie,OcM/<w  habent.tec.Sut  quoy  ie  dy  que  cette  fentéce  leur  competoit, 
te  que  Dieu  nous  auoit  donné  les  yeux  de  la  foy  pour  voir  la  vérité.  Le  Samedy  fuy  uant 
les  frcresBataille  te  Tauran  furent  menez  deuant  cux:&(graces  au  Seign.)tindrent  bô 
felonla  mefurc  delafoy  que  Dieu  leur  a  donnée.  Le  lundy  prochain  de  ce  Samedy 
nousfufmes  mandez  tous  enfcmble:&  nous  fut  faite  vne  remonftrance  affez  ample: 
mais  elle  ne  feruit  de  rien.Car  après  que  le  frère  Vernou  eut  longuement  dit  te  prote- 
fté  de  l'équité  de  noftre  caufe  ou  de  celle  du  Fils  de  Dieu:tous  difmes  Amen ,  te  tufmes 
renuoyez comme  opiniaftres.Par  leur  areft  auons  efté  côdamnez  tous  cinq  à  eftre  bruf 
lcz^cpcnûons  que  noftre  fentence  nous  fuft  prononcée  hier:&:  par  la  bonté  te  miferi 
corde  de  noftre  Dieu  cftions  préparez  au  fupplice ,  pour  receuoir  la  mort  d'vn  franc  te 
libre  çouragemais  ce  bon  Dieu  no«s  a  donné  encores  rclafche.  Le  prefent  porteur  eft 
le  feruiteut  de  monficur  le  Secrétaire  M.lequel  s'eft  employé  pour  nous  comme  pour 


Liurc^  V.  Jean  Tngalet. 

tes  entrailies.auquei  fommes  rcdcuables  à  ïamais.  Priez  le  Seigneur  pour  hiy^qu^  le  re 
compenfe,  aulsiceluy  qui  eft  à  la  Cour,  U  les  autres  frères  qui  f'onticy.  Ce  Dimanche 
premier  iourde  Septembre  m  d.l  v.  Nous  nous  recommandons^  voustous  hum- 
blement ÔC  à  vos  fain&es  prières. 

Vostrî  humble  fils,fcruiteur&  frère  en  noftre  Seigneur,  I.  Trigalet. 
Vo  v  s  auez peu  entendre  de  noftre eftat,&  quelle  efperance  nous  auions  do YiL 
fue  de  noftre  cau(e:airauoirquayansreceu  fentence  de  mort,  fuflîons  menez  au  facri- 
fice  le  lendemain,qui  eftoit  iour  de  marchés  de  fait,les  fagots  &:  chaines  eftoyent  ap- 
preftez,&:  ne  falloir  que  planter  les  pofteaux,  Ô£  diipoter  les  fagots  pour  nous  mettre 
deifus.  Mais  le  Seigneur  par  fa  bonté  &  mifei  icorde  infinie  a  ouy  les  prières  de  ceux 
qui l'inuoquoycnt  pour  nous,donc  l  effecl:  s'en  cft  enfuiuy  tel:  C'eft  que  Vendredy  der^ 
u^  !kslUI  nier  depuisdeuxheuresapresmidv  ,  nos  luges  furent  affemblez  pour  iuger  de  noftre 
fugrsDieu  caufe:&eftans douze  dénombre, ils  turent  partis  en  opinions, tellement  que  les  fix 
'X°dTSU  nous  condamnoyent  à  eftre  roftis  &:  fricaf  fez,  ôc  les  autres  aux  galcres,ou  à  eftre  bânis. 
Goq.  qui  fut  caufe  qu'il  ne  fut  lien  arrefté  ce  iour.  Le  lendemain  ayans  appelé  quelques  au 
très  en  iugement,  ils  opinèrent  derechef:^  fut  conclu  que  Iefus  Chrift  ne  leroit  point 
bruflé  comme  hérétique  en  nous  qui  fommes  fes  membres ,  pour  euiter  le  feandaie  du 
peuplc,mais  comme  vn  larron  ou  brigand  il  feroit  enuoyé  aux  galères.  C'eft  en  diucrfe 
manière  quant  au  temps. car  Bataille^:  Tauran  font  condamnez  pour  dix  ans,  &:  mes 
deuxcompagnons&:  moy  pour  toute  noftre  vie.Ils  cuident  auoirfait  beaucoup  pour 
nous,de  nous  auoir  deliurez  d'vne  heureufe  mort,  pour  nous  mettre  en  vne  vie  qui  eft 
pire  q  mille  morts.  Toutefois  puis  qu'il  a  pieu  au  Seigneur  de  nous  aflifter ,  eftans  en- 
tre les  mains  de  nos  ennemis  fur  la  terre,&:  dâs  les  pnfons  de  Chambcry,  nous  efperons 
qu'il  vfera  d'vne  telle  bonté  enuers  nous  fur  mer  dans  les  galères  entre  les  mains  des 
commiiTaires  &:  patrons:&  que  comme  noftre  demeure  és  priions  n'a  efté  du  tout  inu- 
tile à  ceux  qui  nous  vifitoyent,&:  eftoyent  près  de  nous,  qu'auffi  noftre  détention  aux 
galères  ne  fera  fans  fruift  &c  ediflcation.il  me  fouuiét  du  côte  que  m'auiez  autrefois  fait 
de  Maioris.noftrecaufe,la  mercy  Dieu, eft  meilleure.  Car  de  noftre  cofté  il  n'y  a  aucu 
ne  apparence  de  mal  ny  de  renoncement,  ainsefmeus  depitié&:  compaflîon  enuers 
cinq  poures  priibnniers  ,  &C  craignans  Tire  de  Dieu  enfaiiant  efpandre  tant  de  fang 
humaines  nous  ont  ainfi  traitez.  Voila  ce  qui  nous  eft  aducnu,apres  auoir  longue- 
ment attendu  du  Seigneur  Dieu  la  volonté,ils'eft  tournédemoncofte,&amon  cri  au 
befoin  entendu. Le  prefent  porteur  eft  homme  charitable,qui  nous  eft  venu  vifiter.&:  a 
entendu  au  long  noftre  iugement,  &croy  qu'il  emporte  vn  double  de  la  fentence  :  il 
vous  dira  de  tout  amplement.  Nous  nous  recômandons  aux  prières  de  toute  l'EglilCifig 
voftr  es,  &:  de  tous  nos  frères &fœurs,  parens,  voifins&  voifines,&:  autres:  comme  en 
ayant  autant  de  befoin  que  iamaiseufmes  :  nous  voyans  prochains  d'vncftat,  auquel 
on  pourroit  àbon  droit  préférer  mille  morts,  fi  on  les  pouuoit  reccuoir.  Le  Seigneur 
Dieu  &Pere  de  toute  mifericorde ,  &:  Dieu  de  toute  confolation  ait  pitié  de  nous,  &c 
nous  fortifie  de  plus  en  plus ,  comme  en  ayans  plus  de  befoin.  Noftre  compagnon 
&  frère  Laborie  eicrit  à  fa  femme  bien  au  long:  faites-vous  môftrer  les  lettrcs,&  verrez 
quelle  refponfe  nous  fommes  délibérez  de  faire ,  oyans  prononcer  noftre  fentence  :  ce 
qui  fe  doit  faire  auiourdhuy,comme  auôs  entendu.  Tous  mes  frères  fe  recommandent 
à  voftre  bonne  grace,defirans  eftre  comprins  és  orailbns  de  l'eglife ,  &c  volhes priuees 
^particulières. 

S'EN  S  VIVENT  aucunes  lettres  desfufdits  prifonnicrs.e/crites  pour  confolatjon  de  l'EgIifc:&  premièrement  dcM.An- 
J    toinc  Laborie  à  tous  fes  frères  en  Iefus  Cnrift,<jui  ont  communiqué  i  fes  liens  pour  la  querelle  de  la  vérité  de  Dieu, 
IcfaucU  il  confolc  8c  admonnefte  à  (on  exemple  d'employer  le  temps  cependant  qu'ils  lont  à  Gencuc. 

fflKpR  ERE  S,ie  ren  grâces  à  noftre  bonDieu, qu'il  ma  fait  expérimenter  combien  il 
|lj|||eft  fidèle  en  fes  promeflès,&:combien  il  fupporte  la  foiblcfie  de  fes  enfans.il  veut 
que  tous  les  fiens  portent  la  croix  après  luy,  mais  il  en  baille  à  chacun  à  la  mefure  qu'il 
luy  plaift":afin  que  nous  ne  (oyons  chargez  que  félon  la  force  qu'il  nous  a  donnée.  Ce 
que  iecognoy(graces  àDieu)accomply  en  moy  autant  que  iamais  l'ait  efté  en  autre.car 
ne  me  pouuoit-il  pas  drefter  mes  frères  &  parens  pour  perfecuteurs  ,  comme  j  Abel 
Cain,à  Ifaac  Ifmael,à  Iacob  Efau,&  à  Iofeph  tous  fes  freres?Ncpouuoit-il  pas  me  tour- 
menter par  mon  enfant,commc  Noé  fu  t  tourmenté  du  fien,&  Dauid  de  fon  AbfalomJ 

Ne 


^Antoine  Laborie.  34.7 

pouuoit-il  pas  mecontrifter  par  ma  femme ,  comme  lob  fut  contrifté  par  Ja  fienne  i  Ne 
pouuoit-il  pasme  faire  delaifïcr  de  tous  amis  &  plus  prochains ,  comme  Moyfe,  Pauid, 
6c  tous  les  Prophètes-.  Iefus  Chrift  mefmes,  &c  tous  les  Apoftres,qui  ont  efté  perfecutez 
par  le  peuple  de  leur  nation?  Bref,  ne  pouuoit-il  pas  meliurer  entre  les  mains  des  tyrâs,  j^p*Jj 
qui  m'euuent  enferré  en  prifon  profonde^  obfcure  &  pleine  d'infc&ion:  &  là  me  tenir  ancienscô- 
enchainé,enferré&priué  de  toute  commodité  de  m'efiouir,  comme  les  Patriarches  &:  ?u£  à  la 
Prophètes  ont  efté:mefmeEfaie&:Ieremie,&  après  eux  Iefus  Chrift  &  les  Apoftres?Et  00  e', 
comme  de  noftre  temps  auons  entédu  plufieurs  des  faincts  perfonnages  auoir  efté  plus 
inhumainement  traitez  aux  prifons,que  les  belles  brutes  par  les  lions,  chiens,loups,&: 
autres  belles  de  rapinerll  eft  bien  certain  que  quand  il  m 'euft  voulu  bailler  toutes  telles 
afflictions,il  euft  iuftement  fait:  mais  cependant  ma  chair  euft  efté  bien  tourmenteeôç 
agitée  en  beaucoup  de  fortes  &c  dures  tentations.  Le  Seigneur  donc  par  la  grand'  bonté 
me faifant  fentir  fa  mifericorde  viuemcnt , &  le frui£t  de  la  confiance  en  fes  promefles, 
s'eft  tellement  accommodé  à  ma  foible/Te&  poureté,  que  non  feulement  il  m'aprefer- 
ué  de  tant  d'afTauts  &  griefs  tourmens,  combien  qu'ils  foyent  promis  &  communémét 
baillezaux  fiens,  mais  auflî  de  tout  cela  mefmes  il  m'a  donné  confolation ,  grand  con- 
tentement &:  forcercar  quant  à  mes  parens,  comme  pere  &:  mere,  frères  &:  tœurs,ie  luis 
certain  (grâces  au  Seigneur)  que  s'ils  font  aduertis  de  ma  croix,  ils  en  font  touchez, voiT 
re  la  fentent  plus  que  moy:& font  marris  de  n'auoir  le  moyen  deme  fubuenir.  Delà 
la  fille  que  Dieu  m'a  donnée,  tant  s'en  faut  que  ie  foye  tourmenté  de  folicicudepour  el-  Côfobrion 
le,que  pour  me  confoler  en  mon  affli&ion,le  Seigneur  par  fa  grâce  la  fait  profpcrer  grâ.  ^™eJc  L 
dément  depuis  mon  emprifonnemët  (ainfi  qu'ay  entendu  par  vos  lettres)  comme  fi  par  boric. 
ceU  elle  me  vouloir  inciter  pour  recognoiftre  les  grâces  de  noftre  Dieu.    Quant  à  ma 
femme,  combien  qu'elle  foit  (impie  &  par  trop  mal  inftruite(ie  dy  cela  à  m  a  confufion) 
pourroye  ie  exprimer  la  confolation  quei'ay  receuj  tant  par  les  lettres  qu'elle  m'aen« 
uoyees,  m'exhortant  à  fentirles  bénéfices  de  Dieu,&  à  me  préparer  à  Ja  mort  fi  heureu- 
fe  ,que  par  la  grande  confiance  que  Ion  m'a  rapporté  qu'elle  a  eu,  pour  communiquer 
franchémét& debô  cœur  à  ma  croix,fe  conformât  du  tout  àla  volonté  denoftreDieu? 

Si  ie  vien  aux  amis,ie  fuis  confus  en  moy-mcfme,  de  voirie  grand  nôbre  &c  fi  affection- 
né, de  ceux  que  le  Seigneur  m'a  fufeitez.  Car,  helasi  moy  miferable  créature  du  tout  in- 
utile, &  qui  ne  fyiamaisqu'ofFenfer fa  maiefté  :  dénué,  ie  ne  dy  point  de  fauoir  &c  grâce 
(comme  a  la  vérité  ie  le  fuis)mais  de  toute  bonne  volonté,pour  faire  feruice  ou  plaifirà 
aucun.  le  voy(dy-ie)que  mon  emprifbnneraent  a  contrifté  des  principaux  feruiteurs  de 
fa  maifon,  voire  des  plus  auancezauiourdhuy  en  fes  graces,&  conftituez  en  la  principa- 
le charge  de  fon  Eglife  :  defquels  auons  receu  des  biens  &:  exhortations  ineftiraables. 
£t  puis  les  Princes  les  plus  heureux  &excellens  qui  foyent  auiourdhuyau  monde,  ont  Hemcd  les 
bien  daigné  communiquer  à  nos  liens  ,&  s'employer  à  noftre  fecours  &  confolation,  JjfJ^'* 
côme  pour  leurs  propres  enfans.  Que  diray-ie  de  tout  le  corps  de  l'Eglife?  Il  eft  certain  Ocncuc. 
qu'elle  a  pleuré,gemy,prié&foufpiré  pour  nous,tellemét  que  nous  en  auons  bien  fenty 
les  fruicts.  Et  non  feulement  cela: mais  au  milieu  de  nous,  &:  ceux  qui  auoyent  quelque 
cognoifTance  de  Dieu,&:  les  ignorans  mefmes  fe font  employez,  tant  pour  nous  confo_ 
'1er,  qu'aufli  aider  en  toutes  nos  nccefTitez.  Etquancliedefcenàconfiderer  les  biens 
que  i'ay  receu  particulièrement  de  vous,  mes  trefaimez  frères ,  qui  ne  vous  elles  efpar- 
gnez  en  rien  pour  moy,  ie  ne  fay  certainem  ent  par  quel  bout  cômencer  pour  entrer  en 
recognoifTancc .  car  ne  vous  contentans  des  amples  &:  bonnes  confolatiôs,  par  lefquel-* 
les  il  vous  a  pieu  me  fortifier,  vous  auez  ouuert  vos  entrailles,  me  cômuniquant  de  vo- 
ftre  bien  à  furfifance,mefmes  vos  perfonnes  y  ont  efté  employées  au  befoin.Mais  le  Sei- 
gneur fait  combien  ie  le  voudroye  recognoiftre.  Ileft  vrayque  tout  cela  fefait  pour  le 
refpcdt  de  la  querelleque  ie  porte  :  mais  cependant  Dieu  m'en  fait  fentir  vn  fruict  inco- 
prehéfible .  Quant  à  la  prifon,ie  ne  pourroye  déclarer  de  bouche  ne  par  eferit  ladou- 
ceur,bien  &:  côtentement  que  i'ay  receu  en  icelle.  Toutefois  ie  puis  dire  à  la  verité,que 
ie  ne  fu  iamais  mieux  à  mon  aife,&  félon  le  corps  &c  félon  l'efprit,  que  i'ay  efté  &  fuis  de- 
puis  mon  emprifonnemët.  II  eft  vray  que  cela  ne  procède  pas  ny  de  la  beauté,ny  du  na- 
turel de  la  prifommais  deee(côme  i'ay  dit)que  le  Seigneur  côucrtit  toutes  chofes  en  bie 
à  ceux  qu'il  aime.  le  vous  ay  bien  voulu  eferire  toutes  ces  chofes,mes  trefaimez  frères, 
afin  que  foyez  participans  de  m'a  ioye,  comme  auez  participé  à  mon  affliction:&que  vo9 
aucemoy  con  templiez  de  tout  voftre  cœur  la  fidélité  du  Seigneur ,  pour  vous  appuyer 

Nn. 


Livrer  V.  fa»  Vcrnou. 

du  tout  furicelle,&£  ne  ferez  iamais  confus  :  afin  aufîi  qu'cnfcmblc  prions  noftre  bon 
Dieu,  qu'il  nous  touche  viuemct  au  cœur,  pour  le  bien  recognoiftre.  Car  quant  à  moy, 
ic  confefle  que  ren  ay  bien  befoin,  d'autant  que  ie  mecognoy  fi  ftupide ,  que  ie  ne  puis 
appréhender  les  bontez  de  noftrc  Dieu,  voire  eftant  au  milieu  de  rabyl'med'icelles.En 
quoyie  cognoy&confeiTclibrementmatrop  grande  fragilité  &  corruption.  Ornes 
frères,  plcult  à  ce  bon  Dieu  que  ie  vous  peu/Te  ouurir  mon  cœur,  pour  vous  monftrer  la 
Côfoiacionj  douleur  que  l'en  ay.  Et  d'où  vient  la  caufe  de  cela?  Combien  cfue  n  ayela  puiflanec  de  1- 
imaSrc-'  exprime i,  fi  vous  puis  ieaifeurer  que  la  principale  faute  vict  de  ce  que  me  fuis  par  trop 
ment  les  fi-  retiré  de  la  familiarité  des  Elcriturcs  fain&es.Loué  foit  Dieu,qui  n'a  pas  eu  efgard  àmô 
ddcî'       ingratitude:maismamenéenceftefaindeefcole,pourlamefairerccognoiftrc:  carie 
nefayqueiefuircdeuenu,fileSeigncurnem'euft  viiité.  Quand  ie  vin  encefte  faincîc 
aiîcmblce  de  Gcneue,  mon  intention  totale  eftoit  de  m 'adonner  à  l'eftude  Je  plus  que 
ic  pourroyc:  &  aufli  Dieu  nous  enuoye  tous  là  à  celle  fin, nous  retirant  du  milieu  du  mo- 
de, pour  cftre  préparez  à  touteœuure  fain&e,  voire  &:  en  iacrificature  royale,à  cefte  fin 
que  renonçans  à  nous  mefmes,  nous  nous  dédions  du  tout  à  fa  gloire.  Mais,helas'com- 
h^at  bien  malm'cn  fbis-ieacquitc?  Vous  lefaucz,&:  icrexperimenee  par  trop.  I'auoye  a/Tez 
Egiîfare-  de lotfir,  mais  i'aimoye  mieux m'adonner à  chofes  de  néant,  eftant  induit  par  ienc  fay 
formée*    quelle  deffiance  ou  infidélité,  qu  a  contempler  &  méditer  iour  &:  nuidr  les  iogemens  ÔC 
méditez  ce-  ftatuts     Dieu.    Apprenez  donc,  ie  vous  prie  au  nqm  du  Scigneur,à  mes  defpens,  de 
n'eftre  point  endormis -.carie  fay  bien  à  mon  grand  regrer,  que  pluu'eurs  de  vous  font 
touchez  de  mon  mal.  Et  pleuft  à  Dieu  qu'il  fuft  plus  efchauffé  en  plufieurs:mais  exami- 
nez voftre  confeience,  ic  vous  prie,&:  regardez  quel  ardeur  &  zele  vous  auez  à  la  parol- 
Ie  du  Seigneu r,  &  vous  trouuerez  plus  que  ie  ne  voudroye ,  qu'il  y  en  a  de  bien  froids.  Il 
eft  vray  que  vous  hantez  les  prcichcsrmais  corn  bien  y  penicz-  vous  le  refteduiourfc'e'ft 
comme  par  acquit.  Iedycccy  pour  voftre  falut,d'autant  que  ie  vous  aime.    Ne  fauez- 
Leuit.11.3-i.  vous  pas  que  la  befte  qui  ne  ruminoit  pas,  eftoit  immonde^  pollue  par  la  Loy:de  forte 
que  le  peuple  de  Dieu  n'en  pouuoit  manger?  Ruminez  donc  la  parolle  de  Dieu,layans 
ouye:&  fréquentez  tellement  les  prefehes  &c  TElcriture  fainéte,  que  nefoyezpoint  im- 
mondes,mais  purifiez:  afin  que  foyez  prefentez  en  facrificature  de  foucf  odeur  au  Sei- 
gneur^ foyez  fortifiez  en  temps  d'afflidtion.CognoiiTez  combien  la  fapience  ctaSei- 
Admoniùô  gneur  eft  plus  precieufe  qu'or  n'y  argenr,ny  pierres  precicùfes.  Demeurez  donc  fousl- 
p5rî'tuL  Eîprit  du  Seigneur,  afin  que  pariceluy  foyez  réplis  d'icelle,  pour  pouuoir  iugerles  œu- 
gilefcfont  ures  du  Seigncur.Car  l'homme  fpirituel  iuge  toutes  chofes,&:n  eftiugédenuLN  eïtes- 

Gc^wc.a  vous  pas  au  lieu  le  plus  propre  qui  foit  au  monde  pour  eftreinftruitsfvoire  vous  eftes  au 
parc  ou  théâtre  du  Seigneur,  ou  pluftoft  en  fon  tabernacle.  Et  puis  l'exercice  &  diligc'- 
cc  des  fidèles  Pafteurs  que  Dieu  vous  a  donnez ,  vous  defaut-elle  aucunement  ?  Certes 
non.  te  le  pouuops  ainfi  dire  &  protefter  à  la  vérité,  fi  iamais  gens  1  ont  peu  dire ,  grâces 
au  Seigneur.  Quelle  exeufe  aurez-vous  donc ,  fi  vous  ne  profitez  cependant  que  le  Sei- 
gneur vous  laifle  en  treues  :  &:  qu'il  vous  donne  le  loifir  de  vous  exercer  en  fa  vérité  î  Ce 
vous  fera  vne  cotufion  bien  grande,  fi  vous  eftes  nouiecs,  quâd  il  faudra  mettre  la  main 
aux  armes.  Et  telle  ingratitude  ne  demeurera  point  impunie,  ie  me  fie,  mes  frères ,  que 
tel  iugement  n'aura  point  de  lieu  fur  vous:  carie  fuis  certain  que  vous  eftes  enfans  de 
Notez.  Dieu,  "toutefois  veillez&:  pricz,car  noftre  ennemy  ne  dort  pas.  Faites  prouifion  d'hui- 
le>  cependant  que  le  Seigneur  tarde  à  venir,  afin  qu'au  iour  qu'il  viendra,il  vous  crouuc 
bien  prouueus,  de  ce  qui  vous  eft  requis  pour  veiller  à  fa  venue,  6V  pour  le  receuoir.  Et 
ainfi  vous  aurez  repos  en  vos  confciences:&:  les  tempeftes  d'affliction  ne  vous  esbranlc- 
ront  point. 

O  r  ic  prie  le  Dieu  &C  Pere  de  toute  confolation ,  qui  nous  a  confolez  au  befoio ,  qu'il 
parface  en  vous  ce  qu'il  a  commencé,  pour  vous  rendre  parfaits  en  fon  œuurc  àla* gloi- 
re de  fon  faind  Nom,  &c  édification  de  fon  Eglife,  Ainfi  foit-il. 
EPlSTREde  Ieao  Vcrnou,  cnuoyee  à  fon  coufin,  M.  D.  L.  P.  laquelle  contient  en  fomme ,  que  comme  la  di_ 
rolle  du  Seigneur  eft  ferme,  aufsi  doit  eftrene^re  confiance  affeurec  :  eftans  cnuironner  de  tant  de  bcL 
fices  fpiritucls.  ocuc" 

[|8§?lO  N  Coufin  &  amy  entier,  fi  vous  n'oficttant  efperer  en  ce  temps  contraire  que 
l^peuflîezcômuniquerauccnousipar  lettres,  félon  qn  cfcriuez,encorcs  moins To* 
lions  nous.Car  le  Seigneur  nous  auoit  amcneziufqucs  au  fepulchrc,&à  fôbre  de  mort  • 
tellcmét  que  le  dernier  Samedy  du  mois  d'Aouft  no9  cftiôs  tous  certais  de  pa/Icr  le  pas-1 

&cc 


JeanVernou.  34S 

&  ce  bon  Dieu  nous  y  airoit  bien  difpofez  par  fa  grâce,  commeàlachofela  plus  defira- 
blequi  nous  euft  peu  aduenir  :  quoy  que  la  chair  grondaft,&  fit  des  ûennes,  fi  eft-ce  que 
refprit  eftoit  le  plus  fore.  Toutefois  voicy  le  Seigneur,  qui  contre  toute  noftre  attéte& 
de  tous  hommes,nous  a  retire  pour  ce  coup  du  fèpulchre,&  aaccomply  ce  qui  eft  eferit  Pf«-«M- 
au  Pfeaumc,  en  coupant  le  cordage  du  îoug  des  mcfchâs.  Et  encores  que  ce  ne  fuft  qu'- 
vn  delay,  voire  bien  bref(comme  a  cela  il  nous  faut  appreftcr,&  fera  noftre  plus  feurcn 
tout cuenement)neantmoinsenvn  tel  bénéfice,  comme  aufli  en  ce  que  maintenant 
vous  efcriuons  la  prefente,  nous auons  auec  vous  dequoy  nous  afleurer  de  ce  que  dit  S. 
Paul,aflauoir  que  ce  bon  Dieu  nous  fait  plus  de  bien  quene  pourrions  efperer.  Quand 
{outre  le  mot  procédant  de  la  bouche  de  celuy  qui  eft  la  vérité  mefme)nous  auons  l'ex- 
périence deuant  nos  yeux  en  la  perfonne  de  nos  Frères,  tant  du  pafle  que  du  preiènt,  & 
fans  aller  plus  loin,  en  nos  propres  perfonnes:  nous  auons  certes  vn  puifTant  bouclier 
contre  toutes  tentations:  nous  auons  vne  forterefTe  inuincible  contre  toutes  les  portes 
d'enfer,  que  Dieu  eft  pournous^& s'il  eft  pour  nous,  qui  fera  contre  nous?  Par  ce 
moyen  nous  dcfpitons  &deffions  tous  ennemis  auec  leur  capitaine  Satan,  à  l'exemple 
de  Dauid,  qui  nous  reprefente  vn  miroir  de  tous  fidèles,  aux  Pfeaumes  dixhuiticme, 
vingttroifieme,  vingefeptieme,  cent  dixhuitieme,  &plufieurs  autres.  Ceft  ainfi  qu'il 
nous  en  faut  faire,  pour  profiter  en  la  foy  &  crainte  de  noftre  Dieu:c'eft  de  noter  diligé- 
ment  telles  expériences  auec  leurs  circonftances,  pour  mieux  nous  en  fouuenir,  puis 
les  conioindre  &  rapporter  à  la  parolle,  à  ce  que  noftre  foy  tienne  de  fa  nature:que  corn 
me  la  parolle  eft  ferme  &  éternelle,  aufli  qu  a  iamais  nous  ayons  vue  ferme  fiance  en  ce 
bon  Dieu,  lequel  s'eftât  de  fa  pure  grâce  obligé  par  fes  excellétes  promefles  à  nous  puâ- 
tes charongnes  &  de  nature  créatures  abominables,ne  ceflè  de  les  accomplir  en  diucr- 
fcs&  excellentes  manières.  Que  noftre  cœur  fc  fende  pourdonnergloireau  Seigneur  pfealU17- 
parviuefoy,  que  noftre  bouche  foitouuerte  pour  faire  refonner  par  toutfcs  louanges: 
car  fa  mifericorde  eft  multipliée  fur  nous,&  fa  vérité  demeure  éternellement.  Que  no- 
ftre maudite  chair  foit  entièrement  crucifiée,  mortifiée,  &  enfeuelie  auec  noftre  Sei- 
gneur Icfus,  puis  qu'après  tant  de  promeffes  &  d'expériences  d'icclles,  ellcofc  bien  fai- 
re reuoquer  en  doute  la  parolle  de  noftre  Dieu  tant  bon  &  véritable.  Iamais  argent  ne 
fut  fi  bien  efprouué  qu'eu:  cefte  fain&e  parolle  :  nous  en  fpmmes  fidèles  tefmoins:Ô£  ce- 
pendant cefte  efFrotee  chair  ofera  bien  répliquer  du  contraire.  Seigneur  iufques  à  quâc 
fera-ce?  Augmente-nous  la  foy. 

A  v  refte,  mon  bien- aimé,  nous  vous  mercions  tous  des  fain&es  admonitiôs  que  fai- 
tes par  vos  lettres,^  de  la  peine  que  prenez,  &  des  mifes  que  faites  pour  nous .  Certes 
quand  nous  y  pendons,  nous  voudrions  eftre  hors  de  ce  monde,  pour  ne  donner  plus  de 
fafchcrie  à  tant  de  bons  perfonnages,qui  de  leur  grâce  font  plur.  foucieux  de  nous  que 
nous-mcfmes  ,&  font  plus  enferrez  &  prisonniers  de  coeur ,  que  nous  qui  i'ommes  pri- 
fonniers  quant  au  corps.  Ce  bon  Dieu  le  vous  vueillc  rendre,&  multiplier  telleinet  vo- 
ftre cheuance,  qu'il  vous  face  fentir  en  eh°e£t,  que  c  eft  pour  luy  que  vous  hazar dez  vo- 
ftre bien:&  comme  il  eft  dit  en  l'Ecclefiaftc,  vous iettezvoftré pain  auall'eau.  Ccpcn-Fclc'n*' 
dat,puis  que  pour  le  preiènt  nous  ne  pouuôs  autre  chofe  faire ,  nous  le  prierôs  pour  vo* 
&  les  voftres,  ÔÉ'nous  recômanderons  tous  à  voftre  bonne  grâce  &c  vos  fainctes  prières. 

A  V  T  R^E  epiftre  dudit  Vernou  eferite  au  Sieur  de  B.  par  laquelle  il  monftre  que  cogn«iftre  la  bonté  de  Dieueft 
vue  fagefle  incomprehenfible  :  &  vne  confolation  fpcciale  de  la  goufter. 

{SBSpO  N  S I E  V  R  &  frere,  nous  auons  receu  voftre  lettre,  par  laquelle  nous  aduertif- 
^gSjfezde  voftre  maladie,& nous  priez  de  vous  efcrire  quelque  mot  de  confolation. 
Loué  foit  Dieu  &  Perc  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift ,  le  Pere  de  mifericorde  &  Dieu 
de  toute  confolation,  qui  nous  confôle  en  toute  noftre  tribulation  :  afin  que  nous  puif- 
fions  confolerceux  qui  font  en  quelconque  tribulation ,  parla  confolation  de  laquelle 
nous  fommes  confolez  de  Dieu.  Car  comme  les  affligions  de  Chrift  abondent  en  nous, 
pareillement  aufli  noftre  confolation  abonde  par  Chrift,  Et  certes  voila  vne  grâce  mer- 
ueilleufe  que  ce  bon  Dieu  fait  à  tous  fes  enfans:aflàuoir,  qu'eftans  en  pourete,  angoiffe, 
&  en  la  mort,  illes  enrichit ,  confole  &  viuifie ,  tellement  qu'ils  ont  dequoy  en  départir 
aux  autres.  Ces  chofes-cy  ne  font  point  vne  philofophie  imaginaire  qui  iamais  ne  fut  à 
la  verité:mais  c'eft  l'ordinaire  pratique  des  fidelesrlaquelle  comme  vous  voyez  en  nous, 
grâces  au  Seigncur,auffi  la  voyons-nous  en  vous,  félon  que  vos  lettres  nous  en  rendent 
bon  tefmoignage,  puis  que  là  vous  procédez  franchement ,  que  la  maladie  qui  vous  eft 

Nn.ii. 


Liurt->  V.  p*n  Vernou. 

aduenue&  à  voftre  femme  noftre  bien  aimée  fceur,  ne  vous  vient  d'ailleurs  que  delà 
*3w  main  paternelle  de  noftre  bon  Dieu.  Cognoiftrecela,  c'eft  vne  fageffeincoroprehenti- 
ble  atout  fens  humain,que  Dieu  fait  comprendre  par  l'Efprit  de  vérité  qu'il  leur  a  pro- 
mis. Goufter  cela ,  c'eft  vne  confolation  fpeciale  à  tous  fes  bien-aimez .    On  dit  corn, 
munéroent  que  qui  a  à  faire  à  vn  homme  de  bien,  fe  repofe.encores  plus  s'il  eft  bien  af- 
fe&iôné  enuers  luy.  Or  nous  auons  à  faire  au  trefiufte,tresbon,&  tout-puiflant ,  qui  n'a 
pas  efpargnc  fon  propre  Fils ,  ains  la  liuré  pour  nous  en  vne  mort  tant  cruelle  &  Jgno- 
minieufe  :&  en  luy  a  faïc  auec  nous  vne  alliance  perpétuelle  de iamais  ne nousabandô- 
ner,  quelques  imperfections &L  pouretezdont nous  foyons remplis detoutes parts.Que 
Riénenous  voulons  nous  plus?  qui  empefchei  a  de  nous  repofer  pleinement  en  luy  ?  Seront-ce  nos 
ftom-nï "de  péchez?  mais  là  où  le  péché  a  abondé,  la  grâce  y  a  plus  abondé:&  où  il  y  a  remiflion  de 
nom  fier  en  plus  de  péchez, l'amour  y  eft  plus  grand  enuers  ce  bon  Dieu  :  tant  s'en  faut  que  de  fa  bô- 
Dicu"       té  nous  prenions  occation  de  luy  faire  la  guerre.  Seront-ce  nos  miferes?mais  d'autant 
plus  qu'elles  font  grandes,d'autât  plus  fe  monftrera  grande  la  mifericorde  enuers  nous. 
Sera-ce  noftre  infirmité  ?  mais  c'eft  en  elle  qu'eft  parfaite  fa  vertu  :  &  tant  plus  fommes 
forts  en  luy, que  nous  fommes  foibles  en  nous  mefmes.  Cela  fait-il  afin  que  nul  ne  feglo 
rifieenioy,ny  mcfmeés grâces qu'ifareceu de  fa  main,  mais  que  par  icellesilfoit  re~ 
ierjt.13.     Juit  &  amené  à  fe  glorifier  en  luy  (êul,&  que  tout  foit  là  rapporté  d'où  il*vient.  Et  côme 
cela  eft  bien  raifonnablc,  aufli  nous  eft-il  tant  plus  profitable:  afin  que  nous  ne  cauions 
point  des  puits  qui  ne  puùTent  retenir  les  eaux,  en  delailfant  la  fontaine  d'eau  viue  &  la 
fource  de  vie:aflauoir  celuy  en  la  main  duquel  eft  toute  fehcitc,&  à  laquelle  il  nous  cô- 
uic tant  humainement, ayans  plus d'enuie de  nous  donner,  que  nous  de  receuoir.  Or 
trefchçr&iingulieramy,  puis  qu'elles  certain  d'auoir  affaire  à  vn  tel  Perc,&tant  foli- 
citcux  &C  de  vous  &c  des  voftres,nous  vous  prions  de  côfidcrer  voftre  bon-heur,&quélle 
fera  Viflue  de  cefte  affliction  qu'il  vous  a  enuoyee.  Nous  aimôs  mieux  vous  lalaùTer  mé- 
diter à  part  vous,que  d'en  faire  long  déduit.  Cependant  ic  vous  reduy  en  memoirevn 
poinct,  qui  vous  pourra  grandement  confoler,  C'eft  qu'en  vertu  de  noftre  adoption  &c 
iuftificationgratuite,  par  laquelle  tant  voftre  perfonne  que  vos  bonnes  penfecs, affe- 
ctions àc  œuures(  ou  pluftoft  du  fainct  Efprit  habitant  en  vous)  font  acceptées  cfe  voftre 
Pcretrefbenm  au  nom  de  noftre  Seigneur  Icfu s  Chrift.  Vouspouuez  dire  à  l'exemple 
d'Ezcchias,  en  vous  plaignant  &  luy  déchargeant  priuément  voftre  cœur,  Hclas ,  Sci- 
1fa.dup.38,  gneur  ,iltefouuiennequctu  m'as  donné  par  ta  grâce  quelque  affection  &  exercice  de 
confolerles  poures  affligez.  L'imperfection  &  fouilleurc  que  ma  chair  corrôpuc  a  méf- 
ié parmy  ton œuure,n'empefchcra  point queie ne  prenne ceftceuure  pour  vn  feaude 
ton  falut  éternel  enuers  moy.  Car  fi  les  grâces  côrounes ,  que  tu  fais  à  toutes  créatures, 
mefmes  celles  qui  font  hors  de  moy,  me  doyuent  feruir  de  ceia,  à  moy,dy-ic,  qui  fuis  t5 
fils:  combien  plus  celles  qui  font  fpeciales  à  tes  enfans,&  que  tu  fais  dedans  &:  par  moy? 
Dauantage,elle  n  empefehera  point  queie  ne  m'affeure  des  promeffes  faites  par  toy  à 
ton  césure  en  moy:puis  que  toutes  tes  promeffes  ne  font  pointouy  &  Amen  qu'en  Ictus 
%.Cor.i.io.  Chtift*  lequel  tu  m'as  fait  lagrace  de  receuoir  pour  gagc,rançon,iuftice&  fanctificatiô: 
puis  qu'il  a  efté  fait  péché  pour  moy,  afin  que  ie  fuffe  iufticeen  luy  deuant  toy.Or  entre 
Au  Pfc.  41.  tes  promeffej»,  en  voiia  vne  que  tu  as  faite  par *ô  feruiteur  Dauid ,  affauoir  que  celuy  fe- 
ra bien- heureux,  qui  iugera  fagemenr  du  poure,&  qui  entendra  fur  luy,&  que  tu  Jcibu- 
Matth.7.  i.  lageras  en  (on  infirmité.  Item, qu'il  nous  fera  mofuré  félon  que  nous  aurôs  mefuré  à  nos 
prochains.  Ma  confeience  me  réd  tefmoignage  que  de  bon  cçeur  i'ay  tafché  de  m'y  em- 
ployer. Et  feroit  à  moy  vne  trop  grande  ingratitudc,fi  içus  ombre  de  ce  qui  eft  du  mie, 
ie  taifoye  ce  qui  eft  du  tien.  Parquoy  mon  Dieu,  regardant  en  la  face  de  ton  Cbriû>  ie  te 
prieray  autant  hardiment  qu'humblementtqu'il  me  foit  fait  félon  ta  parolle. 
AUegoricd'     Vo  i  l  a  vneoraifon  que  tous  enfans  d'Agarlafcruantc,forgeuredemerites,fati£. 
ttÇsarah  fa&*ons  %  libéral  arbitre,  ne  fauroyent  faire.  Il  n'y  a  que  les  fils  de  promcfTe  &  de  grâce, 
fraochc.    les  enfans  de  la  franche  Sara,qui  lapuiffent  faire.Puis  queftes  de  ce  reng,  ncdoutczdc 
la  faire  en  bonne  confcience,cn  defpic  de  ce  calomnjateur  Satan, en  defpit  de  peché,de 
la  mort,  &c  toutes  les  portes  d'enfer.  Viue  leSeigncur  Iefus,qui  a  triomphé  de  tout  coîk, 
pour  nous.  Confiez-vous  donc  en  luy,  puis  vous  affaille  qui  voudra  :  il  a  affez  de  force 
pour  vous  maintcnir:de  bon  voulôùyl  n'en  a  pas  moins^  de  cela  vous  a  donné  aflczde 
teûnoignages,  tant  par  parolle  bien  authentique  que  paroeuUre  une  &  plus  évidente. 
Il  ne  r  efte  fin  on  que  vous  le  f  uppliez  aftc&ticufçmen  c  qu'il  vous  facefentir  par  effecl  cô- 

bién 


ces  choÉcsfow  véritables,  comme  nous  fommes  certains  qu'il  le  fera:  voire  quand  il  n'y 
aurait  qufe  ce  figne,  lequel  nous  vous  reciterons  pour  voftrcgrandc  coniblation  ,c'eft 
que  ce  boa  Dieucn  toutes  nos  oraifons  qu'il  nous  donne  la  grâce  de  faire,  il  vous  met 
toujours  deuant  nosyeux,&  en  nos  cœurs  &:  bouches  :mefmes  nos  cœurs  s'enflamméc 
,plus  alors  depuis  qu'auons  entendu  voftre  neceifité  .Puis  que  ccft  ardeur  procède  du 
lainctEfprit,  qui  gémit  U  crie  en  nos  cceurs,c'eft  ligne  que  Dieu  nous  a  défia exaucez  Efa-^  d  i4 
pour  vousiveu  qu'il  promet  par  Efajc  de  nous  exaucer  auant  qu'ayons  crié. 

A  VTRE  lettre  <iudit  Vernou  aux  miniftres  doGencue,  contenante  la  procédure  tenue  cotre  luy  &  fes  com- 
pagnons deuant  les  feigneurs  du  Parlement  de  Chambery. 
£|j]|5  E  fuis  bien  marry,tieshonnorez  Sieurs  &  frères ,  que  mes  bons  côpagnoft  s  &:  moy 
ffffi§§  ne  vous  auons  peu  iufques  à  prefent  faire  enrendre  de  nos  nouuelles,&:commenr 
nous  nous  fommes  portez  es  aifeuts  qui  nous  ont  efté  liurezj>ar  les  ennemis  depuis  nos 
dernières  lettres.car  ie  fay  combien  cela  vous  euft  efté  agreable>voire&  en  édification, 
d'autant  qu'en  nous  eufsiez  eu  plus  ample  tefmoignage  de  la  bonté  &  fidélité  de  noftre 
Dieu  enuers  vous  &  tous  les  fiens,pour  y  repofer  plus  coyement,&:  le  glorifier  plus  arde 
ment  tant  en  aduerfité  que  profperité,en  la  vie  qu'en  la  moi  t.Mais  Satan  ennemy  mor- 
tel de  la  gloire  de  Dieu  &  de  noftre  commun  falut ,  a  braiTé  tout  ce  qu'il  a  peu  pour  em- 
pefcher  vn  tel  ceuute,fachant  que  de  là  s'enfuit  la  ruine  de  fon  règne.  Pour  cefte  caufe  il 
a  tant  fait  par  les  fiens ,  qu'on  nous  a  defnué  aflez  long  temps  de  liures ,  encre  &  papier» 
O  fi  ce  bOnPcren'euft  pourucu  parla  vertu  de  fon  faincl  Efpritau  défaut  de  ces  aides 
inférieures  de  noftre  infirmité  !  Hclas,nous  fuffions  accablez  de  trifteiîe  par  faute  de  la 
nourriture  4enosames:nous(dy-ie)qui(gracesà  Dieu ypreniohsauparauant  tout  noftre 
plaifirà  ouir&  lire  journellement  cefte  faincte  Parolle  Se  à  communiquer  aux  faincts 
Sacremcns.Nouse^ions,pourvray,commeoifeauxcn  cage  defgarnis  de  pafture.  Car 
uçoil  que  la  pafture  corporelle  ne  nous  defaillift  point  :  toutefois  puis  qu'elle  eftoit  fe- 
paréede  lafpirituelle^elle  ne  nous  pouuoitfinon  abrutirôc  meurtrir,  non  pas  de  foy, 
mais  parla  corruption  de  noftre  nature,fi  Dieu  (comme  dit  eft)  n'y  euft  remédié:  loué 
foit  fonaom.Etc'cft  vnechofe  àdeplorer,  &  qui  de-fait  nous  a  grandement  fafchez,  Huotc  Piu- 
que  Satan  ait  tellement  la  vogue,  qu'il  fcfcruemefme  de  ceux  qui  font  profefsiond'e-  ^eurs?«ett 
ftrt  fideies,pour  meurtrir  ainfi  nos  poures  ames  entant  qu'en  eux  eft,  voire  nos  corps 
quant  &  quant:en  forte  qu'ils  préfèrent  leurs  offices,biês,Ô£aifances  charnelles  àlagloi  de  Chambc 
redu  Fils  dc0ieù,à  la  vie  éternelle,*:  à  la  vie  tât  fpirituelle  que  corporelle  de  leurs  pro- tY' 
chauis  :  qu'ils  baigneront  &  fouilleront  leurs  mains  au  fang  des  innocens ,  lés  vns  aper- 
teroent,les  autres  couuertement  :  les  vns  dire&emcnt,  les  autres  d'vrie  façon  oblique, 
qûedy-ie  des  innocens  ?  mais  dés  enfans  de  Dieu,&  vrais  membres  de  fon  Fils  Iefus.  À 
latnienfle  volonté  qu'ils  einTent  autant  de  {agefTefid  d'humanité  que  plufieurs  infide- 
Iës,quifc  leuctont  au  iugement  contre  tels  Chreftiens  baftards,  qui  fe  forgent  vn  Iefus 
<3hriftde^eîoux,5c  vnEuangile  fans  croix  U  perfecution  .-qui  au  temps  de  paix  ou  de 
quelques  treues  fe  vanteron  t  à  bouche  ouuerte  d'eftre  de  Chrift ,  mais  au  temps  de  l'e- 
fpfœuue  &  au  fort  du  fait  quitteront  fon  party  deuant  les  hommes,  &  ne  demanderont 
àu?à  retirer  leur  efpiûgle  du  ieujcomme  Ion  dit,iu(qu'à  eftre  les  vrais  bourreaux  de  no- 
ftre Seigneur  Iefus  Chrift,  après  fa  triomphante  refurrection,en  la  perfonne  de  fes  me- 
brës.^pOr  cefte  complainte  méferuira  non  feulement  pour  defeharger  moneceuten 
voftre  giron,pui$  que  de  voftre  grâce  en  tout  &  par  tout  vous-vous  eftes  monftrcz  mes 
vrais&  fidèles  amis,fur  tout  en  l'extrême  necefsité;mais  aufsielîe  meleruira  d'entrée  à 
vous  raconter  comment  Dieu  nous  a  gouuernez  depuis  nos  dernières  lettres  :  en  quoy 
vous  aurez  approbation  de  ma  iufte  complainte.  le  ne  diray  pas  tout  :  car  la  brieuété^ 
du  temps  &:  du  papier  m'en  empefehe.  ie  ne  reciteray  le  fait  de  mes  frères  :  car  puis  que 
tout  le  téps  de  noftre  audition  nous  auons  efté  feparez ,  nous  reciterons  plus  aifénïenfc 
vn  chacun  de  nous  noftre  fait. 

^  Le  Mecredy  n .  d' Aouft,  après  que  noftre  fentence  des  galères  nous  eut  efté  pro- 
noncée  parle  lieutenant  du  Vi-baiily,  enuiron  quatre  heures  après  Mydiie  fus  mené 
deuant  Mefsieurs  de  Parlement,  à  la  folicitation  defquels le  procureur  du  Roy  auoit 
appelé ,  tantjHam  à  minima.  Le  premier  prefident  me  fit  iurer  fur  les  Euangiles  de  dire  vé- 
rité,  mais  quand  i'eu  apperecu  qu'ily  auoit  vn  crucifix,  ie  pi  oteftay  de  ma  foy  contraire 
à  la  leur  quant  au  poind  des  images.Noftre  Rapporteur  Craflus  m'allégua  ce  verfetan-  d 
cien ,  Nam  Dm  eft  <ptod  imago  docet ,  fed  non  Dem  if  fa.  À  quoy  ie  refpondy ,  fi  c'eftoit  la  nouble^ 
matière  ou  la  forme  de  l'image  qui  me  reprejentoit  Dieu  ,  &  qu'elle  fimilitude  il  ' 

Nn.iii. 


y  aùoît  de Tvn  a  l'autre .  quelle  conuenance  il  y  auoit  «ntrcle  *ray  Bien  <ficc<pieillard 
couronné  de  trois  couronnes  tel  qu'ils  ont  en  leorfcdlciina^i«Tpii^tc«.ilwftpli^iiic- 
renê'que  Dieu  s'eftoit  fait  homme ,  &:  foudain  roc  coopéanc  btochc  quant  àce  piopç*. 
CLeikt  Prefident  après  m'auoir  interrogé  de  mon  nomade  monaage,du  heucic  ma 
naiffaftce,&  delà caufe  de  ma  priic,  & après  auoir  entfcndu  mes  vcriç*bi«  r*fpanfe$ïisr 
fes  interrogatoires,  me  fit  vne  belle  harengue  &  fort  at  crayanïe>mc propofe^  butoir  e 
de  Dieu,la  faueur  &:  bonne  affection  de  toute  la  Ceurenucrs  moy,l«  ptohr  qoeic  pow- 
roye faire  à  mes  prpchains-.qu'ils  ne  s'éftoventafîèmblezipôur  vn  tel  affaire  fansla  con- 
duite du  iaindEfprjt,&:  (ans  l'inuoquçr  premièrement:^  qu'il  né  fatloit  que  icfu/Tcfi 
prefomptueuxdcpenfereftreplus  lagequetantdegéSjOuditequeleS.Efprirmcgbu 
uemaft  pluftoft  qu'eux:  que  iemeretournaflè  au  giron  de  noftremereieglHe.  item, 
Rcmonftrâ  d'où  me  venoit  cette  audace  d'outrager  ainfi  le  Pape ,  l'appelant  A  n  techrift,&:  la  Me/Te 
ccJuiJrc  idolatrie,&:.ccuxqui]afuyuentidolatres:veuquequantauPape,cncores  qu'il îoit  vn 
ûdcm-  peçheur,fi  cft  ce  que  fon  office  eft  de  Dieu,  &  Luther  &  fes  femblables  ne  lé  dcupyent 
ain(iiniurier,maispluîl:oftgemirfansfairctellesdiuiiions& troubles:  que  fi  nous  vou- 
lions bien  appliquer  les  paflages  des  ThcfTaloniciens,&  de  l' Apocalypfe  touchât  l'An- 
techrift,que  c'eftoit  à  Mahomet  qu'il  les  falloit  appliquer ,  &  non  pas  aihfï  /mûrier  les 
Chrcfticns  nos  pou  res  frères.  Quant  à  laMefle,  que  c'eiloit  vnfecrifice  dadion  de  grâ- 
ces feulement^  que  le  corps  de  Chrift  y  eftoit,  veuqu'il'Ie  pouuoit  ouvoûïoit,  félon 
ces  mots,  Ifoceftcorpitsmeum-Ac  la  manière  comment,  que  ce  n'eÛoit  à  nous  de  nous  en 
enquérir,  U  grand' folie  de  nous  en  tourmenter  ainii.  Qu'il  fauoit  bien  IedifFerent  de 
Luther,Zuingle&  Ecolaropade,&  qu'il,  auoit  veu  les  liures  de  nos  Docteurs:  niais  que 
ie  m'arreftafTe  pluftoft  aux  Docteurs  anciés&:  auxfain&s  Conciles.  Que  nous  autres  e- 
ftions  merueilleux acerteneurs  des  chofes  fi  haute?.  Voila  quelque  fommaire  dçs  pro- 
pos qui  me  furent  tenus  cëfte  après  djfnee,  dont  il  me  fouuient  :  non  pas  tous  cl*  iuicte, 
mais  félon  les  refponfes  par  mpy  faites  autant  qu'il  plaifojt  audit  Prefident  m;en  dôner 
licence.  Car  il  auoit  bien  cefte  aftuce  dem'interrpraprç,  quandil  auoittrouué  en  mes 
propos  quelque  pe/tuis  poqr  clchappçr,&:  d'adioufter  raiions  lur  raifonstfe  forte  aueie 
fu  cotrainr  de  luv  dire  qu  li  me  faudrpitvoc  mémoire  Angélique  pour  reipqdrcàtoiit: 
que  s'il  luy  piailoit  de  m  ouyr  àloifijr,  ou  de  medorfner  temps  de  retpôdre  p^r  ewrl^que 
non  feulement  ie  luv  rcipqndroye  à  tout  ce  que  de/Tus,  mais  te  mumrov*n  au*tqs,aigu 
mens contre nous/puisifyendonncroye la {oluuqq:  Ypirc lur  peine  d  oltre  moniupe 
moyTroeime  aquelque  efpetç  uc  moi?  qu'il  icur  piairoit.  ve  omis  ne  me  voufaientac,- 
cor der,  çjilans  qife  mna#s  ne  niônftrerent  telle  grâce  a  perionne ,  de  I  ou  vr  a  numaipc- 
xnem  ên  tel  crime,  i-atqvrpy  je  m  contraint  faire  aux  propos  fuldus  cm&mPAntejow'.le 
tpuçberoyc  icuie^ncnt  en  bref:  C  cft  que  ne  niove  pa<  nue  leur  compagnie  ne  railhans- 
noraple ,  mais  que  srttaUoit  îueer  leîqn  fappatençc  cxterieur.e.cnj.e  tanjç  .q^e,  vuie  s,****-*. 
royaupK$*,tant  d'exccUçni  per?onnages£n  soutes  fortes-dxgcaçes  (Diutuciiesjfc  coçpa- 
rçUe*,qui  auiourdhuy tiennent  v^emefmç4pcrnnetmenteroventbjenqueieieseuilc 
cn.auitigrandprix  qu'eux.,*:  qu  il  ne  leur  de^pleiu^f^ 

autre  rondement  de  roa  foy^  lequel  ie  levft;  rnpnltray  félon  le  Itfjfir  pir  eux  ottroye*  ™  y 
imita,  m  amena  la  vieille  guerre,  Multa  habco  dicc^^.nçn^otefips^Lc.  Par  le  cpncjle4oïe»ufaiCi 
AOjf.  Sec.  Comment  i^ftove  certain  de  rEfçriturc:(de  s'accommoder  à  tousrn  choies eocicr- 
nes»&:c.  AquoYncjpcu  obtenir  lieu  de  refoondre  fuftfiarnmenr.  Q  liant  aùPapéjie  Juy 
rdtpôiiévqùè  la  vie  cftoîtbiçh  vq  prc'paratif  pour  iuger  de  tadôdrine:  nô  pasqu  Upfel- 
çpi't  car  ce  n  elt  pas  choie  conuenable  à  fa  facrec  Maieftê  de  preici^  )  jnais  diie 
mainrcnir  par  tcu^5<  pgrglaïqc .  cependant  g;ue  îa  qoctrinc  eltdu  cou  t  contraire  ixAUç 
deletusrv^nritt ,  voire  vn  aboliïTement  d  iceileet  aneantiifementdçXagracec.ee  quç  ie 
prouuay  par  kursi)ïalphemcsde  Purgatoirc-&:  CaiistactionHfur^elquelç  articles  iern'- 
arreh\ay  tant  qu'ils  fufïçntvuideZvlâchant  bien  farufe,  qui  eftoit  d  alictducpq  à  Fa#ie, 
comme  ion  dit,  !i  me  diloit  en  celte  macère  &  quafï  tcjuxçs  autres  *Quc  nous,  equ^cv 


îutques  a  rougir  oeuant  les  compagnons,  y  uant  a  Luther»  leiuyremonftrav  U 

{>roccdure  entieri  le  Pape ? & Cjue  l'cxamci?3c  ladqdtrineappanicnt  à  vnci>aainjS4e- 
c&  par  plastbrte  raîron  à  piufiedrs  pàys^a  royaumcs;&c.l  auoye  bÔnjeenuicTdc  biéac 
cbuffiéer  lçurMcfle,mais  iiné  m'en  tonale  moyeo,dQpç  fn  qqntr^jpï  4ft  le*  renvoyer 

àl'A- 


â  i'Ànatom  ie  de  là Metfe,fcfce  par  Kff*.  Vfret.  Finalement  ie  fu  admonûc(&  d c  n  c.  c'dt  Je  H 
ftreopifliauVe.A  q«^K^!>6ndy^Dlei|i>c^  HbÎJ<k 
cftôy  effteftde  fou  mettre  tous  mes  feu* ,  Qu'ils  inc,  feroy  ent  plaifir,  quanénlemoiïftir-  UrSté . 
royétqtreiv  ertoyedefaoyé.-Et  c'eftoie  par  là  où  ie  comiftençaylelendemain  mon  prou 
pos>&:  quan  leî>  mefmes  madères  que  deflu s  furent  dHputeos.  Lelundy^resruiincs 
appeiez,oùte  Seigneur  melit  la  gracede  leur  remonftrcr  leur  faute  ,encequ'ilsdon- 
noyent  moins  d'audience  en  vne  caufè  de  telle  confcquence,qu 'dsnt  feroy  ét  en  queL 
^K^aufe  priuee.en  ceaufll  qu'ils  ne  nous  vouloyent  pour  le  moins  faire^vn  tel  tour  qu 
onfâiloit  iadis,&feit-on  encore  maintenant  és  Eglifes  reformeès,aux  hérétiques,  c'eft 
qu'on  ne  les  defgarniiïbit  point  des  armures  qttfont  lesChreftiens,  aûauok  des  faindes 
Éfcriturc$,&auflî  des  autres  do&eurs  ariciens,ck:mcfrnes  des  liurcs  de-leurs  adueriàires: 
ÔCen&ppelant  fur  celé  tefmoignage  de  leut  propre  confidence,  fauoir  û  iâmais  nous  *- 
uon*pcu  déduire  vne  feule  raffon  pour  nos  defenfes. 

E  P  I$TR  E  commune  dcfdits  prifonnicr»,  enuoyec  aux  miniftres  de  Gcneuc,  monftrante  le  combat  que  Jcs  enfans  de  Dieu 
ont  eu  de  tout  temps  contre  les  refolutioiu  de îa  cluuyjui  répugnent  à  vne  Vérité  quel' Efprit  de  Dieu  requiert  en 
.  nos  refponfes. 

^  I.  Vernou,  A.Laborie,  L*f  rigalet, B. Bataille, G.Tauran,prifonniers  de  noftre  Sei" 
'  gneurIefusChrift,aux  miniftres  de  Geneuc,8c:àtousnos  bien-aimez  frères  au  Sei 
£neur,Gracc  &paix  de  parDicu  noftre  Pere,&  de  par  noftre  Seigneur  IcfusChrrft. 
en  la  vertu  du  S.Efprit,  Ainfi  (oit-if. 

VIS  que  Dieu  par  Ta  mifericorde,nous  ayant  retirez  de  ce  mefehant  monde  rel 
S^g  pîy  de  îcahdales  infinis,hous  a  fait  fes  vanîeaux  d'honneur,  à  ce  quefagloirçrcL 
iuifecn nous pouiameher en fon Eglifenos prochains*: cftbien raifon  que  nousmét- 
tionstoutc  diligehce,nonfeùIementà  nous  contregarder  de  tout  fcandalc,mais  auffi 
dé  toute  apparence  de  mal:&  au  contrairequê  nous  foyons  tbuchezau  vifd'vtrteîzeïe 
de  la  maifon  de  noftre  Dïcu,quc  nous  en  foypns  comme  bruflez&  confortiez,  li'fcx'cmr 
pîc  de  Daùid,miroir  de  tous  fidelcs,ou  pluftoft  de  noftre  chef  &  capitaine  îélBs  Chrift 
p^r  luy  reprefenté .  toutefois  le  diable  a  qe  tout  temps  ,&  fur  tout  auiôurdnuy  Vne  telle 
vogue  par  le  monoïque  quelque  folicitude  qu  ayen't  les  (èruiteurs  de  Dieu'^etttcft^i 
dâlrZcrp.erjfonnc,  mais  d'édifier  tous:(i  eft-ce  qu'ils  n  en  fauroyent  venir  à:b'outcbmtnc 
ils  deuroycntjcom  mc  nous'  le  voyons  en  Abraham  pere  des  croyans ,  enI:btf»ipaoid> 
ÎGihabiôi  autres  ridefcfcqui  font  prefq^^ 

des  iîensjque  par  l'infirmité  de  leur  çhait,^û'iîs  ont  quèjquc  fois  vfc  de  Tnoj-chsobli- 
ques,&  comme £  trau ers  dia'mDs^ourparuenkà  quelque  bonne  fin':  En  qpàyic  S&i* 
gneUrîes  a  voulu,fc  nous  en  cux,mftrin>è  à  humilité  &  crainte  :  tant  s*#n  faut  qà^èfti 
àiVWiiUi  donner  quelque  couïin  à  n.oftrç  matt^iiccliair  ,ou  occafî'oflde'^ôû^elgaVtfr 
ëii  moyens  .iiricicestqiïc  oluu^ït  nous  tr^mWîons  deuant  (l\fànrit$nistyc&lôûrMî£< 
ceiquiUdXi^  ilnous  traite  ff  maniai, 

némerit.,  '  ,  .  . 

C  e  c  y.  difons-nous,mefileurs  &  frères  trefcfycrs  x  non  point  afin  que  nous  exeoficÉ  Les  refpon- 

.  pu  flattiez  en  nolïrc  ignorance  ^fdiblene,proçedantes  cfvne  trop  gr  and  cinKàetiiê& Jjj^5în 
aefîîancedc'làfageliem^  plus  que  patertiéUé  de'  fidélité  & 

noftre  bon  Dieu^tout  fagç  &  tourpuiftant , qui  fait  bien  befongnef  fans  moyés,#i  hief-  «lefFiancc 

4  mes  contre  tous  moyensimais  afin  que  par  pitié  vous  le  priez  pour  nous ,  nous  c5ftmëz 
par  vos  lettres,&app  reniez  à  nos  defpens  jde  vous  exercer  en  la  méditation  de  cérr^rat. 
fainàélk  admirable  prouidence  de  Dieu ,  ayans  en  deteftation  ces  malins  ,  qu'iriéde- 
mândént  qu  a  renuerlèr  vn  article  de  noftre  foy  tant  vtile>tant  necefTaire,&:4eqùèl  p'ar 
expérience  auonsfenty  eftre  vn  trefpuinant&:  tresferme  boulleuàrd  contres  tourtes  lcs^ 
tentations  des  ennémis:maîs  ce  n'a  oas  efté  toujours  d'vne  égale  médire  defoy  :t  qui  à 
cfte  caufe  qu'auons  cfte  contrains  d  vfcç  d'yn  moyen  oblique  en  quelque  endroit:  coni 
me  vous  pourra  dire  plus  au  loD  jçce  bonFrercporteur  delà  prefente:&  auffi  noiisvous 
en  dirons  quelque  mot: 

Os  jt  qu  eftans interroguçz n ce  n'eftoit  pas l'vn  de  nous  qui  a  prefché  à  Barbotta, 
Feneftclla,&c.&meÛTiemènt  leiourdePafquesenvnpre  :  &û  nous  ne  cognoiffions 
point  Barbe  Paul,&:  plufîeùrs  autres  qu'il  nous  nommèrent  (  fuiuânt  la  teneur  des  let- 
tres que  leur  cfcriuoit  le  premier-Pfefident  de  Grenoble,touchant  ce  poinct,&:  mc(mc 

"Nn.nii. 


A- 


toute  rentreprifc  8c  pourfuiteedenos  bonnes gens  ,  aumoins  pqurla  pjusgrande  pas- 
Negatioo   jjç^ousni^cstoutàplatleÉii^&quenci^uiosrkn^etoutcela.  Ce  que  ne  filmes 
ÏZ*£t    fansy*foeibix&Ucitezp  lei- 
ucri«  au-  quclIe^cantiefditsFrercs  que  nous  luy  prcfcntafmcs  bienan\^ucufcmét,»y  aufsi  fans 
ue*       auoitbicn  misàla  balance,tantqucl'imbecillitc  dcnoftreiugemeotfepouuoiteften. 
dre,lequcldt*deuxm«uxfcroiclcmoindre,oud,vferdem£nronge  ,  ou  de  mettre  au 
trenchant  derefpee,&  expofer  au  feu  tant  de  bons  perfonnagcsanciens.fcmmcs&ca 
fans:  voire  que  les  paftcursfuflcnt  aucunement  lçs  bourreaux  de  leurs  brebis ,  pour  lef- 
quelWiisnedeuoycntmcfmeefpargner  leurs  ames.    Oquel  creue-cceur  :  Certes, 
trefehers  frères  ,  quand  il  n'eftoit  queftion  que  d'abandonner  nos  perfonpes  à 
la  mort  pour  la  confeflion  de  noftrcioy,Dieuauecvn  tel  honneur  nous  faifok  auf- 
fi  la  gtace  d'eftre  gais  en  luy  y&  de  luy  chanter  Pfeau .  au  grand  regret  &c  rage  de  nq$çn- 
nemls.mais  nous  confeifons  que  quand  on  apporta  les  nouuellcs  que  Ion  nous deuoit 
intcrroguerdetelspoinftsàlarequcftcdudit  Prefident,  qui  mettoiten  auanteeque 
nos  luges  taifoyent  volontiet s,encorcs  qu'ils  en  euflent  quelque  occafion  à  caufe  des 
lettres  que  portions;alors  nous  fufmes  bien  eftonnez,ne  fachans  que  penfer  nedire,no 
faire.    Car  quand  il  n'euft  efté  queftion  que  d'endurer  toutes  fortes  de  tourmens  ;  fie 
bienla chair  euft  fremy  fi£  fait  des  ficnnes,fi  eft-ce  que  l'Efpric  leuft  gaigneemaisfclon 
noftrciugcroentnous  voyons  qu'ils  n'eufient  pas  laifle  pourtant,  quelqucs^urmens 
qu'euffions  enduré,d'eftre  en  dager:  veu  que  fi  nous  euffiôs  dit  qu'ouzo»  nous  euû  trai 
né  à  Gtenoble,&  là  tourmenté,çonfronté  tcfmoins,&:  mefmes  mené  fur  le  lieu.£n  ce* 
Perplexité  ^c  pCrplcxité  nousfifmes  enfemble  conclufion  de  tout  nicr,nous  remettans  toutefois 
fcftC  qcfttf  à  laconduitte  de  la  prouidence  deDieu,qui  pouuoit  vfer  de  moyens  à  nous  inconnus. 
derefpWrc  Qr  il  luy  a  pieu  que  les  chofes  ayent  eftc  tellement  menées,  que  ceft  orage  clt  aucuae- 
d"  lu«f  mène  cqiréîdcforte  que  nos  amis  difoyent  que  tout  ira  bien,  fie  qu'il  neroftç  plus  qui 
F^rcT*  prononcet nbftrc  fentenec des gaieresxomme  vous  dira cedit  porteur.  Ccpcndaut 
nous  Remercions  leSeigneur  de  fa  bonté  enuers  ûous,ficmeimcmct  enuers  noscntiatf- 
^afTauoir  noftre  poure  troupeau:fic  le  prions  qu'il  luy  plaife  la  continuer,^  accrqiftre 
fck>n  lApiomciic  U  manière  de  faire  enuers  tous  les  fiens^t  quant  à  cé  qui  a  efte  meue 
denoltrc  corruption  parmy  fa  prouidence  fie  fpnouuragc,  qu*il  n'entre  pouit-cn  iuge^ 
ment  auec  nous,mais  qu'il  nous  pardonne  &cela  &  tint  d'au  tres  mefchacetezau  aol** 
de  fon  fils  Ieius:&  qu'il  nous  rcfofihC  tellement  par  fon  Efprir,  que nous  fabbatifions 
mieux;  que  ia.mais,renonças  a  tout  ce  quieft  du  notërc, pour  nous  îaiiler  paiùbJemct  cô- 
duire&lon  fa  fain&e  volonté.Et  s'il  luy  puilt  nous  chafticr  côme  les  énfans ,  qu'il  nous 
^n^piuûoftauxgalercs,aufqtieîles  nousfommescôdamnezà  perpctuité,ou  en  quel* 
àamat  forte  qu'ilTuy  plairacfeulemét  qu'il  frappe  iur  nous  6C  la  maifon  de  nos  pcres^K 
queccnewple eftant c{parg-né,pluftoft  iInousabyfoac.Helas,Scisneur ,  ta  volonté  toit 
raiâw.aVcs  oitiéde  nous  fie  des  brebis  de  tà  pafture,tcfqueîîcYtu  flous  as  commues,  v^ 
rc  amc  pour  ame.Quc  ce  que  tu  difois  à  fainct  Pierre  refonne  «.uuuours  ennos  oreillles 
V  en  nos  cœurs,Pierre,m'aimes  tu?pay  mes  brebis.  Que  la  charité  de  Moyfc ,  de  fainct 
Paul-*c  mcfmc  de  Icfus  Chrift,foit  toufiours  deuant  nos  yeux.  Ce  que  nous  demandés 
pour  nous ,  aufti  faifons-nous  pour  vous ,  ô  bien-aimez:  &r  mçfmement  pour  vous  nos 
bons  pères  en  lefos  Chrift,trefchers  fi^trcfhonnoréz  pafteurs  cfc  fonïglifecVous  prianS 
de  teirc  le  melmc  en  voftrc  enefroift  pour  hous,ainu  que  nous  nous  recommandons  af- 
kmaiV*  feigtueufement  à  vos  bonnes  gracès. 

N  o  v  s  ne  rcipondons  point  pour  le  prefent  aux  deirniér«iettr«o^ciUHisauezcnJ. 
uoyccs.ee  pour  autant  que  bien  toft  après  qu/elles  furent  rendues  Giiuc  nos  maujs ,  cl: 
\cs  naus  nirent  oftees  par  les  amis,dc  rieur  qu'eflés  ne  fufTenrtroUu<*es  de  ceux  qui  de- 
Vioyent  tairp  la vifite,dc  laquelle  on  foupçonnoit  bien  fott.Ioint  auïïî  que  le  prefent  pop 
teut  cftoit  fi  prclTc  de  partir,quc  hous  auons  efté  contreintS  de  faire  pluftod  fin  d'eicti- 
re  que  ne  délirions.  Lagracefc  dileftion  dé  Dieu  noftrc  bon  Pere ,  par nôïtre'  Sei- 
gneur fie  Sauucur  Icfus  Chrift  fon  ^ilSjOn  la  communion  du  S.Efprit,  (oitàiamëisaucç 
vous  tous,  Amen.Dcsprifons  de  Chambcry,çe  vingtdnqiueme  de  lùillet. 
V  o  s  humbles  frères  fcs  fufnommez. 

EPI  STRE  cominunc  des  cinq  ,  cfm«à  MJcuCaioin. 

jJJOTO  KS IE  V  Kfr  «cfhonnorc  parc  cnnoftrc  Seigneur,  nous  auons  reccu  voslet* 
^B^rcs  du  cinquième  de  Scptebrç,qui  nous  ont  grâdcmcnt  confoJcx.  Car  elles  nous 

teftifient 


DesÇinqdeChambery.  sjr 

teftifientvoftre  ardente  chante,  &de  tous  les  Frères enuers  nPus, entant  que  vous- 
vous  eontriftez  tellement  de  noftre  mal  félon  la  chair ,  que  cependant  ne  lailfcz  pas  de 
voqseliouirde  noftre  bien  félon  l'efprit,en  pleurant  auec  lesplourans,&  riant  auccles 
rians:dequoy  nous  vous  mercions  trefaflè&ueufement.  De  noftre  part,  combien  que 
fpyonsioyeux  de  ce  que  le  Seigneur  par  fa  grâce  nous  donne  dequoy  vous  rèfiouir  en 
fainctelieife,quelqueschetiues,pouies&  miferables  crçatures  que  nous  foyons  :  fieft- 
çe  pourtant  que  fommes  falchcz  de  vous  donner,&  à  plu  lieu  rs  excellens  perfonnages, 
$f.  mefme  à  toute  l'Eglife,tant  de  peine  &c  de  foucy  .la  foit  que  plufieurs  Pccafions  de  ge 
mir  nous  foyentiournellement  prefentees,toutefois  cefteJan'eft  point  des  dernières: 
réellement  que  defirons  &  prions  ce  bonDieu,qu'il  vous  ofte  bié  toft  de  cefte  preflè  qui 
vous  (erre  ineeflamment  à  caufe  de  noftre  prifon ,  en  quelque  manière  c-u'il  luy  plaira. 
Si  c'eft  par  mort,tant  mieux  pour  nous.Seulement  nous  le  prions  quilluy  plaife  accroi 
ftre  en  nous  de  plus  en  plus  cefte  arîe£tion,puis  que  de  fa  grâce  il  nous  l'a  dôneetcarpar 
ce  moyen  ferons deliurez de  plufieurs  priions, voire  beaucoup  plus  ennuyeufes  que  ce- 
fte tour  où  fommes  enfermez.S'iUuy  plaift  nous  deliurer  en  quelque  autre  façon ,  fatif- 
f  aifant.au  defirde  ceuxqui  nous  regrettent  fans  comparaifon  plus  que  nevaipns,que  ce 
foit  pour  refpondre  àleur  attente  ô£àrlayoftre:qui  eft  que  nous  nous  employas  mieux 
que  iamais  à  glorifier  {on  fainét  Nom,&  edificrfonEglife.Parquoy  difons  louuent  auçc 
If)auid  ,  O  Seigneur  Dieu  des  armées,  que  ceux  qui  s  attendent  à  toy  ne  foyent  point  DuPfezj. 
confus  en  moy:&  que  ceux  qui  te  ccrchcnt,  ne  foyent  point  rendus  honteux  enmoy, 
PieudlfraeJ.  Que  iamais  nous  ne  iouiifions  de  cefte  ombrage  de  vie,  finpn^cefte 
condition: puis  que  de  fa  grâce  il  nous  a  mis  en  train  de  fbrtir  du  milieu  de  cefte  gênera 
tion  peruerfeôc  adultere,oùil  eft  blafphemé  en  tarde  forces  que  c'eft  vn  horreur,  pour 
luy  aller  chanter  louanges  immortelles  en  la  compagnie  des  Dien-hcureux:&  vous  pri- 
ons bien  fort  que  par  vos  oraifons  enuers  Dieu,nous  aidiez  à  obtenir  cefte  requefte. 

^  A  v  furplusauûj  quand  eferirez  aux  Eglifes  de  Laufanne  &  de  Neufchaftel,  de  les 
(olicit& èfaitçlç.mç(rnc:te  les  remercier  de  leur  bonne  jaflè&ion  enuers  nous  :  de  la- 
quelle&.de  la  vpftrenc  doutons  aucunement, mais  fommes  partis  que  ne  pouuons  ref 
pondre  à  icellctant  y  a  quenous  nous  y  efforçpns,&  fupplipns  ;  ce, pon  Dieu  qu'il  vous 
recompenfe  les  biens  &fpiçituels  &  corporels , que  receuons  de  vous  tous  ,  •  comme 
4e  nos  vrais  percs  fi£  nourriciers.  En  quoy  certes  nous  expérimentons  bien  la  yerite 
de  la  promefle  du  Fils  de  Dieu  ,  aflfauoir  quiln'y  a  nul  qui  ait  laiûe  maifons  ou  fre  4*t* 
res,oufœurs,pupcre  ou  mcre,ou  femme,ou  enfans ,  ou  champs  pôurl'amoutde  luy  & 
de  l'Euangiieique  maintçnajar;  en  ce  te  m  ps-cy  il  n'en  reçoy  ue  cent  fpis  autant  &  au  fie- 
ç\c  à  venir  vie  éternelle.  Quand  en  ceft  endroid  &  en  plufieurs  au  tres  l  auons  trouue 
#dek,nous  ferions  bien  ingrats  &:  vilains,  fi  nous  ne  concluyons  ce  qui  eft  efxrit  >  Ce  pfô  8 1 
pieu  eft  noftre  Dieu  à  coufipurs-mais,&  il  nous  conduira  iufques  à  la  mort.  Par  ce  que     ' 4  iy 
^eflpspouucziugcren  quelle  difpcfition  nous  iommes  quant  à  lefpric,  grâces  à  noftre 
bon  Dieu. 

^"S'eksviyent  autres  lettres  confolatoires ,  extraites  de  celles  qu'ils  ont  -fen- 
tes en  particulier  vn  chacun  à  leurs  parens,femm  es  &  amis. 

.Prernieremc:,  de  Ican  Vernou  à  fa  fouir,  M.  D.  L  V .  par  ces  lettres  ratts  fidèles  font  admoneftez  de  fe  donner  garde  des  menfoa- 
ges  &  tromperies  ic  ^  aun  noflre  ennemi  mortel*  &  le  beiloin  que  nous  auons  d'eftre  domtez  par  croix  &  tribu  lariÔs. 

No  s  t  r  s  Seigneur  vous  face  fentir  par  efFeér  que  ce  n'eft  fan  s  caufe  qu'il  fe  nomme 
Pere  de  mifericorde$£  Dieu  de  toute  confoiation  au  nom  de  noftre  bon  Seigneur 
&  Rédempteur  Iéfus  Chrift. 

(VIS  qu'ainû  eft,ma  trefehere  fœur ,  que  ne  pouuons  eftre  couronnez  fans  batail- 
|ler,ileft  bon  que  foyons  fouuen  caduertis  à  quels  ennemis  nous  auons  à  faire  ,  &c 
<|ùeîies  font  leurs  rufes  de  guerrc.Et  de  fait  c'eft  vne  grande  partie  de  lavictoire,qu'a- 
uoir  àfairea  vnennemy  cogneu.  Tous  fauent  bien  le  nom  des  ennemis  communs  du 
genre  humain  &  peu  s'efforcent  à  cognoiftre  leurs  malices ,  en  leur  refiftant  à  bon  ef- 
cic'ncnu!  ne  les  (àuroit  entièrement  comprendre^  encores  moins  exprimer .  Car  s'il 
fc'y  a  gue  lefeul  Dieu  qui  puifTe  fpnder  la  profonde  malice  de  la  chair,  ceft  à  dire  de  la 
corruption  du  cœur  &  de  tous  les  fens  humainsiqui  viendra  à  bout  des  rufes  ôc  mef  cha  l  Te*n  5 
cetez  de  ce  monde,quc  fàinâ:  ïean  dit  eftrè  mis  en  mauuaiftiê  :  &  de  Satan  qu6S.?aul  Eph  '9Mf 


imt->V.  ItAnVernow 

appelé  aucctoutc  (afeande,aflàuoir tous  malins  cfprits>lcs  PrincipautezJesPuiiTances, 
les  Re&eurs  du  môdc,des  tenebres  de  ce  fieclclcsMalices  fpintuclles  qui  font  çs  lieux 
celeftes,c'eft  en  l'airîDc  noftre  part,encores  que  cefte  fciécefoit  trop  haute  pour  nous, 
fi  eft-cc  qpieu  veut  q  nous-nous  y  cxerciôs  iournellemét,afin  qu'eftâs  abbatus  en  nous 
mefmes,6c  dcfcfpercz  de  toutes  nos  forces  imaginaires:  nous  foyôs  redreflez  en  luy,  fie 
vrayemét  afleurez  enfa  puuTantc  main.  Or  entre  les  aftuccs  infinies  du  diable  &c  de  nos 
autres  ennemis  qui  luy  feruét  c6me  d'inft rumé"s,cefte-cy  eft  bié  à  noter,&  le  Seig.  vo'  y 
adiourne  de  plus  près  q  iamais  par  les  afflictiôs  qu'il  côtinue  de  vous  enuoyer,c  eft  q  de 
quelq  forte  que  ce  bô  Pcre  traite  fes  enfans  pour  les  approcher  de  foy,  iufques  à  ce  qu'il 
les  ait  du  tout  recueillis  en  Ton  royaume  celeftc,  ce  cauteleux  ferpent  s'en  veut  feruir 
pour  les  en  eflongner.Si  Dieu  nous  enuoye  des  biens,  comme  certains  tcfmoignagcs 
de  l'amour  qu'il  nous  porte,  pour  rompre  nos  cœurs  endurcis,  &  enflammer  nos  cœurs 
gelez,  à  l'aimer:  voicy  Satan  qui  feferuirade  noftrc  propre  chair,  corn  me  de  Dalila  en- 
luges  t*  \  uers  Samfon,  &:  de  Bcth-fabec  cnuers  Dauid ,  pour  nous  endormir  icy  bas ,  &  pour 
*5ua-lt    quelqueapparencedcbiensnousfaircquitterlcbien.faiâ:eur,&:  mefmesd'iccux  luy 
faire  la  gucrrc.Si  Dieu  nous  enuoye  des  maux,  ou  pluftoft  des  médecines  propres  à  U 
guerifon  de  nos  maladie» fpiritucllcs, voicy  Satan  qui  nous  voudra  fajre  accroire  que 
ce  bon  Pcre  nous  hait>&  par  ce  moyen  murmurer  &  grincer  les  dents  contre  luy  com- 
me eftant vn  cruel  tyran.  Ainû*  félon  le  dire  de  noftre  partie  aduerfe,qui  eft  le  perc  de* 
menfonge,iamais  Dieu  ne  nous  aime,comment  qu'il  nous  traite,  quoy  qu'il  nous  race. 
Pv  i  s  doncquenouscognoùTons  qu'ileftfiruiémenteur,parlaparolledcDicu,qut 
g«^  ç     eft  la  vérité  mefme.puis  qu'après  auoir  promis  à  noftre  pcreÀda  qu'il  feroitegaUDicu 
il  l'a  rendu  tout  au  rebours  fcmblable  à  fby.mefmc,  l'attirant  en  vne  mefmc  perdition: 
gardons-nous  bien  delecroirc,&  que  les  miferes  infinies,  lesquelles  nous  fentons  en 
nous,  te  voyons  aux  autres  par  le  menfonge  de  ce  menteur,  nous  rendent  fages  pour  IL 
aduenir.  Et  afin  que  le  puifsions  faire,  priés  fans  cefle  le  Seigneur  qu'il  nous  dcfpoui  11c 
de  noftre  iugement  charnel,&  qu'il  nous  en  donne  vn  fpiritucl  par  Icius  Çhrift,  qui  l'a 
receuauec  toutes  grâces  pour  nous  le  communiquer.    ^En  après  efcoutons-lc  parler 
ànous  en  fes  fain&es  Efcriturcs,qui  fontlettres  qu'il  nous  enuoye d'enhaut  pour  nous 

retirer  des  menfongéf  du  diable,&  nous  amener  en  toute  verice.  Or  là  il  nous  déclare 
«ueÏMffl?  que  quoy  qu'il  nous  aduienne,cn  premier  lieu  nous  regardions  toujours  à  !uy:&  nom- 
Soosrka.  mémenc  quant  aux  affli£tions,qui  femblenc  peu  conueniràfanature,que  nous  (âchiÔs 
dS.Si  v.  qu  a  la  vérité  c'eft  luy  qui  les  enuoye  :  non  pas  pour  plaifir  qu'il  y  prenne  ,  mais  pour 
ne  fouucrai  donner  quelque  petit  gouft  aux  hommes,de  ce  qu'il  monftrcra  manifeftement  au  der - 
neronfola-  mcr  iour^fTauoir qu'il  eft  iuftelugedu  mode,  aimâtàbÔefcietiufticcj&hay/Tantmor 
tellement  l'iniuftice:tant  afin  de  rendre  d'autant  plus  inexcufables  les  infidèles,  que 
pour  legrâd  profit  des  fidcles.Car  il  leur  protefte  qu'il  ne  les  afflige  pas  pour  haine  qu'il 
leurporte,ainsau  contraire  pource  qu'il  les  aime  tant&  plus(tefmoinfonFils  qu'il  a 
plongé  aux  abyfmes  de  toutes  leurs  miferes  pour  les  en  retirer  )  il  veut  auflî  par  les  affe- 
ctions qui  font  les  f  ruids  de  péché, les  amener  à  vne  vraye  haine  de  péché,  &  par  ce  mo- 
yen les  faire  recourir  plus  ardemmentàla grâce denoftre  Seigneur  IefusChrift,  pour 
en  eftrc  par  luy  deliurez.    Il  veut  qu'en  affli£tion,fentans  que  c'eft  que  de  l'ire  Diuine, 
pour  peu  qu'ils  en  gouftcnt(au  regard  des  reprouuez,  qui  fans  fin  feront  accablez  de 
tourmens  efpouucntables  &  incomprehcnfibles)ils  remercient  d'autant  meilleur  cou 
rage  ce  bon  Sauueur  qui  les  a  deliurez  d'vn  tel  goufTre,bcuuans  en  leur  lieu  le  calice  de 
l'ire  du  Seigneur:  &  qui  mefmes  a  tellement  fan&ifié  &  benit  leurs  miferes  en  fa  croix, 
qu'elles  leur  apportent  tout  bon-heur,entant  qu'elles  les  inftruifen  t  à  plus  grade  repen 
tace,humilité,foy,recognoifrance  de  la  grâce  de  Dicu,fic  de  fa  vertu  au  milieu  de  leurs 
infirmitésrclleslesdefracinentdcs  vanitezde  ce  monde  pour  les  faire  penfer  plus  fon_ 
gneufement  à  ceile  vie  bien-hcureufe,&  y  tédre  de  plus  grande  afFe&iô:ellcs  les  rcndët 
conforme  s  à  leur  chef  noftre  Seigneur  Iefus,  non  feulement  en  ce  qu'ils  foufrrent  &c 
meuret  côme  luy,mais  aufsi  en  ce  q  par  ce  moyé  il  leur  cômuniquc  fa  fandificatio,  à  ce 
qu'ils  foyen  t  fàin&s  ainfi  qu'il  eft  Sain&&  que  par  ces  deux  voyes.aifauoir  de  la  croix  & 
de  (ain6tcté,ils  entrent  aucc  luy  en  çefte  ioye  celcfte  6c  vie  éternelle.  Voila  des  frai&s 
au  LdeS.  excellens  qui  nous  reuiennent  de  cefte  bien-heureufe  croix. Mais  fuyuans  l'admonitiô 
laques.     de  faind  Iaqucs,il  nous  faut  demander  à  Dieu  cefte  fagefle ,  aflàuoir  que  nous  fommes 
heureux , Se  qu'il  n'y  a  matière  que  de  ioy  c,quand  nous  tom  bons  en  diuerfcs  tentations 

& 


Iean  Vernou.  jji 

3£  mifetfes.  Lors  en  defpft  de  noftrcchair  nous  conclurons  aucc  DauidjSeigneurjil  eft 
bon  que  tu  m'ayes  humilie  &  affligc:afm  quei'approuuc  tesftatuts.Si  vn  teipèrfonna-  118  7 1 
ge  en  a  eu  befoin,côbien  plus  nous?Ie  vous  prie ,  quelle  nonchalâcey  a-il  en  nous  à  co- 
gnoiftre& faireeeque le  Seigneurnous commande  ?  Maispluftoft  quelle beftifecoh- 
ioin&e  aucc  vn  merueilleux  orgueil,pour  concreroller  Dieu  enibn  parler ,  &:  auec  vne 
grande  rebellion,pour  nous  rebecquer  contre  luy>&mefmesluy  faire  la  guerre  ?  quel 
meipris  de  noftre  Seigneur  Iefus?quelle  ingratitude?  combien  fommes-nouS  tranfpor- 
tez  parles  vanitez  mondaines  de  la  méditation  de  ces  biens  celeftes?  Ceux  qui  ontle 
mieux  profité ,  Tentent  mieux  ce  que  ie  dy ,  &:  en  gemiflent  tant  &  plus,defirans  la  plei 
ne  mortification  de  leur  chair  ,  où  tels  monftreshabiten%&mefmes  les  détiennent 
comme  pourcseiclaucs cependant  qu'ils  rampent  icy  bas. 

Pvn  quain(ieft,ievousprie,mabien-aimeefœur,quefehtanslegrâdbefoinqira- 
uons  d'eltre  domtez  par  cefte  fainclèCroix,prenion  s  en  patience  les  fafcheries  que  no- 
ftre bon  Pere  nous  cnuoye  pour  corriger  telles  abominations  en  nous,qui  nous  creuët 
lesycux&lecœur,finousnefommes  plus  que  ladres  &c  paralytiques  quant  à  lame: 
que  mefmes  nous  fentans  iuftifiez  par  foy  en  noftre  Seigneur  Icfus ,  nous-nous  y  glori- 
fions pour  les  fuldits  profits  &c  autres  inénarrables  qui  nous  en  reuiennent.  Et  pour 
mieux  confiderer&  priïer  noftre  bien-heureux  cftat  en  nos  afflictions,  confiderons  àl'- 
oppofitele  malheureux  eftatdcs  poures  infideles,aufqucls  les  affli&ions  fontdomma 
geables,pource  qu  elles  leur  apporteront  vne  plus  grieue  condam  nation,dautant  que 
par  icelles  ils  ne  fc  feront  point  amedez  félon  que  Dieu  les  y  conuioit.  Ils  n'ont  point, 
ditEfaie,rcgardé  à  la  main  de  celuy  qui  lesfrappoit.il  y  a  dauantage  deux  autres  difîe* 
rences  entre  nos  afflictions  &lesleurs:prcmierement  que  les  noftres  font  modérées  fé- 
lon la  mefbre  denoftrefoy  &  de  la  force  queDieu  adôneepourles  porteries  leurs  font 
fans  mefure.Car  commeils  fe  portent  enners  Dieu  à  1  cftourdie ,  auili  fait  Dieu  cnuert 
euJrl  h  tranèrfe;&  Comme  ilsfont  défmefurczcn  la  multitude SÉertormiré  de  leurs pé- 
chez,* ufli  netientil  mefure  i  les  puninde  forte  que  le  delay  mcfmc  qu'il  leur  dône  par 
làprb{pérïtc,héîeurfertque  de  punition  plus  gricue.  Secondement,  que  les  noftres 
font  tcmpbrelles>&les  leurs  font  perpétuelles.  Que  voulons-nous  plus?Dieu  nous  aL 
flijge  pour  noftrc  grandbiehiDièU  ne  nous  en  donne  pas  plus  que  nous  ne  poouons  por 
tër:Di*en  mettra  fin  à  tous  nos  maux,&  y  donnera  bonne  uTue.  le  vous  alîegueroye  de 
cela  plu  ficurs  tefmoignages:rnais  puis  qu'outre  mon  attente  on  me  contremt  de  faire 
firiiie  vous  diray  encore  ce  motjpar  lequel  pourrez  cognoiftre  la  grande  félicité  des  fi* 
deles.  La  pltfs  grande  miferci  laquelle  l'homme  eft  fubicdt,c'eft  la  mort.Et  toutefois  le 
Seigneur  prononce  que  la  mort  des  fiensluyeftprecieufe.  Ce  qu'a  tcllcmét  cogneu  ce  Noln  é 
faux-propheteBalaam,qu'iladefiré  mourir  de  la  mort  des  iuftes,&que  fon  dernier  dé- 
partement fuft  iemblable  à  eux.  Nous  enfans  de  Dieu ,  que  deuons-nous  craindre  ?  ne 
fomTfies-nou$pasheureux,voire  alors  que  le  monde  &  noftre  chair  nous  eft iment  plus 
mal-heureux?  Ordoi^mabonnefœu^efiouyfTons-nousencebonDicUjglorifions- 
nous  en  luy,  foit  qu'ilnous  enuoyepoureté ,  maladies,  prifons,  ou  autre  calamité  quel-  ConfoUtW 
conque  $foit  qu'il  nous  enuoye  de  fes  biens,maugré  Satan  conuertiflbns  le  tout  à  noftre 
profit  :  c'eft  que  nous  foyons  d'autant  plus  adonnez  à  fon  feruicc.  En  profperké  crai- 
gnons &c  foyons  en  foucy,de  peur  de  laicher  par  trop  la  bride  à  nos  fols  appetitstau  con 
traire,enaduerfité  humilions-nous  tellement  deuant  luy  en  vraye  repentance,quece* 
pendant  ne  lâiftions  pas  de  nous  retirer  à  luy  par  ardentes  prières ,  auec  certaine  aflèa- 
rance  d'eftre  exaucez,&  qu'il  eft  auec  nous  en  tribulations  defpitons  hardiment  tous 
nos  ennemis  qui  nous  veulent  mettre  en  la  tefte  qu'il  nous  a  abandonnez.  Si  le  Sei- 
gneurmedonnelemoyendevous  enefcrirc,oumefmedirede  bouche  dauantage,  ie 
le  feray  de  bien  bon  cceurTîa  fainéte  volonté  foit  faite.  Etcomme  il  a  tant  befongné  en 
moy  de  faire  aucunement  accorder  ma  volonté  à  la Tienne,  qu'il  luy  plaiCrde  côtinuef 
ion  ouurage  iufqucs  à  la  fimfid  fuis  certain  qu'il  le  fera.  Puisqu'il  luyaplcudefe  donner 
du  tout  à  moy  en  la  perfonne  de  fon  Fils,ie  fuis  fien  &  à  viure&  à  mourir.  Il  m'a,tout le 
temps  que  ie  fuis  icy  pdfonnier,ba  ttu  par  quelque  petite  maladie ,  affauoir  par  vn  flux* 
continuel  d'hemorrhoides,  qui  n  a  encores  celle  du  tout .  Yiffnc  eh  fera  telle  qu'il  luy 
plairarfi  ne  me  peut-elle  eftreque  profitabletcarileftmonbon  Pere,  &  m'en  adonné 
tant  de  marques  parla  grand'  bôté ,  que  i'ay  bien  occafion  de  me  porter  entiers  fyy  bon 
fils  6c  obeùTant ,  &  de  me  hayr  que  ie  ne  m'en  acquite  mieux.  Qu'il  luy  piaifey  remé- 
dier. 


LmcJU. 


tET  T  R  Ef  d'Afltoioe  LaHorie  t>teine»<iff  grmdcfknéZc mftruâion.éxtraitet  4e*d^qu'i^yâ«ftril*» 

i  fa  femme. 

gfigïA  bknTaimccforar,ieeVfcriDy 0iw«nchcp>fle  amplcmcntjCoraiBc  Dieu  par  fa 
^gSgrajcc  conduit  nos  aâaircsîmaisiQ<lotjçc  que  tu  n'ayes  recenmes  lettres.  Noftre 
bon  frère  prefent  porteur  m'aprornis  de  regarder fi  les  lettres  font  encore  en  la  Viî- 
le,pour  les  tecpuurer>&  les  te  faire  tenir.  Parquoy  ne  t'eferiray  du  contenu  d'icellcs, 
ioin#  que  par  luy  entédras  ce  qui  a  efté  fait  iufquesicy,mieux  que  icne  fauroye  cferirc. 
Satan  ne  celle  de  taire  fescfrbrts^fuyuant  fon  naturel ,  pour  empeicher  J  ceuuxc  du  Scu 
gneur,nous  donnant  dcsaflâuts  plus  grans  qu'il  ne  fit  lamais-mais  le  Seigneur  nousfor 
tified'antant  plus  pour  luy  rcfïfter.non  pas  qu'il  n'y  ait  beaucoup  d'infirmité*  en  nous* 
par  lefqueiles  nous  expérimentons  la  grande  corruption  de  noftre  chair ,  oftenfantle 
Seigneur  noftre  Dieu  plus  que  ne  voudrions,  tanty  aquelàmifcricorde&bontéde 
noftre  Dieu  furmonte  noftre  malice>tcllement  qu'il  ncceiTe  de  befongner  en  nous  par 
U  vertu  de  fon  fain&Efprit,nous  enflammant  toujours  plus  fort  au  défit  quMl  nous  a 
donné  de  mourir  pour  ion  fainet  nom. De  cefte  faucur  nous  renient yn  fouuerain  bien: 
c'eft  que  voyans  les  cncorts,troubles &:  ccmfufions,parle{qucllcs  Satan  &  fc* membres 
ne  cèdent  die  s'en  tourmentet:  nous  pouuons  hardiment  nous  moquer  &  tire  de  luy  te 
d'cux,ayâs  en  nous  vn  repos  de  confeiéce,  vue  certitude  qela  proukiécedcDieuno&re 
Pere,qui  ne  permettra  qurn  poil  de  nojtre  tefte  tombe  f»ns  ia  vojw*te  *  <*qui plus  cft, 
vne  aifeurancefcrmcqu'iinc  permettra  que  nen  nous  ipitjait  que  pour  noftre  &ten$r; 
falut,pour  1- édification  de  fon  EgIifc,oi  aduaneernent  deion  royaume^  pui$,qu  «yanc 
cogneu  la  grâce  que  Dieu  nous  fatt,nous  fommes  préparez  pour  obéir  à  la  fain&e  volô 
té,foit  a  la  mort  foit  à  la  vie.Quc  Satan  donc  s,cfTprcc,&  les  luppofts  enragent  tant  qu'- 
ils voudront»  puis  que  Iefus  CKnft  nous  a  acquis  &  vnis  a  luy  &c  à  fon  Percmnej$pasca 
lapuiû^ccdeSacan,nçd«fesbourreauxdenousfcpaterdcluy,&i  moins  de  nous  ça- 
uir  de  fa  mam.  Car  quelque  foiblefTc  qu'il  y  ait  en  nous,nous  pouuos  tout  en  Chrift  :1e- 
quel  comme  il  nous  adonne  de  oonfcûer  fans  crainte  fon  nom  <  aulfi  nous  donnera.il 
qefpuîînrpour  luy,fçlon  k  mefurc  qu'il  luy  plaira .11  n'y  a  moyen  humain  qui  le  prefen- 
te»qui  nou*  race  oublier  cefte  kçon,gf  aces  au  Scigncut.Parairiû  ie  te  prie  que  tu  te  co- 
(ohssf  fortifies  auHî  d*  ton  cofte  furies  promeifes  deaoôscch«f^  c«DitaiSa«,*ân«j«c 
eu  demeure* en  (a  joyc  auecques  moyie  tengraeeà  ce  bonDieutqu:  sn&ucunacmcm 
co nfolé  par  tes  le  1 1  rc  pfcw  par  ie  rapport  que  m'ont  ty itjrçuxoc  celte.  yiUe ,  qui  ont 
parié  a  toy»  de  ia-con  ftance  qu'il  te  donnc.ïc  te  prie  que «u-icpognouiè*  ce-,  g?and&*cn 
Xetùt  d'vn  unguliet  don  de  luy  ïhn  tuilier  de  tant  plus  fous  fon  obciilancç ,  aéu  m% 
cpnîAû«c  fes grâces  en  toyîcar  iepuis  dire  à  la  vérité ,  qucq«"»*v*  m$  ******  tÈèHaBQitwk 
tre  û  vfe[Cof&mc  i  cfpereen  Dieu  qu,  clletera}quc  de  t'auoir  cfueiliee ,  comme  on  m'a 
rap  p©rté,en  la  cognoifiance  des  grâces  de  Dieu;ccia  ieul  cft  furhiât  pour  me  taure  aller 
^aa^mem  à  la  mortJe  prie  à  c*.hon  &c  fainâ-  commence? 

mt  r  Valant  de  plus  en  plus  à  luy  pat  Ja  v  ertu  de  fon  faind  t  î p  ri  t4«  me  m  quc  enau- 
^ti^«Hj»naoçe4ec^  queïc  t'ay  mandé  par  me*«*itres  lettres^  pnncipaieraçK  4  suoit 
k«T«»ny«»i3iau*-  rmiuqucs  deuant  ces  yeux ,  ai^ec  la  rct?ercnce  &  arnourrfô  m -&uâv 
^rollesAc-derechcfie  t'enfuppjUeaw  nom  du  Seigneur. 

P  *  s-  ê^preraierf  jjuçt  enuy^ay  <ie  lauuuson  du  Prcuoft»  après  nottre prinfc f ma 
iîueie  ireur&;  «fpouie)ie  te  manday  que;  fi  Dieu  me  donnoic  la  commodité«e  r  écrire 
ppiajiîa^ifpoficion  du  bien  que  nous  auons  îaifiTç  au  pay  s,qu  e  ie  le  feroy  c.  ori^ieu  par 
»  gracaavouju  que  cefte  petite  fu  cille  de  papier  rce  foit  tôbee  en  m  a  in  pont  ce  taire, 
ponuc  ren  gtaces  à  ce  bon  Dieu>&:  te  prisie  faire  de  m  cime  s.  Tu  as  entendu  niiqu  jcy 
la  procédure  qui  a  c^é  faite  contre  nous 'maintenant  ie  c  aduerty  que  nous  runmescn- 
jçore^  v^nuoyez  quçrir  Mecredy  paiTc  deuant  nos  Iuges.Et  Dieu  nous  a  fait  couaoursa 
grâce op  perfeucrer  en  la  cpnfeflion  de  fpn  fainet  nom.  A  prefent  nous  tommes  atten- 
daxMi'iieute  qu'on  nous  mené  au  fupplicc:  car  nous  n'attendons  point  auttCiiiueae  no 
ftrqaiTajre, quelques  moyen$  que  les  hommes  cerchent.  ParauiiMetetrfieqe|îKerin-  , 
cciTamweAt  Dieu  pour  non s,annqu  iL luy  plailenous  donner.  *nc  coiumi» miiâàsé:. 
Ddîr  de    ^  •c»Ppur  Par*c.heucr  Pow'urc  qu'il  a  commencé  en  nous,     u<u.i  «  mapw  ce  wm  sert 
m^r     afleurer  que  ie  ne  defiray  iamais  bien  au  monde  den grande  arrection  s  que iç  muic  ce  ' 
pour  U  mie  mourir  pour  cefte  querclîc»s'il  plant  à  Dieu  m!en faire  la  gracei  ÔC*  tmsi  grâces  a  Dieu) 
toutprepaw^^y^u'ilaya^ucundcine*  compap»o»«  ^nin'enpuî<l 

le  dire 


^Antoine  Labork~>  j 

fèdireautat  Je  t'efcri  ceci,afin  que  tucognoifles  &c  fentes  au  vif  les  grâces  que  Dieu  nous 
fait.  Et  te  prie  de  tout  moncoeurque  tu  remployés  à  le  cognoiftre&confidcrer  toutle 
temps  de  ta  vie:  &:  monftre  que  tu  as  eu  vn  mari  qui  eft  enfant  de  Dieu .  Etgarde_toy  que  MaA^. 
cefte  ièntence  que  Iclus  Chrift  a  dite  n'aie  lieu  en  toy  .-airauoir  Que  deux  font  en  vn  litt,&:  4041 
l'vn  fera  pnns,&;  l'autre  delaifle.  Mais  trauaille  de  tout  ton  cœur  à  cogtioiftre  &:  aimer  la 
feule  volonté  de  Dieu ,  pour  y  obéir  toute  ta  vie:  exerce-toy  à  le  craindre  &  r  eu  erer,  reco* 
gnoilfantlcs  bénéfices  que  tuas  receu  de  fa  pure  grâce,  afin  que  tu  demeures  fa  fille,com 
meiet'ay  touiiours  cogneuccitre  marquée  de  lui  pour  telle:&:qu  vniour  nom-nouspuif 
fions  voircnfemb'een  la  gloire  à  laquelle  Iefus  Chrift  nous  appelé. 

Tv  lais  que  tu  esicune,&  par  ainli  eftanr  priuéedema  compagnic(li  Dieu  lcveutain- 
11  pour  noftregrâd  bicn)conlble-toy  en  1111,5»:  pren  Iefus  Chrift  pour  ton  Perc  6c  mari,  iuf- 
ques  à  ce  qu'il  t'en  ait  dôné  vnautre:&  ie  luis  certain  qu'il  ne  te  laiifera  point  defoleie,mais 
pouruoira  à  tes  affaires  mieux  que  tu  ne  laurois  délirer.  PrieJe  donc  inftam met, aime-le, 
crain_le&:  de  bouche  &  de  faitbfirequente  les  prelches,fui  mefehantes  compagnies,&  au 
rnela  compagnie  de  ceux  qui  onr  La  crainte  de  Dieu  .Ne  fay  nen  de  ta  tcfte:mais  parle  cô* 
feiî  de  nos  amis,  k  (quels  tu  as  cogneu  te  porter  aufïi  bonne  volonté  qu'amoy-mefme.  Et 
finguliei  emet  de  monfieur  Caluj'n,lequc]  ne  permettra  point  que  tes  affaires  aillent  mal,  [^""^fû 
fi  tu  te  renges  à  fa  yolontértu  le  dois  faire,Ôc  ie  t'en  îupphe.  Car  tu  fais  qu'il  eft  conduitpar  mle  Cômc0i 
J'Efpritde Dieu.Quâdtute marierasvCommeietelecôlëille)ic teprieprédre ionaduis,&:  ellefedoit 
ne  faire  rien  (ans  luy:pren  vn  hommequiaitlacraintede  Dieu,ou  ne  remarie  point.  Mais  condu*rc' 
ie  croy  que  le  Seigneur  te  pouruoira,commeil  cognoift  eftre  expédient.  Prie  le  donc  auat 
toutes  cholès,&repofe«toy  fur  là  bonté.  Icl'ay  priéj&Je  prie  inceffamment  pour  toy .  Tu 
fais  comment  nous-nous  Ibmmes  aimez  tout  le  temps  qu'il  a  pieu  à  ce  bon  Dieu  nous  fai- 
re demeurer  enfemble.Sa  paix  a  relidé  toufiours  au  m  ilieu  de  nous,&  tu  m'as  grandemét 
obéi  en  toutes  chofes.Ie  te  prie  que  tu  fois  trouuée  touiiours  telle ,  ou  meilleure,  auec  ce- 
luy  à  qui  Dieu  te  conioindra:  &c  Dieu  fera  toufiours  auec  toy,&:  en  ta  race.Remcmore  fou 
uent  les  commencemens  que  tu  as  eu  de  moy  (côbien  que  ie  n'aye  pas  fait  fi  bien  mon  de- 
voir que  ie  pouuoyc  )  6c  continue  toufiours  de  baftir  lur  iceux ,  afin  que  de  plus  en  plus  tu 
approches  de  Dieu. 

S 1  ton  pere  eft  aduerti  de  ma  mort,  ie  ne  doU  te  pas  qu'il  ne  te  vienne  quérir  >  pour  te  re- 
jnener  àlaPapauté:maisie  tefupplicau  nom  du  Seigneur,  &  de  tat  que  tu  dois  aimer  ton 
falut,quetu  nei'oyespoint:repouflc-le,&:  tien-toy  aux  grâces  que  Dieu  ta  faites,  de  t'ame 
ner  en  iàmailbn.  Helas,pourcttc ,  nelerois-tu  pas  malheureu(c,dclaiffer  lamailbnde 
Dieu  pour  retourner  au  d;ableîO  quelle  perdition  tefuyuroit:  pluftoft  fufTes-tu  abyfmée. 
Mais  iecroy  quetu  aimerois mieux  mounr , co m m e  il re  (croit  plus  expediét  &"  lalutairc: 
toutefois  prie  Dieu  qu'il  te  fortifie  par  fon  ùdnû  Efpiit.  Mes  perc  6c  merc  auili  tafeheront 
de  recouurer  noftre  péri  te  fille,poui- 1  emmener  auec  eux  :  m  ais  ie  te  prie ,  voire  6c  te  com- 
mande au  nom  du  Seigneur ,  que  tu  ne  permettes  vne  telle  mefehanecté ,  pour  quelque 
choie  qu  jJ  r'aduicnne .  Car  ie  protefte  que  ie  demanderiy  fon  làng  deuant  Dieu ,  d'entre 
tes  mains,  6c  que  tureipondrasdefa  perte,  fiellefèpert  à  ta  faute.  Donques  pour  l'obcif 
fance  que  tu  dois  à  Dieu,&  d'autant  que  tu  es  fa  merc:d'autant  auflî  quetu  m  .iimes,com 
me  ton  mari  6c  Ion  percaete  prie  quetu  la  faces  bien  inftruircenla  crainte  de  Dicj,inco- 
tinent  qu  elle  fera  en  aage  pour  ce  tan  cleuilé  clcrit  à  ton  pere,  &c  à  mes  pere&  mererref. 
tioionners:maîs  ie  u'ay  ne  papier  ni  encre  que  ceci,  6c  fi  n'en  puis  recouurer.  le  te  prie  leur 
mander  tout  ce  qui  eft  aduenu  de  moy  par  la  grâce  de  Dieu,  &  les  confole,en  leur  remon- 
ftrant  les  grâvle*grace<;qucle  Seigneur  ni  a  faites  .  Dieu  lesvueille  toucher  de  la  grâce  tel- 
lemenc  par  ma  mort,q  11 'ils  le  cognoij  ient  m  ieux  qu'ils  n'ont  voulu  faire  en  ma  vie  par  mes 
admonitions  ce:  remonftrances.Dieu  îcut  race  m  1  (encorde. 

A  V  TRES  k  urt-s  diulit  Antoine  Laborie  à  Anne  fa  femme. 

r.  ma  fœur  bien-  aimée,  par  la  lettre  que  :e  tefcriui  Vendredi  paffe ,  douzième 
Ê^décemoisdeIuiilet,iec'efciiuoye  ne  pcnlantauoir  plus  de  commodité  Je  t'eferi- 
***k^re:  toutefois  le  Seigneur  qui  ne  Yâïlïc  iamais  les  liens  delblcz,a  voulu  parla  grâce  qu- 
auant  mourir  iemepeuffe  encores  reiîouvr  à  t'eicrirc  la  prelcnte,  pour  te  communi- 
quer des  conlolations  qu'il  plaift  à  cebon  Dieu  me  donner  au  milieu  de  l'heureufe croix: 
en  laquelle  il  luv  plait  par  fa  grâce  m'exercer  pour  fa  gloire,  &:  pour  mon  falut  :  afin  que 
tu  cognoiftes  auec  moy  les  bénéfices  de  Dieu ,  &c  luy  en  rendes  grac.es  en  continuelles 

Oo,  i. 


Liurc^f  V*  ^Antoine  Laborie* 

pricres,tfomme  ie  fay,faifant  toujours  memoirede  toy  en  icellcs.  ^Cependant  ic  te  prie 
ii  confide-  je  bjen  conflclcrcr  les  grâces  de  Dieu  enuers  nous:  car  par  iccllesvoyôs-nous  les  promeL 
c«°de  Dku  Ces  de  Dieu  eftre  accoplies.il  promet  d'eftre  prochain  aux  affligez,  voire  fi  prochain,  qu'il 
&dci«pro  pendra  noftreperfonne  pour  eftre  affligé  en  nous .  Quant  à  moy ,  i'ay  bien  expérimenté 
mcffcî'    ••  cela,graces  au  Seigneur:  car  iamais  ic  ne  gouftay  fi  bien  la  bonté  de  Dieu,  que  i'ay  fait  de- 
puis ma  prinfe.Et  ie  croy  que  tu  en  peux  dire  autant ,  ainfi  que  ie  puis  comprédre  par  tes 
lettres,lefqu  elles  m'ont  grandement  confolé,voyant  que  Dieu  t'aflifte  grandcmér:&  non 
feulement  quant  à  l'efprit,  lequel  ie  voy  eflcué(graces  à  Dieu  )  en  confolacion  admirable: 
mais  encorcs  quant  au  corps. Car  du  téps  que  i'eftoye  auec  toy,tu  n'as  peu  cognoiftre  tant 
d'amis  que  Dieu  t'a  fuicité  depuis  maditeprifomlefquels  ont  plus  de(bingdetoy,ou  au- 
tant que  ie  fauroye  auoir:  &  comme  i'ay  reccu  lettres  Se  prome/fe  de  plufieurs,ils  ne  tefau 
dront  iamais  tant  que  Dieu  leur  donnera  puifTance.  Dequoy  ie  ren  grâces  à  mon  Dieu,  Se 
le  remercie  bien  humblement. Maisie  te  prie  dont  vient  cela.?n'eft-ce  pas  Dieu  qui  te  bail- 
le&:  fufeite  vn  millier  d  amis,  pères  &  frères,  pour  vn  mari  qu'il  t'ofte  afin  de  le  retirer  à 
iby  i  As-tu  lieu  de  tè  plaindre  de  luy, quand  il  tebaille  plus  cent  fois  qu'il  ne  te  prend  ?  Re- 
cognoys,  ie  te  prie,  cefte  grande &incomprehenfible  bonté  de  noftreDieu,&:cognois 
combien  cft  meilleure  l'affliction  que  le  repos  de  la  chaird'aduerfité  que  la  prolperité:&:  la 
poureté  que  les  richeflfes. 

Non  iàns  caufe  font  appelez  tels  exercices  Efprceuues  de  noftrefoy ,  en  l'Efcriture. 
car  certainemet  on  ne  les  peut  gueres  bien  fentir  fans  foy,  fi  on  ne  palTe  par  les  fournaifes. 
Louons  donc ,  èc  chantons  louanges  au  feigneur  toy  Se  moy  enfemble ,  qui  nous  a  fait  ce 
Mauh.f.10  bien  de  nous  mettre  au  reng  des  bien-heureux .  Bien-heureux ,  dit-il,  font  ceux  qui  louf- 
frent  perfecution  pour  mon  nom. Or  nous  auons  ce  tefmoignage,graces  à  Dieu,  que  c'eft 
pour  (on  nom  que  nous  endurons  toy  Se  moy:  toy ,  dy-ie ,  car  ie  ne  doute  point  que  tu  ne 
fentes  beaucoup  plus  que  moy  la  periécution.  Etd'autât  plus  tedois-tu  recognoiftre  heu- 
reufe,&:  teconfoler  au  Seigneur ,  Se  mettre  toute  ta  fiance  en  lui .  tu  as  veu  du  temps  que 
nous  eftions  au  pais ,  Se  que  i'eftoye  en  la  compagnie  des  grans  feigneurs ,  eftant  fauoriie 
d'eux,icftoye  bien  efloigné  de  Dieu.Etmefmes  depuis  que  nous  ibmmes  àGeneue,quâd 
nous  auions  plus  dequoy  à  manger,c  eftoit  lors  qu'il  nous  fouuenoit  moins  de  Dieu  &:  de 
Dieu  cft  m.  fes  graces.Et  au  contraire,au  pais,quand  tout  n'alloit  bien,  ce  nous  fembloit  ielon  le  vueil 
SionC"af  de  ce  monde,nous  recourions  à  Dieu.  A  Geneue,  quand  la  poureté  approchoit,nous  eL 
leuions  nos  yeux  à  Dieu ,  l'inuoquions  ardemment ,  nous  lifions ,  Se  nous  confohons  en- 
femble:bref,  alors  nous  dépendions  de  luy.  Apprendonc,iete  prie,d'aimer&:  te  plaire  en 
la  poureté  pluftoft  qu'és  richelTes ,  ailes  &:  délices ,  te  contentant  de  la  richeiîe  que  Ielus 
Chrift  nous  p  refente  &:  veut  que  nous  cerchions  en  (à  croix ,  portant  la  noftre  après  luy. 
Clc  me  fie  que  le  Seigneur  fera  valoir  ma  preiente  periécution  pour  ton  falut,  plus  que 
chofe  qui  te  foit  aduenue  encoresrvoire  fi  tu  contemples  les  bontez  que  Dieu  nous  mon- 
ftre  Se  fait  fentir  au  milieu  d'icelle .  le  te  prie  deles  contempler ,  de  forte  que  iamais  tu  ne 
les  oublies.Tu  pourras  remémorer  ce  queiet'ay  efcritpar  ci  deuant,  dequoy  ie  ne  teferay 
aucune  métion.Ie  ne  mefafcheroye  pas  de  t  eferire  plus  au  long,  comme  ic  defire,  mais  ic 
ne  puis:car ie n'ay  papier n'cncre,ne loifir,pour  ce  que lommes fort  fouuent  viiitez , Se  n- 
efcriuoos  qu'à  la  delrobee. 

£  N  cefte  Epift re  Laborie  admonnefte  fa  femme  de  s'accouftumer  à  le  yoir  ou  conter  pour  mort  :  Sr  à  l'exemple  de 
Ruth  &  de  Moy  Ce  Ce  commettre  au  Seigneur. 
N  n  e  mabonnelceur,  i'ay  receu  tes  lettres  du  «quinzième  de  Septembre,  auec  la 
j|^§!  toile  &chauiTes,  que  tu  m'as  enuoyées  parlefrereO.   le  te  remercie,  ayant  plai- 
fir  de  ce  qu'as  eufbuuenancedcmoy  ,mefmes  autempsdu  froid  qui  nous  aiTaut  de  bien 
près .  Mais  encores  i'ay  elle'  plus  aile ,  d  auoir  entendu  par  ta  lettre  les  grâces  que  Dieu 
te  fait  :  car  en  cela  ie  voy  lefruid  des  prières  quefay  pour  toy ,  Se  fuis  incité  à  luy  en  ren- 
dre grâces,  comme  ie  le fày  inceiîamment .  Tu  m'as  mandé  par  ladire  lettre,que  les  nou- 
ucllcs  de  ma  condamnation  à  la  mort  te  furent  dures  déprime  arriuée,&  vnbreuuage 
bien  amcr:ie  n'en  doute  pas,  cognoiflanttafoibleiTepôur  à  laquelle  refifter,  ie  te  prie, veu 
qu'il  y  a  défia  allez  longtemps  que  tu  dois  eftre  exercée  par  ma  prifon,  Se  aduertie  dés  le 
commencement  de  l'iifued'icclle,  qui  eft  la  mort:  qu'il  ne  te  fouuiennej>lus  demoycô- 
Notc  cefte  me  citant  ton  mari,li  ce  n'eft  en  meregardant  deuant  tes  yeux  tout  brufle,voirereduit  en 
confchdon  cenc^rcs  :  &  Par  cc  moyen  n'eftant  plus  conioin&e  à  moy ,  finon  du  lien  de  charité  frater- 
nelle par  laquelle  tu  dois  prier  pour  moy,  tant  que  Dieu  me  fera  habiter  ici  bas  en  ce 

corps 


sAntwnt Lahtkj 

Corps  miferable.Quc  tu  te  retires  du  tout  à  noftre  bon  Dieu,  gardien  des  vefues .  Car  ou* 
tre  ce  que  ce  fera  contre  mon  cfperance,fi  ie  (ors  hors  d'icy:  encores  que  le  Seigneur  nous 
face  ce  bien  de  me  referuer  pour  ce  coup  :  i  ci  père  tant  en  luy ,  qu'il  me  fera  ceft  honneur 
par  fagrace,de  me  faire  palier  le  pas  vneautre  fois .  Si  doc  tu  t'accouftumes  à  me  voir  cô* 
me  mort,il  ne  te  ferariert  dur  de  receuoir  la  nouuelle  quand  elle  viendra  à  ce  coup,fi  Dieu 
le  permet  :  &c  li  feras grandement  fortifiée  à  l'aducnir ,  pou  r  porter  cequ'il  plaira  à  Dieu 
t'enuoyer.  Pour  t  aider  à  cela, ie  te  prie  méditer  l'exemple  de  la  bonne  veflieRuth ,  lequel 
fi  tu  n'entensjle  frère  V.ou  quelque  autre  ne  refuferôt  ce  le  déclarer .  Tu  trouueras  en  ce-  Voy«Jc  u 
ftelàin&ehiftoirc,que  la  bonne  femme  RuthcftantpNuce  de  ion  mari  par  la  morr,  après  ure<fc&uti' 
auoir  renoncé  au  pays  de&natiuitc,&à  tous  les  parés  idolatres,pour  fe  retirer  en  la  terre 
oh  le  Seigneur  eftoit  adoré:ayant  illec  fuiui  fa  belle-m  cre  Noemy,à  cauiè  de  leur  poureté, 
fut  contrainte  la  bonne  Ruth  d'aller  glaner  aux  champs ,  pour  la  nourriture  de  fadite 
belle-merc&  d  elle,ie commettant  en  toute  patience  au  Seigneur ,  lequel  elle  print  pour 
fa  gardc.Orle  Seigneur  ne  l'abandonna  point,ainslapourucut  fi  bien,quc  la  donnant  en 
mariage  à  Booz ,  de  leur  lignée  ilîit  le  prophète  &  roy  Dauid  :  &  après  noftre  Seigneur  Ic- 
tus Cfuift.  Par  cela,di-ic,  tu  peux  voir  comment  le  Seigneur  traite  ceux  qui  le  commettée 
à  luy  du  tout. 

I  e  croy  bien  que  la  poureté  t'efpouuante:  mais  regarde  que  celui  qui  te  prend  en  char- 
geait plus  riche  q  tout  le  monde .  Penfes-tu  donc  qu'il  te  laine  auoir  faute  de  rfen?  Certes 
ndn,pourueu  que  tu  te  fies  en  luyiains  te  fera  abonder  en  ta  ncccfficé,plus  que  ne  pourras 
côprendrercar  ce  q  nous  auons  (  Dieu  merci)  abôdé  iufqucs  ici,n'ayas  eu  faute  de  rié,n  eft 
point  venu  demoy  qui  te  fuis  ofté,mais  de  Dieu  aucc  qui  tu  demeures.Qu'il  refuffue  dôc 
q  celui  d'où  tout  biê  nous  vient,cft  venu  &:  viendra,demeurera  auec  toy  >  &  ne  te  lailTera 
point  :  &  délia  il  te  fait  fentir  l'expérience  de  là  bonté  deuant  le  befoin  ;  car  auant  qu'eftre 
côtrain  ce  d'aller  glaner  côme  la  bonne  Ruth,il  t'afuicité  non  pas  vn  Booz ,  mais  vn  grand 
nôbrc,defquels  ie  te  manday  dernièrement  vn  rollc ,  pour  te  môftrcr  q  Dieu  eft  véritable 
en  lès  promciTesJefquelles  il  te  fera  ferttir  plus  viuement  au  befoin .  Quant  à  ta  fillc,il  en  a 
autant  de  loin  côme  de  toy  :  car  par  fa  Diuine  prouidence  il  fe  monftre  bien  eftre  pere  des 
orphelins.  ^  L'exemple  de  Moyîe  te  doit  furfire  pour  toute  confirmation:  cornent  eft-il  a-  L'excmpfc 
bandonné'Il  n'eft  pas  feulement  orphelin:  mais  abandonné  de  pere  &  de  merc,  eft  mis  és  £CX^°^ 
eaux  côme  à  la  defefperée.  Cependant  la  bôté  paternelle  de  noftre  Dieu  veille  pour  celui 
qui  ne  le  cognoift  point  :  le  fait  tirer  de  là  par  la  fille  du  roy  Pharaon ,  &  l'exalte  pour  eftre 
conducteur  des  entons  d'Ilrael,cn  la  deliurancc  d'Egvp  tc.Regarde  donc  la  prouidence  de 
noftre  Dieu  ,&cognoy  que  là  puiiîance n'eft  pas  diminuée,  encore  moins  fa  bonté  cnuers 
les  fiens.  Contentc-toy  tu  es  marquée  pour  vne  de  fes  filles,  &  moy  pour  Ton  enfant:  no- 
ftre enfant  nç  fera  point  aaurrequ  a  luy^car  il  eft  Dieu  de  nous  Se  de  nosenfans:voire  no- 
ftre Dieu  éternel.  Et  liir  cela  afleure-coy  qu'il  fe  monftrera  tel  cnuers  toy  &  enuer  s  ta  fille, 
qu'il  seft  monftré  Ôc  à  Ruth  Se  à  Moyiè,&:  à  tous  fes  fidèles. 

Qv  an  t  à  moy,  iem'alTeure  que  toy 'Se  ta  fille  ferez  encore  plus  riches  aptes  ma  mort, 
que  n  cftes:  car  vous  ferez  héritiers  du  bien  que  Dieu  me  fait,  à  moy  pour  vn  troifieme,  & 
vous  le  rendra,&:  beaucoup  dauatage  après  ma«môrt:car  il  eft  fidele.Er  te  prie  de  bien  im-r 
primer  cela  en  ton  cœur,afin  q  fi  tu  venois  à  mourir,tu  ne  tombes  en  défiance  pour  ta  fil- 
le,laquellc  &c  ians  toy  &:  fans  moy  fera  plus  riche  qu'aucc  nous:  fuccedant  aux  bénéfices  q 
Dieu  nous  a-diftribuez  par  fa  grâce.  Seulement  chemine  deuant  Dieu  fans  fcinrifc,&  in- 
ftruy  ta  fille  en  la  crainte  d'iccluy,  &  luy  remets  le  demeurât .  Me  fiant  donc  que  tu  auras 
Ibuuenancedesoutcequeict'ayefCrit,  iete  recommanderay&:  toy  &ta  fille  entre  les 
mains  de  celui  quia  plusde  ibin  de  vous  que  ie  nefauroye  auoir. 

A  V  T  R  E  lettre  dudtt  Laborit  à  vn  fien  arai,auquel  familièrement  il  déclara  les  fecretc*  méditations  de  (or)  cocun 
&  les  confolations  intérieures  de  Ton  ame. 

Van  t  à  mon  eftat ,  frere ,  &:  aux  grâces  que  Dieu  me  fait ,  comme  autrefois  vous 
ay  dit  mande,  ie  vous  puis  encore  maintenant  aneuteràlaverité,quecebon 
Dieu  m'aiiifte  tellement  de  plus  en  plus,  que  ïamais  ien'ay  gemi  ne  pour  liens, 
nepour  prifon,ncpour  mort ,  ou  quelque  tourment  qui  me  lêuft  aduenir  :ains  mede- 
IcStc  2>c  refiouy  en  iceux  d'vnc  plus  grande  ioyc  que  i'aye  iamais  fenti,  grâces  au  Sei- 
gneur :  &  fuis  quelque  fois  contrifte  que  ie  ne  fuis  détenu  plus  eftroitement  &C  en  Laboriefou 
plus  grande  deftrefTc  pour  noftre  bon  Dieu ,  afin  d'eftre  plus  incité  à  le  glorifier,  &:  ptacfeoift 
me  retirer  du  tout  à  luy .  Non  que  ie  vucillc  dire  que  ma  chair  ne  me  donne  des  allàuts 
biengrans  :  mais  quelques  aftauts  que  i'aye  (  grâces  à  Dieu  )  l  efprit  fe  trouue  prompt  U 

Qo.  ii. 


Liurcs  V*  ^Antoine  Latorie* 

vi&oncux  par  dcuus,lans  grande  reliftcnce:  tellement  qu'ayant  rollé  tons  mçs  affaires  fur 
le-Seigncur,  fuis  tout  preft  d'en  receuoir  ce  qu'il  luy  plana  m  cnuoyer:&:  Toit  pour  'a 
mormon  pour  la  vie^ie  luis  certain  qu'il  me  donnera  la  force  de  me  loumettre  a  là  voion- 
Ge»cf.}8  te:ayant  expérimente  en  moy  la  promène  qu'il  fit  a  Iacob,di(ànt,  Voicy  ie  luis  auectoy,&: 
te  gardcrav  par  tout  où  tu  iras:&  puis  il  adiouftc,Car  ic  ne  te  dclailîcray  point,iulques  a  ce 
que  l'ave  fait  ce  que  ie  t  av  dit.Parquoy  ie  vous  prie,tât  vous  que  tous  mes  autres  bons  frè- 
res ,  que  n'avez  aucun  foucy  de  moy,  linon  de  rendre  grâces  a  noftre  bon  Dieu  pour  rnov, 
Se  le  prier  qu'il  commue  la  fidélité  liir  moy  iufques  a  la  fin  :  comme  incenammment  îclc 
prie  pour  vous  tous. 

I  l  cit  bien  vray,&:  ie  vous  veux  familièrement  communiquer ,  que  l'ay  eftegrandc- 
Antoincti-  ment  en  pcine,pour  deux  choies ,  depuis  que  ie  fuis  prifonnier  pour  le  Seigneur:  de  l'vne 
rc  pour' pU  delquellcs  Dieu  par  la  grâce  ma  deliuré  aucc  grand  contentement:  &  en  l'autre  il  me  tiét 
deuxehofes.  encorcs  pour  mon  grand  bien.  C'cft  qu'en  me  voyant  enuironne  &:quali  accable  des 
crandesbontez  do  noftre  Dicu,iecognoy  en  moy  ranr  delalchete&:  rcfroidincmentales 
reeognoiftrc,que  rien  plus:&:  outre  ce  que  ic  luis  tant  ftupide,  ie  mevoy  remply  detant 
d'infirmité  Se  corruption,  que  ie  ne  lay  dequoy  ic  puis  1er  uir  au  monde  :  qui  cft  caule  que 
fapprehende  plus  volontiers  la  mort,graccs  au  Scigneur,recognoi(îant  le  grand  bien  que 
,.Rcis  ij>.4  qUC  Ce  me  icra,s'il  plaift  a  ce  bon  Dieu  me  deliùrcr  de  ce  corps  milerable.Car  li  Helie  a  re- 
quis le  Seigneur  de  le  prendre ,  difant  qu'il  n'eftoit  pas  meilleur  que  ceux  qui  fauoycnt 
preccdé,quc  doy-ic  dire  moy  miierablc,rcmplv  de  toute  iniquité  &:  ignorance?  Helas, frè- 
res ,  ic  vous  lupplictous >  priez  Dieu  pour  moy ,  afin  qu'il  le  me  face  encore  mieux  appre- 
hcnder,afin  que  i'en  puifle  recueillir  le  fiuid  qui  s'y  prefcnte:&  qu'il  me  vueillc  tellement 
clueillcr  &releuerdemaftupidire,qu'cn  conliderant  les  bénéfices,  ie  luy  en  rende grâces* 
comme  il  appartient.'car  ccft  le  poinct  où  ie  trauaille  encorcs.  Quant  a  l'autre,i  ay  efte  vn 
temps  en  gra  nde  trifteue,  de  voir  tant  de  gens  de  bien  le  trauaillcr  pour  ma  deliurance,  &: 
faire  fi  grande  defpcnle  pour  moy  :voirc  pour  moy,qui,  comme  iay  dit,leray  inutile  après 
cftrclbrti,!i  Dieu  n'y  pouruoit  par  fa  grâce.  Mefme  en  confiderant,  que  fi  le  Seigneur  ne 
permet  que  les  moyens  ne  ièrucnt  a  telle  fin  que  vous  prctendez,que  ce  feroit  vne  defpé- 
fe  perdue,&:  grande  affliction  Se  tourment  pour  vous.Et  en  cela  ay-ie  tellement  trauaille 
que  i'eulTe  voulu  ne  vous  auoir  ïamais  cogneu,  afin  que  ne  vous  rulïiezenricn  meflé  de 
mon  cmprilonnement. 

Apres  U  Je-  M  a  i  s  çc  bon  Dieu  qui  nclaiflc  pas  les  liens  longuement  en  deftrelTe ,  me  fit  efleucr 
fttcireiiiét  mes  yeux  vers  luy ,  &:  cognoiftre  que  ce  n  eftoit  de  vous  ne  pour  mov  feulement  que  cela 
rcdiS"1  *c  ^anoic:^c  vous,  di-icy  d'autant  qu'il  beibngne  tellement  par  vous ,  qu'il  eft  bien  facile  de 
iuger  qui! y  a  mis  la  main,&  que c'eft  vn  ouuragcdu  Seigneur. Se  ie di  auffi  pour  moy  (eu- 
lement, de  ce  que  (bit  que  le  Seigneur  me  retire  alby ,  ou  qu'il  me  donne  a  vous,  voftre 
eharite,de  laquelle  m'auez  fubuenu,  rcuicndra  grandement  a  la  gloire  de  noftre  bon 
Dicu:mefmcmcncen  ceque  vous  aucz  elle  caule, que  non  lèulemétla  confeflion  denc 
ftre  fov ,  maisauffi  voftre  charité  fera  prefehee  iufqucs  aux  aureillcs  du  Rov  &de  plu- 
fieùrs  autres,a  la  condamnation  des  vns  Se  au  (alut  des  autres  /dont  les  meichans  qui  taf- 
chentdc  blafmer  l'eglife  de  Geneuc,lapriuant  faufîcmentde charité, auront  encorcs 
plus  deconfulion  en  eux,voyans  vne  li  admirable  charitede  laquclleaucz  vfeenuers 
nousrlaquclle  fait  &:  fera  autantou  plus  de  rruict ,  que  noftre  confeffi on  de  foy .  Et  ie  ren 
grâces  a  ce  bon  Dieu ,  qui  me  fait  voir  le  fruict  de  tous  les  deux  délia  deuant  mes  yeux ,  a., 
uant  quede  mourir.  Et  puis  il  vous  en  reuient  a  tous  vn  grand  proufit:caren  cela  auez- 
vous  vn  tefmoignage  ample  que  l'EfpritdeDicu  bdongneen  vous,  &  fi  fait  produire  les 
fruicts  de  voftre  adoptiomvoyans  qu'à  la  venté  pouuez  prorefter  d'eftre  du  nombre  de 
Hcb.13.3  ccux<aufquels  parlcl'Apoftre, difant,  Ayez  mémoire  des  prilbnniers ,  comme  fi  vousc- 
ftiezcmprilonnezaueccuxr&dcceuxquifontarrligez  ,  comme  vous  mclmcs  auffi  I'e- 
ftans  en  perfonne.  Or  loué  foit  nollre  bon  Dieu,  que  vous  i'auez  moftré  a  fiez  amplemet, 
donnant  rcfmoignage  par  cela  que  véritablement  cftes  membres  de  noftre  Seigneur  le- 
fus  Cluift. Ce  que  voyant  au  milieu  de  ma  trifteue,  i'ayrcceu  vne  grande  ioyc&  conten- 
tement en  coqu'auez  fait  :  non  tant  pour  le  foulagemcnt  Se  bien  que  i'en  ay  receu  (  du- 
quel ic  1  en  grâces  a  pieu  Se  à  vous)commcpour  les  caufes  fufditcs  Et  à  ceftecaufe  ie  Vous 
pi  ic"a,u  nom  de  Dieu ,  puis  qu'il  vous  fait  lèntir  que  vaut  le  lien  de  charité ,  &  l'exerci- 
ce d'icellci  que  vous  continuyez  touliours ,  non  enuers  nous  :  car  c'eft  aflez ,  Dieu  merci: 
niais  enuers  fous  autres ,  conliderans  que  tous  fommes'vn  corps  cnChrift ,  Se  membres 


JimTrigala  jjf 

les  vns  des  autres .  Car  vous  n'auez  point  les  biens  de  vous,  mais  de  Dieu  qui  les  vous  a 
donnez .  Or  ne  les  vous  a-il  pas  donnez  pour  vous  faire  aiîcoir  detfus:  car  il  vous  fait  (èoir 

Éu$haat>auau6u'é$Ueux^  donc  derechef  venir  en 

is?  Non»mes  treres,ie  vous  prie  :  mais  regardans  toufiours  plus  haut ,  vfez  des  biens  que 
Pieu  vous  a  donnez,ielon  fa  volontcJit  faites  tout  ainfi  que  voftreEgliic  eft  auiourdhuy, 
grâces  a  Dieu>celle  qui  reluift  au  milieu  du  monde  plus  abondamment  en  la  pure  prédi- 
cation delà  diuine  Parollc  &C  vraye  adminiftration  des  Sacremens  :  elle  puùTc  aufli  telle- 
ment  reluire  par  vos  ceuures  en  toute  charité,  que  la  clarté  d'icelle  nefblouiiTe  pas  feule- 
aient,  mais  creue  les  yeux  du  tout  a  ce  maudit  Antechrift  Romain  &:  a  tous  fcs  membres: 
&  mettre  tellement  bas  fon  règne,  que  noftre  ièul  chef&  capitaine  Iefus  Chrift  puuTe  ré- 
gner iej.il  &ç.  par  tout. 

L*  Seigneur  Dieu  vous  en  face  la  grâce ,  &  vous  recompenfe  de  tous  les  biens  que  me 
faites .  Car  c  eft  celuy  qui  rend  le  iàlaire  de  tels  bénéfices ,  non  en  égale  portion ,  mais  en 
centuple  .Frere,ie  vous  prie  me  faire  ce  bien,  défaire  mes  recommandation?  a  tous  mes 
bons  arnis,frcres  &  lceurs:lefquels  ic  baife  d'vn  faind  baifer,&  les  prie  qu'ils  ne  foyent  faL 
chez,  fi  ne  leur  eferi  a  chacun  comme  iedefireroye.Il  leur  plaira  fe  contenter  de  la  prefen- 
te,laquelle  ie  vous  prie  leur  communiquerrcar  parlant  a  vous,  ie  parle  a  tous. le  les  prie  au 
nom  du  Seigneur,  qu'ils  m'eicriuct  pour  m  apprefter  a  ma  diiToiûtion  qucie  fen  prochai- 
ne, l'enten  qu'ils  m'admonneftent  a  la  mort ,  fans  plus  faire  mention  de  deliurance,a  la- 
quelle ie  ibis  content  de  ne  penfer  pointrcar  fi  en  la  penièe  de  la  mort,  le  Seigneur  me  fur- 
prend  par  ladite  dcliurance,tant  plus  auray-ie  matière  de  le  glorifier,  d'autant  qu'il  m'au- 
ra refufçite  d'entre  les  dormans:aucc  lefqucls  ic  fuis  content  de  repofer  en  efprit,en  atten- 
dant la  reuelationdu  Scigneur.Car  combien  que  (Dieu  mercy)i'aye  appréhendé  iufques 
icy  la  mort  pourlareceuoir  de  bonne  volonté,  ic  ne  me  puis  pourtant  rien  promettre 
pour  l'aduen  ir:  veu  la  grande  infirmité  &  foi  bleue  defqucllesie  me  fenenuelQppe\Etfï 
(àinct  Paul  protefte  qu'il  ne  fe  réputé  point  encores  l'auoir  appréhende ,  pour  eftre  par-  Philips»; 
fàitrmais  qu oubliant  les  choies  qui  font  en  derrière,  il  sauançoit  aux  choies  qui  eftoyent  *  9 
au  deuant,  pourfuyuant  le  figne  propolë  au  prix  de  la  fupernelle  vocation  de  Dieu  par  Ie- 
fus Chrift:  ic  doy  bien  recognoiftre  vne  plus  grade  foiblene  en  moy,  &:  par  ce  moyen  fan* 
aûoir  efgard  a  ce  que  i'ay  fait  iufques  icy  (fiuuon  pour  recognoiftre  la  bonté  de  Dieu)  ic  me 
d(oy  fortifier  toufiours  pour  pourfuiure  ma  courfc  iufqu'a  la  fin.  A  quoy  vos  lectres,exhor 
rations  ô^faindes prières  meferuirontgrandemét ,  comme  elles  m'ont  feruy  iufques  icy, 
grâces  au  Seigneurie  vous  fupphe  donc  derechef  m'en  faire  participant,»*  en  auez  auçun 
moyen.Frercic  fuis  bien  aife delà  bénédiction  que  Dieu  vousafeitexperimenter,  fiç  ala 
fœur  voftre  feràmef  alaqùelle  de  bon  cœur  merecômande,&  a&s  prières)  vous  donnant 
vn  fils,&  encore  plus  aife  qu'il  foit  appelé  Abraham .  Dieu  luy  face  la  grâce  d'eftre  a  la  vé- 
rité fils  d'Abraham,pour  l'enfuyure  en  foy  U  obéiuânce:afïn  qu  il  vous  ferue  de  bafton  & 
confolàtion  en  voftre  viçilïeue. 

B  X  T  R  A I T  des  lettres  de  Iean  Trigalet  a  ton  t>eau-pere,par  lefquelles  on  peut  voir  reprefenté  au  vif  le  combat 
fpirituel  de  la  chair  &  de  1  ,tÇptit,8c  la  félicité  que  nous  auons  par  la  mort. 

La  dilection  de  Dieunoftre  Pere,& la  grâce  de  noftre  Seigneur  Ieius  Chrift,  a~ 
uec  la  communication  du  SXfprit>demeuretaufiours  en  vous,  Ainfifoit-iL 

On  pere  &  frère  en  noftre  te  ign  eu  r  Iefus  Chrift ,  f  ay  receu  vos  lettres  datées  du 
^j^jdixhuitiemcdeluin,efquellcs  efcriucz  auoir  efteefbahy ,  de  ce  que  ne  vousauoye 
eferic comme  mes  compagnons  auoyent  fait  a  leurs  amis  :&  que  craigniez  quefuflcCn 
plus  grande  deftrejfe.  Cen'aeftela  cauferrnais  que  fus  occupe  a  doubler  vne  reque- 
fteque  nousenuoyafmes  :  car  tous  trois  eft  ion  s  liez  enfemble  d'vnechaine .  Quant  a  la 
triftefle  quedites  auoir  eu  plus  grande  que  de  chofe  qui  vous  foit  aduenue  en  vos  aduer- 
fitez ,  &  ce  félon  la  chair  :  ie  le  croy  bien .  aufll  ây-ie  cogneu  toufiours  par  expérience  que 
m'auezponcafFedionpatcrnelleïdontvous  en  remercie.  De  la  ioye  que  dires  auoir  eue* 
félon  Fefprit ,  ayant  confidere  l'honneur  que  ce  bon  Dieu  nous  a  fait,  de  nous  auoir  ap- 
pelez pour  la  confdiîon  de  l'on  Fils  Ieiiis,encela  ay-ie  apperceu  la  vraye  amour  &  af- 
fection Chreftifnne:  &:  vous  en  remercie  .  vous  priant  &  exhortant  au  nom  de  no- 
ftre Seigneur  Iefus  que  perfiftiez  en  ce  bon  &  fainct  propos  :&c  priez  le  Seigneur  pour 
nous  que, commé  il  nous  a  doqnc  l'a  force  &  vertu  de  commencer  bonne  bataille, il 
nous  donne  la  grâce  de  perfeuerer  iufques  a  pleine  victoire  ,  pour  receuoir  après  le 

Oo.  iii. 


Liurc^V*  JtmTr&let 

v  iomphé  Sccouronnc  de  gloire  qui  nous  eft  préparée  aux  cicux  par  noftf  é  chef&  capi- 
taine noftre  Seigneur  Iefus.  Aquoy  nous  afpirons  de  plus  en  plus >&:  de  iour  eft  iour  no- 
ftre defir  &  affection  d'y  paruenir  s'augmente  par  là  grâce  dé  ce  bon  Sauueur  &  Redem- 
u  cemtu-  pteur  IefusJe  dy  en  vérité  que  l'Efprit  de  Dieu  docteur  intérieur  de  nos  côfcienees,  nous 
de  qu'ont    rcn  j  yn  tej  teimoignage  de  noftre  eledioA',  &  vocation ,  &  adoption ,  de  là  rémiflion  dé 
Sd"cu?5   nos  péchez,  de  noftre  reconciliation  &:  iuftiffcation  par  la  mort  &  résurrection  de  noftrfl 
Seigneur  Iefus ,  qu'onques  de  ma  vie  n'eu  telle  cognoifîance de  monfàlut  &:  aneurance^ 
par  les  leçons  ôc  fermons  que  i'ay  ouys  en  iSbn  efcole ,  que  le  fert  en  mon  cœur  par  expéri- 
ence en  cefte  pratique  &:  probation  d'affliction  &  periecuttÔ:de  forte  qu'il  me  tarde  quSd 
ie  feray  hors  de  ce  corps  de  peché,&  reueftu  d'vn  corps  glorieux.  Il  eft  bien  certain  que cà 
n'eft  pas  fans  grande  bataille  de  la  chair  contre  1  efpritrde  forte  qu  eft  Vray  cé  que  contiens 
ceftelentence: 

Cecorps  lié  demande fa  rançon  Ha{  dit  k  corps)faut-  il  mourir  ainfè 

(Mon(rtfcherpe)v)&tefpmaucontrairc  Ha(dttCeff>rit)faut-tlUnguiricyî 
Zeveut  l4ijjèr,commevneordeprifîn:        Va{dit  lecorpis)mieux  que  toy  iefouhaitex 
£yn  t?à  om  modet&  tautreksen  diflratre-.  Va{ditCcftrit)  tu faut  &  moy  aufli, 
C'cft grand  pitié que  de  les  ouir braire.         Du  Seigneur  DteuUvolûnté fon  faite. 

Voi  h  a  la  victoire  que  lé  Seigneur  nous  donneparlà  Vertu  de  fon  Efprit,  après  auoir 
longuement  combatutdéfof  te  que  nou$  nous  régeons  a  la  volonté  de  noftre  bon  Pcre,rc- 
mettaris  lé  tout  en  fa  main,  érperaris  cjue  cômeen  cefte!  Vie  caduque  il  s 'eft  monftrc  fidèle 
gardien  de  nos  corps  &ames,  qu'il  le  fera  auflienlaviecélcfte.Ielefupplie  au  nom  de 
fbn  Fils  Iefus ,  quil  nous  maintienne  en  cefte  foy  &  efperance  iufques  au  dernier  fbufpir 
de  cefte  vie.  Qt  an  t  àcequenousefcriuezdu  voyagé  deMarfeiIle,hous  vous  en  a- 
lions  efcrit:&  pomble  que  fi  le  prefent  porteur  ne  vous  apporte  les  k  ttres,ne  tarderez  pas 
longtempsales  receuoir.  Orbien,quoy  qù*uènfoit,  Dieu&  Pere  de  noftre  Seigneur  Ie- 
fus Chrift ,  duquel  nous  fommes  prifonniérs.,Àous  fera  là  grâce  de  glorifiér  fon  faindt 
rtom,&  édifier  (on  Eglife,lbit  que  nous  pallions  par  feu  ou  jpàr  eau  hors  de  ce  miferablé  àc 
damnàble  monde,foit  que  viuions,  nous  viùrohs  en  luy ,  fort  que  mourions ,  nous  mpur- 
rfcftfpbùr  luy  &:  en  luy:  comme  M  eft  e/erfr,  Bièn-héuréijx  font  ceux-la  qui  méurent  au 
Sé'ignfeûr.  O  mort  héûreufe,répo$  de  tous  ttàùàùX,&:  paUàge  de  la  vie  mortelle  a  la  vie  im- 
mortelle ,  par  laquelle  mort  nous  entrons  eh  pleine  &:pârfaîte  pbfTe/fion  de  la  gloire  im- 
mâfeel!ë,qui  éternellement  nous  eft  acquife  &  préparée  par  noftre  chef&  capitaine  Iefus 
ChM4.  Il  riôusa  mis  commefes  membres  én  la  Voye  far  tqueUè  il  e(t  rnonté  cn<?cftegloi 
ré;  Ef  aceftê-caufenous  refiùuiftofts-noûs  en' nos  affllctiôs  depeu  de  durée,  lesquelles  onç 
vn  grand  poids  de  gloire  a  venir ,  dqn^fornrriés  cftimez  du  monde  fols  &:  infenfez  :  mais 
neus-nous  éônténtons  d  eftre  eftimez;  dé  T>ic  il  fages  de  là  lag^/Tc  de  fon  Çlpnt,  laquelle 
les  hommes  àueuglez  par  Satan ,  &c  les  impdr&rés  &:  tromper \çs  de  rAntechf  iftfon  fils, . 
cftans  deftituez  des  yeux  de  la  foy ,  ne  pcuuent'  aucurtenicnt  appérceiioir  n'y  com- 
prendre. 

^  Difons  donc,mon  bien^imé  pcre,tousdeux  enfembleauec  tous  fidèles, 
Attsy.  Sefgnew J oit touthonneur&*  gloire,     Detesbien-faitls^tant  en  aduerfitcy 

tnifcau*"1  Foy  no**  ce  bien  d'auohtwfiours  mémoire     Comme  en projperitéi 

chïmé  i°      T^" Y  °  ^ 5  £ou£°urs  *c  au  cœur    en  la  bouche  ceftif  rainctcrequefte,  afin  qué  par  no- 

snïbourg  ftre  ingratitude  &:  mefeognoiffance  des  biens  &  grâces  in comprehenfibles  que  Dieu 
nou sfaiï,ne  contrâignions  comme  par.  force  ce  bon  Dieu  de  nous  en  priuer.Crions  donc 
auecles  S*Mvtyrs,Saind,fainct,fainA  des  faincts,à  toy  feul  Ibit  lôuange,honnéur'&  g\&U 

ApoaM  jç^'ç^p  jrc  éternellement,  Àinfi  foit-il.Mon  pere,ie ne  puis  retenir  ma  plume^>our  l'ar 
deux  §c  vçhemence  de  refprit,que  ie  ne  vous  cfcriueencore&  ce  mot,  Quck  prilbn  déno 
ftre  Seigneur  Iefus,  eft  l'clçole  où  on  apprend  plus  en  vn  tour  que  c'eft  du  rraiâ:&;.  vetm 
de  la  fpy,&:  quelle  eft  la  vraye  religion,  par  pratique  &  expérience,  qu'on  ne  fait  en  vn  an 
par  théorique  &  icience  de  leçon  èc  predicationXe  Seigneur  nous  face  fentir  le  bien  qui 
nous  reuienjt  Se  uar  la  théorique  &:  par  la  pratique  a  là  vérité  fans  hypoenfîe:  &:  noqs  tou- 
che le  cœur  du  vifiéntiment  des  biens  infinis  qui  nous  y  (ont  communiqués ,  pour  n'en 
eftre  iamais  ingrats:mais  luy  en  faire  bonne  &  vraye  recognoifianec  touC  lé  temps  de  no* 
ftre  vie,  de  foutnoftre  cœur,  de  bouche &d'œuure;eni9rtc  que  luy  fculenfoitglorifiév. 
&  noftre  prochain  édifie,  Ainû.  foirai. 

Mon 


Apoc.14.1) 


tréfcher  &  bien^aimc  pere ,  Se  frère  en  nqftre  Seigneur  Je&s  Chrift ,  pource 
qu'auez  entendu  par  nos  dernières  lettres ,  contqo^CsJa.eonfefsiQn<dejfoy.  qu  auions 
Élite  tous  enfemble  deuant  ksieigneursde  ce  Parlemerit,par  la  grace^pul  ffance  tl^nô- 
lire  bon  DieuJ'eftat  de  noftre  caufe ,  c'eft  qu auons  efte  condamnez  a  eftre  briiflez  r  ne 
vous  en  feray  plus  long  proccz.Bié  vous  pins  alfeureç  en  verjtéifelon  le  telmeignageiçue 
le£inct  Efprit  m'en  rend  en  ma  confcience,què  comme  ceft  le  plus  grand  bien  qui  peut 
aduenir  au  fidèle ,  de  pajer  par  ce  paflage  pour  aller  a  la  vie  perdurable  Se  eternelié  :  aufsi 
n'y  a -il  çhofe  qui  plus  nous  tarde  que  la  biea-heureufe  iournee  qu'on  nous  viendrapren- 
dre  pour  nous  mener  au  fàcrifice.  Caroutreccque  l'honneur  &:gloire  de  noftregrand 
Dieu,&:  Seigneur  Se  Sauueur  Iefus  Chrift,  l'édification  defon  Eglife,lacôfirmation,ioy£ 
Se  confolation  de  nos  rreres,la  confufion,ruine  Se  totale  perdition  de  Satan,  l' Antcchrift 
Se  tous  Ces  iuppofts  Se  adherans  ennemis  de  vérité,  font  contenus  en  ce  tei'moignage  pu- 
blique Se  folennèl  que  nous  rendons  de  bouche  Se  feellons  de  noftre  propre  fangrqui  eft 
lé  principal  fruict  qui  procède  de  noftre  heureufe  mort:  aufsi  pour  noftre  refpect  particu- 
lier,il  y  a  tant  de  bien  &c  profit  qui  nous  en  reuic  t ,  qu'il  nous  eft  impofsible  de  le  pouùôir 
comptendre,tant  s'en  faut  que  les  puifsions  expliquer  par  parole  ou  par  eferit. 

Car  (ie  vous  prie)eft-ce  peu"  de  çhofe  d'eftre  deliuredequatreprifons,  où  nous  fom- 
mesCcomme  vous  eftes  en  trois)pour  eftre  mis  en  la  liberté  qui  dure  à  iamais  ?  Dont  l'vne  J^JJ^jj 
eft  ce  miierabie  mode,quï  nous  trom  pe  par  fa  figure  plein  e  de  vanité  Se  abus  &  deceptiôv.  Tommes. 
La  fecondé,noftre  corps  infed&farcy  de  toute  ordure &puantife.  La  troifieme,  no- 
ftre ameauée  toutes  lès  parties,éntendement,mémoire,raifbn,  vplonté,&:  nos  cupiditez 
& 'affections'  qùiriOus  tirent  ça  Se  là  tout  au  rebours  de  ce  que  Dieu  nous  commande, 
N'eft-elle  pas  vn  vray  gouffre  Se  abyfme  de  tous  vices  Se  péchez ,  fi  grans  Se  énormes  que 
ceft  vn  horréur?Ce  bon  Dieu  les  nous  face  bien  (èntir,  pour  y  gémir  Se  fouipirer ,  Se  nous 
y  defplaire,&:  nous  adonner  abien  &,a  vertu,&:  toute  iuftice  Se  làinctetexruçifian s  noftre 
vieil  nom  me,  &mortifiâns  noftre  chair,  affin  que  les  mauuailes  concupiicences  nere* 
gnent  f>lus  en  nous:&que  nous  refuicitions  en  nouueauté  dé  vic,pour  fi?ruir  a  noftre  J?oqt 
jyïciiySe  produire  fruits  de  iuftice  Se  innocence  qui  luy  foyent  agreables,pour  monftrer 
que  nous  fommes  membres  dp  Ton  Fils  Ieius,&  yrayement  régénérez  Se  renouuelez  paç 
fon  laînct  Éfprit ,  à  la  gloire  &  édification  de  nos  prochains.  Ces  chofes  fon  t  les  fruicts  &: 
vtilitez  que  nous  receuons  entre  autres,de  la  mort  Se  reuirre&jon  de  ce  grand  Sauueur  &; 
kedepteur  Iefus.  A  cecy  nous  exhorte  le  fainct  Efprit, par  la  doctrine  des  Apoftres.fotnfl- 
Paul  au  fixieme  ,feptieme  ^  huitième  chapitres  des  Romains ,  és  Epiftres  aux  ÇpRéfienJ 
Se  ColoT$iens;fain&  Pierre  aufsi  nous  cpnuie  en  fes  deux  Epiftres. en  la  lecture  desquelles  La  Icfture 
exercèz-yous  ordi^akénient ,  &  aufsi.cn  la  fréquente  méditation  &  lecture  de  mus  les 
Pfeaumes:&:  ne vouslaiîeziàmâis,m^  du  Catechilhie-:.c  eft, qu'après  '  °M 

1  au  oirleu, recommenciez,  &:  auecfaidé  dc/çel?onDieu  enfentirez  vnfruict  indicible. 
La  quatrième  &dèrnière  nous  eft  maintenant  propre  parla  grâce  de  ce  bon  Pieu,  qui 
nousafaits  priibnniers  de'lbn  Fils  Iefus  Chrift  en  ce  chafteau  de  Chambery  :  x?ù  par& 
grâce  il  nous  a  fàict  fentfr  plus  abondamment  Cçs  grâces  Se  bénédictions  tant  {pirituellçs 
que  corporelles ,  qu'en  autre  lieu  où  ayons  iamais  efté.  Voila  quant  au  premier  Ibien,  quji 
nous  en  reuient. 

Au  refte  s'il  faut  confiderer  la  vie  Se  eftre  que  tous  naturellement  fouhaitent&  dé- 
firent tant,  n'eft^de  pas  la  mort  heureufe,  par  laquelle  nousallons  enla  pofleftionde  là 
vraye  vic,&  du  vray eftre?De  la  ioye  Se  plaifir  quenous  aimons  tant  voir  S&  en  iouyr,en  a- 
uons-Jious  iamais  la  yraye,pleine  Se  entière  iouyflance ,  que  par  cefte  plaifante  Se  ddira^ 
Wé  mort?  Le  Pfeau.9o,nbus  en  eft  inftrument  allez  authentique,&:  le  cent  troifieme,  Se  le 
cffhtquatrieme.  Briefj  nous  pouuons  changer  determes,  Rappeler  cefte  vie  caduque, 
tant  remplie  de  pouretez  Se  miferes ,  vnevraye  morti&  la  mort  naturelle ,  qui  eft  fepara- 
tion  du  càvpsSe  de  Famé,  Se  vn  département  de  ce  logis  eftrange  pour  aller  a  noftre  pro- 
pre pays;vneyiébien-rheuteafe.  Il  eft  bien  certain  qu'ouy,quand  nous  la  méditerons  Se 
confittererons  en  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift^omme  eftans  lès  membres,  Se  non  autre- 
ment; ^Erabraftbn$4a  donc  comme^noftre  trefdefirable  amie:  Se  ne  layons  plus  en 
horreur  comme  noftre  ennemie.  PaiTons  volontairement  par  icelle ,  puis  qu'elle ne  nous 
peut  furmonter  pour  nous  rendre  ignominieux §e  contemptibles,mais  nous  eft  vne  por- 
te degloire.  Empoigno"ns-la  puis  que  maintenant  elle  n'a  plus  de  dard  en  fa  main  pour 
tiovi  iiaurer  à  U  mort  ettxnellétfnais  bien  vneielef,p  our  nous  ouurir  l'huis  duiiel&nous 

O.  iiii. 


tm 

fcire  voir  lefus  Chrift  noftre  vie  éternelle .    Quediray  plus  ?  fins  elle  en  ce  monde  touf- 
tours  mourons,^  iamâis  ioyc  6c  plaifir  n'auons:  iamais  ne  iouyifons  de  la  prefence  de  rio- 
L«  comme  ^rc  entier  6c  loyal  cfpoux,auec  lequel  6c  par  lequel  de  poures  fommes  faits  riches Vdc  ma- 
riez de  la  ladcs/ains:de  mortS,vlrstde  maudits,  bcnis:4'ignominieux ,  iouyltans  de  la  gloire  immor- 
ttort'       tclle:pour,eftans  deliurcz  de  tous  nos  ennemis,  &c  meûnes  les  ayans  veincus ,  6c  triomphé 
d'iceux,eftre  coronnez  de  cefte  couronne  de  gloire  immortelle ,  pour  triompher  éternel- 
lement par  noftrefouuerain  Empereur  vi&orieux  &  triomphant,  noftre  Seigneur  lefus, 
quienlVnitedu  Pere&s  du  fainâ  Elprit  viuant  éternellement ,  nous  fera  viure&:  (ubfi- 
fter  en  luy  &  auccluy,  &  le  Pere  &le lâin&  Elprit,  quand  nous  ferons  vn  auec  eux, 
Amen, 

m- Sitcr  Méditons  donc  cefte  heureulc  &  triomphante  mort  iournellcment,a  ce  qu  elle 
?our  nous  nous  férue  de  magifter  pour  nous  retirer  du  mal ,  6c  adonner  au  bien.  Ayons-la  en  prix  6c 
rwircr  du  eftime  t  &  y  prenons  toute  noftre  delc&ation ,  veu  que  nous  làuon$  quelle  cil  en  eftime, 
enuers  Je  Seigneur,  Plcaume  cent  quinzième.  Que  nous  n' épargnions  point  noftre  (âng 
puant  &  infeft  en  nous,puis  qu'il  eft  en  fi  grand  prix  6c  eftime  enuers  noftre  Dieu,  Pfeau- 
me  feptantedcuxieme,Tes  iugemensjmcfmes  puis  qu'il  le  rcquiert,&qu'il  en  a  mémoire: 
&  s'en  enquiert  diligemment,  Pleaumeneufieme:  duquel  il  fera  vengeance  au  dernier 
iourxomme  fes  Marty  rs,c  eft  a  dire  lès  tefmoinsjayans  dpandu  pour  feeller  fa  vérité ,  en 
crient  la  vengeance,  A  pocalypfe  chapitre  fixieme.  Mais  comment  ne  luy  ferbit  cher& 
précieux  noftre  fang,que  mefmes  nos  larmes  (ont  recueillies  par  luy  miles  en  Ces  barils? 
Pfcau  me  cinquante/ixieme:de  forte  qu'il  ne  s'en  perdra  pas  vne  feule  goutte.  Que  fi  elles 
nous  baignent  6C  mouillent  par  trop ,  il  les  elTuyera,  A  pocalypfe ,  chapitre  feptieme  6c  2,1, 
6c  Edie  chap.15.  Noslbulpirs  U  gemilTemens,nos  penfees&  defirs  les  plus  fecrets,neliiy 
font-ils  pas  aiilsi  tous  patens  &:  manifeftes  ?  Ceft  luy  qui  fonde  le  profond  de  nos  cœurs, 
Pfeàume  fcptieme,ti  entetroilieme,&  nonantieme,deuxicmeChron.chap.  quatorzième. 
Nosbraifons  &:  nos  cris  ne  font-ils  pasaulsibienouysde luy  î  Pfeaume  fixieme  6c  cent 
rrc&tfenufcieine,  H  faut  que  de  tous  mes  efprits ,  &c.  Or  fus  donc ,  courage,  que  nul  ne  &  ' 
fafche  de  foufpker,germr,crieT,pleurer,pcrdrc  biens,  cfpandrelbnlàng,  toufrnr&  endu- 
rer tbùriiufqucs  a  la  mort,  voire  celle  mefmc  qui  eft  tant  horrible  &  dpouuantable  a  la 
chaîr  ,  6c  aux  charnels  :  meûnement  que  nous  qui  fommes  régénérez  parl'EfpritduSei- 
gneut,fedefirions,raimions,  l'embraisions  auec  toute  ioyc  ficalegrelTe  de  cœur,  &d'vn 
cûufàge  libre  6c  franc ,  puis  que  nous  y  voyons  tant  de  biens  pour  nous  6c  nos  prochains, 
u  ira.4  £  j^ririçipalement  a  nos  rreres,&:  a  ï'Eglil'c  clu  Seigneur .  Et  puis  que  noftre  fang  6c  cendres 
(ôfii  lafemence  des  fidèles  6c  de  l'Eglife^erfons-lc  tout  iniques  a  la  dernière goutte.Tou- 
tesfôis  en  patience  6c  longanimité  6c  fouffranec  faut  qu'attendions  Timie hcureulc:car  er^ 
icetlenouspoflêdons  nos  ames.Elle  nous  eft  grandement  neceflaire,  Hebr.dixicme:  par 
icellë  nous  aùbns  dperance ,  Romains  quinzieme:par  icellc nous  fommes efprouiiez  :car 
die  engendre  prôbation,  Romains  cinquième ,  6c  Saind  laques  cinquième  chap  Nous 
Pfeauji7.x4  fCTohsdoncccaquoy  lefàin&Efprit  nous  exhorte  par  Dauid,  Or  donc  atten  toufiours 
rwtierriment  le  Seigneur  Dieu,fouftien  iufques  au  bout:  AfTcurc-toy  pour  refifter  atout, 
En  amendant  de  Dieu  l'aduenemcnt. 

A©  jt  riNNi  donc  ce  qui  pourra  aducnir,Sc  que  noftre  bon  Dieu  voudra,  car  ice- 
lùy  Dirai  effc  noftre  Dieu  a  toufiours-mais  :  il  nous  conduira  iufques  a  la  mort  6c  éternel* 
lçmcnr4ernier  verfet  du  Pfeaumc  quarantehuitieme .  Le  bon  Dieu  &:  Pere  de  miferi- 
cordifau'nomdefqn  Fils  lefus  Chriftnous  face  la  grâce  de  nous  appuyer  6c  arrefter  iur 
fes  Ciin&es  promcnes,auec  vne  ferme  6c  viue  foy,  par  la  vertu  de  laquelle  eftans  armez &£ 
fbrtifiez,nousrefiftions  a  tous  nos  ennemis  6c  les  ddpitions,  mefme  Satan  6c  toutes  les 
portes  <fenrer,puis  que  nous  auons  la  vi&oirc  de  tous  par  noftre  Seigneur  lefus  Chrift ,  a- 
uec  leqnel(qui  n ous  conforte)  nous  pouuons  toutes  chofes  .  La  vie  en  laquelle  ce  bon 
X?ieanousprelérue,nousraichc  plus  pour  lcfoucy,  angoilfc&triftcile  que  nous  fanons 
que  vous  6c  toute  l'Eglneauez  pour  nous,  pour  lapeinc&rrauail&dcfpens  quêtant  de 
gens  de  bien  fourrrent  pour  nous ,  qui  fommes  poures  vers  de  terre  inutiles  a  cous ,  que 
pour  n  ouf  mefmcs.  A  Dieu. 

LETTHES  deGuyraudTauraaU vnùenuhj. 

L  a  grâce  de  Dieu  noftre  Pere  par  noftre  Seigneur  lefus  Chrift,  en  h  vertu  du  faittà 

ïfcnt» 


(jtiyraud  *ï° autmu.  $$? 
Efprit, demeure'eternellerhent  auec  vous,  Amen. 

Reres ,  fi  onquesiettres  ont  eu  puulknce  de  me  prefter  confolation ,  ç'ont  efte  les 
voftr'esrdontvousen  remercie  grandement.  Par  lefquelles  aulsi  i'ay  peu  comprc- 
dre  qu'eftiez  en  grande  trifte(Te,ne  fâchant  point  l'afsiftence  que  ce  bon  Dieu  me 
fâifoit,&:  méfait  iournelleméhtÇgrâces  luy  en fbyent  rendues )pourcé  que  vous  aduifiez  à 
cequieftoitenmoy,dontnefuismarry:car  ilyauoitdequoylècontrifter,  Màisenàdui- 
fant  au  nom  de  qui  ie  combatoyeiil  n  y  auoit  nul  danger:d  autat  qu'il  eft  prouuèu  de  rou- 
tes armures  neceflaires,&:  m  en  afourny  au  bcfbinXar  en  eclapuis-ie  cognoiftre  qu'il  ne 
ma  pas  tire  du  gouffre  miferable&  damnabledela  Papauté,  où  i'eftoye  plongé  en  ténè- 
bres horribles,m'ayant  misen  Iumiere,pour  m'y  rctourner:&  combien  que  par  ma  gran- 
de faute  ne  fufTe  fuffifan.t  pour  refpondre  aux  articles  qui  m'ont  efte  propofez,  qui  reque- 
iroyentvn  grand  théologien,  toutesfois  il  m'a  donné  bouche  pour  rendre  confus  les  en- 
nemis de  la  vérité.  Aulsi  ièntant  ma  fbibleffé,&:  qu'il  y  auoit  grand  'danger  pour  moy ,  ie 
me  fuis  du  tout  en  tout  repofé  fur  la  grâce  Se  bonté  paternelle  de  ce  bon  Dieu  :  laquelle  il 
â  tellement  defployee  vers  moy  poure  pécheur ,  que  i'ay  cognu  que  la  promette  que  no- 
ftre  Seigneur  fit  a  fes  Apoftres,ainfi  qu'il  eft  eferit  au  dixième  de  fainct  Matthieu,  nés 'a- 
dreflbit  pas  feulement  a  eux,quand  il  leur  difôit,  Quand  vous  ferez  deuant  lesgrans  delà 
terre,n'avez  point  crainte  que  vous  rcfpondrcz,  car  alors  vous  fera  mis  en  la  bouché  tout 
ce  qu'il  faudra  que  vous  difieZ.Ie  vous  laiffe  penfèr,  voyan  t  cefte  bonté  paternelle  que  ce 
bon  Dieu  memonftre,  s'il  y  aura  fcu,neglaiue,  ne  tourment  que  cefbit,  qui  me  "face  ré- 
gulier d'aller  a  lui  quand  il  m  âppelera.  11  eft  certain  que  nommais  vous  afTeure  que  tous 
les  tourmtfnsque  les  hommes  mefauront  bailler,ieles  prédraypourfecours  &:  aidé  pour 
aller  a  ce  bon  Dieu. S'il  m  appelé  par  le  feu,ie  me  confole  grandement  :  car  ie  fuis  certain 
qu'il  a  tiré  les  trois  enfahs  de  la  fourhaife  ardenteV&  fa  force  n'eft  pas  amoindrie.  Si  c'eft:  Da°jî  l< 
£ar  eau,il  a  aufsi  fait  paffer  les  enfans  d'Ifrael  par  la  mer  rouge ,  fans  aucun  danger.  Brief,  txo  ',}  ' 
comme  il  lui  plâira,fa  volonté  foit  fairë.râtten  en  patience  fâ  volonte,eftant  preft  dé  par- 
tir quand ilm'appelera.  Surquoy  ieferay  fin,  d'autant  queienepourroye  exprimer  par 
longues  lettres  les  grâces  que  ce  bon  Dieu  ma  faites  :  luy  qui  n'eft  pas  vn  ouurier  i  m  par- 
fait, mais  qihacheucra  rœuure  qu'il  a  commencée enmoy:dequoyl'en  prié  iourtielle- 
ment,vous  priant^  tous  les  frères  de  par  delà,de  faire  le  femblable. 

SELON  l'ordre  que  cy  deffus  auons  tehu,auaût  que  venir  à  l'iflue  heureufe  de  ces  cinq  Martyrs ,  nous  auons  kf 
inféré  certaines  lettres  enuoyees  par  M.  IeânJCaluin ,  pleines  de  corifolation  &  do&rine ,  aux  fufdits  pen- 
dant leur  eniprifonnernent,  quiiefinoigncntle  foin  &  foheitude  qu'a  l'eglifcde  Gencue  de  ceux  qui  font 
priformiers  pour  la  vérité  de  l'Euangile. 

Es  frères,  incontinent  que  noiis  fufmès  aduertis  de  vofjre  captiuité,i'enuoyay  mef- 
fager  par-delà  pour  en  fauoir  certaines  nouuelks ,  6c  s'il  y  auroit  moyen  de  vous  fe- 
Gourir .  Il  partit  Ieudy  dernier  trois  heures  apreS  midy  :  il  retourna  feulement  hier  au  foir 
bien  tard.  Maintenant  il  va  derechef  pour  vous  faire  tenir  nos  lettres,  &aduifer  en  quoy 
il  nous  feroitpofsibledevous  alléger  en  voftre  affli&ion.  Il  n'eft  ia  befbin  de  vous  expri- 
mer plus  au  long  quel  foin  nous  auons  de  vous ,  &  en  quelle  angoiffe  vos  lienà  nous  tien- 
nent enlèrrez.Ie  ne  doute  pas  donc,puis  que  tant  de  fidèles  prient  inftàm  met  pour  vous,1 
quenôftre  bon  Dieu  n'exaùce  leurs  defirs  Se  gemjffemens  :  Se  ie  voy  par  vos  lettrés  com- 
ment il  a  commencé  de  befongner  eh  vous.  Car  fi  l'infirmité  de  la  chair  fe  monftre  par- 
my  tellement  que  vous  ayez  des  combats  rudes  Se  difficiles  a  fouftenir,  ie  he  m'en  esbàhy 
point:  mais  i£  magnifie  Dieu  de  Ce  qu'il  vous  efleue  par  deffus.  De  Voftre  cofté,les  frères 
Laborie  Se  Trigalet  ont  à  fe  confoler,de  ce  que  leurs  plus  prochains  fe  rengent  doucémét 
à  la  volonté  de  Dieu.  Aurefte,  Vous  auez  tellement  profité  eni'efcoledelcfùs  Chrift, 
<|ue  vous  n'auez  pas  meftier  d'ejlre  exhortez  par  longues  lettres.  Seulement  pratiquez  ce 
que  vous  auez  àppris:&  puis  qu'il  a  pieu  au  Maiftre  de  vous  employer  en  ce  fertiiee ,  con- 
tinuez à  faire  ce  qu'auez  oommence.Combieh  quela  porte  vous  foit  à  prefent  fermée  d'e 
difier  par doctrine  ceux  aufqueïs  vous  auiez  dédié  voltre  labeur,  le  tefmoignage  que  vous 
rendreznelàilferapasdeîcsconfermerdeloin.  Car  Dieu  lUy  donnera  vertu  pour  refbn- 
ner  plus  outre  que  voix  humaine  ne  fauroit  paruenir  .Quant  aux  moyens  félon  ïemonde^ 
ievoudroye  bien  que  nous  les  eûfsions  tels  pour  vous  deliurer,  que  fans  y  efperer  nous 
les  fîfsions  valoir)  St  ne  tiendra  pas  à  nous  y  efforcer  :  mais  Dieu  nous  foliciteà  regar- 
der plus  tant.  . 


Lime  V.  Des  Cinq  de  Cbambery. 

A  r  s  s  i  le  principal  cft  de  recueillir  tous  vos  fcns  pour  repoferenfabontépater 
nelle  ,  ne  doutant  pas  qu'il  n'ait  &c  vos  corps  ôc  vos  ames  en  fa  j roteétion:&  fi  le  fang  de 
ic s  fidèles  luy  cft  precieux,qu'il  le  monftrcra  par  effe&en  vous,  puis  qu'il  vousachoifïs 
pour  fes  tefmoins.Et  s'il  luy  plaift  ic  feruir  de  vos  vies  pour  appouuer  fa  vérité ,  outre  ce 
que  vous  fàucz  queceluy  eft  vn  facrificeplus  qu'agréable  :  tonfolcz-  vous  qu'en  luy  re- 
mettant le  tout  entre  fes  mains, vous  ne  perdrez  rien  :  car  s'il  daigne  bien  nous  auoir  en 
faprote£fcion  durant  cefte  vie caduque,à plus  forte  railbn  nous  ayant  recirez  d'icy ,  ilie 
monftrera  fidèle  gardien  de  nos  ames. 

tovchànt  leconfeil  que  demandez,  iecrainqu  il  ne  foirplus  tempsxaràcc 
que  i'enten,vous  auez  fait  ample  déclaration  de  voftre  foy.Puis  queDieu  vous  a  amenez 
iufqucs  à  ce  degré,  il  n  cft  queftion  de  reculer ,  remettant  le  tout  à  la  prouidenec  de  no- 
ftrcDieu.  Cependant  aduifeî  que  voftre  prudence  à  rcfpondre,  foitvraycmcntde  l'c- 
i'prit  de  Dicu,&:  non  pas  de  Taftuce  du  monde.Si  i'efperoye  que  voftre  fupplication  deuft 
venir  iufqucs  auRoy,ic  n'auroyc garde  de  l'empcfchenmais  iecroy  que  celuy  qui  le  vous 
a  promis,  vous  a  voulu  feulement  amufer.  toutesfois  afin  qu'il  ne  femblc  qu'il  tienneà 
vous,  ien'ofepas  du  tout  contredire  que  vous  neperfiftiez  en  l'offre  que  luy  auez  faite. 
Pourcc  qu'en  la  forme  que  vous  m'auez  en  noyée,  icnetrouuoye  rien  nece/raire  à  corri- 
ger^ non pofsible  lacomparaifond'Achab,  6c choies ièmb labiés  qu'il  feroit  expédient 
d'adoucir. Iay  retenu  cefte  copie  vers  moy.  il  cft  vray  que  l'en  eûife  peu  coucher  vne  for- 
me dtuei  fe.mais  i'arme  mieux ,  s'il  en  faut  prefenter ,  qu'il  n'y  ait  finon  ce  que  Dieu  vous 
aura  donné,efperant  qu'il  le  fera  mieux  fru&i  fier.  Si  le  monde  n'accepte  vne  proceftation 
fiiufte&:  fàin&e,pourlcmoinsellefèraapprouueedc  Dieu,dcfcs  Anges,Prophc!tes,&:A- 
poftres,&:  de  toute  fon  Eglife  :  mcfmcs  tous  fidèles  la  voyant  auront  dequoy  le  glorifier 
de  ce  qu'il  la  vous  a  di&ee  par  fon  Efprit.  le  ne  vous  feray  plus  amples  lettrcs.ioint  que  no 
ç.  Firel.   ^re  ^5  £erc  maiftre  Guillaume  s'eft  crouué  à  poinct  pour  vous  eferire.  Parquoy  trefehers 
frcresfaifàntfin,iefupplicray  noftre  bon  Dieu  vous  maintenir  en  fa  fainctçgardç,  vous 
goiiuerner  par  fon  Efprit ,  vous  armer  de  force&  confiance  pour  batailler,  en  forte  qu'il 
rriom  phe  en  vous,fott  par  vie  ou  par  mort  :  6c  qu'il  vous  face  fentir  que  c  cft  d'auoir  tour, 
noftre  contentemet  en  luy  fcul.Pource  que  la  prefente  cft  commune',  ic  ne  vous  ay  point, 
fài&derecommandarionsàpartaunom  demesfreres.  mais  iecroy  que  vous  eftcsafTez 
afleurez  tant  d'eux,qne  d'vn  grand  nombre  de  fi  delcs ,  mcfme  de  tout  le  corps  de  noftre 
Egiifc ,  que  tous  pcnlènt  de  vous  comme  ils  y  font  tenus .    Voftre  humble  frerc  que  co* 
gnoiffcz., 

SENSVlTle  dtmier  Combat  de  h  mort  de  Cet  cioq  Martyrs  cy  deflus  deferit  s, 

E  iour  qu'il  fortirent  pour  cftre  menez  au  fupplice,vn  perionnagc(lequel  auoitfait 
S  pour  eux  ce  qu'il  auoit  peu)  trouua  moyen  de  parler  à  eux  pour  vn  dernier  feruice: 
car  ayant  entendu  la  conclulîon  de  la  cour  deChambery , entra  és  priions^  leur  annonça 
les  nouuelles  de  leur  morales  conibla  félon  la  graecque  Dieu  luy  auoit  donnee,lcs  exhor^  \ 
ta  de  fe  porter  conftamment,puis  que  Dieu  le  vouloir  feruir  d'cux,ppureftrctcfmoins  de 
fa  vericc.  Et  tout  ainfi  qu'il  auoic  tait  vn  commencement  heureux  en  eux ,  aufsi  qu'ils  le 
monftraffentà  fouftenir  te  refte  du  combat.  Lors  tous  d'vne  voix  remercièrent  Dieu  de 
l'honneur  qu'il  leur  faifbit.  Vray  cft  que  l'vn  d'eux,  afîàuoir  iian  v  i  r  n  o  v  fut  effrayé 
à  ce  premier  mcfTage  de  mort:&  n'y  eut  partie  en  lbn  corps  qui  ne  trcmblaft  :  fi  dit  ces  pa- 
N<we  c«    tollcs:Mes  amis,icfens  en  moy  laplusgrofle  guerrequ'il  cft  pofsible  à  homme  de  foufte- 
nir:toutesfois  l'cfprit  veinera  cefte  chair  maudite:&:  m'aifeurc  que  ce  bô  Dieu  ne  me  lairra 
pointé  vous  prie  mes  Frcres,qucne  vous  feandalifiezen  moy:ie  nedefaudray  point  :  car 
ce  bon  Dieu  nous  a  promis  de  nous  afsiftçr  en  nos  affli&ions.  Or  voila  comment  Dieu  a 
diuers  moyens  pour  exercer  les  fiens:  6c  vnctelle  frayeur  nous  doit  bienadmonnefterde 
noftre  infirmité,  6c  nous  faire  depcndredcla  m  ifericorde  gratuite  de  Dieu ,  qui  parfait  fa 
vertu  cnrinfirmitédcceuxqu'ilaefleus  pourfiens  ;  afin  que  toute  gloire  luy  (bit  dônec. 
Vcrnou        ^"Qtiand  ils  furent  venus  au  lieu  du  fupplice,  ledit  iian  viinov  recouura  ce  qu'il 
s'eftoie  promis  de  la  bonté  &:  vertu  de  Dieu  :  afTauoir  vne  heureufe  confiance &force  di- 
gne d'vn  vray  Chrcfticn.il  fut  empoigné  ler>remier  par  l'exécuteur  :&auant  que  d'eftre 
attache' il  fît  oraifbn  à  Dicu,cômençant  aini:Scigneur  Dieu  6c  Pcre  tout-puiflant ,  ieco- 
gnuy  fans  fein  tife  déliant  ta  fain&c  maicfté,que  ic  fuis  vn  pourc  pecheur,&c.  Outre-plus, 
il  fit  deuat  tous  les  alsiftans  confefsion  de  fa  foy:  &:  ayant  recômandé  fon  efprit  à  Dicu,cn. 
dura  confirment  les  douleurs  de  la  mort,  6c  veinquit  les  ennemis.  Voila  quât  au  premier. 

Antoine 


Je  An  0Und&  lean  V  tanks.  fa  * 

Antoine  laborie  neturoncques  eftonné:ains  d' vneface  ioyeufe,  voire  telle  *-«Utfe. 
Comme  s'ileuft  efté  conuié  a  vn  bwlo^etlèprefeiita  hardimeht.Etauant  que  d'eftre  exé- 
cuté le  bourreau  luy  demanda  pardon ,  remonftrant  que  ce  n'eftoit  pas  luy  qui  lefàiibit 
mourir^ins  ceux  qui  eftoyent  députez  pour  faire  iuftice.  Laborie  luy  refpondit ,  Mon  a- 
mvîtune  m'orîenfes  point ,  ains  par  ton minifterefiiis deliuré  d'vne merueiileufc prîfon. 
Ayant  dit  cela,il  le  baifa.Plufieurs  d'entre  le  peuple  furent  efmeus  de  pitié ,  &  pléuroyent 
voyans  ce  fpe&acle.  Puis  il  dit  en  efFc&  1  oraiibn  que  Vernou  auoit  dite  :  6c  fît  aufsi  con- 
fèfs  ion  de  (à  foy  à  haute  voix:&  ainfi  rendit  l'efprit  âuec  confiance  cfm  erueillàble.  Trigaie* 

Ie  a  n  Tr  îOAiit  fepfefenraaufsf-àla  mort  de  cœur  alegrc&:  d  eiprit  |>rompt:& 
pria  pour  fes  ennemis,diiànt  que  plufieurs  y  en  auoit  qui  ne  fauoyent  qu'ils  faif byët  :  mais 
qu'il  y  en  auoit  aufsi  d'autres  qui  le  iàuoyét  bien ,  6c  toutesfois  eftans  eftforcelez  de  Satan, 
&  ényurez  des  honneurs  de  ce  monde,ne  le  vouloyent  dire  ne  confefTcr.  Màis,mon  Dieu, 
dilait4,ie  te  prie  les  vouloir  deflier.  Puis  adioufta,  O  mon  Dieulie  te  voy  défia  en  efprit  |à 
ha»  f$n  ton  throne  »  6c  Voy  les  deux  ouuerts ,  comme  tu  les  as  fait  voir  a  ton  îeruiteur  E- 
{tienne.  Et  après  aufsi  auoir  fait  prof efsion  de  fà  foy,rendit  l'ciprit  bien  paifiblemertt, 

Bertrand  Bataille  fouftint  hardiment  deuant  tous ,  qu'ils  n'çftoyent  pas  Batai]k 
là  pour  auoir  defrobé  ou  meurtry:  ains  pource  qu'ils  fbuftenoyent  la  querelle  de  Dieu.  Et 
ayant  fait  fà  prière  à  Dieu/ut  quant  6c  quant  exécuté. 

le  dernier,  ovyraydItavr  a  n, prononça  quelques  paflages  des  Pfeaumes,  1"auwn- 
6c  fut  ouy  intelligiblement^  combien  qu'il  fuft  ieune ,  toutesfois  il  ne  fut  point  moindre 
en  conftancetjue  les  autres.Eii  priantde  grande  ard  eur  6c  de  voixferme,il  mourut. 

E  fimple  récit  attefté  en  vérité,  laquelle  on  pourroit  arracher  mefmé'de  la  propre 
K^J  bouche  de  ceux  qui  les  ont  fait  mourir(pourueu  qu'ils  donnaient  à  leur  cotiicientfô 
congé  dé  parler  )foit  à  tous  fidèles  pour  exemple  &  confolatîon.  Les  ennemim  ohtnuls 
yeux  propres  pour  voir  les  merueïlles  de  Dieu:tanty  a  quele  iour  viehdrâ  qu'ils  paieront 
fous  le  iugement  horrible  du  Seigneur  Iefus,  lequel  ils  poignerit  âinfi  orgucilleufcmcten 
fes  membres. 


I E  AN  BL  AND,      I E  A  N  1*11  A  N  K  S,  ^îngoiu 

TOVS  mirûftres  de  la  parolledu  Seigneur  fontadaoïmefteiàraeiDpledcces  deuxperfonnagesdenefe 
lafler  à  icclle  maintenir. &  combien  qu'ils  foyent  vne  fois  efcfaappez  d'vn  danger,  qu'ils  fe  préparent  à 
entrer  en  nouucâux  combats  iufmies  a  reffufion  dè  leur  fan£t 

E  douzième  iour  de  Iuillet,en  eefte  mefmc  année,  quatre  Martyrs  Furent  en- 
femblebruflezenlâVilledeCantorbié,  &enynmefme  feucorifumefc  pour  MJXLV- 
auoir  rendu  le  tefmoignage  de  la  pure  do&rine  :  afïauoir  Ican  Bland ,  6c  lean 
Franks,  Nicolas  Scheterden,  &Hunfroy  Midelton.  Ces  deux  premiers  e- 
ftoyent  miniftres  6c  prefcheùrs  del'Euâgile  en  l'eglife  du  Seigneur.  Des  deux 
autres,nous  dirons  incontinent  apres.Qu^nt  à  lean  Bland,il  eftoit  tellement  này  pour  les 
autres^u'iln  auoit  rien  en  luy  qui  ne  fuft  employé  pour  fvtilité  cômunedetous.  Quel- 
ques années  auparauant  il  s'eftoit  employé  à  inftruire  la  ieunefTeen  bonnes  lettrés  &  à 
vertu:  aufsi  il  fut  pédagogue  dequelques  ieuiles  gens  qui  ont  auiourdhuy  grand  renom,  BUnti 
Entre  autres  on  peut  nommer  le  do&eur  Sand ,  homme  excellent  en  do&rineîdigne-d'vh  cepteur  du 
tel«pedagogue.  Apres  cela  eftant  appelé  âù  miniftere  dé  TÈglife ,  efmeu  dé  zèle  ardent  én-  «ut 
nefs  Orglife  du  Seigneur,a  tellement  pourfmui  fa  vocation  qu'après  auoir  efté  mis  priibn-  **  ' 
nier  aÇàrttorbie  po»r  la  prédication  de  l'Euangile,&  après  en  auoir  efté  deux  fois  deliuré  ' 
parlé  moyen  de  fes  amis ,  il  retourna  tout  fubit  à  prefeher  f  Euangile.  Pour  cefte  caUfè  e- 
ftant  tonftitué  pr  ifonnier  pour  la  tf  oifîeme  fois ,  fes  amis  luy  promirent  encore  de  le  faire 
forrir,rnbyennant  que  luy  aufsi  de  fon  cofté  voufïft  promettre  de  ne  plus  prefcher:il  réfu- 
ta la  condition:  6c  monftrà  clairement  quelle  affe&iori  il  auoit  d  auancér  lagloire  6c  hon- 
fleurde  Dieu  ,  6c  fedifîéation  de  fon  eglife  .    Là  flnneurëufe  refpondit  à  fon  com- 
mencement :  car  il  mourut  conftamment  auec  les  autres  t  rois ,  comme  tantoft  il 
fera  dit. 


liurcV*  WjcolasScheterJen. 


M.D.L.V, 


NICOLAS    SCHE  TËRDEN,  &  HVN- 

PROY  MIDELTON. 

LE  principal  qui eft  icy  à  rtoter.c'eft  l'cxanien de  Nicolas Scheterden ,  fait  par  l'archcdiacre Harp$fild,& le 
Comtniffâire  Colloafe-&  la  f  efponfe  fort  ingenieufe  &  à  propos  pour  confondre  les  refuerics  des  Paptftes, 
touchant  leur  intention  de  confacrer  &  de  tranflubftanticn 

E  que  nous  auons  peu  recueillir  feruant  à  l'édification  des  fideles,aux  fài£ls  &:  a- 
&es  de  ces  deux  Martyrs,  Nicolas  Scheterden  &:  Hunfroy  Midelton,eft  la  pieté 
&:  érudition  de  laquelle  ils  eftoyent  douez ,  com  bien  qn'ils  fufîent  gens  de  me- 
ftict.Quant  à  Scheterden,  l'examen  par  luy  fouftenu  cotre  l'archcdiacre  Harps- 
fild&:  lecommiftaire  Colloule,  monftreafTez  les  dons  de  Dieu  qui  eftoyent  en  luy  .Nous 
commencerons  donc  pàrlâ  proportion  que  luy  firent  lefdits  Archcdiacre&:  Commit 
.  re  en  celle  maniere.C  e  s  pârolles  nues  &:  limples  de  Ielùs  Chrift,C  eft-cy  mon  corps,  Su 
châgetlimplemet  lcsfubftlces  mefmes,làns  autre  intcrpretatiÔ  quelconq  ou  intelligéce* 
S  c  h  e  te&den  refpondit.Par  cefte  mefmeraiibn  peut-on  bien  prouuer,que  quand 
le  Seigneur  difoit,Ce  calice  ell  mon  fang ,  que  la  fubftance  du  calice aufsi  ou  de  la  couppe 
eft  contiertieen  lang,lans  autre  quelconque  interprétation.  Et  pourtant  nous  ne  dirons 
pointmaintenantquelevinfbitmucoùtranmibftantic,ainslecalice(eul.  Ha  r  p  s. Ce 
ri'eft  pas  celaccar  quand  il  parte  de  calice,il  n'entend  pas  le  calice,  mais  le  Vin  qui  cil  au  ca-* 
lice.    S  c  .Siainfi  eft  donc  que  lelus  Chrift  ait  exprimé  vne  choie  par  parolte,&:  enrendu 
vne  autre  par  lens  &  intelligence,  il  s'enfuit  que  les  parollesnues  ne  changent  point  les 
fubftances,mais  conuient  diligemment  regarder  quelle  eft  l'intention  de  celuy  qui  parle: 
premièrement  quant  au  pain,iècondement  quant  à  la  couppe  ou  calice.  H  a  .  Quant  au 
calice>il  faut  bien  que  nous  en  tirions  vn  fens  autre  que  les  parolles  ne  monftrent  :  mais 
quant  au  pain,il  faut  prendre  les  mots  tels  qu'ils  font,&  làns  aucune  figure.  S  c  .Vous  di- 
uilcz  donc  l'inftitution  &C  ordonnance  de  la  Cene  du  Seigneur  :  &  comme  ont  peut  voir, 
vous  dites  qu'en  vne  partie  il  y  a  vn  propos  figuré:en  l'autre,  vous  n'y  voulez  admettre  au- 
cune? figure;.  En  cefte  façbn  v^os donnez deux  formes  à  la  Cene  du  Seigneur.  H  a  .Com- 
bien qu  cïefus  Chrift  ait  dit,Ce  calice  eft  mon  fartg:tànt  y  a  qu'il  a  entendu  cela  du  vin ,  ÔC 
non  point  du  calice.  S  c  .le  vous  voudroye  donc  faire  aufsi  cefte  queftion,Quâd  le  preftre 
pronôce  les  mots  fur  le  calice,font-ce  les  parolles  leules  qui  châgent  la  fubftancc,ou  pluf- 
toft  l'intention  du  preftre?  H  a  .  Ceft  l'intention  du  preftre  qui  fait  cela,&  non  pointles 
parolles.    Se.  Si  ainfi  eft  que  l'intention  du  preftre  fait  cela,&:  non  point  les  parolles.-fi 
l'intention  &penfée  du  preftre  (comme  il  eft  volage  en  tous  hommes)  eft  attachée  ou  à 
vne  paillarde,  où  à  gourmandife  &,  y urongnerie,lc  peuple  au  lieu  du  làng fera  reuerence  à 
la  putain  du  preftre  ou  à  fa  gourmandife,  &  nefera  iamais  affeuré  quand  cèlera  le  lang  de 
Icfus  Chrift,ou  non.Harpsrlld  deuint  perplcx  &  irrité,ce  fembloit:  4k:  adreftant  la  parolle 
au  Commi(Taire,dit,Ie  vous  prie,irt  terr oguez-le  aufsi  à  voftre  tourrcar  les  relponfes  font  & 
eftrâgcs  qu'il  me  femble  queiamais  ie  n'en  ay  ouy  defcmbkbles.  Le  Commi/Taire  Ce  leua 
Argument  debout  &:  comméçaà  faire  le  lubti!,en  dilànt,  Tu  confe/Tesquele  pain  n  eft  point  la  figu« 
au  Comifll  re(Ju  corps  de  Chrift.oreft-il  que  le  calice  ne  peut  eftre  la  figure  du  lang  de  Chrift  en  for- 
te quelconque,  ny  aufsi  le  vray  fang:Il  fenfuit  donc  quelefus  Chrift  a  entendu  du  vin  mef 
mc,&  non  point  du  calice  ou  de  la  couppe.  S  c  .le  ne  voy  pas  qu'aucune  cholè  me  contre- 
dite çn  cecy  :car  de  fait  ie  ne  di  pas  que  le  calice  l'oit  le  fang  tranifubftantié  de  Chrift ,  ou  la 
figure  du  làng.  Mais,  quand  vous  arfermez  que  les  parolles  nues  du  preftre  conucrtî/Tent 
fimplcment  &:  d'elles  mefmes  la  fubftance  des  chofes,  ierefpon  queccla  ne  competencMi 
plus  au  pain  qu'au  calicerfinon  qu'il plaifeà  monfieur  rArchediacrercfpondreàla  dcm5-  ' 
de  que  ic  luy  ay  faite:alTauoir  fi  ceft  l'intention  du  preftre  prononçant  les  mots  fur  le  cali- 
ce,qui  crée  le  lang  de  la  fubftance  du  vin,ou  fi  ce  font  les  parolles,    Co.  Et  l'intention  8£ 
les  parolles  du  preftre  coniointes  cnfemble,font  cela.  Se. Si  les  parolles  Se  l'intention  du 
preftre  enfcmblefont  la  lubftâce  du  fang ,  encorefaut-il  nccelTairement  que  lecalicefoit 
tranfmué  en  fang  enlèmble  aucc  le  vin  :  comme  de  fàift  les  parolles  mdmçs  font  pronon- 
cées du  calice,quand  il  dit,Ce  calice  eft  mon  fang. 

Le  Com  miiîairc  confelTa  depuis  en  la  chambre,  que  la  feule  intention  du  preftre  a- 
uant  qu'il  chate  MdTe,eft  caufe  de  cefte  côuerlion  ou  traruTubftatiarion ,  voire  lins  aucu- 
nes 


Wtcnnoa 
côlacm. 


ïhÇJcolas  Scheterden.  jf  p 

nés  parolles.Car  s'il  a  intention  de  faire  comme  la  faincte  Eglife  a  ordonné,  telle  inten- 
tion du  preftre  donne  cefte  force  &  vertu  aux  Sacremens.  Mais  Scheterdé  iefponcit,Si  J£ 
la  vertu  &c  efficace  des  Sacremens  dépend  de  l'incention  ou  volonté  du  preftre,  &non 
point  de  la  parolle  de  Dieu,  pour  yray  en  beaucoup  de  diocefes  &:  iurifdictions ,  où  l'en- 
tendement du  preftre  n'eft  pas  fort  bieninftitué,  on  pourroit  donner  des  bourdes  au 
peuple  non  feulement  au  Baptefme,  mais  auffi  en  la  Ccnè,&:  Juy  faire  adorer  du  pain 
au  lieu  de  Dieu.  Car  puis  que  lesparolles  du  Preftre  n'ont  point  aflez  de  force  &  vertu 
fans  la  conception  inteiieure,le  peuple  fera  toujours  en  doute  ou  incertain  s'il  adore 
Chrift  ou  le  pain.  Le  Gommïiîaireromba  fur  ce  propos,  de  vouloir  prouuerque  l'hu- 
manité eiloit  contenue  en  deux  lieux  enfemble,alleguant  le  paifage  de  S.Iean,oùIefus  Audu.3.13. 
Chrift  dit,  Nul  n'eft  monté  au  ciel ,  linon  celuy  qui  eft  defeendu ,  &c.  Se  vouloit  argu- 
menterfurce  fondement, que Iefus  Chrift eftcorporellcmcnt &l  naturcllementen  vn 
mefme  temps  au  ciel  &c  en  terre  enfemble.  Se  h.  Ces  palfagcs  Vautres  femblablts 
doyuent  eftre  entendus  de  l'vnité  des  perfonnes,entant  que  IefusChrift  eft  Dieu  &c  ho- 
me. Et  nonobftant  ce  dequoy  nous  parlons  maintenant  doit  eftre  rapporté  a  la  diuini- 
té:  autrement  nous  tomberions  en  des  abfurditezhorribles.  Co.  Il  faut  dire  necellaL 
rement  que  cela  conuient  à  l'humanité, &  non  point  à  la  diuinité  .&  Je  peut-on  co- 
gnoiftrcparcequiyeft  adioufte,  Le  Fils  de  l'homme  qui  eft  au  ciel, &c.  Se.  Si  ce  paf- 
îage  doit  eftre  rapporté  à  l'humanité,  félon  voftre  opinion,  nous  tomberons  en  l'erreur 
des  Anabaptiftes ,  qui  nient  que  Iefus  Chrift  ait  pris  chair  de  la  vierge  Marie.  Corne  de 
fait,fi  Amplement  nul  corps  n'eft  monté  au  ciel  linon  celuy  qui  eft  defcédu  du  ciel ,  l  in- 
carnatiô  d  iceluy  eft  du  tout  oftce;&:  faudra  côfelTer  qu'il  a  apporté  fô  corps  du  ciel.C  o . 
Cecy  eft  bon:  vous  qui  ne  voyez  pas  voftre  erreur,  cercliez  occasion  légère  de  trouuer 
quelque  faute  en  moy.  Car  c'eft  vne  chofe  bien  certaine,  que  cela  ne  peut  eftre  entédu 
de  la  diuinité,  linon  que  vous  confefliez  que  Dieu  cil  pahible.  Mais  corne  il  n'eft  point 
paifible,  aulfi  ne  peut-il  defeendre  du  ciel.  Se  .Si  cela  eft  vray  que  Dieu  n'eft  point  def- 
cédu du  ciel,pour  cefte  raifon  qu'il  eft  impalîible,  il  faut  par  vne  mefme  dialectique  fai- 
re cefte  refolution,  Qu'il  n'eft  point  afîis  au  ciel ,  &:  que  Je  ciel  n'eft  point  l'on  throne .  &c 
faudroitadioufter  encore  par  confequence  cequeplulicurs  difent  auiourdhuy  :  Que 
Dieu  n'a  point  de  dextre,  à  laquelle  Chrift  foit  aftïs.  C  o .  Et  cela  eft  bien  *dic:  car  à  la  vc 
rite  Dieu  n'a  point  de  dextre.  S  c  .  Que  penfez-vous  donc  qui  peut  cepcdant&:  cy  après 
aduenir  à  la  religion  Chreftienne,  fi  pour  cefte  raifon  que  nous  ne  pourrions  exprimer 
la  façon  comment  il  eft  defeendu  du  ciel,nous  nions  entieremét  qu'il  foit  defeendu?  Et 
pourautant  que  nous  ne  pouuons  comprendre  vne  cerraine  façon  de  dextrede  lairnôs- 
nous  imparfait, comme  fi  nous  luy  voulions  ofter  la  main  dextre  ?  Dauantage,  le  Pro- 
phète auroit  mal  dit  en  parlant  ain  fi ,  Et  fi  ie  m'enfuy  iufques  aux  extremitez  de  la  mer,  au  p£c.  13* 
ta  main  me  tirera  hors  de  là ,  &  ta  dextre  me  retiendra  :  fi  ainfi  eftoit  qu'on  voulift  dire 
qu'il  n'a  point  de  main,  il  aduiendroit  finalement  que  nous  penferions  qu'il  n'eft  alîîs,& 
que  le  ciel  n'eft  point  fon  throne,&:mefme  qu'il  n'y  a  point  de  ciel  du  tout.Et  finale  met 
ie  crain  qu'on  ne  viéne  iufques  là,  que  nous  dou  tiôs  s'il  y  a  vn  Dicu,ou  non.  C  o .  Quoy? 
L'Ëfcriturc  ne  pronôce-elle  pas  que  Dieu  eft  efprit?  S  c .  Ce  que  vo9  dites  que  Dieu  eft 
efprit,cft  bié  vray,&  le  doit-on  pour  cefte  raifon  adorer  en  elprit  &c  verité.Et  corne  il  eft 
efprit,  aufli  a  il  vneforce  fpirituelle,  vn  liège  fpirituel,vne dextre fpirituellç,  &:  fembla-  icans-is; 
blcmcntvn  glaiue  fpirituel,  lequel  nous  expérimenterons  quelque  fois  linous  contL 
niions  à  faire  comme  nous  auons  fait,  &cCi  nous  difons  que  Dieu  n'a  ne  dextre  ne  bras, 
pour  cefte  raifon  que  nous  ne  fauons  quelle  eft  fa  dextre  ou  fon  bras  :  car  par  vn  mefme 
moyen  nous  dirons  auffi  qu'il  n'y  a  ne  Chrift  ne  Fils  de  Dieu.  Le  Commiflàire  prote- 
fta  alors  qu'il  ne  parleroit  plus  :  &:  voici  en  fomme  les  principaux  poincts  de  tout  ce  qui 
fut  dit:  finon  qu'il  efchappa  à  ce  Commilîàire  en  fes  propos  dédire  que  leTeftament 
de  Chrift  auoit  efté  falfirié  Se  changé,&  qu'il  eftoit  bien  efloignéde  fa  première  inftitu- 
tion  U  ordonnance.Cependant  toutefois  il  afFermoit  bien  que  l'Eglife  auoit  eu  cefte  li- 
berté &c  puifTance  de  le  changer. 

EXHORTATION  que  Nicolas  Schecerden  laifla  par  efcrir.laquelle  en  fomme  contient  la  différence  de  la 
v  raye  mere  Eglife ,  d'auec  la  faulfe  paillarde  8c  infâme  fynagogue  de  l'Antechrift .  tous  fidèles  font  exhorte* 
de  fuyr  idolâtrie  :  &  tout  ce  qui  aggree  à  la  chair  }de  n'abufer  point  des  exemples  des  Pères  anciens. 

Pp.i. 


Liurc^f  V. 


Nicolas  Scbettràtn. 


- T  gg^S  T I  M  E  2  toute  ioyc,  Freres,d h  S.  laques ,  quand  vous  cfcherrez  en  beaucoup 
Hcbr-  v..  Ê^^de  tentations,  fachans  quei'efprceuue  de  voftre  foy  engendre  patience:&  par  pa 
A"acsI+"1J"  cience  courons  au  combat  qui  nous  eft  propofé.  Pourtant  donc,Frcres  bicn-aimez,que 
l'Efcriture  nous  enfeigne  &  admonncfte,quc  par  beaucoup  de  tribulations  il  nous  faut 
entrer  au  royaume  de  Dieu,  il  reftequ  vu  chacun  côfidere  cela  en  ion  efprit,  pour  quel- 
le raifon  les  afflictions  luy  font  emioyees  :  fi  c'eft  pour  quelque  forfait  qu'il  ait  perpètre, 
ou  Ci  c'eft  pour  auoir  maintenu  la  vraye  religiô.  Si  c'eft  pour  quelque  tort  ou  iniure  pro- 
cédante deluy,  ou  fi  (es  aduerfaircs  ont  eftéefmeus  à  fairecefte  perfecution  pour  hai- 
ne de  la  verité,laquelle  ils  ne  peuuent  voir  régner,  &  pour  cefte  raii'on  que  Dieu  regar- 
de pluftoft  aux  vrais  facrifices,&:  qui  font  inftituez  par  fa  parolle,qu  a  leurs  facnficesfar 
dez& contrefaits  Jefquels  ils  le  (ont  forgez  fans  aucune  ordonnance  de  laparolle  de 
Dieu.  Or  h  la  cautc  d'icelles  afflictions  eft  telle ,  combien  font  heureux  ceux  qui  ont 
à  fourn  ir  telles  tentations?  Ce  n'eft  point  comme  fi  quelque  choie  nouuelle  nous  adue- 
noit,  laquelle  autres  n  euffent  point fenty  ou  expérimente  deuant  nousrcar  vrayement 
c'eft-cy  vnfignetrefeertain  de  l'amour  de  noftre  bon  Seigneur  Iefus  Chrift,  qu'en  por- 
tant la  croix  nous  foyons  faits  participans  de  fes  parlions,  le  vous  prie  reduifons  cecy  en 
Gcn.4.  mémoire,^  penfons  diligemmét  comme  par  foy  Abel  a  offert  à  Dieu  vn  facrifîce  plus 
Hcbr.ii.  agreabiequen'afaitCain,&queparcelafonfrerecharnelamachiné  de  lefaire  mou- 
rinde  femblable  façon  cefte  race  de  Cain  fe  dcfpitera  toujours  à  l'encontre  de  nous,5£ 
neceflera  iniques  à  ce  qu'elle  ait  beu&auallé  noftre  fang.  Car  ils  voyét  bien  que  Dieu 
fait  plus  de  cas  de  noftrc  humble  obeiflance,  coniointe  auec  fa  parolle,que  des  fards  de 
leur  religion  mafquee.  par  laquelle  ils  vendent  au  monde  &font  valoir  leur  chafteté 
feinte,  leur  ieufnearrogant,leurs  doctrines  erronées ,  efquelles  il  n'y  a  vnc  feulcgoutte 
de  {implicite  &  humilité.  Or  de  tant  plus  eft-il  raifonnable  que  nous  ayons  les  cœurs 
paifibles  &  pofez,  puis  que  c'eft  lechemin  des  vrais  peres.  Et  n'y  a  homme  qui  ne  fachc 
bié  que  fi  laiiîans  ce  moyen  du  vray  feruice  de  Dieu,  qui  nous  a  efté  môftré  par  les  fain- 
ctes  Efcritures,  nous  voulons  fuyure  la  doctrine  &  traditions  des  hommes ,  nous  este- 
rons tous  dangers,  &:  grande  liberté  nous  fera  ouuerteà  toute  diflblution  &  licence:  à 
l'exempleà:  façon  de  ceux  defquels  on  cognoit  ouuertemët  la  vie  eftre  fouillée  de  tou- 
te impureté:comme  d'idolâtrie,  blafpheme,  menfonges,  calomnies,  paillardife,parol- 
les  deshonncftes„yurongnerie,gourmandife:&  pour  le  faire  court,  à  toutes  fortes  d'a- 
bominations. Et  ces  forfaits  exécrables  demeurent  impunis,  voire  régnent  fousombre 
de  la  liberté  de  leur  fainéte  eglife:&,qui  pis  eft,font  maintenus.Cependant  on  opprime 
lapuredifciplinedelaLoydiuine,&  condamne-on  les  eftudesdeceux  qui  tafehent  â 
accomoder  leur  vie  le  plus  près  qu'ils  peuuent  des  faincles  Efcritures:  ces  chofes,  dy-ie, 
nous  font  pour gransargumens,pourquoy  nous fouftenons  d'vn grand  courage  & allè- 
gre toute  la  force  &  violence  de  ccux-cy.  Les  Apoftres  ont  efté  tels  deuant  nous ,  &c  les 
fain&s  Martyrs  de  Dieu  ont  enduré  opprefîîons  femblables  de  leurs  propres  alliez  & 
gens  de  leur  nation  mefme.  Bref,cecy  eft  propre  à  tous  lesChreft  iens  qui  font  vrayemec 
confacrez  à  faire  la  volonté  de  leur  maiftre,  qu'vn  chacun  d'eux  s'expofe  aux  dâgers  de 
la  mort,  pour  maintenir  la  vraye  religion  de  Dieu  &c  le  Teftament  de  Chrift ,  toutefois 
&  quantes  que  befoin  fera. Et  ne  faut  point  en  forte  quelconque  prendre  alliance  ne  fo- 
cieté  auec  ceux  qui  changent  &  renuerfent  ce  Teftament  de  Chrift,lcquel  il  a  feellé  de 
fon  propre  fang,  iufques  à  tât  que  le  Teftateur  Iuy-mefme  retourne ,  qui  eft  le  Seigneur 
Iefus.  Car  nous  auons  fait  cefte  tranfaction  au  Baptefme,Qu.e  nous  adhérerons  à  Chrift 
&  à  la  croix,&  non  point  aux  ordonnances  &:  traditions  des  hommes ,  lefquellcs  ils  taf- 
ehent de  parer  du  titre  plaufible  de  l'Eglife.  Toutefois  fi  nous  voulons  faire  enquefte 
tant  peu  que  ce  foit  de  cefte  eglife  leur  mere,  nous  trouuerons  qu'elle  n'eft  nullement 
efpoufe  de  Chrift,  ainsla  paillarde  puante  de  l'Antcchrift  :  &:  qu'eux  ne  font  point 
cohéritiers  de  Chrift,  prefts  pour  mourir  auec  luy:ains  baftards  acharnez  pour  le  perfe- 
cuter.Puis  qu'ils  font  tels,  il  vaut  mieux,  félon  leconfeil  du  Fils  de  Dieu, les  JaifTer  àleur 
Matth.15.  naturelrcar  ils  font  aueugles,&:  conducteurs  d'aueugles. 

Cependant  de  noftre  cofté  procurés  en  toute  diligcnce,&:  faifons  que  nous  foyôs 
JEphcf.tf.    munis  de  l'armure  de  Dieu  :  que  fa  iuftiçe  redonde  en  nous,  que  la  parolle  de  Chrift  ha- 
CoLî*      biteplantureufementennos  cœurs,au  lieu  que  ceux-cy  lareiettent.  Et  encore  que  le 
ciel  &:  la  terre  fuffent  redu  its  à  néant  auec  toute  la  pompe  des  ceremonies:nean  tmoins 
foyons  fermes  &refolus  en  cela  ,  que  la  parolle  de  Dieu  demeure  éternellement  ; 

&n'ya 


iïÇJcôlat  Scbeterden,  364 

&  n'y  a  rien  dequoy  la  vie  humaine  foitfi  bien  repeuc  &  fouftenuc ,  que  ficelle  paroj- 
le  découlante  de  fa  bouche  ennosames.  Parquoy  il  faut  neceflairementqueceluy  qui 
n'en  eft  point  repeu  perilTe ,  ne  plus  ne  moins  qu'il  faut  qu'vn  corps  meure  quand  il  n'a 
point  de  viandes  poureftrenourry.  Nous  oyons  non  feulement  Ifaie,mais  auflî  leSci- 
gneur  luy-melme  fc  courrouçant  afprement  contre  ceux  qui  l'honnorent  en  vain  félon  Muç  ?' 
les  ordonnances  &c  commandemens  des  hommes,  &:  que  l'honneur  &  reueréce  qui  luy 
eft  deué,eft  rendue  aux  dites  ordonnances  Se  loix  humaines. Tât  s'en  faut  que  cela  puif- 
feeftre  agréable  aux  yeux  de  Dieu,  qu'il  menace  de  deftruire  la  fagefle  desfages,&la 
prudence  des  prudens,  aflauoir  ceux  qui  reiettans  la  fagefle  de  Dieu  foyuent  leur  pro- 
pre fagefle  comme  guide  6c  raaiftrcfle.  Et  ie  vous  prie,  y  a  il  chofe  qui  puifl'e  eftre  plus 
odieufe à  Dieu,que  de  mefprifer  fon  confeil ,  en  préférant  les  inuentions  humaines?  Ei- 
coutons  donc  d'vn  efprit  humilié  ce  que  le  SeigneU  t  veu  t  &C  ordonne ,  &  ne  nous  en  de- 
ftournonsiamaistat  peu  que  ce  foit:carobeiflànce  vaut  mieux  que  toutes  les  fantafies  JJJJ**17- 
ou  intentions des  hommes,  de  quelque  zele  qu'elles  foy enteonceués.  De  fait,  Dieu  ne 
fefoucie  point  de  l'apparence  ambitieufe,  &  glorieufe  oftentation  des  cérémonies  ex- 
ternes: mais  il  regarde  la  foy  vraycôi  pure  obeiflance  de  cœur. 

E  t  par  cefte  feule  marque  principalement  peut-on  bien  difeerner  la  vraye  Eglife  de 
celle  qui  eft  fardée  &  contrefaite:    Qv  b  partout  où  on  verra  que  les  loix&:  conftitu-  ^ 
tions  humaines  feront  préférées  aux  ordonnances  &:  loix  delefus  Chrift,c'eft  vn  tref-  Mal.t4> 
certain  figne  que  là  il  y  a  abomination  de  defolation ,  laquelle  eft  aflife  au  lieu  où  il  ne  Pan.*, 
falloir  pas.  Y  a-il  abomination  qui  foit  plus  pei  nicieufeà  la  religion,  ou  plus  deteftable 
&  odieufeà  Dieu,  que  quand  les  conftitutions  &  traditions  humaines  obtienne!  le  lieu 
de  fon  feruice,  U  font  parées  de  l'authorité  de  l'honeur  &  reuerence  de  fon  Nom;  Moy- 
fe  dit,Selon  que  le  Seigneur  mon  Dieu  m'a  ordôné,  vous  le  ferez.  Et  derechef,  Vn  cha-  Dcut.4,&i2 
çun  ne  fera  point  ce  que  bon  luy  iemble.&:  toft  après ,  Fay  feulement  ce  que  ie  te  com- 
mande. Outre-plus,  noftre  Seigneur  Iefus  dit  en  l'Euangile,  Mes  brebis  cognoiifent Ieaniû- 
ma  voix,  &  ne  fuyuent  la  voix  d'vn  eftranger ,  ains  fuyent  arrière  de  luy.  Maintenant 
comment  entendrons-nous  qui  font  les  eftrangers,  flnon  qu'ils  enfeignent  chofes  e- 
ftranges&  d'vn  autre  efprit  que  le  Fils  de  Dieu  n'a  enfeigne?  Veu  donc  que  Iefus  Chrift 
a  prononcé  cccy,  Vous  errez  ne  fachans  les  Efcritures,&:  que  la  faufle  eglife  crie  tout  Mauh.:i,: 
au  rebours,  Vous  errez  enlifantlesEfcritures(  comme  uTEfcriture  donnoit  occafion 
d'crrer)on  appercoit  facilement  que  c'eft  vne  voix  eftrange  &  contrefaite.  Dauantage, 
quand  cefte  eglile  dit,  Voila  ton  créateur  entre  les  mains  du  preftre:item:  Voicy,Chrift  Matt.i4, 
eft  icy,il  eft  là,c'eft  vne  voix  toute  diuerfe  de  la  voix  du  Fils  de  Dicu.Item  quand  lamef- 
me  parolle  de  Dieu  dit,  Gardez-vous  des  images:&  S.Paul  femblablement,  Quelle  c  ô- u  ,wn  * 
uenance  y  a-il  entre  le  temple  de  Dieu  &  les  idoles?  Si  on  réplique ,  Que  les  images  font 
les  liures  des  (impies  ou  idiots,n'eft-ce  pas  la  voix  d'vn  effranger:  Et  fi  les  hypocrites  dé- 
battent, &ta(chcnt  de  perfuader  que  c'eft  tout  vn  quand  on  fe  trouuera  aux  facrifiecs  Contre  les 
&:  cérémonies  effranges  de  ceux-cy,  pourueu  qu'il  n'y  ait  nul  confentement  de  volon-  tcPoaicurs: 
té  au  dedans:  n'eft-ce  pas  voix  eftrangere,  laquelle  non  feulement  donne  fcandale  aux 
bons,mais  auflî  augmente  l'ire  de  Dieu  fur  toute  la  multitude.  Parquoy  ceux  cjui  font 
tels ,  auront  leur  portion  auec  les  hypocrites.  De  quelque  couleur  qu'ils  fe  puiflent  icy 
farder,  ou  quelque  couuerture  qu'ils  mettent  deuant  lesycux  des  hommes:  quiconque 
accommode  fa  foy  à  telle  diflimulation  ne  fait  que  s'abufer .  car  c'eft  vne  chofe  trefecr- 
taine&horsde  tout  différent,  que  s'il  eft  licite  de  communiquera  leurs  obferuacions 
&  cérémonies,  il  y  faut  aflîfter  non  feulement  félon  le  corps,  mais  auflî  dame  &c  volôté. 
Il  ne  faut  point  clocher  des  deux  coftez:  mais  faut  que  foyonsoudu  tout  chauds  ou  du  i.roîsi»; 
tout  froids. Il  n'eft  licite  ne  raifonnable  de  feruir  à  deux  feigneurs  :  nous  ne  pou  uons  en-  • 
femble  boire  le  calice  du  Seigneur  &  Je  calice  des  diables.  Si  Je  Seigneur  eft  Dieu ,  fuy-  Ï^sTk. 
uez-le.Le  Seigneur  hait  celuy  qui  eft  double  de  cœur,    S'ils  fe  couurent  de  leur  infîr-  EccleU.14; 
mité:pourdiflîmuler  auec  les  infidèles,  qu'ils  fâchent  que  le  royaume  des  cieux  n'ap- 
partient à  telle  forte  d'infirmes,  pluftoft  c'eft  vnioug  d'infidélité.  C'eft  vne  cauerne  de  t.Cor.<>. 
brigans, &  retrait  d'immondicité,  delaquelle  le  Seigneur  nous  veut  retirer,difant,Sor- 
tez  du  milieu  d'iceux     feparez-vousen,dit  le  Seigneur  :  &  ie  vous  receuray ,  &  puis  ie 
vous  feray  pour  pere ,  &£  vous  me  ferez  pour  fils  &c  filles.    Que  Ci  ceux  que  Dieu  a  ap- 
pelez ,  ne  fortent  hors  &  ne  fe  feparent,  ils  fe  rendent  deiobeiflans  a  la  voix  diui- 
ne,  U  par  confequent  ne  font  point  de  fon  hetitage  .    Et  que  doit-on  dire  à  ceux 

Pp.ii, 


Liurc^  V ".  Pltéfieurs  Martyrs. 

Efcmtcz    qui  ayanscftévne  fois  deliurez,  retombent  par  crainte  en  la  fauiTc  adoration?  Ccrtai- 
Sdcla    ncmcnc  ieleur  voudroye  volontiers  confeiller, qu'ils fe repentent  de  bonne  heure, &c 
vcnté.^      retournent  au  bon  chemin, 'de  peur  que  Dieu  ne  leur  ofte  le  talent,  &c  ne  les  iette  ente 
nebres&raueuglemcntd'ci'prit:  ce  qui  eft  ordinairement  legage  dépêché. 

Frère  s  bicn-aimcz,  difpofeztellement  voftre  cftude,a  vrayeimitation  , qu'ayez 
incellammentdcuanc  les  yeux  le  but  auquel  kscommandemens  de  Dieu  nous  menée, 
&cc  que  vollre orïïec  requierr.  Iladuiendra  encefaifant,  qu'on  ne  vous  deftournera 
L'exemple  pas  follement  du  droit  chemin.    Siles  Cananeensfe  propofoyent  l'exemple  d'Abra- 
d  Abraham.  nam  p0ui  Timkcr,  qu  a  fon  exemple  ils  offnffent  leurs  enfans  en  facrifice  comme  a  fait 
Abraham  (  ainfi  que  nos  iingcsauiourdhuy  veulent  imiter  fcxempledu  baftiment  des 
Vaine  imi-  Chérubins, &:  du ferpent  d'airain,  pourmaintenirleurs  images&:  idoles  )  ie  vous  prie 
cionpk"  quel  argument  tireroyent-ils  de  cela,  d'offrir  leurs  enfans  en  facrincer  11  nous  faut  fai- 
re vn  femblable  jugement  de  tous  les  autres  exemples  des  Pères  rïdeles  :  à  ce  que  nous 
eftimions  qu'ils  font  eferits  pour  vnenfeignement  de  nofttefoy  &obeiiIànce,  &  non 
point  pour  lafeher  la  bride  à  la  chair,  pour  penfer  follement  qu'il  nous  foit  licite  de 
nous  abandonner  à  nos  propres  affections,  ou  difllmuler  auec  les  hypocrites  fans  crain- 
te de  punition. Car  pour  certain  on  ne  trouucra  point  vn  feul  exemple  es  fainctes  Efcri- 
tures,qui  enfeigne  cefte  feintife  tediffimulation  hypocritique,&  Je  diable  n'apoinr 
de  moyen  plus  facile  ne  plus  court  pour  tromper.  Nousauonsauiourd'huy  aifez  d'ex- 
emples de  nos  faux  Euangeliques  parla  difîimulation  defquels  on  voit  que  leglaiue  de 
lapuiifancecft  mis  és  mains  des  aduerfaires  pour  faire  mourir  les  innocens.  le  prie  no- 
ftre  Seigneur ,  qu'il  leur  doint  de  bonne  heure  vne  vraye  repentance ,  de  peur  qu'il  ne 
Pfeau.s4.11.  jure  cn  {on  ire  quelque  fois  que  iamais  ils  n'entreront  en  fon  repos.    Et  fi  nos  aduerfai- 
res fcmblcnteftre  plus  fubtils  que  nous  ,  vous  ne  deuezpour  cela  vous  efmouuoir: 
La  ruJeffe  car  ie  royaume  de  Dieu  ne  gift  point  en  parolles,  ains  en  puiflancc.  Que  quelcun  foie 
?cdcuo?e  mal  poly  tant  qu'on  voudra  ,  &:  du  tout  ignorant:  neantmoins  s'il  craint  Dieu  fans 
feintife ,  &c  s'il  fe  reprime  de  mal  faire,  fa  pieté  fera  en  beaucoup  plus  grande  eftime  de* 
uant  Dieu,  que  la  feience  enflée  de  ceux  qui  rapportent  toute  leur  eftude  à  pourchaf- 
fer  liberté  ou  licence  charnelle  pour  faire  tout  ce  qu'ils  voudront.  Caria  croix  du  Fils 
de  Dieu  eft  folie  à  ceux  qui  periifent  :  mais  elle  eft  fapience  à  tous  ceux  qui  obtiennent 
ï.Cor.us.  falut.  car  les  Grecs  cerchent  fapience,  &  lesluifs  demandent  des  lignes:  mais  la  fa- 
pience ignorante  de  ceux  qui  fbuffrent  pour  la  vérité,  eft  beaucoup  plusfagequctous 
les  hommes  dumonde:&leurfoibleffe  eft  plus  forte  que  tous  les  Princes  du  monde. 
Dieu  par  fa  grande  bonté  nous  vueille  donner  vne  telle  fageffe  &:  force ,  afin  qu e  nous 
portions  en  toute  bénignité  &  patience  la  croix  qu'il  nous  a  impofee.    Au  reftc,eom- 
bien  que  cefte  faconde  doctrine  ait  efté  défia  dés  lôg  temps  fcellee  pleinement  &fuf- 
fifamment  par  le  fang  précieux  du  Seigneur  Icfus,  toutefois  le  tefmoignage  de  mon 
fang  y  fera  adioufté,qucl  qu'il  puiue  eftre,pour  rendre  tefmoignage  à  la  vérité  de  Dieu, 
&  que  par  ce  moyen  i'incite&  refueille  les  autres  freres,à  ce  qu'ils  eftimét  le  prix  de  no- 
ftre  rédemption  beaucoup  plus  que  tout  or  &C  toutes  pierres  precieufes.    Et  ne  faut 
point  douter,  que  le  mefme  Seigneur  qui  eft  mort  &:  reilufcité  pour  nous,  ne  nous  tire 
hors  de  la  poufliere  à  la  grand'  honte  te  confufion  de  nos  aduerfaires.  Lors  nous  relui- 
rons comme  le  Soleil,  receuans  le  royaume  d'immortalité  &:  de  licfTe,  auquel  il  n'y  au- 
ra ne  larme  ne  triftefle,  où  la  féconde  mort  n'aura  nulle  force  à  l  encontre  de  ceux  qui 
maintenant  ontgardé  leurs  robes  teinctes  au  fang  de  l'Agneau,  par  diuers  &  beaucoup 
detourmens,&:  parconfequent  obtiendront  la  couronne  de  gloire  immortelle, &  le 
triomphe  éternel,  &:  là  ils  chanteront  à  iamais  cefte  belle  mélodie  auec  les  Anges  & 
tous  les  efleus  de  Dieu  :  Sain£t,Sain&,  Sainct  le  Seigneurie  Dieu  des  bataillesde  cielte 
la  terre  font  remplis  de  la  maiefté  de  ta  gloire ,  Amen, 

Apres  que  Nicolas  Scheterden,  &:  auec  luy  Hunfroy  Midelton  ,  tous  deux  artifans 
&  gens  de  meftier  eurent  conftarnment  maintenu  la  vérité  du  Seigneur ,  ils  furent 
mis  &:  adioints  auec  les  deux  miniftres  defquels  il  aefté  parlé  cy  deuant:  te  furent  bruf- 
lez  tous  quatre  enfemble  en  la  ville  de  Cantorbery  le  douzième  de  luillct:&:mainte- 
,  nant  après  auoir  endure  beaucoup  de  tribulations  viuent  pour  iamais  auec  le  Fils 
de  Dieu. 

IE  AN 


Tlùfieurs  M artyrs  $6 1 


DIRIC    HERMAN,^  autres  Martyrs. 

QV  AND  Sat3n  aura  fon  enfeigne  dreflec,&  que  les  perfecutions  auront  la  voguc,apprenons  de  nous  fortifier 
par  patience:  &  qu'à  l'exemple  de  ceux-cy  que  Dieu  nous  propofe  pour  miroir  en  fi  grand  nôbre,noi;s  j;  our- 
fuyuions  toufiours  le  chemin  auquel  nous  fommes  vne  fois  entrez, fans  en  élire  deflourncz  aucunemtnr. 

V  I  pourroit  Tans  larmes  reciter  les  afflidios  que  TEglifc  du  Scigncura  fouf-  m.d.lv, 
fert  en  ce  tempsrQui  ne  gémira  après  vn  li  f'oudain  changement  au  pays  d'- 
Angleterre oyant  tantdc  cruautczexcrcees contre lereiidu des  fidèles  du- 
lic  pays  ?  pemprunteray  icyle  récit  qu'en  font  ceux  delà  nation,  qui  nous 
ne'  &c  de  bouche,&  par  efcrit,qu*e  depuis  que  la  parolle  de  l'Euangile  par  le  fcul  Jc  n.ombrc 
commandement  d'vne  femme  aeftéoftee  dudit  pays  d'Angleterre,  îleft  aduc  nu  en  cxecucczer 
moins  de  deux  ans  que  plus  de  huits  cens  perfonnes  ont  elle  miles  a  mort,  voire  de  tou-  Angleterre 
tes  les  plus  cruelles  morts  dequoy  on  s  cil  peu  aduifer. 

Apres  ces  quatre  cy  deflus  mis,pluheurs  autres  fuient  exécutez  en  ce  mois  de  Iuil- 
lct.  Entre  autres  les  noms  de  ceux  qui  s'enfuyuent  font  venus  en  certaine  cognoiifan., 
cejaifauoirquelE  a  n  V  V  a  d  e  fut  brullé  à  Dartforde ,  Diric  he  Harman,  en  la 
ville  de  Levves.  IeanLande  R,àStcuenyg.  RichardHor  k  ,boiteux:&TH  o„ 
vi  a  s  E  v  e  R  s  o  n  ,  à  Chiceftf  e.  Nicolas  Ha  l  L,à  Rocheitic.  I  E  a  n  Po  l  l  t  y ,  à 
Tumbridge.^Depuis  le  premier  iourd'Aouft,Gv  illavmi  Ailbvvardé  mou- 
ruc  en  h  prilon  de  Reading,où  il  auoit  elle  détenu  pour  la  confelîion  de  Chrift.  Itcm,lc  ' 
deuxième  lourde  ce  mois:  I  a  ojr  e  s  Ab  s,  fut  bruilé  en  la  Ville  nommée  du  lepulchre 
de  S.  Edmond ,  vulgairement  dite  Edmondsbury. 


IEAN    DENLEYE  <*r  IEAN  NEVMAN. 

Q  V  F- 1  V^at  de  voftre  nobleffe,  6  nobles,  ne  vous  cmpefche  de  vaquer  fi  bien  à  l'eftude  des  lain&cs  Efcriturcs, 
u    i  l'exemple  de  ces  vrais  gentils-hommes  qui  vous  font  propofez ,  puifsiez  faire  feruiccauRoy  de  toute 
quand  il  luy  plaira  vous  appeler  pour  en  pareille  caufe  faire  tefte  aux  ennemis  de  fa  vérité. 

N  ce  mois  d' Aourt,  les  aduerfaires  de  l'Euangile  s'efleucrent  en  plus  grande  MJXU 
fureur  contre  les  fidèles:  de  forte  qu'ils  n'tfpargnoyent  perlonne  de  quel- 
cue  qualité  qu'il  fuft.  Entre  autres  Iean  Denlcyegentil-hômc,&:  Iean  Neu- 
<nan  furent  produits  poureftre  menez  au  dernier  lupplice.  mais  auant  que 
venu  a  ici'  mort,  nous  mettrons  icy  les  articles  de  leur  aceufation  qui  leur  furent  pro„ 
pofez  par  Edmond  Boner  cuefque  de  Londres  en  la  forme  que  s'enfuit: 

i  Premièrement  quant  à  la  Iurifdittion  de  l'Eucfque  de  Londres,  ces  deux-cy 
y  appartiennent  fans  aucun  contredit.  1 1 .  Secondement  qu'ils  auoycnt  nie,cju  en  tout 
le  monde  il  y  euft  vne  eglùc  catholique.  1 1 1 .  Item,quils  maintenoyent  que  leglife  d'- 
Angleterre n'eft  nullement  membre  de  l'Eglifc  catholique,  mi.  Outrc-plus,qu'au 
royaume  d'Angleterre  la  Mefleeftoitvneimpieté,idolatne&fupcrftition:&:  pourtant 
îls  n'yalloyent  point,  v  .  Que  la  confeffion  auriculaire,  telle  qu  elle  eft  en  vlagc,ncft 
nullement  fondée  fur  aucuns  certains  tefmoignagcs  de  la  fainde  Efcriturc.  v  i .  Que  i' 
abfol  ution  qui  eft  prononcée  par  le  preftre  en  la  façon  accouftumee ,  ne  confent  nulle- 
ment à  la  parolle  de  Dieu,  maisy  répugne  totalement,  vu.  Que  le  Bapteime,com- 
meih  ftauiourdhuy  célèbre  entre  les  Anglois,  ell  contre  la  parolle  de  Dieu.  Autant  dç 
la  confirmation  des  petis  enfans,  &  des  Ordres  des  matines  &  vefprcs,  6c  de  la  cÔfecra_ 
tion  du  pain  &  de  l'eau,  &:  telles  cérémonies,  comme  obferuations  forgées  à  plailir. 
vin.  Qu'il  n  y  auoit  que  deux  Sacrcmens  en  TEglifc  catholique,  alfauoir  le  Bapcef^ 
me  &:  la  Cenc  du  Seigneur,  a.  Que  le  corps  de  Iclus  Chrift  ne  demeure  point  lo- 
calement au  Sacrement,d'autant  que  pour  certain  il  a  efte  eileué  au  ciel. 

Refponfe  aux  iufdits  articles. 

i.  No  v  s  oecontredifons  point  au  premier  article,  n.  Nousnions  entièrement 
le  fécond  :  car  félon  le  Symbole  nous  croyons  qu'il  y  a  vne  Eglifc  catholique  &:  vmuer- 
fcllc,  laquelle  eft  édifiée  fur  le  fondement  des  Apoftrcs  &c  Prophètes  ;  de  laquelle  Ie- 
fus  Chrift  eft  le  chef.  Outreplus  nous  croyons  que  cefte  Eglife  eft  compofee  de  la  con. 
gregacion  de  tous  les  fainasôi  fidèles,  lefquels  l'Antcchrift  a  auiourdhuy  diflïpez  par 


Lturc~>  V.  fan  Denleye,  Jean  J^juman. 

toutes  les  régions  du  mode  :  &  qu'en  quelque  part  que  ce  foit  que  deux  ou  trois  s'aflem- 
blent  au  nom  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift,  là  l'ont  les  membres  de  l'Eglife  fidèle  &C 
catholique  :  laquelle  n'eft  point  limitée  &  comprife  par  certaines  bornes  en  ce  monde, 
ainseft  efparfe  par  toutes  les  régions  &diuers  pays  où  laparollede  Dieueft  purement 
annoncce,&oùlesdeux  Sacremens  ,affauoir  le  Baptefme  &:  laCene,font  purement 
adminiftrez.    m.  Nous refpondons au  troifieme, que l'Eglife d'Angleterre, félon  la 
foy&  religion  en  laquelle  elle  eft  maintenant  inftruite ,  n'elt  point  portion  de  l'Eglife 
catholique,ains  dcl'egjife  Romainc,de  laquelle  le  PapeRomain  eft  chef.Car  changeas 
&aboliiTansleTeitamentde  Dieu,  ils  ont  au  lieud'iccluy  introduit  au  monde  vn  autre 
teftament  de  leurs  conftitutions  6c  ordonnances ,  pleins  de  blai'phemes  &  menlonges. 
Premicremen  t  que  le  Seigneur  a  enfeigne  Tes  fidèles  comment  il  f  aut  prier,Matth.<>.  I- 
#.Cor.  14.    tem  par  cela  auilî  que  nous  oyons  que  S.  Paul  dit,  Celuy  qui  prophetiie  parle  aux  hom- 
Ungages.   mes  à  cdification>cxhortation  &  côlblation.  Celuy  qui  parle  langages,  s'édifie  iby-mef- 
me:mais  celuy  qui  prophetile,  édifie  la  congrégation.  Item  il  dit  bien  toit  après  aumef- 
me  paifage,  Auiîî  vous,  (i  de  voftre  langue  vous  ne  donnez  parolle  lignifiante  ou  intelli- 
gible, comment  entendra-on  ce  qui  (e  ditfCar  vous  ferez  parlans  en  l'air.  Outre  cela  il 
adioufte,  Vray  eft  que  tu  rens  bien  grâces  à  Dieu  :  mais  vn  autre  n'en  eft  point  édifié.  le 
ren  grâces  à  mon  Dieu,  que  ie  parle  plus  de  langages  que  vous  tous:  mais  l'aime  mieux 
parler  cinq  parolles  en  l'Eglife  en  intelligéce,  afin  que  i'inftruife  les  autres,  que  dix  mil- 
La  Meflc  le  parolles  en  langage  eftrange  &C  barbare.    1 1 1 1 .  Nous  refpondons  au  quatrième  ar- 
prouuce  a-  zic\Cl)  qUC  nousauons  défia  tant  de  fois  protefté,  que  la  Méfie  de  laquelle  maintenat  on 
0mX    C  vfeicy  ordinairement  en  ce  royaume  d'Angleterre,  eft  pleine  d'impiété  &:  deblafphe- 
meshorribles-.tant  pour  ceftecaufe  qu'elle  monftre  clairement  des  argumens  de  blas- 
phème 2>C  idolâtrie ,  que  d'autant  qu'elle  répugne  directement  à  l'authorité  inuiolable 
de  l'Efcriture.  Carie  Seigneur  Iefus  Chrift  en  fa  fain&e  Cenc  a  ordonné  le  Sacrement 
du  pain  &£  du  vin,  à  cefte  fin  que  nous  prinflions  ces  nourritures  enfemblement  côioin- 
tes,  en  mémoire  de  fon  corps  rompu&  brifé  pour  nous ,  &c  afin  qu'elles  nous  feruiflenc 
pour  matière  de  nourrir,&  non  pour  occafion  d'adorer  comme  vne  idole.  Car  Dieu  n'y 
veut  point  eftre  adoré,ains  glorifié  &  loué  en  toutes  fes  creaturesjlefquelles  toutes  font 
Exode  io,  formées  pourl'amour  de  nous.  Car  il  eftainficommadé,Tu  ne  te  feras  aucune  image 
ou  femblance  quelconque  des  chofes  qui  font  là  lus  au  ciel,  ny  en  la  terre  icy  bas ,  ny  es 
eaux  fous  la  terre.  Tu  ne  les  adoreras,&  ne  les  feruiras.  Si  cefte  ordonnance  a  poids  en- 
tiers no"us,il  n  eft  nullement  raifonnable  que  nous  adorions  le  Sacrement  du  pain  &  du 
vin: car  il  eft  dit,  Ne  femblance  quelconque.  &  pourtant  tu  ne  les  adoreras,&  ne  les  fer- 
uiras. Et  que  fignifîe  cecy,  Mettre  les  genoux  en  terre ,  efleuer  les  mains  en  haut ,  frap- 
per fa  poi&rine  du  poing,  ofter  le  bônet,  fe  profternet en  terre?    Nous  penferiez-vous 
fi  fols^dé  nous  perfuader  que  ce  n'eft  point  là  &:  vénération  &  adorationrCar  le  corps  de 
Chrift  nay  de  la  vierge  Marie  eft  au  ciel,  fi  foy  doit  eftre  adiouftee  a  Y Apoftre  au  io.cha- 
pitre  desHebrieux,  Mais  ceftuy-cy  ayant  offert  vnfeulfacrifice  pour  les  péchez  &of* 
fenfes ,  eft  éternellement  aflîs  a  la  dextre  de  Dieu  :  attendant  (ce  qui  refte  )  iufques  a  ce 
que'fes  ennemis  foyent  mis  pour  (on  marchepied.il  dit  outre-plus  en  lamcfmeEpiftre, 
Hcbr  9 14  *euis  n  e^  Point  entr^  és  lieux  faits  de  main,  qui  cftoyent  figures  des  vrais ,  ains  au  ciel 
mefme:  a  celle  fin  que  maintenat  il  apparoifle  pour  nous  deuât  la  face  de  Dieu.  Et  Phi* 
Iippiens  troifieme,  Or  noftre  conuerfation  eft  es  cieux,d'où  auflï  nous  attendons  le  Rc- 
dempteur,le  Seigneur  IefusChrift.  Et  en  la  première  des  Theiîal.  1 ,  Ils  annoncent  de 
vous  quelle  ouuerture  Centrée  nousauons  eue  a  vous,& cornent  des  idoles  vousauez 
efté  conuertis  a  Dieu,  pour  feruir  au  Dieu  viuant  &:  vray  »  en  attédant  des  cieux fon  Fils 
Iefus,  qu'jl  a  rcflufcité  des  morts,  lequel  nous  deliure  de  l'ire  aduenir.  En  outre  il  eft  dir* 
Iean  ieizieme,  le  fuis  iflu  de  mon  Pere,&:  fuis  venu  au  monde,  &c  derechef  ie  delaùTe  le 
monde,  &  m'en  vay  a  monPere.  Etauiy.ehap.  Et  ie  ne  fuis  plus  au  monde,  &ceux- 
cy  font  au  monde:&ievienatoy.    Cestcfmoignages  &:  autres  delà  fain&e  Efcriture 
parlent  ouuertement  a  ceux  qui  ont  oreilles  pourouyr:afiauoir  que  le  corpsde  Chrift 
qui  a  efté  pris  de  la  vierge  Marie,  eft  au  ciel:  &C  n'eft  point  d'vne  façon  locale  dedans  le 
pain  &c  le  vin  facramental.Parquoy  quiconque  le  meta  genoux  deuant  ces  elcmés.pour 
les  adorer ,  ou  leur  faire  quelque  rcuerence  qui  eft  deuë  a  Dieu  feul ,  commet  idolâtrie 
manifefte.  Et  pourtant  nous  concluons  que  cefte  Méfie  eft  abominable. 

A  v  cinquième  article  nous  refpondons  cela  mefme  qui  eft  couché  en  l'article ,  qu'il 

ne  faut 


fan  Denkje,  Jean  N eurnan.  $Vé 

he  fâut  point  approuucr  la  côfeffiô  auriculaire,laqlle on  a  receue  auiourdhuy  en  vfagc. 
Ètdefait,c'eftChriftquinous  pardonne  nos  oflfenfes&pechez;  car  il  dit  ainfi  Matth.  p£"^kul 
onzieme,Venezàmoy  vous  tous  qui  eftes  chargez,&  ie  vous  (oulageray.  Etlefilspro-  les  péchez, 
digue  dit  en  l'EuangilcJe  ra'ofteray  d'icy,&  retourneray  à  mon  pere,  &  luy  diray,  Mon  Lut  'J-1* 
pere,  i'ay  péché  contre  le  ciel  U  deuant  toy,&  ne  fuis  plus  digne  d 'eftre  appelé  ton  hls. 
Ilejtauflidit  PfeaumetrentedeuxiemeJ'ayditJeconfe/Teray  mon  iniuftke  deuant  le 
Seigneur:&  tu  as  pardonné  l'iniquité  de  mon  pechc.lob  treizième,  Toutefois  ie  redar 
gueray  mes  voyes  deuant  Ta  face:&  il  fera  mon  Sauueur.car  nul  hypocrite  ne  fe  trouuc- 
radeuancfaface.EtSiracli34.Quelle pureté tireroit-on dvne choie  immonde  ?  Etil 
fut  demandé  à  l'vn  des  dix  ladres*  lequel  retourna  vers  Iefus  Chrift  pour  luy  rendre 
graces,oùeftoyent  les  autres  neufcQuefi  quelcunagrieucmtnt  oftenféfon  prochain, 
faut  qu'il  face  diligence  de  reparer  cefte  ofYc-nfe,  &dc  retourner  en  grâce  auec  celuy 
qu'il  aorrenfé.Que  s'il  y  a  quelque  énorme  pécheur  >  qui  ait  efté  furpris  en  fes  ordures: 
après  qu'on  l'auraadmonnefté  vne  fois  ou  deux,il  le  faut  faire  venir  deuant  l'Eglife  :  &: 
les  Miniftres  &c  ceux  qui  font  là  députez ,  ont  puiflance  d'excommunier  par  l'authorL  Dej, 
té  de  la  parolle,  en  forte  qu'il  foit  tenu  pour  Payen  &  peager  :  non  pas  pour  vn  iour ,  ou  bmS« 
deux,ou  quarante,mais  iufques  à  tant  qu'il  foit  touché  de  vraye  repentance,&:  que  de- 
uant l'Eglife  il  demande  pardon  de  fon  ofFenfe  en  toute  humilité.    Lors  les  miniftres 
de  la  parolle  deDicu  ont  pui/Tance  d'annoncer  par  ladite  parolle  la  remiifion  des  offert 
fes  au  fang  de  Iefus  Chrift,commc  il  appert  par  ce  qui  eft  dit  Ad.  1 3     Matth.  1 8.  Nous 
ne  rccognoiflbns  &c  n'admettons  point  d'autre  confeflîon.     v  1.    Quant  aufixie- 
me  article,pource  qu'il  eft  participant  &L  des  dependences  du  cinquième,  rious  refport 
dons  ce  que  nous  auons  refpondu  de  l'article  précèdent,     vu.    Au  feptieme  nous  Lc  Baptef 
refpondons,entant  que  touche  le  baptefme  des  petits  enfans  ,  qu'il  eft  bien  eflongné  me<ks  en- 
de  la  première  ordonnance.Carlean  Baptiften'a  vfé  d'autre  chofe  que  de  laParolle  ou  fan5' 
de  l'eau :ce  qu'ort  peut  voir  quand  le  Seigneu  r  Iefus  vint  à  luy  pour  eftre  baptizé,  Matt; 
3. Marc  1.  Luc  3.  L'Eunuque  dit  A&.8,  Voicy  de  l'eau:quiempefche  que  ie  ne foye  ba- 
ptizé ?    Il  appert  que  Philippe  l'auoit  inftruit  auparauanr.car  il  luy  dit,  Voicy  de  l'eau. 
Nous  ne  lifons  point  qu'il  ait  requis  autre  chofe  queleau.il  n'a  point  demandé  du  cref 
me,ne  de  l'eau  benite,ne  del'huile,  rte  de  lafaliue,ne  du  fcl,ne  cierges,ne  quelque  lin- 
ge blanc,ne  chofes  femblablés.    Autrement  il  ne  faut  point  douter  qu'en  demandant 
de  l'eaitjil  n'euft  quant  &c  quant  demandé  toutes  ces  chofes.Et  faind  Pierre  dit,  Ad.  10. 
Quelcun  peut-il  empefeher  que  ceux-cy  ne  foyentbaptizez?  Item  A&es  16,  Et  luy  an- 
noncèrent la  patolle  du  Seigneur,&  à  tous  ceux  qui  eftoyent  en  fa  maifon.    Et  les  pre- 
nant en  icelle  heure  de  nui&,il laua  leurs  play  es,  &  luy  àc  les  dorheftiqueS  furent  bapti- 
zez  incontinent.    On  voit  qu'il  n'y  a  icy  que  la  prédication  de  la  Parolle  &c  de  l'eau.  & 
pourtant  toutes  ces  autres  chofe*,cpmmeauÛi  pluiieurs  autres  obfcruations  &  céré- 
monies de  l'Eglife,ionteflongnees  de  la  parolle  de  Dieu.    vin.    Au  huitième  arti- 
cle nousreipondonsenpeu  deparolles,quelafimple  parolle  deDieuaduouefculemét 
deux  Sacremens,airauoir  le  Baptefme  U  la  fain&e  Cenc  :  (mon  que  d'auenture  auec 
ceiix-cy  vous  y  vouliez  adioufter  l'Arc  en  ciel.car  fi  on  veut  generalem  ent  parler,ort  ap  i^oic. 
pèlera  Sacrcment,tout  ce  qui  aies  promettes  de  Dieu  quant  &:  quant  adiouftees. 

ix.  Quant  au  dernier  de  tous  les  articles  que  vous  auez  propofez,  il  n'eft  befoin 
que  «ous  facions  longue  refponfejveu  que  vous  en  auez  defia  vne  breue  confefîîon  qui 
eft  lignée  de  nos  mains,laqùelle  futtrouueeen  mon  fein  lors  que  nous  fufmes  pris  par 
Edmond  Teler  offlcier.Dauantage  nous  vous  auons  a/Tez  ouuertement  Se  amplemet 
monftré  au  quatrième  article,quelle  eft  noftrc  opinion  touchant  la  prefence  du  corps 
au  Sacrement.Car  le  corps  du  Fils  de  Dieu  qui  eft  nay  de  la  vierge  Marie ,  eft  au  ciel,  & 
rie  peut  en  façon  quelconque  eftre  compris  en  vn  Û  petit  morceau  de  pain.  Nous  con- 
feflbnS  ouuertement,que  tout  ainfi  que  les  parolles  que  IefusChrift  a  prononcées  font 
veritables,au(ïi  les  faut-il  entendre  par  d'autres  parolles  lefquellesle  Fils  de  Dieu  luy 
rnefme  a  prononcées  ailleurs,&  les  Apoftres  après  luy.  Or  voila  en  bref  ce  que  nous  a* 
uons  refpondu  par  articles  propofez  par  l'euefque  Boner. 

Ce  s  Gentils-hommes, à fauoir  Iean Denleye après auoirfouftenu la  vérité  del'E- 
uangile,fut  bruflé  à  Vxbridge  le  i:iour  d'Aouft.    Et  cnuiron  jo.iours  apresNeu- 
man  foncompagnon  fut  mené  en  la  ville  deSafronvval,où  il  fut  bruflc.il  auoit  eferit  v  • 

Pp.  iiii. 


LiureV.  Phpeurs  Martyrs. 

ne confefilon  defoy  vn  peu  deuant  la  mort. 

Ce  roefmc  iour  vnc  honncfte  vêtue  nommée  Varenni  futbruflee  àStadforda- 
pres  le  (eigneur  Iean  Denleye. 


GVILLAVME    COCKE  R&autres. 


rs  qui 

bruflez 


'ffi^SP^S  mois  d'AouftjCommc  nous  voyonsjfutcrcmpé  au  fang  de  plu/îeun 
l '  &p:~pjt{\iz  elpandu  au  pays  d'Angleterre.  Le  13.  iour  dc  ce  mois,tixfurent  bn 
2\V^>^cn  vu  mcfmc  feu  en  la  ville  de  Câtorbety^nàuoir  le  feigneur  Gvill 


;^ficn  Vn  IIICIIUC  ICU  tu  i<t  vint  ut  Vdiui  L'tiy,aiiuuuii  iv.  ii.igin.ui  varii-tAV- 

I  m  e  Cocker,gennl  homme,Ri  c  h  a  r  d  Coller,H  e  n  r  y  Lauréce,Gvi  l- 
Ta  v  m  e  riopper,Gv  iuavme  Stere,Ri  c  h  a  r  d  Vvright. 

Le  i4iourdtKÎir  mois,Ro  g  e  RCirierfutbruflé  àTautone.G  t  o  r  c  e  Tankerfeld 
futbrufléàSaintt-Albons,&auccluyG  v  iuavme  Baumefoid  le  2.6.  iour  d'Aouft. 
CemefmeiourauflîPA  t  ri  c  e  PatinghanhuMartyr  en  la  ville  d'Vxbridge. 


ROBERT    S  M  Y  T  H^ngois. 


LES  éfaits  de  «Martyr  &  île  fcuiblable  ;  aufquels  vnc  véhémence  d'efprit  a  efté  bié-feante,nous  môftrét  quelle  force  i  la  do- 
ctrine dc  Dieu  vue  fois  n>i(c  pour  fon  Jcmcnt:que  itlon  le  fubicû  qu'elle  rencontrt.ainli  elle  le  manifcfle.fàns  auoir  clgard 
à  choie  qui  fou  de  ce  monderait  oublier  la  vie  propre  à  celuy  qui  la  porte,&  mdpriler  touces  puiflànces  qui  s'efteueat  £ 
l'cncontre. 

I  on  veut  faire  comparaifon  entre  piufieurs  excellens  efprits  d'hommes 
quifefontoppofezàl'impietéderAntechrift,  (urmontans  par  vne  vertu 
plus  qu'humaine  toutes  dif£cultez&:  contradictions,  Robert  Smyth,pciiu 
tre  de  l'on  art,peuteftre  nommé  entre  les  premiers  >  ayant  efté  armé  d'vnc 
hardieflefainde&:  force  nompareille  contre  les  ennemis  de  la  vérité  .  duquel  il  nous 
faut  ouyr  le  combat  qu'il  eut  contre  Boner  euefque  de  Londres  le  j.  iour  dc  Iuillec  >  m. 
d.l  v  .comme  luy-melme  l'a  laifTé  par  eferit  traduit  comme  fenluitrNo  v  s  eftions 
quelque  nom bre  de  prifonniers  pour  la  parolle  de  Dieu,qui  fufmes  m enez  en  la  maifô 
de  l'euefque  de  Londres  enuiron  les  neuf  heures  du  matin  Je  fu  le  premier  à  qui  l'Euef 
que  parla  en  fa  chambre.ll  me  demanda  premierement,quel  eftoit  mô  nom:  puis  quel 
temps  il  y  auoit  que  ie  ne  m'eftoye  confe/fé  au  preftre.  Dés  lors(dy-ie)que  ie  commen^ 
çayàauoir  quelque intelligcnce&rraifon.&saulïiien  ay  iamais  en  ma  vie  cftimé  qu'il 
fufi  aucunement  befoin  que  ie  mTe  telle  confelïïon  de  mes  péchez  &oiFcnfes,principa 
lement  à  telle  forte  de  gens,lefquels  à  tort  &c  fans  caufe  vous  appelez  Preftres,queDicu 
n'a  point  ordonné.  Bo .  Vraycment  tu  déclares  aflez  du  premier  coup  que  tu  cshereti- 
que:toy,dy-.ie,qui  t'ennuyant  de  ton  meftier  dc  peintreric ,  maintenant  te  iettes  fur  la 
Lacoûdfciô  Theologie:&  de  la  vocation  en  laquelle  tu  te  deuois  contcnir,tu  te  mets  en  hc  relie. 
Smyxh!  S  m  .  le  n'ay  point  pratiqué  ce  meftier  à  cefte  fin  q  moy  &  ma  famille  en  fuffîons  nourris: 
car  fans  ce  meftier(graces  à  la  bonté  de  noftre  bon  Dien)il  y  a  eu  a/Tcz  pour  nous  entre- 
tenir iufques  à  maintcnant,&:autant  honneftement  qu'homme  de  fa  qualité.  Bon. 
Combien  y  a-il  que  tu  n'as  receu  le  lacrement  de  lautel?&:  outre  cela ,  quelle  cft  ta  foy 
enceft  article?  Sm.  le  ne  l'ay  point  receu ,  depuis  que  mon  Dieu  m'a  donné  bon  (ens  &C 
intelligece  vraye:&  s'il  luy  plaift  ie  ne  le  receuray  iamais  plus:puis  qu'il  ne  refpod  point 
à  l'inftitution  de  Dieu, ne  de  nom,ne  d'vfage^Bo.  Ne  crois  tu  pas  que  le  vray  corps  dc 
Chrift  qui  cft  né  de  la  vierge  Maric,eft  naturel!ement,reakmenr  &  en  fubftanceau  Sa 
crement, après  les  parollcs  de  confecration?  Sm.  le  vien  de  dire  que  cela  n'a  rien  de  Hri- 
ftitution  diuine,tant  s'en  faut  que  ce  pain  foit  Dieu,ou  quelque  fubftancc  d'iceluy:c'eft 
leulement  pain  &:  virffelon  la  fubftance  de  la  matière. 

Apre  s  plufieursparolles&obie&ions,  Boncr  vint  finalement  à  dire  qu'il  ne  pou- 
uoit  autrement  faire  finon  enuoyer  au  feu.  le  luy  refpondy,  Vous  ne  me  ferez  rien  que 
vous  n'ayez  délia  dc  long  temps  fait  à  des  perfonnes  qui  valoyent  mieux  que  moy: 

ne 


Robert  Smytb.  jf j 

ne  penfez  pas  que  pour  cela  TEfprit  de  Dieu  puifTc  eftre  cfteint,ou  que  pourtant  voftre 
caufe  foit  faite  meilleure.  Vous  auez  beau  meurtrir  &  efpahiire  le  îang  innocent:  vous 
ne  pourrez  faire  qu'aucun  emplaftrecouure  voftre  playeinfe&e:  vous  ne  1  amènerez 
iamais  à  telle  guerifon,quc  quelque  fois  elle  ne  fe  creue  en  puante  ordure  *  à  voftre 
grande  confuiion.  Ayant  ainfi  parlé,on  me  fit  commandement  de  me  retirer  au  iar- 
din  ,  cependant  qu'on  examinerait  le  frère  Heroald.  Quand  il  eut  efté  examiné* 
onmcramenaderechefversl'Euefque,lequelm'interroguaii  i'eftoye  de  mefme  opi- 
nion auec  Heroald  es  articles,premierement  touchant  i'Eglife  catholique.  S  m  .  le  cioy 
qu'il  y  a  vne  Eglife  vniuerielle  en  terre, ou  vne  congrégation  des  fidèles,  laquelle  faincl 
Paul  dit  eftie  fondée  fur  les  Apoftres  &  Prophètes, donc Iefus  Chriifc  mefme  eft  la  mai-  EphcCt 
ftreiTc  pierre  angulairc.Laquelle  Eglife  s'appuye  totalcmêtcnfaicts&di&sfut la  paroi 
JedeDieu,&  vie  de  l'authoritéd'icelle  en  tout  &  partout:  fans  laquelle  parolle  icelle 
ne  peut  &c  ne  doit  rien  faire  auflî:de  laquelle  pour  certain  iefuismëbrc  par  la  grâce  de 
mô  Dieu.  B  o .  Vous  fauez  vous  autres  que  fi  quclcû  des  frères  a  offenfé,  &:  fi  après  tous 
moyens  ciîaycziceluy  ne  veut  entrer  en  quelque  réconciliation ,  le  premier  remède  cft 
que  cela  foit  dit  à  I'Eglife.  Or  fi  voftre  Eglife  eft  de  telle  forte:où  eft-cc  que  ie  le  trou-  Math  lS 
ueray  finalement,afln  quei'aye  monjecours  à  icelle,fi  quelque  fois  i'en  ay  befoin? 
Sm.  Il  appert  es  actes  des  Apoftres  que  lors  que  la  tyrannie  regnoit  &exerçoiticscru-  Aft.ia.& 
autezcontrelapoureEgIiie:lcs  frères  pour  la  malice  des  temps  furent  contraints  de 
faire  leurs  a/femblees  en  petites  maifons  &  lieux  obfcurs&:  fecrets  ,  corne  auiourdhuy 
les  noftres  le  font:&  neantmoins  cela  n'empefehoit  point  que  telles  a/Temblees  nefuf- 
fent  I'Eglife  de  Chrift.  Bo.  Mais  leur  eglife  eftoit  allez cognue.  Car  faindt  Paulefcric  î#cdr.j.j 
aux  Corinthiens,qu'ilsaycnt  a  punii  l'homme inceftucux.  Que  fi  l'eglife  n'euftefté 
pou  r  lors  vifible  &  euidente,il  n'euft  point  efte  licite  à  fain ù.  Paul  de  faire  ce  qu'il  a  fait. 
Mais  voftre  eglife  n'eft  nullement  cognue,&:  ne  la  peut-on  trouuer.  S  m  .  Si  elle  ne  vous 
eftoit  cognucjcommertt  la  pourriez-vous  perfecuter  prefqucs  en  tous  lieux  ?  Mais  touc 
ainfi  que  cefte  eglife  de  Corinthen'eftoitcognue  que  de  Dieu  &c  de  fainft  Paul  en  ce 
téps-la  :  auffi  celle  à  prefent  que  vous  defehirez  n'eft  vifible  finon  àDieu  &:  à  fes  fidèles. 
^"Sur  cela  quelcun  de  la  troupe  des  preftres  de  celt  Euefque  dit,  Mon  amy ,  ie  voy  bien 
que  vous  n'eftes  ne  fimple  n'idiot.  S  m  .  le  fuis  qui  ie  fuis  par  la  grâce  de  Dieu,&  i'eftime 
quelle  n'eft  point  du  tout  inutile  en  moy.  Boncr  fefoufriantluy  dit  ,  Or  fus  donc,  dy 
moy  quelle  eft  ton  opinion  touchant  I'Eglife.  Sm.  l'ay  defiareipondu  fur  quels  fonde- 
mens  la  vraye  Eglife  eft  appuyee:&  l'afferme  derechef  que  par  l'Angleterre  il  y  a  vne 
congrégation  fidele,commc  par  toute  la  terre. Et  quanta  l'eglife  de  Corinthc,ie  refpô 
que  là  ily  auoit  vne  congrégation  fidelc,mais  tous  les  efleus  n'y  eftoyent  pas  enclos^ 
B  o .  Qu'enten-tu  par  ce  motCatholique?&:  qu'appelés- tu  Eglife?  S  m  .  Ce  mot  Catholi-  CatJloj;  , 
que  fignifie  vniucrfel.L'Eglife  eft  vne  compagnie  ou  alfemblee  d'hommes  Chreftiens  L'Egh/e? 
vms  &c  conioints  enfemble.  Quelque  temps  après  ie  fu  enuoyé  au  iardin:où  ie  demeu- 
ray  quelque  efpace  auec  le  frère  Heroald:&:  ainfi  que  nous  eftions  enfcmble,vn  preftre  ^th** 
de  l'eucfqueBoner  vint  vers  moVjlcquel  me  fît  cefte  demâde,aiîàuoir  fi  ie  ne  péfoye  pas 
eftre  prifonnicr  ou  captif.Ie  refpondy  que  i'eftoye  voircment  prifonnier  quât  au  cotps, 
&:afTuietty  fous  la  volonté  de  celuy  qui  me  detenoit ,  mais  que  i'eftoye  affranchy  du  IcaQM 
Seigneur  par  Ielus  Chrift.  Apres  cela  nous  difputafmes  longuement  de  fon  dieu ,  &C 
du facrement  de lautel qu'ils appelent:fînalcmcntiel'amenay  à  ce  poinft qu'il confef- 
faouuertementquefon  dieu  deualloit  dedans  le  ventre,&:  puis  eftoit  iettéauretraift: 
&  que  cela  ne  diminuoit  rien  de  l'honneur  de  Dieu, encore  que  les  Iuirs  qui  luy  font  en 
nemis  mortels, luy  eufTent  crache  contre  la  face.  S  m  .  Mais  vous  qui  eftes  amis,de  le  plo 
gerdedansvnretraicr,  ne  mentez-vous  pas  plus  gricue  condamnation?  Le  preftre 
en  tcrgiuerlant  cerchoittous  moyens  poui  efchappc  r  :  &  finalement  fut  contreintde 
recoudra  ce  fubterfuge,difant,  l'humanité  de  Chrift  încomprehenfible, comme  il  en- 
tra aies  difciples,ia-loit  que  les  portes  fuifcnt  fermées.  Sm.  Cela  ne  tait  rien  à  voftre 
propos. carlors  fes  difciplcs  &  Apoftres  le  voyoyent,oyoyent  ,manioyét  de  leurs  mains: 
&:  vous  autres  ne  pouuez  alléguer  rien  de  tout  cela.'&ncftoit  point  lors  cÔtenu  endeux 
lieux, comme  auffi  il  ne  là  iamais  efté.  Le  preftre  oyant  ces  propos,ne  peut  autre  chofe 
faire  que  ietter  des  brocards,&:  fe  moquer  de  tout  ce  qui  auoit  efté  dit,  &  puis  s'en  alla. 
^De  là  on  nous  mena  en  la  fale  de  l'Euefque,cn  laquelle  les  feruiteurs  &  officiers  ne  fi- 


Liurc^V.  Robert  Smyth. 

rent  autre  chofe  tout  le  iour  que  nous  agacer  de  parolles  outrageufes  :  iufques  à  ce  que 
leGeoliervoyancleuriniquitéoucrccuidcc,nousferraen  vne  autre  chambre  ,  en  la- 
Decesdcux  quelle  nous  culmes  plus  de  repos,cependant  que  l'eucfqne  cftoit  allé  en  la  fvnagoguc 
l'hiftoirc     pour  prononcer  lcntencc  de  cori(lamnation  contre  moniîeurDenleyeâJniGficurNt  u 


receJct 


eft  dente. 


man.    ^CeIafait,rEucfque  mena  le  Maire  de  la  ville  en  la  chambre  oùnouseftions, 
afin  qu'il  affiliait  à  la  cognoiffance  de  noftrc  caufe.  Boncr  me  fie  appeler  le  pre  mier  en 
la  chambre  haute  :  là  le  Maire  &:  vri  autre  gouuerneur  de  la  ville  s  aflirét  auprès  de  l'E- 
Nocabie     uefque:&  pots,rlafcons  &:  bouteilles  pleines  de  vin  trottoyentpar  tous  les  coins  de  la 
£«ïu«cs.°a  chambre, &:  cependant  moy  miferabiecftoye  reietté  loin,  &  mcfprifé  de  tous.  Cela 
me  fît  fouuenir  comment  Pilate&:  Herodcsfe  réunirent  enfcmble,&  firent  côplotcon 
crcChrift:duquel  cependant  nul  ne  deploroit  les  torts,&:  outrages.  Finalcment,aprcs 
qu'ils  eurent  aflez  bien  goullé  rEucfquedemanda  les  articles,&:  les  fit  reciten&mc de- 
manda (i  îelesauove  prononcez  a  infi  qu'ils  eftoyent  couchez  par  eferit.  S  m.  le  n  ay  ne 
proféré, di  ie,de  bouche  que  îcnclefenteenmoncœur.    Boncr  adrefTantfon  propos 
au  Maire, luy  dir,Monlicur,ccfl  homme-cy  ell  hérétique  obftiné,mcritanr  lamort:  tou 
tetoispource  que  ce  brun  c  ourt  de  moy, que  îc  me  baigne  au  fangdes  hommes,com.. 
bien  que  Dieu  me  l'oit  tefmoin-,iamais  en  ma  vie  ie  n'ay  appeté  le  lang  d'homme  quel- 
conque:i  ay  retenu  auiourdhuyccft  homme-cy  en  ma  maifon,de  peur  qucfacauféne 
fuft  démence  deuant  l'audience  où  l'eufle  vfc  de  mô  droict  &  authorité,fans  le  faire  icy 
venir.  Et  neantmoms  icy  en  voflreprefcnceie  le  prie &obtefte  qu'il  retourne  au  bon 
chemin.    Et  s'il  le  fait ,  ie  luy  promets  de  ne  luy  rien  imputer  de  tout  ce  qui  a  efte 
fait  iufques  à  prefcnt.ïe  veux  que  vous,monfieur  le  Maire,&  vous  aufll  qui  eftes  icy  pre 
fens,fbyeztelmoinsdela  promefîequeiefay.  Sm.  Monfieur,livousdites  cecydeuant 
monfieurle  Maire  &:  monlieur  le  Capitaine,que  vous  auez  en  horreur  l'crTufio  de  fâng, 
monftrez  Je  par  effe&.Ie  vous  fupplic, quand  dernièrement  mon  compagnonThomas 
Cctrecruau  Tomkins,fut  par  voftre  cômandement  amené  deuant  vous ,  de  quelle  colère  vfaftes- 
fcc^ïeflbs  vousenuersluy  •  Car  en  la  première  procédure  vous  luy  fiftesbrufler  vne  main  conerc 
cnPhiftoire  vne  lampe  ardcnte,&:  peu  de  iours  après  vos  fiftes  brufler  tout  fon  corps.Ie  me  déporte 
deToKms  de  plufieurs autres  fidèles  de  Chnft,&  lubie£tspaiublesdelaRoine,lefquels  vousauez 
traitez  de  mefme.    Et  quelle  plu  s  grande  douceur  attendroy'-ie  maintenant  de  vous 
quieftesmontéàfihautdegrédefureur ,  ayantfaitmourirtant  de  Martyrs  innocens 
Boner  ne  fe  du  Fils  de  Dieu.?fi  voftre  cceur  eft  tant  enclin  à  cle  mence  &  benignité,comme  vous  di- 
ne?nui«    tcS:Comme  fc ^a'c  ce'a  que  celle  voftre  bénignité &:  clémence  ne  me  lai/Te  aller  incô- 
faition  ré-  tinentrQuclle  raifon  y  a- il, que  fans  aucune  neceffi  té  vous  faites  vne  enquefte  fi  rigorcu 
part  def  j     de  ces  articles,  auiqucls  nulle  loy  ne  me  contraint  de  refpondre?    Or  fus,dit  Boner, 
Son?08*   c'eft  allez  de  cela:  venons  au  facrement  de  l'autel.  Quelle  en  cft  ton  opinion  .?  N'efti. 
mes  tu  point  q  le  mefme  corps  qui  eft  nay  de  la  vierge  Marie,  y  foi  t  en  la  mefme  chair, 
mefme  fang&melmes  os?  Sm.  ^A  cefte  demande  ierefpondifuffîfamment>&:  quant 
&  quant  monftray  la  vraye  inftitution  de  la  Ccne  fous  les  deux  efpeces.^  Boner  crioit  à 
fencontre,combatant  pour  fon  Sacrement,quenousiVeftions  que  belles  ignorances: 
Luc."  if    &:  que  les  parolles  de  Chrift,C'efl  cy  mon  corps, font  ouuertes,claires  &  fermes. 

]  Harpsfild  Je  grand  Archcdiacre  qui  eftoitprefent  rompit  le  propos  de  l'euefque 
Boner,&:  dit,Ce  que  le  Seigneur  a  voulu  que  le  Sacrement  de  fon  corps  fuft  reprefenté 
fous  deux  parties, contient  double  myftere:  pource  qu'il  déclare  tant  le  corps  que  la 
paffion  du  corps, félon  que  fainct  Paul  en  rend  tefmoignage.  Parquoyle  pain  eft  faitle 
corps,&  Ievinreprefcntcrcrîufiondufang.SM.  Vous  corrompez  les  parolles  de  S.Paul 
i.Cor.  11.18  pour  lesfairc  feruir  à  voftre  propos.car  iladit,  Toutefois  &£  quantes  que  vous  mange- 
rez de  ce  pain  &beuurez  de  ce  cahce,vous  annôcercz  la  mort  duSeigncur  iufques  à  tat 
qu'il  vienne.    L'annonciation  doncdela  mortdu  Seigneut  negiftpas  moins  au  pain 
qu'au  vin.  Boner  après  ce  propos  s'en  alla  pour  fe  mettre  à  table.  Et  monfieurle  Maire, 
qui  auoit  clic  afîls  près  dcluy,m'admonneftaque  ie  me  fauuafTe  la  vie.Ie  refpondy,  que 
le  lalut  de  mô  ame  eftoit  bien  &  feurement  gardé  en  Ici usChnft.De  ma  part  ie  le  priay 
qu'ilconfideraftdequieftoitleglaiuequ'il  portoiten  main.    Quand  ceft  examenfue 
Ceft  vn     paracht  ué,i'Euefque  donna  congé  à  tous  qui  auionsefté  interroguez  auccaiTczmaiL» 
etoronfous  uais  vifage:&: derechef  fufmes  ramenez  en  la  prifon  de  Nevvgar.   Et  quant  à  moy, 
apd- ïnfi  ^  ^ue^lue  ordonna  particulièrement  au  Gçolier ,  que  ie  fufTe  mis  à  parc  au  Limbe  de  la 

LE 


Robert  S myth.  36 4 

LE  fécond  examen  de  Robert  Smythjfàit  le  Samedy  en/uiuant:auquel  il  eft  traité  delà  Confefûon  aflez  amplement. 

\E  Samcdy  apres,enuiron  vne  heure,le  Geôlier  m'amena  en  la  chabre  de  leuefq 
__2|g}Boner:&:  Iuy  eftât  feui  aflls,&  n'ayant  qu'vnGreffier,parla  à  moy  en  celle  façon: 
Toy  Robert  S  mych,affermes-  tu  qu'il  n'y  a  nu  lie  Eglife  catholique  icy?  Sm.  Regardez* 
mes  articles  que  vous  filles  hier  mettre  par  eicrit:&:  vous  entendrez  pariceux  que  ie 
confeirc  qu'il  y  a  vne  feuleEglile  catholique,de  tous  les  membres  d'vn  feul  homme  qui 
eftlefusChrill.  Bo.  Etdelaconfeffion.?n'eft-ellepasfalutaire&:  necefTaireenl'eglife  Confcflïe» 
de  Chrift?  S  m  .  le  refpon  encores  ce  que  ie  dy  hier,Que  fay  cogneu  que  les  confeiences 
des  hommes  font  ordinairement  defcouuertes  fous  ce  fard  de  confcfsio:quc  les  fecreu 
des  Rois  &:  Princes  font  reuelez  par  ce  moyen,  lcfquels  eftans  grandement  abufez  par 
les  preftres,apres  leur auoir  déclaré  leurs  pechez,defquels  ils  defiroyent  fort  eftre  deli 
urez,dcpuis  leur  ont  donné  groiîefomme  d'argent  pour  obtenir  abiolution  ,&  ont  a- 
cheté  chèrement  des  Melfes  pour  le  falut  Se  rédemption  de  leurs  ames. 

En  t  r  h  ces  propos  &diuerfes  interrogations  de  Bonereuefque,  Smyth  comme  il 
eftoit d'vn  eiprit  prompr,mit en  auant  quelques  im pollures  d'vn  Preftre  qui  auoit  efté 
caufe  par  illuirons  qu'vn  Gentil-homme  de  Northfolc  tourmenté  en  fa  confeience  fru 
(Ira  fes  héritiers  de  fon  bien  pour  le  dôner  audit  Preftre.  Vo  v  s  feauez  auffi  (dit  Smyth 
en  prefence  du  Maire)comment  vos  prcdeceiTeurs  ont  fait  mourir  le  fidèle  &  confiant  Chard 
martyr  de  Chrift  Richard  Humcômment  en  premier  lieu  ils  luy  firent  appliquer  des  ai  hvn. 
guilles  ardentes  dedans  les  narines,qui  le  percèrent  iufques  au  cerueautpuis  pendirent  Cruautez 
l'on  corps,perfuadans  au  limple  peuple  que  ce  bon  perfonnage  s  eftoit  eftranglé  delà  honHcs. 
propre  ceinture.  Il  y  eut  aufsi  vn  eueique  de  Londres  deuant  vous,  Monlieur ,  qui  ayac 
vn  ieune  homme  de  bonne  vie  &c  innocent  en  fes  prifons ,  &:  ne  le  pouuant  autrement 
veincre,le  fit  eftouffer  fecretement:&  puis  fit  découper  fa  chair  aueccifeaux ,  &L  fît  de- 
puis courir  le  bruit  que  les  fouris  l'auoyent  ainfi  mangé.  Ce  font  lesfaits  de  guerre  des 
Euefques,dcfquels(comme  on  peut  voir )vous  n 'elles  forligné,  vous  qui  ne  pouuez  ou- 
urir  la  bouche  que  ne  iuriez:qui  eft  voflre  façon  pour  maintenir  vos  ordonnances.  Bo- 
ner  commanda  incontinent  à  vn  lien  feruiteur  de  rédiger  entre  fes  regiftres  le  récit 
fait  du  gentil  homme  de  Northfolc.    Vncheualierfuruint  entre  fes  entrefaites  afin  Lccnciu^ 
qu'il  fuftprefent  à  l'exameij,qui  auoit  à  nom  Mordant.    Boner  puis  après  parla  à  moy  lcr  01 
difant,Smy  th,quelle  eft  ton  opinion  touchant  les  fept  facremens  de  leglife  ?  Crois-tu 
qucDieu lésait  ordonnez &:  inftituezîaiTauoirlcfacrementdelautc^delaConfirma- 
tion,du  Baptefme,du  Mariage,&  les  autres.  S  m.  le  croy  qu'il  n'y  a  que  deux  Sacremens 
en  l'Eglife  Chreftienne,aiîauoir  delà  faincte  Cene  du  Seigneur  ,  &  le  Sacrement  de  la 
régénération.    Car  quant  au  facrement  de  l'autel,&:  vos  autres  facremens  forgczfic 
controuucz,ie  ne  fay  pas  comment  ils  feruent  à  voftre  profit:  tant  y  a  que  leglife  de 
Chrift  ne  les  t  ecognoit  ny  aduoue:&  de  moy  ie  ne  voudroye  nullement  communiquer 
à  iceux,nc  faire  chofepour  laquelle  vous  m'e  deufiiezinterroguer,ou  que  moy  en  deuf 
fc  relpondre  eftant  interrogué.  Bo .  Quelle  raifon  y  a-il  qu'on  change  la  cérémonie  de 
noftre  Baptefme,felon  qu'elle  eft  inftituce'ou  que  contient-elle  en  quoy  on  puilTe  dire 
que  nous  -nousfouruoyonsde  lareigle  delaparollede  Dieu;  S  m.  La  confecration  de 
l'eau, l!exorcifme,ou  comuration,le  crefmc,lon&ion  des  cnfans,le  crachat  quelès  pre- 
ftres  mettenten  la  bouchedes  petis  enfans:&:  tels  autres  fatras  &:  ceremonies,defquel- 
lesil  n'y  en  a  pas  vne  feu/e  qui  foit  approuuee  par  la  parolle  dcDicu.B  o .  Or  fus,q  veux-  P^Onf"? 
tu  dire  du  facrementdesfain&s  ordres?    Sm.    Mais  il  falloit  dire  des  ordres  defordô- 
nez.    Tous  autres  ordres  approuuez  ont  Dieu  pour  autheur,&  par  luy  ont  elle  intro- 
duits en l'Eglife:mais  vos  couronnes, vos  engraiflemens  &c  on&ions,  vos  tonfures  ,  vos 
cheueux  arrondis, &:  tels  badinages  ne  tentent  rien  de  l'inftitution  de  Dieu;  &  c'eft-cy 
la  raifon  pourquoyie  n'y  adioufte  point  de  foy.Et  pour  vous  dire  la  vérité,  monfieur,li 
vous  auiez  faine  intelligence&vraye  onction  diuine,vous  ne  vous  deffigurerieziamais 
d  Vne  telle  façon  comme  vous  faites.  Bo.  Dis-tu.?  Mais  celle  telle  mienne  fera  rafee,  par 
mafoy,&:toutmaintenant:voire  pour  cefterailbnmefme  pour  figne  que  tu  feras  bruL  "^jJ^JJ 
lé.  ^Et  tout  à  l'heure  il  commanda  qu'on  luy  lift  venir  le  barbier,&  fe  retirant  en  la  cha 
bre  prochaine,il  fe  fit  tondre. 

D  E  la.  façon  de  procéder  de  ceft  Eucftjue  Boner,on  peut  facilement  cognoiftre  que  fous  vne  fotte  5cnulicicufc  l*gcrcri,irc*er- 
çoit  ne jntmoios  St  pourfumoit  fa  cruauté  conerc  les  fidèles. 


Plu/leurs  M  artyrs. 


Sentence  de 
condamra- 
non  de 
Smyth. 


Pi  otcfUtiô 
dcSnv,  ch. 


*  pre  s  ces  chofes  L'Euefque  commença  à  reciter  le  contenu  de  la  fentence  de  ma 
-^condamnation:  Au  nom  de  Dieu ,  Amen ,  &c.  Smyth  dit  ce  mot  en  paflTant ,  Vous 
commencez  mal  voftre  fencéce  par  ce  nom. Où  eft-ce  que  l'Efcriture  enleigne  de  don- 
ner (entence  de  more  tous  ce  nom, quand  il  n'eft  cjucftion  que  du  faict  de  la confeience? 
1  Euciquc  paifa  outre. Et  quand  il  l'eut  coûte  récitée  iufqucs  à  la  fin, il  fît  foudain  retirer 
Sinyrh- lequel  adrefiant  ion  propos  nu  Maire, luy  dit:Monficur  le  Maire ,  ne  vous  fufrL 
foit-il  pas  d  auoirlaiiîe  la  voye  du  Seign.finon  qu'auec  cela  vous  lovez  prefent  a  côdam 
ncr  IefusChrift  à  tort&:  (anscaufc?Boncr  relpondit,Tu  ne  poun ois  dire  queienc  t'aye 
prelentc  ce  qui  eft  îufte  &C  raifonnableue  t'ay  offert  de  s  gens  pour  t'cnleigner  &:  tadmÔ 
nefterde  retourner  au  droid  che  min.  Maintenant  donc  appelé-  Boncr  Sanguinaire 
délirant  i'efFufiondu  langhuma:n.Mon(ieur  1  Eueique,dir  Smyth, encore  que  ma  bou- 
che ne  souurciamais  pour  due  vn  feu)  mot  de  vos  raids  ,ou  que  lamaisccux  qui  font  i- 
cy  ou  les  autres  n'en  facent  mention  pout  les  publieront  y  a  ncantmoins  que  ces  pier 
rcs  crieront  pluftoft,qu'iccux  ne  viennent  en  lumière.  Boners'c(c;ia,Oftez-lemoydi- 
cy,oftez  leviftement.  Smyth  protefta  en  difant  >  le  vous  appelé  en  telmoignage,  vous 
qui  eftesicy  prefcns>&:  e]iii  oye  z  ces  chofes,cômcnt  on  nous  traire  îcy  auiourdhuy,eftas 
condamnez  comme  hérétiques, fans  alléguer  vnc  feule  eau  le  de  te  lle  condânation  qui 
fuft  tircedes  Efcritures:&(ansaucunemét  prouucr  q  nous  fuffiôs  hérétiques. Et  main- 
ccnan^monfieurlcMaire^'adreflt  cefteparolleà  vous.vous,dy-ie,quiauezreccu  delà 
main  du  Seigneur  la  puiilànce  du  glaiue  pour  repouiierlcsoutiages  faits  aux  pouresaf 
rligez,en  voulez-vous  abufer  pour  les  faire  mourir?Maisie  remets  toute  la  cauïeàDieu* 
qui  iugera&  fera  vengeance  iuftementideuant  le  (îege  iudicial  auquel  vous  &:  moy  cô- 
paroillronsquelquefois.Lorsvniuftciugemët  fera  fait  demacaule  >&  ne  le  fera  point 
quece  ne  (bit  à  voftre  grande  honte, linon  que  vous  vous  repentiez  en  vérité  &:  de  bon- 
ne heure.  Mais  ie  prie  le  Seigneur  qu'il  vous  cet!  oye  vraye  repe  mance,felon  qu'il  co_ 
gnoift  vous  eftreexpedient&:  vtile. 

Cela  dit,tout  incontinent  on  fit  amener  Smyth  auec  fes  autres  côpagnonsprifon- 
niers  à  Nevvgar,qui  eft  la  prifon  des  extrêmes  condamnations  de  mort. Il  fut  toft  après 
bruflé  en  la  ville  de  Stancs.&i  de  mcfme  confiance  qu'il  auoit  fouftenu  les  combats  prç 
cedés,ilenduralctourmétdelamort>lcvingtlîxiemeiourd,Aou(t,deceftan  m.d.x,  r. 


V.A  TRE  îours  après, aflauoir  le  trentième  dudict  mois,  Efticnc  Harvvod 
'tut  bruflé  à  Stradford,&  Thomas  Fuife  à  Vvarc.      I  e  a  n  Ncuman,qui 
iauoit  efté  compagnon  de  la  prifon  auec  Iean  Dcnleye ,  fut  bruflé  le  lende- 
_,main  a  Safronvvaldcnr&ce  mcfme  iour  Gv  illavme  Harlcs  fut  bruflé â. 
Barnet)&:  tous  pour  la  defenfe  del'Euangile  du  Fils  de  Dieu. 


ROBERT    S  A  M  V  E  L,.Wn*lcs. 

o 

£N  celte  hinV-irenc  Robert  Samuel  mini/Ire  àr  Barholt.il  eft  fait  mention  de  da\x  femmes  honorabIes,aiTauoir  AnncPotre- 
nv.S:  d'vne  autre  qui  eftoit  femme  d'vn  nommé  Michel ,  lefquel  es  deux  lurent  bruflccs  a  Ipfcvvitchc  :  dont  cy  après 
Ictli  mort-heureule  fera  deferite.  L'efpritdoux  &  gracieux  de  ce  Samuel  apre  la  véhémence  de  Smyth  confolcra,&e- 
difiera  grandement  le  Lecteur. 

).  LV.  KTÏS^K  t  V  S  I  E  V  R  S  tant  hommes  que  femmes  (ont  Sortis  dudiocciedeSuf- 
olk  en  ce  temps -cy,  qui  ontheureufement  fouffert  le  martyre  pour  le  Fils 
eDieu  :  mais  entre  autres  la  vertu  de  Robert  Samuel  mérite  bien  d'eftre 
mi(e  par  efent.    Il  eftoit  miniftre de  l'Egide  de  Barholr,qui  eft  au  conté  de 
Sui+olkjinltruifant  fidèlement  &  auec  grand  fruid  le  troupeau  qui  luy  eftoit  commis 
du  Seigneunôcnecefta  défaire  fon  office  lufques  à  tant  que  la  violence  des  temps  ne  le 
permit  plus.Finalement  eftant  dcpdfé  de  fon  cftat  par  l'authorité  &£  mandement  de  la 
Rome,&  chalTé  de  fon  Eglife  auec  les  autres  fîdcles  Pafteurs,il  ne  peut  cuiter  la  malice 

& 


Robert  Samuel.  36s 

8£oppreflïonduternps:&  toutefois  il  ne  laifia  d'eftrefoigneux  de  fes  brebis.  Car  ia-fbic 
qu'il  neluy  fuft  loifible  faire  en  public  ce  qu'il  euft  bien  voulu:  tac  y  a  qu'il  sefïbrçoit  de 
faire  ce  qu'il  pouuoit  pourconfermer  particulierementles  fidèles.    ^En  ce  tcmps-la 
fut  fait  vn  editt  parla  Roine,&:  publié  par  Cominraircs,Que  tous  prefti  es  qui  s'eftoyent  °erd£™^c 
mariez  du  temps  du  roy  Edouard  ,cuflcnt  à  fc  de/Faire  de  leurs  femmes,  &:  rctournei  contre  le 
derechefàlcurcelibat.  Robert  ne  voulut  obéir  àceft  cdj£t,pource  qu'il  levoyoit  inL  "^[{JÇ  des 
que  :  &C  eftimant  que  pour  les  ordonnances  humaines  il  ne  luy  eirait  licite  de  violer  les  ' 
commandemens  de  I)ieu,il  retint  fa  femme,&:  faifoit  fa  demeut  ace  à  Ipfv  vitch:auquèl 
lieu  il  n'eftoit  point  oiiif,ains  toutes  fois&quances  que  l'opportunité'  fe  prefèntoit ,  s'- 
cmployoit  fecretement  à  inftkuer  l'Eglife,  laqueJleauoit  efté  afTczgrande  en  ce  lieu-la. 
Le  Gouuerneur  en  ce  diocefe,  qui  eftoit  nommé  Foftcr ,  aduerty  de  touteecy ,  mit  des  niniftr^ 
efpies  pour  prendre  garde  quand  Robert  tiédroic  fa  fem  me  auecfoy  en  famaifon  pour  tcurd'ipf- 
rcmpoigner&T mercreen  prifon.  Les  efpiesayans donne aducrtiflement,quant& quac  vvltch' 
leMagiftrataccourut,&lamaifonfutcnuironnecdc  fergeans  &£  officiers,  6c  leur  fut  fa- 
cile de  prendre  Robert  Samuel,  car  il  fe  pi  eicnta  de  Ton  bon  gré  fans  refiftence.  Sa  piïfe 
fut  faite  de  nui&,  d'autant  que  le  Magiftrat  craignant  le  tumulte  &  fedition  du  peuple, 
n'ofoit  faire  cela  de  iour.  Ainfi  eftâtconftitué  prifon  nier  à  Ipfwitch, fut  aflez  douceméc 
traité  tant  qu'il  y  demeurarmais  il  fut  emmené  de  là  bien  toft  aptes  :  car  l'enuie  des  ma- 
lins fut  caufe  qu'il  fut  ttainé  à  Noruich,où  l'Euefquc  dudit  lieu  le  traita  fort  inhumaine-  J-'ct^uc 
mcnt.Etentouteccfteperfecutiononnapointtrouuéquilyenaitcu  vn  plus  félon  à  e  °ru'  u 
tourmenter  les  fidèles.  Vray  eft  que  les  autres  Euefques  ont  fait  beaucoup  de  fafcheries 
&:ennûysaux  fideJes:toutcfois  ils  fe  font  contentez  de  faire  emprifonner  fit"  mourir,  &C 
nefauroit-on  dire  fi  aucun  d'iceux  a  vfé  de  fi  griefs  tourmen  s  qu'a  fait  ccftuy  cy,qui  en  a 
tourmenté  pluûeurs  miferablcmenc,&:  fait  defdire  aucuns.  Ceft  Eucfque  donc  penfant 
faire  le  fem blable  à  Robert  Samuel ,  le  fit  premièrement  mettre  en  vne  prifon  fort  ob- 
fcure,en  laquelle  il  eftoit  attaché  debout  à  vne  poultre,  en  forte  qu'il  eftoit  côtraint  de 
fe  tenir  toufiours  fur  fes  pieds.    Et  auec  tel  ennuy  il  y  en  auoit  encore  vn  plus  grand  8£ 
beaucoup  plus  difficile  à  porter*  afTauoir  que  pour  toute  viâde  on  luy  donnoit  trois  mor 
ceaux  de  pain,  &c  pour,  breuuage  trois  cueillerccs  d'eau  le  iour  :&:  cependant  toutefois 
ce  martyr  eut  force  pour  fouftenir  tels  tourmens.  Enccla  peur  on  confidererla  force-  Jjç^3CC 
nerie  diabolique  des  ennemis,  &:  la  force  admirable  du  Fils  de  Dieu  en  fes  feruircurs.  muelen 
Finalement  eftanc  condamné  au  iupplice  du  feu,  il  luy  fut  facile  de  porter  au  milieu  de  rtou™^;  fî 
tant  de  tourmens  par  lefquels  on  1  auoit  exercé  à  toute  extrémité. Ec  amfi  qu'il  eftoit  en  orn  s" 
tels  deftroits,attendant  le  dernier  tourment ,  on  louyt  ainfi  parler  des  ehofes  qui  luy  e- 
ftovent  aduenues  en  la  prifomafTauoir  que  lors  qu'il  eftoit  aux  ceps ,  après  qu'il  eut  efté 
tourmenté  de  foif &  de  faim  défia  i'efpace  de  quelques  lout s,  il  fe  princ  à fommeillcr  au 
milieu  de  fes  angoij[îes:&:  ainfi  qu'il  commençoit  à  dormir ,  il  luy  iembla  quvn  homme 
veftu  de  blanc  apparut,  qui  leconfoloit,difant,  Samuel,  Samuel,  ayes  bon  courage, &: 
efiouy-toy:car  après  ce  iour  tu  n'auras  ne  foif  ne  faim. 

Avant  qu'eftre  tiré  de  la  prifon,&:  mené  au  dernier  fu  pplice,il  pafTa  quelques  iours 
fans  fen  tir  ne  faim  nefoifi&manifeftace  bénéfice  de  Dieu  aceuxquilecôduirentàla  aducnucs^ 
mort.  Uditdauantage  qu'il  pourrait  recirer  autres chofes  fcmblables,  &:  combien  de  SamucU 
fois lefusChrift luy  auoicfaitfentir  fes confolations  au  milieu  d'ennuis  extrêmes,  fi  la 
hôte  de  réciter  cecy  de  foy  mefme  ne  l'euft  empefehé.  mais  il  eu ft  clic  à  defirer  que  ce- 
iteame  tant  débonnaire  ne  fe  fuft  monftree  û  modefte  ou  craintiue  en  ceft  endroit ,  a- 
fin  que  la  bonté  ineihmable,  &:  la  folicitude  de  Dieu  enuers  les  fiens  fuft  tant  plus  tefti- 
fiee  à  tous  de  ce  temps  prcfcnt,pour  plus  ample  confolation  &:  affeuranceen  aduerfité. 
Ceey  aufli  eft  digne  d'eftte  recité:dcs  trois  efchelles  lefquelles  luy  furent  monftreesen  ™°cn^ 
dormanr,  comme  il  difoit,&  ce  que  pluficurs  luy  ont  ouy  reciter.  Elles  eftoyent  enfem-  ks. 
bledreilees  en  haut  vers  le  cield  vne  eftoit  vn  peu  plus  haute  que  les  deux  autres  :&:  fi- 
nalement toutes  trois  furent  affembleesen  vne.    On  pourrait  dire  que  cecy  luy  fut 
comme  vnercuelarion  dinonçantlemartyre5premierementdeluy,  puisdedeux  fem- 
mes Chrefticnnes,  lesquelles  fuient  bruflees  quelque  temps  après  en  la  mefme  ville , 
le  fuyuans  comme  pas  à  pas  à  la  vie  éternelle:  desquelles  il  fera  parlé  cy  après  enfon 
lieu,  &:  félon  Tordre  des  temps.  ^"Or ainfi  qu'on  le  menoit  au  dernier  fupplice,  vne  vne  icucc 
bonnette  fille  le  vint  baifer  en  chemin  :  laquelle  fut  remarquée  des  ennemis  :&  on 
la  cercha  le  lendemain  pour  la  prendre  &conftituer  pnfonniere,&:  puis  faire  brufler.  muel. 


La  vertu  à'- 


Toinfonim  Alger. 


Liur  oK. 

mais  Dieu  la  preferua  de  la  main  des  tyrans,  combien  qu  elle  tuft  long  temps  après  de- 
dans la  ville  Tans  en  for  tir.  Samuel  donc  fut  deliuré  des  tourmens  de  ce  monde,par  v- 
nc  mort  precieufe,  qu'il  endura  au  milieu  du  feu ,  le  deuxième  iour  de  Septembre,  M . 
d.  l  v .en la  ville mefme de Ipfv vitch. 


G  V  I  L  L  A  V  M  E    ALYN,  &  autres  en  diuerslieûxt 
E  lendemain  que  Robert  Samuel  eut  eftébruflc,  on  exécuta  G 


v  r  L  L  a  v- 

Al  y  N>aVvaliingham,&TH  omasCobb  e  à  Chetford,&TH  oma  s 
Co  e  à  Yexford,  qui  fut  le  troilicme  de  Septembre. 

O  n  en  brulla  aulii  cinq  enfem ble  le  fixieme  iour  dudit  mois  en  la  ville  de 
Cantorbcry ,  aifauoir  Geor  g  eBradbridc,Iao.yesTvttye, Antoine 
J}vrvvare>,GeorgeCatner,&Robf.  rtStevter.  Iaq^vesLiefe 
mourut  en  la  prifon  de  Nevvgat  à  Londres,  l'onzième  lourdudit  mois. 

^A  Litchfeld  ce  mefme  iourfurec  brûliez  pourvne  mefme  caufe  Th  om  a  s 
Hayvvarde&ThomasGorvvay. 

Ri  e  h  e  r  d  Sm  y  t  h,G  v  i  i.  lav  me  An  dre, &:  George  Bi  n  g  moururent  en 
la  tour  nommée  desLollards,  &c  après  leur  mort  leurs  corps  furent  iettez  à  la  Voirie. 


M.  D.  L  V 


I.c  Tordue 
de  fadoue . 


Pomponim 
condamné 
atu  galcres. 


POMPON1VS    ALGIE  K.Neafolitain. 

L  A  diuerfïtc  des  efprits  &  nations  rend  les  merueiUes  du  Seigneur  admirables/pecialement  quand  vne  narmô? 
nie  &;  correfpondance  de  doctrine  fevoid  en  tous  ceux  ddquels  iife  veutferuir  enfacaufe.  Voicy  donevn 
perfonnage  de  la  Champaigne  d'Italie,que  le  Seigneur  cuoque  pour  rendre  tefraoignage  à  fa  venté  deuant 
le  plus  grand  monttre  de  ce  monde3affauoir  deuant  le  Pape  de  Rome,qui  lors  eftoit  Paul  I III. 

lOMPONIVS  Algier,  ilTu  de  la  ville  de  Noie  au  royaume  de  Naples,  ef- 
colieràPadouc,cftantcirconuenu  parquelqucs  maluucillans,  fut  aceufé 
jf%  f^iipXcômecontempteur  de  la  foy&  religion  Chreftienne  deuant  lePoteftat  de 
cris *^tl?,a ville,qui eft le  Gouuerneur &  iuge ordinaire d'icellc.  Il femonftra n* con- 
tant &  vertueux,  tout  ieune  qu'il  fuft,  que  la  renommée  en  fut  efpandue  par  l'ltalie:de 
lot  te  qu'après  longue  détention  ,  finalement  parleMagiftrat  de  Venife  en  fouuerain 
relort  fut  condamné  à  perpétuelles  galères.  Plufieurs  des  Sénateurs  de  Venife  voyans 
l'érudition  &C  les  bonnes  lettres  qui  elloyent  en  luy ,  firent  tous  efforts  de  le  diuertir  de 
fa  confiance -.mais  le  Seigneur  qui  luy  auoit  donné  ce  commencement,  continua  fon 
ceuure,  fi  que  la  mort  en  fut  tresheureufe  en  la  ville  de  Romeà  l'inftâcc  du  Pape,  qui  lors 
clloit  des  CaraphesNeapolitains  Paul  II  II.&  des  Cardinaux,  comme  nous  dirons  cy 
ap  res.  Quant  à  prefent  ce  qu'on  a  peu  recueillir,  qui  cft  le  pluscertain  &:  digne  de  me« 
moire, ccfontfes conférons, &c  repiftrequcluy-mefmcaefcritcdes  pnfons  à  fes  amis, 
en  langue  vulgaire,  pour  leur  confolation&  en  tefmoignagc  delà  grâce  que  Dieu  luy 
donna  de  continua  iufques  à  la  fin,  laquelle  epiftre  a  efre  traduite  comme  s'enfuit, 

\A  e  s  frères,  me  recognoilTant  obligé  à  vous  de  lien  perpétuel  Se  à  toulïours  durable, 
voire  plus  eftroitemcn t  qu'on  ne  iauroit  exprimer  :  il  n'y  a  chofe  de  fi  grade  impor- 
tance(pourueu  qu'elle  vousfuft  vtile  )  que  ienentreprinifc.  Voilà  pourquoy  ie  vous  ay 
maintenant  mieux  aimé  làtisfaire  qu'à  moy-mefmc,  mettant  par  cfcrit(  ainfiquem'a- 
uez  requis)  la  foy  que  i'ay  confcflee  en  la  prefenec  du  magnifique  Gouuerneur  de  celle 
cké,  contenant  brièvement  les  pointtsdefquclsi'ayeftéinterrogué:  combien  que  fuis 
contraint  de  confeiîer  franchement ,  que  s'il  eull  elle  pofïible ,  i'euffe  volontiers  euité 
ce  labeur,  mais faillant  de  refpondrc  à  vollrc  bonne  volonté,ie  defailloye aufîi  à  la  mie- 
ne.Ie  me  fuis  contenté, pour  vous  obeir,de  vous  eferire  la  confeflion  de  ma  foy,q  fi  elle 
n'eft munie  de  tant  d'authoritezde  l'Efcriture  laincle(  comme  il  femble  qu'ayez  dé- 
finie vous  prie  m'exeufer,  attendu  que  pour  ce  faire  ilfaudroit  meilleure  commodi- 
té &c  beaucoup  plus  de  temps:  &  d'autre  cofté  aufli  qu'il  feroit  befoin  de  mettre  par 
ordre,  &  refpondrc  depoinclenpoin&aux  railons  des  aduerfaires ,  ce  qui  feroit  plus 

long 


Pomponius  tAlgter.  jâ '6 

lotJg  que  leQuarefme>comme  on  dit:  voyant  d'autre  partquele  loifirne  m'en  eft  pas 
donné,d'autant  que  ie  ne  fuis  pas  en  mon  priué  :  &l  mefme  ce  peu  que  i'en  ay  m'cfl:  fort 
fafcheux,  à  caufe  des  chaleurs extremcs:bref,vous  attendriez,  félon  le  prouerbe  ,  "l'en-  C'cft  i  dirç 
fancemét  de  lelephanr,  &:  auriez  vne  choie  mal  efcritc,  à  .caufe  de  mes  incommoditcz.  l,^buT 
Il  m  a  femblé  le  mieux  de  vous  enuoyer  feulement  ce  que  i'ay  du  &  rcfpondu,  &:  le  plus  P° 
brieuement  qu'il  m'a  eue  pofllble,  confirmé  mefme  par  les  propres  loix  &c  canons  de  la 
cour  Romaine,  à  leur  plus  grande  confufion  .&cea  l'exemple  des  Apoftres,lefquels 
conueinquoyent  les  Iuifs  par  leur  propre  Loy,que  le  Meffiaseftoit  venu,  &qu'iccluy  c- 
ftoit Iefus  Chrift,  lcfqucls  ilsauoyent  condamné  &  crucifié.    Il  eu  bien  vtay  que  cefte 
mienne  confefllon  eft  plus  amplement  enregiftree  parle  Greffier,  pourautant  que  mes 
aduerfaues  difans  tantoft  vne  enofe,  tantoft  vne  autre,  ne  taichoyent  qu  a  me  furpren- 
dre  en  parolle .  mais  le  Seigneur  les  furprendra  aux  filets  &  rets  des  ténèbres  qu'ils  ont 
au  cœur.  &  les  confumera  de  confufion  &:  de  rage.  le  leuray  forment  fermé  la  bouche 
de  cecy ,  aflauoir  que  lors  ie  me  retraéteroye  publiquement ,  quand  i  ls  me  feroyent  ap- 
paroir parauthorité  de  la  fainfte  Efcriturc,des  erreurs  qu'ils  dilcnt  que  ie  ibuftien.M'al 
leguansraifonsfriuoles,iene  fuistenudeles  approuuer, d'autant  quel.i  f'ainctc  Efcri- 
ture,  mefmes  leurs  dodeut*&:  canons  défendent  de  ce  faite  *au  chap.iv"o/r au  ^de.,a 
chapitre, Qutnefàat, aucc  les aeuxfuyuans,en la  i  x.Diftin&ioh.Et  lalonguecouftume  3PdchTnni 
ne  me  doit  conueincre  (ce  qui  eft  toutefois  leur  appuy  )  veu  que  celle  qui  répugne  à  la  té  en  s- A"- 
Loy  de  Dieu,quelque  ancienne  qu'elle  foit,  ne  doit  eftre  receue  pour  bône ,  ains  tenue  S^ïcf- 
&  fuye  pour  abominable,par  le  chapitre  Confuetudinis,  &  parle  chapitre  Confretudinem ,cn  me. 
l'onzième  Diftindion.Pourrant  ie  dy,&  diray,que  la  foy  que  ie  tien  eft  Chreftiennc,ap-  £^M^' 
puyee  fur  l'Eglife,  purgée  de  toute  herefie,  pure  &fincere.  Que  fi  on  feveut  oppofer  à  piit.aaiu 
Iefus  Chrift,ie  monftreray  combien  eft  grande  la  puifïance  de  l'Efprit  de  Dieu,&  corn-  Un- 
bien  en  ce  regard  eft  foible  la  mauuaiftié  des  hommes.  Cependant,  frères,  vous  pour- 
rez voir  par  cefte  mienne  confefllon,  ce  qu'ay  refpondu  aux  perfecuteurs  des  Chreftiés 
&aufllcequeietienimpriméaucceur:vousaduertiiTant  nedonnerles  chofes  fain&es  Match  7 
aux  chiens,  ne  les  marguerites  aux  pourceaux.  le  vous  fupplic  de  prier  lePere  éternel 
pour  moy,  afin  qu'il  luy  plaife  me  donner  force ,  efperance  &  charité ,  &:  m'augmenter 
d'heure  en  heure  les  dons  de  {on  Eiprit,  6c  qu  aluy  feul  ie  puifle  h  ardiment  rendre  tout 
honneur^  toute  gloire,  par  Iefus  Chriftnoftre  rédempteur,  Amen. 

S'ENS  V  JT  le  premier  examen  tenu  contre  Pomponius:  traduit  d'Italien.    La  lettre  D.  (comme  nous  en 
auons  vfé  pour  abregec)fignifie  les  demandes  des  aduerfaircs,&  R  les  refponfes  dudit  Pomponius. 

D.    Cr  o  i  s -tu  la  fain&eEglife  catholique?  R.  Ouy,&:dy  que  ie  tien  la  doctrine 
côformc  à  icellc.  D.  Crois-tu  que  la  fain&c  eglife  Romaine  foit  catholique,  &:  te  veux- 
tu  remettre  à  elle:  R.  La  Romaine  n'eft  point  catholique,  mais  particulière.  Icne  fuis 
fubmisàaucune,egli^  particuliere:car  ic  me  tien  pour  membre  de  rvniuerfelle,laqucl'  tghfc  paru 
le  toute  fait  vn  corps  myftique,qui  eft  de  Iefus  Chrift. La  particulière  lé  peut  fouruoyer  ^SqiS. 
de  la  vérité:  comme  le  plus  fouucnt  on  le  void:&:  les  Epiftres  de  S.Paul  ,&:  les  hures  des 
anciens  Docteurs  ,&:  les  loix  mefmes  de  la  cour  Romaine,  le  teimoignent.    D.  Pour- 
quoy  ne  veux-tu  eftre  fous  leglife  Romaine?  Dy  nous  quelle  erreur  elle  a,  lai/Tan  t  à  part 
lesabus.  R.  Laitfantàpartlesabus,il  neft  iabefoin que ierefpondc  à voftre  demande:  Ah^dc  1 
d'autant  qu'iceuxeftans  oftez,  Rome  mefme  ne  fera  plus,  &ainlî  n'y  aura  plus  deglife  n^lne.  °~ 
Romaine.  Toutefois  ie  fuis  content  puis  que  voulez  que  ie  parle  des  erreurs&:  non  des 
abus  (combien  qu'ily  ait  entre  eux  peu  de  difrerece)  de  pailer  d'iceux  erreurs.  le  dy  que 
l'egl'fe  que  vous  appelez  Romaine,  a  en  premier  lieu  grandement  erré ,  en  ce  qu'elle  a 
voulu  ôeveut  que  noftre  falut  foit  non  feulemét  fondé  au  fang  de  Iefus  Chrift,mais  aufû 
en  nos  ceuures.  Combien  cela  eft  loin  de  vérité ,  il  fc  peut  voir  en  S.  Paul  aux  Romains 
troiliemechapitre,aux  Galat.j.àTimothee  premier, &:  Actes  15.    D.  Tu  nies  donc 
les  bonnes  ceuures.  R.  C'cft  autre  chofe  de  nier  les  bonnes  œuures,que  de  dire  que  no- 
ftre talut  vient  de  Chrift  par  fa  pure  libéralité.  le  tien  que  les  bonnes  ceuures  font  gran- 
dement neceflaires  à  l'homme  Chreftien,  voire  &:  que  fans  icellcs  on  ne  peut  eftre  ap- 
pelé Chreftien  :  ainfi  qu'on  ne  peut  dire  vn  arbre  bon,  s'il  ne  produit  bons  fruicts  :  &c  les  Mill]ï  ^ 15 
bonnesœuuresfontlesfruiérsdelafoyàfalut.    Maisceque  Iacour  Romaine  dit  que 
le  bien  vient  de  nous-  mefmes,  &:  que  le  royaume  des  deux ,  &:  la  polleiîion  de  la  béati- 
tude gift&confifteen  noftre  volonté:  eft  faux,  &:  répugnant  directement  à  laloyde 
Dieu,  laquelle  nous  monftte  que  rien  ne  peut  procéder  de  nous  digne  de  iouange, 


Liurcj  V.  Tomponius  Algier. 

finon  entant  que  la  grâce  de  Dieu  ceuure  en  nous.  C'eft  deluy  d'où  vient  le  bon  vouloir 
&  le  bien  faire,  comme  S.  Paul  efent  au  z.  chap.  des  Philippiens>&  aux  Corinchiés  troi- 
fieme,  Noftre  chair  fuiette à  la  mort,  n'apporte  deuantlaface  de  noftre  Pere  éternel 
qu'abomination.  Mefme  cccyfc  peut  voir  au  dernier  chapitre  de  la  quatrième  Diftin- 
wuft'for  ^l0n  >  £>c  confecrat-  Oùilcft  ditqueccluydoiteftrc  anathematizé^  qui  dira  qu'on  peue 
kSiic"  faire  aucun  bien  fans  la  grâce.  Etainfiqu'eft-cedu  Franc-arbitre,  la  chofeeitantainfi 
Milcuicaîn  qUC  ceiLly  feulement  eft  libre  qui  fait  tout  ce  qu'il  luy  plaift  ?car  nous  n  ayans  puiiiànce 
lUgms!  C  de  faire  le  bien,  non  pas  de  le  vouloir:il  s'enfuit  qu'en  nous  il  n'y  a  aucun  Franc-arbitre  à 
bien.    En  après  ie  trouue  en  l'eglifc  Romaine  vn  erreur  infupporcable,c'eft  qu'elle  n'a 
point  de  hôte  de  dire,  Que  les  hommes  ont efté  efleuspar  leurs  propres  mérites  &:  ceu- 
ures,&:  non  par  don  &:  libéralité  de  Dieu:ÔJ  qu'il  prcuoit  quels  doyuentcftre  les  hom 
mcs:&:  chaiîe  les  mefehans  &c  eflic  les  bous  ■  qui  cil  contraire  mefme  au  chapitre  Semel 
De  i.Hicro  immola,  en  la  Di(tin6tiondt  uxicmc,Z>t  c/i«yeo-4r.Et  la  raifon  en  cft  euidcnte:cariilc  fa- 
«ncauii.de;      nous  cft  venu  gratuitement, il  s  enfuit  de  neccifité  que  nous  fommcscilcus  pargra- 
Profpcr.SdC  ce,  &  non  pas  par  nosœuures.    Les  aduerfaires  médirent  fur  cela,  Tu  es  vn  puant  he- 
retiquenf  ne  faut  plus  parler  auecquestoy. Notaire*  efcriucz  feulement  ce  qu'il  a  dit.  R„ 
Pourquov  m'appclcz-vo9heretique?Suis-ie  de  quelque  fe^tc  la  copine,  Cordelière,  Ba- 
filiennc,Croifec,Hcremitaine,Sabotine,  Bénédictine, Cartufîcnne,  ou  Carmelitaine? 
ou  bien  dites-moy,  de  quelle  autre  fuis  ie  ?  Si  vous  trouuczque  i  erre* corrigez-moy 
me  faites  apparoir  de  mon  erreur.  D.  Que  crois-tu  donc  du  Sacrement?  R.  Ic  vous  re- 
ipondray  puis  après  du  Sacrcmét:mais  dires,s'il  vous  plaift,quelle  herefie  trouuez-vous 
en  moyrlan'aduienneque  ie  foy c  d'autre  feéte  (fi  ainfî  vous  l'appelez) que  de  celle  de 
Chrift.  D.I1  ne  te  faut  dire  autre  chofe,Tu  esvn  diable,vn  ladre  fort  infedé.Tti  dois  croi 
re  que  les  chofes  qu  on  te  dit, ont  efté  ordonnées  de  noftremere  faincte  eglife:&  les  faut 
tenir  pour  articles  de  foy:  d'autant  qu  ainfî  le  nous  commandent  les  Papes  vicaires  de 
Chrift,  &:  le  conferment  tant  de  fain&s  docteurs  &:  anciens  peres.  Tu  deurois  auoir  ho 
te  de  drclfer  la  tefte  au  ciel  pour  t  oppofer  cotre  les  fucce/feurs  de  fainét  Pierre,  &  chefs 
de  l'eglifc,  les  lanctiflîmes  papes  de  Rome.  R.  Maispluftoft  tyrans  &  Antechrifts,  veu 
que  nous  n'auons  autre  chef  que  Chrift,princc  de  l'Eglife  vniuerfellc,lbus  lequel  ie  fuis 
4-  J5      &c  tous  autres  fidèles  enfemblc:  voyez  ce  qui  eft  eferit  en  l'Epiftre  aux  Ephefiés ,  au  qua- 
i  **•      tricme  chapitre,  &:  au  premier  de  l'Epiftre  aux  Colofïîens.    Sur  cecy  les  aduerfaires  di- 
rent, Nous  ne  fommes  point  h  beftes  que  nous  ne  fâchions  que  Chrift  cft  le  chef  au  ciel 
&c  en  terre:mais  le  Pape  n'eft-il  pas  Ion  vicaire  en  terre?    R.  Chrift  &  l'Eglife  vniucr- 
felle,  appelée  catholique,  ne  font  qu'vn  corps,  duquel  Chrift  eft  le  Chef,  comme  il  en 
eft  parlé  aux  Ephelîens  quatrième  chapitre.  Et  tout  ainiî  qu'il  ne  fc  trouue  iamâis  diui- 
fédeceftcEglifc,auffi  elle  cft  toufiours  appuyée  fur  luy,  ne  pouuant  auoir  autre  chef 6c 
fonde  ment  que  luy  mefmes.  Et  ne  penfez  pas  qu'il  foit  comme  vos  Euefques ,  lefquels 
La  côduion  laiifans  leurs  brebis  es  mains  d'vn  autre,qu'ils  appellent  Vicaire,  s'en  vont  prédre  leur 
a    cuef-  paf]c-tempsaRome,mettansleur  plus  grande  félicité  en  paillardife,  bougreric,  pu- 
2'^°"  tains,chcuaux&:  honneurs  de  ce  monde  à  tors  &  à  trauers  :  c'eft  tout  vn ,  pourueu'que 
leur  plaifir  feface.  Mais  Chrift  ne  lahTe  iamaisfon  troupeau,  ains  l'aide,  le  conforte  &: 
luy  donne  à  cognoiftre  les  plus  grans  lignes  qu'il  eft  polfible  de  charité  &:  de  foy.  Outre 
ce,  tout  ainfî  qu'vn  corps  ne  peut  auoii  qu'vn  feulchcf,&r  s'il  en  a  plus,  il  eft  môftrueux: 
pareillement  ce  corps  qui  eft  compofé  de  Chrift  &  de  l'Eglife ,  n'a  autre  chef  qu'iceluy 
vray  Fils  de  Dieu.  Que  fi  nous  en  prenons  vn  autre  en  fon  lieu,  il  ne  fera  plus  de  Chrift 
mais  prendra  le  nom  du  chef  qu'il  fc  fera  forgé.  Par  ainfî  léra  vn  mafquc ,  ou  pluftoft  vn 
monftreà  deux  teftes.     D.  Veux-tu  donc  nier  que  Chrift  ait  commandé  qu'en  terre  il 
Ephcf.4.n.  y  ait  des  Pafteurslur  le  troupeau?  S.  Paul  ne  dit-il  pas  qu'il  conftitua  lesvns  Euangeli- 
ftes,  les  autres  Apoftrcs,  les  autres  Docteurs,  les  autres  Paftcurs,  &  ce  qui  s'enfuit  ?  R. 
Icleconfelle  ,&croy  qucles  Pafteurs  furent  ordonnez  du  Seigneur.  Mais  vous  ne  me 
prouucz  pas  (comme  auilî  ne  fe  trouue  en  aucun  lieu  )  que  Chrift  ou  bien  les  Apoftres 
avenr  ordonne  ïamaisvn  Paftcurqui  fuft  pardc/Jus  fes  compagnons  :  attendu  qu'vne 
telle  dignité  fc  doit  feulement  attribuer  au  fcul  Fils  de  Dieu  noftre  Seigneur,  aintiqu- 
I«n  to.     il  cft  eferit  en  fainct  Iean,  le  fuis  le  bon  Pafteur  qui  cognoy  mes  brebis ,  &:  fuis  cogneu 
Matu*    des  miennes.    Et  en  fain&  Matthieu ,  le  frapperay  le  Pafteur,  &  les  brebis  s'cfgarérôt. 
Ce  qui  fut  dit  des  A  poftrcs,defquels  il  eftoit  Pafteur  &C  Chef,comme  il  l'eft  auiourdhuy 
de  toute  l'Eglife  catholique.  Et  aucun  autre  ne  doit  témérairement  occuper  fon  lieu, 

s'vfurpant 


svfurpant  par  tyrannie,par  guerre,par  extorfions,rapincs,fraudes,  tromperies  &c  hypo- 
crite les  iurifdi&ions  de Iefus  Chrift ,  lefquelles  il  a  acquises  6c  faites  fiénes  aueç  fi  grad 
prix,  non  point  de  fang  des  taureaux  ou  d'agneaux ,  comme  il  eft  eferit  en  l'Epiftre  aux 
Hebrieux,  mais  par  fon  propre  fang,  s 'offrant  foy-mcfine  en  facrifice  faincl:,  pur  &  inno-  Heb-*-&  10 
cenr,&  appaiianc  l'ire  de  Dieu, en  latisfa&ion  de  nos  péchez.    Bien  e(l  vray  qu'en  cha- 
cune partie  de  Ton  Eglife  Dieu  ordonne  des  preftres  &  Eucfques, mais  il  ne  donne  à  au- 
cun d'entr'eux  la  primauté.  Et  vos  propres  loix  difent  que  tous  ont  vne  mefmc&:  égale 
puilTance,auchapitre"antcpenultieme,  verfet-. S/*«rew,Diftin&ion5>$.  Mais  Chriil  fe'TirédcS. 
déclara  Prince,Maiftre,  Scigneur&:  Chef  de'cous.donc  fi  aucun  préd  hardiefl'e  en  terre  *Êucty" 
de  fefaire  appeler  Seigneur,  Maillrc,Chcfou  P  ricc  vniuerfel, n'cft-il  pas  cxcômunié fe-  Hiwnder. 
Ion  vos  canons,difans  qu'il  fait  contre  Dieu  i  Les  mots  du  décret ,  en  la  "  quarantième  "Tire  de  s. 
Diftinét.chap.dernier,  fon  t  tels,  Quiconque  defue  U  primauté  en  terrejrouuera  Lt  confufton  au  ciel:  jjjj,^ ? 
0*  quiconque  tafche  cTeflre  Prince,  ne  don  eftre  nombre  entre  les  fenuteurs  de  Dieu.  Le  mefme  fc 
prouueaufîi  parle  chapitre  antépénultième     pénultième  de  la  Diftinctionponante-  "Tir«Ju 
neuficme    D.  Or  fus,  où  font  les  Pafteurs  defquels  fainct  Paul  fait  mention  (  comme  3c 
nousauons  dit  cy  deffus)&:  comment  fe  pcuuent-iis  trouucr&  cognoiftre  en  celle  tien-  Pèiagius  Pj 
neEglife  catholique,  laquelle  tu  dis  &  forges  en  l'air?  Comment  pourra-elle  auoir  des  j^'"'*"^ 
Pafteurs,  puis  qu'elle  eft  abftraite&  imaginaire?  R.  L'eglife que icconfeifc,icnc lacer-  ueibucr. 
che  poinr  en  imagination  ou  nuées ,  comme  vous  dites ,  mais  afferme  qu'elle  eft  icy  en 
terre  entre  ceux  quifontferuiteursde  Chrift,  lefquels  habitent  en  ce  monde  elpars  çà 
&  là,  ainii  que  le  conferme  voftrc  chapitre  "Catholica,  Diftinction  n.  Siquc  tous  ceux  "Tir^lic  • 
qui  font  Chreftiensdoyuent  entendre  qu'ils  font  en  l'Eglife  catholique  &:  vniuerfelle,  d\T%UCa 
laquelle eux-mefmes font &conftituent.C'eft  autre  chofe  de  coniideVerfEglife  in  con-  tholique. 
offo,commc on  dit,  &:  la  coniîderer  comme  vn  corps  myftique  compofé  de  celle  vnion 
de  Chreftiens  &  de  Chrift:&  ainfi  qu'elle  eft  appelée  le  corps  de  Chrift  au  chapitre  "  In  "  Tiré  de 
Ecdefu,  i.  queft.  i.  En  premier  lieu  l'Eglife  catholique  contient  fous  foy  pluheurs  corps,  ^toS* 
aflàuoir  tous  les  Chreftiens,  &auilî  contient  fous  foy  vne  chacune  eglife  particulière.  cucïqucde 
Eeceft  ce  que  vous  me  demandez.  le  vousdy  dôcqucc'eftchofc  raifonnable  qu'entre  Conftauti. 
les  Chreftiens  il  y  ait  des  Pafteurs.  &:  mefme  en  toutes  les  parties  apparentes  de  l'Eglife  Qobk' 
catholique.&:  voila  ce  qu'on  dit  In  conercto.  Or  coniiderant  la  myftique  ,iedy  qu'elle  eft 
feulement  fpirituelle.  car  tous  les  Chreftiens  enfembleauec  Chrift  côpofent  vn  corps, 
non  matériel,  mais  fpirituel,  contraire  &:  ennemy  de noftre  chair,  d'autant  qu'icelle  n'- 
eftam  point  de  ce  corps,  ne  peut  aufîï  entendte  quel  il  eftrmais  trop  bien  l'efprit  f  entëd 
fclecognoift.  Et  de  ce  corps  myftique  n'y  a  autre  Pafteur  que  Iefus  Chrift.  Les  EueL 
ques  mefmes  feront  membres  de  ce  corps,  bc  brebis  de  ce  Pafteur  vniuerfel,  qui  eft 
Chrift.    D-    Donc  (i  tu  confe/Tes  auec  ton  babil  que  l'Eglife  catholique  eft  en  terre. 
&:  qu'aucun  n'en  eft  chef  vniuerfel  que  Chrift ,  dy  nous  où  feront  les  Pafteurs  que  nous 
te  dînons  deuant?    R.  le  dy  que  ces  Pafteurs  defquels  fain£t  Paul  parle,  doyuenteftre 
chacune  partie  apparente  de  cefte  Eglife  catholique.    Dites-moy  vne  eglife  particuw 
liere  apparente,  &:  îe  vousmonftreray  le  Pafteur  qui  neceifairement  y  doit  eftre.  D, 
Si  tu  te  dis  eftre  membre  de  fEgl  ife  vniuerfelle,  &:  affermes  qu'icelle  doit  auoir  fon  Pa-  £^^r" 
ftcur  enchacune  partie  apparéte,  c'eft  ce  que  nous  voulôs.  refpon ,  Où  eft  ton  Pafteur?  C  CU"' 
R.  Il  y  a  deux  fortes  de  Pafteurs  en  terre:l'vn  es  chofes  feculieres,  lequel  eft  pour  la  de- 
fenfe  des  bons  &:  pour  le  chaftiment  des  mefchans-.l'autre  eft  pour  enfeigner  àL  inftrui- 
re  les  Chreftiens  en  la  crainte  de  Dieu  &c  foy  Chreftienne,  par  pat  olles  &:  exemples  de 
bonne  vie:  leur  administrant  les  Sacremens.  Orie  recognoy  icy  pour  mou  Pafteur  e's 
chofes  feculieres  le  magnifique  Gouuerneur  de  cefte  ville  de  Padoue ,  &:  la  feigneurie 
Venetienne,  qui  font  mes  Princes .  mais  touchant  la  parolle  de  Dieu  &:  les  Sacremens, 
ie  n'y  recognoy  aucun  Pafteur,pourautant  qu'il  n'y  a  autre  eglife  apparente  que  la  {yna- 
gogue  Papiftique,delaquelleicneveuxeftremembre,ncdemeurer  auecelle  en  au- 
cune forte.  D.  Situne  veuxeftreauccelle  ,  &  es  enceftecité  fansPafteur,  tu  es  donc 
hors  de  leglifercar  S.  Paul  dit  que  toutes  les  eglifes  ont  leurs  Pafteurs.  R.  Celanes'en^ 
fuit  point  pourtant,  Tu  ne  vis  pas  en  l'vnion  de  l'eglife  apparente,  &  n'as  aucun  Pafteur 
ou  Euefqueapparcnt  :  donc  tu  n'es  pas  del'Eglife  catholique  .caril  peut  eftre  que  quel- 
que Chrcftien  fe  trouuera  entrel  es  Turcs,  en  pays  barbare,  s'il  confeife  Iefus  Chrift 

Qq^  iii. 


Livrer  V.  ^mpomusAIgter. 

combien  qu'il  ne  foit  en  Ja  cog*egation  des  Chreftiens ,  Se  n'ait  aucun  pafteur  Euâgek- 
que,  le  doit-on  pour  cela  eftimer  eftre  hors  de  l'Eglife  catholique  ,&  le  reputer  autre 
que  Chreftien?  Les  Pafteurs  apparens  doyuent  eftre  en  leglile  apparente.  Que  û  l'egli- 
fe  n'eft  apparenre,  il  eft  fuperflu  d'y  cercher  des  Euefques  &c  Pafteurs.  D.  Ne  parle  plus, 
ne  parle  plus ,  la  nuict  approche  :  &L  n'as  encores  reipondu  des  Sacremens.  Va ,  retour- 
ne en  prifon,^  tu  cognoiftraslî  tu  es  fans  Pafteur:  &C  t'appareille  à  te  retracter,  ti  feras 
bien,  R.  En  me  rcmenant  en  prilbn ,  ie  dy  ces  parolles ,  l'y  vay  volontiers ,  voire  à  Ja 
mort,  s'il  plailbit  à  Dieu  que  ce  fuft  à  cefte  fois:ie  fuis  icy  pour  cela.  Dieu  par  fa  fplédeur 
en  illuminera  vn  chacun  dauantage,  tellement  que  l'endureray  alegrement  tous,  les 
tourmens,  d'autant  queChrift  parfaict  confolateur  des  ames  affligées ,  eft  ma  lumiè- 
re, &vravc  clarté,  puiffante  pour  dechaffer  toutes  ténèbres. 

Second  exanven  touchant  les  Sacremens. 

D. 

TirédeS.  f|P|0  M  B I E  N  croistu  qu'il  y  ait  de  Sacremens  en  l'Eglife*  R.  le  nefay  pourquoy 
Auguft.au  ^gg|jvous  me  demandez  le  nombre  des  Sacremens,  veu  que  par  la  définition  de  Sacrc- 
Cité"  dcU  rn^nc  on  n'entend  autre  chofe  qu'vne  mémoire  &  ligne  vifible  tic  chofe  facree ,  au  cha- 
Dioi,&du  pitre  Sacrificium, &  au  iuyuant  De Ccmfccratione ■>  Diftinction féconde.  Toutesles  fois  que 
cieftiS  vous  me  monftrerezlemyftere&:  mémoire  d'vne  chofe  fainôle,  en  quoy  que  ce  (oit,  ic 
prendray  cela  pour  Sacrement.  Et  S.Ieanenfon  Apocalypfe  chapitre  premier, appelé 
les  Sacremens,  lavi(iondesEftoilles&;  Chandeliers:&:au  innomme  Sacrement, la  re- 
uelation  de  la  Femme  &£  delà  Beftc.  Le  mefme  fe  void  en  pjufieurs  autres  lieux  dciEf- 
criture  faincle,  comme  au  6.&C  ii.cha.de  la  Sapience.  Toutefois  ie  fay  bien  que  ne  m'a- 
uez  interrogué  de  ce  Sacrement-cy.Si  vous  voulez  donc  fauoir  quels  l'eftime  Sacremés 
entre  ceux  lefquels  vous  cerchez,  demandez-le  moy,  &:  ie  vous  refpondray  volontiers. 

Nieras-tuquerordrefacréouecclefiaftiquenefoitfacremét.''  R.  L'ordre  que  vous 
appelez  facré,  n'a  en  foy  aucun  myftere^pourautant  que  ce  n'eft  point  le  caractère  exté- 
rieur qui  conftituc  ou  fait  le  Preftre&Euefque:mais  l'élection  de  l'Eglife.  Tout  le  my- 
fterc  donc  coniïfte  en  l'onction  feulement  du  S.Efprit,  faite  intérieurement.  le  diroye 
bien  pluftoft  &  confefferoye  que  le  Pape  eft  aduerfaire  de  Chrift,  &:  que  to  us  ceux  aufli 
qui  portét  fon  caractère  ne  doyuét  point  eftre  appelez  Pafteurs  ou  Miniftres  de  Chrift, 
d'autant  qu  ils  guerroyent  (ous  vn  autre  eftédard ,  &:  ont  vn  autre  capitaine  que  Chrift. 
D.  Nous  fommes  donc  miniftres  du  diable,  &c  non  de  Chrift.  R.  Iugezcelavous-mef- 
mes.  Vos  œuurcs  vous  manifeftent ,  defquelles  &c  vous  &:  ceux  qui  voudront  pourrez 
faire  iugement.  D.  A s-tu  bien  la  hardi effe  de  dire  que  les  Diacres,  Soufdiacres,  Pre- 
ftres&Euefques  ne  font  point  miniftres  de  Chrift?  R.  Tous  font  de  Dieu ,  moyennant 
qu'ils  ne  dépendent  point  duPape,&^qu'ils  annoncent  l'Euangilc,&:  prefident  fur  la 
parollc  de  Dieu,&:  non  fur  celle  de  l'Antechrift ,  portans  fa  bulle  &  l'on  caractère.  D. 
Quel  eft  donc  ce  caractère  que  tu  dis  eftre  reprouue'?&  qui  eft  ceft  Antechrift  &  fon  rè- 
gne, duquel  auflï  tu  fais  mention  en  certains  efcrits&:  tiennes  lettres?  R.  Touchant 
au  caractère  qu'on  doit  auoir  en  abomination  &:  horreur,  ie  dy  que  ce  font  les  ornemes 
des  preftres&moynes,leursveftemcns,  capuchons,  courônes&:  autres  chofes  fembla- 
bles.  Le  Papat  eft  de  l'Antechrift, pourautant  qu'il  eft  eftably  contre  le  commandemet 
Aîucchrirt .  du  Seigneur,  comme  i'ay  dit  cy  deiTus:eftant  ainn*  que  ce  nom  &~>inteihrijl  ne  fîgnifîe  au- 
tre chofe  que  celuy  qui  eft  contre  Chrift.  Son  royaume ,  ce  font  preftres ,  moines  Vau- 
tres fur  lefquels  il  a  puiffance&  domination. Les  faindcsEfcritures  ne  crient  autre  cjio- 
fe:  levieil&nouueauTeftamentletefmoignent  apertement  àtôus  ceux  aufquels  ta» 
Seigneur  a  donné  fin  tclligence  de  fa  vérité,  êc  qui  l'aiment.  D.  Que  dis-tu  du  chreÉ 
Qucc'eft  medonton  vfe  en  donnant  les  ordres  facrez?  R.  Pou  rce  que  Caradere  n'eft  autre  ch'<Kr 
âac Cm  *e  °tuvn  u&nc  &  figure  imprimé  &  engraué  en  quelque  chofe:&  que  ces  onctions  n'inv* 
priment  rien  ny  en  l'ame  ny  au  corps,  elles  ne  p  euuent  eftre  appelées  Caractères  :  mais 
ce  font  comme  marques &enfeignes  du  Princequi  les  fait,  &:  de  ceux  quile  fuyuent 
&C qui  les  portent.  .D.  Etle Baptefmcnel'appeles-tu  pas  Sacrement?  R.  Ce- 
ftuy-la doit  vrayement eftre  appelé  Sacrement,  car  il  nous  ligne  &:  marque  pourfer- 
uiteurs  de  Chrift,  &:  nous  proteftons  par  iceluy  que  Chrift  eft  mort  pour  nous ,  &  qull 
nous  a  rachetez  &  lauez  par  fon  fang  précieux  de  toute  iniquité  &  fouilleure:  bref  ,c- 
eft  vne  mémoire  que  nous  fommes  fàuuez  par  Chrift.    D.    Que  dis-tu  du  chrefme 

qu'on 


Tomponius  Algter  $68 

qu'on  donne  à  la  confirmation  du  Baptefme.  R.  Il  n'a  auffi  aucun  myftere  en  foy  :  ains 
comme  c'eft  contre  Chiift  de  rebaptifer,aulîî  tout  ce  qui  eft  a  Jioufté  au  Ikptei'mc ,  eft 
contre  Chrift.Et  de  là  vous  pouuez  iuger  fi  ie  fuis  Anabapciftc,  commeaiicunsm'impu  ^  mc 
tent.  D.  Mais  c'eft  toy  quieftimes  que  nous  foyons  Anabaptiftes,nous  comparant  ain- 
liàeux.maispaifonsoutre.  Nieras-tu  que  depuis  le  Baptefme  donné  par  Philippe'en 
Samaric,ilnc  fuftnecefraire  que  Pierre  &Iean  allas  par  là  priaifent  Dieu  qu'il  enuoyaft 
fan  fain&Efprit  lui  les  baptifezîCom  ment  peux-tu  dire  que  lechrefmenefoit  necefîai 
reî  R-  le  confelfe  bien  que  depuis  ledit  Baptefme(duqucl  il  eft  fait  mention  au  g.  chap. 
des  Actes  des  Apoftres)ileftoitneceifaire  de  prier  pour  la  réception  du  faindEfpritj  d' 
autant  qu'ils auoyent  fermement  efté  baptifez  au  nom  du  Seigneur,fans  l'auoir  encores 
demadc,ainfi  qu'il  eft  làexprimé\Maisrefpondez_moy,ie  vous  prie,Quand  Paul,Tite, 
Timothec,Aquila,Prifcille,  Corneille  le  Centenier,&:  cnfommelefus  Chrift  mefme 
furent  bapi'fez>qucllc  confirmation  eft  enfuyuie  depuis  ?  Lechrefmc,quevoiis  appe- 
lcz,lcureftoit-ilne"cefrairc?  D.  Commcnt.?la  confirmation  n'cnfuyuit_elle  pas  le 
Baptefme  du  Centenier  Se  de  fa  famille?  R.  Ainslc  Centeniei  Se  les  autres  qui  e- 
ftoyentauecluyreceurcntpremieremcnt  le  fain&Efprit  ,  &  puis  eurent  le  Baptefme. 
On  le  peut  voir  facilement  en  l'Efcnturc.  D.  Le  chrefrueje  fel,  les  exorcifmes&r  au- 
tres choies  quecommande  la  faintte  eglife  Romaine,  ne  font-elles  pas  necefîaires  au 
Bapteimcî  R.  Le  Baptefme  fe  fait  feulement  auec l'eau  Se  aucc  ces  parollcsje  te  bapti- 
fe  au  nom  du  Perc,duFils,&  du  fain&Efprit.  Ce  qui  fe  peut  voir  par  le  Baptefme  de 
Paul  Se  des  autres  que  ie  vous  ay  dit  cydeffus,  Se  par  l'ordre  qui  nous  eft  enfeigné  de 
ChriftjMatthieuzSj,  quand  il  donna  charge  à  fes  Apoftres  d'aller  prefeher  Se  baptifen 
Luy  mefme  aufïîne  fu  t  baptife de  Iean  que  d'eau  pure,fans  huile,fel,crachat,  cire,chrel" 
me  ou  exorcifme.Le  mefme  aufTi  appert  parla  lignification  du  mot  Baptifer ,  qui  ne  fi-  j^^"'" 
gnifieautrechofequelauerauccdel'eaUjCommelemonftrenoftreSaueurlefusChrift  BaptUcr. 
en  fain&  Marc  feptieme,quand  reprenant  les  Pharifîens,il  dit,En  delaiffant  le  côman- 
dement  de  Dieu,vous  retenez  l'ordonnance  des  hommes ,  comme  lauemens  de  gobe- 
lets Se  de  hanaps,&:c.Or  l'Euâgelifte  vfe  de  ce  mot  Baptefme.pourtat  ie  dy  que  tout  ce 
qui  eft  adioufté  au  Baptefme  outre  la  parolle  de  Dieu,doit  cftre  reietté. 

D.    Si  donc  le  baptefme  que  nous  adminiftrons  auec  telles  cérémonies,  eft  mau- 
uais&:mefchammentconferé,il  fautquetuterebaptifcs.    R.  Non  fait, pourautant 
qu'il  eft  Sacremcnt:car  le  Baptefme  ne  peut  cftre  corrompu  ou  vitic  par  l'homme  vL 
lieux  ou  mefchât,ainiîqdifentvoscanôs,auchap.56'c«»^w£a7^.dift.xix.&au  chap.  Tiréd'A- 
Ecclefis  dift.68.&au  ch. DedttBaptifm.Se  au  fuyuant,i.q.i.Parquoy  iln'eft  befoin  que  ie  me  iu/hfe  i . 
rebaptife.D.De  la  côfeifion  eu  t'é  moqueras  côme  des  autres  chofes.  R.  le  trouue  en  T-  j"N'™c,le 
Êfcriture  que  l'hommcChreftien  eft  tenu  de  confefïcr  fes  fautes  &:  péchez  en  deux  for-  Dc.s.Aug. 
tes. Premièrement  à  Dieu, ce  que  nous  dcuons  faire  fouuent,voireinccffamment*com  «>ntrel« 
me  il  eft  eferit,  i  .Iean  i  .Secondement  à  celuy  que  nous  auons  ofFenfé,auec  lequel  nous   0D*  "! 
fommes  obligez  de  nous  reconcilier,  &  dire  franchement  que  faifant  quelque  chofe 
contre  luy, nous  auons  failly,&  que  nous  nous  en  repentons.  Et  de  ceft  a&e  parle  fainct 
laques  chap.  ^.lequel  vous  alléguez  fouuét  à  voftre  propos  pour  l'vtilitc  de  vos  bourfes. 
La  tierce  confeffion  que  vous  appelez  auriculaire,  ie  ne  l'ay  encore  peu  trouuer  en  la 
fain&e  Efcriture.Et  TEglife  catholique  ne  l'a  pas  toufiours  approuuce  ny  acceptée,  cô- 
me l'Egli(eGreque:ain(i  que  le  tefmoignele  chapitre  Qmàemcx.  De  IJœnttentia  ,  dift. 
i.auec  la  glofe.    Outre-plus,les  œuurcs  Se  les  frui&s  font  les  balances  de  toutes  chofes:  Lej 
lefquelseftansbons,monftrentauffi  que  la  chofe  eft  bonne,  s'ils  font  mauuais,  quepa-  de  U  con- 
reillement  la  racine  de  l'arbre  eft  corrompue  .     Or  de  voftre  confcffîon  aunculai-  k[[jj^u~ 
re  viennent  de  trefmauuais  frui&s:comme  adultères,  inceftes,&:  toutes  fortes  de  for- 
nications:bref,tous  les  vices  qu'on  fauroit  imaginerdes  homicides ,  trahifons ,  Se  trom- 
peries en  defeendent  à  grande  perte.Parquoy  elle  deuroit  pluftoft  eftrc  appelée  confu- 
sion que  eow/*ejpo».dauantagc,vous  voulez  q  les  péchez  ne  puiifent  cftre  remis  q  par  l'im- 
pofiuon  des  mains  d'vnpreftre  ou  moine:combien  cela  eft  faux  &abfurde  ,  il  eft  plus 
clair*  que  le  Soleil, d'autant  que  les  péchez  font  pardonnez  Se  remis  par  lefculfangde 
Ielus  Chrift.  comme  auffi  fous  le  ciel  ne  fe  trouue  autre  nom  auquel  les  péchez  foyent  A  "  4-11 
effacez.    Ce  que  mefmes  vous  affermez  en  plufieurs  lieux  de  vos  loix,&  fpecialemcnt 
au  detnierConcilc.Et  pourtant  ie  tien  toutes  telles  fe&es  de  moines  Se  clercs  auec  leur 

Qg.  iiii. 


Thé  de  S 
Hier  orne 

au  concile 
Laociicien, 


L  'turcj  V,  Pomponius  A Igier 

confeflion  auriculaire(par  laquelle  ils  veulent  que  les  péchez  fe  pardonnent  )  pour  en- 
nemis de  Chrift,voircmaudics:attcndu  que  d'eux  ne  pcuuent  procéder  que  malédi- 
ctions &C  non  bcnedictionsxomme  le  monftrevoftre  chapitre  ,  Nonoportet:  &:le  fuy- 
uant,auec  le  chap.JWa/al/ww.i.q.i.qui  eft  tiré  du  côcile  du  pape  Martin.  Partât  de  telles 
gens  ne  peut  venir  la  remilïion  des  péchez  ou  autre  bénédiction. En  apres,cefteconfef- 
iionauriculaireeftcondamneedefainttPau/,  lequel  parlant  des  derniers  temps  en  la 
i.àTimothcc,chap.troifieme,&:  d'vnegentmaiuhte,dit,Ils  ont  vrayement  apparence 
de  pieté, mais  {ans  vertu:lefquels,ôTimothee,tufuyras  de  tout  ton  pouuoir  ,  pourec 
que  telles  gésfonede  ceux  qui  vont  parles  maifons,trompas  îcs  femmelettes  chargées 
de  pechcz,quiielaiiTenttranfpoitcrde  leurs  deiirs,  apprenans  touiiours&:  ne  parue 
nâs  iamais  à  la  fcience  de  vérité.  D.  Tu  nous  veux  dôc  faire  accroire  que  nous  ibmmes 
hérétiques. mais  tu  le  verras  bien,&  nous  nous  en  moqucrons.Ccpcndant  puis  qu'il  eft: 
heure  de  partir  d'icy  ,nous  ordonnons  qu'on  noce  tout  ce  qu'il  a  dit:  Si  vne  autre  fois 
nous  linterroguerons  desauttes  Sacremens  qui  relient. 

v  troilîeme  examen  on  l'interrogua  fur  ce  qui  (enfuit.  D.  Quelle  eft  ton  o- 
pinion  touchant  le  facrement  de  l'Euchariftieflc  tiens-tu  pour  Sacrement? 
RTElleettSacrement:&:ainu"  îel'aîferme.  D.  Ccfte  tienne  mutation  n'eft  point  fans 
myftcre.Au  commencement  tu  niois  toutes  cho(és,&:  ores  tu  confefles^tout.  Te  vou- 
drois-tu  parauenture  defdire  ?  R  Les  chofes  qui  fc  deuoyent  nier,  ie  les  ay  niées  :  &c  tel 
eft  &c  fera  à  iamais  mon  vouloir,de  peur  qu'eftant  abandonné  de  lagrace  dcDieu,ie  ne 
loye  mis  en  fens  reprouué.  le  ci  oy  auifi  &  confe/fe  tout  ce  qui  doit  eft  te  tenu  &c  côfe/le 
de  tout  bon  Chreftien.  D.  Or  fus  clone,  Crois-tu  qu'en  fhoftie  foit  vrayement  le  corps 
&;  le  fang  dcChrift,tout  ainfi  qu'il  eftoit  en  l'arbre  de  la  croix?&  que  neantmoins  les  ac- 
cidésd'icelle,cômela  blâcheur&rôdcur,demeurét  fans  eftre  chagez?  R.  lecroy  fer- 
memét  q  nô  feulement  lesaccidés  ne  fe  changent, corne  vous  dites,  mais  ne  lafubfta- 
ce(ce  que  vous  niez)pource  qu'elle  demeure  pain  comme  auparauant  :  &:  de  cela  ren d 
tefmoignagel'Efcriture,&  l'expérience  nous  l'enleigne.car  on  void  manifeftcmétqu- 
vn  tel  pain  ne  dure  qu'vn  efpace  de  temps,  6c  de  fa  corruption  Se  pourriture  sengen* 
drent  les  vers. Or  d'où  viendroyent  ces  vers?ce  ne  pourroit  eftre  de  la  fubftance  laquel- 
le vous  voulez  eftre  changée  au  corps  de  Chrift.  Car  ce  feroit  choie  horrible,dc  dire 
qle  corps  de  Chrift  produite  des  vers.  Il  faut  donc  qu'ils  viennét  de  la  fubftace  dupain: 
&c  toutefois  vous  ne  voulez  qu'icelle  demeure  aucunemet  après  la  côfecration  5  vous 
faites.  D.Tu  lesentcnstrcfmal.  R.Maisquedirez_vous.?SainctAuguftinle  conrermé 
au  troilîeme  hure  de  la  doctrine  Chrefticnne,chap .i6y&c  defluslc  44  Pfeaume.Lifez-lc 
vous-mefmes,ie  ne  l'interprète  point. Les  propres  Canons  aufïi  de  la  cour  Romaine  îc 
difentainfi,auchapitre,P»7Wrf<j«/clt7«,&chap.  Quidfit.  Dift.ii.  De confecyatwne y  auec  les 
fix  chapitres  fuyuans,Nous  ne  laiflbns  point  pour  cela  de  manger  ou  boire  vrayement 
la  chair  ou  le  fang  de  Chrift:mais  c'eft  fpirituellcment.  &:  ainli  s'entendent  les  Efcritu-, 
res &  ditts  des  Docteurs,aufquels  aufii  nous  trouuei  ons  que  nous  fom mes  faits  parcici- 
pansdu  corps  &:  du  fang  de  Chrift  en  laCene:&:  comme  cela  fc  fair,le  Seigneur  mefmc 
nousl'cnfeigneenfaindleanchap.b'.  D.  Ce  font  chimères:  Refpon  à  cècy,  Lepain, 
ou  bien  fhoftie  ainfi  confacree,doit-elle  eftre  adorée?  R.  Tant  s'en  faut  qu'on  la  doiuc 
adorer,quc  s'elle  eft  adoree,on  commet  idolâtrie.  Et  S.  Auguftin  au  liure  de  fes  Rétra- 
ctations, dit,qu'il  ne  faut  adorer  aucune  chofe  qu'on  voye  à  l'œil  ,  ou  qu'on  touche  pat 
fens  corporel.  D.  Ne  te  chaillc,toutes  ces  chofes  s'cfcriront.Mais  tiens-tu  pour  fa- 
crement l'Extrême  ondion?  R.  le  n'ay  point  cela  pour  facrement.  D.  Com- 
ment eft-il  pofuble  que  tu  fois  il  peruers:N'eft-il  pas  commandé  en  lafaincteEfcriture, 
principalement  en  fainct  laques  chapitre  cinquieme,quand  quelcun  deuient  malade, 
que  f  Eglifey  foit  introduite,&:  que  le  malade  foit  oinct:  &£  ainfi  il  fera  deliuré  de  fa  lan- 
gueur? R.  Saind  laques  dit  cela  pour  la  reftitution  de  la  famé  corporelle,  car  on 
taifoitl'oraifon,à  ce  qu'il  pleuft  à  Dieu  deliurer  le  malade  de  celle  maladie  :  mais  vous 
ne  donneziamais  fonction  finon  quand  le  malade  eft  preft  à  mourir,&:,qui  plus  cft?de- 
fendez  de  la  donner  en  autre  temps  ,que  quand  la  mort  eft  bien  prochaine.  Dauan, 
tage,  qui  eft  fi  aueugle  qui  ne  voye  comment  cela  eft  loin  de  l'intentiondc  fainct  l^- 
ques?  C'eft  mcrueille  comment  il  vous  a  efté  permis  de  perfuader  telles  folies  aux  po 
uresgens. 

QV  A- 


Extretne 
ontliou. 


PomponMSaAtgier.  369 

irATiiEME  &  dernière  examination.  D.  En  quelle  eftime  as-tu  l'interceffion 
_jdes  Sain&s?  R.  le  ne  recognoy  autre  intercefTeur  enuers  Dieu  que  Iefus  Chrift,  &:  ^sSSî 
n'en  veux  point  auoir  d'autre.  D.  N'intercedent-ils  pas  pour  nous?fain&  Paul  ne  prioit- 
il  pas  les  Eglifes  qu'elles  priafTent  pour  luy?  Ephefîens  fixieme.  R.  Cela  eft  bien  vray: 
mais  qu'ont  affaire  les  morts  auec  les  vifs?  Sain£t  Paul  prioit  les  viuans  qu'ils  offriifcnt 
leur  oraifon  à Iefus  Chrift,afin  qu'il  intercedaft  pour  luy  enuers  fon  Pere*  mais  ie  ne 
trouue  point  en  aucun  lieu, que  fainâ:  Paul  ou  autre  Apoftre ait  inuoqué  aucû  de  ceux 
qui  eftoyent  morts  auparauant:fuft-ce  le  bon  larron  ,  du  falut  duquel  ils  eftoyent  cer^ 
t;iins  par  la  bouche  de  noftre  Sauueunou  Iean  Baptifte,duquel  auffi  Chrift  dit  qu'il  n'e- 
fcoit  iamais  nay  aucun  eh  terre  plus  grand  que  luyrou  Abraham, Ifaac,Iacob,Moyfe,ou 
autre  des  Peres.Si,dy-ie,ondeuoit  prier  les  morts,  &:  fi  les  Sain£ts  intercedoyentpour 
nous,pourquoy  n'auroyét  prié  les  Apoftres(au  moins  quelquefois  )  aucûs  de  ces  faincts 
perfonnages  vrais  feruiteurs  de  Dieu, pour  leur  interceflion  ?  Mais,ie  vous  prie,refpon- 
dez-moy,Quelle  eft  l'interceffion  que  fait  Chrift  enuers  (on  Pelé  î*&:dequoy  le  pric-il.? 
D.  Chrift  intercède  pour  nous  en  diuerfes  neceffitez  par  le  moyen  de  fes  mérites. 
R.  Doncques  Chrift  feul  intercède  pour  nous,eftant  ainiî  que  les  autres  ne  peuuent  iri 
terceder  par  leurs  propres  mérites.  D.Les  Sainds  intercèdent  par  les  mérites  deChrift 
6£  auffi  par  leurs  propre  s:  mais  a  quel  propos  en  parlerons-nous  dauantage ,  veu  que  tU 
n'en  crois  rienîll  fuffitiufquesicy.  Kt  le  ne  croy  finon  en  Chrift,  i'aime  Chrift,&  adore 
Chrift:eftat  certain  qu'il  eft  le  vray  &  feul  Interceiîeur  &c  Médiateur  enuers  Dieu.Mais 
Voyezjie  vous  prie,comment  vous  contredifez à  vous-mefmesjdifans  vne fois  quel'in- 
terceflîon  ne  fe  fait  que  par  les  mérites  de  Chrift:&:  puis  après  vous  y  voulez  aufTi  adiott 
fter  les  mérites  des  Sain&s.Or  puis  qu'il  ne  vous  plaift  d'en  parler  dauantage ,  p«rmet^ 
tez-moy  au  moins  d'en  dire  tout  ce  que  ie  fens  de  ce  poihc~t.Le  vulgaire  péfe  queChrift 
tarie  auec  fon  Pere*comme  on  a  de  couftume  de  parler  aux  grahs  Seigneurs  &  Rois  :  6C 
cela  vient  pour  l'ignorance  qu'on  a  de  Chrift. Le  Pere  &:  le  Fils  font  vhe  mefme  fubftan 
ce>quoy  qu'ils  foyent  diuerfes  perfohnes t  II  fe  tient  deuant, voire  à  la  dextre  du  Pcret 
&  celuy  mefmes  qui  intercède  eft  luge.  Nous  pouuons  donc  cfperer  que  la  fentenec  fe 
ja  à  noftre  faueun  II  intercède  par  fa  mort  &paffion,par  laquelle  il  nou's  a  reconciliez  RûBÏ<8^ 
au  Pere*eftans  enfahs  d'ire  par  le  pèche  d'Adam,  parquoy  eftans  rebelles,  nous  ne  pou- 
vions comparoir  deuaht  le  tribunal  de  fa  iuftice.Dieu  donc  a  enuoyé  fon  Fils,  afin  qu'il 
condamnaftlepechéparlepeché,&parainii  eftans  maintenant  iuftifîez  par  le  fang 
•de  Chrift, nous  venons  à  Dieu  fous  l'ombre  de  Chrift,&  comme  membres  de  fon  corps 
Se  Dieu  nous  embraffe  comme  fes  enfans.Eh  cefteforte,autanedefois  que  nouspriôs 
le  Pere  par  la  paffion  de  fon  Fils  vnique,autant  fouuen  t  s'appaife-il  &  s'adoucit  enuers 
nous.Et  voila  quelle  eft  l'interceffion  que  Iefus  Chrift  fait  pour  nous.  En  cette  façon  le 
prioyent  auffi  les  faines  de  Dieu  deuant  que  mourir.non  parleurs  merites*ou  par  ceuk 
d'autruy^mais  feulement  par  ceux  de  Chrift.  Si  donc  ils  n'ont  eu  que  Chrift  feulement 
pour  intercefîèur,&  fi  par  les  mérites  d'iceluy  feul  ils  ont  obtenu  le  royaume  des  cieux: 
comment  eft-ce  que  vous  voulez  forcer  &  contraindre  leshômes  qu'ils  prient  parles 
mérites  d'autres  que  deChrift,&d'vnc  autre  forte  qu'iceluy  ne  nous  a  enfeigné?difat  eri 
fain&  Matthieu  5,  Quand  vous  prierez,  dites  ainfi,  Noftre  Pere  qui  es  és  cieux, &c.  Si 
Dieu  nous  eft  fait  Pere,pourquoy  aurios-nous  befoin  de  Mediateurs?Pourquoy  faudra- 
il  vn  tiers  entre  le  Pere  &C  le  Fils,lequel  prie  pour  les  autres  enfans?Si  nous  fommes  me- 
bres  de  Chrift,pourquoy  n'irons-nous  hardiment  à  noftre  Pere  (  pluftoft  que  mendians 
l'aide  d'autruy,nous  monftrer  retifs  ou  fugitifs)en  nous  humiliant  deuant  luy,afln  qu'il 
nous  pardonne.?Soit  qui  voudra  en  tel  aueuglifîement  Se  ténèbres  :  quant  à  moy  ,  ie  ne 
confe/feray  iamais  qu'autre  que  Chrift  foit  mon  interce/Teur:  car  auffi  il  eftmonSau- 
ueur.Orienem'esbahy  point  fi  tel  aueugli/Tement&:  ignorance  eft  venue  au  monde, 
car  cela  aduient  d'autant  que  les  poures  &  miferables  hommes  ont  changé  la  vérité  de  ftom.i.i{ 
J)ieu  en  menfonge,adorans&  feruans  pluftoft  aux  créatures  qu'au  Créateur  qui  eft  be 
niteternellement,comme  en  parle  faind Paul.  D.  Ilfcmblequetu  vucilles  prefeher. 
Voudrois-tu  point  d'auenture,  faifant  fi  fouuent  mention  de  Chrift ,  nous  tirer  en  ton 
opinionîOr  ne  te  trauaille  plus.car  tu  nous  as  rompu  la  tefte  parlant  tant  de  Chrift.Ta 
eonclufion  eft  en  erTed,*que  tti  ne  veux  l'interceffion  des  Sainds.eft-il  ainfiî  R.  Il  nie  fuf 
fît  vn  feul  Iefus  Chrift.  ^~  Les  aduerfaires  dirent  fur  cela,Il  vaudroit  mieux  que  tu  en 
fufTes  imitateur  de  fai&&  non  de  parolles.  Penfes- tu  que  le  prochain  vueille  imiter  ta 


Liurc-j  V.  Tomponius  Algier. 

folie,&:  demeurer  en  prilon>&  endurer  ce  que  tu  enduresfRefpon  maintenance  mo- 
Purgatoirc  ques-tu  auffi  du  Purgatoire  comme  des  autres  chofesfR.  le  ne  çognoy  autre  purgatoi- 
re,queceluy  quefaind  Paulnousenfeigne,duqueliencme  moque  pas,  à  fauoir  Iefus 
Kebr.1.3     Qinft,qui  (e  fiC(J  à  la  dextre  de  Dieu  (on  Perc,ayant  fait  la  purgation  de  nos  péchez. 

D.  QuoyrTu  te  moques  donc  de  ce  que  tous  les  fam&s  Docteurs  ont  confefTé  touchâc 
le  Purgatoire.  R.  Comment  dites-vous  que  tous  les  faintts  Docteurs  l'ont  confeiîé,veii 
que  fainct  Anguftin(qui  eft  vn  des  plus  excellens)efcriuant  àPelagius  le  reprouueau  5. 
lime  intitulé  Hypo^noftko»>  D.  Pelagius  difoit  qu'il  y  auoitvn  tiers  lieu  pour  les  petits 
enfans  qui  meurent  ians  Baptefme:&:fain&  Auguftin  veut  qu'entre  Paradis  &:  enfer  il 
n'y  air  point  de  tiers  lieu  pour  eux. Il  ne  parle  pas  pourtant  du  Purgatoire.  R.  Il  me 
plaift  fort  que  vous  confefiez  que  faind  Auguftin  eicrit  cecy  contre  vn  hérétique  .  3£ 
que  par  les  parollcs  vous  admettez  qu'entre  Paradis  6c  enferil  n'y  a  aucun  lieu  troific- 
iieme.S'il  eftamli(commeilcft  veritablemcnt)oufcra  voftrc  Purgatoire?  fera- il  en  en- 
ferpu  bien  au  ciel?*"* 

^  L  e  s  aduerfaires  fur  cela  dirent,Ce  n'eft  pas  à  nous  à  te  refpondre,  mefehant,  R. 
Il  eft  certain  qu'vn  heu  de  peine  ne  peut  eftre  en  Paradis,qui  eft  habitation  deliefle.-ou 
autrement  il  n'y  faudra  pas  conftituer  la  vie  6c  repos  éternel .  fi  donc  vn  tel  lieu  n'eft  en 
Paradis,il  fera  en  Enfcr.Mais  où  ttouue-on  en  la  fainetc  Efcriture  qu'aucun  (oit  iamais 
retourne  d'cnfer.?Que  tel  Purgatoire  donc  demeure  auec  vous  autres, qui  à  voftre  plai- 
firypouuez  entrer  &fortir:ie  n'y  veux  point  aller,pource  que  neftant  de  voftrefe&e,  fi 
i'y  alloye  le  n'en  pourroye  fortir.Mais  fi  ce  Purgatoire  eft  lieu  de  peine(non  toutefois  e- 
ternelle  comme  vous  aftermez)apres  la  confommation  de  ce  fiecle  qui  reftera  dedans? 
t  certainement  il  demeurera  vuide,pourautant  que  les  mefehans  auront  vn  feu  perpé- 
tuelles bons  loye cternelle,comme TEfcriturc le monftre.Eftat  donc  vuide,que dé- 
pendront tant  de  mille  millions  d'indulgences  qu'on  donne  aux  hommes  aueuglezSC 
fols^Ventablement  elles  demeureront  en  blanc.Si  vous  dites  que  lors  il  celTera:  il  s'en- 
luyura  vn  autre  inconuenient  fort  abfurdcaiTauoir  que  Paradis  6c  Enfer  feront  auffi  té- 
porels,puis  quevous  dites  qu'il  tient  de  la  nature  de  tous  deux  Mais  vous  fauez  bien  où 
il  fetrouue,à  fauoir  ésbourfes  des  homes,voire&:  les  purge  mieux  que  la  feammonee, 
Purgatoire  cafte, ou  manne  ne  fait  les  boyaux:&:  deuroit  pluftoft  eftre  appelé  Pagatoire:&  leur  fera 
Pigatoire  comme  ^  Simon,qui  par  argent  vouloic  acheter  le  don  de  Dieu:  dont  luy  futrefpondu 
Aft.j.s  q11^  mft  *  k  perdition.  Il  fait  beau  voir  les  Papes, Euefques,Preftres&  moines  s'enfler 
d'eftre  iucccilèursdefaintt  Picrrc,&n  enfuyure  toutefois  en  rien  ce  qu'il  afait,carils 
embraflènt  ceux  qui  veulent  acheter  la  grâce  de  Dieu, voire  6c  cerchent  à  gueule  bec  à 
qui  ils  la  pourront  vendre  , qui  par  parollesfe*ntes*  font  faits  marchans  des  hommes  en 
Tué  de  s  auarice,i. Pierre  z.  Vos  loix  ne  difent_elles  pas  que  la  grâce  qui  n'eft  donnée  gratuicc- 
Aug.au  Uu  ment  n'eft  point grace,auchap.Gr4/à,i.qua:ft.i  ?Commentferadoncgracelagracedu 
DTanocoi"  ^urgat°ire>Pu>s  piuon  ^  vend.?par  le  chapitre  iîe»i/jf/î'o»ew,i.qua?ft.i.  Commcntcft  ce 
Pape.  qu'eux  qui  font  fi  auaricieux  la  donneront  ?  Corn  ment  donneront-ils  la  bénédiction,  G 
leSimoniaque  par  l'impofition  des  mains  donne  la  malédiction, par  le  chàp.Venrumeftj. 
quîcft.i.eux  cftansSimoniaques,  voire  plus  que  Simoniaques  ?  ^Les  aduerfaires  di- 
rent,Qu'as-tu  à  faire  de  cela,toy?Enten  feulement  à  eftre  bon  Chreftien ,  6c  te  change. 
car*Dieu  punira  vne  fois  les  mefehans  R.  IefuisChreftien:&:  li  îe  me  vouloye  changer, 
ie  deuiendroye Papifte,dequoy  Dieu  megarde.  D.  Tu  en  fouffriras  peine.  Mais  puis 
que  tu  allègues  les  canons,dy-nous  s'il  eft  licite  à  vn  preitre  de  vendre  les  bénéfices  qu' 
il  poftede,apres  qu'il  aura  cogneu  ta  vérité  Chrefcienne  que  tu  appelés  ?  R.  Vousmef- 
mes  appelez  cefte  venditio  Simonie:&:  quant  à  moy,  ie  dy,  Quetout  ainfi  qu'il  n'eft  lici- 
te de  porter  le  caracterc(duquel  nous  auons  parlé  cy  deftus)on  ne  doit  auffi  accepter  les 
bénéfices, ou(pour  mieuxdirc)venefices,qui  l'accom pagnenr.Et  non  feulemét  il  ne  les 
doit  vendre,mais  ne  les  peut  mefmes  retenir  fans  facrilege.  Car  qui  les  pofiede,defro- 
bc  fon  prochain, defpcndant  mal  le  reuenu  qu'il  tire  du  lang  des  pourcs.  D.  Ceftuy  qui 
les  defpcnd  mal,fait  mal  :  mais  quoy, veux-tu  eftre  iuge  de  cela  ?  Regarde  comment  tu 
es  hors  dccoy-mefme.Tu  n'as  encore  i4.ans,&  tafehes  défia  de  corriger  6c  reprendre  1\ 
eglife.Tu.deurois  encore  apprendre,fans  te  perluader  de  fauoir  quelque  chofe,  arrow 
gât  que  tu  es.  R.  le  ne  dy  pas  que  ie  vueille  corriger  l'Eglife,  pource  que  ce  n'eft  pas  mô 
officc.mais  ie  m'eftudieray  à  ce  que  mon  ame  ne  tombe  en  erreur.  Et  quant  à  l'aage, 


Pomponius  Alger.  3?o 

ie  m'esbahy  de  ce  que  vous  m'obie&ez,  attendu  qu'en  plufieurs  lieux  de  l'Ëfcnture  on 
lit  que  ce  n'eft  point  par  l'aage  que  l'intelligence  eft  donnee,mais  par  rEfprit.  Iean  ba-  J^31,8 
ptifte  receut  le  fainft  Efprit  au  ventre  de  fa  mere  :  Daniel  eftoit  enfant,&:  les  trois  He-  DaS 
brieux  pareillement.  Timothee  &  Tite  eftoyent-ils  chargez  d'ans, quand  ils  furent  ci'-  Gâl-4-10 
leuxEuefqucs?Etfaintt  Paul  ne  dit-il  pas,Malheureiixceux-laquiobferUenr  les  mois,  Aucha 
les  ioursSt  les  anneesrQucreipondrez- vous  avosloix,  lesquelles  commandent  a  ML  dcrnieV 
uefque  iaaagé,de  ne  rcf  uler  d'apprendre  d'vn  plus  ieune  &:  plus  do£te  que  Iuy?  mUd 
D.  penfes-tu  cftre  comme  ceux  que  tu  as  nômez?  R.  le  ne  le  penfe  pas:mais  tafclie  tant 
que  ie  puis  d'eftre  fait  tem  blable  à  eux.  D.  O  r  fus,tu  es  trop  enraciné  en  ta  malignitc.il 
ne  te  faut  dire  autre  chofe*Retourne  en  la  prifon,&:  pren  iouiiîance  de  tes  refueries. 

^"Te  ile  a  efté  la  confeffion,les  interrogatoires  &  refponfes,&  en  effe&le  combat 
quePomponiusafouftenu  au  iugement  des  hommes,  comme  luy  mefme  les  a  lai/Tcz 
par  eferit  pour  laconfolation  defesamis,aufquels,eftant  menéà  Venife,ilaeicrit  d'af- 
reftion  l'Epiftre  qui  s'enfuit: 

A  fe»  trefebers  freres/eruiteurs  de  Chrift  auec  moy,fortis  de  Babyldrie  pour  aller  au  mont  de  Sion(du  hdrrl  dfc/cjud  ;  le  me  de- 
porte)grace,  paix  &  ûlut.de  Dieu  noftre  Pcre.par  lefus  noftre  Seigneur  &  Sauueur. 

jn-jÊS  O  V  R  modérer  àc  amoindrir  la  triftefle  que  vous  auez  de  moy,ie  n'ay  voulu  faij- 
(|gg|lir  à  vous  faire  participans  de  ma  ioye ,  afin  qu'enfemble  aueç  moy  vous-vous  ef- 
ipuiiuez,ôi  chantiez  auSeigneur  a&ion  de  graces.Ie  diray  chofes  incroyables  aux  nom 
in  es: I'ay  trouué  les  rayons  de  miel  aux  entrailles  du  lion.  Mais  qui  croy  race  que  iera-  iuges'14. 
çonterayfqui  eft-ce  qui  adiouftera  foy  à  mon  dire?I'ay  trouué  récréation  en  vne  fofieob 
fçùre:&  en  vn  lieu  de  toute  amertume,i'ay  trouué  traquillite.au  gouffre  d  efer:  liefle  Se 
ipyeoules  autres  pleurent^  force  où  les  autres  tremblent  de  peunMais  qui  eftrçe  qui 
croira  qu'é  vn  eftat  fi  miferable  on  paille  auoir  délectation: en  folitude*  compagnie  aû 
greable:&  en  des  liens  fidurs,repos?Ie  vous  diray,trefchers,  la  douce  main  cteDieum'- 
eflargic  toutes  ces  chofes.  Voicy  luy  quiiadis  cftoit  loin  de  moy,eft  auec  moy^  lequel iç 
yoy  clairement,làoù  ie  lefentoye  feulement  en  obfcuteté,lequel  aufli  i'apperçpy  &  cô 
téple  de  pres,là  où  ie  ne  voyoye  que  de  loin.Ceftuy  Ja  duquel  i'auoye  foifjorewne  pre» 
fte  }a!main>me  confole  &  remplit  de  ioyeticeluy  chalTe  toute  amertume ,  me  donnant 
fbtce&vertu.Q  combien  eft  bon  le  Scigneur,qui  ne  fourTre  point  que  fesppuresferu^-  iCor  • 
teut&foyét  tétez  outre  mefure  1  O  côbien  fon  ioug  eft  doux&  léger!  Qui  eft  leblablèau  Matth.11 
Treshaut,  qui  reçoit  les  affligez,  redonne guerifon,&:  fouftientles  malades?  A  quilefcv- 
jçons-nogsfemblable?Apprenezmesbien-aimez  ,  en  combien  de  fortes  le  Seigneurei- 
ftenctfurfesfcruiteursfadoucenr,benignité&mifericorde:  lequel  a  le  foin  de  les  vifi- 
ter  en  leurs  tentations,&:  daigne  eftre  auec  eux  en  quelque  lieu  que  ce  foit ,  leur  don- 
nant vn  efprit  &  coeur  paifible.Ces  chofes  pourront-elles  eftre  cognues  du  monde?non 
certes. car  l'ignorant  ne  dira-il  pas  pluftoft  ,  Tu  ne  pourras  longuement  fupporter  ces 
chaleurs  &.fueurs,&  l'afpreté  du  lieu  où  tu  es.comment  endureras-tu  les  tourmens,le$ 
iniures,&:  mille  incommoditez  ?  Oublieras-tu  du  tout  ton  doux  pays,les  richeflès  du 
niondejtes  parens,lesdelices&  honneurs  ?  N'auras-tu  aucune  mémoire  du  foulas  de? 
feiences  &c  frui&s  de  tous  tes  labeursîPerdras-tu  ainfi  toutes  tes  peines  qu'as  endurées? 
tant  de  trauaux?&  enfemble  tes  entreprifes  louables^efquelles  dés  ta  ieunefle  tu  as  tra 
uailléîFinalement  n'auras-tu  point  craintede  la morr,laquellc  t'eft  prochainercombie 
quccefoitfans,auoirmesfait?0  la  grande  folie  de  ne  vouloir  racheter  la  mort  &:  tou- 
tes ces  fafcheries  d'vn  feul  mot  qui  ne  coufteroit  que  le  dire.'  N'eft_ce  pas  vne  chofe  bie 
inciuile,de  ne  fe  laifler  perfuader  par  tant  de  magnifiques ,  graues ,  fages  Se  équitables 
Sénateurs,**:  de  tenir  toufiours  les  oreilles  fermées  à  tantd'illuftresperfonnages?Mais 
quecespouresaueuglesefcoutcnt ,  Quelle  chofe  y  a-il  plus  ardente  que  le  feu  qui  eft 
preparéîquelle  chofe  y-a  il  plus  froide  qucleur  cœur  qui  eft  en  ténèbres  î.  qu'y  a-il  plus 
dur,plus  perplex  &:agicé  que  la  vie  qu'ils  menét?qu'y  a, il  plus  infâme  &  deteftable  que 
le  ficelé  qui  eft  à  prefent?  le  voudroye  bien  qu'ils  me  refpondiflent  vnpeu,&  Jesprie- 
roye  de  me  dire  ,Quel  pais  eft  plus  doux  que  le  pais  celefte  ?  quel  threfor  eft  plus  grand 
que  la  vie  eternelleîQui  font  nos  parens,finon  ceux  qui  obeiftent  à  la  parolle  de  Dieu? 
Où  y  a-il  plus  de  délices  &  honneurs  qu  es  cieuxiQu'ils  me  difent  fi  les  feiences  ne  font 
pas  données  pour  la  cognoiftance  deDieu:fans  laqlle,  nous  aurons  véritablement  per- 
du tous  nos  labeurs,veilles,fucurs  U  entreprifes.  Que  l'homme  miferable  me  refpôde, 
Quel  foulas  &:  remède  aura-il,s'il  n'a  point  deDieu,lequel  eft  levray  foulas  &medeçinç 


£/#ro  V.  Pûmpomus  Algter. 

fouueraine  &  me  veut  faire  accroire  d'auoir  la  mort  en  hori  eur,luy  qui  eft  ia  moi  t  en  pe 
l«n  14.*  c[,^SiChrift  eft  la  voye,Iavericé  &:  la  vie:y  a  il  vie  lans  luy?Les  chaleurs  me  font  comme 
vne  frefeheurombrageufe  ,  &  l'hyuer  m'eft  vn  prim-téprau  Seign.  cornent  craindray- 
ieleschaleurs,veu  que  ie  n'ay  pas  mefme  peur  du  fcufCeluy^qui  brufle  de  l'amour  du 
Seigneur ,  fera-il  tourmente  du  froid?  11  eft  certain  que  celieu  eft  fort  afpre  au  coulpa^ 
ble:mais  à  l'innocent  il  eft  tant  doux,qu'il  ne  diftille  que  du  miel  d'vn  cofté,  il  ne  diftille 
que  du  laid  de  l'autre,&:  donne  abondante  méditation  de  tous  biens. Le  lieu  de  /oy  eft 
afpre  &  mal  culnué:toutefois  il  m'eft  fait  vne  ipacieufe  vallee.ee  m'eft  îcy  la  plus  noble 
partie  du  monde.il  n'y  a  prérie  plus  deledable.i'y  voy  des  Rois,des  Princes,  des  villes  & 
peuples,des  batailles»  y  voy  les  vus  defFaits&:  tuez,les  autres  victorieux  :  les  vns  depri- 
mez,les  autres  efleuez.  Icy  eft  le  monc  de  Siomieconuerfe  icy  aux  cicux:Iefus  Chrift 
mY  ajïîfte  pleinement.Ic  voy  a  l'entour  de  moy  les  Pères  anciens, les  Prophètes ,  les  A- 
poftres,  Euangehftcs&:  tous  les  feruiteurs  de  Dieu.  L'vn  m'embraflé&:  fouftient, 
les  autres  m'exhortent:  ceux-la  me  manifeftent  le  fiuid  des  Sacremens  ,  ceux-cy 
me  confolent  &c  m'accompagnent,  chantans  cantiques  &:  louanges  au Seigncur.Di- 
ra-on  que  ie  fuis  îeul  entre  tant  de  bons  perfonnages ,  defquels  icpren  compagnie, 

foulas,&  cxemple?can'en  voyd'iceuxles  vnscrucifiez,airommcz,lapidez&:fiez:lcsau! 
très  roftis,&  fricaiTez  en  poefles  6c  vaiiïêaux  d'airain. le  voy  creuc  i  les  ytuxà  ceftuy-cy, 
couper  la  langue  à  ceftuylartrécher  la  tefte  àl'vn,&àlautre  coupper  les  pieds  &mains: 
mettre  les  vns  en  vne  fournaife  ardente  de  feu,&:  les  autres  baillez  en  proye  &c  viandes" 
aux  beftes.I'cntreprendroyc  charge  trop  grande,jG  ie  les  vouloye  tous  raconter.  Bref 
i'en  voy  pluiîeurs  tourmentez  de  diuers  tourmens,toutefois  viuans  fains  &:  faufs,  ayans 
tous  vn  mehric  remede&:  médecine, qui  adoube  ôc  ferme  leurs  playes  .  chofe  qui  me 
dôneautliforcc&vie.Pourtantiefourfreioyeufement  toutes  ces  angouTes  de  peu  de 
duree:carrefpcranccquei'ay  referuee  es  cieux,me  fouftient.  le  n'ay  aucune  crainte  de 
ceux  qui  m'injurient^  me  perfecurentàtott,d'aurantqueceluy  qui  rc/ïde  éscicux s'- 
en rira,le  Seigneur  fe  moquera  d  eux.  le  ne  crain  point  vnmilhondeperfonnes,  qui 
tout  autoui  m'enuironnenr. 

Mon  Dicu&  Seigneut  me  deliurera:c'eft  luy  qui  eft  mo  fcul  refuge  &  ma  cofolatiô: 
lequel  haufTant  ma  tefte,frappera  tous  ceux  qui  fans  caufe  me  perfecutét,  &  bnfera  les 
dents  des  mcfchas-.car  dt  luy  ieul  forttoute  benedidion ,  commeauffi  à  luy  feuiappar- 
tienttoutempire.  €1  e«  moqueries  &l  reproches  que  nous  endurons  pour  le  nom  de 
t.  ier.4.14  Chrift,ttOus  rendent  ioyeux:ainfi  qu'il  eft  efcrit,Si  vous  cftes  reiecrez&  niefprifez  pour 
IcnomdeChvift^ouseftesbien-heureuxrd'autantquelagloii  e,  l'honneur  &  la  vertu 
de  Dieu,voire  meimes  fon  làinctEfprit  repofera  dellus  vous.  Eftas  donques  certains  de 
noftre  falut ,  nous  mefpnlons  toutes  les  iniures  &  reproches  de  ceux  qui  nous  les  tant. 
le  n'ay  en  la  terre  aucun  11  ege  arrcfté:car  mon  pays  eft  es  cicux.  le  cerche  la  nouuelle" 
Ierufalem,laquclle  le  prefente  ia  au  deuant  de  moy  .l'en  ay  prins  le  chemin ,  &  là  eft  (L 

tueema  maifon:&:nedoutcpointquelàlesricheflès,parens&honneuismedcfaillenf! 
Ces  chofes  terriennes,qui  nefont  qu'vne  ombre ,  font  toutes  caduques:&:  qui  plus  eft* 
ïccldja  vanité  des  vanitez,ii  l'eipoir&  certitude  de  l'éternité  future  nous  défaut.  Lcs/ciences 
quei'ay  receuesdu  Seigneur,m'accompagnent  pour  me  reiiouir  :  defquelles  mainte- 
nant l'en  voy  les  fruids.Fay  fué  &c  enduré  rroid,i'ay  veillé iour  &:  nui£t,ic  n'ay  pa/Téaucû 
iour  ny  heure  fans  quelques  labeurs.  Voicy,  le  vray  feruice  du  Seigneur  eft  engraué 
en  moy.iceluy  m'a  donné  loye  au  cœur,ie  me  repoferay  paihblemcnt  en  luy.  Qui  ofera 
dire  quei'ay  perdu  mon  temps , &:  que  mes  labeurs  ont  erté  employez  témérairement 
lefquels  ont  veincu  le  prince  du  monde,&:  changé  la  mort  à  la  vie  ?  Mon  ame  a  dit  Lb 
Seigneur  eft  ma  part,pourtant  iele  cercheray.  Si  donc  mourir  au  Scigneur,n'cft  point 
mourir,maisheureufementviure,pourquoy  tantfurieufemétcemiferablc  m'obiede- 
illamort,veuquecen'eft  queioye  ?  O  quel  plaifir cerne  feroit  degoufterleealicedû 
Seigneur!  y  a-ilvn  gage  plus  certain  du  ialut  ?  Iefus  Chrift  a  dit  que  les  mefmes  choies 
qui  luy  ont  efté  faites  nous  feront  femblament  faites. 

Do  n  c  poure  infenlé\qu i  es  ei blouy  à  vne  ii  grande  clarté,ceiTe.Que  le  monde  auea 
Rom.       gje  comme  vne  taulpe  deh'fte  de  plus  obieder  ces  chofes.Ie diray  auècÏA poftre  S.Paul 
Qui  nous  feparera de  la  diledion.de  Dieu?fera-cetribulatiô  ou  angoiiTcou  perfecutiô, 
oufaminc,ounudité,ouperil,ouglaiue  r  Nousfommesliurez  à  mort  pour  Chrift  tous 
Matt.10.24  ics  iours,ôc  fommes  eftimez  comme  brebis  d'occifion.    Mais  ainh  faifans  nous  enfuy- 

que 


Pfc.K 


Matt.10 


Vomfonius^Algiet.  371 

lions  noftreChef&  Capitaine  Iefus  Chrift,lequel  a  dit  que  le  difciplc  n'eft  pas  plus  grâd 

que  le  maiftre,ne  le  feruiteur  plus  grand  que  fon  feigneur.  O  Seigneur,tu  l'as  dit  :  voirez     t  ro*4 

que  ceux  qui  te  voudroy  ent  iùy  ure  prinient  leur  croix. 

^consolez-vov  s  ,rncs  frères, en  Dicu,en  forte  que  quand  vous  tomberez  en 
diuerfes  tétations,vous  nefuccombiez.Vous  làuezqu'il  cil  efcrit,que ceux  qui  nous  tuêt  Uinig^ 
penfent  faire grâdferuice  à  Dieu.  Les  angoiffcs  dôc  delà  mort  (ont  certains  fignes  &  iym-  e* 
boles  de  noftre  diletrion,&:  delà  vie  à  venir.  EfiouifTons-nous  au  Seigneur ,  chantons  luy 
cantiques  delouâge,confiderans  que  fans  aucun  crime  nous  fom  mes  liurez  à  la  mortïcar 
il  vaut  mieux  endurer  en  bien  faiiat(puis  que  telle  eft  la  volôte  de  Dieu)qu'en  faiiànt  mal.  j  pjer 
Nous  auons  l'exemple  en  Cbrift  &:  és  Prophètes,  lefquels  à  caufe  qu'ils  parloyent  au  nom  L  l"'}'17 
du  Seigneur,ont  efté  expofez  au  plaifir  des  enfans  de  çe  monde.&maintcnant  nous  les  di- 
fons  bien-heureux  d'auoir  enduré  ces  cholès.Efiouiftbns-nous  donc"en  noftre  innocence 
&  iufticc.  Le  Seigneur  iugera  ceux  qui  nous  perlècutent.à  luy  feul  appartient  la  vengean- 
ce.le  fuis  acculé  de  folie,à  caufe  que  ie  ne  veux  cuiter  la  mort  par  dilsimulation,  donnant 
ferhblant  de  cognoiftre  Dieu:ainfi  me  dit-on  que  par  vn  feul  mot  ie  peux  remédier  à  tous 
ces  tourmens.ô  poure  homme ,  qui  pour  auoir  oublié  Dieu  tu  ne  vois  point  mefme  la  lu- 
mière du  Soleil:  Ayefoiiucnance  de  ce  propos  deChrift,  Vous  eftes  la  lumière  du  monde.  Mit-M 
La  cité  fituée  fur  la  montaigne  ne  peut  eftre  cachée.  On  n'allume  point  la  chandelle  pour 
la  mettre  fous  le  muy,mais  fus  le  chandelier,  afin  qu'elle  efclaire  à  tous  ceux  qui  font  en  la 
maifon.Eten  vn  autre  lieu ,  Vous  ferez  menez  deuant  les  Rois  &:  Magiftrats.ne  craignez 
ceux  qui  tuent  le  corps,mais  pluftoft  celuy  qui  tue  l'ame.Tout  homme  donc  qui  me  con-  JJjJJ""* 
feflèra  deuant  les  hômes,ie  lcconfèfTeray  aufsi  deuât  mon  Pere  qui  eft  és  cicux:mais  celuy    1  '  3  ■  • 
qu  im  aura  renié  deuant  les  hommes ,  iele  renieray  aulsi  deuât  mon  Pere  quieft  és  deux. 
Si  donc  le  Seigneur  a  parlé  fi  clairement ,  où  eft  fondé  le  confalque  me  dônece  mal-heu- 
reux mondain?Ia  n  aduienné  que  ie  melprife  les  mandemens  deDieu,pour  fuyure  le  con- 
feil  des  hommes:  car  il  eft  eferit  au  Pfeau.  premier  de  Dauid ,  Bien-heureux  eft  l'home  qui 
n'a  point  cheminé  au  côleil  des  mefchâs,&  ne  s'eft  arrefté  en  la  voye  des  pechcurs,&  n'eft 
point  afsis  au  banc  des  moqueurs.Ia  n'aduienne  que  ie  renieChrift,au  lieu  de  ie  confciTer. 
le  ne  priferay  pas  d'auatage  ma  vie  que  mon  ame ,  &  ne  changeray  point  la  vie  aduenir  au 
fiecleprefcnt.Oqueceftuy-laeftfol  qui  en  cefte  forte  nous  argue  defolieilenetrouueâu-  iicntéd  les 
cunement  hônefte  d  acquielcer  en  cefte  manière  aux  magnifiques ,  fages^paifibles ,  mife-  Sénateurs 
ricordieux  &illuftres  Sénateurs,  defquels  les  prières  mefontcômandemens:  caries  Apo-r  c  c  e* 
ftresnous  enfeignent,  Qu'il  faut  pluftoft  obéir  à  Dieu  qu'aux  homes.  Or  quand  pfemie-  t&.yi9 
rement  nous  aurons  ferui  a  Dieu,comme  au  fouuerain  Monarque  du  monde,  nousfom- 
mes  en  après  tenus  d'obéir  aux  puifTances  de  ce  monde ,  lefquelles  ie  deûreroye  eftre  par- 
faites deuantle  Seigneur.Ils  font  magnifiques:  mais  il  s  en  faut  beaucoup  deuant  Dieu.ils 
font  iuftes:n:ais  le  fondement  de  iuftice,qui  eft  IefusChrift,leur  defaut.ils  font  fages:mais 
où  eft  la  crainte  de  Dieu,commencement  de  fageftbrils  lont  benins:mais  où  eft  leur  chari- 
té Chreftiéneîils  font  bons:mais  ie  leur  defirele  vray  fondemetde  bonté,  ils  font  illuftres: 
mais  ils  reiettent  le"Seigneur  de  gloirc.Maintenant  donc,ô  vous  tons  Rois  &:  Princes ,  en-  Pfeaume  % 
tédez:&:  vous  Gouucrneurs  delaterre,prenezinftru&ion.  iëruezau  Seigneur  en  crainte, 
&  vous  eiioui/Tez  entrembl.it.  Baifez  le  Fils,de  peur  qu'il  ne  fecourrouce:&:  que  ne  perif- 
fiez  de  la  voye  quand  fon  ire  s'embraiera  tant  ibitpeu.Pourquoy  fe  mutinent  les  gens,  &: 
murmurent  les  peuples  en  vain?pourquoy  fongez-vous  chofes  vaincs  contre  le  Seigneur? 
pourquoy  s'avancent  les  Rois  delaterre,&côfultentenfemblecôtre  leChrift  leSainctde 
Dieu?iufques  à  quand  cercherez-vous  menfonges,  &£  aurez  en  haine  la  vérité  ?  Conuertii- 
fez-vous  au  Seigneur  voftre  Dieu,  &  ne  foyez  plus  fi  endurcis  de  cœur.  Car  qui  perfecute 
les  Seruiteurs  de  Dieu,il  periecute  aufsi  Dieu  mcfme  :  fuyuant  ce  qui  eft  dit,  Tout  ce  que 
les  hommes  vous  feront,ne  fera  pas  fait  à  vous,  mais  à  moy. 

Si  ainfi  eft  donques  que  cotre  l'opinion  cômunc  des  homes  ie  n'ay  refpondu  au  defir 
des  trefilluftres  Senateurs:pourquoy  fuis-ieeftimé  coulpable,veu  q  le  Seigneur  a  prédit  q 
quand  nous  ferôs  liurez  deuat  les  Magiftrats,ce  ne  fera  point  nous  qui  parlerons,mais  fon  Matt.  iojj» 
Efprit?Puis  que  le  Seigneur  a  prédit  ces  chotcs(lequel  n'eft  point  méreur)&:  que  iene  par- 
le point  de  moy-mefme,ie  n'ay  donc  aucune  coulpe.Qui  fuis-ie  qu i  peufte  refifter  à  la  vo- 
lonté de  mon  Dieu  î  S'il  y  a  quelcun  qui  ofe  reprendre  telles  parolles ,  qu'il  argue  le  Sei- 
gneur ,  qui  a  ainh  befongné  en  moy.  Et  s'il  luy  femble  qu'il  n'y  a  aucune  i  eprehenlîon  en 
Dieu  ,  qu'il  ne  m'accule  point ,  qui  ne  fuis  cauic  de  cefte  œuure  :  ayant  fait  ce  que 


ycc, 


LiureV.  %obert  Cjkutf. 

ie  ne  vouloye  fairc,&:  dit  ce  que  ie  n auoyc  pénfé.  Que  fi  les  chofes  que  i'ay  produites  font 
mauuaifes,qu'ils  le  monftrent,&  lofs  ieconfeflcrây  qu  elles  fbrtét  de  moy,&:non  de  Dieu: 
rnai?;  fi  elles  lont  bonnes  &:  approuuécs,ôc  he  peuuent  eftre  iuftemétaccufees,ilfaut  vueil 
lions  ou  non,&  maugrénos  dents  que  nous  accordions  &:  admettions  qu'elles  font  pro- 
cedées  de  Dieû.Lefquelles  chofes  admifes,qui  eft-ce  qui  in  accufera?fcra-ce  vnegent  tref- 
fagéîQuime  côdamhera?  lèront-ce  ces  luges  treliuftesrEt  bien  qu'ils  le  facét,  la  pàrollede 
Dieu  pourtant  ne  fera  point  annullc'e.  Pour  cela  l'Euangile  ne  fera  n'empefché  neiugé: 
mais  le  rovaumede  Dieu  fera  tant  plus  cher  &  amiable  aux  vrais  Ifraelites  :  Se  tant  plus  vi- 
ftement  paruicndrâ-il  aux  efleus  de  Iefus  Chrift.  Et  ceux  qui  feront  telle  chofe  fentirôt  le 
iugemétde  Dieu,&:  les  homicides  &:  meurtriers  des  iuftes  ne  feront  point  fans  peine.Mes 
ta  verec  de  trefchers,efleuez  vos  yeux,&  confierez  les  confeils  de  Dieu,  le  Seigneur1  nâgueres  a  mô- 
pefte  pour-  ftrévncclpccc& image  de  pefte:cela  a  efté  fait  pour  noitrecorreètio.  que  Ci  nous  nelere- 
quoy  cnuo-  ceuons  ^  j|  aefgaincra  (bn  glaiue:&:  frappera  la  gent  qui  s'eft  cfleuée  contre  Chrift,de  glai- 
uc,pcfte,&:  ramirte.Ic  prie  le  Seigneur  qu'il  deftourne  tel  fléau  de  nous.  Mes  frères  i'ay  ef- 
crit  cecy  pour  voftre  conîblation. Priez  pour  moy.    Adieu  tous  feruitcurs  de  Dieu. 

Dv  trefplail'ant  verger  de  la  prïfon  Léonine,  cezi.  du  mois  de 
Iuillet,M.D.L.v.  p.      ALGIE  fc. 

LA  mortbien-heureufede'P.  Algier,executé  à  Rome. 

A Près  que  Pomponius  eut  quelque  temps  elle'  es  pnfôs  de  Padoué,  futmene  à  Vcnife, 
où  par  la  fagefle  hum  aine  plufîeurs  aflauts  luy  furent  liurez  :  c'eft  afTaûoir  de  fauucr  (à 
vieen  faifànt  femblantdefèdefdire.& c'eft  ce  qu'en  l'Epiftre  précédente  il  exaggere  tant, 
&  loue&:  magnifie  le  Seigneur  deeequeiamais  on  nele{cutnediuertir,n'efDranler,telle- 
ment  qu'à  lafin  pour  la  moindre  peine  qu'on  luy  feuft  donner, par  iugement  fupreme  de 
la  Seigncurie,il  fut  condamné  aux  galères.  Mais  le  Seigneur,qui  l'auoit  refèrué  pour  faire 
vnmeffage  exprès  de  les  iugemens  auxfuppofts  del'Antechrift  Romain  &  à  fon  Cierge 
de  Rome  infame,fufcita  le  légat  Papal,  qui  lors  citent  à  Venife,de  demander  Pomponius  a 
la  Seigneurie,afïn  d'en  faire  ofFrâde  trefaggreable  à  fon  maiftre  le  Pape  qui  lors  eftoit  Paul 
1111.  de  la  lignée  des  Caraftes ,  homme  en  dernier  aageautant  inueteré  en  mal  qu'onques 
il  en  fuft.Le  genre  àc  forte  du  dernier  fupplice  cju'il  endura ,  fut  treferuel:  tant  y  a  qu'en  fa 
mort  il  effraya  par  fa  conltance&:  magnanimité  tous  les  plus  vénérables  pères  de  Rome 
lpe£tateurs  d'icelle:  &lc  Seigneur  lors  luy  donna  force  &c  confiance  conuenabic  àla  do- 
ctrine qu'il  auoitportee&:  maintenue  deuant  les  hommes. 

ROBERT    G  LOVER,  Anglais. 

N  O  V  S  auons  en  celte  hiftoire  vn  miroir  de  prcudliommie  naifuc,confite  en  bonnes  &:  fain<ftes  mœurs,&rnon 
feulement  en  la  perfonnede  Robert  G  louer  >  mais  aufs»  en  fon  frère  Iean  :  duquel  par  occafion  la  vie  cft  îcy 
propoiee:&  les  combats  par  eux  fouftenus. 

OberïGlover  eftoit  iiîude  noble  parentage,  &:  auoit  fon  frere  Iean 
Glouer>  tous  deux  d'eftat  honorable  &  condition  aiféc  depofTefsions  qu'ils 
auoyent  de  leur  pere  :  mais  beaucoup  plus  riches  eftoyent-ils  en  la  crainte  de 
Dieu  &c  biens  del'Efprit.  Défia  dés  long  temps  Robert  auoit  cognoifTance  de 
f  Euan<Tile:Voiretelle  qu'il  dcmonftroit  bien  par  fà  vie  de  nel'auoir  receuë  en  vain.  Toute 
fa  (blicitude  tcndoit  à  ce  but  de  monftrer  quel  il  eftoit  au  dedans ,  aflauoir  vrayement  re- 
formé par  l'Euangile,  &:  ne  s'eftudioit  point  à  apparoiftre  deuandes  hommes,ains  à  faire 
que  fa  vie  refpondit  à  la  profefTion.  " 

^"O  r  auoit-il  vn  fien  frere  vn  peu  plus  aagé  queluy,nômé  Iean  Glouenduquelnous 
dirons  quclquechofc,auant  que  ven  ir  à  l'hiftoire  des  Combats  que  Robert  a  fouftenus  co- 
tre les  aduerlàircs  de  l'Euangile.  Ce  Iean  ayant  laiffé  la  plufpart  de  fes  biens  à  fes  freres,s'e- 
ftoit  refehié  quelque  portion ,  laquelle  il  laiflbit  difpcnfer  à  quelques  fermiers ,  afin  qu'il 
euftmeillcur  loifir  de  vaquer  aux  chofes  diuines ,  avantagez  bonne  cognoifTance  des  let- 
tres. Vray  eft  q  Robert  fon  frere  eftoit  vn  peu  plus  do£tc  en  cefte  forte  de  lettres  qui  polif- 
fent  l'hômc  à  bic  parler:mais  Ieâ  eftoit  plus  exercé  és  chofes  de  la  vraye  religiô.Tous  deux 
auovét  prefquc  vrt  mefmecfprit:&:  quâr  à  la  dextérité, il  n'y  auoit  pas  grade  differece.-mais 
quataudefir  &:  reuerécedelareligiô ,  à  laqucllctous  dcuxfèmbloyétcgalemet  cftreflaïs, 

ils 


M.D.L.V. 


Robert  flotter*  $7* 

ils  fercfembloyent  fi  bien>qu'à  grand  peineeuft-on  choffi  lequel  on *déuft  préférer  à  Vau-* 
tre  ;  linon  que  cômeRobcrt  eftoic  plus  robuile  de  corps,aulsi  appèrceuoit-on  en  luy  qu'il 
cftoic  plus  véhément  côtrelcs  ennemis  de  vérité,  toutcsfois  Içàh  craignait  moins  les  dâ-.  ican  douer 
gers.  Et  combien  que-Robert  lbrt  mort  martyr,toutesfoisIeanaTpiroit?de  pareil  deiirau  a'p,ro11  iU 
martyre. Robert  aenduré  la  mort,  laquelle  aéfté  voireméht  cruelle  &  alpre-Ican  pbr  plu-  murt>re' 
jicurs  fois  a  enduré  angoilîes  d'efpnt ,  &:  a  efté  ietté  fouutnc  dedans  le  feu  intolérable  d'v- 
negehenne  pardiuerfès  tentâtions.  Celuy  qui  a recueilly  celte  hiiloirc,S'ellfbuucnte- 
foi»  esbahy  de  la  vertu  &  puifîànce  du  Fils  de  Dieu  qui  ëftoit  'en  ce  perfonnage;  lequel  s'il 
n'euftTcmis  cneilat  parconiblatioiis  fouueht  côtinuées  ,  il  n'euil  porte  tanr  de  douleurs 
&:angoiiîcs.Lacaule  laquelle  luy  eimouuoittànt  de  troubles  neitoir  pas  degrande  im-  f 
portance:mais  voila  comment  il  en  aduient  que  conftumierement  ceux  qui  londes  plus 
iàinds  &:  les  m  eilleurs,tè  tiennent  touiiours  pour  lufpëcts  à  eux-mefmes:  &cela  fâit  qu'ils 
fontelbranleztbuucntefois.  ^  Il  luy  aduint  qu'après  âUoircllé  premièrement  illumi- 
ne en  la  cognoiiîance  de  la  verité,que  retombant  en  là  prem  ierc  façoh  de  viuré^il  elift  de- 
puis reuenantà  foy  ,  tel  defplailiriqu'il  VintaVndefefpoir  defalutimettaht  deuât  les  yeux' 
qu'il  auoit  péché  contre  le  làind  Eiprit.  Mais  le  Seigneur  qui  eft  leur  gardien  dés  iiés,mo- 
dera  tellement  celte  tentation,qu'il  luy  donna  grand  repos  d'efprit,  &:  âccrùiflemêt  en  la 
cognoillancede l'Euangilci  lique  iàvie«,fesniœurs,ôUezeléaupuiTcruicede  Dieu  vint 
en  euidence*  voire  aux  ennemis  ^nommément  del'Eueft|uëdeConiientrie:lequcl  încô- 
tinent  enuoya  lettres  au  Maire  de  Contientrie  &  au  Capitaine  dudit  lieu, à  ce  qu'ils  don- 
nailct  ordre  que  lean  Gloucr  fuftapprehédétAufsitoft  que  le  Maire  eut  receu  les  lettres 
de  l'Euel'que,il  enuoya  iècretement  vn  horhme  vers  lean  Glouer,pour  l'adu cr tir  de  l'en- 
crepnfedreifec  contre  hnsarln  qu'il  peuft  de  bonne  heure  pouruoir  à  les  affaires.  Iceluy 
fortit  villcmcntauccfonfrcre  Guulaumer&àgrâdpeine  auoit>illàiiîe  la  mail'on  de  veuë, 
que  voicy  leCapitaine  &:  vne  bande  de  gens  entrèrent  dedans  pour  prendre"  Iean,lelon  le 
commandement  de  l'Euefque.  Et  comme  ainliibit  qu'ils  ne  le  péufTent  trôùuer ,  vndes 
fergeans  môta  en  la  chambre  haute,en  laquelle  il  trouua  Robert  frère  d'iéelûV'',  qui  cltoit  pn'fe  & 
défia  des  long  temps  malade  au  lid:il  le  print  donc  au  lieu  de  Ieari  l'on  frerè,  Remmena.  Kaoctt- 
Et  combien  que  leCapitaine  ne  demandait  qu'à  faire  plaifir  à  Robert,&  à  fauoriler  à  tou- 
te la  caul"e,&  que  pour  cela  il  h*  Il  tout  ce  qu'il  pouuoit  pour  le  huiler  aller,difât  qu  c  ce  n'e- 
ftoit  celuy  pour  lequel  on  les  auoit  là  enuoyez  :  toutefois  vh  des  officiers ,  infillant  qu'au- 
moins  on  le  deuoit  garder  iulquesà  la  venue  de l'EuefquCj  le  fit  mener  en  prifon  contre  lé 
gré  du  Capitaine.  ^Nous  auons  infère  cecy  de  lean  Clouer  pour  monftrer  ce  qui  a  efté 
tou  ché  ci  deiTus,aiTâuoir  qu'il  n'a  point  elle  excm  pt  deperiecutioh  pour  vne  meime  eau- 
fedel'Eua^ile.  QuantàRobcrt  Gloucr,lc  Seigneur  l'appela  à  fou  ffnr  mort  pour  tèftificr 
de  fâ  vérité.  On  pourra  trop  mieux  cognoiftre  ledifeours  des  procédures  tenues  contre 
luy ,  par  la  lettre  qu'il  mandaà  fa  femme,  bien  amplement  par  luy  elcritepourfaconfolà-^ 
tion&detousfidcles,commes'eniuyt; 

|§  A  paix  de  là  confclcnceiqui  futmonte  toùt  entehdement,vous  foit  ottroyée  en  ac- 
croiifement  perpétuel,  auec  toute  lieflc,  côlblation>force  Se  vertu  au  fainclEfprit,- 
&foit  augmentée  en  voftrccœur  parla  foy  viuc,  ferme  &:  confiante  en  noftre  Seigneur 
Iefus  Chriftjfeul  Fils&  bien  aime  de  Dieu,  Amen. 

^"Ie  vous  mereicgrâdement  des  lettres  quem'duez  eriuoyécs  en  la  prifon,mabien 
aiméeen  noftrc  Seigneur,  lesquelles  iViylcues  par  deux  fois,  aucc  beaucoup  delarmes, 
procédâtes  non  point  de  quelque  tnlteiîc  ou  douleur,  ainsd'vneioyc&liefle  incroyable 
d  el'prit.I'ay  cognu  par  icellcs  l'œuurc  admirable  de  la  grade  milcricorde  &c  bôté  de.Dieu* 
commeen  vn  vif  tableau  dépeint  de  viue  affection  du  profond  de  vollre  cœur.  Ierieme 
fuis,  di_ie,peu  contenir  quede grande  refiouillanceicn'aye  ietté  larmes  de  mes  yeux,  & 
rendu  grâces  au  Seigneur  pour  vous  :  lequel  lèlô  fa  grande  douceur  &c  bonté  s'efl  monflré 
clément  &:  bénin  enuers  vousjou  plulloft  entiers  moy.  Pour  certain  ces  lettres  queï  ay  re^  - 
ceucs,&:  le  bon  rapport  que  nos  amis  me  font  de  vous ,  que  vous  profitez  de  bié  en  micuSÈ 
enlavrayc  cognoiflance  de  Dieu,  &  perfeucrez  conflammcnt&: fidèlement  enieelle;  f 
m'allègent  grandement  en  ces  ennuis  &  fafcherics  qu'il  me  faut  tous  les  iours  ^nitti 
réï  en  là  prifon  .  Ces  lettres  vous  leruiront  quelquefois  de  tefmoignage  manifclle" 
en  çegrand.iourdu  Seigneur  contre  plulîeurs  femmes  délicates  de  noilre  temps,  dil- 
folues ;.ipar  trop  plus  adônecs  aux  delirs  èç  cupiditez  furieuiès  decemôde  qu'a  Di&u  r& 

Rr.H. 


Livre  V<  %?bert(jlowt. 

lefquelks  (comme  on  peut  cognoiftre  par  kurs  ceuures)  ont  mis  kur  falut  propre  én  6u« 
bly.Tant  qu'il  plaira  à  Dieu  me  prolonger  la  vie  en  ce  monde ,  ie  ne  cefTcray  de  luy.  faire 
prières  pour  vous,à  ce  que  par  lagrande  milericorde  &  bonté  il  auance  de  iour  en  iour  éli 
vous,&  parface  ce  qu'il  y  a  vne  fois  heureufemét  commencé,  &:  que  le  tout  foit  à  la  gloire 
dclonnom:  &£  qu'il  vous  arme  &  gouuerne  tellement  parlaforccfecretedelbn  Elprit* 
que  tous  deux  enfemble  par  le  lien  d'vn  mcfme  cfprit  (comme  aufsi  nous  fommes  liez  par 
mariage)nous  célébrions  là  louange  en  l'autre  liecle,à  la  confolation  &c  félicité  perpétuel- 
le de  tous  deux  :  Amen .  ^  Or  tant  qu'il  luy  plaira  vous  taire  vnirc  en  ce  monde ,  ie  vous 
prie  de  bon  cœur  vous  accouftumer  fur  toutes  chofes  à  Ibuuent  prier  Dieu ,  elleuant  vos 

i.Tim.t.8  mains  pures  au  Seigneur  (comme  faind  Paul  admonnefte)  fans  irc,contention,ne  doute: 
mettant  en  oubly  route  iniure  &C  outrage  qui  vous  auroit  efté  faite:&:  pardonnant  a  vous 
auez  quelque  choie  contre  quelcun,comn:c  lefus  Chrift  nous  pardône.  Et  afin  que  vous 
foyez  de  tant  plus  facile  &:  encline  à  pardonner  les  offenlcs  faites  par  autruy,  cecy  vous 
fera  bon  &£  vtile,que  vous-mefmes  reduifiez  fouuentefois  en  mémoire  l'enormitc  &c  hor- 
reur des  péchez  lclquels  lefus  Chrift  nou  s  a  pardonnez ,  &:  lefquels  il  nous  remet  tous  les 
iours.  11  aduicndra  par  ce  moyen  (comme  S.  Pierre  nous  remonftre)  que  nous  entretien- 
drons mieux  la  chante  mutuelle  entre  nous  plus  facilement  couurirons  &c  pardonne- 
rons les  péchez  les  vns  des  autres,  quelques  griefs  qu'ils  loyét.  Et  pource  que  la  parolle  de 
Dieu  nous  enfeigne  cecy  ouuertement,non  feulement  comment  il  nous  faut  prier,  mais 
aufsi  ce  qu'il  nous  faut  fuyure  &:  ce  qu'il  nous  faut  fuyr ,  &:  ce  qui  eft  aggrcablc  à  Dieu  ou 
non.faitcs,ie  vous  prie  que  toute  voîlre  orailbn  tende  principalement  à  ce  but,que  le  Sei- 
gneur,fe!on  fa  grâce &:  bonté  infinie ,  inipire  de  iour  en  iour  &c  de  plus  en  plus  la  vrave  co- 
gnoilfance  de  la  Parolle  en  voftrc  entendement^  qu'il  conduifc  tellemét  voftrc  vie,  que 
les  fhiids  relponder.t  à  lacognoillance. 

i.Cor.1.18  ^~  A  v  furplus,  puis  que  le  S.  Eiprit  appelle  cefte  parouc,Parollcd'affiidion,aflauoir 

d'autant  qu'elle  a  fouucnt&:  prefque  ordinairement  les  incommoditez  de  ce  monde  con- 
iointes  aucclby,les  opprobres,les  haynes,les  dangers,les  perfccutiôs,la  perte  tant  des  biés 
quedelavie,commevousen  elles  bien  admonneilec  par  expérience  ordinaire:  tant  plus 
diligemment  deuez-vous  implorer  l'aide  de  Dieu  :  pour  vous  rendre  forte  à  porter  le  far- 
deau, félon  l'aducrtiflement  que  le  Seigneur  nous  en  fait:&  quepuiisiez  par  la  grâce  du 
S.Elpnt  demeurer  ferme  contre  toute  tempefte&:  orage:reduilànt  iouuent  en  mémoire 

Gcn.\9.i6  ce  qui  eft  aduenu  à  la  femme  de  Lot ,  laquelle  regarda  à  ce  qui  eftoit  derrière  elle.  Rien 
n'eft  fi  dcfplaifant  à  Dieu  que  l'idolâtrie,  ou  faux  iëruiceinftitué  outre  &:lans  Ion  com- 
mandement.Gardez -vous  bien  dôcde  vous  polluer  delà  Mené,  qui  eft  pleine  de  blafphe- 
inc  ,&:dn  edement  répugnante  à  la  parolle  de  Dieu,&  à  l'inftitution  de  Chrift  noftre  Sei- 
gneur. Combien  y  a-il  de  ceux  qui  font  tant  peu  que  ce  ibit  exercez  en  la  ledure  des  Cain- 
desEfcntures,quin'entendétbien  qu  auiourdhuy  en  Angleterre  rien  ne  (é  fait  &:  ne  s'ac- 
corde à  la  pure  Parolle ,  ne  qui  foit  propre  pour  leruir  au  baftiment  &:  édifice  de  l'cglile  de 
C  hriftîLa  plus  part  fe  vantent  &  mettent  en  auant  qu'ils  font  l'Eglifc,&:  par  ce  titre-la  s  at 
t  ri  buen  t  la  foy.ie  leur  ay  dit  que  la  vrâye  Eghfe  ne  recognoit  autre  chef  que  le  Fils  vnique 
de  Dicu,noftre  Seigneur  lefus  Chrift.  Elieoittant  feulement  la  voix  de  fort  Efpoux  :  elle 
iian  10.17-  eft  conduite  &  gouuernée  par  icelle,  lelon  que  le  Seigneur  lefus  luy-mcfme  dit ,  Mes  bre- 

&  8-3i  bis  oyent  ma  voix. Si  vous  demeurez  en  moy,  &  fi  ma  Parolle  demeure  en  vous,vous  elles 
vrayement mes  dilciples.  L'Egliic  n'adioufteA:  n  oftcrien, &:  ne preiudicie point  au  Tc- 
ftament  iàcré  de  Dieu.  Mais  ces  orgueilleux  qui  icurncllement  m'aflaillét  n'ont  point  de 
honte  d'abolir  toutes  choies  làlutaires  ordonnées  par  k  Fils  de  Dieu,  &.  de  paillarder  en 

ïzcch.tf.  16  }curs  propres  inuentiôs(afin  queie  parle  félon  la  façon  del'Elcriture)&:  fe  reliouir  &c  gau- 
10       dir  es  fltuures  de  leurs  mains. 

L'e  c  l  1  s  e  de  Chriftacftépartoutiufqucsàccftchcure,&:lcra:elleatoufiOurseu 
Iac*oix  pour  compagne,  liibiettc  à  diuerics  falcheries  de  ce  monde ,  &:  toutes  fortes  d'in- 
commoditcz,dautant  qu'elle  n  eft  point  du  monde. mais  ceux-cy  pei  fecutcnt,tuent,trai- 
f$4*M  aux  feux  &tourmcns  fans  difrercce  tous  ceux  qui  acquiescent  à  la  pure  dodrinc  du 
Fils^eDicu.  Chrift  &:  l'on  Eglilcorfrent  volontairement  leur  dodrinc  pour  cftrcexami- 
nc*efelon  les  fontaines  del'Elcriture  diuinc ,  &c  laùTent  vne  pleine  liberté  à  tous  les  hom- 
mes du  monde  d'en  conférer, comme  le  Seigneur  dit  Iean  cinquième,  Sondez  les  Efcritu- 
rcs.  La  faillie  eglilc  tient  bien  route  autre  façon  Se  tout  au  rebours,par  laquelle  eft  defédu. 
au  peuple  d'en  faire  iugement,nc  permettant  à  home  quel  qu'il.foit,  d'examiner  ks  fhu&s 

«Le 


Robert ÇUuer.  373 

dcvrayeCognoùTinccfclonlartfigledcf  Efcritures.  Lavraye eglife  deDieuaroufiours 
eu  cccy  en  finguiierc  recommâdation,de  refifter  de  toute  là  puiiïànce  aux  peruers  defirs 
de  la  chair,  du  monde  &c  du  diable,  à  toutes  tentations  &  cupidicez  defbordees:au  contrai 
rc,  on  verra  la  plus  grand  part  deceux-eyfe  plonger  dedans  les  boufbicrs  de  toutes  vo- 
luptez  te  ordures,  &  commettre  des  vilenies  exécrables,  qu'il  n  cft  licicetfexprimer.H  eft 
bon  &  expédient  de  conférer  fbuuenc  les  faiéts  aueclcs  exemples  de  ceux  qui  ont  appro* 
barionparlaparoUcdc  Dicu,quils  font  vrais  membres  de  Chnft&  delbn  Egiilc. 

Il  me  Icmole  qu'on  les  peut  bien  comparer  â  Nemrod,  lequel  l'Eicriturc  depeind  fous  <ko.m.t 
la  £gurc  d'vn  veneur  robufte,&:  d'vn  fort  combatant.car  ceux-cy  ne  pouuans  faire  par  pa- 
rolle  ce  qu'ils  veulent,ils  l'exécutent  par  le  glaiue:  &  en  defpit  de  tout  le  monde  ils  veulée 
qu'on  eftime  qu'ils  font  l'Eglife.En  bonne  confeienceon  les  peut  nommer  Enfans  du  dia 
ble,commeaulsileFils  deDieuappeloit  ainfi  iadis  leurs predeccfi^eurs.Carfiout  ainfi  que  iani.44 
le  diable  leur  perc  eft  menteur  U  homicide,aulsi  leur  royaume  U  eglifè,quils  appdcnt,eft 
compofee de menibnges& meurtres.  Pourccftecàufe,  mafèmmcbicn-aimée,  icvous 
prie  n'ayez  aucune accointan ce  auec  leurs  dodrincs  de  peur  que  ne  participiez  auceeux: 
aufqucls  la  damnation  éternelle  cft  préparée,  s'ils  nefe  repentent  de  bonne heure&  en 
veritc.Gardez-vous  de  leurs  babils,&:des  fols  côfeilsdeceux  qui  vous  admoneftent  detë- 
poril'er  pour  quelque  temps ,  car  c  eft  cholè  horrible  de  tomber  es  mains  du  Dieu  viuant. 
Qu'il  vous  louuiennc  de  ce  que  le  prophète  Elicdilbit,  Pourquoy  clochez-vous  des  deux  H«b.io.$i 
coftcz?Si  le  Seigneur  cft  Dicu,fuy  uez-le  :  fi  Baal  eft  dieu,fuyucz-lc.Nc  mettez  aufs  i  en  ou-  i  ««ai 
bly  la  fentenec  de  lefus  Chrift,Celuy  qui  met  la  main  à  la  charrue,&  regarde  carrière  foy,  Luc 
n'eft  point  digne  d'eftre  de  mes  dilciples:  ceux  qui  fe  monftrent  craintifs  U  feportentlat 
chement  en  l'affaire  &  œuurc  du  Seigncur/ont  rois  au  rang  de  ceux  qui  doiucnc  eftrc  iet- 
tczcnl'eftangdefoulfre.  Afoemj 

Proposez  -vous  en  outre  deuant  les  yeux  les  exemples  de  Ceux  qui  d'vn  gran  à 
courage  fe  font  oppofez  aux  violences  des  ad  uerlaires,  poux  maintenir  la  querelle  du  Fiïs 
de  Dieu,&:  ont  vaillamm  ent  combatu  iufqucs  à  obtenir  vi&oircOn  peut  nombrer  entre 
les  anciens  champions,  Daniel  ôc  les  trois  Hebricux  qui  furent  icttez  en  la  fornaife  arden- 
te^ les  enfans  de  la  vefue  :  &:  entre  les  nouueaux  aulsi  Anne  Askeuc,Laurent  Saunders, 
Bradford,  &c  pluiieurs  autres  fidèles  martyrs  de  lefus  Chxift.S.Paul  dit,  Ne  foyez  eftônez 
en  rien  à  caufe  de  vos  aduerfairesrqui  leur  cft  caulede  perdition,^  à  vous  dclâlut.Et  le  Sri 
gneur  lefus  nous  dit,Nc  craignez  point  ceux  qui  tuent  le  corps.  Avraydire,  la  plus  part  g 
des  homes  retfemble  au  coq  d'Efope,  qui  ayant  trouué  vnc perle  aima  mieux  vn  grain  de  MatSLt 
fromet.On  n'ented  point  quel  threlbrc'eft  q  la  parollede  Dieu,  à  laquelle  on  prcfcrelcs 
chofes  de  ce  monde  miferable  qui  font  plus  vaines  qu'vn  grain  defroment  ou  d  orge. 

S 1  i'euffe  voulu  prefter  l'oreille  aux  raifons  ou  argumensdes  hommes,beaucoup  de 
retardemens  fe  prdèntoyent:cn  premier  lieu  l'afFe&ion  <jueie  vous  porte  &  à  nos  enfans, 
nos  biés  &:  poffefsions  qu  i  font  allez  amples, mais,graces  a  noftre  bô  Dieu  par  lefus  Chrift 
noftrc  Sauucur  vnique,il  n'y  a  rien  de  tou  t  cela  qui  m'ait  retardé.  Ia-foit  que  du  commen- 
cement (  afin  qucieleconfenrefranchement)ie£ufaify  de  frayeur  à  la  première  violence 
de  mes  aduerfaircs,eftâtd'meu  de  quelque  apprehenûon  dedangerttantyancancmoins 
<juc  par  la  prouidence  diuine  cefte  frayeur  s  eft  efuanouie. 


.Etq 

enueis  nous  eft  grande, tant  plus  grande  confolation  aufsiDieu  nousfàit  fentir  en  nos  mi 
feres.  Le  mode  rauorife  en  toutes  fortes  ceux  qu'il  tient  aflubiettis  à  foy  :  mais  au  côcrairc 
ilhaic&detefteoutrageufcmentceuxquinelbntpointdu  monde. 

to  s  t  après  i'entray  en  vnc  (aie,  puis  fu  mené  en  vne chambre,  ouiemerepofây 
quelque  peu:&  de  ioye  que  fauoye  larmes  mefortirent  des  yeux  en  grande  abôdanccJors 
commençay  à  méditer  ainfi  en  mon  esprit,  O  fouucrain  Seigneur  detouslcs  Seigneurs, 
moy  miferable  &:  chetifiquel  bénéfice, queic  foyc  nombréauectes  champions  &  ferai- 
teurs  tant  fidèles  ôdieureux,qmfoufrrcnt  pour  maintenir  la  caulc de  ton  Euangilei  Ainfi 
rêputant  d'vn  cofté&  considérant  mon  indignité ,  &lcs  miferes  &  ordures  de  ma  vie 
pcchercire,&  d'autrepart,vne  infinité  degrace  &:  bonté  de  mon  Dieu,qui  m'appele  à  tel- 
lefelicitéji'ay  efte  li  ctpiis  d  eft  ahiflement  &  reiouiflance,que  iemefuis  fenty  pour  quel- 

Rr.  ihV 


LiureV,  Robert  (flouer* 

quetcrrrps  owqïtu5  ^ire.*0"Sdgnàir»  qu i  monftres  ta  verra  en  la foibîeflTc,  tafapience  en 
lafdic^exctccs  tniferwordea»'  milic^dejpechez  :  -qui  eft-€e  qui  t'empefchera-d'clitc 
ceux quctuvou&as^cnquclqtfepartquetu  voudras!  Ortourainfi  queiufquesapre.. 
-fert  t  i'ay  fait  confc&oiùJe  ta  vérité  d'vne  atfe£tion.non  feinte,aufsi  ne  me  fuis-ic  iâmaise- 
ftimédighc  d'virtelndmieurjdefouifiiraffliâiiôn. 

àp  *.  b«  vinrent  vers  moy  lesfeigneurs  Guilku me  Brasbourg,°KatrinPhinees, Ni- 
colas Hopfcin^pour  me  perfuadet que  ie  donna/Te  quelque  plefge  ou  refpondant  pour  me 
deliùretjck  la  prifon.  Auiqucls  icrefpondy  enlafàçotiqui  s'enfuit:Pourâutât  que  les  prin- 
cipaux fèigheurs  de  là  ville  m'ont  fait  mettre  en  prifon  fansauoir  efté  premièrement  in- 
formez qucieiuiTe  coulpable-.fi  ie  faifoye  ce  qu'ils  me  corueillent,  ce  f  eroit  me  rendrceoul 
pàble.S'ils  n'auoyent  rien  dequoy  m'aceufer ,  ikme  pouuoyenc  lanfer  aller ,  &  ofter  de  la 
prifon ianseaurion.Eoxd'autrepart  propoferentpluficursraifons,efquellcs  iclonl'appa- 
rence  ily  auoit  plus  de  fcùrté  que  d'honne  fteté,  mettans  en  auanc  qu  il  me feroit  facile  ,fi 
ie  vouloyerompre  le  ferment  que-i'auoye  fak,de  me  mettre  hors  de  tout  danger.Ierefpô- 
dy  dcrechc£quc  des  long  teps  i 'eftoy  e  refolu  en  ceft  affaire.  Mais  eux  infiftoyent  tant  plus 
fur  ccla»fetailâns  forts  que  l'en  efchappcroyeaueç  facile  condition. 

Votant  qu'ils  ne  faifoyentim  de  me  confeiller&  prier,  iercfpondyàmonfieur 
Trâ^inité  Hopkin,que  tout  ainfi  que  la  paix  &  tranquillité  de  confciencc  eft  vne  chofefbrt  tendre, 
*  '  '       aufsieft-eUcincfbmablcmctprecieuie.  Ayat  fur  cela  quelque  peu  de  loifir  pour  méditer, 
ie  fi  ma  prière  fecrete  à  mon  Dieu,  luy  demandât  fecours  &  confeil  prefent^&  qu'en  ceft 
mftaritUmVdniiniftraft  par  fagrace&  bonté  fecrete  ce  qu'il  cognoiftroit  eftre  expédier. 
Et  lors  que  ccux-cy  eurent  cefte  dem'exhorter ,  vneconfolation  fingulierc  vint  inconti- 
nent fafûr  mon  cœur.    Apres  eux  furuint  monfieur  Dudlce,&  me  donna  femblablecô* 
feilqu'auoyent  fait  les  autres,  vfantprefque  de  mefines  parolles  :  lequel  ierenuoyay  au ec 
pareille  refpôfc  que  les  autres.Et  encore  rerourna-il  vers  moy ,  &:  debatit  l'afFaire  d'vn  co- 
fté  &  d'autre  auec  plufieurs  raifons:&:àla  fin  cefteperifée  mevintenrefprit,  Iufquesà 
cefte  heurt  i'ay  félicite  à  conftance&  confefsion  de  la  vérité  tous  ceux  auec  lefquels  i'ay 
euàfairà&ayeftecommevnerrompetteàce  quenulnequittaft  ricndela  do&rincE- 
"  tSgi-  uangeliqueaux  aduerfaires:maintenant  quelle  infamie  &  deshonneur  me  feroit-ce,  fi  a- 
lcnotcz  ce-  bandonnat  mon  rcng,&  iettant  là  mon  bouçlier,ie  me  rctiroye  de  la  prelTé'Et  quelle  ma- 
&m        tierc  de  triftefTe  &c  defcandale  donneroye-ie  aux  fidèles  gendarmes  de  Chrift  î  &:  au  con- 
traire, quelle  occafion  donneroye-ie  aux  aduerfaires  de  fe  rire  &  moquer  ?  Pour  cefte  rai- 
fon  mefprifant  lés  dangers  &  menaces  dece  mode  orgueilleux,  &  tous  allechemens  de  la 
chàir,iencdelaifleray  vne caufe tant iufte&  équitable.  Ainfireputatces  chofesen  moy- 
mefme,auèc  vn  repos  de  confciencc,ie  m  arreftay  finalement  à  cela,  de  faire  ce  qui  eftoit 
dcmondeuoir,piuftoftquedeferuiràmes  afTedions  particulières,  me  préparât  à  endu- 
rer aicgrement&  de  bon  cœur  tout  ce  que  la  violence  de  l'Anrechrift  me  feroit.  llyeut 
aufc  vne  cholequi  me  rendit  alegre,  c'eftqueiefu  aduerty  toft  apres,quc  l'Euefque  vc- 
mky&c  {croit en  bref  en  ces  quartiers-cy. 

GLOVER   interrogue"  quel  eft-le  vray  ferutee  diuin ,  prend  pour  iugrfa  primîtîue  Eglifir.' 

^  t*t  v  i  s  oy  a  eftâtarriué  on  m'amena  deuant  luyenlamaifonde  Denton,&dc 
premier  abord  via  d'vne  préface  qu'il  eftoit  mon  Eueique,  &  pour  cefte  caufe  m'admon- 
neftoit  que  ie  me  fubmifie  à  luy  en  vraye  obeuTancc.  Puis  m  interrogua  fi  i'eftoyc  inftruit 
aux  lettres  ou  non.  le  luy  reipondy  que  ie Teftoye  quelque  bien  peu.  Le  Chancelier  qui 
eftoit  afsis  presdeluy,rapportaqueicftoye  Maiftreésarts,  Lors  l'Euefque  me  fit  cefte 
demande,  Pourquoy  ie  nefrequentoye  les  temples ,  &  quelle  raifon  il  y  auoit  que  n  afsi- 
ftoye  au  icruiçediuin.  le  pouuoye  bien  par  tcrgiuerfation  repoufler  cefte  demande  pour- 
ce  qu'il  n'y  auoit  pas  long  temps  que  i' eftoye  en  fon  diocefe  :  toutesfois  eftant  aide  delà 
mourifque  bonté  éc  grâce  de  mon  Dieu ,  ie  rcfppdy  ûmplemet  que  ie  n'auoyefait  cela  iufqucs  à  pre- 
de  fauoer  i»  fcnt,&  ne  le  feroye  delbrmais,cncore  que  i  emTe  cinquante  vies  qu'il  me  falluft  confcruer 
par  tel  moyen. 

levés  ojf  e  me  dit  qu'il  eftoit  venu  pour  en(eigner,&non  point  pour  eftreenfcf- 
gné.  Mais  moy ,dWe,iefuis fort  preft  d'apprendre &:  ouyr,fi  vous  auez  quelque  choie  qui 
me  puifTe  bien  enfefgner.I!  me  dit,  Qui  fera  coluy  que  nous  côfti  tuerons  iuge  ou  arbitre} 
le  luy  reipondy  que  Ielus  Chrift  luy-mçtmcnc  faifoit  difficulté  de  permettre  au  peuple 

d'exami- 


Rdert  flouer.  374. 

d'examiner  fa  do&rine  félonies  fain&es  Efèritures .  Et  fi  cela  nefufrîfoit ,  que  ie  me  fub- 
mettoye  volontkrauiugementdela  primitiue  Eglife,  ou  de  celle  qui  eftoir  prochaine  du 
temps  des  Apoftres .  Il  refpondit  qu'il  éftoittnbn  Euefque,&  que  pour  cefteraifon  ieme 
deuoy  e  accommoder  à  fa  foy ,  &  acquiefeer  'à fort  iugement.  Ic  lui  di ,  Que  fera-ce  fi  vous 
tournez  le  blanc  en  noir,&  n  vous  dites  que  les  ténèbres  font  lumieref  quelle  raifoh  y  au„ 
roit-il  de  conlèntir  à  ceque  vous  direz?pouf  quoy  impntez-voUs  à  crime  au  peuple  d'âuoir 
adioufté  foy  à  Latimer,Hooper3&aatre*  Euefques?Et  il  dit,  Pource  qu'ils  eftoyent  hereti- 
^uesTattendoy  e  bien  qu'il  me  deuft  tenir  quelque  bon  propos!  mais  il  ne  me  propofà  rie 
pour  me  conucincre  finonfonàuthotité.  Il  m'aceufoit  queiedifeordoye  dêl'Eglife  cathb 
lrque,me  demandant  où  eftoit  l'Eghfe  catholique  deuant  le  temps  du  roy  Edouard .  Et  ie 
demâday  dautreparti  où  eftoitleur  eglife  du  temps  du  prophète  Helie  ou  deTefus  Chrift. 
11  refpondit,  Le  prophète  Helie  ne  s'eft  plaint  que  contre  les  dix  lignées  qui  s'eftoyént  re-; 
•uoltees  de  la  maifon  de  Dauid.  Cependantfurmnt  môfieur  Rogicr ,  vn  des  principaux  de 
îâ villejlequel  fé  faifoit fôrt  qu'il  me  refpondrôit félon  lecontenu  de l'hiftoircMais  l'Euef- 
que  rompantle  propos,  ordonna  queie  fuïïè  mr  fKeurecnimèrie  en  la  tour:&  quâdil  au- 
roit  vîiîté  ion  diocefe,  il  trouueroit  moyen  àfon  retour  de chaflèr  hors  tels  loups  .  Môfieur 
Rogier  1  admonnefta  qu'il  n'attentaft  rien  plus  pour  cefte  nuict-lâ ,  iufques  à  ce  qu'ils  euf. 
fent  délibéré entr'eux  qu'on  feroit  de  moy  ;  Sur  Cela  ic  di  àl'Euelque  >  En  quelle  part  que 
me  flciez  trafporter,ie  fuis  preft  d'y  obtempérer .  vfézde  voftre'authof  ité  corne  bon  vous 
femblera.Parquoy  iefu menéenh  prifon  commune.    ^"Lelendemain au  matin  vn  cô- 
pagnon  de  cefte  prifon  rnaduertitque  i'eufle  à  mapprefter  viftement  pour  aller  fur  les 
champs:  &  que  ce  iour  mefme  on  me  deuoittraniporter  hors  delà  auec  mes  autres  compa 
gnons  prifonniers,pour  nous  mener  tous  à  Lytchfeld,pour  y  efere  traitez  félon  la  fantaûe 
de  l'Euefque.Cela  de  commencement  me  mit  en  grand  fouci  .  &  defait,ie  craignoye  bien 
qu'il  rf  âduint{ou  à  caufedu  mauuais,  traitemét  de  rEùeftmc,ou  à  câuie  de  malongue  ma- 
ladie qui  m'auoit  du  tout  exténue  )  que  la  mort  me  furprint  en  la  prifon  auant  que  îeulTc 
loifir  de  défendre  macaufe  deuant  les  luges.  Mais  ie  ebrrigeay  facilement  cefte  deffiànce, 
mepropofantdeuât  les  yeux  des  plus  exprés  tefmoignâges  que  ie  peu  recueillir  prbmpte- 
ment  de  la  parolle  de  Diéu.penfant  aiftu  en  moy-melmécCom  ment? Dieu  n  eft-il  pas  fort  &rB 
&puilïântauffi  bien  à  Litchfel<f  commeàConuentrieîLes  villes  &  régions  peuuent-clles  rcpouiTcr 
diftinguer  fapromeffe.?Neft-ellepas  également ef^arfé&eftenduepartoutîleremie,  A-  toùtcs tcn" 
bacuC)Daniel,  Mifac,  &  autres  ont-ils  moins  fenti  Dieu  es  prifons ,  ou  quand  ils  eftoyent 
chaffez  &c  bannis,quc  lors  qu'ils  demeuroyent  en  la  terre  de  leur  naifiânce?Icclui  fait  bien 
où  nous  fommes,de  quelles  chofes  nous  auons  befbimlui-mefmeauflîfait  bien  le  nombre  Mat{jo  ^ 
de  tous  les  cheueux  de  nos  teftesriàns  la  volonté  duquel  vn  petit  oifeau  mefmé  ne  tombe- 
ra point  en  terre .  Tant  que  nous  mettrons  noftre  efperance  &  fiance  en  luy ,  iamais  il  ne 
nous  deftituera  de fon  fecours ,  foit  en  la  prifon  ou  hors  delà  prifon ,  ou  en  la  maladie ,  ou 
hors  delà  maladie,  foit  en  la  vie  ou  en  la  m  ort,foit  que  nous  foyons  prefentez  deuant  les 
Rois  &  Princes  ou  deuatles  Euefques.Brief,le  diable  méfmc&  les  porte*  d'enfer  ne  pour-  Matt.1^.18 
rontrienài'encontiedenous.  ^En  méditant  ces  chofes  &  autres,  iereprins  finalement 
courage,&:  râmenay  la  confolation  qui  s'enfuyoit  de  moy :de  telle  façon  que  quâd  i'eu  en- 
tendu qu'aucuns  difoyent  qu'on  ne  pouuoit  trouuer  en  toute  la  ville  autant  decheuaux 
qu'il  fuffifoit  pour  nous  traîner, ie  di  que  ie  ne  mefoucioye  point  quad  on  nous  traineroit 
dedans  des  tombereaux  à  fumier  à  la  mort .  Toutefois  à  la  perfuafion  d'aucunsamis  i'ef- 
criuilettres  au  Maire&autres  officiers  delavilleen  cefteforme: 

Ie  p  e  n  s  e  ,MeflîeurSj  que  vous  fauez  bien  qu'il  y  a  défia  fept  ans  que  fuis  detenude  Lettrti  ic 
grieuemaladie  :  ce'que  mon  Geôlier  pourra  auffi  teftifier ,  &  tous  les  voifins  quinabiterit  fupphatioflf 
ici  alentour:  voire  ma  maladie  eft  telle,  qu'à  grand' peine  me  pourra-on  ofter  d'ici  fans 
danger  de  mourir.  Et  pource  que  par  voftre  commandement  i'ay  efté  mis  en  cefte  voftre  * 
prifon,ie  defireroye{fi  c'eftoit  voftre  plaifir  )que  mon  procès  me  fuft  ici  fait .  Que  fi  de  vo- 
ftre authorité  vous  faites  ce  dont  ie  vous  req  uier ,  ie receuray  cela  de  vous  comme  vn  fin- 
gulier  bien ,du quel  fauray  perpétuelle  fouuenance.  Sinon,  ie  prie  afreéhieufement  noftre 
bon  Dieu ,  qu'il  ne  vous  impute  point  cefte  faute  en  ce  grand  iour ,  auquel  il  faudra  que 
nous  comparoiffions  tous  deuant  fon  fiegeiudicial,  fiege  d'equité,où  chacun  rendra  con- 
te de  fa  vie  &c  de  fes  fautes ,  &:  receura  guerdon  digne  de  fes  œuures  fans  acception  de  per* 
fonne.  Voftre  poureprùonruer   Robe*  t  Gi  o  r  1  r. 

-  .       .  Rr.  mi. 


L*Wo  V.  Robert  (j  louer 

i/inUra-         nemcfr  aucunerefponfeàces  miennes  lettres  .le  pefeq  l'Euefqucenfùt  caufe,  & 
oiré  tenue  à  ^  le  Chancelierdefquels  après  auoir  veu  mes  lettres,onc  pcnlé  qu'il  falloir  tat  Dluftoft  a- 
Giw«en  C  uanccr  nia  mort. Et  fay  quelque  conie&ure  qui  me  fait  penier  q ces  deux-ci  nc*tendoyét 
la  p rifon,    à  autre  but  finon  de  m  opprimer  fecretement  en  prifon  en  quelque  forte  q  cefuft ,  auât  q 
fuiTe  admis  à  defédre  ma  caufeicar  ils  mont  traité  d'vne  faço  qui  m'eft  allez  fuffifant  argu 
ment  pour  me  taire  peler  ceci.  Ainli  onordônagens  qui  nous  deuoyé't  mener  deConue- 
tric  a  Litchfeld,  &:  nous  fit-on  môter  à  chcual  vn  lour  de  Vcdredy  enuirô  les  onze  heures: 
cela  fc  fnarin  qfulîîôs  en  fpe&acleà  pluficurs,  &:  afin  qu'ils  embrafaifent  le  peuple  contre 
nous,  comme  s'iln'euft  point  efté  dclîaaflczcnucnimé.Ils  firent  fur  l'heure  lire  les  lettres 
patentes, par  lelquclles  on  defendoit  les  liures  de  tous  bons  autheurs,&  les  commentaires 
fur  la  tainde  Elcriture.Nous  nous  mifmes  donc  en  chemin,  &c  en  bien  peu  de  temps  nous 
arnuafmcs  à  Litchfeld ,  &  logeafmes  en  l'hoftellerie  du  Cigne ,  où  nous  fufmcs  allez  hu- 
tfer  mainement  traitez.  Apres  foupélephcotferuiteur  du  Châcelier  vint  vers  nous,en  la  gar- 
uitoïdu""  de  duquel  nous  fufmes  lors  liurcz.  Nous  le  priâmes  inftamment  qu'il  nous  fuftloilible  de 
chancelier,  repofer  cefte  nui&  en  l'hofteilerie.  Premieremét  il  nous  accorda  noftre  requefte:  mais  de- 
puis ,  foit  que  ce  fuftà  la  folicitation  des  autres ,  ou  de  fon  propre  mouuement,  il  le  dcfdic 
de  la  promené  qu'il  nous  auoit  faite.  Ettoutfoudain  accompagne  de  beaucoup  de  com- 
plices, il  nous  tira  de  là  en  la  prifon  :1e  peuple  eftant  touteftonné  de  nous  voir.  1ère- 
monftray  derechef  à  Iephcot ,  qu'il  euft  à  taire  fa  charge  auec  bénignité  :  autrement  «uge- 
mentfansmifericorde  eftoit  préparé  à  ceux  qui  ne  font  point  demifèricordeeniuftice. 
ïaq.i.i}     Mais  voici  qllc  mifericorde  ie  peu  obtenir  de  luy  pour  toute  ma  remoftrâce,  il  me  mit  feul 
corde  des   au  ^eu  *e  ^us  ^as  ^  Pro^n£^  de  toutela  prifon,  eftroit  &C  obfcur  à  horreur ,  Pour  toute  lu- 
miere  il  y  auoit  vnc  fendauc  qui  donnoit  de  trauers  vn  bien  peu  de  clarté.  On  ne  me  dôna 
rien  qui  fuit  pour  auoir  quelque  repos  ou  allégement  à  mon  poure  corps,  n'efcabelle ,  ne 
bac  n'autre  chofe  quelcôquc  pour  m'afleoir ,  finon  que  ce  feruiteur  Iephcot  me  fit  bailler 
vn  peu  de  paille  en  heu  de  li&  pour  cette  nuict-la .  Mon  Dieu  par  fà  bonté  infinie  me  don- 
na fi  grande  patience  à  porter  toutes  ces  violences  &  oppreflion*que  quand  il  m'euft  fal- 
lu mourir  cefte  nui&-la,i'eftoy  e  du  tout  difpofé  à  l'endurer. 

Le  lendemain  Iephcocaccôpagné  dcPerféferuitftH:  de  l'Euefque,  venant  de  bon  ma- 
tin vers  moy,iecommençayàmepleindre,  Voici  vngrarîd outrage  qu'on  me  fait:  leSei. 
gneur  nous  doint  patience.  Ils  me  permirent  de  recouurcr  vn  lift  où  ie  pourroye repofer. 
Au  refte,ils  ne  me  voulurent  iamais  ottroyer  que  quelqueami  me  vinft  voir,  combien  qu* 
ils  me  viffent  en  grand  danger  de  ma  vie:  mcfmc  ne  me  voulurét  accorder  ny  encre  ne  plu 
me  ne  papier,neliure  quelconque,  excepté  vn  nouueau  Teftamcnt  en  Latin  ,&  vn  petit 
liure  de  prières  que  i'auoye  apporté  auec  moy  comme  à  la  defrobée .  Deux  iours  après ,  le 
Chancelier  &:  vn  Chanoine  du  lieu  lequel  on  nommoit  Temfée ,  vinrent  vers  moy, pour 
m'exhorter  d'obéir  à  mon  Euefque,&  me  firent  proteftation  qu  ils  ne  me  vouloyentnon 
plus  de  mal  qu'à  leur  propre  ame.  Il  (c  peut  faire  quele  Châcelier  metint  ce  propos  pour- 
ce  que  peu  auparauant  i'auoye  dit  à  Conuentrie  qu'il  machinoit  vnc  ruine  iniufte  contre 
moy.  A  (on  exhortation  ie  fy  prcfquc  cette  refpôfe,Que  volôtier  rendroye  obeifïance  à  ecl 
di^Vs  *c  ^S^lc  4ui  auu*  k ^UDmcl  ^  *a  pMWlie de  Dieu.Et  il  me  dit,  Comment  cognoiftrois-tu  la 
graîdcqïe  parolle  de  Dicu,fi  l'Eglife  ne  te  la  monftre&  enfeigne?  L'Eglife,di-ic,monftxe  quelle  eft  la 
iaparoUe.  parollede  Dieu.maisellen'eft  pas  pourtant  par  defTus.Iean  Baptiftemonftrelefus  Chrift 
au  peuplers  enfuit-il  que  Iean  Baptiftefoit  par  deflus  Iefus  Chrift  ?  Ou  fi  ie  monftre  qui  eft 
le  Roy  a  quelcun  qui  nelelauroitpas,  direz-vous  pour  cela  que  ie  fuis  par  de/Tus  le  Roy? 
Le  Chancelier  eut  la  bouche  clofe,&  ne  pourfuyuit  point  plus  outre  fon  argument,  duant 
pour  toute  réplique  qu'il  n'eftoit  point  là  venu  pour  difputer. 

L  E  fruiâ  des  prieres.Ia  rcfponfç  &  folution  aux  tentations  que  les  fidèles  peuueot  auoir  fouffrans  pour  la  Teri- 

té,font  icy  exprimez. 

Pr  e  s  cela  icfu  huit  iours  cii  la  prifon,  fans  que  perfonne  me  vint  faire  fafcherie 
L  gr  éliras  quelconque^  on  pas  de  parolles  ieulement,  iufqucs  à  la  venue deTEuefque.  Ccpé- 
desprierct.  ûant  i'cmployay  tout  ce  temps  la  en  prières  àc  oraifohs  :  &:  cela  me  profita  grandement  & 
au  corps  &l  à  lamc.Car  ma  maladie  lé  diminuoit  de  iour  en  iour,&  de  plus  en  plus  le  repos 
de  ma  confeience  s'augmenroit:&:  fouuent  ie  féhtoye  des  confblations  enuoyces  par  la gra 
ce  du  fain&  Efprit,&  quelquefois  vn  gouft  allez  fenfiblc  de  la  vie  &c  béatitude  éternelle:  & 
ce  par  le  m  oy  en  de  ce  grand  Seigneur  Iefus  Chrift  Fils  Vniquc  de  Dieu,  auquel  foit  hôneur 

&  gloire 


Robert  (flouer,  j/s 

&  gloire  à  iamais,  Amen.^Cepcndant  le  vieil  lèrpent  ennemy  de  noftre  falut,rncdreflbit 
fouuentdesembufehés. tantoft  meptoporoit combjéils'enfaJloitqueicfuiredigned'vn  j^deT 
honneur  d'vne  celle  vocatiomailauoir  que  ie  fufle  mis  au  rang  dë  ceux  qui  auovéc  Ibu/terfc 
pour  le  teimoignage  del'Euangile:  ie  repouiîày  facilement  ces  cogitations  volages,  ayant 
mon  refuge  à  la  parole  de  Dieu,&:  faùant  vn  tel  argument  en  moy-melme:Quels  ont  elle 
ceux  que  Dieu  a  daigné  choifir  dés  le  commencement  pour  eftrèteimoins  defaparolle 
&;  do&rine?  n'ont-ils  point  efté  hommesfuiets  à  péché ,  infidélité  &:  beaucoup  d'infirmir 
tézîNoé,  Abraham  &  Dauid  n'eftoyent-ils  pas  rels?Barnabas&:  Paul  auifi,qu'cftoyent-ils?  J^™  n  *5 
Qui  eft-ce  qui  a  le  premier  baillé  quelque  choie  à  Dieu,  &:  il  luy  fera  rendu  ?  Qu'as-tu  que  iean  i.r^7 
ne  ï'ayes  receu.?Et  Iean  Baptifte  disque  nous  auons  tous  receu  de  là  plénitude.  Nul  n'a  ia-  lean 
mais  rien  apporté  à  Dieu,  mais  toutes  chofes  viennent  deluy.&:  les  hommes  ne  l'ont  éleu  pf°^,^ 
ou  aimé  les  premicrs,maisc'eft  luy  qui  les  a  premièrement  aimez:  voire  aimez  lors  qu'ils 
eftoyenc  ennemis,^  vuydes  de  toute  vertu.  Ceft  le  Seigneur  de  tous,riche  enuérs  tous,  Se 
fur  tous  ceux  qui  l'inuoquent,{àns  acception  des  perfonnes .  11  eft  dit  parle  Prophète,  Le 
Seigneur  eft  près  de  tous  ceux  qui  rinuoquétaleft  preft  de  tendre  la  main  à  tous  ceux  qui 
implorent  fa  clémence  &  nuïericorde  auec  vne  vraye  fby  &  repemance ,  en  quelque  lieu 
&c  temps  que  ce  foit .  Ce  n  eft  point  arrogance  ou  prefomption ,  quand  nous  aiTeurans  de 
•fespromeiTes,nous  nous  glorifions  de  l'on  lccours,en  quelque  dager  ou  angoilTe  que  nous 
foyonsconftitueZ:nonpas  quenous  méritions  quelque  guerdon,  mais  cela  eft  parla  fian- 
ce que  nous  auons  aux  promelTes  de  Dieu  eh  fon  Fils  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift ,  par  le  Ebr.4.i* 
lèul  moyen  duquel  tous  ceux  qui  voudront  venir  au  throne  de  la  grâce  du  Pei  e,  lèron  t  im. 
failliblement  receus,&:  obtiendront  ce  qui  lèra  expédient  pour  leur  làlut ,  non  feulement 
du  corps,mais  fur  tout  de  lame  :  &:  ce  plus  libéralement  &  en  plus  grande  abondace  beau- 
coup qu'ils  n'ont  ofé  efperer  ne  defirér.Sa  parole  ne  peu  t  mentir  ne  fruftrer,Inuoque  moy  pfc**M°if 
au  iour  de  ta  tribulation,dit-il,&:  iet'exauceray,&  tu  meglorifieras .    COutreplus,ie  réf.  Comm£t  t\ 
pondi  ainfi  à  mon  adueriâire  le  Diable.  le  £ay  &  cohfe/Te  queie  fuis  pécheur du  tout  in-  fautrepouf- 
digne  d  eftre  mis  au  rang  des  teimdins  de  la  parolle  de  Dieu:  quoy  dondlairroy'-ie  à  main-  fcr  Satan 
tenir  vne  caufe  fi  làin&e  pour  celle  railbn  que  ie  fuis  pécheur  àc  indigne?  O  r  que  fèroy -ie 
autre  chofe  par  cela,finon  d'indigne  me  rédreaufli  infame?car  quel  plus  grâd  péché  pour- 
roit-on  commettre,que  de  nier  la  vérité  de  rEuâgilcîQui  aura  eu  honte  de  moy,qUt  le  Sei-  Mart  8 
gneur,deuant  les  hommes,i  auray  honte  de  luy  deuant  mon  Pere&  lès  Anges.Mais  par  v- 
ne  mefme  railbn  il  me  faudroi  t  lailfer  tous  fes  commandemens  &l  tous  les  detioirs  de  reli- 
gion: comme  fi  en  voulant  faire  orailbn  lediablememettoitenauanç  queie  nefuis  pas  di 
gne  de  leuer  les  yeux  au  cielilaïrroy  -ie  pourtant  deprier?Et  ne  medeporteroy'-ie  point  dé 
defrober  ou  commettre  m  eu  itre*  pour  dire  que  ie  ne  fuis  pas  digne  de  fuiure  les  ordonnan- 
ces de  Dieu?  Telles  fraudes  &c  tromperies  procèdent  de  Satan ,  ld"quelles  nous  deuons  re- 
poulTer  par  fain&es  pneres,&  falutaires  remèdes  pris  des Efcriturés. 

Qv^a  n  d  l'EuelquefutarriuéàLitchfeîdjiefu^ 
chambre  prochaine  du  lieu  où  il  eftoit.Et  ne  vy  là  que  TEuelque  &:  lès  fuppofts  &:  officiers 
plus  familiers,finon  qu'auec  eux  il  y  auoit  vn  preftre  ou  deux.  De  première  entrée  ie  fu  e- 
ftonnédelesvoir:mais  tout  incontinent  fefleuay  mon  cœur  à  Dieu,  &lepriay  de  bonne 
affettion  qu'il  luy  pleuft  mefecourir  &:  donner  force  en  l'eftat  ouf  eiloye.L'Euefquecorri- 
mença  me  dire,Quel  paiTe-temps  ou  plaifir  ie  trouuoye  d'eftre  en  prilbn .  le  ne  voulu  pas 
»  refpondreàvnequéftiorififriuole:  parquoy  pouf hvyuant  fon  propos,  il  tafcha  de  meper- 
fuader  par  belles  parolles,que  ievouluflèeftremébre  de  celle  eglilè,  qui  auoit  duré  fi  lon- 
gue efpace  de  temps:  remonftrant  d'autre  part  que  mon  eglilè  n'auoit  eu  fon  commence- 
ment que  depuis  le  roV  Henry  huitième  Edouard  Ion  fils,&:  que  deuant  ce  temps-la  nul 
nel'auoitcognéuèï  ^  Ma  refponle  à  cela  fut,queie  vouioyeeftre membre  de  celle  Eglilè 
qui  eftoit  fondée  fur  les  Apoftres  &C  Prophètes  en  Iefus  Chrift ,  qui  eft  la  maiftreflè  pierre  Ephef.iac 
du  coing .  &  fur  cela  i  alleguoye  le  palTage  de  làincl  Paul  au  lëcond  des  Ephefies:&  mainte- 
noye  que  celle  Eglile  auoit  éfté  dés  le  commencement.  Et  combien*  qu'il  n'y  eu  ft  nulle  o- 
ftentation  ne  magnificence  extérieure  en  icelle,  toutefois  il  nefe  faloit  point  eibahïr  pour 
cela,  veu  queftant  agitée  de  croix  &:  affli&ions  prefques  perpétuelles,  à  grand*  peine  a-elle 
iamais  eu  loilir  de  refpirer  à  caufe  des  oppreffions  des  tyrans .  AToppofite  l'Euéfqucde- 
batoit  que  î'Eglife  eftoit  pàr  deuers  eux.Et  ie  luy  dy,quede  celle  mefme  façon  toute  la  cô- 
gtegation  deleglile  crioit  anciennement  côtrê  les  Prophètes  en  Ierufalem,  Le  temple  du  tetm.?.* 


LiurcjV* 


Seigneur^Lc  temptedu  Seigneur  ^  A  toutes  foi  j  que  ie  tafchoye  de  dire  quelque  chofe 
pour  ma  genta  ceft  Eoelque  me  dilbit,  Tay  tqyx'êft  à  moy  à  parler  :  le  te  fay  comman- 
dement que  tu  tctailes  fcloni'obcuTance  que  tu  me  dois .  Il  mappeloît  orgueilleux &  e£ 
frontcheretique.Puis  Hefmeutienefay  quelles  queftions  contre  moy  :  mais  d'autant  que 
tout  «e-qu'il  debatok  n'eftoyent  que  choies  friooles,  ie  ne  luy  voulu  pas  r dpondre,  requé- 
rant la  caufc  eftre  ouye &C  debatue  en  pleine  lumière .  Neantmoins  il  infïftoit ,  &c  me  pref* 
loitdebien  pre*  à  refpondrc.  Finalement  me  menaça  qu'il  mcrenuoycr<>iten  ma  prnori 
oblcure,  en  laquelle  il  me  feroit  tenir  fans  viande  ne  breuuâge,iuiquesace  queluyeufle' 
refpondu.  Alors  i'efleuay  mes  yeux  &mon  erprità  Dieu>&:  le  priay  en  moy-mefme 
que  Ion  bon  platfir  fiift  me  donner  hardiefle  de  ref'pondre ,  conuenableà  fà  fâin&edo&ri- 
Soaqncns.  nC&  bonne  volonté.  ^  Voicy  quelle  eftoit  l'a  première  interrogation  :  Combien  de  Sa- 
cremerte  eftoyet  ordonnez  par  Icfus  Chrift.Ierd'pôdy qu'il  n'y  en  auoit  quedeux,le  Bap.' 
tcime&la  fain&c  Cene.il  me  dit,  N'y  en  âJlpoint  outre  ces  deux-cy  ?  Iedy  que  les  Mrni- 
ftres  nddesontautboritepar  la  parolle  de  Dieu  de  -prononcer  la  remiffion  des  péchez  fie 
oftenfesa  ceux  qui  monftrentvnevraye  repentaneede  lcurmauuaifeviepairée.  L'Euef- 
quedebatok que i auoye  dk  quec'eftok  vn  fàcremcnt.  & depuist>nne  luy  peut  periuàdcr 
que  ie  n'euiTcdit  que  c'eftok  vn  facrement .  Icne  voulu  point  debatreopiniaftrement  de 
cela  contre  luy,  &  ne  me  lem  blokgrandcmertt  feruirà  la  matière:  combien* qu  il  meflft 
tort,f aifaac  à  croire  que  ie  l'auoy  e  appelé  facrement. 

Outreplus,il  medemandafi  i'approuuoye  ta  confcflîon.Icdy  que  non.Binalemêc  nous 
tombafmes  fur  le  propos  de  la  prefêncc  du  vray  corps  au  Sacrement,  le  refpôndy  que  de 
leur  Méfie  il  mefembloit  quelle  neftoitne  facrement  ne  facrifjce,  d'autant  qu'iklede. 
ftournoyent  delà  vraye inftitution  &:  ordonnancédelefus  Chrift,  voire  l'âuoycnr  du  tout 
anéantie 6c  quand ilslauroyent  remife en  Ton  eftat ,  qu'alors  ie refpondroye  ce  que  ie fen-> 
toye  de  la  preièneede  Icfus  Chrift  au  Sacrement.    Ainfîcft,    Ro  n  r  t  Gi  o  r  e  r. 

Voy  l  a  ce  que  nous  auons  peu  retirer  des  eferits  de  ce  fâinft  perfbnnage,  auquel  les 
aduerfaires  ne  donnèrent  loinrd'eferire  plus  auant  :car  incontinent  après,  fa  lèntcncede 
mort  luy  ayant  efté  prononcée,tut  mené  au  dernier  fupplice,&:  bruflé  a  Conuentrieauec 
c.Bungaye.  vnaurre  nommé  Corneille  Bvngaye  i  l'an  m.  Dav,  ledixneufîemciourdu 
mois  de  Se  membre. 


La  cofcfsic 


Meflc. 


MD.LV 


IE  AN   WEB,  GEORGE  R  O  P  E  R>  <&emtm. 

A  perfecutionrucaipreen  Angleterreau  mois  d'Oftobre de  celle annédplu- 
iieurs  fîdeics  endurèrent  la  momies  vns  exécutez  publiquemét,  les  autrespar 
tourmenr des  priions.  Lefeiziemedudièmoislean  Vveb  , gentil-homme  de 
bonne  malfOn,G  e  o  r  g  e  Ro  p  e  R,&aumGR  f.  g  o  i  r  e  P  a  i  n  t  e  r  fure  t 
briifles  en  'a  Vflle  de  Cantorbery.  Gvzllavmi  VV  i  5  s  e  m  a  k  mourut  en  la 
toiirde<Lolbr<ts  en  la  ville  de  Londres.  Vnnômé  I  a  m  e  s  G  o  r  i  e  mourutenprL 
fon  à  ColCeftreVCemetme  moiscfO&obre  apporta  finaux  tourmés  que  Nicolas  Ridley 
&:  Hugues  A-atimei -wai  £v  deuanr  foultenus,  dciquels  maintenant  nous  auons  à  traiter 
rhiftoire. 


M.D.LV 


NICOLAS    RIDLEY,  euefreie  Lovdm, 

C  E  S  T  exempt* noat  propo{rq.ueile  dow  eft*c  hoftre  condition  en  quelque  eftat  ou  dignité  qae  foyons,afifi  de  n'e» 
Are  trop  eftonjwz  quidDict»  fooderaiiollf  e  toy  :i ur  towt,aprei  que  nous  aurons  fait  profefuon  de  fadodrintf. 
CeftEuefqqe3v  Hugu«  Latimer  ont'grande ment  inftruit  l'Angleterre  en  la  doârine  de  b  Cene ,  contre  la 
.  Traniïubttantiation 6? autres impofturesdeia Mefleilsiont morts enferable au mefmcîift d'honneur. 

1  nousfaifbnscomparâifbndeiamncre  des  Anglois,  àcelîequenouslifons 
des  autres  nations  :  on  ne  rrouuera  point  delà  fouuenancedcs  hommes  ex- 
emple plus  mémorable  ne  miroir  plus' darr  oourc^nrcmplcrd'vn  cofte'la 
mifericoTdedeDietl'î&  dcrautrcfaiùlBce,  queceiuy  qui  nous  prdcntr  en- 
ce  temps  la  delolation  d'Angleterre .  Qu'ainfi  foie,  n 'a-ce  pas  efte  vnc  grâce 

fpcciale 


fpeciale  du  Sa'gneur,d  y  auoiï  mis  l'enfeïgne  de  fon  Euangilé  :  non  feulement  plantée  par 
tout  le  pays,  mais  àuffi  par  les  contrées  qui  luy  (ont  fuiéttés?  D'autre  cou"  é,  h'eft-ce  pas  vne 
bonté  6c mifêificorde  auffi  fingulicre dV auoirdônc  puis ajpces  teDé femence de  l'Eu&ngfc 
par  vnfahg  dé  Martyrs  excellent  en  pieté  &  doètnne,que  non  feulement  l'Angleterre, 
mais  âufli  les  autres  pays  &:  nations  qui  en  oyent  parler  -en  font  édifiez  6c  ffclaircz  ?  Entre 
dès  martyrs*  N'î  c  o  lAsRiptt  t  iffudénoblemaifonaupaysdeEh.inelme,ciieft 
vndes  prémiérs.,  dautatqu'âuec  érudition  il  auoit  vn  lele  prompt  &  ardent, &toufiour s 
dreffé  pour  auancet  6c  fouftenir  la  gloire  du  Seigneur:  ayant  f>our  aides  les  bonnes  lettres 
&C  langues, efquelies  dés  fa  première  ieunefTe  il  auoit  efté  mftitué  en  l'vniuerfké  de  Carn- 
brige,an  collège  de  Pembroch.Du  viuânt  du  bon  roy  Edouard  VI,ilfut  ordonné  euefque 
de  Rocheftre  :  6c  depuis  eucfque  de  Londres  :  mais  âpres  le  trefpasdudit  Roy  les  ennemis 
de  î'Euahgile,&:  fur  tous  Efticiine  Gàrdiner,appelé  euefcjue  de  V  vinceftre,luy  dreffa  tou- 
tes les  embu  j  ehes  6c  fàfcheries  qu'il  fut  polfible  d'inuenter.  En  premier  lieu ,  ayant  efté  ad- 
iourne  a  trois  briefs  îOurs ,  fut  conftitue  prifonnier ,  6c  mis  entre  les  mains  de  certains  fer* 
gens?  bien  inftruits  à  faire  tout  outrage  6c  violence:  6c  ruténfetméen  prifon  obfcure,& 
tourmenté  longuement,  voire  &  en  plufieurs  façons.  Apres  qu'il  y  eutdemeuré  certain 
temps,  fe  voyant  enuiron  né  de  toutes  pars  de  la  haine  des  Papilles,  voyant  au  ffi  que  tout 
eftoit  plein  de  rraudc,defloyàuté  &rrahifon,ilprel'étarequefte  qu'on  deleguaft  iuges  qui 
prinfent  cognoiffance  de  fâ  caufe ,  6c  qu'il  en  fuit  eftably  vn  tel  nombre  qu'on  fe  peuft  af- 
lëurer  quel  équité  d'iceux  nepourroit  eftre  corrompue  par  dons,  ne  varier  par  faneur,  ou 
flefehir  decrainre.Etpource  qu'il  eftoit  queftion  delidoâ:rine&:  religion,  Qu'il  euft  àref- 
pondredeUanrgens  de  boniugément&fauoir.  Or  la  plus  grade  confolation  quécelaind 
pérfonnage  eutieftant  en  la  prifon ,  ce  fut  par  eferits  familiers  qu'il  eut  fpecialement  auco 
Hugues  Latimer  autrefois  cuelqué  de  Vvorçeftre,<mid5vn  mcfme  tepsauffî  eftoit  prifon- 
nier pour  vne  mdmecàu{è:dortt  cy  après  ièra  traite. 

Pe  n  d  a  n  t  fonemprifonnement,lesaduerfairesGardiner,Tonftall,  Boner,Hethr 
Dav>  Vvefton,&  autres  tels  èftafiers  du  Pape ,  mbornerent  des  hommes  cauteleux  6c  bien 
exercez  en  toutes  rufes  6c  tromperies ,  qui  vindrent  dire  à  Ridley  vfans  de  prières  6c  pro- 
roefTes:&  l'exhortèrent  à  bien  penfer  de  quelle  dignité  *  de  quels  Honneurs  6c  eftat  il  eftoit 
decheu:que  s'il  vôuloit  fuyure  le  confèîl  qu'ils  luy  donneroyent,  6c  s  accomoder  au  tem ps, 
ils  luy  expofent  le  bien  quiluy  en  reuiendroit ,  6c  quela  Roineluy  promettoit  fort  ample- 
ment. Orcesgalansvoyans  qu'ils  ne  le  pou uoyent  aucunement  diuertir  de  fon  propos, 
6c  qu'on  ne  pourroiteoncenter  lepeuple,  finon  que  la  chofcfuft  décidée  par  difpute,ils  fe? 
baillèrent  a  vne  compagnie  de  gens  d'armes  pour  «ftrç  mené  à  Oxone,vniuerlité  enuiron 
deux iournées  de  Londres ,  &:  auec luy  Thomas  Cranmer  archeuefque  de  Cancorbery  6c 
Latimer,  lefquels  peu  de  temps  après  pour  la  mefme  religion  furent  aufîîbruflez.  Là  ay- 
ant efté  quelques  ioursmatte  par  prifon  on  l'enuoya quérir  poureftreamené  auxdifpu- 
tes ,  ou  pîuftoft  débats  publiques^  efquelles  eftoyent  venus  Papiftes  en  grand  nombre  dé 
toutes  les  contrées  du  royaume. mais  quelles  rifées*  quelles  moqueries  il  y  eut  du  cofté  des 
aduer,fairés,il  n'eft  béfoin  de  reciter.-mieux fera  d'employer  le  téps  à  extrairedu  traité  delà 
Çcne  que  ce fàinft  peribnnage  fit  én  la  prifon  j  chofes  neceilaires  à  édification  :  comment 
çant  par  l'oraifon  qui  s  enfuit* 

g]g5|E  r  e  celefte  qui  es  feulautheur& la  fource  de  verité,voire  la  profondeur  infinie  dé 
8jf|S  toute  cognoiffance,  nous  tefupplions,  nous  poures  miferables,  que  turemplifTes 
nos  cœurs  déton  faind  Efprit ,  &:  que  tu  efclairesnos  entendemens  delafplendeur  de  ta 
diuinegrace .  Ce  que  noustc  demandons  non  pas  en  confiance  de  nos  mérites ,  mais 
pourl'amourquetupoitesàtonFilsIefusChrift  noftre  Sauueur.  Car  tu  vois,  ôPere  dé- 
bonnaire, que  ce  différent  touchant  le  corps &lefang  de  ton  cher  filslefus,a  troublé  plus 
qu'on  ne  fàuroit  croiré  ta  poure  Egli("e,non  feuîcmét  à  prefènt ,  mais  il  y  a  ia  des  ans  beau- 
coupjtant  en  Angleterre  qu'en  France*  Allemagne&:  Italie.,  Et  ce  par  noftre  fauté,  com- 
me nous  le  confelfons,  entant  que  par  nos  démérites  nous  auons  tant  defoisprouoqué 
ton  ixt&c  ta  vengeance  fut  nous .  Mais  toy ,  Dieu  trefpitoyable,  pren  compaffion  de  tant 
de  maux,  &:  nous  monftrant  ta  faueur  ancienne,  fubuien  à  noft  ré  calamité.  Tu  fais  treC 
bien,Seignéur  ,commént  ce  m  iierable  monde,trâlporté  de  (es  pallions ,  âinfi  qu  vne  roue 
agitée  in çeffam ment  tantoft  d'vne  part  tantoft  dej'autrejne  penfepas  comment  il  obéira 
à  ta  faindé  volonté,màis  fculernént  conirric  il  pourra  fatisf  aire  à  lès  appétits  delordonhei 


L*Wo  V.  Nicolas  JRiJky. 

Car  quand  ily  a  repos,  &  que  les  perfecutions  celtent ,  chacun  veut  triompher  à  mainte* 
^a^cuïë nir^  vcr*tc'»&  n7  aceiuy  qui  ne  s  en  vueilic  méfier:  niais  fi  toft  qu'elle  apporte  auec  foy  la 
SEs.  croix  &  les  afflidions ,  effacun  incontinent  fond  &  s'efcoule  commela  cire  deuam  le  feu 
O  r  ce  né  pas  pour  ceuxJa  q  ic  prie  fi  ardcmet>fouuerain  Pere,  car  auffi  ce  neft  pas  pour 
eux  q  ie  fuis  en  telfoucy  :ains  pour  ces  pourcsirrfirrnes  &  tedres  >  qui  (ont  menez  d'vn  zele 
&  aftedion  de  te  cognoiftre ,  eftaas  neantmoins  retenus  par  les  rufes  &  finefles  de  Satan 
&  lès  fuppofts,&  empefehez  par  la  corruption  de  ceprefent  monde  mauuais,  ne  pcuuent 
paruenir  à  ta  cognoiilance .  Toutefois  Seigneur,  tu  lais  trefbien  que  nous ne  fom  mes  que, 
î.CorintLi  chair  &fange,&:  que  nul  bien  ne  refide  en  noftrcmiferablcnature:tant  s'en  faut  que  nous 
puiffions  cognoiftre  ce  qui  eft  vray  ou  ce  quieft  certain ,  finô  que  tu  nous  môftresla  voyc, 
voire  que  tu  nous  y  menés  parla  main .    Lhommefenfiiel  &laiiîé  en  la  nature,  peut-il 
cognoiftre  les  choies  qui  font  del'Efpnt  de  Dieu  ?Fay  donc ,  Seigneur,  que  ceux  defqucls 
tu  auras  enflammé  les  cœurs  de  ton  amour/oyent  par  toy  attirezT&  manifefte-leur  ta  fon- 
de volonté.Et  ne  permets.s'il  te  plaift,  qu'ils  ayent  leurs  entendemens  fi  aueuglez,  que  de 
s  oppoièr  à  toy ,  6c  tefaire  laguerre,  ainfi  que  ces  reprouuez  qui  crucifièrent  ton  Fils.  Par- 
donne-leur pluftoft  ceft  aueugiement,  puis  que  c'eft  par  ignorance  qu'ils  font  ces  chofes. 
Car  ils  penfent(tant  ils  fontinlenlez)qu'il  t'aiment  &  te  font  feruice  quand  ils  icttent  ainfî, 
leur  rage  à  i'encontre  de  toy  &:  des  tiens .  Aye  ic  te  prie,  fouuenance,Seigneur,  de  la  prière 
Aù.?'.      de  ton  fidèle tdmoinEftienne,  laquclleilfitpourfesenncmis  .Confidere  l'amour  fingu- 
Rom.?     licredeton  Apoftrecnuers  ceux  de  fa  nation ,  pourlefalutdelquelsil  dciîrdît  luy-mefme 
tuc  2J      cftre  £ejj>aré  de  toy.Et  ton  Fils  ton  bien-aimé  ne  pria-il  pas  ardémét  pour  ceux  qui  l'auoyéc 
crucifie>difant,  Per  e,pardonncleur,  car  ils  ne  fauent  qu'ils  font?  Parquoy,6  Dieu  éternel, 
te  plaiiè,  auec  la  merci  que  ie  te  requier  d'ottroyer  à  ces  poures  aueugies ,  fan  c  auflî  que  ie 
puiflè,  moyennant  ta  faindegrace,  traitter  icy  en  brief  le  myftere  deia  Cene  que  ton  Fils 
nous  a  inftituée,&  nous  a  efté  Iaifiee  par  eferit  en  tes  Euâgeliftes  &c  ApoPtrcs  :  afin  que  par 
lemoyende  ton  làindElprit,  qui  feuînous  peut  conduire &adreiTcr  à  la  vrayeintelligccc 
de  ta  parolle,  tous  ceux  qui  t'aiment  &:  feruenc  en  vérité ,  puiiTcnt  eftrc  refolu  s  &c  certains 
de  ce  qu'il  en  conu ient  tenir. 

Ma  th  îtf         f  Li  J  trois  Euangcliftes,aflauoir  Matthieu,Marc,&  Luc,  ont  les  premiers  eferit  la 
Maxc.14     Cene  que  noftre  Seigneur  fit  auec  les  diiciples:  mais  nul  ne  l'a  traittée  plus  clairementne 
Lucx*      plusamplementqueiàmdPaui,audixid"mechapitredela  première  Epiftre aux Corin- 
tjuens,  &c  encore  plus  exprciîément  &:  plus  clairement  au  chapitre  fuyuant .  Or  comme  il 
n'y  a  prefque  nulle  différence  es  parolles  entre  faind  Matthieu  &c  faind  Marc  :  auflî  y  a-il 
grande conuenarjee  entre  làind  Luc  &:  faind  Paul.  Tous  certes  comme  fortans  d'vne 
mefme  efcole,&:  inftrults  de  î'Efprit  du  fouuerain  Dodeur,onr  tout  d'vn  accord  traitté  v- 
ne  melmcçhofe,  c'eft  à  dire  la  melmc  vérité.  Voicy  comment  faind  Matthieu  deferit  la 
MatA.itf    forme  de  la  Cene  du  Seigneur  :    Quand  le  vejpre fut  venu  il  safîita  table  auec  les  douze,  &c.  Et 
comme  ikmangeoyent, le  Jus  print  dupam ,  &  après  quil  eut  rendu  grâces ,  il  le  rompit  &  le  donna  à  fis 
di/ciples,&  dit,Prtnex,,mange\,,  ceficy  mon  corps .  Et  ayant  pris  la  coupe,  &  rendu  grâces,  il  leur  don- 
na,difant,  BeuutZjen  tom:  carcefl-cy  monfangdunouueau  Teftament , lequel ejl  refpandu pour plu„ 
peurs  en  rcmtfîion  des  péchez^..  Et  ie  vous  dy,  le  ne  heuray  dorefenauant  de  cefruiil  de  vign  e ,  iufijues  à  ce 
jour-la  que  ie  le  heuray  nouueau  auec  vota  au  royaume  de  mon  Pere .    Saind  Marc  auffi  dit  la  m  ef- 
mechofeen  ces  termes: 
^         Et  comme  ils  mangeoyent,IefUsj>rint  du  pain ,  &  après  auotr rendu  grâces  le  rompit  :  puii  leur  en  donZ 
C'H     na ,     dit,Prene3i,  mangez^yCefi^cy  mon  corps .  Pu*  prenant  la  coupe  ,ilrenditgraces,&*  leurcndon- 
Hd:  (y  en  beurent  tom  :  0*  leurdit%  Ceft  cy  mon  fang  du  nouueau  Teftament,  qui  e$7  ejpandu  pour  plu~ 
fieurs .  En  verttéie  vont  dy,  que  ie  ne  heuray  dorefenauant  du  fruiH  de  la  vigne ,  tufqu  a  ce  iour-la  que  te  le 
heuray  nouueau  au  royaume  de  Dieu. 

Vous  voyez  que  faind  Matthieu  &:  faind  Marc  n'accordent  pas  feulement  en  la  chofe, 
mais  qu'ils  vfent  prefques  de  mefmes  mots  :  finon  que  faind  Matthieu  (  félon  qu'on  lit  en 
quelques  exemplaires  Grecs)  dit  que  le  Seigneur  Rendit  grâces  „&:  faind  Marc  qu  il  bénit: 
lefquels  mots  en  ceft  endroit ,  lignifient  vne  mcfmechole .  Derechef  faind  Matthieu  dit 
qu'il  cômanda  que  Tous  heuffent  delà  coupetSc  faind  Marc  dit  Qtuls  beurent  tous  à  theure.  En  ou- 
tre,le  premier  dit,Dece  frutcl:&.  l'autrc,£>«y>wc?,omettant  l'article.  Venons  maintenant 
aux  autres  deux,afin  que  nous  voyons  fcmblablement  en  quoy  ils  conuiénnét,&  en  quoy 
ilsdirîcrent.llyacnfaindLuc:  . 

Puit 


Nicolas  Ridky*  377 

puis  prini  du  pain,  &*  rendit  grâces,  tir  le  rompity&*  leurdonna,  lifaty  Cefl-cy  mon  corps ,  lequeleft  Luc  tt, 
donne pourvousfaitescecyen  mémoire  de  moy.  Semblablemcntaufît  leur  bailla  la  coupe après  fouper,  dL 
fant,  Cette coupe  ejl le nouueau  Teamentenmonfangyqut  êfl  refpandu  pour  vous.  Mais  f  ain&  Paul 
recite  couccccy  vn  peu  plus  au  long  en  ces  tctmes-Noslre  Seigneur  Iefus>lanuitl  en  laquelle  il  i£«u» 
JutHurtyprmtdupain  :  {payant  rendu  grâces, le  rompit  &  dit,  Prenez  mangez^ceft  cy  mon  corps  qut 
tjïrompupour  vous-faitcs  cecy  en  mémoire  de  moy.  Et femblablement  print  la  coupe ,  après  quil  eut  fou- 
péy  difanty  Cefte  coupe  ejl  le  nouueau  Teftamat  en  mon  fang faites  cecy  toutes  les  fou  que  vous  en  beuure\, 
en  mémoire  de  moy.car  toutes  les  fou  que  vous  mangertzje  pain,®*  beuure\de  cefle  coupe \vous  annon 
mtzj*  mort  du  Seigneur  y  lufjues  à  ce  cjuihicnne. 

Ik  appert  manifeftement  qu'au  lieu  que  fain&Luc  amis  £/r<W»é,  fainft  Paul  avfc 
de  ce  mot  f/?row^».Etcommefaintt  Lucaadioufté  ce  s  mots,jQ«/ efl  refyandu  pourvous ,  à 
ce  que  fainct  Paul  a  dit  de  la  coupe:  aufli  faincl  Paul  aconiointau  dire  de  laine*  Luccc 
qui  s' 'enfuit,  faites cecy  toutes  les fois  que  vous  en  beuurex,*  en  mémoire  demoy.Ce  qui  luit  en  làin& 
Paul  au  mefme  chapitre,  te  ce  qui  eft  contenu  au  précèdent,  appartient  a  la  vraye  co- 
gnouTance  de  la  Cene&  manière  de  la  célébrer  deué'mcnt ,  te  contient  parfaitement  le 
vray  vfaged'icelle. 

No  v  s  entendons  donc  tant  des  Euangeliftes  que  de  faincl  Paul ,  non  feulement  les 
parolles,  mais  auflî  le  faicl en  foy,  comme  noftre  Seigneur  IeiusChnft  a  inftitué  &di* 
ftribué  ceft  excellent  Sacrement  de  fon  corps  te  de  Ion  fang ,  en  mémoire  éternelle  de 
foy»  iufques  à  fon  retounde  foy,dy-ic,c  eft  à  ditCyde  fon  corps  huré pour  nous, te  de  fon  fange fpa- 
duenlaremipton  despeche^.    Or  celle  fbuuenance  ou  mémoire  qu'il  requiert  des  liens, 
neft  point  telle  qu'elle  doyueeftre  tenue  pour  chofe  de  petite  conlequence«mais  com- 
mec'eft  à  Iefus  Chrift  de  la  fufeiter  en  nous,  te  de  faire  que  nous  la  puilfions  appliquer  à 
cefte  inftitution,  entant  qu'il  eft  vray  Dieu  &:  vray  homme:  aufli  là  puiflance  diuine  fur- 
monte  te  outrepaife  infiniment  toutes  les  fouuenances  que  les  hommes  pourroyent  a- 
uoir,  tant  de  ce  qu'il  leur  attouchc  que  d'autre  choie  quelconque.  Car  qui  reçoit  ce  Sa-  Enla  cw 
creraét  félon  la reigle  te  manière  que  Chrift  l'a  inftitué  en  mémoire  de  luy,  il  reçoit  auf-  yU  s*; 
ii  ou  la  vie  ou  la  mort:  ce  que  nul  de  fain  jugement  ne  niera,  veu  que  c'eft(  à  mon  aduis)  mort,  &oe 
la  commune  opinion  &  foy  de  tous  Chreftiens.AuflifainttPaul  J'afferme  en  s'adrelîant  rej^lcr'tenrs 
aux  fidèles  qui  reçoyuentdeucment  ce  Sacrement,  il  parle  en  cefte  forte,  recoupe  debe^  £^  t,us 
nedi&iony  laquelle  nous  beniffonsy  nesl-ce  point  la  communion  du  fang  de  C  fw/??Puis  il  àdioufte ,  Le 
painque  nous  row^om,parlant  de  la  table  du  Seigneur ,  rieft-ce  point  la  communion  du  corps  de 
Chnsll S'enfuit  donc  que  ceux  quilont  vrayemét  participans  du  corps  te  du  fang  de  Iefus 
Chrift,  acquièrent  falut&  vie  éternelle.  Puis  vn  peu  après  parlant  des  infidèles,  il  les 
admonnefte  au  chapitre  fuyuant,  comme  cftans  en  vain  aflî«à  cefte  Table:  Quiconquey 
dit-il, mangera  ccpainy  &•  beuura  la  coupe  du  Seigneur  indignemei ,  // ftra  coulpable  du  corps  &  dufang 
duSeigneur.  Que  cerchons-nous  donc?  Souhaitons-nous  la  vie, ou  finous  délirons  eL 
chapperlamort?  Qu'y  a-il  plus  propre  ou  plus  conuenablc  à  cela  ,  qu'vn  chacun  s'ef- 
prouuefoy-mefmeauant  que  manger  «le  ce  pain,  &:  boire  de  cefte  coupe  ?  Car  certes 
quiconque  en  mange  ou  boitindignemenr,  il  mange  te  boit  fon  iugement ,  ne  décer- 
nant point  le  corpsdu  Seigneur,  &  ne  faifant  point  tel  honneur  comme  il  appartient  à 
vne  chofe  de  fi  grande  excellence.  Combien  qu'il  ne  faut  pas  pren  dre  ce  que  nous  auôs 
dit  des  fidèles  te  infidèles,  de  la  vie&  de  la  mort,comme  fi  nous  eftimions  que  la  vie  fuft 
reftituee  par  ce  moyen  aux  homes  qui  font  ia  morts  à  Dieu.  Car  comme  nul  ne  peut  e-  Des  deus. 
ftre  propre  à  r«eeuoir&:  vfer  des  viandes  defquelles  la  vie  humaine  eft  iuftentee&:  con- 
feruec ,  linon  qu'il  foit  premièrement  mis  au  monde,  te  fait  iouiifant  de  cefte  vie  :  aulîï 
certes  il  ne  fe  peut  faire  qu'aucun  prenne  la  nourriture  de  la  vie  éternelle  par  ce  Sacre- 
ment, finon  qu'il  foit  premièrement  régénéré  de  Dieu.    D'aucrepart  aufli  nul  ne  sac-  Des  reprou 
quiert  en  cecy  damnation,  que  Dieu  ne  l'ait  rèprouué  auant  la  conftitution  du  monde,  ucz. 
te  deftiné  à  mort  éternelle.    Et  comme  il  y  a  vn  confentemen  t  te  accord  en  cefte  do- 
ûrine,  aufli  n'y  a-il  perfonne  qui  n'ait  en  horreur  &detcftation  l'herciiedes  Meflalicns,  H,ft-  TriP- 
autrement  appelez  Euchytes,  qui  difoyent  que  les  viandes  fpintuelles  que  le  Seigneur  U,4'C  I1' 
donne  en  fa  Cene,ne  peuuent  rendre  l'homme  ne  pire  ne  meilleur  :  te  femblablement, 
ces  monftres  d' Anabap.  qui  ne  mettent  nulle  difFeréce  entre  la  Cene  du  Seign.&  la  viâ- 
de  qu'ils  mangét  ordinaireméten  leurs  maifôs:  or  la  nature  de  charité  eft  ,que  nous  fen 
tiôs  te  difiôs  vne  mefme  chofe  enféble.  Ceux-  la  doc  me  féblen  t  coulpables  q.  fans  jppos 
efmcuuét  queftiôs,lefquelles  ne  feruet  que  d'allumer  noifes  &:dilTenliôs,&:  qui  font  tel- 

Ss. 


Liur<uV.  Nicolas  Ridley. 

lés,que  tant  plus  elles  croi/Tent  &  font  entretenues ,  tant  plus  rendent-elles  les  homes 
ennemis  6l  fulpetcs  les  vns  aux  autres:tellemét  qu'on  ne  fauroit  trouucr  vne  pefte  plus 
petnicieufeou  morcelle,  pour  rompre  te  anéantir  du  tout  l'vnion  &c  concorde  Chre- 
ftiennc.  Et  qm  eft  celuy  qui  ne  fâche  que  celle  eft  la  nature  de  vericé ,  qu'elle  fe  défend 
allez  de  foy-mcfme ,  (ans  qu'il  luy  foie  befoin  de  s'aider  de  menfonges  ?  Car  le  différent 
qui  trouble  tant  auiourdhuy  l'Eglife ,  (  ie  dy  celuy  que  les  hommes  d'vne&r  d'aucre  part 
debatent)n'eft  pasaiîauoirmon  lileSacrcment  du  corps  &du  fangdc  Iefus  Chrift  eft 
plus  excellent  que  le  pain  commun,ou  nomou  fi  la  Table  du  Seigneur  a  plus  de  dignité 
que  celles  des  hommes  mortels,qui  qu'ils  lbycnt:ou  bien  fi  c'eft  leulement  le  ligne  &  la 
figure  de  Chnit,&:  rien  autre  chofe.  Car  nous  cous  afpirons  là,  <jue  le  pain  (juc  nota  rompons 
fait  la  communication  du  corps  de  chrtfl.  Et  n'y  a  pcrlonne  qui  foie  fi  impudent  de  nier  que  ce- 
luy  qui  aura  mangé  de  ce  pain,  &:  beu  de  cefte  coupe  indignement  fera  coulpable  de  la 
i.Cor.8.     more  du  Seigneur,  &c  qu'il  mangera  &  beura  fa  condamna:>on,/>o«rrt?  cjuilne  dtfcernc point 
le  corps  du  Seigneur.  Et  auflî  tous  confcilem  d'vne  voix  que  ces  parollcs  de  S.  Paul,  Si  nous 
mangeons,  nous  n'en  auons  rien  dauantage:&  fi  nous  ne  mangeons  point ,  nous  n'en  a- 
uons  point  moins, fcdoyuenc  entendre  des  viandes  ordinaires  donc  nous  vfons,&:  non 
de  la  Table  du  Seigneur.  Aucuns  debacent  que  Chrift  rompic  autre  chofe  que  ce  qu'il 
Marc  h-  auoitpris.  Caravane  prins  le  pain  (dilent-ils)  il  le  bénit (  cômefainft  Marc  tcfmoigne) 
tellement  que  par  la  vertu  de  cefte  bénédiction  il  châgea  la  nature  du  pain  en  la  béné- 
diction de  fon  corps.  &c  de  là  ils  veulent  conclure  que  Chrift  ne  rompit  pointlepaio, 
qui  pour  lors  neftoit  plus  pain,  ains  feulement  laforme&  la  figure  du  pain. 
Refponfc.      L  a  première  refponfe  m'eft  baillée  par  S.  Paul, lequel  confuteapertement  cefte  ref- 
ueiie  qu'on  dit  auoir  efté  née  au  cerueau  d'vn  certain  Innocent  Pape  :  &:  laquelle  après 
la  more,  fut  recueillie  &:  commeadopeeepar  vn  Iean  l'Efcot  prince  des  Sophiftcs&: 
Queftionnaires.  Mais  cefte  belle  fille  Papale  eftant  en  peu  d'années  deuenue  vieille,  ri- 
dée &C  débile  en  tous  fes  membres,par  le  moyen  &:  diligence  d'vn  ie  ne  fay  quel  empiri- 
n  11  entend  que  (  "homme  audacieux  iufques  au  bout  )  recouura  non  feulement  quelque  vie  &c  ha- 
vnliureim-  icmCj  ams  nouuelle  force  ôdvigueur.  Mais  que  pourront  faire  les  fonges  des  hommes 
Louîlaî fous  ne  les  rufes  des  fophiftes,  oppofees  à  la  parolle  de  Dieu  ?&  quel  befoin ,  eft-il ,  de  deba- 
vniiomem-  tre  u*  curieufemenc  que  c'eft  qui  fe  rompten  laCene,  veu  que  S.  Paul  eftant  entré  ex- 
?en"ieC(ayVn  preflement  en  propos  d'icelle ,  dit ,  "Le pain  que  nous  rompons ,  nefl-ce  point  la  communion  du 
qud  Marc  corps  de  chriftî  Defquels  mots  nous  recueillons  que  ce  que  nous  rompons  mefmes  après 
AuTdc'uis  l'action  de  graces,eft  pain.   LaCene  du  Seigneur  ne  nous  cft-elle  pas  fouuentfignihee 
Eftiénc  Gar  au  liure  des  a&es  des  Apoftres,  fous  la  fra&ion  du  pain  ?  ils perfeueroyent,  dit  S.  Luc  ,e»  U 
din<d  vd  dotlrine  des^pojhesj  &*  en  la  communion,  &  au  brtfement  dupain.  Et  vn  peu  après  il  dit  qu'ils 
cefocVeft"  Yompoycntlc  pain  parles  maifons.  Item  en  vn  autre  partage ,  Les  dijciples  eflans  aflemble\  pour  ro- 
vanté  auoir  prt  le  pain.  Sainet  Paul  mefmc,  lequel  a  mieux  &  plus  clairement  deferit  que  pas  vnau- 
•Tremicrar  trc>  ta,u  *a  do&rine  que  l'vfage  Û  manducation  facramentale  delà  Cene,par  cinq  fois 
gument.    parlanc  du  pain,  ne  l'appelé  poinc  autrement  que  Pain. 

Aftes  î°    ^  N  apres,adiouftôs  à  cecy  que  le  pain  facraméeal  eft  appelé  le  corps  myftique  deChrift: 
h&*o.     &cenonpasfimpIemenc,  mais  ne  plus  ne  moins  que  le  corps  mefme  d'iceluy .  Et  qui 
Second  ^  ne  ^a,t      ^a  comPagn,e  ^es  n^eles  eft  aulîi  appelée  le  corps  myftique  d  iceluy?Or  y  a-il 
gument.    hômc,ou  s'il  en  fuc  ïamais  au  monde,  fi  defpourueu  d'entédemene  qui  ait  ofé,nô  pas  di- 
i.Cor.io.    reniais  feulement  penl'er  que  ce  pain-la  fe  tranifubftantie  ou  tranfelemente  (  à  vfer  de 
leurs  termes)en  la  fubftâce  de  la  cogregation  des  fidèles?  Aufli  certes  nul  ne  doit  nô  pl* 
péfer  ou  dire  que  le  pain  foit  tranflubftantic  en  la  vraye  &  naturelle  fubftâce  de  Chrift. 
Troificme      L  e  troificme  argument  eft  pris  des  parolles  de  Iefus  Chnft.La  vraye  fubftâce  du  vin, 
argument,  qui  eft  la  matière  de  cefte  parcie  du  Sacrement,demeure:il  s'enfuit  donc  qu'il  en  eft  au- 
tanedu  Sacremencdu  pain.    Or  celuy  qui  voudra  contrarier  en  cefte  difpute,  niera  la 
première  partie  de  ceft  argument:  parquoy  il  la  fauc  prouuer  par  la  parollede  Dieu.  En 
Matth  m  ^am<^  Matthieu  fie  fainct  Marc,  après  auoir  fait  mention  de  la  coupe,Chrift  dit,/? nebeu- 
Marc  ;<f.    uray  déformai  de  ccfruicl  de  "Vigne  :iufcjues a  ce iour-la que  ielebeuuray  nouueau  auecvom  au  royaume 
àemonPere.    Aduifez,  s'il  vous  plaift,  combien  manifeftement  Je  Seigneur  appelle  la 
coupe  ,  Le  fruief  de  vigne.  Donc  en  ce  Sacrement  du  fang  la  fubftance  du  vin  demeu- 
re toujours. 

Et  ce  paflage-cy  me  refrefehit  bien  à  propos  la  mémoire  combien  s'eft  monftre  ine- 
pte fie  foc  ce  pape  lnnocéc,enenfcignât  ce  fongequei'ay  cy  deuant  dicauoir  efté  forgé 

de 


deluy.Sidoncvntoutfeul  petit  mot  (aflauoir,J/^n/r)  duquel  faîncl:  Marc  a  vfé  faifant 
metion  du  pain,a  fi  grade  vertu  qu'il  puifle  caufer  laTranfîubftan  tiatiô,certcs,puis  quo 
Çhriftn'apoio.tvfédccemot(comme  auOiilnc  fe  trouueen  pas  vn  des  Euangeliftcs, 
nenfainftPaul)quandilaparlédelacoupe*il  faut  conclure  de  là,  qu'il  ne  fe  fait  nulle 
tranflubftantiation  au  vin.  Car  la  caufeoftée,  il  faut  nécessairement  que leftect foit ré- 
duit i  néant.  Or  puis  qu'ainfi  eft  qu'ily  a  toute  vnc  metmc  raifon  au  pain  fle  au  vin ,  tel- 
lement que  fi  l'vn  ne  reçoit  changement ,  aufs.i  nefait  pas  l'autre  :  s'enfuit  de  là ,  que  la 
Tranflubftantiationneconuientàrvnnyàraucre.  Ortousccux  qui  tiennent  le  party 
^elaTrannlibftantiation,difenttousconimed*v.neboucheque  ce  changement  fe  fait  ceftiar» 
parvnecercaine&:cxprefIeformedembts:&:alleg.uentChryfoftome&:  S.Ambroife &c  , 
autres  authcurs,quidifent  que  ces  mo«,airauoir,C«y  e^i  mon  corps.ontyCuix  de  côfacrer:  ^  u^b-' 
toutefois  ils  confefTent  qu'ils  le  font,pource  que  ces  n;ots  la  nous  aduertiflènt  û  la  con-  icaioo, 
fecration  fe  fait  deuant  la  répétition  des  parolles  ou  non.  Mais  oyons  les  parolles  que  S. 
Paul  recite  auoirefté  prononcées  par  Chrift  touchât  la  epupe,  Ceflecoupe  eftlenouueauTe- 
ftdmcntcnmonfangfaitesceçy  toutes  les  fotfcjuevomkbeuure^,en  t™àmhrdemoy.  A/fs'ùoir  files 
parolles  de  Iefus  Chrift ,  touchât  la  coupe  n'ont  pas  vnc  tellr  puiflance  d  operer,&:  mef- 
me  vertu  de  fignifier,commc  elles  pourroyent  auoir  eftans  pr^nôcees  du  pain:&:  ce  ver. 
be£y?,en  lafentenec  qui  fait  mention  du  pain ,  fignifie  pui/fam/nent  8c  effcctuellement 
(fi  nous  les  en  voulons  croire)  le  changemet  de  la  fubftancc  qui  a  uoit  précédé,  enlana- 
turede  celle  qui  iuit,quand  il  prortonce,Cecy  ejlmon  corps.  Que  fi  le. s  parolles,quand  il  eft 
queftion  de  la  coupe  du  Seigneur,  ont  tout  vne  mefme  vertu  &  faci  îlté  tant  en  faid  qu'- 
en lignification,  pou  rquoy  n'accorderons  nour,  autfï que  le  mefrm*  verbe f/r,  quand 
Iefus  Chrift  diz>Cefle  coupe  est  te  nome  m  Testament,  fait  incontinent  que  îa  fubftance.  de  la 
coupe  foit  femblablcment  changée  enlanaturedu  nouueau  Teftamcnt,veu  qu'il  y  a 
meftnc  raifon  tant  d'vne  part  que  d'autre?  Dont  il  appert  combien  s'abufent  ceuxqui 
s'obftinentfii  efchaufFent  àprouuer  &:  maintenir ,  comme  s'ils  combatoyent  pour  leur 
•vie,que  Chrift  en  enfeignant&inftituantfesSacremcns,  a  parlé  fans  aucune  figure  :âc 
pourtant  qu'il  faut  prendre  fes  paroles  nuement  &  en  leur  propre  figmficatiomcar  il  eft 
tout  manifefte  en  ce  paiîage,quene  la  coupe  ne  ce  qui  eftoit  dedans ,  n'ont  peu  propre- 
ment eftrc  appelez  nouueau  Teftament ,  fi  tu  t'attaches  ain  fi  cruementâla  figrtificatiô 
des  mots. Et  fi  tu  prenscemotC«*/7e,pour  la  coupe  contenant  du  vin:tu  reçois  vne  figu- 
re en  ceft  endroit.  Car  quoy?  mcfmes  tu  ne  faurois  nullement  ptouuer  que  cela  (  encor' 
que  tu  difes  que  ce  foit  vin ,  ou  bien  que  tu  imagines  que  cefûit  le  fang  de  Chrift  )  (bit  le 
nouueau  teftament:finon  aufîî  que  tu  confc/Tes  que  leïus  Chrift  a  là  parle  par  figure. 

La  figuredoncdeuxfoisrepetécenccftefentencederinftitutiondaSacrementdu 
fang,  aidenoftre  caufe.  Dont  s'enfuit  que  ceux  mentent  impudemmer ,  qufdifcnt  que 
Chrift  n'vfe  de  nulle  figure  es  chofes  qui  concernent  la  foy,&  en  l'inftitution  des  Sacre- 
mens,&  nous  aceufent  de  mefchancete',di(ans Que  s'il  eftoit  licite  de  recourir  ainfi  aux 
figures  quand  on  voudra,  les  principaux  poincts  de  la  foy  feroyent  bien-roft  renuerfez. 
Maisie  refponqucce  n'eftpas  vn  moindre  vice  de  reietter  vne  figure  quand  elle  eftre-  Liu.3xl1.1rf. 
quifeen  vnefentece,  que  de  lareceuoirfans  neceflîté,  &  en  peruertrflantlefens.Sainéfc 
Augaftinadiuînemcntefcritplufieursbeîlcsfcntencesàcepropos,enfon  liure  Delà 
doctrine  Chreftienne,  Quandl Ecriture,  dit-il  >fèmble  commander  quelque  forjaicou  chofe  illicite, 
ou  bien  défendue  ce  que  charité  requiert ,  cognoiflèz^  tout  incontinent  par  cela  que  cejhvne façon  de  parler 
figurée.  Et  afin  de  mieux  approuuer  fon  dire,il  emprunte  vn  exemple  du  fixieme  chapi. 
ftre  de  TEuangilc  félon  fainetlean  ,où  Chrift  dit,  Si  vowsne  mange^la  chair  du  FilsdeFhom- 
&ne  beuueT^fon  Çang^vom  n'aurez,  point  vie  en  vous.  Il  femble  là  commander  vne 
choie  illicite  &mefchante:c'eft  donc  vne  figure,  par  laquelle  il  nous  exhorte  de  com- 
muniquer à  la  paflîon  du  Seigneur,  &:  l'imprimer  en  la  mémoire  auecfrui&&:  conten- 
tement ,  entant  que  fa  chairaefté  pour  nous  nauree&:  crucifiée. 

Par  Qjr  o  y  ienemepuis  aifezcftonner  del'impudence de  ceux, qui  ayans  &l'eC  Rdponfe 
prit  &lefauoir  afiez  bon,  ofent  dire  que  cefte  fentencede  Chrift  maintenant  ame-  jj££duer" 
nee,eft  voirement  figurée  (  félon  ledire  defainct  Àuguftiri) mais  que  c'eft  aux  gens  ues' 
charnels,  infidèles,  &  qui  ne  fauent  que  ç  eft  des  myfteres  de  Dieu ,  &  qu'aux  fidèles  ce 
doit  eftre  vne  locution  propre  &:  fans  figure.  Orierequierqueceuxquilirontcecy,  Je 
lifent  en  équité  &c  droiture:  ôc  quand  ils  auront  confideré  auec  iugémét  &c  raifon  les  pa- 
rolles de  S.  Auguftin,  s'ils  ne  font  de  mon  opinio  n,ie  fuis  cotent  de  côfeffer  que  i'ay  tort. 

Ss.ù. 


Lïm<L>  V .  Nicole  Ridley. 

fccs,  outre  ce  qu  c  u(r  comme  par  la  main  au  iens  nayf  d  iceux.  .Çar  il  celuy 

du  Sacrement,  nous  m^™X^duF^is  de  l'homme,  ou  de  boire  fon  fang,femble 
qui  nous  ™m™e  ^  chofcillicite(ce  que  nous  ne  {aurions  nier  fi  on  veut  j> reji- 

nou  s  comanocr  lanification)  certes  eftanc aind  que  Chnft  ait  corn- 

mande  lorsque  Dasaucirmoinslacomandevnrorraitouchofeillicite(fi 
beuilentlonfang,.lnclemD    P  menSJean>  Et  parainfnl  les  faut  entendre 

les  parolles  fom  ^nlldcr"^  Milnym€ ,  c  'eft  à  dire,  tranflation ,  aufll  bien  que  celles 
fpiriiucHemcnt U  paru ng^  laquelle «pofition  de  S.Auguftin  nous  doit  d'au 
qocS.AuguUnaam  Chrift  outre  le  commandement  de  manger  Ton 

«1.1c  H"Vre  en  cranue  citiiucî  «i"  •   j  \ 

tant  plus  eurc  ci  5  aajiouftécommepourconclufion,F4/rejffomwmo/>rdtfi»o):a 
corps&  boire  ion  lan&'  .cfte  belle  expofition  de  S. Auguftm  n'a  pasmoins  fait  ou- 
l'intelUgence  deiqueis^ ^  ^  ferrure.  \\  me  fouuient  de  quels  mots^  nous  fournit  la 
uerture  que  tait  vne  c  e  ^  réceptacle  de  toute  abomination!  defquels  quand 

u  meffe  Meife  à  ce  propos,  qui  c  -  ^  t^  veu  que  cefte  Méfie  comme  vne  putain  se- 
rccunUc   jlmefouuicn^e  luis  cop '  , ^nt  les  EuangeliftesSiTApoitre  furie  Sacrement' 

S£  ^ntfardecdemefme  pa^ 

du  P*in'ncant^1"^lles  de Icfus  Chrift,  elle  adioulte  ces  mots,  Le myfieredelafoy  :  IcL 
fecontentant _aes  p  ^ ^ g  ^ n»expriment: & comment pourroyent-ils  pluftoft 
quels  nul  des  fcuarç    _  dc  ]a  COuppe  que  du  pain.  Et  c'eft  merueille  pourquoy  ils  ont 

ofte  pluftolt  ceue  p        ^  dy  fon  f  la  redemption  des  vn  s  &  des  autres? 

fotiers.  eius  ChrUt  n  a  il  pa     p  m       à  ^ fc ,  ^  ?  mcichanceté 

zTheffi.  eft-cecy?  Ncvoit-on  p  y  D  i  e  v  tresbon  ô£  trefpuiflant,  nous  te  prions  qu'il  te  plai- 
Pfcau.^  prédit  deu ou:** u      ^  &  illu miner  nos  cœurs  en  la fplendeur  de  tatace, 

fe  auoir  plue  a  coRnoiflent  ta  voye,  &  que  ton  falu  t  foit  notoire  par  le  mô- 

àcequalapa^^ 

de vniuerfel. ^ar  tou :    4 ^  boud  u£:& fort d'vne mcfme racine.Dieu face, 

fubftannau^ 

nc'etttonbo^ 

fa  »^SVC2^1Sctoàrofc  Pluftoft  que  les  raiions  &  argumens.  Y  a-il  rien  plus 

contrairea  u  ^  ^ 
^Uyaquelque  sljam^ 

cftre  y  eus  po      f  bffan-tiation  à  h  fentence  entière,  Cecy  eft  mon  corps,  font  contraints 
cnbuans  la    r    _    _    quc  Ce  mot  Cecy,  auant  que  la  fentence  (oit  parfaite,  dénote  ic 
de  confei  er  1 ma ug^^ H     le  changement  foit  rait,  rericnt  fa  nature.  Parquoy  n'en 
ÇT,:TfrLslèsTraniTubftâtiateurs,tandisquelcpaindemeureenfanature,lafu 
deiplaue  a  tous         ^  ^eut  ^  ^  ^  fau  £  donc  necenairement  que  leur* 

^Tmonftre  la  fubftance,  laquelle,  auant  que  Chrift  euft  acheué  de  prononcer  tou- 

TVnTencee^^^ 

tclaientencc,  .  f  droltccrteSauoir quelque  dcuin  oueipnt  familier, pour 
tes  leurs  refuene  ,  iinou  ^  ,QEdi      ceux  dumonftre;Sphinx. 

foudre  tous  leur  ;  en  g      ,     £  ^  chrift  parIoi[  puremcnc  &  nmp,c. 

Mais  ncfo^P"  ;c  par  Cefte demonftrationCer>,  il  denotoit  le  pain  :  puis adioufter, 
nienr^conlentirq    P      fubftancenaturclle  du  corps  de  Chriftfmais  peut  eftrcqu- 
C^frnonc-r^  Siainfieft^l 
^Iseftimentleure^ 

faudraaumn^  ou  change  en  la  fuhûancc 

Vri^  teCerTran^bftant.ateurs,lefquelsch^^^ 

.•«du**  fPcce  de  A  ra  r ^toutefois  ne  fuyucnthcrvnc  ne  l'autre:  mais  font,  comme  on  dit  en 
^  "  ^CPS-  dcuxLies  iterrc)tc.lcmcnt  ^*  leur  bouche  fo^fe 


Nicolas  Ridley.  j?p 

chaud& le  froid.  Car  ils  font  fi  gracieux  aux  vns& aux  autres,  qu'en  leur  faucurijs  ap- 
prouuent  leurs  paradoxes,  &  cefte  belle  opinion  finafyllabique:  par  laquelle  ils  enfei- 
gnent  (comme  ceux-cy  mefme  tcfmoignent)que  fi  toft  que  le  miilbtier  a  prononcé  ,& 
qu'on  aentendu  la  dernière  fyllabe  de  cefte  fentence  Cecyeslmon  corps ,  la  Tranifubftan- 
tiation  fe  fait  miraculeufement  &  en  vn  mftanr .  Mais  qui  ouy  t  jamais  parler  de  tels 
monftres?  d'adhérer  à  des  opinions  qui  font  aufli  contraires  &:  répugnantes  que  lt  feu  8c 
l'eau?  Vous  diriez  que  ce  font  les  aduoeats  que  Tcrencc  introduit,  defquelsl'vn  diloic 
le  pro,l'autre  le  contra,  &c  le  troifieme  remet  le  tout  a  en  délibérer:  auffi  aucuns  d'entre 
ceux-cy  ne  fe  peuuent  perfuader  que  ce  poure  mot,  Ceçy,ait  pouuoir  de  faire  vne  fi  gran 
deçhofe:&:pourtantdcbattentqu'ilnedemonftrefinonlafubitancedu  pain.  Les  au- 
tres crient  a  gorge  defployee  que  (î  tort  qu'il  eft  prononcé,  Jepain  s'en  va  ,&:  quitte  la 
place,&  s'en  volc:tellement  qu'il  ne  dénote  plus  finonlafubftanceducorpsde  Chrift.  Ria|eypr( 
Ieneveuxpas  faire  vn  long  catalogue:  maisd'vnfi  grand  nombre  qui  fe  prefenteà  la  trois  do- 
defenfe  de  cefte  caule,  i'en  prendray  feulement  trois  del'cgiife  Gregue  ancienne,  &  j^jjjj! 
trois  de  leglife  Latine  :  affauoir  de  la  Greque ,  Origcne,  Chryfoftome ,  &:  Theodorite.  tiqs. 
&dela Latine, Tertullian,  A uguftin&iGelafe.  Toutefois  iene  fuis  point  ignorant 
qu'il  ne  fe  peut  rien  fi  fainement  ne  clairement  eferire  ou  dire,  que  l'homme  par  fon  ba- 
bil fardé  &  rufé  ne  punîe  obfcurcir,ou  defguiicrxomme  nous  voyons  qu'aucuns,  pour 
quelque  dextérité  d'efpritfic  éloquence  qui  çft  en  eux,  &  de  laquelle  ils  f'c  fauent  bien 
vanter, afin d'ofter  aux  rudes  &fimples  tout  fentiment  d'ouyc&  de  veué  ,ne  veulent 
ne  receuoirny  ouyr  ce  que  les  autheurs  fufditsont  fi  clairement  efent  touchant  le 
Sacrement.  Maisquoyquedoyuentcrcuer  ces  beaux &fubtils  caufeurs,fi  eft  ce  que 
la  vérité  emportera  en  fin  la  vj&oirc.  Oyons  donc  maintenant  parler  ces  peres  Grecs,  ûrigene, 
qui  traitent  cefte  matière  tant  doctement  &  pertinemmenr.  En  premier  lieu  Qngene 
feprefente,quia  vefeu  îlyaia  pa/fë  milJe  deux  cens  cinquance  ans ,  lequel  fur  le  quin- 
zième chapitre  de  S.  Matthieu  eferit  en  cefte  forte: 

Si  ainfi  eft  que  tout  ce  qui  entre  en  la  bouche  s  en  va  au  y  entre ,  &  es!  ietté  au  retratet  :  au  fi  la  viande 
qui  eft  fanfljfiee  par  laparoUedeDieu&paroraifon,feloncequeUeadc  matériel,  s'en  va  au  ventre, 
&*  eft  tettee  auretraict.  Mats  félon  la  prière  qui  luy  a  efté  adiouftee,cft  faite  vtile  parla  proportion  de 
Ufoy,  faifant  que  le  cœur  eft  clairvoyant  &  attentif à  ce  qui' eft  vtile.  Et ceneftpas  la  matière  dupain, 
mais  la  parolle  quteftdite  juriccluyyquip>vfîteà  ceux  qui  le  mangent  dignement  au  Seigneur.  Voila  ce 
qu'il  dit  feulement  touchant  le  corps  typique  &:  fymboliquc:  lequel  en  traittant  ce 
poinct,  fur  la  fin  de  (on  propos,  il  veut  faire  entendre  atous  que  la  fubftace  matériel- 
le  du  Sacrernet  fe  reçoit  en  i'eftomach,fe  digere,comme  la  (ubftâce  matérielle  du  vray 
pain  &  des  autres  viandes.  Ce  qui  ne  fe  pourroit  faire,  fi  ainfi  cftoit  que  cefte  Tranfluk, 
ftantiation  euftlicu,&'que  la  vraye  nature  du  pain  fuft  cfuanouye.  Maisc'eft  chofe  e- 
ftrange  de  voir  les  lottes  refponfes  quelcs  Papiftcs  ont  forgeesfur  cepaifaged'Orige- 
nc:&principalementceuxqui(cesanneespanïees)i"ouftenoyent  l'hcrefiedc  la  Trânf- 
fubftantiation  és  publiques  difputes,  qui  le  rénovent  tantàCantorbiequ'à  Oxonc-.ÔC 
quelque  temps  après  à  Londres  en  l'aflêmblce  des  gens  do&es  qui  s'y  fit.  Car  ils  ca- 
lomnioyent ,  &  aceufoyent  que  ce  Tome  des  ceuures  d'Origene ,  mis  de  nagueres  en 
lumière  par  Erafme,  n'eftoit  pa*  fans  foufpeçon. 

Or  il  eft  facile  à  entendre,  combien  eft  chofe  friuole  &  pernicieufe  d'ainfi  refpon_ 
dre,  Si  condamner  les  vieux  autheurs,  qui  ésanciennes  librairies  gifans  enla  pouflîc- 
»  re  &  moilifTure ,  maintenant  par  la  diligence  &  induftrie  des  gens  de  faupir ,  retirez 
des  vers  Sctignes  qui  les  rongeoyent,font  mis  en  lumière:  comme  Clément  Alexan- 
drin ,  Theodoret,  Iuftin,  l'hiftoire  Ecclefiaftique  de  Niccphore , &c  femblables.  L'au- 
tre refponfe  qu'ils  font ,  eft  qu'il  ne  luy  faut  point  adioufter  de  foy,  pource  qu'il  a  erré  en 
d'autres  poincls  de  la  religionjî  laquelle  refponfe  certes  on  ne  (àuroit  délirer  vne  con^ 
futationplus  peremptpire,que  celle  qu'elle  apporte  quant  &:  foy.  R.  Combien  que 
nous  confelFons  volontiers  qu'il  a  failly  en  quelques  chofes,  il  cft-ce  que  fes  erreurs 
ont  efté  annotez  par  fain6tHierome& Epiphanius:  tellement  qu'il  doit  auoirauiour- 
dhuy  plus  grande  authonté  enuers  nous  ,&£  fesliuresdoyucnt  eftreen  plus  grande  e- 
ftime  entre  nous,  eftans  corrigez  foigneufement  par  de  fi  grâdsperfonnages,  veu  racf- 
jaementqu'ilyaeniceux  des  chotes  grandement  conuenables  à  npftre  bien  &  vtilité. 

Ss.  ùi, 


Lmrc^  V.  Nicolas  Kidky. 

Mais  quant  à  ce  quiattouche  la  Cene  du  Seigncur,neceux-cy ,  n'aucû  aucre  des  ancics, 
n'ont  trouué  que  redire  en  luy:car  s'il  euft  failly  en  quelque  poîd,  il  faut  tenir  pour  tout 
certain  qu'ils  ne  s'en  fulîcntnon  plus  teus  quedes autres  fautes.Mais  pource qu'aucuns 
qui  le  font  mis  ces  iours  paiTez  à  eferire  de  ce  différent,  voyans  que  fes  refponfcse- 
ftoyent  plus  que  réfutées, &:  reiettees,  ils  en  ontcontrouuéd'autresen  leur  lieu,  qui  ne 
font  pas  moins  fotces:dcfquelIes  la  première  eft,Qu'Origene  ne  parle  point dcl'Eucha- 
riftie,mais  du  pain  myftique  qu'on  auoit  accouftumé  de  dôner  à  ceux  qu'on  inftruiloit 
Au  fœond  en  la  foy,dont  aulli  S.  Auguftin  faitmention.  La  vanité  de  cecyeftdefmentiepluiieurs 
liure  des   fois  parles  parollcs  méfmcsd'Ongene:carildit  de  foy-melme,  qu'il  veut  traitcrdecc 
Jïïh^"  corps  myftique&%uré,qui  profite  feulement  àceux  qui  mangent  ce  pain  dignement 
au  Scigneur.Où  il  tait  vne  fi  claire  allulîon  aux  mots  de  S. Paul, que  nul,  quelque  peu  fa- 
uant  qu'il  foit,  ne  peut  aller  au  côtraire,s'il  n'eft  du  tout  impuden  v.Sc  n'y  a  perlonne  qui 
puilfe  prouucr  par  bons  argumens  que  ce  pain  qu'on  bailloit  à  ceux  qu'on  inftruifoit  era 
lafoy,duquelS.  Auguftin  fait  métion,fuft  en  vfage  du  temps  d'Origenc.  Mais  encore 
que  nous  accordiôs  qu'ainlî  foit,  lieft-ce  qu'il  ne  fauroit  prouuer  que  quelque  choie  ait 
efté  appeleeCo^y^o-^wcwfa^fors  que  le  pain  facramental  de  la  Cene  du  Seigneur,qu'0- 
rigene  mefme  appelé  Lecorps  de  chrift  figuré  &  reprefenté parfignes.    Et  combien  quepour 
faire trouuer la Tranifubftantiâtion bonne,  les mel'mesaduerfaircs  mettent  en  auant 
quelque  miracle,côme  la  vertu  feCrettcdes  parollcs  facramenta!er,qu  ils  appellent,  6C 
ceux  puilTance  infinie  de  Iefus  Chrift,dont  ils  fe  couurent ,  alfauoir  qu  il  peut  faire  que 
fon  corps  en  vninftantfoicen  mille  millions  de  lieux:fieft-ce  qu'ils  ne  pourront  tât  fai- 
re (finô  qu'ils  vueillent eftrc  trouuez impudens &: infames)qu'ils  puiifent  tirer  de  là  vn 
fécond  miracle,afTauoir  que  la  nature  du  pain  retourne  en  luy ,  après  s  eftre  efuanouye, 
pour  faire  place  au  corps  de  Chrift:voire  quand  nous  leur  accorderions  toutes  lesfubti- 
litez  des  Mathématiciens,  tous  les  tours  de  palle-paflé,tous  hs  enchantemens  &:  force- 
leries  du  monde. Mais  tant  s'en  faut  que  leurs  fubtilicez  puifTent  renuerfer  ceftefenten- 
ce  d'Origene,qu'elle  en  eft  tant  plus  côfermee.  Mais  après  que  fauray  annoté  encores 
vn  pafTagc  de  luy,  ie  le  laiiléray  pour  venir  aux  autres.    Voicy  qu'il  dit  en  fon  Homélie 
1 1  .fut  le  Leuitique,f s  cptatre  Euangilesy  &  non  feulement  au  vtetlTeilament ,  il  y  a  la  lettre  qui  tue. 
Car fi  en  cefte fentecey  Si  vous  ne  mangexja,  chair  du  Fils  de  l'homme  y&  ne  heme\  fon  fang^ousfuyue^ 
ta  lettre^Ue  tue.  Si  donc  en  ce  lieu  là  où  il  eft  commandé  de  manger  la  chair  de  Chrift,  la 
lettre  tue,  certes  aulli  fait-elle  en  ces  parollcs  où  le  Seigneur  nous  commande  de  man- 
ger fon  corps  :  car  il  y  a  autant  de  mal  en  l'vn  qu'en  l'autre,  &  ne  différent  en  rien  quanc 
a  la  lignification  de  ces  mots, Manger  le  corps  de  Chrift:  ou,  Manger  la  chair  de  Chrift. 
Donques  fi  cefte  dernière  fentence  tue,  finon  qu'elle  foit  entendue  par  figure  &:  fpirL, 
tuellement:  certes  aulli  la  premierene  tue  pas  moins,lînon  qu'ellefoit  priïc  en  melme 
fens.Or  que  manger  la  chair  de  Chrift  félon  la  lcttre,tue,Origene  le  môftre  apertemét: 
il  s'enfuit  donc  aulli  que  mâger  le  corps  de  Chrift  comme  la  lettre  veut,n'eft  autre  cho- 
fe  qu'eftre  rué.  Oyons  maintenant  comment  ils  refpondent  à  cecy:  voire  fi  fubtilcmct, 
qu'il  ne  faut  point  d'autre  coufteau  pour  leur  couper  la  gorge ,  que  leur  propre  confeL 
iion,afîauoir  Qu'à  l'homme  charnel  le  fens  literal  eft  nuifible,mais  non  pas  au  fpiiïtuel. 
Côme fi  prendre  l'efcrit  d'aucun  à  fon  appetir,&  non  pas  félon  la  volôcé  de  celuy  qui  la 
efcrit,portoit  feulement  nuifance  à  l'homme  charnel,  &:  au  fpiritucl  nullement.  Oyôs 
aulli  Chryfoftome,  qui  eft  le  fecôd  des  trois  de  l'oglife  Grcque,que  i'ay  choills  pour  mes 
mainteneurs.Or  luy  eftant  fur  le  propos  de  reprendre  ceux  qui  abulpyét  de  leurs  corps, 
veu  qu'ils  auoycnt  apprins  de  S.  Paul  qu'il  les  falloir  garder  purs  &c  chaftes,commeeftâs 
ïn  o  erc    lemP^es  ^u    Efpnr,  voicy  qu'il  leur  dit,  S'il eft  dangereux  de  faire feruir  (es  vaiftcaux  Jâncïifie^ 
imperfcfto,  aux  l'fagcs  communs ,  efquels  toutefois  neft point  le  -vray  corps  de  Chrtftymais feulement  le  myslere  de  fin. 
HonùlauQ  corpsy  eft  cotcnu-.combten plus  lesvatffeaux de  noftre  corps  cjue  Dieu s'esl preparc^poury  hahitery  domtu 
^  *      ils  eftregtrdcz^de  nowypour  ne  donner  lieu  au  diahle  en  ictuxya  ce  au'ily  face  ce  qu'il  voudra  ?  Voila  les 
propres  mocs de  Chryfoftome.  O  que  mesaduerfaires  fonticy  tourmenteziilscerchét 
des  fubtcrfugcs,ils  affcmblent,ils  coulent  mot  après  mot,  ils  grippent,  ils  defrobét  tout 
ccqui  leur  peut  aider  pourefehapper  d'icy.  Mais  (qui  eft  le  comble  deleur  malheur)  ils 
(ont  fi  inconftans  &  fi  difcordans,qu'il  me fafche  de  coucher  icy  leurs  railbns.  L'vn  dij: 
que  le  hure  eft  incertain  .Et  quand  ainfi  feroit,que  fait  cela  à  proposrCar  qu  jcon  que  (oit 
celuy  qui  en  eft  l'autheur^ou  Iean  Chryfoftome  Eucfque  de  Côftantinoble,ou  quelque 
aucre,ileft  tout  certain  que  ça  efté  vn  tomme  de  ce  cemps-la  de  grand  rer4om,telleméc 


que  s'il  euft  efcrit  quelque  opinion  contraire  à  celle  qu'on  tenoit  alors,  il  hefaut  douter 
que  plufieursÔC  defon  temps  &  depuis  qui  a  fuyui,  eufîènt  efcrit  contre  luy.  Sefet 
Vn  autre  nie  que  Chryfoftome  parle  là  des  vaifTeaux  de  lavable  du  Seigneur  :  mais  ft«  àl'ob- 
de  ceux  de  la  Loy  ancienne,  bz.  Chryfoftome  entend  les  mefmes  vaifTeaux  dedans  leL  icdtion  »*. 
quels  eftoit  ce  qu'on  appeloit  le  Corps  de  Chrift  ,  combien  que  ce  ne  fuft  pas  le  vray 
corps,mais  feulement  le  myftere  du  corps.  On  fait  que  nul  des  anciens  n'a  iamais  parlé 
en  cefte  fof  te  des  vailleaux  du  Templc,&:  cft  certain  qu'on  ne  lit  nulle  part,  que  les  fa- 
crifices  fu/Tent  lors  appelez  le  corps  de  Chrift  :  car  Chrift  eftoit  voircment  reprefenté 
fous  la  Loy  en  figure Û  ombre ,  mais  non  pas  par  Sacrement  du  corps.  Erafme  mefmc, 
grand  contrerolleurdes  eferics  des  autres,combien  qu'il  ne  vouluft  poiht  mordrè  fur  Y- 
hcreiie  de  laTrâiTubftantiation  de  peur  de  defplaire,coutefois  il  eft  côtraint  de  dire  que 
le  vray  &  naturel  fens  de  ce  pafTage  eft  celuy  que  nous  auons  amené.    Apres  ces  deux 
le  troifieme  promet  vhe  folutiô  toute nouuelle,de  laqlle  on  n'buit  iamais  parler:  Quat 
a  moy,dit-i1,i'accorde  toutes  ces  chofes,&  tien  Chryioftome  pour  autheur  de  ce  liure, 
&c  veux  bien  qu'il  foit  là  parlé  des  vaifleaux  de  la  table  du  Seigneur.  Mais  ie  diray  com- 
me il  le  faut  entendre:  Le  corps  de  Chrift  rt  eft  pas  contenu  en  ces  vaifleaux-là  tandis 
que  la  Cene  fe  fait,comme  en  vn  lieu,mais  comme  en  vn  myftere.    çt.  Par  vn  mefmè 
moyen  on  peut  dire  que  le  corps  de  Chrift  n'eft  point  en  la  Cene  ,  ny  és  mains  du  pre- 
ftre,ny  au  ciboire:&  par  ainfi,Eftre  icy,c'eft  Eftre  nulle  part:d'autant  qu'il  refufe  de  cbn 
Feiîer  qu'il  foit  icy  ou  là,cbmme  en  vn  lieu.  ^Venons  maintenant  à  l'autre  paflage  de 
Chryloftome,qui  touche  la  chofe  au  vif,fans  rien  defguifer.car  efcriuant  à  vn  Cefarius 
moine,ildit,D«w»f  ^«e*  le painfottfantlifié^nous  le  nommons painimaislagracediuinelcfitnftifiant, 
parle  moyen  du  Preftrejl  eft  exempté  £  eftre  plus  appelé patn>&*  eft  fait  digne  d 'eftre  appelé le  corps du 
Seigneur>combien  que  la  nature  dupain  fort  demeurée  en  luy.  Que  demandons-nous  dauantage  j^0*** 
contrece  môftrc  de  Tran(Tubftantiation,puis  que  nous  oyons  que  la  nature  dy  J>ain  y 
demeure toufiours fans  en  partirîPourlcdcrnierdes  Grecs,Theodorite fera tefmoin, 
lequel  eicriuant  àEutyches  en  fon  A  trepte,dit,  Celuy  qui a  appelé fon  corps froment  &paini& 
seftappeléyie  ,  aufsi  a-il  honoré  les fignes  du  pain  &  du  vin  du  nom  de  fon  corps  &  defon  fan*  :  non 
pastranfmuantlanaturCiainsadiouftantfagrace  a  nature.    Contiderons  ce  tefmoignage  tant 
clair  ôc  tant  exprès  de  ceft  ancien  autheur.  Si  tu  maintiens  que  les  fignes  du  Sacreméc 
font  appelez  le  corps  &  le  fang  de  Chriftrilrefpond  combien  qu'ils  prennent  les  noms 
des  corps  êc  fang,(î  eft-ce  que  leur  nature  ne  change  point,mais  demeure  toufiours.  À- 
dieu  voftre  gloire,Papiftes,l'appuy  &:  fupport  des  ventres,l'ornement  ae  la  cuifine ,  tes 
délices  de  vos  maiftres.       ef  crit  encore  plus  pleinement  contre  cefte  Tranflubftan- 
tiationcn  fon  Afynchyte,dlalogue  fecond*oùil  introduit  Eutyches  hérétique  difputât 
àuecvnfidôJe,&  tenant  ces  propos  contraires  à  vérité,  Comme  les  (ignés  du  corps  &C 
dufangdeChrift,fonttelsàlavcritéauantlàiain£te  inuoeation;  6c  icelleeftant  faite* 
ils  font  changezrauiîï  le  corps  du  Seigneur  après  fon  aflbmption  a  efté  changé  en  natu- 
re diuine.dorit  il  veut  conclure  que  Chrift  n'eft  plus  homme. Cefte  herefie  le  fidèle  ré- 
fute eh  cefte  forte,Tfc  es  tombé aux filets  que  toy-mefmeas  tendusicanl ne  prend  pas  des  fignes  myfti- 
ques  comme  tu  dis:  &  ne fortent  pas  hors  de  leur  nature  après  la  fanilificatwn;  mais  ils  demeurent  tels  <m~ 
ils  eftoyentauparauantjfott  en  leur jûbftacciou  en  leur  figure &forme:me fines  on  les  peutyoir  &toucheri 
ne  plus  ne  moins  quauparauant.Lcs  Papiftesoyas  ces  parolles,côme  s'ils  eftoycntrcmeillcz 
d'vnlog  dormir  ou  delcthargie-,&  corne  fi  vnofclair  les  aiïoufubitemét  frappez,  ils  lot 
cfperdus  fii  demy  morts.  Car  q  fe  peut-il  dire  plus  plememét  qui  les  prefte  de  plus  près? 
Mais  comme  ils  {ont  cauteleux,auflj  tafehent-ils  toufiours  par  leurs" ténèbres  fophiftL 
ques( comme  les  feches  font  par  leur  encre  qu'ils  iettent  contre  ceux  qui  les  veulent 
prédre}d'cmpefcher  la  veuc'yde  peur  que  ce  qui  eft  plus  clair  que  le  iour ,  ne  punie  eftre 
veu  hy  apperceu  des  hommes.  Cefte  fencence  eftant  ainfi  expofee,  il  y  eut  aucuns  qui 
dirent  que  l'autheur  l'auoit  ainfi  eferite  auant  que  l'Eghfe  euft  encore  rien  ordôné  tou- 
chant cela.   Comme  s'il  falloir  incontinent  tenir  pour  vn  article  de  foy(ce  que  ceft 
homme  de  bien  Iean  l'Eicot  veut  qu'on  face)  tout  ce  que  ce  monftrc  de  pape  Innnocét 
auec  fes  cft  affiers  moines  &  beau^peres Auront  arrefté  en  leurs  {ynagogues.^"Vn  autre 
s'auance  quiditqu'ille  faut enuoyerauecîesNeftoriens,àrherefiedefqUelsil  femblc  Jj^ona^ 
faubrifer.  Mais  il  y  a  plufieursaunees  que  le  êoncilede  Calcédoine  l'a  abfousdecefte  «nkdicte 
faute  aceufation.  Or  larcipohle  là  plus  vilaine  qu'on  puuTe  forger  c'èft  celle  dé  ceux  j*^ondrs' 
qui  difent  que  Theodorite  appelé  Subftance,  Accidcnt,plus  par  ignorance  que  par  ma 

Ss.  un. 


L'vatc^V-  S^icolas Ridley. 

lice.  Certes  cefte  gjofe  a  efté  aufli  lubtilement  inuencee  que  celle  d'vnLegifte  fur  va 
décret  dijhnci.titi.ca.  Statuimus  :  lequel  après  auoir  longuement  trauaillé  pour  enfanter 
quelque  choie  d  exquis, dit  ainli,5wr«;w«^c'eft  à  dire^brogamits.  O  l'homme  de  grand 
iugcmér,&:  de  bon  cerucaulEt  toutefois  cela  fe  trouue  en  leurs  loix,  à  tout  le  moins  en 
la  glofe.^  Voila  le  peu  de  tefmoignagcs  que  fay  emprunte  des.Grecs  pour  m'en  leruir  à 
ce  proposxar  de  recueillir  tout  ce  qu'ils  ont  dit  touchant  celte  matière  ,  encore  queie 
le  peuile  fairc,ic  ne  le  voudroye  pas:quâd  bié  ie  le  voudroye ,  les  auditeurs  ne  l 'auroyée 
pas  àgré.l'adioulteray  à  ces  trois  Grecs  les  troisLatins.Ie  commenceray  parTertullian 
duquel  (comme  on  trouue  par  eicritjS.Cypnan  martyr  du  Seigneur ,  railoit  tant  d'efti- 
Tenullian-  n*c  <îue  toutefois  &C  quantes  qu'il  demandoit  qu'on  luy  baillait  le  lune  de  Tertullian,il 
fouloitdire,Baillcz-moy  lemailtie.  Cetrefancienautheuren  l'on  pliure  contre  Mar- 
cion,elcnt  2iinù,hfus  ayant  prins  le  pain  &  dijbnbué  à  fes  difaples^n  frfoncorps^difantyCây  tilmo 
corpsxeiïÀ  dm  Ja  figure  de  moncorps>&c.  Parcelle  interprétation  nous  voyons  manifefte- 
ment  que  Chrift  quand  il  appeloit  le  pain  fon  corps,  &  le  vin  l'on  lang ,  ïamais  il  n'a  en- 
tendu dire  que  le  pain  fuit  (on  vray  corps, ou  le  vin  fon  propre  lang-.mais  il  leur  a  attri- 
bue ces  noms,pource  qu'il  les  vouloir  inltituer  Sacrcmens,  c'eft  à  du e,hgnes  facrez  de 
fon  corps  &:  de  fon  fang:arîn  que  nous  fulfiôs  aduertis  par  cela  d'embra/fer  par  vne  viuc 
&:  certaine  foy  les  bénéfices  qu'il  nous  a  acquis  quadilaliuré  Ion  corps  à  la  croix  pour 
nous,Sc  qu'ila  cfpandu  Ion  iang  tellcment  que  receuans  ces  lignes  félon  l'ordonnance 
du  Seigneur  auec  action  degraces>nousfoyons  nourris  d'iceuxenfoy  fpiritutllement> 
&  tandis  que  nous  acheuons  ce  pèlerinage  terrien  pour  aller  aux  cicux,  nous  (oyons 
confermezen  la  crainte  de  Dicu,&:  croilfions  en  toutes  vertus.  ^  Lesaduetfaites  repli- 
Lcs  percs  quent  que  Tcrtullian  vfurpe  en  ce  lieu  ce  que  nul  des  anciens  autheurs  deuant  luy ,  ne 
ceSacmÇét  depuisluy  pas  vn  de  ceux  qu'à  bon  droit  nous  appelons  Catholiques,  nafair.  Çi.  Et  S. 
h  figure  du  Auguftinauec  les  autres  Percs,n'appelent-ils  pas  nommément  le  Sacrement  ,1a  figu- 
corps  de  rc  fa  corps  de  Chrift?  Ouy  (cedifent-ils)  mais  ç'a  efte  qu'il cftoit  tellement  efchauffé  à 
Ckift.  jifpu  ter  àlencontrc  d'vn  hérétique  qui  luy  refiftoir,  qu'il  ne  s  eft  feeu  tenir  de  ictter  ce 
qui  luy  venoit  en  la  bouche,  i^-  (  Il  faudroit  donc  que  vous  nous  fîllîez  ptemieremenc 
aççroirc,quevous  n'eftes  point  desinfeniez  en  difant  cela.  Oferons-nousbien  feule- 
ment penfer  qu'il  n'ait  point  eu  d  cfgard  à  ce  qu'il  difojt,ou  qu'il  n'ait  point  entendu  ce 
quvilefcriuoit  en  vnechofe  de  fi  grande  importance?  Vouslemble-il  vne  chofe  fi  belle 
d'éporter  la  vi&oireàforce  de  crier  &  babiller,que  pour  celavousfoyezdaduis^  nous 
donniez  confeil  de  trahir  la  verité?PrenonsIecas  qu'ainfi  foir,&:  que  vous  ofiez  (com- 
me vous  elles  pleins  dedefloyaute^entreprendrede  ce  faire.  Efril  pourtant  vray_fenv 
blable  qu'vn  homme  de  bien  le  vouluft  faire?&  combien  moins  ce  faincl  perfonnage, 
duquel  nousauons  en  admiration  &  reuerence  l'efpcitjle  fauoir,la  crainte  deDieu  &c  re 
ligion,doit-ileftretaxc  d'vn  tel  (oufpçonï  Or  afin  qu'il  ne  fembleque.ee  foit  aflezqu'il 
ait  dit  cc.cy  vne  feule  fois  &:  à  la  volee,oyez  combié  de  fojs  il  perfifte  ailleurs  en  fon  pro- 
pos,difputant  contre  ccft  hérétique  en  (on  premier  liurc,voicy  qu'il  dit ,  Dieu  n'a  rtprou- 
uélçpaiihparlequelilreprcfentefoncorpï.  Or  côfiderezicy  vn  peu  ces  chofes:neft-ce  pas  tout 
vn  de  dirc,Que  Chrift  a  reprefenté  (on  corps  parle  paimou  bicn,Que  Chrift  l'a  inftitue* 
afin  de  nous  eitre  Sacrement  pour  nous  reprefençcr  ion  corps  i  Or  qu'il  foie  requis  que 
pourrcprefentervnccho(e,elle-mefmeyfoit  vrayçment  prefente,  ielelaiiTeàen  iuger 
àçcux  qui  ne  font  point  defprouueus  de  fens  commun. 

^Si.nous  venonsàfaincl:Auguftin(duqueIle  nom  &  le  fauoireft  ficpgneu  quetou- 
s.Auguftb.  tel'eglifedelefus  Chrift  fepeutconftituer  pleigc  pour  luy):  îlatraitépl.uiîeurs  points; 
de  la  religion  Chreftienne  11  amplement  &  clairement  que  nos  idolâtres  qui  adorenc 
le  pain  au  lieu  de  Dieu,en  partie  accablez  de  J'au  thoritc'.du  perfonnage ,  en  partie  con-« 
ucincus  l'ont  en  tel  defdain,qu'à  grand  peine  le  peuuent-ils  porter. Parquoy,il  me  fem- 
ble  eftregrandement  requis  que  i'amehe  plus  de  tefmoignages  de  luyquedesautrcs- 
Ceftuy-cy  cft  excellent  entre  autres,&:  ne  fay  s'il  s'en  pourroit  trouuer  vn  plus  clair,  Je- 
quel  cfcrjt  fur  le  98.Pfeaume,traitant.de  cefte  matière  amplifie  en  cefte  manière,  lespa 
rolles  que  Chrift  dit  à  fes  difciples^ow nemangetez^pascecorpi- yqueyous voyex^&nebeu- 
wexjpas  ce  mien fang  que  refpanâront  ceux  qui  rite  cructferoni.mais  ie  vou*  veux  ordonner  ynSacremett 
lequel fpmtuellement prms  &  entcnduy-voftsviuipcrj.,  I'^ime  qu'il  n'y  aceluy  de  npi*s  qui  ne 
coufelfe  que  Chrift  n'a  point  eu  d'autre  oorps  naturel  que  ecluy  que  fes  difciples  voy„ 
oyent  &c  oy oyent:ne  d'autre  fang  que  celuy  qui eftant  efparspar  oous  fes  membres ,  fuç, 


Nicolas  Rulh.  j^r 

puis  après  refpandu  par  ceux  qui  le  crucifièrent.    Or,  audire  de  fainâ:  Auguftin,  il  ne 
tauc  ne  manger  ne  boire  ne  l*vn  né  4  autre»  maisbienle  Sacrement  d'iceux  fpirituellc- 
ment  entendu.  Dont  on  peutaire2conclure>fi  nous  receuons  cefte  fentence  de  ce  tant 
exceller  perfonnagc»que  ce  que  les  diiciplcs  deu  oyét  manger,ncftoit  pas  le  vray  6c  na 
turel  corps  de  Chrift,mais  feulement  le  myfterc  d'iceluy,quifedeuoitapprehé"der  par  Con£raFiU 
foy.    Carcommenousfommesenfeignezdeluy  envmutre pifC3L^e,Deua»rtaducne  -  ftum.lUo 
ment  de  lefus  Chnjl  la  chair  &•  le fangde  ce facrifice  efioyenf  rendus  parla  vérité  mefme:  mats  après  tafi.  tMm 
cenfion  d'iceuiy^ilsfe  célébrèrent  par  vn  Sacrement  de  mémoire.  Dauantagc,  en  vn  liure  qu'il  eferit 
de  la  foy  à  Rierre  Diacre,au  chapitre  19,1*1  ditainfi,confermant  ce  piopos,£»cw  facrificés 
(aftauoir  du  vieil  Teftament)o»  nous  fignifîoit  par  figures  ce  quon  nous  deuoit  donner'.maù  encefà 
aijict jlnous  eft euidemmentmonftré ce  qui  nom  eftdefia  donné*    Or  il  entend  le  fderifice  de  la 
croix,  lequel  nous  doit  enflammer  à  action  de  grâces,  à  caufe  de  la  chair  de  Chrift 
qui  a  efté  immolée  pour  nous,  &c du  (ang  d'iceluy  qui  a  efté  efpandu  en  la  remiflîon 
de  nos  péchez.    Q\ie  fi  nous  voulons  encores  plus  de  tefmoignages  pour  mieux  prou 
uer  cecy,il  nous  faut  voir  ce  qu'il  efent  fur  le  troifieme  Pfeaume  :  car  il  appert  de  là  que 
Chrilt  par  le  pain  myftique,qu'ilappeloit  (on  corps,  entendoit  la  figure  de  Ion  corps* 
Mais  conhderons  les  motsCfo»7'/?,dit-il^trc«M'/«^  au  banquet>auquel il  bailla  &  ordona  à  fesdif 
çtplesla  figure  defon  corps  &*  defonfangtcntcnditnt  le  dernier  Couper  qu'il  fit  eftant  prochain 
de  la  mort:auquel  temps  il  inftitua  le  Sacrement  de  fon  corps.Que  veut-on  dauantage, 
finôrt  qu'il  nous  faut  eftimer  que  Dieu  a  enuoyé  ceft  homme-cy  au  monde  pour  remet- 
tre les  articles  de  la  religion  Chreftiennc  en  leureftat,pureré,lumiere  ,  &  liberté  pre- 
miere,lefquels  non  feulement  eftoyent  fou  illez  des  corruptions  de  fon  tcmps,mais  auf 
fi  des  pollutions  pernitieufes  des  aduerfaires  qui  font  venus  après  luy,  par  lefquelles  ils 
ont  efté  mis  en  defarroy,difperfez  &  du  tout  renuerfez  ?  Afin  donc  que  fa  diligence  rie 
foit  enfeuel  je  par  noftre  parefife,metc5s  peine  à  tout  le  moins  q  nous  reduifions  en  mé- 
moire aux  hommes  ,  qu'en  ce  temps-la  telle  eftpit  la  doctrine  des  plus  excellents  Do 
âeurs.    Oyons  aufli  ce  qu'il  eferit  en  vne  epiftre  à  Bonifacc,touchant  ce  propos  î  Nous  Epîft.*j.. 
parlonsJouuentainfiydit-iUqueleiour  deVafipteappmham^n(mdifons$J>emaini(m^pres  demain 
fcralapaffion  duSeig.combienquilattfoujfert  ily  a  ta  plufieurs  ans  paffe^, ,  &  que  fa  pajjton  naàefté 
faite  qu'y  ne fois. Puis  nous  dtfons  au  tour  du  X>imache9Le  Seig.  est  amourdhuy  reffufcitéycwien  cpiily  ait 
ta  filongtemps  qu'il  eft  rejjufcné^ouvqaoy  eft-ce  q  le  plus  inepte  du  monde  ne  nous  reprend 
de  menfonge,finonpource  que  nous  appelons  ces  iours-la  félon  la  fimilitude  de  ceux 
efquels  ces  choies  fe  font  faites'tellement  que  nous  appelons  le  iour  de  la  refurre&ion 
celuy  qui  neleft  pas:  mais  pource  que  c'eft  le  femblable,  qui  renient  toutes  les  années 
en  fon  tourî&  difons  à  cauîcdc  la  célébration  du  Sacrcmct,qu'v8e  choie  fefait  ce  iour 
la,qui  toutefois  ne  fe  fait  pas,mais  a  efté  iadis  faite  vne  feule  fois.  Chrift  n'a-il  pas  efté 
immolé  vne  fois  en  fon  corps?&:  toutefois  au  Sacremct,non  feulement  és  iours  de  PaL 
que,mais  par  chacun  iour  il  eft  immolé  au  peuple  :àc  celuy  ne  mentira  point  qui  dira 
qu'il  eft  immolé.Car  fi  les  Sacreraés  nauoyent  quelque  fimilitude  des  chofes  delquel- 
les  ils  font  Sacremerts,certes  ce  ne  feroyent  pas  Sacrcmens:mais  à  caufe  de  cefte  fimili- 
tude ils  prennent  fouucnt  les  noms  des  chofes  meimes.  Comme  donc  en  aucune  ma- 
nière le  Sacrement  du  corps  de  Chtift»eft  corps  de  Chrift:  Se  le  Sacrement  du  fang  de 
Chrift,eft  le  fang  de  Chrift:aufTi  le  Sacrement  de  foy  eft  la  foy.       En  cefte  maniere,és  QadL^7 
queftions furie  Leuitique,& contre  Adimzntus:  Lachojê  quifignifie.dit-il^accouftuméd'e-- 
ère  appelée  du  nom  de  la  choje  quelle  figntficcomme  tl  eft  eferit ,  Les  fept  efpu /ont fept  années:  &lesjêpt 
vaches  font fept  années. la pierre  esloit Chris?:  &>  le fanges! Came.  Laquelle  dernière  fentence  il  Contra  A- 
enfeignefe  deuoir  entendre  par  figure  U  de -figne  ieulemenr.  Car  noftre  Seigneur,  dit-il,  *numum' 
na  point fait  de  difficulté  de  dire^Cecy  eft  mon  corps:quam<il  bailloit  le  figne  defon  corps.    Et  en  vn  CoaéaMài 
autre  heu  il  ad  monnefte  diligemment  qu'és  Sacremens  nou  s  ne  confiderions  point  ce  ?n  ^ 
qu'ils  font}  mais  que  nous  prenions  rouf  tours  garde  à  ce  qu'ils  nous  reprefentent:  pour- 
ce  que  ce  font  figues  des  chofes,  eftans  &  fignifians  autre  chofequ'iceiles.  Carlepain 
tekfte{ccd  de  luy  qu'il  parle  en  ceft  endroit)^  en  aucune manière appelé te corps de Chrtftiamt* 
hien  qu'à  la  vérité  ce  foit  feulement  le  Sacremèt  du  corps  d'iceluy* 

Ces  chofes  font  fi  claires  &  euidentes ,  que  nul  n'y  fauroit  contredire ,  fin  on  qu'il  foit 
du  nombre  de  ceux  lefquçls( comme  dit  l'Apoftre)  fans  remors  de  confeience  fe  font 
adonnez  eux  mefme;  à  infametéjtellement  qu'eftans  endurcisse  ne  le  fentans  point,  Ephcf  ^ 


Lturcj  V.  Nicolas  Ridley. 

ils  aiment  mieux  errer  &perfifter  en  la  faufTe  opinion  qui  leur  a  vne  fois  agréé  ,  quede 
recognoiftre  leur  faute,  &  dcfîfter  en  humilité  de  leur  mefehant  propos.    Il  y  a  encore 
vnpa{fagedeluy,lequelfculnous  doicTuffire  pour  cent  autres.    Ontrouueen  fa  cin> 
Mtct  t*  n  quantième  Homélie  fur  lain£tIean,lespaiollcs  qui  s'enfayuent^and  chrift dijott,  Vous 
Mok \sj-o  ne  m'aurexpas  toufiours  auec yous.il 'p arloitde la  prefence  de foncorp s .car  chanta  fa  m  aie  fié ,  àJâprouL 
'      1      denec,  &  «*  fort  indiable  &  inuifiblc  grâce ,  cela  eftaccomply  quil  a  dit  de  fiy  mefme ,  Voicy  it fuis  auec 
yom  lufquaUconfommation  du  monde.  Manquant à  lachatr,quelaparolleayefiue  ,  quanta  ce  qu'il  a 
efté  my  delà  Vierge,  qu'il  a  eflé  attaché  au  bois ,  defeendu  delà  croix,  enfeuely, mis  au  JèpuLkre>  &  mam- 
feslé  après  fa  refurre£iion,tla  bien  dit,Vom  ne  maure\,pas  toufwurs  auec  vous.  Pourquoy  î  'Pource  quiU 
conuerfé félon  fa  prefence  corporelle  auec  fes  difaples  lejpace  de  quarante  iours  :  &  eux  le  conduifans  de 
la  veue,&  non  pus  le  fuyuant, monta  aux  aeux  :lln  eft  point  icy,car  il fied  à  la  dextre  du  Pere.  Et  toute-, 
fots  ilejlHy.carilnes'eftpas  retiré  quant  à  la  prefence  de  fa  maieslé.^iinfi  félon  la  prejence  de  fa  maie  fié 
nous  auons  toujours  Chrtft;  mais  félon  fa  prefince  charnelle  lia  bien  dit,  Vous  ne  maures  pas  toufiours. 
CarfEglifeta  eu,  quanta  ja  prefence  corpore(Je,peu  de  iow>s:maintenanttlle  en  mut  par foy, mais  elle  ne  le 
yok  point. 

V  o  i  l  a  ce  qu'il  a  dit,vfant  fouuent  de  répétition  de  mots  pour  fpccifîer  vne  mefme 
chofe,non  pointd'vn  ftile  enflé  n'arroganr,mais  haut-non  point  en  parollesfuperflues, 
mais  plemement.Car  pource  qu'il  y  en  a  aucuns  fi  peu  dociles  &:  fi  tardifs,il  admonne- 
ftefouuent,&enfeigncle  plus  diligemment  que  fait  e  fe  peut,  par  quel  moyen  Chrift 
nouseftprefenttanauoir^ommciaydefiàditïparfagraccjparfa  prouidenc6&  nature 
diuine:d'autrepart,qu'il  nous  eft  abfent  quant  à  fan  corps  naturel,  nay  delà  Vierge, 
mort,reirufcité,monté  aux  cieux:où  il  fied  à  ta  dextre  de  Dieu,côme  nous  fommes  en_ 
feignez  par  les  articles  de  noftre  foy:d'ou  il  viendra,&  non  d  ailleurs(comme  ii  dit)fur  le 
definement  du  mondepour  iuger  les  vifs  &  les  morts.  Lors  certes  les  iuftes  drcfTeronc 
leurs  teftes,quand  les  ténèbres  d  erreurfc  d'ignorance  dechaflees,lafpiédeur  delà pa- 
rolle  de  Dieu  aura  le  dcfîus&:  régnera.  Voire  en  ce  iourJa,  quand  iuftice&:  veritc,les 
deux  princeffes  entre  les  vertus, vicloneu fes  triompheront  de  leurs  ennemis.  ^"Ic  te 
prie  donc,ô  mon  Dieo,&  fupplie  cme  tu  vueilles  auancer  ce  iour  la:  car  lors  tu  feras glo 
rifié  de  la  gloire  qui  eft  côuenablea  ton  fain&  nom:&  noussrempîis  de  ioye  &  de  liefTe, 
en  ce  bien-heureux  &  éternel  feiour,  chanterons  tes  louanges  éternellement. 

CQr  pourconclufion  ie  mettray  enauant  Gelafe,lequeleftoitdu  temps  que  l'Egli- 

Gebf<  fe  n  eftoit  point  encores  abaftardie,ôaoute  la  terre  n'eftoit  point  encorès  infe&ee  de  la 
poifon  de  la  Papauté  infernalèîaiîâuoir  auant  le  temps  du  pape  Boniface,&  de  G  regoi- 
re  premierrduviuant  duquel  la  religion  fut  diflipee  ,  &  mille  corruptions  introduites, 
tellement  qu'il  regnott  és  cœurs  des  fuppoftsde  l'Antechrift  vne  inhumanité  &:  cruau- 
té,&:  vnë  rage  plus  que  brutale.  Gelafe  donc  en  vne  fienne  Epiftre  contre  Eutychcs, 
eferit  ainfî  touchât  les  deux  natures  en  Chrift,0»t« les Sacremcns quemusprenos  ducorps 
àufangde  Ôirifl'yfànt  chofe  diumepar  laquelle  aufit  nom  fommes  faits  participante  la  nature  diurne-. 
toutefois  la  fubslance  du  pain  &  dn  yin  ne  latjji  fdintiyeftre^ins^  elle  demeure  en  la  propriété  de  fin* 
ture.  Saurions-nous  fouhairer  vne  chofe  dite  plus  clairementiY  a-il  rien  qui  fonde  plus 
profondement  fvlcere  de  la  Tranffubftantiation  ?  Yâ-il  rien  qui  poigne  plus  au  vifec- 
fte  befte  horrible  Se  ceft  hydre  à  fept  teftcsfCar  de  ces  marets  infe&s  deTraiTubftantia. 
tion  fortet  tous  ces  autres  erreurs  qi'aycydeflus  nommez,  cômcdvn  gouffre  mortel. 
Parquoy,puis  que  nous  auons  maintenant  vne ii  grande  lumière  de  vérité,  &  que  tous 
les brouillars qui eftoyent à l'entour,font tellement efeartez,  que  nous  fommes  cnui- 
ronnezd'vnefplendeur  fi  excellente  (voire  fi  bien  que  les  choies  eftans  defcpuuertes, 
prouuees  &efclarciesen  telle  perfection  corn  me  elles  (ont,  il  n'eft  plus  queftion.de  dif- 

t.Tiœ.3  fimuler,finonque  ce  l'oyent  ceuxdefqucls  parle  l'Apoitre,  qui  eftan s  corrompus  d'en- 
tendemcnt,&  reprouuez  quant  à  la  foy,rcuftent  à  la  vérité  de  certaine  malice)  embraf 
fons  cefte  vérité  qui  fe  vient  prefenter  à nous,comme  il  eft  conuenable  à  ceux  qui  veu- 
lent eftre  véritables  U  tenus  pour  tcls:&  reiettons  tout  ce  qui  eft  au  contraire.  Car  qui 
aime  vérité  eft  de  Dieu:&  au  contraire,Dieu  a  accouftumé  d'induire  leshommes  ener 
reurs,à  leur  perdition,lefquels  n'ont  tenu  conte  de  verité&  droiture  :  tellement qu  a 

*.Th«fa  bon  droict  S.  Paul  dit  en  quelque  lieu ,  queD/e*  enuoyera  eJJicaced'abuJîonyàcvqH'oncroycà 
menfo»ge,afin  que  tous  foyentm^,(punontpointereukkyerité.  Orcefte  vérité  eft  la  ^arorfé 
de  Dieu,comme Chrift  rinterpseteluy-roeiinc^equel  dit  ainfi au  Pere,  Ta parc&eéftye^ 
«rr.de  l'ardeur  &C  lumière  de  laquelle  Dieu  tout  bon  &  tout  puiflant ,  en  faucur  de  fon 

Fils 


Ifuguer  Latimet. 

Fil$vniquenoftrcScigncur,par(onfain£tEfprir,'vueillccIc  plus  çnplus  embrafcrnos 
cœurs  en  fa  louange  &  gloire.  Ainfi  foit- il. 

-p  a  r  ceft  eferit  fait  au  temps  des  plus  dures  affligions,  nous  auons  vn  telmoignage 
*  de  l'intégrité  &dodrinea^  ceft  Euefque.caria-foit  que  lepoind  de  la  Ceneaite- 
fté  diuerl'ement&  amplement  traité,on  trouuera  que  Ridley  1  a  tellement  déduit,  qu'- 
on ne  fauroit  délirer  chofe  dite  plus  clairement  en  peu  de  paroJles,propres  &  fignifian 
tes.  Mais  le  principal  eft  qu'il  a  ratifié  &  fecllc  cefte  dodrine  &  la  vérité  par  fonfang: 
endurant  conftammét  la  mort(comme  il  fera  dit)auccHugues  Latimer:cn  l'hiftoire  du- 
quel nous  referuons  de  traiter  quelle  a  efté  l'iUue  de  tous  deux  cohioinds  en  vn  mefmc 
martyre. 


HVGVES    LA  TIME  R,Euefque  ^ngois. 


m 


L  E  foramaire  decefte  hiitoirc  dépend  de  la  prccedcnteX'efprit  de  Latimer  comme  il  droit  ioyeux  6c  facétieux,  auffi  e/roit-il 
droit  &  roide  contre  les  contempteurs  de  Dicu:comme  Tes  doits  le  moaftren;  aux  Temporiieurs. 

|V  G  V  E  S  Latimereftant  du  pays  &  conté  de  Leyceftre,dodeurenThe.  MJD1V. 
'ologiedervniuerfitédeCambrigcfut  euefque  de  Vvorceftre.  Ilatouf- 
fiours  eu  fon  afFedion  encline  à  la  vraye  religion  &  aux  bonnes  lettres  ,  deL 

 Iquelles  il  eut  grand  ornement.Tant  qu'il  a  efté  en  l'office  d'Euefquc ,  il  s'eft 

fidèlement  porté  d'annoncer  &  auancer  la  doctrine  de  noft  re  Seigneur  Iefus,ayâttouf- 
iours  efgardau  profit  de  fon  troupeau.  Les  fuppofts  de  L'Antechrift  le  pretfoyent  fort 
de  laifler  ce  traimmais  à  fin  qu'il  n'y  fuft  induit,il  quitta  fon  Eucfché:toutefois  il  ne  lail- 
£a  point  le  miniftere  de  laParolle.car  depuis  reprénât  courage,il  a  fait  tout  ce  qu'il  apeu 
pour  réduire  le  pays  d'Angleterre  à  la  première limplicité  delà  foy ,  &:  deftourner  des 
bourbiers  pour  le  ramener  aux  fources  pures  des  eaux  viues.  Auant  la  confultation  pu-  ^ 
blique  faite  au  royaume  d'Angleterre,il  côpofa  vn  liure  intitulé ,  L'eftat  d'vn  royaume  i^J' 
reformé  par  l'Euangile. 

La  difpute  qui  fut  tenue  en  la  ville  d'Oxone,entre  les  ennemis  de  la  vérité  ,  contre 
Thomas  Cranmer,Nicolas  Ridley  &  Hugues  Latimer,feroit  par  trop  prolixe ,  s'il  c» 
ftoit  queftion  de  faire  le  récit  de  tant  d'argumens  qu'amenoyent  les  aduerfaires,faùans 
bouclier  des  Dodeurs  anciens  lefquels  le  plus  fouuent  ils  ciroyent  par  lentences  de- 
coupees,pour  les  faire  feruir  à  leur  propos.  Quelque  extraid  en  a  efté  donné  en  cefte 
partie  que  nous  auons  nommée  La  quatrième  du  recueil  des  Martys,à  laquelle  pour  a- 
breger  nous  renuoyons  le  Ledeur  qui  plus  amplement  en  voudra  cognoiftre.  En  ce 
volume  nous  reciterons  feulement  la  procédure  tenue  parles  Inquisiteurs  ,  laquelle* 
efté  commune  aux  fufdits  trois  excellens  tefmoins  du  Seigneur. 

Apres  que  les  difputes  fuient  acheuees, les  luges  députez  &  Inquifiteurs  furent  proceç"r[j 
alfis  au  temple  nommé  de  la  vierge  Marie,lefquels  auoyent  commiiîîon  de  par  la  çondamna- 
Roine  en  ceft  affaire^  ces  trois  furent  prefentez  deuant  le  liège  iudicial  pour  ouyr  fen  tiô  dei troit 
tence  de  condamnation.  Vvefton  qui  eftoit  prefiden cparla  à  vn  chacun  à  part,  les  in_ 
terrogant  s'ils  vouloyent  fouferire  aux  décrets  &  ordonnances  de  la  Roine.  Et  cepen- 
dan  t  iJ  ne  leur  dônoit  aucun  loifir  de  faire  refpôfe  pour  leur  propre  faid:feulemét  qu'ils 
dilTent  en  vn  mot,ou  s'ils  le  vouîoyér,ou  s'ils  ne  levouloyét  pas.&leur  cômandantpar  la 
Roine  de  iefpôdre  en  vne  forte  ou  autre,cômença  premiercmét  àCranmer,  difant  qu' 
il  auoit  efté  veincu  és  difputes,n'ayant  peu  maintenir  fes  erreurs  Se  faufletez.  Cranmer 
refpondit  qu'on  neluy  auoit  donné loifir,ned'argumenter,ne  de  refpondre.    Car  il  y 
auoit  eu  vn  tel  trouble  és  efcolesrles  difputes  tant  confufes  en  il  grand  bruit ,  &  tantdc 
Théologiens  enfembles'eftoyent  ruez  contre  luy  de  telle  impetuofité,qu  agrandpei- 
ne  luy  auoit-ii  efté  loifi  ble  de  dire  vn  feul  mot.Ridley  &:  Latimer  fuient  à  part  interro- 
guez  après  Iuy,afrauoir  s'ils  vouloyent  maintenir  la  caufe  de  la  dodrine ,  de  laquelle  ils 
auoyent  fait  profelîîon.Et  toft  après  furent  amenez  deuant  les  CommiiTaires&  luges 
deleguez,pour  ouyr  fentence  de  condamnation  Ecclefiaftique ,  par  laquelle  ils  furent  sentence  dc 
premièrement  retrenchez  de  la  focicté  de  ITglife  comme  membres  indignes:  ôitous  dégradas 
ceux  qui  les  fauoriferoyent  &  defendroy  cnt.Les  Inquifiteurs  leur  dénudèrent  s'ils  en 


contre  les 
trois. 


L/j/ro  V .  V^kola*  Ridlej,& H  ligue*  Latimèr, 

tcndoyentacquiefceràlafentéce,ou  d'y  rcnonccr.Ils  leur  refpondirentqu  ils  acheuaf 
fent  de  liteiutqu'au  bouc  la  lenrence.  ^  Apres  ceftc  fenccnce  d'excommunication 
foudroyante,chacun  l'vn  après  l'autre  refpondic  pour  foy.  Et  premièrement  Cranmer 
dit  ces  parollesrl'appele de  cefte  voftre  fentéce  auiufte  iugemétdeDieutoutpuiiranc. 
R  i  d  l  e  v ,  Combien  que  vous  m'ayez  chafTé  de  voftre  compagnie  ■>  tant  y  a  que  ie  ne 
doute  point  que  mon  nom  ne  foit  eferiten  vn  autre  lieu,  auquel  voftre  cruelle  fenten- 
ce  me  fera  aller  piuftoft  que  ie  n'y  fuffeparuenu  par  ordre  de  nature.  Latimî  R,Ie 
ren  grâces  immortelles  à  Dieu,  qui  m'a  amené  en  cefte  mienne  vieilleiîe  iulquesàcc 
poinct^quciele  puifle  maintenant  glorifier  par  celle  mort.  Or  Vvefton  quiprefidoie 
parla  à  eux  Cur  cela  en  cefte  façon:  Si  par  cefte  foy  vous  paruenez  au  ciel ,  de  moy  ie  n'y 
paruiendray  iamaisauec  vne  telle  affection  que  l'ay  maintenant.  ^Le  lendemaina- 
csJuaTeû  presqueccschofesfurentfaites,quieftoitvn  lourde  Vendredy,  on  chanxa au mefme 
d«  Papilles  temple  vne  grand'  Melleauec  grande  folennicé.  Il  y  eut  aufTi  vne  grande  proceflion 
par  toute  la  ville  &:  l' Vniuerfité ,  enlaquelle  Vvefton  comme  prelident  marchoit  au 
milieu, portant  en  triomphe  fa  belle  hoftic  enuironnee  de  quatrcI)ocleurs,qui  portoy- 
enc  le  paifle  pour  la  couurir  en  cefte  procefiion.il  fut  cômandé  à  Cranmer  de  regarder 
ce  beau  myftere  de  la  prifon  nommée  Bocard:&  à  Ridley  ,  de  la  maifon  d'Iryftrie ,  où  il 
cftoitçardépnfonnier.  Latimer,qui«&o« homme  ancien  ,  fut  menée!!  la  maifon 
du  Baillif,par  le  milieu  du  marché  de  la  ville,  Iceluy  penfant  qu'on  le  menait  brufler, 
pria  vn  officier  de  la  ville,nommé  Auguftin  Couper,  qu'il  luyfift  drefler  vnfeulegicr 
pour  eftre  pluftoft  deliuré  du  tourment.  Mais  quand  la  proceffion  fut  venue  au  mar- 
che, voyant  ce  qui  fefaiioit,fedeftournant  tant  qu'il  peut,  &c  le  retirant  ne  daigna  feu- 
lement ictter  vne  fois  les  yeux  fur  ce  fpe&acle. 

L*  EXAMEN  &  la  condamnation  de  Nicolas  Rjdlcy,8c  Hugues  Latimcr. 

îf^§5N  l'an  m.d.l  v  ,  le  dernier  iourdeSep5tembre,enuiron  les  huit  heures  du  matin 
SBfflfe  trouuent  à  Oxone  es  efcoles  de  Theologie,les  euefqucs  de  Lincolne  &  deGlo- 
ceftrc&aueceuxauflîl'euefquedeBriftd. ,  tous  trois  iuges  députez  cnceftecaufcde 
parla  Roine.    Apres  qu'ils  furent  affis  en  leurs  fîeges,NicolasRidley  euefquede  Lon- 
dres leur  fut  amené  de  la  prifon. Lequel  à  la  façon  accouftumee  les  falua  d'arriuec  com 
me  fes  Iuges:puïs  remit  Ion  bonnet  en  la  tcfte.Dcquoy  cesEuefques  fort  dcfpitez,fc  faf 
cherent  de  cequ'il  fe  portoit  ainfi  enuers  eux,qui  eftoyent  là  afïis  en  l'authorité  de  mô- 
Ordinal    fleurie  Cardinal ,  fouuerain  légat  du  Pape  en  ce  Royaume.  L'EucfquedeLincoInc 
Polus.      commença  à  fonder  Ridley  pour  fauoir  quelle  eftoit  fon  opi nion  touchant  les  trois  ar- 
ticlesdefquelsonauoit  difputé  ranprecedent:aflauoirdelaprefence  réejle  au  Sacre- 
ment i,de  la  TranfTubftantiation:  m,s'iltenoit  la  Me/Te  pour  vnfacrifice  viuinat. 
Le  mot     Quant  au  premier  article,il  refpondit,  Que  fi  par  ce  mot  Reaumentyûs  entendoyent  fpi- 
Reaumcnt.  ^^n^^  par  grâce  viuifiante,fon  opinion  eftoit  que  rien  ne  pouuou  empef- 
cher  de  parler  ainfi:aflauoir  que  Chrift  eftoit  reaumentprefent  au  Sacrement  :  mais  fi 
on  prenoit  ce  mot  pour  5«yîanf/etfe»»tfnr,ilcontredifoitàcela.    Quant  au  fécond,  ilde- 
meuroit  en  cefte  opinion,qu  après  les  parolles  du  Preftreconfacranc,  le  pain  6c  le  vin 
ne  peidoyent  point  leur  nature  ou  lubftance.Du  troifieme,fon  aduis  eftoit  qu'on  pou- 
uoit  bien  dire  ainfi,Lc  facrifice  du  lacrifice  viuifiant:mais  qu'il  ne  le  faloit  nullemét  ap- 
peler Sacrifice  viuifiant.    Il  vouloir  pourfuyure  ces  chofes  plus  au  long,&  les  déclarer 
plus  ouuertemenr.mais  combien  qu'ileuft  demandé  congé  de  parler:tant  y  a  qu'on  luy 
rcfufa  tout  à  plat.  L'Eucfque  de  Lincolne  difoit  qu'on  luy  auoit  baillé  commiflion  ex- 
prciîe  de  recueillir  fa  refponfe  en  peu  de  parolles  :  alfauoir  qu'il  dift  en  bref ,  ou  par  af- 
firmation,ou  par  ncgatiue,ce  qu'il  auoit  à  dire:au  refte,que  leur  commiffion  ne  s'eften- 
doit  point  plus  auant.Dauantage  félon  la  façon  ancienne  de  l'Eglife ,  il  eftoic  défendu 
de  dtfputer  contre  les  hérétiques.  Ncantmoins  ils  traitèrent  quelque  choie  entre  eux 
comme  en  palîaat  &  par  forme  d'interrogations,touchant  l'authorité  du  Pape  ,&  auf- 
fi  des  Sacremehs.Et  là  dc/fusRidley  donna  efprceuues  tant  de  fa  doctrine  que  de  Ùl  mc- 
Ridievre-  moire.  Car  s'il  falloir  alléguer  les  partages  de  quelque  autheur  que  ce  fuft,onncpou- 
g  recté  de    uoit  rien  mettre  en  auant  qu'il  n'expliquaft  iufques  aux  circonftanccs.Pour  cela  les  au- 
tous ,  pour  ^jteui:s  l'auoyent  en  grande  admiration,&  auoit  acquis  faueur  enuers  tous.    Or  puis 
r  qu'onne  luy  petmettoitdepourfuyiire  outre  les  queftions,  pourle  moins euft-Ubiça 
déliré  de  faire  deuant  toute  la  multitude  vne  conrefljon  de  fa  foy,  afin  que  tous  enten- 
dirent quelles  caufes  ôiraifons  il  auoit  fuyuiés  touchât  1 authorité  du  Pape  &  les  autres 

de 


tiOQ 


Latimer  Çf  Ridley*  j$j 

poin&s  cle  fa  doclf ine;  & lefquelles  luy  faifoyent  auoir  telle  opinion .    Mais  l'euefquede 
Lincolne  mettant  en  auant  fa  commiilîcn,remôftroit  d'vn  coite'  qu'il  ne  luy  pouuoitpas 
accorder  cela  ;Sc  d'autre  part  qu'il  luy  auoit  plus  permis  qu'il  netàlloit  à  vn  teliiôme,qui 
cftoit defiaretrcché deleglife.  Ayant  ainfi  parlé,illaifTa  aller  Ridley,luy  fartant comman- 
dement de  retournet  derechef  vers  luy  enuiron  les  huit  heures  au  temple  nommé  de  la 
vierge  Marie.    Bien  toft  après  Latimer  auec  poures  habillemens ,  SC  la  face  toute  ternie 
de  vieiUclTe,fut  là  amené  deuat  ces  Iugcs;lequel  après  auoir  cogneu  par  ces  déléguez  mef- 
me*  quelaforccdeleur  commiffion  dependoit  entièrement  d'vneaudhorité&puiirance 
eftrangere,&:  autrequedu  royaume)leurdit,Qu'ay-ieancaireauecces  notns&peribnnes 
eftrangcs&barbaresrjefuis  Anglois,nay  en  Angleten  e,&:  par  coniequent(felon  la  façon 
le  la  nature  du  pays)  fuiet  à  la  propre  pu ilfance  de  ce  royaume,où  îay  cfté  nay.  L'euek 
que  de  Lincolne  luy  refpôdic  que  ce  n'eftoit  point  le  temps  de  brocarder  amfî,  ne  de  dire 
des  plaifànterïesîpluftoft  il  falloir  qu'il  le  difpofàft  à  parler  à  bon  elcient ,&  à  ref  pondre 
d'vncfaçô  droite  Ciir  les  articles  qui  luy  deuoyent  eurepropolez. 

Latimer  o!r,Vraycment,meIïieurSjVousm'auezmisen  vneefcoîed  'oubliance:  les 
murailles  nues  m'ont  cité  baillées  pourlibrairic:  vous  m'auez  détenu  ii  longuement  fans 
liurcs,iàns  plume&:  fans  encre,  que  maintenant  d'entrer  en  députes,  ce  feroir  a  (faillir  vn 
poure homme  amaigrv  en  prifon,  ropu  des  fers  Se  ceps,du  tout  defarmé,  nud,  deftitué  de 
confeil,(ans  am  is,ihns  coniolation  ,&cnvn  lieu  du  tout  à  fon  defâuanrage .  L'euefque 
de  Lincolne  luy  dit  ,Moniieur  Lati  mer  ,laiifez  ces  fables,  &refpondez  pertinemment  au 
faicl.nous  ne  fommes  point  ici  venus  pour  difputer  côtre  vous.  Vous  dites  que  vous  eftes 
Anglois  Se  de  nature  Se  de  nation:  Se  pour  celle caufe  vous  demandez  eftre  exempt  delà 
force  Se  violence  dcceftepuilTancercommen*  vousne  fauiezpas  qu'il  ya  deux  fortes  de  Deux  fortes 
puiffance  :  aifauoir  la  puinance  des  clefs ,  Se  la  puiffance  du  glaiue  ciuil .  Iefus  Chrift  dc Pujiricc: 
luy-fnefme  n'a-il  pas  donné  cefte  authorité  entière  à  fes  difciples,degouuerner  lbn  eglL 
fe?Latimer  luy  dit  Je  ne  nie  pas  que  Chrift  n'ait  donné  à  fes  Apoftres  puiffance  degouuer 
ner  l'Egiife.mais  aulïi  lui-mefme  a  dôné  certaines  bornes  &  limites  à  cefte  authorité.  Car 
quand  commandement  leur  eft  fait  de  gouuerner ,  il  s'entend  félon  la  Loy  &:  ordonnan- 
ce de  Dieu,  Se  non  point  felô  l'appétit  de  l'homme .  On  porte  par  tout  vn  certain liurede 
l'euefque  de  Gloceilre(ienelecognoy  point,  non  pas  meime  quand  il  (croit  là  deuant 
mesyeux)auqueiilaalleguélepaffagedu  iy.chap.duDeuteronome,  pour  prouuer  cela: 
S'il  y  a  quelque  différent  fufeité  en  I'Eglifc,  ilfaut  que  la  caulëfbit  determinéepar  vn  Sa- 
crificateur de  la  lignée  de  Leui .  Et  au  lieu  qu'il  y  a  ainfï  au  paffage  de  l'E  Écriture ,  Et  tout  ce 
qu'ils  vous  diront félon  la.  Loy  &  ordonnance  de  Dieu, faites  Je ,  ô*c .  l'euefquede  Gloceftre  iette 
ces  parolles  hors  de  I'Eglifc.  Et  vous  autres  voulez  bien  gouuerner  I'Eglifc:  tant  y  a  que  ce 
n'eft  point  félon  la  Loy  de  Dieu .  Vou  s  rom  pez  les  limites  Se  bornes ,  elquclles  l'E  feriture 
vous  a  enclos:  vous  rongnezlamonnovedela  Loy  facrée  .gardez-vous  que  nefoyeziet-  Apoc.r44* 
tez  en  bas  au  lac  profond,duqiiel  faincl  Iean  fait  mention  en  fon  Apocalypfé. 

S  v  r  cela  l'euefque  de  G  iaceftrerefpodit,  que  voîrement  il  auoit  omis  ces  parolles: 
Se  la  raifon  eftoit  pource  que  l'Egli  fe  de  Dieu  ne  peut  rien  faire  finon  felô  la  Loy  de  Dieu, 
ainfi  que  le  Seigneur  lui-mefme  tefmoigne,quand  il  dit,Tafoynedefaudraiamais.  Item 
quand  il  dit  en  vn  autre  lieu,Ie  baftiray  mon  Eglifë  fur  cefte  pierre. 

L  e  lendemain  qui  eftoit  le  premier  iour  d'Oclobre,fieges  furent  apprêtiez  pour  ces 
Euefques,  au  grand  temple  de  la  ville  d'Oxone,  auec  vn  appareil  magnifique .  Quand  ils 
furent  montez  en  leurs  fieges,Ridley  fut  amené  le  premier .    Et  comme  on  s'efmerueil-  Confiance 
loit  qu'il  n'oftoit  point  fon  bônet,il  dit  qu'il  eftoit  là  pour  défendre  la  caufe  de  fonMaiflre  notablc- 
Iefus  Chrift:tout  ainfi  qu'eux  y  eftoyét  pour  maltenir  le  droit  Se  la  caufe  du  Pape.Et  pour- 
queles  tefmoignages  par  elerit  eftoyent  plus  fermes  qu'vne  fimple  prononciation  de  pa- 
rolles, pour  cefte  raifon  il  auoit  mis  par  eferit  ce  qu'il  auoit  à  dire  touchant  les  articles  :  Se 
requit  qu'il  lui  fuft  loifiblc  d'en  faire  leclure,  d'autant  qu'à  grand'  peine  vn  autre  pourroit 
lire  fon  eferiture  :  toutefois  l'euefque  de  Lincolne  ne  luv  voulut  nullement  permet- 
tre .    Sur  quoyRidley  lui  fit  requeftequelui-meimevoufîft  prendre  le  papier,  Se  qu'il  le 
îeuft.  Finalement  après  toutes  difficultez,  ceft  Euefqueprint  le  papier ,  SC  à  grand* 
peine  eut-il  ietté  laveucdeffus,qu'il  cômençaàcrier,  Blafpheme,  blafpheme.&:  quant  Se 
quant  ietta  là  ceft  efcrit.Et  Ridley  luy  dit ,  que  s'ils  trouuoycnt  quelque  chofè  en  tout  ce 
papier-la  qui  fuft  mal  eferit,  Se  quelques  mots  exprimez  autres  que  ceux  defquels  les  bôs 
Se  fidèles  Docleurs  auoyent  vfé,il  eftoit  content  qu'ils  l'adiugeaffcnt  à  mort  (ans  mercy. 


V! 


Ridicyde-  L'Euefque  de  Lincolnecncoreluy  dit,  quefacommiffionneportoit  aucunement  de 
gradé.  t;mc  ]Uy  permectrc.CEt  incontinent  procédèrent  à  la  degradation,nonobftftnt  tout  droit 
d  appellation.  ^  Apres  cela  ayant  tait  recirer  Ridley ,  L  a  t  i  m  e  r  vint  après  pour  eftre 
aulii  enuoye  au  feu,  lequel  tant  par  la  débilité  delà  vieilleiicque  par  le  grand  nombre  du 
peuple  fur  cellemenc  cmpefchc ,  qua  grand  peine  pouuoic-on  fendre  la  preffe  pour  venir 
iniques  la.  A  la  fin  y  ellancparuenu,  fut  incerrogue  par  Lincolne,  s'il  auoit  mieux  pcnle  à. 
Ion  raid ,  &:  délibère'  deretout  ncr  à  la  ioy  6c  vnicc  de  l'cglile ,  laquelle  comme  elle eft  ca„ 
tholique  &  vniuerfelle,auffi  eft-clle  viiiblc:^  celle  qu'elle  n'cll  poîr  cachée  fous  vn  muid, 
ains  cil  mile  à  la  veuc  de  tous  liir  vue  haute  montagne. 

Latimer  luv  rcfpondic  que  cela  eftoitvray,  toutefois  ilfatioit  que  toufiours  la  con- 
grégation de  l'Eghle  cftoit  fort  petite .  Et  quant  à  l'Eglile  viiible ,  il  ne  dou toit  point  li  la 
violences  perfecution  des  ennemis  n'empefehoit ,  que  leur  Eglife  nelairroit  point  d'e- 
ftre  vilible,&:  lèdiîateroit  tant  par  dodiineque  par  prédication ,  aufii  bien  que  la  Papale. 
Or  d'autant  que  maintenant  on  chalfe  du  royaume  vne  bonne  partie  de  celte  Eglife ,  de- 
tenans  les  vns  longuement  en  prifon,brullans  les  autres  :  comment  demandez- vous  cela 
que  celle  Eglife  foitvilible?  En  quel  lieu  lepouuoit  voir  la  vraye  Eglife  du  temps  d'Helie, 
i.Ro.si8.  4.  qUand  cent  pr0phetcs  fe  cachèrent  de  crainte  dedans  les  cauerncs:&:  quand  Hélie  fe  plei- 
gnoic  qu'il  auoit  efté  laiffé  feul  ?  Tel  cftoit  l'eftat  alors  qu'il  y  en  auoit  bien  peu  qui  fe  ma- 
nifeftalfent. toutefois  Dieu  ne  les  auoit  oubliezxomme  auiourdhuy  lemblablemcnt  il  ne 
met  point  les  fiens  en  oubli ,  combien  qu'ils  n'apparohTent  aucunement  deuant  les  yeux 
de  ce  mondc.Finalementpource  qu'ils  ne  voyoyent  aucune efperance  enlui,ils  ledegra 
derent  aulïï,&:  le  lailîerent  aller. 

■  O  y  l  a  en  Ibmmcl'hiftoiredes  combats  &:aflauts  que  ces  vrais  champions  ont  fou- 
llcnus:ilrefte  maintenant  dedirequclquc  choie  de  l'hcureufe  iflue  que  Dieu  leur  a 
donnée  en  leur  mort.  ^11  a  elle  touché  cy  delfus,  de  quelle  affection  s'eftoyen  t  etretenus 
&c  fortifiez,  Nicolas  Ridley  &:  Hugues  Latimcr,ellans  détenus  priibnniers  pour  la  que- 
relledu  Seigneur. La  mort cruellequileura  efté  prefentée après  lôgue  detencion,n'apeu 
leparer  n'amoindrir  ceftefainde  affection  :tanteftoyent -îlsarmezde  force &c  confiance 
pour  en  vn  mefme  iour,  &àvn  melmc  pofteau  palier  cheualiers  de  Tordre  du  Fils  de 
Dieu.  ^Mais  auant  que  venir  au  dernier  lupplice  de  Latimer,oyons  l'adieu  plein  de  beL 
les  fimilitudes  6c  de  confolation  qu'il  laillàauant  mourir  à  lès  compagnon  s,  qui  pour  vne 
melmecaulc  de  l'Euangile  enduroyét  perfecution  :  laquelle  a  efté  traduire  côme  s'enfuit: 
L  e  Seigneur  tout  puiffantvueille  faire  abonder  en  vos  cœurs  la  mefme  paix  que  no- 
Matth  r  13  ftrc  Sauucur  Iefus  Chrift  a  laiffee  entre  les  fiens,laquclle  neft  pas  fans  guerre  auec  ce  mi- 
ferable  mode,  Amen.  L  a  làifbn  eft  venue,querheriragedu  Sefgneurfecognoiftra-.c'cft 
que  maintenant  apparoiftront  ceux  qui  ont  receu  l'Euangile  de  Dieu  en  leurs  cœurs,  car 
tels  ne  flétriront  point ,  mais  croiftront  maugre  l'iniure  de  routes  les  pluyes  &:  tempeftes 
du  monde.Et  pourtant  que  ie  fuis  petfuadé  (trefehers  au  Seigneur  )  que  de  fait  vous  eftes 
femenec  de  la  bonne  terre  de  Dieu,  qui  croiffez  &:  croiftrez  ,  produifàns  fruid  à  fa  gloire, 
com  me  l'occafion  le  prefentera ,  quelques  chauds  6c  ardans  que  foyen  t  les  rayons  du  fo- 
leil:  ic  vous  lignifie,  voire  &c  exhorte  chacû  de  vous  de  marcher  après  noftreMaiftre  Iefus 
Chnft.ne  demeuram  point  par  les  fanges  &:  bourbiers,&:  n'eftas  eftonnez  des  orages  que 
voyez, qui  poffible  dureront  longuement.  Soyez  certains  que  la  fin  de  l'orage  en  lerenitc, 
engloutira  toutes  les  peines  précédentes .  Mettez  Ibuuét  deuant  vos  yeux  le  conlcil  de  S. 
Paul, qui  eft  en  la  fin  du  4.chap.delai.aux  Cor.  &  au  cômceemét  du  5. ce  vous  fera  vn  re- 
ftaurat  pour  vous  lbulager,afin  q  ncdefaill iez.  Et  puis  que  tant  defreres  &:  fœurs  palîent 
par  le  melme  lèntier,vous  en  deuez  auoir  meilleur  courage,  6c  marcher  plus  loyeufemét, 
pour  la  bonne  cornpagnie.  Leplusgrâd  ami  de  Dieu  n'a  point  trouué  plus  beau  chemin 
neteps  mieux difpofé  q  vous  auez  à prefent,  en  allant  au  lieu  où  nous  afpirÔstous,quicft 
leciel.l.i(czGenefe,cncommençantà  Abel,pu!sNoé,Abraham,Ifaac&;  Iacobjofeph, 
les  Parmi  chcs,Moyfe>Damd,&:  les  fàinds  du  vieil  Tcftamct  :  &c  me  dites  li  iamais  aucun 
d'eux  a  ti  ouuc  plus  beau  chemin  .  Si  l'Ancië  n'eft  aflez,  venez  auNouueau:&  cômencez* 
à  Marier  Iofcph,&:  delà  àZacharie&:  Elizabeth,Iean  Bapriftedes  Apoiïres&:  Euangcli 
ftes.  Si  vo9  eftes  recors  de  l'Eglife  pt  imitiue,tôbié  ven  a-il  qui  alaigremét  ont  offert  leurs 
corps  à  griefs  tourmcs,pluftoft  qd'eftreempelèhez  ou  retardez  en  leur  voyage?I'o{e  bien 
dire  qu'il  n'y  auoit  iour  en  l'annéc,q  plus  de  mille  ne  laiffaffent  leurs  maifons  d'ici  bas  en 
grade  ioye,pour  aller  trouucr  celle  habitaaô  q  1  e  tedemet  de  l'hômc  ne  làuroit  côprédre. 

Or  quand 


Hugues  Lat  'tmet.  jfj- 

Or  quad  de  tout  cela  ne  feroit  rien ,  &  quen  auriez  perfonnepour  vous  tenir  compagnie; 
vous  auez noltre Maiftre&  Capitaine  IclusChrilt,Fils  vnique,auquel  cft  tout  le  bon  plai- 
fîr  &:  dclcctatiô  du  Pere:voùslauez(di-ie)  qui  marche  deuant  vous .  Le  chemin  par  lequel 
il  cil  paruenu  cnfàlerufalcm  celefte ,  n'cltoit  pas  à  beaucoup  près  fi  beau  ne  ii  plaifhnt  que 
levoftrc:lc  confiderans  depuis  fa  naiilanceiuiques  à  la  lcpulture,  nous  trou  lierons  q  nous 
n'auons  que  tout  beau  temps  &c  beau  chemin  :  mais  d'autant  q  nous-nous  am  trierions  par- 
la voye  fans  diligéter  d'aller ,  noftre  Seigneur  nous  fufeitedes  orages  ôl  cem  peftes  pour  ha- 
fter  chemin  deuât  que  la  nui&  vienne,  &z  que  lés  portes  loyent  ferrées.  Le  diable  cil  main- 
tenant à  la  porte  d'vn  chacun  logis ,  en  la  cite :&c  région  de  cemonde,çriat  après  nous  pour 
nous  taire  demeurer  &.  prendre  logis  en  ce  lieu ,  voire  pour  nous  perluader  d'attendre  que 
longe  s'cicouJe  :  non  pas  qu'il  nevouluft  bien  que  tintions  percez  de  làpluyeiufquala 
peau ,  mais  afin  que  le  temps  fè  pafle  à  noftre  ruine  &z  deltruchon .  Parquoy  donnez- vous 
bien  garde,  &.  fuyez  tes  allechemens  &:  perfuaiions  :  ne  îettcz  point  vos  yeux  lur  les  choies 
jprefentes,&  ne  regardez  quêtait  ceftuy-ci,  ou  cclluy-la:  mais  îettez  la  veue  fur  la  bague  la- 
quelle vous  courez, ou  autrement  vous  perdrez  l'honneur  de  la  victoire.  Dreilbns,  dict- 
ions donc  noltre  veuë  au  but  de  noftre  courlc,&:  fur  ceux-laqui  marchent  deuant  nous:a- 
hn  que  puilfionsprouoquer&:  inciter  les  autres  à  nous  luiure  plus  haftiuemenc. Celui  qui 
tirede  l'arc,  neiettcpasfa  veue  fur  ceux  qui  font  auprès ,  ou  fur  cenxqiiilepourmeinent: 
mais  pluitoit  fut  le  but  auquel  il  tirc:autremétii  n'elt  pas  pour  gagner  le  pris.ainfi  mes  tref 
chers  au  Seigneur,  que  vos  yeux  foyent  drelfez  fur  le  but  auquel  nous  tirons ,  ailauoir  Iefus  Ht-lm* 
Chrift,  lequel  pour  la  ioyc  qu'il  fe  propofoit,porta  îoyculement  iacroix,  en  mefprifant  tel- 
lement l'ignominied 'icclle,que  maintenant  il  fied  à  la  dexcre  de  Dieu  .  Suyuons-le  donc, 
mesfeie^carilafàiccela  pour  nous  donner  courage. Car  nous  deuons  eftre  bien  affeu- 
rez ,  que  fi  nous  femons  auec  luy ,  certes  nous  moiflbnncrons  quant  6z  luy:  mais  fi  nous  le 
dénions, iln  y  a  nulle  doute  qu'il  ne  nous  renonce  aulfi.  Car  celui  qui  a  honte  de  moy(dit-  Marcs** 
il)&demonEuangileen  ceite génération  infidèle:  l'auray  honte  de  luy  deuant  les  Anges 
de  Dieu  auciel.O  que  voila  vnegrieue&:  terrible  fentence  contre  ceux  quirecognoilfans 
la  Méfie  cttrevne  idolâtrie  abominable  s  pleine  de  blalpheme&rfacrilege  contre  Dieu&: 
l'on  Chrift  (comme  elle  ett  àla  vérité  )  neantmoins  par  crainte  des  hommes ,  &;  perte  delà 
vie  ou  des  biens,  voire  aucuns  pour  leur  auantagc&  profit  rhonnorct&:  luy  font  homma- 
ge ,  diiïimulans  contre  leur  propre conlciencc,  laquelle  les  accule  :  il  cuit  mieux  valu  que 
telsneulfcntiamais  cogneu  la  verirc  ,  car  la  fin  d'iceux  elt  pire  que  le  commencement.  Matr.u.^j 
Tels  auroyent  befoin  de  prendre  garde  à  1" horrible  fentéce  def  Apoftre  efcriuant  aux  He- 
bricux,  fîxiefme  &dixicfme  chapitre  :  Ulez-la  de  peur  que  ne  trébuchiez  en  telle  condam- 
nation.Qiûlsnc  iouent  point  ici  hnement,fedeceuans  eux-melines  allans  à  la  Melfe,d'au 
tant  qu'ils  n'y  font  nulle  adoranon,ne  s'agenouillent  point,ne  fc  frappée  la  poi&rinc  com- 
me les  autres,ainsdemeuransaflîs  en  leurs  fieges,cuident  pluitoit  faire  blé  aux  autres,  que 
leur  nui!  e,s'ils  vouloyent  entrer  en  leurconlciëce,ils  fe  trouueroycnt  vrais  dilïimulateurs, 
&;  cerchans  àdeceuoir  les  autres:certainement  ils  craignent  plus  les  hommes  que  Dicu,le- 
quel  a  pouuoir  de  ictter  cor ps  &  ame  au  feu  d'enfer .    Ils  clochent  des  deux  cottez,  6c  fer-  Mat-toiS 
v.ent  à  deux  maiftres.  Le  Seigneur  donnegrace  à  telles  gés,&  leur  ouurc  les  y  eux,  afin  qu'-  h  °1S  ! 
ils  puifïènt  voir  que  celuy  elt  contre  lui  qui  n'elt  auec  lui:&:  que  ceux  qui  ne ,  aflemblent  a-  Luc.11.13 
uec  Chriftjdpardent.Qu'ils  lifenteeque  fainct  lean  dit  eftre  préparé  aux  infidèles. Le cô- 
feil  donné  à  l'eglifê  de  Laodicée  eft  bon  pour  telles  gens.  Mais  vous,trefchcrs  au  Seigneur,  £^1!* 
n'ayez  honte  de  TEuangile  de  Dieu:  car  c  elt  la  puiflance  de  Dieu  en  falutà  tousceuxqui 
y  croy  ent.  Soyez  participans  des  affli&ions  de  Chrift,  félon  que  Dieu  vous  donnera  force 
pour  les  portenn'cftimans  point  petite  grâce  de  Dieu  de  fournir  pour  fa  vente.  Car  vous  i.Pier.4.1» 
cftes  bien-heureux,  comme  le  verrez  vne  fois .  Lifez  le  fécond  chapirrede  la  féconde  aux 
Corinthiens.  Commelefeunenuiepointàror,ainslcpurifie:ainfi  ferez,. vous  purifiez 
en  fouffrant  auec  Chrift.    Le  fléau  &c  le  van  n'endommage^  ne  froifTe  point  le  froment, 
ains  le  nettoyé  &  fepare  d'auec  la  paille.  Vous,  trefehers  &  bien  aimez,eltcs  le  froment  du 
Seigneur.ne  craignez  pointdonc  le  van, ne  craignez  point  la  pierredu  mou  lin:  car  tout 
cela  ne  vous  fera  que  rendre  plus  purifiez  pour  le  Seigneur.  Le  lauon  &  ziepe comblé  qu'il  Le  fauon 
foie  no  'r,nc  rend  point  le  lingefale,  mais  pluftoft  le  fait  plus  blanc  &:  plus  net:  ainfi  la  croix  llo,™u  ie" 
noire  de  Chrift  nous  blachit  tât  plus,quâd  Dieu  nous  frappe  du  baftoy .  D autat  q  vous  e  ^un  c s° ÏÏs 
ftes  les  brebis  de  Chrift ,  preparez-vous  à  la  boucherie ,  lachans  touliours  que  voltre  mort  f  An-ictcr. 
elt  precieufe  deuant  Dieu. Les  ames  qui  font  fous  l'autel  nous  attendent,  pour  accomplir       c  *- 

Tcii, 


I/Wo  V*  Latimer3&  %[dley. 

leur  nombremoiisfommes  heureux  file  Seigneur  nous  y  a  deftinez  par  quelque  movcfl 
"  "      q  ce  lbit.Repofèz-vous&ibycz  du  tout  appuyez  fur  luy,  lequel  a  nôbrc  tous  les  cheueux 
dcvoftretettc:&  n'en  cherra  pas  vn  feulfanslà  volôte.  Vucillôs-nousou  non ,  il  nousraur 
boire  au  hanap  du  Scigneur,s'il  nous  eft  préparé  6c  ordonne de  hiy.Bcuucz_ledôc  de  hou 
A?0"l"6';9  courage  cependant  qu'il  cil  plein, depeur  qu'en  différât,  paraueture  ne  beuuiezfinalcmct 
pfcau.?v.s  Le  fond  6c  la  lie  aucc  les  reprouuez.  Soumettez-vous  dôc  ibus  la  main  forrc,&  nul  ne  vous 
i.Pi«.4.r   toucher.'!  fans  Ion  côgé.  &c  i\  on  vous  touche ,  c'eft  pour  voftre  bien  6c  Ialut.  Beniftez  Dieu 
qui  vous  corrige  en  ce  monde,afin  que  ne  foyez  condamnez  auec  le  monde.  Il  nous  pour- 
roit  biê  corriger  par  autre façon,  que  de  nous  rairefouffrir  periccution  pour  iullice:  mais 
il  fait  cela  pouiccqnousncfommcs  point  du  mode  .  Inuoquez  ion  nom  par  IefusChnft, 
demandans  en  ioyc&  licilclon  ialut &;  deliuranec. Croyez  qu'il  cil  mifcvicoi  dieux  enuers 
Pfr3a.91.tf  vous,qu'il vous oit,&vous aide. le fuis aucc vous(dit-il}en téps d'aduerfité,& vous dcliurc- 
rayrcar  il  a  ordôné  certains  limites  q le  diable  6c  le  monde ri'outrcpalïerôt  point.  Si  toutes 
iob  ».i>    choies  vous Icmblcntcllrc  contraires,  neantmoins dites  auec Iob,Encorcs qu'il  metue,  ii 
auray-ie  cfpoir  en  luy .  Liiez ledixicmc  Pleaume,  &  priez  pour  moy  voftre  pnurc  frère  & 
compagnon, periecuté  pourrEuangiledcDicmlbn  nom  en  foit  loue, &  iamilcricordeme 
face  auec  vous  idoine  de  ibuncrir&  endurer  en  bônecôleiencepout  l'amour  de  (on  Nom. 
Rien  n'eft  plus  certain  ne  plus  incertain  que  la  mort .  bien_heureux  font  ceux  aufquels  il 
HcJ>i  t     donne demourir  pour  là querelle.Noltre habitation  n'eft  pas  icy:&  pourtant,ayonstouL 
lia  ...  ^   iours  deuant  nos  veux  ccftclerufalé  celcfte,  à  laquelle  il  faut  piruenir  par  affliclionMbufc 
£rance,iiiyuans  l'cxem  pie  de  noftrc  Sauueur  Ieius  Chriit  :  nedoutans  point  que  comme  il 
eft  îelfufcite  immortel  au  troilîcme  jour ,  auffi  ferons-nous  en  temps  preferit ,  lors  que  la 
r.Cor.:^i  trompette  fonnera ,  6c  les  Anges  feront  ouïr  leur  voiv,&:  le  fils  derhommeapparoiftraés 
nues  en  maiefté  6c  grand" gloire: &:  nous  icions  cfleuez  aux  nuées  pour  venir  au  deuant  du 
Seigncur,&  viure  aucc  luy  éternellement.  Confolez~vous  par  ces  parolIcs,&:  priez  pour 
mov  au  nom  du  Seigneur. 

L  t  S  exhortations  dernières  &  paroles  familières  que  profera  H.Latimcr  vn  peu  deuant  fa  mort. 
Pr  e  s  que  ce  bon  percLatiniercutfaitcequicUoitdigned'vn  vraycheualierChrc 
j^§fticn,l'heurc  du  dernier  fuppliceapprochate  ,il  admoneftaaufl]  ceuxquieftoyét  or- 
donnez pour  le  conduire:i'pecialemcnt  ceux  qui  par  leurs  raiibns  humaines  tafehoyent  de 
le  diuertir  ou  cfbranlcr.  Puis  en  leur  prelènce  ayant  fait  ion  oraifon  à  Dieu,  commeca  s'ef- 
çaycr,&  (comme  fon  naturel  porton)  parler  à  (oy_mefrne  par  manière  de  dialogue,  pour 
faire  le  procès  à  les  adueriàircs:  &:  dit  en  celle  l'or  te,  Vouement  Latimer,il  te  faudroir  pen- 
1er  à  ce  que  ces  peribnnages  te  difent,&  te  deldii  e  pour  (auucr  ta  vie.  Ouv,  dit-il,  mais  qui 
es  tu  qui  me  conleilles  de  ce  fairerSi  tu  n'ofes  dire  ton  nom,ie  le  tediray:  Tu  es  cecôfeillicr 
Mait.i^.13  que  Ieius  Chriit  a  nommé  Satan,  quand  il  luy  vouloitperfuadcr  deuiter  la  mort .  Maisef* 
coi itc en  patience, puis  ic  me  deidiray.    Vous  tous, foyez  exhortez  auiourdhuy,  qu'- 
il n'y  a  qu'vn  feul  moyen  de  parue  nir  au  royaume  éternel,  c'eft  par  l'Euangiledenoftre 
Seigneur  Iefus .  A  près  qu'il  eut  dit  plusieurs  choies  des  iugemens  de  Dieu  fur  le  royaume 
d'Angleterre,  il  vint  à  dire ,  le  von  s  ay  promis  de  me  deldire ,  6c  partant  vous  m'auez  au/îî 
promis  audience:  ayez  donc  patience  encorevn  peu      vous  entendrez  cedequoyieme 
veux  deflirc:&  ainfi  les  tenât  fufpcns,continua  ion  propos,tellement  qu'il  fut  eicouté.  A 
la  fin  il  leur  dit ,  Il  eft  temps  que  ie  m'acquirede  mapromeffe ,  &  que  ic  déclare  dequoy  te 
)  .uimet  ic   me  veux  dédire. Elcoutez, il  m'a  fotiucnu  d'auoir  prefchc  autrefois  quel'  A  mechrift  n'vl'ur 
JdaitJ'i-    peroitplus  la  tyrannie  en  ce  royaume,  qui  auoit  elle  tant  bien  réduit  àla  parolledeDieu. 
"uclÎv^  mais  le  Seigneur  monftre  que  le  plus  fouuent  nous  contons  fans  luy,  nous  appuyans  fur 
pautc  ne  rc-  ccs  bras  morte  ls ,  6c  furies  t  elles  apparences  que  nous  voyons  à  l'œil:  parquoy  ie  m'en  dcf. 
pin" ên  An-  dy.Orce  n  cil  pas  touf  efeoucez  donc,  il  y  a  dauantage  :  c'eft  qu'aum"  i'ay  fouuenancc  d'à- 
gtetate.     uoir  dit  que  s'il  mcfalloit  mourir,  ce  lèroit  à  Smichfild:  &  maintenant  ic  voy  que  i'ay  men- 
ti^ qu'à  Oxcneictrelpancray:  parquoy  ic  vous  pren  tous  en  tcfmoins  que  ie  m'en  deldy, 
&  en  paiîc réparation  honnorable.  A  grand'  peine  eut-il acheué,  qucccuxquilàeftoyent, 
cfmcus  de  courroux  meilc&:  couuert  de  honte  d'auoir  eftcfruftrcz  de  leur  attente,  com- 
mencèrent as  eferier  contre  luy ,  de  (brtc  quecefaindperfonnage  n'eut  plus  d'audience: 
mais  le  dernier  fupplicc  fut  hafte  :  lequel  il  endura  aucc  vnc  conftance admirable,  ayant 
touliours  propos  de  confolation  en  la  bouche ,  iulques  à  ce  que  le  tourmet  du  feu  luy  euft 
ofté  toute  faculté  dcpailcr.Ce  fut  le  xv  1  .d'Octobre  de  celle  année  m.d.iv. 

NICO. 


Nicolas  Du  Cbe/he. 


3*S 


NICOLAS    DV    CHESNE,  Champenois. 

V  N  E  Croix  des  champs  amené  par  occafion  ce  Nicolas  à  la  v  raye  Croix  Se  tffufion  de  Ton  fang ,  pour  teftifier  de 
pEuangile.il  a  l'urmonté  fhypoenfie  d'vn  Caphard  qui  le  trahit:  en  cjuoy  fe  manifelU  la  vertu  inuincible  de 
1'Efpnt  de  Dieu  en  ceux  qui  lnyuent  &  adhèrent  à  fa  Parolle. 

Pk  f.  s  auoirdifcourules  Martyrs  Anglois de ceftcannc'e  m.o.l  v.auant  que 
palier  plus  outre  au  temps,  le  martyre  de  Nicolas  du  Chelhe  pourra  cftre  icy 
inféré  deuât  les  prochains  deux  frères  exécutez  àMalines.Sa  procédure efiant 
ioincte  auec  celle  de  Paris  Panier  cy  défais  delcntc  en  fon  ordre ,  monftrc  a/TeZ 
de  quelle  haine  la  vérité  du  Seigneur  eft  perfecutée  en  la  Conté  de  ôourgongne,  non  feu- 
lement contre  ceux  quiibnt  du  pavs,  mais  auiïi  contre  les  étrangers  qui  pauent  leur  che- 
min.Paris  eftoit  Bourguignon,^  celtuy-cy  eftoit  Champenois  natif  de  Beaumont  en  Por- 
cien  près  de  Retel,  ayant  iàreiîdenceenlavillc  de  Laufanne:en  laquelle  il  s'eftoit  retiré 
pour  y  viure  iclon  la  reformation  del'Euangile.  La  cauië  de  l'arrefter  prifonnierfutjQu^e- 
ftant  parc  i  dudit  lieu  de  Laulanne  pour  voyager  en  fon  pays,&:  amener  vne  Tienne  fœur  Se 
fon  mari  demeurant  audit  Retel,  &c  quelques  autres  qui  demeuroyent  à  Reims  en  Cham- 
pagne,pnnt  fon  chemin  droit  à  Belànçon,lc  xxvm  .iour  de  Septembre  m  d  .  l  i  i  i  i  .De 
Belançon  cheminant  a  Gry,  il  rencontra  vn  moine  inquifitcurquil'accofta.  Pafîàns  deuât 
vne  Croix  qui  eftoit  au  chem  in,Nicolas  ne  fit  aucun  le  blant  d'ofter  ion  chapeau:qui  don- 
na occaiion  au  moine  d'entrer  en  deuiiê  de  la  religion,  &:  de  contrefaire  l'entendeur ,  pour 
auoir  occafion  del'arrraper.  Arriuezqu'ilsfurentàGry,&:que  Nicolas  y  eutprins  logis 
par  l'aduis  du  Moine,  la  iulticedu  lieu,à  la  dénonce  &  aceufâtion  dudit ,  empoigna  Nico- 
las :  lequel  voyan  t  fon  Moine  conducteur  &:  guide  des  officiers  dit  >  O  traître ,  m  as  tu  ainû 
liuré  ?Laiuftice  demanda  au  prifonnier ,  d'où  il  eftoit  :&  il  refpondit ,  qu'il  (ètenoitàLau- 
fanneen  lamriidiction  des  Seigneurs  de  Berne:  &  qu'il  y  auoit  laùTé  fa  remme  auec  vnlîen 
frère.  On  luy  rephqua,Tu  n'en  es  pas  natif.  Non,  dit-il:mais  d'vn  villagepres  de  Retel.  In- 
terrogue  qu'il  y  alloit  faire: dit,  que  c  eftoit  pour  retirer  fon  beau-frère  &:  fa  fœur  femme  d'- 
jceluy:&vnautremefnageaueccux.Surceil  luy  futdemandé,fi  la  Loy  de  Laufanne  eftoit 
bonne.  Ilrcipondit,  Qubuy  :&:  qu'on  vprefchoitl'Euangile  du  Seigneur  en  toute  pureté 
de  doctrine.  Depuis  on  l'examina  de  p  i  uncurs  poin&s:  fur  lclquels  il  rendit  pure  &:  entière 
confeiîîon:  fur  laquelle  la  Iuftu  e  affeant  toute  cauiéde  condamnation,  prononça  fentéce 
de  mort  contre  Nicolas .  Aucuns  luy  conlcillerent  d  en  appeler  à  Dole  :  mais  il  rcfpondit> 
qu'il  ne  penfoitpasqueceuxde  Doiefuffentplus  gens  de  bien  qu'eux  :  car  depuis  peu  de 
temps, ils  en  auoycnt  rait  mourir  en  pareille  caufe. 

L  f  iour  d  c  deuac  que  Nicolas  fut  mené  au  fu  pplicc,  on  tafcha  de  luy  perfuader,  que  s'il 
vouloir  aller  à  la  Mcllé,  &  fe  mettre  a  genoux  durât  icelle,  on  le  lailferoit  aller  comme  paf- 
fant.Mais  Nicolas  armé  deperfeuerance,refponditpluftoft  mourir  que  de  commettre  vn 
tel  acte.il  alla  a  la  mort  fort  a  fleuré,  inuoquant  lenom  de  Dieu  iufques  au  dernier  mouue- 
ment  de  ion  corps.ee  fut  le  v  1 1 1. d'Octobre,  l'an  fuidit:  auquel  Tordre  des  temps  requiert 
qu'Ufoic  remis. 


mm 


FRANÇOIS  &  NICOLAS     MA  TTH  Y  S,  Frères  Je  Malmes. 

C  E  S  T  E  hiftoire  d'vne  mere  5c  de  quatre  enfans  crnprifonnez  à  Malincs ,  pour  la  vérité  de  l'Euangile  eft  notable: 
deftjuels  les  deux,  afTauoir  François  Matthyi  ,cju:  eftoit  l'aifné,  Si  Nicolas  Matthys  le  fécond  frere,ontcon- 
ftamment  enduré  la  mort  en  ladite  ville,la  mere  reftante  prifonniere,apres  la  mort  d'iceux. 

Nia  ville  de  Malines  aupaysdeBrabant,  iîege  du  Parlement  des  pays-bas,  il  y  ^ 
auoitvnnommé  André  Dieflên  mari  d'vnenomméc  Catherine,  de  laquelle 
il  auoit  quatre  enfans,affauoir  trois  fils  de  vne  fille .  Ayant  receu  la  cognoiflan- 
cc  de  l'Euâgilcnc  fut  négligent  à  inftruire  la  famille:  ilportoit  de gran s  regrets 
en  ion  efprit,  de  ce  que  la  doctrine  delcfusChnft  eftoit  ainfi  foulée  à  pieds  enlavifiede 
Malincs,&i  contaminée  de  tantd'idolatries  :  &:nefe  pouuoit  contenir,  (ans  quelques  fois 
s'oppofer  &:  parler  contre  icelies.Cc  que  les  Preftres  de  ladite  ville,ne  pouuans  foufrrirjuy 
drefferent  grandes  fa(chcries;tellement  que  force  luy  fût  de  fortir  de  la  ville,&:  s'en  aller  en 

Tt.  iii. 


Liure  V.  François  &  J^Jcolas  *Matthys. 

Anglcterre,où  il  mourut  en  la  compagnie  des  fidèles .  Deux  de  les  enfàns  après  auoir  de- 
meuré en  Alcmagne  quelque  efpace  de  temps  éseghfes  reformées  à  la  parollcde  Dieu, 
retournèrent  à  Malines  vers  leur  mere  vêtue ,  leur  fœur  &:  autres  leurs  parens ,  lefquels  ils 
tafeherent  d'inftrune  en  la  vrayecognoiïîance  del'Euangilc,  leur  monftranscn  lomme 
que  tout  leialut  dépend  d'vn  feul  Iefus  Chrift  ,&  du  précieux  fangqu'il  a  efpandu  en  re- 
miffion  des  pcchcz&  fatisïâdîon  cnuers  le  jugement  de  Dieu  .  L'odeur  de  cefte  dodrine 
vint  à  la  cognoiifance  des  fuppofts  de  la  prcftraille  du  pays .  Parquoy  ils  drefTerent  tous 
moyens  pour  les  attraper  :  6c  iur  tous ,  le  curé  de  lainde  Catherine  audit  Malines  s'y  em- 
fncufiTdo"  ploy^&âduertit  vnnommé,noftremaiftreRoardus  Tappaertdodeui  &:  doyen  de  Lou- 
ûeur  de  uain,inueteré  ennemi  de  la  venté,  6c  le  folicita  de  venir .  Iceluy  citant  venu  à  Malines ,  ce 
Louuain.  futdc  foliciter  au  poflible  le  Mayeur(  qu'ils  nomment  Scavvtet)  le  ficur  Guillaume  de 
kleicken^èigncur  de  Rouenkerken,de  prendre  les  deux  frères  auec  la  mere  &  l'on  troifie- 
me  frère  auec  la  lueur.  Laquelle  chofe  ce  Mayeur  ne  réfuta  de  faire,  eftant  requis  dotant  de 
gens,  qu'ils  appellent  d'eglife.Tous  cinq  donc  furent  mis  en  prifon:&  pendant  leur  déten- 
tion, la  preftraille  cercha  tous  moyens  de  molcftcr&  dediuertir  lefdits  cmprilbnnezde 
leur  droite  cognoiflance:mais  ils  n'y  profitoyent  rien .  Parquoy  on  (epara  la  mere  auec  le 
plus  icune  frère  6c  la  fceur,en  vn  autre  endroit  de  priion.  Le  plus  icufne  frère  6c  la  iceur  fu- 
rent deftournez  du  vray  chemin  par  les  aftuces  6c  lolicitations  des  ennemis ,  quelques  ex- 
hortations ou  remonftrances  que  leur  bonne  mere  lèuft  dire  ou  faire .  Ils  parlèrent  par  ce- 
fte condamnation:  Qu'ils  ieufneroyent  quelques  ioursau  pain  6c  à  l'eau,  &c  qu'ils  alïifte- 
royent  aux  MeiTes,&:  proccflions  du  Sacrement,veftus  de  linge  blâc.La  bonne  mere  non- 
obftant  perfeuera  conftamment  en  la  vérité  du  Seigneur .  Et  comblé  que  par  l'aftuce  d'vn 
moine  elle  ait  efté  depuis  elbranlée&:  deftournée  de  cefte  confiance,  neantmoins  quand 
on  l'amena  deuant  le  Magiftrat,folicitée  à  fe  deldire,refpondit  entre  autres  propos  qu'elle 
les  prioit  de  ne  la  mener  li  loin  arrière  de  la  vérité,  6c  qu'en  icelle  elle  vouloit  demeurer,  6c 
adorer  vn  feul  Dieu,par  fon  Fils  Iefus  Chrift:puis  q  luy  feul  l'auoit  rachetée,fans  autre.Sur 
ces  parolles  elle  receut  incôtinent  fentence,ou  pluftoft  vne  menace  furieule  du  Iuge-.afta- 
uoir,deftre  mife  en  perpétuelle  prifon,s'elle  ne  le  defiftoit  de  telles  opinions ,  en  receuant 
des  mains  du  preftrele  facreraent,&:  approuuant  les  autres  cérémonies  accouftumées. 

S  e  s  deux  fils  cy  delTus  nommeZjaiîauoir  l'aimé  6c  le  fécond ,  perfeueroyet  toufiours 
de  force  inexpugnable,fe  tenâs  à  la  pureté  delà  dodrine  de  Dieu:  &:  n'y  eut  menaces  ne  tor 
ment  qu'on  leur  ieuft  faire,qui  les  cîpouua  taft.  Les  fuppofts  de  l'eglile  P.a pale ,voy ans  cj[ 
toutes  leurs  inuétions  profitoyét  fi  peu,  delibererét  enfemble  de  les  amener  deuat  la  puil- 
fance  qu'ils  appellent  feculiere ,  accompagnez  degrand  nombre  de  moynes  6c  caphards, 
penfans  par  cefte  malque  extérieure  efpouuanter  ou  elblouir  ces  deux  ieunes  gens.  Tou- 
te cefte  trouppe  donc  eftant  venue  deuant  les  Magiftrats  à  leur  inftance  alTemblez,rin.. 
quifi  teur  comméça  à  dire  à  haute  voix,  Nous  auons  délia  pris  grand'  peine  pour  vous  de- 
ftourner  de  vos  erreurs,&:  toutefois  par  amitié  nous  n'auons  rien  profité .  11  faut  donques 
maintenant  que  vous  déclariez  îcy  voftre  foy  deuant  ce  fiege  de  iuftice  6c  fuperiorité, 
6c  Ion  verra  quelle  elle  fera  trouuée.  Sur  ce  rei  pondit  le  plus  ieune  des  deux  frères,  aila- 
uoir  Nicolas:  L'Apoftre  laindPaulny  les  autres  feruiteurs  de  Dieu  n'ont  iamais  diffe^ 
ré  défaire  profelfion  6c  confeiîîon  de  leur  foy,  tant  deuant  la  puilTance  ecclefiaftique,quc 
icculiere,  que  vous  appelez:  &  pourquoy  ne  ferions-nous  le  mefme,  veu  que  c'eftvnmef. 
me  Efprit  qui  nous  donnera  dequoy  vous  refpondre?Ne  penfez  pas  pourtant  nous  intimi- 
der.-nous  auons  bon  maiftre .  ^"Ces  aduerlàires  voyans  cefte  promptitude,les  firent  fepa- 
rer  l'vn  de  l'autre.  Et  demandèrent  premièrement  à  railné,à  làuoir  François,ce  qu'il  croy- 
oit.  Il  refpondit  croire  tout  ce  qui  eft  contenu  au  vieil  6c  nouueau  Teftamet.  Les  Théolo- 
gies là  prei'ens  dirct,Qui  vous  a  enfeigné  le  viel  6c  nouueauTcftamét?Pour  l'auoir  leu,dit- 
il,&  pour  l'auoir  ouy  an  nôccr  en  Alemagne:&:  le  Seigneur  nous  a  fait  cefte  grâce ,  de  nous 
auoir  ouuert  les  yeux  6c  l'entendement  pour  l'entendre .  Les  Théologiens  procedans  ou- 
rrc,dcmandcrcnt  s'il  tenoit  l'eglile  Romaine  pour  l'cglife  catholiquc.Rcfpondit  que  non. 
Efcoutez,  dirent  les  Théologiens,  il  eft  vray  qu'il  y  a  quelques  erreurs  6c  abus  en  icelle. 
François  coupant  leurs  propos,  dit,  Il  s'enfuit  donc  que  ce  n'eft  point  la  iainde  Eglife  ca- 
Th  l  tholique  &l'efpoufe  de  Iefus  Chrift  :  laquelle  doit  eftre  fans  fouilleurc  &macule,comme 
JL  dl'loa  lacoulombc.  Lcldits  Théologiens  arreftez  tout  court  en  leur  propos  deuât  la  multitude, 
uam  furpris  paiîercnt  outre:  6c  aualcrent  cefte  honte  auec  vn  mot  qu'ils  adioufterent ,  que  leglife  Ro- 
cn  kur  pro-  ç  C^.Q^  {oUS  yà  protedion  delà  fainde  Eglife  Chrcftienne,  dont  le  Pape  cftoit  le  chef. 
*  '-  Car 


François  &*  Nicolas  Matthys,  $86 

Car,difoyent-ils,ccpcndant  que  Iefus  Chrift  eftoit  icy  bas  en  cerrc,il  en  eftoit  le  vray  &  v- 
nique  chef:  mais  depuis  qu'il  eft  party  d'icy ,  il  alanîé  fàinct  Pierre  chef  lur  icelle:duquel  le 
Pape  tientlafucceision.Acelanéfk  François  aucune  refponfe:  mais  en  fouinant  donoit 
àcognoiftrel'ignorancedeces  Caphars.  &c  aucuns  de  ceux  quieltoyentprefèns  en  eurét 
honte.^En  outre  on  iïntcrrogua  comment  il  fentoit  du  Sacremét.  fy.  Quad  on  reçoit  la 
Cene  du  Seigneur  fous  les  deux  efpeces,  lelon  ion  ordonnance,comme  il  eft  eient  par  les 
trois  Euangeliftes  &  iainctPaul,on  reçoit  le  corps  &:  le  lang  de  Ieius  Chrift.  Sur  cela  dirct, 
Mais  que  ientez-vous  du  iacrement  qu'on  porte  par  les  rues  &  aux  malades?  Des  ou-  Du  Sacre: 
blies  que  vous  portez  aux  malades,  &c  pourmenez  par  les  r  ues,nous  n'en  tenons  rien  :  c  ar  ttM:«tP°r^ 
quant  aux  maladesmous  prions  le  Seigneur  de  leur  vouloir  donner  vrayefoy  fondée  en  ià  ^u  aruc* 
pârolle,pour  les  conduire  à  la  vie  éternelle.  Aucuns  preftres  qiù  là  elloy  en  t  demander  et, 
Et  Dieu  n'eft-ilpointenrhoftiequicftcsmainsdesprertres,quâdilsc6racrent?  fy..  Non: 
mais  Dieu  eft  en  toutes  les  ceuures ,  &c  n'eft  enclos  es  temples  faits  de  mains  d'hommes. 
D.  Mais, Où  eft-cedonc  que  Dieu  demeure?  çt.  Le  ciel  eft  fon  ficge,&:la  terre  lôn  mar- 
chepied. Sur  celale  Mayeur  de  la  ville  en  fegaudiflant  dit,Il  faut  donc  que  voftre  Dieu  ait  Bhfphemc 
de  longues  ïambes.  Puis  on  demanda  de  la  confcfsion  &c  abfblution  des  preftres  en  celte  çôm  Diel1' 
manière ,  Ne  croyez-vous  pas  que  les  preftres  en  la  côfelsion  ayée  puiftance  de  retenir  les 
pechez,ou  lesabl'oudre?^.  Nôxar  le  Seigneur  nous  appelé  à  iby,diiànt,  Venez  à  moyvo9 
tous  qui  eftes  chargez:&  ie  vous  foulageray.  C'eft  donc  à  luy  que  nous  deuons  aller  pour 
eftre  delchargez  des  fardeaux  de  nos  péchez.  En  après  interrogué  s'il  s'eftoit  fait  dere- 
chef baptifer.Refpondit ,  Pourquoy  me  troublez-vous  tant?nous  auôs  efte'  vne  fois  bapti- 
fez;dont  nous-nous  contentons ,  &c  ne  voulons  eftrefauucz  parle  Baptefme,  mais  par  la 
foy  en  Ieius  Chr  ift:car  le  Baptefme  ne  nous  eft  autre  chofe ,  fi  non  le  ligne  de  l'alliacé  &c  du 
renouuellementdevie,que  nous  auons  par  l'eifufion  du  fang  de  Iefus  Chrift.  ^Surquoy 
pluiieurs  ignorans,qui  là  eftoyent  prefens,dirent ,  Cela  eft  bon,&  nousièmble  véritable. 
Les  Théologiens  iniiftans  en  leurs  demandes,dirent,  Que  dites- vous  delà  merede  DieU 
&:  des  Sain&s  de  paradis?ne  demâdcz-vous  point  leur  intercefsion?  Iefus  Chrift  eft 
l'huis  &L  la  por  te:&  qui  n'entre  par  icelle,  il  eft  pronôcé  meurtrier  &  lariô.V  oire,dirét  les 
Théologie  ns,ce  ne  ieroit  donc  à  voit rc  femblant  rien  des  îours  de  feftes,des  luminaires  &c 
choies  l'emblables.  Ri.  Tout  cela  n'eft  qu'idolâtrie,  entant  qu'il  n'eft  fonde' en  la  parolle 
de  Dieu.  D.  Quand  les  hom  mes  decedent,n'eftas  point  nets  ou  purgez  de  leurs  péchez» 
ne  croyez-vous  pas  queparv;giles&  anmuerîàires  ils  foyer  rachetez  du  feu  de  Purgatoi- 
reiFrançois  haulfant  fa  voix,dit ,  Purgatoireiienetrouueés  Efcritures  aucun  Purgatoire:u" 
vous  en  trouuez  vn  en  icelles,ic  m'y  accorderay.  Les  Théologiens  rei'pondirent  que  faci- 
lement ils  le  pourroyent  môftrer  :  ce  qu'ils  ne  firent  toutesfois:car  ils  deiiroyêtlaiirer  Frâ- 
çois,&:  retourner  à  l'autre  lequel  ils  auoycnt  fait  mettre  en  vn  licuà  part. 

^Vn  e  partie dôc  decefte  troupe.fut  enuoyce  vers lefecond,aifauoir Nicolas , pour 
l'examiner,ou  pluftoft  pour  le  tourmeter.  Aufquels  il  dit  de  premier  abord,  viat  d'vn  pro- 
uerbe  vlité  en  vulgaire,  Venez-vous  icy  pour  me  vendre  des  queues  de  renards  ?  hypocri- 
tes ,  departez-vous  de  moy,  &:  m  e  lailiez  en  paix:  car  ie  veux  demeurer  en  la  venté ,  n'efti- 
mant  rien  vos  fables  6c  menlbnges,encores  qu'il  me  couftela  vie.  A  cefte  voix  furent  fi  ef- 
frayez les  lu  (dits  fuppofts  de  preftres,qu  ils  retournèrent  vers  l'aimé  deidits  frères,  luy  cô- 
feillantque  pour  luy  &:  pour  fon  frère,  il  aduiiàft  de  trou  uer  moyen  de  fe  réconcilier  à  l'c- 
glile.  Mais  ledit  aifhé  leur  dit,Ie  vous  prie  côtentez-vous ,  car  ie  n'ay  point  mtétion  de  me 
laifler  trompera  ay  mon  eipoir  en  Dieu.  ^  Depuis  cclales  preftres  voyans  qu'ils  ne  profi- 
toyent  rien?&  quelefdits  treres  demeuroyent  rcfblus  du  tout,  ils  les  firent  venir  deuât  les 
Iuges,&:  là  furet  leus  leurs  articlcs:aprcs  la  lecture  defquels  leur  demâder en t  s'ils  s'en  vou 
lovent  deiifter.Les  deux  refpondirét,  Non,fî  nous  ne  fommes  côuaincus  par  la  fain&eE- 
fcriture.Loi  s  les  Inquifiteurs  dirent  aux  magiftrats,que  puis  que  ces  deux  prifonniers  de- 
meuroyét  ainli  obftinez ,  cotre  la  doctrine  de  reglile,qu'ils  les  rctrenchoyét  d'icelle  com- 
me membres  pourris,en  les  excômuniant,&c.  A  cela  dit  le  Maycur,Doncnc  font  ils  plus 
bourgeois:&:  ieies  puis  bien  mettre  à  la  torture.  Le  lédemain  ces  deux  freres  furet  mis  fur 
la  queftion  ,combicn  que  pour  cela  il  y  eut  différent,  &c  ne  s'accordoyét  ceux  du  magiftraç 
debatâs  le  droictdela  bourgeoifie  de  Malin es.Quoy  non  obftant,l'aiihé  fut  mené  àla  tor- 
ture lepremienauquellcs  Inquifiteurs  dircnt.Tu  péies  par  doctrine eftrâge&:  double  li- 
gue no9  côuaincre:mais  tu  ièntiras  le  chaftimét  de  l'egliié  Romaine  ta  mere.  A  quoy  il  rd- 
pondit,Nous  ne  vous  auons  aucunement  conueincu  par  double  langue:  a  ms  par  la  pure 

Te.  îiii. 


Liure  V.  François  &  J^jcoUs  MatthyS. 

parolle  de  Dieu,pour  laquelle  volontiers  nous  endurerons  toutes  les  peines  6c  douleurs  cj 
vous  nous  pourriez  faire.Le  mefmedit  le  ieune  rrere,donnant  courage  à  Ion  rrerc  qui  iac- 
ftoit  fur  le  banc  de  la  torture.Ces  luges  6c  Seigneurs  voyans  cefte  côftance ,  furet  mcrucil- 
lculcmét  cftonnez,  6c  de  bonté  des  larmes  qui  leur  fortoyent  des  ycux,fc  retirèrent  à  part. 
Puis  après  rctournans  vers  eux  leur  dircnr,Si  faut-il  que  vous  nous  déclariez  qui  cft  voftre 
maiftre,&:  qui  font  vos  compagnons.  L'aiiné  refpondit,  Quant  àcc  que  demandez  qui  eft 
noftre  maiftre,c'eft  Dicu:mais  quant  à  no^  compagnons  ,c'eft  en  vain  queledemadcz:  c  ai 
nous-nous  bifferions  phdtoit  tirer  pièce  à  pièce  que  de  les  expolcr  aux  dagcrs.Quoy  voyâs 
lefdits  luges  &  Seigneurs,  commandèrent  qu'ils  fulfent  remis  en  prilbn  miques  a  ce  qu'on 
les  demâderoic.  Peu  de  temp-  après  ils  furent  menez  deuant  la  iuftice>fcantcfur  les  iieges 
dejudicaturcA'  là  derechef  leurs  articles  eftâs  publiez  ,  lcldits  deux  frères  à  haute  voix  en 
plein  parquet  dirent  qu'ils  perliftoyent:  tellement  qua  l'heure  ils  receurent  lentcncede 
condamnation:laqueiie  cftant  prononcéc,le  Mavcur  de  la  ville  leur  <  ÎicPl  enez  vn  confeC 
feuncar  demain  il  vous  faudra  mourir.  Auquel  refpondirenc,Nous  auôs  Iefus  Chrill  pour 
noftre  confeffeur,duquel  nous  attédonsabfolution.  Cela  dit  en  pleine  audience,on  lesre- 
menaenlaprifom&lclédcmam  Lundy  x  \  i  n.de  Decembreauantrexecutioricesdeux 
frères  prefente  toute  la  iuftice,auat  eftre  menez  au  lieu  du  dernier  fupplice ,  le  confo  loyét 
l'vn  l'autre.  EtlVn  d'eux  dit  ces  propos,  Mon  frere,nousanons  vn  bon  maiftre,quiadôné 
là  vie  pour  nous,  afin  que  tuisions  fàuuez:  ne  nous  départons  point  deluy ,  autrement  les 
loups  nous  defehircroyent,  6c  nous  feroyent  plonger  au  gourre  éternel. Si  on  nous  oftele 
corps,il  n'eft  polsible  de  toucher  à  1  amc.  Pluficurs  autres  parolles  de  côf'olation  6c  exhor- 
tation furet  dites  l'vn  à  l'autrc,auât  qu'aller  au  dernier  fupplice ,  de  lbrte  que  plu/icurs  des 
afsiftans  auec  grande  compalsion  pieuroyent: 6c  cependant  la  preftraille  fc  noit  auec  cris, 
moqueries  6c  miures.  Quand  les  vingteinq  ordinaires  arriucrent  en  la  prifon,  le  Mayeur 
requit  que  la  fentence  donnée  contre  les  deux  criminels  fuftleuë.  Laditefentence  les  de- 
claroit  obftinez  &:  peruers  heretiques:mais  Nicolas  le  plus  ieunedes  deux  refpôdit,  Non, 
mefsieurs  les  Burgmaiftres,nous  ne  fommes  pas  heretiques:nous  croyons  en  Dieu  le  Pere 
tout-puiffant,  crcateurduciel&delarerre.  Le  Mayeur  luy  commanda  de fe  taire,  &dit, 
Vous  eftes  hérétiques.  Auquel  rcfpondit  Nous  ne  nous  pouuons  taire,  attendu  que  c'eft  la 
parolle  de  Dieu.  Le  Mayeur  répliqua,  Vous  auez  affez  cfpandu  voftre  mefehante  feméce. 
Nicolas  luy  dit,Nous  n'auôs  point  femé  mauuaife  lèméce:  ains  parlons  la  parolle  de  Dieu, 
félon  la  do&rinedes  Apoftres.  Le  MaycurJ'ay  fait  allez  pour  vous ,  ic  vous  ay  mandé  plu- 
fieurs  fauans,afin  de  vous  deftourner  de  voftre foy  diabolique.  Nous  ne  les  tenôs  pour 
lauans  en  la  do&nne  de  noftre  Seigneur ,  entât  qu'ils  nous  ont  voulu  deftourner  d'iceluy, 
6c  nouc  mener  aux  elemens  6c  créatures ,  en  quoy  ne  les  auons  voulu  aucunement  croire: 
car  Iefus  Chrift  eil  noftre  Sauueur  fans  aided  aucune  créature.  Le  Mayeur ,  Taifèz-vous: 
f.h:rh.i3  voftrc  ièmence  diabolique  eft  par  trop  efpandue.  iji.  Vos  Preftres  font  venus  denuiâ ,  6c 
ont  fèméla  mauuailcfcmence  parmi  la  bonne. 

^Or  ainfî  que  les  deux  frères  feconfbloyent  l'vn  l'autre,  amenans  partages  de  la  fain- 
cte  Efcriture,le  Mayeur  ne  les  pouuant  plus  louifrir,  dit ,  Nous  n'auons  ia  befbin  de  prédi- 
cateurs :  quand  nous  voulons  ouir  la  prédication,  nous  allons  à  noftre  cgliiè.Lors  dirent, 
Monficur,nous  parlés  delefiis  Chrift,lcquel  peut  eftre, vous  ne  cognohTez  pas  :  mais  vous 
cognoiffez  le  Pape  pour  voftre  Chrift.car  quand  nous  dilions  en  noftre  examen  par  deuat 
vous  ,que  le  ciel  eftoit  le  fiege  du  Seigneur ,  6c  la  terre  f  on  marchepied ,  vous  refpondiftes 
qu'il  falioit  que  noftre  Dieu  euft  longues  iambes.  Or  le  Seigneur  ne  fouffrira  point  vn  tel 
blafpheme  fans  le  punir. Ce  Mayeur  commanda  qu'ils  fc  teufsent,dif  ant  au  bourreau  qu'il 
leur  mifl  vn  efteufen  labouche.Etle  plus  ieune  dit,  Ainfi  no9  ferez-vous  corne  vos  prede- 
Vn  Martyr  celfeurs  ont  fait  par  cy  deuat,il  y  a  dix  6c  lëpt  ans,  à  noftrefrcre  lea ,  lequel  a  auf  si  efté  brut 
bxSié  1  m"'  ^  Pour  *a  ycrit^'  ^e  Payeur  leur  dit,U  ne  vous  en  adiùendra  moins  qu'à  luy.    ^Ccs  deux 
Lnc-y.  J  a  frères  le  voyans  efeoutez  de  l'afsiftence,  voulurent  refpondre  plus  amplement:  mais  ledit 
Mayeur  nelcur  voulut  permettrerains  s'efcria,difat,  Pourquoy  ef  conte-on  ces  hérétiques? 
louez  maintenant  voftre  farce ,ie  feray  tantoft  la  mienne.  Les  deux  frères  reipondirent  al- 
lègrement, Faites, monfieur,quand  il  vous  iemblcra  bon. 

Cela  dir,ainfi  qu  o  les  menoit  hors  de  la  maiio  de  la  villej'ls  fupplieret  qu'il  leur  fut  per- 
mis de  predre  coge  de  leur  mcrc:mais  le  Mayeur  ne  leur  voulu  raccorder,  ainsleur  fit  met 
trcl'efteuf  à  la  bouc  he,pour  les  empefeher  de  parler.  Et  corne  ils  eftoyét  allez  prochaîs  du 
pofteau  pour  eftre  attachez,la  petite  boule  leur  tôbade la  bouche.  Lors  le  ieune  parla  au 

peuple: 


'Bertrand  UHUs.  3S7 

peuplc:cxhorta,  &  pria  le  Mayeur  le  laiilcr  parler  à  Ton  frère:  laquelle  chofe  illuy  permit. 
Lors  il  dit  à  ion  frerc  François,Mon  rrere,prenons  courage  :  car  auiourdhuy  nous  irons  au 
royaume  dcnoftrePere.Et  commencèrent  à  chanter  leiymboic  en  Alemand.Celafatt,ils 
demandèrent  pardon  au  Mayeur ,  lequel  leur  dit  ces  parolles,Il  eft  remps,puis  que  vous  c-  Notez  c« 
ftes  hez  àleftachc.  Nous  nousconfîons,  dit  le  plus  ieune, &:  nous  arreftons  à  Ieius  Chnft,  ^mcrs  3- 
îequel  vous  ne  cognouTez  point.Ouy,ouy,dit  le  Mayeur.Et  cependant  le  feu  eftoit  allumé 
&  paruenu  au  ieune.  L  aiiné ic  conibla,&:  dit,  O  mon  frcre,encore  vn  pctit,&;  ce  lerafait. 
Et  il  leuaion  vifage,&  s'eicna,Mon  Dieu,mon  Dieu.&:  ainii  redit  Ton  elprit.Leplus  ieune 
endura  dauâtage:  &  l'ouit-on  aufeu  prier  pour  les  cnnemrs:mais  incontinent  après  il  ren- 
dit iemblablemcnt  Ion  efprit.  ^~On  fut  empclché  tout  ce  îour  de  Lundy  a  les  bruiler  & 
confumer  en  ccndres,&:  ne  fut  poisible  :  tellemét  que  les  os  furent  bniez  aucc  fourches  de 
fer:&:  quelque  bois  que  Ion  y  mift,  fi  ne  (curent-ils  élire  réduits  en  cendre. 


BERTRAND    LE    BL  AS,  Toumifrn. 

C  I.  que  riousauonsveucydeflus  au  troifieme  liurc  auoirefte  tait  en  Portugal  par  G.  Gardiner,  nous  le  vo- 
yons icy  renouuelé  à  Tournay  par  B.  le  Blas.-en  quoy  nous  auons  a  confiderer  de  quelle  vertu  &  efficace  eft 
le  tdmoignage  que  Dieu  rend  au  cœur  de  quelques  vns,par  l'on  S,  E  Cprit:&  quelle  chfFeréce  il  y  a  entre  ceux 
qui  ont  ce  tefmoignagej&  ceux  qui  ne  l'ont  point:  &  entre  témérité  &  fainciehardieÛe. 

ïf^g*  O  V  R  clorre  cefte  année,i'aiTortiray  aux  precedensvn  Martyr  excellent  que  MJ>.L.V« 
KJ§ïbù  lepaisdeTournclyncuspreicntcen  celieu,nommé  Bertrand  leBlas,natifde 
ât!  ¥2ï$%  Tournay, hautliiTeur  de m  eftier  .-lequel après auoir  eu  la cognoiiîance delà  ve- 
^klK  rite,le  retira  à  Vvelél,ville  delaiurildictiô  du  duc  de  Clcues.-pour  eftrc  du  nô- 
bredel'EglileFrançoife,&:  pour  feruir  au  Scigneur,iouyr  delà  prédication  delà  lainctcPa- 
rolle,&:  de  l'admimitration  des  Sacrcmcns  :  Il  y  penibit  retirer  fà  femme  mais  il  ne  (dut  ob- 
tenir d'elle  de  fortir  de  Tournay:qui  fut  la  caule  que  par  trois  diuerles  fois  il  alla  &  vint  de 
Vvefel  vers  ellc.La  dernière  fois  qu'il  partit  pour  aller  àTournay,pluficurs  luy  (firent  le  cô- 
uoy:&:  entreautres  Maiftre  Louys  lors miniftrede  l'cglilè  Françoife  audit  Vvclel le côuo- 
yant, l'exhorta  à  perleuerer  conftammenten  la  vraye  cognoiiîance  qu'il  auoitreceué',  lâns 
fc  polluer  en  idolâtrie.  A  quoy  ledit  Bertrand  relpondit,qu'ilfentoit  vn  vray  mouucmét  de 
l'Elprit  du  Scigneur,&  qu'il  dperoit  de  ne  cômettre  choie  indigne  de  la  cognoiflace  qu'il 
auoit.  Or  citant  arriuc  a  Tournay  ,  nepouuant  induire  l'a  femme  à  lailfcr  le  lieu  defuper- 
ftition&:  idolâtrie,  demoura  audit  Tournay  quoyement  quelques  ioursauant  la fefte de 
Noël  lors  prochain, en  cefteannée  m.d  .l  .  v .  Bertrâd  ledit  îour  loi  tat  du  matin  delà  mai- 
fon  requit  fa  femme  &:ibn  frère  de  prier  Dieu  pour  luy,  afin  d'amener  à  bonne  fin  l'entrc- 
prife  qu'il  auoit  relbln  défaire  ledit  iour,fàns  autremét  déclarer  quelle  elle  eftoit.  Cela  dit, 
s'en  alla  en  la  grade  eghle,appelce  Noftrc  dame ,  qui  eft  eglile  cathédrale  &:  principale  au- 
dit lieu  de  Tournay  .Là  eftant,  il  le  promena  par  trois  fois  à  l'étour  du  cœur  de  laditecglL 
fe,ayat  delir  de  faire  ce  qu'il  auoit  entreprins  au  grand  autel:  Nele  pouuât  faire,il  fe  m  it  de- 
dans la  chapelle  paroilsialc  de  ladite  eglile,cn  laquelle  il  le  tint  déboutée  bônet  fur  la  telle, 
iufqu  a  ce  que  le  preftre  Cu  ré  lcueroit  lolcnnellement  l'on  dieu  en  là  Melîe.Si  toft  qu'il  cô- 
mença  à  le  leuer,Bertrand  luy  vint  arracher  de  la  main:  &:  adreiîàt  là  parolle  au  peuple  qui 
là  afsiftoit,dit  à  haute  voix,  Peuple  abufé,cuidez_vous  que  ce  toit  icy  Ieliis  Chrift ,  le  vray 
Dieu  6c  Sauueui  rVoyez.Et  après  quelques  autres  parollesdcremonftrâce,ayant  brilé  en- 
tre les  main^  fhollie,qu'il  appelent,la  letta  en  terrc,&:  parla  deiTus.Lepeupleàcenouucau 
fpeâaclc  ,  errvn  iour  cic  ii  grâd' fefte &c  deuotion, demeura  tellemét  cfTrayé,que  ledit  Ber- 
trand pouuoitaifementlê  retirer  &c  le  làuuer ,  côme  du  milieu  de  gens  frappez  d'eftonne- 
mct,n"euft  elle  que  le  Seigneurie  referuoit  à  déclarer  encore  &:  rendre  plus  ample  raifô  de 
ce  raict.Ne  bougeât  delà  il  fut  apprehêdé,&  mené  priibnmer  en  la  grolîe  tour  du  chafteau 
dudit  Tournay.Orori  le  v  int  rapporter  au  Scnelchal  de  Hainaut  gouucrneur  deTournav 
&:  de  Tourncly ,  qui  lors  eft  oit  en  fa  maifon  au  Bicz  détenu  grieuement  de  fa  maladie  ordi- 
naire des  gouttes  articulaires.  Apres  auoir  entedu  ce  fai«5t,s  eicriaen  cefte  voix, Mon  Dieu,  Lc  &nrf 
ell-il  poisible  que  tu  te  lois  ainli  lailTc  fouller  d'vn  mefehant  hommcrcômét  ne  t  es-tu  vé-  chai  promet 
gé:Helas,côment  as-tu  cite  lî  patientîle  promets/)  mon  Dieu ,  d'en  ràire  telle  vengeance,  dc  venScr 
qu'il  en  fera  mémoire  à touliours.il  fe  mit  en  telle  colère  ,  &  en  pàrollcs  défi  grande  impa-  onDlcu' 
tiencc,quc  ceux  qui  eftoyentprcfens,erbmoyent  qu'il  fut  hors  du  iens. Incontinent  après 


Liurt^  V-  'Bertrand  le  'Btas. 

fc  fît  porter  au  chafteau  de  Tournay ,  &:  ne  pafla  point  les  feftes  de  Noël  fans  faire  donrter 
la  torture  tcrribleà  Bcrtrand,pour  luy  faire  côfciîcrjion  point  le  faid,ny  la  raifon  du  faict, 
d  autant  qu'il  leur  en  auoit  iadit  beaucoup  plus  qu'ils  n'en  vouloyent  ouyr,  mais  pour  dé- 
clarer les  compliccs.Car  ayant  efté  en  premier  lieu  interrogué,s'il  auoit  point  derepentâ- 
ce  d'vn  tel  faid:&  h  eft  ant  à  faii  c,il  le  voudroit  commettrc:auoit  relpondu  que  cent  fois  il 
le  voudroit  taire  s'il  pouuoit,&  cent  fois  mourir,  s'il  auoit  autant  de  vies ,  pour  la  gloircôc 
honneur  defon  Sauueur  Iei'us  Chrift.Et  pourcequeles  bou rreaux  ne  pou uoy en t  rien  au- 
tre tirer  de  lu  y, le  mcnaccrct  de  le  mettre  derechef  fur  la  tortu  t  c,mais  il  leur  dit  aifeurémet 
qu'il  eiloit  preft  dcfbufïrir  tout  ce  qu'on  voudroit,  &r  qu  îln'accuiéroit  perfône  rtcllemét 
quepar  trois  fois  luy  fu  t  réitérée  la  queftion,  laquelle  ilenduraconftamment.  ^Tclende- 
main  des  fcftes,fans  plus  attendre>fut  procédé  àfacondanation.aiîauoirleSamedyvingt- 
îicitbcfoin  neufiémede  Décembre,  fèntencedc  mort  luy  fut  pronôcce  en  la  forte  &  teneur  qui  s  en- 
ijuc  telles    [v  [t,    ^V"e  v  le  procès  criminel  faift&demenc  par  dcuatnous,nJ  encontre  de  toy,Bcr- 
yftinlereei  trand  le  Blas,par  lcquel,enfemble  par  tes  confèfsions  librement  faitesmous  cftdeucmcnt 
tncesliiftoi  &;  fuffilarnmét  apparu,  que  le  iour  du  Noël  dernier  ,à  heure  delà  grâVl'Mcile.tefcrois  trou- 
finS  d°  lK- al  l'c'gnie  paroiiïiale,q  eft  en  l'Egliie  Cathcdralenoftre  Dame  de  Tournay:&  illecd'vn 
celles.       courage  mefchant,peruers  &c  felon,&  de  propos  aduiié  &c  délibéré  te  ierois  témeraiiemêc 
approché  du  Curé  célébrant  la  grand'  Meffe  (ficelle  paroîife,lequel  tenoit  la  treilain&c  &: 
trelfacree  hoftiedu  fâincf  Sacrement  de  l'autel  entre  les  doigts ,  preft  à  i'eileuer  &c  môftrcr 
au  peupledaquelie  tu  luy  aurois  violentement  arrachée  de  ta  main  dextre,&:  icelleeft  tref- 
grâde  irreut  rence  &c  côtemptiblement  ruée  par  terre ,  &  marché  deilus  de  ton  pied  droit, 
&  proféré  ces  mots  ou  fëblables,C  eft  pour  môftrer  la  gloire  de  Dieu,  &:  que  cela  n'a  point 
depuilfance.Et  lors  que  preftemét  &  furie  champ  tu  aurois  efté  parles  eftâs  prefens  faifi, 
poureftrcconftitué  priibnnier,aurois  prononcé  certaines  parolles  hérétiques,  afin  de  les 
induire  à  ta  damnable  intétion.Et  û  auroïs  par  tes  interrogatoires  refpôdu  du  làind  facre- 
ment  de  Baptefmc  heretiquement,&:  contre  la  fàin&e  Efcriture  :  &c  en  contreuenant  aux 
ordonnances  de  l'Empereur  noftre  Sire ,  aurois  efté  par  diuerfes  fois  en  la  ville  de  Vvefel  y 
ref  ider  par  aucun  temps,&:  y  conuerlër,hantcr  &:  com  mu  niquer  auec  les  inhabitans.Pour 
to9  lelquels  cas  deflufdits,à  1  aduis  &l  relblutiô  de  moiieur  le  Bailly  de  Tournay  &c  Tourne. 
lis,&:fon  IJcutenat,enfembledesConièillicrsde  l'Empereur  noftre  Sire  en  iceluy  baillia- 
ge:à grande  &:  meure  délibération,  nous  t'auons  condamné  &:  condamnons  d'eftre  traîné 
fur  vne  clayc,depuislelieu  de  la  pronôciation  de  cefte  fentence,iuiquesau  grand  marché 
de  ladite  ville,  6C  illec  fur  vn  efchaffaut  auoir  la  main  dextre  tenaillée  de  fer  embraie  de 
feu,rouge:<?c  le  pied  dextre  pareillement:^  la  langue  couppée:puis  cftre  lié  parmy  le  corps 
au  bout  d'vne  pohe,&:  cftre  rlaboyé  &  bruflé  tout  vifa  petit  feu  :  &£  en  iceluy  feu  plurîeurs 
foiseftre  auallc&rcmenéà  mont,&  finalement  conlume  en  cendres. Et  l\  déc  larons  tous 
tes  biens  confiiquez  au  profit  del'E  m  percur  noftre  Sn  c,  ou  tel&:  ceux  qu'il  appartiendra, 
par  noftre  fentece  diffinitiuecriminellc,&.  pour  droit .  ^Pronocé  à  huis  ouuerts  par  haut 
&puiifat!cigneur,le  SenefchaldeHainaut,gouuerneurdelaville,cité«SJchaftcldcTour- 
nay,Tourncn*s,&:c.au  chafteldudit  Tournay  ,&:  en  la  chambre d'iccluy  icigneur,és  prefé- 
Tcfoioîsdc  ces  de  haut  &  noble  Bailly  dudit  Tournay  ,Tournc(is,&Tc.  Maiftre  Pierre  Détierlicutcnat 
crainte.     dadit  feigneur  Bailly ,  Philippes  de  cordes  confe.llier  criminel  dudit  Seigneur  Empereur. 
Les  Aduocar  &  Procureur  filiaux  d' iceluy  feigneur  Empereur eldits bailliages:  Nicolas 
Cambry,  Pierre  Bachelier,  laques  le  Clerc  penlionnairedeiadicc  ville ,  Nicolas  de  Farua- 
quc,&;  maiftre  Hermès  de  Vvingles  côfeillier  dudit  Ieigneur  Empereur  efdits  bailliages:  le 
Samedyvingtneuhemc  lourde  Décembre,  m.  d.  t.  v  .  CCcftefcntencefutmifeenexecu- 
tiôce  mefme  iour  :  Se  Blaile  fut  trainé  fur  vne  claye  depuis  le  chafteau  dudit  Tournay  ini- 
ques au  marché,&:  là  fur  vn  efchaffaut  fut  lié,&:la  main  de  laquelle  il  auoit  plis  fhoftie,luy 
fut  brufléc  entre  deux  fers  ardans  &c  pleins  de  pomdes  aiguës  :  de  en  iceux  fers  preflee  par 
quelque  efpace  de  temps,  tellement  qu'elle  perdit  fot  me  de  main.  Puis  furent  pris  autres 
fèmblables  fers  tous  embraféz,  aufquels  franchement  il  mit  le  pied  dextre  duquel  il  auoit 
marche  fur  ladite  hoftie.Cefait,  rut  dcflié  Ramené  au  bas  fur  terre  ,&  luy  fut  ofté  certain 
efteui  de  fer  qu'il  auoit  eu  en  la  bouche  depuis  le  chafteau.  Là  il  bailla  falangue  pour  cftre 
couppée  :  cv  neantmoins  cncorelêfteuf  defer  luy  fut  remis  en  la  bouche  :  car  cobien  qu'il 
euft  la  langue  couppée ,  h  ne  ccifoit-il  point  d'inuoquer  par  cris  le  Scigneur,dont  lepcuple 
cftoit  efmeu  grandement.  En  après  il  monta  fur  vn  autre  efchaffaut ,  qui  eftoit  drefle  vu 
peu  plus  haut  que  ccftuy  fur  lequel  il  auoit  eu  la  main  &  le  pied-ainû  que  dit  cft,  tenaille?. 

Sur 


Claude  de  la  Caneftere.  388 

Sur  lequel  fécond  efchaflfaut  on  le  vit  monter  aufsi  alaigrement,  comme  fi  le  ^ied  Iuy  euft 
efté  entier. Là  eftat,les  pieds  luy  furent  attachez  par  derriereaucc  les  mains  a  yne  chaîne  ^J^T1'' 
par  le  milieu  du  corps  ,  Se  en  tel  eftat  tire  en  haut  Se  deualié  en  bas  fur  vn  petit  feu  :  cruel  » 
îpectacle.le  bourreau  le  hauiîbit  Se  baiiToit  au  commandement  du  (uftiit  Senelchal  qui  là 
eftoit  prefent,lcgIorirïant  en  ce  cruel  lpe£tacle  iulqu  a  tant  que  le  corps  du  patient  fut  ré- 
duit en  cendresdelquelles  aufsi  par  le  commandement  duditSenefchal,furentiettéesen 
la  riuicrc  de  l'Efcau.  En  cefte  forte  l'exécution  acheuee,la  chapelle  où  auoit  cité  l  atte  cô- 
mis  fut  condàmne'e  corne  profanede  poure  bois  fur  lequel  marchoit  le  oreftre  deuant  fon 
autel.fut  aufsi  condamné  a  eftre  bruflé:  Se  le  marbre  fur  lequel  il  pafTa,a  eftre  brifé  en  piè- 
ces.Et  d'autant  que  ledit  Bertrand  auoit  confefTé  d'auoir  appris  ce  qu'il  iàuoit  enl'Eglife 
de  V  vcfeljfut  exprefTement  inhibé  Se  défendu  de  frequéter  n'aller  en  ladite  ville  de  Y  ve- 
fel  fur  peine  d  efcheoir  au  placard  de  l'Empereur, Charles  le  quint. 


CLAVDE    DE    LA    CANESIERE,  Parifrn. 

APPRENONS  à  l'exemple  de  ces  faindts  perfonnages  que  Fefperance  eft  la  mere  de  confiance  &r  perfeue- 
rance  des  fideles:voire  celle  qui  nourrit  &  conduit  leur  foy  à  ce  qu'elle  ne  s'efiianouiflejou  que  ce  foit  chofe 
temporelle;  mais  qu'elle  perlifteiufques  à  la  fin  maugré  contradiction  &  répugnance  de  ceux  quitafchcnt 
de  defguiftr  la  venté  de  i'Euangile,comme  nous  verrons  en  cefte  hifloire. 

AmortdeClaudedelaCaneficre  après  ralonguedetétionôt*  rudes  Se  longs  M.  D. 
combats  auparauant  fouftenus,nous  donnera  maintenant  entrée  à  c'eft  an-  L  VL 
née  aufsi  fertile  de  Martyrs  que  la  précédente  II  eftoit  de  Paris,  Se  faiioii  fa  re- 
fidence  en  la  ville  d'Angers,excellent  ioueur  d'inftrmens  de  Muiique.-mais  a- 
pres  auoir  cogneu  les  abus  Se  la  miferable  condition  où  il  eftoit,  (é  voulant  retirer  à  Gene- 
uepoury  viurefelonla  reformation  de  l'Euangile,  comme  il  pafïbitauec  fa  famille  par  la 
ville  de  Lyon  ,futprins&:arreftépnfonnier,au  mois  de  Mày  en  l'an  précèdent  m  .d.  l  v. 
&e  fut  détenu  prifonnier  nuques  au  cômencement  de  cefteannee  preféte.Sa  femme  Se  fes 
enfans  ne  fuient  apprehendez,ains  paiferent  outre,  &  paruinrét  iuiques  en  ladite  ville  de 
Geneuc.  Durac  fon  empriibnnemét,piuiieurs  afTauts  Tant  du  cofté  de  Satan  Se  defes  fup- 
pofts  que  de  là  chair  luy  rurct  liurcz:  nuis  îpccialemét  de  fes  parés  &:  quelques  amis  char-» 
nels ,  qui  le  difoyent  fidèles  :  utesfois  Dieu  luy  donna  vrte  perléuerâce admirable  par- 
my  tous  ces  allaûts ,  à  maintenir  iaverité  de  l'Euangile  iufqucs  au  dernier  foufpir  de  fa  vie: 
comme  le  tout  plus  clairemét  fera  entendu  par  les  a£tes  cy  après  declarez:&  fes  côfcisions 
clcrites  de  là  propre  main  en  la  prifon. 

CONFESSION  première  enuoyee  à  fa  femme  à  Geneue,apres  fon  eroprifonnement  de  Lyon. 

CHci-c  fœur,  il  faut  que  vous  entendiez  que  tout  premièrement  après  que  fuftes  par- 
tie de  cefte  ville ,  ainli  queie  penibye  trouuer  Baftien ,  i'entray  en  vne  maifon  où  les 
cornes  Se  balles  eftoyét:&:  en  parlât  à  i'hofteiTe,voicy  arriuer  celuy  qui  les  auoit  arreftecs, 
me  demandant  fi  cefte  marchandifem'appartenoit:iedy  que  c'eftoyent  meubles  que  i'a- 
uoyefait  venir  en  cefte  ville:&:  que  îcftoye  ioueur  d'inftrumens.ll  me  demanda  il  ieftoye 
marié.  Ri.  Qu'ouy  .11  me  demanda  (i  ma  femme  eftoit  icy  .Iedy  que  non,  Se  qu'elle  y  ièroit 
bien  toft.  Venez  vous  en  quant  Se  quant  moy  (dit-il)&:  ie  vous  feray  deliurer  voftre  cas. le 
luy  dy  que  l'en  eftoye  content. Lors  il  me  mena  chez  monheur  Buatier  grand  vicaire  &c  of 
ficial  de  Lyon  (  à  cefte  heure-la  ie  me  doutay  bien  que  i'eftoye  prins  )  Se  me  prefentay  à  ce 
monfieur,qui  commença  à  m'interroguer  deplufieurschofes  ,  me  demâdant  de  premier 
abord, fi  le  corps  de  Iefus  Chrift  neftoit  pas  aufsi  grand  Se  gros  au  facr  emét  de  l'autel ,  co- 
rne il  eftoit  au  ventre  de  la  vierge  Marie,  ou  en  l'arbre  de  la  croix?  le  refpôdy  premieremét 
que  ie  ne  cognoiflbye  celuy  qui  m'interroguoit,&;  ne  fauove  qui  il  eftoit.  Cependant  ils  ne 
lauTerét  pas  défaire  eferire  ce  qu'ils  voulurét.Puis  médit ,  le  vous  déclare  que  ié  fois  grad 
vicaire  du  Pape,&  que  c  eft  moy  qui  vous  doy  demander  de  voftre  foy.  A  quoy  ie  refpon- 
dy,cômei'auoycfaitauparauat.  Il  y  eut  vnludas  de  lieutenant  du  preuoft,  qui  me  print 
Se  me  mena  en  prifon,&:  m'ofta  tout  mon  argent.^Or  le  lendemain  ce  moniteur  Buatier 
vint  en  la  pnfo,me  demâder  fi  ie  ne  m'eftoye  point  rauifé.Ie  luy  reipô ,  qu'il  n'eftoit  point 
mon  iuge,&:queiene  luy  refpôdroye  pointé  s'en  allaainiidemoy.  Le  lendemain  il  m'a- 
mène monfieur  du  Puy  lieutenant  particulier  de  Lyon,  qui  me  commanda  de  refpondr* 


LiureV*  Claude  de  la  Cane  fier e. 

vlcuant  luy.Cequeiefy&commençay  à  luy  dirclefymboiedes  Apoftrcsjc  croycnDicu 
le  Pcretout-puiiranc&sc.Ecaprcsrauoirdicieleur  rclpôdy  que ien'auoyc point  e&udié, 
Se  que  ie  neitoye  point  clerc  :  mais  que  voila  ma  foy,quciecroy  ,&quec'eftcequcdoit 
croirevn  Chrefticn.Que  s'ils  me  vouloyentinterroguer  fur  laMulïquc,  que  ie  leur  refpo- 
droye  bien. Ils  me  firét  refponfe,  que  cela  eftoit  bon, mais  que  ce  nertoit  pas  allez.  Icleur 
dy,Iene(ày  donc  que  c'eft  que  vous  me  demandez.  On  me  demanda  comme  parauarit, 
fi  ie  ne  croy  pas  que  le  corps  de  lefus  Chrift  fut  aulsi  grand  &  aufsi  gros  qu'il  eftoit  en  l'ar- 
bre delà  croix  ,  contenu  au  pain  de  la  Ce  ne,  vlantdecetermc.Ie  luy  refpon  qucnon,& 
qucl  articlc  denoftre  roy  feroit  faux,  quand  nous dilons,  Qu'il  eft  monté  au  ciel,&: le  fied 
àlàdextrede  Dieu  fonPere.il  me  demade>fi  l'auoye  tait  mes  Pafques.Ieluy  dy  que  non. 
IImcdemandc,liienecroypas qu'iHc faille conreller au prcftrc,aumoins  vnefoisl'an.  le 
lui  re'pon,qu'il  fe  faut  cofelfer  tous  les  iours  à  Dieu  (cul.  Puis  me  demander  et ,  s'il  ne  faut 
pas  prier  les  Sain£ts&: la  vierge  Marie.Ie  leur  dy,  qu'il  fautprier  Diculeul  au  nom  dclbn 
Fils  lefus  Chrift  noftre  Seigneur.  Ils  mont  demande',  û"  nous  n'auons  point  de  franc  arbi- 
tre^ ii  nous  ne  pouuôs  pas  vouer  chafteté,comme  font  Non  nain  s  Se  autres. l'ay  refpon- 
du  que  nous  n'en  auôs  point,&  que  tout  ce  que  nous  failbns  de  bien  viét  de  Dieu,  Se  non 
point  de  nous:&  quenous  ne  pouuons  vouer  chaftcté,cntant  quecontinence  cft  vn  don 
ipecialde  Dieu.Ilsm'ontdemandc^'ilyauoitpas vn  Purgatoire.  I'ay fait re(ponfè,qucie 
n'en  cognoilToye  point  d'autre  que  le fang de Ieiiis  Chrift.  Ils  m  ont  demâdé,  s'il  nc- 
ftoit  pas  bon  d'admettre  des  images. le  leur  ay  dit  quecela  nous  eltdcfeqo'u  par  lecômiL 
Exode  2.U.4  dément  de  Dieu,  d'autant  qu'il  eft  dit ,  Tu  ne  tcfn  as  image  taillée  ne  fembh.nce  aucune  des  chofes 
qui  fon:  la  Jus  au  ciel,necy  bas  en  terre^ny  es  eaux  àeffous  la  terre-.tu  neiendineras  pointa  icetles,^  ne  les 
fermras.    Voila  les  demandes:&  mes  reiponfes,  telles  que  Dieu  me  les  a  dônées.IIs  m'ont  ' 
bien  dit  tout-plein  de  badinages  là  de(îus,que  ie  ne  vous  pourroye  recitcr.&:  vous  afl'eure 
queiefu  fortioycux  quand  le  Seigneur  m'eut  fait  la  gracedcconfcircriâparolledeuant 
les  hommes. Et  quand  iefu  de  retour  aulicu  où  iefu  mis ,  ie  rendy  grâces  au  Seigneur ,  le 
LcsClun   priant  qu'il  me  donnait  bouchc,(apiéce&:  force  de  perfeucrer  eneeque  i'auoyecômcn- 
nei  de  s.ici  céjiu.fques  au  dernier  foulpir  de  ma  vie.  Vn  des  comtes  de  Lyon  m'amena  vn  Satan  delà 
<ic  Lycu  iot  Sorbonne ,  penfant  me  diuertir  de  ce  que  l'auoye  dit.  Et  penfoit  me  faire  accroirequele 
appclcaCô-  col  pS  jc  jcfus  Chrift  cftoit  dedans  ce  pain ,  m  aïs  par  Je  poincl  mclmc  qu'il  memonftroir, 
ielercfutay,tellement  qu'il  ne  leut  obtenir  (Dieu  mcrcy}vn  feu)  uoinâ:  fur  moyen  toutes 
fes  fariboles  qu'il  me  difoit  .Et  me  priât  que  ie  me  déporta  (le  de  tout  cela, &qu'il  me  feroit 
fortir  incontinence  luy  fy  rcfponfe,quc quant  à  moy,  ic  n  auoycrien  dit  quinefuft  bon, 
&queieprioye  Dieu  qu'il  me  h  (lia  grâce  de  perfeucrer  iufqucsalahn  enceqiùl  auoit 
commcncé.Àutrcchofc  n  ont  eu  de  moy, 

LETTRE  cnuoyt'epar  ledit  Canefiere  le  t  u  .iou  r  de  May  i  nfuy  uam,  à  fa  femme. 
HERE  fœur  Se  cfpoufc,i  ay  toufiours-retarde  à  vous  efcrire,pourcc  que  i'attédoye 
_j  ccqucles  aduerfaires  vouloyent  faire  de  moy.Ic  fay  qu'elles  fort  affligée ,  mais  vous 
lauez  que  c'eft  le  chemin  pour  aller  àlavicpuisqu'ilaplcuàcebon  Dieu  m'eilire ,  pour 
faireconfcfsiondemafoy  deuantlesadueriaires  dc(avcrité.Ievousenuoye  lesdemâdes 
Se  refponfcs  que  ie  leur  ay  faites  fimplement  ,f  tlon  la  mefure  de  la  grâce  que  Dieu  m'a  di- 
ftribuéç.Ic  vous  prie  prenez  bon  couragc,&:  vous  côfolez  aueccebon  Dieu,qui  a  di  t  qu'il 
ne  cherra  incline  point  vn  cheucude  noftre  tefte  fans  là  volôte.  Confîdcrôs  par  quels  de- 
ftroits  6c  angoiires  tous  les  ici  uiteurs  de  Dieu  font  entrez  en  la  béatitude  6e  félicité  où  ils 
i.Tùn.3  font  maintcnant.Et  c'eft  ce  quedit  S.Paul,qu'il  raut  quetous  ceux  qui  voudront  viure  fi- 
dèlement en  lefus  Chrift ,  fbufrrent  perfecution.  Tenons-nous  donc  pour  refolus ,  qu'il 
nous  faut  porter  noftre  croix,(i  no9  voulôs  fuyure  noftre  maiftre&icapitaine  lefus  Chrift. 
Pcnfons-nous  auoir  meilleur  marché  que  luy  ?  Penfons-nous  aller  à  la  vie  éternelle  auec 
richeifcs,honncurs,crcdits,  Se  choses  fcmblablcs ,  quand  nous  voyons  qu'il  y  cft  allé  par 
pourcte\mcfpris,opprobres,dcrra&ions:brief,par  la  mort  ignominieufcdela  croix?Ouy 
mais  vous  pouuez  dirc,Il  me  fcmble  que  ien'en  voy  pointqui  ait  tât  d'aflii&iôs  que  moy, 
ie  voy  mon  marv  qui  cft  en  prifon,iournellemét  attédant  la  mort  cruelleri'ay  perdu  fi  peu 
de  bien  q  i'auoye  :  i'ay  grad  charge  d  erans,&  luis  côtinuellemét  en  grades  affliftiôs  &c  de- 
ftrcftesjôci  en  vov  tant  qui  font  à  leur  aile ,  qui  ontleursplaifirs  Se  délices  à  louhait.  le  ne 
doute  point  que  telles  chofes  ne  vous  apportent  grande  faicherie,  mais  ierengraccsàcc 
bon  Dicujdcquoy  vous  cftes  redue  aucc  nos  enfans  là  où  fa  parolle  cft  annôcée.car  aneu- 

rez- 


Claude  de  la  Canefiere.  jffi 

rez-vous  que  c'eft  toute  ma  confolation.Quant  à  la  perte  du  bien;  il  nous  faut  4ire  auec 
ce bonferuiteur lob, LeSeigncur l'a donné,le Seigneur l'aofté:fon nom foitbcnit.Que  Iobl-11- 
ce  vous  foie  vn  m  iroir  de  patience  en  vos  affliétiôs,&:  cognoiflez  par  cela  que  le  Seigneur 
vous  aime,nc  voulant  point  que  vous-vous  arreftiez  à  ce  miferable  monde,mais  que  les 
afflictions  que  vous  portez,  vous  foyent  vn  aduertiifement  pour  vous  humilier  deuant 
luy,  ôc  recognoiftre  vos  fautes  &C  ofienfes ,  &C  vous  taire  viuement  cognoiftre  que  c'eft 
en  Dieuieul  que  deuez  mettre  voftre  appuy,  laiifant  derrière  toutes  les  considérations 
du fecours humain, laiifant  cefte  maudite delflance,  qui  naturellemet  eft  enracinée  en 
nos  cœurs,  pour  vous  fier  entièrement  en  la  iain&e  prouidence  &  bonté  paternelle  de 
noftre  bon  Dieu  &  Pere,  duquel  il  nous  faut  aiTeurer  qu'il  aura  tel  foin  de  nous  (c  omme 
i'aydit  auparauant)  qu'il  ne  tombera  point  vncheueude  noftre  tefte  fans  fa  volonté. 
Que  s'il  a  le  foin  de  iioscheueux,  par  plus  forte  raifon  l'aura-il  de  nos  corps,  pour  nous 
adminiftre'r  ainii  qu'vn  bô  Pere  de  famille,tout  ce  qui  nous  eft  nccelfaire:ouy  bien, mais 
c'eft  fous  celle  condition,  que  nous  luy  rendions  l'obeifTance  qu'il  requiert  de  nous ,  & 
quenous-nous  Tubmettions  entièrement  à  fa  fainde  volonté, pour  reccuoir  auec  humi- 
lité tout  ce  qu'il  luy  plaira  nous  enuoyer.  Que  fi  nous  receuons  auec  ioye  les  biens  qu'il 
luy  plaift  nous  enuoyer,  pourquoy  aufll  ne  receurons-nous  les  maux  &  afflictions,  voire 
mefmes  lefquelles  nous  fauons  qu'elles  redôderont  à  fa  gloire  &  à  noftre  falu  c  ?  Vous  fa- 
uez  que  nous  n'auons  point  de  cité  permanente,  mais  qu'en  cerchôs  vnc  qu  i  eft  à  venir, 
meilleure  &  perdurable.  Or  pour  y  paruenir,  nous  auons  dit  que  ce  foit  par  croix  &£.  tri- 
bulations, lefquelles  combien  qu'elles  nous  femblent  maintenant  bien  rudes  &c  fortes 
à  porter:fieft-ce  toutefois  qu'elles  ne  font  à  comparer  à  cefte  gloire,  laquelle  nous  ac- 
fté  préparée  dés  la  conftitution  du  monde. 

O  r  donc  ie  vous  prie  au  nom  de  noftre  Seigneur,exercez- vous  en  ces  cho(és,&:  quel- 
que part  que  bailliez  nos  petis  enfans,que  votis  preniez  garde  qu'ils  foyet  bien  inftruics 
en  la  parollc  de  Dieu,  ie  fay  que  l'Eglife  ne  vous  oubliera  point.  Au  refte,  i'ay  bien  affai- 
re des  prières  d'icelle.car  Satan, qui  eft  pere  de  menfonge,ne  cciTc  de  mettre  tous  fes  ef-  J^"^' 
forts  pour  m'ofter  la  femence  que  le  Seigneur  a  mife  en  moy.  Et  comme  l'efcriuoye  ce- 
fte lettre ,  il  eft  venu  vn  des  comtes  de  Lyon ,  des  plus  riches  &  apparens,  qui  m'a  vfé  de 
belles  paroiles,s'ofFrant  à  me  faire  tous  plaifirs  Se  de  biens  &  de  corps, me  penlant  diuer- 
tirdelapurcparolledeDieu.  Ieluy  ay  refpondu  queie  lercmercioye  bien  fort,  &L  que 
ie  n'auoye  rien  mérité  enuers  luy,  d'autant  qu'il  ne  me  cognoiifoit  point  :  &C  quat  à  moy, 
queie  m  'offroye  à  luy  faire  tout  feruicc  qu'il  me  feroit  poffible:  mais  quant  à  ce  dont  il 
me  requcroit,que  ie  ne  luy  en  pouuoyc  point  faire,  d'autant  que  ma  cofeience  me  pref- 
foit  de  fouftenir  vne  tant  iufte  querelle, voire  que  ie  prioye  Dieu  qu'il  me  fift  la  grâce  de 
perfeuerer  en  ce  que  i'av  commencé, iufques  au  dernier  foufpir  de  ma  vie.  Il  m'vfa  tout 
plein  d'autres  belles  parolles,  dot  il  feroit  trop  long  de  vous  eferire.  N'oubliez  faire  mes 
recommandations,ôîc.  les  priant  qu'ils  prient  Dieu  pour  moy,&  que  l'Eglife  prie  pour 
moy,  à  ce  qu'il  me  donne  bouche,  (apience  &:  force  àfouftenir  la  parolle  iufques  au  der- 
nier foufpir  de  ma  vie.Et  n'oubliez  à  me  recommander  à  monhofte  du  Croulant.  11  y  a 
vne  grand'  faute  en  la  pnnfe  de  nos  biens, de  ce  que  Baftien  les  fît  Jaiffer  en  Veile  en  vne 
maifon,où  on  les  arrefta  en  deux  iours  de  là.  Et  moy  penfant  les  aller  voir,ce  fut  là  où  ie 
fu  prins.Mais  il  ne  faut  point  douter  que  cela  ne  foit  aduenu  par  la  prouidence  de  Dieu, 
afin  qu'on  ne  die  point,  C'eft  la  faute  de  ceftuy-cy,ou  de  ceftuv-la.  Au  refte  ils  m  ont  o- 
fté  tout  ce  que  l'auoye  d'argent,  refte  deux  teftons:toutcfois  (grâces  à  Dieu  )  ie  n'ay  fau- 
te de  rien.  Voila  tout  ce  que  i'auoye  à  vous  mander  pour  cefte  heure:  priant  ce  bô  Dieu 
&  Pere,  vous  confoler,&  qu'il  ne  permette  point  que  vous  fuccombiez  aux  tentations 
de  Satan,dc  pechc  &C  de  la  chair,mais  qu'il  dône  bone  ifTue  à  fa  gloire.Faict  és  prifons  de 
monfieurde  Lyon,  ce  iz.  de  May,  m.  d  lv.  parvoftremary    Claude  de  la  Canefiere. 

Autre  lettre  du  x  x  v  1 1  i.iour  dudit  mois  de  M.iy,cnuoycc  a  fes  frères  &  amis  cftans  à  Gcneue. 

i^^i'A  Y  receu  vos  lettres  (trefehers  frères  )  par  lefquelles  i'ay  eu  grande  confolation, 
oljj^dont  i'en  ren  grâces  à  ce  bon  Dicu,en  vous  remerciant.  Ielay  que  vos  foufpirs  ne 
font  pas  moindres  que  les  miens,  car  c'eft  bien  raifon  que  nous  fentions  tous  vne  mef, 
mechoie,  puis  que  nous  fommes  tous  membres  d'vn  corps:&  combien  que  (oyez  en  li- 
berté, pour  tout  cela  vous  nelaiffcz  point  d'auoir  grand  combat  à  l'encontre  de  Sa- 
tan ,  qui  eft  toujours  veillant ,  &:  a  (es  filets  tendus  pour  penfer  deceuoir  les  vrais 
enias  de  Dieurmaisilabcaucauillet  entoutesfes  belles  entreprifes.  Car  il  nous  faut 

Vv. 


Liurcj  V*  Claude  de  la  Canefier^j. 

affeurer  que  ce  grand  Dieu  ne  permettra  point  qu'il  foie  le  plus  fort,  quelques  embuf- 
chesou  menace  qu'il  vous  face.  Or  donc  (mes  frères)  puis  qu'il  a  pieu  ace  bon  Dieu,dc 
m'efhre  &c  appeler  pour  (c  feruir  de  moy  en  telle  forte ,  c'eft  bic  raiion  que  ie  me  remet- 
te du  ton t  en  luy,foit  à  là  vie,loit  à  la  mort:&:  que  (a  volôcé  l'oit  accomplie  ainfi  qu'il  luy 
plaid:.  Il  faut  que  nous-nous  alternions  que  les  promeuves  ne  font  point  friuolcs,&  que 
fa  parolle  eft  trcfueritable.  Et  aufîi  nous  fauons  que  tous  ceux  qui  le  voudront  fuyure, 
Mia.10.38.  p0rCent  leurcroix  après  luy.  toutefois  ie  neveux  pas  dire  quêtons  foyent  mis  à  mort: 
car  ie  fay  qu'ily  en  a  beaucoup  qui  foufVrent  autremêt.Or  cependant  leSeigneur  a  toul- 
iours  Le  foin  des  licns,comme  mefme  i'ay  apperecu  du  bien  que  me  faites  tâtà  ma  fem- 
me qu'a  mes  enfans,  vous  a/reurant  que  le  bien  que  leur  faites,  le  Seigneur  le  vous  ren- 
dra au  double.  le  prie  ceux  la  qui  auront  mes  cnfans,dc  les  tenir  toujours  en  la  crainte 
de  Dieu,  &  les  bien  inftruire  en  fa  parolle.  Quant  aux  aduerfaires,  ils  ne  m'ont  point  in- 
ccrroguédep\iisquevclcurayf:aiclconfelIïondcmah)y,iinonqii'ils  m'ont  enuoyé  par 
deux  fois  de  leurs  docteurs  me  penfans  diftraire  du  bon  chemin  :  mais  ce  bon  Dieu  m'a 
toujours  allîftcVqu'ils  n'ont  peu  obtenir  rien  touchant  ce  qu'ils  pretendoyenc  Car  i'ay 
eu  touiîours  mon  elperance  en  ce  bon  Dieu, qu'il  ne  me  delaiflera  point.  Dqncmes  fre 
res,  vous  m'aurez  pour  excufé,fi  ie  ne  vous  efery  dauantage:  mais  prenezà  Ja  bône  part, 
fi  ie  vous  fay  participans  de  ce  peu  de  grâces  que  le  Seigneur  m'a  diftribuees  :  &  prie  ne 
m  oublier  en  vos  prières,  vous  affamant  que  ne  vous  oublie  aux  miennes.  Vousîupplie 
aulli  de  laluer  toute  l'Eglife  pour  moy,  &c  celle  de  Laufanc.  Eailant  fîn,ie  pneray  ce  bon 
Dieu,  qu'il  vous  ait  tous  en  la  fauucgarde.  Des  priions  de  Lyon,  ce  x  x  v  111.de  May, 
m.d.  l  v.  par  voltrc  entièrement  frère  en  lefus  Chrift,  Claude  delà  Caneliere. 

Autre  Epi(lredudit,efcrite  A  fa  femme,  6c  enuoycc  à  Gencue. 

|^^H  ERE  fecur  &  efpoufe,i'ay  receu  vos  lettrcs,par  lelqucllcs  i'ay  eu  vne grade  coh- 
^^^folation,decequcccbô  Dieu  vous  a  tant  departy  de  fes  grâces  ,&  que  prenez  les 
afflictions  que  ce  bon  Dieu  vous  cnuoye,patiément,  comme  il  luy  plaift. C'eft  vne  mar- 
que de  lefus  Chrift,qu'eftrc  afflige  pour  fa  parolle.  Regardez  dcnc,cl)cre  feeur ,  de  che- 
miner en  fon  obeiflanec  &:  crainte,  car  vous-vouspouucz  bié  affeurer  qu'il  ne  nous  en- 
uoyé cecy,linon  pour  nous  monftrer  qu'il  ne  nous  veut  pas  perdrc;,nousfaifantfentirôC 
cognoiftre  par  cela ,  que  nous  fommes  des  liens.  Il  ne  nous  faut  donc  eltonner  de  quel- 
que choie  qui  nous  puifTeaduenir,voire  quand  tout  le  monde  feroit  bandé  al'encontre 
de  nous  pour  nous  perdre  &:  deftruire.  Car  nous  fommes  alfeurcz  que  nous  auons  vn 
Pere  au  ciel,  qui  eft  tout  bô,  fage,veritablc,qui  ne  ment  ïamais  :  aulli  qui  n'enuoye  rien 
aux  liens  plus  fort  qu'il  ne  leur  eft  poflîble  à  portcr,quclque  tourment  que  ce  puilTe  e- 
ftre,&  quelque  chofe  que  nous  facent  les  hommes.  Repofons-nousdonccnluy:  car  fi 
nous  y  auons  toute  noftre  fiance,  nous  fommes  alleu rez  dcn'auoir  jamais  faute  de  rien, 
&C  de  n'eftre  point  de  luy  trompez.  le  vous  prie  chère  fccur,prenez  bon  courage,&:  vous 
refiouiiTezauecce  bon  Dieu.  Or  pour  vous  aduerrirde  ce  qui  m'eftaduenu:  c'eft  que 
Appel  com-  i'ay  efté  déclaré  hérétique  &z  fchifmatique,  dequoyie  me  fuis  porté  pour  appelant  à  Pa- 
rue d'abus,  ris,  comme  d'abus.  On  a  commandé  au  geôlier  de  céans  qu'il  ne  m'aie  plus  à  traiter  à  fa 
tablc,cncores  que  ce  fuit  de  mon  bien  :  mais  qu'il  me  traitait  comme  vn  criminel .  tou- 
tefoisjgraccs  à  Dieu,  ie  n'ay  faute  de  rien,  encore  que  ie  ne  Ibyc  à  table  de  geôlier.  Auffi 
ie  vous  veux  bien  aduertir,quc  comme  l'efcriuoyc  celte  prefente,ilcft  venu  vnfergent, 
lequel  m'a  fait  cômandement ,  6c  m'a  adiourné  à  comparoiftre  en  la  cour  de  Parlemcnr, 
ou  procureur  pour  moy.  le  vous  enuoyele  double  de  ce  qui  m'a  efté  baillé.  Faites  mes 
recommandations  à  tous  mes  amis  Se  à  toute  l'Eglife.  Ce19.de  Iuillet,des  prifons  de 
Lyon:  par  voftrc  mary  &:  entier amy  à  iamais,  Claude  delà  Canclîcre. 

Autre  lettre  eniioy ce  par  ledit  Caneftere  à  fa  femme,  le  7.  d' Aouft. 

HERE  fcrurSé  efpoufe,i'ay  receu  la  lettre  que  m'auez  cnuovce,  laquelle  m'a  gra- 
dementconfolé.Qiuità  ce  que  me  mâdez  que  vous  feriez  fort  ioyeule  que  icfuilb 
mené  à  Paris, il  n  y  a  icy  pei  tonne  qui  s'ofe  méfier  de  mon  affaire.  Se  mefmes(commeon 
peut  voir  par  les  exploits  des  lettres  Royaux  d'anticipation  )ie  lurs  adiourné  à  com- 
paroiftrcà  Paris.  Et  cependant  on  ne  m'y  veut  point  mener  :&:  qui  pis  eft  ,iene  trouue 
perfonne  qui  fe  vucille  meller  de  mon  affaire  .  Car  les  aducrlaires  d'icy  font  trop 
dangereux  ,  toutefois  i'ay  enuoyé  vne  procuration  à  Paris  auec  l'adiournement  54 

copie 


QUude  de  la  Canefier<u  j go 

copie  des  lettres  Royaux:  &:  les  mande  à  mon  frère  Nicolas,quiferacequ?iJ  ppurra,fpiç 
pour  m'y  faire  mener  ou  non.  lien  aduiendra  ce  qui  plaira  à  Dieu.  Pournouuelles  de 
pardeça,  c'eft  que  Samcdy  dernier  Furent  pnnspnlonniers,  Ramenez  céans  <jeux  frè- 
res qui  venoyent  de  Geneue,&:  vn  icune  garçon.  Il  y  en  a  vn  qui  ie  nommeFrançois , le- 
quel a  confefle'  la  Parolle.  Et  l'autre  qui  a  efté  interrogué  ,  fe  nomme  Antoine:lequel 
m'a  dit  qu'iln'a  point  encore  refpondu.  Quant  au  ieune  garçon, il  a  côfeilc  ce  qu'ils  ont 
voulu,  ii  ils  l'ont  eilargy  par  les  priions,  mais  les  deux  autres  font  aux  crottons.  Et  pour 
vous  donner  à  entendre  comment  ie  parle  à  eux ,  c'eft  que  lecouche  en  vn  crotton  qui 
eft  au  deflus  deux,  &  ie  parle  à  eux  par  les  pnuez.  Celuy  qui  a  nom  Frâçois,  a  fa  femme  ic  f0in  qUC 
à  Geneue,  nommée  Claude  :ie  vous  pnel'adueitir,&:  le  recommandera  l'j:gl!fe,&:qu'-  ebude  * 
elle  prie  Dieu  pour  eux:  car  ils  m'en  ont  donc  charge.  Il  a  efté  prins  cinq  balles  deliures  desfidcIcs- 
àFrançois, lelquelles fay  veués.  A  ufll  que Frâçois auoit  beaucoup  de  lettt es,queles ad- 
uerfaircsontprinfes&:  inuentorifees.  Faites  direàl'cglifequc  tous  ceux  quiluy  en  ont 
baillé,y  donnent  ordre,  à  ce  que  ceux  à  qui  ils  les  enuoyent ,  n'en  foyent  en  peine.  Re- 
commandez-moyàtous  nosamis&àl'Iiglife.  Ce  7-d'Aouft.  ^Apres  ces  lettres  eferi- 
tes,  i'enay  receu  vne  de  Paris  de  mon  frerc  Nicolas.  Vous  fauez  que  le  poure  homme 
n  a  point  de  cognoilfance.  Il  me  mande  que  ie  ne  foye  point  pei  tinax  :  &  que  ie  tien  ma 
vie  &  ma  mort  entre  mesleures:mais  le  poure  homme  ne  l'aie  que  c"cft  qu'il  dit.  lifaut 
prier  Dieu  pourluy. 

A  V  T  R  E  lettre  du  jo.dudit  mois  d' Aouft  1555,  qu'il  enuoye  à  ladite  femme. 
|OE  VR&efpoufe,  la  prefentefera  pour  vous  aduertir  que  depuis  que  ie  vous  a- 
iuoyc  eferit  dernièrement ,  i'ay  receu  deux  paires  de  lettres  de  mon  frère  Nicolas 
^îutel,  lequel  me  mande  que  ie  luy  enuoye  la  fentence  (ignée ,  ou  le  double  de  l'origL 
nal  figné:mais  il  ne  m'a  cite'  polîible  de  les  pouuoir  recouui  er.  Car  il  n'y  a  homme  quis  - 
ofe  méfier  de  mô  arTaire,nen  parler  vn  feul  mot. Et  de  moy,i'ay  beau  en  parler,ou  en  fup 
plier  mes  iuges,foit  par  requefte,  ou  autrement:  ce  n'eft  que  temps  perdu ,  ils  n'en  font 
conte. car  aulïi  font-ils  iuges  &  parties.  Mais  Dieu  viendra  à  fon  tour,  quiiugera  telsiu- 
ges.  Au  demeurant,  i'ay  enuoye  à  mondit  frère  vne  procuration,  &c  la  copie  de  mon  ad- 
iournement  auec  les  lettres  Royaux  d'anticipation,  &  au/Ti  luy  ay  eferit  vne  lettre.  Au 
refte,  vous  m'efenuez  que  ie  vous  mande  de  mes  nouuelles,&:  (i  ie  feray  mené  à  Paris:  ic 
vous  aduerty  que  ie  ne  fay.  Vray  eft  que  i'en  ay  eferit  à  mô  frcre,qu'il  fift  que  i'y  fu/Te  me- 
né: mais  lii'y  vay  iefay  que  fauray  degransaflauts,  plus  que  n'ay  pas  eu.  Car  ce  ne  font 
que  de  petites  efteîcelles  au  prix  de  ce  que  ic  doy  auoir.  Par  ainii,  cherc  fceur,n'oubliez  Rccôman- 
à  prier  &  à  faire  prier  pour  moy  à  l'Eglife,  à  ce  que  Dieu  me  donne  le  don  de  perfeuera-  jj*"°"s  JJ*. 
ce  en  ce  qu'il  m'a  donné,&:  de  ce  qu'il  m'a  fait  la  grâce  d'auoir  confefle  fa  parollc  deuant  Egide 
Jes  hommes,  &  les  aduerfaires  de  vérité.  Ic  me  recommandedonc  aux  prières  de  l'Egji- 
fe,car  l'heure  vient  que  les  gransaflautsfc  préparent.  Iefayaufll  que  de  voftrepart  n'e- 
ftes  point  (ans  grandes  afflidions.aufli  c'eft  ce  que  dit  fa  i  net  Paul ,  qu'il  nous  faut  entrée 
par  pluiîeurs  tribulations  au  royaume  de  Dieu.  Aufurplus,  ie  vous  veux  bien  aduer- 
tir que  T. m'a  vilité  après  cefte  foire  d'Aouft,&  a  laiiîc  de  l'argent  pour  moy  en  celle  vil- 
le, vous  alfeurant  que  i'ay  receu  vne  grande  confolation  deluy.  I'ay  auiîï  receu  beau- 
coup de  paires  de  lettres  de  mon  frère  Nicolas.  Et  la  dernière,  qui  eft  du  6.  d'Aouft,  faic 
metion  qu'il  tafche  d'auoir  cômiflîon  deme  faire  mener  à  Pans:&  me  mâdoit  qu'il  faut 
que  ie  m'aide  moy-mefme,&:quei'auoye  ma  vie  &c  ma  mort  entre;  les  mains.  Voila  tou- 
tela  belle  confolation  &  confeil  qu'il  me  donne. Fay  aulïi  entendu  pluiîeurs  autres  nou- 
uellcs  qui  feroyent  longues  à  raconter. 

AVTRE  lettre  eferite  par  ledit  a  fadite  Femme,  le  ij.  d'Odobre  eniuy  uani. 
jA  fœur,  i'ay  receu  vos  lcttres,par  lcfquelles  i'ay  efté  trelioyeux,  non  feulement  du 
foin  qu'auez  de  moy  continuellement,  mais  fpecialemcnt  que  tel  foin  n'eft  point 
pour  m'attirera  fléchir  ou  dilîimulcraucunementenmaconfe/Iion  defoy,  pourlauuer 
cefte  prefente  vie.  Parquoy  ie  veux  bien  que^ous  fâchiez  que  vous  ne  mefauriezdôner 
plus  grande  occaiion  de  ioye ,  que  quand  i'enten  qu'auez  ce  bon  vouloir ,  lequel  ie  fay 
pour  vray  ne  venir  de  vous,  maisde  lagracc  de  ce  bon  Perecelefte  par  fon  fainct  Efprit. 
Cependant  ie  fuis  en  fufpens  de  ma  caufe  d'appel  .car  ie  n'ay  receu  aucunes  nouuelles 
de  Paris,&  ne  fay  comment  il  en  va  :  toutefois  i'ay  telle  efperance  en  Dieu ,  que  le  tout 
iefait  à  fagloire,encores  que  mes  aduerfaires  n'y  penfent  pas.    Au  furplus  ie  vous 

Vv.ii. 


LiiiY^j  V-  Claude  de  la  C anefiercj. 

«rie 'chère  focur.que  fi  vous  eftimezqueDieu  m  afaitgracc  de  m  employer  pour  lvn  de 
lesieruux*  reDUtation.  Car  ic  croy  qu'auez  mémoire  que  quand  lay  demande 

congé  a  mon  m ,        moy.mefme  ie  ne  penfoye .  car  mon  but  cftoit  fculemet 
*Se^ 

eS,  d  aller  îcruiwc iv  7  nnrdeuantqu'eftreefcr  eau  nombre  de  les  petits  officierai 

oeto.ffi.U  luyapieuu  RovS4  Empereur:  voirede  me  donner  dcsarmes,lelqucllesia- 

&r  noft^ 

,  fnnr  en  iour  plus  grande affeftion  de  pourluyurc  ma  vocation.I  clpere  que  ce  qu  - 
ne  de  ™"n"T ££J8  ,e  patacheaera.  A  celle  caule  ma  feeur  mamie,  .e  vous  prie 
'laCOm„fok  d rpKpIuF.decequecebonDicahous.&itccftegrace.lmoy.de 
vous  amené,  en  on  tg  r        definezautre  choie,  linon  que  le  vouloir 

f^me  recommandant  à  voftre  bonne  grace.priant  Dieu  vous  auO.r  en  la  liennc.Dcs 
tous-me  re  d'Odobre.  Le  frère  François  le  recommande  a  Tousmefaillcz  de 

Lrmes  — 

SETÔN  quenousauonspred,tcnlVgumentdeced1icours, Claude  Canel.erc  en* 
,  j  .  m«l,.ncsdt:ceuxauifet'ei2nanseftrefcs  amis.levouloyenc  dmertir  du 

^rtSïffl       monftrerde  quellevertu  le  Seigneur  arme  Us 

K^fesZemis,^ 

c T    ^kntcoenoiftreSe  fe  donner  de  garde  de  ceux  qui  le  dilans  frères,  taichet  de 

Tour  fés Krandesinepties,  ne mento.t  pointd'auo.rlicu  en  ce  d.lcours.hnon  que Cane- 
fie  eavant  pris  pe.ned'y  refpôdre  ne  feroit autrement  entendu,  finon  en  lapropolanr, 
&  mettan  t  au  deuant  les  beaux  argumens  que  telles  gens  penfent  oppoler  a  la  vente. 
Epiftred^n  CoufadeParistfaiKàCla^^ 

A*     rov  wîf  t vous  prie  de  faire  le  cotenu  en  la  prelente.&vou  s  rte  ferez  rien  que 
l«  Aooftresnenoftre Seigneur IefusChritttfiyentfak par  plul.eurs  fois  Et  afin  que 
•liriez  i-av cotté  plufieurs paflages.aulquels vous trouuercz la vente.Car lene par- 
t  parmoy,  mais  par  l'Efcriture  fainde,  pour  vous  aduertiranant  que  fairevoftre 
féconde  confeffion,  de  ce  à  quoy  deuez  prendre  garde,  car  fi  vous  dues  aurre  chofe  que 
nni  lll  eferit  en  la  prefente,  il  eft  impoffible  de  vous  fauuer.  Ceux  de  Lyon  vous  veu- 
wfefre  mourirpour voftre  bien  fculemét,&  vousnepouuezediherperlonneen  ceft 
niro  r  entant  que  vous  femez  les  margucr.res  deuant  les  pourceaux^qui  eft  défendu 
"SscU 

fi^îfrhapitresquepouuezauo.r  leu&veu.efquelsvous  trouverez  comment  dauffi 
„!nc  d7bk  que  vous  ont  cetchc  les  moyens  de  lauuer  leur  vie.Et  premièrement  vous 
!u«anp  emierdes  Aûesdes  Apoftres,  Nousferonsreimoinsp.arroute  laterre  pour 
S deuant  les  hômcsAc.  non  pas  deuat les  belles, aufquelles le  Seigneur  n  a  pas  rc- 
„ee le  lecret  de  Ion  Pere.  Et  pour  celle  caule  entendez  ce  qui  eft  au  lecod  chapitre  des 
Adê  S  muez-vous  de  celle  génération  peruerie.Et  au  y.chap.Moylc  s  enfuir  pourfau- 
r  loiirce  prenez  y  garde ,  car  vous  n  elles  point  plus  homme  de  Dieu  qu  eltoit 
xf  frAuT  chap.  Paul  eftât  appelé  de  Dieu,  s'enfuit  par  les  murailles  d'vnc  ville  pôur 
, vie' Sis'cn  vint  vers  les  Apoftres  en  Icrufalem,  qui  furent  loyeuxquil  seftoir 
■vr      ,.  r^rAuouelrhap.Paulvousenleigne.qu'ilnefautpaseftreobftineenvollreopinion 

rite^no. rteuanl  ,1^n,..zblCnPar|t;poutvnefois,vous-voiisendeuezcontenter,& qcequicft 
^un.puisqvousau z  >     p      t  s  pietre£utfetaif equeDieuluyauoitfaitlagraced-eftrc 

nlu  eftoir  mieux  receue.  Ce  paiîage  vousenleigne  que  Dieu  ne  demande  pas  lamort 
a  (1  les  ma.sle  cœur  Si  la  bonne  vie  feulemenr.pour  édifier  (on  prochain.  Au  i }  .ch. 
Paul ScBarnabas  fe  retirèrent  pour  le  murmure  qu'ils  voyoyent  contre  eux  pour  la  pa- 


Claude  de  LCanefîere.  39 1 

rollede  Chrift:&:  Diculctrouuabon.  Ce  chap.tous  reprend  d'auoirtrop  oarléjcar  il 
faudroitdirefeulcmcntje  croy  en  Dieu&toutcequefain&c  Eglife croirons  alléguer 
aucun  paflage dei'Efcriture,nc  rendiereiponfeàleurdemandcrpourquelque  menace 
qu'ils  facent.  Au  14.  chap .  les  Apoftres  s'cnfuirencd'vne  ville  en  vneautre  ville  nômee 
Lyftre,de  peur  d'eftre  lapidez.  Ce  chapitre  vous  cnfeigne,qu'il  ne  faut  point  parler  qu- 
auec  les  fidèles  de  Chrift,ou  auec  ceux  qui  le  veulent  cognoiftre  &:  entendre  ù  parolle: 
non.  pas  parler  deuant  ceux  qui  font  faux  frercs,defquels  Chrift  a  dit,  Donnez-vous  gar 
dedes  faux-freres.  Au  m  cfme  chapitre,  Paul  fut  en  vneautre  ville  Japidé,&futfauué 
par  aucuns  disciples  eftans  autour  de  luy.  Et  le  lendemain  qu'il  eut  trotiué  Barnabas,ils 
s'enfuirent,  &  n'y  retournèrent  plus.  En  ce  chap.Paul&:  Barnabas  vouseq(eignent,qu'-  Voyez  le 
il  ne  faut  plus  retourner  à  ce  qu  auez  dit,encore  qu'il  foit  bien  dit  :  car  ils  ne  font  plus  re-  jjj|£™n 
tournez  dire  ce  qu'ilsauoyent  dit,  de  peur  d'eftre  lapidez  :  gardez -vous  d'eftre  lapidé,  & 
fuyuezPaul&Barnabas.  Au  i6.chap.l'Efprit  de  Dieu côftilla aux  Apoftres,dene  point 
annoncer  la  parolle  en  Aiie,  parce  qu'alors  cllen'eftoit  pas  bie  n  receué'ren  quoy  vous 
eftmonftrévn  bel  exemple  de  parler  où  la  parolle  de  Dieu  eftrcccuë.  Au  mefme  cha- 
pitre, Paul  fc  dit  Romain  pour  lauuer  fa  vie:faites  ainfi  que  luy  pour  fauucr  la  voftre.  Au 
17.  chap.Paul  s'enfuit  de  nui&pourle  murmure  des  gouuerneurs,  qui  le  vouloyent  fai- 
jre  mourinqui  vous  apprend  defauuer  voftre  vie,  fi  vous  voulczxar  vous  n'eftes  pas  plus  . 
que  Paul  ou  les  Apoftres  de  Icfus  Chnft.  Suyuezleursfaids,&  vous  ferez  bien,&:  ne  dô- 
lierez  point  de  fcandale  aux  fîdcJes.  Au  mefme  chap.Paul  s'enfuit  d'vne  ville  nommée 
Berroé,iufqu'en  Athènes,  &au  19. chap.Paul  voulantallerau  théâtre,  commedecou- 
ftume,  pour  annoncer  la  parolle  de  Chrift,  fut  aduerty  par  fes  amis,qu'on  Je  vouloir  la- 
pider, il  n'y  entra  poinr,&  creut  le  confeil  de  fes  amis.  Il  me  femble  que  vous  deuez fai- 
re iinfi,ou  vous  n'eftes  pas  bien  confeillc.car  Paul  cftant  homme  de  Dieu,acreu  le  con- 
feil de  (es  amis ,  &  fi  vous  ne  croyez  le  conleil des  voftres ,  qui  vous  enfeignet  veritable- 
me  m  ;  ie  ne  puis  croire  que  ne  foyeztroublé  d'cfprit,  &c  penfe  que  vous  le  faites  pluftoft 
de  peur  d'eftre  repris  des  hommes  que  fauez,qu  au trechofe.  Toutefois  ie  vous  aflfeure 
que  fi  le  plusgf  ad  de  ceux  qu'eftimez  eftoit  où  vous  cftes,  il  fauueroit  fa  vie  par  le  moyc 
cyefcrit-  Auj,o.chap.Pauleftanten  Grèce,  voulantallcr  en  Syrie  pour  annoncer  lapa- 
rolle  de  Dieu,fut  aduerty  que  les  Iuifs  le  vouloyent  lapider,pour  cefte  caufe  s'en  retour- 
na en  Macédoine.  Ce  chapitre  vous  enicigne,qu'il  nefaut  point  parler  deuant  ceux  qui 
ne  font  de  Chrift,pource  regardez  où  vous  eftés.  Au  i2.chap.0n  vouloir  donner  le  fouet  Bfcfpherrcs 
â  Paul ,  mais  il  fe  fit  Romain ,  &c  nia  fon  pays,  pour  fe  fauuer  du  fouet  feulement  :  ce  qu  ~ 
vous  enieigne,qu'il  fe  faurfauuer  en  quelque  forte  que  ce  foit. Le  Seigneur  Dieu  le  trou 
oera  bon ,  car  voftre  mort  ne  fauroit  édifier  perfonne  en  ceft  endroit.  Au  23 .  chap.  Paul 
cftant  en  iugemenc  deuant  les  luges  Sacrificateurs  qui  le  vouloyent  faire  mouiïr,  co- 
gneut  qu'ils  eltoyent  Sadduceens  $C Pharifiens,lors  il  s'eferia  au  confcil,&  dit  qu'il  eftoit 
Phaiilien,&  fils  de  Pharifien,pour  fauuer  (a  vie.  Ce  chapitre  vous  apprend  de  fauuer  vo 
ftre  vie:  car  Paul  n  a  pas  nié  Chrift  deuant  ceux  qui  cognoifïoyent  Chrift.  au  contraire 
deuant  ceux  qui  ne  le  vouloyent  cognoiftre,Paul  n'a  dit  mot,  &c  a  trouué  moyen  de  fau- 
.uerfavie.  Au  mefmechapitre,Pauleftantprifonnier,fut  aduerty  par  vu  adolefcent,qu 
onle  vouloit  faire  mourir,lors  il  trouua  moyen  de  faire aduertir  le  Capitaine  de  la  forte- 
reiTe,  où  il  eftoit priionnier,  pour  luy  fauucr  la  vie.  Ce  chapitre  vous  enfeigne ,  d'efehap- 
per  du  mauuais  partage  où  vous  eftes  quant  à  la  chair:  de  l'efprit,ie  n'en  parie ,  car  ie  fay 
par  la  grâce  de  Dieu  qu'il  fera  bien.  Bref,  le  Seigneur  vous  commande  en  plufieursen-  j^U^JU, 
droits  d'eichapper  de  cefte  génération  peruerfexar  il  ne  demande  pas  la  mort  de  fes  fi-  té/onfeur, 
deles.  Penfez  à  vous  &c  aux  voftres,  &  gardez  que  l'ire  de  Dieu  ne  tourne  contre  vous, 
car  il  vous  a  ofté  hors  de  la  main  des  Iuges,&  les  a  bieninipiré  pour  vous.  Et  pourec  pre- 
nez garde  à  vous,&:  vous  fouuienne  de  Pierre  Apoftre de  Chrift,lequel  a  nie  Chrift  plu- 
fieurs  fois  pour  fauuer  fa  vie,  Se  Dieu  luy  a  pardonné,  ainfi  qu'il  nous  fera  s'il  luy  plaift.  le 
ne  veux  pas  dire  qu'ayez  nié  Chrift,car  ie  fuisaduerty  que  l'auez  bien  côfefle\mais  ie  dy 
que  vous  ferez  bic  d'efehapper.  Au  pa/Tagc  des  Ades,24.cha.Paul  dit  qu'iln'auoit  point 
preiché  au  temple  de  lerufalem,ÔC  toutefois  il  y  auoit  erté  prins  :  mais  ce  qu'il  difoit  n'e- 
ftoit  que  poureîchapper  la  morc.Au  1  j.chap.Paul  cftant  deuant  Feftus,  luy  fut  demâdé 
s'il  vouloit  eftre  mené&:  iugé  en  lerufalem.  Paul  infpiré  de  Dieu  &:  aduerty  qu'on  le  vou 
loit  faire  mourir  en  Ierufalé,  dit  qu'il  vouloit  aflîfter  au  fiege  iudicial  de  Cefar ,  Se  en  ap- 
pela deuât  Cefar  pour  fauuer  fa  vie.  Vo*  au  cz  appelé  deuat  Cefar,  lequel  vous  a  fait  auflî 

Vv.  iii. 


cootu 
crtcurc. 


jjurt^V.  CUtidedelaCaneJtere. 

bien  comme  i)  hit  fait  à  Paul:  car  vous  auez  areft  par  lequel  tout  eft  mis  à  néant  &:  fans 
amende.  Pource  regardez  que  voulez  dire  en  voftre  conrellion  :  car  il  ne  faut  plus  elpe- 
rer  recours  à  Cefar  :  li  Cefar  vous  a  baillé  moyen  de  fortir,{ùrtez.  Le  Seigneur  vous  a  ai- 
dé,aidez-vous:&:  fi  on  vient  pour  vous  interroguer,  dites  feulement  ce  qui  s'enfuit  (  qui 
eft  bon  &c  véritable,  &c  non  autre  choie,&:  fans  orTenfer  Chrift  )  le croy  en  Dieu ,  &  tout 
ce  que  fainde  Eglife  croit.  S'ils  vous  parlent  de  voftre  première  confelîion,  le  vous  prie 
ne  cerchez  point  ma  mort  :  car  i'ay  enuie  de  viure  en  homm  e  de  bien.  Et  pour  toute  de- 
mande qu'ils  vous  tacent ,  gardez- vous  de  rcfpondre  ny  alléguer  paifage  de  la  faincte  E- 
fcriture.  S'ils  vous  demandent  quelle  eglife,  dites  l'Egbfc  de  Chrift  feulement,fans  par- 
ler de  l'eglifc  Romainexar  vous  n'eftes  point  deult  les  hommes,  mais  deuant  les  loups 
rauiflans  l'Eglifc de  Chriftrautrement  vous (erez  caufe  d'vn  grand  feandaie.  AuxAdes 
z6.chap.Paul  Apoftre  de  Chrift  requit  le  Roy  Agrippa,  &:  luy  fit  entcdrequ'il  cftoitfaf- 
ché  des  liens  de  la  prifon,  pour  en  efchapper.  le  m'efbahy  veu  qu  eftes  homme  qui  auez 
leu,  que  vous  ne  regardez  que  les  Apoftresde  Chrift  ont  efte  &:  (ont  plus  que  vous-.& 
ont  cerchc  par  plulieurs  fois  les  moyens  de  fauuer  leur  vie.  Ecpourcefte  caufe  ievous 
prie,  non  point  comme  Satan ,  mais  comme  voftre  coufin  &:  frerc  Chreftien,  de  penfer 
à  vous:car  voftre  édification  eft  en  la  bonne  vie  par  la  grâce  de  DieiKpremieremêt  pour 
édifier  voftre  femme,  &:  puis  vos  trois  petis  enfans,  aulquels  vous  terez grand' fautes 
le  Seigneur  a  dit  qu'il  faut  labourer  pour  I  ind  igent:cc  qu  auez  fait  autrefois .  vous  vou- 
lez-vous faire  mourir  àcredit  î  &:  penfez-vous  eftre  plus  que  les  autres?  voulez-vous  laiC 
fer  voftre  fernme&:  vos  petis  enfans  bcliftres,&:  tout  pour  parler  deuant  les  bêftes ,  aux- 
quelles les  fecrecs  de  Dieu  ibnt  cachez?Et  veu  que  vous  auez  le  bruit  d'auoir  veu  les  let- 
tres, ie  fuis  eftonné  comment  vous  prefehez  aux  beftes.  Car  ilne  fe  trouue  point  par  ef- 
crit  que  les  hommes  de  Dieu  ayent  parlé  deuant  ceux  qui  ne  cognouToyent  pas  Iefus 
Chrift:mais au  contraire  ontdiftimulé  pour  efchapper  de  leursmains, laquelle  chofe 
ie  vous  confeille  de  faire  à  l'exemple  d'iceux.  Qui  fera  la  fin,  me  reccmmandantàvous: 
priant  Dieu  le  Créateur  vous  donner  grâce  de  profperer  en  bien.  De  Paris ,  et  Ven- 
dredy  quatorzième  d'Octobre,  m.d.lt. 

Refponfe  de  Claude  de  la  Canefiere,à  la  précédente:  laquelle  nous  monfl  rc  &  reprefente  quelle  différence  il  y  a 
entre  l'horarae  parlant  de  fon  fcns,Sf  celtuy  qui  parle  par  JEfprit  de  Dieu. 

|g^O  V  SI  N,i'ayleuvos  lettres  allez  ampler,  par  lefquelles  vous  m'aducrtifTez  de 
^Qfuyure  le  contenu  d'icellcs  pour  toute  confeflion  de  ma  foy  deuant  les  hommes, 
ou  (comme  vous  dites)  deuant  les  beftes.  Etpoui  me  foliciterà  croire  voftre  confeil, 
vous  auez  mis  enauant  beaucoup  de  tefmoignages  de  l'Eicriture  fainde.  Pour  refpon- 
fe ,  ie  déplore  &.  la  peine  &:  l'abus , (oit  de  vous.foit  de  voftre  confeil ,  en  ceft  endroit .  la 
peine ,  par  ce  que  ie  feroye  trefioyeux  que  ne  vous  en  fuflîez  niellé. &:  l'abus,  pource  que 
vousôc  voftre  confeil  (fi  aucun  en  auez)en  ceft  endroit,  eftes  par  trop  lourdement&:  vi- 
lainement efloignez  delà  fainde  vérité  de  Dieu ,  pour  prouuer  voftre  menfonge  6c  fi- 
ction tant  manif  efte,  que  i'ay  quafi  honte  dé  vous  eferire.  Toutefois  confiderant  que  ce 
que  vous  en  auez  fait,  a  efté  d'vne  afFedion  &  amour  quauez  plus  à  ma  vie  qu'à  l'hon- 
neur &  gloire  de  Dieu,ie  vous  en  veux  bien  relpondrece  qui  me  lemble  à  la  verité,fans 
vous  flatter  aucunement,  mais  comme  à  mon  amy.  le  vous  veux  aduertir  qu  errez  grâ- 
dement  en  toute  voftre  procédure  &:  confeil  fatanique,que  me  donnez.  Ce  que  ie  vous 
veux  monftrer  par  les  mefmes  pa/lages  dont  m'auez  alfailly. 

Premiereme  n  t  en  ce  que  me  confcillez  que  ie  face  ma  féconde  confeffion  félon 
voftre  conéeil,  &c  tel  qu'il  eft  cl'cmk  la  fin  de  voftre  lettre ,  ie  n'y  voy  aucune  apparence 
félon  farcit  de  Parlement  donné  contre  moy,  car  il  me  lie  tellement, qu'il  faut  que  l'Of- 
ficial  iuge  derechef  mon  procez  dont  i'aueyeappelé.  Vray  eft  que  pour  amender  mon 
marché,  il  eft  dit  que  ce  fera  vn  autre  OrHcial,  que  celuy  dont  l'auoye  appelé,&  de  peuç 
qu'il  ne  foitaifezaduifé  pour  m'examinerde  pomd  en  poind,on  luy  adioint  vnlnquifi*- 
teurde  latoy.  Or  peniez  comment  iepourroye  eftre  receu  à  dire  feulement  ce  que  mè 
compiliez,  aifauoir,  le  croy  en  Dieu,&  tout  ce  qué  fainde  Egliie  croit.  Dauantage  vous 
faut  entendre,  que  fi  i'euiTc  voulu  vièr  de  ceft efidion  pour  (auuer  ma  vie,  iln'eftoit  ia 
befoin  d'attendre  areft  ny  fentence.  Car  mes  aduerfaires  ne  demandoyent  autre  chofe, 
finô  que  ie  nia/ie  ce  que  fauoye  côfc/fc,&  vo9  alleu  re  qu'il  faut  que  ie  parle  pour  eux  en 
ceft  cndroid,car  en  ce  qu'on  les  accule  de  ccrchcr  ma  mort  pour  caufe  de  mô  bié,  i'efti- 
me  le  côtraire,mais  le  pr  ïcipal  qu'ils  requicrét  en  moy,c'eft  queChrrft  foit  tué,c'eit  à  di. 

re}<Juc 


Qlaude  de  la  Cane  fierté  j  p2 

rcque  ie  lenie.Et  de  mes  biens  ils  ne  s'en  foucienc  que  bien  peujcar  aufll  n'y  en  a-il  pas 
fi  grande  quantité. Or  en  ce  que  dites  que  mmaort  n'edifîera  perfonne,i'enlaiife  leiu- 
gcment  a  Dieu.  Quant  à  moy,ic  doy  regarder  de  fuy ure  fa  volonté,  &:  du  refte  luy  en 
laiiTerladifpofition.Que  fi  aucuns  font  maledifiez,de  ce  que  pour  obéir  à  Dieu  ie  fuis 
preft  d'endurer  la  mort: ie  penle  que  tels  ne  feront  reputez  en  cela  auoir  bon  zele  :  mais 
feront  du  nombre  de  ceux  defquels  S.Paul  parle,  quand  il  dit  que  IefusChrift  crucifié  i.Cor.i.ij 
eft  fcandalc  aux  Iuifs.Si  donc  les  Iuifs  ou  leurs  femblables  font  mal  édifiez  en  ma  mort, 
ie  ne  m'en  foucie  pas:mais  diray  auec  mon  maiftre  Iefus  Chrift,Lai/Tez_les,  car  ils  (ont  m'"^'4 
aueugles  &:  conducteurs  des  aueugles.En  ce  que  vous  dites  que  i'ay  fem  é  les  margueri- 
tes deuant  les  pourceaux,ce  que  IefusChrift  auroitdefendurpourrefponfe  ,  Si  i'ayfe- 
mé  deuant  les  pourceaux,iedy  que  les  Prophètes,  Apoftres,&  Martyrs  delefus  Chrift 
fe  font  bien  abufez.  Daniel  &c  fes  trois  compagnons  ont  mal  fait  d'expofer  leur  vie  au 
feu  &  aux  lyons.  Saind  Eftienne  a  mal  fait  de  rendre  raifon  de  fa  foy  deuant  fes  aduer 
{aires. Bref,tous  ceux  qui  (ont  morts  pour  la  confeffion  du  nom  de  Chrift,  ont  femé  les 
marguerites  deuant  les  pourceaux.S.Pierre  a  mal  confeillé,quand  il  nous  admonnefte  hViarty^ 
que  nousfoyons  toufiours  prefts  de  rendre  raifon  de  noftrcfoy  &:  efperancc,  &c. 

Quant  à  voftre  première  raifon,laquelle  vous  prenez  du  premier  des  Actes,Que  les 
Apoftres  font  enuoyez  annoncer  la  veritc  de  Dieu  aux  hommes,&  non  pas  aux  beftesî 
dequoy  vous  concluez,qu'il  ne  faut  reueler  ce  fecret  de  Dieu  le  Pere,qu  a  ceux  qui  font 
hommes  U  non  beftes:&  appelez  beftes,ceux  à  qui  ce  fecret  n'eft  point  reuelé:pour  ref 
ponfe,Les  parolles  des  Apoftres  en  ce  premier  chapitre  ne  font  pas  telles,ny  en  (ubftiU 
ce  ny  en  forme,comme  vous  les  alléguez: regardez-y  bien.  Dauantage  Iefus  Chrift  ne 
dit  pas  ainfi,quand  il  baille  commifîion&  mandement  à  fes  Apoftres  d'aller  prefeher. 
car  il  dit  au  dernier  chapitre  defaintt  Marc,  Allez  par  le  monde  vniuerfel  prefeher  l'E- 
uangile  à  toute  créature.  Ce  qu'auflî  ils  ont  fait,  comme  i'efpere  le  vous  monftrer  bien 
au  long  par  les  mefmes  partages  que  vous  m'auez  alléguez  des  Aétes.Et  S.Paul  aux  Co-  *£«*4jî 
rinthiens,dit  qu'il  a  efte,luy  &  les  autres  Apoftres ,  bon  odeur  de  Chrift  à  Dieu ,  tant  à  &  l* 
ceux  qui  font  fauuez,qu  a  ceux  qui  perhTent:aux  vns  o  deur  de  vie ,  &  aux  autres  odeur 
de  mort.  Vous  voyez  apertemenc  que  ce  fecret  dont  vous  parlez  (qui  eft  la  parolle  de 
Dicu)ne  doit  pas  feulement  eft  reprefché  à  ceux  que  Dieu  veut  îauuer  ,  mais  auffi  à 
ceux  qui  ne  le  feront  pas. I'ay  quafi  honte  de  vous  en  eferire,  v  eu  que  fi  vous  auiez  leu  le 
nouueau  Teftament,vous  trouueriez  le  contraire  de  ce  que  m'eferiuez. 

Qv  an  t  à  ce  que  me  confeillez  félon  ce  qu'il  eft  eferit  au  deuxième  chapitre  des  A- 
ctes,de  me  fauuer  de  cefte  génération  peruerfè ,  le  vous  accorde  que  fi  ie  le  puis  faire, ie 
le  feray:mais  non  pas  en  telle  forte  que  me  confeillez,en  niant  la  vérité  de  Dieu:  qui  fe- 
ra pour  refpondre,tant  à  ce  que  m'alléguez  de  la  fuitte  deMoy fe,que  de  faind  Paul  qui 
fe  fit  defeendre  en  vne  corbeille  par  deftus  les  murailles.  Car  vous  voyez  apertement, 
que  l'vnny  l'autre  n'ont  efchappény  fuy  en  niant  la  vérité,  mais  en  enfuyuant  ce  que 
noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  enfeigne,Si  on  vous  pcriecute  en  vn  lieu ,  fuyez  en  l'autre. 
Vous  pouuez  penfcr,que  fi  on  me  laiflbit  quelque  moyen  de  fuir,ie  feroye  cômcMoyfe 
&  fainét  Paul  ont  fait.  En  ce  que  vous  dites  que  i'ay  bien  parlé  pour  vne  fois,&  que  ie  *£"I°*lj 
me  doy  contenter,fans  plus  vouloir  rien  dire:  Voyez,ie  vous  prie,comment  vouscon- 
tredifezàccqu'auezditauparauant,  que  i'ay  femé  les  marguerites  deuant  les  pour- 
ceaux:ce  qui  ne  peut  eftre,fi  Vous  confelîez  que  i'ay  bien  parlé. Dauantage  Iefus  Chrift 
dit,QuiperfeuereraiuiquaIafin,fcrafauué:ilfautdoncperfeuerercn bien,  fii'aydonc  , 
bien  dit,felon  voftre  aduis,ie  doy  perfeuereriufques  à  la  fin -ce  que  i'efpere  fairepar  la:  UB?  - 
grâce  de  Dieu,lequel  m'a  donné  de  bien  commencer.  Car  ce  bien  ne  vient  pas  de  moy. 
que  s'il  luy  plaift  me  fauuer,il  eft  allez  puiiTant  pour  ce  faire:  finon ,  fa  volonté  foit  faite 
le  fuis  àluy,foit  à  la  vie,foit  àla  mort.^  Vous  dices  que  (aindt  Pierre  fut  fort  ioyeux,  que 
Dieu  l'auoic  retiré  de  prifon  Je  vous  refpon ,  qu'auffiferoy-ie,  fii'cftoyeefchappeparlc 
vouloir  de  Dieu,mais  non  pas  efchappé  contre  le  vouloir  de  Dieu.  Vous  alléguez  du 
ï  3  .chapitre  des  A£tes,que  Paul  &c  Barnabas  fe  retirèrent  de  prefeher  la  Parolle,pour  le 
murmure  qu'ils  virent  contre  eux  pour  leur  prédication.  R.  Il  eft  dit  notamment,qu'a- 
pres  que  faind  Paul  2>c  Barnabas  eurent  prefché  viuemcnt  l'Euangile,ils  furet  chaflez: 
lors  ils  s'en  allèrent  ailleurs.  Tout  cela  ne  fait  point  contre  moy.  Car  il  on  me  vouloir 

Vu.iiii. 


jjurc^f  V.  (hudc^jde  la  Canefierc^j 

chafler  après  que  i'ay  dit  Ce  que  i'ay  peu  par  la  grâce  de  Dieu,  i*en  feroye  ioyeux.  Vous 
me  voulezperiuader  de  n'alléguer  aucun  partage  de  l'Efcriture:maisen  cefaifanc,vous 
mecôfeillezdeietter  fefpée  de  mes  mains,afîn  de  melaifler  veincreà  mes  ennemis. Ic 
Au  demier  vousrefpon  queie  n'en feray  rien  . car fainâ:  Paulenl'Epiftrcaux  Epheiiens,  m'enfei 
di.  p  gneque  ic  me  tienne  armé  des  ai  mes  de  Dieu  6c  du  glaiue  de  l'Elprit ,  qui  eft  la  parolle 
de  Dieu.  Voifs  me  dites  qu'au  i4.dcs  Actes,faincrPaul  6c  Barnabas  s'enfuyrent  d  vne  vil- 
le en  vnc  autre  qui  sappeloicLyftre,de  peur  d'eftre  lapidcz:ie  nVefmerueille  comment 
vous  portez  fi  peu  d'honneur  à  la  parolle  de  Dicuxar  vous  en  vfez  comme  d'vne  hiftoi- 
rc  profane.  Liiez  le  texte  tout  entier  de  ce  chapitre  ,  &  vous  trouuercz  qu'ils  ont  pref- 
ché  l'Euangile  publiquement  en  Iconie=&:  que  ceux  qui  furent  incrédules  des  Iuifs,fu- 
feiterét  querelle  à  Tencontre  d'cux:& toutefois  pour  cela  ne  s'en  partirent:mais  ils  y  de 
meurerent  par  long  tem  ps,prcfchans  6c  faifans  l'œuure  du  Seigneur  auec  fignes  &  mi- 
racles.Finalement  eft  dit,q  uc  grande  impetuofi  té  de  Iuifs  6c  de  Gentils  s'eflcua ,  &:  au- 
cuns eftoyent  auec  Paul,&  les  autres  contre  eux,&  les  lapidèrent  aucc  plufieurs  oppro 
bres&:iniurc5,apres  ils  s'en  allèrent.  Enquoy  vous  voyez  clairement  que  vous  n'auez 
paflé  que  par  deifus^  n'eftes  point  entré  dedans.  Vous  voyez  d'autre  part  que  Paul ôc 
^*  Barnabas  n'ont  pas  efté  ii  fages  Chreftiens  comme  il  y  en  a  auiourdhuy  en  France  par 
trop,qui  ne  veulent  prefeher  finon  aux  fideles,&;  non  aux  infidèles  :  mais  ceft  de  peut 
déporter  la  croix  de  Chrîlt.Ce  que  fainct  Paul  6c  Barnabas  n'ont  pas  fait,  fi  vous  voulez 
bien  regarder  ce  quatorzième  chapitre  tout  au  long.  Etcecy  feruirade  refponfepour 
beaucoup  de  tels  partages  cy  après  declarez:pai-  lefquels  vous  me  voulez  induire  à  croi 
re  vos  interprétations  menfongeres&:  pleines  d'erreurs.  Cher  amy,  pour  vous  aduer- 
tir  de  ce  que  feftime  de  vous-.ie  voy  qu'il  ne  tiendra  point  à  vous,quc  ne  mevucillez  bie 
deJguiferDieu&faverité,afindeneIcpluscognoiftre-&:par  ainfi  q  ie  mefauuaflela 
vie.  Ne  voila  pas  vu  bô  amour?ouy,li  l'amour  du  diable  eft  bô  enuers  nous.Or  i'ay  quaii 
honte  de  vous  refpondrc  à  la  belle  côclufion  qu'auez  tirée  de  ce  i^chapitrc  des  A&es: 
ceft  que  me  confeillez  de  ne  me  faire  pas  mourir  auec  les  faux-freres,  non  plus  que  S. 
Paul  &:  Barnabas.  le  vousvoudroyc  demander  fi  Paul &  Barnabas  ont  efté  Iapidez& 
lairtez  comme  morts(comme  il  appert  en  ce  chapitre  quatorzième)  par  les  faux-freres, 
ou  par  les  enncmisouuersfVous  ferez  contreint  de  dire  que  c'eft  pat les  ennemis  mani 
feftes:car  la  venté  eft  telle  or  pour  teipôfe  ic  craindroye  beaucoup  plus  les  faux-freres 
que  les  autres  ennemis. Car  ils  taichent  à  faire  renoncerDieu  &fa  verité,pour  fauuer  la 
vie  prefente  par  moyens  pleins  de  déception  &:  menfonge.  N'cft-ce  pas  menfonge, 
quand  vous  me  vouliez  faire  accroire  que  depuis  que  Paul  6c  Barnabas  s'en  furent  fuys 
de  peur  d'eftre  lapidez,ils  n'y  font  plus  retournez?Car  défia  il  appert  qu'ils  ont  efté  lapi- 
dez là  mefme  en  cechap  14. voire  en  deux  diuerfes  villes,aflauoir  en  Iconie  6c  Lyftre.S£ 
vous  me  dites  que  ic  ne  retourne  plus  à  ce  que  i'ay  confefle,de  peu  r  d'eftre  lapide .  Et 
quedeuiendra  la  parolle  de  Dieu, qui  dit ,  Que  bien.heureux  font  ceux  qui  endurent 
perfecution  pouriuftice.?Quedeuiendra  ce  qu'il  dit,Nc  craignez  point  ceux  quituenc 
le  corps,mais  craignez  celuy  qui  a  puirtance  de  tuer  le  corps  &  mettre  l'efprit  en  la  ge- 
hcnnedufcufQuefera-cedccequcdic  Iefus  Chnft,quâdilpredirà.  fes  Apoftres,quels 
aflautsils  auroyent  en  enfeignat  fa  parolle,&  quelles  periccutionsil  leut  falloit  endu- 
rer? Vous  ferez ,  dit-il ,  menez  pardeuant  les  Rois  6c  Princes  aux  fynagogues ,  &c.  le 
vousrenuoyeàlaie&uredece  io.chap,&:  vous  verrez  ce  que  Chrift  requiert  de  nous. 

Qv  an  t  à  ce  que  vous  dites  que  faind  Paul  s'eft  fait  Romain  pour  fauuer  fa  vie,  6C 
que  ie  face  ainii  pour  fauuer  la  mienne:vous  abufez  auffi  en  ceft  endroit. car  au  leziemc 
des  Actes  eft  dit  qu'après  que  fainct  Paul  6c  Barnabas  eurent  efte  fuftigez  6c  battus  a- 
près  auoir  prclché  la  parolle  de  Dieu, ils  furent  mis  prifonniers  lelcndemain  les  Ma 
giftracs  les  emioyerenc  mettre  dehors;loi  s  Paul  dit  qu'il  eftoi  t  ci  toyen  Romain  :  ce  qui 
eftoit  vray. mais  en  cela  line  faifoit  point  de  mal  comme  ic  feroye  fi  îeme  difoye  Ro- 
main.Car  ia  Dieu  ne  plaife  que  ie  me  die  tel ,  pour  fauuer  ma  vie.  Au  refte  de  ce  que 
m'alJeguczdu  17  i8,&:  i^.chapitres  des  Actes, il  n'y  cfchct  aucune  relponfe  :  iufqsàces 
mots  que  dires,que  ie  doy  croire  mes  amis  comme  fainct  Paul  a  creu  les  liens,  ouautre- 
ment  que  ie  luis  troublé  d'clprit:&:  penfez  que  tour  ce  que  ie  cr ain  ,  c'eft  de  peur  d'eftre 
reprins  de  ceux  auec  lefquels  ie  délire  viure  6c  habircr:car  vousdites,fi  le  plus  grand  de 
ceux-la  eftoit  ou  ïc  iuis,qu'il  iauueroit  bien  fa  vie  parle  moyen  que  vous  refcriucz.Ref» 
ponfe,Ie  voud  1  oye  bien  croire  mes  amis,mais  non  pas  contr  c  le  vouloir  deDieu.  lob 

nobeie 


Claude  de  la  Canefiere.  jp^ 

n'obéit  à  fes  amis  qui  le  tafchoycnt  dediuertir  de  refpcrarice  de  falut ,  auffi  ne  vous 
veux-ie  croire  en  ce  confeil  que  me  donncz,combien  que  me  foyez  amy:mais  c'eft  amy 
de  la  chair,&  tel  comme  fut  tàinft  Pierre  à  Ielus  Chrift,quand  il  luy  confeilloit  de  n'en 
durer  la  mort  de  la  croix,&  de  le  fauuer  la  vie.Ce  q  Iefus  Chrift  luy  a  dit,  s'adrc fie  auffi  à 
vous&àvosfemblables,quime  voulez  faire  fauuer  la  viepar  moyens  illicites  &c  con- 
tre Dieu.  Va  Satamcar  tu  ne  comprens  point  les  chofes  qui  font  de  Dieu, mais  des  hom 
mes.Or  de  dire  que  ma  crainte  eft  telle  que  l'auez  foufpçonneejc  vous  refpon  ,qu'elle 
feroit  mauuaife  fi  elle  eftoit  tellertoutefois  Dieu  vueillc  que  voftre iugemët  temerajre 
ne  foie  vcritable.Quant  à  ceux  que  dites,que  file  plus  grand  d  entre  euxeftoitlàoùie  ce™c™fcy 
fuis, il  efchapperoit  par  le  moyen  que  vous  côfeillez:  le  contraire  eft  venté:  car  en  celle  «teflus  l'ont 
prifon  où  iefuis,s'en  font  trouuez  depuis  deux  ans  en-ça  plus  de  douze,  non  point  des  J™^* 
plus  grans,mais  des  petits  foldats,lcfquels  n'ont  point  fkfchy  pour  crainte  de  la  mort. 
Bienfcft  vray  qu'ils  ont  eu  de  tels  combats  que  moy,&:de  tels  confeils  q  me  donez,mais 
cela  nelesapoint  efbranlez.Comment  dites  vous  donc  que  (i  leplus  grand  de  tousy 
eftoit,il  fefauueroit  par  ce  moyen  que  vous  conleillcz?  Etaulîi  ne  vous  veux  celer  que 
puis  peu  de  temps  en  a  efté  prins  vn  des  plus  petits,  lequel  on  a  amené  icy  auec  moy, 
qui  a  trouué  voftre  façon  d'efchapper  bien  fauuage ,  voire  &cll  eft  en  auflî  grand  danger 
que  moy  pour  le  moins. Bref,amy,toute  la  faute  de  voftre  confeil  ne  procède  que  de  ce 
feul  poinà:Ceft  q  vous  ne  fauourez  point  les  choies  qui  (ont  dcDieu,mais  ce  qui  eft  des 
hômes,&:  de  cefte  vie  prefente. Tout  le  refte  de  vos  allégations  des  partages  des  A&esi 
font  tous  femblables  ou  pires  q  les  de/Tus  declarez.-parquoy  ie  me  déporte  d'y  refpôdre. 
le  fuis  marry  de  ce  que  vous,qui  vous  dites  Chreftié,abufez  fi  lourdement  delà  fain&c 
parollede  Dicu,en  conuertiflànt  fa  vérité  en  menfonge:  &:  mefmes  quand  vous  impu- 
tez à  faintt  Paul  qu'il  n'a  point  nié  Chrift  deuant  ceux  qui  le  cognoiftoyent,  mais  qu'il 
n'a  dit  mot  deuant  ceux  qui  ne  le  cognoiflbyent,cela  eft  faux. car  pourquoy  a-il  efté  la- 
pidé, fouetté ,  perfecuté  ?  &  de  qui ,  fînon  par  ceux  qui  ne  vouloyent  cognoiftre 
Chrift  ?  Il  ne  faut  que  toute  l'Efcriture,&:mefme  que  le  liure  des  ades  des  Apoftres, 
pour  vous  monftrer  le  contraire  de  ce  que  vous  impoîez  à  faind  Paul.  Apres  ie  m'ef- 
bahy  de  voftre  aueuglemct,en  ce  que  mecôfeillez  que  ie  me  doy  fouuenir  de  S.Pierre, 
lequel  a  plulîeurs  fois  nié  Iefus  Chnft  pourfauuerfa  vie,  &que  Dieuluy  a  pardonné, 
commeaufhilmefcras'illuyplaiftj&c.Vousmedeuiezaufliconfeillcr  queiele  trahif  Notc  ccfte 
fe  comme  Iudas,&:  qu'il  me  pardonnera  s'il  luy  plaift:ou  que  ie  paillarde  auecla  Femme  refpoafc 
de  mon  prochain,&:  puis  que  ie  le  face  mourir,côme  à  fait  Dauid ,  ôc  que  Dieu  me  par- 
donnera s'il  luy  plaiftm'eft-ce  point  vn  beau  confeil  que  me  donnez;  Vous  deuriez  péri 
fer  que  l'Efcriturc  ne  nous  met  pas  tels  exemples  deuant  les  yeux  pour  les  enfuyure, 
mais  pour  les  fuir.  le  vous  prie&  fupplie  bien  afre&ueufement  que  penfiez  à  vous  & 
aduifiez  où  vous  eftes  cheu  de  vouloir  préférer  voft  re  vie,&  les  chofes  de  ce  monde  ca- 
duque à  la  vie  eternclle,&  au  Dieu  viuant,&:  à  Iefus  Ch  rift  fon  Fils  noftre  Roy,noftre  iu 
fticç,noftre  Aduocat&:  feulMediateur,&  finalement  noftre Iugeideuant  le  throne  du- 
quel iJfaut  en  bref  qu'vn  chacunde  nous  fe  trouuc,  &  foit  prefenté  pour  rendre  raifort 
de  noftre  vie,laquelle  nous  auons  exercée  en  ce  monde, comme  fainâ  Paul  le  dit.  Et 
pour  cefte caufeie  vous  confeillebien  autrement  que  ne  mcconfeillez:  airauoirquen* 
vous  eftes  tel  que  vous  dites, le  monftt  iez  par  efFett.  Vous-vous  appelez &:  eftimez  fidè- 
le &Chreftien,c'eft  à  dire,qui  a  la  foy  de  ChrilV.faites  donc  la  volonté  de  Chtift,&:  vous 
ferez  bienheureux.  Iefus  Chrift  dit ,  Qui  aimera  fa  femme  ,  fon  pere,fa  mere, 
*fes  biens,fes  enfans,  voire  fa  propre  vie  plus  que  luy, que  tel  n'eft  digne  de  luy  :  aduifez 
que  c'eft  à  dire  cela.fi  i'vfe  de  fi&ion  &  menfonge  pour  fauuer  ma  vicâiTauoir  fi  ie  veux 
accorder  aux  atuis  qui  font  contrei'honneur  de  mon  maiftre  &C  Sauueur  Iefus  Chrift,n' 
aime.ie  pas  mieux  ma  vie  queChnft?cela  eft  certain  qu'ouy.  Pour  conclufion, Ci  vous 
trouuez  ma  refponfeafpre  &C  dure,cÔfiderez  que  ce  n  eft  point  par  inimitié  que  ie  vous 
porte:car  ie  vous  délire  autant  de  bien  qu'à  moy:mais  c'eft  pour  autant  que  vous  -  vous 
adreifez  contre  Dieu, duquel  ie  porte  la  qucrelle:&:  auez  conuerty  fa  vérité  en  menfon 
ge,pour  me  cuider  perfuader  de  fauuer  ma  vie.  Au  furplus  regardez  ie  vous  prie  que 
cefte  vie  eft  comme  vne  fumée  b  ien-toft  pa/Tee,  &c  qu'il  nous  faut  tédre  à  vne  autre  vie  . 
plus  certainc,laque!lenouseftacquife  par  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift.  Etpource  par™eî° 
pcnl'tzà  vous  &:  voftre  vocation, laquelle  comme  vous  fauez  tresbien  n'eft  paslegiti-  conrrete 
me.  ie  dy  en  vfant  à  la  façon  que  vous  en  vfez:affauoir  pour  en  exciter  la  nature  humai-  "^JJg^* 


h  i#r  o  V.  Claude  de  la  Canefiere. 

ne  à  toute  paillardife  &C  volupté,laquelle  y  elt  allez  6c  trop  encline  fans  cela.Ic  vous  cô- 
feille  de  vous  en  retircr,au  moins  quant  ace  poinct  :  car  autrement  on  peut  vfer  légi- 
timement des  inltrumens  de  Mulique  quand  ce  n'elt  point  contre  l'honneur  de  Dieu. 
Icy  feray  fin  àla  prefentc,apres  auoir  prefenté  mes  humbles  recommandations ,  tant  à 
vous  qu'à  tous  ceux  qui  le  dilcnt  frères:  &  leur  communiquez  la  présente, afin  qu'ils  co- 
gnoiiientauflïleur  errcur:priant  le  Seigneur  Dieu  qu'il  vous  vucilJe  à  tous  donnet  6c 
augmenter  l'a  grâce.    De  Lyon  es  prifons,ce  quinzième  d'Octobre,  m.d.iy, 

LETTRE  du  premier  Je  Noucmbrc  enuoyce  par  ledit  Canefiere  i  L  femme^cn  Usuelle  il  Li  reprend  de  ce  qu'elle  ne  s'ar- 
refte  totalctncmt  a  h  prcundcncc  du  Seigneur. 

JH  R  R  E  fceur,i'ayreccu  vos  lettrcs,parlefqucllesn'ay  pas  clîé  fort  foyeux,d'au- 

 [cantqupi'ay  cogneu  par  icellcs  que  ne  regardez  pointlaprouidcnccde  Dieu,fic 

comme  il  le  peut  feruirdenous.  Vous  me  mandez,  qu'il  ne  vous  faut  plus  attendre*. 
moy,&:  que  le  Seigneur  vous  vcutdeftitucrdcmary,&de  tout  autre  fecours  humain. 
Ufcmblcparces  mots  que  vous  (oyez déifiante  delà  puiiïante  bonté  de  Dieu  :  paria- 
quelle  il  promet  alïillence  à  tou  s  ceux  qui  par  foy  le  requièrent  en  leurs  nccefîîtez,c5- 
Pfeau.jo  mcileftditauPfcaume,lnuoquc  moy  quant  oppre/Teferas)lorst'aideray ,  puishoneur 
m'en  feras. Si  donc  vous  elles  oppre/Tee  de  triitcifc  (comme  ie  le  penic  )  non  feulement 
de  la  pertede  mi  pcr(onnc,mais  auffi  de  vos  biens,&;  de  pluiïcurs  autres  afflictions  ,c'- 
cfl:  maintenant  que  Dieu  cil  plus  près  de  vous  que  ïamais ,  6c  que  celle  parolle  eferice 
oreeM*.  en  Ofee  s'adrefle  à  vous,quand  Dieu  parlant  à  l  ame  affligée,  dit,  Et  en  ce  *our-la,ditl« 


&  19 


G 


Seigneur,tu  m'appeleras  mon  maiy,&ietelpouieray  éternellement,  6c  te  fîanccray  a 
moy  eniullicc,cn  iugement,cnmifericorde,&:  en  milerations  :  voire  iet'efpouferay  en 
foy,&:  fauras  que  ie  fuis  le  Seigneur.  Ma  feeur  nvamie,vous  voyez  là  de  belles  bagues 
que  le  Seigneur  vollre  cfpoux  vous  pt  ometxar  c'eft  à  vous  &c  à  vos  fcmbiables  que  s  a- 
drcllent  telles  parolles.  A  celle  caule  ii  vous  elles  participante  des  croix  de  Chrift,vous 
le  ferez  aulii  de  fa  gloire.  ^"Or  pour  vous  dire  lavcritc,ilyavn  mot  en  vos  lettres  qui 
m'a  grandement  reiîouy, quand  vous  dites  que  yousame^Mic'fxnauoir  point  de  mury  ,  que 
<f  en  auoir  vri  tmtreh  lefa  Chrifixii  par  cela  ie  cognoy  quevous  elles  en  bataille  de  l'e/prït 
contre  la  chair,&:  que  fiflue  de  celte  bataille  fera  à  la  gloire  de  Dieu.  Car  c'eft  luy  qui 
en  cil  faucheur.  Mon  frère  Nicolas  s'en  va  à  Gencue:  il  eft  fort  fafché  pourautant  qu'il 
n'a  peu  faire  cnuets  moy  ce  qu'il  auoit  délibéré.  Au  reftc:ie  levons  recommandera 
tous  nos  amis  de  parde-là.  Faifant  fin,ie  prie  Dieu  vous  donner  ce  qu'il  fait  vous  eftrc 
necefîaire.    De  Lyon  es  pnfons,ce  7-de  Nouembte. 

o  m  m  e  de  ces  eferits  de  Claude  de  laCaneliere  nous  pouuons  recueillir  inftrudiô, 
iuiïidccequiseftcnluiuy  nous  n'aurons  moindre  côfolation.  C'eft  qu'en  ces  en- 
trefaites François  de  Bouibonfcigneur  d'Anguien  demanda  à  ceux  de  Lyon  Claude 
de  la  Canefiere,  pourec  qu'il  cftoitkon  loueur  de  cornets  à  boucquin:mais  la  rage  en- 
flammée des  ennemis  n'y  voulut  conientit:  S'il  euft  demandé  vn  brigand,  ou  voleur, ils 
Teuflent  accordé-.mais  pource  qu'il  elloit  prifonnier  pour  l'Euangile^ifalloit  aufli  qu'- 
en cela  il  full  conforme  au  maillrc,  lequel  fut  pollpolé  à  vn  brigand.  ^  Aduint  peua- 
CaneGere  presque  ledit  Caneiicreauecvn  lien  compagnon  trouua  moyen  de  fortir  de  la  prilbn 
cfchappc  d'vne  façon  cfmerueiliablc.Car  de  la  veue  des  clefs  entre  les  mains  du  Portier ,  ils  con 
merent  la  figure  des  deux  clefs  principales,  lefquelles  ils  enuoycrent  par 
vn  amy  fecretement  contre  faire  en  vne  autre  ville,tellement  que  peu  après  ils  ouuri- 
rent  la  porte,  &  les  ptifonniers  forment  &eftoyenc  ia  fur  le  pont  de  la  Saoune,  quand 
les  fergens  le  virent  pafier:&:  fe  ictterent  fur  Canefiere,lequel  ils  recogneurent  pour  f- 
auoir  veu  fouuent  deuan t  les  Iuges:&:  le  ramenèrent  en  prifon.  Quand  à  l'autre,il  eC 
chappa  de  leurs  mains,^:  vint  àGeneue.Dc  cecy  font  foy  les  lettres  dernières  que  ledit 
Canclîere  manda  à  fa  femmc,du  i  j.Decembre  1 5  55. où  eft  auffi  coprife  ladernierecon 
jfeflîon&fa  condamnation,comme s'enfuit:  So  e  v  r  &elpoufeJacaufequene 

vousay  pluftoilclcntdemesnonuelles ,  clique  n'ay  peuauoir  la  commodité  d'auoir 
papier  &cncre,&:  qu'a  grand'  peineenay  eu  pour  vousaduertir comme  iefu  reprins. 
C:eft  côme  nous  ellions  louis  des  prifons,&:q  nousvinfmes  entrer  en  la  grâd'ruefain.51 
Iean,ie  vay  aduifer  trois  ou  quatre  fergcns,lcfquels  iecognoiiîbyc  bic:  car  nous  les  voy- 
ions ordinairement  aux  priions. Or  ils  nefauoyent  rien  de  ce  que  nous  ellions  cfchap^. 
pez.Et  comme  i'alloye  après  maiftre  François,  me  voulant  garder  de  me  hafter  ,ienc 

pouuoye 


Qlaudc^jde  la  Canefiercj.  394. 

pouuoye:dot  il  y  en  eutvn  qui  me  cogneut,qui  auoic  efté  prifônicr  auxmefmes  priions: 
leql  die  aux  autres, En  voila  vn  qui  a  vnerobbefourree,qui  va  bic  vifte,  &  croy  que  c'eft 
maiftreClaudc,voyôss'ilafarelafche:ilpourroit  bien  auoir  rôpules  priions. Sur  quoy  il 
commençaà  fe  haftcr,&  moy  aulft.Quand  il  vid  que  ic  me  haftoye,i)  me  fuit  iufques  au 
bouc  du  pont>&:  en  appela  vn  autre  qui  eftoit  maillé. il  commence  à  courir.âc  moy  voy- 
ant cela,ie  laifle  choir  ma  robbe  fourrée  en  terre. Me  voulâc  mettre  â  courir,  il  m 'eftoit 
aduis  que  i'auoye  des  cordes  aux  iambes,&:  ne  pbuuoyc  bonnemet  courir ,  de  manière 
que  celuy  qui  eftoit  maille'fe  vint  ictter  fur  moy  par  derricrc,&:  chcufmcs  tous  deux  en 
terre.  Voila, chère  fceur,commc  ie  fu  rcprins.Ils  me  menèrent  en  la  prifon,  &:  à  l'entrée 
pour  le  Dieu-gard,le  portier,quife  nommcGuillaume,me  bailla  deux  coups  de  poing, 
l'vn  entre  les  elpaulcs,&:  l'autre  furie  derrière  de  la  tefte.il  s'y  trouua  gens  qui  engarde- 
rent  qu'il  ne  m'outrageaft  dauantage,&.  les  fergensaufli.  Puis  ie  fu  mené  deuantle 
iuge  Courrier  qui  eftoit  encorcs  Jà  dedans:lcqucl  m'interrogua  comment  l'eftoyc  for- 
ty:6c  anfîî  mctrouucientfaïuencoresd'vncclef  le  leur  dy  qu'il  eftoit  venu  vn  hom- 
me de  Geneue,auqucl  i'auoye  baillé  des  patrons  de  clefs, &  qu'il  eftoit  entré  efdites  pri 
fons  au  nom  d'vn  autre. le  fu  donc  enuoyé ,  &:  me  mit-on  en  vn  crotton  ,  où  on  ne  voy- 
oit  ne  ciel  ne  terreUà  eftant  ic  commençay  à  prier  ce  bon  Perc  celefte,puis  que  fa  volon 
té  eftoit  de  me  faire  ceft  honneur  d'eftre  tefmoin  de  fa  venté ,  moy  quine  fuis  que  fan- 
ge &C  orduie,qu'il  me  hit  la  grâce  de  luy  porter  obeiiTancc,puis  que  tel  elt  Ion  vouloir.  " 

Helasj  chère  fœur,ie  leroye  pluftoft  digne  d'eftre  chaftié  pour  mes  fautes  quede 
fouffrir  pour  le  tefmoignagedc  fonnom.  Or  bien,  puis  qu'il  luy  plaift  c'eft  bien  rai- 
fonquefy  voife  latefte  leueexai  ie  vous  a/feure  que  ien'auoye  point  fenty  auparauât 
qu'il  me  deuft  faire  tel  honneur^que  depuis  que i'ay  eftéreprins.Ceiourài'aprcs-difnee 
(toutefois  qu'on  rte  m'euft  baillé  ny  à  boire  ny  à  manger  iufques  au  foir)  ie  fu  mené  de- 
uantees  mefiicurs,&fuenquis  bien  diligemment  comment  i'auoye  fait  faire  les  clefs* 
ie  leur  refpondy  comme  i'auoye  fait  deuant  le  iuge  Courrier.  Ils  me  dirent  qu'ils  ne 
croyoyent  que  ie  les  euflefait  faire  à  Gencuc,mais  qu'elles  auoyent  efté  faites  en  cefte 
ville:&:  qu'il  eftoit  impolïible  de  faire  des  clefs  fans  les  voir  le  refpondy  qu'il  eftoit  co- 
rne ie  leur  auoycdit»&  quand  ils  voudroyent  que  leur  monftreroye  lafeience.  Sur  cela 
ilsmcdirent,Commc  nt?Lors  ie  leur  commençay  à  monftrcr  comment  i'auoye  fait. 

^  Apres  m'interroguerent  pour  la  féconde  fois  ^demandèrent  il  ie  Vouloyetouf- 
iours  perlifter  en  mesopinions.  le  refpondy,  Que  ic  n'auoye  rien  dit  qui  ne  fuft  bon  &C 
conforme  à  la  parolle  de  Dieu:auflîquec'cft  la  verité,&:queielavouloye  fouftenir. 
Puis  commencèrent  à  m'interroguer  furlapuiffance  du  Pape  &:  d'autres  folies ,  quife- 
royent  par  trop  longues  à  eferire, joint  que  cela  n'en  vaut  point  le  récit.  Puis  on  me  re- 
mit au  crotton  mefme,où  ie  fu  iufqs  au  Mecredy:là  ie  vous  laifTe  à  péfef  comme  on  me 
traitoit.Ce  Mecrcdy  reuindrent  au  matin  pour  voir  encores  comment  i'auoye  fait  faire 
cesclcfs.lorsielespriaydeme  faire  mettre  en  la  petite  châbre  où  i'auoyeaccouftumé 
d'eftre: ceque  le  Geôlier  ne  vouloir  point,mais  à  fon  grand  regret  il  y  fut  contraint .  car 
ie  leur  dy  que  ie  ne  romproy  e  pas  les  murailles  auec  mes  doigts,  lors  ils  le  permirentj&: 
luy  commandèrent.  i? 

^  Le  Samedyfuy  uanc  ils  vindrent  auec  cinq  ou  fîx,  &  me  firent  remonftrance  qu'ils 
ne  vouloyent  point  ma  mort,&:  que  ic  me  conuertiile  afin  de  viure,&:qu'il  n'y  auoit  nul 
qui  ne  defîraft  mon  bien:  bref ,  tous  me  prioyent  de  retourner  à  F vnion  de  la  fainetc  E- 
glife  catholique:c  eft  alTauoir  de  faire  ainlî  que  mes  pères  &  anciens  qui  ont  vefeu  fain- 
demenc. Puis  ils  me  demandèrent  Ci  cefte  remonftrance  ne  m'amoliflbit  point  lecceur. 
le  leur  refpondy  que  ie  les  remercioye  bien  fort  du  grand  bien  qu'ils  me  vouloycnt.Ô£ 
quant  aux  remonftrances  qu'ils  mefaifoycntqueie  retourna/le  à  l'v  niondelafain&e 
Eglifec?icholique:iedy  n'en  auoir  efté  deftourné:  mais  que  m'y  veux  tenir  comme  vn 
bon  Chreftiendoit  faire.  Que  leur  remonftrance  ne  m'amolùToit  point  autrement 
le  cœur,d  autant  que  ien'auoye  rien  dit,qui  ne  fuft  conforme  à  la  parolle  de  Dieu. Puis 
direnr,  Vous  voulez  donc  fouftenir  ce  qu'auezdit.Ouy(dy-ie)  monfieur  :  car  c'eft  la  pa- 
rolle de  Dieu,&  y  veux  viure  &C  mourir.  Ils  me  dirent,  Il  n'y  a  donc  plus  de  remedc.& 
fut  ce  recommencèrent  à  parler  de  leurs  fatras  &c  badinages .  &:  quand  l'vn  auoit  celte 
l'autre  recommençoit,&:  à  tous  coups  me  rom  poyent  mô  propos,&:  ce  que  ie  leur  vou 
loyedirc:maisilferoit  trop  long  à  refcrirc:&  ne  vaut  la  peine. 


Ïjuy<Lj  V*  QUude  de  la  C 'anefier "o. 

^"L  *  Lundy  fuyuant  ne  faillirent  de  venir,pour  me  condamner.Et  mè  mit-on  les 
fers  aux  mains,de  peur  que  ie  ne  fulTc  trop  mauuais  deuant  eux,comme  s'ils  m'euilent 
veu  faire  de  grands  efforts.  Or  cftant  deuant  eux,ils  firent  venir  Antoine,  lequelauoit 
Bhfpheme  efté  pnns  aucc  maiftre  François ,  &  luy  firent  faire  là  deuant  moy  au  parquet  (pour  me 
îfkmCdcf"  fe>rcPlusgran^defpit)amendehonnorable.  le  vousafleure  que  Je  cœur  mepartuToir 
devoir vnetellepoureté  &  miferc,en  blafphemant  ainii  contre  Dieu.O  cherefeeur 
prions  ce  bon  Dicu,qu'il  ne  nous  delaiiîc  point  iniques  là,  mais  qu'il  nous  tienne  tou(- 
ioursla  main,&:  nous  donne  perfeuerance  en  fa  îàindeparolic.    Nul  ne  peut  veniri 
moy,djc  lefus  Cfu  ift,que  mon  Pere  qui  m'a  enuoyé  ne  le  tire.  Prions  donc  ce  bon  Pcre 
qu'il  nous  tire,Ôc  que  nous  allions  droit  à  ce  Sauueur  lefus  Chnft.       ^  Ce  beau  chef 
d'œuurefait,ils  me  demandèrent  fi  ievouloye  tou/iours  perfifter  en  mes  opinions.  le 
leur  refpondy  quant  à  ce  quei'auoye  dit,ic  le  vouloyefouftenir  ,  &z  que  len'auoyc  rien 
dit  qui  ne  fuît  conforme  àla  parolle  deDicu,&:  a  fa  ventc.Puis  commandèrent  auGref- 
fierdelite  la  fentence  donnée  contre  moy.&quâdileut  Jeu  qu'on  medeclaroithercti- 
que&:ichilmatique,ierefpondy,Etbien>vousmedcclare2tel,pource  que  ie  ne  veux 
adhérer  aux  edits& ordonnances  fataniques  de  voftre  chef  6c  voftre  maiftrel'Aïue 
chnft  Romain :i'cn  appelé  deuant  Dieu.    Lors  s'efenerent  tous,  quand  l'eu  dit  Satané 
ques:  car  il  y  auoit  force  monde  à  l'entour,&  dirct,Ha,ha,le  melchant(cn  faifant  leur  li- 
gne de  croix  pour  châtier  les  mouches)mem'Z  Je  à  Roanne.Et  là  ie  fuis  pour  le  prefent, 
attendant  le  vouloir  de  ce  bon  Pere,comme  il  luy  plaira  faire  de  moy.  -Or,cherefœur 
ie  fay  quauez  eu  quelque  peu  de  ioye,attendant  ma  dcliurance:mais  elle  ne  vousague 
tes  duré,  toutefois  elle  eft  bien  prefte,com  bien  que  ce  n'eft  pas  en  telle  forte  que  l'en-  - 
deD^n  tendez.Donc  rcfiouillez-vous  en  ce  bon  Dieu,&  ne  vouscontnftcz  point,  mais  regar- 
L  première  dcz  à  ne  vous  prendre  concre  Dieuxar  vous  voyez  en  ma  pnnfc  première  &c  féconde 
F&de**  qucccftvncgrande&notoircprouidencedcDieufurmoy:ioinc  que  ceux  qui  m'ont 
Claude.     prinsn'eftoyent  aucunement  aduertis.ny  les  premiers  ny  les  féconds.    Voila  comme 
Dieu  veut  appeler  les  fiens.refiouiflcz-  vous  donc  en  luy  de  ce  qu'il  vous  a  fait  c'eft  hon- 
neur,de  vous  auoir  doné  vn  mary,lequel  il  a  voulu  produire  pour  vn  des  telmoings  de 
fa  vérité. HelaSjcherc  fœur,{]  nous  fauions  confiderer  le  grand  bien  que  ce  bonPere  ce- 
lcfte  nous  fait,de  nous  appeler  à  vne  fi  fam£tcquerclle,&:  à  vn  fi  heureux  combat ,  nous 
n'irions  pas  fculcment,maisnousy  courrions  à  pleine  courfe.       Au  furplus,ie  ne  fay 
lii'auray  moyen  de  plus  vous  efcrirc,ne  fâchant  l'heure  ny  le  iour  qu'il  plaira  àcebon 
Pere  m'appelcr  àfoy.Ic  vous  recommande  fa  crainte  fur  toutes  choies  :  puis  les  enfans 
lefquels  il  nous  a  donncz.Que  fi  vous  ne  vous  pouuez  contenir,  ayez  aduis  devousre- 
marier,&:  de  bien  regarder  de  prendre  vn  mary  qui  ait  la  crainte  de  Dieu ,  &  qui  ne  foie 
point  adonné  à  l'auaricertar  c'eft  la  racine  de  tous  maux.  le  fay  qu'auez  de  la  poureté, 
quant  aux  biens  terriens:mais  regardez  qu'elles  bien  riche  au  ciej,  &:  que  vous  auez  vn 
Pere  qui  ne  vous  delaiflcra  point.car  fi  les  pères  tcrricns,qui  font  mauuais  de  nature.fa- 
uent  bailler  choies  bônes  à  leurs  enfans,  par  plus  forte  raifon  celuy-la  qui  eft  tout  bon , 
vous  dônera  ce  quivous  fera  ncceiTaire,&:  n'aurez  faute  de  rien. Remettez  doc  en  luy  ôC 
vous  &:  voftre  arfaïrcxar  c'eft  luy  qui  a  le  foin  de  vous  &z  vous  tiét  des  fiens ,  commeil  le 
vnc  deru  c  vous  môftrc  par  teimoignage  euident.COr  pour  vous  donner  vn  mémorial  de  moy,  ie 
ce  quchît  vous  ,ai^c  lc  Psaume  73, Si  eft.ee  que  Dieu  eft  tref  doux  :  &:  quand  le  chanterez ,  vous 
fe  Claude  à  aurez fouuenance  demoymon  point  en  trifte/Te,maisen  ioyc.    Pource  ie  vous  mande 
kfemme.   ceftuy-lactrc  les  autres:  gouftez-le  bien,car  vous  trouverez  là  dedas  tourjee  quim'eft 
aduenu  depuis  que  ie  fuis  prifonnier.  Quantau  refte,faitcsmes  recommandations  à 
monfieurCaluin,&àtousles  Miniftres,&:  àtous  nos  amis  quecogncu/Tcz.  Aufiîditesà 
maiftre  François, fi  vous  le  voyez,queieme  recommande  bien  fort  à  luy ,  &;  que  ie  fuis 
bienioyeuxde  ce  que  Dieu  luy  a  fait  grâce  de  luy  auoirdonnédeliurance  des  priions, 
mais  que  Dieu  m'en  prépare  vne  plus  grande  &:  beaucoup  plus  heut  eufe.  car  il  ne  me 
veut  pas  feulement  deliurer  des  priions, mais  de  cefte  terre,  où  il  n'y  a  que  toute  mife- 
re,hoireur&  calamité:mc  voulant  colloquer  en  ioye,  &:  félicité  perpétuelle àiarnais. 
Recommandez_moy  à  fa  femme. Et  pour  la  fin  ie  vous  accole  d'vn  faind  baifer,  difant 
A-dieu, vouslaillant en  fafain&c garde. Ce  itî.Decembrc. 

n  cefte  force  &  magnanimité,cefainc"tperfonnage  perfeuera  iufquesàlafin,n^ 
obftant  les  alfauts  qui  lui  furent  dreffez  de  toutes  parts  durant  fon  emprifonne- 
ment.    ^  Ayant  donc  receu  fentence  de  condamnation  d'eftre  bruflé  vjf,&fon  corps 

con. 


E 


Plufieurs  Martyrs.  SPS 

confuméen  cendres  à  la  façon  accouftumeedes  ennemis  delà  vérité,  le  Samedy  pre- 
mier iour  de  Feurier,  veille  de  la  Purification,  appelée  par  eux  la  Chandelcufe,  Claude 
delaCanefierefutmené  delà  prilonaulieududernierfupplicc,  nommé  en  la  ville  de 
Lyon,  Les  terreaux.  Et  en  le  menant,  il  exhortoit  le  peuple  de  fe  côuertir  au  Seigneur 
lefus  Chrilt.  Eltant  venu  audit  lieu ,  commençai  dire  le  commencement  du  Pl'caume, 
Sus  louez  Dieu, mon  am  e,  &c.  Le  Bourreau  luy  demanda  pardon  de  fa  mort  &  le  patiét 
luy  dit  amiablemétjMon  amy,lc  principal  pardô  que  tu  dois  requerir.cft  dcDieu:regai- 
de  à  ta  confeience  :  car  la  condamnation  de  la  caufe  eft  iniufte  &c  peruerie,&  Dieu  la  re- 
demandera de  la  main  de  ceux  quiyconfentiront,s'il  ne  leur  fait  mifericorde.  Eltant 
au  milieu  du  feu,on  l'ouit  inuoquer  le  Seigneur  en  drelfant  fon  regard  au  ciel ,  infqucs  à 
ce  qu'il  eut  rendu  l'efprit. 


L  A  VRENT,  de  Bruxelles  ,&  IE  AN  FASSEAV,  Haimyer. 
IV  commencement  de  celte  année,  la  perfecution  cy  deuant  cfmeuè"  en  la  ^"0C^ 
'ville  de  Mons  en  Hainaut  fe  rengregeaen  telle  fureur,  qu'il  fembloit  que  nucc  m 
toutdcuoiteftrc  perdu.  Etcclafefaifoitàcaule  qu'on  auoit  renouuclé  les  fJ^aJJe 
Elcheuins  delà  villc,&  que  les  plus  contraires  auoyct  cfté  ellcus  au  gouuer- 
nementdefquels  pour  commencer  leurchefd'œuure,leietteicntenlamailon  d'vnnô- 
mé  Laurent  cordonnier,natif de  Bruxelles  en  Brabant:&  fur  I  e  a  n  Falîeau,  natif  d'vn 
petit  village  près  de  Mons,  nomme  Giury.  Iccux  furent  appréhendez  &c  mis  en  prifon 
feulement  par  foufpeçon  :  &:  leur  procez fait,  furent  condamnez d  élire  decapicez,  fans 
autrement  les  auoir  interroguezde  leur  foy.  Quand  Laurent  eut  ouy  vn  îugemcc  fi  fou- 
dain,  il  dit  aux  luges,  MefTîeurs,  vous- vous  abufezgrandement,  penfans  par  feu  oue- 
fpec  anéantir  la  parolle  du  Seigneur  noftre  Dicu,qui  dure  éternellement.  Incontinent 
que  îcs  ennemis  fouirent  ainfi  parler,  &:  de  plus  en  plus  s'efforcer:  combien  que  l'efcha- 
faut  fuftiadrefTé,& fa  fentence  don  née  pour  cftre  décapité  ,neantmoins  commes'ils 
eufTent  deu  changer  le  genre  du  fu  ppliccfircnt  apprefter  vn  tas  de  bois  pour  Je  brufler, 
afin  de  rintimider:&  toutefois  il  ne  fut  que  décapité, louant  le  Seigneur  iufqu  a  la  fin.Ec 
peu  de  temps  après  luy  ,fut  là  mefme  décapité  ledit  Iean  FafTeau,  lequel  aulîi  mourut 
conftamment  pour  la  mefme  doctrine. 


ADRIEN  DE  L  OPPHE  N,FW/*,&  I VLIEN  DE  LESPE-DARME. 

T^^D  R I E  N  de  Lopphcn  natif  de  Bruges  en  Flandrc,retournant  de  Frâcfort,  M.  D.LVI. 
^5^^\^auec  plufieurs  Hures  delà  fain&eEfcriture,  en  palfantpar  la  ville  d'Alie  en 
Hainaut,  entra  en  vne  hoftellcrie,  &  donna  fon  paquet  en  garde  à  l'hofteiTe 
de  fon  logis  :  laquelle  par  curiofité  ayât  veu  que  c'eftoit  vn  paquet  de  liures, 
appela  vn  Preftre,&:  luy  monftra  les  liures. Incontinent  que  le  poure  homme  fut  retour- 
néau  logis,  ne  fichant  ce  qui  s'eitoit  fait  cependant  qu'il  auoit  cfté  en  la  ville  faire  fes 
befongnes,  fut  appréhende  &  mis  en  prifon  :  en  laquelle  ayanr  fait  confefïîon  de  fa  foy 
fans  flefehir  ou  vaciller  nullement ,  toit  après  fut  condamné  à  eftre  bruflé  à  petit  feu,  & 
endura  vne  mort-  bien  cruelle  auec  confiance  à  tous  admirable. 

A[En  la  mefme  ville  aufli  fut  exécute  Ivlien  de  Lefpe-darme,  pour  la  mefme  do- 
ftrinedequel  endura  1a  mort  vaillâmen  t,de laquelle  plufieurs  furet  édifiez  au  Seigneur. 


IEAN  PHILPOT>c1e«r^/oi5. 

ENlaperfonnedcPliilpotnous  auotislepourtrai&d'vn  do&eur  Ecclefiaftiquc  :  lequel tyant  affatreàtant  de 
.montres  qui  s'efforcent  d'anéantir  la  dodrine  de  l'Euangile,  les  pique  &  redargue  à  bon-efcicnt  :  &  furmon- 
tant  en  cela  les  liens  corporels  defquels  il  eftoit  détenu,  fait  feruir  fa  feience  à  l'honneur  de  celuy  qui  la  luy 
a  dônee.  Les  difputes  Se  examens  tenus  contre  luy  par  les  plus  grâs  d' Angl  eterre  font  icy  récitez:  dcfquels  U 
plufpart  s'eftoyent  dcflournez  de  la  venté  par  eux  cogneuë.  Et  ne  fe  faut  efmerueiller  fi  la  procédure  femble 
eflre  comme  dcper  à  compagnon,veu  la  dignité  que  Philpot  auoit  adminiftretcntr'eux  ,  quilercndojt  plus 
affectionne  à  leurre  f  pondre. 

Xx. 


Liur<u  V.  ]™n  Philpot. 

M.D.LVL  ^^^ÇE  martyre  de  îcan  Philpot,  fils  de  Pierre  Philpot,  chcualier  de  crédit  &  de 
<|  $M|jr  renom  au  pays  de  Hampton,  le  prelcnte  en  l'ordre  premier  de  cette  année, 
ÉP  g^^%ayanc  moni^r^  ^a  voYe  ^c  vertu  &  perfeucrace  aux  plus  grans  du  pays  d'An- 
§jjyj^|^gleterre.  Il  fur  premièrement  mis  en  l'efcole  de  Vvinceftre  ,  &c  puis  cftudia 
en  1  vniuerliré  d'Oxone.&  employa  Ton  teps  à  l'eftude du  droict  Ciuil,&  des  difeiplines 
&"  Langues ,  principalement  l'Hébraïque.  Et  depuis  mené  d'vn  defir  de  voir  les  pays ,  il 
alla  en  Italie,&  à  Rome:&  comme  il  eltoit  en  chemin  de  Yenife  à  Padouc,  il  rencontra 
vnCordeher,  lequel  l'a ceufad'herefic,  tellement  qu'il  euftefre  en  danger  de  fa  vie  s'il 
ne  Te  fuft  retiré  de  bonne  heure.  Finalement  eftant  de  retour  en  fa  mailon  ,  bien  toft  a- 
pres  tut  fait  grand  Archediacre  de  Vvinceftre  fouslean  Ponctlors  euefque  dudic  lieu 
de  Vvinceftre.  Mais  après  la  mort  du  bon  roy  Edouard ,  les  Euefques  ayans  afTemblé  &c 
conuoquévn  Synode  lors  que  l'Euangile  commença  d'élire  periecuté,  Philpot  fut  des 
premiers  qui  auec  peu  d'autres  maintint  la  caulc  de  la  vérité,  s'oppofant  en  la  première 
poincteauxplusgiansennemisd'icelle.  Araifondcquoyilfut  premierernet  confticué 
prilcnnicr  par  Eftienne  Gardiner  euefque  de  Vvinceftre  :  &  puis  cnuoyé  à  Boner  euef- 
quede  Londres,  &  autres  fuppofts  du  Pape  comme  lesprocedures  qui  s'enfuyuent  te- 
nues contre  Juy  en  rendent  telmoignage. 

£  N  cefte  première  procédure  il  eft  fpecialemcnt  touché  de  la  caufe  de  l'emprifonnement  de  PlulpotjS:  des  CâU- 
fes  pour  lefquelles  il  reeufe  Boncr. 

BJ&JN  appela  Philpot,  &  fes  compagnons  qui  eftoyent  en  prilon  auec  luy ,  &  les  fit-on 
Le  docteur  ^^jvenir  deuanr  les  Eucfques:&:  cependant  qu'ils  ateendoyenc ,  le  do&eurStor  fortit 
d'vne  des  chambres:!  vquel  après  auoir  ietté  l'œil  fur  ces  pril'onniers,regarda  Philpot,&: 
luy  dit,Eftes-vousicy  moniieur  Philpocfïe  vous  voy  allez  en  bon  poind.  Philpot, 
Moniieur  le  docteur,  on  ne  le  doit  efbahir  fi  ce  corps  feporte  bien,  car  il  y  a  défia  douze 
mois  entiers,ou  plus,  que  ie  fuis  détenu  en  prilon  bieneftioicc.  Et  maintenant  ievien 
fauoirpour  quelle  caule  vous  autres  m'auezfait  venir.  St  or,  Vous  eftes  foufpeçonné 
de  quelques  herefïes  &  opinions  mauuaifes:&:  pourtant  nous  auons  efté  daduis  que 
vous  fufliez  icy  appelé.  P  h  .  Il  y  a  fi  long  teps  que  ie  fuis  déte  nu  pi  ifonnier ,  &  non  pour. 
La  ouïe  de  autre  occafïon  ou  maticre,quc  pour  la  difpute  quia  efté  tenue  en  la  maifon  de  L'âfiêm- 
lcmpnioa-  blee:de  laquelle  on  penfequele  peuple  a  cftéabbtcuué  par  mon  moyen.  St.  Si  reiet- 
tant  maintenant  cefte  difpute,  vous  vous  rengez  à  vne  meilleure  opinion,&  portez  co- 
rne ilapparticnr,  nous  vous  remettrons  en  libertérautremenc  ferez  renuoyé  à  l'euefque 
de  Londres  pour  eftrc  examiné  par  luy.  Apres  cclaStorfe  retira  en  la  chambre,  &  toft 
après  vnmeffager  me  fut  cnuoyé  pour  m'y  faire  entrer.  Le  Secrétaire  en  premier  lieu 
medemanda  quelcftoit  mon  nom.  le  dy,Iean  Philpot.  Il  mit  mon  nom  parefcrit:&a- 
Philpot  Ar-  presStoradiouftaquefauoyccfté  Archediacre  de  Vvinceftre  àlapourfuite&requefte 
dt  v'vlacc  ^U  ^0(^cur  Ponct.  P  h  .  le  confeiTe  que  i  ay  efté  Archediacre:  mais  ce  n'a  point  efté  par 
lire.        ordonnance  &requeftc de  Ponct, ains  par  vne  élection  beaucoup  plus  ancienne  du 
Chancelier,  afîauoir  de  celuy  qui  eft  maintenant.  St.  Sachez,  que  noftre  Chancelier; 
euefque  de  Vvîceftre  ne  feroitiamais  vn  tel  que  ceftuy-cy  Archediacre  Rop  e  r,  phil- 
pot, approchez-vous. Nous  auons  ouy  dire  que  vous-  vous  eftes  léparé  de  la  congrégatio 
de  l'Eglifc  catholique ,  hors  laquelle  il  n'y  a  nulle  focjctc  defaluc  :  fi  vous  retournez  à  i- 
celle,  vous  trouuerezgrace.    Ph.  le  fuis  icy  maintenant  deuant  vos  excellences  ap- 
pelé par  vous  déléguez  par  la  Roine  en  cefte  partie:^  pour  cefte  caulc  ie  vo9doy  obeif- 
fance,  &:  la  rendray  comme  il  appartient.  S'il  y  a  rien  qu'on  puifte  oppofer  contre  moy, 
Philpot  de-  concernant  les  loix  publiques  de  ce  royaume,  ie  prie  que  vous  mepcrmettiez  iouj/du 
nunde  <juc  priuileçe  &c  bénéfice  des  autres  citoyens.  R  o .  Combien  que  nous  n'ayons  au  ctfneaftiâ 
mile  en  a-  particulière  pour  vous  conucincre,  cela  n  empefche  point  que  nous  ne  vous  puifîîons 
uanc.        contreindre  de  vous  purger  des  foufpeçons  quona  de  vous  partout.  Ph.  Sii'aycômis 
chofe  contre  les  ft.ituts,  monftrcz-moy  ma  faute  :  &  ie  ne  demande  point  que  vous  m  - 
efpargniezfi  i'ay  mérité  d'eftre  puny.  Mais  fi  vous  netrouucz  rien  en  moy  qui  ne  ïoit 
digne  d'vn  bon  fuied,  qu'on  ne  me  traite  plus  fi  rudement  comme  on  a  faitpaffëdbu- 
ze  mois.    Ro .  Si  le  luge  tien  t  en  lés  mainsquclque  brigand  ou  meurtrier,  encore  qu'- 
il n'y  ait  que  foufpeçon  ,  fi  cft-ce  que  de  droid  il  luy  peut  former  fon  procez  le 
conftituerprifonnier,  encore  qu'il  n'y  ait  probations  du  forfait  duquel  il  eft  atteint. 

St. le 


JemPhilpot  396 

S-r.Ie  voybien  à  quel  butil  tend.  Il  femblc  qu'il  ait  cftéinftruic  enl'efcole  de  Cardma- 
ker:&  de  fai&il  a  allègue  les  mcfmes  raifons.  Au  reftececy  ne  vous  profitera  de  ricmcar  j^"7Clrd  - 
ie  dyque  vous  eftcs  hérétique,  entant  que  vous  eftesennemy  delà  Mefle.  Ph.  le  nie  tyrcyde" 
que  fe  foy'  hérétique.  &:  nul  ne  pourra  intenter  action  contre  moy:linon  par  ces  parolles  lunt 
quifurent  dernièrement  par  moy  debatues  en  laflcmblce  du  Parlement,  en  laquelle 
lors  par  la  permilfion  de  la  Roine&:  du  Sénat  liberté  eftoit  octroyée  à  vn  chacun  de  trai 
ter ,  difpucer  &  uiger  des  dirferens  de  la  religion  propofez  par  celuy  quiauoit  la  charge 
demcrtreenauantlesarticles.  Pourcela il  n'eftoie  point  conuenableou  qu'iceux  me 
detinffent  (i  long  temps  en  prifon,ou  que  vous  me  molefticz  maintenant  fur  ce  mefme 
faidt.  St.  Vousferez  mené  en  la  tour  des  Lollards  ,& ferez  là  traité  comme  il  appar- 
tient à  vn  hérétique,  &:  vous  fera-on  refpondreauxargumens  mefmcs  que  vous  propo- 
faftes  là.Pn  .Il  y  a  défia  long  téps  que  i'ay  traité  de  celle  matière  aueemonfieur  le  Ch  an- 
celier, qui  eft  mon  Eucfque.  Iceluy  m'a  retenu  prifonnier  iufques  à  prefent  :  que  s'il  me 
veut  maintenant  ofterlavie,  comme  il  m'aofté  lesbiens&  la  liberté,  il  en  pourra  faire 
comme  luy  femblcra:ce  que  toutefois  ie  ne  penfepoinc  qu'il  puiffe  faire  en  bonne  con- 
fcience.Eclaraifon  pourquoy  il  me  garde  fi  longuement  en  prifon,c'eft  d'autant  qu'il 
n'a  point  puifTance  de  me  faire  mourir.  Quant  àleuefque  Boner  ,ie  le  reeufe  entière-  PMpot  re- 
nient, d'autant  qu'il  n'eft  point  mon  luge  ordinaire  de  droit  quelconque.  St.  Quel-  ^  Boncr" 
que  chofe  que  vous  difiez ,  (i  eft-cc  que  ces  parolles  ont  cfté  ouyes  de  vous  en  la  mail'on 
JeLafTemblee,  lequel  lieu  appartient  proprement  au  diocefc  de  Londres.  Vous  ferez 
donc  là  mené  en  la  tour  des  Lollards  pour  eftre  iugé  par  l'euafquede  Londres  des  cho- 
fes  que  vous  diftes  lors  en  ce  lieu-la.  P  h  .Y  a-il  choie  plus  inique  que  cefte-cy,que  iefoye 
d'vne  mefme  caufe  par  deux  fois  molefté  en  iugemenr,principalement  par  vn  luge  qui 
n'a  nul  droict.  ou  authorité  fur  moy?  C  h  o  m  l  e  e  ,  Monftrez-vous  docile&obeifTanccô-  Confcildc 
me  vn  homme  fage  doit  faire,  &  ne  vo"  perdez  point  ain  fi.  Pour  certain  ie  délire  voftre    oir  ec* 
bien&:  profit.  Ph.  Seigneur,  ie  vous  pric&fupplie,&:  les  autres  ordonnezlugesauec 
vous,  de  ne  me  traiter  plus  rudement  que  la  loy  mefme  vous  enioinr.  Et  fur  rou  t,  mon- 
fieur  le  do&eur,  ie  vous  prie  par  celte  amitié  familière  laquelle  nous  auiôs  iadis  enfem- 
ble  en  l'vniuerlité  d'Oxonc,quc  vous  ne  procédiez  contre  moy  à  la  rigueur.  S  t  .  le  vous 
dyque  fi  vous  retournez  au  bon  chemin,  ne  doutez  point  que  ie  ne  vous  foye  amy  fidè- 
le: &:  pour  ce  faire,ie  n'ay  point  celte  robbe  fi  chère  que  iene  l'employé  de  bô  cœur  pour 
vous  faire  plaifir.  Mais  ne  vous  atcendezpoinr  que  ie  me  môllre  amy  à  nv home  héréti- 
que. Parquoy  dices-moy  quelle  eft  voftrc  opinion  touchant  le  facrement de  l'autel.  Ph  . 
Puis  que  tel  eft  voftre  plaifir,de  prefler  ma  confeience  de  ii  près ,  ie  vous  prie  de  me  fai-  Philpot  fup 
rece  bien  que  ie  voye  voftre  commiffion.&:  quand  vous  me  l'aurez  monftree ,  ie  refpon  £UCL0^ 
dray  fur  chacun  article,  autant  qu'vne  confeience  Chreftienne  en  pourra  porter.   Au-  ficm. 
eu  ns  de  ces  luges  eftoyent  contents  de  luy  môftrcr  mais  Storfioppofa  formellement, 
difant,Que  toutes  fortes  de  racailles  donc  ayen  t  le  crédit  de  voir  nos  lettres.  Il  n'en  fera 
pasainfirmais  il  fera  mené  en  la  tour  des  Lollards.  Car  cela  eft  tout  arrefté,  que  toutes 
les  autres  prifons  feront  vuidees  de  ces  hérétiques,  afin  que  tant  de  gens  ne  viennent 
vers  eux ,  qui  pourroyent  eftre infe&ez de  leur  contagion.  P  h.  Vous  auez  puiflance  c|e 
tracafler  le  corps  çà  &:  là,où  bon  vous  fémblcra:cependant  toutefois  il  n'eft  pas  en  vous 
de  rien  ordonner  contre  l'ame.  Stor  fur  cela  appela  Marshal  &  luy  dit,  Mené  ceft  hom- 
me en  tamatfon,  &  aduife  de  le  ramener  Ieudy  prochain  en  ce  lieu.  I'elpcre  que  nous  te 
defehargerons  bien  toft  tant  de  luv  que  des  autres  hérétiques.  Vn  de  ceux  qui  làeftoyet 
dit  à  Philpot,  monftrez-vous  humble  enuers  monfieur  le  do&eur ,  côme  il  eft  bien  con- 
uenable  à  vn  homme  catholique.    Ph.  Quand  i'auroye  faicou  parlé  autrement  que 
ma  confeience  me  pouffe,  ce  ne  feroit  que  vous  deceuoir  en  diffimulant.  Ec  quelle  rai- 
fon  y  a-il  que  me  foliciticzainli  à  diffimulation  deuant  Dieu  &:  deuant  vous?  Ro .  Nous 
ïierequerons  point  que  vous  foyczdifîimulateur  :  mais  que  vous  vous  monftriez  hom- 
mecacholique.  Phil.  S'il  y  a  chofe  en  quoyi'outrcpafTcrEfcriturc,ic  fuis  content  d'e- 
ftre  réputé  hérétique.    St.  Vous  amenez  la  fainfte  Eicriturei  Ayant  dit  cela,  il  fe  le- 
uafoudain,adiouftantcecy,  Et  qui  fera  tef  moin  de  TEfcriture?  Le  secrétaire,  wodra.m 
Cefthomme  refTemble  a  fon  compagnon  Vvodman,  qui  leiour  auparauant  ne  pou-  compapio 
itoit  foufFrir  qu'on  luy  parlait  d'autres  chofesque  des  fainaesEfcritures.  dcPhdpox. 

Xx.ii. 


Aduertiflc 
ment 
mort 


L<«ro  V.  JemPbHfot. 

t  E  S-aftes  de  la  féconde  procédure  tenue  audit  lieu  le  x  x  1 1 1  i.  ioui  d'Oflobre,  M.  D.  L  V. 

VS^A  N  S I  qu'on  menoic  Philpot  deuant  les  luges,  vn  de  fes  amis  familiers  le  rencon- 
iffe -  forant  en  chemin,dit,Le  Seigneur  vueille  auoir  pitié  de  vous,Philpor  mon  amy.car 
de   ouant  à  ce  monde,c'en  eft  fait:  i'ay  nagueres  ouy  dire  au  dofteur  Stor,quc  le  Chancelier 
anoit  commandé  qu'ils  vous  fiffcnt  mourir  en  quelque  forte  que  ce  tuft.  Aufli  toft  que 
f«  Iuecs  eurent  cofultc  peu  de  temps  enfemble,Chomlee  le  fit  appeler ,  &  parla  en  ce- 
f  rte  Ch  Philpot,ie  vous  exhorte  arîeftueuiement  que  vous  vous  monftnezhom- 
faee  fans  eftrefiobftiné  en  voftre  opinion.  Pluftoft  accommodez- vous  aux  décrets 
£  ordonnances  delaRoine,afinquevousvmiez.  St  o  r,  Iln'yeuc  iamais  homme  en 
rnut  le  diocefe  de  monfieur  le  Chancelier,qui  fe  (oit  monft re  plus  obftine:  parquoy  auf- 
f i  il  no'  a  baillé  çommiffion  d'vfer  de  toute  rigueur  cnuers  luy:ou  qu'il  fuft  remisa  mon- 
f  eur  l'Euclque  de  Londres.  Que  dites-vous;  Reuoquerez  vous  voftre  opmion,ou  non? 
P  «  Autant  que  mon  iugement  fe  peut  eftédre,ie  n'ay  rien  fait  que  ic  doyue  reuoquer. 
S     O  uel  befoin  eft-il  de  procéder  plus  outre  ?  Qu'il  (oit  droit  mené  d'icy  a  la.  tour  des 
T  oilardï  afin  que  l'Eucfquc  de  Londres  cognoifle  de  plus  pres  de  la  caufe.  Aufiî  bien 
Ik  n  n  0Jrrv  trop  délicatement ,  &  luy  fait-on  trop  bonne  chère  en  cefte  prifon.  Carie 
LcGeoiier  £eolicr  teftlfioit  hier  ouuertemét  de  luy  auprès  de  fa  porte,que  c'eftoit  vn  home  doue 
rend  bon   ~  excellentes  ,& qu'en  toute  l'Angleterre  il  n  y  en  auoit  point  vn  plus  fauant. 

£r&~  Squil  eutain(iparlé,ilfeleuaincontinent,  &s'enalla.  Co.  N'eft-ilpasainfique 
Pot-        Z  combatiezopiniaftrement  contre  le  facrement  de  1  autel ,  quand  les  Doftcurs  fu- 
flemblez>  Reuoquerez-vouscelaounon?  Ph.  Parlecommandement&Ia  volô- 
r  MMa  Roine  il  eftoit  lors  ottroyé    permis  à  vn  chacun  de  propofer  fon  opinion,^  en 
lie  conférence  traiter  les  matières:  &  cela  ne  fut  nullemét  à  ma  folicitatiomains 
!Tnaelaues  autres  :  &  les  grans  feigneurs  &  con  feilliers  de  la  Roine  y  eftoyent  prefens. 
r     La  Roine  permcttoit-elle  que  vous  Huiez  l'heretique?Mais  ce  n  eft  pas  mon  inten- 
îe  débatte  de  cefte  matière  contre  vous.  Monfieur  de  Londresferaceluy  qui  en  di- 
ctera auec  vous.  Que  fi  vous  nechangez cefte  voftre  opinion,  il  pourra  bien  aduenir 
fi    lement  que  vous  perdrez  la  vie  au  milieu  des  flammes. 

p        premièrement  l'euefque  de  Londres  n  eft  point  mon  Eucfque,ne  luge.  Da- 
uantaee  f  ay  fumfamment  refpondu  de  ce  faift  long  temps  y  a,à  celuy  qui  eft  mon  Eucf- 
idiocefain  Parquov  vous  me  ferez  tort  en  deux  fortes,  fi  pour  vne  mefme  chofe 
vousrecommencezàfairemonprocezrielaifre^ 

T  ce  aue  tous  mes  biens  m'ont  efté  pillez.  le  ne  doute  poin  t  que  ne  fâchiez  que  le  droit 
commun  &  les  ftatuts  du  royaume  donnent  &  ottroyent  a  chacun  (quelque  hérétique 
S  çoitU\(ct  des  biens  &  facultez  iufques  a  ce  que  la  vie  luy.  foit  oftee  Non  pas  que  ie 
me  tourmete  beaucoup  de  la  perte  d'iceuxrmaisvoicy  qui  me  fait  plus  de  mal,que  vous 
cftesfi  rigoureux  entiers  moy  pour  laconfcience:  ansauoirneloy  ne  droit  public  qui 
cucMi  u&  d  v  ce£-airc  Ch.  Voire  i  comme  s il  neftoit  libre  a  Jamajcfte  delaRoi- 
ir^Sa^  ôc  qaantes  que  bon  luy  fem- 

re  a  authorité  de  difeerner  ou  déterminer  des  affaires  de  la  foy  &  rehgio.  Et  mefme  vo> 
,  ,  „  fcinA  A  mbroifè  dit  que  les  chofes  diuines  ne  font  point  fuicttes  a  la  roaiefte 

fccuUcre  a  *mp"  r     vous  remettre  entre  les  mains  de  l'euefque  pour  vous  faire  examiner  de  vo- 

rcdelafoy  authorité  d'autruy ,  que  de  dire  qu'ils  1  ayent  propre  aeux-mefmes.  Mais  vous 

mWyoromis  de  me  monftrer  voftre  commiffion,pour  entendre  quel  droit  vousauez 
dl  me  faire  refpondre  aux  chofesque  me  propolez  par  authorité  légitime.  Ro.  Et 
bkn  qu'ilvoyenoftrecommiffionïPuisquillerequierr.  Le  Secrétaire  lavouloit  tirer 
de  feu ?fcta  J'ayantcommepliee ,  ou  quelque  autre  fuppoiee  pour  faire  la  mine,&  la 
orefen  ter  à  Ropcr:mais  Cook  dit ,  De  quelle  façon  commencez-vous  amfi  a  procéder? 
Il  n  ia  verra  p  is-  P  h  .  V  ous  me  faites  donc  tort,  veu  que  fans  raifon  vous  m  opprimez 
r  !T,rvn(Vre  iuaement.  Co.  Si  nous  vous  faifons  tort,  il  eft  en  vofl;re  liberté  de  vous 

P  ZI  fVi,  7  ceft  outrage,  fi  vous  auez  le  cœur  notle.de  m  enuoyer  en  cefte  prifon 
rXne'moy  quine L'eftranger , mais  denoble  race.  Co.  Vous  nettes  porntno- 


JcanThilpot, 

ble .  car  vn  hérétique  n'cft  poinc  noble.  P  h  .  L'efgard  du  crime  n  abolit  point  la  con-* 
dition  de  la  race,  encore  que  le  crime  fuft  digne  de  more.  Au  demeurant  ce  n'eft  poinc 
mon  intention  de  faire  valoir  maintenant  la  noble/Te  de  ma  racc,encore  moins  de  m'en 
glorifterr&aufliceneftpointàproposrmaisicpricleSeigneurqu'ilvo'baille  vn  efprit 
humain  ,&:  qu'il  vous  foit  propice  quand  vous  aurez  befoin  de  mifericorde.Mais  ce  que  {[f^E? 
vous  faites,  faites-le  bien  toft.    Orapres  cela,  moy  &:  quatre  autresfufmes  menezen  tcurs. 
lamaifon  du  Geôlier,  où  nous  fouppafmes.  Apres  îoupperl'Archediacre  me  fît  appe- 
ler en  la  chambre  d'vn  des  feruiteurs  de  l'euefque  de  Londres ,  qui  me  prefenta  vn  liét 
pour  cefte  nui&  la  au  nom  de  fon  maiftre,  le  le  remerciay,d'autanc  que  ce  me  feroit  f af- 
cheric  de  coucher  la  première  nui&  en  vn  HGt  m  ol,&:  après  furla  dure<icluy  dy  que  ie 
mecontenteroye  delà  condition  commune  de  mes  compagnons  prifonniers.  Parquoy 
on  me  menadroit  par  le  milieu  de  la  rue  à  la  Charbonnière  de  l'euefque  de  Lôdres.  Au- 
près de  ladite  Charbôniere  il  y  auoit  vn  petit  baftiment  obfcur,&:  dedans  ce  baftiment 
il  y  auoit  des  ceps  de  bois ,  faits  expreflement  pour  ferrer  les  mains  &  le$  pieds  :  mais, 
grâces  à  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift ,  nous  n'auons  encores  ioué  fur  le  clauier  de  telles  Ce  mii}^ 
orgues.  En  ce  petit  baftiment  nous  trouuafmes  vn  Miniftre  d'EfTexie ,  qui  auoit  grand  ertoitTho- 
zele  à  la  religion ,  accompagné  d'vn  autre  poure  frerc.    Dés  la  première  entrée  il  défi-  J** Vv,t1^ 
ra  me  déclarer  fes  regrets  U  fon  infirmité,de  ce  que  par  la  dureté  de  la  prifon  il  auoit  e- 
fté  contraint  de  faire  des  lettres  pourenuoyer  àl'eUefquedc  Lôdres,  &  pariccllesquit-  ftoire  cft 
ter  fa  bonne  caufe.  Il  me  conta  qu'il  eftoit  tombé  en  fi  griefs  tourmens  de  confeience,  defcrite* 
qu'il  ne  s'é  fallut  gueres  qu'il  nefetuaftfoy-mefmc.  Et  fon  poure  efprit  troublé  nepeut 
recouurer  repos,iulqucs  à  ce  qu'il  fuft  venu  au  fecretaire  de  TEuefque,qui  auoit  la  char-  ^  ^ 
ge  de  fes  papiers,&  regiftres ,  &  qu'il  l'euft  prie  de  luymonftrer  fa  lettre.  Quand  il  l'eut  mOJgl^ee 
recouureejadcfchiraenmille  pièces  :&c  ayant  fait  cela,  il  fentitvn  grand  allégement  dciacauië 
en  fa  confeience.  Sur  cela  l'Euefque  Boncr  eftantaduerty,  deuint  comme  forcené,  &  deVvi^< 
fit  appeler  ce  Miniftre;  &  auffi  toft  qu'il  le  vid ,  il  fe  îetta  fur  luy ,  le  frappant  de  coups  de 
poing  à  la  face,luy  arrachant  fa  barbe ,  &C  defehirant  fa  face.  Maintenant  donc  ic  certi- 
fie à  tous  fidèles  que  ledit  Miniftre  a  bon  courage,  &  fe  porte  loyeux  te  alaigre  fous  la 
ctoix:  voircautant  pour  le  moins  que  quelcun  d'entre  nous,deteftant  fa  première  infir- 
mité,   le  recite  cecy  à  cefte  fin  expreffément  que  les  autres  cftans  admonneftez  par 
çeft  exemple,  foyent  beaucoup  plus  diligens  à  fe  donner  garde ,  &C  aduifer  de  ne  blelfer 
follement  leur  confeience,  de  peur  qu'ils  n'amafTent  fur  leurs  telles  femblable  s  dou* 
leurs  des  enfers. 

III.  EXAMEN,  fait  déliant  Boner  euefque  de  Londres ,  la  nuid  après  que  Philpot  fut  ferré 
en  fa  Charbonnière. 

j'E  V  E  SQ^V  E  enuoya  vers  moy  vn  perfonnage  nommé  Ioanfon ,  qui  auoit  pour  ioanfbaî 
[lors  la  charge  de  fes  Regiftres.  Ceftuy-cy  m'apporta  de  parfonmaiftre  vnpot  de 
bonne  ceruoife,&  vn  plat  de  viandes ,  auec  vn  pain:  &  me  dit  que  Ion  maiftre  auoit  ouy 
parler  de  moy  de  de  mes  compagnons  prifonniers  auec  moy  :  dequoy  il  eftoit  fort  mari 
ry  ,&defiroit  fauoir  fi  iereceuroye  ce  qu'il  auoit  enuoyé.  Ieluydy  que  rendoye  grad- 
ées à  mon  Dieu  de  ce  que  monlieur  l'Euefque  a  vfé  de  telle  beneficence,d'auoir  daigné 
faire  cefte  aumofne ,  &  eflargir  tel  bien  à  moy  &  à  mes  compagnons.  Pour  cela  iay  e- 
ftimê  qu'il  ne  faltoit  point  refu  fer  vn  tel  bénéfice  offert.  Et  incontinent  iefymesfre- 
rcs  participans  de  cefte  libéralité ,  rendant  grâces  à  Dieu ,  qui  par  nos  aduerfaires  mef» 
mes  vouloir  repaiftre  fes  poures  brebiettes.  Ioanfon  me  dit ,  Monlieur  l'Euefque  de- 
fireroitbien  fauoir  la  caufe  pourquoy  vous  auez  eftéicy  enuoyez:  car  il  dit  qu'il  n'en 
fait  rien  du  tout,  &  ses  bahit  comment  on  le  charge  des  caulcs  d'autruy,  voire  &:  prin- 
cipalement de  ceux  qui  ne  font  point  de  fa  iurifdi&ion.  Sur  cela  ie  luy  declaray  toute  la 
caufe  par  ordre.  Et  quand  i'eu  acheué  mon  propos,  il  me  dit  pour  la  fin,  que  fon  mai- 
ftre auoit  vne  telle  volonté  enuers  moy  ,  qu'il  ne  me  faudroit  en  rien  de  tout  ce  qui 
luy  feroit  poffible  pour  mon  profit.  Ainfi  il  nous  laifta.  Toft  après  l'Euefque  enuoya 
vn  gentil-homme  de  fa  maifon  pour  me  faire  venir  vers  luy.  Eftant  venu ,  ie  le  trouuay 
f  cul  afûs  à  table,  &  trois  ou  quatre  preftrots  debout  à  lentout  de  luy ,  entre  lefquejser 
ftoit  ce  Greffier  duquel i'ay  parlé  j.qui  auoit  la  charge  des  regift  res. 

Xx.  iii, 


Lwrc^V.  fanThilfoK 

L'e  v  ï  $  cl*  EmeditiM.Philpo^icfuisfortioycuxdcvoftrevcnuçrdonncz-moy  la 
main.  Voftrc  calamité  me  contrifte  grandement.  Croyez-moy*  qu'il  n'y  a  pas  deux  heu- 
res que  ie  ne  fauoye  que  vous  fuffiez  icy.Dites-moy,ie  vous  pric,quelle  eft  la  caufe  poui  - 
quoy  on  vous  y  a  amené?  car  ie  délire  que  vous  me  croyez  en  cecy ,  que  ic  ne  fay  rien  de 
toutl'arTaire.Et  ne  me  peux  allez cfbahir  quelle  râifon  il  y  a  pourquoy  les  autres  me  chan- 
gent ainli  des  affaires  d'autruy,ô£  qui  ne  m'appartiénent  en  rien  :  &  pour  certain  on  mer 
f  xeufes  de  donne  vn  bruit  que  ie  n'ay  pas  merité.Philpot  luy  déclara  en  fomme,que  le  principal^: 
SSdc  Slu "  commencement  de  ccft  orage  procedoit  de  la  difpute  qui  auoitefté  tenue  en  raflero- 
hifon.      blee  publiquement  conuoquee.    Bonerrefpondit,s'efmerueillantquepourcela  cette 
fafcherie  luy  eftoit  faite  :mais  qu'il  eftoit  bien  pofîîbleque  depuis  en  d'autres  lieux,  ila- 
uoitmonftréeftredemefmequ'auparauant:  quipourroiteftre  la  caufe  del'auoir  em  - 
brouillé dedans  cette  fafcherie  &  calamité.  Ph.  Iamais  homme  n'a  ouyfortirvnfeuil 
mot  de  ma  bouche  ,  hors  mis  ces  articles  pour  lefquels  il  eftoit  accordé  entre  nous  d'en, 
difputer  librement,  par  la  permiflîon  de  la  Roine  ic  de  tout  le  Parlement.  B  o .  Mais  i'e- 
ftime  qu'il  ne  m'eft  point  permis  félon  les  loix.  P  h  .  Selon  la  loy  ciuile,  ie  le  côfcfle:mais 
Picr.3  iî«    félon  la  loy  diuine  vo9  le  pouuez  faire. Car  S«Pierre  nous  cômande  que  nous  foyôs  prefts 
à  rendre  raifon  de  noftrc  foy  &  efperance  à  ceux  qui  la  nous  demanderont.  Bo.  Saind 
Pierre  voircment  le  tefmoigneainfi.  le  vous  peux  donc  bien  iuftement  demander  que 
juTauoirfi  c'eft  que  vous  iugez  du  facrement  del'autel.  Ph.  S.  Ambroifeenfcignc  qu'on  nedoie 
i  chacun   fajrc  Jifpute  de  la  foy,(i  ce  n'eft  en  grandeaflemblee.  La  neceflîté  ne  m'eft  point  impo- 
w»!enus  "  fte  de  rendre  raifon  demafoyparticulieremétau  premier  qui  me  viendra  Drmerquel» 
rendre  rai-  que  queftion,  linon  qu'il  y  ait  efperance  d'cdifîer.  Or  maintenant  la  chofe  va  de  telle  fa- 
foefoy  °~  Ç00^06  *e  nc  pourroyefans  danger  de  ma  vie  déclarer  quelle  eft  mon  opinion  touchât 
cecy.  Et  pourtant  comme  le  mefme  Ambroiferefpond  à  Valehtinian,  OftezlaLoy,ôe 
il  n'y  aura  plus  quedebat.  Et  ncantmoins  s'il  me  faut  trouuer  en  iugemet  public,&  que 
là  icelle  Loy  me  contreigne  déclarer  mon  opinion,  ie  nefaudray  à  faire  ce  que  icdoy, 
voire  autant  ouuertement  qu'homme  qui  fe  foit  trouué  deuant  vous.    Sur  cela  Boner 
luy  demanda,  quelle  aage  il  auoit.  Philpotrcfpondit  qu'il  auoît  quarante  quatre  ans. 
Notez  com  Bo.  Vous  ne  faites  pas  donc  maintenat  profelTion  de  la  foy  que  vos  parrins  êc  marrines 
pcucTrc-  faifoyentiadis ,  quand  ils  vous  ont  porté  fur  les  fons,  lors  qu'ils  fe  conftituerent  pleige 
wrd  $iniî-  pour  vous  enuersDieu.  Ph.  le  fay  profcllîon  de  cefte  mefme  foy,  grâces  au  Seigneur. 
oue'       Etdefaiti'ay  eftébaptizéenlafoy  de  Chrift  commune  auec eux, laquelle  ie  maintien 
encore  auiourdhuy.  Bo.  Comment  fepourroit  faire  cela,  veu  qu'il  n'y  a  qu'vne  mefme 
iphcC+ï.  foy?  Ph.  Saind  Paul  nous  enfeignc,quecôme  il  y  a  feulement  vnDieu,ainiî  il  n'y  a  qu'- 
vne feule  foy  ,&fcmblablement  vn  fèulBaptefme,  duquel  auffi  ic  fuis  fait  participant. 
B  o .  '  Il  y  a  vingt  ans  paffez  que  vous  teniez  vne  autre  foy  que  celle  que  vo9  fuyuez  main- 
tenant. Ph.  le  n'auoye  point  lors  de  foy,&  ne  fauoye  de  quelle  religion  i'eftoye:  ma  vie 
eftoit  fale  U  orde,  &c  pleine  d'impietéric  n'eftoye  nc  froid  ne  chaud  en  la  craïte  de  Dieu* 
Bo .  Quoy  donc?  Iugez- vous  que  la  foy  de  laquelle  nous  autres  failons  auiourdhuy  pro- 
feflion,  loit  impure  &  fouillée  ?  Ph.  Ievoudroyc  bien  vous  fupplier,  quene  me  con- 
tre jgmez  point  de  refpondre  à  cela.  le  puis  bien  affermer  cecy,  que  l'authorité  de  I'-» 
Efcriture,&laprimitiueEgljfe,&tousbons&:fauans  do&eurs  ne  difeordent  en  rien 
delà  reigle  de  ceftefoy ,  à  laquelle  ie  me  fuis  adonné.    Bo.  Et  bien,  ie  vous  promets 
cela  que  ienc  vous  veux  non  plus  de  fafcherie  qua  moy-mefme.  Et  pourtant  ic  me 
déporte  de  prefler  plus  outre  voftrc  con feience  pour  maintenant:  ie  m'esbahy  feule- 
ment de  ce  qu'on  vous  voit  fi  ioyeux  en  la  prifon ,  &  que  chantez  ainfi,  &  vous  efgaycz, 
tou.t.14.  comme  dit  le  Prophète,  en  chofes  mauuaifcs,  pluftoft  vous  deuriez  pleurer,  &  eftre 
contrifte.    Ph .  Nous  nous  efiouifîbnsen  chantant  quelques  Pfeaumcs  ,  félon  que 
Ephef.j.>.  l'A poftre  commande  nous  efiouir  au  Seigneur,  par  hymnes  &chanfonsfpirituelles:  & 
nc  penfe  point  que  foy ez  tant  offenfé  pour  cela.  B  o .  On  vous  peu  t  icy  mettre  en  auant 
Man.  11.17.  ce  que  iadislefus  Chrift  reprochoiten  l'Euangilc,  difant,  Nous  vous  auons  chanté  de 
ioue  des  fleuttes,&!  vous  n'auez  point  lamenté. 

Ic  y  l'EueTquefetrouuafortperplex,  comme  s'il  euftefté  bien  profond  en  la  fan- 
ge,ou  bien  auant  dedans  les  buifTons ,  comme  on  dir.  Car  fe  falchant  de  ce  qu'il  ne 
pouuoit  trouuer  le  pafTage,  fi  toft  qu'il  euft  voulu:  il  eut  fon  recours  aies  Prcftrots,à 
ce  qu'ils  le  rémittent  en  fa  mémoire .  mais  toute  mémoire  eftoit  perdue .    Alors  ia 

fupplèay 


Jean  Phi/pot  jp* 

fuppléayleurfautc,&monftray  icpaflageoùcelaeftoitc{crit:qui  toutefois  ne  feruoit 
nullement  à  propos,ainfi  quil  eftojt  allegué:finon  qu  il  euft  voulu  dire  que  nous  eftiôs 
en  perpétuelle fafchene&triftcflejd'autantqu'eux^mefme  en  riant,  ne  laiflent  pas  de 
nous  chanter  dhanfons  fafcheufes  &C  triftes,n'ayans  autre  chofeen  la  bouche  que  le  Feu 
&  les  fagotSiC  Pourfuyuant  donc  mon  proposée  lui  dy:Mon(ieur  eftas  ferrez  &c  prêtiez 
en  prifon  ob(curc,nous  auons  befoin  de  récréation  jdefacur  que  félon  la  fehtence  de  Sa  pou  ^ 
lomon,La  trifteircautrementdelmefurcen'englouriirelecœur.  Et  pourtant i'efpere 
que  vous  ne  ferez  marry  de  nos  Pfeaumes  ou  dianfons  fpirituelles:  veu  mefme  que  S.Ia  iaq.f.ij 
quesnousadmonneftejqueceiuyquiarefpritalaigrejchante.  L'Euefquefc  retirant 
me  donna  let>onfoir&  bonne  nuift.  Vndefcspreftres  nommé  Cofln  refrefchiflantfa 
familiarité  ahcienne,mc  pria  que  ie  rte  voufifle  eftre  réputé  fcul  iage.  le  lui  dy  *  faifant 
allufion  fur  ce  mot  Singulier, que  Salomon  denonçoir*  Malheur  à-Thomrneieul.  Apres  fccL4.* 
iefu  remené  à  la  Charbonnière  de  l'euefque  de  Londres,  où  ie  demeuray  toute  cefte 
nuift  auec  fix  autres  mes  compagnons  prifonniers,&  dormifriies  fur  la  paille  âurat  dou 
cément  (grâces  à  noftre  Seigrtcurlefusj  que  font  ceux  qui  s  efgayent  dedans  des  lifts 
bien  mois. 

A  V  quairierae  examen  contre  Philpot.quatre  Euefaues furent  depute^pour  inqtiifiteuîs,  à kuoir  Pcyefijue  de  Londres,  de  Bà- 
de,de  Vvigornc  &  de  Gloceftrecau  mois  d'Oétobre,  MDlV. 

'E  V  E  S  QV  E  de  Londres  dit,Philpot,  il  a  femblé  bon  à  mefifieurs  lés  Euefques 
_icy  prefens  de  difner  chez  mon  Archediacre .  entre  au  très  propos  on  a  fait  mcn-i 
(ion  de  vous  à  table:&plufieurs  quidés  lôg  temps  vous  ont  cogneu  au  nouueau  collège 
cte  rvniuerfitéd'Oxonejfontfafchezdevoftredcfplailir.Pour  cefte  caufeie  vous ay fait 
maintenant  icy  venir,pertfant,puisq  fauoye  tant  d'Eucfques  fauâs  en  ma  maifon,qu'ils 
he  s'en  dcuoyent  aller  fans  receuoir  quelq  fruiâ  de  vous^Parquoy  fi  vous  auez  quelque 
chofe  à  dire,parlez  franchenlent:&  nous  de  noftre  part  procurerons  en  toute  douceur 
fli  bénignité  qu'il  vous  foit  fatiffait.  L'euefque  de  Bade  le  fuyuit  &  dit,  Afin  qiie  voui 
{achiçziPhilpot,meffieurs  qui  (ont  ici  ne  fe  font  point  alfemblez  pour  eftre  comme  fpé- 
ftateursde  quelqdeieu  ou  farce,ne  pour  vous  flatter:  mais  charité  les  â  ameniez  pour 
parler  a  bon  efcientaueçvous,&  procurer  que  vous-vous  amendiez,  ÔC  foyez  réduit  à 
U  droite  voye  de  l'Egide  catholique;  L'e  v.de  V  vigornCjAuant  commencer  il  eft  be- 
foin qu'il face  quelque  prière  à  Dieu:afin  que  le  fentiment  de  Ion  cœur  foit  prépare,  & 
foie  rendu  capable  de  receuoir  la  fainfte  &  bonne  doftrine.  P  h  i  l  p  o  t  fe  mit  incon- 
tinent à  genoux,&  deuant  eux  fit  cefte  oraifon  à  Dieu  i  O  Seigneur  éternel  &  tout  puif  de 
fant»duquel  tous  threfors  de  fapience  &  intelligence  découlent  comme  de  la  fourec  & 
fontaine  vnique,unuoque  ta  mifericorde  infinie ,  &C  te  fupplie  de  bon  cœur  au  nom  dè 
tonFils  Iefus^que  tu  itie  donnes  lefprit  de  fapience,a  moy  poure  6C  indigne  pecheuna- 
fin  que-  ie  puùTe  refpôdre  en  ta  caufc,&  fatifraire  à  l'a/Temblee  icy  preféte:  &  que  de  ma 
partiépuifteeftrepartaparolleredrelTéencequeiefaudray.  L'e  v.  de  Londres  diti 
Môfieur  de  V  vigornc,il  n'eftoit  befoin  de  le  foliciter  à  prier  Dieuicar  entreautres  cho- 
ses ils  s'enorgueilUHct &  glorifient,  ne  difTerans  ^ueres  en  cela  d'aucûs  hérétiques,  déf- 
«jueh  Pline  fait  mention  en  fesEpiftres,qui  chantoyent  des  Hymnes  ou  càntiques  a-  J^^f 
uantiour-  PH.Monfieurl'Euefque,  Dieu  vueille  que  moy  &  tous  ceux  qui  font  ici  ,fuf-  deceft 
fions  hérétiques  lemblables  à  ceux-la  qui  chantoyent  les  Hymnes  de  cefte  façon  auant 
iour.car  pour  certain  ceux-la  eftoyent  vrâisChreftiens:defquels  la  tyrannie  de  ce  mon- 
de ûa  peu  foofïrir  la  lainfteté.  Sur  cela  Philpot  ayant  eu  congé  de  parler,dir,Magni- 
fiqucsfeigneurs&  luges  honnorables,  il  y  a  douze  mois  &  plus  que  ie  fuis  prifonnier 
(ans  le  meriter,autant  que  i'en  puis  cognoiftre:&  fans  lauoir  deferuy  on  m  a  pillé  tous 
mes  biens  .,  àc  outre  tous  ces  torts,  on  m'a  tiré  hors  du  lieu  où  mon  procès  deuoit  eftre 
fait.  S'il  y  a  donc  chofe  qui  foie  venue  à  voft  re  cognoiiTance,ou  fi  vous  auez  chofe  de- 
quoy  on  me  puifTe accu£er,me  voici  preft  pour  me  purger,ou  fourTrir  ce  o^u'auray  defer- 
uy. Que  s'il  n'y  a  rien  i'implbre  voftre  equité,que  vous  me  faciezfortir  hors  de  prifon. 

L' fi  v  .de  Lond res,Il  me  fouuient  que  lors  qu'il  eftoir  dernièrement  àuec  moy,il  fe 
difoit  Legifte,ô£  proteftpit  dent  refoondre  és  chofes  qui  appartiennent  a  la  foy  ,  finon 
que  toute  l'Eglile  y  fuft  préfentc,afîauoir  en  lieu  où  il  peuft  faire  valoir  fon  ambition,&: 
obtenir  applaudifîement.  P  h  .le  ne  difoye  pas  que  ie  fuiTe  Legifte,&:  certes  ie  ne  me  1'- 
axtribuepoint:combien  que  i'ay  efté  quelque  fois  app renty  en  cefte  faculté,&  ay  appris 

Xx.  nii. 


lÀHtt^V,  JeanThilpot 

de  ne  me  fourrer  plus  auant  en  procès  qu'il  n  eft  de  befoin.  Iufqucs  à  ce  poincYla  ic  puis 
dire  eftrc  Legifte.  L'euefquc  deLondres  luy  dit.Tay  dcquoy  me  plaindre  de  vous,voiie 
à  bon  droir,d'autant  que  vous  auezfait  faute  dedans  les  limites  de  maiurifdic~tion ,  dis- 
putant contre  le  facrement  de  l'autel.  Pour  cela  ie  pour  roy  e  à  bon  droit  intéter  procès 
contre  vous, félon  les  loix&  ordonnances.  Ph.  Ce  fut  au  temple  de  S.  Paul  quecefte 
difpute  fut  tenue  :  &:  ce  lieu(felon  mon  opinion)n  eft  point  de  voftre  iurifdiclion  ,  ains 
appartient  au  Doyen  du  lieu.  &  c'eft  pourquoy  ceux  qui  parlent  en  termes  de  droicl, 
Diftinftion  mettent  cefte  diftinttion,De  voftre  diocefe  :  &:  non  point,En  voftre  diocelé.  Mais  laiL 
ëaonites  ^anctc^es  raifons,ieprotcftcdeuantDicu&dcuant  Iefus  £hrift  fon  Fils  éternel  mon 
°n  w  Sauueur,&:  deuantlefainft  Efprit&les  Anges  de  Dieu,&  deuant  vous,  que  ce  que  ic 
fay  maintenante  eft  point  par  quelque  obitination,ou  amour  de  moy-mefme,ou  pour 
defir  que  i'aye  d'acquenr  reputation:mais  iele  fay  en  fimple  confcience ,  &  d'autant  que 
i'y  fuis  contraint  par  la  parolle  de  Dieu,de  laquelle  ien'ofe  me  deftourner  .,  de  peur  de 
condamnation.Et  ceft-cy  la  caufe  pourquoy  ie  fuis  aucunement  plus  véhément  en  ces 
chofes.  L'e  v.  de  Londres,  Iencferay  point  dauantaged'ennuy  aces  feigneurs,veu 
que  vous  rcfufczdedefcouurircc  que  vous  fentezen  voftre  cœur.  Ph.  Rcuerendspe- 
res,vous  fauez  bien  que  la  raifon  principale  pourquoy  vous  rcputcz&  moy&  mes  fem- 
blables  pour  hcretiques,confifte  en  cela,  Que  nous  ne  confentôs  point  aucc  vous  en  1 - 
vnité  de  l'Eglife .  Vous  debatez  que  voftre  eghfe  eft  la  vraye  Eglife  :  nous  mainte- 
nons que  c'eft  la  noftre.  Vous  tenez  pour  hérétiques  ceux  qui  ne  lont  point  vnis  a- 
uecla  voftre  nous  au  contraire.  Parquoy,melîîeurs  les  Prélats ,  fi  vous auez  vrais  ar- 
gumens  pour  approuuei :  voftre  eglife,comenous  pour  maintenir  la  noftre  j'acquiefee- 
ray  de  bon  cœur  à  voftre  iugement:ce  qu'autrement  ie  ne  pourroye  faire  bonnemét. 
L'e  v. de  Londres  fur  cela  dit,  M.Philpot,  quelle  foyauiez  vous  il  y  a  vingt  ans  i  C'eft 
mei  ueille,  que  ceft  homme-cy  change  de  foy  tous  les  ans,tantoft  d'vnc  façon, tâtoft  d'_ 
vne  autre.  P  h  .  le  confeflè  franchement  ce  qui  eft  vray,  le  n'auoye  point  de  foy  pour 
lors,&ma  vie,  eftoit  pleine  d'impieté,&  ne  fauoye  en  quelque  façon  que  ce  fuft,qucc'T 
ftoit  de  Pieu  ne  de  Religion.  L' a  v .  de  Londres,dit  à  l'archediacre  Col,Monfieur,fî 
Allégation  vous  auez  quelque  chofe  à  difputcr  contre  luy,monftrez  le  maintenât.  Col,  QucdL 
k'V  enaaî1  tes- vous?fi  ic  vous  monftre  qu'il  a  efté  ordonné  en  vn  Concile  gênerai  du  reps  d'Atha- 
nafe,  que  toute  1  eglife  Chreftiénefe  deuoitarrefterau  iuge  met  &  à  la  fentencederc^ 
glife  Romaineîcombien  que  maintenant  il  ne  me  fouuiennc  du  pafTage.  Ph  .  Si  ie  ne 
fuis  bien abufé,vous  ne  me  fauriez  monftrcr  ce  que  vous  dites  du  temps  d'Athanafe, le- 
quel fetrouua  au  concile  de  Nicce, où  rien  de  femblable  ne  fut  détermine'.  Co  t,  En- 
core que  cela  n'ait  point  efté  fait  lors,toutcfois  il  a  peu  cftre  fait  en  vn  autre  temps. 

^  Sur  ce  propos,Harpsfild,qui  eftoit  de  nouueau  Chancelier  de  Londres,va  produi- 
re vnliured'Irenee,auquel  on  voyoit  des  fueillets  pliez.    Il  le  prefenta  auxEucfques 
qui  cftoyent  en  perplexité,pour  leur  aider.  Et  auÂî  toft  que  les  euefqucsde  Gloccftrc 
Le  aflà  e  &^eBa^eeurcncregardédedans,reucfquedeGloceftrelebaillaàPhilpotpourlcurc 
d  ireneemii  lequel  l'ayant  regardc,dit,Ce  pafTage  ne  m'eft  en  rien  contraire,  mais  bien  aux  Dona- 
cadJpute.  tiftcs &C  autres  hérétiques ,  contre lefquels  Irenee  débat  qu'on  ne  leurdoit  adioufter 
foy:d'autant qu'en  Europe  la  principale  Eglife  auoit  efté  bien  i«ftituce&:  fondcc:&  de- 
puis fon  commencemet&:  première  origine  auoittoufiours  demeuré  entière  parfuitte 
&c  ordre  continuel  d'Euefques  fidèles,  retenant  la  pureté  de  l'Euangile  qu  elle  auoic 
receuc  des  Apoftres ,  ce  qui  n'a  point  efté  fait  entre  les  hérétiques.  Et  par  tel  arguméc 
il  conferme  qu'on  ne  les  doit  point  ouyr.Maintenant  fi  vous  pouuez  affermer  le  mefmc 
dcl'eglile  Romaine,il  vous  fera  auffi  à  prefent  loifiblc  de  debatre  contre  moy  de  pareil 
droit  &  authorité  qu'Irenec  debatoit  alors  contre  eux. Mais  1  eglife  Romaine  depuis  ce 
temps-la  s'eft  abaftaidie  delà  vérité  &  fimplicité  de  l'Euâgile,de  laquelle  elle  fe  refen- 
toit  encore  du  tem  p  s  d'ïrenee.  L'  e  v .  de  V  vigorne ,  C'eft  çhofe  toute  notoire  par  les 
tefmoignagcs  de  tous  les  anciens  Dotteurs,quef  eglife  Romaine  a  toufiours  gardé  la 
vérité  fur  toutes  autres,&que  iufques  à  cefte  heure  elle  n'a  point  efté  fouillée  d'aucune" 
macule  d'erreur,iufques  à  ce  qu'aucuns  hérétiques  fe  font  depuis  quelque  temps  cfle- 
uez,quil'ontdiiFamee&  blafinee,par  leur  orgueil  &:  ambition. P  h  .  luges  honnorables, 
eftimez-vousque  i'aye  leloifireftant  en  fi  piteux  eftat,en  fâcheries  &angoiiTes,voire$c 
en  dâger  ou  de  perdre  la  vie  corporelle  entre  vos  mains,ou  la  vie  éternelle  deuâr  Dieu; 
depenferà l'amour demoy-mefme& àferuiràambitiô?mai^i'aimc beaucoup  mieux 
tomber en  vos  mains,que  périr  enu  ers  Dieu.  Co  l  , 


JemPhiipot.  399 

C  o  l  ,11  appert  par  Eufebc,que  leglifc  Romaine  a  efté  premicrement  inftituee  Se  e- 
ftablieà  Rome  parS. Pierre  &  S.PaukDauantagc,que  S.Pierre  mefmey  aprefidé  pari'* 
efpace  de  x  x  ▼  -ans.  P  h  .  Si  on  confère  ces  choies  auec  ce  que  S.Paul  recite  au  premier  Aflàuoir  & 
chapitre  des  Galates,tant  s'en  faut  que  nous  trouvons  cela  eftrevray ,  quepluftofton  S-Pienefi 
verra  claireraéBqu'à  grâd'peine  S.Pierre  a  demeuré  en  la  ville  de  Rome  la  moitié  de  ce  £^"rc  a 
téps.  S'il  a  veicu  trentecinq ans  depuis  qu'ilfut  appelé  à  l'office  d'A  poftre,par  cefte  E-  - 
piftreauxGalatcsonpeutcognoiftrequc  faind  Pierre  ademeuré  plus  de  xvn  i.ans 
enfeiv  lledelerufalemapreslamortdelefusChrift.  Col,    Qu'cft-cequefcrit  faind 
PicneauxGalates?  Ph.  Non  point  faind  Pierre,ainsS.Pauiefcriuant  aux  Galates,fait  i-l8»&i» 
mention  de  faind  Pierre,&  du  téps  qu'il  a  demeuré  en  Ierufalem  .Ioind  que  ie  pourray 
bien  prouuer  tant  par  rauthoritéd'Eufebemefme,que  parles  hiftoiresdes  aircres,que 
l'cgliie  Romaine  a  failly  manifeftement:  mais  en  cecy  il  n'eft  befoin  d'autre  argument, 
finon  défaire  comparaifon  de  l'vne  des  Egales  à  l'autre,à  fauoir  delà  primitiue  auec  la 
Romaine.  L'e  y.  de  Londres,  Cefthomme-cyrefemblevnperfonnage,  dont  i'ay  leu 
autrefois  ,  lequel  eftant  tombé  en  defefpoir,  s'en  alla  en  vneforeft  pour  iepcndre.&  sornettes 
quand  il  fut  là  venu,  apresauoir  ietté  les  yeux  fur  chacun  arbre,  iln'en  trouua  pointde  deBoner. 
propre^:  qui  fuft  digne  quvn  tel  home  y  fuft  pendu.mais,mô(îeur,poUrfuyue2  à  difpu- 
ter  contre  luy.    L'b  v .  de  Vvigorne,  Eftimez- vous  que  l'Eglife  vniuerielle  puifle fail- 
lir &  eftrc  deceue?    P  h  .  S  .Paul  eicriuant  aux  Theffaloniciens  fïgnifie  ouuertement, 
qu  es  derniers  temps  enuiron  l'aduenement  deChnft  il  y  auroitvne  reuolre  commune 
&:  vniuerfelle:&  Cnrift,dit-il,ne  viendra  point,que  premièrement  la  rcuolte  ne  fojt  ve 
nue.    Co  t  ,Cereuoltement  duquel  S.Paul  fait  mention,ne  doit  eftre  entendu  de  l'a- 
poftafiedelafoy,ainsdu  reuoltemét  delà  monarchie  de  l'empire  Romain.  Etlemot1'    c  a'3 
Grec,  Apoftafie,le  déclare  allez.    Ph.  Ce  mot  <?>sfpofta/îe(c  rapporte  proprement  à  la 
foy.  Pour  cefte  raifon  on  appelé  ^fpofiat  ecluy  qui  fe  reuolte  de  la  foy.    Auec  ce ,  faind  Difputc  fur 
Paulbiêtoft  après  ce  pafiage  mefme  parle  de  la  ruine  de  rEmpire,cn  force  qu'il  ne  1*^  J^Sf A* 
fe  plus  matière  de  douter.  C  o  t ,  L' Apoftalîe  dénote  reuolcement  non  feukm  ent  de  la  Làmctnc 
foy,mais  aufli  de  l'Empircrqui  feroic  facile  à  demonftrer.    L'  e  v  .de  Vvigorne,  I'ay  cô- 
pafu"*  n,vous  voyant  en  cefte  façon  feul  refifter  à  toute  la  multitude  desChreftiens.  P  h  . 
Le  pLs  fouuent  le  monde  fi£ fa  multitude  de  ceux  que  vous  appelezChreftiens(qui  ce- 
pendant ne  font  Chreftiens  que  de  nom  SC  de  titre  )  ont  la  vérité  en  haine,  &:  la  perie- 
cutent. 

L'b  y  .deGloceltre,  Auez-vous  opinion  que  toute  Teglife  de  Chiift  foit  aueuglc,& 
que  vous  feul  cheminiez  en  lumière?  P  h  .  Cefte  eglife  à  laquelle  vous  portez  fi  grande 
reuerence,n'<aiamais  efté  iufques  icy  l'Eglife  vuiuerfelle.   Car  comme  ainfi  foit  que  le 
monde  diuifé  en  trois,comprennc  rAfie,i'Afrique  &  l'Europe  :  les  deux  parties  de  ces 
trois,afTauoirl'Atie&:rAfrique,onttoufioursreiiftciufque  àprefentà  la  primauté  du 
Pape.  L'e  v  .de  Gloceftre»Ccla  n'eft  vray.car  au  concile  de  Florence  toutes  ces  égaies  Difputc  fiu 
eftoyét  d'vn  mefmes  accord.    P  h  II  eft  bien  vray  qu'aucuns  femerent  ce  faux  bruit,a- ]' 
près  que  ceux  d'Aiie& d'Afrique  fe  furent  départis:  mais  les  chofes  qui  font  enfuyuies  mueda,&. 
ont  bien  monftré  qu'il  en  alloit  tout  autrement.  L' e  v .  de  Gloceftre ,  le  voudroye  que 
me  refpondifliez  à  cecy:Qui  fera  finalement  le  luge  pour  décider  les  difFerens  qui  fe  le- 
uent  ordinairement  entre  les  Chreftiens?  Ph.  Laparollcde  Dieu  tefmoigne  cela, 
Les  parolles,dit  ïtfus  Chrift,que  ie  vous  dy,porteront  tefmoignage  cotre  vous  au  der- 
nier iour.    Gl  o.  Que  fera-ce  fi  vous  entendez  ces  parolles  d'vne  façon  &  moy  d'vne  N«««èy 
autre?  Ph.  Le  iugement  fera  déféré  à  la  primitiue  Eglife.    Gio.  Vous  entendez  ks  cn  «adere 
Dodeurs  qui  ont  eferit  en  ce  temps  Ja.Mais  que  fera-ce  fi  les  Dodeurs  mefmes  font  ti-  is^owet 
rezendiuersfens,&non  point  en  vnemefmeraçonrFaudra-iltoufiours  plaider? 
P  h  .  L'aduis  qui  approchera  de  plus  près  du  principal  patron  &c  original  desfaindes  Ef- 
critures,doit  tenir,      ^Sur  cela  mefiieurs  les  Euefques  le  leuerent  de  leurs  fieges  :  fie 
ayans  pris  conleil  cnfemble,efcriuirent  ie  ne  fay  quoy  en  vn  papier  :  3e  i'ay  cefte  opiniô 
qu'ils  deliberoyent  de  l'efFulion  de  mon  fang.Et  iefu  ramené  en  ma  Charbonnière. 

LES  actes  du  cinquième  «ansen  fait  par  les Inquifiteur?  qui  s'cnfuyuent,Ics  eucfques  de  Londres.de  R.ocneftre,deC6uentrieï 
d*Alfe,&  quelques  autres  tuciquessaueclelouclsettoyeiilStor,  Curtop,  Saferfon,  Pandelton^  quelques  autres  de  U 
Cour  de  la  Roinctant  preftres  que  Confejflers  &  gentils-  hommes. 

ION  E  R  euefquedcLôdrescommenceceftexamen,&:dit,M.Philpot,ilyaicy 
[derechef  plu  ûeurs  cxcellens  &  fauan s  honamc^qui  à  ma  requeft c  n'ont  fait  difn- 


Lmt^V.  JeanThilpot. 

culte  de  prendre  la  peine  pour  cerchervoftre  profit.  Comme  ainfi  foir  que  i'aye  déli- 
béré de  donnerdemain  la  dernière  fentence  contre  vous(car  il  m  eft  ainfi  commandé) 
i'ay  toutefois  penfé  de  vous  fccourir  en  toutce  qui  mêlera  poflîbte^moyénant  qde  vo- 
ftre  coftc  vous  quittiez  de cefte  obftination,&  qu'accordiez auec  nous.  P  h  .  Monsieur, 
Admirable  je  n'atten  autre  chofe  de  vous  que  la  mort,laquclle  ic  luis  preft  d'endurer  pour  l'amour 
îw?C°n  de  Chrift.  Bon.  iln^  a  pas  long  temps  qu'en  mon  dioceie  on  a  ouyde  vousvneherc- 
&      fie  toute  m anifefte,laquellc  vous  auezofé  maintenir.  C'eft-cy  la  caufe  pourquoyilsont 
penféquelacognoiirancedecefaitquiaefté  perpétré  dedans  les  limites  de  ma  iurif- 
<li^ion,m'appaitenoit.  P  h  .  Puisque  telle  eft  la  liberté  de  l'ancien  priuilege  du  Parle- 
ment,duqucl  l'afTemblee  que  touchez auoit  ion  authorité,il  eftoic  licite  àchacun  de  di 
re  franchement fon  opinion  touchant  les  chofesmifes  enauant:  &  n'eft  raifonnablc 
due  ie  foye  maintenant  recerché  pour  ce  fai&.Sil  y  a  en  cefte  compagnie  gentil-hôme 
de  laRoine,qui  ait  efté  prefent  à  ladifputc,il  peut  îcy  rendre  tefmoignage  quecene  fut 
point  moy  qui  amenay  ces  propofitions:mais  le  Parlier  ordonné  de  par  la  Roine  ,  qui 
par  fon  ordonnance  propoloit  liberté  à  chacun  qui  deuoit  difputcr  en  cefte  aiTemblcc- 
la.    A  quoy  quelques  gens  de  la  Roine,qui  là  eftoycnt,dirent,Encorc  que  le  Parlemét 
foit  vnlieiideliberté,nonobftantil  ne  fera  point  licite  à  quclcun  de  direchofe  par  la- 
quelle il  orFcnfe  la  maiefté  de  la  Roine  ou  du  royaume.  Ph.  Mtflîcurs>fila  choie  eftoic 
telle queparauthorité  publique  o£expreife  ordonnance  du  Parcelle  fuftmife ena- 
uant parle  Commiflaire  ou  Parlier,pour  cftre  traitée  en  public,celuy  qmen  trait* roir, 
feroit-il  tenu.du  crime  de  lefe  maiefté? 

L  e  s  gens  de  la  Roine,  A  ce  que  nous  voyons ,  !a  chofe  n'eft  point  venue  iufqueà  ce 
danger  qu'il  n'y  ait  efperance,  moyennant  que  vueilliez  retra&erles  choies  que  vous 
mainteniez  alors  trop  obftinément.  Ph.  Ien'ayque  trop  difcouucrt  mon  întentiô 
L'Eglifc  en  l'examen  précèdent  aux  Eueiques.  I'ay  demandé  Que  s'ily  auoit  quelcun  qui  vueiL 
catholique.'  je  ou  puiflV  prouuer  que  leghfe  Romaine,dc  laquelle  vous- vous  vantez,  Toit  l'Eglife  ca 
cholique:ie  promets  me  rendre.  Le  t. de  Conuentric.  N  adiouftez-vous  point  foy  au 
Symbole,oùil  eft  dirjecroy  l'Eglife  catholique?  PH.I'aduoueccla.Maisicn'ayonc- 
ques  ttouué  en  lieu  que  ce  foit,que  celafoit  dit  deRome^d  c'eft  là  le  principal  poin&de 
noftrequeftion.  L'e  v  e  s.  d'Affe,Ceft  vnc  chofe  touce  notoire,  que  &in&  Pierre 
a  bafty  &  drefle  f  eglife  catholique  de  Rome:  Iefus  Chrift  ayant  dit,  Tu  es  Pierre,  &  i'e- 
Mict.rt.i8  j^^y^nEgliiefurceftepierre.Dauantagequenceftevillc.lailyacuvnefucccL 
don&L  fuite  continuelle  d'Éuefques,&:  tellement  qu'il  n'y  a  point  vn  autre  lieu  duquel 
onpui{Te,aufsibienmonftrcrcela.quieftvne  marque  certaine  de  l'Eglife  catholique, 
corne  les  Docteurs  tefmoigncnt.  P  h-  Ce  que  vous  dites  tout  notoire  ,eft  du  tout  incer- 
tain:»: ne  faut  autre  paflage  pourlemonftrer,quc  celuy  que  vous  auczallegué ,  Tu  es 
ï>ierre,&  i'edifieray  mon  Eglife  fur  cefte  Pierre,finô  que  vous  monftriez  que  parlaPicr- 
reRomefoit  cntédue.Et  quant  àla  fuite,  ou  fucceiiion  des  Euefques  tirée  depuis  faîncl 
Pierre,cclanefuffitpas  pour  prouuerrEglifecatholique,finon  que  vousfaciezapparoi 
ftre  que  la  foy  que  tenoic  fain&Pierre  fur  laquelle  l'édifice  de  l'Eglife  eft  appuyé,aittouf 
ioursduréenfesfucceiîeurs. 

B  o .  Y  a-il  plus  d'vne  Eglife  catholique  ?  en  quelle  foy  auez-  vous  efté  premièrement 
baptifé?  P  h  .  le  recognoy  vne  feule  Egliie  catholique  de  Apoftolique,de  laquelle  ie  fuis 
membre,graces  à  mô  chef  Iefus.En  outre,ie  fuis  de  cefte  mefme  foy,en  laquelle  i  ay  du 
comencemet  baptizé  en  Chrift.  L'  e  v  .de  Conuentrie,Sauez  vous  bien  ce  qui  eft  figni 
Que  figoi-  fié  par  ce  motCatholique?Ditcs-lc  nous,fi  vous  pouuez.  P  h  .  le  nefuis  point  fi  rude,gra 
fie  foy  ca-  ccsa  mon  bon  Dieu,que  ie  ne  fâche  bien  cela.La  foy  catholique  ou  l'Eglife  catholique 
thDliquc'    ne  lignifie  pas  ce  qu  o  pëfe  couftumierement,airauoir  ce  qui  eft  vniuerfel,pu  ce  qui  eft 
receu  par  la  plusgrande  part  deshommes(en  quel  fens  vousprenez  l'Eglife  &  lafoy, 
comme  mefurans  l'Eglife  par  la  multitude  des  hommes)  mais  icftime  la  foy  &  l'Eglife 
ainfi  que  fainct  Auguftin  en  baille  la  definition.Nou s  cftimons(dit-il)la  foy  catholique 
parles  chofes paiTees,prefcntes&  avenir.    Et  pourtant  fi  par fuffliantes raifons vous 
prouuez  que  cefte  voftre  foy  &  eglife,que  vous  appelez  Romaine ,  félon  la  reigle  de  S. 
Auguftin,a  efté  dés  fa  première  origine,^  eft  encore  ,  &  fera  toufiours  telle  qu  ellecft 
maincenanr,à  bon  droiâ:  vous  pourrez  eftre  tenus  pour  catholiques.Catholique  eft  v» 
Que  figni-  mot  Grecquifignifie  comme  Tout  entier.    Par  ainfi  Eglife  catholiqueou  Foy  carho- 
fiTtatholi-  jiquCj  Hgnifie  autant  que  fi  nous  di(ions  Entiere,Premicre  ou  principale. 
qUe  B  o'.    Monfieur  Curtop,fainft  Auguftin  park-il  ainfi  que  ecftuy.cy  dit  ?  C  vu .  Vray 


JeanThtlpot.  4.00 

eft  quefaind  Auguftin  efcriuant  contre  les  Donatiftes ,  a  quelque  chofe  qui  appro- 
che Je  cela:afTauoir  qu'on  doit  mefurerla  foy  catholique  par  les  temps  palfez:&:  quelle 
doit  toufiours  eftre  gardée  &:  gouuernee  (elon  le  temps  paifc,tant  de  nous  quifommes 
prefens,quc  de  ceux  qui  font  à  venir .  toutefois  cela  ne  fe  doit  faire  félon  la  nouuclle  fa- 
çon,telle  que  les  Donatiftes  l'ont  controuucc.      ^  Sur  cela  l'euefquedc  Conuencrie 
voulant  qu'on  apportaftleliuredefain&Auguftin  :  Boncr  s'eferia  ÔC  dit,  Lailfez  cela, 
moniîcur,  autrement  ie  vous  promets  en  bonne  foy  que  ie  me  deporteray  du  tout  ,  &C 
m'en  irav  d  u  y.  Quoy?  auez-vous  opinion  quel'Eglile  catholique  aie  quelque  fois  erré, 
excepté  depuis  bien  peu  de  temps ,  auquel  aucuns  perfonnages  dclai/fans  cefte  eglife» 
ontmicuxaiméadhercràlcuropinion,a  laquelle  ils  artribuoyent  trop?    Ph  •  Cen'eft 
point  mon  opiniô  que  l'Eglilé  catholique  puiffe  faillir  en  la  doctrine,  mais  voicy  ce  q  ie 
requier,à  fauoir,Qu'on  me  môftre  par  railon  que  i'eglifcRomaine  cil  cefteEglile  cathô 
lique  que  nous  difons.  Cv  r.  Celapeutcftreprouué,qu'Irenee(quieftoitccntan$a- 
pres  la  mort  de  Iefus  Chrift)s'cn  alla  vers  Victor  euclque  de  Rome ,  pour  luy  demandet 
confeil  touchant  quelques  hérétiques, lefqucls  il  falloit  excommunier  :  ce  qu'il  n'euft 
faic,àmonaduis,s'ilnereult  rccogneupourlouucrain  euefquederEglife.    Ph  .  Ce 
qu  Irenee  a  fair,n'eftablit  non  plus  la  caufe  de  l'cuefque  de  Rome  ,  que  ii  moy  eftant  à 
Rome  reuffe  parlé  au  Pape.  Mais  pour  venir  au  poinCt,  cft-il  vray-femblable  qu'Irenee 
ou  la  première  Eglife  ait  tant  attribué  à  l'euefque  dcRomc,veu  que  fept  conciles  tenus 
rvnapresl'autre,f'ansqu'ily  enaitcuentre-dcux,&:  ce  après  le  temps  d'Irence  ,  ne  luy  Conciles 
ont  pointattnbuécelle  authoritéfParcelapeut-oncognoiftrc  quela  première Eglife  ^-^^ 
naiarnais  tenu  le  Pape  pour  chef.    Vn  autrcEucfquc,OnnepourroitiatilFaireàceft  nnnuieau- 
homme  pour  quelque  raifon  qu'on  luy  puiffe  amener.  Parquov  li  on  veut  plus  dilputer  jj"»"**» 
contre  luy,ce  ne  fera  que  peine  perdue.  Pu.  Seigneui  s  débonnaires, lequel  eft-ce  qui  „£a,  °* 
cil  mieux  fondé,ou  celuy  qui  s  appuyé  fur  l'exemple  d  Vn  homme,  qui  d'auencure  s'en 
alla  à  Romerou  celuy  qui  produiiant  tant  de  Conciles,aiTauoir  de  Nicee ,  d'Ephefe  pre- 
mier &fecond,de  Calcedone  ,  deConftaiuinoble,&:deCarthagc,monftre  ouucrce- 
ment  que  la  chofe  a  efté  toute  autre  encore  long  temps  après  ?  Au  relie, de  recicer  tou- 
teslcs  marques  de  ladifference  d'entre  TEghle  prirnitiue&:  celle  deRome:  ce  fera  af-  u  Tr..if 
fez  fi  l'en  propolé  deux  pour  cefte  hcure,aifauoir  la  Primauté  &c  laTfanlfubftantiation.  fubftâtiatid 
Cv.  a  .    Quant  à  la  TranfTubftannation,  combien  qu'à  grand'  peine  il  y  aitgueres  plus  ^^f^ 
de  crois  cens  ans  qu'elle  a  efté  eftablie  pour  article  de  foy  ,  neâtmoins  elle  a  efté  touf-  blie. 
jours  reccue &crcue  en  l'Eglifede  Chrift.    Ph.  Vousauezdit  vray  en  ce  la, qu'il  n'y  a 
pas  long  temps  que  le  Pape  l'a  introduite,  &C  rapportée  entre  les  articles  delà  foy:mais 
quant  à  la  primitiue  Eglife,alTauoir ,  quelle  a  ainii  creu, cela  ne  pourra  eftre  nullement 
recueilly  d'aucun  eicrit  de  tous  les  Dodeurs  anciens. 

^"Svr  cela  Curtop, homme  entendant  mieux  qu'il  ne  donnoit  à  cognoiftre,  fe  retira 
en  arncre:car  celuy  eftoit  affez  qu'il cerchaft  des  cfchappacoircs.  Al  heure  entra  l'am- 
bairadeur  d'Efpagne,lequel  l'euefque  de  Londres  aborda  tout  incontinent,  taillant  les 
aucres  Euefques  auec  moy.  Aufquclsi'adrelTay  mô  propos>&:  leur  dy,Reuerêds  Prelacs, 
&c  nobles  5eigneurs,y  a-il  railon  qu'on  puifTe  monftrer  que  celle  voftre  eglile ,  laquelle 
vous  appelez Romamc,cft  vrayementl'Eglife catholique?  Co.  Mais  pourriez-vous 
prouuer  le  contraire,que  l'eglife  Romaine  n'eft  point  la  catholique?  P  h  .  Puis  que  ie  ne 
peux  impetrer  de  vous  ce  queiedemande,airauoir  qu'il  vous  plaife  me  (atilfaire  ence- 
cy,il  n'y  a  nulle  raifon  que  cefte  eglife  Romaine  foit  tenue  pour  catholique,  entant  qu'- 
clleeft  lifortelloignee  des  traces  delà  vrayeEgliié  tant  en  doctrine  qu'aufîî  en  fvfage 
desSacremens.Que  il  on  regarde  l'image  &z  de  l'vnc&  del'autre,ou  verra  incôtinent  la 
différence:  ioinct  ce  qu'Euft  be  &:  autres  qui  onc  anciennemét  eferit  des  affaires  de  l'E- 
glilé,enontdit. 

Co.  Quelle  autre  chofe  auez-vous  pour  monftrer  que  l'eglife  Romaine  n'eft  point 
la  catholique?  P  h  .  Pource  que  lelon  voftre  définition  de  ce  mot  Catholique,  elle  n'eft 
&nefut  iamais  vniuerlclle, comme  au/fi  ie  le  vous  ay  prouué. Et  outre  l'Ane  &C  l'Affri- 
que,dont  ie  vous  a\  parlt  :que  dira-on  que  la  plus  grande  part  de  l'Europe  luy  répugne? 
aftauoir  la  Germanie,  le  royaumede  Dannemarc,Pologne&  vnepartie  de  la  Fiance, 
&  Angleterre?  Par  cela  cognoit.on  que  voftre  eglife  n'eft  point  vniuetfelle. 

^  Apres  cela  l'euefque  deLondres  appela  les  autres  Euefques.&:  me  laifla  auec  quel- 
ques gencils-  hommes  &:  bien  peu  de  preftres-.entre  lefqucls  eftoit  le  docteur  Sauerfon 


LmcJV.  JeanFbilpot. 

Anglois  de  nation,doaeur  de  l'vniuerlité  de  Bologne  en  Icalie:lequel  commença  à  mo 
tenii  propos  en  celte  fortc:Philpot,i'ay  bonne  fouuenance  de  vous  auoir  cogneuilya 
long  temps,voire  depuis  ce  temps-la  qu'allant  de  Venile  à  Padout  ,vous  difputicz  con- 
tre vn  Cordelier,qui  eftoie  homme  fauant.  P  k  .  Il  m'en  fouuient  bien.le  Moine  forcené 
me  menaça  lors  qu  aufli  toffc  qu'il  (croit  de  retour  à  Padoué,il  m'aceuferoit  d'hereiîc.  Il 
Théologie  e^0jc  moyennement  verféen  la  théologie  Scolaftique,autremcnt,La  théologie  dePur 
de  Purga-  gatoirc<  3  A ,  i)jCCs  Ce  que  vous,voudrez,fi  elt-ce  que ceft  homme-la  eftoit  théologien. 
t0,  C        Et  tant  plus  fuis  marry,que  vous  qui  auezdifputéaucc  gens  fauans,n'acquiefcez  à  leur 
iueement.  P  h  .  l'acquiefceray  volontiers,^  m'accorderay  auec  tous  ceux  qui  acquie- 
Icerontà  IelusChritt&càfapaiG.Uc.  Etquantà  vous,monlieur  le  docteur,ie  vous  prie, 
que  par  l'odeur  de  quelque  gaing  deshonnefte,nevous  rendiez  fesf  des  hommes  faifanc 
au  contraire  de  ce  que  vous  enfeigne  voftre  fauoir.  S  a  .  Iufques  à  prefent  i'ay  ouy  vosar 
gumens:mais  il  me  femble  qu'il  y  a  plufieurs  dodeurs  de  l'Eglife  ancienne  qui  font  con 
traires  a  voftre  opiniomcar  lainct  Cyprien,  qui  eft  ancien  do&eur ,  approuue  exprefle- 
menrlapnmautédereuefque Romain.  Ph.  Saintt Cyprien  failant  mention deCor- 
neillc  euefque  Romain,ne  l'appelé  point  Pape,ains  Son  compagno  Euelquc  :  &  ne  luy 
raffage  de  donne  aucun  autre  titre  d'honneur  ielon  la  façon  de  ces  temps.S  a  .  Vous  ne  môftrercz 
s.Cyprico  en  lieu  q  ce  foit,où  S.  Cyp:  ien  appelé Corneille,5o»cow^»o»f»e/(;«e,  PH.Ie  vousprie, 
"pofé'      mefheursles  chapelains,que  quclcû  d'entre  vous  apporte  icy  leliurede  S.Cyprié  pour 
faire  foy  de  cecy  .Et  foudain  vn  d'entre  eux  courut  à  la  librairie  de  l'Euefque,&:  apporta 
le  liuie. Le docYeur  empoigna  virement celiurc,&  de laquatrieme  Epiftre du  premier 
liure  des  Epiftres  tira  vnargiimcnt,penfant  bien  auoir  vnfuffifant  bouclier  pour  con- 
firmer la  primauté  du  Pape,où  S.Cypnen  parle  en  cefte  façon:  Ccsï fait  de  la  vigueur  Eptf 
C0pale&  de  la  putfftnce  haute  &  diuinc  degouuernerl'Eglife.ilny  a  nulle  raifon  qui  nous  face  plus  ap- 
peler Chrefitens.fi  on  vient  iufques  là,quon  ne  rende  plus  aucune  obeiffance  au  fouueram  Euefque  tenant 
laplace  de  C  hnfi  félon  la  Parollc  <ÏKclstyi&  le  confentement  du  peuple  &  defes  compagnons. 

S  a  Quelle  raifon  pouuez- vous  auoir  pour  euiter  l'authonté  de  ce  pafîage,par  le- 
quel là  primauté  de  leuefque  de  Rome  eft  eftablie  fi  ouuertement? 

P  h  .  Monfieur  le  Doreur, vous  voyez  bien  que  faind  Cyprien  appelé  Corneille  fou 
compagnomcequ'ilfaitfouuent  ailleurs. Sda  prééminence  du  Pape  eftoit  du  tout  hv 
cognue  du  temps  de  fainct  Cyprien.Car  on  créa  quatre  Pamarches  au  concile  de  NU 
SasPa  cec}aHauoirdeIerufalcm,de  Conftantinoble,d'Alexandric,&:  de  Rome.,  EtlcPatriar- 
odonuez.  che  de  Rome  obtint  le  dernier  heu  en  ce  Concile.    Ce  qui  a  duré  plufieurs  années  a- 
pres.&  depuis  ily  eut  fix  ou  iept  Conciles  tenusrdcquoy  je  pourroye monftrer  certaine 
probation.  Pour  cefte  raifon  donc  S.  Cyprien  eleriuant  à  Corneille  Patriarche  de  Ro- 
me,lequel  il  appelé  fon  compagnon, fe  pleind  d'aucuns  heretiques,aflauoir  des  Noua- 
tiens,qui  auoyent  efté  par  luy  reboucezde  la  fainfte  compagnie,mefprifansfon  autho 
ritc,auquel  ils  eftoyent  fubiets  comme  à  leur  principal  Pafteur  ,  fe  retirans  vers  l'eucf- 
que  de  Romc,&  le  Patriarche  de  Conftantinoble,aufquels  ils  auoyent  rapporté  la  eau 
fe  pour  en  cognoiftre  :5c  par  iceux  ont  efté  dercchcfappelezàla  compagnie  de  l'Eglife, 
L'ordre     meiprifans  &  violans  les  loix  de  la  difeipline  Ecclefiaftique.Or  il  dit  quelesherefies  ne 
de°la  difei-  font  point  introduites  en  l'Egliled'ailIeurs,que  quand  on  mefprifc  la  vigueur  delà  di- 
pi.netccle-  p-n  jt(fEpifcopale,&  quand  on  ne  rend  point  obeiflance  àlapuiflance  haute  &  diuine. 
jùftique.    gn>cntcnc|  p0jnt  par  cela  reuefquedeRome,ainsvn  chacun  Patriarche  dedans  fa  iurif 
di£tion,felon  qu'il  auoit  elle  ordonné  au  concile  de  Nicee.  Et  vn  chacun  d'iceux  auoir 
lors  vn  fiege  propre,&:  vn  collège  de  Docteurs  Prcfti  es.Car  les  parolles  qui  s'enfuyuent 
bien-toft  après  en  cefte  melme  Epiftre  contiennent  cela,quand  il  dit^Puisquileft  ordonné 
de  nous  tout que  c  eft  vnechofeiufte,  raifonnable&faincie,quon  oye  la  caufe  dvn  chacun  au  lieu 
où  lt  crime  a  cflécommis'-puts  auffique  la  portion  du  troupeau  eft  alignée  a,  chacun  Pafteur,  laquelle  il con- 
duite &gouuerne>t fiant  tenu  de  rendre  conte  au  Seigneur  de  ce  qu  il  aura  fait, &c. 

O  n  peut  clairement  voir  par  cela  quelle  eftoit  l'opinionde  fainttCyprlen  touchât 
cefaicl:.    Sa.  Voire,felon voftre opiniommais de moy,ie ne l'entcn pas ainfi. 

P  h  .  le  ne  fay  pourquoy  il  vous  en  fembleautrcment.vne  oîiofè  fay-ie  bien,  que mô 
opinion  eft  confermee  par  les  déterminations  indubitables  de  îept  ou  huit  Conciles, 
qui  ne  recogneurentiamais  la  puiiîanced'vnfeul  chef  en  l'Eglife.  Pa  n..  Il  n'y  a  que 
quatre  Conciles,pour  le  moins  de  ceux  qui  ont  authorité  approuuee.    P  h  .  Monfieur 

Paiv 


Jean'Pbtlpot.  401 


Uuoir  s  - 


Pandelton,  combien  qu'il  y  ait  eu  principalement  quatre  Conciles  approuuez  en  la  con_  a(L 
<irmationdelaT'rinuc,neantmoinsoutreccsquatre-laily ena eu pluiïcurs  autres,        jj  yj  PIus 
Pan  .Mais  leius  Chrift  n'a-il  pas  édifié  fur  Pierre  qui  cil  fEglilé?  Saincl  Cyptien  qui  cft  ctSes" 
authcurgraue,rarTermcainfi.    Ph  .  SainctCyprienauliure  Delà  limplicicé  des  Prélats,  approuuez. 
déclare  bien  luy-melme  pour  quel  regard  iladit  cela.Udaainli,  Le  Seigneur  a  baillé les  ikfs  a 
tons  en  la  peifonne  tivn,  afin  tju il dédiras!  Cynité de  tous .  Outreplus  lamct  A  uguftin  en  la  dixiè- 
me Homélie  fin  faille*  Iean  dit,  Sien  Pierre  il  n'y  auoit  point  myflere  d'Eglife^  le  Seigneur  ne  luy  di- 
rott  potntiletelailleray  les  clefs,  orji  cela  a  efîè prononce a  Pierre ,  lEgliÇe  net  point  les  clcfi-.mais  fd'Eglijè 
les  a,il  a  dénoté  toute  lEgli/e^puts  quelle  a  receu  les  dejs.En  outre  lainctHieromeprcftre  Romain, 
eleriuant  à  Nepot  ien,  tetinoigne  que  chacune  Eghie  adhère  à  Ion  propre  Pafteur  .  Et  là  il 
traite  de  la  Hiérarchie  eccleliaftique ,  &c  cependant  il  ne  fait  aucune  métion  de  rcucique 
de  Rome.  Luy-mclhveauflî  efcriuant  à  Euagrius,dit,£»  quelque  part  qu  dy  anvn  Euefque^joit  Sentêce  Je 
h  liomc'yfôità  Eugube^ouà  Rcgc,ouailleurs,ils  ont  tous  me pareille  autho; né & dignité.  S.Hicromc, 

S  a  .  Dites-vous  (ainct  Hicromecn  la  Hiérarchie  celefte?  ic  penié  que  vous  voulez  dire 
fainct  Denis.  Ph.  lenedy pasquefainctHieromeaitfàitvnliuredela Hiérarchie  ce  - 
lefte: mais  iedi  qu'en  l'Epiftrc  que  i'allcgue,il  fait  mention  delaHierarchieeccleftaftiquc. 

SA.Icm'efmerueillc  comment  vous  voulez  maintenir  ces  erreurs  obftinément  à  vo~ 
ftreconfuiion&:  ruine.    Ph  .  le  luis  afleuré  que  nous  neibmmes  point  en  erreur,par  ce- 
la mefme  que  le  Seigneur  a  promis  à  lès  fidèles  de  leur  donner  elpritdefapience ,  auquel 
leurs  aducrlàircs  ne  pourroyent  reliftcr  .  Combienya  il  d  entre  vous  qui  puiiTerefpon.. 
dre  aux  liurcs  des  Alemans,qui  ont  arrache  la  mafquc  de  voftre  religion  fardée?  ou  àl'In-  J[" 
ftitution  de  M.Iean  Caluin  miniftre  de  Geneue.?S  a  .  Vrayement  c'eft  vn  gentil  Miniftre  L'inftitutiô 
de  ie  ne  fay  quelles  gens  bngandeaux ,  fugitifs  &:  rebelles .  Et  il  n'y  a  pas  long  temps  qu'il  y  chreihennc 
eut  contention  entre  luy  6c  Jes  complices  de  la  faction ,  en  lorte  qu'il  fut  contraint  de  for- 
tir  la  ville:&:  c'eftoit  touchant  la  matière  de  la  Predcftination.  Icne  dinen  qui  ne  foit  cer~ 
tain  Se  vérifié  :car  moy-mefmeay  palfe  par  là  en  venant  ici.  Ph  .  le  fay  pourcertain  que 
vous  blafmez  à  tort  ce  bon  perfonnage,  &  la  fidèle  Eghlé  de  laquelle  il  cft  Miniftre .  Mais 
c'eft  lafaçon  ordinairede  l'cglife  Romaine  d  auoir  recours  aux  blafphemes  &:  calomnies 
controuuées,quand  elle  ne  peut  ic  défendre.  Car  quant  à  la  matière  de  la  Predeftination, 
ce  bon  perlbnnagenemaintientautrccholëqueccquetousles  Docteurs  ontditdeuant 
Iuy,qui  aufli  s'accordent  au x  lainctes  Elcritures. 

Sa  v  .Et  îevousdemande  aulli  d'autre  parrxombié  y  eu  auroit-il  d'entre  vous  qui  cuf_ 
fent  la  dextérité  de relpondrc aux  clcntsdeEyfchereuefquedcRochcftre?    Ph  .  Délia  L'cucfque 
dés  long  temps  ce  liureà  efté  futrilàmment  refuté .    11  ne  refteroit  finon  que  voufiffiez 
prendre  la  peine  de  cercher  lesrefponies  de  ceux  qui  lont  rembarré. 

S  v  r  ces  entrefaites  le  docteur  Stor  cntranc>&  nous  oyant  alléguer  &  infifter  fur  la  pa_ 
rollc  de  Dieu, dit,  Quel  iugedonneias-tu  pour  iuger  de  celte  Parolle  que  tu  as  ainlien  la  Jj"*£"°llc 
bouche?    P  h  .  Q  ucl  luge  plus  certain  de  la  Parolle  conftituerons-nous,  que  la  Parolle  doit  eftrc  m 
mefme?  S  t  .  Ne  voyez-vous  pas  l'ignorance  miferablc  de  ceft  hérétique  du  tout  brutalrll  Se  Jc  1,1  Pa- 
veut  que  la  Parolle  lbitiugc  de  la  Parolle  mefme.  La  Parolle  pourra-elle  parler?  P  h  .  No-  [^^î 
ftre Seigneur  Iefus  Chrift  dit  en  fainct  ïcan,Laparollequei'ay  proferée,iugera  au  dernier 
iour.  Si  au  dernier  iour  nous  deuons  auoir  la  Parolle  pour  luge ,  pat  plus  forte  railon  eft-il 
moins  conucnable  auiourdhuv  qucnous  melprilions  vn  tel  Iuge.Dauantage,ie  ne  doute 
point  qu'en  ce  lourJa  ic  n'ayece  luge  de  mon  parti ,  qui  m  abl'oudra  6C  iultificra  au  fiecle 
avcnir,quelquecholcqucpar  yioletice&:authoritc  inique  vous  autres  opprimiez  cepen 
dantôc  mov  &z  mes  icmblables.iehus  certain  que ie  vousiugerayen  ceiour-la. 

S  t  .  Quov?  pcnfc/.-v  ous ,  milcrablc,  eftrc  fait  Martyr,^  eftrc  affis  auec  Chrift  au  der_  j^^y^ 
nier  iour  pour  uigcr  les  douze  lignées  d  llrael?    P  h  .  le  n'en  doute  nullement  :  puis  que  nwnl T  ° 
lefus  Chrift  luy -melmcpienictcela,nioyennantqueieioLirfiepouriuftice,laquelle  vous 
pcrlecutcz  maintenant  en  moy.    S  t.  le  vous  demande  lors  que  le  luge  prononccvne  QiLd*lon* 
fentenceen  i  on  palais  îudicial  contre  vous,  la  parolle  qui  (è  prononcera  eft-clleJa  leutcn- 
ce.ou  le  luge?  Refpondez.    P  h  .  Scion  l'authorité  de  l  Efcriturc ,  les  choies  cnules  font 
aifuietties  aux  hommes  qui  lont  delà  milice ciuile&.  politique ,  pour  eftre  lugces  felô  l'o- 
pinion d'iceux:  mais  la  parolle  de  Dieu  n  cft  point  aiiuiettie  ni  à  la  fan  talie  ni  au  iugcmét  ^cieïïu- 
d'hommequelconquc:  mais  elle  cft  conftituce  Se  ordonnée  iuge  detoute  fapiencehu-  pnnema- 
m.une,&:  détoures  les  parollcs&:  œuures  detous  ieshômesdu  monde.  Parquoycômela  "^^^ 
comparaiionquauez  faite  ne  diminue  en  lien  ce  que  fay  dit,auifi  n'y  refpond  ellepoint.  uicu. 

Yy. 


■Jet  vjiK-  le 
fidèles  foi 


LiUY<u  V \  lean  Pbilpot, 

S  \  .QupyrN'admettcz-vous  point  l'interprétation  de  l'Egide  fur  les  Efcritures?  PH.  Si 
fav  bien, moyennant  que  celte  interprétation  rcfpondcau  mot  de  la  \  rave  Eglife .  Et  c'eft 
ce  que  l'ay  protclté  ci  delfus  tant  de  rois:  S'il  v  a  quelcun  qui  me  punie  piouucr  une  cefte 
volheeglitc  laquelle  on  appelle  Romaine,  cil  vrayement  la  catholique,  vous  m'aurez  o- 
beilVantcn  toutes  choies  ainli  que  délirez.  St  .  N'y  a -il  pas  défia  beaucoup  de cétaines 
ti  ans  pailécs,q  nos  anceftres  ont  roufïours  tenu  celle  mefmc  eglife  que  nous  luiu6s,pour 
\rayc& catholique?  PH.  C'eft  pi  udeinmcnt  fait  À  vous,monlieur  le  Docteur,  derecou 
tir  a  la  lôgucur  du  téps.car  en  vne  caule  mal  alfeurce  vous  n'auez  que  ce  refuge  qui  vaille, 
mais  vous  n'ignorez  point,Qu'il  nv  a  aucune  preicription  es  choies  diuinesrcômctant  de 
i  line.  Docteurs  tcltifict. S  t  .Vous auez biC  luyui  vos predeceireurs,Latnnerlbphifte,&Ridley, 
qui  ne  pouuoit  rien  alléguer  pour  iadcfcnfe  linon  le  puilànt  deCi  anmer.maisaufïi  toit  q 
moy  fculemét  auec  vn  bachelier  en  arts  fu  venu  vers  luy,ildeuïtfi  trou blc,q  vous euffiez 
dit  quela  paralyfierauoit  làifî.  ^  Apres  cela  chacun  s'en  alla,  &.  îe demeuray  teul  auec  le 
Geôlier. Etainlt  qu'il  meramenoit  en  la  Charbon  nierc  ,icrencontray  l'euefque  de  Lon~ 
dres  en  chemin, lequel  félon  fa  courroilic  accouftu  méc  parlaà  moyen  celle  façon  :  Mon- 
ficurPhilpot,s  'ily  a  quelque  chofe  en  mamailôqiu  vous  puiffcferuir,  vlez-cn  comme  de 
voltrc propre.  PH.Ie  nevous  requier  rien  pour  le  pre(ent,finon  q  vous  paracheuiezbien 
toit  mon  procès  félon  la com million  qui  vous  e!t  donnée,alïn  que  ie  lotte pius  viftemenc 
de  cefte  nuleremortelle,pour  aller  à  la  vie  éternelle  &  bicn-hcureule.^'Or  quelque  belle 
promelle  quecelt  Euelquc  me  fift,li  cft-ce  qu'il  y  a  quatorze  îours  entiers  que  ie  n'ay  peu 
impetrer  ne  lict,ne lumière  ne  feu.  Mais  ie  pré  celte  refolution  en  mov ,  que  ceci  nouseft 
cxpedicnt,quc  (oyons  ainli  réduits  à  telle  condition,  afin  q  nous  obtenions  vne  plus  hau- 
c  .  :us  te  6c  plus  ample  gloire  au  iourde  la  rétribution  .  Amfîcebon  Seigneur  cft  bien  digne  de 
opprimez,  toute  lotiangedequel  m  ahumilic,&afair  parla  bonté  &  nufencorde  que  t'endure  d'vn 
cœur  pailible  toute  celte  calamité  6c  oppreîfion.  Que  ceux  qui  aiment  la  vérité  difent 
Amen. 

LES  actes  du  fuicme  examen, auquel  prcfïdcrcnt  les  luges  qui  s'cnfuyuent-IeC!nmbnerdeIaRoine>ieViconrc 
de  Herdtorddc  fieur  Rychje  fieur  de  Fen  ersde  licur  de  lainét  U-an,le  (îeur  îeau  Bridges  capitaine  du  grand 
chafteau  &:  cheualierde  l'ordre  ie  lieur  Vvynforje  fieur  S.;adoitz,auec  deux  autres  incogneus:&  Boner  eucf 
que  de  Londres  auec  ledockur  Cbedfé.    Cecy  fut  le  s.  de  Nouembre  M.D.LV. 
j^vfô  V  a  n  t  qu'on  ctill  amené  Philpot  deuanttous  ces  leigneurs,  6c  cependant  qu'ils  Te 
££§1  mettoyenten  train  pour  s'allbirjeuefque  de  I  ondresle  fit  appeler  fecretement,  6c 
parla  à  lui  en  l'aurcille ,  l'admonncltanidele  porter  prudemment  es  choies  qu'il  auroit  à 
diredeuant  lesconleillers  de  la  Roinc.  Apres  donequerous  ces  leigneurs  &:gëtils-hom- 
mes  de  cour,&:  autres  qui  ciloyen  tau  feruice  de  la  Roinc ,  eurent  occupé  chacun  leur 
placc,finalcmcnti'cucfqiKode  Londres  le  mit  au  bout  de  la  table, &commâda  qu'on  fifl 
entrer  Philpot.    Onlefittenii  au  plushautcndi  jitdela  table,  vis  à  visdel'Euelquedc- 
quel  commença  à  parler: 

Philpot  ,par  ci  deuant  pluiie  irs  ontpailépardiuerfesfoisàvous  taten  particulier 
qu'en  public  deuant  les  luges  et  dcfiaftiqnes,  &c  ont  pour  l'amour  de  moy  effavé  par  tous 
moyens  de  vous  deftourner  de  vos  opinions  mauuaifès  :  l'ay  efté  d'aduis  qu'encore  pour 
celte  fois  ces  leigneurs  fuflent  appelez  (  îeles  remercie  de  ce  qu'ils  n'en  ont  fait  difficulté) 
non  feulement  pour  cognoiftre  de  voltre  caufè ,  mais  aufli  bien  pour  tcftifiei  auec  moy 
quand  ils  vous  auront  ouy ,  fi  ie  n'ay  point  mis  toute  diligence  pour  procurer  voftrc  bien 
6c  làlut.    PH.  Monlieur le reucrend,ie fuis  obligea  mon  Dieu  en  beaucoup  de lbrtcs,&: 
luy  en  ren  grâces  immortelles  Je  ce  queiepuis  défendre  ma  caule  deuat  vne  fi  grade  6c  fi 
nobleaflîftcnccdegens  fi  excelles,  ôcd' vne  façon  de  iugement  qui  conuient  allez  à  celle 
,iC  delà  premiercEghlcrqui  eftoir,Quefi  quelcun  cuit  cftéouaccuféoufoufpcçonnéd'he- 
prtmitiue    relie  (comme  maintenant  on  m'accule)  iceluielloit  incontinent  appelé  deuant  l'Arche- 
F-slifc.      uclqueou  Euelquc  de  la  iurifdictiô  où  ilauoit  efté  accuie:&  non  point  en  quelque  anglet 
ou  cachctte,mais  en  l'alTembléepubliquedes  autres  Euelques,  &  hommes  lauas ,  &:  fina- 
lement de  tout  le  pcuplc:&:  la  détermination  eltoitlàfaiteou  d'vn  cofté  ou  d'autre  lelon 
laparolle  du  Se  gnei;r5&:  félon  la  voix  des  Euelques  &  de  toute  l'allenablee.  Bo.  Auantcj 
vous  pourfuyuiez  ces  choies  plus  outre,  dites  en  bonne  foy  deuat  ces  leigneurs,  fi  i'ay  efte 
caufc,ou  fi  l'av  baille  côleil  q  ru  fiiez  amené  en  cefte  pnlbn.  Dauancage,  fi  iay  vfc  dequeL» 
t  hilpot  ic  ouc  cruauté  cnuers  vous  depuis  ce  remps-Ia  que  vous  elles  ici  venu  premièrement?  Ph. 
Boner°d    Monlicur,ic  ne  vous  peux  imputer  h  t  aule  de  ce  mien  cmpnfoniîeiricnt.I'ay  experimété 

vn 


Tentation 
dangercuie 


JeanThilfoS.  402 

vnpeu  plus  declemeceenuers  vous  qu'enuers  mô  ordinaire  &  jppre  Euefque:cômeain- 
li  foit  q  m'ayez  fait  appeler  délia  trois  ou  quatre  fois  en  peu  de  iours  pour  cognoiftrede  ma 
caule.au  heu  q  mô  ordinaire  m'a  tenu  douze  mois  entiers,&  plus,fâs  mefaire  appelervne 
(cule  fois. Mais  afin  q  vous  entendiez  pourquoy  ie  luis  eftrein  t  de  ces  liens:  c'eft  à  caafè  de  Xapremicre 
la  difpute  qui  fut  tenue  en  la  maifon  del'  Alfemblce,  qui  eft  mébre&  dcpendéce  du  Par-  ^k^° 
lemét  :  oùileftoitbiencôuenablequ'vn  chacun  parlait  hbremét:tellement  q  la  fafcherie  mat, 
q  iefouftié,eft  cotre  toute  équité, pour  auoir  fait  vneconfeffiôfrâcheen  vn  lieu  frac.  Par- 
quoy,magnifiques  fcigneurs,qui  eftes  du  fouuerain  Côfeil,  i'implorc  fur  ceci  voftre  iuge- 
mét,fi  vous  eftes  d'aduisq  ce  foit  chofe  equitableqnon  lèulemet  mes  biens  melbyétra- 
uisyfnais  auflî  q  ma  vie  laquelle  on  demade,foit  en  danger.  R  y  .  Vous- vous  abufez  en  ce- 
Jarcar  la  maifon  de  l'A  Semblée  neft  point  vne  portion  du  Parlement.  Vvy  n  s  o  r,  Il  eft 
bié certain  qlamaifon derAffcmblée  eft coiointeauec  le Parlemet  enmefme  formede 
pubiicatiô  &:  ordonnâcc,toutefois  elle  n'eft  point  portiô  ne  mébre  du  Parlemér.P  h  .Puis 
q  voftre  aduis  eft  tel, meilleurs  les  Conieillcrs,il  me  faut  aulîi  arrefter  à  vos  iugemés.  R  y  . 
Ce  q  nous  diibns  eft  véritable.  Toutefois  nous  n'enifedons  pas  q  vous  (oyez  aucunement 
molefté  àcaufedesactesdecefte  difputc,  moyenâtq  vous  effaciez  &  relcindiez  mainte- 
nant par  repentâce  les  fautes  q  vous  filles  là  en  difpurat.  Bo  .Mes  (éigneurs,ceft  hôme-ci 
enfeigna  lors,&  parla  li  auât  que  rie  plus, contre  le  vénérable  facremêt  de  l'autel:  {& frree 
ntotitojla  fon  bonet,<iftn  quel  fon  cxeplc  les  autres  fiffent  le  mefme  honeurà  tidole)&c  toutefois  ia  n'ad- 
uiéne  q  i:vfe  de  fi  grande  cruauté  enuers  lui,  q  pour  cela  ie  procède  de  rigueur  extrême  de 
droit,moyénant  qu'il  vienne  finalcmét  à  repentâce.  L  t  Châbrier  delà  Roine  ditàPhil-  Tentations 
pot,Monficur  l'Euefquc  vous  a  offert  conditions  iuftes  &c  am'iables.Si  vous  eftes  lâge,ac-  a  funnoter  • 
ceptez-les,ropportunitélèprefentât.  R  y  .  que  dites- vous?  Aduouez-vous  que  le  corps  &c 
le  fang  de  Chrift  foit  realement  prêtent  en  la  Mefle,commc  les  autres  fauans  perfonnages 
de  ce  royaume  le  croyent,&  comme  moy-mcfme  le  croy,&:  le  croiray  tant  q  viuray?  P  h  . 
Treshônoré  Seigneur,  icrecognoy  vne  prefence  du  corps  &:  du  iàng  de  Chrift  au  Sacre- 
mét, telle  q  les  faindes  Efcritures  la  conftituent .  car  ie  côfeffe  q  le  Sacrem  ent  eft  le  ligne 
delà  choie  lignifiée  ou  figurée,  moyennant  qu'il  Ibirdeuëmentadminiftré  ielon  la  forme 
ordônée  par  Iefus  Chrift.  R  y  .  Dites-nous  làns  tat  decircuits,quelle  manière  de  prefence 
attribuez- vous  au  Sacremét?  P  h  .  Trcshônorez  léigneurs,  Voici  la  caufe  pourquoy  ien'ay 
point  ouuertemct& du  cômencement  déclaré  ceqicfensen  mon  cœurtouchant  celle 
matiere,affauoir  q  ie  ne  le  pouuovc  fans  mettre  manifeftemenc  ma  vie  en  danger.  R  y  .  Il 
n'y  a  nul  ici  qui  efpie  voftre  vic,ou  qui  talchc  de  predre  occafion  par  vos  parolles  de  vous 
braifer  quelque  danger.  P  h  .  le  ne  me  déifie  point  de  vous,Mem"eurs,qui  eftes  ici  de  la  cô- 
dition  des  laics,mais  il  y  en  aici  qui  de  mes  propos  tirera  matière  d'allumer  les  flambeaux 
pour  me  brufler.Et  puis  que  v  ous  me  demâdez  que  ie  déclare  mon  opiniô  touchât  la  pre 
fence  de  Chrift  au  Sacrement,  à  celle  fin  q  vous  enrédiez  q  ie  n  ay  nullemct  honte  del'E- 
uâgile  duFils  de  Dieu,&  que  ie  ne  maintié  aucune  doctrine  qui  foie  contre  l'authorité  in- 
dubitable delà  lainde  Elcnture.ien  parleray  iimplemét&:  franchemét,nedilïimulâtrié, 
moyennât  q  moniïeur  l'euelque  de  Londres  me  donne  audience.  R  y  .  Monlieur  l'Euef- 
que,  ie  vous  prie  laiffez  lui  dire  ce  qu'il  pourra, puis  qu'il  a  volôté  de  delcouurir  fon  cœur. 
B  o .  Qu'il  pai  le,ie  luy  permets:^:  le  veux  efeouter .  P  h  .  En  pre  mier  lieu ,  ie  protefte  &:  dé- 
clare deuant  mon  Dieu  &c  les  Anges,  queecqueiedoy  maintenant  diredeuant  vous,  ne 
procède  d'aucune  oftetation  d'e(prit,ou  d'à  moût  de  ma  propre  perlbnne,ou  d'obftinatiô, 
ainsd'vneconfcicncefimple&purCjappuNreiurlaparollede  Dieu,  contre  laquelle  font 
ordinaircmét  ceux  qui  par  témérité  blellct  leur  propre  confciccc.  Et  ce  q  maintenât  i'ay 
en  horreur  la  rcligiô  qui  a  la  vogue  pour  ce  iourdhuy  en  ce  royaume,  n'eft  pas  q  ie  nepor- 
tc  affection  à  la  Roine:  mais  c  eft  d'autant  q  je  doy  plus  obéir  au  Seigneur  ielon  faparolle, 
qu'aux  homes  ny  aux  loix  humaines.Or  il  y  adeuxchofesprincipalemétcfquelles  les  Ec-  DeuJcJ10* 
clefiaftiques  dcçoiuét  ce  royaume-.affauoir  fur  le  Sacremét  du  corps&  du  fang  de  Chrift: 
6c  le  titre  de  l'Eglifc  catholique.  Et  combien  qu'ils  n'ayent  nelVnnei'autre,  toutefois  ils 
s'attribuent  l'vn&  l'autre. Quant  au  Sacrem  ent  qu'ils  appellent  de  l'autel,ie  conferme& 
ratifie  encore  maintenat  cela  mefme  q  iedy  alors  en  cefte  affemblée,  Que  voftre  Sacre- 
mét n'eft  deChrift,&  qu'en  icelui  Chnft  n'eft  nullement  prefent.Etpourtât  ils  iéduiiént 
premièrement  la  Roine,  puis  après  vous  autres  qui  eftes  lesgouuerneurs  de  ce  royaume: 
vous  perfuadâs  eftre  Sacremét  ce  qui  ne  l'cft  poît.  Auec  ce  ils  vous  pouifét  à  vne  idolâtrie 
manifefte,en  forte  que  vous  adorez  &  honorez  côme  Dieu,  ce  qui  n'eft  nullement  Dieu. 

Yv.ii. 


L/Wo  V.  h  an  Thilpot. 

Et  pour  approuuer  ce  que  ie dy,outrc les  autres  orobations  claires, lefquelies  ic  pourroye 
tira  des  faindes  Efcritures,&:  les  monftrer  tant  a  la  Roine  qu'à  vous ,  voici  i  employé  ma 
vie  &c  mon  fang.Quefi  ie  faifoyeeela  pour  autre  chofe  queftant  neceirairement  cô craint 
Faux  titre   par  la  veritc,&:  ma  confcience:ie  le  feroye  à  ma  condamnation.    Quant  à  ce  qu'ils  s'attri 
clioh  uc  buent  ^e  titre  ^e  l'Eglii'c  catholique ,  ils  ne  font  en  cela  qu'efblouir  les  yeux  du  poure  peu- 
plc,fc  vantansfauflémét  d'vnc  choie  de  laquelle  ils  font  bien  loin ,  pour  vous  deftourner 
de  la  vraye  pureté  de  l'Euangilclaquclle  on  enfeignoit  du  temps  du  roy  Edouard. le  ne  di 
point  ceci  par  orgueil,ains  en  venté. Que  li  ceux-ci  peuuent  monftrer  par  quelque  raifon 
certaines*:  fufhlante  que  leur  egliic  eft  l'Eglite  catholique ,  ieleur  quitteray  le  ieu  en  tout 
&c  par  tout. Et  vous  fupplie  hûblemenc,  Meneurs,  que  vous  faciez  tant  pour  moy  enuers 
la  Koinc,qu  il  me  lbit  loifibic  d'encrer  en  difputc  cotre  les  dix  plus  fuffifans  de  tous  ceux- 
ci,  pour  eiplucher  &:  clclaircir  cefte  maticre.S'ils  gaignenc  leur  caufe  par  quelque  ferme  Se 
certaine  authorit  c,ou  en  disputant  ou  en  eicriuant,ie  me  lubmers  à  me  retraiter  entière, 
ment.    Boner  oyant  tafchoit  fouuent  derompre  ce  propos  :  Philpot  toutefois  impetra 
cela  des  gentils-hommes  qui  eftoyent  l«i ,  d'amener  fon  propos  iulques  à  (on  but,  dequoy 
l'Euefque fut  bien  marri:  &  ne  feeut  tenir  de  dire  qu'il  wrcnoit  plailir  à  iazer .  Moniteur 
Rych  fecondoitle  diredci'cuefque  Boner.  Tous  hérétiques ,  dit-il,  ont  touiiours  accou- 
ftumé  de fe  vanter  magnifiquement  del'Efpritde  Dicu:&:  vn  chacun  vtfUtbaftirvnee- 
leannc  Câ-  ghfcfelon  ion  opinion,  comme  Ieanne  Canticnne&  les  Anabaptiftes.  Cefte  Ican  ne  fut 
née  uu  x.  en  ma  mailbn  ièpt  jours  après  que  la  fentence  fut  donnée  contre  elle  pour  eftrc  brufléc: 
ernplc.      durant  lefquels  l'archeudque  de  Cantorbery  &  aulfi  lcuefque  Ridley  ne  faillirent  de  la 
venir  vilîter.  Mais  elle  eftoirtcllementconuertie  en  efpnt,  que  ceux-ci  ne  peurent  rien 
profiter  enuers  elle,quclques  bôs  côleils  qu'ils  lui  eulTent  feu  donner.  Toutefois  elle  s'en 
alla  au  feu  d'vn  cœur  obftiné,comc  vous  faites  maintenât.  P  h  .  l'ay  cogneu  cefte  Icâne  fie 
fon  heretie.en  quelque  forte  elle  meritoit  d'eftrecorrigée,d'autat  qu'elle  auoit  ofté  vn  ar- 
ticle du  Symbole  cotre  toute  l'Efcriture.Mais  quoyton  peut  fàcilemét  cognoiftre  qu'il  y  a 
différence  entre  vn  tel  efprit  Se  le  vray  Elprit  de  Dieu  Se  de l'Eglifc: d'autant  que  ce  bon  Se 
faindEfpnt  fe  contenant  toufioui s  dedans  les  limites  de  laParolle,nefevaiamais  four- 
rer obftinément  dedans  les  dodrincs  eftranges ,  mais  fuit  en  tout  &:  par  tout  la  fainde  Ef- 
criturc  comme  fa  guide. Et  de  moy,li  icn'elloye  fermement  appuyé  iur  cefte conduite,ie 
ne  m'expoferoye  iamais  à  ces  dangers.    B  o.  Or  fus,puis  que  vous  parlez  maintenant  du 
Qneftièn.  iugemcnt  de  l'Efcriture ,  comment  accorderez-vous  cos  deux  partages ,  Le  Pere  eft  plus 
grad  q  moy,fi£  Le  Pereô£  moy  fommes  vn'Il  faut  q  i'expofe  ces  mots  en  Anglois ,  pource 
qces  bonsleigneurs  n'entedent  pas  Lzzin:tliefathcrt'S^i-eterithanI:^'iIand^Kftrerareone, 
Mais  pardonnez-moy,Meffieurs,car  plufieurs  d'entre  vous  l'entendent  bien.Mais  iay  dit 
cela  principalement  à caulè démoli eur  de  Schâdoitz,&  môiîeur  Bridges  fon  frère.  Main- 
tenant defploycz-nous  voftre  fauoir  en  ceci, &:  fi  vous  pouuez,faites  conioindre  ces  deux 
pafl'ages  par  l'Efcriture.    P  h  .Cela  fe  peut  faire  facilement ,  d'autan  t  qu'il  y  a  deux  natu- 
res en  Chrift.au  regard  de  (à  nature  humaine  a  bien  dit ,  Le  Pere  eft  plus  grand  que  moy. 
Se  au  regard  de  la  diumité  ceci  eft  vray  aulii,Le  Pere  Se  moy  fommes  vn.    B  o.  Mais  co- 
rnent accordez- vous  cela  p  ar  l'Efcriture  mefme?  P  h  .  Il  y  a  afTezdc  tcfmoignages  en  l'Ef. 
criturc,  par  lelqueis  ic  peux  facilement  monftrer  ce  que  i'ay  dit .  car  en  premier  lieu  il  eft 
Picaa.8.*.   efcr  jr  (ic  ]a  nature  humaine  de  Chrift  es  Pfeau  mes:Tu  l'as  fait  vn  peu  moîdrc  que  les  An- 
ges.on  trouuera  cepalfagcauPicaume  i5,quicommcnce,Lescieuxracontet,&:c.Iefailli 
aucunement  au  conte  du  Pfeau.ce  queleucfque  Boner  empoigna  incontinent:^  dit,Ce 
Les  aducr    paffagc  eft  au  Pfeaume,.Do/w/»e  Dominas  »o/?er,ô£c.qui  eft  le  8.  Vous  voyez  bien,mei(ieurs 
chetu  "  fur  les  Iuges.comment  ccftuy-ci  a  bien  accouftumé  de  dire  les  heures  matutinales.  P  h  .  Cô- 
prendre  les  bien  que  ie  ne  dile  heures  canoniales  ne  matutinalcs  par  vn  tel  ordre  q  vous  l'entendez, 
pîw  petites  toulc^ois  'èl°n  clue  m  en  Peut  tûuuenir  de  long  temps,ie  retien  cela  qu'il  n'y  a  pas  longue 
chofes.      diftance  es  Heures  entre  ces  deux  Pfeaumcs,  O  Dieu  noftre  Seigneur:&,Les  cieux  racon 
tcnc,&c.  Dauantage,lafautedu  nombre  ne  diminuerien  delà  vérité. 

B  o.Qjjant  à  la  féconde  partie ,  comment  l'accordcrez-vous  par  l'Efcriture?  P  h  .  Le 
fil  du  texte  déclare aftez,  que  combien  qu'il  y  ait  euamoindrifTcmenten  Chrift  félon  Ion 
Hcb.i.7.    humanicé.ildemeure  vn  auec  le  Pereau  regard  de  La  nature  diuinc.  Et  l' Apoftre  auxHe- 
brieux  déclare  cela  bien  au  long.    Bo.  Comment  le  peut  faire  cela,  veu  que  faind  Paul 
i.Coi.j.tf    ditquc!alettrcoccit,&:que  c'eft  l'efpritqui  viuifîeî      Ph.  Saind  Paul  n'entend  pas 
que  la  parolle  de  Dieu  de  la  nature  occit  ;  laquelle  de  foy  eft  ordonnée  à  vie:  mais 

voici 


JtariPhilpot.  403 

voici  comment  la  parolle  de  Dieu  eft  inutile,  &  mefmeperhicieufe,  Quand  quelcuneft 
deftitué  de  1'Efprit  de  Dieu,  encore  qu'il  (bit  fort  prudent  félon  leiugement  du  monde. 
Pourtant  fâind  Paul  dit  qu'il  y  en  a  aucuns  aufquels  l'Euangile  eft  en  odeur  de  vie  à  vie:&:  i.cor.n* 
auffi  il  y  en  a  d'autres  aufquels  il  eft  en  odeur  de  mort  à  morr.  Aufîxidme  chàpkredeS. 
Iean,on  trouuera  vn  exemple  de  ceci  en  ceux  qui  eftans  deftituez  du  faincfcEfpnt,oyoyéc 
la  parolle  de  Dieu,mais  en  eftoyentfcandalizez.  Pour  celle  railbn  Iefus  Chrift  leur  dit, 
La  chair  ne  profite  de  rienrc'eft  l'Efpric  qui  vuufie. 

S  v  r  cela  Philpot  le  iettât  bas  à  deux  genoux,  pria  tous  ces  Seigneurs  qu'ils  fuiTent  Côbaw  in: 
tefmoins  des  choies  qu'ils  auoyentouyes  ce  iour-la:&:  qu'il  n'eftoit  pointd'vn  courage  li  tcrICU^i• 
endurci  &:  obiliné,ne  fi  delèl'pere(côme  monlieur  de  Londres  fe  perluadoit)  qu'il  nefuft 
preft  d'acquielcer  àlaventé,enluimonftrant  parlafain&eEfcriture.R  y  c  'h  iuy  deman- 
da dequerpaisil  eftoit.Eftes-vous,dir-]l,.dela  mai  l'on  des  Philpots  enHampton?Philpot 
luy  rcfpondk  qu'il  en  eftoit,lui  nommant  meflire  Pierre  Philpot  cheualier  en  la  prouince 
de  Ham ptô.  R  y  .  Il  eftoit  mon  parent:qui  fait  que  ie  fuis  tant  plus  marri  de  voltre  encô- 
brier.  Ph.  le  vous  en  remercie  de  ce  que  vous  ne  dcldaignez  leparentaged'vn  poure  ca- 
ptif. Ry  .En  vrayefoy,ieferoye  volontiers  beaucoup  de  lieuë'sàpied  pour  vous  faire  plai-  Prqucrbe 
fir.  Le  Chambrier,Cela|iftenfapuiflanceiquebienluy  foit  s'il  veut.    R  y.  Vousdifiez  Anglo»> 
n'agueres  que  vouliez  maintenir  voftrefoy  contre  les  dix  principaux  de  ce  royaume .  Ce 
n  cil  pas  bien  fait  à  vous  de  vousoppofer  ainliàla  noblelfedece  royaume.    Ph.  Tref- 
honnoré  feigneur,pardonnez-moy,vous  ne  m'auez  pas  bien  entendu:  vous  auez  penfé  q 
iederEafle  dix  des  nobles,&;  ie  n'ay  rien  moins  penfé  q  cela.Ieparloye  feulement  de  ceux 
qui  font  les  plus  renommez  en  làuoir  en  tout  ce  royaume. 

R  y  .Orfus,ie  veux  bien  que  vous  l'ayez  ainfi  entendu. Si  vous  o  b  tenez  par  laper  m  iffiô 
de  la  Roine  ce  que  vous  demandez,  fuyurez-vous  leur  opinion,  ou  non?  Ph.  Vous  fa- 
juez,monfieur,  que  cela  n'eft  pas  raifonnablc  qu'ils  foyent  &  aduerlàires  &;  iuges  tout  en- 
semble. Ry.  A  qui  permettriez-vous  donc  faire  iugement  de  vous?  Ph.  A  vouLmef- 
jnes  qui  feriez  prefens  pour  cognoiftre  delà  caufe.  Ry .  le  ne  craindray  point  de  promet- 
tre ceci,  de  faire  tant  enuers  la  Roine,  que  dix  fàuansperlbnnages  vous  fbyent  prefëntez 
pour  difputcr  contre  vous:&:  quant  &  quant  qu'il  y  ait  vingt  ou  quarante  gentils-homes 
pour  ouyr  ce  qui  fera  difputé  entre  vousrmoyennant  que  de  voftrecofté  vous  nous  faciez  P»»^ 
çefte  promeffe  de  vou  s  arrefter  à  ce  qu'ils  auront  iugc.  Sï'/ftcr  m 

Ph.  le  mefubmettray  volôtier  pour  eftreiugé,  moyennant  que  la  façon  ancienne  fort,  iugemétdcs 
obferuée,  &  telle  qu'auoit  receuë  la  primitiueEgliie:  en  laquelle  on  cerchoit  auant  toutes  Ilou,mcs* 
chofes  l'intention  &c  volonté  du  Seigneur  aux  fontaines  delafain&eEfcrkure.Selon  iccl-  iiprouoque 
Je  donc  les  autres  auffi  en  ont  prononcé ,  lefquels  eftoyét  afTemblez  tant  des  laies  que  des  à  la  couftu- 
Ecclefiaftiques:  &:  alors  accom  modoyent  leurs  voix  &  confen  temient  félon  la  cçnfure  de  m^Egh^ 
l'Eicnture.Quanddonc  vne  telle  fublcnption  de  iugement  fera  arreftée  &c  ordonnée  à  la  le. 
façon  des  Anciens,ie  promets  de  m 'arrefter  aux  opinions  &c  femences  des  luges. 

B  o .  Treshonnorez  fcigncurs,vous  voyez  à  quel  but  il  tcd,  Se  ce  qu'il  defîrc:  corn  me 
fi  on  deuoit  penfer  de  lui  qu'il  a  bien  appris  que  c  eft  de  la  couftume&:  façon  ancienne,  &c 
bien  verfé  en  lale&uredes  Conciles  &c  des  temps  delà  primitnicEglhe  :aulieu  qu'iln'y 
eutiama^s  vne  telle  conflit u non  &  forme  de  iugement  en  l'ancienne  Eglifè. 

P  h  .  Si  vous  ne  me  voulez  croire ,  les  Epiftres  de  fainct  Cyprien  ont  allez  de  tefmoL 
gnage  pour  faire  apparoiftre  ceci.  Bo.  Iediqueieneleuiamais  cela  en  làinît  Cyprien, 
Qu'on  m'apporte  ici  le  luire. 

Alorsle  dodeur  Chedfc,quî  efloitdela  maifon  del'euefque  Boner,&:  auquel  il  don- 
na  charge  d'apporter  le  liure  , s'approcha  parla  à  lui  en  raureille,& n'apporta  point  le 
liure .  Et  lors  ie di ,  Mon lieur,  ie  voy  bien  que  le  docteur  Chedlc  fait  que  la  vérité  eft  telld 
quci'ay  diterautremenft  il  eut  apporte  ici  promptement  le  liure .  Ce  propos  eftant  laifle, 
Monûeur  Rych  me  dk:Ie  mefbâlii  commet  vous  niez  les  parolles  claires  de  Chrift  au  Sa- 
crement :  car  au  lieu  qu'il  dit ,  Ceci  eft  mon  corps ,  vous  au  contraire  débattez  contre  les 
mots  propres ,  que  ce  n'eft  pas  le  corps  de  Chrift .  fon  vray  corps  n  eftoit-il  pas  liure  pour 
nous?il  faut  donc  neceftairement  que  ce  foit  l'on  corps. 

B  o.  Monfieur,vous  parlez  do&cment:mais  vous  euflîez  peu  auffi  prendre  voftre  ar- 
gument vn  peu  plus  haut,afTauoir  fur  ce  qui  ell  dit  Iean  6.o\i  le  Seigneur  a  promisde  don-' 
mer  fon  corps  au  Sacrement,  diiant,  Le  pain  que  ie  donneray ,  c'eft  ma  chair .  Philpot, 

Yy.iii. 


LiurcuV*  leanPbilpot. 

que  refpondez-vous  à  cela?  P  H.  Voici  ce  quefaind  Ican  veut  dire  en  ce  paûagc:  aflauoir 
quela  chair  de  Chrift,  de  laquelle  il  a  elle  enuironné  pour  noftre  rédemption ,  cft  le  pain 
de  vic,duquel  nos  corps  6c  nos  ames  font  nourries  en  vie  éternelle.  Ainfi  donc  ce  pain  fa- 
cramentaire  cft  vne  viue  reprefen ration  de  cefte  vie  myftique,  &:  cohabitation  aucc  tous 
ceux  quicroyent  à  la  mort  de  Iefus  Chrift ,  lèlon  que  luy-mefme  dit  Iean  6.  le  luis  le  pain 
vif,quifuis  defcendudu  ciel.&  toutefois  îlnefaut  point  dire  qu'icelui  foit  pain,  ne  maté- 
riellement ne  naturcllement.Semblablement  le  pain  eft  la  chair,non  point  de  nature  ou 
defubftancc,ainii  par  lignification,  alTauoir  au  Sacrement.  IcVien  maintenant  à  l'ar- 
gument de  monlieurRych.  le  ne  nie  point  les  parolles  exprefTesdeChrill  au  Sacrement; 
mais  voici  que  i'afîerme ,  Qu'il  ne  les  faut  point  prendre  charnellement ,  ne d'vne autre 
façon  que  facramentale&:  fpirituelle  :  félon  la  déclaration  exprefîe  de  Ielus  Chrift ,  nous 
enleignant  que  ces  parolles  du  Sacrement ,  lesquelles  les  Capernaites  entendoyent  lèlon 
la  chair  &c  la lettre,doiuent  cftre  (pirituellement  entendues,  &  non  point  charnellement 
félon  l'imagination  groffiere  de  ceux-là ,  qui  ne  regardoyent  pas  à  l'explication  que  Icfus 
Chrift  donne  fur  ce  paflage,n'a  Ion  inftitu  lion:  ne  liiyuans  point  au/fi  l'vlàgc&:  la  forme 
des  Apoftres  ne  del'Eglile  pnmitiuc,  qui  ne  làuoit  que  c'eftoit  de  cefte  façon  de  prefence 
charnelle,  laquelle  vous  faites  receuoir  auiourd'huy  de  fi  grande  force  &:  violence,  fans 
monftrcrquel'Efcriturefaincte  ou  les  do£tcurs  anciens  y  conlcntent.  Et  de  faict,ono- 
La  manière  l°rs  ^c  l'Eglifc  tous  ceux  qui  ne  s'adioignoyent  aux  autres  qui  communkjuoyent  :  &c 
ancienne  d*  quand  la  Cenceftoitfaite,ils  brulloyent  ce  qui  dcmeuroitderefte.ee  qu'on  peuteognoi- 
UCeoc*™  ftretancPar^cs  Canons  des  Apoftres,  que  par  la  détermination  du  concile  d'Antioche. 

Bo.Cclaeft  faux:  car il  n'y  auoit  que  les  nouueàuxinftruits  qui  fortifient  horsdutem. 
ple,&  les  autres  communiquoyent,&  non  plus.  P  H.  Mais,  monfieur,cen'eftoyent  pas 
feulement  les  nouiecs  inftruits  en  la  rby  nouuellement,ains  aufli  ceux  qui  n'entendoyenc 
point  les  myfteres  facrez.  Bo.  Quercfpondez-vousàlapuilTanceinflniedeDieu?Icelui 
ne  peut-il  pas  accomplir  toutes  les  chofes  qu  ila  dites?  comme  monsieur  Rych  a  nagueres 
fort  bien  dit.  Iedi  qu'il  n'eft  point  difficile  au  Seigneur  de  le  mettre  non  feulement  au 
pain,mais  aufli  en  ces  tapifleries ,  moyennant  que  ce  foit  fon  bon  plaifir.  PH.  Quant  à 
Pfciu.i  la  punTance  infinie  de  Dieu,ie  confelTe  auec  Dauid ,  que  Dieu  a  fait  tout  ce  qu'il  a  voulu 
tant  au  ciel  qu'en  la  terre.  Toutefois  il  ne  veut  rien ,  linon  ce  qui  conuient  à  fa  paroile .  6c 
ÛtinDicu  cequemonfieurreuefquevientdedire,eftbla(pheme,Quele  Seigneur  peut  eftre  fait 
vne  tapiflerie:  car  comme  les  anciens  docteurs  ont  dit ,  Dieu  ne  peut  faire  des  chofes  qui 
font  contraires  à  là  nature.E  t  il  n'y  a  rien  qui  foit  plus  répugnant  à  fa  nature,  que,qu'il  foie 
fait  tapifTcrie:car  la  tapifTerie  eft  vnecrcaturc,&:  Dieu  cft  Créateur,  &:  ne  peut  aucunemét 
eftre  fait  créature.  Parquoy  lî  vous  memonftrcz  que  Chrift  eft  au  Sacrement  autrement 
quepar  grâce  6cd'\  ne  façon  fpirituelle  6c  iacramentalejC'eft  en  vain  que  vous- vous  cou- 
urezicide  la  puilfancc  infinie. 

B  o .  Qupy  don  cïConfcfTez- vous  que  Chrift  lbitrcaument  au  Sacrement? ou  fi  vous  le 
niez?    P  H.  le  ne  nie  pas  qu'il  ne  ibit  rcau  ment  au  Sacrement,  voire  à  ceux  qui  y  doiuent 
Qaeiîgnifie  participer  félon  TihUitution  du  Seigneur.  Bo.Qu  entendez-vous  par  ce  mot  Reaumenti 
le  motRe-     p  H.  Comme  li  i'auoye  dit  qu'il  y  fuft  vrayement  6c  fans  doute. 
S<îj.       Bo.  Dieu  n'eftJl  pas  par  tout  rcaument?P  H.  Pourquoy  non?  B  o.  Comment  lemott- 
Matt.i8ao  ftrerez  vous?  P  H.  Haie  en  rend  tefmoignage ,  que  Dieu  remplit  toutes  choies  par  tout.  Ec 
Iefus  Chrift  dit,  En  quelque  part  que  deux  ou  ttois  feront  aflèmblez  en  mon  nom,  iefcv 
ray  au  milieu  d'eux.  Bo  Eft-ceau  regard  de  fon  humanité?  P  H.  Non  point:  mais  fente  ce 
regard  de  diuinrté,  félon  lequel  vous  interroguez.  R  v .  Monfieur  de  Londres,  permettez 
maintenant  que  le  do£teur  Chedfé  difpute  auec  lui.    Chedfé  commença  fon  propos  d» 
bien  loin,  mais  voici  prelquela  lommede  les  parolles.  CH.M.Philpot  ablafmé  deuant 
vos  excellences  la  maifon  de  KAfTemblée:ayant  dit  qu'il  y  adefia  tant  de  mois  qu'il  eft  de- 
tenu  priibnnier,&  qu'on  nelui  a  donne  loilir  d'en  pourfuiurevn  feul  argument  de  ceux 
qu'on  lui  a  mis  au  deuant  .cequi  eft  faux  :  car  on  lui  donna  grande  liberté  de  parler  6c  de 
pourfuiure,  6c  autant  de  loifir  qu'il  a  voulu  .Et  encore  auec  tout  cela,on  lui  a  refpondu  de 
Le  linre  des  pointt  en  pointtunais  ne  fâchât  plus  que  dire,  il  fe  prmt  à  plourer .  I'eftoye  lors  fpectateur 
d?Cutcie*  ^C  tolltes  ccs  chofes:parquoy  i'en  peux  tcfmoigner.Combien  qu'on  porte  par  ci  par  là  vn 
nûeaucom  certain  liurcplcin  de  menlbnge ,  auquel  les  actes  de  cefte  difpute  ont  efté  faufTemétcof* 
mencement  rompus&: falfïficz;  Et  quant  àeeque  vous  demandez  qu'on  vous  fatisfacc touchât  la ma- 
iuS UC  dc  c*ei  c     fàcrement,ic  vous  propoferay  la  vente  tirée  des  eferits  des  anciens  Do&eurs. 

PH. 


Jean  Thilpot.  404* 

P  h  .  Grâces  à  Dieu, il  y  auoit  lors  des  gentils-homes ,  &  degrans  fcigneur  s ,  qui  furé t 
auditeurs  des  choles,&  peuuét  teftiner  fi  elles  ont  efté  falfinées,  ainfi  que  vous  n  auez  hô- 
te de  le  dire  en  celle  ii  bonnet  noble  compagnie.  Quant  à  mes  larmcs,ccna  point  efté 
fautede  matière  qui  m  ait  fait  plourer  :  cârgracesàDieu,i'auoyedequoyrburnir,voire 
mieux  que  vos  grans  Théologiens  n'auoyét  de  répliques  pour  réfuter  la  vérité  que  ie  fou- 
ftenoye:  ces  larmes  me  fortiient  des  yeux,  pour  vnéfemblable  caufe  quelefusplourale 
malheur  qui  deuoit  aduenir  lur  Icrulàlcm.  le  fentoyedefia  en  mon  clprit  lés  ruines  de  le-  Lcs  |jr(1K 
glife  Chreftienne,quideuoyentaduenir,&:  quant  &c  quâtl'occilion  queie  preuoyoye  prc-  deP%u 
parée  à  tant  de  bons  perfonnages.  ^  En  refpondant  ceci  audocleur  Chedle ,  ie  fu  ibu- 
uentcmpefchépai  monlîeurRych,  me  difanr  queie  donnalfe  IoifiràChcdlcdepour- 
fuyure  l'on  propos:&:  que  puis  après  il  me  feroit  congé  derelpôdreàtous  lesarticles  qu'il 
me  propoiéroit.  Mais  il  promit  ce  qu'il  ne  pouuoit  tenir.  Car  les  Ecclefialliques  qui  là  e- 
ftoyent  ne  luy  permirent  d'accomplir  ce  qu'il  cuft  bien  voulu.  Quant  au  liure,ie  confeiïe 
que  ce  luis-ie  qui  ay  recueilly  les  ades  de  celle dil'pute,  &:  commeje  tout  clladuenu.  I'ay 
pour  tefmoins  de  cela  le  doyen  de  Rocheftre,&:  l'archediacre  de  Hacford ,  monfieur  Che- 
née,qui  tous  deux  font  encore  viuas  en  ce  royaume.  ^"Chedse  dit,  Venôs  au  poind. 
Les  quatre  Euangeliilcs,auec  S.  Paul  en  lEpiftrc  aux  Corinthiens  maintiennent  ouuer- 
tement  la  prefence  de  Chrift  après  les  parolles  deconiecration.De  faid^tous  s'accordent 
en  ces  parolles  >  Cccy  cft  mon  corps.  Ils  ne  parlent  pas  ainfi,Cecy  n'eft  pas  mon  corps.  Et 
S.Iean  au  chap.6.  lefus  Chrift  promet  de  donner  ion  corps:  laquelle  promeflè  il  a  depuis 
accomplie  en  la  Cene,comme  on  peut  cognoiftre  par  les  parolles  meimes:  Le  pain  que  ie 
donneray,c'eft  ma  chair,que  ie  bailleray  pour  la  vie  du  monde:ce  mot  Bailleray  >  eft  répété 
pardeuxfois.  Au  premier  lieu  il  le  faut  rapporter  au  Sacrement:au  lecond  lieu  iilefaut 
rapporter  au  facrifice  de  la  croix. Or  auec  toutes  ces  Efcntures  tant  manifeftes,nous  auôs 
Tauthorité  des  Dodeurs  le  s  plus  approuuez,allauoir  d  Ignace,  Irenée,&:faindCyprien. 
PH.Saind  Cypricn  parleen  cciïcf^oni^Hjawficefiu'flChrifliitnefautJûyure^ue  chrift.  En 
outre  il  eft  défendu  par  la  Loy  de  rien  adioufteràla  parolledcDieu,  oud'enrien  dimi- 
nuer .Et  làindl  Pierre  dit,Si  quelcun  parle,qu'il  parle  côme  les  parolles  de  Dieu.  Parquoy 
fi  aucun  penfe  queces  parolles  feules,  Cccy  eft  mon  corps,conftituét  vne  prelence  réelle 
de  Chrift:fi  outre  cela  il  ne  bénit ,  s'il  ne  prend  &:  mange(lefquelles  trois  chofes  font  de  la 
fubftance  du  Sacrement)ccftuy_la  eft  abufé .  &:  pour  celle  railbn  foind  Auguftin  dit»  Que 
la parolle foit  coniointeaïtkment,& ily  aura  Sacrement.  En  celle  forte  donc  s'il  n'y  a  vne  entière 
obléruation  des  parolles  de  Chrift  en  l'vfage  du  Sacrement,ce  n'eft  plus  Sacrement  :  non 
plus  que  les  facrifices  que  les  dix  lignées  oflroyent  à  Dieu  en  Bethel ,  eftoyent  làcrifices: 
ains  ont  efté  reiettez,d  autant  qu'ils  n'eftoyent  faits  félon  l'ordônance  de  la  Loy.  Et  pour- 
tant fi  auec  ces  parolles  on  n'adioufteaufsi  ces  trois  parties ,  lefquellcs  font  que  le  Sacre- 
ment foit  entier  &c  parfait  :  aifauoir  ludion  de  grâces  rédues  pour  la  rédemption  obtenue 
par  Chrift,  l'annonciation  de  fa  mort  pour  l'édification  derÊglife,finalcment  le  prendre 
&  manger,ce  n'eft  plus  Sacrement.  Certainement  celle  prononciation  des  parolles ,  qui 
cft  la  dernière  partie  du  Sacrement,  n'a  point  de  lieu:  car  Ieliis  Chrift  n'a  pas  moins  dit,  ex  cc 
Prenez,magez,quc  ce  qui  s'eniuit,Cecy  eft  mon  corps  .CH.Iefus  Chrift  dilvit,Eate  drmke,  ° 
&  non  point  Eate ye^rmkeye.  PH.  N'a-il  point  dit  en  nombrepluricr,  Prenez,magez: 
&c  non  point  en  Singulier ,  Pren,  mange:  comme  il  lèmble  que  vous  le  prenez  ?  CH.  Si 
ces  pai  olles,Cecy  eft  mon  corps,neconftituentpoint,ou  ne  font  le  Sacrement  :  fembla- 
blement  les  autres  parcics,qui  font  la  benedidion,la  prilé  &c  la  mandueacion,  ne  le  feront 
point.  P  H  Je  confclTe  que  l'vnc  des  parties  fans  l'autre  ne  fert  de  rien .  Car  le  Sacremét 
ne  peut  dire  Sacremcnt,finon  que  ce  qui  eft  là  fait,  loir  entièrement  &c  parfaitement  ac- 
comply félon  laprennereordonnanccdeccluyquirainftitué.  CH.  Niez-vous  donc 
que  ce  foit  le  corps  de  Chrift,  s'il  n'eft  pris?  PH.  Ouy:  car  il  ne  peut  cftre  corps  de 
Chrift,linon  à  ceux  qui  le  receuronc  deuement  iélon  l'inllitudon  du  Seigneur.  B  o.Le 
pain  ordinaire  qm  cft  mis  fur  la  tab le,  n'ell-il  pas  pain  ,  encore  que  perlonne  n'y  touche 
pour  en  manger?  P  H.  C'eft  vne  autre  raifon  :  car  le  pain  qui  eft  m  is  lur  la  table  oï  dinai- 
rcment,cftoit  pain  voire  auparauant  qu'il  y  fuft  mis.  Il  n'eft  pasainfi  du  Sacremér,  lequel 
n'eft  point  Sacrcment,finon  entant  qu'il  cft  deuemét  adminiftré  en  la  table.  Bo.  Qufe- 
ftimez^vous  donc  que  c'eft  après  les  parolles  deconiecrationiulques  au  temps  qu'il  Ibit 
receuî  P  H. le diroye que ccft feulement vn  ligne  commencé  delacholefacree,&:  non 
point  vn  Sacremét  entier  auant  qu'il  foit  pris.Car  il  nous  faut  regar  der  deux  choies  au  Sa 

Yy.hu. 


Liure  V-  Jean  Philpot. 

crement,anauoirlcfigne&lachofcfignifîec,quieftChrift&Gparsioii.  Mon  si  e  v  r 
deVvinfors'e(leua&:dic,Icnaypointveuiii{*quesàprelcnt  vn  leul  homme  qui  niaftles 
parollesdeChriftcommevous  faites.  N'a-il  pas  dit  luy-mcfmc  ,Cecy  eft  mon  corps? 
L'.aftirutiô     P  H.  Monfieur,  ie  vous  prie  prenez  la  choie  comme  elle  doit  cftre  priie.Nous  ne  nions 
ErfiS"1  P°inc  ^es  parolles  de  Iel'us  Chrilt ,  mais  nous  montrons  qu'elles  n'ont  point  autrement 
cremern,    vcrtu,iinon  entant  quelles  font  accommodées  à  la  vraye  ordônance&:  inftitution  de  Ie- 
l'us Chrift. Cecy  foit  pour  exemple  :  Ictus  Chrift  ordonne  qu'on  baptize  au  nom  du  Pere, 
6c  do  Fils,&:du  S.  Eiprit.  que  s'il  y  a  quelque  Preftrcqui  pronôceces  mei'mcs  parollcs  fur 
l'eau  ,lors  qu'il  n'y  aura  nul  preient  qui  loit  pour  cftre  baptize  >  la  tculc  prononciation  ne 
ferapoint  le  Baptefme.  Adiouftons  ceci,  que  le  Baptefme  n'elt  point  vravement  Baptef. 
me,  finon  à  ceux  qui  font  arroufez  d'eau,  6z  non  point  à  ceux  qui  alsiftcnt  là  pour  cftre 
fpc&atcurs.    L  e  Chambner  ,Mes  feigneurs ,  ic  vous  prie  me  permettre  que  le  luy  race 
vnequeftion:Quelleraçonde  prelence  trouuez-vous  au  Sacremétlors  qu'il eft  deuemet 
pris,&;ainii  qu'il  appartient?    P  H.  Quand  ceux  qui  s'approchent  de  la  table  fàcréedu 
Seigneur  Iefus  y  viennent  dignemcnt,ie  confefle  q  Chrift  y  eft  preient  auec  tout  le  fruitt 
deiapaisionrvoireen  ceux  qui  le  mangent  digncmétjc'eft  à  dire  c  omme  il  appartient 
auiqi.els  Iel'us  Chrift  eft  conioint ,  &c  euxconioins  à  Ieùis  Chrift.    L  e  Chambrier  ,Ce 
m'eftaffez.    B  o.  Seigneurs  treshonnorez,ic  vous  exhorte  de  ne  vous  arrefteràcequ'il 
dit:ilnefaîtquevousicduiremal-heureu{èment.carlarimilitude  du  Baptdme  qu'il  a- 
mene,n'a  rien  de  commun  auec  le  Sacrement  de  l'autel.  C'eft  autant  comme  li  ic  difoye 
rdc  diTes  *  mon^eur  ^e Brydges  qui  foupperoit auecîmoy.  Prenez ,  mangez ,  «e  chappon  eft  bien 
e^po^cc-5  gras  :  &  toutesfois  iceluy  n'y  mettroit  point  la  n  ain.On  en  peut  autant  dire  d'vn  gobelet 
auxccijui  plcindevin,quandiediroye:Taftczdeccvin,ileftbon&fnand:  encore  qu'iceluy  n'en 
cftfama.   gOUftaft}Cft_ccà  dire  que  ce  vin  ne  fuft  pas  vin  pourtant?    PH.  Pour  certain  ccsexéples 
font  du  tout  indignes  d'eftre  mis  en  comparailon  de  myftercs  li  hauts  &c  facrez.Ceque  ie 
pourroye  bien  claircmet  raonftier,fi  ce  n'cltoit  qtie  vous  me  furmontez  pluftoft  en  au- 
thorité  qu'en  raifon  de  caufe.Choles  fcmblablcs  conuiennent  auec  leurs  iemblablesxho 
lès  fpirituellcs,auec  les  fpirituelîcs.LesSacrcmensdoyuent  toufiours  eftre  mefurez  par 
les  parolles  de  Chrift,cntre  1  ci'quellcs  ce  font-cy  les  pnncipalesîPrenez,mangez:  comme 
parties  neceftaircs  pour  faire  le  Sacrement,fans  lefquelles  on  ne  pourra  auoir  l'inftitutiô 
Synaxis     entière  &: parfaite  delà  Ccnc.Patquoy  les  Grecs appelent  le  Sacrement  d'vn  nom  qui  fi* 
gnifieCommunion:&:  auisipour  cefte  raifbnlc  Sagneur  dit  en  l'Euangile,  Diftribuez 
Communi-  entre  vous.    CH.  Sain£t  Paul  ne  l'appelé  point  Communion  ,ains  Communication. 

P  H.  Cela  aulsi  déclare  mieux,quc  participât  ion  du  Sacrement  doit  eftre  faite.  Bo .  Tref 
honorez icigneurSjil  méfait  mal  de  vous  voir  ainti  lalïer  après  vn  homme  fi  obftine' ,  veu 
que  nous  ne  profitons  de  rien  cnuersluy.  Pour  leprefent  îene  vous  fafcheray  plus.  Ec 
toute  la  compagnie  fe  leua,&:  nul  ne  me  dit  vne  feule  parolle  iniuricufe.Sd'embloit  qu'ils 
eftoventaucunementaffe&ionncz.  Le  Scjjrncur  vueillctournertoutàbicn. 


«non. 


LES  ailes  dp  7.exainen,auquel  prefidpyent  les  Euefques  de  Londres ,  &  de  RoçheftreJe  Chancelier  deLych^ 
fildJcdod  orChcdfé,  M.  Deye  bachelier  en  théologie.    En  ceft  examen  7.  il  eft  traité  de  l'authorué  de 

fcgUfeduSiigneur. 

^|}^'EuefqueBoner  commença  ceft  examen  en  ccftcforte,Nous  vousauons  faitappe* 
[{4^  1er, afin  que  vousafsiftiez  àlaMelfeileRoy&la  Roine&:  tous  les  Seigneurs  de  ce 
royaume  y  vont  :rciiilerez-vou  s  d'y  aller?  le  vous  traite  trop  benignement  a  la  vérité. 
Argument      P  H.  Si  vous  appelez  douceur  si  humanité  d'eftregardé  en  vneorde  charboniere  fans 
digue  d'vn  fèu  &£  fans  lumière, vous  m'auez  traite  benignement.mais  vous  auez  puifïancede  traiter 
te  Euci^uc  mon  poure  corps  comqae  bon  vous  iemblera.    B  o  .Pource  que  monlïeur  le  Chancelier 
Gardiner  eft  mort,vous-vous  faites  accroire  qu'il  n'y  aura  plus  perfonne  brullé.  Non  nô. 
Croyez-moy  ie  vous  enuoyeray  bien-toft  au  feu ,  fi  vous  ne  taillez  voftre opinion.    L  s 
Chancelier  ci  deilus  nomme  quieftoità  cefte  feptiemedifpute,dit,  M.  Philpot  ,ne  vous 
ruinez  point  ainfi  de  voftre  propre  gré:  pluftoft  regardez  à  vous  f  auuer:  &  remettez- vous 
à  la  bonne  volonté  deMonfîeur  de  Londres ,  Si  au  îugernent  des  autres  gensfauans,& 
vous  eu  itérez  tout  danger.    P  H. Ma  confcicnce  me  rend  tefinoignagc ,  qu'il  n'y  a  nulle 
affection  hu  m  aine  qui  m'ait  incitérmais  vne  crainte  de  Dieu  m'a  fait  faire  cos  chofes.  Au- 
trement ie  feroyc  le  plus  folhomme  de  tout  le  monde,fi  auec  la  perte  de  tant  de  corn  ma 
direz  que  ic  pourroye  obtenir  en  ce  mondc^i'attireroye  quant  &t  quant  fur  moyMme  con- 
damnation 


Je*n{Philpôt.  +QJ 

damnation  dernière.    Le  Chancelier,  Vous  n'en  eftcs  pas  fi  afleure,que  ne  puifsiez  bien 
cftredeceu.    B  o.  Puis  qu'on  ne  vous  peur  fîefchir  par  douceur,  ne  par  raifons  quclcotl-  îj^JJ^ 
ques,ie  procederay  contre  vous  de  mon  authorité  éc  félon  mon  office.  Efcoutez  donc  les  cuitté  par 
articles  que  ic  vous  reciteray,car  l'ordonne  que  vous  y  refpondiez.  ^  Et  fur  cela  il  tira  vn  tou 
papier  de  fonfeinauccdiuers  articles  efcrits  contre  moy.  Et  après  quilles  eut  recitez,  il  châtia  dô- 
me commanda  de  refpondrc  par  ordre  à  vn  chacun.    PH.Monfieur,cebillec  contient 
deux  principaux  poin&s.Le  premier  eft,que  ie  luis  de  voftre  iuriidi&ion,  &:  pourtât  vous 
pouuez  félon  voftre  office  intenter  procès  cotre  moy  ^touchant  les  herehes  defquelles  ie 
fuisfonfpeçônné.Maisquantaupremier,vousfàuezdu contraire,d'autât  que  la prouin- 
ce  de  laqu  elle  ie  fuis,  n'appartient  point  à  voftre  iurifdi&ion.  Quant  au  fécond,  quei'ay 
abandonné  l'Eglife  &:  la  foy  en  laquelle  i'ay  efté  baptifé,vous  fauez  que  ic  perfifte  en  ce- 
ftemcfmeEglife  ^continue  en  la  foy  catholique,en  laquelle  i'ayefté  baptizé.  Bo.Au 
diocefè  de  qui  eftes-vous  maintenant ?dites-moyr  PH.  le  nepeux  nierqueienefoye 
mainrenant  détenu  en  voftre  Charbonnière,  lequellieu  eft  dedans  les  limites  de  voftre 
prouince:&  toutesfois  ie  ne  fuis  point  de  voftre  diocefe.  Quant  au  fécond ,  le  fay  profêk. 
fion  encore  à  prefent  de  la  mcfme  foy  &c  Eglife  catholique,qui  eft  l'Eglife  de  Iefus  Chrift, 
&  la  colomnc  &  fermeté  de  la  vérité.    B  o.  Vos  parrins  fuyuoyét  bien  vne  autre  foy  que  x"Tun*f« 
celle  de  laquelle  vous  faites  maintenant  profefsion.    P  H.  Maisien'ay  point  efté  bapti- 
zé en  la  foy  de  mes  parrins  qui  ont  fait  la  promefle  pour  moy,ains  en  la  foy  de  Chrift  Ûdc 
fon  Eglife.  Bo.Combien  de  tepsaduré  cefte  voftre  Eglife?  PH.  Depuis  Chrift  continuâc 
iufquesàfes  Apoftresj&contequcmmentiufquesaleurs  vrais  fuccefleurs.  Le  Chance- 
lier de  Londresje  penfe  qu'il  prouuera  aufsi  que  l'Eglife  a  efté  deuât  le  temps  de  Chrift. 

P  H.  Quand  iei'auroyefait,ien'auroye  rien  dit  contre  la  vérité.  Carileft  bien  certain 
qu'il  y  a  eu  Eglile  deuant  Ieliis  Chrift,  laquelle  fait  vne  feule  Eglife  catholique.  &:pour 
prouuer  ma  foy  &  mon  Eglife,ie  ne  prendray  point  d'autre  fondement  que  voftre  reiglc 
tantvfitée,airauoirderancienneté,vniuerfalité&:vnité.    Bo.Aduifèz,  comment  il  en- 
impudent  en  fes  menfonges.  Sainéfc  Cyprien  tefmoigne  ouuertement  qu'il  faut  qu'il  y 
ait  vn  Pontife  fouuerain,auquci  il  eft  côuenable  que  tous  les  autres  obeùlent.Mais  ceux- 
cy  napprouuent  aucun  chef,  ne  vicaire  vniuerfel.    P  H.  Saind  Cyprien  ne  dit  pas  qu'il 
foitnecenaired'auoir  vn  vicairegeneral.  carilmefouuientqu'au  liure  De  la  (implicite 
des  Prelats,il  parle  en  cefte  façon  :  Il  y  a  vne  feule  dignité  Epifcopale ,  de  laquelle  vn  cha- 
cun l'eul  Se  pour  le  tout  tiét  vne  partie.    B  o.  Qu'on  apporte  ici  fàin&  Cypriemvous  ver- 
rez que  ce  lieu-la  fait  du  tout  contre  vous.  ^  Et  incontinent  ledodeur  Chadfe  apporta 
le  liure,  &  môftra le  lieuenlepiftre  eferite a  Corneille,  oui eftoit  pour  lors  euefq  de  Ro-  LclicudeS, 
me.  Voicy  prefque  toute  lafôme  desçzvollesil^oùonndteperepointaiifacrifîcateHr  de  Dieu,  Cyprieo, 
il  n'y  a  point  aucune  bonne  conuenance  auec  CEghfe^&c.  P  H.Monueur  le  do&eur  prend  mal  le  £0^J'f£ 
partage  deS.  Cyprien  :  car  par  ce  mot  de  Souuerain  Preftre  ou  Sacrificateur  *  il  n'entend  y^w,-».- 
pas  l'euefque  de  Rome,mais  vn  chacun  Patriarche  en  (a  iurifdidion.  Comme  defai&ily  ^^J^ 
auoit  en  ce  temps-la  quatre  Patriarches,  quieftoyent  conftituez  fur  l'Eglife  en  gênerai.  Xtyr<S.\ 
Et  lors  efcriuant  à  Corncille,ii  entendoit  de  foy-mcfme  fous  ce  nô  de  Souuerain  Preftre. 
comme  ainlifoit  qu'il  fuft  Prélat  de  toute  l'Afrique,  fon  authorité  commençoit  en  ce 
tcmps-laà  eftre  melprilée  des  hérétiques.  Se  plaignant  donc  décela  par  les  lettres  à  Cor- 
ncille,il  afferme  que  l'egliienc  peut  eftrcdeuémentadminiftré  au  heu  où  on  n'obtempè- 
re point  à  l'authorité  diâfbuuerain  prélat,  félon  ladifcipline&  ordre  de  l'Efcriture,  le  ju- 
gement du  peuple,&:  le  confentement  de  lès  compagnons  ordonnez  à  la  dignité  Epifco-  s  A  fth 
pale.    Bo.  L'eueique  de  Rome  n'a-il  pas  efté  tenu  iufqucs  à  prefent  le  cheffbuuerain  de  Si  inPetn 
lEglifê ,  &  vicaire  de  Chrift  en  terre  t    P  H.  Non  point:  car  les  fâin&es  Efcritures  ne  luy  Ec- 
donnent  pas  plus  grande  authorité  qu'à  l'euefque  de  Londres.     B  o.  Sainft  Pierre  ne- 
ftoit-ilpâs  comme  porte-enfeigne  de  l'Eglife  ?&  l'euefque  de  Rome  n'a-il  pas  fuccedéen  centomù. 
fa  place  ?  P  H .  le  confefTe  que  reuefque  de  Rome,entant  qu'il  feroit  légitime  fuccefTeur  K^J" 
defaind  Pierre,auroit  femblableauthorité  :  mais  cefteauthoritén  cftoitpointplus  emi-  Wfvtw 
nente  en  fam£t  Pierre  qu  és  autres  Apoftres.    L  e  Chancelier ,  Mais  il  a  efté  dit  à  fàind  ^J^'^ 
Pierre  d'vne  façô  pàrticu  liereje  te  donneray  les  clefs  du  royaume  dés  cieux.Ce  que  Iefus  "ïû^s'iJi 
Chrift  ne  dit  lors  a  pas  vn  des  autres  Apoftres,  ains  feulement  à  fainft  Pierre.      P  h  .  le  ^H'a  ha- 
vousayaffez  dit  cy  deuant ,  que  fainft  Auguftin  refpond  bien  autrement  à  cefte  obic-  ^tiTlfcl- 
ftion,  difànt  ainf  i  :  Si  en  Pierre  ilnyanoitle  myftere  d'EgiiJè,  le  Seigneur ne  luy  dtroitpoint,  le  te  don,  fit,  ecM'* 

totan  itfi- 


Liure  V.  Jean  Pkilpot. 

neray  Us  defs.  Que  ficela  a  efiédh particulièrement  à  Pierre,tE«1ifi  ne  Us  a point y  maU  fitEglifiles  a  (veu 
quelle  a  receu  Us  defs)  Ha  dénoté  toute  TEgljje. 

Bo .  Que  fera-ce,  fi  iedcmonftrc  par  le  droit  ciuil  (jue  cous  Chrcftiens  font  tenus  de 
fuyurc  l  'eglife  Romaine  ?  Et  de  cela  il  y  a  vn  titre  expres,Dela  foy  catholique,  &c  de  la  fain 
ûe  eglife  Romaine.  Ph  .  Cela  n'emporte  rien, puis  qu'ainfi  eftqueles  choies  diui  ries  ne 
font  point  affuietties  aux  loix humaines.  Bo.  Que  direz- vous,  fi  ieprouue  manifefte.. 
ment  que  Iefus  Chrift  a  bafty  fon  Eglife  fur  fainît  Pierre, &:  ce  par  1  authorité  de  fainél:  Cy 
prien  i  Croirez-vous  alors  qu'il  faut  quel'Euefque  de  Rome  foir  chef  louuerain  de  l'Egli- 
fe?  P  h  .Iefày  ce  quefaind  Cyprien  dit  touchant  cela:  mais  il  n'entédrien  moins  quece 
que  vous  penfez.  Dey  e,  Ce  font-cy  les  parollcs  de  fàinct  Cyprien  :  L' Egbfi  a  efté fondée 
furPieneyCommefurhrigtnedeyeraé.  P  h  .11  explique  cela  clairement  par  exemplerafTauoir 
qu'il  faut  qu'vnité  foie  gardée  en  l'Eglife:&:  pourtant  le  Seigneur  Iefus  a  bafty  l'Eglifc  fur 
Pierre  feul,&  non  point  fur  les  hommes.  Ce  qui  c(l  plus  ouuertement  monftré  au  liure 
de  la  iî  mplicité  des  Prelats,où  il  dit  en  cefte  façon  :  En  la  perfonne  d'vn.chnfla  donné  Us  clefs  a 
tous,afin  qu'il  dénotas!  Cvnité  de  tout.  B  o  n  e  r  fur  cela  dit  au  Chancelier,Ic  vous  prie,aidez 
à  parfaire  l'examen  de  ceft  hôme-cy,aucc  monfieur  le  dotteur  Chedfé  &c  moniieur  Deye. 
carilmefautviftement  aller  au  Parlement  :&c  après  cela  ic  m'atten  que  vous  difnerez 
ceansaueemoy.  ^  Alors  Deye  reprint  cefte  mefme  authorité  defàinft  Cypricn,& com- 
mença de  bien  haut  à  efplucher  toutes  les  circonftances,  fortant  fort  loin  de  ion  pro- 
pos. Et  le  Chancelier  de  Londres  dit ,  que  de's  le  corn  mencement  tous  ont  tenu  fain£t 
Pierre  pour  chef  del'eglife,  &  les  fuccefleurs  aufsi,&  mefmela  fâindte  Efcriture  approu- 
ve» ue  çela.  Et  pour  cèfte  caufe  Iefus  Chrift  luy  a  dit,  Ican  1 1 .  voire  répète'  par  trois  fois,  Pais 
mm»,       mes  brebis. 

P  h  .Cela  eft  feulemét  comme  s'il  difoit,  Allez,prefchez  :  ce  qui  eftoitdit  aufsi  bien  aux 
autres  Apoftres  qu'à  fainét  Pierre.  Et  quant  aux  trois  fois,ce  n'eft  autre  chofe  finon  vnc 
déclaration  de  l'ardeur  du  zele  que  tous  miniûres  de  la  Parole  doiuent  auoir  à  paiftre  les 
brebis  de  Chrift.  Mais  pourriez-vous  bien  penfer  que  ce  foit  proprement  interpréter  l'E- 
fcriture,quand  de  ce  paiTage,Pais  mes  brebis,  vous  attribuez  au  Pape  la  fouueraine  domi- 
nation du  monde?  Sur  cela  vn  Bachelier  en  Théologie  entra,  emieftoit  de  la  maiibnde 
l'Euefquede  Londres,&:faifoitprofefsion  delalangueGrequea  Oxone.  Ccftuy-cy  s'in- 
gera  d'vne  grande  hardiefTe  d'aider  moniieur  leChanceher,&:  commença  en  cefte  façon: 
T^uefera-ce,  fi  ie  vous  produy  vn  do&cur  Grec  nommé  Thcophyla&e ,  qui  confent  clai- 
remen  t  à  cefte  interprétation  ?  P  h  .  Theophyla&e  eft  de  ceux  qui  fauorifent  à  la  factiô 
du  Pape:&  que  pour  cefte  raifbn  on  le  doit  tenir  pour  fufpeft ,  veu  mefrae  que  fon  inter- 
prétation eft  fort  eflongnee  du  vray  fens  del'Efcriture,  voire  côtrairc  aux  determinatios 
de  beaucoup  de  Conciles  généraux.  L  e  Bachelier ,Par  quel  Concile  gênerai  pourrez- 
vous  prouuer,quereuefque  Romain  n'eft  point  chef  de  l'Eglue?  P  h  .  Par  celuy  de  Ni 
céercarrEuciquedeRomcn'y  prefi doit  pas.  L  e  Bachelier,  Cela  eft  faux.  le  vous  pro- 
poferay  Eufebe,par  lequel  vous  cognoiftrez  facilement  tout  le  con  traire.  Il  s'en  alla  donc 
enlalibrairicdel'eueiqucBoner  apporta  le  liure  d'Eufebcnnaisil  n'apporta  pas  les 
Conciles  gencraux,iecouurant  de  cefte  exeufè,  qu'il  ne  les  auoitpeu  rrouucr.  Apres  a- 
uoir  bien  fucilleté  Eufèbe,il  ne  peut  monftrer  le  pafîage,  mais  fe  retira.  Le  Chancelier 
dit,  Vous  voyez  que  tous  les  autres  de  ce  royaume  font  contraires  à  voftre  opinion.Et  cô- 
ment  fe  fait  cela  que  vous-vous  oppofez  feul  à  tous? 

Ched.  adioufta,Ie  defireroye  queportifsiez  plus  de  reuerenceà  l'eglifc  Rom  aine. 
Que  direz-vous,  fi  ie  produy  vn  paffage  d'vne  Epiftrc  de  fain£t  Auguftin ,  qu'il  eferit  au 
Papelnnocent,  auquel  tout  le  concile  de  Carthage  donne  le  premier  lieu  àTEglifc  Ro- 
maine? 

Ph  i  l  .  Vous  ne  pourriez.  ^  Il  apporta  le  liure,  &:  monftra  bien  rEpiftre,  mais  il 
n'en  pouuoit  tirer  aucun  argument  pour  prouucr  ccqu'il  vouloir  dire,excepté  quelques 
conie&nres.  L  e  Bachelier,  Vous  voyez  icy  comment  tout  le  concile  de  Cartha- 
ge efcriuant  à l'euefque Innocent,appele  l'eglife  Romaine ,  Siège  Apoftolique .  Dauan- 
tage  ils  efcriuent  des  chofes  qui  furent  faites  en  ce  Concile ,  &  des  Donatiftes  qui  auoyec 
efté  condamnez ,  requerans  aufsifon  confentement  en  ccmefmcfai&.Etcôme  iepcnfe, 
ils  ne  l'eurent  point  ainfi  fait,  fans  du  tout  eftimer  cefte  Eglife  plus  haut  efleuee  que 
les  autres.  Et  il  y  a  plus,  que  delà  on  peut  facilement  iugcr,corr.ment  fclonl'aduis  de 

S.Augu- 


Jean  Thilpot.  4x6 

S.  Auguftin,regliiè  Romaine  va  deuant  toutes  les  autres,  quand  iceluy  déduit  la  fuccef- 
fion  continuelle  des  Eudques  d'icelle  iulques  a  ion  temps  :  comme  nous  faifons  aufsi  en- 
core auiourdhuy  découler  celte  mefme  lucceision  iufques  ànoftretemps .  Parquoyde 
ceft  argumentde  iaind  Àuguftin,nous  concluons  quel'eglife Romaine  eft  la  vraye  Egli- 
iè  catholique.  P  h  .  Monficur  le  Docteur,  vous  prenez  les  parolles  de  faind  Auguftin 
bien  loin  de  ion  intention:  l'appelant  Siège  Apoftohque,fenfuit-il  qu'elle  clt  l'Eglife  ca- 
tholique? De  confeller  qu'elle  eft  ficge  Apoftolique  a«  regard  de  iàinct  Pierre  &c  de  lainct 
Paul,  qui  ont  efté  les  premiers  fondateurs,queferuira-il,finon  q  vous  monftnez  en  ceux 
que  vous  voulez  due  leurs  fuccelTeurs,vn  fiege  Apoftolique  parla  mefme  pureté  de  do- 
ctrine qiùccux  ont  laiÛeer  Que  fi  vouslcpouuicz  faire,  vous  auriez  iufte  railbnde  vous 
vanter  de  ce  iïege.  Mais  puis  que  vous  ne  le  pouuez  faire,  celte  raifon  ne  vous  peut  non 
plus  profîrer,que  fi  le  T urc  tenoit  l'on  liège  à  Antioche  ou  en  Iet  ufalé,&:  cependant  qu'il  Com?«.rui- 
fe  vantait  du  titre  du  liège  Apoltolique,pource  que  les  Apoftres  y  auroyent  conuerle  au-  fa  propre 
très  fois.Or  quant  à  ce  que  le  concile  de  Carthagepar  lettres  cicntes  à  i'euefque  Innocét 
deliroit  fon  contentement  pour  reprimer  les  Donaciftes,cela  ne  fait  non  plus  à  mainte- 
nir  la  primauté'  du  Pape  :  que  fi  ceux  qui  ont  efte  aifemblez  en  noftre  congrégation  en- 
uoyallent  des  lettres  à  vn  autre  Euefque  touchant  ccr-tains  articles ,  delqucls  ils  confen*. 
tilTent  entre  euxjc  requerans  que  iuyaui'siy  donnait  conféntcment,&:  qu'il  procurait 
que  le  fai£t  fuit  aulsi  publie  en  Ion  diocelè.Et  cclt  Euelque  n'a  point  pour  cela  aucune  oc- 
cafion  de  s'attribuer  quelque  choie  par  deiîus  les  autres  ,aiîauoir  dece  que  les  Frères  le 
requièrent  de  conlèntir  auec  eux.  Il  en  faut  autant  penler  deceft  ordre  contin  uel  déduit 
par  fainct  Auguftin,leqi»el  ne  prouue  nullement  que  Romefoitl'Eglilè  catholique  :  finô 
que  vous  vueillicz  faire  vneautre  conclufion  que  lainft  Auguftin. Car  cerecit  de  fuccef- 
iiontendoitàcebut,deprouucr  quelesDonatiftes  font  hérétiques ,  d'autant  qu'ils  fai- 
foyent  tout  leur  effort  d'inltituer  vne  autre  eglifey,tant  en  la  ville  de  Rome  qu'en  Afrique, 
que  celle  que  faincl:  Pierre  ou  faind  Paul  auoit  inftituée,ou  quelque  autre  de  leurs  fuccef 
feursdefquels  iceluy  raconte  par  ordre  iufques  à  fon  temps.  Que  fi  vous  autres  pouuez 
monltrer  par  celt  ordre  &  longue  lucceiîion,de  laquelle  vous-vous  glorifiez  fi  hautemét* 
que  rien  de  celte  doctrine  de  laquelle  nous  faifons  profcfsiô,n'a  iamais  efte'  receuepar  au- 
cuns fucceffeurs  de  làinft  Pierre  6c  de  làincfc  Paul,il  te  pourra  bien  faire  que  voftrearrai* 
fonnement  aura  quelque  apparence. 

L  e  Chancelier  de  Londres  dit  au  Docteur  Chedle ,  Vous  voyez  que  nous  ne  profitôi 
de  rien.  Ilreitedonc  que  nous  efpluchions  les  articles  qui  nous  ont  efte  commis  par  fE- 
uefque  contre  luy.  M.Philpot,quelle  refpôlè  faites-vous  à  ces  articles  ?  Et  vous  monûeur 
Ionibn,efcriuez  diligemment  ôîenregiftrez  cequeceftuy-cy  relpondra. 

Ph  .  MonlieurleChancelier,vous  n'auezpasceftepuillance  de  faire  inquifition  de  ma 
foy,  par  laquelle  vous  me  puifsiez  contraindre  derelpondre  à  ces  arguments  que  vous  a- 
uez  maintenant  propofcz.Car  ie  ne  fuis  point  de  la  ni  rif  diction  ou  diocelè  de  l'cuefché  de 
Londres:  comme  défia  luy  en  ay  refpondu.  L  e  Chancelier  de  Londres  dit,Puis  quain 
li  eft,allons-nous  en  donc:&  que  le  Geôlier  le  remene. 

Le  lendemain  matin  l'Eucfque  enuoya  vn  de  fes  eftafîers  pour  appeler  Philpot,à  celle 
fin  de  le  mener  à  la  chapelle  de  l'Euefque  pour  y  ouirlaMeile,mais  ce  fuit  en  vain. 
Celte  procédure  fut  menée  à  tant  de  petites  circonftances  que  rien  plus  :  &:  quand  lEuef 
queBoner  vufoitd'vncofte,  qu'ilneprofitoitdcrien,ilferetournoit  loudain  furvn  au- 
tre.il  luy  dit  ceci  après  plufieurs  propos,  Melsieurs  les  Euefques  me  reprennent,  Philpoc* 
de  ce  que  lenevousay  fait  mourir  pluitoft.Eti'ay  diligemment  procure  enuers  môlieur 
le  Cardinal  &tous  les  autres  qui  ont  efte  en  ralTemblee,qu'ils  afsiftaflent  pour  voiis  ouir. 
mais  monfieur  de  Lincolne  y  citant  prefent  atFerma  que  vous  eftiez  vn  homme  frénéti- 
que, qui  vouliez  toufiours  auoir  le  dernier  mot.  tous,  di-ie,d'vnemelme  bouche  me  blal- 
moventdecequeievousay  publiquement  produit  tantdcfois  deuant  luges  fiexcellens, 
pour  défendre  voftre  caufe,&:  qu'il  n'y  a  riê  que  vousappetez  plus  que  faire  valoir  vn  lan- 
gageou  babil  en  grande aiïe m blee  degens:tanteftes-vons  enflé  d'vne  gloire  infenfée.  Il 
m'eft  donc  commandé  d'y  procéder  d'vne  autre  façon  Etievousiure  en  bonne  foy,  que 
fi  vous  ne  vous  changez  de  bonne  heure  ie  ne  vous  amulcray  plus  longtemps.  Niais  au 
contraire,  fi  vous-vous  repentez,  &:acquiefcez  auec  nous  autres,  on  vous  pardonnera 
tout  lepalfé:& tout  ce  que  iulques  à  prefent  vous  auez  dit  ou  fait,  fera  mis  en  oubly,  A 


Liurcj  V.  lean  *Phïlpot. 

quoy  Philpot  dit,Monfieur,Ie  vouçay  défia  dés  long  temps  déclaré  quelle  eft  mon  inten- 
tion^ ce  que  i'ay  délibéré  de  faite.  Et  quant  à  la  calomnie  de  monfieur  Vvith  euefque 
deLincolne,ien'enfaypasgrandca$iVeumefme  qu'on  lait  bien  qu'il  s'eft  déclaré  mon 
ennemy:  veu que moy eftant parauanc  Archediacreiel'ay  excommunié,  ponree  qu'il  a- 
uoit  peruerfément  reprouué  la  Do&rine.Finalement  fi  le  Seigneur  Iefus  a  efté  tenu  pour 
vnhom  me  inlenléjil  ne  le  faut  esbahir  (ion  m'impute  vne  telle  frenefic.  Bo.  Tay  enten- 
du qu'on  vous  a  enuoyé  vn  cochon  rofty,qui  auoit  vn  coufteau  caché  dedans  le  ventre: 
ienefauroye  direà  quelle  fin  il  eftoitmis,  ouficeftoit  pour  vous  tuer  vous-mefmes?ou 
pluftoftpourmetuer.Càrily  en  aaffezqui  m'aduertiiTentqueiemedône  garde  de  vous 
autres,  mais  ic  fay  peu  de  cas  de  tous  vos  efforts.  P  h  .  le  ne  puis  nier  qu'on  ne  m'ait  en- 
uoyé vn  coufteau  dedans  le  ventre  d'vn  cochon  rofty  oourcoupper  la  viande,  mais  cepen 
dant  ie  peux  bien  dire  cecy  ,que  ie  ne  fay  qui  l'a  enuoye,  n  aquclle  fin>finon  que  celuy  qui 
m'enuoyala  viande,  pcnlàft  que  ien'eufie  point  de  coufteau.  Et  ne  faut  point  que  vous 
craigniez  qu'il  y  ait  rien  dauantage,  ne  que  i  eufie  penfé  à  quelque  chofe  fèmblable. 

Apre  s  ces  choies,  icfu  mené  à  la  chappelle  deccftEuefque  en  laquelle  eftoyent  l'e- 
uefquedefaind  Dauid,  monfieur  Mordant  confeillier  de  la  Roine,&:  l'archediacrede 
Londres,&:  aueç  eux  grande  troupe  dételles  gens.  L'cucfque  de  Londres  commença  de 
dire,  Qu'en  prefence  de  monfieur  de  iàinct  Dauid,&  de  Monfieur  Mordant  &: des  autres 
magnifiques  &  nobles  feigneurs,  il  propofoit  les  articles  eferits  en  vn  billet.  Et  les  ayant 
leus,  il  dit  à  Philpot ,  le  demande  qu'outre  ces  articles  vous  refpondiefc  aufsi  du  Cate- 
Catcchifme  chifme  qui  fut  fait  du  temps  du  roy  Edouard ,  lors  que  tout  eftoit  plein  de  fchifines  &  di- 
du  tcpsdu  pjfions.  Item  que  vous  refpondiez  à  certaines  concluuons  publiées  au  nom  de  l'vniuer- 
™d.EJ°U"  fitédeCambrige&:  Oxone.  Et  voicy  iepropofèpQurtefmoins  deuant  vos  yeux  tous  ces 
Seigneurs  icy  prefens ,  qui  ont  afsifté  à  la  difpute  de  cefte  aficmbléc-la .    ^  Il  ic  fit  ap- 
porter vnliurc  pour  les  faire  iurer  de  teftifier  de  vérité.  Le  prefentant  à  monfieur  de 
faind  Dauid ,  il luy  dit,  Monfieur  ic  vous  declareray  vn  fecret  de  droit ,  lequel ,  pofsible, 
NouueUc  vousn  auezP;lsencoreouy  i.u^ues  à  prefent:  aiTauoir  qu'entant  que  vous  elles  Euef- 
pratiquede  que,  auez  priuilege  de  iurer  feulement  après  auoir  veu  les  Euangiles,  fans  les  toucher. 
Boncr.      parquoy  il  ouurit  feulement  le  hure  deuant  luy»  &  puis  le  ferma.  Mais  aux  autres  il  offrit 
le  liure  pour  iurer  en  touchant  deffus  :8c  fit  inférer  leurs  fermens  dedans  les  regiftres  de 
lbn  Secrétaire .  Il  s'adrelfa  puis  après  à  monfieur  Cofin ,  pour  examiner  Philpot.  Cofin 
iilantlelcrit  que  luy  auoit  baillé  l'Euefqae,  dit  a  Philpot,  Quelle  eft  voftre  opinion  tou- 
chant le  premier  article  \  &:  quel  eft  le  différent  d  ebatu  entre  vous  &c  monfieur  l'Eucfque? 

P  h.  Il  eft  fur  ce  poin£t,à  fauoir  fi  voftre  Méfie  eft  vn  Sacrement .  C  o .  Si  la  Meffe 
çft  vn  Sacrement  :  Et  qui  iamais  douta  de  cela  ?  P  h  .  Si  la  chofè  vous  fèmble  certai- 
ne ,  vous  n'aurez  pas  fi  grand'  peine  à  la  mainten  ir:  car  de  moy ,  i'en  fuis  fort  en  doute. 

C  o .  le  le  vous  auray  tantoft  facilement  déclaré ,  &  en  bref:  Elle  eft  ligne  d'vne  chou 
fefacrée:ilfaut  donc  neceffairement  qu'elle  foit  Sacremeut.       P  h.  le  nie  l'antece- 
dent.       Co.  PuisquevouslenieZjienc  voypas  que  nous  deuions  plus  argumenter 
contre  vous, qui  niez  les  principes .    Cofin  donc  ccfterefponic  faite ,  comme  pofantle 
bouclier  &  les  armes ,  quitta  la  place  à  Harpsfild  enuoyé  par  l'Euefquc ,  aucc  le  liure  des 
Ltpiike    Epiftres  de  fainèt  Auguftin  :  lequel  parla  en  cefte  façon,  Monfieur  l'Euefque  enuoyle 
jjjf  ^"|u"  fainit  Auguftin ,  afin  que  vous  y  regardiez ,  &c  principalement  en  l'vne  defes  Epifttcs,  la- 
&ée°.  '     quelle  ievou s  liray  maintenant  depuis  iecômencemcnt.  Vousyauezmanifèftementla 
célébration  de  la  Méfie, &:  comment  il  reprend  ceux  qui  vont  voler  ou  chafTer  auanc 
qu'ouyr  Mefiè,&ésioursdefeftc&:cs  Dimanches  principalement. 

PH.rayprisgardeaufensdel'Epiftre:&:  nevoy  pointqueccla  face  contre  moy, ne 
qu'il  férue  aufsi  de  beaucoup  pour  le  Sacrement  de  voftre  Méfie.  H  a  .  Quoy  ?  Ne  fait-il 
pasicy  mention  de  la  Méfie  îneparie-il  pas  ouuercem,entaufsidela  célébration  d'icellc? 
Pouuoit  on  parier  plus  clairement  ou  plus  manifeftement  ? 

P  h  .Sainft  Auguftin,ou  quiconque  fbit  lautheur,  entend  de  la  célébration  de  la  com- 
munion ,  &  du  vray  vfage  du  Sacrement  (|u  corps&  du  fang  de  Chrift  :  &  non  point  de 
voftre  Mellepriuce,  laquelle  vous  auez  mifeenïa  place  de  cefte  communion .  Cardef- 
^cffc^accô  *a^t's^ccornmenccmcnt  cem°r  de  Méfie  aefté  accommodé  à  la  communion,  voire 
JJ^.f/£co  entre  les  Pères  de  la  primitiue  Eglife:&  f  e  peut  taire  que  tous  ceux  qui  chantentla  Méfie, 
communiô  n'entendent  pas  la  vertu  de  ce  mot. 

£*psdcs  •  Ha.  Vous 


fcdnTMlpût.  4.07 

Ha.  Vouspenfezparaujenture  que  ce  mot  deMeffe  vient  du  moç  HcbrieuMA  s  s  a; 
comme fi  nul  autre  n'entendoit  rien  en  Hebrieu  que  vous.  Ph.  le  ne  fuis  point  ûmal 
aduifé  de  déduire  de  l'Hebrieu,vn  mot  que  i'eftimcLatimcarMi  s  s  AviérdeMi  t  t  o,  D'où  vient 
qui  fignifie  çnuoyend'autant  qu'en  ce  temps-la,  quand  on  cekbroit  la  cômunion,ceux  Jjj^  de 
qui  cftoyent  riches  contribuoyent ,  vn  chacun  fclonïa  pui/Tancc ,  des  dons  &c  offrandes 
pour  fubuenir  aux  poures,recommandansauMiniltredcprierpoureuxen  la  commu- 
json  facrec,&  qu'il  receuft  tels  dons  &:  offrandes,  &L  les  diftribuaft  pour  fubuenir  à  la 
neceffitc  des  poures  frères  &fœurs.On  a  appelé  cela  M 1  s  s  a  , pour  cefte  caufe:commç 
plufieurs  gens  fauans  en  rendent  tefmoignage.  Et  tous  ceux  qui  atfiftoyent  à  telle  célé- 
bration de  Meflfe,  communiquoyent  cnfemblc  fous  les  deux  efpeces ,  félon  la  façon  qui 
auoit  cfté  receuëdc  Iefus  Chrift.  comme  nous  liions  que  cela  a  efté  fait  mefme  du  reps 
de  fain&Auguftin.  Mais  comment  prouuerez-vousque  cefte  voftre  Melîc  s'accorde 
aux  chofesde  cetemps-la,&àcemotMi  s  s  a  ,  lequel  fainft  Auguftin  attribue  à  la  cô- 
munion ,  finon  que  vous  monftriez  que  maintenant  on  garde  les  mefmes  vfages  Se  ob- 
ieruarions  en  voftre  Me/Te ,  que  iadis  on  obfcruoit  entre  les  anciensrOr  il  n'y  a  rien  plus 
contraire  en  diuerfitéd'obferuation.  Ha.  Niez-vous  que  la  Meffefoit  Sacrement,  veu  La  Meffe 
«jue  mefme  c'eftvnfacrifice?  Ph.  Appelez-la  de  tel  nom  que  vous  voudrez,  toute  fois  d«**p«fas 
vous  ne  pourrez  obtenir  que  cefoit  vn  facriflce ,  comme  vous  imaginez,  que  première- 
ment ne monftriez qu'elle eftSacrement.Car le facrifîceprouient du  Sacrement.  Ha. 
Ne  font-ce  pas  cy  lesparolles  de  Iefus  Chrift,  Cecy  eft  mon  corps  ?  Dauantage ,  le  Pie- 
ftre  ne  pçononce-il  pas  les  mefmes  parolles  que  Iefus  Chrift  a  prononcées?  Ph.  Cen- 
cft  pas  aiïèz  qu'on  prononce  les  mefmes  parolles ,  finon  qu'on  les  accommode  au  mef- 
me  vfage  auquel  Iefus  Chrift  tegardoit.Cecy  eft  par  forme  d'exemple.  Vous  aurez  beau 
prononcer  les  parolles  du  Sacrement  du  Baptefme  fur  l'eau,  neantmoins  tout  cela  ne 
îait  point  qu'il  y  ait  Baptefme,  finon  qu'aucun  fe  prefente  auquel  l'vfage  du  Baptefme 
foit  accommodé.  Ha.  Ce  n'eft  point  raifonfemblable:  car  quand  il  dit,  Cecy  eft  mon 
corps:  c'eft  pour monftrervnfaift prêtent, &: par  cela  eft  expliqué  ce  que  Dieu  y  fait 
enuerslafubftancedupain&duvin.  Philp.  Mais  monneur,  cela  n'eft  pas  feulement 
vnedemonftration,ains  il  y  a  auflj  commandement  exprez.  Carceluy  quiadit  ,Cecy  Lcsparo'î^ 
eft  mon  corps,  iuy-mefme  aufli  a  dit,  Prenc2,mangez.  Et  pourtant  fi  la  première  partie  f  j^*" 
delà  Cene  du  Seigneur  ne  refpond  à  I'inftitution  de  Chrift,  il  eft  bien  certain  que  cefte  coniomm 
dernière ,  Cecy  eft  mon  corps,  ne  peut  eftre  accommodée  àcela:aurrement  vous  prem. 
drezlachofeau  rebours.  Vn  certain  Preftre  parla  fur  ce,  &  dit,  Vous  voulez  donc  par 
ce  moyen  que  le  Sacrement  dépende  de  la  réception,  &  qu'il  foit  eftably  par  icelle.  P  h  . 
Iene  dy  pas  quele  Sacrement  foiteonftitué  feulement  par  la  reception,hiais  il  faut  ne- 
ceflairement  qu'icelle  foit  appliquée ,  comme  vnc  partie  principale  de  ceft  acte-cy,fans 
laquelle  il  n'y  peut  auoir  Sacrcmen  t,laquelle  vous  omettez  en  voftre  Mcffe ,  outrepaf- 
fansfinftitution  du  Seigneur.  Parquoy  ce  que  vous  faites  ne  peut  eftre  appelé  Sacre- 
ment, d'autant  queles  principales  parties  défaillent.  C  o .  Nous  ne  mettons  perfonne, 
ams  nous  permettons  à  chacun  departiciper  aux  myfteresaucc  nous,  s'il  le  demande. 
Ph.  Mais  encore  qu'il  le  requière,  fine  fera-il  point  permis.  Etvousadminiftrez  feule- 
ment vne  efpece,  contre  l'inftitution  de  Iefus  Chrift.  Dauantage,  auant  que  chanter 
voftre  Méfie,  il  falloir  admonnefter  les  autres  d'afïifter  là  aucc  vous  en  bon  nombre,tat 
pour  rendre  grâces  pour  la  rédemption  falutaire  du  Fils  de  Dieu ,  que  pour  communi- 
quer aux  myfteres,afîn  qu'ils  foyent  faits  participans  auec  vous  félon  l'exéple  de  Chrift, 
difant,Prenez,mangez.  II  falloir  aufli  l'annonciation  de  la  mort  du  Seigneur,de  laquel- 
le vous  ne  faites  aucune  mention. 

Apre  s  celacePreftrereprintcœur,&commençaàdefduirefaraifon  en  cefte  forte: 
Si  le  Sacrement  de  la  Méfie  n'eft  pas  autrement  Sacrement,  finon  qu'il  foit  diftribué  à 
tous ,  d'autant  que  Chrift  a  dit,Prenez,mangez:on  pourra  dire  par  vn  mefme  argumér, 
que  le  Sacrement  du  Baptefme  ne  fera  point  Sacrement,veu  qu'vn  feul  eft  receu  au  Ba- 
ptefme: combien  que  le  Seigneur  commande  à  fes  difciples  en  cefte  façon:  Allez,  pref-  Mait.ts.ij>* 
chez  fEuangile  à  toute  créature,  baptifan  s  toutes  gens  au  nom  du  Pere,&:  dû  Fils,&  du 
fainct.  Efpnt.  Ph.  Ce  commandement  du  Seigneur  de  baptifer  toutes  gens,  ne  re- 
garde point  au  temps  du  Baptefme,  comme  fi  en  vn  mefme  inftant  il  falloir  que  tous 
receufiènt  le  Baptefrne .  ce  qui  ne  peut  eftre  nullement  fait  :  mais  fe  rapporte  à  tou- 
te forte  d'hommes,  n'excluant  nul  du  bénéfice  de  Chrift^bit  Grec  ou  lu  if.  Et  il  y  a  tant 


LiarL>  V.  Jean  Phiipot. 

d'exemples  de  ceux  qui  ont  cfté  particulièrement  receus  au  Baptefmc:  comme  quand 
noftre  Seigneur  Iefus  a  efté  baptifé  par  Iean  Baptifte,  &:  l'Eunuque  par  Philippe ,  &  au- 
tres infinis.    Or  vous  ne  me  fauriez  mettre  en  auaht  vn  femblable  exemple  touchant 
le  Sacrement  du  corps& du  fang  de  Chrift.  Pluftoft  nous  oyons  tout  le  contraire  en  S. 
Paul,  lequel  admonnefte  qu'il  faut  que  plufieurs  communiquent  à  ce  Sacrement, Tou- 
lCot-îi.    tefoisôc  quantes  que  vous- vous  afîcmblez  pour  manger,  attédczl'vn  l'autre>&c.  Ioinct 
que  félon  les  parolles  de  Chrift,  le  mipiftre  y  appelé  toute  rafTemblce  deecux-'qui  font 
là  prcfcns,diiant,Prenez,&mangez.Etparconfequenttous  ceux  qui  nes'adioignent 
à  la  communion,  violent  le  commandement  du  Seigneur.  Qui  plus  eft,le  miniftre  cé& 
fe  d'eftre  miniftre  :  comme  ainfi  foit  qu'il  n'adminiftre  point  Je  Sacrement  *  toute  îk 
compagnie  des  fidèles  félon  l'exemple  de  Chrift,  H  a  .  Qupy  donc?neconftitucz_vous 
point  de  Sacrcment,(inon  qu'il  y  ait  communion?  P  h  .  La  parolle  exprefle  de  Dieu  me 
mené  là,&:  quant  &c  quant  leconfentement  de  tous  les  anciens  Do&eurs.Chryfoftomc 
efcriuant  fur  l'Epiftre  aux  Ephcfiens,  dit,  qu'en  vain  oblatidn  cft  faite,  quand  on  ne 
communique  point  auec  le  miniftre.  Si  donc  (félon  Chryfoftome)  tout  ce  que  faitlê 
miniftre  ne  fert  de  rien,quand  les  autres  n'y  communiquent  point:commét  fera  Sacre» 
ment  ce  qui  eft  tenu  pourdiucrfesoblationS)  &  où  le  Preftrefcul  ioué'  ibnperfonnagfc? 
Cofîn  fe  retira  auec  le  Preftre  fon  corn  pagnon  :  &  quand  ils  s'en  furent  allez*  fcîàrpshld 
commença  à  parlera  bon  efeient  à  Phiipot  en  parolles  blandifTantes,  comme  s'enfuit! 
Monfîeur,  vous  fauez  que  des  long  temps  nous  fommes  obligez  Fvn  à  l'autre -, ;&  pout 
beaucoup  de  raifons:  premièrement  à  caufe  de  la  familiarité  &  cognoiflàncc  ancienne* 
dauantage,que  nous auons  eftudié  cnfemble  à  Vvinceftrccn  vne  mefmeefcoïe ,  &  de- 
puis nourris  à  Oxoneaux  mefmeseftudcs.  Pour  ces  raifons  ie  defîreroye  voftrc  bienAt 
profit,  entoures  les  fortes  queiele  pourray&deuray  faire,  fie  vous  prie  de  bon  cceut 
que  vous  le  vous  perfuadiez  ainfi.    Ph  i  t .  le  vous  remercie  de  cefte  bonne  affection, 
quemeportez.  Àurefte,  fi  vous  cftes  en  erreur,  comme  faifi  d'aueuglemcnt,ic  vous 
prie ,  ne  m'y  vueillez  induire.  De  faict,  ie  vous  teftific  deuant  Dieu ,  que  vous  autres  er- 
rez grandement,    que  maintenez  vne  faufTe  religion,  voire  mefme  que  vous  nettes 
nullement  tels  qu'on  eftime  ,&  que  vous  penfez  eft  re.  Et  fi  ne  vous  déportez  de  perfc- 
cuter  la  vérité  de  Chrift, vous  ferezliurez  audiablc.  Pour  cette  raifonie  vous  admon- 
nefte de  penfer  diligemment  à  cecy  ,  &c  de  bonne  heure  :  finon,ie  feray  tcfmoin 
contrevousau  dernier  iour,  que  ie  vous  auoycpredit  cecy  encedeuisprefent*  Ha. 
Monfieur  Phiipot ,  ces  parolles  ne  procèdent  finon  d'vne  opinion  outrecuidee  d'vn  ci 
fpritquifcficpartropcnfoy-mcfme.  le  voy  bien  qu  cftes  tel  que  vous  eftiez  iadis  à  O- 
xone.  Et  bien,  ie  ne  vous  tiendray  plus  propos  pour  le  prefent.  le  prie  Dieu  qu'il  vous 
ouure  lesyeux  de  l'entendement.    P  h  .  le  prie  noftre  Seigneur^u'il  vueillc  par  fa  gra«- 
ce  nous  ouurir  les  yeux  à  tous  deux ,  afin  que  nous  foyons  plus  prefts  à  obéir  à  fa  fain&e 
&  bonne  volonté ,  que  nous  n  auons  cfté  par  cy  deuant.  A  la  fin  de  cefte  difpute  Harps* 
fîld  voyant  qifil  ne  pouuoit  foudreles  abfurditez  qui  luyeftoyent  mifes  au  deuant,  fc 
Dieu  nefcic  ietta  fur  la  puifTance  de  Dieu,  en  difant,  Dieu  n'eft-il  pas  tout-puifTanr,  &  félon  fa  vertu 
«aconit  nepeut-ilpasfacilementaccompJircequ'iladit?    Phil.  Mais  la  punTance  infinie  d- 
fc  gloire,   iceluy  n'accomplira  iamais  les  chofes  que  vous  dites,  d'autant  qu'elles  font  contraires  à 
faparolle  &  à  fa  gloire  auflî.  Car  y  a-il  chofcplus  contraire  à  lagtoire  de  Dieu ,  que  dV- 
ftre  enfermé  en  vn  morceau  de  pain ,  &  eftrc  neceffai rement  attaché  en  ie  ne  fay  quels 
liens  que  vous  auez  forgez?  Que  d'vn  morceau  de  pafte  qui  fe  pourrit  facilemenr  &  bie- 
toft,  vous  en  faciez  le  Fils  de  Dieu?  N'eft-il  pas  au/fi  bien  en  fa  puifTance ,  félon  fa  vertu 
infinie, que  fon  corps  foitadminiftréen  la  Ccne  aueclepain  fàcramentaire,&fo/t  re- 
ceu  par  ceux  qui  mangenr ,  que  de  faire  tant  de  changemens  fie  conuerfions  de  pains  en 
la  fubftance  du  corps ,  comme  vous  faites  :  du  tout  contre  l'Efcriturs ,  laquelle  par  tout 
l'appelé  Pain ,  voire  apresla  confecration  ?  Creft  grand'  honte  de  violer  en  cefte  façon, 
corrompre  &  rongner  la  fainfte  Ccne  du  Seigneur,  &r  lïnftitution  &  ordônance  facrec 
d*icelle,partântdedefguifemensquevousauez forgez,  oftansdu  Sacrement  les  par-, 
ties  principales  d'iceluy.  Au  lieu  que  le  Seigneur  dit,  Prenez, mangez,  bcuuez-en  tous, 
faites  cecy  en  mémoire  de  môy:vous  auez  mij  cecy,Oycz,regardez,frappez  vés  poidlri- 
nés,  n'en  beuûez-pas  rous:adorez,  offrez,  facrifiez  pour  les  vifs  te  pour  les  morts .  it'efe» 
ce  pas  vn  horrible  blafpheme contre  Dieu  fie  contre  les  Sacremens ,  adioufter  &  Hirrm 
nueren  cefte  façon  fans authtarité  quelconque, ains  feulement  félon  voftre  fantàfie? 

H/. le 


Jesr  Phtptf.  +q$ 

Ha.  Ic  voy  bien  que  vous  aucx  recueilly  çà&  là  des  Doreurs  ce  qui  fait  pour  vous.  le 
ne  veux  plus  tenir  propos  auec  vous.  Ec  pourtan  t ,  Geôlier,  f  aites  ce  que  îe  vous  ay  n'a* 
gueres  dit. 

L  £  dernier  corîsbat  heureufemenî  (buftenu  &  furmonté  parlean  Philpot. 

BflSji V  S  Q^V  E  S  içy  ont  efté  récitées  les  difpu  tes  fur  plufieurs  poincls  de  la  Religion, 
les  ïurs  &  longs  atfaats  que-ce  fidèle  Champion  de  Dieu  à  fouftenus contre  les 
plus  graps  du  royaume  d'Angleterre.    On  peut  de  là  manifeftement  cognoiftre  quel 
fondement  ont  les  aduerfàirés  Romaniftes  '  &  fur  quoycft  appuyée  leur  religion  ba- 
ftarde ,  aiTauoir  fur  chofes  du  tout  Vaincs ,  inuentees  aux  cerueau*  des  nommes aux- 
quels ne  de  fatflent  menaces  &  outrages .    Ily  aquelque  autre  examen  quifut  tenu 
contreluy  le  dernier  de Nouembre,  auquel  prefidoyent  i'eucfquedé  Dunelme,  nom- 
mé Cuthbert  Ton.ftaï  vieil  ennemy  >  reuefque  de  Chiceftre ,  de  Bade,  &C  de  Londres,  le 
fieur  Chriftoforfon  >  le  docteur  Chedfé ,  le  fleur  Morgan  d'Oxone ,  le  fieur  Hafie  le- 
gifte ,  le  do&èur  Vvçfton ,  larchediacre  Harpsfitd ,  le  do&eur  Colin ,  U  Ionfon  greffier 
de  Londres:  mais  en  effedjetbutne  contient  que  redites  &  chofes  traitées  aupara- 
uanc:finon  au  on  mit  au  deûant  à  Phiîpot  d'auoir  feduitpar  lettres  vn  gentil-horn~ 
me  nomme  Griné ,  aufli  prifonnier  pour  vnc  mefme  caufe  de  l'Euangile.  Il  y  en  eut  vn 
autre,  fait  le  quatrième  de  Décembre ,  duquel  lés  iuges  furent  les  Euefques  de  Lon- 
dres, de  Vvigornc ,  de  Bangorc ,  &  quelques  autres,  qui  par  grans  allcchemens  &  pro- 
mefïe  de  pardon  de  la  Roine  tafeherent  de  deftourner  Philpot.  Et  pourlc  dernier,  il  c-paraif 
fut  fpecialement  alfaiily  fur  la  qùeftion  qu'il  auoit  ttaitcé  anparauant ,  âfïàuoir  fi  de  T-  «te delr  ° 
Bgiile dépend l'authoricé delaparollede Dieu. Illeurmonftra viuemcnten ce  dernier f«mm«q«c 
afTaut,qu'il leur  cftoit  aduenu  vh  cas  dé  difficulté femblable  à  edie  qui  aduint  dutemps  sai^ST 
du  roy  Salomon  en  deux  femmes ,  defquclles  l'vné  voyant  fon  fils  eftourTé  fe  voulut 
feuiTement  vfurper  le  fils  de  l'autre.  ^"Et  quand  ces  Euefques  defTus  nommcz,pour  ob- 
tenir caufe  gaignee ,  luy  eurent  amené  de  S.  Auguftin ,  qu'il  y  auoit  quatre  principales 
marques  pour  bien  difeerner  l'Eglife ,  afTauoir,  le  Confentement  de  plufieurs  nations: 
la  foy  des  Sacremens  anciennement  receus  des  Pères  :  fe  (ucçe/Gon  des  Euefques  :  &  f- 
Vhiuer  fàlité  :  il  leur  monftra ,  qu'ils  n'euiTent  feu  amener  tefmoignagcplus  certain  ne 
plus  clair  pour  approuucr  la  yraye  Eglife  de  laquelle  il  fe  difoit  membre.  Car,  dit-il%  S. 
Auguftin  ne  conftitue  pas  vnc  feule  marque  de  la  fucceûîon  des  Euefques  de  laquelle 
vous  faites  voftre  fpeciale  parade:  mais  il  met  fit  fait  précéder  l'vfâgedés  Sacremës  félon 
la  pure  couftume  &  forme  de  là  primitiue  Eglife.  &  puisadiouftela  Doctrine  vniucrfel- 
le  déduite  depuis  le  temps  des  Apoftres  iufqu$fon  temps,defquellcs  conditions  voftre 
eglifeeft  par  trop  eflongnee.  Lcsaduerfairesdoncncpouuans  plus  porter  Philpot,  ne 
la  liberté  de  parler  qu'il  renoit  en  fes  refponfcs  partant  de  fois  recolees,&efquelle$ 
il  periiftoit  en  fainctehardieffe&côftanccxonclurent  finalement  auec  Bonereuefque 
de  Londres  (  duquel  le  naturel eft  cy  deuantpourtrait  au  vif  )  &  tous  enfemble  fouk 
crirent  à  U  condamnation  d'iceluy .    Or  le  principal  des  difputescy  deuantditçs  a 
tftérecueilly  des  propres  eferits  qu'il  a  laifTez  par  mémoire,  cependant  qu'il  cftoit  de- 
tenu.  Et  combien  que  toutes  chofes  n'ayent  efté  dites  en  tel  ordre  ou  en  telle  forme  de 
parolles  lors  qu'il  cftoit  enuironné  cômcd'vne  grolTe  bande  d'ennemis ,  abbayans  tant 
de  fois  de  toutes  parts  contre  luy  :  neantmoins  les  mefmes  en  fubftancc  ont  efté  tenues 
en  la  procédure ,  dont  on  pourra  recueillir  de  bonnes  doctrinés,  Se  cognoiftre  l'efprit 'Se 
le  naturelle  plufieurs,  &  fpecialement  de  Philpot  qui  eftoit  fauant  &  exercé  aux  let- 
tres. Iean  Balee ,  au  liure  qu'il  a  fait  Des  hommes  illuftres  d'Angleterre  &:  EfcofTe ,  rend 
tefmoignagc  de  plufieurs  liure  s  eferits  parluy,quidemonftrent  aflczles  grâces  excel- 
lentes &c  admirables  dont  il  eftoit  doué  :  pour  Jefquellcsvne  grande  partie  delà  no- 
bleffe  d'Angleterre  tafehade  luy  fauuer  la  vie,  voire  &  le  colloquer  aux  honneurs,  s'il  ^ 
euft  voulu  quelque  peu  diffirouîcr.  Qui  fut  caufe  de  fa  longue  détention  ésprifons,&: 
que  fes  interrogatoires  luy  furent  fouuent  réitérées.  Le  Seigneurie  fortifia  fi  bien  qu'- 
il n'y  eut  ne  promeffe  ,  ne  tourment ,  ne  menace  de  mort  cruelle  qui  l'ait  peu  dû 
uertir  de  fon  but,  qui  eftoit  defeeller  ôcconfermerparfonfang  la  doctrine  qu'il  auoit 
auparauant  maintenue.    Il  fut  donc  finalement  bruflé  vif  à  Londres,  en  l'an  m. 
l  y  x.  qui  luy  eftoitl'annee  x  i  mu  de  fon  aage. 

Zz.ii. 


m 

I  E  \  N    RABEC,  foNormtnàk. 

DIE  Va  voulu  que  ce  Martyr  ait  rendu  ample  confefGon  de  fa  foy  deuant  le  prince  de  la  Rocne-Surion,  Se  au- 
tres au  pays  d' Aniou:  pour  les  rendre  inexcufables  quand  ils  voudront  faire  bouclier  de  leur  ^norance. 

^*  D*LVI'  S?8Pi?S§fï £  A  ^  Rabcc  natif  de  Cerify-monpinfon  en  Normandie,au  dioccfe  de  Cô- 
,ftace  fut  iadis  de  l'ordre  des  frères  mineurs  en  la  ville  de  Viretmais  par  qud- 
Iquegouft  de  la  vérité,  ayant  cogneu  que  le  train  abominable  de  telle  i'ede 
_Jçft  directement  contre  la  volonté  de  Dieu,  fe  retira  es  lieux  où  i'Euâgile  eft 
purement  annoncé  (ans  meflinge  d'aucunes  inuentions  Papales.  Il  vint  demeurer  à 
Laufanne  pour  le. grand  defir  qu'il  auoit  de  profiter  és  fainctes  lettres  en  celle  efcole:  en 
laquelle  les  Seigneurs  de  Berne  luy  donnerér  penfion  annuelle  pour  Vaquera  reftude, 
&  pour  en  faire  profit  à  laduenir.  Et  de  faict  il  s'y  employa  fl  bien  que  Certain  temps  a- 
près  il  fe  mit  en  chemin  pour  vifiter  la  France,  &  communiquer  Vn  thrèfor  incftimable 
delà  grâce  du  Seigneur,pour retirer,*!  poffiblc  eftoit,  du  gouffre  d  enfer  ceux  qui  petit 
foyenr.  Mais  comme  Satan  ne  dort  jamais ,  &  a  les  ficus  qui  fouftiennët  fbh  faiâ:  par  fort 
lieutenant  Antechrift»  ce  bon  perfonnage  ne  fut  pas  lôg  temps  fans  eftrç*ticfcouucrt; 
Et  meû^«  après  wo^cft^  au  pays  de  fa  naifTancc ,  y  ayant  fait  plufieurs  exhortations 
de  grand  fruift,  retourna  en  la  v#e  cl'Angiers:  &  en  certaine  compagnie  tenant  propos 
delaparollede  Dieu,onluyinitenauant  plufieurs  queftions.  Etencrc  autres,  Affauoir 
û  fâinft  Victtc  n'auoit  pas  chanté  tyfciTe.  .ÀquQyilntfi  bonnerèfponfe  quauant  partir 
dudic  lieu,  rendit  confus  la  pluipart  de  fes  ennemis.  Parle  confeil  de  fes  amis  il  partie  de 
ladite  ville  d' Angiers  pour  faire  vn  voyage  en  fon  pays ,  prenant  fon  chemin  par  Cha- 
ftcau-gautier  diliaWe  nuit  lieues  de  ladite  ville.  Auquel  lieu  deux  ou  trois  iou  rs  aprc$i 
ailàuoir  le  premier  d'Aouft,  m.  d.  i,  v  .ainfî  qu'il  lifoit  le  liure  des  Martyrs  en  prefence 
de  quelques  perfonnes  du  logis,  fut  arrefté  prifonmer  parles  officiers  de  ladite  ville ,  ©• 
ûans  à  ce  (aire  incitez  pat  vniergent  voifin  de  ladite  maifon,  qui  1  efeoutoit. 

Premièrement  ks  officiers  dudit  heu  Finterroguans ,  il  ne  leur  rcfpondit  rien, 
combien  que  de  ce  faire  ils  fini  portunaffenfcd  autant  qu'il  ne  les  eftimoit  fes  iuges.  Au 
moyen  dequoy  le  ^iagiftrat  dudit  Angiers,fuperieur  dudit  lieu  eft  ant  aduerti,  s'y  trans- 
portèrent le  Lieutenant  criminel,  l' Adùocat  du  Roy,  le  Promoteur  de  l'Euefque,&  au- 
tres dudit  Angiers,  lefquck  arfiuez,  interroguerent  ledit  Rabec,&  le  trouuasperfeue- 
tant  en  fes  refpcnfes,  ils  1  amencrét  audit  Angîers>  où  il  fut  mis  prifonnier  au  chafteau: 
mais  d'autant  que  fes  refponfes  portoyent  qu'il  auoit  éfte  de  cefte  fc&e  des  Cordeliers, 
fut  tranfponé  es  priions  de  montieur  l'Euefque,  pour  luy  faire  fon  procez,où  il  demeu- 
ra longuement  :  efquels  lieux  fut  par  plufieurs  perfonnes ,  &  à  diuerfes  fois  mterrogué 
•de  fa  foy:  comme  il  appert  par  fes  contenions  qu'il  a  depuis  cfcritcs  &  fignees  de  fa  pro- 
pre main,  &  les  auons  icy  inférées. 

fcefponfes  fomraaires  de  Iean  Rabcc ,  aux  interrogations  qui  ont  cité  faites  fous  ombre  de  l'enquérir  de  fa  foy, 
tant  par  les  ïttgea  &  officiers  de  Chafteau-gautier  &  d'Angieri,<jue  par  les  preftres,  doâeurs,  6c  tous  autres 
qui  fe  font  pmentéz  pour  le  fonder  ou  confuter  en  ladite  ville  d' Angiers,  Et  premièrement, 

En  ojrx  s.  Ne  croyez-vous  point  qu'il  taille  prier  les  Saincts,  afin  qu'ils  intercèdent 
pour  nous?  le Rabee,  fâchant  qu'ils  entendoyent  parler  des  Saincts  trefpaiTez,  ro- 
fpondy  que  non:  d'autant  qu'ils  n'ont  plus  aucune  communication  auecnous,&;  n  oyét 
nos  prieres,ne  voyent  ce  que  nous  faïlons  :  bref,  que  ne  cognoiâbye  autre  Moyenneur, 
Int^rcefTetir,  n'Aduocar,  que  Iefus  Chnft,  d'autant  que  luy  feul  nous  eft  propofe'  tel  en 
la  famete  Efcriture.  Quant  aux  Saincts  qui  font  furuiuans,  ie  croy  qu'ils  prien  t  les  vus 
1*3***  Pour  *cs  autrestfié  font  tenus  de  ce  faire ,  d'autant  que  l'Efcricurc  le  commande ,  &  que 
nous  en  auons  plufieurs  exemples  en  iceilp.  Réplique,  Les  Saincts  voyent  nos  oraifons 
enj 'effence  Diuine ,  ôc  au  Verbe.  R.  Cela  cil  vn  dire  Scolaftique,qui  n'eft  receuable:d  - 
autant  qu'il  ne  fe  peut  prouuer  par  l'E  feriture.  On  m'vfa  de  ccft  argument,  Puis  que  le» 
Saincts  cependant  qu'ils  efioyent  en  cefte  vie  prioyent  pour  les  autres  :  par  plus  forte 
raifon  depuis  qu'ils  en  font  de  hors  6c  en  gloire  :  d'autant  qu'ils  fonteonfermez  en  plus 
grande chïtritéo  R.  Combien  que  l'antécédent  foitvfay,àflàuoir  qu'ils  prient  les  vns 
pour  les  autres  cependant  qu'ils  viuent ,  toutefois  le  confêquent  eft  faux ,  d'autant  qu  - 
line  fepeutprouuer  ne  confirmer  par  icelie.  D.  Que  fentez-vous  de  la  vierge  Marie? 

Ne 


Jean'Rabec.  409 

N«  croyez-vous  pas,  qu'il  la  faut  prier  pour  intercéder  pour  no9?  R.  le  croy  que  la  Vier- 
ge cft  bien-heureufc,  &  femme  bénite  entre  toures  les  aurrcs:&  que  de  fa  fubftanccpar 
l'opération  du  S.  Efprit ,  elle  a  conceu&  enfanté  Iefus  Chrift,,  demeurant  entièrement 
vierge.  Mais  quât  à  l'inuoquer  pour  intercéder  pour  nous,cc  feroit  la  deshonnorer  grâ- 
dement,  d'autant  qu'elle  ne  voudroit  iamais  rauir  l'honneur  appartenant  à  fon  Fils,  cô- 
me  on  le  voit  au  faift  contenu  au  fécond  chap.de  fain&Iean.    Intcrrogué  derechef,s*il 
nela  faut  donc  prier  pour  intercéder  pour  nous.  R.  Iefus  Chrifta  acheté  aflez  chère- 
ment ceft  office ,  U  partant  à  luy  doit  demeurer,  fans  Je  transférer  à  la  Vicrge,n'aux  au- 
tres Sain&s.    Intcrrogué  par  monsieur  de  Pont-pierre  en  Ja  prclence  du  Prince  de  la 
RQche-Surion,  Ne  croyez-vous  pas  qu'elle  ait  cfteconceuë  fans  péché  originel?  R.  Elle  j^™1^ 
a^cftéconceuèen  péché  originel  comme  les  autres,  ce  qu'on  prouue  par  plutieurs  pal-  Ceue  en  pé- 
ages de  l'Epiftre  aux  Romains ,  3  .&c  5.  chap.  On  m'amena  le  4.  chap.  des  Cantiques  de  &  ongiad 
Salomon.  le  refpondy  que  Salomon  n'entendit  iamais  parler  en  ce  liure^  de  Ja  Vierge: 
mais  qu'il  s  expoie  communément  de  Iefus  Chrift&defonEglifc.  Réplique,  Son  Fils 
la  pouuoitpreferuer  de  péché  originel:  ce  qu'il  a  fait:  autrement  il  fauroit  deshonno- 
rce.  R.  Il  pourrpit  bien  auiTi  mettre  Iudas  en  Paradis .  ce  qu'il  ne  fait  pas.  le  dy  dauan- 
tage  à  celuy  qui  debatoit  cotre  moy,  pourtant  qu'il  cuidoit  tout  obtenir  à  force  de  nier, 
Vous  auez  pour  fondemét  de  voftre  dire ,  vne  raifon  fondée  au  cerueau  humain^  moy 
iay  la  parolle  de  Dieu:  aduifez  lequel  eft  le  plus  fage ,  Dieu  ou  vous.&  plus  certain ,  fou 
iugement  ou  le  voftre.  Et  ce  fut  dit  aucc  quelque  vehemence:tellemcnt  qu'il  demeura 
comme  eftonné  &c  confus.    I'ay  aufli  dir,  que  cefte  eft  la  caufe  pourquoy  Iefus  Chrift  a 
efté  conceu  par  l'opération  du  S.  Efprit ,  fans  femence  d'homme ,  aflauoir  afin  qu'il  fuit 
fans  péché,  mais  fi  la  Viergeauoit  efté  conceué"  fans  pechc,de  là  s'enfuyuroit  que  Chrift 
feroit  venu  en  vain,  en  fon  endroit,  d'autant  qu'elle  auroit  efté  idoine  pour  faire  choie 
agréable  à  Dieu,&  n'auroit  eu  befoin  d  autre  fatisfaction  pour  elle.Donc  derechef  s'en- 
fuyuroit que  Iefus  Chrift  ne  feroit  point  vniuerfellement  Rédempteur ,  quat  au  regard 
mcfmedcscfleus.  Ccquicftmanifeftcment  contre l'Efcriturc,  comme  pouuons  voir 
par  toute  l'Epiftre  aux  Romains.  I'ay  dit  aulfi,oueie  feroyc  plus  d'eftime  du  propos  d'va 
enfant  ayant  la  parolie  de  Dieu ,  que  du  refte  de  tout  le  mode  ne  l'ayant  pas.Et  ce  pour- 
unt  qu'à  tout  propos  on  m'alleguoit  la  multitude, &  les  Pcrcs:  à  quoy  ie  dy  que  Jes  Pè- 
res font  à  imiter  en  ce  qu'ils  ont  fuy ui  le  confeil  de  Dieu ,  Ôc  non  autrement:  corne  pou- 
uons entendre  par  ce  paflàge  d'Ezechiel ,  Ne  cheminez  point  aux  coramandemens  de  Ezcc- 
vos  pères,  &  ne  gardez  point  leurs  iugemens,  &  ne  foyez  polluez  en  leurs  idoles.Ie  fuis 
le  Seigneur  voftre  Dieu,  cheminez  en  mes  commandemens,gardez  mes  iugemens ,  &C 
les  faites.    Par  occafion  l'adiouftay  qu'on  abufoit  grandement  U  de  long  temps  en  la 
commune  manière  de  parler  de  ce  terme,  Saind,  en  l'appropriant  aux  Saincts  trefpaf-  Lemotde 
fez ,  comme  ainii  foit  que  l'Efcriturc  le  prenne  communément  pour  tous  fîdcles,côme  iiia&° 
pouuons  voir  partoutel'Efcriture,& principalerocntaux  Epiftrcsdefain&Paul,&aux 
A&cs  9.  chap.  Ce  propos  fembla  eft  range ,  a  raifon  dequoy  me  fut  dit  que  nous  ne  pou* 
uons  eftre  dits  Saincts  ne  fan&ifiez  durant  cefte  vie.  R.  Que  fi:comme  il  appert  au  com 
mencement  de  la  première  Epiftre  aux  Corinthiens,où  il  eft  dit  yPaul  appelé  ^ipofire  de  Ie- 
fus Chriftyparla  volonté  de  Dieu,  &Softhenes fiere,  à  t  egltfè  de  Dieu  (jut  eft  en  Corinthejtuxjân&îfiex, 
par  Iefus  chrift ,  appelexiSamtfs ,  auec  tous  ceux  qui  inuotjuent  le  nom  de  nosjre  Seigneur  Iefus  C/w#, 
&c.  Réplique,  Ce  feroit  prefomptipn  de  penfer  eftre  iuftes  cependant  que  nous  fem- 
mes en  cefte  vie,  &  nuls  de  nous  ne  peuuent  eftre  dits  tels ,  tandis  qu'ils  y  font.  R.  Que 
iî  :  comme  il  apparoit  de  Zacharie&:  Elizabeth,  defquels  il  eft  dit  en  S.Luc,  Et  cftoyent  h 
les  deux  iuftes  deuant  Dieu,  cheminans  irreprehenfiblement  en  tous  les  commande- 
mens&  iuftifications  du  Seigneur.  le  leur  dy  dauantage,que  les  fidèles  font  iuftes  &  pé- 
cheurs. Iuftes  en  Iefus  Chrift,entant  que  la  iuftice  d'iceluy  leur  eft  accom  modee,&  que 
leurs  fautes  pour  l'amour  de  luy  ne  îeurfont  imputées,  comme  ditfain£t  Paul, Il  n'y  a  Roœ4  8* 
nulle  condamnation  à  ceux  qui  font  en  Iefus  Chrift,  qui  ne  cheminent  point  félon  Ja 
chair,  mais  félon  l'efpric.  Pécheurs  en  eux-mcfmes  :  comme  dit  faine*  Iean ,  Si  nous  di-  *^**a  h 
fons  que  nous  n'auons  point  de  péché,  nous -nous  deccuons  nous- mefmes  >&:  ve- 
ritén'eft  point  en  nous.  Ce  que  monftre  bien  faine*  Paul  par  toute  l'Epiftre  aux  Ro„ 
/mains.    Réplique,  Il  ne  nous  appartient  point  de  nous  mettre  d u. rang  de  fainct  Paul 
&des  autres  Saincts.    R.    Nous  deuons  &  (orames  tenus  d'eftre  de  telle  dofttinc, 
foy  8c  confcflipn  qu'eux, &  de  mefmeaiTcurance  de  noftre  falut. 

Zziii. 


Lit*r<u  V.  Jean  Raba. 

D.  Ne  croyez- vous  pasqirilyait  vn  Purgatoire,où  vont  lésâmes  des  trefpa/Ic2:mefme- 
ment  de  ceux  qui  meurent  en  grâce?  R.  le  ne  croy  autre  Purgatoire  que  le  fang  de  Ietus 
Chrift.  On  m'a  fort  inculqué  U  mis  en  auant  ce  pafTage,  Il  fera  fàuué commepar te  feu. 
A  quoy  ie  refpôdy,quc  Feu  en  ccft  endroit  eft  pris  pour  examen.  Item  que  S.  Paul  ne  fait 
point  là  mention  de  Purgatoire,  pour  lequel  ce  terme F«<,fetrouuaft  prins  en  lEfcritu- 
re,felonleurinrelligence:cequ'il  faudroir  monftrer,  premier  que  leur  expofîtion  fuft 
receuable.  Vn  gras  Cordelier,gardien  du  conuent  de  cette  ville,en  raflemblec  des  pre- 
ftres&dodeurs  m  'allégua  auec  grand  audace, & comme  penfant  bien  bcfongner,ce 

iMiccLn.  palfege,  Safla  & fàlubm  eflcognatio  orarepro  dcfun£Hs>vtàpeaatu foluatur.  Auquel  ie  refpondy 
autant  hardimen  t,difant,  le  m 'esbahy  corn  me  vous  prenez  confirmation  de  voftre  dire 
en  vn  liure  Apocryphe.  Il  me  répliqua  difant,Il  eft  approuué  de  l'Eglife.  R.  Voire  bien 
quant  à  ce  qu'il  conuient  auec  les  liures  Canoniques:mais  non  pas  quât  aux  autres  cho- 
fes  qui  dilcordent ,  comme  eft  ce  pafTage.  Dauantage,que  la  fin  de  ce  liure  monftre  bic 
que  le  S.Efprit  n'en  eft  pas  l'autheur.  car  iceluy  Efprit  ne  parle  point  lâgagc  defedueux, 
ains  eftablit  &  met  en  auant  dodrine  certaine  &  véritable ,  qui  ne  fe  peut  retrader ,  ôc 
dont  il  ne  fort  abfurdité  aucune.  Interrogue'  que  ie  fentoye  de  l'Eglife,  m'inculquoyét 
fortleglife  Romaine,  me cuidans  faire  accroire  qu'elle  fuft  l'Eglife  catholique.  R.  le 
croyqu'ilyavneEglifevniuerfclle,quieft  lacôgregationdetousles  fidèles  efpars  par 
tout  le  monde,cn  quelque  lieu  ou  place  qu'ils  fbyentconioints  &vnis:non  point  par 
liens  corporels,  mais  parfoy& efprit  laquelle  eft  conduite  &  fe  gouuerne  par  le  S. 
fprit&  la  feule parollc  du  Seigneur.  Quant  à l'eglifeRomaine,ie croy  que  c'eft  vne  egli- 
fe  comme  vne  autre  d'icy.  D.  Ne  croyez-vous  pas  que  le  Pape  en  fbit  le  chef?  R.  le  ne 
croy  autre  chefd 'icellc  quelefus  Chrift:d  autant  que  l'Efcrituren'en  propofe  point  d'_ 

Du  Pape.  autrc<  d  Qucfentez-vous  donc  du  Pape?  Ne  croyez-vous  point  qu'il  foitle  chef  de  l'- 
Eglife? R.  Non  :  mais  ie  croy  qu'il  eft  vn  Antechrift.  le  cuidaydifïimuler  de  l'appeler 
de  ce  nom.-mais  ie  me  fènty  lors  tellement  pouffé ,  que  fi  ie  n'euffe  vfe  de  ce  terme,  îene 
fuffe  demeuré  en  repos  de  ma  confcicnce  .car  il  n'y  a  au  monde  perfonnage  qui  puifle 
mieux  eftre  déclaré  telparTEfcriturequeluy.  Ils  m'ont  auffi  cuidé  faire  accroire  qu'il 
eftoit  fuccefTcur  de  S.  Pierre:  mais  ie  n  ay  pas  beaucoup  trauaillé  à  maintenir  le  contrai- 
re: tellement  qu'ils  n'ont  rien  attaint  fur  moy  ;&  leurs  allégations  ne  valent  qu'on  en 
facelerecit..  Interrogue  par  monfieur  du  Bois,  Ne  croyez- vous  pasqu'ily  a  vneconfef- 
fion  auriculaire,  félon  laquelle  il  faut  confefTer  aux  preftres  les  péchez  pour  en  auoir  F- 
abfohition?  R.  le  ne  croy  point  la  confeflîon  auriculaire,  d'autant  que  l'Efcriture  n'en 
fait  aucune  mention,  &:  que  c'eft  chofe  impofTible  de  nombrer  fes  péchez:  voire  mefme 

pfcou.y.  aux  plus  iuftes  de  tout  le  monde,  comme  il  appert  par  les  parolles  de  Dauid,Qui  eft  ce- 
luy  qui  entend  fes  fautes  ?  &c.  Mais  ie  fay  bien  qu'il  y  a  vne  autre  confeflîon ,  de  laquel- 
le parle  S.  Iean,  félon  laquelle  il  nous  faut  confefTer  à  Dieu  (  auquel  feul  appartient  de 
remettre  les  péchez  journellement  &à  toute  heure,  d'autant  que  nous  offenfons  à 

Pfeau.yi.  toute  heure,& ne  fommesiamais  fans  péché,  corn  me  dit  Dauid,  Mon  péché  eft  touf- 
iours  contre  moy.  Ils  m'ont  amené  ce  paffage ,  Ceux  defquels  vous  remettrez  les  pé- 
chez ,  ils  leur  feront  remis:  &  ceux  defquels  vous  les  retiendrez ,  ils  leur  feront  retenus. 
Tay  rcfpondu,qu'il  eft  parlé  là  de  la  remiflîon  qui  fe  fait  par  le  miniftere  &  predicatiô  de 
la  parolle  de  Dieu ,  non  pas  par  la  confeflîon  auriculaire  faite  aux  preftres  Papiftiques: 
ce  qui  apparoift  aflez  parce  que  lefus  Chrift  dir  ces  parolles  à  fes  A  poftres  après  qu'il  fut 
reflufeité ,  lors  qu'il  leur  bailla  commandement  d'aller  prefeher  lEuangile.  Et  parce  il 
leur  vouloir  dite,  que  ceux  qui  croiroyent  à  l'Euangile  prefehé  par  cux,ils  les  pourroyet 
aflèurer  de  la  remiffion  de  leurs  péchez.  Au  contraire,à  ceux  qui  ne  croiroyent  poïnt,ils 
pourroyent  leur  déclarer  que  leurs  péchez  leur  feroyent  retenus.  Réplique  parle  Do- 
cteur de  monfieur  d'Angiers,  en  Ta/Tembleedes  dodeurs,  preftres  &  moines ,  en  ferme 
d'vn  argument  fcolaftique  :  aftauoir ,  Qu'à  ceux  qui  remettent  les  péchez , il  eft  befein 
qu'ils  les  cognohTent:cc  que  faire  ne  fe  peutfans  qu'ils  leur  foyent  confefTez.  Parquoy'la 
confeffion  auriculaire  eft  nece/Taire.  leluyniay  fon  argument,  difant  qu'il  n'eftoit  là 
fait  mention  d'aucune  confeffion ,  &:  pourtant  la  cofeffion  auriculaire  ne  s'en  pouuoit 
tircr,ne  s'y  fonder: yeu  que  les  Apoftres  n'en  ont  nullement  vfé ,  &  n'en  eft  faite  aucune 
expre/Te  metion  en  toute  l'Efcriture.Sur  quoy  il  ne  me  répliqua  rie.  le  dy  dauâtage,  que 
iq  vouloye  mettre  diffcrccc  entre  les  Apoftres  &  vrais  miniftres  de  la  parolle  deDicu,fic 
leurs  preftres  Papiftiques ,  &  q  les  parolles  de  Ipfus  Chrift  ^premét  s'adreflbyet  aux  Â  - 

poftres 


JeanRatcc  ,  4-tà 

poftres  SZ  autres  vrais  mùuftres  qui  prcfcheroycnt  fa  parolîe  fuyuant  Ton  Vouloir  &:  cÔ- 
mandement.  Se  non  pas  aux  preftres  Papiftiques,qui  n'en  font  rié;ce  qu'on  peut  faciJe- 
njét  môftrer  par  l'Efcriture,  Se  pa,r  lcxperiéce  qui  en  cft.  A  raifon  dequoy  ne  font  à  met- 
tre au  rég  d'iceux  A poft rcs  &c  vrais  minières,  côme  ainfi  Toit  qu'en  rien  ils  ne  les  imiter. 
Aucuns  amenèrent  ce  pafTage  de  S.  laques,  CôfeiTezrvn  à  l'autre  vos  péchez.  A  quoy  ^ 
fay  refpondu  qu'il  parle  là  delà  reconciliation'que  deuons  les  vns  aux  autres, quand  a~ 
uons  offcnfel'vnrautre:en  quoy  les  preftres  &iês  femmes  font  égaux,  &  dé  mefme  de- 
uoir&  puùTançe.  D.  Ne  croyez_vous  pas  que  la  Méfie  foit  neceflàire,bonne  &  falutaù  ^  MdTc. 
re?  çt.  le  croy  que  la  MelTe  eft  vne  chofe  inuentee  des  hommcs:&  cft  mefchante,&  v~ 
ne  idolâtrie  manifefte,d  autant  qu'en  icelle  on  y  adore  vn  morceau  de  pain  au  lieu  de 
Iefus  Chrift:&  blafphematoirc,d'autât  qu'on  luy  attribue  remilîîô  des  péchez  pour  les 
vifs  Se  pour  les  mortsrce  qui  derogue  manifeftemét  au  fang  deIefusChrift:auql  leul  ce- 
la appartiët,&:  duql  le  fcul  fang  eft  le  prix  entier,total  Se  plus  q  fuffifant  dcnoftrc  redé- 
ption:&:  cil  vn  autre  crucifiement  d'iceluy  Iefus  Chrift ,  d'autant  qu'on  la  tient  pour  fâ- 
crifice,côbien  que  Iefus  Chrift  ait  mis  fin  à  tous  les  facri6ces  de  la  Loy  par  fa  mort  :  Se  a 
efte  le  dernier  des  facrifices,fin&  confommation  de  tous  iceux,du  rât  perpetuelleméc; 
par  lequel  il  a  pleinement  fatuTait  pour  nous  à  Dieu  fon  Père.  Interrogué  par  le  fieur 
de  Pierreportjhommedegrandfauoircnrcputation^ais  ignorant  du  tout  delaverL 
té\enprefenccdu  prince  delaRoche-Surion,  &  grand  nombre  de  preftrcs  Se  gentil- 
hommes  au  chaftçau,Ne  croyez- vous  pas ,  dit-il ,  que  Iefus  Chrift  foit  corporellement 
entre  les  mains  du  Preftre,quad  il  leue  l'hoftie?  ^ .  Non;  mai  s  ie  croy  qu'il  cft  au  ciel,af- 
fis  à  la  dextre  du  Pcre,d'où  il  viendra  iuger  les  vifs  Se  les  morts>comme  il  eft  dit  au  Sym-  Aa«  iaj 
bole,&  au  liure  des  A&cs  des  Apoftrcs. 

I  l  me  cuida  bailler  comme  fortant  de  proposée  ne  fay  quelle  expofition  myftiquc 
de  ces  vifs&morts?laquelleie  reicttay  comme  profane  &abufiuesdifant  que  ces  ter- 
mes Vifs  &*  Morts.en  ceft  endroit  font  prins  en  leur  propre  fignification,&:  que  lors  que 
Iefus  Chrift  viendra  tenir  fon  iugexnent,aucuns  feront  trouuez  furuiuans  ,  leiquclsa- 
uec  vn  changement  de  cefte  corruption  à  vn  eftat  immortel,  feront  rauis  audeuant  de 
Iefus  Chrift  en  l'aince  qui  leurfera  réputé  pour  mort  :  amenant  le  paflâgc  du  4.  de  la 
première  aux  Theflàloniciens,luy  faifantobferuerde  près  les  mots,pourtant  qu'il  cui- 
d  oie  paffer  par  de/Tus  Se  le  confondre^ ellcment  qu'il fe  trouua  luy-mefme  confus,fe  iet 
tant  fur  ce  paflàge,Nous  reflufeiterons  tous:mais  nous  ne  ferons  pas  tous  immuez.  A  ,  Cot^ 
quoy  iereippndy,que.ce  pa/Tage  en  l'ancienne  verfion  cftoit  corrompu,  Se  que  le  Grec  ' 
(auquel  il  faut  au 01  r  recours)  porte  au  t  rement:  aflauoir  que  nous  ne  dor mirés  pas  tous: 
mais  nous  ferons  tous  changez.  Ils  ont  voulu  inférer  que  i'eftoye  Sacramentaire ,  6c 
que  ie  vouloycnier  Je  Sacrement.  A  quoy  i' ay  refpondu  que  non:&  que  ic  croy  le  Sacre- 
ment de  la  iain&e  Cene  que  Iefus  Chrift  a  inftituc ,  Se  qu'en  la  prenant  dignement  fuy- 
uant fon  inftitution,nousy  reeeuonslecorps&  le  fang  d'iceluy  fpirituellement ,  donc 
nos  ames  font  re  peu  es  en  leur  manie  re,c  6  me  eft  le  corps  du  pain  Se  du  vin  :  de  laquelle 
Cene  ie  nie  qu'il  foit  fait  mention  pertinente  en  la  Meûe  ,  d'autant  qUe  l'inftitution  de 
Iefus  Chrift  n'y  eft  en  rien  obferuec,mais  du  tout  corrompue.  Monfieur  du  Bois ,  iu- 
ge  criminel, me  demanda  comme  elle  fedeuoit  donc  faire.  le  dy  deuant  toute  l'aHênt- 
blee,  qu'en  la  manière  qui  eft  exprimée  au.z6.de  faine*  Matthieu ,  &  1 1 .  de  la  première 
aux  Corinthiens.  Il  me  demanda  derechef,  que  leur  diflela  maniere:mais  penlant  que 
ce  qu'il  enfaifoit  n  cftoit  que  par  curiofi té,&:  auffi  que  les  aflïftans  ne  pourroyet  prédre 
le  loifir  de  m'efcoutcr,ie  n'eu  courage  de  me  mettre  à  leur  en  parler.  Toutefois  mon- 
fieur du  Bois  me  prefia  tellement,que  ie  me  prins  à  leur  reciter  le  plus  fommairemenc 
qu'il  m'eftoitpoiîible  la  manière  comme  on  la  faifoit  à  Laufanne.  Et  ainfi  en  peu  de 
temps  ie  leur  en  exprimay  vne  grade  partie:&  aiTez  pour  leur  faire  apperceuoir.les  gras 
abus  qu'ils  y  corn  met  tent:  ce  qu'ils  ouyrent  fans  me  contredire  en  rien:  à  caufe,commé 
ie  penfe,qu  a  chacun  mot  ie  mettoye  en  auant  l'inftitution  de  Iefus  Chrift ,  la  fuyuant 
de  près  félon  le  texte.  Ils  m'ont  fort  inculqué  ces  parolles,Cecy  eft  mon  corps  :  s'ef- 
forçans  de  prouuer  par  icelles  >&c  de  me  faire  accroire  que  Ichis  Chriftfuft  realemét  cô- 
tenu  fous  les  cfpeces  du,pain&4  du  vin.  A  quoy  i  ay  toufiours  rcfpondu,que  IefusChrift 
par  ces  parollcs  ne  veut  dire  autre  chofe ,  finp  que  le  pain  Se  le  vin  en  laCcnc  fignifient 
fon  corps  &  fon  {ag,&  que  tel  efFetft  qu'aie  pain  Se  le  vin  enuersle  corps ,  aufli  aie  corps 

Zz.  iiii. 


Liurc->  V.  Jean  Rahec. 

U  fang  de  Chrift  enuers  l'amc.Mais  ainfi  que  le  corps  eft  matériel,^  prend  &  digère  fa 
viande  auec  dents  corporelles:fcmblablement  l'ame,d*autant  qu'elle  eft  elprit,auflî  ap 
prehende  la  viande  fpirituellemcnt,&  auec  dents  fpirituelles.  I'ay  dit  dauantage  que 
Iefus  Chrift  en  ceft  endroit  vfe  d'vne  manière  de  parler  fîguratiuc,qui  eft  fort  fréquen- 
te en  l'Efcriture:  félon  laquelle  la  Circtmàjîon  en  Gcnefe  eft  appelée  l'^Û4ance  de  Dieu  en 
la  chair  par  accord  eternd:fainct  Paul  appelé  la  pierre  du  dcfert,Chrift:Ican  Baptifte  le 

icamj.z  ditauoirvcul'Elpritde  Dieu,  combien qu'iln'euft  veu que  la  colombe,  quieneftoic 
le  iîgne.Et  principalement  ic  me  fuis  fort  aidé  de  ce  paflage  de  fainft  Paul ,  &  les  ay  fore 

-1.C0r.15  preifez  par  ice!uy,pourautant  qu'il  eft  dit  au  mefme  propos,  Ceftc  coupe  eft  la  nouuel- 
le alliance  en  mon  (ang-difant  qu'à  telle  raifon  qu'ils  affermoyentleiusChrift  cftrccor- 
porellemen  t  fous  les  eipeces  du  pain,en  vertu  de  ces  parolles ,  Cecy  eft  mon  corps  :  pa- 
reillement ie  voulo'ye  conclure  que  la  coupe  eftoit  realement  la  nouuelle  alliance ,  en 
vertu  de  ces  parolles,Cefte  coupe  eft  la  nouuelle  alliance  en  mon  fang.  Ils  m'ont  cuidé 
dire  qu'en  ceft  endroit  le  vaiiTcau  eft  pris  pour  la  chofe  contenues  iceluy  :  à  quoy  i'ay 
dit,Ie  ne  demandoye  point  autre  refpon(e:car  prendre  la  chofe  contenante  pour  ce  qui 
eft  contenu  en  icelle,eft  vne  autre  manière  de  parler  figuratiue,non  moins  eftrange  en 
l'Efcriture,que  la  fufdite:a/Tauoir,felon  laquelle  on  préd  la  chofe  lignifiée  pour  le  ligne: 
&c  que  de  leur  rcfponfe  mefme  ie  vouloyc  inférer  &:  cofirmer  mon  propos:  aftauoir  que 
Iefus  Chrift  n'eft  qu'en  tigne  au  pain  &  au  vin.En  la  prefence  du  mfdit  Prince ,  môûcuc 
de  Brerond  m'a  demandé  quel  inconuenient  ceferoit,qu'ily  fuft  corporel  lem  en  t.  A 
quoyi'ayrefpondu,qnedelàs'enfuyuroit  qu'il  pourrait  eftre  en  vn  mefme  temps  en 
lieux  infinisjvoiremefmeremplir  toute  la  terre.  Dauantage  qu'on  ne  trouue  point 
qu  apresfarefurreâionilaitcftéenplu(ieurslieuxàvnefois:auàî  qu'ilaprouué  fa  re- 
furre&ion,&  qu'il  n'eftoit  point  vn  fantofmc,n*vn  efprir,par  ce  qu'il  auoit  chair  &  os ice 
qu'en  n'apperçoit  en  ces  efpeces  de  pain  &  de  vin ,  tous  lesquelles  ils  le  difent  eftre  en- 
clos. Outre  ce  ie  leur  ay  m  on  ft  ré,  en  obic  ruant  chacun  paftâge  du  texte,  qu'ils  la  cor- 
rompent totalement  en  chacun  poinéfc  ,  n'imitant  en  rien  l'inftitutionde  Iefus  Chrift: 
voire  moins  que  ne  feroy  ent  linges. Principalement  &c  trop  apertemét  ils  faillent  en  ce 
qu'ils  la  baillent  aux  gens  laics(comme  ilslesappclent)fousfcfpccede  pain  feulemét, 
leur  déniant  l'autre  partie,qui  eft  de  la  bailler  fous  Tefpecc  devin.Que  s'il  eft  oit  loitible 
la  bailler  fous  vncefpece  feulemét,  que  ce  deuroit  pluftoft  eftre  fous  l'clpecc  du  vin.d- 
autant  que  Iefus  Chrift  en  a  baillé  plus  exprès  commandemét,difant,  Beuuez-en  tous: 
ce  qu'il  n'a  pas  fait  en  telle  manière  en  baillant  lcpain:mais  a  dit  feulement,  Prenez, 
mangez/ans  adioufter  Tom ,  combien  qu'il  s'entend  biemeomme  par  ce  voulant  pour- 
uoir  à  l'erreur  qui  deuoit  aduenir,&  eft  encores  â  prefent  touchant  ce  poin£b&quc  par 
cefigncduieulpain,reicindansle  vin  ,  ilsproteftent&dcmonftrent,autant  qu'en  eux 
eft,que  la' vie  qui  nous  elt  acquife  en  IcfusChrift  par  fa  mort,  n'eft  point  entière ,  mais  à 
demy  &c  imparfaite:ainli  que  le  repas  du  corps  nepeut  eftre  accomply  à  manger  feule- 
ment,ou  à  boire  feulcmen  t,mais  en  manger  &  boire  enfcmble. 

Mon  sietk  du  Bois  me  demanda  le  iour  de  l'AfTomption,  fi  ie  vouloyc  aller  à  la 
Meflteauquel  ie  dy  que  non. Il  me  demanda  la  raifon.  Pourtant,dy-ic,qu'clle  eft  mef- 
chante .    Interrogué,fi  du  temps  que  ie  difoye  la  MciTcelle  ne  me  fembloit  pas  bône. 

çt.  Qu'ouy  pour  quelque  temps,pendant  lequel  ie  penfoye  faire  grand  facnfice 
à  Dieu  ,d  autan  t  que  i'eftoye  abufé:  mais  depuis  que  ce  bon  Dieu  m  auoit  amené  à  fa  co 
gnoifTance,ie  l'auoye  dite  en  grand  trouble  &  amertume  de  mon  cœur,hifques  à  ce  qu' 
il  m'euft  donné  l'opportunité  de  me  retirer  en  lieu  où  t'euile  la  fruition  de  la  parolle  & 
defonpurferuicc. 

Bapicfinc.  D.  Ne  croyez- vous  pas  que  le  Baptefme  eft  bon  &  necelTaire?  y,.  Iecroyque 
le  Bapteftneeft  bon  &  ncceiîairtfduquel  doyuét eftre rciettez les  exorcifmes,chrcfme, 
fel,crachats,chandelles,&:  autres  telles  choies  qu'on  y  adioufte  outre  i'inftitution  de 
Iefus  Chrift:&  doit  eftre  adminiftré  feulement  en  eau,  comme  pouuons  entendre  par 
les  eferrré  des  Euangeliftes  &c  Apoftres ,  &  par  l'v  fage  qu'ils  en  ont  tenu. 

D.  Ne  croyez- vous  pas  que  les  conftitutions,commc  du  Quarefme,vigilcs,quatre- 
tempsSc  autres  fcmblables  foyentbôncs»û£àobfcruer?  Iecroy  quclesconftitutiôs 
fuperftitieufes,&  aufquelles  on  attrib  ue  mente  ou  iuftificatiô,  comme  les  fufdites,font 
racfchantcs,&  ne  lont  à  gardend'aulat  q  pancciïes  on  dcfpouille  Icius  Chrift  de  ce  qui 

luy 


îuyappârtiew^aisçcllcs qui foi»t ordonnées powrquclqucfîn  politique  »  vtiles  pour 
la  confirmation  de  la  police  &  de  la  teligiomne  font  à  contemner,maisa  obferuer  pour 
lobeififance deue  aux  magiftrats  &à  coûte  l'Eglifcfans  toutefois  en  vfer  fupcrftitieufe- 
meRt»Et  combien  que  i'enccndi/TeDien  que  telles  conftitutîons  ne  (èpeuuent  nedbi- 
uentfairefansl'aflùl:ence&authoritédu  Magiftrat  toutefois  pourtant  qu'ils  n'enten- 
doyent  parler{felon  raoniugement)finon  des  ordonnances  Papiftiqucs ,  faites  de  puif- 
(gnee  illégitime  &  vfurpec  par  ambition ,  à  la  deftructiori  du  fainà  feruice  de  Dieu  ,  i& 
de  la  religion  &  liberté  Chrétienne  à  nous  acquife  &  donnée  par  Iefus  Chrift:  afin  qu'- 
ils n'inreraiTent  que  ie  me  voufifle  attacherau  Magiftrat>&:  le  côtemrier ,  îeleurdy  qûe 
icri'entendoyeparler  des  ordonnances  faites  pas  les  Magiftrats  :  lefqucls-^dy  ie)ie  croy 
eftrcardonnez  de  Picu,&confequemment  les  loix  faites  par  iccux,àdfquels  il  appar- 
tient de  faire  otdonnances  pour  laconferuation  delà  police  &c  delareligiô:&  leur  faut 
obéir  comme  à  Dieu,cntant  qu'ils  en  font  Lieutenans  s  non  feulementaux  bons&  at- 
tremptz,mais  aux  mauuais  &  difficiles ,  en  toutes  chofes  qui  ne  fonteontre  Dieu  &  ùl 
parolle.    D.  Pourquoy  auez-vouslaifîe  voftreeftatdc  Religion?  94..  Pourtant  qu'il  n'- 
cft  point  approuué,  mais  pîuftoft  condamné  par  l'Efcriture ,  comme  on  peut  recueiL 
lirdekfecodeEpiftredeS.Pierre:&auffi  qu'il  confifte  en  ordonnâmes  fuperftitieUfcs, 
annuelles  on  attrribue  mérites  &  iuftificatiô:  ce  qui  derôgue  manifçftemct  au'fangde 
Iefus  Chrift.  Monfieur  de  Pierrcport ,  en  la  prefençe  du  prince  de  la  Roche-Surion/c 
vanta  de  me  monter  pariure  :  Par  ce,difoit-il,que  ie  m'eftoye  apoftafié  de  mon  eftar, 
U  auoye  rompu  mes  vœuz.Ie  refpondy,que  pour  cela  ie  n'eftoye  point  pariured^utac 
quel»  vœuz qui  s'y  font  font  faux  &  contre  la  parolle  de  Dieu  :  àraifon  dequoy  il  n'eft 
loifiblc  delesraire»ncdelesgarderquandilsfontfaits:maispluftoft  eft  commande  de 
les  rompre  8c  setraâer,comme  toutes  autres  promeuves  :&  ce  d'autant  aue  Tobferuâtiô 
n'eften  noftrepuiiTance,commeiIapparoiftduvoeudechafteté ,  qui  en  foy  enclôt  le 
mariageyfuyuant  les.doctrines  des  diables,comme  dit  fain&  Paiii'neioifible.comme  a'p  i-Tin:*  j. 
paroift au  vœu  de  poureté  ,  qui  eft  vn  eftablifTcment  de  mendicité  ani  dk  f  ^ttee 
condamnée  par  l'Efcriture.    ^Teufle  volontiers  parlé  dauantage.  fur cepoin&rmais  tJ 
y  auoit  tel  ordre  que  tous  parloyent  enfembie*cuidanstout  obtenir  par  clameur  :  de- 
quoy le  Prince  fembloit  eftre  defplaifant,&:  commanda  par  plufieurs  fois  qu'on  me  laif  u  Prince 
faftparler,en  quoy  ne  fut  obey:&  me  rerhonftrant  qu'en  tenat  tels  propos  ie  pourroye  ^^octe-1 
eftre  caufe  demamort,&rae  mettre  en  grand  dangenveu  qu'on  tenaille &  tourmente  Syrioa' 
tant  cruellement  ceux  qui  lès  tiennent.  Auquel  n'eu  le  loifir  de  rcfpondrc  autre  chofe, 
finon  que  ie  vouloyeperfîfter  en  cette  doctrine.    C  s  Prinre  du  commencement  que 
i'arriuay  en  fa  prefcncç>&:  que  me  voulu  encliner  deuant  luy(c©rame  i'auoye  efte'aducr 
ty  par  les  fergens  )  ilme  dit  qile  ce  n'eftoit  àluy  que déuoye  faire  tel  honnenrjmais  a  v- 
ne  image  qui  eftoit  en  la  chapelle.    Iercfpondy  que  pluftoft  àluy,  d'autant  que  l'ima- 
ge  n'eftoit  qu*vnepierre,&:œuurc  demain  d'homme.    Le  Prince  le  monftra  fort  mo- 
deftecau  contraire ,fon  docteurfort  impetueux&  impudent  en  fes  propos. 

^  Voua,  trefehers  frères ,  en  fomme  mes  refponfesaux  erreurs  &  impletez  qni 
m'ont  efté  propoices,fous  ombre  de  m'enquerir  de  ma  foydefquclles  combien  quelles 
foyent  maigres,quant  à  aucuns  poin&s,tant  à  raifon  dé  mon  inhabilité  &  fnfufhfance, 
qu'à  caufe  q  ceux  qui  m'ont  interrogué&propofé  contre  moy ,  n'eftoyet  idoines  de  fe 
méfier  de  tel  afFaire,ains  incapables  de  tous  bôs  propos(cxcepté  Du-Bois  le  iuge  crimi 
ncl,qui  en  fait  tellement  fondeuoir  que  Dieu  le  cognoift)  voire  impatiens  à  lès  ouir  îy 
ay ans  procédé  en  tel  ordre,que  le  plus  fouucnt  tous  parloyent  enfemble ,  dequoy  mef- 
me  le  luge  fembloit  eftre  efmerueillé  :  neatmoinsie  les  vous  ay  bien  voulu  enuoyer, ne 
f  aifant  diftin&ion  des  lieux,temps,ne  perlbnn.es,pour  euiter  confufion  Se  plufieurs  te* 
pétitions  fuperflucs:fans  y  rien  changer ,  au  moins  quant  à  la  fu  bit  an  ce,  fi  non  en  vn  ar- 
ticlequieft  touchant  la  Vierge  auquel  au  lieud'auoirfimplementrcfpondu,que  fi  elle 
auoit  efté  conceuè' fans  pèche  originel , de  là  s'enfuyuroit  que  Iefus  Chrift  feroit  venu 
en  vain,d'autant  qu'elle  auroit  efté  idoine  pour  faire  chofe  agréable  àDieu,&  pourluy 
fatiftaire:i'ay  mis,Que  fi  elle  auoit  efté  côccue  (ans  peché  origind,de  là  s'efuyuroit  que 
Iefu  s  Chrift  feroit  venu  en  vain(au  moins  en  fon  endroit)d'au  tant  qu'elle  auroit  efté  i-  2«Sa* 
doinc  pour  faire  chofe plaifante  à  Dieu,&:  n  auroit  eu  befoin  d'autre  fatifîàction  pour  cl  touchant  la 
le:donc  s'enfuyuroit  derechef,que  Iefus  Chrift  ne  feroit  point  yniucrfcllcment  redem-  jSS^ 
pteur,auregardmefmedesefleus.     Or  ie  vous  enuoyc  mes  articles  au  plus  près  qu'il  mucr 


LmtJV*  JeanRabec. 

ma  efté  pofïible  des  refponfes  que  i'ay  faites ,  afin  d'auoir  fur  ce  voftré  ccnfure,  Se  eftre 
aducrty  qe  ce  en  quoy  ie  puis  auoir  failly,pour  amender  les  faute*  félon  que  pourray. 
13,  A  v  rcfte,ie  cognoy  que  ces  liens  nae  font  le  plusgrand  moyen  polir  pratiquer  fenfi- 
blement  la  fciencc  de  mon  Dieu,queiamais  m'aduint:&  que  pas  iceux  il  ma  defia'faic 
plus  fentir  fa  benignitç,que  par  tous  les  biens  quciamais  il  me  fit  :  tant  par  les  admira- 
bles deliurançes  donc  il  a  défia  vfé  enuers  moy  contre  tou  t  cfpoir ,  que  par  les  ineftima- 
bles  confolations qu'il  m'a  enuoyees  Se  enuoye  iournellement  :  telles  qu'elles  doyucnt 
bien  fuffire  pour  me  rendre  tellement  afTeuré  de  fon  aide ,  qu'il  n'enuoyera  ne  lafchera 
fur  moy  chofç  qui  ine  nuiieou  bleiîc,&  quine  foit  àmon  aduantage:&  que  tout  ce  qu'- 
il en  fait  n'eftquepourme  purger  de  mes  naturels  &  innumerables  vices ,  efquels  i'ay 
çouïiours  efté  Se  fuis  encore  merueilleufcment  confit:  pour  apprendre  à  me  fortificr,&: 
ofter  route  fiace  de  moy  Se  du  monde,&  m 'adonner  Se  adjoindre  du  tout  à  luy,pour  ob- 
tenir portion  auec  fes  enfan^en  fon  royaume  celefte.    D' Angiers  ce  z4.de  Mars. 

IeanRaie  c,prifonnier  pour  le  tefmoignage  de  la  parolle  du  Seigneur  Iefus, 
en  la  ville  d'Àngiers. 

*  p  R  j  s  ces  Interrogatoires  &Refponfes,rEuefquc  dudit  lieu  ayant  veu  le  tout,&fur 
Ace  çcmfuft€,.e  ity.iour  d'Octobre  enfuyuant,iour  du  Synode  de  fon  diocefe ,  fit  ame- 
ner Rabec  deuaht  luy-.où  en  la  prefence  de  grande  multitude  de  preftres,le  déclara  par 
fentence  excommunié-,  hérétique  ,fchifmacique  Se  apoftat:  Se  "comme  tel  le  con- 
damna à  eftre  dcgradé,&  puis  liuré  entre  les  mains  de  la  iuftice,qu'ils  appelent  Bras  fc- 
culicr.de  laquelle  fentence  Rabec  fe  porta  pourappclant,commc  d'abus ,  à  la  cour  du 
Parlement  de  Paris.  Au  moyen  dequoy  futrenùoyé  es  prifons  dudit  Euefquc ,  où  il  de- 
meura lansautrcment  eftre  procédé  furfon-ditappel ,  iufques  au  dixième  iourd'Auril 
entuyuant.  Pendant  lequel  temps  fes  amis  s'efforcèrent  le  deliurer  parle  moyen  des 
Séigneursde  &eroe,quiencfcriuirentau  Roy  de  France:  defquels  ilauoir  efté  efeolier 
iudiç  Lauïafinc.Màis  Dieu  à  déclaré  qu'il  ie  vouloir  feruir  de  luy  en  ccft  endroit.  Ain^ 
fi  il  demeura  était  es  prifons,  où  il  eut  de  merueillcux  affauts  de  la  moineiïc  Se  fuppofts 
dé  TA  ntcchnft,  cômé  il  demôftre  par  plufieu  rs  lettre  s  eferites  à  fes  amis:cntrc  lefqucl- 
lçs  nous  ànons  ici  inféré  celle  qui  s'enfuir cfcricc  de  fa  propre  main» 

K  E  R  E  &,amy,cequc  ne  yousauons  efçrit  plus  fouuent,n  apas  cftéfautc  d'en  a- 
uoir  bien  le  deiir:  mais  que  toute  opportunité  çonuenable  nous  a  défaillant  à 
caufe  que  n'en  aurons eu l'ouucrcure ny  adreifcjqu'à  raifon de  pluficurs lettres  qu'auons 
enuoyees  à  plufieurs,dont  nouons  teceu  aucune  refponfe  :  ce  qui  nous  a  aucunement 
refroidis &c incimidez,craignans,au  lieu  de confoIation,dc  faire  ennuy  :  cflifans  pluftoft 
de  fpuffrir  en  attçndant,quc  prefenrer  occafion  de  fafch^rie  à  perfonne.    Or  mainte- 
nafli  ayant  trouué  le  moyen  par  l'aduèrunemcnt  de  qùelcun,noùs  vous  auonsbié  vou- 
lu e(crire  derechef  ce  dequoy  ne  pouuez  eftre  ignorant  :  aifauoir  qu'il  a  pieu  à  ce  bon 
Die^combien  qu'à  plus  qu'indignes)nous  ouurir  la  bouche  pour  ieconfe /Ter  aperce 
ment&  hardiment  fans  diflimuktion,felon  la  fciencc  qu'il  nous  a  donnée  ,Se  en  telle 
maniereque  n'en  attendons  que  lamort,pourlc  moindre  tourment  qui  nous  foit  ap~ 
prcfté.Ce  q  le  bon  Dieu  toutefois  adirTeré  iufqucs  à  prcfenç,outre&  cotre  tout  noftre 
cfpoir  &:iugcment:  parce  aidant  noftre  infirmité,  &:  de  plus  en  plus  nous  fortifiant  Se. 
augmentant  en  courage,pour  refifter  aux  âduerfaircs:Iefquels  de  tant  plus  qu'allôs  en 
auant,nous  voyons  plus  roibles&  confus:  de  quelque  braue  ou  haute  apparence  qu'ils 
foyent  a  l'endroit  de  nous.  Enquoyne  fauons  autre  choie  penferjinon  que  cegrand 
Pieu  prouuoyant  à  noftre  infirmité,&:  voulantfaiie  reluircfa  Maicfté ,  les  confond  par 
Pwautr*   ccux  qui  en  apparence  font  moins  que  rien^au  prix  d'eux:  empeichant  la  force  qu'ils  fe 
1  ""cent  promcttent,les  efblouiftant  Se  eftonnanr,  mefme  les  tourmentant  de  leur  propre  rage 
v.e«  moi  fiirelonnie.    Ce  qui  apparoir  bien  en  ce  qu'on  les  voit  pouffez  à  faire  choies  plus  que 
"Jouirai  defraifonnables,ficdu  tout  intolérables  à  toutes  perfonnes  de  quelque  nation  ou  condi 
v  t  j  ou    tton  qu'elles  foyent:commc  monftrc l'horrible  outrage  lequel  ces  iours  paifez  fls  nous 
ta-i  d\  adre  ont  faicaffauoir  Horry  Se  fa  troupe,nousfpoiiant,d  autant  que  ne  les  voulions  ouir,  ne 
fèru  plu"  leurdefcrer  en  aucune  manierc(commoils  en  eftoyent  indignes)des  liures  qui  nous  a„ 
«r  v  n  &  de  uoyenr  efté  iain&emcntpermis  du  Magiftrat  félon  fon  droictdeuoinen  ce  faifans  f  offi- 
Z  'ItvT'  cedudiablc&fedeclaransfesdegitimescnfans  :  quinetafchentqua  defFairc tôut or- 
a>uoyé.    dre  conftitué  de  Dieu, à  efteindre  fa  vérité  Se  empefeher  qu'elle  ne  foie  mife  en  auanr, 

mefme 


Jean  Rabec.  if  h 

mefmeqtronne  l'appfenne  pour  s'en  armer  fie  munir  au  bcfoirials  l'ont,  dy-ie,rrcsbicri 
imité crw;eftcndroit,nous  priuantdela le&ure delà  fainctcparolle  de  Dieu ,  fie  confe- 
quemment  de  l'vfage  d'icelierce  qui  ne  peut  cftre  dénié  à  perfonnc,que  contre  l'exprès 
commandement  de  Dieu.Et  quoyfil  fcmble  que  Dieu  les  poufïe  à  faire  chofes,  à  railbn 
desquelles  tout  le  monde  à  bon  droit  fe  deuçoit  efmouuoir  contre  eux,ainiî  qu'ils  s'eile 
uent  contre  Dieu,le  debbutans,cntat  qu'en  eux  eft,defon  iîcge,pour  l'occupcnfuppe- 
ditansJcurs puhTances:dôtne lepeutenfuyure  que  tout  defordre,comme  l'expérience 
Je  monftre.  Qui eft  bien  en  eux  vn  euidenc tefmoignage  du  règne  fie  miniftere  de  l'An* 
techrift:  auquel  ny  aux  fiens  ne  doit  eftre portée  ny  exhibée  aucune  reuerence  ny  obeif 
fance.mais  route  refiftenec  par  ceux  quile  peuuenrfie  doiuenrt  lors  que  l'opportunité 
s'orTre,pour  les  repoufler  fie  humilierxe  qu'ils  méritent  bien,8e  qui  feroit  leur  plus  grâd 
bien.Àuflî  nous  vous  prions  de  nous  eferire  plus  fouuent ,  félon  que  c  eft  bien  le  deuoir 
de  voftre  of  fice,fie  nous  donner  les  moyens  de  vous  eferirerce  que  pourriez  faire  feure- 
ment(commejlnousfemblc)par  noftre  fœur  qui  nous  miniihe  iournellement  de  tel 
foinfie  auec  telle  charge  de  fa  part,qu'il  feroit  bien  raifon  d'y  auoir  quelque  efgard,afin 
que  de  vous  puiilîonsauoir  quelque  confolation  :  car  vouspouuez  penferquelbefoiii 
nous  en  auôs:vous  priât  ne  vous  ennuyer  dauoir  mémoire  de  nous,principalement  en 
vosoraifons,Se  de  nous  aflîfter  félon  le  deuoir  de  dile&ion  Chreftiennc  j  en  ce  que  co- 
grioiftrezexpedientà  la  gloire  de  Dieu,à  l'édification  de  fonEglife  j  &  au  noftre  fie  vo- 
ftre aduan  tage  en  iceluy . 

De  p  v  i  s  enverra  d'vne  commiflion  obtenue  dupriuc  cônfeildu  Roy*  il'nV 
ftancefie  pourfuirte de maiftre  Iean  Breron ,  chanoincau dit  Angicrs,fic de maiftre 
Guy  LainierditrErTretiere^duocatauditlieuiadrc/Tantà  maiftre  Guillaume  le  Rat> 
Lieutenant  gênerai  d' Angiers,fut  fait  com  mandement  à  l'euefque  dudit  lieu*  d'execù 
ter  fa  fentencefiè  degradation,nOnobftant  l'appel  interietté  par  ledit  Rabéc.  Au  moyé 
dequoy,felon ladite commiflîon,leio.d'Aunl, m. D.t  v  i,qui  eftoitle  Vcrjdredy  fuyuac 
la  fefte  de  Pafquesrs'eftant  toute  cefte  trou  pe  aflemblec  de  grand  matin  au  palais  Epit 
copahfauoir  eft  ledit  Euefque,le  fufdit  lieutenant  le  Rat,  M*Chriftophle£)epincé  iugë 
crimincl,M.RaoulSurguiniM.MichelleMaiîbn,aduocat&procureurduRoy,  auec- 
ques  leurs  robbes  d'cfcarlate,on  cnuoya  quérir  ledit  Rabec  par  la  garde  de  la  geole,luy 
faifant  accroire  qu'ils  le  vouloyertt  mènera  Paris,fuyuant  fondit  appeLCôme  on  le  me* 
noit,ayât  apperecu  tant  d'officiers  tenas  leurs  verges  fie  baftons  en  la  main,s'ar reftâ  qL 
que  peu:  fie  efleuanc  les  yeux  au  ciel,  fit  vnc  exclamation  au  Seigneur, fie  demanda  au 
geôlier  fie  fergens  qu'on  luy  vouloir.  Auquel  fut  refpondu  par  vn  de  la  c6pagnie,que  c'e 
ftoir  pour  parler  à  l'Euefque.Et  rut  conduit  par  eux  à  la  fallette  dudit  palais,cn  laquelle 
eftoyét  les  defïufdits  alTémblezauec  leurs  adhérents  .L'cuefq  dit  à  Rabecqu'il  s'appro- 
chaftjluy  commandant  de  mettre  les  genoux  en  terre.ee  qu'il  rcfufa  défaire  ,  deman- 
dant congé  de  parlcr:qui  luy  fut  ottroyé.Et  lors  dit,Mcfïïeurs ,  vous  ne  pouuez  ignoret 
comment  ic  fuis  appelant  à  la  cour  dù  Parlement ,  delà  fentenec  donnée  contre  moy< 
fie  mon  appel  deuémétreleué:parquoy  iè  vous  veux aduertir,  qu'à  eux  fie  nonàautre 
appartient  la  cognoifTancc  de  ma  caufe; 

A  •elaDcpincé  refpondit,Iecroy,Rabec,que  vous  n'ignorez  qu'auRoy  n'appartien- 
ne la  cognonfance,Rabec  le  nia.  Sur  ce  le  Lieutenant  le  Rat  dit,  Quicft-ce  qui  en  fait 
douteîDerechefl'Eucfque  commanda  à  Rabec  de  le  mettre  bas: Puis  vous  orrez,dit-iJi 
ce  que  le  Roy  mande.  Rabec  rît  pareille  refponfe  que  defïus ,  le  rie  fay,Meflîeurs,quc 
vous  me  voulez  faire.Le  Rat  dit, Mon  amy,obeiflez  a  ce  qu'on  vous  commande. Et  De- 
pincé  dit  que  s'il  ne  le  vouloir  faire  de  beau,qu'on  le  forceroir  à  ce  faire.  Rabec  refpoiv 
dit,Si  on  me  fait  outrage,au  nom  de  Dieu  foitrmais  regardez  bien  à  ce  que  vous  auez  à 
faire.  Sv  r  ces  propos  rEuefqueauecvndefdainhaufTant  les  bras  dit,  Vous  voyez* 
Meflieur$,qu'il  ne  veut  faire  ce  qu'on  luy  dit .  toutefois  on  luy  dira  aùfîi  bien  eftant  dé- 
boutée s'il  eftoit  à  gcnoux.Et  fit  commandement  au  Greffier  de  faire  lecture  defes 
lettres  dccommiffiôn.Apres  cefaïrjledit  Euefque  parla  à  Rabcc,difant,  Vous  fauezbié 
que  i'ay  prononcé  fentenec  de  dégradation  contre  vous  ,  au  mois  d'Octobre  dernier 
paiTé:de  laquelle  auez  appelé  comme  d'abus  :3e  vous  ayant  fait  anticiper  n'y  auez  don- 
né ordre.Pendant  ce  temps  le  Roy  eftant  aduertyde  voftre  fait  par  Meffieurs  dcBer-f 
ne,  defquels  vous  eftiez  déclaré  eftre  efcoiier  ;  m'a  mandé  que i'eulTe  à  luy  cnuoycr 


Liurcj  V.  $ean  Kabec. 

voftreprocésîCeqriei'ayfait»mais  après  l'auoir  yeu,  yous  pouuez  maintenait  emen-r 
drc  ce  qu'il  mem  aride  de  faite.  Sur  ce  Rabec  luy  dit,  que  le  procès  en  uoyc  au  Roy 
eftoit  par  luy -argué  dcfauxxommenonfigné  d'aucun  Greffier. L'Euefquedit,Suyuant 
ce  qui  m'eit  commandé  du  Roy^epaiTeray  outre>nonobftant  voftie  appel.  Et  lui  ce  ils 
fç  départi  rcnt,laiflajis  ledit  Rabec  encre  les  majns  du  Concierge &c  officiers  dudit  Euef 
que  JLors  Rabec  leuanc  les  yeux  en  haut,dit,0  Seigneur,que  iè  me  repute  heureux,d'e- 
ftte  tel  'moin  de  ta  verité.Et  comme  altercation  fc  lcua  entre  les  Appariteurs  &:iergens 
Royaux  pourja  garde  d'iceluy,rut  dit  par  ledit  Lieutenant,  qu'il  n'appartenoicaux  fer? 
gerts.y  mettre  la  main,dautant  que  l'eglife  en  eftoit  encore  faifie.Sur  ce  proposM.Guy 
Lafnier  refpo.ndit,la  garde  des  Appariceurs  n'eftre  fuffifante  pourlaconduitejd'iccluy. 
Surcesdifputies  Rabcc  demanda  vn  peu  de  vimcequiluy  futattroyé.  Ecceluy  qui  luy 
prcfentaluy  dir,Mon  amy,prenez  bon  courage:carle  Seigneur  Dieu  eftauec  vous.  Au- 
Ladcgrada-  quel  Rabec  confolé  de  cela  refpondit,Mon  amy,iele  et oy  ainfi.  ^  Apres  celaenuiron 
ïubec  *es  heures  du  matin  audit  iour,il  fut  mené  parlefditsfcrgés&  appariteurs  deuanc 
a  le  temple  fain&Maurice,où  eftoit  drelfévn  grand  efchaffaut,fur  lequel  ledit  Euefque, 
mitre,  croiîej8i  chappé,aucc  pluûeurs  officiers&;preftres,attendoit  ledit  Rabec.  Le- 
quel eftant  ruonté,on  luy  prelenra  vne lôgue robbe  de  preftre  pour fe  veftir  :  ce-qu'il  ne 
voulut  faircjufquesà  ce  queies  (ergens&  archers  du  Preuoft  làprcfens  le  contreigni- 
rent  par  commandement  à  eux  fait.Puisonluyprefcnta  vn  linge  appelé  Amift  ,  pour 
s'enuelopper  la  tefteicc  qu'il  refufa  bien  fort,de  forte  qu'vn  nomme  maiftre  Iean  Chc* 
uaiiçr,  garde,  du  rcuefticre  d udic  iâin&  Maurice  ,  par  grande  îm  ie  luy  en  couun t  la  te* 
&çi&t  luy  fe«a  U  gorge  bien  étroitement  des  cordons  dudit  ami&.  Apres  cela  on  luy 
veftjt  à gramj' force  vue  chemife  qg'ij&appclent  Aube,&confcquemment  vne  chappe, 
&  luy  voulurent  faire  touche*  vn  calice  :  ce  qu  il  refula  du  tout .  Dont  ledit  Lieute*. 
nant  le  Rat  luy  dit,Maiftre  Iean,n'auez- vous  pas  cnuie  d'obeirau  Roy  &  au  Magiftrat? 
Auquel  il  refpondit  qu  ouy.Çr  donc,pourquoy  te(iftéz-vous<dit  le  Rat)à  ce  qu'on  vous 
cniointîatten,dti  que  c'eft  le  vouloir  du  Roy  qu'il  foit  ainfi  fait  ?  ce  qui  cfmeutquelque 
peu  ledit  Rafcecrtoutefois  fà  contenance  &  refiftenec ,  donnoit  aflez  à  cognoiftre  qu'il 
auoit  tout  cq  badinage  en  horreur  U  deteftatiott.  Là  dcfluSjVB  nfoftrc  maiftre  do&cur 
do  Sorbone  Jtipendiédudrt  Euefque,eftant  fur  ledit  efehaifauc,  commença  à  prefeher 
le  peûpleîfaifant  grand  préambule  fur  l'honneur  de  Dieu,&noftremcrcfain£tceglife: 
djfant,qu  ainfi  que  ce  poure  mal-  heureux  qui  1  àeftoit  auoitjabandonné  Dicu,&  négli- 
gé les commandement delà merc  tain&c  eglife  ,  qu'ainu  pareillement  Dieu l'auoit a- 
bandonné:fajfanc  entendre  à  haute  voix  qu'il  eftoit  heretique,fchifmatiquc  ,  mal  fcn_ 
tant  de  la  foy.Rabec  le  rcpnht  tout  haut,difant  qu'iln'eftoit  pas  vray.  Neantmoins  ce 
do&eur  ne  laiifoit  de  pafter  outre.  Et  comme  ildifoit  qu'il  auoit  dclauîé  Dieu  &  Icfus 
Chrift:Rabec  le  dementjt,difant  qu'il  eftoit  meilleur  Chreftien  que  luy.  Ce  doétcur 
pourfuyuanr,  l'argua  qu'il  auoit  laùTé  le  fainct  eftat  de  religion,comme  apoftat  ••  &  Ra- 
bec refpondit  tout  haucqu'iî  auoit  laiifé  voirçmét  ledit  eftat  pour  iufte  tefainére  caufe, 
d'autan  t  qu'il  eftoit  mefehant  &  abominable  deult  Dicu:&  qu'il  n  eftoit  venu  que  d  a- 
bus.Surquoylesfieursdclalufticelemcnaçansqu'onlebaillonheroit  s'il  ne  ietaifoit: 
rçfpondit  qu'il  ne  fe  p  ou  u  oie  taire  ,  oyant  femer  tels  propos  de  luy  au  peuplcme  vou- 
lant que  cela  demeurait,  en  la  mémoire  fans  y  contredire.  Sur  quoy  on  fit  cefler  ce  Do- 
&eur,qui  eftoit  venu  comme  au  bout  de  fon  rooic,fiC  ne  Tau  oit  plus  que  dire.  Aprea 
toutes  ces  cérémonies  accouftumees  à  leur  façon  de  faire ,  Rabec  fut  expofé  en  derù 
fion,en  luy  mettant  fur  fa  tefte  vn  bbnnetverd.  Puis  i'Euefqucle  liura  au  bras  feculier: 
difant  par  grande  hypocrilieïTraitcz-lc  doucement,en  hochant  la  tefte.  Apres  fut  me- 
né par  les  officiers,fcrgens  &  archers  d,e  la  ville  &  du  Preuoft  aux  wifons  du  Roy.  Où 
pour  acheuerleur  entreprife& accomplir  leur  rage,futcnuiron  deux  heures.Delà  on 
cnuoya  quérir  Rabcc  deuant  maiftre  Chriftophlc  Dcpincé,  lieutenant  criminel  dudit 
Angiers,«nfemble  leLieutcnant  gênerai,  AduocatÔC  Procureur  duRoy,RaoulChallo- 
pin  iuge&:  garde  de  la  preuofté  dudit  Angiers,&:  plufieurs  autres  en  la  chambre  du  cô- 
îciidu  palais.  Eftant  deuant  eux,les  falua  aucç  grande  humilité.Incontincnt  Depin- 
cé  loy  fit  entend  re,que  le  Roy  auoitcognu  de  (Onprot  es:  &  qu'il  auoit  mande*  |  iEueC 
qued'Angiers,de  mettre  en  exécution  la  mefrue  fentéce  qu'iceJuy  Euefqucaooir  pro- 
noncée contre  luy:&  laquelle  ce  matirvguoit  efte  exécutée.  Lrty  demanda  s'il  vouloit 
perufter  és  refponfes  qu'il  auoit  faites  deuant  leditEuefque  &  autres. 

Rabec 


Ra  bbc  fit  refponfe,  qu'il  eftoit  appelant  de  la  fcntence  contre  luy  donnée^  que  la 
commiifion  qui  cftoit  prouenue  fur  icelle  cftoit  nulle:  partant  demadoit  eftrc  mené  par- 
deuant  ceux  delà  cour  du  Parlcmenr,quicftoyentfèsiuges ,  ncvoulantprciudjcieràfon 
appel.  Surquoy  ledit  Lieutenant  ctim  inel  lui  rem onftra  qu'il  euft  à  penfèr  à luy .  Et  perfi- 
ftant  fur  fon  appel,Depince'  lieutenant  luy  dit  qu'il  n  euft  à  s'arrefter  à  cela,&:  qu'il  falloit 
refpondre.  Rabec  fans preiudicedcfbn appelation,dîtquilauoitiatisfaitparfesrtfpon« 
lcs:&  requit  la  lecture  d'icelles  pour  fauoir  fi  on  y  au  oit  adioufté  ou  diminué:  ce  q  fut  fait. 
Ce  Lieutenant  criminel  répliqua  fur  certains  articles  du5acrcmét,côtenus  en  les  inter- 
rogatoires &:  refponfes ,  pourtant  que  Rabec  main  tenoit  que  ce  n'eftoit  qu'abus  &c  idolâ- 
trie. A  quoy  il  dit  qu'il  eftoit  vray:  &:  que  Iefus  Chr  ift  eftant  aueclès  difciplcs ,  après  auoif 
rendu  grâces  print  du  pain,lerompit,&:  léur  en  dôna,dilànt,Prenez,mâgez,  ceci  eft  mon 
corps.Et  quand  il  eut  pris  le  hanap,dit  auflî,Beuuez-en  tou  s:car  c'eft-ci  mon  fang  du  nou* 
ueau  Teftament,lequel  eft  refpandu  pour  plufieurs  en  remifîïort  des  péchez:  &  que  Iefus 
difant  ce  propos  eftoit  làprefcnt ,  &:  monftroit  (on  corps  qui  deuoit  lbufFrir  mort  6c  pa£ 
fion  pour  la  rédemption  du  genrehumain  :  &:  que  ces  paroJJes  dites  &  proférées,  Ceci  eft 
mô  corps  qui  eft  liuré  pour  vous  »  ne  font  tranfiublKcier  le  pain  au  corps  de  Iefus  Chrift. 

I  l  y  eut  grand  tumulte  en  ladite  Chambre  par  les  alfiftarts:  difantla  plus-part,Le  meL 
chant  eft  damné,  le  mefchanteft  pofïedc  du  diable:  tellement  que  ce  Lieutenant  gênerai 
vint  à  s'efleuer,  lui  faifant  certains  argumésprins  fur  laind  Grégoire  &:  autres  Docteurs: 
alléguant  que  les  fain&s  Conciles  eftoyenc demeurez  en  cefte  opinion,que le  vrây  corps 
de  Iefus  Chrift  eftoit  en  l'hoftiedelaMeife.  A  quoy  refpondit  ledit  Rabec,qucc'eftoitin- 
uention  des  Moines,lefquels  auoyent  fubuerti  lefainc't  Euangile,ayans  attiré  par  tel  moy- 
en les  biens  de  tout  le  monde  par  leur  grandeauaricc. 

Ce  la  dit,le  Lieutenant  l'admonnefta  de  fè  repentir  de  tels  blafphemes,&;defeco- 
fefTer  au  preftre  :  à  quoy  refpondit  Rabec ,  qu'il  n'auoit  point  blaiphcmé ,  &  qu'au  refte  il 
s'eftoit  confefle  à  Dieu:à  qui  feul  on  fe  doit  confcifer,d'autant  qu'il  eft  feul  qui  abfout .  Et 
fur  cela  auecvne  grande  affection  &  zele  remonftra  audit  Depincé ,  qu'il  ne  deuoit  iuger 
aucun  finon  par  la  reigle  qui  luy  eft  preferite  parle  fainctEuangile,  qui  eft  la  parolle  de 
Dieu.  Or,  dit-il,  tout  ce  que  i'ay  reipondu  eft  prins  &c  contenu  en  icelle  Parolle  :  parquoy 
vous  ne  me  deuez  ni  pouuez  ainfi  condamner:&  ainfi  que  vous  iugerez ,  femblablemenc 
vous  ferez  iugez.  A  quoy  répliqua  ledit  Dcpince,que  c'cftoitlc  Roy  qui  l'entendoit  ainfi, 
&  le  vouloit. 

L  e  Roy,dit  Rabec ,  n'entend  finon  ce  qu'on  lui  fait  entendre  :  toutefois  il  en  porter 
rala  peine.Puisdeclaradeuanttous,  qu'il  n'auoit  fiance  qu'en  Dicu,lcql  uel'auoit  iamais 
abâdonné:&:  le  pria  d'vnegrâde  affection,  ayant  les  yeux  efkuczen  haut  &:  les  mains  ioin 
£tes,deluy  dônerla  vertu  de  pacience,&  deïaffifterpar  fort  fain£tEfprit:à  celle  fin  de  per- 
feuerer  en  la  confeffion  de  fort  faind  Euâgile  fans  crainte  des  homes,  qui  n'ont  puiffanec 
que  fur  le  corps.Et  difant  ce,  plufieurs  des  aflîftans  en  ladite  chabre  du  confeil  pleuroyet. 

E  t  alors  ledit  Depincé  tira  d'vn  f  àc  la  fentéce  eieritc  en  papier ,  de  laquelle  il  fît  lectu- 
re à  tous  les  affiftans:où  il  fàilbit  mention  qu'ils  y  auoyent  procédé  en  vertudelacommif- 
fionenuoveeduRoy.  Surquoy  le  Lieutenant  gênerai  dit,  queeela  ne  féru  oit  de  rien  :ô£ 
qu'il  n'en  falloit  faireaucunemention, attendu  qu'cxprefïe  defenfe  luy  en  auoit  efté  faite 
en  vertu  de  cerftu'nes  lettres  du  Roy,obrenues  auparauant  les  fufdites  lettres  decommif- 
fion,dcnc  pafler  outre,  nonobftant  l'appel  dudit  Rabec .  Toutefois  de  certaine  malice  &: 
haine,&:  à  la  fuafion  defès  complices,  ,fans  prendre  aucune  opinion  particulière  des  afû- 
ftans,  fut  par  ledit  Depincé  dit  que  Rabec  (croit  bruflé  vif  en  l'air  :  Se  que  s'il  nefe  vouloit 
côfefîerau  preftre,la  langue  luy  (croit  couppee .  Et  fit  ligner  ladite  ièntéce  à  plufieurs  des 
affiftans  ,defquels  la  plufpart  s'en  allèrent  fans  lafigner,  lefquels  Depincé  fitretourner. 
L'vn  des  principaux  de  la  compagnie  luy  dit ,  qu'il  n'eftoit  d'aduis  qu'on  paifaft  outre  :  at- 
tendu que  la  cour  du  Parlement  auoit  defiaeu  cognoiffance  de  ladite  cauie:& que  puis 
nagueres  en  pareil cas,elle  auoit  mefme  décerné  adiournemét  perfonnel  contre luy(par- 
lant  à  Depincé)&  que  pafTanc  outre  il  s'en  pourroit  repentir  :  mefme  qu'il  n'y  auoit  aucu- 
ne com  million,  dc*paifer  outrenonobftant  ledit  appel. 

A  cela  Depincé  furieufemét  refpondit,qu'il  pafîeroit  outre  nonobftât  fon  opinion.  Et 
fur  ce  propos,ainfi  qu'ils  eftoyent  tous  prefts  à  fe  départir  de  ladite  Chabre,  fut  amené  vn 
quidâ  deuat  eux,£  auoit  defrobé  vn  arc  d'arbalefte,mais  eftas  tellemé t  acharnez  en  cefte 

AA. 


Liur  o  V*  Jean  Rabec. 

Vn  larron  Caufe  de  Rabec ,  quenepenfans  à  autre  chofe,enuoyercnt  ledit  larron  abfous  fans  au-» 
0UÏ*  cune  punition. Puis  âpres  partan  s  de  là  remirent  la  lignification  &c  exécution  de  la  fenten 
ce dônee côtre leditRabec,iufques  àl'apres-difné dudit iour.  ^"Enuiron vnc heureapres 
midy ,  Depincé accompagné  d'vn  Conleillier  &:  d'vn  Cordclier  nommé  Alanus ,  &:  du 
gardien  des  Cordeliers  dudit  Angiers  ,  ayant  fait  venir  Rabec  en  la  chappelle  deldi- 
res  prifons,  luy  lignifia  que  pour  les  refponfes  par  luy  faites  contre  l'ordonnance  del'egli- 
lc  &  l'honneur  de  Dieu,il  eftoit  condamné  par  l'opinion  duConfeil  à  cftre  brullé  tout  vif 
en  l'air:fans  luy  parler  que  la  langue  luy  deuft  cftre  couppee.  Surquoy  Rabec  répliqua 
quil  perlîftoit  en  fon  appel  :&:  Depincé  dit  quil  n'eftoit  plusqueftion  de  tels  propos, 
mais  qu'il euft  à  penler  à  fa  confeience  :  veu  qu'il  falloit  qu'il  paflaft  outre ,  &:  fe  reconci- 
liaft  aueclcldits  Alan  us  &  gardien  des  Cordeliers.  Lors  Rabec  dit,  Dieufoit  loué:  &: me 
facelagracedeperfeuereriufquesàlafin.  Puis  dit  tout  haut ,  O  Dieu,  que  tu  me  fais  de 
grâces  de  m'appeler  pour  (buftenir  ta  parole  Eùangclique  :  Car  tu  as  dit,  que  quiconque 
teconfeirerâdeuantleshommesjtuleconfcircias  aulsi  deuantton  Pcre:tuas  aulsidit, 
q  quiconque  perfeuereraiufques  àla  fin  fera  fauué, Ledit  lieutenant  Depincé  le  laùTaau 
milieu  de  ces  moincs,lefquels  luy  firent  pluiieurs  queftions:&:  entre  autres,s'il  ne  croyoit 
pointen  l'eglife:&:  il  en  icelle  n'y  auoit  pas  vn  lieutenant  &:  vice-regent  de  Dieu ,  &  fi  elle 
n'auoit  pas  puifTance  d'excommunier.  Rabec  leur  refpondit  comme  il  auoit  fait  aupara- 
uant,  Que  leur  eglilè  Romaine  neftoit  qu  vn  auge  d'idolâtrie ,  &:  comme  vne  Babylonc 
Les  moines  dont  le  chef  eftoit  vn  Antechrift. Alors  ces  moines  d'vne  grande  clameur  appelèrent  Ra- 
appc^Ra  bec  Atheifte,  méritant  fon  feu.  EtRabec  d'vn  e(prit  pain  ble  refpondit,  Quen  voulant 
UcAthcifie  maintenir  l'honneur  de  Dieu, de  Iefus  Chrift  &:  de  fon  Eglilè,&  délirant  mourir  en  lafoy 
d'icellc,  il  n'eftoit  point  Atheifte  :&  mit  en  auant  le  paflage  du  premier  de  l'epiftrc  aux 
Galates,Si  vn  Angeduciel,&c.  Or  fur  l'altercation  du  cueudeleurMelle,ilmaintenoit 
quelelus  Chrift  eftoit  à  la  dextre  de  Dieu,&quedelà  vicdroit,&c.&:  fur  plufieurs  autres 
propos ,  ledit  Gardien  fe  print  à  crier ,  Melsieurs ,  voicy  vn  démoniaque:  ie  vous  prieen 
l'honneur  de  Dieu,que  la  parolle  luy  foit  deniee,&:  cju  on  luy  couppe  la  langue.  Mais  Ra- 
bec,comme  il  eftoit  doué  d'vn  el^rit  humble  &:  pofe,  demeuroit  paiiiblcment ,  donnant 
toutesfois  (blutions  pertinentes  a  tous  leurs  argumens  fophiftiques,de  manière  que  ce 
Gardien  proféra  ces  mots,Ce  mefehant  icy  eft  trop  fauant  :  il  a  trop  veu  :  il  eft  impolsible 
de  le  pouuoir  vaincrc,puis  qu'il  a  efté  à  Gencue:  &c  eft  pofledé  de  Satan.Rabec  luy  refpô- 
dit,  qu'il  neftoit  aucunement  polfedé  du  diable:mais  qu'il  vouloir  maintenir  la  vérité  de 
l'Euangilede  Iefus  Chtift,Scquclediablenes'arrefte  pointa  celle  venté ,  d'autant  qu'il 
eftperedemenfonge.  Sur ks deux  heures  le  Lieutenant  criminel  aucc  les  aduocat&: 
procureur  duRoy  ,lcs  arc  hers  du  preuoft,&:  autres  delà  ville  vindrét  audit  lieu  delà  geô- 
le. Et  parlèrent  afprement  audit  Rabec:  &:  après  luy  auoir  propoié  quelques  poinc~ts,oyas 
fur  iceux  fa  refponlè,  commandèrent  qu'on  luy  couppaft  la  langue,  &:  qu'on  le  menaft  au 
fupplice.  Le  Bourreau  le  prin t,&  l'attacha  à  vne  claye  au  cul  d'vne  charette  en  piteux  fpe 
ctacle.  Et  Rabec  drellint  les  yeux  au  ciel,  prioit  Dieu:&  ne  celfa  iu  fqu  a  ce  qu'il  fut  arriué 
au  lieu  du  fupplice  :  iettant  forcefang  par  la  bouche ,  &  fort  desfiguré  à  caufe  dece  fang. 
Eftant  deueftu,fut  enuironné  de  paille deuat  &:  derriere:&:  forcefouffre  ietté  fur  là  chair. 
Efleué  en  l'air,il  commença  le  Pleaume,  Les  gens  entrez  font  en  ton  héritage:  voire  in  tel 
ligiblcment,  combien  qu'il  euft  la  langue  couppee,  pour  n'auoir  voulu  prononcer  Iefus 
Maria.  Car  lors  qu'il  fut  importuné  de  ce  faire  anec grandes  menaces,  auoitrefpôdu  que 
s'il  fentoit  que  là  langue  deuft  proférer  telles  parolles,  queluy-meimelacoupperoit  auec 
les  dents.  Et  ainll  eftât  efleué,  comme  dit  eft ,  demeura  plus  de  demy  quart  d'heure  fans 
que  le  feu  fuft  allumé,continuant  Ion  Pieau  m  e  :  &  inuoquan t  à  Ion  aide  Iefus  Chrift,par 
plufieurs  fois.  Et  vne  partie  du  peuple  difoit  par  grande  deriiion  &bla(pheme,  quand  il 
nommoit  ainfi  Iefus  Chrift, O  le  mefehant  !  il  dit  que  Iefus  crie  :  qu'il  vienne  donc  lede- 
liurer .  Et  autres  difoyent  qu'il  enoit  le  creffon  verd .  Il  y  en  a  qui  difent  auoir  veu ,  que  le 
gardien  des  Cordeliers  eftant  toufiours  près  delà  paille,  auec  ledit  Alanus  (  lequel  aidoic 
mefme  au  bourreau  à  la  mettre  à  l'cntourde  Rabec)  mefla  vn  charbô  de  feu  parmy  ladite 
Fiuv  mira  paille,penfant  tirer  de  ce  vn  mil  acle,à  (auoir  que  le  feu  commedclcerîdant  du  ciel ,  deuft 
cl<  [ue  veu  allumci  incontinentla  paille,Rabec  eftant  efleué  en  lair:  toutesfois  lemiracle  n'aduint 
îwo'ïun  Pomr-  ?cu  cu:ant;  mi§,Rabec  encore  pourfuiuit  le P(èaume:&:  Rit  abbaiflfé,  puis  efleuc 
par  plufieurs  fois,au  gré  &:  fou  h  ait  des  moines, difâs  au  bourreau,  Haufle&:  baùTeiufques 
à  ce  qu'il  ait  prié  la  vierge  Marie  :  de  forte  que  les  entrailles  eftâs  ia  à  demi  (orties,  encores 

parloit«il 


parloit-ihn'ayat  quafi  plus  figure  d'homme,lors  qu'il  fut  du  tout  deuaté  furie  bois.&  aiofi 
rendit  lame  à  fon  Créateur. 

V  o  i  l  a  ce  qui  a  cite  recueilli  du  procès  &c  de  l'exécution  de  ce  fainct  perfonnage,  que 
ce  bon  Dieu  &c  Pere  de  miiericorde  auoit  m  uni  de  côftance  inuincible ,  al'hôneur  de  fon 
fainct  Nom,  à  l'édification  des  tiens ,  &  confuiion  grande  de  tous  les  ennemis  ,  lez4.  'ou* 
d'AuriljM.n.L  vi. 


PIERRE    DE    ROVSSEA  V^ngeuin. 

C  E  perfonnage  compagnon  du  fufdit  Martyr  nous  apprendra  de  marcher  en  toute  afleuraneequand  Dieu  nous  a 
môltré  la  porte  de  falut.quc  nous  ne  doutiô  s  point  quâd  cela  fera  que  Dieu  ne  nous  donne  vne  fermeté  inutn 
cible5combien  que  toutes  chofes  nous  foyent  contraires,  car  noftre  falut  eft  en  fa  main:  &  a  promis  qu'il  ferâ 
noftre  garant  &  mainteneur. 

1 E  R  R  E  de  Roufifeau,  natif  d'Aniou,  ayant  demeuré  quelque  temps  es  vil-  md.lvl 
les  de  Gen£ue&  de  Lau(ànne,profita  fi  bien  eh  laparollcdeDieu,q  retour- 
nât en  (on  pays,il  monftra  clairement  qu'il  auoit  efté  bon  efeolicr.  Eftant  en 
r^T  )HàC$  ^a  v^e  d'Angiers,en  la maifon  d'vn  fïen  beau-frere,auquel il demandoit cer 
f^U^^S^  tain  droit  de  fuccefîion,fut  accule  &:  trahi  par  luy,  &c liuré  aux  ges  delà  iufti- 
cedu  lieu,parlefquels  ilfutapprehendé&conftitué  prifonnieraumoisd'Odobrc  m.d. 
l  v.  mais  ce  bien  luyaduintpatlaprouidencedeDjeu,qu'ilfutmisenlaprifonmefme, 
en  laquelle  eftoit  le  fuldit  Rabec ,  par  lequel  il  fut  grandement  confirmé  &  fortifié  en  ce- 
lle cognoifîance  en  laquelle  il  auoit  efté  inftruir.  Toft  après  l'on  em  prifonnement ,  fut 
interrogué  delà  foy ,  tant  par  les  vicaires  de l'Euefque  &c  les  officiers  du  Roy,  que  par  plu- 
lïeurs  preftres  5c  moines,deuant  lefquels  il  fit  pareille  confefîion  de  foy  q  le  fufdit  Rabec, 
voire  auec  telle  perfeuerance  5c  fermeté,  qu'à  peu  de  iours  de  là  il  fut  condamné  d'eftre 
bruflé  vif.  Les  caufes  de  fa  condamnation  feront  dites  auec  le  récit  de  fa  mort ,  après  q 
nous  aurons  propofé  lextraft  de  la  confeflîon  qu'il  fit  deuant  les  Iuges,laquelle  il  a  lanfee 
par  eferit  comme  s'enfuit: 

Premieremen  t, interrogué  du  Sacrement  de  l'auteliierêfpondi  que  c'eftoir  grâ- 
dement  deroguéàlaparolle de  Dieu,delenommer  Sacrement  de l'autel,veu  que  fEfcri- 
turc  faincte  l'appelé  Sacrement  de  la  Cene. 

D.  Ne  croyez-vous  pas  quand  le  preftre  en  la  MefTc  a  dit  les  parolles  facramétales  def- 
fus  l'hoftie,que  cefoit  le  corps  de  Iefus  Chrift?  qi.  La  commemoration,ou  pluftoft  often- 
fion  qu'en  fait  le  preftre,ne  fert  que  pour  luy:  car  ceux  qui  {ont  autour  de  luy  n'en  ont  que 
laveuë,quin'efttuiurc  ce  que  fit  noftre  Seigneur  auec  les  Apoftres.&côme  depuis  iceux 
l'ont  obferué.Car  il  leur  en  bailla  la  veuë  5c  legou  ft  quant  &c  quant,  &:  leur  dit,Prenez-en 
tous:afin  que  vous  tous  participiez  à  ma  morr,laquellc  vous  annoncerez  iufques  à  ce  q  ie 
vienne.Et  lur  cela  recitây  les  textes  de  l'Efcriture ,  où  l'inftitution  de  la  Cene  eft  deferite. 

Interrogué  du  Baprefme,&:  ce  que  i'en  croy .  ije .  Que  les  quatre  Euangeliftes  nous  ren- 
dent  certain  tefmoignage  comment  S.Iean  a  prefc hé  le  Baptelme  de  repentacc  en  remif  *** 
lion  des  pechez,qu'en  le  receuant  par  foy  &:  croyant  à  TEuangile ,  cenous  eft  vnealliance 
perpétuelle  auec  Iefus  Chrift.Car  quiconque  eft  baptifc,a  veftu  Chrift:&  n'y  a  ne  Iuif  ne  gû.w> 
Grecneferfncfrâc:  il  n'y  a  ne  ma/îe  ncfcmellemous  Ibmmes  tous  vn  en  Iefus  Chrift,cn>  ~8'- 
leuelis  en  fa  mort  par  le  Baptefme.  Aux  Actes  des  Apoftres  les  chapitres  font  pleins  corne 
ils  prefchoyet  Iefus  Chrift  crucifié  pour  nos  péchez ,  5c  refTufcité  pour  noftre  iuftificariô: 
5c  qu'on  euft  à  croire  àl'Euagilc,&:  cftre  baptifé  au  nom  du  Pere,&:  du  Fils,&:  du  S.Efprit: 
&:  vfoyét  d'eau  feulemét  à  lexéple  de  S.Iean  Baptifte ,  lequel  preichoit  qu'il  en  venoit  vn, 
duquel  n'eftoic  pas  digne  de  dcllier  la  courroye  de  ion  foulier,qui  baptifoit  au  S.Efprir. 

Interrogué  s'j!  ne  falloir  point  prier  la  vierge  Marie  &:  les  Saincts  de  Paradis,  kl.  î'adref 
fe  ma  prière  à  Dieu,  ainfi  que  nous  enfeigne  fainct  Ican  en  fon  epiftre  Catholique ,  Si  au-  tfa"" 
cun  a  péché, nous  auos  vn  aduocar  cnuers  le  Pcre, Iefus  Chrift  le  iufte,lequcl  eft  l'appoin- 
tcment&  interceffeur  pour  nos  péchez:  non  fèulemet  pour  les  noftres, mais  pour  tout  le 
monde.S.Paul  dit  qu'il  s'eft  fait  pleige  de  tous  ceux  qui  s  approcher  de  Dieu  par  luy:  5c  eft 
toufiours  viuant  pour  intercéder  5c  làuuer  à  pur  5c  à  plein  tous  ceux  qui  de  bon  cœur  l'in 
uoquent,&  qui  mettent  leur  pleine  fiance  en  luy  feul.Et  en  S.Matthieu,  Vou  s  tous  qui  e-  Mbtdb  u. 
Iles  chargez &:  trauaillez,venez  à  moy,&:  ie  vous  foulageray:prenez  mon  ioug  fur  vous,&: 
apprenez  de  moy  que  ie  fuis  débonnaire  5c  humble  de  cœur  :5c  vous  trouucrez  repos  à 

AA.ii. 


Iean 


JL/Wo  V.  7  terre  de  Rouf  eau. 

vos  ames.  Car  mon  ioug  cft  doux,&  mon  fardeau  léger.  Le  Prophète  dit,  le  ne  donneray 

ECu+r.»  pointmagloireà  vn  aune,  ne  malouange  aux  idoles.  Intcrrogué  fi  ic  ne  croy  pasqu'il 
y  ait  vn  Purgatoire ,  pour  purger  les  ames  des  trelpaflez .  fy..  le  ne  croy  autre  Pur- 
gatoireque  lelàngde  Iefus  Chrift  ,&:  qu'iceluy  purge  nos  péchez:  car  eftans  ords&in- 
fe&sen  Adam,  par  le  précieux  fang  de  Iefus  Chrift  ibmmes  purgez  &  nettoyez:  autre- 
ment (a  mort  nous  ("croit  vaine .  Intcrrogué  qu'il  me  lembloit  de  la  confclsion.  rçt.  H 
eft  neceflaire  de  confefler  lès  péchez  à  l'exemple  deMoyfe,  Aaron  &c  Salomon  ,  lefquels 
confeftbycnttant  leurs  péchez  queceux  du  peupled'Ifraelà  Dieu  feuhauquelrautdecla- 

i.lcan  1.5  rCr  fCs  péchez  pour  en  cftreabfous.  fainetlean  en  la  Catholique  dit ,  Si  nous  confeflbns 
nos  péchez  à  Dieu,  il  eft  fidèle  &iuftc  pour  nous  pardonner,  &:  nous  nettoyer  de  toute 
iniquité.lainft  Paul  dit  que  c'eftlegrandPontife  qui  pénètre  les  cieuXjnommc'Iefus  Fils 
de  Dieiijkquel  nous  peut  remettre  &  pardonner  nos  péchez ,  &:  non  autre  :  &c  à  luy  fcul 
fautadrefïernoftre  confclsion.  Les  Pfeaumes  dc  Dauid  font  pleins  comme  îlconfefloità 
Dieu  lculfes fautes &:  péchez.  Interroguédu  Ieulne.  i^.Ileftbondeieufner,voire&: 
neceifairc  :  non  point  par  commandement  des  hommes ,  comme  vn  tas  d'hypocrites  a- 
uec  leurs  rriftes  faces  &c  maigres  mines,qui  voudroyent  bien  qu'on  lonnaft  la  trompette, 

Mj«.tf.7  qUancj  ,1s  font  quelque  œuure  pour  l'honneur  de  Dieu  :  qui  eft  tout  au  contraire  de  fa  pa- 
rolle.  Car  il  dit,  Quand  tu  voudras  ieufncr,oings  ton  chef,&;  laue  ta  face,  afin  que  tu  n'ap 
paroilfes  ieufner  aux  hommes.  ^  Lei8.iourd'0£tobre,M.D.L  v.iefumené  par  dé- 
liant les  gens  du  Roy  &:  officiers  de  l'euclque  d'Angiers  :  où  derechef  eftant  interrogue, 
fauoirfiievouloycperfifterenmesrefponics  :iedi  qu'ouyicar  elles  nefont  quepar  ap- 
probation &authorité  de  l'Elcriturefainde.  Lors  ie  fu  enuironné  d'vntas  de  Chanoi- 
nes enchemilèz,  Docteurs  enchapperonnez,&  autres  diuerlèmentaccouftrez:  entreau- 
tresd'vnCordelier,lequel  d'entrée  me  demanda,  Vicn-ça ,  ne  crois-tu  pas,  quand  Iefus 
Chrift  preiènta  le  pain  ^  l'es  Apoftres,que  là  dedans  le  pain  eftoit  fon  corps  reellemet,  &: 
dedans  le  calice  eftoit  fon  lang: 

Çi.  Vous  blafphemez  ,de  dire  que  fon  fangeftoit  dans  le  calice,d'autant  qu'il  n'eftoit 
encorcs  hors  ny  efpandu  de  fon  corps  :  car  le  pain  &  le  vin  en  la  couppe  qu'il  bailloit  à  fes 
Apoftres,n'eftoit  que  pour  commémoration  de  Ion  corps  &:  de  fon  fang ,  qui  eftoit  liurc 

i.Cor.n  àla  mort  pour  nous,ainfi  qnefainét  Paul  teimoigne,difant,Toutcsfois  Saquantes  que 
vous  mangerez  de  ce  pain  &  beuurez  de  ce  calice,  vous  annoncerez  la  mort  du  Seigneur 

ican  *.53.&  ju{qU'à  cc  qu'il  viéne.  D.  Voire,mais  Iefus  Chrift  dit,Le  pain  q  ie  dôneray,c'eftma chair. 
bc  derechef  il  dit,En  verité,en  vérité  ie  vous  dy,Si  vous  ne  mâgez  la  chait  du  Fils  de  l'hom 
me,&  ne  beuuez  fonlbng,vous  n'aurez  point  vie  en  vous:qui  mage  ma  chair  &£  boit  mon 
£ang,il  a  vie  éternelle,  y..  Il  cft  eferit  au  mcfme  chapitre  que  vous  alleguez,queplufieurs 
de  fes  difciples  oyans  telles  paroles  furent  feandalifez  :  &:  Iefus  fâchant  en  foy-mefmc  que 
les  dilciples  murmuroyent  décela ,  leur  dit ,  Cecy  vous  Icandalile-il  ?  que  fera-ce  donc ,  il 
vous  voyez  le  Fils  de  lhomme  monter  où  il  eftoit  prem  ierement?  c'eft  l'Elprit  qui  viuifie, 
la  chair  ne  profite  de  riemles  paroles  q  ie  vous  dy  ibnt  efprit  &:  vie.  Cc  n'eft  donc  le  corps 
de  Iefus  Chrift  reellement,comme  vous  faites  accroire:en  quoy  on  derogue  grandement 
m  14,15  àfaparoiiejiaqUCiienous  defend,difant,Si  quelcun  vous  die,  Voicy,icy  eft  le  Chrift,ou  le 
voi  !a  :  ne  le  croyez  point.  Vojcy,  il  eft  au  deferr,n'y  allez  point.  Voicy,il  eft  és  cabinets,ne 
le  croyez  point.  S'enfuit  donc  que  le  corps  &:  le  lang  de  Iefus  Chrift  n'eft  enclos  n'au  pain 
n'y  au  vin  recllement,comme  vous  dites:  ains  lcfaut  cercher  aux  cieux,commcdit  faincl: 
Iean,en  efprit  Sévérité.  Mais  en  célébrant  la  Cene  en  la  forme  &  manière  comme  il  la 
nous  a  ordonnee,&  que  depuis  les  Apoftres  l'ont  obferuee&. gardée,  comme  appert  par 
l'Efcriture  fainderil  nous  y  eft  reprefenté  fpirituellement  &c  par  foy.  Le  poure  moine  fut 
tout  confus,&:  toute  rafsiilence  commença  de  murmurer  contre  moy:  mcfme  monfieur 
du  Bois,diiànt,Comment  i  tu  nous  déclares  tous  idolâtres,  à  t'ouyr  parler.  le  luy  refpon* 
dy,  VousTentendez  mieux  que  vous  ne  dites.  Ledo&cur  del'Euclque  me  voulut  parler 
delà  {àcnficature,difantque  les  Prcftres  pouuoyent  facrifier  &confacrer.  Ien'en- 
ten  autre  Sacrificateur  que  Idus  Chrift,  lequel  eft  entré  és  lieux  hauts  ,precurfeur  pour 
nous,s'eftàntfaitfouucrain  Sacrificateur  éternellement  félon  l'ordre  deMelchifedeckiu- 
qucl  nous  Ibmmes  ian&ificz  p  ar  l'oblagon  vne  fois  faite  de  fon  corps  :  par  laquelle  &:  feu- 

Hcb.10.14  jc  0j^at  jon  jj  a  côfâcre  à  pcrpetViité  ceux  qui  font  fan&ifiez.Ie  croy  bié  (  encorcs  qu'il  (oit 
appelé  Do&eur)qu'iln'auoit  gueres  eftudiél'epiftreaux  Hebrieux,où  en  eft  parlé  ample- 
nict.car  il  nemerelpôdit  rien,&:  demei  11  a  c  ôfus.Le  Procureur  du  Roy,degrâd  colère  fe 

leua 


*3; 


Pierre  de  Rokfea»,  4/f 

Icu^  dontreuioy  i&C  më  fie  defpodiller  pour  derechef  cercher  fi  i'aupyc  plus  d'argent  ou 
1  *ires,  &  là  me  turent  faites  degratide*  ntofcftc&.  Iv^ous  prie  cenier  que  ccft  de  la  poure  ; 
brebis  encre  des  loups,  qui  à  gueule  ouùcr  ce  crient?  Gmcifigt» 

EpilttC  dudit  de  kouiTtak 

TVh  »c  a  t«  fi^eSetfteftoraltey^liyuam    dfle&iondeflèftrebûtt  Dieu&Pcre, 

-  '  parfoftftlslIdfeSt^tô^  nepuii  faire  autre  deooir  en- 
ueriv^t^'fbrs  <fue^;rt;ndr^grâci  ferts  ceflèpout  Vous,faifant  mémoire  de  vous&  tou- 
tcMSrrëe^ifë('i,>én<ten  vollrefemi41ë)cnfmes  prières  &oraîfons>mé(ôuuenantJhelas!  de 
la  tresliebreuïê^6urnee,donEiioftre  bon  Dieu  fe  voulut  fèruit  de  vous ,  pour  me  faire  co- 
gnttiftrefa  p'af 6llô,de4aqiieWè  11  me  fait  maintenant  teûnoln ,  corn  me  lkuez ,  Se  pourrez 
vbir^pàr  certains  ^«feles  que  k^vous  ertûoyc  :  lcfquels/ay  délibéré  feeller  de  mon  propre 
tèhgvpltfftbtëqiicb^q^^^  point*  contenutn  iceux,s'ilpkiftacc 
bbn  Dicu&P<n^cclefte^  trop  indigne  de  fbûffirir  pour 
fàtttoom  •  tnabfluifeft'potui  itiel  fautes ,  comm«ïk>«s-nous  deuons  tous  recognoiftre, 
dîacuftenfonèttdifcte^^  rien  de  ce  qu'il 
nOuscft  coi^àW^^  tellemê'tdefe&ueux ,  qu  a 
tôus^ropds  hoWifibùs  oubkonMâfchans  la  bride  à  noftre  chair,<pour  fuyurc  nos  cupidi- 
tés folleYaft^ièri*^  de  néant  ,  delaiffans  la  voyede 
Iefus  Chrift,pourfuyurelavoyedeBalaam  filsdeBeor,quiaimavn  falairc  inique.  Pour 
certain  nous  fommes  fi  charnels  que  ne  finirions  fi  peu  donner  de  relalche  à  noftre  chair, 
qtffejlc  n'&rtire^es  ^(gheiffen*  depçché:&:  quân$tféjfeehé  eft  eoncèu,il  engendre  mort. 
Donc  le  Prof  hetè  ne  dit  point  (ans  caufe ,  Ta  peTfîiudn^ient  dètoy,  îfrael.  Cela  certes  ofec 
nous  doit  bien  don  nef,  çrainte,84  nous,  tenir  fur  nos  gardes  ^comme  ditl'Apoftre ,  Soyez  I>PicriJ.a 
l'obres  &:  veillez  pourtant  que  voftreaduerfaire  le  diable  chemine  corne  vnlyon  bruyât 

a  îeritour  de^vttttëiccf  chant  qudeun  *pour  deuorenauquel  hut  refifter  acîerepoufîer  par 
prières  &  orauons,&  apprendre  ^e'noùs  hurqilicrjSc  recognoiftre  rios,fa:ùtes,fi  nous  vou- 
lons eftre  parcicipans  des  biens  ceïcfljes  &t  éternels  promis  pat  fa#afoliè:defqueis  le  moin 
dtceft  trop  plus  qae  fuffifan  t  pour  nous  feire  renocer  toutes  les  chofes  du  mode,  voire  no 
ftte  propre  vie,pour  afpirer  6c  eftre  raoisen  efprity& toucher  lâ  main^  IefusChrift  nous 
tend,difànt,Venezàmoy  vous  tous  qui  txauaillez&:  cftes  chargez,  &ievousfbulageray.  MauMS 
Preparorts-nous  dôc  d  aller  aûec  vnecertitude  dc&y  au  throne  de  fa)grace,recognôiflafts 
l'vn  l'antre  par  chanité  &  bônes  œuurcs:&  q  nous  obtenions  mifericorde,&:  trotiuiôs  gra» 
ce  pour  eftré  aidez  entemps  opportun.  Vous  priâ^trefeher  frereen  Iefus  Cnrift,comme 
fi  i'eftoye  prefent,  le  predre  à  la  bônepart,&  d'auisi  bon  pceur  qu'huœblemét  m'e recom- 
mande a  vos  bonnes  prières  âcoraifons.  Efcritedela  main  de  voftre  difei  pie,  humble  &c 
obeifiant  feruweur,lequel  vous  recom m ade  à  la  gtacc ôc  mifericorde de  noftre  bon  Dieu 
&c  Perecelefte,enfaueurdecegrandSauueurIefusChrift  noftre  Seigneur ,  &t  en  la corn- 
municauondefonlâin£tEfpnt,quiibitaucclevoftrC:  Amen. 

-  Ttefcher frère ,  ie vous  ay  eferit  breuement,  nVafieurant  que  voftre érudition  eft  telle, 
queienevousfauroye  tant  eferire,  que  vous  n'entendiez  d'auantage.  Parquoy  ievous 
prie  la  mettre  en  efTedt  de  tout  voftre  pouuoir,ainfi  que  Dieu  nous  commande  auDeu- 
teronome  6.  &c  ix.  chapitres,où  il  eft  dit,  Tu  aimeras  le  Seigneur  ton  Dieu  de  tout  ton 
cœur,  de  toute  ton  ame,&  de  toute  ta  force: &,Ces  parolles  queicte  commande  auiour- 
dhuy,feront  en  ton  cœur  :  fi  les  reciteras  à  tes  enfans,&  parleras  d'icelles  quad  tu  demou- 
reras  en  ta  maifon,&  chemineras  en  la  voye,  quand  tu  te  coucheras  &  quand  tu  teleue- 
ibs.  Voila  vn  paffage  bien  à  noter  &  à  obferuer ,  afin  d'ofter  toutes  vaines  cogitations  8c 
pënfees, dont  noftre  efprit  eft  totalement  agité,  qui  font  alleclicmcns  de  péché,  dequoy 
pSrle  l'Âpoftrc  :  lequel  nous  défend  toutes  plaifantcrics  ou  vaines  parolles,  mais  pluftoft 
j>rbpos  de  grâce  :  chantans  Pfeaumes  &c  cantiques  au  Seigneur ,  pour  toufiours  luy  don-  ^  ^ 
ricr  gloire  à  l'exemple  du  Prophète  Dauid  ,  qui  dit,  le loueray  le  Seigneur  tant  que  ievi-  CâU  H* 
uray:  fa  louange  f  era  fans  cefle  en  ma  bouchermon  ame  fe glorifiera  au  Seigneuries  hum 

bîes  t'orront  &  s'en  efiouiront.  Il  eft  aufsi  eferit ,Que*les  hommes  rendront  conte  au  iour  Ma«.» 
du  iugement,mef  me  de  toutes  parolles  oyfèuies  qu'ils  auront  dites.  Etferot  iuftifiez  par  &37 
féurs  parolles,&:  par  leurs  parolles  feront  condanez.  Or  nous  auons  à  prier  ce  bon  Dieu, 
qu'il  n'entre  point  en  conte  n'en  îugement  auec  nous.  Vous  recommandant  à  la  parolle 
de  fi  grâce. 

AA.iii. 


LiurC^V.  ThamtsGruwna 

1  !Êhcu*  L*ifqu£S:andeoteneincs  6c  maux  m ce  Martyr  aefté  autant  paiûble  qociaicmpc- 
de  Rouf-  '  ftcaîcft  monftrée  dangercufc.  Premièrement  à'  cauic  q  u'il  auott  cfté  de  for  drc  abomina* 
fcau-  ble  delapreftriiè  Papale,  fut  condamné*  la  façon  du  précèdent  Martyr ,  d'eftredcgr ad  n 
6c  Ci  receut  ientenec  de  mort:  dont  il  Ce  porta  pour  appelantictC  fon  appel  fut  Yeleuc  en  la 
cour  de  Parlement  de  Paris. Aduint  que  m aiftre  Remy  Ambroys  président  d'Aix  en  Pro- 
uenec  ,  ayant  obtenuTCQxnroiffion  du  royir^enry  n  vau  ra<HS«rÂuril,cuccôan  ,ui. 
de&ircmfprmarion&ijugcrau  pays  d'  Aniou  ceux  qu'on  oommoit  hérétique*  Se  Luthé- 
riens, mit  en  exécution  Ulcntcnce  donnée  contre  de-Rouflêau ,  apjrcsl'auoir  fait  itéra, 
tinemcut  çe/pondre  fur  les  m  cimes  articles  6c  relponjfes  par  luy  coaicifecs  6c  mainte- 
nues .  Le  vend redy  x  x n.  de  May,  qui  eftoitle  troifiemeiour après  fonarriuée,  cota, 
me  pour  Ta  bien  venue,  ille  fit  dégrader  la  dégradation  faite,  pour  bien  pourluyurç 
Ion  chef  dce|iurc,il  luy  fît  bailler  la  queftion extraordinaire  extrême  au  poisibJcpar  trois 
fois  laquelle  il  endura  conftamment.  Et  e^iuiron  quatre  àtinq  heures  dudit  jour  après 
midy^  luy  ayant  fait;  coupper  la  langue  6c  bâillonner  d'yn  bâillon  defc*  ,i'euuoya  a  la 
mort  tout  brifé  6c  mutilé  qu'il  eftoit,, «rainé  fur  vnc  claye  iuiques  au  heu  du  fupplice,  qui 
eftoit  au:,  halle  s  de  ladite  ville.  Ec  eftant  la  guindé  en  l'ailles  yeux  fichât  au  ciel:  Dieu  de* 
clarafona&ftenccmarnfefte:  car  eftant  délia  tout noir  au  feu,  6c  commcàdemy  rofty, 
fon  bâillon fedeffit de  fa  bouche,  Sdinuoqua le  noo»deDicu,duantlbuuentçsfois  ,Icl"us 
Chrift^siftc  moy  :  Seigneur  Dieu1,  aftiftc-moy  :  dont  plusieurs  turent  eftofinez.  Et  ainû 
finit  conftamment  Ion  martyre. 


THOMA  S    C  R  A  N  MER,  Primat à'^infitterrt. 

L  A  vie  &  la  mort  de  ce  bon  Arclaeutfque  tteCammbic  rcfpoûdaores  Tvnc  à  l'autre ,  fortt  jci  ddcriteî  :  Se  par 
occafion  l'hiftoire  du  diuorec Se  fécond  mariage  du  roy  Henry  VT 1 1.  y  eft  autant  pernnémenr  dcfduite 
ou'en  hiftoriograptie  que  nous  ayons  de  ce  temps.  Et  auisi ,  comment  de  cefte  queft  ion ,  l' Anglcter  recom- 
mença d'eftre  affranchie  de  la  fuieâion  du  Paper  puis,  vne  refbrmation  Ecdefiaftiqu*  y  fut  introduite,  qui 
monta  comme  par  degrez  de  meilleurs  cognot  fiance  :  c'eft  Ardieuefquc  y  tenant  fpcciaJemcnt  la  main]  &  f 
empl  oyant  tout  fon  crédit  :  voire  Se  finalement  fon  fang^pres  trois  reuolutions  de  règnes. 


r  j  j  ïKïSS®  O  V  S  commencerons  fhiftoire  de  ce  grand  perfonnage  martyr  du  Sei- 
gneur,  depuis  iàriaiûance,  qui  fut  l'an  m.  c  ccc.um  x.kiecondiour 
du  mois  de  luittct.  Son  perc  eftoit  Thomas  Cran  mer,  au  pays  de  Notingam, 
gentil-homme,  d'eftar  honorable  entre  ceux  qui  fuyuent  l'ordre  de  Chc- 
ualerie:  ck  d'Anne  Hatfeîdam,aufsigent)l-fcmme  de  race  &  de  vertu.  Eftant  ieune  en- 
fanté*: d'aage  propre  pour  f eftudc  des  lettres,fut  baillé  en  chargea  vn  m  aiftre  d'cicole  en 
la  ville  d' Aflo&on,  qui  auisi  eftoit  Clerc  de  la  paroùTe .  fous  lequel  ayant  fimplcmcnt  ap- 
pris  les  petits  fondemens  de  Grammaire  :  6c  s'eftant  préparé  aux  plus  hautes  icicnccs,  fut 
enuoye  par  fa  merc  à  Cambrige  fin*  l'an  x  1 1 1 1 .  de  fon  aagc.C  eftoit  du  temps  que  les  let- 
tres dormoyent ,  6c  que  la  barbarie  regnoitparmy  le  monde.  Il  ne  reftoit  lors  des  arts  li- 
béraux que  le  nom  6c  lenombre.  La  Dialectique  n'eftoit  que  fophifteric  :1a  Philofophic 
tant  morale  que  naturelle  eftoit  vn  vray  labyrinthe  de  queftions.  La  lumière  des  langues' 
prefques  efteinte.  mefmes  la  Théologie  eftoit  venue  là ,  qu'eftant  chargée  d'vne  infinité 
de  feneen  ces  Se  diftintbon  s ,  elle  ter  uoit  trop  plus  à  gain  fordide  6c  à  Ibphiftcrie ,  que  non 
pas  à  l'édification  de  beaucoup. 

Eftant  tom  bé  en  vn  fiecle  fi  mal-heureux,  vn  tant  bon  naturel  d'homme ,  fut  côtraint 
d'employer  fa  ieuncfte^ufqucs  à  vingt&  deux  a'ns , aux  queftions ficfubtilitcz de  l'Efcot 
&c  autres  Sophiftes  fem  blables.  Ces  tencbics(  qui  auoyent  prefquecouuert  tout  le  mon- 
de) com  m  encerent  vn  peu  lors  de  fc  retirer,&  les  bÔncs  lettres  gagner  place  par  le  m  oyen 
Faber&  E-  ^c  quelques  commencemens  de  Fabcrj&d'ErafmCj&iie  certains  autres  gens  dodes^ 
roiroe.  diferts.  en  la  lc£ture  deiqucls  ccft  homme  prenant  vn  plaifir  fingulier ,  limoit  iâ  langue 
de  iour  en  iour,  iùfqucs  à  oc  que  Martin  Luther  eftant  venu  en  vogue,  les  hommes  com- 
mencerent  d  ouurir  les  ycux,&  apperceuoirla  îumicre  de  Vexité.B  encroit  lor  s  en  l'an  de 
fon  aage  rrentieme,  que  laiftant  à  parties  autres  eftudes,  il  s  adonna  entièrement  à  la  co- 
gnoilîance  delà  Religion .  de  manière,  que  voyant  quileftoit  impofsible  d'en  pouuoir 
rendre  raifon  telle  qu'il  pretendoit ,  fa*ns  venir  droit  à  la  fontaine,  premièrement  que 

s'adonner 


diuorcc 


s'adonner  te  afèûionntt  au*  apauons  Awperfotines  >3ife  fit<te  trois  luis  auwtf  shofc que 
lire la  Bible. 

Ayant  feitcefcndcmerit  àuecceJ  ftuiÔqUiD eiperoit  yôc fct-o^fttiinlkàt  aifrz  fort  pour 
^efonopmroria^  matières^  ^ 

theurs ,  fans  safiTuiettir  à  perfonne ,  de  quciqoe>cfut  ou  qualité  qu'il  fuft:  ains  come  audi- 
teur de  toutes  chofes,  exam  moit  en  fon  dprit  les  opinions  des  vns  &  des  autres .  Il  kibit  les 
vieux,  £ans  toutefois  mefpriièr  ieshouucaux  .11  rleliibrt  iàmais  liure  que  la  plumé  n  y  faft 
çuant  &  quant  pour  (a  mémoire.  S'il  y  auoitrien  indécis  où  debatu  cnttôl*s  Àutheùrsyil 
cottoit  breuement  en  quoy  ils  c.onucnoyet,&:  en  qnoy  non.  6c  en  fàifoit  dç  péris  lieux  cô- 
muns  qu'il  auoit  à  la  maimoubien  fi  le  pafTa^e  qui  lèprefetoit  pour  cftre*noté,  eftoit  pro- 
fae^fecontêtoit  deremarquer  l'endroit  ou  iiletrouuoit,&  decoteer  lcliure,afin  dclàik 
fer  toufiours  quelque  aduertiflement  pour  foulager  la  mcmoire.ïlpourfuyuit  cdadiligê'- 
ment  iufques  a l'aagc  de  £  j  .ans,qu'ii rot  appelé  pour  eftre  Prore/Iêur  eir Théologie. 

On  eftoifclorscnqucftion  touchant  le  diuorec  de  Henri  v  1 11. auec  Catherine  fîlledu  ^llro 
roy  Ferdinadjlequclauoiccftémiscn  controueric,  par  ce  qu'elle  ayatefté  mariée  en  pre-  riviii.  * 
mi  ères  nopeesauee  feu  Àrthus  frère  dudit  Henri,  on  propofoxt  aux  Vniùerfitez ,  Sauoir- 
mon ,  u  celle  qui  auoit  efpOufé&  couché  auec  le  frère  ,  pouuoit  en  fécondes  nopeeseftre 
coniom  te  auccl'aîitre.  En  forte  qu'a  près  auoir  efté  remôftré  au  Rôy  par  1  eucfque  de  Lin- 
colne,ditLonglan(i^  quclquesautres  des  principaux  de  l'Eglife,q  tel  mariage  eftoit  illé- 
gitime &:  contre  la paroile  de  Dieu  ,fut  finalement  aduifé  que  fix  des  plus  dodes  de  î'V- 
niuerntc  de  Cambrée  ferôyenr  ciK>iâs,&  autres  fix  de  celle  d'Oxone ,  pour  décider  fi  v- 
nemeônefeflirne  pouuoit  fe  marier  fucceATiuemcatauec  les  deux  frères,  àu  nombredeL 
quels douze,rat  Cranmer,  mais  parce  q  lors  il  fe  trowua  âb&nt  ckfî* Vttiuerfité,  on  luy  fur- 
roga  quelque  autres  fijou  après  pluficurs  raifons  déduites  d'vn  cofté  &  d'au*  rc,fut  fi  nale- 
ment  conclu  par  eux ,  Que  bien  tyi?ils  nepeulTentnier-qttetei  mariage  hefuft  illégitime,  Aduiâda 
toutefois  auec  dupeniedu  Pape  il  pouuoit  eftre  permis  v  Pect  de  temps  après  Crin  mer e- 
fiant  de  retour*&:  requisde  cure  ion  aduis  touchant  ce  m  ariage,  rcmonftra  le  tout  fi  pro- 
prement 6c  auec  tant  de  raifons ,  qu'il  induit  cinq  des  opmans  decondefeendre  à"  (on  ad-  ' 
urs.Et  ncftoicàCambrige  puis  après  difpuce'  aux  eicolcs  en  commun  deuis  6c  feftins  cfàu 
trechofc,finon>Si  le  Pape  auoit  puiftance  d'eftcndreiaLoy  de  Dieiv  iufques  là  ^ue  lefre- 
re  peuft  prendre  la  femme  de  fon  frère  ;  fi  que  finalement  rut  conclu  par  la  plus  grande  6c 
faine  partie^ u'iln'eûoir  aucunement  en  fa  puinanec. 

Ci  quayantefté entendu  par EftienneGai&i^ 
d'eure  eucfqucdc  Vvinceftrc,  aduertit  inçoncirient  le  Roy  comme  Cranmer  au  oit  réoer 
fé  iesopinions  de  cinq  des  arbitres  députez  pour  la  cognoi/ïancedu  mariage,&:  plufîcurs' 
autres  de  rVniuerfité .  Sur  quoy  tes oy  Henri  huitième  Fcnuoya  quérir  pour  entendréde 
luy  plusamplementfes  raiibnsrpuis  l'ayantouy ,  le  renuoya  en  fa  maifon  auec  corn  madé^ 
ment  d'y  peiner  encore  mieux,&  coucher  le  toutdiligemmentpar  efcrir,puis  luy  appor* 
ter  ^oft  apres.Ce  qu'eftant  fait  par  Cranmer,  le  Roy  l'enuoya  en  France  en  la  compagnie  Antèa&de 
du  conte  de  Bilwgc,ambailàdeut  eh  chef,  6c  le  dp&eur  L  ée,  depuis  archeucfque  d  York,  gj^f  ee™ 
deStokifleeeuefq^ckLondres^fiaueceux  trois  LegiftcsjTrigQnd^Karmus,*:  Benoit*  coirfulrcr  le 
à  ce^oe  tous  euiTent  à  en  conférer  par  dil'putes^crefoudre  quelque  chofe  auec  les  Théo  mifi'jêc  d^ 
logiens  de  paris  &:  autres  Vniuerutez  du  royaume. En  ce  voyage  Cramer  fe  porta  fi  bien,  ™y  cmU 
q  mefmerambafladeur  en  dcriuitauRoy^cluy^donna  tant  bon  tefmoignagede(â  pru- 
dence ,  gramté  &  dodrinc,  que  luy  feul  fut  depuis  ordonné  paf  le  Roy  àmbaHâdeur  vers 
i'fimpereur.L'Empereur  eftoit  lorsauvoyagedeYrcnnc  contre  le  Turc. 

Ça  au  m  1  *  priMÛjncàeœmpvi'A^ 
non  feulement  Alemans,maisaufficourti(ànsdefEmpereur,quiferengercntderon  ad- 
uis^ommémeat  A^ippa,qui  eftoit  cftimé  faaànr,  lequel  on  dit  auoit  refpondu  que  lb- 
pmiôftaeCranme*eïW>itb^nkmeUleurc,  massdela  maintenir  qu'il  n'oferoit ,  depeur  ^nppa' 
d'otfnifër  le  Papc&  i-Empereik  .X^uaatài'Empereur  il  nen  voulut  preridrcla  cognoif- 
fanc«^maisi^uoyalc  toat  aU  Gootd*^  Cranmereibnt  rappelé' par  le  Roy,  fut 
btesttoft  après  depefché  à  Rome  versée  Pape  pour  le  mefme  amiïre  :  où  il  Jeremonitra  fi 
vraemenr*quapres  plufieurs  altercations  &difputes*les  princi^auxTheologiens  du  col- 
legedela  Rotevdflcusparrâifons,ftïrentfinatemen»œnttamtsdcconr^  hn?icté  des 

riagecontrcucrtoit  bien  aucbmmandement  ordonnance  de  Dien  :  mais  que  pourtant  4°  J^"8 
il  n'y  audit  rien  qui  peuft  empêcher ,  que  moyen  aansladiipefcdu  Pape  il  ne  peuft  eftre 

AA^iiii 


Lim  V*  Th&mas  Qranmef 

permis  ^feceucomm^cgitimerCranm 

Cepédant  Guillaume  Vvauram  ,  archeuefquede  Canturbie ,  mourut:  auquel  Fut  fuTw 
De  laque-  rogue  Cranmer.  Et  bifiïMioft  apîes^cômelon  void  qn'vneoccalion  amcweUautrt)  lâ'quc- 
ftipniunu  ftiondecemariageiîniaîrtc<»vnaua'et6uchat lapuifànce&auchoricédu  Pape;  fi  qu'en 
Roy,i.;Upn.  l'audience  &  atTembjée  desphis  grans(qu>en  appelcParlcm  ent)on  commença  fort  à  dou 
miutédu   ter  delà  primauté  #fuDerioricé  de Tcglifc  Romaine  .  EtiacogneurJ  archcuefque  Cran- 
té? en"0"  mcr  Wwààç*  W(8|b6  &J  annotations  dont  a  efté  pairie'  cii  deuahr  :<car  en  lui  repoioit  ro-t 
doute.      talemeotddbf  mai&Jacharge  &  difficulté  de  tout  ce(tarTaire&:  n'y  auoit  pcrfonneqoeiuy 
qui  euft  à  repoufîer  les  efforts  te  objections  des  Papiftcs.  Voire  bien  quele  prouerbadhe, 
que  mdmerfoculesne;  pourroit  remuer  à  deux>  ti  eft-ceqlui  feul  batailloit  contre  cous, 
oifeul refiftoitàtous  .  Uefpluchoitdés Grondement que  c'eft  qu'on  deuoit  eftimcroSi 
Pape&<ie  toute  fâ  prééminence >  rcmonftrant  qu'elle  ne  fe  pou uoit  prouucr  par  partage 
qui  fuft  en  toute  lâMin&e  Efcriture  :  ains  ne  procedoirquextfvne  ambiticofe  tyrannie  des 
hommes .  Et  queçcjles  grandes  ièigncuncs  appartenoyent  proprement  aux  Empereurs, 
Rois,  &:  Prmces,aufqucU  il  falloir  que  Preftres,Euefques,Papes,  Cardinaux  fu  fient  obeiL 
fans  te  iuiets  félon  le/rom  mande  ment  de  Dieu,  ne  plus  ne  moins  que  tou  te  autre  manie-* 
ne  dépens.  Ain^,qu-il  n'y  auoit  fondement  ne  raifon  par  laqile  l'cuefque  Romain  fè  deuft 
préférer  en  dign  icé  aux  autres  Euefq  ues:ains  au  contraire  fal loit  qu'il  recogneuft  fes  fupc-> 
rieursjôcqn  il  fuft  de  mefrae  condition  auec  les  autres  t  Car  bien  quefian  àuthorite  dedft. 
eftrereceuë&recogncuG  par  ceux  du  diocefède  RomQtoucefoisdeibnfrrir  vnc  tant  de- 
mefurqe  te  defbrdonnee  anticipation  &  Àiatatiô  de  cefiege ,  il  n'y  auoit  propos  ny  appa- 
rence^ qu'il  en  deuoit  eftre  raie  &  ordonné  corne  des  autres, par  ainfi,  qu?il  iuy  i embloit 
trqp  plu  s  que  ratfbnnable,quepar  l'authorité  du  Roy&  confenrememdès  Eftats>l  ambi- 
tieniçfjprninatiôii'yn  tel  Euefquç  fuft  rewenchee  derÀnglcterrc,&:  qu'elle fetint  en  l'on 
Italie  entre  les  lien*»  fans  pafXer  plus  outreaux  nation  s  eftrangcs. 
\  C*  l  a  eftant  aiikÇ  pa4ccnpâr)cment»leRQy  tel*  Rôinç  turent  quelque  temps  apresi 
citez  fousfobeiflance  qu'ils  deuoyent  à  iïgli  fe,  p  ardeuan  t  far  cheudqocdc  Canturbie  te 
Qardiner  euefqoçde  Vvinccftre ,  luges  commis  te  députez  pour  le  raiârdu  mariage  dont 
ilçftojt  queftion  ,afîn  d'ouir  te  entendre  ce  que  Dieu  tnefmccn  ordonnofc.Le  Roy  nere- 
fufe  ppintsd'obeirià  Dieu,ain$,dcciariequ'ilcft  preft  defeire  toutes  chofes  décentes  te  raL 
fonnables;  mais  la  Roinercicttant  en  cc3a  leurs  iugemen  s,  fe  porta  pour  appelante  deuât 
le  Pape.  Quoy  nonobftant,veu  qu  'après  auoir  exterminé  1  authorké  Papale,  iiauoit  efté 
ordonné  par  areft  general,que pedbnnc,  de  quelque  eftat  ou  qualité  qu'il  fuft,n  euft  à  ap 
peler  d'aucune  fentence  donnée  dans  le  Royaume»  au  lîegcRomainrnes'arrcftanià  l'ap- 
roy  H&iï  PeM^i°n  interiettee  par  la  Roine>procedercnt  au  iugèment  defînitifdu  procés:Ô£  ordon+ 
&dcCa.  necent  4çemarjaœ,comnieillegitime&^ 

thenne.  leur.  ^"L'euefque  cte,  V  vinceftrc,bxcn  qcrauparauanten  prefencedes  Eftats  te  Iblennclle- 
ment  il  euft  défia  renoncé  à  toute  domination  Papale,  toutefois  au  dedans  nourrifloit  y- 
ne  pa  rticuliere  affeâion  qu'il  portoir  à  iceUe.  Au  cou trairc,l'  A rchcuefqu e fentant  bien  q 
tant  que  le  Pape  r,egneroit  au  pay  s,ii  n'y  auoit  cfpcran  ce  de  reformer  rEgli(è:&  que  main- 
tenant qu'on  luy  autoit  donnef  congé ,  les  affaires  pourroyent  £e  porter  beaucoup  mieux» 
s  auança  de  prendrcloccafion  qui  fe  prcfcntoit.  Au  moyen  dequoy  voulât  reformer  tou- 
tes les  ÉgliCes  félon  la  parolle  te  difcipUncde  Iefus  Chrift,  te  le$  réduire  peu  à  peu  à  la  for» 
me  te  manière  delaprimitiueEglife:talehoit ,  corrimelc  Pape  auoit  efte  exterminé ,  d'o- 
ft  er  aufiiics  erreur  s,  herc(ies  te  corrù  prions.  Pouc  quoy  raire  i  m  petra  tant,  par  fon  moyen 
que  des  aurres,que certains  Euefqueso^utresgeriscloftes  furent  commis  à  conférer  des 
poincfa  principaux  de  ^aReligion,^  en  faire  vn  liûre  pour  f  inftitution  dcl'Eglifc ,  lequel 
fuit  ner&  purçé  de  toutclbuillcure^fuperftition  Papàlci  Ceux  qui  curentceûc charge, 
furent  Stokiflc  eucujtie<k:  Londres,Gardiner  eucfquc  de  V  vinceftre,  Sanlbn  cuefque  de 
Cheftrc,  Repfccuefquede  Norwic,  Geoffroy  eucfquc  d'Èlie ,  Latinicreuefqticde  VyjU 
gorne,  Sharton  euclquede  Sarifbur,  Barlous  cuefque  de  faind  Dauid .  Celuy  de  Vvihœ- 
ftre  accompagné^  trois  ou  quatre  autres,pour  la  douotion  ancienne  qu'ils  portoyentau 
Pape,  n'oublièrent  a  donner  toutl'ordre  cjUilcurrut  poffible  ,à  ccqucles  vieux  regiftres 
te  par  chemins  de  l'idolâtrie  précédente  demeuraffent  en  leur  entier .  toutefois  vaincu  &- 
nalementaucc  fes  coadiuteurs  par  l'aurhorité  des  Pères  anciens  de  l'Egliiè  plus  antique, 
voire  par  la  parolle  diurne,  céda,  te  s'accorda  au  contenu  duJiure,  lequel*  depuis  fut  nom- 
me Epifco  pal ,  iiiyuant  le  nom  te  titre  de  ceux  qui  le  comp  oferent .  Par  ce  liure  il  cft  aifé 

de  voir 


Thomas  Crdrmef  £i? 

devoir  commerArcheuefquc  n'eftoit lors  afTez  inftruit &c  refolu  en  la doctrine  du  Sacre- 
ment ,  veu  que  la  traiTubftantiation  &:  prelence  réelle  de  Iefus  Chrift  y  eftoit  maintenue 
&c  com  prife.il  auoit  encore  quelque  choie  des  i  mages ,  combien  que  cedernier  article  ne 
procéda  jamais  des  Euefques,ains  y  rut  eferit  apres,&  adioufté  de  la  propre  m  ain  du  Roy, 
a  la  folicitation  de  l'Euefque  de  Vvinceftre,ainii  que  le  commun  bruit  eftoit. 

Ce  l  a  fait,  on  procéda  puis  après  à  la  ruine  &:  densité  des  monafteres .  or  l'intention  Lejcôuents 
du  Roy  eftoit  que  ce  butin  reuinft  au  profit  du  thf  efor  de  lès  finances.  L'Arche  uefque  &:  mk  bas  en 
autres  Eccleliaftiques  eftoyent  tous  d'opinion  contraire  :  dilans  que  le  profit  &c  le  dcuoir  A,1ëictcrre- 
de  gens  Chreftiens(tels  qu'ils  le  difoyent)  commandoic  que  tout  l'or  &c  argent  qu'on  tire- 
roitdesConuens&:Monafteres(qui  eftoit  grand  merueilîiuiemét)deuoiteftrediftribué 
auxpoures&  auxelcoles.  QuifutcauI'equeleRoy  (àl'inftigation  del'euerquede  Vvin- 
ftre,qui  ne cerchoit  que  moyen  de  retarder  l'Euangile)fit  promulguer  concre  l' Archeuef- 
que  &:  fes  compagnons  fouftenans  vne  mefme  dodnne,la  loy  des  Six  articles  ( plus  perni-  Promuîga- 
cieulc  qu'on  ne  iàuroit  dire)contenant  iommairement  le  principal  fondei  icnt  de  la  reli-  ll°n  jj«  lîx 
gion  Papiftique  :&:  la  fit  confermer  par  areft  donné  en  Parlement,  comme  il  a  efté  dit  ci  ^«eîrL 
deflus  en  Ton  lieu.    Nous  auons  aulfi  dit  ailleurs  côbien  de  morts  de  poures  &:  innocens 
Martyrs  furet  faites  à  l'occafiô  de  ces  Six  articles,  refpacedehuitans:  toutefois  que  quel- 
que temps  après  le  Roy  mieux  informé  de  ce  qui  en  eftoit ,  &.  que  ce  que  l'Archeuefque 
&:  autres  auoyent  fait,ne  procedoit  de  malice,  ainsd'vnefimplicité  deconfcience,ne  leur 
fuft  plus  fi  rude  qu'il  auoit  accouftumé  :  ains  dit-on  qu'il  auoit  délibéré  de  modérer  la  ri- 
gueur de  ces  Six  articles,voire  de  reformer  plufieurs  autres  chofes  s'il  euft  vcicit  dauanta-  ^ 
ge.Maisladiuineprouidenceaimamieuxlaiu'ercesparties-.laàfbnfilsED  ovaro  ,1e-  \  °^c 
que  l  venu  à  la  couronne,quelque  temps  après  le  decez  de  fon  Pcre  (perliiadé  mefmemét 
de  fon  oncle  duc  de  So mm erfet,pro teneur  excellent  &:  illuftre  Prince ,  &:  de  ceft  Arche- 
uefque,  eniembleauffi  par  le  commun  conlèntement  Raccord  des  Eftars)  retrencha  pre 
mierementiceuxarticles,puis après  fit  publierfouslenomdefamaicfté  vnlecôdliurede  Lcliure 
reformation,  &:  finalement  encoresvn  autre  plus  parfait  que  le  précèdent,  félon  que  de  R°y** 
iour  en  iour  la  Religion  s'auançoit&  augmentait  dauantage .  Mais  comme  nous  voyons 
que  1m  chofes  humaines  ne  durent  iamaisgueres  en  leur  profpenté ,  &c  ce  à  caule  de  nos 
vices  &  pechez:cc  ieune  Prince  duquel  onlèpromettoit  tant  d'heur  &  de  bien,  tombant 
l'an  fixieme  de  ion  règne  en  maladie ,  &  fentant  bien  que  ce  mal  venimeux  luy  pronofti- 
quoit  le  temps  prochain  qui  luy  eftoit  otdôné  pour  s  en  aller  &  prendre  congé  de  cémô- 
de:dauantage  cognoiifant  là  feeur  Marie  eftre  totalement  adonnée  au  Pape,  voulut  èc  or- 
donna par  l'aduis  &  adueu  de  tout  Ion  confeil  &gés  de  Iuftice ,  que  Mariefuft  reiettée de 
lafuccefllon  héréditaire  duRoyaume  qu'elle  pourroitpretédre,&:  que  Ieannefuft  receuë 
&:  admile  à  laCouronne,fem  me  de  race  trefilluftre,  mais  de  plus  grand  làuoir  &  doctrine, 
&  niepee  aufll  du  feu  roy  Henri  du  cofté  de  fa  lœur. 

To  v  s  les Eftats &: plus grans Seigneurs approuuerent ce  Teftament,  horsmisl'Ar-  Cranmer 
cheuefque:duantquelefeuroy  Henri  en  auoitautrement  ordonné  par  fon  teftament,&  fouiticm  le 
que  luy-mefme  auoit  iadis  promis  &iuréde  s'employer  àce  que  Marie,  commelaplus  Jc0^nd^ 
prochaine,tuft  heritiere.ee  qui  fouuét  le  piquoit  &:  prefloit  de  i\  près ,  que  (ans  fe  pariurer  ccjfi0n  au 
euidément  il  ne  pouuoit  aller  contre.  Ceux  du  Confeil  répliquèrent  qu'ils  n'eftoyent  pas  r°y  Ed?u- 
ignorans  de  cela:&  qu'ils  auoyentauiîi  bien  leurs  confciences,&:  non  moins  chères  q  luy-  ^  oa  *" 
mefme.tou  tefois  qui  Is  auoyent  approuué  ce  tefta  mét.&  que  s'il  y  auoit  danger  de  l'ame, 
il  ne  s'eftimaft  pas  y  eftre  plus  obligé  que  les  autres. L'Archeuefque  refpôdit  quil  n'eftoic 
iuge  de  la  confeience  de  perfonne  que  delà  fienne  :  &:  que  tout  ainlî  com  me  il  ne  vouloir, 
pteiudicieraufaidd'autruy,ainfi  netrouuoit-ilbon  d'engager  là  confeience  pour  vn  au- 
tre, ou  la  mettre  en  hazard  de  faire  malles  befongnes ,  veu  q  chacun  rendra  raifon  de  fon 
faict  &  non  de  celuy  d'autruy.Touchantracquiefcement  pretendu,Qu'auparauant  qu'il 
en  euft  parlé  au  Roy,il  auoit  défia  dit  qu'il  n'y  côfentiroitiamais:&:  que  lors  qu'il  en  parla 
au  Roy,le  Roy  luy  auoit  trelbié  dit  (commeles  Milhors  àc  Legiftes  luy  auoyent  fait  ente- 
dre)  que  le  premier  teftament  ne  le  pouuoit  empefeher  qu'il  neluy  fuft  loiliblede  lai/Ter 
la  fucceffion  à  Ieâne,&:  que  le  peuple  ne  la  receuft  Roine  iàns  le  faire  tort:  ce  q  u'il  n'auroit 
accepté.    Toutefois  après  auoirimpetré  du  Roy  d'en  côfererauec  certains  hommes  là- 
uans  en  droit,  &c  qui  lors  eftoyent  en  la  Cour, voyant  que  tous  afleuroyent  que  cela  ne  de- 
roguoit  nullementatïx  loix,s'enrcuinttrQuuerleRoy,&:  finalemét  s'accorda  à  ce  qui  en 
auoit  efté  ordonné  defiapar  areft  généralement  donné  fut  ce  :  eôbien  qu'il  le  fift  à  regrec 


Liure  V.  T hom<u  Qranmer.  ' 

La  mort  d'-  6c  contre  fon  cœur.  Apres  que  les  chofes  furent  ainfi  faites,le  Roy  ayat  vefeu  prefquc  dix 
Idonaîd.         an$  entiers:  mourut  auec  vn  extrême  regret  de  tout  le  peuple,  mais  calamité  bie  plus 
grande. car  il  eftoit  aimé  de  tous  fesfuiets,  mefmementdes  bons  &  des  iàuas:  &:fi  n  eftoit 
pas  encore  tant  aimé,  comme  il  m  cri  toit  d  cftrc  prifé,rant  pour  raifbn  de  la  iîngulierc  ver 
tuôc  fauoir  que  ce  naturel  tant  heureux  promettait  par  de/fus  le  traicl  de  Ton  aage,  com- 
me plus  encore  de  ce  quilportoit  Vn  amour  &  dileftion  extrême  à  tout  ion  peuple.  Il 
auoitle  naturel  doux  &c  benin  merucilleufement.  Mais  à  dire  vray,lamalheureu(ë&;dc- 
lbrdonnec  condition  des  hommes  ne  meritoit  point  vn  tel  Prince.  Il  auoit  lel'pnt  tât  naïf 
&:  tant  bon,leiugcment  li  tre(lmeur(?«:arrefté,que  quelque chofe  où  il  s'adonnoit,  laco- 
prenoit&:  executoit  dextrem  Ait. Quant  à  la  religion  de  Iefus  Chrift,il  l'aimoit  &c  cheriL 
îbit  mefmcdés  (on  enfance.  L'Angleterre  auoit  bien  befoin  d'vn  tel  organe  &;  inftrumet: 
mais  cependant  nation  de  ce  monde  ne  le  mérita  oneques  moins  qu'elle.  Outre  tant  &c  ii 
louables  parties  &:  perfections  fiennes,lcfquclles,  voire  feules  &:  fingulieres,  tombe t  peur 
le  iourdhuy  bien  rarement  en  tous  Princes, il  auoit  encore  vne  pareille  cognoiilancc&:  v_ 
làgedeslangnes,auec  tellegrace,  qu'il  lémbloit  proprement  y  auoir  plusefté  nay  q  nour- 
ri:combien  qu'aueccefte  fertilité  de  nature  iî  riche  &:heureufc,ileuft  auflï  l'inftitutiô  de 
melïne,ibus  Précepteurs  d'vne  vie&  doctrine  iinguliere.  Quediray-icdauatage?ce  Roy_ 
la  doué  de  ii  royales  vertus,  n'eut  faute  que  d'vne  chofe ,  c'eft  alFauoirjd'viie  République 
qui  relpôdift  à  la  grandeur  &:  excellencedelbn  Prince  .  tellement  qu'en  vne  différence  &: 
diffimilitudefi  grande  de  Roy  &:  de Republique,ilnefe faut  eibahir  fi  l'vn  n'a  duré  gueres 
auecraulre.AuliilavengeâcedelamaindcDieu  s'approcha  bien-toft  après.  Ainh  don- 
queseftant  Je  bon  roy  Edouard  tre(pafle,Ieanneparareft&authorité  delaCourfutpro- 
(eanne  pro-  clamée  Roine  contre  fon  vouloir,reiiftant  tant  qu'ellepeut  :  mais  ce  fut  en  vain .  qui  def- 
cUmcc  Roi  pjeut  merucilleufement  prefque  à  tout  le  menu  pcuple:non  pas  tant  pour  quelquCgran- 
de  faueur  qu'il  portaft  à  Marie, que lô  auoit  poft pofee  à  elle,  que  par  defpit &en  haine  du 
duc  de  Northumberland,duquel  le  fils  auoit  nagueres  eipoufé  cefte  Ieanne,en  intention 
parauentured'eftreRoy.  Il  yauoitlors  auffi  differét  entre  la  Noble/Te  &:  le  populaire,qui 
croiifoit  de  iour  en  iour,àraifô  de  quelques  iniures  &c  pilleries  exceffi  ues  qu'on  faiibit  aux 
Northum-  pourcs  payfans  &:  laboureurs  :  mais  celuy  auquel  on  en  vouloir  le  plus  eftoit  Northûber- 
,tan t  à  cauiè  du  carnage  &:  tuerie  qu'il  auoit  recentement  faite  des  payfans  de  North- 
AnjJSs.e   folc,quedefoufpeçô  qu'on  auoit  qu'il  euftempoifonné  le  Roy  . Outre  ce,fe  prefentoitau 
peuple  la  fouuenâce  du  feu  feigncurdeSoM  m  erse  t,  oncle  du  Roy,  &  Prince  exceller, 
lequel  la  mal-heureufc  ambition  de  ce  Northumbcrland.ci ,  fans  qu'il  euft  onques  mef- 
fàit  en  cela, eut  bien  moyen  de  faire  conftituer  deux  fois  priibnnicr(tout  Protecteur  gene 
ral  qu'il  eftoit  du  royaume)  voire  finalement  deluy  faire  trencher  la  tefte,  cotre  le  vouloir 
mefmedu  Roy,les  flateursdu  confeil  priuéfaifansla  bonne  mine.  Mais  la  roine  Marie  en 
celle  fedition  &c  rumulte,apres  s'eftre  portée  pour  appelâteau  peuple,queNorthumber- 
land  ayant  amaflTé  quelques  gens  de  guerre,s'approchoit  pour  la  venir  faccager,eutrn,oyé 
défaire  qlqueleueedemenu  peuple  fuffifante  pour  lui  faire  tefte.  Dequoy  aduertis  quel- 
ques vns  delaNobleiTejfurent  incontinent  rengez  du  parti  de  Marie.  Ainfi  profperât  és 
affaires  en  moins  de  rien,  Northum bcrland  aduerti  de  lafaueur  du  peuple,  &:  voyât  qu'il 
ne  pouuoit  rcfifter,fe  retira  à  Cambrige  pour  fon  plus  feur:tant  qu'eftat  pris &c  empoigné 
des  gés  de  Marie,&  de  Duc  fait  prifonnier,  auec  vne  moquerie  de  fon  mal-heur  biégrâd, 
fut  amené  à  Londres  fans  confli&ou  empefehement  quelconque  :  où  eftat  futfourré  de- 
dans la  tour.    Marie  lors  voyant  la-profperitc  des  affaires,fe  hafta  de  venir  à  Londres, où 
trouuât  prcmieremctleanne,ieuneremme,mais  vieille  en  mœurs,en  lauoir  &c  honeftete, 
&c  (  qui  plus  ett)innocéteen  tout  ceci:  &:  ne  la  pouuat  deftourner  de  fa  foy  &c  religion  ,luy 
fît  &c  à  ion  mari  trencher  la  tefte.  Autant  en  fit-elle  toft  après  aux  ducs  mefmesdeNor- 
thumberland  &  deSuffolc.  Quant  aux  autres  feigncurs& gentils-hommes  qui  auoycnt 
fuyuile  parti  de  Ieannc,apres  les  auoir  condamné  à  quelque  amende  pecuniaire,elle  leur 
pardonna  à  tous,-hors  mislefeul  Archeuefquc:  lequel  ores  qu'il  fift  toutledcuoir  du  mô- 
dône^""  dc,tant  par  amis  qu'autrement  d'obtenir  mefme  grâce  que  les  autres,tant  s'en  fallut  qu'il 
faui  /cri-S  impetraftrien,quc  mefme  elle  ne  daigna  iamais  le  regardennon  pas  vne  fois  fan  s  plus. EL 
mer.        Je  ne  pouuoitoublier  les  offenfes  qu'elle  pretendoit  luy  auoir  efté  faites  en  la  perfbnnc  de 
iâmere  pari'  A  rchcuefque.Lciugement&iniure  qu'il  auoit  fait  à  fa  mere,  ne  le  pouuoit 
defraciner  de  ion  cœur.    Outre  ce  diuorcc,il  y  auoit  encore  le  changemet  delaReligiô, 
lequel  eftoit  imputé  principalement  al' Archeuclque.  Et  pour  l'acheucr  de  peindre, plu- 

fieuvs 


Thomas Craxmêe? 


fiéurs  femerent  vn  bruir,que  pour  retourner  en  grâce  il  auoit  promis  à  la  Rome  d'ordon* 
ner  vne  Melfe  funèbre  pour  lame  de  Ton  frère  trefpafle  :  mel'mes  il  y  en  eut  qui  dirent  que 
luy-meime  l'auoit  délia  célébrée  à  Canturbie.  ce  que  lés  Papilles  auancerét  tant  qu'il  leur 
fut  polïible,  fpecialement  le  dodeur  Theorden,  à  ce  qu'on  dit:afîn  ou  de  le  rendre  plus  eu 
dieux  enuers  le  peuple,  ou  bié  ibus  ombre  &c  precextedel'authorité  d'vn  tel  perfonnage* 
faire  que  la  Melfe  fuft  r  eftablie  &:  receuë .  Cranmer ,  confiderant  qu'il  eftoit  expédient  dé 
mettre  bié-toft  ordre  à  tout  cela,fit  imprimer  vn  liure  par  lequel  il  fe  purgea  comme  s'en- 
fuit: Qu'il  n'ignoroit  pas  de  quelles  cautellcs  Satan  ancien  ennemi  du  gère  humain  auoit  Cranmei  fe 
accouftumé  d'vfer:  Que  comme  il  eft  naturellement  menteur,&:  perede  menfongeiainfi  J^Mc 
vient-il  à  fufeiter  de  l'es  miniftres,  qui  du  propre  moyen  4ont  il  vie  font  après  toufiours  à  cequ  onluy 
forger  nouuelles  inuentions ,  pour  troubler  Chrift  Ôc  renuerièr  fa  dodrine ,  amfi  que  lors  mc"01t*U5 
principalement  on  pouuoit  cognoiftre .  Car  comme  Henri  huitième  eut  iadis  commen- 
cé de  corriger  vn  peu  les  erreurs  de  la  Melîe  Latine,&;  qu'après  luy  Edouard  fon  fils  lavât 
arrachée  &  abolie  du  tout,  eut  introduit  &  remis  le  vray  vfage  de  la  Cene  de  noftre  Sei- 
gneur Ielus  Chrift ,  voici  venir  les  aduerfaires  efeumans  &c  tempeftâs  de  fureur  &rage,ne 
pouuans  dire  Adieu  à  leur  Melfe  Latine,  laqlle  les  auoit  tant  biennourris.Et  pour  mieux 
drelfcr  leurs  embufches,quelques  vns  d'entre  eux  auoyent  bien  ofé  s'ingérer  d'auancer  v- 
ne  telle  menterie,&:  abufer  de  fon  nom  en  cholè  où  il  ne  penla  iamais:  dédire  qu'il  euft  re 
mis  la  Melfe  à  Canturbie,  &  qu'il  euft  promis  à  la  Roined'en  faire  autant  en  l'eglilelàind 
Paul  à  Lôdres.Qy^A  n  t  à  luy , qu'il  n'eftoit  pas  li  aile  à  fe  laifler  manier,qu'il  ne  peuft  fort 
bien  digérer  les  calomnies  des  mefdilans  (aufquelles  il  eftoit  défia  tout  accouftumé  )  tant 
qu'ils  perlèuereroyent  en  leur  iniure  pnuee.maintenant  qu'ils  s'attachent  à  Dieu,&:  non 
àluy,quecela  ne deuoitaucunementeftre toléré.  Av  moyen dequoy,qu'iladuertiflbit 
&:  pnoit  bien  fort  tout  le  monde ,  de  ne  le  gouuerner  par  le  bruit  qu'on  luy  pourrait  âuoit 
donné:&:  qu'il  feroit  bien  marri  que  la  Melfe  fuft  mieux  venue  lors  en  fon  endroit  qu'elle 
auoit  efté  par  le  paffé.Qv  e  celuy  qui  luy  âuoit  impole  la  Meile de  l'eglilé  deCànturbie,é- 
ftoit  vn  moine  pour  tout  potage,faid  à  tous  vents,&  vn  vray  perroquet  &  mignon  de  ca- 
ble.To  v  chant  àlaRoine,qu'ilapprloitfamaieftéentefmoin,fiiamaisilluycnauoit 
touché  la  moindre  chofe  dccemonde.ains  qu'il  feroit  bien  plus:  fi  la  mâiefté  luv  vouloit 
permettre  d'entreprendre  la  defenfe  du  liure,qui  du  temps  du  feu  Roy  Edouard  fut  receu 
&:approuué  vniuerfellement  par  tous  les  feigneurSdu  Parlement,  qu'il  le  maintiendroit 
publiquement  enuers  tous  &c  contre  tous  ceux  qui  lé  prefenteroyent ,  tant  par  l'exemple 
de  la  primiciue  Eglilé,que  par  le  tefmoignage  de  la  lainde  Efcriture:  veu  que  tât  s'en  faut 
q  la  MelTe  fuft  ou  introduite  par  Iefus  Chrift,ou  approuuee  des  Apoftres,qu'au  contrairé 
elle  eftoit  diredemét  cotre,  ôc  auoit  en  foy  des  blalphemes  horribles,&:  qui  ne  deuoyét  e- 
ftre  profèi  ez.  E  t  par  cequequelques  vns  par  ignoraceou  malice  tafchoyet  d'arracher  Se 
abaftardir  lopiniô  qu'on  auoit  du  fauoir  du  dodeur  Pi  errb  Martyr  :qu'ilofoitbié 
promettre  de  lui,quc  fi  le  plaifir  de  la Roine  eftoit  dé  commander  qu'on  en  vinft  en  dilpu 
teeux  deux  auec  quatre  autres  ou  cinq  choifis  entre  les  plus  fuffifans,{é  failbyent  fort  de 
prouuer  contre  tous  allans&:  venans ,  h  Religion  publiée  &c  obferuee fous  Edouard  cftre 
bonne  &:  fain£te,pourueu  qu'on  s'arreftaft  à  l'Efcriture.  Et  q  pour  leprelènt  il  ne  deman* 
doit  à  les  aduerfaires,  finon  qu'on  rédigeait  par  eferit  tout  ce  faicfcà  ce  qu'eftant  imprimé 
&;  publié  p  ar  tout,on  euft  moyen  de  couper  toutes  occalios  de  fuir  Se  fe  couurir  par  nou- 
uelles inuentions  &  interpretâtions.Qv  e  s'il  impetroit  cela  delà  Roine  (comme  certes  il 
l'eftimoit  eft  re  bien  raifonnable)  il  s'aifeuroit  quel'adminiftration  &c  police  de  l'Eglife  du 
temps  du  rôy  Edouard ,  eftoit  fondée  en  la  pure  parolle  de  Dieu ,  &:  en  la  dodrine  des  A- 
poftres. 

^~C  e  fut  la  purgarion  &  déclaration  q  Cranmer  publia  d'vn  courage  certes  bie  grand: 
mais(àce  qu'on  a  peu  Voir) il  eftoit  mal  aduerti  du  cœur  6c  intétîon  de  la  Roine,&:  des  oc- 
cafions  qui  la  mouuoyét  long  téps  auparauat.  car  luy  portant  vne  haine  mortelle  à  caule 
dudiuorcé  delà  mcre,ellenedefiroit  autre  chofe  depuis,  que  de  trouuermoyé  de  le  faire 
mourir  commecefuft.  Oniait  aflezcbmbié  d'occafions  lédonnentles  Princes  comrau. 
németdenuire&malfaire,quand  ils  en  veulent  vnefoisàquelcun.  Orcedifcours,apres 
auoir  efté  publié  en  la  forte  que  nous  auons  dit ,  vint  finalement  entre  les  mains  de  ceux 
du  Confeihlefquels  après  auoif  feu  que  Cramer  en  eftoit  faucheur ,  le  firent  venir,&  puis  uconldi 
î'enuoyerét  en  prifon  dedans  laTour,&  toft  âpres  le  condamnerét  coulpable  de  le(è  ma-  k«  "nPri: 
iefté.    La  Roine  voyant  qu'après  auoir  pardonne'  à  ceux  qui  auôycnt  auffi  bien  offenfé  ^rner  Cra 


Lim^j  V*  Thomas  Cranmer. 

queluy,elle  ne  fe  pouuoit  exempter  fans  en  faire  autant  à  luy  (  mefmement  qu'il  eftoit  ce- 
lui qui  auoit  foufcrit  le  dernier  de  tous  ,  &C  àuec  le  plus  de  regrer  lors  que  Ieâne  fut  efleué) 
elle  ledeclara  exempt  de lclè  maieftérniàis  en  recompenfc  elle  l'accula  commeeltant  hé- 
rétique.   Les  affaires  donc  de  Cranmcr  eftans  en  ce  trouble,  la  Rome  par  l'aduisdeibn 
Conlcilordôna  qu'il  fuft  mis  hors  de  la  Tour ,  &:  qu  on  le  remuait  à  Oxonc  pour  diiputer 
auec  les  Docteurs  &  Théologiens  de  l'Vniuerfité.  Cependant  onaduertitcouucrtcment 
ceux  d'Oxonc  qu'ils  le  tinilenrprefts  àreceuoirlechoq,&  .1  diiputer  vaillîunent.  Etcom 
bien  que  la  Roinc  &c  les  Eueiques  euifent  défia  iurc  là  mort ,  fi  furet-ils  d'aduis  que  difpu 
tefuft  faire ,  afin  que  celalcruift  de  pallianon  6c  couuerture  à  leur  côfpiration.  Ht  de  raid, 
leur  mal-talent  ne  demeura  guercs  à  cftre  exécute,  car  on  le  mené  incontinent  à  Oxonc: 
puis  on  publie  le  iour  &:  lieu  où  la  difputefe  dcuoit  faire  lblennellcmenr, auec  vnc  attente 
&:  deuotion  merueilleule  de  tout  le  peuple .  Le  docteur  Vvefton  eft  ordonne  Cathedral, 
commeIuge& arbitre  lbuuerain&:  fansappel,  qu'on  appcleen  Angleterre  Prolocuteur. 
Ceftcdifpu-  Auec  Cranmcr  furent  lors  adioints,  Nicolas  Ridley  euclquede  Londres ,  &  Hugues  La- 
"/bfiade  timcr,iadis  aufli  euefquede  Vvigornerdcfqlscideuantcftrhiltoircdeieritc: lelquels trois 
h  Quatric-  iomts  cnlcmblc  pour  di(puter,furent  cependant  mis  en  trois  diueries  priions,  iufques  au 
me  partie   lour  qUC  ladilpu  te  (c  dcuoit  fairc,qui  eftoit  le  itf.d'Auril,  m  .d  .  1 1 1 1 1  .Lon  aiîigna  a  Cran- 
fmpnmcc15  mer  deux  iours,lc  Lundi  &  le  Mardi:  rvndefquelsildeuoitreipondfleauxargumensqui 
*  ï-m-      lui  feroyent  propofez ,  l'autre  luy  eftoit  permis  de  mettre  en  auant  ce  que  bon  lui  femble- 
roit.ainfi  fu  t  ordonne  aux  autres  deux .  Il  feroit  bic  long  de  reciter  le  ton  t  par  le  men u  >&: 
les  contentions,machinations,complots,factiôs,  leditions,crierics,  moqueries,  outrages, 
reproches,lirflcmcns,hurlemens ,  &c  telles  deshonneftetez  qui  s'y  rirent  :  de  manière  que 
cela  ientoit  beaucoup  mieux  laconfpiration  quedifpute.  Ils  feiettoyét  dix  ou  douze  à  vn 
coup  lut  luijcommc  s'ils  eftriuoyét  eux-mefmes  lequel  d'entre  eux  flateroit  le  mieux.Cc 
pendant  ce  Vvefton  eftoit  aiîîs  au  haut  throihe  de  la  maiefté  theologalc,regardant  bas  les 
efcoutans:&  argumentât  aufli  quelquefois.  Or  pour  le  faire  court,  ie  reciteray  en  peu  de 
parolles  l'iffue.  Bien  qu'il  y  euft  trois  poinds  à  vuider  en  cefte  difpute,à  peine  en  peurent-~ 
ils  expédier  vn  ieulauecCranmer>ains  tous  vniuerfellement  le  condamnèrent  pour  con 
uaincu,&:  derechef  auec  vnegrande  troupede  fergeans& gens  em  ballonnez  leremirenc 
en  prifon.  Alors  ils  eurent  ce  poure  perfonnage  veincu,ils  l'eurent  lié  &c  garroté,ils  l'eurec 
condamné.    Cependant  dôques  queCranmer  eftoit  détenu  prilonniei  l'efpace  d'enuL. 
ron  deux  ans, la  Roine  &:  les  Euei'ques  niborncret  &:  attirèrent  tacitement  quelques  vns, 
lelquels  ne  pouuâs  rien  acquérir  fur  lui  par  railbn  &C  difpute,vinfent  à  lefoliciter  par  priè- 
res &:  promeffes,&;  par  tous  les  moyens  dont  ils  fe  pourroyét  aduifenen  forte  que  cornent 
que  ce  fuft,  ils  le  fiilent  defdire.car  les  fines  gens  en  matière  de  leur  profit  particulier,  en-, 
tendoyent  bien  legrand  dommage  qui  le  prefentoit  pour  eux  ,s'il  tenoit  bon:&:  au  côtrai- 
rc  le  grand  bien  &:  commodité  que  ce  leur  fèroit,  fi  tel  perfonnage  feul  venoit  à  le  defdire. 
tesmacH-  Donqucs  vindrent  à  lui  tous  cnfembleplufieurs  Thcologiens,vlàns  de  tous  les  moyéspar 
foïdutSns  lcfqucls  ils  efperoyent  le pouuoirelbranler:  principalement  Henri  Sidal,  &frereleande 
pour  faire   Villc-garcinc,  Elpagnol,  rcmonftrcnt  le  plailir  que  ce  feroit  pour  le  Roy  &  la  Roinc,  &  le 
Cranmcr    bien  quelà  confcience  receuroitdelaiflfer  l'es  opinions:  lui  déclarent  le  bon  vouloir  que 
toute  la  noblcfte&:  gens  deiuftice  lui  portent  promettent  qu'où  il  voudra  faire  comme 
les  autres,  on  ne  luy  fauuera  pas  feulement  la  vie,  mais  aufli  qu'on  le  remettra  en  fon  pre- 
mier honneur  :  queecqu'ils  lui  demandent  n'eft  pas  choie  de  figrande  importance,  6c 
inoins  encore  difficile  à  faire.  Il  nefaloitfino  qu'il  elcriuiftde  fa  main  qlques  petis  traits, 
ce  que  s'il  faifoit,il  eftoit  alTcuré  que  le  Roy  &c  la  Roine  n'auoyét  choie  tant  precieufè qu'- 
elle ruft,dcquoy  il  ne  finaft  tout  àl'inftant^oit  qu'il  vouluft  richefTesou  dignitc2,foit  qu'il 
aimaft  mieux  le  retirer  des  compagnies  dcshommes,&viurc  déformais  en  ion  repos,fans 
cftre  contraint  de  (c  méfier  des  affaires  publiques .  Seulemét  qu'il  nefift  que  (clou ffigner 
en  quelque  morceau  de  papier  qu'on  lui  bailleroit.  Qu'il  fè  gardaft  bien  de  reictter  l'offre 
qui  lui  cftoitfaite. autrement  il  pouuoit  bien  plier  bagage,&:  n'efperer  ïamais  trouuer  lieu 
de  grâce  ne  milèricorde .    Que  la  Roine  eftoit  tellement  affectionnée ,  qu'il  falloit  que 
Cranmer  fuft  du  tout  catholique,  ou  bien  qu'il  ne  fuft  point:  Ainfi  ,  qu'il  aduilàft  lequel 
des  deux  il  aimcroit  le  mieux  :  finer  bien  toft  fa  vie  au  milieu  des  flammes  &Z.  fagots  pré- 
parez à  bruflcr,ou  bien  de  pou,rfuyurclerefte d'icellcenauthorité  &:  honneur  :&qu- 
il  n'y  auoitque  ces  deux  chemins .    Quant  à  eux,  ils  l'admonncftoyent  &  fupplioyent 
bien  inftammenc  qu'il  vouluft  auoir  elgard  à  les  biens,  à  fon  honneur  &:  réputation, 


Thoma*  Cranmer.  4.19 

au  reposé  tranquillité  de  fa  vieille/Te  :  &:  que  toutefois  il  n'eftoit  pas  tant  chargé  daa- 
ge,  qu'il  n'euft  encore  à  viureaircz  long  temps.  Que  fon  excellent  fauoirfc  vertus  iin- 
gulieres,qui  pouuoyent  fort  profiter  tant  à  luy  qu'aux  autres,  mericoyent  bien  qu'il  y 
penfaft  diligemment.  Finalement  s'il  ne  le  foucioit  autrement  de  fa  vie,  que  toutefois 
ileftimaftla  mort  en  tout  temps  dure  àc  cruelle,  mais  plus  en  ceftaage&grandcur  où 
ileftoir,&:  dauantageautorment&  douleur  fi  horrible  du  feu.  Par  tels  allcciiemens 
ces  gens  de  bien  tafehoyent  le  faire  fuccomber:&:  nonobftant  j!  tint  bon  quelque  ef  pa- 
ce  de  temps,  iniques  à  ce  que  veincu  par  leur  importunité,ou  par  Ion  infirmité  mclme, 
finalement  fuccomba,  &C  ligna  vn  defdit  duquel  la  teneur  s'enluit: 

Ie  t  h  o  m  as  c  r  a  n  m  h  r  reictte& renonce  à  toute  rhcrefiedeLuther&:dc2uin- 
gle,enfcmble  à  toute  doctrine  contraire  à  la  pure  Ôc  faine  doctrine.  Outre, ie  c  onfe/îe  &  ^diadc 
croy  fermement  vne  faincte  Egliie  catholique ,  hors  laquelle  il  n'y  a  faJucaucun  ;  de  1  a- 
quelle  ie  recognoy  l'euefque  de  Rome  cher  fouuerain,  lequel  ie  confeflè  eltre  Je  grand 
Pontife  U  Pape,vicaire  de  Chrift,  auquel  tous  Chrcftiens  doyuent  eftre  fuiets.  Quant 
aux  Sacremcns ,  ie  croy  que  le  vray  corps&  fang  de  Iefus  Chrift  fous  efpeces  du  pain  èc 
du  vin  cft  trelùeritablement  contenu  au  Sac  rement  de  l'Euchanftie,  &c  que  par  vertu  di 
urne  le  pain  vientàfeconucrtir&tranflubftantier  au  corps, & le  vin  au  fang  propre  du 
Rédempteur.  Et  quant  aux  autres  hx,i'en  croy  comme  fay  fait  en  ccftuy-cy,tout  autant 
que  l'eglife  Romaine  croit  &c  tient.  Au  furplus,ie  croy  que  le  Purgatoire  cft  véritable^ 
ment  le  lieu  où  les  ames  des  trefpaffez  (on  t  tourmentées  pou  r  vn  temps  :&  que  l'Eghfe 
prie  fainctemen  t  &  en  falut  pour  icelles ,  ne  plus  ne  moins  qu'elle  prie  les  Sain&s.  Bref 
ie  tien  &:  maintien  entièrement  tout  ce  que  l'eglife  catholique  &c  Romaine  tient:&  me 
repen  d'auoiriamais  autrement  fait.  Priant  Dieu  de  bon  cœurqu'iiiuy  plane  me  pardô- 
ner  ce  que  i'ay  mefFait  cnuers  luy  &  fon  Eglife:&:  prie  tous  Chrefties  de  prier  pour  moy. 
Quant  à  ceux  qui  ont  cfté  feduits  par  mon  exemple  ou  doctrine ,  i'ay  pareillement  à  les 
prier  par  le  fang  de  Iefus  Chrift  qu'ils  retournent  à  l'vnité  de  l'cglife:&  difons  tous  ainfî, 
afin  qu'il  n'y  ait  point  de  fchifmes  entre  nous.  Finalement  comme  ie  veux  eftre  fuiet  te 
obeiffant  à  l'Eglife  de  Iefus  Chrift,  &:  de  fon  fouuerain  chef,  amfi  me  fumets-ie  àPhilip- 
pe&:  Marie,  Roy  &Roine  d'Angleterre,  enfemblement  à  toutes  leurs  loix  &c  ordonan- 
ces,  priant  Dieu  m'eftre  tefmoin  comme  ce  que  i'ay  dit  &c  côfcifé,  ic  ne  l'ay  fait  ne  pour 
cuider  complaire  aux  hommes,  ne  de  peur  que  faye  de  leur  defplane,ains  l'ay  fait  de 
mon  propre  mouuement  &c  vouloir,  tan  t  pour  le  falut  de  ma  confeience ,  comme  pour 
celuy  des  autres. 

Le  s  Théologiens  fans  plus  attendtc  firent  imprimer  cefte  abnégation,  &puisin- 
continent  la  diuulguer  par  tout.  Et  pour  luy  bailler  plus  de  foy  &:  afîeurance, Ion  adiou- 
fta  aupiedfolcnncllement  le  nom  de  Thomas  Cranmer, &:  les  tcfmoms  prefens  lors 
qu'il  fe  defdirairauoir,  Henry  Sidal,&:  frère Iean  Efpagnol  de  Ville  garcine.  Cependat 
Cranmer  fe  fentoit  incertain  de  la  promefTe  que  les  Théologiens  luy  auoycnt  fi  fouuen  t 
faite,  de  luy  lauuer  la  vie  :  mais  eux  après  auoir  obtenu  ce  que  tant  ils  defiroyent,lai/Fe- 
rent  le  furplus  a  ce  qui  en  pourroit  aduenir,  ainfi  que  tels  fidèles  Théologiens  dovuent 
faire.  OrlaRoineayant  bien  le  tcmps&ie moyen  de  fc  venger,  receut  cedefdittref- 
uolontiers:mais  au  refte  tant  s'en  fallut  qu'elle  délibérait  de  luy  ottroyer  pardon  &c  £ ra~ 
ce,que  ceux  qui  prioyent&folicitoyentpourluy,femettoyent  eux-mefmes  en  danger. 
Les  poures  affaires  de  Cranmer eftoyent  lors  en  vne  bien  grande  perplexité',  nepouuat  Tcnutiô  de 
auoir  recours  ny  à  fa  confeience,  laquelle  il  auoitble/fee  ti  mal  heureufement,ny  aux  Lnrawr,  " 
aduerfaires,lefquels  il  auoit  contentez  en  toutes  chofes.De  forte  queles  vus  le  louoyer 
les  autres  s'en  moquoyent:&:  fi  Je  danger  n'eftoit  pas  petit  de  tous  les  deux  coftez,  en  ce 
qu'il  ne  pouuoit  ne  viure  ne  mourir  honneftement.  Entant  que  tafehant  à  fe  defpeftrer 
il  s'enueloppoit  en  deux  fortes:car  entiers  gens  de  bien  il  ne  fe  pouuoit  exempter  qu'on 
ne  ie  tinft  en  vne  fort  mauuaife  réputation  :  enuers  les  mefehans  il  ne  pouuoit  faire  ou 
empefeher qu'il  ncleurfuft  publiquement  fufpcet  de  periure&r  infidélité.  Doncce- 
pendant  quecela  fedemenoit  en  prifon  entre  ces  Theologiens,commc  i'ay  defiadit  la 
Roine  délibère  auec  quelques  vns  de  fes  familiers  comme  elle  le  pourroit  faire  mourir 
le  pourehomme  ne  penfant  rien  moins  iufques  alors  quede  deuoir  mourir.  Bref  vn 
peu  deuât  le  îour  que  la  Roine  luy  auoit  deftiné  pour  mourir,  elle  fit  appeler  le  docteur 
Col,&l'aduertitpriue'ment  de  fe  préparer  pour  faire  le  fermon  funèbre  de  Cranmer  Coltu?*"1 
qui  deuoit  eftre  bruflé  lcn.iour  de  Mars:  luymonftrant  par  ordre  cequ'elle  vouloit  Parl*Vôi£ 

BB. 


Liur^j  V.  'Thomas  Qranmeu 

qu'il  dit  au  fermon.  Incontinent  api  es  furet  appelez  les  feignetirs  Vilian  de  Thamo ,  &: 
Shandon, tous  deux  Barons:lesfeigneut  s  Thomas  Briggc,&:  Ican  Brovvne  cheualicrs, 
&c  certains  autres  feigneurs  &c  gens  de  îufticc  auec  eux:  leiquels  auoyent  tous  elté  man- 
dez fur  la  fidélité  qu'ils  auoyent  à  la  Roinc,  defe  trouuer  prelts  à  Oxone,  accompagnez 
de  tous  leurs  feruiteurs  Vautres  fur  leiquels  auoyent  droit  d'obciilance,  de  peur  que 
la  mort  d'vn  tel  homme  ne  fuit  caufe  de  quelque  l'édition .    Col  ayant  le  tout  enten- 
du parla  Roine,&  inftruit  de  tout  ce  qu'il  auoit  à  faire, (e  retire  iul'qu  au  iour  deuat  que 
Cranmer  dcuoit  élire  exécuté:  auquel  il  vint  en  la  prilon  où  il  eftoit,pour  fauoir  s'il  per- 
feuercroit  en  la  foy  catholique,  en  laquelle  il  l'auoit  laide.  Cranmer  refpondit  que  quât 
àluy,  il  feconfermeroit  parla  grâce  de  Dieu  toufîours  déplus  en  plus  en  lafoy  catholi- 
que. Col  citant  retiré  fe  prépare  pour  faire  vh  prefehe  funèbre  le  lendemain  ,  fans  rien 
defcouurir  de  la  mort  qu'il  deuoit  fouffrir.    Le  lendemain  qui  eiloit  le 2.1.  de  Mai  s,au- 
quel  Cranmer  deuoitmounr,  îlrctournaau  matin  vers  luy  ,& demanda  combien  il  a- 
uoit  d'argent.  Il  refpondit  qu'il  n'en  auoit  point,  hors  mis  if.efcus,  leiquels  il  pourroit 
diltribuers'il  vouloit  aux  poures.  Colfc  mit  lors  à  l  cxhorter  de  perfeuerer  en  la  foy, 
puis  s'en  alla  donner  ordre  au  prefehe  qu'il  auoit  à  faire.  Lors  Cranmer  commença  à  fe 
douter  encore  plus  de  ce  qui  cltoit.  Le  iour  citant  pa/îe  en  partic,fans  qu'aucun  des  Ba- 
ViUc-garci-  rons&  foldats  fuftencores  arriué,voicy  venir  l'Elpagnol  de  Ville  garcine,portantauec 
ne,  mo.ne  ^  çQn  bjU^auqucl  Jc  defdit  cftoit  eferit  auec  fes  articles  :  lequel  billet  il  Juy  prefenta, 
FgU°  '  le  priant  afFeftueufcmcnt  de  le  vouloir  eferire  de  la  main  &:  ligner  :  ce  qu'il  fit.  Ccfrcre 
priaderechef,  qu'il  luy  en  filt  vn  autre  double,lcquel  il  garderoit  volôtiers  pour  1  amour 
de  luy:encorelc  fit-il.  Orfachant  Cranmer  cependant  tout  ce  que  les  Théologiens  a- 
uoyent  proiettéen  lcurcfprit,&:  voyant  que  lors  cltoit  le  temps  qu'il  ne  falloit  plus  dif- 
fîmulcr  la  foy  de  laquelle  il  auoit  fait  profcflion  enuers  le  peuple ,  il  délibéra  reciter  en 
public  vne  prière  par  luy  efcrite,&  mile fecretement  en fon  fein ,  cnfemble  vne  exhor 
tation  aufîl  eferite  leparément  &  à  part:craignant  que  s'il  n'vfoit  de  ce  moyen,  fubit  qu 
onferoitabreuué  de  lafoy,  il  ne  luy  fuit  après  loiflble  dédire  deuant  lepeuplece  qu'il 
voudroit.    Eltant  heure  de  neuf  heures>arriuerent  les  leigneurs  de  Thamo,  Brigge» 
Brovvne,  &  les  autres  Eltats  auec  les  gens  de  Iultice,  enfem  ble  quelques'gentils-hom- 
mes  de  la  Cour  &:  confeil  de  la  Roine ,  accompagnez  d'alTez  bon  nombre  de  gés  equip- 
Diu«s  in-  pez  pour  feruir  de  garde:auffi  s'y  trouua  grade  conçu  rrence  de  peuple,  en  plus  grande 
ETtcfn-  deuoeion  encore  de  voir  la  fin.  Premièrement  ceux  qui  tenoyet  pour  lePape,efperoyëc 
ducs  de   bien  que  ce  iour  Cranmer  auanecroit  beaucoup  de  bonnes  choies  pour  eux:auco«trai- 
Cranmer.  ,-^ceuxqnj  auoyent&:  lefens&  la  doctrine  meilleure,  nefe  pouuoyent  encore  perfua- 
der  qu  vn  tel  homme,  qui  tant  de  temps  auoit  pris  vne  il  grand'  peinepourl'aduan- 
cement  dcl'Euangile,  maintenant  fur  la  fin  &  au  dernier  acte  vint  à  s'oublier  iufques 
Jà ,  qu'auoir  le  cœur  de  le  quitter  &  abandonner.    Bref,  félon  que  chacun  eftoit  affe- 
ctionné, il  fepromettoit  deceft  homme  ce  qu'il  en  penfoit  ou  deliroit.  Et  toutefois 
par  ce  que  perfonne  nefepouuoit  afleurer  bonnement  deeequi  feroit,  chacun  dc- 
meuroit  là  comme  en  lufpens  entre  doute  &efperance,  fi  que  tant  plus  le  peuple  fe 
trouuoit  perplex  en  cela,&  plus  il  en  venoit,&:  defiroiten  voirl'ifîue  .    Eftant  ainli 
doneques  tout  le  monde  en  cxpedtatiue  il  grande ,  voicy  fortir  Cranmer  de  la  prifon 
Bocard  ,  lequel  on  mena  au  temple  de  l'Vniuerfité(  dit  Je  temple  de  la  vierge  Marie) 
en  tel  ordre  que  le  Mayeur  marchoir  deuant,  les  Confeilliers  venoyent  après,  chacun 
félon  fon  reng  :  puis  venoit  Cranmer  auec  deux  frérots, l'vn  à  main  droite,  l'autreàgau- 
che,  leiquels  en  cheminant  murmuroyent  quelques  Pfeaumes  parmy  les  rues, fe  ref- 
pondant  l'vn  à  l'autre  à  la  façon  accoultumce  des  moines.  Eftans  arnuez  à  l'entrée  du 
temple ,  commencerér  à  chanter  le  cantique  de  Simeon ,  Nunc  àimittts ,  &c.  &  iufques  à. 
ce  qu'ils  l'eurent  a  mené  au  lieu  où  il  deuoit  eftre,ne  le  lacèrent.    Vis  à  vis  du  lieu 
où  le  fermon  fe  dcuoit  faire,  il  y  auoit  vn  efchaffaut de mefme hauteur,  fur  lequel  il 
monta  attendant  que  Col  fuit  prelt  pour  faire  fon  prefehe.    C'eftoit  certes  vn  piteux 
niwffîon  lpc£tacle,  mais  Chrefticn  ,  que  le  cas  &  .contemplation  de  l'affliction  que  ce  perfon- 

lur  la  mile-    1  r         •  i  J  1  i  f\\      \  r1** 

rc&  affli-  nage  reprelentoit  aux  yeux  des  regardans  :  lequel  nagueres  eltant  Archeuclque ,  Me- 
«■on  de   rropolitain  ,chcf  principal  de  toute  l'Angleterre,  le  premier  homme  du  confeil  priué: 
ranmer.   maint:enanc  vcltu  d'vne  mefehante  robbe,  couuert  d'vn  bonnet  rond  vieux  &:  prefque 
vfé,  au  reftedefTait&mifcrable  en  toute  extrémité,  expofé  au  melpris  &  opprobre  du 
monde,fcmbloit  ne  môltrer  pas  tant  fon  malheur,  corne  aduertir  mefme  vn  chacun  du 

fien. 


Thomas  Cranmer.  4.20 

iien.  Combien  quadirevray,ilnaitiamaisefteplus  magnifique^  exceller  queceiour- 
la.  caria  vraye  humilité  qu'il auoit,  fa  patience,  le  cry  ardent  qu'il adreffoie  fouuent  à 
Dieu,  la  côpon&ion  qu'ilfentoit  au  profond  de  fon  cœur,  les  loufpirs  qu'il  entremeiloie 
parmy  les  oraifons&prieres:tout  cela  iointaueolemefpnsexticmc  des  homes  auquel 
il  eftoit  (qui  font  les  propres  marques  &c  ornemens  des  vrais  Euelques  )  le  rendoit  trop 
plusarrelléen  IefusChrift.  En  ceft  habit  donques,apres  auoir  demeuré  quelque  temps 
fur  leichaftauC)  il  fe  retourna  deuers  le  pilier  plus  près  de  luy  :  puis  ayant  mis  les  genoux 
en  terre ,  &:  haulfé  les  mains  au  cieJ,fe  mit  a  faire  ion  oraifon  à  Dieu  .    Cependant  Col 
monta  en  chairc,&  print  largumétde  fon  fermon  fur  Tobic&:  Zacharie.-lcfiqucls  après  S?rmon  de 
auoir  louez  de  leur  confiance  &c  perfeuerance  au  rray  fei uice  de  Dieu,vint  à  diuile  r  ion  c"^™" 
fermonen  trois  parties,à  la  mode  des  efcoles:  la  première  fut  de  la  milericordedeDieiu 
la  féconde,  de lamanifeftation  defaiuftice:ladeinieie,denedclcoiiuiir  les  affaires  &: 
fecrets  des  Princes.  Puis,apres  auoir  pourfuyui  quelque  temps  le  fil  de  Ion  pi  opes,  vint 
à  tomber  fur  Cranmer,&  le  reprendre  aigrement  de  ce  qu'ayant  vue  fois  efté  mlhuit  en 
la  vraye  &:  catholique  do&rine,  il  s'eftoit  laiffé  tomber  en  vne  herefie  peruerfe  &c  perni- 
cieufe  :  laquelle  iln'auoit  pas  défendue  feulement  par  eferit  &  de  zele,  mais  aufTi  incité 
plusieurs  autres  par  dons  ôiprefens  à  faire  de  mefmcs  .  comme  prefentant  recompenfe 
à  vn  erreur  ,&le  maintenant  par  tous  les  moyens  defquelsilfepouuoitaduilér.  Cefe- 
roit  fe  trop  arrefter,  de  vouloir  reciter  icy  tout  ce  qui  fut  dit.  La  refolution  de  fon  fermô  £j 
fut  telle,  Que  la  mifericorde  de  Dieu  eftoit accompagnée  fi  proprement  de  fa  iuftict>dcCoi 
que  le  Seigneur  ne  nous  punifîbit  pas  entièrement  félon  nos  meritcs:&que  bien  founéc 
il  nous  puniffoit  eftans  mefmes  réduits  au  vray  chemin  &  à  repentance  de  nos  fautes  ÔC 
iniquitez.commelonvoyoiten  Dauid,auqueleftant  prefenté  la  croix  des  trois  puni- 
tions laquelle  il  aimoit  le  plus ,  &:  qu'il  eut  choifi  trois  iours  de  peftiléce,  le  Seigneur  luy 
donna  la  moitié  de  ce  temps-la ,  mais  il  ne  luy  remit  pas  le  tout.  Ainfi  faifoit-  on  pielen  - 
tement  à  Cranmer:  lequel  bien  que  par  les  decrets&:  Canôs  il  deuoit  eftre  receu  en  grâ- 
ce Ôc  à  réconciliation,  eftant  reuny&  reconcilié  à  l'Eglifctoutefois  il  y  auoit  des  caufes 
&C  occaflons  par  lesquelles  la  Roine&:  fon  confeil  eftoyét  d'aduis  qu'il  mouruiidciquc!- 
les  il  en  reciteroit  quelques  vnes ,  félon  la  charge  quiluy  en  auoit  efté  donnée,  afin  qu'il 
ne  s'efbahift  de  rien,  &  qu'il  ne  pretendift  caufe  d'ignorance.  Prcmici  ement,  de  ce  qu'- 
eftant  coulpable  delefemaicftc,  il  auoit  efté  motif  &  caufe  du  diuorce  fait  entre  feu 
fon  pere  le  Roy,&  la  Roine  fa  mere, contre  l'authorité  mcfme  du  Pape,auquel  appai  te- 
noit  de  ce  faire.  Secondement,  de  ce  qu'il  auoit  efté  heretique,&:  la  fource  de  toutes  les 
herefies  &:  opinions  fchifmatiques,qui  auoycnt  par  tant  d'années  régné  en  Angleterre: 
defquelles  iln'auoit  pas  feulement  efté  fauteur  couucrt&  caché,  mais  aufli  defenfeur 
ouuertiufqu'au  bout,&iufquesau  dernier  terme  de  fon  aage,  par  tant  de  liures  &c  ar- 
gumensfemez  publiquement  &priuémcnt  par  luy,  auecvn  trefgrand  fcandale  ôcniL 
ne  de  toute  l'eglife  catholique.  Et  pourtant  qu'il  eftoit  bien  raifonnable  pour  le  deuoir 
de  la  pareille,  tout  ainfi  que  le  duc  de  Northumberland  dernicremét  mourant  fit  la  pa.. 
reille  àThomas  Morus,iadis  Chancelier  du  royaume,mourant  pour  l'eglife:auffi  qu'il  y  irrifion  fui 
euft  quelcun  (jui  refpondift  &:  fecondaft  à  Fy  fcher  RofFenfîs.Et  d'autant  que  ne  Ridley,  f|"p™™k 
nyHooper,  ne  R.Ferror  n'ont  en  pareil  cas  fécondé  iceluy  RofFenfis,  qu'il  eftoit  bien 
feant  maintenant  que  Cranmer,  pour  luy  rendre  mefme  change,  fuftaufli  bien  delà 
partie  de  RofFenfis &Moru  s.  Il  y  auoit  certaines  autres  caufes  ô£raifons  iuftes&gra- 
ues ,  auxquelles  la  Roine  &  le  Confeil  s'arreftoic  grandement ,  que  toutefois  il  difoit  ne 
deuoir  eftre  communiquées  au  vulgaire.       Col  après  adrefîà  fon  propos  aux  audi-  Remonftrî 
teurs,difantque  ceft  homme  leur  deuoit  bien  feruir  d'exemple  ,&;  qu'il  n'y  auoit  en  ce  ce  de  Col 
jnondc  hautefTe  fi  grande,  qui  fuftafTeuree  deuoir  eftre  paifible.  Quela  vengeance  de  *u  peuple. 
Dieu  eftoit  tellement  ordonnée  &  iufte,  qu'elle  ne  pardonnoitàperfonne.  Qucdon- 
ques  déformais  chacun  aduifaft  à foy,&apprinft  d'eftre  obeiffant  à  fon  Prince.  Quefî 
Ja  maiefté  de  la  Roine  ne  pardonnoit  à  vn  tel  homme,  que  bien  mal  aifément  elle  par- 
donneroit  en  femblable  cas  aux  autres. Qu'il  ne  falloir  point  que  perfonne  fe  fiaft  en  fes 
richeffes&  nobleffe,  eftant  atteint  de  mefme  erreur.  Qu'ils  auoyent  bien  deuant  leurs 
yeux  à  qui  prendre  exéple,&:  au  mal  heur  duquel  chacun  poifaft  &:  mefuraft  ce  où  il  de- 
uoit deuenir-.lequel  eftant  en  telle  grandeur  qu'autre  ne  ppuuoit  fe  pai  âgonner  à.  luy,e- 
ftoitneantmoinstôbéenvn  eftatiî  piteux  qu'on  lepouuoitvoir:commc  eftâtdeucnu 
petit  compagnon  de  grad  feigneur  qu'il  eftoit,d'Archeuefque  &  Métropolitain,  captif: 

BB.ii. 


Lmr<uV.  Thomas  fanmer. 

d'homme  eftïmé  U  honore  enuers  cous,  miierable  &C  condamne  :  voire  déprimé  &  ter- 
raiTe  ii  cres-bas ,  qu'il  ne  pouuoic  ne  mieux  elperer,  ne  preique  deicendre  plus  bas  qu  il 
auoitfait  lMnalement^adrellanrderechetàCranmei^admonneitoit&pnoitbieii 
fort  qu'il  ix>rtafrpatiemmentlanecefl^ 

re  le  faut  Q  ue  nui*;  qu'il  luy  falloir  palTer  le  pas,  qu'il  ne  deuoic  douter  que  Dieu  ne  le 
recompenlaft  bien  amplement  de  ce  qu'il  s'elloit  recogneu,  U  rallie  au  rang  des  autres. 
OuiUepropolaftdeuant  les  veux  la  tardiue, mais  heureuie  repcncancc  du  Larron:  au- 
G^ltants'enfautquefesiniquitezpaiTcesioyenc  venues  en  conte  enuers  Chimique 
mefmeiltutcemermciourappelépoureftreenParadisauec  luy.    Quil  ne  regardé 
point  le  tourmét  qui  (e  prelentoit  pour  la  chair  :  mais  qu'il  cfleuait  fon  clprit  a  Dieu,le- 
ouel  ne  permet  ïamais  que  lovons  tentez  par  deflfus  la  torce  qu  il  nous  donne.  Que  puis 
Gu'ainii  eft,  qu'il  n'a  occafion  de  douter  de  la  grace&  mifencorde  de  Dieu ,  &c  qu'à  l'ex- 
emple des  trois  Hebneux ,  de  S.  Laurens  &  S.  André ,  Dieu  ne  luy  adoucie  le  ku,  ou 
bien  luv  donne  force  &  pui^ance  d'y  reiifter.  Pour  le  moins  qu  il  le  pouuoic  bicnancu- 
ter  q  ue  iamais  Dieu  ne  manqueroit  à  fes  leruiteurs  &  ceux  qui  1  inuoquen  t.    Ayant  a- 
cheué  &  tenu  l'auditoire  prelque  deux  heures ,  il  rendit  finalement  grâces  a  Dieu,de  ce 
au'apres  auoir  eicriuc  fi  long  temps  pour  conuertir  &  réduire  vn  tel  homme,il  luy  auoit 
finalement  fait  cefte  grâce  de  le  rappeler  tl'eftimant  indigne  deviure,  lors  quil  eftoic 
comble  d'honneurs  :&t  maintenant  qu'il  ne  pouuoic  plusviurc,  indigne  d'eftre  mené 
ainli  à  la  morr  Et  afin  qu'il  ne  partia  de  ce  monde  fans  confolacion ,  qu'il  tcroit  fon  de- 
uoir  &:  luy  promettoit  au  nom  de  tous  les  preftres  qui  eftoyee  preiens,  qu'il  ne  feroic  pas 
fi  toft  trefpalTé  qu'il  ne  fift  pour  fon  ame  faire  prieres,dirc  Méfies ,  &:  touces  autres  cho- 
La  grande  {es necciraires & requifes.    Cependant Cranmer demeurant aflis,monftroit  aflez  ex- 
trade    rieurement)tantparlevifagequautres  marquesdeion  corps,en  quelle  triftefle  &c 
prXccî-  affl^ion  d'cfprit  il  viuoit.  leuant  maintenant  au  ciel  les  yeux  &  les  mains  :  maintenant 
tericurcmet  de  home    ^  auoit }  ics  iectanr  vers  la  terre  :  de  manière  qu  ayanc  réitère  les  pleurs  &c 
larmes  plus  de  vingt  fois,  il  en  auoit  fa  barbe  blanche  toute  arroulee.  Ceux  qui  furent 
Le  peuple   prefens  afieurent  qu'il  ne  virent  ïamais  ainfi  pleurer  qu'il  fit  tant  durant  le  iermon,que 
côoafi&nné  mefmemêc  lorsqu'il  recita  fa  prière.  Et  ne  fauroit-on  exprimer  la  pitié  &  côpaffionqui 
tlbtrfaifit  lors  les  cœurs  de  ceux  qui  pouuoyent  regarder  vnvifage  tat  angoffi^,&:  vue figrâ- 
Cunmer.  de  profufion  de  larmes ,  que  iettoit  vn  tat  illuftre  &  vénérable  vieillard.  Col  après  auoir 
acheuc  fon  prclchc,voy  ant  que  le  peuple  cômençoit  défia  a  fe  retirer,!  exhorta  de  prier 
Dieu-puis  leur  die,  Mes  freres,afin  que  perfonne  ne  doutede  la  conuerfion  &  repencan- 
ce  de  ceft  homme,  vous  cous  l'orrez  maintenât  parler.  Monlicur  Cranmer,ie  vous  prie 
bien  arTe£cueufement  que  vous  déclariez  maincenâc  par  efFeft:  ce  que  vous  m'auez  log 
cemps  promis  de  parolle  :  &c  que  vous  vueilliez  expofer  icy  publiquement  la  foy  &:  la  cré- 
ance que  vous  tenez, à  cefte  fin  que  vous  oftiez  toute  loufpcço  aux  hommes, &c que  le 
monde  entende  comment  vous  eftes  véritablement  cacholique.  Ieleferay,  ditCran- 
Cramcrpar-  mer,  crefuolonciers.  Et  fe  leuant,  &  mettant  la  main  au  bonnet,  vfa  de  ces  mots  auant 
îefimleméc  ^yçj^i^fQj^oraifon&au  principal  de  ce  qu'il  auoita  dire:  Mes  amis&freres  en  le- 
au^uple.  4  ^  chrjft  je  vous  fUppHe  co9  que  priez  Dieu  qu'il  luy  plaife  vouloir  effacer  mes  péchez, 
lefquelsfonten  grandeur^  nombre  plus  qu'on  ne  fauroir  eftimer.  Vrayeftqu'ily  avne 
chofe  principalement  laquelle  me  caufe  &:  engendre  vne  tnftefie fcdefplaifance  excre- 
me-  mais  i'cfpere  vous  la  dire  cy  après  furie  difeours  que  îay  a  vous  faire.Et  ayanc  mis  la 
main  en  fon  fem ,  il  tira  fa  prière ,  laquelle  il  récita  de  mot  à  mot  >  &c  prononça  deuant  le 
peuple  prefquc  au  mefmefens  qui  s'enfuit: 
oraifondc        O  s  o  v  v  E  r  a  i  n  &  couc-puiflanc  Pere  celefte,  ô  Fils  du  Pere,&  Rédempteur  du 
Cranmer.  nioncie,ô  S.Efprit,  tous  trois  vn  Dieu  :  plaife-toy  eftendre  camiiericordefurmoypoure 
&  miferable  pécheur.  Helasii'ay  offenfé  &  pèche  contre  le  ciel  &  la  terre,trop  plus  que 
ie  ne  fauroye  exprimefpar  parolle.  Où  iray-ic  donques  ?  de  quel  coite  me  courneray-ie? 
àquiauray-ie  recours?  Dcleuer  les  yeux  auciel,i'enayhonce:quancà  la  terre,  ie  n'y 
voyfccoursquifoit:Medefcfpereray-ieîiaà  Dieu  ne  plaife.  Toy  Seigneur  es  clément, 
pourfuyuanc  de  ca  clémence  &:  boncé  touce  perfonne ,  qui  ayanc  recours  à  toy,  deman- 
de grâce  &c  milericorde  de  fes  péchez  &:  oifenfes ,  qui  faic  que  ie  me  recire  encieremenc 
à  coy.  Tu  es  feul  àqui  ie  me  ren ,  &  auquel  aulfi  ie  confefie  l'infinité  &:  enormité  de  mes 
tranfgreffions.HelasbonDieu,partabontcinfinievueilleauoirmercydemoy.Cegrâd 
myfterc  indicible ,  que  la  Parolle  ait  efté  faite  chair ,  n'a  pas  elle'  manifefte  au  monde , 


Thomas  Cranmer.  4.11 

pour  peu  ou  pour  petites  &  légères  fautes  &  offenfes.  Toy  Pere  celefte,  n'as  pas  voulu 
que  ton  FiJs  lëfus  Chrift  noftre  Seigneur  fouffrift  mort  &:  paffion  pour  effacer  quelques 
deli&s,mais  pour  tous,&:  pour  les  plus  grans  de  tout  le  monde,  toutes  fois  &:  quâtes  que 
les  poures  pécheurs  le  retirent  de  tout  leur  cœur  à  toy  :  ainfi  que  moy  maintenant ,  Sei- 
gneur Dieu,  ie  me  ren  &C  donne  de  toute  mon  aflfc&ion  à  toy.  Donques,Seigneur,par  ta 
bonté  &:  pitié  infinie  aye  mercy  de  moy.  le  ne  te  demâde  rien  pour  le  regard  de  ma  per- 
fonne:  ains  ce  que  ie  te  demande  eft  pour  illuftrer  la  gloire  de  ton  nom,  &  pour  l'amour 
de  Iefus  Chrift  ton  Fils  bien-aymé  :  afin  que  tout  ce  qui  vient  de  toy,  luy  foit  attribuc,o£ 
nonpasànous.Maïntenâtdonquesnoustc  prierons  par  l'oraifon  queluy-mefme  nous 
a  apprife,  en  diiant ,  Noftre  Pere  qui  es  és  cieux ,  fan&ifié  foit  ton  Nom ,  &c.    E t  avan  t 
acheué  fon  oraifon(laquelle  il  auoit  prononcée  auec  larmes  &r  foufpirs,Ie  peuple  priant 
auec  luy  )  derechef  eftant  leué  fur  Ces  pieds  ,vfa  de  l'exhortation  &:  remonftrancc  qui  s- 
enfuit  :    Tous  hommes  ont  cefte  bonne  couftume ,  de  laifler  volontiers  quelque  ma  dc  "^"^ 
niere  d'exhortation  au  peuple  fur  l'heure  qu'ils  doyuent  partir  de  ce  monde, afin  daller  au  peuple, 
rendre  conte  à  Dieu:  tant  pour  durer  plus  longuement  en  la  mémoire  de  ceux  quilef- 
coutent,  comme  pour  leur  apporter  quelque  excellente  édification.  Cariladuientcô- 
munément,  que  plus  emportent  peu  de  parolles  proférées  à  l'heure  qu'on  s'en  va  mou- 
rir ,&  touchent  beaucoup  plus  au  vif  le  cœur  des  amis,  quauparauant  tous  les  difeours 
&  harengues  de  ce  monde.  Parquoy  ie  fupplie  la  maiefté  dece  grand  Dieu,  qu'il  me  dô- 
ne  maintenant  la  grâce  que  ce  que  ie  vous  diray  à  prefent ,  eftant  preft  de  prendre  con-  Metw  fon 
gé  de  vous,  foit  à  fa  gloireA'  à  voftre  falut  en  luy.  Et  premierement,c'eft  vne  chofe  bien  au0G 
fort  déplorable,  que  plufieurs  hommes  fe  plaifent  fi  fort  en  ce  môde,&  y  mettet  fl  très-  ciel  &  nod 
tat  leur  cœur  &  affection ,  que  c'eft  peu  de  chofe  au  refte  de  l'eftat  qu'ils  t  ont  dc  l'amour  çuU  tOTC* 
qu'ils  doyuent  à  Dieu  &c  au  royaume  des  cieux.  Premièrement  donques ,  mes  chers  frè- 
res ,  ie  vous  admonnefte  &C  prie  que  déformais  les  voluptez  de  ce  monde ,  ne  chofes  fal- 
lesô£  defplaifantes  à  Dieu  ne  vous  empefehent  de  cercher  le  royaumede  Dieu,  ains  di- 
rigezyosefprits,& rapportez  toucesvos  opérations  à  Dieu  &àlavie  qui  dure  fans  fin. 
Et  foyez  toufiours  recors  dc  ce  qui  eft  en  la  première  de  S.Iean,4.chap.Qv  'aime  rc  i  Uean^.' 
monde,  est  combatre  contre  die  v ,  &£  eftre  fon  ennemy  mortel  ;  &:  que 
ce  foit  là  l'admonition  première  que  vous  retiendrez.  La  féconde,  c'eft  qu'après  Dieu 
vous  rendiez  l'obeiifance  à  voftre  Roy  &  Roine ,  que  vous  deuez  :  &  ce  de  cœur  &:  affe-  obdflànce 
ction,  fans  murmurer  ou  vous  mutiner  contre.  Et  ne  faites  pas  de  peur  ou  crainte  que  aulufcr,ÇUï 
vous  ayez  d'eux,  ains  pour  la  reuerence  que  vous  deuez  à  Dieu,  duquel  ils  reprefentent 
lauthorité& la  perfonne en  ce  monderaufquels  quicoque  refîfte,refifteà  Dieu  autheur 
de  toute  puiffance.    La  ticrce,c  eft  que  vous  aimiez  fraternellement  les  vns  les  autres.  ctarité  dcs 
Tay  honte  de  dire  les  haines  &maiuueillances  qui  régnent  auiourdhuy  mefme  entre 
les  Chreftiens ,  &  les  cruautez  qui  fe  commettent  iourncllement,comme  s'ils  n'eftoyét 
frères  &  fœurs  entr'eux ,  mais  tigres  &  ennemis  mortels  les  vns  des  autres.  Que  dôque, 
vn  chacun  s'efforce  de  fon  cofté  de  profiter  à  tous,  félon  le  moyen  que  Dieu  luy  a  dôné: 
&  de  ne  nuire  à  perfonne:  tout  ainfi  que  nous  voudrions  eftre  fait  à  nos  propres  frères 
&  fœurs  naturels.  Et  que  chacun  retienne  hardiment  cecy:  Ce  i  v  y  <xy  i  h  ai  t,  ou 
fait  tort  à  fon  prochain  en  intention  de  le  faire ,  ne  peut  eftre  aimé  de  Dieu,  quelque  o- 
pinion  qu'il  ait  au  contraire. 

Finalemin  t, que  ceux  qui  s  enrichifiTent  félon  le  monde,&:  qui  abondent  en  bies, 
fc  propofent  diligemment  douant  les  yeux  ces  dids  de  Iefus  Chrift,Qv'ix  est  bien 

DIF  FICHE    Q_V  E    LE  RICHE   ENTRE    I  A  M  A  I  5  AV  ROYAVME  DE  S  CIE  V  X  . 

C'eft  vne  fentence  contre  le  riche,  mais  elle  eft  proférée  delà  bouche  deceluy  qui  ne 
fait  mentir.  Dauantagc  S.Iean  dit ,  Quiconque  voit  fon  frère  en  neceffité,&:  ne  luy  fub- 
uient,  comment  peut  eftre  la  chanté  de  Dieu  en  vn  tel  homme  ?  Semblablement  S.  Ia- 
ques,s'adreifantaux  riches  ô£auares:Or  fus, dit-il, vous  autres  riches,pleurezhardimér,  Uq.f. 
commencez  à  braire  fur  vos  miferes,lefquellesnevouspeuuent  faillir.-vosrichefîesfe 
font  pourries,  vos  veftemens  ontefté  fuietsaux  lignes,  voftre  or  &  voftre  argent  s'eft 
corrôpu,&:  cefte  corruption  rédra  tefmoignage  contre  vous,  &  confumera  voftre  chair 
comme  le  feu.  Vous  auez  thefaurizé  fur  la  fin  de  vos  iours.  Que  tous  riches  mondains  y 
penfent  bien  :  car  s'ily  eut  ïamais  temps  auquel  il  falluft  donner  aux  poures ,  ceftuy-cy 
l'eft,  veu  la  multitude  des  poures,  ÔC  la  difficulté  des  viurcs,  &  d'autres  chofes  qu'il 
y  a  quafi  par  tout.  Et  combien  que  i'aye  demeuré  long  temps  reclus  en  prifon ,  li  iay-ie 

BB.iii, 


vns  aux  au- 
nes. 


L  mrc^  V.  Thomas  Cranmer. 

fort  bien  la  poureté &  la  cherté  qui  eft  communément  par  tout  ce  royaume.    Et  d'au- 
tant  que  iefuis  venu  en  cefte  extrémité ,  qu'il  me  taut  maintenant  palier  de  celte  vie  eu 
l'autre, &  que  fuis  lur  le poinct  ou  de  viure  éternellement  auec  Ielus  Chnft  noftre  Sau- 
ueur,  ou  cftrc  damné  perpétuellement  au  gouffre  d'enfer  auec  tous  les  diables:  voire 
que  ie  voy  mefmc  prelt  ntement  deuant  mes  yeux,  ou  le  ciel  ouuert  pour  me  receuoir  ù 
ie  dy  &c  confelîé  fans  contrainte  la  pure  vérité ,  ou  la  gueule  de  l'enfer  prefte  à  me  dcuo- 
rer  &:  engloutir  lîie  defguife  rien  autrement  que  vérité  &  fidélité  me  commande:  ic 
vous  veux  maintenant  vne  fois  pour  iamais  déclarer  librement  &:  ouuertement  quelle 
eft  ma  foy  ,  6c  ne  vous  en  diffimuleray  rien ,  ne  par  craintc,ne  pour  recompenfe  que  i  en 
efpere .  car  ie  fuis  venu  iufques-la ,  qu'il  n'eft  plus  beioin  de  dillimuler  ou  reculer ,  quel- 
La  Jcrnicre  que  chofe  que  par  cy  deuant  i'aye  ou  dite  ou  eferite.     Premièrement  ie  croy  en  Dieu 
d^rimer.  le  Pcre  tout-puiflant, créateur  du  ciel& de  la  tcrre,&:c.  Bref,  ie  croy  tous  les  articles  de 
la  foy  catholique,  enfcmblement  toute  parolle  de  noltre  Sauueur  IelusChrift,de  les 
Apoftres  &:  Prophètes,  compnfe  tant  au  vieil  que  nouueau  Teftament,  &:  m 'apeuré 
fermement  là  delî'us.    Orie  vien  maintenant  à  ce  qui  par  deiîus  tous  les  péchez  &:  of- 
fenfesqueicfisiamais  me  tourmente  &c  afflige  le  plus  en  ce  monde,  c'eft  vne  fublcri- 
ptionquei'ayfaitedema  mainen  vn  papier efcntqu'on  me  prclentanagueres:  car  in- 
dubitablement îel'ay  faite  contre  venté  encontre  ma  conférence.    Iecuidoye  parce 
moyen  cuiter  le  danger  de  lamort,&:  prolonger  ma  vie  en  ce  milerable  monde .  mais 
maintenant  ieprotefte  enuers  tous  franchemet ,  que  ie  reuoque&  annulle  tous  tels  cC- 
crits  faits  ou  lignez  par  moy  depuis  le  temps  de  ma  dégradation:  ie  les  deladuoué  d'ores 
&  délia  totalement.  Au  refte,  quant  cil  de  cefte  main  mal-heureufe,  laquelle  m'a  feruy 
à  foufligner  cefte  mefehanceté  contre  ma  propre  confeience,  ie  la  voue  &c  dédie  à  cftre 
brufleeauantlesautres  membres  démon  corps. ôdlitoftque  ieferayau  lupplice,  elle 
toute  première  en  portera  la  penitécc,puis  que  c'eft  elle  de  mes  mébres  qui  a  fait  &exe- 
cutélemal.    Quant  au  Pape,  pour  vous  le  faire  court,  ie  le  tienne  repute  ennemy  de 
Iefus  Chnft,  voire  le  mefme  Antechnft:&:detefte  toute  la  doctrine  comme  faulîé,ôc 
tous  fes  erreurs  pernicieux  &  contraires  à  la  parolle  de  Dieu.    Touchant  à  la  Cenc  du 
Seigncur,i'cn  croy  &c  maintien  tout  autant  que  l'en  ay  traité  iadis  en  ma  defenfe  contre 
reuefquc  de  Vvinceftre:&:  cftime  que  ceiiure-la  a  dequoy  refpondre  aux  calomnies  &C 
Eftôncmét  efforts  des  Papiftes.    Tous  les  aliîftans  eftonnez  commencèrent  fe  regarder  les  vns  les 
desThcolo-  autres,  &merueilleufeméts  efbahir,defc  voir  ainlideceus  de  leur  opinion.  Et  y  en  eut 
IXs^U*"  qui  luy  mirent  au  deuant  fonabnegation,luy  reprochant  la  delloyauté.  C'eftoit  vnplai- 
reuoite  de  lir  lors  de  voir  la  contenance  des  Théologiens  fruftrez  de  leur  efperance  .  voire  que  ia~ 
Croiimcr.  majs  cruauCcne  fe  trouua  ainli  moquee,ne  fi  biê  à  propos. Et  ne  faut  douter  que  s'ilfu  ft 
demeuré  en  fon  abiuration,tous  fulfent  montez  au  fommet  de  leurs  ergots.    Or  après 
auoir  ouy  tout  ce  difeours ,  eftans  deuenus  tout  efperdus  ,ils  ne  feurent tque  faire ,  finon 
baiirer  les  oreilles,  &  efeumer  leurs  defpits  accouftumcz.mais  tout  le  pis  qu'ils  peurenc 
faire,  fut  de  luy  reprocher  fon  infidélité  &  diflimulation.  Aul'quelsil  rcfpondit,  Tout 
beau, Mcfticurs,  voulez- vous  prendre  les  chofes  ainfi  ?  I'ay  hay  toute  ma  vie  tromperie, 
préférant  toufiours  lîmplicité,&:  li  n'ay  iufques  icy  vfé  de  diflimulation:  ai  n  s  tout  ce  qui 
eft  refté  de  larmes  en  ce  pourc  corps,  femonftrealfez  par  Jesyeux  .    Et  voulant  pour- 
fuyure  le  propos  de  la  rraye  doctrine  &  celle  du  Pape ,  les  vns  fe  mirent  à  crier,lcs  autres 
à  fccomplaindre:&:liir  tout  on  ovoit  Col  criant  qu'on  luy  barraft  la  bouche,  &c  qu'on 
defpcfchaftdelefairc  mourir.    Cranmereftant  poulie  de  l'elchafFaut  en  bas,eftmené 
au  feu ,  accompagne  de  Moinailles  ,1e  pou/Tans  autant  plusfuneulcment  qu'il  leur  e- 
ftoit  pollîble  :  Quel  diable,  dif  oyent-iis,  t'a  mis  derechef  en  ces  erreurs,  par  lelquels  in- 
dubitablement tu  précipiteras  là  bas  en  enfer  vne  infinité  d'iunes?  Il  ne  leur  refpondit 
rien,  adrelfantroufiours  fon  propos  au  peuple:  linon  queparfois  il  lé  retournoit  vers 
Sidal ,  l'exhortant  d'eftudier  toufiours  de  plusen  plusd'afléurant  qu'où  il  prieroit  Dieu, 
&:  liroit  les  Elcriturcs ,  qu'il  paruiendroit  à  vne  cognoilTancc  plus  grande.  CecriartE- 
fpngnol  cydcuantnomméjcnrageoitdutout,  &c  monftroit  bien  qu  il  eftoit  hors  des 
gonds  :  n'ayant  autre  propos  en  la  bouche,  linon  ceftuy-cy,  Tu  n'as  pas  encore  fait.  Or 
eftant  Cranmer  arriué  au  lieu  mefme  où  les  làinctsEuefques  &  martyrs  de  Dieu,  Hu- 
gues Latimer  &c  Nicolas  Ridley  auparauant  auoyent  efté  brullez,s'eftant  profterné  bas 
enterre  fît  fa  prière  à  Dieu  :&  ne  demeura  gueres  qu'il  ne  fedcfpouillaft  mefmes  iuf- 
ques à  la  chemife.    Or  la  chemife  defeendoit  des  efpaules  iufques  aux  talons.  Il  auoit 

les 


Thomas  Vvitlé.  4.2Î 

les  pieds  nuds,latefte  pareillement.  &  ayant  ofté  les  deux  bonnets  qu'il  portoit  ordi- 
nairement,monftroit  vn  deflus  de  tefte  chauuc.  La  barbe  chenue& longue  rendoit ie 
ne  fay  quelle  maiefté  en  fon  vifagc,&  grauité  merueilleufe.  En  forte  que  la  face  &:  con- 
tenance graue  de  ce  perfonnage  rendoit  amis  &  ennemis  eftonnez.  ces  Frérots  Iean  6L 
Richard  Efpagnols(defquels  il  a  efté  parlé  )  le  voulurent  admonnefter  derechef  :  mais 
ce  rut  en  vain.  Ainii  donc  demeurant  Cranmerfcrme& confiant  enlaprofeffion  de  fa  Confiance 
do£trine,vint  à  tendre  la  main  à  quelques  bons  vieillards  6c  autres  qui  eftoyent  àl'en-  dcCramcr 
tour,leur  difant  A-dicu.  Autant  en  voulant  faire  à  Sidal,fut  refufé  de  luv^difant  qu'il 
n'eftoit  pas  loifiblede refaluer  les  heretiques:mefmement  vn  tel ,  qui  li  maLheureufc- 
ment  retournoit  derechef  en  opinions  lefquelles  il  auoitluy-mefme  reiettees.  Que  £™ut* a* 
s'il  euft  apperceu  qu'il  euft  voulu  faire  cela,  qu'il  neluy  euft  point  fait  d'honneur  de  le  1  : 
fréquenter  fi  familierement.reprenant  bien  fort  les  gens  de  iuftice  &:  bourgeois ,  de  ce 
qu'ils  ne  l'auoyent  refufé  comme  luy,lors  qu'il  leur  auoit  baillé  la  main.  Ce  Sidal  eftoic 
vn  nouueau  preftre,  Anglois,commençant  de  s'infinuer  en  la  faculté  de  Théologie ,  6C 
toutefois  près  de  palier  Do£teur,Sous-doycn  d'vn  collège  qu'on  appelé  de  Iefus.  Ce- 
pendant Cranmer  eftant  attaché  à  vn  pofteau  auec  vne  chaifne  de  fer  ,  on  commanda 
de  bouter  le  feuilequel  gagnant  petit  à  petit  à  l'endroit  oùCranmer  eftoit,eftendit  fou- 
dain  le  bras,&  d'vne  confiance  merueilleufe  auança  la  main  au  milieu  du  feu,  qui  s'efle 
uanthaut,ardoittoufioursdcplusenplus:&neâtmoinsil  la  tint  fi  fermete  immobile 
(hors-mis  qu'il  en  torcha  vne  fois  le  vi(age)quvn  chacun  la  voyoit  pluftoft  brufleeque  ^lf"eni 
le  corps  euft  encores  enduré  le  feu.  Quant  au  refte ,  il  receuoit  le  feu  auec  vn  arreft  fi  Craamer. 
mcrueilleux,que  ne  fe  remuant  aucunemé t,demeuroit  comme  le  pofteau  mefme  au- 
quel il  eftoit  attaché,appelant  par  plufieurs  fois  tant  haut  qu'il  pouuoit  fa  main ,  Indi- 
gne.Ses  yeux,il  les  auoit  fichez  au  ciel,priant  en  cefte  maniere:Seigneur,reçoy  mon  ef- 
prit.  ^"Veirtcudelaforce  dufeUjrenditl'efpritàDicu.Frereleaneftonné  d'vne  telle 
confiance,eftimant  que  ce  ne  fuft  magnanimité ,  ains  vn  defeipoir  (combien  que  tous 
les  iours  on  pouuoit  aflez  voir  de  tels  exemples  en  Angleterre)courut  vers  le  Seigneur 
de  Thamo,cnant  que  l'Archeuefque  eftoit  mort  enrage  &delefpcré.  Luy  quifauoit 
afTez  de  quel  courage  les  gens  de  fa  nation  eftoyent  (incogneu  toutefois  aux  Efpagnols 
fort  diftans  6c  feparez  de  1' Angleterre)nc  refpondit  mot:mais  mefmes auec  vn  foufrire 
fe  moquoit  de  frère  Iean,&:  de  la  caphardife  Efpagnolle.Telle  fut  la  fin  6c  ilfue  de  ce  S. 
A  rcheuefque,lequcl  Dieu  voulu  t  conferucr,le  faifant  reuenir  à  foy ,  afin  qu'il  ne  perift, 
félon  que  fes  iugemens  font  incomprehenfibles .  6c  le  faifant  mourir  honorablement^ 
afin  qu'il  ne  vefquift  en  opprobre  &  ignominie  perpétuelle. 


THOMAS    VVITLE,  mtmftre  ^nglo». 

t  E  S  Miniftrcs  de  la  parollc  du  Seigneur.ont  auffi  en  l'hiftoire  Je  ce  Martyr.vn  exemple  de  marque  &  impreffion  de  la  mî- 
fericorde  de  Dieu. car  Vvitlé  annonciateur  d'icelle,comme  il  fut  appréhendé,  fedcfdit:  mais  le  repentant  puis  après  de 
fa  diffimtrlatioti,  il  endura  le  martyre  de  fi  grande  conftance  &  magnanimité  pour  la  do&rine  de  l'EuangiIe,qu'il  édi- 
fia grande  multitude  dé  peuple  en  fa  mon. 

E  perfonnage  feruant  de  Pafteur  en  vne  parroi/lè  nommée  Kyrbie ,  fut  aC 
I  failly  après  la  mort  du  roy  Edouard,  par  la  violence  6c  opprefïïon  des  Euefl  M.  D.lVl 
jques:&  toutefois  comme  il  pouuoit  recouurer  quelque  opportunité^  ne 
[cefl'oit  de  femer  l'Euangile  par  cy  par  là.Finalement  il  fut  pris  par  vn  nom- 
mé Edmond  Alebafter ,  lequel  par  flateries&:  déceptions  faifoit  eftat  d'attraper  béné- 
fices &:  dignitez.Ceft  Alcbafter,pour  faire  plaifir  aux  ennemis  de  la  vérité  ,  mena  pre- 
mièrement Vvitlé  au  Chancelier  Gardiner,euefque  de  V  vinceftre ,  qui  eftoit  nouuel- 
lement  faify  de  la  maladie,de  laquelle  il  mourut  depuis  trefmiferablement.  Gardiner 

au  lieu  defaueur  que  pourfuyuoitAlebafter,le  tança  fort  aigrement, difant,N'y  a-il  au- 
tre que  moy,a  qui  tu  amenés  ces  racailles-cy.?  Va  au  gibet  auec  tô  opportunité.En  cefte 
forte  ce  flateurfutdeceu,&:  ne  feut  plus  que  faire  ,  finon  mener  ion  prifonnier  en  der- 
nier refuge,à  l'euefque  de  Londrcs.Ce  bon  Euefque  l'ayant  premièrement  fait  mettre 
en  laCharbonniere  dePhilpot,quelque  peu  après  le  fit  appeler,&  comméça  àl'efprou- 
uer  d'vne  rufe  6c  façon  non  vfitee  aux  autres  Euefques ,  qui  n'eftoit  pas  voirement  Q 

BB.iiii. 


Lmrc^  V.  Thomas  V  vit  lé. 

grieue  au  corps,toutefois  eftoit  fort  pcrnicicu fe  à  l'amc:afin  que  par  douceur  contrerai 
ce,&  quelque  dextérité  qu'illcpcrfuadoitd'auoirabien  tromper,ilarrachaft  vn  renon 
cemenc  de  la  vérité  des  poures  fi  Jeles  &  fimples.De  laquelle  façon  il  via  lors  principa- 
Rufcs  de    lement  enuers  ce  miniftre.  Il  fît  donc  appeler  Thomas,&:  luy  tint  des  propos  gracieux, 
^•"dVIon  k  ci  aicanc  rorthumainement,tant  à  table  qu'en  deuis  familiers:  mefme  le  failoitpour- 
dres.     °n  mener  auec  luy >&:  ne  vouloir  point  parler  à  luy  qu'il  n'euft  la  telle  couuerte:  ce  qu'il  ne 
faifoic  point  à  tous.Toutefois  il  difoit  qu'il  faifoit  cela  pour  la  vertu  qui  eftoit  en  luy,  te 
pour  la  reuerence  facerdotale:il  le  louoit  &:  traitoit  familièrement,  faifant  femblât  auf- 
û  d'aimer  les  vertus. Il  mettoit  enauant  plulieurs  chofes  de  fa  prudence,de  fa  modeftic 
fingulierc,defon  bonefpnt,&de  fon  grand  fauoir  :  lefquelles  vertus  il  cognoilîbit  en, 
luy  en  partie  par  le  rapport  des  autres,  en  partie  pource  que  luy  mefme  en  auoit  plus 
veu  de  lès  yeux  que  la  renommée  n'en  auoit  femé.Bref,il  l'auoit  en  telle  eftime ,  qu'il  le 
reputoit  digne  de  grande  compagnie  de  feruiteurs,&:  de  quelque  grand  palais  ou  mai- 
fon  fomptueufe,ou  deftre  doyen  ou  archediacre  en  quelque  grande  eglife.  Outre  tout 
cela,il  luy  promettoit  de  luy  alîîfter,pourueu  auffi  que  luy.mefme  ne  faillift  pas  à  faire 
fon  deuoir.IH'admonneftoit  donc  &:  conleilloit  pour  la  bonne  afté&ion  qu'il  luy  por„ 
toit,de  regarder  à  fauuer  fon  bien  &  fa  propre  vie,  &  ne  faire  que  le  profit  des  autres 
luy  fuft  plus  précieux  que  le  lien  propre:  pluftoft  de  predre  conlèil  de  fa  propre  pruden 
ce,qui  eftoit  finguliere.  Et  fi  iufques  à  celle  heure  s'eftant  accommodé  aux  temps ,  il  a- 
uoit  erré  auec  plufieurs,qu'il  fe  retire  maintenât  de  l'erreur  commun  pour  eftrc  réduit 
auec  tout  le  peuple.  Ce  qu'il  auoit  erré,c'eftoit  vn  vice  humaimmaintenant  cela  con- 
uiendroit  fore  bien  à  fa  grand'prudence,de  fe  repentir:&  dauantage,cela  viendroit  bie 
à  propos  pour  fa  fain&eté.  Auec  ces  parolles  amiellees  de  l'Euefque,voicy  lesferuiteurs 
L^ffonT  *UY  °ffrirenc  prompts  feruices,les  Preftrcs  deuifoyent,(c  iouoyétjpaffoyentle  temps,&: 
dcfdirc     beuuoyent  auec  luy.    Et  au  lieu  du  trou  crafTeux  &  obfcur  de  la  Charbonnière  où  il  e- 
Vv«ié.     ftoit,on  luy  donna  vne  belle  chambre,  comme  à  fvn  des  compagnons  de  l'euefque. 
Bref,on  fe  feruit  de  toutes  occafions  pour  l'attraper,ou  pour  efbranler  fa  vertu,  ou  pour 
amorfer  fon  infirmité.       Or  pour  le  faire  court,la  fimplicité  fragile  de  ce  perfonnage 
fu  t  tellem  ent  furprife  par  telle  rules  s  &c  flateiics,qu'il  commeça  premièrement  à  chan 
celer,&à  conceuoir  quelque  volonté  de  fedefdirc  ,  &  à  donner  cfperance  de  ce  faire. 
Ces  gens-cy  l'apperceuans  comme  vne  paroy  prefte  à  tombcr,ne  ceffent  de  faire  branf- 
ler  ce  qui  eftoit  à  demy  cheut,iufqucs  à  ce  que  finalement  ils  vindrent  à  bout  de  leur 
entreprife.  Vvitlé  donc  fut  ve  incu  par  ce  moyen,&  s'accorda  finalement  à  tout  ce  qu'- 
ils vouloyent:&  pour  dire  en  vn  mot,il  fouferit  àleurs  loix  &:  impiétés  aueccela  il  affi- 
gna  vn  certain  iour  &  lieu^où  il  deuoit  publiquement  renoncer  à  fa  do&rine ,  laquelle 
il  auoit  prefehee  auparauant.     Ce  poure  homme  s'eftant  ainfî  aliéné  Se  deftourné  de 
Dieu.fut  fait  proye  àSatan:&  s'eftant  retiré  de  defîbus  l'enfeigne  de  Iefus  Chrift,il  cô^ 
mença  à  prendre  la  folde  du  monde,&:  du  Pape  feigneur  du  mondf .  Mais  voicy,  Dieu 
tout  incontinent  après  môftravne  merueillcufe  bonté,  &  vn  fingulier  tefmoignage  de 
fa  grâce.    Combien  que  fon  gendarme  fe  fuft  reuolté  de  luy,  toutefois  il  n'abandonna 
point  celuy  qui  l'auoit  quitté:&  ne  permit  point  auxPapiftes  de  triompher  longuemét. 
Vvitlé  fentant  la  bonté  &  grâce  de  Dieu  reluyre  dedans  fon  cœur  ,  fe  refueilla  &c  co- 
gneut  fa  faute,&:  plourant  fa defloyauté, demanda  pardon.  Et  fa  triftcfTe  futfigrande, 
qu'à  grand'  peine  peut-il  long  temps  après  reprendre  courage:car  de  faiét  il  eftoit  com- 
me englouty  de  fa  douleunmais  finalement  il  print  ce  confeil  de  retourner  au  Greffier 
qui  auoit  mis  par  eferit  fa  retra£tation:&:  le  pria  fort  afreftueufement  de  luy  môftrerle 
regiftre  des  noms,difant  qu'il  craignoit  que  le  Greffier  n'euft  point  fidèlement  eferit 
les  poinérs  qui  appartenoyét  à  fa  rétractation. Le  Greffier  nommé  Ionfon,penfant  qu'il 
n'y  euft  nulle  fraude  en  cela,  luy  monftra  volontiers  le  papier  de  fes  regiftres.  Ainfî 
que  le  Greffier  lonfon  s  amufoit  à  quelques  autres  chofes,  Vvitlé  après  auoir  rencontré 
ce  qu'il  cerchoit ,  print  le  fueillet  auquel  mention  eftoit  faite  de  luy  ,&  le  defehira  en 
mille  pièces.    Cegreffier  lonfon  eftant  fort  irrité  de  ce  quel'autre  auoit  fait,Ie  fit  cm- 
poigner.lequel  offrit  volontiers  fa  perfonne,&:  fe  laiffa  paifiblemét  mener  àl'Euefq  Bo 
ner.l'Euefquc  eftant  fimplement  informé  du  faid,deuint  comme  forcené ,  fe  ietta  fur 
lafacedecepourepnfonnierdctoutfon  pouuoir,  &c  monftrabien  lors  fon  mefehanc 
naturel  qu'il  auoit  caché.    Il  print  Vvitlé  par  la  barbe,  &  le  frappoit  des  deux  poings, 
luy  arrachant  les  poils  de  la  barbe  unroft  d'vn  cofté  ,  U  tantoft  d'vn  autre. 

Etne 


PluJIeftrs  Martyrs.  4.23 

Et  ne  cefla  d'exercer  fa  furic,iufqucs  à  ce  qu'il  euftlanTé  ce  pourehôme  corrtmegifant 
mort  par  terre.  Finalement  après  que  V  vide  eut  repris  haleine,ceft  Euefque  taillant 
les  coups  de  poing,commença  à  procéder  par  ourragesjdi(ànt,Mal-heureux,i'ay  perdu 
maintenant  la  bonne  opinion  que  i'auoye  de  toy,&  mafoy  enuers  toy,veu  q  ne  gardes 
pas  la  tienne.  Apres  les  iniurcs  il  l'enuoya  en  prifon  .<J~  Or  V  vicié  fut  détenu  prifonnier 
parrefpacededix  fepmaines,  dequoy  fereiiouitentgrandement  tant  ceux  qu'il  auoic 
pour  compagnons  en  la  prifon ,  que  ceux  qui  eftoyent  dehors .  Car  quant  à  ceux  qui  e- 
ttoyent  dehors, il  ne  fut  point  parefleux  à  leur  eferire fouuét:&:  quant  à  ceux*]ui  eftoyét 
priionnicrsauecluy,il  lcsfortifioit,&:par  fon exemplelcur  monftroit  comment  ilfaL 
loit  qu'ils  fuHcnt  conftans. Entre  ceux  qui  eftoyent  là  prifonniers,  il  y  en  auoit  vn  qui  e-  yn  Arien 
ftoit  infcdtédc  l'erreur  d'AriuSjContie  lequel  Vvitlé  difputa fort  longuement  ,&:aprcs  conuerty 
auoir  pris  grâd'  peine,le  retira  de  fa  mauuaife  opinion. leql  depuis  fit  côfeflïon  de  fa  foy  par  Vvitlc 
en  la  prefcncedcplufieursfreres,&proteftaduchangemét  defonerreun&mourutcô- 
ftamment  auec  Vvitlé. Durantletcmpsque  Vvitlé  demeuraen  la  prifon  de  Nevvgat, 
où  il  fut  vn  mois  ôc  demy,plu(ieursle  vindrent  aiTaillirde  parolles.  L'Euefquede  Lon. 
dres  voyant  que  tout  cela  ne  profîtoit  de  rieh,manda  finalement  qu'il  fuft  tiré  de  fa  pri- 
fon:&:  qu'eftant  reueftu  de  robbe  facerdotale,il  fuft  amené  deuant  le  peuple,  à  celle  fin 
que  là  il  ouift  fa  dernière  fentence  pour  eftre  degradé.En  cette  aiTemblee-la  il  y  auoit  fix 
Euefques,quatre  Docteurs,&:  autres  eftaffiers.  L'cuefque  Boner  auant  que  pronon-  Degradattf 
cer  la  fentence, luyofta  premièrement  la  robbe  longue  &c  les  ornemens  presbyteraux,  dtVT,tié 
félon  la  façon  accouftumee:puis  procédant  àla  dégradation  attuellejqu'on  appelé,  luy 
ofta  les  ordres  de  preftnfe.  Apres  tous  ces  beaux  myftercs  il  luy  dit,  Va  maWieureux* 
ofte-toy  d'icy:tu  n'es  plus  preftre,ainshcretiq. Et  Vvitlé  luy  refpôdit>Tenez-moy  mille 
fois  pour  hérétique  ii  vous  voulezrie  fay  bien  peu  de  cas  de  tout  cela  ,  moyennant  que 
le  Seigneur  mon  Dieu  me  repute  pour  fon  feruiteur.  Mâis  quelque  hérétique  que  ie 
foyc,ie  vous  prie  rendez- moy  mes  habillemens  delquels  i'eftoye  veftu  auparauant. 

^  Apres  cela  on  procéda  au  iugement  de  la  cauiè,auquel  V  vitlc  les  attendit  qua- 
tre heures  entieres,difputant  doctement  &:  prudemment  pour  fa  caufe.  Mais  autant 
que  luy  les  gaignoiten  bontéde  caufe,  autant iceux  le  hirmontoyent  en  violence  & 
opprcffion:&  la  fentence  de  mort  prononcée  contre  luy  fît  la  fin  du  procès.  ^Vvitlé* 
donc  eftant  condamné  >  du  fiegeiudicial  fut  ramené  en  la  prifon.où  là  employa  ce  peu 
de  temps  &  vie  qui  luy  reftoit,à  prier  £)ieu:à  confoler  les  frères,  à  eferire  à  fes  amis .  En- 
tre autres  lettres  il  en  efcriwt  vne  excellente  à  deux  de  fes  freres,le  iour  deuat  qu'il  fuft 
bruflé.  Vn  nommé  Richard  Spenfer  a  recueiîly  de  ladite  lettre  ce  peu  d'hiftoire  qui 
efticy  déduite  par  efcrit.il  fut  bruflé  à  Londres  auecceluy  qu'il  auoit  retire  de  l'erreur 
Arien:&:  auec  cinq  autres  conftans  &:  fidèles  Martyrs  de  IelusChrift.  Entre  ces  cinq  Cino  Ma^ 
Martyrs  il  y  eut  deux  femmes  de  Londres.fvne  eftoit  défia  aagee ,  matrone  hondrable  «y"  «"fc* 
de  Sonthv vorkd'autre  eftoit  encore  fille,chafte&:  fort  belle.  Cefte.cy  fut  aflaillie  en  ^-^^ 
diuerfesfortes:maison  ne  la  peut  iamais  retirer  du  bon  chemin  de  la  vraye  religion, 
pour  quelque  perfuafion  que  Ce  fuft  :  &  pourtant  elle  fut  brufleeauec  les  autres  ,  au 
tnefme  habillement  qu'elle  deuoit  eftre  accouftree  en  fes  fiançailles,  prenant  le  Fils  de 
Dieu  pour  fon  efpoux.En  ce  nombre-cy  eftoit  M.BarthelemyGreneidcnoble  famille, 
qui  fut  pris  à  caufe  de  quelques  lettres  qu'il  auoit  eferites  à  vn  fien  amy  Théologien, 
qui  eftoit  lors  enexil,comme  en  fon  hiftoirecy  après  eft  contenu.  A  v  demeurant^! 
y  en  auoit  fept  en  tout  qui  furent  là  bruflez,defqucls  les  noms  s'enfuy  uent: 

1 .  Thomas  Vvi  t  l  b  .  ii.Barthelemy  G  r  e  n  je  . 

in.  Thomas  Brovn.  iiii.Ie  anTv  stok. 

v.IeanVvent.  vi.  Agnes  FaVstu. 

VII.  1e  ANNE  La  S  H  E  F  OR  T. 

To  v  s  ceux-cyfurentcnfemblebruflezàLondresran  Jd.D.t  v  i? 
le^7.iour  de  Ianuier. 


Plufieurs  Àdartjys 


I  E  A  N    LOVVMA  S^autm. 


R  après  que  Vvitlé  &  fes  autres  compagnons  eui  ent  efté  exécutez  en  !a  vil 
M.  D.lvj.  ïîbirySk  nie  de  Londrcs,ily  en  eut  cinq  autres  brûliez  en  ce  mcfme  mois  de  lanuier 


(le  de  Londrcs,ily  en  euteinq  autres  bruilez en  ce  meime  mois  de  lanuier 
XW$^4  ^cn  *a  V1^c  ^e ^anturbie  ce  ^Llt  k  Jetnict  iour  de  lanuier  de  cefte  année ,  m. 

v  i.àlauoir,       i.  Ie  an  Lovvm  a  s.        i i.  a  n  n  s  Al  b  r  y  g  h  t . 
ni.IftANNk  Soalle.         un. Ie  anne  Painter.     v.  Agnes  Snode. 


M.  D.LVI. 


ANNE    POTTEN,c^iiFEMME  àeMicM 

C  Y  de/Tus  en  l'hiftoirede  Robert  Samuel,martyr  du  Seigneur,nous  auons  fait  mention  de  ces  deux  femmes  def- 
quelles  l'hiftoire,cnjant  à  leur  mort,vient  en  ceft  ordre  de  temps. 

^fé^l^N  T  R  E  celles  qui  ont  vertueufement  bataille'  fous  l'enfeigne  de  Iefus 


(Chrift,&:  qui  ont  obtenu  victoire  fous  fa  conduite ,  c'eft  bien  raffon  que  ces 
_  tfdeux  femmes  y  foyent  mifes,  Anne  Potté,&  la  femme  d'vn  nommé  Michel: 
3p$i'vne  cftoit  femme  d  vn  Cordonnicr,&:  l'autre  d'vn  brafteur  de  bierc,toutes 


fille. 


deux  de  la  ville  d  lpfev  vytche.Elles  auoyent  efté  mftruites  parRobert  Samuel  miniftre 
de  Barholt,audiocc{cdcSuffolc,duquelcy  de/ius  nous  auons  expofé  Je  martyre.  Au 
meime  temps  que  Samuelfut  mené  au  fupplice,tes  deux  femmes  furent  apprehedecs. 
La  icune  fillc,qui  donna  ce  faind  baifer  à  Samuel,ainfi  qu'on  le  raenoit  au  dernier  fup- 
rvn^  'ie  plice(œmmciîcftditcnfonhiftoiLe)eftoitdeJa  compagmefort  familière  de  ces  deux 
ilC  remmes:laquelleauoitconfcilléàrvned'ellcs,lavoyantrefohie&dclibcreede  n'obté- 
pererauxordonnances  delà  Roine,  elle  luy  confeilloit  de  prouuoir  de  bonne  heure  à 
les  afFaires,cependant  qu'elle  ta  au  oit  le  loiûr&:  l'opportunité,  craignant  les  grans  in- 
conuenicnsqui  aduiennent  iournellement  par  l'infirmité  des  perfonnes.  La  femme  à 
laquelle  celte  fille  donrroit  ce  confeil ,  luy  relpondit ,  le  fay  bien  qu'il  ne  nous  eu  point 
défendu  defuir:&:fibonvousfemblc,vouspouuezfuyureccmoycn:quantàmoy,  mes 
affaires  ne  portent  point  ccla.Ie  fuis  icy  attachée  à  mon  mary:dauantagc,i'ay  allez  bon 
nombre  d'enfans  en  nia  maifon:&:  ie  ne  fày  comment  mon  mary ,  qui  eft  encore char- 
nel^pourroit  porter  mon  département.  Parquoy  ie  fuis  du  tout  refolue  d'endu- 
rertoutesextremitez  pour  l'amcJur  de  ChriftcV  de  fa  vérité  éternelle.  ^  Cefte  ref- 
ponle  eft  digne  d'eftrenottee,pour  monftrer  de  quelle  prudence  &:  zele  ces  fain&es 
femmes  eftoyent  menees;&  comment  le  Seigneur  les  auoit  munies  de  vraye  eonftan- 
cc*à  la^uèllela  fin  &  iftlie  de  leur  vie  fut  du  tout  correfpondan  te.  Le  troifieme  iour  du 
mois  dcSeptembre,quicftoitle  iour  après  que  Samueleutefté  bruflé  ,  on  les  ferra  je- 
ftroitement  en  prifon.  Et  pource que  félon  leurfexe elles  eftoyent  vn  peu  tendres,  la 
dureté  de  là  prifon  leur  fut  du  commencemét  grieue  &;  difficile  à  porter.Et  ouereeela, 
celle  quieftoit  femme  du  bralléurdc  biere,futgneuement  tourmentée  de  paffionsin. 
terieures.Mais  Chrift  iettant  les  yeux  de  (a-bonté  fur  les  combats  de  fa  feruante  ,  ne  la 
delaiflà»ains  la  fecourut&:fortifia,tellement  que  la  longue  détention  &  horreur  de  la 
prifon  ne  leur  cftoit  qu'vne  attente  dvne  deliurace  bien-heureufe  de  tous  maux.  Fina- 
lement le  i  ^.iour  de  Feurier,  decefte  année  m.d.lv  i,leur  apporta  heureufe  deliuran- 
cc:ce  fut  à  Ipfevvytche  où  elles  furent  bruftces,pour  eftre  maintenant  efpoufes  du  Fils 
de  Dieu  en  fon  royaume  etexnel. 


Refponfe 
vercueufe 
de  la  fem- 
me mariée 


I  AQ^VES    À  BS,^»*Aw.' 

L  E  prouerbe  ancien  qui  dit.Qye  fouuent  on  void  combatte  ecluy  qui  s'eftoit  cnfuy,fe  peut  appliquer  i  laques  Abj,ou  Abbu% 
lequel  s'eftant  defdic  de  la  vcrité.puis  fc  repentant  retourna  en  prifon  ie  (on  bon  gré:  &  fon  abiu/ation  finalement  chan- 
gée en  vraye  confclûon  Se  martyre  pour  la  vérité  Chrcftienne. 

ONa 


Plufieûr s  Martyrs.  424. 

S?^vS?vN  a  vcucydc/Tus  l'exemple  de  Vvitlc,  lequel  sellant  pourement  reuolté,  M  D  Lyj 
$  fut  neantmoins  remis  fous  l'enfeigne  de  Chrift,&:môftradepuisvn  fort  bel 

^feX*i£) /^exemple  de  vraye  confiance.  Vncchofe  femblableeft  aduenue  à  laques 
^^^^âlAbs.linon  que  ceftuy-cy  fut  contraint  par  tortures,au  lieu  que  Vvitléfut  at- 
tire par  fîateries:  toutefois  l*vn&:  l'autre  fe  font  deldits  ,  ô£ont  renoncé  la  vérité:  tous 
deux  aufli  fe  font  depuis  repentis ,  &c  tous  deux  ont  finalemét  foufrert  vn  mefme  rnarty 
re  pour  le  nom  de  Chrift*  Au  refte,voicy  quelle  eft  l'hiftoire  de  ce  laques  Abs. 

I  l  auoit  vn  lien  voilin  qui  luy  eltoit  fort  familier ,  homme  riche ,  cependant  n'ayant  Vva<& 
nul fauoir , qui sappeloit  Vvaderauquel  Absapprenoitàlire.Ce  Vvade eftant aucune-  Iddtn' 
ment  inftruit,n  alla  point  au  temple  à  la  façon  des  autres  :  tellement  quvn  homme  de 
iufticc nommé Idden  ,  le  fîtappeler,  6C  Vvade  comparut  accompagné  de  laques fon 
magifter.       Là  tous  deux  requirent  que  de  la  ils  fullent  menez  à  rEuefque,quie- 
ftoit  pour  lors  à  Lainam.    Et  quand  ils  furent  là  venus ,  l'Euefque  commença  incon- 
tinent à  examiner  Vvade  touchant  fa  dodrine.Et  toutefois  Vvade  demanda  qu'on  luy 
donnait  certain  iour  pour  refpondre. Mais  Abs  fit  quelque  ligne  de  face  &£  de  contenâ- 
ce,côme  celuy  qui  fembloit  rire  &  applaudir  à  Vvade.  Quand  l'Eucfq  eut  apperceu  ce- 
lle façô  de  faire,il  demâda  à  Abs  quel  affaire  il  auoit  là  .Lequel  refpondit  qu'il  eftoit  ve- 
nu auec  ceft  homme  de  bien.  Qupy  fdit  l'Euefque^'appelez- vous  homme  de  bien  ?  Et 
Abs  dit,Ic  l'eftime  tel  voirement,s'il  perfifte  en  celle  bonne  volonté  qu'il  auoit  quadil 
partit  de  fa  maifon.  Alors  l'Euelque  luy  dit,Dites-moy  donc  ce  que  vous  fentez  du  Sa. 
crement  de  l'autel. Il  rcfpondit,Ie  dy  que  c'eft  la  plus  horrible  abomination  de  laquelle 
on  ouyt  iamais  parler.    Il  futincontinent  mené  en  pri(on,&  mis  aux  ceps  audit  lieu  de 
Lainamsôi  toft  après  furent  menez  tous  deux  par  deuers  le  iuge  Idden  par  Iean  Milles 
preuoft  de  V  vhTon.Ce  iour-la  le  luge  n'eftoit  point  en  fa  maifon ,  mais  il  retourna  bien 
toft  apres:&  Vvade  auec  fon  compagnon  fe  prefenta  de  fa  propre  &  franche  volonté. 
Le  luge  les  renuoya  derechef  à  rEuefque,lequel  les  fit  mettre  en  la  prifon  de  Berie .  Et 
pource  qu'il  luy  fébla  qu'ils  eftoyét  là  trop  benignemét  traitez ,  il  les  fit  trâlporter  en  là 
prifon  de  Norvvic.&:  commanda  que  IaquesAbs  fuft  là  plus  eftroitemeht  ferré &:  tenu. 
Il  luy  fît  mettre  vne  chaine  de  fer  au  col,&:  à  les  deux  pieds,  qu'à  grand'  peine  auoyent- 
ils  la  largeur  de  deux  doigts  pour  fe  mettre  &  pour  porter  le  poure  corps.  On  luy  bail- 
loit  cnuiron  la  quatrième  partie  de  ce  qu'il  falloir  a  ion  manger ,  &  pour  tout  fon  boire 
vn  bien  peu  d'eau.    Finalement  la  faim  &:  la  foif,  &c  l'horreur  de  celle  prifon  luy  firent 
quafi  perdre  tout  le  fens:tellement  que  cela  le  contraignit  de  fe  rétracter  :  &:  l'Euefque 
&le  Chancelier  l'enuoyerent  auec  vn  petit  billet  au  curé  de  fa  ville,  afin  qu'il  recitaft 
publiquement  au  temple  ce  qui  y  clloit  contenu  :&c  Juy  firent  quant  &  quant  donner 
argent  pour  faire  le  voyage.  Apres  qu'Abs  eut  fait  abiuration,il  fut  touché  d'vnerepcn  Ur*?^a 
tance  telle  qu'il  retourna  vers  l'Euefque  ,  combien  qu'ily  euft  long  chemin  àfaire:&  pCrcsfonsab 
ayant  efpiéfoccalionil  fe  prefenta  dtoit  à  ceft  Euefque  en  vne  grande  alfemblée:&:de-  iuration. 
uant  beaucoup  de  gens  qui  là  eftoyent  tendit  le  billet,&:  dit,qu'on  auoit  plus  eferit  qu'- 
il n  auoit  entendu:&:  fi  rendit  l'argent  qu'ils  luy  auoyent  fait  donner  pour  faire  fon  voya 
ge.Et  voyant  qu'ils  ne  le  Vouloycnt  receuoir,il  le  ietta  au  beau  milieu  d'eux,difant ,  Pe- 
rifTez  auec  voftre  argét.Sur  quoy  eftât  empoigné  &:  mis  en  pnfon,toft  après  receuefen- 
tence  de  condânation  d'eftre  bruflé.  Quand  il  fut  prochain  derexecution,il  demanda 
au  luge  qu'il  permift  au  peuplede  faire  orailbn  auec  luy.Le  luge  luy  dit  qu'il  le  permet- 
toit,po!irueu  qu'il  fe  vouluft  conuertir.    Et  il  dit,  le  croy  en  Iefus  Chrift:  à  qui  voulez- 
vous  que  ie  me  conuertilTefEtadrefTant  fon  proposé  fa  prière  au  peuple,  il  requit  tous 
ceux  qui  là  eftoyent  de  prier  auec  luy,&  qu'auant  mourir  il  euft  ce  bien  que  leur  voix 
foft  coniointe  auec  la  lienne.   L  a  plus-part  de  crainte  murmui  oit  tout  bas  vn  bruit  de 
voix.&  n'y  en  eut  en  toute  la  troupe  que  trois  qui  efleuerent  leur  voix:à  fauoir, 
i .  A  m  m  o  n  ;    n.h  anRojsî^iii.  Alue  Spensïr. 


B  ARLET,  w»BARTHELET  GRENE. 

C  Y  deflus  en  l'hiftoire  de  Thomas  Vvitlc.nous  auons  parlé  de  fept  Martyrs  qui  furent  enfemblc  exccutez:entrc  lcfcjuelï  Bar- 
thélémy Grenc(vulgaircroent  nommé  Barlct  ouBarthelct)cn  eftoit  l'vo:&  duquel  l'hiftoire,qui  en  ce  lieu-la  a  cfté  pro» 
■»uc,cft  icy  deiente. 


L/#ro  V.  ^Bar/et  C/rentL; 

!  O  V  R  monftrer  que  vicils&:  ieunes,nobles  Se  ignobles, ont  en  ce  Recueil 
'part  à  la  consolation  qui  y  elt  excellente, pour  repoufier  toutes  exculcs  6c 
[tentations  qui empefehent  ordinairement  &:  retardent  le  vray  feruice  de 
Dieu, nous  ioindrons  à  ces  bons  Pères  propolez  cy  deuant  en  leur  rcng,l'e- 
Xt  nipie  u  vn  qui  dés  la  ieunciTe  seftoit  dédié  pour  porter  teimoignage  «i  la  vérité.  C'eft 
Barlct  Grcne,iiru  de  noble  maifon  de  Lôdres:lequel  palTa  les  premiers  &  puériles  eltu- 
des  en  l'vniuerlitcd'Oxonc,  &:  profita  grandement  és  langues  Latine  Se  Grecque. 
Puis  s'ei tan c  adonne  à  l'cftudcdcs  loix,en  peude  temps  y  fut  tellcmétauancc,qu'ilfur- 
monta  les  autres  dt  Ion  aagc:&.  eftoit  comme  vn  vray  exemplaire  aux  autres  citudians. 
Pour  façon uerfation, les  mccurs,ia  modettic ,  îln'y  auoitceluy  qui  ne  deliraftfon ami- 
tié. Au  demeurât  il  reccut  le  comble  de  toute  felicité,à  lauoir  la  cognoiflance  de  la  pa- 
rolle  de  Dieu, lors  que  le  docteur  Pierre  Martyr  y  eftoit  prorelTcur  c  nTheologic&  lain- 
Êfces  lettres.  Aduint  de  ce  temps,  en  la  giâde  fureur  de  celle  perlecution,que  la  Roinc 
Marie  entre  autres  defenfes  ayât  tait  publier, Que  nul  n'aidait  ne  mâdaft  lettres  à  ceux 
qui  eftoyent  fugitifs  du  royaume  poui  la  iecteLuthcric  nne:vn  certain  meifager  fur  fur- 
prins,portantplufieurslettrcs,cntre  lefqucllcs  il  y  en  auoit  vneeicritc  par  ledit  Grcne 
à  vn  lien  amyabfe  nr  pour  ceftccaufc. Ces  lettres  portées  auConfeil  delà  Rome, Gienc 
eftant  adiourné  à  comparoir  per(onncllcment,recogneut  la  lettre  lans  aucune difficul 
té.  Le  Chancelier  luy  dit  en  pleine  al  iemblccduConleil, que  pourtant  qu'il  auoit  eferit 
ladite  lettre  à  vn  hérétique, il  en  autoit  l'exécution  de  l'ordonnance.  Grencd'vncccur 
gay  lànsheliterrcfpondit,A  la  mienne  volonté  qu'ainfi  foit:&:  furlcchamp  pri-alalTem 
blcc  qifiis  miilcnt  bien  toft  en  erfect  leur  parolle  :  &  qu'il  defiroit  mourir  pour  la  con- 
fclîîondu  nom  de  Dieu.  Eux  voyans  iaconftance,&:  qu'il  parloit  de  telle  rerueur,  fu- 
rent grandement  eftonnçz  ,  &:  ne  luy  leurent  que  reipondre  ,  linon  qu'ils  commande- 
rentdelemeneren  prifon.La  eftant  fut  (olicité  par  fîaterics  &:  douces  parolles  de  fes 
parens& amis,voire  des  Papilles,  mci'mcsaucc  larmes  (car  il  eftoit  grandement  aime 
&:  regrctre^qu'il  euft  à  garder  l'honneur  des  liens  &  fa  vie ,  c'eft  aifauoir,en  le  defdiiant. 
Apres  les  auoir  eleoutez  par  trop  patie  mment,  foulïigna  cet  tains  articles  contenusen 
vn  papicr,qu'iceuxanys  luyauoyét  drelîe  pour  le  fauuer.maisincontinét  qu'il  futreuc 
nu  \  foy,&.  rcmiscnla  dioite  voyc,ai  tacha  des  mains  d'iceux  ledit  papier,&  le defehira 
par  pièce*;.  A  raifon  dcquoyle  lcnd<  main  fans  tarder  il  fut  fcnrcntié&:  condamné  d'e- 
ftrebrufléen  la  place  de  Smithfild:&  pour  cela  mttranfporté  d'vnepnfon  en  autre,  ail 
lauoir  de  la  groiiè  tour  en  Nevvgar,qui  eft  la  prifon  des  origans:  auquel  lieu  la  n  uict  dé- 
liant l'exécution, il  cfcriuit  à  vn  lien  amyvnelettre  pleine  de  fentences  de  l'Efcriture 
&  de  grande  conlolation, contre  les  regretes  de  lamort. 

lob  i*7!*  \A 1  E  v  x  vaut  *e  lour  ^a  m°rt(dit  le  Sage)quc  le  iour  de  la  nailTance  L'homme  nay 
Apoc4i4.i3  la  femme  vit  peu  de  tcmps,&eft  rc  mply  de  plulieurs  miferes:mais  bien-heureux 

lontceux  la  qui  meurent  au  Seigneur.  L'hommenayt  de  la  femmeen  douleurs,  vit  en 
miferc,&:  acheue  Je  cours  de  les  iourstn  calamité.  L'hcmmecn  Iefus  Chrift  meurt  eii 
ioye,pour  régner  en  fehcitc.Il  eft  nay  donc  afin  qu'il  meure:&  meur.t  afin  qu'il  viue.In- 
continent  qu'il  lort  de  la  mcre,il  monftrc  la  milerc  par  larmes:  mais  allant  au  trcfpas  il 
s'eiiouift  &  glorifie  le  Se  igneur. Des  leberceau  trois  enncmisleviennent  aflaillinmais 
après  la  mort  il  n"a  aucun  aduerfaire.Cependant  qu'il  vit  icy  bas,quc  fait-il  autre  chofe 
que  melprifer  le  Seigneur'rmais  après  fa  mort  il  le  deldie  à  la  volonté  d'iceluy.  En  celte 
vie  par  le  péché  il  elt  en  la  mort:  maiscnlavicà  vcnirilviten  iufticc&  fain&eté.  Par 
plulieurs  tribulations  en  ce  monde  il  cftpurgé:maisau  ciel  il  cil  renouueléà  ïamais  en 
icvepcrdurahlcicyàtoutesheuresilmcurt  :  maislà il vitetcrncllcment.  icyeftlcpe- 
chetlàil  eft  iu(tice.  icy  bas  il  n'y  a  que  changemcnt:mais  toute  éternité  eft  là  fus.  icy  eft 
haine. &  Jà  eft  amour. icy  auons  falcherie;mais  là  auons  plaifir.icy  eft  mifcre:là  eft  félici- 
té.icy  corruption:  là  immortalité,  icy  vanité:  là  con  tente  ment  &  fermeté.  Oamy,quad 
Color  1  riOUS<eiol,sai,cclaniai(ftédeDieu,  nousferonsen  joye  triomphante  &  gloire  perpé- 
tuelle.Ce  pendant  donc  que  ferons  icy,ccrchons  les  chofes  qui  (ontd'enhaut ,  ou  Iefus 
Chrift  eft  a/îis  à  la  dextre  de  Dieu  le  Pere,auquel  foit  tout  honneur  Se  gloire  éternelle- 
ment.       DelapniondcNevvgat,lc2.5.deIanuier.M.D.L  v  1. 

Pa  R.le  tout  voftre  frère  en  Iefus  Chrift,  Barthélémy  Grenc. 

LE 


Quatre  martyrs  dc_j  LiJUu.  4 2j 

L  e  lendemain  qui  eftoit  lei6.  dudic  mois  de  Ianuicr,ayant  ia  receu  fentence  de  mort, 
fut  mené  en  la  place  qui  cil  prochaine  de  ladite  prifon  9  pour  y  eftre  exécuté.  Ce  fut  vne 
chofcefmcrueillablc,d'vne  telle  force  &:  confiance  en  cefte  ieunefle,&: du  courage  fi 
excellent  &:  vertueux  qu'il  eut  à  endurer  vif  le  tourment  du  feu ,  louant  &c  glorifiant  le 
Seigneur.  Auec  luy  quelques  autres  furent  exécutez,  deiquels  nous  auons  parlé  cy 
defl'us  au  martyre  de  Vvitlé. 


Sixième  Iiure  de  lhifboire  des 

MARTYRS. 

De  quatre  ^Martyrs  exécutez*  en  la  ville  de  Lijle  lez>  Flandre^. 

Robert  Ogvie  R,&ptV  e  mme.  Bavde  chonC^Mart  i  n  yleurs  enfans . 

L'EXEMPLE  de  cefte  lain&c  f jraille  fera  heureufe  entrée  à  la  fixieme  feétion  de  ces  Recueils.  &  nous  enfeigne 
quels  font  les  vrais  ornemens  dont  tous  peres,  mères,  &  en  fan  s  de  famille  doyuent  eftre  parez  &  ornez.ee  font 
les  vrais  fruits  de  la  cognoiffanec  de  l'Euâgile,qui  pourront  rendre  tel  tefmoignage  à  nos  prochains  qu'ils  y  pré 
dront  garde,  c\r  feront  confcrmez.voyâs  ces  ornemens  procedans  de  vraye  foy,eftre  côtinuez  iufques  à  la  mort. 

A  ville  de  Lifleà  bon  droit  peut  eftre  nommée  aureng  des  pre-M.D.  LVi, 
miercs  villes  marchandes  qui  font  au  pays-bas  de  FJâdre,  Artois 
&Hainaut,vncdc  celles  aufquelles  le  Seigneur  a  diftrïbué  de 
fes  bénédictions,  non  feulement  quant  aux  biens  de  ce  monde, 
m«iisauifidefcsgracesfpirituelles,cntellemefure,que  fous  la 
tyrannie  de  l'Antechriftcspays  defilis  .nommez,  il  fe  trouuera 
peu  de  lieux  oùl'Euangile  en  ce  temps  ait  eftéen  plus  grande 
hardieffe  prefchc&  annoncé,&  aucczele  &  affection  receu ,  co- 
rne en  icelle  ville.  Car  l'efpace  de  troisans  precedens  l'Euangile 
ayant  efte  annoncé  &:  prefché  fecrettemét  par  les  maifons ,  par  les  bois,  pat  les  champs 
&:  cauernes  de  la  terre,  au  grand  danger  delà  vie  de  ceux  qui  s'y  trouuoyent  :  la  crainte 
de  la  tyrannie  n'a  peu  refroidir  l'affection  ardente  qui  cftoit  au  cœur  du  peuple ,  affamé 
dudefirdc  la  pafturc&  nourriture  des  ames.  La  prédication  y  eftoit  pratiquée,  &mife 
enerTecblesccuuresdc  m  ifericorde  y  eftoyent  exercées,  non  feulement  entiers  les  do- 
meftiques  de  la foy,  mais  auffiles  ignorans:  tellement  que  beaucoup  parce  moyen  e- 
ftoyent  attirez  à  la  cognoilfance  de  Icfus  Chrift.  Ils  auoyent  ordonné  certains  Diacres 
pour  receuoir  les  aumofncs ,  homes  craignans  Dieu,&  de  qui  on  auoit  bon  tefmoignaw 
ge  :  lefquels  alloyct  toutes  les  fepmaines  parles  maifons  des  fidèles  receuoir  les  aumoL 
nes:&*  admonneftoyent  vn  chacun  de  leur  vocation  &  du  deuoir  vers  les  poures  fidèles, 
en  for|  c  que  chacun  en  fon  endroit  s'eftudioit  à  bonnes  œuures.  En  peu  de  temps  le  Sei 
gneur  le  drcfîapar  la  prédication  fecrette  defa  parollc,  vne  eglifeflorùTante:  dételle 
manière  que  les  alfemblees  eftoyent  en  bon  nombre  tant  d'hommes  que  de  femmes  Se 
petis  enfans,non  feulement  de  la  ville ,  ains  auffi  des  villages  de  quatre  ou  cinq  lieuësà 
la  ronde,  qui  là  accouroyent  corne  affam ez  du  defir  qu'ils  auoyent  d'eftre  inftruits.  Sa- 
tan cependant&:  fes  fuppoftsenrageoyent,nepouuans  porter  l'odeur  de  cefte  bénédi- 
ction, tellement  que  quand  le  temps  fut  venu,  que  Dieu  luy  eut  donné  puiffance  d'ef- 
prouuer  fon  Egl  ife,  il  ne  tarda  d'exécuter  ce  que  de  long  téps  il  auoit  machiné.  Aduinc 
vn  Samedy  vi.  iour  de  Mars,audit  an  m  .  d  .  l  v  i  .entre  neuf  bc  dix  heures  du  foir  fc  mit  en 
armes  lePrcuoft  de  la  ville  &;  tous  les  fergens,allans  par  les  maifons,  pourec  que  lors 
n'y  auoit  point  d'aifemblec.  Et  fe  ruèrent  irapetueufement  en  lamaifon  d'vn  nommé 
Robert  Oguier ,  qui  entretenoit  vne  maifon  de  benedictionxar  tous  depuis  le  petit  iuf-  La  maifon 
qu'au  grand,fcruitcurs,feruantes,eftoyent  vrayementenfeignez  en  la  crainte  de  Dieu,  desOguiers 
corne  la  fin  l'a  bien  demonft  ré.Eftas  cnl  a  maifon,&  cerchas  haut  &bas,apporterent  les 

CC. 


JjMrt-j  VL  Quatre  martyrs  J<u  Lijlc^: 

Hures  qu'ils  trouucrent,  pour  les  transporter.  Orn'cftoit  pas  en  la  maifon  le  principal 
qu'ils  cerchoyét,  aflauoir  le  fils  dudit  Robert  Oguier,  nommé  Baudechon:lcquel  eftoit 
allé  pour  communiquer  delà  parollede  noftre  Seigneurauec  aucuns  fidèles,  comme 
fouuent  il  auoit  accouftumé  de  faire.  Et  ainfi  qu'il  retournoit  pour  entrer  en  la  mailon, 
ayant  heurté  à  la  porte,  l'on  frère  Martin  cftât  au  guet  luy  dit,Retircz-vous,ie  vous  pue, 
vous  n'entrerez  point  céans. Baudechon  pétant  que  fon  frerc  le  mefcogneuft,cria,C'eft 
Baudechomouurez  la  porte.  Les  fergens  oyans  cela  le  firent  encrer,&  luy  du  ent, Soyez 
le  bien  venu, Baudechomcar  nous  auions  grand  defir  de  vous  trouucr.  Lors  il  leur  ref- 
pondit,Ievous  mercicmesamiSjVOusfoyezaufTi  les  bien  trouuezen  noftre  logis.  Adôc 
le  Preuoft  leur  dit,  le  vous  fay  prifonniers  de  par  l'Empereur:&:  tous  fe  laifierent  Jier  en- 
femble,fauoir  eft  le  pere,  la  mere,&  les  deux  fijs:&:  laiflerêt  les  deux  filles  garder  la  mai- 
fon. Or  aduint  qu'en  allant  fur  la  rue,  Baudechon  crioit  à  haute  voix, qui  fut  ouye  en  la 
Oraifonde  nui6t:0  Seigneur,  non  feulement  d'eftre  pnfonnier  pour  toy:mais  auffi  fay-nous  lagra- 
Biudcchon.  ce ^ue narci  jment nous confefiions  ta fain&e  doctrine  purement deuant  les hom  mes,5c 
que  la  puiffions  feellcr  par  les  cendres  de  nos  corps,  pour  l'édification  de  ta  poure  Egli- 
fe.Ainfi  furent  menez  és  prifons,oùils  furent  rudementtraitcz:mais  pour  tout  le  mal 
&  les  iniures  qu'ils  foufFroyent,  ils  beniflbyent  &  louoyent  Dieu  tous  enfemble.  Peu  de 
iours  après  furent  prefentez  deuant  les  Magiftrats  de  la  ville:&  interroguez  de  leur  vie. 
on  s'adrefla  premièrement  au  pere  en  celle  façon  de  parler: Nous  fommes  aduertis  que 
jamais  vous  ne  vous  trouuez  à  la  Méfie,  &  que  mefme  vous  empefehez  vn  chacun  d'y 
aller.  Outre-plus,  no9  fommes  aufll  informez  qu'en  voftre  maifon  auez  fouftefiu  aflem- 
blees,&  qu'on  y  a  prefché  doctrine  erronee,cotraire  à  noftre  merc  fain&e  eglife-.en  quoy 
faifant  vous  auez  contreuenu'au  mandement  de  la  maiefté  impériale.  Robert  Oguier 
leur  refpondit,  Mefïieurs,voiJS  me  demandez  pourquoy  ie  ne  vay  à  la  Méfie:  c'eft  pour- 
ce  que  la  mort  &:  le  précieux  fang  du  Fils  de  Dieu  &  (on  facrifîce  y  eft  entièrement  ane- 
anty,&  mis  fous  les  pieds.  &  ce  d'autant  que  Iefus  Chrift  ap arfaitpar  vn  feul  fâçrifice 
HebuoJ  ceux  qui  font  fandifiez.L'Apoftreledit,Prfy  -vnfeulfacnfice.  On  ne  lit  pas  en  toute  la  fain- 
cte Efcriture,  que  les  Prophètes,  ny  Iefus  Chrift,  ou  fes  Apoftres  ayét  iamais  faic  la  Mef- 
fe,  &  ne  fauoyent  que  c'eftoit:ils  ont  bien  fait  la  Cenc,où  tout  le  peuple  Chreftieri  com  - 
muniquoir,raais  on  n'y  facrifioit  pas.  Lifez,mcflieurs ,  les Efcritures ,  &:  vous  verrez  s'il 
eft  fait  mention  de  MeiTe.au  contraire  elleaefté  inuentee  parles  hommes:  mais  vous 
fAu+ï  fauez  que  dit  Iefus  Chrift,  Certes  en  vain  on  me  fert,  enfeignant  pour  doctrine  les  com- 
mandemens  des  hommes.  Si  donc  moy  ou  ma  famille  euflions  efté  à  la  Mefle  qui  a  efté 
ordonnée  parles  hommes,  Iefus  Chrift  dit  que  c'euft  efté  en  vain  que  Feu  fiions  (cru  y. 
Quant  eft  du  fécond ,  ie  ne  nie  pas  que  nous  n'ayons  tenu  aflemblee  de  gens  de  bien  Se 
craignans  Dieu:maïs  ce  n'a  efté  au  dommage  de  perfonne ,  ains  pluftoft  pour  l'auance- 
ment  de  la  gloire  de  Iefus  Chrift.  Iefauoyebien  que  l'Empereur  l'auoit  défendu:  mais 
quoy?iefauoye  de  l'autre  cofté  que  Iefus  Chrift  l'auoit  commandé:  ainfiienc  pouuoye 
Aft«î.ip.  obéir  à  l'vn,fansdefobeir  à  l'autre.  I'ay  mieux  aimé  obéir  en  cela  à  mon  Dieu  qu'à  vn 
home.  Aucuns  du  Magiftrat  demander  en  t,Qu'eft-cc  qu'on  y  faifoit  en  vos  aflemblcesï 
Baudechon  fils  aifnc  de  Robert  à  cela  refpondit,  MeiEeurs,  s'il  vousplaift  dem'ouir,  ic 
le  vous  declareray  tout  au  long.  LesEfcheuins  voyans  fa  promptitude  fe  regardoyent 
l'vn  l'autre:puis  dirent.  Or  fus,  di  le  nous. Baudechon  ayant  le  cœur  efleué  à  Dieu,  parla 
Récit  de  ce  ainfi,  Meffieurs,quâd  nous  fommes  làafîcmblezau  nom  de  noftre  Seigneur,  pourouyr 
auxailem-  &  kincte  parolle,  nous-nous  profternonslàtous  enfemble  à  deux  genoux  en  terre,  &c 
blecî.  enhumilitédecœurnousconfcfibnsnospechezdeuatla  maieftéde  Dieu.  Apres,nous 
cous  faifons  pricrc,afîn  que  laparolle  de  Dieu  foit  droitement  annoncée ,  &C  purement 
prelchee.Nous  faifons  aufii  les  prières  pour  noftre fire  l'Empereur  &  pour  toutfon  Cô- 
feil  :  afin  que  la  chofe  publique  (bit  gouuerneeen  paix  à  la  gloire  de  Dieu  :  &  aufjfi  vous 
n'y  eftiez  pas  oubliez,  Mefueurs,  comme  nos  fuperieurs,prians  noftre  bon  Dieu  pour 
vousôc  pourrbute  la  ville,afih  qu'il  vous  maintienne  en  edus  biens,  voilaen  partie  ce 
que  nous  y  fai/ions.  vous  fcrablc-il  que  nous  ayons  commis  vn  ii  grad  crime  en  nous  af- 
femblant  ainfi?  Outre-plus^  s'il  vous  plaiUd'ouir  les  prières  que  nous  y  faifons ,  ie  fuis 
preft  à  vous  les  reciter. 

Av  c  v  n  s  du  Magiftrat  luy  firent  fignede  l'accorder,  adonc  Baudechon  fèprofter- 
nant  en  terre  deuant  eux  commença  à  faire  la  prière  d'vn  tel  zck,que  ïamais  vneïi  gra- 
de ar- 


Quatre  Martyrs  de  LiJkJ.  416 

de  ardeur  d'efprit,  ne  plus  admirable  ne  le  faifit:  de  force  que  plufieurs  des  Magiftracs 
fondoyent  en  larmes,voyans  l'ardeur  &C  l'a/Fe&ion  de  ce  ieu nehomme.Puis  fe  relcuant, 
leur  dit,  Voila>Meffieurs,lcs  chofes  qui  fe  faifoyent  en  nos  aifemblees.  Or  cependant 
qu'ils  eftoyent  ainfi  cxaminez,ils  déclarèrent  tous  quatre  la  confeffion  de  leur  foy  qu'ils 
tenoyent.  Apres  cela  turent  remenez  en  la  prifon:&:  toft  après  gehennez  pour  les  faire 
déclarer  les  gens  qui  hantoyetftenleurmaifon.cequ'ils  ne  firent,  finon  ceux  qu'ils  fa- 
uoyent  eftre  bien  cognus  aux  Iuges,ou  qui  s'eftoyent  abfentez.  Enuiron  quatre  ou  cinq 
jours  après  turent  derechef  menez  deuant  les  luges,  aflauoir  le  pere  Se  les  deux  fils:  èc  a- 
pres  plufieurs  parolles,  leur  fut  demandé  s'ils  fe  lubmettoyenc  à  la  volôté  de  Mefficurs. 
Robert  Oguier  &  Baudechon  fon  fils  d'vn  cœur  délibéré  dirent,  Ouy,nous-nous  y  fub- 
mettons. Et  demandas  le  mefme  à  Martin  le  plus  ieune,refpôdit  qu'il  ne  s'y  vouloir  fub- 
mettre,ains  vou  loir  tenir  compagnie  à  fa  mere:&:  partant  fut  remené  aux  prifons:&  les 
deux  au  très  fu  rent  iugez  à  eftre  bruflez  tous  vifs  en  cendres. Or  comme  on  les  alloit  fen- 
tenticr,  vn  des  luges  eftant  aflîs  en  fon  reng,  après  la  prononciation  de  la  fentence,  dit: 
Auiourdhuy  fera  voftre  demeurance  auec  tous  les  diables  au  feu  d'enfer.  Cela  difoit4l 
corne  tranfporté  d'ire,  voyant  la  grande  patience  de  ces  perfonnages.Car  ils  endu  royëc 
tout,  vainquans  leurs  ennemis  par  patience,  en  louant  le  nom  de  Dieu  .  Ayans  donc 
receu  fentence  de  mort,  furent  remenez  aux  prifons,  eftans  ioyeux  de  l'honneur  que  le 
Seigneur  leur  faifoit  d'élire  enrôliez  au  rolle  des  Marryrs.  Et  eux  remis  es  prifons,  fubit 
arriuerent  vnc  bande  de  Cordeliers ,  entré  lefquels  eftoit  le  do£tcur  Hazard  &c  le  Pater 
de  fainde  Claire,  eftimez  du  peuple  comme  demy-fainds.  Entrez  qu'ils  furent  dedans 
la  prifon ,  l'vn  commençaà  dire,  Voicy  l'heure  venue,mcs  amis,  en  laquelle  vous  deuez 
finir  vos  iours.  Le  pere&  le  fils  refpondircnt,  Nous  le  fauons  bicn.-mais  loué  foit  la  bon- 
té de  noftre  Dieu ,  qui  auiourdhuy  no9  veut  deliurer  de  cefte  prifon  morcelle,pour  nous 
faire  entrer  en  fô  royaume  glorieux.  Le  cordelier  Hazard,  vray  fuppoft  de  l' Antechrift, 
tafehoit  de  les  deftourner  de  leur  foy,  difant,  Pere  Robert,  tu  es  ancien  homme  :  ie  te 
prie  qu'en  cefte  dernière  heu  re  tu  vueilles  fauuer  ton  ame:&  fi  tu  me  veux  efcouter,ton 
cas  ira  bien.  Robert  refpondit ,  O  homme,  comment  ofes-tu  ainfi  defrobber  l'honneur 
du  Dieu  eternel?Car  à  t'ouir  parlerai  lemble  que  tu  vueilles  eftre  mon  Sauueur,&  ofter 
ceft  office  àmon  Seigneur  Iefus.Non,non:i'ay  vn  feul  Sauueur ,  qui  bien  toft  me  fauue-* 
radecemiferable  monde.  I'ayvn  feul  Do&eur,  que  le  Pere  celefte  m'a  commandé  d- 
ouir  &c  efeouter,  ie  n'en  veux  point  d'autre. 

L  e  Pater  de  fainde  Claire  voyant  ce  perfonnage  fi  refolu,  luy  dit ,  Commet  refpons- 
tu  ainfi  à  noftre  maiftre?  tu  deurois  maintenant  eftre  plus  aduifé  que iamais,&  ne  reiet- 
ter  le  bon  confeil  qu'on  te  donne:car  icy  compete  le  falut  de  ton  ame.Iet'ay  cogneu  dés 
fi  long  temps  pour  enfant  de  no  ftre  merc  fainde  eglife ,  &  tu  es  maintenant  deuenu  fils 
de  perdition  :  mais  cependant  qu'il  eft  teps,  ayes  pitié  de  ta  poure  ame  que  Iefus  Chrift 
a  rachetée.  Robert  luy  rcfpondit,  Tu  m'exhortes  d'auoir  pitié  de  moname,i'ayfigrâd  Kefponfo 
foin  de  mon  falut,  que  pour  le  nom  de  mon  Dieu  i'abandône  mon  corps  au  feu:ô£  efpe- ÛOWblu 
re  auiourdhuy  eftre  deuant  fa  gloire.  I'ay  toute  ma  fiance  en  luy ,  &  toute  mon  efperan- 
ce  eft  la  mort  de  fon  Fils, il  me  donne  la  droite  foy  pour  venir  au  ciel. le  croy  tout  ce  que 
les  fainds  Prophètes  &£  Apoftres  ont  eferit,  &  fur  cela  ie  veux  viure  &:  mourir.  Le  Pater 
oyant  cecy,dit,  Ha  le  mefehat,  il  penfe  eftre  Chreftien.Non,non, il  s'en  faut  beaucoup: 
va  chien, tu  es  indigne  déporter  le  nom  de  Chreftien.  Et  maintenant  on  te  doitofter 
ce  nom,  puis  que  tu  ne  veux  point  recognoiftre  ton  Dieu.  Tu  fais  tant  bien  dire  que  Ie- 
fus Chrift  a  dit,  Qui  me  reniera  deuant  les  hommes,  ie  lerenieray  deuant  Dieu  mon 
Pere:  c'eft  grand'  pitié  de  toy&:  de  ton  fils,  qu'ainfieniemble  vous-vous  iettez  aux  en- 
fers à  tous  les  diables,&  corps  &  ames. 

Or  ainfi  qu'on  feparoit  Baudechon  d'auec  fon  pere,  il  dit  en  fortant,Mes  amis,  ie 
vous  prie  de  fupporter  mon  pourc  pere,&  ne  le  troubler  point  ainfi  ■•  car  c'eft  vn  ancien 
homme,  &:  fort  débile  de  corps .  oel'cmpefchez  point  dereceuoir  auiourdhuy  la  cou- 
ronne de  martyre.  Vn  Cordelier  qui  eftoit  là,luy  dit,  Va  mefchant,c'eft  par  toy  que  ton 
pere  eft  ainfi  perdu.  Et  fè  retournant  vers  le  bourreau  dit,Sus,fus,officier,f  ay  ton  office: 
car  nous-nous  voulons  retirer:aufîibien  y  perdons-nous  nos  peines ,  ils  font  endiablez. 
^  Le  fils  donc  fut  mené  en  vne  chambre  à  part,  &là  fut  defueftu  de  fes  accouftre-  Cruauté 
mens  ,  &  mis  en  eftat  pour  en  faire  facrifice  .  Et  comme  on  luy  mettoit  la  pou-dcsMo" 
dre  deuant  la  poidrine,  il  y  auoitla  vn  Quidam  qui  luy  dit,  Situ  eftois  mon  frère, 

CCii. 


I^ro VL  Quatre  M artyrs de  Lifk^: 

ie  vcdroye  tout  mon  bien  pou  r  auoir  des  fagots  pour  te  bru/ler  :  on  te  fait  trop  de  grâce. 
Et  Baudechon  luy  refpondit,Ie  vous  remercie,  mon  amy  :  ]e  Seigneur  vous  face  miferi- 
corde.  Et  comme aucuns  qui  eftoyent  là  prefcns,difoyent,  O  Dieu,  c'eft  pitic'  deecs  po- 
ures  gens  !  il  y  eut  vn  Docteur  prefent ,  qui  refpondit,  Et  quelle  pitié  voulez-vous  auoir 
d'euxîie  ne  leur  feroye  pas  tanc  de  grâce ,  &c  ne  les  traiteroye  pas  fi  doucement ,  que  de 
leur  mettre  celle  poudre:ieles  fricafTeroye  comme  on  fît  S.  Laurent.  Or  cependant 
qu'on  pai  loitainfi contre  Baudechon  fils  ailné  de  Robert ,  les  Caphars  eftoyent  auprès 
du  pere  pour  luy  perliiader  au  moins  de  prendre  vne  image  de  crucifix  :  Afin,  dilbycnt- 
ils,  que  le  peuple  ne  mifrmurc  point.adiouftans  ces  parolles,  Ayez  voftre  cœur efleuc  à 
Dieu:  vous  fauez  bien  que  ce  n'eft  que  bois.  Et  en  difant  cela  luy  licret  l'image  entre  les 
mains,  mais  corn  me  l'on  fils  Baudechon  dépendant  le  vid,sefcria  difan  t, Mon  pcre,que 
faites-vous?  ferez-vous  idolâtre  à  voftre  dernière  heure?  En  difant  ces  parolles ,  il  luy  o- 
ftades  mains  la  croix  qu'on  luy  auoit  liee:&  la  ictta  arncre,difant  tout  haut,Que  le  peu- 
ple ne  s'orfenfe  point  en  nous,  pource  que  nous  ne  voulôs  point  de  Iefus  Chrift  de  bois: 
car  nous  portons  Iefus  Chrift  en  nos  cœurs  le  Fils  de  Dieu  viuat:&;  nous  fentonsfa  fain- 
de  parolle  eferite  au  profond  de  nos  cœurs  en  lettres  d'or.  Ainfi  qu'on  les  menoit  au 
martyre,  tous  les  iurcz&  bandes  ordinaires(qiuIs  nomment  les  Serments  delà  ville)  e- 
ftoyent  en  armes,comme  fi  ce  fuit  pour  conduire  vn  Prince  à  fon  entrée.  #Et  eftan  s  par- 
uenus  au  lieu  du  fupplice,  ils  montèrent  fur TefchafFaut  qui  eftoit  drefTé .  &r  lors  Baude- 
chon demanda  aux  iuges  licence  de  pouuoir  con  f efifer  fa  foy  deuant  le  peuple.U  luy  fut 
refpondu,Voila  voftre  beau-pereconfefTcur,confe/rcz-vous  à  luy.  Cela  dit,  foudainon 
le  pouffa  rudement  à  leftache  :&C  là  commença  à  chanter  le  Pfeaume  x  v  1 1,  Sois  moy„ 
Seigneur,ma  garde  &  mon  appuy,&c  Le  Cordeliercrioit,Efcoutez,meiTîeurs,les  mef. 
chans  erreurs  qu'ils  chantentpour  deceuoir  le  peuple.  Et  fe  retournant  vers  le  Corde- 
lier,  dit,  O  poure  home,  dis-tu  que  les  Pfeaumcs  du  prophète  Dauid  font  erreurs  ?  mais 
c'eft  toufiours  voftre  couftume,d'ainfi  iniurierle  fainctEfprit.  Puis  fe  retournant  vers 
fon  pere,  lequel  on  lioit  à  leftache,  crioir,  Courage,mon  pere,  ce  fera  tout  incontinent 
fait.  En  attachant  lepere,  le  bourreau  le  frappa  d'vn  coup  demarteau  fur  le  pied ,  com- 
me pour  le  faire  renger  de  plus  près  au  pofteau.  Et  l'ancien  homme  ayâtfcnty  langoif- 
fe,  die  au  bourreau,  Mon  amy.tu  m'asblefle:  pourquoy  me  traînes-tu  fi  rudement?  Le 
Calomnie  '  Cordelier  oyant  cela,diloit,  Ha  les  mefehans  !  ils  veulent  auoir  le  nom  d'eftre Martyrs: 
unique,  quand  on  les  attouchevn  peu,  ils  crient  comme  fi  on  les  meurtritlbic.  Baudechon 
voyât  le  tort  qu'on  faifoit  à  fon  pere, d;t,Etpen(cz  vous  que  nous  craignons  les  formés 
&C  les  peines  de  la  mort? non,  non  :  car  fi  nous  les  eu/fions  craint ,  nous  n'eumons  point 
ainfi  abandonné  nos  corps  àcefte  mort  honteufe.  Puis  apre.  il  reiccralbuuent  ces  fou fc 
pirs,  O  Dieu  Pere  éternel,  ayes  pour  aggreabie  ce  facrificc  de  nos  corps,  au  nom  de  ton 
Fils  bien-aimé.  L'vn  des  Cordcliers  enoit,  Tu  as  mer  ti  mefehant,  ce  n'eft  pas  ton  Pere: 
mais  tu  as  le  diable  pour  pere.  Et  ainfi  citant  en  tels  combats  il  drefia  la  veue  au  ciel ,  & 
parlant  à  Ion  pere,  dit,  Mon  pere,  rcgardez,ie  voy  les  creux  ouuerts,  &  mille  millions  d' 
Anges  icy  à  l'entour  de  nous ,  menans  îoye  de  la  côreflîon  de  vérité'  que  nousauons  ren 
due  deuant  le  monde.refiouùfons  nous,  mon  pei  e:car  la  gloire  de  Dieu  nous  cftouuer- 
te.  Vn  des  moines  cria  au  contraire ,  le  voy  les  enfers  ouuerts,  &:  mille  millions  de  dia^ 
Notez,  blesprefens  pour  vo9  emporter  aux  enfers.  Et  fur  fheure,le  Seigneur  qui  iamais  ne  de- 
lai/fe  les  fiés,  incita  Je  cœur  &:  ouurit  la  bouche  d'vn  poure  homme  qui  eftoit  en  la  mul- 
titude à  ce  fpcctacle:lequel  efmeu  de  côpafîion,cria  à  haute  voix,Courage,  Baudechon: 
tien  bon,  ta  querelle  eft  bonnc:ie  fuis  des  tiens.  Apres  lesquelles  parolles  il  ie  départit, 
ôctrouuantvoye,  fefauua.  Et  le  feu  incontinent  fut  mis  en  la  paille&:  au  bois:  de  forte 
qu'ils  eftoyent  délia  bruflez  par  embas,qu'eux  ne  fe  remuans  pour  l'ardeur  du  feu ,  par- 
loyent  l'vn  à  l'autre.  Et  Baudechon  fouuent  difoit  à  fon  pere,Mon  pei e,prenez  courage. 
Mon  pere,encorc  vn  peu,  &:  nous  entrerons  en  la  maifon  eterncllc.Et  à  la  fin  en  la  gran- 
de ardeur  du  feu,  les  derniers  mots  qu'on  les  ouit  prononcer  furent:  Iefus  Chrift  Fils  de 
Dieu,  nous  te  récômandons  nos  efprits,&:  ainfi  moururent  au  SeigncurRobcrt  Oguier 
&  Baudechon  ion  fils.  Quelques  iours  apres,Ieannc  la  mere  &  Martin  le  dernières, 
furentexecutezenla  mefme  ville  dcLifle.maisauant  que  venir  au  martyre  de  ladite 
Ieannc  &c  de  Martin,nous  mettrSs  icy  deux  Epiftres  pleines  de  côfolation,rvnc  de  Bau- 
dechon,&:  l'autre  de  Martin,cfcntes  par  eux  en  la  prii'on,  &  premièrement  celle  qu'en- 
uoya  Baudechon  à  ceux  de  l'Eglife  de  ladite  ville,  comme  s'enfuit  : 

Tr  £  s* 


Eptftre deTSœudeehon. 

npR  e  s  c  h  e  r  s  frères &fœurs en noftre  Seigneur,  voyant  que  noftre  bon  Dieu  me 
donnoitaucunement  moyen  de  vouspouuoir  efcrire,ie  m'y  luis  volontier  e  mployé, 
afin  de  me  pouuoir  confoler  auec  vous,  &  vous  faire  fauoir  la  ioye  de  laquelle  il  remplie 
nos  poures  cœurs,  de  forte  que  iamais  en  toute  noftre  vie  nous  nations  iénty  la  pareille. 
Nos  efprics  font  maintenat  enflambez  de  ce  feu  diuimbref,  ie  ne  vous  fauroye  aucune- 
ment elerire  ce  que  ce  bon  Dieunous  fait  fentir  en  nos  liens ,  &:  ay  regret  de  ce  que  ma 
langue  me  defaut,&  que  ne  fay  vous  elerire  les  ibyesccleftcsqu'auons  icy.Qr  cependât 
que  fuis  en  telle  ioye  &  conl'olation,la  charité  &  amour  que  ie  vous  porteme  contraint 
de  ictter  ma  veue  api  es  vous  qui  habitez  encores  en  ce  monde.  Helas ,  helas  :  quand  ie 
regarde  maintenant  la  poureeglife  difperfeeçà&:  là,  &  que  maintenant  les  mefehans 
blafphement  Dieu &fonfain&enfantIcfus  à  pleines  gorgées  :cela'certes  me  naure  Je 
cœur  iulques  aux  entrailles.    I'ay  foin  de  vous,  mes  amis,  plus  que  ne  l'auriez  penferrne 
fuis-ie  pas  de  voftre  Eglife?n  ay-ie  pas  participé  auec  vous  auxfaindfccs  affemblces  ,&  à 
la  faintte  prédication  de  la  parolle  de Dieu,qui  nous  y  a  cfté  prefehec:  Nous  auons  rous 
efté  nourris(par  manière  de  dire)en  vne  mefme  maiion.Partat  ie  ne  vo9 fauroye  oublier 
tant  que  ie  fuisen  cefte  vie.  Vous  voyez  comment  le  Seigneur  nous  a  icy  appelez  ,&c  ti- 
rez du  milieu  de  vous  autres  pour  nous  faire  rendre  tefmoignagc  de  fon  Fils  deuant  nos 
ennemis.  Vous  fauez  qu'il  y  a  défia  long  temps  que  nos  ennemis  fe  penfoyent  ruer  (ur  le 
trouppeau, &:  ils  n'ont  peu  faireceladeuantletemps.  Si  Satan  n'apeu  entrerai!  troup- 
peau  des  porceauxfansle  congé  de  noftre  Maiftre,penfons-nous ,  qu'il  ait  punfance  d  - 
ainfi  fe  fourrer  au  milieu  de  nous,fans  congé  ?  non  non, mes  frères  :  iamais  ne  vous  vien. 
ne  en  l'entendement  que  cecyfoit  aduenuà  l'aduenture.  car  nous  valons  beaucoup 
mieux  que  des  porceaux.  Puis  doneque  vous  eftes  certains  par  la  parolle  de  Dieu ,  que 
c'eftle  Seigneur  qui  nous  vifite, lequel  veut  reccuoir  le  reuenu,  &  cueillir  quelques 
frui&s  de  fon  iardin,qui  eft  l'Eglife,pour  les  mettre  fur  la  table  :  ie  ne  voy  pas  qu'ayez  oc- 
calîon  de  perdre  courage.  Confiez-vous  en  luy  d'vn  cœur  ferme ,  &:  il  ne  vous  delaifTera 
iamais,  quoy  que  les  diables  &  tout  le  monde  efeume  contre  vous.    Le  Seigneur  aura 
foin  des  bons:comme  Ifaie  dit ,  <juc  le  Seigneur*  eu  pitié  de fon  peuple,^ a  euvecordation  de  l'ajfii-  îLk 
gé-.&SionaditiLeSeigneurmadeUifc&monprote&eurm'aoubhé.  La  mere  peut- elle  oublier  fon  en~ 
fant quelle  naît  pitié  du fruici  de  [on  ventre*  encore  cptand  elle  C  oublieront  ne  loublieray-te  pas.  car  tu  es 
lœuure  de  mes  mains.  Voila  le  faind  Prophète  de  Dieu  qui  nous  confolemerucilJeufemc'r, 
Il  nous  donne  vne  merueilleufeefpcrance,  en  nous  propofant  noftre  Dieu  plus  amia- 
ble ,  que  la  mere  vers  fon  enfant.  O  confolation,ôioye.'il  dir,Èncore  que  la  mere  oublie 
fon  enfant ,  qu'il  ne  no9  oubliera  pas.  Que  craignez-vous  dôc  petit  trouppeau,  puis  que 
voftre  Dieu  parlcainfi  auec  vous?voire  fi  vous  croyezque  c'eft  luy  qui  parle  ainfi  par  fon 
Prophète.  Tous  vos  ennemis,  qu'eft-ce  qu'ils  vousferontr&r  tout  leur  fanglant  pire  qu'- 
ils vous  peuuent  faire,qu'eft-ce(inon  de  vous  mettre  auec  voftre  Dieu  en  lagloire  cter-  Hcbr  iî« 
ncllc?  Et  fus  fus  mes  frères  &  fœurs,reucillez-vous,tcnez  bon  pourle  Seigneur  Iefus.car 
c'eft  la  caufe  que  nous  tous  fouftenons,&:  non  pas  la  noftre.Diions  d'vn  vray  cœur  afleu- 
ré,  Le  Seigneur  m'cftadiuteur,ie  necraindrayehofe que  l'homme  punTe faire,  car  il  a 
dit,  le  ne  t'abandonneray,&  ne  te  laiflcray  point  en  tribulatiomque  voudrions-nous  d  - 
auantage?  il  ne  nous  en  fauroit  plus  promettre.  Mais  fur  tout  regardôs  qui  eft  celuy  qui 
parle?  n'eft-ce  pas  le  grand  Dieu  viuant  ?  Si  l'Empereur  qui  n'eft  qu'vn  poure  ver  de  ter- 
re &  homme  mentcur(  pour  dircàvn  mot  )nous  en  auoit  autant  dit,  nous  ne  doute- 
rions nullement  d'adioufter  foy  à  (es  parolles,&  de  nous  y  attendre  du  tout,  Mes  frères, 
ferons-nous  plus  d'honneur  à  vn  menteur  qu'au  Dieu  viuantfqui  ne  peut  mentir ,  corn-  Hcbr-  <j, 
me  dit  Y  Apoftrc:&:  duquel  les  parolles  font  fi  fermes  &  ftables  qu'il  dit ,  que  le  ciel 6c  la 
îerre  paieront: mais  fes  parolles  ne  paieront  iamais.  A  fleurez-vous  en  cela,  &vous  ver- 
rezquencicreziamaistrompez.  Ic  parleà  vous  par  expérience  de  ce  que  maintenant 
ie  vous  efcry:&  partant  vous  vous  y  deuez  de  tant  plus  arrefter  quand  vne  chofe  eft  efr 
prouuee  véritable  &  ferme. 

Dav  an  t  a  g  e,  mes  frères  ,inftament&:  de  tout  mon  cœur  ic  vous  fupplie  au  nom  Lc  frui<ft 
de  noftre  Seigncur,pour  lequel  nous  fommesprifonniers,quepreniezgardedcnc  poït  S  *if** 
laifTcr  vos  lain<3cs  alfemblees  pour  la  crainte  de  vos  ennemis.  Car  fi  vo9laiflez  les  aifem  3  ^ 

bleesChreftiénes,foyeztoutaiTeurez,qu'entrevousilyauravnemerucilIeufecofufio 
de  langues,  beaucoup  plusdangereufe,  qu'elle  ne  fut  à  l'édification  de  la  tourde  Babel. 
Pourroitlediableauoirplusbeau  movë  pour  vous  fufeiter  des  feaeSj&deshcrefiesque 

CC.in. 


VmLj  VI.  Epiftre  des  Oguiers. 

ceftuy-cy?  certes  non.  Il  fait  bien  qu'aux  affemblees  on  y  apprend  à  parler  vn  mefme  lâ- 
gage,  vne  mefmechofe:chatité  s  y  augmente:  bref,  vne  infinité  de  biens  en  procède, 
comme  il  appert  iufques  à  piefent  entre  vous.  Retenez  donc  la  leçon  que  donne  l'Apo- 
Hcbr.io.    ftre,NedelaiiTez  point  vos  aifemblees,  comme  aucuns  ont  de  couftume  défaire:  mais 

admonnertez  l'vn  lautre:&:  ce  d'autant  plus  que  vous  voyez  le  temps  approcher.Ie  fens 
maintenant  en  moy  les  fruits  quei'ay  cueilly  aux  afTemblees  :  &c  le  Seigneur  me  remet 
en  mémoire  (félon  la  promefîé)la  bonne  dodrine  que  i'ay  ouye:  maintenât  elle  me  pro- 
fite beaucoup  comte  mes  ennemis.  Faites ainn&:  bien  vous  en  prendra.    ^  N'oubliez 
pas  les  poures  qui  font  entre  vous  :  foyez  diligés  à  leur  fubuenir  en  leur  poureté:&:  prin- 
cipalcmentauxdomeftiques  delafoy.  Gardez-vous  foigneufement  de  toute  mauuaiie 
4odrine,&:  des  trompeurs  qui  courent  auiourdhuy  parmy  le  monde,comme  les  Anaba- 
ptiftes  :  qui  cil  vne  fede  fort  dangereufe.  Fuyezau/Ti  ccsdiffimuJatcurs  qui  enfeignent 
li  hôneftement  à  renier  Dieu.il  y  en  a  entre  vous,  voire  gens  d'apparence ,  lefquels  font 
ennemis  de  la  croix  de  Chnft.  ie  prie  ceux  qui  ont  la  crainte  de  Dieu ,  qu'ils  s'en  retirer. 
Fuyez  tous  ceux  qui  vous  enfeignent  le  chemin  large,&ayez  en  reuerece  ceux  qui  vous 
enfeigneDtlavoyeeftroite.car  elle  vous  mènera  à  falut:comme  iufques  àprefenttreffi- 
delemct  vous  a  efté  annonce  en  grade  diligence  par  noftrc  frère  G.  qui  eft  de  vous  tous 
-biencogneu&approuué.    Au  refte,m es  frères  ,ie  vous  requier  que  priez  fansceflele 
Seigneur  pour  nous  qui  fommes  les  pnfonniers  de  Iefus  Chnft  :  afin  que  noftrc  empri- 
fonnemét  foit  à  la  gloire  de  fon  fainctNom,&:  àl'edificationde  fa  poure  Eglife,afin  auffi 
qu'ilnous  donne  bouche &fapience  à  laquelle  nos  ennemis  ne  fâchent  contredire  •&: 
que  nous  n'ayons  point  la  bouche  fermée  deuant  eux.  C'cftceque  ie  prie  le  plus  à  no- 
ftre Dieu:car  lefay  quccelam'eft  tref-ncceflàire.  Mon  frère  Robert,  recomandez-moy 
à  tous  ceux  &£  celles  qui  aiment  noftrc  Seigneur,  &:  qu'ils  ne  foyét  pas  en  crainte  ou  de- 
folez  démon  emprifonnement.Car  pour  moy>ie  ne  fuis  pas  defolé ny  trifte,ains  ioyeux, 
comme  cy  deuant  ie  vous  ay  eferit:  fâchant  bien  que  cecy  n'eft  pas  aduenu  à  1  auenture, 
ne  par  cas  de  fortune, comme  les  infidèles  eftiment,  mais  par  lafaindc  prouidence  de 
Dieu.  Dont  ie  prie  à  tous  ceux  &  celles  qui  m'aiment  &  cognoifîent ,  qu'ils  ne  foyét  en 
crainte  de  rien.  I'cfpere  auec  l'aide  &  force  de  mon  Seigneur,  auquel  ie  me  fie ,  qu'ils  n'- 
auront nulle  affliction  ou  dommage  pour  moy,  i'entens  par  ma  bouche ,  moyennant  l'- 
aide de  Dieu;  car  fans  luy  ie  ne  peux  rien.  Recômandez-moy  âmes  deux  feeurs  Manet- 
te &  Chonnctte  ,  &c  les  vueillez  cofoler  par  la  parollede  Dieu  :  qu  elles  ayent  toufiours 
bon  courage  en  Dieu  :  car  le  Seigneur  les  affiliera  en  toutes  leurs  affaires  &:  nece/Iîtez, 
comme  il  dit,  Il  n'y  a  nul  qui  ayant  perdu  pere ,  mere ,  frères ,  focurs ,  qu'il  n'en  rcçoyuc 
cent  fois  au  double  en  ce  monde,&  en  la  fin  vie  éternelle.  le  prie  noftre  bon  Dieu  qu'il 
luy  plaife  vous  accroiftre  la  foy  ouurante  par  charité .    A  Dieu  mes  frères  &  feeurs  :  à 
Dieu  foyez- vous  recommandez.        Par  le  tout  voftre  humble  frère &c  compagnon  a- 
uec  vous  aux  afflictions  de  Chrift,    Baudichon  Oguier,prifonnicr  pour  l'Euangile. 

C  O  P  I  E  de  lettres  de  Martin  Oguier,  eftant  prifonnier  auec  fa  Mere  :  eferites  &  enuoyces  des  priions 
de  Lifle  en  Flandre. 

^r1  reschers  Frères ,  ma  Mere  &moy  nous-nous  recommandons  àvous&àtous 
*  nos  frères  &fœurs  en  Iefus  Chrift.  Nous  nelesofons  nommer,  de  peur  que  nos  let- 
tres ne  tom  bent  entre  les  mains  de  nos  cnnemis,&:  qu'ils  n'en  fouffrent  detrimet:  mais 
vous  les  cognoiifez  afTez.  Vous  leur  direz  qu'ils  foyent  diliges  &:  nuid  &c  iour  en  prières 
&:  faindeinuoeation  du  nom  de  Dieu  pour  nous,  qui  fommes  les  pnfonniers  de  Iefus 
Chrift.  Il  n'eft  pas  maintenant  temps  de  dormir  &:  d'eftre  à  fon  aife,  cepedant  que  nous 
qui  fommes  vos  membres ,  fommes  en  tormens&:  en  peines.  Sus,fus,mes  Frères,  foyez 
vaillans  ,&  nous  aidez  par  vos  piieres  .  aidez  nous  à  veiller  encore  vne nuid, car  nous 
n'efpcros  plus  viure  que  iufques  à  demain, O  l'heureuie  iournee,en  laquelle  le  Seigneur 
nous  donnera  à  boire  au  calice  de  fon  Fils,  &c  en  laquelle  ferons  couronnez  de  la  cou- 
ronne de  martyre!  Oquetu  esbien  defirceJ  Soyez  ioyeux  auecnous,mes  Frères, d'- 
autant que  noftre  bon  Dieu  nous  a  faid  ce  bien  la,de  nous  dôner  hardie/Te  de  confedlèr 
fon  S.Nom  puremét  deuant  to'nos  cnnemis,cc  qu'il  ne  fait  pas  à  tous.  Or  loué  foit  no- 
ftre bo  Dieu,  qui  nous  fait  tant  d'hôneur,que  foulFriôs  pour  fa  vérité,  nous  eflifan  t  pour 
cftre  les  tefmoins  de  fon  Fils.Et  quant  à  vous,mes  Freres,ferucz  à  Dieu  purement ,  fans 
yous  méfier  auec  les  Papiftesfc  Idolâtres.    Fuyez  ceux  qui  enfeignent  àdiflîmuler,&: 

n'ayez 


Quatre  Alartyrs  de  Lifte.  4.28 

IL  n'ayez  point  d'accointante  auec  eux,  comme  trefbien  vous  a  eft é  enfeigné  .  ie  croy 
.que  ne  l'auez  pas  oublié.  Ne  craignez  point  les  hom  mes  :  car  d'eftre  en  leurs  mains ,  &: 
de  confeffer  purement  Iefus,comme  nous  auons  fai£t,  il  n'y  a  que  ioye&:  confblation: 
voire  plus  que  ie  ne  vous  fauroye  dire.  Nous  nous  repofonsmaintenant  en  grand  re- 
pos de confcience,&: auec  vneioye indicible  ,  fachans  que  demain  après  difner  nous 
partirons  de  ce  monde:faifans  fin  à  cefte  poure  vie,  pour  régner  auec  noftre  chef&:  cù 
poux  Iefus  Chrift,  Amen.  Mes  frères  ,  nous fommes  grandement  refiouisde  vos  ef- 
crits.car  vous  nous  auezconfolé  merueilleufement  :  le  Seigneur  vous  vueille  main- 
tenirtermes  iufques  àla  fin  de  vos  iours.  Ne  delai/fez  point  vos  aiîemblees  pour 
chofe  que  vous  oyez,ou  voyczxarle  Seigneur  vous  gardera  :  &:  fera  croiftre  fonEglife 
de  plus  en  plus  après  noftre  mort:&:  pour  quatre  perfonnes  en  aurez  quatre  mille.  Le 
fang  des  poures  Martyrs  de  noftre  Seigneur  ne  fera  point  rcfpandu  en  vain:croyez  cela 
&  vousy  aflfeurez.  Ayez  mémoire  des  Martyrs  qui  feront  demain  mis  à  mort  pour  le 
S.nom  delefus:&:  eniuyuczlafoy  &  patience queleSeigneurleur  donne.  A  Dieumes 
Freres,iufques  à  ce  que  veniez  où  nous  allons. 

ÀVTRE  lettre  confolatoire  dudit  Martin  Oguier. 

Tnt  s  c  h  e  r  frere,nous  n'auons  voulu  laifTer  paffer  celte  grande  occàfîon  que  le  Sei 
gneur  nous  prefentoit,fans  vous  eferire  de  noftre  eftat,  tant  du  corps  que  de  l'efprit: 
attendu  que  noftre  bonne  Mere,qui  eft  icy  prifon  niere  auec  moy,m'y  a  fort  incitée  la- 
quelle ie  n'ay  voulu defobeir.Or  la  caufeprincipale  pour  laquelle  nousvous  efcriuans, 
eft  afin  que  ne  nous  oubliez  en  vos  oraifons  :  car  nous  en  auons  tant  grand  befoin  que 
ne  le  fau  rions  direrafin  que  puiffions  furmonterôi  vaincre  les  afTâuts  que  Satan  noftre 
ennemi  nous  liurc  d'heure  en  heure,pour  nous  faire  renoncer  Iefus  &:  fa  fain&e  parolle. 
Cependant  en  tous  les  affautsqu'auonseumoftreDieu  nous  a  fait  triompher  par  Ie- 
fus Chift  fur  tous  nos  ennemis  en  la  confelîîon  de  fon  faind  nom.  Et  auons  ia  rué  Satan 
par  terre  par  cefte confeffion  de  Iefus  :  laquelle  nous  auons  faite  fimplement&ronde- 
ment,felon  nos  petits  efprits:toutefois  le  mieux  que  nous  auons  peu. De  forte  qu'icelle 
fera  feellte  des  cendres  de  nos  corps  par  la  mort ,  comme  a  efté  fait  par  mon  bô  pere  &C 
par  mon  frère, qui  maintenat  font  allez  deuât  nous  au  royaume  éternel  de  noftreDieu: 
auquel  nous  efperons  eftre  bien  toft,felon  l'apparence  que  nous  voyons. Car  nous  n'eL 
perons  plus  viure  en  ce  mondeque  deux  ou  troisioufs  toutau  plus.  Mais  cependant 
nous  ne  fommes  pas  honteux  de  foufFrir&  endurer  la  mort  cruelle  ,  qui  nous  fera  ap- 
preftee  pour  la  confefTion  du  faind  nom  de  Iefusdequel  n'a  defdaigné  de  prédre  noftre 
caufe  en  main,&:  mourir  pour  nous,qni  ne  fommes  q  poures  miferablespecheurs.  Suy- 
uant  ces  chofes  mon  frere.  R.  nous  vous  recommadons  vos  deux  feeursrayez  pitié  &:  cô- 
paffion  d'elles,&:  en  faites  corne  de  vos  enfans.  Car  pour  le  tefmoignage  de  Iefus  elles 
n'ont  plus  ne  pere  ne  mere:toutefoisle  Seigneur  noftre  Dieu  leur  fera  pour  pere:car  c- 
eft  le  Pere  des  orphelins,ô£  le  confolateur  des  vefues,felon  qu'il  l'a  promis. Saluez  tous 
les  frères  &c  fecurs  fidèles  en  Iefus  Chrift ,  leur  faifantfauoir  que  nous  fommes  fort  pro- 
chains delà  mort(non  pas  mort,  mais  vie)  afin  qu'ils  foyent  plus  efmeuz  à  prier  Dieu 
pour  nous,à  ce  qu'il  nous  fortifie  pour  la  grande  iournee  que  nous  attendons:en  laquel 
le  nous  ferons  deliurezde  ce  poure  corps,  pour  régner  eternellementauec  le  Pere  &:  le 
Fils  &  le  S.Efpritrauquel  foie  gloire  à  toufiours  &c  fans  fin,  Amen . 

Salve  z-moy  noftre  bonfrere  en  noftre  Seigneur  Robert  le  Chien  &  fa  femme,&r 
tous  autres  que  cognoiffez.        Voftre  frere  Martin  Oguier  auec  fa  Mere,prifonnier$ 

pour  Iefus  Chrift. 


I  E  A  N  N  E  femme  de  Robert&M  A  R  T  I  N  Oguier  leur fils . 

IA  femme  luit  le  marv:&  accompagne  fon  filstfa  conuerfion  eft  admirablexar  feparee  de  Martin  fon  fils,  les  mefmes  Caphart 
c-ui  l'auoycnt  dcftoumee,obtiennene  qu'elle  pui  (Te  parler  à  luy.pour  le  diuertir  du  droicl  chemin  :  mais  iceluy  remet  la 
merc  en  fi  bon  traù^que  tous  deux  endurent  le  martyre  à  la  grande  confufion  des  ennemis. 

N  V  I  R  O  N  huid  iours  après  furent  exécutez  la  mere  auec  fon  fils. Mais 
auant  que  venir  à  defcrireleurifrueheureufe,  nous  noterons  les  grands  cô-  m.  d.lv> 
bats  d'efprit  qu'ils  ontfouftenus.    Onauoitenuoyé  force  moines  pour  les 
diuertir  de  leurfoy:&  pour  mieux  faire  leurs  entreprifes,  ilslesauoyentle- 

CC.  iiii. 


L*#ro  VL  Quatre  martyrs  dc^>  Lijlc. 

parez  l'vn  de  l'autre  :  de  manière  que  parles  cautclles  d'vn  moine  ,  la  poure  femme  hic 
esbranlee,&dmeitiedu  premier  but.Lcs  ennemis  en  demenovétgt ad  îoye:  cependâc 
qlapouretrouppe  des  fidèles  entendas  ces  pourcs  nouuelles,eftoic  en  criitefTc:  mais  le 
Seigneur  ne  les  y  laifla  gueres.  Car  vn  iour  que  les  moines  vindrcnt  enlaprifon,potir 
confeiller  à  la  mere  de  talcher  à  regagner  Ton  fils  Martin,&  le  retirer  de  fes  erreurs:  elle 
leur  promit  de  le  faire.  Or  quand  le  fils  fut  venu  auprès  delà  mere ,  \  oyant  qu'elle  e- 
fteit  non  feulement  esbranlec,mais  diuertie  du  bon  chemin  :  commença  à  s'eferieren 
plcurant,Ha  ma  mere,qu  auez-vous  fait?  auez-  vous  nie  le  Fils  de  Dieu  qui  vous  a  ra- 
cheteerHelaslque  vous  a  il  fait,  que  vous  luy  faites  telle  iniure  &  deshonneur?  main- 
tenant fuîs-ie  tombé  au  mal-heur  que  ie  craignoyc  le  plus.  Mon  Dieu ,  pourquoy  m'- 
ConucHîon  as-tu  laiifé  viurc  îufquesà  prcienr,pour  voir  ceci  qui  me  trani perce  le  cœur  ?  La  merc 
admirable  oyant  ces  piteufes  comp]aintes,&  les  pleurs  &:  foufpirs  que  Ion  fils  falloir,  elle  reprind 
delà  merc  vcrcu  au  Seigneur,&:  en  pleurant  cria  aulîî  haut  que  ion  fils:  Bon  Du  u,lay  moy  milerL 
corde,&:  cache  mes  fautes  foirs la  iufticc  de  ton  fils:  &  medonne  foi  ce  6ù  vertu  de  fuy- 
ure  ma  première confeflîon:  &:  me  ren  ferme  îufques  au  dernier  loulpir  de  ma  vie. 

^  Peu  après  vindrcnt  ces  mefmes  Caphars  qui  l'auoyent  diuertie ,  penfaas  qu'elle 
ftoit  encore  en  l'eftac  où  ils  l'auoyent  mife:S£  foudain  qu'elle  les  apperecut ,  cômença  à 
dire,Hors  Satâ,  va  t'en  d  icy:car  tu  n'as  maintenant  rien  en  moy. le  veux  figner  ma  con- 
feiîïon  premiere:&  fi  ic  ne  la  figne  d'cncre,ce  léra  de  mo  fang.  Ainfi  depuit  le  porta  viri 
lemec  ce  vaiifeau  qui  auoit  efté  tat  fragilc.i  Quand  les  luges  eurent  apperceu  leur  con 
ftancc,ils  les  defpcfcheren  t  toft  apresdes  condamnant  à  eftre  brûliez  vifs,  &:  réduits  en. 
cendres,lelquelies  feroyent  efparfes  &c  iettees  en  l'air.    Et  la  mere  6c  le  fils  ayans  ouy 
leur  fentence,comme  on  les  rcmenoit  en  la  prifon,difoyent  en  allant,  Loué  l'oit  la  bon- 
té de  noftre  Dieu,qui  nous  fait  triompher  parlefusChriftfon  Fils  ,  fur  tous  nos  enne- 
mis:voicy  l'heure  tantdeliree,voicy  la  bonne  iournee  qui  eft  venue:  partanc,mamere, 
n'oublions  l'honneur  &£  la  gloire  que  noftre  Dieu  nous  fait ,  de  nous  faire  conformes  à 
l'image  de  fon  Fils.  Ayez  fouuenance  de  ceux  qui  ont  enfuyui  lés  voyes  :  car  ils  ne  font 
point  allez  autre  chemin  que  ccftuy-cy. Marchons  donc  hardimt  nt,ma  mere,&  fuyuôs 
lefilsde  Dieu,porcansfon  opprobre  aucetous  fes  Martyrs:&  par  ce  moyé  nous  entrôs 
en  la  gloire  de  Dieu  viuant.  Ne  doutez  point,  ma  mere:  c'eft-cy  le  droid  chemin  qu'il 
faut  tenirxar  vous  fauez  que  par  beaucoup  de  croix  6c  tribulations  il  nous  faut  ctrer  en 
Tentations  *a  g'oire  dc  Dieu.Et  fur  cela  quelqu'vn  des  alïiftans,qui  eftoit  là  prefent,  ayant  ouy  cc^ 
diuerfes  que  propos,&  ne  les  pouuant  porter:dit ,  Mefchant,  on  voit  bien  maintenant  que  le  diable 
d^Mcrn™*  ccPonrcdeentierement&:  coips&:  amc,commeilafaittonpere&:  ton  frère,  qui  font 
aux  fidèle*,  maintenant  en  enfer.    Martin  dit,  Mon  amy,vosmaledi&ions  me  font  benedi&ions 
deuant  Dieu,  &:  deuant  les  Anges.  IlyeutvntemporifeurquiditàMattimMoncn- 
fant,tu  es  bien  fimplc  6c  mal  aduifé  en  ta  caufe:car  tu  penfes  trop  fauoimly  a  rat  de  peu- 
ple deuant  toy,qui  n'ont  point  la  foy  que  tu  tiens,  &  cependant  ilsnelailTeront  point 
d'élire  lauuez:mais  vous  penfez  faire  ce  que  neferez  iamais,  combien  que  vous  ayez  la 
foy  6c  la  doctrine  de  Dieu.    Ieanne  la  mere  oyant  ccft  homme,luy  dit, Mon  amyjefus 
Chriftdit,que  le  chemin  qui  mené  à  perdition,  eft  large,  6c  plulîeurs  y  entrent  :  mais 
que  la  voye  qui  meine  à  falut  eft  eftroite,&:  bien  peu  y  continuent,  doutez- vous  que  ne 
Aquoy  on  foyons  au  chemin  eftroit,vcu  les  chofes  q  nous  foufFronsr  Voulez-vous  auoir  vn  beau  lî- 
gnoiftre    gne  Par  lequel  on  peut  cognoilfcre  q  vo9  n'eftes  point  au  droit  che  min?regardez  voftre 
«ju'on  aeft  vie,&£  la  vie  de  vos  preftres  6c  moines.Quant  à  nous,nous  ne  voulons  qu'vn  Iefus,&:icc 
!w 'droit     W  crucifié  nous  ne  voulons  autre  doctrine  que  le  Vieil  &:  Nouueau  Teftament  :  fom- 
ch«min.     mes-nous  en  erreur  en  croyant  ce  que  les  faind-ts  Prophètes  &  Apoftres  ontenfeigné? 
L'vn  dés  Cordeliersfe  tourna  vers  Martin  ,  6c  luy  dit,  Mon  enfant,  penfe  bien  à  ton  af- 
fairc:carton  peré&  ton  frère  ont  recogneu  les  feptfacremens  de  l'eglife  comme  nous: 
&c  toy  qui  n'es  qu'vn  pout e&  fimple  apprenty,tu  as  ouy  vn  mefchant  hérétique, qui  t'a 
ainfi  enchanté  le  cerueau,&penles  eftre  plus  fageque  tous  les  docteurs  qui  ont  régné 
palTé  mille  ans. Martin  relponditja  Dieu  ne  plaife  que  ie  me  vante  :  mais  tu  peux  bien 
Luciô"?  fauoir  cc  que  dit  leurs  Chrift:Que  Dieu  a  caché  fes  fecrets  aux  fages  de  ce  monde,&:  les 
a  reuelez  aux  pecits.E  t  le  Prophcce  Ifaie  dit,  Que  le  Seigneur  furprend  les  fages  en  leur 
iageife.Et  quant  à  ce  que  tu  dis  que  mon  pere&  mon  frerc  ont  recogneu  les  lept  lacre- 
mens:  tu  monftres  bien  par  cela  qu'on  ne  doit  adioufter  foy  à  tout  cc  que  tu  dis:car  Sara 
eft  le  pere  des  menteurs.    Ne  te  dois-tu  pas  bien  contenter,que  l'en  recognoy  aurant 

que 


Jean  Huilier.  4.29 

que  la  parolle  de  Dieu  m'enfeign  e:  afTauoir  le  Baptcfmc  &  la  faincte  Cenc'Incontinent 
apres,voicy  entrer  deux  de  grande  auc  horité  en  la  villede  Lifle:on  nommoit  l'vn  mon- 
fieur  B.uras,&  l'autre  monfieur  Baufremés ,  qui  promettoyent  grandes  chofes  à  Mar- 
tin s'ilfe  vouloit  defdire,&:  retournera  l'eglife  Romaine. Baufremés  entre  autre  propos 
]uy  dit,  Mon  rils,fay  compailïon  de  toy,con  hderant  ta  ieuneffe  :  fi  tu  te  veux  conucrtir, 
ic  te  promets  que  ïamais  tu  ne  mourras  de  cefte  mort  honteule:&  outre-plus,ie  te  don- 
ncray  cent  liures  de  gros. Martin  luy  refpôdit,  Moniieur,  vous  me  prefentez  beaucoup 
des  choies  de  ce  mode:  mais  péfez- vous,  môiieur,  queie  foye  tant  hmple  que  de  laùTer 
vn  royaume  éternel  pour  vn  peu  de  vie  temporelle?Non,non:il  n  eft  plus  temps  de  par- 
ler des  biens  môdains:ains  des  biens  que  le  Seigneur  m'a  auiourdhuy  preparezau  ciel: 
ien'é  veux  point  d'autres.  Seulemétie  vousfupplie  de  me  dôner  vne  heure  de  relafcho 
pour  prier  &c  inuoquer  mon  Dien:car  vous  fauez  qu'il  y  aura  de  m  ain  huit  iours  que  mo 
pere  eft  party  de  ce  monde,ô£  que  depuis  ce  temps  la  on  ne  m'a  donné  vne  leule  heure 
de  repos.  Ce  que  i'ay  eu ,  ç'a  elle  pour  iommeillei  ,&  non  point  pour  dormirrcar  i'ay  eu 
continuellement  huit  ou  neuf  perfonnes  pailans  antour  de  moy.  Apres  que  ces  deux 
feigneurs  turent  départis  tels  qu'ils  y  eftoyé  t  venus,  Martin  raconta  ce  combat  àquel- 
ques  Frères  quilàeftoyent  détenus  en  prifon:&:  leur  dit,Sus, fus,  mesfreres,prenezcou 
rage,c'eftfai&:iay  fouftenu  vn  dernier  afTaut.Ic  vous  prie  n'oubliez  paslafain&edo&ri 
ne  del'Euangilc,&:  tous  les  bons  enfeignemens  qu'auezouy  denoftre  frère  Guy. Mon- 
ftrez  que  vous  les  auez  receus  au  cœur,&  non  pas  des  oreilles  feulement,  Suyuez-nous, 
nous  allons  deuant:&  ne  craignez  pas  :  car  Dieu  ne  vous  delaiffera  point.  A  Dieu  mes 
freres:&:  ainfî  fc  partit.  ^Toft  après  la  mere  &  Martin  furent  liez,&  menez  au  marty- 
re.Et  ainh  que  la  mere  eftoit  montée  fur  I'efchafFaut,  ellecria  après  fon  flls,difant,  Mô- 
te,Martin,monte,mon  fils. Et  commefon  fils  parloit,elle  luy  difoit,Parle  haut,Martin: 
afin  qu'on  voye  que  nous  ne  fommes  pas  hérétiques. Martin  vouloit  faire  confefîîon  de 
fafoy:mais  on  ne  luy  permit  pas. €Xa  mere  dit  haut  Se  clair  ainfî  qu'on  la  lioit  à  l'efta- 
che,Nous  fommes  Chreftiens:&:  ce  que  nous  fouffrons  n'eft  point  pour  meurtre,  ne 
pour  larrecimmais  pource  que  nous  ne  voulôs  rien  croire  que  la  parolle  de  Dieu.  Et  en 
cela  tous  deux  s'efiouillbyent  au  Seigneur.  La  véhémence  du  feu  eftant  allumé  ne  di- 
minua rien  de  leur  conftance,mais  endurèrent  la  veheméce  du  feu  :  &c  leuâs  les  yeux  au 
ciel,difoyent  tous  deux  d'vn  fainct  accord, Seig.  Iefus,en  tes  mains  nous  recommadons 
nos  efpnts  :&:  ainli  s'endormirent  au  Seigneur.  Tels  furent  les  frui&s  de  çeftefain&e 
affemblcedes  fidèles  de  Lifle.il  ne  faut  demander  fur  cecy,fi  on  laifTales  autres  en  paix: 
car  on  ne  voyoit  autre  chofe  fur  les  cheminsSc"  par  les  champs  que  gens  fugitifs,çant  e- 
ftoit  la  cruauté  grande:&  ainîi  en  tout  Dieu  a  efté  glorifié  en  fes  enfans. 


IEAN     HVLLIE  R ,  Païleur  ^ingk*. 

E  N  l'iiiftoirc  de  Iean  Huilier  miniftre  de  Pabram  nous  auons  les  admonitions  qu'il  fit  aux  fidèles  d* Angle£erre,de 
fuir  idolatrie:qui  eft  vne  paillardife  fpn  ituelle,voirc  plus  detefl  able  que  la  paillardife  corporelle.  Il  y  a  aufû 
vneOraifon,  qui  eft  pleine  de  confolation  en  aduerfité. 

!  V  A  N  D  le  Seigneur  fait  ce  bien  &  grâce  à  fes  Martyrs  non  feulement  de 
Ifeellef  la  vérité  par  leur  fang,mais  aulïî  de  teftifier  par  eferit  auât  leur  mort  M' D' lVl* 
[quels  ils  ont  efté  en  d  o£trine,&:  de  quelles  armes  il  les  a  munis  pour  fortifier 
<  les  autres,  il  en  reuient  double  bénéfice  &£  confolation  à  fon  Eghié.  Or  en 
la^perfonnede  Iean  Huilier  miniftre  dei'egliic  de  Pabram  en  la  iuvifdiction  deCambri- 
ge,tous  fidèles  fût  induits  à  relifter  à  toutes  pollutiôs  &  idolâtries, à  detefter  tous  ceux 
qui  ayans  cogneu  la  venté, la  détiennent  en  in  iufucc,fe  ccnfoi  mans  à  tout  changeméc 
de  religion, félon  la  volonté  de  ceux  qui  domin  cnt:delquelsnon  feulement  l'Arglcter 
re,mais  tout  le  monde  en  eftremplv,  &:  dont  font  iflus  les  moqueurs  qui  fe  icuent  de 
Dieu  &:  de  fa  parolle-, &:  de  toute  religion. Mais  oyons  de  quel  efprit  ce  (ainct  perienna- 
geeftoit  mené  deuant  fa  mort, nous  ayant  laiffe  comme  pour  teftament  faicten  lapri- 
îbn  des  tyrans,  vne  Epiftre,  donc  la  teneur  s'enfuit: 

IEAN  Huilier  défia  de  long  temps  pnfonnier,&  maintenant  condamné  à  la  mort  pour  le  tefmoignage  de  noftre 
Seigneur  Iefus  Chrift,a  toute  la  compagnie  des  Chreftiens  &  toute  la  congrégation  des  faincts  &  fitleles-.auf 
quels  il  defire  de  bon  cœur  force  Se  Vigueur  au  S.Efprit,tât  pour  la  fanté  du  corps  que  pour  la  famé  de  l'arae. 


IÀmLjVL  Jeun  H  ailier. 

Es  t  an  t  faify  de  laconfolation  du  falut  bien-heureux, &confcrmc  par  l'Efprit  de 
Dieu,Freres  bien_aimez  en  IcfusChrift(ie  luy  en  rengraces  immorcelles)macôfcie- 
ce  m'a  amené  à  ce  poinct,  que  le  ne  m'ay  feu  tenir  de  vous  faire  cefte  remonitrance,quc 
fi  vousautzfoindevoftrcfalut,  vous  fuyez  toute  accointâce  desPapiftes,  reduifànten 
mémoire  les  parolles  de  lai  net  Iean,  qui  (ont  eferites  en  fon  Apocalypfe,en  la  foi  te  qui 
Apoc.14.51   S  efuit:5/  aucun  adore  la  kfte &timage  d'icellc,&*  prend  la  marque  ficelle  en  fon  froc  ou  en fa  mam,Kc 
luybeuttra  duvin  del'tre  de  Dicu^yoïre  dwvm-aigre  yerfè  enlacoupe  defonire:  <& feratormemé de/eu 
&def ouphre  deuant  les  Sainll  songes  &  deuau  t  V^4gneau\&  la fumée  de  leur  torment  montera  à  tout 
iamats.  Frères  fidèles  &:Chreftiens ,  ie  vous  prie  aduiiez  àcecy  félon  voftre  prudence, 
quelle  eft  cefte  befte  ,&  qui  font  ceux  qui  l'adorent,aufquels  l'Ange  dénonce  des  tour- 
La  befte     mens  fi  hornbles.Certes  cefte  l  eftc  de  laquelle  ie  parle,n'eft  autre  choie  que  le  royau* 
d0rTécnft  me  C^arne^  ^e  l'Antechrift,  auquel  le  Pape  dent  Je  premier  lieu  &c  occupe  la  fouuc- 
Kpocalyp.  rame domination,auecfcs faux miniilres& la  racaille  de  fesfaux-prophetes:lcfqueis 
pour  eftabhr  leurs  grandes  dignitez,ne  fe  foucient  qu'ils  facent,moyennant  qu'ils  vien 
nentà  bout  deeequ'ils  ont  entrepris, rempliflans  tout  de  mcurtres& cruelles  occifiôs: 
contraignans  le  monde  de  receuoir  leu  rs  décrets  &c  ordonnances:  Jcfquelles  non  feule- 
ment ne  s'accordent  auec  la  pure  religion  deDieu,mais  aufsi  l'oppriment  du  tout,coni 
Ceux  ui   nîC  e^aDt  directement  répugnantes. Ceux  qui  iadis  ont  renoncé  a  telles  pollutions  par 
rctôbct  en  la  parolle  de  Dieu,&  la  cognonTance  de  fon  Fil  s  lelus  noftre  Sauueur,  &  qui  font  derc- 
polkiiôs.  chef  tombez  en  ces  mefmes  ordures,&  fe  polluent  par  vilaine  difïïmulation  ,monftras 
vne  chofe  par  ceuures  externes  pour  la  crainte  qu'ils  ont  de  fe  rendreodieux  ,&:  cachas 
vne  autre  au  dedans  de  leur  cœur:ie  vous  prie,  que  font-ils  en  cela  finô  adorer  cefte  be- 
fte ?  Il  aduicntparcemoyen,quefouslacouucrtured'vneobeifîàncefeinte,ilsonten. 
honneur  ceux  quin  eftoyentpas  dignes  mefmes  d'eftrefalucz,&s'adioignentàl'eglife 
des  malins,laquelle  ils  deuoyent  auoir  en  grande  deteftation  &c  haine ,  comme  vne  ca.. 
uernede  brigans& meurtriers,  ou  comme  vnbordeau  ,  voire  vn  abyfme  de  fornica- 
tion execrable:&  finalement  ne  doyuent  feulement  rccognoiftreles  voix  de  ceux-cy  fi 
difeordantes  delà douceharmonie  du  Seigneur  Iefus  ,  ains  les  euiter  &:  fuyrde  coûte 
leur  aflèction,comme  nous  fommes  fort  bien  admonneftez  en  l'Euangile  parle  vray 
Paftcurdenosames. 

Outreplus,  ceux  qui  feulement  en  apparencc&:  de  contenance  externede  facere- 
?cm  or?'  Ç°yuenc  ^a  religion  des  Papiftes,&:  leur  fauorifent  de  telle  façon ,  comme  s'ils  cftoyent 
^empoa-  pr0prement  £c  jcur  fa<^jori^  cependant  ce  n'eft  que  la  honte  qui  les  empefche  de  dé- 
fendre Iefus  Chnft&:  fon  Euangile:que  font-ils  autre  chofe  finon  porter  la  marque  de 
la  befte  en  leurs  mains  &:  en  leur  frôtfMais  Iefus  Chnft  ne  pourra  pas  endurer  ceftedif- 
Marc  8.38  fîmulation  fardce:defqucls  il  eft  dit,Qui  aura  eu  hon  te  de  moy  au  milieu  de  cefte  géné- 
ration baftarde&:  peruerfe:i'auray  aufsi  honte  de  luy  quand  ieferay  en  la  maiefté  &c 
gloire  de  mon  Pereauec  fes  faincts  Angcs.Et  pourtât  lcSeigneur  dit  par  fon  Prophète 
Malade    Malachie,  Maudit  eft  le  trompeur.  Vous  auez  efte  appelez  vne  fois  à  la  lumiere&:  co- 
gnoilTance  de  fa  parolle,&  goufté  le  dô  du  faindt  E(prit,&  la  puifTance  de  la  vie  à  venir. 
Luc  p  61    EtleSeigneurditenl'Euangilc,Celuyquimetlamain  àlacharrue  &:  regarde  derrière 
foy,n'cft  point  propre  pour  le  royaume  de  Dieu.    En  cefte  forte,  l'A  poftrcfainct  Iean 
parlant  de  ceux  qui  fedeftournent  des  fidèles  Docteurs  delà  vraye  Religion, les exclud 
manifeftement  du  nôbrc  des  bons,difant,Ils  font  fortis  d'auec  nous,mais  ils  n'eftoycnt 
pas  des  noftrcs.Car  s'ils  eu/Tent  efté  des  noftres,ils  fufTét  demeurez  auec  nous  :  mais  c- 
eft  à  celle  fin  qu'on  cogneuft  qu'ils  n'eftoycnt  point  des  noftres.  Certainement  cepen- 
dant q  nous-nous  tranffigurôs  en  toutes  formes  &:  fortes  de  1  eligiôs,&par  couleur  fein- 
te portons  vne  choie  au  front&  vne  autre  au  cœur, nous  ne  lômes  point  en  vérité.  Car 
félon  le  tcfmoignage  de  (ainct  Paul,tout  ce  qui  eft  ouuert  &c  fimplc ,  vient  en  lumière. 

Parquoy  ie  vous  prie. ,  mes  frères  bien-aimez,  ne  vous  deceuez  point  vous-mefmcs 
parlalapicncedece  monde,qui  eft  vnefolie  deuant  Dieu;  maispluftoft  fortifiez  vos  e- 
fprits  par  certains  &  infallibles  tcfmoignages  des  Efcriturcs  diuines. Car  combien  que 
la  boncé  &:  mifericorde  de  Dieu  ait  fon  eftendue  infinie  par  tout,  nonobftant  elle  n'ap- 
partient proprement  finon  à  ceux  qui  d'vne  confiance  ferme  s'appuyans  fur  luy,perfe- 
uerent  iniques  à  la  fin,  nefelaffansde  bien  faire  ,  ainsfefurmontans  eux-mefmesde 
iour  en  iour&:  de  plus  en  pluspar  accroilTement  de  vertus.  Parquoy  il  s  enfuit  en  ce  paf 
Apoc.H.n  fagC  qUCievjcn  d'alléguer  del'Apocalypfe,  Icy  eft  la  patience  des  Saincts  qui  gardant 


Jean  Huilier.  430 

les  ordonnances  de  Dieu,&  la  foy  de  Iefus,  Par  lefquellcs  parolles  on  peut  Facilement! 
cognoiftre  comment  Dieu  aaccouftumé  d'vfer  quelquefois  &:  pour  vn  temps  du  mini- 
ftere  des  tyrans:&c'eft  afin  que  la  foy  &c  patience  de  ceux  qui  font  vrayement  liens  6c 
fansfeintife,foit  plus  ouuertementcognue  :&:  li  ces  deux  vertus  nous  défaillent)  il  ne 
faut  pas  que  nous  attendions  d  auoir  aucune  focieté  auec  les  fain&s  &  fidèles .  Mais 
comme  il  eft  dit  en  vn  autre  pailage,  Les  craintifs  ont  leur  portion  au  lac  de  feu  Se  de  APoc  n-8 
foufïrc,qui  eft  la  mort  féconde.    Mais  on  dira,  Quoy  donc  ?  nous  ietterions-nous  en  la 
mort  de  noftre  propre  gré  ?  le  ne  le  confeillc  pas. mais  i'eftime  que  û  nous  voulons  eftré 
faits  participans  du  falut  eternel,nous  deuons  tous  tafeher  de  rendre  entière  obeiffan- 
ce,&:  nous  alfuiettir  pleinement  au  confcil  &c  àla  volonté  de  Dieu  bône  &c  fain&cj  qui 
nous  eft  icy  exprimée  en  fa  parolle:  puis  après  que  nous  mettions  tout  noftre  foin  fur 
luy,eftans  certainement  peduadez,que  tout  bon-heur  aduiendra  à  tous  ceux  qui  l'ay- 
ment.    Orvoicy  ce  qu'il  nous  commande:  Sortez  d'icelle  mon  peuple,à  celle  fin  que  Apoc.ii 
ne  participiez  à  fespechez,&:  que  ne  receuiezdefes  playes.Qui  orra cefte  voix  terrible 
de  Dieu,  menaçant &c commandant^  fauraqu'elleeftineuitablc&netafcheraincô- 
tinent  d'obtempérer  à  icelle,quepretend-il  faire  finon  tenter  le  Seigneur  dé  fon  pro- 
pre gré?Maisquvn  chacun  entende  ce  que  le  Sage  dit ,  Celuy  qui  aime  le  danger,  eft  Eccl.j.z^ 
bien  digne  de  périr  en  iceluy.    Que  riendoncne  vous  incite  à  confentir  à  leurs  folies 
mefehantes.  Pluftoft  forteZ  du  milieu  d'eux:  &  ne  faites  aucun  complot  ou  confédéra- 
tion auec  les  iniques:  &  mefmcs  ne  môftrez  point  en  tous  les  geftes  de  voftrccorps  au- 
cun (igné  par  lequel  on  puilfe  penfer  que  vous  fauorifiez  à  leurs  forfaits.  Pluftoft  glorb 
fiez  Dieu(comme  auiîi  il  eft  bien  conuenable)tan  t  en  dehors  en  vos  corps,qu'au  dedâs 
en  voscfprits. 

^"Pv  i  s  qu'ainh*eft,il  nous  faut  garder  fur  toutes  chofes  d'afTiiicttir  l'efprit  àl'obeif- 
fance  du  corps  par  vn  ordre  renuerlé  :  maispluftoft  lecorps&:  la  volonté  doiuentren- 
dreobeiftanceàl'efpht,afin  qu'il  fe  monftre  plus  alaigre  és  chofes  que  la  bonne  volon- 
té de  Dieu  requiert  de  nous.  Autrement  il  ne  faut  point  que  nous  attendions  d'eftre 
faits  participans  defespromeftes  auec  les  vrais  enfans  d'Abraham  :  car  comme  nous 
fommesenleignez  par  faind  Paul ,  Ceux  qui  font  enfans  de  la  chair  ne  font  point  ert-  Rom  8< 
fans  de  Dieu. Que  ti  nous  viuons  félon  la  chair,nous  mourrons:càr  laffedio  de  la  chair 
eft  mort,m2fis  l'affection  de  l'efprit  eft  vie  &  paix:&  fauons  que  la  fagefTe  de  la  chair  *  eft 
ennemie  àDieu,d'autat  qu'elle  n'eft  poit  fubiette  à  îaLoy,&  ne  le  peut  eftre  aufli. Ceux 
dôc  qui  font  felô  la  chair  ne  peuuêt  plaire  à  Dieu.  Maintenât  après  q  ie  vous  ay  expofé  Matt.7.ij 
ce  choiz,aduifez  auquel  chemin  des  deux  vous  aimez  mieux  entrer:  ou  en  ce  chemin 
eftroid  qui  mené  àla  vie,ou  en  ce  chemin  large  qui  mené  a  ruine  &  perdition ,  auql  les 
enfans  de  ce  mode  s'efbaudiflent  maintenant  pour  vn  bien  peu  de  temps.De  fna  part , 
ayâtfuiuy  le  deuoird'vn  coeur  vous  aimât  &  voulatbié,i'ayadu  ifé  de  vous  eferire  cefte 
brieue  Epiftre,&:  admônefter  d'vne  bône  arfe&iô  àc  pur  deiir(  Dieu  m'en  eft  téfmoin)à 
ce  qu'eftansaduertis&  bien  informez  ,  vous  délibériez  en  vous-mefmes  en  quel  che- 
min il  vous  faut  cntrer,&:  aduifiez  diligemment  par  quel  moyen  vous  viendrez  à  obte- 
nir falut,&  acquérir  paix  à  vos  ames.  Et  quant  à  ce  que  ie  vous  efery  ,  iefuispreftdele  Matt« 
figner&  ^relier  d'encre  &  en  papier:  mais  plusdeleconfermcr  &  ratifier  par  l'efFufïon 
demonfang,quand  le  iourdufupplicefcravenu,auquelonm  oftera  cefte  vie  i  lequel 
n'eft  pas  loin,aurant  que  i'en  peux  cognoiftre.  Ainu\ô  Frères  bien-aymez ,  ie  vous  recô- 
mandeau Seigneur Iefus,duquel la  grâce  foit  perpétuellement  auec  voftrc  efprit, 
Amen.Priez&veilleZ:priez&vëillez:priezle  Seigneur,  Am  en. 

L'oraifon  qui  s'enfuit  a  efté  faite  par  Huilier  approchant  de  fa  pa(Son&  mort,&  a  efté  fiJelement  recueillie  &  traduite  çrt 
cefte  forme. 

ODie  v  tout  puilTant,Pere  de  toute  mifericorde,pour  l'amour  duquel  i'abandonne 
maintenant  les  choies  qui  me  font  les  plus  chères  &:  pretieufes ,  ma  femme,mcs  en- 
fans,mes  parens  §c  amis,  &  toute  la  pompe&:  oftetation  de  ce  monde,mes  propres  dé- 
fi rs&  dch_çcs(ïj  toutefois  il  y  a  des  délices  &:  plaifirs  en  ce  môde)&  finalementfuis  tout 
preft  d'expofer  ma  propre  vîepourtoy:  maintenant,  ôSeigneur,qu'il  te  plailc  par  ta 
grande  bonté  &c  mifericorde,en  ce  mien  examen  &c  combar,me  faire  grâce  que  rien  de 
tout  cela  ne  me  retarde,&  ne  m'empcfche  de  batailler  cefte  bataille  alaigrement  &  de 
courage  prompt  pour  la  defenfe  de  ton  Euangile:reicttant  tous  les  retardemens  de  ce- 


L'mt-j  VL  fan  bfullter. 

fte  vicie  te  fnpplie  donc,  ô  Père  tref-benin ,  que  félon  ta  grande  clem  ence  tu  m'affiles 
par  la  vertu  &  force  de  ton  fainft  Efpric,&:  principalement  à  l'heure  que  l'en  auray  plus 
de  befoin.  Enuoye  ton  Ange  pour  me  recréer  d'vne  confolacion  fecrettc,me  fortifier 
par  fon  fecours,me  conduire  au  chemin  tant  dangereux  Se  gUiXam-À  celle  fin  que  par  la 
porte  eftroice  ie  paruienne  au  port  apeuré  de  ton  repos  eclefte.  Par  laquelle  porre&: 
voye  noftre  feul  Sauueur  Iefus  Chrift  ton  Filsvniquefc  bien-aimé  eftiadis  encre  deuanc 
nous  auec  force  Se  verru, ayant  obtenu  victoire  glorieufe:afin  qu'il  redift  le  chemin  plus 
facile  à  ceux  qui  par  foy  viue  Se  confiance  iroyent  après  luy:non  point  à  ceux  qui  feule- 
menc ont  fon  Euangile  en  la  bouche,  ains  qui  fe monftrent  Euangeliques  par  bonnet 
fain&e  vie,&:  fe  conformenc  à  bon  efeienc  Se  diligemment  à  l'image  de  ron  Fils  par  bô- 
nc&:enciereconueifarion,dilcction,pacience  ,  religion  pure,  vente,  fidelicé&preud- 
hommic.  Et  pourtant  ie  mcfubmecsmaincenancàtoy,ôDicu&:  Pere  de  grande  cle- 
mcnce,ne  mettant  ailleui  smonc(perance&  fiâce,qu'en  toy  ieul,&  en  la  croix,raorc&: 
wij.f  14  {"ang  de  noftre  Seigneur  Icfus  Chnft  ton  Fils,  par  leql  le  mode  m'eft  crucifié,  Se  moy  au 
monde:ne  dtfirant  Se  ne  louhaitanc  autre  chofe  finon  le  falut  de  mon  amc  ,  afin  que  ic 
puilfe  viure  auecChrift,qui  eil  ma  vic.ma  voye,  mon  efpcrâce,cout  mon  foulagemenr, 
bref ,  toute  la  délectation  démon  cfpric&:  defir.O  Seigneur ,  le  regard  du  feu  bruflac&: 
cruel  me  lemblcra  vne  choie  fore  grieue&:  horrible:mais  cô  bras  couç-puiflantmefour 
nillc  forces  fuffifantcs,afin  q  ic  foye  allez  puiffant  pour  porter  le  mal  que  mon  ame  foit 
preferueepar  tamifcricorde&:  bonté,ayant  pitié  de  moy  ,  ôDicu  créateur  Se  gouuer. 
neur  tresbenin  de  toutes  chofes.Et  pource  que  par  ta  clcmecc  incflimable  tu  m'as  tel- 
lement infpiré,ôPere  celefte,&:  donné  ce  courage  que  ie  te  crain  feul  fur  toutes  choies, 
&  que  ie  mets  toute  mon  efperance,atcente  Se  fiance  en  coy  :  maintenant  en  la  prcfen„ 
ce  de  toute  celte  compagnie.ie  pardonne  à  tous  les  orientes  contre  moy  perpétrées, 
voire  leur  pardonne  de  bon  cœur.  &:  coy  mon  Dieu  aufli  fay  moy  pardon,&  efface  tous 
les  deli&s  Se  oftenfes  de  ma  icunefTe  desbordee  :  aboly  mes  in  iquitcz  félon  la  grandeur 
de  ta  miféricorde  Se  bonté:&;  nettoye-moy  de  mes  péchez  cachez,  par  noftre  Seigneur 
Iefus  ton  crefchcrFils,&  par lefangd'iceluy  cfpandu  pour  moy.Cartous  nos  bienfaicts 
ne  valent  rien  du  tout,  s'ils  font  examinez Se  exigez  à  la  balance  de  ta  iult  ice.  Et  neant- 
Iphef.  z.io  nioins,puis  °,uc  Par  ta  lainde  voloncé  as  ordonné  Se  préparé  les  bonnes  ceuures  à  cefte 
fin  de  cheminer  en  icelles,pour  la  confirmation  de  noftre  foy:&  d'aucancaufli  que  c'efl 
noftre  dcuoir  de  les  accomplir,c'eit  bien  raifon  de  nous  cuertueren  ceft  endroit.  Et 
toutefois  nous-mcfmes  qui  aurons  fait  ces  bonnes  ceuures, ne  lairrons  pas  d'eftre  ferui- 
teurs  inutiles, ne  faifans  rien  du  tout  qui  emporte  quelque  mérite  ,  ains  iculemcnt  ce 
qui  ell  de  noftre  deuoir:&  quelque  bien  que  nous  ayons  fait,  fi  eft-ce  que  nous  auons 
LuciSjji  befoin  de  crier  auec  le  pourePcager ,  Seigneur ,  lois  propice  Se  fauorable  à  moy  poure 
pechcur:&:  decercher  camiiericorde  en  Iefus  Chrift  con  Fils,  &  non  poincennos  ver- 
tus,de  nous  qui  ne  pouuonsautrement  eftrefaits  iuftes  qu'en  iceluy .  Parquoy  ô  boa 
Dieu, en  cefte  mort  que  iedoy  fouffrir  pourletefmoignagedc  ton  Euangile  &de  cave 
ricé,ic  teren  grâces  immortelles,de  ce  que  ton  bon  plaifir  a  efté  m'appelcr  àvn  figi  and 
honneur,mayanc  adminiftré force  Se  vercu.  Car  ie  recognoy  pour  vn  don  fingu- 
lierde  ca  clémence  Se  bonté,  toute  cefte  conftance  Se  force  celle  qu'elle  peuceftre: 
&;  ie  c'en  fay  hommage  ôérecognoiflanec.  Pour  cefte  raiibn  ietcfupplieaifc&ueufc- 
menc  que  eu  fortifies  tellement  mes  pas,  que  ie  ne  me  deftourne  iamais  du  droit  che- 
min de  ca  bonne  Se  fainéte  volonté  :  mais  qu'après  auoir  heureufement  parachcué  le 
cours  de  cefte  vie  pre(ence,ie  rcpolecn  ta  paix.  Augmente  en  moy  le  don  de  pacience 
de  bien  en  micux,autanc  que  tu  cognois  félon  ta  grande  fapience  qu'il  m'eft  befoin  & 
expedient,coy  qui  es  le  Dieu  donaccur  de  couce  pacience  Se  humilicé.  Et  mainte- 
nant i'efleuede  couce  mon  affection  Se  les  mains  &:  les  yeux  Se  tout  mon  encendc- 
mentauthroncdecagrace,imploranttonfecours&  caforceau  milieu  de  ces  mauxâu 
grieucs  oppreflions,&:  ce  félon  con  ordonnance  faincte  que  tu  nous  asdonnee.Mainte- 
nancdoncjô  Seigncur,fay  félon  la  parolle  de  ta  promefTcquc  quelque  petite  refpiratiô 
de  ta  bonté  recrée  mon  ame  affligée  en  tant  de  fortes  :  que  ta  puiflance  aide  à  ma  foi- 
blefle  Se  débilité, &  m'ottroye  que  ta  vérité  foit  parfaite  en  moinfirmicé:çn  forte qu  en- 
durant paifiblemcnc  cefte  mort  qui" m'eft  auiourdhuy  preparcc,ielaifTeà  mesfreresvn 
ferme  refmoignage  de  ta  veritc,ainfi  qu'il  a  efté  fait  deuant  moy  par  mes  autres  frères, 
qui  font  morts  conftamment  &  fidèlement  pour  le  téfmoignage  de  noftre  Seigneur  le- 


Récit  de  plufieurs.  4.31 

fus  Chrift  to  trefchcr  Fils.^C'cft  à  toy,ô  Dieu  fouuerain  &c  eternçl,q  ie  madre/Tc,qui  par 
vne  vertu  tout-puiifante&:infinie,faisque  cefte  grandeur  admirable  du  ciel  6c  de  la  terre 
fubhftc,&:  que  toutes  créatures  quelles  quelles  ibyentfbntconfcruees,  lefqucllcs  tu  as  Ja- 
dis faites  de  rié:qui  as  fait  palier  ton  peuple  d'Iliraellain  &c  laufpar  le  milieu  de  la  mer  rou- 
gcneplusnemoinsques'ileufteuàpafteriurlatcrrefermet'quiascnuoyé  ton  Ange  de- 
uant  leur  face  pour  chalfer  les  goans  hors  de  la  terre  promife:  qui  félon  tapuiflance  admi-      *  '  ' 
rableas  tiré  hors  des  flammes ardétes  6c  de  la  fournaifc  trois  muêceaux  iàins  6c  (auucs:qui 
as  fermé  les  gueules  des  liôs  cruels,&:  en  as  deliurc  ton  leruiteur  Daniel:  qui  efprouucs  les  D»«  i-  v-f- 
tiens  ordinairemét  par  le  feu  d'affliction,ne  plus  ne  moins  qu'on  examine  l'or  en  la  four-  v 
naiiè:&:  c'eftafin  que  les  ordures  de  leur  nature  corrôpue  foyêtrcpurgecs,  6c  qu'ils  recou- 
urét  plus  beau  luftrc,&:  l'oycntrédus  plus  dignes  deuant  ta  facexôbien  que  tunepermet- 
tes  qu'ils  foyent  affligez  &  tentez  plus  q  leurs  forces  nepeuuent  porrer,  ain-s  pluftoft  don- 
nes ilfue  à  tes  leruitcurs  fidèles  au  milieu  de  la  tentation  ardente  &:  bruflante:&:  le  fais  a- 
uec  grand  fruit ,  afin  qu'ils  efchappcnt  l'ains  6c  faunes ,  ou  que  par  patience  ils  viennent  à 
obtenir  vi&oire.Car  il  n'y  a  rien  qui  te  foit  impoiiibic,  non  pas  difficile^  Dieu  trelgrand: 
qui  du  commencement  as  rendu  Eftienne  ton  champion  fidelc,inuinuble  contre  la  vio-  ACx  6  2 
iencede  les  aduerlaueS;  lors  qu'il  deuoit  eftre lapidé  pour  la  confeffion  de  ton  Fils  Icfus:  Rom.ic.ro 
bref,  qui  es  nclic  en  milericorde  6c  bôté  enuersitous  ceux  qui  inuoquent  ton  hin&  Nom 
en  vraye  6c  ferme  fbyaè  te.prie,dy.ie,&  fupplie aftèftucuièmct,toy  Frirlce  6c  Seigneur  fur 
tousfcigncurs ,  qui  dés  le  commencement  as  muni  tous  les  Prophètes  ,  &tous  fidèles  6c 
faincts  qui  ont  eft é  mis  à  mort  pour  ton  Nom,d'vne  venu  6c  force  preiènte:  que  tu  ne  me 
deftitucs  point  de  la  faueur  de  ta  clémence  &  bonté  paternelle  en  cefte  ccdition  prclen.. 
te,tât  milèrable:pluftoft  ton  bon  plaifir  foit  de  maintenir  ta  propre  querelle  en  ce  faict:  a- 
fin  queChrift  ton  Fils  foit  glorifie  6c  magnifié  en  ce  mien  corps  maintenant  deftiné  &:  or- 
donné à  ia  mort.  le  n'ay  aucune  efperance  en  moy-mefmc:  mais  toutema  fiance  eft  tranf- 
fereeentoyfeul,quireftttucsles  morts  en  vie.  Et  ie  ne  regarde  point  aufii  maintenant  à 
autre  but,tînon qlagloireimmortclledeton  Nom  reluife,  &:lbitmauitcftec  pleinement 
deuant  cefte  aiTcmblce  de  tes  fideles,à  leur  grande  confolation  en  Ieius  Chrift,qui  eft  au- 
theur&confomiratcurdcnoftrefoy.Etquc  toutes  nations  chantent d'vn  bon  accord  &. 
confentement  de  louange  éternelle,  Amen. 

^  P  a  r  ces  prières  à  Dieu,le  cœur  d'Huilier  fut  tellemét  fortifié  6c  confolé,quela  mor  t 
cruelle  qu'il  endutaluyfut  vngain,  pourlcconduireàlavieeternellec*:permanenteàia~ 
mais. 

RctitiïHifloiYç. 

Touchant  ceux  qui  de  ce  temps  furent  par  la  bonté  de  Dieu  preferuez  des  dangers  >Sc  de  la  main  de  leurs  aduer- 
fatrts,entre  lclcjuch  ciï  tait  mention  de  ia  RoineElizabeth. 

L  ne  fera  impertinent  de  de  clucr  comme  en  paiTant,qu'ily  euten  cetéps  plufieurs 
S  expofez  à  la  fureur  des  aduerf  tires,&:  menez  au  feu  &  à  l'occifion  par  vne  permifiio 
ïecrette  de  Dieu,mcfmes  n'ont  peu  dire preferurz des  dagers  pour  quelque rccra&ation 
qu'ils  fiftent:  au  côtrairc  il  y  en  eut  qui  par  vne  certaine  dilpéfation  diuine ,  fans  fe  deidirc 
aucunemenn/ont  demeurez  fains  6c  lauues  au  milieu  des  dangcrs:&:  contre  toute  cfpera- 
ce humaine  ont  cfté  conferuez  en  dcfpit  des  ennemis  de  la  vérité .  Entre  lclquels  on  peut 
mettre  la  roineElii'àbethauiourdhuyregnante:carc'eft  vne  chofe  digne  d'admiration,&:  Jliz.ibech 
çôme  aduenue  contre  toute  efperance  6c  opinion  deshômes5qu'ellca  peu  filonguement  Jtntr"i«uc 
confift  t  r  en  telle  fermeté  &c  conftâce  de  pure  Religion,  contre  tant  de  violéces  6c  oppref- 
fions,&:  contre  la  ragedetanr  d'ennemis .  La  mort  del'cuclque  de  Vvinceftrc  luy  ferait 
beaucoup-.car  eftat  forcené  de  rage  cotre  les  fidèles, s'il  euft  vefeu  plus  lôguemét  il  y  auoit 
dangerapparent  pourlavie&:  les  biens  decefteRoineChrefticnne.Mais  Dieu  par  fa  bô- 
té eut  pitié  delbn  Eglife,&  retint  la  malice  des  aduerfaircs  en  bride.Et  comme  en  lacon- 
uerfation  de  cefte  Roine  nous  regardons  la  bénignité  de  noftre  Seigneur  Icfiis  Chrift: 
fcmblablement  outreelle,  il  y  en  aplufieurs  autres  qui  ont  efté  côferuez  par  cefte  mefme 
benignité,les  vns  d'vnc  façon, les  autres  d'vneautre. 

O  n  a  donné  congé  à  aucuns  de  fortir  de  la  prifon  fans  le  feu  des  Iuges:&  non  pour  aiu 
trerai(bn,finon  qu'on  s'eftoit  trompé  en  leurs  noms:  &c  quad  on  eutapperceu  la  faute,on 
les  fit  derechef  cercher  pour  les  emprifonner  &  faire  mourir,mais  ils  auoyent  euité  le  dan 
ger  auant  qu'ils  cullcnt  peu  cftre  trouùez. 

DD. 


liur(U  VL  Çeorgcj  EgkJ: 

Vue  femme  o  n  peut  mettre  en  ce  reng  Thiftoire  d?vne  femme  d'Effexie ,  laquelle  fut  aceufee  d'hc 
d  Eflcric.  ÏCçïC  §r  m  jfc  en  pr  jfbn.Peu  de  cemps  après ,  eftant  menée  pour  ouïr  fentence  de  condam- 
nation auec  quelques  autres  Martyrs  îulques  à  onze  ou  douze ,  qui  furent  tous  bruflez  en 
ce  meirne  temps:clle  n'attendoit  autre  que  fentéce  certaine  de  mort:  mais  Dieu  par  fa  mi 
fericorde  y  pourueut  d  vne  façon  miraculeufe.  Tous  les  autres  les  compagnons  furent  ap 
pelez  chacun  par  ion  nom,&  i'entence  de  condamnation  &c  de  mort  fut  prononcée  à  l'en 
contre  d'eux:&:  quand  ce  vin  t  au  nom  de  cefte  femme,  l'HuilTiei  de  la  Cour,  ou  celuy  qui 
auoit  charge  de  les  appeler  par  leurs  noms,ne  peut  proférer  droitement  fon  nom,  foit  qu 
il  le  fift  de  propos  délibéré ,ou  autrement:clle  oyant  vn  autre  nom  que  le  fié,  ne  voulut  ne 
ref  pôdre ne  comparoiftre ,  &c  en  cefte  torte la  laifîa-on  retourner  (aine  &:  fàuueen  fa  mai- 
ion  auec  les  poures  cnf4hs,qu'clle  auoit  pour  lors  en  grand  nombre.  Or  toutefois,aucuns 
ont  penie  que  les  Papiftes  rirent  cela  tout  à  propos,  de  peur  que  quâd  la  mere  feroit  mor- 
te,eux-mefmes  ne  fuirent  contraints  de  nourrir  cegrand  nombre  d'enfans.  Mais  quelque 
caufe  qu'il  y  euft,fi  ne  faut-il  point  oublier  la  prouidéce  deDieu,  qui  eut  vn  tel  efgard  à  ce- 
lle poure  femme. 


GEORGE  EGLE,^o«. 

PAR  l'exemple  de  Ce  Martyr  &  de  plufieurs  autres,nou*  voyons  comme  Dieu  pour  l'exaltation  de  fon  nom  n'a 
efgard  à  la  condition  des  perfonnes,ains  le  plus  fouuent  fe  fert  de  gens  de  petite  condition  &  eftimt  quât  au 
monde.  Cecoufturier  Anglois  eft  appariable  en  confiance  à  celuy  qui  fut  prefenté  auroy  de  France  Henri 

fécond  jdont  cy  deflus  eft  faite  mention. 

M.  d.lvï.  I^O^SlS  N  t  r  e  les  vrays  feruitcurs  de  Dieu,  qui  ont  fouftenu  fa  querelle ,  6c  enduré 
pour  le  cefmoignage  de  fon  fainci  Euangile  ,  &  defquels  la  vertu  &conftincc 
eft  rccommandable,nous  auons  bien  occafion  de  parler  de  George  Eglaôd'- 
eftimer  de  tant  plus ,  qu'eftant  homme  de  peu  de  lettres,  il  a  exécuté  de  hauts 
faidspour  l'aduancement  de  la  Religion ,  ainfi qu'on  pourra  entendre  par  le  récit  de  fon 
hiftoire.Il  plait  ainfi  au  Seigneur  de  fuf  citer  bien  fbuuét  des  viles  &c  abie&es  perfonnes ,  & 
s'en  feruir  pour  manifefter  aux  hommeslagloire&  fa  puifïâncc ,  corne  au  vieil  Teftamet 
nous  lifons  de  plufieurs  qui  de  baffe  côdition  ont  efté  appelez  au  degré  de  Prophétie.  Le 
i° ^^îbrî  Seigneur,di-ie,appela  ceftuy-cy  de  fimple cftat de  coufturier,dôt il  faifoit  mefticr,au  Mu, 
futc  TppctT  niftere,  voire  en  vn  téps  fort  eftragc,&:  luy  dôna  grâce  non  feulemét  de  prefeher  pu  remet 
à  h  predici  fa  Parolle,  mais  auffi  de  mourir  pour  icelle.  Efleuant  donc  ce  poure  Coufturier  fon  cfprit 
uTn-Mie' E  P^us  naut  <lu  *  *a  coufture>^  ayantgrace  de  dire,aucc  quelque  peu  delcttres,s'addôna  en- 
u  tlps^u  nerementauxEfcriturcs,&profitaài'Eglifedu  Seigneur.  Etcommefousleregneduroy 
roy  Edou-  E^ouaj-d  qUj  fut  le  temps  de  l'illuft ration  &c  liberté  Euangelique ,  il  auoit  exercé  &:  misa 
rabie  à  pe-  profit  le  talet  duSeigneur,cncore  le  ht-il  plus  amplement  apres,aduenant  la  ruine  del  E- 
uanj-ile.    g^fc  delefusChriftdors  que  la  plus  part  des  prefeheurs  de  fa  faincte  Parolle  difperfez  çà  & 
là  n'ofoyent  nullement  ouunr  la  bouchc.George  allant  en  diuerfes  côtrees,  confola  ic  rc- 
dreiTa  merueilleufêment  les  defolez,tantoft  aux  villes,  maintenant  aux  champs:&:  fc  fen- 
tât  pourfuiuy  des  ennemis,  le  retiroit  &c  cachoit  au  plus  profond  des  bois  &  des  forefts:  dç 
f  orte  que  pour  raifon  de  la  peine  &  fàfcherie  qu'il  prenoit  à  cheminer  çà  &là,fut  appelé  le 
Coureur.il  le  trouuoit fouuent  en  cefte  ncceffîté,qu'il  luy  falloit  dormir  au  ferein,  &c  pa£ 
fbit  lbuuent  la  nui£t  en  prières  Se  oraifons.il  viuoit  fi  aufteremét,que  de  trois  ans  qu'il  co- 
mença  d'eftre  perfccuté,l'on  nel'apperccut  onques boire  d'autre breuuage qu'eau-.fi  bien 
que  par  la  grâce  de  Dieu  ne  le  f entant  plus  foibie  ou  débile  pour  ccla,il  s'y  accouftumadu 
tout,pour  y  cftrc  duit&  préparé  lors  que  la  neceffité  fe  prefenceroit.  Ayat  ainfiTefpacedç 
quelques  anneesallant  &  venant,ferui  &c  profité  à  rEglife,principalemét  au  pays  de  Clc- 
ceftre&  à  l'enuirô:Satan  ennemi  mortel(qui  toufiours  porte  enuie  au  falut  dcsChreftié&) 
mit  lès  embufehes  par  quelques  gens  de  Iufticc.En  plufieurs  lieux  on  mit  gardesfic  efpiôs 
pour  le  prendre  comment  cefuft ,  &  pour  l'amener  vifou  mort .  Ils  trauaillerent  en  vain 
quelque  temps ,  par  ce  que  tant  luy  que  quelques  autres  fidèles  fe  tenoyent  fur  leurs  gar- 
Cmel  edift  des ,  &  fe  muflbyent  és  bois,  és  caues  &:  greniers  des  maifons .    Ils  firent  faire  vn  edi&au 
cotre  a-or-  norn  de  la  roincMarie,lequel  fut  publié  en  quatre  diocefes:c'eftafTauoird'EfTexe,de  Suf- 
folk,de  Canturbie,&:  de  Northfolk,contcnant  que  quiconquepourroit  prcndreGeorge 
Egle,  il  auroit  deux  cens  efeus ,  &:  tant  qu'il  viuroit ,  penfîon  annuelle  defbixantc  efeus. 

Plufieurs 


£<wgO%/o.  432 

Plufîeurs  efmeus  de  ce  prix  propofé,  tafchoyét  par  tous  moyens  delefurprendre,  &  de 
s'enrichir  aux  defpens  &  dommage  du  poure  Egle.Et  firent  tant,  que  luy  eftant  vn  iour  à 
Cloceftre,fur  apperceu  de  quelcun,&:  dereré  incôtinent  aux  adueriàires.  Il  s'en  douta  au- 
cunement*: le  retira  le  plus  qu'il  peut:mais  ce  ne  fut  pas  fans  eftre  pourruiuy.il  s'eftoit  ca- 
ché en  vn  petit  boccage  lors  qu'on  le  cerchoit  :  d'où  il  fortit  foudain ,  &:  le  fourra  dans  vn 
champ  d'orge  qui  eftoit  auprès ,  à  bien  grande  difficulté'  pour  le  grand  monde  courant  çà 
&c  la.Ne  pouuant  eftrc  trouué,  les  pourluyuans  retournèrent  hors  mis  vn,  lequel  plus  fin 
que  les  autres  monta  fur  vn  arbre ,  pour  voir  s'il  le  vei  roir  forcir  >  ou  mouuoir  en  quelque 
part.George  noyant  perfonne,&:  cuidant  eftrehors  de  danger,fe  mit  à  gcnoux:&ayât  le- 
ucles  mains  au  ciel,remercia  Dieu  de  la  grâce  qu'il  luy  auoit  faite.  Eftant  apperceu  au  mi- 
lieu des  efpics,ou  bien  entendu  par  quelque  refbnnàcedefà  voix,  lors  qu'il  eftoit  en  prie-      ^  ^ 
re,celuy  de  l'arbre  defeendit  le  plus  coyment  qu'il  luy  fut  poffible  :  puis  eftant  venu  à  luy,  ceiUy  qui 
le  laiiit,&:  l'emmena  à  Cloceftrc.  Ce  garnement,  qui  le  promertoit  la  recompélè  publiée,  printGcor- 
fecontenta,s'il  vouJut,auecdeuxefcus  qu'on  luy  deliura.  Ainfi  George  fut  mis  enpnfon  f£orgc  pri 
à  Cloceftre,au  gi  ad  regret  &c  delplailir  de  toute  l'Egiilè:&  de  là  à  Chemfford:où  il  fut  trai-  fonmer. 
te  il  crucllementjqu'on  neluy  ordonna  par  fepmaine  que  deux  liures  de  pain,  &  quelque 
peu  d'eau. Peu  de  temps  après  eftant  amené  en  iugement,fut  accule  de  lefe  maicfté,d'au- 
tant  que  contre  les  ordonnances  il  auoit  fait  des  afîemblees .  Car  on  auoit  fait  en  Angle- 
terre vneloy  fous  prétexte  d'obuier  à  l'édition  &c  mutinerie  entre  le  peu  pie:  Si  on  trouuoit 
plus  de  fix  perfonnes  enfemble  en  lieu  fecret,  qu'ils  fulTent  acculez  de  lefe  maiefté  .  Geor- 
ge ouy  en iugement, défendit  tellement  fà  caufc,iufqucs  à  rauir  les  afiîftans  en  admiratiô, 
monftrant  les  raiibns  par  lefcjuellcs  la  Religion  deuoit  eftre  maintenue  en  fon  entier.  Ce 
nonobftant  il  fut  condamne  comme  rcbelle,d'eftre  premieremet  pendu,  puis  à  demi  vif 
eftre  mis  en  quatre  quartiers.  Par  mefme  iugement  furent  au  ffi  condamnez  quelques  lar- 
ron s  &  voleursdefquels  eftans  menez  enfemble  le  lendemain  au  fupplice,  George  les  ex-  Hiftoire  ai 
horta  en  allant  enfemble  au  fupplice .  fvn  d'iccux  brocardât  les  admonitions  de  ce  fainct  mirobicde 
perfonnage.dit,  Deuons-nous  douter  que  nous  n'allions  tout  droit  au  ciel,  puis  que  nous  deuxUrrâ5î 
auons  ce  beau  fainct  pour  guide,&  qu'il  va  deuant  nous  pour  apprefter  le  logis  ?  George  le 
reprint:aufti  fit  vn  des  criminels  qui  efeoutoit  le  tout  :  lequel  deteftât  la  malheureufe  vie 
qu'ils  auoyct  menec,prioitle  Seigneur  Iefus  de  leur  faire  mifericorde:  mais  fon  côpagnon 
perfeueroit  de  mal  en  pis. Ils  vindrent  finalemét  au  gibet:  &  George  fuj  mené  de  là  en  vn 
autre  lieu  à  pai  t.Quant  aux  deux  larrons,celuy  qui  auoit  remonftré  à  l'autre,eftant  mon- 
té fur  l'efchelle,exhorta  le  peuple:&  après  auoir  fainctement  recômandé  fon  ameà  Dieu, 
trefpafTaen  bonne  cognoiflance.  Puis  vint  ce  brocardeur,  lequel  félon  la  couftume  vou- 
lant fèmblablemcnt  admonnefter  Je  peuple,ne  fepouuoit  nullement  expliquer ,  &c  telle- 
ment èc  de  tant  plus  qu'il  s  efforçoit  de  fe  faire  en  cèdre ,  &  moins  il  auoit  de  moyé  de  pro- 
férer vnefeuleparollediftincte.Le  luge  luy  commadadedirelaPatenoftre:mais  il  ne  s'en 
pouuoatdefpeftrer,&:  n'y  auoit  chofe  qui  tant  l'empefehaft  que  fa  propre  langue  mefme. 
Lon  commença  de  prononcer  vn  mot  après  l'autre,  pour  luy  monftrcr  corne  c'eftoit  qu'- 
il deuoit  dire,&  pour  luy  mettre  das  la  bouche:  encore  ne  pouuoic-il  i'uyure  celuy  qui  par- 
loit.Ceux  qui  virer  cefpectaclc,nefàuoyentcux-mefmes  que  dire,  tanteftoyenteftônez; 
èc  mefmement  ceux  qui  fauoycnt  comment  tout  seftoitpafTé  ,  recognoifToyent  que  c'e- 
ftoit veritablemét  vne  iufte  punition  &:  vengeance  de  Dieu.  ^  Cepédant  George  fut  auL  Execution 
fiexeçuté:premierement  il  fut  à  demi  eftranglé:&  puis  defeendu  du  gibet,&  mis  en  quar-  Ac  Georêc' 
tier .  Il  demeura  ferme  &:  confiât  en  cefteefpecedemartyrc>iufc{ucsàceque  le  bourreau 
Juy  ayant  cruellement  fourre  le  bras  dedans  le  ventre,  luy  arracha  le  cœur  du  corps,ain- 
fi  qu'on  fait  communément  en  ce  pays-la.    La  teftefut  mifelur  vn  haut  pofteau  à  Cloce- 
ftredes  quatre  quartiers  fbruirent  demonftre  à  Ipfvvich,  Haruich,  Chemsford,  &c  àfàincl: 
Roufry.  En  celte  forte  ce  fàin£tperfonnage,&:  plus  digne  du  ciel  quedclaterre,mouiut: 
mefprife&  abominable  en  ce  monde,  mais  excellent  &i  précieux  de  uat  le  Seigneur  Iefus 
Chrift&ibnEgliic. 

I E  A  N    BER  t'r  AND,  Venàofmo*. 

E  M  ceft  exemple.nous  auons  à  confiderer  de  quels  argumens  les  adutfrfaires  afïaillenj  les  Fidèles:  &r  commet  ils 
s'accordent  &  concluent  les  procès  par  opinions  tendantes  à  cruauté. 

DD.  ii. 


Liure  VI*  fan  Hertund. 

E  an  Bertrand,  natif  du  bourg  de  Montoirc ,  au  pays  de  Vendofmois ,  garde 
?j  des  bois  de  la  fbreft  de  Marchenoir ,  qui  eft  au  conté  de  Dunois,  fut  conftituc 
I  prifonnicr  pour  la  parolle  de  Dieu ,  en  l'an  m.d.lvi.Ic  Mecrcdi  cinquième 
iour  du  mois  de  Feurier  .&:  fut  pris  par  les  Seigneurs  d'Eftenay  &:  deCiguon- 
gncs,demeurans  près  la  ville  dudit  Marchenoir,&:  amené  lie  es  priions  royales  à  Blois:où 
eftant  emprifonné,fut  interrogué  par  vn  Côfeiller  du  fiegcprefidial  dudit  Blois,  nommé 
Denys  Barbes-.lequel  en  ceft  affaire  fe  monftraprôpt&  diligent,afin  qu'il  fuftcftimé  bon 
zélateur  &c  fu p poft  de  l'cglifc  Romaine .  Et  de  premier  a  [faut  luy  demanda  en  termes  cô- 
fus  s'il  n'auoit  pas  vn  iour  tenu  propos  contre  Dieu  ,ccnrre  l'eg]iiè,r&:  les  faincts  &:  fain&es 
de  Paradis .  Bertrand  reipondit  que  non,&  qu'il  n'en  voudroit  aucu  nement  parler,  finon 
en  telle  reuerence  que  Dieu  commande.Interrogué  s'il  n'auoit  pas  dit  que  la  Mefte  eftoic 
vnechofe  trefabominable,par  laquelle  les  preftres  abufoyét  le  poure  peuple:  confefla  qu'- 
ainfi  eftoit.Sur  quoy  luy  fut  demadé  lacaulè:Pource(dit-il)qu'ayat,auec  la  grâce  deDieu, 
leu  &c  veu  diligemment  tant  le  vieil  quelenouueau  Teftamenr,  ie  n'y  ay  trouué  en  aucu- 
Lc  morde  ne  forte  ce  mot  de  MeiTe:  parquoy  ie  l'aven  horreur  &:  abomination:  entant  aufîîqucS. 
GJati  s    ^au'  efcriuantaux  Galates  nous  enleigne,  Que  fi  vn  Ange defeen doit  du  ciel  pour  nous 
annoncer  autre  Euangilc  que  ceftuy-la  qu'il  a  prefché,que  nous  ne  le  croyons  point.Ce  q 
Apoe^u*  femblablementS.Ieancôfermeen  la  fin  de  fon  Apocalypfe,où  il  dit,quc  les  playes  &:  ma- 
lédictions eferites  en  fon  liure,  tomberont  fur  celuy  qui  oferacntreprcdrcd'adiouftcr  ou 
diminuer  vnc  fyllabe  outre,oupar  deflus  ce  qui  y  eft  eferit.  Dauantage,il  aSioufta  qu'elle 
eftoit  fans  aucune  doute  inuentee  des  hommcs,veu  que  Iefus  Chrift , (es  Apoftrcs  &  Pro« 
phcrcsn'enfontaucunemétion:&quepar  iccllela mort&partion  denoftrcSeigncur'& 
Sauueur  Iefus  Chrift  eft  anéantie ,  entant  qu'ils  cofelTcnt  cux-mefmes  q  c'eft  vn  facrifice: 
Hcb.^t    Se  quefacrifîce  ne  fe  peut  faire  fans  efrufion  de  làng:  &  par  confequent  qu'en  ce  fàifant  ils 
crucifient  derechefnoftre  Seigneur  Iefus  Chrift,lequel  ayat  fatisfait  vncfois  pour  toutes, 
lcaav.30  adit  eftât  en  l'arbre  de  la  croix  en  mourant,  Tout  eft  confommé.  Et  pourtit  c'eft  vn  blaf- 
pheme  d'y  attacher  la  remiflion  des  péchez  pour  les  viuas  :  ôc  la  deliurace  des  ames  de  leur 
Purgatoire  pour  les  morts.  ^"Interrogué  s'il  ne  vouloir  pas  tenir  vn  Purgatoire:  a  dit  q  no, 
&  que  lefeul  fang  denoftrc  Seigneur  Iefus  Chrift  fatisfailbit  à  toutes  nos  dettes ,  corne  S. 
i.Icoû.1  1    Iea  en  parle  en  fa  Canonique.  Au  ffi  qu'il  n'y  auoit  que  deux  voyes:  l'vne  qui  mené  à  falua- 
tion,&:  l'autre  à  damnation  éternelle.  ^Interrogué  s'il  n'auoit  pas  djtquec'cftoitabusdc 
croire  qu'en  l'hoftie  que  monftre  le  Prcftre  en  la  Meife ,  Iefus  Chrift  fuft  compris  en  chair 
L'hoftiedu  &  en  os,commcil  eftoit  en  l'arbre  de  la  croix  :  voire  &  qu'il  n'y  eftoit  aucunem  et  en  force 
fcmforcf  ni  en  vertu >a  confeflë  eftre  ainfi:prouuât  fon  dire  par  vn  des  articles  de  noftre  foy,auqucl 
&  venu,     eft  dit  qu'il  eft  aflis  à  la  dextre  de  Dieu  fon  Pere:&  au  ffi  par  les  Euangeliftes,Si  on  vous  dit, 
Icy  eft  Chrift,ou  le  voicy,ou  le  voila:ne  le  croyez  point,  que  fi  on  dit,Il  eft  au  defert,n'y  al- 
lez pas:Il  eft  au  cabinet,ne  le  croyez  pas. car  comme  l'elclair  fort  d'Oriét,  &c  le  monftre  en 
Matt.14.z3  Occidcnt,ainfiferaraducnementduFilsderh5me.Dauantage,qu'ileftcfcritaux  Actes 
£cs  Apoftres,Que  Iefus  Chrift  delaiiîànt  le  monde  (quant  à  fon  humanité)  &:  montât  au 
ciel,fes  Apoftres&diiciples  le  regardans  mon  ter,  l'Ange  s'apparut  à  eux,&  lcurdit,Hom 
mes  Ifraelites,que  regardez-vous  Iefus  Chrift  monrer  au  ciel?ain(î  que  vous  l'auez  veu  aU 
ler.ainfi  viendra-il.Partant  c'eft  vn  grand  abus ,  de  vouloir  faire  accroire  au  poure  peuple 
qu'il  defeend  en  cefte  cfpcce  depain,&:  qu'il  y  eft  compris  en  quelque  forte  q  11c  ce  foit.In- 
terrogué  s'il  n'auoit  pas  dit  qu'on  s'abufoit ,  de  peler  &c  croire  q  la  vierge  Marie,  les  faincts 
&  làinctes  de  Paradis  ayét  aucune  puiflace  de  prier  ou  intercéder  pour  nous  enuers  Dieu: 
aufli  qu'il  ne  falloir  pas  aller  en  voyage:  Reipondit  qu'ouy  :  &:  qu'il  eftoit  eferit  en  l'Epiftre 
ican*1*    dcS.Iean  ,Quenousauons  vn  Aduocat  enuers  le  Pere,  qui  eft  Iefus  Chrift  le  iufte,aufti 
"    44   qu'en  l'EuangileS.Iean, Chrift  dit luy-mefmes,Que  nul  ne  peut  venir  à  fon  Pere  finô  par 
Aft.4.11    luy.  Et  aux  Actes  des  Apoftres,  S.Pierre  &  S. lean,  remonftrans  aux  Scribes  &c  Pharifiens, 
difenrjefus  Chrift,lequel  vous  auez  crucifié  &  mis  à  mort:c'eft  la  pierre  quia  efté  reicttee 
de  vous  edifians,laquelle  à  eft  é  mife  au  principal  lieu  du  coin  :  ôc  n'y  a  point  de  làlut  en  au- 
tre qu'en  luy.  Ioint  aulfi  qu'il  n'y  a  point  d'autre  nom  dôné  fous  le  ciel  entre  les  hommes, 
par  lequel  il  nous  faille  eftre  fauuez.Il  dilbit  au  refte  qu'il  n'eftimoit  rie  cognoiftre  (fuyuat 
i.Con  -    la  doctrine  de  S.Paul)  linon  Iefus  Chrift,&:  iceluy  crucifié. 

E  t  le  Samedyenfuyuant  fut  derechef  appelé  par  ledit  Barbes,auccvn  autre  confeillec 
dudit  fiegedefqls  luy  firét  faire  lecture  de  mot  à  mot  dcfdites  Interrogatoires  &i  Rcfpôfes, 

luy 


Jean  Bertrand,  4.33 

luy  demandans  s'il  vouloit  perfifter  en  iceiles.  A  quoy  refpondit qu'ouy,&:  quemoyennâc 
le  plaiiirdePieu  il  vouloit  mourir  en  cette  confelïi  on .  Inrerroguéoù  il  au  oit  fait  fes  Paf- 
ques  cette  année:  a  dit  qu'il  les  auoit  faites  en  loy-mefme  en  efpritparfoy .  Interrogué, 
Pourquoy  ilnelesauoit  célébrées  auec  les  autres, corne  vn  bon  Chreftien:  Pource  (dir-il) 
qu'elles  ne  fe  font  ainfiqlelusChrift  l'a  commandé  &faitauec  l'es  Apoftres,mais  quelles 
font  du  tout  changées:  6c  mcfmcs  ettat  faites  à  la  manière  vfitee&:  obferuee  entre  eux,  n« 
iont  que  pure  idolatrie,d'autant  qu'au  lieu  d'y  adorer  Iefus  Chrift  en  efprit  &  venté,  ou  y 
adore  vn  morceau  de  pain.  Et  voulant  pourfuyure  outre ,  ne  le  permirent  pas ,  ains  le  re- 
mirent à  deux  Dadeurs,l'vn  Iacopin  l'autre  Cordelicr ,  deuant  lefquels  il  fut  mené  le 
Védredy  quatorzième  iour  dudit  mois  de  Feurier  ,en  la  pi  efence  dudit  Barbes,  l'aduocat 
du  Roy,  6c  deux  autres  Confcillers  dudit  fiege  preiidial  :  où  eftans  lefdits  Cordelicr  &  Ia- 
copin, firent  beau  icmblant  de  luy  remonftrer  ("a  îeunciîe  :  mais  il  leur  reipondit  que  cela 
n'yfaifoit  rien  ,puis  que  l'honneur  en  dcuoit  eftre  rendu  au  iëul  Dieu. Ces  Moines  taichâs 
par  tous  moyens  de  luy  rompre  ion  propos,  luy  alleguoyent  leurs  faincts  Conciles,&  leurs 
vieilles  refucries  fcolaftiques  :  mais  Dieu  luy  fit  la  grâce  de  furmonter  leurs  cauillations  6c 
fineffes,  6c  leur  dit  qu'il  ne  s'airefteroit  qu'au  fainft  Concile  de  Iefus  Chrift  &:  de  fes  Apo- 
ftres .  Ils  l'interrogucrent  queLque  peu  iur  la  Cene ,  aifauoir  fi  fous  cette  cfpece  de  pain  ie- 
fus Chrift  n'eftoit  pas  comprisrà  quoy  reipondit  quenon.  Les  aduerfaires  luyrepliqueréc 
que  ii:&:  que  Iefus  Chrift  auoit  dit  à  fes  A  poftres  (après  qu'il  eut  rompu  le  pain,&leleur  £,{^£fut- 
eut  baillé)Prenez,mangez  :  c'eft-cy  mon  corps:  il  reipondit  que  Iefus  Chrift  ne  parloir  ny 
au  pain  ny  au  vin,lefquels  demeurent  en  leur  fubftance  de  pain  &:  vin:  mais  que  tout  ain- 
i'i  que  le  pain  6c  le  vin  font  nourriture  de  nos  corps,auiîî  q  le  corps&:  le  iàng  de  noftre  Sei- 
gneur Iefus  Chrift  nous  iont  dônez  pour  nourriture  de  nos  ames.  Et  nefaut  cercher  Iefus 
Chrift  ny  au  pain  ny  au  vin,  mais  là  haut  au  ciel:  alléguant  à  ce  propos  le  paiTage  de  S.  Au- 
guftin,Croy  ,&  tu  l'as  m  ange.  En  après  citant  interrogué,  où  il  auoit  appris  ce  qu'il  diibit: 
Reipondit  que  Dieu  le  luy  auoit  appris  par  ion  S.Efpnt ,  6c  qu'autre  ne  luy  auoit  monftré: 
toutefois  que  bien  cftoit  vray  qu'il  auoit  hanté  vn  certain  perionn âge  qui  eft  maintenant 
à  Geneue,auec  lequel  il  en  auoit  cômuniqué.Interrogué  pluiieurs  fois  par  ferment,pour 
lauoir  auec  quelles  gens  il  auoit  hanté  6c  communiqué  de  fa  doctrinc,depuislepartemét 
d'vn  nomme  D.L.a  refpondu  que  d'autant  qu'il  n'eftoit  pas  marie,  il  frequétoit  pluiieurs 
gens  (ans  aucune  acception  ou  eigaid ,  ne  leur  communiquant  rien  delà  parollede  Dieu: 
mais  qu'il  en  alloit  faire  lefture  en  là  foreft  deMarchenoir.  Dauantage,qu'il  ferepéroit&: 
demandoit  pardon  à  Dieu  de  ce  qu'il  n  auoit  fait  valoir  le  talent  qui  luy  auoit  cfté  donné. 
Interrogué  qu'il  auoit  fait  de  les  liures,dit  qu'il  n'auoit  qu'vnnouueauTeftament,  les 
Pieaunies  de  Dauid,le  Catechifmc  6c  les  Prières  qu'on  fait  en  l'eglife  de  Dieu  àGeneue,le 
tout  en  vn  volume:  6c  qu'à  fa  prinfc  il  les  ietta  iecrettement  pour  la  crainte  qu'il  auoit  des 
hommes, dont  ferepentoit.Enquis  qui  les  luy  auoit  védus,  refpoditcu.ieccfut  vn  libraire 
en  pleine  foire  de  S. Léonard. Interrogué  s'ilcognoiiToit  ledit  libraire,declara  que  no.  Or 
voyans  lefdits  qu'ils  ne  pouuoycnt  auoir  awre  choie  de  luy,  l'aduocat  du  Roy  luy  dit,s'il  fc 
\ouloitdeidirc  >  que  comme  Iefus  Chrift  pardône ,  il  luy  feroitauifi  pardonné:  6c  qu'il  en 
prieroit  les  Seigneurs  pour  luy .  Bertrand  reipondit  qu'il  eftoit  eferit ,  Qu'en  cecy  ne  faut 
craindre  les  hommes,  qui  n'ont  puiflance  que  fur  le  corps  :  mais  qu'il  faut  craindre  Dieu, 
qui  a  puiifance  fur  le  corps  6c  iur  lame ,  les  pouuant  du  tout  mettre  en  la  géhenne  du  feu .  Um  jq  lg< 
jQu'iceluy  au  iu*  a  promis  àceuxquilecoufefleront  deuant  les  hommes,  de  les  confeifer  M«t.ro.j», 
fcmblablement  deuant  Dieu  fon  Pere  :  adiouftant  qu'il  ne  s'attendoit  point  de  perdre  vn  &luS 
feul  cheueu  de  fa  tefte,d'autant  qu'ils  eftoyent  tous  contez. 

Les  deux  Caphars  qui  là  eftoyent  orefens ,  voyans  qu'il  eftojtainfi  refolu  ,enflambez 
de  defpit  départirent  du  lieu,&:  dirent  a  ceux  de  la  Iuftice,qu'il  le  falloir  brufler  corne  per- 
nicieux Luthérien. Aufqucls(côme ils  s'en  alioyét)ledit  Bertrand  refponditje  prie  Dieu, 
par  noftre  Seigneur  IefusChrift,qu'il  me  face  la  grâce  de  l'endurer.  Voila  en  etfed  les  prin 
cipales Interrogatoires &:refponles,lefquelles  lcfufdit  prifonniei  aeferitesde  là  propre 
main:à  la  fin  defquelles  il  mit  ce  qui  s'cnfuit:Ie  prie  tous  mes  freres,qu'ils  n'oubliétà  puer 
Dieu  d'vn  mefme  accord  que  moy,  afin  que  le  tout  l'oit  à  la  gloire  de  ion  Nom,  &:  édifica- 
tion de  nos  prochains.  La  paix  deDieu  foit  auec  nous  tous. nonobftant  que  foy'  abient 
de  vous  cor  poreilcment,ie  ne  lauTe  d'y  eft  re  fpirituellemen  t. 

Le  furplus  de  fon  procès  contenoit  ce  qui  ('enfuit: 

L  e  i7.iour  d'Auril  audit  an,  les  luges  &:  Confeallersfufdits  auec  autres  de  leur  fa&ion, 

DD.iii. 


Liure  VL  Jea&Hertrflnd. 

eftans  alïemblcz,  firent  venir  en  Ta  chambre  du  confeil  où  ils  eft  oy  dm,  Nicole  Pothce  do^. 
deur  en  Théologie,  Iean  de  Creux  de  l'ordre  des  frères  Prefcheurs ,  frère  Pierre  Ste- 
phay  licentié  en  Théologie,  Guillaume  Venant ,  de  l'ordre  de  faind  François .  En  la  pre- 
fence  defquels  fut  amené  ledit  Bertrand  priibnnier,  auquel  fur  les  prétendues  fautes 
&  erreurs  fuldits  par  luy  commis,  tant  iùr  le  Sacrement  de  l'autel ,  Confdfûon  auricu- 
laire,denegation  du  Purgatoirc,qu'autres  faufTes  Opinions  dont  il  efl  chargé  par  (on  pro- 
cès ,  luy  furent  faites  remonftrances  telles  que  s'enfuyuent ,  tendantes  à  conuertir 
ledit  Bertrand, &  le  ramener  à  la  foy  &C  religion  Chrcftienne.    ^En  premier  lieu 
luy  a  efté  remonftré  qu'il  eftoit  en  grand  erreur,  de  dire  qu'en  la  fàinde  hoirie,  la  côlècra- 
tion  faite  par  le  preftre,le  précieux  corps  de  Ieius  Chrift  n'eft  pas  contenu:  luy  faiiànt  cn- 
tendrepar  plulieurs  paflfages  à  lui  alléguez ,  que  le  contraire  deibn  dire  eftoit  vray  .  &c  en 
outre,qu'il  y  a  grande  différence  entre  le  pain  matériel  ôc  le  pain  iph  ituel  :  luy  mettant  en 
auât  plufieurs  raiions,  afin  de  lui  perlliader  qu'en  ladite  fainde  Euchanftie  eftoit  le  vray 
&:  précieux  cerps  delefus  Chrift. Bertrand  refpôdit  que  cefte  dodrinecftoit  fauife:&:  que 
rhoilie  n'eftoit  tèulemét  qu'vne  image  de  pain , faite  contre  toute  ordônancc  deDicu,qui 
Iiod.10,4  a  défendu  de  faire  image  pour  adorer.  Item,  que  véritablement  il  y  auoit  différence  entre 
le  pain  matériel  &  le  pain  fpirituel,qui  eft  le  corps  de  noftre  Seigneur  lcfus  Chrift,  lequel 
ilfautcercherlàhaut  au  ciel,où  il  eft  à  la  dextre  de  Dieu  ion  Perc,&:  non  ailleurs.    ^  Or 
quant  à  la  MefTe, laquelle  lelditsTheologiens  lui  vouloyent  perfuader  auoir  efté  inftituee 
de  Dieu ,  &  depuis  célébrée  par  fes  Apoftres  :  ledit  Bertrand  perfiftant  en  fa  première  de_ 
pofition,adit  qu  elle  eftoit  inftituee  des  hommes     qu'il  auoit  diligemment  leu  le  vieil 
&  nouueau  Teftament  en  François ,  efquels  il  n'auoit  peu  trouuer  ce  mot  de  Mefle ,  &cc. 
^Et  dauautage  qu'en  fes  fuiditesrefponics  il  a  dit  vouloir  perlifter,  voire  viurc&:  mourir: 
bref,qu'il  n'en  diroit  autre  chofe.Au  moyé  dequoy  futenuoyéefdites  priions,  &:  procédé 
à  prendre  les  opinions  dechacun  des  fuidits  Lieutenant  &c  Conieillers,à  la  manière  qui 
s enfuit.^Barbes  opinant  lepremier,comme rapporteur  duditprocés,dit&  côclud,quc 
Bertrand  doit  eftre  bruflé  vif,  attaché  à  vn  pofteau  au  marché  aux  porcs  en  ladite  ville  de 
Bloys:cequ  approuuercnt  lefdits  Confeillers,  exceptez  quelques  vns:defqucls  l'vn  futd'- 
aduis  de  le  faire  mener  à  Marchenoir,où  il  a  commis  le  delid:&là  au  lieu  public  attaché  à 
vn  pofteau,eftre  eftranglé,&:  puis  réduit  en  cèdres .  Vn  autre  opina  femblablement  qu'i^ 
deuoit  eftre  pendu  &:  eftranglé ,  &  puis  mis  en  cendres ,  &:  que  pour  ce  faire  deuoit  eftre 
Notez  .cy   mené  à  Marchenoir,où  il  a  com  mis  le  deli&,&  où  il  eft  domicilié .  ^Or  le  Huchier  cftanc 
mcntdSr  de  femblable  opinion  que  ledit  Barbes,  fit  cefte  reftridion  :  aflàuoir ,  que  fi  le  Bourreau 
conueriïon  void  q ledit prifônier  ferecognoifle &  fe  vueillc deldirejors  qu'il  lèraattaché  au  pofteau, 
cftfa"c«  *c  ^cra  cftrangler  fans  ièntir  le  feu:  (incsqu'il  fera  bruflé  tout  vif.  Et  vn  nômé  Biard  côclud 
beaux  aduis  femblablemét  q  le  Huchicr,aiTauoir  qu'il  feroit  mené  defdites  prifons  de  Bloys,  en  vn  tô- 
attribuéà    Dereau>au  marché  aux  poresde  ladite  ville,pourlà  eftreeftranglé  s'il  fe  veutdefdire:finô, 
faSu    fera  bruflé  vif.&qu'auant  ce  faire  il  fera  mis  en  la  torture  &quert  ion  extraordinaire:  alle- 
Eourreau.   guant  pour  raiibn  ce  morceau  de  Laùn^d  indicandosfocios  Al  çidiouiï&  auiïï  que  pour  plus 
gi  âd  ex  emple,il  deuoit  eftre  bruflé  en  peindure  audit  lieu  de  Marchenoir.  Dont  &:  de  la* 
quelle  ièntéce  &c  iugement  ainfi  contre  luy  donné,lcdit  Bertrand  appela  à  la  cour  de  Par- 
lement à  Paris,où  il  fut  mené:  &c  perlifta  en  la  côfeffion  de  fa  foy  corne  il  auoit  fait  à  Bloys. 
Toutefois  eftant  tôbé  au  iugement  de  certain  s  Coieillersentedeurs  de  laparollcde  Dieu, 
qui  eflayerent  tous  moyens  dcle  faircdefdire  :  mais  n'ayans  rien  profité ,  pourlauer  leurs 
mains  de  fa  condamnation^  s'exeufer  enuersles  fidèles  de  Paris,  ilslcchargerentd'cftre 
BertranJ    Anabaptifte,  afin  de  couurir  deuant  les  homes  l'iniquité  de  leur  iugemét:  lequel  pa/Té  en 
ji^Amba  are^3ertrad  fut  ramené  à  Bloys:&  l'exécution  faite  au  marché  aux  porceaux,  le  premier 
ptirtc.      de  Iuin  iç  56.  prêtent  Barbes  conièiller  exécuteur  de  ladite  fenten  ce  &areft.  ^Orquâdle 
Geôlier  l'appela  pour  venir  à  la  pronôciation  deibn  areft,il  eftoit  en  prières .  On  luy  ouic 
dire  ces  mots  en  prianr,  Seigneur  maintien-moy ,  &:  me  ibuftien  :  garde-moy  &:  m'alfifte 
iufqualafîn:Fay-movlagracedeibuffrirconftammentcequim'eftoftértauiourdJiuy. 
Et  fi  toft  q  Bertrand  fut  deuant  ledit  Conièiller  exécuteur ,  laduocat  du  Roy  &  plufieurs 
Cordeliers&:Iacopins,&:  autres  gens,ilfuta{Taillidediuers  propos:auiqucls  rcipôdoit  de 
grande  affedion,prouuant  fbn  dire  par  texte  de  la  faindeEfcriture. 

O  r  deuant  q u'eftre  liuré  au  bourreau,  les  Caphars  luy  pi cienterent  vne  croix  de  bois, 
difans  qu'il  la  baiiaft,&:  qu'il  le  côfeifall  à  l'vn  deux:  mais  il  rcipôdit  qu'ils  fedepartiiTent 
de  luy,&  qu'il  n'auoit  que  faire  à  eux.  que  ce  n'eftoit  là  cefte  croix  qu'il  luy  côucnoic  por- 
ter, 


JeanHertrand.  jfjjf 

ter,  mais  quelle  eftoit  bien  autre  que  la  leur  qui  eft  d'or,d  argent,  ou  de  bois.  Et  fur  ce  (ç 
jeconimanda  aux  prières  mefmes  des  prifonniers ,  defquels  plusieurs  dirent  > Dieu  te^, 
ce  la  grâce  d  endurer  patiemmentton  martyre.  ^  Eteftantibrty  delapriibn  ,mon;aen 
la  charette:  6c  alsiftant  grand  nôbredegens,  dirjçrcn  grâces  à  mon  Dieu,decçqueiené 
fuis  icy  pour  meurcre,  larrecin,ou  blaipheme,mais  pour  fouftenir  la  querelle  de  mon  Sau- 
ueur.Et  le  bourreau  l'ayant  entre  l'es  mains ,  luy  dit ,  Mefchant ,  pourquoy  n'as^tu  voulu 
baifer  la  croix  ?  Ce  dict,  luy  ferra  rudement  le  col  de  la  corde,  mais  Bertrand  palTa  celle  in- 
iure&:  violence,^,  luy  dit,  Mon  ami,Dieu  te  pardonne:  6c  Ce  pont  à  chanter  du  Pièaume , 
A  tov  mon  Dieu  mon  cœur  monte.  6c  du  Pièaume ,  Mon  Dieu  prefte-moy  l'oreille ,  les  pf«"  gj', 
verfets  conuenans  au  temps  &:  al  adeoù  il  eftoit,& continua  iuiquesau  lieu  dufupplice. 
Ilauoitlevifagebeau  aupolsible,  &lesyeuxefleuezauciel:il  fepreienta  de  grand  cœur 
furie  fieçe  qui  luy  eftoit  préparé  au  bout  d'vne  pièce  de  bois,&:  dit  ces  mots,  Lebeaulieu 
qui  m'elï  icy  préparé  îôl'heurcufc  iourneei  Et  quand  le  feu  fut  allumé  ,il  s'eferia  &;dit, 
Mon  Dieu,donne  la  main  à  ton  feruiteur.  ie  te  recommande  mon  ame:  &ainfi  rendit  ïc+ 
fprit  fans  fe  tourmenter  aucunement.  Ceux  qui  y  eftoyentprefens,  dirent  que  ce  fut  vne 
mort  autant  collante  qu'on  a  veu  de  longtemps  :  voire  telle  que  tous  en  eftoyent  efton- 
nez.  Vnc  dame  qui  ce  iour-laeftantàBloys,fefitmenercn  li&iere  pour  voir  cefte  exé- 
cution, dit  qu'elle  n'auoit  onques  veu  choie  qui  tant  feuft  confermee,  que  la  patiencede 
ceMarryr. 

^  Aufsi ,  entre  autres  chofes  qui  aduindrent  du rant  fes  liens,à  vn  certain  iour,  comme 
leconfeil  eftoit  (uribn  procez,&l'auoyent  fait  monter  pour  fin  cerroguenvn  gentil-hom 
me  Papiite  qui  eftoit  en  la falle,  après  que  le prilbnnier  fu  t  forti  de  deuant  les  luges ,  l'ap- 
pela 6c  luy  dit,  Mon  amy,  à  ce  que  ievoy  &:  enten ,  vous  elles  icy  pourvoftre  opiniaftrc- 
té:  il  faut  que  vous  ceisiez  de  maintenir  vos  erreurs,  q  vous  vous  repentiez,  &:  viuiezcô-  Refpon]-e 
melesautres.  Voulez-vous  eftrc  plusfàuantquetoutlemôde'li  vous  voulez,  Mefsieurs  deRcnwd 
vous  feront  milericorde.  Bertrand  ne  s'ellonnant  de  cela ,  reipondit ,  Monfieur ,  ie  vous  ^JJ^ 
mcrciene  ne  fuis  pas  icy  pour  maintenir  erreur  ,ie  n'ay  rie  dit  qui  ne  foie  véritable:^:  D;eu 
m'en  eft  fuffifant  tefmoin.  Ce  gentil-homme  luy  dit,  Si  vous  ne  parlez  au tremét,ils  vqus 
feront  mourir,  voulez-vous  cftre  caufe  de  vollre  mort  i  Bertrand  reipondit  derechef,S'ils 
penfent,&:  vous  aufsi,  Monfïeur,que  poureuiter  vne  telle  peine  que  celle  dont  mepar- 
lez,ie  fiife  chofe  contre  Dieu,  pour  demeurer  priué  de  fa gi  ace ,  ils  s'abuferoyent  grande- 
ment. ^  Depuis  qu'il  fut  ramené  delà  cour  du  Parlement  de  Paris,  le  iour  de  deuant  fon 
martyre,  vn  homme  de  bien  luy  eicriuit  vne  lettre,dont  la  teneur  s'enfuit  de  mot  à  mot: 

LePere  de  toute  miferi  corde  &:  de  confolation  vous  afsiftc  8c  conforte,par  les  mérites  d&fon  cher  enfant  Iefus 
Chrift  noftre  Seigneur,  Amen. 

HT  Relcher  frère  6c  amv,nousauons  grande  occafion  de  remercier  noftre  bon  Dieu,  en 
ce  qu'il  nous  démon ftre  de  iour  en  iour  l'arfedion  qu'il  porte  à  fon  Egliie,  l'ornât  d'v- 
ne inuincible  charité  :  laquelle  eft  de  telle  force  6c  vertu,que  ceux  ou  elle  habite,ne  peu- 
uent  cftre  iéparez  de  leur  chefek' capitaine  Iefus  Chrift  noftre  Seigneur:&:  combien  que 
Satan  maiftredcdiuifion,ne  tafche  qu  adiuiièr  les  membres  d'iceluy ,  toutesfois  l'eipric 
de  Dieu  bel'ongne  en  telle  façon,que  Satan  eft  veincu  par  la  patience  des  enfans  de  Dieu. 
Nous  auonsouy  voftrearriuee  de  Parts,auec  le  décret  des  luges  inhumains  :6c  aufsi  vo^ 
ftre  confiance  &:  dile&ion  enuers  noftre  Dieuck  fon  Fils  Iefus  Chrift.  Quandau  dé- 
cret 6c  fentence,  eftans  d'vn  mefme  corps  6c  Eglife  que  vous,  nous  ne  pouuons  que  n'en 
ayons  douleur  6c  angoifte  en  nos  cœurs:  mais  regardans  &coniiderans  la  confiance,  de 
laquelle  noftrefcon  Pere  vous  a  armé  6c  armera,fommes  grandement  côfolez.Et  c'eft  en 
quoy  il  vous  faut  reliouir,  voyant  qu'eftesefleu de  Dieu&:  appelé  pour  élire  tefmoin  de 
lafainde  vérité  ,  diiciplc&  efeolier  du  chef  de  fon  Egliie  &  congrégation.  Iefus  Chrift 
noftre  Seigneur  vous  appcle,dy-ie,à  ce  glorieux  combat  6c  batailie,pour  lenfuyure  com- 
me voftre  chef  6c  capiraine:cn  telle  forte  que  venez  Saran,lc  monde,la  chair  iurmon  tez 
&:  veincus,attedât  la  courone  incorruptible  &eternelle.Parquoy,rrei  e  &:amy,reiïouiflez 
vous,prenez  courage  à  ce  glorieux  combar.  Vous  fauez  pour  qui  vous  combatez ,  6c  qui 
eft  voftre  Capitaine.  Qu'il  vous ibuuienne  que  le dilciple ne  peut  élire  plus  grand  que  le  Mit.  10.14. 
maiilre  :  6c  que  fi  on  a  appelé  le  Seigneur  Iefus  Chrift,  Diable  8c  ledudeur,on  le  fera  plus  U  mc',l>- 
aifémentàièsdomeftiques&feruiteurs.  On  hait  le  Seigneur:  car  il  n'eft  pas  du  monde, 
ny  aufs  1  fes  fer  uiteurs:  car  ils  font  feparez  du  monde.  Pourtant  vovez  que  Satan  ne  vous 
*  contrifte:maispcrfeuerezconftamnient:carquipcrfeuereraiufquesàla  fin,  il  fera fau-  li 


DDjiii. 


Liurcj  VI*  ^Arnaud  Aïonmtë  ^ean  de  QaXes. 

ué.Ayez  ceftcaflcurance  que  voftrc  nom  cft  elcritau  liure  de  vie.  Gardez -vous  de  la  cau- 
telledcs  Caphars. Soyez  prudent  comme  le  ferpenc. Permettez  que  tout  voftrefang  f  orte 
goutte  à  goutte,pluftoft  que  voftre  chef  qui  eft  Iefus  Chrift,foit  orTenie.  *  Nous  iommes 
tous  en  ordre  pour  pner&  requérir  noftre  bon  Dieu  qu'il  vous  aflîfte ,  qu'il  vous  fortifie, 
rfil.ns.14  àc  garde  de  la  gueule  du  Lyô. Or  rrere,c'eft  demain  la  îournecdelaquelledeiicz  dire,  Voi- 
ci la  (ainiieiouroee,rciiouiflbns-nous  en  iccllc.  Le  Seigneur  Dieu  quien  vousacomme- 
cé,vueilleen  vous  paracheuer  par  Iefus  Chrift  noftre  Seigneur.  Les  fidèles  vous  faluent, 
&:  prient  pour  vous,  en  vous  recom mandant  à  lagrace  deceluy  duquel  vousiouirez  plei- 
nement en  la  gloire  éternelle,  Amen. 

"    '  A  RN  A  V  D    MON  I  E  R,&  I  E  A  N    DE    C  A  2  E  S%*fcom. 

L  A  promptitude  de  ces  deux  Martyrs,en  fc  prcfentànt  au  dan'ger  pour  la  doctrine  du  Seigneur,  nous  a  donne  à  co 
gnoi!ire,que  la  querelle  qui  cft  fouftenue  au  nom  de  Iefus  Chrift,  eft  du  tout  différente  de  celle  qu'on  entre- 
prend pour  les  chofes  de  ce  monde  en  laquelle  les  hommes  font  auffî  douteux  Se  incertains  qu'en  cefte-ci  on 
eft  aifeuré  de  la  vidoirc,dés  l'heure  que  le  Capitaine  met  quelcun  des  fiens  au  combat. 

M.D.LVI.  ffîfâfâfêX  ^N  A  v  D  Mo  nieb.  natif  delà  ville  de  Sain- milion  en  Bourdelois,aagécn~ 
uironde  x  x  v  .  ans  ,futconftitué  pnibnnier  en  la  ville  de  Bourdeaux,  lez*;, 
iour  d' Auril,  vers  les  iîx  heures  duibir,par  Antoine  de  Lefcurc  procureur  du 
Roy  :  lequel  le  fit  mener  en  la  conciergerie  du  Parlement  en  ladite  ville  de 
Bourdeaux:  l'ayant  interrogue  en  fa  m  ai  (on  en  la  prelén  ce  de  lès  feruiteurs, 
dclafoy  &  religion  qu'il  tenoit.  Et  combien  que  Monier  euft  remôftré  au  vif  les  iugemes 
cie  Dieu  auditdcLefcure,àccqu'ilnefouillaftlesmainsaufang  des  fidèles ,  autrement 
qu'vne  horrible  punition  de  Dieu  luy  eftoit  apprcftcc:ce  procurcur(combien  qu'il  fe  mô- 
ftraft  aucunement  efmeu  &  touché  par  tels  aducrtilîemens  &:  remonftraces)nelaiûatou 
tcfois  de  pourfuiure  ledit  emprifonnement:&:  du  iour  au  lendemain  aduertit  la  Cour. 
Examen  de     Or  le  Mercredy  enfuyuant,vingtneufieme  dudit  mois,  Monier  fut  appelé  en  la  chairu 
Monier.     bre criminelle  pardeuantlesComiflaires  deputez:&  par  eux  interrogué  fur  tous  lespoî&s 
de  fa  foy:mefmes  fur  la  Meffc,fur  le  Purgatoire,&:  vénération  des  Sain&s:  à  quoy  ayant  liif 
fifamment  rclpondu,  mais  pour  plus  ample  confirmation  de  lbn  dire,  le  trentième  dudit 
mois  rédigea  par  cfcrit,&:  ligna  de  là  main  les  articles  qui  s'cnluyuent:Bo  n  Di  e  v,plaife- 
toy  m'aider  par  ton  faincl  Elprir,  Ame.  La  raifon  pourquoy  ic  n'ay  point  fait  difficulté  de 
manger  chair  en  quelque  tem  ps  que  ce  fuft,eft  pource  que  fainct  Paul  dit ,  q  ceux  qui  de., 
i.Tim.4     fendent  de  lé  marier ,  &c  s'abftenir  des  viandes  que  Dieu  a  créées  pour  en  vlèt  auec  a&ion 
de  grâces  aux  fidèles  &c  à  ceux  qui  ont  cogneu  la  verité,s'amufent  aux  elprits  d'erreur.  La 
raifon  pourquoy  ic  n'ay  point  fait  la  Ccne  en  ce  pays,eft  pource  queie  n'y  cognoy  point  de 
gens  qui  l'adminiftrcnt  félon  l'inftitution  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift.  ^Larailbn. 
pourquoy  ie  ne  me  fuis  point  allé  côfefîer  à  vn  preftre,eft  peurce  que  iene  trouueen  tou- 
te l'Efcnture  iaincte,qu'il  mefoit  cômandé  de  Dicu.CLa  raifon  pourquoy  ie  ne  fuis  point 
alléouirMelîe,  eft  pource  que  ceux  qui  l'ont  faite,  cfifent,  quec'eft  vnlàcrifice  pour  re- 
concilier à  Dieu  les  viuans&  les  morts. Et  iefày  par  lafain&e  Efcriture ,  queleléul  facrifi- 
ce  de  noftre  Seigneur  Ielus  Chrift, offert  vne  feule  fois  par  luy-mefme,aefté  fuffifantpour 
ce  faire.  La  raifon  pourquoy  ie  ne  croy  point  d'autre  Purgatoire  que  le  langde  IefusChrift 
noftre  Seigneur,eil  pource  qu'iceluy  eft  1  iirfiiat  pour  me  purger,laucr  &:  nettoyer  de  tous 
mes  péchez,  comme l'Eicriture  fain&e  m'en  fait  certain  en  diuers  lieux  .  La  raifon  pour- 
quoy iene  prie  point  les  làinîts  qui  font  morts  au  Seigneur,eft  pource  qu'il  ne  m'eft  poinc 
commandé  de  Dieu .  Et  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  enlèignant  commeil  faut  prier,  dit, 
tuciu     Quanci  vous  prierez,dites,Noftre  Percqui  es  es  cieux,&c.  La  religion  que  ic  tien ,  en  la- 
quelle ie  veux  viure  &:  mourir  (  Dieu  aidant  )  eft  amplement  contenue  és  liures  de  l'Eicri- 
ture iàin&Cjtat  vieil  quénouueau  Teftamét:  ckfommairemcntcÔprifcen  qnatrepoinds 
principaux, affauoir  En  la  prière  qui  commccc,  Noftre  Perey  &c.  Auxcommandemensde 
Dieu,qui  le  commcncenuEfcoMte  ifraelje fuu,&rc.  Aux  articles  de  la  foy,qui  (ècômencent, 
lecroy  en  L>/e«,^r.Et  aux  faincis  Sacrcmes  que  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  a  inftituez  en 
fon  Eglilc.5/o/2f,  Monier. 

^  Le  ni  t  iour,  trentième  d' Auril,  arnua  audit  Bourdeauxjean  de  Cazes,  delà  ville 
deLibourne  , grand  ami  &:  compagnon  dudit  Monier, ayant  entendu  que  Monier  e* 
ftoitemprilonnéfort  eftroitementpourla  querelle  de  noftre  Seigneur  Ielus  Chrift.  Ef- 
meu 


Jean  de  Qa^et.  4 

tncu  d'vnzeleChreftien  délibéra  decrouuer  moyen  pour  parler  audit  Monier,  afin  de 
le  confoler& fortifier  aux  promeuves  de  Dieu.  L'entrée  de  la  conciergerie  luy  fut  refu. 
lèe  pat  trois  ou  quatre  foisiauecaduertifrementqu'ilfereciraftjpour  ce  quela  Courauoit 
rxprcire'ment  commande  au  Concierge  de  confticuer  prifonniers  tous  ceux  qui  iroyenc 
viiiter  ledit  Monier,  &;  communiquer  auec  luy.  Nonobftant  lefquelles  defcniès,  ledit  de 
Gazes  ayant  pnns  congé  de  tous  les  frères  eftans  en  ladite  villede  Bourdeaux*  pour  s'en 
retourner  à  Libourne,pour  fes  affaires  :  le  premier  îour  de  May ,  voulut  feulement  dire  à 
Dieu  à  Ton  amy  Monier  :  on  luy  rcfulà  l'entrée  corne  deifus.  Au  moyen  dequoy  fe  retira 
de deuant le  Palais,pour  s'en  partir  :  foudain  fut  enuoyé  quérir  par  vn  nommé  François, 
cômis  du  Concierge,afin  devenir  parler  à  luy. Cazes  fit  refponic  qu'attëdu  le  refus  qu'on 
luvauoitfaitde  l'encrée,  il  n'iroit  point:  mais  fi  ledit  François  vouloir  parler  à  luy ,  il  le 
trouueroit  là.  Quoy  fichant  ledit  François,  efmeu  de  trahifon  l'alla  trouuen&lemena 
fans  aucune  rcfiltence  en  la  conciergerie,  ccmmccnmenc  labrebisen  vne  cftablc:oii 
eftantretenu,incontinenton  aduertit  monfieurd'Alefmelaifné,  commnTairedu  procès 
de  Monier  :  lequel  s  eftant  tranfporte  en  ladite  conciergerie,  &  parlanr  audit  de  Cazes, 
(qu'il  cognoiiToit  de  long  temps,d'autant  qu'il  auoit  efté  rapporteur  de  quelque  procès  q 
ledit  lean  de  Cazes  auoit  eu  en  matière  cmile  en  ladite  Cour)dit  en  s'efmerueillâc,  Icco- 
gnoy  bien  Cazes,&  ne penièpasqu'ilfoitdelafè£tederaucre:(parlanc  de  Monier  )&:qu'il 
nefe  foitconfefTé,&:  fait  les  Palques.  Iean  de  Cazes  eftant  fur  cesparolles  mis  hors  de  la 
conciergerie  par  ledit  Alefme,  6c  com  me  dcliuré  du  tout  :  ne  pouuant  porter  ces  mots, 
&c  par  fon  filence  blefler  ledit  Monier  en  vne  querelle  fi  iufte.  rcfpondit  fimplemet,Mon* 
fieur,  ie  fay  cercainemenr,que Monier  eft  homme  de  bien.  Et  quant  àmoy,ieconfefTe  or- 
dinairement mes  fautes  à  Dieu, &c  non  à  autre.  &:ay  fait  mes  Pafquesfpirituellement,&: 
non  en  idolâtrie,  comme  on  a  accouftumé  en  celte  Papauté  :  voire&  ne  la  voudroye  fai- 
re pour  dix  mille  morts.Quoy  oyantjedit  Alefme  fruftré  de  Ion  intenticn,fit  reftraindre 
Jedit  de  Cazes  :&:  fut  mis  en  vne  baflefoiîe,iàns  voir  ledit  Monier,  iufques  au  lendemain 
fécond  iourdeMay  ,  qu'il  fut  incerrogué  defàfoy,  comme  s'enfuit.  ^Ie  a  n  de  Latcneut 
Cazes  natif& habitant  de  Libourne,aagc  de  vingt  &ièpt  ans  ou  enuiron,Interrcgué  J^^g 
combien  de  temps  il  a  efté  en  celte  viile:Dit  qu'il  arriua  auant  hier  deLibourne>&:  que  de  C«« 
ceiourdhuy  eftant  aile  à  la  conciergerie  pour  porter  des  lettres  qu'vnfien  coufin  en- 
uovoitau  concierge,  pour  auoir  quelque  argent  deluy,demanda  de  partir  à  Arnaud 
Monier,qu'on luy  auoit  diteftre  prùonmer  :  «Sdle  cômis  du  Concierge  nôméFrançois,le 
conftit  ua  prifonnier:&  le  mit  en  la  balte  fofle ,  où  il  a  demeuré  iufques  à  prefent.  ^  In- 
terrogué  s'il  cognoift  Monier,  &c  s'il  fàic  qiùl  a  efté  à  Geneue:  dit  qu'il  ne  fait  certainemét 
s'il  a  efté  à  Geneue  ,  finon  qu'il  luy  auoit  ouy  direy  auoir  efté  en  venant  des  Alemaignes. 
Et  a  fréquenté  ledit  Monier  puis  qu  inze  ans  en  ça ,  &  de  leur  tem  ps  ils  ont  efté  à  1  efcole 
enfemble:  mais neluy  aouv renir aucuns  propos  reprouucz.  ^  Interrogué  fur  fafoy, 
&:  fur  ce  qu'il  croit  du  fainctSicremenc  de  l'autel:  il  aditqu'ilya  quatre  ans  qu'il  ne  s'efl: 
confciîé,  &:  n'a  fait  Pafques  :  par  ce  qu'en  ce  pays  n'y  a  point  de  miniftre  pour  adminiftref 
JafaincteCene,  eftabliede  Chrift:&:  qu'il  faut  que  le  miniftre  ou  Euefque  ne  foit  point 
paillard  ny  blafphemaieur.  Et  depuis  ledit  temps  de  quatre  ans ,  il  a  toufiouts  receu  ibn 
Créateur  en  repentance  de  fes  pechez,en  foy  &c  efprit>&:  non  autremet.  Et  s'il  areceu  au- 
parauan  t  ledit  tem  ps,ainil  qu'on  a  accouftu  mé  faire  à  Pai'ques,il  a  efté  abufé.  Interrô., 
gué  s'il  croit  que  le  précieux  corps  de  noftre  Seigneur  (bit  au  iaintl:  Sacrement  de  l'autel, 
après  la  prolâtiondes#parolles  Sacramentales:Rcfpond  que  non.  Et  s'ily  eftoit  réelle- 
ment ,  le  Symbole  feroit  faux:  auquel  eft  contenu  que  noftre  Se  gneur  eft  môté  és  cieux* 
&  fiedà  ladtxtredeDieufon  Pere,&  que  de  là  viendra  iuger  les  vifs  &c  les  morts.  A-* 
près  luy  auoir  faictplufienrsremonftrances,&:  que  (on  dire  eftoic  contre  la  détermina- 
tion de  noftre  mere  fain&e  eglife ,  nous  a  relpôdu  qpar  rEicriturcIàincte  n'appert  point 
que  le  corps  de  noftre  Seigneur  foit  réellement  au  Sacrement  de  l'autel.  Bien  dit  qu'il  eft 
Spirituellement  en  la  Cene,&  que  ledit  facrem et  n'eft  qu'vn  figne&gage  que  noftre Sei* 
gneurnousalaiiféiulques  àlaRefurredion.  Et  nous  a  die  outre,  que  noftre  Seigneur  ne 
le  biffe  point  tomber  entre  les  mains  d'vn  preftre  pccheur,paillard,yurongne&:blafphe- 
mateur.  Incerrogué  s'il  vaouirMefTe,&:  s'il  fréquente  l'cglife:  Refpond  qu' il  y  â  qua- 
tre ans  qu'il  n'a  ouy  Mcffe  grande  ne  petite:  n'a  ouy  Vefpres  neCompîies,  nyjautrement 
frequenrééseglifes,finon  quand  ilyafermon.  Interrogué  s'il  a  ouy  aucuns  fermons  en 
cefte  ville  :    Refpond  qu'il  a  ouy  enuiron  fept  ou  huit  iermons  d'vn  Auguftin ,  au  Qua- 


refme  dernier,  lequel  Auguftin  difoit  &  prefehoit  bien  fuyuanc  l'Euangile.  ^  Interro- 
gué s'il  prie;  la  vierge  Marie>&  autres  Sainds  &c  Samdes  de  Paradis:  Refpond  qu'il  ne  faut 
point  prier  les  Sainds  :  &:  que  Iefus  Chrift  nous  a  enfeignez  de  prier,  en  diIant,Noitre  Pc- 

Luc  tu.  requies  éscieux,&c.  ^Dauantageil  adit&  maintenu  qu'il  n'a  point  trouué  qu'il  fail- 
lcptierla  vierge  Marie.Bien  dit  qu'elle  a  efté  faluee  par  l'Ange,comme  il  cil  eterit  au  pre- 
mier de  faind  Luc.  Mais  qu'en  Tes  orailbns  il  n'a  point  accouftumé  de  dire  A  uc  Ma- 
ria, pourcequelefus  Chnftnelapoiiuadioufté  en  l'oraifon  qu'il  a  enlèigné  pour  prier 
Dieu  Ion  Pcre.  Il  a  aulsi  fouftenu  en  les  refponfes ,  que  noftre  Seigneur  Icfus  Chnft  eft 
noftre  intercelfeur  :&:aufsi  qu'il  nefàut  prier  qu'vnicul  Dieuau  Nom  de  fon  Filsleius 
Chrift.Aulsi  dit  qu'il  ne  dit  heures  ny  autres  prières,  que  les  commandemens  de  Dieu, 
l'oraifon  Dominicale,  le  Symbole,  auec  certaines  prières  qu'il  a  particulieres,iàuoireft, 

Purgatoire,  qu'il  demande  à  Dieu  pardon  de  fes  orTenfes.  Interrogué' qu'il  croit  du  Purgatoire:  Re- 
fpond, qu'il  n'y  a  autre  Purgatoire  que  le  fan  g  précieux  de  noftre  Seigneur ,  lequel  a  efté 
rei'pandu  pour  nous,  pour  le  lauement  &:  (auuement  de  nos  âmes  &  conicienccs.  Et  fi  on 
difoit  qu'il  y  euft  autre  Purgatoire,lefang  précieux  de  noftre  Seigneur  fcroit  refpandu  en 
vain.  En  outre,  nom  :i  didquequad  vn  homme  s'en  va  mourir,  il  va  en  paradis  ou  en  en- 
fer,iufques  au  iour  du  iugement,  que  noftre  Seigneur  ieparera  les  bons  d'entre  les  mau- 
vais. Quant  aux  iufnes,a  dit  que  le  vray  iuihe  eft  de  s'abftcnir  de  mal  faire,  &c  obferuer  les 
çômandemens  de  Dieu  le  mieux  q  Ion  peut.Et  ne  croit  point'qu'il  y  aie  autre  iuihe,  à  tout 
le  moins  qu'il  ait  trouué  en  l'Euangile.  Interrogué  s'il  prend  de  l'eau  bénite  quand  il  en- 
tre aux  eglifes  :  Dit  que  non,  par  ce  qu'il  ne  va  es  eglilés  linon  quad  il  y  a  predicatiomauC 
ïi  que  toutes  eaux  font  bénites.  Interrogué  s'il  a  fait  prier  pour  les  ames  defes  pere&: 
merc,&:  amis  trcfpalfez  :  dit  que  no:  &  depuis  qu'il  a  la  cognoilîance  de  Dieu  (  il  y  peut  a- 
uoir  quatre  ans  ou  enuiron  )  il  ne  s  eft  trouué'  en  aucunes  funérailles  ne  feiuicc  pour  les 
trefpalïez.  Et  a  dit  outre,  que  tout  ainli  qu'on  baille  le  médecin  au  malade  pendant  qu'il 
eft  en  uie,  de  mefme  forte  faut  prier  Dieu  les  vns  pour  les  autres,  quand  nous  fommes  en 
vie.  Mais  quant  aux  furrrages  qui  fe font  après  qu'on  eft  deccdé,il  netrouue  point  par  l'Ef 
criture  que  cela  Ibit  d'aucun  efFcd:  Interrogué  qui  l'a  feduit&apprins  telles  dodrincs: 
dit  que  c'eft  le  faind  Efprit.  Interrogué  quels  liures  il  a:  dit  qu'il  n'a  àprefent  aucun  li- 
ure.  Vray  eft  que  cy  deuant  il  a  leu  vne  Bible,  laquelle  eftoit  imprimée  à  Lyon,  qu'il  ache- 
ta d'vn  palTant  en  cefte  ville*  qu'il  n'a  feu  nommer,  &:luy  couftadeux  efeus  :  laquelle  il 
bailla  à  vn  perfonnage  de  Saindonge ,  qu'il  n'a  feu  nom mcr,dont  peut  auoir  vnanou  en- 
uiron. Aufsi  a  dit  qu'il  a  leu  les  Plèaumes  de  Dauid,tranflatez  par  Marot:&  n'a  leu  autres 
liures.  A  efté  exhorté  dédire  s'il  a  côferé  les  fuldides  proportions  auec  Iedid  Monier. 
dit  que  quelque  fois  il  a  conféré  d'aucuns  poinds  lufdids  auec  Monier ,  Se  tous  deux  s'en 
accordoyent  fuyuant  l'Efcriture  fainde.  Interrogué  s'il  fait  aucuns  perlbnnagcs  en  ce- 
lle ville  de  Bourdeaux,Libourne,ou  ailleurs, qui  adherct  aux  fufdides  opinions  auecluy: 
dit  qu'il  n'en  fait  point.  Interrogué  ce  qu'il  croit  du  facrement  de  Mariage:  refpond,  que 
le  Mariage  eft  vne  choie  làinde&:  honnorable:&:  que  noftre  Seigneur  a  ordonné  le  Ma- 
riage, afin  que  les  Chreftiens  viuent  en  chafteté ,  làns  paillardilè.  Et  n'a  trouué  que  Ma- 
riage fuit  lacremcnt.Etaligné,!.  de  c  a  z  s  s. 

Et  le  lendemain  ledit  de  Cazes  eftant  enuoyé  quérir  en  la  cha  bre  de  la  Tournelie ,  luy 

LcProccs.  jeu  CCque  jc(|\is  Ktcôbien  qu'il  luy  ait  efté  fait  plulieursexhortatiôs  de  fereduire,^: 
croire  côme  vn  bon  Chi  cftien  &  catholiquc:à  dit  que  ce  q  delms  conçut  venté,  &:  y  veut 
perlifter  :  &z  ne  croira  autre  chofe.  A  efté  arrellé  que  ce  îourdh  uy  de  relcucc  feront  depu 
tcz  quatre  docteurs  de  la  faculté  de  Théologie ,  pour  prelchcr  &c  remonftrcr  tant  audid 
Monier  qua  Iea  Cazes, aux  rins(s'il  eft  pofsiblc  )de  les  réduire  à  la  vraye  dodrinc,&:  mon- 
îlreràl'œil  leurs  erreurs.  Et  ce  en  prelence  de  trois  Conlëilliers  delà  Cour  du  procu- 
reur gênerai  d  u  Roy.  Ce  qui  a  efté  fait.  Et  ledid  iour  de  releuee  lont  venus  en  la  chambre 
criminclle,MaiftresIcan  Alclmcjcan  de  Guillochejofeph  d'Eymar ,  Conleillier  du  Roy 
en  la  Cour,  &:  maiftre  Antoine  de  Lefcure&:  laFernere,procureur  &:  aduoeat  généraux: 
auecques  leioucls  ont  efté  appelez  maiftre  Ican  Cabot  dodeur  en  Théologie,  frère  An- 
toine Mellcty  religieux  &c  gardien  de  la  grande  obferuance  de  cefte  dide  ville ,  frerc  Ican 
d'Engarrandc  dodeur  ésdroids,  religieux  du  conuentdes  lacopins  ,&:  frère  Guillaume 
Tclsicres  lcdcur&:  religieux  au  petit  couent  del'oblèruanccdc  cefte  ville  dcBourdcaux. 
En  prelence  dclqucls  lefdt&s  Arnaud  Monicr&Tean  de  Cazes  ont  efté  ouysl'vn  après 
1  auxre.Et  premièrement  ont  efté  leu  s  audid  Monier  les  articles  fvn  après  l'autre,  qu'il  a- 
uoitprciëntezàlaCour,&:  lignez  de  là  main.  Etfur  iceuxleldids  Caboc  6c  autres  fuldits 

dodeurs 


^Arnaud  Monteras?  fan  de  Ça\ts.  4. $6 

docteurs  leur  ont  dit  plufieurs  raifons,  &:  vérifié  en  plu  (leurs  endroits  de  la  faincte  Efcrit  u 
re  commet  leidits  articles  eftoyenterronez,&:  qu'il  Ce  falloir  réduire  à  Dieu,&;  à  fa  iainttc 
cglifecatholK]ue.  Auiii  luy  ont  efte'  dônez  à entédre  plulieurs  raiibns  des  làinits  do&eurs  Tout  cecy 
de  l'Eglile&:  des  Concilcs,rcprouuans les  articles  ductit  Monier. Lequel  Momer  a  relpon-  jj^u^i 
du  en  lbmme,que  ce  qu'il  auoit  dit  contient  vérité,  ôc  c'eftfon  làlut  :  &:  ne  trou  ue  par  l'E-  cour  de 
uagile  qu'il  faille  croire  autre  choie. Et  de  luy  n'en  croira  autrcmét,ii  n'eft  qu'il  apparoiffe  Bourdcaui, 
du  contraire  ou  par  l'Euangile,ou  hic  par  les  fàincis  Conciles:  lclquels  il  luy  a  requis  eilre 
çommuniquez,pour  fauoir  s'il  cft  vray  ou  non .  Et  par  leidits  Cabot  &:  religieux  a  efté  re- 
mon ftré, qu'il  falloir  qu'il  creuft  aux  commâdemens  &:  traditions  de  l'cglile,com  me  eux, 
&c  vn  chacun  bon  Chreftien  &:  catholique  croyét  &:  faut  tenir. Lequel  a  dit  qu'il  veut  auf- 
fi  croire  tout  ce  que  Dieu  commande  par  (on  Euangile,  &c  ne  croira  dauantage  s'il  ne  luy 
eft  monftré  du  contraire.  Et  fur  ce  eue  délibération ,  &:  après  auoir  par  lefdits  docteurs  Ô£ 
religieux  entendu  ce  que  deifus:ont  dit  quelefdits  articles  lignez  dudict  Munier  font  hé- 
rétiques,^ ledit  Monier  aufîï  hérétique  en  deux  poincls:iàuoir  eft  au  laercmét  del'autel; 
&C  en  la  côfellion.  ^  Et  le  Snmedy  matin  fecôd de  May,audi&  an  m  . n .  i.  v  i .leidits  Monier 
te  de  Cazes  ont  efté  derechef  enuoyez  quérir  en  la  Chambre .  Et  après  auoir  elle  admon- 
neftez  de  le  reduire,&:  laiffer  tels  erreurs  qu'ils  tenoyenr,&  croire  ce  que  noftrc  mere  fain- 
éte  eglife  nous  commande,ont  dit  l'vn  en  fabfence  de  l'autre:fauoir  clt  ledit  Monier,  qu'il 
ne  luy  appert  du  contraire  de  ce  qu'il  a  mis  par  efcnt,&:  f  gné  de  là  main:&:  veut  pertifter, 
mourir  &c  viure  en  cela. Ledit  Cazes  aufii  après  auoir  ouy  lecture  de  la  côfeiîion,a  dit  qu'il 
ne  dira  ne  croira  autre  chofe,&:  veut  viure  &  mourir  pour  maitenir  ce  qu'il  a  ci  deifus  dit. 
Et  le  Lundy  quatrième  de  Mav  audit  an,  leidits  Monier  &:  de  Cazes  ont  derechef  efté  ap„ 
pelez  &:  exhortez  commedeius.lefquels  ont  perfifté  comme  deuant .  Et  interroguez  qui 
(ont  leurs  complices,&:  en  quelles  maifons  &:  lieux,  &c  auec  quels  perfonnages  ils  ont  con- 
féreront dit  qu'ils  nele  dirontrcar  peut  eltre,s'ils  chargeoyent  quelques  vns,ils  ne  fauroyét 
refpondre,&:  pourroycntibuffrir  vnmefme  mal  qu'eux:  A  efté  ordonné  que  ladite  proce 
dureiera  communiquée  aux  gens  du  Roy,pour  prendre  leurs  concluions. 

Ta  n  t  o  s  t  après  Lefcure  procureur  général  du  Roy ,  &c  laFerriere  aduoeat  dudit  Côduiîons 
Sieur,ont  coclud  à  ce  quelefdicts  Monier &L  Cazes foyent condamnez  à  eftre traînez  fur  ^of™  w 
vneclayepat  les  caretours  accouftumezde  cefte  ville,&:  au  deuant  de l'eglife  S.André:  il- 
lec  faire  amende  honnorable,&:demâder  pardon  à  Dieu,auRoy,&:à  Iuftice:&:  de  là  eftre 
amenez  deuant  le  Palais  ,&  bruflez  vifs.  &  auant  l'exécution,  qu'ils  fuifent  mis  en  gehéne 
fur  leurs  complices .  Apres  auoir  veu  les  concluions  des  gens  du  Roy,la  Cour  en  ladi&e 
chambre  de  laTournelle ,  y  eftant  pour  lors  le  pi  efident  Fauguerolles ,  deliberaiur  le  iu- 
gement  deidits  Monier  &  Cazes.  Et  audict  iugemét  aftifterent  les  feigneurs  Iean  Alefme 
rapporteur  dudit  procésjean  de  C  ret,lc  a  de  Guilloche,Nicolas  de  Blois,  Odet  de  Mat- 
thieu,Richard  de  Leftonnajoieph  Eymar,Ican  du  Du c,Efticnne  de  Beaumont,&  ledid 
prefident  de  Fauguerolles.  Et  après  auoir  opinéiè  trouua  q  le  procès  fut  parti  en  opiniôs, 
cftans  aucuns  des  fufdicts  d'aduis  que  lefdits  Monier  &  de  Cazes  eftoyét  vrays  hérétiques 
pertinaces:&:  que  partant  deuoyent  eftre  côdamnezà  peine  de  mort,&:  eftre  mis  en  que- 
ftiofi  &  torturepour  fauoir  leurs  complices.  Aucuns  des  fufhommez  eftoyent  d'aduis  de 
faire  mettre  lefdits  Monier  &  Cazes  en  l'vn  des  conuents  de  cefte  villc,pour  deux  ou  troi9 
mois,auant  que conftituer  aucune  peineà  l'encontre  d'eux .  Attendu  qu'ils  confeffoyent 
effe£fcuellemct  tous  les  articles  delà  foy  ,lecôtenu  és  Prophètes,  Euangeliftes  &:  Apoftres: 
ioint  auffî  que  les  articles  qu'ils  fouftenoycnt,eftoyent  en  difputc,&  n'auoyét  efté  arreftez 
au  dernier  Concile.  Et  que  tantes  iettresfain&es  que  profanes*  il  n'eftoit  trouué  qu'au-  d^"î°nC5. 
cun  ait  efté  mis  au  fupplice  pour  auoir  contredit  à  la  parolle  de  Dieume  mefme  du  temps  faiicrs  mo- 
de la  primitiue  Eglife,fors  depuis  quarâte  ans  ença.qui  eftoit  chofe  fort  mal  feâte  à  Chré-  «teiteui* 
ftiens.  Et  que  cependant  on  deuoit  faire  communication  audits  Monier  &:  Cazes ,  des  le- 
ttres des  anciens  DocteursA:  les  exhorter  plus  amplement.    Or  nonobftant  routes  rai- 
fons  alléguées,  le  procès  fut  départi  en  la  grand'Chambre,  où  ne  fe  trouua  aucun  qui  ou- 
urift  la  bouche  pour  fouftenir  la  querelle  de  Iefus  Chrift:ains  tous  d'vne  voix(quelque  di 
éerfitc  d'opinions  qu'il  y  euft  aûparauant)  condamnèrent  ces  deux  fidèles  à  mort ,  corne 
s'enfuit.EN  tre  leprocureur  gênerai  du  Roy,demâdeur  en  cnmed'hereiîe,d'vncpart, 
Arnaud  Monier  &:  Iean  de  Cazes  prifonniers  détenus  en  la  conciergerie  de  la  Cour ,  dé- 
fendeurs d'autre:  Veu  la  confeffion  defdits  Monier  &:  Cazes ,  réitérée  à  d  iuerfes  fois ,  ref-  Sentenç* 
ponfes  efcrites  &c  lignées  par  ledit  Monier,  exhortations  &remonftrances  aux  fuidits,tât 


Liure  VI-  Jean  'Bertrand. 

en  la  Cour  que  par  les  commiiîaires&:  docteurs  en  Théologie  à  ce  commis  &:  dépurez, 
concluions  dudit  procureur  gênerai  duRoy,&:oùys  en  laqueftion  &torturcleidits  Mo- 
nieràJ  de  Cazcsàl  fera  dit,(^e  la  Cour  a  déclare  lclditsMonier&  de  Cnzcscltreattaints 
6c.  conuaincus  du  crime  d'hercfie.  Et  pour  auoir  mal  ièn  ti  des  lain&s  Sacremcns,  6c  auoir 
dcfuoyc  en  plulieurs  endroits  de  la  détermination  de  noftrc mere  llilnctceglrtc:  a  condam 
ne  6c  condamne  leldits  Momer  6c  Cazes  à  eftrc  tramez  fur  vne  claye  par  l'exécuteur  delà 
haute  iuftice,par  les  rues  6c  cantons  accouftumez  de  celte  ville  de  Bourdcauy, douant  l'c- 
.  glifedelàinct  André:  &:illecdemâder  pardon  à  Dieu, au  Roy,&  alaluftice.Etapresfcrôc 
brûliez  deuant  le  Palais  delà  prefente  ville.  Et  enioint  ladite  Cour  audit  procureur genc- 
ral  du  Rov  faire  pou  rfuite  contre  les  dénommez  en  la  procédure  faite  contre  Lefdits  Mo» 
nier  6c  de  Cazes.  Et  or  donc  que  frère  Alain  de  Chadeuille,  religieux  de  l'ordre  fainct  Au- 
..guftin,  6c  François  Meilayer  marchand  dç  celle  ville  de  Bourdeaux,  feront  pris  au  corps 
en  quelque  part  qu'ils  pourront  cihe  appréhendez:  menez  &  conduits  es  priions  de  la 
conciergerie  de  ladite  Cour,  pour  illec  eftrc  &r  fournir  à  droid.  Etpour  obuier  à  ce  que  les 
erreurs  de  s  hérétiques  r.c  pullulent, ladite  Cour  fait  inhibition  &:dcfenfeà  toutes  maniè- 
res de  gen  s,  à  peine  d 'eftrc  déclarez  hérétiques,  de  non  faire  aftém  blces  6C  con  uenticules: 
6c  ne  dogmati(èr&  tenir  aucunes  propohtiôs  mal  lonâtcsdelalaindefoy.  Et  permet  au- 
dit procureur  gênerai  du  Roy,dc  procéder  par  ceniures  ecclefiaftiqucs  contre  tous  ceux 
6c  celles  qui  (auront  aucuns  peribnnages  tenfr  propofitions  hérétiques  :  pour ,  les  rcuela- 
tions&ilcsinquilitious  veués,cftre  procédé  contre  les  delinquans  comme  ilappartiédra. 

C  Voila  comme  ces  deux  Martyrs  de  noftrc  Seigneur  Icfus  Chritt  furenrtrondamnez, 
après diuerfes  fortes  de  tourments  par  eux  endurez  depuis  leiour  de  leur  emprifonne- 
mentrdemeurans  toujours  fermes  &:conftans  enleur  confefsion  de  foy  :  combien  que 
lesperfecurcurs  d'vn  tofté,&:  les  Moines  6c  Docteurs  de  l'autre,  tafchaflént  dclesdiuer- 
tir  par  leurs  fmclTes&:  diiputcs,qui  furet  réitérées  plus  de  cinq  ou  iïx  fois  audit  Monter  ,&: 
deux  fois  à  Cazes.  Le  Vendredy  entuyuant ,  qui  eftoit  lefcpticme  iour  du  mois  de 
May,  on  les  tira  hors  des  priions,  pour  eftrc  menez  commebrebis  docciiîon,à  la  bouche- 
ne.  Ils  furent  attachez  par  l'Exécuteur  fur  vne  clayc,au  derrière  d'vnccharette:&:  traînez 
parles  rues&  fanges  de  la  ville  de  Bourdeaux,  comme  la  ballieurc  du  monde,  accompa- 
gnczdesgcns  deluftice,  hiufsicrsôC  iergens  ,enfcmble des  mortes-payes  des  chafteaux, 
Trompcitc&du  Ha,  harquebuticrs&hallebardicrs.  Quand  ils  furent  deuant  le  temple 
de  iàinct  André, où  on  a  accoutumé  de  faire  les  a  mendes  honnorables,Cazcs  voyant  fou 
compagnon  Monicrcontiifté,  luy  dit,  Courage  mon  frerc,  courage  :  ce  n'eft  rien  qui  ne 
faitdauantage.Et  ainfi  fc  conlolans  &fortifians  l'vn  l'autre,  &:  deelarans  la  iuftecaufe 
qu'ils  lbuftenoyent,  furent  ramenez  deuant  le  Palais ,  où  le  dernier  fupplice eftoit  apprê- 
té.Et  combien  qu  il  n'y  cuit  en  eux  aucune  reiiftéce>ains  toute  fimplicité:toutesfois  ceux 
de  la  Coiusouti  e  la  couftume  ordinaire,commanderent  citroitement  que  pendant  l'exé- 
cution toutes  les  portes  de  la  villefulTcnt  fermées ,  6c  gardes  eftablies  à  icellcs.  Eftas  donc 
venus  au  heu  du  fupplicc,lefditsMonier&:  Cazes  furenrattachezàvnepot  cce:&:  pleins 
de  côftance,ioyc  6c  afleuranec,  s  eftimoyet  heureux  d'auoir  efté  trouuez  dignes  de  parti- 
ciper aux  afrlidions  dcClinlf  .Monier  citant  au  haut  delà  potéce,  dit  telles  parolles,  Sei- 
gneur Dieu, ie  te  ren  louanges  immortelles  de  ce  qu'il  t'a  pieu  nous  côduire  iufques  icy  en 
Ja  confefsion  de  ton  (àinâ  Nom ,  &c  te  prie  nous  faire  la  grâce  de  perleuercr  iufques  à  la 
fin.  Et  combien  que  cependant  que  lefdits  Monier  &  Cazes  parloyent,  lestrompettes 
fonnalTent  (ans  celle,  pour  empefehet  que  leur  voix  ne  fu  ft  ouye,  fi  eft-ce  qu'ils  firent  plu- 
lieurs iainctes  remonftran  ces  au  pcuple,qui  durèrent  allez  bonne  cfpace.  Aucuns  de  la 
Iultice  dirent  à  Cazes  de  faire  confefsion  de  ia  foy.ee  qu'il  fît  à  haute  \  oix,Ic  croy  en  Dieu 
le  Pcretout-puifTant,&:  ce  qui  s'enfuit.  Et  voulans  faire  dire  le  iêmblable  àMonier,  il  die, 
ces  mots,  Tout  par  vne  bouche,  tout  par  vne  bouche,  ne  penlèz-vous  pas  quand  mon 
frerc  parle ,  que  ie  parle  auisi  bien?  Nous  fommes  tous  deux  conformes  en  vne  melmc 
foy  6c  alfeurance.  Lors  l'exécuteur  citant  au  haut  de  la  potence ,  voulant  eilrangler  Ca- 
zes, commela  Cour  auoir  ordonné  qu'ils  le  ieroyent  auant  eftrc  bruflez  ,rombadehaut 
en  bas  fur  le  paué,  tellement  qu'il  ie  blefla  la  telle  luiques  à  cfïu  lion  de  iàng.  Et  eftant  re- 
AJuemflc-  leuc  cftrangla  Monier ,  qui  {ans  le  mouuoir  rendit  l'efprit  paifiblement.  Mais  de  Cazes, 
menc d'cfiii  àcauic  quclcfeu  elloic  iaeipris  ,ilnefut  cftranglé,ainsbrullé  vif,  endurant  vnmartvre 
iiodcfcng.  jnj,-cj^iCï  crianr,  Mon  Dieu ,  mon  Pcre:  tellement  que  deuant  qu'il  expirait  il  auoit  les 
iainbes  bruflccs  iufques  aux  os .    Etpour  monitrer  que  noftrc  Seigneur  Icfus  Chnftcn 

mourant, 


Plufieurs  Martyrs*  4. 37 

mourant,  non  feulement  a  triomphe  de  Tes  cnnemis.-maisjyeut  que  Ces  mêbres,  en  fouf- 
frant  pour  luy,(oycnt  parcicipans  du  melme  rriomphc:lors  que  lefdits  Monicr&  Cazes 
eftoycntprcfquescn  cendres,  tel  le  frayeur  &:  clpouuantcmcnt  faifit  tous  les  affiftans  de 
cefte  exécution  :  que  ceux  de  la  Iultice,  quelques  armez  qu'ils  fuiîent  ,&  quelque  bône 
garde  qu'ils  euilent  à  leurs  portes,  fans  fauoirpourquoy  ,fe  mirent  tous  àfuyr,  s'entre- 
foulans  aux  pieds  les  vns  les  autres.  Vn  Prieur  de  fainct  Antoine  tomba ,  &  grand  nom- 
bre degenspaiferent  fur  luy  deuant  qu'il  le  peuft  releuer.Etencreautres(  qui  eft  chofe 
digne  de  memoire)le  Greffier  Pontac  eftant  iur  fa  mulleauecfa  robbe  rouge, &  fuyant 
comme  les  autres,  fut  par  la  foulle  mis  par  terre  en  la  rue  qu'on  appelle  Poiteuine,  de 
maniere,qu'il  le  fallut  porter  chez  la  vefue  de  Pichon,&:crioitladedans,Cachez-moy, 
fauuez-moy  la  vie:  ie  fuis  mort.ie  voy  cas  pareil  à  l'emotion  derniere:mesarais  Cachez  h  entend  l'- 
raamullc,qu'onnelacoLrnoiife.  Chacun  fermoit les  maifons  parlaville.  Puis  i  cfFroy  <™6  di 
pafîe,  on  demanda  que  c  eftoit  :  mais  les  ennemis  de  la  vente,  demeurèrent  li  eftonnez 
&  confus,  qu'il  ne  lauoyent  que  di  re:n'entcndant  point  que  Dieu  denhaut  ainli  effraye 
&fait  trcmblerfcsennemis,  nui  ne  les  perfeeutant. 

Dvrant  cefte  pcri'ecution,  les  adueri'aires  prefenterent  requefte  au  Parlement 
de  Bourdeaux  pour  faire  plus  ample  inhibitiô  &c  defenfe  de  chater  les  Pleaumes  deDa- 
uid,  ne  tenir  hures  delà  lain&cEicnture:  fur  laquelle  on  donna  l'Areft  qui  s'enfuit: 
Jvr  la  requefte  prefentee  à  la  Cour  par  meflîre  François  de  Mauny,  Archeuefque  de 
Bourdeaux,  contenant  qu'il  a  eftéaduerti  qu'aucuns  perfonnages  de  ladite  ville  de 
Bourdeaux,  fentans  mal  de  la  foy ,  chantent  iournellement  es  eglifes  &£  par  les  rues ,  en 
leurs  maifons  bailleurs,  les  Pleaumes  de  Dauid,  traduits  en  François  par  Marot  ckrau  Le*  aduer- 
tres  :  en  deri(ïon&:  grand  fcandale  de  la  religion  Chrcftienne,  contre  la  détermination  r-,rcs  ra£'- 
faite  par  la  ficulccde  Théologie  en  la  Sorbonne  à  Paris:  &:  y  a  pluheurs  libraires  &:  au-  i,wcs  re. 
tresmarchans ,  qui  cxpolcnt  &£  mettenc  en  vente  lefdits  Pleaumes  &c  nouueauxTe-  promiezdes 
ftamens  traduits  aullî  en  François, &:  plulîeursautrcs  hures  reprouucz  &ccnfurez:  au  ^^Jwjku 
moyen  dequoy  requeroit  qu'il  plcuft  à  ladite  Cour  ordonner  commandement  cftre  Teiumcuc. 
fait  à  peine  d  e  la  harc  à  toutes  manières  de  gens ,  de  ne  chanter  ne  faire  chanter  lefdits 
Pleaumes  en  François,  traduits  par  ledit  Marot ,  en  aucune  manière  :  &  aufdicïs  librai- 
res de  ne  les  mi  primer,  relier,  ne  mêm  e  en  vente ,  n'aucuns  autres  hures  reprouucz  &C 
cenfurez:  a  melme  peine:  &£  permettre  informer  contre  ceux  qui  ont  chanté  ou  chan- 
tent lefdits  Pleaumes,  pat  le  premier  Huiflïer  fur  ce  requis.  Veuéladicte  requefte ,  L  a 
Cour  ordonne  qu'informations  faites  contte  ceux  qui  ont  chante'  à  l'eglife  les  Pleau- 
mes en  François:  &  fait  ladite  Cour  inhibitions  &dcfcn(es  à  toutes  perfonnes  de  ne 
chanter  lefdits  Pleaumes  en  François  en  aucune  manière:  &:  aufdicls  libraires  de  ne 
les  imprimer,  relier,  ny  expofer  en  vente,  n'aucuns  autres  liures  reprouuez&  cenfurez 
parladidefaeuké  dcTheologie  àParis,àpcinedelahart.  Etneantmoins  permet  ladi- 
te Cour  audit  fuppliant  taire  publier  la  prefente  ordonnance  à  fon  de  trompe  &  cry 
public  par  les  cantons  6z  carrefours  accouftumezde  cefte  ville  de  Bourdeaux  ,  parle 
premier  Huilfierou  fergent  Royalfurce  requis.  Etauffi  aux  profhes  des  eglifes  par  les 
Vicaires  d  icelles,afm  qu'aucun  n'en  puille  prétendre  ignorance.  Fait  à  Bourdeaux  en 
Parlement  le  jo.iourd'Auril,  m.d.ivi,  Collation  eft  faite.      ^4inÇi  ftgné,  De  Pontac. 


PLVSIEVRS    MARTYRS  exteute^en^ngkurre. 

COM  ME  les  noms  de  ceux  qui  bataillent  contre  Dieu,  nous  font  en  horreur  :auflî  pour  confolation  on  nous 
propolc  les  noms  de  ceux  qui  ont  fouflenu  fa  querelle:  en  la  perfonne  defquels  d  a  voulu  imprimer  des  mar- 
ques notables,&  co  ;  me  les  armoiries  apparétçs  de  fa  gloire,  lefquelles  feruent  pour  nous  conduire  à  luy. 

[PRES  la  mort  de  tant  d'excellés  perfonnages,  defquels  l'hiftoirc  eft  cyde-  MDLVI' 
uant  raileaueelcurscfcritsrily  enaeu grand  nombre  qui  pour  vue  melme 
fcaufconccndurélamortfurlan"ndeceregnede Marie.  Et  combien  que 
nous  n'ayons,qua t  à  prefent,  fînô  les  noms  d'iccux  ,li  ne  les  faut-il  pas  palFer 
en  filencc:  mais  accédant  que  leur  hiftoire  &:  efents  viennent  en  lumière ,  nous  en  feros 
vn  récit  fommaire  de  leurs  noms,  furnoms,quahtez,&  des  lieux  où  ils  ont  endure'  le 
martyre.    A  s.uisbvriï  le  xx  1 111.de  Mars  de  ceft  an  m.  d.l  v  j, furet  exécutez, 

EE. 


'Ijurcj  VL  Flufieurs  Martyrs. 

Vn  nommé  Spicer.  Maun4relle,&:  Corberlcy,  railleur  de  vcRc-mcns.  Acambri 
g  e  le  ii. d'Ain il,  Ican  Hoillyardc,miniftre  delà  paiollc du  Seigneur:  &  ARochcfti e 
le  mefme  iour,Hirtpoôlc,&Icanne  Bêches ,  femme  vefue.  A  londres  le  x.  d'A- 
uril,GuillauraeTymmes,&:  Robert  Drakes, autrement  die  Gicn>tous  deux  miniftres 
de  l  Euangilc.  George  Ambroifc.  IeanCauel.  Thomas  Spurge,  &L  Richard Spurge. 
AcoLctsTRE  lexxviii.d'AuriljChriftophleLyllerjminiïhederEuangiie.  Ican 
Mafc.  Richard  Nichol.  Ican  Spcnfer.  lean  Hamon,&  Simon  loync.  Agioci- 
s  t  r  e  le  v.  iourdeMay,  Vn  ieune  homme  nomme  Thomas,  0,111  cil  oit  aueuglc.&vii 
nommé Croker.  lean  Vprifc, qui cftoit  aueugle.  &c  Hugues  l.auerok, qui  citoit  boi- 
teux, &Z  en  extrême  vieilleile.  A  1.  ondke  s  le  x  v  i  .de  May,  Catherine  Hut, fem- 
me vefoc,&  IcanneHorne  ieune  fille,  auccElizabethThacucJ,aurti  fille.  A  b  t  c- 
k  e  l  s  enSurïblkle  x  1  x.  de  May,  Edmond  Poluscoufturier,  &  Jean  Denny  ,auecr« 
ne  femme  nommée  Spcncere.  ■  Aiondres  en  Kingcsbenchc  le  dernier  de  May, 
Guillaume  Leachc,  condamné  à  cftrcbrullc,  mourut  en  prifon  ,  &£  futmisen  vn  lieu 
où  on  iettele  fumier  &  les  ballieures.  A  :  e  v  v  e  s  le  v  1  Jour  de Iuin,  Thomas  Har- 
land.  Ican Ofevvarde.  Thomas  Rede.  Thomas  Abington.  Thomas  Hoode.  i  no- 
mas  Mylles,  tous  deux  pre(cheurs  de  lEuangile.  Aiondrï  s  en  Kingcsbenchc, 
le  x  xiti.de  Iuin  Guillaume  Aheralminiftrc:& peu  après  luy,  aflauoir  le  x  xv.dù- 
dit  mois.  lean  Clcment,Go(quillon,  tous  deux  ellans  morts  en  pnlon  furent  icttez  aux 
champs.  AlecestreIcxxv  1  i.iourdcluin,  Le  feruitcur  dvn  marchand  fut 
exécuté.  Astfadf  ordbIc  x  x  v  1  i.iourdcluin,  Henry  Adlington.  Rodul- 
phclacfon.  Guillaume  Holivvel.  Thomas  Bower. 'LaurcntParmen.  LeonCoyxc: 
Henry  Vvic.  IeanDorefal.  lean  Roche.  Edmond  Hurft.  Georges  Scai  les.  Elizabeth 
Peper,  &:  Agnes  George.  Ces  treize  martyrs  furent  brûliez  enfemble  en  vn  mefme 
fupplice.  Alondres  en  Kingcsbenchc,  le  x  x  v  1 1.  de  Iuin,  Thomas  Parct,  &£ 
Martin  Huntfont  morts  és  liens  de  la  prifon .  A  edmond-b  v  r  y  e  lex  x  ï  x .  de 
Iuin,  Trois  perfonnages  furent  exécutez, aiTauoir  Spurdanc,  Fortuné,  &c  vn  autre  tiers. 
Alondres  en  Kingefbenche,le  premier  de  Iuillet,  Ican  Caicls  mourut  en  la  prifon. 
ANVïERitlexv  i.iour  de  Iuillet,  IeanGuvnc,  cordonnier  :&  Asken  ,  aucc  Iulius 
Palmer.  A  grene  stade  le  xviii.  lourde  Iuillet,  Thomas  Dmgat,ou  Dun- 
gat.  lean  Forman,  &:  La  mereTne.  AdarkiiJc  premier  d'Aoult,  Vne  fem- 
me aueugle.  A  b  r  1  s  t  a  v  ,  au  mois  de  Septembre  ,  VnThTcrand  fut  exécute. 
Ame  sfie  ld  le  xxiiii.de  Septembre,  lean  Hart.  Thomas  Rauendalc.  Vn  cor- 
donnier. Vnaffettieui  ouaccouftrcurdecuirs.  Nicolas  Holden,  tillcrand.  A  bri- 
s  t  a  v  le  xx  v.  de  Septembre,  Vn  ieune  homme ,  gantier  ou  faikur  de  gans  de  l'on 
mefticr.  Anevvïnt  le  mefmeiourxx  v.  de  Septembre,  lean  Home,&:  vnefem- 
mcauccluy.  Acantorbii  auchafteau,au  mefme  mois  moururent  lean  Clar- 
ke.  Duftone  Chettenden.  La  femme  de  Polkins,  &  Guillaume  Foitenccs  quatre  mou- 
rurent de  raim&r  de  mife're  audit  chalteau .  Anortampt  o  n  enuiron  le  com- 
mencement: du  mois  d'Octobre,  Vn  cordonnier  fut  exécuté.  Ac  antyrbie  le 
xvii  i.dudit  mois  d'Octobre.  Trois  prifonnicrsaulii  détenus  pour  la  patelle  de  Dieu, 
moururent  de  tourmens  &:  demifere  au  chalteau  de  ladite  ville. 

Le  feu  des  persécutions  fut  fi  desbordéfous  le  règne  de  Marie ,  que  ceux  qu'elle  a- 
uoit  commis  pour  l'allumer,  empoignoyent  indifféremment  tous  ceux  qui  faifoyenc 
profertîon  ,  tant  petite  qu'elle  fuft,  de  la  vérité  de  l'Euangilc.  Aquoy  afdoyentfort  les 
Efpagnols,  pendant  le  temps  que  leroy  Philippe ,  après  (on  mariage  auec  ladite  Ma- 
rie, demeura  au  pays  d'Angleterre. 


BERTHELEMY    HECTOR,  Voitmin. 

L  E  Parlement  de  Thurin  fouille  fes  mains  au  fang  de  ce  Marryr,à  la  grande  contufîon  8c  condamnation  de  phi- 
fieurs  Confeillc  rs  t  iitendeurs,coninic  le  procez  le  demonitre.  La  defeription  des  combats  qu'a  fouiltnu  et  (t 
Hector,  amplifie  la  grâce  de  Dieu  touchant  lefccours  dont  il  la  enuiropné  contre  toutes  menaces  3c  al- 
Icchcmeus. 


B  E  R 


'Bertbêtemy  Heftor.  4.3$ 

ERTHELEMY  Htftor  natif  de  Poitiers ,  ayant  longuement  fait  e-»HD.W 
'ftat  de  vui&urier,  le  retira  auec  l'a  femme  &:  les  enfans  en  la  ville  de  Gc- 
meue:  mené  d'vn  zele  de  purement  feruir  au  Seigneur.  Et  pourgaigner 
jlavie  de  fa  petite  famille  ,  il  alloit  ordinairement  par  pays  porter  des  li- 
bres delafain&e  Efcriture.    Aduint  qu'eftant  en  Pied-mont,  comme  il 
alloit  du  val  d'Angrongne  au  val  defainct  Martin  ,  fut  arrefté  par  vn  gentil  homme 
du  pays,  nommé  du-Perrier:  lequel  pour  faire  le  bon  valet,  en  aduerticle  Parlement 
dcThurin:&  enuoya  le.Oualoguedcfcslmres  aucc  les  mi<liues&:  mémoires,  dont  il 
le  trouuafaifv.  Sucquoyla  Courayantcommis M.Berthelemy Eme tiers prelident,^ 
M.  Auguftin  De-leglife  conlcillier  en  icellcrceux  cyfetranfportcrentàPinereuJ,ville 
audit  Pied-mont ,  où  le  prifonnier  auoit  efté  mené.    Les  v  1 1 1.  &:  ix.  iouis  de  Mars  Priereauât 
firent  venir  le  prifonnier  deuant  eux  pour  l'examiner  :  maisauant  que  leurreipon-  ^^'«fd 
dre  vnfeul  mot,  Hector  fe  mit  à  genoux  :&c  pria  Dieu  de  luy  ouurirla  bouche,  &c  luy  gerac,"" 
faire  grâce  de  ne  dire  ou  proférer  choie  qui  nefiiftàfon  honneur  &  louange,  &ài'edir 
ficationdeionEglifc. 

Ce  faicfcjintcrrogué  de  fou  eftat ,  &pour  quelle  caufe  il  cftoit  ailé  demeurer  à 
Ceneue,  refponditce  que  delfus:  &c  leur  déclara,  qu'ayant  par  cy  deuant  fuyui  la  re- 
ligion Papiftique ,  depuis  iîx  oufept  ans  auoit  elle  fi  trouble  en  fon  elprit ,  qu'il  ne 
pouuoit  auoir  aucune relolution  fur  le  poinft  delà Mellé:  d'autant  que  les  vns  difoyenr, 
qu'elle  cftoit  bonne,  les  autres  qu'elle  ne  valoir  rien.  Finalement  qu'ayant  aidé  à 
conduire  les  deniers  du  Roy  depuis  Poittiers  iufques  à  Lyon ,  &  entendant  qu'on  pref- 
choit  purement  la  parolle  de  Dieu  à  Geneue,  voire  &:  que  là  pourroit  auoir  relolution 
de  fes  doutes  ,il  s'y  en  alla:  &C  y  ayant  fait  feipur  enuiron  dc-trois  fepmaines,fe  fen- 
tit  tellement  efclairc,que  pour  le  falut  defonameil  délibéra  s'y  retircr,&y  mener fa 
fcmmc  &  les  enfans,  refolu  d'y  viure  &:  mourir  fuyuant  la  doctrine  qui  y  cftoit  pref- 
chee:&:  de  quitter  àiamais  la  Melfe  ,  &: les  conilitutions &inuentions  Papiftiqucs 
obferuecs  audit  Poitiers. 

Enq.vu  comment  il  s'eftoitain  fi  refolu^rcfpondu^uelaMelTe  n'eftoit  point 
inftituee  de  Dieu  ,  ny  de  Iefus  Chrifl ,  &  n'auoit  point  de  fondementen  fa  Parolle:mais 
eitoit  totalement  contraire  àla  lain cte  Cene,  laquelle  il  auoit  inftituee.  Que  la  Melfe 
dcroguoit  du  tout  àla  mort  &palïionde  Iefus  Chnft :  &  le  prouua  par  l'Epiftre  aux 
Hebrieux,dixieme&:  onzième  chapitres,  où  il  eftdit,quc  toutes  les  ceremonies&:  la- 
crifices  font  abolis:  &:  que  Dieu  a  baille  fon  Filslefus  Chnft  pour  feul&  perpétuel  ia~ 
cririce  félon  l'ordre  de  Melchifedech.  Et  par  mefme  raifon,  que  les  autres  consti- 
tutions Papales  ne  iontqu'inuentions  d'hommes, il  s'eft  refolu  n'y  croire.  Bien  y  au- 
roit  quelque  conformité  entre  le  Baptefmc  de  Iefus  Chnft  &celuy  du  Pape,  d'autant 
qu'ils  font  faifts  au  ligne  de  l'eau  Se  au  nomduPere,duFils  ,&:  du  fainct  Efprit:  mais 
le  fel ,  le  cracliat,  le  crefme,  les  exorcifmes,  &  autres  que  le  Pape  y  a  adiouftez,  &:  dont 
ilaveuvfcr  eftant à  Poitiers, luy  font  en  deteftation. 

Qv  an  t  àla  confelfion  auriculaire  comme  elle  fc  failbit  audit  lieu,  eft  abomina* 
tion.  Trou  bien  qu'il  fautconfeiîcr  tous  les  iours  à  Dieu  fes  péchez  &  oftenfcs:&fe 
réconcilier  aucc  le  prochain  quand  on  la  offenfé. 

Interfocyi  ,  depuis  quel  temps  il  a  hanté  en  Pied-mont ,  mefme  aux  val- 
lées d'Angrongne  &  defainct  Martin:  où  il  a  vendu  fes  liurcs:  en  quel  lieu  ils  fontim- 
priniez.  &  àqui  il  les  a  vendus:a  dit  qu'ily  eftoit  feulement  venu  depuis  le  mois  de  Iuil- 
lct  précèdent  :  qu'il  auoit  vendu  des  liures  és  vallées  d'Angrongne ,  fainct  Martin  &C  en 
Daulphinéjcfquclseftoyent  imprimez  à  Gencue,cônie  Bibles..  Inftitutions  Chrefticn- 
ncs,Inftru&ions  pour  les  petis  enfans, Pfalmes,&:  pluficurs autres, contenus  en  lin- 
uentaire  qui  a  efté  trpuue  fur  luy.  Ne  cognoit  les  noms  de  ceux  à  qui  il  les  a  vendus,  s'il 
ne  les  voit.  QulÏI  les  auoit  portez  feulement  de  fon  propre  mouuement,  pour  édifier  L;ureS(fcia 
les  poures  Chrelliens -.lâchant  qu'il  v  en  auoit plulieurs  en  ce  pays-la.  ^Enquisdcla  i^ichtme. 
caufe  pourquoy  il  ne  les  portoit  vendre  à  Thurin  &  autres  bônes  villes  pluftoft  qu'à  ces 
gens  ruftiques^s'il  ne  fauoit  pas  bic  lefdites  vallées  eftre  fuiettes  au  Roydequel a  defen 
du  ne  porter  en  ces  pays  aucûsjiures  de  Geneue:Refpôdit  qu'il  ne  cognoilToit  perfonne 

EE.iL 


L/#ro  VI. 


Herthelemy  Ifetior. 


efdices  villes  à  qui  vendre  Tes  liures:  &  fauoit  bien  les  defenfes.mais  ce  qu'il  en  auoit  fait 
eftoit  pour  confoler &:  fu buenir  aux  poures  Chreftien s,&  les  inftruire  en  la  loy  dcDicu. 
InterrogueYilapreiché&rdogmatizé  aufdites  Vallées  &  ailleurs  où  j!  porcoicliures,s'il 
ya  desprelchcurs,s'il  lesaouys,&qiulesaenuoyez:&:ficcuxdcGcneucrauoyent  en- 
uoyé  porter  des  liures:  Il  refpondit  qu'il  n  eftoit  pasminiftre  ne  f'auanc  pour  celle  fi 
faincte  charge:  bien  au  oit-il  exhorté  ceux  à  qui  il  auoic  eu  à  râire,dé  viure  félon  les  com- 
mandemens  deDieu,&  non  félon  ceux  de  l'eglifc  Romaine, lcfqucls  eftoyenc  encontre 
Dieu.  Que  d  aller  à  la  iMcffe  c'eftoie  vne  idolatrie:qu'il  ne  falloir  cereber  Ielus  Chrift  en 
ïhoftic,  d'autant  qu'il  eftoitau  ciel, que  lefusChrift  auoit  ordonné  (a  faincte  Ccne  en 
laquelle  il  nous  donnoit  fon  corps ,  lequel  nous  deuions  reccuoir  par  foy ,  en  leuant  les 
yeuxaucielpourycerchernoftrelaluc.  Il  leur  auoit  auflï  remonlhé  de  viure  enChrc 

ftienSjdcn'cltrepaiHardsJarronSjiureursn'yurongnesicequ'ilauroicdit^onparfor^ 
me  de  prefchc  ,  mais  en  familier  deuis  fans  eftre  enuoyc ,  &c  defon  propre  mouuemcnc. 
Bien  auoit  veu  à  Angrongne  vn  miniftrenommé  M.Eftiennc,qui  prefehoit  le  Diman- 
che, Mardy,Mccrcdy,  &:  Icudy  en  vn  lieu  à  cela  ordonné,qui  eftoit  vne  court  en  la  mai- 
fond'vn  homme  du  pays.  Auroic  entendu  que  ledit  M.  Eftienne  auoit  elle  enuové  du 
pays  appartenant  aux  Seigneurs  de  Berne,  comme  auifivn  nomme'  Barbe  Paul, auoit  c« 
fté  ehVu  de  ceux  du  pays,  félon  l'ordre  des  Egiifés  reformées,  pource  qu'il  eftoit  homme 
de  bonne  do  Anne.  Il  y  auoit  veu  femblablement  vn  autre  miniftre  appelé  Barbe  Anto- 
ni,  &:  vn  maiftre  d'cfcole  François:&:  qu'on  failoit  édifier  vn  lieu  pour  prclcher  tout  co- 
tre le  temple  où  on  fouloit  dire  la  Niellé.  On  luy  monftra  des  lettres  miiîîues  &c  mémoi- 
res, lefquelles  il  recogneut:&:  dit  les  auoir  pris  pour  porter  à  Gcneue.&i  auoir  charge  de 
fauoirfilefditsminiltreseitoyencappelezàThurinpourla  difpute,  &s'ils  ydeuoyent 
aller  ou  non.  Lors  il  fut  exhorte  de  retourner  à  l'eglifc  Romaine:ce  qu'il  rcfu(a:&  par 
ainfi  fut  mené'  prifonnicren  la  conciergerie  du  Palais  de  Thurin.  Ses  informations  fu- 
rent communiquées  à  Vaillanc,procureur  gênerai  du  Roy  :  lequel  requit  qu'iccluy  He- 
Ordonnat*  &or  fuft  déclaré  auoir  encouru  les  peines  contenues  en  ledict  duRoy ,  publié  en  ladite 
Frd"o°yi  Coutlen.d'O&obre, 1  5  5  i.  pour  trois  raiforts:  Lapremierepourauoirportcliurcsde 
rançoj»  .  çjeneue  e's  payS  del'obei/Iance  du  Roy.-la  féconde  en  ce  que  lcfdits  liures  Ce  trouuoycnc 
cenfurez  &  reprouucz  :  la  troiiieme  en  ce  qtfeftanc  ignorant  &:  non  lettré,  il  s 'eftoit  in- 
géré d'annoncer  les  opinions  qui  fe  tiennent  audit  lieu  de  Geneue ,  contre  les  traditios 
&ù  ordonnances  reccués  par  l'eglifc  Catholique.  Le  1 6.  de  Mars,Bcrthelemy  fut  man- 
de en  ladite  Counauquel  on  fit  lire  les  refpôles  par  luy  faites  à  Pinereul ,  pour  fauoir  s'il 
y  vouloir  rien  adiouiler  ou  diminuent  luy  fut  remonftré  que  fes  opinions  eftovent  cô- 
tre  Dieu,  &  le  famd  fîege  Apoftoiique  &  eglife  Romaine.  Il  rel'pondit  qu'il  n'y  auoic  no 
contre  Dieu:  mais  perfiftoic  &:  vouloit  viure  &:  mourir  en  la  loy  du  Seigneur,  félon  ce 
qu'il  auoit  die  &c  déclarée  non  autrement  :  ce  qu'on  luy  fît  figner. 

Le  27.  d'Auril  il  fut  mené  deuant  les  deux  premiers  Commillaires  accompagnez 
de  Thomas  Iacomeli  inquifîteur  de  la  foy  :  auquel  les  rclponfes  d'Hedtor  furent  com- 
muniquées ,  fuyuant  l'areft  de  la  Cour,  du  28.  de  iMars  précèdent.  Du  commencement 
ils  luy  firent  plufîeurs  exhortations  pour  le  retourner  à  l'eglifc  Romaine, lansautremec 
luy  déclarer  ne  prouucr  (on  erreur.  Ils  luy  fïrentlire  fes  interrogatoires,  fpecialemenc 
en  ce  qui  conccrnoit  la  Mcffe ,  la  Ccne  &  le  Baptefme  :  à  ce  qu'il  déclarait  par  ferment 
s'il  y  perliftoit.  Sa  refponfefut  qu'ouy,&  n'y  vouloit  rien  changer  ne  diminuer,  &  que 
qui  alloit  au  contraire  faifoitmal.    L'Inquifiteur  s'efforça  deluy  interpréter  les  paf- 
fages  de  l'Efcnture  a  fa  mode,  &:  par  raifons  fophiftiques  :  mais  Hector  demeurant  en  fa 
{implicité,dit,  qu'il  les  entendoit  ainii  qu'ils  eftoyent  en  fes  rcfponfes  tirées  de  la  pure 
parolle  de  Dieu ,  &:  non  autrement.  L'Inquifiteur  partant  les  emporta ,  pour  en  dôner 
lbn  aduis  par  efent,  comme  s'enfuit  : 
Rapport  de     La  y  veu  le  proeczeontre  Berthelemy  Heétor,  détenu  pour  crime  d'herefic&l'ay 
l'in^uiiitcur  ouy  parler  &afrermer  ces  propofitions,c'eftaflauoir,querEuangilen'cft  en  lieu  du  mo- 
de plus  purcmenc  prefché  qu'à  Geneue.    Que  la  MeiTe  eft  vne  pure  abomination  &i- 
dolatrie.    Qu  en  lalacree  Cenc(  vfantde  ce  moc)  Je  corps  de  Ielus  Chrift  n'y  eft  pas, 
mais  que  le  pain  lignifie  feulement  le  corps  .    Qu'en  la  facrceCene  Ieius  Chrift  n- 
cft  ny  ne  doic  eftre  offert,  veu  qu'il  s'eft  offert  foy-meime  vne  fois  en  la  croix.  Que 
c'eft  vne  idolâtrie  d'auoir  des  peintures  de  Ielus  Chnft  &:  des  Saincts .    Que  c'eft 

mal 


HerthelemyHettor,  jjf 

mal  fait  de  confefTer  fes  péchez  à  autre  qu'à  Dieu.  Il  adioufta  beaucoup  d'autres  cho- 
fesrmais  celles  font  les  principales ,  pour  lelquellcs  il  côcluoi^qu'on  ne  pouuoit  douter 
que  le  prifonnier  ne  fuit  hcretique.Et  en  modifia  nt  à  la  façon  vfitee  au  (iege  Romain,  il 
mit  ces  mots,  le  iugeroye  toutefois  qu'il  lefaudroit  traiter  plus  doucement,  ayant  au- 
cunement efgard  à  là  ûmplicité:&:  que  par  frequétes  exhortations  on  le  ramenait  à  re-  p^Jy' 
pentance:Car  qui  fait  fi  le  Seigneur  le  conuertiia ,  &:  par  uoftre  miniftere ,  côme  la  bre- 
bis perdue ,  le  ramènera? 

Sv  y  v  an  t  celladuis,1aCour  fît  derechef  venir  Hettor  le  16.  de  May:  &luy  ayant 
fait  lecture  de  les  rcfponfes,l'admonnefta  de  fe  réduire:  &c  aulîî  de  refpondre  doucemét, 
conliderant  qu'il  eftoit  deuant  Dieu, le  Roy  &  fa  Iufticerque  s'il  fc  \  ouloit  defdirc,&:  ne 
plus  croire  ce  qu'on  luy  auoit  enfeigne  à  Geneue ,  on  vferoit  de  mifexicorde  cnuers  luy: 
&  que  ce  n'eftoitqu'abus  contre  les  commandtmens  de  Dieu,  conftitutiom  de  la  {ain- 
&c  mere  eghfe  Romaine,les  faintts  Côciles généraux  &C  approuucz  de  tous  vrais  Cfire- 
ftiens,  ££  obferuezpar  le  royaume  de  France.  He&or  reipon die,  qu'il  vouloir  croire  fim- 
plcmenc  ce  qui  eftoit  eferit  aux  fain&cs  Efcricures  du  vieil  &  nouueauTeftament,  fur 
leiquclles  (a  foy,  voire  celle  de  tous  Chreftiens,  deuoit  eftre  feulement  fondée.  On  luy 
demanda  s'il  vouloir  fouftenir  qu'à  Geneue  on  prefehaft  plus  purement  la  parolle  de 
Dieu  qu'à  Poi&iers  ou  ailleurs,  dit  qu'il  ne  diioit  pas  cela  en  tels  termes  :&c  qu'il  y  auoit 
d'autres  eglifes  reformées,  où  la  parolle  de  Dieu  eftoit  purement  prefchee.&  que  fi  à 
Poi&iers  elle  euftefté  fi  fain&cment  annoncée, il n'euft  prins  la  peine  devenir  liioin 
qu'à  Geneue.  Interrogué  s'il  perfiftoit  en  ce  qu'il  auoit  dit  de  la  Me/Te,  dit  qu'ouy:mef- 
me  qu'au  commencement  d'icelle quand  on  dit Introibo  ad dlrare,&.c.  cil  vn  blafpheme: 
d'autant  que  les  Chreftiens  n'ont  point  d'autels  ne  de  facrifices,fe  contentans  de  celuy  Autfl 
que  le  Seigneur  IefusChrift  a  vne  fois  fait  en  l'autel  delà  croix,quand  il  s'eftluy-mcfme 
offert  en  oblation  &c  facrificc  perpétuel  pou r  tous  les  péchez  du  monde.Enquis  s'il  vou- 
loit  per(iltcr,qu'au  Sacrement  le  corps  de  noftre  Seigneur  n'y  fufb  R.  Qu'il  croyoit  aux 
parolles  de  l'Euangile,  que  Iefus  Chnft  auoit  proférées  en  difanr,  Prene^mang^&LcM 
non  pas  adorez  le.  Que  quand  les  fidèles  communiquent  à  la  fain&e  Ceneiis  reçoyuét 
le  corps  &  le  fang  de  leius  Chrift,  lequel  fe  communique  à  eux ,  efleuans  leurs  efprits  à 
Dieu,  par  le  moyé  de  la  foy.  Interrogué  s'il  perfiftoiten  ce  qu'il  auoit  dit  eftre  mal-fait 
d'auoir  des  images  de  Iefus  Chr:ft,de  la  vierge  Marie,&  autres  Samcts&:  faîctes.  R.  Que  &nag«. 
de  tenir  images  pour  les  feruir  &c  adorer,c'cftoit  idolatrie:&:  que  Dieu  auoit  défendu  de 
faire  aucunes  imagesàfa  femblance  :  que  fi  aucuns  ne  les  adoroyent,  autres  les  pour- 
royent  adorer,  &z  partant  le  meilleu  r  eftoit  n'en  auoir  point  du  tour.    On  demanda  s'il 
fouftenoit  eftre  mal  fait  de  fe  confeiler,  comme  lafainfte  eglife  Romaine  commâde  &C 
ordonne.  Telle  confelTîon  n'eft  en  l'Efcriture  fain&c:  trop  bien  quand  on  a  offenfé  fon 
frere  on  fe  doitteccncilicrà  Juy,S£ainficonfeiTer  l'vn  à  l'autre  fon  péché.    On  luy  re- 
monftra  qu'il  fe  mettoit  en  grad  danger  s'il  n'aduifoit  à  foy:  car  ce  feroit  la  dernière  fois 
qu'il  fetrouueroitdeuant  la  Cour.  R.  Qu  il  eftoit preft  de  rendre  libéralement  &c  de 
cœur  à  Dieu  lame  qu'il  luy  auoitdonnee,  le  fuppliant  de  le  vouloir  garder  U  maintenir 
en  l'opiniô  qu'il  auoit  déclarée  &c  depofee  en  fon  procez,  s'eftimât  tresheureux  de  fouf- 
fri  t  pour  vne  telle  querelle,  ce  qu'on  luy  fit  figner  de  fa  main. 

^Pl  v  s  i  e  v  r  s  delà  Cour  voyais  que  la  fimplicïté  de  ce  perfonnage  ne  pouuoit  e- 
ftre  efbraniec  ne  par  menaces  ne  crainre  de  mort,  furent  autant  eftonnezque  preflez 
en  Ieurconfciencc,en  fortequepourfcdefchargcrfurautruy,ils  remirent  Berthelemy 
entre  les  mains  de  fes  parties,  pour  eftre  iugé,  iafoit  que  par  expérience  ils  eufTent  co-» 
gneu  en  ce  mcfmefai£t,  quclacomcli  inquifiteur  ne  ie  vouloir  gaigner  d'autre  luitte, 
finondcceftejailàuoirjQuefespredeceiTeurstenoyét  autredo#trine:&:parconfequêt 
ceuxquitenoycntlecôtraire,eftoyeten  erreur,&  puni/fables  de  mort.  Lez.  de  May, 
Hector  ellanx  renuoyé  par  deuant  Iofcph  Parpaille  doclcu r  es  droits, chanoine  de  l'egli 
femetropolitaine,&:vicairc  gênerai  de  l'archeuefque  de  Thurin:  Antoine  de  Scalingue 
moine  &:  vicaire  gênerai  del'abbavcdePinereul:&:  leditThomasIacomeli:  leiquelsau 
lieu  de  luy  moftrer  qu'il  eftoit  en  erreur,&:  lenfeigner  par  la  parolle  de  Dieu, ne  luy  par- 
lerét  d'outre  choie  linô  de  (cdcfdire  :&  encefaifat  qu'on  luy  feroit grâce,  autrement  c| 
la  mort  eftoit  toure  jpchaine.Ce  fait,  ils  luy  firent  leéturcdes  interrogatoires &refpôfes; 
furk-fqlles  pour  ligne  d  horreur,ilsfaifoyét  de  grades  admiratiôs:maisHe&or  fortifiéde 
l'cfprit  de  Dieu,  n'auoit  autre  regard  qu'à  maitcnir  fa  iufte  caufe.  Et  efleuan  t  les  yeux  à 

EE.iiï. 


£/#ro  VL  'Berthelemy  Irfeftor. 

Dieu  , le fupplioit qu'il luy  fiftla  graccdcdemeurer  ferme  iufques  à  la  dernière  goutte 
.  de  fon  fang. Puis  fe  voyant  tant  importuné  par  ces  aduerfaires,ilJeur  dit  refolutiuemct, 
Que  la  Mefle  eftoit  vrayc  idolâtrie:  &c  quiconque  tenoit  images ,  fuft  de  Icfus  Chrift  ou 
Grande  in-  desSaincts  à  caufedc  la  religion,  eftoit  idolâtre.  Quant  au  facremcnc  delà  Cene,  ce  n- 
ftïSdT11  e^oic  ton  entente  que  le  corps  delefus  Chrift  y  fuft  enfermé-.mais  qu'il  y  côucnoit  corn- 
Hcftor.     muniquerparfoy,efleuantlesyeuxen  haur,y  conteplant  noftre  Seigneur  Icfus  Chnft 
enla  gloire  de  Dieu  fon  Pere.    Us  luy  remonftrerent  dercchefque  s'il  vouloit  periifter 
en  telles  opinions  conn  cuenantes  aux  commandemens  de  Dieu  &c  de  l'Eglife ,  il  feroit 
déclaré  hérétique.  Sa  reiponie  fut  qu'en  perfeuerant  en  ce  qu'il  auoit  confe/Té  :  il  fauoic 
pour  certain  qu'il  eftoit  d'accord  auec  les  faindtes  Efcntures ,  fur  lefquelles  lu  foy  eftoit 
appuyée.  Quoy  fait  Iefdits  Vicaire  &:Inquiûteur  luy  donnèrent  terme  &:  delay  de  iix 
iours  d'y  penler,&  de  fe  réduire  commeilsl'auoyenc admonnefté. 

L  e  zy.duditmoisdeMay  Parpaille,Efcalingue&IacomdIynefaillirét  derctourner 
à  la  proye  :  &:  demander  à  Berthelemy  s'il  auoit  penfé  àfon  affaire.  Sa  refponfe  fut ,  que 
pas  encore,par  ce  qu'il  n'auoit  rien  entre  fes  mains  du  procez  contre  luy  fait ,  enfemble 
ne  fes  refponfes,  fur  quoy  il  peuft  délibérer,  requérant  à  cefte  fîn  le  double  &  commu- 
nication d'iceluy,  pour  pouuoir  mieux  délibérer  &  refpondrc:furcela  demandant  qua- 
tre mois  de  terme.  Sur  quoy  ils  ordonnèrent  que  les  refponfes  par  luy  faites  pardeuanc 
eux  fur  leurs  proportions  luy  feroyent  communiquées,  pour  y  refpondredansle  lenuc 
main,ou  bien  de  fe  remettre  au  iugement  de  legiife.II  leur  rcmonftra  qu'il  ne  leur  pou- 
uoit  refpondre  en  ii  bi  ef  temps,  lors  ils  luy  proiongerenc  fon  delay  pour  toute  prefixion 
au  Vendredy  prochain.    Le termecfchcu, les  vénérables accompagnez  deGafpar  Vi- 
uian  procureur  de  la  foy,  retournèrent  deuers  Berthelemy:  mais  ils  nobtindrent  autre 
choie  de  luy,  finon  qu'il  vouloitviure  &mouriren  laconfeffion  defoypar  luy  faite,  &: 
propofeetant  en  la  cour  de  Parlemenrque  deuanteux.  Sur  quoy  ledit  procureur  de  la 
Côdufîons  foy  print  fes  concluions  àl'encontre  de  luy,fondee  fur  ce  :  Qu'il  auoit  veu  fes  refponfes 
icurPdck  par  pluiieurs  fois  reiterees,enfembleles  admonitios  qui  luy  auoyct efté  faites  de  fe  def- 
foy.        dire ,  d'autant  qu'il  eftoit  en  erreunmais  tant  s'en  falloir  qu'il  euft  voulu  y  entëdre ,  que 
par  coofeifions  judiciaires  il  s'eftoit  opiniaftré àcela,fans  vouloir  aucunemét  changer. 
  celte  occauon?&:  que  fes  pofitionseftoyenr  déclarées  hérétiques,  mefme  qu'il  auoit 
eu  terme  de  fe  repentir,  requeroit  droict  luy  cftre  fait,  &iufticeadminiftree  en  briefue 
expédition.  Berthelemy  au  contraire,  voyant  ce  nouueau  aduerfaire,  requeroit  delay 
luy  eftre  donné  pour  luy  refpondreivoire  qu'on  luy  baillaft  de  l'encre  &du  papier  pour 
eferirc.  Sur  quoy  luy  fut  remonftré  qu'il  n'auroit  point  de  terme  pour  difputer,mais  bie 
pourfedefdire&:  retourner  au  giron  de  leur  merefaincteeglife,&fc  remettre  au  iuge- 
inent  des  Pères  &  facrczconciles:&voulant  adhérer  obftinément  à  fes  propofiriôs  il  n'- 
auoit befoin  ne  d'encre  ny  de  papier,  n'aufli  de  tant  de  dilations,  mais  bien  d'vne  pure 
&  iïmple  péfec.  Hector  dit  qu'il  ne  refpondroit  autremer,  il  on  ne  luy  bailloit  nouueaux 
Notez  de  articles,  où  fufTent  contenus  fes  erreurs  &  Tes  caufesd'iceux  par  la  parolle  de  Dieu.  Le 
&fi-onUdc  Procureur  répliqua  Qu'il  ne  le  falloir  plus  ouyr,  puis  qu'il  ne  fe  vouloit  fubmertre  au 
faire,  on  iugement  deleurmere  fain&e  eglife,&:  qu'il  ne  cerchoit  quedes  fubterfuges  pour  pro- 
J*£j£j;xe"  longer  fa  caufé,& la  tenir  en  longueur.  Pourceilinfiftoitdroi&luy  eftrcrait  fur  fes  te- 
contre  les  ftimoniales ,  &r  que  fes  concluions  luy  ftiflent  accordées:  proteftant  à  leur  refus  d'auoir 
enfims  de  fon  recours  auxfupericurs.  Surquoy  Iefdits  Vicaire &:lnquifîteurvouians(difoycnt-ils) 
"  Ceftà  di-  la  conuerfion  du  pechcur,&  enclinans  pluftoft  à  mifericorde "qu  a  rigueur,  donnèrent 
re.cruauté  delay  à  Berthelemy  feulement  pour  refpôdre  fans  tergiuerfer,  iufques  au  premier  iour 
«nr^gec.    ^c  jum  cn£UyUâtjfansc(p0jr  j'en  auoir  autre:  Se  ce  afin  qu'il  fe  fubmift  au  iiigemet  de  1'- 
egliie,&  embraflalt  la  do&rinc  des  facrezConciles  &:  des  Peres,en  reuoquant  ce  qu'il  a- 
uoitenfeigne  au  côtraire:ou  dire  les  caufes  pourquoy  il  ne  doit  eftre  déclaré  hérétique. 
Au  iour  a/ligné,  ces  (u  ppofts  auec  leurdit  procureur  delà  foy ,  firent  comparoir  Hcdor 
par  deuant  eux:&  pour  l'intimider,  on  luy  fît  vn  grand  narre  du  procez,  concluant  qu'il 
fuft  déclare  hérétique,  6l  que  iuftice  en  fuft  faite ,  puis  qu'il  n'auoit  voulu  embraffer  la 
doctrine  des  Pères  &  Conciles.  Hector  au  contraire  déclara  qu'il  croyoit  à  la  doctrine 
ïphc/ti.    des  Prophètes  &:  Apoftres,furlefquclleslafoy  des  Chreftiensdeuoit  eftre  appuyée,  &£ 
non  furies  hommes:requerant  à  cefte  fin  papier  &  encre  luy  eftre  baillczpour  en  redre 
ciair«  Udl~  Pmsarnplcranon  •    Le  Procureur  répliqua  Qu'il  l'empefchoit  :  &  qu'il  ne  deuoit  e- 
~~ r     ftre  aucunement  ouy,  &:  que  ce  n'eftoit  que  pour  cercher  des  cfchappatoires ,  veu. 

qu'il 


berthelemy  H  eftor.  4. 4.0 

qu'il  ne  le  vouloit  remettre  au  iugementdé  l'Eglife.    Partant  infiftoit  que  droictfufl 
fait  ,  proteftant  d'en  appeler  à  Tes  fuperieurs ,  s'ils  n'en  faifoyent  brieuc  iuftice.  Sur 
quoy  lefdits  Vicaire  &  Inquifiteur  donnèrent  aflignation  au  dixième  de  luin,  pour 
ouyr  leur  fentence  :  &C  derechef  exhortèrent  Berthelemy  de  fe  fubmettreau  iuge- 
ment  de  leur  mère  faincte  eglife  .    Au  contraire  Hector  perfiftoit  en  farequefte  de 
luy  donner  papier  &:  cncre,pour  eferire  les  caufes  pour  lefquelles  ils  ne  deuoit  eftre  dé- 
claré hérétique.      Ledit  iour  Hector  &£  Viuian  comparans comme  dellus^aptes  que 
ledit  procureur  eut  perlèueréenfesconclufîonsSque  Berthelemy  tut  déclare  héréti- 
que^ déboute  de  toutes  rcfponfes, répétitions  &  confrontations  par  luy  demandées, 
enlemble  de  l'es  exceptions,&:  requis  droict  luy  eftre  fait  félon  les  loix  &:canorts  vfitez 
parleurs  predeceiTeurs  contre  les  hérétiques  :  Les  vénérables  Vicaire  &c  Inquifiteur, 
feans  au  fiege  de  iuftice  (comme  ils  difoyent)  pour  rendre  droict  à  chacun  ,  après  auoir  Scntencc- 
veu  les  raiions,rcpetitions  &  confrontations  refpettiuement  faites  &:  dites  par  Hector 
les  1       i^.iour  de  Mais,lei7.&:  z9.de  May  communiquées  auec  le  mémorial  de  l'aflîw 
gnation  pour  donner  fentenceJe  5  .de  luin  a6.heures,garnis  de  toutes  choies  neceflaL 
rcs&:  appartenantes  au  droict,mcfmcmentdes  affignations  pour  ouyr  proférer  fenten- 
ce  en  ce  mefme  iour,licu  &c  heure.-eux  Te  fignans  du  figne  de  la  croix,&:  n'ayans  rien  dé- 
liant lesyeux(^//ôje»f-.'/*)que  l'honneur  de  Dieu,&:c.Pource  qu'il  cft  euident  que  les  pro 
pofitions  dudit  Hector  eftoyent  hérétiques,^:  répugnantes  au  vray  iens  de  la  parolledc 
Dieu, que  les  Pères  anciens  ont  renu  de  tous  temps,&:  le  tiennent  d  e  pere  en  fils ,  com- 
me aufîi  ont  faict  la  faindte  eglife  catholique  &:  les  facrezConciles:&:  comme  il  apparoif 
foit  parles  actes  deflufdits, ledit  Hector  adhérer  obftinément  à  rhereiie,mefpnfant  l'e- 
glifecatholique  par  l'es  propos, &:  ne  fe  voulant  fubmettre  à  bon  iugement  ne  desPcres 
Conciles:à  ces  caufes  ils  déclarent  &c  prononcent  par  leur  fenten  ce  diffinitiuc,lcs  fuf 
dites  opinions  hérétiques  &:  fchifmatiques  :  &:  par  confequent  ledit  Hector  hérétique 
&rchilmatique,lequelilscxcommunioyent&:  (cparoycntdereglifc,&:  le  renuoyoyéc 
deuantion  iugeIay.Etcombien,difoyent-ils,quepar  leur  fentenceilsle  renuoyairent  A 
au  bras  feculier  pour  eftre  puny  félon  le  droit:  toutefois  ils  proteftoyent  qu'ils  n'atten-  feieudeur 
toycntpointàlamort,nyàaucune  mutilation  de  membre  en  Japeri'onne  deBerthe.  fonc-ib 
lemy:  Ainçois  autant  qu'il  eftoit  Jicite,&:  qu'il  conuenoit  à  la  chanté  Chrefticnne,ils  le  |J£ îufoyS 
recommandoyentà  ("esiuges  :  ordonnant  que  les  liures  fufpects  qui  luy  auoyent  efté  ne  leur  e- 
jrouuez  leur  fuifent  actuellement  &:  prefentement  confignez,pour  y  pouruoir  félon  le  JJ^J^f^ 
droict.       Ccftefcntenceainli  donnee,Ieuè&:  promulguée  en  ces  mefmes  mots,  fut  mourir  per 
acceptée  par  le  procureur  de  la  foy,lequcl  leur  rendit  grâces  im  mortelles  de  leur  bon--  fouae- 
ne  &:  brefue  iuftice,  requérant  iceluy  a&e  &  inftrument  public  luy  eftre  deliuré  :ce  qui 
fut  fait.    Berthelemy  renuoyé  au  Parlement  ne  tarda  gueres  qu'il  n  euft  areft ,  duquel 
la  teneur  s'enluit. 

S'  E  N  S  V  I  T  l'areft  du  Parlement  de  Thurin  contre  Berthelemy  Heclor. 
^"V  E  V  parla  Cour  le  procès  criminel  faict  par  les  Commi/Taires  à  ce  depurez,&c. 
contre  Berthelemy  Hector  natifde  Poictiers,manat  &  habitant  de  Geneue,  prifonnier 
détenu  és  priions  de  ladite  Cour,chargéd'auoir  porté  dudit  Geneue  des  liures  reprou 
uez  &:  imprimez  audit  lieu,côtenans  doctrine  hérétique, faulïè  &:  cotraireaux  coftiru- 
tions  de  la  faincte  eglife  Romaine  &:  Catholique ,  lefqucls  il  a  vendus  és  vallées  de  Lu- 
ferne,  Angrt>ngnc,&  S.Martin:Seduit&:  mal  édifié  (par  propos  tenus  félon  (àfaufîeo- 
pinion)pluiieurs  fuiets  du  Roy,auec  lefquels  ilauoit  conuerfé ,  à  tenir  &:  croire  lefdites 
faunes  opinions,commettant  fedition  8c  troublant  la  paix  de  la  république  Chreftien- 
ne,&:  contreuenant  en  ce  aux  edicts  &  ordonnâmes  du  Roy  publiez  par  toutes  les  cours 
deParlement:Lcsrefponlesdudit  Hector  auec  les  répétitions  faites  en  prefencede  V- 
inquifiteurdelafoy,parlefquelles ilaperlïfté entièrement  en  fesfauifes  &c hérétiques 
opinions:  Veu  aullî  le  procès  verbal  fait  par  lefditsCom  m  ilfaires,  qui  ont  efte  parcom- 
miflion  de  la  Cour  efdites  vallces,pour  entendre  comme  ils  le  portoyent  fur  le  faict  de 
la  religion, auec  les  rcfponfes  faites  parles  Syndiques  &  hommes  dcfdites  vallees:L'ad- 
uisôc  déclaration  dudit  Inquifiteur:  Les  conclufions  du  procureur  gênerai  du  Rov,  au- 
quel letout  a  efté  communiqués  ouy  en  pleine  Cour  en  la  chambre  du  conleil  ledit 
Hedtor,en  prefence  dudit  procureur  gênerai  fur  tous  les  poincts  d'erreur  qu'il  tienc. L'a 
reft  inrerlocutoire,donné  le  18.de  May  dernier  pafle,par  lequel  ledit  procès  auec  le  pri 

EE.  x  1  j  x . 


Z,;#ro  VI.  Hier  orne  CaJabortzS. 

fonnieraeftérenuoyéau  vicaire  de  rArcheuefquede  cefte  ville  de  Thurin,&:  delab- 
bé  de  Pignerol,&  à  l'Inquiliteur  de  la  foy,pour  luy  faire  &:  parfaire  ion  procès  iceluy 
iuger  enran  c  que  touche  le  faict  &:  crime  d'hcrefie  feu  lement  :  Saut  à  faire  droici  fur  les 
cas  priuilegez  à  laformede  l'cdi£t  du  Roy  :  Le  procès  faic  par  lefdits  Vicaire  6c  Inquifi- 
teur audit  He<5ror,periîftant&:  pcrlcuerant  en  fcfdites  hci ciïcs &r  erreuis  :  Aueclalen^ 
tence  par  eux  donnée  le  dixième  iour  de  ce  prefent  mois  de  luin,par  laquelle  ledit  He- 
ctor côme  obftiné  a  elle  déclaré  hérétique  &  fchilmatique,rcprouué  Se  fcpaie  de  l'egH- 
fe,&  renuoyc  à  fon  îuge  t'eculier  pour  eftre  bruflé  (elon  la  loy  :  Et  ouys  derechef  les  gens 
du  Roy,anlquels  le  tout  a  cité  communiqués  toutes  chofes  meurement  conlideiccs: 
Ladite  Cour  a  condamnée  condamne  ledit  Berthelcmy  Hector  à  eftre  brullé  vif  en  la 
La  Cour  s'-  place  du  chafteau  de  cefte  ville  vn  iour  de  marchc,comme  herctiq  &  Ichilmatique  de- 
5Sc!a^cfc  c^a,^Par^a lentcncedefdits  Vicaire& Inquifitcur  ,  &  comme  léductcur& turbatcur 
fur  le  iuÇc-  de  la  paix  de  la  republiqueChreftienne,&:  infra&eur  des  edidts  &  ordonnances  royaux: 
mem  des       a  orrlonné& ordonne  que  les  liuresdcfquels  il  a eftétrouuélaify  parluy  apportezdc 
aducriaircj.  Qcncue^  iHccimpnmcz,pour  vendre  cfdiccs  vallées  de  Luierne&lainà  Martin,  con 
tenansladite  doctrine  hérétique  &  reprouuee ,  feront  bruflez  en  la  prefence  dudit  He- 
&or.Tous  &  chacuns  fes  biens&:  la  marchandise  qu'il  pot  toit  à  vendre ,  déclarée  con- 
fifquee  au  Roy,  les  frais  faits  par  ceux  qui  l'ont  fait  prifonnier  &c  détenu  en  la  vallecde 
faind  Martin  &c  autres  frais  de  Iufticc  fur  iceux  préalablement  payez  :  de  laquelle  con- 
fifeation  les  dénonciateurs  en  auront  la  tierce  partie  fuyuant  l'edid  du  Roy.  Ainfi  (igné 
HieromePurpurat,&:  Auguftin  deecclcfia.lc  ip.de Iuin  m.d.l  v  i.Et  au  de/Tous dudic 
areft  fut  mis  vn  retentum  de  la  Cour:qu'en  mettant  le  feu, Hector  feroit  eftranglé ,  en  for- 
te qu'il  n'en  iéntiroic  la  douleur. 

Le  lendemain  2o.iour,ledit  areft  fut  prononcé  à  Berthelcmy ,  lequel  après  auoir  loué 
Dieu  des  grâces  qu'il  luy  faifoit  de  fouffrir  pour  fon  nom,  demeura  autant  ferme  ÔC 
conftant qu'il eft poilïblede penfer.Et dauantage remonftralaueuglement  au  peuple 
&  à  ceux  que  laCour  luy  auoit  exprclTément  attritrez  pour  luy  perfuader  qu'on  luy  fau- 
ueroit  la  vie,&:  le  renuoyeroit-on  (ain  &  fauf.Et  que  tât  s'en  falloit  qu'il  les  vouluft  croi- 
re,queiamais  chofe  plus  douce  ne  plus  agréable  ne  luy  eftoit  aduenue,  que  de  mourir 
pour  fi  bonne  querelle.  La  Cour  aduertic  de  fa  ferm  été  &:  confiance  par  lesConfeil- 
liers  qu'elle  y  auoit(comme  dit  eft)enuoyez,&:  comme  ils  n'auoyent  peu  tirer  autre  cho 
fe  de  luy:le  menaça  que  s'il  parloit  en  allant  au  fupplice  ou  eftant  là,qu  on  luycoupc' 
roit  la  langue.Mais  tan  t  s'en  fallut  que  cela  l'eftônaft  qu'il  en  fut  dauâtage  encouragé: 
&eut  ce  bien  iufques  à  la  mort,à  exhorter  le  peuple  en  la  crainte  deDieu,  &àmoftrer 
Terreur  au  ql  ils  eftoyét  plôgez.Eftât  arriué  au  lieu  du  fupplice,laCour  huy  enuoya  dere- 
chef dire,que  s'il  le  vouloir  dcfdirc  &:  conuertir,il  ne  mourroit  point^mais  ne  tenant  cô- 
te de  leurs  promefles  il  fe  mit  à  genoux  pour  faire  fa  prière  à  Dieu ,  laquelle  il  continua 
allez  longuement.  &  entre  autres  chofes  le  fupplia  à  haute  voix  de  pardonner  à  fes 
luges ,  &:  qu'il  leur  vouluft  ouurir  les  yeux  pour  entendre  la  vérité  de  fa  parolle.  Puis 
il  fit  encoi  es  quelques  remonftrances  au  peuple  qui  alîïftoit  là  :  dont  la  plus  part  fe  mit 
à  pleurer  &  regretter  (a  mort,difant, qu'ils  s'efmerueilloyent  comment  on  falloir  mou- 
rir vnrel  homme,qui  ne  parloit  quede  Dieu.Sur  l'heure  eftant  mené  Rattaché  au  po- 
fteau, comme  on  luy  mettoit  la  poudre  à  canon  &:  le  foulfre  deuan  t  le  lein ,  efleuant  les 
yeux  au  ciel,dit,0  Seigneur  que  cecy  m'eft  doux. Il  fut  eftranglé,&:  fon  corps  réduit  en 
cendres, en  facrifîcede  bon  odeur  au  Seigneur  &:  à  fon  Eglife. 


C  A  S  A  B  O  N  E,  Biernois. 

L  E  motif  &r  la  caufe  de  la  piinfe  de  ce  Martyr,nous  doit  admonnefter.que  fi  la  vérité  du  Seigneur  ne  nous  eft  pre 
cieufe  iufques  là,de  nous  abandonner  pluftoft  à  tous  dangers,que  de  la  voir  ououyr  conuertie  en  opprobre 
&rmenfonge,nous  ne  fommes  pas  dignes  d'eftre  reputezClireftiens.Car  puis  que  Dieu  eft  imc  plus  fa  Parolle 
qu'il  ne  fut  cout  ce  qui  eft  au  monde,c 'eft  bien  raifon  que  tous  fes  dôs  &graces  foyent  en  ployez  à  la  main- 
tenir entant  qu'en  nous  fera. 

M  E  V  X  d'Agenois  eurent  en  ce  temps  M.HicromeCafabone  natif  du  pays 

.D.Lvr.  jf^p^M  de  Bierne,  pour  héraut  &  telmoin  de  la  vérité  Euangelique.    Iceluy  ayant 
M  xlllSj^  <îue'<îuc  temps  régenté  à  Monflanquin,en  Agenois,fut  pédagogue  de  plu- 
S^^^j?  ficurs  enfansdebônemaifon,lesenfeignancauccIcs  bon  nés  lettres,  la  pie- 
té. 


Hier  orne  Cafaboncj.  44.1 

te.  Aduinc  qu'en  Tan  u.o.tvi.  qu'vn  moine  dePerigueux  prefe  liant  la  quarefme  audit 
lieu  deMondanquin,  après  qu'il  eue  abreuué  le  peuple  de  pluiîeurs  blafphemes,fut  fur 
la  fin  admonnefté,le  Maray  deuant  Pafques  au  iortirdc  la  chaire  par  M.Hierome  ,  de 
n'abuferainli  les  pouresignorans,ô£  enaigrirduleuain  des  Phariticns.Le  moine  fit  le  m 
blant  de  l'efeouter  patiemment:  &  fe  lanTa  conduire  pat  luy  chez  Ton  hofte,  qui  eftoit 
vn  preftrede  ladite  ville,homme  adonné  â  l'on  plaiflr>qui  autrement  ne  fe  foucioit  de  la 
vraye  ou  faillie  religion.  Quand  le  moine  fut  en  fon  logis,  &  qu'il  fe  fentit  fortifié  delà 
preience  de  (on  hofte,commença  de  leuer  les  ergots ,  &c  fouftenir  qu'jl  n  auoit  prcfché 
que  vérité  côforme  à  la  doctrine  recéuë  par  leur  mere  fain&e  cgîifc:aucontraire,ce  que 
Hierome  luy  auoit  remonftre,fcntoit  fes  fagots.  La  difpute  fut  tirée  iufques  à  l'heure 
que  le  difner  eftant  preft  pour  cftre  mis  iur  table,Hierome  fe  retira  aucchonnefte  con 
gédu  moine,quilemercioitde  fa  bonne  vucilîe  :  àc  de  ce  que  luy  &c  fesfembiableslé 
daignoyent  de  leurs  docks  5c  familiers  colloques:  le  priât  de  venir  plus  fouuent  le  voir 
pour  conférer  enfcmble.  Hierome party,  le  moine ÔC  fon  preftre  lallerentinconti- 
nent  accufer,auant  ne  boire  ne  manger,combien  que  ccfuft  lur  l'heure  qu'ils  fe deuoy- 
ent  mettre  à  table.  Le  luge  qui  receut  leur  déposition  nommé  Faure,eftoit  frcfchemét 
retourne  des  priions  de  Bourdcaux,où  il  auoit  efté  détenu  pour  quelques  maluerfariôs 
&  coneuftions  dont  il  eftoit  chargérlequel  pour  recognoiftre  fa  deliurancefut  bien  aife 
d'auoirtrouué  propre occafiô  pour  acquérir  à l'aduenir  renom meed  homme  iufticier, 
&c  de  gratifier  à  ceux  duditPailemét,les  cognoifTant  eftre  ennemis  iurez  de  la  doctrine, 
qu'on  nomme  nouuelle.Parquoy  à  l'inftant  interrogua  le  moine  Se  le  preftre,  &:  décer- 
na prinfe  de  corps  contre  Hieromc:&  l'enuoya  prendre  en  la  mai  fon  de  Palloque ,  pre„ 
fent  le  procureur  du  Roy. 

L  e  lendemain  de  lemprifonnemencil  fut  mené  en  la  maifon  deIaville,cnuironîes 
iix  heures  du  matin,&interroguéparlesiuges&Cconfu!sde/a ville  ,  fur  plufieurs artL 
cles:aiTauoir  ,  du  Purgatoire,  de  la  Salutation  Angélique  ,  des  Images ,  des  Sacre- 
mens,&:dela  contrairie  d'vne  noftre  Dame  (  qu'ils  appelent  Du  chappclet)  la- 
quelle les  moines  Auguftins  ont  introduite  &  fai&  obferucr  en  ladite  ville. mais  on  s'ar 
rcfla  principalement  fur  la  Me/fc:£c  à  raifon  du  temps, fur  l'abftinence  des  viandes,  en- 
quoy  il  fe  monftra  merucilleulcmcnt  docte.Et  comme  l'aflîftencc  demeuroit  eftonnee 
&confufe,illeur  dit,Si  vous  ne  vous  contentez  de  ma  depolîtion  ôc  refponfe  verbale, 
permettez-moy  que  la  vous  baille  par  cfcrit,&:  vous  en  cognoiftrez  dauantage.  A  quoy 
les  luges  rcfpondirent,quc  ce  leur  eftoit  affez.    *  C'cft  vnc  chofe  toute  commune , 
que  Satan  a  gaigné  fur  la  plus  part  desiugcs,  qu'il  le  contentent  feulementde  tirer  des  . 
relponfes  de  ceux  qui  font  acculez  pour  la  vrave  religion, ou  qu'ils  nyent  lePurgatoire, 
ou  rcprouucnt  lesMelIés  &:  choies  fcmblablcs  de  leurs  inuentions,fans  en  vouloir  atté- 
dre  autre  railbmallauoir  fur  telles  négations, fentence  de  mort  cruelle.  En  quoy  on  co-  L»,*mpje  f 
gnoit  non  feulement  vue  mamfefte  impicte,mais  vn  propos  délibéré  de  combattre  2£  deslugesde 
anéantir  l'authonté  des  S.Efcritures,pourfubftituer  (entât  qu'en  eux  eft)  les  maudites  h  paP,lutc- 
inucnôsdcs  homes  au  lieu  de  lavcritédeDieuXeurzeleauflïefttellemct  enragé  qu'ils 
penlénc  ne  pouuoir  faire  plus  grand  feruice  à  leur  dieu  de  MelTe ,  que  d'employer  leurs 
meilleures  6c  plus  deuotionncesfeftcs,à  faire  la  guerre  auDieu  viuant:ce  quifecognut 
maniteftemét  en  cefte  procédure. Car  combien  que  leurs  cérémonies  delafepmaine, 
qu'ils  appelent  Peneufc,  communémentles  occupent&amule-m  en  deuotion  ,  Se  fur 
tout  au  lourde  leur  grand  Vendredy  fainct,  iieft-ce  qu'ils  ne  fe  donnèrent  aucun  relaf- 
che  pour  cela. Car  à  l'apres-difnee  dudit  iour  ils  fîret  derechef  venhHieromc  en  la  mai- 
Ion  delà  ville,pour  le  confronter  ôcrecolcr  contre  ceux  qui  auoyentdepofé  contre  luy: 
Iefqucls  combien  qu'il  rendift  confus  par  fes  rcfponfcs ,  neantmoins  le  moine  &:  le  pre- 
ftre,d'vne  impudence  effrontée  conuertirent  leur  confufion  en  rifees ,  pour  monftrer 
qu'iis  le  metprifoyentjdcquoy  leluges'apperccutxariurar  àlafaçon  des  idolâtres  dit, 
Par.fainct  Antoine  le  prifonnier  eft  homme  fauant.  ^  Or  cependant  qu'on  examinoit 
autres  tefmoins,aduintque  le  vicaire  du  temple  3ppclc  noftre- Dame>portant  fon  dieu 
à  quelque  malade, palfa  pardeuantla  maifon  de  la  ville  ,  où  eftoit  ledit  Hierome  aucc 
le  fermteur du  Geôlier  qui  legardoitdequel  fe  mettant  àgenoux  ,  vouloit  que  Hiero- 
me s'y  mift  auflî:mais  eft ant  mené  d'vn  zele  deDicu,fît  refus  de  ce  faire     print  occafio 
de  remonftrer  à  toute  l'afliftence,  quelle  horre ur  &C  idolâtrie  c'eftoit  que  de  le  profter. 


Tlufieurs  Martyrs. 


La  caufe 
pourquoy 
Cafaboue 
ne  s'eftoit 
fciuué. 


Qucftioa 
extraordi- 
naire. 


rerdcuatvn  idole'.que  le  Dieu  feul  éternel  &vinâtdcuoiccftre  adoré  par  Icfus  Chrrft 
qui  eitoit  au  ciel  à  ladextre  de  Dieu  ion  Perc,&  non  encre  les  mains  du  preftre,  qui  par 
tels  fpeaaclesabufoit&amuioit  lepoure  populaire .  Les  rccolemcnt&  confrontatio 
acheuez,fut  renuoyé  en  prilon,&  enioint  au  Baille, à  peine  de  cinq  cens  liures  le  mener 
à  Bourdeaux  aucC  routes  charges  &  informations  dedans  quinze  ioqrsrpendât  lefquels 
Hicromeefcriuit  vik*  epiitre  aux  fidèles, les  folicitantdcs'affembler&  prier  Dieu  pour 
luy,afin  que  nul  ne  hift  feandalifé  à  ion  occafion,de  ce  qu'ayant  eu  des  moyens  de  fe  iàu 
uer,il  ne  s'en  eftoit  aidé,  alléguant  pour  caufe  ,  Qu'il  aimoit  mieux  aller  à  Bourdeaux 
rendre  raiion  de  fa  foy,  que  par  fa  mitte  l'es  adueriaires  eulfcnt  occaiion  de  blafmerla 
vérité  de  la  doctrine  qu'il  auoit  maintenue.       Le  Baille  quelque  inion&ion  qu'on  luy 
euft  faite,Ie  garda  plus  de  deux  mois ,  &:  luy  donna  pluiïeurs  moyens  de  ie  iauuer:  mais 
en hn,voyant  qu'il n'y  vouloit entciîdre,i'cnuoya à  Bourdeaux auec bien  petite compa 
gnie.  Ce  patient  au  lieu  de  cercher  moyens  d'efchapper,ne  ceffoit  par  les  chemins  6c 
hoftelleriesd'admonneilervnchacun,duialutquiell:  gracuirement  offert  au  kul  Sau_ 
ueurlefusChriftidexhorter  ceux  qu'il  voyoït,  à  embraffervn  tel  bencfîce,en  quittant 
toutes  pollutions^:  idolâtries.        Arriué  qu'il  fut  à  Bourdeaux,^  que  le  (bruiteur  du 
Baille  eut  mis  fon  procès  au  greffe  de  la  Cour,  îlnetardarienàeftreiugc&confcrmé 
par  ArelL  Les  iuges  du  Parlement  luy  demandèrent  s'il  vouloit  perfeuerer  en  fes  opi- 
nions^ fa  tefponicf  ît  qu'ouy: voire &:  qu'acefte  occaiion  ilauoit  defîré  de  venir deuâc 
cux,pourfcellerparlcffuiîondcfon  fang,  la vraye& pure  doctrine  du  Seigneur Iefus. 
Enlaqueftionqu'onluy  donna,pourfauoir  fien  Monfîanquinii  en  cognoiffoitde  fon 
opinion,il  n'y  eut  ne  toui  mét  ne  menace  qui  feuft  tirer  de  lui  aucune  accufatiôde  ceux 
quilcognoiiibit.(^oy  voyaslesIuges,come  pour  vn  dernier  remede,firêt  allumer  vne 
torche  pour  luy  faii  e  crier  mercy  &:  pardô  àDieu,àla  vierge  Marie,aux  fain6ls  ÔC  fai&es 
de  paradis,&:  àlaIu(tice.Hietonic  pria  prôptemétDieu,&d'affe&ioardételuy  demâda 
pardo  des  fautes  &  offéfes  qu'il  auoit  cômiies  contre  fa  maiefté.  mais  comme  ils  le  vou- 
ioyent  forcer  de  palier  cutre,&:  de  venir  a  la  vierge  Mane,aux  iain3:s,&:  à  la  Iuftice:  il  le 
refufa,alleguant  qu'il  ne  les  auoit  en  rien  offenfé:&:que  fupplication  de  pardon  fansfau 
te  prccedente,cftoit  pluitoft  moquerie  que  deuoir.  Lors  luy  fut  commande  de  bailler 
la  langue  à  couppence  qu'il  fît  promptement. Et  depuis  citant  nicné.au  fuppliceiimo- 
itraparl'eleuation  des  yeux  &:  mains  au  milieu  des  flammes  du  feu,  que  c'efîoit  d'en, 
haut  qu'il  attendoit  falut. 


M.  D.  LVI. 


De  Dieu. 


TREIZE  MARTYRS,^*. 

D'  V  N  E  trouppe  de  Chreftiens  Hure*  à  la  mort  pour  la  confeftîon  de  l' EuangiIc,rcceuons  cel>  aduertiffement.Que  le  Seigncu  r 
appelant  les  liens  pour  courir  à  la  luittc,cc  n'eft  pas  pour  donner  le  prix  à  vn  fcul,mais  à  tous:afinc-uc  les  vns  aident 
les  autres  en  comrnun,&  tendent  les  bras  l'vni  l'autre  pour  eftre  auancczau  but  d'vne  fiheureufe  coude. 

A  cruelle  puiffanec  des  ennemis  croiffoit  en  ce  temps  au  [pays  d'Angleter- 
re fous  Marie:non  feulement  contre  les  robuftes  &:  fortifiez  en  la  foy,  mais 
aufli contre  les  (impies 6c  peu  exercezaux  combats  Chrcftiens.  Nous  en 
auonsicy  quelques  vns  qui  ontfurmonté  toute  craintedemort  corporelle: 
&c  confefTans  vne  doctrine  vrayement  Chreftienne,  l'ont  feellee  de  leur  propre  fang. 
Leur  confelîion  a  efté  tranllatee  de  l' Anglois  comme  s'enfuit: 

L  A  foy  &  Ci'mCt  accord  desprilbnniers.prcfentéa  l'cuefauede  Londres  à  Fullam.au  mois  de  luin^frf:  defcjuels  les  noms  fône 
cy  deflbus  loufcrits. 

V  S  confeffons  tous  &conftamment  croyons  qu'il  n'y  a  qu'vn  Dieuviuant& 
;cternel,  de  puiffanec,  iapience  &:  bonté  infinie,creatcur  &:  conferuatcur  de  tou- 
tes choies  tant  vifiblcs  qu'inmiibles-.&c  qu'en  l'vnité  de  fa  Deité  il  y  a  trois  perfonnes 
coèffentielles &:  coeternelles,fans confuiion de  proprictez&  relations,  &  fans  aucune 
inequaiité:affauoirlcPere,leFils,&  le  fain£rEfprit:commeil  cft  vrayement  enfeigné&: 
creu  en  ieglife  de  Iefus  Chrift,fondce  fur  la  fain&e  parolle  Dieu.de  la  quelle  vraye  Egli 
fenous-nousdifons,&:  chacun  de  nous fçrecognoit  vray  &c  viuant  membre  conioinct 
I'vn  à  l'autre. 

No  v  s 


Plufieurs  ^Martyrs .  4.4.2 

No  v  s  confelfons,&:  fans  douter  croyons  que  la  féconde  perfonne  enlaTrinué,af- 
fauoiir  le  Fils  éternel  de  Dieu  le  Pere  a  voulu  pour  l'amour  de  nous  prendre  noftre  hu- 
manité fur  luy, du  ventre  de  la  bien-heureufe  vierge  Marie,  citant  conceu  de  fa  propre 
fubftanceparla  vertu  du  fainttEfprit:  &:  que  des  le  moment  de  celle  conception  ,  la 
perfonneduFilsaefté  vnieinfeparableruehtauec  la  nature  hurnainc,en  vneperfonne 
qui  eft  Iefus  Chrift  vray  Dieu  &  vrayhomme,duquel  le  royaume  ferafans  fin.  Nous 
confetlbns  &:  croyons  de  cœur  tous  les  articles  de  la  foyChrcftienne,contenus  au  Sym- 
bole, vulgairement  appelé  le  Credo  des  Apoftrcs,&:  au  Symbole  d'Athanafe. 

AuiTinous  recognoiilbns  fidèlement  que  la  remilïîon  des  péchez Ja  rédemption, iu-  De  la 
ftifkation  S^fandification  nous  viennent  entièrement  &:  feulement  delamercy&fa-  fi«4°nj 
ucur  gratuite  de  Dieu  en  ïefus  Chrift,acquife  par  fa  mort  &c  fang  elpandu ,  fans  aucun 
mente  ou  eeuures  quelques  grandes  &£  bônes  qu'elles  puiilcnt  apparoir^  neantmoins 
de  peur  quequelcun  nenous  entende  mal, ou  penfeque  vueillionsnyer  ou  anéantir  les 
bonnes  ceuures:nous  recognoiilbns  que  tous  hommes  font  fubmis  par  la  parolle  de 
Dieu  faire  bonnes  œn mes: non  pas  pour  deleruir  quelque  partie  de  noftre  faluation. 
ains  pour  monftrer  noftre  obcillance  par  les  fruicls  de  la  foy ,  afin  que  la  lumière  de  nos 
bonnesœuurcspuiireii  bicnluircdcuantleshommes,  que  Dieu  autheur  d'icelles  en 
ibitglorifie.Etainiînousauonsen  horreur  celle  iJ.ole  fterileôc  foy  morte  de  laquelle 
fainâ  laques  parle  en  fa  Canonique,qui  n'a  aucune  bonne  ceuure  la  fiiyuante.  Et  ainfi 
affermons  que :  Dieu  nenous  réputé  pas  iuftes  douane  l'on  iugemenc ,  pour  regard  de 
quelques  œuin es  noftres:defquelles  la  meilleure  examinée  à  la  pureté  delaLby,fera 
trouuce  félon  Iediredu  Prophetecomme  vn  drap  fouillé  de  menftrue  .    C'eft  donc  îk,^,.c 
pour  l'amour  de  Iefus  Chrift  feulement:duqucl  la  prccïeufc  mort  èc  fang  refpandu  en 
parfaittfaciifice,eft  luffilanterançon  pour  les  peehez  du  monde.       Item  aulfî  nous 
croyons  que  le  facrcmentdu  Baptefmc  ,  n'eft  pas  feulement  vn  fignede  profefîion&:    ^  C" 
marque  de  diftbrcnce  par  laquelle  le  Chrefcien  eftdifcerné  des  autres  infidèles  ,  mais 
aufli  que  c'eft  vn  feau  de  régénération, par  lequel, comme  par  vn  iuftrumcnt ,  ceux  qui 
reçoiucnt  le  Baptelme  droitement  font  entez &£  incorporez  en  TEglife  duSeigncurîles 
promettes  de  la  remiflion  des  pochez &:  denoftre  adoption  lont  vijiblemcnt  lignées  &; 
leeliees:&  la  foy  y  cft  confermee.  Que  la  couftume  del'Eglife  de  baptifer  les  petits  en- 
fans,5ceftre  recommandez  à  Dieu  par  prières, doit  cftre  maintenue  &obferuce. 

Aufii  nous  croyons  quelaCcne  du  Seigneur  n'eft  pas  feulement  vn  ligne  de  l'vnion 
que  les  Chrefticns  doyuent  auoir  entre  eux,l'vn  à  Tautre:mais  auffi  vn  facrement  de  no 
ftre  rédemption  par  la  mort  &:  paffiondcChrift,cntaht  qu'à  ceux  qui  dignement  auec 
foy  la  reçoyucntjle  pain  qu'ils  rompent  enlemble,eft  la  communié  du  corps  de  Chrift: 
pareillement  lacouppede  bénédiction  leur  cft  vne  communion  du  fang  d'iceluy.  Et 
n'a  pas  efté  commandé  d'eftre gardée  &c  enfermée  ou  portée  par  les  rues  *  ne  leuee  par 
delïus  la  tefte,n'adoree.^Nouscroyonsauffi,quelalainâ:c  méditation  de lapredeftina  predeftiB^ 
tion  éternelle  de  Dieu,&:  noftre  elc&iô  en  Iefus  Chrift,ell  pleine  de  plaifante  douceur,  don. 
&  indicible  conrortaux  fam£tes  perfonnes ,  qui  fentent  en  eux-mefmes  l'opération  de 
rEfpritdeChrift,mortifiantlesœuures  dclachair,&  leurs  membres  terreftres,  en  atti- 
rant leurs  entendemens  aux  chofes  celcftes.Item,  &  que  cefte  cognoifîance  nous  con- 
ferme  grandement  en  l'éternelle  faluation  qui  eft  par  Iefus  Chrift:  mais  aux  perfonnes 
curieufes  &  charnelles,qui  n'ont  l'Efprit  de  Chrift ,  c'eft  vn  dagereux  labyrinthe  par  le- 
quel le  diable  les  peutabatre&  mettteendcfefpoir,ou  incitera  vie  abandonnée  à  tou 
te  ordure.  Finalement  nous  croyons  que  l'oblation  par  Iefus  Chrift  vne  fois  faite,  a 
pour  iamais  appaifé  l'ire  de  Dieu  ,  &z  a  fatiffait  pour  tous  les  péchez  du  monde  tant  ori- 
ginels qu'actuels  qu'il  n'y  a  autre  fatilfaction  pour  les  péchez  que  cefte-là  feule  :  par- 
quoy  le  facrifice  de  la  MefTc,auqucl  on  dit  que  le  Preftre  offre  IefusChrift  pour  les  viuâs 
bc  les  morts,eft  vne  tromperie  trcfdangereufe,Ô£  autat  pernicieufe  qu'il  en  fut  oneques; 
inuentec.^Ccfte  confeffion  de  foy,f  ut  lignée  de  ceux  qui  s'enfuyuent, 

LïONàCoïXE        HenryeVvie        H  e  n  r  y  e  Ad  l  i  n  g  t  o  n. 

RoDVLPHE  IaCSON  IeAnDûREFALL.  EdMONDE  HvRÎT. 

IeanRothe.       GeorgeSearles.       "Lavrent  Parmen. 

ThOMAsBoWeR  VVI  L  l  I  A  M  Ho  L  IVVE  L.  ElIZABETH 

Pepper:  AgnesGeorge. 
Et  celuy  quia  tranflaté  cefte  confefûon  après  celle  en  Anglois  fignec  de  leur  pro- 


Lwrt^VL  L'eftatde  l'Eghfi'du  Brefil. 

pre  main,les  à  vcu  brufler  enuiron  deux  mille  de  Londres,aupres  de  Stratfbrd,ou  Sttad- 
jôr6ov>e\,magnifîanslc  nom  du  Seigneur,autancqiie vrais  confeïfeurs  duSeigneur  peu- 
uent  faire. 


COMMENT  y  ne  Eglife  fidèle  s ajfembla  au  pays  du  BrefiL,partie  de  t Amérique 
~4uflralc;0'  comment  elle  fut  affligée  &  àtfperfee. 

L  E  Seigneur  eAeuant  à  prcfent  en  tant  de  lieux  les  enfeignes  de  fon  Euangi!e,penctre  iufqses  aux  nations  ineognu«&  bar- 
bares&parce  moyen  conuieà  loy  tous  habitans  du  monde,auant  qu'exécuter  fon  dernier  iugement.  Cependant  l'in- 
gratitude &  mefclunceté  des  hommes  s'augmcntant  de  plus  en  plus.ne  veut  cftre  efclairee  de  fi  pres:&  lur  tout  les  hy- 
pocrites &  apoftats  donnent  autant  ou  plus  d'cpefcherocnt  au  coufs  de  la  vérité  que  les  tyris  mefmcsxôme  on  le  peut 
voir  par  le  dilcours  de  celle  hiftoire.  En  laquelle  nous  fqmmes  auffi  aduertis,en  luyuant  l'Euangile  d'oubher  nos  com 
moditez:prenans  contentement,»  faim,en  foif.cn  nudité  &  mille  dangers ,  dquels  Dieu  voudra  que  nous  tombions, 
pour  efprouuer  en  tous  lieux,&  exercer  noftre  patience  par  diuerfes  eipeces  de  tribulations. 

jO  V  R  parûeniràrhiftoirequiferacy  après  mife  en  fon  cidre,de quelques 
i fidèles  Martyrs, qui  franchement  fe  fontexpofez  à  la  mort,  &:  ont  anoufé 
[de  leur  (ang  la  lechereiTe  de  la  terre  du  Brcfil,pour  maintenir  la  do&rine  du 
[Fils  de  Dieu, il  eft  expédient  d'entendre  le  commencement  &  le  mouf,d  a 
uoir  eu  en  ce  temps  Eglife  reformée  félon  la  parole  du  Seigneur  en  terre  fi  eflôgnee  des 
L  fh'ft  royaumes&lieux,efquclslefuie£tde  noftrehiftoirc  iufques  icy  s'eft  arrefté.  Lame- 
&  vtihtédc  moire  des  chofes  tant  mémorables,  aduenues  en  ce  temps,  nous  doit  picqucr&  folici- 
ceftehiftoi-  ter  viuement  à  vne  méditation  continuelle  des  merucilles  du  Seigneur  ,  &c  conuient 
croire  que  l'oubliance  ou  fuppreflïond'icelles,fera  vniour  cher  vendue  à  ceux  qui  Tau 
royent  peu  faire  entendre  &  publier  par  toute  la  terre.  La  grandeur  du  fuied  de  ce- 
tte hiftoire  auec  les  circonftances  des  licux,eft  degrand  poix  &  confequence.  Car  où 
eft-il  eferit  qu'auMonde  nouuellemct  defcouuert  ily  ait  eu  aucun  facrifié  &  mis  a  mort 
pour  le  tefmoignage  de  la  parolle  deDieuî  Nous  auôs  veu  &  leu  q  les  barbares  ont  tué, 
facrifié,&:  mangé  aucuns  Portugaiois&  François:  mais  pourquoy  ?  d'autant  que  par 
leur  auarice&:  ambition  demefuree,il  auoyent  outragé  &  oftenfélefdits  barbares-  Cha- 
cun cognoit  fort  bien  que  lefditsPortugalois&mefmes  les  François  qui  ont  fréquen- 
té icelles  regios,  non  t  ïamais  parlé  vn  feul  mot  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  aux  po- 
uresgés  de  ce  pays-la.  Vcu  doc  q  les  trois  perfonnages(la  mort  defquels  eft  côtenue  cy 
apres)quife  (ont  corne  prémices  expofezà  la  mort  pour  maintenir  laiuftequerellede 
l'Euangile:ce  feroit  chofe  mal  feante  &c  de  trcfmauuaife  côfequence,dc  laiflcr  leur  me 
moire  comme  cnfeuelie&efteinte  entre  Jes  hommes  :  ô£  aduiendroit  qu'vniour  leur 
fang  redemanderoit  vengeance  de  l'oubliance  de  ceux  qui  l'auroyent  peu  faire  enten- 
dre par  toute  la  terre .  Ces  confiderations  &  caufes  ont  efmeu  ceux  qui  ont  cfté  pre- 
(ens  à  ce  qui  eft  icy  recité:&:  entre  lefqucls  eft  paruenu  ce  recueil,  d'en  faire  participât 
le  Leâ:eur,pour  l'inftruire  contre  les  calomnies,qui  pourroyent  obfcurcir  la  vérité  des 
cauiesdcl  entreprife,desmoyens,executions,protcftatiôs,  rcuolte,bref,dctoutccqui 
s'enfuyuit: 

ESTANT  Nicolas  de  Villegaignon  ordonné  vifadmiral  en  Bretaigne^  entra  en 
difeord  auec  le  Capitaine  du  chafteaude  Breft,  principale  forterelTedetout  le  pays,  à 
raifon  des  fortifications dudit  chafteau.  Ce  difeord  engendra  mefcontentementô£ 
haine  mortelle  entre  eux, iufques  à  efpier  les  occations  pour  fe  furprendre  f  vn  l'autre. 
Leur  querelle  paruint  iufques  aux  oreilles  du  roy  Henry  II.  de  ce  nom  :  duquel  eftoit 
beaucoup  plus  fauorifé  le  Capitaine  du  chafteau,que  Villeg.qui  luy  donna  trefmauuai- 
fe  efperance  de  l'iffue  de  la  querelle.  Il  eft  certain  qu'il  efperoit  abyfmer  ou  pour  Je 
moins  rendre  infâme  ion  aduerfe  partie  :  mais  confîdcrant  que  peu  il  auançoit  l'on  en- 
treprife,mefmetrauaillantpoiîïble  contre  la  vérité  du  faift,  ou  contre  trop  grand*fa- 
ueur,des-lors commença  à  fedelplaire  en  France  ,  l'accufant  d'vne  mefcognoiflànce 
deshonncfte:attendu  qu'il  auoiteonfumé  toute  fa  ieuneflê  portant  les  armes  pour  le 
feruiced'icelle.  Iladiouftoitdauantagc  que  fon  cœur  ne  pouuoit  plus  comporterd'y 
faire  long  feiour  6c  relidence ,  veu  le  maigre  recueil  qu'il  auoit  receu  de  fes  feruices  pat 
fez.  Pendant  ce  temps,  audit  lieu  de  Breft  refidoit  vn  commis  du  Threforicr  de  la  ma- 
rine,qui  frequentoic  familièrement  ledit  Villeg.  Ceftuy  tant  pour  les  affaires  de  fon  c- 

ftat 


EnUtetrede  t  Amérique  44.3 

ftat  qui  conccrnoyent  le  faift  de  la  Vifàdmirauté,  que  pour  (a  preudhommie  &:  gran  de 
expérience  de  beaucoup  de  chofçj,  Icfquelles  iceluy  Commis  racontoit  en  table,&pro- 
pos  familiers  d  vn  lointain  voyage,  qu'il auoit  autrefois  fait  es  Indes  méridionales  en 
la  partie  du  Brefihlouant  grandement  la  téperaturc  de  lair  dudit  pays, la  beauté  &C  fere-  La  félicité 
nité  du  ciel,  la  fertilité  de  la  terre,  l'abôdancc  des  viures,  les  richeffes  &:  grands  biés  qui  ^  BrcS^ 
prouiennent  en  la  terre,& autres  chofes  dignes  de  fingulierc  recommandation ,  inco_ 
gneuës  totalement  aux  ancicns.Les  deuis  de  ce  Commis  pleurent  mcrueilleufement  à 
Villeg.&:  par  grand  defir  faifoit  fouuentefois  repeter  les  mefmes  parolles,&  iaauoit  par 
fâtafie  enuahy  l'Empire  de  toute  celle  terrede  defir  d'y  aller  de  iour  en  iour  augmétoir, 
mais  les  moyés  ne  luy  eftoyét  grâds.  Car  voulat  fortir  de  France  en  hôneur  &:  reputatiô, 
il  luy  côuenoit  faire  vne  grade  defpenfc ,  laquelle  il  n'euftpeu  fournil  :  ioincl:  que  le  Roy 
euft  trouuéfortmauuais  que  fans  occafiô  il  euft  quitté  fon  (eruicc,pour  fe  retirer  en  exil 
volontaire  auecvn  genre  d'homes  les  plus  cftrâges  &L  eflongnez  d'humanité  qui  foyent 
fous  le  ciel.  A  cefte  caufepar  fubtils  moyens  il  s'infïnua  en  faneur,  faifanc  entedre  à  tous 
ceux,defqueh  il  efperoit  grand  lupport, &:  qui  pouuoyent  auancer  fon  entreprinfc heu- 
reufemenr,  qu'il  auoit  vn  ardét  defir  &r  affe&ion  incroyable  de  cercher  vn  lieu  de  repos 
&tranquilité,  pour  retirer  ceux  qui  font  affligez  pour  l'Euangile  en  cepaysdeFrace:  &C 
qu'ayant  longuement  penfé  en  quelle  part  ilféroit  bon  de  fe  retirer  pour  euiter  lescru- 
autez&  tyranie  des  homes, il  s'efloit  fouuenu  de  la  terre  du  Brefilrdc  laquelle  tous  ceux 
quiyauoyenc  nauigé, louoyent  la  temperature,fertilité&:  bonté  delà  terre,  en  laquel- 
le on  pourrait  cômodément  habiter.  Ceux  aufquels  il  s'eftoit  adrefle,creurét  facilemét 
aux  parolles  dudit  Villeg.duquel  ils  louoyent  rentreprinfe,dignepluftoftd'vn  Roy,que 
d'vniîmplegcntil-hôme.  Etala  pourfuitte  luy  promirent  toute  faueur  vers  ledit  fieur 
Roy, pour  impetrer  toutes  chofes  quiferoyét  requifes  à  la  nauigation ,  cognoiffans  que 
ledit  fieur  Roy  l'auroit  pour  agréable  :  attedu  qu'elle  redôderoit  à  fon  honeur&  gloire, 
&  au  profit  de  tout  Ion  royaume. Ceft  affaire  fut  follicité  en  toute  diligéce, que  bien  toft 
apresVillcg.obtït  deux  beaux  &grâds  nauires armez  d'artillerie,munitios,&:  autres  cho 
fesneceflaires.enfemble  dix  mille  francs  pourladefpenfedes  hommes  qu'il  conuien- 
droit  pafîér:  auec  vn  grand  nombre  d'artillerie,  poudre  à  canon, boulets,  &:  armes  pour 
la  conftrudion  Sidefenfc  d'vn  fort.  Ces  chofes  ainfiheureufement  obtenues, côpofa  a- 
uec  les  Capitaines ,  maiftres  denauires  &C  pilotes ,  pour  côduirc  fes  vai/feaux ,  &  faire  la 
charge  du  bois  de  Brefil,&autres  cômoditez  en  ladite  terre.  Or  il  luy  reftoit  à  recôuurer 
gens  fidèles,  de  bône  vie&  côuerfation  pour  habiter  la  terre  auec  luy  :  pour  à  quoy  par- 
uenir,faifoit  entendre  par  tous  les  endroits  où  il  pouuoit ,  qu'il  ne  demandoit  que  gens 
craignans  Dicu,patiens&:  benins-.fachat  que  de  tels  tireroit  plus  de  feruice  &:  commo- 
dité, que  d'autres, pour  l'efperance  qu'ils  auroyent  d'y  voir  vne  affemblee  &:  congréga- 
tion de  gens  de  bien,dcdiee  au  feruice  de  Dieu.  A  celle  occafion  plufieurs  bons  &:  hon- 
neftes  perfonnages,  n'eftimant  rien  le  long  vqyage,ne  la  grandeur  des  dangers  qui  peu- 
uent  aduenir  en  telle  nauigation,  ne  la  foudaine  mutation  de  l'air,  ne  l'eflrage  manière 
de  viure,  furet  furprîs  parles  belles  parolles  &:  douces  promeffes  dudit  Villeg.  En  outre 
il  luy  conuenoit  mener  gens  de  labeur ,  &  artifans  de  tous  meftiers >  lefquels  il  ne  peut 
trouuer  fans  grad'difHcultéj&moyennât  grande  fomme  de  dcniers:encores  la  plus  part 
d'iceux  eftoÇent  ruftiques,&  fans  aucune  inftru&ion  d'honnefteté  &  ciuilité,addonnez 
à  beaucoup  de  vices  &:  difTolutiôs  vilaines  &c  impudiques.  Attcndât  le  temps  de  l'em- 
barquement, fouuentefois  il  propofoit  à  ceux  qu'il  cognoiffoit  aller  auec  luy  d'vne  fran 
che  volonté,  les  fain&es  &C  bonnes  ordonnâmes  qu'il  efperoit  faire  auec  leur  aduis  &:  cô- 
feil  audit  pays  du  Brefil,fe  voulant  du  tout  rapporcer(côme  il  difoit  )  à  la  deliberatiô  des 
plus  notables.  Et  quat  au  faitt  de  la  religion,  tout  fon  defir  eftoit  que  l'Eglife  qui  y  feroit 
eftablie,fuft  reformée  cômecelledeGeneue.Et  en  toutes  les  compagnies  honnorablcs 
où  iceluy  fe  trouuoit,  promettoit  le  femblable.-chofe  qui  imprima  au  coeur  des  bÔs  vn  e  « 
fpoir  merueilleux  de  fon  entreprinfe.  Vray  elt  qu'aucuns  en  iugeret  mal ,  ayans  cogneu 
ledit  Villeg.  les  années  précédentes  peu  reformé  en  fa  vie  Se  conuerfation ,  ne  pouuant 
oublier  la  cruauté  des  galères  dans  lefquelles  il  auoit  efté  nourry  tout  fon  ieune  aage. 

S  v  r  cefte  bône  opinion  la  côpagnie  s'embarque  dans  les  nauires,&  les  ancres  leuees 
font  voile  du  Haure  de  grâce,  l'an  m.d.l  v.le  x  v.deIuillet:apresauoirfouftenu&ou- 
trepafTé  plufieurs  dangers,  difficultez&:  accidens  fafcheux  fur  ledit  voyage,  corne  relaf- 
chemens,  défaut  d'eaux  douces,  fieures  peftilentieufes,  l'exceffiue  ardeur  du  Soleil ,  Se 

FF. 


L/Wo  VL  L'eftat  de  tEglifi 

les  vcncs  contraires,tcmpcftes  &  tourbillons^'intcmperature  de  la  Zone  torridc,&:  au- 
tres choies  trop  longues  à  raconter,  les  fufdics  arriuerenc  au  Brelil  terre  de  l'Amérique, 
£fleimioa  en  \2  parcie  Mcridionale,où  le  pol  Antartique  s'eileue  (ur  l'Horizon  23 .  degrez  quelque 
taic^uc.  "  peu  moins.  A  la  defccnte  des  François  en  terre,  les  habitans  du  pays  letrouuercnt  en 
grand  nombre  pour  les  receuoirauec  bon  recueihleur  faiiant  prefent  deviuresde  leur 
terre  &:  autres  choies  iïngulieres,  pour  traiter  auec  eux  vne  alliance  perpétuelle. 

O  r  partant  du  Haurc  de  grace,les  palfagers  ne  s 'eftoyent  point  informez  fi  Villeg.a- 
uoit  mis  viures  dâs  les  natures  pour  ceux  qui  habiteroyent  en  la  terre,  corne  il  eftoit  rai- 
ionnable.  Partant  arnuezà  terre,&:  cognoi/Tans  qu'il  n'y  auoit  viures  pour  les  fuftenter, 
trouuerentforteftrange,&fafcheuxàcomporterdeviure  feulement  delà  nourriture 
de  celle  nouuelle  terre, aiîauoir  de  frui£ts&  racines  au  lieu  depain,&:  d'eau  pour  du  vin, 
&:  encorcs  en  h  petite  quantité,que  c'eftoit  chofe  pitoyable  à  voir  -,  veu  qu'vn  home  leul 
euft  bien  mangé  ce  qu'on  donnoit  à  quatre.  Par  ce  foudain  changcmc»t,plufieurs  tom- 
bèrent en  grolles&  fafcheufes  maladies,  defquelles  ils  ne  le  pouuoyét  releucr,  veu  que 
toutes  choies  requifes  aux  malades  leur  defaillovent ,  qui  indigna  dellois  beaucoup  de 
peribnnes  contre  ledit  Villeg.raccufantd'vnemfatiableauarice,ayantelpargné  Target 
du  Roy,&  iceluv  conuerty  en  fes  propres  vfages,  au  lieu  de  l'employer  en  viures  &c  cho- 
fesnecelTaires  pour  la  nourriture  &  fanté  de  tous  ceux  ,  qu'il  auoit  menez  en  celle  loin- 
taine région.  Il  cit  certain  que  les  mariniers  qui  elloyent  nouuellemenr  reuenusde  ce 
pays-la, auoyent  donné  à  en  tendre, qu'il  y  auoit  des  viures  en  la  terre  luffilammét  pour 
fuftente*  tous  ceux  qui  y  pa(loycnt:partant  qu'il  n'eftoit  befoin  charger  les  vaiifeaux  de 
ceux  de  pardeça.  C'eftoit  l'cxcufe&f  refpôie  que  prenoit  ledit  Villeg.  pourfe  purger  de 
^pdéne.  cc^e  tache-  Ec  d'autant  plus  eftoyent  cfmeus  les  poures  perfonnes,  tant  malades  qu'au- 
tres, d'autant  que  ce  grand  défaut  fe  trouuoit  tout  au  commencement,  (ans  y  auoir  au- 
cune côhderation:  tant  s'en  faut,  que  pour  cela  en  rien  on  leur  diminuait  letrauail,  que 
deiourcn  iouron  leuraugmentoir,autantque  s'ils  eurent efté bien  nourris  &fuften- 
tez  :  melmemét  en  tel  pays  où  l'ardeur  du  Soleil  eft  fi  veheméte,que  peu  de  gés  le  pour- 
royent  croire.  Il  leur  eftoit  ncccfiàire  depuis  le  iour  leuanr,  îufqucs  au  iour  couchât,en- 
tendre  les  vns  à  rompre  des  pierres,  autres  à  porter  la  terre  &C  coupper  bois ,  confiderc 
que  le  lieu,  le  temps,  &c  l'occalion  requeroyent  grande  diligence,  craignât  le  danger  tât 
des  habitans  naturels, que  des  Portugalois  ennemis  mortels  des  Frâçois  en  celle  terre. 

L  e  s  artifans, corne  fay  predit,gens  de  petite  colîderation  &  peu  ou  point  touchez  d' 
aucun  honeur,fe  perfuaderet  que  la  fin  feroit  fort  dangereufe,  puis  que  le  cômencemét 
eftoit  tel:&les  plus  ingénieux  d'entr  eux,preucuret  que  s'ils  enduroyét  croiftre  le  ioug, 
lequel  leur  eftoit  impolé,  eftans  encorcs  la  plus  part  îains  &  difpos,  pour  le  repoufTer  &C 
rcietter,il  aduiendroit  en  fin  qu'ils  en  feroyét  les  plus  fafchcz.Parquoy  ayans  fait  vn  cô- 
plot  entr'eux,&:  alfemblé  ceux  qu'ils  eftimoyet  dignes  d'eftre  admis  au  cofeil  d'vne  tel- 
le entreprinfe,côfultercnt  enfemble,par  quel  moyen  ils  pourroyent  cuiter  le  cruel  ioug 
de  (eruitude  qu'on  leur  vouloitimpofer  cotre  toutes  loix  ciuiles&  humaines.  Auciïs  c- 
ftoy^nt  d'opinion  de  fov  retirer  auecles  naturels  habitans  de  la  terre  lans  entreprendre 
plus  outreJes  autres  eftoyent  d'opinion  côtraire,ailauoir  que  pluftoftilsfedeuoyétren 
dre  aux  Portugalois  qui  habitent  bien  près  de  là:aucuns,qui  furent  lapluralité  des  voix 
qui  lbuuentefois  mrmontela  meilleure,  n'approuuerét  les  deux  fufdites  opinions ,  veu 
qu'elles  leur  fembloyent  peu  aduantageufes  pour  obtenir  pleine&  entière  liberté.  Par 
ainli  vn  entre  les  autres  le  plus  audacieux,lcur  remonftra  qu'ils  s'abuloyent  grandemet 
s'ils  lai/îbyent  longuemet  viure  Villeg. &  tous  ceux  qui  le  voudroyét  défendre.  A  ce  ad- 
iouftGit.qu'il  leur  eftoit  loifible,  veu  qu'on  ne  fe  deffioit  aucunement  d'eux.  C'cft  aduis 
malheurcuxflitapprouuéde  tous,&  loucrentle  bon  entendement  dudit  perfonnage: 
des-lors  ils  le  conftit  lièrent  chef  de  toute  l'entreprinfe,&:  ia  par  fantalie  partiftbyent  en- 
tr'eux  les  defpouilles  &L  butineties,qu'ilsel"peroyent  bien  toftfarcincr.  Le  iour  auquel 
l'exécution  le  dcuoit  accom  plir  fut  afl1gné,le  mot  du  guet  donné,ils  efpierét  iceluy  fort 
à  propos  en  vn  Dimanche,  lors  que  chacun  s'eftoit  retiré  en  fa  maifon  lans  aucune  deL 
fïnnce.  Vne  chofe  leur  fembloit  nuire  &£  empefeher  leur  deîlein,  c'eft  allauoir  trois  fol- 
dats  Efcoflbis,qui  eftoyent  delà  garde  de  Villeg.Ils  tétèrent  de  les  induire  àleurdeuo- 
cion,afind'auoirmoinsdenuifance&empeichemétà  l'exploit  de  ce  qu'ils  auoyét  pro- 
pofé.  Or  les  foldatsEfcoflbis  en  eftans  aduertis,  font  femblantd'approuuer  tel  a£te, al- 
léguant beaucoup  de  rudeifes,qu 'iccux  auoyenc  receu  duditVilIeg.tant en  France,quc 

fur 


€n  la  terrt^  de  l Amérique.  +44 

fur  levoyage.  En  ccftc  diflimulation  lefdi  ts  Efcoflbis  s'informent  diligemment  de  U  vc- 
rité,du  iour,de  l'heurc,du  moyens  des  côplices,pour  faire  le  rapport  plus  certain.Eftans 
deuement  inftruits,iugerent  l'acte  trop  inhumain  &c  indigne  d'eftre  celécpartlt  S'addref-  côfpu-atiô 
ferentà  vn  des  plusfamiliers  dudict  Villeg.rant  pourlacognoùTance  delalâgue  Efcofîoi-  dcfcouucne 
fc  qui  luy  cftoit  cogneuë,quc  pour  autres  confiderations:ils  luy  déclarent  entièrement  la 
coniuration  machinee,lescôiuxateurs  principaux,leiour  &:  l'heurchafin  qu'en  cftas  aducr 
ty  on  y  peuft  mettre  tel  ordre,  qu'il  en  fuit  mémoire  à  la  pofterité .  Ainfi  Villeg.  aducrty, 
cnfembletous  ceux  qui  cftoyét  de  bon  vouloir  auec  luy,  s'emparét  des  armes,  ôc  faififlent 
au  corps  4-des  principaux  côiurateurs,  defquels  on  fît  punition  exéplaire,pour  retenir  les 
autres  en  leur  deuoir  &:  eftat:deux  furent  retenus  en  pnfon  auxehaines  &  fers,befbngnâs 
aux  œuures  publics  iufques  à  certain  temps. Telle  fut  la  fin  de  cefte  malheureufe  cÔiura- 
tion .  En  quoy  Villeg.nepeut  nier  qu'ln'ait  efté  affifté  des  gens  honneftes  qui  s  eftoyent 
embarquez  volontairement  auec  luy  :  mais  depuis  il  leur  a  rendu  vn  trefmauuais  loyer  & 
guerdon  de  leur  bon  ieruice.^"  Celle  vifitation  rendit  pour  vn  tempsVillcg.fortbien  afFe-  Diûîmuh- 
dionné  à  la  parolle  de  Dieu:&  de  vray,dem  ôftroit  vn  zele  &:  defir  merueillcux  de  vouloir tiondc  ViU? 
là  eftablir  vne  Eglife ,  &£  fouuétefois  ibuhaitoit  quelque  bon  Miniftre  pour  endoctriner  fa 
famille,&:  inftruire  tant  de  poures  perionnes  de  ce  pays,  qui  viuét  fans  aucune  cognoifTan 
cède  Dieujnemeimed'aucuncciuilite'&honncftete'.Souuentefoisildeploroirlacondi- 
tion,iè  voyant  accompagné  de  fi  peu  de  gens  de  bicn)lefquels  côbien  qu'ils  fulTent  en  pe- 
tit nombre,  nonobftant  luy  auoyent  affilié  en  toutes  fes  fafcheufes  rencontres  :  ced'autât 
lefaifoit  penfer ,  que  fa  vie  ièroit  plus  afleuree  entrcles  mains  de  gens  vertueux ,  qu'entre 
mercenaires  totalement  defpouillez  de  toute  honnefteté  &c  vertu .  A  cefte  caufe  en  la  plus 
grande  diligence  qu'il  luy  fut  pofiiblc,  fi  t  entendre  aux  Miniftres  de  la  ville  de  Gencue,  la 
neceffité  des  pafteurs  &:  moiûonneurs  oùileftoit:  s'eftant  retiré  là  feulement  pour  enten 
dre  les  loix  &c  ordonnances  de  Dieu .  Et  attendu  q  de  long  tem  ps  il  auoit  côceu  vne  fain&e 
opinion  de  leur  vie  &c  rerbrmatiô  de  la  religiô  Chreftiéne ,  il  auoit  prins  la  hardieffe  de  les 
prier  cômefesfreres,de  luy  vouloir  prefter  fecours,faueur,confeil&  aide: afin  qu'ils  parti- 
cipaient également  aux  bienfaits  &c  mémoire  perdurablc  de  l'honneur  qui  pourroit  re- 
dondenleur  promettant  faire  trefbon&  honnefte  recueil  à  ceux  qui  y  feroyentenuoyez, 
tant  fur  le  voyage,qu'audi&  pays.^Il  requeroit  auec  vn  ou  deux  Miniftres,quelques  gens 
de  mcftier,mariez  ounô,de  pareille  cognoiiîance ,  mefmedes  femmes  &:  filles  pour  peu- 
pler telle  nouuelle  terre .  Car  il  preu oy oit  qu'a uec  grande  difficulté  le  payss'habiteroita- 
uec  autre  moyen.Meffieurs  de  Gencue  ayans  reccu  telles  nouuellcs,rendét  grâces  à  Dieu 
de  l'amplificariô  du  règne  de  noftre  Seigneur  Iefiis ,  aux  terres  tant  lointaines  &  feparees 
de  noftre  habitation:puis  en  toute  diligence  font  élection  de  deux  Miniftres  :  l'vn  nommé  p  Ricter  ^ 
M.Pierre  Richeraagé  de  5o.ans,  l'autre  s'appeloit  M.  Guillaume  Charrier  de l'aage de  30.  acharner. 
ans.Iceux  eftoyent  cogneus  de  faine  6c  folide  doctrine,  8c  dvnc  bonne  vie  &c  honnefte  cô- 
uerfation:&:  outre  plufieurs  artiiàn s  furent  appelez  pour  faire  côpagnie  aufdits  Miniftres: 
entre  lcfquels  aucuns  eftoyétmanez,  autres  non. La  conduite  de  cefte  côpagnie  fut  don_ 
nec  à  Philippe  de  Corguillcray,dit  du-Ponr,gentil-homme  bien  renommé,habitant  près 
de  la  ville  de  Geneue:lequel(combien  qfon  aage&  fa  difpofition  ncrequeroyent  d'entre- 
prendre vn  tel  voyage)  ne  fut  neantmoins  aucunement  diuerty  par  les  chofes  fufdites  :  ne 
mefme  l'amour  de  les  propres  enfans  &  négoces  domeftiques,  ne  le  peurét  empefeher  de 
s'employer  en  la  charge  en  laquelle  le  Seigneur  l'appeloit.  Or  pa/Tant  par  la  Frâce,pour  fe 
rendre  à  Honfleur  port  de  mer  en  Normâdie,où  les  nauires  les  ateendoyent,  le  bruit  s'eC 
part  incontinenr,par  le  pays .  Pour  lors  les  feux  eftoyent  allumez  par  tous  les  quartiers  de 
Frace,qui  efmeut  plufieurs  perfonnes  de  bon  zele  &.  aiFection,à  s'aflbeier  à  la  compagnie 
des  Miniftres.  Plufieurs  de  Paris,de  Champagne^  Normandie,fc  prefenterent  à  l'embar 
quement:defquels  aucuns  furent  receus,autres  non:à  caufe  que  les  nauires  n'euffent  peu 
comprendre  toute  la  corn  pagnie  qui  fe  prefentoit ,  tant  eftoit  défia  la  renommée  de  celle 
entreprinfe  publiée &c  manifeftec. 

A  eftéobmis  ci  deffus  quel'ambafTadeur  deVilleg.auoit  propofé  de  bouche  beaucoup 
de  choies  au  grand  honneur  &c  ad  uantagedudit  Villeg.  corn  me  de  donner  honneftes  ga- 
ges aux  artiians,penfion  aux  femmes  de  ceux  qui  feroyent  mariez,  aux  autres  entretenez 
mens  de  toutes  chofes  q.  leur  leroyét  necefTaires  pour  la  vie:&mefme  octroy  de  retourner 
libremét  en  France,  le  cas  aduenant  qu'ils  ne  fe  trouuaiîcnt  bien,ou  qu'on  ne  les  vouluft 
reccuoir,iélon  les  promeuves  faites  enpleine  afTcmblee  audit  lieu  dcGeneuc.Eftâs  arriuez 

FF.  ii. 


Liurcs  T  [  I.  Terfecutiôn  des  fidèles 

en  laiville  dcHôrleur  lieu  de  leur  cmbarquemêt,furét  recueillis  de  ceux  qui  en  auoyent  la 
charge^  reiBerees  lefdites  jpmeiïes,  qui  iaauoyét efté  faites  aucc  ampliatiô  de  plus  gran- 
des,ïelonlacouftumedeceux  qui  oman^&ion  d'exécuter  vne  cntrepnfe .  Letéps  du  de- 
partemct  venu, chacû  s'embarque  das  le  vaiiléau  qui  luy  eftoit  ordôné  par  les  chefs  delà 
nauigatiô.Car  auffi  il  n  euft  efté  polïible  de  les  loger  tous  das  vn  feul  nauire,lans  encourir 
vn  grâd  nrcôuenicnt.  Ainfi  difpoiez  demarent  du  port  de  Hôflcur,  à  voiles  appareillées  le 
metçéren  mer,&:  en  peu  de  téps  delaiflans  les  terres  derEurope,approchét  des  Iiîes  fortu 
nees,procfiaines  de  rAfriq:où  ia  eurét  cômencement  des  douleurs  èc  ennuis  aduenir.  car 
des-lors  on  retrécha  leurs  viures  fort  eftroitemét,côme  s  ïlseuflfét  ia  efté  10.  mois  en  mer: 
lbit  q  la  faute  vint  parle  nôbre  des  peribnnes,ou  par  le  larrecm  des  officiers, nonobftât  ce, 
elle  eftoit  bien  grade. Car  les  butinerics  qui  furet  cornues  fur  ledit  voyage,  de  là  s  cnfuyui- 
îccordaucc  rent.  Les  Matelots  declarerét  apertemét  q c  eftoit  le  défaut  des  viures  qui  les  côtraignoit 
vaicg.  ce  faire,&:  côbien  q  les  Miniftres  leur  remôftraiîent  le  tort  &  iniurcs  qu'ils  faifoyét  aux  po 
ures  marchans,les  delpouillâs  deleurs  biés,&:  mefmede  leurs  vaifteaux^hofeii  inhumai- 
ne q  i'ay  horreur  delaracoter  )  nonobrtant  ne  rapportèrent  q  vilaines  iniures  &  calônies-, 
pour  reiblutiô  on  leur  repliquoit  qu'il  leur  eftoit  comandé  par  Villeg.d'ainli  faire:duquei 
ilsfelcntoyéttrefbieaduouez.Partât  les  Miniftres &C  autres  eurét  labouchecjpfedelàen 
après, làns  ofer  peu  ou  poît  reprédre  le  fai&  des  mariniers.  6c  cncores,cequ'ils  en  parloyée 
familierement,eftoit  prins  en  derifiô&:  rr.oqucrie .  le  ne  veux  icy  lpecifier  le  tort  fait  aux 
Anglois(auec  lefqls  pour  lors  nous  auiôs  la  paix  iuree)  les  pillant  de  leur  argét  &  marcha- 
diles.Ie  delailfc  aufli  les  Efpagnols  &;  Portugalois,defqls  par  force  on  print  leur  nauire,  a- 
uec  la  marchâdifè,&:  les  poures  miièrables  perionnes  mifes  dans  vn  autre  vaiiTeau,lequel 
inhnmanité  pareillement  au  oit  cfte'  pille  &c  faccagé  corne  à  guerre  ouucrte:&:  qui  pluseft(chofedegra 
barbare,  de  cômiièration)on  les  laifl'e dâs  ledit  vairTeau,lans  viures,voiles,cables,ancres,  &c  rheime 
lâsleurbafteau,pourdu  tout  les  rédreplusmilerables.Enfin  netrouuâs  plus  q  predrcôC 
piller,pQurfuyuét  leur  route  comencee,pour  tédre  au  Brefil.Ils  paiferent  la  Zone  torride, 
îoùs  laqllc  ils  endurerét  grades  chaleurs,&:  autres  incômoditez  qui  s'y  treuuét,  &c  ayas  £e- 
iourné  quatre  mois  entiers  fur  les  ondes, bié  las  &c  caflez  d'vn  fi  long  emprifonnemét,ar- 
riueren  t  à  la  riuiere  de  Colligny,en  la  tet  re  de  f  Am  erique  Auftrale  partie  du  Brefil,lituee 
corne  eft  dit  deiTus.  Là  trouuerét  Villeg.fortifié  ,&  réparé  das  vne  ifle  efloignee  de  la  terre 
cotinente,la  portée  d'vne  colœuunne  d'vn  cofté  &:  d'autre,  felô  q  la  cômodité  du  temps, 
des  homes  &:  du  lieu  Tau  oit  permis .  Car  lelieuqu'iceluy  auoitefleu  pour  fortifier,  s'eftoit 
trouué  li  deièrt  &£  defpourueu  de  tout  ce  qui  eft  neceftaire  à  vn  lieu  de  fortificatio,  q  cer^ 
tes  vne  puiilance  Royale  euft  efté  alTez  empefehee  à  le  redre  cômode  pour  habiter.  Celle 
riuiere  dans  laquelle  eft  fitu  ce  Tille  de  Colligny ,  eft  autant  belle  qu'aucune  autre ,  aifee  àc 
fort  cômode  pour  grans  vaifteaux  :  car  de  toutes  marées  fans  danger,  tat  la  nuift  q  le  iour, 
Ion  y  peutentier.  L'entrée  eft  clofededeux  hautes  pointes,n'ayant  plus  dedemie lieue  de 
large,&  de  profôd,  iz.brafles  d'eau,  elle  s'infinue  dâs  les  terresplus  de  dix  grandes  lieues: 
oùelleseftend&:  amplifie  en  tel  endroit  qu'elleadefixàfept  lieues  de  large:  elle  eft  fe- 
mee  de  plufieurs  îfles  &c  ifleaux  definguliere  beauté .  Ils  fôt  entédre  q  c'eft  la  mer  mefme 
qui  regorge  en  &c  par  toute  celle  terre ,  &:  dans  icclle  delcédent  des  pays  lointains  grans  8c 
beaux  fleuues,trefabondans  en  toute  efpece  de  poiifons  diftemblables  aux  noftres .  En  la 
plus  prochaine  ifle  de  l'entrée  (commei'ay  dit  defTus)  Villeg.  auec  fa  côpagnie  s'eftoit  reti- 
ré pour  faire  vn  forc,felon  la  promeiTe  qu'il  auoit  faite  au  roy  Héry  .Puis  que  nous  fommes 
f  ur  ce  propos  ,ie  penfe  qu'il  fera  bon  de  déclarer  par  qui  &:  en  quel  téps,  celle  riuiere,&:  cô- 
fequemmét  toute  la  terre  a  efté  delcouuerte,  à  caufe  que  plufieurs  eflognezde  la  marine, 
ont  opinion  que  ledit  Villeg.a  efté  le  premier  qui  eft  pafte  en  ces  pays-la. 
La  terre  Oc  Or  la  vérité  cft,qu  a  la  defcouuerrurede  la  terre  Occidétale,qui  fut  l'an  i497-par  Chri- 
cidêtale  def  ftophlc  Colô  aux  defpensdu  roy  d'Eipagnc,Americ  Vefpuceibldoyé  parle  roy  dePorcu- 
couucuc.  gaj  futenu0y^ia  partiedeMidv,  où  il  recogneut  toute  la  terre  du  Brefil  continente  par 
longuediftancedecheminauec  les  Indes  occidentales. Ce  téps  fut  enuiron  iyoo. Les  Por 
tugalois  defnans  habiter  les  plus  beaux  ports  &  haures  qu'ils  trouuoyent  en  la  recognoif- 
fance  de  ladite  terre,  érigent  vne  tour  de  pierre  en  la  riuiere  de  Colligny  qu'ils  nommerét 
pour  lors  de  Ianuario.-pource  que  le  premier  iour  dudit  mois  ils  y  entrèrent.  En  celle  tour 
lcldiLs  Portugalois  auoyét  laifle  quelque  nôbre  de  poures  condanez  à  mort  pour  pmuter 
auec  les  habitas  naturels, auili  pour  apprédre  la  langue.  Apres  quelques  années  paiTees,L 
ceux  fe  portcrentli  mal  à  l'endroit  delditshabitans  naturels,  q  par  iccux  fut  la  plus  grade 

partie 


En  Uterfc^'det  Amérique.  '44 j 

partie  exterminée ,  faccagec  &  mangée  :  les  autres  s'enfuirent  en  la  haute  mer  dans  vn  ba- 
ftcaurdepuis  les  l'ulclits  n'y  ont  ofé  habiter,car  leur  nomyeft  demeuré  fi  odieux,qiufques 
auiourdhuy  ils  ont  en  délices  &C  volupté  de  manger  delatefted'vn  Portugaloi  s.  Quelque 
temps  apres,qui  fur,peut  eftre, en  l'an  m  .  d  .  x  x  v  .les  marchans  Frâçois  de  la  ville  de  Har- 
fleur  y  cnuoycrent  leurs  nauires  pour  traiter  aucc  les  habitas  naturels,  defquels  ils  tirerct 
du  bois  de  Brefil,des  poyures&  autres  mârchandilcs.Iceux  compolèrét  encre  eux  vne  al- 
liance qui  dure  iulques  auiourdhuy ,  depuis  Ion  a  continue  cous  les  ans  delà  nauigacion. 
Pour  telles  caufes  Villeg.ne  peut  eftre  premier  delcouureur ,  ne  melme  habitant  de  celle 
terre  :  mais  il  furfitauoirtraitté  légèrement  deladefcription  decclledite  riuiere,  entant 
qu'elleeft  neceflaire  à  1  intelligéce  de  celle  hiftoire ,  priât  celuy  qui  en  délirera  {auoir  plus 
amplement,de  lire  les  traittez  qui  en  ont  efté  faids. 

^"Ma  inthnant  retournons  à  la  compagnie  paruenueauporttantde  fois  d'iceux 
defiré.Ils  delcendét  en  terre  le7.de Mars  m.d  .  l  vi.où  ils  furet  receus  de  Villeg.&:  de  tous 
les  liens  à  grande  ioye,  fanant  demonitration  de  rehouilfance extérieure  par  tous  les  mo- 
yens qu'il  pouuoitinuenter ,  pour  le  nou.ueaulecours  qui  luy  eftoic  venu  heureul'cmct&: 
a  fouhait.La  poudre  à  canon  n'y  fut  cfpargnee,nc  les  feuz  de  ioyc,n'autre  choie  qu'on  ob- 
férue  ordinairement  en  tels  actes.  Les  minières  prelentent  leurs  lettres  d'élection  lignées 
de  Ï.Caluin:enfenlble  rendent  ample  tefmoignage  de  cous  ceux  qui  eltoyentpalTez  auec 
eu*.  Villeg.ayantleukfr,  lettres  fut  grandement  confoié  &  refiouy  en  ion  entendement,  La  bien  ve- 
çognoùTantquetantde  vertueux  &c  honneftes  perfoanages,auoyét  l'on  entreprile  en  fin-  J^fat^ 
guliere  recommandation.    U  leur  déclara  apertemenr  quelle  afFcdion  Tauoit  induit  de  re  de  l'Ame 
îailTer  les  plaifirs  èc  délices  dç  France,pour  viure  priu  ément  en  celle  terre:  où  s  eftant  veu  ri<îuc- 
mal  accôpagné  les  années  paifees,  auoit  fupplié  meilleurs  de  Gcneue  uele  vouloir  iécou- 
rir  &fauoriièr.  Et  d'au  tant  qu'ils  auoy  et  ia  demonftré  vne  partie  de  leur  bonne  afFedion , 
par  le  nombre  des  gens  qui  luy  eftoyent  venus  de  leur  part:iceluy  s'en  fentoit  d'au  tac  plus 
pbligé  en  leur  endroit,&;  dellorsauoit  telle  confiance,qu'ils  continueroyenr,  veu  les  bons 
eommencemens"  qui  leur* apparpilfoyent  deleur  bonne  volon  té,dequoy  il  les  remercioic 
trefafFe£tueufement.Aurcite,quanç  aux  Miniftres  ôcàleur  compagnie,les  pria  d'eftablir 
lapolice&  discipline  derEglife.lelon  la  forme  de  Geneue ,  à  laquelle  il  promit  en  pleine 
aflemblee,  fe  lu  b  mettrez  la  compagnie  pareillemct.Quant  au  gouuernement  ciuil,il  el- 
leut  dix  perfbnnes  des  plus  notables  pour  le  corps  du  Confeil,  auquel  il  prefidoit  ;  deuant 
Jefquels  tous  les  différés  tant  ecclefiaftiques  que  ciuils,eftoyent  décidez.  Ce  voyâs  les  Mi* 
niftres  louent  grandement  le  bon  propos,&:  exhortent  toute  l'aflembleelc  monftrer  mo- 
deftes  &c  feruiables  en  toute  raifon:puis  après  auffi  font  entédre  que  pour  les  mefmes  eau 
lès  qu'ils  auoyét  ia  entédues  auparauant»»ls  auoyét  delaifle  la  Fracc,  leur  pay  s  naturel,au* 
cuns  leurs  femmcs&:  enfans,biens  &ç  potfelïjons  pour  iouir  du  bénéfice  de  la  prédication 
derEuangile>l0quele(peroyét)auec  lagracede  Dieu ,  pouuoir  la  prendre  pied  &  racines: 
te  s'il  leur  acçprdoit  ce  poind,  il  ne  deuoi.tdouter  qu'auec  luy  ils  eftoyet  prefts  d'endurer 
toute  extrémité  &:  langueur  qui  le  ppurroit  prefcntcr,philtoft  que  l'abandoncr.  A  quoy  il 
fit  refpôiè  qu'il  vouloir^:  entédoit  q  l'Eglife  fuft  policée  &c  ordônee  corne  celte  de  laquel- 
le ils  eftoyét  partis.Car  il  auoit  dés  long  téps(comme  il  difoit)dedié  là  vie 5c  tous  fes  bieni 
al  amplification  dicel  le:  n'ayant  plu  s  aucun  defir  de  retourner  en  France .  Chacun  oyant 
jtellesparolles,receutvn  courage  merueilleux  de  s'employer  en  tout  ce  qu'il  eftoit  appelé, 
corne  les  Miniftres  en  leur  miniftere,lequel  ils  exerçoyent  par  ièpmaines  pour  le  foulage- 
rnétfvn  del'autrejàcaule  qu'il  conuenoitprefcher  vnefois  tous  les  iours,&les  Dimâclies 
deux  fois.  Les  artifans  &  autres  lelô  leur  pouuoir,  auâceroyét  la  fortificatiô  à  laqlle  on  les 
employoit  corne  pou res  caftadous:  ce  qu'ils  nercrufoyent,  tant  auoyent  d'efpoir  aux  pro- 
menés dudid  VjllegJEn  cebon  tram,  aduït(qui  a  efté  depuis  lafource  detoutledeibrdre 
qui  s'en  cft  cnfuiuy)qu'vn  nômé  Iean  Cointac  eftudiât  de  Sorbône,  lequel  eftoit  pafle  en 
lacopagniedes  Miniftrcs,d'autât  qu'il  eftoit  homme  dode    lettréùccluy  autrement  de  L'amb;tion 
bon  entédement,  mené d'vneambitiô  &fol delir deftreeftimé  plus  dode quclcfdics Mi-  de  LCofac 
niftres,an°edoit  l'inrédéce  d'Epifcopat  par  deiïus  iceux,alleguât  qu'elle  luy  auoic  efté  pro  ^J^6- 
mifeen  France.  Mais  il  en  fut  débouté  côme  vn  téméraire  Se  im  puden  r,  eftac  depuis  mal 
cftimé  en  la  côpagnie.Ilcôceut  vne  haine  mortelle  côcrelefdics  Miniftres faifàncprcuue 
de  la  folie  en  toutes  les  difputes&:  prédications,  epilogant  rigoreuiemenc  pour  eftre  veu 
quelque  choie.  A  la  vérité  il  auoit  en  apparence  extérieure  qlque  marque  de  vertu >  ceme 
•vne  prôptitude  de  bien  parlcr,de  faire  entendre  ec  qu'il  auoit  çôceu  en  l'entédeme-iu,  foie 

FF.iii. 


Liurc^VI*  Terfecutiondesjïdeles 

en  Latin  ou  François .  Outre  s'addonnoic  au  gouft  &plai(ir  d'vn  chacun,  à  caufedequoy 
Villeg.l'accofta  ce  prefta  laureiUeà  beaucoup  de  folles  queftions ,  lefquelles  il  rapporcoïc 
en  publicpour  eftre  vcu  lupericur,&  plus  idoine  au  Minifterc,queceux  lefqucls  auoyenc 
elle  légitimement  &:  par  fuifrages  efleus  félon  l'ancienne  forme  de  l'Eglife. 

L  e  tem  ps  ex  pire  q  ue  Ion  deuoit  célébrer  la  Cene,(car  il  auoit  efté  ordonne'  au  Confeil 
que  tous  les  mois  clleferoit  célébrée)  Cointac  demande  quel  appareil  on  vouloitfairc,où 
citoyen t  les  veftemens  Sacerdotaux,les  vaiffeaux  dédiez  &:  facrez  pour  tel  vfage:cn  après, 
au'il  eftoit  conuenable&:  necellaire  vfér  de  pain  iàns  leuain ,  de  mefler  l'eau  au  vin,  éc  au- 
tres telles  queftions.  Il  confermoit  lès  argu  mens  par  les  anciens, affauoirluftin  martyr, Irc- 
nee,Tertullian,&: autres. Les  miniftres  iniîltovent  lurce,d'autât  qu'il  n'y  a  aucun  tefmoi- 
Diffcrent    gnage  en  la  parolle  de  Dieu, ne  melmc  exéple,  partant  il  conuenoit  fè  relbudre  fur  ce  que 
wc^vuiec;?  noftre  Seigneur  leius  &  les  Apoftres  nous  aurovent  laille  par  eferit.  A  quov  contrarier  ils 
&  les  Mini-  euffent  efté  veus  pluftoft  rebelles  q  vrais  enfans.  Dauâtage  leldits  Miniftrcs  rcmonftrenc 
dluchCe.  'a  promeflê  qu'on  lcur  ai,0'c  faite,tant  en  France  qu'en  ladite  terre,pour  viurefclon  la  rê- 
ne dusei-  formation  qui  eftoit  au  lieu  d'où  ils  cftoyent  partis.  Villeg.s'adiointà  Comtac,&:  côfide* 
gneur.      fC  jcs  anciCns, aulquels  il  dit  auoir  plus  d'authorité, qu'aux  docteurs  modernes. Et  d'autat 
qu'il  voyoit  que  Clemét  prochain  des  Apoftres  auoit  meilé  de  l'eau  au  vin, il  infifta  rigou- 
reufement  que  ladite  mixtion  fe  deuoit  neceffairernét  faire,  &  qu'elle  fefcroit,vcu  qu'il  c- 
ftoit  le  chef  en  celle  côpagnic:  car  line  voyoit  rié  qui  l'en  peuft  empefeher .  Les  Miniftres 
&  la  plus  grand'  part  de  l'aHemblce  ,  n'eftoyct  d'aduis  que  celle  mixtion  fe  hit  neceftaire^ 
mét,&:  mel'mcs, qu'ils  neladeuoycntadmettrerafin  qu'en  aucune  maniere,cellefupcrfti- 
rion  n'entraft  en  l'£ghic,qui  feroit  à  l'aduenir  eau  (e  de  grans  troubles. Pour  ceftecaulc  ils 
demandovent  qles  promettes  qui  leur  auoyëteftc  faites, fu  fient  inuiolablement  gardées. 
Ils  adiouftoyet  autres  articles,  allauoir  que  tout  le  pain  qui  lèroit  mis  fur  la  table,  lors  que 
le  Miniftre  prononce  les  parolles, eftoit  coniacrc:&  parconfequent.s'ilcn  relloit  quelque 
chofe,demouroit  fainct:&:  qu'il  le  conuenoit  referuer  pretieufement,  comme  iainctes  reli 
ques,iouxte la  forme  des  eglifes  deRome  .  Cesdifputeslèfirétdeuât  radminiftratiôdela 
Cene,&  s'appointerct  Iegeiemét:pour  le  moins,  les  parties  d'vne  part  &:  d'antre,  feignoy- 
ent eftre daccordrafin  q l'vfage de laCenc nefuft  retardé  à vn autre téps. Villeg.&Coïtac 
vovans  qu'ils  nepouuoyent  gagner  ce  poind  des  Miniftres,  que  de  leur  faire  côfefler  que 
eVftoitchofcfort  nccciTaiie,&:  côme  dépendante  du  Sacremct,que  la  mixtion  de  l'eau  au 
vimfecrctement  il  cômanda  au  maiftre  d'hoftel  d'y  mefler  de  l'eau  félon  ce  qu'il  (èroicrai- 
fonnable.Les  iours  precedens  aux  exhortations  &:  prefches,Ies  miniftres  auoycnt  admô- 
nefté  vn  chacun  de  lelonder  foy-mefme&s'efprouuer ,  premier  que  de  le  prefenteràce 
laincl  banquet:&:  en  particulier  ils  en  firent  trefbien  leur  deuoir.Or  pource  que  Cointac 
s'eftoit  trouué  fort  eftrangeen  dilputes,  &en  les  mœurs  mal  reformé:d'auantage qu'il  a- 
vSiepï  ne  uoitconfeflfé  à  quelques  vns,  qu'ihenoit  vn  beneficcen  France,  l'vndes  Miniftres  le  pria 
toniciiïon  de  rendre  confdfîon  de  fa  foy  publiquement,  afin  qtoutela  mauuaifè  opinion  qu'on  pou 
de  leur  loy.  UOJC  auoir  je  luy*puis  après  demeurait  du  tout  eftemte:  ce  qu'il  fit  fur  le  champ,  au  grand 
contentement  detous.  Villeg.fèmblablcment  ceiourrenditpubliqueccrtificationdefa 
fov, bien  ample  &  lainde,delaquelle chacun  le  trouua  fort  content. 

Cointac  derechef  irrité  par  le  commandement  du  Miniftre,  &  voyât  qu  a  luyfeul 
on  s'eftoit  addrcflc:rctient  en  fon  cceur  vne  mauuaiiè  aflé&ion.Nonobftat  ce,la  Cenefut 
adminiftreeà  Villeg.Cointac&tous  autres  qui  fem  bloy et  eftre  dignes:auecpïoteftation 
d'appointer  tous  les  troubles  &  différents  qui  éftoyent  lacfmeus  entreeux. 

Pe  v  de  iours  a  près  Cointac  fècomplain&priuément  à  Villeg.de  1'iniure  qui  luy  auoit 
efté  faite  par  le  Miniftre  en  pleine  congrégation  î&renouuela/it  les  queftions  comme  ia 
aflbpies,eux  deux  cerchent  occafîon  de  calomnier  l'inftitution  de  l'Eglife:  ils  conférée  les 
anciens  auec  les  modernes,&cottcntladifterence:&:reduifenten  catalogue  certains  ar* 
ticles, qu'ils  aitermoyent  eftre  trefnecefTaires  à  retenir  .  Et  d'autant  qu'ils  confîderoyent 
quel'EglifedeGeneuelesauoitcenfurez,ils  ladeclarent  malgouuérnce&:  meimeadmt- 
L'EgliTcdc  niftrec  par  hérétiques.  Toutefois  ils  n'admettoyent  tous  les  points  de  la  Papauté,  en  la- 
mecTrvîf  quelle  ils  confcflbvent  auoirdegrans  abus  :  pareillement  vonloyent  retenir  ce  qu'il  leur 
Irg&Coia-  fcmbloit bondes  Alemans,& dcleurfantafieadioufteroudiminuer,ayasafTediôdefaire 
AmcVs  d    Vne  ^c^cnouuc^c-Lesarricles  c[\oycni,QueleBaptefme  fe  deuoit  faire  auec  du  fcl,ducrachaty  &* 
VillcgA     l  huite.Le pain  delà  Cene,  eifoe conjacré feulement par la prolation  du preftre^ftns  auoirefgardalafoy  du 
Corne  jc.     recetutnt.Qifil  eftoit  neceffaire  porter  iceluy  pa'm  conftoxau  maLtde  s  il  le  mpteroitfic  autres  i  n  fi  n  is,qui 

iéroyenç 


En  la  terrâ  de  t aAmeriqUc_j.  44. 6 

fcroycnt  trop  longs  à  racon  ter.  Defqucls  articles  de  iour  en  iour  s'augmctoyent  les  dif  pu- 
tes fore  aigremenc.  Ce mauuais commencement futgrandcmctfauorifé de  quelques re- 
monftrances  faites  par  aucuns,  qui  pour  lors  ne  penibyent  que  la  confequence  en  fuit  li 
grade  qu'elle  a  efte  depuis. Lefdits  firent  entendre  audit  Villegaignon  ,  que  le  bruit  elloit 
grand  en  France,  Qii'il  cftoit  paffé  grand  nombre  de  Lutheries  dans  les  nauires,qui  pour- 
royent  efmouuoir  le  roy  Henry  à  luy  donner  beaucoup  d'ennuy,  commede  proferire  fbh 
bien, retenir  fes  nauircs,  empefeher  qu'homme  ne  luy  donnait  fecours .  A  quoy  il  confi- 
dera  bien  long  temps,&peniaquecelafepourroitfaire,partant  délibéra  d'y  pouruoir. 

Qv  e  l  o_v  e  s  îours  après  on  fît  deux  mariages,  où  la  plu  s  part  des  Capitaines,  Min  i- 
ftres,&:  orRciers  de  nauire,&  des  matelots  fe  trouucrent  en  grâd  nombre.  Ce  iour  Richer 
eftoit  en  làfepmainc ,  &:  auoit  en  fon  texte  le  baptefmcde  lainct  Iean, déclarant  ce  paiTa- 
ge,  touchant  les  traditions  humaines  par  lefquellcs  ce  fainit  Sacrement  a  efte  corrompu: 
&c certes  infifta  fore  longuement, appelât  ceux  qui  auoyent  introduit  le  fel,  cracrjat,&:  hui 
le,fauflaires  &:  mal  aduiiez.  Villegaignon(la  prédication  hnic)en  grande  colère  deuant  1» 
aiTemblce  dément  Richer ,  &:  protefte  contre  luy ,  que  les  fuldits  qui  auoyét  introduit  lef-  ^j|kfjfn5 
dites  cérémonies  eftoyent  plus  gens  de  bien  q  lcditRicher  6c  lès  lemblables:&:  quat  à  luy,  mcnt  [eMj 
il  ne  vouloit  détailler  ce  qui  auoit  cite  la  oblcrué  par  plus  de  mille  ans ,  pour  s'adioindre  à  mftre- 
vnenouuelle  fecte  Caluinicnne .  Beaucoup  d'autres  iniures&:  fols  propos  furent  tenus  ce 
iour  d'vne  part  &  d'autre.Ledit  Villegaignô  procefta  de  là  en  apres,dc  ne  plus  afiifter  aux 
prédications  &z  prières, voire  mefme  de  ne  manger  aucc  eux.  Richer  defirant  faire  enten- 
dreles  parolles  qu'il  auoit  dites  en  prefehant ,  pour  fe  purger  des  calomnies  que  Villegai- 
gnon &  Cointacluy  impo(byent,ne  peut  élire  ouy.Toutefois  les  plus  apparés  de  la  com- 
pagnie defplâifans  grandement  de  tels  difeords ,  persuadèrent  aux  parties,  après  longues 
remonftrances  tant  d'vne  part  que  d'autre,  de  trai&er  quelque  bon  accord:  ce  que  Ville- 
gaignon Se  Cointac  promettent  faire ,  moyennant  que  les  articles  mis  en  contention  fui  - 
lent  réduits  en  catalogue,&:  enuoyez  aux  Egliles  de  France  &c  d' Alemagne,  pour  en  déci- 
dent pour  ce  faire  plus  leurement ,  le  plus  leune  Miniftre  dit  Charrier ,  fut  efleu  pour  les 
porter.Cefte  fraude  fut  controuuee  pour  s'en  desfaire,  commeledir  Villegaignô  adepuis  ^°tcczt^ies 
conftfte.    Ce  temps  pendant  Richer  qui  demcuroit,auroit  liberté  de  pre(cher,par  telle  tmy" a£ 
condition  qu'il  s'abftiendroic  dvfer  des  Sacrcmés,&:  de  parler  aucune  chofe  contre  les  ar-  miniitritiô 

.  .  ■  de?  Sacre- 

ticles  mis  en  contention.  faiefKa  def. 

Co  m  b  i  e  n  que  telles  conditions  fembîàfTent  iniques&:  fort  preiudiciahles  à  l'Eglife,  plcuauxiup 
neanrmoins  pour  acheter  la  paix,  toute  la  côgregationles  récent,  elperant  que  les  deiïu{-  ^°fts  dcS*~ 
dits  garde;  oyentinuiolablement  la  rc/blution  qui  viendroit  des  Egliles,  tant  de  France  q 
de  Suifte.  Mais  ils  auoyenc  autrement  refolu  entre  eux  :  car  ils  entédoyent  ne  receuoïr  au- 
cune chofe  qui  fuftdecideede  la  part  delditcs  Eglifes,leulement  delaSorbonnede  Paris. 
Villegaignon  fevoiden  ce  différent  aucunement  contraint,  &.  empefchc ,  attendu  que 
les  nauires  qui  auoyent  apporté  leldits  palfagcrs  cftoyct  encores  là  prefts  à  partir,  s'il  euft 
empefehétout  incontinent  (comme  puis  après  il  a  fâit)deneprcfcner .  Par  fapromefîcil 
deuoit  reniioyer  toute  ladite  compagnie  en  paix,  comme  ils  eftoyent  venus,  qui  luy  fuft 
tourné  non  feulement  à  deshonneur, mais  aufïî  à  fon  grand  defàuâragc:car  il  fuft  demou- 
ré  feul,en  proye  aux  habitans  naturels  &:  Porrugalois.  Pourcouurir  (on  mauuais  vouloir, 
faifoit  entendre  à  vn  chacun,  qu'il  ne  demâdoit  que  le  repos  &;  vnion  de  l'Eglife .  pareille- 
ménrpoûr  ne  perdre  la  bonne  réputation  qu'il  auoit  acqmfeen  France  par  lettres  il  fait 
entendre  à  vn  chacun  ,  qu'il  s'oblige  de  tenir  la  refolution  des  poincts,  dont  ils  s'eftoyent 
trouuez en  contention. 

En  attendant  ledepartement  des  nauires  pour  conformer  l'alliance  de  parfaitea- 
mitié  entre  Villegaignon  &  Cointac,  ceftuy  s'amourache  d'vne  ieune  fille  de  Rouen,  qui 
auoit  liiccedé  à  quelque  bié,par  la  mort  d'vn  fié  oncle  decedé  audit  lieu  du  Brefil:  il  la  de- 
mande en  mariage,  &  luy  fut  accordée auec  grandes  promcfîes  aduantageufes  de  nela 
lajlïer  iamaisenneceflîté.  Ledit  Cointac  fut  efpoufe  en  l'eglife  par  Richer.  Bien  rofta- 
pres  les  nauires  départent  du  Brefil,  pour  retourneren  France,  dans  l'vn  defqucls,  Chan- 
tier &:  quelques  autres  s'embarquent,  chargez  des  articles fu (dits,  dcl'quels  ils  dcuoyent 
enuoyer  la  refponle  dans  (ix  mois  après  eftre  arriuez  en  France .  Villegaignon  Se  Cointac 
voyans  que  fefpoit  de  retourner  à  ceux  qui  relloyent  auec  luy ,  leur  cltoit  totalement  o- 
fté,  ilconfefla  publiquement  qu'il  ne  tiendroit  aucune  rcfolurion ,  fi  éllen'cftoitifluede 
la  Sorbonne.Et  auec  ce  adioufta  beaucoup  d'autres  articles,  aufquels  Cointac  ne  fe  treu- 

FF.iiii. 


Livre  VI*  Perfecution  des  fidèles 

ua  accordant  :côme  en  la  tranllubltantiation  du  pain  dclaCene,inuocationdes  Tainds, 
prière  pour  les  morts,  purgatoire,  &  le  facrifice  de  la  mené.  Dcs-lors  aulsi  Cointac  le  dé- 
fia dudit  Villcg.par  ce  qu'il  ne  tcnoit  les  promciles  qu'il  luy  auoic faites. Lelabeur  des  po- 
uresartifans  s  augmcncoit,  n'ayant  aucun  elgard  à  rextreme  famine  qu'iis  cnduroveiu: 
quelques  vns  deidits  artilàns  voulurent  remontrer  leurs  railons,mais  ils  en  turent  debou 
tcz  lî  rudement,  &:  auec  il  grandes  menaces,  que  depuis  ils  n'ofoyent  ouurir  la  bouche 
pour  en  parler  Seulement  îlslcretiroyent  vers  du- Pont  &:  Richer,  lbus  la  foy  deiquelsils 
eiloyent  paifez  en  celle  terre:  lefquels  le  voyans  totalement  abuléz  en  Villcg.  deplorovec 
leureondition  milèrable.  LeditVilleg.  dcfdaignoitles  prédications  de  Richer  ,tantoft 
voulant  qu'il  prcichait  d"vn,tantolt  d'autre  :  cequcnonobltant,  ne  peut  iamais  obtenir 
d'iceluv.  Parquoviis'cn  ablcnca,  &  quelque  partie  delà  compagnie:  car  la  plus  grande 
partie  de  l'alfem  triée  trouuoit  lî  mauuais  ce  qu'il  auoic  u  tufcite,que  peu  degens  auoyent 
opmion  que  les  affaires  delà  religion  par  après  le  portaifent  bien. 

Il  ne  lera  hors  de  propos  deracontervn  taict  qui uiconci n  e  n  t luruint  ,  le  s :  nauires  par- 
ties de  ceux  delà  compagnie  de  Gencue.  11  y  auoit  vn  nomme  leThoret  homme  de  bon 
Sourcedeb  entendemét,  avant  fait  proteisiô  des  armes  en  Piémont  par  vn  long  temps.  A  celte  caule 
îœ^ntre1  ^1^eê-  ^e  P°l*  Capitaine  de  fa  forterclle  à  la  première  diltributiô  de  les  ctrats.  11  luv  por- 
Thorct.     ta  quelque  temps  bonne  amitié, mais  après  auoircogneu  qu'il  ne  vouloir  rlcchir  de  Ion 
coIte,autant  qu'il  lauoit  aimé,  aucant  le  dclàima:5:  à  petite  occafion  luydôna  beaucoup 
d'ennuis. Le  taict  elt  tcl:Quclques  Iauuages  eftans  venus  au  forr,pour  receuoir  payement 
de  quelques  etclaucs  qu'ils  auoyent  vendu  audit  Villegaig.  furent  en u oyez  au  receueur 
des  marchandées  venu  de  Paris  en  la  compagnie  fuidite,  qui  s'appelloit  la  Faucille,  du- 
quel comme  les  iauuages  nepouuoyentauoir  raiibn,dcrechcf  figniriét  à  Villegaig.  qu'ils 
fe  vouloyent  retirer  en  leurs  village  s,  partant  qu'il  leur  dll  deliurcr  leur  paveme  nt.  Ville- 
gaig. donna  la  charge  à  Thoret:  lequel,  comme  il  cuidoit  remontrer  audit  receueur 
qu'il  raitoit  mal  de  fe  faire  chaperonner  pour  li  peu  de  choie ,  ils  entrent  tous  deux  en  co- 
lère telle,  que  ledit  Thoret  prouoqué  par  lesreiponfes  de  la  Faucille,  luy  donne  vn  del: 
Ortamun-  menty.     Or  le  conlcil  auoit  fait  ordonnance  que  nul  n'euit  à  defmen  tir  plus  grand  que 
lbv,  ou  ion  compagnon  ,  à  peine  de  faire  réparation  d'honneur  vn  genomlen  terre, le 
bonnet  au  poing,  &c  fuipendu  de  ion  ofhce&:  eltat ,  ii  aucun  en  auoit,  pour  5. mois. 

Villegaig.  &  Cointac  avant  ouy  le  defmen ty  prouoquent  ledit  rcceueur(qui  autremée 
cftoitpreiluefe  réconcilier)  de  demander  réparation  d'honneur  félon  l'ordonnance.  Ils 
luv  forment  lacomplatnte,Ô£  au  îour  du  conleil  font  appeler  ledit  Thoret,  qui  trouuoit 
eltrangeque  ledit.  Vûjlçgaig.  fc  formalubit  liauant  d'\nc  choie  que  luy-mefme  deuoic 
compoi  er  priuement,  attendu  qu'elle  eftoitprouenue  pour  fon  ièruicc.  Etneantmoins 
ledit  Villegaig.  auoit  le faictfi  affecte  qu'il  fembloiteftreiugc&  partie.  Nonobitant  Tho 
ret  fepreleiue  au  conleil,  où  il  confcftçauoir  donne  ce  ddmenty,  lequel  il  vouloic  main- 
tenir eitre bon: entant  qu'ihauoit  elle  par  trop  prouoqué  par  ledit  receueur:  fur  ce  re- 
queroit  ledit  Thoret  quel'ordonnancefiiit  ianspatsion  conhdercc,!  laquelle  il  ie  fub- 
mettoit.  Aucuns  du  confeilettoventd'aduisquece  différent  fuit  appointé  par  deux  arbi- 
tres :  car  ils  rrouuoyeni  tous  les  deux  en  faute ,  tant  celuy  qui  auoit  donne  ie  delmenty, 
que ecluv qui l'auoit prouoqué  par  iniurcs,&:  propos  déshonneurs.  Lcuraduis  eftoit 
quefordonnanceiedeuoitcxpoiér  plus  amplement,  afin  que  fi  les  deux  eftoyent  coul- 
pables,  îlreceuiTentles  mefmcs  peines  contenues  en  ladite  ordonnance.  Villeg.&Coin., 
tacn'approuuentteladuis  ,ains  au  contraire  infiitcnt  fur  l'ordonnance,  laquelle  deuoic 
auoir  licu,cn  tant  que  le  défendeur  conreffoit  l'iniure  :&  conibié  que  la  pluralité  de  voix 
conclud  qu'ils  ie  deuovent  réconcilier  enfem  blc  par  arbitres,  ce  nonobitant,  Villegaig. 
prononce  que  Thoret  iéroit  condamné  aux  peines  contenues  en  l'ordonnance:  à  quoy 
a  grandes  diffîcultez  &:  prières  feconddeendit  ledit  Thoret  homme  vaillant  &adextrc 
aux  armes  :cognoilfant  quelciugementeltoitfait  pat  les  propres  ennemis.  Toutesfois  il 
obéit  a  la  prière  de  Richer  &  du-Pont,  qui  le  prièrent  de  prendre  patiément  le  tort  qu'on 
luvfauoit.  A\antlatisrâità  tout  ce  que  l'es  ennemis  vouloyent,  craignant  troubler  l'E- 
ghie  fut  fuipendu  de  ia  capitainerie  pour  quelque  temps  :  pendant  lequel  Villegaignon 
&  Cointac  femoquovent  de  la  patience  de  ceux  de  Geneue,leiquels  ils  appcloyençpu- 
fîihnimes  :  &:  le  vantoven  t,  qu'jls  auoyent  fait  faire  amende  honnorablc  audit  Thoret,&: 
prenoyent  ce  comme  note &C  marque d'infamie.LaqucUe  moquerie  &:  indignation  ledit 
Thoret  porta  fi  impaticmment,que  d'vn  grarid  defplaiiir  s'adué tuta  de  palier  vn  bras  de 

mer 


En  la  terres  de  t  Amérique^.  4+7 

mer  de  deux  lieues ,  le  plus  fecretement  qu'il  peut ,  fur  trois  pièces  de  bois  liées  enfem- 
ble  :  pour  trouuer  paifage  en  vn  nauire  de  Breton ,  qui  eftoit  à  vu  port  diftant  de  la  trente 
lieuës,où  il  fut  fort  bien  recueilly  du  Capitaine.^  De  là  en  après  Villeg.  voyât  auoir  acquis  L'Egiifc  Jcs 
vn  tefmoignage  de  cruauté ,  pourfuyuir  le  relie  de  ce  qu'il  elperoit  mettre  à  exécution ,  ii  fide'« œ- 
l'heurle  rauorilbit  comme  il  auoiteommécé.  Car  lagrande  modeftie&:  patience  des  pol  grL"n!ic"x- 
ures  perfonnes  accreut  tellement  l'audace  de fon  cœur,  que  plus  il  ne  penfoit  que  ruiner,  trcnmé, 
méfier  ,&:rcmicrièrdeiïusdeiîbus  toutl'ordre  Ecclefiaftique&  Politique, lefquclsluy- 
mefmeauoit  en  vne  fi  fàin&e  affection  érigé, eftably,&:  confirmé. 

Premièrement  il  déclare  le  Conleil  nul ,  difpofant  les  affaires  communes  fclon  les  de- 
firsde  fon  cœur.  Il  fait  in  h  i  bidons  &  defenfèsàRicherdeneprefcher  plus,  nedes'alfem- 
bler  pour  prierai  ledit  Richer  ne  changeoit  les  prières  mal  fondées, comme  il  difoit.  Cet'- 
tainement  il  efperoit  les  réduire  en  telle  extrémité ,  qu'ils  feconfentiroyent  à  introduire 
vne  nouuelle  religion  forgée  en  fon  cerucau.Ladéfblation  eftoit  grande  en  la  compagnie 
pour  les  troubles  efmeus ,  &:  mefmcs  en  vn  temps  auquel  il  n'y  auoit  aucun  moyen  de  re- 
tourner en  France.  Souuentefois  ils  fupplient  ledit  Villeg.de  permettre  que  ceux  de  leur 
compagnie  fepeu{rcntaiîémblerlibremcnt,attédans  la  venue  des  nauires,  pource  qu'en 
faine  conlcience  ils  ne  le  pouuoyent  retirer  auec  les  lauuages,  du  tout  ignoran s  de  là  reli- 
gion Chreftiéne.Cequ'onques  ils  ne  peurent  obtenir  duditVilleg.&:  mefmesleurdefhi^ 
palTage  fur  fés  nauires,les  repu  tas  ii  miiérablesquelamernelespôurroitfouftenirqiHn- 
continent  ne  fulTent  engloutis  des  ondes,&  caiife  démettre  les  nauires  en  perdition .  Si 
onques  poures  perfonnes  furent  en  perplexité;ceux-cy  certésy  eftoyent  bien  autintf  lotir* 
rezxar  de  toutes  leurs  requeftes  plus  qraifonnables,iamais  on  ne  leur  en  voulut  ottrdyer 
vne  feule.    . 

Mais  pendant  leurs  altercations,arriua  vn  naiiire  François  de'  la  ville  du  Haute  de  grâ- 
ce, non  de  ceux  de  Villeg.ne  de  lès  alliez  :  le  capitaine  duquel  fè  monftra  allez  fauorable  à 
du-Pont  &:  àRicher,&:  aueciceluy  compoferent,moyennantlâ  fbmme  decét  efèns/pour 
feize  perfonnes,de  laquelle  fomme  fefaifoft  folùable  ledit  du-Pont poùt  tous  ks  autrses.il 
reft  oit  auffi  d'obtenir  leur  paffe-port  &:  congé,  car  autrement  ledit  capitaine  nel'euftfait; 
Villeg.  ayant  entendu  q  le  paifage  eftoit  accordé  dans  le  nauire  ribùuellement  Venu,  fut 
grandement  indigné  contre  ledit  capitaine ,  le  voulant  empefeher  de  charger  fon  nauire 
des  commoditez  des  fauuagcs:  mais  lefdits  fàuuàges  auoyent  iâ  promis  audit  capitaine^ 
officiers  ,de  luy  fournir  ce  qu'il  demandoit.^"  Villeg.refula  le  congé  que  leur  demandoyét  ÏÏj£'J£'fi 
du  Pont  &.  Richer,alleguât  qu'ils  auoyent  promis  de  luy  tenir  corn pagnie,iufques  à  la  ve^  ddes  de  (or 
nuedeics'nauires:cequ'onluy  accorda  eftrevray,  fi  de  fa  partiln'euft  violé  fes  premières  tir  dcrAm« 
promefTes ,  leur  ayant  contre  fa  foy ,  faitdefenfe  de  ne  prelcher,  nemefme1  prier  Dieu  en 
compagnie:qui  eftoit  les  priuer  du  plus  grand  bien  qu'ils  euflènt  feu  fouhaitter .  Corifide- 
ré  auffi  que  les  iours  paffez  il  leur  auoit  tenu  des  termes  fi  rigôureux,tendarit  du  toutà  les 
exterminerais  auoyent  efleu  vn  moyen  fort  propre  pour  luy  &:  pour  eux,par  le  nauire  qui 
eftoit  nouuellement  arriué.Dauantage,alleguent  qu'ils  trouuent  fort  eftrange  q  lesiours 
palfez  il  les  vouloir  chaffer,toft  après  les  retenir:  en  fin  conclurent  auec  luy  qu'ils  s'en'vou 
loyent  retirer  en  Frànce,congé  ounon:parquoy  qu'ily  aduifaft  :&:  vferent  deparolles  ru* 
des ,  par  lefqûelles  ils  declaroyent  que  d'autant  qu'il  auoit  rauffé  fa  foy ,  &c  apoftatifé  de  la 
religiomne  le  cognoiflbyent  plus  pour  leur  fouuerain  fèigneur,mais  pour  tyra  &:  ennemy 
delà  Republique.  Villeg.oyant  parler  fî  audacieufemenr,  leur  dône  congé  en  telle  forme 
qu'ils  voulurent,&i  leur  enioint  defortir  defon  ifle  le  pluftoft  qu'il  leur  feroit  poffible.  Au 
départir  il  n'y  eut  coffre,  malle,  ne  paquet,qu'il  ne  vifitaft,  cerchât  occafion  de  les  furpre- 
dre  en  larrecin.Les  artifans  auoyét  apporté  quelques  vtils  de  leur  meftier ,  femblablemct 
le  Miniftrc  & du-Pont,liures  pout  leur  particulier  eftude.  Villeg.rauit &  faifît  le tout,di- 
iànt  qu'il  luy  appartenoit,  comme  eftant  acheté  de  fon  argent ',  6c  félon  vne  ordonnance 
qui  auoit  cfté  faite  au  Côfeillors  que  le  tourcftoit  en  l'on  entier.Tout  le  bagage  ne  fe  peut 
tranfporter  dans  vne  barque  à  vne  fois:  pourtant  deux  demeurèrent  attendans  lefecond 
Voyage  du  bafteau, leurs  beforgnes  eftans  fur  lagreue.L'vn  des  deux  eftoit  tourneurjau-  TonAScvri 
tre  mcnuilier.Villeg.viiite  les  befongnes  du  tourneur,  où  il  trouua  quelques  vaifTeanx  &  ^vn'loTr- 
coupes  tournées  deboisd'hebene,lefquellescepoure  homme(quiauoitchargedenfans)  neur. 
auoit  faites  les  iours  qu'il  ne  befongnoit  point  pour  ledit  Villeg.  afin  d'en  retirer  quelque 
pièce  d'argent  eftant  arriué  en  France. Corn  me  iceluy  Villeg.ne  pouuant  plus  con  ten  ir  la 
rage  dont  il  eftoit  tranfporté,luy  impofa  qu'il  eftoit  larrô,d  auoir  fait  tels  vaiffeaux  de  fon 


L/«ro  VI.  Terfecution  des  fidèles 

bois,&  leua  deux  ou  crois  fois  le  poing  pour  le  frapper.  Toutefois  pource  q  quelqu'vn  de 
les  ramihcrs  rappcrccur,il  fe  côcint  pour  celle  fois:neantmoins  il  le  végea  fur  les  couppes, 
lcfqucllcs  il  calTaô£  froilfaaux  pieds, blalphcmantik:  delpitant  lenô  de  Dieu.  EiUt  reue- 
miàluyô£facolerepaifec,eutiouuenâccqle  tore  qu'il  auoicfaità  cepoure  hômeeltoit 
fort  grand,&:  feroic  vn  argument  à  la  poil  enté  d'vn  cruel  6c  barbare raict,&:  tcfmoignage 
aux  autres  de  la  côpagnie,que  s'il  euft  cuidéeftre  leplus  fort,illeseult  tous  tait  palier  au 
fildel'elpce.lliugea  que  la  mémoire  de  ccgricficroitefteîte  s'ilfaiibitreftitutiôdequel- 
q  choie  au  tourneur  pour  le  dômage  qu'il  luy  auoit  fait:&:  cômâda  à  ecluy  qui  la  porta, de 
Reuoltedc  l'excufcr.  ^  De  tous  ces  troubles  6c  mutatiôs  les  gentils  Jiômes  familiers  6c  lëruitcurs 
Viiieg.qui  a  dudit  Villeg.furctgrandemét  côtriftcz,attendu  que  la  plus  part  d'iceux  auoycntcfté  par 
ipaûtre™11  Villegaig.catcchifez,&:  mftruits  la  première  &:  iecôde  annee:&:  aviec  leiqucls  ilauoit 
refifte  à  tant  de  contrarierez  qui  fe  prefentovet  au  commcncemenrdclquels  aulsi  efto\  ét 
tefmoins  des  premières  faichencs,rcbellions,&côfpiratiô$  desquelles  le  Seigneur  l'auoit 
garenty.lceluy  Villcg.les  voyat  affectez  à  l'opinion  de  Richcr,s  cltudie  pour  les  duTuader 
dcnefuyurcrhercficdcs  modcrnes,qui  eiltotalemétrepugnante(côme  il  diloïc)aux  tra- 
ditions des  premiers  Pères  ,  lefquels nous  auoyent  delaifle  vnerbrmclelon  les  préceptes 
des  A pohVcs. Premièrement  par  douces  parollcs  6c  gracieufes  les  cuida  rendreà  fa  dcuotiô: 
puis  voyant  qu'il  n'auançoit  beaucoup,vlà  de  grandes  menaces,  6c  mauuâis  Taictcinenc 
aux vns,aux autres cômilsioii  d'aller  delcouurir des  terres  bien  loin  delà.  En  finil  n'ou- 
blia rien  pour  les  diuertir  de  la  bonne  opinion  qu'ils  auoyet  conecu  >  elperant  obtenu  par 
rigueur,  ce  qu'il  n'auoitpeu  par  douceur  &:  amitié. 

Le  heu  où  fe  retira  la  compagnie  de  du-Pont  6c  Richer  eftoit  en  terre  continente,  di- 
sante du  fort  de  Colligny  demie  lieue, au  village  que  les  mois  précédés  auoyent  côftruict 
quelques  pourcs  François,que  Villeg. auoit  chaile  defon  iue,come  bouches  .n  utiles. En- 
tre lefquels  cltoit  Cointacq.  îa  s'apperceuoit  du  mal  prouenu  de  Ion  ambitiô  :  car  du  tout 
eftoit  delaine  de celuy  duquel  il  elperoit  receuoir  grande  courtoilic  6c  hôncltete  :  dcic&ê 
en  terreauec  les  fauuages,cômc  perfonne  de  nulle  valeur. Il  lettelbufpir  s,regrets,  6c  dete 
ftc  le  lour  6c  heure  que  ïamais  auoit  eu  cognoi/Tance  de  Villeg.Du  Ponc,Richcr  6c  leur  co 
pagnieviuoyent  des  viures  q  les  naturels habitans leur  appo.tcyét:cômc racines, frui&s, 
Humanité  poiifons,&:  quelques  légumes  qu'ils  achetovent  de  leurs  chemilcs&  veftemens ,  àcaufe 
dejûuua-t  qu'ils  n'auovenr  aucunes  marchandiies,ne  moyen  d'en  recouurer  :  &  ce  en  attendit  que 
leurnauirctuftprelt.  D'autrepart  Villcg.voulatempelchei  le  Capitaine  du  nauiredene 
palier  les  iuldits,  il  les  accule  degrands&:  énormes  crimes  tant  aux  officiers  ,  qu'à  queL 
ques  matelots, qu  il  vuyoïtiamurmurer.Telles  calomnies  eimeurent  vnefedition  entre 
leldics  officiers  Se  matelots.  Les  officiers  vou lovent  tenir  leur  promelfc  ,confideré  qu'il 
leur  en  prouenoit  vnegrande  ibmme de deniersdes  matelots  au  contraire,qui ne partici- 
poyent  à  icelle,relîitoyent  de  tout  leur  pouuoir. 

Villeg.ce  temps  pendant,  voyant  que  Ion  entreprinfepeu  s'aduançoit  qu'en  vain 
trauailloit  de  reuoquer  ce  qu'il  auoit  planté  en  lès  leruiteurs ,  cerche  les  occalions  d'exé- 
cuter vnemauuaifevolontc,pour  donner  exemple  aux  autres  de  ne  demeurer  trop  per- 
tinax  en  leurs  opiniôs.ll  s'adrefTe  à  vn  lien  maiftrediioftel  qui  l'auoit  lèruy  depuis  le  iour 
de  Ion  embarquement,&:en  fes  fafcheui'es  fortunes  tresfidelemét  lubucnuul  cerche  beau 
coup  de  petites  choies  fur  fon  cftat,aufquelles  ledit  maiftre  d'hoftclfatisfaitfuffilàmmét: 
luy  refpondant  le  plus  gratieufement  qu'il  peut,lefupplia  d'autant  qu'il  cognoifloit  q  Ion 
fetuicc  neluy  elloit  agrcable,aufsi  qu'il  n'y  auoitaucun  refte  d'Eglilè,  deluy  dôner  congé 
de  le  retirer  en  France  auec  les  autres:  ce  qu'il  diffère  for  t  lôguement,  le  menaçant  de  luy 
faire  dôner  les  eftriuieres,ou  les  chaînes  aux  pieds.cn  fin  ennuyé  des  requeftes  ordinaires 
dudit  maiih:ed'holt.cl,lc  îetta  rigoureufemet  hors  defô  Fort,  làns  auoir  clgard  à  trois  an- 
nées de  fon  feruice:  6c  qui  plus  eft,n'eut  hôte  de  luy  ofter  quelqs  veftemés  qu'il  luy  auoit 
dôné,cltât  à  l'on  léruice.Huit  iours  après ,  celuy  qui  auoit  elté  pofe  en  la  plac  edu  fuldit ,  à 
caule  qu'il  reprenoit  ceux  q  iuroyét  6c  blalphemoyét,&:  s'employoitde  tout  Ion  pouuoir 
à  reformer  la  viediffoluedes  domcltiqs  dudit  Villeg.furlelquels  il  auoit  authorité,  il  fut 
loudaincmcntaccufé  d'eftre  vn  miniltre:  6c  outrece  qu'il  cuita  vn  nôbre  infiny  de  coups 
de  ballon  ou  les  chainesdefer,  endura  beaucoup  d'iniurcs&  mauuaistraidemés,perdit 
beaucoup  de  fes  beiongnes,&  fut  chalfé  bic  rudcmétdeql  feretira  auec  du-Pont  &autres. 

On  peut  reciter  enecres  vn  autre  a£te,autat  vertueux  que  lesautrcs.il  auoit  au  cômen 
cernent  mené  auec  luy  plulicurs  perlonnes  de  labeur  à  fes  gages  pour  le  téps  de  z.  ans,das 

lequel 


En  la  terre  de  t  Amérique,  44.8 

lequel plufieursmoururent,accablezdclabeur,&:attcnuczclcfaminc& langueur:  au- 
tres deîquels  la  nature  eftoit  plus  robufte,  refifterent  mieux  aufditsafl'aux  :  combien 
qu'vn  iour  attendant  la  fin  de  leui  terme,  leur  femblaft  vn  an  entkr,entant  que  iansrt-  Comment 
lafche  immodérément  ils  trauailloyent,  ne  mefmes  fans  eftre  fuftentez  qued'vne  ta-  [«poures 
rine,de  laquelle  l'ay  parlé  cy deiîus, cncoresn'enauoyentils  à  la  quatrième  partie  de  y^JJ^J 
cequ'ilconuenoita  fuftenter  nature  : auec ce ,lcur  breuuage  eftoit  d'vne  eau  puante  twitez. 
&l  intctte,d  vne  l'aie  cifternc:pluftoft  poifon  au  corps  humain,  quenourriture.    Vn  de 
cefte  compagnie  ne  pouuat  plus  fupporter  la  necelîîté,  pria  Villeg.  de  le  lailfer  alle  r  vi- 
urcauccleslauuagesxequ'illuyaccorda ,  moyennant  qu'il  quitteroit  i'esgagcs,  &c  de 
ce  paileroit  acte  deuant  le  Notaire:  A  quoy  Ce  confenrit  pour  obtenir  liberté.  Ayant  fe- 
îournc  quelque  temps  auec  les  fauuagcs,donnetous  l'es  veftemens  pour  viurciquandil 
n'eut  plus  rienquelachemi(c,lefdicsl'auuagcslcchafTcntneluy  donnans  plus  que  vi- 
urc.   Ce  poure  fut  réduit  en  li  grande  extrémité  qu'il  mangeoit  l'herbe, &  toute  lorte 
de  fruiits  indifférera ment, (ans  cognoiftre  ce  qui  luy  eftoit  pi  oficable  ou  contraire  :  en 
cefte  grade  langueur  mada  plufieurs  fois  à  Villeg.  qu'il  print  cÔpalsiô  de  luv  pour  l'hon- 
neur de  Dieu:  mais  iamais  il  n'eut  rci'ponfe.vn  matin  on  le  trouua  mort  Àc  faim  lous  vn 
arbre. Ceux  de  la  terre  viuoyent  en  grande  deftreflc,tant  pour  le  défaut  de  marchandi- 
fe,que  pour  le  long  feiour  qu'il  leur  conuenoit  faire attendans  leur  nauire.    Et  d'abon- 
dant les  matelots  leur  lignifient  qu'ils  ne  pouuoycnt  palier  s'ils  nefaifoyent  prouilion 
chacun  de  deux  boilTeaux  de  farine:qui  leur  fut  vnennuy  bien  grand  ,  confideré  qu'ils 
n'auoycnt  moyen  d'en  acheter  :  &C  mefmes  qu'il  y  en  auoit  grande  neceftité  en  la  terre. 
Nonobftât  ce, chacun  cflaya  de dôner  ce  qui  leur  reftoit  d'habillcmés ,  pour  fatiftaire  à 
la  requefte  des  matelots:car  leur  affe&io  eftoit  fi  grade  defortir  decellefafchcufeferui- 
tude,  que  volôtiers  ils  le  fufTcnt  obligez  à  toutes  côditions,  voire  prefques  impolTibles.  RappPr, 
Commcs  ces  choies  fe  palîbyen  t,ceux  qui  alloyent  de  la  part  de  Villeg.à  la  compagnie  pour  tre 
dedu-Ponr,rapportoycntdes  propos  bien  legers,aftauoir  que  Villegaig.eftoit  grande-  b^r  J" 
ment  defplailaiu  qu'il  n'auoitlacrifié  tous  les  léize:&:  mefmes  adiouftoir,  que  s'ils  tom- 
boyent  encores  vne  fois  en  la  main,qu'il  leur  feroit  bien  fentir.Dautresfemblablemét 
rapportoyent  de  la  part  de  du-  Pont  &  Richer ,  qu'ils  blafmoyent  leur  pufillanimité  d  - 
auoircomporté  lï  grandes  iniuresdvn  tyran  ,  lequel onne  deuoit  lailTer  régner  non 
plus  qu'vnepclte.En  après  adiouftoyentlefdits  faux  rapporteurs,  que  les  fufdits  paifa- 
gers  le  vantoyent  de  retourner  bien  accompagnez  &:  ordonnez  pour  le  chalTerluy& 
les  complices.    Certainement  laplusgrande  partie  eftoit  controuuee:&:  telles  pe  lies 
fôt  trefdâgercufcs  aux  Republiques &gouuememét  des  Royaumes:  car  par  iceux  el- 
les (ont  dcftruiclcs&defolees.  Les  fufdits  rapporteurs  enaigriflbyétpar  trop  les  deux 
parties,cai  ils  y  adiouftoyent  foy,commc  fi  c'euft  efte  vnc  chofe  bien  vérifiée.  Or  puis 
que  Richer  &c  du-Pont  s'en  retournoyent  en  France, Villeg.penfa  de  preuenir  à  la  véri- 
té que  rapporteroyent  les  fufdits  eftans  de  retour ,  &c  que  la  bonne  renomec  qu'il  auoic 
acquile  les  années  palTees,en  vn  inftant  feroit  fupprimee:s'aduifa  de  faire  vn  recueil  de 
certains  poin&s  qu'auoit  prefehez  Richcr,&à  iceux  faire  refponfe  pour  côtenter  les  Pa 
piftes,puis  qu'il  fe  voyoit  defatiorifé  de  l'autre  part. Et  attendu  qu'il  n'eftoit  bien  mémo 
ratif  du  tout ,  il  inftruit  vn  lien  familicr(qui  par  grades  menaces  s'eftoit  reuolté  auec  le- 
dit Villeg.)&luy  donnecommilïion  defauoirdeRicher,quellceftoitfon  opinion  tou- 
chant le  Sacremct  Vautres  articles  que  ledit  perfonnagepropofa, feignant  auoirdeiir 
d  eftre  cnlcigné:melmcmentfur  certains  poinc~ts defquels  il  n'eftoit  bien  refolu  confi- 
deré qu'ils  cltoycnt  prefts  de  leur  département.  Richer  ne  fait  fcrupulc  de  luy  dire  de 
bouche  ce  qui  luy  en  fembloit.leperfonnage  fait  regiftre  de  toutes  lesrcfponfcs,&  fans 
les  cômuniqucraudicRicher,  lesprefenteàfon  maiftrequilesa  efpluchez&:  calôniez 
comme  bon  luy  a femblé. Il  eft  certain  que  fi  Richer  eufteftéaduerty  que  Villeg.dema- 
doit  ion  opinion  pour  y  refpondre,ileuft  rédigé  par  eferit  luy  mefme  auec  meilleur  or- 
dre^ doctrine  plus  folide,quellc  n'eft  inférée  au  liure  dudit  Villegaignon. 

En  ce  meime  tcmps,commeledit  Villeg.preueuft  que  beaucoup  delà  côpagniele 
pourroycntlailfcr pour lemauuais traitement qu'illeur  faifoit,  aulfi  pourlamutarion 
de  la  rcligiôuugea  qu'il  feroit  bié  à  propos  de  les  eflôgner  les  vns  des  autrcs,cn  enuoyat 
les  vns  das  vn  nature  en  la  riuiere  de  Plate,  tendat  au  pol  Antartiq  plus  aual  500.  licuës: 


Liurc^j  VL  L'ejtat  de  ÎEglife  en  ïoAmerique. 

dans  lequel  pofa  dixliuit  pcrlonncs,&:deux  pages  pour  les  leruir.  Il  auoit  pofc  Capitai- 
ne vn  fien  fîdclc  feruiteur,&  pour  Maiilre,vn  marinier  qui  auoit  cite  retenu  du  dernier 
voyage,addOné, félon  lacomplexion  des  mariniers, à  tous  vices  :  &  ne  fa  ut  croire  qu'il 
fuft  dclaparticdedu-Pont&du  Miniftrc  :  mais  homme  voluptueux,  n'ayant  aucune 
crainte  de  Dieu.  3  Celle  dcfcouuerture  le  faifoit  tant  pour  ùirc  abfcncer  la  compa- 
gnic,afîn  qu  elle  ne  ie  peuil  adioindre  auec  les  autres(commc  il  auoit  opiniô)  que  pour 
cercher  quelque  mine  d'or  ou  d'argent, prétendant  par  tel  moyen  gratifier  le  rov  Hen- 
ry. Le  iour  précèdent  qu'ils  dcuoyent  partirai  fut  dénoncé  au  Capitaine  que  le  Maiftre 
Afte  exécra  nauire  auoic  violé  vn  fien  parent,ieunc  enfant. Ce  faid  exécrable  troubla  ledit  Capi 
bie  d'vn  caine&fon équipage mcrueilleufement:confidcrc que  ceftoit  lur  leur  département, 
marinier,  toutefois  ledit  Capitaine  ayant  interrogue  ledit  marinier  ,  lequel  ne  voulut  confcfièi 
foncrime,rcmioyeà  Richcr  lequel  eftoittoufiours  Miniftre  ,  nonobftant  que  Villcg, 
luy  culldonnccongé:canlncrutiamaisdcpolc.  Le  Miniilre  dénonce  aumarinierla 
grandeur  de  Ion  pcché,&:îiciugement  horrible  de  Dieu  furet  ux  qui  commettent  tei* 
vices. Le  marinier  appréhendant  le  mgement  de  Dieu  tombe  en  grade  fantalie  de  dcC 
efpoir,  fe  voulant  ietteren  mer,&  perdre malhcurcutcmcnt  fa  vie.-declarant  extérieur 
remet  qu'il  clloitde/plaifantd'auoit  fait  &  commis  tel  adc.  Richerfutd'aduis,  voyâc  û 
repétance,q  le  Capitaine  le  pourroit  mener  au  voyage, le  menaçâut  fort  de  iour  en  iour 
delamort,s  îlneledcclaroit&smonftroiteftre  vrayement  defplailant  de  tel  raid.Par- 
tancie  lendemain  le  Capitaine  parc  auec  le  Maiftre  du  nauire,  attendu  aufTiqu'ilny 
auoit  que  luy  qui  cuiKognoiilancc  des  manccures&  pilotages  dudit  nauire.  Quand  a 
àccqu'onavouludiicqucleditRicherluyauoitdonnc  l'abinlution  pour  vn  baril  <ic 
poiure ,  il  appert  du  contraire,par  ce  qu'il  a  efté  prouuc  :  car  ledit  marinier  c  ilant  renc_ 
nu  de  fon  voyage,&.  fourhant  la  mort,a  déclare  deuantledit  VillegAr  plus  de  cinquan- 
te autres  perfônes  dignes  de  foy,qu'il  n'eitoit  point  vrayrtnais  bien  cil  vray  que  quinze 
ioursauparauâc  qu'il  fuit  acculé  dudit  faict,il  auoit  vendu  audit  du-Pont  &  Richcr  ,  \o 
caque  de  poiure, qu'ils  luy  auoyent  tresbien  payé,voirc  plus  qu'il  ne  valoir:  les  tefmoins 
font  encoresla  plus  paî  t  en  vie,&  aucuns  en  France. 

Le  Capitainedunauirc  des  paflagers  ayant  charge  (on  vailfeau  de  toutes  les  com_ 
LcJcpauc-moditez  qu'il  peut  rcconurer,fait  embarquer  tous  les  gens  auecdu  Pont,Richer,&:au 
ment  «Je    cres  qui  elloyent  en  nombre  de  feize.  Leditnauireappartille  fit  voile  de  la  muicic  de 
£dTia  Colligny  pout  fe  mettre  en  mer,  au  grand defplaifirij  mefcontcntemcntdc  Villcg.&: 
terre  du  Brc  d'aucuns  mariniers  ,  lctqucls  auoyent  elle  folhcitez  pour  empelcher  ledit  retour: 
ûl'         ou  pourlc  moinslcurdonnertel  ennuy  ,  par  le  chemin  ,  &c  en  France  ,  qu'yen  peut 
eltie  mémoire  de  là  a  long  temps.        Les  lufdits  matelots  eftoyent  lîmples  ma~ 
nceuriers  dans  ledit  vailfeau,qui  ne  participoyent  au  profit&  rapport  du  nauirc,  par- 
tant empefehoyent  que letdits  pallagers  s'embarquallent  :  attendu  Je  peu  de  viures 
qui  reftoit  pour  vn  iî  iongpaflagc.    On  difoit  que  Villeg.en  auoit  pratiqué  cinq  des 
plus  vitieux, aufquels  il  auoit  promis  grands  aduantages,  pourucu  qu'eftansarriuezen 
France  ils  liuraiTent  du-Pot  &Richer  à  la  Iullice:ce  a  elle  veririé  depuis. Ce  nauire  ayat 
prinslahautc  mci  vingtcinqou  vingtlix  lieues  ,  commença  à  puifer  beaucoup deau 
(ou  pour  auoit  cité  trop  chargé,  ou  de  vieillellé)en  telle  abondance,qu'vn  chacun  eut 
grand  peur  &:  craince  de  moi  ttmefmementics  mariniers  qui  trauailloyét  10111&:  nmer. 
a  efpuifer  iadice  eau,perdoyent  courage,confiderâs  qu'ils  ne  la  pouuoyent  efpuif'er.Lc 
Capitaine^:  officiers,  mcfmeles  pallagers  fe  trouuerent  li  efperdus ,  qu'ils  te  fouhaî- 
toyée élire  encore  en  la  rerredu  Brelil.D  aducnturc(felon  la  couftunu  )on  trainoit  vne 
barquearricrelancfics  matelots  la  nuictlapcnlérent  furprendre  pour  léfauueren  ter 
re,n'avans  grand  efpoir  au  nauire  qui  s'empliiToit  d'eau  :  mais  le  Capitaine  &£  offtcicrs 
en  eilansaducrtisy  donnèrent  tel  ordre  ,  que  les  mariniers  ne  mirent  a  exécution  le 
mauuais  acte  qu'ils  auoyent  propolc.  Accilcaduéture  uiruinc  vn  mcrueiileux  accidét 
du  regorgement  d'eau, dans  la  foute  au  pain  bifcuit.  La  plus  grand'  part  de  leur  bifeuie 
fut  perdu  par  le  uegoutde  ladite  cau,qui  decouloit  deifus  :  ce  qui  defb;:ncha  grande- 
ment l'équipée  autant  ou  plus  que  le  refteda  plufpart  des  paflagers  voyant  ksmarç- 
lots  deibauciic/.,:evoulcyt  nt  retiiercnterrcjdcmandansau  Capitaine  la  barque  que 
le  nature  trainoit  en  poupperecqu'il  leur  fut  refufé  parledit  Capitaine  ,  attendu  qu'il 
euil  cité  trop  preiudiciable,h  lefdits  pallagers  s'en  fuifent  retournez.  Ledit  Capitaine 

ayant 


Charles  Qminck  44  p 

^ayant  entendu  par  ceux  qui  trauailloycnc  à  trouuerle  cours  de  l'eau,  qu'il  fe  pourroic 
eftancher,  feulement  il  deuoitrenuoycr  vne  partie  des  pafIâgers,pour  faire  pJaceaux 
autres .  Etcomme  du-Pont&  Richer  &  quelques  autres  eftoyent  prefh  à  fe  rtiettre 
dans  la  barque,  ledit  Capitaine  les  retint,  leur  donnant  bon  courage ,  que  le  tôllt  fe 
porteroit  mieux  qu'on  efperoît.  toutefois  s'il  yenauoitd'autres  defdits  paifagers  qui 
s'en  voulufTent  retourner,  volontiers  leur  donneroit  ladite  barque,  veu que  les  viures 
gui  reftoyent,nepouuoyentfatisfaireàtantdeperfonnespourvn  fi  long  voyage. 

Dv  nombre  defdits  pafTaeerSjfetrouuercnt  cinq  personnes  d'vnmefme vouloir,  Cinc*  t6~ 

1»  ce ■     A    a-  •     «  1         '  j  1  tournent  e 

lefquels  acceptèrent  1  offre  dudit  Capitaine  contre  legre  de  tous  leurs  compagnons,  u  terre, 
qui  preuoyoyent  bien  que  Villeg.  leur  pourroit  faire  quelque  defplaifîr.  Nonobftant 
lefdits  cinq  perfonnages,eftimoyenteftre  bien  recueillis, confideré qu'ils  n'auoyent 
aucunement  ofFenfé  ledit  Villeg.  mais  fait  tout  plaifîr  &  feruice.  Parce  ayahs  prins  con- 
gé de  leurs  compagnons  &:  amis,  auec  grans  foufpirs  &  regrets,  s'embarquentdansle 
bafteau,fe  recommandons  en  la  garde  de  Dieu  les  vns  les  autres,tat  ceux  du  nauire  qui 
paflbycnt  en  France,que  ceux  de  la  barque,qui  retournoyen  t  en  la  terre  du  Brefil:dont 
les  trois  depuis  y  laifTereht  14  vie  pour  maintenir  la  vérité  de  l'Euangile*  comme  il  fera 
dit  en  fon  lieu,  après  l'ordre  &:  fuitte  des  Martyrs  de  celle  année,  m.d.i  vir, 


CHARLES    CONINCK,  omLE    ROY,  BcGanl 

CE  ne  font  point  vaines  Ululions  quand  le  Seigneur  parvrayes  apprehenfionsmanifefte  quelque  fois  aux  fiens 
ce  qui  leur  doit  aduenir  :  Se  quand  par  fain&e  hardiefle  on  pourfuit  vne  vocation  intérieurement  engr.a- 
ueeparlefain&Efprit. 

E  perfbnnagevintàlacognôifTancc  de  la  vérité  Euangcliquc  cftant  Cai"-  M.D.LVn. 
me  à  Gand  eri  Flandre,  fi  bien  que  Quittant  l'habit  monacal  fe  retira  eri 
Angleterre  pour  fuyurc  l'Eglife  de  lefus  Chrift:  où  il  trauailla  à  ttanflater 
liures  d'vne  langue  en  l'autre:  comme  de  fai&ily  tranflata  eh  langue  Fla- 
menguevn  Commentâire  fur  l'Apocalypfc  :6c  LTîiftoiredela  vie  &  mort  efpouuanta- 
ble  de  François  Spera.    Il  y  eftoit  durant  le  règne  cruel  de  Marier  lors  que  les  eglifes 
pèlerines  des  Vvalons  &Flamens  furent  charTees:&  fe  retira  auec  plufîeurs  defâ  na- 
tion à  Embden  ville  en  la  Frife  Orientale.  De  là  après  quelque  temps  il  luyprinten^  Èmbden  en 
uie  d'aller  vifiter  les  poures  fidèles  de  fon  pays  i&cic  mit  en  chemin  l'art  m.  d.  l  V  i:  j^"'^*" 
Comme  il  parloit  d'Emfedenen  s'embarquant ,  il  luy  eftoit  aduis  qu'il  ehtroit  en  vh 

Chreftiens 

feu:  &  depuis  au  mefme  voyage  vne  apprehenfion  pareille  lefàifit  à  Groninghe,  e-  F"**"»* 
ftant  en  la  maifon  d'vn  docteur  nomméM.Hierome,&:  des-lors  donna  à  côgnoiftré 
ce  qu'il  eftimoit  par  ces  apprchenfîons  luy  deuoir  aduenir.    Le  Docteur  tafcha  de  le 
diuertir  de  fon  voyage,  luy  confeillant  de  n'entrer  au  pays  plein  de  dangers ,  Si  au- 
quel les  Chreftiens  eftoyent  traitez  &:  exécutez  fi  cruellement .    Mais  Charles  fen- 
tant  au  dedans  vn  fainft  defir ,  furmontant  toute  apprehen fiofr  de  peur ,  rcfpondit  qu'- 
il auoit  nccellairement  à  faire  ce" voyage  pour  vn  dernier  dêuoir  vers  les  fiens.  E- 
ftantparuenuà  Anuers  il  y  feiournà  quelque  temps  à  caufe  de  l'Eglife  du  Seigneur,  HgiîfëiA* 
en  laquelle  pour  lors  M.Gafpâr  Verhcyden  eftoit  Miniftre  :&  de  là  s'en  alla  à  Gand  Ycmi. 
pour  y  confbler  lès  fidèles  :  entre  lefquels  plufîeurs  defailloycnt  &  fe  refroidffîoycnr, 
à  caufe  de  la perfecution  qui  eftoit  fort  afpre  en  ladite  ville.    Il  les  rcdrefTa  autant 
qu'en  luy  fut ,  exhortant  vn  chacun  de  feruir  à  lefus  Chrift  entièrement  &  de  fuyr 
comme  vne  contagion  pernicieufe,  toutes  fuperftitions  Papiftiques,  toutes  lesfein- 
tilcs  &  fimulations  de  ceux  qui  cldChent  à  deux  coftez  ,  &  qui  ne  font  ne  froids  ne 
chauts .    De  Gand  il  s'en  alla  à  Bruges  •.  &  à  fâ  venue  ceux  fe  trouuerent  vers  luy  qui A  S"1 
aimoyét  le  Seigneur,  ayans  faim  de  fa  iuftice.    Il  les  confola&admonneftà  de  mefme 
que  ceux  de  Gand:  fur  tout,  à  mener  vne  vie  ChreftieUne,  &  reiglerfoigneufemcht 
leur  conuerfation ,  d'autant  qu'ils  eftoyent  en  vne  ville  adonnée  à  toute  volupté  & 
lubricité. 

Sa  t  an  cependant  irrité  de  fa  venue,  hc  celTa  d'çfueiller  fes  gras  fuppofts,  &fer- 

GG. 


Liurc^j  VL  Charles  Qorimck. 

uiteurs  de  feglife  Romaine  ,  qui  ne  tardèrent  de  mettre  par  tout  embufehes  pour 
attraper  Charles,  tant  qu'vn  iour  fortant  d'vne  aflémbleedcs  fidèles,  ils  le  faiiirent 
en  la  rue  nommée  Efelftrate ,  &  le  rirent  mener  en  priion .  Ce  qu'ayant  entendu  vn 
fienfierc  demeurant  à  Gand,  il  s'aduifa  d'obtenir  que  deux  Carmes  allallént  quant  &c 
luy  redemander  à  ceux  de  Bruges  Ton  frere,côme  f  ubieft  au  Prieur  de  fon  ord  re.  Quand 
Charles  vid  Ton  frère  ainfi  accompagne , le  folicirant  dereprendre  fon  habit,  &c  de 
Ref  ofede  rctoutner  lous  1  obédience  de  L'ordre  ,  il  luy  dit  tout  rondement  qu'il  n'auoit  que 
char!»     faire  de  prendre  cefte  peine,  Ôcdefpenfe  pour  luy:  &  qu'ayant  vne  fois  defpouillé  \\ 
lareprifede  Jiabit  d'vnordrc  maudit  tiamais  il  ne  le  rcucftiroir.pour, d'atfranchy  qu'il  cftoit  par 
tuai  m°  Icfus  Chrift,fc  remettreen  i'obeiffance  &fcruitudc  desefclaues  dcSatan. 

Svr  cecy  les  Moines  pour  maintenir  la  liuree  de  leur  ordre  ,  difputerent  long 
tempseontreluy  en  prefence  de  ceux  delà  Iuftice:  mais  ils  ne  (eurent  rien  gaigner 
fur  la  vérité  del'Efcriturc  :  non  pasmefmc  au  iugement  de  ceux  qui  les  efeoutoyent, 
alleguans  l'ancienneté  de  leur  couftume,  Jes  vieux  Pères,  les  Conciles  &femblables 
légendes.  De  l'habit  on  monta  à  la  Mefl'c ,  &:  à  l'inuocation  des  fainfts  trefpaflcz.  & 
de  là  on  defeendit  au  Purgatoire  ,  mais  leurs  raifons  &c  allégations  confrontées  à  la 
veriréde  l'Euangile  du  Seigneur qu'alleguoit  fortpromptement  Charles,  donnoyent 
aulfi  peu  de  contentement  aux  auditeurs  que  la  dilputc  des  habits:  car  ilsn'eftoyent 
garnis  que  d'vne  afneric  tant  recuite  Crédite,  qu'elle  n'auoit  faueur  ne  gouftqueL 
conque. 

La crahue       I  l  yen  auoit  entre  ceux  du  Magiftrat  de  Bruges  cftans  là,  qui  declaroyent  par 
desPluri-  lcurs  contenances  de  lentir  en  leur  confeience  vn  certain  tcfmoignage,  que  Charles 
pTuVicur$qSpar'olt^avcr'r^:^:  toutefois  de  crainte  qu'ils  auoyent  de  leurs  Prcllrcs  cV  Chanoi- 
iimulent.    nés ,  ils  parloyent  Purement  à  Charles  en  leur  prefence,  qu'en  abfence.    Et  mcfmcs 
monfieur  N.  quilàefioit,  cognoiflant  que  Charles  eftoit  mené  d'vndroicï&fain  iu- 
gement dcrEfcriture  laintte:  veuque  preftres  ne  moines  ny  autres  quelques  fauans 
qu'ils  fuiTent,  ne  pouuoyent  rien  gaigner  fur  luy,  &  que  fouuent  ils  s'en  retiroyenttout 
confus  .     Ce  feigneur  promit  à  Charles  de  pourcha/Ter  fa  deliuranec  ,  moyennant 
qu'il  voulift  aucunement  s'accommoder  aueceux:  voire  &c  fi  l'habit  de  moine  luyve- 
noit. contre  cœur,  qu'il  en  impetreroit  la  difpenfe  du  Pape,  &  le  pouruoiroit  d'vne 
chanonie.    Charles  refpondit,  Monfieur,  îe  vous  merciegrandement  de  cefte  voftre 
faueur  &c  bienucillance  :  à  la  mienne  volonté  qu'elle  fuft  félon  Dieu.  Vousmeprefen- 
tezvne  chanonie  pour  viure  à  repos  :&c  vous  fauez  toutefois  que  l'aile  n'apporte  point 
Norablerc  de  repos,  quand  la  confeience  eft  en  tourment.  Le  renoncement  de  la  vérité  démon 
fponfe.      Dieu,  mecauferoit  au  cœur  vn  perpétuel  remors  de  confeience  ,vcu  qu'il  m'a  fait  cefl 
honneur  tant  fpecial ,  de  me  donner  fa  cognoiflance,  pour  laquelle  mieux  me  vaudra 
d'endurer  mille  morts  qu'en  la  defguifant  encourir  la  mort  éternelle.    ^  Les  aduerfai- 
rcsvoyansqu  a  le  tenir  plus  long  temps,  ils  ne  profîtoyent  de  rien,  le  déclarèrent  par 
leur  fentenec hérétique,  fi  quel'ayans  dégradé  leliurerent  le  vingtdcuxicme  d'Auril 
entre  les  mains  du  bras  feculier  qu'ils  appellent.    Le  Magiftrat  incontinent  le  con- 
damna d'eftrebruflé  vif,  attendu  fon  oblïination  &  rébellion.  Charles  rendit  grâces  à 
Dieu,  lepriât  de  pardonner  à  ceux  qui  le  pourfuyuoycnt  à  inort  par  ignorance.  Amené 
qu'il  fut  au  lieu  du  fupplice,  l'exécuteur  ne  tarda  de  l'attacher  au  pofteau,  afin  delcdef- 
pefchcr.    Charles  leuant  les  yeux  au  ciel  6V:inuoquant  le  Seigneur  au  milieu  du  feu, 
porralapeinepatiemmcnt&quoyement,queJepeuplcquieftoitàfamort,le  x  x  vu. 
d'Auril,  m.d . i  v  r  i  .enfutmerueilleufement  eftonné.    Quelquesiours après,  vn  des 
lugemét  de  principaux  qui  auoit  cfté  motif  de  cefte  exécution  cruelle,  mourut  en  tel  cfpouuante- 
Dieulurvn  ment  de  fa  confeience,  qu'il  donna  manifeftement  à  cognoiftreàçeuxde  Bruges,  que 
de  Bruges.  c'eft0jc  vn  notable  iugement  de  Dieu,  à  l'encontre  de  ceux  qui  leperfecutent. 


PHILBERT    H  AME  LIN,  de  Tomme. 

APPRENONSà  l'eteraple  deceluy  qui  nous  eft  icy  propofe ,  de  cercher  tellement  la  doctrine  de  la  Véri- 
té, que  quand  Dieu  nous.  Taura  offerte ,  elle  foit  employée  à  fon  honneur ,  Se  à  édifier  non  feulement  ceux 

qui 


Philbert  Hamèlin.  4.J0 

qui  paîfiblernent  s'y  rcngent  :  mais  auflî  pour  y  attirer,fi  auant  que  faire  fe  pourra,  les  rudes  Se  ignor,ins,par 
toutes  façons  conuenables:&r  aufû  d'annoncer  le  jugement  de  Dieu  à  ceux  qui  Ja  renonceront ,  voire  la  mort 
prochaine  :  comme  icy  fe  trouue  que  Hamelin  a  fait  à  vn  Preltre ,  qui  auoit  renié  Icfus  Chrilt,  penlant  pro- 
longer fa  vie,&c.  Exemple  d'vn  jugement  de  Dieu,  aufsi  toft  exécuté  qu'annoncé. 

VO  Y  que  Satan  ait  feu  brafl*er,&:  oppofer  la  rage  des  fiens  contre  la  vérité'  M  D  LVn- 
(de  l'Euangile,  le  Fih  de  Dieu  a  touliours  montre  que  la  vertu  d'icelle  eftoit 
[pardeffus  toute  puiifance  ,&:  qu'il  n'y  auoit  obftaclequi  peuft  empefeher 
[l'œuurc  de  ceux  qui  eftoyent  ordonnez  pour  la  publier.  Et  combien  qu'en 
ce  temps  il  femblaft  que  tout  accezàla  prédication  d'icelle,  fuft  ferme'  au  pays  de  Fran-  Ccftoitdu- 

.1.  . /•  in;     1   /  ri  rant  léseras 

ce,  lien  a-il  eu  qui  lurmontans  toute  difficulté,  ont  expole  leur  vie  pour  annoncer  aux  feus, 
ignoransla  voyedefalut.  M.  Philbert  Hamelin  ,  natif  de  Tours  en  Tourajne ,  n'a  pas 
efté  des  derniers  en  ce  reng,  après  que  de  preftre,eftant  venu  à  meilleure  cognoiffan- 
ce,fe retira  à  Geneue  pour  prendre  plus  grande  inftrudion  es  faindes  Elcritures. 
Tout  fon  defir  eftoit  de  feruir  au  bien  de  l'Eglile  du  Seigneur:  fuyuant  lequel,  il  leua 
imprimerie  en  ladite  ville,  pour  publier  hures  delafaindeEfcriture:en  quoy  fe  porta 
fidèlement.  Et  pour  de  tant  plus  profiter  à  ceux  de  fa  nation ,  il  saccouftuma  défai- 
re des  voyages  par  la  France  ,&  de  fubuenir  à  ceux  qui  eftoyent  deftituez  de  viande  &: 
nourriture  à  falut:  non  feulement  par  liures  qu'il  faifoit  conduire,  mais  aulîi  par  viue 
voix  de  la  prédication  &:  explication  de  la  vérité  de  l'Euangilc.  Ses  voyages  ne  luy  fu- 
rent oneques  en  telle  facilité  &  commodité,  que  le  feiour  de  Geneue ,  s'il  euft  regardé 
fon  particulier.car  fouuent  aucc  Ja  perte  de  (es  liures,il  retournoit  après  auoir  efte  chaf- 
fé  ou  emprifonné:  mais  il  s'eftimoit  tellement  heureux  quand  il  for  toit  d'vn  danger,qu 
il  luy  tardoit  de  n'eftre  entré  en  autre. 

Pl  v  s  1  e  v  r  s  fidèles  ont  dit  de  luy,  qu'allant  par  le  pays ,  fouuent  il  efpioitl'heû-  ^nn<Jl" 
requelesgensdeschampsprennentleurrefedion,commeils  ontdecouftumeou  au  idVruircïes 
pied  d'vn  arbre,  ou  à  l'ombre  d'vne  haye.  Etlà  feignant  fe  repoferaupres  deux,  prenoit  ?^y^ 
occafion  par  petits  moyens  &:  faciles,  de  les  inftruire  à  craindre  Dieu ,  à  le  prier  deuanc 
&  après  leur  réfection,  d'autant  que  c'eftoit  luy  qui  leur  donnoit  routes  chofçs  pour  l'a- 
mour de  fon  Fils  Icfus  Chrift.  Et  fur  cela,  il  demandoit  aux  poures  payfans  s'ils  ne  vou- 
loyent  pas  bien  qu'il  priaft  Dieu  pour  eux. Les  vns  prenoyent  grand  plaifir  &  en  eftoyét 
edifiez,les autres  eftonnez,oyans  chofes  non  accouftumees  :  aucuns  luy  couroyent-fus, 
pource  qu'il  leur  monftroit  qu'ils  eftoyent  en  voye  de  damnation,  s'ils  necroyoyent  à 
l'Euangile.  En  receuant  leurs  maudiffons  &  outrages,  il  auoit  fouuent  cefte  remonftrâ- 
ce  en  la  bouche,  Mes  amis,  vous  ne  fauez  maintenant  que  vous  faites, mais  vn  iour 
vous  le  faurez  :  &  ie  prie  Dieu  de  vous  en  faire  la  grâce. 

Apres  auoir  continué  cefte  façon  de  faire  par  quelque  cfpace  de  temps  en  diuer- 
fes  contrées  du  royaume  de  France,  pour  gaigner  gens  à  la  vérité ,  finalement  il  fut  ap- 
pelé au  miniftere  d'icelle  en  la  ville  d'Alleuert  en  Saintonge,  en  laquelle  voire  en  tous  "j^JJ 
leslieux  circonuoifins  il  fit  grans  fruids ,  &c  édifia  plufieurs  en  la  doctrine  de  l'Euangi- 
le. Or  comme  il  eftoit  pourfuyui  fans  cefle  des  fuppofts  de  Satan,  il  fut  prins  prifon- 
nier  à  Saintes  ville  capitale  du  pays,  en  l'an  m.  d.  l  v  11.&  auec  luyvn  Preftre  fon  ho- 
ftejequel  il  auoit  inftruid  à  l'Euangile.  Eftantinterrogucàl'inftance  du  procureur  du 
Rov,ilfit  confeflion  de  fa foy, d'vne  telle  aftèdion  que  les  aduerfaires  eftoyent  con- 
traints d'en  bien  dire.  Et  depuis  il  la  rédigea  par  eferit  bien  au  long ,  &  y  adioufta  les  tef- 
moignages  de  l'Efcriture  qu'il  fauoit  neceffaires  pour  la  confirmation  d'icelle.  L'ayant 
prçientee  à fes  luges  &r  à  tous  ceux  qui  l'abordoyent  pour  difputer,  ils  furent  encores 
plus  eftonnez  que  deuant  :  de  manière,  qu'ils  cerchoyent  pluftoft  le  moyen  de  le  deli- 
urer,&luy  faire  chemin  large,  que  de  pafîer  outre -.ioind  qu'il  eftoit  tellement  aimé 
au  pays,  qu'ils  craignoyent  d'en  auoir  falcheric  en  leurs  perfonnes.  fes  amis  d'autre  part 
luyprefentoyent  pluficurs  moyens  d'euader.  Luy  au  contraire,  comme  s'eftant  dédié 
à  la  mort  pour  vnefiiufte  querelle,  refufa  tous  moyens,  difant  eftre  chofe  indécente  à 
ecluy  qui  a  fait  cftat  d'annoncer  aux  autres  la  parolle  de  Dieu,  d'efchapper&  rompre 
les  priions  pour  crainte  du  danger  :  au  lieu  qu'il  doit  maintenir ,  voire  dans  les  flammes 
dufeu,ladodrine  qu'il  aura  annoncée.  N'ayant  donc  peu  eftre  amené  à  ce  poind, 
quelque  remonftrance  qu'on  luy  peuft  faire ,  Qu'eftant  dehors  il  profiteroit  beaucoup 
plus,  que  par  fa  mort  d'aigrir  d'auantagela  rage  de  fes  ennemis  :  ilfut  mené  à  Bour- 

GG.ii. 


Liur  o  VI*  Philbert  Hamelin. 

deaux  au  commencement  de  Mars ,  accompagné  dudit  Preftre ,  &:  de  grande  compa- 
gnie de  gens  depied&decheual.  Eftant  ésprifons  de  la  Conciergerie,  on  Je  recom- 
manda afin  deftre  mis  à  tabledu  Geôlier  :  &  ne  tarda  gueres  d'eftre  mené  deuant  les 
Prefidens  &:  ConleillicrSjaufquelsil  parla  d'vne  grande  verru  &  efficace  de  parolJe. 
^  Aduint  vn  iour  de  Dimanche  en  la  Karelme,  qu'vn  Preftre  porta  en  la  prifon  tous  fes 
ornemens  pour  là  chante  rMelTe,  &les  dreflarous  prefts:de  quoy  M.  Philbert  eftant 
aduerty ,  clmeu  d'vn  zele  ardét,alla  ctfte  part  où  eftoit  le  Prcftrc,&:  tira  tout  ceft  attirai 
tebui»»  Par  tcr,c>  il  rudement  que  les  calice  ,  chandelier  &:  autres  pièces  de  J'cquippage  furent 
tirailles  d1-  miles  par  terre:  Voulez-vous,  dit-il,  qu'en  tous  lieux  le  nom  de  Dieu  (oit  ainfi  blafphc- 
vncMdTc.  m£>  Nevousfuffit-il  pas  qu'es  temples  il  (bit  tant  outragé,  fi  auiîî  vous  ne  profanez 
les  pn(bns,afin  que  rien  ne  demeure  impollu?  Le  Geôlier  aduerty  de  ce  fai&,tout  fu- 
rieux &:  forcené  auec  vn  bafton  au  foing,  fe  ietta  fur  Hamelin  :  &  après  s'eftre  lafle  de  le 
charger  de  coups,  il  le  mit  dans  vne  balTefoffe.  Non  content  de  ce,  en  continuant  fa  ra- 
ge, il  prefenta  le  lendemain  requefte  à  la  Cour,  pour  le  mettre  hors  de  fa  charge:  allé- 
guant l'acte  par  luy  com mis:&  qu'il  aimeroit  mieux  auoir  vn  diable  àgouuerncr ,  voire 
que  la  pefte  euft  in  rc&é  toute  laconcii  rgerie,  que  Hamelin  y  demeuralbn'ayant  ia  que 
par  trop  empoifonné  Jesprilonniers  delà  doctrine,  qu'il  appeloit  malheureufe  &  dam- 
nable.  Quifutcaufede  l'emioyerenlaprifondelamaifon  publique  nommée  fain&c 
Liège  en  vne  balle  foffe  où  il  demeura  huit  iours ,  charge  de  fers  li  pefans ,  que  fes  iam- 
bes  en  deuindrent  enflées. 

Qv  e  l  qv  e  s  iours  auparauantcecy,s'eftantapperceu  que  le  Preftre  fonhoftcflcf- 
chilîbit  de  la  vérité ,  il  mit  toute  peine  de  l'entretenir  en  icelle ,  &  le  deftourner  de  la 
crainte  du  danger  qu'il  apprchendoit:mais  quand  il  feut  qu'il  auoit  rçnôcé  Iefus  Chrift 
tout  à  plat,  il  luy  dit  à  Ion  partement  &  iour  de  fa  deliurance,0  malheureux&plusque 
roiferablc,  eft-il  polhble  que  pour  fauuer  fi  peu  de  iours  qui  vous  reftent  à  viure  félon  le 
iugemctad- cours  de  nature,vous  ayez  ainli  renié  la  verité?fachez  pou rtant,combien  que  vous  ayez 
h  ptlonSc  par  voftre  lalcheté  euité  le  feu  corporel ,  que  la  vie  n'en  fera  pas  plus  longue:  car  vous 
d  vn  treitrc  mourrez  auant  moy  :  &  Dieu  ne  vous  fera  la  grâce  que  celoitpour  fa  caule  :&  ferez  en 
exemple  à  tous  les  apoftats.  Il  n'eut  pas  pluftoft  acheué  la  Parolle ,  que  le  preftre  fortât 
de  prifon,fut  tué  par  deux  gen  tils-hommes  qui  auoyent  querelle  à  luy.  Ce  qu'eftât  rap- 
porté à  M.  Philbert ,  il  afferma  n'en  auoir  iamais  rien  feu,  &  que  ce  qu'il  auoit  dit,  eûoic 
procédé  de  l'Efprit  de  Dieu,qui  auoit  conduit  fa  langue  (à  ce  qu'il  voyoit)à  luy  pronon- 
cer fentencedemort.    Sur  quoy  il  fit  vne  exhortation  à  l'inftant  delaprouidence  de 
Dieu,  pleine  de  pieté,  laquelle  efmcut  les  confeiences  de  plufieurs  qui  à  celle  caufe 
furent  conuertis  à  la  vérité. 

De  c  e  s  t  e  prifon  de  la  ville,  Hamelin  futremené  leSamcdy  veille  des  Ra- 
meaux (qu'on  dit)  en  la  conciergerie  pour  receuoir  condamnation  de  la  Cour.  Et  com- 
bien qu'il  feuft  la  mort  luy  eftre  prochaine,fidifna  il  ioyeufement  auec  les  autres  prison- 
niers, tenant  propos  de  la  vie  éternelle  auec  eux:  conlolant  tous  ceux  qui  eftoyent  à  la 
table  du  Concierge. 

D  e  là  il  fut  mené  en  la  chambre  criminelle  deuant  les  Confeillicrs,  lefquels  il  fuppha 
luy  permettre  auant  toutes  chofes  de  prier  Dieu.  Ce  que  luy  eftant  accordé,  il  fît  vne 
prière  au  Seigneur  autant  ardente  quelongue,ayant  toufiours  les  yeux  au  ciel.  Et  enui- 
ion  quatre  à  cinq  heures  du  foir,  Ion  areft  luy  eftant  pronôcé  par  vn  Huiflier  delà  Cour 
fut  tramé  au  temple  de  fainft  André, ne  fait-on  fi  là  il  fut  dégradé.  Ce  fait,  on  le  ramena 
deuant  le  Palais  lieu  ordonné  au  dernier  fupphce.  Et  afin  qu'il  ne  fuft  entendu  de  per- 
lonne,  les  trompettes  tannèrent  fans  celTer,  tant  y  a  neantmoins  qu'a  là  contenance  8c 
geftes  on  îugeoit  qu'il  prioir,iettant  continuellement  les  yeux  en  haut.  Il  fut  eftranglé, 
àc  puis  (on  corps  réduit  en  cendres,le  iour  lufdit  veille  des  Rameaux. 

ARCHAMBAVT  SERAPHON,  deUmokyere.enBa^adou. 
PHILIPPE  CENE,  IAQVES  fin  compagnon ,  Norman* .  0* 
M.    NICOLAS    DV    ROVSSEAV,  ^fngoulmoU. 

CES  quatre  Martyrs  eftans  d' vn  mefme  temps  prifonniers ,  &  puis  exécutez  à  Diion,  font  icy  cooioints  d'au? 
tant  que  les  deux  qui  ont  efcrit,  aîïauoir  Archambaut  &  Du-Roufièau,  consignent  &  entrelaiTeot  l  huloire 

«l'en* 


Archambaut  S eraphon.  4.J1 

«Teïix  tous  par  ênfemble.  Ils  furent  appréhendez  l'vn  après  l'autre  venans:&r ont  tiré  àjquatre  iufques  de- 
dans Diion  le  chariot  de  la  vérité  de  l'Eiungile  raaugré  les  luges  &  le  Parlement  de  ladite  ville  :  Phil  ippe  & 
laques  furent  les  premiers  :  Archambaut  les  fuyuit  A'  Du  Roulfcau  puis  après. 


A  VR  A-il  rudelTe,  balle  condition  ou  moyenne,  qui  pui/Te  empefeher  les  MDLVu 
^t^hômesde  paruenirà  la do&rinede  vie,& eitte  illuminez  en  icelle,  puis  que 
ëgle  Seigneur  en  pluficurs  peifonnes  le  monllre  iournellcment  tac  liberalcn 
^^^dons&:  grâces  qu'il  leur  fait?  Voicy  Archambaut  Seraphon  mercier  natif 
dtTîieudcLamolcycreen  Bazadois,quilenous  môftre  par  eftcd.De  l'a  demeure  de  Ge- 
neues'eftanc  acheminé  pour  aller  en  France,futàlon  recour  conftitué  pnlonnier  l'an 
m.  d.l  v  1 1. en  la  ville  de  Diion,  Parlemenc  du  Duché  de  Bourgongne:  &Djeu  luyfic 
ceft  honneur  de  criompherconcic  les  fages  de  ce  monde,  voire  &C  de  liirmonccr  la  puif- 
fance  de  la  more  horrible,  auec  les  deil"us-nommez,dont  il  faïc  mencion  en  les  leccres  ef- 
crices  à  fa  femme,&  à  les  amisdefquelles  nous  auons  extraites  pour  cognoiftre  non  leu- 
lemenc  l'hiftoire  delà  prife:  mais  aufîî  la  procédure  delà  condamnation  &:  exécution 
de  l'es  compagnons:  puis  qu'aucres  adesiudiciairesconceinans  les  incerrogacoiresôC 
refponfcs,'nefonc  paruenus  iufques  à  nous. 

MAcrefloyaleefpoufe,ie  vous  enuoye  mes  humbles  falucs,fans  oublier  les  beaux  pe- 
cics  enfans  que  le  Seigneur  nous  a  donnez,&  aulli  mon  frère  &c  fa  com  pagnie,&:les 
deux  frères  que  fauez,encre  les  mains  defquelsie  vous  recommande  :  les  prianc  qu'ils 
feruenc  de  perc  aux  poures  pccics,côme  ils  onc  monftré  par  cy  deuanc.Ma  bonne  amie, 
ie  fay  bien  que  ces  nouuellcs  vous  feront  fafcheufes,  àcauledulien  d'amitié  entière 
que  me  portez ,  &:  qui  elt  entre  nous:  mais  ie  vous  prie  confok  z-vous  au  Seigneurauec- 
ques  moy:  ce  que  i'aurayàplaifii  lî  ie  le  peux  entendre.  CognoifTtz  trefloyale  elpoufe, 
que  le  Seigneur  ma  créé  en  ce  monde  pour  m'cmplover  à  fon  leruice ,  &  qu'il  veut  qu- 
vne  partie  de  mon  cemps  foie  employé  enchaines  &prifons  pour  cefmoignage  de  (on 
Euangile,  &  pour  mon  falut.  Et  par  là  pouuons  cognoiftre  le  grand  honneur  que  le  Sei- 
gneur me  faic,à  moy,dy-ic,  qui  ne  fuis  rien,  de  me  vouloir  efleuer  en  vn  degré  li  haut  &: 
fi  excellent:  de  quoyie  luyrcn  grâces  iour  &  nui6t:&ainii  deuez-  vous  faire  de  volire 
part,  enfcmble  tous  mes  frères  &:  bons  amis.  S'il  vous  eftoit  poflîblc  me  faire  fauoir  de 
vosnouuelles,  iedy  ioyeuies,  ce  me  feroit  vne  grande  confolation  &: allégement  d'e- 
fprif.car  le  plus  grand  foucy  après  vn ,  qui  eft  de  feruir  au  Seigneur ,  c'eft  de  vous  &c  des 
petits  enfans  qu'auez  en  charge ,  pource  que  ie  fay  qu'eftes  indigece:  mais  Tay  efperancc 
que  le  Seigneur  qui  a  toutes  richefTes  en  fa  main  y  pouruoira:&  combien  qu'en  cela  ie 
mercpofe,(ifaut  il  queieconfelfeque  mon  infirmité,  ou  pluftoft  defHance  m'en  fait 
plus  fouuent  (ouuenir  que  ie  ne  voudroye.  &  for  celaie  vous  prie,&:  tous  mes  frères  que 
m'aidiez  par  prières.  Et  faut  encores  que  ie  vous  die  vn  autre  mien  regret,  c'eft  que  i'ay 
encores  vn  de  mes  mébres  eigaré  de  l'Eglife,  alTauoir  noftre  fille  que  fauez.  le  vous  prie 
&  tous  mes  proches  que  vous  la  retiriez,  &  qu'y  facicz  voftre  deuoir  ,&rl'ceuure  feraa- 
trreable  au  Seigneur.  le  me  fie  que  fon  fécond  pere&fes  deux  oncles  s  y  voudront  em- 
ployer,dequoy  ie  les  prie:  &  aufîî  ie  prieray  le  Seigneur  qu'il  les  y  vueille  pouher  &  con- 
duire:ainfi  {oit-il.  Quant  à  mon  emprifonnemenc  en  cefte  ville  de  Diion,  ie  le  vous  vay 
dire.  Vous  deuez  entendre  qu'ayant  fait  mon  voyage  de  Paris(graces  au  Seigneur)eftâc 
chargé  d'vn  bon  paquet  de  marchadife ,  que  i'auoyc  achetée  par  l'aide  de  nos  amis,que 
le  Seigneur  m  e  fuicita,  lefquels  pour  ce  me  preftoyent  argent:c'cft  afTauoir  l'vn  vinge  li- 
uresÔi  l'autre  dix  efcus,comme  vous  (eradit.  (furquoy  ie  les  prie  me  pardonnent  auoir 
mes  enfans  en  recommandation,  veu  ce  qui  eftaduenu).  Ayant  cela  fur  mon  col  pour 
iener  ma  vie  ie  m'en  venoy'  vers  vous,  en  vendant  par  villes  iufques  en  cefte-cy,  où  f- 
entendy  qu'il  y  auoitde  nos  frères  prifonniers  :  &c  meime  le  héraut  de  mes  feigneurs  y  Héraut  de» 
eftoit,  mais  ie  ne  parlay  point  à  luy.  Le  lendemain  qui  eftoit  vn  Dimanche,  iem'efTor-  Q^ceu^sdç 
çay  de  les  fortifier  par  lettres  queieleut  efcriuy,  laquelle  contenoit  ein  lommece  que 

S  C^rt*\  «  c  h  e  r  s  frères,  pa/Tant  par  cefte  ville  i'ay  ouy  nouuelles  d  e  vous  deux,  qui  ArcHâbaut 

1  R  E  SCHtR-»         nil  ri  C        i  j  tr   -  auant  parus 

m'ont  d'vn  cofté  contnfte,&:  puis  grandement  efiouy  de  ce  que  1  ay  entendu  que  le  Sei-  deDi.on  ef- 
gneur  vous  auoit  fait  de  grandes  grâces:  c'eft,  de  confefler  fon  fainct  Nom  deuant  les^^c"s 
hommes.  Ic  vous  dy  que  i'ay  aufîî  efté  marri,  pource  que  l'vn  membre  ne  peut  fouffrir 

GG.iii. 


liwt^Vl.  aArchambautSeraphon. 

que  l'autre  n'en  foit  participant.  Ic  vous  prie  perfeuerez  en  voftre  fain&  propos  ,&  ne 
craignez  ceux  qui  tuent  le  corps,  &  puisnefauent  plus  quefaiic,&'c.  Hya  vn  herauc 
de  nos  m  agnifiques  Seigneurs  qui  a  efté  icy,&  vo9  le  fauez:  &  défia  on  a  enuoyé  au  Roy, 
dequoy  vous  vous  deviez  eftimer  heureux  de  ce  que  voftre  conreffion  fera  prefentee  dc- 
uanc  les  grans  de  la  terre.  Ec  quant  à  moy,i  cfpere  que  icn  porteray  bonnes  nouuelles  à 
rEghïc,&  que  tous  cnfemble  nous  rcfiouirons-.toucefois  ie  ne  fay  en  quel  reng  Dieu  me 
relerue  :  mais  quoy  qu'il  aduiennc ,  il  faut  toufîoui  s  auoir  vn  piedlcuc  pour  marcher  là 
où  le  Seigneur  nous  voudra  employer.  le  vous  laille  vue  paire  de  petits  Pfeaumes  :  ie  ne 
fay  s'ils  paruiendront  à  vous. 

C  e  faitt,ie  charge  mon  paquer,&:  m'acheminay  vers  Geneue  fort  ioyeux,cn  pfalmo- 
diant tout  feulî&:  ce  mcl'me loir  iefuprinsà  Auflbnne,pource  que  ie  fu  vifité&  trou- 
ué  fain"  de  lettres  de  quelques  efeoliers  de  Paris.  De  là  ic  fu  ramené  en  cefte  ville ,  où  ic 
fuis  auec  mes  frères.  le  vous  ay  bien  voulu  eferire  cecy,ma  femme,  &:  à  tous  mes  frères, 
afin  que  cognoiflicz comment  le  Seigneur  mené  les  affaires  ,&  que  cen'eft  pas  de  cas 
de  fortune,  comme  difent  aucuns,  mais  tel  que  le  Seigneur  a  preueu  de  long  tem  ps  en 
fon  confeil  eftroit:  voulant  auancer  les  bornes  de  fon  Eglife.Or  maintenant  ie  retourne 
à  vous,ma  bonne  compagne,  &i  vous  exhorte  de  vous  gouuerner  lagement  en  la  crain- 
Notexpour  K  ju  Seigneur  auec  nos  enfans.  le  fay  qu'à  cecy  il  n'eft  îa  befoin,  grâces  à  Dieu,  de  grâd 
laducmr.  p0Urce  que  ic  cognoy  voftre  zele  :  mais  tant  y  a  que  vous- vous  chargez  de  trop 

grande  îblicitude:  qui  vient  en  partie  de  defïianceou  faute  de  foy.  &fi  fauez  que  cela 
vous  nuit,  pource  que  voftre  complexion  cft  débile.  Ic  prie  que  vous  gouuerniez  bien 
vos  petits  enfans  tant  que  Dieu  vous  laiflera  auecques  eux,  les  endoctrinant,  fur  toutes 
choles,cnlacraintedeDieu.  Qucs'il  leur  baille  iugement& cognoiflance,  il  leur  fou- 
uiendrade  lacaufe  pour  laquelle  i'endure.  le  penfe  prendre  fin  icy  bas ,  aflauoirpour  1- 
Euangile,  afin  qu'ils  enfeigncnt  leur  feméce  à  venir  :&  que  delignee  en  lignée  lufqucs 
en  mille  generations,le  nom  du  Seigneur  ioit  bénit,  cogneu,  loué&:  glorifié  en  la  géné- 
ration.   ^"Orietoucheray  icy  vn  mot  de  ce  que  vous  m'auez  fouucnt  parlé  cftans  cn- 
femblc:c'eft  file  Seigneur  m'appeloit  deuant,  que  iamais  homme  nevousferoit  rien 
en  mariage.  le  vous  prie, ma  loyale  efpoufc,  fi  vous  voyez  que  puiflïez  mieux  viure  au 
^alr  ieruice^u  Seigneur  cftant  mariée,  que  vous  le  faciez:  &:quenelaifliczpas  pour  cela, 
^  i  u   moyennant  que  le  Seigneur  vous  prefente  quelque  homme  de  bien  ayant  fa  crainte ,  8c 
femme     ia  charité  enuers  vous  &  mes  enfans.  Et  poflible  que  cela  vous  pourra  faire  viure  plus 
aifément ,  veu  les  maladies  aufquelles  vous  cftes  fuiette  comme  fauez.  Et  auflî  vous  n  - 
eftes  pas  encores  gueres  aagee.  Et  par  ainfi  il  me  fcmble  quêterez  bien ,  toutefois  vous 
auez  bon  côfeil  auprès  de  vous,c  eft  à  dire  la  parolle  du  Seigneur:  &  aufli  vos  amis  &c  les 
miens,quivous  (auront  bien  adrefTer.  Et  ie  prie  iourôc  nuid  fans  ccfTele  Seigneur  qu'il 
vucille  eftre  voftre  mary,condu&eur  en  tout  &c  par  tout,  &  pere  adminiftrateur  des  po- 
ures  petits  enfans  :  &  qu'il  face  que  nos  bons  amis  &  frères  en  foyent  fes  inftrumens.  le 
Y  entend  vous  aduife  que  les  frères,  depuis  que  le  Seigneur  m'a  amené  icy,fc  font  tous  cfiouis 
iaquaT*  m°y  côbien  qu'il  nous  foit  défendu  de  parler  aucunement  cnfemble ,  fi  ne  nous 

peut-on  empefeher  de  communiquer  quelque  peu.  Et  pour  nouueau  refraifchiiTemér, 
deuxiours  après  moy  fut  prins  audit  Au/Tonne  vn  grand  homme  noir,  grelle ,  eftant  à 
MentcM  Pu  cheual,venant  de  delà  Laufannc& Neufchaftel  accompagné  de  deux  ou  trois:mais  le 
RcHjff"u.  Seigneur  n'a  voulu  que  ceftuy-cyron  laifla  aller  les  autrcs-.comme  il  eft  dit,  Deux  feront 
au  moulin,l'vn  fera  prins  &c  l'autre  lanTé.  Et  ce  noble  perfonnage  fut  incontinent  mené 
vers  nous:vous  diriez  que  c'eft  vn  ange  que  Dieu  nous  a  enuoyé.  tant  il  eft  fauant.  Ic  n  - 
ay  encores  peu  fauoir  s'il  eft  gentil-homme,  marchant,aduocat,ouefcolier.  bien  ay-ic 
vn  peu  entenduqu'il  eft  aduoeat  à  Paris:mais  à  tout  le  moins  il  eft  fauant  &:  en  plufieurs 
fcicnces,commelôix&  autresri'efperequece  fera  vne  forte  tour  pour  tenir  fon  quarre, 
car  il  fait  le  quatrième  auec  nous.  Il  y  a  bien  auffi  vn  icune  garçon,pour  faire  le  cinquie- 
mimais  il  cft  fort  infirmerie  laifTe  le  tout  entre  les  mains  de  noftre  Dieu.  Nous  auons 
mangé  &  beu  tous  en  vne  table  deux  ou  trois  iours ,  mais  c'eftoit  quafi  fans  s  ofer  regar^ 
der  l'vn  l'autre.Depuis  on  nous  a  tous,  feparcz,pource  que  ne  voulôs  participer  aux  grâ- 
ces que  difoit  le  fils  du  Geôlier: pour«e,dy-ie,on  nous  a  cnfcrrez,&  moy  plus  eftroiccméç 
que  les  autrcs.Mais  ic  ne  laifTe  point  de  prédre  courage  en  ma  cachette,  châtant  les  lou- 
anges du  Seigneur  à  pleine  voix.  AfTcurez-  vo9  qu'il  y  a  icy  de  gés  de  fcif  ,&  qui  no9  aimct, 

ainfi 


sArchambœut  Seraphon,  &  chi-Ronjfeau.  jf* 

ainfi  que  i'ay  ouy  dir.e,mais  ils  fônt  tat  craïtifs  que  merueilles:&:  mefme  Dieu  m'a  baillé 
vn  luge  qui  m'a  monftré  grande  amitié,&:  ne  m'a  interrogué  que  fur  Jefditcs  lettres,  U 
du  lieu  de  ma  refidencerirem  fi  ie  crouuoye  ma  lo)Pbonnc,&:  fi  ie  vouloye  viure  en  iceL 
le.Ie  luy  ayrefpondu  qu'elle  eftoit  bonne,&  que  telle  la  trouuoye,  Lors  il  me  dit  fi  ie 
vouloye  viure  &:  finir  mes  iours  en  icellc:ie  dy  que  ie  vouloye  viure  &:  finir  mes  iours  en 
k  confefïion  de  cefte  Loy,pource  qu'elle  cftoit  félon  l'Euangilc  du  Seigneur. 
^Ie  ne  fay  comment  il  en  ira:on  m'a  dir  qu'il  faudra  encore  refpondre  deuant  les  grads 
dotteurs>&  là  i'efpere  bien  qu'il  faudra  mettre  la  main  aux  armes  de  la  foy  :  à  cefte  cau- 
jfe  ie  requier  eftre  fecouru  par  vos  prières  :  &:  quelque  çude  ou  cruelle  fentéce  qu'on  me 
forge,afl"eurez..vous  queie  ne  ployeray  pas  les  genoux  deuât  Baal.  Vous  pourrez  mon- 
trer la  prefente  aux  femmes  de  mes  confrères  en  l'œuurc  du  Seign.&  qu'elles  s'eliouiL 
fent,car  ils  font  bonne  chere,&ont  prins  nouucllcs  forces,&  le  lont  eliouis  à  mavenue. 

5  elles  efcriuent,ce  leur  fera  vn  fingulier  bien,  ie  vous  dy  lettres  ioyeufes  au  Seigneur&: 
fortifiantes.  Helasil  a  cité  quelque  temps  que  mefdits&  moyn'auons  efté  enfemble, 

6  notions  parler  l'vn  à  l'autre,finon  par  regards  afîectueux,leuans  lesyeux  au  ciel,auoc 
foufpirsau  Scigneur.Mais  pourcelanefoyezen  triftefTc:carDieu  befôgnepourlemeil- 
Jeur.  Etie  vous  prie  femmes,cnfans  Se  amis  foyez  ioyeux  au  Seigneur:&  plus  grand 
plaifïr  ne  nous  pourriez  faire  auec  prières,  car  tous  quatre  (grâces  à  Dieu)auonsbône 
volontéde  marcher  enfemble  au  facrifice,  quand  il  plaira  au  Seigneurnous  y  appeler. 
Ma  bonne  amie,ie  vous  ay  bien  voulu  icy  toucher  de  mes  plus  grands  foucis,pource 
que  ie  ne  fay  fi  ie  pourray  plus  auoir  la  commodité  de  vous  efcrire:d  autre  part  que  ie  ne 
puis  voirautre  chofe  deuant  lesyeux,finonvne  ombre  de  mort,iedy  mort ,  mais  c'eft 
pluftoft  paiTageàlavic:laquellenousen:preparec,&pourcene(era  point  mort ,  mais; 
vn  palTage  à  vie. Nous  tous  enfemble  prefentons  nos  humbles  faluts  à  meilleurs  les  Mi- 
niftres,nousrecommandansàlcurs(ain£tes  prières  :& qu'ils  induifent  tout  le  peuple  à 
prier  pour  nous  de  cœur  &  d  afFe&ion  :  car  nous  en  auons  bon  befoin .  Et  au/fi  de  ma 
part, à  tous  les  Diacres&  autres  anciens  de  l'Eghfe ,  vous  recommandant  à  leur  fain&e 
charitc:bref,à  tout  le  corps  de  l'Eglifc.  Voftre  mari  &  efpoux  Archambaut,  celuy  que 
vous  fauez.  Etau  deffous  de  la  lettre  eftoit  eferit ,  Mes  frères  ie  vous  prie  au  nom  de 
Dieu,  apprenez  ,  apprenez  les  Pfcaumes  cependant  qu'auez  le  temps  &:  leloifir:  car 
quand  vous  fcrezappelcz  aux  priions  obfcurcs(icdyquâd  Je  Seigneur  fc  voudra  feruir 
de  vous)lors  vous  n'aurez  pas  le  liuredeuant  vous  en  grofTe  ne  petite  lettre,pour  regar- 
der quel  couplet  fuit  l'autre.  Etie  vousaduerty  dccecyàmagrâde  hôte  &:  vergogne: 
car  fi  ie  vouloye  dire  que  ie  n'en  eufle  efté  aduerty  de  long  temps,vous  fauez  du  contfai 
rc.  Et  maintenant  ie  ne  fay  quefaire  finon  m'humilier  deuant  le  Seigneur ,  luy  criant, 
Miiericorde,mifcncorde  Seigneur,aye  pitié  de  moy.    Que  bien-heureux  cft  celuy  qui 

fait  proui/îonde  foy  &  de  fciencc,commc  d'huile  à  la  venue  de  lefpoux.  O  mes  amis,ie  JjjJ^Î^ 
vous  aduife,que  combien  que  le  Çeolier  s'efforce  de  toute  fa  puiflanec  de  mefaireen-  pieu. 
durcr,fieft-ce  que  le  Seigneur  m'a  cnuoyc  prouifîon  de  confolation  fpirituelle,  voire 
&  de  la  viande  corporelle  en  abondance^  penfe  qu'il  fera  pluftoft  laflc  de  m'affliger, 
que  moy  de  l'endurer. 

A  V  T  R  E  lettre  à  la  menue  &  à  fes  amis. 
•j-RefloyaIeefpoufc,&  vous  mes  rrefaimezfrercs>(as  oublier  nosfeeurs  &amis,i'aypar 
la  grâce  de  Dieu  receu  ce  bien  pour  vous  prefenter  mes  dernières  falutations ,  ne, 
ftimant  plus  fclon  mon  apprehenfion,vous  en  enuoycr,pource  que  ie  penfe  que  Same 
dy  prochain  fcfanoftre  dernicriourtantdemoy  quedenoftrefrerc  Du-roufleau.  le 
vous  ay  cy  deuant  mandé  comment  le  Seigneur  mauoit  baillé  vnluge  lequel  mon- 
ftré iemblant  de  me  fupporter.  Et  de  faift  i'ay  efté  deuant  luy  par  trois  fois,  à  chacune 
defquelles  il  eftoit  feul  auec  vn  homme  de  fimple  qualités  vn  clerc  pour  efenre.  Il 
m'a  interrogué toufiours mollement,  tournantà  l'entour  du  pot,  &c  voire  m'aidant 
luy  melme  à  trouuer  efchappatoires  les  plus  honneftes  qu'il  luy  eftoit  pofTible  d'inuen 
terr&m  atenuainhTefpacedequinzeioursengrand  trouble  &:  tentation  de  confeié- 
ce.le  m'en  fuis  confeillé  à  mes  f  rercs,&  mefmcs  à  noftre  frere  Du-rouiTeauqui  cft  hom  M.  N.dv. 
me  de  fauoir:ils  mot  confeiilé  d'attendre  en  patiéce  moyennat  queDieu  n'y  fuft  offen-  Jj^y  " 
fé>&:  qu'il  ne  me  falloir  point  auancer  de  moy-mefmes  temerairemet  te  fans  eftre  inter- 
rogué,puis  q  Dieu  m'auoit  baillé  vn  CômifTaire  qui  fauoit  toute  mon  intentiô,voire  Se 
qui  a  le  bruir  d'eftre  fidele,&  bon  aux  enfans  dcDieu .De  ma  part,ic  fay  bien  qu'il  entéd 

v  QG.  iiiu 


Liurcj  VL  Archambaut  Seraphon  &* Du-T^pufieau. 

fortbienIesfain&esEfcritures:maisilen  vfeenuersmoy  comme  fie  Pilatecnucrsr.o. 
flce  Seigneur  Iefus  Chrift  de  peur  de  perdre  fon  cftac.    ^  Or  mes  frercs,vous  deuez  fa- 
Uoir  que  le  iour  d'hier,  1 1  .de  ce  mois,vint  céans  vn  gros  abbé, nommé  monficur  deCit- 
teau(qui  a cy  deuant  prclché  alTez  purcmcc,commc  on  dit,mais  depuis  qu  o  Juy  a  bail- 
lé vn  gros  os  en  la  bouche  de  iz. mille  pour  an  il  eft  pire  qu'vn  diable  )  accompagné  des 
gesdefa  forte  en  bon  cquippage,pourintcrroguer&;  conueincrenollrc  frère  Du-roul- 
feau:mais  ils  furent  renuoyez  par  la  grâce  de  Dieu  auffi  vuides  comme  ils  y  eftoyent  ve 
nus.  Us  n'y  demeurèrent  gueres,pource  qu'on  dii'oir  qu'ils  auoyent  le  deliuner  prelt  en 
quelque  maifon  de  celle  ville  qui  les  preifoit.  Et  fur  cela  on  me  vint  dire  en  ma  priion, 
queicpénfaHéàmoy,puisque  telles  gens  de  celle  qualité  eftoyent  après  nolhe^dit 
frère.    Ccftaducrtiilementme  lit  grand  bien  :  car  combien  que  ie  ne  rifle  que  for- 
tirdcmelcuer  de  ma  prière,  ayant  commencé  vn  Pieaume,  incontinent'  ie  redou- 
ble ma  priere,pour  fecourir  mo-dit  frerc,à  ce  qu'il  pleuft  auSeigncur  luy  afsifter,&:  do- 
ner  dequoypourrepouilér  telles  malqucs  extérieures.    Apres  on  me  vintquerirpour 
la.quatricme  fois  pour  aller  deuant  mon  luge,  ayant  l'on  homme  auec  luy,&:vn  clercs 
tant  feulement:  mais  notez  qu'à  chacune  fois  il  changeoitde  clerc.  Venu  deuant  luy, 
il  meprefenca  le  ferment  dédire  vcrité.ce  que  ie  promis,&  priay  le  Seigneur  qu'il  m'en 
fift  Jagrace.  Et  incontinent  du  premier  coup  il  coucha  au  blanc,ccqu'il  n'auoic  fait  au 
parauant:&moy  alors  leuant  les  yeux  au  ciel  deuant  luy,ie  dy ,  O  Seigneur  alsifte-moy 
maintenant,afin  quefelon  la  mefure  du  faindt  Efprit  que  tu  me  donnes ,  ie  puafe  tefti- 
fier  de  ta  vérité.    ^Iefu  interroguéfur  lmuocation  desSaincls  trefpallez.puis  furie 
Purgatoire  &:furlaConfeirionauriculaire:&:  pour  le  dernier  poind  iurlapuiifance  du 
Pape.  Voila  les  poin&s  fur  lefquels  fay  efté  ouy,  car  il  le  haftoic:&:  lèmbloïc  qu'on  nous 
voulu!!  depefeher  ce  iour-la, corne  vn  chacun  fedoucoic,car  nofdits  frères  Philippe  6c 
THIUPPE  jjjqUCS  furent  ainfi  prins  au  delTeudetousiufqu  a  l'heure  qu'ils  receurétfentécc.  Et  de 
iaqves.  faict,mondit  luge  demâda  quelle  heure  il  eftoit:&  lors  îcluy  dy,  Cômcnt,môfieur,eft-il 
auiourdhuy  nollre  iourrleql  me  reipôdit,Ncny  nény,  A rchâbaut  mô  amy,vous n'eftes 
pas  encore  là.  Et  ie  dy,Ie  ne  lay,monfieur  :on  pourroit  bien  dire  que  nô,  pour  nous  bail- 
ler quelque  ioye:mais  quant  à  moy  ie  fuis  toujours  preft,graces  à  Dieu  ,  d'abandonner 
mon  corps  &  ma  vie  pour  la  gloire  du  Seigneur  &c  pour  fouftenir  fa  veriré.  le  ne  doute 
pointdempn.falut,carilm'eitacquispar  la  mort  &  palîion  de  nollre  Seigneur  Iefus 
Chrift-Etpuisie  dy,ODiion,n'cs-tu  pas  encore  contente  du  fang  innocent  des  poures 
fîdelesî    I'adiouftay  plufieurs  autres  bons  mots  degrande  efficace  que  le  Seigneur  m  e 
mettoit  enlabouchc:tellemcntquetous  eftoyent  contraints  de  foufpirer  auec  moy. 
tyefmes  le  Geôlier  qui  eft  le  plus  dur  du  monde  àl'encontre  des  fidelesa  ne  peut  tenir  iï 
belle  contenance  qu'il  ne  s'en  allaft  derrière  vn  tapy  pour  torcher  fesyeux:  ie  ne  fay  iî 
c'eftoitdepitiéou  de  rage:car  il  auoit  ouy  &:  entendu  toutes  mes  refponfes,lefquelk?s 
furent  couchées  par  elerit  auec  bons  tefmoignagesdel'Efcriturefain&e.  Carmondit 
iuge  qui  entend  mieux  que  moy^cfTorçoit  de  tout  fon  pouuoir  à  bien  coucher  les  tcf 
mpignages&pairagesquifcruoyentàlaiufticede  .ma  caufe,  lefquels  il  auoit  en  meil- 
leure fouuenance*que  moy.Dequoy  lors  ie  prenoye  grâd  plailir ,  £  le  louoye  de  cela  ^ti 
fa  prefence,luy  difant  ainfi, O  qu'il  y  en  a  bien  qui  làuent  &£  entendent,  mô/ieur .  pJcuft 
au  Seigneur  Dieu  qu'ils  en  filTent  leur  profit.  Vous  eu/fiez  dit  qu'il  s'efforçoit  de  bien 
"Lafuitcdc  coucher  toutes  allégations  pouriuftifierma  caule  deuant  les  autres.    Etdcfaift  îenc 
peu7&doit  douce  Pas  ^ue  lc  Pourc  hommc  n'aic      tout  fon  pouuoir  enuers  rnoy:&  mefme  ,  quâd 
défendre,    ce  yintàiuger  les  deux  freres,il  s'enfuit"  aux  champs. 

detrSSbo     ^A  ^rmerc  demande  fut,comme  iaydit,furlapui/Iàncc du Pape,à laquelle ieref- 
'  pondyainfije  penfe  fermement  que  c'eft  celùyducjuel  parle  fainct  Paul  aux  Theflalo- 
niciens:&:  auffi  toft  il  eût  le  partage  en  main.  Sur  cela  ie  me  mis  à  regracier  Dieu ,  en  fa 

prefence,difant  ainlirO  moniieur ,  que  ie  fuis  ioyeux  de  ce  que  le  Seigneur  vous  donne 
fi  bonne  in  tel  ligéce,&  auffi  ie  lay  fort  prié  qu'il  vou  s  afliftaft  &  côduift  par  fonEfprit  en 
celle  caulè,'&:  l'en  voy  vn  effeâ:  quand  vous  couchez  fi  bien  les  chofes.  Il  me  dit  queie 
les  fignàlîeJe  refpondy,Ouy,ouy,rnonfieuj:,  ie  les  vay  figner,voire  de  mon  propre  fang 
pluftoft  que  d'encre. Et  cela  fait  il  s'en  alla.  ^ 

^Or  màihtenant,ie  vous  demande  mes  frètesjTef  homme  ne  fecouppera-il  pas  de 
fon  propre  glaiue?Ie  vous  dy  qu  ace  Geôlier,  qui  m  auoit  efté  auparauant  comme  vn 
lion,rugifTanc  tans  celTe  côntte  moy,cn  forte  q  tous  les  orilonhiers  en  cftpyent  efbahis, 

mainte- 


aArchambantSeraphon. 

maintenant  te  Seigneur  a  amoly  le  cœur  &:  m'eft  fort  doux.  Et  de  fait  hier  au  foir  il  me 
vint  mener  en  ma  prifon  luy-mefme,&  s'efforça  de  me  confbler  de  fon  pouuoir  >  me  di-  Co*(cl"^ 
fantainii:Ne  vous  fouciez,  Dieu  vous  aidera,&:n'aduiendra  pas(potfible)  ce  que  vous  Jïccohêr- 
pcnfez.car  n'eftimez-vous  pas  qu'ils  diront, C'eft  vn  poure  compagnon  mercier  qui  pal 
foir,il n'a  point  prefché  faloy  à  perfbnne:ileft&  demeure  en  cefte  loy-la.CôTolcz-vous. 
le  luy  refpondyje  fuis  bien  confolé ,  Dieu  mercy,  &  preft  de  receuoir  ce  qu'il  luy  plaira 
m'enuoyer  :  fi  c'eft  vie  ,  vie  :  fi  c'eft  mort,mort.  Et  fur  cela  il  me  dit ,  Bon  loir: 
priant  pour  moy  en  s'en  ailant:&  moy  pour  luy,  qu'il  pleuft  au  Seigneur  luy  taire  mife- 
ricorde.Mesfreres,vous  ne  pourriez  iamais  croire  la  grande  aiiiftence  que  noiti  e  Dieu 
efpand  fur  nous,par  laquelle  nous fommes fi ioyeux Refermes,  qu'il  nous  femble  que 
lamort,lcsglaiues,&lefeunenousfontrien.  Mclmcs  tous  lesprifonniersdeccansen 
font  tout  cfbahis,&  font  contraints  de  donner  louange  au  Seigneur  de  cela.  A  la  venré, 
n'auons-nouspasraifonde  mener  ioye  Prendre  grâces  au  Seigneur?  pour  le  premier, 
de  nous  auoir  exaucé  en  nos  requeftes,&  de  s'eftre  voulu  feruir  de  nous  pour  releucr  & 
rcdieiler  nofdits  frères  ?  Quant  au  ieune  garçon,  il  s'eft  lafché  la  bride  à  denier  Je  Sei- 
gneur fous  ombre  de  quelque  ieuneffe  qu'on  luy  a  propofé  :  &:  de  fait,a  nie  tou  t  quafi  a- 
uecexecration,difant  qu'il  ne  cognoiffoit  les  auttes,  linon  du  chemin.  Si  neft  il  pas 
trop  ieune,car  il  a  plus  de  zo.ans.il  tordra  d'icy,&:  s'en  va  à  Paris.  Dieu  luy  face  cognoL 
ftre  fa  faute. 

O  mes  chers  frères  &c  fœurs,pour  vn  dernier  congé  ie  vous  veux  admonnefter ,  & 
prier  tous,quc  fuyuiez  la  fain&e  parolle  du  Seigneur  de  cœur  &r  d'affe&ion,quc  pas  vue 
feule  heure  ne  t'oit  perdue,mais  employée  à  prefehes,  prières,  lectures,  en  rendanc  grâ- 
ces &:  louanges  au  Seigneur  par  Pfeaumes  &c  prières. Et  quad  il  fe  voudra  feruir  de  \  ous 
en  quelque  end  roit,qu'il  n'y  ait  aucun  qui  recule  ou  fouruoye  :  car  puis  que  nous  fom- 
mesfienSjCeft  bien  raifon  qu'il  ait  cefte  authorité  enuers  nous  de  difpofer  de  nous  co- 
rne de  la  chofe  lienne  à  fa  volonté. L'homme  qui  n'eft  qu'vn  ver  de  terre ,  &:  moin  s  que 
ricn,aura  bien  le  crédit  de  difpofer  de  fon  feruiteur  à  fon  plaitir  fans  contredit.  Mais 
qui  fera  fîmiferable  qui  voudra  difputer& plaider  contre  fon  créateur  ?  fi  eft- ce  qu'on 
en  trouuera  qui dirontTay  ma  femme:&:  l'autre  diraJ'ay  mes  enfans,&  l'autre  viendra 
alléguer  fa  ieunefle,&  tan  t  d'auttes  folicSï&c.Ie  penfe  que  fi  le  Seigneur  difbitfcom  me 
il  le  nous  dit  journellement  à  la  verité,fi  nous  le  voulons  entendre)  Mon  fils ,  ie  te  veux 
mettre  en  Paradis  auec  moy  &  mes  Anges  :  ils'entrouueroit  qui  diroyent,  Oie  ne  le  ixa/e- 
veux  pas  encores ,  laiffe-moy  icy  vn  peu  iouir  de  mes  biés,de  ma  femme,de  mes  enfans  k^oivs 
&C  amis:&  puis,quand  ie  feray  vieil,tu  feras  ta  volontés  fîeft-ce  qu'é  vieilleffe  e  n  t  ft  le 
moins  preftxar  c'eft  alors  que  les  craintifs  difenr,0  ie  fuis  vieil,caduc  &c  mal  fain,  le  ne 
pourroye  porter  la  pnlon,les  fers  ne  le  feu:i'aime  mieux  flefchir  vn  peu:&  Dieu  aura  pi- 
tié de  ma  vieilleffe. Voila  comment  chacun  te  flate,tellement  que  c'eft  vne  grofTe  pir.ç 
auiourdhuy:chacunlevoid&:  leconfeffc  :  &c  cependant  Satan  leue  les  cornes,  &  fe  die 
*maiftre,mais  il  en  aura  faufTemcntmenti,luy&  tous  les  tiens  :  cari'efperc  que  de  ceux 
qu'il  etpie  &:  aguette,il  en  perdra  icy  vn  grand  nombre.  Et  pour  cefte  caufe  mes  n  e  t- 
chers  frcres,que  chacun  y  pentc,&  qu'on  trauaille  pour  augméter  l'Eglife  du  Seigneur. 
Et  Ci  quelque  iour  il  vous  prefente  vne  telle  mort  que  celle  que  ie  penfe  endurer,  alors 
vous  pourrez  dire  auec  le  Prophète ,  Que  voftre  part  vous  cft  efcheué  au  plus  beau 
jieudel'heritage:&  pour  cefte  caufe  ie  vousprienecraignezpoinc.  Or  ieretourncà 
vous,ma  trefehere  efpoufe.  le  vous  prie  ne  vous  fafchez  poinr,afîn  queleSeigm  ur  n'y 
foit  offenlé.Il eft  vray  que  le  lien  de  mariage  &: amitié  eft  grand:mais  notez  ,  ma  bonne 
efpoufe,que  cefte  feparation  fera  heurcu(e&  digne  de  louange  au  Seigneur:  &c  pource 
vous  en  deuez  pluftoft  efiouir  que  contrifter.^  Quant  à  mes  principaux  affaires  ie  vous 
en  ay  ia  allez  mandé,&:  pource  ie  ne  veux  tourner  pafiér  le  filet  parmy  l'eiguillc:car  fay 
roulé  toutes  mes  affaires  furnoftre  bon  Dieu.  Ne  dites  pas  que  le  voyage  &c  les  lettre  s 
en  tôt  caufe,car  le  Seigneur  auoit  preueu  cecy  dés  que  fa  main  tutrice  me  receut  (ortâc 
du  ventre  de  ma  merc.Confolez-vous  donc  au  Seigneur. 

A  v  refte,vn  ieune  homme  eft  icy  venu, braue&:  glorieux  en  idolâtrie,  ayatvn  pour- 
point de  vclours& autres  accouftremés  bouffans,pource  quec'eftoitleiour  noftrc-da- 
me(qu'ils  difent)&:  baillaenma  prefence  quelques  deniers  aux  prifonniers,leur  difant, 
Ditesvn  y^cdeuâtnoftre-damcpour  moy.Cefte  leur  dame  eft  vn  marmoufet  efleué  en 


Jjm^j  VI.  ndrchambaut  Seraphon,  &1  du-Roufeau. 

idoiimc    ces  prifons,deuant  lequel  ces  poures  gcs  vrleréc  fore  pou-  les  petits  prcfens.U  fembJoit 
gnccd'or-  qu'il  y  fuft  venu  plus  pour  voir  la  contenance  que  ie  tiendroyequ'autremet.  Et  défait* 
gueiL       il  monftra  ion  venin  en  fortant:car  il dit,que  fi  Ion  pere  propre  cftoir  Lutherie ,  que  luy 
mefmes le  feroitbrufler.ô  quelle confolation  ceftuy-la  m'apportoit:Trcichercclpoufe 
&:  vous  rues  frcres,ic  vous  dyA-dieu,  vous  priant  présenter  mes  derniers  laluts  atout 
lecorpsdel'Eglife.        Voftre  bon  mari  A.  Seraphon. 

S'ENSVIVENT  aucuns  interrogatoires  qu'on  fît  a  Archambaut  Seraplion/urcirçq  poin&s  de  la  Religion. 

Premièrement  on  demanda, Que  ie  croyoye  du  Sacrement?  j^.  Ce  que  nous 
eneft  monftréenrE('criturefainc~re.  D.  Dites  donc  ainiî  que  vous  en  croyez.  rçi.Mon- 
fieur,icdyquenoftreSeigneurIefusCiviftfaifantfaCcneauccfes  driciples  ,  pnnt  du 
pain  &c  du  vin,&  rendit  grâces  à  Dieu  Ton  Pere ,  &  puis  rompit  le  pain,&  le  diftribua  à 
fes  difciples,difanr,Prcncz  mangez,voicy  mon  corps  qui  eft  rompu  pour  vous.  11  prinr 
auiîî  la  cou  ppe,&  leur  prefénta  difant  ,  Voicy  mon  iang,beuuez-en  tous,  &  le  départez 
entte  voi>s:toutesfois&:  quantes  que  ferez  cecy  en  mémoire  de  moy,  l'ylcray.  Ce  qui 
eft  vray,Monfieur:mais  cela  fç  doit  entendre  fpirituellement  ,  &:  quand  nous  prenons 
le  pain  &  le  vin  en  la  Cene,toutainfi  que  le  corps  reçoit  le  pain  &  le  vin,  aufli  rtos,ames 
reçoiwit  par  foy  &c  en  cfprit  le  précieux  corps  du  Seigneur  Iefus  Chrift  crucifie  &  more 
ignominieufemenr  en  lacroix:&:fon  fangprecieux  efpandu  pour  nos  pechcz&pour 
nous  deliurer  de  mort  &  damnation  éternelle.  D.  Mais  ne  croyez. vous  pas  que  quad 
lepreftrcconfacreàl'autel,quelecorpsdeIefus  Chrift  y  dcfcendïle  fay  bien  que  vous 
direz  que  non(comme  s'il  m'euft  voulu  aduertir  diiant,  Gardez-vous  de  dire  ouy) .  le 
luy  dy,Monfieur  ie  ne  nicray  iamais  Dieu,qui  m'a  enfeigné  de  dire  non  à  voftre  deman- 
de^ i'aime  mieux  que  mon  corps  fbit  expofé  aux  tourments  du  monde,  que  fi  mon 
Matwo.z8.  meeftoit  en  la  géhenne  du  feu  éternellement.  Vous  fauez  qu'il  a  dit,  Qu.i  me  déniera 
deuant  les hommes,ic le  denieray  deuant  Dieu  mon  pere,&c.En  outre  ila  aulfi  dit,Ne 
craignez  point  ceux  qui  tuent  le  corps,&:  puis  ne  fauét  plus  que  fairermais  il  £aut  crain- 
dre celuy  qui  peut  tuer  &:  lame  &C  le  corps,&:  mcttrele  tout  au  feu  éternel.  Mon  falut 
(Dieu  mcrci)m'eft  acquis  par  la  mort  de  noftre  Seigneur  Iclus  Chrift ,  i'en  fuis  alfeuré: 
&  maintenant  ie  voy  bien  qu'il  me  veut  mettreen  poflefiîon  de  ce  falut.  Puis  en  regar- 
dant mes  mains,  ie  dy,0  chair,il  faut  que  tu  endures,&  que  tu  t'en  ailles  en  poudre  iuL 
quesau  dernier  iour. 

^De  là  on  m'interroguafurl,interceiljondesSaincl:s:&iedy  que  lesfain&strefpaf- 
fez  eftoyent  bieq  heureux,d'autant  qu'ils  auoycnt  porté  la  parolle  de  Dicu,&:  eftoyent 
morts  en  icelle:tout  ainfi  que  maintenant  il  y  a  plufieurs  fidèles  qu'on  fait  mourir  pour 
icelle  Parolle.    Quant  à  l'interceflion  des  fain&s  :  d'ouyr  nos  prières  &  les  prefenter  à 
^  Dieu, iln'en  eft  rien.  D.  Raifon.Çi.Pourcc  qu'il  eft  dir,qu'ils  font  maintenât  en  repos. 
Or  s'ils  font  en  repos, ils  ne  fe  chargent  de  cela,veu  que  nous  auons  vn  bon  Médiateur 
&Aduocat,noftrc  Seigneur  IefusChrift  le  Iufte,commc  il  eft  dit  en  fain&Iean.Lequer 
Mait.  n.is  luy-mefme  adit,Venezàmoyvoustous&c.    tj  CeCommifiairem'cntendoitàdemy 
mot,&  le  faifoit  ainfi  coucher  par  eferit. Puis  retourna  à  cefte  deicente  de  Dieu  en  l'ho- 
(lie:&:  ie  luy  alleguay  Je  Symbole  des  Apoftres,&  lei.des  A£tes:&:  dy  que  le  Seigneur  n - 
auoit  plufieurs  corps, mais  que  celuy  qu'il  auoit ,  falloir  qu'il  occupait  place.  &:  q  quât  à 
moy,  ie  croyoye  qu'il  fuft  au  ciel,  comme  il  eft  dit,Seant  à  la  dextre  de  Dieu  le  Pere,  &: 
qu'il  n'en  partiroit  en  corps  linon  au  iour  du  iugemcnt.bien  eft  vray  quepar  fapuiifan- 
ce  &:  fon  l'ainct  E(prit,il  conduit  toutes  chofes  lelon  fa  prouidence. 
Confe/fion      I  l  me  demanda  auflj  touc  hant  la  confeffion  auriculaireric  luy  refpondy,qu'il  ne  fuf- 
aiiricuUirc.  fifoic  point  de  le  confeficr  vne  fois  l'annce,mais  qu'il  le  c.onuenoit  faire  tous  les  iours  à 
Dieu,non  feulement  des  péchez  que  nous  cognoiifons,  mais  auffi  de  ceux  qui  nous  tôt 
tachez:&:  que  les  fain£tsProphetes&:  Apoftres  en  auoyét  vfé  ainfi,  &:les  anciés  de  l'E- 
glife.Que  cefte  confclîion  auriculaire  &  fuperftition  n'eftoit  inuentce,que  depuis  cinq 
ou  fix  ces  ans  en  ça:&  qu'auparauât  on  n'en  auoit  iamais  vfé. D'autre  parr,cômen  t  eft  il 
polsiblequel'homme  puiiTedireàraureillcd'vn  preftre  ou  moine  tous  les  péchez  d'- 
vn  an?il  faudroit  vn  terrible  regiftre.  Quànt  à  la  puifiance  du  Pape,  i'en  ay  dit  ce  que  ie 
vous  en  ay  mandé.    A.  Seraphon. 

AV 


Phihppe  Qene,  &  faques.  4  s  4. 

A  V  T  R.  E  lettre  à  la  frères  4:  am». 

E  S  trefehers  fit  bien-aimezfreres,ie  vous  prefente  mes  humbles  falutatiôs,&:  auf 
à  mon  efpoufe  &  à  nos  petits  enfâs,&en  gênerai  à  tous  nos  frères  Garnis  qui  ont, 
ïeceu  la  foy  en  Iefus  Chrift  noftreSeigneur.Ie  vous ay  défia  par  cy  cleuât  mandé  de  mes 
nouuelles,mais  ne  fay  fi  les  aviez  receuës ,  toutefois  le  Seigneur  m'a  encores  prelctc  ce 
petit  moyen  pour  vous  efcrire.Mes  frères ,  n'eftes-vous  pas  ioyeux  aucc  moy  de  voir  les 
grandes  &innumerables  grâces  que  le  Seigneur  m'afaitiufquesicy  ?  qu'après  m'auoir  ^ 
retiré  du  milieu  detant  de  dangcrs,il  m'a  fait  viure  encore  trois  "ans  ?&  maintenant 
vous  voyez  qu'il  veut  parfaire  Ion  ocuure  entièrement  :  U  c'eft  ce  que  dit  Dauid,  l'an  un- 
Ce  qu'il  a  corn  mencé  &  auancé,il  ne  le  delaifle  point.  D'autre  part,  penfez  aux  grâces  Jj» 
que  ce  bon  Dieu  nous  a  faitcs,en  nous  retirant  premièrement  du  milieu  des  profonds  Tukiief- 
abus&  fupcrftitionsounouseftions  plongez  :  &:  puis,  il  nous  a  conduit  en  Ion  Egliic»,  JjJjgJ^J 
pour  nous  y  appafteler  &:  nourrir  comme  des  petis  enfans  en  fa  faincte  parolle,&:ct  par  noil  a  j££ 
gens  pleins  de  fauoir  au  fainaEfprir, voire  s'il  y  en  eut  iamais  depuis  le  temps  des  Apo-  d""*- 
ftres.N'auons-nouspas,dLie,grandematiered  eftre  rauis  en  eftonnemét,de  nous  voir 
ainfî  care/Tez  de  noftre  bô  Dieu?  Et  q  nous  rcfte.il  plus ,  iinon  qu'il  nous  prenne  côme 
par  la  main,  pour  nous  employer  là  où  il  luy  plaira  pour  s'en  feruir,pour  finalemét  nous 
mettre  eh  poifefsion  «le  la  félicité  éternelle  qui  nous  eft  promifcrFaudra-il  que  nous  re 
cuîions  pour  demeurer  en  cefte  vie  pleine  de  miferes&pouretez  ?  Qui  fera  celuy  qui 
s'excufera,&  cependant  dira,Ta  volonté  ibitfaitecTel  ncfera-il  pas  digne  d'eftrc  reict 
té  de  luy?Il  eft  vray  que  lefprit  eft  prompt  èy:  alaigre,&:  ne  defire  que  d'aller  à  (on  Dieu, 
mais  la  chair  voudrait  touuoursicy  demeurer  pour  ramper  fur  Jarerre,  comme  vnpo- 
ure  vermiileainvoire  elle  y  demeurei  a,mais  ce  fera  en  poudre&  terre,attendant  le  der 
nieriour. 

Philippe  C  e  n  e        I  a  q_v  e  s  fon  compagnon  au  martyre. 

C  E  S  T  E  partie  qui  s'enfuit  des  lettres  d'Archambaut  contient  la  mon  heureufe  de  Philippe,*  laques.auee  plufîeurs  circon" 
fonces  bien  noubles,  &  les  moyens  dont  le  Seigneur  vfe  pour  redrefler  la  cheute  des  Cens. 

VIS  quePhilippeCenenatif  de  S.Pierre  fur  Dyne,  au  pays  de  Norman,  m.d.lvu 
die,ieune  homme  faifant  train  d'apoticairie  à  Geneue,  emprifonnéà  Dnô 
pour  la  vérité  &caufe  du  Seigneur,preceda  de  quelques  iours  Archambauc 
au  martyre  auec  laques  fon compagnon, nous  auons  icy  inféré  leur  morr, 
par  c  fidèle  récit  dudit  Archambaut,continuant  Je  contenu  de  fa  lettre ,  comme s'en- 
fuir-Mes  trefehers  frères, puis  qu'il  a  pieu  au  Seigneur  de  mefaire  entendre  ce  q  de/Tus 
ay  recité,voirc  te  encore  vn  peu  dauantage,ne  fuis  ie  pas  bien-heureux  de  me  voir  ainfî 
aduancé,moyquinefuisrien,finonvn  gouffre  de  pechéjdigncd'eûre  abatuiufquesau 
profend  des  enfers.?mais  le  Seigneur  ayant  pitié  de  moy  a  bien  daigne  me  regarder  ,  &c 
prendre  toutes  mes  iniquitezpourles  plonger  au  fang  de  fon  Fils  noftrc  Seigneurie 
fus  Chrift:puis,m'ayan  t  fait  nouuelle  créature  me  veut  employer  pour  foy  à  ledifïcatiô 
de  ceux  qu'il  a  predeftinez  à  (alut.  O  profondeur,ô  lar^eur,ô  tpacieufe  bonté  de  ce  b5 
Dieu  efpandue  fur  moy,mevoulant  eileuer  en  vn  degré  d'honneur  fi  haut ,  moy  poure 
miferableilevouslaiiTeàpenfcr  de  quelle  ioye  i'ay  entreprins  ce  voyage  :  vous  fauez 
comment  i'yeftoyeaffectiônérpenfezdonccomment  le  Seigneur  a  befongnéparfon 
confeil  eftroit.I'ay  fait  le  voyage,&  m'en  fuis  rcuenu  iufques  îcy  en  ioye:  elperant  vous 
voir:&  arriué  que  ie  fu  en  celle  ville,  comme  ie  vous  ay  mandé ,  ie  m'efrorçay  de  faluer 
mes  frères  en  paiTant,&:  y  fuis  arrefté. 

^"O  k.  vous  deuez  fauoir  qu'au  commencement  iceux  furent  fermes  &:  conftans,& 
leur  procès  fut  bicutoft  fait  commefauez.Ils  furent  menez  iufques  au  pied  du  fupplice 
en  grande  conftance:mais  à  caufe  de  quelque appel,eftas  remenez  en  la  pnfon, dirent, 
en  retournant ,aux  autres  prifonniers,Nous  auons  encore  vn  peu  à  viure.Eftans  en  leur 
premier  eftat  &côme  en  repos,Sataqui  eft  fin  ôicauteleux  les  aiTaillit.&:  de  raid  fît  bref 
chc,iufques  à  les  faire  chanceler &:trelbucher .  Mais  le  Seigneur  ayant  preueu  toutes 
chofcs,m'amena  céans  fur  ce  poinft,  où  iefufortmarri&  dolent  ayant  trouué  vne  tel- 
le dcfolation:brer,de ma  petite puiflanceieme  misendeuoirdereboucher  ccftebreC 
che  par  l'aide  du  fainct  Etprit.  Sur  cela  furuint  noftre  frère  Aduocat  de  Paris,dôt  ie  vous 
ay  mandé:lequel  eftant auec  nous sadioignit  à moy,fe mettant  de  première  arriuee  au 
milieu d'icelle  brefehe.  Ec  ayant  plus  d'authoritc  &  commodité  que  ie  n'auoye,y 


L/#ro  VI.  Philippe  &*  Jaques.  ^Archambaut. 

befongnadetoutefapuiffance,eftantlccondédema  petireflé  :  tcl'ementque  le  Sei- 
gneur nous  affilia,  en  force  que  ladite  brcfchc  le  referma  plus  fore  en  cinq  outix  Jours, 
qu'auparauant elle  n'auoic  efté ouuerte.Cependant,commc  Dieu  le  vouloit,la rcfpon- 
le  du  Roy  vint,laquc!le  fit  fur  feoir  l'exécution  du  prcmicTareft.il  fut  finalement  execu 
té  le  iout  d'hier  premie  r  Samedy  de  Scptembre,c'eft  qu'auec  vnegrandc  conftâce  s'en 
?eS  ïil       allez  taire  la  CeneauecIefusChiift&  l'es  Anges.  Le  Greffier  vint  pre  mièrement 
quefiôuS'  enuiron  l'heure  d'vneheure  après  midy  lignifier  leur  areft  ,  &:  lors  incontinent  fepnn- 
detunth   drctàctier au  Seigneui  ,rcgrecâs leur  faucc,Scdifans,HelasSeign. nous  tauons  gricue- 
1  '       mec  ori°éfc,ayc  pitié  de  nous:  Incontinctilsfurentcnuirônczdcvcrmincdcmoinesdc 
toutes  couleurs,commc  de  percées  de  harcncs,aueclcurs  nouiecs qui  trotcovet&i  ve- 
noyenc  d  vn  cofté  &  d'autre,rcgardans  ça  &  là  comme  marmots:ib  eftoyent  la  amenez 
par  les  luges  pour  les  accouftu  mer  au  fang  ,  comme  on  reroit  à  des  petics  do«iîcs&  lc- 
uriers.  Sur  ces  entrefaites  il  y  en  eut  vn  qui  auança  quelque  propos  de  difpute:  auquel 
fut  die  par  noftre  frère  Philippe ,  Que  veux-tu  difputer  auecques nous?tu  fais  bien  que 
tu  n'es  qu'vne  befte,&:que  tu  ne  fais  rien:ic  te  prie  laide  nous  pefer  à  noftre  amc.  Et  lors 

mondic  frère  l'Aduocat&moyeftions  en  la  baffe  court  nous  pourmenans  :&  corne  ay- 
ans  les  bras  croifez,regardions  vers  le  cicl,auec  pleurs &:  gcmifîcmem.    Lors  chacun 
des  pnfbnniers(qui  font  céans  en  nombre  de  vingt)  icttoit  l'on  brocard;  les  vnsdifoyer, 
Ils  font  plus  forts  qu'au  commcncement.Le  commun  populaire  difoic&crioit,  N'cft- 
ce  pas  vn  grand  cas, ils  font  pires  que  deuant  :  &  l'on  difoit  qu'ilys  eftoyent  retournez, 
mais  il  s'en  faut  beaucoup  .  &:  turent  ainfi  détenus  lefpace  de  trois  gi  offes  heu  res  aucc 
bon  maintient  confiance.  Cependant  mondit  frère  &c  moy  feignansd  aller  aux  prt- 
uez,neus-nous  allions  ietterà  genouil,  pr;âs  le  Seign.&luy  rédans  grâces  immortelles 
pour  telles  nouucllcs,puis  retourniôs  en  la  court  no9  pourmener  côme  auparauât.Et  v- 
ne  partie  defdits  prifonniers  à  qui  Dieu  a  baillé  quclcj  cômencemët,nous  tenoit  copa- 
gnie  en  pleurs &C  gemiflémens,rautrc  partie  nous  monftroit  au  doigr,difanc,  qu'autant 
nouscnpendoic  à  l'aureille.  Nous  portions  tout  cela  aucc  ioyc& confolation.  Etfur 
les  quatre  heures  du  loir  fortirent  nofdits  frères  en  bonne  conftance.E  t  noftrcfrcre  Phi 
lippe  ayant  vne  face  riante  regardoit  noftre  frère  laques  qui  monftroit  vnpeufa  face 
tnfte,ainfî  qu'il  eft  de  petite comptexion,&auoit  efté  fort  malade.  Il  luy  difoit,  Qu'a 
uez-vous,monfiere?ilfemblequ'yczpeur:non,môfrcre:foyez  ioycux.Etcheminoyent 
ainfi  par  la  rue  tous  deux  en  chemife  iufques  au  lieu  du  fupplice:où  eftans,  prindrent  Je 
tourment  en  grande  patience  :  &C  regretans  toufiours  leur  faute ,  crioyenc  à  Dieu  mife- 
ricorde  deuant  tout  le  peuple. 

E  t  entre  autres  chofes  noftrefrere  Philippe  monté  fur  le  bois  attendanc  le  courmer 
fe  print  à  chanter  vnPfeaume,maisvn  moine  eftant  au  près  de  Juy,  luy  mit  la  main  de- 
uant la  bouche,pourempefcher  fa  voix. fi  cft-ce  qu'en  defpit  de  luy  il  fuc  entendu.  Et  la 
plus  pàrt  du  peuple  fondoit  en  larmes  leur  difant  à  haute  voix:  Courage,  mes  frères  ne 
craignez  pas  cefte  mort. Lors  vn  de  la  part  des  malins  fc  retira  vers  vn  huHiîer,&luy  dit, 
Ne  voyez  vous  pas  que  quafi  la  moitié  du  peuple  eft  de  lcurpart,&  les  confble  ?  l[Tef- 
pere,mesrreres,qu'il  en  fortiravn  grand  fruict:  &:  fommes  bien-heureux  de  ce  que  Je 
Seigneur  les  a  voulu  fortifier  par  nous.  Il  nous  a  bien  rendu  la  pareille,  cent  tois 
au  double.  En  leur  mort^ainfî  qu'on  dit,ils  ne  fembloyenr  endurer  aucun  mal  &  ren- 
dirent l'cfprit  fans  bouger  aucun  membre,finon  noftre  frere  Philippe  qui  repouflbit  le 
feuvn  peu  aucc  les  mamsA:  trefpaflérent  loudain.  Il  n'y  eut  homme  nefemme,  voire 
iufques  aux  petits  cntans,qui  ne  s'en  eftonnaft:&: cela  fut  à  cinq  heures  du  foir. 

I V  S  QV  E  S  icy  Arcliambaur  a  recité  les  mcrucillcj  du  Seigneur  en  la  mort  Je  !  hilippe  &  Iacjues.  Ce  qui  s'enfuit  cA  de  luy  &. 
dcl'Aduocat  l'on  compagnon,monftrant  de  quelle  confiance  ils  attendent  la  mort. 

1  fi  s  nouuelles  par  nous  entendues  penfez  quelle  ioyc  nous  eufmes:  elle  fut  fi  grande 
quenousnepouuions  tenir  contenance.  Et  tant  s  en  faut  qu'on  doyuepenîer  que 
cefte  mort  tant  heureufe  nous  ait  en  rien  efpouuantez,queic  vous  dy  à  Ja  venté  (mes 
frcres)que  cela  nous  a  renforcez  cent  fois  au  double  :  &  fommes  fi  prefts  &:  appareillez 
par  la  grâce  du  Seigneur.qu'il  nous  femble  que  nous  y  fômes  défia .  Toutefois  nous  ne 
iauons  comment  Dieu  y  veut  befongnet  en  nous:bien  eft  vray  que  nous  n'eftirn,onsau- 
tre  chofe  que  de  les  fuyurc  bien  tofbcommc  le  bruit  en  eft  par  toute  la  ville.  Mais  nous 
attendons  en  patiencela  volonté  du  Seigneur.   Quant  àmoy,i'ay  défia  efté  ouy  trois 

fois 


fois  en  la  forte  q  ic  vous  ay  mandé  par  ce  iuge  qui  ma  monftré  grande  bénignité  &  bon- 
tés tout  le  monde  dit  qu'il  nous  aimc,mais  ie  ne  lày  fi  feray  plus  ouy:  or  fi  ic  le  fuis  fur  les 
poinwts  principaux,  certes  alors  ilfc  faudra  mettre  en  reng  de  corn  bâtant.  &  voila  ou  l'en 
fuis.Bien  eft  vray  que  ie  fày ,  que  Satan  eft  plein  de  finefles ,  mais  le  Seigneur  ma  aduerty 
de  me  donner  garde  du  collé  qu'il  me  voudroit  fafcher&:  nuire,dequoy  iel'eh  prie  iourte 
nuid ,  &c  defire  que  m'y  aidiez  par  vos  prières.  Le  Seigneur  dit  par  l'on  Prophète ,  Que  les  1 
Anges  ont  planté  le  camp  à  l'entour  de  ceux  qui  le  craignent.  Or  s'il  a  placé  le  camp  à  l'en 
tour,de  quel  cofté  pourra  venir  l'ennemy  qu'il  ne  (bit  veu? 

.  Qv  a  n  t  à  noftre  frère  l' Aduocat,  il  a  efté  aufli  ouy  par  deux  ou  trois  fois,  &:  a  efté  me- 
né en  pleine  audience  deuant  tous  melfieursdu  Palais:  mais  iàuez-vous  comment  il  eft 
braue  homme  en  la  foy?il  me  ièmble  quequand  ic  le  regarde ,  ie  voy  vn  Ange,  ou  à  tout  le 
moins  vn  {ain&,&:  aulîi  eft-il  àlaverité.Ie  vouslaiilcàpenfer  fi  ie  fuis  heureux  d'eftre ain- 
lîaccompagné.Ileiloit  à  la  mort  &:  en  toute  lamaladie  de  noftre  frère  le  Breton.  Ienten 
qu'il  eft  de  grade  qualité,dont  ces  gens-  cy  font  efbahisi&péfequeles  plus  gros  de  la  cour 
de  Paris  font  l'es  parens,lefquels  ceux-cy  ci  aignct.Si  eft-Ce  qu'incontinét  qu'il  fut  reuenu 
delà  Cou  r ,  on  luy  mit  les  fers  aux  iamfres  :  defquels  il  fe  quarre  &:  glorifie  plus  que  nefe- 
roit  vn  Prince  ou  Gétil-hommeauec  vne  chaîne  d'or  en  fon  col  :  bref,  c'eft  vn  Roy)  voire 
vne  tour  imprenable.  Nous  eufmes hier  vn  peu  decommodité  de  patler  enfembleàcau- 
fe  que  tout  le  mode  eftoit  occupé  en  la  mort  denos  frères.  Et  iufques  là  (helas)  nous  nous 
aimons  ii  fort,  que  defirons  marcher  enfemblc,  fi  le  Seigneur  le  veut. &croy,mestreiai- 
mez  frères ,  que  noftre  facrifice  ne  fera  point  fans  grand  fruid  :  car  la  terre  eft  bien  appa- 
reillée pour  receuoir  la  lémence.  Ilyaencelicu-cyquclque  nombre  de  bonnes  pcrfbn- 
nes,aufquelles  Dieu  veut  faire  mifericorde,commei'eftime:  vous  afleurant  qu'ily  en  a  de 
fort  pitovables:&  diray  bien  cecy,  qu'il  y  a  vne  charité  autant  enflammée  que  i'aye  iamais 
veu,lelon  le  lieu.  O  mes  frères  &  bons  amis,  ie  vous  recommande  le  tout,commc  ie  vous 
ay  défia  mandé  par  autres  :  vous  priant  de  confoler  voftre  fœur,qu'elle prenne  bonne  pa- 
tience, cognoiffans  que  nous  tous  fommes  au  Seigneur,  &  qu'il  en  peut  difpoferàfàvo- 
Jon  té.Sur  cela  ie  feray  fin  à  la  prefènte,apres  auoir  prié  ce  bon  Dieu  tout^puifiant,  pitoya- 
ble &  mifericordieux ,  qu'il  vous  conduite >  &  tous  ceux  qui  craignent  l'ofFenfer,  iufques 
au  bout  de  voftre  vie  &:  courfc,à  (on  honneur  &  gloire,à  l'édification  defès  efleus,  &:  à  vo- 
ftre falut,  Amen.  le  vous  prie  prefenter  mes  humbles  faluts  tant  de  moy  que  de  mon  frè- 
re^ tous  nos  freres  &c  amis,me(iieurs  les  Miniftrcs  de  rEglife,cnféble  aux  Diacres  &:  An- 
ciésd  icelle:&  puis  en  gênerai  à  tous  mes  frères  &  fœurs  de  noftre  pays,&  à  tous  ceux  qui 
nous  font  conioints  en  Iefus  Chrift.    Arc.  Scraphon  voftre. 

C  E  que  nous  deuons  recueillir  de  ces  eferits  d'Archambaut ,  icfquels  ont  cft^  fuffifaminent  ratifiez  par  la  mort 

bten-heureufequi  s'en  eft  enfuyuie. 

PAr  ceft extrait  des  elerits  d'Archambaut,  nous  auonsenfomme  Thiftoiredeceuxqui 
d'vn  mefme  temps  eftoyent  prilbnniers  à  Diion,  &  fur  tous  de  Philippe  &  laques,  qui 
par  leur  mort  ont  redrelTé  maints  bons  cœurs  en  ladite  ville .  Lelangage  &  ftil  defdits 
eferits  manifefte  de  quelle  (implicite'  &c  debonnaireté  a  efté  conduit  Archambaut  iuf- 
ques à  la  fin  :  &:  que  ce  qu'il  a  dit  defoy-mefme,  Que  le  Seigneur  s'eftantferui  de  fon  mo- 
yen pour  redrefïer  lefdits  Philippe&:Iaques,luy  a  rendu  au  double  en  force  &  vertu,pour 
fouftenirauecrAduocatfon  compagnon  tous  les  affauts  qui  leur  ontefté  liurez,les  ay- 
ans  deuorezco  m  me  préparatifs  du  grand  combat  delà  mort ,  que  d'heure  en  heure  ils  at- 
tendoyenc :  &: en  laquelle, furmontans  toute  contradiction ,  ont  magnifiquement  tri- 
omphé. 


NICOLAS   DV  ROVSSEAV^Wwotf. 


jjf^^lPS  PRES  Philippe  Cene  Jaques  &  Archibaut,  viet  le  tour  &  ordre  de  Nicolas 
^^^>^|  du-RoulTcau:&:  corne  Archabaut  lui  a  rédu  te(moignage  &r  aux  deux  autrer, 
&|?*p?\m  auflîen  fait  du-Rouffeau  en  pareille  fidélité  d'hiftoire.  Ileftoitnatifdupays 
lll^fc^  d'Angoulmois,Aduocat&:iurueillâtderEglifenaiiranteà Paris: hômedefia 
aagé,&  bié  verfé  en  toutes  bônes  feiences,  fur  tout  és  chofes  diuines.  Il  auoic  efté  enuoyé 

HH. 


£,*Wo  VL  J\(Jcolas  du'%pu(feau. 

deuers  l'Eglifede  Geneue  pour  côfcrer  des  affaires  Ecclefiaft.de  Paris,&:  auoir  l'aduis  des 
Miniftrcs  fur  aucunes  choies  q.  cftoyéc  en  côtrouerfe.  A  fô  retour  eftat  de  côpagnic  aucc 
M.Nicolas  des  Galars  miniftre  de  Geneuepour  aller  à  Paris,il  fut  appréhende  en  la  fron- 
tière de  Bourgongne,en  la  ville  d' Auflbnnceftat  tiouué  iaifi  de  liures  ôc  mi(iiucs:&:  de  là 
fut  mené  à  Diion,où  il  endura  de  grandes  faicheries .  Nous  entédrons  le  tout  par  la  lettre 
ici  inleree  qu'il  enuoya  de  laprifonà  vne  Damoifelle  retirée  en  lieu  de  liberté  pour  leruic 
à  Dieu: 

Lmrctdc  Ma-d  a  m  o  i  s  e  l  i  e  ,1c  Seigneur  Dieu  me  faifanr  ce  bien  de  vouspouuoîr 
R<3i«ui  maintenant  eferire  quelque  peu  de  mon  eftar  de  prilbn  à  la  defrobee ,  félon  quelamilere 
vncDaœoi-  du  lieu  le  permet,  ie  vous  ay  bien  oie  donner  celle  peine  d entédre  par  quel  moyen  ie  fuis 
venu4à,&;commeie  m'y  luis  porté  iufquesà  prêtent:  lâchant  alTez  combien  volontiers 
vous-vous  employerez  pour  moy  en  prières, à  ce  que  ie  ne  luccom  be  en  la  querelle  de  mo 
Dieu,  pour  tourment  qui  (bit:&:  combien  vertueulèment  vous  prendrez  l'ennuydece 
mal ,  h*  mal  le  doit  appeler.  Encores  qu'eu fle  prins  deuxadrelTes  de  chemin  pour  m'en  re- 
tourner,&:  mefmelur  tout  pour  euiter  Diiomtoutefois  lailfant  l'vnc  &:  l"autre,commcfor 
ce  de  Dieu ,  ie  ne  fay  commen  t  ma  compagnie  &  moy  nous  rendifmes  au  £bir  bien  tard  a 
A  tuTonne,le  Samedi  1 1  .d' Aouft  :  où  le  Capitaine  fit  viliter  nos  mallettes  :  &:  ne  trouuanc 
rien  qui  luyfuft  lufpc&és  deux  de  mes  compagnons,  les  la  ilTa  aller  làns  empêchement: 
maisdemoy,icfuarrefté,par  ce  qucdedansla mienne  fetrouuerent quelques  liures  &: 
pacquetsquineluy  plailbyent,  touchant  le  fai&  de  la  Religion .  Parquoy  le  lendemain 
il  m  enuoya  lie  &  garroté  à  Diion  pardeuerslc  Lieutenant  du  gouuerneur  du  pays,nom- 
mé  monlîeurdeVillefranquon  :  lequel  voyant  que  ien'auoye  rien  qui  fuft  contre  lesc- 
dits  ordonnaces  du  Roy  cocernant  fa  charge,mais  feulement  le  faict  delà  Religion,  me 
renuoye  à  la  iufticc,&:  aux  priions  qu'on  dit  de  la  ville.  D'entrée  le  Parlement  efmcu  de  ie 
ne  lay  quel  zele,ferend  mon  luge  en  la  caufe ,  par  preuention ,  comme  ils  diient.  le  de- 
meuray  quatre  iours  qu'on  ne  me  dit  rien  :  le  quatrième  deux  Confeilk  rs  viennent  de 
purez  pour  m'interroguer ,  Se  me  demandèrent  premiei  emen  t  la  railbn  de  mon  voyage» 
le  leur  refpondy  que  ie  lauoye  entrepris,  afin  qu'en  vous  failant  compagnie,  i'euïfc  moy- 
en de  voir  la  forme  de  viure  qu'on  tient  par  delà.  Et  en  cela  Dieu  m'eft  tcfmoin,que  n'ay 
on°enfé,nerien  dit  contre  ma  conlcience.  Etlcur  ayant  paiTéoutre,quetelleforme  de 
viure  ne  me  delplaifoit ,  pour  les  raifons  que  pouuez  penfer ,  ils  viennent  à  ma  mallette, 
&C  m'examinent  des  liures  &:  pacquets  qui  eftoyent  dedans .  Quant  aux  liures ,  ie  rc 
monftre  que  tout  ainlî  qu'il  m'eftoit  permis ,  faifant  profeflion  des  lettres ,  d'auoir  des  li- 
ures profanes  remplis  de  mefchanceté,pour  en  recueillir  ce  qui  eft  bomqu'aulli  il  m'eftoit 
loilîble  d'auoir  lefdits liures  pour  difeerner  lalcpredauec  ln  Ieprc,&:  en  faire mô  profit.Us 
L'Edift  de  me  répliquèrent  que  par  l'Edit  delà  Bourdoiliere  il  elloit  défendu  de  porter  tels  liures.  Ic 
J?^urdo1"  leurdi,queledit  edideftoitia  trop  vieux, &:quecommunément  tels  edits  en  France  fe 
furannoyent  après  l'an:  &  par ainfi  qu'on  ne  deuoit  prendre  l'Edita  la  rigueur  contte 
moy.  Touchant  les  pacquets,ce  bon  Dieu  a  bien  tellement ,  voire  miraculcuiement  mo- 
déré ma  langue,  qu'en  leur  dilant  vérité ,  ie  n'ay  rien  dit  qui  nuifeà  perfonne,nemcfmes 
en  ce  qui  concerne  quelques  créances  qu'auoye.  Cela  fait,ils  m'ont  fondé  de  mafoy,ne 
prenans  autres  poin&s  quelaMelTe,&:  la  Confellion  auriculaire:  lefquels  leur  ay  reietté, 
par  les  raifons  qui  lèroyent  trop  longues  à  déduire  maintenant ,  &C  lefqu  elles  au fli  enten- 
dez trop  mieux. I'ay  depuis  efté  mené  audit  Parlement;où  le  premier  Prefident  (  fort  bon 
Canonifte)  m'a  examiné  fur  mefmes  articles,  &  là  auffi  i  ay  perfifté  en  ma  cofeffion.  Et  au 
retour  ay  efté  empeftré  de  gros  fers ,  qui  me  font  nuiét  &c  iour  bonne  compagnie  auec  la 
vermine.  Le  mefme  examen  a  encores  efté  repris  par  mes  Commiflâircs,  qui  ont  eu  ref- 
ponfes  de  moy  telles  que  deuant  :  tellement  qu'il  ne  refte  plus  pour  paracheucr  mon  pro- 
cés,qu  a  me  confronter  les  Do&eurs.Iefupplie  ce  bon  Dieu  me  faire  la  grâce  dem'aflî- 
fterau  combat,  par  l'on  Elprit  me  donner  dequoy  leur  relpondre  fuyuant  làpromeife: 
mcfmcmentquedepuisque  ie  tienprilon,ilnem'aefté  permis  d'auoir  aucun  liure  de 
fainfre Efcriture,non pas  vne  Bible, quelque requefte  quaye  faite  :melïieurs  dilans  que 
c'eftoit  le  liure  qui  abufoit  telles  ges  que  moy.  De  là  pouuez  vous  voir,  Ma-damoifellejen 
quel  aueuglement  Dieu  a  mis  ce  peu  pie  pour  exercer  en  foy  Ces  fidèles ,  &  leur  faire  fentir 
d'autant  plus  làgracc,cn  laquelle  leule  ie  mets  aufii  tout  mon  appuy.U  y  a  bien  pis,  q  mef- 
me Satan  employé  tel  aueuglement  à  l'endroit  duPrincc,&  quali  de  tout  le  peuple,  pour 

impu. 


Exécutez,  à  Dïïon.  +$6 

imputer  aux  pourcs  fidèles  les  calamitez  delà  guerre ,  &  tous  ces  maux  qui  font  aducnus 
(comeceft  autheur  de  menfongeafàit  iadis  aux  premiers  Chreftiés,du  temps  delà  primi- 
tiue  E  glife)li  bien  qu'au  moyen  de  cela ,  iamais  le  feu,  ne  la  rage  du  monde  contre  l'Eglifc 
ne  fut  li  fort  enflambee,qu'elle  eft  maintenant.  De  toutes  parts  y  a  mandemés  decercher 
&  maffacrer  ceux  qu'on  trouucra,&  n'efpargn  er  perfonne.Entre  autres  lieux  lcRoy  a  en- 
uoyé  le  prelldent  Largebafton  en  Poictou,pour  le  monftrer  en  ce  beau  chc£d'œuure .  Ce 
que  i'appris  dernièrement  du  Prelident  mefme  qui  m'interrogoit,  comme  dit  eft,  en  Par- 
lemennlequel  ayant  feeu,  ie  ne  lây  comment,  que  l'eftoye  allié  duditfieurdeLargebaftô, 
médit  en  courroux  celarpenfant  ainfi  m'auoir,&  mieux  m  eftonner.Mais  ce  Dieu  de  for 
ce  ne  m'oublia  en  ceft  accefToire:lculement  ie  gemiffoye  oyant  fî'piteux  recit.Ma  damoL 
fclle,vous  pouuez  entendre  quelle  grâce  le  Seigneur  vous  a  faite,  de  vous  auoir  tirée  il  bié 
à  propos,&  en  reps  fi  prochain  du  mal,hors  de  ceft'Egypte.Et  pour  vous  môftrer  eocores 
mieux  que  telle  fureur  &:  inhumanité'  règne  par  deça,&:  toutefois  la  grâce  de  Dieu  au  cô- 
traircrie  vous  reciteray  fomairement  ce  qu'on  a  fait  ces  iours  r/afTez.Ii  y  auoit  deux  ieunes 
hommes  qui  eftoyèntprifonniers  céans  pour  la  parolle,  l'vn  appelé  laques  &c  l'autre  Phi-  Hifloiredc 
lippe  apothicaire,  tous  deux  du  pays  de  Normandie,mais  mariez  à  Geneue.  Incontinet dcuxM*- 
qu'ils  font  prifonniers,le  lieutenant  duBailliHeur  fait  leur  procé$:&  les  ayat  examinez  fur  cc^dSL 
les  principaux  poin&s  de  l'Idolâtrie ,  ils  font  vne  côfeflion  làmctc  &  catholique,  ainfi  que 
i'ay  fceu,pour  laquelle  ils  furent  foudaincondânez  au  feu.Mais  ayans  appelé  audit  Parlc- 
ment,pendatlcur  appel,au  moye  des  pourerez  de  cefteprifon,&  de  l'horreur  delà  mort, 
&  fur  tout  encores  du  grad  regret  qu'ils  auoyét  de  leurs  petis  enfàns ,  &  de  leurs  femmes, 
félon  qu'ils  m'ont  dit,ils  fe  rétractèrent,  &  fignerét  leur  retra&ation .  Le  tout  fût  enuoyé 
par  deuers  le  Roy , pour  fauoir  cômet,ou  quelle  iufticeil  luy  plaifoit  qu'on  fift  d'eux,  ainfi 
qu'on  leur  fît  entendre. Sur  ces  entrefaites  eft  pris  vn  Gafcô  mercier  nomme'  Archâbaut, 
marie  aufîî  à  GcneueJequel  incontinet  fut  mis  en  ce  lieu:&:  y  eftant  fit  tout  le  dcuoir  d'ad 
rnônefter  ces  deux  poures  ges.Bien  toft  après  s'cnfuiuit  ma  prife  :  laquelle  d'entrée  le  Sei- 
gneur auffi  me  fit  employer  en  fi  bon  affaire.Parquoy  foudain  ie  vins  à  leur  rcmonftrcr  Se 
la  grandeur  de  leu  r  fautc,qui  apportoit  fi  grad  fcandale  à  ceux  mefmement,  lefquels  ils  a- 
uoyent  fi  bien  édifiez  par  leur  confeffion:&  le  iugement  de  Dieu  prépare  contre  cux,s'ils 
n  amendoyét  bien  toft  ceftcfaute:&  qu'il  ne  falloit  point  qu'ilspcniaflcnt  de  marchander 
ainfi  auec  luy,  qu'eftans  fortis  d'icy,  moyennât  fa  grâce,  ils  repareroyer  le  mal  en  meilleur 
endroit.Car  puis  que  par  fon  confeil  admirablc(commeils  voyoyét  bien)il  leur  faifoit  tac 
d'honneur  de  les  prefenter  en  vn  tel  triôphe,ils  s'oublioyét  bié  d'en  fuir  la  lice ,  &c  refifter 
à  fbn  faind  vouloir.  Que  ce  n'eftoit  pas  à  nous  de  nous  faire  iuges  des  occafions  que  Dieu 
nous  prefente,en  vn  fait  figrâd,pour  les  fuir  &  remettre  à  noftre  appctit,&  dciugcr  ainfi 
du  téps  qui  nous  feroit  propre,pour  mieux  feruir  à  fa  gloire,au  gré  de  noftrc  efprit.Ie  noir 
bliay  les  miferes  &c  pouretez  de  ce  mode,  aufquellcs  &c  noftre  vie ,  &  noftre  corps  fôt  touf- 
iours  fubiets:&:  que  c'eftoit  extrême  folie  à  nous  de  fuir  la  mort ,  mefme  fi  heureufe  en  ce 
tas  dp  maux.Qu'eux-mefmes  fauoyét  bien  à  quoy  s'en  tenir,  fentas  défia  la  main  de  Dieu 
parles  maladies  efqlles  lors  ils  eftoyét  tôbez. Au  contraire,ie  leur  rcmôftroyelagrâde  mi- 
fericordede  ce  bon  Dieu  enuers  ceux  qui  lèrctournet,&  recognoiiTcntleur  fâute.rappor 
tantà  l'vn  &  àl'autre  poinct  les  exéples  tât  vieux,  que  de  noftre  téps.Et  quat  au  regret  de 
leurs  femmes  &c  petis  er;fans,q  ce  bon  Dieu  en  (croit  tuteur  &c  protecteur,cômc  créateur. 
Finalement  Dieu  par  fa  mifericorde  leur  touche  fi  bien  le  cœur,quc  tous  deux  (  principa- 
lement 1' Apothicaire)fondas  en  foufpirs  5c larmes,  recognoiiTent  leur  defadueu  a  bon  eL 
cient.Si  bien  q  la  refponfedu  Roy,qu'on  dilbir,eftantfurucnuclà  defTus,portant  confir- 
mation de  leur  iugemcnt,&:  leur  eftant  cela  prononcé  Samcdy  dernier ,  quoy  qu'on  leur 
promift  de  leur  faire  grâce  de  ne  ientir  point  de  feu,  s'ils  perfeueroyent  en  leur  defadueu, 
d'vnc  grande  confiance  reiettans  ceft  offre,  recogneurent  deuant  tous  le  mal  qu'ils  auoy- 
entcômis,fe  rerra&as  corne  ils  auoyentfait:&  allas  au  fupplice,admôneftoyentde  cela  le 
peuple:louas  Dieu  de  fa  mifericorde,&:  de  la  pitié  qu'il  auoit  eue  d'eux.Cefte  vermine  de 
Moines,qui  les  enuirônoit  auec  les  fergens,tafchoit  bié,en  faifànt  grâdbruit,q  celle  fain- 
£tc  voix  ne  fut  entédue:  mefme  eftâs  venus  au  lieu  de  la  mort,&  là  garrotez  aux  pofteaux, 
continuans  toufiours  leurs  pt  ieres,remôftrances,&  lamentations,  fur  tout  Philippe  l'apo 
thicairc,  vn  Cordelicr  de  celle  vermine  luy  ferma  la  bouche  auec  fa  griffe  par  cinq  ou  lîx 
fois. Mais  nonobftât  cela  Dieu  faifoit  toufiours  q  leurs  propos  eftpyent  entendus.Et  ainfi 
moururent  ces  deux  gens  de  bien ,  comme  nous  ont  rapporté  ceux  qui  les  auoyent  veus. 

HH.ii. 


Lime  V  h  JeanHuron. 

Voila  l'exemple  que  ie  difoye,  qui  nous  fait  cognoiltre&:  ia  cruauté  de  noftre  cemps>&  la 
bonté  de  noftrc  bon  Dieu  :  laquelle  i'atten  contre  tout  confiai  humain  quelle  vous  fera, 
voir  bien  toft  régner  Ion  Eglife,&:  l'abomination  aller  en  ruine .  Car  c'eft  lors,  quand  la 
barbarie  &c  periccution  font  en  leur  excez ,  que  Dieu  volontiers  befongne  :  pour  mieux 
faire  fentir  que  cela  ne  vient  d'autre  que  de  luy  :  tefmoin  la  deliurance  qu'il  fit  des  enfans 
d'Iù  ael,les  tirant  d'Egyptc.&:  autres  vulgaires.  Quant  à  moy,  ic  ne  m'atten  pas  de  voir  ce 
grand  bien,ne  de  palier  lafcpmaine:  d'autant  quece  matin  comme  l'eicriuoye  la  prefen- 
te,on  m'a  amené  les  Theologiens,&:  entre  autres  vn  grand  Monlieur  l'abbé  de  Cifteaux, 
qui  m'a  ergoté  de  laMefle,&:  de  la  tran(îubftantiation>&  non  d'autre  choie.  Et  voyât  que 
fes  ergots  ne  iéruoyent  de  rien  ,  prenant  congé  d'vnegrande  colère, m'adit  mon  arreft, 
que  ieperdroyc  mon  corps  &c  mon  ame,ièlon  Ton  aduis  eftant  en  la  main  des  hommes. 
I'eftendroye  volontiers  ces  propos,&  autres  plus  auant,s'il  m'eftoit  permis,mais  le  papier 
icy  me  défaut.  Parquoy  faifànt  fin,  ie  vous  prie,  fi  receuezlaprcfente  deuant  mon  execu- 
tion,de  prier  le  Seigneur  pdtir  moy,  qu'il  ne  me  delaifTe  poinr:  vous  prefentant  mes  hum- 
bles recommandations,^.  De  Diion,en  prilbn  ce  fixiefme  de  Septembre,  m.d.l  vu. 

C  b  làind  perfbnnage>confeflant  ainfi  le  Fils  de  Dieu ,  comme  la  lettre  le  tefmoignc, 
demeura  afifez  long  temps  après  les  autres  trois  Martyrs  lès  côpagnons:  &:  en  telle  deftref. 
fe,qu'il  en  mourut.  Dequoy  les  aduerfaires  non  contens, voulurent  auffi  le  môfttcr  cruels 
delius  le  corps  mort:&  le  firent  brufler,&:  mettre  en  cendre  en  place  publique. 


IEÀN  BVRONA^m. 

C  E  L  V  Y  qui  femblou  eftre  contcmptiblc  lors  qu'il  demeuroit  à  Geneue,vulgairement  nomrné  Le  Lanternier, 
M.DXVH.        eft  icy  propof è  à  tous  fidèle»  ,pour  exemple  de  vraye  confiance  en  toute  intégrité  de  foy. 

E  A  N  Buron  natifd'Afpiemont  au  bas  Poictou  :  après  au  oir  demeuré  z  t. ans 
enlavilledeCraon  aux  confinsd'Aniou&  Bretagne, fut  mis prifonniei  & 
perfecuté  pour  la  parolle  de  Dieu, tant  en  ladite  villc,qu  a  Angcrs.Et  ayant  èu 
île  relafché  (ans  aucun  iugement ,  fe  retira  en  là  ville  de  Geneue  :  de  laquelle 
douzeansapres  il  iè  partie  accompagné  d'vn  fien  fils ,  pour  audit  lieu  dcCraon  receuoir 
quelqueargentquiluy  reftoit  delà  vente  d'vnemaifon  faite  à  vn  nommé  laques  le  Se- 
ure.  AndréGoullay  procureur  duRoy  de  ce  lieu,  eftant  aduerty  de  fa  venue,  vn  Diman- 
che matin  lalla  trouuer  en  ladite  mailbn .  Et  afin  d'auoir  occaiion  de  l'appréhender ,  il  le 
folicitadelemencràlaMcffopour  àfonrefuslecôftituerprilbnnierauçhafteau.  Le  1  x. 
de Iuin  m.d.l  ti  i.  eftant  mené  pardeuant le Senefchal  de  Craon , &:  inferrogué à l'in- 
ftance  du  procureur  du  Roy  de  l'on  aage,  relpôdit  qu'il  auoit  fbixanteans.  Enquis  du  tépj 
qu'il  auoit  demeuré  à  Geneue,  &  qu'il  n'auoit  efté  à  la  Me/Te  :  dit ,  qu'il  v  auoit  douze  ans 
qu'il  s'eftoit  retiré  audit  lieu  pour  viure  félon  la  reformation  de  l'Euagilc.-pendant lequel 
temps  il  n'auoit  efté  à  la  Méfie ,  &  n'y  vouloit  auffi  aller ,  par  ce  que  la  parolle  de  Dieu  luy 
defendoit.  Et  quant  au  Sacrement  de  l'autel ,  ainfi  que  le  Pape  le  garde  &:  obferue ,  ck  que  - 
fesfuppofts  le  tiennent,  quec'eftoit  abus  &  vray  erreur  du  peuple:  offrande  prouuer  par 
plufieurs  pairagesdelafàindeEfcriturcqui  cft  la  vraye  parolle  de  Dieu  .Mais  quant  a  la 
Cene  de  noftre  Seigneur  Ielùs  Chrift,côme  elle  eft  célébrée  &:  obfèruee  à  Geneue,il  croy- 
oit  &:  la  confeiToit  eftre  bonne.  ^  Apres  cela  Buron  rcmôftrant  qu'il  fe  trouuoit  mal  delà 
pcrfonne,mtréuoyé&:remisàvncautrefois.L'apreldilnce  !eSeiicfchal  retourna  au cha- 
Itcau,  &c  le  manda:  lequel  continuant  fes  relponfes  précédentes ,  dit,  Que  la  feule  inftitu- 
tion&:  ordonnance  que  IefusChrift  Fils  de  Dieu  éternel  auoit  cftablic  touchant  la  fàin- 
cte  Cene,pour  confermer  la  foy  des  enfans  &c  efleus  de  Dieu,eftoit  certaine  ÔC  vraye,  6c  nô 
pas  celle  du  Pape,  laquelle  eft  fondée  fur  vn  erreur  manifefte,  que  Dieu  deicend  entre  les 
mains  des  hommes  pecheurs.Ce  qu'il  ofrroir  derechef monftrer  par  la  feindre  Elcrîture&: 
parolede  Dieu.  A  raifon  dequoy  déclara  qu'il  aimeroit  mieux  mourir,q  d'aller  à  là  MefTe. 
Notez  qu'il  11  allégua  plufieurs  raifons  pour  confermer  fon  dire,  lefquels  ïeluge  ne  voulut  coprendre 
iug«defai.  en  fo  Proc<^s  vcrbal:mais  fèulemëty  adioufta  ces  mots,  Pour  les  raifons  qu'il  arédues,  &c. 
rckprocés     Interrogve  fur  lmtcrceffion  desSaincts,  adit,  Quenousn'auonsautreaduocat 
teiwndc-  pour  aarclïcr  noftrc  Pricre  enuers  Dieu,que  Iefus  Chrift  le  lu  ftc,{ëlon  qu'il  eft  eferiten  1 - 
negations,  Epiftre  Canonique defainct  Iearn»    Que  par  confrquentla  vierge  Maricni  les  Sain&s  &c 
Sr  de  bTC  *ain<^es  ^C  Paradisn'auoyent  aucune  puiflance  d'intercéder  pour  nous, 
fon. C   "l        S'il  croyoit  au  Sacrement  du  Baptefme.       Qu'il  croyoit  en  Dieu ,  croyoit  auffi 

que 


Jean'Buron.  ^f? 

que  le  Baptefme  eftoit  le  premier  Sacrement  inftirué  de  Iefu«  Chrift ,  &  lequelilauoic 
cômandé  cftrc  administré  au  nom  du  Pere,du  Fils,  &  du  faind  Efprit ,  auec  l'eau  fimple- 
ment, fans  y  adioufter  autres  chofes  commandées  des  Papes.  D.  Si  depuis  douzeans 
qu'il  s'eftoit  retiré  à  Gcncue,il  n'auoitpas  receu  le  précieux  corps  de  Iefus  Chrift.  i^.Que 
nonjainfiquel'entendoitmonfieurleSencfch'alquirinterroguoit,  &c  le  Pape  lecomman 
doit. Bien  auoit-il  fouuent  efté  à  la  Cene,&:  receu  nof  tre  Seigneur  Iefus  Chrift  en  icclle,fe 
Ion  Ton  institution .  Quant  àlaconfefiion  auriculaire,dit,  qu'il  nefalloit  feconfèfTer  aux 
Preftres  ny  aux  hommes  :  veu  qu'ils  n'ont  aucune  puiffancedabfoudreles  pechez:mais  q 
c'eftoit  à  Dieu  fcul  auquel  il  fe  falloir  confeifer .  Nia  aufTi  qu'il  raille  aucunement  prier 
Dieu  pour  les  trefpaffez,  &:  que  fi  Dieu  ne  fait  mifericorde  aux  hommes  en  leur  viuant,il 
nelcur  fera eftans  morts  :  &  qu'il  n'y  auoit  aucun  purgatoire ,  finon  le  fàngde  noftre  SeL 
gneur  Iefus  Chrift:auquel  i'ang  tous  les  enrans  ôz  cileus  de  Dieu  font  lauez&  nettoyez  de 
toutes  leurs  ordures  &:  péchez.  Intcrrogué  pourquoy  delaiiïanr  la  foy  Catholique,  s'e- 
ftoit retiré  à  Geneue,  attendu  que  celle  Villeeft  tant  mal  renommée ,  &:  queles  gens  mal 
fentans  de  la  foy  y  habitent  contre  l'ordonnance  du  Roy.i^.  Que  lafoy  laquelle  il  croyoit, 
eftoit  meilleure  que  celle  qu'on  tenoit  en  la  Papauté.Et  qu'il  s'eftoit  retiré  en  icelle  Ville,  Pourênoy 
voyant  les  abus  &:  erreurs  qui  eftoyent  en  fon  pays.  Dauâtage,  que  pour  tous  les  biensdu  fiî^^ 
mondeilnelaùTeroitd'y  demeurerii  Dieu  luyredonnoit  retour.  ^"Ledureluy  fut  faite  pour  y  dt- 
de  l'es  interrogatoires &:rcfponfcs ,  pour  fauoir  s'il  les  vouloir  maintenir  &:  y  perfifter .  Sa  mCttrcr-- 
refponfcfur,que  ce  qu'il  auoit  dit  contenoit  veritc,&:  qu'il  eftoit  preft  de  monftrer  parles 
faindes  Efcritures  tout  fon  dire.Lorsle  luge  le  remir,commepar  acquit,aux  dodeurs  en 
Theologie:&:  quant  &  quâcenuoyaaduertir  le  Clergé  d'Angers  de  tout  ce  qui  eftoit  pa£ 
fé.  L'Euelqueduditlieuefleut  vn  preftrcchanoined'Angers,nommé  M.Iean  Chaillaud* 
pour  fc  tranfporter  à  Craon,afin  de  confuter  fes  opinions.Ceftuy  ayant  priéChriftofle  de 
Priue  conleiller  du  Roy  pourafllftent ,  fe  tranfporta au chafteaule27.de Iuin.  Etaulieu 
de  luy  monftrer  en  quoy  il  erroit,il  1  interroga  tout  ainfi  ques'il  euft  efté  fon  Iugc,&  com- 
me luy  voulant  faire  nouueau  piocés.  Premièrement  luydemandaquelleauoiteftéSÉ 
fon aceufation &  la  caufedeibn  emorifonnemenr  à  Angers.Cefut,dit  Buron,quon  vou- 
loir maintenir  que  i'auoye  mal  p  i  de  de  la  foy  &.  religion  Chreftienne ,  ce  qui  n'eft  oit  :  car 
ieveux,Monfieur,  perfifter  &:  demeurei  ferme  en  laconfeffîon  defoyquei'aycy  deuanc 
faite,commceftantvraye&:  certaine,&  tirée  des  faindes  Efcritures. 

Lo  r  s  au  lieu  de  luy  monftrer  du  conrraire ,  ceux-cy  l'admonnefterent  fe  réduire  à  IV- 
nion  de  l'egliféRomaine,fous  l'obeifTance  de  laquelle  il  eftoit  commandé  de  Dieu(difoy- 
cnt-ils)&  du  Roy  leur  fouuerain  feigneur,viure  &c  fe  régler  pour  le  faid  de  la  Religion  .au- 
trement qu'il  ne  pourroit  euiter  la  rigueur  des  edids  &:  commandement  du  Roy.-lefquels 
ils  luy  déclarèrent  bien  amplement  pour  lefpouuanter.Buron  fit  refponfe ,  qu'il  auoit  &C 
tenoit  Iefus  Chrift  pour  chef  de  l'Eglife:que  les  commandemens  de  Dieu  eferits  au  x  x. 
chapitre  d'Exode,auoyent  efté  cftablis  par  iceluy  Iefus  en  plufieurs jpaflàgcs  defon  Euan- 
pile:  que  fes  Apoftresauoyentefté  par  luy  enuoyezprefchercemeimeEuangile par  tout 
le  monde:  queles  Apoftres  (&  auparauant  eux  les  Prophètes)  auoyent  fait  de  tout  temps 
pure  confeffion  deleur  foy  deuant  Dieu  &C  les  hommes ,  s'appuyans  du  tout  fur  Dieu  ,ô£ 
non  fur  1«*  traditions  des hommes.Que  tous  vrais  annonciateurs  de  l'Euangile prefehoy- 
ent  purement  &.  fimplement  cequiy  eft  contenu  fansy  adioufter  ou  diminuer  aucune 
chofe:  fuyuant  ce  qui  eft  dit  en  l' Apocalypfe ,  Si  aucun  adioufteà  ces  chofès ,  Dieu  adiou-  Apociuf 
fterafur  luy  les  playes  eferites  en  ce  liure,&c. 

Apre  t  ces  rcfponfes,  les  luges  voyansq  les  menaces  demortprofitoyent  autant  peu 
que  k  promette  de  fa  deliurance  qu'ils  luy  auoyenr  faire,  demandèrent  s'il  vouloir  auoir 
ledure  des  refponfcs  par  luy  faites  deuant  le  Senefchal  de  Craon .  Il  dit  qu'ouy ,  &c  qu  en- 
tant qu'elles  contenoyent  vérité ,  il  les  vouloit  maintenir .  Cefait,ils  luy  demandèrent 
files  fergens  lemehans  auec  fon  fUsprifonnicrjnel'aduertirentpasjenpafTant  pardeuat 
l'eglife  faindNicolas,d'ofter  fon  chapeau,&  faire  reuerenceàla  croix  &  remembrancede 
la  paffion  de  Iefus  Chrift .  Sa  refponfe  fut,  qu'on  l'en  aduertit  :  ruais  que  la  Loy  de  Dieu 
luy  commandoit  au  vingtième  d'Exode,de  n'adorer  aucune  idole,nechofe  quelle  qu'elle 
fuft,tantaucielquedeflbus:trop  bien  queles  hommes  eftoyent  tenus  de  porterhonneur  *  'ia4 
&:  reuerence  les  vns  aux  autres  lelonleurs  eftats  &c  dignitez,commeaux  Rois,Magiftrats, 
&:  personnes  ayans  charge  de  l'adminiitration  publique.  Interrogué,Quel  eft  l'abus  &c  fo- 
lie qu'il  pcnle  eftrecnlaMefTe,ainfi  qu  die  eft  dite&  cHebree  entre  eux  qui  font  fous 
n  HH.iii. 


Liurc^j  VI.  LEftdt  <ki  Eglifa  en  Piedmont. 

l'obcùTance  de  l'eglife  Romaine^  dit  qu'il  ne  trouuoit  poit  par  la  fain&c  Efcriture  la  Meil 
le  eftre  inftituee  de  Dieu, ne  qu'elleeuft  efté  célébrée  par  les  Apoftrcs  ouProphctes.Ioint 
queparlaconfeffion  dcnoftre  foyqu'on  appelé  le  Symbole,  ùcft  dit  nommémentquc 
Iclus  Chrift  après  fa  mort  &c  refurre&ion ,  monta  aux  cieux ,  où  il  cft  feant  à  ladcxtre  de 
fon  Pere:&:  ne  fe  trou  ne  point  qu'il  foit  depuis  defcendu,&  n'en  defcendraiufqu'auiour 
du  îugement,  quand  il  viendra  iuger  les  vifs  &c  les  n:orts.  A  déclaré  aulli  que  tous  les  Euef- 
ques,Preftrcs,Moines,  &£  fuppofts  du  Pape,  à  la  manière  des  Pharifiens  tiennent  le  poure 
peuple  en  erreur  :  le  deftournans  delà  vrayefoy,&:  faifans  mourir  ceux  qui  la  fouftiennéc. 
Voila  en  lbmme  le  contenu  au  procès  des  interrogatoires  &:  refponlcs  de  Iean  Buron. 
Toutccefte  Son  procès  eftant  fait, le  Vendredy  feizicme  de  Iuillet  audit  an, on  lciugea  au  rapport 
«îTextnSw  du  lieutenant  M.GuillaumeleRat,par  Chalopin  lieutenant  particulier,?.  Gohin,  P.  des 
des aftes  du  Hayes,F . Leuret,F .Colin,Conlèillers,&:  ledi t  Chaillaud  ordonné  de  l'euefque  d'Angers. 
mad. C"  Et  l'ayans  fait  venir  deuant  eux  en  la  chambre  du  Conièil,  les  refponlès  répétées  de  mot  à 
autre,il  inra  &c  afferma  icelles  contenir  verité,&:  les  auoir  faites  iclun  fa  coniciencertoute- 
fois  fi  on  luy  monftroit  par  la  parollede  Dieu  choie  mal  dire,illa  corrigeroic,&  ne  demeu 
rcroit  opiniaftre.On  luy  répliqua  quelle  corre&iô  il  y  voudroit  faire,  fino  qu'en  délibérât 
d'aller  à  la  Mefle  il  corrigeait  ion  erreur,&  les  mauuais  propos  qu'il  auoit  tenu  du  fàind  là. 
crcrpent,en  fe  confeffant  à  vn  preftre.  Il  leur  dit  en  fbm  me  qu'en  ton t  cela  il  n'y  fauoic  né 
à  corrigera  que  d'aller  à  la  MefTe,  ou  de  fe  confeffer  au  preftre,  qu'il  ne  le  feroit  iamais:dc 
porter  reuerence  pour  caufe  de  religion  à  vne  choie  corruptible ,  ou  adorer  ce  que  le  pre- 
ftre monftroit  en  ïà  MefTe ,  ce  n  eftoit  que  tout  abus,  que  la  Me/Te  inuentec  des  hommes, 
eftoit  chofe  dânable,&  qu'ilne  croyoit  point  à  ce  qui  neftoit  eferit  en  l'Efcriture;  veu  que 
tout  ce  qui  faifoit  befoin  à  noftrc  fàlut,eftoit  contenu  en  l'Efcriture  làin&e.  ^Pour  la  der- 
nierefbis  eftantadmonnefté  de  changer  d'opinion ,  demeura  relblu ,  puis  qu'ils  ne  luya- 
menoyent  raifon  de  la  fain&e  Efcriture,laquelle  feule  il  difoit  deuoir  eftre  iuge  de  leur  dif- 
férent.Les  defTufdits  luges  &  Confeillers,  voyans  fa  conftance,qu'ils  appelent  opiniaftre- 
té,le  condamnèrent  d'eftre  pedu  Se  eftrangle,&:  fon  corps  bruflé.Buron  ayant  ouy  fa lèn_ 
tence,leuat  les  yeux  au  ciel  loua  Dieu  de  la  grâce  qu'il  luy  faifoit  de  ibuffrir  pour  fon  fàin& 
Nom.  Lefdits  luges  tous  efmerueillez,&:  comme  fentans  vn  iugementdeDicu  qui  les 
prefToit  en  leur  confcience,luy  dircnt,Et  quoy?n'en  appeles-tu  pointill  leur  dit ,  Commette 
mcmoublc  Mef$ieurs->ne  vous fùffit-ilpês  £  auoir  les  mains  teintes  en  mon  fangyfansen  vouloir  fouiller  d 'autres, 

les  rendre  aufît  coulpables  de  ma  mort  comme  vont fère^î  Cefte  refponfe  les  efton  na  encore  plus. 
&  partant  on  l'ofta  de  là  pour  eftre  conduit  au  lieu  ordonné  au  fupplice.  Y  eftant  amené, 
il  mourut  conftamment  parlant  delà  fby&elperance  qu'il  auoit  quenoftre  Seigneur  Ie- 
fus  Chrift  le  receuroit  à  l'heure  en  fon  repos  éternel. 


Touchant  quelques  Eghfes  des  fidèles  en  certains  endroits  de  Piedmont. 


temps  &  le 

g  E  S  habitans  des  vallees,d'Angrongne,Luferne,fain£t  Martin,&  autres,ifTus 
du  peuple  appelé  Vaudois,  (qui  iadis  s'eftoit  retiré ,  à  caufe  des  perfecutions, 
és  delèrts  des  montagnes  de  Piedmont)  eurent  en  ce  temps  publiquement  la 
prédication  del'Euangileen  pureté  dcdo&rine.  Dieu  leur  enuoy a  devrais  &: 
fidèles  annonciateurs  d'icelle,leiquels,enfemblcle  peuple ,  deliberoyét  bien  de  côtinuer, 
comme  auparauant  on  auoit  fait  eldites  vallées ,  le  plus  couuertement  qu'ils  pourroyent: 
mais  tant  de  gens  accourbyent  de  tous  coftez, qu'il  fàl ut  prefeher  en  public  Se  deuât  tous. 
Choies  mémorables  lont  récitées  en  l'hiftoire  des  perfecutions  &:  guerres,  faites  depuis  l'- 
an m.d  .  l  v  .contre  lefdits  peuples,  qui  mentent  d'eftre  leuë$&  entendues.  Entre  autres, 
d'vnhommcde  Briqueras  (  qui  n'eft  qu'à  vne  lieue  d'Angrongne)  nommé  Iean  Martin 
DiS^dr^  Trom^aut^u^sefiant  yantép*r  tout, que  pour  empefeher  le  cours  de  la  prédication,  il couperoit  le  ne^jt» 
rable.  *  Mimjhre  d'^npron °nc,fut  tôt  après  affaïUi  Svn  loup  enragé  qui  luy  mangea  le  ne^y  dont  il  mourut  enra- 
^/.Cecy  aefte  cogneu  notoirement  par  tout  le  pays  circonuoifin:  &:  fi  n'a  on  ençendu  que 
ce  loup  ait  iamais  fait  autre  mal  ne  dommage. 


Nicolai  Sartoiré. 

C  Or  par  le  difcours  du  procez  ci  deuant  dit  de  Barthélémy  Hé&or  >  oh  a  peu  cognoi- 
ftrecomment  le  parlement  de  Thurin  tafchoit  par  tous  moyés  d'empefcher  lé  cours  de 
rEuangileefdites  vallées:  voire  de  fufciter  les  forces  du  roy  de  France,  (qui  lors  tenoitle 
pays)  pour  tout  ruiner.L'vn  des  Prefidehs  dudit  Parlement ,  nommé  De  faintt  Iulian,&: 
vn  collatéral  appelé'  De  ecclefia,&  autres,  furent  députez  pour  informer  ou  pluftoftef- 
pouuanter  de  menaces  le  poure  peuple.  CePrefident  âuec  les  compagnons  députez  de 
la  Cour,s'adreira  premièrement  à  ceux  de  la  vallée  de  Pérou  (e,où  il  n'y  auoit  encores  au- 
cun Miniftre  :  mais  alloyent  aux  prédications  qui  fe  faifoyent  à  Angrongné.  Ces  poures 
cens  furent  fort  troublez  de  la  venue  de  tels  Cornmiffaires,lefquds  delà  s'en  allèrent  en 
la  vallée  de  fàinct  Martin,où  ils  efpouuanterent  fort  le  peuple  tant  par  informations  que 
par  menaces,&:  y  demeurèrent  iufques  vers  Pafques ,  pourchaflans  de  le  ruiner  &  exter- 
miner du  tout. Ce  Preildéteftâtarriué  à  Pignerol,  enuoya  quérir  entre  autres  vn  home 
defaincHean  (qui  eft  allez  prcs  d'Angrongne  )  &  luy  demandant  s'il  n'auoit  pas  fait  ba~ 
ptizer  fon  enfant  par  leurs  nouueaux  miniilres,&:pourquof:Ce  poure  home  refpôdit  qu' 
ill'auoitfait  baptizcr  à  Angrongné ,  pource  q  le  Baptef.y  eft  adminiftré  felô  l'ordonance 
delefus  Chrift.  Là  defTus  ce  Prelident  en  grande  colère  luy  commanda  depar  leRoy  fur 
peincd'eftrcbruflé,quileuftàlcfaiieincontinentrebaptizer.  Le  poure  homme  fupplià 
qu'il  luy  fuft  permis  de  prier  Dieu  auant  que  luy  refpondrc.  Ce  qu'ayant  fait  dedans  la  fai 
le  en  prelence  de  toute  l'aflemblee ,  il  dit  au  Président ,  Qu'il  luy  efcriuift  &  fignaft  de  (a 
main  comment  il  le  derchargeoitd'vn  tel  peché3&  qu'il  le  prenoit  fur  luy  Se  furies  ficns:  Excmplcc5 
qu'alors  il  luy  refpondroit.  Ce  Prelident  (è  trouua  eftonné  d'vne  fi  fbudaine  demande  du  me  Dieu  as 
payfan,&:  comme  faiii  de  frayeur,fut  quelque  temps  fans  pouuoir  parler.  Puis  après  îljuy  J^0^ 
dit,De(loge  d'ici  vilain.  Ainfi  fut  deliuré  le  pourc  homme  de  la  fureur  de  ces  Corn-  ST^SL 

miflairCS  confondre 

L  e  furplus  des  procédures  tenues  par  eux ,  tendoycnt  à  ce  but  que  le  peuple  defdites  « 
vallées  euft  à  fe  réduire  à  l'obeuTanccdu  Pape  ,  fur  peine  deconfifeation  de  corps  &de 
biens.  Mais  après  quecePrefident&  les  liens  eurent  aureztracanfeçà&  là,  s  en  retournè- 
rent à  Thurin  auec  plufieurs  eleritures  &  procédures  faites  par  eux.  Et  apres  qu'ils  curée 
mis  le  tout  par  deuers  ceux  du  Parlement  de  Thurin,  on  enuoya  en  France  à  la  Cour ,  où 
les  affaires  demeurèrent  enuironvn  an  auant  que  la  refponfe  en  fuft  rendue.  Durant  ce 
temps-la  toutes  les  eglifes  du  peuple  furnommé  Vaudois  eurent  quelque  repos,felon  que1 
Dieu  par  vne  bonté  infinie  a  accouftume  defoulagcr  adonner  rclalche  auxfiensapres 
qu'ils  ont  cfté  agitez  d'orages  &.  tempeftes.Ces  eglifes  s'augmentèrent  tellement,qucpar 
toutes  les  vallées  il  v  eut  des  miniftres  qui  prefehoyent  publiquement  en  toutepureté  la 
parole  de  Dieu,&:adminiftroyent  les  Sacremcns.Lorsles  Preftres  &naoines  quiauoyent 
voulu  empefeher  le  cours  delà  prédication  de  TEuangile  par  la  venue  du  Prelident  6c  des 
ficns  furent  bien  fruftrez  de  leur  attente,  comme  Dieu  fàit  bien  renuerfer  les  confeils  &:  - 
complots  de  fes  ennemis,  car  la  MefTe  pour  lors  cefifa  du  tout  en  Angrongné  &s  en  beau-  c^ccn  eM 
coup  d'autres  lieux.  grongne. 


NICOLAS    S  ART  OIRE,cfc  Quitr  en  Pteàmont 

L'occafion  de  mettre  à  mort  ce  tefmoin  de  Iefus  Chrift,  a  efté,que  la  vérité  de  l'Euangile  dppofeeaux  menfon- 
ges&  blafphemes  des  Supports  de  Satan:  eft  tellement  aflailiie  de  toutes  parts,  qu'il  n'y  a  lieu  de  defenfedii 
cofté  des  hommes.  Mais  le  Seigneur  feul  en  l'infirmité  des  fiens  veut  manifefter  fa  pmflance ,  &  amplifier  ét 
monts  Se  vaûx  le  règne  de  Iefus  Chrift  fon  fils. 

M.D.LVlI. 

Acité"d'Aougfte,delaquelletoutlevald'Ofteftdenommé,terrefertileen  ^cft 


bled>vin,&pafttirages,ayantenuiron  Ixxxvi.paroilfes  en  deux  iourneesde  nôme'eUL- 
longueur,ânnexeeà  laSauoye-.tut  en  ce  temps  humedee  dufangde  Nico_  s,*P"  pr't(" 
lasSartoire,natifde  Q_uieren  Piedmont,aagé  à  peu  presdevingtlix  ans.  lce-  [é^S™ 
luvvintaumoisdeFeurierM.D.L  v  11,  de  Chambéry  en  ladite  ville  d'Oft  pour  certaines  tiôsancien- 
affairesd'vn  marchand,  au  temps  que  les  Papaux  célèbrent  leur  Carefme.  Ycftantdc  fe-  [^J*  *°T~ 
iour,airtfi  qu'on  luy  recitoitplufieurs  fables  ,  qu'vn  Gardien  Cordelier  prefehant  la  pal-  voyèt  enco 
iîon,leiour  qu'ils  appelent  le  Grand  vendredy  deuant  Pafquc,  auoit  dites  :  il  reprint ,  &:  rcsiFd" 
monftrarhorrCur  de  tels  blafphemes  forgez  par  ledit  CafFard  eonrrelc  vérité  &c  maiefté 

HH.iiii. 


LiurCj  VL  Terfecution  des fidèles 

de  l'Efcriturefain&e.  Peu  après  auoirremonftré  cela,y  eutvn  nomme  Ripet,{ecrettaire, 
qui  vint  aborderNi colas  en  la  boutique  d'vn  fidèle  deladite  vjlle d'Oft,en  luy  demâdant, 
Et  biert,noftre  Prcfcheut  n'a-il  pas  bien  prefché  ?  Non,relpondit  Nicolas ,  mais  il  a  menti 
faulîement.  Ripet  entre  autres  propos  luy  dit  :  Vous  ne  croyez  pas  donc  que  nollre  Sei- 
gneur foit  en  rhoftic.Nicolas  luy  ditja  n'aduiéne:car  voftreCredo  mefmcvousdit)Qu,il 
eft  afsis  à  ladextre  de  Dieu  le  Pere,&:c.  Incontinent  après  ces  paroles  Ripet  s'en  alla  trou- 
ucr  le Cordclier&: autres fuppofts de  l'Antechrift  pour  faire  appréhender  Nicolas  ,qui 
fut  aulsi  toft  aduerti  par  aucuns  fidèles  de  le  retirer  de  ladite  ville  pour  euiter  le  danger.  Il 
ne  vouloir  aucunement  entendre  à  departir,mais  s'efiouylîoit,diiant,0  Dieu,  me  ferois- 
tu  ceft  honneur  d'endurer  pour  ton  Nom  !  Ses  amis  neantmoins  firent  tant  parleurs  rc 
monftrances,que  s'accordant  de  lortir,  ils  l'accompagnerct  hors  la  ville  vers  Eftroble  en- 
uiron  trois  lieues. On  enuoya  incontinent  en  diuers  endroits  après  luy  pour  l'attraper  ,&: 
fut  trouué  à  làind  Remi,  au  pied  de  la  montagne  du  grand  faincl  Bcrnard,&:amcné  en  la 
Ville.  Eftant  examiné  deuant  Antoine  de l'Efchauxbailly  de  la  ville,  &  autres  de  la  Iufti- 
ce,  il  refpondit  de  telle  promptitude  que  tous  s'elmerueillerent.  Quand  ce  vint  à  la  que- 
ftionderellrapadc,lefergent  qui  deuoic  tirera  la  corde,  refufa  de  ce  faire,  de  manière 
que  le  Baillyauec  le  Procureur  fifcal&vn  Chanoine  eux-mefmes  l'ayanstirc  en  haut, 
s'efforcèrent  en  vain,pcnfans  le  faire  defdire.  Cependant  les  Seigneurs  de  Berne  furet  re- 
quis de  le  demander  à  ceux  d'OftjComme  leur  lubieft  ayant  eftudié  &refidé  en  leur  vil- 
le de  Lauiànne:mais  ceux  d'Oft  après  auoir  plufieurs  fois  examiné  le  patient ,  voyans  qu 
ils  ne  profîtoyent  rien,haftercnt  fon  execution,&  luy  prononcèrent  lcntence  deftrcbruf 
lé  vif,  le  4,  de  May  m.d.i  vu.  auquel  iour  eftant  mené  au  lieu  du  fupplice-,  le  Seigneur 
l'arma  d'v  ne  telle  force  &  confiance,  quele  Procureur  hTcal  n  autres  ennemisde  l'Euan- 
gilelà  eftans,  (  luy  mettans  au  deuant  chofes  contraires  à  la  vrayeprofelsion  deverité)nc 
le  diuertirent  n'y  csbranlerent aucunement :ains  peii'euera  conftammcntcnlapurc  in- 
uoeation  du  Fils  de  Dieu,  mfques  au  dernier  mouuemenc  de  fon  corps. 


HISTOIRE 

JD  es  perfections  qui  ont  cftéen  ce  temps  en  îjEgbfc  des fidèles  en  U  ville  de  Paris. 

5 1  on  confidere  de  près  la  grandeur  des  aduerfiteZ  &  les  façons  par  lefquelles  Dieu  a  donné  foulagement  Se  de- 
liuré  les  fiens,contenues  en  ce  Récit  ,on  trouuera  l'obligation  de  fi  grans  bénéfices  de  Dieu ,  eltre  commune 
auec  ceux  qui  iadis  luy  ont  chanté  le  Pfelurai  cxxiiii>Si  le  Seigneur  n'euft  efté  pour  nous  A  c. 


il» 


N  ccftedifsipation  horrible  qui  a  eft  é  par  tout,le  Seigneur  rafTemblant  fes  c£ 
leus  en  diuets  endroits  de  la  France,  fous  le  min  iftere  de  fon  Euangile:  fit  auf 
fi  mifericordeàlavilledcParis  d'y  recueillir  vneEglilè.  Les  deux  premières 
annees,afrauoir  m.d.ivi,&:l  vn,fc  paflerent  aifez  paifiblement ,  &  fans 
que  les  ennemis  en  eufîent  guer.es  de  cognoiiîancc:poui  ce  que  les  commencemens  c- 
ftoyentpetis  &:  faibles,  &eftoit  befoin  qu'en  repos  les  chofes  prin/Tcnt  leur  train  &  fe 
fortifiaient,  afin  que  puis  après  elles  ne  fuient  aifément  esbranflees  par  quelque  orage 
furuenant.  Mais  quand  le  temps  fut  venu  qui  (embloit  propre  à  la  fagefle  de  Dieu  pour 
mettre  en  veue  les  frui&s  de  la  prédication  de  fa  Parollc  continuée  fi  heureufemét ,  Se  ex- 
ercer fon  peuple  fidèle  par  affligions,  Se*  eftre  glorifié  en  leur  confiance,  il  foufFrit  que  Sa- 
tan &  les  liens  commençaient  celle  guerre  fi  fanglâte  à  l'cncontre ,  qui  dure  encores  iuf 
quesauiourd'huy.  La  première  perlècutionfutccllequ'onatoufiours  nommée  depuis, 
La  prilcdelarue  fainâ:  laques.  Et  fut  au  temps  que  Dieu  (comme  s'eftant  armé  contre 
la  France,  pour  venger  vn  fi  long  mefpris  de  Ion  Euangile)  au  oit  mis  Philippe  roydesE- 
Ipagnes,  auec  vnearmcê  viclorieufc  bien  auant  dedans  le  pays  :&rparladefFairc  del'ar- 
U  Jcfaiac  mee  des  François  la  vigile  laind  Lanrens,&  la  perte  de  faincl  Quentin  en  Vermandois, 
t. Qwnûn.  menaÇ°ic  t°ut  le  Royaume  d'vne  ruine  extrême.  Ce  qui  donnoitefperance  au  milieu  du 
dueil  commun  à  toutes  gens  de  bien ,  qu'il  cnpourroit  fortir  ouelquctemps  plus  doux 
pour  l'Eglife agitée  defia  par  tant  d'années  :veu  que  c'eftoit  aflez  pour  forcer  les  plus  i- 
gnorans,&:  penfer  à  eux  &  aux  caufes  de  l'ire  de  Dieu  fi  grande,  mais  ce  n'eft  pas  la  natu- 
re de  l'cndur  ciflement  de  ployer  deftous  la  main  de  Dieu ,  quand  elle  frappe ,  &  fentir  les 

coups 


jM.AngelEmphlitipu.  ^.jp 

coups  pour  s'amender .  Car  au  concraire,Ies  aduerfaires  en  furet  beaucoup  plus  enragez 
queiamais  :  remetcans  les  caulès  de  toutes  ces  mueres  de/lus  Jes  Chreftiens,  commeil  eil 
toufioursaduenu.L'Eglife  de  Dieu  donc,qui  auoit  les  yeux  ouuerts,  voyoitlefond  de  ces  ri  n'y  a  que 
calamitez,&:  recognonTant  les  caufes  d'icelles,eft oit  fans  ce/Te  en  prières  $c  oraifbns,pour  ccux  dc  VE*. 
deftourner  l'ire  de  Dieu  du  Royaume  de  France:  comme  iHëracoft  après  pourtuyui  en  vi'yende 
ion  lieu,  fond  des 

calamitei. 


mm 


M.    ANGEL    EMPHLITIVS,  Zetandois. 

L  A  confcffion  &r  profefllon  de  l'Euangile  eft  aflaillie  de  tant  de  forte*  ,  qu'aucune  fois  la  débilité  d'aucun  Ans 
corporel  en  la  per  foone  de  celuy  qui  la  fouftient,fait  brefche  aux  calomnies  des  ennemuimais  Dic.u  la  fait  fi 
bien  remparer,qu'il  fait  de  la  brefehede  fort  de  fon  honneur  &  gloire. 

E  L  A  N  D  E  eîl  vne  ifle  de  bonne  ailiette  à  la  naujgation  de  Flandre,pour  ap  M.D.LVH. 
ïT^/A<À  porter  marchandées  &:  en  emporter*.  Elle  eut  iadis  vnCurédeHeenulietfà- 
i4ffi$J)fét>  uanc  Théologien,  nom  me  M.Angel  Emphlitius >  qui  delong  temps  &.  com- 
WÀ^^^  me  des  premiers  ayant  cognoiilance  de  l'abomination  duCanon  de  la  MelTe, 
tafcha  de  le  racouftrer,  en  oftât  l'inuocatiô  des  Sain£ts,&:  l'oblatiô  pour  les  morts  :eftimât 
qu'à  cela  pres,la  Méfie  iè  pouuoit  dire  &  chanter  .  Il  en  fît  autant  à  l'endroit  du  Sacremec 
du  BapteJme,raclac  les  fuperfluitez  &c  fingeries  adiouftees  qui  profanent  &:  obfcurcFflent 
l'adminiftratiô  d'iceluy.En  fomme  ,il  adminiftroit  fa  charge,&:  enleignoit  lès  paroifies  en 
plus  grade  iîneente  &  liberté,  quenc  demandent  ceux  qui  s'oppofent  couftumiercment 
a  toute  faillite  reformation.  Le  Seigneur  dudit  lieu,  qui  eftoit  rnonfieur  de  Cruningtaen 
l'vn  des  premiers  en  vray  e  noblefTe  de  tou  t  le  pays ,  en  ion  viuanr,  Tempera  fort  de  ion  au- 
thorité:mais  après  famortfon  fils  luy  luccedan{,fitouuerture,&rcxpoiaau  gré  desenne 
mis.il  fut  conftitué  prifonnier,&  mené'  à  laHaye  en  Hollande,Chabre  du  reiort  des  deux 
cont  es  Hollande  &  Zélande.  Là  eftant  détenu ,  pluiieurs  Préfixes &M°mes^è  crouue-  c»éneté  Ha- 
rem versluy  ,penfansJcconueincreendiipute:maisils  ne  furent  trouuezlumTans  pour  fj^11^ 
rcfîfter  ne relpôdre aux  faufletez qu'il  leurmonftroitauoir efté  couuertes  dumâteau^iu,  corn* 
feruice  diuin  6c  de  deuotion.  Au  moyen  dequoypn  manda  quérir  M.  Ruardus  Tappaert 
(i)deurLouani(lc,duquel en  plufieurs  procès dçS(Martyrseitfait  métion.  Cenoftremai  N^*u"  , 
ftrçeftoit  retourné  de  n'agueres  de  ion  voyage  du  Côcile  dc  Trente,&  enrlé  du  titre  d'In-  ZtA'SS* 
(jmikeUtgeneral,qu'ilauQit  obtenju  du  Pape,  &c  de  l'Empereur  en  tout  le  Pais-bas;  ne  tar:  HolUn- 
dapok,tout  pelant, vieil  &mal-airé  qu'il  fuft,defuiure  la  proye  que  luy  &:  fescomgagnôs  dws' 
de  fi:Jbng  temps  auçyeiK  vegëe&  pourchafU'e.Arriué  qu'il  fut  il  traittaauec  fes  adioincs 
diuerfementjiesadiiil'ant  deplulieurs  chofes  àfaire  &  à  fe  dônerde  garde.M.Angel  eftoit 
lors  aagé-de  quatre  vingts  ans,  renommé  par  tout  le  pais,  de  grade  intégrité  de  vie,  omee 
de  fcnguliere  eruditiô  &:  pietéme  ien tat  inconuenjét  de  la  vieilleife,  finô  du  fèns  de  l'ouye 
qU  t'livy  eftoit  dur  &:  peiànt.CognoùTantles  ibphiilerics,rufes&  deiguiièmesde  fes.aduçr- 
faires,&  mdme  qu'on  auoit  défia  femé  des  faux  bruits  &:  menfonges,  il  requit  la  Cour  de 
Hollande  de  traiter  auec  eux  par  eicrit .  Ruard  &  les  compagnons ,  ramallans  contre  luy 
tout  ce  qu'ils  pouuôyent, mirent  par  elcrit  en uiron  nonante  cinq  articles,  pour  le  côuein 
cre  d'hcrefie.De  toutes  parts  de  Zélande  &:  Hollanoje  arriuoyent  |>ens  pour  voir  liiTue  de 
ce  bon  (Curé  tat  eftimé  en  ceuures  de  foy  &:  de  charité.Qui  fut  çauie<quc  ces  Sophiftes  en* 
nemis,craignanslepopulaire,&:  ayans  les  Gonieilîcrs  delà  Chambre  pour  lufpe&s,eurét 
rtCoarJ.au*  rufcs  accouftumees  de  fraude  &c  trom  perie.  A  près  auoir  elTay  e  fous  moyens, 
fcc'dè'fflenaces  6c  de  flateries:  ils  efpicrent  finalement  vn  îopr  de  circonuenir  la  Cour ,  paç 
Vn  Euefqiw  portatifqu'on  du'bit  Surrragan  dcl'euefque  d'Vltre<a,homme  infttuit  à  dece- 
rftibhfawjuel  ils  firent  iouet  La  farce  deuant  le  Côièil  de  la  Haye.Ce  Suffragan  à  tefte  nue, 
mairis  iointes& autres  contenances  decorps,fit  en  fublUceccfte  haregue,  parlant  haut 
afinqueM.AngerenlcflatantrcntcnditiNousnefbmmespareilsnedaagencd'expcrie- 
pour  dîfputcr,&:  n'eft  befbin  d'en  venir  la  :  car  il  arriue  iournellement  tant  de  gens  que 
fious  craignons  vne  cfmotion  populaire .  Qu'cft-il  beioin  donc  de  procéder  outre?  nous 
conuenons,  veulions  on  non,aux  principaux  pom£b.  Il  nerefte&in'eftqueftionfinôdcy 
façons  de  quelques-cérémonies  Ecclefiaftiques,pour  lel'quellcs  ce  l'eroir  folie  de  lèforma- 
lilerplusauant,  veu  quelles  peuuent  eftreiDdifFei entes  au  bon  commâdement  des  Pré- 
lats def  èfeiîfc. Nous  n'eftimons  pas  que  pour  cela  1  intégrité  &  debonaireté  dc  ce  Pafteur 
jcu }  Vnnae  eftie  cauie,que  tant  dc  gens,&:  nous  d^s  premiers,  foyent  en  danger  d' vne 


Liurcs  VI.  M.  Angel  Emfhlit  'w. 

émotion  de  peuple  .Pour  peu  de  chofe  on  y  peut  donner  remede,&:  faire  que  noftre  hon- 
neur, (qui  fommes  venus  de  loin  )  demeure  làuf.  Ceft,  Monfieur  Angel ,  que  pour  con- 
tenter vne  multitude  curieufe,  vous  déclariez  en  fommed'auoir  imprudemmentchâge 
quelques  cérémonies  de  long  tem  ps  entretenues  en  l'Eglifc,  &c  qu'il  vous  en  defplaift . 

^"Ce  propos  &c  la  bonne  mine  que  tënoit  ce  Sulïragan,ef"meurent  ce  bon  viellard,pen- 
lant  qVainfifuft:  à  la  vérité.  Et  fur  cela  dcmâda(comme  par  droit  de  familiarité  &  crédit, 
qu'auoit  fa  vieilleilc)  à  monfieur d'Affendelf  prefident  duditConléil cequilluy  enfem- 
bloit.  On  s  attendoit  que  ledit  Prcfidcntdeuit  féconder  la  hatenguedu  Sufrragan  d'Vl- 
treft:  mais  ilrefponditfommairementà  M.Angel,Pourquoy  il  ne  fc  confèilloicluy-mef- 
meaudedans,pluftoft  que  demander  aduis  au  dehors. Le  pourefourd  n'entendit  point  le 
Prefident,  &:  eut  honte  de  lefaireredire  :  dequoy  leSurFragan  &:  fa  bande  firent  fi  impu- 
demment leur  profit,qu'ils  dirent  à  haute  voix,  Vous  voyez  M.  Angel  que  Mcfsieurs  en- 
tendent que  ce  foit  vn  expédient. Et  fur  cela  on  le  prefenta  au  peupie  qui  enuironnoit  la 
placedeuantla  Cour,attendant  Tiflue  dé  la  tragédie.  Incontinent  les  aduerfaires  ayans 
produit  les  acciuations,  ils  en  firent  leclure,à  voix  fi  baffe  &c  fi  haftec,  que  le  peuple  à 
grand'  peine  fèut-il  que  c  eftoit>&:  le  poure  fourd  ne  l'entendit ,  auec  ce  que  gens  attitrez 
lentrecenoyent  de  parollcs. 

Apres  cette  le&urc,les  parties  aduerfes  dirent  à  haute  voix,  Voici,  Melsieurs,lcs  Arti- 
OtrSreric  clcs  &  la  do&rine  que  M.  Angel  a  maintenue  :  laquelle  il  reuoque ,  &:  s'en  defdit.  Ce  der- 
*Louamîlc  n^er  Pom&  de  reuoquer  &;  dcfdire  fut  prononcé,  de  forte  que  le  poure  fourdaut  n'enten- 
dit point.Puis  luy  dirent  à  haute  voix,N'eft-il  pas  ainfi.?&:  il  refpondit,Ouy. 

Ce  s  chofesainfidemeneeSjilfutditparlaCour  que  pendant  le  différent,  M.  Angel 
auroit  main  leuec  de  lès  bicns,&:  en  iouiroit  comme  de  fes  eftudcs,  en  repos  libre  5c  feurc 
garde  :  &:  qu'il  feroit  loifiblc  à  fes  amis  de  le  vifiter,&c.Le  condamnant  aux  defpens  de  fà 
détention. Le  peuple  oyant  ces  mots  de  feurc  garde &:  de  condamnation  de  defpens ,  cfti- 
moit  qu'en  les  payant,il  feroit  mis  en  fon  entier  :  &:  fur  cela  fè  retira  afiez  content.  Mais 
les  Docteurs  de  Louuain  regardans  plus  loin,  le  peuple  s 'eftant  efeoulé, firent  tant  qu'on 
mena  M.  Angel  en  vn  lieu  prochain  hors  défi  grande  cognoiflance ,  faifâns  à  croire  au 
pourefourd  ce  qu'ils  vouloyent ,  pour  finalement  le  tirer  iufques  en  leur  cauernede  Lou 
uain.RemonftroycntàlaCourqu'àgrans  frais  ils  eftoyent  là  venus  :  ayans  long  temps 
feiouméfans  vuiderlacaufe-.&qucdcrechefretoUrnei  filoin ,  il  n'y  auroit  ordre,  &que 
beaucoup  plus  ailement  on  tranfporteroit  vne  perfonne  queplufîeurs.  Ils  en  difoyent. 
autant  au  poure  bonhomme,  en  luy  baillant  la  main  ,&:  promettant  tout  bon  traite- 
ment. M.  Angel  eut  leurcarefTe  pour  fufpe&c>iufqua  ce  qu'vniienamy  luy  dit  qu'il 
auoit  tout  renié,  &c  que  de  cela  ils  en  menoyétioye&  triomphe.  De  ces  nouuellcs  le  bon 
vieillard  tomba  en  tel  de  feonfort  qu'à  peine  le  pouuoit-on  cofoler  n'appaifer .  Il  confide- 
roit  que  beaucoup  de  gens  en  feroyent  lcaridalifcz,  &c  faifoit  ces  complaintes,0  Dieu! co- 
rnent m'ont-ils  trompé  fi  mal-hcureufcment?quemoy,qui  ay  défia  vn  pied  en  la  foiHe,. 
&  fuis  à  demy  mort  de  vieillefTe,  i'auroy'  redouté  la  m  ort?0  Dieu  feu  fçais  que  pour  celai  ic 
ne  penfay  onques  de  renoncer  ta  vérité,  mais  de  telles  r  ufes  Se  tromperies  tes  ennemis  en 
font  cftat  pour  s'entretenir.  Plufieurs  entendans  ces  faufïêtez ,  en  furet  merueiUcufemct 
esbahis:  autres  ne  pouuoyent  croire  la  chofe  auoir  efté  ainfi  paflec.    ^  M.  Angel  eftanc 
à  Louuain,on  le  mit  au  monafteredefaintt  Martin. mais  les  Docteurs  oyans  dire  que  plu 
fîcurs  moynesluy  preftoyentf  oreille ,  le  firent  tranfporccr  de  là  chez  vnefbrte  dô  frères 
demi-moynes  ordonnez  pour  afsifter  aux  peftifercz,&:  pour  porter  les  morts  en  terre  : au, 
plus  dur  traittement  qu'on  fauroitpenfer.  Aucuns  de  ces  coniurez  Do&curs  feconten- 
toyent  de  JaifTer  le  vieillard  con  fumerie  reftedefes  iours  en  ténèbres  &:  puanteur  de  pri- 
fon.  Les  autres  craignans  qu'à  la  longue  il  ne  leur  fut  redemandé  félon  la  promcfTe  faite  à 
la  Cour  de  Hollande:craignans  aufsi  q  leur  fàufTe  procédure  ne  fuft  dcfcouuerre  en  la  vil 
le  de  Louuain,commele  bruit  en  commençoit  eftrc,furent  d'aduisde  ledefpcfcher,  voi- 
re en  publique,fi  fairefe  pouuoit,pour mieux  triompher.  Bref,tous  couuenoyent  aie 
faire  mourir.mais  ils  ncs'accordoyent  point  aux  circonftances  du  lieu&  &  du  temps. 
M.Angel  paiToitceftcmiferabledetention  afTezallegrement,compofanttoufioursquel 
tjuc  chofè  ou  en  profè  ou  en  rime  vulgaire:  &  inftruifoit  ces  demLmoincs  Cellebrouresy  ges 
fur  tous  les  autres  grofsiers,mal- gracieux  &inaccoftablcs:qui  partout  recommandoy  et 
M.  Angel  comme  vn  fàinct  homme,  iufques  àfafchcr  merueilleufcment  RuarJ  &lcs 
autres  nos  maiftres.  Craignans  donc  de  plus,  ils  le  firent  d'vn  loir  mener  par  vn  bois  aflez 

pres 


nArnonld Dkricx.  460 

près  de  la  ville  chez  vn  Â  bbé,delibcrans  du  lieu  où  on  le  pou  rroit  commodément  exécu- 
ter en  publique.  La  villede  Monsen  Hainautleurfemblaàcefairela  plus  propre  de  tou- 
tes,pour  plusieurs  raifons.  Premièrement  qu'elle  en  la  rudefie  Hennuyere  eftoit  moins  ab 
bteuuee  des  ruics  &  impoftures  des  piliers  de  leglife,  que  Hollande  ou  Flâdredtem  qu'on 
y  parloit  vn  langage  que  le  poure  Z'dandois  nelàuoit  aucunemént:&:  où  dercchefil  nefe- 
roit  entédu  que  de  preftres  &  moines  pour  le.  plus.  M4  Angcl  fut  mené  comme  vn  poure 
mouton  par  gens  barbares ,  lefquels  il  n'entendoit,  ayans  intelligence  auec  ce  ux  de  la  loy 
de  Mon  s.  On  rît  venir  de  Louuain  les  mefmés  fuidics  Théologien   comme  s'ils  n'cneul- 
fent  rie  feu,  pour  porter  iugemét  d'herefié  d'vn  prifonnier  en  leur  ville  relaps  &c  pertinax:  Pertinax  se 
qui  font  mots  vfitezen  ftil  Ecclefiaftique.Quand  le  poure  patient  les  vid  deuâtluy, illeur  rclap5, 
dit,  elîeuant  les  mains  en  haut,  Puis  que  vous  m'auez  fi  m allieurcufemét trompé  deuant 
la  Cour  de  Hollande,  ce  n'eft  pas  merueillc  qu'en  continuant  cotre  tout  droict  &:  de  pays 
&:dequité,vous  m'auez  finalementliuré  au  Magiftïatdecefte  viîle,pourreceuoir  la  der- 
nière condamnation  &  exécution  de  vos  bons  plaifirs ,  fans  pouuoir  donner  à  entédre  ne 
déclarer  les  mérites  de  la  caufe.m  aïs  loué  (bit  mon  Dieu  qui  me  fait  cefte  grâce  à  moy  po- 
ure fourd,eniérré  Renfermé  iufqu  a  prefent,de  vous  pouuoir  maintenant  reprocher  vo-  il  reproche 
ftre  vilenie  &:  méchanceté  :& de  vou  s  protefter  que  ie  fuis  preftnonobftant  toutes  vos  &^°ÂC 
fallaces  &:  maugré  Satan,  de  côlàcrer  m  a  vieillelfe  extrême,  &c  ma  race  ridee,auec  le  fang,  Louuaî  leur 
qui  me  refte  de  voftre  cruauté  altet  ee,pour  maintenir  l'hôneur  du  Dieu  viuant.il  eft  vray  racfcllà«té' 
que  vous  mepenièzeigorger  en  cefte  ville,comme  font  les  brigans  en  vnecauerne,afîn  q 
perfonne  n'en  facheà  parler  :  mais  il  y  aura  encore  quelcun  en  ce  peuple-ci,  qui  entendra 
ma  caufe:  &:  aduiendra  q  les  charbons  du  feu  que  vous  eftes  icy  venus  allumer,  vn  iour  eL 
chaufferont  ceux  de  mon  pays, quand  ils  orront  les  nouuclles  de  vos a&es. 

I  l  ne  fut  poît  fr  uftré  de  Ion  attete  prophétique:  car  après  auoir  receu  lèntéce  de  mort» 
au  fortir  de  la  prifon,eftant  accofté  d'vn  Cordelier  auec  le  bourreau,vn  fié  nepucu  de  par 
fa  feeur  qui  aubit  auparauant  procuré  fes  affaires,luy  vint  au  deuât,auquel  il  dit  en  fon  lan 
gage,Mon  fils  voicy  la  dernière  heure  qui  m'eft  donnée  de  Dieu,  pour  teftifîer  que  toutes  Le 
les  faufles  calomnies  de  mes  aduerfàires  neparuiendront  point  à  l'iniure  &c  outrage  qu'ils  de  M.Aogd 
ont  penlé  faire  à  mon  Sauueur  Iefus  :  qui  m  a  tenu  &:  tient  refolu  de  fignci  de  moniâng  fa  accomPu: 
verité.Et  après  lui  auoir  dit  l'Adicu,il  le  chargea  defairepar  tout  fes  recômandations.Les 
(ergeans  combien  qu'ils  ne  fentendiiTent,furét  irritez  de  ce  qu'il  parloit  au  ieune  garçon, 
lequel  eftoit  apparent  de  venir  en  danger  d  eftre  empoigné,!!  Dieu  ne  l'euft  preferué .  Le 
bon-hom  me  eftât  venu  au  lieu  du  fupplice,où  le  bois  eftoit  préparé,  s'eferia  en  difan  t ,  O 
q  ie  fuis  heureux  de  mourir  publiquement  !  ô  cobien  ie  fuis  redeuablc  à  la  mifericorde  &C 
bonté  démon  Dieu!  quim'afait  la  grâce  de  furmôter  toutes  les  fau  fiés  calomnies  de  mes 
ennemis:&qui  preftement  meferatriôpher  maugré  leurs  dents,  &  tout  au  rebours  de  ce 
qu'ils  auoy  et  machiné  pour  obfcurcir  la  gloire  de  mon  Seigneur.  Il  ne  parla  gueres  dauan 
tage  pour  la  brefueté  de  l'exécution  &  du  feu  allu  mé,au  milieu  duql  il  redit  lame  à  Dieu. 

L  A  variété  en  ce  Recueil  eft  deleétable5apr es  vn  Théologie  lettré,voici  Vn  (impie  laboureur,Iequel  eftant  prihs 
au  lieu  d'vn  larron  qu'on  pourf uyuoitjrend  tefraoignage  à  la  verité,&  la  ftgne  de  fon  propre  fang. 

N  cefte  mefme  année  après  M.  Angel  théologie  inftruit  de  long  tëps  aux  fain- 
desLettres,iiicceda  au  mefme  office  de  tefmoin,ArnouldDiericx,homefim  m.d.lvii. 
plenatifdclaFlâdreOccidcntale,laboureurde  terre  defavacarion.Sortatdé 
3  fon  pays  il  fe  retira  en  la  FrifeOriétale  où  l'Euangile  du  Seigneur  eftoit  fidèle- 
ment annôcé  :  &  y  fut  quelque  temps  rendât  toute  diligéee  à  eftre  bié  inftruit  en  la  pieté. 
Il  fit  quelques  voyages  en  fon  pays  pour  apporter  à  fes  parés  &:  amis  quelque  frui&  de  Fin- 
ftru&ion  qu  il  auoit  reccué.En  fon  dernier  voyage ,  comme  il  penfoit  retourner  en  Frifc, 
les  fergeans  de  Bruges  cerchans  vn  larron  facrilege  qui  auoit  defrobé  quelque  meuble  cTé 
gîife,vindrentde  nui&aulogis-mefmeoù  Arnouldlogeoitrôdeconftituerét  prifonnier, 
penfans  auoir  trouué  le  larron  qu'ils  cerchoyent.Mais  en  ouura-nt  vn  petit  paquet  qu'il  a- 
uoit,ils  apperceurét  bien  que  ce  n'eftoit  point  celuy-lâ.  Et  toutefois  cômegens  viùansdc 
proyc  ne  voulurent  perdre  leurs  peines,mais  pour  gratifier  à  leurs  maiftrcs,remmeherét, 
le  chargeans  de  crime  d'herefié.  Le  lendemain  eftât  enquis  de  fa  foy,il  en  rendit  raifon  fi 
bic  fondée  p  ar  pafTage*  qu'il  aileguoit  de  la  fain&e  Eferiture,q  tous  furet  côtraiiws  s'en  cf- 


Liurc^  Vl*  Trois  Martyrs 

merueillenmonftrat iufques au  bout qu'il auoit en linguliere recomandation l'hôneur de 
l'Euâgile.  Sa  dernière  condanation  d'eftre  bruflé  fut  exécutée  le  io.de  Mars  1 5  57^  Moni- 
keree  en  Fiandre,où  il  auoit  dés  auparauant  efté  appréhendé» 

M5B 


IE AN  DV  BORDEL,  MATTHIE V  VERMEIL,  & 

PIERRE  BOVRDON. 

C  E  V  X  qui  auoyent  efchappé  les  périls  de  la  rner,aufquels  tant  de  fois  les  vagues,  les  vents ,  les  tempeftes  a- 
uoyent  laifle  la  vic:aufquels  les  Barbares  n'auoyrnt  rien  demandé,lefquels  les  beftes  fauuages  auoyent  Iaifle 
viure,nous  font  icy  propofez  en  exemple  de  patience  :  &  pour  parangonner  au  vif  l'inhumanité  tk  cruauté 
énorme  des  hypocrites  &  apoitats  delà  vrave  religion:  pour  les  monftrer  plus  barbares  que  les  Barbares 
mt  fmvS.  voire  des  plus  Sauuages  qui  foyent  fur  la  terre. 

L  VllI.  iî^^SSf  O  V  S  auons  veu  cy  deiTus  le  traitternent  des  fidèles  en  la  terre  du  Brefil,  en- 
g  ^'^S  I  crc  lcs  Sauuagcs:&  a  cité  premis  pour  preparatifdc  ce  qui  eft  mamtenat  à  de- 
É!  fero  %  ^uireau  commencement  de  ccftcannec,touchant  la  mort  de  trois  Martyrs, 
^^^^^2  qui  ont,  comme  féaux  précieux ,  rendu  authentique  la  prédication  de  l'E- 
uangile  en  pays  eftrange  &:  terre  Antartique.  L'hiftoire  non  feulement  nous  en  a  efté  c- 
ferite  par  homme  fidele,mais  aufsi  au  vray  récitée  par  gens  dignes  de  foy ,  qui  ont  efté  de 
la  partie  voire  première  &  principale  de  tout  le  récit.  La  diftanec  des  lieux  n'a  peu  cacher 
vne  chofe  fi  digne  de  mémoire:  de  laquelle  vnc  telle  barbarie, toute  eftonnec  d'auoir  veu 
mourir  les  Martyrs  denoftre  Seigneur  lefusChrift,  produira  quelq  iour  les  frui&s  qu'vn 
fang  Ci  précieux  a  de  tout  temps  accouftumé  de  produire .  Quant  aux  fidèles, faire  ne  ie 
peut  qu'ils  n'en  reçoyucnt  grande  confolation,  quand  ils  fevoyent  de  fi  loin  eiclairez: 
quâd  au  milieu  des  eaux,des  pierres  &  rochers,  en  faim,(bif ,  nudité  &:  mdigéee  de  toutes 
chofes,ils  voyent  leurs  propres  frères  en  pays  eftrâge  douez  de  telle  hardicllc  de  courage. 

f  Lors  que  ceux  du  bafteau  fe  départirent  du  nauire,ils  pouuoyent  cftre  loin  de  ter- 
re dixhuit  ou  vingt  lieues.  L'adieu  fut  tort  grief  aux  vns  &  aux  autres  :  mais  le  péril  qui  e- 
ftoitpreiques  égal  tant  d'vnepart  que  d'autre,  caufoit  vne  dure  départie.  Or  ceux  qui 
entrèrent  dans  le  bafteau  pour  retourner  au  Brefil,  cftoyent  totalement  ignorans  delà 
nauigation ,  pource  qu'ils  n'auoycnt  hanté  la  mer,  que  depuis  qu'ils  eftoy en tpaiîez  de 
France  en  ladide  terre  de  Brefil.  Et  à  peine  entendoyent-ils  quelle  part  ilfalloit  mettre  la 
proue  de  ladide  barque ,  &  icelle  conduire  pour  paruenir  à  quelque  port .  Dauanta- 
ge,  ladide  barque  n'auoit  ne  mats,  voiles,  cordages, n'autresappareilleures  neccflài- 
res  à  la  nauigation:  car  quand  ils  départirent  de  leur  nauire,  chacun  eftoit  fi  empe- 
fché  à  cercher  les  moyens  pour  eftancher  l'eau  ,  qu'on  ne  leur  leut  donner  cequi  leur  e- 
ftoit  neceflaire : &c  eux-mefmes  eftoyent  ii  eiperdus  qu'ils  n'auoyent  fouuenance  dece 
Ceux  qui   qui  leur  eftoit  propre. Les  plus  aduifez  d'entre  eux  plantèrent  vn  auiron  pour vn  mats:&: 
vonefur  I»  au  lieu  d'vnehuneils  ioignirent  deux  arcs  enfemblc.de  leurs  chemifes  ils  firent  vne  voile: 
l^mcrucii  ^e  ^curî  cemturcs  ^es  efcoutcs,boulines  &.  touets ,  qui  font  cordages  à  ce  neceflaires.  Ils 
les  du  Sd-  ramét  quatre  iours  enticrs,la  mer  eftant  calme &:  bonaife.Le  cinquième  fur  le  foir,côme 
ffcauio    ^s  penioyent  aborder  en  terre,  Tair  s'obfcurcit  denoire  nue,    d'iceluy  procéda  vn  tour- 
Mu"l°7  billon  de  vent  furieux  à  merueiUes,auecgrand'pluye&:  tonnerre,  qui  efmeut  la  mer  en 
vn  inftant,rendanties  vagues  e(pouuantablcs:&:  en  ce  faicheux  temps  ils  fc  dcuoyerent 
de  leur  rou  te,perdirent  leur  gouuernail,&:  furet  traniportez  errans  ça  &t  là  fans  ofer  mô- 
ter  vn  pied  de  leur  voile. La  nuict  furuenante  la  boraique  continue  de  plus  en  plus:  ils  paf 
lent  par  des  deftroicts  entre  des  rochers  &c  treidangereux  pafTagcs,où  en  plein  iour,les  pi- 
lotes eufîént  efté  bien  empeichez:en  fin  font  deiettez  par  la  violence  delà  mer  furie  riua- 
geàcouuert  d'vnemontagnehaute.  Le  iour  eftant  venu,ilsdefcendent  en  terre  pour  cer 
cher  de  lcau  douce,ou  quelques  fruids  à  mangcr.mais  la  terre  eftoit  fi  ftcrilc,qu  après  la 
tempefte  pafléc,ils  furent  contraints  de  partir  delà,&  aller  quatre  lieues  plus  auant  :  où 
ils  trouuerent  de  l'eau  douce.  Ayant  feiourné  là  quatre  iours  pour  fc  refraifehir ,  il  furuint 
quelque  norrîbredeshabitansnaturels,quimonftroyent  aftez  bonne carefle aux  pourcs 
affligez  François.  Toutesfois  les  voyans  en  necefsité  de  viures ,  leur  vendoyent  bien  cher 
quelques  racines  &:  farines,  pource  qu'ils  font  curieux  des  habillemens  des  François,  ^.u 
refte  ils  conuenoyent  fi bien auec les noftres, qu'ils cufTent  grandement  defiré  qu'iccux 
euifent  là  fait  long  feiour.  ce  que  les  noftres  ne  pouuoyent  faire ,  tant  pour  l'imporrunité 
defdits  habitans,que  pour  lcregret qu'ils  auoyent  d'eftre  priuez  de  la  côpagnic  desFran 
çois. Partant  délibérèrent  fc  retirer  auec  les  Chrcfticns,&  gés  demcfmclâgagc.  Principa- 
lement 


6n  la  terres  du  Urefel.  4.6 r 

lement  ceux  qui  eftoyent  mal  difpofcz  ne  pouuoyent  recouurer  fanté ,  conuerfans  lon- 
guement auec  lefdics  Brcfiliens  exempts  de  coûte  honnefteté  Chreftienne.  Aucuns 
comme  les  plus  Tains,  n 'eftoyent  de  ccftaduis,  prcuoyansque  Villeg.  les  pourroit  mal 
r.raicer,  pour  le  mauuais  vouloir  qu'il  leurportoit  à  caufe  delà  religion  :&  furent  quel- 
ques îours  en  celte  dirHcultc.  En  fin  les  malades  prièrent  iiaftedueufement  leurs  com- 
pagnons,que  cela  fuft  refolu  de  départir  de  celte  Ifle;  pour  aller  au  port  de  Colligny  di- 
sant par  nier  du  lieu  où  ils  eftoycnt(qui  s'appelle  la  nuiere  des  Vafes)enuironde  trente 
iicuésdes  Bielihens  vouloyent  empefçher  ce  département  ,&  dcmonftroyent  qu'ils  c- 
ftoyent  grandement  defplaifans  d'iceluy.  Ils  teiournereiu  plus  de  trois  iours  à  faire  lel- 
dites  trente  lieues,  à  rail'on  de  la  contrariété  des  vents  Se  marées  qui  font  là  fort  violen- 
tes. Ellans  entrez  en  la  1  juierede  Colligny,auecgrandesdinScultez&:dangers,&:  mef- 
me  en  grand  doucc,iic  eftoit  elle  ounompource  qu'vn  brouillartcouuroit  les  terresxn 
conteftant  les  vns  contre  les  autres, le  brouillart  tomba:(i  apperceurent  lafortereiTe  de 
Villegaignon,&:  le  village  des  François,  fîtué  enterre  continente,  efloigné  duditforc 
laporteed'vnc  coleuurine.  Eftans  deicendus  en  terre,  ils  trouuerentVillegaignon  au- 
dit village  qui  y  eftoit  aile  au  matin,pour  quelques  fîennes  affaires.  Ils  fe  prefenterent  à 
luy,  declarans  les  caufes  de  leur  relafchement,Ie  péril  où  ils  auoyent  lai/Té  leur  nauire:&: 
le  fupplient  de  les  vouloir  retenir  au  nombre  de  fes  feruucurs,&:  auoyent  d'autant  oie  J^"81*8 
entreprendre  de  retourner  fous  fa  puifîance,confideré  qu'ils  eftoyent  afTeurcz  en  leur  paEtez 
confcience de  ne  l'auoiriamaisofFenfé:  par  ainfi  auoyent  mieux  aimé  fe  retirer  eftans 
François,auecles  Fraçois,que  fe  rendre  aux  Portugalois,  aueclefquels  ils  euflent,  peut 
eftre,  efte  bien  recueillis,  ou  auec  les  Brefiliés  de  la  riuicre  des  Vafes,  defqucls  ils  auoyéc 
receu  bon  &c  honnefte  traicement.  Dauantage  adiouftent  que  fi  le  fait!  de  la  religion  1- 
efmouuoit  feulement  à  les  mal  traiter  Ôc  reietter,  ilfauoit  trelbien  qu'entre  les  plus  do- 
&es,  les  articles  dont  eftoit  fortie  la  contention ,  n'eftoyent  encores  refolus ,  &C  que  luy- 
mefme  les  années  paflées  auoit  fait  proteftation  du  côtraire.  Et  outre  ce  que  de/Tus ,  re- 
monftrent  &c  adiouftent  qu'ils  n'eftoyentn'Efpagnols  neFlamens  ou  Portugalois  ;  en- 
cores mois  Turcs  infidèles,  Athciftes,Libertins,ou  Epicuries:  maisChreftiés  baptizez 
au  nom  de  noftre  Seigneur  IcfusChrift-.François  naturels  mon  loin  de  fa  cognouTance; 
non  fugitifs  ou  bannis  de  leur  pays  pour  quelque  infamie  ou  deshonnefte  faict,  mais 
ayans  laifle  aucuns  d'eux  leurs  femmes  &c  enfans  pour  luy  venir  faire  feruice  en  ce  pays 
ii  lointain  &  eflongné:où  ils  auoyent  fait  leur  deuoir  félon  leur  puiflànce.  Et  fi  oneques 
poures  gens  deiettez  par  tépefte  en  quelq  eftrage  porr,ou  defpoffedez  de  leurs  propres 
héritages  par  la  violéce  de  la  guerre,ou  par  autres  telles  calamitez,fôt  dignes  d'eftre  re- 
ceusàcôpaffion,  ils  remôltroyent  qu'ils  eftoyétefcrits  en  tel  cataloguexar  outre  la  per- 
te de  leurs  biens,  la  mer  les  auoit  mis  en  extrême  langueur  &:  ennuy.  Nonobftât  ce  tels 
qu  îlseftoyent,  offrirent  leur  feruice  audit  Villegaignomlefupplians  leur  permettre  de 
viurc  auec  les  feruiteurs,  îufques  à  ce  que  noftre  Seigneur  leur  donneroit  moyen  de  re- 
pafTer  en  France.  ^  Apres  telle  remonftrance,  Villegaignon  leur  fît  vne  refponfe  dou-  g^fponfe 
ce  &  honnefte,  allauoir  qu'il  louoit  Dieu,  de  ce  qu'il  les  auoit  fauuez  d'entre  les  autres:  dcViikg. 
auffi  de  les  auoir  amenez  de  la  haute  mer,eux  qui  ne  fauoyent  ne  gouuerner  ne  ramer  la 
barque,en  vnfi  bô  port.  Et  s'eftant  bien  informé, corne  le  tout  eftoit  aduenu,&:  mefme 
quelle  eiperance  ils  auoyent  de  leur  nauire,il  les  confole,lcur  permettant  viure  auec  les 
fiens,aux mefmcsfranchilcs&lilH  tez.  Etparcequ'ilcraignoitquiceuxnefe  rctiraf- 
fent  auec  les  Portugalois  ou  Breii î k  hs,  leur  vfa  d'vn  fort  beau  langage,difant  qu'il  auoic 
ouy  trcfuolontierslescaufesdcleur  relafchemcnt,lefquellesreftonnoyentgrandemec 
fi  elles  eftoyent  veritables:&:  quand  ores  ils  feroyent  les  plus  eftranges  du  môde,&:  mef- 
me fes  ennemis ,  il  ne  leur  voudroit  nier  le  traité ,  ny  demeure  afTeuree.  Et  nonobftanc 
qu'eux  &:  leurs  côpagnons  fuifent  départis  de  fa  forterefTe  en  mefeontétement  :  &  pref- 
ques  comme  fes  propres  ennemis,  contre  lefquels  il  euft  peu  vferde  droit*  d'hoftilité, 
eftans  tombez  fous  fa  pui/fance  :  fi  cft-ce  toutefois  qu'il  vouloit  pour  lors  oublier  les  in- 
jures paifees      rendre  le  bien  pour  le  mal,  fe  contentant  de  la  vengeance  que  Dieu  fe_ 
roit  de  fes  ennemis.  Partant  leur  permit  de  iouir  des  franchifes  &:  libertez,telles  que  les 
autres  François  iouifîbyent:&:  ce  neantmoins  par  telles  conditions,  qu'ils  n'eufTent  à  te- 
nir ou  femer  aucun  propos  de  la  religion,à  peine  de  la  mort.bref  qu'ils  fegouuernaflenc 
fi  prudemment  qu'il  n'euft  occafion  de  les  mal  traiter. 

Vil  l  e  g  ai  g.  fefaifit  de  la  barque  que  lefdits  paffagers  auoyent  amenée,  laquelle 
de  tout  droift  leur  appartenoit.Et  combien  qu'il  les  vift  en  grande  deftrefTe,n'ayans  de- 


Limes  VI.  Trois  Martyrs 

quoy  acheter  desviures:oncques  ne  leur  en  fit  reftitution  dvnclou.  Lesfufdits  furceit 
efpoir  demeurent  en  terre  recueillis  des  François  feruireurs  de  Villegaignon.&  îa  com- 
mençoyent  s'aifeurer,  &  recouurer  vne  partie  de  leurs  forces  perdues.  Les  Frâçois  leur 
aifilloyent  d'habillemens,  viures  &:  autres  choies ,  félon  leur  pouuoir.  A  peine  demeu- 
rent-ils en  ceftetrâquillitc  &  repos  douze  îours  entiersxar  Vilicgaignon  depuis  le  îour 
qu'il  eut  parle  à  eux,epilogua  fur  les  relponles  qu'ils  auoyent  faites  touchant  leur  naui- 
re.  Il  entra  en  opinion  que  tout  ce  que  les  fufdics  auoyent  reipondu ,  eftoit  choie  con- 
trouuee  &  faulîe ,  &ù  luy  lembla  qu'ily  auoit  dol  .&  fraude  en  leurs  parolles  ;  &c  que  celle 
erfuafion  ^rce  s'elloit  ainli  braifee  de  faic-t  à  pend  par  du-Pont &Richer,attédu  qu'ils  le  rctnoyét 
StkTa-  de  ladite  terre  du  Brefil,  contre  leur  vouloir  &  à  leur  grand  regret ,  tant  pour  la  bonne 


ellceft 


l"  température  d'icelle,  que  pour  le  repos  qu'ils  efperoyent  auoir  a  l'aduenir.Tclles  fanta- 
guévuieg.  £csj  firent  légèrement  croire,  que  les  lufdits  Cinq  eitoyent  enuoyez  pour  clpies,&: 
pourpratiquerlesautresFrançoisdelaterrefesferuiteurs,qui  du  tout  n'eftoyenta  la 
deuotiondudit  Villegaignomafin  qu'ayant  l'opportunité  &  1  occallon  bien  difpofec,le 
nauirequ'iliugeoiteftre  caché,  à  trois  ou  quatre  lieues,  auec  le  renfort  de  ceux  qui  e- 
ftoycntallczenlariuierede  Plate,  en vnejiuicl  tous  enlcmblc  peull'ent  furprendre  fa 
forterefle:  voire  le  mettre  en  pièces  auec  tous  ceux  qui  {eroyent  de  fon  coftd*&  party. 

Celle  faulîe  opinion  s'im  prima  lîauant  en  fon  elprit,  qu'il  la  creut  véritablement 
eftre  telle,&  ne  peut  aucunement  eftre  diuerty  d'icelle:&:  dcs-lors  il  ie  déifia  de  tous  fes 
feruiteurs  fidèles  &  anciés,confpirant  puis  fur  l'vn,  puis  fur  l'autre.  Il  prenoit  occafiô  en 
peu  de  chofe  de  les  mal  traiter,les  outrageant  de  gnefues  iniui  es,mcnaces  de  coups  de 
baftô,ou  chaines,ou  autres  chofes  féblables.Ce  qui  leur  fembloit  fi  defrailbnnable,que 
la  plus  part  d'iceuxdefiroyent,que  la  terre  s'ouurift  pour  les  engloutir,tat  auoyent  affe- 
ction d'eftre  deliurez  de  la  prefence  de  leur  maiftre.  Le  iour  s'il  eftoit  bien  empefciié  à 
molefterfesgens,lanuicl:luy  eftoic  encore  plus  contraire.  Car  aucunefois  il  longeoit 
(comme  gens  fanguinolents,&  aueclcfquels  l'Efprit  de  Dieu  n'habite  point)  qu'on  luy 
couppoit  la  gorge-.autrefois  que  du-Pont  &Richer  auec  grand  nôbre  de  gens  le  tenoyet 
aflîegé  eftroitement ,  fans  luy  prefenter  aucune  compodtion. 
ViU   dcU-    S'e  s  t  an  t  par  telles  fauiïesconie&ures  perluadéque  les  perfonnes  reuenues.  c 
bCTclêfaCirc  ftoyent  traiftres  &C  efpies,  propofa  en  luy  mefme  qu'il  eftoit  fort  neceflaire ,  &  mefmcs 
mourir  les  CXpeciienC)  pOUr  maintenir  fa  grandeur,  de  les  faire  mourir.    Il  conlidere  beaucoup  de 
itoyeTr^  moyens  pour  euiter  le  blafmc  &:  reproche  des  hommes  :  Ion  defir  eftoit  les  conuaincre 
ucous.      decrahifon,maiscelancle  pouuoit prouuer  ,ne  par  coniedure  ne  par  veriiîmilitude 
quelconque.  Partant  confiderant  que  par  ce  moyen  il  ne  le  pouuoit  faire,  fans  encourir 
note  d'infamie, mefmcment  entre  ceux  lcfquelsne  portent  aucune  faueur  à  la  reli- 
gion :il  s'aduifa  qu'ils  eftoyent  de  l'opinion  de  Luther  &  Caluin  en  la  religion,  par- 
quoy  luy  comme  lieutenant  du  Roy  en  cespays-Ia,  leur  poUrroit(iouxte  les  ordon- 
nances des  Rois,François  &:  de  Henry  ll.)demander  raifon  de  leur  foy.  Et  d'autant  qu'il 
les  cognoifloit  merueilleufemcnt  conftansen  icellcnl  aduiendroit  qu'ils  voudroyent 
pluftoftfoufFrirlamort,que  renier  ce  qu'ils  auroyentconfelié  publiquement.  Ainli 
non  feulement  leroit  deliuré  del'ennuy  que  leur  pourc  vie  luy  dônoit  :  ains  ceft  a&eluy 
tourneroit  à  grand  honneur.Car  il  fauoit  que  la  plus  part  de  la  Cour  prenoit  grand  plai- 
fir  aufacrifice  des  pourcsChreftiens:&:celuy  feruitoit  d'ample  tefmoignage,qu'on- 
ques  il  ne  fut  touché  de  la  crainte  deDieu,&:  zele  d  a  m  plifier  Ion  regnexomme  il  auoit 
les  années  précédentes  fait  entendre  à  toutes  perfonnes.  ^  Pour  procéder  à  l'exécution 
de  ce  qu'il  auoit  délibéré ,  il  drelTa  vn  catalogue  des  articles ,  auquel  il  vouloir  que  les 
Comnudc-  fufdits  Cinqrefpondiiiént:&:  leur  enuoyant,  commanda  que  dans  douze  heures,  ils  dé- 
ment dere-  iiberafrent  de  refpondre  par  eferit.  Lefdits  articles  le  pourront  entendre  parleur  Con- 
teste' feflion  de  foy,  laquelle  fera  inférée  cy  après.  Les  François  de  la  terre  continente,les  vou 
loyent  empefeher  par  tous  moyens,de  ne  rédre  raifon  de  leur  foy  à  ce  tyran ,  qui  ne  cer- 
choit  que  l'occafion  de  les  faire  mourir.  Au  contraire  leur  perfuadoyent  de  fe  retirer  a- 
uecles  Breliliens,à3o.ou4o.lieuesdelà,ou  qu'ils  ferendilTent  pluftoftà  lamercy  des 
Portugalois,  auec  lefqucls  ils  trouueroyét  plus  de  courtoilîe  fans  comparailbn,  qu'auec 
Vilicgaignon,  nay  à  toute  tyrannie  &c  cruauté'. 

Mais  contre  l'opinion  de  tous  lefdits  c6ieilliers,noftre  Seigneur  fortifia  ce'spoures 
gens  d'vneconftance  admirable,  veu  qu'ils  auoyent  option  de  faire  l'vn  ou  l'autre,  & 
fe  pouuoyent  retirer  la  part  de  la  terre,  où  bonleur  euft  lemblc  :  fans  que  Villeg .  ne  les 

fiens 


En  la  terre  du  TSrefil.  4. 62 

fiens  euflfent  peu  leur  donner  empefchemet.  Ils  eftimoyentpeu  tous  les  fufdits  moyés, 
voyansquerheurceftoitvcnue,enlaquelleilcôuenoit  faire  preuuede  la cognoiiîance 
que  Dieu  leur  auoic  donnée.  Partant  treuiolontairemcnrayans  inuoqué  l'aide  du  Sei- 
gneur entreprennent  de  faire  la  refponfe  aux  articles  enuoyez  par  ledit  Villeg .  cfperâs 
qu'en  ce  l'ainct  combat  le  Seigneur  leuralfiftcroit  parfon  S.  Efprit,&:  les  inftruiroir  a- 
bondamment  de  ce  qu'ils auroyen  t  a  refpondre.  Lefditsarticles  cftoyent  en  grad  nom- 
bre, Se  d'aucuns  poinds  des  plus  difficiles  de  toute  la  (ain&eEfcriture:aufquelsvn  bon 
Théologien,  voire  ayant  tous  les  liures  neceflaires  àlcftude  desfainctes  Efcritures,fe 
f  uft  trouué  bie  empefchc  en  vn  mois.  Les  po'ures  pei  fonnes  à  peine  auoyent-ils  vne  Bi- 
ble pour  le  Ibulagcment  des  partages.  Ioint  que  les  vns  eftoyét  mal  difpofez,les  autres 
furprins  de  crainte,  &:  peu  exercezaux  Ecritures. 

IEAN    DV  BORDEL. 

Cela  fut  caufe  qu'ils  cfleurententr'cuxlcan  du  Bordel  le  plus  ancien  &:  mieux  M. Divin 
inftruit  aux  lettres,  pour  la  cognoiflfance  médiocre  qu'il  auoit  de  la  langue  Latine.  A  la 
vérité  auflî  c 'eftoitceluy  qui  fembloitauoir  plus  de  dons  Se  de  grâces,  que  tous  les  au- 
tres.Bien  fouuent  il  aiguillonnoit  fes  compagnons,^  les  voyant  corne  refroidis  les  tan- 
çoit,confoloir,&donnoit  courage:  afin  qu'ils  fuflenttrouuez  fidèles  feruiteursàleur 
Maiftre:auquel ils  auoycnt  toute  alTeurance.  ^Ceftuy  du  Bordel  mit  par  efent  vne  Cô- 
feffion  de  foy  qui  côtenoit  ample  refponfcaux  articles, &  la cômuniqua  à  tous  fes  com- 
pagnons: leur  en  faifant  la  lecture  plu (ïeurs  fois,  Se  diftinâement  les  interroguant  fur 
chacun  article:laquelle  confeflïon  ils  iugerent  eftre  catholique,  &:  fondée  fur  la  parolle 
de  vérité:  en  laquelle  ils  prioyent  Dieu(fi  c'eftoit  fa  volonté)  de  mourir.Chacun  la  figne 
de  fa  propre  main,  pour  déclarer  qu'ils  la  receuoyent  corne  leur  propre.  Laquelle  aufli 
(amy  Leàeur)ic  t'ay  voulu  communiquer  en  ce  Recueil,  felô  quelle  a  efté  tranferite  de 
mot  à  mot  fur  l'original  de  leurs  propres  eferits.  Or  fi  elle  ne  fe  trouue  du  tout  fi  am  pie 
qu'il  feroit  requis,vueilles,  ie  te  prie,  côfiderer,en  quel  lieu  les  poures  perfônes  eftoyét: 
en  quelle  perplexité  tant  de  leurs  corps,que  de  leur  efprit,  fans  fupport,  faueur,  confeil 
n'aide,nedeper(onnes,  ne  de  liures-.chofes  qui  apportent  grand  foulagement  à  l'intel- 
ligence des  Efcritures.  Dauantage ,  comme  les  dons  de  Dieu  font  diuers ,  auffi  les  vns 
en  reçoyuent  plus,  les  autres  moins,  félon  qu'il  leur  cft  expédient. 

LaConfeffion. 

Sv  y  v  a  n  t  la  do&rinc  de  S.  Pierre  Apoftre  en  fa  première  Epiftre,  tous  Chreftiens  iMcney 
doyuent  eftre  toujours  prefts  de  rendre  raifon  de  l'efperâce  qui  eft  en  eux  :  Se  ce  en  tou- 
te douceur&  benignitémous fous-fignez,  Seigneutde  Villcgaignon , auons  vnanime- 
ment  ({elon  la  melure  de  grâce  que  noftre  Seigneur  nous  a  faitc)rendu  raifon  à  chacun 
poinft,  comme  nous  auez  enioint&  commandé  :&  commençant, 

Article  premier. 

No  v  s  croyons  en  vn  feul  Dieu,immorrcl&inuifible,  créateur  du  ciel  &  de  la  ter- 
re, Se  déroutes  chofes  tant  vifibles  qu'inuifibles:lequel  eft  diftingué  en  trois  perfonnes, 
le  Pere,  le  Fils,  Se  le  S.  Efprit  :  qui  ne  font  qu'vne  mefme  fu  bftance  en  efTence  éternelle , 
Se  vne  mefme  volonté;  le  Perc,fourcc&  commencement  de  tout  bien:  le  Fils  engédré 
du  Pere  eternellement:lequel,  la  plénitude  du  temps  accôplie,seft  manifefté  en  chair 
aumondc,eftantconceuduS.Efprit,nay  de  la  vierge  Marie,  fait  fous  laLoy,  pour  ra- 
cheter ceux  qui  eftoyent  fous  icelle,  afin  que  nous  receuflïons  l'adoption  des  propres 
enfans:le  S.  Efprit  procédant  du  Pere&  du  Fils ,  d  odeur  de  toute  vérité ,  parlant  par  la 
bouche  des  Prophètes, fuggerant  toutes  chofes  qui  ont  efté  dites  aux  Apoftres ,  par  no- 
ftre Seigneur  Ielùs  Chtift.  Iceluy  eft  le  feul  confolateur  en  afflidion,donnant  confiance 
Se  perieueranec  en  tout  bien. 

Nousc»  oyons  qu'il  faut  feulement  adorer  &  parfaitement  aimer,  prier  &inuoquer 
la  maiefté  de  Dieu  en  foy, ou  parriculierement. 

z  Adorans  noftre  Seigneur  IefusChrift,  nous  ne  feparons  vne  nature  de  l'autre,  cô- 
fe/Tans  les  deux  natures ,  afTauoir  diuine  Se  humaine,  en  iceluy  infeparables. 

3  Nous  croyons  du  Fils  de  Dieu,  Se  du  S.Efprit,  Ce  que  la  parolle  de  Dieu  Se  la  doctri- 
ne Apoftolique,  Se  le  fymbole  nous  en  enfeigne. 

4  Nous  croyons  que  noftre  Seigneur  Iefus  viendra  iuger  les  viuans  Se  les  morts, 

II.  ii, 


Um^VL  Trots  Jkttrtyrs 

en  formcvifiblcfichumainccommcileft  monté  au  ciel,  exécutant  iceluy  iugemet  en 
la  forme  qu'il  nous  a  prédit  en  S.  Matth.  1 5.  chap.  ayant  toute  puiilance  de  luger ,  a  luy 
donnée  du  Pere,  entant  qu'il  eft  homme.  Et  quant  a  ce  que  nous  difons  en  nos  prières, 
nue  le  Pere  apparoiftra  en  jugement  en  la  perfonne  de  ion  Fils,  nous  entendons  par  ce- 
laaue  la  punfanec  du  Pere  donnée  au  Fils ,  fera  manifeftee  audit  lugement ,  non  coûte- 
fois  que  nous  voulions  confondre  les  perfonnes,fachans  qu'icelles  font  realemeat  di- 

ftinftesl'vne  de  l'autre. 

Nouscroyonsqu'aufainctSacremecdelaCene,aueclesfignes  corporels  du  pain 

&  du  vin,  les  ames  fidèles  font  nourries  realement  &:  de  faift,  de  la  propre  fubftance  de 
noCkre  Seigneur  Ielus,  comme  nos  corps  (ont  nourris  de  viandes.  &  u  n'entendons  dire, 
ne  cioirc  que  le  pain  &  le  vin  foyent  transformez ,  ou  tranilubftantiez  au  corps  &  fang 
d'iceluycar  le  pain  demeure  en  (anature  &c  fubftâce,  pareillement  le  vin  :  &  n'y  a  chan- 
cement  ou  altération.  Nous  diftinguons  toutefois  ledit  pain  6c  vin  de  l'autre  pain  qui 
eftdedicàvfagecommun:entâtquecenouseftvniigne{acramental  fous  lequel  la  vé- 
rité eft  infalliblement  reccuè.  ,  ... 

ORcefteconfeiTionne  fe  fait  que  par  le  moyen  delafoy  :  &:  n  y  conuient  imaginer 
rien  de  charnel,nc  préparer  les  dents  pour  le  manger,  corne  S.  Auguftin  nous  enfeigne 
difanr  Pourquoy  appreftes-  tu  les  dents  &:  le  ventre?  croy,&:  tu  l'as  mangé.  Le  ligne  doc 
ne  nous  donne  pas  la  vérité,  ne  la  chofeiignince:mais  noftre  Seigneur  Ieius  Chrift  par 
fa  puitfance,  vertu  &  bonté,  nourrit  &  entretient  nos  ames ,  &  les  fait  participantes  de 
fa  chair  &  de  fon  fang,  &:  de  tous  fes  bénéfices.  Venons  à  l'interprétation  des  parolles  de 
interpréta  Ie{us  Chrift-Cecy  eft  mon  corps.  Tertulhan  an  liurc  quatrième  contre  Marcion,explL 
ïoïcf  Ccï;  que  ces  parolles  ain(i:Cecy  eft  le fignefc  la  figure  de  mon  corps.  S.  Auguftin  dit,Le  Sei- 
cft  mon   2nclu  n'a  point  fait  doute  de  dire,  Cecy  eft  mon  corps,quand  il  ne  donnoit  que  le  ligne 
corps*      de  fon  corps.  Partant(comme  il  eft  commâdé  au  premier  canon  du  Concilede  Nice)en 
ce  faind  Sacrement  nous  ne  deuons  imaginer  rien  de  charnel,  &  ne  nous  amufer  ny  au 
pain  ny  au  vin  qui  nous  font  en  iceluy  propofez  pour  lignes,  majs  efleuer  nos  efpnts  au 
ciel  pour  contempler  par  foy  le  Fils  de  Dieu  noftre  Seigneur  Iefus  feanta  la  dextre  de 
Dieu  fon  Pere.  A  ce  propos  nous  pourrions  ioindre  l'article  de  l'Afccnfion ,  auec  plu- 
lieurs  autres  fentences  de  S.  Auguftimlefquelles  nous  obmettôs,craignans  d'eftre  lôgs. 
Mettre  r-      é  Nous  croyons  que  s'ileuftefté  necellairede  mettre  del'eauauvin,lesEuangeh- 
eauaurin.  ftcs  ne  mefmesS.Paul,n'euflentobmis  vnechofedehgrandeconfequence.  Et  quant 
à  ce'que les dofteurs anciens  l'ont obferué(fefondans  furie  fang  méfie  auec  l'eau  qui 
fortit  du  cofté  de  Iefus  Chrift)d:autât  que  telle  obfcruation  n'a  aucun  fondement  en  la 
parolle  de  Dieu ,  veu  mefmes  qu'après  l'inftitution  de  la  faincte  Cene  cela  aduint:  nous 
ne  la  pouuons  admettre  auiourdhuy  nccefTairement. 

7  Nous  croyons  qu'il  ny  a  autre  confecration  que  celle  qui  fe  tait  par  le  Miniftre,  lors 
qu'on  célèbre  la  Cene  :  ledit  Miniftre  récitât  au  peuple  en  langage  cogneu  l'inftitution 
d'icelle  Cene,  îouxtc  la  forme  que  noftre  Seigneur  Iefus  nousa  preferipte ,  admonne- 
ftant  ledit  peuple  de  la  mort  &c  paflion  de  noftre  Seigneur  Iefus.  Et  mefmes  comme  die 
S  Auguftin,  la  confecranon  eft  la  parolle  de  foy  qui  eft  prefehee&  receucenfoy.  Par- 
quov  il  s'enfuit  que  les  parolles  fecretement  prononcées  fur  les  fignes,  ne  peuuent  eftre 

Matt^,*.  la  confecration ,  comme  il  appert  par  l'inftitution  que  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  laif- 
faàfes  Apoftres,adrefîantfesparollesafesdifciple-  prcfens,auiquelsil  commanda  de 

luci'19-    prendrez  manger.  . 

8  Le  fain£t  Sacrement  de  la  Cene  n'eft  viande  pour  le  corps,  ains  pour  les  ames  (car 

nous  n'y  imaginons  rien  de  charneheomme  nous auons  déclaré  Article  cinquième  )  re- 
ceuansiceluyparfoylaquellen'eftcharnelle. 

10  Nous  croyons  que  le  Baptefme  eft  Sacrcmet  de  pénitence ,  &:  comme  vne  entrée 
en  l'Eelife  de  Dieu,  pour  eftre  incorporez  au  corps  de  Iefus  Chrift.  Iceluy  nous  repre- 
fente  la  remiflion  de  nos  péchez  paflez &c  futurs,  laquelle  eft  pleinement  acquife  par  la 
feule  mort  de  noftre  Seigneur  Iefus.  Dauantagc  la  mortification  de  noftre  chair  nous  y 
eft  fiffnifice ,  &  lauement  reprefente  par  l'eau  iettee  fur  l'enfant,  qui  eft  figne  &:  marque 
dufang  de  noftre  Seigneur  Iefus,  qui  cftlavraye  purgationde  nos  ames.  L'inftitution 
d'iceluy  nous  eft  enfeignee  en  la  parolle  de  Dieu,  laquelle  ont  obferuee  les  fainds  A- 
poftres-prenans  de  l'eau  au  nom  du  P  ere,du  Fils,&  du  S.Efprit.  Quant  aux  exorcifmes, 
adiurations  de  Satan,chrefmes,faliue,&:  fehnous  les  reiettons  corne  craditios  des  hom- 


mes: 


En  la  terres  du  Urefil.  +f  3 

mcs:nous  contentas  de  la  feule  forme  &  inftitucion  dclahTce  par  noftre  Seigneur  ïefus, 
1  i  Quant  au  franc-arbitre,  nous  croyons  que  le  premier  homme  eftant  créé  à  l'ima- 
ge de  Dieu  a  eu  liberté  &  volonté  tant  à  bien  qu  a  mal,  &  luy  kul  a  feu  que  ceftoit  du 
libéral  arbitre,  citant  en  fon  intégrité.  Or  il  n'a  guercs  gardé  ce  don  de  Dieu:aim  a  cité 
priuc  par  fon  péché,  &C  tous  ceux  qui  font  descendus  de  luy,  tellement  que  nul  de  la  fe- 
rnence  d'Adam,  n'a  vncefteincellede  bien.  A  ceftecaufe  S.  Paul  dir,  que  l'homme  fen-  iCor.i. 
fuel  n'ente  nd  les  choies  qui  font  de  Dieu.Et  Ofeccrie  aux  enfans  d'Iiracl ,  La  perdition  °lcc  l)  9f 
etl  de  toy,ôlfrael.  Or  nous  entendons  cecy  de  l'homme  qui  n'eft  point  régénéré  par  le 
faintt  Efprit  de  Dieu.  Quant  à  l'homme  Chreftien  baptizé  aufangdc  le  fus  Ch  n  ft ,  le- 
quel chemine  en  nouueauté  de  vie,  noftre  Seigneur  Icfus  reftitue  en  luy  le  libéral  arbi- 
tre^ reforme  fa  volonté  à  toutes  bonnes cruurcs:  non  point  toutefois  en  perfection: 
car  l'exécution  de  bonne  volonté  n'eft  en  fa  puidance,  mais  vient  de  Dieu:  comme 
amplement  ce  S.  Apoftre  déclare  au  fepticme  chap.  des  Romains  difant  ,  I'ay  vouloir, 
mais  en  moy  ie  ne  trouue  le  parfaire.  L'homme  predeftiné  à  la  vie  eternclle,iaçoit  qu'il 
pèche  par  fragilité  humaine ,  toutefois  il  ne  peut  tomber  en  impenitence.  A  6c  propos 
S.  Iean  dit  qu'il  ne  pèche  point,  car  l'élection  demeure  en  iceluy. 

iz  Nous  croyôs  que  c'eft  à  la  parolle  de  Dieu  feule  de  remettre  les  péchez:  de  laquel- 
le comme  dit  S.  Ambroife,  l'homme  n  eft  que  miniftre:  partant  s'il  condamne  ou  ab- 
foult,cc  n'eft  pas  luy,mais  la  parolle  de  Dieu  laquelle  il  annonce.S.  Auguitin  en  ceft  en- 
droit dit,que  ce  n'eft  point  parle  mérite  des  hommes  que  les  péchez  font  remis,  mais 
par  la  vertu  du  S.  Efprit.  Car  le  Seigneur  auoitdit  àfes  Apoftres,  Receuezlc  S.  Efprit: 
puis  il  adioufte,  Si  vous  remettez  à  quelqu'vn  fes  péchez, &c.  Cypriandit  que  leferui- 
teur  ne  peut  remettre  l'ofFenfe  commife  contre  fon  maiftre. 

13  Quant  à  l'impoiition  des  mains  elleaferuy  en  fon  temps  ,&n'eft  befoin  mainte- 
nant la  retenincar  par  l'impofition  des  mains  on  ne  peut  pardonner  le  S.Efprit,car  c'eft 
à  Dieu  feul.  Touchant  l'ordre  Ecclcfiaftique,  nous  croyons  ce  que  S,  Paul  en  a  eferit  en. 
la  première  à  Timothee,  &  autres  lieux. 

14  La  feparation  d'entre  l'homme  &  la  femm  e  legitim  ement  vnis  par  mariage ,  ne  fe 
peut  faire  finon  pour  fornicatron,comme  noftre  Seigneur  Iefus  nous  l'enfeigne,Mat.  f. 
&c  19.cha.Et  non  feulement  feparation  peut  eftrcfaitepourladitefornicatiommais  auf- 
fi  la  caufe  bien  examinée  deuant  le  Magiftrar,la  partie  non  coulpable  ne  pouuant  fc  cô- 
tcnir,fe  peut  marier:  comme  S.  Ambroife  dit  fut  le  7.  de  la  première  aux  Corinthiens: 
lcMaciftrat  toutefois  y  doit  procéder  auec  maturité  de  confeil. 

15  S  Paulcnfeignantquel'Euefque  doit  eftre ma ryd'vne feule  femme,  ne  défend  «-Th»** 
par  cela  qu'après  le  dccezdefa  première  femme  line  luy  foitloiiiblcfe  remaricr:mais 

le  S. Apoftre  improuue la  Bigamie,àlaquelleles  hommcsdecetemps-laeftoyent gran- 
dement enclins.toutcfois  nous  en  laifîbns  leiugementaux  plusverfez  aux  fainttes  E- 
icLicurcs,  noftre  foy  n'eltant  fondée  fur  ce  poinc*. 

16  II  n'eft  licite  de  vouer  à  Dieu,  finon  ce  qu'il  approuue.  Orileftainfi  quelesvœus 
monaltiques  ne  tendent  qu'à  vnc  corruption  du  vray  feruice  de  Dieu.  C'eft  auffi  gran- 
de témérité  &.  prefomption  à  l'homme  de  vouer  outre  la  mefure  de  fa  vocatiô  :  veu  que 
la  iain&e  Efcriture  nous  enfeigne  que  con  tinenec  eft  vn  don  fpecial,Mat.  1 5 .  chap.&  en 
la  première  aux  Corinth.7.  Pourtant  il  s'enfuit  que  ceux  qui  s'impofent  cefte  neceflîté, 
renonçansaii  mariage  toute  leur  vie,  ne  peuuent  eftre  exeufez  d'extrême  témérité  &c 
outrecuidance  effrontée.  Et  parce  moyen  tentent  Dieu,  attendu  que  ledit  don  de  con- 
cmcncc,n  eft  que  temporel  en  aucuns:&:  que  celuy  qui  l'aura  eu  pour  quelque  temps, 
ne  l'aura  pour  le  refte  de  fa  vie.  Sur  ce  donc  les  moines,preftres,&:  autres  telles  gens  qui 
s'obligent  &  promettent  de  viure  en  chafteté,  attentent  contre  Dieu  :  entant  qu'il  n'- 
eft en  eux  de  tenir  ce  qu'ils  promettent.  Saine*  Cyprian  en  l'onzième  epiftre  parle  ain- 
ii,  Si  les  vierges  le  font  dédiées  de  bon  cœur  à  Chrift  ,  qu'elles  perfeuerent  en  chafteté 
fai  s  feintife,  eftans  ainfi  fortes  &  confiantes  qu'elles  attendent  le  loyer  qui  leur  eft  pré- 
paré pour  leur  virginité,  fi  elles  ne  veulent  ou  peuuent  perfeuerer  comme  elles  fe  font 
vouées,  il  eft  meilleur  qu'elles  femariët  que  d'eftre  précipitées  au  feu  de  paillardife  par 
leurs  plaiiirs  &  délices.  Quint  au  pafTage  de  l' Apoftre  S.  Paul,  Il  eft  vray  que  les  vefues 
qu'on  prenoit  pour  feruir  à  l'Eglife,  fe  foumettoyent  à  nefe  remarier  tant  qu'elles  fe- 
ro  vent  fubie&cs  à  ladite  charge,  non  qu'en  cela  on  les  reputaft  ou  qu'on  leur  attribuait 
quelque  fain&eté:maisàcao(cqii  elles  ne  fepouuoyét  bien  acquitter  dclcurdcuoir  en 

Hiii. 


Li#ro  VI,  {Trois  M  artyrs 

eftant  mariees:&:  Ce  voulant  marier  renôcent  à  la  vocation  à  laquelle  Dieu  les  auoit  ap- 
pelées, tant  s'en  faut  qu'elles  accompliiTent  ce  quelles  auoycn  t  promis  en  FEgliie ,  que 
mefmes  elles  violent  la  pvomeiTe  faite  au  Baptefme,  en  laquelle  il  eft  côtenu  ce  poinct: 
Qu'-vn  chacun  doit  icruir  à  Dieu  en  la  vocation  en  laquelle  il  cil  appelé.  Les  vêtues  dô- 
ques ne  vouoyentpointledondecontincnce,iinon  entant  que  le  mariage  ne  conuc- 
noit  à  l'office,  auquel  elles  le  prefentoyent ,  &c  n'auoyent  autre  coniideration  que  de  s'- 
en acquitter.  Elles  n'ont  efté  auiE  tellement  côtrain&es  qu'il  ne  leur  ait  elle  permis  Iby 
marier  pluftoft  que  de  brufler,& tomber  en  quelque  infamje  &:  deshonnefte  fai&.  En 
outre  pour  euiter  tel  inconuenientl'Apoftre  S.Paul  au  chap.  prealleguc  défend  qu'el- 
les foyent  receuës  à  faire  tels  vœus  que  ptemier  elles  n'ayentl'aage  de  foixante  ans  qui 
eft  vnaag^e  communément  hors  de  continence.  Iladiouftc  que  celles  qu'on  eilira  n'- 
ayentefte  mariées  qu'vne  feule  fois,  afin  quepar  ce  moyen  elles  ayent  délia  vnc  appro- 
bation de  continence. 

17  Nous  croyons  que  Iefus  Chrift  cft  noftre  feul  médiateur,  interce/Ieur  &  aduoeat: 
par  lequel  nous  auons  accezau  Pere,&  qu'eftans  iuftifiez  en  l'on  iang,ferons  deliurez  de- 
là mort,&  par  luy  cftans  ia  reconciliez,nous  obtiendrons  pleine  vi&oire  contre  la  mort. 
Quant  auxfain&s  trefpaiTez,noùsdiions  qu'ils  délirent  noftre  lalut  &l'accomplnTe_ 
ment  du  royaume  de  Dieu,&  que  le  nombre  des  efleus  foitaccomply  :  toutefois  nous 
nenous  dcuonsadrefTeràcux  parinterceflion  pour  obtenir  quelque  choie:  car  nous 
contreuiendrions  au  commandement  de  Dieu.Quant  à  nous,durant  que  nous  viuons, 
d'autant  que  nous  fommes  conioints  enfemble  comme  membres  d'vn  corps ,  nous  de- 
uons  prier  les  vns  pour  les  autres  :  comme  nous  fommes  enieignez  en  plufieurs  paiTa- 
ges  delà  fain&e  EÎcriture. 

18  Quant  aux  morts,S.  Paul  en  la  première  des  Theif.4.  cha.nous  défend  d'eftre  cô- 
triftez  fur  iceux  car  cela  conuient  aux  Payens,  leiquels  n'ont  aucune  efperançe  de  ref- 
fufeiter.  LeS.Apoftrenecommande&:  n'enfeigne  de  prier  pour  eux.ee  qu'il  n'euft  ou- 
blié s'il  euft  efté  expédient.  Sainct  AuguftinfurlePieaume48.dit  qu'il  paruient  feu- 
lement aux  efprits  des  morts  ce  qu'ils  ont  fait  durant  leur  vie:  que  s'ils  n'ont  rien  fait  e- 
ftansviuans,ilneleurparuientrien  eftans  morts. 

EN  la  fin  defdits  article*  ce  qui  s'enfuit  eftoit  eferit  de  leurs  mains. 

C'EST-cy  la  refponieque  nousfaifons  aux  articles  par  vous  enuoyez,  félon  la  me- 
iure  &  portion  de  foy  que  Dieunous  a  donnée,  luy  priant  qu'il  luy  plaife  faire  qu'elle  ne 
foit  morte  en  nous,  ains  produife  fruits  dignes  de  fes  enfans,  tellemét  quenous  dônant 
accroifTement  &c  perfeueranceen  icclle,  nous  luy  en  rendions  action  de  grâces,  &  lou- 
anges à  tout  iamais.  Ainlifoit-il.  AudeirousJcursnomsycftoycntcfcritsainfi. 
IeandvBordel.  Pierre  Bovrdon. 

Matthiev  Vermeil.  André  laFon. 
Ce  s  t  e  confeflïon  fut  enuoyce  à  Villegaignon  pour  refponie  à  fes  articles.  Ilfonge 
furicellc  comme  bon  luy  fcmble,  conduit  toufioursd'vn  mauuaistalent.  Il  les  déclare 
hérétiques  fur  les  articles  du  Sacrement,  des  vœus,8f  autresdes  ayanten  plus  grâd  hor- 
reur que  les  peftiferez.  Il  n'auoit  point  honte  dédire  qu'il  n'eftoit  loiiible  de  leslaifler 
longuement  viure  :  afin  que  de  leur  poifon  le  refte  de  fa  compagnie  ne  fut  furpris.  Ayâc 
pour  la  dernière  fois  refolu  de  les  faire  mourir  ,diffimula  ce  qu'il  auoit  enuie  de  faire 
fort  ingenieufemcntjde  peur  que  les  poures  hommes  ne  fuiTent  aduertis  de  la  trahifon 
qu'il  braiîbit.  On  difoit  qu'il  ne  communiqua  à  homme  viuant  de  ion  entreprinfe ,  &:  fe 
M.D.LVIH  contint  ainifïecretiufques  au  Vendredy neuficme lourde Feurier m. d.l  v  i  1 1. auquel 
iour  des  le  matin,  fâchant  que  fon  bafteau  deuoit  aller  en  terre  ferme  cercher  quelques 
victuailles,  commanda  à  ceux  du  bateau  de  luy  amener  Iean  du  Bordel  &:fes  compa- 
gnons ,  qui  pour  iors  s'eftoyent  logez  auec  autres  François.  Le  commandement  e- 
ftantfaitiugerentquec'eftoit  pour  les  interroguerfur  leurdite  confeifion  de  foy  ,parw 
tantfurentïaiiîsde  crainte  &  tremblement.  Les  François  en  pleurs  &  larmes  les  àiC- 
fuadoyent  de  s'aller  rendre  a  la  boucherie.  Nonobftantleandu  Bordel  hom  me  ver- 
tueux  &  doué  d'vne  confiance  merueillepfe,  pria  tous  les  François  de  n'intimider  plus 
fes  compagnons,lefquels  aum*  par  telles  parolles  exhorta  non  feulement  d'y  aller,mais 
lxhoruti<5  aulfi  fe  preiénter  à  la  mort  Ci  Dieu  le  vouloit  :  difant, 

de  Du  Bor-  M  e  s  frères  ie  voy  que  Satan  nous  veut empefeher  par  tous  moyens  de  ne  coparoiftt  e 
côpa^no^.  auiourdhuy,pourlaquerellcde  noftre  Seigneur  Icfus>&iaiem'apperçoy  qu'aucuns  de 

nous 


6 n  la  terres  du  Trtfil.  4  6q. 

nous  font  intimidez  plus  qu'il  n'eft  raifonnable ,  comme  nous  defhans  du  fecours  &  fa- 
ueur  de  noftre  bon  Dieu,lequcl  nous  fauons  contenir  noftre  vie  en  Ta  main,  laquelle  les 
tyrans  de  la  terre  ne  nous  peuuent  ofter  Tans  fa  volonté. le  vous  priede  coniiderer  auec 
moy,comme&:pourquoy  nous  fommes  venus  en  cespartics,qui  nous  a  fait  pafler  deux 
mille  lieues  de  mer:quinousa  preferuéau  milieu  d'infinis  dangers  &  périls.  N'eft-ce 
pas  celuy  qui  conduit&gouuerne  toutes  chofes  par  fa  bonté  înfiniciaflïftantauxfiens 
par  moyens  admirables  \  Il  eft  certain  que  nous  auons  trois  puilfans  ennemis  ,  affa- 
uoir  le  Monde, Satan &:  la  Chair  :  contre  le/quels  nous  ne  pouuons  denous  mefmes  re- 
lifter. Mais  nous  retirans  à  noftre  Seigneur  ïefus  Chrift,qui  les  a  vaincus  pour  nous ,  af- 
feurons-nous,  voire repofons  nous  en  Juy:cai  il  nous  affiliera  comme  il  a  promis:  veu 
qu'il  eft  fidèle  &c  puiiTant  de  tenir  ce  qu'il  promet.  Prenons  donc  cou  rage,  mes  frères, 
que  les  cruautez,que  les  richeflés,que  les  vanitcz  de  ce  mondc,ne  nous  empefehent  de 
venir  à  Chrift.  ^Ses  compagnons  rcçoiucnt  incroyable  confolatioh  de  ces  parollcs:  & 
d'vnfainrïzele& affection  prient  le  Seigneur  les  fortifier,  &alfeurcrparfon  efprit,  & 
inftruire  pour  rcfpondre  deuant  les  hommes  delà  cognoiifance  qu'il  leur  auoit  dônee. 
Puisleandu  Bordel3Matthieu  Vermeil,  André  la  Fon,  s'embarquent  dans  le  bafteau 
quilàcftoit,pour  les  mener  en  l'ifle  de  Colligny. Pierre  Bourdon  demeura  en  terre  bien 
malade,  ne fe pouuanc  embarquer. 

Es  t  a  n  s  defeendus  en  l'ifle,  Villcg.  commande  qu'ilsfulfent  amenez  deuant  luy,  Abora  des 
aufqucls(cenantleurconfeifion  de  foy  en  la  main)demanda  s'ils  l'auoyct  faite  &fignec,  g^gnon'.  ° 
&L  s'ils  citoyen  t  prefts  de  la  i'ouftenir.Us  refpondent  tous  enfèmblc,  qu'ils  l'auoyent  fai- 
te &:  fignee ,  recognoilfan  s  chacun  Ion  feing:&:  attendu  qu'ils  la  penfoyentChreftiene, 
puilécdesfain&esÈfcriturcs ,  félon  la confcll-  ndesS.  Apoftres&  Martyrsdelaprimi 
tiue  Eglile,ils  fe  deliberoycnt  icelle,moyennant  la  grâce  de  Dieu ,  maintenir  de  poinct 
enpoincteftrebienfondee,voireiufquesàleurfang,fiDieulepermettoit  fefubmet- 
tans  nonobftant  ce,à  la  cenfure  &  iugement  de  ceux  qui  auroyent  plus  de  graces,&  in- 
telligence des  fainctesEfcritures.  A  peine  eurent-ils  refpondu  ce  peu  deparolles,que 
Villeg.demonftrant  vn  vifage furieux  &  courroucé,dc  grand'  audace  les  menace  de  les 
faire  mourir  s'ils  continuoyent  en  celle  opinion  malheureufe(comme  il  difoit)  &  dam- 
nable.Et  tout  à  l'heure  cômanda  à  ion  Bourreau  les  enferrer  par  les  iambes,&à  chacu- 
ne chainc  eftre  luipendue  la  pefanteur  de  cinquante  ou  foixante  liures.  On  dit  qu'il  e- 
ftoit  tout nyfufrîfammcnt  de  tels  engins  ,  defquelsil  inftruifoitlespoures  Brefiliens  à 
picté,au  lieu  de  leur  donner  i'intelligence  de  Dieu  par  douceur.  Non  content  de  les  a- 
uoir  fait  enferrer,  commande  qu'ils  rulfent  ferrez  eftroitement  en  vne  prifon  puante 
&obfcuie,&:  (oigneufement  gardez  par  gensarmez  qu'il  auoit  ordonnez  pourcefaire. 
Lcspourescmprifonnez  au  contraire  fe  refiouiffent  &:  confolent  l'vn  l'autre  cnleurs 
liens,  prient,  chantent  Pfeaumes  &  louanges  à  Dieu  d'vn  zele  àC  affection. 

Or  toute  la  compagnie  de  l'ifle  futgrandement  troublée  de  ceft  acte,  &  chacun 
en  fon  endroit  conçeut  vne  grande  crainte. neantmoins  aucuns  d'eux,quand  Villegai- 
gnon  eftoit  cmpefchc  a  fon  repos,ou  autrelieu,fecretcment  vifitoyent  les  prifonniers, 
les  confolans  de  quelque  efpoir,pâreillement  de  viures  delquels  ils  auoyent  grande  ne 
ceflîté.  Mais  a  raifon  qu'entre  eux  il  n'y  auoit  homme  d'authorité  ou  apparence  qui 
peuft  prendre  lahardieflé  de  remonftrer  audit  Villeg.riniuftice&:  tyrannie  qu'il com- 
mettoit:elpcroycnt  moins  de  fecours  de  ceux  de  ladite  Iile.Tout  ce  iour  Villeg.defend 
que  barque  ne  balteau  fortift  hors  fon  Ifle  à  peine  de  la  mort,par  ainfi  ceux  de  terre  con 
tinentc  ne  pc*Urent  eftre  aduertis  de  ce  qui  fe  braflbit  en  la  fortereffe. 

Ce  iour  Villegaignon  eut  peu  de  repos,fepourmen  ant  tout  autour  de  fon  Ifle,pen 
fir,luy  dcuxicme.Souuet  il  alloit  aux  priions  voir  fi  les  p  ortes  cftoyent  bien  clofes,&  iuf 
ques  aux  ferrures  fi  elles  n'eftoyentfaulfees. Il  fefaifit  des  armes  que  les  foldats  &  arti- 
lanstenoycnt  en  leurs  chambres  pour  la  garde  ôidefenfe  du  lieu.C'eftoitd'vne  crainte 
que  le  peuple  ne  s'efleuaft  contre  luy, 

Ses  affaires  ainfi  ordonnees,lerefte  du  iour  &:  de  lanuictconfultaàpartfoy  de  signes  dv. 
quelle  efpecc  de  mort  il  les  deuoit  faire  mounren  fin  il  conclud  de  les  faire  eftrâgler  &  ne  eoafcien 
fuffoquer  en  mer,pource  que  fon  bourreau  n'eftoit  ftylé  aux  autres  efpecesde  mort.  Et  w«S^  * 
combien  qu'il  l'euft  arrefté,fi  eft-  ce  que  celle  nuict  ne  repofa  aucunement  :  mais  alloit 
&c  cnuoyoit  viiîter  les  phfons  d'heure  en  heure.    ^  Ce  temps  pendant  ïcan  du  Bordel 
sontinuoit  &:  perfeueroit  d'exhorter  fes  compagnons  à  louer  Die  ,  &  luy  rendre  gra* 

II.  iiii. 


Livrer  VL  Matt  hieu  Vermeil 

cède  l'honneur  qu'il  leur  raifoit,Ies  appelant  à  la  confeffion  de  Ton  fain&nom  ,  en  çe 
paysJa  G  barbare&  eftrange,leur  donnant  elpoir  que  Villeg.ne  feroit  fi  tranfporté  de 
cruauté,dc  les  faire  mourir:feulemcnt  ils  s'attendoyenteftre  quittes  demourans  ferfs 
&cfclaucs  coûte  leur  vie. Mais  leidits  compagnons  cognoilTans  le  naturel  dudit  Villcg. 
auoycntpeudcfperanceenleurvie  :  attendu  que  déslongtempsiceluy  auoiteerché 
l'opportunité  qui  lors  luy  eftoit  venue  fort  à  propos.^  Le  lendemain  matin  iour  de  Vé- 
dredy  audit  mois, il  dclcend  bien  armé  auec  vn  page  en  vne  fallette,dans  laquelle  il  faic 
amener  Iean  du  Bordel  enferré,  auquel  il  demanda  l'explication  de  l'article  duSacre- 
ment,où  il  confcifoit  que  le  pain  te  le  vin  eftoyent  fignes  du  corps  te  du  langde  noftre 
Seigneur  Iefus  Chnft,leconfermanrparledircdeiain&  Auguftin.  Leditdu  Bordel 
luy  voulant  citerle  palfage  pour  confermer  ion  dire ,  Villegaig.efmeu  de  grande  colè- 
re defmcnt  ce  poure  pacicnt;&:leuant  le  poing  luy  en  donne  vn  tel  coup  In r  le  vilagc, 
que  tout  incontinent  lelang  forcit  du  nez  &:  de  la  bouche  en  abondance.  En  le  frappât 

Cnuutcbar  adioufta  femblables  parollcs,Tu  asméty,paillard,iàin&  Auguftinneraainfi  entendu. 

va?  dC  Parquoyauiourdhuy  premier  que  iemâgcie  tefcraylentirlefruicHetonobftination. 
Ce  pourehomme  ainli  outragé, ne  luy  fit  autre  refponfe,  qu'au  nom  de  Dieu  fuft.  Com 
me  il  luy  tomboit  quelques  fermes  auec  le  fang,de  la  grande  douleur  du  coup  qu'il  a- 
uoitreceu,  Villeg. le  moquant  l'appeloit  douillet  &:  tendron  :pource  qu'il  pleuroitd'v- 
ne  chiquenaude. Derechcfluy  demanda  s'il  vouloir  maintenir  ce  qu'il  auoite/crit&  fi- 
gné.Il  luy  fut  fait  refponfe  par  ledit  du  Boi  del  qu'ouy,  iufques  à  ce  que  par  authorité  de 
la  lain&e  Efcriture  il  fuft  enfeigné  du  contraire.  Villeg.voyant  la  fermeté  te  alTeurance 
dudit  duBordel,c5mande  à  fon  bourreau  le  lier  par  les  bras  &:  les  mains,&:  le  mener  fur 
vneroche,laquelle  il  auoitluy-mefme  dioific  à  propos  ou  la  mer  s'enfle  deux  fois  le 
iour  de  trois  pieds  :  luy  auec  fon  page  les  armes  au  poing  conduifent  ce  pou  re  patient 
au  lieu  afligné. Bordel  paflant  près  de  la  prifon  où  eftoyent  lès  copagnons,s  efcria  à  hau 
te  voix  qu'ils  prinflent  bon  couragerveu  qu'ils  leroyét  bien  toft  deliurez  de  celle  vie  mi 
ferablc.  Et  en  allant  à  la  mort  de  grâd  îoye  chatoit  Pleaumes  te  cantiques  au  Seigneut 
(chofe  qui  eftônoit  certes  la  cruauté  dudit  Villeg.&lon  bourreau.)  Eftant  monté  fur  la 
roche,à  peine  obtint-il  faucurde  prier  Dieu,  premier  quedepartir  de  ce  monde ,  pour 
la  précipitation  que  failoit  Villeg.àlbn  executeur.Toutefois  par  manière  d'acquit  luy 
permit  le  ietter  àgenoux  fur  ladite  roche,où  il  fift  confeffion  à  Dieu  de  fes  fautes  te  pc 
chez,luy  demandant  grâce  &  pardon  au  nom  de  fon  fils  I  s  $  v  s  Chrift:  entre  les  mains 
duquel  il  recommanda  fon  efprit.  Puisillédefpouilla  en  chemife,fe  fubmettantà  la 
mercy  du  bourreau,le  priant  de  ne  le  faire  languir.  Villeg.voyant  que  l'exécution  tar- 
doit  trop,menace  le  bourreau  de  luy  faire  donner  les  eftriuieres  s'il  ne  fe  haftoit:  partât 
à  l'eftourdi  le  bourreau  ietteen  mer  ce  poure  homme  inuoquat  noftre  Seigneur  Iefus 
à  fon  aide,iufques  à  ce  que  noyé  par  grande  violence  te  cruauté  ,  il  rendit  à  Dieu  fon 
efprit. 

MATTHIEV  VERMEIL. 

I  e  a  n  du  Bordel  executc,le  bourreau  amena  Matthieu  Vcrmeil,eftonné  grande- 
MD.LVin  m|t  de  la  mort  de  fon  c5pagnon:toutefois  il  demeura  ferme &côftant.Car  en  lemenâc 
au  lieu  de  l'exécution,  Villeg.qui  ne  luy  portoit  telle  haine  qu'à  Iean  du  Bordel ,  luy  de- 
manda s'il  fe  vouloir  perdre  te  damner,  mais  ceft  homme  vertueufement  le  repoulTa. 
Vray  eft  qu'en  le  defpouillant  fur  la  roche,il  apprehendoit  la  mort -te  fur  ce  requit  qu'ô 
luy  dift  à  quelle  raifon  on  les  failoit  mourir:  O  feigneur  de  Villeg.(difoic-il)vous  attciis- 
nous  defrobé,ou  outragé  le  moindre  de  vos  feruiteurs  ?  auons-nous  machiné  Voftrc 
mort,ou  procuré  choie  a  voftrc  deshonneur  ?  faites  comparoir  ceux  s'il  y  en  a  aucuns 
qui  nous  acculent  de  ce.Non,paiîlard,refpondit  Villegaignon,toynetes  compagnons 
ne  mourrez  pouraucunedes  chofes  que  tu  as  alléguées  :  mais  d'autant  qu'elles  peftes 
trefdangereufes  feparez  de  l'Eglile,il  vous  faut  retrencher  comme  mébres  pourris:afin 
que  ne  corrompiez  le  refte  de  ma  compagme.Ce  poure  patient  rcfpond  en  ces  termes: 
Or  puis  qu'il  eft  ainli  que  prenez  la  religion  pour  couuerturc ,  ie  vous  pric,n'auez-vous 
fait(il  n'y  a  pas  huit  mois  palîez  )  encores  ample  oonfe/fion  des  poin&s  te  articles,pour 
lefqucls  auiourdhuy  vous  nous  faites  moudre 

O  Dieu 


Matthieu  Vermeil.  +6  j 

O  Dieu  eternel,puis  que  pour  la  querelle  de  to  fils  IefusChrift  nous  foufTrôs  auiour- 
dhuy,puisque  pour  maintenir  ta  fain&e  parolle  bc  do&rinc  on  nousmene  à  la  mort,  SSfe* 
vueilles  par  ta  clémence  te  refueillercx:  aflîfter  aux  tiens,  prenant  lcurcàu(e,quieft  la 
ticnne,en  ta  mainià  ce  que  Satan, ne  les  puilîancesdu  monde,  n'ayent  victoire  fur  moy. 
Retournant  laface  vers  ledit  Villeg.lc  pria  qu'il  rte  le  fift  mourir,le  retenant  pour  l'on  e- 
fclaue.  Villegaignon  honteux,  de  vergongne  ne  fauoit  que  refpondre  aux  pitoyables 
requeftes  de  ce  poure  patient  :  linon  qu'il  ne  pourroit  à  quoy  l'employer,  l'eftimant 
moins  que  l'ordurcdu  chemin.  Toutefois  il  luy  promettoit  d'y  penfer  s'il  fefuft  voulu 
defdire,&  confefler  qu'il  erroit.Lors  ledit  Vermeil  voyant  que  l'efpoir  qu'on  luy  don. 
noit,eftoit  au  grand  preiudice  de  Ton  ialut  *  6c encore  incertain, tout  refolu  cria  à  haute 
voiXjQuil  aimoit  mieux  mourir  pour  viure  éternellement  au  Seigneur,  queviure  vn 
peu  de  reps  pour  mourir  à  ïamais  auec  Satan. Puis  ayant  tait  fa  prière  fur  la  roche,&  re- 
commandé (on  ameen  Jagarde  dcDicu, lai/fa  volontairement  faire  le  bourreau  :  ÔC 
criant  à  haute  voix,  Seigneur  Iefus  aye  pitié  de  moy,  rendit  Pefprir. 

C  E  S  T  V  Y-cyn'eft  demeuré  confiant,  &  partant  le  récit  de  luy  efticy  mis  par  forme  d'hiftoire. 

L  e  troifieme, André  La-fon  tailleurdhabillemens,futamenépat  le  bourreau  au 
lieu  du  fupplice.    En  y  allant  requeroit  que  s'il  auoit  oftenié  quelqu'vn,on  luy  pardon- 
naft,vcu  que  c'eftoit  le  vouloir  de  Dieu  qu'il  mouruft  pour  la  confciîîondefon  làincl 
nom.  Or  Villeg.  euft  bien  voulu  retenir  celuy-la  pour  le  feruice  qu'il  luy  pouuoit  faire 
de  fon  eftar,attendu  qu'il  n'auoit  aucun  tailleur  en  fa  maifon:  toutefois  il  rte  le  pouuoic 
faire  (ans  en  eftre  reprins, afin  qu'on  ne  l'eftimaft  porter  plus  de  faueur  à  l'vn  qu'à  Pau- 
tre.On  diloit  qu'il  auoit  inftruict  vn  fîcn  page  de  ce  faire  :  car  ceftuy  page  auec  vn  autre 
aduertirenrleditLa-fori:ques'il  vouloiti"auuerfavie,illuy  Conuenoitremonftrer  audit 
Villeg. qu'il  n'eftoit  beaucoup  verfé  aux  fain&es  Efcritures  pour  refpondre  à  tous  les 
poin6ts  qu'on  luy  pourroit  demander.  Ledit  La-fon  ne  fit  grand  conte  de  leur  confeil, 
ayant  opinion  qu'il  n'auoit  affaire  du  pardon  des  hommes ,  mais  de  Dieu.Ce  page  &  l'- 
autre font  retarder  le  bourreau:&  ce  téps  pédant  accoururct  à  Villeg.  qui  n'eftoit  loin 
de  là.Ils  luy  requièrent  qu'il  pardonnait  la  vie  au  tailleur ,  luy  rernonftrans  qu'il  n'auoit 
eftudié,&  qu'il  ne  deiiroit  tenir  vne  opinion  obftinément .  &  fe  pourroit  faire  auec  le 
temps  que  le  poure  tailleur  changeroit  d'opinion.    Dauantage  alkguans  que  ledit 
tailleur  luy  feroit  fort  neceflaire  pour  fon  feruice ,  fuppléroit  le  lieu  d'vn  autre ,  qui  luy 
conuiendroit  entretenir  en  grande  defpcnle.  Villcg.de  prime  face  reboute  trefrude- 
ment  les  fupplians  de  leurs  requeftes,  alléguât  quelcdit  tailleur  demeuroit  obftiné  en 
l'opinion  de  l'es  compagnons:dontileftoicfortdefplaifant.  Car  il  l'auoitcogrteu  hom- 
me paihblc,duquel  il  pouuoit  tircrferuice:s'ilvouloitrecognoiftre  ion  erreur,illuy  par 
donnoit:autrement  il  ne  le  pouuoit  garentir  de  mort. Il  commanda  qu'on  feuft  cela  de 
luy,premier  que  le  bourreau  l'eftranglaft.Ce  poure  homme  eftant  preft  de  paffer  le  pas 
fut  follicitc  &:  pratiqué  par  le  page  &  l'on  côpagnon,de  ie  defdirerou  promettre  de  reco 
gnoiftre  fon  erreunon  pourle  moins  qu'il  proteftaftde  ne  vouloir  eftre  obftiné:  autre- 
ment il  n'y  auoit  moyen  de  luy  fauuer  la  vie.En  fin  ces  confeillers  perfuadent  tellemét 
le  tailleur, qpoui euiterlamortilcondefcendit  à  dire  qu'il  ne  vouloic  eftre  obftiné,  ne 
peitinax  en  fes  opinions, quand  on  luy  enfeigneroit  le  contraire  par  la  parolle  de  Dieu* 
inliftant  en  ce  qu'il  entendoit  fe  defdire.  Villeg.  ayant  entendu  qu'il  promettoit  d'abiu- 
rer  ce  qu'il  auoic  tant  conftam  ment  ("ouftenu,  mande  au  bourreau  qu'on  le  defîiaft  &c 
laifîaft  aller  en  paix  en  la  fortereffe,  laquelle  luy  fut  donnée  pour  prifon,&  dans  laquel- 
le il  cft  demeure  captifouurant  de  fon  eftat  pour  ledit  Villeg.&r  fes  gens.    Toutes  ces 
chofes  furent  expédiées  ledit  iourauant  neuf  heures  du  matin,  &c  premier  que  la  plus 
grande  partie  des  perfonnesqui  eftoyent  en  l'ifle,en  fuft  aduertie.  Dont  après  auoir  co- 
gnu  la  cruauté  &t  barbarie  de  Villeg.  blafmoyent  à  bon  droitt  leur  pufillanimité,par  ce 
que  perfonne  ne  s'eftoit  voulu  oppofer  à  l'iniufteefFufion  du  fang  innocent.Pource  qu,* 
il  n'y  auoit  homme  pour  entreprendre  de  faire  ladite  remoriftrance,chacun  fe  contint 
en  fa  chambre  fans  ofer  proférer  vn  feul  mot  de  ce  qu'il  penfoit  :  partant  il  fut  loifible  à 
Villeg.d'ex^cuter  telle  cruauté  que  bon  Iny  fembla. 


Liure^jVI.  Pierre^  Bourdon. 


PIERRE  BOVRDON. 
M.D.LVHI  Le  facrifieefanglantdeVillegaignonn'eftanc  du  tout  accomply  ,1c Quatrième 
reftoit  qui  eftoit  PierreBourdon,ccluy  qu'il  haylToir  extrememét.  Ce  P.  Bourdon  eftoit 
demeure  en  terre  ferme  bien  malade,partant  ne  s'eftoit  peu  embarquer  auec  Ces  corn» 
pagnons.  Villeg. pour  parfaire  l'exécution  qu'ilauoitcommencee,entra  en  vn  bafteau 
auec  quelques  mariniers(craignant  qu'en fonabfence  le  tourneur  ne  trouuaft  faueur 
en  Ces  feruicei*rs)puis  defeend  en  terre  luy  deuxième ,  le  relie  demeure  dans  le  bafteau. 
Eftantcntrécnlamaifon,demâdeletourneur,lequelon  luyprefentcà  demymort  de 
maladie.La  première  falutatiô  qu'il  fait  à  ce  pourc  malade,fùt  de  luy  cômander  de  le  le 
uer&  s'embarquer  en  diligence.  Et  comme  iceluyeuft  déclare  tant  parparollesque 
o  trahifon  Par  grande  dcbilité,qu'il  ne  pouuoit  faire  leruice en  ce  à  quoy  on  le  vouloit  employer, 
&defloyau  veu  que  pour  lors  il  eftoit  inutile  :  Villeg.luy  fit  relponle  que  c'eftoit  pour  le  faire  pen- 
té  barbare.  çcx  &  trajttcr.Ei;  voyant  que  ce  pourc  malade  ne  le  pouuoit  fouftenir  debout,(tant  s'en 
faut  qu'il  euft  peu  marcher)il  le  fit  porter  iuiqu'au  bafteau  .Corne  on  le  portoit ,  il  demâ 
da  fi  on  le  vouloit  employer  à  quelque  choie. mais  homme  ne  luy  ofa  refpondie  vn  leui 
mot. Or  eftant  interrogué  par  Villeg.s'il  vouloit  fouftenir  la  côfciïïon  qu'il  auoit  fignee: 
fit  refponle  qu'il  y  penferoit:toucefois  fans  autre  dilatibn  ,  quand  ils  furent  defeendus 
enterrelebourreau(felonlecommandementquiluyeftoitfait)lelia:puis  le  mena  au 
lieu  où  les  autres  auoyent  foufTert,laducrtifIànt  de  penfei  à  fa  confcicnce.  Lors  cepo- 
urepatientleualcsyeuxauciel,&Jesbrascroifez,fccontrifta  aucunement  ,  iugeant 
qu'audit  lieu  fes  compagnons  auoyent  obtenu  victoire  contre  la  mort.  Il  recommanda 
fon  ame  àDicu,&  s'efcriaàhaute  voix  en  tels  termes: ScigneurDieu,iefuis  de  la  mefme 
pafte  que  mes  compagnons,qui  ont  auec  gloire  &  honneur  fouftenu  ce  combat  en  ton 
nom:ietefuppliemefairelagracequeienefuccombeau  milieu  des  affaux  que  meli- 
ure  Satan, le  Monde  &c  la  Chair,&:  me  vueille  pardonner  toutes  mes  fautes&ofFenfes 
que  i'ay  commifes  contre  ta  maiefté,&:  ce  au  nom  de  tôFils  bien  aimé  noftre  Seigneur. 
Ayant  ainii  prie  fe  retourna  vers  Villeg.auquel  il  demanda  quelle  eftoit  lacaufedefa 
mort.  On  luy  fit  rciponfeque  c'eftoit  pource  qu'il  auoit  ligné  vne  confefsion  héréti- 
que &c  fcandaleufe.  ^Et  comme  il  vouloit  répliquer  ,&  entendre  fur  quel  poinét  il  e- 
ftoit  déclaré  hérétique ,  veu  qu'il  n'auoit  efté  aucunement  examiné  :  tant  s'en  faut  qu'il 
euft  efté  conuaincu.  Mais  ces  remonftrances  n'eurent  aucun  heu ,  par  ce(comme  difoit 
Villegaig.)  il  n'eftoit  temps  de  contefter  en  caufe  :  ains  de  penfer  à  fa  confeience ,  com- 
mandant au  bourreau  de  faire  diligence.  Ce  poure  homme  voyant  que  Jesloix  diuines 
&  humaines,  les  ordonnances  honneftes  &  ciuiles,l'humanité,la  Chreftientc  eftoyent 
comme  enfeuclies,  bien  refolu  fe  fournie  au  bourreau  :  &  en  inuoquant  le  fecours  &  fa^ 
ueur  de  Dieu,  expira  au  Seigneur:  furfoqué  &  eftranglc  fut  ietté  en  l'eau  comme  fes  cô- 
pagnons.  Celle  tragédie ainfi  accomplie,  Villegaig.fetrouua grandement  foula- 
ge en  fon  efprit,tant  pour  auoir  exécuté  le  delîein  de  ce  que  ia  de  long  tem  ps  il  auoit  co 
fpiré  :  que  pour  auoir  fait  preuue  de  fa  puiflance&:  tyrannie  entre  les  liens.  Ilaffembla 
fu  r  les  dix  heures  Ion  peuple:  ôc  par  vne  longue  harengue  les  exhorta  de  fuvr  &:  euiter  ia 
fette  des  Lutheriens:de  laquelle  il  auoit  efté  luy.melme  furprins ,  à  fon  grand  defplau 
fir,pourn'auoirleules  eferitures  des  anciens.  1!  j  lopofaàceuxquifcroyentobftinez 
grandes  menaces  de  mort,telle  qu'auoyent  fourkrt  les  trois.  Et  leur  prorefta  qu'il  en 
auroitmoinsde  pitié  que  des  fufdits.-partat  que  chacun  euftà  tenir&:  garder  ce  que  les 
Pères  auoyent  fi  rcligieufementinftitué&:  entretenu.  ^  Ceiour  il  ordonna  que  Jar- 
gelfe  de  viure fuft  faite  auxartifans  &c  manouuriers  en  mémoire  de  trefgrandc  reliouif- 
làncc. 


GEFFROY    VARAG  LE,iWw. 

D  E  M.  Ceftroy  Voragle  miniftre  de  l'Euangilc  ,  nouspouuons  auoir  &  obfcrucr  cefte  conclufion  toute  affeurce.Quc  Dieu 
mettant,  les  fiens  en  œuure,il  leur  donne dequoy  pour  y  fournir:&  qu'vn  miniftre  eftant  appelé  vrayerricnt  deluy,fera 
conduit  en  forte  qu'on  verra  par  cffecT:  qu'il  n'a  pas  efté  introduit  du  cofté  dej  hommes:mais  que  le^eigncur  cftautheur 
de  la  vocation,quclquc  contradiction  ou  cmpcfchcmct  que  le  monde  y  fâche  mettre  par  cruautez  &  tourracs  extrême* 

DE-' 


CjejfrojVariïle.  +66 

[E  P  V  I  S  que  du  bourbier  monaftf'que,Gefrroy  Varagle  de  Bufque  ,  pays 
[de  PiedmÔt,a  efté  amené  à  Chi  ilt,il  s'eft  cellemcnc  dédié  &  offert  à  l'aduan  MJD-LVin 
jeement  de  la  doctrine  de  l'Èuangile,qucftâc  prifonnier,  pour  1  auoir  fidele- 
'mctprefcheecnlavallecd'AngrôgnejDieuvoulucqu'iJla  fighade  ion  iâg 
en  la  ville  de  Thurin  Parlcmenc  de  Picdmôc.  Cela  aduinc,Q_ue  retournant  de  Bufque 
pour  fe  retirer  audit  lieu  d' Angrongnc.il  fut  arrefté  en  la  ville  de  Barges:&le  x  y  t  i.dc 
Nouembre  m.d.l  v  n.adiourné  à  comparoir  perionrtellemét  deuantle  Lieutenant 
audit  lieu  ,il  s'y  trouua  farts  contredit.  *[Ce  Lieutcnant,apres  l'auoir  fait  iurer  de  dire 
vérité  fur  ce  qu'il  feroit  enquis,à  peine  de  cent  efeus  ,  6c  de  trois  eftrap'padcs  de  corde, 
linterrogua  premièrement  d'où  il  eftoic,de  quel  aage,dc  quel  art ,  6c  quels  eftoyent  fes 
biens  &  facultez.  Varagle  refpondit,qu'il  eftoit  de  Bufque  ,  del'aage  de  cinquante  ans, 
miniftre  delà  parolle  de  Dieu:n'ayant  aucun  bien.Interrogué,s'il  fait  la  caufe  de  fon  ar- 
rcft,refponditquenon:iinon,dit-il,qué  vous,monficur  leLieutenant,(àcequei'ay  en- 
tcndu)pouuez  auoir  charge  de  la  cour  du  Parlement  de  Thurin  de  conftituer  prifon- 
niers  ceux  qui  annoncent  la  do&rine  qui  vous  eft  lufpe&e.Enquis  s'il  auoic  annôcé  tel- 
le doctrine,en  quel  lieu  6c  de  quelle  authorité  6c  licences  dit ,  auoir  prefché  la  parolle 
de  Dieu  aux  lieux  d' Angrongnc  &:  lainct  Iean  de  Luferne,&:  y  auoir  efté  enuoyé  par  les 
minuVes  de  Gcneuc,&  ce  à  l'inftance  6c  requefte  des  poures  fidèles  dudit  pays.  Inter- 
rogué>s'il  ignore  la  defenfe  faite  par  leRoy  &:  la  cour  du  Parlement  de  Thurin,  afiauoir 
que  perfône  ne  fuft  fi  ofé  ne  hardi  de  prefeher  doctrine  rcprouuee  de  l'eglife  Romaine: 
a  refpôdu  qu'il  fait  bien  la  defenfe  auoir  efté  faite  aux  Syndiques  defdits  lieux  de  ne  te- 
nir aucuns  miniftres  ou  prekheurs  ne  nouuellc  doctrine*  mais  quant  à  autres  prohibi- 
tions 6c  defenfes  il  n'en  fait  rien.lntcrrogué,s'il  a  prefché  és  lieux  prédits  fauflfe  doctri- 
ne 6c  Luthérienne  défendue  par  le  Pape  :  a  dit ,  qu'il  a  prefché  la  parolle  de  Dieu,com- 
bien  qu'autrefois  il  ait  efté  de  la  fecte  Romaine.  £nquis,fi  par  cy  deuant  il  a  dit  6c  célé- 
bré laMelTe,s'il  a  efté  moine:a  refpondu  qu'ouy,par  l'cfpacc  dezy.ans.dequoy  il  luy  def- 
plait  grandemenr,d'autant  qu'ores  il  cognoit  que  la  Me/Te  contiét  beaucoup  d'erreurs 
côtrairesàla  parolle  de  DieU.^Pluh'eurs  autres  demâdes  luy  furétfaites.  Ecencre  au- 
tres chofes  luy  fut  remoftré  qu'il  n'igrtoroit  pas  les  ordônances& defenfes  faites  par  le  Ordômun- 
roy  Henry  1 1  .aflfauoir  que  ceux  qui  demeurent  où  paffcrtt  en  fes  terres  ,n*euifentà  en- 
feigner  autre  doftrine  que  celle  qui  eft  tenue  de  l'eglife  de  Rome.  Parainfi  qu'il  erroit  nuùzcr. 
grandement  en  tranfgrciTant  les  ordonnances  du  Roy  ,  duquel  il  eftoit  fuicct,pour  ob- 
feruer  celles  de  Geneue.GefFroyàccla  refpondit,qu'il  nepenfoitpas  faillir  en  prefchac 
l'Euangilette  fi  le  Roy  eftoit  bien  inforrqé  de  la  pureté  de  la  doctrine  qu'il  a  prefehee 
en  la  ville  d'Angrongnc,il  ne  contrediroit  pas  n?empefcheroit  fes  prcdications,lef- 
quelles  ne  contiennent  aucune  faufle  ou  erronée  doctrine.  ^On  luy  obiecta  l'authori- 
té  des  Concilesrmais  il  refpondit ,  qu'après  que  l'euefq  de  Rome,qui  s'appéloit  Bonifà- 
ce ,  eut  vlurpé  le  nom  6c  titre  de  Pontife  par  de/Tus  les  autres ,  beaucoup  de  Conciles 
ont  efté  tenus  au  vouloir  du  Pape,afin  d'enrichir  l'Eglife  par  moyens  illégitimes.  Quât 
aux  autres  qui  ont  efté  tenus  pour  l'édification  commune  de  l'Eglife  félon  la  parolle  de 
Dieujcomfne  çeftuy  de  Nice  &  autres,il  ne  refufoitdc  s'y  arrefter':  6c  nes'en  veut  recu- 
ler n'efloignerien  tant  qu'ils  font  conformes  aux  efents  des  Pères  anciens,  aiTauoir  les 
Prophètes  6c  Apoftres.Ce  Lieutenant  6c  fes  affiftens  oyans  Varagle  tant  rcfolu,aducr- 
tirent  le  Parlement  deThurin,lcquel  delpcfcha  incontinentgens  pour  l'amener  àThu 
tin,ôi  luy  faire  fon  procés.Nous  entendrons  parles  actes  dudit  Parlement  tout  le  faict, 
voire  la  vie  du  prifonnier*&  la  procédure  tenue  contre  luy ,  extraite  de  l'original  Latin 
comme  s'enfuit. 

CE  iourdhuy  ài'ifTucdu  Confeil,la  Cour eftantaduertiequ'vn  nommé  Geffroy  Va- 
ragle deBufque,miniftre  prefehant  herefies  en  la  vallée  d'Artgrôgne auroit  efté  a- 
mené  és  prifons  de  ladite  Cour,a  in  terrogué  ledit  Varagle  après  ferment  fait  de  dire  ve 
rité,De  quel  art  ou  profeflïon  il  eftoit ,  6c  la  caufe  pour  laquelle  il  auoit  efté  prifonnier, 
Iceluy  a  refpôndu,qu  autrefois  il  auoic  cfte  delà  religion  des  Cappucins,iadis  compa- 
gnon de  frère  Bernadin  de  Sienes  ,  député  auec  luy  &  douze  autres  Frères  pour  aller 
prefcher.Qu  eux  eftans  à  Rome  auroyent  efté  détenus  en  prifonnon  fermee,mais  fous  Oo»™" 
ferment,enuiron  l'efpace  decinqans:&  que  chargez  d'eftre  de  la  fecte  Luthcrienne,ils  paruicc  au 
abiurerent  en  termes  généraux  couces  herefies.  Sur  cela  à  l  inftâce  de  quelques  Cardi-  «nioifterc. 
naux,on  ordonna  qu'il  poferoie  l'habit  de  ladite  religion  pour  eftrc  preftre  feculicr. 


Qu'en  ceft  habit  ilauroitperieuerciufquesau  temps  de  l'an  m.d.l  v  i.  auquel  eftanta- 
uecle  Légat  du  Pape,ilauoitpenlîoncompetente,&ctenoit  bénéfices  pour  s'entrete- 
nir.Qu'eltant  à  la  fuitte  dudic  Legat,il  mangea  deux  ou  trois  fois  auec  meilleurs  les  pre 
fidensPurpurat&  Defainc"tIulian,quipour  loiscftoyétauiTi  en  laditeCour.  Au  retour 
de  laquelle,  fi  toft  qu'il  futarriué  à  Lyon, il  print  côgé  defon  patrôlereucrédiffime  Le_ 
gat:&feretiraà  Geneue,eftât  ftimulédelà  côfciéce.Auquellieu  après  auoir  demeure 
quelques  mois,fut  cfleu  paiCaluin  6c  autres  pour  aller  prefeher  l'Euangile  à  ceux  d'An 
grongne,auec  lettres  tcftimonialcs  &  gagc:&:  y  a  quatre  à  cinq  mois  qu'il  y  annonce  TE 
uangile à  Iafaçon  de  Gcncue:prefchant  quatre  iours  en laf'epmaine, auec  vnaucre  ini- 
mitié nommé  M. Noël,  qui  aulïiprelche  les  quatre  iours  en  Jafepmaine. 

In  te  rrog  v  e  plus  auant,a  fouftenu  que  la  doctrine  &:  foy  qu'on  tient  à  Gencue 
eft  meilleure  &c  plus  vraye  que  celle  de  l'eglile  Romaine:  voire  &  que  les  Conseillers  de 
cefle  Cour,&:  tous  ceux  qui  tiennent  les  traditions  d'icclle  eglile  Romaine,aiTauoir  és 
article  s  contraires  à  ceux  de  Gcneue,font  en  trefgrand  erreui  &:  abus.^  A  ditaulfi,  qu'e 
(tant  en  ladite  vallée  d' Angrongne  auroit  cité  appelé  de  la  part  de  monfieur  deMontif- 
cal)e,pou r  venir  à  Di  agonere  ouïr  choies  qui  luy  feroyent  propolees  fu r  le  poindt  de  la 
tuftification:&:  qu  en  reuenant  duditlieu,auroit  efté  détenu  priibnnier  en  la  ville  de 
La  iuftiiîca  Barges. Interrogué  quelle  foy,quelle  vie  Se  mœurs  il  a  fuadé  ou  difluadé  à  l'es  auditeurs: 
tioa  parla  à  dit  fur  tout  auoir  prefché  &C  traité  publiquement  l'article  de  la  Iuitification,alTauoir 
q  parla  feule  foy  en  la  mifencorde  promile  parla  mort  de  noftreSauueur,tousceux  qui 
croyent&:  le  repentent,  ayans  fiance  en  icelle  mil"ericordc,ont  remiflîon  de  leurs  pé- 
chez.Dauanrage  que  les  bonnes  ceuures  ne  peuucnteftrecaufedela  remilfion  de  nos 
péchez, encores  qu'elles  loyent  requîtes  &c  necellaires  pour  obtenir  falut  corne  lefruic 
delà  iufticedefoy,&  non  pas  commela  caulé.  Et  qui  ne  voudra  bien-faire,  fans  doute 
ceftuyJafc  glorifiera  en  vain  d'auoirla  foy  iuftifiante  :  veuqu'icelle  eftant  vn  don  de 
Dieu,nc  peut  eftre  feparec  de  charité.  Et  n'a  point  dit, que  la  foy  iuftific  comme  fi  c'e- 
ftoit  vneœuure  digne  de  loy-mcfme,par  lequel  nous  puiffions  mériter  la  remillîon  de 
nos  pechez'-rnais  poune  (juclleefil'injlrurnent&  le  moyen  par  lecjueinous  appréhendons  la promejje 
gratuite  àeli  femenec  bénite promijeà  ^àam^braham^aux  autres  Pères.  A  dit  en  outre  &C  afieu 
ré,que  ceux  qui  conf:  ffenr  eftre  iuftifiez  en  telle  forte  par  la  foy, encore  qu'ils  ne  facenc 
aucune  mention  des  ceuures,&:  de  la  mortification  de  la  ehair,ne  font  point  en  erreur; 
d'autant  que  lefdites  ceuuresfuiuent  necelTairement  la  foy ,  &:  mefmes  que  fans  icelles 
elle  eft  morte  totalement.    Le  Lundy  x  x  v  i  i.iour  de  Décembre  m.d.l  v  n.enquis 
Du  franc    du 11  anc  arbitre,a  dit  auoir  enfeigné  les  auditeurs,que  le  franc  arbitre  eft  quelque  puif- 
arbitre.     fanec  de  raifon  ou  de  volonté  ,  par  laquelle  le  bien  eft  efleu  la  grâce  eftant  donnee:&  le 
mal  eft  efleu  icelle  grâce  défaillante. Sur  quoy  il  a  allégué  quelques  Do&eurs ,  fpcciale- 
ment  S.  Auguftin  ôc  fainét  Ambroife  De  la  vocation  des  gctils.ToutefoisDieu  n'œuure 
pas  en  nous  par  fa  grâce, ainlî  qu'en  des  créatures  fans  raifon, mais  ainfi  qu'auecles  cré- 
atures ayans  volonté,laquelle  foit  bonne  &:  d'accord  auec  l'infpiratiô  diuine:il  faut  auf 
a Wurd  té  ^  qu'^e  10  i£  préparée  du  Seigneur  qui  fait  en  nous  &c  le  vouloir  &:  le  parfaire  ,felo  Je  pro 
d«  Scôu-  pos  de  fa  volonté.  Par  ainfi  qu'il  le  faut  garder  de  confentir  auec  aucuns  Scolaftiques 
toques.     qui  dilént,que  nous  pouuons  aimer  Dieu  de  nos  propres  forces  naturelles  :  &c  queDieu 
ncdeniepasfagraccàceftuy-laqui  fait  ce  qu'il  peut  :  &:  telles  abfurditcz ,  lefquelles 
fentent  la  doctrine  de  Pelagius  confutee  par  le  Coneile  de  Ierufalem  :  &:  par  faintt 
Auguftin&autrcs  docteurs  catholiques.  Ilaenlcignc,  qu'il  ne  le  faut  pas  tourmenter 
des  mentes,&:  de  leur  rémunération  :  &c  que  quand  il  en  eft  parlé, nous  dcuons  confei- 
i.Cor.4     fer  que  ce  font  dons  de  Dieu:& quand  il  couronne  nos  mérites  (dit  faind  Auguftin)  il 
ne  couronne  rien  linon  fes  dons, comme  dit  rApoftre,Quas-tu  que  tu  n'ayes  receu?il  a 
en  hor»  eur  le  zele  de  l'Elcot,de  Bonauenture,&:  de  quelques  autres ,  parce  qu'il  n'eftfe- 
lon  fcience:ayans  trois  fortes  de  mérites, airauoir,co»^«/,yz^/î/,  &  condigm  :  &c  encore  plus 
Ocuuresdc  *cs  mentes  de  lupercrogation  des  Moines,lefquels  ils  appliquent  pour  fatiffaireauxpc- 
dc  liiperc-  chezdes  viuans  Se  des  morts, comme  auffi  leur  dire  eft,  Qu.c  leurs  ceuures  quelles  qu'el- 
ro^acion.   ]cs  f0yent,meritent  d'auantage  que  celles  des  feculiers,voi;e  qu'en  dormant ,  veillant, 
eftudiant  &:  trauaillant,ils  meritent,eftans(comme ils  parlent)en  la  nauire ,  c'eft  à  (lire, 
en  leur  religion  qui  mené  au  port.    lia  pareillement  en  abomination  leurs  blafphe- 
mes,alTauoir,que  les  Sainds  ont  plus  de  mefites  qu'il  n'en  falloit  pour  la  làtilfadtion  de 
leurs  pechez-.ils  en  font  vn  threfor  qu'ils  méfient  auec  les  mérites  de  Chiift ,  pour  eftre 

diftrL 


Cjeffroy  Varaglc^j.  46  7 

diftri  bue  par  le  Pape  en  vertu  des  clefs  qui  luy  iôc  donecs  deDieu,en  baillant  des  indul- 
gcces&:  bulles.Toutes  lefquelles  chofes  il  a  ptefche  deuoir  eltre  reicttees  de  tousChre- 
ftiens.    DelapRE  de  stination  il  a  enfeigne,  qu'il  ne  faut  debatre  de  Iacaufe  de  taPr«^- 
noftre  ele&ion,ne  de  la  part  de  ccluy  qui  eflit,  ne  de  la  part  des  cileus,  veu  qu'autre  cau- 
fè  n'elt  aflignee  par  la  parolle  de  Dieu,  finon  le  bon  plaifir  de  la  volonté  Diuinc  :  &  qu'il 
nous  doit  fufKre,  que  Dieu  nous  eft  pere  bénin &:  mifericordieux.  Que  les  homes  ci  ai- 
gnans  Dieu  doy  uent  cftre  dihgens &  foigneux  par  vraye foy  &  bonnes  œuures, qui  Ion t 
truies  d'icellc,  rendre  certaine  leur  vocatiô&  élection,  comme  fainct  Pierre  ftnfeigne.  2 •Plcr-î-IU' 
Doncqucs  les  doutes  des  Scolattiques  (ont  pluscuneufesqu'vtilcs,aiFauoir,  Silaprede- 
ftinatK)ii  eft  châgee  ou  entrée  en  vn  rempsia  paifé:Si  le  nombre  des  eikus  fe  peut  aug- 
menter ou  amoindrirai ceituy-la  qui  eft  eflcu  a  la  puiffance  à  1  oppolite.-item ,  Si  nccc£ 
fairement,ou  par  contingent  (comme  ils  parlent)  quelcun  eftefleiï.    Lefquelles  que- 
ftiôsdoyucntelhc  rcienees,  tant  s'enfaut  qu'il  les  faille  propoicraux  auditeurs  Chré- 
tiens. DelaConfeiîîon  auriculaire  ilaenfeigné&:  la  tient  n  eftie  ordônce  ne  de  Dieu, 
nededroict  diuin,mais  polinf,aftauoir,  d'Innocent  Pape,  cômandee  au  troifîemecon-  Confcflîon 
cile  de  Latran,fclonlechapX>ww$^rr;K/^«f/fx^.C^eledencinbtemencdcs  péchez eft  de  droit  ^o- 
chofeimpofllble, laquelle  neantmoins  requiert  ledit  Canon,  en  dihnuQMiu*  petcata fia:  1  ' 
Qu  il  eft  encore  plus  impofliblc,  de  confeilerles  circonitances  aggiauancesou  attiran- 
tes d'autres  efpeces,  fans  lefquelles  aulïî  les  péchez  oubliez  (fclô  l'opinion  de  fticot 
des  Sonimiltes)ne  font  pardonnez.  Toutefois  a  confeffé  que  ladis  on  auoit  recoin  s  aux 
Anciens  de  i£glife,pourrcdrc(Ter  les  confcicncesaffligccs&efpouuantets  delà  pefan- 
teur  des  péchez,  parla  parolle  de  Dieu ,  pour  humilier  ceux  qui  s'efleueroyenr ,  ou  qui 
neioroyent  touchez  du  fentiment  de  lue  de Dieu& deion  iugement:poui  monftrer 
les  remèdes  de  fe  garder  de  retomber,  &  prier  pour  le  penicent,qu  ilsauroyent  veu  cô_ 
uerty.  Il  n'y  a  celuy  qui  feuft  mefpt  ifer  telle  manière  de  confefler:  ce  que  luy  &  l'es  côpa- 
gnons  ne  reiettcntaucunemét,ains  en  cefte  façon  enfeignent,confolcnt>  ou  retiêneuc 
les  péchez  de  leurs  auditeurs.  Touchant  à  satisfactio  n, a  enfeigne &tiét  pour  Satsfacl:on 
certaî  qu'il  n'y  a  chofe  qui  puiife  fatisfaire  pournos  péchez,  finô  la  mort  de  lefus  Cbnil, 
laquelle  chacun  vray  repentant embrafTe  parfoy.  Trop  bien  qu'ilfalloir  iatisfaire  à  fE- 
ghfe  pour  les  péchez  publics  par  pénitence  publique.Quant  aux  péchez  cachez ,  nous 
ne  pouuons  fatisfaire  à  TEglilc,  ny  à  noftre  prochain,  finon  que  nous  changions  de  vie, 
corne  dit  Baule,  inrefntlubreuioribH-s.  Des  i  n  d  v  l  g  e  n  c  e  s  ,il  tient  ÔC  a  enieigne  aucijr  In<j:1rcnccs 
efte  le  temps  pafleremiÙions&relafches  des  tourmens  de  la  chair,  aifauoir,  quictcmcs 
des  latisfadionspubliques,ordonnees  de  l'Eglife  à  ceux  qui  publiquement  auoyéî  r.ul- 
îy. Lefquelles  fatisfactions  eftoyent  baillées  par  les  Patriarches  &:  Euefqucs,&:  eftoyent 
commiiesm^o/'j<wi'e'//»/>rf)tt'/».Icellcs  rt'eftoyent  contre  Dieu&  la  parolle.  mais  quauc 
aux  iiui ulgéces  des  Papes,&  leurs  efcrits&:  bulles, par  lefquelles  la  cou.lpe  &:  mort  éter- 
nelle eft  remiCe,  a  dit,  cela  eftre  du  tout  abfurde,&:  a  nié  eftre  vray.     De  l'i  n  v  o  c  a-  j'1"  )C3t  c 
t:on  des  s  a  in  c  t  s,aditauoirenfeîgné,quel^iirectiondeccuxquifontmoitscn 
lefus  Chrift,  en  v  raye  confefiîon  de  l'Euangile,&:  qui  ont  vefeu  félon  fa  parolle,  n'cft,iu- 
cunemeift  diminuec,ains  pluftoft  augmetee  après  qu'ils  font  receus  au  ciel  :que  tel  de- 
fïr  &:  afTe&ion  ivcft  contraire  à  la  parolle  de  Dieu, mais  pourec  qu'iJ  ne  fe  trouue  rien  de 
cecy  en  r£lcriturefamcl:e,laquelleau  contraire  nous  enfeigne  qui  nous  deuons  prier 
&  coin  ment, aifauoir,Dieu  par  lefus  Chrift  noftre  Seigneur,  feul  fauueui ,  moyen  neur 
&  aduocatjil  nous  faut  iiiyure  cefte  règle,  nedoucans  que  nous  obtiendras  nos  reque- 
fïcs.    Des  i  m  âge  s,  a  enfeigné-,qu 'elles  ont  efte  introduites  en  l'eglifede  Dieu  cotre  D^sinuccs 
la  première  table,  lefquelles  Epiphanius  euefque  de  Salaminc  a  reicttees  de  l  Eglife, 
comme  il  appert  en  fa  vie  traduite  de  Gtec  en  Latin  par  S.Hierome.ScmbJablemct  qu 
elles  ont  elle  reiettecs  par  Léon  Ifaure  empereur,  par  Conftantin  5  &:  6.  par  le  Concile 
cle  Conftâtinoble&:  Elibertinenuuô  fan  du  Seigneui^oo.côbien  q  puis  après  elles  onc 
efte  de  nouueau  introduites  parauttes Pôtifescn  leurs côciles  ten9cnltalic,&  parThe- 
odoraIrene,enuirôran8oo.Outreadit&:ah^rmé,qu'ilaprefché&:enicigné,(]u  és  cho 
(es  qui  concernét  la  f  oy,côme  en  ceft  article,il  falloit  pluftoft  demeurer  en  ce  que  Dieu 
en  auoit  pronôc  é  par  fa  parolle,qu'en  ce  q  les  homes  delpourueus  de  la  parolle  de  D;eu 
cniuoyctEîit.  Du  pvrgatoir  e  ,  veu  qu'en  l'Efcriturefai&eil  né  eft  fait  aucune  me  DuPursa- 
cion:&  que  ne  deuôseftreenfoucy  fur  ceux quiiontmorts,&:  que  lelus  Chrift  ayâtfatil-  CDTrf  r 
fàicpournospecheZjfeûcdàUdcxKcecerneUedeDieulePereïVeuaulliqtouclegcie  1    °  '4* 

KK. 


Iwo  VL  yeffw  Varaglcu. 

humain  eft  diuifé  en  deux  forces,  aflauoir  les  fidèles  te  les  incrédules  :  qu'aux  premiers 
la  vie  éternelle  eft  afîignce  te  donnée  par  la  Parollc  de  Dieu,  te  aux  autres  la  mort  éter- 
nelle: il  n'eftloifible  a  aucun  de  mettre  enauanten  l'Eglife  du  Seigneur  vn  croifieme 
Pupjpc.   genre  d'hommes,  n'aflignervn  tiers  lieu  aux  ames  âpres  cefte  vie.    Quantau  Pape, 
il  fait  te  tient  qu'il  ne  fcroitloifi-blc  de  forcir  hors  de  îobciflance  deue  parla  parolle  de 
Dieu  aux  Eueîques&:  Prélats, pour  leur  mauuaife  vie,  pourueu  qu'ils  enfeignent  côme 
ilappartient,fans  notedelchiimeou  herefîe:  veu  quefommesapprinsde Dieu  ,  les  ef- 
Matth.iî.1.  coûter  quand  ils  feront  affis  fur  la  chaire  de  Moyfe:  &  ce  qui  s'enfuit.  Mais  s'ils  enlèignec 
chofes  mefchantes,ou  répugnantes  à  la  vente,  IcfusChnft  commande  de  nous  en  don- 
Maah.i6.tf,  ner  gartle ,  quand  il  dit  >  Gardez-vous  du  leuain ,  c'eft  à  dire,dela  do&rine  des  Phanfiés 
te  Sadducicns:car  fi  vn  aueugle  mené  vn  autreaueugle,tou5  deux  ne  tomberont-ils  pas 
en  la  fofle .?  Or  veu  que  le  Pape  veut  côtreindre  de  croire  choies  qui  répugnent  directe- 
ment à  la  parolle  de  Dieu,  les  fidèles  ne  peuuent  adhérer  aucunement  à  luy, leur  côfci- 
cncefauuc.&:  ne  peut-on  toutefois  dire  qu'ils  foyent  pourtant  hors  de  l'Eglife,  laquelle 
eftant  refpoufedeChrift,colomnc&:  force  de  vérité,  elle  oit  la  voix  de  fon  cfpoux,&  ne 
s'cfgare  de  fa  bergerie.  Au  contraire ,  le  Pape  ayant  laifle  touce  vérité  en  derrière ,  con- 
traint par  fes  décrets ,  excommunications ,  cenfures,  glaïues  te  flammes,  d'acquiefcer 
àfes  commandemens  &craditions,cous  ceuXquinefuyuenc&:  confencent  àfadotfcri, 
ne.  Ce  n'eft  pas  à  dire  que  les  fcfnfnles  ou  diflenfions  plaifent  aux  fidèles  :  car  ils  ne  déli- 
rent rien  plus  que  bon  accord  te  vnion  s  mais  c'eft  pourec  que  les  commandemens  de 
Dieu,  te  les  traditions  des  hommes,  font  chofes  directement  côtraires:  te  que  les  Chre- 
ftiens  ne  peuuenc  garder  l'vn  fans  offenfer  l'aucrc.    Or  les  chofes  que  ledit  Varaglc  te 
ceux  qui  fuy  uent  la  viraye  do£trine,iugent  nocoiremenc  concraires  à  la  parolle  de  Dieu  * 
font  celles  qui  s'enfuyuét:  i  .Que  l'eucfque  Romain  a  les  clefs  de  l'Empire  celefte  te  ter- 
rien, auec  puiflance  de  tous  les  deux  glaiues ,  diftinfi*  19 .  cap.itd  Dominus .    n.  Que  les 
Articles  de  Conciles  ne  peuuent  eftre  aflfemblez,  ne  déterminer  aucune  chofe  fans  luy ,  te  que  tous 
Pa  akire-  ^es  kcrets  d'iceuX  demeurent  in  ferinio  pettont,  comme  cachez  au  coffret  de  fa  poi&rine: 
aemët  op-  contre  lefquels  il  peut  ordonner  félon  fon  plaifir,  diflmâ.zi.cap.inoouo. 

pofczàla 

parolle  de  q  £  iourdhuy  pource  qu'il  cftoit  tard  il  ne  fut  ouy  plus  auant.    On  continua  au  Mardy  18.  iour  dudit 

P*cu-  mois  de  Décembre  ce  qui  s'enfuit: 

111.  Que  les  commandemens  du  Pape  font  en  pareille  authorité  auec  les  comman- 
demens  de  l'Euangile,&  qu'ils  obligée  fous  peine  de  peche  mortel  les  fidèles  de  Chcift, 
tidiftirUi.cap.omnes.&cap.fàatofa»3a:\equclpcché  le  Pape  ne  pardonne  à  aucun  fexcny 
aage,  finon  que  la  difpenfation  de  la  loy  foit  rachetée  par  argent.  1 1 1 1 .  Qu'il  peut  à 
fon  plaifir  expofer  les  Efcritures:  à  la  détermination  duquel  il  faut  immobilement  s'ar- 
refter,  d'autant  qu'il  ne  peut  faillir  en  ce  qui  concerne  la  foy  ydifttnël.i?.  cap.  Sicotnnes.  &* 
cap.NuIlt.  v .  Qu'il  peut  introduire  te  inftituer  nouueaux  feruices  meritans  iuftice,cô- 
mc  les  ordres  des  mendians  :  lefquels  l'Eglife  de  Chrift  n'a  cogneus  par  l'efpace  de  1200. 
ans.  Item  les  pclerinages,merites  des  Sain&s  te  applications  d'iceuX  ,enfeuelir  auec  l'- 
habit feraphic,ou  de  S.  François:  aufquelles  chofes  quatre  Papes  n'ont  efté  honteux  d'- 
attribuer la  remiflion  de  la  quarte  partie  des  péchez  pour  vn  chacun.  Item  d'ordonner 
les  chappelets ,  indulgences  te  iubilez  par  bulles,auec  remiflion  de  la  coulpec?:  morce- 
ternelle.  Ecfpccialemencenapprouuanc  celle  exécrable  indulgence,  appelée  en  leur 
gergon,  de  Sain£te  Marie  de  portiuncula,  pour  recirer  lésâmes  de  Purgatoire,  v  1.  Qu'il 
adefpouillc  de  vrais  Paftcurs les  Eglifes  des  Chreftiens:fubftituant  en  leur  lieu  gens  i-, 
gnoransles  fain&es  Efcritures,  &  mefmes  infâmes:  lelquels  puis  après  il  adifpenfez  de 
re(ider&:  auoir  foin  des  ames,  contre  Dieu  te  tous  droits,  vu.  Qu  es  Dglifes  de  fon  o- 
beiflance  rien  ne  peut  eftre  entendu  par  les  idiots  :  qui  eft  contre  la  do&rine  de  S.  Paul. 
Que  tout  y  retentit  en  fons  de  chats  de  cloches  te  orgues  te  n'y  a  fin  nemefure  en  leurs 
luminaires  te  mortuaires.  Qu'à  grâd'  peineen  fix  moison  y  oit  vn  feul  mot  d'exhortatiô 
à  vraye  pieté.  On  y  nourrir  &:  entretient  l'idolâtrie  par  l'introduction  des  images ,  par  la 
TraniTubftanciation  du  pain  en  la  Méfie:  lefquelles  chofes  Je  poure  peuple  cft  côtrafnc 
d'adorer ,  voue  y  accourir  comme  au  refuge ,  attribuant  diuinité  à  celles  chofes,laquel- 
lc appartient  au  feul  Dieu  viuanc- Le  Pape  eftime  plus  les  conftitutions  &loix  queles 
commandemens  de  Dieu .  car  fi  quelcun  mange  chair  le  Vendredy  il  eft  excommunié: 
mais  s 'il  blafpheme  le  nom  de  Dieu,  cela  demeure  impuny.  Si  aucun  ayant  voué  cha- 

fteté, 


Cjejfroy  Varagle.  +6 S 

ft été,  commet  paillardife,  ou  adultère,  foit  moine,  (oit  preftre,  ccftuy-la  fera  digne  d'- 
vn  bénéfice  &C  faueur  Apoftolique .  Que  s'il  a  mieux  aimé  fe  marier ,  félon  le  remède 
que  Dieu  a  baillé:le  Pape  veut  qu'il  foitbruflé.  Si  qutlqu'vn  lit  les  liures  desSophiftcs 
&  Sommiftes,&  lesconfbrmitezde  Berthelemy  de  Pilis  remplies  d'infinis  blafphemes  Cfiformitcz 
&iniures  à  l'encontre  du  Fils  de  Dieu,  voire  qu'il  aie  en  feigne  d'y  croire  ,  lePapeveut  ijJfs°lh,dç 
qu'on  l'eftime  bon  catholique.  Que  s'il  a  efté  fi  hardy  de  lirre  ou  toucher  feulement  les 
liures  d'Alemagnc,qu'il  foie  empnibnné,ou  à  tout  le  moins  anathematizé.  v  1 i  i.Que 
l'article  de  la  Iuftification  de  la  foy  a  eflé  efteint  du  tout  par  les  traditions  des  Papes  :  &:  JjJjJ^*"^ 
Léon  dernier  expiré  l'a  bruflé  publiquement,    i  x.  Qu'on  a  arraché  toute  diiciphne  pluficursfc- 
des  Eglifes,&:  baillé  la  vogue  à  tous  ioueurs,  paillards,  blafphemateurs  &c  Sodomites, cras<iu^ 
lefquelsne  font  aucunement  chaftiez  ne  feparez  de  la  compagnie  cles  autres,  contre  la  8<" 
doctrine  de  S.Paul,     x .  Que  le  Pape  a  mis  au  nombre  des  Saincïs,ceux  qui  par  leurs  ef- 1.0*.$. 
critsiniurieux  ont  defgorgé  chofes  enragées  contre  le  Fils  de  Dieu&  (apatolle,co;  i  ô- 
pansi'Efcriturefain£te,pour  eftablir  non  feulement  fa  primauté,  mais  auffi  la  tyrannie; 
comme  ces  partages ,  le  t'ay  côltitué  furies  nations  &C  règnes,  afin  que  tu  arraches  &.  de-  Icre  t 
ftruifes,&:quetu  édifies &c plantes.  Item,Iefrapperay  d'vne  verge  de  ferles  Rois  d'i-  Wcau.i.<f. 
ceux,  U  ce  qui  s'enfuit.  Adorez  le  feabeau  de  fes  pieds ,  pource  qu'il  eft  faincL    Tu  l'as  1 
couronncdegloire&:  honneur, &  tu  rasconftituéfurlesœuures,&:c. &as  toutes  cho- 
fes  fubmis  dellbus  fes  pieds  :  les  brebis,  c  eft  à  dire,lcs  Chreftiens  :  les  bœufs,  c'eft  à  dire, 
les  Pt inecs  :  les  belles  des  champs,c'eft  à dire,tout  le  clergé:les  oifeaux  du  ciel,c'cft  à  cti- 
re,les  An^es:  les  poifTons  de  la  mer,c'eft  à  dire,îes  diables,heretiques  &:  infidèles.  Bref, 
la  volonté  &  fes  inuentionsluy  font  pour  raifon.    x  i.Iln'eft  loifibleàaucun  de  le  re- 
prendre &  arguer  de  fes  fautes:encore  queparfonmauuais  exemple  il  mené  les/a'mes 
par  bendes  en  enfer,  pour  eftre  tourmentées auccluy,  comme  il  eft  dit,  àiftinQ./p.  cap. 
Si  Papa.  Il  ne  peut  eftre  iugé  ne  des  Empereurs  &  Rois,  ne  mefme  de  fon  clergé:comme 
iXc^ticntVtnoua^uAfttoncycap.Nemoiuâmbitprirnam  fedtm.  Doriques  veu que  nonfeu- 
lement  il  vit  malheureufement  aucc  les  fiens ,  mais  aufîî  enfeigne  chofes  contraires  à  Ja 
parollede  Dieu,  &  permet  les  enfeigner,  comme  il  appert  par  ceque  de/Tus,  &  beau- 
coup d'autres  raifons.ioint  que  tous  ceux  qui  font  rachetez  par  le  fang  deChrift  ne  peu- 
uent  bien  viure  finon  qu'ils  foyent  inftruits  félon  la  voix  de  leur  pafteur  &c  cfpoux:  il  a  e- 
fté  necefTairc  quand  elle  nous  a  efté  apparue ,  &  que  nous  I'auons  ouye,de  la  iuyure:voi- 
re  mefme  auec  toutes  difficultez ,  &  de  nos  biens  &  de  nos  vies  :  &  en  ce  faifant  de  quit- 
ter l'Àntechrift,& le  lailfer  du  tout.  Dauantageaditqueluy  auec  fes  côfreresnecoiru 
mencent  de  cefte  heure:  &  ne  font  pas  feuls  qui  deteftent  les  chofes  fufdites ,  comme  il 
fe  peut  voir  au  Concile  de  Carthage  cinquième:  aux  Epiftres  de  Cyprian  à  CorneiLle:d' 
Irenéc  adViclorem  Papam-.de  Grégoire  premier  contra  Ioannem^rchiepijcopum^àC  beaucoup 
d'autres. 

C  v  r  ces  entrefaites ,  M.  Ican  Caluin  confola  M.  GerTroy  Varagle  prifonnier  à  Thurin 
par  lettre  eferite  en  Latin, que  nousauons  traduite  comme  s'enfuit  :  Co  mjiek 
(rrefcher  &  bien  aimé  frere)que  les  nouuelles  de  voftre  empnfonnement  nous  ayen  t  e- 
ftc  fort  ttiites.&  fafcheufes,  tât  y  a ncatmoins  qu'elles  nous  eufTcnt  nauré  le  cœur  beau- 
coup plus  grieuement,  fi  noftre  bon  Dieu ,  lequel  a  accouftumé  de  tirer  la  clarté  des  té- 
nèbres, ne  nous  euft  adoucy  noftre  triftefTe  par1  quelque  ioye  &  côfolation.  Car  nous  a- 
uons  bien  de  quoy  nous  reûouir,fachans  que  voftre  labeur  a  défia  commencé  d'eftre  icy 
profitable,  voire  en  la  prifon  mefme:  que  par  voftre  moyen  l'Euangile  de  noftre  Sei- 
gneur Iefusaefté  plus  magnifié,  que  fi  vous  eufïiez  efté  en  libertés  à  deliure.Parquoy 
cefte  gloire  dont  fain&  Paul  fe  glorifioit,  àbondtoift  vousdoit  bien  donner  courage,  -t/Tinu,* 
afTauoir  combien  que  les  ennemis  vous  tiennent  captif,  que  la  parolle  de  Dieu  n'eft 
point  lice,  &:  que  non  feulement  la  porte  eft  ouuertc  à  des  auditeurs,  lefquels  efpan- 
dront  plus  loin  cefte  femence  de  vie,  qu'ils  auront  receué  de  voftre  bouche:  mais  que 
le  fruirï  appatoift  défia  deuant  vosyeux.Que  s'il  vous  aduient  d'eftre  tenu  encores  plus 
eftroitement,  toutefois  ce  fruicl;  de  voftre  labeur  vous  feruira  de  confolation  finguliete, 
d'autant  que  fi  la  confeflion  de  foy  faite  deuant  vne  nation  tortue  &  peruerfe  eftvn  fa- 
crifice  agréable  à  Dieu ,  combien  plus  douxferal'odeurjquis'efpandpourle  falut  de 
plufieursî 

A  v  refte,  vous  voyez,  monfrerc,  â  quelle  guerre  vous  eftes  appelé  ,&  vous  faut 

KK.  ii. 


bien  conliderer  cela  diligemment:  car  puis  que  Ielus  Chrift  requiert  d'vn  chacun  par- 
M^uo.31.  tlculier  qu'il  rende  teimoignage  à  (on  Euangile,  il  vous  a  obligé  beaucoup  plus  eftroi- 
temcnt,  vous  ayant  ordonne'  pour  annoncer  publiquement  la  doctrine  de  falut,  laquel- 
le eft  maintenant  affai'llie  en  voftre  perfonne.  Qifil  vous fouuienne donc, que ceftuy- 
la  mefmequi  a  bien  daigné  vous  faire  ceft  honneur ,  vous  a  produkt  pour  fon  telmoin, 
afin  s'il  cil  bcfoin,  que  vous  ligniez  dé  voftre  propre  fangee  qu'auparauant  vous  auez 
enieigné  de  bouche.  Cependant  ne  doutez  point,  qu'il  ne  foit  fidèle  gardien  &  prote- 
cteur de  voftre  vie.  Et  d'autant  qu'il  a  promis  que  la  mort  des  Saincts  luy  fera  precieufe, 
quelque  iiluc  qu'il  en  aduienne,  que  cefte  recompenfe  vous  fuffife  :  c'eft  que  maintenue 
le  Fils  de  Dieu  triomphe  par  vous,  afin  de  vous  recueillir  en  la  compagnie  &c  iouifian- 
ce  de  la  vie  éternelle.  le  rte  m'arrefteray  pas  dauantage  fur  ce  poinct  auec  vous ,  pour- 
ce  que  ie  mepçrfuade ,  que  vous-vous  appuyez  &  repofez  en  la  protection  &  lauuegar- 
dede  celuy, auquel  quand  nous  mourons  &viuonSinous  fommes  en  mourant  trop 
plus  heureux,  que  ne  font  point  les  hommes  terreftrcs  &:  profanes  en  viuant.Mes  com- 
pagnons &L  frères  vous  faluent.  le  prie  noftre  Seigneur  qu'il  vous  gouuerne  parla  pru- 
dence de  fon  Efprit  :  vous  arme  d'vne  force  inuincible,  &  vous  maintienne  lous  fa  pro- 
tection.   Le  dixfeptieme  de  Décembre,  m.  d.  ivii.  Voftre  I.Caluin. 

RÉSPONSESdeM.  Geffroy  Varagle  fur  certains  poin&s  de  la  doctrine  par  luy  annoncée. 

LE  S  Commiftaires  au  procez  de  Varagle ,  permirent  qu'iceluy  rédigeait  par  cL 
crit  fes  rcfponles  aux  poincts  fur  lefqucls  il  auoit  fpecialcment  cfté  interrogué , 
comme  s'enfuit: 

Del'Eucha-     I.  geffroy  Varagle  a  enfeigné  qu'au  Sacrement  de  la  c  e  n  e  Jafubftance  du 
F%-       corps  de  Chrift  fous  l'efpece  du  pain  &  du  vin  nous  eft  donnée.  Item  que  le  pain  &:  le 
vin  ne  fe  changent  point  &  ne  font  point  traniTubftanuez  quant  àlafubftance  &acci- 
dcns:mais  icelle  melme  fubftanceSc"  accldens  demeurans,  le  pain  &c  le  vin  prennent  v- 
ne  autre  lignification  &  autre  manière  d'eftre,  aiîauoir  que  ce  pain  &c  ce  vin  matériel  di 
ftribuez  en  la  Cene  ne  lignifient  &monftrent  feulement;  mais  aufli  reprefentent  aux 
fidèles  le  vray  corps  &  le  vtay  fang  de  Chrift,  qui  a  efté  nay  de  la  Vierge,a  eft  é  pendu  à  la 
croix,  &:  fied  au  ciel:  mais  le  faut  prendre  fpirituellement  &c  facramentalement ,  c'eft  à 
dire,par  foy  &  efprit, d'vne  manière  qui  ne  fe  peut  exprimer.  Et  ainfi  que  Ion  prent  de  la 
bouche  le  pain  &:  le  vin,aulïl  nos  âmes  font  vrayemeht  nourries  &:  fubftantees  actuelle- 
ment &:  de  faict  du  vray  &C  naturel  corpsôc  fang  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift.  Item 
a  nié  que  le  vray  corps  de  Chrift  puifie  eftre  en  pluficurs  lieux  enfemble  &  vnc  fois,  veu 
qu'il  eft  au  ciel  rcalemcnt,  naturellement,  &tcircHnjcriptiuè:  carie  corps  de  Chrift  n'eft: 
pas  de  l'air,  ou  fantaftique,  comme  lafTermoit  Màrcion  hérétique.    Que  la  parolie 
de  Dieu  attribue  au  corps  de  Chrift  glorieux  la  propriété  de  quan  tité  &  certain  lieu:&: 
d'autant  quel'efprit  n'a  ne  chair  ny  os,  ny  aflignation  de  lieu  ,1e  corps  de  Iefus  Chrift: 
fied  àladextredeDieuiufquaceque,&c.approchantde  loy-mefmesde  Dieu,  touf- 
jCani4  3.    iours  viuant ,  &c.  ainfi  qu'il  eftefcrit,Iem'en  vay  préparer  le  lieu,&:c.      Vous  ne  m- 
jMat.x<r.ii.  auFez pas  couiiours  (c'eft aflâuoir, de pref etice corporelle).  Et  quant  aux  miracles  allé- 
guez par  les  Sophiftes:  a  relpondu  que  les  miracles  en  l'Egale  de  Dieu  fans  fa  parolie  > 
neceflité  ou  vtilité,  font  moqueries  de  Satan:  donc  les  miracles  qui  font  alléguez  par  les 
Scolaftiques  eftre  faits  en  l'Euchariftie ,  ne  font  pas  neceflaires  :  veu  auftl  qu'ils  ne  font 
aucunement  vtiles,partant  fufpects.    Qu'il  y  a  vnc  fpirituelle  &;  facramentale  exiften- 
ce,en  prenant  Iefus  Chrift  noftre  Seigneur,  ainfi  que  luy-mefmc  l'aenleignc  en  faincl: 
Iean  6.  chap.  Sainct  Paul  dit  le  melme  aux  Corinthiens ,  &  S.  A  uguftin  au  traité  16. 1» 
Ioannem^àe  Vtrbu  ^épofloli,  &ad  Dardamm.    Quant  au  mot  fubftantif,  C'eft  cy  mon 
corps,  il  a  dit  que  c'eft  vne  figure  &  manière  de  parler  accouftumee  en  l'Efcriture ,  la- 
Gcn.17.10.  quelle  attribue  au  ligne  les  noms  des  chofes  lignifiées,  comme  quand  elle  appelela  cir- 
Ma«!3j".    concilion  vnpact,& l'agneau  le  paftage,  encore  qu'il  n'ait  efté  autrechofe  que  lcligne 
ou  fouuenâce  du  pafîage:&ainfi  que  la  colôbe  eft  dite  la  vifiô  du  S.Efprit:ainfi  le  pai»en 
la  Cene,eft  dit  le  corps  deChrift,encores  qu'il  en  foit  Je  figne&  la  figure,laquelle  ne  feu 
lement  nous  môftre,mais  auftl  rcprefenteiceluy  corps. Lefquelsargumés  il  a  dit  deuoir 
leMij'4*  auoir^eu&e^reva'^escontre^csa^uer^aircs'c^mc  enfemblable  ces  pa/Tages  du 
yvxio*.    nouucau  Tcftament.  LapierrecftoitChrift,Ieiuisla  vraye  vigne,Ie  fuis  l'huis,&:c.  Que 

s'il 


(jeffroy  Varagk.  469 

s'il  falloir  contreindrcde  plus  près  ces  fcntcnces,  Ce  calice  eft  lenouueauTeftament 
en  mon  fang,ilfaudroit  que  le  calice  fuft  le  nouueau  Teftament.par,  Cecy  cft  mon 
corps, il  demonftreroit  que  c'cft  le  corps  recl,fans  figure.  Dauantage,a  affermé  que  la 
trâflubftantiation  aeftéincogneué  aux  Pères  anciens:finon  depuis  Innocent  Pape  troi 
fieme,&:  puis  après  par  Léon  neuficme,  &:  Nicolas  fécond  au  concile  de  Verceil  ôc  Ro- 
main,  co»mt  Berenganum ,  &  auffi  par  Thomas  d'Aquin,  qui  a  déclaré  autres  choies  phyfi- 
calement  contre  la  parollc  de  Dieu.  A  dit  que  tout  ce  qu'ont  fait  les  anciens,alîauoif 
les  Inuocations  &c  actions  de  graces,louanges,  oblations  du  pain  &:  d u  vin,  qui  deuoyét 
eftre  distribuez  aux  fidèles  de  Chrift  pour  entretenir  vnc  charité  Chreftienne ,  chants 
d'hymnes,  la  prédication  de  la  Parolle,  la  mémoire  &  annonciation  de  la  mort  du  Sei- 
gneur, tout  cela  eftoit  appelé  parles  Grecs  Li  tovrgi  e,  laquelle  les  Latins  ont  in- 
terprété MefTexc  que  perfonne  craignant  Dieu  ne  doit  mefprifer ,  mais  délirer  qu'elles  D 
foyent  reftituees.  Mais  ainii  que  la  Me/Te  eft  à  prefent  traitée  par  lesclclaues  du  Pape, 
il  a  enfeignéà:  dit  que  c'eftvne  horrible  idolâtrie &prophanation  de  la  Cen-e  du  Sei- 
gneur, voire  du  tout  execrable,&:  aboliflant  le  feul  iacrifice  propitiatoire  vne  fois  offert 
par  Chrift,  lequel  ne  doit  eftre  réitéré.  Premièrement  aux  orailbns  de  la  Méfie,  Dieu 
eft  prié  qu'il  luy  plaife  pardôner  les  offenfes  à  ceux  qui  la  difent,  &c  aider  fes  fidèles  pour 
l'amour  des  mérites  des  Sain&s.  En  la  Meffe  le  pain  eft  adoré  au  lieu  de  Chrift,laquel- 
le  adoration  aefté  incogncuëaux  Pères  anciens:  qui  exhortoyent  feulement  le  peuple 
à  cefte  heure-la,  d'efleuer  le  cœur  en  haut,  &  non  de  s'arrefter  aux  lignes,  mais  à  la  cho- 
fe  lignifiée,  aflauoir  au  corps  de  Chrift ,  lequel  il  faut  adorer  au  ciel,  comme  dcmonftre 
auiourdhuy  leur  Surfum  corda.  En  la  Meffe  on  croit  le  vray  corps  de  Chrift  eftre  tout  en- 
tier realemcnt&charnellemet  en  toutes  les  hoftjes&:autels:ccquiîepugne  à  la  vérité 
du  corps  de  Chrift.  En  la  Méfie,  le  corps  de  Chrift  eft  offert  à  Dieu  le  Perc  en  Iacrifice 
propitiatoire,  c'eft  à  dire,abohtoire de  la  coulpe  &:  mort  éternelle ,  cotre  toute  l'Epiftre 
de  l' Apoftre  aux  Hcbrieux,  car  il  eft  ainfi  dit  en  cefte  deteftable  oraifon,  Sufctpe fanclc  Pa- 
ter ,  Grc.  hanc  hofliam  quam  offero  ttbi pro  inmmerahilihm  peaaits  mets ,  c'eft  à  dire ,  Pren  faind 
Pere  cefte  hoftie  laquelle  ie  t'offre  pour  mes  innumerables  péchez.  En  la  Méfie  Dieu 
eft  prié  de  prendre  d'vn  vifage  allègre  le  corps  &:  le  fang  de  Chrift  fon  Fils,  &  qu'il  com- 
mande d'eftre  porté  par  les  mains  de  fon  faind  Ange  en  l'autel  du  ciel, afin  que  ce  corps 
mis  en  l'autel,  (bit  aflbcié&  coniointauec  le  corps  exiftent  au  ciel.  Ce  qui  fe  void  ,&:  l'a 
ainfi  eferit  Bkllm Juper  Canone  MiJJk.  En  la  Meffe  eft  faite  vnc  treshorrible  application 
des  mérites  de  la  paffion  de  Chrift  tant  de  l'œuure  opérée  que  de  l'œuurc  opérante  par 
lesPreftres  miflatiers,pour  lesviuans  &  les  morts,  comme  on  le  peut  voir  par  les  Sco- 
laftiques  ,&  Sum milles:  mais  fyccizlèmcnt  apudGabriclemBiellumjïiper Canone Mifft.  Ce- 
pendant il  laiiîoit  à  dire  combien  a  efté  fouffertc  fie  entretenue  par  les  poures  aueugles 
la  multitude  des  facrificateurs  trefimpurs,qui  prophanent  pour  le  gain  infâme  la  Cene 
du  Seigneunnonobftât  que  félon  le  tefmoignage  de  S.Paul,  La  faute  de  quelque  nom-  Dcs 
bre  de  Corinthiens,qui  ont  prins  indignement  ce  Sacrement,a  efté  caufe  de  la  perditiô 
de  plufieurs.  A  dit  qu'il  auoit  enfeigné  fes  auditeurs,  qu'il  faloit  fe  tenir  à  la  pure  paroi 
le  de  Dieu,  l'honnorant  &c  cheminant  en  intégrité  de  vie,  en  innocence  &  mortificatiô 
de  la  chair.  Qu'il  faloit  obéir  aux  Magiftrats ,  comme  il  cft  ordonné  de  Dieu ,  &  non 
toutefois  s'ils  commandoyentehofesquifuifent  contre  fa  parolle:auquel  cas  ils  ne  de- 
uoyent  aucunement  craindre  ne  les  perfecuteurs,  ne  les  iniures  des  infidèles:  veu  qu'ils 
ont  Dieu  pour  Pete&adiutcurqui  les  void  &affifte.  Finalement  Varagle  pria  tous 
les  Seigneurs  de  conférer  ce  qu'il  auoit  dit  auec  la  parolle  de  Dieu,  &  les  eferits  des  An- 
ciens percs.    Or  d'autant  qu'il  eftoit  tard,  le  refte  fut  remis  à  vne  autre  fois. 

LE  pénultième  dudit  mois  de  Décembre  M.  G effroy  fut  amené  deuant  fes  iuges: 
Se  luy  furent  fes  refponfes  leuès  de  mot  à  autre:  auxquelles  il  ne  voulut  rien  dimi- 
nuer n'augmenter  pour  lors ,  finon  qu'il  pleuft  à  la  Cour  luy  permettre  d'efcrire,afin  de 
plus  amplement  confermer  fa  dodrinc  par  les  fain&es  Efcritures.  ^L'ediift  du  Roy  luy 
eftant  derechef  mis  au  deuant,a  perfifté  n'auoir  contreuenu  à  la  droite  volonté  du  Roy 
bien  informé:car  il  tiét  pour  certain  que  l'intétion  dudit  Seigneur,cft,  que  l'Euâgile  de 
Iefus  Chrift  foit  puremét  prefehé.  Et  d'autant  que  ledit  feigneur  Roy  n'eft  à  vray  infor- 
mé delà  doctrine  qu'il  a  annôceeùl  ditn'auoir  dogmatizé  en  la  façô  qu'on  laccufe  :  ains 
que  luy  U  fes  confrères  font  accordasà  la  pure  parollc  deDieu,&aux  Pcrcs,qui  ont  efté 

KK.iii. 


L  wro  VL  Çefrqy  Vœragl<u> 

depuis  Iefus  Chrift  par  trois  cens  ans  iufques  au  temps  de  Conftantin  le  gran<J:lefqucîs 
ont  eu  vn  mefme  Euangile  auec  danger  de  leur  vie  :6c  l'ont  publiénonobftant  les  edits 
des  Empereurs  qui  font  pareils  à  ceux  du  temps  preien.  Enquis  s'il  n'a  point  efent  à 
quelques  perlonnes  de  la  matière  &  doctrine  dont  il  s'agit,ou  donné  liu  res  défendus  &z 
auilont  ceux-la  qui  luy  ont  prefté  faucur,  côfeil  &:  aide:  A  rcfpôdu  qu'il  n'a  enuoyé  nuls 
auSc^cSi'!  lîurcs,mais confeife  auoir  eicrit aux  habitans  de  Bubiane  en  general,comme  on  le  peut 
à  ceux  de  voir  par  linfeription  &f  foufcnption  de  fes  lettres.  L'occa(ion  de  ce  raire,auoit  elle  à  rai- 
Burf  aae.  çQn  que  la  Cour  du  Parlement  de  Piedmôt  auoit  fait  ordonnance,  Que  les  Prélats  pief- 
cheroyent  en  leurs  diocefes:&:  qu'au  refus  &  défaut  d'iceux,  lefdits  de  Bubiane  l'auoycC 
requis  deprefther.  Enquis  s'il  auoit  autres  liures  à  Angrôgne  que  ceux-cy,aifauoir,. 
toranum  FrXafcctnoruvt^&Cvn  autre  intitulé  Defarti  deverijfKcejjori  de  Itfu  chriflo,& de  ^/fwjh- 
f/j&c.  &:  vn  autre  intitulé  Vnio  Hèrntanni  Bodij:  a  dit  qu'il  auoit  ces  trois  liures  quand  on 
le  fît  pnfônier,&  qu'il  en  a  plulieurs  autres  en  fa  mailon  à  A  ngrôgne.  Et  tjuat  à  ceux  qui 
de  diuers  lieux  &r  villes  Ion  t  venus  à  fes  fermons,  ou  qui  fonc  interrogué  fur  aucuns  ar- 
ticles de  la  foy  &:  cas  de  conlcience,  il  ne  fait  leurs  noms,  Se  ne  s'en  eft  enquis.  Admon- 
nefté  plus  eftroitcment  de  déclarer  les  noms&  furnoms  defes  compagnos ,  qui  ont  pa- 
reille charge&  office  qu'il  auoit,&  qui  les  a  ordonnez  Miniftres ,  à  quel  gage  &  folairc, 
en  quels  lieux  ils  prclchent,&:  qui  font  ceux  qui  leur  portent  aide  &:  faueur:  A  refpondu 
auoir  veu  le  lixicme iour  de  Septembre  dernier pafîé ,  14.  Miniftres  en  la  congregatioa 
Minières  en  générale  de  plulieurs  vallees,au  lieu  appelé  La  combe  :  defquels  il  ne  fait  les  noms,linô 
Angrongne.  ^  queiqlics  vns:dont  la  plus  part  a  elle  cnuoyee  par  Iean  Caluin  l'uperintédant,  &c  des 
autresMiniftresdeGeneuc:&.ceàla  requefte  deshabitans  és  fulditcs vallées.  Etfere- 
tournant  vers  nous  Commiflaires  predits,en  nous  regardant ,  dit ,  Soyez  certains,  mes 
Seigneurs,  qu'il  y  a  tant  de  Minières  prefehans  l'Euangile  (  comme  i'ayprefché)  qucii 
la  Cour  auoit  ordonné  qu'ils  fuffent  tous  bruflez  ,pluftoft  le  bois  defaudroit,qucleldits 
Miniftres  defaillilfét  à  prefehencar  deiour  en  iour  ils  le  multipliet,&:Ia  parolle  de  Dieu 
s'augmente,&:s'efpand:&  demeure eternellemcnr.  Uaduifaen  outre  ladite  Cour,  &c 
A<a.  ctap.î.  nous  Confeillers  d'icelle,dc  penfer  ace  que  Gamaliel  au  conclaue  des  Scribes  &:  Phari- 
fîens  auoit  dit,  de  regarder  foigneufement  fi  vne  choie  eft  de  Dieu  ou  des  hommes:  &£ 
qu'on  aduifaft  de  bonne  heure  fur  cela.  Maispourcequ'tleftoittard>onlerenuoya,a- 
presluyauoir  fait  ligner  ce  que  deflus.        G.  VARAGLE. 

L*  I S  S  V  E  de  M.  Geffroy  Varagle. 
C E  C  Y  a  efté  fidèlement extraict du procez des  Commillaires  en  cefte caufe:lef- 
quels  ouyrentpailiblement  Varagle  en  fes  defenfes,&  mefme  le  voyans  homme d  éru- 
dition, luy  permirent  de  les  di£fcer&:  nommer  comme  il  les  enrendoit.  Il  y  auoit  audit 
procez  plulieurs  autres  chofes,  mais  en  effet!:  nous  auôs  oblerué  les  principales  qui  fer- 
uent  à  édification.  Or  après  toutes  ces  procédures  ,  la  Cour  dôna  fentence  de  mort  co- 
tre ledit  Varagle,  pluftoft  par  crainte  de  reproche,  que  de  vraye  opinion  qu'ils  eufitnt , 
qu'il  la  méritait.  On  le  mena  donc  à  l'exécution  pour  cftre  brullé  deuant  la  place  du 
Chafteau:où  eftant  venu,  il  fit  confeffion  de  fa  foy  deuant  tous,  pour  monftrer  qu'il  n'e- 
ftoit  hérétique,  mais  Chrefticn.  La  plus  part  de  ceux  qui  eftoyct  à  ce  fpeâ:aclc,s'efmer- 
ueillans  de  la  doctrine,  difoyent  haut  ÔJ  clair,  Que  veut  on  dire  deceft  homme  qui  par- 
le tant  bien,&:  fainclement  de  Dieu, de  la  vierge  Marie  $£  de  toutes  choles?c'cft  à  tort  &C 
fans  caufe  qu'on  le  fait  mourir.  Il  y  eut  vn  Preftre  qui  auoit  efté  compagnon  de  M. Gef- 
froy au  temps  de  fon  ignorance,  lequel  en  parlant  luy  dit  en  ion  langage,  Matjîro  laffre, 
Çonuertitcui^conuertiteui.  Le  patient  luy  re(ponditjC'o««m/>ej(>  voy^chejono  conuvrtitoio:  ligni- 
fiant qu'il  (e  couertift  luy-mefme  de  fa  malheureufe  condition.  Eftant  à  l  eftache  mon- 
te fur  vncfcabelle,le  bourreau  à  la  façon  accouftumcc  luy  demanda  pardon  de  fa  mort. 
M.  Geffroy  1  uy  dit,  Non  feulement  ie  la  te pardône,  mais  aufli  à  ceux  qui  m'ont  premiè- 
rement fait  emprifonner  à  Barges:a  ceux  qui  m'ont  amené  en  ce  fte  ville,  &  à  ceux  qui 
m'ont  condamné  à  cefte  mort,  pren  courage  &:  exécute  ton  deuoinma  mort  ne  fera  pas 
inutile.  Apres  cela  il  fit  fon  oraifon  a  Dieu  :  &£  en  l'inuoquant  à  haute  voix ,  le  bourreau 
l'eftrangla  par  derricre,&;  mit  quanti  quant  le  feu  au  bois  Plulieurs  rceitent  pour  cho 
oMobèi  l'ë- le  nota^c  aduenue  en  cefte  mort ,  qu'vnecolombe  voltigea  à  l'entour  du  feu,  qui  fut  e- 
tour  du  icu.  ftimee  pour  ligne  &:  tefmoignage  dcl'innocece  de  ce  Martyr  du  Seigneur  :  mais  nous  a- 
uons  pluftoft  à  infifter  au  principal ,  que  de  s'arrefter  par  trop  curieufement  aux  chofes 
extérieures  ou  rares. 

BENOIT 


'Benoit  Romyen.  4  7a 

BENOIT    ROMYEN,  Daulphinois. 

V  O  I C  Y  derechef  après  le  faïunr  Miuiftre  dciTus-dit.iuccede  vn  poure  Mercier,  auquel  reluit  vne  roaicfté  de  l' Ffprir  du  Sei- 
gneur.Lapourfuitte  tenue  contre  luy  nous  inonlfre.de  quelle  affection  font  menez  la  plusparïdc  ceux  qui  perfecutent 
les  riJeles:a  falloir  de  piller  &  rauir  leur  bieq:on  y  oit  &  void  les  mefmes  cris  &  fureurs  des  Moynes  &  Preftres ,  &  du 
cofte  des  luges  vne  mefme  Jilfîmulation,trahifon  &  procedure,auelle  a  eif  £  iadis  celle  des  Scribes  &:  1  harilïens  contre 
IcFils  de  Dieu. 

jENOIT  Romyen  mercier,  natif  de  Villars  d'Arennes  en  Daulphine':  MD.lviîi 
'ayantretiré  à  Gcneuc  fa  femme  &:  fes  enfans  ,  pour  y  viure  félon  la  refor- 
'mationde  i'Euangile,alloitfot:ucntçà&làparpays,  ainfi  que  font  mer- 
'ciers&:  contre-porteurs  pouigaigncr  la  vie.  Etd'autâtqu'ilfecognoiflbità 
accouftrerlcCorail,illctrouuaenProucnccaumoisd'Auril  m.d.l  v  i  11.&:  ayanc  af- 
femblé  deux  cabinets,p fine  le  chemin  de  Gruf  à  Marfeille  pour  les  y  aller  vendre.  Paf- 
fant  par  la  ville  de  Draguignan,  ilmonftra  lcfdics  cabinets  à  vn  de  fon  eftat  nommé 
Lanteaume  Blanc,frequentant  ledit  lieu  de  Marfeille.    Et  d'autant  qu'ils  ne  peurenc 
conuenirdepris,Lanteaume  fafché  que  fi  belle  marchandife  luy  elchappoit:  fâchant 
aufll  queRomyen  fe  tenoic à  Geneue^'alla déceler  à  vn  Confeiller  du  parlement  d'Aix  Lauris  geri. 
eftantlorsà  Draguignan, nommé  de  Lauris,gcndre  du  pre/ident  d'Opede,  duquel  a  e-  ^c  *°Pe- 
fté  fait  mention  en  l'hiftoire  de  Merindol  &Cabrieres.Ce  Blanc  côfeilla  Benoit  de  mô-  ! 
ftrer  (a  marchandife  audit  Lauris ,  l'affeurant  qu'il  facheteroit  aufli  volontier  fon  prix 
que  nul  autre. Dequoy  ce  poure  homme  perfuadé,s'y  en  alla  droit:  &:  Lauris  ayant  trou 
uc  le  Corail  à  Ion  plaili^n'en  fit  toutefois  aucun  femblant:mais  entédit  comme  en  paf- 
fant  que  Benoit  le  faifoit  trois  cens  efcus.Si  toft  que  Romyen  fe  fut  retiré ,  Lauris  ne  tar 
da  d'enuoyer  quérir  le  Viguier  de  la  ville,auquel  il  fît  entendre  que  Romyen  eftoit  l'vn 
des  plus  mefehahs  Luthériens  du  monde:&  qu'il  le  faloit  arrefter  prifonnier. 

Ceux-cy  ne  demandans  que  butin, fe  tranfporterentincon tinent  au  Logis  de  Ro- 
myen:&:  l'ayant  fait  prifonnier  de  parle  Roy,fe  faifîrent  de  tout  ce  qu'il  auoit>&  pareil- 
lement de  deux  hommes  aquetiers  qui  conduifoyent  fa  marchandife  :  lors  fe  doutant 
de  la  trahifon,dit  tout  haut  que  c'eftoit  Lanteaume  qui  luy  dreffoit  cefte  partic.Gafpar 
Signier  viguier  auditDraguignan  ,  ayant  faid  ce  beau  chef  d'œuurc^huoyaincontincc 
quérir  laduocat  duRoy,Ioachin  Portanier  ,  Antoine  Caualier,IeanFeraud,&  Pierre 
Ardiifon  coniuls,&:  autres  luppofts  du  liege,pour luy  affilier  en  ceft  affaire.  Apres qu'ô 
les  eut  feparez  l'vn  de  l'autre, ils  interroguerent  Romyen  d'où  il  venoit ,  pourquoy  il  al- 
loit  par  pays:s'il  eftoit  marié,&:  de  quel  temps  il  eftoit  arriué:Refpondit  qu'il  venoit  d  - 
Aix:&  alloit  à  Marfeille  pour  vendre  Cacheter  félon  la  comodité  qu'il  rencontreroit: 
auoit  femme  &C  enfans,&:  eftoit  là  ardue  le  iour  précèdent  enuiron  fept  heures  du  ma- 
tin îour  de  Pafques  au  partir  de  Trans.    Enquis  comment  &  en  quelle  qualité' il  auoit  „ 

1  _   r       1  -t     1  ,      1     .   >/i  t-»        >■■■  Comment 

foit  les  Pafques:  Se  qui  les  luy  auoit  adminittrees  :  Dit  qu  il  les  auoit  faites  ainh  qu  ila-  Romyen 
uoit  peu,à  fauoir  que  le  iour  précèdent  au  logis  où  il  cftoit>&:en  la  chabre  des  merciers,  {dit  fes  Pif- 
regardant  Vers  les  prez,feproftcrna  en  terre  demandant  à  mains  iointes  pardon  à  Dieu  ?"  dfrjïe, 
fon  créateur  ,  par  IefusChnft  ion  Fils  vnique,  qui  auoit  fouitert  en  i  arbre  de lacroix 
pour  luy  &:  tous  lesliumains.  Derechef  mterregué  s'il  s'eftoit  confefîe  auant  Pafques, 
&:àqui:dirseftreconfefleàDieu,ÔCà  IefusChnft  l'on  Fils  :  quepafTéfîxansneseftoit 
confefîe  à  Preftre:mais  s'il  etiftefte  à  Geneuelieude  farefidëce  auecfafèmme,ilyeuft 
fait  fes  Pafques  le  iour  en  j'aflèmblee  des  fideles:en  laquelle  le  pain  fediftribuc,&:  cha- 
cun en  pre  nd  vn  morceau, en  mémoire  de  la  paillon  de  Iefns  Chrift:femblablemét  cha 
cun  boit  du  vin  delà  Cene,en  commémoration  du  fang  de  IefusChnft,  qui  a  efte  ref- 
pandu  en  la  croix.^  Ils  luy  firent  dire  la  Pate-noftre  &c  le  Credo, qu'ilsappellent:  mais  il 
ne  voulut  dire  l'Aue-Maria. Enquis  fî  on  le  difoit  à  Geneue ,  dit  que  non.Interrogué  s'il 
tenoit  &:  croyoit  qu'il  faille  prier  la  vierge  Marie&  les  Sain&s  &:Sain&es,refpondit  que 
non:mais  Dieu  fcul,qui  eft  le  créateur.  Intcrrogué  s'il  auoit  fait  abftinence  de  man- 
ger chair  lesCarefmes,Vendredis,Samedis  &:  autres  iours  prohibez:a  dit  que  no ,  quâd 
il  en  auoit  commodité:&:  qu'en  la  mangeant  auec  a&ion  de  grâces ,  ne  pechoit  point: 
par  ce  qu'il  n'eftoit  défendu  de  Dieu,mais  des  hommes.  Enquis  de  combien  de  tëps 
Un' auoit  ouyMeffe,  a  refpôdu  ne  fauoir  ouye  depuis  quatre  ans:parce  qu'il  ne  la  tenoic 

KK.  ùii. 


Z.wro  VL  Çeffroy  Varagle 

depuis  Iefus  Chrift  par  trois  cens  ans  iufques  au  temps  de  Conftantin  le  grand:lefqiicls 
ont  eu  vn  mefme  Euangileauec  danger  de  leur  vie  :6c  l'ont  publiénonobftant  les  edits 
des  Empereurs  qui  font  pareils  à  ceux  du  temps  preien.     Enquis  s'il  n'a  point  cfcrità 
quelques  perlonnes  de  la  matière  &:  doctrine  dont  il  s'agir,ou  donné  liures  défendus  Sa 
quiiont  ceux-la  qui  luy  ont  prefté  faucur,  côfeil  6c  aide:  A  refpôdu  qu'il  n'a  enuoyé  nuls 
riuîi?c(°cm  liures,maisconrelle  auoir  elerit  aux  habitansde  Bubianc  en  general,commeon  le  peut 
à  ceux  de   voir  par  linfeription  &r  foufcnption  de  fes  lettres.  L'occahon  de  ce  raire,auoit  elle  àrai- 
Bu/  anc.    jon  ^ue  ja  Cour  du  Parlement  de  Piedmôtauoit  fait  ordonnance,  Que  les  Prélats  pief- 
cheroyent  en  leurs  diocefes:&:  qu'au  refus  &  défaut  d'iceux,  lefdits  de  Bubianc  l'auoyét 
requis  de  prefeher.  Enquis  s'il  auoir  autres  liures  à  Angrôgne  que  ceux-cy,a/lauoir,.  <//- 
toranum  Fracifcanorunt)  6C  vn  au  tre  in  ti  tu  lé  De  farn  de  yen  ficcefibn  de  Iefo  chrijlo^  &  de  ~4poJh~ 
f/,  Sec.  Se  vn  autre  intitulé  Vmo Hermmni Bodi/:  a  die  qu'il  auoit  ces  trois  liures  quand  on 
lefitprifônicr,&:  qu'il  en  a  pluiieurs  autres  en  fa  maiion  à  Angrôgne.  Et  cjuâtà  ceux  qui 
dediuers  lieux  &  villes  lont  venus  à  fes  fermons,  ou  qui  font  interrogué  fur  aucuns  ar- 
ticles de  la  foy  &:  cas  de  conicience,  il  ne  fait  leurs  noms, 6c  ne  s'en  eft  enquis.  Admon- 
nefté  plus  eftroitement  de  déclarer  les  noms&  furnoms  de  fes  compagnos ,  qui  ont  pa- 
reille charge  6c  office  qu'il  auoit,  &  qui  les  a  ordonnez  Minières ,  à  quel  gage  6c  falait  e, 
en  quels  lieux  ils  preichent,&:  qui  font  ceux  qui  leur  portent  aide&  faueur:  A  refpondu 
auoir  veu  le  fixicme  iour  de  Septembre  dernicrpaiîe ,  14.  Miniftres  en  la  congrégation 
Minières  en  générale  de  pluiieurs  vallées, au  lieu  appelé  La  combe  :  defquels  il  ne  fait  les  noms,iino 
Angrongne.  ^      jques  vns:dont  la  plus  part  a  efté  enuoyee  par  Iean  Caluin  fuperintédant,  6c  des 
autres  Miniftres  de  Gencuc:& ce  à  la  requefte  deshabitans  es  fufditcs  vallées.  Et  fe  re- 
tournant vers  nous  Commiflaires  predits,en  nous  regardant ,  dit ,  Soyez  certains,  mes 
Seigneurs,  qu'il  y  a  tant  de  Miniftres  prefehans  l'Euangile  (  comme  i'ay  prefchc  )  que  il 
Ja  Cour  auoit  ordonné  qu'ils  ruifent  tous  bruflez  ,pluftoft  le  bois  defaudroit,quclefdits 
Miniftres  defailliifét  à  prefehencar  deiour  en  iour  ils  l'emultipliét,&:Ia  parollede  Dieu 
s'augmente,&:s'efpand:&:  demeure  éternellement,    Uaduifaen  outre  ladite  Cour,  Se 
Aft.  dup-î-  nous  Conieillers  d'icelle,dc  penfer  à  ce  que  Gamaliel  au  conclaue  des  Scribes  &:  Phari- 
fiens  auoit  dit,  de  regarder  foigneufement  ii  vne  choie  eft  de  Dieu  ou  des  hommes:  Se 
qu'on  aduifaft  de  bonne  heure  fur  cela.    Mais  pource  qu'il  eftoittard,on  lerenuoya,a- 
près  luy  auoir  fait  ligner  ce  que  deflus.        G.  VARAGLE. 

L*  I S  S  V  E  de  M.  Geffroy  Varagle. 

C E  C  Y  a  efté  fidèlement extraicl du procez des  Comfniilaires  en  cefte caufe:lef- 
quels  ouyrent  paifiblement  Varagle  en  fes  defenfes,&:  mefme  le  voyans  hommed  éru- 
dition, luy  permirent  de  les  di&er&  nommer  comme  il  les  entendoit.  Il  y  auoit  audit 
procez  pluiieurs  autres  chofes,  mais  en  erRct  nous  auôs  obierué  les  principales  qui  fer- 
uent  à  édification.  Or  après  toutes  ces  procédures  ,  la  Cour  dôna  fentence  de  mort  co- 
treledit  Varagle,  pluftoft  par  crainte  de  reproche,  que  de  vraye  opinion  qu'ils  cuiTent, 
qu'il  lameritaft.  On  le  mena  donc  à  l'exécution  pour  cftrebruiîé  deuant  la  place  du 
Chafteau:oùeftantvenu,il  fit  conreftiondefa  foy  deuant  tous,  pour  monftrer  qu'il  n'e- 
ftoit  hérétique,  mais  Chrefticn.  La  plus  part  de  ceux  qui  cftoyct  à  ce  fpectacle,s'ei mer- 
ucillans  delà  doctrine,  difoyent  haut  6c  clair, Que  veut  on  dire  de  ccft  homme  qui  par- 
le tant  bien,&:  fain&emcnt  de  Dieu, de  la  vierge  Marie  Se  de  toutes  choies?  c'eft  à  tort  Se 
fans  eau  le  qu'on  le  fait  mourir.  Il  y  eut  vn  Preftre  qui  auoit  efté  compagnon  de  M.Gef- 
froyau  temps  de  fon  ignorance,  lequel  en  parlant  luy  dit  en  ion  langage,  Maijîro  laffre^ 
Cor/uertneui^conuertiteui .  Le  patient  luy  refpondit>t'o>zHm/>e%;}  voy^chejono  cormcrtitoio:  ligni- 
fiant qu'il  ie  côucrtift  luy-mefme  de  fa  malheureufe  condition.  Eftant  à l'cftache  mon- 
te fur  vncfcabclle,le  bourreau  à  la  façon  accouftumcc  luy  demanda  pardon  de  fa  mort. 
M.  GefiVoy  luy  dit,  Non  feulement  ie  la  tepardône,  mais  aufTi  à  ceux  qui  m'ont  premiè- 
rement fait  emprifonner  à  Barges:a  ceux  qui  m'ont  amené  en  ce  lté  ville,  6c  à  ceux  qui 
m'ont  condamné  à  cefte  mort,  pren  courage  &:  exécute  ton  deuoir.ma  mort  ne  fera  pas 
inutile.  Apres  cela  il  fît  fon  oraifon  a  Dieu  :  6c  en  l'inuoquant  à  haute  voix  ,  le  bourreau 
l'cftranglapardcrricre,&;  mit  quant& quantlefcu  au  bois  Pluiieurs  recitent  pourcho 
cMobèi Té  *"e  notakle  aduenue  en  cefte  mort ,  qu'vnecolombe  voltigea  à  l'entour  du  feu,  qui  fu t  c- 
tour  du  icu.  ftimee  pour  ligne  6c  tefmoignage  dcl'innocece  de  ce  Martyr  du  Seigneur  :  mais  nous  a- 
uons  pluftoft  à  infifter  au  principal ,  que  de  s'arrefter  par  trop  curieufement  aux  chofes 
extérieures  ou  rares.. 

BENOIT 


'Benoit  R  omyen. 
BENOIT    ROM  YEN,  Daulphinois. 

V  O  IC  Y  derechef aprcs  lefauanr  Miuiftre  deiTus-dit.fuccede  vn  poare  Mercier.juquel  reluit  vnernaielréderFfprirdu  Sei- 
gneur.La  pourluitte  tenue  contre  luy  nous  monftre,<lc  quelle  affection  font  menez  la  plusparïdc  ceux<jui  perfecutenr 
les  rîdeles:a  fauoir  de  piller  &  rauir  leur  bien:on  y  oit  &  void  les  melmes  cris  &  fureurs  des  Moyncs  &  Prcftres ,  &  du 
cofte  des  luges  vne  mefme  diifimulation^trahifon  Si  procedure,quelIe  a  eftiiadis  celle  des  Scnbes  &  1  hariliens  contre 
IcFils  de  Dieu. 

1ENOIT  R  omyen  mercier,  natif  de  Villars  d'Arennes  en  Daulphiné:  MDLVfli 
ayantretiré  à  Gcncuciafemmc&fesenfans ,  pour  y  viure  félon  la  refor- 
'mationde  rEuangilc,alloitfci:ucntçà&là  par  pays,  ainfi  que  font  mer- 
ciers &:  cont  re-porteurs  pourgaigner  la  vie.  Ëtd'autâtqu'ilfecognoiiToità 
aoToultrerle  Corail,  il  le  crouua  en  Proucncc  au  moisd'Auril  m.d.i  v  i  n.&  ayant  af- 
femblé  deux  cabinets,print  le  chemin  de  G  ru  F  à  Marfeille  pour  les  y  aller  vendre.  Paf- 
fant  par  la  ville  de  Draguignan,  ilmonftra  lefdits  cabinets  à  vn  de  Ion  eftat  nommé 
Lanteaume  Blanc,frequentant  leditlieu  de  Marfeille.    Et  d'autant  qu'ils  ne  peurenc 
conuenirdepris,Lanteaume  falché  que  ii  belle  marchandée  luy  clchappoit:  fâchant 
aufli  queRomyen  fe  tenoit  à  Geneue^l'alla déceler  à  vn  Confeiller  du  parlement  d'Aix  Lauris  gti 
eftantlorsà  Draguignan, nommé  de  Lauris,gcndredu  pre/ident  d'Opede,  duquel  a  e-  ^c  ^F6™ 
fté  fait  mention  en  l'hiftoirc  de  Merindol  &Cabneres.Ce  Blanc  côleilla  Benoit  de  mô-  * 
ftrer  (a  marchandife  audit  Lauris ,  l'alTeurant  qu'il  lacheteroit  aufli  volontier  fon  prix 
que  nul  autre. Dequoy  ce  poure  homme  perfuadé,s'y  en  alla  droit:  &:  Lauris  ayant  trou 
ué  le  Corail  à  Ton  plailir,n'cn  fit  toutefois  aucun  fcmblant:mais  entédit  comme  en  paf- 
fanc  que  Benoit  le  fail'oit  trois  cens  efcus.Si  toit  que  Romyen  fe  fut  retiré ,  Lauris  ne  car 
da  d'enuoyer  quérir  le  Viguier  de  la  ville,auquel  il  fît  entendre  que  Romyen  eftoit  l'vn 
des  plus  mefehans  Luthériens  du  mondc:&:  qu'il  le  faloit  arrefterprifonnier. 

Ceux-cy  ne  demandans  que  butin,fe  tranfporterentincontinent  au  Logis  de  Ro- 
myen:&:  l'ayant  fait  prifonnier  de  parle  Roy,fe  laifirent  de  tout  ce  qu'il  auoit,  &:  pareil- 
lement de  deux  hommes  aquetiers  qui  conduifoyent  fa  marchandife  :  lors  fe  doutant 
de  la  trahifon,dit  tout  haut  que  c'eftoit  Lanteaume  qui  luy  drelîbit  celle  partie.Gafpar 
Signier  viguier  auditDraguignan  ,  ayant  faidt  ce  beau  cher  d'cruurCjenuoyaincontincc 
quérir  l'aduocac  du  Roy,Ioachin  Portanier  ,  Antoine  Caualier,IeanFeraud,&  Pierre 
Ardilfon  conluls,&  autres  luppofts  du  iiege,pour  luy  affilier  en  ceft  a/Faire.  Apres  qu'ô 
les  eut  leparez  l'vn  de  l'autre, ils  interroguerent  Romyen  d'où  il  venoit ,  pourquoy  il  al- 
loit  par  pays:s'il  eftoit  marié,&:  de  quel  temps  il  eftoit  arriué:Refpondit  qu'il  venoit  d - 
Aix:&alloit  à  Marfeille  pour  vendre  &:  acheter  félon  la  cômodité  qu'il  rencontreroit: 
auoit  femme  &c  enfans,&:  eftoit  là  arriuc  le  iour  précèdent  enuiron  fept  heures  du  ma- 
tin iour  de  Pafques  au  partir  de  Trans.  Enquis  comment &:  en  quelle  qualité  il  auoit  Commcat 
frit  les  Pafques:  &  qui  les  luy  auoit  adminiftrees  :  Dit  qu'il  les  auoit  faites  ainfi  qu'il  a-  R^nyeT 
uoit  peu,à  fauoir  que  le  iour  précèdent  au  logis  où  il  eftoic,&:en  la  chabre  des  merciers,  fait  fo  pif- 
regardant  vers  les  prez,feprofterna  en  terre  demandant  à  mains  iointes  pardon  à  Dieu  «"faansc. 
fonercateur  ,  par  Iefus  Chriftlon  Fils  vnique,  qui  auoit  foulïert  en  l'arbre  de  la  croix 
pour  luy  &  tous  les  Jiumains.  Derechef  mterregué  s'il  s'eftoit  confefle  auant  Pafques, 
&c  à  quirdic  s'cllre  confciîé  à  Dieu,&:a  Iefus  Chrift  l'on  Fils  :  que  paiî'é  fixans  ne  s'eftoit 
confdlé  à  Pi  c  ftre:mais  s'il  euft  cité  à  Gencue  lieu  de  fa  relidéce  auec  fa  fèmme,il  y  euft: 
faittesPalquesle  iour  en  l'ailèmblee  des  fideles:en  laquelle  le  pain  fediltribue,&:  cha- 
cun en  prend  vn  morceau, en  mémoire  de  la  palfion  de  Iefus  Chrift.-femblablemét  cha 
cun  boit  du  vin  delà  Cenc,en  commémoration  du  fang  de  Iefus  Chrift,  qui  a  efté  ref- 
pandu  en  la  croix.^  Ils  luy  firent  dire  la  Pate-noftre  &c  le  Credo,qu'ilsappellent:  mais  il 
ne  voulut  dire  l'Aue-Maria.Enquis  fi  on  le  difoit  à  Geneue ,  dit  que  non.Interrogué  s'ii 
tenoit  &  croyoit  qu'il  faille  prier  la  vierge  Marie  &  les  Sain&s  &Sain&es,reipondit  que 
Dommais  Dieu  feul,quieft  le  créateur.  Interrogué  s'il  auoit  fait  abftinence  de  man- 
ger chair  lesCareimes,Vendredis,Samedis  &:  autres  ioursprohibez:a  dit  que  no,  quad 
il  en  auoit  commodités  qu'en  la  mangeant  auec  a&ion  de  grâces ,  ne  pechoit  point: 
par  ce  qu'il  n'eftoit  défendu  de  Dieu,mais  des  hommes.  Enquis  de  combien  de  tép$ 
Un' auoit  ouyMelfe,  a  refpodu  ne  fauoir  ouye  depuis  quatre  ans:parce  qu'il  ne  la  tenoit 

KK.  ihif 


Liurc^  VI.  Henoit  Romjen. 

pour  bonne,mais  l'auoit  en  exécration.  Ce  raie  il  fut  mené  pifonnier  Si  mis  au  retrait 
des  ailances,les  fers  aux  pieds.  On  commanda  au  Geôlier  delegarder  àparr,iànsquc 
nul  parlait  à  luy  tur  peine  d'eftre  mis  en  fa  place. 

^  La  v  r  i  s  ayant  entendu  cela,ne  feu  tdiflimuler  la  haine  &trahifon,  laquelle  il  a- 
uoit  iadis  apprinic  lotis  la  pédagogie  de  fon  bcau-pere  d'Opcde.  Il  éuoya  foudain  qué- 
rir leLicutenat  du  Senefchal,  AmoineDu-reueft,&:  Juy  conta  cornent  il  auoit  fait  pren 
dre  le  plus  grand  Luthérien  du  monde,voulant  à  touces  forces  le  mener  en  la  union,&; 
prendre fonpaiîe-tcmps aie voir.MaisleLicutcnantquienauoitiaefté  aduerty  ,  luy 
dit  qu'il  nouuoitmauuaisd'auoir  fait  entrepredre fur  luy;&:  que  c'eftoit  à  luy  auquel  la 
cognoiifanceappairenoic.    Lauris  tafehant  de  l'appaifer ,  inhftoit  à  le  vouloir  mener 
voir&ouyrleptifonnicr.  Le  Lieutenant  courroucé,refufa d'aller auecluyr&s'excufa 
fur  l'incommodité  de  la  priions  toutefois  pour  faire  fon  deuoir,il  fe  tranfporta  le  mef 
me  iour  en  la  Conciergerie  aucc  Philbert  Baronis  fon  adioinâ: ,  &  fit  venir  deuant  luy 
Romyemlcqucl  interrogué  de  fon  nom, aage, qualité  &:  demeuranec:  rcfpôdit  comme 
Lacaufede  au  précèdent.    Enquis  pour  quelle  raifon  il  eftoit  allé  demeurera  Geneue.  Urefpon- 
ladcmeu-   dit  que  c'eftoit  pour  entend re  la  parolle  de  Dieu.    D.  quel  bcfoin  il  auoit  d'y  aller  à 
Gcqcuc.     ces  fîns,veu  qu'au  pays  du  Daulphiné&  autres  delà  France,on  enfeigne&  prefehciuf 
fifamment.    Ç£.    que  c'eftoit  parce  qu'audit  pays  on  y  cachoit  la  vérité:  Se  qu'on  ne  la 
prefehoit  purement  Se  entièrement  comme  audit  Gcneue.    Enquis  s'il  aimoit  mieux 
tenir  Si  obieruer  les  loix  dcGeneue,que  celles  de  l'Egliic  vniuerfelle:&q'ji  eftoit  le  pre 
mier  qu  1  l'auoit  perfuadé  d'y  aller  :  dit  &  afferma  qu'à  fon  aduis  on  y  prefche  plus  pure- 
ment Se  entièrement  qu'en  France,&  par  côfequent  qu'il  aymoit  mieux  tenirlaloy  de 
Dieu  comme  on  la  tenoit  Se  prefehoit  à  Geneue,  que  non  pas  ainfi  qu'eux  la  tenoyenr. 
Se  que  ecluy  qui  luy  en  parla  premiercment,fut  vnCordelier  d'Yeres ,  natif  de  Troves 
en  Cham  pagne:qui  depuis  fe  retira  audit  lieu. L'a  au/fi  entendu  d'autres, defquels  il  n'a- 
uoitfouuenance.    Enquis  fi  depuis  qu'il  seft  retiré  audit  Geneue  il  a  cftcouyr  Mefle, 
ainfiquefont  les  autres  Chreftiens:a  dit  que  non:&:  qu'il  ne  veut  tenir  deux  loix:  n'ado 
reridoles,d'autant  qu'il  eft  défendu  aux  commandemés  de  Dieu.^Et  fur  cela  alleguît 
le  premier  Se  fécond  commandement,&:  voulant  pourfuyurc  fut  interrompu:&llcs  tef- 
moignages  par  luy  alleguez,ne  furent  eferits.  Interrogué  quelle  oraifon  il  auoit  aceou- 
ftume  faire  en  priercs,&:s'ilne  vouloit  pasprier  la gloricufc vierge  Marie,&  les  Sain&s 
&Sainc"tcsdeParadis:foudainfemitàgenoux,  pour  monftrerqu'ilprioit  Dieu  fuyuar. 
la  forme  des  Eglifes  reformces.lls  ne  rédigèrent  cecy  par  cfcrit:mais  mirent  feulemët, 
Qu'après  auoir  fait  des  oraifons  affez  longues,  il  auoit  dit  la  Pate-noftre  Se  le  Credo  en 
François, ne  voulant  dire  l' A ue- Maria. Luy  fut  remonftré  q  ladite  oraifon  eftoit  conte- 
nue au  (ainft  Euangilc.  Non  pas  en  forte&:  forme  d'Oraifon:  adiouftant  qu'il  fe 
contcntoitde  prier  Dieu  au  nom  de  fon  Fils  vnique  Iefus  Chrift.    Interrogué  s'il  fai- 
mandts  cô-  *01C  la  ^ene  ^om  11  auoit  ParIé,s'il  ne  croyoit  pas  que  le  corps  de  IefusChrift  fuft  enclos 
fuies  arguée  Se  contenu  au  pain  qu'il  prenoit.    y..  Que  non:  mais  qu'en  prenant  le  pain  de  la  main 
deTuT-S"  du  Mi™^'*1  receuoit  »e  fïgne  pour  eftre  conduit  &:  mené  à  Iefus  Chrift,  qui  eft  en  Pa- 
1     feC     radisàladextredeDieufon  Pere.Ilditlefemblabledu  vin,&  q  quieôque  magc&:  boit 
indignement,prendfacondamnation.    Enquis  s'il  feconfe/îbit  au  Pi eftre. 

Qiienon,fecontentantdefeconfelîeràDieii,auquelàtoutesheurcsil  a  accez  par 
fon  Fils  Ieius.  Enquis  de  fe  s  complices  &:  de  ceux  aufquels  il  a  communiqué  fon  opi- 
nion,mefme  de  fes  compagnons  à  prefent  détenus  auec luy. 

y..  Que  bien  fait-il  que  Iean  Gom  baud  luy  dit  hier  de  vouloir  faire  fes  Pafqucs  :  mais  il 
ne  luy  a  dit  quel  jour  ne  comment  il  les  vouloit  faire.  Interrogué  s'il  eftoit  loifible  de 
manger  chair  le  Carcfme,  Çi.  Qu'ouy:pource  que  Dieu  ne  l'auoit  défendu,  ains  les 
hommes  lefquels  n  auoyent  puiffance  decc  faire-.bien  qu'en  ce  pays  il  s'en  voudroitab- 
ftenirlesiours  prohibez,pour  ne  fcandalizerles  hommesrmais  s'il  eftoit  à  Geneue,iln' 
en  feroic  aucune  diffîculté.^Leclure  faite  des  interrogatoires  &:refponfcs,pource  qu'- 
il ne  fauoit  autrement  eicrire  ne  fîgner,il  y  mit  fa  marque. 

Le  lendemain  ledit  Lieutenantluy  ayantfait  relire  fes  refponfes:&:  trouuant  qu'il 
periiftoit  en  icellcs,!uv  demanda  s'il  eftoit  là  venu  pour  feduire  le  peuple,  Se  perfuader 
de  croire  en  la  loy  de  Gc  neue.Itcm  s'il  auoir  apporté  quelques  liures  cenfurez  pour  in- 
ftruirequelqu'vn:ilditquenon,pourautantqu'iln'cftoit  homme  de  lettres,&:qu'iln  a- 
uoit  apporté  aucuns  liures,  ne  prohibez  ne  permis.  , 

Interrogué 


'Benoit Romyen.  -4.71 

Interrogué  s'il auoit  accouftumé  faire  fcs  Pafques  toutes  les  annees,&:  rcceuoir  Je 
corps  précieux  de  Chrift  contenu  en  lafain&e  hoftie  à  Juy  adminiftree  par  vn  Prcft  te  a- 
pieslaconfccration.  y..  Que  non:vrayeft  que  depuis  quatre  ans  il  auoit  fait  audit  Ge 
neuela  iain&e  Cene  quatre  fois  l'amaflànoir  lesiouisdcsPafqucs,Pcncccofte,prenuer 
Dimanche  de  Septembre,&  à  Noël.  Interrogué  s'il  croyoit  que  la  fainde  mereeglifç 
euft  ordonné  les  Carei"mes,Vendredy,Samcdy,&  autres  veilles.  Et  li  par  confequent 
cjle  a  défendu  l'vfagc  de  la  chair,&c.  yt.  Que  non:pourcequerEfcriturefaincte  per- 
met de  manger  auec  a&ion  de  grâces  ce  qui  eft  preientc,làns  faire  diftinftion  des  iours 
ne  des  temps:&  neantmoins,  comme  il  a  efté  dit,  s  abftient  d'vfer  de  cette  liberté  en  ce 
pays:afin  de  ne  feandalizer  perfonne.  Enquis  du  Purgatoire,  &  s'il  prie  Dieu  pour  les1 
trefpafTcz,afin  qu'ils  loyent  abfous  de  leurs  pechez:a  dit  qu'il  n'en  tend  pas  qu'il  y  ait  vn 
Purgatoire  après  la  rriort:&:  qu'à  la  venté  il  prie  Dieu  pour  les  viuans,  &noh  pour  les 
morts>par  les  raifons  qu'il  a  entendues  à  Gcneue.  Interrogué  s'il  a  vouloir  s'en  retour- 
ner à  Geneue:&:  s'il  veut  tenir  leur  loy,ou  s'il  vouloir  croire  à  la  faincte  eglife  Romaine, 
giobferuer  les  feftes  qu'elle  a  commandées.  Qu'il  auoitdelîr  d'y  retourher,encanc 
que  fa  femme  &  enfans  y  eftoyent,&:  pour  viure  en  leur  loy.&:  qu'au  demeurât ,  il  croy- 
oit la  fain&e  Eglife  vniuerfelle,&  non  la  Romaine  :  &:  obferuok  pour  toutes  les  telles  le 
Dimanche. 

-pré  s  ces procedures,quelques fidèles trouuerét moyen  deluydirequ'ayantdef-  conftilque 
A.  ia  par  trois  fois  fait  confeffion  de  foy,il  deuoit  cercher  les  moyés  de  fortir  des  mains  donnent  au 
de  les  ennemis,quine  cerchoyenr  que  fa  mort'  Q_u'il  remonftraft  donc  au  Lieu  te  nant  aXrfn'cn! 
n'auoir  fait  aucun  mal  dans  le  royaumc,ne  mefme  en  fon  re/Tort  &:  iurifdiâiô:qu'il  n'a- 
uoit  dogmatizé,ne  fait  a&e  fcandaleuxrque  la  confeffion  par  luy  faite  eftoit  pou  rce  qu'- 
on l'auoit  adiuré  de  dire  vcrité:qu'il  s  eftoit  fimplement  meilé  de  védre&  acheter  mar- 
chandifes.-chol'e  permife  non  feulement  aux  fuie&s  du  Roy,  mais  auffi  aux  Alemans  Se 
Suilles:lefquels  eftans  confederezauec  le  Roy,ceux  de  Geheuc  leurs  alliez  peuuent  pa 
reillemcnt  vfer  de  commerce  en  France .  à  fcs  caufes  qu'il  requift  eftre  renuoyé  parde- 
uant  fes  luges.    Qu'au  refus  d'obtenir  renu  oy ,  il  interiettaft  appel  pardeuan t  les  Sei- 
gneurs du  Grand confeil;aufquels  telles  cognônTahces  appartenoy ent.  Sa refponfe fut 
ces  remonftrances  fut,qu'il  ne  pourroit  iouir  de  tels  priuilegés ,  parce  qu'il  n'eftoit  que 
fimplé  habitant  de  Geneuervoire  ne  fe  vouloitaider  de  tels  moyens,  fc  Contentant  d'a- 
uoir  rendu  raifon  de  fa  foy,pour  kquelle.il  eftoit  preft  de  mourir.    Le  bruit  efpars  par 
la  ville  de  la  fermeté  Se  conftancé  de  ce  prifonnier,  laquelle  ils  appellent  opiniaftreté: 
Barbofi,iuge  à  Draguignan,homme  du  tout  ignare ,  print  enuie  de  le  voir.&  alla  trou- 
uer  Romyen,&:  luy  dit,  En  qui  crois-tu  ?  croyent-ils  en  Dieu  ceux  de  Geneue .?  Je  prient 
ils  î    Benoit  fafché  de  fi  lourde  demande,  ne  Cognoifîant  l'homme ,  mais  le  voyant  de 
nature  difforme,  gros  &  loutd,le  riez  plat  &  largc,&  de  regard  hideux:il  luy  dit,Qui  es-  Refponfe 
tu  qui  blafphemes  ainfi  malheureufement?  Barbofi  dit,  le  fuis  le  luge  ordinaire  de  cefte  J^Jjg: 
ville.  Et  qui  t'a  mis(dit  Romyeh)en  ceft  office,  fi  gros  &  infâme?  penfes-tu  que  nous  ne    ~  "  ' 
foyons  pas  Chreftiens?les diables  confeffent  vn  Dieu,le  nieroy'-ie  moy  ?  Penfes-tu  aufli 
que  ceux  qui  font  à  Gerieue  le  nientrNon  rioninous  croyons  e  n  Dicu,nous  le  prions  &c 
inuoquons,&:  auons  ferme  appuy  &:  efperance  en  luy  .Ce  rep  Oulîement  aigrit  dauanta 
ge  Barbofi,en  forte  qu'il  ne  celTa  de  pourfuyure  contre  Romycn.   Cependant  le  Lieu- 
tenant follicité,procedi  au*x  dernières  répétitions  pour  mettre  le  procès  en  eftat  de  iu- 
ger.Et  Romyen  pria  qu'on  luy  permift  de  faire  oraifon  à  Dieu.ce  que  luy  eftant  accordé 
la  commença  d'vne  grande  véhémence  &  zele  merueilleux:&  la  continua  de  tant  plus 
longuement,que  voyat  Barbofi  prefent,  il  luy  vouloit  faire  cognoiftre  par  efFed  qu'il  a- 
uoit  vn  Dieu,auquel  il  ieruoit,&  lequel  il  prioit  par  fo  Fils  noftreSeigneur  Iefus  Chrift. 
Cecy  toutefois  ne  fut  rédigé  par  efcrit.mais  le  Lieutenant  &  l' Aduocat  du  Roy  dirent, 
Voila  de  belles  prieres.Oy  oy(dit  Barboli)il  s'en  va  eftre  martyr  de  tous  les  diables  d'en 
fer.       Il  fema  par  toute  la  ville  que  le  prifonnier  n'efehapperoit  point,&  qu'on  en  pré 
droit  bien  d'autres. Les  fidèles  penfans  que  fa  mort  feroit  de  petite  édification^  qu- 
vn  peuple  fi  barbare  &  cruel  en  deuiendroit  plus  éndurcy&:  animé  contre  eux:crai- 
gnans  auffi  qu'à  l'inftance  des  gens  duRoy  il  fuft  gehéné,&:  qu'à  force  de  tourmens  il  n'- 
en mift  aucuns  d'eux  en  danger,&  ne  difllpaft  le  petit  trouppeau  qui  eftoit  en  leurvilïe, 
ils  renuoyerent  derechef  vers  Romyen  celuy  qui  y  auoit  efté  auparauanç ,  lequel  le 


Henoit  Romyen. 


perfuada  tellement,des'aider  des  moyens  qu'on  luy  bailloit,puis  qu'ils  n  cltoyét  cotre 
Dieu.  Mais  Romyen  ne  feue  recenir  l'on  inftruction,  d'aïuanc  qu'il  n  cltoit  verlé  en  ter- 
mes de Iuftice,&n'auoit  nulles  lettres.  Parquoy  ayant  dit  au  Geolierqu'il  vouloitpar- 
ler  au  Lieutenant,on  ne  tarda  de  lailer  quérir.  Venu  aucefon  Greffier,  Romyen  ne  fe 
pouuant  fouuenir  de  ce  qu'on  luy  auoit  confeillé  (tant  eltoit  limple  &c  peu  cognoilîant 
les  rufes  de  ce  monde)luy  dit  qu'il  fe  portoit  pour  appelant  paideuant  l'es  Seigneurs  de 
Geneue,&  làoùfon  appel  ne  luy  feruiroit,  qu'il  appeloit  pardeuantlcRoy  en  Ibngrâd 
Conlcil.LeLicutcnantluydemandaquiluy auoit enfeigné  &  faitdireccla.  Romyen 
dit  que  Dieu  luy.auoit  donné  ce  confeil,par  l'on  fain£tEfprit,&:  non  autre.  Vn  Moyne 
<Ju'onappeloitM!niftredesObreruantins,ayatlàprefchcleCarefme,raifoit  aulîîdelon 
cofte  toute  diligence  de  iollicitcr  la  mort  de  ce  poure  Chreftien  :  &:  ayant  gaigné  a  luy 
Cauai  &  Caualieri  confuls,ils  ne  celferent  d'importuner  le  Lieutcnant(qui  autrement 
n'eftoit  que  trop  diligent)iufques  à  le  menacer  d'en  adu  crtirla  Cour  de  Parlement,  s'il 
ne  fe  haltoit  de  le  faire  bruuer.Parquoy  fe  fentant  preflë  de  cefte  part,&  d'autre  elguîl- 
lonné  en  fa  confcience,pour  iuger  ce  procès  &:  faire  droict  fur  les  declinatoires  &:  appe- 
lation,ilaiïemblale  x  v  .dudit  mois  les  autres  luges  de  Draguignan,  &c  pnntaueceux. 
tel  nombre  d'Aduocats,qu'il  eftoit  requis  par  l'ordonnance  du  Roy. Le  Caphard  aduer 
ty  qu'ils  eftoyent  en  belbngne,alla  recommander  le  fai&,&:  dit  au  Lieutenant,  qu'ilal- 
"Quinicra  loit  chanter  vne"  Mefle  du  faind  Efprit,  afin  d'illuminer  leurs  entendemens  à  côdam- 
qucUMeflc  ner  Romyen  deftre  bruflé  vira  petit  feu, Et  pour  renfort  j  Caualieri  y  furuinc,qui  vfade 
inftruœent  menaces  de  le  faire  entendre  à  la  Cour,  s'ils  iugeoyent  autrement.  Ce  procès  mis 
àtoutecho  furie  bureau,  Barbolî  &  quelques  autres  pratiquez  par  le  Moyne,  auant  qued'enten- 
foûiH°«e  VD  ^re  ^a  'e^urc  &  *c  mérite  de  la  caufe,fe  monltrerét  li  paisiônez  de  rage  &furie,que  leut 
pouraiiu-  aduisfut>qu'ildeuoiteftre  bruflé  vif,&:  bâillonné,  depeur  qu'il  ninfectaft  le  peuple.  Et 
mcrlcfcuj  dauantage,qu'on  luy  baillaft  la  queftion  pour  fauoir  qui  citoyét  de  la  religion.  D'autre- 
part, la  lecture  faite  du  procés,vn  Aduoca:  mené  de  fain  mgemet, voyant  les  autres  li  a- 
nimez,fut  de  côtraire  aduis,&:  dit  qu'il  deuoit  eftrerenuoyé:parce  qu'il  eftoit  domicilie 
de  Geneue:&:  n'auoit  aucnnemét  dogmatifé,ny  porté  liures:&:  n'y  auoit  aucunes  infor- 
mations contre  luy:&  ce  qu'il  auoit  dit,eftoit  comme  chofe  contrainte  par  le  ferment 
prefté  à  la  Iuftice. Celte  opinion  fut  tellement  fuyuie  des  autres  ieunes  hommes,  qu'ils 
letrouuerent  autant  d'vnc  part  que  d'autre:  &  ne  reftoit  plus  que  le  Lieutenantàopi- 
ncr.Et  d'autant  qu'il  eftoit  fufpe&aux  factieux,&:  que  l'heure  du  difner  approchoit ,  ils 
ne  voulurent  permettre  que  lors  rien  fe  concluft:mais  remirent  l'affignation  à  vne  au- 
tre fois:&:  cependant  femerent  par  tout  ,  ce  qu'ils  deuoyent  tenir  fecret,  comme  ils  en 
ont  le  ferment. 

Li  $  Conruisaducrtis&follicitezparleMoyne,fontaflembleedcvillc  au  fonde  la 
cloche,en  laquelle  fe  trouua  grand  amas  de  menu  peuple,lcquclefguillonné  par  l'Offi 
cial& la  preftraille,vinrent  tous  enfemble  crier  chez  le  Lieutenant  de  bruller  ceft  he- 
retique:iinon,qu'ils  le  brufleroy  ent  luy-  mefrae  &c  toute  fa  famille.  Ils  firent  le  lembla- 
ble  vers  les  luges  &:  Aduocats.Pour  toute  raifon  ceftOfficial  difoit,que  s'il  en  aduenoic 
autrement,lcs  Luthériens  prendroyent  tel  courage ,  qu'on  verroit  bien  toftfcrmei les 
dc°Gi|Cphe.  temples  accouftumez.Et  d'autant  que  le  Lieutenant  ne  vouloit  à  leur  pofte  prendre  d' 
autres  Iuges,ils  firent  accorder  le  peuple  de  contribuer  aux  frais  qu'il  conuiendroit  fai- 
re pour  enuoyer  à  Aix,&  faire  les  pourfuittes.  Si  forcèrent  le  Lieutenant  d7  porter  le 
procès  pour  le  faire  iuger.Çhacun  crioit,  Au  feu,au  feu  ,  qu'il  foit  bruflé.  Ce  Lieu  te- 
nantnelespouuantautremét  appaifcr,promit  d'aller  à  Aix  faire  iuger  le  procès.  A  l'a- 
prefdifneefut  tenu  autre  confeil  du  peuple,  auquelfurent  députez  pour  aller  à  cefte 
pourfuitte,  Barbolî, F  A  duoeat  du  Roy,  &  Caualieri  premier  Conful  ,  aucc  le  Greffier, 
pour  aller  aux  defpcns  de  la  commune  à  Aix.  Parle  chemin  ils  rencontrèrent  le  Prefi- 
dent  Ambrois,homme  fanguinaire,duquel  a  efté  parlé  en  la  perfecution  des  fidèles  d- 
Aniou.  Iceluy  tafehade  perfuaderau  Lieutenant  de  procéder  àlafcntence  de  mort 
fans  aller  à  Aix  v  mais  il  n'y  voulut  obéir.  Les  autres  retournèrent  par  l'on  confeila- 
uec  le  procès ,  délibérez  cux-mefmes  de  le  faire  brufler.  Le  Lieutenant  pourfuy- 
nu  fon  vovage  :  èt  ayant  fait  vn  rapport  fommaire  dufaiét ,  laCour  luy  fit  defenfc 
•st  aux  autres  luges ,  de  ne  palTer'plus  auant  :  ains  leur  enuoyer  le  prifonnier  &c  le 
océs .  Eftant  de  retour  il  trouua  qu'ils  eftoyent  empefehez  au  iugement  :  te 
jrayanr  fait  lignifier  fareft,&:  iniondtionau  Greffier  déporter  le  procès  :  à  peine  le 

voulu- 


Tenoit  Romyen.  4.72 

voulurenc-ils  faire.Finalement  Barbofi  le  porta  à  Aix,&  follicita  cri  fortej  que  par  areft 
iesfius  declinatoires  furent  declàrees  nulles.  Il  fut  ordonné  au  Lieutenant  dciuger  Je 
procès, appelant  auec  foy  les  ancics  Aduocats,&  aduertir  laCour  dans  huit  iours  de  ce 
qu'il  auroit  fait.  AintiRomyen  fut  par  leur  fentence  condamné  à  eftre  bruflé  vifc&  où  il 
fe  defdiroit ,  deftre  eftranglé.  Et  qu'il  auroit  la  queftion  auparauant  l'exécution  de  la 
mort,pourlauoir  les  complices.  Dequoy  il  fe  porta  pour  appelanr,difa'nt,qu'iln'eftoit 
heretique.Àinliquonlemenoità  Aix,parDraguignan  j  L'Aduocat  du  Roy  le  voyant  Repenuncè 
par  la  feneftre,luy  dit  qu'il  auoit  conclu  à  fa  mortrmais  il  prioit  Dieu  de  luy  pardonner.  ^t  Jj^u°~ 
Romyen  dit,Il  nous  iugera  tous  au  iour  du  îugemét.Si  toit  qu'il  fuft  arriué  à  Aix ,  &c  que  Ut  "  °"V' 
la  Cour  l'eut  ouyi  on  luy  enuoyavn  Moine  enfumé  qui  fut  trois  heures  auec  luy  :  &:  le 
trouuaritpertinax(Commeilsparlent)rapportaàla  Cour  qu'il  eftoit  damné  :  dont  le 
mefmeiour  la  fcntence  fut  confermee:&  Romyen  renuoyé  audit  Lieutenant  poure- 
ûre  mis  à  éxecution.  A  Ion  retour  les  Conluls  mandèrent  par  les  parroilTes  aux  Curez 
de  lignifier  à  leurs  profnes  le  iour  de  fa  mort,afîn  qu'on  y  allaft:&  firent  crier  par  la  ville 
à  (on  de  trompe^Que tous  bons  Chreftiens  portaient  bois  en  la  place  du  marché  pour 
bruilervn  Luthérien.  LeSamedy  x  v  i. de  May,le  Lieutenant eftantabfent delà  vil- 
le,l'autre  Lieutenat  des  fubmiffions  accorilpagné  desCôfuls,&  autres  allerct  de  matin 
bailler  la  queftion  au  pourc  patient.  D'entrée  ils  luy  présentèrent  les  cordes;fers&;  poix 
jpour  l'efpouuâter,luy  difans  qu'il  luy  falloir  nom  mer  fes  complices,&:  renoncer  à  la  loy: 
6i  qu'il  voyoit  bien  leur  bon  iugemen  t,puis  que  leur  fehtence  auoit  efté  confermeç  •  oc 
fes  opinions  confutees  par  tant  de  grans  perlbnnages.  Il  refpondit  dVn  cœur  confiant 
qu'il  n'auoitaucuns  complices  j  &  rte  vouloir  tenir  autre  lcty  que  celle  de  Iefus  Chrift; 
prefehee  par  fes  Apoftres:de  laquelle  il  auoit  fait  confeflion  deuant  eux.que  s'ils  l'appc- 
loyent  maintenant  pcruerfe&defloyale,Dieu  au  iour  du  iugement  ladeelareroitiufte 
&:  fain&e,&:  ceux  qui  la  perfecutoyent ,  éternellement  damnez.  Interrogué  fi  fes  com- 
pagnons prihs  auec  luy  tiennent  la  foy  Romaine  ,  s'il  auoit  iamàis  communiqué  auec 
eux,&  ii  en  la  ville  ou  en  la  prouince  il  en  cognoiflbit  de  la  loyrdit  que  non.  Interrogué 
qu'il  eftoit  allé  faire  efi  cefte  ville-la  y  veu  qu'il  n'y  auoit  point  de  corail  n'au  tre  chofe  de  queftion  & 
fonmeftienditqucc'eftoit  pour  vendre  fa  piecedecorâil.  Enquisquiluy  auoit  c6h-  g^^c- 
feillé  fon  appelait  que  c'eftoit  Dieii  par  fon  lâin&Efprit.  Surquoy  eftant  mis  fur  lage- 
henne  &:  tiré  ourrageufemer,il  cria  farts  celle  à  Dieu  qu'il  euft  pitié  de  luy , pou r  l'amour 
de  Iefus  Chrift  fon  Fils.On  le  prefToit  pour  le  faire  reclamer  la  vierge  Marie:mais  ce  fut 
en  vain.  La  queftion  luy  fut  réitérée  en  telle  outrance ,  qu'ils  penfoyertt  l'auoir  iàifté 
pour  mortiparquoy  l'ayans  remis  aux  barbiers}&:  trouué  qu'il  n'ert  pourroit  plus  endu- 
rer:craignans  qu'il  ne  trelpaflaft^fe  hafterertt  del'enuoyer  au  feu.  ApreS  l'auoir  fait  aflcZ 
folliciter  par  des  Preftres  Se  Moines  de  fe  defdire,iceux  aidèrent  au  bourreau  à  Tefleuer 
toutdelmembré  furie  bois:&  l'ayans  attaché  dvne  chaîne  de  fer,  defeendirent  àbas. 
Romyen  fit  fa  prie f  e  à  Dieu  :  dequoy  ces  CafFars  irritez  retournèrent  à  luy  pour  luy  fai- 
re dire  l'AueMaria. Irritez  de  fon  rerus,routragerçnt  &  luy  tirèrent  la  barbe  :&  le  poure 
Romyen  en  ces  artgoifTes  auoit  fon  recours  à  Dieu,  le  fup  pliant  luy  donner  patience. 
Vn  lourdaut  d'entre  1*  trouppe,monta  fur  le  bois  pour  l'admônefter  :  Romyen  cuidoit 
du  commencement  que  ce  fuft  quelque  fidèle,  parce  qu'il  luy  parloir  alTezgraciejjfe- 
ment'.mâis  comme  il  le  prelfoir  de  prier  la  vierge  Marie,il  luy  dit  de  le  laifler  en  paix.Si 
toft  qu'il  l'eut  laideil  efleuala  tefte&  les  yeux  en  haut ,  priant  Dieu  le  garder  de  tenta- 
tion. Vnbeau-pere  Gardien,  pour  le  rédre  odieux  au  peuple,s'efciia&  dit,BIaipheme, 
blafpheme:il  a  mefdit  de  la  vierge  Marie.  A  ce  cry  Barbofi  adioufta,  qu'on  luy  miftvn  jjjjjjjjj^ 
baillon:&:  le  peuple  cria  qu'on  le  bruflaft *  Lors  le  bourreau  mit  le  feu  à  la  paille& au  °  c*! 
menu  bois  qui  eftoit  à  lentour,en  forte  qu'ils  furent  incôtinent  vfez.  Romyen  demeu- 
ra pendu  en  l'air  auaflt  que  mourir.  Et  eftoit  prefque  tout  bruflé  parle  bas,qu*on  le 
voyoit  remuant  les  leures  (arts  faire  aucun  cry  :&ainîi  rendit  l'efpnt  à  Dieu.Plufieurs 
bru  its  furent  ouys  de  ce  que  les  Moines  &  Preftres  aUoyertt  tant  efté  alentour  de  luy: 
aucûs  difoyét  que  fî  on  y  euft  lanTé  approcher  des  ges  de  bien ,  que  tout  fuft  allé  mieux? 
6c  que  ceux  là  eftoyent  paillards  &  infâmes.  Autres  difoyent  qu'on  luy  auoit  fait  torr,&: 
que  plus  de  cent  de  la  compagnie  auoycnt  mieux  mérité  la  mort  que  luy  .&princjpale- 
ment  ceux  qrti  fauoycnt  condamné.  Autres  s'en  retournèrent  cmahis,diiputans  de  la 
caufe  de  fa  mort,&  de  fa de&r  jnc 


P/ttJieitrs  ^Martyrs 


Lei  derniers  MARTYRS  en  ^ngleterrc>auant  la  mort  de  Marie  &  du 
Cardinal  Polas, 

L  A  mort  des  perfeutez  pour  1*  Fuâgile  apporte  grande  confolation:&  a  luftre  quand  elle  fe  rencontre  auec  la  fin  des  perfecu- 
teurs.La  différence  des  deux  uTucs  elt  bien  djucrfe,comme  ceRecit  le  manifefte. 

MD.LVin  J§§§p§^N  doit  cefte  louange  aux  Anglois,  d'auoir  eftédiligensdcconferuerlame- 
|  moire  de  leurs  Martyrs ,  non  feulement  de  ceux  de  renom  ,  ôc  qui  parleurs 
Icfcrits  ont  confacré  leur  mémoire  àl'Eglifedu  Seigneur  :  mais  au  Ai  de  gar- 
der les  noms  des  autres  qui  par  exécutions  publiques,ou  tourment  des  pri- 
ions ont  heureufement  fini  leurs  iours,à  la  pourfuitte  des  ennemis  del'Euangilc.  Or 
les  noms  de  ceux  qui  turent  les  derniers  exécutez  deuant  la  mort  de  la  royne  Marie(cô 
me  Iean  Foxus  &:  autres  Hiftoriens  Anglois  les  ont  nommez  &mis  par  efcrit)iont 
ceux-cy. 

AJ-ondre  s  le  xxv  i  i.iour  de  Feuricr,  m.d.  l  v  ii  î.on  bruflaCv  tsertSim- 
son  diacre  de  la  congrégation  de  Londres:  Iean  Deuenysh:&  Hugues  F oxe,  chauffe 
tier.  AHvnting  to  N,aumois  de  Mars,vn  nommé  Lavvton  fut  exécuté.  Delà 
prifondeNE  vvc  a  t  à  Londres  on  tira  mort  Iean  Mainerd,lexv.d'Auril.  A  Cl  o- 
c  £  s  t  r  e  lexxvi. lourde  May,furentexecutezIeanHarrifon,vn  nommé  Dayc,&:  A- 
gnes  George.  Le  v  i.iourdcIuin,on  exécuta  à  No  rvvi  c  h  t  Richard  Harris,  Iean 
Dauus,la  femme  d'vn  nommé  George,&:  vn  nommé  Three.  ALondre  s, audit 
mois  de  Iuin,ThomasTyler,&  Matthieu  Vvethers,  furent  tîrez  morts  de  la  prifon  de 
Nevvgat. 

La  me  s  m  e  ,!ex  xv  1 1. lourde  Iuin, furent  exécutez  Henry  Pond,  Matthieu  Ryean» 
biejean  Holydaie,lean  Flond,Reynod  Lauonder,Roger  Holland,  Thomas  Sovvtha. 
ANo  r vvi  c  h  lex.iourde  Iuillet  Thomas  Vvithcdminiftrefut exécuté. 
ABrainford  lexni.iourdudit  mois  de  Iuillet, Iean  Slade,vn  nommé  Pikés,a- 
uec  trois  autres  furent  cruellement  mis  à  mort. 

A  Vvin  ce  s  t  r  e  ilyeut  vn  gentil  homme  nommé  Bambrige  ,  qu'on  executadu 
dernier  fupplice,pour  vne  mefmecaufcdcla  vérité  de  l'Euangile. 
O  R  combien  que  ladite  royne  Marie?&  autres  fauteurs  du  iîege  del'Antechriit,eui- 
fent  entreprins  la  deftruction  Se  ruine  totale  des  fidèles  d'Angleterre, le  Seign.qui  void 
deloin  le  iour  de  la  ruine  de  l'es  ennemis,donna  en  ce  temps  ïoulagemcnt  &  repos  aux 
fiens.Car  comme  ainfi  foit  qu'il  n'y  eut  iamais  perfonne,  qui  fe  foit  à  la  fin  bien  trouué, 
d  auoir  fait  la  guerre  à  l'Euangile:cefte  Marie  après  tant  deperfecutions  cy  deuantreci 
tees,finalcment  a  fenti  combien  eft  pefante  la  main  duDieu  éternel  contre  ceux  qui  f- 
hko  n/*  affligent  en  fesmembres.Aprcsquepartourmens  extrêmes  de  maladie  elle  eut  cfté 
Marie."    afflige e,voire  és  parties  les  plus  fecretes  de  fon  corps,la  mort  l'oita  de  ce  mode,au  mois 
de  Nouembre.  m.d.l  vin  .enuiron  deux  mois  après  le  trefpas  de  fon  beau-pere  Char- 
les v  .Empereur,aduenu  au  mois  de  Septembre  precedcritiLe  Cardinal  Polus  Anglois 
R«Wdus  qui auoit  fait  autrefois  profefllon  de  cogndrftrc  la  verité,&  :q\iidcpuis  contre  fa  confei- 
Polu».      cnCe  auoit  reftably  &  remis  en  Angleterre  les  cftandars  de  l'impiété  Romainc^ourut 
ihcontinent  après  Marie  en  la  mefme  fepmaine,de  regre^d'apprehenfion  6c  efpouuan 
cemens  horribles  qui  l'accôpagnerenc  en  la  mort.Ainii  le  Seigneur  fait  commele  bon 
iaboureur,qui  du  milieu  de  fon  champ  arrache  les^ros  chardons ,  quiempefchent&: 
fufFoquent  la  bonne  femence.    Il  a  donc  redonne  par  vne  viciffitude  dcfirable, après 
Marie,Elizabet  royne:pour  derechef  foulager  ceux  qutonr  efpcrance  en  luy ,  de  pour 
aneâtirles  côfcils&:  entreprises  de  toùtels  haûtenes  qui'  sVfleuêt  cotre  la  vérité  de  fa  pa 
rolleeternelJe.parlaqlle  il  veut  regner,&  réduire  en  captiuité  toute  fagfcffe  humaine, 
DECLARATION  de  plufieurs  mgemens  de  Dieu,  exécute^  fur  Us  entreprifes  & 
perfonnes  de  ceux  qui  ont  attenté  en  ces  derniers  tempf  çon  tre fon  Tgbfê, 

{Ncctempsiln'eftoitnouuelles  que  de  l'accroiflcment  du  nombrcdeLu- 
:^theriens(ainfi lorsappelcz-partQuc)quelqttffsfiîueres  ordonha^ecs  &: puni- 
'f  tiens  que  Ton  euftfeufaire:&neparloit-on:q.uc  dexaiTemMccs'iîrcretesqui 
\(c  faifoyent  iour  &  nuict  endiuers  pays  &  contrees.On  efcriuit  vne  lettre  au 

Roy 


Jugtmens  de  Dieu*  47J 

roy  de  France  Hcry  féconde  fut  diuulguee, par  laquelle  eftoit  dir,que  les  calamitez  &:  af- 
fligions qui  tenoyent  laChrcftiencécommeaccablce&defolee,eftoyencrel]es, que  cha- 
cun cunrelfoic  qu'elles  procedoyenc  du  iufte  jugement  de  Dieu,&:  de  ce  qu'on  laillbit  pul 
luler  tant  de  forces  d'herefies  qui regnoyent: mais  quele  mal  eftoit,  que  nul  de  ceux  qui  a- 
uoyent  l'adminiftration  publique^  à  qui  appartenoitdy  pouruoir,nercgardoitauec  bo 
iugcmét  fondé  fur  les  faindes  Elcriturcs,qui  eftoyent  les  hérétiques ,  Se  quelle  eft  la  vraye 
&c  rauffe  religion,p  our  de  là  tirer  la  vraye  reigle  Se  concorde  :  Que  le  vray  office  du  Roy  e- 
ftoit  de  vaquera  la  cognoifTahcr  dctclsdifrerens,  cômeauoyent  faitksRoisEzechias&: 
Io(ias&  autres.  Et  après  auoir  faid  enrendre  les  marques  Se  differêces  de  la  vraye  ôefauf- 
le  Religion, eftoit  efcritea  ces  termes, 

Con  su)  l  re  z  ,  Sire,  &:  vous  trouuerezq  routes  afflidios  font  aduenues  lors  q  vous 
auez  entrepris  ce  courir  fur  ceuxqu'on  appelle  Luthériens  .Quand  vous  fiftesTEdit"  de  Cefteditfot 

n       ,1  IA  1  ,        11  -,  — rn     r    r  ■  v  •        kit  en  luin 

Chafteaubriant,Dieu  votiscnuoyalaguerrc:mais  quad  vous  en  nJtcsiurloirl  exécution,  w  de  47. 
6c  tant  que  vous  flirtes  ennemi  du  Pape,eftant.aliéen  Allemagne  pour  la  protection  delà  amcics,<ion 
liberté  de  la  Germanie,  affligée  pour  la  Religion,  vos  araires  prolpererent  àiouhaic.  Au  JJJj^îJ^ 
cotraire.q  vous  eft-il  aduenu  depuis  que  vous  efte  icind  auec  le  Pape,  ayant  de  luy  receu  iui.es  prefi. 
l'efpee  qu'il v  ous  a  enuovee  pour  fa  protection, &qui  fut  caufe  de  vous  faii  e  rôpre  la  treueî  duux- 
Dieu  a  tourné  en  vn  infant  vos  proiperitez  en  telles  afflictions,  qu'elles  ne  touchent  qu'à 
l'eltat  de  vous  &  de  voftre  Royaume.^  A  quelle  fin  eft  tournée  l'entreprilede  môiieur  de 
Guifecn  Italie,allant  au  feruicede  l'ennemi  de  Dieu-,  auecdehberation  de  ruiner  à  ion  re- 
tour les  vallées  de  Piedmont,pour  immoler  à  Dieu  lès  vidoires?  L'ifluea  bien  môftré  que 
Dieu  lait  bien  renuerfer  nos  dcliberaiions.commeiladeftourné  nagueres celuy  demon- 
fieur  le  Côneitablc  a  (aind  Quentin  le  iour  S.Laurens,ayant  voué  a  Dieu, qu'à  fon  retour 
il  iroit  ruiner  Gcneue, s'il auoit  vidoire.^Auez-vous  iamaischtcdu,commefeu  Poncher  Poncho- ar* 
archeuefque  de  Tours,  pourluyuant  l'eredion  d'vne  chambre  ardére,  rut  bruflé  du  feu  de  f*?^ 
Dieu,qui  luy  commença  au  talon:&  ié  failant  couper  vn  mébreapres  l'autre,  mourut  mi- 
lerablement,<ans qu'on  peuftrrouucriamais  la  caufc?Côme  Caftellanus  s  eftant  enrichi  Caftclhnus 
parl'Euâgile  &  ayantreietté  lapuredodrine,pour  retourneràion  vomiflement,  voulât  oriSns.**"' 
perfecuter  la  ville  d'Orlcas,fut  touché  en  lachaire  du  doigt  de  Dieu,  Se  d'vne  maladie  in- 
cognueaux  medecinsbruilanda  moitié  de  fon  corps,&  l'autre  froide  comme  glace,mou 
rut  auec  cris  &:  gemiflemens  efpouuantables. 

I  l  y  a  auparauant  autres  exemples  mémorables  du  iugemét  de  Dieu,come  delà  mort  Lc  cîiance, 
du  Chanccl  cr&  Légat  du  Prat,quifutle  Premier  qui  défera  au  Parlement  la  cognoiffan  lier  du  ijuc 
ce  des  herciîes,&f  qui  donna  les  premières  commi liions  pour  fure  mourir  les  fidèles.  Car  p"£&r™ 
il  mourut  en  (à  maifon  de  Nantouillet  iurat  &:  defpitât  Dieu ,  Se  fut  trouué  fon  eftomach  rtftomich? 
percé  6c  rongé  de  vers.Ican  Rutc  Conlciller  en  Parle  ment ,  vc  nant  défaire  vn  rapporrde  icin&uié 
procès  contre  les  pourcs  fidèles,  fut  pris  du  feu  au  petit  ventre,  &àpeïne  furcôduiten  la  fûp«!t''ea 
maifon  que  le  feu  Icprinràlcs  parties  le  crctcs:dont  mifcrablemcntil  mourur,bruflâtpar  tre. 
toutlevctre/ansmonftrer  aucun  figncderecognoiftrc  Dieu. Claude  des  AficsauiïiCô-  ^"^"é 
(ciller  t  n  ladite  Cour,leiourmcfme  que  contre  Dieu  il  donafon  opinion  pour  faire  bruf  d"jpople- 
ler  vn  fidèle,  qunic  futtoutefois  du  tout  fuyuie,  après  dilhcrfcmità  paillardcr  auec  vne  *e-  ^ 
chambrière;  &  en  fade  fut  frappé  dvneapoplcxic,dc  laquelle  il  mourut  lur  Je  chap.  Pier_  pSecion 
reLi(et,premier  Prelident  en  ladictcCoiir,autheurdelachambreardcnrc,futdc  poféde  ^n,. 
foneftatjpourcltrc  cogneu  priuédefon  bon  fens,  Dieu  luy  ayant  ofte  rcntédement.Iean  tan  Marin 
Morin,  Lieutenant  criminel  delà  Preuofté  de  Paris,  après  auoir  fait  mourir  tant  de  fide-  fo*1^^ 
Ies,fut  finalemct  frappe  des  loups  aux  iambes,dont  ayant  perdu  l'vfàge,mourut  aliéné  de  ïambes, 
fon  lrns,apresplufieursiours  auoir  renié  &.blafphcmé  Dieu. Iean  André,  Libraire  au  Pa-  Iean  An,dr<5 

'-        1  1        t  •,-      ,     1  1    n       r%     n      1  r  mortenlu- 

lais,efpiedu  Prchdcnt  Lilet,  6c  du  Pi  ocureur  du  Roy  bru  (lard,  mourut  en  fureur  Se  rage,  rcur&rage. 
L'inquifitcur  de  Roma  en  Prouence,  tombaàloppins  fi  puant  que  nul  nepouuoitap-  L'inouifi- 
procherdeluv.Ican  Mcfnier  Prefident  de  Prouence,  qui  fie  mourir  tant  d'hommes,  rem-  ntTto^eï 
mes  Scenfan  s  àCabriercs  Se  Merindol, mourut  d'vne  ftrangurie,le  feu  citant  prins  en  fon  loppin;. 
ventrc,blafphemat&  defpitât  Dieu.  Etplulicursautres  dôt  Ion  pourroit  faire  récit,  pour  ,canMcf: 
cftre  punis  de  mort  fembiablc.     ^Que  s'il  plaift  à  voftre  Maielté  yaduiiér  ,vous  trou., 
uerezquenauezpaspliiiloft  conclu  de  leur  courir  fus,  quauffi  foudain  nouucaux  trou- 
ble s  navent  cfté  elmeus par  vos  ennemis, auec  lefquels  n'auez  peu  tomber  d'accord. 
CequcDieu'n'apermis,pourautantque  le  fondement  de  paix  eftoit  fur  la  perlccution 

LL. 


I  m  VL  ±M oyen  pour  entretenir  les  Eglifes. 

q  délibérez  faire  des  fcruiteurs  de  Dieu  :  corne  auffi  vos  Cardinaux  n'ont  peu  empefcher 
parleur  cruauté  le  cours  de  l'Euangile,  laquelle  a  prins  telle  racine  en  voftre  Royaumc,q 
fi  Dieu  vous  lafchoitla  bridepour  les  exterminer ,  vous  fe  riez  qualt  Roy  fans  fuiets.  Ter- 
tuilian  a  bien  dit  que  le  long  des  Martyrs  eft  la  le  menec  de  l'Euangile. 

Pour  donc  ofter  tous  ces  maux  prouenans  des  richeiles  des  Papiftes,  qui  caufent  tat  de 
pailIardifès,lodomies,inccftes,fcvcautrans  6c  nournlfanscn  porceaux,  corne  ventres  oi- 
firsde  meilleur  moyen  feroit  de  les  remettre  ainii  q  les  anciens  lacrificateurs  Lcuitcs:  afin- 
uoir  fans  terres  6c  pofleffions, comme  le  cômandement  fut  donne  exprès  à  Iofué.  Car  tât 
que  1  ordonnance  de  Dieu  eut  licu,&:  qu'ils  furet  exempts  d'ambition,  la  pureté  de  la  Re- 
ligion demeura  en  l'on  enticr  mats  quand  ils  commencerêt  à  afpirer ,  6c  furent  paruenus 
à  la  principauté, ncheifes&:  honneurs  mondains  ,  lors  s  elleuerent  les  abominations  que 
fi^ST"  *e^us  Chriftyttouua.  en  a  cite  ainli  en  rEglifeprimitiiic:careHeafleuri)&eftdemeii 
kpriîiutfue.  ree  en  pureté  tat  q  les  Minières  ont  cfté  fi  mples ,  6c  qu'ils  n'ont  poït  cerché  leur  gradeur 
6c  profit  particulier, mais  f  eulement  la  gloire  de  Dieu  .  Car  lors  q  les  Papes  ont  tendu  à  la 
Principauté,^  vfurpélevray  domaine  de  l'Empire,  fous  ombre  d'vnefaïuTe donation, ils 
ontauilideftournéleslainftes  Efcricures ,  &  fe  font  attribuez  le  fèruiceq  dcuonsà  Dieu. 
Pourtant  voftreMaiefté  fepourroit  faifir  de  tout  le  temporel  des  bénéfices ,  pour  les  em- 
ployer à  leur  vray  &:  propre  vfàge  :  Premieremétà  l'entretenemét  des  fîdeles  Mmiftrcsde 
la  parolle  de  Dieu, qui  auront  eftat  pour  leur  nourriture, ainfî  q  le  cas  le  requerra:  Secon- 
dement^ l'entretenement  des  gens  de  voftre  Iultice:  Tierçcment,  à  la  nourriture  des  po- 
ures,&:  entretenemet  des  Collèges,  6c  à  inftruire  la  poure  icuneflè,  lelô  ce  à  quoy  ils  ferôt 
propres. Et  du  reftequi  eft  infini, il  demeurera  pour  l'entretenemét  de  voftre  cf  ta  r,&  fub- 
ucntionde  vos  afraires,au  loulagement  de  voftre  poure  peuple,  qui  feul  porte  lcraix,&:nc 
poiîede  comme  rien. Et  encefaiiât  vn  nombre  infini  d  hommes,  &c  meimes  de  voftre  no- 
ble/Te, qui  vit  du  Crucifix,  s  Vmpiovera  a  voftre  Ici uicc,&:  delaRcpublique,d'autant  plus 
diligemment  qu'ils  verront  q  ne recôpenlerez  queceux  qui  l'auront  deflèruv.  Car  il  n  y  a 
Cap  itaine  ne  Seigncur,qui  ne  fe  fente  mieux  recôpcnfé  d'vn  bénéfice  de  cinq  cens  liures, 
que  d'en  voir  donner  dix  mille  àfon  frère,  pour  les  côïumer  en  chiens,  putains  &:  oi féaux. 
Et  y  a  vn  nombre  in  fin;  d'hommes  en  voftre  Royau  me ,  qui  occuper  les  plus  beaux  eftats 
6c  bénéfices,  &:  n'ont  iamais  rien  mérité  de  la  Chofe  publique. 

Par  ce  moyen  il  fera  aile  à  voftreMaiefté  de  le  feruir  feulement  de  voftre  main  Fran- 
çoifeau  fàictde  laguerrefuyuantraduis&conlcil  du  Sieur  de  Langcav  en  fontraitté  De 
l'art  militairercar  vous  n'aurez  que  trop  degens ,  aufquels  y  aura  plus  de  fidélité  qu'aux  e~ 
ftrangers,qui s'aguerrifTenrà  vosdefpens,&remportentl'argent  du  Royaumc,côme  auffi 
les  deniers  que  vous  baillez  chacun  an  pour  les  pendons  des  eftrangers ,  6c  ceux  qui  vont 
à  Rome  chacun  îour  pour  les  collations  des  bénéfices,  lcfquelscn  preftent  à  vos  ennemis 
pour  vous  faire  la  guerre.Et  en  ce  faifànt  demeurerôt  en  voftre  Royaume,  qui  par  ce  mo- 
yen demeurera  riche,opulent&:inuincible. 

Qv  a  n  d  les  Papiftes  vovent  qu'ils  n'ont  raiion  aucune,  ils  s'efîayentdercdre  odieux  à 
voftre  Maicfté  les  Luthériens,  qu'ils  appe!lent,&:  difénr  q  fi  leur  dire  auoit  lieu,  qu'il  vous 
faudroit demeurer  perfonnepnuce,&:  cjueiamais  changemet  de  Religion  ne  vient,  qu'il 
n'yaitauffi  changement  de  principauté  .Chofe  auffi  faulfc  comme  quand  ils  nous  accu- 
lent d'eftre  Sacramentaires ,  &:  que  nous  nions  l'authontedes  Magifti  ats ,  lous  ombre  de 
quelques  furieux  Anabaptiftes,q  ne  Satan  a  fuf  citez  de  noftrc  tem  ps  pour  obfcurcir  la  lu- 
micrede  l'Euangile.Car  les  hiftoires  des  Empereurs,  qui  ont  commécé  de  receuoir  la  Re- 
ligion Chreftien  ne,  6c  ce  qui  eft  aduenu  de  noftrc  temps  ,monftre  le  contraire .  Fut-il  on- 
ques  vn  Prince  plus  craint&  obey  que  Conftantin  en  receuant  la  Religion  Chreftienneî 
a-il  pourrant  abandonné  l'Empire?  daurant  plus  au  contraire  fut-il  confirmé  en  iceluy,& 
ceuxdefapoftericé  qui  le  font  laifïcz  conduire  par  fa  prouidcnce  .  Car  au  regard  de  ceux 
qui  fe  font  deftournez ,  6c  ont  fuyui  les  traditions  humaines ,  Dieu  les  a  ruinez ,  voire  leur 
race  n'eft  plus  cognuc  en  la  terre  :  tant  Dieu  a  en  horreur  ceux  qui  l'abandonnent  ne  tant 
ne  quant.  Et  de  noftrc  temps  les  feux  Rois  d  Angleterre,  6c  les  Princes  d'Allemagne  ont- 
ils  cfté  contraints  en  repurgeat  les  fu  perftirions ,  que  la  malice  du  temps  auoit  apportées, 
dabandonner  leurs  Royaumes  &:  pnncjpautez?  Chacun  voit  le  contraire  ,  &:  quel 
honneur  ,  obeifTance  &:  fidélité  portent  à  leurs  Princes  6c  fuperieurs  les  peuples  qui 
ont  receu  la  reformation  de  l'Euangile,  de  noftrc  temps .    Voire  icpuxs  dire,  que  les 

Princes 


*/o  tEglifi_>      Farts.  474. 

Priticesnefauoyctauparaiiâtqucc'eftoit  d'cftreobeys,  lors  que lepeuplerudeckgroiïïer 
reccuoit  aitémét  les  d  îlpcnles  du  Pape ,  pour  châtier  leurs  Piinces&:  Seigneurs  naturels. 
Aucz-vousapperceu qu'aucun  de  ceux  qu'on  appelle  Lutheries  air  tedu  à  trouble  ne  le~ 
ditiô,quclques  cruels  fupphces  qu'on  leur  ait  fait  lbufFrirdappelle  fur  ce  en  telmoin  mo- 
teur le  Marelchalde  Bi  jifac^sil  a  trouué  peuple  plus  obenTant  en  Piedmôt,que  ceux  des 
Vallées  d' Angrongnc,&:  autres.  Et  s'il  leur  a  baillé  charge  tât  dure  qu'ils  ne  J'ayent  portée 
Tans  murmurenq  s'ils  n  eullênt  tenu  pour  certain  q  les  Rois,  Princes  &  Magiftrats  font  or 
donnez  de  Dieu,  ils  n'enflent  obey  volontairemét,  mais  côtraints  par  force  lèfunent  por- 
tez plus  lalchcment. 

L  e  vravcvfeul  remède,  Sire,  eft  q  vous  faciez  tenir  vn  fain<ft&:  libre  Concile,  ou  vous  Détenir  va 
prend  crez,&  no  pas  le  Pape  6:  les  liens,  q.  doyucnc  leulemét  défendre  îeurs  caulès  par  les  ^ç*^" 
fainctes  Elcrituies:q  cependâr.  vous  cerchiezgens  non  corrôpus,tulpects  ne  fauorables,q 
vous  chargerez  de  vous  rappoi  ter  fidèlement  le  vray  fens  deslainctes  Efcriturcs.Ce  fait,à 
l'excple  des  bôs  Rois  Iol~aphat,Ezcchiascv  Ion"as,vouso(lerezdei'Eglilè  toutes  idolâtries, 
fuperftitiôs  &:abus,  qfctrouueiôtdiredemétcôtreucnirauxlainctesElcriturcs  du  vieil 
&nouucauTeftamct:&:  vo9régerczauec  ce  voftre  peuple  au  vray  bc  pur  feruicede  Dieu, 
fans  vous  arrcller  au  dire  des  Papiftes,q  telles  queftiôs  ont  cité  vuidees  aux  Conciles.  Car 
Jon laie  aflez  q  nul  Côcilc  n'a  cite  lcgicime,depuis  qucles  Papes  ayas  vfurpé  la  principau- 
té &:  tyrânielur  les  ames,lcs  ont  fait  feruir  àleurauarice,ambition  &c  cruauté  :  6c  lacôtra- 
rieté  qui  eft  en  iccux,les  lait  allez  miprouuer,  auec  cent  mil  autres  abfurditez  cotre  la  pa- 
rolle  de  Dieu  q  u  i  font  en  iceux.  La  vraye  efpreuue  de  telles  deciiiôs  eft  aux  vrayes  &c  fain- 
ctes Elcriturcs,  aufquelles  le  téps&:  faage  n'ont  peu  apporter  aucune  preferiptiô .  Car  par 
elles  nous  rcccuôs  les  Côciles  fondez  fur  la  parolle  de  Dieu ,  &c  par  elle  meime  nous  reiet- 
tosec  qui  y  contreuient.  ^Qucli  vous  en  faites  ainfi,Sire,  Dieu  bénira  voftre  entreprife, 
Il  accroiftra&côrirmera  voftre  Règne &c  Empirera  voftre  pofterité.Siautremét ,1a  rui- 
ne eft  à  voftre  portc,&:  malheureux  le  peuple  qui  demeurerafous  voftre  obehTâce.  11  n'y  a 
doute  q  Dieu  n'endurcuTant  vn  cœur  corne  à  Pharaô,  vous  ofte  la  courônede  dclîus  la  te- 
fte,ainli  qu'il  a  fait  à  Ier,oboâ,Nadab,  Baalà,  Achab,&  à  tât  d'autres  Rois,  qui  ont  luyui  ks 
traditions  humaines  cotre  le  cômandement  de  Dieu:&:  la  baille  à  vos  ennemis,pour  triô- 
pher  de  vous, &  de  vos  enfans.Quen  l'Empereur  Antonin  Debônaire,  encores  qu'ilfuft  An£0njnus 
Payen  &:  idolati  e,le  voyant  accablé  de  tant  deguerres,a  bié  voulu  faire  celîer  les  perfecu-  Pius  EmPc^ 
tions  qui  eftoyent  de  (on  teps  côtre  les  Chreftiens,remettât  à  la  fin  d'icelles  d'y  pouruoir, reur 
&:  d'entendre  leurs  raifons:  côbicn  plus  vous  qui  portez  le  nom  de  Trefchrcftien,  deuez- 
vous  eftrefoigneux  tk  diligent  de  taire  ceflerles  perfecutions  contre  les  poures  Chrefties: 
-veu  mefmemcnt  qu'ils  n'ont  troublé  &  ne  troublent  aucunemét  l'eftat  de  voftre Royau- 
me,ne  de  vos  affaires^  ne  tendent  à  aucune  {édition  &:  trouble?  Côuderc  auftî  q  les  luifs 
fontiburferts  par  toute  la  Chrcftienté,  encores  qu'ilslbyent  ennemis  mortels  denoftre 
Seigneur  Iefus  Chrift ,  que  nous  tenons  d'vn  commun  accord  &c  coniéntement  pour  no- 
ftre  Dieu,  Rédempteur  &c  Sauucur .  &  ce  iulques  à  rant  que  vous  ayez  cuy  légitimement 
debatre  &:  entendre  nos  railons  pnnlès  des  fainctes  Eicrirurcs ,  cv  que  voftre  Maiefté  ait 
iugé  Ci  nous  ibmmcs  dignes  de  telles  punitions .  Car  h  nous  ne  iommes  conuaincus  par  la 
parolle  de  Dieu,  les  feux,  les  glaiucs ,  ex  les  plus  cruels  tourmens  ne  nous  el'pouuanteront 
point.  Ce  font  les  exercices  que  Dieu  a  promis  aux  liens,&:  qu'il  leur  a  prédit  dcuoir  adue- 
nir  au  dernier  temps,atin  qu'ils  ne  le  troublent  quand  telles  perfecutions  aduiendront. 

TOVCHANT    LA  PERSECVTION 

de  tEgl'fe  des  fidèles  à  Pans. 

L  A  complainte  ordinaire  de  l'Eslife  ancienne  fe  renouudle  en  ce  temps  par  vraye  expérience .  Ceux  qui  rom  - 
pent  les  aiïeniblees,e( quelles  fe  font  prières  pour  les  Princes  &  le  p«uple,fe  priuent  à  leur  efeient  du  bien  par 
lequel  les  Royaumes  Se  principauté  fubfiftent  deuant  l'indignation  de  Dieu.  Ceux  auftl  pour  leiquels  priè- 
res fefont,comme  perfonnes  ennemies  de  leur  falut ,  ne  peuuent  long  temps  louffrir  les  laincles  aflemblees: 
mais  les  ayansdefcouuertes,lcruent-fus,&:  les  pourfuyucnt  îufqu'àlamort. 

'^SS1  ^  quatrième  de  Septembre  m.  d  .  l  v  i  i  .  il  le  trouua  vne  troupe  de  fîde- 
iW^r  les  de  troisàquatrecensenvnemailon  alfilcdcuant  leCollegedu  Pleffis  en 
laruelainct  laques, ayant  par  le  derrière  le  Collège  deSorbonnc,&.  cédés  le 
tKl''.l'£.  commencement  delanui&,'pour  faire  la  Cene.    Ce  qui  fut  incontinent 

LL.ii. 


iure  VI-  La  per/ecutiori 

dcfcouuert  par  aucuns  PreftresduditPleffis,  qui  défia  de  long  temps  y  faifoyentle  guet, 
pours'eftre  apperceusqueparfoisilvenoitlàvne  multitude  de  perionnes,  non  accou- 
ftumee,pourtant  ils  amalTent  le  plus  de  gens  qu'ils  peuuent  de  leur  faction  :  cnuoyent  ad- 
uertir  le  guet  ordinaire  de  la  ville,  &:  font  les  appreils  de  toutes  chores  qu'ils  penient  nc- 
ceiîaires  pour  mettre  en  pièces  celle  compagnie .  Toutefois  Dieuluy  donna  tout  le  loiiir 
de  faire  les  choies  {<un£tes,pour  leiquellcs  elle  s'eftoit  trouuee  là:  voire  en  auffi  grand  repos 
que  iamais.Car  n'eftans  venus  enfemblc  pour  mal  faue,ne  penibyent  point  à  la  mauuailc 
volonté  des  autres. 

L  a  délibération  de  ces  meurtriers  cfloit ,  fi  d'auenture  le  guet  nevenoit  à  temps 
pour  forcer  ceftemaiibn  :  de  faire  tout  ce  qui  ieroit  polfiblepoui empeicher  que  pcrlbn- 
ne  n'en  peuft  lortir.  Ils  auoyent  donc  fait  vn  merueilleux  amas  de  pierres  en  leurs  fene_ 
lires, iniques  à  démolir  les  murailles,afin  derepouifer  ceux  qui  voudroyentfortir .  Defa- 
,  çon  quefur  laminuid,commeralTembleedeliberoit  defe  retirer  chacun  en  famaifon, 
ils  commencèrent  l'exécution  de  celle  cruelle  entreprinfe,  Se  de  batre  la  lbrtied'vne  fu- 
rie incroyable.  Ils  adiou  ftoy  enta  cela  de  grans  crts  pourauoir  fecours  de  toutes  parts: 
&  pour  mieux  cfmouuoir ,  difent ,  que  c  eiloyent  volleurs ,  brigans ,  coniurateurs  qui  se- 
ftoyentlàalfemblez .  Ace  bruit  les  plus  prochains  sefueillent ,  &c  donnent  le  melmefi- 
gne  aux  plus  lointains,  comme  il  ferait  en  vn  danger  commun  :  tellement  qu'en  peu  de 
temps  toutela  ville  eft  en  armes .  Car  défia  depuis  la  prinfè  de  fain£t  Quentin  1« peuple e- 
ftoit  en  continuelles  alarmes:&:  auoit  en  commandement  défaire  prouifion  d'armes,&.fc 
tenir  preft.Vn  chacun  donc  prend  fon  ballon:  &:  accourt  de  tous  collez  là  où  le  bruit  me- 
ne:&:  quand  ils  entendent  que  ce  n'clloyent  volleurs,  mais  Luthériens  (ils  les  appeloyent 
encores  ainii)  la  plus  part  entrent  en  vne  rage  extrême,  &  ne  demandèrent  que  l'an  g.  Ils 
occupet  les  deftroits  des  rues,allumét  des  feux  en  diuers  lieux,afin  que  perlonnc  ne  peull 
clchappcr  parl'obfcuritédelanuid. 

C  b  danger  eftant  venu  fi  foudain ,  &c  contre  l'attente  de  tous ,  apporta  vne  grande 
frayeur  à  ceux  de  dedans:&  penlbyent  bien  eftre  tous  mafTacrez  là  fur  l'heure .  Toute- 
fois ceux  qui  auoyent  la  conduite  &gouuernement  de  l'Eglife  les  rafleurerent  au  mieux 
qu'il  rut  polïible,les  exhortèrent  à  patience,  félon  le  peu  de  loifir  qu'ils  auoyent  :&:  après 
auoirprié  Dieu  par  plufieurs  fois,  furent  d'aduis  qu'on  print  vne  refolutiondeeequi  e- 
ftoit  de  faire.  Il  falloir  faire  de  deux  choies  l'vne  :  ou  attendre  la  venue  des  luges ,  ôc  vne 
mort  certaine  en  faifant  vne  ouuerte  confeffion  delà  foy:  ou  rompre  celle  multitude  fu- 
rieufe  qui  tenoit  la  maifon  affiegee.  Finalement  à  la  fuafion  de  ceux  qui  cognoilToyent 
lacouardiicdecefte  canaille  Panfiennc,on  conclud  de  la  forcer  &:  paflerau  trauers:les 
hom  me  s  qui  auoyent  efpecs  marchans  les  premiers  do  ur  faire  le  partage  aux  autres .  Ce- 
la eft  iuyui  parla  plus  part:&  efchapperent  plufieurs  a  diuerfes  faillies  :  mais  non  (ans  tra_ 
uerier  vne  infinité  de  périls.  Etc'eftmerueilles  comment  vnfeul peut  gagner  là  mai- 
ion  à  iauucté.  car  les  pierres  grefloyent  de  tous  collez  :  les  vnstcnoycntles  ruesauec  pi- 
ques &:  hallebardesdcs  autres  qui  de  crainte s'eftoyent  retirez  en  leurs  maifbns,  dardoy- 
eut  par  les  fencllres  leu  rs  piques  fur  les  pafTans:  &c  les  au  très  amenoyent  les  charrettes ,  &: 
les  mettoyent  au  trauers  des  rues  pour  retenir  la  courfe  de  ceux  qui  fortoyent .  Toutefois 
cela n'empefcha  point  que  ceux  que  Djeu  vouloit  referuernepaflafTent  fans  dommage: 
afin  qu'on  entendift  que  toutela  force  du  peuple  ne  pouuoit  tenir  les  autres  enclos  de- 
dan  s  la  maifon ,  s'il  n'euft  voulu  les  preiènter  deuant  les  Magiftrats  pour  en  eftre  glorifie: 
&c  que  la  deliurancede  ceux-cy  fuft  vn  tei'moignage  à  tout  iamais  de  fa  pu iflance admira- 
ble fur  ceux  qu'il  luy  plaift  garétir.Et  ainiî  vn  chacû  fut  appris  de  remettre  fa  vie  à  la  cou- 
duitcdefaprouidence. 

Vn  feul  de  toutela  troupe,n'ayât  fa  courfe  libre  entre  tant  dempefehemés,  futattaint 
fidde.  d'vncpierrc&abatufur  le  pauc,&:  après  à  diuers  coups  afTommcd'vne  façon  pitoyable, 
iufques  à  perdre  toute  forme  humaine .  Et  de  là  fut  emporté  au  Cloiftre  Taind  Benofft,  &c 
expofe  aux  ou  trages  dr.  tout  le  monde  :  tellement  qu'il  n'elloit  pas  bon  ennemi  de  Dieu, 
qui  ne  lui  iettafl  dclafange,ou  luy  dônall  quelque  coup ,  accôpagné  de  qlquc  blafpheme 
en  haine  de  l'Euâgile.  Apres  plufieurs  làillies,  il  ne  demeura  plus  en  la  mailô  q  les  femmes 
&c  ieunes  enfans,&  quelques  hommes,  qui  defrayeur  notèrent  fuyurc,  Se  encores  des  ho- 
mes les  vns  fe  ietterent  dedans  les  iardins  prochains ,  où  ils  furent  retenus  iufques  à  la  ve- 
nue du  Magiftratrles  autres  s  cflans  efFdrcezfur  lepoindt  du  iour  de fbrtir,  furent  arreflez 

pat 


*/o  l'Eglifc^  d<u  Paris.  ^7/ 

par  le  peuple,apres  auoir  eflé  bien  batus  Se  meurtris.  Alors  les  femmes  voyans  que  fi  peu 
d'efperance  qui  eftoit  en  la  fàuue-gardedes  hommes  eftoit  perdue, voulurent  le  prefènter 
aux  feneftres,  &:  implorer  la  mifericorde  de  ces  enragez,  qui  commençoyent  délia  à  taire 
forceà  la  maifon  pour  entrer  dedans,&:  mettre  tout  à  fac.  Elles  remonftrent  leur  înnocé- 
ce,&  demandent  que  la  Iufticc  fbit  appelée ,  Se  qu'on  procède  con  tre  elles  par  voyes  ordi- 
naires.Maisiln'yauoit  plus  aucune raifô  en  cefte  populace  du  toutfurieule.Ainii  remet- 
tans  leur  vie  entre  les  mains  de  Dieu  ,  elles s'appareilloyêt  délia  à  location  côme  pourcs 
brebis ,  quâd  Martinne  jpeureur  du  Roy  au  Chaftelet  arriua  auec  Cômiiraires  Se  forcede 
fergeans,tout  àpropoSjCommeDieu  voulut,pour  empefeher  vn  fi  cruel  maffacre.  Incon- 
tinent ouuerturc  luy  cft  faite&:  à  cou  te  fà  fuitte,pou  rce  que  c  eftoit  le  Magiftrat  :  feulemée 
il  fut  requis  de  retenir  lafuric  du  peuple ,  qui  eftoit  là  frcmifîant&  efeumant  de  rage,  de- 
quoy  celle  proye  luy  eftoit  arrachée.  Martinne  sellant  mis  dedans  ,,trouua  les  choies  en 
tel  eitat,qu  iipouuoit  bien  uiger  de  l'innocence  de  ces  pourcs  gens:  mefmeconliderant  la 
fimplicitéde  tous  , Tobeiftance , &: honneur  qu'ils  portoyent  àla  Iuftice,ileneutcom- 
paliion,iui'quesàcnietterleslarmcs.    Toutefois  il  ne  laiflà  point  de  palier  outre,  &:  s'- 
informa diligemment  de  ce  qui  s'eftoit  la  fait.  Il  trouue  qu'attendant  que  tous  fu/îent  al-  Pr0CÇIVer 
femblcz,  on  auoit  long  temps  leu  de  l'Eicriture  làin&e  en  langage  vulgaire:  qu'après  biidccc^uî 
quetousfuilcncallcniblcz,IcMiniilre  auoit  prie  Dieu  &;  toute  la  compagnie,  ayanslesge 
noux en  tcrre.&:  après  auoir  cxpofcTinftitutio  dclaCenederonziemedelapremicreaux eolafsclïk^ 
Corinthiens,  monltré  quel  en  eftoit  l'vfàge,&:  comment  on  s'y  deuoit  prelentenapres  au£ 
fi  auoir  cxcômunié  tous  lediticux,defobciflâs  à  leurs  fupencurs, paillards,  larrôs,  &cc.  leur 
dénonçant  de  ne  s'approcher  de  la  table.  Qu'après  toutes  ces  choies, ceux  qui  auoyet  elle 
iugez  capables  de  ce  Sacremcnt,s'cftoyent  approchez  de  ladite  table,&:  auoyent  receu  du 
pain  6c  du  vin  de  la  main  des  Mimllres,auec  ces  parolles,  C'eft  lacomunication  du  corps 
Se  du  ùng  du  Scigncunque  prières  s'eftoyét  faites  pour  le  Roy  Se  la  prolperité  de  fbnRoy- 
aume,pour  tous  pourcs  aftligcz,  Se  en  gênerai  pour  toute  l'Eglife.  auffi  q  quelques  Pfeau- 
mes  s'elloyet  c  hâtez.   Voila  lecotenudefbn  procez  verbal,  côme  il  le  trouucraenco- 
res  auiourdhuy  en  leurs  greffes  :  deiquels  on  l'a  fidelcmct  extrait.  On  comâdaneatmoins 
q  tous  fulfent  liez,&:  menez  en  prifon  :  &:  lcpeupleen  multitude  infinie  s'eftoit  refpandu 
tout  le  long  de  la  rue,les  attendant  auec  armes,&:  defpitat  Dieu  Se  les  Magiftrats,  dequoy 
l'exécution  n'en  eftoit  délia  faite .  Tellement  que  quand  ces  poures  gens  ainfi  liez  Se  gar- 
rotez  les  vns  aux  autres  vmdrét  à  palfer,  ils  cômencerct  non  feulemét  à  leur  dire  mille  vi- 
lenies Se  iniures,mais  à  les  batre  outrageulemét  de  fufts,dc  hallebardes,&  îauelines:  ceux 
principalemet  q.  elloyct  d'aage,ou  en  robes  lôguescar  ils  lèdonnoyét  opinion  q  c'eftoyet 
les  predicâs.  Martinne  voyant  cela,  voulut  refèruer  les  fémes  en  la  maifon, iufqu  aceq  ce 
melchât  peuple  fe  full  efcoulé:mais  il  ne  lui  fut  iamais  poffible.Car  ce  peuple  menaçoit  q 
luy-mefmeen  leroir  le  bourreau,  &:  mettroit  le  feu  en  la  maifon,  fi  on  nelesmettoithors 
côme  l  es  au  tres.Pourtât  ce  fut  force  de  les  expofer  à  fa  furie:  &:  auffi  ne  les  efpargna-il  non 
plus  q  leshomes,fans  aucun  rcfpcttni  au  fexe,ni  del'cftat.  Car  quatre  ou  cinq  exceptées 
(toutes  eftoyét  Dames  ou  Damoilelles  de  grandes  maifons)  elles  furent  nommées  putai- 
nes:&:  chargées  de  toutes  fortes  d'iniures:outragees  de  coups:  leurs accouftremens  furent 
mis  en  pieccs-.leurs  chaperons  abatus  de  leurs  teftesdeurs  cheueux  arrachez,&:  leurs  vifa-  enomSk 
ges  fouillez  &  couuerts  d'ordure  &:  fange .  En  tel  eftat  tous  furent  conduits  aux  prifons,a  ™*  Dames 
près  auoir  elle  affiegez  en  la  maifon  l'ei'pace  de  fix  heures,iufques  au  nombre  de  fix  à  fept  ^ 
vingts. Et  çôbicn  q  ce  fuft  cotre  tout  droit,q  perfonnes  faifies,&  entre  les  mains  du  Magi- 
ftrat,fufiétain(î  meurtries  &  outragées  des  particuliers:  fi  eft-ce  q  iamais  enquérie  aucune 
n'en  fut  faitc,pourcc  q  c'eftoyctChrefties  q  auoyet  eflé  outragez. mais  Dieu  vouloitainfi 
triopher  en  l'opprobre  Se  ignominie  des  liés.  Or  s'ils  furet  mal  traittez  par  les  rues,ils  n'eu 
rent  pas  mieux  en  la  prilbn  du  Chatlelct,en  laquclleilsfuret  premieremét  conduits.  Car 
les  br  igans  de  voleurs  furent  retirez  des  folles  Se  crottés  .les  plus  infecls,pour  faire  place  Se 
y  mettre  ceux-ci:le  boire  &  le  manger  refufé  à  beaucoup  d'entre  eux ,  iufqucsà  bie  n  long 
téps.&  inhibition faitcdcdôncreiurceàperfbnnepourles  vilîter.Toutefois  Dieu  ,quia 
toufiours  le  foin  des  lies,  auoit  pourueivà  ce  qu'ils  ne  demeuraftet  fas  côfolatiô.  Car  pour 
legrâd  nobre  de  prifonmers, les  geôliers  auoyet  elle  côtrain  s  d'en  mettre  plulicurs  en  vn 
mefme  lieu-.tcllemct  qu'il  s'en  tiouuoit  toufiours  qlcun  plusfortifié  q  fes  côpagnons,qui 
dônoit  courage  aux  autres .  De  tous  coflcz  Pfeaumes  fechantoyent,  Se  retétilloic  tout  le 

LL.iii. 


D  amol- 
lies. ' 


Liure  VL  La  perjecution 

Chaftelet  des  louanges  de  Dieu  :fuffifant  tefmoignaged'vnefinguliere  afleurance  qu'ils 
portoyét  en  leurs  cœurs  de  leur  innocence. 
Calomnia      Cependant  le  bruic  couroit  par  tout  de  cefte  prifc:&:  propos  diuérs  fetenoyet  de- 
fur  les  chrc  çà  &:  delà ,  touchant  ce  qui  s'eftoit  fait  en  l'aflemblec  :  &:  (  comme  l'ignorance  fe  fait  aifé- 
iiicns'      mentaccroirc  le  pis  qu'elle  peut  de  ceuxqu'ellea  en  haine)  la  commune  opinion  eftoit, 
qu'en  s'eftoit  là  affrmblé  pour  faire  vn  banquet ,  6c  puis  paillardcr  pcflc  meilelcs  châdeL 
les efteintes. Ils adiouftoyent  aufli pour  mieux  accouftrer  ce  menfonge,  qu'il  y  auoit  des 
nonnains  &:  des  moines:  tant  ces  bons  religieux  de  la  Papauté  fe  font  acquis  bonne  repu-, 
tation  de  faintteté,  que  s'il  fe  fait  conte  de  paillardi(è&d'infamie,il  faut  qu'ils  loyentdc  la 
partie, par  lacôfeflîon  mefmedc  ceux  qui  les  fauorifent.  Les  Prefchcurs  de  leur  cofté  cm- 
ployent  profnes  &£  lèrmonsà  leur  imprimer  ces  menfonges:dilbyent  meline  qu'on  y  tuoic 
T    fi. „    les  petis  enfans,&  autres  chofes  femblables,  dcfqucllcs  Satan  a  voulu  diffamer  l'ancienne 
fon  ApôkT  Eglife.Et  ce  bruit  eftoit  non  feulement  entre  le  cômun  peuple  :  mais  entre  les  plus  grans, 
genque.     julques  au  Roy:  auquel  on  talcha  de  le  periiiader  par  faux  rapports.  Charles  de  Lorraine 
Cardinal  eftoit  lors  feul ,  ayant  grande  pu  iflance  en  la  Cour.  On  introduit  donc  l'vn  des 
luges  du  Chaftelct,lequel  ofa,  à  l'appétit  des  aduerfaires  del'Euangilc ,  rapporter  à  la  m  a- 
iefté  du  Roy,qu'on  auoic  trouué  en  la  falle  de  la  mailbn  plufieurs  païUaiTes ,  for  lefquellcs 
fecommettoyent  les  paillardifes:  &:  l'appareil  aufli  dvn  bien  fbmpcucux  banquet,  qui  s'y 
dcuoit  fait e:chofe  qui  irrita  grandement  fa  Maiefté .  Car  il  n'y  auoit  perfonne  qui  euft  la 
hardielTe  de  contredire.  Le  Roy  entendant  ces  chofes ,  &  folicité  par  les  ennemis  d'elpa- 
dre  le  fang ,  &:  ne  foufrrir  delTus  la  terre  telles  perfonnes  chargées  de  tant  de  crimes ,  don- 
na charge  de  trouuer  home  propre,qui  euft  lacômiflîô  pour  en  faire  bié  toft  ladelpelche. 
dotn«°u      *L  yauo'c^ors^Pa"svn  Lieutenant  ciuil,  homme  de  fa£tion,accouftumc  àcruautez. 
Lieutemnc  Vray  eft  que  pour  lors  il  fe  tenoit  caché  pour  vne  faufleté  com  mile  à  l'endroit  delà  cotef- 
ciuil  de  Pa-  fc  je  Senigan,en  l'affaire  du  duc  d' Arfcot:iulques  à  faire  pendre  vn  de  lès  gens  par  faux  tef 
moignages:  toutefois  on  l'eftima  fi  propre  pour  faire  mourir  perfonnes  innocentes,  qu'e- 
ftant  abfous,ou  pour  le  moins  les  procédures  qui  fe  faifoyent  contre  luy ,  celTantcs,  on  fut 
d'aduis  de  luy  bailler  la  cômiflîon.Luy  fe  voyant  remis  en  credit,&:  en  train  d'auoir  fagra- 
cc,fc  délibère  de  faire  ce  qui  lèroit  pour  gratifiera  ceux  qui  auoycnt  cfté  le  moyen  de  1  uy 
faire  tomber  entre  les  mains  cefte  com  million.  Il  prend  pour  adiuteur  s  lès  femblables:  il 
s'enquefte:  il  vfe  de  promefles  à  l'endroit  des  vns,  de  menaces  à  l'endroit  des  autres  prifo- 
niers ,  s'il  en  voit  aucuns  vaciller  en  la  confeffion  de  la  vraye  doctrine ,  pour  efchapper  la 
mort:il  leur  propolè  s'ils  ne  confeffent  Iefus  Chrift,  qu'ils  nelèront  point  aduouez  deluy: 
&  prelfe  leur  conlciencc  de  le  confeflèr,  par  la  fouuenancede  cefte  menace:  afin  qu'ayans 
confcfle,il  ait  occafion  de  les  condamner,*:  d  efpandreplus  de  fang.Tellcmét  qu'en  peu 
d'heures  il  eut  mis  beaucoup  de  procès  en  eftat  de  iuger. 

Voila  com  ment  les  ennemis  le  gouuernoyent  de  leur  cofté  :8c  eftoit  la  ioyefl  grade 
par  tous  les  quartiers  de  la  ville,  qu'on  ne  voyoit  que  triôphes  de  vittoirc  deçà  &  delà ,  cô- 
Commct  fc  mefi  en  vn  feul  iour  toute  la  doîtrinedel'Euangilecuft  efté  opprimec.Mais  de  l'autre  co- 
jortoit  fté  le  demeurât  de  f  Eglife  lè  trouuoit  en  vne  merueilleufe  perplexité  pout  l'emprifonne- 
il™Ef>\îte  ment  &  détention  de  leurs  frères  :&  n'y  auoit  que  pleurs  &gcmiflcmés  en  leurs  familles, 
de  Taris.  Toutefois  ils  ne  perdent  point  courage.  Ceux  qui  auoyent  la  conduJtedcl'Eglifcs'Cxhor- 
tent  les  vns  les  autrcs,fc  mettent  deuant  les  yeux  la  prou  idence  de  Dicu,par  laquelle  ils  a- 
uoyen  t  prefquc  tous  efte  deliurez  de  ce  danger:  que  c  eftoit  bien  vn  allez  lu  f  filant  témoi- 
gnage qu'iHe  vouloir  encores  leruir  deux  pour  entretenir  ceft  œuurecommcncé.Qucla 
perlècution  neftoit  point arriuec fans  qu'ils  l'euflen  t  preueuë  dés  long tcps,&  s'y  fuflent 
appreftez,commeà  vnechofe  commune  à  tous  ceux  qui  veulent  feruir  à  Dieu:&  pou  rtât 
n'en  deuoyét  point  cftre  tanterfrayez,que  de  quitter  la  vocation  à  laquelle  Dieu  les  auoic 
appelez.Que  cefte  affliction  neferoit  pas  la  ruine  de  rEglifè,mais  pluftoft  l'auancemet:  Se 
que  de  cefte  façonDicu  auoit  accouftumé  d'auancer  fon  règne  &:  la  prédication  de  fon  E- 
uangile.  Ils  en  auoyent  les  prorneflèsen  la  parollede  Dieu ,  &  l'expérience  en  toucl'cftat 
de  l'ancienne  Eglilè.S  eftans  ainfi  accouragez,  &ayans  remis  leurs  vies  entre  les  mains  de 
Dieu, premièrement  ils  mettent  ordrcqucleurs  prières  extraordinaires  fc  facent  par  tou- 
tes les  familles,&:  qu'vn  chacun  s'humilie  deuant  Dieu.  Secondcmét,  que  ces  faux  bruits 
qui  couroyent  de  leurs  fain&es  aflembiees,  au  deshonneur  de  Dieu  ,foyent  rabbatus  par 
dcfcnlès&:  Apologies:&  finalement  que  les  prifonniers  ayent  lettres  de  côfolation  le  plus 
fouuent  qu'il  leroit  poflible. 

Us 


Ils  font  donc  vne  remonftrancc  bien  longue  au  Roy,&  la  font  fecretteitient  tomber  ^c°cn~u 
en  Ta  cbambre,&:  venir  entré  les  mains.par  laquelle  ils  tafehent  d'adoucir  fon  cceur,impe-  roy  Hci  y. 
trer  audience  à  leur  caufc,&  ofter  celle  mauuaifè  opinion  d 'eux,quon  luyauoit  imprime 
malicicufement.  Ils  rcmonftrent  que  c 'eftoit  à  tort  qu'on  les  chargent  de  choies  û  énor- 
mes enuers  fàMaiefté  :  que  c 'eftoyent  calomnies  qui  n'eftoyent  pas  nées  de  ce  téps,  mais 
désle  commencement  auoyentefté  mifes  fur  l'EgLife  de  noftre  Seigneur  IefusChrift:par 
lefquellcs  Sata&  auoit  tafche  débander  les  yeux  aux  Rois  &  Princes,  &:  les  cfchauffer  à 
l'encontre  de  l'innocence  des  Chreftiens  :  &:  maintenant  ne  luy  eftoyent  rapportées  par 
autres  que  par  ceux  qui  défirent  opprimer  la  vraye  Religion ,  pour  retenir  les  richelTes 
qu'ils  ont  vfurpees  delîus  l'Eglifc.Qu'il  deuoit  mettre  ordre  auât  touçes  chofes,  que  bon- 
ne enquefte  en  fuft  faite,&  ne  croire  point  de  leger,mefmes  en  vnecaufedefi  grandcïm- 
portance.Car  s'ilfuffiibit  d'accufer,qui  feroitinnocét?  S'il  luy  plaifoit  s'informer  de  la  ve- 
nte,il  trou  uer  01c  qu'autre  chofe  n  auoit  a  m  a/Té  ces  poures  gens  enfemble,queledefirde  • 
prier  Dieu  &c  pour  luy  &c  pour  la  conferuation  de  fon  Royaumc.Que  leur  doctrine  ne  téd 
point  à  iedition  ni  à  la  ruine  des  Principautez,comme  on  les  charge.Car  l'expérience  luy 
auoit  bien  monftrc  le  contraire.Et  n'eftoit  faute  de  nombre  quefèditiô  ne  s'efmeuft:mais 
la  parollc  de  Dieu(qui  feule  eft  leur  reigle)  leur  enfeigne  de  ne  point  attenter  ces  chofes, 
ains  rendre  toutdeuoir  d'obeififance  aux  Seigneuries  eftablies  de  luy,.  Pour  conclu  fion,lc 
requirent  inftamment  qu'il  ne  fouffrift  point  que  la  caufe  des  ge*s  de  bien  foit  ainiî  con- 
damnee,fans  auoir  audiéce aucune,  veu  que  cela  n'eftoit  point  mefme  refufé  aux  voleurs 
&brigans.Ccs  lettres  furent  leucs  en  la  prefence  du  Roy ,  &:  de  tous  ceux  qui  fe  trouue- 
rentenfâchambrermaiseliesneicruircntderien.  caries  aduerfaires  les  curent  in  conti- 
nent acculées  de  faufTeté:&  cependant  perfonne  nesofoitprefenter  pour  répliquer  &C 
maintenir  le  contraire. 

1 1  y  eut  vné  autre  defenfe  faite  &  imprimee,pour  feruir  en  commun  à  tout  le  peuple,  ^°^e 
fr,  luy  faire  aufsientendre  la  vérité  des  chofes  fufdites.  Ceftedefènfe  eftoit  briefuc,&:  tel-  *: 
lementdreuec queles  Docteurs del'ancienne Eglifc  y  eftoyent  introduits , eux-mefmcs 
defendans  cefte  caufe,  qui  leur  auoit  efte  commune  auec  nous.  Car  il  femble ,  que  ceux 
qui  fe  difcnt  leur  porter  honneur,deuoyent  eftrefatisfaits  par  ce  moyen,fan  s  qu'il  fuft  be- 
foind'vfer  de  defenfe  plus  longue.  Nou  s  auons  bien  voulu  la  mettreici  de  motàmot,  à 
fin  que  toute  la  pofterité  puifle  cognoiftre  que  telles  afTemblees  pour  ouirlaparollede 
Dieu,ne  font  deftituees  deiuftifications. 

Teneur  de  l'Apologie. 

j 'IL  eft  bien  grief  à  tous  ceux, qui  cheminent  droitem  en  t  ,'d'eftre  blafmez  en  biefi 
gfaifant,&  mettent  peine  à  bon  droit  de  manifefter  leur  innocence:  à  plus  forte  rai- 
son ceux  qui  tafehent  à  cheminer  en  bonne  côfciencedeuant  Dieu,&  le  feruir  pu- 
rement fclon  fa  fain&e  volonté, doiuent  auoir  le  coeur  bien  faifi,  voire  tranfpercé,Cjuand 
pour  aùoir  cèrehé  de  plaire  à  Dieu,non  feulement  ils  font  tormentez  en  leurs  corps,mais 
aufsi  opprimez  ÔC  accablez  de  diffames  &  opprobres  enleur  renommée.  Carcelaneft 
point  pour  leur  regard  feulement,  comme  es  autres  ^affaires  communs,  maisdaùtant 
qu'en  leurs perfonnes  le  nom  de  Dieu  eft  blafphemé ,  &:  la  fain&e  doctrine  vilipendée 
par  impudentes  calomnies.  Le  pis  eft,queîes  hommes  feront  bien  ouis  en  leurs  deffen- 
ies,  quand  ilnefèra  queftion  que  des  affaires  de  ce  monde:  mais  fi  Dieu  &:  fon 'fer*, 
ùicey  font  méfiez  ,  tes  oreilles  feront  eftouppees,  il  n'y  aura  lieu  d'audience,  toutes  ac- 
cufàtions,quelqnes  faufies  qu'elles  foyent,feront  receucs ,  les  péfees  des  homm  es  feront: 
tellcmet  préoccupées  de  haine  &:  de  rage,que  celuy  quicôtrouuera  contre  les  enfans  de 
Dieu  crime  plus  dcteftablc,fcrale  mieux  efcouté.Te/fc  a  eftédés  le  commencemettafluce  de  Sa 
tanière  àe  menfonge^  d'enfônelerles  cœurs  des  hommes  >aj\n  (jue  la  bonne  caufe  foit  condamnée  fins  en 
faire  tuile  cognoifjancc.  Lifonsles  complaintes  que  fait  Dauid  contre  fes  calomniateurs,  &c  Eirmplcdc 
nous  trouuerons  qu'il  ne  luy  eftoit  point  fi  grief d'eftre  banny  de  fon  pays ,  priué  de  fa  fa-  ^"y^et. 
mille^ic  de  fes  bicns,nc  d'eft rc  tormenté  en  fon  corps ,  que  de  fe  voir  diffamé  par  faux 
blafmcS:  d'autant qut  ceux  q.  le  perfecutoyét,nc  s'adrefToyent  point  à  luy  feulémér,mais 
àDicu,auquclilauoitobey.  Surquoy  n'ayant  aucun  lieu  de  defenfcs,ne  perfonnequi 
fouftint  fa  caufe,  il  fe  retireà  Dieu,fe  defehargeant  de  fes  fbUicitudcs  &  angoiiTeS  fur  luy. 
Cependant  il  n'a  point  lailTé  de  les  mettre  par  eicrit,afin  qUeibû  innocence  fuft  à  ia  mais 

LL.iïii. 


Liurc^  VL  La  iufttu  defenfau  des  ajfembleei 

cogneuë,&:  que  tous  ceux  qui  feruent  à  Dieu  prennent  exemple  de  confiance  &  fermeté 
en  luy.Le  femblable  ont  fait  les  Chreftiens  &  Martyrs  de  TEglilè  primitiue,  lefquels  nous 
fcuïdi' fc  monftrentbien  que  ce  que  nous  expérimentons  auiourdhuy  pour  la  mefme caufe,n'eft 
Lt  i  preict  pas  nouueau:&:  pourtant  n'en  deuons-nous  point  eftreeftonnez.Sieft-cequ'entât  qu'en 
nous  eft,nous  déclarerons  noftre  innocence,comme  ils  ont  fait:&:  fi  les  hommes  ne  nous 
•veulent  point  ouir,nous  plaiderons  noftre  cauie  deuant  Dieu,  en  la  prefenec  duquel  il  fau 
dra  que  ces  perfècutcurs  &c  calomniateurs  fe  trouuent ,  où  les  li ures  feront  ouuerts ,  &c  ce 
qui  eft  caché, manifcfté.Qr  nousauons  affaire  à  deux  manières  degens  qui  nous  calom- 
nient:les  vns  font  ignorans,&  les  autres  fauans .  Les  ignorans  font  menez  d'vne  brutalité 
cnragee,&:  ne  demandent  que  noftre  fang,&  à  nous  voir  en  pièces,  ou  en  poudre.  Ils  fe 
perfuadent  aifément  tout  le  pis  qu'ils  peuuent  penfèr  de  nous:  &  fur  cela  il  leur  féble  qu'il 
n'varienqui  ne  leur  foit  licite  à  taire  à  dire  contre  nous,&  nos  aifemblees.  le  laiifeà 
parler  de  la  cruauté  dont  &  grans  &C  petis  ont  vie  depu  is  vingteinq  ou  trente  ans  ença  co- 
tre les  enfans  de  Dieu  :  mais  n'agueres  on  a  apperceu  com  me  cefte  rage  s'cnrîame  de  plus 
en  plus:  ainiiqucle  populaire  a  bien  monftré  en  la  fureur  dontilaefté  efmcu  contre 
hommes  Se  femmes  craignans  Dieu,  &:  mefme  contre  Dames  &  Damoifelles  d'eftat  &:  re 
nom,lefquelles autremét  il n'euft  ofé regarder  qu  auec crainte &:  reuerence.Mais  comme 
ceux-lan'ont  rien  tant  en  haine,  que  lepurferuice  de  Dieu,  ils  n'ont  eu  auiïi  aucune  ver- 
gongne deuant  les  homes :&:  fans  auoir  dgard  ni  à  eftat  ni  à  fexe,ontietté  outrageufemét 
les  mains  fur  leldites  Dames  fans  authorité  de  Iuftice,les  decheuelâs,les  fouillans  de  fan- 
ges &:  ordures,leur  pillans  leurs  bagues  &ioyaux.Et  tout  cela  eft  fouffert,pource  que  tout 
Se  iôtre  C^  ucice  contre  *es  Chreftiens.le  laiiîé,dy_ie,à  parler  de  ces  choies  qui  leruirôt  à  autrear- 
icsChrcftics  gument.  le  diray  feulemét  vn  mot  des  blafmes  &  faux  crimes  qu'ils  impotent  à  telles  per- 
{bnnes  d'honneur,dontlapudicitc&:chafteté  eft  affez  cogneuë.N'eft-ce  point  vne  mali- 
ce par  trop  effrontée,  ie  ne  dy  point  aux  petis  feulement,  mais  bien  aux  plus  grans,  de  iu„ 
ger  ainfi  contre  leur  confeience  de  celles  qui  n'ont  iamais  efté  atteintes  ne  foufpçonnees 
detels  blafmes,&  dont  la  vie  a  reluy ,  mefme  depuis  que  Dieules  ailluminees  afTezfufn- 
famment  pour  fermer  la  bouche  à  toutes  mefdifances  ?  Ne  faut-il  point  qu'ils  foyent  en- 
forcelez  du  diable  qui  eft  leur  pere,calomniateur  &  autheur  defauffeté  ?  Car  aufîi  ne  peu- 
uent-ilscombatre  la  vérité  que  par  telles  armes  .Mais  loué  foitrDieuquelavie&  le  fai£t 
les  peut  dementir,tellemcnt  que  leurs  calomnies  ne  peuuent  auoir  lieu  qu'entre  leurs  (e- 
blables.Toutef  ois  afin  que  plufieurs  fîmples,legers  à  croire,  &  qui  ne  font  menez  de  telle 
malice,commc  eux, ne  foyent  abufez:nousauons  bien  voulu  dôner  ceft  aduertifTement, 
auec  vn  brief recueil  des  pafTages  des  ancies  Docteurs  de  l'Eglife:par  lefquels  il  appertque 
tels  deteftables  crimes  ont  autrefois  efté  impoièz  aux  Chreftiens ,  afin  que  leurs  mefmes 
propos  nous  feruent  auiourdhuy  de  defenfe  contre  ;ous  ceux  qui  nous  calomniet.  Et  puis 
que  nous  fouftenons  tous  vne  meïmecaufe ,  ilnousafemblé  qu'il  valoit  mieux  ainfi  cou- 
cher leurs  mefmes  fenteces,parlans  pluftoft  parleur  bouche  que  parla  noftre ,  afin  qu'on 
cognoiffe  de  quel  efpritfont  menez  ceux  qui  nous  perfecutent.Telles  fcritençes  mefmes 
nous  feruiront  contre  les  fauans,  qui  cognoiflent  bien  que  tels  blafmes  nous  font  mis  fus 
par  calomnie  :  mais  ils  ne  lanTent  pas  de  nous  arguer  de  témérité  &:  incqnuderatjon .  Qr 
ils  cognoiftront  par  la  le&ure  des  chofes  fuyuantes ,  que  nous  n'auons  rien  fait  ny  entre- 
prins,qu  al'exemplc  des  anciens  Chrefticns,&.  fain&s  Martyrs,  lefquels  durant  les  perfe- 
cutions  felbntaffcmb  lez  en  cachette,  &:  (buuent  de  nui&:  &:  ont  efté  bénits  de  Dieu  en 
tout  leur  ouurage,encores  qu'ils  ayent  enduré  perfecution.Lifez  donc  ces  çhqlêsattenti- 
uemét  au  nom  de  Dieu,&  prenez  garde  à  tels  cxeples,ann  de  n'eftre  tranfportez  par  faux 
bruits,ne  deceus  par  les  iugemens  des  hommes. 

DV Chap.I.de  TERTVLLIAN  en fon Apologétique. 
ccfiïddq-  q'I  l  n'eft  loifiblc  de  faire  apparoiftre  publiquement  quelle  eft  la  caufe  des  Chreftiens, 
mkrenTrè  ^  ^  ^es  nainCsqu'onleurporte,les  empefchcntd'eftre  ouïs  en  leurs  defenfes>àumoins 
les  Lanm  vi  qu'il  fbir  loifible  que  fecretement  par  le  moyé  des  lettres  la  vérité  foit  manifeftee,  îaqucl- 
noit  l  an  de  je  nc  fUppijc  autremét  pour  fby-mefme,fàchant  quelle  eft  fa  conditionne  fentanc  eftran 
grâce  zoo.  ^cre  en  |a  cerre,^  cognoiflant  combien  il  eft  facile  que  les  cftrangers  ayee  des  cnnerûft. 

Or  nos  ennemu Jbnttels^uils  condamnent  noftre  caufefins  quelle foitouyc.  ne  voulant  ouyr  (e^qutfiànt 
ouy,ne pourrait ettre  condamné  par  eux.  'Or y  a-ilrien  pltu  iniufte ,  <juode  hoir  ce  cjuon  »#  œgnoit  point? 
Veu  donc  que  les  hommes  hauTenc  cequ'ils  n'entendeot,  pourquoy  ne  nous  lera-il  per- 
mis defuiure  cela  qui  deuroitcftrecogneu,&qu'cftantcogncu  ne  féroit  plus hay  comme 

il  eft 


de tSglift  de  Taris,  477 

jj  eft  ?  Certes  la  faute  des  homm  es  apparoit  clairement  en  ce  qu'ils  crient  par  tout,que  les 
Tilles  font  afsiegees  à  caufe  des  ChrcltienSjpourautant,difent-ils ,  que  de  tout  lëxe ,  aage* 
côdition  &c  eftat  on  en  voit  qui  prennét  ce  nom  de  Chreftien.Et  toutefois  ce  qui  les  peut 
efmouuoir  à.cela,n  eft  point  cependant  confideré  par  ceux  qui  les  blal'ment.  D'auanta- 
gc^laueuglement  des  hommesfc  monftrecn  cela,  qu'ils  nous  eftiment  mal-faiteurs  :  car 
la  caufe  des  mal  faiteurs  eftouye,  debatue,  &*  défendue  y&nya  que  les  Chreftiens  aufquels  il  nesl  per- 
mis de  dire  chofe  qui  face  entendre  leur  caufe,ne  qui  défende  la  vcrité,&qui  empefche  le  mge  deslrt  tufte. 

Cependant  ce  faux  bruit  court,que  les  Chreftiens  tuent  &:  mangét  les  enfans,&:  qu'ils  Chap.t. 
commettent  paiJlardiiès  inceftueulès:&  les  iuges  tafehent  par  force  à  faire  confeflei-  cela 
à  ceux  qu'ils  tiennent,  encores  que  telle  choie  aicefté  défendue  parTraian  Empereur, 
auquel  Pline  fécond  auoit  eferit,  qu  après  longue  inauifîtion  il  nauoit  rien  trouuédeU  façon  de faire  des 
Chresltens,finon  qu'ils  saffembloyent  de  nutil pour  chanter  a  Iefù  Chrifl  &  a  Dteu,pour  conférer  de  leur 
doctrine,defendans  toutes pailltrdif es, adultères, &  tous  autres  vices. 

Mais  veu  que  la  venté  eft  contraire  à  ce  que  les  hommes  nous  impofent,  pourleder-  chap.3. 
nier  ils  mettent  en  auantl'authorité  des  loix,lefquelles,difent-ils,  nepeuuent  eftre  retra- 
itées. ^  Or  prcmierement,quandles  hommes  dilènt,qu'on  ne  nous  doit  point  laifter  cliaP-4- 
viure,defiailsdemonftrent  leur  inique  domination,&:  ne  font  point  profefsion  delà  loy, 
mais  de  force  &:  violence. Et  quant  à  la  loy,  h*  cela  eft  bon  que  la  loy  des  hommes  défend: 
cefteloyme  le  peut  elle  défendre  ?Trouue  l'on eftrange  queles  hommes  puùTent  faillir 
en  ordonnant  des  loix,  &:  fe  corriger  en  les  annichilant  ?  Et  mefmes  l'expérience  l'enièi- 
gneaûeztous  les  iours,quand  on  voit  les  loix  anciennes  abrogées  par  les  nouueaux  edi£ts 
qui  fefont.  De  là  s'enfuit,que  ne  le  nombre  des  ans,  ne  1  authorité  du  legiflateur  recom- 
mande la  loy,maisla  feule  équité  &iuftice.  Q^e  fi  la  loy  eft  iniufte,à  bon  droit  elle  eft  re- 
iettee.Mais  encores  com  ment  eft-ce  que  les  loix  font  obferueespar  ceux  qui  nousconJ 
damnent?  Si  nous  auons  commis  chofe  contre  Dieu  &C  les  Princes, pourquoy  ne  lbmmes 
nous  ouys?Il  n'y  a  aucune  loy  qui  empefche  debatre  du  fait  qu'elle  defend,&:  n'y  a  iufte  iu 
ge  qui  puifte  condem  ner  iàns  fauoir  que  ce  que  la  loy  défend  a  efté  com  mis:  &  ne  le  peut 
fauoirfanscognoiftre  premièrement  quelle  eft  h  chofe  qui  eft  condamnée  par  la  loy. 
Dont  il  appert,  que  la  loy  eft[us~fecle,ft  elle  ne  veut  point  efhre  examinée ,  &  es?  tniusle  ,fineftant 
pomtexamtnee,ellea  lieu. 

Quant  à  l'ancienneté  laquelle  vous  dites  que  les  Chreftiens  trafgreflent ,  vous  la  louez  chap.*. 
toufiours,&  cependant  deiour  en  iour  vous  viuezd'vne  façon  nouuelle,retenansles  cho 
fes  que  vous  deuriezlaùlèr,&laiû*ans  les  chofes  que  vous  deuriez  retenir.  Maintenant 
ie  yeux  refpondre  aux  calom  nies  que  l'on  nous  iette  fus,  touchant  les  horribles  melchan- 
cetez  que  l'on  dit  eftre  commifes  par  nous  en  fecret.  On  nom  aceufê  d'vn  meurtre  de petis  en* 
fans-.on  dit  qu  après  le  banquet  &•  après  que  les  chandelles  font  eflemtes,nous  commettons  incefles  &  ton 
tespaiUardifesdeshonnefles.  Ornousfommesfouuent  defcouuers  en  nos  aflemblees  ,nous 
fommes  fouuent  opprefTez  en  nos  congrégations  :  qui  eft  ecluy',  qui  ait  onques  là  trouué 
des  enfans  fangias?Qui  eft  celuy  ,qui  ait  veu  aucunes  marques  de  paillardifè aux fem mes? 
Et  qui  eft  celuy,qui  ayant  veu  ces  chofes,les  euft  celées  i  Si  vous  dites  que  nous  les  commettons 
en  fecret, comment  dfhtc  les  fauexyous  ?  Si  vous  ne  les  fauexjdes  nofhres ,  comment  le  faune\  vous  des  e- 
fbranger$,lefquels  ne  font  receus  auec  nous? 

Et  quantau  commun  bruit,fa  nature  eft  cogneuë  de  tous:le bruit  n'apporte  que  men- 
fongeleplusfouuét,&  mefmes  ce  qu'il  a  de  venté  quelquefois,eft  toufiours  mefle  parmy  ap'* 
lemenfongc,adiouftantou  diminuant  de  la  vérité. 

Or  que  nous  rapportions  à  laconfcicnce  de  ceux-là  mefmes  qui  housblafment,  s'en  chap.8; 
trouuerd-ilvn  qui  efiime  queU  nature  des  hommes  peut  endurer  meurtrir  les  enfans,ou  après  {commet  on 
dit)  que  les  chandelles  font  efteintes,commettre  vilenies  fi  exécrables? 

Et  quant  à  ce  qu'on  nous  obie&ç  que  nous  ofFenfons  lamaieftc  des  Princes,  que  l'on  chap.30,. 
fâche  que  nous  prions  Dieu  pourleurfalut,  nous  prions  quil  leur  donne  longue  vie,  principauté  affeurec, 
fortes  armees,le  Sénat  fidèle& le  peuple  bon  &  vertueux. 

D'auàntage^comment  ferions  nous  rebelles  à  nosiuperieursjveu  que  nous  fupportôs  ctaP-37- 
patiemment  les  iniurcs  qui  nous  font  faites  pzrvn  chacun  ?  Recognoiflez  celacnvouf- 
mefmes.  Combien  de  rbis  auez  vofrs  exerce  voftrc  cruauté  contre  les  Chreftiens  ?  Com- 
bien de  fou  le  peuple  enragé  de fa  feule  authorité  nous  a-il  affaittvs  auec  pierres  & feux  ?  OÙ  cftU  vengeant 
ce  que  nous  en  auons  prife ,  encore  <Jucn  vne  nui&  vn  peu  de  feu  nous  en  végeroit  aftezîMais 
ian'aduienne,  qn*  vntclfeu  des  hommes  face  la  vengeance  du  mefpris  delà  do&rinede 


L/Wro  Vh  L*  iuficj  defenfc^  des  ajfemblees 

Dieu.  Au  refte,penfez-vous,qucle  nombre  degens  nous  deraille?Les  nations  eftrangcrcs 
qui  vous  font  guerre,ont  leurs  pays  limitez:  mais  no'fommes  efpars  par  tout  le  môde,&: 
mdraes  vos  villes, vos  villagcs,vos  cours,  vos  armées,  vos  maifôs  font  pleines  des  noftres, 
&  ny  a  que  y  os  teples  que  nom  Lujfons  a  yom  feuls.  Que  fi  noftre  do&rine  ne  portoit  deftre  plus 
toft  tuez  q  tucr,nous  euftïons  peu,voire  (ans  armes ,  vous  combatre  par  vne  feule  efmeu- 
te.Nous  meritôs  donc  d'eftrepluftoft  tenus  pour  vos  citoyens,  quepour  vos  ennemis. 
Et  pourtant  qu'on  n'eftime  point  de  nos  aflemblees  ce  qu'on  eftime  des  conuéticules 
chap  î8'    Se  factions  feditieulcs:car  nous  ne  faifons  rien  qui  approche  de  cela,  &:  ne  l'ommes  eûneus 

degloire  nedambitionà nousafTembler. 
Cliap.j?         Mais  nom-nom  ajfemblons ,  afin  queftans  ynu  ensemble  nom  inuoquions  Dieu,  nom  prions  pour  les 
^'Tff^nbïit  Pnn<:t*->&t pourcl'ux qui 'ornement fom leur  main:ipo\.u les  puilTances,  pour  1  cftat &c traquillicé 
ksfiilcj.  de  toutes  choies, nous-nousaflemblons  pour  faire  cômemoration  des  lain&es  Lettres,  &: 
les  accômoder  à  noftre  téps  :  nous- nous  aflemblos  pour  nourrir  noftre  foy  de  fain&es  ad- 
monitions,pour  nous  accroiftre  en  efperance,  &:  pour  nous  confermer  en  vrayefoy,pour 
appredre  la  doctrine  des  cômandemens  de  Dieu,  ily  a  exhortations,  corre&ions  &  cenfttres  di~ 
uines. Si  quelcun  a  tellemét  failly  qu'ilfoit  rcietté  de  la  cômunication  des  prières  &:  de  tou 
te  l'affe  m  blee,en  cela  i\y  a  des  ^Anciens  approuuex^  quiprefident ,  ayans  receticeft  henneur par  bons 
tefmoignages,&  non  parargent.Co.rles  choies  de  Dieu  ne  s'achètent  pat  argent.  Chacun  qui 
peut,apporte  quelque  choie  par  mois,ou  quand  il  veut  (car  nul  nyeft  côtraint)&ces  cho 
les  font  côm  me  vn  déport  de  pieté  :  car  on  n'en  dépend  rien  en  banquets  O*  yurongneries,  mau  le 
tout  eft  employé à  nourrit 'les poures, enterrer  les  morts,  à  fubuenir  aux poures  enfans ,  aux  pupilles,  aux 
poures  vieillards,&:  à  ceux  qui  font  prifonniers  pour  la  vérité  de  Dieu,&  qui  la  maintien- 
nent. Cefte  aftemblee  donc  des  Chreftiens  meritc-cllc  d'eftre appelée  illicite,  de  laquelle 
nul  ne  fe  peut  plaindre?  Nous  fommes-nous  iamais  afTemblez  pour  faire  tort  à  quelcun? 
Or  quâd  les  gens  de  bien  s'auemblct,  vne  telle  ajjèmblee  mente  <T  eftre  appelée  Sénat,  &  non  pas 
laC°\^lvTt  c0',we'/,f'o'^e'0'*/*r^'0,*'^r  »ow ^/?i«rr/enrrf  ce«x:  ^tt/cowj^/rewr  co»frr  /«  èowy,     /ô»r  e^rfHre  /tf  fang 
quelque"™!  innocent,  &  cepedant  reiettentfur  les  Chrefties  la  caufe  de  tom  les  maux  ft'ils  endurent. Si  le  Tybre fe  def. 
oc  enecon-  bordeSile  Nil  n'arroufe  point  le  pays,  s'il  y  a fechereffè,  tremblemet  de  terre, famine, ou  pe$Je,incontinei  il 
ftiens.  faut j  aire  mourtrynQbreïhen. 

chap.40.      Côbien  q  toutes  ces  chofes  aduiennent,&  foyent  aduenues  de  tous  téps,  pour  les  offen 
fesqleshômes  font  &  ont  faites  contre  Dieu.^~Or  non  feulement  le  populaire  aueuglé  fe 

'  ,ap"4<î'  rciiouit  de  la  cruauté  qu'on  exerce  contre  nous,mais  aulïl  quelques  vns  des  plus  gras  qui 
conduifent  le  peuple.  Vous  donc,  ô  luges,  qui  voulez  eftre  eftimez  meilleurs  en  tuant  les 
Chrcftiés,condânez,tormétez,debrifez-nous. Car  puis  queDieu  foufrreqnousibufFriôs, 
voftre  iniuftice  fera  preuue  de  noftre  innocence.  Cepedant  quant  à \ous,voftrc cruauté au* 
gmentera  noftre  nombre,  y  eu  que  le  jang  des  chreftiens  eft  la  femence  de  leur  doflrmex  &:  quat  à  nous , 
noftre  patiécè  que  vous  appelez  opiniaftreté,enfeignera  afTez  que  la  caufe  pour  laquelle 
nous  foun°ios,eft  tellemétcôdânee  parles  homes,q  cepédantelle  eft  approuueedeDieu. 
L  V  Y-M  E  S  M  E,au  liurc  à  Scapula,prefident  &  gouuerneur  de  la  ville  de  Carthage. 
O  n  nous  diffame  auffi  quat  à  la  Maiefté  de  nos  Princes,&  toutefois  on  n'a  point  trou- 
ué  de  Chreftiens  féblables  à  Albin, ou  à  Nicc,ou  à  Niger,ou  à  Caffîus:  mais  ceux-lamef- 
mes  ont  efté  approuuez  ennemis  de  la  principauté  &  Duiflance  fouueraine ,  qui  auoyent 
iurc  le  iour  précèdent  par  leur  ange,  qui  auoyent  voue  facrifices,  &  les  auoyét  rédus  pour 
leur  lantc,qui  auoyent  fouuent  condamné  les  Chreftiens.Zf  chreftien  neftennemy  d'homme 
y  tuant  ^beaucoup  moins  de  fon  Prince, lequel il fait eftre  ordonné de fon  Dieu:  à  caufe  dequoyJl  l'aime, 
rcucre,&:  honnore.  Nous  donc  honorons  noftre  Prince  en  telle  forte  qu'il  nous  eft  licite, 
&àluyexpcdient:aflauoir,comme  vn  homme  fécond  après  Dieu,qui  tient  tout  de  Dieu 
ce  qu'il  eft,&:  qui  n'eft  inférieur  à  autre  qu'à  Dieu. 

Aumefme      Qv  1  eft  et  1  uy,  qui  ait  eau  lé  de  fe  pleindrc  de  nous  fquel  empefehement  ou  affaire  a  le 

tou*-  Chrcltié,(inon  à  caufe  de  fa  lccïe,laquelle  toutefois  nul  par  tant  de  laps  de  temps  n'a  peu 
encores  conuaincre  d'inceftes  ou  paillardifes  in&mes ,  ou  de  cruauté  ?  Et  toutefois. nom 
fommes  bru/le^  en  telle  innocence, pour  vne  bonté,pour  utifice,  pour  honnefteté,pour  fidélité  :  brtefpmtle 
Diewviuanv.  <&  nom  faitmm pigment  qu'aux  facrdeges>  (y  aux  ennemi*  de  la  République,  &*  à  tant  de 
coulpables  delefe  maiefté. 


IVSTIN  MARTYR,  an  Dialogue  qu'il  a  fait  auec 
Tryphon  contre  l<»  lH>f*. 


de  tBglife  de  Paris.  4.7S 

Or.  voicyccqucicdy:  Ne  vous  eftcs  vous  pas  pctfuadez  de  nousj  que  nous  mangeôs  ^eSd°- 
la  chair  humaine,  &c  qu  après  le  banquet  on  efteintles  chandellesj  pour  fe  veau  trer  en  de-  fOJt  i'andc 
teftables  paillardifes  ?  Ne  nous  condamnez-vous  pas  de  ce  mefme  crime,  d'autant  que  ci-  gr«e  i4o. 
coutans  attentiuement  telles  parolles,  toutefois  nous  necroyons  point,ce  vous  icmble,  à 
la  vraye  opinion  >.  CeftceL  mefme,  ditTryphon  Iuif,  dont  nous  fommes  efmerueillexj.  &  quant 
au  bruit  qui  fefeme  de  vous,ilri'eft  point  raifonnable de le croire:  car  cefont  chofes  fort  abhorren- 
tes  de  la  nature  humaine.  Aufsi  ie  fày ,  que  les  commandemens  qui  vous  font  exprimez 
en  rEuangilc,y  font  du  toutcontraires,&  mefmes  font  il  merueilleux ,  &:  fi  grands  queic 
penfe  que  nul  n'y  peut  obéir:  car  i'ay  eu  foin  de  les  fueilletter. 

L  V  Y-M  E  S  M  E,  en  la  première  Apologie  pour  les  Chreftiens. 

D  v  temps  que  ie  prennoye  plaifir  à  la  difeipline  de  Platon ,  oyant  que  les  Chreftiens 
acculez  n'eftoyent  touchez  d'aucune  crainte,  ny  delà  mort,ny  des  autres  chofes  qu'on  e- 
ftime  horribles,certes  ie  ne  pouuoye  penfer  qu'il  y  euft  vice  en  eux,  ou  qu'ils  fulTent  adon 
nez  à  leurs  plaiiirs .  Czï,qui  eft  celuy  qui  eftant  yoluptueux  &  charnel,atlle  toyeufement à  la  mort, par 
laquelle il perde  toutes  [es  commoditex&  p^tÇm\ 

SAINCT  CYPRIEN  au  premier  Traitté  contre  Demetrian. 

Ce  S.  do. 

Tv  disqneplufieursfeplaignans,  eftiment,que  les  guerres  qui  s'efmeuuentfouuent,  fo™ffn°jf 
les  pertes*  les  famines,les  longues  pluyes  aduiénent  à  caulè  de  nous,&:  que  tous  les  maux  grâce  w>. 
dont  le  monde  eft  troublé,  nous  doiuent  eftre  imputez,  d'autant  que  nous  ne  feruons 
point  à  leurs  dieux:or  quils  fachet  au  contraire  queues! pour  autant  que  Dieun 'ejl point  feruy  par  eux. 

ARNOBE  au  Hure  huitième  contre  les  Gentils.  Auquel  en  la  perfonne  de  Cecilius  payen,recite  les 
crimes  qu'on  impofoit  aux  Chreftiens  anciennement:&  en  la  perfonne  d'O&auius 
Chreftien,refpond  à  toutes  ces  calomnies. 

CeS.perfon 

L^i  fetle  des  Chreftiens  (dit  Cecilius  pay  en)  eft  recueillie  des  pin  ignorants,  &  idiots  ,desfem-  JSrandif"' 
mes  fragiles  &  légères  a  croire,  lefquels  tous  enfemble  fe  rallient  es  congrégations  qu'ils  font  de  nuttl.  grâce  tu. 
C'eftvne  nation  qui  aime  les  cachettes,  &fuytlalumiere:  qui  eft  muette  en  public,  ba-  j^f*^ 
bilhrde  en  fecret,  qui  ne  tient  conte  des  temples,  fe  moque  des  dieux,  &:  de  leurs  facrifL  cruelle  per- 
ces, &d'vnefollie admirable,  àc incroyable  audace  meïfnfeles  tourments prefens, craignant  J^jf^" 
ceux  qui  font  a  venir:  àc  voulant  euiter  de  mourir  après  la  mort ,  cependant  ne  craint  point  ftitns.au 
de  mourir.  Or  comme  les  chofes  mauuaifes  cronTent  pluftoft  que  les  autres,  ainfi  celle  J^d'°fg 
fe&ecroit  deiour  en  iour ,  &  pullule  par  tout  iemonde.     Ces  gens-la  je  cognoijfent  parcer-  moSdT  * 
tainsftgnesentreeuxy&s'entreaimentf^icCquczuzntque^cognoiiirei&cfont  comme  reli-  trente ioun 
gion  de  paillardife&  mefehancete.  Ils  s'appellent  frères  &fœurs,  afin  que  leurpaillar- 
dife  accouftumée  fe  tourne  en  incefte  :  &  s'il  n'en  cftoit  quelque  chofe ,  le  bruit  n'en  fe-  lurent  mar- 
roit  pas  fi  grand.    On  dit  au  ils  tuent  &  mangent  entre  eux  des  petis  enfans  :  &  ce  q  u'on  dit  de  T1/"  cn~ 
leurs  banquets,eft  tenu  pour  cei  tainratauoirqu  ils  s  ailcmbietaucc  leurs  enfans,fœurs,  pcrfonnes 
meres,de  quelque  fexe,&  de  quelque  aage  qu'ils  foyen t.  Apres  beaucoup  degourman-  tanc fhômcs 
di(es,&  d'y  urogneries ,  les  chandelles  eftans  eftemtes  ils  fe  méfient  cnfemble,comm  ettans  toutes  prirtdpàï? 
vilenies,ô£  paillardifes  inceftueufes.Ie  laifTe  beaucoup  d'autres  chofes  qu  o  enditrmais  menrpour 
tantya,  que  cela  furfitpour  conueincre  leur  religion  en  ce  qu'ils  la  tiennent  couuerte  bTe«ch"rc- 
&  cachée.  Caries  chofes  honneftes  aiment  eftre  publiées,  &mifesen  auantrlesme-  ftiennes. 
fchantes  veulent  eftre  fecrettes.  Pourquoy  auflî  n'ont-ils  point  d'autel,  ny  de  temples?  J£al£5£^f 
Pourquoy  ne  parlent-ils  iamais  en  public  î  Pourquoy  nofent-ilssaffembleren  liberté:  fi  ce  n  eft  bé  pagcijj 
pourautant  que  ce  qu'ils  adorent  &  cachent,  mérite  ou  punition,  ou  honte  î  La  plus 
grand'part  d'eux,&  la  meilleure,commc  ils  <kCcnt,fontpoures,endurentjroid,& faim:&  cepe 
dam  leur  Dieu  n  en  tient  conte.  Ils  endurent  menaces,ils  font  trainezau  gibet  ,&:  au  feu,&  ce- 
pendant leur  Dieu  ne  les  en  garantit  point,  ils  rejettent tom paffe-temps,  ils  nefe  treuucrit 
point  auxïeux,  ny  aux  banquets  publiques,  ils  font  pattes  &  craintif  s , te.  attend  ans  vne  vie 
cternelle,cependantilsneviuentpoint.Pourautâticvousconfeillc,ôChreftieiir,silya 
quelque  fageile  en  vous ,  celiez  de  vous  enquérir  des  chofes  fi  hautes ,  principalement 
eftans  indodes,  mal-apprins,rudes  ,&  qui  ne  pouuez  entendre  les  chofes  de  ce  monde, 
encores  moins  les  chofes  diuines. 

OCTAVIVS  CHRES-TIBN  r«fpon<L 


Zjtfro  VI*  La  iujlc^tlefenfc^  dei  ajfemblecs 

Pag-jm.  Ce  ti'cftpâsdemctueîlle, fiCeciliusne cognohîantla vérité ,  cft elbralé dediuetfes&: 
contraires  opinions,ncfachant  à  quoyfè  tenir .  Or  afin  que  cela  naduienne  plus,ayanc 
montré  la  verité,les  choies  en  grand  nombre,&  diuerfes>qu'il  a  dites,teront  allez  côuain 
cuès.ll  le  fafche  que  pourcs  gens  6c  non  lettrez  dilputent  des  choies  ccleftes.Ie  rcfpon,<j«f 
tous  hommes  ont  cfté crecx^de  Dieu  capables  defens  &de  rtf//ôn,reccuans  lagefledc  luy  6c  non  pas 
de  fortune:ioint  qu'en  difputant  on  ne  cerche  point  la  dignké  de  ceux  qui  dilputet,  mais 
Pag.303  la  vérité  de  la  choie  propoièe.  Dauantâge,/>««  que  les  yeux  pour  voirie  ael>la  paroSe ,  &  la  ratfon 
Pag  J3o.  fontdonees  deDicuatotahbnesjous font obltgez^de le cognoiftrc^&rieft moins  malfaitàene  lecognoi- 
ftrey  que  de  ïoffcnftr. 

i>4g.3ij.        I  l  dit  que  nous  aimons  les  cachettes  :  6c  cependant  ou  par  crainte ,  ou  par  honte ,  on 

P-»g-3o?.  ne  nous  veut  pas  ouyr  en  public .  Nous  ne  tenôs  conte  de  leurs  dieux  ny  de  leurs  féru i ces: 
car  nous  fauons  le  tout  eftre  inuenté  par  la  folie  &  témérité  des  hommes  ^  Nom  mefpnjôns 
les  T0urmcs,& combattons  hardimet  contre  l'horreur  de  lamort^par  ce  que  la  prefence  àc Dieu  no  ftre  C api 
umenoHs  rend ainfihardvs .  Voila  pourquoy  beaucoupdes  noftres  ont  enduré  eftre  brûliez, 
fans  qu'ils  iettaifent  degrans  cris:  &:  mefme  les  petis  enfans  &  les  femmes  ié  moquent  des 
gibets  6c  tourmés  par  lapatience  qui  leur  cft  donnee.Et  encorcs,  ô  milèrables,  vous  n'en- 
tendez point,  quenulnefevcutprclenterà  la  peine  fans  quelque  raifon,&:  que  nul  ne  la 
peut  endurer  conftamment  fans  que  Dieuluy  aiïifte. 

Pag.3i*.  Et  quanta  ce  que  noftrenobre  croit de  tour en  iourte ri  eft  pas  ftgne  d'erreur  y  mais  tefmoignage  de  lou- 
ange  Nous-nous  cognoiflbns  entre  nous,  6c  le  figne  auquel  nous-nous  cognoilTons  eft  in- 
nocence 6c  modeftie.  Ainli  nous-nous  entre-aimons,  ncfachansqueceitdehair.  Ainlï 
nous-nous  appelonsfreresyeftans  enfans  d'vn  mefme  Perey  compagnons  d'vne  mefme foy,&  hé- 
ritiers d'vne  mefme  efperance. 

Pag-3"«  Qv  a  n  t  aucômun  bruit,  qui  nous  charge  de  calomnies  tant  deteftables,  nous  fauons 
qu'il  e 'fl fem e p <ar la  rufe  du  diable ,afîn  que les  homes  noush  ai jfent  auant  que  nous  cognoiftreyde peur  que 

Pa  jit  nous  C0gn0lffensi0H  'k  vuetllet  nous  enfuyureyou  ils  ne  nous  puiffent  condamner.  Or  il  faut  s'enquérir 
de  ce  qui  eft  vray,ô£  non  s'arrefter  au  èr»/r,lcquel,com  me  il  fe  nourrit  en  menfongey  aufti  meurt- 

Pag.3*4.    Hdésquela  vérité '  eft  cogteue. Nous  netuos  point  les  petis  enfans,ayan s  horreur  non  lèulemét 

Pag.3if.  de  voir  vn  homicide,mais  aufli  d'en  ouyr  parler. Nous  ne  cômettons  ny  paillardifes  ny  in- 
ceftes,  ny  autres  telles  melchancetez,  lefquelles  nous  ne  penferions  eftre  au  mode  fî  nous 

Pag  3ii  nelcs  voyons  en  vous.  Cela  doit  eftre  dit  de  ceux  qui  contre  nature  n  efme  fe  fouillent  en 
toutes  vilenies:de  ceux  qui  n'eftimét  paillardife  que  ioyeulèté:dc  ceux  qui  n'ont  point  de 

Pag-3i8  honte  des  voluptez,efquelIes  ils  fcdefbordét:  de  ccux,qui  entre  leurs  autels,  au  milieu  de 
leurs  temples  font  marché  de  leurs  paillardilès,traitcnt  de  leurs  maquerelages:  6c  penfent 

Pag  31*  à  leurs  adu  hcres.Noftrc  Religion  ri  eft  couuerte  ny  cachee,encores  que  nous  n'ayons  ny  temples  ny  au~ 
tels:  nous  dédions  Dieu  en  noftre  efprit,nous  le  confacrons  en  noftre  cœur,nous-nous  e- 
ftudicHisàinnocéce,prieres,iuftice,nousfuyonstoutemcfchanceté.Voylanosfacrifices. 

Pag^r.  Noftre  poureté  ne  nous  doit  eftre  tournecà  moquerie,  mais  à  gloire.  Au  refte,ccluy  n'eft 
poure,qui  ayant  Dieu  pour  fa  richciTejfe  contente  du  fien,&:  ne  conuoite  1  autruy. 

p  D  i  e  v  ne  nous  mefprilc  point  en  nos  afflictions,  &:  n'eft  pas  impuilîânt  de  nous  fecou 

ag',3î"  rir,mais  nous  gouuernât,&  aimant  les  liens,  il  efpreuue&:  exerce  par  là  leur  patience.  Et 
quant  aux  tourmés,qu'on  fâche  que  levray  foldat  de  Dieu  ri  eft  point  delaifféen  Joujfrant,  en 

*afr3J*«  mourant  Ane  périt  point.  Nous.nous  abftenons  de  vos  ieux  6c  pompes  diflolues , entant  que 
l'honneftetc  6c  vertu  nous  eft  recômandec,&:  viuons  ici  tellement  par  foy,auc  nous  fom- 

Pag.334.     mes  a^eurez de  k  félicité  éternelle. Refiouiffons-nous  donc  d'auoirla  cognoijjànce  des  chofesfihau* 

tes,iouijJans  de  noftre  bien  fuyons  toute  impiété  & fuperftition. 
CcCn&do  SAINCT  HIL AIRE  contre Auxence. 

acurflorSî  I  e  vous  prie,Euefqucs,  qui  le  pcnléz  eftre ,  de  quels  lufïragcs  ont  vfé  les  ^poflres  pour 
foitt'andc  prefeher  1' 'Euangile?de quelle puijfance  ont-tls  cfté  aidcx^  pour  prefcbcrlefus  Qhrtft  y6c  pour  quafi 
grâce  371.  tranfmuer  tous  gentils  de  leurs  images  à  DieuîOnt  ils  prins  quelque  dignité  de  palais,  en 
châtât  hymn«s  à  Dieu  en  laprifon  entre  les  chaines?Et  après  auoir  cfté  FouettéjlPaulaflc- 
bloit-il  l  Egîilè  à  Chrift  par  l'edid  du  Roy  »  quand  il  eftoit comme  vn  fpe&acleau  théâtre? 
11  le  dcfendoit(ce  croy-ic)de  Neron,ou  de  Veipafia,ou  de  Decius ,  par  la  hainedefquejs  la 
confefiïon  delà  prédication  diiùnc a  flori.  Iceux  fe nourriflans  de  l'œuure  de  leurs  mains, 
en  s'affemblam dedans  les  chambres  6c  lieux  fccrets,&  par  les  rues,&  par  les  villages ,  enui- 
ronnoyét  quafi  toutes  gens  par  mcr&  par  terrc,co»rye^  deertts  &  ordonnances  de  Sénateurs^ 
&  les  edns  des  Rois. 

Du 


De  l'Egltfc^  de  Paris.  47  P 

DV  PREMIER  chapitre  du  cinquième  Liure  de  Phiftoire  Ecdefiaftique  D' E  V  S  E  B  E,  où  eft  contenue  v- 
neEpiureenuoyeepai  les  Martyrs  de  Lion  &  de  Vienne  aux  Eglifes  d'Afie&  de  Phrygie. 

Or  onenprenoit  tous  les  iours  qui  n'eftoyent  dignes  linon  pour  accomplir  le  nom- 
bre de  ceux  qui  tomboyent  &:  ne  perfiftoyent  en  la  confection  de  foy,  tellement  que  des 
deux  Eglifes  on  apprehedoit  tous  les principaux-,&ceux parlefqutls  nos  Eglifes  efloytt  principalement 
gomernus.  Il  y  a  eu  aulfi  quelques  payens  (bruiteurs  des  noftrcs ,  qui  ont  elle  enlèmblé- 
ment  prinsxarle  Gouuerneurauoit  commandé  que  tous  tuilent  publiquement  recer- 
chez:&:  iceux  eftans  veincus  par  les  aftuccs  de  Sacan,  &  cra  gnans  les  tourmés  lefquels 
ilsauoyentveufouftVirauxlain£ts,ontcontrouué  àl'encontre  de  nous,  àlinftigation 
desgendafmcs,qui  lesprclfoyent,  que  nousfailions  des  banquets  dcThycftes^  cita 
dire,où on  mangeoitdes  pctis  enfans:&:  commettions  tels  inceftes  que  Oedipus,&  au- 
tres choies, lesquelles  il  ne  nous  eft  licite  de  dire,ne  de  penfer,  ne  mefmes  de  ci  oire  que 
telle  choie  ait  ramais  efté  faite  par  les  hommes.  Or  ces  chofes  ellàs  diuuJguees,r.ous  onc 
commencé  à  exercer  cruauté  contre  nous ,  tellement  que  ceux  qui  auparauant  sefloyèt  por- 
texjphs  moderemet à  caufe  de  la  familiarité que  nous  auions  auec  euxy  ont  eiléplits fort indignez^gr  cour- 
roucezjcontrenotts.  En  ce  faiiant  cftoit  accomply  ce  que  le  Seigneur  a  dit,c'eft  afiàuoi  r,  Le 
temps  viendra  que  quiconque  vous  aura  misàmort,péferaauoirfait  vnferuiceàDieu. 
Partant  alors  les  faincts  Martyrs  ont  foufFert  fupplices  fi  grans  qu'on  ne  lauroit  racôter: 
&  Satan  faifoit  tous  l'es  efforts  pour  leur  faire  dire  quelque  blafpheme. 

DE  L'HISTOIRE  Ecdefiaftique  au  quatrième  liure,  chap.i8.où  il  raonftre  la  perfeuerance  de  ceux  qui 
frequentoyent  les  aflemblees  Chreftiennes  en  la  ville  d'Edefle,  au  pays  de  Mefopotamie. 

On  dit,  que  l' Empereur Valens  ayant  voulu  voircefteaffemblee  ,&:  cogneu  que  toute  «wcJIîi, 
la  multitude  de  ceux  qui  saiiembloyent,deteftoitfonhereiie,//^rf  de  Ja  main  le  Preuoft,  'rJZ*^ 
pourcequilriauoit  point  mu  ordre  quon  les  chajiisl  de  la.Ot  comme  ainfi  ioit,que  le  Preuoft  avat  ,M' 
reccu  cette  iniurc.furt  preft  d  obéir  maugre'  qu'il  en  euft  à  la  colère  de  l'Empereur,  il  fît 
lauoir  couuertemcntquenulnefufti'urprinsen  ce  lieu  de  martyre  .    Car  il  nevouloïc 
point  commettre  vn  tel  meurtre  de  tant  de  gés.  Mais  iln'yauoitperlbnne  qui  acquief- 
çallnyàfonconfeilnyà  Ces  menacesxar  le  lendemain  tous  saHemblerét  en  l'oratoire. 
Or  comme  le  Preuoft  ayant  auec  foy  vne  grolîe  bande  de  gendarmes  s'en  alloit  vifte- 
ment  à  ce  lieu  de  martyre  pour  mettre  à  exécution  la  colère  derEmpercur,vne  poure 
femme  trainât  fon  enfant  par  la  main,couroit  au  martyre,&:  rôpoit  l'ordre  des  fatellues 
du  Preuoft  .dont  le  Preuoft  eftant  indigné ,  commanda  qu'on  la  luy  amenafe ,  &:  parla  à 
clledifànt:Ow  vo6  tuamfifollemet&àleJlourdicyma.l-hcMCu(ccrcazure^  elle  refpô- 

dit,Ievay  où  les autrescouret.il  luy  dit:Nas-tu  pas  entendu  que  le  Preuoft  mettra  à  mort  tous  ceux 
qxiily  trouueralhz  fem  m  c  re  (  p  ond  it  :  le  l'ay  entedu:&pour  cefle  eaufe  1e  me  hafte^afin  que  ie fou  au  fi  *  . 
làtrouuec.  Le  Preuoft  ayant  ouycefterefponfe,s'efmerueille  de  la  follie  de  ceux  qui  e-  nité. 
ftoycntairemblez^vientàrEmpcreurjradueitiftant  quetouseftoyentpreftsde  mou 
rir  pour  leur  roy,&:  qu'il  n'eftoit  point  raifonnable  qu'vn  fi  grand  nombre  de  gens  fuft 
meurtry  en  vnmomet^parcemoyenilperfuadaàrEmpereurd'appaiferfonire.Ainfi 
les  EdelTeens  efchappcrent  la  fureur  de  leurEmpereur,&:  ne  furent  point  defFaits. 

L'EDIT  DE  L'EMPEREVR  Adrian  adreffé  à  Fundanus,  contre  ceux  qui  calomnioyent  les 
Chreftiens,  en  Eufebe  liure  4.chap.?. 

Ta  y  veules  lettres deGranianus, en  l'eftatduqueltu  asfuccedé.Oril  ncmefemble  JJi5|ï 
point  que  celle  caufe  des  Chreftiens  doyue  eftrelaiilèe  fans  diligente  information,  afin  ''^  de  g"ce 
que  les  hommes  ne  foyent  troublez,  &auffi  qu'on  ne  prefte  point  la  main  à  la  malice 
des  calomniateurs.  Et  pourtant,  fi  ceux  delà  prouince  où  tu  es,peuuent  prouuer  en  ju- 
gement ce  qu'ils  propofent  contre  les  Chreftiës,qu'ils  le  facent  ainfi,pluftoft  que  d'ac- 
culer &:  crier  tant  (eulement:car  il  eft  beaucoup  plus  conuenable,que  fi  aucun  veut  ac- 
eufer,  tu  ayes  cognoiffance  de  caufe,&  fur  cela  tu  en  iuges.  5/ donc  quelque  chreftti  eft  accu- 
fépar  deunnt  roy,  &  qutlfoit prouué  qù il  ait  commu  quelque  chofè  contre  nos  loix,alors  tu  en  tugeras  félon 
le  deltcl:  mats  fi  aucun  pour  calomnier  les  accuje,quilfôitchaslié&*puny  comme fa  mefèhancete le  mente, 
f^n  c  y  que  nous  auons  recueilly  des  Ancicns,pourra  inftruirelesvns,&: nous  pourra 
^défendre  àl'encontre  des  autres.  Car  qui  fera  celuy,  qui  croira  du  premier  coup,  ce 
qu'on  dit  de  nous  eftrevray ,  s'il  eftaduerty  qu'anciennement  les  Chreftiens  eftoyent 
chargez  des  mefmes  calomnies?Qui  fera  celuy,  lequel  nous  voyant  alTaillis  comme  ils 
ont  efté  ,  ne  fe  vueille  enquérir  ,  fi  nous  fouftenons  vne  mefme  querelle  :  Se  ayans 
mefme  aceufation  contre  nous,  uous  auons  auffi  vne  mefme  innocence  ?  Or 

MM. 


I/aro  VI.  La  mfle  &finfe  des  ajfemblees 

qu'on  demande  à  ceux  qui  ont  quelque  iugernétderefte,pourquoy  ils  appelent  chiens 


par  eux,  que  fera  ce  iî  eux  auiourdhuy  tombent  en  vn  me(me  vice  nous  aceufans  fauf- 
l'cmcnr,nous  condamnans  iniuftemenr,&:  exerçans  vnc  exécrable  cruauté  à  l'c  ncontre 
de  nousîll  eft  certain,  que  ceux  qui  ont  quelque  crainte  de  Dieu  en  leurs  côfcicnces,di- 
fentbienauoiren  horreur  les  abominations  des  Payens:iî  eft  ce  ,  queftans  deceus  par 
leur  ignorance, ils  encourent  vne  mel'me  condamnauon, entant  qu'ils  nous  pet  fecutét, 
ne  vovans  point  que  nous  auons  vne  mefmc  caufe  aucc  les  Chrcftiens  de  l'ancienne 
Conférence  glife.  Car  s'ils  s'aifembloyent  en  fecret,  ne  leur  cftant  permis  de  ce  faire  en  public ,  auflî 
dw  Anciens  faifons  nous.  Si  ne  pouuans  de  iour^ils  s'afTembloyct  de  nuiftraufli  faifons-nous.  Si  cftâs 
aucenous.  aflfenit>lez ils prioyenc  Dieu,oyoyentfaparolle,&:communiquoyencaux  fainfts  Sacre- 
més,quenoftrcScigneurIefusChriftainftituczen  fonEglii'cno9  faifons  le  fcmhlablc. 
Sien  leurs aflcmblees  ils donnoyent dequoy pouuoir  fubueniraux  prcures , nous  le  fai- 
fons au(fi:&:  auons  dequoy  louer  Dieu,  que  plulieurs  pourcs,  malades  &:  autres  affligez 
ont  fenti  quelque  fruift  de  nos  aflemblees.  Bref,  s'ily  auoit  ordre,  difciplinc , &t  ceniui  e 
entr'euxjaum"  v  a-il  entré  no9.  Et  de  fait,(î  vous-vo'en  eftiez  bië  enquis,vous  trouueik  z 
la  vérité  deeeque  nous  difons,&approuueriez  la  bonte'&  équité  de  noftrecaufe.  Mais 
cornent  eft-ce  qu'on  y  procede>Ily  aura  bien  force  gens  qui  s  enquerront,qui  guetter  ôt, 
&  qui  en  celaferôt  toute  dïligécc:mais  quoyfon  s'enquiert  où  font  ceux  de  noftre  aile  m 
blee,&  nô  pas  quels  vfontton  s'enquiert  quels  font  leurs  biés,&  non  pas  quelle  eft  leur 
caufe:on  conte  côbien  on  en  tirera  d'argét,  &:  non  pas  côbien  on  commettra  de  cruau- 
tez  faifant  mourir  des  innocés:&  cependant  chacun  forge  à  (on  plaifir  de  nouueaux  cri- 
mes pour  nous  mettre  tus,  en  defguifant  la  cauie ,  pour  laquelle  nous  fouffrons.On  par- 
le de  ces  crimes  par  les  carrefours, par  les  rues,&  parles  maifonsrmais  on  n'en  parle  poîc 
en  vn  auditoire ,  là  où  il  foit  loiuhle  de  fe  défendre.  Et  par  cela  on  voit,  que  tout amjl que 
nous  faifons  les  mefmes  chofes  qui  ont  eflé faites  parles  anàens  fidèles  nos  predccefjeurs,  aufit  nous  enduros 
les  mefmes  outra<re$-.&  rien  rieftmvs  auiourdhuy  en  auant  contre  nows^ui  naît  eslé  obiectéà  ceux  del 'an- 
cienne E°fife.  Car  nous  charge-on  d'eftre  feditieux,&:  faire  conuenciculesron  les  en  ehar- 
geoitaulfi.  Dic-on,quenous-nous  a/Temblonsdc  nui&pourpaillarder-ondifoit  lefem- 
blable  d'eux.  Dit-on,  que  no9  faifons  banquets,  &C  puis  qu'on  cfteint  les  châdclles  pour 
cômettre  totte  vilcnie?cela  aufïi  fedifoit  d'eux.  Et  comme  on  dit,que  nous  fommes  re- 
belles à  nos  Princes,auflî  les  accufbit  on  de  cela.  Dauatage.ils  ont  eftéfurprins  en  leurs 
aflemblees,aflaillis  de  pierres  &feux,&  outragez  par  le  cômun  populaire,  comme  auffi 
il  nous  eft  aduenu.  Et  cependant  les  Chrcftiens  eftoyent  toulîours  côdamnez,&  le  peu- 
ple abious,côme  nous  voyons  auiourdhuy  deuant  nos  yeux. Tant  y  a  toutefois, que  l 'in- 
folenccvoire  la  rage  de  ce  peuple,!!  elle  n'eft  punie  par  les  hômes,elle  n'euitera  point  le 
iugement  de  Dieu,duquel  le  bras  eft  defîa  leué  pour  en  faire  vengeace ,  fi  on  le  pouuoir, 
cognoiftre.  Car  que  ie  m'adrefl'e  à  toy,peuple  ignorant  &  infcnlc,fuu  es  reuenuà  toy- 
Oui  font  mefmc,confiderc  quilont  ceux  qui  ont  failly,qui  font  coulpables,&:  qui  méritent  puni- 
ceui  ou'on  cion:ou  nous,  qui  prions  Dieu  en  vne  chambre ,  ou  toy ,  qui  eftant  efpars  au  milieu  des 
doir cftimer  rueSjDiafphemois  fon  S.Nom,criant fans  fauoir pourquoyfLelquels  eftoyent fediticux, 
C°  Pâ    '  ou  nous, quieftionsen  vn  lieu  paifiblc,ou  toy,quitroublois  tout  par  tô  cry&  tes  armes? 
Lelquels  s'elleuoyent  contre  le  Roy,ou  nous, qui  après  auoir  prié  Dieu  pour  luy,&  pour 
toy-mefme,tu(mcs  trouuezfans  armes,&:  fuîmes  prins  fans  defenfe  :  ou  toy,  qui  fans  cô- 
mandement,fansauthorité  delufticefustrouuéla  nu\Ct  eftâten  arraes'Tu  criois,  Aux 
mefchans:&  toy  feul cômettois  melchâceté.Tu criois  aux  voleurs:&:  toy-meime  faifois 
la  violencecontre  nous, qui  eftions  expofezà  tes  voleries,&:  outrages. Et  cependant  on 
ne  laifl'e  de  crier  par  rout  que  nous  (ommes  mefchas,feditieux,  &  defobeifTans  i  noftre 
Prince.Quoncroyedôquesmaintenataudircdu peuple.qu'onadioufte  fby aa  cômun 
bruit.  Qui  croira  auflï  eftre  vrayes  les  autres  menteries ,  qu'on  dcfgorge  à  l'encontre  de 
n£us?On  dit,que  nous- nous  eftiôsaflemblez  pour  paillarderrmais  d'où  en  peutvenirla 
Permet°pu-  conic£ture?La  licence  de  paillarder,laquelle  chacun  voit  cftre  icy,peut-elle  côtrein  dre 
bhcjuement,  aucun  je  fe  cacher  pour  commettre  en  fecret  ce  qui  le  fait  manifeftement,&  fans  puni- 
ffcSïl  tion,&  fans  honte?  Au  demeurant,  d'où  eft  furuenue  au  peuple  cefte  nouuelle  haine  de 
«cachette?  pCChé?    Pourquoy  blafme-il  en  nous  le  vice,lequel  il  ne  fait  point  y  cftre,5c  1  approuue 

es  au- 


de  tEgli/Lj  dz_;  Paris*  4  80 

és  autres,  cfqucls  il  le  voit  eftremanifeftcmenr?Lespaillardifes  defespreftres  font  co- 
Kneue*s,elles  font  dcuât  fes  yeux,  les  rues  &biéfouuet  les  maifons  font  pleines  de  leurs 
baftards:&  toutefois  on  n'a  iamais  ouy  crier  le  peuple  à  l'encotre  d  eux,  comme  il  a  faiç 
contre  nous,efquels  il  n'a  trouué  aucune  tache  de  telle  mfameté.  Que  dôques  les  igno- 
rans  confiderét  cecy  à  bon  efcient,pour  ne  fe  hafter  point  à  nous  condaner,de  peur  qu'- 
en nous  condânant,ils  condamneritauflî  leftat  de  l'Eglife  anciéne,  voire  fe  condâne  nç 
eux-mefmes,enfuyuans  la  legereré,&;  cruauté  des  Payés.Quanr  à  ceux  quife  badent  les 
veux  à  leur  efcient,&  publient  contre  nous  des  accufatiôs  &  calônies,encores  que  leurs 
conlciences  les  dementent,foit  de  ceux  qui  n'ont  autre  Dieu  que  leur  ambition  &c  aua- 
rice  (oit  de  ceux  qui  veulent  racheter  la faueurdes  Princes  au  prix  de  nosTre  fing:que  telles  gens  fâchent 
que  nous  appelons  de  leur  cruauté  &  tniuftice,deuat  la  maiefléde  noftre  Dieu ,  qui  rte  delaifle  iamais 
imf>uny  le  mefpris  de  fa  parolle,&:  l'outrage  qu'on  a  fait  aux  fiens.   En  outre  fi  les  (âges 
de  ce  monde  tournent  en  moquerie  ce  que  nous  faifons,&£  preftent  la  main  à  ceux  qui 
nous  blal'ment,nous  les  renuoyonsà  toute  l'Eglifeancienne,afin  qu'elle  relponde  pour 
nous:  à  laquelle  (i  nous  auôs  plus  d  efgard  qu'à  eux-mefmes,ils  nous  exeuferont  s'il  leur  p^oya™. 
plait,vcu  qu'il  eft  bien  raifonnable  que  le  cômandement  de  Dieu,  l'authorité  des  Apo- 
ftres,&  l'exemple  des  anciens  Martyrs  nous  loyenten  plus  grande  recômandation  que 
la  foiblelfoÔÉ  témérité  de  noftrc  raifon  propre.    Nous  fauions  bien,  difent-ils,que  vos 
aflemblees  feroyent  defcouuertes,non  fans  le  danger  de  ceux  qui  s'y  trouueroyen  t,  ce- 
ftoit  donc  témérité  que  la  vie  des  hommes  fuftainfi  hazardee.  Voila  les  propos  de  tel- 
les gens.  Mais  te  vous  demande,  ô  figes,  nous pcnfizyvous  d'vn  entendement fi  elourdy,  que  nous  ri~ 
ayons  aufiipreueu  toutes  ces  chofeslN ous  fauons  bien,  que  nous  habitôs  au  milieu  de  ceux  qui 
haifîent  la  vraye  do&rinetlcur  ignorance  nous  eft  cogneuë,  &  n'auons  iamais  douté  de 
leur  cruauté,  &  malice.Nous  fauons  en  outre,que  Dieu  feelle  fon  Euangile  par  les  per- 
fecutionsmous  lauons  que  l'Eglife  en  eft  toujours  enuironnee  :mais  falloit-il  pourtant 
cftre  priuez  des  c hofcs,que  Dieu  a  ordonnées  neceffaires  à  noftre  falut?pluftoft  fachans 
la  générale  condition  de  toute  l'Eglife,  &preuoyans  comme  de  loin  lesperfecudons  à 
venir  nousn'eftions  point  admonneftez  de  quitter  tout  pour  cela,  &  perdre  courage: 
mais  pluftoft  de  no9  préparer  à  receuoir  ce  qu'il  plairoit  à  Dieu  ordôncr  de  nous:&  ainfi 
rcmettans  tout  le  foucy  de  noftre  vie  entre  les  mains,nous  fuyuiôs  le  chemin  où  il  nous 
auoitrais.lleftvray,quecen'cftpasfelonvoftreconfeil:maistantyaque  c'eft  félon  la 
volonté  de  Dieu,qui  ne  veut  point  auoir  de  ces  gendarmcs,lcfquels  preuoyans  le  comr 
bat  ne  veulent  fuyurc  leur  enfeigne.  Au  reftequand  vous  ditcs,qu'iï  y  faut  aller  petit  à 
petit,&:  que  par  nos  afTemblecs  nous-nous  précipitons  temerairemét:  outre  ce  que  non 
feulement  vous-melmes  reculez,mais  aufli  vous  retardez  les  autres, vous  ne  confiderez 
p  as,qu  e  cehy  ne fe  précipite  point  temerairemét,  lequel fuit  le  train  que  Dieu  luy  a  vnefiis  preferit.  A  in- 
fa  ont  cheminé  tant  d'excellcns  perfonnages  en  l'ancienne  Eglife:  ainfi  tant  de  faincts 
Martyrs  ont  flny  leur  courle,&  ont  efté  couronnez,defquels  fi  on  approuuc&  lezeleôc 
la  conftance,on  ne  nous  peut  acculer  de  témérité. 

Or.  quant  ànous,eftans  refolus  que  noftre  Seigneur  lefus  Chrift  nefeprefentefinon 
auecques  fa  croix,  fes  efpines,&:  fes  opprobres  :  &  que  le  fuyuans  nous  ferons  dechalfez 
de  tout  le  monde:nous  ne  nous  eftonnerons  point  des  chofes  que  nous  voyons  auiour^ 
dhuy  eftre  faites  à  l'encontte  de  nous:  &c  ne  quitterons  point  le  feruice  de  noftre  Dieu, 
encoresquclesignorans  nous  blafment,  les  endurcis  nous  perfecutent,  &  les  prudens  charnels  fimo~ 
quent  de  »ow*:pluftoft  eux  tous  enfemblc  nous  feront  comme  vn  aiguillon  à  refueiller  no  De  w 
ftrepareire,afin  que  nous  recognoiflîons  mieux  la  grande  mifericordede  Dieu,  qui  rc-  "^^r 
luit  fur  nous,en  ce  qu'au  lieu  de  nous  laifier  aueugles  &C  ignorans^il  nous  fait  cognoiftre  les  m^cmes 
fa  volonté-.au  lieu  de  nous  laifTer  en  noftre  endurcuTemenr,il  nous  flefehit  à  fon  feruice:  iu  mondc- 
te  au  lieu  de  nous  abandonner  à  noftre  confeil,  il  nous  fait  obéira  fon  commâdement, 
afin  que  courans  aptes  tant  de  fidèles  8C  excellens  Martyrs,nous  iurmôtions  voftre  cru- 
auté par  noftre  patience.  Czrceluy  auquel nous  fermns,  que  nous  préférons  à  nos  plaifirs, 
honneurs,&  à  noftrepropre  vie,  quivoitles  outrages  que  nous  enduros, voit  e  qui  les  endure  a~ 
liée  nous,celuy ,  dy-ie,  nous fera  grâce  de  cotinueriufques  à  la  fin^omme  aufii  ont  fait  tous  les  fiin&s 
Martyrs,qui ont eflédeuant nous •■afin  que  toutainfique  nous  auons  vn  mefme  Capitaine  a- 
ueccux,  que  nous  maintenons  vne  melme  querelle,  &fouftenons  les  melmes  aflauts: 
aufli  cftans  armez  d'vnc  melme  confiance,  nous  iouyCSons  d'vne  mefine  victoire. 

MM.  ii. 


Liurc^VI .  Laperfecutton 

/^»E  petit  liure  fut  d\n  fruictineftimable-.&ofta  à  beaucoup  de  gens  lamauuaifc  opu 
^nion  qu'ils  auoyent  des  alîemblees:  &c  incita  melmcles  autres  à  faire  plus  diligétcs  en- 
queftes  de  la  vraye  doctrine.  Aucuns  Docteurs  de  Sorbonne  s'cfForcerét  d'y  faire  relpon- 
ie:mais  les  poures  beftes,comme  en  toutes  autres  choles,ne  rirent  en  cela  que  delcouunr 
leur  ignorance. L'vn  nomme  de  Mouchi,fe  fondant  fur  vne  refolution  Doctorale  q  nous 
fommes  hérétiques, fans  en  faire  aucune  prcuue,  employé  tout  ion  liure  àdilcourir  fur 
la  punition  des  hcretiques:&  monftre  qu'ils  doiuent  cftre  br  uflez.-&:  là  delfiis  crie  au  feu , 
Democlu.  &  aux  glaiues.  L'autre ,  encore  plus  fanguinaire  que  fon  compagnon ,  amafîe  toutes  les 
rcs  Sorboni  chofes  énormes  qu'on  peut  imaginer,&:  les  charge  delfiis  nous.  Ne  dit  point  feulement 
^e"«  qu'en  ces  aflemblccs  on  paillarde  les  chandelles  efteintes:  mais  que  nous  maintenons 
qu'il  n'y  a  point  de  Dieu  :  nions  la diuinité& humanité  de  Chriil:  l'immortalité  de  lame: 
larefurre&ion  de  la  chair,  bref,  tous  les  articles  de  la  vraye  religion  :  tic  nous  charge  ainiî, 
fans  en  faire  demonllration  aucunemon  plus  que  l'autreXà  delfiis  exhorte  les  Rois&les 
Princes  de  nous  mettre  en  pièces  :  s'adreiîe  au  peuple  Se  l'incite  à  tuer  &c  meurtrir,fans  at- 
tendre les  procédures  accouftumees  en  Iuftice^&  talche  de  réplir  toute  la  terre  de  m  eu  r^ 
Coalise-  tres  &  faccagemens.  Le  troi(ieme,nommé  Cenalis,eue(que  d' Auranches,debat  vne  mef 
uef^ue  de  mechofe:maisauec  moins  de  véhémence  que  les  autres.  Maintient  toutefois  errionté- 
Auranchcs.  mcnt  qUCnous  ne  nous  alTemblons  que  pour  paillarder  :  6c  le  complaint  grandemétdc- 
quoy  les  luges  ne  nous  font  point  plus  feueres,  comme  li  iufquesà  prefentilsn'auoyent 
point  monltré  allez  de  cruauté:&:  que  cela  eft  caufe  que  noftrc  nombre  croift  de  telle  fa- 
çon. Entrelcs  autres  poinctsdefonliure,ilyavne  diiputcmerueilleufement plaçante 
touchant  les  fignes  &c  marques'de  la  vraye  Eglile.  Car  il  prefuppoiè  vne  chofe  qui 
eft  vraye,que  la  vraye  Eglifea  des  fignes,par  lefquels  elle  eft  dilcernee  d'aucclafauflee- 
ghïe:  &  là  deflusjans  rien  toucher  de  la  prédication  de  l'Euangile  &  adminiftration  des 
Sacremens,ilditqueleurcglifeales  cloches  pour  fignes,par  let'quels  elle  eft  ordinaire- 
met  aircmblée:&:  que  noftre  Eglifea  les  coupsdeharquebou(es&:  piftoles  pour  fignes, 
par  lefquels  il  fe  fait  accroire  que  nous  fommes  aifemblez,  corne  le  bruit  aufli  eftoit  en- 
tr'eux.Cela  prefuppoiè  il  s'efgaye  &C  triomphe  comme  d'vne  victoire  gagnée:&  fait  vne 
longue  an  tithefe,  par  laquelle  il  veut  prouuerqueles  cloches  font  les  lignes  de  la  vraye 
Eghfe.  Lescloches,  dit-il,fonnét,les  harqueboufes  tônent  :  celles-la  ont  vn  doux  fon  6c 
melodieux:celles-ci  vn  fon  efpouuantable:celles-la  ouurent  les  deux,  celles-ci  ouurec 
les  enfers:  celles  la chaircnt  lesnuécs&:  les  tonnerres;cellcs  ci affemblentles nuées  &c 
contrefont  les  tonnerres. Et  beaucoup  d'autres  proprietez  qu'il  ama/Tc  enfemble  pour 
conclure  que  l'eglife  Romaine  eft  la  vraye  Eglife,pource  qu'elle  a  des  cloches.  Voila  les 
argumes  par  lefquels  les  fidèles  font  combatus  par  nos  maiftres:&la  refponfe  qu'ils  fai- 
foyent  à  l'Apologie  imprimée  pour  la  defenfe  des  prifonniers. 

Qv  a  n  t  adonner  courage  6c  confolation  à  ces  poures  gens,  tourmentez  des  infe- 
ctions &:  peines  des  prifons,efFrayez  de  continuelles  menaces  de  la  mort,&:  aifaillis  d'in 
terrogatoires  ordinairesxeux  qui  eftoyét  en  liberté  ne  laiffoyent  point  pafiTer  les  com- 
moditezquife  pouuoyent  prefenter  en  cefte  garde  fi  eftroitte,  fans  leur  faire  tenir  let^ 
tres  de  iour  à  autre .  Mefmes  les  Eglifes  lointaines  fe  reifentantcs  de  cefte  affliction  ad^ 
uenue  à  leurs  frères, firent  aufsi  deuoir  de  les  fecourir  6c  de  confolation  6c  de  confeihen- 
tre  autres  ceux  de  Geneueadreflerent  particulièrement  lettres  aux  femmes,  delà  te- 
neur qui  s'enfuit: 

^  nc  m  es^ani  point,trefcheres  fœurs,(î  vous  efteseftônees  en  ces  durs  a/Tau  ts,&: 
lentezles  répugnances  de  voftre  chair  :  laquelle  fait  d'autant  plus  les  efTorts,quc 
Dieu  veut  befongneren  vous  par  Ion  fainctEfprit.  Si  les  hommes  font  fragiles  Se  aifé- 
mét  troublez,la  fragilité  de  voftre  fexe  eft  encores  plus  grande ,  voire  félon  le  cours  de 
nature.  Mais  Dieu, qui  befon^ne  es  vaifleaux  fragiles,  lait  bien  môftrer  fa  vertu  en  l'in- 
firmité des  lies.  Parquoy  c'eft  a  luy  qu'il  vous  faut  auoir  voftte  recoursd'inuoquant  con- 
tinuellement ,&  le  priant  que  la  femence  incorruptible  (  qu'il  a  mis  en  vous,  6c  par  la- 
quelle il  vous  a  adoptez  pour  eftreau  nombre  de  les  enfans  )  produite  les  fruicts  aube- 
foin,  6c  que  par  icellc  vous  foyez  fortifiées  pour  refifteràtoute  angoifie  &  affliction. 
i.Cor.i.ts.  Vous  fauez  ce  que  dit  fainct  Paul ,  Que  Dieu  a  efleu  leschofes  folles  de  ce  monde 
pour  confondre  les  lages  :  6c  a  efleu  les  choies  infirmes  ,  pour  abatre  les  fortes:  les  cho- 
ies contemptiblcs  6c  mefprifees  ,  pour  deftruire  celles  qui  font  grandes  6c  de  haut 
prix.  Cela  vous  doitbienencourager,afinquelaconfiderationde  voftre  fexe  ne  vous 

face 


detEglifLs  do  Taris.  jf.ti 

face  défaillir, «ncores  que  fouuentilfoitmefprifcparles  hommes.  Car  quelques  hau- 
tains U  orgueilleux  qu'ils  foyent ,  &c  que  par  mcfpns  &:  defdain  ils  fe  moquent  de  Dieu, 
&detousceuxquileferuent  :  fi  font-ils  contraints  d'auoir  en  admiration  fa  vertu  &fà 
gloire  par  tout  où  ils  la  voyent  reluire.  Et  d'autant  que  le  vaifTeau  ,  par  lequel  Dieube- 
fongne,  fera  débile,  d'autant  feront-ils  eftraints&:  enferrez  en  eux  mefmesdelavcrtu 
de  Dieu,à  laquelle  ils  ne  peuuent  refifter. 

Vo  v  s  voyez  que  la  vérité  de  Dieu,  quelque  part  qu'elle  fetrouue,  leur  eft  odieufe: 
&;  qu'elle  n'eft  pas  moins  haye  d'eux  es  hommes  qu'es  femmes:  es  vieux  qu'es  ieunes:és 
fauans  qu'es  idiots:  es  riches  qu'es  poures:ésgrans  qu  espctis.  Q_uc  s'ils  prennent  occa- 
fion  du  fexe  ou  de  la  qualicé  extérieure  de  nous  courir  fus  d'auâtage  (corne  nous  voyons 
qu'ils  fe  moquent  des  femmes,&  des  pouresgensmechaniques,comme  s'il  ne  leur  ap- 
partenoit  point  de  parler  de  Dicu,&:cognoiftrc  leur  falut)(achons  que  tout  cela  eft  en 
tefrnoignagecontr'eux,&:àleurgrandcconfuiion.  Mais  puis  qu'il  apleuà  Dieu  vous 
appeler  à  foy,aufîï  bien  que  les  hommes(car  il  n'a  efgard  n'a  malle  n'a  femelle  )  il  eft  be- 
foin  que  f  aciez  voftre  dcuoir  pour  luy  donner gloire,felon  la  mefure  de  grâce  qu'il  vous 
a  départie,  auifi  bien  que  les  plus  grans  perfonnages  qu'il  a  douez  de  haute  feience  &C 
vertu.  Puis  que  Iefus  Chrift  eft  mort  pour  vous,&  par  luy  efperez  falur,  ayant  efté  bapti- 
zees  en  fon  Nom ,  il  nefaut  point  eftre  lafehes  à  luy  rendre  l'hôneur  qui  luy  appartient. 
Puis  que  nous  auonsvnfalut  commun  en  luy,  il  eft  neceffaire  que  tous,  d'vn  commun 
accord,  tanthommesquefemmes,fouftiennentfa  querelle.  Quand  il  nous  met  au  cô- 
bat,&:  à  l'efpreuue  contrefes  ennemis,  d'alléguer  là  deflus  noftre infirmité ,  pour  l'abâ- 
donner  ou  renier,  il  ne  nous  profite  de  rien,finon  pour  nous  condamner  de  delloyauté. 
Carceluyqui  nous  met  en  bataille,nousgarnit,&:  munit  quant  &:  quant  d'armes  necef- 
faires,  &:  nous  donne  adreffe  pour  en  vfer.  Il  ne  refte  que  de  les  accepter ,  &:  nous  laitTer 
gouuerneràluy.  lia  promis  de  nous  donner  bouche  ôifageffe  a  laquelle  nos  ennemis  LuC2U* 
ne  pourrontrciifter.il  a  promis  de  donner  fermeté  &:  confiance  à  ceux  qui  fe  fient  en  A£^1I7. 
luy.  11  a  efpandu  de  fon  Efprit  fur  toute  chair:  &  fait  prophetizer  fils  &:  filles,comme  il  a- 
uoit  prédit  par  fon  Prophète  Ioehqui  eft  bien  figne  qu'il  communique  femblablement 
fes  autres  grâces  n  eceffaires,&  qu'il  ne  deftitue  ne  fils  ne  filles,  n'hômes  ne  femmes  des 
dons  propres  à  maintenir  fa  gloire.  Il  ne  faut  dôc  eftre  pareffeux  à  les  luy  demander,  ne 
lafehes  à  les  receuoir,&:  en  vfer  au  befoin,  quand  il  nous  les  a  départies. 

Con  s  idekez  quelle  a  efté  la  vertu  &c  confiance  des  femmes ,  à  la  mort  denoftre 
Seigneur  Iefus  Cbrill:&:  que  lors  que  les  Apoftres  l'auoyent  delaifîe,  elles  ont  perfifté  a-  J^1/*^' 
uecluy  enmerueillcufeconftance^quvnefemmeaeftélamefTagerepour  annoncer 
aux  Apoftres  fa  refurre&ton,  laquelle  ils  ne  pouuoyent  croire  ne  comprendre.  S'il  les  a 
lors  tant  honnorecs,&:  douées  de  telle  vertu,  eftimez-vous  qu'il  ait  moins  de  pouuoir 
maintenant,  &:  qu'il  ait  changé  de  volonté?  Combien  y  a-il  eu  de  milliers  de  femmes, 
qui  n  ont  eipaigné  leur  fang  ne  leur  vie,  pour  maintenir  le  nom  de  Iefus  Chrift,  &:  an- 
noncer fon  régner  Dieu  n'a-il  point  fait  profiter  leur  martyre  î  Leur  foy  n'a-elle  pok  ob- 
tenu victoire  du  mode ,  auffi  bien  que  celle  des  MartyrsrEt  fans  aller  plus  loin, ne  voyôs- 
nous  point  encoresdeuant  nos  yeux,  comment  Dieu  befongne  iournellement  parleur 
tcfmoignagc,&r  confond  fes  ennemis  tellement  qu'il  n'y  a  prédication  de  telle  effica- 
ce, que  la  fermeté  &:  perfeuerance  qu'elles  ont  eu  à  confeiTer  le  nom  de  Chrift?  Ne 
voyez-vous  pas  comme  celle  fentence  de  noftre  Seigneur  a  efté  viuemét  enracinée  en 
leurs  cœurs, par  laquelle  il  dit,Celuy  qui  me  renonce  deuant  les  hommes ,  ie  le  renoce-  Matt  IO-33- 
ray  deuant  Dieu  mon  Pere:&  celuy  qui  me  confeffera,  ie  le  confefferay  auffi  &c  aduoue- 
ray  deuant  Dieu  mon  Pere?Elles  non  t  pas  eu  crainte  de  laifTer  cefte  vie  caduque ,  pour 
en  obtenir  vnc  meilleure,  pleine  de  béatitude  qui  dure  àiamais.  Propofez-vous  donc 
ces  exemples  (i  excellens ,  tant  anciens  que  nouueaux ,  pour  afîéurer  voftre  foiblefTe , 
fiivovis  repofer  en  celuy  qui  a  fait  fi  grans  ouurages  par  des  vaifTeaux  fragiles:&  cognoif- 
fez  lhoaneur  qu'il  vous  afait,  afin  de  vous  laifTer  conduire  à  luy  :  eftans  bien  afîcurees 
qu'il  eft  puiffant  pour  vous  conferuer  la  vie,  s'il  s'en  veut  encores  feruir:  ou  bien  s'il 
en  veut  faire  efchange  pour  vous  en  donner  vne  meilleure  ,  vous  eftes  bien-heureu- 
fes  d'employer  cefte  vie  caduque  pour  fa  gloire  de  fi  haut  pris,  &:pourviure  éternelle- 
ment auec  luy  .Car  à  cela  fommes-nous  mis  au  môde,&:  illuminez  par  la  grâce  de  Dieu: 
à  ce  que  nous  le  glorifions  &c  en  noftre  vie,&  eh  noftre  mort,fi£  que  nous  foyons  vne  fois 
pleinement  côioints  àluy .  Le  Seigneur  vous  face  la  grâce  de  méditer  attentiuemét  ces 

MM.  iii. 


Liurc^VL  Cjeorg<uTardif,&  fes  compagnons. 

chofes,  &  les  bien  imprimer  en  vos  cœurs ,  afin  de  vous  conformer  du  tout  à  fa  bonne 
volonté.  Ainufoic-il.  DeGeneue. 
LTlnftu.n  P  o  v  r  rcuenir  aux  aduerfaires,pendant  que  les  fidèles  pouruoyoyentàces  choies,eux 
furbperic  *  de  leur  cofté  cafthoyent  en  toutes  forte  s  de  hafter  l'exécution  de  cespoures  gens:&: 
Paris"  dC  ^c  Lieutenant  Ciuil ,  qui  en  auoit  receu  commiilion  vl  rbale  par  Je  Garde  des  leaux,  ne 
anS"  lailibit  rien  derrière  pou  il'auancer.  Le  peuple  auiîi  l'actendoitd'vne  faction  grande:  ôc 
s'afTcmbloic  fouuent  en  multitude  infinie  par  les  places  ordonnées  à  faircles  exccutiôs, 
pourraftafieriavcucd'vn  fpedacle  tant  délire.  Finalement  le  dixieptiemede  Septem- 
bre^ le  Roy  aduertypai  ledit  Lieutenant  Ciuil,quelesi  rocczeftoyentdci]a  en  citât  de 
iuger,enuoye  commiilion  àlaCour,pourarrelter  l'exécution  d'iceux  :  &  commande 
d\  procéder  extraordinait  ement  toutes  autres  affaires  poltpofecs  :&  ce  au  rapport 
jd\ic  cluy  l  k  utenant  Ouil,lequel  il  vouloir  eftre  admis  à  leur  confeihencoi  es  que  par  1- 
eftabliilémentdelaCour,  aucun  ne  mit  receu  à  entrcr,opincr,  ncrappoitcr,quincioit 
du  corps  d'icellc.  11  deputoit  auifi  ceux  qu'il  entendoit  eitre  Commiiiaii  es  en  ceftecau- 
fe,aflauoir  deux  Prcfidens,&:fcizeConfeillers  nommez,  ou  ciouze  d'eux,  félon  que  la 
Cour  verroit  eftre  bon,  tousgensd'eflite.  Celle  commiilion  eftant  venue,  la  Cour  ne 
peut  accorder  que  le  Lieutenant  Ouilfult  receu  à  la  decifion  du  procez,pource  que 
celaderoguoit  par  trop  aux  couftumes  de  leur  Parlement  :  6c  auffi  qu'il  eftoit  en  adion 
dauoir  fauiîementiugé  au  tait  de  la  ConteJle  de  Senigan.  Pourtant  Louys  Gayan  con- 
feiller ,  &c  Baptifte  du  Melnil  aduoeat  du  Roy,  font  enuoyezdeuers  fa  Maiefté ,  pour  en 
faire  rerhonitrancei 


Paru. 


GEORGE  TARDIF,  <sr  IEAN  CAILLOV  DE  TOVRS, 
^NICOLAS  DE  IENVILLE. 

CES  trois  Martyrs  auoyent  elté  longuement  détenus  à  Paris  :  &  turent  en  ce  temps  enuoyez  à  la  mort  en  trois 
diuers  lieux.  Ut  partant  nous  les  auons  icy  inferez  félon  qu'ils  ont  eité  exécutez:  afin  de  conferucr  leurs  nie- 
moires^n  attendant  que  plus  a  plein  on  puhTe  aucir  ce  qui  elt  de  furplus  de  leur  hiltoire. 

Enia  per  W^^fij^^  ^  ccs  entrefaites  le  Parlement  de  Paris  intimidé  de  laprife  de  tant  de 
fccHtio  dt^^v&^^  gens,  &:  des  menaces  du  Roy,  après  auoirairez  délayé  leiugement  de  ces 
'  trois  fidèles,  lesenuoyaàla  mort  aux  lieux  donc  ils  cftoyét  appelans, Geor- 
ge Tardif  à  Scns:I. Caillou, brodeur  de  l'on  eitac,à  Tours:letroi(icme,nom- 
mé  Nicolas, compagnon cordonnieràlenuille,  dont  auifi  il  eftoit  natif.  Il 
y  auoit  telle  confiance  entoustrois,&:y  voyoit-on  vnc  telle  a/léurance  ,que  des  luges 
les  plusaduei  laires  en  eftoyent  tout  eftonnez.  La  mort  de  George  Tardif,  en  la  ville  de 
Sens  en  Bourgongne,  édifia  plufieurs  fidèles  en  la  venté  de  l'Euangile. 
k  aic  deC     C  e  l  v  v  de  Tours  auoit  efté  pris  auec  cinq  ou  lix  autres,  comme  ils  reuenoyent  de 
ceiuy  Cdc  prier  Dieu  enicmblc  d'vn  bois  prochain  de  la  ville  de  Tours.  Vne  fois  entre  les  autres, c- 
Toan  en   fl-ant  venu  deuant  Meflieurs ,  il  requit  qu'il  luy  fuft  permis  deprfer  Dieu ,  auant  que  ref- 
ouumc.  pon(jrc  <ie  là  f0y,  afin  qu'il  luy  dônaft  force  &t  lageifc  pour  ce  faire.  On  ne  luy  ola  refufer 
telle  requefte.  Ainlî  ayant  cômencé  défaire  confeifion  de  fes  pcchez,&  inuoqué  la  grâ- 
ce du  S.  Efpnt,il  poui  (uyuit  les  prières  qui  le  font  ordinairement  es  Eglifes  Françoifcs, 
pour  tous  eftats,pour  le  Roy,  pour  la  côferuation  de  fon  Royaume,  pour  les  Magiftrats, 
pour  toutes  les  ncccùïtez  des  poures  afnigez,&:  ce  d'vne  ardeur  iinguliere.Et  puis  ayant 
recité  pour  confcl/ion  de  foy  le  Symbole  des  Apoftres,  fe  leua:&  refpondit  aux  demam, 
des  qui  luy  furent  faites,auec  vne  telle  grâce  &  modeftic,  queles  cœurs  de  plufieurs  fu- 
rentrompus,  iufques  àictter  larmes,  &:monftrer  lignes  qu'ils  ne  demandoyent  quefa 
deliurance. 

Ucaufc  de  Ce  l  v  y  de Ienuille, eftant reuenu de Geneue pour auoir quelque deniersyauoit  e„ 
N.co£de  ^  défère  àîaDame  duditlieu,  parfon  peremefmes.  Il  eftoit  defortbasaage,&:de 
jcauillc  meftiermechanique,maisbiê  inftruit  aux  lettres  faindes, comme  font  plufieurs  autres 
de  mefme  cftar.  Ayâr  cité  détenu  quelque  téps  au  chafteau  de  cefte  Damc,elle  eftât  ca- 
chée derrière  les  euftodes  d'vn  b£t,le  fit  condaner  pour  auoir  côfe/fé  IefusChrift,d'eftre 
bruflé  vif,&:  la  lâgue  coupée.  Le  bourreau  qui  eftoit  là  prefét,&:deliberé  del'executcr  ce 
iour  mefme,luy  mit  incôtinét  la  corde  au  col ,  mais  il  la  reietta  par  deux  fois,  appelât  de 

la 


Nicolas  Qinet.  +82 

Ja  fentence.Toutcfois  voyant  que  pour  Ja  troificmc  fois  on  luy  mettoit la  corde ,  &  efli- 
mant  que  Ton  appel  ne  deufl  élire  receu,il  la  princ:&  difant  qu'il  ne  vouloir  pourtat  pre- 
iudicicr  à  fon  appel, s'eferia, Loué  loir  Dieu, car  iefuis  maintenant  honoré  de  l'ordre  ce 
lefte.Làdeilus  les  I  ufliciers  priodrent  conicil,&:  trouuercnt,combien  que  la  Dame  re- 
quill  que  l'appel  fuft  mis  à  neât,*toutefois  qu'il  eifcoit  meilleur,pour  fon  profit ,  qu'il  fuit 
rctiuoyé  à  la  Cour.mais  ce  tut  en  vn  ellat  pitoyable. Son  pere  le  voyât  en  la  charrette  le 
vint  batre.  Vn  des  officiers  reprint  le  pere  bien  rudtmenr,&:  le  frappa:mais  le  ieunc  ho- 
me grandement  defplaifant,dit,  Monfieur ,  îe  vous  pue  aunom  de  Dieu,  n'outragez 
point  mô  pere:car  il  efl  en  luy  de  faire  de  moy  tout  ce  qu'il  luy  plaira  :  frappez  m oy  plu- 
îloflque  mon  pere.Leiuftider  refpondit,Melchant,ie  luis  bien  à  cefl'  heure  mari  1, que 
cen'aeftéfurioy  que  l'ay  frappe  .  Nicolas dit:Iel'aimeroye  beaucoup  mieuxxarielay 
que  mon  pere  l'a  tait  par  ignorance.  Depuis  Ienuille  îufques  à  Paris,quand  il  entroit 
en  quelque  ville  ou  village,on  luy  mettoit  v  n  baillo  de  fer  en  la  bouchc,&:  ncantmoms 
Dieu  luy  affilia  de  telle  forte  qu'auechardieife&:  allez  intelligiblement,il  annonçoitla 
parole  de  falut:&  monftroitque  la  caufc,pour  laquelle  il  efloit  fi  inhumainement  trai- 
té, cfloit  bonne  &faincle.  Eteftantarriué  en  cepoinctàPans,apresauoirclte  détenu 
quelque  temps  en  la  Concieigenc&confefTé  la  venté  dcl'Euangiled'vne  force  ad  mi- 
rable,il  entendit  qu'il  auoit  areft  deftre  brullé.Et  depuis  ne  cefîa  de  louerDieu,dcquoy 
il  luy  failbit  l'honneur  de  fourfrir  pour  luy.  Quand  il  rut  de  retour  à  Ienuille,il  futmar- 
tyriié  à  fa  ppetit  de  les  ennemis  d'vne  façon  incroyable,comme  on  a  entédu. 

ET  pourreueniràlacômifîion  enuoyee  à  la  Cour,  &  rcmonflrâces  faites  fur  icelle  le 
Roy  accorda  q  les  procez  fcroyuu  iugez,non  au  rapport  du  Lieutenat  Ciuil3mais'de 
l'vn  des  Confeillers  nommez.  Et  ainfi  furent  les  lettres  patentes  enregiftrees  au  greffe 
criminel  de  laditeCour,&:  félon  icelles  procède  au  iugement  des  procez. Les  premiers 
amenez  deuant  eux  &:  condamnez  à  mort  ,furenr  Nicolas  Omet,  Taurin  Grauelle  bc 
damoifclle  Philippe  de  Luns,vefucdu  feigneur  Graueron:  defquels  particulièrement 
nous  déduirons  les  interrogatoires  &:  refponfes. 


NICOLAS    CLINET,  deJCantonn. 

o 

A  crmpcftcdc  ccfk  pcri'ccution  fe  déchargea  premièrement  fur  ceux  que  les  ennemis  peurent  attraper  premiers  de  l'jffem 
bkc.Quant  a  Clinc,.l  eftoit  de  long  temj>s  exercé  a  tels  combats ,  dés  qu'il  eut  commencé  douunr  ckole  ChrcirienDe 


.Qii 

a  laïc  uneffe  deXantonge. 


ff  les:de  forte  qu'il  en  eut  incontinent  vne  bonne  recômpenfcdu  monde,~& 

g^é^s-^ùu  perfecute  &L  chafle  du  pays3&:  bruflé  en  effigie.  S'eitant  retiré  à  Pans,it 
faitoicofficedePedagogue^peuapiesfutreceuen  l'Eglife.'&r  pour  fadodrine,  &c  fa 
faincteconuerfation,misen  la  charge  de  "  Surueillanr:cn  laquelle  il  fe  porta  toufiours  "  Sumeii- 
fidèlement.    Son  aage  donna  foupçon  aux  luges  qu  iIclloitMiniflrc:&:  pourtant  ils  le  Lns  ou  an~ 
voulurent  mettre  en  difputecontrelesplusbtauesdcleurs  Doreurs  ,penfans  le  con-  wtfuiiït 
ùaincre,&:  ainfi  triompher  delà  doctrine  de  fEuangile.Maisil  auoit  bien  dequoycom-  a<lloii,tiJ^ 
batre,cltantveifédéslong  temps cnlEfcriture fainde,  &efcntsdesfaincts  Docleurs,  hvîScïc 
&L  n'clloit  point  ignorant  de  la  nouuclle  Théologie  des  Scolaftiqucs  de  Ja  Soi  bone.  De  Dicu,Pour 
façon  qu'ayant  vne  fois  abordé  le  Sorbonille  Maillard,ille  rendit  fi  confus  en  la  prefen  Sle^me* 
ce  du  Lieutenant  Cmiî,  qu'iceluy  Lieutenant  tefmoigna pins  après ,  en  pre/ence  dè  Sordrequ' 
gcns,qu'iln'auoitiamaisveu  homme  plus  (auant.  Nous  n'auonsfaconfefîion  que  des  vnch^cllu 
grcrres,telle  toutefois  qu'elle  donnera  toy  de  fa  confiance.  IS&îuS 

In  t  eikogy  e  s'il  alloit  à  confciîé?dit  que  non,linon  à  Dieu  feul.    D.  Pourquoy  oHcnfe  dc 
iln'alloitauprcftre.  Ri.Quil  ne  luy  tlloitcommandéenlaparoledeDicu.    D.    Si  le  pomTcuai 
preltreapuiirancedabfoudrcquandon  vaàluyà  confefîé.    i^.    Que  le  Miniflre  a  la  lirlesiu- 
p  aiflaçc  d'ablbudre,m  lis  que  celle  puifîance  n'efl  pas  de  luy ,  ains  de  la  feule  parolle  de  SdîSibîie 
Dieu,laquelle  il  annonce.Et  n'y  a  que  Dieu  feul  qui  pardonne  les  péchez ,  par  les  pro-  P°"'r  fin? 
mettes  de  remiffion,quifonc  en  fa  parolle,  D.  S  il  croit  pas  que  le  corps  de  Iefus  Chrifî  dcconlc^  " 

MM  iiiï. 


Taurin  Cjrauelle. 


aux  affaires 
de  ['Egliic. 
flairs  cjae 
le  peuple 
O)  <:  la  paro- 
le Je  Dieu. 


Cl  mec  ex- 
ti  es, 


foit  en  rhoftie,apres  la  cofecration  du  Prcftrc.  ^.Qu'il  ne  le  pouuoic  croire,  pourautat- 
qu'il  fçauoit  le  corps  de  Iefus  Chrift  eftrc  aux  cieux  ,  comme  ileftoit  côtenu  en  la  con- 
fusion de  foy,que  font  tous  Chrefticns,  conerc  laquelle  il  iroit  s'il  dtfbit  autrement.  D- 
S'il  croit  qu'il  faille  s'adrciler  aux  Saincts  pour  faire  les  prières,  i^.  Qiùl  ne  fait  les  priè- 
res qu'a  Dieu  feul,&  ne  les  faut  taire  à  autre.  D.S'ii  croit  pas  qu'il  y  ait  vn  Purgatoiie.j^. 
Qucnomcailamebicn-heureute  s'en  va  tout  droit  en  Paradis ,  &  les  autres  en  enter. 
«Vue  autrefois  il  lut  mis  en  difpute  aucc  Maillard  en  la  Chambre  Ciuile  du  Chaftclct 
ôc  intcrwguc.S'il  ne  croie  pas  que  le  corps  de  lelus  Chrift  eft  en  l'hoftie  après  la  côlecra 
tion.    Ri.  Qu'en  la  Cenedeucmcntadmmiftree  le  corps  de  noftre  Seigneur  cftrcceu 
des  ri Mc^modo  fammemab  &fttrttu*kc 'cil  à  dire,d'vne  raçô  ipirituejlc>&  propreaux  Sa 
tremens.Maisnevouloit  croire  qu'il  fu  Sien  l'hoftie  en  chah& eniàng.  D.  Quel  teps 
il  v  auoit  qu  il  n  auoit  reccu  le  corps  de  noftre  Seigneur  par  les  mains  d'vn  prcftrc, 
ju.  Q\ùl  le  reccuoit  tous  les  lours  par  foy.  D.  De  la  Confcflion  auriculaire,cc  qu'il  en 
croypic iRcfpondi:  ce  que  dellus.     D.  S'il  croit  pas  qu'il  faut  prier  pour  les  crcfpaAcz. 
kl.  Qu'il  s'alTcuroit,quand  il  mourroir,d  aller  à  la  vie  éte  rnelle:^  ne  croyoit  y  auoir  Pur 
gatoîre  autre  que  le  fang  de  Iefus  Chrift.  D.  S'il  croit  pas  qu'il  faut  pnet  la  vierge  Marie 
&  les  Sainds  de  Paradis,  Ki.  Qu'il  ne  faut  taire  prières  qu'à  Dieu,par  Icl'us  Çhuft  qui  eft 
noftre  (cul  interccileur.^*  Voila  ce  qu'on  a  trouué  de  (es  rcfponfès.  Si  elles  ne  iontaiîcz 
amplesjou  il  les  tcl'moignages  de  l'E/criturey  dcfaillent,c'eft  la  faute  des  Greffiers,  qui 
ne  tauorifent  pas  volontiers  à  cefte  caule. 


MDXVIl! 


Lamailon 
de  M.  Bar 
thorrùc» . 


TAVRIN    GRAVELLE,  de  Dreux. 

V  t  V  Ton  fçauoir  deejiicllc  gens  les  enfans  de  Dieu  en  bien  faifant  font  repris,  j /Taillis  &  outragC2,aii'on  regarde  comnic 
ci»  va  miroir  ce  4m  eft  icy  pourtrair,&  a  cftc  demené  contre  cclain&perlouuagc  Aduocat  au  I  arlcmcntdc  par», 

A  V  R  1  N  Grauelle,  de  Dreux  ,  ville  au  Dioccfc  de  Chartres,  après  nuoir 
^p^tait  l'es  eftudcs  en  droit  en  la  ville  deThouloul'e,  vintàla  pratique  à  Paris, 
^ommec'eftlacouftumedes  ieuncsgens,&:  futreceu  Aduocat  en  la  Cour 


Maillard 
>orDon;fte 


Sodomie 
ju  doreur 
MjiUard 
notoire. 


IcParlemcnr.Làileutla  ccgnoirfancedc  Dieu:&  après  sellant  loint  àl'E- 
giiie  pot.r la  bonne  conuerfatton.eut  la  charge  de  Su  rueil  1  an  t,  ai  n  fi  que  Clinct.  Voyat 
ladifettede  logis  à  recueillir  le pcuplc>il  offrit  volontairement  ecluy  deM.Barthomicr 
l'on  allié,lcquel  il  auoit  en  garde,&  qui  fut  celuy  où  la  compagnie  fut  furprifc.  Car  fer- 
mant les  yeux  à  tous  dangers: il  eftimoit  qu'il  ne  pourrait  mieux  faire  feruir  eefte  mai- 
fon,qu'cn  recueillant  les  fidèles  ainlichaflez  du  public.  La  voyant  aiTailhede  Jaiortc 
que  nous  auons  dite,il  pouuoit  bien  fortirauec  les  autres:  mais  il  s  arreftalà  tout  à  pro- 
pos pour  rei'pondre  de  tbnfaidt  ,  &  qu'il  n'auoit  rien  entrepris  contre  fon  deuoir,rccc- 
uanteeux  qui  ne  s'alfembloyent  laque  félon  l'ordonnance  de  Dieu.  C'eftoit  àluy  que 
Icsaducrtairesen  vouloyent  le  plus:& dcfoncoftcil  auoit  vne  conftanec  inuincible 
pour  leur  retifter.&  ioullenoit  la  vente  contre  tousvenans.  Mcfmes  àl'encontred'vn 
Docteur  de  Sorbone  renom  nic,quifaifoit  de  l'cmpefché  plus  que  tous  les  autrés,apres 
ces  pourcs  gcns,ponr  les  aifaillir  de  fa  dilpute.  Ledit  Grauelle  l'auoit  autre  fois  cognu, 
voire  hante  familièrement:  &  fauoit  le  train  qu'il  menoit  en  fa  mailbn  aucc  les  icunes 
garçons&  feruitcurs.  Tellement  tjuc  fi  Maillard  auoit  la  bouche  ouuerre  pour  parler 
contre  les fainclesalfemblecs ,  elleluy  eftoitincontinentfeimec  par  les  reproches  de 
les  bougreries  infâmes  .  car  il  ne  les  pouuoit  nier  deuant  celuy  qui  en  l'auoit  aflezdc 
preuucs1&  puis  la  choie  eft  notoire,mei'mes  aux  petits  cnfans.  Toutefois  ce  malheu- 
reux eihontc,otoit  venir  deuant  le  Magiftrat(qui  en  acneores  les  informa tion s )&ac - 
eufer  les  autres  fauiiement  depaillardiies&:  inceftes.  Comme  s'il  euftefte  bien  feant  à 
celuy  duquel  h  Sodomie  eftoit  demeurée  impunie (  faite  toutefois  au  fccu  de  tout  le 
mode)  de  dire  que  les  autres  s'eftoyent  enfermez  dedans  maifons  priuecs ,  &:  de  nui&> 
p<;ur  paillardcr. 

>î  o  v  s  auons  ces  fiennes  refponfes  extraittesdes  regiftres:  Interrogué  s'il  auoit  fait 
h  CcneA  pris  du  pain  &:  du  vin.Re{pondquouy:&:  que  la  prédication  auoit  cftc  faite 
en  la  maiibn,&:  auoit  donné  charge  d'inuiter  ceux  qui  s'eftoyent  là  trouucz.    D.  Qu'il 

penfe 


ThilippedeLuns,  damoifelle.  483 

penfe  des  prières  qu'on  fait  à  la  vierge  Marie  &C  aux  Sain&s.  ç>.  Qu'il  ne  cognoit  autre 
Aduocat  cnucrs  Dieu  auquel  il  le  faille  adrefler  pour  faire  priercs,que  Iefus  Chrill.  Ec 
que  quand  nous  faifons  prières  en  fon  Nom  ,  nous  auons  efperance  d'eftre  exaucez, 
pource  que  nous  en  auons  &  commandemens&  pi  omelfcs  en  la  parollc  de  Dieu:  mais 
quand  nous  les  faifons  aux  Saincls,nous  ne  pouuonsauoir  celte  alfcurance.  Mefmes 
queles  Docteurs  de  Sorbonneen  eftoyent  en  doucc:voirc Maillard, auec: lequel  i!  auoic 
dilputc  autrefois.  D.  Ce  qu'il  fe  ntoit  des  Images.  iy„.  Que  d'en  auoir  pour  religion,  t  _ 
ftoit  idolâtrie.  D.  Si  les  prières  pour  les  trelpaifeznc  lont  pas  bonncs,&  s'il  n'y  auoic 
pasvn  Purgatoire?  Çi.  Que  par  le  fang  de  Chrill  nous  fômes  (auucz:  &  ne  croity  auoir 
autre  Purgatoire,fi  on  ne  luy  fait  apparoir  du  contraire.  D.  Si  l'es  pere&mct  eluy  a~ 
uoyent  appris  celle  doctrine.  i^'.Quc  non,  mais  le  fainct  Efprit:&:  que  celle  doctrine  a- 
uoittouhours  elle  tenue  en  TEgliic  ancicnne,&  mifeparelcnt  parles  Prophètes  &c  A- 
poltrcs.qui  luy  eftoyent  Pères.  D.  S'il  (e  faut  conre/fer  au  preftreauriculairemcnt. 

r>  Qu'il  ne  fe  faut  co  nfelîer  qu'à  lelus  Chnll,qui  feul  peut  pardonner  les  pechez,& 
n'eltoit  requife  la  Confeiîion  auriculaire. 


PHILIPPE    DE    LVNS,  damoifelle  du  GratteronenPerigueux. 

O  V  rapporterons-nous  ceft  exemple  rare  &  notable  de  la  niagnah' imité  &  confiance  de  celle  ieuneDamoifellej 
finonaux  fruitts  &:  effeds  que  portent  les  aflemblees  fidèles  par  labenedidion  du  Seigneur? 

AMOISELLE  Philippe  de  L uns  eftoic  natiue  de  Gafe,de  la  parroifw 
(edcLuns,diocefedePerigueux,aageedc  vingt  trois  ans  ou  enuiion.  Elle  M,D  LVin 
eftoit  venue  de  ces  parties  de  Gafcongne  en  celle  vjlle  de  Paris  auec  fon  ma 
ri,pour  fe  îoind  rc  à  l'Eglife  de  Dieu,&  y  eftre  nourrie  :  le  monflrant  fi  admi- 
raoieTnTaTn&eté  de  vie,qifellc  clloit  exemple  à  vn  chacun.     Sa  rMaifon  eftoit  touf- 
iours  ouuerte  à  l'afTemblee  du  Seigneur,     Sur  le  mois  de  May,  fon  ttiari  feigneur  du 
Graueron ,  qui  eftoit  auflî  Surueillant ,  fut  emporté  d\  ne  maladie  de  fÎL'ure.Eftant  de- 
meurée vefue,clle  ne  1  ailla  pas  de  continuer  à  feruir  à  Dieu  ,  li  bien  qu'eh'e  fut  prife  en 
celie  airemblee  auec  les  autres.  Elle  eut  de  durs  allants  en  la  prifon,&  par  les  luges ,  Se 
par  lesSorbonilles,mais  elle  demeura  victoricufe.C'eftoit  fa  refponfe  ordinai>e,Qu 'eL  Rcfponfe 
kauoit  appris  la foy  qu'elle  confelfoic  de  la  parolle  de  Dicu:&  pourtat  vouloitviure  & 
mourir  en  icellc-Quand  le  douleur  chanoine  de  Paris  Maillard  vin  t  à  elle,il  fut  repoulTé  cefteDa- 
par  melme  reproche  queGrauclle  luy  auoic  faïc  de  fa  bougrerie:&:  die  qu'elle  ne  rcfpon  mo^Uç'. 
droit  rven  à  vn  cel  vilain.  Venant  deuanc  les  Iuges,elle  foufpiroic  quelquefois  :  mais  ce- 
pendanc  elle  rçlpondoit  touliours  d'vn  franc  cou  1  âge  &:  allaigrcmenc. Mefmes  vn  iour 
eftanc  deuanc  le  lieutenant  Mofnier,luy  fut  demandé  fi  elle  ne  croyoit  pas  que  le  corps 
de Iefus  Chrift  fuft  au  facrement  de  l'autel,qiùls  appelent-elle  refpôdit,  Et,  Monfieur, 
qui  croiroit  que  cela  fuft  le  corps  de  celuy  auquel  toute  puiffance  a  ellé  donnée ,  &:  qui 
eft  elleuc  par  dellus  tous  les  cieux:quand  les  fouris  le  mangent,  &:  les  guenons  &:  finges  ™ 
s'en  iouent,&  le  mettent  en  pièces  ?  Là  dciïus  elle  fie  vn  conte  de  ce  qui  eftoit  aduenu 
en  fon  pays, fur'  ce  mei  me  fàit,d'vne  fi  bonne  grace,&  d'vne  façon  fi  ioyeufe,qu'elle  mô- 
ftroit  bien  ,encores  qu'elle  euft  la  larme  à  l'ceil,q  toutefois  elle  n'eftoit  point  abatue  de. 
crainte.QuâdlcLieutenât  la  voulut  renuoyer,elle  luy  fit  celle  requefte:Monlieur, vous 
m'auezolté  ma  fœur,St"  aucz  corn  mandé  que  ie  fulfc  enfermée  feule  :  ie  voy  bien  que 
ma  mort  approche^  pourcant  fi  i'ay  eu  iamais  befoin  de  con(olation,c'cft  à  prefent.ie 
vous  prie  m'octroyer  que  faye  vne  Bible  ou  vn  nouueauTcftamenc,  pour  me  coforter. 
Au  refte,clle  eftoit  grandement  chargée  de  fesvoifins,  quidepofoyent  bien  qu'elle  e„  Accufaflor; 
ftoit  de  bonne  conuerfacion.ôi  fortcharitableimaisquefanscefleily  auoic  en  fa  mai-  defcsvoiiîi 
fon  gens  chancans  les  Pfeaumes.  Et  que  pat  deux  ou  trois  fois  on  auoic  veu  forcir  nom- 
bre infini  de  personnes  de  là  dedans.  Que  fon  mari  mouranc  nauoic  iamais  appelé  les 
preftreS-.qu'ils  ne  fauoyenc  où  il  eftoic  eiicerré:&:  que  iamais  ils  n'auoyent  eu  nouuelles 
du  Bapccfme  delcur  enfanc.car  il  auoic  efté  bapeifé  en  l'Eglife  du  Seigneur.    Deux  de  iugcmét  de 
fes  voifins  demourans  à  S.Germain  des  prez,ayans  cefmoigné  concre  elle  incontinent  ^ff11^ 
après  ils'efleua  quelque  débat  entr' eux»ô£  l'vn  tua  fon  compagnon  de  fon  coufteau.    u    •  * 


Line  VI.  N^ÇtmetfT XjtmeUe&  T. de  LmsJ 

La  more  de  cefte  vertu  eufe  Damoifelle  futbié  haftee  parla  pourfuicte  de  ceux  qui 
auoyent  délia  obtenufaconfifcjtion.Mais  ce  qui  auança  plus  fes  iours  fucl'auarice  du 
GirdedcsLcauH  8?rtrandi  cardinal  dj  Siii  -  ,&  Ion  gëdrc  le  Marquis  de  Tran,qui  e- 
ftoitaîramé  de  confiscations. 
d^Damoi-      Or  v^>icy  les  pièces  de  Tes  refponfes  prinfesdugrefTe.Incerroguéparle  Licutenanr 
fcuedu     parciculierhellenevouloicpascioircàla  Méfie.  R.  Qu'elle  vouloit feulement  croire 
Cxaucron  ce  qUi  eft  au  vieil  &  nouueauTeftamér.  D.  SiellenecroitpascncequieftcnlaMeflc, 
5t  mefmementau  lacrementde  l'hoftie.  r>.  Qu'elle  croie  aux  Sacremensinftituezdc 
Dieurmais  qu'elle  n'auoit  trouué  que  la  Méfie  tuft  infticuee  de  luy. 

D.  Si  el/e  vouloit  receuoirle  facrement  île  Thoftie.  Ri.  Quelle  ne  vouloit  rien 
fairequeecque  IciusChrift  auoit  commandé.  D.  Depuis  quel  temps  elle  s'eftoit  con 
fe/Tee  au  preifcre.  Ri.  Qu'elle  ne  fauoic  que  tous  les  iours  elle  feconfefibità  Dieu, 
comme  il  auoit  commandé.  Et  ne  croyoït  qu'autre  confcffionfuft  requife&  inftitucc 
par  Icfus  Chrift:pourcc  que  luy  feul  auoic  puiffanec  de  pardonner  les  péchez. 
D.  Qu'elle  lcntoit  des  prières  adreiîces  à  la  vierge  Marie  &:  aux  Sain&s.  Ri.  Quelle  ne 
lauoit  autre  orailon  à  faire  que  celle  que  Dieu  luy  auoit  enfeignec,  s  adreiTant  à  luy  par 
fon  Fils  IefusChrift,&  non  aune.  Bien  lauoit  elle  que  les  Sainds  de  Paradis  font  bien- 
heureux mais  ne  leur  vouloit  adreficr  les  prières.  D.  Ce  qu'elle  croyoit  des  Images. 
Bt.  Qu'elle  ne  leui  vouloir  porter  aucunemét  reuerence.  D.  De  qui  elle  auoit  apprins 
cefte  doctrine,  b».  Qu'elle  auoit  eftudié  au  nouueauTcftament.  D.  Siellefaiîbitdi- 
ftinîlion  des  viandes  es  iours  de  Védredy  &  Samedy.  r>.  Qu'elle  ne  voudroit  manger 
delà  chaii  en  ces  iours  fi  elle  penlbitbleffer  la  coniciéce  defon  prochain  infirme:  mais 
qu  elle  faic  bien  que  la  parolkdeDicu  commande  ne  faire  diftinction  des  viandes  en 
quelque  lour  que  ce  foit:  hL  qu'on  pouuoit  vfer  de  toutes,en  les  prenant  auec  a&ion  de 
grâces.  Là  deifusonkiy  obie&equelegliic  auoit  fait  defenfe  de  manger  de  la  chair  à 
certains  iours:&:  que  ce  qui  n'eftoit  de  foy  péché, eftoi  t  fait  péché  àraifon  de  la  prohibi 
tion.  Ht.  Quclic  necroyoit  en  cela  \  autres  commandemens&:defenfes,qu  a  celles 
que  lefus  Chrift  auoit  faites. Et  quant  à  la  puiiTancc  que  lePapc  s'attribue  de  faire  ordo 
naecs, elle  n'en  auoitrié  trouué  au  nouueauTcftamét. Derechef onluy  repliquc,Que 
les  puiffances rant  cccleu'aftiques  que  feculieres ont  efté dclaificespar  Dieu  pourgou- 
uernerion  peuple.  Ri.  Qu'elle  leconfeiïoit  des  pui/Tances  appelées  feculieres  :  mais  en 
rEglit'e,r  Jlc  n'auoit  point  leu  qu'autre  euftauthorité  de  commander  que  Icfus  Chrift. 
D.  Qu  i  eitoit  cckiy  ou  celle-la  qui  l'auoit  ainfi  inftruite.  Ri.  Qu'elle  n'auoit  autre  inftru- 
Touchant  &et  .  que  le  texte  du  nouueau  Teftament.  Vneautrefois  elle  fut  interroguee delà 
Union  ae  mort  de  ion  feu  mari, (i  elle  ne  l'auoit  pas  enterré  en  (on  iardin.  çt.  Quenonrmaisa- 
bamui.  Uoit  eité  emporté  à  1  hoftel-dieu,pour  eftre  inhumé  auec  lespourcs(cômc  elle  en  pour- 
roir  monflrer  l'a  tteftation)fans  toutefois  autres  cérémonies  fuperftitieufes. 

D.  S'ileft  iequiSjpourlafaluation  de  celuy  qui  foitdcccdé,de  faire  prières?  &t-  Qu'el- 
le croyoïtccluy  qui  feroitdccedé  au  Seigneur,  eftre  purgé  par  fon  fang,&  ne  luy  falloir 
autre  purgarion.Et  que  pourtant  n'eftoit  befoin  de  faire  prières  pour  les  trefpaiTez:ÔC 
qu'amfi  elle  l  auoit  leu  au  nouueau  Teftament.  D.  Si  aux  aflemblccs  où  elle  fe  trou- 
uoit,  après  la  prédication  faite,on  auoit  accouftuméd'efteindre  les  chandelles.  Ri  Que 
non:&  ne  s'eftoit  ïamaistrouuee  en  lieu  où  tel  cas  fe  fift. 

^  Voi  l  a  vne  partie  de  (es  refponfes,  recueillies  de  fon  procés.Nous  n'y  auons  rien 
voulu adiouftenaufli  font-elles  fufrilantes  pour  monftrcr  la  foy  qu'ils  auoyét  tous  trois. 

S' E  N  S  V I T  Tiffuc  heureufe  des  trois  fufdits.à  fauoir  jN.CUncr.T.GraudlcSir  de  laDaraoifelle  du 

Graueroo. 

S|^E  x  x  v  n.iourdeSeprembroparareltdesCommiiTairesdeIeguez,aurapportdes 
g^^procez  informez  par  le  Lieutenant  ciuil,ces  fain&s  Martyrs  furent  condamnez: 
après auoirreceu  la  queftion,menczàlacHappclle,attcndansrheure  bié-heureufe  de 
leur  mort. Là  les  Docteurs, félon  leur  couftume,arriuerent  pour  les  tourmenter ,  mais 
ils  furent  repouflez  vaillammcntrde  lorte  que  n'eftansaucunement  deftournez  de  leur 
côftance,iurcnt  tirez  de  la  priion,&  mis  chacun  en  fon  tôbcreau  pour  eftre  trainez  au 
iupphcc.  Cline  t  crioittoufioursàceuxquileprefibyentdcchangerpropos, Qu'il 
n'auoit  ditncmaintenu  quela  vérité  de  Dieu. Et  àvn  Docteurqui  luydcmandoit  s'il 
ne  vouloit  point  croire  fainct  Auguftin,couchant  quelque  propos,vefpondit  qu'ouy,& 

qu'il 


N  kolas  kCenc^y&TierreCjabart.  484. 

qu'il  ne  difoit  rien  qu'il  ne  peuft  prouuer  par  fon  authorité.       La  D  a  moi  se  l  l  e 
voyant  vn  preftrc  approcher  d'elle  pour  la  vouloir  confcirer,dit:Qu'elle  fe  confeflerdic  GI,nc£» 
à  Dien,&  s'afleuroit  receuoir  de  luy  pardon  ne  croyoit  autre  la  poutioir  abfoudre,que 
.luy  feul:&  qu'elle  n'auoit  appris  autre  choie  en  la  parollc  de  Dieu.    Elle  fut  follicitee  La  Damoi. 
par  aucuns  Confcillers  de  la  Cour  de  prendre  vne  croix  de  bois  en  Tes  mains ,  félon  la  *c,lc: 
couftnme  des  autres,qu  on  mené  au  fupplice.    Et  alleguoyent  lcfditsConfeillers,que 
Dieu  commandoit  à  chacun  de  porter  la  croix. Sa  refponfefut:  Meilleurs,  vous  me  fai- 
te»; bien  porter  macioix,m'ayans  iniuftcmenr  condamnée  ,  &c  m'enuoyans  à  la  mort 
pour  la  querelle  de  noftre  Seign.lefus  Chnfb  lequel  n'entendit  ohques  parler  de  celte 
crois  que  vous  dites.GR  huie  auoit  vue  race  riante  &rd'vne  bonne  couleur,  decla 
rant  qu'il  ri eftoit  ancunement  fafché  de  la  condamnation.  Quelqu'vn  de  les  amis  luy 
demanda  à  quelle  mort  il  eftoit  condamne  .    le  fay  bien,dir-il ,  que  ieiuis  condamné  à 
mo!  tmais  ic  n'ay  point  pris  garde  à  la  façon  de  la  mort,fachat  bien  que  Dieu  m'aiTifte-  Grauelle: 
ratoulioursen  quelque  tourment  que  ie  love  mis.  Auibrtirde  lachappelleil  dit  telles 
parollcstSeigneurmon  Dieu, qu'il  te  plaile  maflifter.  Et  quant  on  l'eut  aduerti  que  la  GrauclIc 
Cour  entendoit qu'ils euifent la  lâguecouppecs'ilsnefe  vouloyent  conuertir:il  ditq  affairé  en 
cela  n'eiloit  porté  parfonareft,&:  en  faifoit  difficulté.  Mais  après  àtioirfceu  qu'il  eftoit  f™1*5^5 
contenu  au  ntentumde  la  Cour,il  bailla  la  lienne  franchement  au  bourreau  pour  eftre  mort. 
couppee.Et  incontinent  dit  ces  mots  intelligiblement:  le  vous  prie ,  priez  Dieu  pour 
moy.La  Damoifclle  eftant  requife de  bailler  fa  langue,le  fît  alaigrement,difant  ces  pà 
rollcs,Puisqucie  ne  plains  mon  corps,plaindroy'-ie  ma  Jangue?Non,non.Tous  trois  c- 
ftansainfiaccouftrcz  partirent  du  Palais.    La  confiance  de  Grauelle  eftoit  merueil- 
leufe,&  les  foufpiis  qu'il  îettoit  fans  celle,  la  veué  tournée  deuers  le  ciel ,  monftroyent 
bien  l'ardeur  de  fon  affection  en  priant  Dieu.    Clinet  auoit  aufîi  toufiours  la  veué  en 
hauttmais  lébloit  plus  trifte  que  les  autres ,  pourec  qu'il  eftoit  défia  abatu  de  vieillefTe, 
&:  de  fa  nature  eftoit  blefmc&  tout  dcfrait. La  Damoiielle  (émbloit  ehcoreslesfurmô 
ter  en  conftance.carellen'eftoit  aucunement  changée  de  vifage  :  mais  aflUe  de/Tus  le 
tombereau  monftroit  vne face  vermeille,voire d'vne  excellente beauté.Elle àuoit au- 
parauant  plouré  fon  mari,&:  porté  le  dueil,habillec  de  linges  blancs  àla  façon  du  pays: 
mais  alors  elle  auoit  pofé  tous  ces  habillemens  de  vefuage,&:  repnns  le  chaperon  de  vc 
lours,&:  autres  accouftremens  de  ioye  ,  comme  pour  receuoir  ceft  heureux  triomphe, 
&  clb  e  lointeà  fon  efpoux  Iefus  Chtift.  Eltans  armiez  à  la  place  Mauberc ,  lieu  de  leur 
mort  auccccftc  conftancciils  furent  «s  êebruflez.  Clinet  &  Grauelle  vifs,laDamoifel 
le  eftrangîéejapres  auoir  cfte  namboyée  &c  aux  pieds  &  au  vifage. 

CE  triomphe  fut  admirable  <cat  Satanfembloit*  àfonefcien^auoitvouluaiTaillir 
tout :i.nvn coup:  à fauoir en  Grauelle,  riiu  onftancecouftumiere  de  ieunefTe  trop  dé- 
fi rcui'c  des  plaiiîrs  de  ce  vnonde-cr.cn  Clinet,la  débilité  de  viciileilc:& en  la  Damoifel-  Lctrîott!- 
le  l'infirmité  de  femme  délicate,  mais  Dieu  monftra  quelle  eft  la  force  de  fa  puiflance,  phede  Sa- 
&  àraifeurer  laieuneiTc,&:  luy  faire  oublier  cefteterre-cy:&  à  réforcer  lavieillelTe  pour  £°"cnc"cr~ 
la  faire  combatte  contre  tous  tourmens  :  &  à  changer  l'imbécillité  delà  femme  en  acte**' 
vn  courage  plus  qu'heroique,  pour  vaincre,  voire  quand  il  luy  plaift  befongner  en  fes 
efleus. 


NICOLAS    LE    CEN  E  Je  Normandie:  & 
PIERRE    GABAR  T,Potteuin. 

,    yn  mcfmc  lift  d'honneur  ces  deux  enfcmble  ont  reccu  la  couronne  de  marcyre,nous  les  auons  pareillement  icy  c8 
Sis  comme  ca  va  incline  tFitarhc  de  tombeau. 

§^Σ^EVX  de  Paris  non  faoulez  du  fang  de  ces  trois  premiers,  pourfuyuansleur 
î îffè 8PScruauté,tirerent  deux  autres  fidèles  à  la  mort,cinq  ou  fix  iours  après  le  t.  d'O  „De  fô ^ 
w  ra^^lfoobrc.L'vn  eftoit  "Nicolas  le  Cene  médecin,  natif  de  fainéfc  Pierre  furDyue,  re  Philippe 
près  Lizieux  en  Normandie.  Il  ne  faifok  que  d  arnuer  à  Paris,quand  le  iour  Jjg^J 
mefme  mi  1  aduertit  de  l'afTemblée  qui  fe  faifoit  en  la  rue  S.Iaques.Et  comme  il  ne  deh-  à  Dliô:vo- 
roitautrcchofequed'ouyrlaparoIledeDieu,s'yen vint encorestout botté.  Làeftant  y«  «y  dc; 
appréhendé  aucc  lesautres,fouftint  iufques  à  la  mort  la  venté  de  l'Euangile.  Nous  n'a-  uant; 


Liurtu  VI .  Time  (jabart. 

uons  rien  peu  retirer  tic  fes  refponfcs >  (mon  des  tefmoignages  infinis  de  Ton  fçauoir  Se 

confiance. 

L'a  v  t  b.  e  ,  Pierre  Gabarr,cftoit  aagé  au  dedus  de  trente  ans,  natif  de  faincl  Gcor., 
pe lez  Moncaçu  en  Poiftou.Il eftoit  foheiteur  de procez.    Sa  confiance  fur  d'vn grand 
Exhorwiô  frui&aux  autres  prifonniers.    Careftant  mis  en  vnegrande  bande  d'Efcolicrs  au  petit 
aux  Elle.    Chaftelet,&  voyant  que  pour  pafler  temps  ils  s  amuioyent  à  parler  de  laPhilofophie: 
-as"        Non,non,dit-û\U  faut  que  coûtes  ces  choies  lovent  oubl;ces:regardons  comment  nous 
pourrôs  loutlenit  la  venté  celefte  de  noltre  Dieu:nous  fouîmes  îcy  à  la  defenfe  du  roy- 
aume de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift. Là  deffus  il  commença  à  les  rnfeigner  comment 
ils  auoyent  à  refpondre  fut  vn  chacun  poindt,fi  bicn,que(au  rapport  de  ceux  de  la  com- 
pagnie^! fembloit  que  jamais  il  n'euft  fait  autre  chofe  que  pratiquer  linftru&ion  de 
Theologie,encurcs  qu'il  ne  fuit  de  lettre. Eftant  mis  depuis  à  part  au  cachot  le  plus  fa( 
cheux,nomméFindai(e,plein  d'ordures  &:  de  belles  ,  ne  celïbit  pourranr  de  chanrer 
Pfeaumes:&:  ci  ioit  a  pleine  voix  coniblations  delà  parolle  de  Dieu, pour  cftre  entendu 
desautres. Ilauoirvn  Nepucuieune  enfant,prifonniercn  vn  autre  cachot  prochain:&: 
truuue  manière  de  fauoirce  qu'il  auoir  die  aux  luges.  L'Enfant  luy  rcfpôd  qu'on  l'auoit 
contraint  de  faire  quelque  reuerence  à  vn  crucifix  peincl.Luy  indigne, Mauuais  garço, 
ne  c  ay-ic  pas  apprins  les  commande  mens  de  Dieu?Ne  fais- tu  pas  qu'il  eft  dit,  Tu  ne  te 
feras  image  caillcc,&c.Et  commença  dexpofer  ce  commandement  fi  haut  qu'il  eftoit 
entendu  de  bien  loin. 

Av  reftevoicy  fes  refponfcs  de  mot  à  mot,recucilhs  de  fon  procez.  Interroguc,  fi 
en  la  maiion  où  il  fut  prins,futfaitela  Cenc.  y..  Qu/'ouy:&:  pouuoiteftrelorsenuiron 
les  neuf  ou  dix  heures  du  loir.  D.  Pourfaire  ladite  Cene  ce  qu'il  fut  fait.  i^.Qii'vnper 
fonnage  commença  à  fane  les  prieres,ksautrtseftansàgenoux  ,  &:  ce  à  haute  voix,  fi 
de  ce  bien  qu'vn  chacun  desalfiftans  les  pouvoir  entendre.  Puis  après  preicha  de  l'onzième 
qiîiiefiten  de  la  première  aux  Corinthiens,declarant  l'inftitution  de  la  Ce  ne  faite  par  noftre  Sei- 
l'adminidra  gncur  je(lls  Chrift  auec  fes  A  poftres.Et  après  lefdites  prieres,&  expoiition  faite  de  ladi- 
Cc"c.C  ^  te  Cene,  bailla  aux  ailiftans  du  pain  &  du  vin, leur  diiant ,  Qu'il  vous  fouuicnne  que  le, 
fus  Clu -ii\  a  baillé  fon  corps,&  rcipandu  ion  iang  pour  vous. Puis  rendirent  tous  grâces 
à  Dieu  d'vn  tel  bénéfice.  D.  Qj.ici  nombre  de  perfonnes  il  pouuoit  auoiren  la  (aile 
lors  qu'ils  firent  la  Cene.  j^.  Qu.il  n  y  prmr  pas  garde.  D.  Si  lesGent.ls  hommes,Da- 
moifellcs,  àc  autres  qui  furent  p  tins,  firent  la  Cene  auec  luy.  çt.  Qu'il  v  auoit  des  Gétils- 
hommes,Damoi(clles,&  autres  qui  firent  la  Cene  comme  luy.  D.  S'il  pourroit  reco- 
«'  noiflre  ceux  qui  eftoyent  à  ladite  Cene,s'il  les  voyoit.  çî.  Que  non.  D.  Quicftoitlc 
Predicant?  fy-  Qu'il  ne  l'auoit  point  cognu  :car  auflî  il  ne  faifoit  que  pafler  pj  r  la  ville. 
D.  S'il  auoit  iamais  cfté  en  ladite  maifon  ouyr  ce  Prédit  an  t, ou  autre,  a».  Que  non. 
D.  S'il  auoit  cfté  autrefois  à  faincl  Germain  des  Prcz,ou  deuant  le  collège  de  Nauarre, 
ouyr  des  prédications.  Qu'il  auoit  eftéen  d'aucunes  maiions  pour  ouyr  les  predica- 
tions,mais  ne  l'auoit  les  lieux:  &:  que  les  prédications  fe  faifoyétdu  nouueau  Tcftaméc. 
I).  S'il  auoit  elle  confeiTé  le  îour  de  Pafques,&:  receu  fon  créateur,  hj..  Que  non. 
1).  Pourquoyî  Rt.  Qu'd  n'auoit  fceu  par  les  Efcritures  qu  il  foit  requis  fe  confeflér  àl'au- 
reilled'vn  Preftreunais  bien  chacun  iour  à  Dieu,  qui  feul  peut  pardonner  les  péchez. 
Quant  â  ion  createur,il  ne  l'auoit  receu  il  y  auoit  deux  ans  à  la  forme  des  Papilles.  &:  re~ 
cognoiiîbit  Dieu  feul  qui  eft  e  s  cieux,pour  fon  Créateur.  D.  S'il  croyoir  pas  fermement 
que  le  corps  de  Iefus  Chrift  eft  en  l'hoftie  après  la  confecration.  çt.  Qu'il  croyoit  que 
noftre  Seigneur  eft  nay  au  ventre  de  la  vierge  Marie  fans  corruption  :  qu'il  a  fouffert 
mort&  paifion  pour  les  pécheurs  :  trois  jours  après  rcilufcita  :  quarante  lours  aptes 
monta  es  deux  >  ayant  comierfc  auec  fes  diiciples  :  &  conuient  que  le  ciel  le  reçoiue 
iulqu  a  la  rcttauration  de  toutes  choies,  comme  il  eft  eferir  au  troifieme  chapitre  des 
Aaes.3.n  A&cs.Et ne recognoiflbit autre hoftie viuifiante,que Iefus  Chrift  :  lequel s'eftvne fois 
offert  en  facrifice  en  l'arbre  de  la  croix.  Qifil  ne  pouuoitcroiiequelecorpsdc  Iefus 
Chrift  fuften  l'hoftic,  après  la  confecration  duprtftre,  pource  que  celaeft  contraire 
aux  articles  de  la  fov,qu'iI  a  recitez.  Et  s'il  croyoit  que  Iefus  Chrift  fuft  iacrific  chacun 
iour,il  fandroit  qu'il  mouruft  beaucoup  de  fois.  D.  S'il  auoit  cfté  à  Geneue.  i^.  Qu'ouy. 
D.  auel  temps  il  y  auoit.  «t.  Deux  ans:&:  y  auoit  demeuré  enuiron  quinze  iours  ou  trois 
fep maines.  D.  Si  auparauant  il  alloit  pas  à  la  Meiîc. çt.  Qu'ouy:mais  il  y  alloit  contre  fa 
propre  confciencc,fachantquelaMeflc  eft  pleine  d'abus  Sdblafphemcs. 
r   r  D.S'il 


Tierrc^  Cjabart,&  J^Jcolas  le  Cene^j.  4.  S  y 

D.  S'il  croit  pas  qu'il  faut  prier  Ja  vierge  Marie  &:  les  Sa i nets  de  Paradis  pour  intercéder  &: 
prier  noftre  Seigneur  pour  nous.  Rt.  Que  non, pourautât  que  nous  auons  vn  Moycnneur 
àc  Aduocat,qui  efl  Iei'us  Chnit,qui  nous  a  cite  ordonné  Se  enuoyé  par  le  Pere. 

Vk  e  autrefois  ledit  Gabart  fut  amené'  deuant  les  luges  pour  eftrecôfronte  àfon  nep- 
ueu.Là  interpelle  de  iurerDicu.ôc  la  paifion  figurée  illccen  Vn  tableau,de  dire  vérité, dit: 
Qu'il  iuroic  Dieu  de  dire  vente,  &:  non  point  la  paffion  illec  figurée .  Apres  plulicurs  pro- 
pos qu'il  eut  aucc  ton  Nepucu,  enquis  s'ii  auoit  prins  du  pain  &:  du  vin  comme  les  autres. 
Ri. Qu'il  eftoit  ainiijielon  que  dcfiail  en  auoit  depofé.D.S 'ilauoit  efte  à  cor; feife,&  depuis 
quel  temps,&  s'il  n'y  faut  pas  aller  .»>  .Qu'il  lui  furHfoitdeconfefferfcs  péchez  à  Dieu  feul, 
D.  Si  Pieu  n'auoitpaslaifle  monficur  îaincï  Pierre &fcsfucceffeurs ,  &  leur  auoit  donné 
puiiVancc  de  lier  de! Iier:&  que  le  s  Preftres  qui  font  fuccofTcurs  6c  miniftres  baillent  l'a b 
lblution,&  qu'il  lé  faut  coniclfer  à eux.Rt.Quc les  Miniftres deuoycnt  propofer  la parolle 
de  Dieu  .  Et  que  c  eltoit  Dieu  icul  qui  pardon n oit  les  péchez,  D.  S'il  a  pas  receu  les  Sa- 
cremens  de  l'eglife.  Rr.  Qu'il  auoit  receu  le  Sacrement  du  Baptelme.  D.  S'il  auoit  re- 
ceu le  lacrement  de  1 'autcl,&:  s'il  y  croyoit  pas,&  q  la  chair  &  le  iàngde  IefusChrift  v  font, 
félon  que  le  croit  l'eglife.  ^.  Qu'il  n'en  trouuoit  rien  par  eferit.  D.  S'il  auoit  tant  leu 
l'Efcriture,  &  i'auoit  tant  de  Latin  pour  ibullenir  ce  qu'il  fouftenoit.  r>  .  Qu'il  fauoit 
quelque  peu  de  Latin:  &c  ce  qu'il  en  fauoit,  il  l'auoitouydegensfàuans.  D.  Qu'il  fîften 
Latin  ces  mots, le  n'en  trouue  rien  en  l'Efcriture.  &t.  Qu'ilncfauroit.-maisquilyauoic 
ia  long  temps  que  la  Bible  citoit  tournée  en  vulgaire:&  n'y  auoit  trouué  que  Dieu  eufteô 
mande  de  du  c  Mclîc  (àcriner  Iefus  Chrift.  Cependant  ne  nioit,  pas  les  Sacremcns  or- 
donnez de  Dieu:mais  les  prenoit  en  IefusChrift.  £>.  S'il  ne  conreflbit  pas  qu'il  y  a  des 
os  &c  de  la  chair  au  iàinct  iacrement  de  l'autel.  Rt.  Que  non ,  &c  n'en  trouuoit  rien  par 
clcnt." 

D,  Pourquoy  donc  cft-U  dit ,  Hoc  tft  corput  meum:  r>  .  Que noftre  Seigneur  reprefen- 
tant  pai  le  pain  fon  corps,&:  le  donnant  véritablement  à  ceux  quilereçouiet  par  foy,pour 
les  nourrir  en  immortalité  de  fafubftanccparla  vertu  de  Ion  Elprit,dônoitlenom  de  fon 
corps  au  ligne  de  fô  corps,  fclô  la  manière  de  parler  ordinaire  en  to9  les  Sacremés.  D.Puis 
qu'il  ne  fauoit  rien  de  Latin. pourquoy  il  fouftenoit  cela.  ft£  Qu'il  n'eftoit  pas  bon  Latin, 
toutefois  qu'il  fouftiendroit  ce  qu'il  difoit  par  lafain&cEfcriture. 

Ces  deux  perfonnages  maintenansde  telle conftance la  vrayedo&rine(combie  qu'il 
fou:  mal-anc  île  iauoir  le  tout  delà  main  des  greniers,  comme  il  aefté  dit,&:  que  leurs  prin 
cipales  refpon  fes  faites  en  la  Cour  ne  foyent  icy  mifes)furent  condamnez  à  la  mort  par  les 
Commiflaires  déléguez  en  la  Cour. 

Ni  colas  leCeneen  la  queftiôfuc  interrogue  qu'il  fentoit  de  la  vierge  Marie  &c  des 
Sain&s .  il  rclpondi t  qu'ils  eftoyent  bien-heureux ,  &  bien  marris  qu'on  leur  attribuoit  ce 
qui  appartient  à  Dieu,d'eftre  feul  inuoqué  par  Iefus  Chrift.  Enquis  du  facrement  de  l'au- 
tel-.refpôdir, Qu'en  la  Ccnedcucmét  adminjftree  ,  il  receu  oit  le  corps  de  noftre  Seigneur 
Ici  us  Chrift  ipiritucllemcnt .  De  la  torcure  furet  menez  à  la  chappelle:  &  là  fc  prefenterct 
dei  preftres  pour  les  conreiier ,  lcfqucls  ils  repouiferent,  difans ,  qu'ils  fèconfelfcroycnt  à 
Dieu  feul,  &  que  cela  lmappartenoit  :  &:  s'aifeuroyent  bien  qu'il  leur  feroit  pardon  &c  mi- 
fericorde.  Et  de  fait,ils  furent  là  vn  longtemps  en  prières,  chantansPfeaumes,&  louans 
Dieu.  Apres  difncr  vnHuil'iicr  delà  Cour  demanda  à  voClercdu  greffe  criminel  quic- 
ftoit  là  prelcnc, s'ils  ne  croyoyent  pas-en  Dieu, &:  en  la  paffion  de  fon  Fils  IefusChrift.L'au- 
trelui  fitrcfponfc,  qu'ils  croyoyent  en  tout  ce  qui  efteomprins  au  vieil  &:  nouueauTc- 
ftament  :  mais  ne  vouloycntcroireauxcommandemcns  de  l'eglife.  Ce  qu'entendant  le 
Cene,  seferia,  Cen'eft  point  l'F.glUè de  Dieu ,  ains l'eglife  Papale  Ba.bylonique.    A l\in- 
ftantarriuerent  plulieurs  docteurs  pour  les  tourmenter:  entre  autres  deux  Cordeliers, 
l'vn  defquels  prefenta  vne  croix  de  bois  audit  le  Cene  :  mais  il  la  reietta.    Le  Cordeher 
print  là  occilion  de  lui  parler  des  Images:mais  le  Cenerefpondit  qu'elles  eftoyent  defen 
dues  de  Dieu.    Le  Cordelicr  pour  lui  en  faire  eniue,baifotoit  cefte  ctoix,  difant,  qles  I- 
mages  eftoyent  inftituecs  de  Dieu  pout  mémoire.    Le  Cene  refpondit,  Pourquov  donc 
prelchcz-vousôcadmonneftez-vous  le  peuple  de  lesbaifer  &:  honnorer?N'eft-ce  point 
aller  contre  le  lecond  commandement  de  Dieu  en  cequ'ildit,Tunet'enclineras  pointa 
icellcs-'  le  fu îs  ton  Dicu,Dieu  ialoux,  &c.    Eft-ce  ainû  que  vous  auttes  gardez  les poures 
brebis  daller  a  Dieu? 

NN. 


Lime  VI-  François  T^ebez^tcs Fridcric  Dannille. 

Gabart  aOailliparles  Doctcurs,dil'oit  toufiours  qu'il  vouloit  viurccV  mourir  fur  ce 
qu'il  auoit  dit  n.amtenu.Quâd  l'heurcde  l'cxecutiô  Fut  venuc,on  les  aducrtit  q  la  Cour 
entédok/ris  le  vouloycncdeldiix%qu'ilsi'croycnteltranglcz:finon, brûliez  vifs,^auroycc 
les  langues  coupées.  Eux  délibérez  de  ioultnr  roustourmens  pournoftre  Seigneur  lcfus 
Chnft.prefcnterent  volontairement  leurs  langues  au  bourreau. Gabart  commença  age- 
mir,dcquoy  il  n'auoit  plus  le  pouuoir  de  louer  Dieu  de  ta  langue:le-Ccne  de  la  tefte  le  cô- 
foloit .  En  cefteltat  depuis  la  Conciergerie  furent  tramez  dedâs  des  tombereaux  iufques 
Cruauté  de  aux  fuix-hourgs  fainâ:Germain,en  la  placedu  pilori. Le  pcuplefuricuxlespourfuyuoita 
P°FuliCC-  ucc  toute*  forces  d'iniurcs  &:  blalphemes  :  &  voulut.on  faire  l'exécution  maugre  le  bour- 
reau:tcllementque  ce  fut  vne  mort  la  plus  cruelle  du  monde. car  ils  furent  longuemët  te- 
nus en  l'air  à  petit  feu,  &:  auoytt  les  parties  bafTes  toures  bruflces,  quele  haut  n  'eftoit  poît 
encores  offen  le. Toutefois  pour  le  tourment  ils  ne  laifleret  point,  la  veuë tournée  vers  le 
ciel,de  monftrer  tcïmoign.iges  infinis  de  leurfov&conftâce.En  mefme  teuplulicurs  Bi- 
bles,nouucaux  Tcft  amens,&:  autres  liures  fainds  furent  ars. 
a  Vcvns  des  amis  des  autres  prifonniers,craignans  la  cruauté  de  ces  luges,  prefente- 
Rccufati5s  ^rent  cauies de recufatiôs  contr'eux,dcmâdans autres  Cômiflaires.Cela  retarda  qucl- 
a  luges"  que  peu  les  procédures:  toutefois  le  Roy  en  eltâtaduernpar  fon  folicireur  en  celle  caulc, 
par  lettres  patentes  données  à  S.Germain  en  Laye,  du  7-iour  d'Octobre ,  cômanda  leidi- 
tes  reeufations  eftre  miles  à  néant ,  &c  qu'on  paiTalt  outre  à  la  procédure  des  procc's ,  tous 
autres  procès  &  affaires  ceUanres&r  poftpo(ccs,(ur  peine  de  nullité' de  iugemens.  Que  les 
Prclidens  euflent  la  charge  de  choilir  tels  Confcillers  que  bon  leur  fembleroit ,  pour  fup* 
pleer  au  défaut  des  autres  qui  feroyent  ablens.  Et  puis  qu'il  y  auoit  certain  empeichemét 
qui  mettoithorsdecognoilfancedccaulcleLieutenât,&:luiofl:oitrinftrudiondespro- 
cés,qu'ils  choifiirent  de  la  Cour  ou  du  Chaftelet  mftru£teurs  tels  qu'ils  voudroycnt.Quc 
fon  foliciteur  fuft  receu  Suftitut  du  procureur  du  Roy  pour  faire  la  pourfuitte.Que  les  do 
gmatilàns  pertinax  facramcncairesfuflcnt  iugez  :  toutefois  qu'on  ne  partait  point  à  l'éxe- 
cution d'iceux  auant  que  l'en  aduertir.  Ces  lettres  allumèrent  encores  le  feu  de  plus  fort: 
auec  ce  que  les  luges  eftoyent  bien  indignez  d'auoir  efté  reprochez.  Toutefois  vnicunc 
homme  Alemand,  Albert  Hartung,natifdu  pays  de  Brandebourg,&:  filleul  de  feu  Albert 
marquis  de  Brandebourg ,  qui  auoit  eftéprins  encefteaiTemblee,futdeliuré  par  le  com- 
mandement du  Roy, qui  en  auoit  efté  importuné  par  prières  des  Alemans. 

F  R  A  N  C  O IS  REBEzlE  S,d\^ftafort  tn  Ccnàonnou:& 
FRIDERIC  DANVILLE,Mr»f»Be«w. 

E  N  voici  deux  de  la  mefme  troupe  fidele,infericurs  en  quelques  qualirez  extérieures  aux  précédés:  mais  pareils  en 
foy  &  conftance.Ils  ont  edé  aftaillis  de  diuers  môltres  ennemis,  aufcjuels  ils  ont  vaillâment  refifté.  Satan  mefir.e 
les  a  penle  cribler, fur  tout  Rebeziesmiais  ils  l'ont  tous  deux  repoufle  en  la  vertu  de  l'Efprit  de  Dieu  :  voire  eftâs 
fur  le  bo»s  prefts  à  élire  ars  &:  bruflez. 

V  r  deux  ieuneshômcstôba depuis  la  ragcdesennemisd'vn  eftoit  aagé  dexix. 
KjSjjjjj  à\x.ans,natifd'Aftafort  en  Condôuoisnômé  Fiacois  Rebezies:  l'autre  n'eftâc 
gueres  plus  aagé,  natif  de  la  ville  d'Olerôen  Bearn,  Fridcric  Dâuillertous  deux 
eicolierscftudiâsà  Paris.  Combie  vaillâment  ils  fe  font  portez  en  celte  ieunef- 
felbuftenans  la  querelle  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift,  quelle  confeflion  ils  ont  faite, 
quelles  difputcs  ils  ont  eues  auec  les  docteurs  delà  Sorbonne, leurs  lettres  qui  ont  efte'  re- 
ceuès  de  leurs  mains,en  feront  teirno  gnage  à  tout  le  monde.  Carayans  plusderooyésq 
les  premiers,  ils  les  ont  fait  feruir  pour  me:  trepar  eterit  ce  que  Dieu  leur  donoit  à  cognoi- 
ftredetioir  eftre  au  profit  de  fonEglifedelblee. 

LETTRES  dcFridericDanuilleà  vn  lîen  ami,  parlefquelles  il  expofe  les  aflauts  &  combats  qu'il  a  fouftenus 
contre  les  aduerfaires:&  fpccialement  Moines  3c  Sorboniftes. 

RiRE  &rami,voyantlafindemesioursapprocher,&quelacommoditédevous 
eferite  m'eft  offerte,  ien'ay  voulu  faillir  vous  eferire,  pour  vous  faire  participant 
des  interrogations  qui  m'ont  efté  faites  tant  au  petit  Chaftelet,qu  auPalais,par  les 
ennemis  de  Dieu,&  finguliercment  de  celles  qui  m'ont  efté  faites  parles  Sorboniftes,  co- 
rne vn  nommé  BcneàiàintK  Iacopï,&  vn  Sorbonifte  fon  côpagnon ,  &  cela  première  fois: 
puis  pour  la  féconde  fois  par  le  compagnon  de  Benedictinus ,  ÔC  deux  autres  Sorboniftes. 
Les  premières  furent  auChaftclet,ck  faites  par  vn  homme  duquel  i'auoyc  conceu  autre  o- 
pinion,que  Iefaitt  &c  l'examen  mefme  ne  le  monftra.  Iccluy  eftoit  le  Lieutenât  criminel: 


François  Rel>e%ja,Ç?  Fridericd sAnuittcS-  '  486 

lequel  après  auoir  ouy  que  ne  confc/Toye  rien  de  la  Cene,  à  laquelle  auoye  comm  unique*, 
me  vint  mettre  en  auanc  ce  paflàge  de  Iefus  Chrift ,  Que  quiconque  le  nieroit  deuant  les 
hôroes,il  le  nieroit  deuât  Dieu  l'on  Perc.  Duquel  paflage  il  en  via  aulïi  bic  quefaifoit  Satâ 
quand  il  tenta  Iefus  Chrift.  Afant  donc  amené  ccpallàge,il  m'intenoguaqucicfcntoye 
du  fàcrement  de  l'autel. le  luirefpôdi(ainfi  quelelàinct  Elprit  me  poulfoit)Quefi  ie  ci  oy- 
ove  que  Iefus  Chrift  fiift  entre  les  mains  du  Preftre ,  après  auoir  dit  les  parollcs  làcramcn- 
tâles  (i'vfe  de  leurs  termes  )  que  iecroyroyc  choie  contraire  au  contenu  du  Symbole  des 
Apoftres,Qu'il  eft  aliis  à  la  dextrede  Dieu  ion  Pcre.  Et  au  contraire  dece  qui  efteferit  au 
premier  des  A&es,quand  Iefus  Chrift  monta  au  ciehlequeleftâtfeparé  du  regard  des  A- 
poftres,apparurent  à  iceux  deux  Anges  veftus  de  blanc,  lefqucls  diret  amfi  aux  Apoftres  : 
O hommes  Galileens,qu'eft-ceque  vous  regardez?  &c.  Puis  m'interroguadel  inuocado 
des  Sain&s.    le  di  nerecognoift  rc  autre  inuoeation ,  que  celle  qui  fe  fait  à  Dieu  par  Iefus 
Chrift>ainii  qu'il  eft  eferit  au  deuxiefmc  de  la  r  .làin£t  Iean,  Si  nous  auons  pèche,  nous  a- 
uons  vn  Aduocat,  &c.  Finalement  fu  interrogué  du  Purgaroire .  le  refpondi  que  ne  croy- 
oye  autre  Purgatoire  que  le  lang de  Iefus  Chnft  :  fuyuant  ce  qui  eft  dit  en  la  première  de 
fain&Iean  chapitre  premier,Que  Iefus  Chriftnousnectoyede  tous  pechez.Quand  telles 
interrogations  me  furent  faites,trefchcr  frere,c'eftoit  le  quatrième  de  noftrc  emprifonne- 
ment,  v  1 1 1  .de  Septembre:  depuis  lequel  temps  demeuray  iufques  à  la  fin  dudit  mois  dâs 
vn  cachot, accompagné  de  mes  frères.  CLe  premier  d'Oftobrenous  fufmes  amenez  au 
Palais,auec  cinq  ou  iix  autres,  François  RebeziesCondonnois,&:  moy,ayans  tous  fait  cô- 
feffion  defoy,trouiTez  tout  ainfi  qu'eftoye  le  iou  r  de  la  prife ,  quand  paflay  par  deuant  vo- 
ftre  logis.ÇNous  fufmes  là  interroguez  de  Meilleurs  les  Prelidens,moy  &  François  Rebe 
zics  le  x  1  .d'O&obre:  depuis  lequel  iour  ils  nous  ont  tellement  marquez,qu  a  prefent  l'vn 
nefàuxoit  eftreappelé,qu  incontinent  l'autre  ne  le  (bit  auflî.Parquoy  auôs  ceft  ei'poiren 
Dieu,qu  a  la  mort  ne  ferons  point  fcparezdaquclle  n'attédons  que  d'heure  à  heure.Neât- 
moins  noftre  Dieu,  contre  efpoir,  nous  a  amenez  iulques  ici , après  auoir  efté  interrogue 
defdits  Prefidens:  delquels  les  interrogations  enuers  moy  ont  efté  telles  :  Si  ie  ne  croyoyc 
pas  à  la  MefTe,laquelle  de  fi  long  temps  eftoit  en  lumière,  &  auoit  efté  châtee  de  fi  làin&s 
perfonnages  queles  Apoftres. Laquelle  chofe  vins  à  nier,  &:  au  contraire  dire,que  la  cail- 
le pourquoy  ie  n'y  croyoyc ,  c'eftoit  qu'il  n'en  eftoit  fait  mémoire  ni  au  vieil  ni  au  nouueau 
Teftament&:  que  ce  n'eftoit  qu'vn  renoncemenr  de  la  Cene  de  Iefus  Chrift.  Deiquels 
jppos  furent  moult  efbahis  :  tellement  qu'à  chacun  mot  ils  me  difoyent  que  penfaffe  à  ma 
confeience.  Puis  me  fut  demandé  fi  i'auoye  communiqué  à  cefte  Cene.  Refpôdi  qu  ouy. 
Mefutdemandé  il  iel'approuuoyc.Iedj  qu'ouy. Combien ily  auoit  qieftoyeen cefte opi 
niô.Jji.Enuirôi.ans.  D.Combiéily  auoit  q  ienauoyeaffiftéàlaCene.iji.Dcux  an  s,  hors 
mis  ce  loir  que  ie  fu  pris.D.Pourquoy  cela?  i^.  Pource  que  feu  (le  fait  cela  contre  ma  con- 
feiencerveu  qu'elle  eft  oit  mal  adminiftree  en  la  Papauté.D.Siicnecroyoycpas  quelc  pat 
foit  le  corps  de  Iel'us  Chrift,&  le  vin  le  lang:&  li  ie  ne  le  mangeoye  pas.çt.Quc  m'eftans  ad 
miniftrez  le  pain  Se  le  vin  du  Miniftre,  appelé  à  tel  m  inifterc  légitimera  et,  après  auoir  an- 
noncé la  parollc  de  Dieu, que  receuant  de  lui  le  pain  de  le  vin,ic  croyoyercceuoir  le  corps 
&  lelàng  de  Iefus  Chrift  lpiiituellemct,&:  par  viuefoy.^TLc  x  r  i  .dudit  mois  fu  amené  de- 
uant Bcnedi&inus  lacopin  &:  lbn  compagnô  vn  Sorbonifte,dit  noftrc  maiftre.  Defquels 
les  aflauts  &dcprauations  des  paifages  combien  furent  grandes,il  meferoit  quafiimpof- 
fible  d'efciire.Toutefois  vous  en  aurez  ce  qu'en  ay  peu  retenir.Car  ia  pouuez  eftimer  qu'- 
eftant  deuant  telles  gens,il  ne  peut  eftre  qu'on  nelbit  quelque  fois  troublé.  D'iceux  donc 
les  premiers  aiîauts  furet  tels  :auauoir,quelle  Eglife  eftimoyeeftre  vraye,ou  celle  des  Pro- 
teftâs,ou  celle  de  Paris.  j^.Que  ic  n  e  recognoilîbycftutre  Eglife  eftre  dite  vraye,  que  celle 
en  laquelle  l'Eu  an  g  ile  eftoit  annoncé  purement  Se  finecrement ,  &:  les  fain&s  Sacremens 
adminiftrez,ainfi  qu'ils  nous  ont  efté  dclanTez  de  Iefus  Chrift  &  de  fes  A  poft res .  A  quoy 
medirentjfiicnerecognoilToycpour  telle  celle  de  Geneue.    y..  Qu'ouy.  D.  Et  fi  ie  vous 
inonftrcle  contraire(dit  Benedi&inus)  mecroirez-vous?çt.  Qu'ouy  parauenturc,  &  mef- 
inement  s'il  me  le  monftroit  parl'Efcriture.  D.Si  ie  croyoyeà  fainét  Auguftin,  &  vn  autre 
infinité  de  Sain&s.  i^.  Qu'ouy,pourueu  qu'ils  ne  difent  rien  contraire  à  TElcriture.  Apres 
lcfquels propos mcvintargumenterainli,amcnant lauthorité defaihâ:  Auguftin .  Quod 
ibi  eft  rera  eedefit ,  vbi  eftjèrtcs     fitecefîo  epifbporum .     ^ttjui  in  écrit  fa  Part fienjt  eft  tahs  feriez 
tir  jucceflio  epifeopormn: Ergo .    Ceft  à  dire,  Là  eft 4'Eglife  où  y  a  perpétuelle  fucceflion 
d*Eucfqucs.  Or  en  l'cglile  4e  Paris  il  y  a  telle  fucceflio  d'Euefques  :  Ergo,&  ce  qui  s'enfuit. 

NN.  iL 


Liurcj  VL  François  %ebezjes. 

Auquel  argumét  ne  refpôdi  autre  chofe,finô  qu'à  Gcneue  i  eftirr.oyeauoir  plusvrayefuc- 
cciïion,  qu'en  l'eglife  deParis.RaiibnjQu'en  celle  deGeneue  lepur  Euagitede  Dieu  cftoit 
annôcé,&  les  Sacremés  vrayemét  adminiftrez.  A  quoy  rcfpondirent,  q  Caluin  s'eftoit  de 
foy-meime  ingéré  à  tel  miniftere,ou  qu'il  n'eltoit  qu'efleu  du  peuple,  qi.  Quec'cftoit  plu- 
iloft  diuincmécvcu  qu'ainfi  eftoit  de  par  lui  annôcé  l'Euangilc:  &:  de  là  ne  fut  à  eux  poifi- 
ble  marracher.De  ce  poîd  vinfmes  àîa  Côfeifion  auriculaire,  laqllc  ils  ne  me  peurct  per- 
Auzo.chap.  fuaJer:c6bien  qu'ils  me  vinffent  alléguer  le  paiîàge  de  S.Iean,  Côme  JePere  m'aenuoyé, 
aulHi  vous  enuoye-ie:&Ttout  ce  q  vous  aurez lié,&:c.  Çi.Qu^echacû  vrayemét  Ce  dcuoiteon 
feifer  pccheur:&:  qlors  leMiniftre  par  la  vertu  delà  Parole,icur  pouuoit  annôcer  rerniiûo 
despecliez.Ils  merefpôdirentlèulemet  q  ceftoit  autre  chofe  fecofeifer  pecheur,&a»cr© 
choie  côfeflcrlcs  pechcz.i^.Qu'en  ce  paffageeftoit  parlé  generalemét,quand  il  dit,  Tout 
ce  q  vous  lierez,&:c.Pour  le  troiueme  article,ils  m'interroguerét  de  la  Cenc.  ^&,Queie  ne 
croyoye  point  mâger  le  corps  de  Iefus  Chnft  ainii  qu'eux  le  donner  à  encédreau  peuple: 
maisqlaCene  m'eftantadminiftree(cômei'ay  deiiadit)iepéfoyc&:croyoye  fermement 
manger  le  corps  de  Chrift,&:  boire  Ton  fang,ij>irituellemét  &  par  viue  foy .  De  laquelle  re- 
fponlèfurét  mal  contés.  CAp  r  e  s  auoireftedefpefchédeccsdeuXjBenedi&inus^ibn 
copagnon ,  iefu  derechef  amené  le  19.  dudit  mois  deuant  D.  8c  deux  autres  Sorboniftes, 
pourmepenierfairecroireàleurMeiîe.Maisiiceux  dcdeuantfurétparmoyreiettez,iur 
cefte  Meh"c>ceux  ci  n'en  curct  pas  moins.  Parquoy  ie  n'en  parleray  point  dauâtage.  Delà 
nous  vinfmes  à  la  Cene.Ie  leur  refpôdi  côme  aux  autres-.ôi  ce  fut  au  grad  regret  de  D.  Le- 
quel pour  applaudir  aux  autres,  m'eftoit(lî  voulez)pluscôtraire,  comme  vous  verrez  puis 
apres.Et  fur  ce  poinft  de  la  Cene,ledjt  D.tira  vn  papier  de  fon  fein,  où  il  dilbit  eftre  côte- 
nue  la  foy  d'vn, qu'il  difoit  venir  de  Gencuc:  Qu'en  receuant  le  pain  &  le  vin,il  receu  oit  le 
corps  fie  te  fang  de  Chrift  rcalemét  &  de  fait. Là  defTus  les  deux  autres  me  demandèrent  û 
ie  n acceptoyc  pas  telle  côfeffion.rçt.Que  n'en  vouloye  tenir  d'autre  q  celle  que  l'auoyc  fài- 
icfâçhat  biéqiuls  prenoyet  cemot(rcalemét)pour  vnc  prefencecharnellemon  pas  côme 
nous,qui  roppôfonsàf  imagination  vaine.  Lors  s'efleua  D.&  dit  qu'il  s'efmcrucilloitdc 
Lcnsot.rea-  nous,quinevoulionsdire>rrf/«»#,mais toufiours,Spirituellcment. &c  queCaliùnmefme 
kment^m-  djfoit  realemét.iji.Que  Caluin  ne  l'entendoit  pas  côme  iislemédovét.  Nous  vinfmes  à  la 
Côfeffion  auriculaire:ie  leur  en  di  autant  qu'aux  autres.  Ce  qui  deiplaifoit  à  D&.  pour  re- 
iection  de  mô  dire,  ne  peut  répliquer  autre  chofe,  finô  q  l'Allemagne  efcriuit  au  roy  Frâ- 
çois  pour^bation  de  telle  cbîciï\on:ConfcfltoneauricuLr?nonmprobdmw.Eft 
fecreru.Cdï  à  dire,Nous  ncreiettôs  point  la  côfeiïion  auriculaire;car  c  eft  vn  Euangile  ic- 
Sirkuhiîc  crct  &  Priuc-Ec  me  dit  que  Melâ&hon  en  fes  heux  cômuns  l'appcloitBwflgeZrtf /êo*rtf:c'eft, 
nommé  E-  Euangilefecretou  priué.  Nousfaurafmesdecepoin£tau  Purgatoire:  ic  di,  que  n'en  reco- 
lungikfc-  gnoiflbye  d'autre  que  le  lag  de  Iefus  Chrift.  D.dit  qu'il  me  prouueroit  yen  auoir  d'autres* 
le  reipôdi,quc  quand  il  l'c  ne  reprédroit  de  le  faire,il  feroit  contre  fa  confcience.Eftant  irri 
té  de  cela,  il  pourfuyuit,  difant  que  l' Aumofncen  la  fain&c  Efcriture  eftoitdite  remettre 
les  pcchez,&:  l'oraifon  aufii.^Que  ce  purgemét,adioint  au  vray,  qui  eft  le  fangdc  Chrift, 
à  fa  vertu, comme  caufe  féconde.  Eux  répliquèrent  auiïî,  que  leur  feu  de  pu  r^acoire,  eftât 
ioiot  au  fàngdeChrift,auoit  plusgraderorce.Icdi  qu'il  n'en  eftoitpoint  parle  en  la  fain&e 
f  icriture.Dclà  noustombafmes  fur  la  vénération  des  Sain&s.  Ri.Qu'il  les  falloit  vénérer 
en  ce  qu'ils  auoyent  bien  vefeu  :  mais  toutefois  tellement  que  l'honneur  de  Dieu  n'y  fuft 
point  roujé.D.S'ils  prioyent  pour  nous.  y..  Qu'ils  fouhaittoyét  bien  que  nous  paruenions 
a  cefte  béatitude  àlaquelle  ils  font  paruenus.D.S'il  ne  les  faut  point  prier,  y..  Nenni.Puis 
me  parlèrent  des  feftes.  9t.  Quen'enrecognoiiToyequeleSabbath.  Vray  eft  que  ce  mal- 
heureux Satan  D.gaigna  tant  fur  moy ,  me  voulant  aider,  quoi  me  fît  aduouer  d'autres 
feftes,ii  Dieu  y  eftoit  honnoré.  Apres  il  rut  parlé  des  miracles  des  Sain&s  viuans.^*Qu'ils 
ne  les  rai  foyét  pas  de  leur  aut|iorité  &  puiflànce  :  ainii  qu'il  apparoi/Toit  par  vn  paÉfagc  des 
A£tes,quei'allcguay,quandles  À  poftres  firent  cheminer  le  boiteux.  Le  vingtiefmeiour 
dudi  t  mois,ie  fu  derechef  appelé  deuant  Meffieurs,  où  plus  attendoyel'heure<icla  mort, 
que  le  retour  au  cachot  :  toutefois  ils  ne  firent  que  me  demander ,  veu  que  i'eftoye  d'Ole* 
"flentgd  «Icfonjfi  ien'auoyepoint  ouy  çnaiftrc"Girard.^.Qu,ouy.p,Vcu  queluichantoitlaMeflê, 
Rufi  Eud-  pourquoy  ne  la  receuez-vousfiji.II  lefaifoit  pour  retenir  fon  Euefché.  Voila  (frere)ce  que 
que.  i'ay  voulu  eferire  pour  tcfmoignagcde  mafoy:&  vous  faire  entendre  commenton  traître 
les  pourerenfans  de  Dieu,  quâdonlcs  tient  en  prifon.  La  fautedepapicrm'cmpe&lie  de 
pafler  plus  outre.    A  Dieu. 

LET* 


Fratifçis  RebeXjcs.  4S7 

LETTRE  de  FRANÇOIS  REBEZIE  S,contcnaflte  ledifcours  dcJa  procédure  tenue  comte  eux. 

MB»     b,v  r  s  il  vous  plaira  receuoir  de  bon  zclcla  confel£on  de  voftre  frère  en  Iefus 
Cbriftjieruitcur  du  Seigneur,  nommé  François  Rcbczies,d'Aftafort  en  Condonnois 
de  Galcongne,fils  de  Remôd  Rebezies.  Le  j.iour  de  Scptébre  fu  mené,depuis la maifon 
demôiicur  Grauelle,au  petit  Chaftelet,prifonnier  peur  la  Querelle  du  Sergneur:&  le  (bir, 
enuiron  deux  heures  après  midi,  fu  moté  de  la  baiîefoiTe  du  Chaftclet,  pour  eftre  otiy  de 
quelque  Côlèiller,accôpagnc  d'vn  Greffier.  Sa  première  interrogatiôfut.-ii  îeftoyeChre- 
ftien.i^.Quouy,&:  au  nom  de  Chrift  eftoye  baprile,  &;  le  vouloyeenfùyure.  D.  Si  i'auoye 
fait  mes  Pal'ques.)^.<^enon,pasàleiirmaniere.D.Sii'eftoyca^ 
D.Quc  ic  tenoye  de  la  Méfie. Rt.Que  tocalemét  ic  tenoye  cela  pour  vnechoie  diabolique. 
D.Siie  prioycîa  vierge  Marie,&:  les  SainCts.Rt.Qjjeie  prioye  Dieu  feul,au  nom  deibn  Fils 
lefas  Chrift. D. Si  îecrbyoyc  poitvn  Purgatoire.^.Qu'ouy^iîauoir le fàg de Ictus  Chrift. 
Voila  ce  que  fnn  plement  îe  relpondi  audit  Confcillcr.car  il  n'auoit  loiiir  d  eftre  plus  long 
temps  aptes  mov,pource  qu'il  en  deuoit  ouyr  d'autres. Mon  dire  fut  mis  par  cfcrit,&:  corn 
mâdaquciefurté  mis  en  la  plus  baffe  folié,  àc  qu'il  me  feroit  bien  dire  la  venté  des  autres 
choiès.Ieluv  relpondi toutdc  prime,  face,  q  ienecognoiilbveperionnedcladitemaifon, 
ne  melme  les  Miniltrcs.Sur  quoy  il  infifta  fort:promertat  fi  i'en  vouloye  dire  la  vericc,qu 
il  me  feroit  grâce. Rt.Que  ce  m'cftoitailéz  queiufticernefuft  faite.  ^  Le  v  1 1 1  .iour  dudic 
mois  fu  preienté  deuantle  Lieutenant  ciuil.  Il  me  demanda,  G.  1e  ne  me  tenoye  poïtauec 
moniieur  N.Surueil]antderalïéblee,&:diftributeurdes  maillcs,parlârainh\  De  premier 
front  fu  eltonnéjScdiqiien'entédoyedcquoy  il  me  partait. Vrayeft(monlieur)queic  me 
tenoye  auec  lui:  &,  là  vocation  n'eftoit  pas  relie  que  vous  dites,  ains  eftoit  elcohcr.  D.Si  i'- 
auoye prins  du  pain  &:  du  vin  en  celte  aiféblce:&:  il  ien'auoycpas  des  mailles  pour  entrer. 
j^.Quenon.Halefînpcndard(dit-il)  vous  faites  de  l'ignorant:&  ceftiezvous-mel'mequi 
auiez  la  charge  de  les  diftribuer.Venez-ça,leuez  la  main,  direz-vou  s  vérité?^. Ouy.D.Co 
gnoiftrez-vous  vn  homme  qui  tout  à  prefent  vous  fera  preienté:  r>.  Peut  bien  eftre,mon- 
fieur.D.Snaccorderoycàlbndirc.  y.. Ouy,pourueu que fon dire loitreciproqueau mie. 
Incontinét  mefut  preienté  vn  elcolicr  d'Agcnois.  Le  voici(dit  le  Lieutenant)lecognoif. 
fcz-vousriu.Qu'ouy^qu'eftions  tous  d'vnpays.Apres,leLieutcnat  parlant  à lui,dit,Ve- 
nez-ça,eft-il  poît  celui  qui  a  diftribué  les  mailles, &:  prins  du  pain  &:  du  vin  en  l'affemblec? 
Ilrcfpondit  que  non .  Ienefay  s'il  le  nia  pour  crainte  ou  honte  d'eftretrouué  méteur.  O» 
(ditlc  Lieutenant)  il  ne  s'enfuit  pas ,  li  vous  ne  lui  auez  veu  prendre  du  pain ,  qu'il  n'en  ait 
prins. Refpondez-moy,Rcbezies(dit-il)efticz- vous  pas  iéruiteurdemonfieur  D.&decc- 
lui  qui  eftoit  Surueillant^.Quouy.D.  Or  puis  que  vous  eftiez  fon  feruiteur,  vousdeuez 
fauoir  où  il  fut  tout  ce  lbir,&:  s'il  eftoit  Surueillant.  iji.Et  moy,  Moniteur,  ie  vous  refpon  à 
l'oppoiite,que  puis  qu'il  eftoit  mô  maiftre,&:  moy  fon  feruiteur,  il  n'auoit  que  faire  de  me 
dircoù  ilalloit.D.Si  l'auoueroye  point  des  liures  qui  auoyét  cfté  trouuez  en  noftre  cham- 
bre,   rçi.i'aduoucray  bien  quelques  œuures  de  Ciceron:&:  ne  penlè  auoir  autre  liurc,n'e- 
ftoit  vn  nouueau  Tcltament.    Le  Lieutenant,  Olnous  ne  parlons  point  ici  d'ceuures  de 
Ciceromnousfommesà  preienttous  Théologiens .  O  bien  (dit-il)  qu'on  leremene,  ielui 
feray  bien  dire  la  vérité  auant  qu'il  eichappedemes  mains.  Iefu  mené  en  vn  cachor,  où  ic 
n'auoyeaucunair,&:yfu  enuiron  dixléptiours .  Apres  fu  amené  deuant  le  procureur  du 
Roy,hommeaflézhumain:<5c  me  demanda  d'où  f  eftoye, &:  qui  eftoyent  mes  parens.  De 
lui  iefu  derechef  prefen  té  au  Lieutenant  ciuil  .mais  il  me  renuoya  incontinent  rdiiant, 
Quci'cftoycceluiquiauoitditenmadepofition  premiere,qucceftoitlcFils  de  Dieu  qui 
m'auoitappnnscefte  belle  do&rine,parlbn  S.Elprit.  Çi.Qu'il  eftoit  ainfî. Il  relpondic  par 
vncIronie,c'eftà  dire  en  le  moquât,  Voy,  la  belle do&nne  qu'il  vousaapprinlè.^Enuirô 
le  x  x.  îourdudit  mois  iefu  mis  au  plus  haut  de  la  tour:  &  là  vn  greffier  eftant  venupour 
me  faire  recognoiftre  quelques  liures,  medit,apresplulîcurs  propos:    le  vous  voudroye 
bien  prier  d'vne  choie:  ii  vous  pouuiez  hure  quelque  feruice  à  la  Court ,  vous  n'y  perdriez 
vic.fy  .Helas  poureiquel  leruicc  pourroit  auoir  la  Court  de  moy,  qui  luis  dénué  de  tout  fc^ 
cours  humainîToutefois  en  ce  que  me  pourray  employer  pour  Meilleurs, ie  le  feray  de  bô 
eccur:  làut  toutefois  lolfcnfcdemon  Dicu,&:  démon  prochain.  0(dit-il)il  n'y  aura  point 
d'ofTenfc  en  celarvous  n'auez  qu'à  médire  li  nccognoifïcz  point  vn  nome  Ballon,  r?  Pour 
*  faire  brcfjie  nefay  de  qui  vous  me  parlez.  Ainii  s'en  alla.D'autre  choie  nefu  interrogue  au 
Chaftelcr. 

'  L  e  premier  d'Octobre  nous  fufmes  amenez  au  Palais, aucuns  de  mes  frères  &:  moy:  &: 

NN.iii. 


L/#ro  VL  François  TKtbezJits:  ' 

fufmes  mis  dedas  la  Tour  criminelle.  Ayas  demeuré  dedâs  ladite  Tour  i  f.iours>  fu  mené 
deuât  Meilleurs  pour  eftre  interrogué  dedâs  la  chabre  dorée  du  Palais. Les  interrogations 
furet tellcs,faites  pat  deuxPreridens,alïiftansenuiron25.Cô{èillersaucccux.  Première- 
ment par  M.d'où  i'cftoyc,&:c.  De  tout  cela  leur  refpondy  à  la  vérité.  Le  refte,ie  vous  lcra- 
côteray  en  bref,pour  le  défaut  q  i'ay  d'encre  &c  de  papier  .Interrogué  par  ledit  M.ii  i'auoyc 
cfté  prinsen  la  maùon.  Rt.  Qu'ouy.  D.  Que  falloye  faire  là.  r>  .  Ouïr  la  parolle  de  Dieu,8£ 
faire  la  Ccne.D. Qui  t'amena  là?  Rt.Moy-mefme.  D.  Qui  eft -ce  q  i'y  cogneu.?Rt.Pevfonnc. 
D.  Cornent  i'auoye  pris  la  hardiefle  d'aller  en  vn  lieu  las  y  cognoiftre  pcrfône.  Rt  .Que  bic 
Nomcxco  c^olt  vraY  4  *  Y  en  cog'noiflbye  deux  ou  trois.  D.  Et  quels?R>  .le  cogneu  môlieur  Grauelle, 
gité.  Clinet,&:  vn  autre-nômé  Iean  de  Sanfot.  lequel  nom  eft  de moy-mefmeexcogité. Quant 
aux  deux  autres,  ie  iàuove  q  le  Seigneur  les  auoit  appelez  en  fon  Règne ,  &:  q  nul  mil  n'en 
pouuoit  aduenir.  D.  Si  ie  cognoifloyc  ccftuy-la  qui  prelchoit.  Rt.Quenon.  D.  Si  ic  tenoyc 
pourvnechofebône  ce  que  l'y  auoye  fait.  r>. Qu'ouy.  D.  Ne  t'euft  il  pas  plus  valluafnfter 
à  nos  temples  q  tu  vois  tant  bié  parez,pour  ouir  Méfie?  Rt.Quen  mo  téps,i'en  auoye  trop 
ouy,&q  ie  rendoye  grâces  au  Seigneur,qui  par  fa  boté  m'auoit  tiré  de  ceft  abyfme.  D.Cô- 
mét?nela  tics-tu  pas  doc  pour  vne  choie  falc~te&:  ordoneedcDicu?  Rt.Qucceftoit  tout  au 
contraire: mais  que  vvayement  iecroyoye ,  quec'eftoit  vn  grand  blafpheme contre  Dieu 
d'y  aftifter,&:  vn  leruice  controuué  du  diable.  D.  Si  ie  n'y  alloye  pas  quâd  i  cftoye  au  pays. 
B>.Qubuy:mais  quebiéfouuét  l'extériorité  eftoit  contraire  à  l'intériorité:  &difoyeat  mer 
de  bouche  les  choies ,  lefquellcs  de  cœur  hayoye.  Mais  aufli  en  ce  faifant  ofFenfoyele  Sei- 
gneur.Car  il  a  en  haine  ceux  qui  font  de  double  cœur:  &  q  de  ces  choies  demandoye  par- 
don à  mon  Dieu. D. S i  ie recognoilToy e  vn  Pu rgatoire.  Rt . Qu'ouy . D.Mais  quel.?Rt.  Le feul 
fang  de  Iefus  Chrift.  Alors(dirent-ils)vrayemét  iceluy  eftoit  le  principal:  mais  que  fans  cc- 
ftuy-la il  en  falloir  croire  vn  autre.Rt.  Qu)celuy  eftoit  fuftîlànt  pour  purger  toutes  nosini- 
quitez:&:qucnoftre  Dieu  ne failoit  point  les  choies  à  demi:  mais  fauoità  plein  ceux  qui  s' 
approchent  de  luy  par  Chrift:  lequel  eft  toujours  viuant  pour  intercéder  pour  tous  :  ainfî 
quetefmoignerÂpoftreauxHebr.7.chap.Helas>Seigneur(di-ie)iamaisnenous  contéte- 
rons-nousdelafimplicitéderEuâgilc?rhôme  toufiours  y  veutadioufterdeibneerucau. 
Nous  voyons  en  plulieurs  lieux  dedans  l'Efcriture,tât  au  vieil  qu'au  n'ouucau  Tcftamet, 
ce  feul  Purgatoire  eftre  lelèul  fang  de  Iefus  Chrift,&:  que  d'autre  n'en  deuons  cercher.  D. 
En  quels  lieux  de  l'Efcri<ure:R> .  Vous  l'auez  clairemét  elerit  en  S. Iean  premier  chap.  Apo- 
cal.  5  .Heb.9  .Efaie  45  .Où  il  ditylefuu  celuy  cjuipourC  amour  de  moymefme  efface  les  iniquite^En  la 
i. Cor.  5  .chap.Dieu  eftoit  en  Chrift  reconciliât  à  foy  le  mon  de,&:c.  Lefquels  lieux  del'Ef- 
criture  vous  doiuent  contenter  (Meilleurs)  pour  confirmer  ce  Purgatoire ,  qu'vn  chacun 
vi  ay  fidcle&:  enfant  de  Dieu  doit  croire,  &  non  autre.  En  après,  Mefticurs  les  Confeillcrs 
prindrent  la  parolle,difan s,Qu'il  eftoit  elerit  de  ce  Purgatoire(qu'ils  entédent)en  S.Matt. 
5  .où  il  dir,  En  vérité  ie  tedi  que  tu  ne  fortiras  delà  iulques  à  ce  que  tu  ayes  payé  le  dernier 
quadrain.  A  quoy  relpôdy,  que  s'ils  auoyent  bien  leu  &c  entendu  le  chapitre,  il  n'eft  parlé, 
&:  ne  s'entend  que  des  choies  ciuiles:ou  Ci  voulez,  ce  Donec  (c'eft  iufques  à  ce)  fc  prend  en 
l'E (triture  pour  iamais.En  quoy  ainli  demourafmes  touchant  le  Purgatoire.  Demade.  Si 
ie  ne  croyoye  que  les  Sain&s  prialfent  pour  nous,  &:  qu'iceux  on  doit  prier  pour  eftre  nos 
aduoeats  enuers  Dieu.  Refponlc.  Que  iecroyoye  bien  que  les  Saincts  auoyent  vn  delir 
que  tout  ainfi  que  là  volonté  eftoit  faite  au  ciel,aulïî  fuft  faite  en  la  terre:&:  qu'ils  auoyent 
ceibuhair,que  tout  ainii  qu'ils  lont  paruenus  à  cefte  béatitude  éternelle,  aufli  Dieu  nous 
vueille  faire  mefmegrace,ànousquifommesicy  bas  .  Et  alors  des  Confeillers  médi- 
rent qu'il  eftoit  cfcrit  en  l'Euangile,  que  les  Apoftres  difoyent  au  Seigneur:  Cefte  fem- 
me crie  après  nous  ,parlans  delaChananee.  Dequoy  ils  voulurent  tirer  la  prière  des 
Sainits.  A  quoy  ie  refpondy ,  qu'il  neftoït  pas  là  dit  que  la  femme  le  foit  retirée  aux  A- 
poftres:mais  pluftoftàDieu:auquelfeultous  les  enfansde  Dieu  dirigent  toutes  leurs  re- 
queftes  &c  orailbns .  Car  c'eft  celuy  feul  qui  nous  peut  exaucer ,  quand  nous  le  prions  en 
vraye  fiance  de  cœur,  au  nom  de  Ion  Fils  bien-aimé:&  iceluy  eft  noftre  feul  Aduocat  en- 
uers Dieu  fon  Pere,ainfi  qu'il  efteferit  i.Timoth.deuxiefmechapitre:Ily  a  vn  Dieu&  vn 
Moyenneur  de  Dieu,&:  des  hommes  Iefus  Chrift  hôme,&:c.&  i .  Iean  deuxiefmc,  Rom. 8. 
SAnï?"  lors  commença  à  parler  monfieur  le  Prefidentfaindt  André,  &:  me  demanda,  qui  m'a- 
'  uoitapprinsceftedottrine.  Refponfe.  LeFils  de  Dieu  par  lonfaind  Eforit,&:  qu'ain- 
ii  I'auoye  leu  au  vieil  &  au  nouueauTeftament.D.Si  ien'auoyeleu  autre  enofe?  rl.  Que 
non.  Alors  le  rapporteur  de  mon  procès  dit  ,11  a  bien  leu  autre  chofe  :11a  leu  Çalninuf  m 

Ojeam, 


ofeam^Bucer^uUnger:  car  ce  font  les  liures  qu'on  a  trouuez  en  fa  cham  brc.  A  quoy  ne  vou- 
lu côtredire,de  peur  de  mettre  en  felchene mes  frères ,  auec  lclquels  ie  me  tcnoye.  Apres 
cela  Mon  fieur  le  prefident  va  faire  vne  grande  exclamation,  difànt,  Hé  pourc  enfant,  ne 
crains-tu  point  deftrebruflé,côme  les  principaux  de  ta  côpagnie  ont  efte' ces  iours  pafl 
feZïàlaplaceMaubertJ&pui^quei'auoyeparenSjiiienedoutoye  de  les  mettre  en  dés- 
honneur à  tous  iamais?Sur  quoy  le  priay  à  iointes  mains,&  au  nom  de  Dieu,qu'il  peimift 
que  ie parlaife. Alors  il  dit,Ie  permets  que  tu  parles  :  di,mon  ami.Monlicur,di-ie> Quant 
à  ce  que  m'au  ez  di  t,fi  ie  ne  craignoy  e  point,&:  fi  ie  n auoy e  en  horreur  les  dagers ,  lefqucls 
i'auoyeàpafrer,cômemcsfreres;en  premier  lieu  il  nfeft  tout  pour  certain ,  que  tous  ceux 
qui  voudret  viure  en  Iefus  Chrift,founTironr  perfecution:&:  que  quant  à  moy  ie  mepou- 
uoye  bien  préparer  vn  gibet,ou  femblable  tormet,fi  ie  vouloye  fouftenir  la  querelle:mais 
que  tout  cela,&:  mort&  vie,m  eftoit  gaingau  Seigneur.  Quantau  deshonneur  de  mes  pa 
rens:le  Seigneur  nous  a  délia  predir,que  quiconque  aime  plus  fbn  pere ,  ou  fa  mere,  &c.il 
n  eft  pas  digne  de  luy. Ledit  Prefident  ayant  ouy  cefterefponfe,  me  dit  ainiî,  Iefus  maria^ 
qu'eft-ce  que  veut  dire  auiourd'huy  cefteicuncire,  qu'ainfi  elle  le  vueille  faire  bruflerà 
crédit  1  Derechef  m'a  fait  inftance  fur  la  Meife<diiant,fi  ie  me  penfoye  eftre  plu  s  fage  que 
tant  de  milions  de  gens  qui  auoyent  vefeu,  Se  tenuicelle  pour  bonnc:&:  que  les  Docteurs 
fain£tslauoyentapprouuee?Aquoy  iereipondy,queles  Docteurs  qui  l'auoyent  receuê'i 
auoyent  pafle  les  bornes  delà  parolle.  Alors  médit*  fi  ie  ne  vouloye  pas  viure  félon  icclle. 
Refponfe.Que  non,  Adonques  comme  d'vnerage  enflammée  dit,  Va,va,damné:&ainfi 
commanda  à  rn  huifsicr  que  l'on  me  remenaft  en  mon  cachot.  Voila  quant  à  la  première 
interrogation  faite  par  les  Prefidens.    ^"Maintinant  ie  vousferay  participans  des 
interrogations  à  moy  faites  par  Mefsieurs  delà  Sorbonne:fauoir  eftvn  lacobin  nommé 
Bened.  le  raaiftre  des  Do&eurs,&:  vn  autreIacobm,duquelle  nom  m'eft  incognu.  Et  ces 
afTauts  me  turent  faics  par  les  fuppofts  de  Satàn,le  x  1 1 1 1  .d'O&obre ,  depuis  lèpt  heures 
du  matin,iufques  entre  dix  &  onze.  Leur  fàlutation  fut  premièrement  par  Bened.  en  vri 
petit  Cabinet  (où  nul  n'eftoit  qu'eux &;  moy)  Le  Dieu  de  paix,mifèricorde,  Se  côfolation 
foit  aueenous  tous.Refponfe.Ainfi  ibit-il.  I  e  ne  doute  point  que  vous  ne  fâchiez  la  eau  Harengue 
fe,  pour  laquelle  (  mon  freremonamy)nous-noùs  fommes  tranfjxîrtez  deuers  vous.  Eh  conficed'hy 
premier  lieu,puis  que  tel  eft  le  vouloir  de  noftre  Dicu,de  nous  cômander  de  donner  con-  JJJjJj* 
folation  auxaffligez,ôide  vifiter  les  prifbnniers,&;  principalement  Ces  membres,  lefquels 
font  ainfi  enferrez  pour  Ton  nom:&:  qu'iceluy  noftre  Dieu  acceptera  eftre  fait  à  luy,ce  qu 
on  fera  à  vn  de  fes  m  embres,defqucls  i'eftime  que  foyez  (  mô  frère  mon  ami)  nô  point  vn 
heretique,comme  l'on  dit.L'autre  caufè,pour  laquelle  nous  fommes  venus  deuers  vous, 
c'eft  la  priere,que  Mefsieurs  de  Parlement  m'ont  faite.  Mais  non  tât  efmeus  de  leur  prie- 
re,que  le  bon  vouloir  quenous  auons  enuers  les  enfans  de  Dieu,  (defqucls  toufiours  me- 
ftimoit  eftre). d'autrepart  qu'ils  n'eftoyentpas  venus  me  voir  pour  me furprendre  ;  Car 
comme  voyez  (diibit-il)  nous  n'amenons  aucun  s  greffiers  auec  nous,  pour  mettre  voftrc 
dire  par  efcrit:mais  feulement  vous  venons  voir  en  partie  pour  vous  confbler,&:  pour  cô- 
fabulerenfemble:&  qu'il  ne  pouuoit  croire  que  nousfufsiôs  heretiqucs:&  qu'ainfi  en  cô- 
muniquaht  defEicriture  le  pourrait  cognoiftre.  Alors  ie  commence  à  refpondre  :  Mon- 
fieur,  ie  feroyc  marri  de  lbuftenir  aucune  opinion  hérétique:  mais  ce  que  ie  veux  foufte- 
nir eftfêulemeut  la  querelle  du  Seigneur  :&que  pourherefie  ie  n'eftoye  point  empri- 
fonné:mais  que  les  peruers  &c  aduerfait  es  deChrift  eftimétheretiques  ceux,  qui  de  tout 
leur  pouuoir  U  puifîance  s'erforcét  de  fuiure  les  traces  du  Seigneur:&:  nô  que  le  Seigneur 
ne  nousl'ayedefiapredit,côme  i'eftime  que  làuez  aufsibien  que  moy,Monfieur:c'eft  que 
nous  ferons  eftimezlordureSi  excremens  du  monde.Mais  leSeigneur,lequel  fcul  eft  fpe- 
culateur  des  cœurs  des  hommes,cognoift  finous  fommes  tels  qu'on  nous  eftime.  Alors 
Benedî&inus  parlantà  moy,dit,voycz-vous  (mon  frere)vous,&:  tant  que  vous  eftes,vous  Rebezics 
trompez  de  dire  fimplement  le  Seigneur,fans  y  adioufter  ce  pronom  Nofhe,  ou  mon  Sei-  u^""-/// 
gneur:car,dit-il,les  Diables  rappellent  bien  Seigneur,  &mefm  es  tremblent  deuant  fa  fa-  seigneur. 
ce.  qt.  Que  les  Diables  l'appellent  Seigneur  en  telle  forte  que  les  Pharifiensamenansla 
femme,s'approchans  de  Iefus  Chrift,difans:Maiftre  nous  auons  rrouué.&c.  Laies  Phari- leaEn8'4 
fiens  l'appellent  maiftrermais  non  qu'ils  vueiJlet  tenir  fa  do&rine,ne qu'ils  vueillent  eftre 
fèsdifciples.  Ainfi,  di-ie,eft-il  du  Diable,  lcquellè  dit  cognoiftre  Dieu,  &:  l'appelle  Sei- 
gneur :  fi  eft-ce  pourtant  que  iamais  il  ne  le  veut  recognoiftre  pour  lien  j  mais  de  fait ,  il  le 
nie.Et  pu  is  fàuez  qu'il  eft  tout  plein  de  méfonge  &c  cautcle.Car  quiconque  le  dit  cognoi- 

NN.iiii. 


L/Wo  VL  Franfdis  %ebe^ies. 

ftre  Dieu,&:  ne  garde  point  les  commandemens,  il  eft  méreur,  i  .Iean  i.  Mais  moy  (mon-i 
ficur)  ie  l'appelle  Seigneur  &c  le  tieiv.car  il  l'eftde  vray,&  le  veux  recognoiftre  pour  tel,en- 
t  mt  qu'en  moy  fera.  C'eftbicn  dit(dit-il)  maisnous  deuonsauoir  quelque  différence  de 
îummer  noftrc  Dieu  d'aucc  les  diables,  y..  S'il  ne  (e  comentoit  de  celle  différence  que  ie 
luyauoyedônec.  Alors  me  dic,qu'ouv.Venons(mon  frcre)dit-il,à  parler  de  l*Egl i fe,  1  aq u el- 
le vn  chacun  bon  Chrellien  doic  croire,  le  croy  que  vous  tenez  pour  bonne  icelleEglilè 
(dit-il)  en  laquelle  la  Parolle  elt  prelchee  purement  &:  fincerenienr ,  &r  les  Sacrcmcns  ady 
miniftrez  félon  qu'ils  nous  ont  elle  kiltez  de  Iefus  Chrift,  &c  de  les  làinds  Apoftres.  Ri.  Lî, 
celle  ie  croy,&:  y  veux  vfurc  &:  m  ourir.  D.  Si  ie  ne  croyoyc  pas  que  quiconqu  e  n'eftoit  en 
icclle,nepouuoitobtenirremiiiiondeles  péchez?  ri.  Que  quiconque  le  feparoit  d'icelle, 
pour  faire  fecte  à  part,ou  diuifion,  vrayementn'en  pouuoit  point  obtenir.  Ceft-mon(dit- 
il).Or  maintenant  il  n  ous  faut  voir  &:confidcicr  deux  Eglilcs:c'eftalîàuoir,  qu'en  l'vnela 
parolle  loit  annoncée  fauilement ,  &:  les  Sacremens  autremét  adminiltrez  qu'ils  n'ont  e„ 
lté  delauTez  de  Iefus  Chrift:  l'autrc,en  laquelle l'Euangile  lbic  purcmét  prefchç,  &lcs  Sa- 
crcmcns bien  adminiftrcz.  Mais,dit-il,  laquelle  de  ces  deux  nous  faut-il  croire?  rl.  Que  ie 
croyoyc  celle  qu'auparauant  m'auoit  définie .  C'eft  biènereu ,  dit-il,  mon  frère  mon  amy: 
nous  n'en  voulons  point  croire  d'autre .Ori'us, il  faut  parler  des  dons,lclquels  il  a  donné  à 
icellex  cil  alfauoir,  la  puilTancc  des  clefs ,  la  confclïion  pour  obtenir  remiffion  de  nos  pe- 
chez,aprcs  eftre  comreilc  au  Preftre  :  en  après  il  nous  faut  croire  auffi  lept  facremens  en  i- 
celleeglife  vrayement  adminiftrcz. drtes(mon  frère)  icellecftrevraye:  comme  nos  eglifes 
de  Paris,aulquelles  le  fainct  facrem  ent  de  l'autel  eft  adminiftré ,  &:  l'E uangile  prelché  pu- 
rcment.Rt.Monfieur,ie  voy  que  vous  commencez  à branflenquant  à  moy  ie  nerecognoy 
en  la  vrayeEglife  du  Seigneur  que  deux  Sacremens,  lefqucls  ilainftituez  en  iccllepour 
toute  la  communauté  des  fidèles.  Quanta  la  puiiTancedes  clefs,&:  voftreconfeflion,ie 
croy  q  pour  auoir  remiffion  de  nos  pechez,il  nous  faut  retirera  confelfer  au  leul  Dieu,&: 
non  point  aux  Preftres. comme  trefbien  le  dit  S. Iean,  i  .chap.  i  .Si  nous  confeflbns  nos  pé- 
chez, Dieu  eft  fidèle  &c  iufte  pour  nous  pardonner  nos  péchez ,  &:  nous  nettoyer  de  toute 
iniquité. Mefme  le  Prophète  RoyalDauid  Plèau.i9.&.  5i.Iet'ay  manifeftémôpeché,&:c. 
D.Siie  necroyoyepas  qu'au  temps  des  Apoftres,Dieu  leur  euft  donné  la  puiflan ce  de  re- 
mettre les  péchez. Rt.Que la  puiilance  quelelus  Chrift  letéps  paftp  donna  à  fes  Apoftres, 
eftant  bien entendue,n'eft  defaccordâte à  mon  dire.  Alors  ie com mençay  à  dire,  le  côfel- 
fe  qucle  Seigneur  baillafa  parolle  entrelcs  mains  de  fes  Apoftres  pour  l'annoncer ,  Se  par 
icelle  Parolle  la  remiffion  des  péchez. D.  Vous  niez  donc  la  côfellion  auriculairc.Ri.Ouy. 
D.Succroyoye  qu'il  faloit  prier  les  Sain&s.  Rt.Quenon.  ^  LeMaiftredesdo&eursdeSor- 
bonne  demanda,Si  Iefus  Chrift  eftant  en  ce  monde,  n'eftoitauffi  fuffilhnr  pour  ouyrtout 
le  monde,&:  inrerceder  pour  tous,comme  il  eft  à  prefènt?  Rt.  Qu'ouy.  D.  Mais  nous  trou- 
uos  qlui  cftat  en  ce  môdc,(es  Apoftres  interecdoyét  pour  le  peuple  :  pourquoy  aufii  bien 
ne  le  feroyent-ils  à  prefent?Rt.Tant  qu'ils  furent  en  cemonde,ils  exercèrent  leur  minifte- 
rc,&:prioyentles  vus  pour  les  autres,commeayansbefoindclecours  humain: mais  à  pre- 
lent qu'ils  font  en  Paradis,toutes  les  prières  qu'ils  fonr,c'eft  qu'ils  ibuhaittët  que  ceux  qui 
Quel  efl  r-  font  fur  la  terre  ptuilent  paruenir  à  celle  béatitude  à  laquelle  ils  font  paruenus:  mais  pour 
°tfifdTcurD  ODtcnu'  quelque  chofe  du  Pcre,il  nous  faut  auoir  recours  à  Ion  Fils.  Alors  ils  me  firent  ce- 
tte queftion,alTauoir  fi  vn  homme  prenat  la  charge  de  prier  pour  vn  autre,feroit  dit  Inter- 
ceilcurrRt.QuJouy.  D.Or  bien,vous  dites  qu'il  n'eft  qu'vn  intercelTeur:  donques,moy  fài- 
iànt  prière  pour  vn  autre,ie  ne  me  retireray  point  à  Iefus  Chrift ,  mais  à  Dieu  feulement, 
Jaiifant  Iefus  Chrift  à  part:&:  de  vray  il  nous  le  fautainfi  croire.  r>.  Nefauez-vous  point 
(Monfieur)que  fi  Dieu  ne  nous  regarde  en  la  face  de  fon  Fils  bien-aimé  ,  nous  ne  luy. pou- 
uôs  eftre  agreablesrcar  s'il  veut  regarder  fur  nous,il  ne  voit  que  tout  peché.  Et  fi  le$C»eux 
ne  luy  font  purs  deuant  les  yeuxp  combie  plus  fera  l'homme  abominable  &:  inutile,lequel 
boit  l'iniquité  comme  eau,ainfi  qu'il  eft  eferit  en  lob?  ^  Alors  Benedictinus  voyant  que 
ion  maiftre  docteur  nerelpondoità  mon  dire:  Non, mon  rrere,(dit-il)delahronscefte  gra- 
de milericorde  du  Seigneur,  &c  venons  à  defeendre  en  nous-mefmes,nous  cognoiftrons 
que  Dieu  n'eft  point  defpl  aifant  qu'on  fe  retire  à  fes  faincts.Ri.  Monfieur,nous  ne  deuons 
point  faire  ièlon  noftrc  volonté, mais  félon  que  le  Seigneur  veut.  Car  celle  eft  la  fiance  q 
nous  auons  en  luy:  que  fi  nous  demandos  quelque  choie  félon  fa  volôté,  il  nous  exaucera, 
i  ,Ica  5.  Derechef  il  me  voulut  perfuader^u'il  nous  faloit  retirer  aux  faincts,  par  vn  cxéple 

du 


terec 


Frahfois  RetezJei.  4g g 

du  royaume  terrien.  Et  moy,  îcluy  refpôdy  auffi  par  vn  exemple  tout  à  l'oppofitc  du  lien.  Luc  „Ht 
c'eftàlàuoir  de  l'Enfant  prodigue,  quand  de  premier  front  ne  le  retira  à  aune  pour  auoir 
milericordc,qu'à  fon  pere  mdme.  Etainii  d  cm  curalm  es  touchât  l'inuocatiô  des  làinds. 

^~ Dclàtindrent  à  l'adoration,pourvpir  fi  1e  croyoye  qu'il  les  faluft  adorer,  r>.  Ouy 
bien,fieux-mdmes  de  leurs  temps  yontpris  plaiGr.  &:  pourprouucr  mon  dire,alàuoir 
qu'ils  en  eftoyentddpiaifans,  ic  voulu  alléguer  les  pansages  qui  font  au  i  j.io,&:  14. des  A- 
£tes,&  eaTApocalypie  11.  &  di  au  (si  qu'il  eftoit  efent  au  10.14,  &  1 1.  des  Hebricux. 
Sur  quoy  ils  me furprindrent  &:  dirent,  Il  n'eft  pas  derit  de  l'adoratiô  des  faincts  au  1 4.  des 
Hcbr.ccft  pluftoft  à  l'onzième  chapitre. Bien  loit,di-ie,tan  t  y  a  qu'il  eft  efent  au  nouucau 
Teftamcnt.  Ettoutesfoiseftantdcrctourd'aucccux,  ierecitay  leur  proposa  mes  com- 
pagnons,^ trouuay  que  c  eftoit  au  14.  des  Ades.  Voyez  fi  ces  gens  ont  bien  lculeurnou- 
ueauTeftamentdemedirc  qu'il  eftoit  elerit  auxHcbr.  ii.chap.&:  non  au  14.  De  là 
nous  vini'mes  à  la  MdTc:&  Bcnedict.print  la  parolle,&:  s'en  va  en  faire  vnc grande  louange 
pour  mêla  taire  trouuer  bône.  mais  moy  q.  eltoyc  falchc  d'ouir  tels  blafphcmes.luy  inter_ 
rompi  fon  propos>&  luy  di:Monûcur,vous  auez  beau  coulourer  voftrcdire,  vous  ne  fau- 
riez  me  faire  trouuer  bon  le  poilon,pour  quelques  dclguifcmcns  que  vous  lui  faunez  d<L 
net.  Alors  me  dit  que  i'eftoye  vn  obftiné  en  mon  hereiie.  Venez -çà,dit-il, ne  croyez-vous 
point  que  quand  le  preftre  a  confacre' fon  hoftie,no(  tic  Seigneur  eft  là  aui'si  bien  &tout 
autant  que  quand  il  fut  pendu  en  la  croix 3  r< .  Non  véritablement ,  ic  n'en  croy  rien,  car 
iecroyquelefusChriftefticantà  la  dextre  de  Dieu  fon  Perc:ainlî  qu'il  y  a  amples  tef- 
moignagcs  au  nouueau  Tcftament,  Hebr.  1  o.  1  Corinth.  1 5  ,£c  C0I0C5  .Parquoy,  pour  le 
vous  faire  bhefue  ne  tien  voftrc  MefTc  ii non  pour  vn  faux  &c  conrrouué  feruice  de  Satan, 
entretenu  par  fes  iuppofts.  Et  qui  pluseft,vousaneant»Arez  par  iccllclc  précieux fang  de 
Chrift,&  (on  obiation  vne  fois  faite  de  Ion  corps.vous  làuez  qu'icellc  a  cité  lufrilànte ,  &c 
qu'il  ncla  faut  plus  réitérer.  A  quoy  relpondit  Bencd.  quenous-nous  trompions  fur  ce- 
lte reitcration,&  qu'eux  ne  la  reiteroy  en  t  point  :  &  me  bailla  ccft  cxcple  :  Vous  me  voyez 
à  prefent  en  habit  de  rcligieux,&  tantoft  que  ie  priftfle  vn  habit  de  gcndarmc,icnc  Ccroye 
quede%uu/e:&:toutcsfbisieferoyelcmcfmededans  mon  halecret,quci'cftoycen mon 
habit  de  frère  religicux.ainii  cft-il  de  ce  làcnficc.  NousconfeiTons  bien  que  namntbter  il  a 
cfte'  offert  en  facrifice  :  àc  eft  aufsi  alsis  narurdterk  la  dextre  de  Dieu  Ion  Périmais  frpcr*4-  BcnediOa 
f«»ii&rrCiP/^/^^>nouslclàcrifionsfo^  «««  nam 

ceft  feulement  dcfguifcr  le  facrificeàfauoir,qu'il  eft  contenu  lbus  ceftecourtine,&  cette  SjSÎSÎ* 
blancheur  que  vous  voyez.  Monficur,  di-ie ,  il  eft  tellement  ddguilc  que  ccft  vn  facrifL  rdima* 
ce  diabolique:  &  de  cela  ic  me  tien  pour  refolu.  D.  Que  ie  croyoye  delaiainctcCenc.  8cndânpc- 
Bi.  Qu'icellc  m'eftantadminiftreepar  le  Miniftre,cn  tel  vfage  qu'elle  a  efté  laùTcedc  le- 
fus  CKrift  &c  de  fes  Apoftres-.iceluy  Miniftrc(di-ie)  ayant  annonce  la  parolle  purcmct,en 
prenant  du  pain  &c  du  vin  matérielle  crov  receuoirauec  viue  foy  le  corps  5c  le  lang  delo 
fusChrift  Ipintucllcmcnt.Le  Sorboniftc,  Dites  corporel lement.  ri.  Non,Monlieur,car 
ces parollcs fon  efprit&:vie:&: contentez  vous  décela.  D.  S'ilfaloitquclcMjniftre  fuft 
marié, ou  non.  Rt.  11  le  faut  en  telle  forte,com  me  dit  1'  Apoitre,Que  quiconque  n'a  le  don  i.Car.7^ 
de  continencc,qu'il  (c  marie  :  Car  il  vaut  mieux  fe  marier  que  brufler.  Et  s'il  ne  fe  côten- 
wyct  de  cela,qu'ils  leufsent  ce  qui  eft  dent  des  Eud'ques  &:  Suruciilâs,i  .Tim  .5 .  &c  à  Titc 
1.  Ainû  prouuant  mon  dire,mc  dirent  que  ic  nioye  la  preftrifc:&:  en  prenant  congé,ils  me 
dirent,que  Dieu  voufift  auoir  pitié  de  mov,Amli iloit  il,di-ie.  Et  qu'il  vous  puifléofter  l'o- 
pinion que  vous  auez  en  voftrc  tefte^dirc  nr-ils).Ri.Quc  t  en'eltoit  point  opinion,  mais  la 
purco'o&rincdcrEuangilei&ainfis'en  allèrent. 

L  e  10.  d'Octobre  ie  fu  amené  deuant  Mclsieurs  les  Prelïdens  :  &  là  le  Prelidc't  S.  An- 
dré me  demanda  fi  l'auoye  parle  aux  Docteurs.  Ri.  Qu'ouy.  D.  S'ils  ncm  auovét  tenu  pro 
posdela  Mclfc.  ri.  Qu'otiy.  D.  Si  ie  n'y  voulove  pas  adhérer ,  &l  la  rcmr  pour  vne  choie 
faincte:Toy,dit-il,qui  te  dis  n  auoir  cognoilïancedc  ces  c  holt  s  que  depuis  dix  mois,pcn- 
fes-tu  cfttc  plus  iage  q  no9  &ces  docteurs?  m  .Que  ic  ne  m  arrefte  pas  a  f  aduis  des  docteurs 
nidautrcs,linon  qucdcmonDieu  D.  Si  mes  parens  m'auoventapprinscelj;  Qucnô. 
D.S'ilsalloyentàlaMelfej&iveneroyent  les  Sainch,pourquoy  ie  tu  :  les  t  -  uqvc 
Monlieur,di-ic,li  mes  parens  l'ont  idolatres,&:  ont  trâigrerïe  toute  leur  vides  cômandcj 
mcnsdcl*Etcrnel,lcsdoy-iccnluyurcen  cela:  vovezeequi  eft  elerit  aiifc:  d  F/ech.&r  aû 
t.Chron.io.O,dirét  ils.nous  auôs  beaucoup  à  faire  ici  de  prelcheur' Va,va,  chroniqueur 
•uec  tes  Chroniques:  ainTifu  d'eux  renuoyé    ftex  xiV.  d  Octobre  nous  mbntaîmés, 


Liure  VI*  Frarifois  l{ebe&ies,£?  Frideric  Danuille . 

mon  frcre  Fri  Jcric  Danuille &moy,  pour  endurer  laqueftiô.  &:fu  mené  le  premier  en  la 
chabre  oùon  labaille:&:là  trouuay  trois Conièillers, qui  me  comenecrentà  dire:Leucla 
main.Tu  iu.res.par  la  padion  deIefusChrift,laquclletu  vois  là  fîguree,(me  monftrans  vn 
marmoulet  peind  en  vne carte  de  papier).Ç£.Mon*eur,ie  vous  iureray  par  la  pafïïon  de  Ie- 
{us  Chtill) laquelle  i'ay  en  mô  cœur  imprimée. D.Pourquoy  icrefpondoye  ainfi,&:  nô  co- 
rne ils  auoyent  dit.jjt.Quc  ie  comettroye  vn  grand  blafpheme  contre  le  Seigneur.Lors  on 
me  reprocha  q  l'eftoye  obftiné  en  mon  hcrelie  :  &  puis  cômencerét  à  lire  mes  dcpofitiôs, 
tat  celles  qu'auoye  fait  au  Chaftelet,  qu'au  Palais:  &  me  dirêt,  Vie  ça  Rebezies,tu  ne  veux 
point  dire  la  verité:aifauoir,qu  elles  gens  tu  as  cogneu  en  ceiteallcmblee'i^.Queie  n'en  a- 
uoye  cogneu  d  autres  que  Grauellc  &  Ican  Sanibt.  La  Cour  a  ordônc  &:  ordône,dirét-ils, 
fi  tu  ne  veux  dire  autre  chofc,q  tu  endures  la  queftiô  .Bié,Melïieurs(di-ie)ie  fuis  tout  preft 
jubezies  &  d'cndurer  tous  tourmes  pourmo  Dieu. D. Si  ienc  vouloye  dire  autre chofe.  J^.Quenon. 
mfcïlator-  Sus  qu'on  le  mette  en  chcmiiè,dirét-ils  à  leurs  làtellites,&:  qu'on  luy  face  confener  la  veri- 
wrc.        té.Ccta  fut  mcôtinent  exécuté:  &  auant  que  m  attacher  mes  mains,  le  Concilier  medir, 
q  ic  fiifele  iigne  de  la  croix,&  q  ie  merecômandaife  à  Dicu,&  à  la  vierge  Marie.Çi.Queie 
ne  feroye  auciî  ligne  de  croix,&  ncmerecômanderoye  àautrequ'à  mô  Dieu:  &c  qu'icelui 
eftoitfutruantpour  megarétir&deliurerdclagueuledeslios.  Ecquadiefu  téduen  l'air, 
ie  cômençay  à  dire,  Vien,Seigneur,monftre  ton  erfort,q  l'home  ne  foit  le  plus  forr,&c.  A- 
lors  dirét-ils:di  verité,François,&:  nous  telairrons.Et  moy  toufiours  de  pouriuyureà  l'in- 
uoeation  &  prière  du  Seigneur:tellemêt  q  de  moy  n'eurct  mot  qui  foit.  Et  après  auoir  vui 
dé  vn  feau  d'eau,dirent  les  Côfeillers,Ne  veux  tu  rien  direri^.Ie  ne  vou s  diray  autre  choie. 
La  cruauté  Susqu'on  lelaiche,&:  qu'il  foie  mis  auprès  du  feu, dirent-ils.    Et  ainfi  lafché,  iedi,  Eit-cc 
îï  luges"?  ainfi  que  vous  traittez  les  entans  de  Dieu?  Autant  en  firent-ils  à  mon  frère  Frideric  Dan- 
treics  enfis  uille,&:  eurent  mcfmes  refponfes  de  lui  quede  moy.En  quoy  auons  cogneu  q  noftreDieu 
-  Dlcu'    nous  a  affifté  autant  qu'à  gens  du  mode .  Car  il  nous  faut  penfer  que  mon  frerc  Frideric  e- 
ftoit  bien  malade:  mais  le  Seigneur  nous  afecouru,  comme  il  nous  a  promis  qu'il  ne  nous 
baillera  point  chofes,que  nous  nepuifliôs  fouftenir.Nous  n'attédons  que  l'heure  du  Sei- 
gneur. Voila,Meffieurs  &  trcfchersrreres,  ce  que  vous.ay  voulu  mander  touchât  les  traie* 
ternes  qu'on  fait  aux  enfans  du  Seigneur .  Nous-nous  recommandons  à  vos  bonnes  pric*~ 
res,tant  que  ferons  en  ce  tabernacle.    A  Dieu. 
^"  ur'cà-     Apres  qu'ils  furet  retournez  delà  queftion, voici  cornent  ils  fe  porterct,ainu  q  nous 
ftancfc  C°"  ont  recité  aucûs  frères  côfefieurs  de  Iefus  Chrift  qui  eftoyent  auec  eux .  Ils  ne  cefloyée  de 
louet  Dieu  de  fon  afliftéce.  Frideric gemifloitfouuét:  &  eftat  requis  des  autres  priloniers 
pourquoy  il  gemiiîbit  ainû\Ce  n'eft  pas,dit-il,pour  le  mal  q  i'endure,  mais  pour  le  mal  qu' 
il  vous  conuien dra  endurer  auifi  bien  q  nous.  Toutefois  foyez  forts,&  ne  foyczefpouuan 
tez:vousaucu  ras  de  l'aide  de  ce  bon  Dieu  quinous  alècourus,cômcvous  voyez:  ôç  les  cô- 
foloit.Rebezies  eftoiftout  rôpu  de  la  torture,  &:  en  auoit  vne  efpaule  beaucoup  plus  efle- 
uee  que  l'autre,&  le  col  tout  tor s,&  ne  fe  pou  uoit  remuer .  Toutefois  il  pria  fes  frères  de  le 
mettre  fur  vnlidj&cacheua  d'eferire  eefte  Côfeftion  qnousauôs  veuë.  La  nuicteftât  ve- 
nue, ils  s'cfiouhToyét  tous  deux  en fé ble,&fecôfoloy en  tl'vn  l'autre  par  lameditatiôdela 
vie  cclcfte,&:du  mefpris  de  ce  môdcxhantâs  Pleaumes  iufques  au  poî&  du  iour.Rebezics 
s  eferia  deux  ou  trois  fois,  Va  arrière  de  moy  ,Satan  .Frideric  eûat  couché  auprès  de  lui , lui 
Rebezit*    demâda>Quc  vous  jppoié  ce  mal-heureux?  Vous  veut-il  deftourner  delà  courfc?Rebezies 
rente  par    dit, Ce  mefchatme  jppofemes  parcs,mais  par  la  grâce  de  Dieu,  il  ne  gagnera  rié  fur  moy. 

L  e  iour venu,ils furet madez  pouraller  dcuantMe(iïeurs:&: cuidans receuoirfentéce 
dcmort,embrairerétleursfreres,les  exhortas  de  iê  préparer  au  côbat  toutefois  ils  n'euréc 
point  en cores  fentece  pour  cecoup:feulcmét  on  leur  demada  s'ils  ne  vouloyent  point  dé- 
clarer leurs  côplices.lls  reipodirent  que  non.  Apres,  s'ils  vouloyent  demeurer  opiniaftres 
en  leurs  erreurs'  Nous  n'auons  point,dirent-ils,  (buftenu  d'erreurs,  mais  feulemétla  pure 
vérité  de  Dieu     par  la  grâce  de  Dieu  demeurerons  fermes  en  icelle  iufques  à  la  mort.Sas 
palfer  plus  outre,&:  (ans  fentenceils  furent  remenez  cotre  leur  attente,aucunemcnt  con 
trïftez,pourcc  qu'il  fembloit  q  leur  exécution  fuftencorcs  dirTerce:d'autât,dilbyent-ils,q 
ce  iour  ils  fe  trouuoycnt  par  la  grâce  de  Dieu  bien  difpofez  à  endurer  tous  tourmés .  Mais 
auffi  ne  la  hrent-il? pas  longue:  car  fur  les  11. heures  ils  furet  tirez  du  cachot,  &  menez  à  la 
Rcbc  chaPPc^e''ouans  Dicud'vn  cœur  ioyeux.  Là  ils  eurent  fentece  d'eftre  menez  en  des  tom- 
bes &  pan  bei eaux  à  la  place  Maubert,cmbaillonnez,&:  eftrc attachez  chacûàfonpoftcau  :&:  après 
uillc.       qu'on  les  auroit  cltranglez,eftre  mis  en  cedrc.Incontinéc  on  leur  prefenca  des  croix,mais 

les 


François  Rebella, &  Frideric  Dannillc^l  4.90 

es  rcfufci  éfîdifans,qu'ils  auoyét  la  croix  de  Iefus  Chrift  emprainte  en  leùrs  cœurs.Re- 
bezies  crioic à  fon  compagnon, Mon  frere,garde-coy  de  ces  feduetcurs.  Apres  q  le  bour- 
reau l'eue  attaché  aux  boucles  qui  l'ont  là,il  demâda  vn  peu  de  vin  pour  fe  côfoVter ,  afin 
qu'il  peuftjComme  il  difoir,porter  plus  patiemment  le  tourment  qui  luy  eftoit  ordôné. 
Quad  vn  chacun  fe  fut  retiré  pour  dilner,  ils  necefleret  de  chanter  Pleaumes  &c  louan- 
ges à  Dieu,iufqu  a  ce  q  les  docteurs  arriuerér,qui  leur  rôpirent  leur  chant:fvn  eftoit  De- 
mouchi,l'autre  Maillard.  Demouchi  s  ad  relia  premieremét  à  Rebezies,&:  le  folicitoit  de 
fe  conuertir.Rebezies  difoit  toujours  qu'il  n'auoit  rie  maitenu  q  la  pure  vérité  de  Dieu. 
Demouchi  oyant  cela,côme  forcené  print  vne  croix  de  bois,qui  eftoit  en  laditechappel 
le,&:  luy  fait  baifer  par  force. Rebezies  cômença  de  rédre  grâces  à  Dieu,de  ce  qu'il  l'auoie 
chou*  pour  endurer  le  martyre  pour  la  confefsion  de  fon  S.  Nom:&  le  prioit  de  luy  vou- 
loir pardôner  ce  qu'il  faifoit  (  parlant  du  baifer  de  ia  croix):  Car,  ô  Seigneur,  difoit-il,tu 
vois  qu'on  me  le  rait  faire  par  force.  Demouchi  fe  tourna  vers  Fridericmais  luy  le  voyant 
approcher  pour  le  tourmeter,luy  dit:Ie  vous  prielaiflez-moy^'ay  allez  refpôdu  pardeuat 
les  luges  en  la  Cour,&:  à  vous,ou  à  vos  fembiables.  que  gagnez-vous  de  me  vouloir  folici 
ter  de  croire  voftretranfTubftâriation?  voulez- vous  q  i'arrache  Iefus  Chrift  de  ladextre 
de  Dieu  fon  PereîLà  defius  ils  difputerent  longuement  fur  la  Cene:&  le  docteur  voyant 
qu'il  ne  profkoit  de  ricn,dit  audit  Frideric,Il  y  a  II  long  temps  que  ceux  qui  ont  fouftenu 
voftre  opinion  on  t  efté  exécutez ,  &:  nean  tmoins  il  n'y  a  eu  aucun  d'eux  qui  ait  fait  mira- 
cles ;  comme  ont  fait  les  Apoftres  &  Sain&s.  F  rideric  luy  demanda  s'il  vouloit  de  luy  au- 
cunfigne.il  dit  que  non,&:  demeura  muet.  Maillard  print  la  parolc,&  dit:Penlèz,ievous 
prie,à  ce  que  nous  vous  auons  dit:  le  gage  monameàeftredamnee,s'iln!eftainfi.  Fride-  ^y^mc 
rie  refpondit, Qu'ils  fauoyent le  contraire  eftre  véritable, &tendoyent  au  vray  but,  au-  sJrbSc. 
quel  tous  Chreftiensdoyuent  tendre. 

Alors  le  retirèrent  ces  dodeurs:ôc  eux  furent  menez  hors  de  la  Côciergerieiurles 
trois  ou  quatte  heures,embaillônez.Ils  auoyent  toufiours  vne  face  ioyeule  &  côtente  :  & 
ainfi  qu'on  prononçoit  leurs  arrefts  en  la  coût  du  Palais ,  oyans  qu'ils  eftoyét  condanez  à 
cftrebcuflez,Rebezies  frappât  iapoi&rine  de  fa  main  fit  figneà  Friderict&ainfi  efleuerét 
çnféblelesyeux  au  ciel,glorifiâs  Dieu  par  lignes  extérieurs  de  l'hôneur  qu'il  leur  faifoit. 

Qvand  ils  furent  arriuez au  lieu  du  fupplke,vnpreftre  prefenta  vne  croix  de  bois  à 
Frideric:  m  ai  s  fe  retournant  luy  dit,qu'illa  portoit  en  ion  cçcur.Puis  le  preftre  luy  dit  auec 
le  peuple,  Voulez-vous  point  croire  en  la  vierge  Marie?  il  refpondit  allez  intell  igiblem  et, 
&  dit  partrois  fois:Regne  vn  fcul  Dieu.  Lors  ceux  qui  eftoyent  plus  près  deluy,  crioyent 
q  c'eftoit  vn  luthérien  mefchant.&  il  relpondit,Icfuis  Chreftien.  Ils  furent  attachez  cha- 
cun à  vn  pofteau,rvi>  vis  à  vis  de  i'autre,&:  prioyccDieu  enfcmble,dilans:  Seigneur,  vueil 
les-nous  afsifter  auiourd'huy,à  ce  q  nous  ayons  iouyflàncc  de  la  vie  éternelle.  Corne  ils  co 
tinuoyetla  priere,quelqu'vn  dit,qu  o  les  aefpefchaft. Frideric  ditjevous  prie,lai{Tcz-iio* 
prier  Diètu  Apres  ils  fe  difoyent  l'vn  à  i'autrc,Bat3illons,mon  rrere,bataillons:Satan,reti- 
re-toydé  nous.  Lors  quelques  vns  s'efcricrét,les  mdchas  ils  inufquent  Satan.  Iea  Morel;  Son  procez 
(martyr  dépuis  de IefusChrift,&:  lors  eftât  encores  en  liberté)fe  trouua  là,&  refpondit, le  ^jj*prcs 
vous  prie  efeoutezee  qu'ils  difent,&:  vous  orrez  qu'ils  inuoquent  lenô  de  Dieu.Ils  fe  teu- 
rent,&  entendirent  qu'ils  crioyent, Vueilles-nousafsifter,Seigneur.  Incôtfnent  après  ils 
rendirent  leurs  efprits  au  Seigneur  doucemét  corne  s'ils  n 'euflent  aucunemét  enduré. 
(T)K  quand  ces  deux  martyrs  eurent  efté  deffaits,onvoyoit  bien  q  l'intention  des  luges  ^ 

eftoit  de  lés  en  uoyeraifi  les  vns  après  les  aurres  àla  mort,&y  auoit  défia  lcsprocezde  ^SoS 
douze  ou  treize  prefts  à  iugenmais  vne  Damoifelle(qui  eftoit  aufsi  prifonniere)prelénta  de  et  reps, 
des  caufejde  recufatiôs  contre lesCommiflaires;&:  les  procédures  fi  afpres  &  defreglées, 
furent  ârreftees  pour  vn  tem  psependant  cu'on  eftoit  après  à  les  vuider.Et  Dieu  content 
du  nombre  de  ces  fept  Martyrs  pour  vnefois,{ufcita  vn  autrçmoyen  pour  retenir  la  rage 
des  ennemis  iufques  au  mois  de  Juillet  fuyuâc.  Car  les-nouuelles  de  celle  prinle  eftoyent  J^jS 
venues  iufques  aux  nations  eftranges:  tellement  que  les  Cantons  fidèles  desSuiftès  cf-  "  u 
meus  de  pitié,  ôefachansque  c'eftoit  pour la  mcfme  doctrine  qui  eft  annoncée  en  leurs 
Èglifes,qu'ils  eftoyent  prifonniers,enuoycrent  leurs  Ambaffadeurs  deuers  le  Roy,  pour 
taire  remonftranccs  &  fupplications  pour  eux.  A  mçfme  inftant  arrjucrent  aufsi  lettres  \omt 
de  la  part  du  Conte  Palatin,Ele&cur,tcndantesa  mcfme  fin:  tellement  quelcRoy  iblici  tin- 
té de  cefte  forte,&  voyant  le  befoin  <\\x'û  auoit  du  fecours  des  eftrangers,au  moins  accor- 
da qu'on  procedaft  plus  doucement  en  la  caufede  ces  prisonniers.  Ainfi  le  feu  celfa  pour 


Liurc~>  VL  Tlufieurs  Martyrs. 

qlquc  téps:&:  depuis  la  venue  des  AmbafTadeurs  on  cômença  à  jpceder  par  cfiargifTemes. 
Plufieurs  furent  enuoyez  aux  monaltcrcs  en  la  chargedes  Prieurs ,  pour  eftre  contraints 
cVafîîfter  aux  lèruices  d'Idolatrie.principaleirient  les  plus  ieunes  des  Efcolicrs:delqucls  les 
vns  fe  laifTerent coulenles  autres, n'eftans  cftrokement  ferrez,  efchapperent .  La  plufpart 
furet  réuoyez  deuat  l'OrnciaUpour  là  faire  côfeffîon  de  leur  foy,  ou  pluftoft  abiuration,&: 
rcccuoirfabfolutiôordinaire.Car  les  Iugesjlèvoyas  les  mais  aucunemét  liées,  pour  ne  les 
cnuoyerau  feu,vferentdecemoyen  pour  s'en  deifaire:  efpcrâs  qu'au  moins  ils  leur  feroy- 
ent  deiàduouer  la  fainrte  doctrine  de  noftre  Seigneur  lefus  Chrift.  Et  plufieurs  lafehes  &c 
craintifs  ne  fe  foucicrent  pas  beaucoup  d'obéir  à  cela:  les  autres  vibrent  de  côfeiiions  am- 
biguës. Quoy  qu'il  en  foit ,  il  y  eut  degrandes  defloyautez  en  beaucoup.  Ce  qui  eft  dit  à  la 
honte  de  ceux  qui  font  forcis  par  ce  chemin  de  traucrs,pour  les  follicitcr  d'en  gcmir,&:  de 
mieux  faire  vnc  autre  fois ,  s'ils  ne  veulent  que  Dieu  leur  face  fentir  la  vengeance  que  me- 
ricelcurlafcheté. 


RENE  DV  SEAV,dcXanto»ge:&lEAN  A  L  M  A  R I  C,  de  Prouence. 

L  E  Seigneur  cognoitfant  ceux  d'entre  la  troupe  prifonniere  à  Paris,qu'il  auoit  ordonné  pour  eftre  tefmoins  de  Cg 
Verité,arma  de  force  &  confiance  ces  deux  ieunes  enfans  iufques  à  faire  vnc  fin  heureufe  es  prifons  de  la  Cô- 
ciergerie  de  Paris. 


EnUferfcc* 
tiô  de  Paris. 


V  Se  a  v  ,  natif  de  Xantonge,fetrouuoit  du  temps  defon  ignorance  en  tel- 
le difette,  qu'il  faifoitmeftier  de  chanter  les  falus  es  coins  des  rues,  deuant  les 
idoles:  mais  Dieu  (duquel  la  vertu  eft  toufiours  admirable  en  la  vocation  des 
fiens,  les  prenant  fouuent  lors  qu'ils  femblent  eftre  du  tout  perdus  )  l'auoit  Ci 
bien  retiré,qu'en  peu  de  téps  il  embrafTa  lefus  Chrift  pour  fô  vray  falut:  fi  bien  que  iamais 
l'afTeurancen'en  a  peu  eftre  efTaccc  par  quelque  tourment  qu'il  ait  foufFcrt  aux  prifons. 

L'  a  v  t  r  e  fe  nommoit  Ie  anAlmaric  , natif  de  Luc  en  Prouence.il  eftoit  défia  ci 
rant  à  la  mort,&:  ne  fe  pouuoit  fouftenir  qu'à  grand  peme,quâd  on  l'appela  pour  eftre  iu- 
gé  au  Parlement.  Lors  (corne  depuis  il  a  raconté  à  ceux  qui  le  vifîtoyent)  il  cômença  à  re- 
prendre fes  forces,&  s'en  alla  tout  délibéré  à  la  TourneIle,&  parla  fi  franchemét  qu'on  ne 
l'cftimoit  point  malade:&difoit  qu'il  ne  fentit  aucune  douleur  pendant  qu'il  fut  là.  Entre 
les  autres  poin&s  eftat  interrogué  de  la  Meffe,il  maintint  q  lefus  Chrift  eft  feant  à  la  dex- 
tre  de  Dieu  fbn  Pere:&T  qu'il  ne  faut  rien  imaginer  de  charnel  en  la  Cenc:&:  contre  toutes 
faillies  exportions  qui  luy  eftoyent  alléguées  il  (buftenoit,  Que  les  parolles  de  noftre Sei- 
Ahxltk  &  gl"^ur  Ie*us  Chrift  font  efprit  &c  vie:  &c  qu'il  ne  faut  point  q  les  hom  mes  les  afluiettifTent  à 
more  en  h  leur  fens  charnel.  Ces  deux  ieunes  enfans  moururét  entre  les  puâtifes  &  deftreflcs  des  pri 
pni0ifcdcs  fons:  ayans  toufiours  perfeueréconftamment  en  la  pure &:  entière  confeffi on  de  l'Euart- 
F  °m'  gile. 


IË  AN  DV  CH  AMVjeBauayenHamaut. 

C  £  récit  nous  informe  comme  le  plus  fouuent  ceux  qui  ont  adminiftration  de  la  luftice  en  quelques  viUes,fon£ 
tranfportcz  de  faire  chofe  du  tout  contre  leur  confcience. 

M  d       rr^T^§^  R  A  B  A  N  T  eut  en  ectemps  en  la  ville  d'Anuers  ce  Martyr  du  Seigneur.  Vn 
f  marchant  eftranger  logé  en  fà  maifbn  lui  donna  ouuerture  à  l'Euâgile,par  vn 
tû  I^SÊ/  ^P^^^^^boroinationsquifo^ 

iâJllàS  thefccobien  la  Cenede  ïefus  Chrift  en  eft  eflôgnee.Il  ne  cefla  depuis  ce  ceps- 
la  de  s'informer  plus  auanc  de  ia  verité,iufques  à  ce,q  l'ayant  entendue ,  il  s'eft  abftenu  de 
toute  idoIatrie,fc  ioignât  àl'Eglife  des  fidèles  en  Anuers,pour  ouyr  la  parolle  de  Dieu,  & 
appredre  par  icelle  à  conduire  fa  vie.Et  comme  il  s'y  côfcrmoit  deiouren  iour>auÛi  mit-il 
peine  d'attirer  les  autres  à  ceftecognoiftace,  iufqs  à  eferire  lettres  à  vn  fie  nepueu, Moine, 
par  lefqlles  remôftrac  les  abominations  Papiftiqucs,il  hiy  confeilloit  de  les  fuir&  auoir  en 
horrcur.Ces  lettres  furent  trouuees,&enuoyees  au  Marcgraue  d'Anuers,lequel  inconti- 
tinent  fefaifit  de  lui,  &c  l'enuoyaen  prifbn.Ilfut  fouuent  interrogué  defafoy ,  par  moines 
Se  preftres,dcuat  les  Bourgmaiftres  &  efcheuîsrmaisil  retint  en  toutes  les  interrogatoires 


Jean  du  Champ.  4.91 

&refr#nies,vnemefmeconfeffion  conformeàrEfcrirurefainde.Surtout,quantauSa^ 
creracnr  de  la  Cene  du  Seigneur,  il  fbuftintioufîours  que  tant  feuleroét  les  fidèles  par- 
ticipoyentpar  foy  au  corps  &  la ng  de  Ief  us  Chrift.  (^elquesvnsdesEfcheuins  confef-Q^1^ 
ferent  qi^ils  eftoyent  d'accord  auec  luy  en  ce  poind:&:  toutefois  depuis  ils  le  iugerent  àoru  bonne 
la  mort,layant  tenu  neuf  mois  en  prifon.  L'occafionfu^qu'enlavilledeBolduclepeu-co^^cc 
pleauoit  naguercs  de  nuid  deliuré  vn  prifonnier  Anabaptifte,  par  ce  ques'eftat  repen- 
ty  defafede  damnable,ontrouuoiteftrangedelefairemourir.  Lesnouuelles  en  vm- 
drent  à  la  Cou  r  de  Brabant,  ou  eftoit  pour  lors  le  roy  Philippe  auec  le  Cardinal  Caraffe:  Le  Cardkul 
dont  le  Marcgraue  d'Anuers  troublé  de  double  crainre,àraifon  du  Roy  &  du  LegatPa-  c*™rfëic- 
pal,fit  tant  vers  lesBourgmaiftres  &:  Efçheuins  que  cotre  leurs  confidences  Iean  fut  cô-  ? ^ M 
damné  à  mourir.  On  le  mena  le  cinquième  deFeurier  au  fupplicequant&:  quant  vn  A- 
nabaptiftedeuant  la  maifon  de  la  ville.  Cependant  qu'on  executoit  l' Anabaptifte,  Iean 
déclara  à  haute  voix  fa  côfeffion  &protefta  de foy-mefmedeuant tout  Je  peuple,  qu'il 
ne  mouroit  poît  pour  quelques  erreurs  d'Anabaptifme  ou  autre  hereiîe,  mais  feu leméc 
pour  la  dodrine  des  Prophètes  &Àpoftres.  Et  fur  l'heure  rendit  grâces  à  Dieu  de  l'hon- 
neur qu'il  luy  faifoir,&  fi  pria  pourfes  ennemis,tat  qu'il  fuft  eftranglé ,  &C  par  fa  mort  cô- 
facré  &:  corps  &  ame  au  Seigneur.  Voyans  les  fidèles  (qui  eftoyent  à  ce  fpedacle  en  gtad 
nombre)la  confiance  de  leur  frere,ils  en  receur et  grande  confolation.  On  y  euft  yeu  des 
vns  foufpirer leuer  les  yeux  au  ciehles  autres  remercicrDieu  auec  larmes  de  ce  qu'il  a? 
uoit  fait  telle  grâce  à  leur  côpagnon,de  l'auoir  choifi  pour  tefrooin  de  fa  verité.Le  corps 
tout  rofty  fut  m  is  au  lieu  de  la  iuftice  hors  la  ville  pour  cftre  en  fpedacle  au  monde»  ledit 
iour  v.deFeurier  m.  d.  l  v  m. 

TO  V  C  H>AN  T  les  effortsdes  ennemis  deF  Euangilepoureflablir  tlnquifition  an  pays  deïran- 
ce.&  de  quelles  crmute\ks  fidèles  font  ponrfuynis. 

SOSIES  lemoysdelanuierM.D.L  v  iii.ilfembloitquelaperfccutiondeuoit eftrere-  mjxlviii 
llfyfcjleuec  en  France.  Car  les  ennemis  auoyent  toujours  voulu  eftablir  en  France  vne 
forme d'Inquifition  de  long  temps  vfitee  en  Efpaghe:&furcelaen  auoyent  nouuelle- 
ment  obtenu  lettres  du  fiegeRomainrpar  lesquelles  trois  Cardinaux  eftoyent  côftitucz 
principaux  Inquifiteurs  :  r/enfàus  bien  ruiner  tout  par  ce  moyen.  Toutefois  la  Cour  de 
Parlement  qui  poifbit  mieux  lors  ce  qui  eftoit  pour  le  profit  &trâquillitédu  Royaume, 
que  nefoat  ceux  qui  ne  penfent  qu'à  retenir  leur  reuenu  particulier,  n'auoit  iamais  vou- 
lu donner  fon  authorité  à  cela,  (combien  que  le  Roy  l'euft  defia  accordé)  quelque  inftâ-  LeParfemét 
cequ'onenfîft.  Car  elle remonftroit.fi cette chofe eftoit receuê,& les  fuiets du  Roy  aba-  s'°PP°rc*r, 
donnez  aux  luges  ecclefiaftiques,que  contre  raifon  le  pouuoir  des  luges  ecclefiaftiques  qXn  v"ut 
&:  Inquifitcurs  feroit  *mplifié,&:  rauthorité,robeiflance,&  fouueraineté  duRoy  &c  de  fa  citabUr, 
couronne  grandement  diminuée.  Que  l'entreprife  feroit  grande ,  quand  ceux  qui  font 
naturellement  fuicts  du  Roy,feroyentpreuenus,& entrepris  par  vn  Officiai  ou  Inqui- 
fiteuKComme  auffi  ce  feroit  trop  de  regret  aux  fuieds  du  Roy,  fe  voyans  abâdonnez  par 
leur  Prîcenaturel,pourdeuenir  fuiets  &  iufticiablesdes  Iugesecclefiaftiques.  Etenco- 
res  plus  grade  entreprife  fur  leRoy,&  plus  grâd  regret  à  fesfuiets,quand  par  vn  Officiai 
ou  Inquifiteur  ils  feroyét  iugez  fans  appel  de  leurs  biens,dc  leurs  vies,&:  de  leur  hôneur. 
Qu.e  l'appel  eft  le  vray  recours,&  le  vray  afyle  de  l'innocence: corne  auffi  le  Roy ,  auquel 
eft  adrefîe  TappeUeft  le  protedeur  &  conferuateur  des  innoeês.  Et  d'ailleurs  le  Roy  feul 
eft  lefouuerainfeigneurdefesfuiets. Toutefois  demeurant  le  pouuoirà  vn  Officiai  ou 
Inquifiteur  pour  iuger  les  fuiets  du  Roy,&  fans  appel  :  fera  le  chemin  ouuert  pour  tour- 
menter les  innocens,&  pour  les  confifquer  de  corps  &  de  biens:outre  l'occafion  que  ce 
fera  aux  Officiaux  &  Inquifiteurs  de  s'oublier  en  leurs  charges  &  officesrfe  voyans  auoir 
part  en  la  fouueraineté  du  Roy ,  pour  eftre  luges  fans  appel  des  fuiets  du  Roy,  voire  des 
Contes,des  Ducs,  des  Pairs  de  France,  &C  autres  perfonnes  quelconques. 

P  o  v  r  ces  raifons  la  chofe  fut  différée  iufqups  à  ce  temps,  que  les  aduerfaires  voyans 
Je  Roy  à  loifir  en  la  ville  de  Paris,le  foliciterçnc  fe  prefenter  en  fon  fiege  en  ladite  Cour, 
pour  par  fa  prefence  faire  pafTcr  ces  lettres  de  irnqwfitionXe  Roy  donc  venu  là,&  ayit 
furcç  pris  les  aduis  d'aucûs  par  fon  Garde  des  feaux,lesfit  interiner:&:  adioufta  des  Edics  Edia  câpre 
bien  griefs  à  l'encontre  de  ceux  qu'ils  nomment  Sacrai» en taircs ,  pour  ne  vouloir  rc  ksSacra- 
ceuoir  leur  tranffubftantiation ,  à  l'cncontrc  <ks  dogmatizans,  de  ceux  qui  fe  trou- 

OO, 


ucnt  aux  aflfemblces,  ou  bien  (ont  trouuez  faiiis  de  liures.  Ces  menaces  eftoyem  gran- 
des :  toutefois  Dieu  (  (bit  par  les  guerres ,  ou  par  autre  moyen  )  leur  en  ofta  l'exécution. 
Ainfi  l'Eglife  eut  relafchc,&  quelque  refpit  de  fe  releuer  de  cefte  ruine ,  en  laquelle  elle 
fembloit  eftre  par  les  perlecutions  précédentes.  Ceux  qui  s 'eftoyent  retirez  de  crainte, 
reprindrent  courage:  &  pluiieurs  autres ayans  elle  confermez,  ou  nouuellemét  édifiez 
par  la  confiance  des  Martyrs,s'adiojgnirent  à  l'aflemblce.  Ceux  aufïï  qui  s'eltoyent  reti- 
rez de  la  ville  pour  fuir  la  pcrlecution,  ne  fui  enc  poinc  inutiles.  Car  Dieu  a  ainii  accou- 
ftumé  de  faire  profiter  en  toute?  fortes  les  afflictions  de  l'on  Eglife. 
Hiftoîrc  de  En  t  r  e  autres  vn  desSurueillans  paruintiufques  au  Croiiil,  ville  maritime  de  Brc- 
h  periecu-  taiCnc,&:  grandement  adonnée  aux  fuperftitions:&  ce  fur  le  prin-tem  ps.  Il  commence 

uon  au       ,  y  °n        v  ,  .  ,  \         _          1  .... 

Croiiih  là  à  remonftrer  a  ce  poure  peuple  ignorant  les  ténèbres  ouilseftoytnr,&:quils  sabu- 
foyentdefelaifleiaiDfïmanieràcesaucuglezpreftres,  pour  cet  cher  ailleurs  (al  ut  qu'- 
en lefusChnfb& fait  tant  qu'vne  bonne  parcie  de  ces  pouresgens,  ouurelesyeuxà  ce- 
fte lumière  de  l'Euangile  : 2>c  fc  renge  enfemble  en  vn  fainct  t/ou  peau,  pour  eftre  côdui- 
ce&gouuerneeparleMiniftredelaparolle  de  Dieu.  Mais  Satan  ne  les  lai/Tapas  Ion- 

tuement  en  paix,commec'cftbien  facouftume.  CSurle  moisdeluin  m.d.l  viii.!- 
uefque  de  Nantes  vint  en  ces  quartiers,  &  ayant  des  lieux  circonuoifins  de  lavilleaf- 
femblé  ceux  de  fa  faction,  il  entra  au  Croifil,  &  commanda  de  tapi/fer  les  rues  pour 
porter  leurhoftie  en  folennite,  fâchant  bien  queles  fidèles  ne  luy  feroyent honneur, &: 
que  par  ce  moyen  il  les  recognoiftroit.Apresayatfaitfonner  le  toxin  pour  leur  courir- 
fus  auec  les  fiés,  ilmit  toute  la  ville  en  armes,fans  qu'autre  voye  de  lufticc  fuft  obferuce. 

I  l  fe  trouua  là  vn  bon  (eigneur,ayant  charge  de  l'Arriéreban,  pour  garder  ladefcen- 
tc  des  Anglois,  qui  vint  deuers  luy,  &  luy  rcmonftra  en  quel  danger  il  mettoit  cefte  vil- 
Sedirioncf.  je.  cjef  dciaBretaigne,parfafedition,&:  qu'il  feroit  aifé  à  l' Anglois  qui  eftoit  aux  enui- 
e^cfquc  de*  rons,  de  l'occuper  en  ce  trouble.  Mais  l'Euefquc  n'y  voulut  entendre,&:  le  Peuple  eftoïc 
Nantei.  defiafi  enragé  que  le  Gentil  homme  eut  beaucoup  affaire  de  fefauuerauec  ceux  de  fa 
fuitte.  Ainfi  l'Euefque  pourfuyuant  fon  entreprile,  accôpagné  de  tous  les  Papiftes,  s'en 
vint  aiTaillir  vne  maifon,en  laquelle  enuiron  dixneuf  fidcles  seftoyét  retirez,pour  prier 
Dieu  qu'il  appaiiaft  cefte  eimeute.  Ceux-cy  fe  voyans  aflîegez,  requirent  qu'on  leur  dé- 
clarait s'il  y  auoit  aucunes  charges  contr  eux,&  qu'ils  eftoyét  prefts  de  fe  rendre  au  Ma- 
giftrat.  L'Euefque  refpond que  nommais  qu'ils  auoyent  lePredicancaueceux.  Ceux 
de  dedans  dirent  qu'on  fift  venir  le  luge  de  la  ville ,  &C  qu'ouuerture  luy  feroit  faite  pour 
fouiller  par  tout,  mais  ne  s'abandonne royent  à  la  rage  du  peuple.  Le  luge  cftant  entre 
&  ayant  bien  recerché  de  tous  coftez ,  retourna ,  &  déclara  que  le  Predicant  n'y  eftoit 
point:&:  de  ce  rapport  ceux  de  dedans  prindrent  a&e  delà  main  d'vn  de  fes  officiers.  Ce 
nonobftant  l'Euefque  commanda  de  pourfuyure  l'affaut.  Le  peuple  auec  toutes  fortes 
d'armesy  fit  effort,  mfques  àfapper  la  maifon.  Les  autres  eftoyent  là  fe  recommandans 
à  Dieu,ôc  chantans  à  haute  voix  Pfeaumes  &  Cantiques.  De  quoy  Je  peuple  encore  plus 
cnragc,voulut  aller  quérir  i'artillerie:mais  l'Euefque  derechef  les  fit  fômer  de  fe  rendre. 
Eux  ne  refufoyent  s'il  y  auoit  aucune  information  contr'eux,&  fi  le  peuple  fe  retiroit. 
L'Euefque  qui  auoit  iuré  leur  mort,n'y  voulut  entédre,&:  voulut  que  le  canon  fuft  ame- 
né. Ce  qui  fut  fait.  &  les  caques  de  poudre  de  la  ville  furent  défoncées  à  l'abandon  de 
ceux  qui  voudroyent  tirer. 

Lb  s  autres  fe  voyans  ainfiprcffez,deliberoyent  de  fe  défendre  (car  ce n'eftoit  point 
refifterau  Magiftrat,maisàdesbrigans)&pouuoyétbierrauecla  bonne  munition  qu'* 
ils  auoyent  châtier  tous  ces  feditieux,  s'ils  euffent  tiré  à  tors&àtraucrs  dedans  la  fou- 
le. Mais  cognoiffans  que  ce  ne  feroit  fans  grand  meurtre,  ne  voulurent  encores  rien  fai- 
re, iufques  à  ce  qu'ils  fuifentalcxtremité.  Finalement  le  Peuple  eut  incontinent  faic 
brefche  à  la  maifon, &  fe  mettans  les  plus  hardis  de  fronr,  s'en  venoyent  la  tefte  baillée 
entrer  dedans.  Ainfi  les  autres  contrain  t$  à  toute  force,là  lafeherenc  quelques  harque- 
bouzadesdefTus,&  en  emportèrent  deux  ou  trois:deiqucls  eftoit  vn  preftre ,  qui  faifoit 
Deliurance  pms  de  bruit  queperfonne.  Cela  fit  qu'incontinent  toute  cefte  racaille  comme  pour- 
fed«fidcîcj  chafîee  d'vne  grande  multitude  d  cnneniiïi  s  efcoula  :  &  y  eut  tel  filence  en  toute  la  vil- 
le,parcefteffort,qu'il  fembloit  n'y  auoir  iàmais  eu  efmeuteaucune.Pourtant  les  autres, 
deliurez  miraculeufcmét,  fortirent:  &  chamàns  le  Pfeaume  c  x  x  1 1 1 1 .  par  le  trauers  de 
la  ville,efchappcrco  fan«  que  perfônc  fé  pfefétaft  pour  leur  faire  cmpcfchemét.L  aflaut 
dura  huit  ou  neufhcurest&eftoit  défia  toute  la  nuict  clofe.  Le  lendemain  ces  feditieux 

raffem- 


De  l  Eglife  dc~>  fur».  4- 

ra(rèmblczretoumercot,&mirentàraclamaifon:faifans  le  ferqblable  aux  autres  qui 
eftoyentfufpeâ:es,d'vne  façon  pitoyable.  L'Euefquefcntantque  fon  entreprife  eftoit 
trouuee  forwa&uuaife  du  Parlement,  &  qu'il  luy  en  pou  rroit  mal  prendre,  vint  en  hafte 
deuers  le  Royfte  fit  tant  que  (es  exploits,  qui  eftoyenc  a/Tez  agréables  à  (es  femblables , 
furent  authorifez. 

Les  dffemblecs  dupréaux  Clercs. 

AFIN  aufsi  qu'on  fâche  de  quelles  rufes  &  aceufations  calomnieufes  les  fidèles  font  chargez  vers  les  Princcï 
àc  Rois,  nous  auons  icy  inféré  par  forme  de  récit  d'ruftoire  ce  qui  s'enfuit: 

'n  v  i  r  o  k  le  mefme  temps,  la  perfecution  cuida  fc  rallumer  en  la  ville  de  Paris.1% 
foccafion  fut  telle  :  Quelques  elcolicrs  eftansaupréaux  Clercs,  lieu  public,  aux 
fauxbourgs  de  Paris,pendant  que  les  autres  s'amufoyent  aux  efbats  qui  s'y  font,cômen- 
eerent  à  chanter  les  Pfeaumes  de  Dauid,en  petit  nombre,  ne  penfans  point  inciter  les 
autres  à  faire  le  fcmblable.  Toutefois  il  aduinc  qu'incontinent  tous  ieuxlaiflTez,  la  plus 
part  de  ceux  qui  eftoyent  au  pré  les  fuyuirent  çhantansaucc  eux.  Cela  fut  continue  par  au  cpré  ^ 
quelques  iours  en  nombre infiny  de  perfonnes de  toutes  forces  :&  plusieurs  grans  Sei-  cler<^pour 

fneurs  François^  d'autre  nation  eftoyent  en  la  troupe,  marehans  des  premiers.  Et  cô-  f^J^ 
ien  que  trop  grandeinultitudc,  en  autres  chofts  ait  accpuftumé  d'engendrer  confu- 
fion  ^toutefois  il  y  auoic  vn  tel  accordé  telle  reucréce,qu'vn  chacun  en  eftoic  rauixcux 
qui  ne  pouuoyent  chanter,mefmes  les  poures  ïgnorans  eftoyenc  là  montez  iur  les  lieux 
les  pluseminens  autour  du  pre  pourouir  la  mélodie:  rendans  tefmoignage  quec'cftoit 
à  tort  que  le  chant  de  choies  fi  bonnes  eftoit  détendu. 

Cependant  les  Preûres,  Sorboniftes>& autres  aducrfâires  de  l'Eglife, penfans  a* 
uoir  tout  perdu,  comme :  torçcnez  coururent  vers  le  Roy,  qui  lors  eftoit  près  fon  camp  a 
Amiens,&  luy  font  entendre  que  les  Luthériens  auoyent  efmeu  fedicion  en  la  ville  de 
Paris,  prefts  ejeiecter  fa  Maieftc  hors  la  poiïèffion  d'icelje.  Qu'ils  fe  trouuoyent  en  crou- 
pe innombrable,  cquippez  de  piftoles&  autres  armes  pour  coniurer  contre  luy.  Qu^iiy 
pouruoye>  s'il  ne  veut  que  l'Eglife  foit  abatue ,  &  fon  feeptre  luy  foit  ofté.  voila  leur  rap- 
port.Ot  il  n'y  a  perfonne  de  ceux  qui  eftoyét  lors  en  la  ville,qui  ne  facbc  tout  le  contrai- 
re. Car  il  n  y  auoic  aucune  marque  de  fedicion»  On  chan  toit  là  en  toute  fimpliciré\-  m  ef- 
mes  les  Pfeaumes  qui  eftoyent  pour  la  profpcricc  du  Roy  U.  de  fon  Royaume  eftoyent 
toufîours  chantez  les  premiew:&  ne  portoyent  cfpees  que  les  gentils-hommes  qui  l'a- 
uoycntaccouftumé.  Toutefois  ils  vferent  de  calommesr&forgerét  des  tefmoins  d'en- 
tre leurs  pceftres  :  U  firent  entendre  que  c'eftoic  fedition.  Pourtant  le  Roy  manda 
qu'inhibition  fuft  faite  de  plus  chanter  en  telle  alTcmblee  :  §L  le  Garde  des  féaux  fut  en- 
uoyé*  pour  informer  contre  ccu  x  qui  s'y  eftoyent trouuez  :  auec  defenfe  de  ne  fe  trouuer 
audit  pré,fous  peine  d'eftre  puny  comme  feditieux.  Ceux  qui  auoyencla  conduite  de  % 
Eglife,  voyans  que  le  Roy  droit  foufpçon  de  fedition  contre  fa  perfonne  dételles  aflèm- 
blees  publiques:mefme  que  l'ordonnance  eftoit  fondée  fur  le  crime  de  côiuration,pout 
ofter  couces  occaûons  de  mal  penfer  d'eux,  aduercirenc  leurs  gens  de  ne  plu  sic  trouuee 
là  en  telle  troupe.Nonobftant  ce,  le  Garde  des  féaux pafla  oucrer#  en  fît  emprifonner 
vn  grand  nombre  :  lefqucls  coutefois  furent  relafchez  :  pourçeque  la  caufe  de  l'emprir 
fonnement  ne  fembla  cftre  fuffîfance.  Les  Prefchcurs  Papiftes  voyans  que  le  Roy  leur  ^  F^- 
tenoit  lamain,  s'cfchauffoycntenchiirc,&  donnoyét  congé  de  tuer  le  premier  Luche-  ftesenflam- 
rien  qui  feroit  rencontre:  &  cela  engédra  des  grades  infolenccs.  Vn  poure  Papiftc  pour  ment  k  po- 
Luthérien  fut  laine  pour  mort  à  S.Euftache:&  eut  laCour  fort  à  faire  pour  les  réprimer.  H**5* 
•C  n  v  i  r  o  n  ce  temps  les  Princes  Proteftans  d'Alemagnc  ,ayans  auffi  entendu  les  per„ 
•Mecutionsdc  cefte  poure  Eglife,  enuoyerent  leurs  ^nbafÉideur«  deuers  le  Roy.auec 
charges  de  le  prier  d'appaifer  lefdiccs  perfecutions,&  lettres  celles  qu'il  s'enfuit: 

Mon  Scigneur,cftans  aduertis  que  depuis  quelque  temps  en  ^à,plufîeurs  perfonna-  pk» 
£es  nobles  tac  hommes  que  femmcs,côme  auffi  d'autres,  ont  eftem^s  prifonniers  pour  teftans4au 
auoir  receu  la  do&rinc  contraire  aux  fuperftjcios  qui pullulet  en  l'Eglife  de  Dieu,  &  qu'~ 
envoftre  Royaume,  ceux  qui  font  conteiîîou  de  ia  fufdite  do&rine  font  extrêmement 
perfecutez  tant  en  leurs  biés  qu'en  leurscorps  ;  nous  cecognouTans  membres  d'vn  mef- 
me chcf,&  eftrc  tenus  à  ce  qui  peu  t  feruir  à  les  foulagcr,ay  on  s  cnuoy  c  la  prefèntc  :  vous 
fupplians  n'eftimer  qu'ayons  pris  ccftechargcfans  premièrement  cftre  fuffifâmcnç  in« 
formez  de  lado&rine-qu'ib  tiénent^fans  eftrc  en ticremes  aûcurez, qu'ils  ne  fouftienéç 


LiWo  VI.  Ter/ecJe  l'Eglt/Lj  de  Paru. 

opinions  feditieufes,oufouruoyantes  des  Symboles  Chreftiens.  Etd  autant  que  nous 
necrauaillonspas  moins  que  vous,areiettcrtoutce  qui  peut  tomber  au  deshonneur 
de  noftrcDieu:&  prenons  peine  de  maintenir  la  vrayeinuocation  de  Dieu,  &  la  do£tri- 
ncdc l'Eglife  catholique  de  noftre  Seigneur  Iems  Chnft,  côtenuc  és  liures  des  Prophe- 
tcs&  Apoftres>&  es  Symboles  &  anciens  Docteurs  delà  première  EglueChreftiennc. 
Dauantage  nous  faifons  punitions  rigoureufes  des  mal  viuans,&:  donnons  àcognoiftre 
que  la  feule  obeifTancedeué  à  noftre  Seigneur  iôuuerain,  nous  induit  à  maintenir  la  do- 
àrinedontnousfaifonsprofefTion,iufquesàcequefoyonsreceusen  la  compagnie  éter- 
nelle du  Royaume  celefte.  Ceft  la  cauie(Monfieur)  qui  nous  a  efmeus  à  vous  eicrirejfa- 
chans  leur  Confeffion  eftre  du  tout  accordante  aux  Symboles,&  eflôgneede  touteopL 
nion  fanatique  ou  féditieufe. 
Et  pour  vous  aHeuterdauantage,nous  vous  enuoyons  le  contenu  de  leur  Confcffion, 
'  quetrouuerezeftre(commediteft)rotalementellongneedesleditions.  Oriln'y  Mceluy 
Abusenr*-  quinecôfeffeplufîeurs  abus  auoireftéreccus&:  enracinez,  partie  par  erreur,  partie  auf- 
^aa-       ii  par  l'auarice  de  quelques  vnsd'extirpationdefquels  beaucoup  de  gés  de  bienontlong 
temps  par  cy  deuant  grandement  defiree:&  fingulierement  ceux  qui  ont  fleury  entre  les 
gens  fauans  de  voftre  Vniucrfité  de  Paris,  aflauoir  Guillaume  Paris,  Iean  Gerfon, VveL 
felus,&:  autres.  Lefquels  abus  conférions  auorr  efte  auffîpar  nous  corrigez,fuyuant  le 
contenu  de  la  Confeffion  par  nousnubliee.Ceft  aufli  le  poinct  que  feu  de  mémoire  heu- 
reulc  le  roy  François  voftre  pereauoit  entreprins,il  y  a  vingt  ans,  corn  me  prince  orné  de 
vertu  &  prudence:  fuyuant  en  ce  l'exemple  de  fés  anceftres  rois  de  France ,  qui  par  plu- 
fieurs  fois  ont  pris  la  cognoinancedes  diffères  furuenus  en  FEglife.  Et  ceft  la  raifon  (Mô- 
feigneur)qui  vous  doitïcmblablemêt  induire  à  vovregl«r  en  ceft  affaire,pluft  oft  q  don- 
ner lieu  àla  cruauté  qu'exerecrêc aucuns.  Vous  deuez  eftre  tellement  certain  que  cefté 
doctrine  iamais  ne  le  pourraefteindre  par  telle  manière  de  force  qu'on  exerce  :  mais  au 
contraire  que  lefang  qui  leraà  cefteoccafiônrjefpandu ,  feruira  d'vne  femence  pour  fai- 
re croiftrelesChreftiensdeioureniourdauantage.  Enlbrte  quepourles  extirper  en- 
tièrement,  il  vous  f  audroit  ruiner  la  plus  grand"  part  de  vos  fuiets,  en  quelque  aage,con- 
dition,oueftat  qu'ils  fufîent.  Dieu  menace  par  la  faincteEfcrirure,  qu'il  fera  punition 
&;  vengeance rigoureufe  du  fang  des  Innocens:  &:  qu'il  punira  griefuement  ceux  qui  au- 
ront m  efprifé  ou  reietté  la  cognoiffance  de  fa  doctrine.  Il  n'y  a  pas  long  temps  (Monfei- 
promeffe    gncur)clue  par  nos  Ambaffadcurs  &  par  lettres  par  eux  prefentees,  nous  vous  auonsfaic 
duRoyl*  fèmblableremonftrance:&:  fuyuant  larelponfe  qu'il  vous  pleut  nous  mander,  eftions 
PriacesAlc-  défia  prefquc afTeurez  que  pour  laduenir  n'endureriez  que  les  poures  Chreftiens  fuf. 
pwns"       fent  ii  cruellement  affligez,  &c  que  tel  tort  fuft  exercé  à  l'encontre  d'eux  &c  de  leurs  bies. 
Et neantmoins  auons  efté  aduertis  qu'en  voftre  Royaume  la  perfecution  dure ,  &:  qu'el- 
le s'y  continue  autant  que  par  cydeuant,parfeu,glaiue,&  toute  autre  forte  de  tourmet: 
en  quoy  nous  portons  la  triftefle  de  vos  loyaux  &:  bons  fuiets,  comme  lacharitc  entre 
vrais  Chreftiens  requiert  :  &fommes  par  ce  contraints  d'eftimer  que  ne  foyez  pas  moins 
animé  à  l'encontre  de  noftre  doctrine  mefme:  d'autant  que  les  poures  fufdits  ne  fonc 
trauaillez  pour  autre  occafion,  que  pour  la  Religion  propreqoe  nous  maintenons,  Se 
enfuyuonsen  nos  Eglifes,&:  fur  laquelle  nous  appuyons  le  fondement  de  noftre  fàlut. 
Ce  qui  nous  rend  extrememenrcompaffionnez&:  marris  mon  feulement  pour  le  pre- 
iudicede  nous:  ains  principalement  à  caufe  de  l'honneur  de  noftre  Seigneur  fouuerain, 
eftant  par  tels  efforts  foulé  ô£  anéanti-    Or  d'autant  que  l'affection  que  portons  à  vos 
fuiets,  nous  induit  à  aimer  leur  repos,  &  les  voirdeliurezde  ces  trauaux  :&c  auffi  que 
defîrons  deboncœur  quepuiffiez  en  ceft  affaire  concernant  la  gloire  de  Dieu,&lefa- 
lut  des  amcsjtellemen  t  befongner ,  que  n'amaffiez  fur  vous  le  iugemen  t  &  ire  dclDieii: 
nous  vous  fupplions  de  bien  aduifèr  a  toutes  les  circonftances  de  ce  faifr:&:  mefmeméc 
confiderer  les  caufes,  pour  lefquellcs  vos  poures  fuiets  font  mis  en  ces  extremitez, 
&  de  predre  peine  à  ce  quel'Eglife  de  Dietffoit  repurgee  de  toutes  idolâtries  te  erreurs 
qui  font  furuenus  en  la  Chreftientc>& que  lciefprits  deplufîeurs  puiffent  en  ce  recc- 
uoir  quelque  contentement.  Et  d  autat  que  difficilement  vou  s  paruiedriez  à  la  cognoif- 
Aduis  de  fance  de  ceft  affaire,  qui  cft  fi  grand,  fans  ouyr  leiugement  de  gens  de  fauoir  craignans 
conuoquer  Dieu:qu'il  vous  plaife>enfuyuanr l'exéple des  Anceftres,  affemblcr  le pluftoft  que pour- 
fnawpjèu.  rcz  8cns  idoines,  aimans  l'honneur  de  Dieu,  &  n'eftans  tranfportez  d'affection  :  les  ouir 
paifiblement  :  &  faire  examiner  les  articles  de  la  foy  qui  font  en  différent  ,&  d'en  dire 

fran- 


ÇeojftoyÇucriri.  4.93  , 

franchement  leur  aduis  félon  les  fainctesEfcrituresfur  chacun  poin&;afin  que  par  ce 
moyen  vous  puirtiez  reftablir  l'Eglife  de  Dieu,  &c  reformer  les  abus  qui  y  (ont.  Que  du- 
rant ce  temps,&  deuant  que  tout  loic  enriercmenc  refolu  &  conclu  :  Vos  bons  Ôc  loyaux 
{uicts,adheransànoftreconfefiîon,nefoyent  inquiétez, ne  contraints  de  faire  choie 
contre  Dieu, ou  leur  confeiéce ,  ne  dbbferuer  les  cérémonies  îulques  à  prefent  receuës 
en  voftre  royaume.Et  aullï  que  déformais  ne  foie  procédé  aucunement  à  l'cncontre  de 
ieurs  perfonnes,ou  leurs  biens.&quc  ceux  qui  par  fi  long  reps  lont  détenus  p'rifonniers, 
foyent  deliurez  à  pur&  à  plein  ;&  que  par  efïecf  nous  pui/Tions  entendre  que  nosreque- 
ilcsn'aycnt  point  moins  profite  enuers  vous,querimportunité&  les  calomnies  des  en 
nemis  de  notlrc  Religion.  Ce  fait  vous  exécuterez  le  commandement  du  Fils  de  Dieu: 
lequel  fur  toutes  choies  vous  recommande  Ion  Eghic,  l'ayant  licheremét  rachetée  par 
l'on  fang  tant  précieux. &  môftrerez  aulîî  à  vos  luiets  vrre  mifericorde  &:  grâce  fingulie- 
re:leur  permettant  d'inuoquer  Dieu,  &£.  l'honnorer  purement.  Et  nous,  de  noftre  collé 
ferons  entout  temps  prclls  de  le  recognoiftre  en  voftre  endroit,&  demeurer  vos  anciés 
amis&:  feruiteurs.  DeFrancfortce  19.  de  Mars  1558.  Ladettreeftoit  ainfifignee.  Le 
Conte  Palatin,  le  Duc  de  Saxe,  le  Marquis  de  Brandebourg,  Eleveurs  :1e  Conte  Vvol- 
fang  Conte  de  Vveldour,  le  Duc  de  V  virtemberg. 

L  e  Roy  pour  toute  refponfe  dit  aux  AmbaflTadeurs  qu'ils  eftoyct  les  tres-bien  venus: 
&  quant  à  leur  charge ,  qu'il  enuoyeroit  en  bref  vn  gentil-homme  vers  les  Electeurs ,  & 
Princes,  pour  leur  faire  entendre  Ion  vouloit  &  reipon(e:laquelle  feroit  telle ,  qu'iceux, 
comme  il  eftimoit,  s'en  contenteroyent.  Toutefois  les  AmbaiTadeurs  n'eftoyenc  enco- 
res  partis  de  la  Cour,  quelefeu  (qui  fembloitdeuoit  eftre  elleint  parleur  venue)s'em~ 
bralafur  Geoffroy  Guerin  &  autres  fidèles  pnfonniersd'vn  mefme  téps,defquelsnous 
auonsicyinleré  les  procédures. 

GEOFFROY    G  VERIN,  de  Normandie. 

E  N  la  perfonnne  de  ce  Martyr  ,  le  Seigneur  a  monftré  va  bel  exemple,  Se  d*4 'infirmité'  de  l'homme  deiaifle  i 
{oy-ïut(mc,8c  de  la  confiance  du  fidèle  fouftenu  par  la  vertu  &  force  de  fon  S.  ifprit. 

[E  O  F  F  R  O  Y  Guerin  natif  du  Ponteau-de-mer  en  Normandie, fur  l'aage 
jd evingteinq  ans,  ayant  efté  einprifonnéauceplufieuts autres  en  la  ville  de 
1  Pans,  de  première  arriuec refpondit  Chrefticnnemét à  toutee qu'on  luy  de- 
|  manda:&  penfoit-on  qu'il  deuil  eftre  defpefché  des  prcmicrs:mais  inconti- 
nent après,  abbatu  de  crainte, corn  mença  à  reculer,  &  quitter  la  victoire  aux  ennemis* 
retradant  ce  qu'il  auoitdepofé.  Oneftimcquecefut  à  la  folicitation  d'vn  garnement 
tenant  les  erreurs  de  Caftalio.  Illuyfaifoitaccroirequ'ilnefefalloitpointainfitpurmé-  dt 
ter  pour  la  Religion:^  que  Dieu  ne  demandoit  point  que  le  fang  des  hommes  fuit  ainû 
efpandu:  que  c'eftoyent  chofes  indifférentes  d  aller  à  la  Mené  ,&  nier  la  foy  en  la  perfe^ 
cutiô. Guerin  fauoit  oie  ce  qui  en  eftoit:  mais  la  crainte  qui  le  tenoit  de  l'autre  colle,  luy 
faifoit  receuoir  volôtiers  ce  coulïinet  pour  endormir  fa  cofcience,&:  couurir  la  faute  qu 
il  vouloir  faire.  Pourtant,  eftât  retourné  deuât  les  Iuges,!eur  accorda  ce  qu'ils  voulurét; 
&  le  cinquième  de  Décembre  fut  condamné  à  cftrentcnc  celle  ÔC  pieds  nuds  depuis  la  Guerincon 
Conciergerie,  iufques  deuant  le  grand  portail  du  temple  des  lacopins,  tenant  vne  cor- 
chedecire  ardente,  dupoix  de  deux  liures,&illec  à  deux  genoux  faire  amende  honno-  norablc, 
rable,&c.  aueedefenfes  deletrouueraux  auêmblcesfecrectcSs&c.Cclatut  par  luy  mis 
en  execu  tion,  au  grand  regrec  de  tous  ceux  qui  le  cognûifToyenc,&  auoy en t  autre  efpe- 
rancedeluy.  Ecpource  que  l'arreft  porroic  auffi , après  l'amende  qu'il  feroie  mis  entre 
les  mains  del'Ofncial,pour  eftre  à  l'cncôcrc  de  luy  procédé  parcéfuresEcclcûailiqucs, 
il  fut  mené  aux  prifonsdel'Eucfché.  Là  Dieu  après  l'auoir  fi  fort  humilié,  le  telcua  par 
fa  mifericordet&luy  faifant  fentirà  bondeient  fon  iugemenc,  luy  fit  reprendre  coura- 
ge par  l'alfeurance  de  fa  bonté.  Si  bien  qu'au  Ucu  d'accomplir  le  refte  dcrarrclt»il  fi:  dé- 
libéra d'amender,par  vne  confeffion  contraire,  ce  qu'il  auoiedic  mefehammenc.  Et  dés 
lors  commença  à  dreficr  vnc  confeffion  de  foy,  pour  présentera  Meilleurs  de  la  Cour 
(deuant  lefquels  il  auoit  fait  abiuration  )  afin  de  les  faire  rentrer  en  la  cognoifiance  de 
fon  procez.Remonftrant  qu'il  ne  le  vouloir  tenir  àfa  première  depoûtiommaiscçnfef-  Guerinr^ 
foit  deuanc  tous  qu  elle  ne  valoïc  rien,  pour  leur  auoir  accordé  chofes  dirc&cmcnc  con^ 

OO.iii. 


traircsàlaparolledeDieu.Ec  d'autant  qu'il  fauoit  que  perfeuerant  en  iccllc,il  n'auoit 
aucune  efpcrance  de  falut,&,  ne  pouuoit  attendre  que  le  iufte  iugement  de  Dieu  qui  tô- 
be  de/Tus  ceux  qui  détiennent  la  vérité  de  Dieueniniultice,ilentcndoitfe  tenir  à  celle 
qu'il  leur  pretcntoit  iigneede  fa  main.  Voila  la  préface  de  ladite  côfeiîîon,bicn  ample, 
ÔC  contenât  vne  longue  dilpute  de  tous  les  poincts  qui  font  auiourdhuy  en  débat.  Mais 
nous  n'en  auons  voulu  charger  le  papier,  pource  qu'ils  lont  allez  déduits  autrepart.Tâc 
y-a  qu'il  n'y  auoit  rien ,  qui  n  euft  vne  bonne  confirmation  d'infinis  pafîages  dei'Efcntu- 
re.  Ilenuoya  aufliaux  autres  prisonniers  qu'ilauoit  laiilcz  en  la  Conciergerie,  vne  let- 
tre de  fa  conuerfion,de  peur  que  la  cheute  ne  leur  fuit  en  fcandale,  mais  apprinflènt  en 
fon  exemple  la  leçon  de  leur  deuoir,comme  il  s'enfuit  : 

LE  fainétEfprit  parlant  par  la  bouche  de  S.  Pierre  nous  donne  grande  confolation, 
quand  il  nous  enfeignequeli  nous  fouffrons  quelque  choie  pour  initiée, nous  léiôs 
bien-heureux.Ecaulfi  itsyeux  du  Seigneur  font  touliours  fur  lesiulks  ,& les  aureillcs 
attendues  à  leurs  prières:  mais  fon  vilage  fur  ceux  qui  font  mal.  Pourtant  nous  nede- 
uons  craindre,  &  nous  troubler,ainsfan£tifier  noftre  Dieu  en  nos  amesrtouiiours  prefts 
de  rendre  raifon  de  noftre  foy,&:  del'efperance  que  nous  auons  de  la  vie  éternelle,  auec 
toute  modeftie:  puis  quec'eft  la  volonté  de  Dieu, que  nous  fouffi  ions,non  comme  pail- 
lards, larrons,  voleurs,  brigans,&  homicidesrmais  pour  porter  tefmoignage  de  la  bône 
volonté  entiers  nous,&  fon  Eglile,pour  laquelle  il  elt  more ,  iufte  pour  les  iniuites  :  afin 
que  par  fa  mort  il  nous  réconciliait  à.  Dieu  fon  Pere:  nous  ayans  hiiïé  exem  ple,à  ce  que 
fuyuionsfcs  pas,  portans  noftre  croix  tous  les  iours  de  noftre  vie  après  luy;  lequel  n'a 
point  fait  de  péché,  &  en  laboucheduquel  n'a  point  efté  trouué  de  faute.  O  mes  amis, 
que  ce  bon  Pere  oelefte,Pere  de  toute  miléricorde,  nous  fait  auiourdhuy  vn  grand  hon- 
neur de  nous  produire  comme  tefmoinsdeuant  les  ennemis  de  noftre  foy,  en  ces  der- 
niers temps:aulquels  eft  reuelé  le  fils  de  perdition,  lequel  noftre  Dieu  deftruira  par  l'E- 
fprit  de  fa  bouche!  le  vous  prie,mesfreres,combien  nous  deuons-nous  efforcer  (en  mô- 
ftrant  la  grace  de  laquelle  Dieu  nous  a  pourueus  de  tout  temps,  voire  iufques  au  milieu 
des  plus  grans  combats  que  nous  auons  maintenant)pour  maintenir  &dcfcndre  la  pro- 
pre caufe  &  querelle  de  fon  Fils  bien  aimé  noftre  Seigneur  lefus  Ch  rift.  Ne  fencôs  nous 
pas  toufiours  fa  très-grande  alîiftence?  Où  nous  a-il  dclailfez  quand  nous  lauons  prié? 
N  a-il  pas toulioursfouftenu  lès  feruitèurs,  qui  l'ont inuoque  auiour  de  leur  neceilïté, 
qui  1  ont,dy-ie,  inuoqué  en  vérité:  Ne  voyons-nous  pas  tous  les  iours  deuât  nos  yeux  les 
efpreuucs  de  fa  bonté  enuers  fes  efleus,  iufques  aux  extrêmes  tourmens  ?  Serons  nous 
defcendusiufqucs  aux  enfers,  que  nous  ne  foyons  fecourus  delà  puilfance  de  noftre 
Dieu?  O  bonté  immenfei  O  infinie  clémence  de  Dieu.*  Qui  efpercra  entoy,nefera 
point  confus. 

Me  s  frères  &  bons  amis,  il  eft  bien  vray  queie  ne  me  fuis  pas  monftré  tel  que  ie  de- 
aoye  eftre.&  ma  confeience  fe  fent  fortaceufee  deuant  Dieu ,  de  ce  qu'ayant  efté  nour- 
ryen  fonefcolcparrefpaced'an&:dcmy(enlaquelleiemecogrioy  auoir  grandement 
profité  felôlamefuredc  la  foy  que  Dieu  ma  donnée)  toutefois  abbreuué,&  quali  com- 
me enyurédes  délices  &:  promelfes  de  ce  monde ,  ic  me  fuis  veu  tout  preftsde  choir ,  n'- 
ayant mémoire  de  cePfeaumcfeptantexroifieme.  le  vous  Jaj/Te  à  penfer  combien  nous 
deuom  apprendre  en  iceluy  auec  DauicJ,  de  nous  tenir  furnos  gardes,de  veiller  en  priè- 
res &  oraifons  procédantes  d'vne  vitre  foy,&:  qu^l  nYait  point  d'hypocrifie  en  nous;que. 
nous  ne  foyons  point  doubles  décourage ,  que  noftrelangue  ne  parle  point  autre  choie 
quenoftre  coeur  penfe,fur  peine  d'encourrrle  iufte  iugement  de  Dieu.  Car  des  hypocri- 
tes le  loyer  en  eft  en  ce  monde.  Recourons  donc  à  noftre  Dieu ,  comme  à  noftre  fauue- 
garde,  noftre  rcmpar,&  feul  refuge  :  ateluy  duquel  nous  tenons  la  vie  &c  du  corps&  de 
l'amcîfous  la  protection  Qc  defenfe  duquel  nous  deuôs  tous  batailler,  corne  vrais  cham- 
piôsjige fidèles foldarsdcnoftre Capitaine Ô^feuï  Seigneur  IefusChrift.  S'il  eftainfique 
Coparaifon  pourrnaimenirquelquéqucrclleoucfvnRbv,oud'vh  Princéiferrien,tatd'hÔmesexpo- 
ittit  fcursames,&:  fefbntdtfchircrcônitrpieceà  piecc,abandônans  leursfemmes&cn- 
faris,leursparens&:  afrris,&  biens  de cetn6<ïe,  &  toutefois  ne  font  alîeurezde  receuoie 
faÉaire&  i,eVôpenfe,n*nô  pécuniaire  &:  t6porelle.  S'il  eft  arrrfrquc  le  marchid,  chargé  de 
fcmmes'&  cnrans,aiJle&Tjacafreiour  &  rtuiétpar  mer  &  par  terre  iufques  aux  pays  les 
pius^ftTangcs,traffiqùât  aqecTûrcS&  mefçTeâs,Q'ayatcigard  qu'à  la  nourriture  de  ce 
çorps,rhér;&:  fes  biens  ÔÉftfvie  en  mûle'hîtzarîlsxomDien  nous  (qui/bmmes  certains  de 

la 


Çeoffroy  Çuerin.  4.94. 

la  bonne  volonté  de  Dieu,&des  promelTes  qui  nous  font  faites  en  l'Euangile,  &c  de  l'af- 
feurance  de  noftre  falut  que  nous  auons  enlefus  Chrift)fqrons  plus  incitez  &C  pouffez 
d'vnzek  bon  &c  fain&,pour  maintenir  cefte  tant  mile  &:  tant  honorable  &c  tant  laincte 
querelle  de  nollre  Dieu  &  de  {'a  iain&c  parolle,iufqucsàlbuftrir  mefmes  toutes  les  pei- 
nes, tous  les  tourmens  &:  fupplices  de  mort  qui  nous  feront  prefencez  par  les  hommes  & 
iuges  de  la  terreî'La  fanté  de  noftre  corps  nousfera-elle  ou  blier  le  falut  de  nos  ames,  pour 
viure  quelque  peu  de  temps  en  ce  valdemilère,au  plaifir  de  noftre  chair  ?  Oublierons^ 
nous  cefte  demeure  éternelle  Scbien-heureufe  auec  Dieu  &.  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift 
&c  l'es  Saindsdefquels  nous  attendans  en  patience ,  crient  vengeance  du  tort  qu'on  nous 
fait  îcv  bas?Nous  n'auons  pas  icy  vne  cité  permanente  :  mais  il  nous  faut  trauailler  par  la  Heb.13. 
grâce  de  Dieu  après  cefte  demeure&:  cité  tut  ure,qui  eft  la  gloire  du  ciel  :  à  laquelle,  par- 
tans  de  ce  corps  mortel/cions  conduits  par  l'Efprit  iâincl:  de  Dieu . 

P  o  v  r.  celle  caufe  prions  noftre  bon  Dieu  qu'il  nous  tienne  toufiours  enbride,&ne 
permette  que  nous  loyons  aucunement  efgarez  de  fon  troupeau ,  &c  qu'ayons  toufiours 
fa  crainte  deuant  les  yeux.Car  ceux  qui  ont  efté  vnefois  illuminez,  &:  ont  goufté  le  don  Hcb.*4 
celefte,&:  ont  efté  faics  participas  du  laind  Efpnt,&:  ont  goufté  la  bône  parolledeDieu, 
&  les  puiftances  du  ficelé  àvcnir,s'ils  retombent,il  eft  impoflible  qu'ils  loyent  renouue- 
lez  par  repentance,entant  qu'ils  crucifient  derechefle  Fils  de  Dieu  en  cux_meimes,  te 
le  diffament. 

M  e  s  fi  ères  &c  bons  amis,efiouifTez  vous  de  ce  que  moy  poure  brebis  cfgaree ,  ay  eftt 
trouueedu  bon  Pafteur,côme  apportée  derechef  en  la  bergerie  de  Dieu  auee  vous.  EL 
iouiftez-vous,dy_ie,que  le  Seigneur  m'a  fait  tant  de  bien  &:  tant  d'honneur,  de  me  faire 
ouir  &c  entendre  fa  douce  &  miléricordieufe  voix,&:  qu'il  a  eu  pitié  de  moy:n'ayant  per- 
mis que  ie  tufle  perdu  auec  les  defefperez.  Aufîi  ie  fuis  à  luy,&  feray  pour  iamais,nonbb 
fiant  ma  faute  bien  lourde,&:  de  trop  gi  âd  fcandalermais  il  n'a  point  reietté  ma  prière, 
il  a  ouy  mes  pleurs  &:  mô  gcmiiTemét,commc  il  a  fait  de  fon  feruiteur  Pierre.Pour  cefte 
caufe  priez  Dieu  pour  moy,qu'il  me  conduife  par  foh  faihct  Efprit.  Car  i'ay  bondefir  cy 
après  de  refpondre  de  ma  foy:afîn  de  reparer  le  fcandale  de  ma  faute.Les  frères  qui  font 
céans  en  pai cil  lieu  que  moy,  vous  falueut.  Saluez  tous  les  frères  en  mon  nom,&  nous 
recommandez  à  leurs  prieres:car  nous  en  auons  bon  befoin  :  eftâsicy  comme  au  milieu, 
de  nos  ennemis.De  noftre  part  nous  vous  difons  à  Dieuides  priiohs  de  l'Euefché  de  Pa- 
ris,ce  dernier  îour  de  Decembrei 

Y  A  N  T  donc  reprins  courage  en  celle  façon,ildemeuraâfTez  long  temps,à  fon 
A  grand  regret,fans  eftre  appelé  des  luges:  6c  Y Officiai  ne  faifoit  fem  blant  de  vouloir 
toucher  à  fon  procez.Car  il  vouloir  auoir  la  main  garnies  aufli  de  la  haine  qu'il  portoic 
à  ceux  quicftoycncenfcsprifonsjpourlacaufede  laReligion,il  euft  bien  defîré  qu'ils  y 
fuffent  pourris  en  toute  poureté,faifant  defenfeau  Geôlier  de  ne  leur  faire  part  des  au- 
mofnes.Or  quoy  qu'il  en  foit  *ce  delay  affez  long  donna  loifir  àGuerin  de  reprendre  ha- 
leine,pour  puis  aprAcombatre  plus  vertueufement.  A  la  fin  l'Offîcial  à  fin  fiance  de 
quelques  preftres  prifonniers  auec  luy,fut  contraiht  de  prendre  le  procez.  CarGuerin 
he  vouloir  aucunement  confehtir  aux  blafphemes  qu'ils  ont  accouftumé  de  chanter: 
mefme  les reprenoit,de  forte  qu'il  eltoit  battu  aucunefois  par  eux ,  qui  pejifoyent  en  l'- 
outrageant racheter  leurs  meurtrcs,leurs  larrecms,&  violemens  de  filles.  L'Official  a- 
prcsluyauoirfaîcquelques  légères  demandes  furlcsinterrogacoires  faites  en  la  Cour, 
le  condamna  à  faire  derechef  amende  honnorable,  à  iufner  au  pain  &;  à  l'eau  quelque 
temps,&  autres  peines  accouftumees.  D'icellefentence  Guerin  fe  portant  pour  appe- 
lant fut  ramené  en  la  Conciergerie  du  Palais.  Et  pource  qu'il  n'eftoit  appelant  de  la 
mort,on  le  mit  au  preau.Là  trouua  deux  excellens  tefmoins  de  noftre  Seigneur,qui  lùy  Dcuxp 
accreurent  le  courage  de  la  moitié.Ceftoit  au  temps  deCarefme,que  les  ignorans  font  lo™c£ 
le  plus  dccasdeleursfuperftitiôs.  Les  autres  prifonniers  voyâsceux-cy  mefprifer  leurs 
Meifes&  leurs  deuotions  vaines,inciterent  le  Geo  fier  de  faire  pleinte  aux  gens  duRoy, 
&  demander  qu'iceux  fufTent  reiferrez.ee  qui  fut  fait  leDimanche  nômé  desRameaux, 
après  qu'ils  eurent  efté  outragez  à  coups  depoing  parles  autres  prifonniers.  Le  lende- 
main  la  Cour  les  fit  venir  tous  trois,&:  les  tença  bien  rudement  de  n'auoir  cftéàlaMef- 
fe  en  vn  fi  bon  iour  les  renuoya  auec  menaces  de  mort ,  fans  plus  retourner  deuant  eux, 
&  defenfc  au  Geôlier  de  ne  leur  donner  que  du  pain  &  de  l'eau. 

OO.  iiii. 


Apre  j  cela  vn  des  Coidcliersfuc  enuoyé  pour  eftayer  s'il  n'y  auroic  moyen  de  leur 
faircchangerpropos:ce  qu'il  fit  pai.  trois  ioursfuyuans,  lesfolicitanede  toutes  façons: 
maisc'eftoïc  peine  perdue.  Encre  aucres  choies  interroguez  s'ils  vouloyent  dem  eurer 
opiniaftres:relpondncnt,qu'ils  ne  leftoyent,&:ne  tenoyétaucune  opinion  particulie- 
re.Le  Confeillet  répliqua:  Or  ça,le  fondement  de  ce  que  vous  dites,eft,que  voulez  feu- 
lement croire  ce  qui  elt  côtenu  en  Ja  parolle  de  Dieu  ,  6c  qu'il  n'y  faut  adioufter  ne  dimi 
nuer.Guenn  rcIpondit,Ouy,monfieur:car  il eft  ainfi cfcricau  ii.chapitre  du  Dcutero- 
Reprochéà  nomc.Mais  iln'eut  pas  il  coit  commencé  à  parler,quele  Conieillerpour  toutes  refpon- 
Udt'menai  fes  vintaux  menaces,&:  auxfagots-.diianc qu'il  cftoitvn  menuifier  fanslettres,&:  touçe- 
fier.meD   fois  ilievouloic  méfier  de  parler,&:  que  la  Cour  luyauoit  fait  trop  de  grâce  ,  de  l'auoir 
garde  ii  long  temps. t>ref,apres beaucoup  de  parolles  fort  rigoureufes,  luy  commanda 
de  ne  plus  pai  ler.Touteroisccfte  furie  ne  pafla  point  plus  outre  ,  pource  quelesfeftes 
de  Païques  donnèrent  vacation  à  la  Cour ,  6c  que  l'appel  de  Guenn  nefe  vuidoitenla 
Tournellc,delaquclleeftoitlcConfeiller,maisenlagrand' Chambre.  Ainfi  il  luyfut 
donné  encoresrelai'che  de  fefomfierauecfes  autres  frères  ,  iufques  au  quatrième  de 
Iuin,qu'il  fut  mandé  deuant  les  luges  de  ladite  Chambre. Là,comme  il  auoit  toufiours 
fouhaitcé,il  fie  telle  confciïion  de  fa  foy,que  fon  appel  comme  d'abus,  déclare  nul  &:  no 
GlSamné  receuable,fut  condamné*  cftre  bruflé  toutvifen  la  place  Maubert:&:  neanemoinsfue 
'  dit,quel'on  furfoiroic  l'exccution,pour  le  faire  admonnefter  par  quelquesDo&eurscn 

Théologie^  s'il  fe  reuenoit,ne  fcntiroit  le  feu,ains  (croit  eft  ranglé.Pour  ce  faire  le  len- 
demain îlfuc  mis  en  difpute  contre  deux  Docteurs  de  la  Sorbône  ,  lefquels  il  fouftint 
vertueufement. 

De  p  v  i  s  elUnt  mené  en  vne  chambre  fut  interrogue  par  Maillard:  fie  après  lôgues 
difputes>cfquel/es  il  pouuoit  cognoiftre  fa  perfeuerance,ils  comberenr  fur  la  manduca- 
tion  du  Seigneur  en  la  Ccne.il  confefloit  toufiours  en  icelle  participer  realcment 6c  de 
fait  au  vray  corps  de  noftre  Seigneur  IefusChrift:mais  que  cela  fe  faifoit  fpirituellemet. 
Maillard  ne  confiderant  ou  dilîimulantcefte  manducation  fpirituellc  ,  conclud  qu'ils 
eftoyent  d'accord, pource  qu'il  auoit  confefle  vne  manducation  :  &:  voulant  triompher 
defaconutrfionenfitrapportàlaCour.  Plufieurs  en  furentrefiouis,quin'eftoycnc 
point  cruels,mais  marris  delà  fentence  qu'on  auoit  arreftee  contre  luy:de  fortequ'ay- 
ans  prins  depofition  de  cela  lignée  de  la  main  dudit  Maillard  ,  furent  d'aduis  quel'exc- 
cucion  tuft  encores  difFeree.Et  comme  cho(e  qui  ne  fe  fait  pas  volontiers ,  qu'vn  arreft 
traine  fi  long  temps,il  en  vint  quelque  bruit  que  le  Roy  s'en  mefeontentoit.  Ainfi  pour 
donner  à  cognoiftre  que  telle  diIation,à  laquelle  la  plus  part  enclinoyent,  n'eftoit  prc_ 
iudiciableauxordonnanccs,ilsdeputerentdeux  Confeillers  pour  luy  porter  déclara- 
tion des  caufes  d'icelle  fous  le  figne  de  Minard  l'vn  des  Prefidens.  Le  Rçy  fit  refponie 
telle  que  le  delay  fut  incontinent  rompu:ioint  que  Guerin  cependant  auoit  maintenu 
la  vérité  deuantMaillard:tellement  qu'on  cognut  bien  qu'on  s'eftoit  mal  fondé  fur  fa 
conuerfion.  Mais  auant  que  pafter  plus  outre  au  récit  de  fa  mort  hcureufc,il  faut  que 
nous  voyons  toutes  les  difputes  efentes  de  fa  main  propre,commc  s'enfuit: 

Trs  s  c  h  e  r  s  freres,ily  alongtemps,queiedefiroyeauoiroccafionde  vousrcfcri- 
re:mais  grâces  à  noftre  bon  Dieu,l'occafion  y  eft  bien  grande  à  cefte  fois.  I'ay  bien 
voulu  vous  aduertir  qujeSamcdy4.de Iuin  iefu  amené  deuant  Mcflïcurs  de  la  grand* 
Chambre:où,tout  malade  qi'eftoye,m'interroçuerent  fur  certains  articlcs,aufquels  ic 
u  difficul-  refpondy  à  grande  difficul  té.I'auoye  les  leurcs  a  tous  propos  que  pronôçoye,herfcs  en- 
té de  parler  femble:mais  toutefois  noftre  Dieu,qui  aie  min  des  fiens  roaffifta  iufques  à  la  fin  ,&  ne 
permit  qu'ils  gagnaflent  rien  fur  moy  :  dont  ic  le  loue  par  fon  Fils  bien-aime  noftre  Sei- 
gneur Icfus  Chrift.Premicrcment  après  auoir  prefté  le  ferment  accouftumé,Monfieur 
le  premierPrefident  me  demanda  fi  ic  croyoye  pas  après  les  parolles  fàcramentalcs  pro 
noncees  par  le  prcftre.que  le  corps  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  eftoit  fous  i'cipece 
du  pain,  réel  &  corporel  ?  le  refpondy,  Mon ficuriccroy  véritablement  que  le  corps 
de  noftre  Seigneur  Ief  us  Chrift  eft  toufipurs  en  haut  à  la  dextre  de  Dieu  fon  Perc:&:  qu 
il  ne  bougera  de  là  tant  qu'il  viendra  iuger  les  vifs  6c  les  morts,fclon  les  articles  de  la  foy: 
mefmes  qu'il  faut  que  le  ciel  le  recoiue  iufques  à  la  reftauration  de  toutes  chofes ,  donc 
Dieu  a  parlé, comme  il  eft  eferit  aux  A&es  5 .chapitre. 

Apre  s  iefu  interrogné  de  la  manducation:  6c  refpondy  qu'en  communiquant  au 
pain  6c  au  vin,qui  nous  font  donnez  au  Sacrement,ie  coœlnunïquc  au  corps  6c  au  fang 

de 


Cjeoffroy  Çjuerin  ^py 

de  noftre  Seigneur  lefus  Chrift  ,  rcalement  &defait,fpirituellement,&par  viue  foy, 
en  cfperance  de  la  vie  eternellerlc  cerchant  au  ciel  pour  en  auoir  la  fruition,  &:  ce  par  la 
vertu  incomprehenfible  du  faind  Eiprit.  le  fu  aufli  tnterrogué  fi  quand i'eftoye  aux 
prifQnsderOfficialité^cchantoyepasaufalut&yaffiftoye.Icdi  que  non.  Lacûufe 
pourquoy  ie  fu  interrogué  fur  ce  poin&,vint  de l'Official ,  qui  là  eftant  prefent  difoic 
tout  ce  qu'il  vouloit  contre  moy.  L'vn  des  Prefidens  me  tança  fort,  &  m'iniuria  plu- 
fieurs  fois,difant,Que  f  eftoye  défia  damnc:&  fi  ie  vouloye  pas  dire  mô  Aue  Maria, &;  fi 
ie  ne  mefprifoye  de  faluer  la  ViergeMarie.  ^Journellement  je  prie  Dieu,&  luy  fay  rhon 
oraifon  ainfi  que  noftre  Seigneur  lefus  Chrift  nous  a  apprins ,  comme  il  eft  efent  en  S. 
Matthieu  é.chapitre.  Et  n'ay  point  d'autre  aduoeat &c  médiateur  enuers  Dieu, pour  a- 
uoir  accès  à  luy,que  noftre  Seigneur  Iefus:lequel  nous  eft  propofé  pour  tel  en  la  lain&e 
Efcriture,par  les  paflages  i .Iean  i.&c  i.  Timoth.z.m'afleurant aufli  aux  promefles  qui 
nous  font  faites  en  l'EuangilezQue  tout  ce  que  nous  demanderons  à  Dieu  ,  au  nom  de 
fonFils,nous  l'obtiendrons-  Finalement  ie  fu  interrogué  de  la  prière  pour  lestrefpaflez. 
le  refpondy,qucic  n'âuoyc  point  apprins  de  prier  pour  les  trefpaflcz.  Lon  m'interro- 
gua  de  plufieurs  autres  menus  fatras>quc  ie  ne  mis  point  en  mémoire  :  mais  fur  mes  in- 
terrogatoires ce  font  à  peu  près  les  refponfes  que  ie  fî. 

Ap  s.  e  s  monfieur  le  Prefidcnt  me  demanda  quelles  raifons  ie  voUloye  dire  pour  mes 
caufes  d'appel  comme  d'abus.Ie  dy  queie  ne  fauoye  que  ceftoit  :  &  qu'ils  feroyét  beau- 
coup pour  moy  fi  de  leur  grâce  ils  me  bailloyettt  vn  Aduoeat  pour  me  confeiller.  Mais 
monfieur  le  Piefident  M.  me  dit  qu'il  mefaloit  vn  homme  pour  me  confeiller  de  mon  Ainû  iug£t 
falut,&  que  i'eftoye  en  grand  dangenattendu  que  défia  vne  fols  il  m  auoit  retiré  du  feu,  les  medaita 
&ieftoyepreft  d'eftre  condamné.  Ieluydy  ,  Monfieur  ie  feroye  bien-heureux  fi  Dieu 
m'euft  retire  desafrli&iôs  où  i'eftoye,&  que  iedeûroyc  d'eftre  diflbus&  eftre  au  ciel  a- 
uecques  Chrift.  Mais  il  dit,que  ie  n'auoye  garde  d'aller  au  ciel ,  &  que  i'eftoye  défia 
damné  Je  fi  refponfe  que  i'eftoye  afleuré  d'eftre  fauué,  C'eft  tout.  Alors  on  me  remena 
enmaprifon* 

L  e  lendemainîqul  eftoit  le  Dimâche,enUiron  quatre  heures  de  releUeCjl'vn  des  fer- 
uiteurs  me  mena  en  la  chappelle  de  la  Conciergerie:auquel  lieu  trouuay  deux  marmL 
tiers  de  Sorbone  ailec  leurs  chapperons:lefqUels  fe  profternereh  t  à  deux  genoux.  Et 
après  auoir  fait  leur  orailon,ie  demanday  à  l'vn  t  Monfieur,-venez~vous  céans  pour 
m'intcrroguerflls  me  firent  reiponfe  qu'ouyJe  leur  dcmâday  loifir  d'inuoquer  le  nom 
de  Dieu-.ce  qu'ils  me  permirert  t<Et  après  que  i'eu  fait  mon  oraifon ,  pource  q  c  eftoit  en 
Erançois,ilspenfoyentmefairccroirequeicfaifoye contre  le  commandement  de  l'E- 
glife:maisielcurrefpondiauecfain&Paul,  que  i'aimoye  mieux  parler  cinq  pâroîies  en 
mon  entendement,que  d'en  dire  dix  millet  ne  les  entendre  point.  Il  eft  vray ,  dirent- 
ils:mais  l'Eglife  commande  de  prier  en  Latin. Le  plus  vieil,rompant  le  propos  vint  à  me 
dire,Lagrace,lapaix,&  lamifericordede  Dieu,  parla  communication  du  S.  Efprit  de- 
meure à  iamaisauec  vous.Ie  refpôdi,ainfifoit-il.  D.  Or  ça,  mon  ami,  nous  fommes  en-  n  ent^  je 
noyez  vers  vousjefperans  auoir  quelques  nouuelles  de  voftrefalut.  On  nous  a  dit  que  l'aiTcmbic» 
Vous  voulez  tenir  de  l'opinion  de  ceftcàflembléé  i  mais  ie  m'efbahi  comment  vous  e- 
ftes  fi  téméraire  de  vouloir  ainfi  errer  auec  fi  petit  nombre,  le  gageray  qu'on  n'enfau- 
roit  encores  troUUef  vn  cent  dedans  Paris,&  vous  voulez  tenir  cefte  opiniô  contre  tou 
te  l'Eglife?    Monfieur,ieme  veux  du  tout  en  tout  rapportera  la  parollcde  Dieu,  te 
me  régir  par  icelle,fans  fouruoyer  du  droit  (entier  de  la  vérité  de  Dieu  ,  pour  fuiure  la 
do&rine  &:  commandemens  des  hommes.    Interrogué  fi  ie  vouloye  pàs  prier  la  vier- 
ge Marie,&les  Sain&s  trefpaiîez  domine  l'Eglife  le  commande,  çt.  Monfieur,  l'Eglife 
de  Dieu  vniuerfelle  efpoufe  de  noftre  Seigneur  Ienis  Chrift  eft  tant  humble ,  qu'elle  ne 
prefume  rien  d'ellc-mefmepour  commander  outre  ce  qu  elle  tient  de  fon  Efpoux  *  par 
la  parolle  duquel  elle  eft  régie  U  goUUcrnee.    Er  pourtanticomme  vn  du  troupcau,ie 
veux  feulement  ouyr  la  voix  dé  mon  Pafteur<qui  eft  noftre  Seigneur  lefus  Chrift.Ie  me 
veux  feulement  arrefter  aux  promefles  qui  nous  font  faites  en  fon  Nom:  a/Tauoir ,  que 
nous  obtiendrons  tout  ce  que  nous  demanderons  au  Pcrc  de  par  luy:  &  auffi  il  nous  eft 
propofé  pour  noftre  feul  Aduoeat  \fc  Médiateur    D.  Voire,  mais  ne  croyez-vous  pas 
que  les  Saints  nous  puùTent  aider,quand nous  recourons  à  eux  par  prières  &  oraifons? 
rçt.  Non.  D.  le  le  vous  prouueray(dit  le  plus  ieunc.)Nc  fauez  vous  que  la  Cananee  pria 
les  Apoftrcs  qu'ils  priaflent  pou  relie?    y.*  Chryfoftome  interprète  ce  paflagcdifanr^ 


Liurc^VL  Çeofroy  Cjuerin. 

Voy  la  prudence  de  la  femme-elle  ne  prie  point  Iaques,ne  Iean,clle  ne  va  pas  a  Pierre, 
Ma«h.i5    ^  ne  jUy  chauc  de  toute  l'aflemblec  des  Apoftres:mais  au  lieu  de  tous  ceux-la  elle  préd 
penitem e  pour  fa  compagne  ,&  vient  droitàlefus  Chnft,&:c.Et  d'autre  part,que  fait 
cela  pour  dire  que  les  trelpaifez  prient  pour  nous,  &:  qu'ils  foyentnos  aduocats?Car  en- 
core qu'ils  eullcnt  prié  pour  la  Cananee  ,  ce  ne  feroitqueledeuoiren  quoy  nousfbm- 
mes  obligez  de  prier  les  vns  pour  les  autres, félon  qu'il  nous  eft  commandé  par  la  parol- 
DcClcmcc-  lcdcDieu.    Leplus  vieilme  vint  dire,Efcoutez,mon  ami, faincK^lemcutdilçiple  des 
Apoftres  difoit  ainfi ,  le  délire  d'aller  voir  la  bonne  vierge  Marie,  mere  de  noftre  Sau 
ueur  Iefus  Chnft,afin  qu'elle  prie  pour  moy.  Vous  pouuez  voir  par  ce  pafTage  comme 
elle  peut  prier  pour  nous.  y..  Monfieur ,  elle  eftoit  encore  viuante  lors  qu'il  defiroit 
qu'elle  priait  pour  luy:ce  n'eft  rien  de  dire  quelle  puuTe  prier  pour  nous  au  ciel.  &  md- 
me  elle  ne  voudroit  rauir  ceft  honeur  fingulier,qui  appartiét  à  fon  feul  Fils. Le  plus  ieu 
ne  nve  péfa  faire  vn  argumét,difat,U  eft  eferit  au  i  .chap.des  Heb.que  lesAnges  font  mi 
niftres  des  leruireurs  deDieu,pour  feruir  à  noftre  falur.  9t.  le  le  vous  côfefTc.  D.  Si  donc 
les  Anges  font  feruiteurs  de  Dieu  pour  nous  aider:Ergo,les  Sainéts ,  qui  font  bienheu- 
reux,nouspQurrontaider,tellementque  nous  pourrons  recourir  à  eux  en  nosneceffi- 
tez.  çt.  Monfieur,fi  vous  n'auez  autre  raifon  que  de  cela,ce  n'eft  rien.  Car  Dieu  n'a  pas 
attribué  aux  Sain&s  ceft  office  de  nous  aider &fubuenir  .    Parquoy  nousne  deuons 
point  recourir  à  eux:mais  à  fon  feul  Fils  bien-aimé,  auquel  il  a  pris  tout  fon  bon  plaifir, 
&;  eft  la  bouche  de  tous  Chreftiens  pour  parler  au  Pere.Touchant  les  Anges,  combien 
que  noftre  Dieu  les  employé  pour  feruir  à  noftre  (alut:  toutefois  ii  ne  veut-il  pas  que 
nous  les  inuoquions,&  que  nous  ayons  noftre  adrefle  à  eux ,  mais  à  noftre  Seigneur  le.* 
fus  Chrift,par  lequel  nous  auôs  accès  au  Perc:comme  il  eft  eferit  au  fepticme  des  Heb. 
Le  plus  vieil  dit,  Apres,ceft  afTez  parlé  de  ce  poinct,puis  qu'il  ne  veut  croire  autre  chd- 
fe:venons aux chofes plus fain&es.      l'en  croy cequel'Eglife  vniuerfelle  encroit,&r 
doit  croire:car  i'ay  du  tout  mô  appuy  fur  la  parolle  de  Dieu-.m  arrefte  à  noftre  Seigneur 
Iefus  Chrift,&  le  tien  pour  mon  feul  interceiTeur,comme  il  nous  eft  propofé  en  l'Efcri- 
ture.  Alors dirét  tousdeux,Aufïifaifons-nous comme  vous:mais  cela  nempcfche  que 
les  Saindts  ne  prient  pour  nous.  çt.  Si  vous  en  voulez  tant  pour  vos  patrons,  ne  les  efpar 
gnez  pas,  quat  à  moy,  ie  me  contente  de  lefus  Chrift.    le  n'ay  pas  mémoire  de  tout  ce 
qu'ils  m'obiecterent  fur  ce  poind  :  mais  c  eft  à  peu  près  la  difpute  que  nous  eufmes  en* 
femble.  Apres,  le  vieil  me  denunda,Or  ça,mon  ami,ne  croyez-vous  pas  au  fain&  facre- 
ment?  R.  le  cioy  le  faind  Sacrement  delà  Cene  eftre  in  ftitué  de  noftre  Seigneur  Iefus 
Chrift.  D.  Ceft  bien  dit.Ne  croyez- vous  pas,  qu'après  que  le  pain  eft  confacré  par  l'E_ 
uefque  ou  le  preltre,que  le  corps  de  noftre  Seigneur  eft  là  prefent?  R.  le  croy  que  deuat 
&  après  la  fan&ification  du  pain  &c  du  vin  (  que  vous  appelez  confecration)  le  corps  du 
Seigneu  r  eft  toujours  en  haut  à  la  dextre  de  Dieu  le  Pere,  don  t  il  ne  bougera  tant  qu'il 
aura  mis  fes  ennemis  pour  fon  marchc-pied.Ie  necroy  point  qu'il  foit  ailleurs. 
D.  Ne  croyez-vous  pas  aux  parolles  que  noftre  Seigneur  dit,quand  il  print  du  pain,  co- 
rne le  recite  fainft  Paul  en  l'onzième  de  la  première  aux  Cor.  R.    Ouy,monfieur.  D. 
Ne  dit-iJ  pas  en  leur  baillant  le  pain,Prcnez,mangez,cecy  eft  mon  corps,qui  eft  rompu 
pour  vous?  R.  Ouy,monfieur,ie  croy  tout  cela.  D.  Regardez  bien,môami .  vous  voyez 
DcTcnull.  qu'il  dit  le  pain  eftre  fon  corps.    ^.  Tertullian  en  fonliure^contreMarcionditainfic 
IefusChrift  après  auoir  prins  le  pain,Ô£  diftribué  à  fes  difciples,  le  fit  fon  corps  en  difat, 
Ceft  mon  corps,c  eft  à  dire(dit-il)le  figne  de  mon  corps  --nous  donnant  à  entendre  que 
cecy  doit  eftre  entendu  fignificatiuement.  Auffi  les  Sacremens  ont  vne  telle  fimilitude 
auecla  chofe  de  laquelle  ils  font  Sacremens,  qu'ils  prennent  fouuent  le  nom  delà  cho- 
fe  mefme.  D.  Vous  dites  donc  que  le  pâin  eft  feulemét  le  ligne  du  corps  de  Iefus  Chrift. 
R.  Voire.  D.  Vous  voulez  donc  contredire  aux  parolles  du  Seigneur  qui  dit  exprefle- 
ment,Cecy  eft  mon  corps.  R.  S.  Âuguftin  contre  Adimant,dit  ainfi,  Noftre  Seigneur 
n'a  point  fait  difficulté  dédire,  Cecy  eft  mon  corps ,  quand  il  bailloit  le  figne  de  fon 
corps.Ie  leur  demanday  s'ils  vouloyent  contredire  aux  Docteurs  de  l'EglifeJefquels  in- 
terpretoyent  fi  clairement  la  parolle  du  Seigneur.Le  plus  ieunc  médit,  Mais  efeoutez, 
Siie  prenoyc  vn  bonnet&  que  ie  le  vous  donnaflejVQUsdiroy'-icTcnez^renez  ce  bon- 
net, ceft  à  dire ,  le  figne  du  bonnet?  voulant  par  cela  me  faire  entédre  quele  pain  eftoit 
le  corps  du  Seigneur  rcel,&  corporel,^  non  pas  figne,cout  ainfi  que  te  bonnet  eftoit  le 
mefme  bonnet  fans  eftre  figure. 

fit.  Tout 


yc.  Toutainfi  que  le  bonnet  efttoufioursenfamefmeforme& figure  :  auflïlepain  du 
{acremcnt(lequcl  en  aucune  manière  eft  appelé  le  corps  de  Chnit)  demeure  touliours 
çn  fa  fubfonce&nature,&n'eft  point  tranfmué  en  la  fubftance  du  corps  dcChrift.A- 
lors  tous  deux  eurent  la  bouche  clofe,&:  ne  fàuoyent  plus  que  me  dire. 

Apresilsm'interroguerentdclamanducation,  Si  fous  lescfpecesdupain&duvin  J^J" 
ic  receuoye-paslc  corps  &  le  fang  de  noftre  Seign.  Iefus  Chrift,&  fi  iecroyoye  pas  qu'.  tiéduco^t 
il  fuft  là  prefent  pour  receiioii?^  le  croy  fermemét  qu'au  Sàcremét  de  là  fain&e  Cenej 
communiquant  aux  fignes  du  pain  &c  du  vin  *  ie  communique  aufîi  au  corps  &c  au  fang 
de  noftre  Seigneur  Icfus  Chrilt,lpirituellement  &C  par  viuefoy,en  efperance  de  la  vie  e- 
ternelle:&:  cela  par  la  vertu  incomprehenfible  du  fainct  Efprit  :  le  cerchartt  à  la  dextre 
du  Pcre,pour  en  auoir  la  fruition.Ils  me  dirét  tous  deux  enfemble,  Vous  dites  touliours 
)es  fignes  du  pain  &:  du  vin.  çt.  Voirc:carpar  icéux  nous  eft  demonftré  ce  qui  nous  eft 
fignifié  en  ce  Sacrement.  Apres  me  demandèrent  où  i'auoycappris  ces  chofes:&:  que  ie 
tenoye  tout  le  contraire  de  noftre  mere  faincie  eglife:&:  que  par  ce  moyen  i'eftoy'here- 
tique,&  tenoye  l'opinion  de  Berengatius.  y..  Meffieursjic  ne  fuis  point  hérétique:  ains 
croy  tout  ce  qui  appartient  à  vn  Chreftien  de  croire. Car  telle  a  cfté  la  foy  des  Apoftres; 
àc  detoute  l'Eglifè  primitiuejà  laquelle  ie  me  veux  conformer.  Vous  me  parlez  de  Be- 
régarius,mais  iamais  ie  ne  ouy  parlcr:&:  ne  fay  qlle  opiniô  il  a  tenuzil  me  fuffit  de  croire 
ce  qui  eft  contenu  en  la  parolle  de  Dieu  .le  vous  ay  dit  ce  que  i'en  croy ,  &c  quelle  eft  ma 
foy.  ^Sur  ce  poind  le  plus  vieil  me  dit,qu'il  eftoit  bien  marry  qu'il  ne  pouuôit  faire 
vn  meilleur  récit  de  moy:&  que  iepenfaife  à  moy:&  fi  ievouloye  prier  Dieu  &:  la  vier- 
ge Marie,que  ie  laifTeroye  celle  opinion. Il  me  dit  beaucoup  de  menus  fatras,  qu'il  n  eft 
ja  befoin  d'efcrire.Car  quand  ie  vy  fon  importunité,ie  ne  luy  refpôdy  ricn.rpftoye  aufîi 
encores  fort  debile,à  caufe  de  la  fîeure  qui  m'auoit  laiflé  le  iour  precedent.lls  palferenc 
de  là  au  Purgatoire:&  me  demandèrent  fi  ie  le  croyoye.  qt..  Mcflieurs,ie  croy  qu'il  y  a  vn  ^ 
Purgatoire,quieftlecorpsdenollrcSeigncur:&:queparlafoycniceluy  nous  fommes  touè.1"8** 
fauuez.  Le  vieil  me  dit,  le  me  doutoyc  bien  qu'il  ne  vous  en  faloit  point  interroguer; 
mon  amy,ie  vous  prouueray  qu'il  y  a  vn  Purgatoire^  par  ainfi  qu'il  faut  prier  pour  les 
trefpafTez.  Il  eft  eferit  au  fécond  liùre  des  Machabees,&  mefmes  l'eglife  le  chante  à  la 
MefTe>qu'il  faut  prier  pour  les  trefpafTez.  y..  Monfieur,les  liures  des  Machabccs  font  A- 
pocryphcs,&:  ne  font  receus  pour  Canoniques  en  l'Eglifè  de  Dieu.  Il  me  dit  que  (ainâ 
Hieromeles  mettoit  au  Catalogue  des  efcriuains.  fy..  Mais  il  ne  les  met  pointaù  reng 
des  liures  CanbniqueS:&:  dit  qu  o  les  peut  lire  pour  aucuns  beaux  exemples  &:  hiftoires 
defquelleson  pouuoitreceuoir  quelque  édification  >■  mais  non  poUr  confirmation  de 
ladoéhmedefalut.  Le  ieune  me  recita  quelque  pafîàge  de  l'Ecclefiafte  j  pour  prou- 
ver farotifTerie.maispourcequeicn'auoye  point  leu  ccpafTage,icluy  dy ,  qu'il  ne  s'en- 
tendoit  point  ainfi:&  que  S.Cyprien  dit  contre  Demetriartjquand  6n  fera  parti  d'icy,  il 
n'y  aura  plus  d'efFcd  de  penitence,ny  de  lieu  de  fatiffa&iom  Et  que  fain&  Auguftin  dit 
efcriuant  à  M*cedohius*Liberté  de  pénitence  nous  eft  feulement  donnée  en  cefte  vie: 
après  la  mort  il  n'y  a  point  de  licence  de  cdrrc&ion  :  maintenant  eft  le  temps  de  miferi- 
corde,apres  fera  le  temps  de  iugeracnt.Ils  trie  dirent  fort  biën  queie  m'abufoye,&  queû 
iauoyeleu  cela,ie  nel'entendoye  pas  bien.çt.  Meflieurs,il  eft  ainfi.  Ils  medemanderenc 
û  ievouloye  pas  croire auec  toute  l'Èglifevhiuerfelle,  qu'il  y  auoit  vn  autre  Purgatoire 
que  le  fang  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift.  i^.Non,Mefiieurs,ie  me  contente  de  ceftuy- 
laxar  il  eft  plus  que  fuffifant.Si  vous  en  auez  forgé  vn  aucre,Croy  ezJe  tant  que  vous  vou 
drez:ic  veux  m'arrefter  à  celuy  que  la  parolle  de  Dieu  m'enfeigne.  Lifez  le  i .  chap.des 
Heb.  i.chap.  des  Colofîiens  ô£vn  nombre  infini  d'autres  pafTages  ,  lefquels  nous  enfei- 
gnent  le  fang  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  cftre  noftre  vray  &:  parfait  Purgatoire.  Or  s^j^ 
toufiours  ils  tafehoyen  t  de  me  rompre  mon  propos:mais  touliours  ie  fèntoye  vnegran-  SSde 
de  affiftence  de  mon  Dieu,com  bien  que  ie  fufîe  en  grande  neceffité  du  mal  dé  tefte.  A-  l'aififteocç 
Jorsilsmedirent,Monami,vouseftes  merueilleufementobftiné,  &  comment  voulez- dc  Dlç"f 
vous  auoir  vne  opinion  tout  feul.?  Vous  voyez  tout  le  monde  qui  croit  comme  nous. 

MefGcurSjie  croy  ce  que la  parolle  de  Dieu  nous  erifeigne,&:  non  autre  efiofe:  car  en 
telle  foy  ic  veux  viurefic  mourir.  D.  Etirion  ami,quepenfez-vous?  Si  voftre  opinion 
eftoitbonne,pcnfez-vousquenelavouluflecroire?medit  le  plus  vieil,  y..  Monfieur, 
ie  vous  ay  donné  raifon  de  ma  foyx'cft  ce  que  i'en  croy.  Ecainfi  nous  departifmcs  d'en- 
femble. 


Maillard 


Le  Mardy  enfumant ces Sorboniftes furent  derechef  enuoyezversmoy ,  stupre- 
fente  en  la  chappele.Er  après  auoir  tait  km  bonadiesdcuât  leurs  Idoles,  ils  me  dcfcou 
urirentdedelîous  leurs  robbespluiicurs  petits  hures  aucc autres grâds,  quvnleruiteur 
apportoit  fous fon  manteau,  entre  lcfqucls  eftoit  Tertulli.ni  :  pretendans  par  îceluy- 
me  monftrcr  que  le  pain  de  leur  Mciié  eftoit  le  corps  de  Iefus  Chrift  en  fubftancc,&:  nô 
pluspain.  Ielcur  relpondy ,  que  ecluy me(mcqtuaiu>it  appelé  Ion  corpbfromenr,&: 
pain,ilauoitaullihonnorélcsfigncsdu  pain&du  vindu  nomdefon  corps,  &c  de  fon 
langmon  pas  tranunuant  la  nature, ains  adiouftant  la  grâce  à  nature.  Alors  ils  me  diict 
quefeftove  vn  merueillcuxobftiné:&  mcmonltrcrentencoreautres  vieux  Canons,  &c 
Conciles :aufquels(gtaces  à  noftrc  Dieu  par  l'on  Fils  bien-aimé  noftre  Seigneur  Iefus 
Chriftjie  fatilfi  comme  cicifus,&:  ne  pcufmc s  aucunement  tomber  d'accord. 

Apre  s  plulicui  s  diiputestouliours  fur  ce  poincl,lc  Geôlier  arnua  qui  venoit  quel .  t 
ces  vénérables  Dotteurs  pour  aller  pai  1er  à  Mciîicuis,&:  leur  faire  leur  rapport  de  m  o\ 
Ainli  nous  ceflaimes  propos,&:mc  direnr  qu'ils  eftoyeni  bien  marris  qu'ils  ncpouuoyéc 
faire  pour  moy  quelque  chole:&:  qu'il  falloir  pour  delcharger  leurs  cÔfciences, qu'ils  dif- 
fent  que  feftoye  trop  obitiné.  R.  Meflkurs,ic  ne  croy  que  la  vérité:  mais  vousdifpiu 
tez  tout  le  contraire. L'vn  me  dit  (qui  n'y  eltoit  pas  leDimanche)que  ic  cenoye  l'opiniô 
de  Calum.  R.  Mon  lieu  r,c'eft  la  venté  que  ie  tien ,  &  fur  icelle  îe  veux  vint e  &:  mourir. 
Ils  me  dirent  que  ie  ne  m'en  trouueroye  pas  bien.  R.  Comme  il  plaira  à  Dieu.  Alors  ie 
tu  ramené  en  mô  cachot.  Toft  après  on  me  vint  requérir  pour  aller  àMefïieurs,mais  ie 
n'y  parlay  point.  €  On  me  fit  entrer  dedans  vne  petite  chambre ,  qui  fert  au  Greffe, 
&:  làtrouuay  ce  bon  do&cur  Maillard  :  lequel  me  fit  vn  long  dilcours,&:  qu'il  eftoit  ve- 
nu pour  me  confoler  pat  la  parolle  de  Dieu,&:  qu'il  ne  me  vouloir  fafcher.  Iamais  oife- 
leurnefitmeilleurepippeepourattraperoifeauenfes  filets,  qu'ilfaifoit  .  maisgraceà 
Dieu^ecognoilïbyelarufedu  galand,&  où  il  vouloir  venir,  quandilfe  couuroitdu  ti- 
tre de  la  parolle  de  Dieu, qu'ilfaifoit  du  perefpirituel,&  du  demi-dieu.  Quand  il  eue 
mis  tin  à  fon  proefmc  il  me  demanda ,  Guerin ,  ne  croyez-vous  pas  qu'après  la  confecra- 
non  du  pain  le  corps  de  Iefus  Chrift  eft  au  Sac  rement  realemenr,corporellement,&:  pi  e 
lénticllement,auili  prcicnt,ou  plus  que  vous  n'efteslà  preientfR.  Monfieur,ie  croy  vert 
tablcment  que  le  corps  de  Iefus  Chrift,auquel  il  ell  reifuicité ,  eft  à  la  dexti  e  de  Dieu  le 
Perc:&  qu'il  viendra  de  là,&  non  point  d'ailleurs, iuger  les  vifs  &  les  morts.  Car  d'aurâc 
qu'il  eft  vn  vray  corps,il  tau  t  aufîi  qu'il  tienne  vn  certain  heu:  &:  ne  faut  penler  que  feJô 
cefte  forme  &:  fubftance  de  fon  corps  il  foit  efpandu  par  tout,iouxtc  le  tefmoignage  de 
faintl  Auguftin.  Sur  ce  poind:  il  fut  contraint  de  me  confeifer  que  Iefus  Chrift  comme 
homme  eftoitàla  dextre  du  Pere:&que  tout  ainli  qu'on  l'auoit  veu  monter,  aufliqu  ô 
le  verroit  venir.&:  qu'il  eftoit  là  haur,grand,&  bel  homme  en  Ion  corps  reluifant&glo 
neux:maisquecc  n  eftoit  pasaifcz.&:  que  combien  qu'il  fuften  fa  qualités  grandeur, 
qu'il  falloit  aufîi  croire  au  Sacrement  realemcnt ,  &c.  &:  pour  le  croire  qu'il falloi t*Am- 
rnoj'a  fîiies^nimofa  fidts:inâis  qu'il  n'eftoit  pas  là  more  exTenfuoyou  mathtmatico ,  ains  qu'il  fuf 
riloit  ammoja yùies:bief,qu'il  n'y  eftoit  pas  en  fa  qualité  .  toutefois  qu'il  y  eftoit  auffi  pre- 
fenr,ou  plus  que  ie  nefloyelàprelent.Desdeux  Conleillersquieftoyentlàprefens,ily 
en  auoir  vn  qui  fembloit  me  tauonfcr,&:  tafchoit  fort  de  nous  accorder  :  mais  auffi  l'au- 
tre m  eftoit  fort  contraire. Or  iamais  nous  ne  peufmes  demeurer  d'accord  :  mais  il  de- 
meura touliours  enfon  opinion  fantaftique.Vouscognoiiiez  allez  l'homme:  iln'auoic 
garde  de  rien  dire,que  ce  qu'il  auoitapprins  du  pere  de  menfonge. 

4  Trefchet  s  frères, fay  entendu  qu'aucuns  malucillansà  l'Eglife  de  Dieu,  ont  rap- 
om  ks  ïdc  P0rt^  niques  à  vos  oreilles  que  i'auoycaccordéaucc  Maillard  contrela  vérité  de  Dieu: 
u«avdifier  mais  l'en  appelé  Dieu  à  tefmoimlequel  ie  prie  pardonner  aux  mauuaifes  langues.  le 
l'Eglife.     vous  aduife  que  ne  luyay  rien  accordé  contre  maconlcience  :  mais  que  comme  Dieu 
m'a  donné  par  fon  fainct  Efpnt, auffi  fay  parlé  chofes  que i'ay  veucs&:  ouyes  en  l'Eglife 
de  Dieu.Nous  tom  bal  mes  au  propos  de  la  manducation  du  corps  duSeigneur.Ie  luy  dy 
qu'en  receuant  les  lignes  du  pain  &C  du  vin  qui  nous  font  donnez  au  Sacrement  de  la 
faincre  Cenedu  Seigneur,cn  foy(ccrchansfeulementIefusChrift,&:fagrace,fansnous 
amuferauxfignesterriens,pourla  cercher  noftrefalut  ,&:  fans  imaginer  qu'il  y  ait  ià 
quelque  vertu  enclole:mais  au  contraire  prenans  le  ligne  comme  vne  aide  pour  nous 
conduire  droitement  au  Seigneur  Iefus  pour  trouuer  en  luy  tout  falut  àù  bien)  nous  co- 
rn uniquons  au  corps  &  au  fangdenoftre  Seigneur  Iefus,  realement&:  défait ,  fpirituel- 

lemenc 


v  ne ioy 
iaciaik 


Çeoffroy  Çuerin.  4.97 

lement  &  par  viue  foy,  en  cfperâcc  de  la  vie  éternelle.  D.  Vous  dites  que  vous  commu- 
niquez au  facrement  realement  &  de  fait:mais  ne  croyez-vous  pas  qu'il  eft  fous  les  cl  pc- 
cesdu  pain &du  vin?  R.  Non, monfieur.  D.  Comrrfcnt?  vous  dites  que  vous  le  rcccucz, 
àL  qu'il  n'eft  pas  au  facrement  realement  &  prcfcntiellement.  R.  Voire  icledy.  Eit-cc 
vne chofe impoflîble  que  ie le  reçoiue  combien  que  ic foye  en  ces  lieux  terreftt  es,&  qu' 
il  foitau  ciel  à  ladextredu  Pcre,  quand  i'adioufte  que  c'eft  par  la  vertu  incôprehcnfiblc 
del'EfpritdeDieu?  D.  Nous  fbmmes  d'accord  qu'il  cft  au  ciel  en  la  quantité  (me  dit  le 
bon  Docteur)  mais  au/îl  il  faut  croire  qu'il  (oit  fous  les  efpeccs  du  pain,  nô  pas  morequan- 
titatiuo  autn/athematteo,  mais  annmfafiâcsfuffat.  Si  vous  ne  croyezeela  .  vous  eftes  damne  à 
tous  les  diables.  R.  Monfieur,  ie  nefuis  pointdamné,&  neleferaypointpour  nccroL 
recela.  Carvousargumentcztoutaucontrairedelaveritér&;  l'Eglifedc  Dieuefpoufe 
de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift,  n'a  ia mais  tenu  cefte  opinion.  Lors  il  melaifla,^  fortic 
Jiorsdelachambre.-puis  après  on  m'appela  dehors, &:  me  fit- on  aflbir  fur  vne  longue 
felle.  Derechef  il  vint  à  moy  puis  apres,&:  me  dit  ainù\Et  bien  ,mô  amy, ne  voulez-vous 
pas  croire  que  nous  receuonsle  mefme  corps  que  Iefus  Chrift  donna  aies  Apoftres, 
quand  ils  receurent le Sacrement,&:  qu'il  cftoitlà  prefent?  R.  Ouy,ouy,  monfieur,  ie  le 
croy:&  que  i'en  fuis  nourry  parla  vertu  incomprehenfîbledu  fainc1:E(prit,en  cfperance 
de  la  vie  éternelle.  D.  Croyez-vous  cela?  R.  Ouy,môfieur,ie  le  croy.  D.  l'en  fuis  bic  aife: 
ne  le  croyez-vous  pas  fermemét?  R.  Mô(ieur,ie  vous  ay  toujours  refpôdu  ainfi,&  nô  au-  CômPnt  t ., 
trement.  Voila  comment  nous  accordafmesenfemblc.  Ic  vous  prie  (trcfdcfirez  frères)  muni*  ion 
iugez  fi  ie  luy  accorday  quelque  chofe  qui  foit  contre  l'honneur  de  noftre  Seigneur  Iefus  Jj"*  J°^t 
Ch  rift,&:  la  foy  de  fon  Eglife.  le  vous  dy  en  vérité,  &  ne  men  point  >quccc  font  les  mef-  fange, 
mes  propos  quenouseufmesenfemble.Etdenoftrcaccord  pluficursConfeillcrs&  Ad- 
uoeats,  qui  cltoyentprefens,pourroyenteftrc  bons  tefm oins.  Le  Samedy  ie  fus  appelé* 
pour  aller  deuant  Mail,  derechef,  en  l'efcritoire  du  grefTedu  Concierge  :  auec  lequel  e- 
ftoit  l'vn  des  clercs  du  greffe  criminel.  II  me  demada  fi  ic  vouloyc  pas  roufiours  demeu- 
rer en  la  foy,  en  Jaquellenous  cftions  tobez  d'accord.  R.  Ouy,monfieur.  D.  Ne  croyez- 
vous  pasdoncquelecorps  de  Iefus  Chrift  cftlàprefent,  tout  ainfi  qu'il  eftoit  prefenr,  > 
quand  il  donna  fon  corps  à  fes  Apoftrcs?  R.  Non, monfieur.  Vous  fauez  les  refpôfcs  que 
ie  vous  fis  dernièrement.  Sur  ce  poin&il  mfiftafort,fauoir  cft ,  qu'il  eftoit  prefent ,  mais 
nôpas  more quanrhatiuo> aut mathcmtttico,  ce  me  dit-il  en  ces  termes.  R.  Môfieur,vous  vou- 
lez fairevn  corps  fan  taftique  duvray  corpsde  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift,  que  vous 
m  auezaccorde  deuoir  tenir  vn  certain  lieu.  D. Vous  m'auez côfefTé  qu'il  eftoit  prefent, 
quand  les  Apoftres  le  receuret,e?go  il  y  cft.  R.  Monfieur,  ie  vous  nie  voftre  ergo.  Il  eftoit 
bic  alors  encorefur  terre,  &:  n  eftoit  pas  encore  au  cielrdepuis  jl  a  fouffert  mort,il  cft  reC 
fufcité,il  eft  monte  és  deux,  où  il  nous  faut  efleuer  nos  cfprits  pour  auoir  la  vérité  du  Sa- 
crement^ non  pas  nous  arreftericy  bas.  Car  combien  que  nous  foyons  en  ce  pèlerina- 
ge terrien,  &  que  le  corps  de  Iefus  Chrift  foit  au  ciel, nous  en  fommes  neâtmoins  nour- 
ris par  la  vertu  incomprehenfiblc  du  fainct Efprit,qui  conioint  bien  les  chofes  feparees 
par  diftance  de  lieux.  Vous  ne  croyez  donc  pas  qu'il  foit  au  facrement  realemét ,  corpo- 
rellcment  &:  prcfentiellement.  R.  Non,non,  monfieu  r.  Alors  il  dit  à  ce  Clerc  du  greffe, 
qu'il  luy  en  fouuint.Etapresilmedit,qu'ilvouIoit  fourrrirmartyre,&:  eftre  décollé  pour 
fouftenir  qu'ily  eft  prefent.  R.  Monfieur,  monfieur,  vous  n'auez garde  de  mourir  pour 
ces  chofes.    Il  me  demanda,  fi  iecroyoye  pas  que  la  vierge  Marie  eftoit  mere  de  Dieu.  Si  la  vierge 
R.  Monfieur,ie  confe/fc  que  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  cft  Dieu  &:  homme  :  entant  ^c 
qu'il  eft  homme  ,&:  qu'il  a  pris  chair  au  ventre  de  la  Vierge  par  l'opération  du  fainct  E_  Dieu, 
fprit ,  iccroy  qu  elle  eft  fa  mere  :  mais  entant  qu'il  eft  Dieu,  il  eft  fans  commencement, 
&  fans  fin,&  fans  généalogie: &  fans  entendre  cefte  diftindtion ,  ce  feroit  blafpheme  de 
dire,  qu'elle  eft  mere  de  Dieu.  Ilfedefpita  fort  contre  moy  pour  ce  mot:  puis  il  médit, 
Que  toute  TEglife  le  chantoit ,  &c  auoit  efté  décrété  eh  vn  Concile,&  on  difoit  en  la  Le- 
tanic ,  Pacer  de  Cœlu  Deus,  mifêrerenobis:  Santfa  Dei  genttrix ,  ora  pro  nobu.  R.  Monfieur,  cela 
n'eft  aucunement  contenu  en  la  fain&e  Efcriture.    Il  me  dit  que  c  eftoit  vne  herefie 
nouuelle,  de  ne  vouloir  receuoir  que  ce  qui  eft  contenu  aux  faincres  Efcriturcs  :  5c  qu - 
il  faloit  que  ie  le  creufTc  comme  vn  article  de  foy,  fur  peine  d'errer.  R.  le  ne  croy  point, 
que  félon  qu'il  eft  Dieu,  qu'elle  foit  fa  mere,  mais  bien  félon  qu'il  auoit  prins  chair  hu- 
maine en  elle.    Il  dit  au  Greffier  qu'il  eftoit  bien  marry,  qu'on  n  auoit  eferit  mes  ref- 
ponfes.  R.  Monfieur,  ie  feroyc  tour  preft  de  figner  ce  que  ie  vous  ay  dit,  &c  refpondu. 

PP. 


T  hsrc^  VI,  Çeofroy  Çutrin. 

-■•  1  r  D.  Ne  voulez  vous  pas  prier  la  vierge  Marie, &:  les  Saincls  de  Paradis?  Monfieur,la 
SaîaSî.  vit:  gc  Ma  rie,  &  Je  s  Sain&s  qui  {ont  aux  eicux  (ont  bié- heureux  :&c  ont  vne  telle  chanté 
entiers  nous,  qu'ils  défirent  noftrc  falut.Quat  à  les  pner&  inuoqutr,ils  n'ont  point  tcft 
o.'tîccrmais  bien  noftrc  Seigneur  IclusChrift,qui  nous  eft  propole  comme  tel  en  la  (ain- 
&e  Efcnturc.  D.  Vous  ne  croyez  donc  pas  qu'ils  foyent  nos  aduocats,&:  Inrercelïcurs 
enuers  Dieu.  y.  .Môucur,ic  vous  ay  dit  ce  quci'en  croy.il  dit  au  Greffier,  Qu'il  vous  t  n 
Purgatoire,  louuicne.  Puis  il  m'interroguadu  Purgatoire,s'ily  a  pas  vn  heu ,  auquel  les  ames  vont 
après  là  mort,  pour  élire  purgées  de  leurs  péchez.  R.  le  ne  croy  point  que  nous  ayôs  au- 
tre purgacoirc,n'y  autre  moyen,  par  lequel  nos  ames  foyct  purgées  de  tous  péchez ,  que 
le  fang  de  noftrc  Seigneur  Iefus  Chrift.  D.  Vous  ne  croyez  donc  pas, qu'il  y  air  vo  Pur- 
gatoire après  celle  vie.  r>  .  Non,  Monfieur.  11  infîfta  fort  fur  ces  deux  articlesmeâtmcins 
il difoit  toujours  au  Greffier,Ie  vous  le  difoye  bien  toujours  en  venant  (Monheur)qu 'il 
vous  louuinft  de  les  rcfponfcs.Et  en  partant  d  auec  moy  il  me  dit,  Gucrin ,  vous  ne  veus 
trouuercz  bié  ny  de  corps  ny  d'ame,fi  vous  croyez  ces  choies. Et  me  dit,  A  Dieu, me  pre- 
fentant  la  main:  mais  il  pcnfoit  bien  à  autre  cholèje  fin  renard. 

Trhschers  frères,  voila  comment  nous  partifme§d'enfemble:&:  (ont  à  peu  pies 
les  interrogatoires  que  m'ont  faits  ces  Doctcurs,&  pareillement  les  refpôfc  s  que  ie  leur 
ay  faites.  En  cecyi'ay  grande  occafionde  louer  noftre  bon  Dieu  &Pere  denoftre  Sei- 
gneur Icfus  Chrift,de  l'aflîftéce  qu'il  m'a  faite  en  ce  combat,  &c  de  ce  qu'il  ma  touliours 
conduit  par  fon  S.Efprit,  n'ayant  permis  que  i'aye  iamais  accorde'  rien  contre  l'on  hon- 
neur: mais  aum"  il  m'a  touliours  difpofé  a  parler  volontiers, fans  auoir  aucune apprehen- 
fiondes  tourmens>eftanr  prépare'  par  fa  grâce  de  les  louflenir.Iefenencores  en  moy  cc- 
ftegracecontinuee,&  cfpercqu'illacôtinueraiufquesàlafin.Ieluis  toutpreft  defouf- 
fnr  toutes  les  peines &tourmcns  qu'il  luy  plaira  ordonner:  non  feulement  moy, mais 
aulîî  nos  frères  qui  font  céans  prilonniersen  pareils  liens  que  moy -.nous  alTcurans  aux 
faî&es  promclTes  de  noftre  Dieu,parnoftreSeigneur&:  Capitaine  IefusChrift  (lequel  a 
foufFert  premier,  afin  que  nous  enfuyuions  fon  exemple)  qu'il  ne  permettra  que  nous 
foyons  tentez  outre  ce  que  nous  pourrons  porter.  le  vous  alTeure,  mes  frères,  que  ie  fen 
en  moy  vne  telle  force  &c  conftance  par  l'Efprit  de  Dieu,queie  h'atten  tous  les  tours  au- 
tres nouuelles,  linon  qu'on  me  vienne  appeler,  &:  ce  auec  toute  ioye  :  car  i'afpire  à  cefi  e 
couronne  immortelle,qui  eft  préparée  au  bout  de  la  courfe  à  tous  les  Martyrs  de  noll  c 
Seigneur  Iefus  Ch  rift.Et  pourtant,  ayant  receu  fentéce  de  mort  en  moy-meime ,  i'ay  i  e- 
mis  entre  les  mains  de  Dieu  letoutdemonaffairerlefuppliant  me  fortifier  iulques  à  la 
fin  (com  me  i'efpere  qu'il  fera) &:  côtinueren  moy  le  bon  vouloir  qu'il  y  a  mis.  Carie  ne 
deffie  rellement  de  moy-mefme,  que  ien'ay  garde  de  m'y  fîer,mais  en  Dieu  fetil  :  lequel 
parfera  en  moy  ce  qu'il  y  a  com  mence:defirant,loit  qu'il  luy  plaife  que  ie  meure,foit  que 
ie  viue>que  le  règne  de  noftre  Seigneur  Iefus  foitauance',&  fon  Nom  glorifié  en  ma  per- 
fonne.  Or(trefchers  freres)nousrecommandansà  vos  bonnes  grâces,  nous  Vous  pnôs 
quenenousoublic7.point  en  vos  prières  :commenoùs  cognoilîbns  que  vous  en  faites 
mémoire  journellement,  pource  quenousenfentons  lefruicbparla  force  &  conftance 
que  nous  receuons  de  la  main  denoftre  Dieu  :  par  celuy  qui  a  premier  receu  l'Elprit  de 
force,  pour  nous  en  départir  félon  la  mefure  de  noftre  foy.  Nousfaifons  toufiours  mé- 
moire de  vous  en  nos  prieres:delirans  que  la  bonne  côuerlation  des  enfans  de  Dieu  loir 
pour  multiplier  le  nombre  de  fon  Eglife:&  que  le  Règne  de  noftre  Seigneur  Iefus  rlonl- 
fe  entre  vous,  comme  vous  defirez  qu'il  foit  auancé  par  nous ,  à  la  ruine  &c  confulion  du 
règne  de  l'Anccchrift.         De  la  Conciergerie  du  Palais. 

e  s  t  le  fom  maire  de  la  Côfellion  qu'il  a  faite  deuant  les  Iuges,&:  Docteurs,  fans  que 
^-'rien  y  foir  adioufté.-Or  pourec  qu'il  auoit  cognu ,  deuant  fa  conuerlion ,  que  cela  ne 
pouuoit  venir  de  l'homme,  qu'il  confelTaft  û  hardiment  la  vérité  làns  crainte,  mais  de 
Dieu  feu!, il  auoit  drefic  vne  prière  ,pourimpIorer  fa  grace,deuan  t  que  rcfpondte,  &:  la 
prononçoit  aucuncsfois  tout  haut  deuant  ceux  qui  eftoyent  là  pour  l'interrogucr.Il  en 
JailTa  vn  double  à  fes  frères, qui  eftoyent  grifonniers  auecluy,lequel  nous  auons  icv  mis, 
afin  qu'il  férue  aux  autres  qui  fetrouueront  en  tels  affaires. 
Dicipour      Seignevr  Dieu  qui  es  la  fontaine  de  toute  fagefle  &  fciéce,  puis  qu'il  teplaift  me 
implora    prefenter  à  cefte  heure,  pour  faire  déclaration  de  mafoy,&:  rendre  telmoignage  à  ta  ve- 
feip«nici£  "^vueilles  illuminer  mon  entédement,  lequel  de  foy-mefme  eft  aueuglc  :  vueilles  cô- 

feimcr 


Cjeoffroy  G uerin.  4. 

fermer  ma  memoire:&:  que  les  choies  que  i  ay  veues,ouyes,&:  apprifes  en  ta  parolle,  me 
foyent  maintenant  fuggerees  par  ton  S.  Efprit  :  vueilies  aulli  difpoicr  mon  cœur,  &c  ma 
langueà  parler  volontiers,  en  toute  crainte  &  humilité,  &C  aucc  tel  dciir  qu'il  appartiér. 
Ne  permets  que  par  les  prome/fes  du  monde, &:  par  les  altuces  de  Satan,&:  par  leconlcil 
de  la  chair,  ie  loye aucunement  deltournc de  fobeiiTance que  îe  dois  en  cetefmoigna- 
ge  à  ta  verité,&:  côfellîon  de  ton  Nom.  Vueilies  donc,Scigneur,au  nom  de  ton  Fils  bien- 
àime  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift,imprimer  en  mon  cœur  les  promeifes ,  que  tu  tais  en 
ton  S.  Euangile  à  tous  ceux  qui  le  confciTeront  purement  deuant  les  lejgneuries&:  puif- 
fances  de  ce  monde,  eftant  aifeure  que  tu  me  conduiras  par  ton  S.  Efprit.  Au  contraire, 
ayant  appréhendé  tes  lainctes  prome/fes,  &  ta  mifericorde,fayquei'apprehende  l'hor- 
reur de  ton  iufte  iugemen&>  que  tu  feras  de  ceux  lefquels  par  leur  ingratitude  &c  mefeo- 
gnoiffance  auront  mis  en  oubly  celte  couronne  immortelle, qui  eft  préparée  à  ceux  qui 
perfeuereront  iufques  à  la  fin,  n'ayans  aurtî  appréhendé  celte  géhenne  eternelle,qui  eft 
préparée  à  tous  ceux  qui  te  dénieront. Ouure  donc  mes  yeux,  Seigneur,&:  ie  confidere- 
ray  les  merueilles  de  ta  Loy:donne-moy  entendemét,&:  ie  garderay  ta  Loy ,  &:  la  garde- 
ray  en  tout  mon  cœur.  Pour  ce  faire  vueilies  efpandre  fur  moy  ton  S.EfpritJ'Efprit  d'in- 
telligence, vérité,  jugement,  prudence,&r  doctrine,  lequel  me  rendra  capable  de  bien 
parler:&  que  tous  mes  dits  &  penfees  foyent  à  la  gloire  &  exaltation  de  ton  S.  Nom  ,  à 
mon  falutjà  la  confolation,5£  édification  de  ton  Eglife ,  &  à  la  ruine  6c  côfufion  de  tous 
tes  ennemis:par  ton  Fils  bien-aimé  Iefus  Chrift  noftre  Seigneur ,  qui  en  l'vnité  du  S.  E- 
fprit,  vit  &  règne auectoy, Dieu  éternellement,  Amen.  d 

Arme  donc  de  la  force  de  Dieu,laquelle  il  auoit  requife  fi  ardemmenr,il  comba-  lauesfouftë 
tit  fi  hcureufemet,que  la  victoire  luy  en  demeura  le  premier  iour  de  Iuillet,qu  i  tut  la  fin  nus  par  Guc 
defes  allauts.  Car  le  premier  Prefident,voulant  que  l'arreft  fuit  exécuté,  le  fit  venir  dés 
le  matin  en  i'eftude,quicft  deuant  la  grande  beuuette  de  la  Cou r,où  fe  trouuerent  qua- 
tre Docteurs  de  Sorbonne.  11  eut  de  longues  difputes  auec  eux,du  facrement  (qu'ils  ap- 
pelentdel'autel)l'ouftenant  toufiours,que ce  ne feroitpdint  facrement,  s'il  n'y  auoit  fi- 
gure viiible  de  la  grâce  inuifible.  Les  autres  n'auoyét  autre  chofe  à  refpondre,finon  que 
la  Tranlfubftâtiation  auoit  efté  approuuee  par  les  Conciles.  Gucrin  repliquoit  qu'il  ne 
vouloir  croire  aux  Conciles,  finon  entant  qu'ils  citoyen  t  côformes  à  la  parolle  de  Dieu. 
Les  autres,  Et  qui  eft  la  parolle  de  Dieu?  R.  LafaintteEfcriture.  D.  Vous  interprétez 
la  faincte  Efcriture  en  vne  façon,ô£  nous  en  vne  aurre:qui  vuidera  le  différent?  R.  Ce  fe- 
raleS.  Efprir.  D.  Chacun  dira  qu'il  a  le  S.Efprit.  R.  Ce  fera  vn  Concile  tel  que  ceiuy 
duquel  il  eltparleau  quinzième  des  Actes.  Apres  il  vindrent  àremuer  la  queftion  que 
Maillard  peu  auparauant  luy  auoit  propofee,  Si  la  vierge  Marie  n'eftoit  pas  mere  de 
Dieu.  Il  rcfpondit  que  pour  l'vnion  des  deux  natures  en  Iefus  Chrift ,  cela  le  pouuoit  di- 
re:mais  qu'il  cftoitauffi  befoinde  faire  diftinction,  afin  qu'on  entendift  quelle  n'eftoic 
pas  mere  de  la  Diuinité,mais  de  l'humanité  feulement.  Cela  eftoit  accordant  auec  la 
parolle  de  Dieu:toutefois  nos  Maiftres,  commeluy  voulans  faire  accroire  qu'elle  eftoic 
mere  de  la  Diu inité,repliquerent  long  temps,iufquesà  ce  que  le  bourreau,  qui  auoit  e- 
flé  mande  par  le  Prelîdent,  arriua:  &:  (ans  autre  forme  de  iuftice,  le  defcédit  en  la  chap- 
pelle.  Entrant  là  il  rencontra  vn  Preftre  qui  chantoit  la  MelTe,  &:  d'horreur  de  l'abomi- 
nation s'elcria,  O  la  puate  MelTe  :  tellement  que  la  canaille  qui  eftoit  là  prifonniere  par 
le  preau,le  vouioit  outrager:&  luy, eftoit  preft  de  rédre  raifon  de  la  parolle:  mais  on  vint 
à  luy  prononcer  fonarreit.  IH'ouitpailiblemét:&  li  toit  qu'on  eut  acheué,  tout  relîouy  n/ 
commença  a  chanter,Reuenge  moy ,  pren  la  querelle ,  &c.  &:  continua  de  chanter  iuf- 
ques à  deux  heures,  qui  eft  l  heurc  de  l'exécution.  Il  eft  vray,  que  iouuent  on  luy  vcnoit 
interrompre  fes  propos:  mais  ce  n'eftoit  point  fans  renuoyer,auec  bonnes  refpô(cs,tous 
ceux  qui  venoyent  à  luy.  L'vn  des  clercs  du  greffe,  celuy  qui  auoit  prononcé  l'arreft,  luy 
dit,  Vous  auez  elté  admonnefté  par  tant  de  Docteurs  gens  dcbien,&:eftes  demeu- 
re obft inc. R.Ie  n'ay  voulu  receuoir  leurs  remonftrances,  pource  qu'ils  corrôpcnt  la  pu- 
re doctrine  de  l'Euangile.Si  pour  cela  iefouftre,c'eft  pour  Iefus  Chrift.  C'eft  bien  railon 
queiefoufFrepour  luy, puis  qu'il  a  premier  fouffert  la  mort  pour  moy.  On  luy  apporta 
vne  croix  de  bois  toute  poudreufe  »  mais  il  la  repoulîa ,  difant  qu'il  l'auoit  imprimée  de- 
dans fon  cœur.  Le  toutwét 
Apre  s  le  difner  Maillard  arriua,&:  luy  fit  cefte  belle  entrée:  Qu'il  venoit  de  faire  v-  <luc  hUiU 
ne  leçon,  &  auoit  bic  voulu  pafter  parla,  pour  le  voir,  &  fauoir  s'il  eftoit  point  réduit ,  &  ^erST* 

PP.iù 


Livres  VI.  Çeofw  Guerin. 

qu'il  eftoit  temps  qu'il  penlaft  àfonfalut.  R.  Monfieur,i'aypcnféàmonfalut:8<:fuis 
bienaiTeuré  quei'iray  auiourd'huy  en  Paradis  auec  mon  Dieu.  D.  Voire,  mais  voulez- 
vous  toufiours  dire,  que  la  vierge  Marie  n'eft  pas  mere  de  Dieu?  R.  le  vous  ay  dit  qu'en 
cela  il  faloit  vfer  de  dift  indion,  de  peur  de  donner  cômencement  à  la  Diu  inité  de  noft  re 
Seigneur  Iefus:  car  c'eft  feulement  félon  la  chair,  qu'elle  eft  mere  d'iceluy.  D.  Vousne 
voulez  auffi  croire  en  l'Egliie.S:  garder  les  famds  cômandemens,&:  de  l'es  Prclars,&  ML 
niftres.  R.  le  croy  l'Eglife  vniuerfelle:  mais  les  Prélats  &  Miniftrcs,  defquels  vous  parlez, 
n'en  font  point  les  miniftres:car  ils  ne  font  pas  ce  qu'il  leur  eft  commade  par  la  paroledc 
Dieu,ains  tout  le  contraire.  D.  Dieu  ne  veut  pas  que  les  Chrefticns  meurent  ainfi,  &:  fc 
facentbrufler.  R.  L'Eglifede  Dieu  ne  perfecutepcrfbnne,mais  elle  eft  toujours  perfe- 
cutée.  D.  Vous  t  ftesmerueilleufemétobftiné.Vousreiettez  auffi  les  Images.  Or  nous 
fauons  bie,que  ce  ne  fon  t  que  pierres,bois,drap  teind,&  qu'il  ne  faut  a<ioi  er  cela  :  mais 
ce  font  remembrances  delà  vierge  Marie,  &  des  Sainds.  R.  Tout  cela  eft  défendu  de 
Dieu: &:  n'y  a  remembrance,que  celle  quela  foy  engraue  dedans  le  cœur  de  tous  fidèles. 
D.  le  voy  bien,vous  voulezaufîi  toujours  dire,  qu'il  ne  faut  pas  prier  la  vierge  Mai  ie,&: 
quelle  n'a  aucune  puiflance  de  prier  pour  nous.allez,vous  eftes  vn  mal  heureux&  mef 
chant.  R.  le  vous  di  qu'il  vous  faut  prier  Dieu  parIc(usChrift,qui  cftnoftre  Àduocat 
&C  Intcrcefteur ,  priant  inceftamment  pour  nous  :  &  lequel  nous  a  dit,  que  toutes  choies 
que  nous  dem  anderons  à  Dieu  fon  Pere  en  fon  Nom ,  nous  feront  données.  Il  me  fii  fric 
de  fa  promette.  D.  Ievous  confeffe  cela:  mais  tan  toft  vousmauez  dit, que  Vous  eftes 
afïçuré  d'eftre  auiourd'huy  fauué  parlafoy:  ne  faut-il  autre  chofe?  Ic  vous  diqu'ilnous 
fautencores  plulieurs  autres  choies,  comme  charité,  &efperance.  R.  Vous  me  dires 
merueilles.le  (ay  bien  qu'efperance  &  chanté  font  coniointes  à  la  foy:mais  la  foy  va  de 
uant ,  qui  feule  nous  rend  agréables  à  Dieu ,  &  au/fi  engendre  en  nous  ces  deux  auties 
vertus.  Monfieur,vous  perdez  voftrc  temps,  de  cercher  ces  ambages.Ilf  ut  en  cefte  fa- 
çon eflayé  de  tous  poindspar  ce  Docteur  :  mais  le  deflfusluy  demeura,  tellement  que 
Maillard  eut  la  bouche  clofe. 

A  l'inftant  arriua  vn  Confeiller  qui  luy  dit ,  Vous  eftes  bien  mal-heureux^  vous  dites 
qu'il  ne  faut  point  prier  la  vierge  Marie  :  ie  vous  demande  feulement  vhe  chofe  humai- 
nc,Si  vous  auiez  à  faire  vne  requefte  au  Roy,  vous  iriez-  vous  prefenter  à  luy ,  &c  vous  re- 
ceuroit-il  du  premier  coup,  fi  vous  ne  failiez  parler  vn  autre  deuant  vousf  R.  Et  Mon_ 
fieur,  comment  me  faites-vous  vne  comparaifon  humaine ,  auec  la  diuinité  de  Dieu  le 
Pere  tout-pui/Tant,  tout  bon,  &  tout  mifericordicux,qui  nous  a  donné  accez  à  foy,  pour 
l'amour  de  fon  Fils,  afin  que  nous  allions  à  fon  throne  en  côfiance&  hardiefTe?  ^  L'exc- 
cuteur,qui  eftoit  là  tout  preft ,  rompit  les  propos  :  &  le  voulant  mener  au  fupplice ,  luy 
prefenta  vne  croix  de  bois  peinte  de  rouge  :  mais  Guerin  auoit  fa  refpôlc  accouftumee: 
Mon  amy,  ne  t'ay-ie  pas  dit  que  ie  n'en  prendroye  point ,  &  que  i'ay  toufiours  la  mort  &c 
pafhon  de  Iefus  Chrift  dedans  mon  cœur  ?  Vn  Moine,qui  eftoit  là  prefent,  prit  la  parol- 
le,  difant,que celane luy  feroit  empefehement, &:  qu'il  le fift  pour euiter fcandale:mais 
il  eut  aufii  fa  rcfponfe:  Que  ce  ne  feroit  fcandale  aux  bons,mais  aux  mefehans  feulemct: 
que  ce  n'eftoit  que  bois  pcint,&:  fi  on  mettoit  vn  peu  d'eau  deftus,qu'il  feroit  incontinec 
effacé.  Apres  plufieurs  autres  propos,  on  le  fît  fortit  de  la  chappelle  :  te  paflant  parle 
preau  tout  embaillôné,  aduifa  vn  prifonnier,nômé  Iean  Iuliot,  auquel  il  auoit  appris  à 
lire  en  la  prùon,&:  luy  dir,Iuliot,mon  amy,exercez-vouscontinuellement  en  la  lecture 
des  Saindès  lettres,  &c  apprenez  à  prier  Dieu,&  il  ne  vous  delaifTera  point.  Et  à  tous  les 
autres  il  dit,  Adieu, mes  amis.Ie  m'en  vay  à  vne  mort  pour  auoir  la  vie.  Si  toft  qu'on  l'eut 
mis  dedans  le  tombereau,il  commença  à  dire  intelligiblement,  Seigneur  Dieu,  qu'il  te 
plaife  m'armer  deforce  &c  côftancc,pour  refifter  au  tourment  qui  m'eft  apprefté.Ne  me 
donne  point  plus  grade charge,'que  ie  ne  pu ifTe porter. le  mefuis  toufiours  attendu  à  tes 
promeires,&:  ay  long  temps  déliré  la  mort,  qui  m'eft  prochaine  :  parquoy  ne  me  delaifle 
point,mais  fay  que  ie  perfeuere  iufques  à  la  fin  en  cefte  foy, de  laquelle  ie  fay  confeffion, 
le  crov  en  Dieu  le  Pere  tout-puifTan  t,  &c.  Il  recita  le  Symbole  des  Apoftrcs.  Apres  la  fen 
tenec  fut  prononcée  :  &  quâd  fe  vint  à  reciter  les  caufes  de  fa  condanation,  affauoir  qu'il 
auoit  maircnu  propos  fcâdaleux  &:  heretiquesril  dit  à  haute  voixj'cn  pré  Dieu  à  tefmoï. 
Et  lors  qu'il  fut  crié  qu'il  eftoit  condâné  à  eftre  bruflé  tout  vif ,  il  dit  auffi  d'vne  façô  ioy- 
eufe,  Dieu  en  foit  loué.  Du  palais  on  le  mena  à  la  place  Maubert,  toufiours  les  yeux  au 
ciel,inuoquât  Dieu:&  pafTant  deuâc  le  téple  de  Noftrc-damc,vn  preftre  qui  le  coftoyoic 

luy 


Rcfpoafc 
notable 


Pricrc  de 
.Guerin. 


Cjeoffroy  (juerin,  49$ 

luy  dit,  Mon  amy ,  regardez  l'Eglife  de  Dieu  là  où  on  fait  tous  les  iours  fàcrifice ,  &  de- 
mandez mercy  à  Dieu,  &  à  la  vierge  Marie.  Guerm  luy  dit,Il  n'y  a  quele  feulfacrifîce  de 
Iefus  Chrift  pour  la  remifllon  de  nos  péchez. 

Qv  and  il  ru  carriué  en  la  place  de  lexecution,  il  n'eut  pas  faute  de  bourreaux.  CaFLar  eij 
le  peuple  eftoit  là)(èlon  fa  cou(himc,arFamé  de  l'on  lang,qui  ne  fe  pouuoit  tenir  de  bail-  peupf  à 
1er  touliours  quelque  coup,&  vomir  blafphemes  exécrables  à  l'enconcre  de  luy.  Mais  pans* 
entre  les  autres  les  maquignons  de  cheuaux  (  qui  (ont  logez  es  lieux  circonuoifins  delà 
place,  &  l'ont  gens  defbordez  en  toutes  vilenies ,  &:  accouftumez  à  meurrres,&:  erfufiori 
deiang)fcmonftrcrentle$  plus  cruels.  Car  eux-mefmes  auoyentefté  quérir  le  bois  au 
bafteau,&  agencé  le  feu.Et  fi  toft  que  Gucrin  fut  là  venu, le  pnndrent  des  mains  de  l'ex- 
écuteur^ le  voulurent  faire  mourir.  Ce  qui  fut  le  plus  cruellemêc  qu'il  eft  poflîble:  tcl- 
lementquelê  bourreau  en  auoit  compaflîon:&fecomplaignoit  qu'on  ne  luy  lai/Toit  fai- 
re ion  office.  Mais  la  confiance  de  Guerin  n 'eftoit  point  rompue:  ains  fe  monftroit  tant 
plus  grande  &T  admirable. 

On  leuc  là  pour  la  féconde  fois  fon  Areft:  &  fur  ces  mots  qu'il  auoit  blafpfiemc  con- 
tre Dieu,  &c  mefdit  des  Sacremens,ilrefpondit,  lan'aduienneque  ie  blafpheme^  ren- 
contre de  mon  Dieu:&  quant  aux  Sacremens,difant  la  verité,icn'en  ay  point  roefdit.  A- 
pres  on  luy  ofta  le  baillon,&  luy  dit  on  que  s'il  fe  vouloit  defdii  e ,  &  crier,  lefrs,  Mam ,  il 
feroit  eftranglé.Mais  il  refpondir,  I'ay  affez  confefTé  ce  que  ie  croyoy  e,  &:  déclaré  la  reli- 
gion en  laquelle  ievouloyeviure&mourir.Paflez outre.  Alors  on  luy  remit  le  bâillon, 
&  futguindé  en  l'air:  &  efleuant  fes  yeux  au  ciel,cria  à  haute  voix,  Seigneur  Dieu  ouure 
tes  cieux  pour  receuoir  ton  feruiteur.  Et  perfeuerant  en  ceftc  façon  à  prier  Dieu  ,  ren- 
dit Fefprit.  Dieu  l'auoit  auparauant  appareillé  à  ce  combat:tellement  que  ce  n'eft  de 
merueilles  s'il  fut  fi  ferme.On  a  feeu  d'vn  fidèle  qui  eftoit  prifonnier  auecluy,que  quel- 
que temps  auant  fa  mort,  il  ne  cefîbit  de  parler  des  miferes  dece  monde,&  inconftance 
de  cefte  vie ,  &  delà  béatitude  de  ceux  qui  meurét  au  Seigneur  :  &£  deuifoit  de  la  religiô 
Chreftienne  fi  bien,qu'il  efmouuoit  les  cœurs  de  tous  les  prifonniers  de  fon  cachot,  îuf- 
ques  à  leur  faire  fouhaiterd'eftre  prifonniers  pour  vne  mefme  caufe  que  luy,  pourueu 
que  Dieu  luy  fîft  la  grâce  d'auoir  la  côftance  qu'il  auoit.  Mefme  le  iour  de  fon  executiô, 
des  quatre  heures  au  matin,il  refueilla  fon  compagnô,&  le  mena  à  la  feneftre  pour  voir 
le  ciel,  &  contempler  les  œuures  de  Dieu  admirables  qui  y  font ,  difant ,  Et  que  fera-ce 
quand  nous  ferons  encores  cfleuez  par  defTus  toutes  ces  chofes ,  pour  eftre  auec  noftre 
Seigneur  Iefus  Chrift,&  iouir  de  fa  gloire ,  fi  nous  demeurons  fermes  en  la  confefîiô  de  . 
fa  vérité  ?  Ainfi  celuy  qui  au  commencement  delaiiîc à  foy-mefme,  eftoit  trébuché  û 
bas,garny  de  confolation,  &:  armes  de  l'Efprit  de  Dieu,  demeura  fi  confiant  à  la  fin,qu- 
il  doit  eftre  en  exemple  de  vertu  à  vn  chacun. 

EXP  RE$  iugement  de  Dieu fur  quelques  ennemis  &  Perfecuteurs  des  fidèles  de  Paris. 
KTg^E  V  denant  la  mort  de  ce  faincl  perfonnage,  Dieu  monftra  fon  iugement  fur  ceux 
gjggjqui  s'eftoyent  méfiez  de  pourfuyure  ainfi  à  mort  fes  poures  cnfans.  Le  Lieutenant  JJ^'jJjJ6" 
ciuil  nommé  Mufnier  (duquel  a  eftécydeuantparlé)qui  auoit  eu  la  première  commif-^  * 
fion,  &  félon  icelle  inftruit  les  procez  contre  fa  propre  côfciencc ,  fe  monftra  fi  afpre  en 
celle  pourfuittcqu'illentreprint  de  faidfurle  Lieutenant  criminel  auquel  elle  deuoic 
appartenir.  Il  fut  finalement  conueincu  de faufTcté  contre  laconteffe  deSeniguen,6c 
d'auoir  fuborné  infinis  tefmoins ,  dcfquels  les  vns  furent  pendus ,  les  autres  bannis ,  les 
autres  enuoyez  en  galères.  Luy  par  Areft  delà  Cour  fit  amende  honnorable  en  diuers 
lieux  :&  après  en  la  place  des  Halles  fut  pilorié,  auec  laplus  grande  ignominie  &  honte 
qu'il  eft  poffible.  Iamais  le  peuple  ne  vit  exécution  auec  plus  grand  applaudifTement 
que  ccfte-la  :  corne  fi  Dieu  euft  bandé  toutes  créatures  à  lcncôtre  de  ce  meurtrier.il  fut 
auffi  condamné  à  grande  fomme  d'argent  enuers  les  parties,&  de  tenir  prifon  iufques  à 
fin  de  payement:  &:  de  là  eftre  relégué  en  l'ifle  de  Ré.  Il  fauoit  bien  dire  en  la  prifon ,  que 
Dieu  l'auoit  mis  là  pour  s'eftre  prins  aux  Lutheriés,ôc  que  iamais  il  ne  s'en  mefleroit  de 
fa  vie.  Son  Commiflaire  nom  mé  Bouuot  luy  tint  compagnie  en  cefte  honte ,  &  eut  pa-  ^"«5^" 
reille punition-.^  depuis  eflmort  miferablcment aux prifons.  C'eftoit celuy  qui  s'eftoit  uot. 
trouucdes  premiers  enlaprinfcdelaruefainél  laques:  &  ne  ceifoit  de  trotter  çà&là 
pour  piller  les  maifons  de  ceux  qui  eftoyent  prifonniers.    Vn  Confeiller  auffi  qui  auoit  D*unC6fià| 
touché  à  leurs  procez ,  mourut  d'vnc  façon  eftrange .    Il  n'auoit  autre  propos  à  ceux  ler* 
oui  le  vifitovent ,  que  de  dire  ,  Et  pourquoy  faifons-nous  mourir  ces  poures  gens» 
H  PP.iii. 


La  femme  qUi  prient  ainfi  bien  Dieu?  ^  La  femme  d'vn  Confeiller  le  plus  cruel  de  tous  les  ami  es 
d'vn  Con-  cn  ce^  a^ajre  j  cft  morte  depuis  cftrangemét  en  fon  lid,aupres  de  l'on  mary jd'vne  mort 
?  T  fubite  Deux  des  voilins  de  la  maiton  où  l'allemblee  auoit  efté  tenue,  qui  s'eftoye't  des 
tins.  premiers  trouuc  z  en  armes  pour  1  afhcger,  moururent  quelques  îours  après  de  mort  lu- 
bite  en  leurs  boutiques  à  Pans,  en  la  veue  de  tous:  dont  l'vn  cltoit  Mercier.  ^  Deux  au- 
De  aCux  ac- très  du  faubourg  de  lainccGermain-despreZjVoilins  delà  damoifelle  duGraueion  cy 
eufacairsde  dcffus  mile  en  l'hilloiie,  incontinent  après  venus  telmoigner  cotre  elle ,  il  s'eileua  quel- 
le a^ST'  que  débat  entr'cux:&:  l'vn  tua  ion  compagnon  de  l'on  coufteau.  Qu'on  remarque  ces 
utron.      iuo-cmensauec  autres  cy  deuant  deduics,&:  qui  leront  veus  en  après. 


En  laper 
fccutio  de 
Paru. 


1EAN     MOREL,  de  Normandie. 

O  N  cognoiftra  en  la  procédure  tenue  contre  ce  ieune  enfant,  des  refponfes  autant  dodtes  S:  admirables  qu'il  eft 
pofsible:&:  en  les  efents  particuliers  vneexprefsion  &  comme  vneanatomie  des  parties,  &  des  tenrations 
qu'il  a  fouftenues:&  comment  après  durs  allauts  de  Satan  &  d'vn  fien  frerc  charnel,  il  a  furmonté  en  la  vertu 
de  Dieu  tout  ce  qui  empcfchoit  de  paruenir  au  but  propofé. 

V  R  le  temps  du  decez  de  Guerin,  vn  ieune  garçon ,  natif' du  pays  d'Auge, 
diocefe  de  Litieux,  du  nom  Iean  Morcl,  fut  côftitué  prifonnier,  pour  auoir 
efté  trouué  failï  de  liures  en  fa maifon,par  vne  trouppe  de  larrons ,  qui  fous 
le  titre  de  fergeans  pilloyent  fa  chambre  où  eftoit  fa  demeurance.  Aucc  Juy 
furent  prins  deux  Miniftres  de  l'Eglife,  lefquels  il  fer uoit.  Dontl'vn  à  imitant  fe  rache- 
ta d'entre  les  mains  du fergeant  qui  le  tenoit,par  vne  pièce  d'argent,  les  liures  n'eftans 
point  encores  dcfcouuerts.L'autre  ayant  efté  mené  prifonnier  au  Chaftelet,fut  deliuré 
le  lendemain  à  la  requefte  du  roy  de  Nauarre:n'eftant  point  encores  cognu  pour  Mini- 
ère. Mais  Iean  Morel  demeura  :  pource  que  l'heure  eftoit  venue  que  Dieu  s'en  vouloit 
feruir.  Il  n'auoit  encores  atteint  laage  de  vingt  ans:&  toutefois  eftoit  fort  bic  verfé  aux 
eftudes  des  bonnes  lettres.  Et  combien  qu'il  fuft  de  poure  maifon,& n'euft  moyen  de 
pou rfuy ure fes  eftudes,qu'en feruant à d  autres Eicoliers,&;  mefmeseuft  employé  vne 
partie  de  fa  icuneiTe  à  l'Imprimerie-.li  auoit-il  tellement  profité,  que  bien  peu  de  noftre 
temps  ont  approché  de  fa  dextérité,  à  repouffer  les  aduerfaires  de  la  vraye  doctrine.  Ce 
qui  apparoiftra  par  les  eferits  qu'il  a  laillez  deuant  fa  mort. Les  premiers  interrogatoires 
furent  deuant  les  luges  du  Chaftelet,comme  il  s'enfuit  : 

Mb  s  frère  s,  d'autant  que  de  toute  noftre  force&pouuoirnous-nousdeuons 
employerà  édifier  Ierufalem,puis  que  Dieu  veut  qu  elle  foie  reedifice:  &:  que  ne  deuons 
aufîi  pas  mois  mettre  toute  peine  à  ruiner  Babylone,puis  que  Dieu  veut  qu  elle  foit  rui- 
née maudit  eft  celuy  qui  ne  s7  employerà ,  comme  nous  enfeigne  Je  Prophète:  iay 
entreprins  d'eferire  aucuns  de  mes  interrogatoires^  refponfesrafin  que  de  plus  en  plus 
la  malice  &  cautelle  des  ennemis  de  vérité  foit  defcouuerte.  Nô  pas  que  ie  prefume  ce- 
la pouuoir  feruir  beaucoup,  ny  à  l'édification  de  l'Egliie,ny  à  la  ruine  del'Antechnft  : 
maisie  nay  voulu  cacher  ce  petit  talent  que  le  Seigneur  m'a  diftribué,m'aiîeurant  qu'il 
aura  pour  agréable  ce  qu'il  a  mis  en  moy  par  fa  grâce.  Interrogué  par  le  Lieutenant  cri- 
minel de  mon  nom,pays,&:  vocation,  refpondy  ce  qui  en  eftoit.  Interrogué  entre  mes 
autres  liures,d'vn  recueil  de  lieux  cômuns  de  la  doctrine  Chreftienne.  çt.  C'cft  vn  tom- 
maire  de  toute  l'inftitution  de  M.Caluin,que  iay  efent.  D.  Ne  iais-tu  pas  qu'elle  eft  de  « 
fendue?  Iefayqu'iln'yariédemauuais.D.Las-tutouteleuèr  Çi.Ouy.  D.  Ne  fais-tu 
pas  qu'elle  parle  contre  la  MelTe ,  prières  des  Sainds  &  Prélats  de  f eglife?  op..  le  fay  qu'- 
elle baille  le  vray  vfage  de  ces  chofcs,&  parle  de  lab9  d'icelle.  Car  il  y  deferit  le  vray  vfa- 
ge  des  Sacrcmés,&  la  vraye  police  de  l'Eglife.  D.  Il  baille  dôc(felon  ce  que  tu  dis^uel- 
que  police  en  l'Eglife:  mais  quelle  cft-elle?  $l.  Telle  qu'elle  eftoit  en  l'Eglife  pnmiriue, 
comme  il  le  monftre  alléguantes  Dodeurs  d'icelle.  D.  Ne  fais-tu  pas  que  c'eft  herefie 
de  parler  contre  la  Melfe?  ç*.  le  (ay  que  c'eft  herefie  de  parler  contre  la  parollc  de  Dieu: 
mais  parler  contre  la  Meifon'cft  parler  contre  la  parollc  de  Dieu  :  parquoy  parler  cotre 
la  Meffe  n'eft  herefie.  D.  le  voy  bien  que  tu  es  obftiné:tu  te  feras  brufler.  La  volon- 
té de  Dieu  foit  faite.  le  ne  fuis,&:  ne  veux  eftre  plus  obftiné  qu'ont  efté  les  laids  Martyrs 
du  temps  pafTé.  Voila  les  principaux  poinds  de  ma  première  interrogation ,  faite  en- 
uironlep.deluin.  m.d.l  v  ni. 

Ln 


JeanMorel.  joo 

Le  famedyfuyuantiefk  mené  deuant  deux  Docteurs  Sorboniques.  Ils mefirenr,a 
leur  manière accouftumee,vne grade  harengue,donr  la  côclufion  eftoit ,  qu'ils  eftoyét 
venus  pour  communiquer  auec  moy  de  la  foy,&:  fi  i  eftoye  en  quelque  douce  me  confo 
1er  &  redreffer.  rçt.  Puis  que  vous  eftes  venus  pour  m'incerroguer  de  ma  foy,  pnôs  Dieu 
qu'il  m'infpire  par  fon  fain&Efprit,àce  que  nous  en  puifîîons  traiter  puremenc.Ils  ne  le 
voulurent  permettre :ains  commencèrent  à  me  faire  cefte  demande  :  Crois-tu  pas 
quelefus  Chrift  eft  vray  Dieu,&  vray  home?  qu'il  a  fouffert?  en  fomme, crois-tu  pas  le 
Symbole  des  Apoftres,celuy  deNiccnc,&:  celuy  d'Athana(e?^..Ic  les  croy  tous  trois.     Trois  sy 
D.  Crois-tu  l'Eghfe  Catholique?^.  Ouy.D.  Quelle  eft-elle?  i^.  C'eft  celle  qui  eft  gou-  b°I«- 
uernee  félon  la  parolle  de  Dieu-  D.  Qu'eft-ce  que  tu  appelés  parolle  de  Dieu?  y..  Le 
vieil    nouueau  Teftament.     D.  Qui  t'a  dit  que  c  eft  la  parolle  de  Dieu,finon  entanc 
quel'Eglifeledit?  rçt.  Lefain£l  Efprit  m'en  rend  tefmoignagc^auflî  elle  aeftétenue 
de  tout  téps  pour  telle.  D.  Pourquoy  ci  ois-tu  pluftoft  en  l'Euang.  de  S.Luc^qu'en  celuy 
de  S. Thomas?  çt. L'Eglife primiciue me laainii appris,en fecc rnant les liures  Apocry- 
phes d'auec  les  Canoniques.  D.  Il  s'enfuit  donc  que  l'Eglife  a  donné  authorité  au  nou- 
ueau Teftamcnt,&:  déclaré  quels  liures  il  faut  tenir  pour  Canoniques,  ou  non.  Ce  qui  Lc  ^  ^ 
eft  vray,  ôctunelefauroisnier.  Aufîî  S.  AuguftinditJe  n'euflepoint  creu  àT'Euâgile,fi  s.Auguft 
l'Eglife  ne  m'euft  dit  qu'il  y  faut  croire. Çi.Ie  vo'côfefîe  q  1  authorité  de  l'Egl.no9  afleure 
beaucoup  que  lesliurcs  Canoniques  font  tels:  fi  eft-ce  qu'il  nous  faut  cognoiftre  quelle 
eft  la  vraye  Eglife,deuant  que  d'y  adioufter  foy.Or  elle  ne  peut  eftre  cognue  que  par  L 
celle  parollc,par  laquelle  feule  nous  pouuons  difeerner  la  vraye  Eglife  d'auec  la  faufle. 
Dauantagefainft  Auguftinparledutemps qu'il  eftoitencores  infidèle.    D.  Nouste 
monftrerons  qu'il  faut  pluftoft  croire  à  TEglife,qu  a  nulle  autre  chofe.  L'Eglife  ne  peut- 
elle  pas  eftre  fans  la  parolle  de  Dieu  efcrice.?Ç£.  Elle  l'a  efté  autrefois ,  mais  nô  pas  main,, 
tenant.   Car  Dieu  à  voulu  quelle  fuft  efcrite:afîn  que  par  icelle  la  vraye  Eglife  foit  co- 
gnué  d'auec  la  faufle  qui  s'accouftre  en  Angedelumiere.Et  puis  qu'il  l'a  ainfi  ordonne, 
il  eftoitneceflaire.D.  Commenc,cu  veux  donc  dire  que  Dieu  n'euft  peu  faire  cognoL 
ftre  fon  Eglife,finon  que  cefte  parolle  euft  eftcefcrite?^..  Non  fayrmais  il  s'eft  voulu  ai- 
der de  ceft  inftrumé t  pour  nous  faire  cognoiftre  la  vrayeEghfe.Non  que  ie  vucille  dire 
fi  ceft  infiniment  defailloir,qu'il  ne  la  puiffe  faire  cognoiftre  par  autre  moyen. 
D.  Confefte  donc  que  l'eglife  peut  eftre  fans  cefte  parolle.  ^ .  Voire  fans  cefte  parolle 
eferitc.  D.  Mais  di-moy  que  c'eft  de  cefte  parolle.  Tous  vous  autres  aucz  toufiours  ce- 
fte parolle  en  la  bouche,&:  n'entendez  que  c'eft:&  c'eft  cela  qui  vous  trompe.  Monftre- 
moy  vne  parolle.Ce  que  ie  vien  dédire  font  parolles:  monftrc-les  moy. 
rçi.  Quand  ie  parle  de  la  parolle,ie  n'enten  point  ccfte  voix  qui  forr  de  ma  bouche,mais 
la  lignification  d  icclle:auili  quand  ie  parle  de  la  parolle  de  Dieu  ,  ie  n'enten  ces  mots 
qui  fontau  nouueau  Teftament  efcrits,mais  la  lignification  d'iceux.  D.  Nefais-tu  pas 
que  l'Eglife  eft  plus  ancienneque  l'Efcnture  ?  Du  temps  d'A  bel  il  y  auoit  Eglife  ,&:  non 
Efcriture:&:  du  temps  des  Apoftres  il  y  auoit  Eglife  :  &c  toutefois  l'Euangile  n'eftoit  en- 
cores  efcrir.De  ce  temps-là  il  falloir  croire  à  l'Eglifc,&  non  à  l'Ef encure.  yt.  De  ce  téps- 
la  Dieu  auoit  autre  moyen  pour  faire  cognoiftre  Gpn  Eglife. Mais  tout  ainfi  qu'il  a  baillé 
laLoy  àfonpeuple,afinqu  îldifferaftdcs  autres  peuples  :  aulfi  maintenant  il  a  voulu 
que  fa  nouuelle  alliance  nous  fuft  eferice ,  afin  de  nous  difeerner  d'auec  les  autres  peu- 
ples.Et  ainfi  que  par  la  Loy  on  cognoiflbit  les  faux  fpropheces:aufîi  par  l'Euangile  on  co 
gnoift  les  faux  chrifts.  D.  Combien  y  a-il  de  Sacremens  en  cefte  vraye  Eglife?  yt.  Deux- 
D.  Cen'eftdonela  vrayeEglife:carily  enafept.  çt.  le  n'en  croy  que  deux  ,  aflauoirle 
Baptefme,&:  lafain&e  Cene.  D.  Necroyez  vous  pas  que  le  Mariage  foit  Sacrement  ? 
A*..  Non.  D.  Il  eft  efent  aux  Ephefiens.5.chapicre,Et  cecy  eft  vn  grand  Sacrement, 
jy..  Au  paflageily  amyftere,ou  fecrer.Maisafinquenedjfpucionsdes  mots, fainct Paul  Jjjjjjjj 
dit,que  ce  fecret  eft  grad,voire  enChi  ift  &:  rEglife:tellerhent  q  ce  mot  de  Sacrcmét,ou  Ephcfic 
Secret,ne  fe  réfère  pas  au  mariage  de  l'homme  Se  de  lafemme,mais  à  la  conion&ion  de  cxPofé' 
Chrift  auec  fon  Eglife.  Sur  quoy  ils  me  monftrerent  vne  Bible:&  ie  leur  fi  obferuer  de 
prés  tout  le  texte,tellement  qu'ils  demeurèrent  cftonnez,eftans  confus  &  conueincus 
parles  propres  parolles  du  texte  mefme.Lors  le  Lieutenant  particulier  ,  en  iurant  me 
dit,S'il  fauoit  que  ce  ne  fuft  Sacrcment,que  dés  l'heure  il  laifleroitfa  femme.  Icluydy, 
que  ceux  qui difençje mariage  n'eftre  Sacremét,legardët  plus  fidelemét,qu'on  ne  fait 
en  ce  pays.    D.  Tu  ne  feurois  nier  que  l'extrême  Onction  ne  foit  Sacrement:  car  tu  ne 

PP.  nii. 


Liurc^Fl.  Jean  Motel 

voudrois  contredire  à  faindt  laques.  Rt.Sainct  laques  ne  dit  pas  que  ce  foit  vnSacrém  et. 
D.  Et  rEfcrituredic  elledu  Baptefme  que  ce  foit  Sacrement?  Rt.  Non:mais  la  primitiue 
Eglilea  v(é  de  ces  mots, pour  mieux  déclarer  la  choie.  Comme  aulfi  ce  motTrinitc  n'eft 
point  en  l'Elcriture:coutefois  la  choie  y  eft.Ie  ne  veux  eftre  Arien.  D.  Nous  lommes  bié 
ailes  de  ce  que  tu  nous  as  côteflexar  tu  nelaifferas  de  croire  à  la  MeiTe,  &c  au  Purgatoire, 

Not«.  encores  qu'ils  ne  foyent  nommez  en  l'Elcriturc.  Rt.  Ce  queie  ne  croy  point  au  Purgatoi 
rc  &c  à  laMeiTe,n'elt  pource  que  ces  mots  ne  font  en  l'Elcriture:mais  pourec  qu'ils  y  font 
du  tout  contraires.  D.  Pourquoy  ne  crois-tu  que  l'extrême  Onction  ne  foit  Sacrement, 
veu  que  toute  l'Eglife  l'a  ainfi  appelée  ?  Ri.  Pourec  que  quand  l'Eglife  parle  des  Sacre- 
mens,elle  entend  ceux  que  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  ainftituez  communs  à  toute  1'- 
Eglife,vfant du figne viiîble,pour  reprelènter  la chofe inuifiblexommel  eau du  Baptef- 
mc,&.  le  pain  en  la  Ccnc.  D.  Comment  donc  interpreteras-tu  le  lieu  de  fainct.  laques: 
Car  il  dit, S'il  y  a  quelqu'vn  malade, qu'il  appelé  les  preftres,&  qu'on  l'oigne  d'huile. 

Paffagcdc      Cela  appartient  à  la  primitiue  Eglife  :  durant  lequel  temps  plufieurs  miracles  ont  c_ 

s.iaqucs    fté  fait  s,pour  conformer  la  prédication  de  l'Euâgile,côme  ileneftparlé  au  dernier  cha- 

exanuné.  pitre<jc  l'ain£t  Marc.Confermant  la  parolle  par  lignes  qui  s'enluiuoyent,&:c.  Dauanta- 
ge  de  celte  manière  d'oindre  les  malades  il  en  eft  parlé  au  6.dc  fainct.  Marc,dilant  :Et  oi- 
gnoyent  d'huile  plufieurs  malades,&  les  guéri/lovent- 

D.  Tu  te  coupes  la  gorge  de  ton  baftontcar  tu  dis  que  Iefus  Chrift  l'a  commande'^ 
que  les  Apoftresl'ontexercé:&:  toutefois  tu  ne  veux  croire  ne  Iefus  Chrift,  ne  les  Apo- 
ftres.  r>.  le  dy  que  Iefus  Chrift  a  enuoyé  fes  Apoftrcs,&  leur  a  donné  puiflance  de  guérir 
les  malades:&:  fainct,  Marc  dit,qu'ils  les  oignoyent  d'huile,&:  les  gucri/Toycnt.  Mais  au- 
iourd'huy tout  ainlî  que  nous  n'auons  point  de  commandement  de  guérir  les  malades: 
aulfi  n'auons-nous  point  dccommâdemcnt  dVfer  d'huile  aux  malades  :  veu  que  l'effet 
en  eft  oftc.Car  nous  n'auons  point  befoin  de  miracles ,  veu  que  l'Euangilc  eft  allez  con- 
fermé.  D.  Comment?tu  voudrois  dôc  dire,qu'il  ne  le  fait  plus  de  miracles  auiourd'huy. 
&  que  diras-tu  de  tant  de  beaux  miracles  qu'a  fait  fainct  Martin,&  tant  d'autres?  Lors  il 
commença  à  m'en  raconter  vn  monde.  Mais  ie  luy  coupay  broche,  diiant,Ie  n'ay  pas  leu 
la  légende  de  vos  Saincts. D'auantagc  ie  fuis  alîeuré  que  nous  n'auons  plus  que  faire  de 
miraclesxarrEuangileeftalTezconfcrmé.  Quant  eft  de  ceux  qui  fe  font  auiourd'huy, 
ie  croy  qu'ils  lont  pluftoft  du  diable,defquels  parle  fain&Paul  i.ThelT.j  .&  Matthieu  14. 
Ils  me  nièrent  qu'en  ces  lieux-là  Signa  &f>rodiga  fignifialTent  miracles.  Mais  facilement 

j^S^u  ie  leur  prouuay  par  d'autres  lieux  del'Elcriture.Lors  à  leur  manière  accouftumecdirét: 
Laiirons-le,il  eft  obftiné  en  ce  poindtrafin  qu'ils  ncfulTcnt  veus  vaincus. D.Quc  crois-tu 
du  Baptelme?  r>  .le  croy  q  le  Bapt.nous  afleurc  que  nous  auons  remillion  de  nos  péchez 
par  le  fang  de  Iefus  Chrift:&  q  par  iceluy  no'lbmmes  régénérez  en  vnc  nouuelle  vie:  ce 
qui  nous  eft  déclaré  parle  figne  de  l'eau.  D.  Ne  crois-tu  pas  que  tous  ceux  qui  ne  reçoi- 
uentlcBaptefmc,commelcscnfansmort-ncz,nefontfauucz?  Ri.  Non.  D.  Il  eft  dit: 

icao  5î  Quiconque  ne  fera  baptifé  d'eau  &c  du  fain&Efprit  ne  lera  fauué.  Rt.  Iefus  Chrift  parle 
à  Nicodeme  qui  cftoit  ia  en  aagc.Parquoy  il  ne  s'enfuit  pourtant  que  les  enfans  des  fîdc 

Hcbn*  lesmort  nez  foyent  condamnez pourccla.Carcncefte  manière  il  eftdit,  Il  eft  impolîî- 
ble  de  plaire  à  Dieu  fans  foyxar  les  pet its  enfâs  mcfmcs  après  le  Baptefmc,  n'ont  la  foy. 
Ils  m'ont  fort  allegué(quiconque  ne  fera  baptifé )difans,qu 'il  n'en  excepte  pas  vn.  R>.  Il 
en  cftoit  autât  dit  de  la  Circoncifion:  toutefois  les  petits  enfans,  qui  mouroyent  deuât 
leshuitiours,nelaifibyentd'eftrcparticipansdclapromeirc,&:  receuoyentla  vertu  de 
la  promcnc,fans  enauoir  lefigne.  Ils  montnié  cela. le  leur  ay  allégué  ce  qucditfainct, 
Paul  1  .Cor.y.Que  les  petits  enfans  des  fidèles  font  fan&incz  par  la  foy  des  parens  fide* 
les.  Us  m'ont  fort  infifté  lur  ce  poind,quc  ïcffcSt  eftoit  nccclTairemcntconioint  au  fi- 
gne,tcllement  que  tous  ceux  qui  reçoiuent  lcfigne,rcçoiuent  necefTairement  la  grâce 
&c  le  iainct  Efprit  qui  eft  l'crfccl  du  ligne.  Ri.  II  s'enfuiuroit  donc  que  nul  des  Ilraclites  ne 
fuft  peri.ee  qui  èft  faux.&;  aulfi  que  tous  ceux  qui  reçoiuét  le  fignedu  Baptefme  feroyet 
neceuairementfauuez,quelquemeichanceté  qu'ils  filTcnt.  D.  Que  crois- tu  duSacre- 
mét  de  J'autel?nc  crois  tu  pas  que  fous  les  efpeccs  du  pain  &  du  vin  le  corps  &C  le  fang  de 
Iefus  Chrift  y  foit  prefentement?  Rt .  Nommais  ie  croy  qu'en  la  Ccne  de  noftre  Seigneur 
Iefus  Chrift  (adminiftree  lelonfonjnftitutiô  par  vn  Miniftrc)ic  fuis  participant reale- 
ment  àc  de  fait  du  corps  &  du  fang  de  Iefus  Chrilt.  Vf  n  des  Docteurs  dit ,  que  iamais 

Dieu 


Jean^Horel.  jot 

Dieu  n'euft  remiflîon  de  fon  ame,lî  ce  mot  de  Cene  &  de  Miniftrc  eftoyent  trouuezau 
nouueau  Teftamét,ou  en  aucû  des  anciens  Docteurs, en  cefte  fignificatiô.  S.Cypriâ 
a  fait  vn  traicé,qu'il  a  intitulé  de  la  Cene  du  Seigneur .  D'auantage  ils  me  baillèrent 
quelque  téps  après  vn  volume  de  S.Iean  Chryloftome ,  où  ie  leu  ces  deux  mots  en  mef- 
me  îignihcacion.Ie  dy  ceci  pour  monftrer  leur  impudence.  L'autre  Docteur  m'accor- 
da que  nous  vibrions  des  mots  fufdits.  D.  Entens-tu  quand  no9  difons  q  le  corps  de  no- 
ftre  Seignc  ur  eft  fous  les  elpeces  du  pain, que  nous  penlîons  qu'il  y  faille  fentir  le  gouft 
de  la  chair, comme  on  la  vend  à  la  boucherie?  9*..  Non-.mais  vous  entendez  que  la  fubftâ 
ce  du  pain  cil  changée  au  corps  de  Chrift.D.  Et  vous,qu'en  croyez-vous?  Jjt.  Iecroy 
qu'en  la  Cene  ie  nereçoy  q  du  pain  &:  du  vin.maisparfoy  iercçoy  lecorps&lefangde 
lefus  Chnft  qui  eft  au  ciél.dont  mon  amc  eft  nourrie.  D.  Quand  nous  voulons  conioin- 
dredeux  choies  feparecSjil  les  faut  faire  toucher  l'vncà  l'autre.  Vous  dites  qu'en  la  Ce- 
ne voltre  ame  eft  nourrie  du  corps  de  Chriftnl  faut  donc  qu'il  foit  prefent  en  la  Cene. 
jjt.  Il  n'eft  ainli  des  choies  fpirituclles  que  des  corporelles  :  car  par  la  foy  nous  cerchons 
lefus  Chrift  à  la  dexerc  de  Dieu  le  Pere ,  comme  nous  en  auons  le  commandement  ex- 
près, Colofs.  3 .  D.  Vous  dites  que  le  corps  de  Chrift  n'eft  preientemcnt  au  pain,  d'autât 
qu'il  eft  au  ciel.  y-.  Voirci&qu'ilfautqucleciellereçoiueiufquesàlareftaurationdc 
toutes  choies,  A£t.  3  .Et  qu'il  viendra  de  là  pour  la  féconde  fois  îugcr  les  vifs  &c  les  morts. 
Il  eft  parle  de  l'aduenement  viiîble.  Bi.  Il  n'y  en  a  point  d'autre  en  l'Efcriture  :  finon  que 
lefus  Chrift  prophetize  qu'il  viendra  des  faux  prophètes  qui  nou<  annonceront  vn  àd- 
uenemét  feint,ô£  comme  inuitible,difans,Chrift  eft  icy,Chrift  eft  là:Nc  les  croyez-pas. 
car  fon  aduenemen t  fera  veu  d'Orient  iulques  en  Occident ,  Matth.  14.  D.  Ne  croyei- 
vous  pas  que  Dieu  foit  tout-puifîat  pour  faire  cela?  y..  Ouytmais  il  ne  le  veut  point:par- 
quoy  il  ne  le  fait  point  .D.  Quand  lefus  Chrift  dit,Cccy  eft  mon  corps,ne  parle-il  pas  du 
corps?  9:.  Ouy:car  il  print  du  pâm,&  rôpit,&  le  bailla  à  les  difciplcs,&:  leur  dit,Cecyeft 
rnô  corps.  D.  Voyez  que  Chrift  appelé  le  pain  fon  corps. Doc  il  veut  que  le  pain  foit  fon 
corps.  R.  Il  ne  s'enfuit  pas.  Puis  les  interroguay  lï(.Etf  jn'eft  pas  verbe  fubftantif,  &  n6  Lc 
tranflubftantiatif.  Car  filefiiseuft  voulu  que  le  paineufteftétraniïubftantié  ,  il  n'euft 
pas  die, Ceci  eft  mon  corps:mais  ceci(c'eft  à  dire,cc  pain)foit  fait  mon  corps.  Mes  Do- 
cteurs demeurèrent  tout  confus:&  ne  me  feureht  què  rcfpondre,finon  m'iniuricr.  Et 
de  peur  qu'ils  fu/Tent  veus  vaincus, m'alleguoyét  toujours  la  puhTance  de  Dieu: Se moy 
au  contraire  leur  alleguoye  fa  volonté, qui  n'eft  fans  fa  puifTance.  Lors  le  Lieutenant 
par  grand  colère  me  dit  qu'on  me  feroit  iuftice.  Interrogué  de  l'eau  benite,&  du  pain  De  l'eau 
bénit.  R.  le  ne  les  eftime  point  plus  queles  autres  creatures:car  Dieu  a  créé  toutes  cho  bcnitc- 
fes,&lesatoutesbenites.InterroguéduCrucifïx,&delaCroix.  R.  Cela  ne  nous  fert  DuCwcifi* 
de  rien.  D.  Cela  nous  fait  fouuenir  delà  mort  de  ÏefusChrift.  R.  La  Cene  eft  fuffîlànte 
pour  ce  fairc,&  eft  iuftituee  à  cefte  fin.  ÏX  Comment  fait-on  la  Cene  ?  R.  Apres  que  le 
Miniftrc  a  prefchc,il  diftribue  le  pain  &  le  vin  à  tout  le  peuple. 

D.  Que  prefche-il,&:  quelle  parolle  profere-il  en  diftribuant  le  pain  &  le  vin?  R.Le 
Mmiftre  en  fon  fermon  traitte  de  la  Cene:en  diftribuant  le  pain  &:  le  vin,  il  donne  à  co- 
gnoiftre  au  peuplequilereçoit;que  vrayemenr  il  eft  participant  du  corps  &  du  fangdc 
ÏefusChrift  ;  Il  les  aduertitaurfî  qu'ils  efleuentleurs  cœurs  au  ciel,  &:  qu'ils  cerchent 
Chrift  àladextre  de  lbnPere,&  qu'ils  ne  s'amufent  aux  démens  du  pain  &  du  vin  qu'- 
ils voyent.D. Mais  vfent-ils  pas  des  parolles  rnelmes  que  Iefiis  Chrift  a  proférées ,  Ce- 
ci eft  mon  corps?^.  Non  pas  fur  le  pain  :  car  lefus  Chrift  adrefle  fa  parolle  à  fes  difei- 
ples.Dequoy  ils  furent  tous  cfbahis,difansicomment?Ilsn'enfuyuent  donc  pas  finltitti 
tion  de  Chrift,  de  laquelle  ils  fe  vantent  tant.  Si  font  :  car  l'inftitution  de  Chrift  ne 
gift  pas  aux  mots,qu'il  a  proferez  inftituant  les  Sacremens  :car  du  BapteCme  Chrift  a 
dit  à  fes  Apoftres,  Baptifez  au  nom  du  Pere,&:c.  Or  quand  on  Baptife.on  rie  dit  pas,Bap- 
tïfezaunomduPere,commeChriftadit:mais,IcteBaptifc.  Cefte  refponfc  eftlegere: 
mais  par  icelle  nos  Maiftres  demeurèrent  confus.  Ils  m'exhortèrent  de  retourner  à  la 
vraye  Eglife,comme  ils  l'appelent.  R.  le  fui  sa  fleuré  d'y  eftre  :  &  fay  que  hors  icelle  n'y  a, 
falut,non  plus  qu'il  y  auoit  hors  1'ârche  de  Noé< 

D.  La  vraye  Eglife  c'eft  celle  des  Apoftres.  R.  C'eft  celle-Ia  âuflî  en  laquelle  ie  fuis. 
D.  Crois-tu  que  la  MefTefoit  bonne?  R.  Non.  D.  Si  nous  te  monftrons  tout  ce  que 
nous  t'auons  dit  cydeiTus,&  qu'on  chantoit  la  MelTe  en  la  primitiue  Eglife,  &  que  les 
Apofttes  l'ont  chantée, ne  nous  croiras-tu  pas?  R.  Si  vous  me  monftrez  par  la  parolle 


LiurCj>VL  Jean  Motel 

dcDieuquela  MeiTefôitbonnejicvouscroiray.  D'auantageiefay  qu'en  la  primitiuc 
Eglife  on  n'a  chanté  Mcfle,  &:  ne  le  me  faune  z  monftrcr.Car  les  Docteurs  anciens  par- 
lent mcfmc  contre  la  Traniiuhftanrianon, qui  eft  toutefois  le  principal  poinct  de  vo- 
ftre Mcfleicomme  Tertu)lian,l'aintlCypiiaii,&  famet  Auguftin.  D.  Si  nous  te  men- 
ftrons  que  Tcrtullian  ait  du  la  MeflcA  taind  Auguftin  aulH,ndus  croiras-tu  i  Demain 
nous  t'apporterons  les  hures,  y..  Comme  ie  vous  ay  dit,fi  vous  me  monftrez  parla  paroi 
le  de  Dieu  que  la  Mcilè  (oit  bonne,ie  vous  croiray.  Car  fi  vn  Ange  du  ciel  m'annonço  it 
autre  chofe  queeequieft  contenu  en  icellc,  e  ne  lecroiroye  point.  L'vn  des  Docteurs 
mcditparplusdehxfoisqueiclaiiTadecefteparollc&queie  n  en  auoye  que  faire  ,  ÔC 
que  ie  creuile  (on  compagnon  qui  cftoit  fort  vieil. Et  après  auoiradioufté  plufieurs  flat- 
teries s'en  allercnt>m'cxhortans  de  retourner  au  droit  chemin  ,  qui  eftoit(fi  ie  les  cuiTc 
voulu  croii  e)la  cauerne  deMinotaurus.Ie  leur  dy  que  ie  prieroye  Dieu  qui)  rn'inlpiraft, 
afin  que  ie  fuiue  la  droite  voye.&  les  priay  de  prierDieu  pour  moy.Et  ainfi  s'en  allèrent, 
mepromettansde  retourner  lelcndcmain. 

Le  Lundydapres  ils  reuindrcntA' premièrement  me  demandèrent  fi  i'auoyeprié 
Dieu  de  mon  cofté,&  qu'ils  l'auoyët  prié  du  lcur:&  ce  qu'il  mefembloit  de  ce  que  nous 
auionsdit  le  dernier  iour;&  li  ie  les  vouloye  croire. y..  De  ma  part  i'ay  prié  Dieu  plus  ar 
demment  que  iamais  ie  fi:&  me  (ens  plus  fortifiée  plus  ferme  en  la  doctrine  ,  laquelle 
i'ay  louftenue,que  iamais:le  LinGt  Efprit  me  rendant  tefmoignage  que  c'eft  la  vraye  &: 
véritable  dodiine.  Ils  merefpondi.  ent ,  Ce  n'eft  le  faintt  Efprit,mais  le  diable  qui  te 
tient  en  les  laqs.  ijt.  Iefus  Chnft  nous  enfeigne  quelles  font  les  œuures  du  diable,affa- 
uoirenuie^aillardifejblafpheme^&c.  Or  voicy  iefens  dedans  moy  quand  i'ay  telles 
chofesen  moy(ccvnme  ie  fuis  m  jferable  pécheur)  que  1  Efprit  de  Chnft,  qui  habiteen 
moy,m'en  reprend,&:  m'incited'tn  demander  pardon  àDieu:puisaprcsm'afleuredefa 
mifericorde.D  auantage  ie  fens  à  toutes  heures  que  ie  fuis  pouiTé  &  incité  à  prier  Dieu. 
Voudricz-vous  direque  le  diable  nous  poufle  à  inuoquer  le  nom  de  Dieu?  ^  Quand  ils 
ouyrent  parler  du  S.Efprir,&  qu'ils  virent  que  ie  parloye  d'vne  plusgrandc  véhémence 
quelciour  precedcnt,ils  fc  mirent  à  rire  &  à  le  moquer  de  moy,&:  mon  fainct  Efprit:  ce 
quidemonftretrcs_bienleur  réprobation, & que  iamais  ils  n'ont  mangé  de  la  viande 
fpinçuelle.Car  s'ils  en  auoyent  mangé,ils  feroyen  t  en  Chrift,&:  Chrift  en  eux:&  fiChrift 
eftoit  en  eux,ils  auroyent  l'Efprit  de  Chrift.  car  iainâ  Paul  dit,Si  vous  n'auezl'Eiprit  de 
Chrift,Chrift  n'eft  point  en  vous.  En  fe  moquant  donc  ils  me  dcmanderenr,Lc  diable 
n'efLjlffas  ajùtheur  de  menlonge?&  c'eft  luy  qui  te  fait  dire  ce  que  tu  dis.  Ic  ne  dy  ii& 
de  mcjifonge,èn^iyuant  la  parollc  de  Dieu,  eferite  par  le  fainct.  Efprit  autheur  de  véri- 
té. D.  Crois-tu  le  P»fgatoire,&  qu'il  faille  prier  pour  les  morts?  jji.  Non.D.  Si  nous  te 
monftrons  qu'il  faille  prier  pour  les  morts,par  la  faincte  Efcriture ,  croiras,  tu  qu'il  y  ait 
vn  Purgatoire;  Çi.Ouy.car  ie  fay  que  ne  l'vn  ne  l'autre  n'eft  en  l'Efcriture.Sil'vn  cft  faux, 
Pricrepour  il  faut  que  l'autre  le  foit  aufli.  D.  S.Pierre  a  prié  peur  Thabicha, qui  eftoit  morte.  Si  Ion 
lotrdpaf-  amc  cft0jt  erj  Paradis  S.Pierre  luy  faifoic  tort: fi  elle  eftoit  en  enfer ,  ilprioiten  vaimoù 
eftoit  donc  l'ame  de Thabitha?&  me  voulurét  faire  entrer  cnleursdifputesSorboniqs, 
des  ames  qui  occupétvn  certain  licu.^.Ien'ayleu  Anftote,&:  ne  veux  difputer  de  Philo 
iophic  auec  vous.D  auatageie  fuis  t  nfeigné  par  l  cx(mpledeLazare,cc  que  Chrift  tet- 
moigne,qu  il  eftoit  mort,afln  que  Dieu  fuft  glorifié  en  luy  :  l'en  croy  autant  de  Thabi- 
tha.  tyais  quant  eft  du  lieu  où  eftoit  fon  amc,Dieu  eft  puiifant  pour  faire  ce  qu'il  vou- 
loipaulïîfauoircela  n'eftnecenaircànoftrc  falur. 

D.  Quand  vous  ne  fauez  plus  que  refpondre,  c'eft  voftre  recours  de  dire  que  Dieu  eft 
tout-puiiTant.jjt.Ouy  bien  à  vous,Monfieur.Car  dernièrement  quand  vous  ne  feeuftes 
plus  refpondre  de  voftre  TraniTubftannation,  vous  euftes  voftre  recours  à  la  punTance 
de  Dieu:car  par  la  parolle  de  Chrift  vpus  fuftes  confus.D.Si  ie  monftre  que  Icremie  ait 
fait  prière  pour  les  trefpalTez,croiras-tu  qu'il  faille  prier  pour  eux.?R.  Quand  i'aurayvcu 
le  lieu,ie  vous  refpondray.  D.  Voire,&:  puis  tu  nous  en  feras  autant  comme  tu  nous  fi> 
du  Baptefme,&:  voudras  voir  ce  qui  precede,&  ce  qui  s'enfuit.  R.  le  ne  vous  y  rcfpôdray 
point  autrement.Lors  me  monftrercnt  le  lieu  quieftf  .Chron.5  j.Or  il  eft  dit,qu  a  la  fe- 
puîtuTedu  roy  Iofiasjudafid  Icrufalem  lepleurerét,&  Ieremie  le  lamenta:  auflîtous  les 
chantres&chanterellés,iufquesauiourprefeiitrelumentleslamcntatiqnsfurIofias:&: 
en  ont  fait  ordônarjce  en  Ilrael.  R.  Cela  ne  fait  rie  pour  vousrcar  chater  &  plcurer,n 'cfl; 
à  dire  prier  popr  les  trefpafTcz.  Lors  leLieutenant  Part  dicqu'il  aimeroit  mieux  quedes 
chiens  hurlaient  au  cou  r  de  luy,  quand  il  fer  oie  mort»quoa  ne  chicail  &  phaft  pour  luy. 


Jean  MoreL  S0È 

D.  Comment  donc  s'interprète  ce paflage?R£.  A  grand' peine  le  pourray-ieinterprerer 
f  ans  auoir  leu  toute  l'hiftoirc  :  nonobftant  ie  penfe  que  d'autant  que  le  peuple  auoit  rc 
ccu  vnegrande  playe,  à  caufe  de  la  mort  de  ce  bon  Roy ,  il  plcuroit  &c  chantoit  lamen- 
tation à  Dieu.  D.  DuJiurcdcs  Machabees?  y..  Il  efk  Apocryphe,commeletefmoigne 
fainct  Iei  orne.  D.  Faut-il  pas  prier  les  Sain6ts:&:  neprient-ils  pas  pour  nous? y..  Non.  Ils  lcs 
m'ont  allègue  que  les  Anges  (ont  deuant  Dieu ,  qui  prefentent  à  Dieu  les  oraifons  des 
Sain&s.  j^.  Monftrez-moy  le  licu,puis  i'y  refpondray.  Cequ 'ils  ne  voulurent  faire  :  car 
auffi  ils  le  corrompent.Ie  leur  confeffay  que  les  Saindts  qui  (ont  en  paradis,prient  Dieu 
que  l'Eglifc  foit  accomplic,&:  le  nombre  des  efleusrmais  qu'ils  nous  oyent  Ôc  prient  par 
ticulicrement  pour  nous,ccla  eft  contre  la  parolle  de  Dieu. 

No  v  s  parlafmesa/îcz  long  temps  de  ce  poind:&  m  alléguèrent  force  lieux  de  1'- 
Efcriturc:mais  là  il  eftoit  toujours  parlé  des  Sainfts  viuas.  Or  d'autant  qu'ils  m'auoyct 
dit  le  iour  de  deuant,  qu'ils  meprouueroyentlaTranfîubftantiation  par  anciens  Do- 
cteurs de  l'Eglife:&  qu'on  aUoit  chanté  la  Me/le  en  la  primitiuc  Eghfe  :  ils  commencè- 
rent auec  vn  grad  rollede  papier  efcrit.&  premièrement  m'alléguèrent  de  Tertullian, 
qui  dit,queChrift  auoit  fait  le  pain  fon  corps,  fy..  Il  fe  declareaprcs,difant,Chrift  a  priné 
du  pain,&:  l'a  fait  fon  corps,difant,Ceci  eft  mô  corps,c'eft  à  dire  le  figne  de  fo  corps.  Voi 
la  les  paioiles  de  Tertulliâ.Dauâtage  il  a  fait  le  pain  fon  corps,  ledediant  à  lignifier  fon 
corps. Ils  mot  allégué  vn  autre  do&.qui  dit,Le  pain  auat  la  cofecratiô  eftoit  autre,  &C  & 
près  la  côfecrariô  eftautre.  y..  Il  eftoit  autre  auat  la  cofecration,caril  n'eftoit  en  rie  diffc 
rét  de  faurrepain  comunrapres  la  côfecration  il  eft  autre;car  il  eft  côfacré  pour  reprefeti 
ter  le  corps  de  Chrift.&:  ainfi  cclanefaitpourvoMls  m  ot allégué  plufieurs  lieux  desDo 
ttcurs,où  il  eft  parlé  de  facrifîce  &  factifiercomme  en  l'hiftoireTripartite,d'vnEuefq  e». 
ftac  arriué  en  vne  ville,auql  là  fut  donné  lieu  de  facririer.Çi.  Vous  fauez  q  ie  vous  ay  ditj 
que  fi  me  môftt  iez  parla  parolle  de  Dieu  q  laMefTe  fuft  bone,ie  vous  croiroye:autreméc 
non.Dauatage  ie  fuis  affeuré  q  iamais  les  Do&éurs  anciens,  parlans  de  facrificeou  facri 
fîer,n'ont  entendu  de  laMcffe:qui  eft,comme  vous  dites,  vn  Sacrifice  propiciatoiretât 
pour  les  vifs  que  pour  les  mortsrce  qui  eft  tout  cohtraireà  la  parolle  de  Dieu.  Mais  en 
pa  :  lan  t  de  facrifîce,ont  entendu  la  mémoire  du  facrifice:&  ainfi  la  Cehe  eft  appelée  fa- 
crifice.^  Voyans  que  nous  eftions  fur  le  principal  pilier  delà  marmite ,  ils  s'ôrTenferent  ^Çj|£ïp>ï 
fort.  Apres  ils  m'alléguèrent  le  y.âux  Hebricux.  Çi.  Il  eft  là  parlé  des  Sacrificateurs  de  ment  de  I* 
l'ancien  Teftament:&  fait  comparaifonentrelef^itsSacrificateurs,&Chrift,  qui  eft  le  ^"«c 
fouuei  ain  Sàcrifîcateur.Ils  nièrent  cefte  interprétation.  le  requis  que  nous  leuffions  le 
lieu:&:  que  par  ce  qui  s'enfuit  au  texte  en  la  fin  du  chapitre,  ils  verroyent  ce  que  ie  dy  e- 
ftre  vray.ee  qu'ils  ne  voulurent  permettre,encores  qu'ily  euft  vne  Bible  fur  la  table.  le 
leur  alleguay  le  dixième  aux  Heb.ou  il  eft  dir,quc  Chrift  par  fon  feul  facrifîce  a  fatifFaic 
àDicuionPere.En  vnautrelieu,qù'ilnelefautreitèrer:autrementileuftfallu  qu'il  euft 
foufrerf  plulictirs  fois  depuis  la  côftïtution  du  monde.Ils  m'ont  refpodu  q  cela  s'ehten- 
doit  que  Icfu  s  Chrift  ne  deuoiteftrefacrifîéqu'vne  fois  parles  Iuifs:  mais  il  ne  s'enfuit 
pas,qu'îl  ne  le  faille  offrir  à  Dieu  fon  Perc:mais  non  pas  comme  les  Iuifs,afTauoir  le  tuer 
derechef,  j^.  Apres  que l'Apoftre  a  monftré au  dixième  desHebrieux,queremiflïori 
des  péchez  nous  eft  acquife  par  IefusChrifr,ilconcludainfî  :  Oùilyaremiffiondeces 
choies,  ii  ne  faut  plus  d'oblation.  Ils  répliquèrent ,  que  Iefus  Chrift  commanda  à  fes 
dîfciples  de  fa crifier,difant, Faites  ceci  en  mémoire  de  moy.  yt.  Faites, n'eft  à  dire  facri- 
fîei  .D'auantage(èccijferefereàcèqu'ilauoitfaitdeuant,c'eft  qu'il  auoit  baillé  dupairi 
à  fes  Apoftres.  Ils  m'ont  allégué  Daniel,  où  il  eft  dit,  que  quand  l'abomination  fera" 
elîeuee  au  temple  de  Dieu,les  vrais  facrifices&obIationsdefaudront:&:  attribuoyenc 
ce  mot  d'abomination  à  noftre  Cene.  De  prime  face  ie  fu  efbàhi .  car  iamais  ie  nauoye 
leulelicn^maisrEfpritdc  Dieum  aflÏÏta.  yt..  NeparIeJlpasdecefteabomination,dè 
laquelle  parle  fainâ:  Paul  i.ThefTal.EtlcfusChrift,  Matthieu  24?Ilsme  dirent  que  c'e- 
pVoit  là  melmc.  le  leur  dy  que  cela  ne  fepouuoit  entendre  de  noftrèCene:  car  Iefus 
Chrift  déclarant  cefte  abomioation,dit,quclon  dira,Chrifteft  icyiChrift  eft  là,voicy  il 
eft  aux cabinets:orcnnoftreCene  nous  ne  faifons  cela,  ains  cerchons  Chrift  au  ciel. 
D.  Dequoy  parle  donc  Daniel?  çt.  Puis  que  vous  me  dites  que  c'eft  cefte  mefme  abomi 
natiô,  dont  il  eft  parlé  aux  fufdits  lieux,  ie  croy  qu'il  parle  de  voftre  abominable  McfTe 
(  vfant  de  ces  mefmes  termes.)    Car  en  voftrc  mefle  ne  dites-vous  pas ,  Chrift  eft  icvj 


Liurz_>  VI .  Jean  tMoret. 

Chrift  eft  là,voicy  il  eft  aux  cabinets?  D.  Mais  Daniel  dit  que  les  vrais  facriflces  defau- 
Dal1"27  dront:or  en  voftreCene  vous  ne  pai  lcz,&:  ne  voulez  ouyr  parler  de  facrificc.  R.  Daniel 
die  que  quand  l'abomination  fera  e/îcuccau  temple  de  Dieu  ,  les  vrais  facrificesdefau- 
dront:cc  qui  s  eft  fait  quand  voitre  meife  a  efté  inuenece.  Caria  iain&e  Cenca  cité  abo- 
lie^ le  vray  feruice  de  Dieu  efteint:&:  au  lieu  de  la  Ccne  vnc  idole  abominable  a  efté 
efleueer&aulieiidu  facrifice  d'action  degraces(dont  il  cil  parle  au  1 3.Hebr.)a  elle  mis 
vojh'cïacnficedc  la  meflc,qui  eft  vn  renoncement  de  la  mort  de  Chrift. D'auantage  le 
feruice diuin  a  efte  oblcurci  par  vos  pardons,voftre  Purgatoire  ,&  toutes  vos  autres  a- 
Rom u i  bominations,qui ont  fuiui  voftrc  méfie.  D.  Quel  iàcnfîce  fait-  on  en  la  Cène ?  fy.  Nous 
oltrons  nos  corps  à  Dieu.  D.  Où  eft-il  parlé  d'vn  tel  îacrifice?  D.  Sain£t  Paul  dit ,  Offrez 
vos  corps  en  facrifice.  Et  puis  celt  la  mémoire  du  facrificc  de  noftrc  Seigneur  Iefus 
Chrift.  Lors  fort  colcrez  fc  leucrent ,  difans ,  Nous  ne  te  voulons  plus  efcoutcr,car  tu 
nous  tourne  roi  s  en  ta  Loy.  Et  s'en  allans  me  dirent,  Que  iamais  Dieu  n'euft  remiflîon 
de  leurs  ames  ,  fi  îc  n'eftoyc  damné.  Ils  s'en  allèrent  faire  rapportai!  Lieutenant, 
qu'il  n'y  auoit  plus  d'efpoir  en  moy.  Apres  îc  fu  defeendu  en  vnc  fofîc  où  l'eau degout- 
toit  lur  moy,quandi  eftoyecouchc:&:  y  fu  vingt  &  quatre  heures. 

L  e  lendemain  on  m'en  retirai  me  mit-on  en  vnc  autre  qui  n'eftoit  guercs  meilleur 
re.Auantquei'euffe  dil'puté  cotre  les  Do&eursieftoyc  en  vnedes  plus  belles  priions, 
fffomdc  Ormonfrcre(quieftrimprimeurdu  Roy  en  Grec)  ayant  entendu  que  l'cftoye  prifon- 
Moldpour  nier,&: que Teftoyeen  dangerde mort(au(Ti auoy'-iercccu  fentence  demort  en moy)fît 
ft-tuerrir  tât  auecles  luges,  qu'il  me  vinft  viiitcr^açcompagné  d'vn  autre  Docteurmon  par  chari 
fonnfrcreCl  *é,mais  craignant  '^déshonneur  du  mondc:car  îln'aapprins  que  ceft  honneur .  Il  me 
'  vouloir  donc  deltourncr  de  batailler  conerc  Goliath, comme  iaifoycntlesfieres  de  Da- 
uid.  Enuiron  quinze  iours  après  ils  me  vindrent  voir:&:  ce  combat  fut  beaucoup  plus 
grand  que  le  premientant  à  caufe  que  rauoyc  cognu  familièrement  ce  Dodeur  ,  que 
poureequemonfrerceftoitprefent.  Apres  qu'ils  m'eurent  tancé  fortlonguemcnt,&: 
quece  vénérable  m'eut  conté  comment  il  y  auoit  long  temps  que  jele  cognoilloye,&:  il 
i'auoyevcu  quelque  mefehanecté  en  luy:ie  ne  leur  relpondy  rien,  tant  à  caufe  dclafaf- 
chene  que  i'auoyede  voir  mon  frere  qui  prefque  pleuroit ,  qu'à  caufe  de  la  fofTedont  ic 
venoyc.Cardés queic  fu  monté  deuateux,icm'efuanouy  prefques,&.ncmepouuoye 
tenir  debout.  Apres  ils  m'interroguerent,Es-tu  ChreftienrR.  Ouy.car  ie  croy  eftrc  bap 
tizé.  D.  Tu  confe^îes  donc  que  ton  Baptefme  eft  bon. le  luy  confcflày  fimplcmét  qu'il 
eftoit  bon,n'apperccuant  point  fa  cautelle  damnabl  c.  D.  Puis  que  tu  confefîcs  que  le 
baptefmeduquel  tu  as  efté  baptifé  eft  bon,tuas  efté  baptiié  en  l'Eglifc-.car  hors  l'Eglifc 
n'y  a  point  de  Baptefme.  Ayant  cognu  fa  confciencccautcrizee,icluy  ay  refpondu  qu'il 
y  auoit  baptefme  aux  eglifes  des  heretiques,comme  aux  eglifes  des  Donatiftes.  Il  m'a 
refpondu,Voire,maisnonpasbon.  R.  Quant  à  moy  ie  ne  croy  pas  que  le  mien  ait  cité 
iuSr  de  tel  efficace:que  h  Dieu  ne  m'euft  fait  la  grâce  d'eftreinftruit  en  la  foy  (laquelle  main- 
tenant ie  fouftien)le  ligne  ne  m'euft  de  rien  ferui.  D.  Les  petits  enfans  qui  font  baptifez 
en  l'cgiife  Romaine, font  donc  damnez:car  Ci  nollre  baptefme  n'eft  bon, les  petis  enfans 
que  nous  baptifons  (ont  damnez.  R.  le  laifte  cela  au  confeil  de  DiciKcar  fa  puiffaneen 
eft  arreftee  aux  lignes.  D.  U  ne  feroit  donc  befoin  d'vfer  du  Sacrement  du  Baptefmc:car 
felô  que  tu  dis  il  ne  feruiroit  de  rië.Et  vouloit  difputcr  cotre  moy  corne  fi  i'eufte  efté  A- 
nabaptifte.  R.  Une  s'enfuit  pas-.car  le  Seign.  nous  a  ordonné  ce  moyen  pour  fubuenirà 
l'infirmiréde  noftrc  fby:&  ceux  qui  le  mefprifcronr,mefpriferont  le  Seigneur  &  leur  ia- 
lut,&  ne  feront  pas  du  nombredesChreftiens  ,  non  plusque  tous  ceux  qui  n'eftoyent 
circoncis,n  eftoyenrdu  peuple dlfracl,  &c  par confequent n'eftoyent participans  delà 
promelTe.  D.  Confefle  donc  qu'il  eft  neccfîaire  que  les  petis  enfans  foyent  baptifez  :  &c 
quefanslc  Baptefme  ils  ne  peuuétcftre  fauuez.  R.  le  ne  veuxeftrcAnabaptifte,&croy 
qu'il  faut  que  les  enfans  foyent  baptifez. Cependant  il  ne  s'en  fuit  pas  que  tous  les  petis 
enfans  qui  rcçoiucnt  le  ligne  du  Baptefme,necefTairement  reçoiuenr  la  grâce.  D.  Il 
fautdonequ'on  te  rcbaptifc,puisquetudisqtonbaptefmcncftpas  bô.  R.Ilacftéar* 
refté  en  vn  Concile  contre  l'aduis  de  S. Cypnan,qu'il  ne  faut  rebaptifer  les  hérétiques. 
D.Tucfcois  donc  hérétique  auantquetu  tinflfesceite  loy.  R.  Voire.  Lors  le  lieute- 
nant Part,dit,Iamais  ic  n'ouy  qu'on  nous  appelait:  hérétiques, mais  bien  Papiftes .  y.. 
Tous  font  hérétiques  qui  parlent  contre  la  parolle  de  Dieu.  D.  Tu  voudrois  donc  dire 
que  nous  fommes  tous  damnez.  R.  Ic  dy  fc  ul  ement,  que  fi  ie  n'eufle  efte  autrement  in- 

ftruit 


fedn*Morel  joj 

ftruit  que  ie  neftoyepremieremétjle  figne  du  Baptefmene  m'euft  de  rie  profite',  &:  n  euL 
lé  efté  Chreftien.  D.  Pourquoy  ne  crois-tu  quenoftre  Baptefmefoit  bon?  Ienedi  pas 
totalement  qu'il  n'eft  point  bon:mais  qu'il  eft  falfifié,  pource  que  n  enfumez  l'inftitution 
4e  Chrift.D.En  quoy.fy.Chrift  l'a  inftitué  en  l'élément  de  l'eau  fimple:  vous  y  vfèz  fuper- 
ftitieufèmcnt  d'eau  falee,d'huile,defel,&:  de  crachat.  P.L'hude,lefel,&:  l«cràchat,aboliC 
fent-ils  la  vertu  du  Sacrement?  rçt.Satan  a  bien  voulu  l'abolir  par  ces  additions,  mais  il  n'a 
peu,pource  que  l'eau  &:  laparolley  eft  demeurée:  tanty  aque par  ces  additions  il  eft  falfi- 
ûé&c  comme  deffiguré.  D.  Tu  dis  qu'il  ne  faut  rien  adioufter  au  commandement 
de  Chrift:iete  monftreray  que  ceux  de  Gencue  y  adiouftent .  Chrift  n'a  point  com- 
mande de  baptizer  les  petis  enfans.  y..  On  les  baptize,  en  cnfuiuant  le  commande- 
ment de  la  Circoncifion.  Demande,  Ne  me  meile  point  la  Circoncifion  auec  le  Ba- 
ptefme. v,l.  Chrift  a  dit,  LaifTez  les  petis  enfans  venir  à  moy,&:  que  le  royaumede 
Dieu  leur  apparrient.D.Chrift  n'a  pas  commandé  d'vfcr  de  parrains:à  Geneueon  en  vie: 
ils  n'enfuiuent  donc  pas  l'inftitution  de  Chrift.  yt.  Celanederogueen  rien  à  l'inftitution 
de  Chrift. Dauantagc,  ievous  confefTe  que  rEglifeprimitiue  a  ordôné  beaucoup  decho- 
fes  qu'il  faut  garder  pour  la  police.  D.  Croy  donc  aux  commademens&:  traditions  de  l'E- 
glife.Çi.Aufiii'y  croy,&:  veux  tenir  celles  qui  ne  font  contre  la  parollede  Dieu.  Dauanta- 
ge,  ie  fay  que  la  primiciue  Egliie  a  ordonné  beaucoup  de  chofes  qui  ne  font  maintenant  à 
obferuencomme aux  Actes  quinziefme ,  quand  les  Apoftres  ont  commâdé  de  s'abftcnir 
defang.  Ce  qui  n'eft  maintenant  à  obferuer.D.Qui  t'a  efmeu  de  laifTer  la  première  doctri 
ne  que  ton  pere  &:  ta  mere  t'ont  apprifè?&  qui  ta  inftruit  en  celle  que  tu  tiens  maintenat? 
y..  La  mauuaife  vie  des  preftres  &:  moines  m'a  fait  douter  de  leur  doctrine:  puis  lifanr  les 
Efcriturcs  ay  trouué  que  leur  doctrine  rcipondoit  à  leur  vie:&r  au  contraire  lifànt  la  fain- 
tte  Efcriture,ay  trouué  que  la  vie  &  la  doctrine  de  ceux  de  Geneue  eft  félon  icelle.  Dauan 
tage,i'en  ay  cogneu,  qui  après  auoir  efté  deftournez  delà  loy  de  ce  pays ,  ont  entièrement 
changé  leur  vie:&:ay  aufii  ex  péri  m  été  cela  en  moy .  Car  encores  qu'il  s'en  faille  beaucoup 
que  ie  ne  fente  vne  telle  reformat  ion  en  moy,  que  ie  defireroye  bié:  fi  eft-ce  toutefois  que 
i'y  en  fen  vne  grande,  au  regard  de  ma  vie  précédente.  Au  contraire  i'en  cognoy  qui  ont 
cognu  noftrcreligion,&:  après  l'ont  mefprifee,  &:  en  font  deuenus  pires ,  &:  la  plus  part  A-  Commçnt 
theiftes.  Car  ils  ne  retournent  pas  à  voftre  loy  :  &:  s'ils  font  femblant  d'y  confentir ,  ce  n'eft  opdcuient 
que  par  hypoenfie  &c  crainte  des  hommes. le  di  cela  le  Lieutenant  prcfent,&  pour  caufe.  Atheiftc« 
Le  Théologien  me  rcfpondit,que  fi  i'eftoyemal-viuant>c'eftoitmafaute,&  non  delà  do- 
ctrine, rçt.  Si  eft-ce  qu'après  que  i'ay  laifTc  voftre  doctrine ,  &  ay  embralTé  l'autre,  i'ay  fenti 
vn  merueilleux  changement  de  vie  en  moy. 

D.Quels  liures as-tu leu?^..I'ayleu la Bible5&d'Inftituticn  de  Caluin.    D.  Pourquoy 
crois-tu  pluftoft<à  Caluin  qu'à  fainct  Auguftin,&:  autres  Docteurs  anciens?  Çi.Icne  croy  à 
Caluin,  finon  entant  qu'il  eft  conforme  à  la  parolle  de  Dieu.  Dauantage,il  allègue  en  fon 
Inftitution  les  anciens  Docteurs,  &  prouue  fon  dire  par  ies  tcfmoignages  d'iceux.  D.  Si  ie 
teprouuequeCahtin  allègue  mal  tous  les  pafTages  des  Do&eurs,&  que  ce  qu'il  allègue, 
font  les  dits  des  hérétiques  que  les  Docteurs  recicent,&:  non  les  parolles  des  Docteurs,laif 
feras-tu  cefte  doctrine?  çt.Si  vous  me  monftrez  que  ce  que  dit  Caluin  eft  contre  l'Efcritu- 
re,ie  vous  croiray.Lors  il  me  dit  qu'il  cercheroit  vne  Inftitutiô  de  Caluin ,  &:  qu'il  deftrui- 
roit  en  moy  ce  qui  y  eftoit  bafti:&  me  dit  que  iamais  il  n'auoic  leu  ladite  Inftitu  tion,pour- 
ce  que  plufieurs  fauans  Docteurs,  la  lifans,y  auoycnt  efté  prins:  mais  que  pour  l'amour  de 
moy  il  la  liroit.  Lors  le  procureur  du  Roy  lui  bailla  celle  qui  fut  prinfeen  noftre  chambre. 
Le  Docteur  me  dit  qu'il  reuiédroit  après  difner-.mais  il  fut  huit  iours  làns  reuenir,  &enco 
res  n'y  feut-il  trouuer  que  redire.il  reuint  donc  huit  iours  après  :  &  à  fà  manière  accouftu- 
mee  me  vint  flatter. Il  apporta  auffi  auec  foy  trois  grans  volumcs,&plulieurs  autresliures: 
&  me  monftra  la  definicion  de  Sacrement  que  donne  fainct  Auguftin  :  me  demandant  fi 
ielavouloycpas  pluftoft  fuiure  que  celle  de  Caluin.    Bi.  Il  n'y  a  rien*  différent  entre  les 
deux,finon  que  celle  de  Caluin  eft  plus  facile  :&rne  me  vouloit  permettre  que  ielaleuf- 
fe.Ieluiaccorday  quenousluiurions  celle  de  fainct  Auguftin  .  Apres  il  me  monfrraque 
monfieur  Caluin  difbit,  qu'il  eftoit  necefîàirc  que  la  promefle  précédait  le  Sacrement:  ce 
qu'il difoit  efere  faux:&:  leufmcs  enfemblcles  deux  premières  fèctions  du  chapitre  des  Sa- 
cremens,oùil  ne  trouua  que  redire.  Quand  nous  fufmesen  la  troifieme,  d'autant  queie 
lui  faifbye  obferuer  le  tout,&  qu'il  n'y  làuoit  que  reprendre, il  quitta  tqut:&  me  demanda 
pourquoy  iecroyoyepluftoft  à  Caluin,  qu'à  fainct  Auguftin  :&c  que  fainct  Auguftin  eftoit 
fainct,  Caluin  ne  1  eftoit  point. 


L/wo  VL  Jean  <&i  orei 

Bt.Ic  n'ay  iuré  aux  parolles  de  Caluin,&  ne  veux  iurer  aux  parolles  de  S.  Auguftin.D. Sais- 
tu  pasbié  que  S.Auguftincft  Saind?  çt.Ie  ne  fay,carie  nel'ay  cogneu.D.Tu  vois  que  Cal- 
uin  parle  lans  authorité,quand  il  dit,  qu'il  fauc  que  la  promette  précède  le  Sacrement. 
çt.S.Paul  aulli  le  dit,  Romains  quatrième  chapitre,difant que  la  Circoncifion  eftoit  ("eau 
de  la  promelTe.  Si  elle  eftoit  feau,  la  promelTe  preecdoit.  D.  S.Paul  dit  cela  delà  Cir- 
concifion: mais  il  n'eft  ainfi  des  autres  Sacremens.  çt.  Il  y  a  vne  mcfme  rajfon  en  tous 
les  autres  Sacremens.&  voila  pourquoy  nous  difons  que  les  Sacremens,  que  vous  appe 
lez  ain(î,ne  l'ont  Sacremens,d'autant  que  la  promette  ne  précède:  corn  medumariage.il 
ma  monftré  vn  partage  de  làind  Iean  Chryfoftome ,  où  il  dit  que  Chrift  a  change  le  pain 
en  Ion  corps.çt.Ceft  vn  Sacrement  que  la  Cène. Or  S.  Auguftin  dicqucSacremenc  eft  vu 
ligne  viable  delà  chofe  inuifible:fi  c'eft  le  ligne  vifible,cen'eft  la  choie  inuilible.Car  lcpaî 
ne  peut  eftre  le  ligne,&:  la  chofe  lignifiée.^  Mon  frerc,qui  cftoit  prefét,rne  dit  qu  vne  pic- 
ce  de  drap  eftaleechez  vn  marchand,ellligne  qu'on  vend  du  drap,&fila  mcfme  pièce  eft 
drap.çt.Ccn'cftvne  melme  chofe.  Car  fainct  Paul  Rom.4.vle de  cemotr^^.  parlant  du 
ligne  des  Sacremens. mais  en  Grec,  lignifie  Seau  :  or  iamais  lefeau  &  la  cholèlèelce 
ce  font  vn  meirne>mais  deux:lcpain  eft  le  lèau,  le  corps  de  Iefus  Chrift  eft  la  chofe  feelee. 
Car  le  pain  nous  alîèure  queia  chair  de  Chrift  eft  la  viande  de  nos  ames .  Interrogué  par 
le  Do&eur,  fi  les  Minières  ne  font  pas  le  melme  qu'a  fait  Chrift  aux  Sacremens.  fy.  Ouy» 
s'ils  fuiuent  fon  inftitution.  D.Nc  crois-tu  pas  que  Chrift  ait  fait  ce  qu'il  dit  en  laCeneîila 
appelé  le  pain  Ion  corpsedonc  le  pain  eftoit  fon  corps.i^.Chrift  a  appelé  le  pain  Ion  corp^: 
mais  il  ne  s'enfuit  qu'il  l'ait  tranflubftantiéen  Ion  corps.  Dauantage,  ilafaitcequ'iladit: 
car  tout  ainfi  que  lès  Apoftrcs  ont  mangé  lepaincorporellcmcnr,amliont-ils  mangé  Ipi- 
rituellement  le  corps  deChrift,quideuoit  eftre  crucifié:  lequel  neftoitau  paimautrcmét 
il  euft  dit,  Ce  pain  Ibit  tralTubftâtié  en  mon  corps.  Il  m'allégua  plufieurs  autres  choies  qui 
EST.  ne  font  que  friuoles:auffi  ne  m'en  Ibuuient-il  pas  fort  bien.  Mon  frerc  me  dit  q  nous-nous 
inte  rru  aDu^lons  cn  interprétant  ces  parollcs(ceci  eft  mon  corps)  1  $  t  ,  ceft  à  dire,  lignifie  ;Car, 
uôtjubnlâ  dit-il,nous  ne  voyons  point  de  lèmblables  locutions  en  l'Efcritu  rc .  Car  ce  que  vous  aile- 
guez,Ie fuis  la  vigne,nc  veut  pas  dirc,ie  lignifie  la  vigne,ma!S  ieluis  la  vigne,  dont  il  a  cftè* 
parlé:  car  ceft  autrecholé  de  dirc,Ie  fuis  vigne,  &,Iefuis  la  vigne.  Or  il  y  aau  texte  Grec, 
«5«  4*  iittmtoe. S'il  n'y  auoit  d  article,il  fc  pourroit  interpréter  ainfi  :  mais  puis  qu'il  y  a  arti- 
cle, il  dénote  dcquellc  vigne  il  parle.  Autant  en  elt-il  dit  de  (le fuis  la  porte)car  il  y  a,V  «V« 
;  wv'x».  Et  ainii  eft-il  dit,"  3  tâoyçmt.  Ceft  à  dire  qu'il  eftoic  la  pierre ,  delaquellc  il  auoic 
efté  parlé  parles  Prophètes,    fy..  Il  eft  aulfidit™'"»  ^  Cccy  eft  mon  corps .  Il 

mercfponditquel'arcicle  n  y  eftoit  adioufté  àcauièdtf^&nonpour  vne  dcmonftra- 
tion.  Et  cela  eft  vne  phralè  que  l'article  eft  toulioursadiointauec le  pronom  primitif» 
Icluy  refpondiqu  il  interpretoit  mal,  »  $™î*1>Z «x^'ôi  que  fon  interprétation  lèroit  bô- 
ne  s'il  y  auoit,**3*^ **f  *:  mais  ainii  qu'il  y  auoic, il  faloit  necelTairemet  interpréter  q  ia 
Pierre  fignifioit  Chrift. Il  m'allégua  plufieurs lieux  dcsanciês  Dodeurs,qui  me  tourmen- 
toyentfort.Or  auxinrerrogations  delTuldires,cncorcs  quefur  Jechamp  icnercfpondnTc 
ce  que  i'ay  mis,  &c  que  fort  Ibuuent  icfufle  ramené  en  mon  cachot  quafi  vaincu  :  fi  eft-ce 
quequand  icreucnoyc(car  par  huit  fois  ils  ont  parlé  contre  moy)  i'auoyedeqtioy  leur  rek 
pondre:tellement  qu'ils  difoyét,qu'il  y  cn  auoit  de  ma  lè£tc  qu  i  me  confeilloyent .  Ce  qui 
n  eftoit  vray,car  i'eftoye  fcul  au  cachot  de  mon  opinion  :  mais  ilsnecognoillbycnt  noftre 
Maiftre  Iefus  Chrift,qui  peut  enfeigner  lès  difciples  fans  liures,fans  air,  &:  fans  voir. 

Iv  s  qj  e  $  ici,mcs  freres,ie  n'ay  rien  dit  contre  ma  confcicnce.  Mon  frère  voyant  qu - 
il  auoit  perdu  tout  fon  temps,  taicha«à  m'cibranler  par  autre  moyen  :&  commença  à  me 
remonftrer  le  danger  où  icftoye,lc  deshonneur  que  ie  luy  feroye  li  i'eftoye  côdamné,  que 
i'eftoye  ieune,que  ma  mort  ne  profiter  oit  de  rien,&  que  li  i'efchappoye,ic  m'en  pourroye 
aller  à  Gcneue,&:  là  eftudier,&:  puis  pourroye  profiter:  queles  anciens  Dotteurs  auoyent 
dit  beaucoup  de  choies  contre  eequeie  tenoye,&:  toutesfbis  n'auoyent  efté  damnez, 
mefmes  aucuns  auoyentefté  Martyrs:  qu'il  feroit  tan  t  aucc  les  luges,  que  Ion  ne  m'inter- 
rogueroitqucgcncralcment:&qu'enmcsrefponfès  ie  mille toufiours  l'Eglife en auant, 
fansainfircfpondreàreftourdie,comme  iauoye  fait  quand  on  m'auok  demandé  en  la 
prdènee  combien  il  y  auoit  que  icn'auoye  efté  à  laMelTe.car  i'auoye  refpondu,  Ien'y 
ay  efté  depuis  qu'auoir  cogneu  qu'elle  ne  valoit  rien  :&  fi  promelTe  de  iamais  n'y  aller. 
Monfrercme  dit  plufieurs  autres  chofes ,  dpnt  ie  fu  fort  troublé.    Etpuis  mon  cer- 

ueau, 


Jean  tMorel.  jo/f. 

ueau(qui  eft  boutique  de  plufieurs  refueries)  vit  à  faire  beaucoup  de  difcours  en  foy.  Ou« 
rreplus  Satan  poulfoitdetoutelàpuilTancc,  6c  talchoitde  toute  là  force  de  me  diftraire: 
mais  i'ay  bien  lent  i  combien  c'eft  vnechofedangcrcufedepreftcr  l'aureillcàtelle  beftc. 
Car  du  commencement  il  ne  nous  propolè  pas  de  nous  faire  trébucher  du  tout,mais  pe- 
tit à  petit  il  talche  à  nous  faire  efcouler,  comme  nous  cnleignc  Dauid  en  l'on  premier 
Pfeaume.  ^Tefcri  ces  choies,  mes  frères,  afin  quepar  mon  exemple  foyezaduertis  de 
veiller:&  que  ïamais  tant  peu  que  ce  foie,  n  e  preftiez  l'oreille  à  ce  ferpent  cauteleux.Petit 
à  petit  donc  ie  commençay  à  m'efcouler,  comme  vous  verrez. 

Qv  e  l  o_y  e  s  iours  après  iefu  mande'  deuant  meilleurs  du  Chaftelet:&  premieremét 
iefu  interrogué  parle  Prefident  en  celle  façon  :  Qui  te  meut ,  veu  que  tu  n'as  eftudié  que 
neuf  mois,  à  difputer  de  la  Religion,  6c  vouloir  parler  d'aucuns  points,  où  les  Docteurs 
font  bien  empelchez?  «i.  le  ne  me  lins  auancé  à  parler  de  la  Religion.  D.  le  lay  que  tu  n'as 
dogmatizé:mais  quand  monlïcur  le  Lieutenant  t'a  interrogué,  tu  en  as  fort  mal  refpôdu. 
i^.Ie  n'ay  rien  dit  qui  foit  cotre  l'Egliie,  ni  cotre  les  anciens  Docteurs  d'icelle.  D.Ne  crois- 
tu  pas  que  le  corps  de  Chrift  foit  (ou  s  les  cfpeces  du  pain  6c  du  vin  après  la  côfecration?  Ic 
refpondi  lafchement,le  croy  que  quand  ie  pren  de  la  main  d'vn  Preftre,  en  enfuiuant  l'in  -  JJjJjj d" 
ftitution  de  Chrift,  du  pain  Se  du  vin ,  ie  reçoy  6c  mange  vrayement  le  corps  de  Chrift  :  &: 
lors  en  moy  cftaccôpli,Qui  mange  ma  chair,  &:  boit  mon  fang,il  a  la  vie  eternelle.D.  Vas- 
tu  tous  les  iours  à  la  McfTcrle  refpondi,  Non:non  pas  fimplemét,  ains  poureeque  i'auoye 
trop  d'affaires .  D.  Il  ne  faut  tant  eftre  empefché  qu'on  ne  prie  Dieu .  .  le  prie  Dieu  en  la 
chambre.  D.  As-tu  receu  ton  créateur  derniercmetà  Pafques?^-. Non. D.Tonmaiftrete 
l'auoit-iidefendu,ou  eftois-tu  malade,  ou  mefprifes-tu  ce  facrem  ent'Ie  rcfpondi(non  pas 
franchement)Non,àcaufe  des  abus. D.Quels?^. D'autant  qu'ils  ne  ladminiftrét  quefous 
vne  elpece:&:  il  y  a  vn  Docteur  ancie  qui  dit,  Que  le  fïmg  ne  doit  eftre  dénié  aux  gés  laies, 
pourlefquelsilaeftéefpandu.  LorsIePrefidet  fort  long  temps  m'admonnefta,  que  pour 
les  abus  il  ne  fe  falloit  retrencher  de  rEglilé.&:  ma  lafeheté  fut,que  ie  ne luy  di  rien:&  ainfi 
merenuoya  en  moncachot,m'aduertiirantdepenfer  àmacoufciéce.  Dés  cefte  heure-la, 
ie  ne  fu  en  repos  de  ma  confciencc  :  ains  eftoye  toufiours  fort  tourmenté ,  ma  confeience 
m'acculànt. 

Le  Mardi  xii.de  Iuillct,iefu  mené  au  Four-leuefque.  Le  Mecredifuiuânt,les  trois  qui 
auoyent  difputé  contre  moy,vindrét  aucc  mon  Frerc,&:  deux  Greffiers,  lefqucls  m'inter- 
yoguerent  du  Carefme,  Purgatoire,  Prières  des  morts ,  6c  inuoeations  des  Sain&s .  le  leur 
contredi,  comme  auparauant.  Quoy  voyant  mon  frere,me  tança  fort,&:  me  dit  tout  haut 
que  ce  n'eftoyent  articles  de  foy,&:  fi  iemevouloyefairemourir  pour  ces  choies.  Les  Do- 
cteurs auffi  m'accordoyent  quelque  chofe,  afin  que  ie  leur  en  accordafle.  D'autre  cofté 
Satan  faifoit  fon  effort,  me  propofanc  ma  deliurance  deuant  les  yeux  :&quec'eftoita(Tez 
quei'eulfe  defiâfait  confelfion de mafovtantde fois: 6c que  Dieu  exeuferoitaifémentv- 
ne  petite  faute  en  moy .  Lors  ic  melailTay  efcou  1er:  6c  di  mefehamment  6c  malheureufe- 
ment,quepuis  qu'il  eftoit  ainfi  que  les  anciens  Docteurs  approuu et  ces  chofes,ieneveux 
aller  à  l'en  contrevins  crov  auec  eux  que  les  fufdites  choies  font  vrayes .  Mais  encore  que 
ie  pcnfalTe  auoir  bonne  exeufe,  d'autant  que  ie  lauoye  que  les  anciés  Docteurs  iamais  n'a-  Quel  dâger 
i  uoyentapprouué  les  chofes  fufdites  :  fi  cft-ce  que  i'ay  fenti  combien  eft  chofe  dangereufe  ^f^i^ 
de  fonder  la  foy  fur  l'opinion  des  hommes,  6c  vouloir  complaire  aux  hommes,  &:  vferde  Docteurs, 
noftrefagefle.  D.  Quecrois-tu  des  facremens?i^.rcn  croy  autant  qu'en  croit  S.  Cyprian. 
D.Et  du  lacremét  de  l'autel?^. l'y  mange  le  corps  de  Chrift  veritablemct&:  de  faict.  D.  Y 
cft-ilprelèntîi^.Puis  queiefy  reçoy, ilfautqu'ily  foir.O  infidèle  refponfc»  l'eftovelorsdu 
tout  trcbuché,encores  que  Satan  me  couurift  ma  faute  par  vne  intention  intérieure,  que 
iedifoye  de  bouche,mais  de  cœur  l'entendoyefacramentalement .  En  fin  ie  fi  abjuration 
de  tout  ce  qu'ils  appelent  erreurs  6c  herelîes ,  Satan  toufiours  me  conduilànt ,  Se  me  met- 
tant vne  autreentente  au  cœur,quen'cntendoycnt  mes  aduerlàires. Puis  pouracheuer  le 
comble  d'iniquité,i'yadiouftay  le  ligne  de  ma  main  lafchc  6c  traiftre.^  Or  i  cfcricescho-  NotezCWc 
fes,d'autant  que  plufieurs  font  telles  rcfponfes ,  ne  refpondans  à  fintetion  ni  à  lademan-  fticns- 
de  des  aduerlàires  :  ce  que  les  Chreftiens  ne  doiuent  faire .  Car  toute  refponfe  ou  feintife, 
qui  eft  faite  ou  par  crainte,ou  pour  quelque  autre  regard,  par  laquelle  la  vérité  de  l'Euan- 
gile  eft  cachee,ou  la  parolle  de  Dieu  mefprifce ,  ou  l'in  fidèle  6c  ignorant  confcrmé  en  fon 
erreur,ou  bien  feandalizé,  font  de  Satan  autheur  d'hypocrifie.  Voila,  mes  frères,  comme 
Satan  nous  fait  efcouler  peu  à  peu.    Qr  voici  deuant  Dieu  ,ie  ne  men  point:incontinent 

Q&.i. 


Lime  VL  Jean  ÀioreL 

que  i'eu  ligne  mes  blafphemcs  de  ma  main ,  mon  figne  me  futeommç  léchant  du  coq  à 
S.Pierre.  Car  incontinent  que  ie  fu  remené  en  mon  cachot  (  qui  eftoit  le  pire  du  Four-l'e- 
uefque)maconfcience  commença  à  maceufer,  fi  que  ie  ne  fauoye  faire  autre chofe, linon 
de  plourer  &  lamenter  mon  pèche.  Mais  ce  nonobftant  Satan  ne  cclfoit  de  me  faite  trébu- 
cher de  plus  en  plus,me  proposant  ma  deliurâce  :  &:  puis  que  i'en  auoye  allez  fait,  ie  pour- 

dcSxln™  roye  encore  à  l'aducnir  fairequclque  choie:q  Dieu  eftoit  mifcricordieux:  que  ie  pouuoyc 
bien  aller  à  la  Mené  pour  vnefois,làns  y  auoir  le  cceuntellcmcntque  II  le  lendemain  on 
m'euft  foheicé  d'y  aller,comme  on  a  fait  depuis,ie  pèle  que  i'y  fufle  aile  :  tant  Satan  me  te- 
noit  en  les  liens .  Durant  tels  aiTauts,leiugement  de  Dieu  me  toucha  h  viuement ,  queie 
nefauoye  de  quel  codé  me  tourner,  qu'il  ne  sapparuft  deuant  mes  yeux  :  &c  ièntoye  délia 
enmoy  vne  géhenne  qui  me  tourmentoit:ie  fentoye  toutes  créatures  m'eftre  contraires. 

ce  C°kf~  Maconlcicnce  meredarguoiten  cefte  manière:  Tu  as  renôcélelus  Chrift,  vfant  de  cefte 

Word.  hypocrilie,de  laquelle  tu  as  v(e:il  te  renoncera  deuant  Dieu  l'on  Pere .  Tu  as  voulu  làuuer 
ta  vie,tu  la  pcrdras,non  point  comme  tu  l'eu  lies  perdue,mais  à  iamais.  Il  eft  a.»  en  TApo- 
calyplè,  que  le  feu  eft  apprefté  aux  craintifs  &c  infidèles.  Or  as-tu  efté  infidèle  à  ton  Mai- 
ftre,tournant  le  dos  quand  il  faloit  batailler.Parquoy  il  ne  te  refte  autre  klaire,que  d  eftrc 
dechaiîé  de  la  niailbn  fpirituellcde  ton  Maiftre.Faloit-ilpour  crainte  des  tourmens  obéir 
pluftoft  aux  hommes  qu  a  Dieu  ?  Ne  fais-tu  pas  queles  tourmens  de  ce  monde  ne  font  à 
comparer  à  la  gloire  aduenir  qui  nous  eft  appreftecîlems  Chrift  net  auoit-il  pas  enfèigné 

Calau.8.  qu'il  ^aut  renoncer  à  foy-meijne  pour  le  fuiure ,  &:  qu'il  faloit  porter  là  croix  ?  Faloit-il-quc 
tu  t'amufaflesaux  anciens  Doîteurs,veu  q  tu  eftoisaduerti,  Que  fi  vn  Ange  du  ciel  nous 
annonçoit  aurre  chofe,  que  ce  que  nous  auôs  au  nouueau  Teftament ,  qu'il  fuft  maudir, 
&  qu'il  ne  le  faloit  croire? Dieu  ne  t'auoit-il  pas  donné  bonnes  armes  pour  batailler,  &  pa- 
rolles  pour  te  défendre?  &c  ta  lafeheté  a  efté  fi  grande ,  que  tu  as  laifle  le  com  bat,  lors  que 

Match.14.13  tu  eftois  preft  de  reccuoir  la  couronne .  Ne  fauois-tu  pas  qu'il  eft  dit ,  Qui  perfeuerera  iuf- 
ques  à  la  fin,  fera  làuué?Ce  n'tftoit  donc  rien  de  bien  commcncencar  la  couronne  t'eftoit 
appreftee  fi  tu  eufles  perfeuerérmais  le  feu  d'enter  t'eft  apprefté,  d'autant  q  tu  es  decheut. 
Te  faloit-il  pluftoft  efeouter  ton  frère  que.Iefus  Chrift  ?  ne  t'auoit-il  pas  aduerti ,  quequi- 
conqueaimera  plus  fon  pere,  fa  mere,  lès  frères  que  luy,  il  n'eft  pas  digne  d  eftre  des  liens? 
Parquoy  il  ne  te  faut  rien  attendre  aurre  choie ,  que  le  iufte  iugement  de  Dieu >  qui  eft  ap- 
prefté à  toy  6l  aux  Anges  qui  lont  decheus  comme  tu  es.  Que  diront  maintenant  les  infir 
mes  qui  tecognoinent?Tu  leur  feras  en  Icâdalc  biengrand:  &  cpédant  voila  Iefus  Chrift 

Matth.i8.<f  qui  dit,Quifcandali  fera  vn  des  pluspetis,uVaudroit  mieux  qu'on  luy  euft  pedu  vnemcu 
lede  moulin  au  col,&:  qu'il  euft  efté  ietté  en  la  mer.  Comment  confifteras-tu  deuant  la  fa- 
ce du  Pieu  viuant,  quand  il  te  demandera  l'vûiredu  talent  qu'il  t  auoit  baille?  il  ne  te  faut 
attendre  autre  chofe,linon  qu'il  te  foitofté.Mais  quoy?dcfia  il  te  l'a  ofté:  il  ne  refte  plus  fi- 
non  quetu  fois  ietté  aux  lieux  obfcurs,  là  oùily  aura  pleurs  &  grincemens  de  dencs.  Que 
diray-ie  ?  11  m  eft  impoffible  de  raconter  ce  en  quoy  ma  confeience  ma  redargué:  tant  va 
que  toutes  ces  chofes  m'ont  efté  mifes  en  auant  :  &:  ne  fauoye  faire  finon  que  me  delefpc- 
rer.  Car  tant  plus  i'y  penfoye ,  &  tant  plus  ie  fentoyc  l'horrible  iugement  de  Dieu .  En  ces 

Tourmens  tourmcns  de  l'eiprit,i'ay  efté  plus  dedeuxfois  vingtquacreheures,que  icneufleoféleuer 
c  c  pnc'  mes  yeux  au  ciel:  mais  i'eftoye  toufiours  com  me  collé  cotre  la  terre.  Et  foyez  aflèurez  que 
ces  deuxiours  m'ont  plus  duré,que  n'ont  fait  les  deux  moisfuiuâs.  Carie  nefentoyenuL, 

MiferkorJe  lebenedi£hon  en  moy  ni  en  faits,  ni  en  dits,ains  toutemaledidion.  Cependant  le  diable, 

^efaon111         {&jt  bien  aider  de  tous  moyens,  comme  quand  il  nous  veut  faire  trébucher,  il  nous 

propofe."  propofe  la  milèricorde  de  Dieu:auffi  quand  nousibmmcs  tombezau  bourbier(oùil  nous 
a  conduits  peut  à  petic,de  mauuais  chemin  en  plus  mauuais)il  nous  laifte  là,quand  il  voit 
que  nous  ne  nous  en  pouuons  plus  retirenmefme  il  nous  môtcfurlescfpaules  pour  nous 
faire  enfoncer,  iufqucs  à  tant  que  nous  lbyons  engloutis  de  cefte  bourbc.Car  il  nous  pro- 
pofe le  iugement  de  Dieu ,  nous  voulant  môftrer  qu'il  eft  impoffible  que  Dieu  nous  puif- 
le  pardonner. 11  me  tenoit  donc  en  cefte  manière,  afin.que  iamais  ie  ne  peu lTe  regarder  en 
hautopourinuoqucrleNomdu  Seigncur,le  Dieu  des  affligez:  comme  s'il  m'euft  dit,  T>en- 
fes-tu  que  Dieu  te  puifiepârdonner?Ne  fauois-tu  pasbien  qu'il  auoit  dit,  Siaucun  pèche 

Hcbr.io.i<?  volôtairemét,apres  auoir  cogneu  la  vérité ,  il  nerefteplus  qu'vneattétcdu  iufteiugcmét 
de  Dieu?Ne  làuois-tu  pas  bié  qu'il  ne  faloit  abufer  de  la  mifericorde  de  Dicu?Efau,Saul>a- 
pres  le  péché  ôt  crié, mais  ils  n'ôt  efté  exaucez.il  a  bié  fait  mifericorde  à  Pierre,  &  à  autres 

de  no* 


JeœnMoreL  joj 

denoftre  téps:mais  penfcs-tu  qu'il  te  pardonne  pluftoft  qu'à  Spera,quiauoit  renié  Dieu, 
côme  tu  as?Penfez,ie  vous  pric,qucl  tourment'cft  ccftuy-ci:  car  ie  ne  fâuoye  que  faire  finô 
Guemedefelperer.Etccn'eftiàns  caufequerApoibedit,  qoec'eft  vnechofe  horrible  de  Heb.1e.3r 
tomber  çn  la  main  du  Scigneur.Mais  celuy  qui  eft  toufiours  tant  propice  aux  liens,  &:  ne 
foufrre^u'ilslbycntfrojiTcz^ncores  qu'ils  tombent,m'aconduitiufques  aux  abyfmrs  des 
threfors  de  là  mifericorde:m'afTeurât  qu'il  m'auoit  pai  dône  mes  exécrables  pechez;&en- 
core  qu'ils  fuiTent  plus  rouges  qu  eicarlate ,  toutefois  qu'ils  eftoyct  deuat  luy  plus  blâcs  q  ConCoktj6 
neige.  O  la  douce  &  amiable  voix:ô  q  môcœurs'eftre(ïouy,voyatccbôPerem  ebraffer,  apre»dcfe- 
encores  que  i'eufîe  efté  enfant  prodigue  &  delbauché.Incontinét  que  i'ouy  cefte  voix  en  fPoir- 
mon  efprit,mesos,&:  ma  force  déclinée  commencèrent  à  fe renforcer.  Lors  ie  cômençay 
à  leuer  mesyeux  au  ciel,  &:  àchafîcr  loin  de  moy  tous  mes  ennemis,  voyant  que  Dieu  me 
vouloit  eftre  doux  &propice;&  au  lieu  qu'au  parauantie  n'ofoyemadreiTerau  Seigneur: 
lors(s'il  faut  ain  ii  dire)priuément  ie  deuifoye  aucc  lui,le  cognoiiTant  eftre  mon  Perde  ne 
doutay  de  luy  confefler  mes  offenfes  franchement,  &c  luy  me  confoloit  côme  vn  bonPe- 
re:m'aduertiuant  que  d'orefenauât  il  fouftiendroit  ma  main:&  que  cela  m'eftoit  aduenu, 
afin  que  iecogncuiTe  mieux  que  ce  n'eftoit  par  la  force  démon  bras  que  iegagneroyela 
É>ataille,mais  par  fà  feule  puiflance. 

O  r  ie  vous  prie,mes  frères,  que  ie  vous  foye  vn  exemple  du  iufte  iugement  de  Dieu:a-  ^Jj^s 
fin  qu'ayez  à  vous  armer  contre  telles  tentations,  pendant  quauez  le  temps  d'ouir  lapa-  parionçxg.. 
rolle  de  Dieu,par  laquelle  feule  il  vous  faut  fortifîer.Gardez  que  ne  m  eipriiiez  cegrad  be-  pic. 
neficedeDieu,qui  vousfufcite&:  votisenuoyedcfesfcruiteurs ,  qui  abandônent  leur  vie 
pour  vous.Que  fi  les  mefprifez,fachez  que  ce  fera  à  voitre  confùfion  &  ruine.Ie  fay  q  plu- 
sieurs ne  tiennent  grand  conte  de  celle  faincte  Parolle .  Mais  que  ceux-la  entendent,  que 
Iefus  Chrift  parlant  des  Miniftres qu'il  enuoye,dit,Qui  vous  mefprife,il  me mefprife.  Or  Luc  iojs 
fi  vous  mefprilczleFilsdeDieu,il  vous  mefprifera.  D'autres  craignent  la  periècution,&: 
ne  veulent  vfer  de  la  médecine  laquelle  nous  fortifie  cotre  icelle  perfecution ,  qui  eft  l'E- 
uangile.  Là  ils  apprendront,que  la  perfecution  eft  la  marque  des  Chrefties,&:  que  par  la 
perfecution  nous  fommes  cogneus  enfansdeDieu.  Car  Chrift  dit,S'ils  m'ont  perfecuté,  Ican  W 
ils  vous  perfecuteront  aufïîxar  le feruiteur  n'eft  pas  plus  grâd  que fon  maiftre.  S.Paul  auf-  ^  ^ 
fi  dit,Il  ne  nous  eft  pas  feulement  doné  de  croire  en  Chrift,mais  aufifi  de  foufFrir  pour  luy: 
fachans  pour  vray  que  fi  nous  fouftrons  auec  luy,nous  régnerons  auec  lui:car  nous  ne  cô- 
Jbatons  point  comme  eftans  incertains ,  mais  tout  afïeurez  de  la  victoire:  veu  que  Chrift  a 
vaincu  nos  aduerlàires.Pareillement  S.Iean  dit, Vous  lèrez  hays  du  môde,car  vous  n'eftes Ican  1JJtf  1 
pas  du  môdc:&  auffi  le  règne  de  Chrift  n'eft  de  ce  fiecle .  Si  nous  voulons  eftre  cohéritiers 
de  Chrift  au  royaume  de  Dieu,ne  craignons  la  perfecutiô,ni  la  croix  de  Chrift  nôftre  Ca- 
pitaine ,  veu  quec'eftl'enfeigne  fous  laquelle  il  nous  faut  batailler .  Ne  craignons  aufli  les  Louange  deè 
prifons,  veu  que  cefbnt  collèges,  où  les  enfans  de  DieuapprennentJaleçondelcurPere,  pnfon** 
&c  Maiftre.  Aux  prifons,  on  cognoift  Dieu  eftre  véritable  en  fes  promeiTes.Et  encore  que 
vous  les  ayez  entendues  &c  expérimentées  en  diuerles  aduerfitez ,  fi  eft-ce  qu'en  la  prifon 
pleinement  il  fedecla|eà  fes  enfans.  Là  il  leur  donne  force  pour  furmonter  les  ténèbres, 
lapuanteur,les  liens,lafain^lalbif,lefroid,iesiniures,moqueries,batures,&iùbtilitezdes 
ennemis  de  verité,les  tourmens,tortures,  queftiôs,  &c  autres  chofes  qui  tous  les  iours  leur 
font  propofees.  Bref,ces  prifons  font  ieux  d'eferime ,  où  on  cognoift  tous  les  coups  quefa- 
uent  ruer  la  chair,le  diable, le  monde:&:  y  apprend-on  ce  du  grand  Maiftre,  qui  nous  don- 
ne le  vouloir,la  feience,  &:  le  pouuoir  à  les  repouiler .  Que  perfonne  donc  ne  craigne  plus 
d'eftre emmené  en  prifon,veu  queceft  le  lieu  où  Dieu  defploye  pleinemét  fesgraces.  En 
prifon,les  Princes&  grans  feigneurs  trouucront  Dauid  :  les  femmes  y  verrôtludith,mct- 
cant  en  dager  (à  vie  pour  la  querelle  du  Seigneur  :  les  vieils  y  trouuerôt  Elcazar:  les  Ieunes 
y  trouucront  Mifach,Sidrach,&  Abdenago,&  îcs  fèpe  enfans  qui  font  au  liure  des  Macha- 
bees,auec  leur  mere.Les  Miniftres  de  Chrift  y  trouuerôtDaniel,&:  S.Iean  Baptifte  décol- 
lé: bref,tous y  trouueront  les  Prophètes  &:  Apoftres,voire  pour  vne  mefme querelle .  On 
y  voit  Abacuc,apportant  à  manger  au  Prophète:  on  y  trouue  Iefus  Chrift  enueloppé  de 
badelettes.Pourtant  ne laiifons  d'aller  efcoutcrl'Euagile  pour  crainte  d'emprifonnemét. 
car  en  prifon  nous  fommes  exempts  de  crainte  de  rencôtrer  les  idoles  parles  rues.  En  pri- 
fon  vous  n'auezles  tentations  du  monde  deuantles  yeux  :  vous  y  pouuezlibrement  prier 
Dieu,  &£  cliantcr  Pfeaumes  au  Seigneur  :  tellement  que  les  ptifbns  font  bien  fbuuent  plu- 
ftoft EgUfcs ,  que  priions:  comme  dit  fàind  Hilaire,  qu'on  oit  pluftoft  chanter  Pfeaumes  Note^ . 


Liure  VI*  Jem  Motel. 

aux  priions  qu'aux  Palais.  Aux  priions  on  cft  accompagné  des  Apoftres&  Prophètes, qui 
font  auec  nous  condamnez,  trainezau  fupplice,  tuez,  moquez,  eftimez  les  ordures  de  ce 
mondc  jvoirc mefme  Icfus Chrift  Roy  des regnans, &t  Seigneur  des  feigneurians.  D'oreL 
enauantdoncnecraignons  d'aller  au  combat,  veu  que  nouslommes  accopagnezdetant 
de  vafllans  Capitaines, qui  ont  combat  u  lous  lenlcgne  de  la  croix  de  Chrift.Courons  au 
combat,{'uiuans  noftre  Capitaine  Ielus  Chrift  :  Ibrtons  hors  des  tentes  après  luy,  portans 
ion  opprobre.  Ne  craignons  point  d'eftre  attachez  à  la  croix ,  fachans  que  noftre  loyer  eft 
preft,&  que  bien  toft  nous-nous  ri  polerons  dcnostrauaux.Rcfulcrons-nous  vne  gloire, 
qu'oeil  n'a  vcué",n'oreilleouye,necceur  entendu  ,craignans  d'endurer  l'eipaced  vn  quart 
d'heurt  rEt  nous  voyons  les  mondains  s'expolbr  en  plusgransdangers  ,pour  vnecourônc 
Couronne  corruprible.On  en  verra  beaucoup, lelquels  après  auoir  refufé  celle  tant  fouhaitable  cou 
ronne,de crainte d  endurer  vn  quart  d  heure,  leront beaucoup  plus  tourmenrez  en  leurs 
maifôs  melmes,foit  par  maladies,ou  autres  affliftiôs.Orle  Dieu,  qui  nous  a  appelez  pour 
côfelTer  Ion  fainft  nom, nous  facelagracedc  recognoiftre  l'hôneur  qu'il  nous  fait:  &:  nous 
vueille  fortifier  en  tout&  par  tout,afin  que  nous  puiflions  vaiUammétrefifterauicfurdii 
combat:efleuansnosycuxauciel,àlagloirequi  nousy  eft  appreftee  de  toute  éternité, 
Ainfifoit-il. 

E  a  n  Morel  s'eftant  porté  en  cefte  façon  deuant  le  iuge  Criminel  du  Chaftclct  de 
]§fu£$  Paris,futcondâné  d'eftre  mené  deuant  l'Official,pour  faire  abiuration,&:eftrecon 
treluy  procède  par  voyes  eccleliaftiques:  comme  defiala  couftume  eftoit  de  les  réuoycr 
là,fclon  l'editt  dernier  du  Roy .  Et  penfoit  ledit  Lieutenant,  que  le  courage  luy  feroit  du 
toutfailli  ,&  qu'il  feroit  volonriersce  qui  luy  feroit  enioint  par  l'Official  pour  elthapper, 
&:  ainli  qu'il  auroit  les  mains  nettes  de  ion  làng,  ne  l'ayant  condamné  à  la  mort.  Mais  il  e- 
ftoitdeliareuenuàfoy,deliberédenerienfaire,quinefuftàla  ruine  du  royaume  de  l'An- 
techrift.Etpourtant,depeur  qu'en  refpondanrdeuantf  Officiai, il  nefuft  veu  approuuer 
Mord  me-     iurifdi&ion  tyrannique,qu'ila  vfurpcefurlcmagiftrat  Ciuil, ilappeladelafentencedc 
ué  i  la  cô-  renuoy:&  fut  menédtoitàlaCôciergeriedu  Palais,&  mis  auec  autres  feruiteursdeOieu, 
ciergerie.    pionniers  pour  cefte  mefme  cauiè,qui  luy  accreurent  le  courage  dt  la  moitié.  Tous  en- 
iembleauoyét  vn  grand  defir  de  m anirefter  noftre  Seigneur  Ieius  Chrift  aux  li  ges,  &ù  fai- 
re quelque  profit  pour  1  auancement  delà  gloire  de  Dieu:mais  pource  que  leur  eau  le  cô* 
mençoit  défia  d  auoir  quelques  defenllurs  en  la  Cour,  &:  que  mefmc  les  ignoras  ne  trou- 
uoyentaflczderaifonspourles  condamner,on  n'olbit  toucher  à  leur  procès.  Ainfi  ievoy- 
ans  enierrez  là  vn  fi  lôg  tem  ps  entre  les  murailles  des  prifons  fans  rien  faire,&  fans  qu'au- 
Excrciccs    cun  fru^rcu'nft.^  perlbnnc  du  talent  que  Dieu  leurauoit  donc,  ilsdelibtrcrétdefèfai- 
notabics<?es  re  entendre  au  trauersdes  portes  &  fencftres,àgr;ms  cris  &  haute  voix:&  parler  les  vns  a- 
fîdd«QiCrS  Pres  'es  autres  ^c*a  paro^e^e  Dieu, tellement  qu'ils  peulîentc  ftreouis  de  ceux  de  dehors, 
au  moins  pour  auoir  quelques  teimoins  deleur  créance. Leur  cachot  y  eftoit  tout  propre, 
ayant  deçà  &c  delà  quelques  endroits,dont  ils  pou  uoyent  eftre  entcndus.Ceftoit  au  mois 
,       de  Nouèmbrc.Us  faifoyent  les  prières  qui  lont  ordinaires  auxEglifes ,  chantoyentPfeau- 
mes,&  expofoyentquelqr  es  points  de  1  Efcrirtuerdcnnansàentendreaux  efeoutans  l'- 
innocence de  leurs  caufes.  Le  bruit  c  n  fut  incontinent  par  la  ville:  &:  fe  trouuoyent  par  les 
galeries  du  Palais  &  autres  licux.plulieurs  pour  les  ouir  :  les  vns  eftoyét  gaignezfur  l'heu- 
re: les  autres  confermez,  &  plulicurs  efmcus  de  s't  nquei  ir  plus  auant  delà  vérité  dès  chou 
fes.    A  la  fin  vn  Conlbilk  r  delaCour  les  avant  ouys,cn  fit  rapport  au  premier  Prelîdent, 
qui  en  fut  bien  fafchc.  Et  fâchant  que  Morel  y  eftoit  des  premiers ,  il  enuoyc  quérir  de  co- 
lerefon  procès  (cncorequelacognoilfanccen  appartinft  àla  ChâbredelaTourncIlc)& 
commandaà  vnConfeilJerdes  en  tenir  preft  pour  lelédemain .  Morel  donc  àceftefurie 
fut  mandé:&  fie  telle  Confeflion  d'vn  cœur  ioycux  &:  franc,qui  s'enfuit,  venuede fà  main 
comme  la  précédente. 

Me  s  freres,pour  continuer  mes  refponfes,leMecredï  x  1 1 1  r.  de  Decembré,ie  fuma- 
dé  par  deuant  meilleurs  les  Prelidcns,  &:  plu  fleurs  Conlcillcrs ,  en  la  grand' chambre  do* 
ree.  Le  premier  Prelidét  méfîtiurer  que  iediroye  vérité  :  joignant  les  mains  &r  eficuat  les 
yeux  au  ciel  ic  dy  ,1e  protefte  auiourdhuy  deuant  Dieu  q  ie  vous  la  diray:  &:  puis  qu'il  luy  a 
pieu  m'appeler  deuant  vne  tant  noble  côpagnie,  pour  rcdretcfmoigna^c  de  ma  foy,ielui 
prie  qu'il  me  face  la  grâce  que  i'en  puifTe  faire  vne  entière  confeflion ,  &:  fi  bien  q  tous  co- 
gnoiifent  q  ie  ne  fuis  hérétique  ne  fchifmatiquc,mais  Chteftié.  Mcfaifant  ceffer  ma  priè- 
re, me  demâda, Crois-tu  en  DieuîR.  le  croy  en  Dieu  le  Pere  tout-pu  iftant,  créateur  du  ciel 

&de 


Jean  tTtforel.  joô 

&:  delà  tcrrCj&c.  D.  Crois-tu  au  fàind facremét  de  l'autel  n^.  Moniîeur,qu:il  vous  plai- 
fe  me  duc  ce  que  vous  entendez  par  le  faind  Sacrement  de  l'autel.  D.  Crois-tu  après 
les  parolles  lacramcntales  proférées ,  que  le  corp^  de  noftre  Seigneur  foit  en  la  Mcflcï  çt. 
D  autant  que  laMcflen'ëfticlon  laparollede  Dicu,&.rinftitution  delefus  Chrift,  iene 
croy  point  que  le  corps  y  foit,ncla  mémoire  d'iceluy:  mais  bien  ie  croy  que  receuansdu 
pain  6c  du  vin  delà  main  d'vn  Miniftrc,preftrc,ou  pafteur  prcfchantla  parole  de  Dieu,  6c 
iliyuant  l'inllitution  de  lelus  Chrift,  comme  elle  cil  récitée  en  l'onzième  de  la  i .  aux  Cor. 
iercçoy  véritablement  6c  de  raid  le  corps,  &  la  chair,  &lclàng  de  noftre  Seigneur  IefuS 
Chrift, Ipi  rituellement,  parvne  vrayeSÏ  viuefoy,  par  l'opération  du  faind  Elpnt  :1e  pain 
demeurant  pain,&.  le  vin  vin, comme  l'eferit  îàind  Iean  Chrylbftome  en  l'epiftre.td  Côl\a- 
nummona(hum,6c  Theodoritecnfon  fécond  Dialogue.  D.  Faut-il  communiquer  Tous  les 
deuxelpeces?       Ouy,  comme  le  dit  Gelafe,&faindCyprian.  D.  Tune  crois  donc  la 
Traniîubftantiation.  i^..  Si  le  lacroyove  Jecontrcdiroyeau  dit  des  Ar.ges,  Ad.i.&T  au  dit 
de  faind  Pierre,  Ad.$.  qu'il  faut  que  le  ciel  rcçoiue  lelus,  iniques  à  la  reit  au  ration  de  tou-  ConfcCvor, 
tes  choies.  D.  Crois-tu  la  Confefsion  auriculaire  ?  rçt.  D'autant  qu'elle  n'eft  fondée  fur  la  ««neulaire. 
parole  de  Dieu,  lenela  croy  point.  Carc'cft  vn  blafphcmc  de  dire  que  nous  pmfsionscô-  pfçaJ,.1Ti 
{effet  tous  nos  pechez,veu  que  nous  fommes  ii  grands  pécheurs  :  &:  que  Dauid  dit  mel- 
me,Nettoye-moy  de  mes  fautes  cachées.  Et  puis, li  Neftonus  cuefquede  Conftantino- 
ble  l'a  abolie  pour  vne  paillardite>combié  s'en  commet-il  auiourd'huy  fous  ombre  de  ce-  J™ôte°S 
fte confefsion  auriculaire?  Mais  ic  croy  bien  trois  iortesdeconfefsionsda  première eft,de 
nous  recognoiftre  pécheurs  de  uant  Dieu,&  lay  demander  pardon  ,  luy  confefTans  nos 
péchez:  la  féconde,  quand  nous  auons  quelque  fcrupulede  conlcience,ilnous  faut  con- 
ieilleràvn  Miniftre,ou  autre  qui  nous  pourra  conlbler:  la  troiiîeme,  quand  nous  auons 
offenfe  quelqu'vn,il  nous  faut  ieconcilier,Iuy  côfefTans  lofîenle.  D.  Et  de  l'extrême  On- 
dion  qu'en  crois  tu  ?  Ne  fais-tu  pas  ce  qu'en  dit  iàind  laques?  y..  Elle  eftoit  en  vfageen  la 
primitiueEglifc:&  noftre  Seigneur  corn  mandoit  aies  Apoftres  d'envier,  commeileft 
ditau  6.  de  faind  Marc,  Allez,gueniîez,oignans  d'huile.  Mais  maintenant  les  Miniftres 
n'ont  ceftepuiflance  de  guenr:&:  pourtât  ils  n  ot  q  faire  d'vfer  du  ligne  D.Côbien  crois 
tu  deSacremens?^..  Deux,le  Baptefme&  la  lainde  Ccne.D.Que  crois-tu  du  Baptefme? 
y.,  le  croy  que  tout  ainii  queie  fuislaué  extérieurement  de  l'eau ,  aufsi intérieurement  ie 
fuislaué  de  tous  mes  péchez  au  fangdclel'us  Chnft,  par  l'opération  dulaind  Efprit.  D. 
As-tu  efté  àGeneue?^..  Ouy,monlieur,iyay  efté  huit  iours,&  m'enfuis  retourne' en  ce- 
fte  ville,pource  que  n'auoye  moyen  de  m'entretenir  là.  D.  Qui  t'a  appris  toutes  cescho 
fes?i$t.Ie  les  ay  apprinlès  parlaleduredu  vieil  6c  nouueau  Teftament.Et  la  mauuaife  vie  ^^j^ 
des  preftres  m'a  fait  douter  de  leur  dodrine.  D'auantage  i'ay  veu  la  grande  conftance  de  tyrs  bruOcz 
ceux  qu'auez  fait  brufler>&:  qu'ils  auoyent  la  lague  couppce:cela  m'a  fait  enquerirde  leur  en  la  place 
dodrine:  principalement  voyant  la  conftance  de  ces  deux  ieunes  gens ,  qui  ont  efté  exe-  Mauberc- 
cutez  les  derniers  en  la  place  Maubcrt,i'en  ayefté  mcrueilleulementconfermé:mefme  ucor^js 
voyant  ccqu'ih  difoyent  eftre  conforme  aux  Efcritures  faindes.  D.  Qui  font  tes  compli- 
ces?^ .Tous  ceux  qui  font  vnis  en  vnemefmefoy,L.oy,&Baptefme,  &:  croyenten  vn  mef 
meDieu.  D.  Quecrois-tu  du  Purgatoire?  y.,  lecroy  que  nous  fommes  purgez  par  le 
précieux  lang  de  lelus  Chrift,  comme  dit  laind  Paul ,  Vous  aucz  efté  paillards ,  la  rrons, 
6cc.  mais  vous  en  eftes  lauez,mais  vous  en  eftes  fandifîez,mais  vous  en  eftes  îuftifiez  par 
lelangdu  Seigneur  Ielus,&:  paiTEfpritdenoftre  Dieu.  D.  Tu  nous  as  dit  ci  dclîus  que 
nous  fommes  iigranspecheurs,cjue  nous  ne  laurions  eftre  fans  offenler  Dieu.  çt.  Aufsi 
Dieu  nous  a  promis  que  tou te.<  fois  6c  quintes  que  le  pécheur  le  conuertira  à  luy ,  il  luy 
fera  pardon.  D.  Pourquoy  n'as-tu  voulu  allci  dcuantl'Euefqucî'j^.  D'autant  que  iene  le 
recognoy  pour  mon  luge:  mais  bien  vous,mcs  treshonnorez  Seigneurs. Et  puis  il  y  auoit 
en  ma lentence  que  ic feroye  abjuration  des  papolcs  par  moy  prorerees,ce  que  ie  n'eulVe 
iamais  fait.     D.  Pourquoy  n  as  tu  perfifté  en  ce  qu'auoisconfelîe  âufourl'Euefque?R. 
Voici  ie  protefte  deuant  Dieu  que  ie  ne  mentiray  point  :c'eft  que  i'ay  lènti  le  iugement 
de  Dieu  fi  afprc  fur  moy,  comme  Ci  i'eulîe  efté  délia  damné,  à  caufe  que  i  auoye  renoncé 
Iefus  Chrift,cncorcs  que  ce  ne  fut  abioluement.  D.  Quas-tu  fenti  depuis?  R.  I'ay  fenti 
que  Dieu  m'a  pardonné  ce  mien  forfaid,leS.  Elpric  m'en  rendant  telmoignage  :  li  que 
maintenant  ie  necrain  la  mort  par  la  grâce  de  Dieu.  J>.  Ne  penfes-tu  point  qu'on  t'efpàr 
gnera,  6c  qu'on  ne  te  fera  pas  mourir  à  caufe  de  la  îeunefle?  R.  AiTeurez-vous,Mclsieiii  s, 
queiem'atten  bien  de  mourir:  maisi'efpercparlagiace  de  Dieu,  que  pour  eclavousne 


^ean^Morél. 


Le  langues 
Martyrs  fe- 
mcnce  Je  1'- 


Les  liurcs 
des  iMachx 


Prière. 


Argument 
fur  la  mau 
ducation 
du  corps. 


Mc/Tc, 


me  ferez  point  renoncer  mon  Seigneur  Icfiis  Chrift.  Car  icfay,qucccluy  qui  lercnôcera, 
fera  auffi  renonce  de  luydeuâc  Dieu  le  Pere,&:  deuatfcs  Anges. Et  vous  voycz,Meliïcurs, 
combien  vous  en  auez  fait  mourir:  &:  toutefois  vous  cognoiiTczquc  n'vgaigncz  rien  :  car 
pour  vn  que  vous  faites  mourir ,  il  en  renient  mille:  pource  que  (  comme  dit  Tcrculiian) 
le  lang  des  Marryrs,eft  la  femence  de  l'Eglife.  Lors  l'vn  des  Prciidens  v  fa  de  menaces,  me 
difant, qu'on mecor.pperoitlalangviCj&les doigts. R. Quadvousmc  coupperiez la  lan- 
gue^ le  bout  des  doigts  &c  des  pieds,  &£  m'efeorcheriez  la  tclte,i'ay  efpoir(par  la  grâce  de 
Dicu)quei'cnfuyuray  les  enrans,dc(quels  il cft  parle  aux  liures  des  Machabccs.  Ht  voicy, 
Meffieurs>vn  grâd  ligne  que  noltrc  doctrine  eft  véritable,  pource  que  toutes  les  forces  du 
mondenclapcuuent  opprimer.  D.PalIbns  outre:  Crois-tu  la  prière  pour  les  trefpaffcz? 

R.  D  autant  qu'elle  n'eft  fondée  en  l'Efcriture,ie  ne  la  croy  point.  D.  Il  en  cft  parle  aux 
Machabccs, lclquels  tu  ne  peux  rcictter,veu  que  tantoft  tu  les  as  alléguez.  P .  Sainîl  Iero- 
me  dit  qu'on  les  lit  en  rEglilé,non  pour  côfirmation  de  dodrinc,mais  pour  les  beaux  exé- 
ples  qui  nous  y  font  propofez.  D.Ne  lais-tu  pas  que  tous  ceux  qui  difputent,  ou  parlée  de 
la  (àintteEtcnturc,  font  hérétiques?  Ri.  le  n'ay  point  parlé  de  la  iàin&e  Efcriture,  li- 
non cômelecommandci'Apoftreaux  Hebneux  audouziefme  chapitre.  Et  fa  in  d  Pierre 
nous  aduertit  d'eftre toujours  prefts  de  rendre  raifon  de  noftrefoy  .  Or  comme  plufieurs 
autres  propos  ledifoyet  (defquels  il  ne  meibuuiét)  ils  me  diret,  quec'eftoit  l'efprit  du  dia- 
ble,qui  me  raifoit  dire  ces  choies. R.  Ccft  l'Efprit  de  Dieu  :car  S.Paul,  i  .Cor.  iz.dit,Peribn 
ne  ne  peut  di  re  Iefus  cftrc  le  Fils  de  Dicu,finô  par  l'Efprit  de  Dieu.  Et  comme  on  me  vint 
prendre  pour  me  remcner,leuant  lesycux  au  ciel,  &:  ioignant  les  mains, ic  di,  Scigneur,ie 
teren  grâces  de  ce  qu'il  ta  pieu  me  faire  ce  bié,  que  l'aye  fait  vne  telle  Côfcffion  de  ta  Vc- 
ri  té:  qu'il  te  plaife  me  fortifier  tellement  que  ielapuiiTefoufteniriufques  à  la  mort:  vueil- 
les-les  auffi  illuminer  par  ton  faincl:  Efpnt,  Amen. 

A  l'heure  mefme  iefu  redemandé:^:  k  première  interrogation  fut,fi  ie  ne  me  vouloyc 
pas  réduire,  r  .le  fuis  tout  réduit  par  la  grâce  de  Dieu  :&:  puis  que  tout  ce  qu  e  i'ay  dit  eft  fé- 
lon la  faincte  Elcriture,i'y  veux  perfifter .  Ils  médirent  (ie  ne  fay  à  quel  propos  )  Si  le  corps 
de  Ieius  Chrift  n'eftoit  au  pain, nous  {étions  idolâtres.  R.  Pour  le  moins  vous  y  adorez  vn 
morceau  de  pain.Ils  m'alleguoyent  que  tant  de  Docteurs  anciens  parloyent  contre  ce  que 
ie  difoye.Ie  leur  alleguay  d'autre  cofté,  que  plufieurs  faiibyent  pour  nous:  6c  fi  i'eftoyehe- 
retique,qu'il  faudrait  que  faincl  Pierre  &:  S.  Paul  le  fulfent  auffi  :  carie  croy  tout  ce  qu'ils 
m'ont  cnièigné.D.Et  quoyî  tu  necrois  rien.  R.Ie  croy  le  Symbole  des  Apoftres,  celuy  de 
Nicene,6cd'Athanafe.Ie  croy  le  vray  Purgatoire  fait  parlelangdclelus  Chrift,  &  renon- 
ce au  faux,inuenté  par  les  hommes:bref,ie  croy  tout  ce  qui  eft  elcriten  la  fain&e  Efcritu- 
çe,&:  renonce  a  toutes  les  traditions  Papales  inuentees  depuis  milleou  onze  cens  ans. 

P  l'y  s  i  e  vus  autres  propos  confus  furent  mis  en  auanr.lefquels  finis  ils  comman 
derent  que  icfulfe  mis  tout  feul.  le  leur  di  que  ienepourroye  eftrc  mis  en  aucun  lieu 
tout  feul,  d'autant  que  ie  m'aiîeuroye  quel'Efprit  de  Dieu  m'accompagnera  toufiours: 
ce  q  uc  fay  bien  expérimenté .  Pou  r  la  troiiiem  e  fois,  fur  l'heure  mefme  on  me  mena  de- 
uant  vn  Prefident,&  quelques  Confeillers:  &c  après  plufieurs  parolles  de  fîatcrie,  il  rentra 
en  ladifputedu  Sacrcmét,où  ierecitay  plufieurs  paifagesdesDoâ:eursanaés,q,admettét 
figure  en  ces  parolles, Cecy  eft  mon  corps:tellement  qu'il  me  lailfa,&:  s'en  allaîàns  me  di- 
re vn  feul  mot.^Finalement  ie  fu  mené  en  la  meimechambre  deuant  les  gens  duRoy,&: 
la  mefme  dilpute  du  Sacrement  fut  recommencée  .Apres  plufieurs  argumens  ieleur  re- 
monftray  fi  le  corps  denoftre  Seigneur  Iefus  Chrift  cftoit  ioinct  au  pain ,  que  Iudas  l'cuft 
mangé,&:  par  ce  moyen  fuft  lauué,&:quelelèmblable(èroitdesreprouuez.Ilsme dirent 
que  ievenoyeauximpoiïîbilitcz.Ie  relpondi  quec'eftoit  vne  réplique  de  Sorbône.Et  leur 
demanday  fi  le  corps  de  Iefu  s  Chrift  eftoit  ain  il  au  pain ,  pourquoy  ils  chantoyent  Surfim 
cW<*,cllcutz  vos  cœurs  en  haut.Cc  propos  fini  ie  leur  di  que  fi  noftreReligron  eftoit  prel- 
chccil  n'y  auroit  tant  de  voleurs  &  brigans  en  leurs  prifons.Ils  me  dirét  que  prefque  tous 
les  voleurs  eftoyent  Luthériens.  Ri.  Meilleurs,  c'eft  en  vos  priions  qu'ils  font  inftruits  par 
les  noftres:£c  c'elt  vn  grand  fignoqucnoftrcdo&rinceft  veritable,quand  vous  voyez  (co- 
rne dit  Lactance)d'autant  plus  qu'elle  eft  oppreiTec^nes'augmente.Mefmcs  cela  déclare 
bien  mô  innocence,que  vousm'ofrrezlibetté fi ieme  vouloyedcidire: mais  i'aime  mieux 
que  vous  me  faciez  mourir ,  que  de  faire  choie  contre  ma  confeience.  D.  Tu  neveux  doc 
pas  aller  à  la  Mcflc.P/.Nomd'autant  que  c'eft  idolâtrie.  D.  Q_u'appelles-tu  Me  fie?  Rt.  Les 
docteurs  Sorboniques  dilènt  que  c'eft  vnfacrifice  propitiatoire  tant  pour  les  viuansque 

pour 


Jean  tMorel.  jo? 

pour  les  morts. OrrApoftrenouscnfeigne,queIefus  Chriftparfonfeulfacrificea  fandi-  Heb.10.r4 
fie  à  perpétuité  ceux  quicroyét.Puis  1  c  jnclud,  Où  il  y  a  remiffion  de  ces  choies  (aiîauoir  Hcb-  l0-LS* 
des  pechez)il  ne  faut  plus  doblation  pour  le  peché.  Ils  me  dirent  que  l'Apollre  parloic 
<le5rff#-/^fiocr«e»fo,ceftàdire,lacrificedclâng.çt.  Les  facrifices  aucc  lang  finis  en  lefus 
Chrift,il  neft  plus  parlé  en  toute  l'Efcriture  laincte  d'autre  fàcnfjce  que  d'adion  tic  grâ- 
ces. Lors  s'enallans  me  difoyent  que  ieftoye  ignorant.  Ri.  Qupy  que  ce  foie,  îeiày  noitre 
Seigneur  lefus  Chrift:,  &iceluy  crucifie'  pour  mes  pcchez,&  m'en  contente.  ^  A  in  fi  fus 
remené, Se  mis  en  vn  cachot  fi  eftroit,que  ne  me  poiiuoyecoucher:&  y  fus  iufqûes  au  len 
demain  quatre  heures  après  midi  :& de  là  on  memenaàlacourd'Eglilé,fans  queielcuf- 
feoùi'alloye. 

IV  AOk  e  l  ayant  fi  heureufementrcfpondu  en  pleine  Cour,  Se  par  plufieurs  fois, tout 
*•  Vn  viïiour,  il  fut  dit  que  Ion  appel  feroit  mis  au  neanc ,  Se  lecoit  nu  né  deuant  f  Offi- 
cial,poureftrearenconticdc  luy  procédé, fuiuant  la  fentencedu  Lieutenant  criminel. 
On  s'cfmerueilloit  qu'ils  ne  lauoyent  condamné  à  mort:  toutesfois  il  auoit  parlé  fifran 
chcmcnc&  de  telle  force  qu'ils  ne  fauoyenc  tous  qu'en  faire:&:  plufieurs  confelîbyenc 
qu'ils  n'y  voyoyent  caufe  de  mort ,  conuaincus  de  la  maiefté  delaquclle  il  parloit  :  telle-, 
ment  que  la  diuedité  des  aduis,fut  caulé  qu'il  fut  ouy  par  tant  de  fois:  ce  qui  eftoit  choie 
nonaccoultumceenladitechambre.A  la  fin  pour  s'en  defpcfcher,ils  ne  peu  rét  faircau-  prcmle"?" 
trechofe,  que  de  confermer  la  fentencedu  premier  luge.  Orles  nouuelles  deceftecon-  gecôfcrmee 
{lance  fuient  incontinent  femees  par  tout,  mefmes  parles  Confeillers  qui  enfaifoyent 
les  contes,commed'vnechoremerueilleufe:qu'vnieune  enfant  en  laprefence  de  ceux 
qui  ne  demadent  que  la  mort  de  les  femblablcs ,  d  vn  tel  cou  rage  &fauoir  euft  maintenu 
cefte  doctrine  tant  odieufe.Et  cela  ne  fut  point  fans  vn  fruid  merueilleux  à  toutel'Eglife 
de  Dieu.  Il  fut  donc  mené  deuant  rOtfîcial ,  continuant  toufiouts  en  celle  confiance. 
Quant  aux  interrogatoires  qui  luy  furent  là  faits,il  nous  en  a  lauTé  quelque  commence- 
ment par  eferit  :  mais  la  mort  l'a  empefché  d'elcrirc  le  tout  :  fi  peu  toutesfois  qu'il  y  en  a, 
fera  foy  de  tout  le  relie. 

L  e  x  i  x.de  Décembre iefus  mené  deuant  l'Official en  fa  maifbn.  Premièrement  co- 
mandant  de  mettre  la  main  fur  vn  liure,'medit .  Tu  iures  par  les  faindes  lettres  que  tu  di- 
rasverité.  Apres  auoir  regardé  que  c'efloitvn  P(àuticr,ic  di,  le  iure  par  le  Dieu  viuarit,  ifa.T9.tJ. 
comme  il  nous  eft  commandé  par  Efaie:toutcroisie  ne  fay  point  de  difficulté  de  mettre  kre-4-*. 
la  main  fur  la  faindeEfcriture.il  m'a  demandé  beaucoup  de  choies  qui  neferoyentque 
brouiller  le  papier.  D.  Aquelleintentiones-tualléàGeneue^Rt.  Pourvoit  la  bonne  re- 
formata de  l'Euangileucnten  en  rinterpretation,&  pure  predK^  pureinuoeation 
dunomdeDieu,&adminiftration  des  Sacremens.  D.  N'as-tu  pas  ouyprefcher  pure- 
ment TE  uangtle  en  Ftance?  As-tu  ouy  prefeher  autrement  que  ne  font  ceux  qui  prefchét 
publiquement?  Ri.  Ouy:  mais  ic  ne  vous  defigneray  les  lieux,  ni  les  perfonnesquefy  ay 
veuesmi  ceux  queiyay  ouy.  D.  N  as-tu  pas  îuré  dédire  venté?  r>.  Icl'ay  iuré,&aufsi 
ie  vous  l'ay  dite:mais  ce  neft  pas  à  dire  que  ie  vous  doyue  aceufermes  frères  :  car  cela  ne 
vous  feruiroitderien,finon  de  les  tourmenter,comme  vous  me  tourmentez.  D.  Ileftdit  M***"0, 
en  l'Euangile,  queccux-la  font  bien-heureux  qui  Ibunrent  pour  iullice:  Se  pourquoy 
veux-tu  denier  cefte  benedidiô  à  tes  treres?  Rt.  Véritablement  ie  nVeftime  bien-heureux 
de  fouffrir  pour  la  querelle  de  Iems  Chrift  :mais  ce  neft  à  dire  qu'ilfaille  que  i'aceufe  mes 
frères  :  Se  encores  que  vous  m'arrachilsiez  auiour  d'huy  vn  membre ,  Se  demain  l'autre ,  fi 
eft-ce  que  par  la  grâce  de  Dieu  ic  ne  vous  nommeray  aucun  de  mes  frères.  D.  Enquoy 
eft-ce  que  les  Dodeurs&  moines  ne  prefchét  purement?  Rt.  D'autant  que  par  leurs  faufw 
fes  interprétations  ils  impotent  de  gros  fardeaux  au  peuple,  lclquels  ils  nevoudroyent 
toucher  du  doigt:  ils  annoncent  vn  autre  purgatoire,  que  celuyfait  parle  fang  de  lefus 
Chrift:  ils  enfeignent  qu'ily  a  d'autres  aduoeats,  que  lefus  Chrift,  combien  que  fainct 
Pauldife,qu'ily  avnMoyenneur  de  Dieu&  des  hommes  ,Sec.  lime  répliqua  que  cela  i.Tim.i.j. 
s'entendoit  de  la  reconciliation,  &  non  de  l'intercefsion.  Rt.  Il  n'y  a  aucune  différence 
entre  reconciliation  &:intercefsion.Saind  Auguftin  déclare  ceci  bien  apertemétfurl  E- 
piftre  première  de  fairtdlcan,  où  ileftdit,  Si  nous  auons  peché,quc  nous  auons  vn  Ad- 
uoeat  lefus  Chrift  le  lu fte.  Saindlean,ditfaind  Augullin,vfédc  ces  mots  ,Nous  auons  i.ican", 
vn  Aduocat,&  non  pas,  Vous  auez  vn  Aduocat,  fe  mettant  du  nombre .  Il  m'a  dit  qu'il 
nous  eftoit  commandé  de  prier  les  vns  pour  les  autres  :8e  ainfi ,  qu'il  y  auoit  plufieurs 
aduoeats.  Bt.  Ce  que  nous  prions ,  neft  point  pour  intercéder  les  vnspour  les  autres: 


Linrt->VL  fan  Mord. 

mais  pour  dcmonftrcr  la  charité  que  nous  auons  les  vns  aux  autres -.comme  faindPaul 
prie  pour  le  peuple     le  recommande  aux  prières  du  peuple.  Aufsi  faind  Auguftin  dit, 
que  toutes  nos  prières  ledoiuent  adrelfcr  au  Chef,  airauoir  Chrift.  Et  contre  Parmeniail 
il  dit,Si  laind  Paul  cltoit  aduoeat,  les  autres  Apoftres  lelcroyent  aufsi.  Ce  qui  ne  couien- 
droit  point  à  ce  qui  eft  dit,  qu'il  y  a  vn  Dieu,  &vn  Moycnneur  de  Dieu  &  des  hommes. 
LorsrOfficiaiinedit,qu'ilueftoitqueftiondcdifputCt ,  mais  qu'il  m'ameneroit  vn  Do- 
deur:  ce  qu'il  Ht  vn  mois  après,  airauoir  le  Pénitencier ,  lequel  m'apporta  finalement  ce- 
fte  belle  relponfc,  Que  quand  faind  Paul  ditqu'ilyavn  Dieu  &:  vn  Moycnneur ,  Vn,  en 
ce  heirvaut  autant  que  principal,  comme  ii  on  difoit,  En  la  Cour  il  y  avn  aduoeat,  pour 
dénoter  le  plus  excellent,  iu.  S'il  eftoitainfi  comme  vous  me  dites,  ie  concluroye  qu'il  y 
auroit  plulieurs  dieux:  car  il  dit,  Il  y  a  vn  Dieu,&:  vn  Moycnneur.  Mais  tout  ainli  qu'il  n'y 
a qu'vn  Dieu,aufsi n'y  a_il quvnMoyenneur.il m'allégua lehuitieme  des  Romains, l'E- 
lprit fait requefte pour  les  Sainds:&: ce,  penfant  touliours  prouuer  la  pluralité  d'aduo- 
cats.  y..  Il  ncs'enluitrien  décela:  car  faind  Paul  n'enleigne  autre  choie  en  ce  lieu  la,  fî- 
non  quel'Elprit  de  Chrift  qui  habite  aux  fidèles,  lesinciteà  prier  Dieu.  Pour  rcuenir  à 
l'Official,  il  me  demanda  s'il  ne  faloit  pas  obferuer  le  Carefme.  ^  D'autant  qu'on  y  attri- 
bue le  leruice  de  Dieu  ,  il  n'eft  à  obleruer:  car  làindPaulColof.i.nousenlcigne  de  nous 
garder  d'eftrefeduits  par  les  commandemens  des  hommes,qui  font,Ne  mage,negoufte, 
nctouche,&:c.  Ce  qu'il  déclare  plu  s  amplement  en  la  i.àTim.a.L'Efpritditnotammet, 
&c.Hmcditqu'ilsnefaifoyentcela  par  leruice,  ains  par  obeiflance.  fy..  Où  il  n'y  a  de  cô- 
manden.ent,  il  n'y  a  point  d'obeiflance.  Cependant  ie  confelfe  que  le  Iufne  eft  bon  &c  ne- 
ceiTaire  aux  Chrefticns  pour  refréner  la chair:mais  on  n'en  doit  bailler  commandement. 
Cariladuicndra  quelquefois  qu'on  aura  plus  de  bcfomd'en  vfer  en  efté,  qu'au  temps 
Sentence  de  qu'il  eft  ordonné.  Aufsi  faind  Auguftin  dit,  I'efli  bien  le  iufne,mais  ie  ne  l'elli  défini.  D'à- 
S.  Auguftin.  uantage  c'eft  vne  medecine:or  il  n'y  a  médecine aucune,de  laquelle  tous  indifféremment 
doiuentcftrc  contraints  d'vlèr.  Il  m'a  allégué  quelefus  Chrift  auoit  iufné.  qt..  Si  vous  vou 
liezenfuiurelefus  Chrift,il  faudroit  que  vous  iulhilsiez^.iours  &:  4o.nuits  fans  manger. 
Ilmeditquenoftre  nature  ne  pourroit  porter  cela.  çt.  Et  pourtant  cela  monftre  bien 
qu'il  n'a  pas  iufné  afin  que  nous  l  enfumilsions. 

\TO  il  a  les  commencemés  de  ce  qui  fe  paila  entre  luy  Sdcs  luges  d'Eglifc ,  l'cfpace  de 
bien  deux  mois.  Or  il  pourfuiuit  tellement  iufques  à  la  fin,  qu'après  auoir  bien  efté 
tourmenté  par  les  aduerlàircs  en  la  prifon,  il  receut  lèntencc  par  laquelle  ileftoit  déclaré 
heretique,&:  retrenché  dcl'cglilé  Papale,  le  16.  de  Feurier.  Et  le  lendemain  fut  amené  en 
la  Conciergerie,bien  fort  malade  pour  le  mauuais  traitement  qu'il  auoit  là  reccu  :  toutef- 
ois fereuoyant  auec  les  autres  prifonniers  confeiîèurs  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift ,  il 
eftoit  tellement  reliouy,qu'il  oublioit  toute  douleur,&  ne  fembloit  point  que  ce  fuft  ma- 
ladie à  mort.  Quoy  qu'il  en  foit,  fi  le  corps  eftoit  débilité ,  TEfprit  n  auoit  point  perdu  fa 
force  accouftumee.  Car  leMardienfuiuantil  fouftint  le  combat  plus  vaillamment  que 
iamais:&:  voyoit-on  à  l'œil  TElprit  de  Dieu  s'augmenter  en  luy ,  tant  plus  qu'il  approchoit 
de  fa  fin.  Nous  l'entendrons  luy-mefme  reciter  fa  dernière  Confefsion  par  lettrc,commc 
nous  auo  n  s  fait  les  précédentes. 

Bencdifti       Apres  auoir  efté  déclaré  heretique,'ie  fu  ramené  au  Palais  auec  mes  frères  le  x  v  1 1. 

moine.  de  Feurier.  Le  Mardi  d'après  icfu  mené  deuant  Bcned.  moine  &:inquifiteur  delafoy,lc- 
quel  aufsi  m'auoitinterrogué en  la  cour d'Eglilè.  Apres  m'auoir  dit  pluficurs  propos,  Se 
voulant  m'intcrroguer  de  chofes  friuoles,qui  ne  lont  d'efcrire,ie  luy  di:I'ay  efté  déclaré  he 
rcriquc:interrogucz  moy  du  Symbole  des  Apoftres,lequel  eft  vn  fommairede  toute  lare- 
ligion  Chreftienne,  pour  fauoir  en  quel  article  d'iceluy  ie  fuis  heretiquc:&  nedifputons 

f.Tim.i.4,&  quedescholbs  qui  lovent  d'édification.  Car  faind  Paul!  Timothee  défend  de  s'adonner 

4,7  àdilputesfriuoles.  le  luy  di  ceciàcauiequepoureuiterdc  m'intcrroguer,  il  m'allcguoit 
vn  certain  heretique,qui  nioit  la  virginité  de  la  vierge  Marie:&  me  difoit  que  tous  hereti 
quesfcfondoyent  fur  la  parole  de  Dieu.  le  luy  relpondi  qu  au  contraire  toutes  herefies  e- 
ftoyent  conuaincues  par  iccllc  parole.  Ce  ne  leroit  iamais  fait,fi  ie  vouloye  amener  toutes 

Ep  >ef.j.4.&  rc(ucv.ies  Or  pour  commenccr,lc  fin  renard  me  vint  alléguer  le  4.  des  Ephef.,  où  il  eft 
dit,q  nous  fommes  vnis  en  vn  rnelinc  Dieu,Foy:&:  Baptcfmc.  Quant  au  premier  poind, 
nous  fuîmes  d'accord,  a/fanoir  qu'il  y  a  vn  Dieu  tout-puilTant,  créateur  du  ciel  &de  la 
terre.  Quant  au  lecond,  aufsi  nous  accordafmes  en  ceci,quelefus  Chrift  eft  noftre  Sau- 

ueur, 


JeannZMoïeL  jo$ 

ueur,&:  que  pat  luy  nous  fommes  réconciliez  à  Dieu  le  Perc .  Mais  il  vint  m 'in  terre  guer 
fur  qui  ic  v  ouloye  fonder  ma  roy ,  6c  à  me  remonftrcr  que  ié*rYcftoy  e  pour  interpréter  les 
Efcritures:&:  il  ie  vouloyc  croire  quelques  vnsdes  anciens  Docte  urs,ou  de  ceux  de  main- 
tenant,l'oit  d'Allemagne, Gcncuc  ou  Pans  ?    y..  Ma  tbv  cil  fondée  iurla  doetnnedes  Pro- 
phètes^ Apolbcs.  trcncorcs  que  ic  ne  ibye  beaucoup  verie  es  iainttes  Lettres  :li  eft-ce 
qued'iceiîcs  fen  puis  apprcdrccc  qui  eft  nccclîaireà  mon  lalut:  Se  les  lieux  qucic  trouuc 
difficiles,  ic  les  paile  iniques  à  ce  ou  il  plaiiè  a  Dieu  me  donner  le  moyen  deics  entendre.  La  force  de 
Et  ainii  icboylc  laictqueietrouueen  la  parollcde  Dieu.  Auffi  làinct  Auguftin  dit,  qu'vn  1  tfcmurc' 
chacun  peutapprendredes  Efc  ri  cures  iàinctesce  qui  appartient  à  Ion  là!  ut.  Et  iain&Iean 
Chrvlbftomc,quclc  fainâ  Efpric  a  voulu  que  iaiàincte  Etcriturc  fuit  tellement  eferice, 
que  cous  la  leuflenr,tant  gras  que  petis,  Se  meimeies  fèruiteurs  6c  chambrières.  Il  mede- 
mandafi  laparollede  Dieun'eftoit  pas  celle  que  preichoyée  les  Apoftres.Or,medit  il, ce- 
lte paroUefuteicnte  long  temps  après  l'Afcenlîon.Et  mefmefàinct  lean  dit,quefi  toutes  i«nxMj 
les  chofes  qu  afaitcs  Iefus  c  ftoyent  eferires ,  que  tout  le  monde  ne  les  pourroic  compren- 
drc.il  m'allégua  pluiieurs  autres  lieux  pour  memonftrer  q  tout  neftoïc  efcnr,^  queTEf- 
entureeftoit  fort  difficile.  Ri.Dcuat  que  la  parolle  fuit  elcritc.il  vauoit  autre  remède:  mais 
maintenant  qu'elle  ell  efcrite,il  nousfâut  arrefter  à  ce  qui  en  eft  eicrit .  Samct  leâ  dit,  que  lean  xe:j?. 
ces  chofes  ont  elle  eferites  ann  q  croyons  q  Iefus  eft  le  Chrift,  &:  qu'en  croyant,ayons  vie. 
Par  ceci  lelàinctE!pntnous  enle:gne,que  toutes  chofes  appartenante  s  a  noftrefalutfonc 
elcntes.Etc'cft  cequeditlainct  lean  Chryfoftome,  que  l'Euangile contient foy, pieté i&C 
charité.&  fainct  Auguftin,  que  toutes  choies  appartenais  à  nolh  elalut, ont  elle  efîeuës 
pour  eftrc  eferiecs.  ^"Or  pource qu'il  vouloir  touhours  chanter  vnc  nufme  chanfon ,  me 
dilân  :  que  feftoye  ieune,&  ne  pouuoye  pas  interpréter  les  Elcriturcsue  luy  di,que  fauoye 
efte  condamné  hérétique,  &:  qu'il  m'interroguaft  decequ'ilfaut  qu'vn  Chreftiencroye, 
pour  voir  en  quel  poind  iciuisheretique. Finalement  il  vintà  m  WcrroguerdelaMcfle. 
rçt.Monlieur  interreguez-rnoy  des  articles  delà  foy,  Se  non  des  commandemens  des  hom  Mord  de- 
mes.  D.  Crois  tu  que  le  corps  de  Ieius  Chrift  (bit  en  la  Meftc,apres*  les  parolles  lacramen-  S^itcfro- 
talesrRi. Non. D. La  cérémonie  qu'on  fait  à  la  Mette,  commeaux  habillemens,  eft-elle  bô-  gué  iurlc$ 
ne?  iv-.Ic  croy  quele  preftre  qui  dit  la  Meffe  n'eft  point  miniftre ,  Se  que  la  Cene  de  noftre  de 
Seigneur  Iefus  Chrift  n  y  eft  aucunement  obfcruee.  D.  Qu'eruens-tu  par  laCene:$i.Ien- 
ten  qu'au  dernier  fouper  Iefus  Chrift  print  du  pain,&  le  rompit,&:  le  bailla  à  les  difciples, 
dilantjCeci  eft  mon  corps.  D.  Tu  veux  faire  Iefus  Chrift  menteur.  R.  A  Dieu  neplaife: 
mais  noftre  Seigneur ,  en  inftituant  ce  Sacrement ,  vie  delà  melme  manière  de  parler,  de 
laquelle  il  auoic  vie  au  cômencementdu  louper,  difanc,  I'ay  grand  delir  de  manger  auec  uc  "rj 
vous  ce  partage. Or  l'agneau  n'eftoit  lepaifage,mais  ligne  du  paifage.  Lorsdelaitfât  celte 
difpure,  vouloir  f  ctourner  à  fes  argumens  communs:mais  commeic  le  prelfoye  que  nou  s 
dilputions  à  bon  eleie nt,  il  m'amena  ie ne  fayquel  argument  qu'il  diloit  auoir  appns de 
Philippe  Melan&hon:  qu'il  n'eftoit  licite  à  Abraham  de  rompre  la  Circcneifionri:  te  ute- 
fois  les  Payens  s'en  moquovent .  le  ne  fay  qu'il  vouloit  dire  par  cela  :  toutefois  ie  fi  tcfpon- 
fc,que  tous'ceux  qui  mefprifoyent  la  Circoncilîon,  eftoyent  bannis  du  peuple  d'Iirae  1:  &c 
auiïî  tous  ceux  qui  meiprilént  cclaind  Sacrement ,  à  bon  droit  doiueiu  eltrereiettezdu 
nombre  du  peuple  Chrellicn.  Ortoutainfiqu'ileftditdela  Circoncilîon,  Cecieft  mon  en*171* 
paitjC  eft  àdire,comme  l'interprète  iainct  Paul  Rom.4.1e  teau  de  iuftice:  auifi  en  ce  Sacre 
ment  il  eft  dit,Ceci  eft  mon  corps,c'eil  àdirc,le  (i  gne  démon  corps:  comme  le  dit  Tertul 
lian  contre  Marcion  liure  quatrième,  Se  làinct  Auguftin  contre  Adimant  :  ou  il  dit,  Iefus 
n'a  fait  dilficulté  dédire,  Ceci  eft  mon  corps  ,  en  donnant  leiigne  de  fon  corps,  Il  malle 
gua  le  fixieme  chapitre  de  (àinâlean. 

R.Ie  croy  fermem  et  q  la  chair  de  Chrift  eft  Iavrayeviade  de  nos  ames:&  qu'il  fautnecef- 
faircmét  mâger  la  chair  de  Chrilbmais  boire  le  langde  Chrift,&  magcrla  chair,c'eft  met- 
tre en  mémoire,  pour  noftre  grand  confort ,  que  Chrift  a  reipandu  ion  fang  pour  nous: 
commelexpofefaind  Auguftin,  De  Dr.tlrtnaihrrsliana.  Et  en  \n  autre  lieu  il  dit,  Peur- 
quoy  appreltes-  tu  les  ioues  Se  les  dcnts?crov,&:  tu  las  mangé .  Par  ceci  il  crdè  gne  que  la 
chair  &  le  làng  de  Iefus  lont  mangez,  auaic7,  &  digérez  ipirituellement.  I  e  Moine  ne  fa- 
chant  dire  autre  choie,  mcditpout  toutere;ponie,que  îeitoycvn  prefeheur.  Lorsfap- 
pclay  lesaftiftans  en  tefmoignage,que  ie  luy  auoyeallcgué  Tertullian,  Se  A uguftin,&  n'y 
auoit  feu  rcfpôdrc.Le  Moine  bien  fal'ché  commença  à  retourner  à  là  première  chafon:  SC 
iiir  ce  poinct  arnua  mon  rapporteur. Or  pour  pourfuiure  noftrepropoSjilm'allcguajCeci 


Liurc^j  VL  Jean  Mord. 

eft  mon  corps  quieft  liuré  pour  vous:Dôc,dit-il,fi  le  pain  &:  le  vin  y  eufienc  efte,  il  euft  fa- 
lu  qu'ils  enflent  efté  liurez  pour  nous. Mais  au  contraire ,  s'il  eftoit  ainli  corne  vous  di- 
tes,îecorps  de  Icfusn'auroit  point  efté  crucifié  pour  nous:ainslepain  que  Chrift  bailla  à 
lesdilciples,lequelils  mangcrent,&:lequel  vous  dites  cftre  traniTubllantié.D'auantagcS. 
Cypricnentcigneen  vnecpiftre4dc<£d/«m,qu  onnefauroitditeqlefanglbitenlacoupe, 
s'il  n'v  a  du  vin, par  lequel  leiàngcft  dcmonftrc.S.Iean  Chry(bftomc<rd  Crfarium monachuw 
dit  q  le  pain  6c  le  Vin  font  quittes  du  nom  de  pain  6c  vin,&  font  appelez  dunom  du  corps 
Se  du  fang  de  Chrift,encorcs  que  la  fubftâce  du  pain  y  demeure  touiiouis.l'aileguay  aulsi 
S.  Augultm  qui  dit, q  celte  ientence,la  Pierre  ciloit  Chrift,aulsi bien  quelautrcCeci  eft 
mon  corps,eft  dite  par  figure.  A  tous  ces  tefmoignages  mon  Moine  ne  iauoir  autre  refpon 
fe  finon  dctoutniei.De  ion  colté  il  m'allégua  deux  aurhoritez  de  S.  Auguftin, qieneiau 
roye  réciter :mais  (grâces  à  Dieu)par  les  mots  melmes  de  S.  Auguftin  ieluy  fermay  la  bou 
che.  Derechef  no9  rétrafmes  en  difpute.Ils  m'alleguerct,  Faites  ceci  eamemoirede  moy. 
Par  ces  parolles  medirent-ils,Chrift  nous  enlcignc  q  nous  mangeons  ion  corps.çt. Parlât 
à  monfieur  mon  Rapporteur,Mô  treshonoré  feigneur  6c  Iuge,le>  mots  de  S.P  aul  ne  nous 

r  Cor  en  feignent  rien  moins  q  ce  que  vous  dites.  Car  il  dit ,  Toutesfois  6c  quantes  q  vous  ferez 
ceci,faites-lc  en  mémoire  de  moy:car  toutes  les  fois  q  vous  magcrczdecepain>&:  beurez 
de  ce  calicc,vous  annôcerez  la  mort  du  Seigneur  iulques  à  ce  qu'il  viéne.  Par  ceci  S. Paul 
nous  monftre  bien  le  vray  vfage  delà  Ccne.  Il  ne  dit  pas  toutesfois  6c  quates  q  vous  man- 
gerez de  ce  pain,vous  mangerez  le  corps  du  Seigneur  :  mais  vous  annoncerez  lamort  du 
Seigneur.  Aufsi  le  pain  &:  le  vin  en  la  Cene,  nous  lont  vne  certaine  alfeurancequelefus 
Chrift  cft  mort  pour  nous:&:  q  tout  ainli  quecorporellemetnousmangeôsle  pain,  aufsi 
fpiritucllement  nous  mangeons  la  chair  deChrift,croyans  qu'il  a  relpandu  Ion  iàng  pour 
nous  .Ils  m'alleguerent,Qui  boit  6c  mange  indignement,  il  eftcoulpable  du  corus&du 
fang,ne  dife  ernant  point  le  corps  du  Seigneur.Et  li  le  pain  n'eftoit  tranlîubftantie,lèroit-, 
on  coulpable  du  corps  duSeigneur,pourne  manger  point  dignemétvn  petit  morceau  de 
pain?  fy.  D'autant  qu'en  ce  Sacrement  tous  ceux  qui  le  magent  auec  vne  certaine  foy ,  vé- 
ritablement participent  à  tous  les  dos  6c  grâces  du  S.  Elprit ,  6c  q  Ielùs  Chrift  là  eft  offert, 
ceux  qui  mefprifent  cefte  làindte  table  ne  dilcernen  t  point  la  viade  profane  d'entre  ccllo 
qui  eft  ordônee  à  nous  iîgnifler ,&:  mefmenous  mettre  côme  enpoifcfsion  du  corps  de 
Chrift.  Mon  rapporteur  m'interroguade  la  puilTâcede  Dieu  par  plulieurs  parolles.  le  luy 
alleguay  pour  fondemeixt,Lc  Seigneur  a  fait  tout  ce  qu'il  a  voulu:  tellement  q  fiChrift  l'a 
voulu, il  l'afait.Or  pour  me  prouuer  qu'il  la  voulu,il  m'allega,Le  pain  que  ie  vous  done- 
ray  c'eft  ma  chair.^.Le  corps  6c  le  fang  de  IefusChrift  ne  font-ils  pas  nourriture  de  noftre 
ameî  II  faut  donc  les  manger  Ipirituellement.Et  c'eft  ce  qu'entend  S.  Auguftin,Oyez,dit- 
il,fî  vousnerr.angezmachair,vous  n'auez  point  vie  en  vous.  Ilfemble(ditS.Auguftin)q 
Chrift  nous  com  mande  vne  choie  mefehan  te:c'eft  donc  qu'il  nous  com  mande  que  nous 
participions  à  là  mort,  mettans  en  noftre  mémoire  pour  noftre  grand  confort,  qu  lia  efté 
limé  pour  nous .  A  près  que  par  plufieurs  parolles  ils  m'eurent  raconte'  l'erreur  des  Ca- 
pernaites,  ie  leur  refpondi ,  Noftre  Seigneur  Ieius  Chrift  les  repréd,  leur  difant ,  La  chair 

icm.tf.trj  nc  pj-ofice  derien,c'eft  fEfprit  qui  viuifîe.Il  dit  aufsi ,  Que  fera-cc  (i  vous  voyez  monter  le 
Fils  de  l'homme  où  il  cltoit  auparavant?  Par  ceci,di-ie,il  leur  monftrc  bien  qu'on  ne  man- 
geroit  fa  chair  charnellement,maisfpiritucllemet:car  il  appert  qu'il  eft  monte'  aux  deux, 
Aît.i.Nous  parlafmes  aufsi  delà  manducation  làcramétalc.Or  pour  parler  de  cepointt, 
ie  voulu  venir  à  difputer  delà  définition  des  Sacremens,  6c  alleguay  celle  de  S.  Auguftin, 
que  Sacrement  eft  vn  ligne  vilible  delà  chofeinuifiblc&feau  delà  promelTe ,  comme  le 
dit  S.Paul,Rom.4.Ie  luy  demanday  doncoùeftoitle  ligne  vilibledelacholcinuilIble,la- 

Dcux  cho-  quelle  eft  la  chair  de  Chrift.  Car  Irenee  dit ,  qu'en  ce  Sacrement  il  y  a  deux  choies  4'vne 

f«au  Sacre  celefte,l'autreterricne.Le  Moine  nefeut  que  dirc,&:  ne  voulut  mager  de ccftç  difputc:  6c 
m'allégua  feulement  de  S.  Auguftin, La  choie  vilibleés  Sacremés,  eit  exhibitiuede  la  cho 
fc  inuiliblc.^..  Aufsi  croy-ie  véritablement,  tout  ainli  q  noftre  corps  reçoit  la  terreftre,af- 
làuoir  lepain,qu'aufsi  noftre amefpirituellement  reçoitla  vérité  ,  alfauoir  la  chair&le 
fmg.Ie  luy  alleguay  IuftinusMartyr,qui  dit  que  le  pain  alevin  font  appelez  leSacremét 
du  corps  6c  fang  de  Chrift: &:  toutesfois  nous  nourrifTent,&  lont  conuertis  en  noftre  pro„ 
pre  chaïV''&  fàtig.  Par  cela  Iuftin  ne  nous  enleigne-il  pas  qu'il  y  a  pain  6c  vin  en  ce  Sacre 
ment?Ie  luy  fermay  derechef  la  bouchc,appclant  les  alsiftâs  en  tcfmoin,qu'il  ne  me  làuoit 
rcfpoiidre.rallcguay  du  Baptefme  qu'il  y  a  de  l'eau>laquelle  nous  tefruoigne  du  lauefnent 
intérieur,  fait  au  iang  de  IefusChrift,  par  l'opération  du  S.Efprit.  Tout 


JeansMorel.  jqq 

Tout  ainfi  donc  que  le  Baptefme  connue  d'eau  vilîble,&d'inuifible  grâce  du  fainct 
Eipntraufïi  la  faincte  Cene  conlîlte  de  deux  choies,  de  pain  vifible,  &:  de  chair  inujiible: 
&  ainfi  que  le  corps  reçoit  le  pain,auftî  lame  reçoit  par  foy  la  chair  de  Chrift.  Euxdelail- 
fansceftedifputecommécerentà  m  exhorter  de  medefdire:  &  mô  Rapporteur  me  de- 
manda quel  plus  làuant  homme  îe  vouloyc,  Ôc  qu  on  me  rameneroit,6Î  que  la  Cour  me 
vouloir  faire  mifericorde,&  queie  penlallc  à  moy.Et  pluiieuis  telles  choies.  R.  le  neco- 
gnoy  aucun  fauant  homme  en  celte  ville:&:c'cit  bicnrailonqueicpenfeàmoy,  veu  que 
ielay  queie  n'ayplusgueresdeioursà  viurc.  Etquantàmonamc,i'ay  bon  befoin  d'en 
auoir  le  loin:  car  c'eft  vne  choie  tant  precieufe,  qu'encorcs  que  noitrecorps  (oit  le  tem- 
ple du  S.  Efprit,  iielt-ce  que  noitre  Seigneur  met  autant  de  différence  entre  le  corps  6l 
î'ame,qu'ily  aentrelecorps&levcitcmcnt.  Qucù  vous  me  faites  mourir,  noitre  Seiw 
gneura  die, S'ils  vous  perfecutent, lâchez  qu'ils  m'ont  perfeeuttt. Dauantage  îe  fay  queie  ï««iï*<?- 
Seigneur  tient  ma  vie  en  la  main3&;  perlonnc  ne  l'en  pou  i  ra  rauir.  Mon  Rapporteur  m'- 
efcoutoit,m'alleguât  que  noilre  doctrine  eltoitnouuelle,ôcc.  le  luy  remonlhay  comme 
il  y  a  enuiron  4o.ans,qu'on  n'a  celle  d'en  hure  mourir  grand  nombre  en  celte  ville.ôcmis 
cnauantlaperfecution  deMerjndol,&:quelc Prelident exécuteur  d'icellea  eftépuny 
iultement  de  Dieu.  Puis  i'adiouftay  vne  petite  prière,  m  'adreifant  audit  Rapporteur, 
Qu  il  pleult  à  Dieu  nepunir  point  ceux  qui  font  mourir  les  vrais  Chreftiens ,  mais  qu'il 
les  vucille  prendre  à  mercy.  Et  puis  qu'il  a  pieu  à  Dieu  mettre  le  glaiue  de  iufticc  en  vo- 
ftremainneleprie  qu'il  vueille  vous  l'aire  la  grâce  de  l'adminiltrer  aufalut  de  voftre  a- 
me.  A  celte  prière  il  dit  tort  benignement,  Amen.  Ils  me  dirent  que  Dieu  a  laiiTéàfon 
Eglife  Ion  S.Efprit  iufques  à  la  côfommatiô  des  lieclcs, lequel  luy  enfeignera  toutes  cho^ 
les.  R.  IecroyqucleS.  Efpritatoulioursgouuerné&gouuerncrafonEglife.  Mais  il  eft 
certain  que  le  fainct  Efprit  ell  touliouts  femblable  à  (oy,  tellement  que  lion  m  enfeigne 
quelqu  e  chofe  qui  foit  cotre  la  parolle  de  Dieu,adonc  ie  fuis  certain  que  ce  n'elt  la  vraye 
Êghie.  Comme  au  Concile  de  Latran,  où  il  fut  décrète  que  le  corps  de  Chrilt  eftoit  au 
pain  comme  au  ciel.  Cela  monltre  bien  qu'alors  ils  n'eltoyent  conduits  par  le  fainct  E* 
îprit,  veu  que  cela  eft  contre  toute  la  fainde  Efcriturc,&:  cotre  les  articles  de  noitre  foy. 
le  leur  demanday,puis  que  vous  dires  que  les  anciens  Docteurs  ont  interprété  l'Efcritu- 
re  par  le  fainct  Efprit,  receuez  l'interprétation  de  S.  Auguftin  quand  il  interprète,  Cecy 
eft  mon  corps-.car  il  dir,Que  Chrift  n'a  fait  difficulté  de  dire,Cecy  eft  mô  corps,  en  bail-  Ce  qu'il 
lant  le  ligne  de  ion  corps. Et  en  vn  autre  lieu  il  dit  ,Qu es  Sacremens  il  ne  faut  confiderer  ^^sicrë 
ce  qu'ils  iont,  mais  ce  qu'ils  lignifient.  Or  donc  les  Sacremens  ont  deux  chofes,ainli  le  mens, 
pain  n'elt  tranifubftantié.  Voyant  que  Dieu  delagrace,auoit  accomplyles  promettes 
en  moy,&  qu'il  auoit  clos  la  bouche  âmes  aduerkires,  l'appelay  en  tclmoin  mon  Rap- 
porteur, quei'auoye  allégué  S.  Auguftin,  fainct  Cyprian,&  pluhcurs  autres  Docteurs,^ 
queie  Moine  ne  m'auoit  feu  rcfpondre:  &:  qu'on  me  baillait  les  fufdits  Doctcurs,&:ic 
monltreroyecequeiedifoye.  Quieftoit  bienfafchéc'eftoit  monMoine:&mon  Rap- 
porteur s'en  alla  plus.adoucy  qu'il  n'eftoit  venu.  Plulieurs  autres chofes  furent  dites, 
mai^  voila  le  principal.  Dieu  me  face  la  grâce  de  perfeuerer.  Le  Nom  de  Dieu  loic  bé- 
nie, &:  lePapedeftruir,  Amen. 

Telle  s  furent  les  difputes  de  Morel,auec  Benedict.  deuant  fon  Rapporteur,  e* 
ftant  appelé  pour  la  dernière  fois. On  peut  voir  combien  eft  fortela  vérité  cotre  le  men- 
fonge ,  îaçoit  qu'elle  foit  en  vaiiléaux  petits  &  contemptibles.Car  Benedict.eft  des  plus 
cftimez  en  toute  la  Sorbonne:&  Morel  n'eftoit  qu'vn  ieune  enfant  :&c  toutefois  il  con-  Da^j?JJ* 
londfonaduerfaire,iufques  à  luy  fermer  la  bouche  du  tour.  Et  maintenant  s'elbahit-on  ffe  °- 
fi  nos  maiftres  ne  veulent  erttcndreaux  difputes,  mais  prennentpour  leurs  defenfes  les 
feux  &:  les  bourreaux?  Encorcs  y  auoit-il  cela,  qu'il  combatoit  citant  bien  malade,  com- 
bien qu'il  en  fift  peu  de  femblant.  Mais  il  ne  peut  long  temps  diffimuler  fon  grand  mal: 
&futabbatu  bien  fort  litoft  qu'il  fut  de  retour  en  fon  cachot.  Car  Dieu  s'cftoitferuy  de 
luy,  félon  qu'il  l'auoit  ordonné,  &  à  temps  le  vouloit  appeler  à  fon  Royaume,  pour  luy 
donner  la  courône  incorruptible  de  victoire.  Ainfi  trois  ou  quatre  iours  après  cefte  der- 
nière difputc,  il  rendit  fon  ame  au  Seigneur.  Onnedoucoirpoint  quelafource  de  fon 
mal,  ne  vint  du  mauuais  traitemét  qu'il  auoit  receu  aux  priions  de  l'Euefque  :  &  mcfme 
la  choie  n'eftoit  pas  hors  de  foufpeçon  de  poifen.  Car  par  tout  on  parloit  de  la  conftâce  Jjjjfc*^ 
d'iceluy:&;  lesPreftresenmouroyent  de  dueil  ,&eufTcnt  volontiers  empelché  qu'il  ne  poiionné 
vint  derechef  deuât  la  Cour  de  Parlement,pour  faire  tel  fi  uict  qu'il  auoit  fait  au  eômen-  Morcl* 
cernent,  à  leur  grand  defplaiilr.  Et  puis  on  lait  combien  il  leur  fait  mal  que  les  Martyrs 

RR. 


Lwz~>VL 


Çilles  Verdrickt. 


ruaute 
lus  que 
arbore. 


ilorcl  de- 
arc  & 
brûlis. 


foy  en  c  exécutez  en  la  veuëdu  peuple:  veyas  par  expérience  fauâcement  qui  en  rcuicnt 
au  Royaume  de  noftre  Seigneur  Icfus  Chrift ,  qu'ils  veulent  opprimer .  Pourtant  avans 
ceft  entant  en  leurs  priions, ils  eu  pouuoycnt  faire  à  leur  vouloinôd'ayans  renuoyéen  la 
Conciergerie  en  fi  piteux  eltat ,  qui  n'euil  penfé  que  leur  meft  liant  courage  y  auoic  be- 
iongne:  Qiioy  qu'il  en  foit,il  eft  certain  par  le  tefrnoignagc  incline  dcBarbcuille(le  mar 
tyie  duquel  nous  auons  mis  peu  apresjqui  eftoit  aucc  luy  prifonnier,Qucfouuent  on  e- 
ftoitdeux  fois  vingt  &:  quatre  heures  (ans  luy  apporter  n'eau  ne  vin  citoit  contraint 
de  tremper  au  vinaigre  le  rcite  du  pain  que  les  rats  auovcntlaiiie.  A  la  fin  on  luy  appor- 
ta du  vin  puant,duquel  il  beut, contraint  d'vnefoif  extremc:&:  des  lors  fc  icntit  frappé  à 
lamort,commeildiioitiouuent,penianteiirecmpoironne.  Maintenant  que  ces  meur- 
triers le  iultifîent  s'ils  peuuent  d'vne  telle  cruaute,&:  môltrent  qu'ils  n'ont  pc  mtefté  les 
bourreaux  de  l'innocent.  Or  eltant  mort  en  celte  façon, il  fut  enleueli  &  porté  en  terre, 
félon  la  couftume  des  prifons:mais  les  mefchâs  ne  peurent  porter  cela .  il  falut  monftrer 
leur  inhumanité  de/Tus  le  corps  mort ,  puis  que  Dieu  par  vne  telle  mort  fauoit  retire  de 
leurs  tourmés.  Pourtant  le  lendemain  la  mort  citât  rapportée  a  ceux  de  la  gi  âd'  Cham- 
brerconclutiô  prinfe  par  le  procureur  gênerai  du  Roy,  tut  an  cite  que  le  corps  (croit  de- 
terré,&  apporté  en  la  Conciergerie, &:  mené  dâs  vn  tôbereau  iniques  au  paruis  du  tem- 
ple noitre  Dame,  &£  la  ars&  mis  en  cendre.  Ce  qui  fut  exécuté  le  x  un.  iourdeFe- 
uner.  Voila  ce  qui  fut  de  ccft  excellent  Martyr.  C'eftoit  mcrueilles  d'ouir  les  bons  pro- 
pos qu'il  tenoit  en  fon  licr,&:  les  aduerti/lémens  6c  confolations  qu'il  donnoit  à  ceux  qui 
le  viiitoyent.tellement  que  tous  plouroycnt  qui  le  voyoyent  :&c  entre  autres  vne  poure 
femme  Papilte,qui  eftoit  venue  apporter  lesaumofncsroyât  selcria,  lit  qui  oferaiuger 
ceux  qui  parlent  li  fain&ement  de  Dieu;come  ce  ieune  entant  ?  Depuis  l'heure  qu'il  fut 
mis  priionnieF,  il  fut  en  diuerfes  priions  :  mais  ce  n'eftoit  fans  apporter  vn  grand  fruict  à 
tous  ceux  qu'il  y  rencontroit. Incontinent  toutes  noifes,diiTolutiôs,  blafphemes  eftoyët 
chaiîees  du  milieu  deux  par  les  remontrances,  &  les  incitoit  tous  à  s'enquérir  de  la  vé- 
rité del'Euangile. 

VERDRICKT,  deFUndre. 

IL  y  a  (comme  en  chacun  des  autres)  quelque  chofepeculieremcnt  à  noter  en  ce  Martyr  Miniitreenl'Eglife 
du  Seigneur  :  à  fauoir  qu'en  la  pompe  des  obfeques  funèbres  de  l'Empereur  Charles  y.  onl\uiroitme(Fé&: 
prefenté  en  facrifice. 

âT^S^t^  VR  lafindecefteannee  Gilles  Verdrielafut  misa  mort  par lesaduerfai- 
res  del'Euangile  au  pais  de  Flandre.   Son  frerc  Antoine  qui.depuis  pour 
vne  mefrne  caufe  a  auffi  foufFert  le  martyre,  fut  1'inftrument  pour  l'achemi- 
_  [ner  au  cours  de  la  vérité  du  Seigneur ,  &  le  faire  fortirdu  pays  pour  aller  a 
Émbden&àNoordcenFrife.  Làfut-ilinftruit,&:aidé  de  la  familière  conuerfatio  qu'il 
eut  auec  M.  Martin  Micronius  &:  Vualter  Delenus  qui  pour  lors  faifoit  profcfTion  de  la 
langue  Grecque.  De  là  Gilles  fe  retira  à  Zurich  enSui/fepoury  continuerfeseftudes. 
Puis  retournant  à  Anuers,&:s'cltât  mis  auec  le  petit  troupeau  des  fîdeles  de  fa  nation,le 
18.de  Iuin  de  ceft  an,il  participa  à  i'heureufe  communion  de  la  table  duSeigneur  qui  fut 
Sawn  enne-  celebree.Satan  ennemi  fur  tout  de  telle  rcfe<5tiô,mit  au  cœur  d'vne  femme  de  trahir  les. 
KcdT-'  principaux  de  railembléc,  pourlesliurcrauMarcgraue.M.  Gafparminiftrecerché  de 
bLion  de  fergeansen  fon  logis,cfchappa  miraculculement:  (on  hofte  &;  hoftefle  auec  autres  furet 
la  Ccnc.     pris  &  emmenez.On  y  trouua  au  grand  dommage  de  tous,  les  papiers  de  l'Eglife ,  &  les 
noms  des  Anciens  &  Diacres  >  defqùcls  Antoine  prédit  en  eftoit  l'vn .  Le  Marcgraue  Je 
fit  cercher  en  la  maifon  d'vn  nommé  Pierre  Vermaerts ,  où  les  fergeans  prindrét  Gilles 
pour  Antoine  fon  fret  e:mais  ayans  cognu  la  faute  le  laiflcrent  aller .  Enuiron  trois  mois 
après  Gilles  fe  trouuat  au  pays  de  fa  naiflance,  vn  fié  beaufrere  citât  tre(pafïe ,  ne  voulut 
aucunemétaflifteraux  obfeques  mortuaires  que  fontordinairemét  ceux  qui  viuét  de 
corps  morts.  Toutefois  eitât  au  difné  tuncrail  cnuirôné  de  telle  forte  de  corbeaux»leur 
dit,quc  la  gourmandilè&:  le  ventre  auoyent  in u été  toutes  ces  façôs  de  faire  d'obfeques 
fans  auciï  fondemet  neraifon,&:  que  partat  vn  iour  tout  s'en  iroit  à  ruine,auiîï  bien  que 
les  chapperôs  U  mafques  de  dueil.  Ayât  dit  cela  il  fortit  pour  côfolcr  ceux  à  qui  de  plus 
près  auouchoit  le  trefpas ,  &C  les  aduertit  qu'ils  lailîaiTeqc  les  prières  pour  les  trefpafTcz 

Les 


ne  autre  U-_ 
çon. 


CjiUes  Verdrickt  Jf$ 

Les  Preftres  n'en  furent  gueres  contens,  mais  le  menacerenr  qu'ils  en  auroyent  bien 
toftlaraifon.  Pourparuenirà  leurs  defTcins,  ils  firent  tous  efforts  delcliurer  entre  les 
mains  du  Doyen  de  Renay  inquifiteur  en  ce  pays-la.  Ce  Doyen  à  faute  de  l'attrapper,  le 
fit  citer  par  attâches  fous  peine  de  certaine  lomme  d'argent ,  qui  eftoit  la  ruie  vhtee  par 
ce  Doyen.  Gilles  par  contreplaquart  attache  au  mouftier  adiournece  Doyen  &c  fes  fem-  Gilles  ad- 

.      .  .  -  i  .  r     i    f   .  i        j  j>  j    i  |  tourne  Je 

blables  au  giad  îour  du  Seigneur,  leur  dénonçant  de  preuenir  de  bonne  heurt  en  vraye  Doycn  ^ 
crainte  l'horreur  du  bannillément  éternel  du  royaume  du  Fils  de  Dieu:  auquel  il  appe-  Renay  <Tv- 
loit,&  de  leurs  exploits,^:  procédures.  Ccplaquartfutleu  deplufieurs&  du  CutémcL 
me  de  la  paroiife.  ^  Adtnnt  qu'en  ce  rcpslEglilc  des  fidèles  de  Bruxellcs,par  faute  de 
Miniftie,  pour  annoncer  la  parolledeDicu  &  administrer  lesSacremens^cncontra  vn 
hypocrite  ambitieux ,  homme  de  mauuaifedoftrine.Les  Miniftrcsd'Anucrs,entcndâs 
ceci,  pour  remédier  au  ("candale,  requirent  Gilles  d'allci  àBuixellcs,  pi>urmgocierô£ 
employer  les  grâces  queDicu  luy  auoit  conferees.Du  comencement  Gilles  en  rie  refus, 
alléguant  fes  raifons  humaines:  mais  quand  les  Miniflres  l'eurent  à  bon  el  "tient  aduerty 
de  l'horreur  de  la  fentence  contre  ceux  qui  veulent  enrouir  enterre  letalcnt  receu  de 
Dieu,  il  s'y  iiibmit:&:  par tie  auec  M.  Adjrian  Amftediu5,pour  mettre  en  prattique  à  Bru- 
xelles les  dons  qu'on  voyoic  en  luy.  La  difficulté  fut  grade  de  fait  e  lortir  cert  ambitieux 
qui  s'y  eftoit  introduit  pour  y  femer  fes  erreurs:  ca  r  il  les  menaça  qu'auant  trois  iours  il  y 
en  auroit  qui  ne  s'en  loueroyent  point,  ce  qu'auffi  aduinr.  A  uant  les  ttois  iours  expirez 
«4'Amman  de  Bruxelles  vint  en  la  mailbn  où  Gilles  eftoit  logé  :  &:  l'emmena  pnionnier  z» Amfmà 
auec  l'on  hofte&  hoftefîe  en  la  Steépoortc.  ^Interrogué  de  l'on  eft  at ,  fa  doctrine  &.  de 


.'lt  vn  orne 


fa  foy,contefta  franchement  qu'il  eftoit  appelé  au  miniftere  de  la  parolle  de  Dicu:&  que  cômc^d'vn 
fa  foy,&  ce  qu'il  en(eignoit,cftoit  fondé  fur  la  doûrine  des  Prophetes&:  Apoftres.  Exa.  ireuoft  és 
miné  fur  le  facrement  de  l'autel ,  refpondit  tout  court ,  qu'il  ne  fanoit  que  c'eftoit  de  tel  auucs  Vlllcs- 
iaciement.  L'Ammanluy  répliqua,  Vous eftes  doc Sacramentaire.Sauuevoftre grâce,  LesPapifos 
dit  Gilles:  mais  bié  vos  Preftres  te  Moines  qui  ont  corrôpu  le  vray  vfage  des  Sacremens.  Sacwmcn- 
Comme  l'Ammanle  voulutplusauantinterroguerfurcepoinct,Gillesluydit,Mon-  uuts" 
(icur,lailTcz  venir  vos  Docteurs  &:  Preftres,  i'efpere  de  monftrcr  comment  ils  ont  impu- 
demment abufé  le  monde. Vn  des  Efcheuins  qui  là  eftoyent  dit,Donc,  à  ce  que  vous  di 
tes,nous  fomroes  tous  damnez.  Gilles  rcfpôdit ,A  Dieu  neplaife,il  y  a  la  mifericorde  au 
Seigneur  pour  eftre  amen  icz  &r  viure. L'Amman  demanda,depuis  quand  il  auoit  receu 
le  Sacrement»  y..  Depuis  demy  an  que  ie  receu  la  Ccne  à  Anuers.  L'Amman ,  Ne  vient 
il  point  ici  aucunefoisgens  d'Anucrs  pour  vous  ouyr  prefeher  ?  çt.  le  ne  luis  pas  à  compa 
rer  à  ceux  d'Anuers,La  pluftoft  faudroit-il  aller,fi  auez  en  uie  d'ouir  prefchcr.D.Qui  eft- 
cequiyprefche?#..Adrian  Amftedius.D.Quellesgés  ya-ilenleglife  decefte  ville?R.Ie  a.  Amiu; 
nelescognoy-pasencore,commevenuden'agueres.^[L'Amman  vouIantdepartir,luy  diuJ- 
dit,Tencz-vous  prcft,ie  vous  enuoyeray  des  hommes  fauas.  Gilles fupplia  d'auoir  fes  li- 
ures:&  qu'il  delireroit  de  conférer  en  plein  marché  deuant  tout  le  monde  ,  fuft-il  mef- 
me  auec  les  Docteurs  de  Louuain .  L'Amman  dit,  On  vous  fera  auoir  des  liures:&:  ainfi 
fe  retira.  ^  Le  Curé  de  fain&e  Goedele ,  qui  eft  la  première  paroifTe  de  Bruxelles  vinr 
vers  G:lles,&  plufieurs  autres  fil  à  fil,contre  lefquels  il  fouftint  diuerfes  difputes:fpecia- 
lementcontrelefacrificedela  MefTcaneantifTant  l'vnique&  perpétuel  Sacrifice  &  fatif 
factiô  de  Iefus  Ghrift.  Et  prouuoit  tous  fes  argumés  par  textes  exprez,aufqucls  les  enne- 
mis ne  pouuoy  ent  dôner  folution  n'obiecriô  vallable.il  leur  demâdafort  à  propos  deux 
chofes:la  première eftoit,Par  quelcômandement  de rEfcritureilss'artnbuoyct  la  puif- 
fance  de  faire  oblatiô  pour  les  viuas  &  les  morts:  l'autre ,  Par  quel  partage  ils  prouuoyet 
qu'on  deuft  ofterenla  Cenclc  calice  au  peuplerLesfolutiôsou  pluftoft  eichappatoires 
qu'ils amenoyétjoppofees  à  ce  cômandemét  exprès  de  IefusChrift,Be«««^ entoile  trou 
uoyétfriuolcs.^*Cependâtle  bruit  couroitpar  toute laville,qu'ily  auoicvn  prifonnierli 
fauant  ieune  hômc(car  il  neftoitaagé  que  de  i4.ans)  qu'il  côfondoit  les  plus  fauans. Les  Qyc  profit 
Preftres  &  Moines  indignez  corne  iadis  Saul  de  la  louange  qu'on  dônoit  à  Dauid,oppo  J^d^1, 
ferétàcc  bruit  de-ville,leurs  crieries  ordinaires  en  leurs  chaires,efcumans  beaucoup  de  piûea. 
méfonges  cotre  Gilles,  pour  obfcurcir  les  grâces  que  Dieu  auoit  miles  en  luy.  L'Ammâ 
&  les  autres ,  voyas  que  les  difputes  reculoyêt  pluftoft  qu'aduançoyent  la  caule  de  leurs 
Docteurs,  firet  mettre  par  eferit  à  Gilles  toute  fa  côfeflion.  Ce  qu'ayat  efté  fait  bien  am- 
pîemét ,  elle  ne  pleut  à  l'Amman  pour  la  prolixité.  Gilles  la  remit  en  fom  maire,  pou  r  le 
côtcnter,auec  les  cottatiôs  des  partages  de  l'Efcricure>&  allegaciôsdes  anciés  Docteurs, 

RR.ii.. 


L;#ro  VI.  Çiiïe*  Verdrickt. 

L'Amman  n  eut  accufation  plus  forte ,  que  décharger  Gilles  d'auoirtcnu  des  aflcni- 
blees  contre  le  mandement  du  Roy  .Gilles  luy  dtt,Seroic-i)  croyab  le  que  noftrc  Roy  de* 
fcndift:  la  prédication  de  la  parolle  duRoy  fouucrain?  trop  bien  que  nulles  émotions  po- 
pulaires le  facent,defquelles  on  n  a  veu,  Dieu  mcrcy,atu  unes  apparences  en  Bruxelles . 
La  fubrt.m-  ^  Apres  cela  Gilles  efcnuit  en  la  prilon  lettres  en  Latin  àl'Amman  rcmonftrant  qu'en 
ccd'vne  cpi  coûtes  nations  tat  des  Payens  que  des  Iuifs  &:  Chreltics ,  on  auoit  touliours  tenu  en  tel- 
îbedcGUics  iggj^jj^e^^onca^niinilhationdeiufticcque  pour  la  maintenir  plulieurs  nobles  per- 
fonnes  auoycnt  abandonne  leurs  biens  &c  vic\  Quatcls  cxemples,en  fommc^'Amman 
deuoit  fe  déporter  de  plus  pourfuyure  les  Chreftiés.Ie  lay  bien(difoitGilles)queceux  de 
l'cglile  Romaine  vous  prelfcnt^  pouflent,  mais  confiderezen  cela  quel  eft  voftre  dc_ 
uoir,&  à  qui  vous  auczà  rendre  vn  dernier  conte,  le  ne  prie  point  pour  ma  dcliurancc, 
mais  i'ay  pitic  de  tant  de  poures  infirmes.    Il  maintenoit  en  outre  que  les  Prefti  es  &: 
Moines  a  taulfes  enfeignes  fe  vâtoyenc  du  titre  de  l'Eglife.  Cai  veu  que  l'Eglifc  eft  nom- 
mée elpoule  de  Chnft,&:  facolombe,li  vous  mettez  en  comparailon  à  tels  titras  le  faid 
de  leglife  Romaine, on  la  trouuera  paillarde,infame,acf.omparablc  en  et  uautc  aux  liôs, 
ûaeiLtion  ours,&  loups .  Voyez  (ans  aller  plus  loin,  corne  elle  le  maintient  en  cefte  ville  :  tout  y  elt 
de  Pimpiac  couuertdefespaillardifcs,&defes  bordeauxde  mouftiers&chappclles:rcllemcntque 
Rcm"      ce  qu'a  dit  le  Prophète  le  vérifie  d'elle,  ayantouuert  fesiambes  àtouspalfans,&:aainfi 
multiplié  fcs  fornications,  qu'on  paillarde  par  tout  auec  bois &:  pierres,  fur  toutes  mon- 
tagnes &c  fous  tout  arbrc,&:c.Appartiédroit- il  à  vnepucclle  ô£efpoufc,li  telle  elle eftoit, 
d'efpandrc  le  fang  des  vrais  enfans,d  opprimer,noyer,bruller  &  (accager  ceux  qui  oyent 
&iuy  uent  la  voix  du  grand  Pafteurdenosamcslelus  Chnftr  >;e  loyez  point,  monlîeur 
l'Amman,  fils  d'vnc  telle  mcre,&:  ne  luy  croyez  nullement  pour  fanemal  aux  feruiteurs 
de  Dieu. 

Cependant  quileftoitainfi  détenu,  5c  bien  pouremec  traitcau  plus  fortderhyuer* 
fon frère  Antoine  le folicita &C  luy  alîifta  li  auât  qu'il  fut  poflible,&  iufqu'a ce queftât co 
gnu,il  fut  aufii  mis  prilonnier  par  l'Amman, qui  caufa  à  Gilles  grande  trifte/Te  à  caufe  de 
leur  pere  home  dcbile,  deftitué  du  fecours  &:  aide  de  fes  deux  fils  en  la  dernière  vieillef- 
fe.  Apres  que  Gilles  eut  efté  de  lix  ou  lept  fepmaincs  en  prifon,y  ayat  efté  tout  ce  téps-la 
diuerlement  tourmenté  &  alTailly,on  le  mena  en  lugement  le  2z.deDecembre,où  il  fut 
condamne  corne  herctiquejà  cftrcbruflé.  Il  eftoit  homme  pour  fa  ieunelTe  d'vne  belle 
contcnance,&:  de  iugement  pofé:&  parla  lagement  à  fes  Iuges,lcs  merciant  de  leur  len- 
tence,&  priât  Dieu  leur  pardonner  ce  qu'ils  faifoyent  par  ignorance»Et  après  il  leur  dir» 
Penfez-vous,  Mefsieurs,d'ofter  &:  extirper  lespoures  Chreftiens  en  les  tuât  &  brullant? 
helas  !  vous  vous  abufez  grandement:  les  cendres  de  ce  mien  corps  feront  croiftre  des 
Chreftiens .  En  le  ramenant  en  laprifon  il  admôneftoit  le  peuple  (  qui  s'eftoitaiîemblé 
pour  le  voir)de  fuir  les  pollutions  &  idolâtries  Papiftiques:&:  ces  admonitions  feruirenc 
Gill« TU-  grandemét&firentfouuenirà  pluficurs  qui  là  eftoyét»  de  Gilles  Tilrhan  qui  auoit  efté 
man-  pourfemblable  câufe&enlamefme  ville  brullé,côme  il  a  efté  veu  ci  defliis  en  fon  lieu. 
^On  le  penfoit  exécuter  au  lédemain,mais  à  caufe  des  funérailles  de  l'Empereur  Char- 
les v  .  qu  e  le  Roy  Philippe  Ion  fils  lors  eftanc  à  Bruxelles  luy  faifoit ,  l'exécution  de  cefte 
fentecc  dônec,fut  remile  auxxim  .de  Decébrc  de  ceft  ân  m  .  d  .  l  v  i  i  i  .à  fin  que  le  fpc 
ftacle  de  la  mort  de  Gilles,  n  empefehaft  le  fpe&acle  de  la  pompe  &  mafque  funèbre  de 
Charles.  On  tira  doc  ledit  îour  des  prifons  Gilles  Verdrickr  pour  eftre  offrande  &  facri- 
fice  de  bon  odeur  deuât  la  mait  fté  du  Seigneur.  Depuis  la  prilon  iufques  à  l'eftache  il  ne 
celïa  d'admonefter  le  peuple  de  Bruxelles,  qui  eftoit  cfmei  ueillé  de  voir  la  confiance  do 
ce  îeune  hommc,fans  eftre  troublé  nechagé.  Eftant  lié  au  pofteau  après  qu'il  eut  fait  fa 
Cela  s'appe  priere,le  Bourreau  leftrangla&  puis  brufla  le  Corps.  ^  Celte  executiô  relentoit  l'ancié- 
loit  ancien-  ne COuftume des Payens,qui fouloyetfaire desfacrifices aux enterremés desgrans  Scix 
/^X/f"  gneurs  &c  Princes  :  monftrans  par  là  que  ceux  qui  de  leur  viuantauoyet  efté  fanguinai- 
resjdeuoyétaufsideuallercn  basen  terre  arroufee  de  lacrificcsfanglants.^Lcs  Preftres 
bc  Moines  eftimoyct  que  le  fangdeceieune  hommeferoit  vne  hoftiefalutairepouraL 
legerramedel'Empercur,encas  qu'elle  fuft  encoresen  Purgatoire:dontfutdit, 
SIC  Aiartyrum  cruore PurgMorium      R.  S~4TIS  incruent.1t obtulemnthoftiuy 

lvmrn  Sacrifiafrjfocant.  Miffant  cruentamprtfrrunt:    Qui  eft  de  mot  à  mot: 

Ainli  du  fang  de  ces  Martyrs  morts      R.   A/Tez  d'hofties  fans  fang  ils  ont  offert, 
Preftrcs  eftoufrent  feu  de  Purgatoire.       MefTe  fanglante  maintenant  ils  prêtèrent. 

ANTOL 


A ntoint^>  Verdrkkt .  j/r 

ANTOINE    VERDRICKT,  de Htluerfetle.en Flandre. 
L  A  cognoiflace  de  Dieu  apparie  trop  mieux  ces  deux  fi  eres3aflauoirGilles  fufdit  &  Antoine  qui  le  fuit  au  martyre, 
que  laconiou^Hon  de  chair  &c  de  fang.  La  ville  de  Bruxelles  les  a  pour  heraux  de  l'Euangile  du  Seigneur. 

Cg^N  T  O  1 N  E  frère  en  toutes  qualitez  du  fufdit  Gilles ,  eft  des  premières  e-  m.  X). 
'Vftrencsde  Ianuier,  commençant  l'an  m.d.  ux.  La  marchandée  de  cancuas  LI X. 

^u'rlncgocioit  en  la  villed'Anucrs,ncl'empefchoitouretardoieen  lathar- 
Jgede  Diacre  qu'il  auoit  en  l'Eglife,  comme  a  efté  touche  en  fhiftoire  de  ton  Vocatiôdc 
eltat  enfleurdaageài^.ansjil  procuroit  fi  dextremét  l'affaire  des  pouresindi  Djaaefidc- 
gcns,&:des  prifonniers,  que  rien  ne  s'oublioit  appartenant  à  te  lie  &:  fi  fainetc  vocation  CiCcc. 
Ecclefiallique.    On  ne  fauroit  allez  exprimer  le  zele  &  l'affection  qu'il  auoit  d'auancer 
leferuice  deDicu.S'il  alloit  quelque  part,tuft-ce  à  picd,à  chariot,ou  par  balteau,jl  s'em- 
ployoit  toufiours  ou  àinftruire  Se  admonnefter  les  dociles  tte  debônaires:  ou  de  repren- 
dre ceux  qui  ne  feportoyent  en  parolle  ou  en  faict,  comme  il appartenoit.  Il  parloit  de 
Dieu  &  de  fa  pi  ouidcnceen  (i  grande  affection  &i  reueicnce,  queceux  qui  l  efcoutoyet 
eftoyent  contrains  de  s'en  cfmcrueiller.  Il  auoit  vne fainetc  h ardielfe,  nefefouciantdes 
parolles&  menaces  descontredifans.  En  laperfecutionque  Sacan  el'mcut  en  Anuersà 
caufe  de  la  célébration  delaCene,commeil  aefté  ditcy  deifus  ,il  y  fut  recerché,des 
plus  auant,  parle  Marcgraue  :  fi  eft-  ce  qu'il  n'abandona  point  en  ces  dangers  les  poures 
frères,  mais  recueilloiten  vnlicu  qu'il  tenoit  près  d'Anuers,tous  ceux  qu'il  pouuoit.L'- 
orage  de  celte  perfecutiô  &c  pourCuittefe  parlant,  il  retourna  en  la  ville,  délibéré  d'aider 
plus  que  parauant  l'Eglife  en  tous  les  dangers  qui  le  prefenteroyct,  (ans  en  plus  bouger. 
Or  comme  depuis  ladite  perfecution  nul  n'ofoit  prefterfamaifon  pour  y  alfembler  l'E- 
glife, Antoinefutd'aduis  &  mit  peineau  poflible ,  qu'on  s'afTemblafl.  aux  champs  pour 
ouyr  la  parolle  de  Dieu. Il  encouragea  aufli  le  Miniftre  d'y  prefeher  hardimét ,  l'alfeutac 
qu'il  feroit  vn  fruict  meftimable.  Il  alloit  fbuuent  en  (on  pays  de  Flandre,  non  tant  pour 
le  fait  delà  traffîque  laquelle  il  auoit  prefque  du  tout  quittée,  que  pour  y  lémer  l'Euan- 
gile, vers  ceux  defacognoifîance.  Le  Doyen  de  Renay,  dont  fouuent  eft  fait  mention, 
informé  deluy  ,1e  fit  efpier  par  fes  gens  ,&l'clonfa  façon  deproceder,il  le  fie  citer  par  Nouuellce-1 
trois  foisà  comparoir  personnellement  en  Cour  fpirituellc, fous  peine  de  certaine  fom- ÎJ^^Jj 
me  d'argét:  qui  eftoit  la  nouuellc  efpecede  vcnetie,ou  pluftoft  volerie,  que  ledit  Doyen  on  ne  peut 
auoit  inuentee&exerçoit.  Antoine  ne  ceffoitpourtat  d'attirer  le  plus  qu'ilpouuoitde  "^J" 
gensàlacognoi/Tancedela  verité,&  deperfuader  de  fe  retirer  en  Anucrspour  iouyrde 
ce  bien  ineftimable  desfainttes  predications.il  auoit  fouuentefois  affaire  aucc  les  Ana- 
baptiltes,defquelsildeploroit  l'ignorâccobftinec.  Plufieursd,entf'eux(dii.bit-il)tendét 
aucc  grad  zele  à  laiuftice  de  Dieu,  mais  point  félon  feience.  Il  leut  fouloit  dire  en  difpu- 
tant  auec  eux,  qu'ils  rraitaffent  leurs  difterens  par  lafaindte  Efcriturc ,  &  non  point  par 
raifons  humaines, ne  par  iniures  ou  crierics  :  mais  qu'ils  interrogafîent  &  refpondiiTcnt 
Amplement  fans  confondre  ne  méfier  poinct  fut  poind>&  demande  fur  demande,  corn 
xneils  ontaccouftumédefaire.Ill'ouloitdiredes  Papiftes&:  Anabaptiftes ,  que  diuer-  L'erreurdd 
fement  ils  s'arreftoyent  tous  deux  pat  trop  aux  fignes  extérieurs.  Les  Papiftes  condam-  J^"* 
nenttousceuxqui  mcurentfansBaptefmedel'eau.Les  Anabaptiftes  à  l'oppofitecon-  ft«,doKii 
damnent  tous  ceux  qui  font  baptifet  leurs  enfans  en  bas  aage.  De  lacaufedefonem-  procède, 
rjrifonnement ,  nous  en  auons  parlé  aucunement  en  l'hiftoire  de  Gilles'.il  alla  d'Anuers 
a  Bruxelles  par  deux  fois  pour  affilier  à  fon  frère  au  grand  danger  de  fa  vie.    A  la  fécon- 
de fois  la  femme  du  Maiftre  de  la  prifon  Je  trahit,&  liura  entteilcs  mains  de  l'Ammâ.La 
première  nuidt  &:  le  iour  enfuyuant  fa  prife,  Antoine  ne  fentit  en  foy  qoe  chair  &:  fang, 
&fembloit  qu'il  fut  du  tout  delaiffé  fans  confolation.  De  manière  quequand  l'Amman 
vint  l'interroguer,  Depuis-quand  il  auoit  receu  le  Sacrem  et  à  la  couftumedu  pais,il  re-  prcm;CT  a.- 
fpôdit,Môfieur,fi  vousn'auczchofedequoy  m'aceufer,  pourquoy  m'interroguez-vous?  bord  de  u 
L'Ammâ  derechef  l'interrogât,  Antoine  luyrefpôdit  demefme.   L'Amman  le  mena-  JJjJ™^* 
ça  de  lefaire  parler  autremét^mais  Antoine  perfiftâtalleguoit  qu'il  n'y  auoit  raifen  de  ftooné. 
fcconfcireràiapartieaduerfe.Apresauoir  ainlî  côtefté,àla  fin  Antoine  corne  reuenat  à 
foy,luy  dit:Monfieur,ie  vous  ay  tenu  fufpens,nô  point  que  ierefufe  de  faire  côfefiîon  de 
ma  foy  foit  à  vous  foit  à  tous  les  Efcheuins ,  mais  pour  vous  dôner  à  cognoift  re  q  ie  defî- 
re  fauoir  qui  eft  mô  luge  &  ma  partie  aduerfe.Et  à  l'heure  l'Anima  luy  ayat  réitéré  la  de- 
mâdc, Antoine rcfpôdit  qu'il  y  auoit  5.  ou^ans  qu'il  n'auojt  côrnuniqué  à  tel  facremet, 

RR.iii, 


Jjur^j  VI.  Antoine^  Verdrickt. 

&:  qu'il  eftoit  bien  marry  d'auoiriamaisaffifté  à  profaner  &abyfer  lefaind  Sacrement 
de  Chrift.  L'Amman  l'intcrroga  aufli  du  Baptelme  :  Antoine  confefla  que  Je  Baptcfmç 
qui  fc  faifoit  au  nom  du  Père,  du  Fils  5c  du  S.  Efpi  ic,cft  bon:  mais  ce  qu'on  y  adioufte  da 
uantage  en  la  Papauté  n'eft  qu'abomination.  On  luy  demanda  que  c'cftoitdes  autres 
cinqSacremens.  i^.  Qu'on  ne  trouuoit  aucun  tefir.oignage  en  l'Efci  iture  que  ccfuf- 
fent  Sacremcns,  c'eft  à  dire,  marques  &C  ("eaux  degrace.  L'Amman  l'ayant  examiné  fur 
ces  poîrïsA'  quelques  autrcs,il  luy  dit  au  fortir ,  Qu'il  le  feroit  infti  uire  par  hommes  fa- 
cxdmJu"  n^ns.     A  quoy  Antoine  dir,  Monfieur,  ne  m  enuoyez  point  des  Moines,  car  ils  nous 
Bombrc&  haiflenc  morcellement.  Er  bien,ditl'Amman,ie  vous  emioycray  des  gens  fauans.  De- 
ffiiulïï  puis  qu'Antoine  eut  fait  Confcfïîon  de  la  vérité,  il  fem  it  de  la  en  auanr  en  ion  cœur  vne 
telle  confolation,  qu'il  n'eftima  rien  toutes  les  peines  &:  defplaiiirs  qu'il  fourTroit.  Et  re- 
merciaOieu  de  ce  qu'il  l'auoit  il  bien  redrefle  Û  afliftéde  priant  de  continuer  à  luy  don- 
ner Ton  S.Efprit .    L'Amman  quelques  iours  après  retournant  vers  luy  auec  fes  Sages, 
Regardez,dit-il,  ie  vous  amené  icygés  de  fauoir  pour  vous  inftruire,  qui  ne  font  ne  Pre- 
ftres  ne  Moines.  Monfieur,dit  Antoine,  l'infirmité  de  ma  chair  me  faifoit  à  la  dernière 
fois  refufer  les  Preftrcs&:  les  Moines:  mais  maintenant  ie  fuis  content  qu'on  les  amené, 
&  fuffent-ils  Dodeurs  de  Louuain,  ie  les  défie  tous  en  la  vertu  delà  paiolle  dcDicu,qui 
demeure  éternellement.  Et  quant  à  vous,meffieurs  vous  plait-il  traiter  auec  moy  delà 
foy.?Ilsrefpondirentqn'ouy.£tilleurdit>Lafoy  doiteftre  fondée  furicelle  parollede 
Dieu ,  Rom.io.&T  partat  ie  vous  prie  ne  m'amener  autre  chofe.  L'vn  d'entre  ces  fauas  en- 
tra en matiere,&dit,Nccroycz-vouspointquelecorpsde  Chrift  eftvrayement  entre 
les  mains  du  Preftre,  après  les  parollcs  du  Seigneur  dites  furie  pain?  Antoine  luy  dit, 
Lcfonde-   Mon  amy,ccluy  qu  i  veut  édifier  vnc  maifon,ne  comméce  point  par  le  toid ,  mais  ilpo- 
ment  dVncfp  vn  fondemét.  Ainfi  nous  en  faut-il  faire,entrâs  en  propos  d'vn  des  principaux  poinds 
puîc!  '    de  l*Efcriture,  aflauoir  du  Sacrement.  Il  entédoit  qu'on  parlaft  premièrement  de  la  foy: 
afin  que  fes  parties  aduerfesayans  cognu  la  vertu  d'icelle  en  Iefus  Chrift^ecerchaiTent 
leurfalut  enclos  aux  Sacremens.  Ilsl'opprefToyentàforce  de  crier,  fi  eft  ce  qu'en  cela 
fut  dcfcouucrte  leur  grande  ignorance.  Ils  palTerent  nonobftant  outre,  crians  qu'il  ne 
croyoic  point  aux  parolles  de  Chrift, 5c  qu'il  laifîbit  les  fîgnes  to'nuds.  Antoine  leur  dit, 
Vous  me  c'hargcza  tort,  car  ie  ne  mets  poinj  en  la  Cenc  vn  figne  nud ,  mais  ie  defiie  par 
le  fondement  de  la  dodrine  de  la  foy, vous  monfher,  comment  les  fidèles  y  font  repeus 
ironie,   du  naturel  corps  &  fangde  Iefus  Chrift.  Vous  ne  voulez  rien  entendre  à  ce  fondement 
de  falu  t:  tenez- vous  donc  au  voftrc,&:  gardez-  bien  qu'on  y  touche ,  craignans  que  tout 
vôftre  édifice  n'aille  par  terre.    ^T'Ammaneftonnéquecesfauansperfonnages  pou- 
uoyenc  fi  peu  mordre  fur  Antoine,pour  la  fin  ordôna  qu'il  mettroit  par  efent  lespoinds 
principaux  de  fa  Confeffion.  Antoine  rendit  grâces  à  Dieu,&  luy  chanta  louange  de  1- 
auoir  fi  puifîammentaffifté  contre  tels  aduerfaires.  Et  quelques  iours  après  il  prefenta 
la  Confeffion  laquelle  contenoit  en  fomme  tous  ces  poinds  déduits  au  long ,  afTauoir , 
«IduCô-  QBe  Chrift  règne  fur  fon  Eglife  par  fa  parolle,&:  qu'icelle  eftle  fondement  de  noftre  fa- 
ftfiioBde  lut.  Q^ieparicellemefmenousauonslesthrefors&lesfruitsdelaCenedu  Seigneur, 
foy  produi-  L'cfprcuue  que  doit  faire  l'homme  allant  à  la  Cene  :5c  cômént  fedoyuét  entendre  ces 
roine!    "  mots,  Cecy  eft  mon  corps.  Sommaire  de  ceen  quoy  conuiennent &difcordent  quant 
à  la  Cene,  ceux  qui  fon  t  profeffion  de  l'Euangile.  Quant  aux  autres  articles  que  l'Am- 
man audit  mis  entre  les  Sacremes,luy  ayant  cniointd'cn  cfcrirefa  Côfefïionrenfemblc 
desCômandemens'de  l'Eglife.Antoine  en  efcriuitafTezau  long,&:  luy  prefenta  l'efcrit. 

Qv  a  n  d  il  eut  entédu  en  la  prifon,  que  fon  frère  Gilles  eftoit  mort  fi  vertueufemét, 
il  en  rendit  grâces  à  Dieu,  &c  luy  chanta  le  Pfeaumey?.  Sonpere  auecvnfien  frère  le 
furent  voir  en  la  prifon:dont  il  en  receut  triftefle,  voyant  ledueil  que  menoit  le  bô  vieil 
pere.  Il  le  confola  neantmoins  le  plus  qu'il  luy  fut  poffîblc  :  luy  difant ,  Qu'il  auoit  ma- 
tière de  fe  refiouir,"que  Dieu  tout-puiflant  auoit  appelé  fes  deux  fils  pour  eft  refaits  par- 
ticiparis  à  l'honneur  de  Iefus  Chnlt,  qui  a  fi  richement  anobly  telles  afflidions&  per- 
fecutions. 

Apres  que  les  ennemis  curent  allez  fondé  &  misa  lefpreuue  fa  confiance  &:  perfe- 
uerance>eftansdcument  informez  comment  il  s'eftoit  employé  tant  en  Anuers,  qu'en 
Flandrcjilsle  condamnèrent  d'eftreéftrànçlé  &C  bruflé  Je  x,  ij..  delanujerx.  d.  lix. 
Onauoit  délibéré  de  l'exécuter  de  grand  matin  commet  ladefrobee:  mais  le  Bour- 
reau ne  fe  trouua  preft  qu'il  nefuft  entre  huict  &  neuf  heures.  On  ne  fonna  point  la  clo- 
che 


.Adrianle  Peintrc^}Çf  H.  le  Coufturier.  jrz 

ehcàlamaniereaccouftumeerafindcfruftrer  le  peuple  &:  d'empelchcr  que  la  mort  de 
ceftuy-cynefnft  parcillcàcellede  Gilles  fonfrerc.  Le  corps  n'ertant  que  rofty,  rut  mis 
auxehamps  pour  viande  des  belles,  afin  qu'il  n'en  pfint  comme  du  corps  de  Gilles  qui 
fiit  réduit  en  cendre  s,  lelquelles  on  difoittout  communément  en  la  ville  de  Bruxelles, 
eftre  volées  es  feins  &c  cœurs  des  hommes. 


A  D  R  I  A  N  le  L'antre        HENRY  leCouftune^a^nuers. 

O  V  T  R  E  la  conltance  &  vrayc  confcflion  du  Fils  de  Dieu  ,  qui  cft  en  ces  deux  Martyrs  :  il  y  a  aufsi  à  noter  vn 
iugeraent  terrible  exécuté  fur  vn  des  Seigneurs  de  la  yille  d'Anuers,  après  auoir  condamne  quelques  fidèles 
à  la  mort. 

^^çàflp^OMME  de  rEuangilcprefché  à  Anuers  plus  abondamment  que  parauâr, 
^  ^^gk maints  bons  pedbnnagesmarchans  ôdartifanss'en  rcliouiiToyent:  aufli  du 
j^fo^p^ cofté  des  ennemis,  les  Preftres  &C  Moines  tranfportez  de  maltalentfurjeux, 
^^^^j|trottoycntiournellemcnt  àla  Cour  pour  fe  plaindre  des  Officiers  d'Anuers 
de  ce  qu'ils  en  faifoyent  li  peu  mourir.  A  cefte  caufe  le  Marcgraue  fit  tant  que  ceux  de  la 
Loy  d'Anuers  publièrent  vneordônancepourcognojftrc&:  remarquei  ceux  qui  iroyet 
aux  aflemblecs.  Mais  voyant  ledit  Marcgraue  que  le  peuple  perfiftoit  d'aller  aux  chaps 
pourouyr  les prefches:il  s'aduifa d'vne autre  rufe,de  donner  bône  lbmme d'argent,affa- J'^P0" 
uoir  de  500.  florins  à  ceux  qui  luy  liureroyent  les  Miniftrcs,&:  cinquante  florins,à  qui  li-  Urer°&  tra- 
ureroit  autres  qui  procurent  les  affaires  des  Eglifes.il  auoit  lors  plufieurs  pri(onniers,&:  J£  j£ux  * 
tafchqit  de  les  faire  mourir,  les  Cordclicrs  &r  autres  à  ce  faire  le  pou/Tans,  par  leurs  com-    8  c' 
plaintes ,  h'euft  efté  que  fouuéc  les  Efchcuins  &:  Côfeil  de  la  ville  s'oppofoit  à  ces  exécu- 
tions. Le  Marcgraue començaàcesdeuxferuiteurs de  Dieu Adrian  & Henry, lefquels 
auoyent  efté  lôg  temps  prifonniersauec  14.0U  1  f.auti  es  fidèles.  Adrian  futprinslepre- 
mier,etëaht  trahy  par  fon  propre  pere,à  l'occaïîon  qu'i  1  auoit  fait  baptizer  fon  enfant  en 
l'Eglife  reformée.  De  quoy  fonpere  fut  tellement  irrité,&  en  fit  tel  bruit,que  luy  ayant 
fait  ofterlenfant,illefitrebaptizer  par  les  Preftres  de  fa  paroilTe.    Henry  le  Couftu- 
rier eftoitvn  des  Anciens  de  l'Eglifc,hommefoigneux  &:  veillant  que  fcandale  ou  dif- 
fenflon  n'aduinft  entre  les  frères.  Aduint  qu'vn  iour  s'eftans  leuez  quelques  cfprits  con- 
tentieux,^ les  ayant  reprins  &:  reprimez  par  la  parolle  de  Dicu:pour  falaire  il  eut  la  pri- 
fon,&  fut  géhenne  pour  aceufer  les  frères.  Tant  y  a  qu'il  ne  nomma  &  ne  mit  perfonne 
en  danger.  Le  Marcgraue  pour  fatisfaire  à  Imitante  pourfuitte  des  Preftres  &c  Moines, 
agitez  de  rage  à  caufe  des  prefehes  qui  fe  faifoyent  &:  en  la  ville  &:  auxehamps ,  tira  hors 
de  fes  prifons  ces  deux  Adrian  &  Henry,&  les  fit  menerdeuant  les  Bourgmaiftres&  Ef- 
cheuins  par  fon  Efcoutet:  auquel,  comme  auffi  à  quelques  autres  du  Confeil,  les  procé- 
dures dudit  Marcgraue  ne  plaifoyent  nullement,  &:  ne  fe  trouuerent  à  la  côdamnation. 
La  mémoire  êftoit  encore frefche,&pouuoycntfe  fouuenir  que  peu  de  iours  aupara- 
uant  vn  notable  iugement  de  Dieu  auoit  efté  fait  fur  vn  de  leurs  confrères, nommé  Ga- 
fpardeRenialme.  Iceluy  en  cas  femblable  ayant  iugéàmort  quelques  poures  in  noces,  Dieu^emo 
receut  auflî  foudain  vne  horrible  fentence  de  Dieu  au  mefmelieu:de  forte  qu'il  fut  me-rablc  fur 
né  à  demy  defefperé  à  fa  maifon,où  toft  après  mourut,criant  &:  lamentât  qu'il  auoit  iu.  £^maec 
gé  lefang  innocent.  Les  Efcheuins,  dy-ie,auoyent  eu  ceft  exemple  en  Anucrs,cV  neant- 
moins  pour  n'eftrefufpe&sàlaCour  de  Bruxelles ,  ils  iugerent  ces  deux  feruiteurs  de 
Dieu,  àeftredeuantla  maifondela  ville  eftranglez& bruflez.  De  ce  fie  fentence  Hen- 
ry les  remercia  difant,  Voicy  le  beau  iour  que  nous  auons  long  temps  attendu:  nous  en- 
durerons volontiers  la  mort,mais  la  peine  en  demeurera  à  Meilleurs. Nous  prions  Dieu 
neantmoinsqu'il  vouspardonnecefteiniuftice.    LcsSeigneurs  tournoyent  leurs  vifa- 
ges  ne  voulans  rien  ouyr.  mais  Adrian  leur  dit  à  haute  voix ,  que  Dieu  redemaderoit  de 
leurs  mains  le  fang  de  fes  iuftes  qu'ils  mettoyenc  iournellement  à  mort.  Le  lendemain 
iour  de  l'exécution, il fctroùua au marchégrande  multitude  degens  pour  voir  l'iflue 
deces  deux  hommes  en  preudhômie  fi  renommez.  Comme  on  les  menoit  au  fupplice, 
ils  protefterent  que  la  feule  confeflîon  de  la  vrayc  do&rinede  l'Euangile  les  amenoit  là, 
fans  autre  caufe.  te  difoyent  cecy  haut  &  clair,  com  bien  que  les  fei  geans  qui  les  enuircv 
noyent,  fifleatgrand  bruit,  afin  qu'ils  ne  fulTent  entendus.    Cependant  que  le  Bour- 

RR.iiii. 


lÀurc^VL  Vlufiems  Martyrs  à  Amers. 

reau  les enchainoit au  po(tcau,le  peuple  en  vn  inftant  s'efmeuc  tellement,  qu'on  crioic 
Iffro^foî-  colK  ^  vne  v°ix>Tue,tueîte  marchoyet  les  vns  fui  les  autres,  &  les  maifons&  boutiques 
<w'mcnt  fe  fermoyent.Le  Bourreau  mit-bas  tous  Tes  apprefl.s,&  lai/Ta  les  deux  patiens.  Le  Marc- 
cimcu.      graueeftantàcheualnc  pouuoit  fuir  citant  de  toutes  pars  enuironne.    Les  fergeans 
cremblansde  peur  baifToyent  leurs  hallebardes.  L'Efcoutet  ne  fâchant  que  deuenir, 
'  abandonna  fonchcual  &  gaignavn  temple  pour  refuge.    Et  quand  on  le  voulue  affeu. 
rer,  ô£  annocer  qu'vn  covippeur de  bourfc  auoit  caufe ce  trouble  il  refpôdoit ,  Iefày  que 
c'elbTouteft  perduri'en  fauoye  bien  autant:ccn'a  point  elle  le  larron, mais  les  feditions 
prennent  leurs  commencemensde  quelque  chofe.  Ainfl  re  nu  cria  Dieu  comme  par  ter 
re  les  fanguinaires,&  monftra  que  c'eft  moins  que  n'en  de  leurs  forces ,  quâd  il  luy  plaît. 
Comme.ces  troubles  s  efeartoyent,  le feruiteur  du  Bourreau  accourut  &cftrangla  ces 
deux  Martyrs,  qui auoyent  ia  efté  bonne  efpacc  de  temps  liezà  l'eftachc,inuoquans  ce- 
pendant le  nom  du  Seigneur.  Puis  après  le  feu  fut  allumé  ,&  les  corps  bruflez ,  le  19.de 
Ianuier,en  ceftan  m.  d.  l  ix. 
uedKîi  T  E  Marcgraue homme  confit  en  cruauté  mfques  à  eftredeucnuftupide  à  tels  iuge- 
ftupide  aux  Xvmens  de  Dieu,  fut  fi  peu  raflafié  du  fang  de  ces  Martyrs,que  le  Dimanche  enfuyuâc 
ÎSS!*^0  ^  efforça  de  nuiâ:  quelques  maifons  ,& emmena  plufieurs  de  lEgWe  :  lefquels  après 
auoir  enduré  lôgue  prilbn,  à  la  fin  par  vnc  clémence  Ipeciale  du  Seigneur  furéc  en  grâd' 
merueilledeliurez. 


M.D.LIX 


BOVTZON    LE    HE  V,  deToumay, 

LA  marque  des  vrais  enfans  de  Dieu  fe  vérifie  en  ceft  exemple^'yurogne  &  paillard  eft  relafché,  mais  celuy  qui 

s'eft  retiré  du  mal  &  adhère  à  l'Êuangile,eft  expofé  en  proye. 

ÊîfïtSSÉS  O  VTZON, ou  Baudevvin  tapiffeur  exquis  &:  rehauffeur  de  couleurs  és 
tapifferies,  laifiaTeurnayàcaufe  desperfccutions,&  vint  demeurer  à  An- 
uers  pour  iouirde  la  viue  voix  de  la  prédication  de  l'Euangile^  Il efioit hom~ 
me  doux,  patient  en  aduerfitcz,&:  fi  peufe  fouciant  du  mondc,qucfouuent 
on  1  aouy  louhaiter  de  mourir  pour  le  tefmoignage  de  la  vérité  du  Fils  deDieujïfut  cô- 
ftituéprifônicrauec  Antoine  Verdrickt  (duquel  auôsdefcrit  l'hiftoirc)  aux  fauxbourgs 
de  Bruxelles  à  lcnfeigne  de  la  Licorne  hors  Steenpoortc,  n  citant  autrement  cognu  ou 
fufpe£r,quepar  lacompagniedudid  Antoine.  Ou  print  auffi  aueceux,  vntroi/iemé: 
mais  d  autant  qu'il  auoit  efté  autrefois  cognu  yurogne  &  paillard,&  que  de  cela  il  y  euft 
bon  tefmoignage  rendu  à  l'Amman  de  Bruxelles,  il  fut  incontinent  relafché.  Ayant 
Boutzon  rendu  vne  pure  Confefsion  de  Foy  àTEuangile  de  Icfus  CJuift ,  en  la  prefenec 
desPreftres&:  Moynes,on  aduifa  de  le  faire  mourir  enfecret,  par  ce  quelesaducrfaircs 
par  vraye  expérience  apperceuoyent  de  quoy  auoit  ferui  au  peuple  la  mort  de  ceux  qui 
auoyent  pub liquemet  efté  exécutez.  Mais  d'autre  part,cràignans  d'encourir  le  mauuais 
bruit  qu'auoit  defia  la  ville  d'Anuers ,  de  ce  qu  on  faifoit  meurtrir  fecretement  &C  hom- 
mes &  fem  m  es  en  la  prifon,  ils  n'oferent  attéhter  le  fembfablc  à  Bruxelles  :  mais  on  me- 
na d'vn  matin  à  la  hafte  ce  patiét  à  l'efcarr,&  Fut  décapité,  pour  faire  moins  de  bruit  que 
parle  feu:&  ainli  mourut  ce  feruiteur  de  E>ieu,clcuant  bien  peu  de  gensrau  mefmc  mois 
de  Ianuier,  m.d.lix. 


M.D.LIX. 


CORNEILLE    HALEVVYN,  &  HERMAN 
I  ANSSEN,  a^tnuers. 

O  N  void  de  fpecial  en  cefte  niftoh-e.cominc  fouucnt  les  A<kiocat5  &  gens  feruans  aux  fieges  de  Tuftttc  ,  pour  fàuuer  la  tïc  de 
ceux  qui  leur  font  rccommandet,felfificnt  les  reffonfo  dcsfiddesprifonniuj^ic  y  a-qucconrrcJcSeigoeur,!!  a'y  a  fineflè 
qui  ne  foir  rmuerfeeunc  ttompcriequi  puiffe  empefeher  l'execucion  de  (6a  ceuure. 

V  A  N  D  ces  deux,  Corneille  Halevvyn  ferrurier  bourgeois  d'Anuers  ,  & 
Herman  lahffen  d'Amfterdam  en  Hollade  ouurier  de  h ar quebuzes ,  furent 
coftituez prifbnniers  pour  l'Euâgilc  du  Seigneur  parle  fuidic  Marcgraue  d  - 
Anuers  nôme1  Iean  d'I mmevfelic  homme  fanguinairc,  Herman  eut  après  le 

r- 


Çorneilk  Ha!evvyn>  Çf  Heman  Janjfen.  j/j 

premier  abordlaqueltio  pour  accufer  ceux  de  fa  cognoifTâVe:  mais  il  demeura  fcrrhe,ay- 
mac  mieux  mourir,q  d'amener  perfonne  en  danger. Eftant  accufc  principalement  de  ce 
qu'il  auoit  tenu  en  fon  logis  des  affemblecs  pour  prefcher.il  reipondit ,  Qu'il  n'auoit ad- 
mis nulles  aflfemblees  illicites  Se  défendues  de  Dieu:mais  au  contraire  commandées  en 
la  (àin&e  Efcriture.  On  le  chargeoit  en  outre,dc  ce  qu'il  auoit  efpoufé  (a  femme  en  l'- 
Eglife qu'on  appelcR  cformee.  ^Pendant  fa  détention, vn  faux  bruit  courut  à  A  mfter 
dam  qu'il  eftoit  prifonnier  pour  herefierdontil  enuoyaàfes  amis  la  Côfeffiondeiafoy, 
cottee  de  partages  comme  s'enfuit. 

Ie  croy&côklfetoutcequieftehfeignéparleS.Efpritjauxefcritsdes  Prophètes  &c  Confefiîou 
Apoftres:&  reiette  toutes  herefies &:  dodrines côtraires à cela.Premieremét  qu'ily  a  vn 
feul  Dieu  en  trois  per(onnes,!ePere,  le  Fils  j&  le  S.EfpritQue  ce  feul  Dieu  par  fa  tout-  i.ntr.i.io 
pui/Tance  a  créé  toutes  choies  de  rien:&  les  entretien  t  $c  gouuerne  toujours  pat  fa  bon- 
té-tellemétq  rien  n'aduient  entre  les  créatures  q  par  fa  voI5té&:  puiflanceimaisletout  K.iean.v 
viétdc  luy,profperité& aduerfité.PartâtiecroyfidconfeiTcqu'ilhutieruir&ihonnorer  ^u-3+ 
ceDieu  feuU&  l'inuoquer  &  prier  feul  en  toutes  nccertitez,&  à  luy  feul  rendregraces  de  M^ro 
routbien&profperité.Parainiiiereiéttetoutcequ'onenfeigneau  contraire,  d'inuo-  Jobi.&t 
quer,prier,ou  honnorer  les  fain&s  morts.  Etd'autant  que  la  prière  eft  de  nulle  efficace  {^""j* 
fanslafoy,&:C{Uelafoy  vientdelaparollede  Dieu:iecroy  &  confertfe  qu'il  ne  faut  rien  Matthieu  4 
demanderàDicu,linoneniuvuantfoncommahdcment,&larcigledefa  parolle;  Par-  jj*-*^ 
tant  ie  reiette  tous  faux  feruices  de  t)ieu,&:  tous  moyennfeurs&interrefîeurs  controu-  &om.lo 
uez.  Levray  feruicede  Dieu  interieur,côiîlteenfoy,charité,obeiflance,efperanee,pa-  Jj^jj* 
tiencc,innocence,&:  pureté.    Le  feruicede  Dieu  extérieur,  confiftecnla  predicatiô 
delà parollede Dieu,& fvfage des Sacrernens,auquel tous Chreftiens fontobligez.Les  Hcbr.7 
Sacremcns  font  fignes  de  grace,ordonnez  par  Iefus  Chrift.dont  i'Efcriturè nous  en  mô  £™io 
ftre dcux,aifauoir  le  Baptefme  &  la  Cene.Quant  au  Èaptefme  ie  croy  qu'il  appartient  à  Mich .6 
tous  ceux  qui  font  lauez&  baptifez  par  le  fang  de  Iefus  Chrift,&:  ainfi  ont  veftu  Chrift. 
entre  lefquels  font  âufll  les  petits  enfans.Car  ils  font  aurti  nets  de  ptché  par  Chrift,&  he  Matth.t$ 
riticrsdelaviceterneile.LaCenecft  vnfacrébanquer,inftituéauec  pain  &:  vin  ,  pour 
la  mémoire  de  la  mort  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift.Icy  nous  reiettons  tous  ceux  qui  Luc'*4 
vn  y  adiouftant  les  ont  obfcu  rcis  &:  falufiez,&  qui  en  ont  controuué  des  nouueaux  hors  î  cor.n 
l'Efcriture*    Car  Iefus  Chrift  commande  à  fes  Apoftres,qu'ïls  nous  enfeighent  ce  qu'il 
leur  a  commandé .       ^Cety  enuoya  Herman  à  fes  amis,pour  leur  monftrer,qu'il  ne 
maintehott  nulle  fau/Te  do&rine.  Mais  le  Marcgraue  fe  tenat  touuout s  au  mandement 
du  Roy,pcrfiftoit  de  pourfuiure  Herman,piincipalemcnt  pour  les  aflemblces. 

Qy  a  n  t  à  Corneille,  il  fut  au fîiinterrogué  en  prefence  dedeuxEfcheuins,&:refpô-  Corneille 
dit  briefuement&fâgement*  Le  Marcgraue  luy  demanda  s'ilfevouloit  laifTerenfei-  Ulterw8u 
gner.Il  refpondit:Ie  ne  fuis  pas  fi  defraifonnable,que  fi  Ton  me  monftrequelque  erreur 
par  la  parolle  de  Diéu,qu«  ie  rie  le  Vueille  laiïTei  .Cependant  le  pere  de  Corneille  folici- 
ta  le  Marcgraue*&:  fâ  femme,(iaquelle  on  efti  moi  t  eftre  marrinede  Corneille)faifat  tou 
te  diligence  pour  retirer  fdn  fils  de  la  prifon.  La  caufe  donc  fut  finalement  amenée  iuL 
ques la,que  par Àdudcat,&:  par  efcrit,ils  pourroyent  propofer leurs  defènfes.  Au  li- 
bel  qui  fortit  au  ndm  de  Corneille,  &fut  produit  parl'Aduocatenla  Vierfchare,  il  Frl„dcau 
yauoitqueCorrteilleconfeffoit  fa  faute  ,  &que  d'orefnauant  il  fe  vouloit  confefTer,  procès. 
&  receuoir  fon  créateur ,  &  fe  remettre  en  eftat  de  grâce  ,  comme  vn  bon  en- 
fant de  la  mere  fain&e  eglife»  Qu'il  confefîbit  auffi ,  que  les  prédications  cftoyent  de 
nulle  valeur^d'aUtant  qu'elles  ne  fe  faifoyent  point  en  lieux  consacrez.  Telles  &c  fem- 
blables  chofes  auoit-on  prefenre  au  nom  de  Corneille  :  demandant  au  refte ,  que  s'il  a- 
uoitfailli  en  quelque chofe  que  cela  fuft  attribué  &:  pardonné  à  fa  ieuneflc.Cependanç 
Corneille eferiuoitiournellemcntauxfreiesj&monftroitgrand  courage  &c  confiance 
«Je  foyrtcllemctot  quvn  chacun  en  eftoit  refîouy,&:  louoit  le  Seigneur  de  fa  grâce.  Mais 
quelques  vns  commencèrent  à  fe  douter  duproccs,quifedemenoit  ainfi  fecrettemet* 
&fcprefentoitficouuertementauConfeil.LeMiniftrede  l'Eglife  Flamengue  fit  tant 
que  par  amis  il  eut  vnc  copie  du  procés*L'ayant  leu,&  voyant  que  la  procédure  tédoit  à 
grad  fcâdalc,8c  à  vne  abnegatiô  manifefte  de  la  vérité  de  Dieu,il  le  cômuniqua  aux  An- 
ciens &  Diacres  de  l'Eglife  q.  furet  tous  fort  contriftez  de  l'infirmité  de  leur  frere.LeMi* 
niftrc  donc  luy  çfcriuit  vne  rcmonftrance  fort  afpre,le  priant,qu'il  fe  vouluft  conuertir, 


L/tfro  VI.  Corneille  hfale<vvyn,&  tferman  Janjfen. 

&  amender  fa  lafcheté  par  vue  ConfelTion  libre  deuant  le  Confeil.C^âd  Corneille  eut 
raCfitt  reccu  cc^e  lcctrc  fi  afpre,ilcn  fut  tellement  troublé ,  qu'il  ne  fauoit  quelle  contenant 


rcprins 
Muùftrc. 


Corneille 
fortifie-. 


Sentence 
feerctte. 


teninSctouslcsfrciesprilonniersciloycMufortcmpelthcz  aie  confoler.  Lefangluy 
failloi:  du  ncz:il  iettoit  les  bras,&  menoit  vn  piteux dueil.Quoy(dir-il)quc  iereniaflela 
ventcrDicu  m'en  vueillegarder.MonDieu,que les  frères  ont  telleopinionde  moy  :  tu 
fais  que  i  en  fuis  innoccnr,&  n'ay  point  corn  mis  celle  lafcheté.  Lors  les  autres  Frères  luy 
donnèrent  ceconfeil;  qu'il  recouuraft  la  copie  de  fon  procès:  &  s'il  necontenoit  cela 
qu'il  l'cnuoyaft  aux  frères, pour  monllrer  Ion  innocence  en  ce  dequoy  on  l'accufoit.  En 
ayant  doncques  parlé  à  Ion  Aduocar,&  regardé  Ion  procés,il  crouua  qu'il  n'auoi  t  pas  c- 
fté  acculé  à  tort:  monftra  toutefois  que  fes  païens,  U  le  Marcgraue  auoyent  fait  cela 

fans  (on  Iceu.  Les  frères  derechef  l'aduifcrcnt,qu'il  rendilt  telm.oignage  à  la  vérité,  auec 
vne  Confe/Hon  ouucrte  deuant  le  Conleil  :  déclarant,  voire  redarguant  auiîï  la  faufTccé 
commileenlon  procès. 

Finalement  Corneille  fut  tellement  encouragé &:  fortifîé,principalement  ayant  veu 
la procedured'AdrienlePeintre,&  Henry  Bockhaltle  coufturiei(dontHermâauiIîfuc 
fort  côfermé, lequel  cltoit  toujours  venu  à  la  Vicrichareauec  Cornei!le,&  plaidoicde- 
uant  le  Confeil  parefcrit)quelcs  menées  du  Pere , &:  du  Marcgraue ,  &  l'induftric  de  1'- 
Aduocatne  feruirentderien.  Lesamisdechair,ou  plulloft  les  ennemis  de  la  vérité  ne 
ceiîcrcncdepourfuyurcla  caufe  pourofter  la  vie  à  ces  deux  prifonniers.  Apres  donc 
que  CorneillecV:  Herman  eurent  efté  pi  efques  vn  an  prifonniers ,  ils  furent  amenezà  la 
Vicrlchareen  ceftan  m.d.lix.  \cij.  deFeutier.  Où  les  Seigneurs  arrefterent  lafen- 
tence,  mais  ne  la  prononcèrent  point,arîn  que  le  peuple  n'en  lceuft  rien:  tellement  que 
les  priionniers  mefmcs  ne  fçauoycnt  ce  qu'on  leur  feroit,iufqucs  à  cequ'ils  furent  rame- 
nez à  la  pnlbn.Lors  ils  demanderêt  aux  fcrgcns,ce  qu'on  auoit  fait  à  la  Vierfcharc:  fi  on 
les  auoitcncoresprolongez,commc  les  autres  fois,ou  s'ils  dcuoyent  mourir.  Lesfcrgës 

rclpôdirenr,  qu'ils  cftoyentremisà  quinze  iours  :  mais  comme  les  prifonniers  penferenc 
retournerenleurlieuaccouftumc  delà  prifon,il  fut  commâdéaux  ferges ,  de  leur  met- 
tre les  feps  aux  pieds,  &  les  meneràlafofle:  quieftoitvn  certain  ligne,  qu'ils  deuoyenc 
mourir.  Ces  patiens  Ce  refiouirent  au  Seigneur,de  ce qucle  temps eftoic  venu  qu'ils  fecl 
leroyent  la  vérité  parleur  fang. 

O  r  en  telle  extrémité  on  aaccouftumé  en  A  nuers ,  &  permet-on  aux  amis  de  venir 
en  la  priion  pour  confoler  &.  encourager  ceux  qui  doyuent  mourir.  Mais  à  celle  fois  fut 
défendu  au  Geolier,de  ne  laifTer  entrer  perfonne,que  parle  commandemcntdu Marc- 
graue,ailhuoir,des  Moines,  Preftres,&  femblable  vermine,  qui  les  tourmentèrent  de 
leur  Confcliion,&  autres  menus  fatras.    Le  lendemain  bien  matin  vint  le  Marcgraue 
Faueurdu  auec  les  Moines  en  la  prifon,&  fit  amener  les  prifonniers.  Lors  il  voulut  encorcs  mon- 
rouerfcor  ftrcrclue^uc^aucur  *  Corneillc:puis  qu'il  ne  luy  pouuoit  plus  donner  la  vie,  il  luy  pre- 
nallc.      fenta  ce  l'exécuter  d'vne  mort  plus  aifec ,  moyennant  qu'il  voufift  efeouter  les  Moines. 

Corneille  refpondit:Monfieur  le  Marcgraue,  ia  ne  foit  que  1e  face  telle  chofetfàites  de 
mon  corps  ce  qu'il  vous  plaira. Comme  on  les  lioit,pour  mener  à  la  mortrHcrma  aduer- 
tit  leMarcgraue,qu'iladuifaftàfoy.  car(dit-il)celane  fera  point  eftimé  peu  de  cas  de* 
uantlesyeuxdu  Seigneur,que  vousnousoftezainfilavie.  Pourtant  conuerriflTczvous, 
mQnficurleMarcgrauc,deuant  que  le  Seigneur  vous  punifle.  Vous  nepouuez  long  teps 
faire  cecyde  Seigneur  s'en  fafchcra  à  la  fin.  Apres  qu'ils  furent  liez,  le  Marcgraue  vou- 
lut encores  qu'ils  prinfent  vne  croix  de  bois  en  leurs  mains ,  &:  lauTaiTent  les  Moines  al- 
ler auec  cux-.&  promit  àCorneille,que  s'il  le  vouloir  faire,qu'il  auroit  feulement  la  telle 
trenchee  fans  eftre  bruilé:mais  ils  îettcrent  les  croix  à  terre,&  dirent,  qu'ils  e  vouloyce 
donner  le  moindre  figne,dont  il  pc  uftfembler  qu'ils  le  fulTentdefdits  :c£ccleur  eftoic 
tout-vn  de  quelle  mort  on  les  fift  mourir,puis  qu'ils  mouroyent  au  Seigneur,  &:  pour  le 
tefmoignagedeveritém'eftimans  rien  la  peine  defî  petite  durée,  au  prix  de  la  grande 
wt^durc/'  S'°*re  *  venir,qui  fera  manifeftee  aux  fidèles.  Ilsfurcnt  donc  menez  vcrsle  marchc,ôC 
pareei  Herman  s'cfiouiiîant  au  Sejgncur,chancale  Pfeaume  ijo.Du  fons  de  ma  penfee  &c.Ec 
loirc  à  Corneille  le  fuyuant  admonneftoit  le  peuple  du  falut  éternel .  Commcils  furent  ve- 
nus au  marché,refpee  eftoit  là  toute  prefte  pour  leur  trécher  la  telle ,  s'ils  eulTent  voulu 
prendre  les  croix  en  leurs  mains,&:  admettre  la  compagnie  des  Moines.  Mais  d'autant 
qu'ils  ne  voulurent  en  rien  ceder,on  apprefta  le  bois  pour  les  brufler.  Lors  Corneille  fe 
mit  à  genoux,&  inuoqua  le  Seigneurie  priant  qu'il  pardonnait  à  fes  ctfnemis  ,  qui  pe- 

choyent 


Cruauté 
grande 


comi 
laSl 
venir 


Récit d'hifloire.  j 14. 

choyent  par  ignorance.  Apres  cela  furent  menez  dedas  la  maifonnette  faire  des  fagots, 

&  là  furent  effrangiez  à  vn  pofteau.   Cependant  qu'on  les  eftrangloit  furuint  vn  tel  tu-  J"™^ 

multeau  peuple,quechacun  craignoit  qu'ily  djeuftauoir  vnefedition:tellementque le  d'Aaucis, 

bourreau  pnnt  l'efpec  pour  fe  defendre,penfant  qu'on  commêceroit  àluy:maisla cho- 

fe  fut  auflï  foudain  appailce  qu  efmcuë.  Le  feu  allume  fît  fon  action  furies  corps  morts 

de  ces  l'aincts  Martyrs.  Le  Marcgraue  entendit  à  fa  façon  accouftumee  faire  elleindre 

le  fcu,&:  efter  les  corps  à  demi  biuffez  pour  les  mettre  fur  des  roues  au  lieu  accouftumé 

preslaville,&citrecnfpc&acle&:  monftre  qu'il  en  auoit  beaucoup  exécuté  f  mais  le 

peuple  des-ia  irrité  cmpelcha  l'on  deifein ,  tellement  que  fes  fèrgens&:  hallebardiers  1 - 

ayans  abandonné  ,  il  demeura  effrayé  &c  efperdu,  laiflant  au  bourreau  le  furplus  de  la 

pourfuicte, 

RECIT  d'vnc  mutinerie  popuLw-eefweui  k  Paru :&  des  meurtres  enJuiuisyàl'occ4fiondes  Prejl 

cheurs  Jedttieux. 

E  v.deMaiSM.  d.  ï.  j  x  .ily  eut  vne  efmeute  grande  au  temple  defamctln- 
nocent  à  Paris.  Les  prelcheurs  tout  le  Karefmc  n'auoyent  cefTé  d'inciter  le 
peuple  à  mafTacrcr  tous  Luthériens  qui  feroyent  trouuez  ,  fans  plus  en  laif- 
fèr  la  punition  au  Magiftrat:&:  entre  les  autres  vn  moine  MinimeouEnfu-  Minimcen: 
mcqui  prefehoit  audit  temple,y  employoit  tous  fes  fermons.  Mefmc  ce  iour,  prenant  fiuntîcraêc- 
fon  thème  fur  l'hiftoire  delà  femme  adultcrequi  auoit  efté  amenée  à  Iefus  Chnft  ,  die 
chofes  exécrables  contre  le  Magiftrat:rcmonftrant  que  ce  n'eftoit  de  merueilles  fi  les 
luges  ne  ietroyentlcs  premières  pierres  contre  les  Luthériens,  pourcequ'eux-mefmcs 
eftoycntLutheriens:&:  qu'il  nes'y  falloir  plus  attendre,  maisfe  bander  &C  faire  guerre 
ouuei  te, voire  aux  plus  grans  qui  feroyet  i'ufpec"rs  de  cefte  doctrine. En  cefte  manière  le 
peuple  de  Paris,quiefl:compofé  de  racaille  ignorante  &defbordec  à  tout  mal ,  fut  mis 
cnvnerageextremc,necerchantquelesoccalïons  d'exécuter  ce  qui  luy  auoit  efté  re- 
monftré.  Là  dcfîus  il  aduint  qu'au  cimetière  de  faindt  Innocent  deux  hommes  eurenc 
débat  enfemble,ainfi  qu'on  fortoit<Iufermon:&:  l'vn  ne  pouuant  faire  pis  à  l'autre,  l'ap- 
pela Lutherien:&:  fut  incontinent  chargé  de  ce  peuple  furieux,  ayant  efté  pourfuiuiiuf- 
ques  dedans  le  temple,où  il  s'eftoit  voulu  fauuer  pour  eftre  en  franchife.    Il  pafToit  lors 
vnGentil-hom  m  e  accompagné  de  fon  frère  prieur  &c  autrefois  chanoine  de  S.Quentin: 
èc  ayant  entendu  qu'on  tuoit  là  dedans  vn  poure  homme,il  en  eut  compafîion,  &c  vou- 
lut  eflayer  s'il  le  pourroit  dcliurer.il  entre  au  temple,il  fait  remonftrances  au  peuple  les 
plus  amiables  qu'il  pcuf.mais  vn  Preftrc  s'eferia  que  c'eftoit  à  luy  qu'on  en  vouloir,  puis 
qu'il  ofoit  s'oppofer  à  la  mort  d  vn  Luthérien, &  qu'il  falloit  frapper  defTus.  Lepeuple 
accouroit  en  ce  lieu-la  à  la  foulle,& commença  à  l'outrager  de  coups  de  poing.    Son  FurfUr<k 
frère  le  voulut  defendrermais  ce  n'eftoit  qu  enflammer  dauantage  la  rage  à  l'encontre  "iST^ 
de  tou  s  deux. Ils  furent  donc  par  ce  moyen  m  eurtris  iufques  au  fang.  Et  alors  ce  peuple 
bienreligieux,de  peur  que  le  temple  ne  fuit  fouillé,  les  met  dehors  pouracheuer  lemaf 
facre.L'vn  qui  eftoi  t  Capitaine,efchappe,aprcs  auoir  receu  des  coups  de  tous  coftez ,  &C 
gaigna  à  bien  gi  ànd  peinela  maifon  du  Vica  i ir  c,qui  le  receut.Mais  fon  frere  n'eut  point 
fî  toit  le  pied  hors  du  templc,qu'il  ne  fuft  fra  ppé  d'vne  dague  au  ventre,&:  tomba  mort. 
C'eftoit  vnpourePapifte, nullement  inftrutt  en  la  religionChreftienne,&  eftoitpreftre 
de  fon  eftat:pourtant  il  demandoit  pardon  au  nom  desSainc~ts,ildcmandoit  confeflîon, 
&c  monftroit  toutes  enfeignes  à  ce  peuple  qu'il  eftoit  desfîens.  Mais  il  n'y  auoit  aucune 
raifon  en  celle  befte  de  populace  furieufe&:  enragée.    Ce  ne  fut  point  a/Tez  de  lauoir 
frappé  à  morril  n'y  auoit  û  petit  qui  ne  luy  baillait  fon  coup. Et  mettoyét  mefmes  leurs 
mains  dedans  les  playcs,puis  les  eileuoyenr,fegIorifians  de  les  auoir  tein&es  du  fang  d - 
vn  Lucherien.Les  autres  cependant  auoyent  enuironné  la  maifon  du  Vicaire,  de  peur 
que  le  Capitaine  n'efchappaft.    Etoyans  quelalufticeleviendroirdeliurer  ,  ne  crai. 
gnoyent  de  dire  tout  haut,qu'ils  n'efpargnercycnt  mefme  le  Roy  s'ily  venoit.Et  furent 
là  attendans  iulques  à  nuict  clofe.   Si  aucun  plus  pitoyable  auançoit  quelques  mots  de 
compaflTion,il  eftoit  incontinent  accouftre  de  toutes  façons:tellement  que  plufieurs  fu, 
rent  bien  mal  traitez.Bref,c'eftoit  vne  chofe  horrible  de  voir  ce  fpectacle. 

Environ  vnan  auparauant  prefque  le  femblable  eftoit  aduenu  au  temple  S. Eufta 
ce.Car  vn  Docteur  de  Sorbonne,  vulgairement  nome  Lame  de  feu  Picard,ne  prefehoit 
autre  chofe  que  fang  Se  meurtre,&:  animoit  les  Parifiens  à  tuer  les  Luthériens  :  &c  faifoit 
belles  promcfTes  à  ceux  qui  s'y  feroyent  employez.  Le  peuple     faillit  pas. Car  vn  po- 


Liurt-j  VI.  Jean  lïarbemlle. 

urc  Efcolier>qui  là  eftoit  \  enu  bien  deuotement  pour  ouyr  le  fermon ,  fe  print  à  rire  &:  fe 
VnEfcdier  moquer d'vniicn compagnon, pourquclqut  occafion  qu'ilcn  auoit  :  incontinent  vne 
ait  duCpôtF  vieille  bigottes'eicvie  que  ecltoir  vn  Luthérien  qui  le  nioquoit  du  preftheur.  Le  peu- 
pubec  uc   pie  à  celte  voix  le  iette  dcflus,ians  eftre  autrement  informé  du  faiéfc  :  6c  l'ayant  mis  hors 
>jr,i'       du  templc,lemaliaciemi(erablemcnt,iufques à luy faire lortir les  yeux  de  la  tefte  de 
coups  de  poing.  Il  s'en  trouua  vn  quiluy  fit  palier  (on  chcualfur  le  ventre  par  trois  fois. 
Maintenant  qui  n'aura  horreur  d'vnetelle  cruauté?Et  cependant  les  poures  fidèles  font 
acculez  de  faire  les  efmcutcs,&  d'auoir  vne  doctrine  qui  ne  tend  à  autre  choie  qu  a  iedi- 
ticji:quand  on  voit  les  ennemis  eftre  tellement  conuaincus  de  la  vérité,  quede  rage  ils 
La  procedu  niefleroyent  volontiers  le  ciel  &:  la  terre,pourcmpcfcher  que  Itïus  Chrift  ne  règne.  Il 
rc^uc  tien-  neft  plus  qucltion  d'y  aller  par  rail'ons,5d  par  la  parollc  de  Dieu:car  ils  cognoiilbycnt  blé 
ncut  i  pre-  qu'ils  le  peruroyét  par  là:mais  il  faut  vcmr  aux  coufteaux,  il  faut  efmouuoir  les  peuples 

lent  iC">  *1U.-  .  Jn*  1  ■%  i  i  *        4  ' 

ucriairo.  irriter  les  cœurs  des  Rois  par  calomnies  :  voila  touteleur  detenfe.  Toutefois  en  cela 
laprouidenccdeDieuaefté  admirable  toutes  ces  deuxfois  ,  que  les  plusgrands  coups 
de  leur  cruauté  ne  font  point  tombez  fur  les  noftres,mais  fur  leurs  gens  mclmes,contie 
leur  intention  6c  vouloir.  Orc'citoit  bien  choit :à  laquelle  le  Magilhat  dcuoitauoir  e£ 
gard:ce  nonobftat  elle  demeure  impunie  lufqucsauiourd'huy  :  non  point  que  tcfmoins 
défaillent,  car  les  meurtriers  fe  glorifient  d'auoir  donné  les  coups:  ou  qu'enqueftes  ne 
foycntfaites,carmcfmefemencede  mort  aefté  dônee  contre  aucuns  parle  Iugeinfc 
neunmaislcs  Prefidensdela  grand  Chambre  ,  qui  ont  tiré  la  cognoiifance  de  l'appel  à 
euXjtrouucrent  que  tout  ce  qui  cft  fait  à  bonnt  inttntion,n'eft  point  péché  :  6c  que  les 
Luthériens  fe  fortifieroyent,li  on  pumifoit  ceux  qui  n'ont  autre  courage  que  d'extermi- 
ner les  Lutheriens.Ils  trouuerét  meilleur  que  les  bras  des  bourreaux  fufîént  employez 
àtourmentei  vnpourehommequiconfelîeranoftreSeigneuiTefus  Chrift  ,  6c  voudra 
feruiràDieu  par  fa  parolle,qu  a  punir  les  meurtriers  &  homicides.  Comme  de  fait  ils 
l'ont  monftré  en  la  perfonne  de  Iean  Bai  beuillc  maçon  ,  corn  me  il  fera  maintenant  dit. 
Carlelendemain  que  fe  fît  ce  meurtre  a  fainét  Innocentai  fut  condamné ,  6c  commelL 
uré  à  ce  peuple  affamé  &  enragé  du  fang  des  Chrefticns ,  pourappaifer&:  rafîalicr  fa  fu- 
reur. 

IEAN    BARBEVILL  EJc  Normandie. 

EN  voici  vu  auquel  autres  dons  nous  font  propofez  à  confiderer,aflau»ir  hardicflc& promptitude  à  bien  payer  derefponfc  no 
feulemeut  Moines  &:  Docteurs  cji a  l'aflaiDcnt  endifpute,maisaulu*  lès  luges  du  Parlement,tout  moqueurs  ôc  Atheiftcs  qu'- 
ils fc  monitrent.Sa  cheute  d'entrée  eft  recitce.afîn  qu'on  cognoiffe  tant  mieux  la  grandeur  de  la  milericordc  de  Dieu. 

Knf^liÈA.  RBEVILLE  eftoit  maçon  de  fon  meftierdefiad'aage,&:  retournant 
^^A^  de  Geneuc, voulu tinftruire  les  voifins:maisilfutdefcouuert,  &:  acculé  par 
$n  p^\\?eux,&  parce  moyen  conftitué  pnfonnier.  Lepourehommefut  bicnfoible 
^ijgkj^^au  commencement.de  forte  qu'il  nia  tous  les  propos  qu'il  auoit  tenu  aux  an 
très. Et  mefme  tomba  en  vn  eftat  fi  miferable,qu'il  ne  ceifoit  de  blafphcmerDicu  par  iu 
remens:&:  auoit  noifes  tantoftauecl'vn  tantofîauec  l'autrexar  Dieu  vouloir  ainficha- 
Barbeuille  ^*cr  ^a  delloyauté.Et  puis  il  eftoit  en  l'Officialité  entre  les  canailles  de  preftres  qui  le  ga 
rcdrclTépar  fièrent  bien fort.U  aduint  finalement  qu'auec  autres  prifonniersil  ofa entreprendre  cô- 
lescïhoru-  cre  ja  perfonne  du  Gcolier:tellemét  qu'il  f  ut  refferré  bien  cftroitemét.  Dieu  s'aida  de  ce 
leanMorcl  moyen-la  pour  le  redrelfericar  il  fut  nus  aueclean  Morel  fufdit,qui  commença  félon  fa 
couftume  a  l'exhorter  par  la  Parolle:&:  Dieu  donna  vertu  5c  efficace  à  fa  parolle ,  fi  bien 
que  le  pourehomme  fut  touché  du  fentiment  de  fon  péché  ,  6c  commença  à  pleurer  &C 
gcmirameremenr.il  requit  pardon  au  Gcolier:&  délibéra  de  fe  mieux  porter  à  l'adue- 
nir,&:  retra&ej:  tout  ce  qu'il  auoit  dit  au  dcfhonneur  de  Dieu.  Auparauant(commede- 
'         puis  il  à  tefmoigné)iln'auoit  aucune  alfeurance  :  6c  fi  toft  qu'il  voyoitfcs  luges,  ileftoit 
faili  de  frayeur,&;  elpouuantement  merucillcux.    Mais  il  fut  tout  changé  en  moins  de 
rien,ne  cellant  de  fc  refiouir  en  la  mifcricorde  deDieu  qui  luy  auoit  efté  faite^foubaÎN 
tant  l'heure  qu'il  fut  mené  deuantfes  luges,  pour  faire  apparoiftre  defarepentance.Ce 
qu'il  fit  le  itf.ou  17.de  Ianuier,eftaht  mande'  deuât  les-Iuges  Ecclefiaftiquesxar  il  main- 
tint auec  hardielie  l'adoçation  d'vn  feulDieu  ,  contre  l'adoration  des  Sain&s&dela 
V ierge,que  les  autres  luy  mectoy  ent  en  auanc.Le  lendemain  il  pourfgiuit  d'vne  pareil- 
le con- 


Jean  Barbeuil!^  jr  /  5 

le  confiance  le  mefme  propos  :&  comme  l'Official  recitoit  qu'il  eftoit  prifonnicr  poura- 
uoir  die  que  les  preftres  en  leurs  temples  eftoyét  comme  bail eleurs  ycftus  deiaune,vcrd, 
rouge,ôi  autres  coulcurs.il  refponditje  l'ay  dit  voiremtt,&:  li  vous  pa/îéz  plus  outre,  j'en 
diray  bien  dauantage:&:  demeurèrent  tous  eftônez  de  cefte  confiance.  Le  xvn  i.deEe- 
urier  il  fut  mené  à  laCour,eftant  appelé  de  l'Official,  &  le  mcfme  iout  prefenté  à  ceux  de 
la  grand'  Chambre:&  fît  la  confeffion  qu  i  s'enfuit,  &  l'elcriuit  de  fa  main. 

APr  e  s  que  l'eu  prefté  le  ferment,  &  dit  mon  nom,  pays  &deineurance,  ie  fû  interro- 
gué  dequoy  feftoye  appelant,  Rt.  De  la  longue  détention  des  prifons,aufquclics  l'Of« 
fîcial  m'a  détenu  l'efpacedeneuf  mois,fans  me  faire  aucun  droit  ne  iuftice.D.Pourquoy? 
ifc.Pour  auoir  déclaré  les  comandemens  de  Dieu  à  vn  de  mes  voffins,  &c  l'abus  des  côman 
démens  des  homes. D.Côbien  y  a-il  q  tu  n'as  elle  à  la  MefferR>  .l'y  fu  à  Pafquesrmais  Dieu 
voulutqu'il  metomba  vn  lettrain  fur  la  iambe,  &:  fu  blelîé,  &c  m'en  rctournav  :  &C  me  del- 
plailt  fort  d'y  auoiriamaisefté,  pour  la  grade  idolâtrie  qi  y  ay  veu  cômettre.D.Quelleido 
latrieri^.Onfeprofternoitdeuant  les  idoles, &  onlesadoroit.  D.  Ec  neraut-il  pas  adorer 
Dieu  parles  images?  Ri.  Non:  car  il  eft  eferit  aux  Actes  des  Apoftres,  Que  Dieu  n'habite 
pointauxtemulesfaitsdelamaind'hommes.Etladefenfeen  eftcxprefîeen  Exode  x  x. 
chapitre.D.Ouas  tuapprimceschofés?Ri.En  lafain&eEfcriturc.  D.Ellecften  Latin: 
entens-tu  Latin?  Ri.  Non:maisiel'ayvené  enFrançois.  D.  As-tu  elle  aux  afTemblees 
quifefontàMont-faucon,&:  parles  maifbns?  Ri. Non:  maisi'y  eufl'eefté  volontiers, pour 
ouir  la  parollede  Dieu.  D.  As-tu  elle  à  Geneue?  Rt.Ouy,huit  ioursfbulemenc,&:  y  ay  be- 
fongné  démon  mefber.Eten  eftoye  retourné  pour  y  mener  mon  enfant. 

C  e  fait,  il  fut  mené  à  l'entrée  du  greffe  ciuil  de  la  Cour:&  (corne  on  a  bien  feu  par  fidè- 
les tefmoins)là  fut  interrogué  par  plufieurshu iffiers&  clercs  des  grcfres,cômentiHàuoit 
cequ'il  difoit,  attendu  qu'il  eftoit  maçon,&:  q  le  S.Efprit  ne  defeédoit  point  dedans  l'auge 
d'vn  maçon.  Pour  toute  rc(pon(e,il  dit  ces  vers  du  Pfcaume  1 6.  Loué  foit  Dieu ,  par  qui  fi 
fagement  le  fuis  inftrui  t  à  prendre  cefte  adrelfc&rc. Depuis  il  fut  mené  au  lieu  où  font  at- 
tendans  les  prifonniers  qu'on  fait  môter  pour  eftre  ouys:&  là  interrogué  du  Saeremét  par 
quatre  Conleillers  non  toutefois  à  ce  cômis  par  la  Cour ,  rcfpôdit  qu'en  la  Cene  admini- 
ftree félon l'inftitution  de Icfus  Chrift,  il  cômuniquoit au  corps &c  au  fang de Iefus  Chrift 
par  foy,&  qu'il  ne  lesreceuoir  d'vneraçon  charnelle  :  careftant  monté  és  Cieux ,  delà  ne 
defeendra  iufques  à  ce  qu'il  viendra  iuger  les  vifs&;  les  morts.  Vndefdits  Confeillersen 
fe  moquant  adioufta  à  ceft  article,Qui  eft  monté  és  Cieux, Et  a  tiré J'efchelle après fov.     Vo'k  quels 
C  e  iour  fon  appelfut  mis  au  neât  :  &C  peu  après  remené  à  l'Official  pour  faire  côfeliion  p°a"|  JgCpJ"* 
de  fa  foy .  II  eut  làcncore  pareilles  alarmesaux  prem  ieres  fur  la  difpute  des  facremens,  &:  qui  comta- 
autres  poinds:&:  les  fouftint  fi  bien ,  qu'il  en  fut  déclaré  heretique&  fchifmatique.  Entre  ^'"[j*^ 
au  très  chofes  interrogué  de  la  Mefîe ,  il  di  loi  t  que  c'eftoit  vne  marchandife  fardée,  qui  ne  moqueurs 
valoit  rien:&:  que  c'eftoit  la  paillarde  aflife  fur  la  grand'  Befte,  de  laquelleil  eft  parlé  en  l'A  de  b,eu- 
pocalypfe:quc  c'eftoit  laMere  de  fornication,  auec  laquelle  les  Rois  &  Princes  de  la  terre  dIT^I* 
auoyent  paillardé,&:  eftoyenc  enyurez  de  fon  breuuage:  que  c'eftoit  l'abominatiô  qui  a  c-  Matt.14.1j. 
fté  défaite  par  le  Prophète  Daniel:  brefque  c'eftoit  vne  plante  laquelle  n'auoit  efté  plan- 
tée du  Pere  celefte,&;  pourtant  en  brefferoitdefracinee,&:  mifè  au  feu. Parlant  du  Pape,il 
faifoit  comparaifon  de  l'eftat  de  fa  vie,auec  celle  de  Icfus  Chrift.  Iefus  Chrift,  difbit-il,a  e- 
fté  couronné  i'vne  couronne  d'efpinesimais  le  Pape  eft  couronné  de  trois  couronnes.  Ie- 
fus Chrift  a  laué  les  pieds  de  (es  Apoftres-.mais  le  Pape  fait  baifer  &  adorer  fa  pantouffle:&: 
ainfi  au  long  faifoit  antithefc  de  Iefus  Chrift  au  Papcpour  monftrer  qu'il  eftoit  vrayeméc 
Antechrift.Si  on  luy  difoit  qu'il  n  eftoit  qu'vnepoure beftc,&: qu'il  ne  pouuoit  cegnoiftre 
les  fain&es  Efcrituresul  refpondoit,Bien,prenez  le  cas  q  ie ne  fuis  qu'vnc  befte &:  vn  aine:  Rcfponfe  1 
mais  n'auez-vousiamais  leu  q  Dieu  ouuntla  bouche  de l'ancfTe du  Prophète  Balaâ,  pour  r°bicûioa. 
la  faire  parler  contreluy:pouraurant  que  la  chargeant  de  coups.vouloit  prophetizermé- 
fonge  contre  les  enfansdeDieu?SiDieuaouuertlabouched'vnebefte,eftes-vouscll3ahis 
maintenant  s'il  ounrela  mienne,  pour  me  faire  parler  contre  lesfâufTetez  &:menlbnges 
que  vous  fèmez  entre  le  peuple  de  Dieu?  Et  comme  l'afiieffe  parla  à  eau  le  delà  charge,  de  Nom.1x.13 
laquelle  elle  eftoit  moleftee  par  ce  faux-prophete:  au  ffi  maintenant  à  caule  du  pefant  far- 
deau,du  quel  au  paflé  vous  m'auez  chargé  par  vos  traditions, ie  luis  contraint  de  parler. 

Benedictinvs  rinqui(îteurmoine,eftant  venu  à  luy,  fit  cefte  entrée,  Qu'il  eftoit 
venu  pour  le  confolcr ,  &:  luy  annoncer  la  verité:mais  il  eut  fa  refponfe  auffî  toll  •.  Et  con> 
'  SS. 


I>i#ro  VL  Jean  Bafbemllc^j. 

ment  mediriez-vous  vérité,  veu  que  portez  vn  habit  de  menteur?  Ienay  garde  delà  cer- 
Luc<r'44  chercnvousxarnul  ne  peur,  cueillir  des  figucsauxchardons,nidesraifins  auxcfpines.  Il 
refponditainfî,pource  qu'il  portoit  l'habit  de  Moine.  Le  Moine  l'arguoit,  dilànr,qu'ilne 
le  dcuoit  point  iuger.  fy.  Non  non,  cen'cftpasmoy  qui  vousiuge,  mais  la  Paroi  le  de 
Dicu,6c  les  faux  propos  que  tenez  couftumierement .  Iamais  homme  n'accouftra  mieux 
les  Prcftres  6c  Moines, qu'il  falloir, récitant  leurs  mefehancetez  :  6c  leur  dit  vne  fois ,  qu'ils 
fe  dônaifent  bien  garde,qu'cftant  venu deuant  Metïieurs,Dieu  nei'ufcitaft  l'eiprit  de  Da- 
niel en  luy,pour  manifefter  leurs  tromperies,  6c  les  faire  mettre  tous  «à  mort.  A  quoy,  dit- 
il,ie  memployeray  volontiers. ^CommeBencdi£tinus  luy  vouloir  faire  accroire  quelque 
menfongr,il  le  prefTa  de  luy  dire  le  lieu  &:  le  partage  où  cela  eftoit  ci'crit.  Le  Moine  impu- 
dent luy  rcipôdit, qu'il  eftoit  eferit  au  liure  des  Quenouilles. Barbeuille  ne  laifîa  cela  tom- 
ber en  terre,ma:s  lelouuenant  de  ce  que  le  Moine  auoit  dit  au  commencement,  qu'il  luy 
venoit  annoncer  vcrité-.dit,  C'eft  à  ce  coup  que  vous  auez  dit  la  veritéxar  toute  voftredo 
cttine  n'a  fondement  ni  approbation, que  du  Liure  des  contes  6c  fables.  ^11  ne  voulut  ia- 
mais rienadmettre,qu'on  ne  luy  en  donnaft  approbation  parl'Efcriturez&ainfî  refiftanc 
à  leurs  menfonges  6c  traditions,fut  excommunie'  6c déclare'  hcrecique.Or  l'Official  pour 
luy  prononcer lalcntence,luy  commanda  de  femettreà  genoux.  Barbeuilleluydemâda 
s'il  eftoit  Dieu  pour  eftre  adoré. L'Official  luy  rcfpondit,qucc  eftoit  enl  honneuréV:  reuc 
rencedu  crucifix  qui  eftoit  attache' au  deftus  de  luy.Etpourtat,ditBarbeuilk,ien'aygar- 
cweBjr  de  de  le  &ire>car  ie  (erove  idolâtre.  Ainfi  fut  contraint  de  prononcer  la  fentence,  luy  eftat 
bemllc.  debout:dequoy  il  ne  fut eftonné-.mais glorifiât  Dieu,auech3rdien,e,icrefiouiiToitdauoir 
en  cela  tefmoignagcqu'eftantchafte  delà  iynagogue  des  Scribes  6c  Pharifiens,il  eftoit  de 
l'EglilèdelefusChrift. 

Apres  cefte  fentence,il  fut  liure'  au  bras  feculier,&:  amené  en  la  Conciergerie  du  Pa- 
laiSjletroifiemedc  Mars.  Le  fixicme,il  fut  condamné  au  feu  par  ceux  de  la  grand'  Cham- 
bre,aprcsauoir  derechef  refpondu,&:  deuant  eux  ,&:  deuant  les  Docteurs,  vn  bien  long 
temps. On  n'euftfceu  voir  homme  moins  eftonné  delà  mort  qu'il  eftoit.&:  l'ardeur  6c  zè- 
le de  Dieu  s'accroi/foit  en  luy ,  à  veuè  d'oeil  :  tellement  qu'il  n  auoit  iamais  la  bouche  fer- 
mee.Ou  il  inftruifoit  ceux  qu'il  récotroit:  ou  eftat  féulet,i!  ne  ceflbit  de  châter  Pfèaumes, 
fe  refiouiflant.  Eftant  afïis  auprès  de  l'audience,  furie  banc  des  prifonniers ,  attendans 
d'eftreouys^lfetrouua  auprès  d'vn  pourehomme,qui eftoit  acculé  de  larrecin  .11  luy  rc- 
monftra  là  fa  utc,&  l'apurant  de  la  remiffion  de  les  pcchez,leconiblafi  bien,qu'ils'en  aL 
la  auec  vne  (inguliere  repentance  à  la  mort .  Les  malins  ddpircz  de  le  voir  fi  bien  par- 
ler à  ce  poure malfàiteur,&  à  toute  l'afliftenec ,  l'enfermèrent  dedans  vnechambre , qui 
refpondfur  le  preau .  Encore  commençoit-il  d'exhorter  les  prifonniers  qui  font  là  :  iuC- 
quesàcequbn  l'euft  remis  en  vne  chambre  encore  plus  cftroite.  Et  fevoyat  fans  moyen 
d'inltruire^ecefla  de  chanter  Pfeaumes .  Sur  les  onze  heures,  il  futmenéàlachappel- 
le,  pour  attendre  l'heure  du  fupphceroù  il  monftra  fîgnes  admirables  de  (à  confiance.  Fi- 
nalement eftant  embaillonné,fut  mené  à  l'exécution ,  en  la  place  qui  eft  deuât  lhoftel  de 
laville,en  Grcue.lleftoirdit,qu'il(èroitattachéà  vn  pofteau,&:eftranglé  rmaisla  fureur 
du  Peuple  ne  voulut  foufFrir,que  la  peine  fut  ainfi  modérée.  Et  de  peur  qu'on  n'apper- 
ceuft  fa  conftancéen  Ion  vifage,ils  di c.'ferent  fagots  cotre  luy,iufques  au  defTus  delà  tefte, 
&  empefcherenr  le  bourreau  de  J'cftrangler .  Mais  il  nelaiflà  pas  de  monftrcrtefmoigna- 
ges  (uffifansdcl  inuocariondu  nomde  Dieu.  Car  la  corde  qui  tenoitfes  mains  ferrées  fo 
rompit  incontinent  :  &Juy  commença  à  dreflcr  fes  mains  iointes  au  ciel  :  ce  qui  eftonna 
toute  la  troupe  deces  bourreaux.  Ain(i  douccmcnt,&:  iansgrans  lignes  de douleur,com» 
bic  que  la  cruauté  fuit  extreme,il  rendit  Ion  amcà  Dieu.  A  l'heure  mefmcon  pendoit  vn 
voleur  à  la  porte  ùdndt  Iaques,lequclfut  recouru  par  ces  mutins, cependant  que  par  leurs 
fem  blab  les  ceftuv-cy  eftoit  traittéfi  cruellement.  Autant  en  auovent-ils  fait  fur  le  temps 
Meurtriers  fe  ]a  mort  de  Guerimarrachans  des  mains  de  la  Iuftice  vn  meurtrier:  comme  s'ils  euflenc 
voulu  condamner  Iefus  Chnft.&deliurer  Barabbas,pourn'eftrc  veus  moindres  en  la  hai- 
ne del  Euangile,quelepeupledcs  Iuifs. 

POV  R  quelle  occafîon  U  Mercuriale  fi célèbre  fut ctffcmhlec  en  ce  temps  au 
PaAemtnt  de  Paris  ,prefent  O*  inflant  le  roy  Henri  II, 

DES 


recoux. 


EdiS      Chafteati4rian£>.  j  1 6 

v&s*  Es  x  l  v  1 1  .articles  contenus  en  J'Editt  de  Chafteau-briant  cy  de/Tus  mentiônnéV  Ediftde 
§  HfcA  ccux<cy  en  f°mmc  eftoyent  les  principaux:  Que  les  pourueus  d'eftats  de  iudicatu-  ctafte*u* 
£=«3»  ie  feroy en t  tenus  d'apporter  atteftation,  par  laquelle  il  apparoilTe  qu'ils  (ont  en  rc-  briant' 
putation  d'eftre  bons  Chreitiensfii  Catholiques .^Qu'on  informerait  contre  la  négligé* 
ce  des  luges  qui  diffimulent  la  punition  defdits  Luthériens  :&  que  de  trois  mois  en  trois 
mois  es  Cours  l'ouueraines  leroyent  tenues  les  Mercuriales;  elquellesferoitpremiereméc 
traitté  des  affaires  concernantes  la  faindte  Foy  &  Religion  :  fpecialement  pour  purger  les 
fautes,li  aucunes  fetrouuoyent  contre  quelques  vns  delà  compagnie,lbuipeçonncz,&:c. 
auec  pluficurs  autres  articles  fort  rigoureux.  ^"Aduint  qu'après  la  mort  du  fufdit  Martyr 
Barbeuille,reftoyentencores  quatre  prilbnniers  en  la  Conciergerie  du  Palais,  icuneshô- 
mes>&:  en  fleur  daage  :  les  trois  appelans  de  lèntence  de  mort:  le  quatricfme,  du  demeu- 
rant de  la  première  perfecutiô  de  larue  S. laques. La  cognoilfance  de  leurs  procés,venoit 
deuant  laTournelle,combien  que  ceux  de  la  grand'  Chambre  s'en  fuflent  volontiers  fai- 
lîs,&  eftoyent  en  iccllcTourncllepourlors  PreiidésScguicr,&;  Du-harlay^  auec  bon  nô- 
bre  degens,non  ignorans  le  bon  droit  de  la  caufe.Us  auoyent  toujours  différé  de  toucher 
a  leurs  procès,  craignans  de  faire  choie  contre  les  edi&s  du  Roy  pour  eftre  mal  voulus  j  ou 
contre  leur  conicicncc.  Car  ils  les  auoyent  ouy  s  plufieurs  fois,  &c  ne  pouuoy  ent  douter  de 
l'humilité,en  laquelle  ils  leprefentoyent  pour  refpondre.Toutefbis,il  ne  leur  fut  pofti  blc 
de  les  laifTer  fi  long  temps  en  pri(on,contre  la  couftume  de  la  Cour.  A  ufliles  gens  du  Roy 
failbyent  inftanecqu'expedition  fuft  faite  des  prifonniers.Iis  furent  donecontraints  fîna 
lement  d'y  pouruoindeliberez  toutefois  d'eflayer  tous  moyens  de  les  fàuuer.  Et  premiè- 
rement aucuns  les  lbliciterent,entant  qu'ils  peurent,dediiîîmuler,&:  accorder  quelques 
poincts,defquels  ceux  qui  ne  font  encores  bien  inftruits  en  la  religion Chre(liéne,ne  font 
grand'  continence:  mais  il  ne  fut  poftiblc  de  les  y  faire  rien  confentir ,  au  delà  uantage  delà 
vraye  doctrine. Ils  voulurent  donc  y  aller  par  vnc  autre  voye,&  les  interroguer  fimplcmet 
de  la  manducation  du  corps  de  Chrift  en  la  Gene  :  fans  faire  mention ,  ny  de  McfTe,  ny  de 
tranirubftantiation,nidcprel'encecharnclle:ei'perans  bien  par  ce  moyen  les  abfoudrcdu 
crime  de  Sacramentaircs,lur  lequel  les  fentences  de  mort  lefondoycnt  couftumieremet. 
Car  ils  cftoyet  bien  aduertis(pour  les  auoir  ouys  autrefois,  &  autres  prifonniers)  ccftefoy 
eftre  aux  Eglifes  de  Frace,qu'au  Sacrement  le  corps  de  Chrift  fe  reçoit  paries  fidèles,  non 
point  par  imaginatio,  mais  vcritablemét  &  de  faid,  &:  q  les  fignes  ne  font  nuds  &  vuides, 
mais  exhibitifs  de  la  vérité'  d  u  Sacremct.  De  fait,  en  ce  poinct  ils  eurét  ce  qu'ils  elperoyët 
de  ces  quatre:car,oftce  toute  folle  perfualion  de  la  prelènce  corporelle ,  &:  traniîubftatia- 
tiô,s  efforcèrent  de  monftrer  en  toutes  fbrtes,q  vrayemét  les  Fidèles  participent  au  corps 
&  au  fag  de  Chr  ift,pour  eftre  nourris  de  fa  fubftacc  en  la  vieeternelle,&:  ce  par  l'operatiô 
fecrette  du  S.Ei'prir.condânas  tous  ceux  qui  imaginét  les  lignes  eftre  nuds  aux  Sacreraés 
inftituez  de  Dieu^Cefte  Confelïîon  fut  rapportée  à  la  Cour,au  grand  contentement  de 
tous  les  bôs,qui  la  voyoyet  ti  raiibnnable ,  qu'il  lembloit  bien  q  tous  accorderoyét  ladeli- 
urancc-.toutefois  il  s'en  trouua  qui  requirent  qu'on  les  interroguaft  ddTus  laMefTexequi 
nepouuoK  eftre  denic,qu'en  coercuenatau  ftyle  ordinaire  des  interrogatoires.  Orcôbié 
qu'on  euft  péle  par  ce  moye,la  deliurace  dcuoir  eftre  empelchee,tou  tefbis  les  bôs  demeu- 
rerétenleur  jppos  delesdeliurer.  Ils  font  donc  mandez  derechef,  &:  après  auoir  dit  qu'ils 
perfiftoyét  en  leur  première  Confeftîon,on  leur  propofe,q  la  Cour  le  tenoit  bien  côtente 
d'cux,s'ils  vouloyctallerà  laMelTe.Acelales  quatre firétrefpôfe,q  pourrie  ilsnefctrou- 
ueroyet  là,où  Dieu  eft  tant  dcshônoré.Les  autres,afin  qu'il  apparuft,n'y  auoir  en  celle  ref 
pôfe  cholèq.  meritaft  côdânation,leur  dônet  cogé  de  mettre  en  auât  leurs  railbns.Ces  pri 
loniers  nedemandâsautrechofe,nefaillirentde  dépeindre  la  MeflTe  de  toutes  faços,  pour 
môftrer  qu'ils  auoyent  raifon  delà  deteftcr.Car  l'vn  deelaroit  par  oppolition,  combien  la 
Méfie  eftoit  contraire  à  la  Cene.  L'autre  monftroit  que  c'eftoit  blaf'pheme,  de  dire  qu'il  y  UUcffc 
euft  facrifice  propitiatoire  que  la  mort  de  Iefus  Chrift.  L'autre,  quefa  diuinité  &:  huma-  dépeinte  de 
nité  leroyent  anéanties,  fi  l'arricledc  la  tranfTubftantiatîon  (  qui  eft  le  principal  de  toute  ^couleurs 
la  Meflc)eftoit  receu  :  &c  Idolâtrie  d'adorer  le  Tout-puifTant  en  vn  morceau  de  pafte  cor- 
ruptible. L'autre,  que  les  fruicts  du  Sacrement  ne  pouuoycnt  eftre  receus,  là  où  la  parolle 
n'eftoit  coniointe  au  <ïgne,où  l'vn  des  lignes  eftoit  rerrenchc,&:  où  il  n'y  auoit  aucune  cô- 
munion.  Bref,  la  Meftefutaccouftree  de  toutes  fes  couleurs,  auecques  tout  loifir&  har- 
dielfe:  tellement  qu'aucuns  des  luges  eftoyent  contraints  dédire  touthautqu  a  la  véri- 
té il  y  auoit  de  l'abus,  &c  que  c  eftoit  faire  tort  à  l'inftitution  de  noftrc  Seigneur  Iefus 

SS.ii. 


Lime  VI*  Piwf  Çhcuct. 

Chrift,quad  on  priuoit  les  laies  du  calice,qu'vn  feul  faifoitfon  cas  à  part,&  le  tout  en  lan- 
gage non  entendu  du  poure  peuple. lamais  on  n'euft  penfc  qu'vne  Confelfion  fi  francho 
euft  eux  receuë  en  lieu,  auquel  tous  ceux  de  deuant  qui  auoyent  fait  pareille  confèflion, 
auoyent  efté  condânez  à  mort.  Tant  y  a  que  pour  lors,la  vérité  eut  quelque  licuxar  con- 
tre toute  attente,  contre  toute  couftume  précédente,  contre  l'intention  des  principaux 
aduerfaires  de  Dieu ,  il  fut  dit  par  Areft ,  quelque  fentence  de  mort  qui  euft  efté  donnée 
contre  les  trois  par  les  luges  inférieurs,  que  tous  auroyét  leurs  vies  tàuues,  à  la  chargede 
fortir  du  pays  dedans  quinzaine.Cefte  exception  auoit  encores  quelque  rigueur  iniufte: 
mais  ce  n'eftoit  rien  au  prix  de  la  cruauté  qui  auoit  efté  exercée  auparauant  :  &  puis  on 
côfideroit  q  le  bannhTemét  ne  feroit  pok  peine  à  ceux  qui  aufïï  bié  rullent  partis  du  Roy- 
aumc,pour  aller  feruir  Dieu  au  pays  de  plus  grade  liberté. Quoy  qu'il  é  foit,ceci  n'eft  poïc 
aduenu  fans  vn  grand  aduantage  de  la  bonne  caufe,d'auoir  efté  vne  fois  aucunement  ab- 
fous  en  pleine  Cour  de  Parlement:  comme  bien  le  recognurét  les  ennemis ,  voyâs  par  là 
la  porte  toute  ouuerteau  regnede  l'Euangile .  Et  pourtat  ils  mirent  peine  par  tous  moy- 
cns,que  tel  Areft  ne  fuft  ftuui  à  l'aduenir:  raifans  venir  ceux  qui  auoyét  authorité  enuers 
le  Roy  pour  faire  menaces  aux  vns  &  aux  autres.  Finalement  les  Procureurs  &c  Aduocats 
du  Roy  remonftrerent,Si  l' Areft  de  Seguier  eftoit  fuiui,  qu'il  y  auroit  côtrarieté  entte  tes 
Chambres  :  pourec  que  ceux  de  la  grand'  Chambre  auoyent  accouftw  mé  deiugcrà  mort 
ceux  qui  auoyent  efté  abfous  par  ledit  Areft  .Ils  requierét  donequ'on  aduile  à  quel  Areft 
on  fe  doit  tenir,de  peur  que  la  Cour  ne  demeuraftdiuifee.  A  celte  re  quefte  des  Gens  du 
u  nom  de  rov  ja  Mercuriale  fut  aflemblee  le  dernier  Mecredy  d' Aur  il  :  qui  eft  vne  conuoeacion  fo- 
Mcrcurulc  |ennej]c  <jc  toute  la  Cour,pour  confulter  des  chofes  degrande  côfequence,&  qui  ont  be- 
foinduconfeildetous:&rprendfon  nom  du  Mecredy .  Ainii  on  commença  d'entrer  en 
ccftequeftion,&:  depropoferles  aduis:maiscependâtceux  de  la  grand' Chambre,  dcfpi- 
tez  delà  belle  deliuranec  faite  par  ceux  delà  Tournelle,fe  délibèrent  de  combatre  à  ren- 
contre par  contraire  cruautés  enuoyerentàla  mort  vn  poure  vigneron,  nommé  Pierre 
Cheuet,duquel  nous  reciterons  fhiftoire  auant  que  palfer  plus  outre. 


PIERRE    CHEVE  T^eV^c-farif 

C  E  V  X  qui  font  d'aage,à  l'exemple  de  ce  Martyr,  prennent  courage  à  pourfuyure  le  cours  de  celle  poure  vicl 
en  maintenant  la  vérité  de  l'Euaneile  contre  les  cruels  outrages  des  cnnemis-.à  ce  que  finalement  ils  foyeot 
plunoLt  laflei  en  perfccutant,queks  enfans  du  Seigneur  en  fouffrant. 

pierrcChe-  tîSfnifclj-é  N ceperfonnage, cômeen  vndcspluscontcmptibles,la  vertu  de  TEfpritde 
uctadmir*.  |â  laQ&QS  ^icu  s'eft  monftreeadmitable.  C'eftoit  vn  poure  vigneron  natif  de  Ville-pa- 
blcciik  pC  HSÉSto  rifi,lieuquicft  diftantdePaiisenuironcinqlicues,(ui  le  chemin  de  Meaux:&: 
Sjjjjj^j*^^  faifoitlàfarelidence,gagnâtfa  vie  au  labeur  des  vignes.  Son  aage  veno'tà  foi- 
xante  ans  ou  plus,&  de  long  temps  auoit  efté  receu  à  la  cognoifîancc  du  vray  Dieu:  àc  y  a- 
uoit  te  llement  profité,qu'il  lauoit  tout  fon  nouueau  Teftament  fur  le  doigt:mefme délia 
il  auoit  IbufFcrt  pour  cefte  doctrine  vne  autre  fois. Et  prenoit  bien  la  peine  de  venir  de  fon 
village  iufques  à  Paris,pour  eftreinftt  uit  en  l'Eglifeauec  les  autres. 

ArAduétdeNocl  m.d.lvi  1 1  .arriuaau  village  vn  Cordelicr  pour  prefcherdequel  fut 
incontinét  aduerti  de  luy  &c  de  fa  religiô.  Le  Moine  délibère  de  luy  iouer  vn  tour  de  trai- 
ftre,l'inuita  de  le  venir  trouuer,  fous  iè  donner  àentendre  qu'il  vouloitauecluy  cômuni- 
\\a  Cor"  *lucr  ^c  *a  Paro'le  &c  Dieu.Le  bon  home  ne  refufa  point:&  ayât  prins  fon  nouucàu  Tcfta- 
dclicr.  ment  delîous  Ion  bras,Ôc"  vne  douzaine  de  fes  amis  auec  luy,gés  aucunemet  inftruits  en  la 
vrayedodrine,s'en  vint  trouuer  le  Moine.Prcmieremét  le  Moine  deliroit  faire  retirer  les 
autres:mais  il  ne  voulut,difant  q  s'il  auoit  quelque  dô  de  Dieu,  il  en  deupit  faire  part  auûi 
bié  aux  ailtres:&:  parloit  d'vne  telle  haï  dieifcsq  le  poure  Moine  n  oibit  entamer  propos.  A 
la  fin  il  demande  qu'ils  eftoyent  venus  faire  en  lamaifon  .Cheuctrefpond,Il  vous  plaira 
de  nous  dire  fi  Ielus  Chrift  eft  feul  Sauueur,où  iï  nous  en  deuôs  cercher  d'autres. Le  Moi- 
ne incontinent  les  renuoyc  aux  Sain&s,  aux  ceuures&traditiôs  des  homes, par  ld^uelles 
onpenlèacquerirfalut:mais  Je  bon  home  eur  incontinét  ouuert  fon  nouueau  Tcftamét, 
&:  réuerla  la  belle  refponlèdu  Moinepar  palTages  infinis, lefquels  il  lifoit,ou  faifoitlireen 
fa  pief  encc.Melmes  eftans  tôbcz  deiius  le  Sacrifice  delaMeiTe,lc  x  x  .chap.auxHcbr,iuk 

ques 


P  terre  (heuet.  //> 

ques  àla  fin  <Ju  dixicfmefùt  lcu,  au  grand  regret  du  frère  frappait ,  qui  ne  fâuoit  que  direî 
tellement  que  de  delpit&  de  rage  il  s'en  va  au  Chaftcau  vers  la  Dame  du  village:&  fait  tac 
quelle  cnuoye  quenr  Cheuet  pourl'arrefter  prifbnnier .  Lequel  ne  fît  refus  d'y  aller  :&fc 
prefentafranchement  à  celuy  qui  auoit  charge  de  luy  faire  le  mandement.  La  Dame  de 
Ville-pariiil  ayant  ouy  en  la.prefence  defes  Damoifelles,  furies  aceufacionsdumoine  le 
retint:&:  auiïi  arriua  à  l'heure  vn  homme  deluftice  auec  le  Greffier  du  village. deuant  les- 
quels il  fit  ample  Confefiion  de  fa  foy  :  û  bien  que  le  lendemain  il  fut  enuoyé.à  Paris,  aux 
prifons  du  Chaftelct. 

Pi>x  ou  douze  iours  après  il  fur  prefenté  au  Lieutenant  criminel,portanttoufîours  a- 
uccfoy  ion  lipuucau  Teftamét  pour  la  dt  fenlcdequel  il  aduoua,&  dit  qu'il  le vouloit  fbu- 
fteniriufques  àla  mort.  Et  après  auoirrcfpôdu  furies  poin&s  côcenus  en  fon  procès  tou  f- 
iourschreftiénemét,tutréuoyédeuâ^rOl^^ 

ceftuy-cinevoulutrefpondre,  difant  qu'il  nclerecognoifibir  pour  fon  luge.  Èt  déclarant 
qu'il  appeloitdeluy,cômcd'abus,futmenécn  la  Conciergerie  auec  Barbeuille.  Ceux  de 
la  grand'  Chambre  fouirent  côfefler  noftre  Seigneur  Iefiis  Chrift  :  &:  m  écrans  lbn  appel  à 
neanc,lerenuoyerent  encores  deuers  l'Official  :  6c  fut  interrogué  deuant  luy  par  diuerfès 
fois:&:  le  porta  conftâment  îufques  àla  finrde  forte  qu'il  fut  condané  hérétique.  Eflâr  en- 
quis  qu'il  croyoit  de  la  Mefîerdemanda  fi  elle  cftoit  côtenue  au  nou  ueau  Teftamét.L'Of- 
ficial  côuaincu  de  la  veri té,refpôdit  que  non.DonqueS)dit-il,ie  nela  croy  pas.  Et  mettoic 
làtoute  fadefenfc:  remonftrantqucles  homes  n'y  pouuoyentadioufterny  diminuer .  Et 
que  fi  vn  Ange  du  ciel  luy  annonçoit  autre  chofe  que  ce  qui  eft  là  efcrir>il  ne  le  croirait  ia- 
mais,ains  luy  ieroieen  exécration. Que  Dieu  auoit  fait  fon  Teftamét:&  quoy  qu'on  y  ad- 
iouftaft,on  n'en  (eroit  iamais  aduoue.  Et  là  deflus  recita  vnefimilitude de  ce  qui  lui  eftoit 
autrerbisaduenu:Quand,dit-il,mon  pere&:  ma  mère  allèrent  de  vieà  trefpas,ils  m'ordô- 
nerct  exécuteur  de  leur  teftamenc.  I'accôpli  leur  volonté,  &  fi  beaucoup  dauâtage  qu'ils 
n'auoyent  ordonné.  Mais  deumez  quand  ce  vint  à  rendre  conte  à  mes  cohéritiers,  s'ils  en 
aduouerent  iamais  rien,&:  s'ils  en  von  luret  iamais  rien  croire?  Ainfi  necroiray-ie  point  ce 
oui  aura  efté  adioufte  au  Teftamen  t  de  mon  Pere&  Sauueur.  Interrogué,veu  qu'il  eftoit 
vigneron, cornent  il  iauoit  tant  de  choies.  ^.  Il  eft  eferit ,  Ils  feront  tous  inftruits  de  Dieu.  Efaicj^ 
Pourquoy  neiauroy-iece  qui  appartiétà  mon  (alut>  quand  i  ay  vn  i\  bon  Do&eur  l'Eiprit 
de  Dicuf  D.  Ofes-tu  direqu'ayes  l'El'pricdeDieuîÇi.IefuisdesenfansdeDieu,&:  fElprjc 
de  Dieu  m'eft  donné  pour  eft  i  claire  de  mon  adoption.il  luy  dit,  qu'il  fe  mettroit  en  dan- 
ger d'eltre  bruflé.ll  fît  refponfc,qu'il  n'en  actendoit  pas  meilleur  marché  :  Se  encore  qu'on 
le  deuft  eicorcher  tout  vit ,  toutefois  on  ne  luy  feroit  renocer  Icfus  Chrift.  Caril  eft  eferit: 
Quiconques  me  confefie:a,&:c.  On  luy  demada,veu  qu'il  y  auoit  trois  ans  qu'il  eftoit  ex- 
jcommuniéjVilnefc  vouloit  pas  faire abibudre,feconfefler&:receuoir pardon.  Jji.Ieme 
confefleà  mon  Dieu  tous  les  iours.  Au  refte,  où  eft  c#beau  pardon  nn  eu  r  qui  entreprend 
de  pardonner?  L'Official  print  la  parolle,difànt,quec  eftoit  luy.  Etpourehomme,dit-iIi 
vous  auez  allez  à  faire  à  vous  fau  uer,&  vous  voulez  fauucr  les  autres?L'Official  fèfentanc 
piqué,le  menaça  <Je  le  faire  demeurer  longtemps  en  prtfbn.Non,nonidic-il,medcuffîez- 
vous  fairepourrir  en  vos  prifons,û*  ne  changeray-iq  iamais  dé  propos. 

L  h  1 1 .  de  Mars  il  fut  prelèncé  à  l'Official  pour  receuoir  fentence  :  &:  commanda  ledit 
Officiai  qu'il  fe  miftà  genoux,côme  il  auoit  fait  à  Barbeuille.  Non  feray,dit  Cheuet,car  il 
m'eft  défendu  d'ado  rei  la  creatu  re.  L 'autre  le  prelîa:&:à  la  fin  il  dit,  le  le  feray  pour  l'hon- 
neu  r  de  Dieu,&:  non  point  pour  l'amour  de  vous.  Lors  luy  fut  prononcé  lafentéceen  La- 
tin.Et  le  vigneron  nullemétefriavéluydit,Monficur,dites-laenFraçois,ien'enten  point 
Laiin.  L'OtficialJcdiquctu  eshe  etique&fchifmatique.  Le  vigneron,  Il  n'eft  pas  vray, 
car  ic  croy  mieux  en  Dieu  que  vous  nefaites .  Et  ainfi  qu'on  le  tiroit  du  parquet ,  dit  tout 
Jiaut,  Voici,Sc  igneur  Dicu,:e  te  ren  grâces  qu'auiourdliuy  ie  fors  hors  de  la  iynagogue  Je 
Satan fins  receu  en  ta  grande 2>c  triomphante  Eglife.  Quclqu'vn  luy  dit, Au  fèu,aufcu. 
&ilrefpondit,  Gardez  le  feu  éternel  qui  ne  s'efteint  point. 

Le  ii  i  i. de  Mars,  il  flit  huré  au  bras  {êculier,&:  mené  en  la  Conciergerie.  Etapresa- 
uoir  &C  deuant  les  Inquiiiteurs,&;deuant  ceux  delà  Chambre,  perfeuere  en  la  confeffîon 
de  rEùangile,futpareux-mefmes  condamné  à  la  mort  du  feu.  C'eftoitvn  petit  bon  hom- 
me autant  ardantdezcle  que  rien  plus.  Il  necerchoit  que  les  occafionîdemanifefter  no- 
ftre Seigneur  Icfus  Chnft.S'ii  eftoit  en  prifo  auec  d'autres,  il  ne  tafehoit  qu  a  les  inftruire. 
S'il  eftoit  côduit  par  les  Geoliers,il  ne  tenoit  autre  propos  q  de  la  parole  de  Dieu.  Vne  rois 

SS.iii. 


LiurCj  VI.  nAJfernblecj  des  Minifircs  deu  France^ 

?«a  nou-  attendant  qu'on  le  fift  entrer  dedans  le  parquct,oùeftoyét  Tes  Iiiges,ilfàifoit  fa  prière au- 
Wc.  prcsd'vne  muraille.  Vnevieillelui  dit,Et  que  ne  vouseftes-vous  mis  deuantceftcimageî 
&:  îlrefpondit, Pource  que  ie feroye  idolâtre:  car  il  eft  défendu  d'adorer  les  images.  Et  fur 
ce  expofa  le  commandement  de  Dieu  contre  l'Idolâtrie,  en  la  prefenec  de  beaucoup  de 
gens:fi  bien  qu'ils  s'efcrierenr,Si  on  le  vouloir  efcouter,il  conuertiroit  toute  la  ville  de  Pa- 
ris. Les  tefmoignages  de  l'Elcrituré  ne  lui  manquoyent  aucunement  en  toutes  fcsrcfpô- 
fes.  Toutefois  nous  les  auonsobmis,  de  peur  d'eftre  trop  longs:  ayans  cependât  extrait  ce 
que  nous  auons  dit  de  fes  Confeifions,  eferites  de  fa  main. 

O  r  combien  qu'en  tout  &:  par  tout  il  donnait  des  enfèignes  d'vne  crainte  de  Dieu  fin- 
guliere,&:  de  fafoy  iufques  à  conuaincre  les  ennemis:toutefois  pource  qu'il  ne  vouloit  pas 
receuoir  le  menfonge,  au  lieu  de  la  vérité  de  leius  Chrift,  il  fut  enuoyé  mourir  en  la  place 
Maubei  t.Ec  fut  traitte  encores  plus  cruellement  que  pièce  des  autres.  Car  la  charge  del'- 
execution  fut  donnée  à  vn  bourreau  de  Cour  le  plus  cruel  &  le  plus  barbare  qu'on  vit  on- 
ques.  Il  luy  mit  vn  bâillon  fi  eftroit,  qu'il  eftoit  t  out  difforme ,  &c  ne  ceflbit  de  le  batrede 
coups  de  poing ,  voyant  qu'il  ne  vouloit  eleouter  vn  prellre,  qui  lui  vouloit  faire  bailer  v- 
ne  croix:  lequel  aufîî  aidoit  au  bourreau,loutrageant  de  coups  de  pieds.Ce  bourreau  s'en 
Surrttu^  a^°*1  diiat,qu'il  letraitteroit  plus  cruellemét  q  iamais  hômenefut:&:  n'efpargncroit  tou- 
tes les  cruautez  qui  furent  iamais  en  bourreau. Eftatarriué  auprès  de  la  potéce,il  ne  print 
pas  la  peine  de  defeédre  ce  poure  hômc,mais  le  ictta  du  haut  du  tôbcreau  en  bas ,  la  telle 
deuant:  &:  letint  vn  long  téps  en  l'air  iufques  à  ce  qu'il  fut-expiré .  Cependât  contre  cefte 
cruauté  il  combatoit  d'vneconitâcemerueilleufe.  Ainfi  qu'on  le  defpouilloitilcrioitin- 
telligiblemét,Et  que  ie  fuis  heureux, Et  que  ie  fuis  heureux,Quc  ic  fuis  heureux .'  &c  auoit 
touiiours  la  veuè  tendue  au  ciel.  Tout  ce  peuple  infidèle  crioit  que  c'eftoic  le  plus  obftiné 
le  plus  mefehant  qui  fut  iamais  veu:  donnant  bien  à  entendre  à  ceux  qui  fàuent  que  c  eft 
de  confiance,  que  celle  de  ce  Martyr  eftoit  nompareillc. 

T  O  V  C  H  ^4     T  y  ne  ajjèmblee  des  Miniftres  de  France  tenue  ké 
Paris,  pour  cftakhrvn  ordre  Ecclejîafticjue. 

A  CourdeParlemét  eftant  empefehee  à  la  pourfuitte  deleurafTemblce  Mer- 
curiale ,  les  Eglitès  fonr  de  leur  cofte'  tout  deuoir ,  d'afTcmbler  les  Miniftres  de 
France  en  la  ville  de  Pari$,pour  cftablir  vn  ordre &c  police  Ecclcfiaftiquc.  On 
y  dreda  la  Confeifion  defoy,à  laquelle  toutes  les  Eglifes  fe  tiendroyent.  Là  fu- 
rent au fliarreftez  x  l  i  i. articles  concernas  la  difeipline  Ecclefiaftique:  defquels(pour en 
informer  les  autres  Eglifes  )  il  eft  expediét  d'en  faire  ici  vn  îbmmaire recit:Qu.'cn  premier 
E^uiiité.    lieu  nulle  Eglife  ne  pourra  prétendre  principauté  ou  domination  fur  l'autre.  Qu'vn  Prcfi- 
Vn  Prcfidét  Jcnt e n  chacun  Synode  ièra  efleu  d  vn  corn mun  accord  pour  prefider  au  CoIloque,&  fai- 
re ce  qui  y  appartienr.Et  finira  h  dite  charge  a  uec  chacun  Synode  &c  Concile.  ^Queles 
Vq  Ancien  Miniftres  amenerot  aueceux  au  Synodechacun  vn  Ancien  ou  Diacrede  leur  Eglife,  ou 
n"iSc.C  ^  plufieurs,  lefquels  auront  voix.  Qués  Conciles  généraux  afîemblez  félon  laneceffité  des 
Ccnfurc    Eglifes, y  aura  vneCenfurede  tous  ceux  qui  y  affilieront,  amiable  &:  fraternelle:  apresla- 
quelleferacclebreela  Cene  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift .    ^Que  les  Miniftres, &vn 
Ancien  ouDiacrepour  le  moinsdechacuneEglifeou  Prouince,s'aiîemblcront  deux  fois 
L'elcctiôde  lannee.^Que  les  Miniftres  ièrontefleus  au  Con l\ {'toi reparles  A  nciens&:  Diacres:  &:fc- 
Miruftrcs.   ront  preientez  au  peuple,par  lequel  feront  ordonncz:&  s'il  y  a  oppolition,cefera  au  Con- 
fiftoire  delà  iuger:&:  au  cas  qu'il  y  euft  mefeontentement  d'vne  part &d'autre,que  le  tout 
fera  rapporté  au  Concile  prouincial:  non  pour  contraindre  le  peuple  àreceuoir  le  Mini- 
ftre efleu ,  mais  pour  fa  iuftification  .    ^Que  les  Miniftres  ne  feront  ertuoyezdes  au- 
tres Eglifes  fans  lettres  authentiques,  &:  lans  icelles  ou  deuëinquifition  ne  feront  receus. 
Signer  U    ^Quc  ceux  qui  feront  edeus,  figneront  laCônfeifion  defoy  àrreftee  tant  aux  Eglifes,auf- 
dc7ofcflî0n  9uc^es  ^s  auronc  et  c^  efleus,que  autres  auxquelles  ils  icront  enuoyez.  Et  fera  l'élection  cà 
cioy'      firmee  par  prières,  &  par  impofitiô  des  mains  des  Miniftres,  (ans  toutefois  aucunefuper- 
frition.^Q\ielcs  Miniftres  d'vne  Egl  lie  ne  pourront  prefeher  en  vne  autre,fans  le  confen 
Election,    tementdu  Miniftred'icelle,ou  du  Confiftoireen  fon  abfence.  ^Celuy  qui  aura  cfté  efleu 
à  quelque  miniftere,(era  follicité  &c  exhorte  de  le  prendf  e,&  non  toutefois  cotrainft.  Les 
Miniftres  qui  ne  pourront  exercer  leur  chargeaux  lieuxaufqucls  ils  auront  efte  ordônez, 
Caufcs  de   ^ilsibnt  enuoyez  ailleurs  par  l'aduis  de  l'Egliic,&  n'y  veulent  aller,  diront  leurs  caufes  de 
refus  au  Confiftoire;ÔcJàilferaiugé  fi  elles  feront  reccuablcsr&û  elles  ne  le  font,3c  qu'ils 

perfi- 


Zûtért  ordres  Eccleftafiiqiitïf.  Jr  S 

perfiftent  à  ne  vouloir  accepter  ladite  charge ,  en  ce  cas  le  Concile  prouincial  en  ordône- 
ra.  Celui  qui  feferoitingeré,encorcs  qu'il  ruftapprouué  de  fon  peuple,nc  pourra  eftreap 
prouué des  Miniftres prochains,  ou  autres,  s'ilyaquelqucdifFerétfurlbn  approbatiô  par 
quelque  autre  Eglife:  mais  deuant  que  paflfer  outre ,  le  pluftoft  que  fàke fe  pourra,  fera  af- 
fembléleCôcile  prouincial  pour  en  decidsr.  Ceuxquifontefleus  vne  fois  au  miniftere  JJjjj^^ 
delà  Parollc,doiucnt  entendre  qu'ils  font  efleus  pour  eftre  Miniftres  toute  leur  vie .  Et 
quant  aceux  qui  l'ont  enuoyez  pour  quelque  temps ,  s'il  aduient  q  les  Eglifes  ne  peuiTent 
autrement  pouruoir  au  troupeau,  ne  leur  lera  permis  d'abandonner  f  Eglife  pour  laquel- 
le IcfdS  Chrift  eft  mort.    Pour  caule  de  trop  grande  perlècutionjon  pourra  faire  châge-  Ch*2g«* 
ment  d'vneEglùc  à  autre  pour  vntcmps,duconfentemcnt&:aduis  des  deux  Eglifes.  Se 
pourra  faire  le  femblable  pour  autres  caufes  iuftes  rapportées  &:  iugees  au  Synode  prouifl 
cial.    Ceux  quienièigneront  mauuaifedo&rine,& après  en  auoir  efté  admonneftez  ne  Depofidoo; 
s'en  dehfteront:Ccux  aufiî  qui  leront  de  vie  fcandaleufc,meritans  punition  duMagiftrat, 
ou  excommunication, ou  leront  defbbeuTans  au  Conûftoirc,  ou  bien  autrement  infuffi- 
fans,lcront  dcpofez-.exceptcz  ceux  qui  par  vicilleiTe,maladie,ou  autre  tel  inconuenict  fe- 
royent  rendus  incapables  d'adminiftrer  leur  chargeraufquels  l'honneur  demourera,&:  fe- 
ront recommandez  à  leurs  Eglifes  pour  les  entretenir,&  fera  vn  autre  leur  charge.  Les 
vices  Icandaleux  &c  puniiTabJes  par  le  Magiftrat ,  reuenans  au  grand  fcandale  de  l'Eglife,  ^^"^ 
commis  en  quelque  temps  que  ce  foit,lors  qu'on  eftoit  en  ignorance  ou  après ,  feront  de- 
pofer  le  Miniftre.Quant  aux  autres  vices  moins  fcandaleux,ils  feront  remis  à  la  prudence 
&  iugement  du  Concile  prouîncial.    La  depotition  fefera  promptement  par  le  Confi- 
ftoire,au  cas  de  vices  enormes,appelez  deux  ou  trois  Pafteurs  :  Et  en  cas  de  plainte  du  tef  l^^J^ 
moignage&  calomnie,lefai&feiaremis  au  Concile  prouincial.    Ne  leront  lescaulesde  uon. 
la  depoûtion  déclarées  au  peuplcû  la  necefûré  nele  requiert,de  laquelle  le  Conûftoirc  iu 
géra.  Les  A  nciens& Diacres  font  le  Sénat  de  l?Eghfc,auquelfedoiuetprcfenter  les  Mi-  jjJTaerE- 
niftrcs  de  la  Parolje .  L'office  des  Anc  iens  fera  de  faire  aftembler  le  peu  ple,rapporter  les  Anciens, 
fcandalesau  Conàftoire,&  autres  choies  fcmblables,  félon  qu'en  chacune  Eglife  il  y  aura 
vncformecouchceparefcntUclonlacirconftanccdeslieux&destcmps.  Et  n'eft  l'office 
des  Anciés,comme  nous  envions  à  prêtent  perpétuel .     Quataux  Diacres,  leur  charge  Ducm* 
fcradcvifiterlespouresjlesprifonniers,^:  les  malades,  Se  d'aller  par  les  maifonspourcà- 
techifer.    L'office  des  Diacres  n  cft  pas  de  prdeher  la  Parollc,ni  n'adminiftrer  les  Sacrc- 
mens, combien  qu'ils  y  puuTent  aider ■:  &c  leur  charge  n'eft  perpétuelle,  de  laquelle  tou- 
tefois eux  ne  les  Anciens  nele  pourrôt  de  partir  fans  le  congé  des  Eglifes .  En  l'abfence  du 
Miniftr6»ou  l°rs  qu'il  fera  maladc,ou  aura  quelque  autre  neccfûtéje  Diacre  pourra  faire 
les  prieres,&:  lire  quelque  paiTage  de  l'Elcriture/ans  forme  de  prédication.  ^Lcs  Diacres  J^jf0* 
&  A  neiens  feront  depofez  pour  les  m  efmes  caufes  que  les  Miniftres  de  la  ParolJe  en  leur  iceia* 
qualité,ÔC  ayans  efté  condamnez  par  le  Conûftoire,s'ils  enappellent,  feront  fufpédus  iui- 
quesàcequil  en  foit  ordonné  par  le  Concile  prouincial.  Les  Miniftres  ny  autres  de  l'E- 
gjife,  ne  pourront  faire  imprimer  liures  compofez  par  eux  ou  par  autres  touchant  la  Reli-  Uuns  *  'm 
gion,  ni  autrement  publier,  fansles  communiquer  à  deux  ou  trois  Miniftres  delà  Parolle  pmner' 
non  fufpe&s.f  Les  hérétiques, les  contem  pteurs  de  Dieu,  les  rebelles  contre  le  Confiftoi-  Hcredquc*: 
rc,les  traiftres  contre fEgIife,ceux  qui  font  attaints  &c  côuaincus  de  crimes  dignes  de  pu- 
nition cor  Dorelie,&:  ceux  qui  apporteroyent  vn  grand  fcandale  à  toute  l'Eglife,  lêront  Eicommii- 
du  tout  excommuniez^  rerrenchez ,  non  feulement  des  Sacremens ,  mais  auffl  de  toute  w«p«»Wi- 
Tàuemblee  Et  quant  aux  autres  viccs,ce  fera  à  la  prouidéce  dclTEglife  de  cogrioiftre  ceux  <*ucmeQ* 
•quideuronte/he  admis  à  IaParoîle,aprcs  auoir  efté  priuez  des  Sacremens.  Ccuxquiàu- 
ront  cft-p  excommuniez  pour  herefie,contcmncment  de  Dicu,lchifme,trahifon  contre  1'- 
Ëglifcrëbellion  à  icellé,^  autres  vices  grandement  feandakux  à  toute  l'Eglifc, feront  dé- 
clarez popr excommuniez  au  peuple>auecles  caufes  de  leur  excommunication. Qiiant  à 
ceux<jwi  aufoyent  efté  excQmmu  niez  pour  plus  légères  caufes,  ce  fera  enla  prudence  de 
fEgliiq  4  adwifer  §  cUeleç  deura  rnanifefter  au  peuple  ou  non ,  iufques  à  ce  qu'autrement 
«n  foit  o^fini  par  le  Cocilegencrai  enfuiuant.    Ceux  qui  auront  efté  excomuniez  vien- 
drppt >u  Çpnliftoire  demander  d'eftre  reconciliez  à  l'Eglife^Uquclle  les  iugerade  leur  rè-  ^concilia 
pehtànce.  S'îls  ont  efté  publiquemët  excom muniéz,  ils  feront  auftï  pénitence  puplique.  al  Eglife* 
S'iîjc  ont  point  cftç  publiquement  excomtnunièz,ils  la  feront  feulement  dcuantJeCon- 
fiftpirc.    Ceux  qui  àurpnt  fait  abnégation  cnpcrfecution ,  neferont  pointàdmis  en  l'E-  Àbncgatie* 
glifcjûnon  en  faifent  pénitcneepublique  deuant  le  peuple.En  tçnips  d'afpre  per&cutioni 

SSàiii. 


VL       Synode  des  Miniftres.    ^Mercuriale fourfmuicjl 

ou  de  guerre ,  oudepefte,ou  famine,  ou  autre  grande  afflidion.  Item  quand  on  viendra 

eflire  les  Minières  de  la  parolle,&:  quand  il  fera  queftion  d'entrer  au  Synode ,  l'on  pourra 

dénoncer  prières  publiques &:  extraordinaires ,  auec  iufncs ,  fans  to  utesfois  (crupulc  ny 
Mariages,  fuperftition.  ^  Les  mariages  feront  propofczau  Confiftoire,  où  fera  apporté  le  contrat 

du  mariage  pafTé  par  Notaire  public, &ferôt  proclamez  deux  fois  pour  le  moins  en  quin- 
ITpoufaillcs  zeiours:apres  lequel  temps  le  pourront  faire  les  eipoufaillcs  en  l'aiTemblee.  Et  ceft  ordre 
D'cnr  i  ne  fera  rompu  finon  pour  grandes  caufes,defquelles  le  Confiftoire  cognoiftra.  ^Tanc 
ftreiy^1    les  mariagcs,queles  Baptefmeslcrontenregiftrez&:  gardez  foigneufement  en  VEglifè,  a- 

uec  les  noms  des  pères  &:  mères  &c  parrins  des  enfans  baptifez .  ^  Touchant  les  confan- 
.  guinitez &affinitez,  les  fidèles  nepourront  contrader  mariage  auec  perfbnne,  donc 
nitez.  ^  grand  fcandale  pourroit  aduenir,  duquel  l'Eglifc  cognoiftra.  ÇLcs  fidèles  quiaurovenc 

leurs  parties  conuaincues  de  paillardife,feront  admôneftez  de  fc  reunir  auec  elles:s'iis  ne 
PaiUardife.  je  veuient  faire,on  leur  déclarera  leur  liberté  qu'ils  ont  par  la  parolle  de  Dieu, mais  les  E- 

glifes  ne  difîbudront  point  les  mariages,  à  fin  de  n'entreprendre  fur  l'authoriré  duMa- 

giftrat.  ^Les  ieunes  gens  qui  fout  en  bas  aage  ne  pourront  contracter  mariage  fans  le  cô- 
Côfeotemét  lentement  de  leurs  pères  &;  meres:  toutesfois  quand  ils  auroyent  percs  &c  mercs  tant  def- 
deParcn».  rajfonnabIcs,  qu'ils  nefe  voudront  accorder  à  vne  choie  (ainetc  &c  profitable,  ce  fera  au 

Confiftoire  d'en  aduiler.  ^Les  promeilès  de  mariage  légitimement  faides  ne  pourront 
Promcfles  eftre  diflbultes,non  pas  mefmes  du  confcntcmcnc  mutuel  de  ceux  qui  les  auroyent  fai- 
legiiimo.        <kfquelles  promcneSjfi  elles  font  légitimement  faides ,  fera  au  Confiftoire  d'en  co- 

gnoiftre.CNulleEglifene  pourra  rien  faire  de  grande  confcquencc,où  pourroit  eftre  cô- 
AduudcCô  pris  lnitereft&:  dommage  des  autres  Egliiesjfansladuis  du  Concile  prouincial,s'ilcft  pof 
o>  prouio-  fibledera(lcmbler:&  fi  l'affaire  la  preïToit,elle communiquera  &  aura  laduis&confen- 
^  tement  des  autres  Églifès  de  la  Prouince,par  lettres  pour  le  moins.  ^"Ces  articles  qui  font 
i  ici  contenus  touchant  la  difeiplinc,  ne  font  tellement  arreftezentre  nous ,  que  fi  l'vtilité 
L'ytitité  'de  derEglifelercquiert,ilsnepuifrentcftrcchagez:maisceneferaenla  puiflaneed  vnpar- 
rÈgWe.     tjcuiicr  de  ce  faire,fans  l'aduis  &  confenrement  du  Concile  gênerai.  Ainfi  figné  en  l'ori. 

ginal,  François  de  Morel,cfleu  pour  prefider  au  Synode  au  nom  de  tous.  Faictà  Paris  le 

xx  v  1 1 1  •  de  May  m  .  d  .  i 1  x.  du  règne  du  roy  Henry,  l'an  x  1 1 1 . 

L  *A  prefence  du  roy  Henry  1 1.  non  attendue  à  la  foutfuitte  de  la  MercurialeyCaufetevtprj/bnnemei 
de  m]  a  n  n  e  pv  bovrg  ,  &  £**trcs  Co»fetîlicrs  dp  Parlement. 

E  pendant  la  Mercuriale  cômencee  en  laCour  du  Parlementfecôtinubit,  non- 

 jobftât  la  mort  de  ces  Martyrs:&  chacûCÔfeillicr  difbit  fon  àduis  librernétîvn  après 

rautre,comme  l'on  a  acebuftumé  de  faire  en  telle  afTemHcc-  Hy  cneutplufîeuts  qui  di- 
rent que  fûyuant  les  Conciles  de  Confiance  te  de  Bafle  ,ilfalloit  affcmbler  vu  Concile 
pou  r  extirper  les  erreurs  qui  pulluloyent  en  l'Eglife:  &:  à  celle  fin  requérir  le  Roy  qu'il  luy 
pleuft  procurer  vn  Concile  gênerai  de  libre ,  conformément  à  ce  que  le  premier  article 
du  traidé  de  la  paix  nagueres  fâit,  portoit;&  cependat  faire  cefTer  les  peines  càpitàîes  or- 
données pour  le  fàitdelaRëligfon.  Les  vnsenmiuans  ceft  aduis ,  opinoyent  les  peines  de 
ceux  qu'on  nomme  Luthériens  deuoir  eftre  rabaiffecs  à  vn  fimple  banniflement,! liriuant 
Diuersad-  1  Aireft  de  Seguier.  Lçs  autres,qu'il  falloir  premièrement  fçauoir  fi  ceux ,  qui  pat  cy  de- 
uil des  cô.  nant  ont  efté  condamnez  à  mort,  font  herctiques,auant  qu  arreftet  fentencéde  punitio 
Pari"^  aucuneafencontre.  Q^uelintention  duRoy  cftoitbien  que  les  hérétiques  f£jufrriati- 
ques  fufTént  punis  :  maisc  cftoit  à  la  Cour  de  iuger  fi  ceux-ci  font  coulpablés  &<?  ce'crime. 
Carccpoindn'eftoitencoresbienvuidé.  Pour  ce  faire  qu  il  eftoit  bÔ  d'ehùoyer  deuers 
le  Roy,&  fupplier  fa  Maiefté  d'y  entendre»,  &  faire  afifembler  vr  bon  Concile,  ûù  cela  fuft 
decidé,felon  ce  qu'il  auoit  ddîa  promis  au  premier  article  delà  paix  dernièrement  faite 
auec  le  Roy  d'Efpagrtc.  Les  autres  palïbyent  plus  outre:  &  terrioriftroyent  qu'il  nV  auoit 
^erfonnequine  vilt  les  grands  abus  qui  eftoyent  entrez  en  ïa^hreftientë,  &  le  befbin 
qu'il  y  auoit  d'vne  bonne  refôrmatiomlaqUcllc  deuoit  cftrè  prifede  la  parolle  de.  Dieu  feu 
lemcnt,fans  plus  s'arrefter  ny  aux  couftumes,ny  àranciçnnetcl,  nV  au  dire  de^riornme's. 
Iuger  ainfi  à  la  voilée  ceux  qui  ne  fc  voudroy  ent  accorder  à  tous  erreurs  que  maintiertnet 
aucuns  pour  le  profit  qu'ils  en  rcçoiucnt ,  ccfcrwt  fe  mettre  c4  danger  de  iuger  les  inno- 
ccns.Quc  ceux  qu'on  periecuteauiourd'huyriefbnt  poirit  deftituezde  raifons  >&  s  arre- 
ftent  à  la  parollede  Dicù>Sc  amènent  d 'iceHc  chofes  non  irripertihêtes  pout  fe  défendre. 
S'ilcftquéirion  du  Purgatoire,  ilsoppofchtque  rEfcriture  ne  parie  d'autre  Purgatoire, 

que 


quedufagie  Iefus  Cht&i  Sidcia  pricrcacaei'inuôcatiô  des  Samds qui  font  trefpancz, 
ils  amènent  irencontrr,  fif  le  commandement  d'inuoquer  vn  feul  Dieu,  par  vn  fcul  Mé- 
diateur Iefus  Gfarift ,  &  les  promefles  d'élire  exaucez  par  ce  feul  moyen .  Et  ainû  du  reft  e. 
Quant  à  leur  vie  on  n'en  peut  mal  parler .    La  Cour  les  auoit  veus  deuant  fesyeux  prier 
Dieu  d'vne  afFe&ion  ardente:&  leureonftance,airez  cognuc  de  tous,  rnonftroit  bié  qu'ils 
ne  font  û  abandon  nez  de  Dicu,côme  on  eftime. Pour  faire  court,la  plufpart  ou  mirigeoy- 
ent  la  peinc,ou  les  abfoluoyenc  du  tout:&:  fembloit  que  la  caufe  de  noftre  Seigneur  Iefus* 
condamnée  défia  par  fi  long  temps  fans  aucune  audience,  deuoit  celte  fois  obtenir  quel- 
que fentenccàfon  profit.  Il  y  en  auoit  peu  quifiuTent  d'aduis  de  retenir  la  cruauté  accou- 
ftumee.  ^ Deux  des  premiers  6c  principaux  du  Parlcmét,bien  fafchcz  de  ce  qui  fe  fàifoit, 
&craignans  que  les  opinions  des  autres  ne  Vcmportaifent,  ièdeliberent  de  mettre  em-  Les  tueur: 
pefchcment  àla  conclufion.  Vn  principalement^ui  eftoit  dcfpit  des  reproches  à luy  faits  Ç** 
îiir  l'expédition  des  procès  de  ceux  qui  auoyentfaitle  meurtre  a  fainct.  Innocent(dont  cft  innocau 
parlé  ci  deiîus)ayan  t  eflargi  contre  tout  droit  ceuxqui  s'eftoyent  m  cfme  glorifiez  d'auoir 
baillé  les  coups,aduertit  de  ce  les  plus  gras  qui  eftoyéYà  létour  du  Roy.Entre  autres  cho 
fes,quccedonton  auoit  long  temps  douté,  au*àuoir,que  plufieurs  Confeillers  de  ladite 
Coût  fuient  Lutheriens/e  defcouuriroit  bien  maintenât,  bc  quefi  lentreprinfe  de  cefte  Le  Koy  «ft 
Mercuriale  n  eftoit  rompue,  que  toute  l'eglifes'en  ailoic  perdue  fans  efperance  aucune.  opSmM- 
Que  c  eftoit  horreur  douir  aucuns  d'iceux,tànt  ils  parloyent  mal  de  la  Me/le  qu'ils  ne  te-  oucs  il» 
noyent  aucun  conte  des  loix&ordonnances,&:  femoquoyentdeceux  quiiugcoyentfei,  MercuriaIe- 
Ion  iccllcs,  &  alloyent  la  plus  part  aux  affcmblees.  Ge  qu'ils  difoyent  pourautant  qu'An*  L'opinjon 
toine  Fumcc  expofé  à  l'en uiede  plufieurs  à  caufedu  faid  de  la  Religiôn ,  (de laquelle  il  e-  d'A.Fuœec. 
ftoit  plus  fufpe&  que  nul  autrejauoit  en  opinant  remonftré  plufieurs  abus  &  erreurs  en  1' 
Eglifc ,  àc  diicouru  l'origine  d'iceux ,  iufques  à  parler  de  la  Cene  de  noftre  Seigneur  Iefus 
Cbrift,&  del'abus  introduit  en  icelie. 

L  ê  Roy  fut  tellement  cfmeu  &  enflammé  par  lcfdits  Prefidés,  queluy  mefme  vinten  LeroyHen 
perfonne  le  dixiefme  iour  de  ïitin  enfuyuant  en  fa  Cour  de  Parlement ,  qui  fe  tenoit  pour  pl J^iù 
lors  aux  Auguftins  de  Paris ,  à  câufe  quelon  preparoit  la  grand'falle &  enabres  du  Palais,  Mercuriale, 
pour  les  nopees  de  Madame  Elizabeth  fa  fîlle,auec  le  Roy  Philippe ,  &  de  Madame  Mar- 
guérite  fa  fœur  vnique  auec  le  Ducde  Sauoyc.  Et  là  cftat  arriuç,&  affifté  des  Cardinaux  poTles 
de  Lorraine  &  de  Guyfcfrn  frerc ,  des  Princes  de  Mon  tpenficr,  &  de  la  Rochc-fur-  Yoii,  JgJJjJ^ 
DucdeGuytc,  Conneftablc,  Bertrldi  Cardinal  de  Sés,Gardedeslcaux&autres,ditqùe  tbabccfe 
depuis  qu'il  auoit  pieu  à  Dieu  luy  donner  la  paix  tellement  confermec  par  le  moyen  des  *  Madame 
mariages,qu'il  cfpcroit  qu'elle  lèroit  ftable  :  il  luy  auoit  femblé  deûoir  remédier  à  la  diui- 
fion  de  laReiigion,comme  à  lachofe  qu'il  penfoiteftre  la  plus  agréable  à,  Dieu:  &  pource 
eftoit  venu  en  fadite  Cour,façhant  qu'elle  en  deri  bcroit  pou  ren  têdre  en  quels  termes  les 
chofes  eftoyent,afia  qu'elles  fulTent  plus  authorilèes  par  (a  prefence .  Lors  le  Cardinal  dé 
Sens  dit,  que  le  Roy  vouloit  quelon  continuait  la  délibération  cômencee  par  l'article  dé 
la  Mercuriale,concernant  le  fai&  de  la  Religion  feulement  ,  &  que  ceux  qui  eftoyent  à  o- 
piner  eulfent  à  dire  leur  opiniomee  qui  fût  foi&,  &  continuèrent  lefdits  Confeillers  à  opi- 
ner en  fa  prefcnce  en  pareille  liberté  que  ceuxqui  auoyent  dit  leur  aduis  auparauant. 

ILyauoitentrclesautre$vn  Confeiller,  An  n  e  DvBotrg  ^ommenotabîe^d'vrt 
kuoirfingulier,  nourry  en  l'Eglife  de  Dieu. Iceluyayat  rendu  grâces  àDieu  qu'il  auoit 
!à  amené  le  Prince,pour  eftre  prefent  à  la  decifiô  dVne  tclleairifè,&:  ayat  exhorté  le  Prin- 
ce d'y  entendre,pourcequcc  eftoit  la  cauledenbftre  Seigneur  Iefus  Chrift,  qui  doiteftré 
maintenue  des  Rois:parla  en  toute  hardiclïe,commc  Dieu  luy  auoit  donné.  Cen'eftpas 
(difoit-il)  chofe  de  petite  importance  que  de  côdamner  ceux  qui  (au  milieu  des  flammes)  g£J*v  £  £ 
inuoquent  le  nom  de  Iefus  Chrift.Le  Cardinal  eftoit  là,efcumant  de  defpit,  &  craignant  en  la  Mer- 
que  le  Roy  n'y  print  quelque  gouft .  Finalement  le  Roy  fe  Ieue,  bien  troublé,  &  entre  en  cur*alc* 
confeitâuec  les  Cardinaux:&  incontincnt,partant  de  la  Chambre  donne  cômandement 
aux  Capitaines  de  fes  Gardcs,d'cm mener  priiôniers  Bourg  &  vn  autre  nommé  du  Faur.  tm^on- 
Puis  apreSs'eftât  informé  deraduisdesautres,enuoyeprcndrcFumec,DefbiX,&  autres,  rumens  de* 
&  les  tait  tous  (errer  en  la  Baftillc .  Ceux  qui  eftoyent  approchez  deladuis  de  ceux-ci,  fa- Co  61  crs* 
chans  qu'ils  ne  feroyent  non  plus  efpargnez,fe  mettent  en  fuite:  &  incontinent  font  criez 
àba  àfautcdecoparoiftrcjfix  oufeptdcnobre.larefte  intimidée  racheté  lavic  par  amis  8c 
retra&ations.  On  en  vouloit  à  ceux  principalement  qui  auoyent  eonclud  au  Concile.  Et 


LiurCjVI.  Leifêrfecutions , 

ainfi  la  Cour  de  Parlement  (qui  auoit  efté  en  rcucrcnce,  mefmes  aux  Rai$,iufqucs  à  ceft 
heure  là)pour  auoir  voulu  dôner  lieu  àlacaufedu  FilsdeDieu,&:  vfcrdefa  liberté  aux  de 
libérations  des  choies  qui  concernent  la  tranquillité  de  la  République,  perdit  à  ce  coup 
fon  authorité.  Ce  qui  ne  fut  point  fans  grands  regrets  &C  murmurede  beaucoupde  per- 
fonnes^C'cftoitaumoisdeluint  m.d.lix.  &  quand  vncfois  la  periècution  eut  com- 
mencé par  ce  bout-la,ce  ne  fut  point  pour  vn  petit. 

DES  perferutions  de  plus  en  plus  enflambees  par  toute la  France'.  &  comme  les  Egbfes  de  dehors  co- 
folent par  lettres  les  fidèles. 

L«tres patc        N  R  Y  RoycftantàEicouèn,enuironce  temps  cnuoya  lettres  patentes  aux  luges 
tes  du  Hoy       des  Prouinccs,commandantqueles  Luthériens  fuirent  deftruits.  Que  par  cy  deuanc 
fcT  roukes  ilauoiteftccmpclché  à  (es  guerres,  &fentoit  bien  que  le  nombre  des  Luthériens  eftoie 
«  promets        ^  ^  troubles  grandement.  Maintenant  que  la  paix  luy  eftoit  donnée  auec  Philip- 
pe Roy  d'Efpagne,il  eftoit  bien  délibéré  d'employer  tout  le  téps  à  les  exterminer.  Pour- 
tant que  de  leur  cofté  ils  n'y  foyentlafches.  S'il  eft  befoin  de  forces,  il  mettroit  ordre  qu'il 
y  auroit  toujours  gédar  meric  prefte  pour  leur  tenir  la  main .  Quoy  qu'il  en  foit,qu'ils  ad- 
ucrtiiTcnt  ibuuent  quelle  diligence  ils  y  auront  faite .  Car  Vils  font  autrement, ,  6c  les  c- 
fpargnent  (comme  il  aentendu  qu'aucuns  ont  fait  parcy  deuant  )  ceicroitàcux  qu'on 
s'en  prendroit,  $c  feroyent  en  exemple  aux  autrcs.Ces  lettres  cftoyent  bien  pour  eimou- 
Orà«nâce  uou*  ^c  grâns  ttoubles,û  Dieu  n'y  euft  pourueu.  Ceux  du  Parlement  de  Rouen ,  fuiuans 
duScmct  icellcs  dreiTcnt  vne  ordonnance  pour  toute  la  Normandie  contre  les  alfembiees:  &c  pour 
dt^ouen,  toutc  charge  qu'ils  prétendent  contre  les  Luthériens  eftrccaufcdcmort,  ils  difent,  Que 
ce  font  gens  qui  ne  veulent  obéir  aux  Magiftrats  ,  fi  leurs  commandemens  font  contrai- 
res à  la  parolle  de  Dieu.  Ceux  de  Bourdeaux  n'en  font  pas  moins.  Le  feu  commençoit  à 
s'allumer  par  tout:8dcmbloit  bien  queles  troupcaux,quc  Dieu  parfamiiericorde  auoic 
recueillis  en  la  Francc,leroyent  tous  deffaits  à  ce  coup.Toutesfois  les  fidèles  fereconfor- 
toyent  fur  les  promciTcsde  Dieu,cftans  en  prières :&  s'afleuroyent  que  Dieu  fe  roonftrc-' 
roit  finalement  fecourable  à  fon  Eglife.En  quoy  ceux  des  Egliîes,  qui  ibnt  en  liberté  leur 
aidoyenc,ies  accourageâs  de  demeurer  fermes  en  leur  vocation.  Entre  les  autres  ceux  de 
Geneuctdeiquels nous auons  ici  mis rEpiftre,poufce  qu'elle  fe»«oufiours  d'vn  grand 
profit  &  confolarion  à  tous  fidèles  en  pareille  caufe. 

TReschus  &  honorez  frères,  d'autant  que  v£us  eft  es  tous  affligez  en  gênerai,  le 
que  l'orage  eft  tellement  desbordé ,  qu'il  n'y  a  lieu  qui  n'en  foit  troublée  cependant 
ne  fbmmes  pas  informez  des  necefsitez  particulières  :  nous  n'auons  pas  feu  mieux  faire 
pourleprefent,qucdcvous  eferire  à  tous  en  commun,  pour  vous  exhorter  aunomde 
Dieu,  quelques  alarmes  que  Satan  vous  dreiTe,  denc  point  défaillir ,  ou  en  vous  retirant 
du  combat,quitter  le  fruid  delà  victoire  qui  vous  eft  promis  &  afTeuré.  Il  eft  bien  certain 
que  fi  Dieu  ne  lafehoie  la  bride  &  à  Satan  bi  aies  fuppofts,  ils  ne  vous  pourroyct  ainfi  mo~ 
lefter.  Et  pourtant  il  vous  faut  venir  à  ceftcconcluhon,que  fi  vos  ennemis  machinent  de 
vous  ruiner,  que  Dieu  de  (on  cofté  leur  donne  vne  telle  licence  pour  ciprouucr  .voftrc 
foy  :ayan  t  des  moyens  infinis  en  main  pour  reprimer  toute  leur  furie  quand  il  auraglort- 
De  s'appre-  fie  fon  Nom  en  voftrc  conftance.  Or  quand  vous  eftes  ainfi  appelez  à  l'examen,  il  nerc- 
fcS^de00  ^c  ^non  vous  aPPrc^cr  *  *a  confcfsion  de  foy,que  Dieu  requiert,  comme  vn  facrifice  qui 
foy.        luy  eft  agreablcrcombien  que  le  monde  l'ait  en  mefpns,&  fe  moque  de  noftrcûmplicité. 
Et  s'il  faut  q  vous  foyez  (âcrifiez  pour  ligner  &:  ratifier  voftre  tefmoignage,  que  vous  pre- 
niez aufsi  courage  de  furmonter  toutes  les  tentations  q.  vous  en  pourrôt  deftourncr.Car 
c'eft  bien  raifon  que  nous  fouffrions  d'eftre  gouuernez  par  la  main  d'vn  fi  bon  Pcre,com 
bien  qu'elle  nous  femble  dure  &  afprc.Si  nous  cftions  expofez  à  labandon,ce  feroit  pour 
nous  rendre  esbahis:  mais  puis  q  celuy  qui  nous  a  prins  en  fa  garde,  luy-mcfme  nous  veut 
exercer  en  tous  les  combats  qui  nous  peuucnt  aduenir ,  c'eft  à  nous  de  capt  iuer  nos  afre- 
ttions,&  ne  trouucr  pojnt  eft  ran^e  la  condition  à  laquelle  il  nous  appelle.    Nov  s  fa- 
uons  bien  quels  effrois  vous  aueza  endurer,  n'eftans  pas  infenfiblcs:mais  fentansbeau- 
leao  n  \t  couP  ^c  répugnances  èc  contredits  en  voftrc  chah*,  mais  fi  faut-il  que  Dieu  gagne.  Il  a  e* 
11  '  fté  bien  dit  delà  mort  de  fâinft  Pierre,  qu'il  feroit  mené  là  où  il  ne  voudroit:  fi  eft-ce  qu'il 
a  domté  fon  fens  naturel,  pour  cftrc  conduit  au  bon  plaifir  de  Dieu ,  voire  d'vnc  franche 
volonté.  Parquoy  fuiuans  fon  exemple ,  bataillez  vaillamment  contre  vos  in&rmitez, 

pour 


des  Eglifes  de  FranccS*  jio 

pour  demeurer  vi&orieux  contre  Satan,&  tous  vos  ennemis.  La  rage  &  cruauté  eft  gran- 
de contre  toute  la  poure  Eglue,les  menaces  font  terribles,  les  appareils  t'ont  tels  qu'il  îèm- 
blebien  que  tout  doiue  eftre  pcrdu:tant  y  a  toutefois  qu'il  s'en  faut  beaucoup  que  les  per- 
mutions foyent  iî  exceffiues,que  nos  pères  les  ontfourFertes .  Non  pas  q  ue  le  diable  &  les 
fiens  ne  foyent  aufîl  enflambez,&:  endurcis  à  malfairc  que  ianrfais:mais  c'eft  que  Dieu  fup 
portant  noftre  foibleiTe,les  tient  enchaînez  comme  belles  fauuages.  Car  il  eft  certain  que 
fi  iufques  iey  il  n'euft  mis  fa  main  au  deuant,nous  euflions  efté  cent  mille  fois  abyfmez:  &: 
fiencoresilne  continuoit  à  nous  garder  d'vne  façon  fecrette,  nous  ferions  bien  toit  en- 
gloutis.  En  cognoifîantdonc  par  expérience  la  pitié  6c  compaffion  queDieuadenous, 
tant  plus  deuons-nous  élire  paifibles  à  nous  tenir  ibus  fa  protection  :  cfperans  qu'il  mon- 
ftrera combien  nos  vies  luy  (ont  precieulès.  Cependant  il  les  nous  faut  mefpriier&:  tenir 
comme  chofe  de  néant,  quand  il  eft  queftiô  de  les  employer  à  fon  feruice,  ôc  entre  au  très 
choies  à  maintenir  fa  fainite  Parolle,  en  laquelle  il  veut  que  fa  gloire  reluife.  Voila  com- 
mcnt,felon  le  dire  de  noftre  Maiftre,nous  polTederons  nos  ames  en  parience,pourcc  qu'-  Luciu* 
il  en  ferafidelegardien  .  Et  au  relie,  ti  nous  perdons  volontiers  cefteftat  fragile  &c  cadu- 
que,nous  recouurerôs  beaucoup  mieux  en  la  gloire  celefte.  Et  c'eft  la  principale  leçô  que 
vous  auez  maintenant  à  regarder,  pourquoy  TEfcriture  iain&c  nous  appelé  pèlerins  en  ce  Hebr.iuj 
rnonderafïn  que  rien  ne  nous  deftourne  de  l'héritage  permanent,auquel  nous  ne  pouuôs 
alpirer  à  bon  efcienr,côme  nous  deuons,  fi  nous  ne  femmes  prefts  de  de/loger  toutes  fois 
Se  quanecs  que  Dieu  nous  voudra  retirer  d'icy  bas. 

N  o  v  s  n'amaflerons  pas  ici  tous  les  tefmoignages  qui  pourroyen  t  feruir  à  vous  forti- 
fier en  patiencercar  il  n'y  auroit  nulle  fin, pou rce  que  toute  TE feriturc  en  eft  pleine.  Nous 
ne  déduirons  pas  aufll  cornent  il  nous  faut  en  fui  ure  à  la  mort  le  Fils  de  Dieu,noftre  Chef,  auF^L* 
pour  reflufeiter  auec  luyrqu'il  nous  faut  eftre  côformes  à  fon  image,  &fuppléer  ce  qui  de-  Dieu, 
faut  à  les  fourfranecs,  pour  eftre  faits  participans  du  repos  qu'il  nous  a  promis.  Ce  nous 
doit  eftre  vne  doctrine  commune ,  que  corne  il  eft  entré  en  fa  gloire  par  beaucoup  d'affli- 
&ions,ilnousfauttenirlemefmetrain.  Ponrlcprclentil  fuffirade  redire  en  mémoire, 
que  toutes  les  opprefi*es,quiaduiennent  en  l'Eglilc,  font  pour  approbation  delà  foydes 
eflcus,felon  qu'il  plaift  à  Dieu  de  les  ordonner  en  temps  opportun .  Or  puis  que  noftre 
Seigneur  Iefus  n'a  point  efpargné  fon  fang  pourconfermer  la  vérité  de  l'Euangile,  où  no- 
ftre ialut  gift:  ce  n'eft  pas  raifon  que  nousrefufions  de  l'enfuiure:  fur  tout  puis  quenous 
fommes  afleurez,  quoy  que  nos  ennemis  machinent,  que  tout,  fera  côuerti  à  noftre  faluc. 
Etafin  de  prendre  meilleur  couragc,ne  doutez  point  :  quand  les  malins  auroyent  exécu- 
té toute  leur  cruauté,qu'il  n'y  aura  vne  goutte  de  fang  qui  ne  frudifie,  pour  augmenter  le 
nombre  des  Fidèles .  S'il  ne  femblc  pas  du  premier  coup  que  la  conftance  de  ceux  qui 
font  examinez  profite,nelain*cz  pourtant  de  vousacquiter  de  voftre  deuoir,&: remettez 
à  Dieu  le  profit  qui  reuiendra  de  voftre  vie  ou  de  voftre  morr,pour  édifier  fon  Eglife.  Car 
il  en  faura  bien  retirer  le  fruift  en  tem  ps  de  licu.Et  d'autant  plus  que  les  mefehans  tafchët  Lc  fruittde 
d'exterminer  de  la  terre  la  mem  oire  defon  Nom,il  donnera  vertu  à  noftre  fang  de  la  faire  Jj^i^fc 
florir  d'autant  plus.  Etdefaid,  on  peut  iuger  que  Dieu  veut  exalterfonNom  pourvn 
coup,&:  auancer  le  Règne  de  lefus  Chrift.  Seulement  laiflbns  pafter  celle  oblcurité  de  te- 
nebres,attendans  que  Dieu  produite  (à  cIarté,pour  nous  efiouir:  combien  que  nous  n'en 
foyonsiamaisdeftituczau  milieu  de  nos  afflictions,  finouslacerchonsenfa  Parolle,  où 
elle  nous  eft  offerte^  ne  cefTe  iamais  de  luire. 

Ce  s  t  donc  là  qu'il  vous  conuientietter  voftre  veue  en  ces grans  troubles,  &:  vous  ef- 
iouir de  ce  qu'il  vous  fait  ceft  honneur,que  vou  s  foyez  pîuft  oft  affligez  pou  r  fa  Parolle,que 
chaftiezpour  vos  péchez ,  comme  nous  en  ferions  bien  dignes  tous ,  s'il  ne  nous  luppor- 
toit .  Et  s'il  promet  de  confolcr  les  poures  pécheurs,  qui  reçoiuent  patiemment  corre- 
ction de  fa  maimeon  fiez-vous  que  l'aide  &  confort  de  fon  Efprit  ne  vous  defaudra,quand 
en  vous  repofant  fur  luy ,  vous  accepterez  la  condition  à  laquelle  il  a  afTuietti  les  fiens .  Et 
n'attendez  pas  que  les  grans  de  ce  monde  vous  monftren  t  le  chcmin,lcfquels  le  plus  lou- 
uent  defbauchcnt  leurs  frères ,  &c  les  font  reculer  pluftoft  qu'ils  ne  les  auancent.  Mefmes 
qn'vn  chacun  neregarde  poinr  fon  compagnon  :  pour  dire  comme  faincl  Pierre,  Et  ce-  lc*ni1" 
ftuy-cy,  quoy?  Mais  qu'vn  chacun  fuyue  comme  il  lèra  appelé ,  veu  qu'vn  chacun  rendra 
conte  pour  foy.  Plu  ftoft  regardez  à  la  vertu  inuincible  de  tant  de  Martyrs,  qui  nous  on  t  e- 
fté  donnez  en  exempie:&:  prenez  courage  à  vous  accompagner  auec  fi  belle  bade,laqucl- 


Litêrz*>  VI.  iïÇjcolas  •BalloH. 

le  pour  ceftc  caufe  l'Apoftreaccompare  à  vnegrofTenuee&efpeffecommes 'il  difoit,quc 
le  nombre  eft  pour  nous  creuer  les  yeux,comme  on  dit.  Qui  plu?  eft,  fans  aller  phi$  loin, 
les  miroirs  que  Dieu  nous  propôlè  chacun  iour,eftans  bien  côiidercz,commeilsxn  font 
dignes,deuront  eftre  iuffîfans  pour  nous  armer  contre  les  fcandales  que  nous  pourrions 
prendre  de  la  lafcheté  de  pluûeurs. 

A  v  refte,{"elon  que  chacun  eft  en  degré  eminent,qu'il  penfe  que  tanc  plus  cft-il  obli- 
gé de  marcher  deuant,&:  de  ne  fe  point  feindre  au  befoin.  Que  les  nobles  &  riches,  ÔC 
gens  d'eftat  ne  s'eftiment  point  eftrc  priuilegez:  mais  au  contraire  qu'ils  cognouTentque 
Dieu  les  a  efleus  pour  eftre  plus  hautement  glorifié  en  eux.  Quand  vous  marcherez  en 
telle  fimplicité,inuoquas  Dieu  à  ce  qu'il  vous  regarde  en  pitié,  il  eft  certain  que  vous  fen 
tirez  cent  fois  plus  d'allegemct,qu'en  cuidat  efchapper  par  fubterfuges.Nous  nentendôs 
pas  de  vous  faire  expofer  à  voftre  efciét,ou  fans  diferetion  à  la  gueule  des  loups:  feuleméc 
gardez  de  vous  (buftraire  du  troupeau  de  noftxe  Seigneur  Iefus  pour  fuir  la  croix:&:  crai- 
gnez la  diisipation  de  i'£glife,plus  que  toutes  les  morts  du  monde.  Autrement  quelle  ex- 
eufe  y  aura- il,  quand  il  vous  fera  reproché  par  Iefus  Chrift,  fon  Pere ,  &  tous  les  Anges  de 
Paradis,  qu'après  auoir  fait  profefsion  de  le  confefter  en  la  vie  &c  en  la  mort ,  vous  luy  au- 
rezfaulfé  lafoy  promife  ?  Quelle  honte  fcra-ce,qu  après  vous  eftre  ieparez  des  pollutions 
&  ordures  de  l'idolâtrie  Papale,  vous  retourniez  encore  vous  y  veau  trer,  pour  eftre  abo- 
minables au  double  deuât  Dieu?  Bref, fi  toute  noftre  félicité  gift  à  eftre  eilciples  denoftre 
Seigneur  Iefus,fachans  qu'il  dcfaduouë  &:  renonce  tous  ceux  qui  ne  le  confeflent  deuant 
les  iniques,  endurciflez-vous  à  fouffrir  tant  opprobres  que  perlècution:  &c  Ci  vous  defirez 
d'auoir  Dieu  pour  fortere/Te,{àn&ifîez-le,en  ne  vous  cftonnant  point  des  frayeurs  des  în- 
credules,comme  nous  fommes  exhortez  par  làind  Pierre. 

Confie  z  -vous  aufsi  que  l'orgueil  deecs  lions &dragons,&  la  rage  qu  ils  cfcumenr, 
enflammera  tant  plus  l'ire  de  Dieu, &haftera  l'exécution  de  fa  vengeance.  Finalement 
qu'il  ne  vous  face  point  mal  d'eftre  vilipendez  par  tels  frénétiques,  puis  que  vos  noms 
fonteferits  auliurede  vie,  &:  que  Dieu  vousapprouue  non  feulement  pour  feruiteurs, 
mais  aufsi  pour  enfans  &  héritiers  de  fa  gloire^c  membres  de  fon  Fils  vnique  noftre  Sei- 
gneur Iefus,&:  compagnons  des  Anges.Cependant  que  ce  vous  foit  aflez  d'oppofer  à  leur 
Prières  &  fureur  prières  &:larmes,lefquelles  Dieu  nclaùTera  point  tomber  bas  à  terre  :  mais  les  gar- 
nie" i  b  ^era  cn  ^es  pm°ies>commc  il  c^  dit  au  Pfeaume.  I^ous  auons  ici  touché  en  bref  comme 
fureur.*  il  vous  faut  porter  durât  ceft  orage.  Le  principal  eft  que  chacun  de  vous  s'exer ce diligem- 
ment à  lirer&q  vous  marquiez  &C  reteniez  les  cxhortatiôs  qui  nous  font  faites  parla  bou- 
che de  Dicu,à  le  feruir  en  toute  perfeuerâce  ,  ne  nous  laifans  pourrie  qui  nous  puùTead- 
uenir.  Sfnous  vous  pou  uions  déclarer  le  loin  &  côpafsion  q  nous  auons  de  vous,  le  defir 
&;la  bonne  volonté  n'y  défaut  point:commenous  eftimons  bien  cycles  dagers  qui  nous 
fontprochains,voustouchent,&folicitent  à  nous  recommandera  la  garde  de  Dieu  :  le- 
quel nous  fupplions  que  par  fa  bonté  infinie ,  il  vous  face  fentir  qu'il  vous  eft  prote&eur 
pour  les  corps  &c  pour  les  âmes,  qu'il  vous  gouuerne  par  fon  fain&Efprit,  qu'il  vous  fou- 
ftienne  par  (à  vertu,qu'il  triomphe  cn  vos  perfonnes,en  difsipant  tous  les  confeiis,entre- 
prifes,&:  forces  de  fes  ennemis  ÔC  les  voftrcs. 


NICOLAS  BALLO  HJeBrueUanipaysdePo&ou. 
QV I  voudra  marcher  fous  l'enfeigne  du  Seigneur ,  qu/e  de  bonne  heure  il  apprenne  à  l'exemple  de  ce  Martyr,' 
de  s'aguerrir  par  incommoditez  &  trauaux  fouftenus  à  la  guerre  du  Dieu  viuant.  Il  a  rendu  dés  fon  premier 
emprifonneraent  es  lieux  où  ilaefté  mené,ampleconfefsion  qu'il  tenoit  delà  vieeternelle.Et  a  eu  pour  cô- 
pagnon  de  fon  Martyre ,  vn  ieune  homme  qui  luy  feruoir.  au  fait  de  diftribucr  Hures  de  la  faincte  Efcriture: 
duquel  aufsj  la  mort  bien-heureufe  eft  ici  touchée. 

Eft  e  perlècutiô  ainfi  embrafee  de  tous  coftez  emporta  aufsiNfcolasBallon  en, 
la  ville  de  Paris,  homme  délia  auancé  enaage:qui  s'eftoit  retiré  &  marié  à 
Geneue  pour  lèruiràDieu  plus  librement,  faifoit  meftier  d'aller  de  là  cn 
France  apporter  hures  de  la  Parolle  de  Dieu ,  fe  mettant  en  grans  périls, 
pour  aider  auisidefoncofté,engaignant{àvie,àrauanccmcntdu  règne  de  Qurift,&a- 
batre  l'ignorance. 

De  s  l'anM.D.L  v  i.cftanttrouuéfai/ideliurcs,&apprchedcàPoidicrs,apret*Boic 
confère  IcfusChrift  fut  condamné  à  la  mort.De  ceftc  lentcncc  il  fe  porta  pour  appelât, 
Se  fut  amené  à  Paris;où  fa  conftance  fut  d'vnc  édification  merueillcufe.  II  difpuja  con- 
tre- 


Veïlat  des  Egùfes de  V tante.  Su 

trc  Maillard  vertueufement,&:  fit  en  la  prifon  vue  Confeffion  bien  ample,  &:  la  prcfenta 
aux  luges  par  efcrit,qui  en  eftoyét  tous  confus .  En  la  prifon  il  pafibit  tout  le  temps  à  in- 
ftruirelesprilonnicrs  quieftoyentauecluy,&:leurmonftroità  prier  Dieu.  Finalement 
les  ennemis  eure  nt  aduertiîTément  du  fruift  qu'il  faifoit,&:  que  les  luges  faifoyent  diffi- 
culté de  le  condamner, nctrouuans  en  luy  caufedcmort.Ils  font  donc  que  leRoy  corn- 
niande,depuiiï'anceabfoluc,qu'ilfoitde(pefché.Ainfi  Areft  fut  donué  félon  la  fentence  JaBena», 
du  luge  de  Poictiers,  qu'il  feroit  eftranglé,  puis  ietté  dedans  vn  feu,  fans  adioufter  autre  jlJSJ^ 
rigueur.  Toutefois  Dieu  le  voulut  encores  efpargner  pour  ce  coup-la.Car  en  chemin  il 
etchappa  des  mains  des  i"ergeans>&  fe  retira  à  fan  u  été  à  Geneue.Ce  qui  fafcha  tellemcc 
fes  ennemis, qu'il  fut  cric  en  diuers  lieux  du  Royaume,  qua  ouicôque  le  pourroit  liutcr^ 
grande  fomme  de  deniers  feroitdeliuree:fcntans  bien  puis  que  fes  liens  auoyentefté  de 
fi  grand  profit  en  la  prifon,  que  la  deliurance  ne  (croit  pas  inutile  en  quelque  part  qu'il 
fuft.  DeGeneue  il  s'en  rcuint  encoresen  Fi  ance  auec  pareille  marchandée  :&  fut  pour 
la  féconde  fois  arrefté  prifonniercnlavillede  Chalons  en  Champagne.  Onl'eultpeu 
aceufer  de  témérité  d'eftre  rentré  aux  périls  >  defquels  Dieu  l'auoit  ainfi  retiré  miracu- 
leufemér.mais  il  fc  defendoit  difant,que  Dieu  l'auoit  appelé  à  celte  vocation.  II  eft  vray 
qu'il  y  auoit  des  périls  comme  certains:mais  Dieu  luy  auoit  auffi  donné  telle  vertu,  qu'il 
s'afTeuroit  bien  venir  à  bout  quoy  qu'il  luy  efchcufh&difoit  qu'intérieurement  il  fe  fen- 
toit  appelé  à  confelTer  Iefus  Chrift  deuant  les  iniques:  &C  ce  de  telle  forte,  que  cela  côme 
le  forçoit  de  retourner ,  &z  n'obéir  aux  conîéils  &  aduertiffemens  que  luy  donnoyent  fes 
amis. De  fait,fa  fin  heureufe  ràbbat  toute  accufàtion  de  légèreté. 

De  Chalons  il  fut  mené  à  Reims,  auec  vn  ieune compagnon  fonferuiteur, Martyr  B^Ion  mc- 
aufsi  de  IefusChrift,&:  de  là  à  Paris,appclat  de  fentéce  de  mort  donnée  cotre  luy.Eftant  "uccioa  fer 
à  Paris, il  fut  recognu  eftreceluy  qui  depuis  deux  ans  auoit  cfté  retiré  de  la  main  des  1er.  imcur. 
geâs:&  fut  prefîé  en  toutes  façôs  de  déclarer  ceux  par  lefquels  il  auoit  efté  deliuré  :  maïs 
ce  fut  pourneartt.Finalementperiiftant  en  fa  première  confefsion,il  eut  Areft  par  ceux 
delagrand'Chambre  d'eftre  mené  aux  Halles,auec  vn  baillôen  la  bouche.  &:eftreillec 
cftrâglé, ietté  dedas  vn  feu,&  réduit  en  cèdres;  Et  dautat  qu'on  craignoit  que  derechef 
il  fut  arraché  des  mains  des  bourreaux,l'executiô  en  fut  dônee  au  Lieutenant  criminel, 
&C  à  fes  fatellites  d'y  prouuoir.  Auant  que  partir  du  Chaftelet  il  eu  t  de  grans  &c  lôgs  corn 
bats  auec  toutes  fortes  de  moines:mais  il  les  faifoit  efeumer  de  dcfpit,leur  monftrat  la  vi 
Jenie  de  leur  dotlnne.  Quand  ce  vint  au  lieu  du  fupplice,le  peuple  voulut  aufsi  empef- 
cher  qu'il  ne  fuit  eftranglé  :  &  vn  fergeant,de  peur  qu'il  ne  fouffîift  aiTez,luy  donna  de  la  La  mort  llc 
pointe  de  fa  hallebarde  dedans  le  cofté.Et  rendit  ainfi  fon  elprit  au  Seigneur.  fcrfion. 

L' E  S  T  A  T  des  eghfes  de  France  au  tour  du  trefp.ts  du  roy  HENRY  II.  &4L  yenue  du  re 
gnede  FRANÇOIS  II.  /on  fils  £?* /ûcce/Jeurà  la  couronne. 

E  S  CommiiTairesdelcguezpourfairelesprocésaufditsConlèillersprifon-  M.D.LIX. 
niers ,  pour!  uyuoyét  à  toutes  fins  au  mois  de  Iuin,  leurs  commifsiôs  eftroite- 
mét eniointes parle roy  Héry.  Ëuftace Bellay euefquc de Paris,auec l'Inqui- 
fiteurnômé  Democares,&:  autres, eftoyét  après  M.  Dv  Bovr  g, dés  le  s  n. 
dudit  mois  pour  le  déclarer  hérétique &:  le  liurer  au  bras  feculier  :  côme  il  fera  recité  au 
récit  pl9  ample  du  procès  dudit  Du  Bourg.  Lamortaufsi  du  fufdit  Ballô  fcmbla  eftre  1  e- 
treeà  plus  horrible  perfecutiô,&:  que  les  prifônicrs  nelafcroyét  pas  logue après  luy.teL 
lemét  que  les  pourcs  Eglifesen  eftoyét  en  grad  trouble.  On  n'oyoït  autres  chofesq  riic- 
naccs,&cômifsions,&  n'eftoit  bruit  que  des  Lutheries  par  tout.  LeRoy  horriblcmêt  ani  MenaceS(Ju 
mé  côcre  lefditsCôfeillers:&  fur  tout  cotreDu  Bourg,fes  moïdres  menaces  cftoyét,Que  roy  Henry, 
par  lefàng&  la  mort  il  le  verroit  bruflcr  de  fes  yeux  :  &c  ne  luy  dônoit  autre  delay,ny  aux 
autres  prifon  iers,  voire  à  tous  les  Lutheries  de  Paris  (defquels  on  luy  auoit  dôné  le  rolle) 
que  de  huit  iours:pendat  lefquels  il  deuoit  acheuer,les  routnois,pôpes,  magnificéces,&: 
feftins  encommencez.  Mais  il  aduint  qu'vn  îourcnfuyuant  penultime  dudit  mois  de 
Iuin,n'eftat  queftiô  en  la  Cour  à  Paris,que  de  îoye  &:  licife ,  &:  banquets  dreiïez  pour  les 
mariages  arreftez  par  le  traité  de  1  a  paix  :  q  le  Roy  courant  en  la  lice,en  la  rue  S.Antoine 
près  la  Baftille ,  où  lefdits  Côfeiilers  eftoyét  prifonniers,  fut  frappé  de  la  lace,&;  attainct  Lcro>  Hca 
au  contrecoup  <lroicl:  à  la  vificrcpar  le  Comte  Montgomery,fils  duCapitaincde  Lorge,  [4fuPr*e* 

TT. 


L/V/ro  VI.  Perfècutions  fom  le  roy  Vranc.lL 

tellement  que  les  cfclatsluy  entrèrent  par  l'vn  des  yeux  dans  la  telle,  de  telle  roideur 
que  le  tcft  au  derrière  en  fuftfcflé,  &  lecerueau  cftonné.  Il  commença  incontJiuntà 
chance  1er  de  delTus  fon  chenal,  perdant  beaucoup  de  fang,  &  tut  emporte  au  logis  des 
Tournellcs  prochain  duditt  lieu:où  aucuns  dilent  qu'il  dit  entre  autres  chofcs,qu'iIcrai 
gnoit  auoir  faict  tort  à  ceux  qu'il auoit  faict  conftitucr  prifonnicrsaudittlieu  de  la  Baftil 
le:mais  qu'il  luy  fut  diefc  par  le  Card'nal  de  Lorraine ,  quee  eftoit  l'cnnemy  qui  le  tetoit, 
&:  qu'il  falloiccftre  ferme  en  la  Foy .  Et  le  dixième  du  mois  de  Iuillct  enfuyuantii  ren- 
dit  Tel  "prit .  Aucuns  remarquèrent  que  ccJuy  mcfme  auquel  il  ht  liurcr  du  Bourg ,  &;  les 
antres  prifonnicrs,&  auquel  il  auoit  donne  commission  d'aller  en  Normandie  contre 
les  Luthériens  :  ce  fut  ecluy  auquel  luy  meime  bailla  la  lance ,  &t  commanda  decouric 
contre  luy:de  laquelle  il  fut  occis .  Par  ce  decés  inopiné  fut  laioye  changée  en  trille/Te, 
&  vne  grande  (aie  qui  auoit  ciré  drefsee  de  charpenterie  au  parc  de  s  Tournellcs ,  defti- 
née  pour  les danfes (tant du  mariage ia  raid  en  l'c-glifc  cathédrale  du  roy  Philippe  par 
fon  procurcurlcDucd'Albe  aucc  Yfabcllefilleaifnee  du  Roy ,  queceluy  qui  ledcuoic 
faire  entre  Philibert  Emanuel  duc  deSauoye  ,  &  Marguerite  de  France  lœurvnique 
dudict  Roy)fcruit  de  chappellc  pour  garder  le  corps  ,&:  en  icelle  reueftuc  du  dueil  élire 
ouis  iour& nuicT:  les  chants  trilles  &  lugubres  accouftumez  à  cilrechantcz  làns  celle 
parle  temps  de  quarante  iours. 

L  n  decés  dudit  Roy  donna  vn  remps beaucoup  plus fafchcux,  qucceluyoui  eftoit 
paflc.Carleroy  FRANÇOIS  II.  qui  fucceda,  eftoit  en  bas  aage:  &c  lcsleigneursde 
Guyfe  eftoyent  ("es  oncles ,  à  camé  de  la  nouuelie  cfpoule  Marie  roine  d'Efcoiic ,  fille  de 
leur  fccuntcllemcnt  qu'ils  pouuoyent  beaucoup,&:auoyent  le  principal  gouuernement 
du  Royaume. Les  perlecutionsdonqnes furent  rcngrcgé'.s ,  qujdeuoventeftrcpluftoft; 
modérées ,  fi  oneuft  eu  des  yeux  pour  confiderervn  accident  fi  grand  en  lamortdudic 
roy  Henry. On  publia  des  edicts  toutnouueaux  plus  rigoureux  que  iamais,&:lcsfaifoit- 
on  rafrefc hir  forment. Dcfenles  font  faites  de  faire  aucunes  alfcmblées,&:dc  s'y  trouuer, 
à  peine d'eftre  enuoyé  au  feu  (ans  autre  forme  de  procés,&  les  maifons  rafées.PromelTes 
faites  de  la  moy  tiède  la  confilcarion,  &c  autres  granslalaircs  aux  délateurs.  Comman- 
dement eft  donné  aux  Commillaires  des  quartiers  d  eftrediligcns  à  receuoir  les  aceufa- 
tions,&:  lailir  ceux  qui  feroyenr  deferez:de  recercher  les  maifons  de  iour  à  autre,  &:  faire 
rapport  de  leur  diligence.  PuilVanceeft  donnée  par  lettres  au  Lieutenant  criminel  du 
Chaftelet  de  iuger  fans  appel  ceux  qui  feroyent  amenez deuant  luy .  Les  curez  &:  vicai- 
res des  parroiifes  dénoncent  excommuniemens  contre  ceux  qui  cognoiftrovent  au_ 
cuns  Lutheriés,&  ne  les  defcreroyent.Exhortentpartoutcsfon.cs  de  perfuafiôslepcu 
pic  de  ne  s'y  e(  pargner,&:  auoir  l'œil  chacun  fur  fon  voifin  .  Propolent  impunité  aux  ac- 
eufatcurs:  ul'accufationdu  délateur  n'eftoit  bonne  &:  reccuable,  qu'on  n'en  reccuoic 
pourtant  dommage  aucun, commele  temps  palfc.Et  puis,  afin  que  le  diable  n'oubliait 
rien  derrière  pour  molefter  les  fidèles,  il  leur  fulcita félon  la  couftume  des  faux  frères: 
lcfquels  le  rcuolterent,&:  foit  de  defpit  d'auoir  efté  repris  de  leurs  fautes  :  foie  de  l'atten- 
te du  falaire  promis  ou  autrcmenr,fe  retirèrent  aux  ennemis, pour  faire  la  guerreà  ceux 
flcuok  Je  ^  eftoyent  de  l'Eglifc»&  les  déceler.  Il  y  en  auoit  deux  pernicieux  entre  les  autrcsd'vn 
deuxtmv  Orfcurc,  duquel  Dieu  meimes  s'eftoit  grandement  lérui pour  faire  fon  ccuure: l'autre, 
ftercs*       valet  d'vn  peintre,  icunc  garçon,  &fc  voulant  venger  dHbnmaiftrc  qui  Tau  oit  batu. 

Le  premier  citant  retrenché  de  i'Fglifc  pour  les  fautes, le  retira  deuers  l'inquifitcui  De- 
mocharés,&:  ne  luy  cela  rie  de  ce  qu'il  cftimoit  pouuoir  endommager  i'alTemblcc  Ghre 
ftienne:donnapar  rolle  tous  ceux  qui  aucyent  ia  conduire  de  rEglilç:  impofa  beaucoup 
de  crimes  aux  vns&  aux  autres:  &:  fit  en  fomme  du  pis  qu'il  peut.  LTnquilitcurle 
loua,  l'exhorta, &  fitdegrandespromcffcs:  luydonnaouelquechcfepourauance,  &T 
l'appela  publiquement  le  fainct  Paul  conuerti  de  la  Sorbonnc.  Se  voyant  ainfile. 
bien  venu,  &  fencafic  délia  du  profit  de  les  traînions,  il/itencores  d'auantage:  illblL 
cita  les  infirmes  d  aller  reccuoir  abfoîution  de  l'Inquifircur  ,  &  reueler  les  autres  :  il 
mena,  les  fergeans  par  les  maifons,  &  mit  tous  les  principauxde  ÏEglile  en  fuite.  Le 
peintreclloit  bien  icunc,  &:fortaiic  àgagner.  Pourfe  venger  de  Ion  maiftre,  il  alla 
rapporter  aux  luges  qu'iceluy  lauoit  mené  ix  laliemblée.  Et  quand  on  le  vie  ainfî 
prompt  à  acculer,  on  luy  fitdegràndespromelfcs,  s'ilvouloit  rcuelcrccux  qu'il  y  a  co- 
gnus.  Cequ'il  fîr,&  n'cfpargna  pcrionnc:,xfiadioufta ce  qu'on  diloit communément 
des  aiTembiées  eftrcvray,  qu'on  y  paillai  doit  pcllc-mtflc,  les  chandelles  elleintes  :'& 

qu'il  y 


Nicolas,      &  éMarinûtfarie.  jjj 


qu'il  y  auoic  en  la  compagnie  quelques  filles,  lesquelles  il  nommoic.  Pouffé  à  mentir 
amfi,  ou  par  vn  mauuais  vouloir  qu'il  porcoicà  Ion  maillrerou  pluitoftparlafubornatip 
des  ennemis  de  l'Euangile ,  mefmes  d'vn  Prefident ,  Ôc  de  l'Inquificeur  ;  comme  depuis 
il  a  depofé  encre  les  mains  du  Lieutenat  criminel  de  robbe  courte  :  fi  nepeutil  tant  fai- 
re de  mal  que  l'autre, pour  n'auoir  Jacognoi/fance  de  tant  de  perfonnes  :  mais  toutefois 
il  fut  caule  que  le  bruit  courut  incontinent  qu'il  y  auoit  tel  moins  depofans  qu'on  pail- 
lardoic  aux  aifembJées.Et  furent  ces  nouuelles  elcntesauRoy,pour  l'irriter  d'auantage: 
mefmes  le  Chancelier  Oliuier  en  ofa  faire  reproche  à  ceux  qui  folicicoycnc  pour  nous. 
Tellement  que  la  mere  des  filles  que  Ion  chargeoit ,  dcfplaifantc  du  deshonneur  qu'on 
luy  falloir  &  à  les  enfans,s'en  alla  auec  les  filles  te  rendre  pnlonnierc&dcmanda  qu'icel 
lçsfulfentvilicéeSj&fut  trouuécc  tcfmoignagefaux.  Ces  rrailties  donques  auec  quel- 
ques autres,accreurentmerueilleufemcntlaperfecution  .  Ioinct  que  lesCommiflaires  "I,s*PpeUc: 
auoyent  leurs  'moufehes  ordinaires  deçà  6c  delà  pour  defcouunr.  De  forte  que  depuis  le  Spf0Jcurî 
moisd'Aouftiufqucsaumoisde  Mars  cnluiuât,  il  n'y  eutque  prilcs&s  empnlonnemés, 
pillencs  de  maifons,proclamations  à  ban,&:  meurtres  de  Scruiteurs  de  Dieurtoutesfois 
Dieu  parmi  ces  tempeites  6c  orages  conferua  les  demeurans  de  ion  Eglilc,&  la  prédica- 
tion def  Euangile  ne  fut  point  détaillée.  Or  voici  ceux  qui  fe  portans  conftamment  en- 
tre les  autres, moururent  pour  la  confefîïon  de  noftre  Seigneur Iefus  Chrill. 


NICOLAS  G  V  EN  ON,  d^unifel    en  Champagne. 

Il  fouflfrit  la  mort  des  premiers  fous  le  Roy  François  II.au  commencement  de  fon  règne. 

!?:>^^^p^E  icune  homme,  feruant  à  Nicolas  Ballon,  &  prifonnier  pour  la  mefmecau-  de  N.Bauo 
[p  ^;^0|(equekiy,futenuoyéàlamortau  cimetière  fain&Iean,peu  de  iours  après  le  CKucru[*md- 
f^  v^^^ï1  refpas  du roy Henry .  Ceftuy-ci  fut  traitté  bien  cruellement  par  le  peuple.  m^Luic* 


L^Caroncraignoit  du  tout  quela  mort  du  roy  Hérynapportaft  vnnouucau  te-  que  ion  nui 
gne:&  ne  H  il  celferles  petiecutions,comme  il  y  auoit  apparence. Pourtant  quad  les  non  ltrc° 
uclles  furent  par  la  ville  de  la  condamnaciô  de  ceftuy  ci, le  peuple  deliuré  de  celle  crain 
te ,  6c  ioyeux  à  mcrucilles  le  trouuaà  la  place ,  6c  vfa  de  les  façons  accouftumées  pour  le 
faire  mourir  en  grande  langueur. 


MARIN  MARIE,    de  Normandie. 
La  v  engeance  que  les  ennemis  exercent  non  feulement  fur  les  perfonnes  des  fidèles ,  maisaufsi  fur  les  liures  du 
vieil  x  noLiueau  Teftament,monltre  vne  extrême  rage  dont  ils  font  agitez-.&cjue  de  propos  deliberé&  à  leur 
efeient  ils  font  laguerre  à  Dieu. 

^ARIN  Marie  natifdefainct  Georgc,diocefede  Lifieux, pays  deNorman 
jdie,faifantfa  refideceà  Geneuc  pourla  liberté'  de  i'Euangile,vcnoitenFran. 
St^X^SS  lîce  auecvne  charge  de  Hures  :  &palTant  à  Sens  enBourgongne,  futarrefté 
pt  ifonnier.Ayantaduouéfcs  liures, cxrcourageu('emét  maintenu  la  vérité  de 
rÈuingile,iireceutfcntencedu  Magiftrat  criminel  de  ladite  ville  de  Sens:  par  laquelle 
il  cftoit  condamné  à  eftre  mené  fur  vn  tombereau  deuant  le  temple  faindt  Eftiennede 
Sens:  6c  illec  eltrc  pendu  &  eftranglé  à  vne  potence,  fon  corps  ars,  confirmé,  &:  mis  en 
cendres.  D'icelle  fentence  il  le  porta  pour  appelant^  fut  amené  àla  Conciergerie  à  Pa- 
ris, 6c  perfcuerantconltammencen  fa  première Confefîion,  pararell  delà  Cour  fut  me- 
né à  la  place  Maubert ,  pour  receuoirle  martyre.    Là ,  pource  qu'il  ne  vouloit  baifer  la  Mum  coe 

r        /        .»       •     i  i  i    .  ii  n        i  r    t  'i  i      damné  d't 

croix ,  6c  meimes  1  auoit  abbatue  de  la  main  d  vn  preitre ,  il  rut  bien  outrage  du  peuple,  ftrc  bmslé 
&des  fergeans,à  coups  de  bafton.Eftant  guindé  en  l'air  pour  eftre  bruflé  vif,  on  alluma  vi'- 
deux  bouchos  de  paille,&:  luy  furet  mis  au  vifage.  Apres  le  feu  fut  allumé,&:  eftantvenu 
iufques  à  la  face,achcua  de  btufler  la  corde  du  bailJô ,  qu'on  luy  auoit  mis  en  la  bouche, 
comme  aux  autres:&:  ainfi  qu'il  commençoit  à  parler &:  prier  Dieu ,  on  le  lafcha  dedans 
le  feu, de  peur  qu'il  ne  fuit  entendu  de  l'aiTiftéce.  Vis  à  vis  de  luy,eftoic  vne  potence  dref- 
fée,  à  laquelle  pedovent  les  liures,  dot  il  auoit  efté  faifi,  Bibles,&:  nouueaux  Teftamens: 
fcfutenc  parle  mefmeareft  brûliez.    C'eftoic  le  deuxième  îourd'Aouft. 

TT.h. 


Marguerite  le  Riche. 


MARG  VERITE  LE  RICHE,  dite  Lt  Lme  deU  caille. 

FEMMES  vertucufes,  contemplez  icy  le  courage  &  le  zele  de  cefte  Marguerite  voft  rc  fœur ,  qui  vous  cil  pro- 

()ofeeen  cxemple:cY  pratiquez  routes  les  fafcheries  domeiriques  que  vous  au<.z  a  l'exercice  de  pièce ,  tant  fe- 
onlecorpsquertfpiit.Ellcadonnccourageagrans&:apetisquid'vnnierrne  temps eitoycnt  prifonniers 
aucc  elle. 


ARG  VERITE  le  Riche,  naciuc  de  Paris,  femme  d'AntoincRicauc,mar- 
chanc  libraire»  demeurant  à  Pans  au  mont  S.Hilairc  ,en  la  mai/on  où  pend 
j  pour  enfeigne  la  grand'  caille,  le  19.  iour  enl'uyuant,  mourut  Martyre  en  la 
place  Maubcrt.  Cette  femme  a  efté  autant  vertueufe  qu'il  en  fut  onques. 
Elle  auoit  receu  cognoifTance  des  abus  de  la  Papauté  par  (on  Mary, mais  biê  Jegeremct: 
nunTêntc-  &  euit       ^icn  cotent  londit  Mary,qu'clle  fc  fuft  delpeltrec  de  s  dénotions  luperftitieu- 
dcursfem-  fes  des  Idolâtres  ,  ("ans  palier  plus  outre. car  il  cftoit  homme  qui  nelefoucioit  beaucoup 
ftuyïy3"  ^U  fcrmce  ^e  Dieu. Mais  elle  cftima  que  ce  n  cftoit  point  allez  de  ccgnoiltre  la  mauuai- 
fevetyc,  pour  la  dclailfer,!!  on  ne  prenoitrautre,laqucllemencàfalut:& qu'il  falloitfèr- 
uiràDieu.  Parquoy  cftantaduertiedesaflemblecs  Chrcfticnncs,quilëfaifoycnt  en  la 
ville,  elle  trouna  façon  d'y  entrer  :6c  profita  enicelles  li  bien  ,  qu'elle  fit  en  foy-mefme 
refolution  de  n'aller  iamais  a  la  Me/le,  6c  pluftoft  mourir. 

Fin  a  1.  e  m  e  n  t,  comme  elle  reccuoit  fort  mauuais  traitement  de  Ion  Mary  pour 
cela,  &eftoit  menacée  qu'il  laporteroit  pluftoft  liiymefmc  à  îaMeifc,  le  iour  prochain 
de  Pafques,  après  auoir  beaucoup  foufFcrt  par  ccft  homme  :  qui  la  vouloir  faire  dilîimu- 
ler  auec  luy,pour  le  conferuer,  &;  redoutât  la  fureur,  fur  le  iour  de  Palqucs  fe  retira  chez 
fes  amis  :6c  aima  mieux  mefeontenter  fon  Mary  que  Dieu,  auquel  elle  s'eftoit  entière- 
ment conl'acrcc.  Ce  iour  palfé  elle  ne  voulut  plus  longuemenr  eftre  abl'ente  de  la  mai- 
fon,  mais  fe  délibéra  de  retourner  vers  celuy  auquel  Dieu  l'auoit  liée  &:  coniointe  ,  en- 
corcs  qu'elle  preuift  les  grans  ennuis  6c  fafcheries  qu'elle  anroit  auec  Juy. 

Elle  ne  fut  pas  li  toft  en  fa  mailon,  qu'eftant  decelee  par  leCui  é  de  S.  Hilaire ,  fut 
conftitueeprifonniere,&:  menée  en  la  Conciergerie. On  luy  demanda, ou  elle  auoit  faic 
fes  Pafques:  6c  déclara  fans  rien  diflimuler,  qu  elle  s'eftoit  abfentee  de  fa  maifon,&  reti- 
rée chez  fes  amis  fidèles ,  pour  n'eftre  cô  train  te  de  profaner  la  Cenc  de  noftre  Seigneur 
Ielus  Chnft,à  la  façon  commune  des  autres:mais  bien  auoit  fait  laCene  lelon  l'ordon- 
nance de  Dieu,  en  l'afTemblee  des  fidèles 6c  Chreftiens.  Interroguees'il  eftoit  ainfi  qu'- 
elle alla  à  ces  aiîemblccs  fecrettes:relpondit  quouy:  &:  eftimoit  queceftoit  le  plusgrâd 
heur, qu'elle  eut  iamais,de  s  y  eftre  trouuee.  Et  confequemment  par  les  Confeilicrs  (  cô- 
mis  en  lu  caule,&  d'aucûs  autres  prifonniers  auec  tllejinterroguee  de  la  Méfie,  du  Pur- 
gatoire,de  la  Confefîion  auriculaire,  6C  autres  poin&s:  confeffa  franchement  ce  quelle 
en  auoit  apprins  parla  parollede  Dieu.  Tellement  que  le  5.  de  May  il  y  eut  ar<ft,  par  le- 
quel elle  fut  renuoyee  à  l'Euefque  de  Paris,ou  fon  Officiai,  pour  voir  s'il  y  aurok  moyen 
de  la  faire  flefcliir.  Et  comme  ledit  Officiai  ne  peur  rien  gagner  fur  icelle ,  6c  qu'elle  per- 
feueroiteonftamment  en  laconfcflîondel'Euangile-.ildonna  fentenec,  par  laquelle  il 
ladeclaroit  heretique,pertinax,  &:  obftinee  :6c  corne  telle  la  delaifîbit  au  bras  feculier, 
6c  renuoyoïtaux  priions  de  la  Conciergerie. 

Estant  reuenuc  à  la  Cour,  on  luy  a  mena  des  Docteurs,  6c  autres  gens  pour  difpu- 
ter  contr'elle:  maisfafoy  n'en  fut  en  rien  cfbranlce,&  demeura  toujours  vi&orieufecn 
tous  les  ailaux  qui  Juy  furent  donnez.  Pourtant  par  areft  de  la  Cour  fut  condamnée  à  e- 
ftre  menée  dedans  vn  tôbcrcau,  iufques  à  la  place  Maubcrt,ayant  vn  bâillon  en  la  bou- 
che, &:  là  eftre  arfe  6c  confumee  en  cendres  :  6c  qu'auparauant  l'exécution  de  mort ,  elje 
feroit  mife  en  la  torture ,  6c  queftion  extraordinaire,  pour  Juy  faire  nom  mer  fes  compli- 
ces &:  adherans  ;&  mefmement  la  maifon  où  elle  s'eftoit  retireele  iour  de  Pafques.  Ce„ 
fte  femme  a  toufiou  rs  porté  fon  affliction  auec  vne  ioye  indiciblerchanrât  affïducllemét 
Pfeaumes,&:  louant  Dieu. Elle  ne  fut  iamais  trouuee  ennuyée  en  la  prifbn.EUeremon- 
(troitafliduellemét  auxfemmes  pnfonnieres  auec  clle,cx  les  conloloit.  Les  Martyrs  qui 
partoyent  delà  Conciergerie  pour  aller  à  la  mort,  paflbyent  deuant  fa  chambre  :  Se  elle 
n'èftoit  point  defeouragee  de  les  voir  entre  les  mains  des  bourreaux  :  mais  crioit  à  eux, 
&:  les  exhortoit  de  fe  refiouir,  6c  de  porter  patiemment  les  opprobres  &:  affli&iôs  de  no- 
ftre 


aAdrianDaufii.  J*j 

ftre  Seigneur  IefusChrift.  Mefmesàmonficurdu  Bourg, clic  fenwbwÇQUp  pour  le 
cpnfermer.  Car  elle  auoitvnc  petite  feneftre  en  fa  chambre,qui  regardoit  celle  demô- 
fieur  du  Bouvgt&  dé  là  par  parolles  ou  /ignés,  quand  on  l'empefchoit  de  parler,  1  incitoit 
de  perfeucrer  conftammenc,  &  le  confoloit  :  de  manière  qu'iceluy  du  Bourg  eftant  im- 
portuné par  aucuns  de  fe  defdire,a  dit  ces  mots  :  Vne  femme  m'a  monftré  ma  leçon  ,Ô£ 
enfeigné  comment  ie  me  doy  porter  en  cette  vocation-cy  :  Tentant  la  force  &c  vertu  des 
admonitions  de  celte  pourc  femme. 

Povr  rcueniràfa  mort,  ayant  receufcntence,ellefutcôduite  à  lachappellede  la 
Conciergerie,  félon  la  couftume  :&£  ne  ccfTa  ou  d'exhorter  ou  de  chanter  Plcaumes,iuf- 
ques  à  ce  qu'on  la  mit  dedans  vn  tombereau,  pour  eftre  traînée  au  lieu  du  fupphce.  La 
renommée  de  fa  confiance,  des  le  commencemét  de  la  piïfon  auoit  toufiours  efté  telle, 
qu'vne  multitude  nompareille  de  peuple  eftoit  par  les  rues amajfîèe,  feulement  pour  la 
voir  :  Dieu  voulant  que  de  fes  grâces  fi  grandes,&  de  la  vertu  de  fon  Elprit  fi  miraculeu- 
fc  en  cefte  femme,  plufieursfullenttefmoins&fpe&ateurs.  Ellepafla.  donques  comme 
triomphante  par  le  milieu  de  tout  ce  peuple ,  lans  eftre  aucunement  eftonnee  :  mais  a- 
uec  vn  vilàge  franc  &c  de  bonne  couleur,  lesyeux  toufiours  leuez  au  ciel.&  le  bâillon  en 
fa  bouche  ne  la  detiguroit  point  tant ,  qu'elle  n'euftvn  regard  d'vne  per tonne  bienrel- 
iouye  &c  contente.  De  façon  qu'elle  eftoit  en  admiration  aux  plus  obftinez  du  peuple:^ 
n'en  pouuoyent  dire  autre  chofefinon  ces  mots,  Voyez-vouslamelchante,ellene  s'en 
fait  que  rire.  Eftant  au  lieu  du  martyre,  on  luy  demanda  fi  elle  ne  vouloir  poinr  changer 
de  propos,&:  qu'elle  feroit  eftranglec.  Elle  fit  refponfe  que  Ion  propos  eftoit  fi  bon 
&  il  bien  fondé  en  laparolle  de  Dieu,qu'ellenele  ehangeroitiamais.  Et  pour  leur  mon- 
ftrerquelamortnerefrrayeroitpoint,commençaàfedefpouiller,  fans  que  le  bourreau 
en  eutt  la  pcine.Quand  on  l'eut  guindée  en  l'air,  on  luy  fît  derechef  cefte  demâde»fi  elle 
ne  fe  vouloit  point  fouuenir  de  la  grâce  que  la  Cour  luy  faiioit  d'eftre  eftranglee. -Elle  fît 
ligne  que  non .  Pourtant  le  feu  fut  allumé:&:  ainfi  rendit  fon  elprit  au  Seigneur. 


me  cime. 


|N  IEVNEhommeCharpcntier,eftantappelantdelafentence  du  luge  crimi-  VnClurpc- 
jncldelavillede  Sens,peudeioursapres  la  mort  de  cefte  femme,  par  areft  donne  ^"""2 
en  lagrand'Chambre,futbruflé  vifau  cimctiereS.Iean,pourlamefmc  confeflion  dei 
le  fus  Chrift.  L'areft  portoit,  qu'il  feroit  eftranglé  :  mais  le  peuple  fuyuant  fa  cruauté  or- 
dinaireJ'empcfcha.Comme  il  fut  guindé  en  lair,la  corde  fe  brufla  qui  tenoit  le  bâillon, 
&  inuoqua  Dieu  longuement,  difant  ces  mots,  Seigneur  mon  Dieu,  auquel  ie  fers,  aflî- 
fte  moy:&:  ainfi  rendit  l'efprit  à  Dieu. 


ADRIAN    DAVSSI,  Ht  Douhancourt. 

CE  pourc  homme  (impie  &  de  nulle  eftime,  voire  contemprible  quant  au  monde,nous  efticy  donné  en  exem- 
ple, pour  nous  afleurer  qu'ayans  noftre  confiance  aux  promefles  de  Dieu,  rien  ne  nous  defaudra  pour  obtenir 
l'heureux  triomphe  auquel  il  eftparuehu. 

D  R I A  N  Dauflî,  dit  Douliancourt,  compagnon  porteur  de  mercerie,  reJ 
uenartt  de  Gencue,fut  conftitué  prifonnier  en  la  ville  de  Clermôt  en  Beau- 
uoifin,  eftât  trouué  chargé  de  plufieurs  liures  Se  milfiues.  Son  procez  luy  eft 

 |fait  par  le  Lieutenant  particulier  du  lieu:&:  ayant  rendu  bonne  &:  lain&e  ca- 

feifion  dt :la  £oy,  fa  fentence  eft  enuoyee  en  la  Conciergerie  à  Paris.  Dequoyla  Cour 
futofFenfee,&  fît  inhibition  audit Lieutcnant,den'enuoyet  dorefenauant aucun  pri- 
fonnier à  la  Conciergerie,  fans  iugement  &: fentence.  Il  ne  l'auoit(  peut-eftre  )  voulu 
condamner,  pourfelauer  les  mains  dufang  innocent  de  ce  pourehomme.  La  charge 
fut  donnée  à  aucuns  fergeans  de  l'emmener  à  Paris,  lefquels  luy  firent  tout  le  plus  mau- 
uais  traittement  qu'ils  peurent;mais  il  prenoit  tout  en  patiencc,&:  ne  laifToit  point  de  fe 
refiouir.Eftant  en  la  Cour,  outre  les  charges  qui  eftoyent  contre  luy,  il  fetrouuaauoir 
efté  autrefois  repris  par  le  Lieutenant  criminel  du  Chaftelet,  pour  vne  mefme  raifon. 
Ainfi  perfeuerant  roufiours  en  la  confelïïon  de  la  vérité  de  l'Euangile,areft  luy  eft  don- 
né d  tftrcremenéàClermont,poureftrebruflé  vif  qu'auparauant  l'exécution  de 
mort, il  feroit  mis  en  la  torture,&  queftiô  extraordinaire ,  pour  luy  faire  dire&  déclarer 

TT.  iii. 


Limtj  VI.  TlufieUrs  *Martyrs. 

les  noms,furnoms,eftats,&:  demeures  de  ceux aufquels  il  portoit  les  miflïucs. 

De  p  v  i  s  le  Procureur  gênerai  du  Roy  >  requit  qu'il  fuft  exécuté  à  Paris,  ponrce  que 
beaucoup  de  prifonniers,qu'on  menoit  à  la  mort  tous  les  iour$, pour  celle  caufe,deçà  &c 
delà,  eftoyent  recourus  des  mains  des  fergeas:&  y  auoic  crainte  que  cefluy-cy  qui  eftoit 
grandeméthayjn'efchappaft  parce  moyen.  Pourtant  il  y  eut  Areft,par  lequel  fut  ordô- 
né,que  l'exécution  (ëroit  faite  à  Paris,  en  la  rue  de  Seine,  taux-bourgs  S.  Germain.  Là  il 
fut  mené  le  vingtuoificme  iour  d'O&obrcdedans  vn  tombereau  à  boucs, ayantle  bail- 
Ion  en  la  bouche  comme  les  autres.  11  eftoit  bien  pourement  accouftre ,  &  l'es  habits  e- 
ftoyent  tous  en  pièces  pour  les  outrages  qu'il  auoit  reccus  en  la  prilon.Mais  en  ceil  eftat 
ficonremptible,reluiloitla  vertu  del'Efpritde  Dieu  admirable.  Car  il  auoit  la  façon  d'- 
vn homme  bien  arteuré  &  content,  dreiTant  toufiours  les  mains  &  fa  veue  vers  le  ciel,  &: 
inuoquant  Dieu  affez  intelligiblement.  Vn  Preftre  fe  prefenta  auec  fa  croix  pour  la  luy 
faire  baifer:mais  leuant  fa  veuë  en  haut,il  la  rcpoufTa.Le  peuple  en  fut  eimcu,&ietta  de 
grans  cris:  &:  venoyét  de  furie  aucuns  crochetcurs  pour  l'affommer  auec  leurs  crochets. 
Quand  les  Huifûers  virent  cela,  commandèrent  de  hafterviftement  le  pas.  Dieu  luy 
dôna  vnemerueilleufc  confiance  en  la  mort.  Car  iaçoit  qu'on  le  brullaà  bien  petit  feu, 
ildemeuraimmobile ,  &  ne  fe  plaignoit  nô  plus  que  s'il  n'eufl  aucunement  fenty  le  feu. 
Et  ainfï  rendit  fon  efprit  à  Dieu. 


MARIN    R  O  V  S  S  E  A  V,Gaflimis.    GILLES  LECOVRT, 

Lyonnovi,&  PHILIPPE     PARME  NTIER,  à  Pans. 

CE  V  X-cy  &  l'autre  d'après  ont  tenu  pour  vne  félicité  fi  grande  de  s'affembler  enfeinble  pour  inuoquer  Dieuî 
qu'ilsont  mieux  aimé  s'expofcr  à  vn  péril  certain,  que  d'eltre  priuez  d'vn  tel  bien.Et  auiourdhuy  quelle  laf- 
cheté  fera-ce  à  ceux  qui  fe  difent  de  l'Eglife ,  fi  forlignans  de  ces  fain&s  exemples  ,  pour  quelque  crainte  ils 
abandonnent  les  aifemblees  fidèles? 

,  E  iour  du  lendemain  fut  honnoré  de  la  mort  heureufe  de  trois  autres  vaillas 
champions  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift.afTauoir  de  Marin  RoufTeau  na- 
tif de  Boutigny  en  Gaftinois, compagnon  orfeure,  demeurant  en  la  place 
i  aux  veaux  près  le  Chaftelet.de  Gilles  le  Courr,natif de  Lyô,efcolier  demeu- 
rant au  Collège  delà  mercy:  de  Philippe  Parmentier  compagnon  Cordonnier,demeu- 
rant  près  la  place  Maubert.  Marin  RoufTeau  eftoit  prifonnier  de  long  temps ,  quand 
les  autres  furent  amenez  au  Chaftelet ,  ayans  efté  liurez  par  vn  traiftre  auec  fix  ou  fepc 
autres  leurs  compagnons.  Car  les  feftes  ils  auoyét  cefte  couftume,  au  lieu  que  les  autres 
s'amufentà  boire,  &folaftrer  ,defetrouuerenfemblepour  fe  refiouiren  Dieu,  chan- 
ter Pfeaumes,&  faire  les  prières.  Le  diable  mal  content  décela,  leur  fufeita  ledit  trai- 
ftre, lequel  feignant  auoirenuied'eftre  de  leur  bande,  aduertit  vn  Commiffaire  de  Tw 
heure  que  les  prières  fe  faifoyent.  Ainfî  ces  deux,  &  fept  ou  huit  autres  auecques  eux ,  à 
l'inftant  qu'ils  eftoyent  là  faifans  leurs  prières  à  Dieu,f urent  faifis  par  le  Commiflaire,&: 
menez  prifonniers  au  Chaftelet.  Et  comme  Ci  c'euft  efté  vn  crime  des  plus  énormes,  d'- 
cftre  trouuez  prians  Dieu,  on  enuoya  en  leurs  maifons  prendre  leurs  biés  qui  leur  poiu 
uoyent  appartenir:&  furent  trouuez  en  leur  pofîefion  pluficurs  liures,  qu'on  appelé  dé- 
fendus, &:  cenfurez,  comme  Bibles,  &:  Nouueaux  Teftamens  en  François.  Pourtant  là 
deffus  on  leur  fait  leur  procez  :  &:  pour  auoir  vertueufement  défendu  la  vérité  de  l'Euart 
gile  ,&confeffé  volontairement  qu'ils  eftoyent  de  l'Eglife,  &frcquentoyent  les  aflém.. 
blees  :  le  Lieutenant  Criminel  les  condamna  d'eftre  bruflez ,  &:  tous  leurs  biens  acquis 
&confîfquczau  Roy. 

Marin  RoufTeau  leur  eft  donné  pourcompagnon  à  fouffrir  pareille  peine.  Ils  en 
appelcnt  tous  trois  à  la  Cour,  en  laquelle  ils  ne  trouuercnt  point  plus  de  Iuftice,ny  plus 
de  faueur  à  leur  innocence. Car  perfiftans  toufîours  en  la  cofeffion  de  l'Euangile  du  Sei- 
gneur, Areft  leur  eft  prononce, par  lequel  il  eftoit  dic,Que  la  fentence  du  IugeCriminel 
de  Chaftelet  fortiroit  fon  efFc&:&feroyent*menezenlaplace  Mauberr,poureftre  bruf- 
lez vifs  tous  trois  cnfemble.  Eux  entendans  leur  condamnation,  commcncerët  à  louer 
Dieu,  &  s'exhorter  l'vn  l'autre  à  perfeuerance,pour  obtenir  la  couronne  du  Martyrc,& 
eftre  glorifiez  auec  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift.  Tellemct  queleur  courage  redoubla, 

fcs'en 


Pierre  &dikt  J*£ 

le  s'en  allèrent  bien  ioyeux ,  &chantas  (car  on  ne  leur  auoic  point  donne  de  bâillon)  iuf- 
quesaulieuoù  les  potences  eftoyent  drelTees  ,  aulquellesils  furent  incontinent  acta- 
chez.Et  voyans  quonallumoit  le  feu,d'vne  voix  chantèrent  le  cantique  de  Sinicon,Ot' 
lahTes,Createur,en  paix  ton  feruiteur,&c~poura&ion  de  graces,de  l'honneur  que  Dieu 
leur  failbit,dc  les  appeler  en  cefte  façon  en  fon  royaume  celcfte.  Les  luges  eftimoyenr, 
que  Pai  mentier  eftoit  moins  ferme  que  les  autres  :  &c  pourtant  auoyent  dit,  qu'il  leroic 
eftranglé'toutefoisfaconftancc  ne  tut  moindre  que  cellcdcs  les  compagnons  :  ôc  fut 
bru(lé  'vif,aufli  bien  que  les  autres:&  auoit  délia  toutes  les  parties  balles  bruflees  ,  qu'il 
chantoitencoresàDieu. 


PIERRE    MILE  T, Champenois. 

C  E  Martyr  cft  du  nombre  des  trots  précédons, &:  a  obtenu  pareille  couronne  d'immortalité,  fouffrant  pour  le  tel*- 
moignage  de  l'Euangile  du  Seigneur. 

ERRE  Milet  les  fuiuit  deux  iours  apres:&:  au melme lieu receut pareil 
;f;^i  Khonneurde  mourir  pour  la  parolle  de  l'Euangile.  Il  eftoit  natifde  Doux  en 
^V-fAchampagnc:&:auoit  fait  long  temps  la  demeure  près  de  Dreux  ,  &  yauoic 
^%§P"S  femme  àlice laquelle  il  le  retira  à  Paris, pour  mieux  feruir  à  Dieu,&ouir 
làParoïleen  rÊglifeChreftienne.Son  eftar  eftoit  de  marchandife  :  &  leportoitlâincte-  C'eft Mar- 
inent aucc  toute  fa  famille.C'eftoit  luy  qui  auoit  retiré  la  Damede  la  Caille  en  (on  affli-  |lj^ctc 
£tion:&:faifoitainfi  beaucoup  d'actes  charitables cnuers  les  poures  perfecutez.  Quand  cutecydef- 
la  perfecution  fut  arriucc,&:  que  de  toutes  pars  fidèles  &:  Chreftiens  eftoyet  menez  cap- {us- 
tifs  aux  prifons,il  pourueu  t  à  là  famille,&  la  mit  hors  de  la  villc:&  luy  demeura  pour  fai- 
re fes  affaires. Et  comme  il  eftoit  homme  merueillcufement  craintif  de  fa  nature ,  alloit 
demaifonen  mailon,pcn(antainfi  elehapper.    Mais  Dieu âuoit  ordonné  deluy'telle- 
ment  que  les  fergenseftans  venus  en  vnemaifon  près  S.Germain  pour  quelque  autre 
occaliô,l'auilènt ,  &  fans  aucune  chargeons  le  cognoiftrr,pourquelque  légère  fouipçô 
l'emmenèrent  prifonnier  au  Chaltcler.  Le  Lieucenant  Criminel  ne  le  trouuant  chargé 
d'aucune  chofe,penfoit  défia  de  luy  ouurir  les  priions, quâd  lettres  arriuerét  delaCour, 
parlefquclles  le  Roy  commadoit  qu'il  n'y  euft  aucun  prifonnier  relafché  fans  eftre  exa- 
miné de  fa  foy.   Là  delfus  il  eft  enquis  de  la  foy  &  Dieu  qui  ne  met  point  fes  enfansaux 
allants, qu'il  neles  arme  fuffifamment  de  la  vertu  de  fon  Elpnt,renforça  fon  courage,  &C 
luv  ofta  tellement  toute  timidité, qu'il  refpondit  franchement  à  tout  ce  qui  luy  fut  de- 

Le  premier poincl:fut,ouilauoitfaitfes  Pafques  ,  &C  s'il  s'eftoit  confe/Té  au  pre- 
ftre  le  Carefme  palfé.  Il  fit  refponlè  qu'il  auoit  bien  appris  en  la  pârolle  de  Dieu, de  viure 
«i'vne  autre  façon,que  celle  qui  eftoit  accouftumee  entre  le  pourc  peuple:  qu'il  auoit 
fait  laCcneplulieursfoisen  l'aflembleeChreftienne.  &:  ne  s'eftoit  confefte  à  l'oreille 
du  Preftre,n'ayantaucun  commandement  en  l'Euangile  de  cefairermaisbien  feconfef 
{bit  journellement  à  Dieu.  Le  luge  pourfuiuit  les  demandes  ordinaires,dc  la  Mefi"c,du 
Puroatoirc,&:  autres  telles  chofes.    A  quoy  ledit  Milet  refpondit  fi  conftamment ,  que 
toft  ap  rcs  il  fut  conclu  del'enuoyer  àla  morr.  Tourefois  il  eut  le  loilir  d'eferire  vne  1er* 
tre  à  la  femme  pour  la  reconfortenluy  remonftrant  que  rien  ne  luy  eftoit  aduenu  fans  le 
vouloir  du  Pcrc  celefte:&  que  c'eftoitfaifon  que  tous  deux  acquielçalTent  à  fa  volonté*, 
mefmcs  veu  que  défi  long  temps  ils  auoyent  appris ,  que  ceux  qui  voudroyent  viure  re- 
ligicufement  en  Iefus  Chrift,fourfriroyent  perfecution.  Et  pourtant  elle  ne  fc  deuoit  e-  i-T"nîI* 
ftonner,commc  d'vne  choie  nouuelle&ellrange  ,  de  le  voir  en  telle  aduerfité.    Que  Le  «menu 
Dieu  luv  faifoit  vn  grand  honneur  de  le  faire  lburfrir,non  point  pour  larrecin,  ou  meur-  des  ,cttrC5 
tre,  comme  malfai&eur:  mais  pour  letefmoignagedefaParollc,pour laquelle  tât d'ex-  Saoda'/ft 
cellens  fcruiceurs  de  Dieu,deuant  luy  auoyent  fourfert.  Qu'elle  le  fouuinft  des  promeC  femme. 
fes,&:  des  menaces  que  tant  de  fois  elle  auoit  entendues  par  la  prédication  de  l'Euangi- 
lc:Que  noftre  Seigneur  Iefus  confelferoit  deuant  Dieu  ton  Perc  ceux  qui  l'auroyent  cô 
felTé:&:  delàdtioueroit  ceux  quil'auroyentdcfaduouédeuant  les  hommes.  &  ne  trou- 

TT.  iiii, 


L/^ro  V I.  Jean  %effroy. 

uaft  point  mauuais,fi  pour  le  foin  qu'il  adefonfalut ,  il  aimoit  mieux  la  dclaiiTer  auec 
tous  les  enfans,que  d'abandonner  celuy ,  auquel  enfemble  ils  s'eftoyent  dédiez.  Que 
Dieu  luy  feroit  pour  pere,&  à  tous  fes  enfans.  Et  (a  mort  ne  leur  feroit  point  à  deshon- 
neur,mais  à  honneur:&:  auroyent,&  elle  &  les  liens, pour  toujours  expérience  en  luy  du 
fecours  de  Dieu  appai  cille  à  ceux  qui  le  voudront  feruir,pour  perfeuerer  en  la  do&rine 
auec  toute  alfeuvance.Car  elle  cognoi/foit  fa  foiblefTe  &c  timidité  :  mais  qu'auiourd'huy 
il  éftoit  tout  autre,  Dieu  luy  faifant  telle  afllftence ,  qu'il  ne  fut  ïamais  fi  content  &c  con- 
folé:&:  eiperoit  bien  que  fa  ioye  ne  luy  feroit  point  oftee,  quelque  mort  qu'il  luy  côuinft 
fouffi  ir.Elle  auoit  doneques  matière  pour  l'amitié  qu'elleluy  portoit,non  point  de  s'en- 
nuyer,mais  de  ferefiouir  de  lagrace  que  Dieu  luy  auoit  faite.  ^  Voila  les  confolatios 
par  lelquellesil  î  cconfortoit  fa  femme. 
Sentence  O  r  pour  icuenir  à  l'on  procez,lc  Lieutenant  criminelfcpt  ou  huit  ioursapresleiour 
nïnc'crirra-  ^e  la  P^^donna  fentence  par  laquelle  il  eftoit  condamné(notammét  pour  s'eftre  trou- 
nelde  Pans  ué  aux  afTcmblees)d'eft:ie  bruflé  tout  vif  eh  la  place  Maubert:laquelle  lentence  fut  con- 
fermée  par  areft  de  la  Chambre  ordonnée  au  temps  des  Vacations.  Tellement  qu'ilfuc 
mené  en  ladite  Place, toufiours  louant  &  glorifiant  Dieu.car  il  n  auoit  point  de  bâillon. 
Ceux  qui  l'auoyent  cognu,rendoyent  tefmoignage  que  ïamais  il  ne  fut  veu  plus  ioyeux 
ne  plus  délibéré  cjue  ce  iour-la  de  (on  exécution.  Quand  il  fut  au  lieu  du  lupplice,par 
troisfoisiliémitagenoux,&:  pria  Dieu  degrandeardeurdeuanttoutle  peuple,  &c  ne  le 
peut- on  empefeher.  Le  bourreau  luy  mu  vne  corde  au  col ,  &:  luy  fut  dit,s'il  fe  vouloir 
Notez.  dcfdire,qu'il  feroit  eftranglé:mais  il  fît  re(ponie,Non:car  l'aime  mieux  loufFrir  vne  heu- 
re,&:  m'en  aller  en  Paradis. Quand  on  eut  leu  fon  areft,il  demanda  par  quel  pafiage  de  1' 
Efcritu  re  faincfe  il  eftoit  condamné.  On  luy  dit  que  c'eftoit  le  vouloir  du  Roy.  Partons 
outre,dit-il, allons  a  Dieu:lans  répliquer  autre  choie.  Eftant  guindé  en  i'air,il  commen- 
ça à  chanter  le  Pfeaume  l  i  ,Mifericorde  au  pourc  vicieux,&c.Et  fi  toft  que  le  feu  fut  al- 
lumé,il  fe  print  à  la  paille  qu'on  luy  auoit  miîeious  les  ailTelles:&.  incontinét  brulla  tou„ 
te  la  barbe,&  cheueux.Mais  pour  cela  il  ne  lai/Ta  de  continuer:  voire  fes  pieds  &:  fes  ianu 
bes  eftoyenc  défia  toutes  bruflees,qu'il  chantoit  encores.Et  fut  toufiours  pendu  enl'air, 
iufqu  a  ce  que  la  corde  eftant  bruflee,il  tomba  dans  le  grand  feu,&  expira. 


IEAN    BEFFRO  Y ,  fcrmricrJPatis. 


VOICI  vn  fourd  fi  bien  oyant  &  retenant  la  voix  de  l'Eu  angile.fi  bien  reiglant  au  pur  (cruice  de  Dieu  là  famille,  qu'il  n'ad- 
met aucune  pollution, n'aucun  femblant  d'idolatrie.Son  exemple  condamne  tous  ceux.qui, faifans  femblant  d'ouir&ad* 
berer  à  Li  vérité  de  l'Enangile,fe  fouillent  en  fuperftitions  &  Émulations  contraires  à  icelle  vérité. 

L  y  auoit  vnferrurier  demeurant  en  la  tue  de  la  Mortellcrie,  nommé  Iean 
Beifroy,qui  auoit  eu  toufiours  vne  grande  crainte  deDicu:  &  n  auoit  iamais 
[fermé  fa  poure  maifon  aux  aifembleesChreftiénes,qlque  danger  qu'il  y  euft 
|  de  les  recueillir.Sô  defir  eftoit  admirable  de  profiter  en  la  predicatiô  de  l'E- 
uangiîe:car  eftant  empefché  par  vn  vice  dénature ,  de  bien  entendre(il eftoit  fpurdaut) 
auoit  trouué  vn  remede:&  commandoit  à  fon  Garçon  d'efeouter  diligemment ,  &  à  la 
fortie  de  l'aflemblee  luy  faifoit  reciter  en  l'oreille  ce  qu'il  auoit  entendu.Si  bien,qu'il  ap 
prenoitbeaucoup,moyennant  l'aide  de  celuy  qui  par  la  vertu  de  fon  Efprit ,  fait  infor- 
mer fuffifammét  de  fa  volonté  ceux  qui  font  defireux  delà  làuoir.  Et  le  portoit  fi  ronde- 
ment au  feruice  de  Dieu  auec  toute  lafamille,s'eflongnant  de  toutes  idolâtries  &  fuper- 
ftitions,qu'il  s'eftoit  acquis  vne  merueilleufe  haine  de  fes  voifins ,  &  fouuent  eftoit  me- 
nacé de  faccagemcnt.Cela  toutefois  ne  l'cfFrayoït  point.  Il  adûint  que  Dieu  luy  donna 
va  petit  enfant,lequel  il  prefenta  en  l'Eghfe  Chreftienne  pour  receuoir  le  baptefme:efti 
Chr£n  mant  que  le  deuoir  de  çeluy  qui  a  la  cognoiflance  de  l'Euangile,eft  de  tellement  renon. 
aubapwf-  cer  aux  corruptions,  parlelquelles  les  ordonnances  de  Dieu  (ont  deffigurces ,  qu'il  ne 
JJJknj  on  fouffre  point  que  les  fiens  en  îoyentpolluez:lors  principalement  qu'il  y  a  moyen  de  les 
prelenter  en  rEgIifereformee,où  lefditcs  ordonnances  font  pures.  La  conftancedcce 
fainct  perionnage  en  ce  cas  irrita  encores  plus  lès  voifins.  Et  puis  c'eftoit  le  temps  que^ 
ces  pourcs  gens  abufez  tapi/l'en  t  le  devant  de  leurs  maifons ,  &:  portent  iouer  leur  dieu 
parles  rues:auquelilnevoulutfaireaucunhonncur,&  ne  tendit  fa  maifon  comme  les 
autres. C'eftoit  vne  féconde  preuue  de  fa  conftanec. 

V  l  N  A  - 


Le  deuoir 

d' 


Pierre^  Arondeau.  jij 

Fin  a  l  e  m  e  n  t  comme  les  voifins  eftoyent  forcenez,  il  arriua  ie  ne  fay  quelque 
petite  fefte  obfcure:&  n'euft  trauaillé  en  ce  iour  Ja,  de  peur  en  chofes  indifférentes  d'- 
ofïènfer  perfonne  :  maisilauoitvne  befongncàfaire  qui  eftoit  haftee,  pource  que  les 
tournois  &:  feftins  pour  les  mariages  des  Dames  cy  deuant  nommées  approchoyent, 
&  luy  auoit  elle  commandé  de  belbngner.  Les  voifins  ouyrent  le  bruit  des  mar^ 
teaux:&  fans  auoir  efgard  au  commandement ,  fans  aucune  enquefte  ou  information 
ptcailablemcnr  faite,  forcèrent  famaifon  :  &:  i'ayans  bien  outragé,  le  liurerent  à  vn 
Commiffaire  ,  lequel  l'amena  prifonnier  au  Chaftelet.  Ayant  làefté  longtemps 
détenu  pril'onnier  aux  baiTes  foiîes ,  il  reccut  fentenec  du  Lieutenant  criminel  deftre 
bruflé  vif  en  la  place  de  Greue  :  après  auoir  efté  mis  en  la  queftion  extraordinaire.  Le 
tout  pour  auoir  maintenu  la  faindedodn  nc  denoftre  Seigneur  Iefus  Chrift  ,  &  princi- 
palementdetenduconftammentfon  faidau  Baptcfmede  fon  enfant. Laquelle  fèntcn- 
ce  fut  confermee  par  areft  de  la  Cour:cxcepté  qu'aucunequeftion  ne  luy  feroit  baillée. 
Tellement  que  perfiftant  toujours  en  la  confeflion  de  la  vérité  de  l'Euâgile,au  mois  de 
Décembre  fuiuant  il  fuc  bruflé  vif  en  ladite  place  de  Greue  ,  auec  tef'moignage  d'vne 
{inguliercconftance&  intcgnrë  deroy. 


PIERRE    ARONDEA  Y^ngoulmois. 

S  I  en  fuiuant  les  fain&es  afTemblees  nous  fomnies  moleftez  par  les  ennemis:apprenons  de  recourir  à  Ja  confolatiô  ^om  g 
que  ces  Martyrs  ont  eue,&  que  S.  Paul  a  enfeignee,Qu'à  ceux  qui  aiment  Dieu ,  toutes  chofes,affauoir  affli- 
&ions,opprobres,&  autres  miferes  par  lefquelles-nous  paflbns  parmy  cefte  vie  terreftre,  viendront  en  aide. 
Et  au  contraire,que  toutes  chofes  tourneront  en  mal  &  ruine  aux  ennemis  de  l'Euangile. 

IE  P  V  I  S  que  les  fidèles  onteommencé  de  safîembler  pour  inuoqucrDieu  M.d.lix. 
[$£  communiquer  à  fà  doctrine, le  nombre  de  plus  en  plus  s'eft  augmenté  :  &  l<* aflem 
jurandes  benedidions ont  iuyuy  les afTemblees :  nonobftat les  contradidiôs  biecspour 
_  !^  oppofîtionsdesaduerfaires.    La  Rochelle  ville  marchande  à  caufe  delà  2J.yJlanprc* 
mer,ncft  pas  des  dernières  au  reng  de  celles  qui  auoyent  afTemblees  faindes, en  ce  téps    *-  ' 
que  les  feux  eftoyent  allumez  par  toute  la  France.  Vn  nommé  Pierre  Arondcau  du  pays 
d'Angoul  mois,homm e  de  baffe  condition  s'y  eftant  reciré  cefte  année  m.d.lix.  s'infî- 
nua  à  TEglife,&fiequentoit  les  exhortations  &  prières  qui  s'y  faif'oyents'entretenat  d'- 
vne petite  balle  de  mercerie  qu'il  portoit  ordinairemét  par  la  ville. Mais  lesfuppofts  de 
Y Antechrift,aufquels  telle  félicité  eft  odeur  de  mort,vn  iour  s'a ttachans  à  ce  perfonna- 
ge,luydemanderent,Oùilalloitàla  MefTe.A  quoy  Arondcau  dit  qu'il  n'y  auoit  quepar 
trop  efté,à  fon  grand  regret:&  puis  que  Dieu  luy  auoit  desbendé  les  yeux  par  fa  fain&e 
jpai  olle,il  cognoifToit  bien  que  la  Mefî'e  eftoit  abominable}forgee  en  la  boutique  de  l'en 
nemy  du  genre  humain. Or  ceux  aufquels  il  rcfpondit  en  cefte  façon ,  eftoyent  Preftres 
qui  le  cognoiiroyent:&  l'vn  d'icetix  nommé  Monroy,print  les  autres  à  cefmoin  :  &delà 
s'enallerét  droit  au  Lieutenat  criminel  déférer  les  propos  qu'auoit  tenu  Arondeau.La 
depo(itionreccué&  l'information  faite, il  y  eut  incontinent  décret  de  prinfe  de  corps 
contre  luy.  Er  combien  qu  vn  de  fes  amis  1  euft  aduerty  du  danger  auquel  il  eftoit,  fi  ne 
lailla-ildcfe  prefenter  deuant  fes  ennemis, qui  le  firent  prendre  &c  mener  prifonnier.E- 
ftant  en  la  pnfon,plufieursderEglife  vinrent  pourleconfolenmais  on  trouua  qu'ilfer- 
uoïc  dcçonfoIation&:  confort,non  feulement  à  ceux  qui  le  vifitoyent,  mais  auffi  aux  au 
très  prifonniers  détenus  auec  luy.    Les  Preftres  eftoyent  diligens  à  foliciter  ce  Lieute* 
nant,qui  defoy-mefme  n'eftoit  que  par  trop  incité  en  telles  caufes  &:  matières.  Arôdeau 
interrogué,  fouftint  de  grand  courage  ce  qu'il  auoic  dit:&r  y  adioufta  beaucoup  plus  qu'- 
ils n'en  vouloyent  ouyr.  Le  Lieutenant  luy  remonftra  qu'il  eftoit  en  erreur:&:  que  s'il  fe 
Vouloir  retradcr,on  luy  feroit  grâce-.  Arondeau  perfiftât  en  fes  refponfes,  dit ,  Que  fi  par 
l'Elcriturefainde  on  luy  monftroit  quelque  erreur,il  eftoit  preft  de  ferctrader,  maisnô  LaconfKcc 
autrement.Le  Lieutenant  voyant  cefte  perfeuerance(que  fauffement  il  appeloit  perti-  Arondcau 
nacité)le  condamna  à  la  mort:&:  Arondeau  loua  le  Seigneur  de  la  grâce  qu'il  luy  faifoit 
defouffrir  pourfaqucrellc-.cV:  de  refiouifTanceil  luy  chanta  Pfeaume ,  eftant  refolu  d'ac- 
cepter la  fentéce  de  mort  fans  en  appeler.  Ses  amis  non  côtens  de  cefte  refolutiô,vinréc 
vers  luy  pour  remonftrer  qu'il  ne  deuoit  ainfi  faire  tant  bon  marché  de  fa  vie  à  l'appétit 
des  ennemis:  &  puis  que  Dieu  donnoit  le  moyen  d'en  appeler  ,  qu'il  ne  deuoit  mefpri- 


Liurc^VI. 


Anwdu'BQUw. 


Monroy 
frappé  du 
iugemenc 
deJDieu. 


Le  Lieute- 
nant crimi- 
nel de  la 
Rochelle. 


fer  le  remcde.Ceux-cy  firent  tant  qu'il  luy  perfuaderent  d'en  appeler.  L'appel  entreiet- 
té,le  Lieutenant  pourgratifïer  aux  ennemis  de  l'Euangile  ,&:  fur  tous  au  Cardinal  de 
Lorraine,le  fit  incontinent  d'vn  bien  matin  auatiour,par  vne  pofterne  fortir  &c  mener 
par  fesgaides,qui  bien  îauoyent  les  lieux  deftournez&  chemins  obliques  de  peur  de  la 
rccoufle.  ^  Arriué  qu'il  fut  a  Paris  après  grand  trauail  &:  long  chemin,on  le  fourra  das 
la  Conciergerie,eftant  recom mâdé  aux  deux  prefidés  Magiftri  &  S.  André^par  le  moyé 
defquds  la  fentcnce  du  Lieutenant  fut  confermec  par  Areft  :  &:  fut  mis  en  exécution 
le  x  v.iourde  Nouébre,auqueliour  Arondeaufuftbruflévifen  GreucàParis.  On  dit 
que  la  confiance  &  force  hei  oique  que  Dieu  luy  donna,&  par  laquelle  il  demeura  vifto 
rieux  enla  mort ,  feruit  de  miroir  au  fufdit  M.Anne  du-Bourg  Confeillcr>  5t*  à pluficurs 
autres  fidèles  feruiteurs  deDieu,fouffrans  pour l'Euangilcprefché  es  fain&es congréga- 
tions, voire  &leur  a  efté  comme  vn  preparatif  à  la  mort,laquelle  ils  ont  depuis  fouffertc. 

1 1  aduint  toft  après  l'heureufc  iflue  d' A  rondeau, que  le  iùfnomméMonroy,qui  auoic 
efté  des  principaux  accufateurs&:  parties,  fut  frappé  dvnc  apoplexie,  de  laquelle  il 
mourut  foudain.  Le  Lieutenant  qui  le  condamna,netarda  gueres  aptes  la  mort  dudit 
prcftre  Monroy, qu'il  n'euft  vn  adiournement  perfonnel  auConfeil  priué  du  Roy,à  la  re 
quefte  d'vn  gentiLhomme  Polonnois  nommé  Antoine  De  l'eglife:  contre  lequel  il  a- 
uoit  donne  vne  fentence  inique  &  torfiônaire.De  laquelle  ledit  Antoine  s'eftant  porté 
pourappclant,lepouifuiuit  fiinftamment,  qu'audit  Confeilles  concufllons  &r  pille- 
ries  dudit  Lieutenant  furent  fiauantdefcouuertcs  ,  qu'il  fut  condamné  enuersla  par- 
tie en  mille  efeus  fol, payables  dans  quinzaine  à  la  peine  du  double  :  &  outre  deftitué  de 
fon  eftat,&:  déclaré  incapable  de  iamais  tenir  ou  exercer  office  royal  :  auec  infamie  per- 
pétuelle. 


,     ANNE    DV    BOVR  Gy  Conférera»  Parlement  de  Paris. 

C  £  qu'en  la  précédente  édition  n'auoitefté  aïïez  diftin  dément  mis.nous  louons  hiftorialemét  départi  enla  prefente  félon  l'or- 
dre des  temps:tellement  qu'après  auoir  veu  cy  deflus  les  caufes  &  circonftances de  l'cmprifonnemét  de  M.Anne  Du  Bourg, 
il  refte  la  procédure  &  exécution  dernière  tenue  contre  lu  y  .Au  refte  c'eft  Vn  exemple  fîngulier  à  toutes  perfonnes  coniti- 
tuées  en  cftat  de  ludicaturc,pour  apprédrc  de  fubmcctre  toutes  dignitez  &  honneurs  i  laParolle  &  doctrine  de  IclusCLrift, 

N  N  E  du  Bourg  Confeiller  pour  le  Roy  en  la  Cour  de  Parlement  à  Paris,' 
ne  la  fit  pas  lôgue  après  les  deffufdits  Martyrs.il  eftoit  natif  du  pays  d'Auuer 
gne,d'vne  mallon  honnorable  :  homme  bien  vcrle  en  toute  bonne  feience, 
_  Hcfingulie  rement  en  droit  ciuil.  Ayant  leu  en  ce  droit  quelque  cfpace  do 
temps  en  l'vniuerfité  d'Orléans  auec  grand  renom,  il  fe  retira  à  Paris  pour  mieux  feruir 
à  la  Republique,&:  auoir  vne  vocation  en  laquelle  il  peuft  faire  valoir  cefte  feieneeque 
Dieu  luy  auoit  donnee.il  eut  vn  cftat  de  Confeiller  en  la  Cour ,  auquel  il  s'eft  porte  touf 
lours  en  bonne  conlcience&  iuftice,au  tefmoignagc  defes  plus  gras  ennemis.  Or  nous 
auons  défia  déclaré  cy  deuus  la  caufe  pour  laquelle  il  fut  mis  pnfonnier,par  le  comman 
dément  du  roy  Henry:à  fçauoir  qu'eftant  en  la  Mercuriale,aucc  les  autres,pour  dire  fon' 
aduis  fur  le  raid  des  Luthcricns,auoit  efté  d'opinion  en  la  prefencedu  Roy  ,quvn  fainét 
Concile  &c  libre  fuft  alTemblé,pour  vuider  les  diffctës  de  la  Rcligion:&:  cepédant  qu'on 
iurfeaft  lesperfecutions.  Eftat  donc  prifonnier  en  la  Baftille  pour  cefte  caufe,aucc  cinq 
ou  fix  autres  Confeillers  de  la  Cour ,  luges  luy  furent  déléguez  pour  faire  &  parfaire  fon 
procès.  Lelquels accompagnez  derEucfquedeParis,&d'vnInquifitcur,nommé  Dé- 
ni oçharés,vin'drét  incontin  ent  pour  l'interroguenmais  il  ne  leur  voulut  refpondrc  :  dL 

v  cf  il  fant4ucccft°iclacouftumc»^auc^  °*uc 
acauldê Cf  *on  procès  luy  fuft  fait  par  tout  le  corps  de  ladite  Cour  ;  &C  demandoit  que  çefte  coufttt* 
crime  doit  me  tant  ancienne  ne  fut  point  rompue  en  faperfonne.Surce  refus,  lettres  foi  obtenues 
dcwûtîe  duRoy  par  les  ennemis^cl'Euangile:parlelquelles  commandement  luycftfait  deref- 
corps  de  la  pondre  aux  Commiflaires  déléguez  ,  àpeined'eftre  attaint&conueincuae  rébellion» 
Ce  fut  l'vne  des  iniuftices  qu'onluy  a*enues,laquelle  ila  portée  bien  patiemmenti&fas 
faire  autre  inftanec,  donna  refponfc  par  pluficurs  fois  aux  interrogatoires  comme  il 
«enfuit, 

PREMIER 


Cour. 


Annz^>  du  Bourg. ,  J2  S 

P  R  E  M I E  R  interrogatoire  par  les  Commiffaires  ordonnez  par  le  Roy  le  XXII.  iotir  de  Iuin  M.D.LIX. 

iV  Bourg  mandé,&:remonftrance  à  lùyfaite  du  vouloir  du  Roy  ,  d'eftreobei/îant  interro- 
Jau  commandement  ducht  feigneu  r:&:  de  déclarer  s'il  perfifte  en  ce  qu'il  a  dit  ,  Ne  toires. 
vouloir  refpondre  fînon  à  la  Cour  de  Parlement,  après  qu'elle  auroitauthorizé  la  com- 
miflion  du  Roy^drefTee  à  les  déléguez.  A  dir,que  les  remonftrancespar  luy  faites,n'onc 
cité  pour  defir  qu'il euftdeftredelbbeiflant  au  Roy,ny  à  nieflieurslesCommi/laires  par 
luy  deputez:mais  a  toujours  voulu(comme  encore  veut)obeir  audit  leigncur,eftant  Ton 
trelhumble  lubiet  &:  ofrkicr:&:  que  puis  qu'il  luy  pjalft  qu'il ref  ponde ,  eft  preft  de lefai- 
*e,fous  les  proceftations  ia  faites. 

^  A  Huilant  luy  ont  efté  monftrees  &:  communiquées  les  fécondes  lettres  du  Roy, 
qu'il  aleuës&  rendues,comme  preft  d'obéir  &t  rclpondre.  A  dit  qu'il  eftgrandemenc 
defplailarit  que  le  Roy  ait  opinion  de  luy  qu'il  foie  feditieux  ,  ne  qu'il  ait  voulu  dire 
propos  fcandaleux  deuant  (à  Maiefte:&:  eft  encore  plus  marry  de  ce  qu'il a  efté  aucune- 
ment dei'obeiirant,&;  long  à  refpondre:&:  s'e  n  repent.Suppliefa  Maiefté  de  luy  pardon-, 
ner.N'a  entendu  eftre  rebelle  ne  contumax.Recognoift  l'Euefque  de  Paris  eftie  l'on  Pa 
fteurôi luge  ordinaire. 

Luyaefté  eniointde  mettre  la  mainaupi£ts,apres  ferment  parluypreftédedire 
vérité. Enquis  de  fon  aage,a  dit,Quil  eft  aagé  de  trente  fept  à  trente  huit  ans. 

Luy  a  efté  remonftré,que  par  l'opinion  qu'il  a  baillée  dernière  en  la  prefence  duRoy, 
ledit  Seigneur  feant  en  fon  lift  de  Iuftice,  en  fon  Parlement  tenu  aux  Auguftins  :  il  tmc 
plulieurs  propos  contraires  à  fa  profeflîon  &c  ordres  (acrez ,  contre  les  commandemens 
de  Dieu  5z  de  nolt,remercfainctecglife:dont  ledit  Seigneur  fut  feandalifé  ,  &  tous  les 
Princes  &C  leigneurs  eftans  en  fa  compagnie.  A  cefte  caufe ledit  Seigneur  commande  T_ 
interroguer  fur  ce,&qui  l'a  meu  de  ce  faire.  A  dit,qu'il  eft  grandement  defplaifant  de  ce 
que  le  Roy  &  lesPrinces  eftans  en  (a  compagnie,ont  prins  occafion  de  le  feandalizer  de 
ce  qu'il  dit  lors:attendu  qu'il  ne  penfe  rien  auoir  dit  contre  l'ordre  de  fa  profeffion  ,  les 
commandemens  de  Dieu  &C  dei  Eglife:&:  ne  le  voudroit  faire. 

Luy  a  efté  remonftré,qu  entre  autres  propos  qu'il  a  tenus  deuant  le  Roy  &c  les  Prin- 
ces,il  a  fbuftenuque  toutes  les  traditions  &:  ordonnances  de  l'egliie,des  Rois  &c  des  Prin 
ces,ne  peuuent  aucunemet  lier  ny  obliger  les  perftmnes,&  ne  s'y  faloit  arrefter .  enquis 
SÏI  a  ainfi  parlé.  A  dit,fous  corredion,qu'il  ne  l'a  dit  ainfï,&:  n'a  tenu  ce  propos,&:  n'eft  en 
fon  opinion  entré  iufqucs  là.meflîeursDu  Mefnil,  Gavant  &  Bonette  cftoyent  prefens 
qui  le  peuuent  bien  fauoir.  ; 

.  Enquis  qu'il  croyoït  des  traditions  de  l'eglife,&  des  edi&s  des  Rois  &  des  Princes,fur 
lefaid  deshcreiîes»  Adit,qu'il  n'eft  grandement  verféaux  Elcritureslàincles:&  vou- 
droit qu'il  y  euft  éployé  le  téps  qu'il  a  employé  à  eftudier  au  droitCiuil,&  lettres  humai- 
nes. Prie  treshumblemétmôlieur  de  Paris  lôEuefqueÔi  Pafteur,de  le  redrefter  s'il  faut, 
&  l'enfeigner  par  la  parolle  de  Dièu,dc  ce  qui  concerne  tant  ceft  article,que  tous  les  au 
tres,qui  appartiennent  à  la  foy  &  Religion. 

Luy  a  efté  remonftré  par  ledit  feigneurEuefque  de  Paris,queleChreftien  eft  teniiyjûh 
pœnapcccattmortaliS'tobcii  a  tous  les  commandemens  de  l'Egliie,&  traditionsEcclefîafti-  Am^Jc» 
ques,receuës  des  Apoftres,des  difciples  de  noftre  Seigneur,des  faincts  Conciles,&:  del'-  rraÏÏoiï 
eglifèRomaine:combien  qu'aucunes  dicelles  traditions  ne  fbyent  exprefTémentefcri- du  i>aPc! 
tes,ny  en  l'Euangile  ny  au  Symbole  des  Apoftres  :  mefmement  qu'il  faut  croire  les  fept 
facremens  <4e  l'eglife,lesfaincts  commandemens  d'icelle:  garder  les  Dimanches  &  fc- 
ftes  des  Sain&s&:  Sam&es  ordonnées  :  leufner  le  Cardme>&:  autres  ieufnes  comman- 
deesrd'allcr  à  confeflc:reccuoir  f  on  créateur,  à  tout  le  moius  vn c  fois  l'an ,au  iour  de  Paf- 
ques  faireabft)nencedcchairauxiourscommandez,cioirevn Purgatoire  ,  prier  pour 
les  trcfpa(îcz:pricrlesSainâ:s&:  les  Sainctcs,afîn  qu'ils  nous  foyent  en  aide:& les  autres 
poin£ts  6C  articles  fur  lefquels  il  fera  particulièrement  interrogué. Ce  font  les  trat.  ons 
de  l'eglife,que  chacun  Chreftien  cfttenuinuiolablementcroire,garder&obferu'i-,fur 
peinede  pechc  mortel.  A  ces  remonftranccs  a  dit,que  puis  qu'il  plaift  au  Roy  qu'il  refpô 
de  par  deuant  lefdits  Commiflaires  ordônez  par  ïaMaieûé,  des  articles  de  fa  foy  &c  cre- 
ance:il  loue  Dieu grandement,de  ce  qu'il  luy  a  pieu  enuoyer  vn  fi  bon  zele  àfa  Maiefté, 
lefuppliant  treshumblement  de  ne  s'ofFenfcr  de  chofe  qu'il  die  cy  après, 

Po  v  r  rcfpondre  particulieremét,a  dit  que  fa  foy  &ç  creâce  eft  fondée  fur  la  pure  parole 
de  Dieu,qu'il  croit  que  Dieu  a  cftably  fa  Loy,par  les  moyens  que  bon  luy  a  fembléma 


L  wrc~>  VI.  d nne  du  'Bourg, 

rien  obmfs  de  ce  qui  appartient  à  icelle.Qrfîl  a  apprins  trois  moyens  pour  entendre  ce- 
tte Loy.  Le  premier,les  liures  des  Propheces.  Le  fccond,rEiiangile  annoncé  par  la  bou- 
che de  noftre  Seign.  Icfus  Chrift.Lc  tieis,lcs  liures  des  Apoftres  &  difcipies  d'iceluy  Ie- 
fus Chrift.Qu'il  croit  tout  le  contenu  en  tous  lefdits  liures,  &:  au  Symbole  des  Apoftres. 
Qu'il  croit  qu'efdits  liures  tout  noftre  falu  t  eft  com  prins,  tanc  en  ce  qui  concerne  la  co^ 
icaaiî.ij  gnoiiTanced^  Dieu  par  fonFils,que  les  faincts  Sacremens  parluyinfticuez,  pour  le  fou- 
lagement  de  noftre  fragilité.  Que  ce  feroit  vn  grand  blafpheme  de  penfer  que  Dieu 
n'euft  efté  affez  fage  pour  nousfaire  fuffifammét  entendre  fa  volontérmefmes  en  ce  qui 
regarde  noftre  redéption  6c  reconciliation.  Que  ce feroit  aufli  grand  blafpheme,de  dire 
que  îefusChrift  n'euft  inftitue  fonEgliic(de  laquelle  il  eft  le  vrayChcf  &  le  vray  Efpoux) 
ainfi  qu'elle  a  deu  eftrcinfticuee& enfeignee. 

Parcillement,que  ce  feroit  grandement  arguer  de  defloyauté  les  Apoftres  &  difcipies 
de  Iefus  Chrift  ,  dédire  qu'Us  ne  nous  auroyent  fait  entendre  enticrement  la  volonté 
de  Dieu, qu'ils  auoyent  receuë  par  fon  Fils  Iefus  Chrift,&  par  le  S.  Efprit,cn  ce  qui  regar 
de  noftre  falut.Qu'il  eft  memoratifauoir  leu,  que  Iefus  Chrift  auoit  entièrement annô- 
KUrc  itf.if  ce  la  parolle  de  Dieu.Pareillement eft  eferir,  que  les  Apoftres  &:  difcipies  d'iceluy  Iefus 
Chrift  auoyent  entièrement  entendu  fa  volonté.cn  ce  qui  regarde  noftre  falut.  Que  k 
parolle  de  Dieu,comme  il  eft  eferit,  eftoit  auant  que  le  monde  fuft  iamais  crcé,par  tanc 
long  temps  auant  qu'il  y  euft  Eglife  entre  les  hommes. 

Que  les  hommes  ne  nous  peuuent  obliger,  en  ce  qui  regarde  les  Commandcmens  e- 
ftablis  par  la  Loy  de  Dieu  ,  outre  le  contenu  en  icelle  Loy,&  les  moyens  &:  remèdes  de 
noftre  làlut.Car  il  eft  cfcrit,qu  après  que  Ieftis  Chrift  a  fait  entendre  la  volontcde  Dieu 
par  fa  parolle  àfes  Apoftres  &:  difciples,il  leur  a  dit,  Allez,  &:  pt  efchez  ccft  Euangile  par 
tout  le  monde.C'eftà  dire,l'Euangile  qu'il  auoit  luy-mefme  annoncé  de  fa  bouche.Iln' 
a  pas  dit  qu'ils  annonçaient  autre  chofe,  que  ce  qu'ils  auoyent  receu  de  luy. 

Ne  croit  que  l'eglile  Romaine  ait  puifTance  fur  nous  autres,  u*  ce  n'eft  entant  qu'elle 
eft  conforme  à  la  pure  doctrine  de  Dieume  qu'elle  nous  puiiîe  obliger  à  autres  cômâde 
mens,pour  la  neceiTité  de  noftre  falut,qu  a  ceux  aufqls  nous  sômes  obligez  par  la  parole 
de  Dieu.Que  les traditionsde i'Eglife,cn  ce quixoncerncla police &c  reiglemcnt des fi- 
deles,nous  obligent  pour  viure  en  ordre  &  politiquemet ,  fur  peine  de  pèche'  mortel. 

Quant  aux  Concilcs,dit,que  ce  font  conftitutions  des  hommes:qu'il  y  en  a  de  tref- 
fain£tes,mefmes  contenues  es  premiers  Conciles  generaux,d'autant  qu'elles  font  con- 
formes à  la  pure  doctrine  de  Dieu.  Il  y  en  a  aufli  qui  ont  efté  appelez  Conciles  pro- 
phanes. 

Qu'il  y  a  contradiction  &  répugnance  entre  les  Conciles,  meimes  les  vns  comman* 
ftioné^  dent  d'abattre  les  images  qui  eftoyentés  temples:  les  autres  ont  commandé  de  les  rc- 
CoocJcs.  mcttre.Lcs  vns  ont  défendu  aux  mariez  d'eftre  Preftres,aux  Diacres  de  (e  marierdes  aa 
tresl'bm  permis. Les  vns  ont  permis  aux  Bohémiens  de  receuoir  la  faindte  Cene  *  Jùb-v- 
traqtte  ("peàe.lcs  autres  l'ont  permis  aux  Preftresfeulemet:  &  autres  exéples  de  repognace 
&  côtrarietéjdôtà  prefent  il  n'amemoire.PourcognoiftrelefqlsdefditsCôciles  on  doic 
fuyurc,faut  auoir  recours  àla  conform  ité  qu'ils  auront  à  la  pure  doârine  de  Dieu:car  n© 
les  faut  fuyure  comme  Conciles  Amplement. 

Interrogué,s'il  ne  croit  qu'il  yafept  facremens,du  Baptcfme,dela  MeiTe,du  Maria- 
ge,Confirmation,Penitence,les  fain&s  Ordres,&  l'extrême  Onction.  A  rcipondu,qu'il 
croit  les  fain&s  Sacremens  qui  ont  efté  ordonnez  par  IefusChrift,pour  nous  confermer 
en  noftre  regcncration,en  efpcrance  certaine  de  fes  grâces  à  venir.  Qu'il  ne  croit  au- 
tres Sacremens  que  ceux  qui  ont  efté  ordonnez  par  iceluy  Iefus ,  aflfauoir  le  Bapteftne, 
Peux  Sacre  qui  nous  reprefente  le  lauemet  &:  purgatiô  de  nos  fautes  Se  péchez,  &  nous  tefmoigne 

mens  jnftj-  1  r  i       C  n  i  r        J    t  r 

tuezdeDicu  S  nous  *om  mes  régénérez  en  vne  beaucoup  meilleure  vie,parlç  precieuxiang  de  leius 
Chrift. Que  la  defobeiiTance  de  noftre  premier  pere  Adâ,parlaqlle  no'fommes  côceus 
enfansd'iniquitéjcftcffacee.Pareillemcnt  croit  le  faind  Sacrement  de  la  Cene,  parle, 
quclavans  efté  regeoerez(  comme  il  a  dic)nos  amesfont  nourries  du  pain  cçleftc,ô£  ha» 
nap  de  fâlut,qui  nous  y  eft  prefenté  corne  vn  gage  certain,&  feau  de  la  vie  éternelle,  qui 
no'  a  efté  gaignec  par  le  précieux  fang  q  Iefus  Chrtft  a  dpâdu  pour  nous  en  l'arbre  de  U 
croix, par  fa  precieufe  chair  qu'il  a  baillée  pareillement  pour  nous  ,  auec  promefte  cer- 
taine que  ierons  faits  participas  du  mérite  de  cefte  mort  &paflîô  qu'iccluy  Iefus  Cfirift 
aibufTcrtepournous.    Et  en  tefmoignâgc  de  cc,pournousfoulager  en  nos  infirmiez. 


Anne  du  Bourg*  J*7 

fous  efpecede  pain  il  nous  a  baillé  fa  chair,  fous  efpecede  vin,fon  fang:pournout  rir(cô- 
me  il  a  dit)nos  ames  en  cfperance  de  falut,iufques  à  ce  que  nous  loyôs  parfaitement  cô- 
ioints  à  iceluy  Icfus  Chrift  noftre  Sauueur,eftant  là  fus  à  la  dextre  dcDicu  ion  pere.Que 
la  chair  d'iceluy  Iefus  Chrift,&:pareillemétfon  fang,lontefienciellcmêt&:en  verite  au- 
dit Sacremét.Quat  aux  autres  Sacremés  de  l'eglife,qu'il  ne  les  a  le9 en  l'Efcriture  faîcte. 

E  n \  qj  i  s  qu'il  croit  des  autres  Sacremens:  A  dit,  que  s'il  plaift  à  meilleurs  fes  luges 
les  luy  tefmoigner  par  l'Efcriture  faintte,il  les  croira. Et  quant  au  facrement  de  l'autel  ôC 
de  la  Méfie ,a  dit  qu'il  n'a  point  leu  que  la  Méfie  ait  eftéinftituee  parlefus  Chnit,ne  qu'- 
elle foit  tcfmoignee par  la  purcdo&rinede  Dien:ainspenfequ'elleaitéfté  inftitueepar 
les  hommes:par  ce  que  le  Sacremet  de  la  Cene,  qui  a  efté  inftitué  par  Iefus  Chnft,  nous 
a  efté  baillé  en  toute  autre  forme  que  la  Mefiê:&  nous  a  efté  baillé  pour  cômunier  tous 
à  iceluy  faintt  Sacrement,  fous  les  deux  eipeces  de  pain  &de  vin.  Qu'en  la  Méfie  il  n'y  a 
que  le  Preftre  qui  communique  mefme  en  la  communion  des  laics,iccluy  Sacrement 
nous  eft  adminiftré  feulement  fous  vne  efpece  :  combien  que  Iefus  Chriftait  dir ,  Man- 
gez,beuuez  tous:&  qu'en  commémoration  de  fa  mort  &  pafiion  qui  mangeroit  &  beu- 
uroit  fa  chair  &:  l'on  fang,  auroit  vie  éternelle.  Que  fi  Ielus  Chrift  nous  a  voulu  donner, 
non  feulement  fa  chair,  mais  aulîi  l'on  fang,  en  nourriture  de  nos  ames:  nous  luy  terions 
grand  outrage  d  e  refufer  l'vn  ou  l'autre:&:  que  c'eft  vn  grad  blafpheme  contre  la  parolle 
de  Dieu,de  vouloir  par  nous  (comme  fi  nous  eftions  plus  fages)innouer  &:  châger  la  for- 
me qu'il  nous  a  luy-mefmede  fa  precieufe  bouche  annoncée.  Conlèquemment ,  que  la 
vraye  adminiftration  de  ce  faind  Sactement,&:  félon  la  première  inftitution,eft  dclad- 
miniftrer  fous  toutes  les  deux  efpeces-.&  tout  aîfi  que  IefusChrift  luy  mefme ,  &:  depuis 
fes  Apoftres  &difciples  nous  ont  tefmoigné.Que  fi  la  difFerêce  entre  les  laïcs èVPreftres, 
quant  à  la  participation  de  ce  faind  Sacrement ,  euft  efté  neceflaite ,  Iefus  Chrift  ou  lès 
Apoftres  &t  difciples,  ayâs  receu  le  S.  Efprit,nc  l'euflent  obmife:meime  que  c'eft  l'vn  des 
grans  pointts  de  noftre  foy. 

In  t  e  K.nSirealnervenfmcorpu4ChriftUdftt'mfacrifîàoM 
efté  Sacrificateur  de  fa  precieufe  chair,&:  de  (on  précieux  fang,&  a  fait  ce  Sacrifice  &£  o-  o>r.y?</?  rt. 
blation  vnefois  à  Dieu  Ion  Pcrc pour  nous,&qu'ilne  nous  faut  plus  attendre  autre  Sa-^j^££ 
crificareur,comme  mefme  S.Paul  le  tefmoigne:  &c  partant  necroitquele  Preftrcenla      delà  J 
Meile  face  facrifice  du  corps  de  Iefus  Chrift  pour  nous.  Auffi  ne  croit  que  le  corps  de  le-  MtS*\ 
fus  Chrift  y  foit:ains  que  celuy  corps  foit  là  fus  àJa  dextre  de  Dieu  fon  Pere,commeluy- 
mefme  a  dit:&£  dot  il  ne  doit  defeendre  iufques  à  ce  qu'il  viene  iuger  les  vifs  &C  les  morts. 

L  v  y  a  efté  remonftré,Que  donc  chacun  de  nous  eft  idolâtre ,  quand  il  oit  la  fainde 
Mefle,  &  quand  le  Preftre  leue  &  monftre  après  la  côfecrarion  ,1e  précieux  corps  &c  fang 
de  noftre  Scigneurau  peuple:  Adit  qu'il  neeroitquela  Méfie  foit  Sacrement,  6c  qu'il 
croit  que  le  v  ray  Sacrement  delà  chair  &  du  fang  de  Iefus  Chrift  eft  la  Cene  ainfi  adini- 
niftree,commeiladitcydeflus. 

Second  interrogatoire  du  mefme  iour  en  la  Baftille. 

Ledit  du  Bouro;mandé,(èrmët  par  luy  fait,  la  main  mife  au  picts,&:  après  qu'il  luy 
aefté  remonftre  ce  qu'ila  dit  cy  de/îuSjQiie  le  précieux  corps  denoftre  Seigneurle- 
fus  Chrift  doit  eftre  receu  fous  les  deux  eipeces,ainfi  que  Dieu  l'aordonné,&:  ce  tant  par 
les  Liics ,  qu'Ecclefiaftiques,&:  qu'en  iceluy  Sacremet  le  précieux  corps  &:  fang  de  noftre 
Seigneur  y  font  en  vérité,  Se  efienciellemcnt,&:  neâtmoins-ila  dit  cy  defius,  qu'au  laines 
facremét  de  la  Méfie,  le  précieux  corps  de  noftre  Seigneur,&  fon  précieux  fang  n'y  font 
point:  A  dit, qu'il  n'y  a  contrariété  ne  repugnâce  en  ce  qu'il  a  dit:  car  il  le  peut  accorder 
dedire,Quau  Sacremet  de  la  Cene,  le  corps  de  Iefus  Chrift,&:  fon  précieux  fangy  font 
efienciellemenr,&:  en  vérité:  &  qu'en  la  Mefife  ils  n'y  (bnt:d'autât  que  la  Cene  eft  Sacre- 
ment>&:  ia  Méfie  n'eft  Sacrement. 

Lv  y  aeftéremonftté,qu'enia  Méfie  fe  fait  ôCconfacre  le  précieux  corps  de  noftre 
Seigneur,par  l'Euefque  ou  Preftre:&  qu'au  Concile  de  Conftance,dont  il  a  parlé  cy  def- 
fus,  il  eft  expreflementdit,que  ceux  qui  ne  croyent  au  fainct  facrement  delà  Méfie,  &C 
ne  croyent  que  la  Méfie  eft  inftituee  de  Iefus  Chrift,  comme  aufti  aux  autres  Conciles, 
font  déclarez  hérétiques:  A  dit,que  le  Concile  de  Confiance  n'a  peu  inftituer  la  Méfie 
comme  Sacrement,ne  luy  donner  authorité,  pource  que  ce  feroic  adioufter  vn  Sacre- 
met au  nôbre  de  ceux  que  Iefus  Chrift  a  inftituez,cômc  neceflaire  à  noftre  falut.Qu'il  y 
a  beaucoup  de  chofes  ordônees  parledit  Côcile  de  Côftâcc,^  ne  foc  pas  gardées  n'obfer 


iJmt^VI.  sAnne  du  Bourg. 

uees:&  mcfme  qu'il  a  efté  ordonné  par  iceluy  Concile,  que  de  dix  ans  cndix  ans  Ton  fe- 
roit  Concile  nouueau,pour  extirper  les  herefies:&:neantmoins  il  a  efté  blafmé  d'auoir 
conclu  en  ion  opinion  à  Concile. 

L  v  y  fur  remôftré  que  la  fain&e  Méfie  a  efté  infticuee  par  noftre  Seigneur  IefusChrift, 
&  obferuee  par  les  faintts  Apoftres:  meunemenr  par  monfieur  S.  laques  premier  eucf- 
La  Meffc  qUe  de  Icrufalenv-depuis  par  monfieur  S.Clement:defquels  nous  auôs  encorcs  le  moyé 
5J£2J!  m"  &c  manière  de  célébrer  la  Meflfe.  Aufiî  l'auons-nous  de  monfieur  S.  Dènys ,  de  monfieur 
S.Bafile,  de  monfieur  S.  Iean  Chryfbftome,  par  les  fain&s  Canons  des  Apoftres  :  &c  de- 
puis la  mort  &:  paffiô  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift,a  efté  la  Méfie  obferuee,  en  laquel- 
le fc  faicle  faindlacrement,par  celuy  qui  la  dit,  iufques  à  prelènr:fors  feulement  par  les 
heretiques,&:  ceux  qui  fe  font  diuifez de  l'vniô  de l'Eglifè  vniuerfelle:  A  dir,qu'il  ne  croit 
que  là  Méfie  ait  efté  inftitùee  par  Iefus  Chrift,  mais  bien  le  Sacrement  de  lafaincl*  Ce- 
ne,en  la  forme  qu'il  a  dit  cy  defi'us. 

N  e  croit  aufti  qu'elle  ait  efté  obferuee  par  les  Apoftres  &c  difciples  de  Iefus  Chrift.car 
l'on  n'en  voit  rien  en  tous  les  Actes  des  Apoftres,  n'en  l'Efcrirure  faincle ,  comprinfè  au 
vieil &:  nouueau  Teftament.  Et  quant  àS.Iaques,S.  Denys,&:  autres  cy  de/lus  nommez, 
ne  fait  s'ils  ont  dit  Meffe,n'en  quellcforme  ils  l'ont  dite.Bié  lait  que  la  forme  en  laquelle 
on  la  dit  pour  le  iouidhuy,  n'eft  celle  qui  a  efté  inftitùee  par  Iefus  Chrift  au  fainct  Sacre- 
ment delà  Cene. 

L  v  y  a  efté  remonftré,  qu'outre  les  deux  Sacremens  par  luy  conf  efiez,aflauoir  celuy 
du  Baptefme,&  celuy  de  la  Cene  tel  comme  il  a  dit,  il  y  a  cinq  Sacremens  receus,infti- 
Touchant  tuez,commandez&:  ordonnez  de  l'eglifè,  afiauoir  Confirmation,Penitence,  les  fain&s 
lescinq  Sa-  Ordres,le  Mariage,&: extrême  On&ionrlefquelseft  tenu  de  croire,fuyuant  le  fainct  Cô- 
SnTnplr  cile  de  Latran:  A  dit,qu'il  croit  feulement  les  deux  Sacremens  cydefius  par  luy  nômez, 
kPape.     le  Baptcfroe&  la  fain&e  Cene:qui  ont  efté  inftituez  par  Iefus  Chrift,vray  efpoux  de  fon 
Eglife:&  qu'il  a  apprins,  Que  Sacrcmct  eft  figne  de  chofe  facree  par  la  vérité  de  la  parol- 
le  de  Dieu,  auec  promefledes  chofes  compnnfes  &  tefmoignees  par  iceluy  Sacrement: 
commeil  l'a  déclaré  particulièrement  ey  deflus,enccqu'iladitdes  deux  Sacremens, 
duBaptefme ,  &:  de  la  Cenc:&  qu'outre  ces  deux  Sacrcmés  n'a  efté  loifibleaux  hommes 
enadioufter  d'autres,  comme  necefiTaires  à  noftre  falut.  Partant  ne  croit  que  Confirma- 
cion,Penitence,Ordre,Mariage  &:  extrême  Onction,  fbyent  Sacremens  :  pource  que  la 
définition  de  Sacremét  cydefius  par  luy  récitée,  &approuuee  par  l'Eglifè  catholique, 
ne  peut  eftre  vérifiée  en  iceux. 

In  t  e  R.pourquoyil  a  receu  les  faincts  Ordres,  mefme  l'ordre  de  Diacre  ,&:  au  très 
precedens:&  que  lors  que  les  a  receus,il  a  ouy  le  faindt  facrem  en  t  de  la  Me/Te,  le  tout  a- 
finde  prendre  les  Ordres  de  Preftrife,  pour  dire  &  chanter  la  fainîre  Méfie:  A  dit,  qu'il  a 
apprins  qu'en  la  primitiue  Eglife  véritablement  il  y  a  eu  des  Ordres,comme  Diacres,6c 
Sous-diacres,Lecteurs  &  autres:mais  que  pour  le  iourd'huy  ils  ne  font  rece9  en  leur  pu- 
reté &c  intégrité.  Qu'il aprins  les  Ordres  de  Diacre,&  Sous-diacre,  pour  paruenir  à  fon 
cftat  de  Côfeiller,pour  la  difficulté  qui  luy  cftoit  faite  de  le  receuoir  en  fondit  eftat,fans 
lefdits  Ordres  :  &  non  point  qu'il  ait  iaraais  eu  intention  d'eftre  Preftre  :  &:  qu'il  s'eftime 
indigne  de  ce  miniftere,s'il  ne  plaift  àDieu  l'y  appeler.  A  ditd'auâtagcqucIefusChrifiî 
a  efté  le  dernier  Sacrificateur,&:  qu'après  luy  n'en  falloir  point  attendre  d'autre. 

In  t  e  r  .  où  ilfe  confefia ,  &  a  receu  fon  créateur  dernièrement  à  Pafques:  A  dit  qu'- 
il  fe  confefie  tous  les  jours  à  Dieu,  6c  luy  fait  fa  pricre:&:  ne  fe  confefia  au  Preftre  auricu- 
lairement  à  Pafques  dernieres,&:  n'a  receu  noftre  Seigneur  au  teraple:&:  pour  faire  icel- 
les  Pafques  n'a  efté  au  temple. 

I  n  t  e  r.  fi  l'année  paffee,  m.d.l  v  i  n.il  les  fit:  Dit,  qu'il  fut  en  l'eglifè  fainct  Marrv, 
de  peur  de  fcana^alizerfesferuitcurseftans  infirmes,  &n'ayans  cognoifiance  de  la  véri- 
té, afjn  qu'ils  les  fififent  entr'eux  audit  temple:  mais  quant  à  luy,  ne  les  fit ,  &  depuis  que 
Dieu  luy  a  donné  cognoifiance  de  fefdits  Sacremens,telle  qu'il  a  cydefius  récitée,  il  n'a 
efté  au  temple  pour  faire  Pafqucs,depuis  l'an  mille  cinq  cens  cinquante  fept,qu 'il  les  fie 
à  Orléans,  comme  luy  fcmble. 

In  t  e  r.  fi  depuis  qu'il  a  fait  fes  Pafques,  il  a  communie  à  la  Cene:  Il  dit  quenon,' 
Sômc&rnterrogué  de  nômer  ceux  qui  font  de  cefte  opinion  qu'il  a  déclarée  cy  defius, 
qui  nereuerent  la  fainetc  Mefle,la  Confcflîon,&:  autres  Sacremens  qu'iladit  ne  vouloir 
reccuoir  comme  fain&s  Sacremens:  A  dit,qu'ilncpeut  iuger  de  la  confeience  d'autruy» 

A  D  M  O  N- 


oA  nne  du  Bourg.  j  iS 

Admonne  sie  de  rcfpodre  au  premier  interrogatoire,  qui  eftd  auoir  fouftenu  en 
la  prefencedu  Roy,tenant  fon  hd  de  luftice  en  Ton  Parlement ,  Que  les  Rois  &  Princes 
ne  peuuét  impofer  peine,ny  aucunemét  lier  les  pcrfonnes,&  ne  s'y  faloit  arrefter:  A  dir, 
fous cortedion,n'auoir  dit  ces  propos. Mefsieurs  du  Mefnil,Gayant  &:  Bonecte  lors  pre- 
fens,en  pourroyét  eftre  memorarifs:  fait  que  le  Roy  a  toute  puiiîance,  mefmc  que  Dieu 
luy  a  baillé  le  glaiue  en  la  main, pour  confèruer  fon  Eglifè  en  fon  intégrité  &:  pureté. 

L  v  y  a  efté  remonftré,que  fuyuant  ce  qu'il  a  d >t,quc  le  Roy  a  la  puiuancc,&  le  glaiue 
de  Dieu  pourlaconferuation  &:  defenfedel'Eglife,&:  l'vnion  d'icellct  ledit  Seigneur,  &c 
le>feu  Roy  lôpere,  Rois  tref  chreftiés, ont  fait  edids  publiez  &cnregiftrez  au  Parlemér, 
par  lefquels  ceux  qui  dénient  la  fainde  foy  catholique, mefmement  les  Sacrcmés,&  qui 
lbntpeLtinax,rclaps,&:  dogmatizans ,  doyuent  eftre  punis  du  dernier  fupplice ,  comme  si  ,cs  Ilcrc- 
heretiques,fchifmatiques,blafphcmateurs,&  fedineux:&:neantmoins  il  a  fouftenu  que  ueiïTcitT? 
ils  ne  doyuent  eftrc  punis,  &;  que  c'eftoit  cruauté  de  les  faire  mourir  pour  opinion  ,mef-  punis  du 
memét  de  les  faire  brufler>ain(i  qu'on  auoit  fait  cy  deuant:  A  dit,fous  correction,  n'auoir  j|jj™crfi,1>" 
fouftenu  que  les  hérétiques  ne  deufteur  eftre  punis,&:  qu'il  fait  bien  qujls  le  doyuent  e_ 
ftrermais  qu'il  faut  fauoir  quels  (ont  les  hérétiques,  &  quelle  herelîe.Car  les  vns  méritée 
punition  plusgriefue,  les  autres  plus  légère:^  que  l'on  pourroit  punir  trop  cruellcmét 
ceux  qui  mcriteroyent  punition  légère. 

In  t  e  R.ficcluy  quinielcsfaindsSacrcmensparluy  non  confeflez,  cft  hérétique  &C 
digne  de  punition,fuyuat  les  fainds  Decrets&edits  Royaux:  A  dit,qucceluy  qui  nie  les 
fainds  Sacremensparluycôfeffez,quinefontquedeux,  alfauoirlc  Baptefme&  la  fain- 
de Cene,  eft  heretique,&  digne  de  punition.  Ceux  qui  nient  les  autres  Saciemens,il  ne 
les  eftime  hérétiques,  ne  confequemment  puniflables. 

In  t  e  r  .  ii  celuy  qui  nie  la  fainde  Meflé  eft  hérétique.    Dit  que  non. 
In  t  e  r.  fi  celuy  qui  nie  le  vray  corps  de  IefusChrift  eftrc  en  la  laide  MelTe  au  facre- 
ment  de  l'autel,apres  la  confecration  du  Prcftre ,  cft  hérétique,  partant  puniftable ,  fé- 
lon les  fainds  Dccrets,&  edits  Royaux:  A  d it,comme  defTu s,  qu'il  n'eftime que  la  Méfie 
foit  Sacrement,&:  celuy  qui  la  nie  n'eft  hérétique  ne  puniftable. 

In  t  e  r. fi  celuy  qui  dit  qu'il  nefaut  prier  pour  les  trefpa/rez,efthcretique,&  partant 
puniftable  :  A  dit  que  non,  &  partant  non  puniftable. 

In  t  e  R.s'il  eftime  celuy  qui  dit  n'y  auoirde  Purgatoire,  nefaloir  prier  les  Sainds& 
Saindes,&  n'auoir  vénération  des  Reliques  d'iceux,  eft  hérétique ,  partant  puniftable: 
A dit,que  la  com munion  &  commémoration  des  Sainds,nous  feruent  d'exemple  àno- 
ftre  vie,  &:que  Icfus  Chrift  luy-mefme  nous  a  commandé  le  prier ,  &:  s'adrefler  à  luy  di- 
redement,qui  eft  noftre  Moyenneu  r  entiers  Dieu  fon  Pere,&  eft  ialoux  de  cefte  gloire, 
ue  puis  qu'il  nous  a  fait  ceft  hôneur  de  nous  afTeurer  qu'il  intercédera  pour  nous,n'eft  Touchantl" 


Qui  m 

iaïefoindenousadrefferàautre  qu'à  luy  ,&  ferions  grandement  ingrats  demefprifer  i^Sus0 
ceft  honneur  qu'il  nous  a  fait,  de  vouloir  luy-mefme  eftre  noftre  Aduocat ,  comme  il  eft  Chrift. 
eferit,  Qt^'il  a  purgé  nos  fautes  par  fon  fang  prccieux:que  ce  feroit  vn  grand  bJafpheme 
de  dire,  qu'il  ne  les  euft  purgées  fuffifammenr,  &:  qu'il  y  euft  vn  autre  Purgatoire  que  fa 
mort  &  pafïion.Et  quant  àla  vénération  des  Reliques  des  Sain&s»  a  dit,  que  depuis  que 
fefprit  eft  party  de  leur  corps,ne  les  faut  vénérer  i  car  ce  n'eft  qu'vn  corps  fansamc,& 
fans  efprit. 

In  t  e  r.&  fommé  dédire  fommairement  quels  proposil  eut  deuantleRoy  ,&:  ce 
qu'il  dit  pour  la  conclufion  de  fon  opinion  :  A  dit,  qu'il  a  defir  de  refpondre  particulière- 
ment fur  pluiîeurs  articles  de  fadite  opiniâ,&  qu'il  cft  memoratifd'auoir  fupplié  le  Roy 
pour  conclufion  de  fon  opinion,qu'il  luy  pleuft  de  fa  bénigne  grace,pour  la  charité  qu'il 
porte  à  fesfuiets,  pouruoir  les  moyens  d'afîcmbler  vn  Concile  pour  extirper  les  here- 
fies  qui  font  pour  le  iourd'huy:&  pour  déterminer  par  iceluy  d'aucunes  doutes  qui  peu-, 
uent  relier  en  la  Religion  entre  lesignorans:ainfiquefa  Maieftémefme  a  promis  parle 
premier  article  du  traité  de  la  paix. 

In  t  e  r. quelles  doutes  il  eftime  auiourdhuy,  fur  lefquclles  il  luy  fcmble  eftre  neceC 
faire  d'affemblernouueau  Concile,  & cependant  furfbir  l'exécution  des  loix  &£  edids 
Rovaux:  A  dir,qu'il  n'eft  (fous  corredion  )  d'aduisdefurfoir  l'exécution  ,ains  qu'il  eft  d- 
aduis  de  punir  les  hérétiques,  comme  il  a  dit  cy  deffus,  félon  la  qualité  de  Fhcrefic:  mais 
quant  aux  doutes , elles  pourroyét  mieux  eftre  ouuertes  en  pleincaflémblee  de  Côcile: 
&  quant  à  luy,il  ne  doute  en  rien  de  ce  qu'il  a  cy  deftus  cofefte  :  &C  qu'il  n'eft  inconuen  iét 

VV.ii. 


Liurc^  VI.  Arme  du  'Bourg. 

d'afTembler  Concile,  pour  décider  vne  mefme  chofe  plufieurs  fois,  corne  a  dit  cy  deuat. 

Y  (faciles  ^ar  'C  ^ru,("^  ^U  Concile  c&  Pour  nous  conformer  par  la  parollc  de  Dieu,  &  fa  vérité, 
es  onc  es  ^  ^  aefté  remonftré  comme  deflus,quele  facrement  de  la  Meife  a  efté  vuidé  &de- 
cidé  parles  craditionsdes  fain&s  Apoftres,&  Conciles inuiolablement  tenus  &:  gardez 
iufqucsàpre(enr,&: par lacommuneobferuariondel'Eglife, fuyuictoufiours  depuis  ce 
temps-la:  partant  que  pour  ccften°ect,ou  autre  chofe  décidée  par  les  anciennes  tradi- 
tions,obfcruations,  &:  couftumes  antiques  de  noftre  foy,&;  par  lesfain&s  Conciles,n'eft 
befoin  de  faire  noimelle  aifembleeimais  chacun  doit  captiuer  ion  entendcmct,&  pren- 
dre efprit  d  humilité,  pour  fe  rendre  obeiflantaufdites  traditiôs  de  noftre  mere  £ain£te 
eglile:  A  dit  que  l'erreur  &  herelied'Arius  auoit  efté  décidée  par  plulieursCôciles:  par- 
tant n'eft  inconuenicnt,côme  il  a  dit,de  déterminer  par  plufieurs  fois  vne  mefme  chofe. 

In  t  e  R.fi  en  tenant  cefte  opinion  d'afTembler  nouueau  Concile,il  a  entendu  &:  en- 
tend que  chacun  Chreftien  demeurait  cependanc  en  liberté  de  tenir  telle  religion  qu'- 
il voudroit:  A  dit  y  auoir  refpondu  cy  dêflus:&:  dénie  auoir  tenu  ces  propos  :  &:  tant  s'en 
faut  qu'il  les  ait  dits, qu'il  a  efté  toufiours  d'aduis  de  punir  les  hérétiques. 

I  n  t  e  R.lideuant  que  prononcer  fonopin  ion  deuât  le  Roy,il  s'eft  trouuéenlacom^ 
pagniede  quelques  vns  des  Confeillers  de  laCour,aueclefquels  il  ait  eu  propos  de  tenir 
6c  conclure  l'opinion  de  demander  vn  nouueau  Concile  &.  Intérim:  A  dit,  qu'il  n'a  con- 
féré auec  aucuns  Prefidens  ne  Confcillcrs,de  fon  opinion,ne  de  choie  qu'il  ait  dite  eni- 
celle,  auanc  que  venir,&:  d'opiner  en  la  prefence  de  la  maiefté  du  Roy. 

DesFeftci.  I  n  t  e  r  .fur l'obferuation  des  Feftes,des  Dimaches,  &:  des  autres  folennitezcoman- 
dees  de  Teglife:&  ce  que  luy  en  fem blc:  A  dir,que  Dieu  a  inft ituc  le  iour  du  repos,&nous 
eftau  Dimanche.Quant  aux  feftes  des  Saintts,ilen  a  refpôdu  cy  deiîus,lors  qu'il  a  parlé 
de  la  vénération.  Quant  à  Pafques,  Pentccofte,  1'  Afcenfion,&:  Noel,font  feftes  vencra- 
bles,&  les  loue.  Quant  aux  feftes  de  Noftre-dam  e  &  desApoftres,&:  autres  Sainfts,il  les 
com  préd  auec  les  autres  feftes  des  Sai  n&s-.c'eft  alIauoir,qu'il  ne  les  faut  venercr,côme  il 
a  dit,  quand  il  a  parlé  de  la  vénération  d'iceux  Sain&s. 

In  t  e  r.  fur  les  icuines  ordonnez  par  l'eglife,  prohibition  de  manger  chair,  QuareC 
me,  Quatre  temps,&  autres  ioursicufnables,inftitucz  par  l'eglife,  &c  les  faincts  Côcilesr 
A  dir,queleicufneeft  bon,  quand  il  eft  fait  à  bonne  fin,  commepour  vaquer  àoraifbn, 
&  macérer &matter  la  chair,ainfi  qu'ancicnnemét  il  a  efté  gardé  parles  fidcles,en  leurs 
élections  des  Miniftres  de  l'Eglife,&  és  fain&s  Conciles.  Quant  aux  icufnes  qui  font  cô- 
mahdez  parreglifeRomaine,adit,quequantàfby,il  ne  voudroit  feandalizer  fon  pro- 
chain, s'il  penfoit  qu'il  y  euft  fcandalc  en  la  tranigreflion  d'iceux:mais  auffi  en  fa  confid- 
ence ne  penferoitoffenler  Dieu,  en  vfantaueca&ion  de  grâces,  de  tous  les  biens  pro- 
mifcucment,qu'il  a  pieu  à  Dieu  créer  pour  l'vfage  de  l'homme  en  tous  temps,mefme  au 
tépsdeQuarefme,Vedrcdy&:Samedy,&  autres  ioursindiftcrément,aîfi.  qu'il  eft  eferit. 

In  t  e  r.  s'il  eftimeheretiqueceluy  qui  mange  chair  en  temps  défendu,  fans  neceflï- 
té  &  râiâ'on  légitime:  A  dit  que  non,felon  qu'il  a  dit  cy  deifus. 

kLc^"  In  T  e  rï  s'ilafait  lcQuarefmc,&:  s'il  a  mangé  chair  pendant  iccluy:A  dit,  qu'il  ne  la 
fait,&  a  mangé  chair  pendant  le  Quarefme  :  mais  qu'il  auoit  difpenfc  de  monfieur  l'E- 
uefque  de  Paris, ou  fon  Vicaire,  laquelle  eft  enregiftree. 

In  t  e  r.  quelle  necellîcé  il  auoit  de  manger  chair  en  Quarefme.  A  dit,quefonindif- 
pofîtion  a  efté  la  eau  le,  &  que  monfieur  deFloifel  Médecin  (qui en  auoit  tefmoigné) 
enquis  d'icelle  en  pourroit  parler. 

DcsPrelats.  I**  ter  .fur  l'obeifiance  deuë  aux  Euefques,  Prélats,  Archediacres,  Curez,  &  autres 
digrtitez  de  l'eglife,  ayans  charge  d'âmes  :  &:  qu'il  en  croit:  A  dit,qu'il  faut  obéir  aux  Mi- 
niftresdc  l'tglife,Curcz&:  autres,  qui  ont  chargede  nos  ames,  en  ce  qu'ils  commander,' 
qui  eft  conforme  à  la  parollc  de  Dieu. 

De  l'Egii/e .  i  &  T'.où  eft  l'eglife  câthôlique,&  fi  le  Pape  n'eft  pas  vicaire  de  Dicu,&  le  chef  de  fon 

glife:  A  dicque  f  Eglife  eft  la  congrégation  des  fidèles,  en  quelque  lieu  qu'ils  foyent  dik 
perfez,&que  le  chef  d'icelle  &c  fon  vray  efpoux,  eft  Iefus  Chrift  :  que  le  Pape  eft  euefquc 
de  Rome  com  e  chacu  n  Euefquc  eft  euefque  en.  fon  Euefchc,&  que  par  les  anciés  Conci- 
les,en  l'affemblee  des  Euefques  le  Pape  de  Rome  n'a  efté  le  prem.côme  chef  de  l'EglifeJ 

Lima i  de-      In  t  e  r  .quelles  ceuures  il  a  veu  de  Luther,Caluin  te  autres,&  s'il  en  aencores:  A  dit, 
us'     qu'il  en  a  leu  de  Caluin  &c  autres,  non  de  Luther:&  les  a  achetez  de  ces  porteurs  de  li- 
uresquivontôc  viennent  par  pays.  Ne  fait  s'il  en  a  aucuns  entre fesliurcs, 

In  ter. 


Ann^j  du  Bourg.  jî  f 

Inte*  .s'il  a  confère  a  aucun  de  tout  ce  qu'il  a  dit  cy  de/Tus,  Se  a/Fermé  eftrc  fa  crean 
ce:  A  dit,qu'il  n'a  confère  qu'auec  fes  lin  res,&  principalement  auec  la  pat ollc  de  Dieu. 

L  v  v  a  efté  remonftré,que  luy  qui  a  leu  les  liures  &c  textes  du  droit  Canon,côme  Dé- 
crets &:  Dccrctales,&: autresliures  canoniques  &  fai&s  Docteurs,  deuoit  pluftoft  croire 
l'interprétation  contenue  en  cefdits  liures,que  fon  opinion  particuliere,ny  celle  de  Cal 
uin  &  autrés,dont  il  a  veu  les  liures:  A  dit, qu'il  a  fondé  fon  opinion  &  créance  telle  qu'il 
nous  a  récitée  cy  de(Tus,fur  la  pure  doctrine  &c  parolle  de  Dieu ,  &c  ne  s'eft  arrefté  aux  au- 
tres opinions  des  homes, foit  de  CaIuin,Luther  &:  autres,s'il  n'a  veu  qu'elles  fuiTent  con 
formes  à  la  pure  parolle  de  Dieu:&:  quant  aux  Décrets  &:  Decretales,il  y  a  beaucoup  de 
bonnes  chofes,&:  beaucoup  de  mauuaifes:& qu'il  eft  memoratif  du  Canon  Comperimus, 
Deconfèmtnone  diftmtf.  z.  quia  efté  fait,  comme  luy  femble,par  le  pape  Gelafius,  qui  con- 
tient que  tous  ceux  qui  ne  reçoyuent  le  fain&Sacrement  de  la  Ccne  fous  les  deux  efpe- 
ces,&:qui  refufent  l'vneou  l'autre,font  infideles:&:  toutefois  on  n'approuue  ce  qui  a  efté 
dit  cy  deirus,qu'il  faloit  receuoir  le  Sacrement  de  la  Ccne  fous  les  deux  eipeces  de  pain 
&de  vin.  Eft  pareillemét  memoratif  d'vn  autre  Canon, cômcnçantvPenttfrf,  qui  dit  que 
tous  ceux  qui  necommunient  à  la  Mefle,font  excommuniez:&  toutefois  on  n'a  trouué 
bon  ce  qu'il  a  dit  cy  defîus,  Qu'au  Sacrement  de  la  Cene  tout  le  monde  deuoit  commu- 
nier^ non  feulement  le  Preftre  :  &  que  fi  le  fondemét  de  la  Me/Te  eftoit  prins  dudit  Sa- 
crement de  la  Cene ,  à  tout  le  moins  faudroit-il  garder  cefte  forme ,  que  tous  y  commu- 
niaflent,&:non  feulement  le  Preftre. 

L  v  y  a  efté  remonftré,  que  tous  ceux  qui  veulent  communier  à  la  MciTcy  font  touf- 
iours  receus, quand  ils  fe  prelèntent .  Mais  d'autant  que  la  réception  du  précieux  corps 
denoftre  Seigneur  eft  fi  treflacree,  qu'il  n'y  a  peribnnequi  foit  digne  de  le  receuoir  ,Ô£ 
ceux  qui  indignement  le  reçoyuent  pèchent  mortellement:à  cefte  caufe  l'eglife  vniucr 
(elle  a  treffainétement  ordonné ,  que  les  Chrcftiens  n'y  allaffcnt  indifferément/ans  y  a- 
uoir  bien  penfé,&  nettoyé  leurs  confeiences  :  &  mefmes  qu'il  y  a  tât  de  poures  gens  qui 
iont  côtraints  de  gagner  leur  vie,  qu'ils  ne  peuucnt  fi  frequentemét  auoir  l'opportunité 
de  péfer  à  leur  conlcience.  Au  moyen  de  quoy,&  par  autres  infinies  raifons,elle  a  ordon 
né  que  la  cômunion  générale  fe  feroit  à  tout  le  moins  vne  fois  l'an,&  non  tous  lesiours. 
lit  quant  à  le  receuoir       vtraquefleàe,  s'il  lit  bien  lesfain&s  Euangilcs ,  iltrouucraque  ««.tSou$iv; 
noftre  Seigneura  ordonné  ladite  communion  fub  y  traque Jpecie^i(e%  Apoftres  &difciples  nc&  (au- 
tant feulemét,&  aux  Preftres  qui  font  furrogez  en  leur  lieu.  Ce  qui  a  efté  déterminé  par.  acel?ccc- 
infinis  Conciles  vniuerfels,efquels(de  ce  ne  faut  douter)  le  iàindt  Efprit  à  toufiours  pre- 
fidé:&  s'ila  efté  toléré  aux  Bohémiens ,  ç'a  efté  par  les  Princes  du  pays  melmc  de  Bohe- 
me,qui  lors  eftoyent  de  cefte  icde-la,ainli  que  recitent  toutes  les  hiftoires:&  quant  aux 
Canons  par  luy  alleguez,il  s'entendent  comme  eft  contenu/»  Canoneprimo^cn  la  mefme 
diftin&ion,qui  parle  des  Preftres,quifont  oblatiôfacrce,"/»fn«.M//52r»/» yô/en/Mddefqucls  „c  Tali[< 
Preftres  feulement  doyuét  receuoir/«6  vtracpte Jpeàe  :&:  ainfi  le  déclare  ledit  Canon  pre-  icnmtéd 
mier,&:  ledit  Canon  iubfcquét,côprins  les  textes,  glofes  des  Dodeurs,&  Canonsfubfe-  Mcffc$- 
quens,quien  parlét  autreraét  qu'il  n'eft  contenu  en  fa  refponfe  cy  defius  :  A  dit  qu'il  n'a 
ecité  les  delîufdits  Canons,  pour  vouloir  inférer  qu'il  ne  fuft  neceffaire  de  communier 
pUi  s  louuen  t ,  que  de  quatrefois  ou  vne  fois  l'animais  les  a  récitez  pour  refpôdrc  à  ce  qui 
h  y  a  efté  remonftré  del'authorité&oblcruation  defdits  Canons,  &:  pour  demonftrôt 
que  tout  ce  qui  eftoit  és  Décrets  &  Decretales  n'eft  obferué:&  quant  à  l'interprétation 
defiits  autres  Canons,  autre  que  celle  qu'il  a  cy  defius  récitée  par  le  texte  purd'iceux: 
dit  qu'elleviole  le  texte  »&:  quantàl'inftitutiodulàindt  Sacrement  de  la  Cene  par  Iefus 
Chrift  Se  fes  Apoftres ,  il  n'a  eftimé  n'entendu  qu'elle  ait  efté  feulement  communiquée 
aux  Apoftresjcôme  Apoftres  &Preftres:ains  croit  que  cefte  inftitution  a  efté  pour  tous 
tantiaics,qu'Ecclefiaftiques:&  quemefmementilaeftédit,  "QuicunquemanducaueritCr  «Quîcoque 
biberitt&cc.  Lesquelles  parolles  ne  iè  rapportent  aux  Apoftrcs&: Preftres  feulement  :ains  mangera  & 
à  tous  ceux  qui  reçoyuent  le  fainct  Sacrement  de  la  Cenc:&:  que  Iefus  Chrift  a  ordonné  bcuura* 
3  sdic  Sacrement,&:  le  baillant  &c  adminiftrant  à  fes  Apoftres  &C  diiciples,leur  bailla  com 
ir  e  Preftre  &  Miniftre ,  &:  leur  enfeigna  comme  ils  le  deuoyét  bailler  à  la  mefme  forme 
à  ceux  qui  s'y  prefenteront.  Quant  à  la  permuTion  faite  aux  Bohémiens  de  communiet 
fous  les  deux  efpeces,  fous  correction,  elle  a  efté  ordônee  par  le  Concile ,  &;  fi  ç'a  efté  en  . 
faueur  des  Princes  de  Bohême .  Faut  donques  bien  regarder  quand  on  parle  de  l'autho- 
ïitc  des  Concilcs,par  qui,en  quel  licu,&  comment  ils  ont  efte  a/feniblez. 

VV.iii. 


Liurcj  VI .  oAnne  du  Bourg. 

'  Troifierae  interrogatoire  du  X  X 1 1 1.  enfuyuant,en  laBaftille,  M.  D.  L I X. 
maînau*   fV^  Bourg  niandé,ayant  fait  ferment  de  dire  verité,la  main  mifeaupi&s:  A  dit  qu'il  ne 
pids.       Lofait  comment  l'on  auoit  eferit  Ton  ferment,ny  en  quelle  forme.  A  déclaré  qu'il  iure&:  - 
entéd  îurer  deuat  Dieu,&  promis  de  dire  au  Roy,ce  qu'il  aura  pieu  àfaMaiefté  Juy  reue 
1er  de  fa  veritc:&  du  que  c'eft  vn  teimoignage  ou  confirmation  iuffifante,fans  autre  de- 
monftration  de  fermét:&:  fur  ce  que  l'on  luy  a  dit  qu'il  mift  la  main  au  pi&s ,  &:  affermait 
&:  iuraft  par  (es  fain&s  Ordres. 
Ordre  de        A  dit,que  les  Ordres  de  Diacre  &  Souf-diacre  que  l'on  luy  a  baillées ,  ne  font  les  Or 
Souf^aae  drcsdelaprimitiueEgliie,&:  félon  leur  integrité:&  que  l'orHce  de  Diacre &Souf-diacre 
eftoit  entièrement  en  icelle  Eglife  primitiue,de  miniftrer  aux  Preftres  es  tables  des  fîdc 
les,  &:  d'auoir  la  charge  &:  admmiftration  des  deniers  donnez  pour  Dieu  aufdits  fidèles: 
qu'iln'a telle  charge,&:  poitcfeulementle  nom  de  Diacre&  Souf  diacre,partâtne veut 
îurer  fur  lefdks  Ordres,par  ce  qu'il  n'en  a  que  le  nom. 

C  e  fait, en  luy  lifant  &£  répétant  la  refponfe  par  luy  faite  à  l'interrogatoire  qui  luy  fut 
fait  le  îour  d'hier  de  releuce,contenant  ledit  interrogatoire  ces  mots ,  Si  depuis  qu'il  n'a 
fait  Pafques,il  a  fait  la  Cene  en  raffemblee,&:  où, il  a  refpôdu  que  nô:  A  dit,qu  en  faifant 
ladite  refponfe,il  a  grandement  offenfé  Dieu, luy  en  requiert  pardon ,  d'auoir  dénié  de- 
uat faMaicfte.auoir  receu  le  Sacremét  de  la  fain&eCenc&auoir  voulu  denier  deuât  les 
hommes  vn  fi  grand  benefîcc:mais  a  dit  que  véritablement  il  a  fait  la  fain&c  Cene  à  ces 
Pafques  dernieres,cn  l'afleblce  des  fidèles  &:  Chreftiés,&  qu'il  ne  voudroit  auoir  lôgue- 
mét  efté  fans  receuoir  ce  grâd  biéde  Dieu, qui  luy  aefté  prefentéen  iceluy  Sacre  ment. 

Interrogve  en  quel  lieu,auec  quels  ndclcs,&'en  quelle  forme  il  a  fait  &receu  la 
dite  Cene,&  à  quel  iour:  A  dit,que  ce  fut  le  Samedy,veille  de  Pafques  dernieres,commç 
il  luy  fembletdu  lieu  &:  des  perfonnes,ne  de  l'heure,ne  le  peut  dire .  Et  quant  à  la  forme, 
ce  fut  en  la  forme  preferite  par  IefusChrift,&obferueeparfes  Apoftres&difciples. 

In  t  e  R.dcdireplusamplementlaforme:  A  dit,  qu'il  nelepeut  dire  que  fommaire- 
ment.  C'eft  que  le  faindï:  Sacremét  eft  adminiftré  par  le  Miniftre ,  après  les  prières  &  ex- 
hortations faites  par  la  parolle  de  Dieu,  à  tous  ceux  qui  s'y  prefentent ,  non  excommu. 
niez,&:  fous  les  deux  efpeces  de  pain  &c  de  vin,auec  acîion  degraces. 

L  v  y  a  efté  remonftré,qu'il  faut  dire  qui  eftoycntles  Miniftres,les  fideles,le  lieu,&:  le 
iour  où  il  fit  ladite  Cene:  A  dit,qu'il  ne  le  peut  dire  fans  offenfer  Dieu.&  qu'il  craindroit 
de  mettre  en  mefme  peine  ceux  qu'il  reueleroit:&:  s'il  ne  penfbit  offenfer  Dieuxomme 
inquifitions  ill'cn  appelé  à  tefmoin,il  diroit  ce  qu'il  en  fait.    Bien  dit,  qu'il  n'y  auoit  en  l'affemblec 
droites     aucunsdes  Meiîieursde  la  cour  de  Parlement,nePrefident  ne  Confeiller;  car  il  les  euit 
îe°iieuC&  les  Dicn  cognus.Mais  quant  aux  autres, n'en  auoit  grande  cognoiffance. 
perfonnes       In  t  e  r.  de  dire  en  quel  lieu,en  quelle  maifon,&  fic'eftoitencefteville,  oqcsfaux- 
Je  j'affem-  bourgs,&:  en  quel  nombre  fes  compagnons  eftoyent  lors  qu'il  fit  fadite  Cene:A  dît  qu'il 
ne  le  peut  pareillement  dire  fans  ofîènfcr  Dieu,&  qu'il  craindroit  mettre  en  pcine,com 
me  il  a  dit,fes  frères  &  f  œurs,  s'il  particularifoit  plus  auant  les  chofes  fufdites .  Bien  a  re- 
cognu  que  ce  fut  en  cefte  ville  de  Paris. 

In  t  e  r.  de  dire,  fi  ce  fut  de  iour  ou  de  nuid:  A  dit,qu'ilnelcpeutfemblablement,ôc 
pour  mefme  caufe  dire:&  en  mefme  inftant  a  dit  que  ce  fut  de  iour. 

In  t  e  r.  fi  ce  fut  au  matin  ou  après  difner:  A  dit,  qu'il  ne  le  peut  particu  larifer  fans 
offenfer  Dieu,comme  deffus. 

In  t  e  R.ficeftoitàieun,ouapreslerepas:Adit, qu'iladefiaàcerefponduparrarti» 
cle  précèdent. 

In  t  e  R.fi  fes  feruiteurs  y  eftoycnt,ou  aucuns  d'iceux:  A  dit,  quandilalloitàraiTem^ 
blee,il  laiflbit  vn  laquais(duquei  il  ne  fait  le  nom,&  qu'il  n'eft  plus  maintenant  à  luy)  en 
vncoinderueaueciamule,quil'attendoitiufqucsàibnretour.  -**  : 

L  v  y  aefté  remonftré,  qu'il  n'eft  û  oubliant,  qu'il  ne  fâche  le  nom  duditlaqufcisfon, 
feruiteur,ôc  a  efté  admônefté  de  le  dire ,  &  depuis  quand  il  l'a  laifié ,  &c  de  quel  pays  il  e- 
ftoif.A  dicqu  il  ne  fait. 

Interrogv  b  ,  s'il  l'auoit  long  temps  feniy:  A  dit,  peu  de  temps  :  autrement  ne  le 
fauroit  conter. 

.    In  t  e  r.  quels  autres  feruiteurs  il  a,&  auoit  lors  qu'il  fit  faditc  Cene:  A  dit  qu'il  ne  le 
peut  dire  fans  offenfer  Dieu,  craignât  que  l'on  les  vouluft  mettre  en  peine  fans  occafiô. 
L  v  y  a  efté  remôftré  qu'il  a  iuré  &  promis  de  dire  veritéxc  qu  il  çft  tenu  de  faire  en, 

tïerement: 


Anne  du  Bourg. .  Jjo 

ticrcmcn  t:car  il  fait  bien  que'Dieu  a  corn  mandé  de  la  dire,comme  celuy  qui  eft  la  vraye 
&C pure  vérité:  A  dit,que  s'il  n'euft  penfé  qu'il faloïc  dire  ce  que  Dieu  luyauoit  fait  eneen 
dre  de  fa  vérité', il  n'euft  refpon  du  comme  il  a  fait:&  qu'il  fait  bien  parles  loixCiuiles,qu 
il  eft  loiiîble  à  vn  chacun  de  racheter  fon  fang  par  tels  moyens  dont  il  saduifera.Ce  qu'il 
feroit  volontiers  comme  homme  qu'il  eft .  mais  d'autant  qu'il  eft  queftion  de  la  Loy  de 
Dieu,de  fon  honneur,  &c  delà  gloire  de  IefusChrift ,  il  feroit  trop  grand  blafpheme&C 
outrage  à  l'encontrede  la  maiefté  de  Dieu, s'il  denioit  deuant  les  hommes,  ce  qu'il  luy  a 
pieu  luy  reueler  de  l'intelligence  &:cognoiffance  de  fa  verité:&:  croit,comme  il  eft  eferit,  ^ 
que  iuftement  il  feroit  dénié  par  IefusChrift  deuant  Dieu  fon  Pere  ,  s'il  auoit  dénié  de-  arcio'îî 
uant  les  hommes  chofe  qui  appartiennes  la  gloire  &  louangedefon  nom. Pareillement 
feroit  grand  tort  à  fon  prochain, de  le  mettre  en  aucune  peine  pour  la  mefme  occafîon, 
pour  laquelle  il  eft  prifonnier,qui  eft  pour  dire  la  vérité. 

Lv  y  aefté  remôftré  qu'il  eft  ConfeillerduRoy:confequemment  homme  delettres: 
Se  fait  les  contraintes  ordonnées  par  les loix,contraignantes  ceux  qui  ne  veulent  entiè- 
rement dire  la  vérité  de  ce  dont  on  les  interrogue  par  ordônance  duRoy,&  de  fa  Iuftice, 
puis  qu'ils  le  fauent:mefmemcnt  en  crimedelefe-maiefté:Adir,queiaàDieune  plaife 
qu'il  foit  atteint  de  lefc-maiefté  diuine.  Qu'il  lait  bien  qu'il  l'a  ofFenfé &:  ofFenfc  de  mo- 
mét  à  autre:mais  croit  que  fa  maiefté  aura  m  ercy  de  fon  ame ,  par  le  mérite  du  précieux 
fang  de  fon  Fils  Iefus  Chrift.Que  ce  dpn  t  il  eft  aceuf  é,&:  fur  quoy  il  a  refpondu,  eft  la  ve- 
rité(fous  correction)^  prinfe  de  la  parolle  de  Dieu, qui  eft  la  feule  vérité. 

Lv  y  a  efté  môftré,qu'il  doit  captiuer&  humilier  fon  efprit,  quancaufacremcntdc 
la  Mene,obferuee&:gardee,comme  luy  aefté  dit ,  de  tout  temps  :  &c  que  ceux  qui  ne 
croyent  audit  facrifîce  ont  efté  déclarez  hérétiques ,  non  feulement  audit  Concile  de 
Conftance:mais  aufn  au  Concile  de  Latran,où  eftoyent  plus  de  deux  cens  Euefques, ô£ 
les  AmbafTadcurs  députez  de  toutes  les  prouincesChreftiennes:&:  depuis  iceux  décrets 
mis  àc  inferez  en  la  compilation  dernière  des  decretales >  fous  le  titre  De  fumma  Trinitate, 
f^fidecatholtcaycontre  Almericde  Bena,quifutdefentcrré&  brullé  en  cefte  ville  de  Pa-  Aimcric  it 
ris>comme  hérétique  facramentaire:&:  aufll  en  la  rubriche  Deh&reticisi& cclebratione Mij-  b«u  bruflé 
yirwm.Acescaufesne  doit  eftre  Ci  arrogant  &:  téméraire  ,  de  n'obeir&:  croire  ce  qui  eft  14d^aparl* 
décidé  és  fain&s  Concilcs,fuyuant  lefquels  ledit  fieur  roy  Philippe  Augufte ,  en  fit  exé- 
cuter vn  grand  nom bre,pour  auoir  efté heretiques,&:  ainfî  pertinax,  arrogans, témérai- 
res, &  defobeinans  aufdits  faincls  Décrets  &  Conciles.  A  dit,qu'il  plaife  à  Dieu  del'hu- 
milier  &:  abbaifter  fi  bas,qu'il  n'ait  en  luy  aucune  marque  d'arrogance  Se  témérité  :  &  ce 
qu'il  a  dit  cy  defTus  delà  Meflc,l'a  dit  pour  ne  contreuenir  à  la  parolle  &:  vérité  de*Dieu; 
tant  s'en  faut,fous  corrcction,qu'il  l'ait  dit  par  témérité  &  arrogance  :  car  il  fait  &c  croit 
comme  a  dit,que  la  Mené  a  efté  i:.ftituee  par  les  hommes  :&  Ci  elle  euft  efté  neceflaire 
au  falut  de  nos  ames,Iefus  Chnft  ne  l'cuft  obmife  par  fa  Parolle,  contenant  entiereméc 
toute  noftre  Loy,&  noftre  falut:ô£  qu'il  eft  efcrit,que  Iefus  Chrift  a  vne  fois  offert  en  fa- 
crifîce à  Dieu  fon  Pere,pour  noftre  rédemption, (a  precieufe  chair,&  fon  précieux  fang, 
ainfi  qu'il  a  dit  cy  deuant.  Quant  aux  Décrets  &  Conciles,  il  a  ia  cy  deuant  refpondu, 
que  c  eftoyent  traditions  humaines,s'ils  ne  fonteonformes  à  la  parolle  de  Dieu.  Par- 
tant n'ont  peu  adioufter,ne  diminuer  au  nombre  des  faincts  Sacremens  de  Iefus  Chrift, 
ne  changer  ou  immuer  la  forme  prdbrite  de  fa  maiefté  diurne  ,  commeauffiiladitcy 
defîus. 

IIII.  Interrog.du  mefme  iour  xxi.luin,dereleuee,en  la  Baftille,pardeuant  lefdits  Commiflaircs,M.D.LIX.' 
y  t  dit  maiftre  Anne  du  Bourg  mandé  ,  remonftrances  &  admonitions  luy  ont  efté 
■'-'faites  par  monfieur  leprefîdent  Sainct-André,de  penfer,  à  ce  qu'on  luy  apropoféhuy 
matin,&:  hier  tout  le  iour:&  aux  remonftrances  par  luy  faitcs,fe  recognoiftre&  rcuenir 
à  foy  reuenir  à  la  fain&e  foy  defdits  predeceffeurs,que  chacun  tient:  A  quoy  il  a  dit  a- 
uoir  relpondu  amplement:^;  remercie  lefdits  CommifTaires  defdits  aduertifTemens. 

L  v  y  a  efté  dit  par  monfieurleReuerend  euefque  de  Paris  :  qu'il  luy  faloit  obéir  à 
Dieu,&àlafain&eEglifc,au  Roy&à  Iuftice  :  Dieu  luy  commande  par  fonEfcriture 
fainetc  de  dire  vcrité,leRoy  le  vcut,il  en  a  eftépar  meflïeurs  les  CommifTaires  interpeL 
lé,il  a  refufé  indiquer  ceux ,  auec  lefqls  il  a  fait  la  Ccne  cy  defTus  par  luy  alléguée  :  pour- 
ce  qu'il  dit  ne  le  pouuoir  faire  fans  ofrenfer  Dieu.  A  cefte  caufe  pour  luy  ofter  le  ferupu- 
pulc,luy  a  dit  ledit  reuerendiflîmeEiiefque  de  Paris,qu'il  l'endifpenfoi^delapuifTance 

VV.iiii. 


Liurc^  FI.  Anne  du  Hotirg. 

qu'il  auoit  en  rEglife,luy  enioignoit  d'obéir  au  commandement  à  luy  fait  ,  de  nommer 
&C  indiquer,comme  deflus.  Ce  quiluy  a  efté  enioint  par  ledit  icigneur  Preiident  :  A  dit 
fur  ce  >  qu'il  eftmarry  qu'il  ne  peut  mieux  obéir  au  commandement  de  Dieu:&(jucdc 
volonté  &c  arfe&ion  il  ne  defirc  autre  choie  que  d'entëdre  la  volonté  de  fa  maicfte ,  &  le 
prie  luy  faire  la  grâce  de  luy  pouuoir  obéir  félon  icelle.  Pareillement  qu'il  eft  trefhumble 
&:  trcfbbcillantferuitcur,fuiet&  officier  du  Roy,  &c  obeiiTant  à  la  luftice ,  &  à  fondit  E- 
uefque. 

Scntenccdc^gY  ANTMonfieurduBourgainfircfponduauxdemandcs  des  luges,  l'Eucfque 
dcgraaaao*  gg^gcle  Paris  commis  auec  les  autres  pour  faire  fon  procès ,  le  condamna  comme  héré- 
tique èc  pertinax  à  eftre  dégradé  de  fes  ordres,  lefquels  il  auoit  receusauant  que  d'eftre 
bien  in  tormé  de  la  volonté  de  Dieu  par  fa  parolle,comme  depuis  il  a  efté.  De  cefte  fen- 
tenceilappelecommedabus,  en  la  Cour  de  Parlement  :  6c  de  peur  que  ces  ennemis 
ne tulfçnt  fes  Iuges,il  prcfênta caufes,par  lefquellcs  il  les  reeufoir.  Ses  caufes  de  rccuf'a- 
tion  eftans  iugecs,fon  appel  fut  mis  à  néant. IHé  faii'oit  de  mcrueillcufes  menées  &  foli- 
c  mnunde  citac,ons>^n d'oppreifercepoure homme.  Entreautreschofes,commandemcntfLC 
mcmîux  *  fait  à  fes  deux  freres(qui  eftoyent  en  la  ville  pour  foliciter  pour  luy)dc  vuider  la  ville  de- 
deux  frères  dans  trojs  iours,fur  peine  d'encourir  l'indignation  du  Roy,&  eftre  priuez  de  leurs  eftats: 
devïSrf!  àh'n  que  toutfecourshumain luy  fuilofté. Y  eut-il ïamaisiniufticepIusgrandeîParcilic 
yUicdcParis  crainte  eftoit  donnée  aux  vns,&  aux  autres,qu'on  penfouluy  eftre  amis,&:  le  pouuoir  fa 
Uorizer.Or  la  fentencede  l'Eucfque  eftant  confeimce ,  il  en  appela  aufuperieur ,  l'Ar- 
chcuelqucdcSens:lequelnclefitpas  beaucoup  prier  ,  de  donner  pareille  fentencede 
dégradation. Et  derechef  d'icelle,  du  Bourg  appela  comme  d'abus  à  la  Cour.Cepcndac 
beaucoup  de  tem  ps  fe  pafToit:&:  luy  eftant  en  la  Conciergcrie,eut  moyen  de  faire  cnteri 
dredefesnouuellcs  àl  £gIife,pour  raduertirdereftat  auquel  eftoyent  fes  affaires  ;  des 
demandes  qu'on  luy  auoit  faites,&  delà  grâce  de  Dieu, par  laquelle  il  auoit  confc/Tc  no- 
Du  Bourg  ftfc  Seigneur  Iefus  Chnft  fans  crainte.U  prioit  fur  tout,  qu'on  ne  s'ofFenfaft  point , fi  ou 
red  raiibn  à  le  voyoit  tant  de  fois  interictter  appel  nouueau  de  l'vn  àl'autre.  Que  ce  n'eftoit  point 
fe^ppdU-  ^u*^  voulultgaignertempsjôd  prolonger  fa  vie  par  fubttrfugcs  :  mais  afin d'ofter toute 
àoas.       otcafîon  de  pcnler  qu'il  fe  précipitait  ,&:  qu'il  fuft  caufe  de  fa  mort  auant  le  téps,  s'il  oiu 
blioit  quelque  chofe  qui  peuft  feruir  à  fa  iuftifîcatiô.  Car  quant  à  luy,il  fe  fentoit  fi  bien 
fortifié  par  la  grâce  de  Dieu,que  l'heure  de  fa  mort  luy  eftoit  vnc  heure  fbuhaittable>5£ 
qu'il  l'actendoit  auce  toute  ioyc.C'eftoit  la  teneur  de  les  lettres.  Son  fecondappel  com- 
me d'abus  fut  aufîi  déclaré  nul ,  &l  non  receuable,par  la  Cour>commc  le  premier.  Tel- 
lement qu'il  en  fît  vn  troihcme  de  l' Archeucfquc  de  Sens,àl'Archeuefque  de  Lyon,qui 
fedit  Primat  de  Francerlequel  le  condamnacommelesautres.Etdefafcntence  futpa- 
reillement appelé  commed'abus,parIuy.  Maiscedernicrappelncfutpasmicuxrc- 
ccu,que  les  premiers,  par  la  Cour.    Par  ce  moyen  du  Bourg,netrouuantiufticc  entre 
irmioSnt.  les  hommes,de  quelque  cofté  qu'il  fetournaft,  fut  dégradé  en  la  Baftiilc,  le  x  x.iour  de 
Nouem  bre:de  ces  ordres  de  Diacre,&:  Soudiacrc.Ce  qu'il  rcceut,comme  vn  grand  hon 
neur,d'eftredutoutncctoyé  de  ces  ordes&  vilaines  marques  de  la  Beftc  ,  &mis  hors 
dela(ynagoguedesmefchans,commemembrede  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift.  Une 
reftoitplusàlaCourquedelccondânerrtoutefoisfamort  fut  encores différée  iufques 
au  xxi.de  Deccmbre.Etn'eftoir  point  cependant  en  laprifon ,  fans  beaucoup  fouffrir. 
Car  on  le  tenoit  bien  eftroitement  en  la  BaftiJle:&:  n'auoit  point  le  traitement,comme 
requeroit  fon  eftat:mais  quelquefois  eftoit  là  au  pain,&  à  l'eau.  La  communication  de 
toute  perlonne  de  fes  amis  luy  eftoit  in  terdice:  tellement  qu'il  ne  pouuoit  eftre  fecouru,' 
DuBour    & *oulagé.Quelquefois pour foufpço qu'on  auoit  qu'il fefàifbitentrcprifc  ppurledeli- 
miien«ge  urer,ila  efté  mis  en  vnecageenla  Baftille.On  peut  penferenquelmaLaifc  Gcnonob- 
enkBjftinc  ftancil  fe  refîouifïbir  toujours,  &glorifioit  Dieu,  ores  empoignant  fon  Lut  pour  luy 
chanter  Pfeaumes,ores  le  louant  de  la  voix  Plufieursvenoyent  à  luy  pour  le  deftournera 
mais  ils  perdoyent  leur  peinc,eftans  repoufTcz  d'vncgrandc  confiance.   Car  il  remon* 
droit  toufiours  l'équité  de  fa  caufe,&  qu'il  n'eftoit  tenu  que  pour  la  confefîion  de  noftre 
Seigneur  Iefus  Chrift  .Et  pourtant  il  ne  t  alloit  qu'il  fuft  fi  lafchè  &  defloyaI,que  de  faire 
chofeaucune,pour  racheter  fa  vie,&  la  bonncgraccdcs  hommes,au  deshonneur  d'ice* 
Affeaion  à  luv  noftre  Seigneur,&:  au  pcnl  de  fon  ame.  Mcfmes  telle  eftoit  fon  afie6tien,&  ardeur  àf 
inanifeftcT  manifefter  la  vcritc>de  rEuangile,&:  la  doctrine,en  laquelle  il  vouloit  viurc  &  mourny 
©kT"^6  qu  il  drefTavoerequefteàmefieurj  de  la  Cour,auec  vnc  Confeflion  longue,  ôc  ample 

de 


Anne  du  Bourg.  j  ji 

de  fa  foyî  &  la  preféta,  de  peur  qu'ils  ne  fuflec  aflez  fatisfaits  dei'es  refpôfes,&:  q  fà  foy  ne 
leur  tue  allez  cognué':mais  pcuiîent  fans  luy  faire  pl*  au  très  interrogatoit  es,aiieoir  mge- 
mét  de  fa  doliurâce,  ou  de  là  côdânation.Nous  auôs  icy  mis  ladite  Côfeffion  motà  mot: 
(fjSfëSV  I S  <ju'il  a  pieu  à  naftre  bô  Pere  me  faire  la  grâce  de  vous  auoir  rédige'  par  elcrit  la 
flK£|Confeffion  de  ma  foy,&:  de laforme de  viureque  ie  veux  fuyure:enfem ble  afin  que 
ie  reipondc  aux  articles  extraits  des  Ordonnances  du  Roy  ,  pour  le  tout  ioindre  à  mon 
procès,  &:  fut  cedonner fentence  d'abfolution  ou  condamnation: 

^  I  e  vous  déclare  que  ie  fuis  Chreftié,&:  veux  viure&  mourir  pour  enfuyurc  &:  main-  ^"^c°" 
tenir  lu  doerrinedu  bon  Dieu  Pere  eternel,&:  de  fon  Fils  vniquelefus  Chrift,noftre  feul  hCourde 
Sauueur,  Médiateur  &:  Aduocat,qui  eft  de  mefme  fubftance  que  Ion  Pere,eternel&;  im  Parlemaw 
mortels  du  fainct  Efprit,qui  eft  la  vertu  de  Dieu,  procédant  du  Pere  &:  du  Fils:comme 
tefmoigne  fain&Iean,au  i  .chap.Quele  Pere  tout-puiiTant  a  créé  le  monde ,  &:  les  créa- 
tures diceluy, par  ion  Fils  qui  eft  fa  Parolle  eternelle,&:  le  fainct  Efprit.Et  après  quel'hô- 
me  per  le  confeil  du  ferpent  eut  tranfgrelfé  le  fainct  commandement  du  Seigneur ,  fut 
rendu  d  immortel,capable  de  mort:  ayant  efté  en  première  génération  engendré  non 
fuiet  à  peché,a  efté  par  fa  faute  commife  rendu  efclaue  de  péché  &c  du  diable.&:  a  perdu 
tout  l'on  vouloir  &c  puilfance  debien  faire ,  tors  qu'entant  qu'il  plaift  au  Dieu  tout-puif- 
lanc  luy  faire  la  grâce. 

Finalement  àcaufedelatranfgreffioncondamnéàmorteternclle,fanslemoyé 
du  Seigneur  lcfus  Chrift, lequel  pre-éleu  du  Pere, a  efté  enuoyé  au  monde,afin  quecom 
me  par  le  péché  d'vn,la  mort  eftoit  ordonnée  à  l'homme:ainii  par  l'aduenemét&:  mort 
du  Fils  du  Dieu  eternel,la  vie  eternelleluy  fuit  reftituee. 

Or  ce  bon  Rédempteur  ayant  voulu  naiftre  en  forme  d'homme  mortel,s'eftantaiTu 
ietty  à  toutes  les  afflictions  du  monde,horspcché, comme  telmoignent  les  faincts  Pror 
phetes  &c  tcfmoins  de  fa  Parolle,a  efté  condamné  à  mort  ignominieufe  de  la  croix ,  par 
l'enuie  des  Scribes  &  Phariiïens,&:  grans  Preftres  de  la  Loy. 

Ic  e  l  v  y  donc  aptes  auoir  efté  trois  iours  en  la  terre,à  l'exemple  duProphetc  Ionas, 
eft  monté  vifiblement  au  ciel,là  où  il  eft  toufioui  s  viuât  pour  intercéder  pour  nous,  iuf- 
ques  à  ce  qu'il  viendra  au  dernier  iugement  iuger  le  monde.  Bref,ie  croy  tout  ce  qui  eft 
contenu  au  liure  du  Seigneunc'eft  aifauoir,du  vieil  &  du  nouueau  Teftamcnt:&  tout  ce 
qui  eft  tenu  pour  canonique,^  authorizé  de  l'Eglife  catholique,  ie  le  croy  eftrc  la  vraye 
parolle  de  Dieu,dictee  par  le  S.Efprit,efcrite  par  les  vrais  fecretaires  Prophètes  &  Apo- 
ftres  de  noftrc  bon  Dieu,afin  d'édifier  la  faindtc  Eglife  &:  congrégation  des  Chreftiens. 

Ie  croy  qu'à  ceftetreflaincte  Parolle  il  n'eft  licite  à  aucune  perïbnne  ,  de  quelque  c-jj^Hdw 
ftat  ou  qualité  qu'elle  puifte  eftre,adioufter  ou  diminuer  aucune  chofe,en  loix,edits,ce-  d'adioufter 
remonies,ou  autrement  concernant  la  police  de  la  religion  Chreftienne.   Fait  pour  la  "^J^jjJ^ 
confirmation  de  mon  dire,le      n.chap.du  Deuronome,où  il  eft  dit, Vous  n'adioufte- 
rez  rien  à  la  doctrine  que  ic  vous  baille.  Itemjoiué  13  .chap.  EfForcez-vous  de  garder  ce 
qui  eft  eferit  au liure.deia  Loy,fans  vous  deftourner  ny  à  dextre  ny  à  feneftre.Le  mefme 
eft  eferit  en  Ifaie  5  5  .&  aux  Prouerbes  30. eft  dit,  Vous  n'adioufterez  rien  aux  parollcs  du 
Seigneur,que  vous  ne  foyez  trouuez  menteurs. Si  vous  voulez  confirmatiô  du  nouueau 
Teftament,lifez  le  i.auxGalates,Si  vn  Ange  du  ciel  vous  annonce  autre  Euangile,que 
ecluy  que  vous  auez  receu,  il  foit  excommunié. 

It  e  m  cnS.Matth.  15.chap.En  vainvousm'honnorez,enfcignans  doctrine  des  conv 
mandemensd  hômes.Toute  plante  que  n'aura  plantée  monPeref  elcfte,fera  arrachée. 

I  e  conclu  donc,que  toutes  les  loix  faites  par  les  Papes,ou  autrcs,concernantes  la  re- 
ligion Chreftienne,ncpeuuentaiTuicttit  les  Chreftiens  à  fuyure  autre reigleou doctri- 
ne,quece  qui  eft  contenu  au  liure  de  la  Bible.  Ainfi  que  Dieu  eft  parfait,fa  doctrine  eft 
parfaite:&:  n'a  befoin  de glofe  ou  augmentation  :  autrement  les  Apoftres  auroyent  mal 
regy  leur  Eglife, en  ayant  obmis  tant  de  fuperftitions,qui  font  auiourd'huy  en  règne  en- 
tre les  Papilles. 

M'app  v  y  a  n  t  donc  à  la  feule  Parolle  de  Dieu:icreiette,ainfi  que  font  toutes  les 
glifes  reformées  par  le  vouloir  de  Dieu,toutcs  les  conftitutions  du  Pape,  qui  fe  monftre 
plus  fauant  que  Iefus  Chrift  &fesApoftres,ou  autrement  luy  veut  totalement  contra- 
rier. Car  le  Seigneur  Dieu  dit  en  Exode  zo.  Six  iours  tu  trauailleras,&:  au  feptieme  tu  te 
repofcras:mais  le  Pape  penfanteftre  plus  fage  défend  de  trauaiilcr  à  certains  iours  par 
luy  limitez.    Iefus  Chrift  permet  à  toutes  créatures  qui  ont  cognu  la  vérité,  dvferde 


L/«ro  V  /.  Anne  du  Bourg. 

itjKfc  toutes  viades  en  tout  temps ,  aucc  a&iô  de  graces,Paul  i  .Tim.4.mais  le  Pa  pe  le  défend, 
dtiadottri  h  $  v  s  Chrift  dit,que  ceux  qui  n'auront  le  don  de  continence,fe  peuuent  marier ,  i . 
ChnV&du  Tim.4.&  le  Pape  le  défend  aux  Prcftres:  combien  qu'il  y  en  ait  eu  mout  de  mariez  en  la 
Pape.       primitiue  Egliie,&  iufques  à  Calixte  Pape. 

Av  s  s  i  Dieu  défend  de  mettre  images  aux  temples ,  comme  nous  monftreronsin- 
continentrle  Papelepermet.  Au  moyen  dequoy  il  eft  à  bonne  caufe  dit  Antcchrift,&: 
dépeint  par  S. Paul,à la  lecondeauxTheflaloniciens,i.chap. 

C  £  poin£t  remis  au  iugement  de  toutes  gens  de  bien,  ayans  Ja  cognoiflanec  de  Dieu 
&dcibnEuangile,iugeront  ce  que  de/Tus  eftre  véritable. 

Re  spond  an  t  auxarticles,  Sauoirs'ilcft licite inuoquer les Sainctstrefpaflez, le 
vous  reipon  que  nous  n'en  auons  aucun  commandement  par  la  parolie  de  Dieu.  Mais 
au  contraire,nous  eft  commandé,  quand  nous  voudrôs  obtenir  pardon  de  nos  péchez, 
d'inuoquer  le  Seigneur  par  le  moyen  de  Ion  Fils  Iefus.  Il  eft  efent  au  Pièaume  5o.Inuo- 
que-moy  au  temps  d'aduerfité,&:  ie  te  deliureray,puis  honneur  m'en  feras. 

Av  tant  en  eft«il  dit  en  Ifaie  55.Ioeli.Rom.io.Ephefiensz.Ainfi  eft  diten  S.Matt. 
1 1, Venez  à  moy,vous  qui  eftes  chargez,&:  ie  vous  foulageray.  Item  en  Ezcchicl  8.  En 
quelque  heure  que  le  pécheur  gemira,ie  n'auray  recordation  dé  fon  péché. Dauantage, 
il  dit  en  fainct  Iean.i4.&:  16.chap.T0ut  ce  que  vous  demanderez  en  mon  nom,il  vousfe 
ra  donné:demandez&:  vous  receurcz,&c. 

I  t  e  m  , Par  le  feul  Iefus  Chrift  nous  auons  accès  au  PercRom.j.S.Paul  auflï  dit,  Iefus 
Chrift  peu  t  fauuer  tous  ceux  qui  s'approchent  de  luy ,  toufioui  s  viuant  pour  intercéder 
pournous,Rom.8.Ainfi  leSeigneur,parlantparlabouchedcfon  Prophète  Ifaie,4$. dit, 
C'eft  moy,c'eft  moy  qui  efface  tes  péchez  pour  l'amour  de  moy,&  n'auray  plus  fouucna- 
cedetesiniquitez. 

II  eft  ainfi  eferit  au  Pfeaumc  1 8,&  jo.Ncfuis-ie  point  l'Eternel  ?  il  n'eft  auflï  nul  autre 
Dieu  que  moy. Il  n'y  a  point  de  Dieu  qui  fauue,finon  moy. 

Avtant  eneft_il  dit  en  Ifaie  4^:au  Deuteronome  zj.  Voyez  maintenant  que  c'eft 
moy,&  n'y  a  point  d'autre  Dieu  auecques  moy  :  ie  fay  mourir  &c  fay  viure.  &c.  Au- 
tant^ .Samuel  z.Ofee  1 3  .Deuteronome  4«Par  lcfquelles  parolles  ie  dy  qu'il  n'y  a  que  Ie- 
fus Chrift  qu'on  doiue  inuoquer  pour  auoir  remiflïon  de  fes  péchez.  Et  fi  on  dit  qu'ils  fer 
uent  d'aduoeats  pour  patrociner  pour  nous:  ie  refpon,  Puis  qu'il  n'eft  commandé  de  s'a- 
cjrcifer  àeux,il  n'eft  auflï  aucunement  licite.  Car  il  eft  dit  aux  Actes  quatricme,il  n'y  a 
auflï  falut  en  nul  autre:&  n'eft  point  donné  autre  nom  fous  le  ciel ,  que  le  nom  de  Iefus, 
pour  auoir  làlut.  D'auantage,ilcft  dit, Si  aucun  a  failly,il  y  a  vn  Aduocat  enuers  le  Pcre, 
Iefus  Chrift,  1  Jean  z. 

I  t  e  m  ,11  y  a  vnMediateur  entre  Dieu  Se  les  hommes,IefusChrift,  1  .Timcz.Parquoy, 
dirc  fîuj.1  &  que  ce  terme  Vn,vaut  à  dire,Seul.ie  dy  qu'il  n'y  a  quç  ce  bô  Iefus  qui  puifle  prier  pour 
nous.  Ainfi  les  Sages  qui  vindrent  voir  la  Vicrge,n'adorerent  icelle:mais  fon  enfant,  en 
S.Matthieu  deuxième  chap.Plus,il  n'y  a  quecebon  Dieu  quicognoifle  lecceur  deshô- 
mes,&  qui  fâche  leurs  penfces,Rom.8,&  z.Chron.tf.Ieremie  iy.Pfeaume  jj.Parquoyie 
fay  argumentquenosprieresàcuxadreffeesfontillufoires  ,  comme  faites  à  créatures, 
qui  ne  nous  entendét.  Ainfi  les  Sain&s  ont  rendu  ceft  honneur  à  Dieu:&  n'ont  voulu  e- 
ftre  inuoquez  ny  adorez.  Voyez  Efter  troifîemc chapitre.  Item,  comme  les  Apoftres  ne 
voulurent  eftre adorez, Actes 4.  L'Ange  auflï  ne  voulut  eftre adoré, difant,  Iefuis  ferui- 
teurauecques  toy,  Apocal.i9,&  zz. 

Parquoy  ie  conclu,  veu  qu'iln'eft  commandé  parla  fain&e  Efcriture  inuoquer  les 
morts,ains  défendu  de  demander  conièil  aux  trefpaflez,  Deuteronome  dixhuitieme:&: 
Commet  il  Sue  *e*us  Chrift  eft  fi  doux,  difant  en  S.Matthicu  feptieme  chapitre ,  Qui  eft  le  pcre ,  fi 
fiuthono-  fon  enfant  luy  demande  du  pain, qui  luy  donnera  vne  pierre*  &c.  &  à  plus  forte  raifon, 
SaLlSî      *C  ^crc  cc^c  pardonnera  à  ceux  qui  le*requerront:&  que  nul  ne  peut  venir  au  Pere  (i- 
nonparluy:mcfmementqueChryfoftome  furfainft  Matthieu,  5. Homélie,  premier 
chapitre,dit,quc  nous  honorons  les  Sainds,quâd  nous  imitons  leur  vie  :  iaime  mieux 
eftre  afleuré  de  mon  falut  par  le  moye  de  Iefus  Chrift  mon  Aduocac,que  d'eftre  en  dou- 
te en  fondant  ma  foy  fur  vne  incertitude.  Et  fi  à  cela  vous  me  dites  que  nous  dcuons  pri 
er  les  vn  s  pour  les  autresrie  le  confefle ,  tandis  que  nous  fom  mes  en  ce  monde,  afin  que 
nous  ne  foyons  oifif  s,&  pour  monftrcr  noftre  charité:  mais  depuis  que  ce  corps  eft  fepa- 
ré  d'auecques  l'efprit,nous  auons  ofté  toute  folicitude  hum  aine, &:  nôus  conformons  to 

talemenc 


Annz~>  du  Bourg.  j j2 

talementau  vouloir  de  Dieu.  Si  vous  alléguez  le  Pièaume,  IcconfeiTe  mon  iniquité  à 
Dicu:pour  celte  caufe  tout  Sainft  te  priera  en  temps  opportunjercfpon  qu'il  parle  des 
Saincts  viuans,  comme  le  pourrez  voir  par  le  Pfeatifne.  Lcfquels  fidèles  font  appelez 
Saincts  en  l'Efcriture,Apoc.8.&  i.Cor.i.2.Cor.i.Epheiiens  i. 1. Pierre 2.  Leuit.19. 

In  m  dauoir  s'il  cil  licite  d'auoir  des  images  aux  temple  s  des  Chrelticns  ,  Aqnoy  ie 
relpon  qu'il  n'eft  pas  feulement  non  licite ,  mais  expreiTément  défendu  par  les  lainctes 
Efcritures,  comme  vnc  idolâtrie  mefehante. 

Premièrement}  voyez  Deuteronomc  4.  chap.pù  il  cil:  dit  en  ces  termes,  Vous 
prendrez  donc  bien  garde  pour  vos  ames,qne  vous  n'auez  veu  aucune  lïniihtudc  ou  effi  Dent  4 
gic,au  iour  que  l'Eternel  voftrc  Dieu  a  pai  le  à  vous  en  Horeb,du  milieu  dufeu,afïn  que 
vousne  vous  corrompiez,  &  que  ne  vous  faciez  image  taillée  ,  représentation  de  toute  ^. 
pourtrainire,ioitefpeccdemaileou  defemclle.  Autant  en  efent  Ilaie41.Ex.otle  34.'  Io  F.xof  4. 
îué  24. il  eltdit,Tu  ne  t'enclineras  point  deuant  autre  Dicu,&c.  Tu  ne  te  Feras  nul  dieu      •  'J 
de  fbnte.Mcfmcs  auxeommandemens  de  Dieu, en  Exode  lo.Tailler  tu  ne  te  feras  ima- 
ge  de  quelque  choie  que  ce  (bit:&  aufïi  en  Iiaie4o.  il  eferit ,  A  qui  ferez-vous  rellembler 
l'Eternel  &:  quelle  figure  tli(poferez_vous  pourluy?L'ouunerfaitrimage,rorfcuieeitcd 
Pot  pour  la  figuic.or  à  qui  me  ferez-vous  femblablcfcilcuez  vos  yeux  en  haut. 

E  t  aufli  il  eltdit  en  celte  loi  te, Sap.  15. Nul  homme, comme  homme,ne pourra  pein-  Sa,,  ^ 
dre  dieu  fcmblablc  a  luy,&  l'homme  mel'memcnt  cft  meilleur  que  l'image.  Voyez  en  pa 
reil,les  malédictions  de  ceux  qui  fontles  images, Dcuter.i  i,&i7.Pfeaumc  1 1 5,6^:1 3  5-Ic- 
remiedixic  nie.  Auiîî  les  cômandcmensd'abbatrc  les  images,di{ènr,Deut.i2,  en  Exode  ^c-:U  "î-& 
34.V0US  démolirez  leurs  autels ,  vous  abbatrez  leurs  Itatues,  6c  bruilerez  leurs  images,  leromc-io 

Vovezlc  mal  prouenu  des  images, Sapience  14.  Romains  1.  Par  les  partages  deffus  y™*/7"*14 
cfcrits,Ia  plus  pas  t  s'entendent  desimages  faites  poudimuler&:  fîgurcrDieu  ,  comme  Sap.^34 
en  Haie  46.diiant,  A  qui  m'auez-vous  rait  lemblablc:&:  qui  le  font  vn  dieu  de  taille  ,  qui  f.°»ullls  * 
ne  bouge  d  vue  place,&  n'oit  ce  qu'on  luy  dcmâde,  &:  ne  pourra  vous  fauuer.  J' 46 

O  r  donepuis  que  c'elt  chofe  prohibée  de  Dieu  &  non  commandée ,  voire  conftitu- 
tionliumaine;à  l'exemple  d'Ezechias,2. Rois  i8,&c.&deIofuc,i.Chron.mcfmesde  Io-  î.Rokis 
fias,r.Rois23.qui  tous  ont  abbatu  les  images,n'ayons  crainte  d'muoquer  Dieu  fans  ima  *-R-°?sl5 
ges,cn  fouftenant  que  telle  lupcrltition&ridolatnedoit  eftre  arrachée  des  Chrelliens: 
laquelle  en  bref  temps  prendra  fin, au  moyen  du  bon  Dieu  éternel. 

Av  s  s  îiecroy  que  le  commencement  de  toutes  idolâtries  a  efte  lexcogi  ration  &:  in 
ndntion  des  images.  Lesquelles  auffi  ont  efté  faites  en  abomination  &:  fcandale  aux  a- 
m  es  des  hommcs:&  font  comme  laqs&  filets  aux  pieds  des  ignorans,  pour  les  faire  tref- 
bucher.Pourcc  ne  doyuent  elles  point  eftre  honnorees,  feruies,  adorées,  ny  endurées  es 
temples  des  Chrcfticns, ou  egliiès,  ny  au  lieu  où  les  Chrcfticns  s'aiTernblent  pourouyr 
&:  entendre  la  parolle  de  Diemains  totalement  oltccs Se  ruinées, commeporte leiècond 
commandement  du  Seigneur:^  ceparl'authoritédu  Magittrat  ,&  non  point  pari  au- 
thonte  priuccd'vn  homme  partieulier.Car  le  bois  dugibct,par  lequel  onfaitiufticc,cft 
bénit  de  Dieu:mais  l'image  faite  delà  maindcrhomme,eft  maudite  du  Seigneur  ,&  ce-  Inugcs; 
luy  qui  la  faitauec:pourcenous-nous  deuons  bien  garder  des  images  fur  toutes  choies. 

Ie  crovauiïi  les  faincts  Sacremens, qui  font  les  marques  delà  vraycEglile,  eitre  les  li- 
gnes de  l'alliacé  faite  entre  Dieu  &:  nous  par  Ieius  Chrilt,feauxde  lapromefle  du  Seign. 
fidfyinbolcsextct  nés  8c  vi(iblesdelachofemteneure&:inuifible,Iclquclsiontcn  nôbre 
de  deux  feulement, afFauoir,le  Baptefme,&:  la  fain&eCenedu  Seigneur.  Iceux  ne  font 
point  lignes  vuides,ains  remplis, c'eft  à  dirc,non  ieulement  lignes  iignificatifs,mais  auf- 
fi exhibitifs  de  la  chofe  qu'ils  lignifient  en  venté  ,  commenous  déclarerons  cy  après, 
Dieu  aidant. 

Tovchant  les  autres  cinq,qui  font  recensé  exercez  auccques  grans  abus  &fu^ 
pcrititïôsen  l'cglife  Papiitique,a(fauoir  Confirmation, Confcffion,Mariage, Impoli tiô 
des  mains, (autrement  dit  Ordrc)&  l'Onction:  ie  dy  tout  cela  auoir  cité  cérémonies  Ec* 
clchaltiques,de(que  lies  les  faincts  Percs  ont  vie  en  leur  temps  iain£tcmcnt,fans  aucune 
luperltitiomdcfquelles  aufli  on  pourravfcr  auiourd'huy  à  leur  exemple,fuppofé  que  ce- 
la Ibit  fait  fans  erreur,ians  abus,&  làns  fupcrftitiondauue  touuours  la  libertéChrcftien- 
ne&  Euangelique,laquellc  deliure  nos  conlcienccs  de  toutes  cérémonies  exterqes,par 
les  hommes  inltituées,fans  la  parolle  du  Seigneur. 

I  e  croy  q  le  Baptefme  cft  ligne  de  la  nouuelle alliance  entre  Dieu  &c nous,faite  parle  LcBaptcfme 


Livres  VL  Anm  du  Bourg. 

fus  Chrift,&  la  marque  des Chreftiens  en  rEuangilc,com me  iadis  laCirconcifion  eftoit 
la  marque  des  Iuifslous  la  Loy:quec'eft  aulfivnlauementextcneurfaitpar  eau  ,  ligni- 
fiant vnlauementintci icur  en  l'efprit,fait  par  le  fang  de  Iel'us  Chrift  :  lequel  doit  élire 
dôné&:  cômuniqué,tant  auxpecics  entans  corne  aux  gras,  félon  1  ordonnace  de  Chrift: 
6c  ce  vne  fois  fculcmenc,fans  iamais  1  e  reiterer.C'eft  la  mer  rouge  en  laquelle  Pharaon, 
c'eft  à  dire,  le  diable,auec  cour  fon  excrcite  de  pcché,cft  cotalemét  lubmergé,&:  l'IfraeJi 
cepallepar  le  milieu fauh&:  puis  cheminant  par  le  dci'ert  de  ce  monde  auec  gi  andesan- 
goilles,rafchcries  6c  tnbulations,vfe  iournellemenr  de  la  Manne  celeitc ,  qui  eft  la  fain- 
cte  parolle  du  Scigneur,iufques  à  ce  qu'il  entre  par  mort  en  la  terre  de  promifliô  celen1  e. 

I  e  croy  aulîi  que  le  Baptefme  eft  1  entrée  de  l'Eglife,&  vn  lauement  de  régénération 
&.*renouuellcmentau  S.  Efprirpar  lequel  nous  renonçons  à  nous-mefmes, àSatan, à  pé- 
ché^ au  monde. Car  ayans  defpouilléle  vieil  home  auecques  toutes  lès  concupifcéces 
nous  reueftons  le  nouucau,qui  eft  Iefus  Chriit, en  iuftice&  faincteté ,  auec  lequel  mou- 
rons,^' lommes  enfeuelis  en  (a  mort:afin  que  comme  Chrift  eft  relTulcité  des  moi  ts  par 
la  gloire  du  Pere,pareillcment  nous  cheminions  en  nouueauré  de  vie  :  mortifianstoui.- 
iou  rs  ce  qui  eft  de  nous  en  nous,pour  exterminer  le  corps  de  péché. 

I  e  croy  que  ce  Baptefme  doit  dire  adminiftré ,  non  point  aueGquesde  rhuile,fel, 
crachats  ,  ou  femblablc  chofe  ,  ains  feulement  en  eau  pure  &  nette,  aunomduPere, 
&du  Fils ,  6c  du  lainct  Elprit ,  iouxte  l'ordonnance &in!titution  dtDieurlansy  rien 
changer,oiter,nedtminuer:&:  le  tout  en  langage  vulgaire&:  commun  :  attendu  que  ce 
qui  elt  fait  ou  dit  en  l'Eglife  de  Chriit, doit  eftre  entendu  6c  cognu  de  tous  les  fidèles. 

Pa  r  ce  Baptefme  nous  fommes  changez  6c  tranlformczd'enfans  d'ire,  de  péché,  du 
diable  &pcrdition,cn  uifansde  Dieu, de  grâce  ,&  faluauon  ,  pour  eftre  héritiers  auec 
Chrift  en  la  vieeternelle.Pource  doit  il  eftre  donne &:  communiqué  lentement  auxere- 
atures  raiionnables  ,  qui  ibntcapabies  des  chofesceleftes,  non  point  aux  cloches, ou  a. 
choies  lèmblables,qui  ne  peuuent  exercer  les  choies  lignifiées  par  icelles. 

Ie  croy  ce  Baptefme  d  eau  n'eftre  point  tellement  neceifairc  au  falut ,  que  l'homme 
ne  puiiîe  bien  eltre  fauué  fans  iceluy,en  cas  de  neceisité.  Et  mefme  ie  ne  doute  dufaluc 
des  petits  enfans,qui  meurent  fans  Baptelme ,  qu'ils  ne  Ibyentfauuez  aufli  bien  comme 
s'ils  eftoyent  baptifcz,d'autant  qu'ils  font  comprins  en  l'alliance  du  Seigneur ,  &fonc 
participans  de  la  promeflé  queDicu  a  faite  à  tous  fes  fidèles  &:  croyâs:c'eft,qu'il  feraleur 
Dieu,&;  de  leurs  enfans.Mefmes  en  vertu  de  cefte  promeflé  nous  baptilbns  les  pctis  cn- 
fans:parquoys'ilsmeurentauantqu'eftrebaptifez,ilsne  font  pas  moins  participas  de 
cefte  promefle,ny  confequemment  du  iàlut  éternel.  Comme  aufli  iadis  fous  la  Loy  les 
petits  enfansmourans  fans  la  Circoncifïon,eftoyentfauuez  par  ce  meime  moyen:  l'en-, 
ten  feulement  des  enfans  des  fideles,aulquels  appartiennét  les  promelTes  du  Seigneur, 
&non  point  des  in  fidèles  ou  reprouuez. 
DeUCcne.  Ie  croy  que  le  fainct  Sacrement  de  la  Cene  eft  vne  fainéte&:  externe  cérémonie,  in- 
ftituee  par  lefus  Chriit  en  lEuangilcvniourauant  fa  mort,  fous  felpcce  du  pain  &  du 
vin,en  mémoire  6c  recordation  de  la  mort&  paflion, ayant  6c  contenant  en  lby  promef- 
fedela  remiflîondcs  pechez.Par  lequel  Sacrement  nous  participons  veritablementau 
corps  6c  au  lang  de  IefusChnft,fommes  nourris  &:  alimentez  en  la  maifon  du  Seign.qui 
eft  l'on  Eglife,apres  eftre  en  icelle  entrez  par  le  Baptefme. Iceluy  aufli  doit  eftre  donné  6c 
communiqué  a  tous  fous  les  deux  efpeces,lèlon  l'inftitution  ordonnée  6c  commadec  de 
Chrift,  contre  laquelle  n'eft  licite  de  rien  attenter. 

I  e  croy  qu'en  ce  lainct  Sacrement  les  lignes  ou  fymboles  ne  lbnt  point  changez  en  fa 
çon  quelconque,ains  qu'ils  demeurent  entièrement  en  leur  nature ,  c'eft  à  dire ,  que  le 
pain  n'eft  point  changé  ne  tranllubftatié(ainli  que  les  Caphards&  faux-docteu  rs  enlei- 
gnent,deceuanslepoure  populaire)au corps delefus Chrift  ,  nelevin  traniTubftantié 
en  fon  iangrmais  que  le  pain  demeure  toufiours  pain,&:  le  vin  demeure  touliours  vin,vn 
chacun  en  là  propre  6c  première  nature. Car  les  parolles  queChrift  dit  à  lès  Apoftres,en 
donnant iepain,difanr,C'eft-cy  mon  corps,  fentenôd  croy  eftre  dites  parvncMetony- 
mie,quieftvnemanieredcparlerfort commune  auxfain&esElcritures  ,  comme  aufli 
Jcsontentendués,&:  par  leurs  eferits  déclarées  les  fainds  Pères  &  docteurs  EcclefiaftL 
Lcdecrec    ques,Irenee,Cyprian,Tertullian,  Ambroife ,  Auguftin,Chryfoftome,& autres  fembla- 
fabJuw^.  bles,  qui  ont  eicrit  outre  &:auant  le  Conciliabule  de  Latran  ,  où  fut  conclue  la  tranf- 
non.       fubftantiacion  du  pain  au  corps  de  Chrift ,  6c  du  vin  au  fang ,  6c  donnée  pour  article  de 

foy, 


Annt^  du  "Bourg.  j 3$ 

foy,àu  grand  deshonneur  de  Dieu,&  fcandalc  de  route  I'Egltfc,l'an  io^cparlepapeLeon 
9. au  temps  que  Satan  cftoit  deiîa  deiîié ,  comme  l'auoitprcdit  l'Apocalyplè,  &c  troubloit 
l'Eglife  plus  que  parauant. 

I  e  croy  que  tour  ce  Sacremenr  gift  &c  confîftc  en  vlagc,  tellement  que  hors  rvfage,  ce  g' 
pain  èc  ce  vin  ne  (ont  en  rien  differens  à  l'autre  pain  Se  vin  communs ,  def quels  on  vie  CO-  cremenr. 
munémentenla  mailon  :&  pource  ne  croy-ic  point  que  le  corps  de  Chrift  (bit  côtenu,  at 
taché, ou  enclos  en  ce  paindbus  ce  pain, ou  aucccepaimneleiâgen  ccvin,fousce  vin,ou 
auec  ce  vimains  croy  &:  côfefleiccluy  corps  élire  au  ciel  à  la  dextredu  Pci  c,  corn  me  par  cy 
deuant  auons  die,  &  que  tourcs  fois  Se  quantes  que  nous  vfons  de  ce  p.nn  Se  vin  iclon  l'or 
donnante  &inftitution  de  Iefus  Chrift,  que  véritablement  &cdc  faictnous  rcccucns  le 
corps  Se  le  fang  d'iceluy  par  foy. 

I  e  croy  que  celle  réception  eft  faite, non  point  charnel  ieroentou  corporellcmér^ains  ?cccptjf* 
en  efprit  par  vrayc&  vue  foy  :  c'eft,  q  le  corps  Se  le  làng  de  Iefu  s  Chrift  ne  four  point  dô .  i"mUC  • 
ne?  a  labouche:au  vcntrc^pourlanourricurcdu  corps,ains  à  noftre  foy  3  pour  la  nourritu- 
re de  lcfprit  Se  homme  in  "crienr  en  vie  éternelle.  Et  pour  ce  faire  n'eft  ia  beibin  que  Iefus 
Chrift  defeende  du  ciel  pour  venir  à  nous>ains  tj  nous  mentions à]uy,drciTansnos  cœurs 
par  vneviuefoy  là  haut  à  la  dextredu  Pere,où  ilcll  alhs>d  où  nous  l'attendons  à noilre ré- 
demption^ non  pas  Je  ccrchcrences  elcrr.cnsvilU  îes&  corruptibles. 

I  f.  croy  que  ccftefainttc  Cene  eft  vn  Sacrement  aux  fidèles  ieulement ,  &  non  peint 
pour  les  infidelcs:auquel  on  trouuc  Se  reçoit-on  ce  qu'on  porte,&  rien  plus,fi  ce  n'eft  aug- 
mentation de  foy  -grâce  &:  vertu  .  Et  pourceen  iceluy  trouucnt  Se  reçoiuent  Icfus  Chrift 
à  fafut,ceux-la  ieulemet  qui  le  portent  auec  eux,  par  vnc  viuc  &:  vraye  foy.  Mais  les  autres 
qui  y  viennent  fan  s  fov,  ?£  {ans  pcnitence,ytrcuucnt&:  reçoiuent  feulement  les  Cy  mboles 
U  lignes  externes  Se  vi£blcs,&  ce  à  leur  condamnation:  côme  Iudas  Se  autres  lcrnj?lables 
jnefchans  Se  reprouuez. 

I  e  croy  que  ce  Sacrement  contient  deux  chofes.Tvnequi  eft  terrcftre,charnelie&:  vifi- 
bled'autrequi  eft  celeftedpiritucUe&inuifible.  Et  confefle que  comme  noftre  corps  Se 
Jiommc  extérieur  reçoit  1  achofctcrreftre&  vifible,  qui  eft  le  pain  Se  le  vin,  par  lelquekil 
eft  nourri  Se  alimente':  qu'ainlî  véritablement  noftre  efprit  Se  homme  intérieur  reçoit  la 
choie  ccleltcSc  fpiritUi  lie,  lignifiée  par  le  pain  Se  le  vin,  afîauoir  le  corps  &c  le  fang  de  no- 
ftre Seigneur  ïefus  Chrift:  tellement  que  nous  fom  mes  faits  vn  auecques  luy ,  os  de  fcsos, 
chair  de  la  chair,  participans  auecques  luy  en  toute  iufticc&:  autres  vertus ,  dons  &:  biens 
que  le  Pere  éternel  a  mis  Se  poiez  en  luy. 

It  croy  qu'à  cefte  laincre Ta1: ledoyuent  cftre admis  feulcmcntlcs  fidèles,  vrais  con-  Quidohiét 
trits,&:  penicens:Si  tous  indignes  reicttez,  de  peur  de  polluer  Se  contaminer  les  viandes  c(ac;idm^ 
facrecs,quelc  Seigneur  ne  donne  linon  ài'es  domeftiqucs&  fidèles. l'appelé  les  indignes,  rcS  ucc- 
tous  in  fidèles, idolatrcî,blafphernareurs, contempteurs  de  Dieu, heretiques,&:  routes  ges 
qui  font  fc&es  à  part,  pour  rompre  l'vnité  de  l'Eglife,  tous  penures,  tous  ceux  qui  font  re- 
belles à  pctcs&mcrcs^c  à  leurs  fupeneursttousleditieux^urinsjbatcursjnoilèurs,  adul 
reres, paillards-  brrons-,rauineurs,auantieux,yurongnes,gourmans:&:gcneralemêtceux 
qui  mènent  vie  (candaleufe&dnToluè .  Car  telle  manière  de  gens  n'ont  point  départ  &: 
portion  au  Royaume  de  Dieu:  pource  doyuent  eftre  reiettez  Se  mis  hors  de  l'Eglifeauec- 
ques  lcfqucls  n'eft  licite  frcquenter,manger,boire,  ou  contracter  alliance,  il  ce  n  eft  poul- 
ies gagner  Ramènera  pénitence.  ^  ^ 
I  e  croy  que  la  MefTe  Papiftiquc  n'eft  poît,  ny  ne  peut  cftre  la  faï&c  Cene  du  Seigneur,  j^Meflc*  ' 
ains  vue  pure  inuention  des  hommes  menteurs  Se  iniques,  totalement  contraire  à  icelle,  UCcnc. 
comme  la  nu  ici  auiour,  Belial  à  Ieius  Chrift .  Ce  qui  fera  cognu  de  tous  plus  clairement 
quclcmidy ,  parla  conférence  &:  collation  faite  entre  linftitutiond'icellc  Cene  (  récitée 
&efcntepaiics  Euangeliftes , &iinguh'cremcnt  par  l'Apoftrefaindt  Paul)&lacclebra- 
tio  de  la  McfTe:parce  que  ce  n'eft  point  la  mémoire  du  vray  lacrifice,c  eft  à  dirc>de  la  mort 
6c  paifiondeIefusChrift,commeeft  la làin&e Cene  :ainsvn  renoncement  d'icelle,  d'au- 
tant quelle  s'attribue  ce  qui  appartient  au  feul  fang  de  IefusChnft,efpandu  en  la  croix,al- 
fauoir,fandification,purgation  &:  remifiion  des  péchez ,  auecques  collation  degrace .  Et 
qui  pis  eft,fait  que  la  créature  adore  vn  morceau  de  pain  au  lieu  de  lefusChrift  noftre  Sei- 
gneur,fcul  SauueurÔc  Rédempteur. 

I  e  croy  la  troifieme  marquede  l'Eglife ,  qui  eft  la  difeipline  Ecclclîaftique ,  eftregran^ 
dément  vtilc&:profitable,voirenecelfene  en  l'Egliic  catholique,  pôurlaconfohtiondes 

XX. 


Lmrcj  VI.  'Armt^  du  "Bourg. 

bons,&:  corre&ion  des  mefchans. Laquelle  aulîi  iecroy,&  àcellemefoufmècs,  lâchant 
quec'cft  l'ordonnance  de  IefusChnft  en  rEuangile:]aqtfelle  a  efté pratiquée  parles  À« 
poftres  en  la  primitiuc  Eglilc ,  à  ce  que  tout  fuft  tait  hon  nefternéc,  &  pif  bon  ordre  ;  qui 
eft  choie  honnefte&neceflaire  en  toute  la  congrégation. 
Le  C!  f  d-  *E  cr°^  laPlunrancec*ener&:  dcfljcr,excommunicr&.abfoudre,  qu'on  appelé  cotn- 
l' Fglii'c. S  °  ir.unement  Les  Clefs  de  l'Eglifc,  eftre dônee  de  Dieu:&:  non  point  à  vn  ou  deux,ou  à  au 
cuns  particulierement,ains  à  toute  l'Egliie,c 'eft  à  dire,à  tous  les  fidèles  &  croyans  en  le 
fusChrift:&:  non  point  pour  deftruire,demolir,ougafter  j  ains  pour  édifier  ou  auancer 
le  tout:pourccdy-ie&.  confeffe,que  l'excommunication  ouablolution  d  icélJe,nc  doit 
point  Se  ne  peut  eftre  donnée  à  l'appetit,ou  au  vouloir  d'aucuns  particulièrement,  ains 
par  le  contentement  de  toute  l'Eglife,ou  au  moins  de  la  plus  grande  ,  meilleure  Ô£plus 
faine  partie  d'icellc,congregee&:aifemblee  au  nom  deIefusChrift,auecques  prières  Se 
ora;fons. 

I  e  croy  que  celle  excommunication,qui  eft  le  dernier  ballon  de  l'Eglifc ,  ne  doit ,  Se 
ne  peut  eftre iettee  contre  perfonne  quelconque,que  premièrement  elle  n'ait  receu  Se 
fait  confelfion  de  la  foy  Se  religion  Chreftienne^comme  aulîi  elle  ne  peut  eftre  promul- 
guée pour  quelques  petites  chofcs,foyent  debtes  pécuniaires,  ou  autres  choies  lembla- 
bles:ny  au  (H  l'exécuter  contre  tous  pécheurs, ains  feulement  contreles  pécheurs  publi- 
ques,rebelles  Se obftinez,enuers  lefquels la  parolle de  Dieu  &e  la corre&ioh. fraternelle 
par  Icfus  Chrift,commandec.en  l'Euangile, n'a  point  de  lieu. 

Parqjoy  de  ce  ballon  abufent  grandement  tous  ceux  qui  excommunient  les 
Cht  eftiens  pour  petites  chofes,&  fans  auoir  premièrement  la  correction  traternelle.Pa- 
reillémentauflî  ceux  qui  excommunient  les  Iuifs,Tnrcs, Ethniques,  &  autres  infidèles: 
voire  aufli  les  chenilles  &>autres  belles  brutes  :  voulansietterfii  mettre  hors  de  l'Eglifc 
Chrellienne,ce  qui  nefut  ïamais  dedans. 

I  e  croy  &:  reçoy  en  celle  Eglilèdeuxglaiues.c'ell  à  dire,deux  puilTances.L'vneEccle 
flaftique  Se  fpirituelle,laquelle  gift  &:  confitie  en  la  feule  adminiftration  de  la  Parolle  SC 
DeuxgUi-  des  Sacremens:elle  ne  porte  ne  verge  ne  ballon  autre  que  la  langue,  Se  n'vfe  d'autre 
ucs  ca  1E-  coulleau  que  du  gl  aiue  derE(prir,quieft  la  parolle  de  Dieu.  Enfembleie  confeffeque 
8',Jc        tous  ceux  qui  ont  ccglaiucentre  leurs  mains,doyuent  eftre  irreprchenfibles,  tat  en  leur 
vic,cfucn  leurdoctrinc:aurrementon  les  doit  depofer&:  démettre  de  leurs  offices,  Se  y 
en  mettre  Se  fubftitucr  d'autres  meilleurs  en  leut s  places.    L  autre  puiflance  eft  politi- 
que,a.iauoir  le  Magiftrat, quant  aux  choies  externes  &  ciuilcs ,  pour  rendre  félon  lulli- 
ce,à  vn  chacun  ce  qu'il  luyappartient. 

Et  pou rce croy -ie éj  le  Magiftrat  cftvneordonnancede  Dieu  en  fon  Eglifc,pour dé- 
fendre les  bons&gensdc  bien,chaftier&T  punir  les  mefehans  :  auquel  auïlî  faut  rendre 
OlxifLn.c  le  tribur, honneur  &  rcuerence,&:  obeiren  toutes  chofes  qui  ne  font  point  contieuenâ- 
auxîupc-  tcs  à  la  parolle  de  Dieu.Et  cela  entcn_iefcnon  feulement  au  Magiftrat  fidèle  ,  ains  aufli 
nalls-  je  l'mfidelejinique&rtyranrauquelaufîî  faut  obéir,  comme  au  Seigncur,en  tout&:  par 
tout:fuppo(é  qu'il  ne  commande  rien  contre  laparoJledu  Seigneur:  car  lors  deuôs  plu- 
Actes  5.15         obeirà  Dieu  qu'aux  hommes,à  l'exemple  des  Apoftres  Pierre &Iean. 

I  e  croy  qu'.ui  Magiftrat  appartient, non  leulement  auoir  regard  fur  la  politique,ains 
•  aufli  fur  les  choies  Ecclc(iaftiqucs,pouroftcr&:  ruiner  toutes  idolâtries,^:  fauxferuices 
de  Dieu;pourdcftruireleroyaumederAntcchrift  ,  &:  toute  autre  doctrine  faulTe  :  prô- 
mouuoir  la  g!oiredeDieu,&auâcer  le  royaume  de  IefusChrift-faire  prefcherla  parolle 
de  l'Euagile  par  rour,&  icelle  mainreniriufques  à  la  mort:chafticr  aufli  &:  punir  les  faux 
propheres  qui  mènent  le  poure  populaire  après  les  idolcs&  dieux  eftranges  -  Se  au  lieu 
derEuangile,prefchcnt&  enfeignenr  les  fables  &  traditions  des  hommes,  auSeshon- 
neurdeDieu,&:  de  fon  Fils4efusChrift,au  grand  f  candale  des  auditeurs,&  à  la  ruine  de 
toute  l'Eglifc.  Aiceluy  Magiftrat  toute  perfonnede  quelque  eftat,lcxe,ou  condition 
qu'elle  foir,doir  eftre  fuiette,&:  luy  obeiren  toutes  chofes  honeftes&:  rai(onnables,d'au, 
tat  qu'il  repreféte  la  perfonne  du  grâd  Seigncur,dcuat  lequel  tout  genouil  doit  flefchir: 
poui  ce  ne  doit- il  point  eftre  oublié  en  nosoraifôs,à  ce  que  le  Seigneur  le  vueille  diriger 
eu  routes  fesvoyes,&  queriouspuiflrons  viureèn  toute  paix  &trâquillicé  fous  iceluy. 

Ie  croy  q  leMagillrat  fain&ementpcut  prefenterlc  iuremét  aux  fidèles  en  iugemét, 
pourcbgnoiftre  la  verité,&:  mettre  fin  à  toutes  controuerltes ou  difFerens  entre  les  hô- 
jncs.-lequel  doit  eftre  fait  par  le  teul  nom  du  Dieu  viuant ,  d'autant  que  c  eft  le  troilieme 

comman- 


commandement  de  ia  première  Table .  Et  combien  que  la  perfection  Chreftienne  foie, 
dire,  Ouy,ouv:non, non, fans  iurer  aucunement:  toutefois  le  fidèle  pourra  fidelerr  Je  v(èr  Mm-6-w. 
de  iuremen  t  en  lieu  Se  temps, auec  dilcretion  en  la  crainte  du  Seigneur,  pour  chofes  hon 
ncftes,iuftes  &:  véritables, pour  confermer  la  vérité,  quand  l'honneur  du  Seigneur,  ou  blé 
le  falut  du  prochain  y  pend,&  non  point  autremet .  Car  l'homme  qui  s'accouftumerade 
iurer,lcra  rempli  d'iniquité. 

E  t  confère  aulïi,que  comme  tous  iuremens,vccus,ou  promeifes  faites  félon  la  paroi-  Des  iun.-- 
ledu  Scigneur,lbit  à  Dieu  ou  aux  hommes,  fon  t  obligatoires,  Se  doyuenteftie  gardées  Se  ™™& 
obfcruecs  inuiolablement:  qu'aufli  ceux  qui  font  faits, tans, ou  contre  la  parolle  &:  côman 
dément  de  Dieu: comme  (ont  les  vceus  monaftiques,&:  autres  femblables,qui  promette! 
chofes  impof(ibles,&:  contrcuenantesàla  parolle  duScigneur,n'obhgétnelientaucune- 
ment,a;ns  faincte ment  font  rompus  Se  violez.  Car  en  promeifes  iniques  ,&  vécus  iots& 
indifercts, l'homme  fidèle,  prudent&  iage,doit  changer  propos. 

Quatau  Purgatoire,ie  croy  quelc  lang  de  IcfusChrift  nous  purge  de  tous  nos  péchez, 
par  la  foy  que  nous  auôs  en  luy  .Sainct  Pierre  dit,Sachez  que  vous  eftes  rachetez  de  voftre  1,P,cr"* 
vainc  conucrlarion,  non  point  par  choie  corruptible,  comme  par  or  ou  argét:  mais  par  le 
précieux  (angtic  Ielus.  Aulïï  il  n'y  a  que  deux  voyes cnl'Etcriture,  fauoir,  Qui  mourra  en 
fby,&  en  inuoquanc  lcScigneur,feralàuué:mais  qui  ne  fera  cela,  il  fera  côdamné.  Voyez 
le  la  rron  qui  auoit  fait  rant  de  maux,il  luy  fut  dit, Tu  feras  auiourdhuy  en  Paradis.  Et  par-  Luc  ^ 
lant  de  l'hiftoiie  du  mauuais  nche,le  poure  fut  enlcuely  au  lein  d' Abraham,^  le  riche  en  Luc 
enfer:où  vous  trouuez  les  deux  voyes  lèulement.Puis  donc  qu'il  n'y  a  en  toute  l'Efcriture 
que  ces  deux  lieux,  Se  que  les  Apollres  n'ont  enlèigné  de  prier  pour  les  morts,  iereiette 
toute  telle oraifoii,commefriuole. 

Il  eft  dit  en  l'EccleliafteJlyaquelqueefperanccàceluy  qui eftafTocié auec  les  viuas:  l^k.pK 
car  il  lait  qu'il  mourra,mais  le  mort  nefait  rié:car  la  mémoire  cft  mile  en  oubly,&  n'a  plus 
nulle  part  au  mode ,  ny  en  ce  qui  le  fait  fous  le  Soleil. Les  Apoftres  ont  tant  recommandé 
les  ccuures  de  mifericorde  Se  charité-,  mais  ils  ne  font  aucune  mention  des  morts:  ce  qu'ils 
n auroyct  oublié:  mais  au  contraire,il  eft  défendu  de  lé  foncier  des  morts,  Deut.  1 5 ,  Se  16. 
Leuit.n.  Ezech.44. 

Ne  plore  point  le  mort,dit  le  Sage:car  tu  ne  luy  profiteras  rien  .  Les  Apoftres  parlans 
des  trefpaflfezjont  bien  dit  que  les  ames  des  iuftes  l'ont  en  la  main  de  Dieu  :  mais  ils  n'ont 
jamais  cômandé  défaire  oraifon  pour  eux.  Ce  qu'ils  n'auroyent  oublié-.mais  au  contraire 
il  cft  dit  en  l' Apocalypicchap.  1 4.  Bien-heureux  font  les  morts  qui  meurent  à  noftre  SeL 
gneurd  El  pnt  dit  qu'ils  ferepoftnt  de  leurs  labeurs. 

I  t  e  m,  lcSagcdit,  Si  leiuftccft  prinsdela  mort,  il  fera  en  refrigei  arion.  Puisdonc-  sll},.5.r 
ques  qu'ils  ncfouffrent  plus  dcdouleur,&:  qu  ils  font  en  repos, ils  ne  font  pas  tourmentez 
en  vn  Purgatoire.  Cîir  Dieu  cft  fi  doux,  &c  fi  milbricordicux,  quedés  que  le  pécheur  luy  ^'j"^" 
demande  pardon, il  luy  ot  troye.Si  vous  m'alléguez  le  liurc  des  Machabces,ie  vous  relpon 
qu'il  eft  Apocryphe,^  non  des  lunes  crédibles  pour  cohrnvatiomcomcmeimcf  accorde 
S.HiCrome,en  la  préface  des  Prouerbes.  Lequel  liureacfté  fait  fous  le  nom  deludasMa- 
chabeus,&:  ne  fut  trouué  auec  le  s  autres. Parquoy,&  veu  qu'il  n'en  cft  fait  mention  aux  li- 
mes faincts,icdy  que  c'eft  inuention  humainc,inuentec  pour  auoir  argent  des  MefTes.Ie 
vous  pounoye  alléguer  pluu'curs  autres  palfages  delà  fainctcEicriture,  mais  mon  igno- 
rance ne  le  permet. 

~"Mo  y  donc  cognoilfant  les  grans  erreurs  ,fupcrftitions  Se  abus  aufquels  i'ay  efté  plon- 
gé par  cy  deuant,  maintenant  ie  renonceà  toutes  idolâtries &:faulfcs  doctrines  qui lont 
côtraircs  Se  contreuenantes  à  la  doctrine  de  mon  Maiftre  Iefus  Chrift,quieft  la  làincte  Se 
pure  parolle  de  Dieu, cÔtenue  aux  liurcs  Canoniques  du  vieil  Se  nouueau  Teftam ent,re- 
uelee  par  le  S.  Efprit:  laquelle  icpren  pour  ma  guide  Se  conduite  en  cefte  vie  mortelle, 
commclacolomnedcfeu,  conduifant  lcsenfansd'Ifrael  parle  defert,  iufques  en  la  terre 
promife  Se  delirable:ce  fera  la  lanterne  de  mes  pieds. 

Ensemble  ie  promets  pour  l'aduenir&  relidu  de  ma  vie,  cheminer  Se  viurc  félon  fa  P">wfat»ô 
do'irine,lcmicuxqueleraàmoypofùble,  moyennant  l'Efprit  de  Dieu  qui  m'affiftcraSc  dcDllBour8 
dirigera  en  toutes  mes  voyes,lans  lequel  ie  ne  puis  rien,  auec  lequel  ie  puis  tout:  tcllcmét 
que  tout  fera  à  la  louange  d'iceluy,  à  l'aduâcement  du  royaume  de  fon  Fils,  à  l'édification 
de  toute  fon  Eglilè,&:  au  falut  de  mon  ame.    Auquel  feul  ie  ren  grâces  éternelles,  lequel 
auiiiieprieaunomdefonFils  noftre  Seigneur  ,me  vouloir  confermer  Se  entrttenirpar 

XX.ii. 


Liurc~>  VI.  Anntu  du  Bourg. 

Ion  lamct  Efpnt,  en  cefte  foy  iufques  à  la  fin,  6c  me  donner  grâce,  vertu  6c  puiflanec  de  la 
confclfer  de  cœur  6c  de  bouche,  tant  deuant  fidèles,  qu'infidèles ,  tyrans  6c  bourreaux  de 
r Antcchriit:&:  icclle  maintenir  iniques  à  la  dernière  gouttede  mon  fang. 

It  defiregrandement  viurc&:  mourir  en  celle  foy, lachant&eftât  bien  aficuré, qu'elle 
a  pourfondemet  la  feule  parollc  du  Scigncur,&:  qu'en  icelle  ont  vefeu,  6c  lont  morts  tous 
les  làincts  Pères,  Patriarches,  Prophètes  &c  Apoltres  de  le! us  Chrift .  C'cft  la  vraye  co_ 
gnoùTancédu  Seigncur,cn  laquelle  gift&conlifte  la  béatitude  &  félicité  derhommc,cô- 
meditiàinctlean  en  l'Euangile,i7.chapitre:  Cefte  eltlavieeternelle,ô  Perc, qu'on  teco_ 
gnoillefeul  vray  Dieu,&:  ecluy  que  tu  as  enuové  lefus  Chrift. 

Vo  i  c  y  la  foy  en  quoyie  vcuxviurc&  mourir:&ay  ligné cefteferit de môfigne,preft 
à  lcfceller  de  mon  propre  iàng,  pour  maintenir  la  doctrine  du  Fils  de  Dieu:  lequel  ieprie 
humblement  6c  de  bon  cœur  vous  ouurir  l'entendement  de  la  foy ,  afin  que  vous  putfticz 
cognoiftrela  vérité.  Cequeluy  demâdeenla  manière  que  nous  lbmmes  par  luy-melme 
enfeignez  de  le  prier,en  diÙLtityNoéhre  Perc  qui  es  és  acux,Sanchfîcjoitton  Arorny6cc. 

E  Conlèiller  Du  Bourg  ayant  mis  pareferit  celte  Confeiiion  des  poinctsdela  rcli- 
»lon  Chreltienne,la  donna  pour  ertre  prefentec  à  la  Cour .  Cequ'cftant  venu  à  la 
cognoiiTancc  d'aucuns  de  les  amis  Conseillers,  &:  Aduocatsen  ladite  Cour  de  Paris,gens 
Du  Bourg  temporiicurs,&  qui  eftoyent  allez  defplailansdcquoy  il  lèfoimalifoit  ainli  pourlarelL 
«branltpar  gion:delibererent  de  le  venir  trouuer,  pour  faire  tant  qu'il  fift  vne  Confeiiion  de  foy,  non 
poriteurs.""  point  directement  contraire  à  la  vraye  doctrine ,  mais  ambiguë  6c  tellement  dreiTee,  qu'- 
elle peu  11  contenter  (es  luges .  Du  Bourg  après  auoir  longtemps  rcfifté,fut  aucunement 
vaincu  par  leurs  prières, &  acquieiça  à  leur  confeil.  Car  ils  luy  faiibyent  entendre  que  c'e- 
ftoit  allez, qu'il  entendift  làinement  ce  qui  eftoit  ambiguement  efcrit:&  que  les  autres  ne 
prendroyét  pas  de  fi  près  garde  à  vne  Confeiiion  qui  auroit  apparecedcconlcntii  à  leur 
doctrine.  De  faict  cefte  Confeiiion  defguilèenefut  paspluftoft  entre  les  mains  de  lès  lu- 
ges ,  qu'on  commença  à  conceuoir  vne  merueillcufe  efperance  de  fa  deliur.incc.  Mais 
quand  la  copie  en  fut  venue  à  ceux  de  l'Eglife,qui  eftoyent  plus  defireuxdelonlalut,dcla 
gloire  de  Dieu,&:  de  l'édification  de  l'Eglife,  que  d'vne  telle  deliurance,  qui  ne  pouuoit  e~ 
lire  obtenue  qu'au  grand  déshonneur  de  Dieu,  ils  furent  grandemét  contriftez.Et  pour- 
Rernôftr.m  tantils  donner  charge  à  mailtre  Auguftin  Marlorat(quieltoitlorsMiniftieàParis)deluy 
lorat°  i 'm   e^crirc'Pour  mY  ^rc  recognoiftre  la  faute  qu'il  auoit  faite.    Marlorat  luy  fait  vne  longue 
Du  Bourg,  rcmonftrance  du  deuoir  de  ceux  que  Dieu  prcfènte  deuant  les  Magiftrats,pour  eltre  teL 
moins  de  fa  Vérité  éternelle:  Luy  annonce  les  menaces  de  Dieu,  &c  l'es  iugemens  contre 
ceux  qui  la  deiaduouent,  ou  la  dclguifenten  quelquefaçon  quecefoit  :  l'exhorte  depri- 
fer  plus  l'honneur  de  Dieu  que  (a  deliurance  :1a  venté  de  l'Euangile,  que  la  vie  corrupti- 
ble&caduque .    Qu.'ilauoit  fi  bien  6c  fi  heureufement  commencé &c  pourlùiui  là  cour- 
lè  :  m aintenant  qu'il  eftoit  fi  près  du  but,il  nefalolt  pas  qu'il  perdift  ainli  courage .  Que 
les  nouucllcs  de  la  conftance  eftoyent  non  feulement  en  toute  la  France,  mais  en  toute 
JaChreftienté  :&:  auoyentconfermé  beaucoup  d'infirmes,  8>c  efmeu  les  autres  des'en- 
querirdeleurlalut.    Quelcsveux  de  tous  eftoyent  fut  luy,  pour  voir  quelle  ièrojt  filnje 
delà  prifon.    Et  maintenant  s'il  failbit  par  crainte chofe contraire  à  là  première  ConfeL 
fion,d  leroit  caulé  d'vne  merueilleuleruine .  Pourtant  qu'il  aduife  à  dôner  gloire  à  Dieu, 
6c  àedifier  FEgliié  de  noftre Seigneur  lefus  Chrift,&  s'alleure  que  Dieu  ne  l'abandonnera 
point. 

Ce  s  lettres trouuerentMonfieur du  Bourg  defiaprelîeenlàconfcience  dufentimét 
de  là  faute .    Et  pourtant  les  ayant  leuës,  6c  demandé  pardon  à  Dieu,  làns  aucun  delay  il 
drefic  vne  requefte  à  lès  luges, par  laquelle  il  retracte  cefte  dernière  Confeiiion  :  protefte 
delè  tenir  à  la  premiere,&  demande  que  fôri  procès  luy  foit  fait  là  deifus.Dés  lors  toutee- 
fperance  fut  perdue  de  là  deliurance.  Car  il  auoit  de  grans  ennemis ,  6c  beaucoup:&:  fur 
tousCharles  de  Lorraine  Cardinal, employoit  toutes  lès  forces  pour  hafter  fa  mort.Car  il 
voyoit  que  c'eftoit  vn  home  defauoir&  d'authorité      pour  lequel  beaucoup  de  Princes 
Du  Bourg  auoyentfait  requefte,  principalement  l'Electeur  Palatin  Prince  de  l'Empire,  qui  auoit  rc- 
l/tont/rl  quis  par  lettres  &ambafladeurs  lerov  François  II.de  leluydôner,pour  s'en  feruir  de  Pro- 
latiu.       felfeur  en  fbn  vniuerfité  de  Hcidelberg:  Ofrrantledit  Electeur  de  prendre  ce  don  auec  fi 
grade  obligatiÔ, qu'il  tiedroit  lieu  pour  toutes  les  promeuves  q  les  rois  de  F  race  luy  auoyec 
par  ci  deuât  faites. Ses  ennemis  doc  voyâs  corne  toutes  choies  s'eftoyét  palTees  touchât  la 
Confeiiion  defoy  dudit  Bourg,  penferec  auoir  occalio  del'cnuoyer  à  la  mort  incôtinent. 

Lb 


Annt^>  du  "Bourg.  j ^ 

Le  x  v  i  ii.dccemoisdeDecembreleprefidentMinard,!  vn  de  ccuxqui  plus  auoi'c 
greué  la  caufe  des  Confeillers  prifonniers ,  retournant  du  Palais  fur  fa  mule,  eftant  près  la 
maifon  en  la  vieille  rue  du  Téple,  fut  occis  furie  champ  d'vn  coup  de  piftolet  j  fans  auoir  j£  jwfiJô 
peu  fauoir  depuis  l'autheur,ne  la  caufe  de  ce  meurtre  au  vray ,  quelque  inquifîtion  &C  dili-  ci.ltur"  °c~ 
gence  que  Ion  en  euft  feeu  depuis  faire.  Ledit  du  Bourg  auoit  fort  tafché  que  ledit  Prefï 
dcnt,ncMagiftri,lc  Premier pr  incipale  m  ét,ne  fuirent  f  es  Iuges,auecplufieurs  autres, ay- 
ans  dit  lors  es  opinions  Mercuriales  tout  hautement  quefbn  opinion  eftoit  hérétique. Ce 
que  lediît  du  Bourg  allégua  pour  furHfantecaufede  recufàtion ,  difarit  quelle  portoit  vu 
préjuge'  :  mais  l'on  n'y  eur  aucun  efgard,  non  plus  quaafTemblcr  toute  la  Courpourluy 
faire  droiit  fur  les  reeufations ,  requeftes,  appelations,  &c  autres  procédures,  ainfi  qu'il  di- 
foit  eftrc  le  priuilege  des  Confeillers  de  ladite  Cou  r  d'eftre  ingez  par  le  corps  d'icelle,  tou- 
tes les  Chambres  affcmblccs.^Einalcmé't  le  x  \  i.  de  Decébrc,aprcs  au  oir  derechef  pro- 
cède debouche,de  vouloir  viure&:  mourir  en  ladite  Côfcfïïon  qu'il  auoit  prelentee,il  eut 
A  reft  par  lequel  il  eftoit  condamné  à  mourir,  &:  fbn  corps  cftre  confu  mé  en  cendres .  Et 
aduint  que  les  luges  en  partie  furent  ceux,  defquelsi'Areft  donne'  en  la  Tournelleenfa- 
ueurdcsquatre(defquelsilaefté  touché  cydeffus)auoiteftédcfédu  en  la  Mercuriale  par 
Du  Bourg  ôdes  compagnons:  tant  défia  les  menaces,  la  crainte,  &  les  promelfesauoyent 
changé  les  affections  de  ceux  qui  fembloyent  au  commencement  vouloir  porter  le  bon 
parti. 

Os  nedoit  fur  ceci  oublier  vne  parole  qui  fortit,oupluftoft  la  vérité  arracha  de  la  bou 
che  d  aucuns  de  ces  luges  entendeurs,  qui  dirent  à  leurs  familiers  après  cefte  condamna- 
tion, O  queceft  homme-la  eft  heureux  de  mourir  pour  l'Euangile!  Et  quâdon  leur  répli- 
qua pourquoy  ils  lauoyent  condamné  ilamort ,  îlsen  lauerent  leurs  mains  au  bafïin  de 
Piiate,s'excufansfurla  volonté  du  Roy. 

L  E  dernier  combat  &  notable  iflue  de  M.Du  Bourg: 

O  n  Arcft  luy  cflantprononcé,il  com  mença  à  rendregraces  à  Dieu  de  cefte  nou- 
uelle,&d'vnefiheureufèiournee  par  luy  tant  defiree  :  priant  Dieu  qu'il  vouluft 
pardonnera  les  luges,  qui  l'auoyentiugé  félon  leurs  confeiences  :  mais  que  ce  n  e- 
ftoit  félon  fciéce&:  vrâye  fapiencede  Dieu.  Et  delà  eômença  à  donnera  entédre  à  fefdits  De[[  rem6: 
Iuges,coment  c'eftoit  la  menfonge  enchâtereile,  meifagere  des  enfers,  ennemie  capitale  (tunccqu'il 
de  la  verité,qui  l'auoit  aceufé  deuant  eux,pourautât  qu'il  lauoit  abâdonnee,&  à  laquelle  fit  *  ks  la" 
ilsauoyent  trop  légèrement  adioufté  foy ,  &  lauoyent  côdamné  luy  &:  ceux  qui  lbuflien-  Be>' 
nent  la  mcfmc  caufe  que  luy  pour  autres  qu'ils  n  eftoyent  :  eux  eftans  enfans  de  Dieu ,  lé- 
quel  ils  recognoiffent  pour  Père*  &c  l'adorent  en  cfprir  6c  vérité ,  com  meceluy  qui  n'acce- 
pte point  l'apparéce  extérieures»:  fans  lequel  loh  né  peut  rien,&:  hors  lequel  il  n'y  a  point 
de  falut:  fa  dile&ion  eftant  apparuccnuersleshommes,non  pas  félon  les  œuurcs  de  iufti- 
ceqn'ils  ayentraits, mais  félon  fa  mifericorde infinie:  Quec'eftoit  celuy  auquelmainte- 
nant  plus  que  iamais  îlsdeuoyent  prefter  l'aureille,  comme  au  grand  Seigneur  qui  leur 
denonçoit  la  guerre:  Que  c'eftoit  vne  arrogance  delbordce,  &c  vne  rébellion  intolérable 
àrhomme,d'auoir  ofcderogucràl'ordonnâceirtuiolablejaintte  &£refparfaitede  Dieu. 
LaifTerons-nous(difbit-il)fouler  aux  pieds  noftre  rédemption ,  &:  lcfang  de  celuy  qui  Ta  fi 
libéralement  refpandu  pour  nous  ?  N'obéi  ros-nous  pointa  noftre  Roy  qui  veut  que  nous 
le  défendions,  qui  nous  fbuftienc,  &c  qui  cft  le  premier  en  la  preffer    Quoy  donc  ?  la  peur 
nous  peut-elle  faire  chanceler  ?  nous  doit-elle  efbranlcr?  ne  ferons-nous  pas  pluftoft 
hardis,  voire  inuincibles,  cognoiJîans  vne  fi  pctiterefïftence  contre  nous,commeeft  cel- 
le des  hommes    Helas  !  vermine  miferable:  cefte  gent  veut  que  nous  permettions  qu'-  J^0"!,"6 
on  blafpheme  noftre  Dieu,  elle  veut  que  nous  luy  foyons  traiftres:  Se  pour  ne  le  von-  unis  juges 
loir ,  on  nous  detefte  ,-on  nous  taxe  de  fedition  .    Nous  fommes  (  diféne-ils  )  defobeiL  *rMa?,i" 
ians  aux  Princes, d'autant  que  nous  n'orfronsnen  à  Baal.    O  noftre  bon  Dieuipermet-  .lent 
ttas-tu  régner  toufiours  vn  defir  defbordé  de  gloire  6c  outrecuidance  en  la  fantafie  des 
l\ommes,te  voulans  feruh  àleurguife ,  fans  le  vouloir  renger  Se  foufmettre  à  ta  volonté, 
ièule  iufte&;  raiioiinable?  Ayecepédant  pitié  denous,ô  noftre  bon  Pere,  aide  nous,  &c  cô- 
duy-nous  par  ta  grâce  a  loiiftenir  conftamment  ta  Vérité. 

.,.  M.o,,N  n  r  t  ,môftrc-leur  Seigneur,  quecefbnteux-mefmes  qui  font  deflovaux  à  leur 
J?un磻6£  ie  leur  prononceray .  Eft-cc  defobeiffanec ,  eft-ce  defîoyauté  à  l'on  Prince  &c  fu- 
per4f  uMueiie  luy-bailler  ce  qu'il  nous  demande,  voire  iufques  à  nos  chemifés,  s'il  auoit 

XX.ihV 


Liurt  Vh  rÀnnt_>  du  'Bourg. 

befoinen  cela  de  nous?Eft-ce  defobeifîancCanoftreRoy ,  que  de  prier  Dieu  pour  fa  pro„ 
fperité^ue  fori  règne  foit  gojiuêrtié  en  paix,  &  que  toutes  fuperft irions  6c  idolâtries  foyéx 
bannies  de  Ton  royaumeîde  requérir  à  Dieu  qu'il  le  réplifle,  &  tous  ceux  qui  font  fous  luy 
nosfuperieurs,defacognoifîanceen  toute  pmdence&intelllgencelpirituellcafîn  qu'ils 
cheminent  tous  dignement  au  Seigneur,&  luy  Ibyet  agréables? N'eftimera-on  point  plu- 
ftoft  eftre  obeiiïance  de  deshonnorer  Dieu ,  le  courroucer  par  tant  de  manières  d'impie- 
tez,endurer  que  Ion  transfère  fa  gloire  aux  creatures,&:  au  refte  nous  accômoder  àl'inué- 
tion  des  hommes,lefquels  ne  font  que  menfonge?  Faire  vertu  de  blafphemer  fon  nom,ap 
prouuer  les  bordeaux,  &:  autres  mille  infolences  qui  ne  font  point  reprinfes? 
Pourquoy      O  r  ,  Meflieurs ,  fi  vous  auez  le  glaiue  de  Dieu  feulement  pour  prendre  vengeance  de 
le  gUiuc    ccux  qui  font  mal,voyez,ic  vous  prie,comment  vous  nous  condamnez,  &:  confiderez  de 
MagiftuB.  près  le  malfaid  que  nous  auons  commis:  &;  décidez  deuant  toutes  chofes,  s'ileftiuftede 
vous  ouirpluftoft  que  Dieu.  Eftes-vousfi  cnyurezen  la  coupe  de  la  grand' Befte,  qu'elle 
vous  face  boire  fi  doucemét  lapoifon  au  lieu  de  médecine?  Neftes-vous  pas  ccux  qui  fai- 
tes pécher  le  poure  peuple,puis  que  vous  ledeftournez  du  vray  feruicc  deDieu?Et  fi  vous 
auez  quelque  efgarcî  aux  hommes  plus  qu'à  Dieu ,  fondez  en  vos  cœurs  en  quelle  eftime 
vous  pouuez  eftre  aux  autres  pays,&  le  rapport  que  Ion  fait  de  vous  à  tant  d'exccllés  Prin- 
ces ,  detant  de  prinfes  decorps  que  vous  décernez  au  mandement  de  cerouge  Phalaris. 
(Que  puilTes-tu  cruclTyra,par  ta  miierable  mort  mettre  fin  à  nos  gemiiîemens!  )  Lequel 
Les  ïpho-  a  pour  luy  lèuI,bon  gré  malgré,remis  fus  vnc  puiflànced'Ephores,  non  pour  laconfider<> 
ïu  «ey  l!  ci0wdelaRepublique,mais  pour  tout  tourner  à  là  fantafie.  A  fia  volonté  vous  nous  allon- 
cedemoue,*  gcz  tellement  les  membres  innocens,  que  vous-mefmes  en  auez  pitié  &compaffion.  O 
£  ca'ïçf  qucUe  rigueur  en  vous-meimes.'Ie  voy  plorcr  aucûs  de  vous.Pourquoy  plorez-vous?Que 
loycntaux"  denonceceft  adiournement,  finon  que  vous  reiîcntezvoftreconicience  chargée,  &:  que 
les  piteux  cris  contraignent  de  lameter  vos  yeux  de  Crocodile?  Ores  donc  vous  apprenez 
comment  vos  confeiences  font  pourfuyuies  du  iugement  de  Dieu,  &c  voyla  les  condânez 
s'efiouilTentdu  feu  ,&  leur  fcmble  qu'ils  neviuent  ïamais  mieux  finon  quand  ils  font  au 
milieu  des  flammes.Lcs  rigueurs  ne  les  efpouuantent  point,lcs  iniurcs  ne  les  affoibliflent 
point,rccompenfans  leur  hôneur  par  la  morr.  De  manière  quece  prouerbe  vous  côuicnt 
fort  bien,Meffieurs,le  vainqueur  meurt,& le  vaincu  lamente. 

Qu'ay-ie  à  me  contrifter  pour  eftre  guinde?Ie  fay, Seigneur  Dieu,  que  fi  toute  trafgreC 
lion  &  defobeiflanec  a  receu  iufte  retribu rion  de  (on  loyer ,  que  nous  n'efehapperons  pas, 
fi  nous  mettons  à  nonchalance  vn  fi  grand  bénéfice,  que  celuy  que  nous  recognoiftons 
par noftrc  Seigneur  Iefus  Chrift.rembrafle.ô  Seigneur  Dieu,cefte  Parolle,quetu  as  mife 
en  la  bouched'vn  tien  fidèle  Martyr ,  que  doublement  eft  condamnable  celuy  qui  dclad- 
uoue  la  doctrine  de  noftre  Sauueur,&:  doublemenr  doit  eftre  puni,pour  auoir  efté  traiftre 
à  fon  Fils,&  pource  qu'il  déçoit  les  hommes. 

Non  non,  Meilleurs,  nul  ne  pourra  nous  feparer  de  Chrift ,  quelques  laqs  qu'on  nous 
tende ,  &:  quelque  mal  que  nos  corps  endurent .  Nous  fauons  que  nous  fommes  des  long 
temps  deftinez  à  la  boucherie,côme brebis  d'occifion.  Donc  qu'on  nous  tuc,qu  on  nous 
bnie  :  pour  cela  les  morts  du  Seigneur  ne  delaififeront  de  viure,  &:  nous  re/Tu  (citerons  en- 
femblc.  Qupy  qu'il  y  ait,ie  luis  Chreftien,voire  ic  fuis  Chrcftien:  iecricrayencoresplus 
haut  mourant  pour  la  gloire  de  mon  Seigneur  Iefus  Chrift. Et  puis  qu'ainfi  cft,quc  tarde- 
ie,happe-moy  bourrcau,mene-moy  au  gibet. 

E  t  ayant  encores  repris  fon  propos  par  vne  grade  vehemece,iufques  à  faire  larmoyer 
fes  luges,  leur  difoic  qu'ils  lenuoyovcnr  mourir  pour  n'auoir  voulu  recognoiftre  Iuftice, 
grace,purgation,  mcricc,imerceîfion ,  fatisfa£lion ,  &  lalut  ailleurs  cju'en Iefus  Chrift,  &: 
qu'il  mouroit  pour  la  doctrine  de  l'Euangile.  Et  après  auoir  continue  longuement  ce  dif- 
cours,  il  dit  pour  conclufion,  CcfTez,  ceflez  vos  bruflemens ,  &:  retournez  au  Seigneur  ea 
amendement  de  vie,afin  que  vos  péchez  foyent  effacez:  que  le  me  fchant  dclaiffe  fâ  voye, 
&:  fes  penfees  pef  ueries,&  qu'i  1  le  rerourne  au  Séigneur,&  il  aura  pitié  de  luy .  Viuez  donc 
&:  méditez  en  iceluv,ô  Senatcurs,&  moy  ie  m'en  vay  à  la  mort. 
L'exécution     Ainfi  fut  mené  lié  en  la  manière accouftumee  dedans  vnecharretteà  la  place  n5meç 
Bourg Inla    *ean  cn  Greue,eftâtacc5pagné  de^ou  5 .cens  homes  armez,  monftrat  toufioursvri  yi- 
pUcc  de  s.  fage  afleuré,iufques  mefm  es  à  defpo,uiller(e{tant  venu  au  lieu  du  fupphce)  luy-mefme  fes 
icjd en  Gre  habillemés:  &  eftant  nud,iettant  degrans  foUfpirs,0  Dieu(difoic-il  au  peupk)Mesamïs, 
ie  ne  fuis  point  icy  comme  vn  larron  ou  meurtrier  :  mais  c*eft  pour  TEuangUe  £rCOS)me 

on 


oAndre  Çôijprt,  &  Jean  Tfabeau.  j  j<f 

6n  refleuoic  en  l'air,difoit  fouuentjMon  Diéil  ne  m'abâdohnepoint,ann  que  ie  ne  t'aban 
donne:  iufquesà  ce  qu'il  fut  exécute',  pendu  cV'eftranglé,fanslentirlefeu:ceftegraceluy 
ayât  cfté  faite  par  fes  Iiiges .  Ainfi  il  feella  defon  prbpre  iagee  qu'il auoit  iighé  de  Ta  main, 
com me  il  auoit  procédé  par  là  Confelïion . 

Vou  a  lafîn heureutë de cegrand perfohnage M.Du Bourg,natifd'Auucrgned'vne 
mailbn  honorable:hôme  fi  bien  verfé  en  toute  bonne  feience,  &  Singulier  ement  en  droit 
Ouil,  que  fes  ennemis  mclmds  font  contraints  le  regretter  enedres  auiourdhuy.  Les  au- 
tres Confeillers  lès  compagnôs,qui  furcht  mis  ptifonniers  auec  luy,  fur  lcfaidfc  delà  Mer- 
curiale dont  nous  auons  parlé ,  pour  ne  s'eftre  li  conftam  met  porte!  en  la  Confcflîon  de 
la  parolle  de  Dieu ,comme  il  àuoic  fait*  furent  puis  après  éflàtgis  j  lvn  d'vnc  façon  J'àutre 
d'vnc  autre. 


ANDRE    COIFFIE  K,k  Dammartin. 


CES  trois  qui  s'enfuyuent  auoyent  efté  d'vn  racfme  temps  prifonniers  auec  M.Anne  du  Bourg-.Sc  ontenfuyui 
fa  conftance/ouftenans  la  vérité  du  Seigneur  au  milieu  de  la  mort. 

N  D  R  E  Coiffier  fut  apprehédé  en  la  ville  de  Dammartin ,  au  temps  de  ces 
grandes  perfecutions:  &  fon  procès  ayât  efté  là  informé  parle  Baillifdulieu, 
futenuoyc  en  la  Conciergerie  du  Palais  pour  receuoir  iugement.  Iln'auoit 
point  feulement  refpondu  chrt  ftiennement  aux  interrogatoires  des  luges: 
mais  auffi  mis  par  efcritvne  Confefiion  defafoy,prefentec  aufdits  luges,  la- 
quelle depuis  il  a  mamtenueconftam  m  et  iufques  à  la  mort.Car  leproces  auec  cefte  Cô- 
feffion  de  foy,  ayant  efté  communiqué  au  procureur  gênerai  du  Roy ,  les  interrogatoires 
ieitcrees,&.  les  concluions  par  luy  prifts,areft  luy  fi.it  donné,  par  lequel  il  eftoit  déclaré  Atcq.  e5, 
Herctique,Sacramentaire,&:  pertinax,&:  comme  tel  digne  de  mort.Que  fon  corps  teroit  Confier. 
ars,bruflé  &:  côi'umé  en  cèdres  :  &  pour  ceft  efFed  feroit  drefle  vne  potenceau  lieu  le  pli^s 
conuenable  de  Dam  martin,c  n  laquelle  feroit  guindé,  &  eflcué  pour  eftre  ierté  dedans  le 
fcu,qui  au  dclîbus  de  ladite  potence  feroit  fait  &:  allumé  :  tous  fes  biens  confiiquczda  cô- 
fifeation  applicable  félon  l'edi£k&:  ordonnance  du  Roy.Ceftareftfct  donnéle*i..de  Dé- 
cembre. Et  pour  le  mettre  en  cxecution,fùt  commis  le  Baillif  dudit  Dammartin:  &  com- 
mandement fait  de  le  conduire  auecques  toute  feurte  iufques  au  lieu  de  Dammartin. 
Auquel,ayant  défia  efté  long  teps  attédu  par  le  peuple  ennemi  de  l'Euangile,  il  rut  trait- 
té  bien  crucllement.&inuoquant  Dieu,receut  la  couronne  defapedeueranec. 


IEAN    YSABEAV,  àeBarfur^ubc. 

S  A  B  E  A  V  eftoit  menuifier  ,natifde  Bar  fur  Aubcpres  Troye  en  Champa- 
gne,pour  vne  mefme  caufe  eftât  arrefté  prifônier  en  la  ville  de  Tours,  reccutr 
premièrement  ientence,  par  laquelle  il  eftoit  condamné  défaire  amende  ho 
norable,  nuetefte,&  à  genoux  deuant  la  principale  porte  defàindt  Gatian 
audit  Tours:  &c  de  là  eftre  mené  &  conduit  au  grand  marché  de  la  ville,  pour 
eftre  pendu  U  eftranglé  en  vne  potence ,  qui  pour  ce  faid  y  feroit  di eiîce  :  &c  qu'après  fa 
mort  le  corps  feroit  mis  en  cendres:tous  les  biens  acquis &confiiquez  auRoy.  Decefte  ArcftcStre 
fentenceilfe  porta  pour  appelant  :  &  fut  amené  à  la  Conciergerie  du  Palais  à  Paris  :&  là  Y^»«»t 
pourfuyuanten  laconfeffion  de  l'Euangile  encores  plus  hardiment  que  deuant,  il  eut â- 
reft  lepenu  ltimede  Décembre:  par  lequel  laditeappelation&  fentéce,  dont  eftoit  ap- 
pelant, eftoit  mife  à  néant:  &neantmoins  pour  auoiriouftenuchofes  contraires  aux  tra- 
ditions(  qu'ils  appeler  de  rEglife)eftoit  condamné  à  eftre  ars&:  bru  fié  vif  aux  Cimetières 
fain&IeanàParis.  La  Cour  ordonnoit  en  outre  qu'il  feroit  exécuté  en  figure  en  la  place 
du  grand  marché,  en  la  ville  de  Tours.  Le  iour  de  ceft  areft  fut  le  iour  bien-heureux  delà 
mort  de  ce  bon  perfonnage:  &  de  l'exécution  fecon  de  faite  à  Tours,  le  6. iour  de  Feurier. 

XX.riiL 


I  E  A  N    I  V  D  E  T>    Ltbratre*  Parit. 


V  D  E  T  eftoit  libraire  de  favocation-.&i'uiuitde  bien  pi  es  la  more  de  Iean 
Ylabeau  .11  auoit long  temps  ferui  l'Eglile  de  Dieu  à  Paris  en  la  charge  d'ad- 
uertiiie  peuple  de  fetrouuer  en  ralTemblec.  Finalement  eftant  fort  cogna 
déslecommencementde  celle  perfecution,  èc  trouuc  faifi  de  hures ,  il  fut 
conltitué  prifonnier.  Sa  pril'on  a  elle  longue,&  pleine  de  grandes  miferes:principalemcc 
en  la  Conciergerie..  Toutefois  il  s'y  eft  toufiours  porté  auec  vne  patience  admirable:  îul- 
qu  a  ce  qu'ayant  receu  Areft  de  la  Cour  de  Parlement,  d'eftre  bruflé  tout  vif,  en  la  place 
Maubert,vn  mcfme  iour  mit  fin  à  la  vie  &  à  les  mifercs» 


Del'lnquifition  &  perfecution  ejhteuecn  ce  temps  au  pays  iïljpagne. 

CE  S  T  le  récit  du  dur  efclandre  exécuté  au  mois  de  May  i  î  f  9 .  en  la  ville  de  Valledolid  :  auquel  eft  raonflré 
comme  plufieurs  fidèles  d'Efpagne  ontéfte  cruellement  perfecutez  par  les  Inquifireurs  d'Efpagnepour  la 
vraye  religion  Chreftienne,  dont  aucuns  Ont  enduré  le  feu,lej  autres  ont  fouffert  longue  détention  en  toute 
rnifere,ounotc  d*infamie,&:  autres  peines  femblables. 

PEINE  croiront  les  autres  nations  l'horreur  de  l'Inquifition  d'Efpagne, 
laquelle  on  tient  auoir  efté  premièrement  inftituec  parle  roy  Ferdinand  6c 
là  femme  Elizabeth,  contre  les  Iuifs  qui  après  cftre  baptifezgardoycnt  leurs 
cérémonies.  Elle  a  efté  de  noftre  temps  cortUértie&:  exercée  du  tout  contre 
ceux  qui  font  tarit  foit  peu  foufpeçortnei  de  tenir  h  vérité  du  Seigneur.  Il  ne  fera  donc 
impertinent  d'en  dirëicy  quelque  choie,  puis  que  l'hiftoire  fep  refente  pour  cnfeigncôC 
marque  de  la  cruauté  barbare  d'icelle.  Là  plus  part  desEfpâgnols  &  mefmcs  leurs  plus 
grans  Théologiens  ont  tenu  pour  tout  reiolu,  Que  làfain&e  &c  fâcrec  Ihquifitio  ne  peut 
errer  :  fc  que  lès  faincts  Pères  inquifiteurs  (  ainfi  les  appelent-ilsj  ne  peuuent faillir.  Mais 
oyons  la  forme  laquelle  on  tient  en  leurs  procédures,  pour  perluàder  cela.  Premieremec 
ils  efpicnt  les  plus  riches,  les  plus  dottes,&:  ceux  qui  commencent  peu  à  peu  de  croiftre 
Troisfortes  en  honneur  &  authorité.  ils  veulent  mal  de  mort  à  ces  tfois  fortes  de  gens .  Car  ils  défi* 
faî*0*     lcnt  butiner     riches  «ils  craignent  les  do£tes}  de  peur  qu'aucun  d'entre  euxVapperce- 
toirj^poùr-  uâtdcleurs  mefchaRcetez,nedelcouureôu  publié  leurs  abus  :&  pourec  les  perfecutent- 
bùuent.     ils.  Les  derniers  font  c*dieuxjde  peur  qu'ils  ne  les  foulet  quand  ils  feront  paru  en  us  à  quel- 
que haut  degré  d'authoriré.  Ils  elpientdonques  diligemment  ces  trois  lbrtesdegcns,&: 
fontobferuerfortfoigneufementjS  iUèia  point  forty  de  leur  bouche  quelque  mot  qui 
puifTeeftrenré  en  rrtairoaifepart.Et  quâd  encore  ils  n'auroyent  rie  dit,  fi  eft-ce  quand  ils 
porrent  quelque  mauuaiie  dent  à  quelcun,  ils  n'attendent  pas  qu'il  parle,  ains  le  font  m- 
continentlerrcr,&:mettreenquelqucprifbn:puisapres  ils  inuentent  des  crimes  toutà 
Joifir.  Nul  cependant  n'ofe  ouurir  la  bouche.  Que  fi  le  pere  parle  pour  fon  enfant ,  incô- 
tinent  il  eft  aufsi  ferré  &  mis  en  cage,  comme  fauteur  des  hérétiques.  Nul  n'eftlaifie  en- 
trer au  prifonnier,  il  eft  toutfeul  en  quelque  lieu ,  où  il  ne  voit  pas  feulement  la  terre:  8c 
ne  luy  eft  permis  ne  de  lire  ne  d  eicrire.  Il  luy  faut  làcn  ténèbres,  en  milcres  èc  en  crainte, 
luiterauecles aflauxdelamort.  ^ On peuteftimer queltrouble& falcheric, quedetri- 
ftes  penfees  fouftiennent  ceux  qui  nefont  pas  bien  inftiruez  en  la  (ain&e  doctrine.  Ioint 
la  dcfheiîe&:  horreur  du  heu,lesiniures  qu'ils  endurent,les  mcnaces,lcscoupsdefouer$, 
•  &  les  tourments  &:  géhennes  qu'on  leurfait  foufFrir.  Quelquefois  on  les  fait  fortir  par  in- 
ramie,&:  les  fait-on  voir  de  quelque  lieu  haut  à  tout  le  peuple.  On  eft  là  détenu  par  lon- 
gues annces,meurtry  par  longs  tourmcnts.&:  tous  lesiours  traiclé  (ans  comparaison  plus 
cruellement,  que  fi  la  vie  eftoit  vne  fois  oftec  par  le  bourreau  :&:  que  fin  fuft  mile  parce 
moyenà  fi  longs  tourments.    Cependant  que  vous  trempez  làeh  cefte  forte, onn'ad- 
uanecrieri  en  voftreproccz,ou  biémfi  on  y  fait  quelque  chofe,  perfonne  n'en  peut  rien 
fàucjir,  exceptéles  faines  pères  &  quelques  bourreaux,  lefquels  ils  ont  par  fermét  à  exo- 
cOtertousces  tourments.  Toutfefaitenfecrcr:&  comme  quelques-fain&s  rnyftef«sjie 
pafTcnt  point  lesmains  de  ces  vénérables.    ^  Apres  qu'on  a  efte  ainfi  mifcrabkfwent 

tour- 


TerfautiondEjjtagtLjl  S3T 

tourmenté  par  longues  an  nees,qui  v^ut  auoir  la  vie  fàuue ,  il  faut  deuiner  .  Car  en  toute 
cefte  procedure,en  toute  la  cour  de  œfte  exécrable  Inquifition  rie  ne  fe  fait  ouuertemet: 
tout  en  cachette,par  embufches,par  itromperies,&  par  confeils  fècrets  &c  clandeftins.  Là 
l'accufateur  eft  fecrer,le  crime  fecret,  les  tefmoins  fecrcts:tout  fefait  en  fecrct,&:  fans  que 
le  poure  prifbnnier  en  foit  aduerti.  Si  vous  pouuez  deuiner  qui  c'eft  qui  vous  accufè,&:  de 
quoy,&:  pourquoy,la  vie  vous  cft  remiife:mais  vous  n'eftes  pas  pourtât  mis  en  liberté,  qu'- 
après auoir  efte  détenu  encore  long  temps ,  &apres  auoir  endure'  infinis  autres  tourmés, 
qu'ils  appeler  Lapenitencr.  alors  ils  voui;laiflent  aller.  Et  ce  qui  eft  plus  grief  que  toutes  au-  Lapcnitécc 
très  choies,  on  vous  fait  puis  après  port  er  le  Sanbcnào  de  couleur  quand  vous  eft  es  vne  fois  de  rAnqiu- 
tombé  entre  les  mains  des  Inquifiteuirs  :  laquelle  vous  note  à  tout  iamais  d'vne  infamie  fitloa- 
publique,  &c  vous  &c  voftre  race.  Qu}-  fi  vous  eftes  mauuais  deuineur,  Se  ne  pouuez  dire 
tout  ce  q  nous  auôs  di  t  cy  defTus,  incontinét  on  vous  pronôce  vne  horrible  condânation, 
d'eftre  bruilé  côme  hérétique  pertinax:&:  fi  encore  n'eft  pas  la  fenréce  exécutée,  qu'après 
qu'on  vous  auralongtempstovirmenté  en  vne  prifon  hideufe .  On  pourroit  icy  reciter 
beaucoup  d'exemples  tant  anciens  qu'aduenus  depuis  nagucres,lefquels  déclarez  mani- 
fefteroyent  le  grand  zele  des  faincts  pères  Inquifiteurs:  mais  il  n'y  a  exemple  qui  pafTe  ce- 
fte hiftoire  de  la  perfecution  que  nous  auons  maintenat  à  recirer  :  laquelle  a  efté  mife  par 
eicrit,publiee  Se  cranfmifeai'ix  autres  nations,puis  traduire  en  la  manière  qui  s  enfuit. 
^"Co  mme  amli  foit  que  plu  fieurs  perfonnes  dchaure&:  bafle  condition  en  diuers  lieux 
d'Efpagnceuflcut  par  la  bonté  Se  grâce  du  Seigneur,goufté  la  vérité  de  l'Euagile,  les  fup- 
pofts  de  f  Antechrilt  ne  tardèrent  à  les  aceufer,  Se  charger  decalomnies  accouftumees,d' 
eftre  Luthériens .  Incontinét  les  Inquifiteurs  firent  emprifonner  tous  ceux  que  bon  leur 
fcmbla:&:  les  ayans  declare.-z  heretiques,furent  menez  à  Valledolid ,  qui  eft  vne  des  villes 
en  laquelle  ordinairement  fe  tient  la  Cour  d'Efpagne.  Là  le  procès  criminel  eftant  parfait 
auxpoures prifbnniers,  iour futaffigneauxxi.de May, pour  leurprononcerfentence,&: 
pour  faire  pu  nirion  exemplaire  Se  mémorable  ,auec  force  cérémonies  Se  myfteres,ou  plu- 
ftoft  lingeries  peculieres  à  cefte  nation. 

Premièrement  ,on  dreffa  vn  efchaffaut  au  grand  marché  dudit  Valledolid,  entre 
le  téple  qu'ils  appcllét  de  làinft  François,  &:  la  m ailôn  du  Confiftoire  ou  Iuftice  fpirituel- 
le:fur  lequel  on  efleua  vn  fiege  ayant  fixdegrez,  qui  fe  pouuoit  voir  d'vn  chacun  .  Il  eftoit 
drefTé  vis  à  vis  de  la  maifon  de. 'a  ville,large  par  bas,en  forte  que  dix  perfonnes  s'y  pouuoy 
ent  aifément  affeoir:&:  eftroit  par  haut,tellement  qu'il  n'y  auoit  place  que  pour  vn  au  der 
nier  Se  plus  haut  degré .  A  cofté  de  l'efchaffaur  fut  faite  vne  galerie  en  manière  d'allée,  qui 
fe  venoit  rendre  ei\la  maifon  de  la  ville  :  par  laquelle  on  alloit  Se  venoit  de  la  maifon  de  la 
ville  audit  efchaffaut,  (ans  aucunement  eftre  prefTé, ou  auoir  empeichement  du  peuple. 
Sur  cefte  galerie,  qui  menoit  en  la  maifon  de  la  ville,  on  efleua  vn  théâtre  qui  auoit  fon  re-  J**/^?*. 
gardfurlemarché:auquellaPnncefTefceurduRoy,&gouuernanted'Efpagne,&:le Prin-  pe. 
ce  fils  dudir  Roy,  auec  autres  Princes  Se  Seigneurs,  Se  les  Courtifàns  fe  deuoyent  mettre: 
pour  voir  leiugement,&:  ouyr  la  fentence  des  prifonniers.  vn  petit  quart  de  lieue  du- 
dit Valledolid,  on  dreffa  quatorze  eftaches  de  bois  allez  hautes ,  pofees  en  diftance  égale 
l'vne  de  l'autre-.chacune  ayant  vn  fiege  de  trois  degrez,  tellement  qu'on  pouuoit  aller  Se 
venir  par  iceux. 

^"A  d  v  e  n  a  n  t  le  iour  à  ladire  exécution  ordonné,grande  multitude  de  monde  fe 
trouua  auditlieu  des  villes  circonuoifînes,  pour  ouyr  les  iugemens  Se  fèntences  :  que  non 
feulerrvttlesfeneftres&:  mai(bns,maisaulii  toutes  les  rues, qui  font  autour  ledit  marché, 
eftoyent  pleines  de  gens  fpedateurs. 

A  v  d  i  t  iour  enuiron  les  ûx  heures  dumatin,voicy  arriuerla  Prin ccfTc dam eleanne, 
fœur  du  roy  Philippe,premiere  régente  des  royaumes  d'Efpagne ,  Se  le  prince  Charles  fils  Charles  fils 
dudit  Roy,auecfongrâdmaiftred'hoftel,&:  fon  Precepteurr&plufieurs  autres  Princes  &  dePh,liPPc- 
Seigneursmommémét  leConneftableJ' Admirai  de  Caftille,les  Marquis  d'Aftorga s,  de 
Nia,&:  de  Sarria-.les  Contes  de  Miranda,de  Nieua,  de  Oforno,  de  Ribadeo,&de  Andra- 
da:le  feigneur  de  Monteza,le  feigneur  Don  Garcia  de  Toledo,&:  grande  trouppe  de Che- 
uahers  Se  Courtifàns ,auec  la  garde  des  archiers  Se  halebardiers  :  lortas  du  Palais  royal  fur 
la  place,  tous  entrèrent  en  la  maifon  de  la  ville,  auec  quatre  hérauts  qui  marchoyent  de- 
uat,portâs  les  armoiries:&:  le  Conte  de  Buédia  qui  portoit  l'efpee  nue.  C  Apres  que  lcfdits 
Princes  Se  Seigneu  rs  furent  entrez  audit  lieu,  Se  arégez  fur  l'elchaffaut ,  qui  leur  eftoirapj 
prefté,incontinét  forçirét  hors  de  la  ville  l'archeuefque  de  Seuille,prince  de  la  fynagogue 


Lime  V  h  De  t  ]nquifttton,& 

des  Inquifiteurs»aucc  letlùgcs  fpirituels ,  &  le  confeil  dcflnquifition  :  aufsi  l'Euefque  de 
Valence,d'Orenfe ,  &  tout  le  regime,cpnfeil  &c  cour  fpirituelle  delà  villertous  montèrent 
fur  l'autre  efchaffaut  par  la  galerie  deflusdite,en  pompe  &  appareil  magnifique. 

On  menoit  après  eux  comme  en  triomphe  les  poures  prifonniers  en  nombre  de  tren- 
te :  &:  quant  &c  quant  la  figure  d'vne  femme  noble  trefpaifee  de  long  temps.  Tous  por- 
Lc  Sanbcni  toyent  le  Sanbenito,commc  les  Efpagnols  appelent ,  quieft  vn  drap  iaulne ,  deuant  Se  der- 
tod'Eipa-  rierc  auec  croix  rouges  :  &auoyent  des  cierges  ardans  en  leurs  mains.  Les  plus  criminels 
qui  deuoyent  receuoirfèntence  de  mort,&:eftre  bruflez,auoyentiur  leurs  telles  des  mi- 
tres de  papier,  qu'on  appelé  en  Efpagnol,  Conçu  :  deuant  lefquels  aufsi  on  portoit  vn  Cru 
cifixcouuertdelingcnoir,enfignededueil.  Apresque  la  trouppe  fpirituelle  des  luges 
inquifiteurs  fuft  aflemblee  fur  i'cfchaufFaut,on  difpofa  les  prifonniers  par  ordre  furies  liè- 
ges à  lixdegrcz  deflus  mentionnez;  chacun  fut  mis  félon  qu'il  eftoit  eftimé  coulpable. 
LcDo£teur  Entre autres,le  Dodteur  C  a  c  a  l  l  a  home  fort  fauant  en  Théologie,  &:  iadisprefeheur 
Cailla.     <\c  rEnipereur  Charles  V.  par  la  haute  &  balle  Alemagne,  fut  mis  au  premier  degré ,  en 
place eminente.  Làincontinent  vnMoinedel'ordrca^faind: Dominique  nommé  M. 
Melchior  Cano,fit  vn  ferrnon  lequel  dura  enuiron  vne  heure. 

Le  fermon  acheué,le  Procureur  gênerai  le  mit  fur  vn  liège  ayant  changé  dclieu:lequcl 
fïege  luy  eftoit  apprefté.  Incontinent  aulsi  f  Archcuefque de  Seuillelètranlporta  de  ceft 
clcharFautcnceluyoùeftoyentles  Princes,  &:  requit  d'eux  vn  iuremenr  ïblennel ,  lequel 
ils  deuoyent  faire,ayant  mis  les  doigts  fur  vn  Crucifix  peind  dedans  vn  Me/Tel  :  c'eft  alfa- 
Serment  des  uojr)  Q^e  leurs  Maieftez  fe  deuoyent  monftrer  vouloirfauorifcr  à  la  faindelnquifition, 
rinquTiîtiô.  &:  aufsi  âttefter  leur  bonne  volonté  vers  icelle:&:  non  feulement  de  ne  dôner  aucun  em- 
pefchement  à  la  làinîte  &c  Iàcree  Inquilition ,  mais  aufsi  donner  puiflance  dorefenauant 
de  l'executerfur  tous  ceux  qui s'eft ans  icparezdel'eglife  Romaine,  fe  leroyent  adjoints 
aux  hérétiques  Lutheriens:fans  auoir  efgard  à  pcrlbnne  de  quelque  eftat  ou  qualité  qu'el- 
le foit.  Voila  quant  au  premier.  Pour  le  fccond,Que  leurs  Maieftez  eulfent  à  contrain- 
dre tous  leurs  fubie&s  à  fe  fubmettre  à  l'eglile  Romaine,  &  auoir  fes  commandemens  en 
reuerence:&:  aufsi  de  leur  donner  aide  contre  tous  ceux  qui  leroyent  de  l'herelie  Luthé- 
riennes adheransàiceux.  Les  Princes  firent  aufsi  ferment  en  leur  endroit  &  ordre.Ce 
fait,Iedit  Archeuefque  leur  donnala  bénédiction  en  difant,  Que  voftre  Alteze  viue  long 
temps. Lefèmblable  fut  requis  de  tous  les  Seigneurs  là  prefens. 

Ce  fait,  on  le  ut  les  procez  des  prilbnniers,  &c  leurs  fentences  fui  ent  prononcées.  Le 
Procureur  fifcal  appela  en  premier  lieu  le  Do&eur  Auguftin  de  Caçalla ,  preftre  de  Val- 
lcdolid,&:  îadis  prelcheurde  l'Empereur  Charles  Y.  lequel  eftant  dçfcendu  de  l'on  fie- 
ge fut  mis  en  vn  autre  près  dudit  Fifcal ,  pour  entendre  fa  condamnation  :  c'eft,  Qu'a- 
près auoir  cognu  que  leditCaçalla  eftoit  comme  porte-en  feigne  de  la  fecte  Luthérienne, 
Prefcheur&:  Do&eur  d'icelle:  qu'à  celle  eau  fe  jldeuoit  eftre  premièrement  dégradé, &: 
prefentemen  t  bruflé:  Ô£  tout  ion  bien  au  profit  de  la  Iuftice  confifqué. 
V  de  Biuero  T  ^our  *e  feconc^^e  Fifcal  appela  François  de  Biuero,prcftre  de  Valledolid,&:  frère  du- 
dit Caçalla,lequel  receur  pareille  fentence  de  condamnation.  Et  afin  qu'il  neparlaft  co- 
tre les  abus  delà  facreeInquiûrion,commeilauoit  fait  &c  dehors  &:  dedans  la  prifon  auec 
grande  hardielle:d'autant  aufsi  qu'il  eftoit  aimé  du  peuple,  afin  qu'émotion  ne  s'eleuaft 
par  fes  parolles:  la  bouche  luy  fut  tellement  ferrée  qu'il  ne  pouuoit  fonnermot.  La  fœur 
des  deux  lufnommez,  dame  Blanche  de  Biuero ,  fut  appelée  la  troifieme,&  fentencieede 
mc(n*e  auec  les  frères. 

€  Pour  le  quarrieme,Iean  de  Biuero  frère  des  fufnommez,aprcs  auoir  efté  iugé  héréti- 
que ,  fut  condamné  à  perpétuelle  prifon:  &c  à  porter  toute  fa  vie  Sanbenito,qui  eft  l'habil- 
lement de  deshonneur.  ^  Dame  Confiance  de  Biuero,  fœur  des  lufnommez  ,  vefuede 
FernandoOrtis,iadis  rcfidentà  Valledolid,fuyuit  les  delîufdits  en  pareille  condamnatio. 
Sentence  ^  La  fixicme  condamnation  fut  fulminée  contre  les  os  de  feue  dame  Leonorcde  Bi- 
côtre  dcîo;  uero,  merc  de  tous  les  fufnommez,trelpaflee  d'aflez  long  temps  à  Vallcdolid  :  laquelle  de 
fon  viuantauoit  cenulafoy  Chrcftiennc  en  grande  intégrité  :&:plufieurs  fainclesaftcm- 
blecs  s'eftoyent  tenues  en  làmaiibn  pour  communiquer  à  la  parollede  Dieu.  A  ces  os  ap 
portez  dans  vn  cercueil  ou  coffre  mortuaire,  auec  la  figure  m ife  fur  iceluy  ,1e  Fifcal  meci- 
ta  la  lentence  fur  refchafFaut:arTauoir,Qu'iceux  os  &c  figure  fer  oyent  bruflez  &redu4ts  en 
cendrCjCommcreliquesd'vnefferetique  Luthérienne: quetousfes  biens  feroyent  con- 
fifqucz  au  profit  delà  Supériorité:  quclàmaifon  feroit  totalement  rafee.  Et  pour  donner 

àco- 


Perjicutiorî  dEftagnc^*  j  $g 

à cognoiftreia,caufe  de  kdcuaftatiôjQuJèn'lâ  placeoù  auroitcfté ladite  maifon^ri  dref- 
feroit  vn m arbre, auquel  ladite  caufeferoic  engrauee.  <[Maiftre  Alonfe  Percz,  preftrede 
Valeuceifut  condamné  en  fepeicme  lieu,  premicremec  à  eftre  dégradé*  &  puis  orullc  co- 
rne heret%ue:&k  confiscation  de  l'es  bierts  au  profit  des  îùpcrieurs. 

Suittc  du  furp|usdc  cefte  hiftoire>traduitte  de  certaines  lettres  cnuoyecs  en  AlleraagQf  :&  pourtant,qu'on  fupportela  ver* 
fions'îly  a  quelques  noms/urnoms,ou  qualitez  desperlônncs  autrement  eferites  que  la  langue  Hpagnolle  ne  porte. 

ÇAPRES  que  ces  feptcurencrcceuleurfenrence,reuefqucde  Valence  print  ion  ha 
bitepifcopal  &vefticlc  docteur  Caçalia,  François  fon  pere,  &  AloniePerezdeveftemés 
de  Preftnfe  :  fi  leur  bailla  à  chacun  vn  calice  en  la  main  :  puisles  deueftit  par  mefme  ordre 
comme  il  lesauoit  accouftrez  .Eftans  dégradez,  &;  toutes  on&ions  preloicerales  deleurs  Degradatiô» 
<ioigts,leures&:courorinesoftces  ;  on  leur  remit  fur  les  elpaulcs  les  habits  iaunes,&:lur 
leurs  teftes  les  mitres  de  papier ,  Ce  fait,Gaçâlla  commença  à  parler,priantles  Princes  &c 
Seigneurs  de  luy  prefter  audience:mais  elle  heluy  eftant  ottroyee,fut  rudement  f epoufle 
en  fort  lieu;  Tant  y  a  qu'il  protefta  daireméc  queia  foy,  pour  laquelle  ir  cftoit  ainfi  traitté, 
n^eftoit  heretiqueîmais  conforme  à  la  pureô£certâineparollcdcDieu:pourlaquellcaul- 
{i  il  eftok  appareille  de  mourir  comme  vray  Chreftié,&:  non  point  com me  hérétique.  Et 
profera  beaucoup  d'autres  belles  confolacionsjccpendanr  qu'on  faifoit  les  apprefts  des  au 
très  fënteftees.    ^Pour  le  huitième  fut  appelé  Don  Pierre  Sarmiento ,  cheualier  de  l'or- 
dre d' Alcantara,refident  à  Valence,fils  du  Marquis  de  Poza:lequel eftant  prononce  hère  Marquis  de 
tique,fuciugé  à  deuoir  porter  la  marque  &:  habit  de  deshôneur  toute  la  vie  :  &:  condamné  Poia. 
à  perpétuelle  pnlbn .  A  uec  cela  ta perdition  de  fon  ordre,&:  de  lès  biens  fuft  prononcée^ 
il  luy  fut  enioinc  de  ne  porter  iamais  or,  argenr,perles,n' aucune  pierre  precieufe .  ^On 
appela  après  luy  fa  femme, dame  Mencia  de  Figueroa>laquclle  après  auoir  efté  proclamée 
heretique,futccndamnceàlamefmepeH>equcfon  mary.  ^  Pourledixiemefut appelé 
Don  Louys  de  Roxas,fils  &:  héritier  du  Marquis  de  Poza  :  lequel  après  auoir  efté  déclaré 
hérétique, pour  les  grandes  prières  ckinftances  qu'on  auoir  faites  pour  luy,fut  condamné 
à  portée lcSanbertitoiuiques  àla  maifondéla  ville,fès  biens  confifquez.  Onappelaena- 
presdame  Anne  Heniques  demeurante  à  Toro,  fille  du  Marquis  de  Aleanizes,  meredu 
fufnômé  Marquis  de  Poza,&  femme  du  feigneur  Alfonfo  de  Fonfeca:  laquelle  auffi  après 
auoir  efté  déclarée  hérétique, lut  condamnée  à  porter  le  Sânbehitô  iufques  à  la  maifon  de 
la  ville,  fes  biens  confifquez.  ^"Puis  fut  appelé  Chriftophle  Del  eampocitoyen  de  Samo- 
raiiequelapresauoireftéprononcéheretiqucfutcondamnéàdeuoir  eftre brufléj  &fés 
biens  cbrinfqoez .  ^ChriftophledePadilla  bourgeois  de  Samora,  pour  le  x  1 1  i.rcceutlav 
mefme  fentence,  ^  Pour  le  x  1 i  r  i.  Antoine  de Huez'uelo  bachelier  habit  ancde.Toro,  a- 
près  auoir.éjté  proclamé  hérétique,  &c  fes  biens  confifquez ,  fut  condamné  à  eftrebruflé: 
&  aufujjjf  fut,  mis  vnfer  en  la  bouche,  pourl'empefcher  déparier  au  peuple,  &fédrecô- 
feiuon,  dé  #  foy.    ^La  xv.  fut  appelée  de  fon  fiege  Catherine  Romain  bourgeoife  de  Pe- 
drolàîlaquelle  fut  condamnée  à  eftre  bruflee,.&:  tous  fes  biens  confifquez.  *|  Scmblablé- 
mencle  Licencié  François  Errem,natifdePegnaranda,  comme  vn  herecique  deceftable,  F.Errèn. 
fuc  condamné  à  eftre  bruilé  vif,  fes  biés  confifquez.  J  Apres  fut  appelée, dame  Catherine 
Ortega,habitâteà  Valledolid,  fille  du  fifcal  Hernadb  Piazo,  &:  vefue  du  capitaine  Louys: 
icelie  fut  prononcée  heretique:&:  comme  la  maiftrefle  d'icelle  feéte,  jugée  à  eftre  bruflee, 
&ies  biens  confifquez.  COn  appela  aj>res  elle  I/àbellade  Scrada,&  Ieanne  Velafqucs  ha- 
bitantes de  Pedro fa-.lefqu elles  furent  enfemble  condaneesi  eftre  brullecs,&:  leurs  biens 
confîl'quçz.^  Vn  ouurier  de  fer  blanc, pour  auoir  retenu  les  aflemblees,&:  veillé  pour  icel- 
les,receuc  la  mefme  fencence.  ^"11  y  auoic  entre  les  priibnniers  vn  marran  Portugalois  no- 
mé  Goncaio  Vaes  de  Lifbone,  lequel  eftant  premièrement  nay  Iuif,puis  baptizé,&  dere-  Vn  iuif  m\% 
chef  retourné  en  fa  luifuerie,fut  mis  en  ce  conce,&:  adioint  à  ce  nôbre,  pour  faire  honte  à  ç^cc^a* 
ceux  qui  entre  les  autres  fouftenoyent  le  vray  parti  de  l'Euangile:ainfi  que  les  deux  brigâs 
à  Icfus  Chrift.Iceluv  donc  fut  pareillcmct  côdamné  à  eftre  bruflé,&:  fes  biens  confifquez. 
^"Puis  fut  appelée  Dame  Ieanne  de  Sylua,  femme  de  Iean  de  Biuero,  frère  du  doireur  Ca- 
çalla,laquelle  fut  déclarée  hérétique':  &c  luy  fuc  enioint  de  porter  fon  mâtelin  toute  là  vie 
pour  faire  penitcce&  marque  delà  faure,  &:  fes  biens  confifquez .  f  A  pies  fut  appelceen 
lemblablelbrte  Leonorede  Lifueros,lafemmedu  fuidit  Antoine  Huezuelo  bachelier. 
Item  Marina  de  Saiauedra, femme  deCymeras  de  S ;reglio.^Item  Daniel  Quadra  natif 
e  Pedrofa:lefquels  furent  prononceziieretiqucs,&.  condamnez  à  faire  pénitence  en  pri- 


Liurt^VL  P/ufeurs  f&fdrtyrs. 

fon  perpétuelle  auec  confifeation  de  leurs  biens,    f  Dame  Marie  de  Rojas  la  fœurdii 
îtt'femœ»  Marquis  de  Rojas  pource  qu'elle  auoit  efté  en  vn  cloiitrc ,  &c  qu'elle  eftoit  de  bonne  mai- 
lc  mantelin  fon,fut  iugee  à  deuoir  reporter  le  mantelin  à  la  maifbn  delà  viile:&  aucc  lèsbiensconfif- 
cftl^rlej  quez,deportervncpenitenceperpetuelle.^"Item  Antoine  Dominique  de  Pcdrofa,a- 
wf!L«î    presauoireftéappeléfutcondamnéàfaircpcnitence  de  fon  herefietrois  ans  en  prilbn, 
veftudefon  manteau  iaune:&  tous  Tes  biens  connYquez.    *[On  appela  Antoine  Bafor, 
lequel  d'autant  qu'il  eftoit  Anglois,  fut  ingé  a  porterie  Sanbenitoàlamaifon  delà  vil- 
le pour  pénitence  de  fon  peché:&:  de  là  eftre  incontinent  mené  en  vn  cloiftre  pour  y  de- 
meurer vn  an  entier,  afin  d'eftre  en  iceluy  inftruit  lelon  les  ordonnances  del'eglife  Ro~ 
mainenommee  catholique. 

Apres  quecesfentences  furent  prononcées ,  les  condamnez  à  eftre  brûliez,  & 
U  s  os  &£  les  figui  cs,furent  baillez  au  Magiftrat  feculicr,  &:  à  leurs  bourreaux  :aulquels  fut 
commandé  d'en  faire  l'exécution.  Les  ayans  en  leur  chargeais  les  menèrent  fur  desafnes 
depuis  la  place  auec  beaucoup  de  foldats,iufques  au  lieu  du  fupplice ,  qui  eftoit  hors  de  la 
porte  nommée  Del  campo.  ^  Quant  ils  furent  là  venus  où  eftoyentees  quatorze  cfta- 
ches  mentionnées  au  commencemcnt,on  fit  entreries  condamnez  dedans  les  fieges  qui 
eftoyentioints  àchafqueeftache:  &:  làièlon  Jatàçon  accouftumee  en  Efpagnc,  furent  e- 
ftranglcz,  &  puis  brûliez  &c  rédigez  en  cendres.  Seulement  Antoine  hvezvelo, 
lequel  auoit  tant  dedans  que  dehors  la  prilbn  detefté  la  fpiritualité  Papale,fut  brufle  tout 
vif,la  bouché  luy  eftantlèrrec.  ^~Et  ainfi  endurèrent  la  mort  la  plus  part  decesChre- 
ftienspour  la  vérité  de  la  parolle  de  Dieu,  comme  brebis  doccifiomlefquels  non  feule- 
ment ont Chreftiennementconfolé les vns  les  autres,  mais  aufsi  admonnefté  Ics^fsL 
ftans  fpe&ateurs,  qui  s  efmerueilloyent  de  leur  conftance. 
Trcce-fcpc  ^  Celuy  qui  aeicrit  ces  lettres  adiouftoitfur  la  fin  d'icelles  ces  mots,  On  ditqu'ilycn 
SÎe^our  a encores xxxvn.  perfonnages  prifonniers  audit  Valledolid,lefquels  ont  efte  gardei 
vaautrefpc  pour  vneautre Tragédie cWbe&aclcde la  cruauté  del'Inquifition. 


THOMAS    MOVTARDE,  dcValenciennes. 

EK  Yoyarttrne  (aie  &hideuf°  face  de  SataiV  quelque  temps  apparertfe  en  la  perfonne  de  celuy  qui  fera  efleu 
du  Seigneunnous  auons  à  recognoiftre  de  quelle  gloire  nous  fommes  tombez  par  noftre  coulpe:  &  combien 
le  bénéfice  de  lefus  Chnft  eft  grand,quand  il  nous  retire  de  noilre  confufton,pdur  eftre  gloribé  en  nous. 


M.D.L1X. 


E  pcrfonnage  d'vne  vie  dcfbauchee,  eftant  artiré  à  la  cognoi/Tance  del'E- 
uangile,nouseft  vn  miroir  pour  reprelènterla  bonté  de  cegrand  Seigneur 
ouuner:  lequel  nous  ayant  vnefois  formez  à  fon  image  (  dont  le  premier  pa- 
tron auoit  efté  prinslur  fon  propre  Fils)  nous  reftaure  &c  nettoyé  de  nos  or- 
dures,par  la  parolle  de  celuy-mcfme  par  lequel  il  nous  a  faits  &  formez.  Onleconftitna 
prilbn  nier  en  la  ville  de  Valenciennes  pour  auoir  dit  vn  iour  à  vn  Preftre,que  fon  dieu  de 
î'hoftie  n'eftoit  qu'abomination, qui  amufoit  &C  abuibit  le  peuple.  On  penfoit  qucl'yuron 
gnerie  ou  gaudi/ferie  luy  euft  fait  dire  tels  propos  :  mais  quand  lcledemain  on  les  luy  euft 
Confe^ioa  remis  au  deuant,pour  fauoir  s'il  les  vouloir  maintenir,il  refpondir  qu'ouy  :  Se  que  c'eftoic 
&Saotc.  vn  abus  de  cercher  lefus  Chr  ift  ailleurs  qu'au  ciel  à  la  gloire  &:  dextre  de  Dieu  le  Pei  c:  voi 
rc  &  quefur  cela  il  eftoit  preft  de  viure&:  mourir.  Son  procez  fait,on  le  condamna  d'eftre 
bruflévif.  mais  au  fortir  de  la  maifon  delà  ville  pour  aller  aufupplice,  onnevid  onques 
vne  conftance  plus  affeuree,  s'efiouiflant  d'vn  tel  honneur  que  Dieu  luy  faifoif  Le  bour- 
reau ièhafta  autant  qu'il  luy  fut  pofsible  de  l'attacher  &:  defpcfcher.  LepatiC  uïu  milieu 
du  feu  ardanr,  auoit  les  yeux  leuez  au  ciel,&:  crioit  au  Seigneur ,  qu'il  euft  mifer icorde  de 
fon  ame.  Et  ainfi  en  grande  intégrité  defoy,&perfeuerance,  il  expira  le  v  i.  d'Octobre 

M  .  D  .  L  1  X. 


HI  STO I  RE  mémorable  des  cruauttTi  énormes  commtfes.  en  la  perfonne  D'ANTOINE  DE 
RJÇ H I EV  D  fcigncur  de  Màfmans ,  &  autres  notables  perfonnages  perftcuteT^  cruelle- 
ment meurtris  en  la  haute  Prouence pour  k  Parolle  de  Dieu. 

DE  CESTE 


Sédition  a  Cœftdan*  &  Dragtiigmn.  jj# 

DE  C  EST  E  hiftoireleforomairefoit.SI  de  Mcrindpl  &  Cabricrc  les  fidcles  maflVrt ,  ont  «lté  comme  prémices  LiuJLf 
dufjng  efpandu  pour  rEuangileîvoici  qui  les  reprefeote  en  pareil  faic%&  en  Proueoce/ieiunt  vn  mdrne  Parlement. 

ESTE  année  plein  ed'affli&iansdiucrfes  eut  vers  fa  fin  yna&edefi  hor-  m.d.ux. 
rible  oppreision  Ôc  mutineric,que  de  long  temps  pareille  n'a  eftéouyeU'hi- 
ftoire  en  eft  telle.  Le  s  feigneurs  de  Mouuans  ont  vne  mailon  en  la  ville  de 
Caftelane,au  haut  pays  deProuence,  en  laquelle  An  t  oi  n«  &Panl,fre- 
rc§,fai^byentleurp^•lncipaledcmeure.  Leurs  predcéeiTeurs& eux  fouloyent  gouucr- 
HiciSc  conduire  les  affaires  publiques  des  montagnes  au  grand  contentement  des  gens 
de  bien     enuie  des  contraires  &:  factieux.  Ces  deux  frères  après  anoir  employé  vrie 
partie  de  leur  ieuneileau  lcruice  des  Rois  de  France  durant  leurs  guerres  >eltans  par4 
uenus  à  lacognoiflance  de  la  vérité ,  reformèrent  tellement  Jcur  vie,  que  par  bonne 
ccnuerfation,pluficurs  Gentilshommes,  parens  &:  voifins  ,&:  maints  du  populâirefu- 
rentattirezàlamefmecognoiiTancederEuangiledu  Seigneur.Etpour  mieux  en  eftre  Miniftere 
informez, ils  cnuoyerentàGeneue  quérir  vnMiniftre:  lequel  arriué  au  moisde  Ian-  ^p^1* 
uier  commencement  de  cefte  année,  bien  toft  s'amalfa  nombre  d'hommes  de  toutes  afteiane 
qualitez,&:diuerslicuxd'alenuiron.  Ceux-ci  aftàmez  du  dciird'ouyr  la  parole de  Dieu,  cn  Prouen. 
furmontans  toutes  dirficûltcz  des  chemins  &c  de  rhyuer,s'alTembloycntàces  finscnla  ce* 
maifondefdits  frères  de  Mouuans.  Mais  l'ennemi  de  la  vraye  lumière  ncleslaiïîàgue- 
res  iouyflans  de  ce  bien  &c  repos.  Car  incontinent  après  il  eiueilla  fesfuppofts,qui  firent 
venir  à  Caftelane  vn  Cordelier  à  la  grand'  manche  pour  y  prefeher  en  Karcfme.  Il  ioua 
fi  bien  fon  pcrfonnage,quclcs  Coniuls  de  la  ville  &C  le  populaire  s'accordèrent  bien  toft 
à  vnefedition.  Ils  en  vouloyent  à  lamailbn  deidits  de  Mouuans  :  &C  firent  venir  d'aude~ 
hors  gens  de  renfort,  pour  cora  mettre  extrêmes  outrages.  Pour  aufquellcs  obuier,Paul 
fufdit  fut  fecretement  par  les  fidèles  enuoyé  au  Parlement  d'Aix,aim  ans  mieux  pren- 
dre la  voye  de  iuftice  ord  inairc,que  de  repoufler  violence  par  vtolence.  Les  feditieux  en 
eurent  le  vent:qui  fit  qu'aufsi  toft  ils  maderent  aufsi  à  Aix  pour  auoir  adu h.  On  dit  que 
Bagari,Cônfciller  audit  Parlcmentjeurdonnaadrefie,  d'autant  qu'il  auojïvncfcigneu- 
rie  prochaine  de  ladite  ville,  Se  qu'il  y  auoit  quelque  picque  entre  lefdics.de  Mouuans  &c 
luy.  Ilss'adrefTerentaufsià  vn  de  ladite  ville,  qui  au  tresfois  auoit  eft  é  Viguier,nommé 
Girard  Ambrois,  ennemi  de  ceux  qui  font  profefsionde  la  vérité,  comme  fonfrerele 
PreKdcnt  Ambtoisrduquel  aefté  parlé  ci  deàus  en  la  perfecution  d'Angiers.Il  auoit  cre-  Liurc  vibL 
dit  cnuers  fes  combourgeois  de  Caftelane,  &  pouuoit  facilement  appaifer  le  tout  :  mais  W*>. 
ayat  à  defplaiûr  de  voir  lefdits  de  Mouuans  eftee  premiers,il  luy  ferobla  que  s'ils  eftoyêt 
morts,  ilgouuerneroit  mieux  à  fon  appétit,  A:  feroit  premier  delà  pàroirfe.  Pour  le  faire 
court,Paul  ayant  prefenté  fa  plainde,ily  eut  commifsion  décernée  pat :  ledit  Parlement 
âdcuxCôfeillcrs,Henri  Veteris,&Efprit  Vitalis:mais  comme  elle  fut  cnuoyee an  feau, 
on  la  retint,  iufqu'à  ce  que  la  côtreplaincte  des  ad  uerfaires  fuft  prefen  tee.&:  ce  d'vne  fu- 
ie de  prattiqueinufitee:  afin  de  rendrc.lapartieaduerfe première complaignante:com-  Rccr;mina- 
me  ainfi  foit  neStmoins  que  récrimination  n'ait  lieu  de  couftume.  Somme  les  feditieux  tion  n'a  lieu 
furent  les  premiers:  &C  commifsion  fut  expédiée  pour  informer,  fuyuant  laquelle  lefdits  dc  vra>'  ft>J 
Confeillers  firent  ce  qu'ils  peurentpour  rendre  odieufela  caufèdcfdirs  de  Mouuans. Et 
qui  plus  eft,arriuezàRiez,firét  eflargir  dcuxdcs  principauxautheurs  de  la  fedition.l'vn 
defquels  fc  nommoit  Iofeph  Aubert,  &  l'autre  Claude Feraulr,  quiauoyét  efté  arreftez 
par  le  lieutenat  deDraguignan ,  Se  emprilonnez  audit  Riez  fur  informatiôs  ia  faites  de 
la  feditiôà  fondetoc-fainct.  Et  feignâs  lefdits Comiflaires  auoir  peur  du  peuple  de  Ca- 
ftelane,n'cn  voulurét  approcher  plus  pies  que  de  ladite  ville  de  Riez ,  diftante  enuiron 
fept  lieues  de  là,  qui  fut  (  outre  la  defpcnfe  d'y  mener  les  tcfmoins  defdits  de  Mouuans) 
chofe  pleine  de  peril,à  caufe  des  embufehes  qui  eftoyent  dreflfees  par  les  chemins.  Mais 
quand  il  fut  queftiô  d'informer  pour  les  feditieux  de  Çaftelanejls  ne  firent  aucune  diffi-  j?*^*1,  <: 
culté  d'y  allcrrau  partir  de  laquelle  au  lieu  de  punir  les  coulpables,  ils  decet  ncrét  adiour  J^x  quîfc 
nemét  perfonnel  &;  prife  de  corps  cotre  lefdits  de  Mouuas.Ce  que  par  eux  entédu,Paul  nbmmét  éi 
alla  vers  le  Roy,&  obtint  lettres  d  euocatiôau  Parlemétde  Grenoble,portat  inhibition    ns  ^t^l_ 
à  ceux  d'Aix  de  pafler&n'atteter  es  pcrfonncs&  biens  defdits  de  Mouuans.  Aufquelles  fticc. 
ledit  Parlemétd'  Aix  nevoulutacquiefccr,s'afTeurant  les  faire  en  bref  rcuoquer.Antoi- 
nedu  Reueft  licutenât  de  Draguignâ,  &c  Biuny  receueur  pour  le  Roy  audit  lieu,cfcriui- 
rét  audit  de  Mouuas,  que  le  fufdit  Ambrois  eitoit  à  Fayenlc,del»bcré  de  traitter  accord 
auecluy,&:  ceuxdeCaftelanedepriansdcne  refulérlcs  conditions  qu'il  offroit.La  lettre 

YY. 


Littre  VI.  Sédition  àDraguignan. 

veuc ,  Antoine  de  Mouuas  s'achemina  audit  lieu,  accôpagné  de  quelques  Cens  neueus, 
& d'Honorat  Auldol,dit le Bramairc,  hoftedu  cheual blanc dudit  Caftclane. N'y  trou- 
uant  Ambrois,ainsfculemét  Bruny,apresauoir  eu  quelques  propos  en femble,il  s'ache- 
mina droit  à  Draguignan,qui  eft  quatre  lieues  par  delà,  pour  parler  à  quelques  fiens 
amis  82  gens  de  Confcil  qui  l'auoycnt  mandé ,  pour  donner  ordre  à  certain  procez  qu'il 
auoit  là.  Arrkié  qu'il  fut  audit  lieu  de  Draguignan  fur  le  foir,  U  defeendu  en  l'hoftcllcrie 
des  trois  rois, le  i3,d'Ocl:obrc  m  .d.  l  x  x,il  trouuale  Marquis  de  Trans,  auec  lequel  il  ne 
fe  promena  gueres  fans  cftre  apperceu  de  quelques  Preftres,qui  ne  faillirent  incontinét 
d'efmouuoir  les  enfans  de  la  ville  de  crier  après  luy,.^*  Luthérien.  Ce  cômen  cem  ent  dref- 
fé,côme  le  populace  eft  enclin  à  mutinerie,alla  de  maifon  en  maifon  efmouuoir  les  plus 
defbordez,  &:  dire  que  Mouuas  eftoit  là  venu  pour  leur  faire  la  guerre  comme  à  ceux  de 
a.  Je  Mou-  Caftclane.  Mouuans  le  voyant  fuyui&  agacé  par  les  enfans,en  repouflfa  quelques  vnsa- 
"î^ic^enf  uCC  menaceS:raa^s^c  tanc  P*us  ^cs  autres  le réforcerent,&:  furet  eimeus  iufques  àfonner 
LaidcDrî»  letoc-fain&.Quoy  voyât,&:  qu'on  eftoit  venu  direaudit  Marquis  qu'il  feretiraft,ilprint 
guignan.    c5gé  deluy,&:  penla  de  departir,&  môter  à  cheual.  Mais  il  fut  pourfuyui  de  fi  près  de  ce- 
tte canaille,  qu'il  ne  fecutefehapper.  Mouuans  donc  &  trois  autres  ayâs  gangné  le  logis, 
&  fermé  la  porte,ie  mirent  à  prier  Dieu:  mais  ceux  qui  les  pourfuyuoyét  ne  leur  donnè- 
rent loiûr  d'y  eftrelongucmenc.Sc  fentansenuironnezdecefte  multitude,  iufqucs  def- 
fuslestoidts,ilscôclurentque  chacun  fcfauuaftcom  me  il  pourroir.  Sur  ces  entrefaites 
quelques  bons  pcrfonnâgesdcDraguinan  eflayerétd'appaifcr  la  fureur  du  peuple-mais 
il  leur  fut  to*ut  befoin  defe  retirer  haftiuement.Parquoy  toute  efpcrance  pcrdue,il  y  eut 
^vnieunegai  çon  qui  mena  le  ûcur  de  Mouuas  au  plus  haut  des  degrez  du  logis,luy  mon- 
ftrant  vn  endroit  pour  fe  fauuer  parle  toid  en  vne  maifon  prochaine.  Il  ne  fut  pas  il  toft 
monté  qu'il  receut  vn  coup  dehacquebutte,  &  fauta  ncâtmoins  d'vn  toict  à  l'autre.  Son 
nepueu  Richieud  qui  le  fuyuoit,tomba  en  vne  eftable,où  eftoit  vn  cuueau:dcdâs  lequel 
s'eftantmis,euita  la  fureur  des  pourfuyuans.Finalenient  voyans  qu'Antoine  auoit  gan- 
gné vne  chambre,&y  tenoit  bon,craignans  qu'il  leur  efchappaft,  parce  qu'il  eftoit  fort 
nui&,ilss'aduifcrcnt  d'aller  qtierir  la  Iuftice.  Le  Viguierdela  ville  du  commencement 
en  fît  quelque  refusrmais  fe  voyat  menacé,y  alla.  Eftât  venu  aux  degrez,  il  appella  Mou- 
uans,luy  difanc  qu'il  fe  rendift.  Antoincrefpondit  qu'il  ne  vouloit  contreuenirà  iuftice: 
mais  pria  qu'on  luy  laiflaft  fon  efpec:cc  que  le  Viguier  accorda:&  entrât  en  ladite  cham 
bre  prefenta  la  poinetc  du  ballon  de  iuftice,&:  Antoine  l'empoigna  d  Vne  main,eftimât 
parlàeftrecnbonne&feurcgarde.  Parlanscnfcmble  furent  fuyuis  de  quelques  garne- 
mens,  entre  lefquels  il  y  eut  vn  muletier,  qui  luy  dôna  d'vn  bafton  ferré  à  trauers  du  dos: 
&futfuyui  d'vn  autre  muletier  qui  le  frappa  fur  lechinon  du  col,  tellcmct  qu'Antoine 
n'eutne  moyen  n'cfpacc  defe  défendre,  n'euiter  la  furie  de  ces  enragez.  Eftanttombé 
parterre  demi  mort,  il  fut  lié  parles  pieds,&  trailhé  iufqucs  à  la  côciergcric,  la  face  con- 
tre terre.  Comme  il  eftoit  là  tout  prochain  de  rendre  l'efprit,lcuant  les  yeux  au  ciel,il  re- 
m*acTd"t  ccuc  ^cs  outrages  &  inibléces  nô  ouyes:  car  il  y  en  eu  t  deux  d'entre  ces'enragez  qui  furet 
iS^ditRe  ^csnotez,qdcluy  piflferfurfon  vifagc,difans,Tu  ne  veux  point  d'eau  bcnitc,&  tu  auras 
Li'&Baiw  de  celle-ci.  ^~  Et  pour  faoulerd'auantage  leur  rage,  ils  retournèrent  à  l'hoftellerie  cer- 
ïc^feL^è  cher  les  autres  pourfuyuis,  d'autant  qu'on  difoit  qu'entre  eux  il  y  auoit  vn  Miniftre. 
Mais  ne  trouuans  rien ,  quatre  des  plus  enuenimez  à  l'inftant  montèrent  à  cheual  pour 
aller  raconter  à  leurs  compagnons  de  Caftelane  leur  beau  chef-d'œuurc,  pour  de  tant 
plus  les  efmouuoitàfaire  le  lcmblable,&furprendrc  l'autre  frère  de  Mouuans  auant 
qu'il  en  f uft  aduerti.  L  e  corps  d'Antoine  ayant  cfté  vn  iour  en  la  prifon ,  les  fowvenez 
n'eftans  encores  foulez,  luy  fendirent  le  ventre,  &£  arrachèrent  les  enrraillcs,lcfi|Deiles 
furent  traifnces  es  rues  par  les  petits  enfans.  Dequoy  non  côtens,  ils  prindrent  le  cœur, 
a*  t^Jc  ^  ^C  ^ccouPPans  par  picces,chacun  en  mettoit  vn  lopin  au  bout  d'vn  bafton.  Vn  autre 
couppé  par  en  prefenta  vn  morceau  à  fon  chien, lequel  n'en  fit  aucun  fcmblant,ainsfe  deftournant 
morceaux,  monftroit  à  fon  maiftre  fa  vilaine  afFcction.ee  qui  alluma  d'auantagefa  rage,fi  que  blaf- 
Horreurs    phemant  &c  defpitant  Dieu,iîpfbferatels  mots,Seras-tu  Luthérien  comme  Mouuans? 
horSIT      A  p  n  s  s  routes  ces  infolences,quelques  gens  de  la  ville  tafeherent  de  le  faire  inhu- 
mer,fous  couleur  qUe  le  corps  pourroit  infc&er  la  villc:mais  les  Prcftrcs  qui  auoyét  me- 
né ceftedanfe,n'eftans  contens ,  firéttant  queceux  qui  menoyetee corps  au  fepulchre, 
furent  forcez  le  remener  &  rendre  en  pri(on,où  il  demeura  iufques  à  la  venue  les  Con- 
fcillers  du  Parlement  d'Aix.  Lequel  eftant  aduerti  de  ccfta&e,  encore  que  lacognoif- 

ïànce 


sAéte  des  Inqmftteurs  >  à  SeuiBe.  jj.  <y 

faoccluy  ruftoftee  par  inhibition  royalc(corrrmca  cité  dit)  emtoya  les  deiTufdits  Vctcris 
&  Vital»,  Jeiquels  arriuez  firent  ialer  le  corps, &  continuèrent  les  informations  en-  Lccorpsd'- 
commencees,  au  lieu  d'informer  de  ces  excez ,  &  pourfuyure  les  fediticux ,  oupour  le  Jj^jJ? 
moins  les  chefs  faucheurs  d'iceux-  Or  comme  ils  procedoyent  à  ceft  examen  il'Vn  lé. 
d'eux  dit  aux  tefmojns  deCaftelanc»  que  ceux  de  Draguignan  leurauoyét  mcnltré  vnc 
leçon:  leur  fignifiant  qu'après  le  vieil  tué,il  ne  reftoit  plus  quedefpefchcrleieune.il  n'y 
eut  aduoeat  ne  procureur  n'autre  qui  fçeuft  auoir  accez  vers  lefdics  CoramnTairespour 
prefenter  requefte  ne  faireaucune  pourfuict  pour  lefdits  de  Mouuans. 

3|£Sjj  V  A  NT  àHoNORAt  Avldo  l, ci deuant  nommé, ayant  fait  bonne cori-  Honorât 
fefsiondcfafoy,il  rat  mené' à  Aix  au  mois  de  Nouembre,  comme  auisi  le  corps  ^B^tl- 
dndit  Antoine  de  Mouuans,  accompagnez  de  plufieurs  quiauoyérefté  de  ladite  efmo-  re,bruflé  à 
tion,aufqucls  on  décerna  falairccôme  pour  Vacations  légitimer.  Brcf,plufieursdelàdi-  Aix 
te  Cour  d'Aix  fembloyèt  ouucrtement  donner  adueu  de  moîefter  autât  de  Luthériens 
qu'on  rencontreroit.Ccpendant  le  Capitaine  Poulain  (duquel  eft  faite  metion  cideflus 
enl'hiftoire  de  Mcrindolêi  Cabriercs)côtinuoitfes  pourfuites audit  Parlement  contre 
lcïdits  de  Mouuans  &  autres  fidèles  de  Prouence.  Ontrouua  neantmoins  Jade  ci  déf- 
ais narré  tant  énorme,  que  la  Courcraignant  les  murmures  &c  plaintes ,  laiiTa les collu* 
fions  qu'elle  auoitauecles  particsaduerfes,&remitces  affaires  ibus  filenceiufqucsau 
5.deFeurier,  m.d.  l  x.  &  par  areft  le  corps  d'Antoine  de  Moiiuans  fut  muré»  iufques 
au  iugemcm  définitif.  ÇParle  mefmc  areft  ledit  AuldolditBramaire  fut  condamné 
d'eftre  bniflé  vif,&cxccuté  en  la  place  des  Iacopins  d'Aix.  Auquel  martyre  il  alla  en  tel- 
le côftance,  qneccux  qui  l'auoyétauparauantcognu, s'en  efmerueilleTer  grandement. 
L'outrage  qu'on  dit  Juy  auoir  cftéfait  en  le  menant  au  fupplice,&d'auoircûé  frappe 
d'vnc  pierre  fi  rudemét  quelle  luy  fit  tomber  le  baaillon  dont  il  cftoit  boufcbé,raonftra 
fa  dcbonnaireté:difant  tout  paifiblerhent  à  loutragcu  r,Dieu  le  te  vuciile  pardonner:ô£ 
en  cette  fermeté  rendit  en  grand  martyre  fon  cfprit  au  Seigneur. 


Septième  liure  de  miftoire  des 

MARTYRS,  ET   DES   E  G  L  /* 

fes  du  Seigneur  en  dmers  lieux. 

D  E  t^iâc  Inqmptorial  exécuté  a  SemUe^fur plufieurs  fidèles  £Ej]>4gnè. 

V  E  L  QJV  E  S  mois  après  l'exécution  tragique  des  Ihquifi- 
teursà  Valdolitcn  Caftille,  ci  deflb s  fim  piement  narrée &def- 
criteVceux  deScuille  en  AndalufielesiècondanSî  Contîhuè^  "ïolw; 
rent  de  mefme  procédure.  Mais  auant  que  reciter  oSftih&e-  m.d.ldc. 
ment  &  mettre  en  ordre  les  ptrfonnes  mortes  au  Seigneur ,  il  ™CtScptei&! 
ne  feraimpertinent  de  dire  quelque^choie  de  la  pompe  &c  gloi- 
re folcnnclle  tenue  en  leur  exploic*  contre  les  fidèles,  &  delà 
victoire  magnifiqueque  tels  Pères  delà  foys*y  promettoyent. 
Car  d'infiiter  fur  leurs  prac  tiques  finefles  &.  t ufes  à  pourchafîer 
ceux  qui  fontfufpects  au  moindre  rapport  de  leurs  moufehes  &fuppofts  par  tout  efparS: 
&  leurs  cautelles  à  faire  deuiner  aux  prifonniers  la  caufe  de  leur  détention:  le  râuifîe- 
mentdes  biens  (appelé/e^etfnrtïo»  )  letraittement  cruel  en  la  nourriture  (nommé abfli- 
nence  )Sc  mille  maux  &:  tourniens  que  par  leurs  «mentions  (  appelées  pat  cùiadrts  pla$  Jt**  fier*. 
fecrets)les  poures  emprifonnez endurent:  vnevoix  de  fer(com'me  dit  IcPôetedé  fort  cft-  îî™ 
fer)  ne  fuffiroit  à  les  conter,  ne  plume  aceree  pour  les  deferire.  PcudeioUrs  auantque 

YY.ii. 


Lmre  VIL  sAfte  des  Inquifeteurs ,  à  Seuille. 

procéder  à  la  folennitéde  l'exécution  des  prisonniers  longtemps  gardez, afin  qu'en 
plus  grand  nombre  le  triomphcfuft  4c  tant  plus  illuitre ,  ils  ront  mettre enfemblcen  v- 
ne  grande  prifon  tous  les  hommes  qui  deuoyenteftre  condamnez  à  diuerfes  peines  pu 
Pcnitenccj  pénitences, &  non  à  la  mort.  Ils  appellent  pénitences  (pzr  vn  nom  emprunté  à  fautes  en- 
dd'in^uifî.  feignes  de  lancicnneEglife)  les  diuerfes  amendcs&:  punitions  qu'ils  leur  font  foufFrir. 

Les  femmes  font  aufsimifes  en  vn  autre  lieu  femblable:  mais  ceux  qui  deuoyenteftre 
condamnez  à  la  mort ,  furent  mis  chacun  en  vne  prifon  à  pa:t.  Sur  les  dix  &:  onze  heu- 
res de  la  n  u  \St  p  recedente  le  iour  de  l'exécution,  on  leur  enuoy  e  quelques  Préfixes  pour 
Jeur  porterie  tnfte  métrage  de  mort  ,&:  les  confefler.  Là  s'entendent  de  grandes  crie- 
riesi  débats entrelefdits  Confe/Teurs&:  Prifonniers,defendanslcsvns  fermement  la 
vérité  de  rEuangile,&:  les  autres  debattans&conteftans  en  vain  de  leur  vie.  Le  ma- 
tin venu  tous  les  officiers  de  ce  faincl:  Tribunal  s'aflemblent  là  de  bonne  heure  pour 
faire  chacun  ce  qu'il  a  de  charge  en  ce  facriflce  folennel-.lcfquels  accouftrent  rhabil- 
lent ces  pouresgens  félon  la  condemnation  de  chacun  deux.  Ceux  qui  auoycnt  con- 
Lafigurcdu  ftamment  confefte  la  vérité,  la  louftenans  iufquesàlafin,  portent  le  Sambenito,  duquel 
Unk"u,t-    nous  auons  parlé  ci  deuan  t,  qui  cil  vn  habit  uune ,  rcflemblant ,  hors  mis  les  manches, 
à  vn  faye  d'armes ,  tout  femé  d'images  noires  de  diables.  &;  fur  la  tefte  vne  longue  mitre 
de  papier,où  eft  depeind  vn  homme  fus  vn  tas  de  boisardant,&;  force  diables  à  lentour 
attifanslefeu-  Us  eurent  les  mainsliecs& les  langues  eftroittement  ferrées  de  tenailles 
de  bois  en  extrême  douleur.  Ceux  qui  dilsimulans  la  vérité ,  donnoyent  quelque  efpc- 
rance  aux  Vénérables  de  leur  conueriîon(&  neantmoins  furent  condamnez  à  la  mort) 
font  habillez  de  mefmc ,  hors  mis  qu'au  lieu  des  images  des  diables  pein&s  à  la  robbe ,  il 
yadescroix'.ôcenportentaufsi  vne  attacheeentre  les  mains.  Lereftedcs  autresvient 
entelhabit&equippage,  comme  il  îémble  bon aufdits  Peresdeles  mettre  en  oppro- 
Ceft  u  bredeuant  le  peuple.  Et  à  l'heure  qu'on  les  deuoidbrtir  des  prifons  du"  Chaftcau,  les 
SiMeTpî  Inquiiiteurs  de  Seuille  pour  monftrerleur  douceur  vers  les  prifonniersainiiaccouftrez 
«TiftiM  fî  &  arrangez  de  toute  façon  pour  eftre  en  ipectacle,  leur  font  couurir  des  tables  aucc  for- 
SeuiUe.      cc  vm  &  bonnes  viandes  pour  les  faire  dehuner,  &  monftrer  deuanc  tout  le  peuple  leur 
charité  &c  clémence,**:  que  les  condamnez  n'ont  eu  moindre  traittementen  la  prifon. 
mais  les  poures  patiens  font  bien  lors  fi  angoifTez  en  leur  efprit ,  qu'ils  ne  font  pas  grand 
dommage  aux  Viandes, ains  font  pour  les  eftaffîers&:  appariteurs  qui  les  gardent  &c 
Autant  de  accoftent.  ^  O  r  cft-il  à  noter  qu'il  yadiuerhté  de  fentenecs  entre  les  condamnez: 
ÊforteSe  *cs  vns  *  e^re  bruflez  vifs,aftauoir  ceux  qui  ont  fidèlement  maintenu  la  verité  iufqu  a  la 
condamnez  fîn,qu'ils  appellent  pertinax  &  obJ}ine^,Cc\ix  qui  par  fragilité  fc  (ont  deftournez  d'icellc 
font  bien  condamnez  au  feu,mais  par  bénéfice  d'ejhe premièrement  eftranglex,  car  nonobftat 
leur  abiuration, les  Inquisiteurs  difentauoir  certains  indices  quel  hercfie  n'eft  arrachée 
de  leurs  cœurs,&:  qu'ils  n'y  ont  renoncé  que  de  bouche.Us  donnét  au&i  d'autres  fenten? 
ces  quifemblentaucunement  plus  douces &gracieufes(&:  partant  nommées  réconcilia^ 
tions)  à  ceux  qui  ayans  rcnôcé  la  vraye  religion,  par  la  fatisfachon  des  amendes  Inquiptoriales, 
font  remis  au  giron  de  l'eglife  Romaine,  iïy  en  a  qui  contiennent  des  confinemensaux pri- 
fons^cloiflreSiOu  autres  lieux  :  defqucls  corne  il  y  adiuerfes  fortes,  aufli  diuerfemêt  font  nom- 
mez.les  vns  perpétués  irremijiibtes  :  autres  ftmplementperpetuels:Sc  autres  à  certain  temps,  lequel 
pane on  y  demeure  encores  au  plaint  des  bôs  Pcres:autrcs  font  nom  mémentaa  bonyou- 
htr  du  gênerai  dè  F  Ine}uifmonyqui  eft  pat-deiTus  tous  les  autres  duRoyaumc.  Quant  aux  fen- 
tenecs de  porter lhabit,cc&  zdùc  le  Sambenit,ily  en  a  autant  de  for  tes  qu'ils  veulent. 

Oyons  maintenant  l'appareil  &  pompe  de  ce  triomphe  accouftré  de  toutefaço». 
Premièrement  marchent  les  enfans  du  Collège  côduits  en  qrdre  par  Preftres  veftus  qc 
La  letanic  furpelis,chfmtans  les  Letanicsdcs  Saincts,  qu'ils  repetét&rednent  les  vns  apreslcsau- 
^J^"*-  très  auec  ce  refrein,Ôn< pro  tUu.  A  leur  queue  viennét  les  prifonniers  en  ordre,  fçauoir  eft 
L'ordre  de  des  Penitêticz  les  moins  notez,portas  des  torches  efteintes,lahartau  col,en  pourpoint 
l'eouippa-  &  a  tefte  nuc,finon  entât  que  la  mitre  les  couare.  Ceux  qui  ont  quelque  dignité  d'hon- 
gc*         neur,come  Prcftrife  ou  NoblefTe,ou  de  biens,marchcntdeuant  les  autres  inoindres.En 
fecôd  lieu  après  marcher  ceux  qui  portet  \cSambenitoy  aueçjmefme  obferuatioo  de  leurs 
qualitez  &c  degrez.  En  la  troiiieme  &c  dernière  bande  font  ceux  qui  fpnt  deftinez  au  feu: 
entrelefquelsceux  qui  ie  font  defdits  vont  deuanr ,  en uironnez d'hommes  armez  &  dr 
Moines,  &c  Iefuites  (qu'on  nomme  Theatin$)Jcfquels  les  accaftcm:&  tourmentée  ceûx 
aufquels  Dieu  fait  la  grâce  de  demeurer  conihns ,  qui  fondes  derniers  du  reng  de  cefte 

troifieme 


Fcrdinîd  5c 
llabcl  inuen 
tcurs. 


leur. 


JeanPoncedeLeon.  s  4-1 

troiiîeroe  bande.  ^ Apres  ceux-ci,marciieIeSenat&Iufl;icedelaYille,lcs  AIguaziis,lcs 
Iurez,  les  x  x.  degrez  des  luges ,  leRcgent  ou  Lieutenant  pourlc  Roy,accompagné  de 
force  Gentilshommes  à  cheual.  Puis  fuyuent  les  Ecclefiaftiques,  Clercs,  Prellres,  bé- 
néficier &:  Curez,lc  Chapicre du^rand  templc,&:  les  Abbcz  &:  Prieurs  des  Moineries, 
auec  leur  fuitte.  ^  Pour  le  derrière  &:  quelque  efpace  vuide  vient  l'eftendar  de  la  facree 
Inquifition,  que  porte  leFifcal  d'icclle,  tenant  le  lieu  de  port- en  feigne,  &:  comme  ccluy 
qui  s'eft  employé  pour  faire  auoir  cefte  victoire  aux  Pères  fain&s.  Ceft  eftcndareft  de 
foye  rouge  exquiiement  brodé, ayant  d'vncofté  l'image, le  nom&:  les  armoiries  du 
Pape  qui  ottroya&  authorifa l'Inquifition:&  de  l'autrccelle  du  roy  Ferdinand,qui  pre- 
mier la  mit  au  monde.  A  la  pointe  duquel  eftandareft  fichée  vnecfoix  d'argent  doré 
auec  fon  crucefix,  que  tout  le  poure  peuple  adore  par  deftlis  toutes  les  autres ,  &:  la  fuit:  s«tc  Pap< 
parce  feulement  que  c'eft  la  croix  de  l'Inquifition.  Ces  bonsPeresde  la  foy,  aufqucls  4' 
proprement  eft  dédié  ce  iour ,  fuyuent  leur  enféigne  d'vn  marcher  graue&furhaulîé, 
comme  Empereurs  &:  chefs  de  cctriomphe:ayans  à  leur  fuitte  tous  les  familiers  &:  mi- 
gnons de  l'Inquifition  à  cheual.  Finalement  vient  vne  in  finie  multitude  de  peu  pie  fans 
diftin&ion  ni  ordre  :&:ceftc  pompe  eft  depuis  la  prifon  de  leur  chafteaudeTrianc  iuf- 
quesàlagrande  place  de  la  ville:  où  eft  dreiTéreichafFautdccharpenteric,  haut  eflcué 
pour  mettreen  moftre  les  Pcnitens,  prefqucs  au  mefme  ordre  qu'ils  font  venus.  Et  c'eft 
vis  à  vis  d'vn  autre  prefques  aufsi  grand  efchaiFaut,où  fe  mettent  en  feance  lefdits  Pcrcs 
delafoy ,  en  leur  inqui(itionale&  plus  que  royale  maiefté.  ^"Mais  venons  aux  Martyrs, 
pour  lefquelsfpecialement  l'hiftoire  eft  inftituee. 


IE  AN    PONCE    DE    LEON,  Gentilhomme,*  Sentie. 

N  T  R  E  ceux  qui  de  ferme  conftanceont  parleur  fangfecllc  la  vérité  de  M.D.UX. 
TEuangile  en  la  fufdite  exécution  Inquifitionale à  Scuille  ,  le  ïxiiii. 
de  Septembre  de  ceft  an  m.d.lix.  don  Iean  Ponce  de  Léon ,  fils,  de  Ro- 
deric  Ponce  de  Léon,  Comte  de  Baylen,àbon  droit  eft  nommé  des  pre-  j^p^™ 
miers.  Car  outre  l'ancienne  race  de  Nobleffe  dont  il  eftoit  ifTu,Dieu  l'auoit  doué  de  de  Léon, 
vertus  exquifes  &:  dignes  d'vn  Gentilhomme  Chreftien.  Ceuxquidc  vrayecognoik 
fance& familière  ont  remarqué  fàconuerfation,luy  portent  tefmoignage  de  telle  in- 
tégrité, quede  long  temps  il  n'y  eut  enEfpagne  homme  de  fa  qualité exerceant  telle 
charité  cnuersxeux  qui  auoyent  quelque  commencement  de  vraye  Religion.Et  fon  re- 
uenu  annuel  riche S>C  grand  y  eftoit  non  feulement  employé,  mais  aufsi  ilyalloit  du  La  ™ar^ 
principal  de  fes  feigneurics  à  la  fubuentiondespourcs.  Le  monde  cependant,  a  fa  fa-  GétUhom- 
çonaceouftumee,blafbnnoit  ce  Gentilhomme,iugeant  nonchalance  &  prodigalité  ce  médire-* 
qui  procedoit  d'vne  fînguliere  pieté  &  charité  Chrefticnne.  Les  Inquifiteurs  deSe-  ftien* 
uilte  ne  pouuans  porter  l'odeur  de  telle  vie  &£  conuerfation  procédante  d'vn  fenti- 
ment  intérieur  de  vraye  Religion, ne  l'efpargnerent  non  plus  que  les  autres  de  moindre 
qualité.fî  que  l'ayans  entre  leurs  mains,ils  elfayerent  tous  moyens,&  defployerent  leurs 
arts Scrufes les  plus fecretes pour  efbranler  fa  foy.  Etdefai£t,cenoble  perfonnage  du  Les  arts 
commencement  fut  en  grande  perplexité:  mais  finalement  le  Seigneur  le  fortifia  de  ^tion.10 
telle  force,  qu'il  fut  mis  le  premier  au  rang  des  plus  criminels.  Delà  fentenec  pronon- 
cée contre  luy  (combien  que  fouuent  le  fainft  Tribunal  y  adioufte  des  faulfetez  côtrou - 
ueespour  abuferle  peuple) on  peut  affezeftimerce  qu'il auoit  confefTé&:  maintenu. 
Car  en  ladite  fentence  furent  leus  ces  articles  pourkfquels  principalement  on  lecon- 
damnoitau  feu:aflauoir,  Quilauoiteuenhorreur  &*  abomination  i idolâtrie  qui  Je  commet  en  ado-  p^ra,^Ic* 
rant  le  Sacrement, &*  le  nommant  le  dieu  de  pain.  Et  quand  quelque $f ois  tlfe  rencontrait  par les  rues  qu '-  quels  il  eft 
onleportott,ou  en  jolennité,  ou  vers  quelque  maltde,ilfe  deftournoit  en  vne  autre  rue,  &  s'en  alloir  vifle  conJ4lun= 
deuant,pourneluy  faire  aucun  honneur.  Que fouuetefiant  entré  augrand  temple, quand  on  difoit  Mefje,  Notez  de 
A  auoit  tourné  le  dos  auVrefïre ,  pour  nevoir  point  leuer  fon  dieu.  Que plusieurs fotsil 's 'ejlott  pourmenéa  quelle  ob- 
Tentour  de  befehaffaud  auquel  on  hrusloit  les  fidèle  s, prenant  plaijîr  de  tournoyer ,  $  aller  <&  de  venir  au-  ç&at  (dTcies 
près ,  afin  que  par  accoutumance  &  du  lieu  &  du  fupplice  qu'tly  v  oyoit  endurer  aux  autres,  tlfusl  corn-  les  lenteurs 
me  endurci  a  l'horreur  de  la  mort,quand  ilyferoit  appelé.  Que  quand  venoit  le  temps  défaire fes  Pafques,  ^^T*"' 
ilenuoyoit  tous  fes  feruiteurs  deçà  &  delà ,  feignant  a  leur  retour  d  auoir  communié ',  afin  qu'ils  ne  fuffent 
ojfenfe^de  la  liberté  qu'il  fe  donnott. 

YY.iii. 


Liurt^  VIL 


Jean  Cjon^alue. 


Fxtrait  de 
la  côfclsiou 
delà  toy. 


Comme  les 

Inquilireurs 
par  leuiSjp- 
pi  cs  nulices 
maniiciîenc 
la  confiance 
des  fidclcs. 


TelsenefFeft  furent  les  articles  inférez  en  fa  fentence,  dont  vne  partie  auoicefte'  ti- 
rée delà  confcfsion  de  fa  foy,  de  laqucllelc  fommaireefloit.  Premièrement,*^ /'bowwr 
efloit  luflif.é  &  approuué  de  Dieu  par  le  féal  mérite  de  le  fut  Chrifl,  appréhende'  par  foy  quon  a  tnfay. 
Que  les  indulgences  &  bulles  du  Pape  de  Rome  ne font qu'abu fions ,  e£*  quileft ^4ntechrift,&*c.  Qtfil 
auoitde  bon  «xur  defire  dtefîrc  bruslé>nu  f ou ffrtr  quelque  autre  peine  pour  le  fouftenemet  de  la  vérité  qttd 
confefoit.  Quil  ri  auoit  de firé  Remployer jesbtens  ou  rtcheff  s  k  autre  y  f  âge  que  pourla  defenfe  (^am- 
plification dt  ceflc  doclrine{i>oire  iufques  à  y  mettre fa  yie>&  de  fa  femme  &  enfans:& de  <  e  auoit  iour- 
neliement  fait  grandes  prières  à  Dieu.  ^  En  tout  ce  que  deffus,  le  faincl  Tribunal  s'efforça 
d'obfcurcir  ceftecôrelsion,femat  le  bruit  de  ce  qu'il  auoit  cloché  au  milieu  de  fa  coude: 
adiouftans  fur  ce  milles  inuentions,  pour  faire  accroire  au  peuplcfaconuerfionà  leurs 
loix.Mais  en  cela  ils  ont  mal  aduife  à  leur  intention,&:  le  font  defmctis  eux  mefmes:  car 
en  publiant  les  crimes  &  genre  du  fupplice ,  de  ce  ils  ont  déclaré  &  fpecifîé  la  vérité  du 
ta  ici,  par  ce  s  paroles  d  c  leu  r  f  en  t  en  c ,  Jean  Ponce  de  Léon ,  bruslépour  hérétique ,  Luthérien  olfli- 
né&c.  Lefquels  mots  donnèrent  allez  à  cognoillrc  leur  fraude  à  ceux  qui  cuifent  aucu- 
nement doute  de  la  conllance  &  perfeuerance  de  ce  preux  cheuaher  Chreflicn. 


M.  D.LIX. 


Efpagnols  de 
grande  inté- 
grité iic  vie, 
quand  Dieu 
lestouchcpjr 
fa  cognoiilàn 


Deux  fcEurs 
germaines 
de  Gonz.aU 
uc  menées 
quant  &luy 
au  niclmc 
fupplice. 
Ceft  le 
Pfeaumc 
1051. 


Les  mar- 
ques de 
vraye  Con- 
fclsion. 


I.'Inquifitiô 
tafchc  fur 
toutd'ad- 
joufter  au 
Symbole 
l'Eglifc  Ro- 
maine. 


IEAN    GONZALVE,  Theok'ien  deSeutUe. 

D  E  V  X  de  fes  ferurs  furent  exécutées  quant  &  lu  y ,  &  leur  merc  demeura  eu  prifon,rcferuec  à  autre  exécution  &  atte  In- 

quifîtioual. 

O  N  Z  A  L  V  E  prefeheur  renômé  par  tout  le  pays  d'Andalufic,furaufîi 
mené  en  ce  mcfme  triôphe  InquifitoriaJ.  Depuis  qu'il  eut  quitté  laTheo- 
logieSophiftique,en  laquelle  il  auoit  furmonté  fes  compagnons  d'efcolc,  il 
^^^^M  s'adônadu  tout  à  la  pureté  des  lainclcs  lettres, félon  lefquelles  favie&con- 
ueriacion  furent  ordonnées  àtoute  intégrités  de  corps  fie  d'efprir.  De  long  temps  on 
auoit  alîezapperceu,  qu'en  tous  fes  fermons  îls'cftoit  propoféccléul  but,d'ofler  de  la 
fantafîedes  hommes  la  confiance  des  ccuures  méritoires ,  pour  donner  lieu  àla  fculciu- 
flification  parla  foy  en  IefusChrifl  ,&  impnmer  vjuementle  feul  mérite  de  fa  fatisfa- 
<5tion  plcniere.De  ce  lien  labeur  il  sattendoit  allez  d'en  receuoir  des  hommes  l'ifTue  pa- 
reille qu'ont  eu  de  tout  temps  les  vrais  feruiteurs  du  Seigneur.Eftant  donc  tombé  entre 
les  griffes  de  l'Inquifition  de  Seuille ,  il  rendit  raifon  de  fa  foy  en  toute  pureté  de  doctri- 
ne,commelefufditIean Ponce. Siainfi  qu'ils auoyent  efté  amis &c familiers, ils  furent 
aufsi  ioinfts  en  vne  confefsion,&  menez  au  mefme  fupplice  par  enfemble.  Lanui&dc- 
uantfon  exécution ,  il  difputa  pu iffam ment  auec  les  Theatins&TemifTaircs  des  Inquifi- 
reurs,lefquelsen  fin  il  renuoya  tout  confus.  Depuislc  chafteau&prifon  de Tryanc  iuf- 
ques au  lieu  ordonné  du  dernier  fupplice,  on  le  mena  auec  deux  fiénes  fœurs  d'vnc  mef- 
mecondemnation:  laiffantfa  mere&:  vn  de  fes  frères  en  la  prifbn,  referuez  «à  eftre  exc- 
cutezau  prochain a&e Inquifitional.il ne monftra  onques  aucun  fîgne d'eflonncment: 
maisaucontraired'vne  grande  confiance  &:  fermeté  de  cœur,  fe  voyant  deuanttoutle 
peuple,  auquel  il  auoit  autresfois  prefehé  &:  enfeigné  la  doctrine  de  pieté ,  il  fe  mit  à  re- 
citerà  haute  voix  le  Pfeaume  commenceant„0  Dieu  dema  louange ,  ne  difimule  point ,  &c. 
Il  ne  changea  ne  de  vifage  ne  de  contenance  fur  l'clchaffaut ,  encores  qu'on  l'eufl  fur  le 
lieuembaaillonné,pource  qu'il  confoloit&:  affeuroit  librement  vne  de  fes  fŒurs,qu'il 
cognoiffoit  pofsible  s'affoiblir  en  Ton  cfprit,l'exhortant  à  confiance.  Ayant  attentiue- 
ment  ouy  le  récit  de  fa  fcntence,il  ne  fut  de  rien  d'auantage  efmeu  ni  troublé:  ains  endu- 
ra celle  folennclle  dégradation, &receut  les habillemcYis  &  marques  defa  Confefsion, 
fauoir  efl  la  robbe  iaune ,  Ielicol,&:  la  mitre  de  papier ,  d' vn  cceur  ioyeux&:  allaigre.  Les 
cognoiffant  ignominieufesdeuant  le  monde,  il  les cflimoit  vrais ornemens  d'honneur 
deuant  Dieu  &c  fes  Anges,  deteftant  les  habits  de  la  Mcfîè,  defquels  on  l'auoit  defpouil- 
lé.Sur  lefoir  eflansceux  qu'on  deuoit  brufler  amenez  au  lieu  du  fupplice,  on  demanda 
à  chacun  des  autres  de  reciter  le  Symbole  des  A poflres.  ee qu'ils  ne  refuferent.  Mais 
quand  ce  vin  t  à  l'article,  Iecroy  la  jawcfe  Egbfe  catholique,  on  leur  comm  anda  d'adioufler  ce 
mot  Romaine,  fur  quoy  d'vn  accord  s'arreflerent.  Lors  les  Preflrcs&:  Moines  importun 
nans  fort  les  fœurs  de  Gonzalue  &:  autres  fem  mes  Chreflienncs  qui  deuoyét  cflre  br<a& 
lees,d'adiouftercemot  /cOw.^;»e,refpondiret  qu'elles  diroycntcequelean  Gonzalue  di- 
roit  :  (nô  qu'elles  doutaflet  de  ce  qui  efloit  à  dire,ou  qu'elles  nefuffent  bien  affeurecs  de 

ce  qu'il 


Plufîeurs  Martyrs,  en  Efiagne.  j^fj 

ce  qu'il  en  diroicmais  afin  que  par  ccfte  occalion  on  luy  oftaft  fon  baaillon  pour  lelai/fcr  Moy«  pour 
parlcr,&queparce  moyen  il  peuft  rendre  raifondefafoy,&deceftarricle-la  entre  au-  bâillonner 
très.)  Eftant  donc  dcmaillonné,  tour  premier  il  leur  die  qu'elles  euffent  bon  courage,  Gonzatue. 
Se  qu'il  ne  faloit  rien  adioufter.  Sur  celle  dernière  confeflion  on  leseftranglaaumelme 
in ftanc  qu'on  allumoit  le  feu  pour  les  bruller  &  conl'umer. 


ISABEL  DEVAENIA.    MARIE  DE  VIROES. 
CORNE  LIA.    MARIE    DE  BOHORCHES, 
IO  ANNE  fafœur,    à  Se  utile. 

A  R-dc/Tus  tous  les  anciens  Profciîeurs  de  la vraye religion,  qui  eftoyent  M.D.LÔt 
en  l'Eglife  des  fidèles  de  Seuillcflaquclle  a  efté  pi  eique  efteimc  pai  la  cyian- 
nie  de  l'InquiPicion)  la  fainctetc  de  vie  &:  intégrité  de  foy  manifeita  ces  qua- 
tre femmeSîaiîanoir  Ifabel  de  Vaenia,  Marie  de  Virocs,  Cornelia,  &  Marie 
deBohorches.  Or  combien  qu'elles  fuiTent  toutes  douces  de  grande  pièce,  laplusicu-  De  Bohor- 
ne,à  falloir  de  Bohorches  n'ayant  encore  x  x  i.an,cftoir  docte  pardclfusles  autres  es  niïtin^iS- 
faindes  lettres,  par  afliduelle  lecture,  &L  conférence  auec  bons. SÎfauans  perionnages,  te. 
(defquelsence  temps  Seuilleeftoit  bien  fournie:)  elle  auoit  acquiie  telle  promptitude  SeiiilIebicn 
des  partages  du  vieil &:  nouueau  Teftament,  queplufiem  s  cftimez  (auans  en  ladite  vil  rotmued'- 
le,onteux-mcimcsconfeflé'auoirefté  fouucnt  vaincus  d'elle  en  la  union,  par  raifons  homnus  ^ 

ï    t    r      n    tt    •  bonUuoir 

de  lalainctcEicriture. 

Qv  an  t  àlapremierc,aflauoir  De  Vaenia,  fa  maifoneftoit  corne  vne  efeeledepicté  Lamaifon 
&lelieuoùfefailbyétles{ain&esaflemblees  pour  annôcer  les  louange  s  de  Dieu .  Rien  deVacm* 
ne  s'y  voyoit  de  mauuais  exéple,  rien  ne  s'y  faifoitpar  vaine  apparéce  de fain£teré,ains  d* 
vne  vraye &:  entière  fincerité.  Mais  les  Inquifiteurs,qui  font  touilours  au  guet,d'vn  feul 
traie  de  leurs  filets  prindrent  ces  quatre  femmes,  auec  autres  de  leurs  voifins,  quand 
Dieu  cognut  qu'elles  eftoyent  meures  pour  la  confefsion  de  fon  famâ:  nom .  Et  comme 
la  langue  Latine  auoit  ferui  à  ladite  damoifelle  de  Bohorchcs  pour  s'entretenir  en  la  jVdeBohS 
le&uredcsfain&es  lettres»  au  temps  que  la  tyranie  Papale  defen  doit  fi  eftroitement  les  ches  aidée 
liures  de  l'Efcriture en  langues  vulgairesjaufsi^uy  vint-elle  bien  à  point  eftant  enuiron-  La^ne"8"* 
needetantd'aduerfairesenfacaptiuité.   Le  do&eurEgidius  (  duquel  la  mémoire  eft 
fain&e  en  toute  l'Efpagne  à  ceux  qui  inuoquetDicu)auoit  efté  fon  précepteur     fou-  af^^ê 
loit  dire  de  ccfte  fille  qu'il  fedepartoit  toufiours  plus  fauant  de  fa  compagnie  &  deuis.  duquel  cia- 

Dvran  t  fon  emprifonnemét  que  tant  de  Moines  venoyentdiiputer  cotre  elle,fur  pr«eftp^- 
toutceuxde  S.  Dominique,ils  eftoyent  contraints  de  s'efmeiueiller  de  l'efprit  de  cefte 
Damoiielle ,  &:  de  fa  promptitude  à  foudre  leurs  arguments  .  Elle  endura  tan  t  de  fortes 
detourments,  quepar  la  vjoléced'iccux  onlaforçade  nômer  fa  propre  feeur  Io  an  n  e  ioanncde 
deBohorche  s, &confeiier  que  quelques  fois  elles  auoycnt  communiqué  enfem-  ^"Jo" 
ble  de  la  doctrine  de  lEuangilc.    Cefte  loanne  eftott femme d'vn  nommé  François  l 'arquïs  fti~  née  par  Tin 
gneurde  Higucras,fort  renommé.Elle  eft oit  enceinte  defix  mon  quand  on  Pemprifonna       partant  ne  1uiUtioa 
fut  fi  cftroitemelttferree-tne  ft  rudement  traittee,  comme  les  autres  prtfonmers,à  caufe  du frutel  eu  elle  por* 
toit.  Mais  huicî  tours  après  qu 'elle eufl enfantt \on  luy  ojht  fon  enfant,     puis  fins  luy  donner grand  re- 
lafihc  on  començaa  la  gouverner  à  la  façon  det lnquifttion& former  fon  procéda  la  me f me  rigueur^* 
f Mérité.  Om'auott-elle  autre  foulai  en  cefte  penne  calamité finon  la  copagnie  d'y  ne  hwnesle  i  e  vne 
fille  quonbrusla  depunpour  le  mefinc fuel  delà  Religion ,  Cefte  fitlevn  tour  eftant  ramenée  de  la  Vncicune 
tomre,oïi  elle  auoit  quafi  efté defmcmbrce,&  rcmife fus  vnlici  de  ionc  qui  eftottenla  prtfnnpour  elles  fille  crueile- 
deuXyplus  p ourtrauailque repos:  elle la  penj oit  &  traittoitau  mieux  qui  luy  eftoit  pt.fîtblejelon  le  heu  ou  ^."p^j^ 
elles  eftoyent. ^4 grand '  pemecommeçoit  la  poure  fille  prendre  vigueur  après  fîgricfnesfroijJuns,que  Cau-  quifinon 
tre fut  menée au  mefmc traitement deï  Inqmfition-.ou  elle  fut  de  telle forte  tourmentée  au  burro,  qu'ils  ap-  ^  j 
pcllent>qui  eft  le  banc  où  on  donne  laferuiettc>quc  les  cordes  entendues  luy  entrèrent  dedans  Lcnairiuf-  ioanne  par 
que  s  aux  os  des  bras  &  des  ïambes:  &  en  ce  piteux  arroy  tettan  t  force ftng>  elle  fut  rapportée  en fa  prifon-,  1«  horrible* 
d'où  il  pleuftà  Dieularetircrhuict  tours  après  Centre  les  ongles  de  ces  Iyons  janglas^tn  p  gloire &feli-  q°*eUe^n. 
cité éternelle.  Or mircnt-ilsgrad! peine à  garder qu'on  ne feeuft  cornent  cefte tendre  damoifeUe,& de  bon-  dur* 
ne  race->eftott  morte  par  leurs  cruels  tourments:  mat*  ceux  qui  auoycnt  veu  telle  inhumanité  ne  s'en  font 
teus.  Toutesfoifpourtequeles  bons  Pères  ne  font  tenus  de  rendre  conte  d'aucunes  de  leurs  acl  tons ,  ils  en 

Y  Y.  nii. 


Liure  VIT.  Ferdinand  de  Saintt-Imn. 

vfcnt  ainfià  leur  appétit  fanguinaire .    ^Revenons  àfa  fœur  Marie ,  laquelle  fut  finale- 
ment menée  au  triomphe  aucc  les  autres  hommes  &:  femmes  fus  mentionnez,  portant 
toutesfois  fi  ioyeufe  chère  qu'elle  fembloit  triompher  elle  melmc  de  les  enncmis.Qupy 
voyant  le  famtt  Tribunal  s'clfaya  d'empefeher  celte  fienneallaigrefTe  qu'elle  declaroit 
£  *mi^-C.r  tan  t  par  la  confcfsion  de  vérité  en  laquelle  elle  perfiitoit  con(tante,qu'aufsi  en  chantât 
fcrrer  eiwoi-  haut  &  clair  les  louanges  de  Dieu:&luy  mirét  par  grade  malignité  vn  baaillon  en  la  bou 
g™  au  de-    che  depuis  la  prilbn  iu (qu'au  lieu  où  elle  deuoit  reccuoir  fa  condamnation  :  auquel  lieu 
bouefc!1    auant  que  monter  fur  leur  eicharfaud, ils  luy  firencofter.  Là  luyeftant  leue  publique- 
ment la  (encenec  de  mort.leslnquifiteursl'interroguerent  il  elle  voudroitàlafinreco- 
gnoiltre  6c  confefTer  les  erreurs  qu'elle  auoit  Ci  obftincment  maintenus.  A  quoy  elle  ref 
pondic  à  haute  &c  incclligible  voix,qu'elle  ne  le  vouloic  ni  pouuoit  confeifer.  De  là  on  la 
mena  aucc  ta  compagnie  à  l'cfcharraud  dclexccutio  :  au  quel  on  a  de  couftumc,comme 
pour  vn  dernier  eifay  de  foliciter  lespoures  patiens,de  dire  &  adioufter  la  confelsion  de 
l'eglife  Romaine auSymbole  des  Apoftres:mais  elle  fur  toutes  les  aucres  anticipa  &:y  re- 
fifta  virilement.  Et  neantmoins  les  eftarfiersdelafacree  Inqui/ition  pouramomdrir  ou 
obfcurcir  la  gloire  de  cette  conltance,les  firent  viftement  eltrâgler ,  à  fin  qu'il  lèmblaft 
au  peuple  qu'on  euft  vfé  enuers  eux  de  mifericorde ,  pour  auoir  à  la  fin  de  leurs  iours  re- 
Scntcnccde  cognu  l'eglife  Romaine .  ^  Apre  s  ceschofeson  exécuta  la  fentenec  de  ce  fainttTri- 
Ti.iquiiitiô  bunal  contre  les  miuaillcs,entrelefquelles  on  s'eftoit  ii  fouucntaffemblé  pour  annon- 
contre  u    cer  1"  louanges  de  Dieu.Car  il  fut  ordonné  que  la  maifon  de  Vaenia  feroit  mfques aux 
Huaoudeh  fondemens  rafee,pour  demeurer  perpctuellemen  t  vn  lieu  de  parterre,au  milieu  duquel 
S^'fdlc  feroit  drefle  vn  pilier  de  marbre  pour  mémoire  perpétuelle  des  horreurs  qu'on  auoic 
commis  :  quahfians  ainfi  celle  maiion&:  alfemblee  Chreftienne ,  au  milieu  de  laquelle 
Dieu  auoit  afsilté  félon  fes  fain&cs  promelfcs. 

FERDINAND    DE    S  A  I  N  C  T-I  V  A  N,  ,i  SaOc. 

I  L  redreffa  &  remit  au  bon  chemin  vn  nommé  Morzilio  prifonnicr  de  ce  temps  4  meiroe  Inquilîon.' 

M  D'L1X'  (^MIÊÊ^l^  S  T  V  Y  eftoitaulsivndcs  principaux  membres  decefte  eglife,  fion 
regardela  crainte  de  Dieu,  la  bonne  confcicnce,  &  le  defir  qu'il  auoit  de 
bien  faire  à  fes  prochains  fans  s'efpargner  :  n'ayant  efgard  à  lafplendeur  de 
fes  anceftres ,  n  a  autre  confideration  mondaine.  Il  eltoit  ieune ,  maïs  re- 
marquable par  les  grâces  fingul  ieres  qu'il  auoit ,  &  par  le  iugemét  des  gens  de  bien  qui 
ïuh£  dtU  auoyent  fondé  le  collège  des  enfans,appclé  communément  La  maifon  de  (Joclfw>e,duqucI 
on  lauoitefleu  principal  pour  enfeigner  la  ieunefle.  Ayant  demeuré  en  ceft:  office  en- 
uiron  hui&ans  au  grand  contentement  de  tous,il  fe  trouua  à  la  fin  Luthcrié,c'eft  à  dire 
inftruiten  la  vraye  règle  de  pieté,  en  laquelle  il  enfeignoit  defon  pouuoir  le  troupeau 
des  enfans  qu'il  auoit  en  charge,maugré  la  tyran  nie  qui  regnoit  alors  .dequoy  il  receut 
le  loyer  qu'on  peut  attendrede  tels  feruicesfaits  à  vn  peuple  ingrat,  &:  tel  aufsi  au  re- 
*rfett      gard  qu'à  prédit  Iefus  Chrift  aux  fiés.Il  endura  en  la  torture  telle  &:  fi  defmcfurec  cruau- 
l'taquiïîtiô2  té,qu'eftans  fes  membres  diifous  quand  on  l'ofta  de  la  corde  &  du  banc  nommé  Burro, 
d'Bpagne  |es  minifttes  de  l'Inquifition  le  traifnerenc  commeon  feroit  la  charongned'vnebefte 
morte,du  lieu  de  la  torture  iufques  en  fa  prifon.  Les  fain&s  Pères  s'eftoyet  acharnez  co- 
tre luy  pour  ainfi,'le  traitter  le  voyant  fi  refolu  en  toutes  fes  rëTpofes,que  de  leurs  de'ma- 
Touchant  des  il  n'en  palToit  ne  quittoit  vnefeule.    Encedur&  as~pretraittemcnt,Dieufe  feruit  de  luy 
Morzibo    pourredrefjïrvn  ceilain  ieune  moineau  conuent  de  S.lfidore,nomme'MorzjboJ?quel pourauoirvn peu 
ïSore^f  rr0P  Mremcntyï  l' appétit  des  autres^confefféÏEuan^leyauo\t  eftéemprifonné.  Et  toutefois  vaincu  &  ef 
fônicrCpour  branlé  par  les  ru  fes  <&  beau  femblat  des  lnquifteursys  efloit  deslourn  é  &  dep  ortéde  fa  fainUe  confefio. 
Uparolede  j^au  X}iciil,0t^int  redrcjfer  ic  MorXjliopourt amour  de  Iefus  Chrift ,  fit  par  les  InqutfiteursqueFerdi- 
nandfut  lo  féen  la  mef me  pnfonauec  luy -.lequel  entendantla  Ltfcheté  de  Mor^jlio ,  le  tança  rudement^ 
red°"iïe0par  Caccufant  deuantle fiegc  de  Dieu  de fa  reuoite,dc forte  qu'il  le  redre(fa-.& confirma, & fit  reuenir  au  bon 
le  miniftere  chemin. Peu  de  iours  apres^Morzjlio  demanda  audience^en  laquelle  deuantkfttincl  Tribunal  des  Inqui- 
de  Ferdinad  çiUun  i[reMOqua  la  rétractation  qu  il  auoit  peu  auparauant faite.difant  quilperfeuero'tt  en  fa  première  con 
fcfîion  &foy  Jaquette  il  tenait  pour  vrayement  Chrejlienne.  Et  finalement fut  bruslémort  en  cemefmt 
aftelnquifîtorial. 

Or 


Cônftâcc.'e 
Fcrdiruna 


IulienHefnandes.  £4.3 

Or  Ferdinand  après  que  fa  fentenceluy  etrfleftéleué'  fur  rcfchafraut,eftant  inter- 
rogué  par  les  Inquisiteurs  s'il  auoit  délibéré  dcperiîfter  encores  en  fes  erreurs ,  rcipon- 
dittout  haut  deuant  chacun  en  fa  rôdeur  accouftumee,  que  ce  qu'il  auoit  cofeiléeltoit 
puifé  du  vray  Euangile  de  Iefus  Chrift,qui  eft  la  pure  foy  des  Chrel  liens ,  en  laquelle  il 
defiroit  mourir.  Sur  celaonluy  oftâla  croix  de  bois  qu'on  auoit  liée  à  force  entre  fes 
mains  :  puis  luy  fut  mis  vn  baaillon  de  bois  en  la  bouche,qu'il  garda  iufqu  a  ce  qu'cûant 
vifmis  au  feu,il  rendit  l'ame  à  Dieu  au  milieu  des  flammes  ardentes. 


I  V  L  I  E  N    HERNANDES,«/  Ferdinand^  Seuille. 

LE  grand  acte  Inquifîtorial  fait  à  Seuillc,au<jucl  cnuiron  huid  cents  perfcnncs  Iurent.eniprifoiMees,&  toute  la  fainetc 
congrégation  difperlèe  &difsipec. 

E  Iulien  qui  pour  fa  petite/Te  s  appeloit/e/>er/r,  feruoità  Geneuelean  Pieres 
Elpagnol  miniftrede  l'Euangile,lors  que  parla  fréquentation  de  pluiieurs 
dodes  hommes  ,  continuant  la  vraye  religion, fut  pouffé  d'vn  zelc  def- 
prit,plus  que  du  confeil  &aduis  d'aucun ,  d'entreprendre  vue  choie  d'aufsi 
grande  importance,comme  elle  eftoitfubiede  à  danger  cuisent.  Car  il  mena  6c  fît  por- 
ter en  Elpagne  grande  quantité  de  iiu  t  es  de  la  fainde  Efcriture  en  langue  Efpagnole,de 
grand  delir  qu'il  auoit  défaire  croiftre  la  lumière  del'Euangile  en  ion  Efpagne,à  la  plus 
grande  difficulté  de  ce  monde.  Toutesfois  le  Seigneur  fit  la  conduite  de  l'entrepriic,&: 
amena  à  bô  port  ccfte  fainde  charge:voire,qui  eft  efmerueillablejiufques  dcdasles  mu- 
railles de  Seuille,nonobftat  le  grand  guet  q  faifoyent  les  officiers  de  l'Inquifiriô.  Ce  fut 
aux  fidèles  deladite  ville  comme  vne  pluye  venat  du  ciel  en  la  faifon,pour  faire  auancer 
&meurirlefruidderEuangile,&pourpiuftoftle  recueillir  au  Seigneur.  Ceci  paruint 
aux  aureilles  des  fainds  Pères,  premièrement  par  la  folle  crainte  d'vn  poure  fuperfti- 
tieux:puis  par  la  trahifon  d'vncdes  moufehesou  limiers  del'Inquiiîtio\fàifant  eftadous  L«  Mouf- 
couleur  del'Euangile  de  prattiquer  toutes  trahifons  &:  defloyautez.  Incontinent  que  ^J^11" 
les  vénérables  veneurs  çurent  ce  gibier  efuenté  iufquesaugifte,  ils  nefaillircede  pren- 
dre&lamere&lespetits.Parceftegrandeprife,toutle  troupeau  fut  ctifsipé  :  dont  le 
nombre  du  premier  coup  eftonna  mcfme  les  ehafTeurs.Si  que  les  prifons  en  furet  telle- 
ment remplies,qu'il  falut emprunter  des  maifons  particulières  pour  ferrer  les  prifon^ 
nicrs.On  en  brufloitàla  fois  vingt  &c  dauantagepour  vnAde&execiitiô,lorsqu'ilyen  Les  inqiriii- 
auoit  dedans  Seuillc  bien  huid  cents  de  prifonniers,  defquels  çe  Iulien  fut  des  premiers  J^crsJ|J£l* 
prins,qui  demeura  trois  ans  en  vne  prifon  feul,&  chargé  de  fers ,  pendant  lequel  temps  chacune  exe 
on  voyoit  tous  les  iours  nouueaux  fpcdacles  delà  melmeprifc.    Les  bourreaux  par  fa  jCel^°ndc 
confiance  merueilleufe  fclafTcrent  de  le  plus  tourmenter:&  ne  défaillirent  oneques  en  dks* t  a§C 
ce  petit  &  maigre  corps  les  forces  pour  endurer  tous  les  tourmens  dellnquiiition.  Il  a- 
uoit  vne  gayeté  naturelle  d'eiprit,&:  Dieulaluyaugmentadetelleforte,  qu'il  retourn  oit 
aufsicontetdccœur  delà  torture,  que  quand  on  l'y  menoit:  tellement  qucneles  dou-  ûctf  deèb 
leuts  de  la  queftion ,  ne  les  menaces  des  officiers  'de  fin  quifi  tiô,ne  cruauté  qu'on  feeuft  re  fa  gayeté 
exercer  contre  luy,  ne  le  pouuoyent  engarderqu'en  paifant  au  trauers  des  priions  où  e-  ^fu^ch 
ftoyentfescompagnons,pourleramenerenlafienne*  il  ne  leur  declaraft  la  vidoire,&  nemis< 
la  honte  des  aduerfaires,par  ce  refrein  dechanfbn  Efpagnole, 

Venados  y  an  los  frayles  Comdos  ya 'los  lobos    les  Caphars  le ne\en  terre  Fuyas corne loups g-ad 'erre 
Vencidosyan,  Corridosyan.  Vaincus  s  eny  ont,  Quand  chaffe\  font. 

Il  eut  au  commencement  de  fes  refponfes&: audiences  de grans  troublcs& mer-  Combats 
ueillcufes  difputcs  auec  les  moines  &:  autres  fuppofts  de  l'impiété  Papale,  qui  aisiftent  dc  ^F111"- 
&c  aident  aux  fainds  Pères  peu  fauans  à  bien  qualifier  la  forte  des  hereiies  qu'ils  inten- 
tent cotre  lespoures  fidèles.  Au  iour  du  triomphe  des  Inquisiteurs  eftant  tiré  hors  defa 
prifon ,com  me  il  fut  en  la  place  du  Chafteau  pour  y  receuoiries  marques  delaliurcedu 
Fils  de  Dieu  auec  les  autres  prifonniers,  on  dit  que  d'vn  cœur&z  viiàge  confiant  il  leur  £  ^  t>g 
parla  en  cette  lorte  :  Or  fus,  mes  vaillans&  y  ertucux frères ,  y oici l'heure  en  laquelle  nous  deuens  afesCompa 
comme  yrais  champions  de  Iefus  Chrifl porter tefmoionage  de  fa  yerité  deuant  leshommes ,  ftySicya.  gnons 
bien  peu  ejhe  misa  Tefpreuue  par  luy  ipour  triompher  après  en  fil  compagnie  cdejte  perpétuellement.  In- 
continent les  Alguazils de l'Inquifition  rompirent fon  propos, luy  mettansvn  baaillon 


Livre  VII. 


Plufieuts  Martyr  s, en  Efragne. 


Puis  que  la 
voixcft  o- 
ftee  aux 
Martyrs.les 
lignes  recô- 
penleut 


Le  Do&eur 
Rodrigue 
fait  ofter  le 
baailîonà 
lulien 


Rodrigue 
deceude  fô 
cuider  ,  taie 
hafter  la 
mort  de  lu- 
lien. 


en  la  bouche,qu'il  porta  iufques  près  de  F*  mort.  En  montant  fur  l'efchafFautoùilde- 
uoite(treexecuté>ilmonftraparfignesfâconftance  &:  fermeté  decœur  qu'il  nepou- 
uoit  déclarer  par  parolcs.Car  fe  mettant  à  genoux  il  baifa  les  degrez  de  l'efcharfaut .  Ec 
eftant  attaché  au  polteau,  enuirôné&:  couuert  de  touscoftczde  fagots, il  baillala  telle 
à  diuerfes  fois  dedans  le  bois,comme.s'il  euft  defiré  la  mort  &:  le  feu, ne  demandant  que 
derédrefonameau  Seigneur.Melme  clHtempefché  de  parler, ildemôftroitncâtmoins 
par  quelques  lignes  deuât  tous  les  Ipeitateurs  fa  conftâce  &  perfcucrace,&  par  ce  moye 
enhardilToitfes  compagnons  à  ne  craindre  le  fupplice.  A  la  mort  letrouuavn  certain 
Docteur  nômé Fcrnad Rodrigue)quitoutaureboursdecequ'ilpéfoitt'airc,réditbeau- 
coup  plus  notable  la  foy  entière  du  petit  lulien. Car  ceDo&curcuidant  leitonner  pour 
l'apprehenlion du  tourment lî  prochain, demandai  obtint  du  Preuoit  qu'on  luy  re- 
miftla  langue  en  liberté, pour  donner  (commeil  penfoit)  quelque  ligne  au  peuple  de  fa 
conud  lion:  qui  elUe  dernier  triomphe  que  demande  la  i'acree  Inquifition .  Mais  il  en 
aduint  tout  autrement:car  lulien  ayant  recouuré  le  moyen  de  parler,rcdi t  plus  que  par- 
auant  euidenic  confirmation  de  fa  foy.  ôife  mit  à  ii  bien  rembarrer  ce  prefeheur  Ro- 
drigue (lccognoiiTantfaux,fedutteur,&:  parlant  côtrelacôfcience)qu'incontinétpour 
venger  par  o\itrage  fa  vergogne,  fe  mit  à  crier  corne  forcené,  Faut-il  que  l'Efpagne.qui 
commande^:  maittrife tant  de  gens,  foit  troublée  maintenant  par  vn  fi  petit  malheu- 
reux!qu'onletue,qu'onledefpefche.  A  quoyfe  trouuanspreftsles  officiers  del'cxecutiô 
ne  faillirent  fur  cefte  parole  de  luy  donner  le  coup  de  la  mort,voire  mefme  le  feu  cftanc 
ia  allumé. 


"oi  Ferdi- 
uind. 


Mcxiq  vil- 
le en  là  non 
uelle  £fpa- 
gne 

Les  moines 
de  S.  Ifîdo- 
rc  près  Sc- 
uille 


Le*  moines 
de  S.ifidorc 
auec  le  pri- 
eur, quittée 
le  cloiitre& 
l'Efpagne 


Leslnquifi- 
tcurs  font 
pourluite 
îles  moines 
de  S  Jfidore 
efchappct. 
Promcflcs 
à  ceux  qui 
attrappe- 
royent  le/"-* 
dits  moines 


IEAN  DE  LEON,«:t^IEAN  H  E  R  N  A  N  D  E  S"  a  Vaîâoht. 

D  E  cefte  hiftoire  on  peut  cognoiftre  la  haine  horrible  &  incroyable  de  l'Inquilîtion  d'Efpagnc ,  paflant  les  mer» ,  SC 
tranfpcrceani  ks  terres  pour  attrapper  poures  fidèles  eichappez  de  leurs  griffes. 

E  premier  nommé  de  ces  deux  auoitefté  premièrement  coufturier  à  Me- 
xique ville  de  la nouuelle  Efpagne,és  terres  neufues,d  où  eftat  rcuenu  à  Se- 
uille,  par  certaine  deuotion  mal  reigleeil  eut  fantafie  de  fe  rendre  moine. 
Et  comme  Dieu  voulut  modérer  fa  chcute,il  tomba  au  conuent  de  S.Ifido 
re,duquel  la  plus  part  des  moines  afpiroyent  à  vne  cognoiifance  de  l'Euangile.  Ayant  là 
demeuré  quelques  ans,&goufté  parmi  eux  vn  peu  de  bon  enfeignement,fe  fafchanc 
comme  les  autres  de  cefte  prifon  des  ames,fous  honnefte  couleur  de  ce  qu'il  fc  trouuoic 
quafi  toufiours  mal  là  dedans, quitta  la  moinerie.Quelque  temps  après  qu'il  en  fuft  lor- 
ti,il  eut  regret  d'auoir  laiiïe  les  autres, pour  la  bonne  conuerfation  ôi  (àin&s  propos  qu'il 
auoiteuaueceux,quiluyauoycntdonnérenttceàceftccognoiflàncc  de  Dieu.  II dé- 
libéra donc  de  retourner  audit  conuent  de  S.ifidorc  :  mais  ilfe  trouua  tromçé,n'y  trou- 
uantquc  le nid.car  depuis  fonpartementilsauoyét  tous  iufques  à  vn  quitte  le cloiftre, 
la  moinerie  &  le  pays:&  s'eftoyent  retirez  en  Allemagnc>où  il  les  fuyuit  comme  à  la  tra- 
ce,tant  qu'à  grand'  peine  il  les  trouua  à  Frankfort.De  là  il  s'en  vint  aucc  eux  à  Geneue, 
pour  y  relider  aucc  plufieurs  autres  de  fa  nation,qui  y  demeuroyent.  Aduint  au  mefme 
téps  qu'après  la  mort  dcMarieroincd'Angleterrc,fafceur  Elizabeteftât  venue  àlacou- 
r5ne,l'Eglife  Angloife  qui  parauâteftoit  cfparfecn  diuers  paysfutrcftabliccn  fon  pro- 
pre lieu  .  Sur  quoy  les  Efpagnols  qui  lors  eftoyent  à  Geneue,  efti m erent l'Angleterre 
plus  commode  pour  recueillir  leurs  gens.  Si  que  plusieurs  d'eux  s'en  allèrent  aucc  les 
Anglois  rctournans  en  leur  pays,en  diuerfes  troupes,pour  euiter  les  furprifes. 

Le  s  Inquifiteurs  qui  eftôyent  extrêmement  fafchez  de  la  fultte  &c  reuoltc  de  ces, 
moines  de  S.  Ifidore,&:  encores  plus  que  la  proye  leur  cftoit  efchappee,deliberercnt  de 
les  faire  pourfuyure  par  leurs  moufehes  ,&  les  faire  efpier  par  toutou  ils  fer oye  nivelle- 
ment qu'ils  leur  dreflerent  des  embufehes  tant  à  Cologne  fur  le  Rhin ,  qu'en  Anuers,à 
Frankfort>&:partoutle  chemin  iufques  à  Geneue.  Et  fi  n'eftoit  mefme  alfeu ré  le  che- 
min de  l'autre  cofté,de  Geneue  à  Milan. On  fournilToit  à  cela  fbrcearget  des  deniers  du 
Roy  félon  le  zcledel'Inquifition:&  à  grand  eiTroy&defpenfe,  on  enuoya  çà&làpour 
attraper  ces  poures  moines  efchappez,pour  chacun  defquels  les  percs  Inquifiteurs  fai- 
foyent  de  grandes  promciTes  à  leurs  gens ,  s  jls  les  recouuroyent .    Ce  leaayde  Léon 

donc 


Plufieurs  Martyr  s,  en  EJJtagne. 

doncs'achcminant  par  l'Allemagne  pour  aller  en  Angleterre,  accompagné  d'vn  fore 
honnefte  homme  &c  fidèle,  nommé  iean  hernandes,ou  Ferdinand,dela  vil- 
le  de  Valdoljt,tous  deux  tombèrent  efdites  embufehes,  à  Strafbourgrqui  dés  là  furent  dcVJdolit. 
fuyuisàlatracc.fîquertansenlaiurildidionduroy  Philippe,  les  firent  empoigner  en 
vnportdc2clandeàFlelchem,oùilsscbarquoyentpourpanerenAngleterre.Ieandc 
"Léon  à  la  venue  des  officiers  qui  le  vindrent  predre ,  en  luy  dil'ant  qu'ils  le  ccrchoycr, 
ncrefpondit  autre,  fînon,  Allons,  Dieu  nous  aidera. Eftans  menez  en  la  ville  prochai 
ncduditportilsfurentmisàlaqueftionpourdeclarerleurscompagnons.  Et  peu  de 
iours  après  furent  menez  fur  vn  nauire,pour  voguer  en  Elpagne.  On  leur  mit  àtous  Nouuelle 
deux,tant  qu'ils  furent  en  chemin, vn  cheueftre  de fer,reflTcmblant  à  vne  lalade ou  ca-  ^dt»" 
ballet  que  les  Efpagnols  dient  abeffé,ç\wi  leur  couuroit  &  cachoit  prefque  le  vil'age&  la  lespourcs 
tefte,ayant  dedans  vne  pièce  ou  plaque  de  fer  qui  entre  en  labouche,&:empelchedu  fidclcs- 
toutlepailer.  Etainfi  tourmentez  decefte  forte  degehenne,  outrelesgros  fers  qu'ils 
tuoyent  aux  pieds  &mains,furent  portez  és  prifons  de  l'inquifition,  à  (auoir  lcan  de 
Léon  à  Seuille,&:  fon  compagnon  Iean  Ferdinand  à  Valdolit,  où  depuis  perfiftant  co- 
ftamment  en  la  vraye  religion  fut  bruflé  tout  vif.  Il  auoit  demeuré  aucc  le  docteur  Ca-  ^ 
çalla,qui  vn  peu  auparauant  fut  bruflé  à  Valdolit(comme  il  cft  recité  "ci  dcuant)&  d'i-  foi^J  ™ 
celuy  Caçalla  auoit  efpoufé  la  niepee.  CQuantàiEAN  de  l  e  on, il  demeura  plu-  triomphe 
fïeursioursés  prifons  deSeuille,&:goufta  de  toutela  cruauté  Inquifitionale,tâtés  tor  ^ndeVal- 
tures  qu'en  la  nourriture  qu'on  luy  dônoit.Il fut  côduit au  liippliceauec  l'habit  iaunc,  dolic. 
6C  autres  paremens  qu'on  donne  aux  plus  vaillans  combatans.Ilfaifoit  horreur  à  ceux 
qui  le  regardoyenr,tant  il  eftoit  amaigri  &  deffait  de  longue  mifere  &c  pourcté.On  luy  j" 
voyoit  les  os  au  trauers  de  la  peau  qu'il  auoit  toute  bleue:  &c  quile  rendoit  encores  plus  der&quifî 
hideux,eftoitlabaucquiluyfortoit&filoitdela  bouche  parla  veheméce  du  mal  que  t,on 
luy  faifoitlebaaillon  qui  luy  ferroit  la  langue  au  dehors  de  la  bouche.  Apres  qu'on  eut 
prononcé  fa  fentece ,  5c  qu'en  lappreftant  au  facrificc  on  eut  mis  fa  langue  en  liberté 
pour  luy  faire  renoncer  la  vérité,  il  la  confefla  en  peu  de  paroles  auflî  franchemet  qu'il 
euft  feeu  faire  eftant  hors  de  tout  danger .  A  fa  dernière  heure  on  luy  prefenta  vn  moi- 
ne de  fon  conucnt,auec  lequel  il  auoit  cfténouice,  pour  luy  remémorer  les  premiers  ^  „ 
commencemens  defafuperftition.Maisdc  tant  plus  qu'il  mcttoitdechofes  en  auant  s  JZcTc° 
pour  cfbranler  fa  foy  ,  il  la  manifeftoitdauantage.&  comme  fauorifé  delefus  Chrift  toutes  for- 
pour  lequel  il  combatoit,aufsi  fouffrit-il  cruelle  mort,en  grande  afTeurancc  d'efprit. 


Les  mifere» 


priions 


tes  de  téu- 
tions. 


F  R  ANCISC  A    DE   CHAVE  SJSaùBc. 

E  mefme  triomphe  fut  orné  de  la  mort  heureufe  decefte  fille  Françoife  de  » 
Chaues,extraitedu  conuent  de  fainttellàbel  en  la  ville  de  Seuille:  En  l'cx-  Le  cloiftre 
emple  de  laquelle  le  Seigneur  a  manifefteméc  monftré  qu'il  n'y  a  endroit  fl^u  ^bd 
fi  enfermé,ne  cloiftre  fi  ferré  ne  muré,  auquel  fa  grâce  ne  pénètre  pour  *  *' 
y  cercher  les  fiens,&  les  en  tirer  en  fon  temps.  Elle  auoit  cfté  cnlèignee  en  la  doctrine 
derEuangileparledodeurEgidius,fouuétesfoisnommc  entre  les  fidèles  d'Elpagne. 
Accufce&emprifonnccpar  lefiegederinquifition,ellcmanifeftacôbieneft  puiflan-  Combien 
tcl'cleclion  gratuite  de  Dieu  en  Iefus  Chrift,  contretoutes  les  machinations,  portes  eftpuiflkn. 
&:ouuertures  d'enfer. Car  eftant  en  fleur  d'aage,d'vn  fèxe  fragile^  in firme,peuaccou  Jjj^jj 
ftumee  de  parler  aux  hommes,ellea  fait  honte  à  tous  lès  oppofans  qui  la  vouloyent  di-  dIcu  C 
uertirdelavrayecognoilîancedefon  falut.  Toutes  les  fois  qu'on  lamenoit  en  l'au- 
dience,outre  les  conférons  volotaires  qu  elle  faifoit  de  la  vérité,  les  vénérables  Inqui- 
fiteurseftoyent  contraints  d'ouyr  des  remonftrâccs  qu'elle  leur  faifoit,qui  leureftoyee 
çfpouuantables.Et  fans  leur  feindre,elle  les  aduertit  de  prendre  garde  que  ces  titres  ne  fiiquifeeuw 
s'addreiralfent  à  eux,  qu'on  a  iadis  prononcez  contre  les  Sacrificateurs  &  Pharifïens,  ^"^îSîrc 
Engeance  de  viperes>&:  chiens mucts,&cc.Ccci  futadmirable&:  fur  toutconfiderable,lc  peu  chiésmuets 
de  conte  qu'elle  faifoit  delà  mort  8c  du  cruel  fupplice  du  feu,  voire  l'allaigrefle  5c  force  *  en&cancc 
d'efprit  qu'elle  monftra  îufqu'au  dernier  foufpir  de  (a  vie.  e  vlI)crts* 


CHRISTOPHE     DE     LOSADA,  médecin,  àSeuille. 
CES  T  V  Y-ci  efeoie  aufsi  de  la  bonne  efcolc  du  do&cur  Egidius/inftruit  auec  les  bonnes  lettres  en  la  vraye  religion. 


Lmre  VIL 


La  pcrfecu- 
tionàcaufe 
des  liuresdu 
petit  Iulien. 


Rufc  de* 
l'eres  de 
l'Inquifi- 
tjon. 


I 


Tlufieurs  ^Martyrs.  , 

S  T  A  N  T  prinsdeslnqujfiteursà  l'occafiôdesliuresdu  petit  Iulien  fut 
^3p5'  dit,il  côfcifalibremct  fa  foy  &:  religion  fans  timuler.Parquoy  après  auoir  en- 
||p|g£{duré  toutes  les  incômoditez  de  la  prifon ,  les  tourmenseks  queftions&gc- 
|PJ^hcnnes,6des  opprobres  de  la  fentencedecondcnation,ilfutfînalemctcxe- 
cucéparlefeu.  Les aduerfaires  eflayas  cous  moyés  pour  le  détourner  de  là  fermeté, luy 
propoferccdelTusrefchafFaut  plusieurs condicios de  vainc  efpcrace:  &  fitér  parce  move* 
qu'il  eut  liberté  de  parler  &:refpôdreà  leurs  obieitiôs.Quoy  voyâs,&afin  que  le  peuple 
n'entendill  d'auatage  de  les  proposais  fe  mirct  à  Iuy  parler  Latin.  De  laquelle  rufc  Lofa- 
da  ne  s  apperceuat ,  leur  rcfpôdit  aulsi  en  mefrne  làg.ige  d'vn  parler  &c  grâce  clmciucil- 
lable,n'eltant  ne  troublé  ni  erFrayé  de  l'horreur  du  luppiice  toutapprelté:  auquel  il  ren 
dit  heureufement  la  vie  au  Seigneur. 

CHRISTOPHE  DE 


ARELLANI  O.Efta&olylSmiUc.  ' 
jr^ÇfWi  O  I  C  I  vn. autre Chnllophe  tiréducloiftreS.IfidorepresSeuiIlc,lcpIus 
ïkWrt&t  *Çauant  Pa^*a  onc  des  Moines  par  les  mains  des  Inquiiîtcurs,  félon  leur 
;  propre  tefmoignage.  Il  auoit  acquis  ceftereputatiô  vers  eux,  pourecqu'en- 

'}i$È/f  f]$£  treaucreselHt  fort  muni  delado&rinefcholallique  de  Thomas  d'Aquin, 
côment  les  Lefcot,  Lôbard,  &:  autres  de  celle  farine,  il  s'en  feruoit,  les  alléguât  après  les  palla^csdc 
SSÏÏes  l£fcricurc  &  des  autheurs  de  meilleur  plus  làiniugemcnt,  pour  côueincre les  aducr- 
(àires  par  l'authorité  de  ceux  mefmes  aux  fonges  defquels  ils  attribuent  plus  qu'à  la  pa- 
role de  Dieu.  ^Eltant  finalement  condéné&:  amené  fur  refcharfàut,cn  Juy  hiantlalcn- 
tence il  ouytvn  vilain  blafphcme  que  les  Inquifiteurs  à  leur  vfage  &_"coufT:ume  fau/le- 
met  luy  mettoyent  lus, d  auoir  parle*  cotre  la  virginité  de  la  vierge  Marie. Sur  quoy  Arel- 
lanioayat,dc  bien  venir,la  langue  à  dcliure,s'efcna  deuat  tous,  que  c  eftoit  vn  mcnlbn- 

geexecrablementforgé,auqueliloppofalàfermccroyancc:laquelle(incontinentlefeu 
cftat  mis)  il  (ignade  fon  fang,  corne  il  l'auoit  c6felî'ec&:  maintenue.  Et  fortifia  pluficurs 
qui  eftoyét  fes  compagnons  au  fupplice  :  lelquels  nous  paffonsfous  !ilence,pour  n'auoic 
eu  certaine  information  de  leur  perfeuerance. 

99 


Scholifti- 
<jue$. 

Blafphcme 
exécrable 
impoféau 
poure  pa- 
tient. 


IEAN    LOYS    P  A  S  C  AL,  Pwdmontok 

AYANT  eftéeflcu  miaiftre  de  la  parole  de  D::u  pour  le?  fiJclcsde  la  Calabre,  tombe  entre  les  main-;  des  fuppofrs  du 
Pape  Romiin.  Et  après  longue  détention  en  diuerics  pnfons,fînalemeat  cft  mené  à  Rome  pour  y  cftre  iàcrific  deuaat  les 
premiers  &  principaux  ennemis  de  la  vérité  de  Dieu. 

L'eflat  des  fidèles  du  pays  de  CaLibrei& dit  royaume  de  Naples  en  plufîcurs  cndmiis. 
cf^lfr^I^  E  S  Calabrois  qui  habitent  les  derniers  bords  d'Italie,prochains  de  la  Sicile, 
&fubietsdu  royd'Efpagne,fencirentence  temps  combien  loin  s'eltend  la 
chaîfe  deflnquilîtion.  Et  comme  de  long  temps  ils  auoycnt  eu  quelque 
cognoilîance  de  la  vraye  Religion  ,aufsi  eftoyent-ils  menacez  de  perfecu- 
tions  &:calamitez  extrêmes  par  leurs  Gouuerncurs>fubmis  à  la  deuotiondes  faindrs 
Pères  Inquiliteurs. Mais  Dieu  amanifeftement  monftré,  que  tant  s'en  faut  que  le  cours 
de  fa  vérité  &c  de  fa  làincte  parole  puiiTecitrcaneati  par  menaces  quelcôques,  ni  exécu- 
tions d'icelles,  que  pluftoft  c'en:  le  moye  de  l'amplirîer)&:  faire  mieux  cognoiftre  le  pro- 
fit d'vn  fi  grand  &:  li  exquis  bcneficccommc  il  fera  veu  en  l'hiftoirc  de  ce  Martyr,  qui  c- 
ftoit  natif  delà  ville  de  Cuny  en  Piedmod,d'vne  famille  hônelte.  En  fa  première  icunef- 
fes'eftant  adonné  à  fuyure  la  guerre,  s'en  alla  à  Nice,  où  il  ouyt  premièrement  parler  de 
la  doctrine  de  l'Euagile.  Et  Dieu  luy  fit  grâce  d'y  prédregoult,  &:  d'y  profiter  tellement, 
quedepuis  ayancentédu qu'à Geneue elle étroit  cnlcigneepuremct  parges  craignans 
Encetépsy  Dieu,non  jeulemét  en  langue  Françoilè,mais  aulsi  I ta lienne, Espagnole,  &  Angloilè,il 
auoit  Egltje  s'y  en  vint  demeurer,  auec  le  moyen  qu'il  pleut  à  Dieu  luy  dôner,  pour  y  viurehônefte- 
^es'Tce*  ment.  Or  après  auoir  frequeté  ordinaircmétles  (ain&csaiïemblecs  a/fez  benne  efpacc 
ncue.       detéps,  il  le  mit  à  faire  imprimer  en  Italien  des  liures  de  la  lhinrtcEicricurc,&:  quelques 
traiccezcôcernansicclle.Depuis  il  fie  vnerelblucion  de s'adoner  entièrement  à  l'c  lhide 
Laufar.ne.    des  fain&es  Elcritures.Et  d'autant  qu'il  y  auoit  aulsià  Laulanne  gens  Içauâs  prcfelfcurs 
qui  enfeignoyét  publiquement, il  s'y  en  alla  auec  quelques  autresPiedmontois,pour  de 
tanc  plus  élire  aduance  aux  làinftcs  leccres.  Il  y  clludia  quelque  temps,  &:  y  profita  heu- 
rculcmcnt  par  la  grâce  de  Dieujcomme  le  fruict  s'en  cil  monltré  puis  après.  i;''" 

Advint 


Jem  Louys  Pafcal.  s  4  f 

Advint  que  là  cftanr,l'EgIife  des  Italiens,  qifieft  à  Geneue,futrequifed'enuoyer 
quelque  Minillre  au  pays  de  Calabre  au  royaume  de  Naplcs ,  tellement  q  Pafcal  fut  efleu  ^tfat* 
pour  y  aller ,  &  luy  fut  eferit  parceux  de  l'Eglife  Italienne  ce  qu'on  auoit  aduiié  .  Or  deux 
jours auat  qu'il  euft  receu  cefte  lettrc.il  s'eftoit  fiance'  à  vne  ieune  fille  Piedmontoife,  nô- 
mecCamillaGuarina.AyantreceulaIettré,&:  lâchant  qu'il  clloit  oblige'  àceftefille,felô 
le  deuoir  d'vn  mari  entiers  la  femmc,premicr  quede  refpondre,il  en  cômuniqua auec  el- 
le^ luy  remonftra  qu'il  efperoit  qu'vne  telle  ele&ion  qu'on  auoit  faite  de  luy,pourroitfer 
uir  àlagloirc  de  Dieu,  laquelle  mérite  bien  dcftreprepoleeà  tout  le  monde,  &.  plufieurs 
autres  propos  femblables  qu'il  luy  tint  touchant  ce  voyage:  <k  qu'elle  pourtant  ne  dcuoit 
trouuer  mauuais  s'il  lentreprenoit  pour  feruirà  Dieu,  &  beaucoup  moins  en  eftre  mal 
contente. La  fllle,comme  bien  inftruite  en  la  crainte  de  Dieu,luv  accorda  volontiers  qu'- 
il fift  lcvovagcdepriàtdcrerournerlepluftoft  qu'il  pourroit.  Et  ainii  ils  s'en  vindtet  tous 
deux  à  Gencue .  Quant  à  luy,il  accepta  la  charge  qu'on  luy  donna:  &:  peu  de  iours  après, 
partit  de  Geneuc  auecquelquesautres  pour  aller  en  Calabre.  Il  auoit  eftddemâdé  des  po 
ures  fidèles ,  qui  ertoyent  pour  lors  à  la  Guardia,  ôc  à  Saind-fixte ,  qui  font  deux  villes  au  Jf^jjJ. 
rovaume  de  Naples,dont  cftoit  Seigneur  vh  nommé  Saluator  Spinello. 

Pascal  donc  eftantarriué  là,commença incontinent  à  prefeher  la  doftrine  del'E- 
uangile  aux  pou  res.  fidèles,  qui  eftoyent  affamez  de  cefte  pafture  de  vie:&  continua  quel- 
que temps  aies  enfeignermais  ce  ne  fut  pas  fans  fouftenir  plufieurs  aflauts,comme  Satan 
ne  celle  iamais  de  combatre  par  tous  moyens ,  pour  empefeher  que  cefte  icience  de  làlut 
ne  foit  publiée  6c  receuë  des  hommes.  Là  defîus  il  y  eut  vn  grâd  bruit  par  tout  le  pays,qu - 
vn  Luthérien  cftoit  venu  deGeneuc,qui  gaftoit  tout  par  fà  doct.rihe.Ch.acun  en  murmu- 
roit,les  vns  grinçoyent  les  dents,  les  autres  crioyent  quille  faloit  exterminer  auecques 
tous  l'es  adherens:  &:  tels  autres  propos  le  lemoyent  parmi  le  peuple .  Ce  qu'ayant  enten- 
du le  feignent  Saluator ,  lequel  pour  lors  eftoit  à  Filcaula  (  qui  eft  vne  ville  affez  près  delà  Fifcauii. 
Guardia,&de  Sain&-fixte)enuoya  quérir  quelques  vns  des  principaux  deces  deux  villes: 
lefquels  auant  que  d'aller,prierent  ce  feruiteut  de  Dieu ,  qu'il  leur  fift  compagnie,  afin  de 
refpôdre pour  eux,  &c  m aintenir  leur  bonne càufe,  d'autât  qu'il  le  feroit  beaucoup  mieux 
qu'eux  ne  le  iauroyent  fairc:ce  qu'il  leur  accorda  volontiet s.  Ain  fi  partent  tous  enfemble: 
&cftansarriuezà  Fifcaula,  quelques  vns  des  gens  du  Seigneur  Saluator  confeil  lerent  à 
Iean  Louys  Paical,de  fe  retirer  fans  fe  monftrer:ce  qu'il  ne  voulut  faire  pourles  raifons  cy 
après  déclarées  en  fes  lettres.  11  le  prelenta  doneques  auec  les  autres. Le  feigneurSaluator 
le  voyant>commanda  qu'il  fuft  retenu,&:  que  les  autres  s'en  retournaiîent,cuidant  parce 
moyen  que  tout  feroit  aifément  diffipé,  puis  qu'il  tenoit  le  Pafteur .  C'eft  ain fi  qu'en  font 
lesfages  mondains, qui  penient  bien  tout  gagner  en  chaifant,  ou  mettant  à  mort  les  Mini 
lires  delà  parolîedc  Dieu:  de  tous  leurs  efforts  ne  tendent  qu'à  cela ,  comme  on  l'aveu  de 
tous  temps,&:  encores  auiourdhuy  plus  que  iamais  aux  lieux  où  Dieu  par  fa  bonté  fùfci- 
te&:enuoye  gens  pour  annoncer  fàParolle.  Ain/î  Pafcal  fut  mis  en  la  prifon  deFifcaula,  r 
où  il  demeura  ciiuirô*n  huit  mois.Et  puis  fut  mené  à  Cofcnza,où  ayant  demeuré  quelque  0Jpaï5a 
temps, fut  mené  à  Naples,&:  delà  finalement  à  Rome,&:fut  mis  en  la  priion,  qu'ils  appe-  efté  mené, 
lét  laTour  deNoua,où  il  demeura  enuirô  l  efpace  de  trois  mois.  Or  en  tous  ces  lieux  auf- 
quels  il  a  efté  ainfi  promené ,  il  a  toufiours  fait  vne  pure  confeffion  &:  entière  de  fà  foy ,  &: 
de  la  vraye  religion  Chreftienne,feIon  qu'on  pourra  voir  par  les  lettres  qu'ilaefcritesluy- 
mefme  en  langue  Italienne,^:  qui  ont  efté  fidèlement  traduites  &:  extraites,  fpecialennét 
de  celles  qui  concernent  &c  contiennent  la  procédure  qu'on  a  tenue  contre  luy  :  quelle  a 
efté  fa  conftance  &c  fa  foy:brief,comment  il  s'eft  porté  en  les  afni&ions,iu(qu  a  ce  qu'il  fut 
trainéen  la  ville  de  Rome  deuant  le  Pape&:  (es  Cardinaux ,  piliers  de  toute  impieté  &  a- 
bomination. 

LETTRES  de  Iean  Louys  Pafcal  prifonnîer  pour  la  parolle  du  Seigneur ,  ercrites  à  Tes  amis  en  tefmoignage 
de  fa  foy  &  conftance.    Aux  frères  fidèles  de  Sainct-fixte. 
fôSS|ÎE  s  tres-chers  &  honnorez  frères  en  lefus  Chrift  ,  la  première  leçon  que  nous 
|^|  trouuons  à  l'entrée  de  l'Euangile,eft  ceftecy,  Celuy  qui  veut  venir  après  moy,  Matu*.H 
qu'il  renonce  foy-mefme,&:  qu'il  prenne  fa  croix,  &C  me  fuyue.    Ce  que  (à  in  cl  Paul,ee 
grarKlvaiireaud'eledion,aconfermédifant,Que  tous  ceux  qui  voudront  viure  làincte-  *-Tim-3» 
ment  en  lefus  Chrift,  feront  perfecutez,  &  Que  par  beaucoup  d'oppreffions  il  nous  Aftl^lti 
faut  entrer  au  royaume  de  Dieu  .    Orienedoutepoint  que  dequitterfon  proprepays, 
perdre  fes  biens,&  cxpofer  fa  vie  en  mille  dangers ,  ne  foit  vne  choie  bien  dure  àla  chair. 

zz. 


Liurc-j  VIL  Jean  Louys  P a/cal. 

Mais  i*  l  'a  y  bien  aufti,  qu'abandonner  Iefus  Chrift ,  c'eft  vne  perte  beaucoup  plus  grande 
fans  comparaifon  &c  pour  le  corps  &:  pour  l  efpnt,laquelle  eft  d'autant  plus  grande,  que  la 
vie  éternelle  cft  excellente,au  prix  de  ce  pèlerinage  brief&tranfitoirc  :  &  que  les  threfbrs 
ecleftes  (ont  ineftimables>au  prix  de  ces  biens  caduques ,  &:  de  peu  de  valeur.  Or  vous  là- 
uez,mesfreres,quellesrcprehenfionsontefté  faites  aux  troupes  qui  ne  fuyuoyent  Iefus 
Chrift;  pour  autre  chofe  que  pour  eftre  remplis  de  viandes  corporelles. Et  nous  voyôs  cela 
auiourdhuy  par  expericnce,cftans  ici  en  vn  heu  où  nous  cognoiflbns  la  ftupidité  de  ceux 
qui  pour  repaiftre  leur  ventre,nefefoucientdes  viandes  fpirituelles  .Eftans  en  ceftepri- 
fon,où  nous  voyons  de  quatre  vingts  à  cent  perfonnes  réduites  en  lieu  oblcur,ie  fuis  bien 
certain  &:  ailcuré,qu'il  n'y  a  pas  vn  feul  de  nous,qui  ne  donnait  volontiers  tous  Ces  biens, 
pluftoft  que  d'eftre  condamne  pour  tout  le  temps  de  fa  vie  à  demeurer  en  telle  mifere.  Si 
doneques  pour  fuir  vne  mifere  de  peu  de  durée,  nous  quictons  volontiers  toute  noftrc 
fubftance,  combien  pluftoft:  le  deuons-nous  taire  pour  nous  deliurer,&:nos  familles  aul- 
fi  de  la  prilbn  perpétuelle  d'enfer?  laquelle  eft  appareillée  par  la  fentence  de  noftrc  Sei- 
gneur Iefus  Chrift  à  ceux  qui  aimeront  leurs  biens,percs,meres,&  enfans,voire  leur  pro- 
pre vie,plus  queluy?Et  pourtât,  fi  vous  regardez  auec  les  yeux  de lafoy  quellceft  la  fin  du 
vray  Chrcftien,ie  fuis  afîeuré  que  vous  choiiîrez  pluftoft,  comme  Moyle,dêviure  poure- 
Hcb.ii.ij   ment  auec  le  peuple  de  Dieu,  que  d'eftreparticipans  des  playes  d'Egypte. 

I  c  y  ic  vous  aduerti  dvne  chofe ,  afin  qu'auec  plus  grande  conftance  vous  puifiîez  re- 
Toi«  liom  fiuxr  aux  flatteries  &  allechemens  de  Satan:  c'eft  que  tous  les  hommes  du  monde  font  ac 
mescompa  comparezaux  deux  Brigans,puis  qu'ils  doiuent  tous  mourir .  mais  la  différence giftfèu- 
rez  anx     lcment  en  cela,quc  quiconque  refufera  de  mourir  en  la  compagn  ie  de  ecluy  qui  confefla 
gam.       Iefus  Chrift,  receura  la  malédiction  de  ceft  autrequile  blafphemoir.  Or  pource  que  ie  ne 
vous  puis  pas  exprimer  ma  conception,iefuis  contrainct  d  eftre  brief,pcur  plufieurs  incô 
moditez:vous  certifiant  fans  aucune  doute,quel'amour  quenoftre  Seigneur  Iefus  nous  a 
porté, eft  tel,  que  nous  deuriôs  expofer  vn  million  de  vies ,  fi  nous  en  auiôs  chacun  autât, 
pour  leglorifier:puisquele  Créateur  a  voulu  mourir  pour  fàuuer  la  creature,laquelle  ne 
voulant  fouffrir la  moindre fafchcrie qui foit ,  pour  leconrefTcr, dequelle  condamnation 
fera-elle  digneîle  fay  bien  que  plufieurs  dirôt,qu'ils  ne  Ce  fenten  t  pas  allez  forts  de  mourit 
pour  Iefus  Chrift  :&ierefpon,  Que  celuy  qui  craint  d'eftre  vaincu  en  com  bâtant,  doit 
pour  le  moins  tafeher  de  vaincre,  &c  obtenir  la  vifroire  en  fuyant .    Car  de  fuir  il  vous  eft 
bien  licite,  mais  de  ployer  le genouil deuant  Baal ,  il  vous  eft  défendu,  fous  peinededam- 
MatcLu    nation  éternelle.  Et  vous  donnez  garde ,  que  les  putains  &  peagers  ne  vous  précèdent  au 
Royaume  de  Dieu.  Cariefày  que  plufieurs  de  noftre  pays  felont  retirez  en  la  villed'oii 
ie  fuis  lorti  :  &c  font  plus  heureux  auecques  vn  peu  de  pain  &c  d'eau ,  que  vous  ne  fau  riez  e- 
ftre  iamais  auecques  tout  l'or  du  monde .  Et  la  raifon  eftjquel'homme  eftant  compofé  d'- 
vn corps  mortel  6c  corruptible,  &:  d'vne  amc im  mortelle,  a  befoin  pour  eftre  content ,  de 
repaiftre  &C  nourrir  ces  deux  parties-la,dc  viandes  qui  lovent  propres  &  conuenables.Or 
quant  à  la  partie  corporelle,nous  l'auous  commune  auec  les  beftes,&:  fe  nourrie ,  comme 
ellcs,de  viandes  terriennes    corruptibles:  mais  l'homme  ne  fe  rafïafie  iamais  d'icelles,&: 
iamais  ne  s'en  contente .  Carl'ame,  qui  eft  immortelle,defîre  auffi  bien  fa  propre  viande 
celefte  &z  im  mortelle.  Et  pourtant,  fi  vous  cuidez  la  pouuoir  raiTafier,  ou  contenter  auec- 
ques grande  quantité  d'argent, de  maifons,  pofTeffions,&  grandeurs  du  monde,  vous- 
vous  tromperiez  grandement .  Et  de  cela  ie  n'en  veux  poin  t  d'autre  tefmoignagequc  vo- 
ftre  propre  confcience.    Le  corps  fe  peut  bien  contenter  d'vn  peu  depain  &  d'eau:  mais 
La  nourri-  lame  ne  le  contente  iamais,lî  elle  ne  trouuefa  viande  propre,qui  la  nourriiTe  &  entretie- 
turc  de  l'a-  ne  en  l'elperance  de  la  vie  éternelle:  &c  c'eft  la  prédication  del'Euangile ,  de  laquelle  vous 
mc'        eftes  priuez  maintenant.    Si  doneques  vous  voulez  eftre  contens ,  délibérez, vous  d'al- 
ler en  lieu  où  lame  l'oit  repeué  ,&  par  ce  moyen  vous  donnerez  repos  à  voftre  confcien- 
ce ,  vous  repaiftrez  voftre  ame:vous-vous  contéterez  vous-mefmes,  vous  confeiferez  Ie- 
fus Chrift,vous  édifierez fon  Eglife,  vous  rendrez  confus  vos  ennemis, Se  procurerez  vo- 
ftre lalut  perpet  ucl.Et  defire  pour  l'amour  de  Iefus  Chrift,  que  vous  vueilliez  accepter  & 
croire  ce  confeil. 

A  v  refte,quant  aux  biens  que  voustne  faites,  ie  fuis  tellement  obligé  à  vous,quene 
pourrove  allez  vous  remercier. Et  pource,ie  prie  à  Dieu,  qu'il  lui  plaife  vous  en  recompé- 
îer.Mon  eftat  eft  tel,  que  tant  plus  fapprochede  l'heure  que  ie doy  eftre facrifié  à  mô  Sei- 
Notez.     gneur  Iefus  Çhr  ift:tanc  plus  ic  me  trouuc  allègre  &  refiouy  en  mon  cœur.  Si  eft-cc  q  ic  m  e 

recom- 


Jean  Louys  Pafiai  6 

recommande  à  vous,  comme  faitauffi  Marc  Vlègli:  vous  fuppliant  d  auoir  roufioursfou- 
uenance  de  nous  en  vos  oraiibn$,ainfi  que  nous  l  atiôs  de  vous  auxnoftres.Ie  vousrecom 
mande  à  Dicu:à  Dieu,à  Dicu*mcs  chers  freress  vous  priant,puis  que  noftre  félicité  negift 
point  en  celte  terre,  que  vous-vous  délibériez  deviurc  tel!cment,qtie  le  pluûoft  qu'il  fera 
poffible,nous-nous  punitions  1  euoir  au  ciel.  De  la  prifon  de  Cofenza ,  le  16.  de  Feuricr, 
m  .  d  .  l  x . 

AVTRE  lettre  dudic  Paftal,  eferite  à  fes  amis  demeurans  à Gcneue,  contenant  les  examens  dciiant  le  grand 
Vicairedc  Cofenza. 

Omment  feray-  ie,mes  trefehers  frères,  en  fi  peu  de  temps  ,&;aucc  vne  plume  qui 
n'eferit  point,pour  vous  exprimer  au  vil  ce  que  iay  côceu  en  mon  elprit  felpace  de 
onqmois,aulqucls  îenevousayiamaispeucfcrircvn  feulmct?  Comment  feray-ie,pour 
fatisfaire  à  ma  fcmme,veu  que  la  honte  m'en  garde  de  pouuoir  ùt isfaireà  moy-mefmeîEt 
toutefois  ie  ren  grâces  lîngulieres  à  la  prouideceadm  irablc  ôc  infinie  de  Dieu,  que  par  vn 
moyen  merucilleux  il  m'a  fait  ce  bien  de  vous  pouuoir  {aluer,&:  vous  dire,comme  ie  pen- 
fe,le  dernier  A  Dieu  par  celle  lettre,  auant  q  uc  ie  face  le  deux  &:  heureux  voyage  au  ciel, 
pour  cftrereceu  en  la  compagnie  de  Iefus  Chrift.  Niais  pour  commencer  mon  diL 
cours,  ietafcheray  de  vous  déclarer  les  choies  que  ie  penlè  vous  eftre  les  plus  cachées, 
laiflant  celles  qui  lont  toutes  m  anifeftes ,  que  vous  pourrez  entendre  de  ceux  qui  les  fa- 
uentau  vray. 

Ap  k  e  s  auoir  demeure' enuiron  huit  mois  en  la  prifon  de  Fifcaula  corn  me  enfeucly, 
ayant  toufiours  les  fers  aux  pieds*  combien  qu'en  plulieurs  lieux  on  feuft  tout  ouucrte- 
mentquei'eftoye  détenu  prifonnier,  li  eft -ce  neantmoins  que  pour  quelque  temps  iene 
peu  iamais  parler  à  perlonne.Mais  Dieu  eft  celuy  qui  le  veut  feruir  des  hommes,ainiï  que 
deles  inftrumens,pour  faire  fonceuure:&  veut  par  le  moyen  d'vn  pou  rêver  de  terre&ire 
manifefter  la  Vérité  deuant  la  folle  &:  ôrgucilleule  fagefle  du  monde .  Or  s'il  y  a  quelque 
choie  à  reprendre  en  l'inftrumcnt,  i'en  laiifeiugeraux  autres, &vous  l'entendrez  d'eux. 
Quant  à  moy ,  ie  n'entendi  iamais  que  le  lèigneur  Saluator  Spinello  euft  aucun  différent  SaJuator 
auec  fes  valîaux,iu  fqu  a  tant  que  faye  efté  mené  à  Cofenza, auecques  trois  hommes  delà  stiûcU°< 
Guardia,defqucls  M  a  rcV  s  e  g  l  i  en  eft  l'vn, lequel  (i'eipere)mc  fera  compagnie  de- 
puis Geneueiufquesau  cie!,&eft  ieyfeul  auecques  moyen  prifon.  Orpourlesdiffcrens 
quei'ay  dit,  le  feigneur  Spinello  aceufà  fes  vafiaux  d'eftre  Luthériens  .&;  pour  maintenir 
&  prouuer  cela  deuant  le  Vice  roy  de  Naples ,  il  me  fit  examiner  par  le  grand  Vicaire  de 
Cofenza. Et  pource  que  ie  ne  fauoye  pas  la  fin  où  tendoit  le  Vicaire,lequcl  ne  cerchoit  au- 
tre chofe ,  finon  de  me  faire  charger  &c  acculer  par  ceux  delà  Guardia ,  ie  m'efmerueillay 
fort(làchant  bien  la  grande  amitié  qu'il  portoitau  feigneur  Saluator)  île  ce  qu'il  y  proce- 
doit  en  telle  forte:  attendu  qu'auparauant  pour  efpargner  lcfdits  vanraux,ilnetafchozc 
que  de  cacher  mon  cmprifonnement.Quantàma  dcpofition,il  ne  tira  pas  de  moy  ce  qu 
il  vouloir.    Car  quand  il  me  fit  iurer  de  dire  la  vérité  de  ce  qu'on  medemanderoit ,ie  luy 
refpondi  queie  le  feroye ,  moyennant  qu'il  ne  medemandaft  choie  qui  fuft  contre  1  hon- 
neur de  Dieu:  tellement  qu'il  n'anacha  de  moy  aucune  aceufation  ,nc  charge  qui  peuft 
nuireà  ceux  de  la  Guardia.  Et  pour  ceftccàufe  ie  n'ay  pas  cfté  mené-à  Naples,  comme  ils 
auoyent  deliberé.Et  ont  cerchc  tous  les  moyens  qu'il  aefté  polïiblcj  pour  mefaire  delpef 
cher  à  Cofenza,  ayansprouué  ce  qu'ils  demandent  par  d'autres  gens  de  la  Guardia,  qui 
ont  efté  prins  dcpui^  le  premier  examen  qu'ils  me  firent  à  Fifcaula,lei7.de  Decébre  der- 
nier.Et  fut,comme  cegrand  Vicaire  de  Cofenza,ayât  examiné  quelques  vns  de  la  Guar_  Le  v««" 
dia  deuant  lefoupper-.apres  qu'il  eut  bien  fouppé,  s'en  vint  m'examiner ,  voire  après  qu'il  deCokruA' 
cutbeu(fclonquemedit  lepteftrequi  meferuoit)lîxgrans  verres  de  ce  grand  vin. &  com 
bien  quel'examen  euft  duré  plus  d'vne  heure,  fi  eft-ce  qu'ils  tafeherent  dele  réduire  en 
peu  de  parolles .    Quand  il  entra  dedans  la  prifon ,  ie  le  recognu  incontinent  au  viùu 
ge,au  m  archer,  &:  au  ventre,  quoy  qu'il  fuft  accompagné  d'aucuns  gentils-hommes  de 
Colenza. 

L  a  première  demâde qu'il  me fit,fut  cefte-ci,D'où  es-tu?Ieluy  refpondi,De  Piedmôt. 
Il  pourluyuit ,  N'as-tu  autre  chofe  à  faire ,  que  de  venir  ici  feduire  ces  pourcs  fimples  gens 
delaGuardia?A  quoy  iedi,Si  Iefus  Chrift  eft  vnfedudteur,ie les  ay  feduits,autremétnon. 
car  iene  leur  ay  dit  finon  ce  que  i'ayapprins  en  fon  efcole.  D.  Etoùeftccfteelcole?  çt.  A 
Geneuc,où  la  patolle  de  Dieu  eft  prefehee,  com  meen  autres  lieux  lèmblables.  D.  Et 
quilaprefche?    y..    Les  Minières  de  l'Eglue .  Alors  en  grande  colère  &  furie  il  me  dit, 

22.  ii. 


Liure  VIL  Jean  Louys  Tafcal. 

Ecquc  veut  dire  Cacholiquc?Icrefpondi,Vniucrfclle.  Voila, dit-il, commctu.es  maintc- 
nant  conuaincu,  puis  que  tu  veux  que  l'Eglife  foit  feulement  à  Genene .  le  refpondi,que 
ceft  argument  eftoit  contre  luy-mcfme,d  autât  que  nous  tenons  que  l'Eglife  eft  par  tour, 
6c  vniueriellefen  quelque  lieu  que  foyét  les  fidèles:  6c  ne  l'attachons  point,  comme  vous 
faites,i  vn  lieu  particulier, ni  à  des  mafques,  6c  autres  pompes  &:  apparences  extérieures: 
6c  que  noftre  Seigneur  ne  nous  a  jamais  défait  l'Eglife  telle  qu'eft  celle  de  Rome.  Mais 
vous  autres,Uiflans  lcsfain&es  Efcritures  fans  vous  en  loueur,  comme  îadis  en  faifoyent 
les  Scribes  6c  Pharifiens ,  vous  allez  cercher  la  vraye  Eglilc  en  la  Théologie  de  voftre  cei- 
ueau:&:  au  lieu  qu'en  icelles  il  y  a  vne  Eglile  dcfcritc,laqu  elle  eft  poure  felô  le  monde,con 
temptible,iriefpnlee&:  pcrlecutce:vous-vous  en  forgez  vneriche,braue,&: triomphante. 
Mais  dites-mov,ie  vous  prie ,  lainct  Pierre  vous  a-il  apprins  de  perfecuter  les  Chreftiens? 
Et  Iefus  Chnft  vous  a-il  commandé  que  vous  demeuriez  en  vos  ailes  6c  délices ,  iouifTans 
des  gros  rcuenus&richeircs  infinies  :6c  que  cependant  vous  repaiffiez  les  pourcs  brebis 
dcfcu& dcperl'ecutiôs  cruclles.?Et  à  qui  parloitle  Seigneur  Icfus,di(ànt,Quele  feruiteur 

Icm  m  a  n  c^  pas  plus  grand  que  (on  maiftre >  Et  aulîi  quand  il  di(oit,  Que  le  temps  viendroir,que 
celuy  qui  nous  feroit  mourir ,  cuideroit  bien  taire  vnfacrificcà  Dieu,  pource  qu'ils  n'ont 
point  cognu  le  Perene  mov,difoic  noftre  Seigneur:&:  tant  d'autres  lèntences  infinies?  Et 
quand  les  Apoftres  voulovent  faire  defeendre  le  feu  £ur  les  villes  qui  n'auoyent  point  vou 
lu  receuoir  1  Euangile,  ne  furent-ils  pas  repris  de  noftre  Seigneur  ?  11  eft  bien  certain  qu'il 
parloir  de  vous  6c  de  voftre  eglife,laquelle  fait  tout  le  côtraire  de  ce  qu'a  tait  Iefus  Chrift, 
lainct  Pierrc,&:  les  autres  Apoftres. Sur  cela  il  demâda,Sn'auoyefouppé:  le  luy  di  qu'ouy, 
mais  non  pas  fi  bien  qu'il  auoit  tait. Et  fe  tournant  vers  les  autres,dit,  Pour  vray  ceftuy-cy 
eft  yure,c'eft  le  vin  qui  le  fait  ainfi  iaier.  Voire,  voire,  di-ie  alors,  quand  vous  ne  fauez  que 

Aa.1,4  refpondre,  vous  dites  le  mefme  que  firent  vos  pères  aux  Apoftres  le  iourde  la  Pcntcco- 
ftc.  Et  n'eftoit  aullement  attentif  ace  que  iedifove,  mais  il  marmonnoit  entre  les  dents, 
&:ielelainrbyefairc.Orcegennl-hommcquieftoitauec  luy,medit,  Vous- vous  trompez 
en  vosfantaiies.  Et  le  grand  Vicaire  adioufta,  Comment  ?ceux-cy  ne  croyent  rien  de  ce 
qu'vn  Chreftien  doit  croire:  mais  ils  nient  tout  entièrement .  Et  qu'eft-ce,  di-ie,quenous 
nions?LaPenitence&laConfe(fion,dit-il.Et  moy,  Nevousdefplaifc,  nous  ne  nions  pas 
cela  :  mais  au  contraire ,  nous  maintenons  que  fans  Pénitence 6c  Confelfioo ,  on  nepeue 
obtenir  la  remiftion  des  péchez:  mais  nous  nions  bien  cefte  làtisfa&ion  que  vous  au- 
tres auez  controuuce.  Alors  ce  g»,  and  Vicaire  dit,  Regardez  le  grand  hérétique  qu'eft  ce- 
ft uy-ci.ncft-.il  pas  elcrit,Rachettctes  péchez  paraumofnes  ?  Çi.  Ouy  bien  :  mais  cela 
fe  rapporte  aux  hommes .  Etnelauoitpointen  quel  partage cela  eft  efcrit:  là  de/Tus  ic  luy 
tournay  le  dos,&di  à  ce  gentil-homme,  Celle  fenten ce  eft  elcriteen  Daniel  le  Prophète 

PaiTagcd'.i  au  4.  chapitre,  là  où  il  exhorte  le  roy  Nabuchodonofor  défaire  penirence,  lequel  auoic 

dècu^.an,el  exercé  vne  grande  tyrannie  contre  le  peuple  :6c  luy  fit  cefte  exhortation  ,  commes'il 
luycuftdit,  Tu  m  iufcjues  tcy  fait  beaucoup  de  cruauté^,  &  as  fort maltraitté ton  peuple  '.maintenant 
ya,&i>/ê  de  mifericorde  enuers  luy ,  0*  recompenfe  par  aumofnes  le  mal  que  tu  luy  affaity  yfant  de  pitié 
&compjfîon. 

Cependant  legrad  Vicaire  regardoit  bien  par  toute  la  prifon,&ditaupreftrcqui 
megardoit,Ceftuy-ci  pourroit-ilbien  efchapper?Non,nô,ditlcpreftre,ilafersauxpieds: 
6c  puis, nous  ne  l'abandonnons  iamais  de  nuict.  Gardez.le  bien,dit-il,&:neluy  donnez 
que  du  pain  à  mager,&:  de  l'eau  à  boire,  vne  fois  le  iour  tant  feulement:&:le  vous  côman- 
dc  fur  peine  d'excommunication.  Apres  fe  tournant  vers  moy,dit,  Que  ne  vas-tu  pref- 
chcràRome,ouàCofenza?Etieluyreipondi,Pourcequeien'yay  paseftécnuoyé.&da- 
uantage,vous  fauez  bien  qu'vn  qui  annonce  la  Vérité,  il  ne  tant  pas  qu'il  lemonftreen  la 
Papauté.  Et  au  contraire,nousfaifons  honneur  6c  bonne  chère  à  vn  chacun, toitCardi- 
nal,ou  Euefque,&  laiflons  paiferôd  parler  chacun  à  fon  plailir.  Et  pourquoy,dit-il,ne  fai- 
tes-vous point  deCarefme,finon  pour  auoir  liberté  de  la  chair,&  viure  en  diflblution? 

ç»..  Si  vous  faifiez  telle  abftinence,  que  font  ceux  que  vous  blalmcz,  peuteftreque 
vous  viunez  plus  fobrement  que  vous  ne  faites.  Et  lequel  eft-ce  des  deux  qui  fàitlaplus 
grandcabftinenccou  vn  poure  homme  qui  ne  mange  qu'vn  bien  peu  de  pain  &:  dechair 
pour  luftenter  là  famille,  &  fouucnt  qu'vn  peu  defromage  auecques  grand'  peine  & 
trau  ail,  pour  iupporter  lelabcur  qu'il  endure. ou  vous,qui  ne  vous  ibuciez  point  de  fai* 
re  groircdc(pcnfe,pourauo:r  voftretable  bien  fournie^  chargée  deplufieurs  forces  de 
viandes  î    Etpuis,  qui  vous  a  enfèigné  d'aftuiettir  les  confidences  qui  font  deliurecs 

6c 


^ean  Louys  Pafcai 

&  affranchies  parlefus  ChriftîSaind  Paul&fain&  Pierre  ne  vous  le  monftrent-ils  pas  ou- 
uertefnent?Etcommentobferuez-vousles  décrets  dcceuxdcfquels  vous-vous  appelez 
fiicceiTeurs?Alors  il  me  die  en  Latin,  Extmplum  dedi-vob'uoa  quemadmodum  ego  feci ,  ita  &r  vos 
fdàatif.ceft.  à  dire,Ie  vous  ay  donné  exemple,afm  que  comme  fày  fait, vous  faciezauffî.or 
iceîuyieufha  quarante  iours.Etpourquoy,dy-ie,ne  demeurez-vous  fans  manger  quaran- 
te iours,fi  vous  voulez  enfuyure  Ton  exépleîMàis  fous  couuerture  d  abftinence,vous  vou- 
lez manger  les  bons  morceaux,&:  boirele  bon  vfh.  Cela,  dit-il,  a  cfté  fait  à  bonne  fin,  6c 
pour  matter&domter  lachair.  Mais  le  Seigneur  ne  veut  que  nous  facions  ce  que 
bon  nous  femblc,ains  ce  qu'il  nous  commandepar  là  Parolle:&r  que  ceft  en  vain  qu'on  1'-  Matth.15.; 
honnore,enfeignant  les  dodrines  des  hommes.Puis,apres  cela  nous  parlalmes  de  l'office 
des  Euefques,  6c  luy  monftray  que  celuy  qui  ne  fait  point  office  d'Euefque^  n'eft  point  E~ 
uefque,d'autant  qu'vne  Eucfché  n'eft  point  vnefeigneurie,mais  office  6c  charge .  Lors  il 
medit,qu'il  prefehoit  ce  qu'a  eferit  faind  Pierre,  famdPaul,&:  (kindL  Antoine,  le  vous 
aiïcure  (ce  luy di-ie  incontinent)  que  ie  vousen croy fortbien, 6c  quevouslauez autant 
ce  qu'ont  eferic  faind  Pierre  &:  faind  Paul ,  comme  ce  qu'a  eferit  binât  Antoine.  Nous 
parlafmes  encores  de  beaucoup  d'au  très  choies,  que  ien'ay  moyen  de  vous  pouuoir  ci- 
crire. 

Voila  l'examen  qui  me  fut  fait  à  Fifcaula  parle  grand  Vicaire  de  Cofenza,  corne  ie 
vous  aydit.Maintenantie  vous  recireray  ce  qui  s'enfuyuit  encores  depuis  audit  examen,  pvRC 
où  parlant  du  Purgatoire,  ienele  voulu  point  rébarrer  par  l'Efcriturc,  mais  ieluy  dy  ceci,  TOlI[' 
Que  ie  ne  pouuoye  nullemét  croire  q  lelàind  Pere,qui  ie  fait  vicaire  6c  licutenat  de  Ielus 
Chrift,lequela  voulu  foufFrirvnemort  fi  cruellepour  nous  deliurer  d'enfer ,  n'eu  II  quel- 
que pitié'  6c  compaftion  de  nos  ames  :  6c  par  ainfi  qu'il  ne  les  deliuraft  du  feu  de  Purgatoi- 
rc,le  pouuant  faire  fi  aifementauec  fa  benedidion:&: pourtant  q  nousneledeuions  point 
craindre.Ques'ilnelefaifoit,ilmonftroitaflez  qu'il cft du  toutcôtraireàlefus  Chrift.  Et 
ainfi  ie  luy  mon  ftray  ce  que  S.  Paul  difoit  de  l' Antechnft  aux  Thefialoniciens  &:  à  Timo- 1  .Tfcefllx 
thee.Et  en  deuifant  ainfi,  nous  vinfmesie  ne  fay  comment  à  parler  de  ces  mots,  Ceci  cft  r'  im'4 
mon  corps:furrexpofitiondefqueIs  ieluy  di,QuecômeIenomdelacho(efignifîeefedô- 
ne  au  figne ,  tout  ainfi  qu'vn  efpoux  ayant  donné  vn  anneau  à  fon  efpoufe,  elle  l'appelé  la 
foy  de  fon  mariage,  qui  eft  vne  façon  de  par  1er  afTez  comm une  6c  ordinaire  en  l'EÎcri ture 
fain&e:auffi  noftre  Seigneur  Iefus  donnât  à  l'es  Apoftres  &:  à  nous  par  eux,  le  pai  &:  le  vin, 
les  appelé  fon  corps  &:  lbn  fang:  voire  en  telle  forte,  q  non  feulement  ils  nous  reprefentent 
fon  corps  6c  fon  (ang,mais  ils  les  nous  ofFrct  vraycment,pourueu  que  nous  les  reccuions 
fpirituellement  par  foy.  Car  fon  corps  6c  l'on  fang  eft  la  propre  viade  de  lame,  6c  iccllc  ne 
peut  eftre  repeué  ne  nourrie  de  viandes  corporelles .  Voila  en  lomme  tout  ce  dont  nous 
parlafmes  enlèmble,lèlon  qu'il  m'en  peut  fouuenir.CeIafair,ledit  grand  Vicaire  comma- 
da  qu'on  apportait  là  vne  table,&:  dequoy  pouuoir  eferire,  par  fon  Secretaire.Et  pource  il 
medit,Si  tu  ne  fais  quiie  fiiis,ictele  dià  ceftcheure,Iefuis  feueique  de  Lefena,grand  Vi~ 
cairede  Cofenza,  &:ambaffadc  Apoftoiique,  qui  luis  venu  icy  tout  exprès  pour  t'exami- 
ner,ô£  puist'cnuoyer  à  Naplcsauecton  examen.  Parquoy  penieàtoncas ,  6c  aduifeà  tes 
affaires.  Alors  ie  me  tournay,efleuât  les  yeux  au  ciel,&:  priant  ce  bon  Pere  éternel  au  nom 
de  (on  Fils  bien-aimc,qu'il  medonnaft  lbn  S.Elprit,  ainfi  qu'il  m'auoit  promis.  Puis  après 
ie  luy  dy,Interrogucz-moy,&ie  vous  rclpondray  .  Ecainfi  il  commença  de  s'enquérir  de  ^ 
mon  pays.-Ie  lu  f  refpondi  que  feftoye  natif  de  Cunio  en  Piedmont,  6c  queic  m'eftoye  fait  je  cnmo 
bourgeois  de  Geneue.Puis  il  s'informa  de  pluiîeurs  circonftances,  comme  on  a  accouftu  kourgeoi 
me  défaire:  6c  comméça  à  s'enquérir  de  ceux  de  la  Guardia ,  ainii  queie  vous  ay  dit.  Et  ie  c  Gcna 
luy  refpondi  tellement  qu'il  fat  fatisfàit. 

Il  vint  apresau  faid  de  la  Religion  :& fon  premier  article  fut,  Si  ie  croyoyeau  Pa- 
pe. Aquoyiedi,  que  mon  Credo  portoit,  qu'il  faut  croire  en  Dieu  le  Pere  tout-puilîànt,& 
ce  qui  s'enfuît,&  non  point  au  Pape  :&c  queie  tenoyefa  doctrine  non  pas  fèulcmcnthu- 
mainc,mais  diabolique.  A  près  il  me  demanda,  combien  de  rem  psilyauoit  que  ierte  me 
ftoyecôfciTé.Ieluy  di,qii'encorcs  auiourdhuy  iem  eftoyecôfefTé.  Etàquikîit-il.  A  Dieu, 
refpondi-ie.  Lors  il  dit,Ie  ne  te  demande  pas  cela:  mais  combien  il  y  a  que  tu  ne  t'es  côfei- 
fé  félon  que  lafaindemere  eglile  Romaine  l'ordonne .  Dieu  m'en  garde,  di-ie:  car  ie  tien 
cefteconfciïion  pour  mdçhantc,  pleine  d'impiété  &faciilege,  6c  du  tout  diabolique.  Et 
luy  di  le  mefmede  la  Mcflé,luy  monftrant  en  quelle  abomination  iel'auoye.  Apres  qu'il 
ÇVit  mis  par  eferit  tout  cela,  vn  certain  Dodeur  quil  auoit  amené ,  fe  leua  debout ,  6c  dit, 

ZZ-in. 


Lime  VIL  Jean  Louys  Ta/cal. 

Ceux-cy  fc  moquent  tic  nous  .Et  pourccle  grand  Vicaire  mit  fin  à  Ion  examen ,  dilant  en 
Latin  ,EîficnoUntesamplitss dHik^c.c'eft  à  dire,Et ainlï  ne  voulans  plusouyr .  La  delfus 
ce  vendable  Docfeur  luy  dit}Pourquoy  faices-vous  fi  toft  finfllkiy  refponditje  nele  puis 
plu  s  efeouter:  la  moindre  de  toutes  ("es  refponi'es  cft  alfcz  pour  le  faire  brufler  trente  rois. 
Eta.nli  ils  mclaiifcrent.    Depuis  cela,  le  1 1 1.  iour  de  lanuicr,enuiron  quatre  heures  de 
fc^Minf1''  nuici  rAuditcur  de  Coienza  vint  àFil'caula  pour  m'enuoyer  àNaples  auec  Marc  Vie- 
jr  gii,5c  auec  l'ancien  Miniftre  de  la  Guardiâ,  Et  quand  nous  fuîmes  prefts  de  monter  iur  la 
(i!a  i'rilon-  inci>  J le  fetroubla,doin  nous  retournafmc->  en  arrière. Le  \  i  i.delanuierlcsfergeasvin- 
drentencores  vne  fois  «Je  Cofenza,&:  la  mer letroubla  derechef. 

Ci:  pendant  ilvicntvnenouuellecommiHiondcNaplcs,quenousfufliôsmfnez 
àCofenza,là  où  nous  arriuafmes  le  vingtième  de  Ianuier.  Si  toft  que  icfuarriué,  on  me 
leur  mes  reIponfes,lefquclles  ie  contermay  tontes  de  poinc~ten  poinrt:  &  en  la  hn  ie  m'of- 
fn  de  prouucr  par  certains  tefmoignages  de  rElcritmeiain&e,  que  tout  ce  que  l'auoyedit 
eftoit  véritable  .  Et  nous  mirent  auec  mille  moqueries  &:  outrages  dedans  vne  prifon  pu- 
ante,fi'oide,&  fi  eftroite,  que  nous  nepouuions  pas  nous  eftédredeux  enfcmble:  &;  pour 
plus  grande  commodité,ils  nous  attacherét  deux  cnfcmbleà  des  fers,  en  iortequenous 
ne  nous  pouuions  pas  remuer  l'vn  fans  l'autre,  &c  nous  baillèrent  vne  mefehante  couuer- 
turc  toute  pleine  de  poux,  &:  nous  donnèrent  en  gardeà  vnprcftre  deFifcaula,  nommé 
meffire  François  de  Scita:  lequel  non  content  de  m'auoir  ofté  ma  camizole,  &:  vne  paire 
de  pantoufles, m'ofta  l'vne  de  mes  chcmifcs:&  quand  nous-nous  plaignions  que  les  poux 
nous  mangeoyent,il  s'en  moquoit,&  crioit fouucnt  après  nous,  Ah  mefehans  chiens  ma- 
tins, trailtres,cnnemis  de  Chrift  &c  du  genre  humain.  Et  demeurafmes  en  ceft  cftatlefpa- 
ce  de  dixlept  îours .  Et  ncantmoins  par  les  contolations  lingulicres  que  le  bon  Pcre  don- 
ne aux  liens  en  leurs  afflictions,  nousdcmeuralmostouliours  allègres, chantans  auec  vue 
ioye  ineftimable.Lc  v  i  i.deFeurier  nous  fuîmes  menez  au  chafteau  liezc*:enchainez:c\: 
ce  bon  Preftre  fit  tant  entiers  la  garde  du  chafteau,  qu'il  le  contraignit  de  nous  enfermer 
en  vne  pr  îlon  fort  obfcure  8c  balle,  où  nous  demeurafmes  quatre  îours .  Mais  noftre  bon 
Dieu  &l.  Pere  de  mitencorde,  lequel  n'abandonne  iamaisles.lîens,trouua  moyen  de  nous 
faire  adoucir  cefte  croix .  Et  amii  nous  fuîmes  mis  en  vn  lieu  allez  plailànt ,  auquel  par  le 
loin  de  nos  frères  de  la  Guardia,&deSainct-fixte,  nefommes  que  trop  fournis  de  ce  qu'il 
nous  faut:qui  fait  que  ic  délire  bien  de  partir  d'icy, afin  de  ne  les  plus  greucr  &  falcher.  Le 
xx  i  .iour  dudit  mois ,  derechef  le  grand  Vicaire  vint  au  chafteau  auec  vn  Auditeur .  Et  en 
fommeîc  luy  confermay  toutes  mes  premières  relponles.  Ils  auoyent  amené  auec  eux  vn 
Moine  pour  difputer  contre  moy.Car  quant  àl'mftru&ion  du  procès,  l'Auditeur  ne  vou- 
loit  point efeouter  aucune raifon,ncfouffrir  que ialleguaflêrien  pour prouuer marclpô- 
ic,mais  que  ieluvdilTe  feulement  ony,ou  non.Dcquoy  ie  me  plaignoyegran démet:  mais 
il  merepliquoit  qu'il  eftoit  venu  là  pour  m  nitcrroguct,&:  non  point  pour  ditputer. Et  me 
donnerêt  terme  pour  cinq  iours,pour  penfer  li  ie  me  vouloyedefdire,m'aduertiifansque 
U  ioveque  c'eftoitla  dernière  admonition  que  celte-la  .  Maintenant  ie  melen  ii  refiouy  pour  cefte 
fcntctccux  nouuelle  que  iedov  bien  toft  aller  demeurer  auec  Iefus  Chrift ,  qu'il  me  femblequeienc 
fligcz°p^ur  fuis  point  en  pnlbn.  Quant  au  Moine  dont  ie  vous  ay  dit,  après  que  icluyeu  fait  quel- 
la  venu-,  ques  refponi'es  iur  les  matières  dont  nous  parlions  ,  il  dit  qu'il  ne  faloit  plus  parler  à  moy, 
puisqueieniovclaMeiîe,&.lapuiiranccduPape.  Sicft-ceque  mon  interrogatoire  par- 
achevé ,  l'Auditeur  luv  dit ,  Si  vous  voulez  maintenant  difputer ,  il  en  eft  temps  :  &:  il  luy 
relpon  dit,  le  ne  fuis  pas  venu  icy  pour  difputer,  mais  pour  le  voir  feulement.  Alors  le 
grand  Vicaire  ditj'ay  vn  braue  Moine  queie  luy  ameneray .  Il  y  a  délia  trois  iours  partez, 
&  ne  l'ay  point  encores  veu.Ie  n'ay  plus  de  papier.  De  la  prilon  de  Colenza,le  xxv  i  .iour 
de Feuricr,M  .n .  l  x. 

AVTRE  Epiflre  à  ceux  de  Gcneue,par  laquelle  il  leur  donne  à  cognoiftre  les  combats  par  luy  fouftenus  con- 
r  re  le  gr.îd  Vicaire  de  Cofenza,!' Auditeur  De  fainâe  croix, &:  autres  aduerf  aires,fuppofts  du  fiege  Romain. 
Il  fait  mention  des  refponfes  de  Marc  Vfegli  Ton  compagnon. 

^  s  trcscncrs  Ôchonnorezrreres,ie  mefuisfouuentefois  fafché  en  moy-mefmcdu 
temps  que  fay  perdu  demeurant  en  l'Eglilèdc  Dieu:  mais  encores  beaucoup  plus 
cftant  en  ces  prifons,cra'gnant  que  mon  ignorance  ne  donnait  occaiion  à  ces  poures  mi- 
fcrablcs,&:  aueugles  iages  du  monde,  de  s'endurcir  dauantage.  Mais  il  y  a  eu  deux  chofes 

qui 


Jean  Louys  PafcaL  J48 

qui  m'ont  beaucoup  allégé  en  ma  douleur,  combien  que  l'vne  doit  allez  dôner  matière  à 
tous  de  lamenter  .La  première  a  efté,que  la  vérité  deDieu  eft  il  puiiîante  &:de  telle  vertu, 
que  Satan  netous  Tes  Rapports  ne  l'ont  point  furriiàns  pour  vaincre  celuy  qui  l'areceuë  à 
bonefcient.    La  feconde,que  la  beftiîè&:  lourde  ignorance,ou  la  malice  diabolique  de 
ceux-ci  eft  il  grande  au  faict  de  la  religion:&  qu'ils  y  procèdent  en  telle  lorte,  que  fans  s'ar 
refter  trop  à  leur  refpondre,&  aux  partages  de  l'Efcriturc  fainde,  qu'ils  corrom  pent  &  ti- 
rent comme  par  les  cheueux,ain(i  qu'on  enfaiçau  paysdeFrâce,  ilfurKtàces  vénérables 
&  reucrens  de  tirer  des  concluions  termes  &:  aueurees  de  quelque  peu  d'argumens.  Et  d' 
autant  que  fay  elle  payé  de  ces  belles  railbns  qu'ils  amenenc,  ie  vous  prie  qu'il  ne  vous  raf 
che  point  de  les  ouyr.L'vneeft,Quele  Pape  peut  tout:&ipouriat  qu  il  peut  faire  des  loix, 
aulqlles  celuy  qui  n'obéit, nieles  premiers  principes:^  contre  ceux  qui  nientles  premiers 
principes,  qu'il  ne  faut  point  difputer.  Vne  autre  fois  Y  A  uditeur  me  vint  trouuer.  &  après 
qu'il  m  eut  fait  vne  belle  remonftrance&:  exhortation  dedans  le  Palais, ie  luy  dy,Que  tou 
tes  fois  &:  quantes  q  ie  teroyeconuaincu  par  l'Efcriturelàincre  ,  ie  nercroyepas  feuîemêt 
vncamédehonnorable,mais  vnecétainc.  Lors  le  grâd  Vicaire  iélcua  debout,  medifanr, 
Pcnies-tu  que  iete  vueillccôuaincreparlafainctc  Euriture?cc  m 'eft  alfez  à  movde  tecô- 
uaïcre  par  la  loy  du  Pape:artédu  qu'il  y  a  deux  loix  au  môdc:l'vne  cil  celle  de  Ielus  Chnft: 
&:  l'autre  eft  celle  du  liège  Romain,  car  il  eft  dit,  l'ay  beaucoup  de  choies  à  vous  dire, que  ic*ni6-ii 
vous  ne  pouucz  pas  porter  maintenant. Et  adioufta  quant  <k  quât, qu'il  y  auroit  trop  à  fai- 
re,fi  on  vouloir  tout  prouuer  par  la  lainde  Efcricure.  le  ne  vous  eferi  point  la  reiponfe,d'- 
autant  qu'ils  ne  la  voulurent  pas  eleouter  .  mais  la  concluiion  fut ,  Que  celuy  qui  n'obeic 
point  aux  ordonnances  du  Pape,ell  vn  meilhanthcretique,niant  l  authontcd  iceluy.Et 
pourceie  mcplaignicn  premier  lieu  du  tort  qui  m'eftoit  fut  en  ces  interrogatoires ,  de 
cequeicnepouuoveconfermermes  rclponlés,  d'autant  qu'ils  ne  vouloyent  autre  chofe 
de  moy,finôqueiedùTcouy,ou  non,&  rien  autre. Mais  le  Peredemifericorde  ,&  le  Dieu 
de  toute  conlblation,  lequel  confole  les  enfans  en  leurs  mileres&:  afflictions ,  m'a  fait  ce 
bien  auant  que  ie  meure:ou  pour  mieux  dire ,  que  faille  de  mort  à  vie ,  de  pouuoir  expri- 
mer Omettre  hors  mon  defir.Car ce  matin  l'An  lircurDe  fainde  croix,com  me  ie penfc, 
m'eft  venutrouuer,pour  mefairc(ainfi  qu'ils  pailent)la  dernière  admonition, s'enquerat 
article  par  articles  en  attendant  la  refponfe,  comme  vous  entendrez ,  fanant  mettre  le 
toutparefcrit,cn  meiausfaifantaucuncmcnt.Or  la  première  choie  qu'il  médit, fut,  Vou 
lez-vouseftrecnduici&  pcriïfter  en  ceftefauiTe  opinion  que vous aucz?  leluy  rei'pondv, 
Si  croire  que  Icfus  Chriit  eft  noftre  feul  Sauueur,  corn  me  dit  faincfc  Pierre,  &:  que  par  luy  Act  4.1t 
fcul  on  a  remilïîon  des  pcchez,eft  vne  opinion,  ie  ne  fay  que  c'eft  que  foy.il  me  demanda, 
Croyez-vous  qu  ily  ait  vn  Purgatoire  ainii  que  Icglilè  Komaine  le  croit  ?  le  refpondy  ,  Et 
vous,Monheur,croyez-vous  quele  PapeaitlapuuTance  d'en  tirer  les  aines?  lldcmcura 
vn  peu  à  longci  :&:  puis  il  me  dit,  Ponrquoy  demandez-vous  cela,  puis  qu'il  eft  tenu  pour 
le  deuoir  decharité,à  tout  le  moins  vne  fois  le  iour  de  les  en  retirer  ians  argent?  Mais  l'Ef 
criture  iàin&e  nous  enk  ignequeleft  noftre  vray  Purgatoirc,aflauoir  Icfus  Chrift,  lequel 
feul  a  fait  la  purgation  de  n  os  péchez, corn  me  dit  l'Apofl  re  en  l'Epiih  e  aux  Hebrieux  .  Et  Heb.r.? 
iaind  lean,Que  qui  croit  en  Icfus  Chrift,ne  vient  point  en  condânation,mais  qu'il  a  pal-  1  -m  v-4- 
fé  de  mort  à  vie. Et  pource  noftre  Seigneur  citant  en  la  croix  dit  au  Brigand,  Auiourd'huy  Luc  13,43 
tu  feras  en  Paradis  au  ce  moy.  Apres  il  me  demanda,  Doit-on  adorer  les  Saincts&:  la  vier- 
ge Marie  aufïiîle  rcfpondi  que  non. Et  pourquoy?dit-il.(  !ar  ceia,di_ic,eft  côtraireau  pre- 
mier cômandement  de  la  Loy.  Cela  lait,  le  Lieutenant  de  la  g.irde  du  chafteau  tira  à  part 
l'Auditeur ,    luy  dit  en  Efpagnol ,  Moniieur,  vous  ne  luy  deuiezpas  demander,  ii  on  les 
doit  adorer, mais  prier  &:  inuoquer.Et  pourtant  il  réitéra  la  demandc,dilànt,Sion  deuo;t 
pricr,inuoquci-,&  adorer  les  Sainâs.  lerclpondi  que  nousn'auons  qu'vn  (eul  Aduocat& 
Médiateur  Ielus  Chrilt, lequel  dit  enlaindlean,  Q  ue  nui  ne  va  au  Pere  finô  parlôn  mo_  lean  T4  e* 
ycn.lî  roedemâda,Etde  la  vierge  Marie  qu'en  ci  oyez  vous?  Qu  cllea  efte  m  ère  de  noftre 
Seigneur  lefus,  vierge  deuant  qu'elle  enfantait, vierge  après  auoir  enfante. 

D.  Dites  vous  K+Aue  Maria}.  ^1  lene jxmfaiV  *AngcGabnel>ni  elle  au  fit  ne  ftp  lut  en  cefle 
yiemorteilc.  D.  Et  qu'en  crois-tu?  1^.  l'en  ci  ov  tout  ce  qui  en  eft  recité  en  l'Euangile: 
c'eft  qu'elle  a  cité  falueederAnge,&  bénite  par  Elilabethfa  parente.  D.  Tiens  tu  1- 
^iue  Maria  pour  vne  prière?  6c  ledoit-il  dire  ?  çi.  le  ne  le  tien  point  pour  vne  prière, 6c 
ne  fe  doit  aucunement  dire  pour  vne  prit  re. 

D.  Dy-moy,les  Chrcltiens  doiucnt-ils  allci :  à  la  Mefle?  çt.  Ne  la  vierge  Marie,  ne  les 

22'.  mi. 


L/#ro  VIL  Jean  Loujs  Vafial. 

Apoftics  ueléuréuamais  qc'eftoitdcMeffe,&:  iïfont  allez  en  Paradis:  5c  pointât,  faime 
beaucoup  mieux  fans  aller  à  celle  MelTe,controuuec  par  les.  Papes ,  qui  lont  allez  en  en- 
fer (corn  me  on  le  voie  en  Sabellique,Platina,&:  Volacerran)  m'en  aller  au  ciel  auec  les  A- 
poih  es.  D.Tu  mes  doneques  la  communion?  Ri.  le  ne  nie  point  la  com  m  union  qui  fc  raie 
en  la  laiiiLtcCenc  de  Iefus  Chrift:  mais  iedi  bien  qu'il  n  eft  point  licite  a  perfonned'ad- 
iouitcr,ou  diminuer,  ou  chager  aucune  choie  de  fordônâce  q  noftre  Seig.  afaitc.  Et  voi- 
la pourquoy  faincl  Paul  voulant  remettre  la  faincle  Cene  en  Ion  vray  vfage ,  entier  Se  lc- 
gitimc,quis'eftoit  délia  commencé  à  corrompre  entre  les  Corinthiens,  les  ramené  à  ce 

x.Cor.ii.ij  qU'j]  auoit  t-eccu  du  Seigneur.  D.  Ne  crois-tu  pas  que  le  corps  de  Iefus  Chrift  vient  en  ce- 
lle hoftic, que  le  Preftrelàcrifie&coni'acrcrtyi.  Pour  rien  ienecroiroyeeela-  maispluftoft 
ic  la  tien  pour  vne  profanation  énorme  Se  deteftable  dufacrifice  Se  du  précieux  (àng  de 
noftre  Seigneur  Ielus,&:  pour  vn  renoncement  en  efîect  de  là  mort  Se  pafsion.  Car  l' Apo- 

Hcb.10.14  lire  aux  Hcbrieux  dit,  Que  par  vne  feule  oblation  Icfus  Chrift  a  fanclifié  pour  iamais  Ces 
cfleus.  Et  au  i  o.chap.dc  cellçEpiftre,il  dit  le  mclfne,C'ell  que  nous  auons  elle  fanttifiez 
par  l'oblation  de  Iefus  Chrift,  laquelle  a  elle  faite  vne  feule  fois .  Et  quant  au  corps  de  no- 
ftre Seigneur  lefus,ie  tien  qu'il  clt  au  ciel  à  là  dextre  du  Pere ,  5c  qu'il  ne  doit  point  venir 
ça  bas,(inon  auiourduiugement  qu'il  fera  des  vifs  5c  des  morts,ainlî  qu'il  eft  dit  au  Sym- 
boledes  Apollres,en  faincl  Matthieu  2.4.  aux  A&esdes  Apollres  premiei'chap.Et  noftre 

ican  11*  Seigneur  mcfme  a  dit  en  iainwt  lean,  Qu'ils  auroyent  touiiours  les  poures  auec  cux,mais 
non  pas  luy.  Et  comme  ie  parloyeainli,  l'Auditeur  demeuroit  corne  en  fufpend  :  puis  il 
me  dit,  Qu'entcns-tuparle  Symbole  des  Apollres  ?  Alors  ie  luy  rccitay  au  log  tout  le  Cre- 
do. Cependant  il  contoit  par  les  doigts  de  combien  d'articles  il  medcuoit  interroguer:  5c 

images  dit,  Que  nous  refte-il  plusàdjrerEtainfîilluy  fouuintdcs  images:&:  medemadali  on  les 
dcuoit  tenir  dedans  les  cglifes  ,  5c  les  adorer.  Aquoy  ie  refpondi ,  Pour  vray,  Monfieur, 
voila  vne  des  plus  belles  demâdcs  que  vous  m'ayez  point  encores  faites ,  pour  defcouurir 
manifeilement  l'impudence  des  Papes, qui  ont  bien  ofé  falfifier  la  faincle  Loy  de  Dieu, 
en  effaçant  le  fécond  commandement  de  la  premiereTable,lequel  contient  ces  paroles, 
Tu  ne  te  feras  image  taillée, ne  femblancequelconque  des  choies  qui  font  là  fus  au  ciel, 
ne  çà  bas  en  laterre,n'és  eaux  de/Tous  la  terre.-Tu  ne  t'enclincras  pointa  icclles,&:  ne  les 
fer u iras, Sec.  Et  fi  vous  voulez  fauoir  fi  ce  que  ie  di  eft  vray,  cercliez  dedans  la  BibIe,enco- 
re  qu'elle  Ibit  des  plus  vieilles,&:regardez  au  zo.chapitre  de  l'Exode.  Ayant  ouy  ccla,il  dit 

b  a  p  t  ES  au  Grcffier,Notez  en  ^a marge>  Exode  chap.io.  Aures  il  me  demanda,Que  crois-tu  du  Ba 

ME.  ptefme?Ri.  Ielctien  pourvu  Sacremét  ordonné  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift,  5c  pour 
vne  entrée  que  les  Chrcftiens  font  en  l'EglifedeDicu:  pourceq  nul  ne  peut  eftre  mem- 
bre d'icelle,  qu'il  ne  ibit  premièrement  nettoyé  de  routes  Ces  taches  5c  péchez  par  le  pré- 
cieux fang  de  Ieius  Chrift,  mortifiant  fa  chair,  5c  les  reliques  du  vieil  homme,&:  promet- 
tant de  viure  en  vne  nouuelle  vie  fpirituellc.Et  toutes  ces  choies  nous  font  monftrees  en 
iceluy.Carpremicremcntilyalelauemcnt  d'eau, laquelle  nous  figure  lelâng  de  Iefus 
Chrift:  ce  qu'on  eft  plongé  ou  baigné, lignifie  la  mortification  delà  chainle  fortir  hors  de 
l'eau,ou  eftre  effrayé,  lignifie  la  nouuelle  vie  fpirituelle.  Alors  il  dit,  Mais  tu  ne  l'approu- 
nes  pas  comme  il  Ce  fait  entre  nous,&:  ainli  que  l'a  ordonné  le  Pape.Ri.  N©n  pas  moy.Car 
ie  ne  croy  point  que  celle  eau-la  me  laue  mes  péchez, ne  que  la  vertu  de  Dieu  £bit  enclo„ 
fc  la  dcdansjfclon  que  vous  l'aucz  longé.  5c  puis  ie  renonce  &:detefte  tout  cequiyaefté 
adioufté  par  les  Papes, comme  vne  profanation  d'iceluy,&  approuue  feulement  l'ordon- 
nanccleuledeïefusChnft,ainfiqu'enontfaitles  Apollres, baptizan s  de  touteeaufim- 

c  "  0  ple:&:fcxépleeneftaux  Adcsdcs  Apollres ,  dé  l'Eunuque  qui  fut  baptizé  par  Philippe. 
C  Or  cependant  que  ie  difoye  ces  choies,  il  faifoit  Ion  conte  par  l'es  doigrs  :  5c  luy  Ibuuint 
du  manger  delà  chair:&.  pource  me  demanda,Si  ie  failbye  différence  d'en  mager  vn  iour 
pluftoft  que  l'au  tre,&:fi  i  en  auoye  mangé  tous  les  iou  1  s. le  luy  refpondi  que  tous  les  iours 
ibntfan£tifiezauxfidelcsparlaparolIe,&:par  la  prière :5c que fainct  Paul  reprend  ceux 
qui  font  différence  des  iours:  Se  pourtant  comme  vne  chofe  indifférente,  i'en  auoye 
ïTim^j,  mangé  tous  les  iours .  Et  adiouftay  dauantage,  que  faind  Paul  prononce  que  c'eft 
vncdodrinedcsdiables,de  défendre  les  viandes  aufsi  bien  que  le  Mariage.  Etoyauttsela 
il  mcdit,Quetiens-tu,ou  q  crois-tu  du  Mariage?  Ri.  Quec'eft  vne  faincle  ordonnance  de 
Dieu.D.  L'approuues-tutoutainfî  commenous  le  faifons  ?  le  luy  refpondi  feulement, 
qucien'approuuoyepas  leur  manière  de  faire,  qu'ils  le  défendent  en  certain  temps,  & 
puis,  que  pour  argent  ils  donnoyent  congé  de  ic  marier  comme  bon  leur  fcmbloit.Et  ne 

voulu 


Jean  Louys  PafcaL  p 

voulu  point  entrer  à  luy  déclarer  comment  par  vne  fottifè  trop  lourde ,  voire  impiété  de- 
teftableilsen  faifoyentvn  Sacrement,&:puis  l'appelentvnepollution.nedelescOfondre 
autrement  parleurs  propres  armes,pource  qu'il  eftoit  défia  bien  tard,&  qu'il  m'auoit  efté 
commandé  que  ie  fulîe  bref,  ^  Voila  en  fommc  ce  qu'auiourdhuy,qui  cft  le  dernier  iour 
de  leur  Carcfme-prenanr,  a  efté  adio.ufté  en  mon  procès  plus  que  criminel .  Iefày  bien 
queie  puis  auoir  changé  aucunement  l'ordre,  mais  non  la  fubftâce  de  la  procédure:  &  me 
fuis  perforcé  de  retenir  les  mcfmes  refponfès,d'aurant  que  i'efpere  que  lies  pourront tom 
ber  vn  iour  entre  les  mains  de  quelqu'vn  quiles  pourra  côferer  auec  le  procès  .  Combien 
qu'en  ma  dernière  refponfè  faite  al' Auditeur  fur  l'admonition  qu'il  me  fît  de  me  defdire, 
auant  que  de  toucher  à  ces  derniers  propos,i'auoye  fait  vne  protcftation,Comment  ie  n- 
ay  point  d'autre foy, que  celle  que i'ay  apprinle.de  noftre  Seigneur  Iefus,laquelle  eftfom- 
mairement  comprinfe  au  Symbole  des  Apoftres:pour  laquelle  maintenir  ie  délire  &  luis 
preft  d'expolér  à  la  mort  non  point  feulement  vne  vie,  mais  mille,  fi  i'en  auoye  autant  :  6c 
prie  noftre  bon  Dieu  de  m'en  hiirelagrace,pour  l'amour  de  Iefus  Chrift  ion  Fils  noftre 
Seigneur. 

Or  decetcmps-Ia,M  arc  mon  compagnon  eftoit  folicité  par  le  conte  d'Àiello,  &  çn1Cc°i^ 
par  le  Lieutenant  de  la  garde  du  chaftean,  de  fedeidirc,&:  luy  mettoyét  en  auant  l'autho- 
rité  du  Pape.  Aufquels  il  ditoit,  Vous  pouuez  direeequ'il  vous  plaira:mais  quant  à  moy,ie 
croy  que  vollrc  Pape  a  autant  dauthorité  de  pardonner  les  péchez,  qu'a  mon  aine.  Car  il 
les  homes  euffent  peu  pardonner  les  pechcz,il  ne  faloit  point  que  Iefus  Chrift  vinft  mou- 
rir pour  iceux.  Et  ils  luy  repliquoyent,que  Iefus  Chrift  auoit  donné  luy-mefmecefteau- 
thorité  à  fes  A poftres.  Ouy  bié,  dit  il, à  Tes  A  poftres,  &:  à  ceux  qui  annôcent  la  parolle  de 
Dieu,&:  qui  prononcer  qu'au  nom  de  Iefus  Chrift  nos  péchez  nous  font  remis. Mais  qu'a 
affaire  voftre  Pape  auec  ceux-ci  ,ni  auec  fainct  Pierre,ni  auec  les  A  poftres?  A  lors  ils  luy  de- 
manderent,Comment  peux-tu  fauoir,roy  qui  es  vn  ignorant,  quêtes  péchez  te  font  par-  Refpôfeç  At 
donnez, fi  tu  n'as  l'abfolution  du  preftre?  le  le  lày,refpondit-il,  par  le  moyen  de  la  foy,  que  ^rrc,J"rr^ 
i'ay  en  Iefus  Chrift  :&fuisaufii  certain &aiTeuré  que  fon  fang  me  laue&:  nettoyé  de  tous  Vérité!"' 
lïies  pecheZjComme  ie  fay  que  feau  me  laue  les  mains. Ils  luy  dirét,  Que  par  la  mort  de  Ie- 
fus Chrift  le  péché  originel  nous  eftoit  feulement  pardonné  :  mais  que  pour  ceux  q  nous 
faifons,ilnous  faut  auoir  l'abfolution  du  preftre.Marcleurrefpondit,  Dites-moy,ie  vous 
prie,Si  quelqu'vn  auoit  tué  cinquante  hommes,&:  qu'il  euft  obtenu  grace&remiffion  de 
la  mort  de  quarate-neuf,&:  qu'il  neleuft  point  de  celuy  feul  qui  refte,  ne  le  feroit-on  poit 
mourir  pour  ce  feul  ,auf(i  bien  qu'on  euft:  fa  îr  pour  tous  les  cinquate?  Ain  fi  ie  vous  di,  Que 
fi  Iefus  Chrift  nenous  a  pardonné  tous  péchez ,  tant  l'originel  que  les  noftres ,  il  faut  que 
pour  les  noftres  nous  allions  en  enfer. Lors  ils  luy  dirent,Ce  fera  à  toy  qu'il  faudra  aller  en 
enfer.  Il  leur  refpondir,Et  ie  vous  di,que  tous  les  diables  enfcmble  ne  me  fauroyent  fai- 
re craindre,que  faille  en  enfer:  mais  au  côrraire,ie  croy  que  Dieu  me  fera  la  grâce  de  por- 
ter cefte  croix,d  eftre  l'vn  de  fes  Martyrs,  &  de  mourir  pour  la  mefme  querelle  qu'ils  font 
morts. 

Mo  n  interrogatoire paracheué, l'Auditeur  ditderechefàMA  r  c  ,Vien-ça,  As_tu  bie 
penfé  à  ton  affairer  Veux-tu  renoncer  à  ra  faufle  opinion'Lors  il  luy  rcfpondit,I'y  ay  penfé 
&  repenfétmais  ie  ne  voy  point  que  ie  doiue  recourir  à  autres  qu'à  Iefus  Chrift  fèul, lequel 
eft  venu  en  ce  mode  pour  endurer  &  mourir  pour  moy.Et  vn  Efpagnol  foyant  parler  ain- 
fihardimet.dit,  Voyez  ceftuy-ci  qui  ne  lait  lire  n'efcrirc,&:  fi  feveut  méfier  dedifputer.Et 
quefais-tu  que  c'eft  dételles  chofèsrEt  Marc  fe  tournant  vers  moy,  dir,  Demadez-en  à  ce 
gentil-hômme,&:  il  vous  en  rendra  bon  conte .  Et  l'Auditeur  luy  dit ,  le  te  deman  de  fans 
plus  difputer,fi  tu  te  veux  amender.  Et  il  refpondit,Ic  me  tien  à  ce  qui  a  efté  eferit ,  Alors 
l'Auditeur  fit  deux  ou  trois  fignesdelacroix  fur  luy ,  difant,  Or  va  r'en  au  diable.  Et 
ainfi  nousretournafmes  enféble  tous  deux  en  prifon.  Efcritdelaprifonduchafteaude 
Cofenza,lci7.deFeurier,i  560. 

AVTRE  Epiftrc  dudit  Pafcal  ,par  laquelle  il  déclare  les  grâces  &  faueurs  finguliercs  que  Dieu  luy  fait ,  mon- 
ftrant  raccomplifTemenr  de  les  proraeiTes. 

O  m  b  1  e  n  qnoftrccnnemi,  ayanr  perdu  toute  maiftrife  qu'il  a  fui  nous,  feferue  de 
noftre  chair  corne  de  maqucrelle,  pour  rôpre  le  lien  du  famtt  mariage,  q  nous  auos 
fair  auec  noftreefpoux  Iefus  Chrift:  ii  eft-eeque  nous  fommes  certains  q  l'Eiprit  de  Dieu 
qui  habite  en  nous,rompant  toute  fon  erïtreprinie,&;  nous  armât  des  armures  dont  parle 


Pl'ca.  u6.ii 


Liurc^  VU-  fan  Louys  Ta/cal 

famct  Paul  aux  Ephefiens, nous  afsiftera  tellement  au  combat,qu'en  la  fin  nous  emporte- 
rons la  victoire  triomphante.  Et  ne  cloute  point  que  le  Seigneur  Dieu  ne  prolonge  cefte 
affaire,  à  ccquelafin&ifTuecn  foit  d'autant  plus  à  fa  louange  &: gloire, &:  à  mon  pro- 
ht,  «Se  non  fans  quelque  édification  de  Ton  Eglife.  Car  quant  à  moy,i'cnfen  vne  tel- 
le marque  6c  vn  tel  gage,que  le  fuis  honteux  desfaueurs  &c  grâces  finguliercs  que  le  Sei- 
gneur me  daigne  Kiire:d'autant  qu'outre  le  profit  que  ic  l'en  auoir  fait,  de  me  repofèr  tous 
les  iours  de  plus  en  plus  en  fa  prouidenec ,  il  m'a  fait  toucher  comme  auecles  mains  l'ac- 
compli flcmenr  de  tes  fainc~tcspro  méfies.  Et  pour  vous  dirclevray,encores  queiamaisle 
Seigneur  ne  m'ait  abandonnc,toliterois  fi  me  fèmbloit-il  que  îenefcntoye  point  en  moy 
la  viuacité &rcffîcace  des  confolations  qu'il auoit  fait  fentir  aux  autres, comme  il  mefbu 
hu«  d«  "  ucno't  d  auoir  leu  dedans  leliure  des  Martyrs:  ce  qui  me  donnoit  occafion  de  quelque  ta 
Martyrs,  fcherie  6c  regret.  Mais  quand  le  temps  eft  venu,  il  n'apoint  failli  de  medonner  eequeie 
dcfïroye,&:  m'en  adonnétant,quetoutainfi  que  du  cômcncementdema  prifon  ie  fen- 
toye  comme  vn  glaçon  en  mon  cccur,à  caufè  de  la  faf  chêne  que  i'auoye:  aufsi  depuis  peu 
dcioursençàilmcràitfentirtelleconfolacion  enmonefprit,  que  ie  ne  la  vous  fauroye 
exprimer. 

£  t  pourtant  nous  auons  biert  occafion  tous  deluy  en  rendre graces,attendans  en  pa- 
tience le  comble  de  les  benedi&ions,  perfeuerans  neantmoins  toufiours,  commenous 
îbmmcs  enfeignez,  en  prières &oraifbnsXar  ie  vous  allure,  fi  l'homme  eft  vne  fois  de- 
laiifcenfcs  propres  forces, quec'eft  vnepourecx:  miferablecreature.Etpourcenouspou 
uonsbien  direauec  Dauid.Ftayeur  me  fai(it,quandnous  venons  àconfiderer  la  condi- 
tion de  ceux  qui  font  abandonnez  de  Dieu  .  Et  puis  il  crie  à  haute  voix,  QjJÉrendray-ie 
au  Seigneur  pour  tous  les  biens-faits  entiers  moy?  Car  li  eftans  encores  en  l'abyfmc  de 
toutes  miferes,auec  vn  petit  gouft  de  la  confblation  qui  doit  aduenir,  nous-nousfentons 
trop  plus  heureux,  fans  aucune  comparaiion, que  tous  les  Rois  &  Princes  delà  tcrre,quc 
fera-ce  quand  nous  ferons  participans  de  la  nature  de  Dieu,&  que  nous  iouyrons  pleine- 
ment de  cefte  félicite  parfaite  &c  accomplie,laquelle  iamais  œil  n'a  vcu,ni  oreille  ouye,ne 
cœur  enrendu  rParquoy, mes  frères,  ie  vous  exhorte  dedemander  inftamment  à  Dieu, 
qu'il  vous  facefentirviuement  ces  confolations-ci ,  afin  que  renonçansà  nous-mcfmes, 
nous-nousconfacrionscntout&partoutau  fèruice  denoftre  Rédempteur ,  eftans  cer- 
tains &afîeurez,fï  nous  fbm  mes  participans  defes  afflictions ,  qu'en  la  fin  aufsi  nous  fe- 
rons participans  de  lès  confolations. 

EPISTRE  par  laquelle  il  confole  fa  fernme,raflfeuràht  des  promefles  infallibles  de  Dieu.  Il  admonnefteauf 
fi  Charles  fon  nepueu  de  feruir  à  l'aduenir  à  la  gloire  du  Seigneur. La  fuperfeription  de  la  lettre  eftj 

A  ma  chere&  bien-aimeefemme,Camilla  Guarina. 
A  tref  chere  &c  honnorecamie,ie  cognoy  bie  que  l'amour  de  Dieu  enuers  mov  eft 
_  ;fi  grand, que  ie  demeure  tout  confusjfèulement  de  penfet  à  fes  grans  bénéfices  :Sc 
entre  autres,dc ce  que  i'ay  cefte  commodité' de  vous  pouuoir  faluer  parlettres,ainfi  que 
i'ay  toufiours  dcfirc,&:  vous  faire  participante  de  mes  confolations,lefquellcs  m'ont  cfté 
redoublées  par  vne  prouidence  admirable  de  Dieu.  Car  cftant  en  la  prifon  eftroitte  du 
Vrfetcopri-  chafteau de Cofettza,  cepourcieunegarçon  delaGuardia,nommé  Vrfetto,  qui  demeu 
fonnicr.  roit  auec  le  tailleur  qui  fit  voftre  rob  be,f ut  prins  de  la  Iuftice  de  Cofenza  :  &C  depuis  qu'il 
eut  abandonné  Iefus  Chrift,il  fut  mis  pour  enuiron  vne  heure  en  noftre  compagnie:  Se 
luv  ayant  demandé  de  voftre  eftat,il  me  dit,  qu'auec  vne  patience  Chreftienne  ,  vous- 
vous  rengev.  Se  lubmettez  à  la  bonne  volonté  de  Dieu  :  auquel  vous-vous  eftes  côfacree, 
&moy  aufsi.  Dont  ie  vous  promets  de  la  parc  denoftre  bon  Dieu,  que  Iefus  Chrift  fera 
voftre efpoux  cher  Se  gracieux,  lequel  pouruoira  à  tout  ce  qu'il  vous  fera  ncccfTairc,  puis 
qu'il  nepeutiamais abandonner  quiconquefcficcnluy.  Oriefaybicn,  que  patience&: 
coftanccn'eftpasvneftupidicctrutalcqui  nefentcpointlcs  afflictions  de  la  chair:  mais 
d'autrepart,ie  me  refiouy  grandement  du  profit  qu'auez  fait  en  l'cfcole  de  Dieu ,  lequel 
vous  propofantlegrand honneur  de  vous  faire  compagnieen  vnœuure  fi excellcnr,reL 
jouira  tellemét  voftre  efprit,que  ce  fera  pour  renforcer  voftre  poure  chair  affligée.  Vous 
fauez  bien  que  la  fin  principalcde l'homme  eft  deglorifier  Dieu,lequel  auec  grand  pro- 
fit recompenfera  toute  peine  &trauail  que  nous  aurons  prins  pour  l'amour  de  luy.L'arre 
queie  fen  par  fa  bonté,  eft  fi  grande,  qu'elle  me  fait  demeurer  tout  refiouy:  Se  ce  d'autant 
plus  que  i'en  ten  le  mefme  aufsi  élire  de  voftre  part.Que  fi  la  chair  fc  ducilt  Se  pleine  de  ce 

qu'elle 


ncue. 


Jtan  Louys  PafcaL  f  <p 

qu  elle  tburfreafflicf  ion  plus  grande  que  de  couftume,  l'efprit  la  reprend  comme  ingrate 
de  tant  de  bénéfices  de  Dieu:&(ur  tout, pour  le  doux  traiteement  duquel  le  Seigneur  vte 
entiers  nous ,  en  defpit  de  tous  nos  ennemis .  Et  pource  ic  puis  chanter  à  bon  droit  àuec 
Dauid,Le  Seigneur  me  paift,rien  ne  me  defaudra.Chantons  doncquesenfembleleslou-  Pfeàw*» 
anges  de  noftre  Dieu. Et  afin  que  vous  ayez  toufioursfouucnâcc  de  moy ,  îe  vous  cnuoye 
au  Pt'eaume  qui  commence,Iamais  ne  cefferay  de  magnifier  le  Seigneunnon  pas  afin  que  pfcau-3+ 
vous-vous  ennuyez  d'eftre  demeurée  en  ce  monde  après  moy ,  mais  afin  de  vous  efiouir 
en  certaine  e(perance,que  vous  meluyurez  au  ciel,  là  où  ic  vous  vay  attédre.  le  pente  que 
monteftament  vous  donnera  occation  de  cognoiltre  que  ie  vous  aime  de  bon  cœur:  &c 
vous  prie  que  pour  l'amour  de  moy  Vous  ayez  men  nepucu  Châties  pour  recomman-  ^ 
dé.E  t  aduiiè  bien, mon  entant, que  tu  te  portes  tcllemét,  que  ton  oncle  ne  toit  point  de-  charkSJf0!l 
ceu  de  l'efperancequ'ilaque  tu  dois  ternir  à  la  gloire  de  Dieu ,  quand  le  temps  tera  venu,  ncpuai. 
le  t'ay  laifle  monfegneur  le"  Marquis  pour  pt  re ,  non  point  que  ie  me  derfiaif  de  la  ron-  njJjJJJ^Jj 
deur  àc  tincerirédemon  frère  :  mais  pour  le  grand  delir  que  fay  que  ru  foisenfegné  con-  v,to,,cmuj 
tinucllementen  lacraintede  Dieu.Iehe  vous di  autre chofe,tinon  qu'il  vous  phuletaluer 
tous  mes  compagnons  etcoliers,  &  leur  dre  qu'ils  appreftent  des  fauciliesbien  trenchan- 
rcs,  pource  que  la  moifTon  eftgrande,&  qu'il  y  a  peu  d  ouui  iers.  A  Dieu  tous  ,&:  vous  ma 
chcrcfemme,en  vous  embrasant  &:  baifant,ievous  di  le  dernier  A  Dieu.  Delaprifondu 
chafteau  de  Cotcnza,lei7.de  Feurier,  1  }6o. 

Au  feigneur  Laurent  Maietto>&:  à  tous  nos  frères  de  Saintt-lixte,&  de  la  Guardia. 

D'  A  V  T  A  N  T  que  ta  venue  de  Pafcal  auoir  caufé  grade  perfecution  à  ceux  de  Sain<ft-fixte,&:  de  la  Guardia,  Si 
les  admonnefte  de  ne  trouuer  eltrangt,  fi  ce  qui  doit  élue  pour  coni  olanon,  eU  fouixnt  cauf  V  de  ia  dcfolatiô. 
Et  en  la  féconde  partie  de  celiç  Epiltre  il  les  confole  en  fa  perfonne ,  alléguant  la  ioye  &  félicite  qu'ont  ceux 
qui  fouffrent  pour  l'Euangile. 

||qϣ,;Re  s-c  h  e  r  ficre,vous  n'auez  quetropd  occationsde  vous  contrifter,  pour  le  pi- 
tcux  cas  qui  ett  aduenu  de  puis  mon  arnueeen  cepoure  pays,5c  villages. Car  il  iem- 
blc  que  le  Seigneur  ne  m'y  ait  point  enuoyé  àautr  e  fîn,iinon  pour  delcouunr  fhypocnfie 
&  la iufte condamnation  deplutieurs:  lefquels  non  contens  de  s'eftre  plaints  de  Marquet 
a  caufede  ma  venue  (pour  pouuoir  lans  en  ettre  repi  ins ,  te  veautrer  e  n  leurs  ordures  &  i- 
dolatries)refontautri  depuis  efforcez  de  faire  que  tous  les  autres  parle  moyen  &:  aide  de 
leur  feigneur  terrien,  fu  tient  contraints  d'idolâtrer  tome  eux. Et  pour  ccfairc,moy  eilanc 
cncorcsàla  Guardia,  ils confpirerent  à  l'encontre  de  Dieu  ,  failaus  ces  beaux  cicrirsque 
vous  n'auez  que  par  trop  entendus:  dont  iefen  vne  telle  douleur  en  moy,  queic  n'en  puis 
plus  parler. Nedoutcz  poit  que  Dieu  n'au  efte  prouoqué  à  me  parvnctelle  ingratitude. 
Et  pourtant  ilsnefedoiuent  pasetinerueillcr ,  fi  par  ton  iufte  îugement  il  s  ett  leruipour 
infiniment  de  leurs  affiictions ,  de  ceux  qui  leur  auoycnt  elte  enuoyez  pour  lesconioler.  ç-onfokti» 
Car  c'etl  bien  raifon  queceux  qui  ne  veulent  point  de  la  bénédiction  de  Dieu,  reçoiuent  t  ■.uneeec 


an non - 


deiolacicm. 


maledidion-.dequoyilsnetepeuuentpiaindie  nullement,  attendu  queic  leuray 
ce  rvnc&l  autre,comme  le  Seigneur  Dieu  l'clcntau  Deuteronome.Et  Dieu  vueillt  qu'- 
ils nefovét  pointencores  lî  ftupides(ie  ne  parle  pas  des  pouresfi^elcsaffligtz)quedefcre- 
tournerev.  courir  comme  chiens  matins  après  la  pierre  qui  les  a  frappez,  pour  la  mordre  D  ^ 
&  ronger  defureur:  ce  qui  ne  leur  feruira  d'autre  choie,  linon  de  leur  rompre  les  dents,    ^  ' 
pource  queceluy  qui  leur  a  donc  !e  premier  coupleur  en  douera  bien  d'autres. Mais  vous 
mepourrez  direq  ce  font  les  pouies  fidèles  quifèntentles  plus  grans  coups:  ce  queic  con 
fctle  élire  viay,d'autant  que  leiugemcnt  commence  parla  maiion  de  Dicmmaisfi  celaié 
fait  au  bois  vetd,que  fera-ce  puis  après  ùuiec  ?  Et  pourtant  il  y  a  toutïours  cefte  différen- 
ce entre  les  fidef  s  Scies  metchas,  qu'à  ceux  qui  craignet  Dieu  toute  chofe  tourne  en  bie, 
&;  parmi  les  afflictions  mefme  s  ils  lentent  la  bonté  paternelle  de  Dieu  :  lequel  com  me  vn 
médecin  bien  expert  ôclauant,  tetert  de  médecines  ameres  pour  guérir  les  poures  mala- 
des .  Et  nous  laitons  affez combien  les  afflictions  font  necetfaires  pour  aduertir  les  fidèles 
de  leur  dcuoir  .  Car  autïî  te  ft  qu'ils  l'ont  trairtez  vn  peu  délicatement ,  cefte  chair  rebelle 
s'enyure  aux  délices  &  aitès  de  ce  môdc,&  met  en  oubli  fa  principale  fin,&:  ne  tient  grâd 
conte  du  re  pos  8c  félicite  perpétuelle. 

Par  Ci_v  o  y, tref-cherfrerc, icvouspricdeporterpatiemmcntlcs afflictions quele 
Seigneur  vous  enuoye ,  attrempant  &:  modérant  l'afprcté  de  la  croix  ,  par  la  douceur  des 
promeffes  qui  nous  font  faites  en  l'Euangile ,  quand  il  cft  dit, Que  ceux  la  font  bien- heu- 


Lime  VU*  Jean  Louys  Ta/caL 

rcux  qui  mènent  dueil,&:  qui  foufFrent  pour  iuftice^d'autant  qu'ils  feront  confolcz.  Ec  Ci 
lâchait*  rebelle,  pouftee  par  Satan,  taichoitdevousperiuaderquc  Dieu  ne  vous  aime 
point,  6c  pour  cefte  eau  Ce  qu'il  vous  afHige,rcfpondcz-luy  hardi  met ,  Que  puis  qu'il  vous 
Mat.ç.4,  chaftie,c'eft  vn  ligne  manifefte  qu'il  vous  aime,&  qu'il  vous  eft  bon  Père  &:  benin.  Et  cô- 
*13  bien  que  vous  ne  voyez  pas  des  yeux  corporels  le  mauuais  temps  &  la  grande  tempefte 
qui  eft  en  la  mer,  regardez  auec  iaind  Pierre  en  cefte  clarté  (Huilante  de  lefus  Chrilt,voi 
re  des  yeux  fpirituels  de  la  foy,  &  vous  Verrez  vnc  grande  tranquillité ,  &;  aux  miferes  Se 
pourete  vne  abôdancede  richeffes  merueilleule,&  en  cefte  mort  tat  biieue  vne  vie  eter- 
Roco.s.54.  nelle.Efiouiftcz-vous  auec  iam&Paul,difant,C^eft-ce  qui  nous  pourra  iamais  feparer 
de  l'amour  que  Dieu  nous  porte  en  lefus  Chrift  rScra-ce  la  faim  i  la  foif  ?  nudité  ?  les  per- 
fecutions  ?]a  mort  î  II  eft  certaih  que  ïamais  nulle  créature  ne  le  pourra  taire.  Et  avât  fait 
vne  fois  cefte  rclblucion,  de  cheminer  touficurs  en  la  crainte& amour  de  Dieu  ,  cercliez 
puis  après  le  meilleur  moyen  que  Dieu  vous  prclèntc,  pour  appaifer  voftre  coniçicncc, 
afin  qu'en  paix  vous  puilsiez  venir  au  bout  de  ce  pèlerinage  (ans  ofFenfer  Dieu .  le  penic 
que  vous  fauezbien  qu'en  tous  nos  procez  vous  elles  nommé,  non  pas  que  iaye  efté  le 
premier  à  parler  de  vous,combien  quefaye  efté  examiné  le  premier  oe  tous:  mais  quand 
vn  vous  a  cudcfcouuci  t,il  a  falu  que  les  autres  lavent  confermé.De  là  vous  pouuez  bien 
conclure,que  iamais  vous  n'aurez  paix  auec  le  monde,tandis  que  vous  marcherez  par  le 
bon  &c  feur  chemin  de  l'Euangile.  Et  vous  veux  bien  aducrtir,que  vous  fbyez  pruden  t,& 
que  vous-vous  gardiez  fur  tout  fongneufèmcnt,qu'on  nevousmettelamainfurlecolet. 
Et  voudroye,que  comme  le  capitaine>  vous  mifsiezcn  exécution  le  confeil  quefayen- 
uoyé  à  tous  en  ^encrai. 

Qv_  a  m  t  à  1  ennuy  que  vous  auez,&  tous  mes  autres  frères  à  caufe  de  mon  emprifon- 
nement,ie  vous  en  remercie,  m'afTeurant  que  cela  procède  delà  vraye  amitié  &Chre- 
ftienne  que  vous  me  portez:^  fuis  certain  qu'il  n'y  aceluy  d'entre  vous,&:dc  la  Guardia, 
qui  ne  me  vouluft  racheter  de  (on  propre  fàng,  fi  la  volonté  de  Dieu  cftoit  telle.  Mais  en 
cela  ie  ne  voudroye  point  qu'on  panait  les  bornes  d'vn  Chreftien,qui  font ,  d'auoir  la  vo- 
lonté de  Dieu  pour  règle  vnique  de  toutes  fes  affection  s,  &  puis  de  modérer  la  douleur 
qu'il  fènt  pour  la  perte  de  fonfrere,auec  le  triomphe  qui  m'eftappreftépar  le  moyen  de 
ce  prochain  voyage  tant  heureux.  Or  quel  plus  grâd  honneur  Dieu  nous  pourroir-il  fai- 
re,quede  fe  feruir  de  cefte  pourecharongne&  puànte,pourréndretefmoignageàfa  vé- 
rité éternelle  &  infaillible?  Quelle  meilleure  nouuelle  puis-ie  receuoir,qucde  fortir  de 
toutes  mi  (ères,  &  de  m'en  aller  auec  lefus  Chrift,pour  iouyr  de  la  félicité  éternelle  ?  Là  il 
n'y  a  plus  dedouleur.ne  de  pleurs,  ne  demort.  Nefàuez-vous  pas  bien  que  la  mort  des 
VCe.xts.ii  faincts  eft  precieufc  en  la  preibneedu  Seigneur?  &: ,  Que  bien- heureux  font  ceux-la  qui 
Apo.14.ij.  meurcnc  en  iUy  ?  Auez-vous  enuie  fur  ma  félicité  prochaine  ?  S'il  eft  ainfi  ,  faites  que  ce 
foit  vne  fàinîte  cnuic,laquelle  vous  retienne  continuellement  en  vn  deflr  ferme  &con- 
ftanc,dc  me  fuiute  par  le  chemin  du  ciel,  ne  vous  arreftant  point  en  cefte  obfcure  vallée 
de  mifercs.  ^  le  vous  fuppliearFcc~tueufement,qu'ayantleu  cefte  lettre,vous  en  faciez 
part  à  nosfi-eresdeSainct-fixte,  &:  de  la  Guardia,  lefquels  tous  enfemble  nous  faluons 
moy  ^Marquer, q  eft  ici  auec  moy.Le  Seigneur  Dieu  (bit  celuy  qui  vous  recopenfe,tref- 
chers  &:  bien-aimez frères &C  fœur s  en  noftre  Seigneur,detant  de  biens  que  vous  nousa- 
ucz  faits,  puis  que  nous  ne  vous  en  pouuons  point  aiTez.remercier .  le  me  recommande 
en  particulier  à  madame  Marie,&:  à  fes  plus  prochaines  vo:fines,qui  m'ont  tant  fait  de 
biens.  Et  quand  cefte  lettre  aura  efté  receue,  ie  vous  prie  de  l'cnuoyer  à  Geneue.Et  vous 
aduerti,  que  il  par  prières  continuelles  vous  criez  au  Seigneur  pour  la  defolatiô  que  vous 
endurez.il  ne  faudra  point  de  vous  exauccr,vous  prouuoyat  de  ce  qui  vous  fera  neceftai- 
rc.Ie  vous  prie  encorcs  vnc  fois  d'auoir  fouuenance  de  prier  Dieu  pour  nous,  côme  nous 
faifons  pour  vous.  A  Dieu  mes  frères  &t  mesfeeurs.  A  Dieu.  La  grâce  du  Pere,  la  charité 
du  Fils, par  la  communication  du  fain£t  Efpritfoit  auec  vous  tous.  Ainfi  foit-il.  De  lapa- 
fondu  chafteau  de  Cofenza,le  dernier  iour  de  Feurier,  1  5  60. 

A  ma  trefehere  fœur  au  Seigneur ,  madame  Marie,  &:  à  tous  nos  frères  en  lefus  Chrift. 

PAR  cefte  prefente  il  confole  les  affligez  efpars  en  Calabre.defcendus  de  pères  fidèles  :  &r  cjuele  Seigneurleur 
ayant  oflc  maintenant  la  nourriture  du  pain  celefte.Ia  prédication  &  les  exercices  de  fa  Parolle,  l'auroitfait 
pour  leur  donner  à  cognoiitre  par  la  priuation  d'icelIe>combien  elle  doit  eitre  chère  Se  precieufe. 

IE  ne 


JeanLoujuTafcaL  jji 

E  ne  fay  pas  bonnement,  trefchere&honnoree  fœur  en  IefusChrift,que  iedoy 
ïfair e,pour  vous  remercier  des  bies  infinis  que  i'ay  reeeu  en  particulier  de  vous.  Et 
pleuît  à  Dieuquemon^ouuoirrefpondiftàma  volôté:icm'effbrceroye  de  faire  cognoi 
ftre  voftre  charité  Chrcftienne  à  toute  l'Eglifé, afin  que  cefuftvn  exemple  vif  &:  rare: 
njaisnele  pouuant  faire,  ieprieray  leScigncur  Dieudele  faire  luy  m  cfme,  vous  don- 
riant  la  recompenfe  qu'il  a  promife  en  fon  fainét  Euangile.Lelien  de  charité  Chrellien- 
nequimefaitiouirdevosbenedidions,eftceftuy-lame(me  auffi  qui  me  tait  gemir  6c 
foufpiter  de  vos  afflictions,m'incitat  de  prier  Dieu  (ans  ccfle,qu'il  luy  plaife  vous  fecou- 
rir  pafià  grande  mifericorde,&;  mettre  quelque  bonordreà  tant  de  piteux  deiordres: 
pour  lerernede  delquels  ie  vous  enuoyecefte  feule  confolation  6c  certaine,vuus  priant 
d'en  âftoir  toufiours  fouuenance:C'eft  que  vous-vous  donniez  garde , quelque  chofe  qui 
vous  puifle  aduenir,  de  iamais  perdre  courage,&;  d'orfenfer  Dieu  par  deffiance,comme 
s'il  eftoit  voftre  ennem'y  moitel,à  caufe  qu'il  vous  afflige .  mais  au  contraire ,  que  vous- 
vousafTcûriez  qu'il  vous  aime  comme  vn  bon  pere  pitoyable,  6c  que  pour  cela  il  vous 
chaftie.  Iefay  bien  quececy  ne  fe  peut  faire  fans  combat,  6c  fî,ie  voy  que  Satan  eft  défia 
tout  preft  pour  vous  perfuader  le  côtraire,pour  vo*  faire  defefperer  de  vqftre  falut ,  puis 
que  Dieu  vous  a  priuez  de  les  Miniftres  :  6c  par  confequent  de  fa  parolle ,  qui  eft  la  feule 
viandède  nos  ames.Et  fuis  touteertain  qu'aueccefte  tentationfiî  plufieurs  autres, il  taf- 
cheta  de  vous  attirer  au  gouffre  &;  abyfme  de  defefpoir. 

Mais  pour  luy  refifter,&  le  vaincre  de  fes  propres  armes,recueillez  de  ce  chaftiemet 
de  Dieu  vne  confirmation  ferme  &  certaine,  qui  eft ,  Que  quand  le  pere  6c  la  merefer-  j^ôP*J* 
ment  l'armoire  où  eft  le  pain  >  à  leurs  enfans,  ils  ne  le  font  pas  pour  les  faire  mourir  de  percteri 
faim:maisaucontraire,ilsfechangeroyent  pluftoft  en  viande  cux-mefmes,  que  de  les  l'armoire 
voir  en  telle  extrémité.  Or  fi  les  hommes  qui  font  mauuais,  fement  vne  telle  bonté  en  fo^Sn*. 
eux,quefera-cedecefeulPere  de mifericorde lequel  n'a  poîtefpargnéfon  Filsvnique 
&bien-aimé,  l'enuoyant  du  ciel  çà  bas  en  terre,  pour  nous  Je  faire  àiamais  pain  dévie? 
Mais  vous  pourrez  dire,que  cependant  neâtmoins  l'armoire  demeu  re  fermée,  puis  que 
nous  fommes  priuez  de  fa  parolle.  Ievousrcfpon  que  celaeft  pour  voftre  grand  profit, 
d'autant  que c'eft  vn  moyen,duqucl  Dieu  fe  fert  maintenant',  pour  eftre  tant  plus  glori- 
fié en  vous.  Or  cela  le  faiten  deux  fortes,  afTauoir  que  Dieu  eft  glorifié  en  le  pi  îat ,  6c  en 
luy  en  rendat  grâces. Et  pource  il  eftnecefïaïrc  à  caufe  de  noftreftupidité,  qu'il  nous  aL 
flige,afinqi^çnouslepnôs:&:enlepriâtqu'ilnousexauce>àce  quenousluyen  rédions 
grâces.  Qup  fi  vousentrezen  vous-mefmes,  pour  vous  bien  examiner ,  vous  ferez  con- 
trainte&  vous  6c  tous  les  autres  de  confefTer  que  vous  n'auiez  iamais  cognu,  combien  la 
parolle  de  Dieu  eft  precieufe,  iufqu  a  ce  que  vous  en  ayez  cfté  priuez:&  pourtant  il  vous 
eftoit  knpoffibtede  leprier  comme  vous  y  eftiez  tenus,pour  l'auoir:&  puis  l'ayant  obte- 
nue,^ en  remercier,  comme  vous  y  eftiezobligez.  PourdÔquesreucnirànoftre  fimi- 
Jitude,  jedyjpuis  que  Dieu  vous  a  fait  ceftegiace, de  vous  faire  naiftred'vne  louche  be- 
niteyquAvo^s  foyezaiTeurezd'eftre  heritiei*s  aufli  de  leur  benedi&ion,d'autât  que  Dieu  J^.?|Jj™ 
aprAmis  à;VQ*peres»>qu'il  fera  leur  Dieu,&:de leurs  enfans  en  mille  generatiôs.  Parquoy  iabenedi- 
qu?dDieUiVftftrc  Pére  vous  a  priuez  de  cefte  vian  de  fpirituellc,ce  n'a  eftépourvousfai-  ftion  des 
re  mourir  de  faim,mais  pour  vo9  en  faire  auoirbôappetit,afin  qu'elle  fe  tourne  en  meil- pcrcs* 
leuçe  nourriture.Et  quant  eftd'ouurir  i'armoire,vous  fauez  qu'il  ne  faut  feulement  que 
l'enfant dcmandejpource  que  fa  voix  penetreiufques  dedans  les  entrailles  du  bon  Pere 
&  payable.    U  ne  reftedonques  autre chofe,finon que  comme  enfans  bien  obeiffans 
&c  débonnaires  vou^  demandiez  le  pain  à  voftre  Pere  ceiefte ,  félon  que  vous  a  enfeign4 
jefùs  Çhnft  voftre  frore*ne  doutant  point  de  fàbonté&  amourf  aternel.  Ecpour  vous 
ofter  tout  foufpeçon ,  ayez  recours  au  tefmoign^ge  intérieur  de  voftre  prop  re  confeien- 
çe:ô6frquuant  en  vous  l'efprit  de  pouuoir  inuoquer  Dieu*  ayez  cela  pour  vn  tefmoigna- 
gecertaip  de  voftre  adioption,  vous  tenansafTeurez  qu'en  bref  vous  aurez  la  pafturede- 
iiree.  Car ceft  efpritn'eft  point  donné  finon  anx  enfans  que  le  Pere  celeftèveut  repai- 
ftre. de  fes, viandes  fpirituelles.  Celuy  dbnquesquilefencen  foy(c'cft  à  dire,  quiconque 
prie  Ç)ieu  aucc  certaine efperance  d'eftre  exaucé)  Ce  peur  affeurer  hardiméede lafaueur 
4eDieu,&:4e  fon  fecours,d'au  tat  qu'il  eft  cfcrit,Qne  quicôque  inuoquera  le  nom  du  Sei  a^-111* 
gnquf^fçra^auué.Eçcncores  quetelle  inuocatiôfuft  meflce  parmi  quelque  deffiâce(aïfi 
iqle  iugemer.humain  en  eft  continuellemét  plein)enfuyuez  les  Àpoftres ,  lelquels  eftas 
agitez  de  vagues  6c  tepeftes  del  a  mer,craignans  la  morr,recoururem inconrinét  à  Iefus  Mat,s  IU 

AAa. 


Livrer  FIL  Jean  Louys  Pa/cal. 

Chrift,qui  dormoit,  crians,  O  Seigneur,aidc-nous,pource  que  nous  mourons.  Et  ainfi 
ils  nous  monftre  comment  il  y  auoit  de  la  deffiance  méfiée  auec  la  foy.    La  mer  trou- 
blée les  faifoit  craindre  la  mort la  prcfence  du  Seigneur  qui  fèmbloitcftre  endormy, 
lcsdcuoitafTeurerdcla  vie.  Ainfi  ne  vous  taillez  point  empefcKer  parla  deffiance  que 
vous  fendrez  en  vous,  que  ne  recouriez  à  Iefus  Chrift,  lequel  combien  qu  il  femble  dor- 
mir, c'eft,  ne  vous  point  ouyr  ,&quevous  voyczlachofc  fort  difficile,  ne  doutez  point 
qu'il  nes'efueille  en  fon  temps,  &:  commâdantàla  mer  &:aux  vencs,ilferacciîeria  tem- 
Lon  que   pefte,encores  qu'il  femble  que  cela  (oit  impofîible.  Car  fon  office  propre  eft ,  de  befon- 
wuteitdcf.  gner  lors  queleschofes  font  venues  à  l'extrémité,  &:  qu'on  en  dcfefperc  félon  le  fenshu- 
bdbj^*31  mam>  ar*n  clue  chacû  cognoiiîe  que  ce  qui  eft  impoffible  aux  hômes,eft  tres-aife  à  Dieu. 
Ceferadoquesenfommel  oraifon  qui  vous  fera  obtenir  de  Dieu  tout  ce  qui  vous  fera 
necefTaire.  Or  pource  que  ic  ne  fay  pas  combien  i'ay  encores  à  demeurer  icy ,  pour  plus 
grande  confirmation  devoftrefalut,ayansvoftre  efperancc  en  Dieu  par  le  moyen  de 
Iefus  Chrift,  ic  vous  annôce  commefon  Miniftrelaremifiion  de  tous  vos  péchez,  pour 
Ize.i8.  u.  *c  dernier  prefent  que  ic  vous  fay  :  d'autant  qu'il  eft  eferit  en  Ezech.  Que  toutes  fois  &c 
%*.         quantes  que  le  pécheur  fera  marry  d'auoirofFenfé  Dieu,  &c  qu'il  luy  demandera  pardon 
de  fes  pechez,incontinent  il  luy  fera  grâce  &:  pardon  :  corne  il  nous  monftre  par  l'exem- 
ple du  Brigand,&:  de  l'Enfant  prodigue,&  de  pluf ieurs  autres  contenus  au  vieil  &  nou- 
ueau  Tcftament.    A  Dieu, ma  tres-chere  fœur,  &:  tous  mes  frères  en  Iefus  Chrift. 

Qv^a  n  t  aux  autres  chofes,  iepenle  que  vous  lauezbien  comment  vous  auezdefîa 
efté  nommée  en  deux  procez:dont  ie  vous  aduerty,  afin  que  vous  y  aduiîiez ,  ne  fâchant 
pas  côme  vont  vos  affaires  particulières  &:  domeftiques.  le  prie  Dieu  qu'il  vous  afiîfte, 
&:  qu'il  vous  tienne  en  fa  faincte  protection.  Ic  me  recommande  à  vos  bonnes  prières 
en  gênerai.  Nous  auons  fouuenance  de  vous  tous  aux  noftres .  De  la  prifon  du  cha- 
fteau  de  Cofenza,  le  7.  de  Mars,  1 560. 


SENSVIT 
Ames 


autre  Epiftre  pleine  de  belles  exhortations  :  de  laquelle  l'infeription  eft, 
5  tres-chers  &  honnorez  frères  de  Sain&-Sixte,&  de  la  Guardia. 


Mifericorde,  aide,  faueur,  confolation,  patience,  fageffe,  force,  perfeuerance  en  foy,  efperancc,  &  charité  vot» 
foit  donnée  de  Dieu  noftre  Pere,par  le  moyen  de  Iefus  Chrift^fin  ^u'à  luy  feul  foit  toute  Iouangc,honnçur 
gloi re,t rapire>triompbe,  &  action  de  grâces  à  iamais,  Amen .  ' 

É|§|| O  M  B I E  N  que  mes  forces  fbyet  dcbiies,&  mon  pouuoir  bien  petit ,  fi  eft-ce que 
L-aff«ûioa  affection  oue  ie  vous  porte ,  eft  telle ,  &  la  douleur  que  ie  fen  à  caufe  de  vos  affli- 

de  Pafcal  ctions,cft  fi  grande,  que  ic  voudroye  bien  volôtiers  mettre  mes  efpaules  fous  voftrc  far- 
rSJfc*46  deau,pour  vous  aider  à  le  porter,  d'autant  qu'il  me  femble  que  par  ce  moyen  ie  feroyc 
~     !     foulage  du  mien,fi  ie  vous  pouuoye  defeharger  du  voftre:mais  Dieu  noftre  bô  Perc,  qui 
nous  aime  tant,  prouuoit  trop  mieux  à  nos  neceffitez ,  que  nous  ne  (aurions  déliter  At- 
tendu qu'il  n'y  a  nul  de  nous  qui i  peuft  fouhaiter  plus  grande  chofe,  que  d'eftre  content. 
Mais  quand  ce  vient  puis  après  à  cercher  où  c'eft  qu'on  peut  trouuer  ce  contentement, 
nous  y  défaillons  grandement.Car  au  lieu  que  nous  deuriôs  leuer  les  yeux  au  ciel,nous- 
nous  enueloppons  comme  des  beftes  en  la  terre ,  quoy  que  l'expérience  nous  môftrc  (i 
fouuent,  comme  l'abondance  &  commodité  des  chofes  terriennes,font  celles  qui  nous 
font  abandonner  Dieu,ainfi  que  nous  voyons  en  eftreaduenu  au  peuple  d'Ifrael,  lequel 
cftant  engraùfé,  regimboit  contre  le  Seigneur.  Ce  que  nous  voyons  à  l'œil ,  fans  aller 
trop  loin,vous  eftreaduenu.  Car  vous  fauez  combien  vos  p  ou  res  frères  de  Picdmont^c 
"  Il  entead  de"  Prouence  ont  fouftenu  de  combats  pour  la  prédication  de  l'Euagile,  qui  eft  feeptre 
riadoi  tel  dc  lcfus  Chrift>&  <lucllc  conftance  ils  ent  monftree ,  demeurans  liez  &  coioints  en  vne 
briere^ef-  faincte  vnion,quand  Satan  les  a afîaillis  pour  les  exterminer. 

quels  rhi-  O  x.  quant  à  vous,  qui  elles  d'vn  mcfme  lignage,&  héritiers  des  mefmcs  promelîes,ic 
cu«  cy  de*-  ne  Puis  Pabr  4UC  ladifFerence  fi  grande  qui  s'eft  trouuec  entre  plufîeurs  de  vous  &  eux, 
iunt au*,  quand  il  a  efté  queftion de combatre, foit procedee d'ailleurs, fîuô pour auoir efté  trop 
gras,&  àleqraife:&:queç'aeitéauffil'occafionde  vous  des- vnir&feparcrJes  vnsdesaul 
tres.Mais  Dieu  qui  eft  fidèle  en  fes  promeiTes,  ne  laiffera  pas  pourtat  fon  ceuure  impar, 
fait,&  ne  permettra  iamais  que  Satan  luy  ofte  des  mains  ceux  qu'il  a  prins  pour  fïens  en 
Iefus  Chrift.  Parquoy  qu'il  vous  fuffifc,&vous  côf blez.de  ce  que  voftrc  falut  eft  entxe  les 
mains  de  ce  fort  Capitaine,lequcl  n'a  iamais  perdu  aucun  defes  foldats ,  combièii'éuij 
les  ait  exercez  U  employez  en  côtinuels  combats  fie  alarmes,pariefqucllcs  tât  s'en  faut 

qu'il 


Jean  L  ouys  Tœfcal.  fji 

qu'il  les  ait  débilitez,  ny  afFoiblis,  qu'il  les  rend  tous  les  iours plus  fermes  6C  conftas,  Car 
ce  n'efepaS  f  oifiueté,ne  la  plume  du lid,  ou  l'aife ,  mais  c'eft  le trauail  6c  la côpagnie  qui 
faitlcfoîdat  bon  &  vaillant.  RecognoifTczdonqucs  ,que  les  affligions  que  Dieu  vous 
enuoye,  font  des  moyens,  defqucls  il  fc  ferr  pour  procurer  voftrefalut  :  attendu  que  nul 
ne  peut  thefaurizer  au  ciel, qu'il  n'ait  apprins  de  melpnier  cefte  terre  baffe  6c  puante,la- 
quelle  trompe  en  la  fin  tous  ceux  qui  fe  fontoccupezen  icelle  poury  trouuei  leur  con- 
tentement &  félicité.  Et  pour  cefte  caule  il  a  voulu  quefes  plus  civersik:  plus  aimez  fer. 
uiteurs  ayent  toujours  efté  tourmetez  de  leurs  aduerfaires ,  afin  qu'ils  pratiquaient  ce- 
fte belle  fcntcncc,  Que  nous  n'auons  point  rcy  bas  dccitépcrmanece ,  mais  que  nous  la  Hcbr.13.14. 
cerchons  ailleurs.  Etc'eftauflicequele  bon  lacob  confeffa  àPharao.  Et  quand  la  pro-  Gta-t*?. 
meffe  d'adoption  fut  faite  à  Abraham,  il  luy  fut  incontinent  fait  cômandement  de  par- 
tir hors  de  fa  maifon,  de  quitter  fon  pays  &:fes  parens.  Duquel  fi  vous  fuyuez  la  foy,vous 
ierez  {cscompagnons,moyennantquevousfoyezfideles&. obeiflans  comme  ila  efté. 
Et  non  feulement  le  royaume  des  deux  vous  fera  dôné  en  Ton  temps,mais  auffi  vous  en 
iouyrez  en  ce  monde,  6c  lent  irez  l'affiftence  du  Seigneur,  combien  que  vous  loyez  pèle- 
rins cômeluy  en  la  terre. Et  quoy  qu'il  ait  efté  exercé  de  beaucoup  de  peines&  trauaux, 
il  eft-ce  que  Dieu  attrempoit  toufiours  le  tout  par  quelques  treues  6c  repos.  Ce  qu'il  fe- 
ra pareillement  enuers  vous,  moyennant  que  vous  ne  ceffiez  par  prières  &oraifons  de 
demâder  à  Dieu  le  fecours&  aide  que  vous  délirez:  puis  qu'il  a  promis  de  ne  point  per-  j£jjj£'5r 
mettre  que  vous  foyez  tentez  par  deflus  voftre  portee:&:  de  ne  point  eftemdre  le  lin  qui  Man.u.io. 
fume.  Gcmiffez  donques  6c  lamentez  de  cœur  continuellement  au  Seigneur ,  6c  ie  fuis 
certain  qu'en  brez  vous  fentirez  le  fruid  de  vos  prières. 

O  r  d'autant  que  tous  ne  font  pas  en  vn  mefme  degré,  6c  que  les  grâces  de  Dieu  font 
diuerfes  6c  feparees ,  i'exhorte  ceux  qui  font  plus  craïtifs,de  fe  retirer  en  quelque  lieu  af- 
feuré,voire  6c  bien  roft,  quelque  empefehement  qu'il  y  ait  ou  de  famille ,  ou  de  biens  6c 
richeifesmon  pasque  poureelaie vous  vueilledelpouilkrderarFecl:iô naturelle,  quieft 
de  porter  amour  à  vos  domeftiqucs-.maisievoudroye  bié  qu  au  zele  de  l'amour  de  Dieu 
vous  enfuyuifliez  l'exemple  de  plufieurs  du  pays  de  France,lefquels  fe  trouuans  au  mef- 
me eftat  que  vous  eftes  maintenant ,  fe  retirent  iournellement  en  l'Eglife  de  Dieu ,  où 
ils  demeurent  iufqu'à  ce  qu'ils  fe  fentent  auoir  fait  quelque  profit  en  la  Religion,tant  en 
doclxine,qu'en  force  &  confiance.  Cependant  le  Seigneur  leur  ouure  quelque  chemin, 
par  lequel  fans  offenfer  Dieu,  ils  s'en  retournent  en  leur  pays:&  auec  bon  confeil  6c  ad- 
uis  ils  prouuoyét  non  feulement  à  leurs  familles,  mais  à  toutel'Eglife  en  general:au  lieu 
que  vous  autres  iufqu'à  cefte  heure  demeurez  enclos  6c  ferrez  dedâs  vn  gouffre,duquel 
vous  ne  pouuezfortir,ne  donner  aucune  aide  aux  autres,pour  en  efchappcr.Parquoy  ic 
voudroye  bien  que  vous  prinffiez  quelque  moyé,  par  lequel  vous  puiiliez  aduertir  ceux 
qui  vous  aiment,  6c  qui  vous  peuuent  bien  conseiller  en  vos  affaires ,  encores  qu'il  vous 
deuft  coufter  quelque  chofe  de  voftte  bourfe.Et  Dieu  fait  combien  il  me  fafche  que  cela 
n'a  point  efté  fait  îufques  à  maintenant  :  6c  fur  tout ,  quand  il  fe  pouuoit  faire  fans  aucu- 
ne incommodité.Quc  fi  i'euffe  feeu  ce  que  ceux  de  la  Guardia  ont  attiré  (dont  font  for- 
tis  tant  de  defordres  )ie  les  euffe  enuoyé  eftudier  ce  que  dit  M.Caluin  au  io.chap.de  fon 
Inftitution:&  péfeque  parauenture  ils  n'euffent  pas  entrepris  ce  qu'ils  ont  fait.  Etcôfi- 
derant  les  circonftances  de  ceft  affaire,  qui  m'ont  efté  dites  depuis  que  ie  fuis  icy,  ie  n'y 
fauroye  voir  autre  chofc,qu'vniufteiugement  de  Dieu ,  lequel  ofte  le  bon  cÔfcil,&  fait 
que  les  fages  deuiënentfols&:  infenfez,  quad  il  veut  enuoyer  quelque  punitiô.Parquoy, 
puis  qu'à  vos  dcfpens  vous  poiiuez  apprendre  de  combien  grand  malvn  confeil  aucu^ 
ncment  précipité  6c  haftif  eft,qu'il  ne  vous  face  point  mal  de  porter  quelque  incômodi- 
té,pour  remédier  aux  incoueniens  defia  aduenus,tat  qu'il  vous  fera  pofiible.  Il  me  refte 
de  vous  remercier  de  tât  de  biés  que  i'ay  receus  de  vous,lefquels  font  fi  grans,  6c  tels  q  ie 
ne  les  puis  exprimer.  Et  pourtât  ie  m'adreffe  à  Dicu,pour  luy  en  redre  action  de  grâces, 
le  priât  pour  vous,que  luy  qui  ieul  le  peut  faire,  vous  en  recopenfe  félon  fon  bon  plaifir. 

Qvan  x  à  noftre  affaire,  ie  ne  vous  en  dy  autre  chofe.  Carie  croy  que  vous  auez  veu 
noftre  dernière  Confeffion,  depuislaquelle  nous  auons  efté  toufiours  prefts ,  attendans 
dvn  cœur  allègre  6c  ioyeux  l'heure  que  Dieu  a  ordonnée  pour  eftre  menez  au  facrifice. 
Et  pource  Marc  6c  moy  vous  prions  de  vous  fouuenir  de  nous  en  vos  bônes  prières,  afin 
queDieu  paracheue  fon  eeuure  qu'il  a  commencé  en  nous:&  que  vous  ayez  fouuenance 
du  poure  François,&  Louys,à  ce  qu'ils  ne  perfiftét  pas  au  mal,où  ils  font  tôbez  :  lefquels 

AAa.ii, 


Littrc~>  V IL  Jtan  Loujs  Tafcal 

François  &  apress'eftre defdits,onteu  Iacorde,& ontefté remis  denouueaiî  en prifon aucc no9.  Ic 
fiucdddïcs  ne%Pasla  caufepourquoy  ils  ont  fait  cela:mais  leur  infirmité  a  efté  trop  grande.  Le 
onr  laque-  Seigneur  Dieu  par  fa  mifericorde  infinie  vueillecouurir  toutes  nos  iniquitez.Etd'autâV 
ftion-       quciufquesicyil  m'a  preferué  feul  delà  torture,ievo'  prie  qu'il  vous  plaife  tousenfem- 
ble  auec  moy  de  l'en  remercier  affe&ueufemét,de  peur  que  par  noftrc  ingratitude  nous 
ne  nous  ré  Jions  indignes  de  Tes  bénéfices  in  finis.  A  Dieu  m  es  frères  &:  mes  fœurs.  Q  u'il 
vous  fouuienne  de  faire  prière  incefTamment  aucc  attention,  auec  foufpirs,gemiflemés 
&:  pleurs,  &:  qu'elles  procèdent  d'vn  cœur  embraie  de  l'amour  de  Dieu.  Et  fi  vous  trou- 
ueZ  quelque  confblation  en  mes  lettres,  retenez-en  la  copie,&  enuoyez  l'original  a  Ge- 
neue.       De  la  prifon  du  chafteau  de  Cofenza,le  10.  de  Mars,  1 560. 

A  mes  trefehers  &  honnorez  freres,qui  font  les  plus  voifins:&  puis  après  par  leur  première  com- 
modité, à  ceux  de  Geneue. 

h  I  vous  euffiez  efté  plus  près  d'icy  que  vous  n'eftes ,  ie  vous  eufTe  aduerty  plus  fou- 
g  uent  de  nos  affaires,pourvous  inciter  tant  plus  à  fairepricres  pour  nous.  Et  com- 
bien que  i'ayefenty,&:  que  ie  fente  plus  queiamais  l'efficace  de  vos  orahons,  fieft-cc 
neantmoins  que  i'experiméte  bien  encorcs  combien  il  eft  nece/faire  de  refueiJler  la  ftu- 
pidité  de  noftrc  chair,  laquelle  fi  on  nepicque&efguillonne,  fe  rendort  incontinent 
comme  fi  elle  n'auoit  plus  que  faire  de  Dieu.  Et  ie  confefTe  franchement^jue  le  pain  n'- 
eft  pas  plus  necefrairc  pour  (uftenter  noftre  vie,que  font  les  afflitf  10s  pour  le  falut  des  fi- 
deles.Au  refte,felon  que  ie  vous  ay  eferit  par  cy  deuant,  i  ay  efté  examiné  par  l'Auditeur 
De  la  croix,&  me  donna  cinq  iours  de  termepour  penfer  fi  ie  vouloyé  ratifier  ledit  exa- 
men:les  cinq  iours  paiTez,il  nous  fut  dit,quel  vn  de  nos  compagnôs,  lequel  s'eftoit  def- 
dit,auoiteulaqucftion,&:  nefauoit-on  pointlacaufe.  Etayans  entêdu  cela,noftrc gar- 
de vint  appeler  le  petit  Marc,  qui  s'efpouuanta  fort  :  &  cftant  mené  à  l'Auditeur,  il  JUy 
dit,qu'vn  Luthérien  ne  mérite  pas  qu'on  luy  donne  la  corde.  On  luy  demanda,  Qu'eft- 
Rcfpofc  de  ce  donc  qu'il  mérite?  Marc  rcfpôdit,  D'c  ftre  bruflé  tout  vifivoulant  dire  qucfclon  la  cô« 
taînier"  ^lon  qu'il  au°it  défia  faite,  il  ne  deuoit  plus  eftrctourmenté,mais  qu'ils  le  pouuoycnt 
°nmcr'  brufler,com  me  ils  ont  accouftumé  de  faire  aux  vrais  Chreftiens ,  &  fidèles  feruiteurs  de 
Iefus  Chrift.Ils  efcriuirent  (es  paroles,&  luy  dirét  qu'il  ne  falloir  point  d'autre  luge  pour 
le  condamner.  Puis  ils  adioufterent  qu'ils  ne  luy  donnoyent  pas  la  corde  pour  le  fai&  de 
la  Religion,mais  pour  làuoir  autres  chofes  de  luy.  Et  l'ayant  efleué  vn  peu  haut  de  terre 
ils  le  remirent  bas,fans  luy  donner  aucun  traid  de  corde,ainfi  qu'ils  l'auoyent  fait  aupar- 
auant  à  deux  autres ,  lefquels  encores  qu'ilscuiîent  parlé  à  leur  guife,  eurent  neatmoins 
deux  traifts  de  corde  chacun.  Et  cepédant  qu'ils  defeédoyent  de  la  cordc,ils  m'enuoye- 
rent  querir:&:  en  allantils  me  difoyent,  Va  hardiment,on  t'allongera  bien  les  bras.  Efti- 
mez  que  ma  chair  n'eftoir  pas  fans  grand  tourment:  mais  aufli  à  la  veritéj'efprit  n'eftoic 
pas  fans  reconfort  &c  confolation. 

Qv^a  n  d  ie  fu  arriué  là  deuât  eux,  ie  leurdy,Que  la  foy,com  me  dit  S.  Hilaire,  ne  doic 
point  efti  e  forcée.  A  cela  ils  me  refpondirent,qu'cux  auffi  ne  me  vouloyent  pas  forcer» 
mais  qu'ils  vouloyent  entendre  quelle  eftoit  ma  refolution  ,puis  que  les  cinq  iours  e- 
ftoyent  paifcz,lefquels  m'auoyent  efté  donnez  pour  péfer  à  mon  cas,  &  me  raduifer.  In- 
continent ie  leur  refpondy,Non,non,ie  rae  rapporte  à  tout  ce  que  iay  dit.  Durant  cela 
Agenouille-  on  fonnoit  vne  cloche:  lors  tous  fe  ietterét  à  genoux,  difàns  Maria-.&t  ie  me  prome- 
£dMh&n  noyeparmy  lachambre.Et  l'Auditeur  me  demanda  en  colere,pourquoy  ie  ne  m'eftoyc 
pas  agenouillé  comme  eux?Ie  luy  reipôdy,d'autant  que  ie  ne  dy  point  V^fut  Maria  com- 
me vous,pour  vne  prière,  mais  le  Paternofler&inCi  que  Iefus  Chrift  m'a  enfeigné.  CLe 
grand  Vicaire  me  toucha  quelques  poinds  du  Sacrement:&:  quand  ie  luy  voulu  rcfpon- 
dre,  il  me  dit  que  ie  m'en  allaiTe,&  qu'il  ne  vouloit  point  diiputerauccmoy.  Etainfi  ie 
fu  ramené  en  prifon  par  la  grâce  de  noftre  Seigneur:  là  où  ie  ne  fuis  pas  demeuré  fans  lar 
mes  &:  foufpirs,&:  prieres,à  cauiè  du  ipedaclê  fi  piteux  que  ie  voyoye  deuat  moy,&:pour 
la  crainte  que  i'auoye  d'eftredenouueau  remené  pour  me  donner  la  cordcifelcn  qu'on 
me  rapportoit qu'il fcferoit.Et les  plaintes &  regretsque  faifbyent  ceux'tjuis'eftoyenc 
defdits,mcperçoyentlccœur,non  feulement  pour  ladouleurqu'ils  fentoyent  en  leurs 
corps,  mais  pource  que  Dieu  auoit  eftéainfi  deshonnoré  par  eux. OrDieu  voulut  «d'IIS 
ne  me  demandaient  autre  chofè:  &  ainfi  l'accord  que  firent  les  trois  compagnons ,  ad- 
doucit  &c  modéra  leur  rage,combien  que  cela  fuft  de  petite  importance.  Et  le  Seigneur 

voulut 


Jean  Loujs  Pajcal  s  SB 

voulut  >  que  pat  ce  moyen  toute  occafion  leurfuft  oftec  de  les  remettre  fur  Ja  qiieftion. 

L.b  iour  fuyuanr,rAuditcur&  le  grand  Vicaire  vindrét  en  la  prifon,pour  fe  faire  con- 
fermet  noftre  Confeffion,&:  aux  autres  leur  renoncement:^  puis  ils  nous  mirent  tous 
quatre  enfemble,  là  où  nous  fommes  demeurez  îufquau  xxvi  i.  de  Mars.    Le  petit 
Marc  &moy  n  attendions  que  l'heure  d'eftre  menez  au  triomphe  que  nousdefirons,  Pafcal  & 
eftimans  que  Dieu  fe  vouluft  feruirde  nous,pour  donncrquelquc  exemple  de  conftan-  JJ^!^' 
cç  à  ce  poure  pays  de  Çalabre  ainû  defolé,  Mais  nous  auons  entédu  à  ce  foir ,  qu'en  bref  Jncnez  lia? 
Bousferons  menezà  Naples:dequoy,CQmbjen  que  la  chair  fc  côtrifte ,  fcfprit  toutefois  mort- 
a  bien  occafion  de  ferefiouir, puisquilpIa!ftainiîauPeredernifericorde,denAUs  faire 
ccft  faonneur,de  fc  feruirde  nous  pou  res  vers  de  terre,  pour  rendre  tcfmoignagcà  fa  ve- 
rit^en  tantdelieux,&deuanttantdeperfbnnes,m'aircurantquele  tout  tournera  à  fon. 
honneur  &:  louange,  tant  pour  la  confusion  des  mefehans,  que  pour  l'édification  des  fi- 
dèles :  d'autant  qu'il  a  commencé  vne  bonne  ceuure  en  nous,  il  la  conduira  au ((I  iufques 
àlafin.  À  Dieu,  mes  frères.  Priez  Dieu  pour  nous.  DclaprifondeCofenza,letroific- 
me  d'Auril,  i  j6o. 

Lettres  dudit  à  fa  femme  Camilla  Guar  ina,&rc. 
fâ&Sft  A  tref-chere  femme  &c  fœur  en  Iefus  Chrift,par  la  bonté  &:  mifericorde  de  Dieu  ie 
jgjjjyvous  ialueencorcs  vne  fois  par  la  prefentc,voire  cotre  toute  attéte,  afin  que  vous 
en  puiflîez  receuoir  confolation .  Vous  entendrez  plus  au  longpar  deux  moyens ,  cora- 
ine  quelque  efperance  d'eftre  deliuré  m'a  efté  donnée  :l'vn  par  les  lettres  que  i'efery  à 
Saintt-Sixte,à Rome,& à Cuniopourceft affaire  la:&  l'autrepar le porteur,lequel  vous 
pourra  aduertir  de  tout  ce  qu'on  aura  obtenu  par  cela,  d'autant  qu'il  a  charge  de  palier 
par  Rome:&  peut  cftre  encore  par  deuers  le  Seigneur  laques  Bonnello.  Mais  quoy  qu'il 
en  foit,  la  fomme  eft,  que  ievous  deûreeftrcenreftat,  auquel  ie  fuis  maintenant  parlaLc  fou!ia,c 
grâce  de  Dieux'eft  adiré,  que  tous  deux  foyôs  à  Dieu  en  la  vie  &  en  la  mort:&  que  nous  a  U 
prenions  toute  noftre  confolation  aux  prières  faites  en  foy,par  lefquelles  nous  fommes 
a/leurezdeuoir  obtenir  tout  ce  qui  fera  expédient  pour  la  gloire  de  Dieu  .laquelle  doit 
cftre  defiree  par  dé/Tus  toutes  autres  chofcs,&  pour  noftre  bien  &  profit.  Quant  à  moy, 
ic  vous  dy  en  vérité,  que  ie  fouhaitte  quaû  la  mort  »  voyant  le  frui&quiappàroift  défia  à 
caufe  de  noftre  prifon,  pour  dôner  quelque  édification  à  l'Eglifc  de  Dieu.  Car  fi  vn  peu 
deconftance,quele  Seigneur  m'a  donnée  pour  confeflTerfoa  Fils  Iefus  Chrift;  a  remply 
défia,  &  remplit  encores  tous  ces  lieux-cy  demcrueillc,&defir  d'entendre  la  certitu- 
de de  celle  nouuelle  dodrine(qu'ils  appcllent)dc  l'Euangile  :  que  feroit-ce  fi  Dieu  nous 
vouloit  employer  à  la  feellerde  noftre  propre  fang?  Outre  que  noftre  qualité  cftfi 
débile,  ie  ne  fay  pas  fi  ie  ferayiamais  pour  faire  vntel  profit,  encores  que  iel'annon- 
çalfe  de  viue  voix. Il  eft  vray  que  les  miracles  que  Dieu  a  faits  en  moy  par  le  pafTé,me  dô- 
ncroyent  quelque  efperance  de  lepouuoir  feruir  pour  laduenir,  d'autant  qli'encores 
que  la  puiiïance  cloche  en  moy,  tant  y  a  que  le  Seigneur  y  a  mis  le  bon  vouloir,  auquel 
il  eft  aifé  de  faire  que  les  pierres  parlent,&:  que  les  petis  enfans  le  côfefTent ,  puis  que  les  Match*-». 
Scribes  &c  Pharifiens  le  renoncenr.  Mais  pourec  que  cela  eft  en  fon  confeil  éternel , 
p  non  s-le  de  bon  cœu  r  que  fa  fain&e  volonté  foit  faite,  afin  que  nous  puifïions  nous  con- 
foler  de  tou  t  ce  qui  nous  aduiendra  par  fa  prouidence.  Et  d'autant  que  la  vie  prefente 
eft  comme  vn  gage  certain  de  la  faueur  de  Dieu  aux  fidèles,  mettons  peine  tandis 
que  nous  demeurerons  icy,  qu'elle  nous  conduife  au  but  pour  lequel  elle  doit  eftre 
defiree, c'eft  à  dire  pour  feruir  à  la  gloire  de  Dieu,&  àl'edification  de  la  faincte  Egii- 
fe,  &  non  pas  à  nos  commoditez  charnelles  &c  terriennes.  Et  veux  que  vous  fâchiez  que 
l'amitié  que  i"  vousportoye  (encores  qu'elle  fuft  grande  )n'eftoit  rien  auprixdecel-  L'amitié  dc 
le  que  ievous  porte  maintenant.Etencelaiecognoy  la  benedi&ionfinguliere  deDieu,  ^ts*™! 
laquelle  a  efté  en  noftre  mariage,  pource  que  le  commencement  a  efté  pour  quelque  I  JEuaDgik, 
bonne  fin ,  &:  digne  de  Chrcftiens  :  Se  d'autant  plus  que  i'ay  profité  en  la  religion  Chre- 
ftienne,tanr  plus  auffil'amitié  s'eft  augmentée,  à  caufe  de  l'efgard  mutuel  qui  eft  entre 
l'vn  6c  l'au  trerm'aifeurant  que  les  mefmes  afFedtions  qui  font  eh  moy,  font  pareillement 
en  vous:&:  qu'ayans  efté  conformcs,&  defemblable  condition  au  commencemét,  nous 
le  fommes  encores  en  affli&ions.  Et  pour  parler  plus  clairemenr,  ie  vous  aknoye  à  caufe 
des  vertus  Chrcfticnnes  queie  cognoilToye  en  vous  ,  en  fentant  que  parles  afflictions  i'- 
ay fait  quelque  profit  en  la  religion  Chreftienncrdefquelles  affligions  vous  auez  efté 
aidfi  participante  auec  moy,  &  par  confequent  du  profit:  &  la  caufe  qui  m'a  induit  à 

AAa.iii. 


Zàtfro  VU.  J**n  Louys  Ta/cal. 

vous  aimer  cftant  augmentée  en  moy, l'amour  aufli  en  a  efté  plus  grand. 

O  r  noftre  bon  Perc  nous  ayant  exercez  en  patience ,  cefte-cy  a  engendré  en  nous  v- 
nc  vraye  efprcuue,&  vne  viue  efperance.  Et  pourtât  après  que  le  S.  Efprit  nous  auraen- 
graué  &  efpandu  en  nos  cœurs  l'amour  de  Dieu,  nous  ferons  en  luy,&  luy  fera  toujours 
en  nous.Parquoy,ma  trelchereamie,confolez-vous  en  IefusChrift,&  faites  que  les  trois 
premières  requeftes  del'oraifon  qu'il  vousacnfeignce,vousfoyéttoufiours  imprimées 
au  cœur,  &  remettez  en  Dieu  tout  voftrefoin  &  folicitude:  fiez- vous  en  luy ,  qu'il  accô- 
plira  tout  voftre  defir,quand  il  fera  bien  réglé,  &  fera  en  vous  tout  ce  qui  eft  efcrit  au  $  4. 
Pfeaume,  lequel  ic  vous  ay  cnuoyé  parcicuberemét.  RefiouilTcz  vous  au  Sergneur,crai- 
gnez  Dieu,  lifezince/TammentrElcriturefainâ:e,frequentezlesSermôs,fecourczaux 
poures,  viticez  les  malades,  employez-vous  félon  voftre  pouuoir  à  confoler  les  affligez: 
foyezfur  tout  foigneufe  de  prier  Dieu,  &  faites  que  voftre  vie  foit  vn  pourtrait  de  la  do- 
&rine,dont  vous  faites  profeffion:  &  d'autat  que  vous  eftes  reffufciteeaueclefus  Chrift, 
cerchez  les  chofes  qui  font  au  ciel,  &  non  pas  celles  qui  font  icy  bas  en  terre.  Et  pource 
que  ie  fa  y  que  vous  m'auez  pour  recommandé  èn  vos  prières,  iene  vous  en  dy  autre  cho 
fe,finon  que  vous  les  faciez  en  force  que  vous-vous  puiffiez  confoler  d'auoir  obtenu  tout 
ce  que  vous  aurezdemandé.Et  pour  voftre  plus  grande  conlolation,  ie  vous  prie  de  lire 
LeliurcJc  diligemment  vn  liur'equafait  M.Pierre  Viret,intitulérinftru&ionChreftïcnne,enla- 
ChShfnc.  quelle  ie  fuis  certain  que  vous  trouuerez  viande  propre  pour  voftre  eftomac. 

Qv  a  n  t  à  mon  eftat,  il  eft  tel  que  vous  n'auez  pas  occafion  de  vous  en  fafchcr.  Car 
combien  que  du  commencement  i'aye  efté  aucunement  tourmenté  quand  ie  vins  icy  à 
Cofenza,  fi  eft  ce  que  le  Seigneur  m'a  tellement  foulagé  &addoucy  la  croix,  qu'il  me 
femblequepourle  iourd'huy  iene  luis  point  prifonnicr,eftant  icy  dedans  ce  chafteau, 
en  vn  lieu  qui  doit  pluftoft  eftre  tenu  pour  vne  bonnechambre  &;  commode ,  que  pour 
vne  prifon.  Il  y  a  commodité  pour  fe  coucher&  dormir.nousn'auons  point  les  fers  aux 
pieds,  &  auons  vne  compagnie  qui  nous  eft  d'vn  grand  foulagement:&  combien  qu'on* 
nous  ait  baillé  en  charge  au  Concierge  du  chafteau ,  lequel  eft  Papille ,  6c  qu'on  luy  aie 
comm  andé  de  nous  traiter  commedes  chiens,toutcfbis  il  nous  a  traitez  commeChre- 
ftiens,  luy  qui  eft  Efpagnol,&:  de  religion  contraire:  &  outrecela,nous  auons  noftre  gar- 
de, qui  nous  honnore&  reu  ère  comme  frères ,  encore  que  nous  ne  pouuions  accorder 
quantàlà  Religion.  Tellement  que  noftre  entrée  dedans  le  chafteau  deCofenza(Ia- 
quelle  fut  le  7.  de  Feurier)rious  a  efté  vn  grand  foulagement.  Mais  le  comble  delà  boa- 
té  &  prouidence  de  Dieu  a  cfté,quant  à  nos  frères  de  Sainct-Sixtc,&:  de  la  Çuardia.  Car 
GaLt-n.  nous  pouuonsvrayementdire,cômefailbitS.PauldcsGalat.Que  s'il  eufteftcpofûble, 
ilsnouseuiTentdonnéleurspropresyeux.  Etauonsbienefprouué  combien  eft  verita- 
M»t.x9^9.  ble la promefteque  Iefus Chrift nousafaite,Que quieonqucaura quitté pere,mere,frc 
res,fœurs,&  richefles  pour  fon  Nom,  il  en  trouuera  cent  fois  plus  en  ce  monde ,  &  en  l'- 
autre la  vie  éternelle.  le  vous  promets  que  ie  fuis  honteux  de  tant  de  biens  que  nous  re- 
ceuons  d'eux.  Car  nous  ne  fauons  que  c'eft  de  neceffité:&  au  lieu  queles  autres  meurec 
de  faim  pour  la  grande  cherté  qui  court  (  attendu  que  la  couppede  bled ,  mefure  de  par 
de-là,  coufte  icy  au  prix  de  quatre  efcus)ils  nous  fou  rnùTent,  non  feulement  pour  noftre 
ncceffké,  mais  auffi  pour  délices,  degrain,  &  de  toute  autre  chofe. 

En  fomme,ie  n'eu  iamais  tant  de  frères  &c  de  fœurs,&:  de  riche/Tes,  que  i'en  ay  pour  le 
prefenc:&  n'eu  iamais  fi  grand  contentement,  ne  récréation  en  mon  efprit.Et  pourtant 
iereçoy  des  grâces  fingulieresen  mon  corps  parle  moyen  de  nos  frères:  &c  enl'ame,  par 
le  moyen  des  confolations  intérieures  que  Dieu  me  donne.  Parquoy  ievous  prie,  que 
vous  auffi  luy  rendiez  grâces  d'vn  tel  traitement  &  fi  doux.  Et  pource  ic  vous  recôman- 
dc,&:  à  vous,&  à  tous  nos  autres  freres,ces  poures  fidèles  fugitifs,  afin  que  vous  les  rece- 
uiez  en  charité,laquelle  refpôde  en  quelque  partie  à  leur  côditiô  vrayemét  Chreftiéne. 

Maintenant  ievierià  vous,  trcfcher&:honnorécompere,pour  vous  faire  enté- 
dre  par  ce  mot  &  falutation  particulière,  la  fouuenance  que  i'ay  de  vous,&  des  biés  que 
vous  m'auez  faits.  Touchant  mes  affaires  priueZjiene-vous  en  parle  point,  d'autat  que 
ie  fay  bien  que  vous  le&auez  pour  recommandez,comme  les  voftres  propres.  Seuleméc 
ievous  recommande  Camilla&:Charles,aufquels  ievous  prie  d'eftrepere,  fi  la  volonté 
de  Dieu  eft  que  ie  les  laiife.LVn  des  prefens  porteurs  vous  aduertira  au  vray  de  noftre 
eftat.  Car  côbien  que  le  Lieutenat  du  Côcierge  de  ce  chafteau  ait  charge  de  ne  no'laif- 
fer  parler  à  perfonnc:fi  eft-ce  que  nous  parlôsà  to9  nos  amis,&  nous  peuuét  Venir  voir  à 

toutes 


JeanLouys  Papal.  j\4> 

toutes  heures. Et le  iôur  de  Pafqucs  Antoine  Nicolimo  mâgea  auec  nous,  lequel  ie  vous 
recommande  auec fon  compagnon  lean  Arnoul,lefquels  fauent  rheftienrnamls  auront 
béfoin  d'aidé  en  ces  commchcemens:&  s'ils  ont  aucune  necefsitc,  aidez-les  défi  peu 
Ai  bien  que  nous  auons,ainfi  qu'ils  nous  ont  fecouru  du  leur.il  ne  me  refte  autre  choie  à 
vous  dire,<inon  queie  me  recommande  à  vos  bonnes  prieres,afin  que  le  Seigneur  ie  fer- 
iiedc  moy,poùï'legloi'ifîer,foit  que  ieviueou  queie  mcurc,ainfi  qu'il  verra  eftre  expe- 
dient.Salucztous  nosfreres  &  fœurs  en  noftre  Seigneur. 

On  bous  a  lignifie  à  ce  loir,  qu'il  nous  faut  aller  a  Naples:&  ainiî  nous-nous  appre- 
nons pour  demain,qui  eft  le  lendemain  de  Pafques.Car  le  grad  Vicaire  fait  cela  par  déf- 
ait qu'il  a  de  ne  pouuoir  faire  de  nous  ce  qu'il  voudroit,  à  caufe  de  la  lettre  qu'on  a  eue 
de Romc.Mais  penfantfaire  vnc  chofe,il  en pourroit  bien  aduenir  vnè  autre.  Quant  à 
rrioy,ic  m'offre  &C  confacre  à  Iefus  Chrift  mon  Seigneur  &  Sauucur,  m'afTeurant  qu'ilne 
m  abandonnera  iamais,iu(ques  à  tant  qu'il  m'ait  donné  la  victoire  de  cède  bataille.  Et 
j$us  honteux  en  moy-mefme  de  tant  d'honneur  qu  il  me  fait:àmoy,di-ie,  qui ,  n'eftant 
<jU*vnpoure&mifcrablefoldar,doy  eftre conduit  en  champ-clos,pour  maintenir  Thon 
tiCttr  d'vn  tel  Capitaine,commc  eft  Iefus  Chrift.    Mais  tan  t  plus  grande  fera  fa  gloire, 
'quand  ilfurmonrcratoutes  les  forces  ôcpuiflànces  du  diable  ,  parlesdiofesmefprifces  Pafcalappe 
deccmonde.AprcscfttearnuéàNaplcs,ieprefenteray  vnerequefte  au  Vice-roy,  par  Ica"r°y 
laquelle  i'appele  au  fiege  de  la  maiefté  Royale,commc  i'efperc  que  vous  en  verrez  la  co  ppc* 
pie.Or  retournant  à  vous,matrcf  chère  amicic  me  recommande  à  vous:  priant  Dieu 
«ju'il  vous  face  vouloir  ce  qu'il  veut.       De  la  prifon  du  chafteau  de  Cofenza,le  foir  du 
iourdePafques,le  i4.d'AuriJ,  i  jôo.        Vojtre  fiancé  8c  marylegitime,IeanL.P. 

I L  eferit  à  vn  fien  amy  chofes  particulierefc&  s*aflcure,  moyen  n  âî  la  grâce  de  Dieu,&  les  prières  fain&es,derneu 
rer  conltant  iufques  à  la  fin,nonobftant  les  horreurs  des  prifons  qu'il  endure. 

gj^R  £  s»c  h  s  r& honoré  frère,  d'autantque  vous  auezcftc  mal  informé  du  cardinal 
|gJ§CarâfFe,il  vous  femblera,peut  eftre,  que  fans  propos  ie  luy  ay  cfcrit,&  au  capitaine 
Ican  Dominique  Legras,&  à  vous,  par  les  lettres  que  vous  ay  enuoyccs  du  chafteau  de 
Cofenza,lcfqueMes  vous  auez  receués,comme  ie  penferfachez  que  mon  intention  n'eft 
pointde  donner  aucune  fafcherieàpasvn  de  mes  amis,neparens,  pour  vnetelle  caufé. 
Car  iefay  Corribien  elle  eft  odieufeaux  hommes  du  monde.  Et  pourceie  vous  prie  de  ne 
vous  fafcher  nullement  pour  l'amour  de  moy:d'autat  qu'auec  ioye  admirable  ie  fuis  dc- 
»  libéré  8c  du  tout  refolu,de  confefTer  Iefus  Chrift,^  ratifier  tout  ce  que  i'ay  dit ,  iufqu'au 
dernier  foufpir  de  ma  vic,&  iufqu'à  la  dernière  goutte  de  mon  fang.Et  penfeque  lcslet- 
tresque  vous  pou rrczvoir,peut  eftre  après  noftre  mort,vous  donneront  pluftoft  matiè- 
re de  vous  refiouir,que  de  vous  contrifter.  Car  ie  vous  dy  en  bonne  confeience,  que  ie 
defire  denk>urir,&  d'eftre  auec  Iefus  Chriftrfinon  qu'il  pleuft  à  Dieu  par  quelque  moyé 
miraculeux  de  me  prolonger  la  vie,  pour  s'en  feruir  en  quelque  manière  a  l'édification 
defon  Eglife,felon  Jamefuredu  petit  talent  qu'il  luy  a  pieu  mcdonner.Auiourd'huy  vn 
de  Foflan  a  parlé  à  moy,  lequel  demeure  à  Rpme ,  &  m'a  dit  que  lefeigneur  Iofeph  AL 
cherio  luy  auoit  eferit  quelque  chofe  de  nous,dont  vous  le  pourrez  remercier ,  de  m'a- 
noir  fait  vne  telle  faueur:  Or  fi  par  fon  moyen ,  ou  de  quelque  autre  noftre  amy,  vous 
auiez  la  commodité  d'eferire  à  Rome,ic  vous  prie  de  vous  employer ,  feulement  en  ce- 
la que ie  puiffe  auoir  quelque  foulagcment  en  prifon  ,  tant  qu'il  plaira  à  Dieu  metenir 
chceftevie.Aurcftcjicnevousdemandeautrechofe  ,  finon  que  vous  priez  Dieu  pour 
moy,a6nc(u'il  daigne fe feruir  de  ce  poure  ver  de  terre  ,  comme  d'vn  infiniment  pour 
maintenir  fa  gloire,&  apporter  quelque  édification  à  fon  Eglifc.  Quant  au  prefent  por- 
teuse vousprie  de  le  tenir  en  voftremaifon,afin  qu'il  ie  puifTc  vn  peu  refrefchir&delaf 
fer:&  puis  recognoiftre  aufli  aucunement  ce  qu'il  fait  pour  moy.  Car  croyez  qu'il  prend 
beaucoup  de  peine  pour  l'amour  de  moy.  Recommandez- moy  a  tous  nos  pa~ 
rens  6c  amis  :  8c  incontinent  que  vous  aurez  leu  cefte  lettre ,  cnuoyez-la  à  Geneue 
le  pluftoft  qu'il  vous  fera  pofïibîe  ,  afin  que  mafemme&  les  amis  puiifent  entendre 
comment  il  vade  nos  affaires .  Et  ainfi  ie  me  recommande  plus  à  vous  qu'à  tous  les  au- 
tres,priant  Dieu  qu'il  vous  aflifte,  &  qu'il  vous  tienne  toujours  en  fa  protection.  Et 
pour  fauoir  le  refte  de  nos  affaires,  vous  pourrez  lire  la  lettre  que  ie  vous  enuoye  pour 
nos  frères  &  amis  de  Geneue.  A  Dieu.  «De  la  prifon  de  leuefché  deNaples,lc  io.de 
May,  1560. 

AAa.  iiii. 


Liurc^  VIL  Jean  Louys  Tajçal. 

Amestrefchers&honnorezfreresdeGeneue,falut  par  IefusChrift. 

E  N  recitant  les  raiferes  extrêmes  que  vingtdeux  prifonniers,condamnez  aux  gaIeres,enduroyent,il  fe  confole  c« 
Tiennes  auec  trois  autres  compagnons  de  fes  liens.attendant  d'eftre  mené  auec  eux  à  Rome. 

iY  ANT  ce  peu  de  commodité, ie  vous  reciteray  briefucmentnoftre  parlement 
J}deColenza„pourveniràNaples,quifut  le  x  1 1 1  i.d'Auiil,que  nous-nous  mifmes 
xiii.prifon-  en  chemin  auec  x  xn. autres  qui  eftoyent  condamnez  aux  galères  ,  voire  en  tels  tour- 
nias  œa-  mens  &.  miferes,quc  ie  tremble  encores  quand  il  m  en  fouuic nt.Car  outre  ce  que  la  plus 
gïcrc?3l  X  Part  d'entr  eux,à  caufe  qu'ils  eftoyent  tous  liez  par  le  col  à  vnechainc/entoyent  détour 
mésincroyables,eltâs  traînez  par  force,ils  defailloyérqlquefoisàcaufe  de  la  faim  qu'ils 
enduroycnt.Car  la  nourriture  que  leur  donnoit  celuyqui  auoitla  charge  de  nouscon- 
duire,n'eftoic  que  des  herbes  fauuages,&  vn  bien  petit  morceau  de  pain  par  iour.  Ils  c- 
ftovent  réconfortez  à  forçe  coups  de  bafton.Q^uant  à  moy,par  la  grâce  &:  bonté  de  no- 
ftre  Dieu ,  ie  n'eftoye  point  en  telle  extrémité  du  manger,ne  mes  trois  compagnons  auf 
TroifipH-  f^jfclefquels, comme  ie  vous  ay  mandé ,  les  deux  (c  fontdeidits:fieft  ce  neantmoinsque 
fonniers  cô  j^fqU'à  prefent  ils  ont  autant  ibufFert  que  nous:&  Dieufait  ce  qu'ils  ont  à  foufFrir  dedâts 
pE™  6  |lome,làoùils  doiuent  cftre  menez  auec  moy  &:  Marquet.  Ce  bon  Efpagnolqui  nous 
conduiibit,  vouloit  que  nous_nous  rachetiflîons,pour  n'eftre  point  attachez  à  la  chaine 
auec  les  autres:mais  i[  ne  fe  contenta  pas  de  cela  :il  me  mit  par  tout  le  chemin  vnc  paire 
de  manottes  ii  eftroircs,que  le  fer  com  mençoit  à  m'entrer  dedans  la  chair:qui  me  faifoit 
fi  grand  mal,  que  ie  ne  pouuoye  nullement  repofer  ne  iour  ne  nuift  :  &  fi  iamais  il  ne  me 
les  voulu  tofter,iufqtrà  tant  qu'il  m'euft  tiré  tout  l'argent  que  i'auoye,qui  eftoyent  deux 
ducats  feulement,qvti  me  reftoyent  pour  faire  mes  dcfpens.  De  nuift  les  belles  eftoyent 
beaucoup  mieux  traitées  que  nous  ,  car  on  leur  faifoit  de  la  littiere  pour  leur  pouuoir 
couchermaisnous  n'auionsque  la  dure,&  terre  toute  nuepourrcpofer:&  demeurafmcs 
en  cefte  forte  par  les  chemins,l'cfpaccde  neufiours.    Eftans  arriuez  à  Naples,on  nous 
mit  tous  cnfemble  en  vn  crotton  des  criminels ,  lequel  degouttoit  par  tout,à  caufcdcla 
grande  humidité  quiyeftoit,&:  de  la  puanteur  de  l'haleine  des  prifonniers. 

CTroisiourspaiTez  ils  examinèrent  mes  trois  compagnons  ,  èc  les  mirent  tous  trois 
eniemble  dedans  vne  prifbn.  Et  moy,  le  foir,yqui  eftoit  vn  Vendredy ,  ie fu  examiné  pat 
vn  m  oineIacopin,quime  demanda,Si  depuis  que  i'auoye  efté  fait  bourgeois  dcGcneue, 
i'auoye  point  efté  enuoyé  pour  enfeigner  ailleurs  qu'à  la  Guardia,&  à  Sainft-fixte.  Au- 
quel îc  refpondy^uei'eftoyebourgeoisdesvillesfranchesjquin'ontnullc inimitié  auec 
la  maiefté  Royale,&  que  ie  n'ay  fait  aucune  chofe  qui  mérite  punition  :  &c  pourtant  que 
ierequeroye  d'eftre  reccu  à  dire  mes  raifons  deuant  le  Vice-roy:  &  cela  fut  eferit.  De- 
puis ce  Moyne  me  fît  la  mefme  demande,difant  que  ie  luy  refpondiflc.  Et  ie  luy  dy,Ic  ne 
vous  veux  pas  refpondre,d'autant  que  ie  ne recognoy  point  dautreluge  que  le  Vice-roy, 
&:  me  tien  à  mon  appel  que  i'ay  entreietté.  Et  cela  fut  auflS  eferit.  Et  puis  mettant  fin  à 
iônexamcn,il  me  dit,Son  excellence  a  bien  autre  chofe  à  faire, que  d'efeouter  tesfem- 
bUbles.  Cela  fait,il  me  renuoya  dedans  vn  crotton  fort  obfcur,où  i'ay  demeuré iufqii 
au  neufîcme  de  May,qui  fut  vn  Ieudy  :  auquel  iour  nous  fufmes  menez  comme  pour  vn 
fpettacle  à  l'Euefché:&;  de-là  ils  nous  menèrent  iufqucs  àla  mer  tous  nous  quatre ,  auec 
vn  cerrain  Preftre  de  Calabre, pour  entrer  en  la  barquc,&  eftre  mènezà  Rome.  Mais 
■  ils  appe-  à  cauie  que  la  mer  fe  troubla,nou  s  demeurafmcs  vn  peu  fur  le  "  Molo,&  puis  nous-nous 
^N^sie  cnretournafmesenreuefchc,où  nous  demeurons,  attendans  que  la  mer  foitappaifcc 
Jortquiae!  Et  par  ce  moyen  ie  n'ay  peu  prefenterma  requefte  au  Vice-roy,  de  laquelle  ie  vous  a- 
lié  fait  artifi  uove  Cnuoyé  la  copie.Mais  ie  m'en  vay  à  Romercfiouy  en  mô  cfprit,  &  fortifié  de  Dieu» 
cjeJlement.  eniamejfmeforteque  dit  S.Paul  au  i.chap.delàr.auxCorinth.  Car  félon  que  les  affli- 
gions abondent,auiîi  les  confolations  abondent  parIefusChrift,pour  lequel  nous  fom- 
mes  tous  prefts  non  feulement  de  foufFrir  perfccution,mais  auffi  d'endurer  la  mort  pour 
fceller  la  do&çine  de  fon  S.Euangile.  Il  y  a  en  noftre compagnie  deux  ou  trois  preftres 
détenus  prifonniers  pour  pluficurs  crimes  enormes,&  indignes  d'eftre  cfcrits.Ily  a  àuffi 
vn  du  pays  de  France ,  qui  a  demeuré  à  Naplcs ,  &:  a  efté  prins  pour  l'Euangilc  :  c'eft  vn 
hommedebonzele,&deboniugement:&:  du  commencement  il  a  fait  vne  fort  bft  li- 
ne Confeiïîommaiseftant  perfuadé  par  fa  femme  &fesenfan$  ,  en  la  fin  il  a  détail!  j  iôl 
maintenant  ils  le  menacent  de  luy  donner  la  corde  ,  pour  luy  faire  aceufer  fes  compa- 
gnons.Le  Seigneur  Dieuluy  face  mifericordc,cVl'infpirepour  remédier  àla  fautequ'il 

a 


Jean  Lottys  Pafcal  jrs 

«  commife,commc  ie  l'en  exhorte,&:  l'en  cxhorceray  tant  que  nous  demeurerons  enfem 
ble.Si  ieneparloyeen  bonne  conlcience  deuant  Dieu,i'auroye  honte  de  vous  tenir  ces 
proposrmaisi'efpere  que  le  zelc  qui  me  poulie  à  les  vous  dire,  les  vous  fera  prendre  en 
bonne  part.  Nous  Tommes  defcouuerts  &  manifeltczpar  toute  la  ville  de  Naples,Co- 
lenza,&  par  tout  ce  pays.Qui  fait  que  ie  délire  bien  que  noslettres  lovent  imprimées  à 
mes  defpens.&  après  quelc  Seigneur  m'aura  appelé  à fby,qu'clles  loyent  efpandues  par- 
my  ce  pays. Mais  ie  remets  celaà  voftredifcretion:faites-en  tout  ce  qui  vous  femblerae- 
ftre  expedicntjpour  l'édification  du  royaume  delefus  Chrift,  &:  pour  la  ruine  dcl'Antc- 
chrift.ADieu.    De  laprifon  del'euefchéde  Naples,le  io.de  May,i  560. 

Pa  *  le  difcoursdesfufdir.es  lettres  de  Iean  LouysPafcal,on  peu  tcognoiftrc  vne  partie 
des  procédures  tenues  contre  luy,deuant  qu'il  fuft  mené  en  la  ville  de  Rome  :  en  la- 
quelle  y  eftant,bien  peu  degens  eurent  moyen  dépariera  luy.  Son  frère  Barthélémy 
Pafcal  eftant  party  exprès  de  Cuny  pour  le  voir  à  Rome ,  eut  fort  affaire  auant  que  pou. 
uoir  parler  à  luy.  Orpourccqu'on  ne  croirpit  facilement  la  cruauté  barbare  des  Ro  - 
maniftes,&  que  cela  toutefois  mérite  bien  d'eftrecognu  de  tous,  nous  auons  icy  mis  la 
Comme  d'vne  lettre  cjuc  ledit  Barthelemy,qui  n'eftoit  autrement  inftruit  en  la  pureReli- 
gion,adepuis  cferite  a  Ion  fils  Charles  Pafcal  en  la  m  aniere  qui  s'enfuir. 

L  E  T  T  R  E  S  de  Barthélémy  Pafcal  de  Cuny  eferites  à  fon  fils  Charles  Pafcal,touchant  les  grans  affaux  que  fon 
frère  Louy  s  Pafcal  endura  à  Rome  deuant  fa  mort. 

g£Q&  O  N  fils  eftant  party  de  Cunyauec  lettres  de  faueur  de  moniîeur  le  Colonel  Ce- 
HgSBJfar  de Naples^demoniieurnoftre  Gouuerneur,&:de  monlîeur  de  la  Trinité,  efpe- 
xan  t  par  ce  moyc  de  pouuoir  aider  à  mô  frere  Iean  Louys  voftre  oncle,que  i'auoye  enten 
do  cftre  prifonnier  à  Rome:i'y  arriuay  le  1 6.dc  May,  1 5  60,  Vn  iour  deuant  il  y  auoit  efté 
mené  les  fers  aux  pieds,&  les  manottes  aux  mains,aucc  trois  autres,&  enferré  en  la  tour 
de  Noua,qui  eft  vn  lieu  obfcur,hideux,  &  humide ,  voire  fans  qu'on  luy  euft  donnç  tant 
foit  peu  de  paille.  Etayanteftétrouuerlc  reuerendiflîme  cardinal  Alexandrin,quicft 
grand  Inquifiteur  de  la  foy,ie  luy  recommanday  mondit  frere.  Là  delfus  il  me  dit,qu- 
il  auoit  infe&é  beaucoup  de  pays:&  que  mcfme  dedans  la  barque  il  n  auoit  fait  que  pref 
cher  de  fes  folies:&  qu'il  auoit  dôné  ordre  qu'vn  certain  frere  Thomas  du  Boisjacopin, 
&  mclfireBaptiftaByomo  Lombard  fon  luge  l'examinaiîent.  Apres  qu'ils  l'eurent  in- 
terrogué,parlant  à  eux,ils  me  dirent  que  tous  les  jours  il  s'endurciflbit  tant  plu  s  aux  o- 
pinionsdes  LutherienstouchantleSacrement,lePurgatoire,laConfelfion,enreiettât 
les  ordonnances  de  l'cglife  Romaine:&:  que  fon  affaire  alloit  mal:  &:  pourtant  que  ie  fe- 
roy' tref-bien  de  n'en  parler  point:&  que  s'il  eftoit  queftion  de  quelque  autre  crime,tant 
énorme  fult.il>on  en  pourrait  bien  parler,pour  en  auoir  grâce:  mais  nô  point  de  ceftuy- 
cy  .Et  les  priant  bien  fort>qu'ils  melaifTaflent  parlera  luy,ils  ne  le  voulurent  nullement. 
Parquoyieretournay  derechef  vers  le  cardinal  Alexandrin  auec  lefeigncuir  Baptifta 
Rotta,doctéur  Picdmontois:& l'ayant  fupplié  pour  l'amour  de  Dieu  ,  queie  parlafTc  à 
luy,il  m'en  donna congé,moyennantqucleIugey  fuft  prefent,& ledit  feigneurRotta: 
&  que takhafTcaullî  de  le  réduire. 

E  t  ainfi  le  iS.deMay  on  me  mena  en  la  tour  deNoua,&  le  vy  en  vne  petite  chambre, 
où  Ion  à  accouftumé  démener  ceux  qui  doiuét  eftte  exécutez  par  la  Iuftice.  C'cftoitvne 
chofe  hideufe  que  de  le  voir  la  tefte  nue,les  bras  &:  les  mains  liées  fi  eftroit  tement  de  pe 
titescordes,qu'ellcsperçoyentlachair,commefi  on  l'euft  mené  au  gibet.  Le  voyant  en 
teleftat,&  penfant  l'cmbraiTer,faifi  de  douleur ,  ie  tombay  à  tcrre,dontfon  mal  fut  aug- 
menté.   Et  luy  voyant  que  ie  ne  pouuoyedire  vnfeul  mot,medit,Monfrere,fi  vouse- 
ftes  Chrcftien,pourquoy  vous  troublez-vous  fi  fort?  Ne  fauez- vous  pas  bien  qu'il  ne  tô- 
be  point  vne  fueille  d'arbre  fans  la  volonté  de  Dieu  ?  Confblons-nous  en  luy  parnoftre 
Seigneur  Icfus  Chrift,puis  que  les  fafchcries  prefentes  ne  font  point  à  comparer  à  la 
gloire  à  venir.      ^Comme  il  parloitencores,le  luge  luy  dit,Tay-toy,  ie  ne  veux  point  Les  propos 
que  tu  parles  de  telles  chofes.Tout  trou  blé  fétourna  vers  luy,difant,  Eft-il  pofîible  que  de  BapnfU 
tu  fois  fi  obftiné,de  ne  vouloir  croire  corne  fon  t  tant  d'autres?  Il  luy  refponditje  croy  en  JJJJjJ^j 
Dieu,auPere,auFtfs,&  au  fain&E(prit,en  la  forte  que  iay  tant  dé  fois  déclarée  entant  iugç, 
de  procès  qu'on  m'a  fait  aux  prifdns,où  i'ay  efté.&  n'atten  point  faJut  d'ailleurs,  que  par 
la  mifericorde  de  Dieu,lcquel  a  efté  appaifé  par  la  mort  &  palfion  de  Iefus  Chrift ,  &  ay 
cela  engraué  dedans  mon  cœur.    Le  luge  luy  dit,Tu  retournes  en  çores  à  parler  de  ton 


Liurc^  VIL  Combats  dmers  dc^>  J.L.  Pafcal. 

Icfus  Chrift.&  nous  y  croyons  auflibicn:mais  fous  ombre  de  ccla,tu  te  forges  vnedo&ri 
ne  nouuelle,&:  qui  eft  contraire  à  tant  defain&s  perfonnages ,  qui  ne  fe  font  iamais  de- 
ftournez  de  l'opinion Se  intelligéce  de  la kin&e  eglifeRomaine:&  penfes-tu  plus  fauoir 
qu 'eux?Lors  mon  frercrefpondit,Ie  fay  bien  vne.chofe-.c  eft  que  ie  ne  me  veux  point  de- 
ftourner  de  la  vraye  intelligence  des  Prophètes  &Apoftres,qui  ont  eu  le  fain&  Elprit  en 
eux .  Le  luge  luy  dit,  Et  penfes-tu,  que  ton  pere&  tes  anceftres,  &  tant  d'autres  ioyent 
tous  daronez:lefqucls  ont  nmiyfi  long  temps  nos  bonnes  couftumes  ?  cuides  tu  que 
Dieu  vucille  damner  vne  fi  grande  multitude  de  gens  qui  n'ont  point  l'humeur  de  Lu- 
ther,ne  la  doctrine  de  GcneuerMon  frère  rcfpondit,  Ce  n'eft  pas  à  moy  d'en  iuger:  mais 
Matth.713  je  luis  enfe.gné  de  ne  point  cheminer  par  la  voyelarge,par  oùpluiieurs  vont  :  mais  par 
Luc  13.18  l'eftroiccCïpar  où  peu  de  gens  marchent. Le  luge,  Voire,  voire,  dit-il,tu  es  bien  enfèigné 
de  ta  ruine  par  Luther &Caluin. Mon  frère  luy  dit,Ie  necognu  iamais  Luther:  ainfi  q  ie 
vous  ay  tain  dit,&n'ay  point  veu  de  (es  liures:&:  ne  fuis  point  natifdeGeneue  ,  mais  de 
Cuny:&  ce  queie  vous  dyn  eft  point  de  Luther,mais  de  l'Euangile.  Là  de/Tus  le  luge 
tout  courroucé  luy  dit,Tay-toy  :  Se  mon  frère,  le  vous  prie,  laiflez-moy  dire  deux  mots. 
Le  Iuge,Tay-toy(en  criant  haut)ie  ne  veux  point  difputer  auec  toy.Que  tu  eu/Tes  beau- 
coup mieux  fait  de  demeurer  en  ta  maifon,&:  iouir  de  ton  bien ,  Se  eftre  auec  tes  frères, 
que  d'entrer  en  ces  herefies,pour  perdre  tout  le  tien.  Mon  frète  luy  refpondit ,  le  n'ay 
rien  laifle  que  ie  ne  laiflaffe  encorcs  pour  fuiurc  Iefus  Chrift,lequel  fay  toufiours  engra- 
ué dedans  mon  cœur.  Ouy,dit  le  luge,  le  Icfus  Chrift  de  Geneue,qui  eftdefairegrand' 
chere,.^  le  lafeher  la  b  ride  à  toute  licence  de  la  chair ,  Se  fe  donner  du  bon  temps.  Mon 
frcre,Vousraucz,dit-il,bicndeuinc,lïccftfairegrand,chcrc,&fe  dônerdu  bontemps, 
que  d'eftre  enferre  en  vn  fond  de  foiîefi  afpre,  Miette  ça  &:  là  pour  demeurer  auec  les 
rats,&:la  vermine,ayant  les  bras  liezencroix,commeie  fuis  maintenant.  Quandi'e- 
ftoye  en  ma  mai(bn,&  que  ie  m'abandonnoye  à  toute  vilenie  Se  difTolutiô,  i'eftoye  alors 
eftimé  bon  coin pagnon:  mais  aulîi  toft  que  i'ay  fuiui  Iefus  Chrift,i'ay  efté  en  afrlidio.  Le 
luge  dic,Mais  la  damnation  detoname  fera  encore  pire.  le  fuis  certain  &afireuré,re£ 
pondit  mon  frere,que  Iefus  Chrift  fera  vn  iour  luge  de  nous  tous.  Ouy  bien,  dit  le  luge, 
à  ta  condamnation.Mon  frère  répliqua ,  Iefus  Chrift  nous  iugera  tous. 

Le  luge  fe  tournant  vers  le  do6\cur  Rotta ,  dit ,  Ceftuy-ci  s'eftime  plus  fage  que  tout  le 
Ucoilo  c  rnonde,&luyfemble  qu'il  entend  mieux  l'Efcriturcque  toustantquilyadefainctspo 
de  BaptUfe  cteurs.  Alors  le  feigneur  Rotta  dit  à  mon  frere,I'ay  efté  bien  marri  de  ce  que  iene  vous  ay 
Botta,  do-  peu  viheer  en  vn  autre  eftat  que  vous  n'eftes  maintenant ,  pource  que  vous  eftes  fils  de 
pSImôtoij  l'vn  de  mes  plus  gransamis.Mais  puis  quelesreuerendiflimcs  Cardinaux  nous  ont  fait 
ce  bié,de  permettre  queie  vous  foye  venu  voir  auec  voftre  frere,qui  eft  icy  prefent,nous 
cfperons  que  cefte  viiïtation  ne  fêta  point  fan  s  frui£t,&:  que  vous  ne  ferez  pas  fi  entier  en 
vos  opinions,que  vous  ne  vous  foumettiez  à  la  correction  de  tant  de  fain&s  perfonna- 
ges approuuez  delà  fain&e  eglife  Romaine.  Mon frère  luy  refpondir,Monfieur ,  ic  tien  Se 
confefîeauiTi  tout  ce  que  ces  fain&s  perfonnagcs,que  vous  dites,ont  tenu,  moyennant 
qu'il  foit  conforme  à  la  fain&e  Efcriture:&  fi  vous  me  faites  entedre  par  l'Efcriture  din- 
de que  ie  luis  en  crrcur,ie  fuis  tout  preft  &appareillc  de  mefoumettt e  àtoute  corre&iô. 
Le  Dofieurdit,lc  fay  bien  qu'il  vous  femble  que  vous  nefaillez  point  :  mais  l'intelligence 
de  la  fainde  Efcriture  eft  fi  profonde,qu  elle  ne  peut  eftre  entédue  de  foy,  mais  il  en  faut 
auoir  l'expofition  des  fainds  Dodeut  s  de  l'cglite.Aionfrere  refpondit,Mais  au  contraire» 
l'Efcriture  fainde  eft  facile,pourucu  qu'on  la  lifeauec  vn  efprit  humble,&  auec  prières, 
Se  non  pas  feulement  auec  les  feiences  humaines. Le  Z)oc1e«rdit,Ne  fauez-vous  pas  bien 
quand  vous  alliez  à  l'efcolc ,  qu'il  vous  aduenoit  quelque  fois  par  faute  d'auoir  bien  ex- 
pofé  vne  fentence,de  prendre  vn  fens  tout  contraire  au  vray  &:  naturel?  Se  que  vous  de 
meuriez  confus?  Monfrere  répliqua, Mais  l'Efcriture  fainde  eft  bien  autre,que  les  feien- 
ces profanes:&  eft  entendue  félon  que  Dieu  en  fait  la  grâce  ,  Se  ainfi  on  s'en  fouuient 
tres-bicn:&  c'eft  alors  le  temps  qu'on  la  pratique,  Se  ïentend_on  fort  bien  auec  l'expé- 
rience. Le  Docteur  dit ,  Il  feroit  doneques  licite  à  chacun  d'y  faire  vn  Commentaire  à  fa 
poftefle  ne  di  pas  ccla,refpondit  mon  frere.-mais  qu'on  ne  la  doit  point  entendre  finon 
commeles  Prophètes  &  Apoftres  l'ont  expofee.  lelugedit  alors,Maispluftoftiedyfc 
Ion  la  fainde  eglife  Romaine  JWo« /-mTeiponditjray  confe/Té  franchement  Se  ouuerte- 
ment  comme  ie  l'enten,&  ne  diray  iamais  autrement  tandis  queie  viuray.  ^Là  def- 
fus,lc  luge  ne  voulut  plus  qu'il  parlaft,luy  difant,  Tu  infederois  tout  vn  pays,&:  pourcc 

tay* 


Jean  Loups  P a/cal  jf6 

tay-toy.Etmon  frère  feteutauec  vne  patience  mcmcillcufe,  ^Or  comme  le  luge  s'en 
vouloir aller,ie  le  priay  qu'il  me  laiflaft  parler  à  luy  de  hos  affaires  priuees  ;  ce  qu'il  m'ac- 
cordai à  fa  perfuafion  ie  dy  à  mon  frerc  vne  menterie  bien  lourde,afTauoir,  que  noft  re 
racrefe  defefpereroir,fiienc  leremenoye  vif  à  la  maifon.ee  qui  le  concrifta  grande  met: 
mais  pour  cela  il  ne  changea  pas  depropos.  Et  parlant  d'autres  affaires  de  la  maifon,ie 
fu  contraint  par  l'importunité  dulugedefairc  fin.  Alors  mon  frefedit  au  Iuge,Môfieur  ^ 
vous  fauez  qu'eltant  arriué  de  Naples  en  cette  villc.icfu  interrogué  :  &:  depuis  ayant  re-  & 
ceufentencedemort>ieracceptay  volontierstfur  cela  vous  auez  différé  l'executiô  défia  tentations, 
quarante  iours,commeon  fait  bien,  ce  confideré,ie  vous  prie  d'auoir  pitié  de  moy,  &  de 
memerrreen  quelque  prifon, qui  ne  foie  pas  fi  afpre  comme cefte-cy.  Le  Juge refpondir, 
qu-'il  n'y  auoit  point  d'autre  prifon  pour  luy,que  cefteJa. Mon frerc  luy  dit,  Pour  le  moins 
ayez  quelque  peu  de  compadîon  de  moy  en  mes  derniers  iours,  6c  Dieu  l'aura  de  vous. 
Le  luge  repliqua,On  n'apo int  compafïion  de  tes  fcmblables,quiïont  obftinez  &  endur- 
cis. Alors  le  do&cuxRotta  &  moy  l'en  priafmes  bien  fort:  mais  il  n'y  eut  ordre  de  le  faire 
defehir.'  Monfrere  nous  dit,S'il  ne  le  fait  pour  l'amour  de  moy,  ne  pour  l'amour  de  vous, 
il  le  fera  pour  l'amour  de  Dicu.Ze/fgcyToutcs  les  autres  prifons  font  pleines. 

jtion/rov,  Elles  nefôt  point  fi  pleines,qu'il  n'y  ait  quelque  petit  coin  pour  moy.  Lelu- 
^,Tuinfetterois  vn  chacun  partesflatterics.^fo»/>w,Si  on  ne  parle  point  à  moy ,  ie  ne 
diray  mot  à  per£bnne.Ze/#gf,Pour  côcluûon,dit-iI,tu  n'en  auras  point  d'autre.  Monfrere 
nous  ditjS'il  ne  luy  plaift,ïauray  patiencc.Et  comme  ie  luy  vouloye  donner  quelque  ar- 
gent pour  luy  aider  à  viure,ii  ne  le  voulue  point  non  plus  permettre.Or  le  voulât  laiffer, 
ie  luy  dy  que  fa  mere  eftoit  mortc,&  le  reconfortay,a  ce  qu'il  print  patience  :  dont  le  lu- 
ge fe  deipita. 

Apres  que  ie  ru  party  de  là,  ie  m'en  allay  plufieurs  fois  au  grand  Inquifiteur,&  le 
priay  tant  qu'il  m'ottroya  vne  autre  prifon,ouil  y  auoit  vne  feneftre,par  laquelle  ie  oar^ 
layàluy  qlquefois:mais  depuis  ils  la  firent  ferment  enuoyeret  là  plufieurs  moines  a  di- 
uerfesfois  pour  difputer  contre  luy:ce  qui  le  fafcha  beaucoup.Et  pourec  ie  priay  le  Car- 
dinal qu'il  luy  pleuft  d'y  cnuoyer  vn  feulemét.Etainfi  il  y  enuoyale  "  Doyen  de  Vienne,  ^pDO™^ 
lequel  ils  entretiennent  pour  eferire  contre  Caluin:&  alla  auccluy  vn  Carme  ,  comme  ^cob^No 
iei'auoyerequis,d'autant  que  c'cftvn  homme  bien  doux&  gracieux,  &:  mon /frère  l'ef-  gu^rus  Ef- 
coutoit  volontiers .    Quand  ces  deux-cy  le  virenr,felon  qu  il  me  raconta,  ils  luy  dirent  S^ubâïfé 
plufieurs  bonnes  parolles,monftrans  qu'ils  eftoyent  bien  marris  de  fa  fortune:mais  que  faitEuefoue 
s'il  vouloir  rayure leur  cônfeil,qu'ilsferoyent  pourluy  ainfi  qu'ils  auoyét  fait  pour  beau-  JJjjjJ^ 
coup  d'au  tres:&:  qu'il  penfaft  bien  aux  tourmens  qu'il  auoit  défia  endurez,  &  qu'il  eftoit  Naples. 
bien  pour  en  fouffrir  encore  d'auatagc:&  fur  tout  a  la  mort  eternelle,s'il  ne  fe  chageoic 
qu'il  penfatt  aux  commoditez  qu'il  auoit  abandonnees,àfbnpays,à  fes  amis  &c  par  en  s, 
à  fa  propre  vie:&  que  déformais  il  oftaft  de  deuant  fes  yeux  le  bendeau  d'obftination  :  àc 
qu'il  luy  fouuinft  q  Iefus  Chrift  eftoit  mott  pour  ceux  qui  fuyuent  dcuotemétla  voycan 
ciennequ'il  regardait  bien  à  la  faueurqui  Juy  eftoit  faite  du  reuerendifîime  cardinal  A- 
lexandrin,  lequel  defire  tant  fon  falut:&  qu'il  penfâft  bien  à  la  grâce  que  luy  faifoit  le  Pa- 
pe,quieftoit  fimodefte  &mifcricordieuxauprix  du  pape  Paul  iii  i.  leql  eftoit  fi  cruel, 
que  perfonne  n'euft  peu  parler  à  luy.Et  quat  a  moy,di(oit-il,en  tout  ce  que  ie  pourray,ie 
vous  fer ay  plus  amy  de  f  aict  que  de  parollcs.    CMon  frère  refpondit,à  ce  qu  ils  me  con-  £gfp0afc 
terentje  ren  grâces  à  Dieu,que  parmi  tant  de  fafcheries,  depuis  que  ie  fuis  icy,i'ay  pour  confiante 
le  moins  trouué  quelques  vns  qui  ont  bonnes  parolles  ,[&c  monftrentqu'ilsm'aiment:  dePafat 
dont  ie  vous  merciegrandement.Mais  quant  à  moy ,  Dieu  m'adonne  telle  cognoiflàn- 
ce de  Iefus  Chrift,que  ie  fuis  certain  &  aifeuré  de  n'eftre  point  en  erreur^  fay  bien  qu'il 
me  faut  marcher  par  le  chemin  dclacroix,&  leconfeffer  aucc  mon  propre  fang.    Er  fi. 
par  crainte  des  tourmens  Se  de  la  morr,ic  ne  le  faifoye,ie  ne  feroye  pas  digne  de  luy.Par- 
quoy  ne  pen/ez  pas  me  deftourner  de  cette  vérité  s  combien  que  voftrc  compagnie  me 
ioît  bien  chcrc,fi  eft-ce  que  ie  ne  puis  eftre  retire  de  ce  fondement  certain  &c  afieuré  de 
Iefus  Chrift.Et  le  Doyen  me  dit,d©Iuy  auoir  rcfpondu,qu'il  eftimoit  auffi  bien  eftre  feu 
uë  par  Iefus  Chrift,&  qu'il  le  tenoit  pour  feul  fondement.  Auquel  mon  frère  refpondir, 
Que  s'il  eftoit  tenu  vrayement  pour  tel ,  que  beaucoup  d'abus  &C  d'erreurs  feroyent  mis 
bas,lefquels  régnent  entre  les  Chreftiens.    Et  voulant  entrer  plus  auant  en  propos,  le 
Doyen  luy  dit,Il  s'en  va  tard,ic  ne  puis  plus  demeurer  aucc  vous  pour  cefte  heure.  Lors 
monfrere  le  remerciant  du  bien  qu'il  luy  auoit  fait ,  &  à  moy  aufiValfeura  que  quant  à 


Liurcj  V lï.  Jem  Lotiys  Tajfcal. 

liyy,il  necraignoitpointlamprt,&:  encores  moins  la  perte  de  Ton  biee  i..&CQirimoditez 
du mondc,eftant  afleuré  du  cicl,&;  ayant  fon  cœur  vni  aucc  IefusChrift:&  que  Dieu  luy 
auoic  tellement  ofté  dedeuant  les  yeux  le  bendeau  de  toute  ignorancc,qu'il  eftoit  alleu 
rodeftre  au  bon  chemin,&  que  ceux  qui  ne  le  tiennent  pas  y  doyuent  bienpenfer.  Là 
dclîus  le  Doyen  s'en  alla. 

Dvrant  l'efpace  de  trois  iours,ce  Doyen, leCarmc,&:  mon  frère  deuiferent  en- 
femble  plus  de  quatre  heures  à  chacune  fois  ,  de  pluticurs  poin&s  de  la  Religion  ,  &: 
fur  tout  du  Sacrement  de  la  Ccne.  Et  voyant  qu'ils  ne  s'accordoyenr  poincenfem^ 
blc  ,  îe  madrellay  à  la  fin  à  monfrerc,  le  priant  qu'il  vouluft  vn  peu  flelchir  &:  s'ac- 
commoder,afin  de  n'eftre  plus  tant  tourmenté,&  de  ne  me  donner  plus  tâtde  trauail, 
de  peine  &c  fafcherie,&:  me  faire  vn  tel  deshonneurduy  promettant  de  luy  dônerla  moi- 
tié de  tout  mon  bien,uielc  pouuoye  ramener  vif  à  la  maiibn,  &  qu'il  ne  deuoit  point  a- 
uoir  honte  de  le  fane,pour  s'en  retourner  auec  les  fiens.  A  qu  >y  il  me  relpondit  en  lar- 
moyant,Qu'il  eftoit  beaucoup  plus  contrifté  de  mon  mal,&  du  danger  où  îeftoye  ,  que 
fafché  de  la  peine  qu'il  enduroit,&:  qu'il  deuoit  fouffrir  :  me  voyant  li  attaché  à  la  terre 
que  ic  ne  penfoye  point  au  cieh&qu'il  luy  aduenoit  tout  le  contiairc,aflauoir  qu'il  eftoit 
tellemét  au  ciel  par  cfprit,qu'il  ne  luy  chaloit  des  chofes  de  la  terre,  ne  mcfmede  là  pro- 
pre vic,&:  qu'il  auoit  Iefus  Chrift  imprimé  en  ion  cœur,duquel  nulnele  pourroit  jamais 
deftourner.  Bref,quc  ie  ne  gaigneroye  rie  de  tafeher  à  le  retirer  auec  moy  :  &:  li  ïamais  vn 
tel  mal-heur  luy  aduenoit,qu'il  deuiend  roit  furieux  Ôc  defelperé. Et  comme  le  Moine  le 
vouloit  exhorterai  luy  diç  ,  Icfaybien  quelle  eftvoftre  intention  :  mais  quant  à  moy, 
Dieu  me  donne  vne  telle  force,queiama;s  ie  ne  me  departiray  deluy:&.cc  que  i'ay  dif, 
,    ,  ie  l'av  dit. Et  le  Moine  luy  refponditjSi  vous  voulez  creuer,  crcuez.Et  voila  comment  ils 

L'Adieu  du  r    .  '  , 

Moine     finirent  leurs  propos.  ( 

Canne.  Trois  jours  apres,ietrouuay  moyen  dp  parler  encores  à  luy:  mais  voyant  fa  conftan 
ce  inuincible,ie  perdy  toute  çfperance  de  le  pouuojr  iamais  retirer  de  la  prifon.Et  pout, 
ceic  talchoye  de  le  faire  détenir  en-pj^fon  pour  deux  ou  trois  ans^  afinjdeje  gagner ,  &5 
promettoye  de  payer  tous  les  delpcps,&  faire  les  frais,:  mais  on  me  con/eilladc.n  en  fitre 
autre  choie.  Et  ainli  ie  fi  retourner  Je,  Çar/ne  vers  luy,  afin  que  ic  peti/Te  aller  au  ec  luyj 
pour  parler  encores  à,mon  frère.  Il  deuifa  auec  moy  de  fon  reftamentfaità  jGeneuet&î 
me  conta  les  grans  tourmens  qu'il  auoit.  enduré  aux  prifons,où  il  auoit  efté,rcndantgt4 
ces  à  Dieu  de  tout.  Alors  comme  le  3^o;nq  le  vouloir  exhorter  dereçhefxmeii  frere  luy 
dit ,Ie  croy  que  vous/àuez  bien  quelle eft  ma  ConfcfEon  que  i'ay  faite:de  foâç ,  quant  i 
moy,quil  n'en  faur  plus  parler.lfe 

de  Djcu,d'autant  que.vous  ferez  inex  eu  fable.  Ectous  vos  difçours.fpntfonckzifurla 
Matdi.^4  prudencehumainç,&npnpointfurIaparplledePieu.  ^çfauczTvouspa$bicnqu'on, 
ne  peut  feruir  à  deux  maiftrcs?Et  pourtat  pyriez^f  Seigneur  qu  il  vou$  doint.  vn  tel  ç(j>git 
$C  vertu  çpc  vous(lejpuilfiez.glorièer;^  d'autant  quç,vous;prefchçza;uxautjes>queVoys 
fâchiez  prefeher  à  vous-me(mes,4:;qïae  pe  foyez point  rçppjfus  en  ce  demie*  jpvî&j  que 
Trahifon   lacrainte  de  defplaire  aux  hommes,n^c  ypufc^ce^^  Le 
du  moine  lylpine  demeura  fort  eftojpné  de  f  eJs^r^p.Q^difajn^Ç  eft  Çïùeu  Jequcla  pitiédçjfcou^.  Jitj 
Carme.  fi-çr.e  dit,Dicu  leiaçe.Ët  aintfnq^sde'ûiiraûnes,.  ; 

E  t  comme  nous  descendions  les  degcez,ie  Moine  medilqit,Taut  ^eai|,  Qjsilauoie 
commi/fion  dédire  quelque chofe  contre moy.Leiout4'aprçs;eft^ 
fon,mpn  frere  me  fit  ligne  fans  fonner  mpr,quc  ie  m'en  a^lalfe.  Et  aya.n.t.  entendu  que  les 
Inquiiîteurs  m'eft^ç.yenteftiedelaniçfmefoy  quemen  fiere  ?  ie  party  déjà  fans  d*iç 
autre  chofe, pour  m'en  reuenir  en  piedmonr. Depuis  i'ay  entendu  que  le,  ixute  Sep  cébrq 
il  fur  bru  lié  en  la  place  du  chafteaujfainâ:  Ange ,  où  le.  Pape,  eftoit,  acçomt.p.ag  déplu- 
fleurs  Cardinaux:^:  qu/d  mourut;  auec  vne  confiance,^  ioye  merueillpufe. 

'  BR  IEF  recueil  de rfieureuté fihque'biéu dbnn^a ce  ficn  fèruiteuV IeanLouys Pafcal,en la  vîîlç  dt  Rome* 

P a  R^e  reçïtfuii^it  dû  ^ere  de  ce  Martyr  venu  expres'deCunv  à  Rome  ,  on. peut  c(U 
.  gn.oiftre  &c  facilement,  recueilli  r  quelrs  aïfaux  ce  Ç<-ru;t,e.ur  <de  Dieu  fyufkpqys  auai}t 
mounr&quela  peu ei^fé le itrançmcnt'^u'iïa  receu  tout  le  temps .qjuiLa  eux  deten», 
prifpnnicr  en  ce  gouffre  d'epfer.Àirreftejtouchantlescrççpnltances.^es  aunes  prpee^ 
dures  renues  contré  1  uy  cnladite  villede  Rome ,  quelque licence  qutpn  ajt  peu^airc» 
on  ne  les  apeu  bonne  ment fauoir  du  tout  iâ  caufe  queîe  pquïe  patieni fl!aupù  laaucuti 

moyeu 


Le 


V  entre frinfe^)  d'Amboifc  >  <  SS7 

tnoTcnd'era  ire,commcésa^re$  prifons,  ne  de  parler  tinonàctuxqui  pourchafloyétfa 
mort.  Et  encores  qu'il  y  ait  là  quelques  {ideics  r  ainfi  que  Pieu  le.rcferue  toufiours  de  ce- 
{tcfemenceoù  b  on  luy  terrible,  tant  y  a  que  la  tyrannie  y  eft  fi  rulèe&:  cruelle  contre  les  ^"iSc 
vrais  enfans  de  Dieu,que  nul  n'ofoitluy  aflifter  en  la  prifon.On  a  bien  feeu  pour  certain,  l«eo  u  pu 
qu'il  fut  fouucnt  interrogué  par  autres  ennemis,  &  follicité  par  plufieurs  fois  de  te  deidi-  Jj£dc  Ro" 
te^enluy  faifantdcbellesprorneiTes.Finalemctonaau^iencedu  fa  mort  bien  heureufe, 
laquelle  a  efté  atteftee  deuant  le  luge  de  Cuny  par  ceux  qui  le  virent  exécuter,  U  cefte 
atteftation  fut  faite  à  l'inftâcedcles  héritiers.  f  Or  ce  qu'ils  dntçtepofë  touchât  famorr,  j^g^J 
eftenfommeyQucle  v  i  n. lourde  Septembre»  m.  d  .  l  x.qui  eftoitvn  Dimâche,lean  rCufedei. 
LouysPafçal  fut  mené  dés  le  matin  en  vn  contient  de  Moihes,nommé  laMinerua,  là  ou  L.  Fafial. 
ceux  qui  font  accufezdeftre  Luther iens(felon  la  couftume)lbnt  menez,pour  leur  lire  le 
contenu  des  procez  qu'on  a  fait  contre  eux.  Amené  qu'il  fut  en  cefte  Moinerie,  (on  pro- 
cez  eftant  leu  deuant  toutie  peuple ,  conferma  derechef  toutes  fes  refpôfes  fur  le  champ: 
voire  d'vn  cœur  allègre  &:  ioyeux,rendant  grâces  à  Dieu  de  l'honneur  qu'il  luy  faifoit.  A- 
prescelaon  leremenaenlaprifon:&lelcndemain,quieftoitLundi  i  x  .duditmois,eftât 
lié  &:  garroté  fu  t  m  enc  deuant  le  chafteau  S.  Ange  ,,  en  la  place  près  le  pont  du  Tybrc  :  où 
auant  que  d'eftre  exécuté,  il  remonftrabriefuement  au  peupleauec  grâce  &  confiance, 
que  ce  n'eftoit  pour  forfàict  ne  maléfice  qu'il  euft  cômis  qu'on  l'auoit  condamné  à  mort: 
mais  pourauoir  maintenu  la  (àinile  querelled<*ï*fus  Chrift,&:  làdo#rine:&:au  reftequç 
tous  ceux  qui  tenoyentle  Pape  pour  dieu  en  terre,  &  vicaire  de  Iefus  Çhrift,  cftoyent  par 
tropabufez,  veu  qu'en  toutic  par  tout  il  fe  mon ftre  ennemi  mortel  de  fa  doctrine,  de  ion  Ses<jCTni<, 
vray  feruice,&dela  pure Religion.brieÇque fes a&es  le  manifeftét  vray  Antechrift.Com  resexhortà- 
me  il  eftoit  fur  ce  propos,  tous  les  fuppofts  de  ce  fiege  l'efcoutas  ainiî  parler,  firent  hafter  tioiw- 
fa  mort.  &  incontinent  le  bourreau  l'ayant  efleué  haut,  lcictta  &:  l'eftrangla  :  puis  brufla 
fon  corps    Yoila  cornent  ce  herautdu  fain&Euangilede  IcfusChrift,fut  traitté  en  la  vil- 
le de  Rome:  &  commet  Dieu  Icretira  en  ion  Royaume  bien-heureux,  pour  le  faire  iouyr 
de  l'immortalité  giorieule. 


TO  V  C  H~A  N  T? enp'eprtnjê  $~<4mbotfe  en  ce  tempsile  but  &Lfi»  ficelle:  &  comme  lappelation 
de  Huguenots  commença,  &  otta  le  nom  de  LuthertenL 

A  perfecution  des  eglifes  de  France  ci  dciîus  déduire ,  côntinueeiufques  à  ce 
teps-ci  fous  le  règne  du  roy  Frâçois  1 1 .  auec  vnerigueur  extrême  (  les  priions 
citas  encore$  réplies  de  ceux  de  l'Eglile  de  Paris)  eut  ici  quelque  intermiffion 
_  par  vn  moyé  admirable.  Car  Dieu  nelaiffâtpas  toufiours  la  verge  d'iniufticc 
$c  tyrannie  defTus  r<xi  peu  ple,a  de  couftume  de  dôner  relafche  par  fois,afin  que  fon  EglL 
fepuilferefpirer.Orla  choie  fut  telle:  côme  eileaefté  extraite  d'vn  petitdilcoursquien  a 
efté  fait.  Ce  v  x  delamaifondeGuyfeincontinctqlcroyHcrieut  l'ccil  fermé,  seftoyét 
faifis  de  la  perfonne  du  roy  François:  tellemét  qu'ayans  gagné  l'aureillc  de  ce  Ieune  Roy,  ^"J!^. 
toutes  les  affaires  du  Royaume  je  gouuernoyét  à  leur  volonté,  ce  qui  delplailbit  merueil-  çS-g»-" 
leufementàtouslesfuietsduRoy,&:  principalement  à  la  Nobleffe.  Les  chofes  finalemét  snce- 
en  vindrét  là,  que  plufieurs  gentils-homes  &  autres  de  tous  eftats ,  s'eftàs  alliez  enlemble 
fous  vn  chef,  deliberoyenç  de  tirer  le  roy  François  d'entre  les  mains  defdits  de  Guiie  :  6C 
fàîreles  plaintes  &  doléances  qu'ils  auoyentàl'encontre  d'eux, &:  remettre  le  manie- 
ment des  affaires  entre  les  mains  de  ceux  aufqucls  les  loix  deFrancc  le  donnoyent.  Leurs 
raifons  eft oyent  celles-ci,  comme  àl'inftant  ijsies  pubherétprefquepar  tous  les  endroits 
du  Royaume. 

Pr  e  mi  eu*  m  p  n  t  que  c'eftoit  contretoutes  Jes  anciénes  loix  du  Royaume ,  qu'au-  Couftume 
très  queles  Princes  du  fâng  euffent  Jegouuernement  4urât  la  minorité  du  Roy:&  fulTent  £c  ^orti 
Içs  eftrangers  receus,ô£  admis  au  conleil  de  Ùl  Maiefté:comme  s'y  eftoyent  ingérez  lefdits  du  Roy. 
deGùyfe.  Quelacouftumccn;oit,aduenantquelaçouronncelchcutà  vn  Roy  mineur 
d'ans, de  coilùoquer  ks  trois  Eftats:  afin  que  par  iceux  il  fuftpourueu  au  gouuerncment 
du  RoyaAime,pendain  là  minorité.  Et  que  cela  auoit  efté  frefehemet  prartiqué  en  la  per- 
fonne  du  petif  roy  Charles  v  i  i  i. Que  ladite  conuoeation  des  Eftats  auoit  toufiours  efté  ^"eE* 
empefehec  par  lefdits  de  Guyfe:  iufques à  menacer  ceux  qui  en  oferoyét  tenir  propos.  Et 
pourtai  eftoyç  t  ihfra&curs  &:  violateurs  de  ces  loix  publiques ,  par  lefquelles  le  Royaume 

BBb, 


£/Wo  VIL  VentteprinfL>  £ AmboifcS> 

s'eftoit  tant  accreu,&  fi  longuement conferué.  Dauantagel'adminiftration  du  royaume 
ne  deuoit  eftrelauîeeàceux  quipretendoyent  droit  audit  Royaume,  comme  fuccclTeurs 
de  Charlemagne,&:  héritiers  des  ducs  d' Aniou  :  félon  les  propos  qui  leur  en  eftoyent  fou- 
ucntefchappezde  la  bouche.  Item  qu'ils  donoyent  foufpçon  de  mauuaifc  volonté ,  quad 
ilseflongnoyentfubtilemcntdc  la  Cour  les  anciens  Se  fidèles  feruiteurs  delà  couronne, 
cômelcConneftable,i'Admiral,&:  autrescvoireles  Princesdu  fang,  fous  couleur  dequcl- 
ques  charges  honnorables.Qu'ils  changeoyct  les  Gouucrneurs,&:  Capitaines  dès  places, 
pour  y  metereceux  qu'il  leur  plaifoit.  Outreplus  on  apperceuoic  combien  leurgouuerne- 
ment  eftoit  dommageable  àla  France.  Car  fans  les  grandes  pertes,  dcfquellcs  ils  auoyent 
eftécaufeparle  voyage  d'Italie,  à  celle  heure  ils  fajfoyent  des  exactions  fur  le  peuple  in- 
fupportables,&:nonaccouftumees:&lorsquclc  Royaumecommençoit  à  iouir  de  quel- 
que paix,  après  tantdemifcres ,  ils  entretenoyent  vneguerre  en  Eicoife,  fous  prétexte  de 
la  Religion,pour  acheuer  de  le  ruiner. 

A  ces  raifons  ils  adiouftoyent  des  remonftranccs  touchât  ceux,  qui  fous  couleur  de  tu- 
t-iwla  tele&curatele,auoyent  autrefois  viurpé  les  Royaumes,^:  Principautez-.  comme,  par  ex- 
iôi+.iiurc.  emplc,Tarquin  le  Superbe  à  Rome:"  AndronodorccurateurdeHierome,filsdcHieron 

enSicilc:&  Antiochus  en  Egypte, 
ïc  Lorgne  E  cardinal  dc  Lorraine  &  (on  frère  le  duc  de  Guyfe  auoyent  aduertilTemês  de  maints 
&fon  frerc  lieux,tantd'Efpagne,Sauoye,que Flandres &c  Alemagnc,  qu'il  fe  faifoit  vncentreprinfc 
aduernsde  p0ur  jes  venjr  forcer  iufqucs  dans  la  maifon  du  Roy:  qui  les  mit  en  grande  fufpicion  côtre 
trepnfccô1-  pluficurs: &futcaufequele  RoycfcriuitauMarefchaldeMontmorcnty  qu'il  cnuoyaft 
trecux.  }ous  feure&  bône  garde,  &C  par  chernins  deftournez  Soubfelles  qui  eftoit  au  bois  de  Vin- 
Soubfeiiesi  cennes,&;  Stuard  qui  eftoit  prifonnier  en  la  conciergerie:  qui  à  cette  fin  partirent  de  Paris 
Stuarden-  le  premier  iour  dcKarefme,&:  furent  menez  mafqucz&defguifcz,  ainfi  qu'il  auoit  made 
fcnrclc  b6  ^e  ^TC^Z  'c  ^ov  ^  re"ra  *  Araboifc,où  il  feiourna  pour  quelque  temps,(c  fians  ceux  qui 
ne  garde  le  confeillerent  de  s'y  retirer ,  en  la  petite/Te  delà  ville  te  la  force  du  Chafteau  :  ne  laifians 
ws le  Koy  rjen  en  arrière  pour  luy  perfuader  que  c'eftoycntles  Luthériens  qui  le  vouloyent  mettre 

à  morr,pourfe  venger  de  ce  qu'il  en  auoit  tant&id  mourir. 
Defcnfe  de  L  à  cour  de  Parlement  de  Paris  fit  defenfes  à  tous  bouchiers  roftiiîcurs ,  viuandiers  & 
L  Cour  de  autres(quele  boucher  de  l'hoftel  Dicu)de  vendre  durât  le  Carefmcaucune  chair,  fur  pei- 
e^Caretoe  nedelahart  :  enioind audit  boucher  de  faire  regiftre  des  permiflions,&  de  la  quantité  de 
chair  qui  feroit  prinfe  pour  les  malades ,  enféblele  nom  &c  demeurance  d'iccux,  &  de  hui 
taine  en  huitaine  en  certifierda  Cour  ordonna  que  Ion  viuroit  comme  on  auoit  accouftu 
me' félon  les  traditions  Ecclcfiaftiques. 
Le  conte  de  E  T  pourautant  que  les  nouuclles  de  l'cntreprife  fufdite  croiiîoyent  de  iour  en  iour,  tut 
Sicerrecn-  enuoyé  à  Tours  lccontedeSanccrre  lieutenât  da  Roy:  où  ayant  feiournétjuelques  ioiits 
Toure  ^  ^eu  •  <luc  ^  S*1011  de  Caftelnau,  le  capitaine  Mazeres,  Renay  &  autrcs,iufques  au  nôbrc 
de  dix  ou  douze  eftoyent  logez  en  ladite  ville  dans  vne  hoftelerie ,  attendans  l'argent  qui 
L'enneprifc  deuoiteftre  là  rendu  poureftre  diftribue' à  aucunes  des  compagnies  eftans  aux  lieux  cir- 
clîtdnTu&  conuoifinstquifutcaufêdu  retardement  de  1  entreprinfe,  &  donnacmpcfchemcntà  icel 
autresdtao»  le.  Ledit  conte  de  Sanccrre  fut  parler  audit  Baron  de  Caftelnau ,  qu'il  cognoùToit  fàmilie- 
dcfcotjucrte  rcrncnt'Pour  auoir  efte  enfembleauferuicedefeu  monficurd'Orleans.Et  pourcequele- 
&icToyK  dit  Conte  auoit  reccu  rude  refponfe,pour  s'enquérir  trop  curieufement  au  gré  dudit  Ca- 
ca ft  elnau  où  il  alloit,iiri'ques  à  mettre  la  main  aux  armes,  il  en  aduertit  le  Roy ,  &  fut  trouué 
DesAuenel-  cîu  us  s  en  auoycnt  rendre  à  la  maifon  dudit  de  Renay,nôme'  Noilày,  près  de  trois  ou  qua- 
îes  aduertit  tre  lieues  dudift  Amboife:  qui  defcouurit  incontinët  plus  au  vray  ladite  entreprife,de  la- 
ie «rdiiul  quellelc  cardinal  de  Lorraine  auoit  efté  en  mefmctempsaduerti  par  vn  aduoeat  duPa* 
dereooepri  laisàParis,nommcdes  Aucnelles,  plus  certainement  que  par  nul  autre:  pour  auoir  efté 
fe  furdite.  prefent  en  quelques  délibérations  de  ce  faites  aux  enuirôs  de  Paris.Dont  il  fut  recopenfé. 
iïStoect  Or  la  vérité  eft  tclle,que  l'executiô  de  ladite  entrepriiè  auoit  efteMeliberee  en  la  ville 
trepnfc  àla  de  Nantes  en  Bretagne,  par  alTcmblee  quiy  fut  faite  de  gens  appelez  de  ton  s  les  endroits 
dTfièur'de  deceRoyaumc,  àla  grande  diligence  &  pourftiîttc  <fvn  nomme*  Goderrov4e  Barry> 
laRenaudie  fieurde  la  Rcnaudie,  gentil-homme  du  pays  de  Pcrigotfcvqui  fe  fauofc  appeler  la ro- 
&  delaGa-  rcft,&:ia  Garayc,gentil-hommcdu  pays  de  BretaignaoûluL^reftc  par  ladite  afïèmblee 
Ceauifut  faitefous  couleur  detraiter  d'vn  mariage,  CJue  les  Chefs,  &  ceux  du  Confeil  de  ladite 
arrefté  en  entreprinfe  fe  trouueroyent  au  fixicme  ioùr  de  Mars  en  la  maifon  de  ja.  Fredonnieré» 
prtfcfCntrC  ^  Roy  citant  lors  à  Blois  :& puis  ayant  change  de  lieu,  &  eftantvejmày  Amboife»iùi 

artettt 


Leivt&Iafodicellcj*  jjt 

âr  r  cftéqinisfe  trouueroyempresdudit  Amboifcde  orois  lieue*  *&c  le  /tmde^-yow  des 
crôJWCsaffigncauxv.dcMars.LcditDelaRcnaudicfutcflcu  en  ladite  affcmblée  Lieu-  ,uu^£u 
ttiti  <jwu d'vn Prince  q  Ion  difoitauoirjreccu  la  protettiô de  ladite  entreprinfe^fans  autre-  Ueuccsaoc 
ment  le  nômer,nedcclarcr,qIesLaniquenctsont  accouftumé  d'appeler  Vnçkcfmuer.  *T^J^J 
Se  luy  furent  baillez  pour  confëil  fix  perfonnages,  (ans  lcfquels  Une  pouuoitricn  fairefic  Su^Trcccu 
enuirontrence  Capitaines  bien  expérimentez  aufai&des  armes, pour  élire  fous  luy,&  JT0^** 
conduire  ceux  qui  fc  deuoyent  trouuer  àlcritreprife:  la  marque  de  laqucllcpourfe  reco  entreprise. 
gnoiftre,eft  oit  vn  efteuf  mi-parti  de  blac  Se  de  noir.  Leur"bu  t  eftoit  de  depoffeder  lcfdits  Le  bue  de  l» 
tieursde  Guyfcdel'authorité  qirirs  maintcrioyentauoirefté  par  eux  vfufpee,&  les  faire  pr^"e" 
déclarer  vfurpateurs  par  la  voyede  luftice,  fans  autrement  rien  attenter  ni  entreprédre 
qui  fuft  preiodiciable  au  Roy  ni  à  fon  eftateomme  il  fut  après  cogneu,par  le  moyen  d'vn 
papier  auquel  le  tout  eftoit  eferit  d'vne  façon  cogneuc  feulemét  àceluy  qui  lauoit  efcrit, 
nommé  la  Bigne,qui  eftoit  ancien  feruitcur  dudid  de  la  Rcnau  die.  Car  cftant  pris  après  'Su/deU 
la  mort  de  (on  maiftrc,proriîJt  pour  fauuerfà  vie  de  déclarer  ce  qui  eftoit  contenu  audi£t  Rauudie, 
papience  qu'il  fit;&:  fut  trouué  que  le  premier  article  eftoiteouché  en  ces  termes,Prote- 
ftationfaite  par  le  Chef,  Se  tous  ceux  du  côfeil,  de  n'attenter  aucune  chofe  contre  la  Ma-  ente  ladite" 
iefté  du  Roy,&:  les  Princes  de  fon  fang.  Et  eftoit  le  bu  t  auiïi  de  ladite  entrepriofe,  défaire  «""«pnk 
obferuer  l'ancienne  couftume  de  France  par  vne  légitime  afiemblec  des  Eftats. 

^"En  t  r  e  ceuxdeccfteentreprinfey  en  auoitplufieurs  recenansla  doctrine  appelée 
Nouuelle,leIqu els  on  riomme  Huguenots.Ce  nom  ayant  premièrement  commécé  peu  De  ceux^' 
deiours  auparauat  en  la  ville  de  Tours,àcaule  delà  porte  du  roy  Huguon,q.  eft  T  vne  des 
portes  de  ladite  ville ,  auprès  de  laquelle  ceux  de  ladite  Religion  auoyent  accouftumé  Ce  o^SuguS 
retirer  pouriahre  leurs  prières  à  leur  manière  accouftumee:àrocca(iondequoylepcu-  »uuds,&d;. 
pie  les  appela  Huguenauds,qui  rut  incontinent  receu  par  ceux  quifuyuoyent  la  Cour,&:  ** 
depuispubliépar  tout.Lefditsdoncques  appelez Huguenauds ,  difoyent  qu^is  cftoyent 
adioints  aucc  les  defTufdits,  comme  à  vne  caufe  ciuile  Se  politiqu  e^Se  qui  concernoit  les 
loix  SL  ftatuts  de  ce  Royaume:deliberans  de  prefenter  leur  ConferBoh  de  foy,afin  d'obte 
nir  quelque  relafche  des  extrêmes  executiôsrincitez  de  ce  faire  entre  autres  chofes,dau- 
tant  qu'ils  difoyent  auoit  entendu  qu'en  la  Cour  de  Parlement  à  Paris  il  auoit  eftépref- 
que  refolu  en  la  Mercuriale  (dont  nous  auons  parlé)de  ne  perfecuter  plus  pour  la  Religiô 
auant  la  détermination  d'vn  Concile .  Et  qu'il  eftoit  à  prefumer  quele  cardinal  de  Lor- 
raine  &  fon  frère  eftanshors  d'authorité,  la  fentéce  libre  des  Eftats  euft  peu  efteindre  les 
feux  qui  eftoyent  encores  allumez  en  France. 

L  a  Rcnaudie  ayant  rallié  grand  nombre  de  gés ,  en  efleut  iufques  au  nombre  de  cinq 
cens  cheuaux,& quelques  gens  de  picd,lefquels  il  fîtapprocher  delà  ville d'Amboife.Lc 
Roy  enuoya  vers  le  lieu  où  il  auoit  eftéaduerri  qu'aucuns  des  deffufdits  fe  deuoyent  raL 
fembler,leducdc  Nemours,aucc  quelques  cheuaux,pour  recognoiftre  la  vérité  du  rap-  Du  t*]c; 
port  qui  luy  auoit  <*lle  rait.Eftan  t  paruenu  au  Iieu,il  parlemeta  auecques  eux,  Se  s  cnquit  deNcmoun 
pour  quelle  ràifon  ils  s'eftoyeht  ar  rhez,&  s'ils  vouloy  ent  faire  perdre  aux  Fran  çois  la  lou-      lcî  Hu 
ange  qu'ils  ont  touûourscuë  d'eftre  fidèles  &:  loyaux  à  leur  Prince.  Ils  rcfpondirent  par  Sî^^f 
lcBarondeCaftelnau,  qu'ils  ne  vouloyent  attenter  aucunechofe  contrcla  Maieftédu  poofe. 
Roy:  mais  au  contraire  qu'ils  eftoyent  armez  p"  our  maintenir  fa  perfonne ,  Se  la  police  de 
fon  Royaume-  Qu'ils  vouloyét  remonftrer  à  (a  Maiefté  les  machinations  &:  delibcratiôs 
fecrettes  de  ceux  de  Guyfe  contre  fa  grandeur,  leur  viol encb  mahifefte  contre  les  fuicts, 
l'opprciïion  faite  par  eux  cotre  fa  luftice ,  de  les  Eftats,  des  loix&  couftumes  de  fô  Roy» 
aumerqu'en  telle  neceffité  ils  vouloyent  entretenir  le  nom  de  fidèles  fuiets  qu'ils  auoyét 
acquis  de  fi  long  temps:  poui  autant  qu'ils  fcfentdyet  obligez  de  faire!  ce  qui  eftoit  nc_ 
cefTaire  pour  la  conferuation  de  leur  Prince .  Sur  quoy  ledid  duc  de  Nemours  leur  re_ 
monftra>q  ce  n 'eftoit  pas  la  façon  d'vn  fuiet  de  prefenter  quelques  rcmonftrances  afon 
Prince  âùcc  armes  Se  force  ouuerte ,  mais  qu'il  y  falloit  venir  aueercuerence  Se  humili- 
té .  A  quoy  ils  refpondirent  que  leurs  armes  ne  s  addreffoyent  aucunement  contre  le 
Roy,mais  contre  lefdits  de  Guyfe,  cjui  leur  eftoyent  ennemis ,  lcfquels  empefehoyent  a- 
uecqués  vibléce  qu'aucun  euft  accès  au  Roy,finon  ceux  qu'il  leur  plaifoit .  Qu'ils  s 'eftoy- 
ent a^hc  armez,  afin  que  fi  befoin  eftoit  ils  peufTent  malgré  les  fufdits  de  Guyfe  fc  faire 
voye  iufques  à  la  Maiefté  4u  Roy:  là  où  cftans,  ils  fauoyent  bien  l'honneur  Se  la  reucréce 
qu'ils  luy  deuoyent  porter. 

.  Aç*  e  s  ces  propos  &plufîcurs  prières  dudit  duc  de  Nemours  de  laifTer  les  armes, 

BMui. 


Leidcfluf-  A  venir  fur  fa  foy  parler  au -Roy,  s'obligeantpar  foy  de  Prince  qu'il  ne  leurcttjrcuiendroti; 
dits  viennét  aucun  mal  ne  danger. Eux  s'alTeurasfur  fa  parolle,obeirétaudi&  fieurduede  Nemours, 
ïi!tdc°Nc-  diiansqu  'ils  prenoyenc  pour  grand  aduan  cage  d'auoir  accès  libre  au  Roy ,  fans  qu'il  fuft 
moijrs  par-  befoin  de  l'acquérir  par  armes  ne  par  force.Mais-eftâs  arriuezà  Àroboife,£iitcnt  înconti- 
lUfoncc^  ncl^C  re*errez  cn  Pr^on>  tourmentez  par  gchcnncs,condamiicz  corne  coulpablcs  de  cri- 
pr.fonn«&  me  de  lcfe-ma:efté,&:  auec  eux  d'autres  qui  furent  prins,  &:  fur  le  champ  exccutezpardi 
mj*  à  mort,  uerfes  manières  de  mort,les  vns  décapitez,  &  les  autres  pedus  aux  feneftres  du  chafteau 
d'Amboife.Ët  entre  ceux  qui  s'eftoyent  mis  entre  les  mains  dudit  duc  dcNemours  fur  fa 
LcBarondc  paroIle,eftoit  ledit  Baron  de  Caftelnau.  Iceluy  oyantlirc  fa  condamnation  ,  qui  portoit 
remontre  erime  de  lefe-raaiefté,  remôftra  qu'Un  eftoitaucuncmét  apparu  qu'ileuft  rien  entrepris 
n'auoir  cô-  contrelc  Roy,mais  feulcmét  qu'il  s'eftott  voulu  oppofer  auec  vne  grade partiedelaNo- 
J1cisj^n^j  blcfredeFranceàriniuiticedeceuxde  Guyfe.Et  quefi  vneentreprifè  faite  contre  eux e- 
iefté.       ftoit  crime  de  lefe-maieftc,il  les  falloit  prononcer  rois  de  France,  auantqucdc  le  condam- 
ner de  ce  crime.  Finalement  que  ne  pouuant  appeler  deuant  les  hommes  d'vnefcntcncc 
tant  inique,il  en  appeloit deuât  Dieu,lequcl  en  briefferoit vne  vengeâce  excmplair.edu 
fàng  innocétquieftoitrefpandu.  De  fcmblablcs  propos  vibrent  pluiieurs  autres,Ieibuels 
.  .     ayans  prié  Dieu  àhautcvoix,&  appelé' Dieu  pour Iugedelcurcaufe,moururcnt,contrai. 
rlbiedVn"0  £nans  pl"  îîcurs  de  plorer.  Et  eft  mémorable  o^u'vn  gétil-homrae  de  bônemarque,nômc 
Gcntii-hom  Vil!e-mongie,qui  à  Imitant  après  fut  exécute,  ayant  trempe  fes  mainsau  fangde  fes  c£L 
^.        pagnôs  qui  auoyér  efté  fur  l'heure  dccapitez,lcs  efleuaen  haut  vers  le  ciel  tant  qu'il  pcut> 
s'eferiat  auec  telles  parai  les  ou  femblablcs,  Seigneur,  voicy  le  fangde  tes  enfansimufte- 
ment  efpandu,tu  en  feras  la  vengeance.  4 

Apri  s  que  ledit  Baron  de  Caftelnau  eutcftcprins,qui  fut  vn  grand  empefehement 
Sfte'JePen  *  ceux  ^c  1  cntrePr^e> entrc  lesquels  fut  foufpcçonné  le  puifné  de  Maligny,  Jedid  La  Re- 
trepriie  par  naudiene  JailTa  de  fe  pref  enter  à  tafeher  par  tous  moyens  de  fc  ioindre  auec  fa  troupe  :  ce 
la  Kouudtc  qUe  fajfant  fut  rencontré  par  vn  gentil-homme  nommé  Perdillan,quî  auec  d'autres  cou- 
roit  ça  &  la  pour  defcouurir  quelque  chofe:&  voyât  que  ledit  La  Rcnaudicluyfaifoit  te- 
lle ,  éc  s'appreftoit  au  combat,iJ  luy  penfa  tirer  vn  coup  de  piftolet,mais  il  ne  print  fcu:&  à 
ceftecaufèledictLaRenaudicluy  donnantdcux coups  d'efpeeau  coftédroiâ:lctua,&s 
fut  quant  &  quant  frappé  d'vn  coup  d  arquebouzepar  le  ferai  teur  dudic  Pcrdjllan ,  dont 
URenau-  il  mourut  fur lechampi&  auparauât  quctoberduditcotfp,iltua  encorcs  ledit  feruiteur. 
(on  'cor*  ^Dn  corPs  fat  porté  à  Amboife,&  deux  de  fes  feruiteurs  menez  prifôniersjdonei'vn  eftoit 
porté  dans  laBignc,duql  nous  auôs  parlé  cy  dem*s:  &  là  fon  corps  demeura  pédu  tout  vn  iour,rurle- 
Amboifc.    qUCj  eftoyét  eferics  ces  mots>C'eftU  Renauàteàid  lajorejl ,  CafMmcÀes  rtbe\les ,  ch€f&+dMthè*r 
de  la /édition .Et  depu is  fut  m is  en  quatre  quartiers,pédus  en  d iuers  lieux,&  fa  refte  mile  for 
le  pon  t,hchce  àu  bout  d'vne  lance .  Ce  fur  v$  cas  admirable  comment  les  cinq  cens  che- 
uauxauoyentcfté  difpofcz,  tellement  qu'ils  auoyct  peu  venir  iufquespresd'Àmboife de 
toutes  les  prouinecs  de  France  fans  eftredefcouuers. 

Dvrant  cetenipsleçhâcclierdeFrance,Frâçois01iuierquiauoitfàitlesproc^sde 
ces  poures  gens,&  qui  ne  S'cftoir  ainfi  porté  és  perfecutions,auparauant  récitées  «  comme 
luy  commandoit  fa  confeience ,  efclairee  de  long  temps  de  la  cognoiflanec  de  Vérité, 
d!c  &  ™ort  ^ut  *****  ^vne  gtoffe  maladie:  durant  laquelle  il  iettoit  degrans  fbufpirs  fans  ceiTc,  &  affli- 
du  chance,  geoit  fa  perfonne  en  façon  fort  eftrange  &:  cfpouuantable.  Il  fut  en  ce  tourment  viûté  par 
&  T<Scit"  *c  carcnnal  ^e  Lorrainc.lcqucl  s'eftant  efloigné  de  luy ,  ledid  Chancelier  s'eferia ,  difant, 
nal  de  Lor-  Ha  !  Cardinal,tu  nous  fais  tous  damner:  &  dit-on  qu'il  regretta  bien  fort  &:  fouucntesfois 
raine  le  vi-  lamortde  feu  Du  Bourg  bruflé  pcuauparauant,commcnousauons  ditcy  delfus. 

£  T  apres  s'eftre  ainfi  miferablcmët  tourmeté,quelque  temps  après  il  mourut  II  auoic 
efté  pourucu  de  l'eftat  de  Chancelier  par  le  roy  François  premier,&  au  commencement 
du  règne  du  roy  Henry  fut  renuoyé  en  fa  maifon,  &  mis  en  fon  lieu  celuy  qui  n  agueres  c- 
ftoit  premier  Prefident,nommé  Bertrâd  delà  ville  de  Tholoufe,  en  titre  d'office  de  Gar- 
de des  feaux:ce  qui  nauoit  iamais  efté  veu,&(quiplus  eftoit)pour  y  demeurer  Châcehcr, 
aduenant  que  ledit  Oliuier  mouruft  le  premier. 

Et  "combien  quel'iffucde  cefteencreprife  fuft  merueilleufcmét  pitoyable:  fi  eft-ce 
que  Dieu  laroumacnbïen  pourlbn  Eglife.Carccux de Guyfefefaifbyétà croire q toute 
cefte  menée  auoit  efté  faite  par  ceux  de  la^Religion  reformée, pour  la  trop  grand  1 1 ieuccr 
des  perfecutions ,  qu'ils  ne  pouuoyent  porter .  Pourtant  confiderans  le  gr»«<Ktlanger 

où  ils  a- 


Le  but  &  la  fini içellcs.  $j  p 

où  ils  auoycntefté,&:  craignis  qee  la  continuation  des  perfecutiôs  ncfmenftcncores  de 
pareilles  entreprifes ,  ils  penfercntdelesfaireaucunemcnr  cclîcv  ,  afin  de  gratifier  aux  E- 
ghlcs .  Tellement  q  lettres  furent  delpefchees  par  toutes  les  Coui  s  des  Parlemcns,  pour 
rncttrehors  des  priions  à  pur  ^àplein  ceux  qui  feroyctpriibmiiers  pour  la  Religion.  Le  urerlcspri- 
Parlement  de  Paris  en  fit  beaucoup  de  difficultez >  &;  fut  l'éxecution  des  litres  aiTez  Ion-  J^E' 
gue:  toutefois  après  plufieurs  pouriuittes  ,6c  réitération  de  commandemens  du  Roy,  les 
prisonniers  de  Paris  furent  rédus,auec  vnc  ioye  nom  pareille  de  toute  l'Eglilc.  Il  y  eut  auf- 
d  vn  cdicl:  du  Roy,par  lequel  il  dônoit  accès  à  tous  fes  luiets,de  luy  venir  faire  leurs  plain- 
tes &: doléances,  s'aucunes  ils  en  auoyent:&  falloir  promelles  de  les  ouyr  touspailîble- 
ment,&  làns  aucun  danger  .  COn  vitbienqueletoutfefailbitpar  lcconfeildeceuxde 
Guylc,afin  d'effacer  les  reproches  quilcur  auoyenr  elle  faites  par  ceux  d' Amboife:&:  que 
cen  eftoit  que  par  manière  d'acquit  :  &:  que  leur  volonté  enuers  ceux  de  la  Religion  n'en 
elloit  en  lien  meilleure  :<ieft-ce  qu'ils  vibrent  dutemps,&  duloilîrquc  Dieu  leurdon- 
noit:&  présentèrent  leur  Côfefsion  de  foy  auRoy,auecques  vnc  requefte  pour  eftre  ouys, 
fuiuantlbn  ordonnance  dernière:  maiscela  neièruitderien.    Cependant  neantmoins 
les  alTemblees  pour  ouyr  la  parolie  deDieu,fepourfuiuoycnt  auec moins  de  çraintc:&:  les 
chofes  prenoyét  vn  merueilleux  auancemét  par  tout  le  Royaume:  iufques  là,  que  les  pré- 
dications commençoyent  à  fe  faire  publiquement  en  bçaucoup  de  lieux.  Trcfu«à 

L  e  Roy  eftant  ven  u  d' A  m  boilè  à  Remorantin,il  y  eue  vn  edict  fait ,  par  lequel  les  eau-  ^S^* 
fesde  ceuxdela  Rcligiô  reformée  cftoyétremifes  aux  Eccleiïaftiques.Ceft  edic*  leur  don 
ha  à  penfer  qu'ils  n'auoyent  quedes  trelues ,  Se  queleur  repos  ne  leroit  pas  long:attendu 
qu'ils  cftoyent  mis  par  ceftcdid  entre  les  mains  de  leurs  ennemis,  pour  les  aupiriuges&  Affcmblc<; 
parties tout  enfemble .  Toutefois nonobftantcelal'efté  luiuant  ily  eut  vne alTçmblee af-  j^™" ^ 
lez folennclle  à  Fontaine-bleau ,  pouf  aduifer  aux  moyens d'appaifer  les  troubles ,  qui  e-  ?^Liuf 
ftoyent  défia  grans  par  tout  le  Royaume:  ôdàlesrequeftes  de  ceux  delà  Religion  furent  w«>We«. 
prefentees  par  moniieur  l'admirai  de  Chaftillon,&  leurcaufedebatue  par  beaucoup  de  conc]ufoa 
grans  per  ion  nages,  mefm  es  Euefqucs.  tellement  qu'il  fut  conclu  d'allembler  les  Eftats,  d'ajfcmbi» 
pour  ouyr  les  demandes  de  tout  lepeuple,&vn  Concile  national,pourvuider  les  différés  loEftao. 
de  la  Religion.Ccs  choies  tenoyent  les  Egliles  en  fufpens,&  ne  pouuoyen t  iuger  où  encli- 
neroyent  les  affaires. 

Finalement  fur  l'Automne  la  volaté  des  ennemis  de  l'Euangilefut  defcouuerte. 
Leroy  de  Nauarre  eftoit  en  Guicnne  âueclbn  frère  princede  Condé  j  qui  eftoit  parti  de 
France,non  fanslailTer  loupçon  à  ceux  de  Guy  fe,qu'il  eftoit  de  lafa&iô  d'Amboile.Ceux 
de  Guyfe  les  voy  ans  là  enfemble,  puindrent  opinion  qu'ils  faifoyententreprinfe pour  les 
v  enir  chalTer  du  gouuernemcnt,&:  fe  m  ettre  en  leur  lieu,côm  e  premiers  Pnn  ces  d  u  lang. 
Etcouroit  le  bruit  qu'il  le  failbit  amas  de  gens  par  les  Eglifes,pour  tenir  le  parti  du  roy  de 
Nauarre .  de  manière  qu'ils  conuoqutrent  toutes  les  compagnies  d'hommes  d  armes,&:  P=rfccutiôs 
les  départirent  par  toutes  les  prouinces,  pour  renouueler  les  perfecutions  alencontre  des  rcnouudccs 
fideles,&:  leur  mettoyenr  délia  lus  le  crime  de  rébellion. Deflors  les  trefues  que  les  Egliles 
auoventeués  depuis  le  mois  de  Mars,furenrrompues:&commencerétieftrcrecerchees 
plus  que  deuant.Tellcmcnt  que  depuis  le  mois  d'Octobre,  iufques  en  Décembre,  les  pri- 
fonsde  Pans  furet  remplies  comme  elles  auoyenr  efté  l'an  paiîe.  Toutefois  Dieu  lia  fi  bip 
les  mains  des  Iugcs,que  perfonne  ne  fut  cnuoyé  à  la  mort. 

Cependant  ceux  de  Guyfe  tenoyent  le  Roy  à  Orléans,  auec  armée,  &:  attendoy- 
ent  là  le  roy  de  Nauarre,  &:  fon  frere.  Lefquels  au  mandement  du  Roy  fe  trouuerent  là  a- 
uec  peu  de  compagnic,pour  fe  defeharger  enuers  fa  Maiefté  de  ce  qu'on  luy  faifoit  enten- 
dre,qu'ilsattcntoyentquelqucchofecontrela  grandeur:  car  lesennemis  s'armoyéttouf-  L°uys  d« 
ioursdu titre  de  Rov.Mais  ils  ne  furent  pas  li  toft  arriuez  à  Orleans,&:  fait  la  reuerence  au  *°™c?dc 
Roy,  que  le  prince  de  Condé  nefuft  reiterré  en  vne  eftroite  prifon,&:  le  Roy  Ion  frère  rc-  Condé  rri- 
tenu  aueçques  feure garde .  Le  prince  de  Condé  receut  celle  affliction  auec  vne  grande  *onmcr- 
confiance:  &;  louant  Dieu ,  le  confoloit  fi  bien  en  la  prifon ,  qu'il  eftoit  en  admiration  à 
fes  ennemis.  Et  pourec qu'on  auoit  toufiours  eftimé  que  ces  deux  frères  Princes  eftoyent 
l'appuy  de  toutes  les  Eglifes,  les  Papilles  les  voyans  arrêtiez,  faifoyent  défia  les  feux  de 
ibye,  comme  s'il  n'euft  plus  rien  refte  pour  tout  deftruirc  &  exrcrmincr .  Mais  comme  la 
délibération  eftoit  défia  faite  d'enuoyer  le  prince  de  Condé  à  la  mort  :  &  qles  procès  des 
fidèles,  U  meimes  d'aucun?  des  Miniftres  de  Paris  cftoyent  défia  fur  le  bureau,  pour  eftre 

BBb.  iii. 


£*wo  VIL  éfflartjrs  au  pays  d<u  Flandre^. 

procède  à  la  condamnation  :que  toutes  les  Eglifcs  eftoyent  menacées  d'vne  rncrueillcufc 
defolation:Dieu,qui  fait  fecourir  les  liens  au  befoin,cnuoyavnedeliurancemiraculeufc- 
Francoisii.  car  le  petit  roy  Frâçois,au  milieu  des  triomphes  des  ennemis,  fut  frappé  d'vneapoftumc 
roydrFri-  au  cerueau,  laquelle  le  fufFoqua:comme  il  lera  dit.  Et  ainfi  quelque  paix  &  repos,  ou  plu- 
Etdtfc CD  ftoft  crcues  turcnt  données  aux  Eglifcs  fidèles. 

r6> 


CHRESTIEN  DE  QVEKERE.  M.  IAQVES  DIENSS ART, 
IE  ANNE  DE  SALOME2,  Je  Steenvvercte  en  Flandre. 

O  N  trouuera  des  refponfes  autant  à  propos,&  pertinentes  aux  demandes  des  ennenns,qu'en  procédure  de  plus 
faiians  &:  lettrez:pour  monftrer  les  proportions  des  dons  du  S.Efprit.  Ce  fut  à  F  urne  en  Flandre. 

£F5§P^ï8  OMME  en  ce  temps  la  pcrfecution  continuoitcn  diucrs  lieux  au  pays-bas 
M.  D.  LX -Wê^^^i  deFlandre,fous  Philippe  roy  d'Efpagne:&queplufieursfcretiroyenten  An- 
||\  V^^c^gleterre  fous  la  protection  delà  royneElizabeth  ,  ces  trois  furent  du  nombre 
de  ceux  qui  firent  adiondion  à  la  troupe  eftrangerc  en  Londre,auccconfeL 
fion  publique  de  leur  foydeuant  toute  l'cgli(e.  Apres  y  auoir  demeuré  quelque  efpace  de 
temps,il  leur  vint  en  necefïité  de  retourner  en  leur  pais  pour  quelques  afFaire:>:&:  s  embar 
querent  fur  la  fin  de  Iuin  de  ceft  an  m  .  d  .  t  x.  Arriuez  qu'ils  furent  à  Nicuport,  les  deux,à 
fauoir  laques  &:  Ieanne,tafcherentdegagncr  Honfcotc,  laiflàns  Chrcftien  veniràfonai- 
fe,pource  qu'il  fc  rrouuoit  mal  difpos ,  &  charge  de  quelques  petits  liures  de  la  Religion. 
Le  Bailly  aucc  autres  le  rencontrant  fur  les  champs ,  luy  demanda  d'où  il  venoit,  où  il  al- 
loit,&:  qui  il  eftoit .  Chrcftien  refpondit  bien  pertinemment ,  tellement  qu'ils  ne  feurent 
que  mordre  mr  luy  pafTant  fon  cheminm'cuft  efté  le  pacquet  deliurcs  qu'ils  apperceurct: 
&C  pour  lcfquels  ils  le  ramenèrent  à  la  ville.  Or  entendans  qu'il  eftoit  venu  auec  quelques 
autres,ledit  Bailly  cnuoya  incontinent  fon  Lieutenât  furie  chemin  de  Honfcot,lequelnc 
tant  par  aftuces  &  mehees,q  finalement  les  attrappa,&  amenaliezen  la  viUedeFurnc.Ds 
Les  aduer-  furent  quelques  iours  en  la  mefme  prifbn  auecChreftien ,  fc  confolans  &c  ençourageans 
Liresncpcu  mucuciicrne  nt:  mais  les  ennemis  les  fcparercnr,penfans  par  ce  moyen  rompre  leurfer- 
quc  ieTpo-  meté  &conftancc.  ^  Au  premier  abord  des  interrogatoires  le  1 1 1  .&  1 1 1 1  .de  Iuillet ,  on 


ures  fidi  les  demanda  à  laques  pourquoy  il  s'eftoit  feparc  de  l'eglile  Romainc.il  refpondit, Pource  qu* 
iTconfoicnt  el*e  n'c^  Pas  la  vrave  ESnfe  ^  *euJS  Cririft-  A  °,uoy  cognoiflez-vous  cela  ?  dit  vn  Preftre. 
ivn  l'autre,  r^.  £)'autant  qu'elle  n'a  pas  la  pure  prédication  delà  parolle  de  Verité,nela  vrayeadmini- 
ftrâtion  des  Sacremens,n'aucun  légitime  vfage  delà  difeipline  Eccleiîaftique.  laques  luy 
prouua  par  raifons  euidentes ,  &  monftra  qu'en  leur  cglife  on  enfeignoit  le  faluedes  ames 
parMcrfcs,anrtiuerfaires ,  longues  oraifons,  inuoeation  des  Sain&s ,  pèlerinages  &  telles 
autres  vaines  &  faufTes  confiances.  Voire,dit  le  Preftre,  aceufez-vous  ainii  ceux  qui  don- 
nent à  manger  à  IefusChrift  quand  il  afaim:&  à  boire  quâd  il  a  foif:&  qui  le  veftet  quand 
il  cft  nud?&c.&  mu  1  tiplia  tellemét  ce  propos ,  qu'il  ne  dôna  loifir  audit  laques  de  refpon- 
dre  plus  auant  fur  ce  poin£t.  ^"Autres  luy  demandèrent  s'il  pourroit  monftrer  Qu'ils  n'ad 
miniftraflent  bien  le  Baptefme.Iaques  leur  die:  Vous  raueztçllemét  obfcurciparvosad- 
ditions,qu'à  grand'  peine  le  peut-on  recognoiftre  cftre  Baptefme.  D.  Cornent  donc  vous 
contentez-vous  de  voftre  Baptefme?  i^..  Sn'eftoyeencoresàbaptizer,  iene  levoudrove 
reccuoir  de  vous  autres.-tant  y  aqueic  me  contete  de  fauoir  vnefois  receu.  Interrogué  de 
leurfacrement  del'autel:  il  monftra  euidemment  combien  il  eftoit  eflongné  du  vray  vfa- 
ge de  la  làindc  Ccne  de  Icfus  Chrift.  Quâtà  la  difeipline  Ecclefiaftiquc ,  il  leur  en  dit  plus 
qu'ils  n'en  vouloyct  ouyr.  CPeu  après  ils  furent  examinez  par  deux  Caphars  qu'on  auoic 
fait  venir  expresdvn  nommé  Ican  Campo  gardien  desCordehcrs  de  Dixmude:&:  l'autre 
Pierre  Pannct  prieur  des  Carmes  d' Ypre .  Ceux-ci  interroguerent  premieremét  les  trois 
prifonniers  fur  les.articles  de  leur  foy-.&c  puis,  s'ils  croyoyét  que  Chrift  ait  efté  fait  delà  fè* 
mence  de  la  fem  me. laques  refpondit ,  qu'ils  eftoyent  tous  perfuadez  que  IefusChrift  a  c- 
Gal.4.4     ftéfaitdelafcmcnccdclafemmecommeDicuauoitpromisGcn.  j:itemdc  lafemehee 
2.Sam.7-  ii  J'Abrahâ,&desreir.sdeDauid:  voireenfomme  fait  (èmblable  à  fes  frères  en  tourvexce- 
Hcbï.17.   ptc'  péché.  Apres  plufieurs  interrogatoires  fur  diucrs  poirtfts,on  leur  demada,fien  lacoft 
i7  fecration  dclaMeife  lecorpsdelelurChrift  eftoit  prcfent-.Nenni,  dit  laques,  il  s'en  fàut 

Hcb.4.îs    beaucoup  que  ce  foie  la  Ccne  du  Seigneur  :  laquelle  fut  donnée  à  ceux  qui  eftoyent  affis  à 

table  a- 


Ch.QjMkereJ3)imprt,&  I.Salome^.  j<fo 

table auec  Iefus  Chrift.Suyuât  quoy  auffiles  fidclcs,aux  A  des  des  Apoftres,fefontaiîcm  a£U.4i 
blez,&:  ont  rompu  le  pairienfemblcr&rTCtrouuonspas  qu'vn  fèul  l'ait  fait  à  part,  &que 
Jes  autres  le  regardaient  faire.Que  fi  faind  Paul  reprend  à  bon  droit  les  Corinthiés,de  ce  l  Cor  11  i0 
que  chacun  d'eux  saduançoit  pour  manger  fon  foupper  à  part,  combien  plus  eftes-vous 
dignes  de  cefte  reprehenfion?Ievous  tie  donc  du  nombre  de  ces  fa ux-propheres  dont  Ie- 
fus Chrift  nous  aduertit  pour  s'en  donner  garde,  quidifent,  Voicy  Chrift, &:  levoila,&c. 
Surcecy  les  aduerfaircsrepliquerét,Les  parollcs  de  Iefus  Chrift  ne  font  ce  pas,  Ceaeftmon. 
corprxecy  cflmonfangï     Les  mots  ne  fedoiuent  prendre  à  la  lettre  :  car  autremetiln'y  au- 
roicnul  accord  auec  le  fondement  de  l'Efcriture.  Les  parollesdes  anciens  Sacremens  ont 
efté  expofez  par  le  tàindEfpritmcfme:  La  Circôcifion  eft  appelée  Alliance,  &c  l'Agneau  j^17'" 
léPajfàgeduSetgneur.comhicn  qu'ils  en  fuilent  feulement  lignes. On  luy  demanda  fur  cela,     '  *4' 
fi  Dieu  n'eftoit  point  tout-puiifant.  Ouy,ditIaques,maisil  ne  fait  rien  contre  fa  Parolle. 
D.  Si  le  pain  ne  fe  change  point,pourquoy  faind  Paul  a  il  dit,  Quiconque  mange  de  ce  pain  in-  iCor.5.7 
àignementytl  mange  fon  iugement^ne  discernant  point  le  corps  du  Seignettr'f    .  Nous  le  confeOons, d'- 
autant quel'homme  fe  doit  cfprouuer  deuant  qu'approcher  de  celte  fainde  Tablexar  en 
la  Cene  on  ne  reçoit  point  feulement  du  pain  &  du  vin ,  mais  aufli  la  vraye  participation 
du  corps  &  du  fang  de  Iefus  Chrift,cÔme  faind  Paul  nous  enfeigne.  ^  En  quatrième  heu,  '-Cor.io.rf 
les  Moines  firent  cefte  queftion, Si  le  M  a  r  i  a  g  e  n'eftoit  pas  vn  SacremcntrNon,dit  la- 
ques:car  les  Sacremens  ne  font  point  en  la  liberté  des  chresliem,coinrnelc  mariagercar  faind  Paul  ,  Cor  7  8 
dir,Qiu  fe  maric,il  fait  bien,  mais  qui  nefe  marie,  fait  mieux .  Nous  eftimons  donc  que  le  58. 
mariage  eft  vnefainde  ordonnance  de  Dieu,  inftituee  auparadis  des  lecommccemcnt  j^^'1'* 1 
du  mondc,hônoree  de  Iefus  Chrift  par  Ion  premier  miracle .  Nousdilbnscn  outre  que  le 
mariage  eft  honorable  entre  tous,  6c  la  couche  fans  macule:  &:  q  Dieu  mgera  les  paillards  Hcb.13.4 
&adulteres.  D.  MaisfaindPaul  ciuitqle  mariage  eft  vn  grand  Sacremér.  ru.Pourquoy 
donc  le  défendez  vous?  Or  ce  que  vous  alléguez  n'a  point  efté  dit  du  mariage  :  car  S.Paul 
parle d'vnefinguliereôifecrettecommunion&coiondion  que  Chrift  aauecfon  Eghfe, 
en  difontiCcfe&etefîgrandiVoireldit-tljenChrifli&enCEglife.  Interrogue'  fur  la  C  o  n  f  e  s-  Ep^-W1 
s  1  o  n  à  fauoir  fi  c'eft  vn  Sacrement:  Rt.  le  n'en  trouuc  que  deux  en  l'Efcriture  :  fi  vous  en 
trouuez  dauantage ,  c'eft  à  vous  à  le  monftrcr .  mais  touchant  la  confeffion,  C'eft  à  Dieu 
que  nous  deuons  confeiTer  nos  péchez  à  l'exemple  de  Dauid,&  du  fils  prodigue  &c  de  plu  pfcau 
fieurs  autres,accuiàns  leurs  péchez  auec  vraye  repentâce:  Se  Dieu  eft  fidèle  pour  nous  les  [uc  ir.ii 
pardonncr.Or  dcconfelfer  les  péchez  à  vn  Preftrc,tants'cn  faut  qu'il  (oit  neceflaire ,  que  i.fcan*» 
mcfmeie  n'eftime  point  qu'il  (bit  licite .  Les  Moynes  eurent  refuge  à  leur  pansage  accou- 
(tumëjConfeJfe^yospe(he2^lesynsauxautres.i^Sa\nâ.l2Lq\iesweut  que  nous côfelïions  nos  lac^.* 
fautes  enuers  ceux  à  qui  nous  auons  mefdit  ou  mesrait:  car  Dieu  commande  denousre  Mit.rf.iji 
concilier  enlemble  par  vnc  telle  Confeifion, fi  nous  voulons  obtenir  pardon  deuant  luy. 
Lors  les  Moines  dirent,7o«f  ce  que-vous  liercxfùr la  terre fera  lié au  ciel.     Ri.    Iefus  Chrift  par-  Ma"*-i4« 
le-làdeladifciplineEcclefiaftiquequidoiteftreobièruceentreles  Chrefticns,enadmo-  15 
nition&:applicationdeladodnnedel'Euangile:iufquesàictter  les  rebelles  hors  del'E- 
glife.Mais  il  eft  plus  que  notoire,  que  vous  nefauez  que  c'eft  de  telle  dilcipline  ne  du  vray 
miniftereenvos  egliies.  D.  Pour  le  moins  l'o  n  c  t  ion  eft  vnfacremét,  veu  que  faind       ,  % 
laques  en  parle  fi  clairement,  R>.  L'Ondion  dont  parle  S.Iaquesn'eft  en  rien  lemblable  a(picSÎ* 
à  la  voftre.Carcelle-lal'efaifoit  miraculeufement  pour  la  guairilbn  corporelle,  lors  que  le  Marc.tf.ij 
don  de  miracles  eftoit  en  l'Eglife:  or,  vous  oignez  ceux  dont  il  n'y  a  plus  d'efpoir  de  vie,  Se 
le  faites  pour  le  lalutdeiame.il  eft  bien  beibin  aux  malades  d'appeler  les  Miniftres  pour 
eftrc  confolez  &:  prier  pour  eux  :  mais  non  pas  de  les  grailler.  Et  la  C  o  n  f  i  r  m  a  t  i  o  n  , 
dirent-ils,  neft-ce  pas  vn  Sacrement?  laques  refpondit,  Qu'en  toute  rEicritureil  n'auoit 
rien  leu  de  cefte  Confirmation,&:  partant  ne  fauoit  que  c'eftoit.  Icy  ils  firent  eferire  fu  1  le 
rcgiforC)Noncredunt.  On  vint  à  l'ordre  de  Prefti  ife,fauoir  fi  c'eftoit  vn  Sacrement,  y.. 
Non  plus  quel'autre.Trop  bien  que  S.Pierre  appelé  les  fidcles  génération  ellcuë,Sacrifi-  i-Plcr2"f 
cature  royale,Gent  iainde,&:  Peupleacquis. Comme  aufli  S.Ieâ  dit,  qu'il  nous  a  fait  Rcis  A{)ûc  ï  6 
&  Sacrificateurs:mais  ce  n'eft  pas  à  la  façon  de  vos  Euefques  &  Prcftres.  D.  Qu'eftimes- 
tu  donc  du  Pa  p  e?  r>.  Ce  que  Daniel &:  S.  Paul  en  ont  prédit,  car  il  fe  trouue&:  monftre  Dan.11.cha. 
tout  tel  qu'ils  l'ont  deferit ,  venu  par  fignes  faux  &:  par  menlbnges  :  fe  feant  au  temple  de  *"Thc  " 
Dieu,&:  s'efleuant  par  deiTus  tout  ce  qui  eft  nommé  Dieu  :  défendant  le  mariage  inftitué  i.Tim.4.3 
deDicu:&:les  viandes  qu'il  a  cômandeesd'eftreprifes  auec  adion  de  grâce.  D.  Que  nous 
diras-tu  du  Pv  rg  a  t  o  ir  e'c^.Nous  n'en  recognoiftbns  autre  q  le  iang  de  Iefus  Chrift,  lItalîI- 

BBb.  iiii. 


Liure  VIL        Ch.  Quekere*  fean  Dicnfiart}&  I.Saïome\. 

qui  feul  nous  purge  &:  nettoyé.  D.  SilcsSaincts  prientpournous>nclesdoit-onpointauf 
il  prier  ?  3i.  Il  faut  adorer  Dieu  ôd'inuoquer  feul.  Les  bainds  eftans  encore  en  ce  monde 
n'ont  iamais  fbufrerr  qu'on  les  adoraft:  ce  que  lors  ils  eufTent  pluftoft  demandé  (quand  la 
nature  corrompue  appeteles  honneurs)  que  maintenant  eftans  dcfpouillez  de  telles  af- 
Apoc.is».io.  ferions.  Les  Anges  mefmes n'ont  iamais  enduré  qu'on  les adoraft.  ^11  y  cutencores 
&  plufieurs  autres  chofes  traittecs  que  laques  n'a  peu  eferire ,  le  papier  luy  défaillant  :  com- 

me il  le  manda  à  ceux  de  TEglife. 

Le  xi  i  ii  .  d'Aouft  ils  furent  pour  la  troifieme  fois  examinez  par  Pierre  Titelman 
doyen  de  Ronce, Inquifitcur  gênerai  de  Flandre, duquel  les  cruautez&:  extorfionsfe 
trouucnten  toutes  les  exécutions  des  fidèles  qui  ont  endure  la  mort  audit  pais.  On  luy 
amena  ledit  iour  du  matin  Ieanne  Salomez  dite  Coninckes,  de  laquelle  il  s'enquit  fort 
de  ceux  du  village  de  Srcenvvercke  dont  elle  eftoit  natiue:&  Ipecialeméts'elle  auoit  co- 
gnu  Charles  vander  J£auvve  homme  renommé  entre  les  fidèles.  Elle  rcfpondit,  Qu'ouy, 
mais  qu'il  eftoit  trefpafîe.  Apres  luy  auoir  demandé  comme  elle  au  oie  à  nom, il  l'interro- 
ga  fpccialcmcnt  fur  les  Sacrcmens ,  &c  prefque  fur  le  feul  poind  de  la  Ccne ,  &c  la  tint  en- 
uironreipacededeux heures  deuant  luy.   ^"Quanta  laques  DienfTart,  iinel'examina 
autrement:  maisvlàvers  luydcces  parollesbladiflames,  Mon  fils,  vous  eftes  encore  icu- 
ne&bicndifposvparquoyleMagiftratdcccftevillcfaitgrande  inftance  de  vous  retirer 
de  cefte  nouuelle  dodrinepour  vousramencr  au  droit  chemin. mais  i'enttn  quedemeu- 
LeScigncur  rez  ians  v  ous  vouloir  renger .  laques  reipondant,  luy  nia  que  ce  fut  vnc  nouuelle  dodri- 
ÏÏoSrs  ne>puis  qu'elle  eftoit  fondée  furies  Prophètes  &:  Apoftres.     A  quoy  l'Inquifiteur  repli- 
foaEgliic&  qua,  que  Martin  Luther  l'auoit  premier  mile  en  auanr.  y..  Etqucdeuicndront  tant  de 
^cTm  Lu"  gens  dodes  qui  ont  efté  &:  deuant  &:  après  luy:commeIean  VviclenSIeanHuSjZuinglc, 
d)CT.       Caluin,Ieâ  à  La(co,MartinMicron,&  autres  en  Angleterre, France &Fnfe?Et  fi  vous,ou 
moy  ne  les  cognoiftôns ,  Dieu  les  cognoit  aufsi  bien  que  les  fept  mille  fidèles  qu'Hehe  de 
fon  temps  ignoroit.L'Inquifiteur  perfiftanten  fa  vieille  chanlbn  de  la  fuittede  fes  Prélats 
&  Euefques:  laques  luy  allega  vne  autre  marque  delà  vrayeEglife,afTauoir,qu  elle  auoic 
de  tout  temps  efté  perfecutec:  &c  de  cela  inferoit  qu'il  en  eftoit  vray  niembre.L'Inquifï- 
teur  dit,  Nous fommes  maintenant  perfecutez  en  Angleter  rc  :  car  on  y  commence  à 
Bonerreçoic  emprifonner les  Preftres,  y..  Ileftbien  vrayqueBonerEuefquedeLondrcàefté  prifbn- 
mdcLicc"  nier  non  pour  la  religion ,  mais'pourfcsforfaids:  Lefurplus  des  Curez  &:  Preftres  y  vi- 
«z.        uent  en  liberté.  Entre  autres  propos  ceft  Inquifiteur  voulant  monftrcr  le  feruice  deu  à  la 
vierge  Marie,dit,  N'eft-il  pas  eferit  qu'il  faut  honorer  vn  chacun?  &:  que  deuons  donc  fai- 
re àla  mere  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  ?  Vous  luy  faites,dit  laques,  vn  bel  honneur  en 
vous  agenouillant  deuant  vn  tronc  de  bois  ou  de  pierre,en  l'inuoquant  corne  Dieu  :  vous 
deuriez  auoir  honte  de  telles  abomination  s  &  blafphemes.  ^"11  y  eut  plufîeurs  autres  pro- 
pos que  ledit  laques  par  faute  de  papier  &:  de  loifir  n'a  peu  laifTer  par  eferit. 

L  e  mefmc  iour  après  midy,Chrcftien  Quekere,qui  auoit  efté  m  is  en  vne  prifô^  part, 
futauisi  produit  deuant  ceft  Inquifiteur,&  interrogué  fur  plufieurs  chofes.  Il  le  porta  vail 
lant  en  toutes  (es  refponfes  :  &c  quand l'Inquifitcur  voulut  prouuer  que  Iefus  ChVdt  eftoit 
prefentcorporellement  au  Sacremcnt.Iaques  luy  monftra  par  fix  ou  fept  raifons  perem- 
proires,tireesdelafaindcElcriture,quecela  ne  pouuoiteftre  nullement,  &:  repugnoità 
toute  vérité.  ^  I  es  ennemis  voyans  la  perfeuerance  de  ces  trois  prifohniers ,  serlorçeréc 
par  toutes  voyes  de  les  débiliter  Se  tourmenter  :  premierementils  les  firent  feparer  pour 
les  priuerdeconfolation  :  fi  défendirent  qu'en  les  vili tant  nul  ne  fut  fi  hardi  de  leur  por- 
ter à  boire  ni  à  manger:  &  tiercement  ils  les  firent  foliciter  par  gens  mefchans,de  s'accom 
moder  fans  ainli  aba  ndonner  leurs  vies  à  leur  efeient.  Ils  eurent  de  grandes  tentations,& 
prièrent  par  lettres  trefinftamment  qu'on  fit  Drieres  continuelles  pour  eux  en  toute»  les 
Egliles.  Les  fidèles  eft rangers  en  Angleterre,  aduertisdccesdeftroids ,  folicitercnr  leur 
fuperintendent  Edmond  Eueicfuedc  Londres,àrinftanceduquel,rArcheuefqucde  Can 
torbie,&  autres  en  noyèrent  lettres  parcnfèmble  au  Magiftrat  de  Furnc,requerans  en 
fomme  de  leur  lafeher  ces  trois  prifbnniers  qui  auoyét  efté  prins  en  pafTant  leur  chemin, 
fans  auoir  molcfté  perfbnne,ne  difputé  aucunement^  par  confèquent  n'ayans  commis 
chofe  contre  les  ordonnances  du  pais.  Et  quanta  leur  foy  qu'aucuns  reuoqueot  en  dou- 
te, que  pour  cela  on  ne  les  deuoitreccrcher:&:  qu'en  pareil  eux,aufquels  la  maiefté  de  la 
Royncabailleetoutcconimifsion&puifTanceau  faid  de  la  Religion,  n'auoyent  iufqua 
prefent  fafchc  aucun  des  fubieds  du  pais-bas  venant  en  Angleterre,  &C  fe  portant,  Hiode- 

ftemenc 


Ch.  Quektretjean  &iw$art&  LSatome^  /  61 

ftemcnt.Quéûon  entendoitainfi  moleftcr  ceux  leurs  eglifcs ,  commis  en  leur  garde* 
comme  luiets  de  la  Roine ,  ils  feroycht  contraints  à  leur  grand  regret  mefurer  de  mefme 
mefureies autres  nations;  ce  qu'ils  n'efperoyent&:  n  attendoycntdc  1  equite&  prudence 
duditmagiftratdeFurne.CeslettiTseftoyentdattcesduxx.deltilletM.  d.  l  x.&ibufïi- 
gnez  Matthieu  archeuefqucde  CâturbicEdmûd  euefquede  Lôdre:VvillhèlmcMcyns: 
Valtcr  tladon  maiftre  des  requeftes  ordinaires:  &:  Thomas  Huycke  do&eur  es  loix. 

Ce,  v  x  dCjFutneayansreceu  ces  lettres,  les  enuoyerent  à  Bruxelles,  &  furent  leu  es  aii 
priuécpnieiLduRoy.  Mais  pour  exténuer  l'authoriréd'icelles,  on  fèm  a  vnbrvtt  qu'elles 
auovent  éfté  ibrgees  par  quelques  Luthériens  :  de  manière  que  finalement  on  arrefta  de 
tfçoceder  contre  lcfdirs  prifonniers  félon  I  exigence  des  placars  du  Roy .  ^"Apres  cjuelef- 
dits  de  Fume  eurent  en  vain  efTayé  tous  moyés  de  diuertit  lefdits  prifonniers  de  leur  foy* 
ils  procédèrent  à  l'exécution,  d'iccux.  Pmfieurs  delà  ville  &:  d'alenuiron,  oyans  le  bruit  de 
cefte  exécution  prochaine,fe  tenoyent  prefts  pour  la  voir:  §c  péfoit-on  qae  cedeuft  eftré 
par  vn  Mercredy  iour  de  marche';  Mais  le  Magiftrat  voyant  la  multitude  fut  effrayé,  fit 
monter  àcheualle  Bourreau  en  plein  marche  fur  Jemidy,  pour  faire  femblantdefortir  la 
ville,&; môftrer  q l'exécution  attédue,nc  fe feroit  poît.  Vers le  fbir  dudit  Mcrcredijegrad 
Bailly  accôpagné  de  quelques  Seigneurs,  vint  fecretemét  en  la  prifon  loliciter  particuliè- 
rement chacun  defdits  prifonniers  par  beaucoup  de  prières  &  allechemcns ,  à  fè  defdire: 
leur  promettant  de  les  dcliurer  tout  à  i'heure,s'ils  vouloyent  feulement  dire  vn  mot:Mais 
Dieu  les  tint  roides,&:  leur  fît  fiirmôter  ce  dâgereux  affaut.  Voyas  donc  les  ennemis  qu'ils 
ne  profitoyétrien  de  plus  attédre,firent  tout  apprefter  déslefoir  dudit  iour  pour  le  lende- 
main,afl!auoir  chaines,eftache,bojs,&:  ce  qui  appartient  à  l'exécution. Or  le  Seigneur  qui 
a  eftabli les  temps  &  momcns,retarda  leur  de/lein  par  vne  pluye  veheméte  qu'il  cnuoyai 
de  fitdurer  iufques  à  midy.  Onauoit  cnuoyé  quérir  les  deux  Moines  ci  deuant  nommez: 
accompagnez  chacun  d  eux  d'vnfuppoftdeleurliurec.  Ceux-ci  commencèrent  dés  ce- 
dit  matin  à  huit  heures  aflàillir  les  prifonniers  pour  les  deftournerouefbrâlerdeleurfoy. 
Ce  q  n'ayans  peu  faire  alendroit  de  Chreftien  ne  de  laques,  ils  s'en  allèrent  à  Ieanne ,  vers  ^""^j 
laquelle  ils  profitèrent  auffi  peu  qu'alendroit  des  deux  autrcs.Qupy  voyans,ils  eurent  re-  gercuiemét , 
cours  àleurs  menfonges  accouftumezsqu'ilsàppelentfrrf«<fej/>/>i</fi,&luy  dirér*  Voulez- 
vous  feule  adhérer  à  cefte  fby,veu  que  vos  deux  corn  plices  l'on trenoncee?Lafaindévier 
ge  n'en  fut  en  rien  ef"meuc,mais  refpôdit  Quelle  ne  lecroyoit  pas:  &C  ores  qu'ainfl  fuft  ,que 
iamais  elle  ne  delaifleroit  vne  foy  fi  certaine, fondée  fur  Iefus  Chrift  &  non  fur  les  hômes. 
Ces  Moines  fedu&eurs  negagnans  rien  fur  ellc,fe  retirerent.Et  les  prifonniers  donnoyét 
courage  l'vn  à  l'autre,fè  preparans  à  la  morr:&  chantèrent  le  pfeaume  l  xx  ix.^"Le  Ma- 
giftrat de  F  urne  pour  plus  feuremenr  mettre  à  executiô  leur  fentéce ,  firent  tenir  les  por- 
tes delà  ville  fermées:  &  toutefois  plufieurs  dedehors  y  entrèrent ,  laiflans  leurs  cfpees  & 
autres  baftons  à  la  porte.  Ainfi  qu'on  menoit  les  prilbnn iers  en  la  maifon  de  la  ville,on  ne 
voyoitque  gens  leur  tendans  la  main,&:  donnanscourage.Eftans  deuant  les  Seigneurs  a- 
uât  la  prononciation  des  fentéccs,leur  fut  dit  qu'ils  eftoyét  hérétiques.  A  quoy  Chreftien 
pour  tous  refpondit  que  pas  vn  de  leurs  Do&eurs  ne  l'auoit  feu  &c  ne  fauroit  môftrer  par 
l'Efcriture  fain&e.On  leur  mit  au  deuant  qu'ils  ne  tenoyent  conte  des  Sacremens .  Mais 
ils  refpondirent  librement,  Nous  àuons  les  Sacrcmens  ordonnez  de  Dieu  en  olus  grande 
&  toute  autre  reuerence  que  vous  n'aueZt  Sur  cela  les  Seigneurs  fe  retirèrent  a  part,&  ay- 
ans  vn  peu  parlé  enfemble,rerournerét  en  leurs  fieges,&  prononcèrent  fèntéce  de  mort 
furcestrois,àfauoir  qu'ils  feroyenteftranglez}&puisbruflcz,&:ledemeurant  descorps 
mis  au  gibet.  Ils  remercièrent  les  luges  de  la  fentence ,  &:  les  aduertirent  de  bien  prendre 
garde  à  ce  qu'ils  faifoyent.  Au  fbrtir  delà  maifon  de  la  ville  pour  les  mener  au  fupplice,plu 
fieurs  fidèles  leur  difans  Adieu,lesencourageoyent&confbloyentdcperfeuererconftâ- 
ment.  Dont  le  grand  Bailly  fort  fafché,n'ofant  rié  faire  autre  que  crier  au  derrière,  poufTa 
Ieanne  du  pied,queprefque  elle  tomba  des  dcgrez:dont  le  peuple  fut  grandement  irrité. 
Chreftien  alloit  le  premier,Ianne âpres  luy,&  laques  lefuyuoit  :  en  tel  fpe&acle,  qu'il  y  a- 
ubit  bien  peu  qui  ne  iettafTcnt  foufpirs,  larmes  ou  regrets,  en  les  oyant  faire  de  fi  belles  àc 
faindes  exhortations.  Vn  des  Moines  quilàeftoycnt*  nome  frère  Iean  Bels  rendit  a  Iean-  çonfe{(ion 
ne(plufieuts,gens  dignes  defoy  i'oyans)ee  tefmoignagc,  en  fon  langage,  Ieanne,comba-  mec  de  la 
tez  vaillamment,la  couronne  de  gloire  vous  cft  appreftce.Com  me  le  bourreau  comme-  ^^d'vu 
ça  de  les  attacher  de  chaines&  au  col  &C  aux  pieds,  ils  châterent  le  Pfeaume  1 30.  Dufons 
de  ma  penfeey&c. Frère  Icaii Campo  ne  pouuant  porter  vne  telle  harmonie,  crioit  côme 


Liure  VIL 


JeanPfer<vvm. 


vn  homme  forcené, Maintenant  on  voit  bien  que  vous  n'eftes  pas  Chrefticns]:  car  Icfus 
Chrift  s'en  alla  à  la  mort  en  pleurant.  Il  y  cutquelcun  du  milieu  delà  trouppcquiaufsi 
s  elcria,  Vous  métez,faux  prophète. Ayan s  achcué  les  deux  premiers  couplets  du  Pfeaii- 
mc,le  Bourreau  s  eilant  misa  ellranglcr  ChrcftienJtesdeuxcefTerent  le  cl,ant,&:  selcrie- 
rent  à  leu  rfrere,Courage,bataillcz  vaillâment.Et  Chreftien  leuant  Tes  mains  &c  les  yeux 
au  ciel,dit  par  deux  ou  trois  fois, Seigneur  Dieu  père  celefte,ie  recommande  mon  elprit 
entes  mains-  Et  derechef  après,  Pardonne  le  forfait  deceux  qui  nous  mettent  à  mort. 
Ieannc&C  laques  prièrent  de  me(me:mais  d'autant  que  laques  fut  le  dernier  ellranglé,&: 
que  le  peuple  cl  m  eu  dccompafsion  commençoitàs'efmouuoir,  le  Bourreau  mit  leïcu  a- 
lendroit  de  laques  n'eftant  qu'à  demi  eftranglé.  Le  peuple  le  voyant  mouuohrau  milieu 
du  feu,futencoresd'auuntagc  irrite:  fi  que  le  bourreau  tout  trouble,  printvnbafton  de 
baftelier  ferreau  bout,  &  donna  deuxou  trois  coups  au  cofte  droit  du  patient,  pourle 
faire  expirer.  Apres  que  les  trois  corps  eurent  efté  quelque  peu  au  feu ,  on  les  mena  fut  v- 
nc  charetteaugibbct,où  ils  furent  misa  trois  perces  à  part  :  mais  puis  après  furent  oftez 
&:  mis  en  terre. 


IEAN   H  E  R  WIN  dcHoutkcr(k?,e*FLnire. 

CONVERSION  notable  d' vn  homme  desbauché.  &  par  degrez  certains  réduit  ramené  fi  aiiant  au  parc 
du  S'„'igneur,qu'il  elt  produit  pour  tclHficr  de  fa  do&rine ,  de  laquelle  il  en  eftoit  auparauant  aufsieflongnc 
que  la  terre  du  ciel. 

^^^^p^ERVV  IN,  dit  Geerftecoorne,  eftoit  d'vn  village  nommé  Houtkcrcice au 
M.D.  LX-VJ  %  quartier  de  Bcrgues  S.  Vvinock,  en  la  Flandre  Occidentale.  DVne  vie  dif- 

P  §folue,&  telle quegensdeguerre  desbauchez  &c adonnez  à  toute  fenlualitc 

|Sj5&^Bontaccouftumc  de  mener  &c  fuyure,Dieu  voulant  faire  en  luy  l'œuuredc  Ces 
coniTcrfions  admirables,  pour  l'attirer  à  Iel'us  Chrift  Ibn  Fils,luy  mit  au  cœur 
le  vouloir  de  fortir  de fon  pais,  6c  lie  retirer  à  Londre.  Y  citant  arriué  enuiron  les  Paf 
ques  de  celle  année ,  le  Seigneur  pourluiuant  lbn  œuure,  luy  fit  rentontrer  de  la  bc- 
fongne  de  fon  meftier  de  braiTcur  de  bière,  auec  gens  de  bien  ,  &c  compagnons  fidè- 
les &craign  ans  Dieu  :  choie  autant  ràrc  qu'en  mcllicrqui  foit,  veu  l'yurongnerie  &lcs 
excès  qui  lont  ordinaires  es  brafTcrics.  UfutfouuentmenéàrEglil'eFlamcnguc  en  ladi- 
te ville  de  Lortdre,&  par  audition  fréquente  de  laparollc  de  l'Euangile^la  cognoiflàncc 
&c  foy  en  Icliis  Chrift  commença  de  croiftre  déplus  en  plus  en  luy.  Vn  bruit  de  guerre  &C 
nouuclles  volantes  qu'on  leuoit  gendarmerie,  le  fit  retourner  d'Angleterre  en  Flandre: 
&  partit  enuiron  le  mei'mc  temps  que  les  trois  fufdits  Martyrs,  &:  faillit  d'eftre  prins  quac 
&c eux.  LeBaillydcFurne  ne  l'ayant  (eu  attrapper:&: depuis  entendant  que  cclluy-cise- 
ftoitretiréàHonfcot,ilcn  aduertit  le  Bailly  duditlieu,&  luy  lignifia  qu'on  le  trouueroic 
chez  fa  fœur.  Ce  Bailly  ne  faillit  de  l'aller  trouuer  de  nuift  auec  t'es  fergeans ,  Se  dcle  pren- 
dé  h  dre  priibnnier.  Comme  on  le  menoit  en  prifon,  le  Bailly  rencôtrant  quelques  yurongnes 
on^rt?"'  ^ur  *cs  rucs»dit  ccs  parollcs,On  eftime  qu'il  y  a  beaucoup  de  gens  del'EuangileaHonlcot: 
ny  il£*    mais  ceux-ci  monftrent  bien  le  contraire.  Iean  Hervvin  nelailTa  pas  palier  ceci  fans  luy 
dire,  Eft-ccmal  faitdes'enyurer?Le  Bailly  relpondit,  Quoy  donc  ;  Iean  fitfa  conclufion, 
Pourquoydonc  nemettez-vous  ceux-ci  prilbnniers,  veu  que  vous  elles  ordonné  pour 
punir  les  mcfclun s, 6c  défendre  les  bons  &:  bien-viuans?  Il  ne  le  trouua  réplique:  mais  Iea 
fut  logé  en  prifon,où  il  le  porta  fi  vertueufement  que  chacun  en  eftoit  esbahy .  N'eftant 
fi  toft  mené  deuant  la  Loy  de  Hohfcot  comme  il  defiroit  ôc  s'attendoit ,  il  en  fut  côtriftc> 
&demandoità  ccuxaufquéls  il  pouuoit  parler,lacaufe  de  tel  retardement.  Son  cccurc 
ftoitembrafé  du  delîr  de  confell'cr  Iefus  Chrift  deuant  les  luges. Plusieurs  doutoyenc  fort 
deluyTàcaulcdefaviepaiTee^qu'iln'auoitquc  commence  de  donner  audience  à  TE- 
uangile  :  en  qudy  les  hommes  le  plus  louuent  ne  voyentgoutte,&fetrouuent  abufez  en, 
leurs  iugemens .  Onldmenaà  lafin  deuant  les  Efcheuins  :  &c  y  auoitvn  Preftrc  attitré 
pourdii'puter  contre  luy,lequcl  demanda depremier  abord.  S'il  y  auoit  long  temps  qu'il 
s'clloit  confefle  :  Se  ce  qu'il  tenoit  de  laCôfefsion:&:  l'interrogua  de  pluficors  menus  fuf- 
frages&:  fatras  :  fur  lefqucls  Iean  relpondit  autant  modeftement  que  Chrcfticnnement: 
&c  ceux  qui  là  eftoyent  de  quelque  fainiugçmenr,cognurent  que  ce  n'eftoit  plus  ccluy-la 

du 


Houfcoc 
bourgade 
en  la  baffe 
Flandre  re- 
noniec 
fergei 


Jean  Héf'vvyn»  jâj 

du  temps  parte:  que  la  prifon  luy  eftoit  comme  vne  efcoleoùil  recordoit  falcçon.  Le 
Preftre  luy  demanda  en  ontre,S'il  croyoit  qu'il  y  euft  fept  facremés  ?  Sur  quoy  le  Bailly  ai- 
dât au  Preftre  dit,S'il  y  en  a  fept  ou  deux ,  qu'éporre  cela?iï  y  taillera  ceux  qui  y  ibnt.^car  il 
en  auoit  côfefte  deux.)Le  premier  Efcheuin  l'interrogua  en  cestermes,Croycz-vous  q  le 
Seigneur  repofe  fur  l'autel  en  chair  &  fang?  Iean  luy  dit,Ierefpô  auec  faindt  Eftiéne,Que 
le  Souuerain  n'habite  point  es  temples  faits  de  main:  Le  ciel,dit-il,eft  mon  tiege,&:  la  ter- 
re le  marchepied  de  mes  pieds:  quelle  maifon  m  édifierez- vous?  ma  main  n'a-elle  pas  fait 
tout  cecy'Et  fur  ce  poinct  prenant  occaiion,remonftra  à  ceux  qui  là  feoyent  pout  luges,  Remôftrâ- 
qu'ilscôieraflentde  pluspres  la  doctrine  de  l'eglifc  Romaine  à  la  vraye  pierre  de  touche,  ^*"Ma8'" 
qui  eft  l'Efctiture  faincte,  afin  de  voir  comment  elles  font  du  tout  oppofees  &  contraires 
Tvne  à  l'autre. ConfiderezauÙi, dit-il, qu'emportétles  parolles  defàin&Pierre,Quenous  hCt+.i9,&. 
obeiffions  pluftoft  à  Dieu  qu'aux  hommes.  ^  Or  il  eft  bien  temps  qu'y  penûez  à  bon  ef- 
cient:car  au  dernier  iugemcr,ne  vos  Preftres  nevos  placars  que  vous  alleguezcôtre  nous, 
ne  vous  excuicront  nullement.  Et  quant  au  titre  de  l'eglife  Romaine  que  vous  mettez 
pour  bouclier,  il  eft  bien  vray  qu'au  temps  des  Apofttes  &:  après,  il  yaeu  egliieàRome  QiundRc* 
comme  enConnthe,Galatie,Phihppes  &:  aucres  licuxrmais  après  qu'elle  s  eftdeftournee  ^^L^ 
delapureparollede  Dieiu&mefmelafalfifiee&lesSacremés  d'icelle,  tournant  la  difei- 
pline  Ecclefiaftique  en  vne  Côfeflïon  auriculaire,Dieu  s'eft  retiré  d  elle:&:ne  mérite  plus 
deftrenommee  Eglifede  Dieu,  mawdu  diable.  Incôtinent  que  le  premier  Efcheuin(qui 
eft  nommé  Le  premier  parlant)l'cut  ainfi  ouy  parlerai  le  fit  emmener.  ^  Apres  doc  auoir 
pardiuerfes  fois  rendu  confclîlon  &c  tefmoignage  manifefte  à  la  vérité  deuatit  ceux  de 
Honfcot  >  il  les  pria  qu'il  leur  pleuft  de  luy  faire  droict  en  vneou  autre  forte.  Au  contraire 
pour  la  dernierefois  ils  inliftoyétàlefairedefifterdefes  opinions:mais  il  refpondir,Qu'il 
n  eftoit  point  fondé  fur  aucune  opinion,  ains  que  le  Seigneur  l'auoit  enfëignéde  fuir  le 
mal&cercher  le  bien.  Voire,  dirent-ils  *  ne  vois-tu  pas  qu'à  caulede  ces  opinions,  tout 
le  monde  en  eft  en  trouble?  &:  que  tant  de  làuansycontredifcnt?  çt.  Tant  s'en  faut  que 
les  troubles  viennent  de  la  doctrine  de  l'Euangile,  qu'iln'y  aqu'ellefèule  quipuiffeofter 
les  troubles,  noifes&  diuifions  qui  régnent  au  monde,  leiquelles  procèdent  de  lamalice 
des  hommes.Et  quant  aux  fauans  que  vous  nvalleguez,il  eft  impoisible  que  par  la  fagefle 
humaine  la  doctrine  de  Dieu  puiiTecftrecôprife:&:c'eft  pourquoy  Iefus  Chrift  rend  gra-  Matth.rr.15 
ces  au  Pere,qu'il  l'a  cacheeaux  fages  &c  gras  de  ce  mode,  &  l'a  reueiee  aux  petits.^~Com  Luc  1011 
mêles  fergeans  le  ramenoyenten  prifon,ilsl'aduertirent  de  parler  doucemenr,&quefon 
cas  iroit  bien.  ^  11  eut  encores  deuant  fa  mort  quelques  rudes  alTauts  par  certains  Sophi- 
ftes,  qui  luy  amenoyent  l'authorité  des  Docteurs  anciens  fur  lepoinci;  de  la  Cene  :  mais  il 
les  furmônta ,  fe  tenant  arrefté  au  vray  fens  des  parolles  du  Seigneur.  Il  fe  confoloit  en  la 
prifon  à  chanter  Pfcaumesôi  chanfons  fpirituelles,&  luy  meimes'en  eftoit  fait  quelques 
vnes.Les  Preftres  &:  Chanoines  voyans  q  ne  le  peu  pie  s'alfembloit  par  trou  ppes  deuant  la 
prifon  pour  l'ouyr,  fur  tout  aux  Dimanches  &  Feftes ,  ils  tafeherent  par  toutes  voyesde 
lcmpefcher  déplus  chanter.  ^  On  mit  deux  criminels  auec  luy  pour  le  tourmenter: 
lefquels  puis  après  recouurans  qlques  inftrumés  par  le  moyen  de  leurs  amis,  firétefFra-  Aftede 
ction  de  ptifon,&  s'enfuirent.Herv  vyn  auoit  occafion  de  fefauuer,mais  craignant  que  fa  ^u ^°ns 
fuite  ne  fuft  imputée  aux  fidèles  de  la  ville,fe  fentit  au  dedans  plus  toft  efmeu  de  demeu-  ne/auec 
rer  que  defortir.Cepcndant  fà  fentence  eftant  venue  de  la  Côur,aufsi  toft  qu'il  en  fut  ad- IeaQ> 
uerti ,  il  remercia  le  Seigneur  d'vn  li  grand  honneur  qu'il  luy  faifoit ,  de  fournir  pour  fon 
kin&nom.  Et  tefmoigna  la  ioye  qu'il  en  auoit ,  par  vne  lettre  qu'il  enuoya  aux  frères  :  en 
laquelle  il  les  prioit&  exhortoit  à  perfcuerâcc&conftanccen  lavraye  doctrine  qu'ils  a- 
uoyentreceuëdeDieu.^Le  1 1 1  i.deNouembre  entre  quatre  &  cinq  heures  du  matin, 
les  Magiftrats  firét  venir  Hervvyn  de  la  prifon  en  la  maifon  publique,  où  ils  le  tourmétc- 
renc  par  prières  &  promettes,  q  s'il  fe  vouloir  defdire  &  receuoir  le  dieu  de  la  Me/Te  qu'on 
deuoit dire:  ou  pour  Te  moins  confeiTer  que  Iefus  Chrift  y  fuft  en  chair  ôd'ang,  ils  le  delL. 
ùreroyent  à  pur  &  à  plein.Hervvyn  refufant  leur  ofïre,fut  lié  te  mené  par  force  en  la  cha-  Hervvyn 
peUe,  &:  contraint  d'y  demeurer  :  mais  il  tourna  tou  ûours  le  dos,  &c  fer  ma  les  yeux  &  au-  ^ 
teilles  en  ligne  de  deteftation.  Corne  on  leuoit  le  dieu  de  pafte,  vn  qui  eftoit  là  agenouillé  Mcffc 
luy  demanda,  Iefus  Chrift  n'eft-il  pas  maintenant  entre  les  mains  du  Preftre?  Non ,  non, 
dit  Hervvyn ,  il  eft  à  la  dextre  du  Perc  qui  eft  és  deux.  Tantoft  après  la  fentence  de  mort 
luy  eftant  prononcée,  fut  liuré  entre  les  mains  du  bourreau.  En  fortant  de  la  maifon  de  là1 
ville ,  eftant  fur  le  premier  degré,  regarda  le  peuple  qui  là  eftoit,  &  dit  à  haute  voix,  Voie; 


jjure  VIL 


Jean  de  Crues. 


comme  le  malheureux  monde  recompéfe  les  feruiteurs  de  noftre  Seigneur  IefusChrift. 
Au  tem ps  palle  quand  îeftoyc  adonne  àyurognerie  6c au  ieu  de  dez , 6c  que  ie  vmove  en 
toute  dillolution  6c  impiété,  feftoye  hors  de  dager  de  ces  lies ,  (&:  leua  en  haut  l'es  mains 
liees)i'eftoyc  le  bien  voulu  6c  venu  :  mais  incontinent  que  i'ay  commence  de  m  adonner 
àpicté,le  monde  m'a  fait  la  guerre,&  scftredu  ennemi, m'a  peiiccuté&:  emprilonné  :6c 
MiKK^ii  maintenant  me  meine  au  dernier  fupplice .  Mais  le  feruiteur  n'eft  point  plus  grand  que 
fon  maiftre :  Puis  qu'ils  ont perfecute  le  Seigneur,c'eft  cholcfeure  qu  auffi  ils  nous  perfe- 
cuteront.  A  mené  qu'il  fut  au  lieu  du  luppplice,  vn  fîdeleluy  rendant  la  main,  approcha 
deluy,leconfola,&:  ne  le  tailla  point  iuiqua  ce  qu'il  entra  dans  la  petite  loge  de  bois  en 
laquelle  il  deuoiteftrebrufié.  Ilfcprintà  chanter  le  Pfeaume  130.  mais  après  qu'il  eut 
commencé  le  premier  couplet,  le  Cordelier  lovant  chanter,  palla  à  grande  difficulté  la 
foule, pour  s'approcher  6c  le  tourmeter:&:  feiettat  à  genoux, luy  dit,  ConucrtifTez.  vous, 
Iean,ileft  encore  temps. Le  panent  fans  faire  cas  de  toutes  (es  mines, lui  tourna  le  dos. Et 
pluficu  rs  qui  citoyen  t  là  alemour,crierent  contre  le  Cordelier,  Hypocrite,  ce  (croit  à  te 
conucrtii:&  ainlikan  continuale  Pfeaume  fans  empefehement .  LcCorcielicr voyant 
ccScoî  qu'il  ne  gaignoit  rien  de  ce  collé,  continuant  en  fon  impudence  dit  au  peuple,  Ne  vous 
délier.      fcandahzez  en  oyat  vn  hérétique  chanter  de  Dieu.  Derechefon  cria  après  luy,Tais-toy> 
perlbnne  n'en  eft  feandalizé .  Plulieurs  chantoyeht  tout  bas  auec  Iean,  6c  quelques  vns 
haut  &:  clair  fans  le  feindre  .  Il  y  en  auoit  plus  de  quatre  ces  qui  l'cncourageoyét  de  pour- 
fuyure comme  il auoitcommencé:tellemet  que  Iean  leur  dit,  Frercs,ie  bataille  fous l'en- 
feigne  &c  auec  l'aide  d'vn  grand  Seigneur  &c  Maiftre .  Apres  qu'il  eutacheuéle  Pfeaume, 
il  fe  mit  à  genoux,&:  fit  la  prière  à  Dieu  :  puis  fc  leuan  t  pour  entrer  en  ladite  loge  &:  amas 
de  fagot  s,  dit  au  peuple,Iem'en  vay  maintenant  en  iacrificc,luyuez-moy ,  quand  le  bon 
vouloir  de  noftre  Dieu  vous  appelera.  Quand  il  y  fut  entré,  le  Cordelier  luy  vint  encore 
redire,qu'il  eftoit  temps  defe  conuertir:  mais  Iean  netenanteotedece  bafteleur,reconi 
mandoir  fon  cfprit  à  Dieu .  Celuy  qui  luy  auoit  tendu  la  main,  eftoit  làau  milieu  des  fer- 
Salnflchar  geans  6c  près  du  Bourreau,donnanttoulïourscourageau  patient,  &:  toutefois  nul  ne  s  ad 
dieiïc  aidée"  uança  pour  Je  prendre  priibnnier:  tant  ils  eftoyent  eftônez  de  fa  hatdieiTe,  &  honteux  de 
de  Dieu,    mettre  à  mort  le  patient .  Le  Bourreau  n'eftant  bien  exercé  en  fon  mcllier  1  cftrangla  & 
brufla  piteufement ,  de  forte  que  le  peuple  s'eferia  fort ,  cependant  que  ce  Martyr  rédoic 
refptit,leditiour  n  i  i.deNouembre  m.  d.  l  x.  Son  corps  fut  mis eocendres,lefquellçs 
furent  enfeuelies  au  marché  audit  Honfcot. 


IEAN  DE  C  R  V  E  S  <fe  Berthene,  enFlandre. 

LES  Inquifitcurs  fe  feruent  des  Magiftrat*  ordinaires  pour  exécuter  leurs-cruels  déteins:  les  Magiftrats  s'excu 
fent  &  s'appuyent  fur  les  ordonnances  &  placars;  mais  le  luge  fouucrain  en  dernier  refon  môltrera  le  droit 
à  toutes  les  parties. 

E  Cr  v  e  s  fîls  de  laques  demeurât  en  la  parrouTe  de  Berthene au  "quartier 
de  Bailleul,ne  la  fit  pas  longue  après  le  précèdent  Martyr  en  la  mefmc Flan- 
dre Occidentale.  Son  Curé  le  liuraentre  les  mains  du  doyen  deRcnay  In- 
quifiteur  de  Flandre,  vn  Dimache  x  i  m.iour  d'Oftobre,cntre  trois  ^qua- 
tre heures  du  mafin'.  11  emmena  à  Yprecepnfonnier  comme  fa  proyeconquife,&  lelo- 
gcaauFortdu  Contequon  nomme  communément  aux  Salles,  en  vncfofîefort  pro- 
fonde. Il  l'interrogua  à  diuerfes  fois  fur  les  articles  delà  croyance  Papale  :  à  laquellefran- 
chement  s'oppofalc  pri  fon  nier:  6c  fut  fort  tourmentéd'vn  Iacopin  F.  Iean  Heyda.  ïïsito- 
fîfterent  principalement  defauoirfc$  compagnôsquifrequentôyétle$prefches:rnaisn«* 
pouuâs  a  diuerfes  fois  rien  tirer  de  luy,  fînon  qu'vn  Pierre  de  Cuyperc  l'auoit  première- 
ment gagné  à  l'Euagile,  par  inftru&ions  familières,  ils  le  lauTerent  tréper  longtemps  en 
prtfon. Finalement  ils  le  gehennerent  bien  rudement  lex  i  n.de  Dccébrcrmais  vpyans  q 
rien  ne  s'aduançorr- par  ce  moyen,ils  le  tbliciterent  à  fedefdire  de  fa  Côfeffion  de  foy,par 
U  cruauté  promelTes  de  le  laiffer  viure  paifiblement  auec  fà  femme  &  fes  enfans.  Cela  l'cfb râla  auffi 
Hcrinqujfi-  pcu  que  les  tourmens  qu'il  auoit  enduré. Derechef  le  xvi  u.dudit  mois  eftant  àmené  aii 
iugementdcrinquifition ,  ce  Doyen  le  voyant  perfifter&:  tenir  les  mefmesrcfponfes&: 
Confeflion,  prononça  fentéce  d'excommunication':  Se  eh  lapronohçant,il  luy  dit,Ican, 

demafr 


Flandre^  affligez-**  France^  a  quelques  repçs .  jtj 

demande  grâce ,  il  eft  encore  temps ,  auant  que  tu  ioialiuré  à  ceux  du  bras  feculier  :  nous 
formes  ruifericordieux,mais  euxnefàuroyentnepourroyetmonftrer  mifcricorde.Iean 
fçu*  toute  refponfe  le  pria  de  pafler  outre  :  &  ainfi  l'Inquifiteur  achcua  la  le&ure  de  Ton 
cxcômunication.Quad  on  le  prefenta à  ceux  du  Magiftrat  d'Ypre  pour  eftre  mis  à  mort,  Ceux  <f  y- 
fuyuantlcs  placartsdu  Roy,  ils  firent  refus  de  lereceuoir,  aUeganscju'iln'auoitefté  prins  w^ 
en  leur  iurifdi&ion .  Par quoy  l'Inquifiteur  le  fît  ramener  à  Belle  :  où  ayant  efte  quelques 
jours  en  prifon,ilfut  fort  affailli  de  fesparens,&  folioté  à  fauuer  fa  vie  :  mais  Dieu  lcforti- 
fia  de  confiance  neceffaire.  Le  x  x  i  r  i.  de  Décembre  cftant  amené  en  la  maifon  delà 
ville,apres  auoir  receu  fcntéce  decondamnation,Ican  dit  à  ceux  de  la  luftice,  le  fuis  tout 
preft  d'endurer  la  mort  pour  mon  Seigneur  Iems:  mais  il  vous  en  prendra  trefmal  quel- 
que iour,  que  vous  condamnez  ainfi  à  mort  le  fang  innocent,  fans  mefmcs  auoir  regardé 
les  mérites  delà  caufe.Le premier Efcheuin,quieft  nommé"  Premier  parlant,ou  portant  "Jo  Hgjj- 
la  parollc,luy  dit,Nous  ne  te  mettons  point  à  mort,  mais  c'eft  le  Placart  du  Roy:&  au  de-  mé  voor- 
jneurant,penieà  toy-mefmc,nous  porterons  le  foin  de  nous.  En  defeendant  dèlattiaiibn  fp»k<- 
>dc  la  ville,il  remercioit  Dieu  que  l'heure  de  fon  département  eftoit  fi  prochaine.  Etcom- 
bien  qu'il  fuft  enuironné  de  gens  cemippez  &em  ballonnez  par  commandement,  qui  le 
xnenoyent  au  fupplicc,fi  ne  laifla-il  aakùte  voix  d'exhorter  le  peuple ,  Que  pour  nuls  dan 
gers  on  ne  fc  deftournaft  de  la  vérité  ta  rEuangile .  Les  frères  de  leur  part  rcfpondans,  1- 
«ncourageoyent.QuandiIfutattaché\iQpfteau,ilcria,  O  Seigncur,il  te  fouuicnneàce- 
fte  heure  de  moy,en  la  mefme  fouuenance  que  tu  promis  au  poure  Brigand.Le  Bourreau 
l'eftrangla  à  demi.-de  forte  que  le  feu  luy  ofta  le  furplus  de  la  vie:  &c  mit  fin  aux  combats  de 
ce  Martyr  .Son  corps  fut  tiré  du  feu,&  mené  en  la  place  du  gibet  :&c  peu  après  enfeueli  pat 
les  amis. 

COMME  apreslamort  duroy  François  II.  les  Eslatseûans  ajfemm 
IUt^  ,  Dteu  donne  quelque  tranquillité  &  repas  aux 
Eglifes  reformées. 

E  Roy  François  fécond ,  allant  de  vie  à  trcfpas  en  la  ville  d'Orléans ,  le  cinquième 
iourduditmoisde  Décembre, ayant  efté  malade  dixlept  iours  de  la  maladie  en  m  ecc  rc" 
fauréille,  cy  dciTus  touchée:  après  auoir  régné  ièizemois&  vingteinq  iours  :  tous 
les  defleins  faits  &:  préparez  pour  eftre  exécutez  à  Orléans,  furent  foudaincmcnt  diffipez 
ic  rôpus.Les  Eftats  affemblez  auparauant  de  timides  &  craintifs,  commencèrent  à  pren- , 
<lre  hardiefTe  &c  confiante  :  difànt  vn  chacun ,  que  cefte  mort  ainfi  aduenue  eftoit  vn  des 
plus  admirables  fai&s  de  Dieu  >  aduenus  depuis  long  temps .    Ceux  qu'on  auoit  appelé  2/^22 
pour  venir  à  Orléans,  en  intétion  de  les  abanîer,  arriuerent  à  propos  pour  y  eftre  cfleuez,  <jU'adnura- 
&receuoir  leprincipal  maniement  du  Royaume:  Etau  contraire,  ceux  qui  cuidoyent  y  ble- 
cftablir,  &  mefmes  accroiftrelcurauthoritc,  fe  trouuejent  y  eftre  venus  pour  la  laifler,&: 
eftre  remis  en  leur  premier  lieu  &:  degré.  Lefdits  Eftats  vouioyét  d'vn  accord  Antoine  de 
Bourbon  roy  de  Nauarre  pour  Gouuerneur,&  les  Princes  du  fang  pour  Confeil  légitime 
duroyCH  a  r  l  e  s  aprefentregnant,pcndantforibas,aagCjauccqucsleConneftable, 
l'Admirai,  &  autres  Seigneurs ,  qui  auoycnt  acçouftumé  d'y  eftre  :&:  queles  Cardinaux 
&Euefqucs  fuiTent  reniîoyez  à  leurs  charges  Fcclcfiaftiques,poury  vacquer  &rcfider 
félon  les  anciennes  conftitutions Canoniques.  CesEftatsdoncques(quieftrafiembleeQHfc'cft^c 
pour  communiquer  par  le  Roy  auecques  les  fuiets  de  fes  plus  grans  affaires, prçndreleur  ft^lcs  E"J 
aduis  &  confeil,  ouyrauflî  leurs  plaintes  &  doléances,  &  leur  pouruoiramfi  que  derai- 
fon)commenccrent  d'eftre  tenus  à  Orléans  le  trciziefme  iour 'de  ce  mois  de  Décembre, 
ville  ordonnée  à  cefte  fin . 


ï  A  Qjy  ES    DE    L  Q^UferfeakunkilskU^lLnire^ 

LES  eferits  qu'a  laifle  laques  de  Lo.fignez  par  l'efrufion  de  fon  fartg,;h<ïus  font  donne?  pouf  cotiiolation ,  afin 
qu'à  Ton  exemple  nous  icruiotu  à  Dieu  d'yne  aife&ion  ardente,8/  qu'enTafléinbk*  d«s  hdeies  nous^or  non» 
tefmoignage  de  fa  Paroile  étemelle. 

CCc. 


Liure  VIL  Jaques  de  Lo. 

EPEND  ANT  que  les  Eftats  retiennent  en  France,  comme  èîtHsû  ,TArv- 
tcchriftparfesfup^ofts-ne  cefTedediflîperdcplus  en  plus  les  fain&ésafëm- 
jblcesdes  fidèles  au  ^.  bas,  fous  la  domination  du  roy  Philippe.  Nbù  s  auonsj 
_Jpar  les  el'crits de  laques  de  Lolafi>rc  pourfuitte  en  la  ville  dcl'IAe  au  com- 
mencement de  Ianuier  decefte  année,  m.d.lxi.Ei  combien  que  ce  perfonnageruft 
fimple  homme  de  mefticr,  il  a  eu  ce  foin  fpecial,  &c  ccftcfingulieregracede  Dieu,  dPefbri- 
re  à  l'Eglifc  de  ladite  ville ,  la  manière  de  l'on  emprifonnement  :  enfemblele  fommaire  de 
fes  interrogatoires  &C  refponfe  s,  que  nous  auons  ici  inférées  pour  tefmoign âge  de  fa  vie,fa 
conuerfation,&:  faine  do£trine:&:  auffi  afin  que  chacun  cognoiffc  les  grâces  queDieu  dô- 
ne  à  fes  petics,le  zele,  la  fermeté'  &:  confiance,  autant  furfifantes  pour  confondre  les  enne- 
mis,queiingulicres  &  propres  pour  la  confolation  &c  édification  defon  Eglife,  comme  on 
pourra  voir  par  les  lettres  qui  s'enfuiuent: 

Frère  s  &c  Sceurs  au  Seigneur,  vous  n'ignorez  pas  comme  Mecredi  xxix.ou  xxx. 
de  lanuier,  le  Preuoft  de  la  ville  accompagné  d'aucuns  Efcheuins,  &c  de  quelques  fergeas, 
vindrent  entre  cinq  &:  fix  heures  du  matin  en  ma  maifon,frappans  à  mon  huis(iepenfoye 
que  ce  fufTent  mes  ouuriers.)Et  entrans  fèfeparerent  l'vn  de  l'autre .  le  Preuoft  auccques 
l'vn  des  Efcheuins,cerchoyent  haut  &  bas  après  mes  liures  :  &c  ayans  trouué  ce  qu'ils  cer- 
choyent,nous  emmenèrent  prifonniers .  Ainfi  qu'on  me  menoit  parla  rue ,  ie  difoyeen 
Luc  n.33.    m0y.rncfme)  o  Seigneur,  non  feulement  d'eftre  emprifonné,mais  aufli  demourir,  voire 
fi  cela  peu c  1  cdonder  à  ta gloire.Quand  nous  vinfmes  fur  le  marché,  ie oenfoye  qu'on  me 
meneroit  en  prifon ,  mais  on  me  fit  tourner  vers  la  maifbn  de  la  ville ,  ou  ie  fu  quelque  c- 
fpace  de  temps  deuant  que  Meilleurs  fufTent  venus.Eux  eftans  arriuez,icles  faluay  hum., 
blcment:  puis  me  commandèrent  d'entrer  en  vne  autre  chambre,  où  ictrouuay  ma  fem- 
me accompagnée  de  trois  ouquatrefergeans.Ic  fufoudain  appelé  poureftre  examiné. 
Et  pour  commencer,le  Greffier  me  demanda  mon  nom.  çi.  laques  de  Lo.  LePenfion- 
De  u  Con-  nau-c  de  ja  ville,  ayant  deuant  foy  mes  liures ,  demanda  com  bien  il  y  auoit  de  temps  que  ie 
fciiioo.      n'au0ye  cfté  à  conreife:  ie  luy  refpondi  que  ie  n'en  fauoyerien,  &  que  ien  auoyc  prins  gar- 
de au  temps.  Ils  me  répliquèrent  que  ie  fauoye  bien  s'il  y  auoit  ou  trois  ou  quatre  ans. 
^i.Qu'ouy.  Interrogué  pourquoyneme  confeifoye  point  aux  Preftres  :  le  di  que  tous  les 
iours  me  confefTe  à  mon  Dieu  ,lequeli  ofFenfe  parmespechœ.Iadiouftayquant&çjuanç 
pfc.ji.4  &j  ja  rajfon  ^    qu'en  cela  ienfuyuoye  le  Prophète  Dauid,  difant,  O  Dicu,laue-rnoy  de 
mon  iniquité ,  &  me  nettoyé  de  mon  péché  :  car  ie  recognoy  mes  tranfgrefïions,  &r  mon 
peché  eft  continuellement  deuant  moy.-i'ay  peché  contre  toy  feul,  &  ay  fait  ce  qui  t'eftoit 
p{e.3M&tf  defplaifânt.  Et  ailleurs,  le  t'ay  donné  àcognoiftre  mon  pèche,  6c  n'ay  celé  mon  delicï: 
i'ay  dit  en  moy-mefmc ,  le  feray  confeffion  de  mes  forfaits  au  Seigneur  ,&  foudain  tu  as 
ofté  la  coulpede  mon  pèche.  Quanta  ce  donc  que  ne  me  confefleau  Preftre,c'cft  pource 
Le  femiteur  que  ie  nelay  en rien  ofFcnfé,  ô£  qu'il  ne  me  peut  guérir  de  mes  péchez .  Vous  fauez,mcf- 
donnw^rf  fieurs><luc.  leferuitcur  ne" peut  pardonner  fofTenfe  commifecontrefonmaiftre.Trop 
fenfc  com-  bicn,di-ié,fi  i'auoye  ofFenfe  quélqu'vn  ,ie me  voudroye  réconcilier  auecques luy, comme 
le'maiftrr  m  en^eigne  ^us  Chrift,  Si  tu  viens  pour  offrir  ton  don  deuant  l'autel ,  Se  que  là  il  te  vien- 
Mat!y.i3,&  ne  en  mémoire  que  ton  frère  a  quelque  chofe  contre  toy ,  ïaifTe  là  ton  don  deuant  l'auteJ? 
H         &  t'en  va  premier  réconcilier  auec  ton  frère .  Toutes  ces  refponfes  furent  diligemment 
eferitespareux. 

Le  Pensionnaire  me  demanda  combienil  y  auoit  que  ie  nauoye  receu  leSacremenr, 
.  ..  de  râùtel.Pé  refpondi  derechef,  queien'en  fauoyerien.  D.  Hy  a  bjen  quatre  oucinqans, 
napas?jjdi  Ouy.  D.  PourîqUoy  n'y  allez-Vous oas?  y..  Méffieurs,ié  proteftfc  ici  deuant 
vous,  que  ie  ne  veux  rien  dire  nemaintenir,roirs  ce  qui  eft  contenu  aux  liures  Canonir 
ques  du  vieil  6c  nouueau  Tcftament:&:  s'il  vous  plaiftqueie  prenne  la  Bible  ,  ië  le  vous 
monftrcray.  Aucuns  vouloycntque  ie  parlafTe  demoy-mefme  fans  liure  :  toutesfbis  le 
Penfionnaire  me  perrmcd'ajioir  U  Bible  en  main.  îelcur&k&ure  de  l'onzieroe«èapiaf$ 
L'iniiUutiô  déla  premiercaux  Corinthiens- rnn/^fa^t  finJkïrution  4» la  :  ISene»  leur  notant  enatuu 
de  ucenc.        ^e  Pehfionnaire  dit  quéeelâ  ne  contreuenoit  point  àu  Sacrement  de  l'autel,  quelc 
Prcftre  célèbre  touslesiôursi.  le  luy  di  qu'on ^mohftrôif  âupcu^levn  morceau  de  pain, 
luy  faifant  accroire  que  c'eft  là  le  corps  de  noftre  Seigneur  rea|ctnent  &  corporeHeroent: 
çôtre  Icfus  Chrjft,qui  en  fcmft  Matthieu  vingtfixieme  chapitré, appelé  le  pain  ftw**>r»rns 
par  lignification  &c  par  vne  manière  ^e  parler  Sacramenfaîe'rcartout  aùlfi^ueiepâin  c- 

ftant 


Bnlaperfècuttondc^  t  ljk~>.  J64. 

{tant  mange,  fouftient&:  nourrit  noftre  corps:  aufû  femblablementle  corps  &:  lefangdu 
Seigneur  Iefus  nourrilîent  &:  fuftentent  nos  ames  à  la  vie  éternelle .  Toutes  ces  choies  fu- 
rent derechef  eferites  par  le  Greffier. 

O  n  me  demanda  s'il  ne  faut  pas  prier  pour  les  trefpalïez,&:fi  ien'alloye  pas  au  fer- 
ut  ce  des  morts  auccques  mes  voifins.  E  t  pourec  que  i'eftoye  pres  du  v mgc  si  cinquicfme 
chapitre  de  fainét  Matthieu,  ie  leur  h*  volontiers  leiture  du  jugement  à  venir,  pour  leur 
monftrerque  touchant  les  viuans  qui  relieront, les  vns  iront  àlavie,&:  les  autres  à  la 
mort.  Ils  me  prclferent  fort  de  refpondre  il  ic  vouloye  conclure  par  cela  qu'il  n'y  a  que 
deux  voves.  le  refpondi  commeeftant  vn  peu  ralché ,  Vous  voudriez  bien  tirer  quelque 
parolledemov  pour  meiugerlàdellus,  maisi'auray  ce  bien, que  ii  vous  me  iugcz,vous  iu 
gérez  auffi  la  parolle  de  Dieu  .  ^  Or  voyant  qu'ils  infiftoyent  pour  fauoir  de  leurs  tretpaf- 
icz,  Se  s'il  n'y  auoit  que  deux  voyes:  le  di  qu'en  fainttlcan  au  cinquième  chapitre,  Iefus 
Chrift  dit,En  verité,en  vérité  ie  vous  di,  que  celuy  qui  oit  ma  Parolle,  &c  croit  à  celuv  qui 
m'a  enuoyé,  a  la  vie  éternelle,  &.  ne  viendra  point  en  condamnation,  mais  cft  palTé  de 
mort  à  vic.ltem  qui  croit  en  luy,ne  fera  point  condamnerais  quine  croit  point,  eft  dél- 
ia condamnéi&c  par  tant  d'autres  paffages  exprès  del  Efcriture.  Voyans  qu'ils  ne  pouuoy-  Ican 3-i*; 
enttirerdemoy  que  des  témoignages  des  Efcriturcs,le  Penlîonnaire  dit  queceferoit 
grand'  pitié  pour  eux  &c  pour  moy,s'il  n'y  auoit  que  deux  voyes. le  luy  demanday  s'il  ne  la- 
uoit  à  quelle  occafion  le  Fils  de  Dieu  eftoit  venu  en  ce  monde.IJs  me  demâderenr, Quel- 
le île  leur  alleguay  lepahr3geàTimothee,Paroleccrtairrc&:  digne  d'eftre  receué'  de  tous,  i.Tim.uç 
que  Iefus  Chrift  eft  venu  au  monde  pour  fauuer  les  pécheurs,  de/quels  ie  fuis  le  premier. 
Ils  m'obietterent  que  Dieu  ne  les  fauuoit  pas  tout  à  î'heure,mais  quilles  purgeoit.leleur 
refpondi, Si  Dieu  neles  fauue  pas  rout  àlhcurc,quec'eftoit  pource  qu'ils  ne  croyoyet  pas 
au  Fils  de  Dieu:mais  qu'il  fauue  tous  ceux  qui  y  croyent,  &;  leur  donne  dés  maintenant  la 
vie  éternelle. 

Àpr  é  s  cela  on  m'a  demandé,  li  ie  ne  croy  qu'il  y  euftvn  Purgatoire.  le  refpondi  al- 
fez  afprcmcnt,qu'ouy.  Me  demandèrent,  Quel;  I'auoye  encore  la  Bible  entre  les  mains: 
&: leur  leu  au  texte  du  premier  chapitre  aux  Hebrieux,que  Iefus  Chrift  a  fait  par  foy- 
incfme  la  purgation  de  nos  péchez;  joignant  aucc  ce  le  premier  chapitre  de  la  première 
defain&Iean,quidit,qucleiangdefon  Fils  nous  nettoyé  de  tou  spechez:&:prouuoycde 
mot  à  mot  ce  queiedifoye  j  non  feulement  par  ce  lieu ,  mais  auffi  par  plufieurs  autres .  Ils 
m'ont  obie&é  que  ie  faifoyeaccouftrer  de  la  chair  es  iours  de  poiflbn.  ie  refpondi:  Que  ie 
fauove  parla  Parolle  fain  de,  que  toute  créature  de  Dieu  eft  bonne,  &:  que  rien  n'eft  àre- 
ietter  quand  il  eft  prins  auccques  action  degtaces:  mais  queiem'en  abftenoyeafîn  de  ne 
feandalizer  perfonne.  Car  lainctPaul  dit  ne  manger  pluftoft  iarnais  chair ,  que  de  fean-  i.Tim.4^ 
dalizer  le  frère.  Apres  m'ont  interrogue  lion  bef'ongnoitlesfcftesenla  maifon.  le  leur  Jj^™'^, 
ay  ditqu'aucunefbis  pourfubuenir  à  l'indigence  de;mes  ouuricrs , cela  auroit  efté  fait: 
mais  qu'au  Dimanche  on  n'y  belongnoit  point.  Interrogue  des  ailemblecs,me  dirent 
quei'eftoyc  le  prefcheur:maisie  leuraynié.Ils  infîfterent  queie  ne  pbuuoye  nierd'a- 
uoir  fait  aiîèmblee  le  iour  qu'ils  appelcnt  fainct  Vincent.  Qui  fut  trifte  Se  cft>ahi,c'e- 
ftoit  moy:  car  voyant  qu'ils  parloyent  ainli,  ie  fu  contraint  de  leur  accorder  que  i'a- 
uoyeeu  cinqou  flxperfonnes  au  fbupper.  Lors  ils  me  demandèrent  qui  eftoyent  ces 
gens-la.  Sur  quoy  i'eftoye  d'autant  plus pcrplex&fafchc,qu  a f heure  ne  mevenoyent 
en  memoirequelques  noms  incegnus .  Eux  voyans  que  ie  tardoye  tant  à  refpondre,  me 
dirent,Nc  mentez  pas,car  vous  auez  promis  d'eftre  veritable.Soudain  que  i'eu  penfé  que 
c'eftoit  vn  foupper,fen  nommay  quelques  vns .  Le  'Pétitionnaire  dit  qu'il  n'auoit  iarnais 
efté  à  telfoupper. 

«  S  v  1  v  a  n  t  cela,ils  senquirent  denoftrcfrere  Guy,  l'appelant  comme  vous  fauez .  le 
leur  di  d'auoir  efté  quelquefois  en  fa  compagnie.Comment?  (dirent-ils)ilaefte' plufieurs 
fois  en  cefte  ville,faifant  gro/Te  affembiee  de  gens.  Sur  quoy  rcmettans  au  deuant  la  perfe  . 
cutiô  derniere,&:  que  i'auoye  efté  plufieurs  fois  en  la  compagnie  de  Robert  Oguier.  ie  di, 
qubuy,à  caufe  que  nous  eftions  tous  d'vn  cftat.Enquis  qui  m'auoit  Ci  bien  inftruir.i'ay  dit 
quec  eftoic  Iefus  Chrift.  Voila  en  fommece  dequoy  i'ay  efté  interrogue  la  première  fois, 
laiflant  beaucoup  de  parolles  qui  ne  valent  pas  le  reciter.  le  ne  fay  quad  ils  me  manderôt: 
i'atré  tous  les  iours  qu'on  meuoyera  des  Caphars:  mais  ie  ne  fuis  délibéré  de  parler  à  eux 
fi  Meilleurs  ne  font  prelèoSi  le  nauoyc  pas  grande  volonté  de  vous  cnuoyer  mes  interro* 

CCc.  ii. 


Livres  Vif.  Jaqucidc^Loi 

gâtions ,  n'euft  efté  que  ic  penfe  &  tien  comme  certain ,  cjue  vous  les  délirez ,  ne  regar- 
dons point  ni  à  l'éloquence,  ni  au  fauoinains  feulement  à  la  mefuredes  petits  dons  que 
hoftie  Seigneur  Iefus  Chrift  a  mis  en  moy .  Reccuez  le  tout ,  mes  frères  &  fœurs,  d'auffi 
bon  cœur  que  ie  le  vous  prefcnte.Ie  le  figne  à  prefent  d'encre ,  priez  Dieu  auccques  moy, 
qu'il  me  face  la  grâce  de  le  figner  de  mon  fang,  en  la  flamme  de  feu ,  fi  c'eft  fà  volonté.  El- 
critenhafte,lei  i  i.deFcurier,  m.  d.  ix.  Voftre  frère  laques  de  Lo,prifonnier  de  Iefus 
Chrift  es  priions  del'Iflc  en  Flandre.  A  Dieu.Quandle  temps  fera  venu,faites  participas 
rnesparens  de  ces  eferits. 


AVTRE  Epiftre  de  laques  de  Loenuoyee  aux  fidèles,  les  exhortant  de  cheminer  toufiours  en  la  vocation  des 
Chrcftiens,nonobftant  toutes  les  peines  que  les  ennemis  leur  feront  endurer. 

E  S  cref-chers  frères  &:  iœurs  en  Iefus  Chrift ,  puis  qu'il  a  pieu  à  ce  bon  Dieu  &;  Pc 
_  /cdemifèricordemefairelagracedevous  auoir  mis  ma  fimple  Confrflîon  par  e- 
ïcrit  :& encore  auoir  papier  &  encre  à  fuffifance,  il  m  a  fem  blé  bonde  vous  enuoyer  en- 
core cefte petite Epiftre, pour caufe que  ienemattensplus  auoir  telle  commodité'.  Ic 
fuis  poulie  d'amour  pour  voftre  bien  &falut,ma  bouche  &mon  cœur  parlent  à  vous: 
priant  au  nom  de  Dieu,&:  par  la  douceur  &c  clémence  de  noftrc  Seigneur  Iefus  Chrift,que 
cheminiez  corne  il  appartient,  en  la  vocation  en  laquelle  Dieu  vous  a  appelez,avarts  foin 
Tphcf.4.1  a  de  conuei  fer  comme  il  appartient  félon  l'Euangile  de  noftrc  Seigneur  Iefus  Chrift.  Ne 
Plulipi.18.  fovczcnricn  troublez  des  aducrfaires:  car  ce  qui  leur  eft  en  figne  de  perdition,  nous  cil 
rhil.p .1.19  demonftrance  de  falut.Il  nous  eft  donne'  par  Chrift  non  feulement  de  croire  en  luy:  mais 
aufsi  de  fouffrir  &  endurer  pour  luy.  l'expérimente  maintenant  le  tout,  depuis  quatre  ou 
cinq  iours  que  ie  fuis  ici  en  cefte  prifon,  laquelle  côtienr  en  quarrure  quatre  pas ,  n'ayant 
autre  clarté  que  par  deux  petites  fentes  eftroites  pour  y  bouter  le  bout  de  mon  doigt:per- 
fonne  ne  parle  à  moy:i'attcn  de  iour  en  iour ,  &  d'heure  en  heure  d'eftre  eftendu  fur  la  ge- 
hennecommevn  parchcmin:i'atten  finalement  vne  fentencefeucre&rigourcufed'eftrc 
brufle  tout  vif. Ce  font  choies  cfpouuantablcs  àla  chair  :  &  toutefois  mon  Dieu  fait  qu'il 
n'yaqueliefTe&ioyeen  moy ,  quand  ie  penfe  aux  promefTes  de  noftre  Seigneur  Ieliis 
*.Pier.4     Chrift  :  quand  ie  médite  cefte  fentence  excellentcde  fainct  Pierre,  qui  dit,  Qucncom- 
muniquant  aux  afflictions  de  Ieliis  Chrift, il  nous  faut  refiouyr,&  fbmmes  bien.heu- 
reux:  car  l'eiprit  delà  gloire  de  Dieu  repoie  fur  nous .  I'ay  vne  confolation  qui  parte  tous 
ennuis. 

Frères  &  fœurs,  donnez-vous  bien  garde  de  vous  retirer  delà  compagnie  de  le* 
fus  Chrift  pour  croix  ou  affliction  qui  vous  aduienne.au  c6tra:re,exhortez-vous  l'vn  l'au- 
Hebrîj'i    tre' &  Prenez  *es  mains  * vn  ^e  l'autre:  &  dites  cniëmblc,  Allons  à  la  montagne  du  Sei- 
Hcbïji14  gneur,  à  la  maifon  du  Dieu  de  Iacob,&  il  nous  enieignera  fes  voyes:  voire mefmc,allons  à 
Hcb.a.r    ]Uy  hors      tentes  portans  fon  opprobre  :  car  nous  n'auons  pas  ici  de  cité  permanente, 
mais  nous  cerchons  celle  qui  cft  à  vcnir.Et  comme  l'Apoftre  nous  exhorte,  veu  quefom- 
mes  enuironnez  de  fi  grande  nuee  detefmoins ,  oftons  toutes  charges,  &:  le  péché  qui 
nous  cnueloppe  :  courons  par  patience  aucomba  t  qui  nous  eft  propofé,regardans  au  ca- 
pitaine de  la  foy  &  confom  mateur  Iefus. 

M  e  s  frères  &:  fœurs,  notons  bien  ces  parolles:il  dit  vne  des  fois ,  Allons  :  &c  en  l'autre, 
comme  ayant  plus  grande  hafte,Courons.  Refueillons,ref  ueillons  noftre  pare/Te,  &  nous 
"Afouoîr  employons  à  l'œuure  du  Seigneur .  le  vous  veux  bien  remémorer  les  "  parolles  de  noftre 
Ogulï"  on  frcre  °iui  eft  al^e  deuant  moY  au  martyre,lequel  fouuent  difoit  qu'il  n'eftoit  temps  de  dor- 
tcnucscidc-  mir&ceftrc  à  ion  aife,  cependant  que  nous,  qui  fommes  vos  membres,  fommes  en  tour- 
uit.  Etainfi  mensg,rpeincs,Mais,ievousprie,quiviendroitauiourdhuyàvous,nevoustrouueroit-on 

nousvoyons         ,       r         >  n  \  1  j  11 

commet  les  pas  dormans:q  elt  a  dire,occupez  du  tout  aux  négoces  de  la  terre?  ne  vous  pourr oit-on  pas 
efcr.K  des^  bie  dire  ce  que  Chrift  dit  à  fes  difciples,Ne  pouucz- vous  veiller  vne  feuleheure  auecques 
uent  Yceux  movî  Veillez  &  priez,afin  que  vous  n'entriezen  tentation.  Sus  donc,freres,priez  pour  les 
qui  pms  a  poures  prhonnics  de  Iefus  Chrift  :  &  que  cefte  fentence  fonne  toufiours  en  vos  oreilles, 
îuyucntau  Ayez  mémoire  des  prifonniers,commeûvous-mclmes  eftiezemprilbnnez,cômeeftans 
meiinecom  d'vn  mefmecorps. 

Matt -6        I E  vous  rw^mande  ma  poure  femme  voftre  fœur,ne  l'oubliez  pas  en  vosoraifons:&: 
s'il  aduient  qu'elle  foit  deliuree  de  cefte  captiuité ,  ie  la  vous  recommande  derechef:  car 

pour  le 


potir  lctcfmoignage  delefus,  elle  a  expofé  tout  fon  bien  félon  qu'elle  en  auoit .  Ne  faites 
pas  enucrscflc  corne  i'ay  veuiairc  a  telles  pourcs  vefues  deftituees  de confblation .  Aidez- 
la,mes  n-eres^<:  la  tenez  entre  vous,  iufqucs  à  tant  que  Chrift  l'aura  pourucuëd'vn  mari: 
car  fes  parcns  ne  la  voudront  aucunement  rcccuoir,  comme  vous  fauez  que  telles  gen  s  i- 
gnorans  ont  hpnte  de  Ieliis  Chrift .  Qu.at  à  moy,  ic  mets  ma  caule  enr  re  les  main  s  de  mon 
Dieu,raerecômandant  toujours  à  vos  oraitbns.  le  vous  penfoye  derire  dauantage,mais 
letemps  me  défaut .  I  ay  bonne  èfperanceque  Dieu  me  fera  pierre  conuenable  pour  Ion 
edificexcquei'cipcre  obtenir  par  Icfus  Chrift,  auquel  foitgioire&:  honneur  au  liededes 
iiecles.  Ainfilbit-il. 

<  I  e  vous  remercie  de  vos  epiftres  Se  bones  admonitions,  &:  prie  en  receuoir  fouuét.  Et 
fur  tout  dcrechcf,di-ic,  priez  pour  nous:  car  ce  n'eft  encore  que  ieu:  mais,  comme  i'ay  dit, 
îattenlatorturejaquellci'eipercporterpatiemment,  moyennant  les  oraiionsque  ferez 
à  Dieu  pour  moy.Quiièra  la  fin,  vous  rccommâdant  à  la  garde  6c  protection:  auquel  foit 
gloire  à,  iamais.  Ainli  foit-il.le  3  .de  Feurier,  1 560. 

LES  fécondes  interrogations  &  refponres  de  laques  de  Lo  :  aufquelles  pluficurs  poincts  de  l'tfcriture  font  dé- 
duits &  déclarez. 

E  S  tref-chers  en  noftre  Seigneur  îefus  Chrift ,  ainfi  qu'il  a  pieu  à  Dieu  m'en  faire  la 
gracede  vous  enuoyer  mes  premières  interrogations ,  au  fli  maintenant  il  me  veut 
faire  la  grâce  de  vous  enuoyer  les  fécondes ,  afin  que  vous  voyez  la  perfeuerance  qu'il  me 
donne  en  ma  première  confeflîon.  Si  veus  vouliez  auoir  au  long  tout  ce  dequoy  ils  m'ont 
intcrrogué,lc  temps  me  defaudroitxar  i'ay  efté  deuant  eux,depuis  vn  peu  après  deux  heu 
res>iufques  après  fix  heures  &:  demie  du  i'oirfi  bié  qu'eftant  reuenu  en  ma  gcole,lèpt  heu- 
res ne  tardèrent  de  (onner .  Ils  me  firent  vn  long  difeours  fur  vne  lettre  de  Francfort ,  me 
demandans  fi  ic  ne  cognonToyc  pas  ceux  qui  y  eftoyent  nommez  :  Se  qui  cftoit  ce  maiftre 
François  de  la  Riuiere,&:  ce  M.Guillaume  Houbrac  Je  refpondi,  qu'ils  eftoyétMiniftres 
de  l'Egiife  de  Francfort.Ils  m'ont  demade  que  c'eftoit  de  Miniftre.  Fay  dit,que  c'eft  celuy 
qui  eft  eileu  &:  appelé  par  le  confen  tement  de  tout  lepcuple,&:  côfermé  par  vraye  împo- 
fition  des  main s.lls  m'ont  demandé  quel  eftoit  l'office  de  Miniftre.  çt.  De  pre  (cher  lapa- 
rollc  de  Dicu,&  d'adminiftrer  les  Sacremës,&:  autres  chofes  requiiès.  Enquis  que  c'eft  de 
ladifciplineEcclefiaftiquc:  Fay  rclpondu  que  c'eftoit  le  confiftoire  des  Mimftres&:  An-  Confiftoire 
ciens.  Intcrrogué  fi  ic  n'auoye  pas  ici  de  Miniftre:  le  leuray  relpondu  obfcuremcnt: 
pource  que  li  i'eufle  dit  ouy,cela  euft  peu  amener  aune  confequence.  Ils  ont  infiftc,Que 
ierccognoùToyc  ici  pour  mes  fupericurs.  Fay  refponduqucierecognoy  Dieu&lcMa- 
giftrat. 

D.  Qui  eft  ceMagiftrat?I'ay  dit  q  c  eftoit  cux:&q  le Magift rat  eft  ordoné  deDieu,auquel 
il  faut  obéir  en  routes  choies  qui  ne  font  point  contre  Dieu .  Ils  me  monftrercnt  vn  petit 
papier  que  noftre  frère  Guy  m'auoit  elcrit,  auquel  il  exploit  le  cinquième  chapitre  de  la 
première  à  Tirrjothec  (iedi  le  paflagcoù  les  Papilles  veulent  fonder  leurs  vœus  monafti- 
quesÔcPapiftiques)&  demandèrent  où  iel'auoyc  eu.  le  di,  A  Anuers.  Oràcaufe  que  le- 
dit papier  appeloit  leurs  vœus ,  Vœus  Papiftiques ,  ils  me  demandèrent  que  c'eftoit  à  di- 
re Papifte .  Iedi  que  c'eft  celuy  qcii  fait  àc  vit  félon  la  reigle  du  Pape.  Interroguéqucl-  Lcmocdc 
IceftlarcigleduPapc:  Fay  dit  que  c'eft  touteequi  eft  contraire  à  la  parollede  Dieu.  Ils 
dirent  à  cela ,  Que  fàincl:  Pierre  donc  auoit  efté  contraire  à  Dieu ,  car  il  auoit  efté  pape  de 
Rome. le  refpondi ,  qu'on  ne  fauroit  monftrer  cela  par  vne  vérité  hiftoriale ,  nepar  la  pa- 
rolledeDieu. 

Interrogve  pourquoy  ie  n'alloye  pas  efeouter  les  preicheurs  d'ici,  .  Pource  qu'- 
ils n'enfeignctle  falutau  peuple,parl'erîufion  du  lângde  Chrift,  ainspar  les  œuures.  non 
pas,dLie,que  ic  vueille  mefprifer  les  œuures:car  il  les  faut  faire  à  caufe  qu  elles  font  com- 
mandées de  Dieu ,  mais  elles  nefont  pas  neceifaires  à  falut ,  comme  fi  par  icelles  nous  a- 
uions  la  vie  eternelle:car  c'eft  parfoy  qucnouslbmmesfauuez.Ielcuralleguaydu  5. de  S. 
Iean,  Dieu  a  tant  aimé  le  monde ,  qu'il  a  donne  fon  feul  Fils ,  afin  que  quiconque  c-roir  en 
luy,ncperiiTc,mais  ait  viceternelle,&:e.Surce,  ils  m'obic£terétcequi  léra  dit  au  îugemét 
dernier,  Venez  les  bénits  démon  Pere:cjuand  i'ay  eu  faim ,  vous  na'auez  donné  à  manger:  MattLif. 
&c  quand  i'ay  eu  foif,vous  m'auez  donne  a  boirc,&:c. 

CCc.  iiï. 


L/Wo  VIL  Jaques dç^j  Lo, 

Ne  voyez-vous,dircnt-ils,comment  les  œuures  font  necefTaires  àfalut  île  lcurrcfpondy, 

que  s'ils  regardoy  ent  bien  aux  parolles  de  Chrift,clles  ne  dilent  poît  que  c'cft  par  les  œu- 
Solutioni  ures,  veu  qu'ildit,  PofTedez  le  Royaume  qui  vous  eft  préparé  dés  le  commencement  du 
d"8ÏTr  mon^c'^t  entant  qu'il  fait  mention  des  ccuures,il  parle  des  œuures  faites  par  foy,felon  la 
ta.  *-Utl  J1  manière  de  parler  des  Efcritures ,  attribuât  fouuent  àlafoy  ce  qui  eft  propre  aux  œuures, 
<  &:  aux  ccu  ures  ce  qui  eft  propre  feulemct  à  la  foy.  Interrogué  fi  ie  n'ay  iamais  fait  ia  Ccnc. 

le  leur  refpondj  par  parolles  ambiguës ,  toutesfois  à  mon  grand  regret ,  afin  de  negreuer 

perfonne. 

En  outre.retombansfurle  premier  noindt,  duquel  ilsm'auoyét  interrogué  en  mespre 
mieiesinterrogations:afrauoir,touchant  la  Confeifionauriculaire,me  demandèrent  fi  ie 
teno\  e  encore  ce  que  i'en  auoye  die  au  iour  de  ma  priie.Ic  di  qu'ouy.Si  ainfï  cft,diient-ils, 
qu'il  ne  fe  faille  confédérées  Apoftrcs  en  vertu  de  ce  qui  eft  dit  au  20.de  faincl  Iean,  A  qui 
vous  pardonnerez  les  péchez,  &:c.pardonnoyent,&  nefàuoyent  à  qui.  le  leur  fi  refponfe, 
qu'ils  n'allcguoyent  pas  le  texte  tout  enticr-.car  il  eft  dit  deuant,  que  Chrift  fouffia  en  eux, 
diiànt,Receucz  le  faincl:  Efprit:  pour  monftrer  qu'ils  ne  pardonnoyent  pas  de  leur  autho- 
ritcou  puilfancc,  mais  parl'authoritéderEfprit  quieftoiten  eux  :&:parainficeftcpuif- 
fanec  n'appartient  &:  n'eft  donnée  finon  à  ceux  qui  ont  l'Eiprit  de  Dieu,en  vertu  delà  pre 
dicationdu  nom  de Iefus  :  comme  on  en  peut  voir  l'excmplean  deuxième  des  Actes  des 
Apoftrcs. Enquis  fi  apreseftrcadiointsà  l'Eglile,  ilsvenoyentàtombercn  péchez,  com- 
ment ils  obtenoyent  1  civnfïion:  Pour  refponïè  ie  leur  leu  le  fécond  chapitre  delà  Canoni- 
r.ican i.i.  qUC  jc (ainct Iean,où il  dir,Si aucun  a  peché,nous  auons  vn  Aduocatenuers  le  Pcre,Icfus 
Chnft  le  iuftc:&;  ceftuy  eft  l'appointement  pour  nos  péchez. Item  m'ont  demande  com- 
ment TEfcriturc faincte,  c'cft  a  dire  i'Euangile  félon  faincl  Matthieu ,  faincl  Marc ,  faincl 
Luc,(ain£tlean,&:  les  Epiftresdes  Apoftrcs,cftoycntlaparolle  dcDieu.rayrefpôduquc 
i'en  cftoye  fort  bien  aftcuré.Et  eux  de  me  répliquer,  Commet  i'en  eftoye  afTeuré.Iaydit, 
que  ie  fentoye  le  faincl:  Efprit  en  mon  cœur  qui  m'en  rendoit  certain.Lors  ils  me  firent  v- 
ne  fotte demande  à  mon  aduis:alîauoir,comment  iefauoye que c'eftoitle  fain£tEfprit,&: 
quieftcitceluyqui  m'auoit  dit  cela.nous  fuîmes  long  temps  fur  ce  propos.Iedifbyetouf- 
iours  que  la  chofe  eftoit  hors  de  doute,  voire  mefme  entre  les  hérétiques  qui  font  auiour- 
dhuy  au  monde:  lefquels  iaçoit  qu'ils  foyent  fort  differens  l'vn  à  l'autre  en  leurs  opinions, 
"C'ed  le  par  toutefois  ils  confelTent  que  c'eft  la  parolle  de  Dieu. Ils  fe  moquerë  t  de  moy,difàns  que  c'e- 
fage  dôdes  ftoit  vne  prefomption  que  ie  prenoyc  de  moy-mcfme:vcu  que  fàind  "  Auguftin  &:  les  au- 
boudier  &  zvçs  ont  dit,  qu'ils  n'ofoyent  dire  que  c'cft  l'Elcriture  diuinc ,  fi  l'cglifc  ne  les  en  afîeuroir. 
cit  prias  du  Quand  ie  repliquoye  que  ie  m'en  ten  oy  e  pour  tout  afTeuré,ils  me  crioyent,en  fe  moquât, 


Liurc 


r  1  iftrcfon  OH?  'c  vous  a  cu  c  :  *e  mis  au  deuant  1C  paflage  de  faincl:  laques ,  Toute  bonne  donation  &: 
damçnulc,  tous  dons  parfaits, viennent  d'enhaut,defcédans  du  Pere  des  lumières:  &c  iceluy  de  fà  pro- 
du.f  je«m-  pre  volonté  nous  a  engendrez  par  la  parollc  de  vérité .  Item  qu'elle  fe  monftreparollede 
%tm,  v>c.  Dieu  par  fa  verité:carce  qu  elle  dit  deuoir  aduenir,aduiét  tous  les  iours.  elle  dit  que  ceux 
?a-iucs  r.  17,  qui  voudront  viure  fclon  icelle,fourfiiroyentperfecution.  le  l'experimére  maintenant:^ 
SolutiôMiw  autres  telles  chofes  fcmblablcs. Chrift  difoit  à fesdifciples ,  Quel  me  difent  les  hommes? 
obie&ions  &c  ils  relpondiiér,L'vn redit  Helie,rautrcIeremie,&c.Et  toy,Pierre,qu'en  dis-tuî&rildir, 
dc$  aduerfai  jc croy  que tu  cs ]e  vray  p|js ^  £)ieL1  vîuant.Chrift  luy  dit,Tu  es  bien-heureux,Simon  fils 
Matth.ifi.Tj  de  Iona-.la  chair  &:  le  làng  ne  r'a  point  rcuelé  ces  choies, mais  l'Efprit  deDieu  mon  PereX» 
&  h        eufïc  bien  encore  allégué  autres  tcfmoignages,côme  Romains  8.maisie  voyoye  bien  que 

ncpouuoyenen  profiter. 
Sacrement      In  t  t  r  r  o  g  v  e  (iie  tenoye  encore  pour  bon  ce  que  i'auoyc  dit  du  Sacrement  de  fan 
delà  Ccac.  tel  au  iourdema  prife-.Ieleur  di.qu'ouv.Ils  me  dirent  aiTez  doucement,  que  icm'abufoye 
en  cela:8J  pour  confermer  leur  propos,  alléguèrent  la  1 .  Cor.  1 1 ,  Qui  mange  de  ce  pain,  il 
mange  fbn  jugement, ne  dilcernât  poinr  le  corps  du  Seigneur.  Voyez-vous,dirent-ils  l'vn 
à  Tau  tre,comment  il  niequ'il  l'appelé  fbn  corps?Ie  refpondi,que  ie  nenioyepas  qu'il  l'ap- 
peloit  fon  corps, mâis  qu'il  faloit  prendre  garde  côme  l'Apoftrelà  mefmc,&  par  plufieurs 
roislappele  pain,&:  nomme  ce  pain  fbn  corps:pourcequéle  ligne  porte  le  nom  delà  cho- 
fe qu'il  figm  fie.  D.  Voulez. vous  plus  clairement  parler,que  quâd  il  eft  dit,  Hoceft corpus 
meumy  Voila  mon  corps?  le  di  qu'il  ne  difoit  pas,  Voila:mais  il  difoit,  Ce  eft.  Ce  queie  con- 
feflc,rr»ais  en  lignification  &  manière  çje  parler  facramenrale,  cômeray  plufieurs  fois  dit. 
inthxi  ^  a  beaucoup  de  femblables  manières  de  parler  figurées  aux  lettres  diuines  :  comme 
1  01  quand(ainctPaL4dit,EtlapierrecrtoitChrift.Cequinefepeutentendreàlalettre,d'au- 

tant 


En  la  perfecution  deUiflc^t.  S  66 

tant  que  Chrift  n*eft  pas  vne  pierrçjnon  plus  qu'il  n'eft  pain .  Itemjean  10,  Il  dit  qu'il  eft 
l'huis  :  voudriez- vous  dit  e  qu'il  foit  vn  huis  de  bois ,  qui  s'ouure  Se  ferme  comme  ceux  des 
maifonsrllfaut  donc  entendre  qu'il  eft  fignifié  par  l'hujs.  Et  quand  l'Efcriture  dit  que  les 
Scribes  Se  Phanfiens  mangeoyent  les  mailbns  des  vefues  :  voudriez -vous  entendre  qu'ils  Mmh.x3 
mangeoyent  les  parois  Se  les  murailles?  L'Eicriture  exprefTémcnt  dit,  qu'ils  mangeoyent 
les  mailbns:5£  cependant  vous  nel'entendez  pas  ainfi,  ni  ientences  femb'ables ,  qui  le  li- 
iientpsEfcritures.Ils  m'alléguèrent  du  iixicmedeiàindIean,Si  vousnemagezma  (hair, 
&«e  beuuez  mon  fang,  vous  n'aurez  vie  en  vous. le  leur  refpondi,  qu'il  elt  là  eferit  que  les 
luifs  murmuroyentjdilans,  Ccftuv-ci  nous  donnera-il  fa  chair  à  manger  ?  A  quoy  Chrift 
rcfpondit,Ceci  vous  (candalize-ilrQuc  fera-ce  donc  li  vous  voyez  le  Fils  de  l'hom  me  m  6- 
ter  où  il  cftoit  premièrement?  C  eft  l  Èfprit  qui  viuirie,la  chair  ne  profite  demies  parollcs 
q  ic  vous  di,font  Efprit  Se  vie.Beaucoup  d'autres'parollcs  furent  dites  lur  ceft  articlc,mais 
voila quaii  le  principal. 

Interrogve  combien  ie  tien  de  Sacremcns.I'ay  dit,  Deux.  D.  Si  ie  ne  tien  point 
pour  Sacrement  l'extrême  Onction,  le  Sacrement  de  Preftrile,  Se  le  Marir.ge  pour  Sacre-  Mariage, 
ment,  veu  que  l'eftoye  marié .  A  cela  ie  leur  ay  refpôdu  ce  qui  eft  eicrit  aux  Hebrieux  tre- 
zieme,Mariage  eft  entre  tous  honnorable,&:  la  couche  (ans  macule:  mais  E>ieu  iugera  les 
paillards  Se  les  adulteres.Ie  confefle,di  ie,eftre  vneordonnâceiàin&e  de  Dieu,&:  approu 
uee  par  Ielus  Chrift,  Iean  z  .Interrogué  pourquoy  ie  tien  pluftoft  le  Baptelmc  Se  la  Cene 
pout  Sacremens,que  les  autres  cinq?veu  que  l'Efcriture  ne  les  appelé  ainfi.Ie  fu  contraint 
de  dire,queie  nefaifoye  difficulté  de  les  appclet  des  noms  vhtez  entre  nous .  Ils  prindréc 
foudain  cela  en  mauuaiic  part,me  difan  tque  i'auoye  donc  des  côpagnons.Ie  leur  refpon- 
di,quc  quand  ie  difoye,Entre  nous,que  i'entendoye  dire,Entre  eux  Se  moy.Ils  m 'on  t  auC- 
fi  demâdé,u*  ie  tenoyeencore  ce  quei'auoye  dit  du  Purgatoire,&  des  prières  pour  les  tref- 
paiTez.Ieleurdi,  Attédu  queie  n'auoye  rien  dit,quepar  la  pureparolle  de  Dieu,ie  la  vou- 
îoyc  maintenir.  En  après,  ils  m'ont  fait  le£ture  d'vne  chanfon  qui  a  efté  faite  de  nos  Mar- 
tyrs exécutez  en  ce  fte  ville,  laquelle  commence,  L'an  mille  cinq  cens  en  fomme,&c.de-  . 
mandans  que  i'en  ditbye,&  s'il  y  a  encore  auiourdhuy  des  Martyrs  de  lefus  Chrift  au  mô-  Aiîal,0,r  s>l1 

•>  '       '  i      n  1   c      r%  i>  ■>->    y  a  autour- 

de.Iay  dit  qu  ouy,&:quc  î  en  auove  veu  bruller  par  lereu.  beaucoup  d  autres  propos  m  ot  dhuy des 
efté  tenus  touchant  la  première  perfecution,  auant  celle-ci :&:tenan s  vn  papier  deuant  Martyrs. 
eux,m'ont  nomme  vne  aflemblee  faire  en  larue  du  Bois.  Ils  m'ont  au/Tipreiîé  de  fauoirii 
ic  n'ay  conféré  de  cefte  dottrine  auec  perfonne  en  cefte  ville .  I'ay  dit  que  i'en  auoye  con- 
féré auec  Guy ,  en  la  maifon  de  feu  Robert  Oguier ,  Se  auec  M.  François  de  la  Riuiereen 
Anuers.  ^  Au  refte,  mes  frères,  ie  vous  prie  au  nom  de  Dieu,q  nulde  vous  necra  gnercar 
ie  me  dil'pofc, moyen nat  l'aide  de  mon  Dieu(fans  laquelle  ie  ne  peux  rien,&  auec  laquelle 
iepeuxtout)de  me  faire  pluftoft  defehirer  que  de  mettre  perion  ne  en  danger.  Et  quant  à 
ma  femme,  elle  maintiét  qu'elle  ne  cognoit  perfonne,  Se  qu'elle  n'eft  point  de  cefte  ville. 
Priez  Dieu  pour  nous,afin  qu'il  nov  s  confirme  en  certaine aiîeurance  de  fa  bonne  volcn 
té  enuers  nous. Saluez  tout  le  troupeau  en  monnomjqucDieuvucilleconferuerdemal, 
Amen.  Voftre frère  laques  de  Lo,prifonnicr  de  Iefus  Chriftjle5.de  Feurier. 

LES  troifiemes  interrogations  de  laques  de  Lo  deuant  les  Magiftrats  de  rifle. 

E  S  tref-chers  frères  en  noftre  Seigneur ,  vous  ferez  aduertis  que  ce  Vendredi ,  hui- 
tième de  Feuricr,le  Magiftrat  me  fît  amener  deuant  foy,&  me  dit,  Veu  quei'cftové 
marié, que  i  euife  à  déclarer  où  i'auoye  efté  marié,&.  comment. le refpôdicommc  au  iour 
de  ma  prife,queç'auoiteftéen  Anuers.  Us  m'ont  demandé  en  quel  endroit  de  la  ville,  Se 
fic'eftoitencglile,&:  parvn  Preftre.  Su  r  quoy  ayant  efgard  à  la  fragilité  de  m  a  pourefern- 
me,ie  di  que  c'eftoit  vn  Preftre  &:  vrav  Mmiffre  de  Dicu,&:que  ce  fut  en  l'Egliîe  de  Dieu. 
Interrogué  li  on  y  auoit  dit  laMeffe:  le  leur  di  que  non.  Si  le  Preftre  auoitl  eftolle:  le  leur 
di  queie  n'en  vi  point.  D.  Qu'eft  ce  donc  qu'on  y  fît?Ie  refpondi,  qu'on  y  fît  les  promeffes 
demariagej&qu'ony  inuoqualenode  Dieu,  afin  qu'il  nous  benift:  &:  autres  choies  Icm- 
blables,comme  on  doit  faire.  En  ceci  mes  frères ,  ie  îàv  bien  que  ic  leur  ay  parlé  alle  z  ob- 
feur  emët:  toutefois  iecroy  qu'ils  m'ont  bien  entendu,&:  l'ay  fait  ayant  efgard  à  mon  pro- 
chain. 

Apre  s  ceci  ils  me  dirent,  laques,  vous  ne  tenez  pas  que  ce  foit  mal  fait  de  prier  S:  in- 
uoquer  les  SaincVs.Iertfpôdi  que  Chrift  ibuuerain  maiftre&  docteur  (que  le  Pcrecelefte  M^tiJ7/ 
acômandé  cl'efcouter)nous  aenièigné  de  prier  en  ceftelbrte,  Noftre  Pere  qui  es  és  deux, 

CCc  iiii. 


L  'iHYt^  VIL  Jaque*  de  Lo. 

&c.  Uaditaufsi,Quetx>utechofcque  nous  demanderons  à  fon  Pcre  en  Ton  nô,  il  la  nous 
donnera.  Ils  m'ont  répliqué  qu'en  priant  les Saincrs, nous  prions  Dieu,  d  autant  qu'ils 
i  lean  t.i  Pn'cnt  ^icu  Pou  r  n°us>&  *ont  no$  aduoeats.  le  leur  ay  allégué  le  pafTage  de  S.  Iean,  Si  au- 
cun a  péché, nous  auons  vn  AduocatenueœlePere,IefusChriltleiulte:ie  meticnàcc 
lèulAduocat  certain.  Intel rogué  s'il  ne  les faloit  pas  adorer.  Ri.  Quand  eux-mefmese- 
ftoyent  au  monde, ils  ne  font  voulu  fouffrir,comme  il  appert  au  14.  des  Aftes ,  quand  on 
vouloit  lacririer  &:  adorer  Paul&:  Barnabas,  ils  s'eferierent ,  delchirans  leurs  vellemens, 
Hommcs,pourquoy  faites-vous  ces  choies ?nous  Ibmmcs  hommes  kiicts  à  mefmes  pai- 
llons que  vous,  vous  annonçans  que  de  telles  chofes  vaines  vous-vous  conuertilsiez  au 
Dieu  viuant.qui  afait  le  ciel  &:  la  tcrrc,la  mer,&:  toutes  choies  qui  y  font .  Item  en  l'Apo- 
calypi'e  i9,(5c  12.,  Iean  penfoit  adorer  l'Ange:  mais  il  luy  fut  refpondu ,  Garde  que  tu  ne  le 
races,ie lins ieruiteuraucctoy,&:auec  tes  frères  les  Prophetes,&:aucc  ceux  qui  gardent 
les  parolles  de  ce  liurc.  Adore  Dieu.  Item  dcCorncille,  Actes  10, & autres  lieux  ièmbla- 
bles:&:me  lemble  qu'on  les  honore  allez,  quand  on  enfuit  leur  foy ,  leur  patience,  Se 
charité. 

Il  s  m'ont  interrogué  de  leur  eau  bénite,  &:  fi  ien  eftimopas  la  bénédiction  du  Pre- 
ftre  :  mais  ayant  refpondu  que  Dieu  les  a  bénites,  &  que  toutes  chofes  font  pures  &:  net- 
tes à  celuy  qui  eft  pur:ils  m'ont  a/failli  fur  la  matière  de  la  Ccne  :  &c  m'alleguans  du  7.  d'E- 
x odc,que  la  verge  d' A  aron  par  le  com  mandemét  de  Dieu  a  efté  changée  &:  con uertic  en 
vnferpent,  difoycnt,Si  les  leruiteursonr  eu ceftepuifiance,  de  pouuoirchâger  vnecho- 
ie  en  autre:  combien  pluftoft  aura  la  parollc  du  Maiftre  plus  de  vertu  de  conuertir  le  pain 
en  corps,  par  les  parollcs  Sacramentalcs  rl'ay  dit>  que  la  choie  n'eftoit  pas  fcmblable.  Car 
quand  la  verge  fut  conuertie  en  fcrpcnt,clleneftoit  plus  vcrge,&  ne  le  voyoit  plus  telle. 
Contre  iv-  Ma*s  au  Sacrement ,on  ne  void  rien  changé  :  on  le  voidtel  qu'il  cftoitparauat,de  mefmc 
biquicé  fari-  gouft,de  mefmc  grandeur  &pe(antcur.  ^Orquand  a  laprelèncedcChrifteorporeUc 
u%uc-    en  tous  lieux,  ielcur  ay  aufsi  refuté,  fouftenant  que  le  corps  de  Chrift  demeure  au  ciel,iuf 
i.Comi^.  ques  au  iour  du  iugement  :  car  il  eft  eferit, Toutefois  &c  quantes  que  vous  fetez  ces  cho- 
ies, vous  annoncerez  la  mort  du  Seigneur,  iufques  à  ce  qu'il  vienne  :  &  fainct  Pierre  aux 
îam  n  8  dit,Qu 'A  &u  t  que  le  ciel  le  reçoiue  iufques  à  la  reftauracion  de  toutes  chofes.  Item, 

en  S.  Iean,Vousaurcz  toujours  les  pouresauce  vous,  mais  vous  ne  m'aurez  point  touP 
iours.Item,  Cololf.$,  Si  vous  elles  reflulcitezauec  Chrift,cerchezles  chofes  qui  font  d'en 
haut,où  Chrift  eft  feant  àladcxtrc  de  Dieu.  En  outre,pource  que  i'auoycdit,que  ne  vou- 
Joye  rien  dire,quc  ce  qui  eftoit  félon  l'Efcriturcils  m'ont  demandé  où  ic  trouuc  qu'il  fe 
Matc.14.rf  ^a,^c  maricr  Par  vn  Preftt e.Ic  refpondi,quc  l'ordonnance  de  Dieu  eft ,  Ce  qu'il  a  coioint, 
l'home  ne  le  (èpare.  C'eftluy  quidésle  commencement  a  fait  le  mariage  des  deux  pre- 
micrs.quantauxMiniftres  qui  marient,  ils  y  font  admis  par  le  confentement  public  du 
Magiftrat  &c  du  pcuple,pour  inuoquer  le  nô  de  Dieu,ccla  neft  contre  la  parolle  de  Dieu. 
Ils  m'ont  aufsi  demandé  où  ie  trouuoye  par  elerit  le  iour  du  Dimanche,  puis  que  TE- 
Duicur  de  ^ture n'en  parlcpoint.  I'alleguay  les  dix  Commandemens  touchant  leiourdu  repos. 
Dimanche.  Ils  m'ont  répliqué  que  c'eftoit  le  Samedi,  çt.  Que  ce  iour  pourroit  bien  auoirefté  tranf- 
mué  par  les  Apoftres.  Ils  me  dirent  que  non.  Ot  voyant  leur  obftination,  U  aufsi  q  Dieu 
ncmefournifloit  de  matière  propre  en  ma  mémoire,  touchant  cepoinct,ien  enparlay 
pas  beaucoup. Parquoy  fi  vous aucz  quelques  telmoignages  fur  ces  deux  fentences,en- 
uoyez-les  moy  qu'il  luy  plaife  de  vous  donner  bon  confeil  fur  ce  queie  demade  :  aflauoir 
Ta effcft  il  ^  vous  ^cs déduis  que i'entre en  dilpute  cotre  lesCaffars  que  i'at ten ,à  caufe  qu'ils  pour- 
fubmet  ion  royent  auoir  des  cauillations,  desquelles  ienemedônegarde.Demapart,i'cftoyeen  par- 
r£CScnt  *  c'c  deliberé  de  dire,Non  ,Mefsicurs,  vo9  auez  ouy  ma  rby,laquelle  i'ay  approuuee le  mieux 
8  c*  •   que  i'ay  peu  par  la  parolle  de  Dieu  iugez  s'if  vous  plaift  li  i'ay  le  droit  :  car  pour  entrer  en 
difpute.ienefuis  docteur. 

Me  s  fi  cres,encfcriuant  la  prefente,  i'ay  trouué  entre  mes  papiers  vn  bon  aduertuTe* 
ment,  pour  donner  rcfponfe  auidits  CafFars:  l'en  fuis  merucilleulcment  refiouy,  priez 
L"  tit-  &  ^'cu  pourmoy»Ec  quant  à  vous,foyez  forts  par  noftrc  Seigneur  &  ne  craignez  pas  .  I'ay 
frSl'des  af  ^),n  ^e  vous,&  crain  que  ne  laifsiez  vos  aflemblees  pour  ce  petit  tourbiilô.Ne  fauez-vous 
(cinbtees.    pas  qucl'Apoftrevous  admonneftedenelcslaiirer,  mais  pluftoft  vous  efforcer  de  tant 
îfcni!** 1  P^US  c]ue  vous  voyez  le  iour  approcher?  O  mes  frères ,  penfez  vn  peu  à  vous:  ne  fanez— 
vous  pas  quenosiours  font  nombrez,  $C  que  celuy  qui  veille  pour  rfracl,nc  dort  fiine 
fommeille  point  :  Ceux  qui  font  léguée  après  vous,  6c  qui  vous  guettent  de  tputes  parts% 

ne  font 


Enlaperfecuttondcjtljk-té  S  #7 

ne  font-ils  pas  fubie&s  a  dormir,  ou  pour  le  moins  à  fommeiller  ?  Croyez-mo^ie  nedi  ces 
chofes  pour  vous  faire  venir  au  danger  attquel  ie  fuis:  Dieu  fait  comment  ie  prie  pour  vo 
ftre  profperité  :  mais  ie  vous  cxhorte,afîn  de  châtier  pareflê  6c  crainte  lois  de  vous:  car 
elledefpkuftau  Scigneur,lequelie  prie  vous  donner  force ,  confiance*  6c  hardiefle  auec 
toute  prudécete  fagefle  pour  bien  fàuoir  exercer  voftrc  vocation  à  la  gloire  de  Dieu,  &  à 
l'édification  dcrEglife,Àmen.Iaqucsde  LoprifonnierdeIefus,cencufîemede  Feurier* 
au  matin,  1560.  Priez  Dieu  pour  moy. 

LET  ÎÎLE8  dudit,par  lefquelles  il  prie  les  fidèles  eftans  à  l'Ifle,  de  ne  point  iuger  de  fon  emprifonnemçt 
finon  par  la  proiridence  de  Dieu  :  &  les  exhorte  à  auoir  bon  courage,3c  demeurer  conftans. 

)E  Dieu  de  toute  confolation,Pcre  de  mifcricorde,mayant  choifi  &efleu  (moy  in- 
îdigne)  en  ces  derniers  temps  pour  rendre  tcfmoignage  à  fà  verité,m'a  fait  telle  gra- 
:Sce  iufques  à  prefent,  queie  puis  dire  en  bonne  confidence,  que  ie  triomphe  au  mi- 
lieu de  mes  petites  âffli&ions:  icles  di  pctitcs,au  regard  de  ecluy  pour  qui  ie  les  fbuffre  tat 
grand  &  ineffable.  le  commence  d'expérimenter  en  ma  per  fon  ne  la  vérité  de  ce  que  dit  i.Cor.i».^ 
S.Paul,Quc  Dieu  eft  fidelc,lequel  ne  permettra  point  que  foyez  tentez  plus  que  rie  pou- 
uez  porter:  ains  donnera  bonne  iflue  à  la  tentation.Sus  dôc,mcs  freres,qucreftc-il,  atten- 
du telles  promettes  de  Dieu ,  fînon  de  prendre  courage ,  6c  ne  craindre  de  tomber  entre 
les  mains  des  hommes  ?  car  ie  vous  afTcure  bien  qu'il  n'y  a  que  liefle  6c  côfolation  ici  :  ici 
eft  cognu  Dieu  eftre  véritable  en  ce  qu'il  promet.  Ec  afin  que  ne  peliez  queie  vous  vueil* 
le  abuler  d'vnc  trop  grande  hardiefle,  ie  ne  vous  veux  pas  dire  que  la  chair  foit  tellement 
morte  en  moy,  queie  ne  fente  nulsafTauts.  Car  depuis  queie  fuis  ici  prifon  nier,  l'en 
ay  receudebien  grands,  iufques  à  pcnfcr,que  fi  ieufl'e  voulu  croire  à  mafcmme,ienefuf 
feici  maintenant,  me  fouhaittant  hors  de  cette captiuite.  Mais  quoyî  Dieu  qui  confole 
les  humbles,  m'a-illaiffé  long  temps  en  ce  combat?  le  vousdi  que  non:  car  après  auoir 
tout  penfé,ie  fuisreuenu  là,afTauoir,  queie  ne  fuis  pas  ici  tombé  de  cas  fortuit,  ains  parla 
fain&c  prouidence  6c  ordonnance  de  Dieu.  Comment  cela  ?  pourec  que  quand  i'eufle  e* 
fté,  comme  i'ay  fait  piufieurs  fois,  hors  de  ma  maifon,iufques  à  douze  6c  vne  heure  pour 
obuier  au  danger  oùiçfuis:  voire  mefmc  que  icuflecfté  toute  lanuid  hors  de  ma  mai- 
fon,  û  eft-ce  qu'a  ï heu  rc  en  laquelle  ils  font  venus  podr  me  prcndre,i'cufle  efté  de  retour 
en  ma  maifon:&  quand  toute  la  nuict  i'eufle  veille  en  craintc,à  l'heure  que  ie  fu  prins> 
i'eufle  dormi  comme  en  paix  6c  feurcté. 

Po  v  r  cette  caule,mesfrcres,oftez  hors  ce  propos  de  vanité,quand  vous  dites,Voire, 
on  en  pouTroitbien  trop  faire:  s'il  m'euft  voulu  croire  (dira  l'autre)  il  ne  fuft  point  où  il 
eft:  il  void  maintenant  cément  il  luy  en  prend.Oftez,di-ie,  ces  propoSj  6c  reiettez  telles 
penfees  indignes  d'vn  cœur  Chreftien  :  apprenez  auec  moy  en  l'efcole  de  l'Euangile  à  re- 
cognoiftrelaprouidécedeDieu,quigouucrnetouteschoiès:&ne  donnons  pasterme  à 
n o ftre  Dieu ^>our  dire  qu'il  nepeutfauuer,finonentcl  &teliour,ouenteltemps.Il  agar  Exod^ 
dé  les  enfàns  d'Ifrael  agitez  6c  tourmentez  de  Pharaon,&  de  la  mer  rouge,  les  faifant  paf- 
ferà  pieds  fecs.  n'eftoit-ce  pas  contre  fefperance  humaine?  ne  virent-ils  pas  eftre  accom- 
pli ce  que  leur  auoit  promis  Moyfe  feruiteur  de  Dieu  :  aflauoir,de  ne  craindre  point,  6c  q 
le  Seigneur  batailleroit  pour  eux  ?  D'auantage,ayans  pafle  la  mer  entrans  en  ce  grâd  de- 
fert  ou  il  y  auoit  tit  de  beftes  furieufes,delions,dc  dragons,de  leopards,d'ouf  s ,  de  tygres, 
tant  de  ferpens,&:  d'autres  bcftesfauuages,  Dieuabienfceuconferuerfon  peuple  par  le 
chemin  tant  difficile  6c  dangereux«Et  maintcnât,mes  frères  6c  fceurs,le  bras  du  Seigneur 
eft-il  accourci,qu'il  ne  nous  puifTc  bien  conferuer  6c  garder  de  mal ,  comme  il  a  fait  fon 
peuple  de  tout  temps  île  di,quc  fi  nous  marchons  en  vrayefoy,il  eftnon  feulement  puif 
fant  de  nous  garder  de  nos  aduerfaires,  mais  aufsi  de  nous  faire  fleurir  au  milieu  des  na- 
tions tortues  6c  peruerfes,  entre  lefquelles  noushabitons.  Prions-le,mes  freres,inceflam- 
mcnt,afin  qu'il  nous  conduife  en  fes  voyes,&  q  puifsions  paracheuer  le  refte  de  nos  iours 
à  fagloire.  Quant àmoy,ic voy queie  dcmoliflement  de  mon  tabernacleeft  prochain. 
IedimaintenantauccS.PauljIenefaypasmavicplus  precieufeque  moy-mefmc ,mo»  Aai01^ 
ycnnantquc  i'acheuemon  cours  auec  ioye&  administration  que  i'ay  reccué  par  le  Sei- 
gneur Ic£us,pourtefmoigner  l'Euangile  de  la  grâce  de  Dieu. 

O  mes  amis,voire  encore  vne  fois  amis,  vous  tous  enfcmble,  à  qui  leSeignenra  mis  le  Fxhorta^ 
tfoupeauen  garde,ne  vous  efpargncz  point.  Cât quand  legradPafteurnoftre  Seigneur  JJJJ^ 
IefusChriftapparoiftra^ousreceurezîegucrdondcfheritage.Susdôç^nesfreréSjauan- 


Liurc^j  VIL  Jaques  de  Lo. 

cez  de  tout  voftrc  poiuioir  l'édifice  du  Seigneur  par  voftrc  diligcncc,&:nc  vous  attendez 
pas  l'vn  à  1  autre,mais  qu'vn  chacun  léruc  en  là  vocation.  A  u  refte ,  l'exhoi  ce  tous  en  gê- 
nerais* vn  chacun  comme  il  areccu  du  Scigncuisqu^il  s'em ployé  en  fon  endroit  :  il  n 'cil- 
pas  maintenant  temps  de  cercher  fon  propre,  mais  ce  qui  eft  propre  à  autruy.  Qu  eft-cc 
qui  vous  cmpefche  que  vousferuiezen  voftrc  vocation  ?n'cft-cc  pas  l'amour  de  vous-mef 
mes  ?n  cft-cc  pas  que  vous  cercliez  voftrc  propre?  Iugez-vous  vous  mciines ,  afin  que  ne 
fovez  iugez  du  Seigneur.  Trel-chers,ic  vous  ay  ei'crit  cefte  epiftre,non  pas  pour  vous  def- 
couragcr,ains  pour  vous  donner  cournge,c\:  pour  cftredu  tout  adonnez  au  fennec  du  Sci 
gneur:  car  le  temps  eft  prochain  &:  court:  encore  vn  bien  petit  de  cemps,&:  celuy  qui  doit 
venir,viendra,&:  ne  tardera.  Ne  vous  fouuient-il  point  de  ce  que  ditChrift  noftre  Mai- 
ftie,Qiiand  vous  voyez  le  figuier  ietter  hors  les  hieillcs,  vous  dites ,  L'eue  eft  prochain: 
aufsi  quand  vous  voyez  lafHicïioii  &  l'oppreflion^dites  que  ce  iour  eft  prochain  aux  por- 
tes :&  puis  que  palle  long  temps  nous  auons  expérimenté  ces  chofcs>lbyezftir  vos  gar- 
nies, j  fin  den'eltrciurpnns.Au  rcfte,ie  ne  fay  allez  louer  cebo  Dieu  peur  les  grâces  qu'il 
mefait:pncz  toujours  pour  nous,  car  nous  prions  pour  vous.  1  ay  auiourdliuy  matin  eu 
tnfteiic^ay  elle  en  ce  poinctiufquesà  midy,penlant  que  le  Seigneur  auoit  liuré  aucun 
de  nos  frères  aux  ennemis,  à  caufe  qu'on  auoit  amené  trois  ou  quatre  prifbnnicrs  enui- 
ron  les  cinq  heures  du  matin:  mais  i'ayefté  relîouy,  quand  l'ay  entendu  que  c'eftovenc 
larrons.  Le  temps  me  faut,prcnons  courage,  i'efperedebricf  voir  la  fin  pour  aller  à  mon 
Dieu.  Par  voftrc  frerc,Iaques  de  Lo,ceûxieme de  Feurier,  1 560. 

EPIS  TRE  exhortatoire  de  laques  de  Lo,enuoyce  à  Guy  de  Eres,  en  laquelle  il  ladnionneP.c  de  ion  deuoir 
3c  office  cnuers  le  troupeau  de  Chrift. 

ïhSic Jc  AND  ieconlldcre,  freretref-aimé  ,  corne lonas  Prophète  &: feruiteur  de  Dieu, 

Jc  ionw  le  ^^gfuc par vnç certaine prouidenceictté cft  lamer,reccu  &:cngouilé  de  ce  grande 
Prophète,   horrible  poilîbn,  là  conduit  &  amené  par  vn  confeil  admirable  de  Dieu,  comme  vous  f  a- 
nez trop  mieux  que  moy  :  voire  &c  que  ceIonas,di-ie,s'eftoit  mis  fur  la  mer ,  afin  d'euiter 
&fuir  l'éxecution  de  la  volonté  de  Dieu,  &:  pour  la  crainte  des  hommes  :i'eftime  que  le 
Seigneur  mon  Dieu  m'achoifi,  &:  le  fore  eft  tombé  fur  rhoy,  comme  il  cfcheut  fur  lonas: 
voit  efc  que  moy  eftantiéttéau  gouffre  &cn  l'abyfmedcla  mer  de  ce  monde,cefteprifon 
a  ou  uert  fa  gueule  &:  m'a  englouti, &:  faut  q  tous  les  flots  Se  les  ondes  du  Seigneur  icpaf- 
ient  par  defliis  moy,afin  que  par  ce  moyen  les  dangers  prennent  fin  .  E t  corne  lonas  mor- 
tellement oftenfoit,voulanc  fuir  arrière  de  la  face  du  Dieu  viuant>auisiieconfeuedetouc 
mon  cœur  auoir  fouuen t  ofFenfé  cefte  diuine  bonté ,  tant  en  nonchalance ,  qu'en  mes  i- 
çnorancescVchofesfcmblables.  Et  comme  la  mer  fut  appaifec  à  la  réception  de"I'onas, 
aufsi  i'av  efperanceque  ce  tourbillon  qui  s'eft  clleué,  pour  cefte  fois  s'appaifera  :  &:  la  pc- 
Appiieation  tjte  naffelle  de  noftre  affemblcepourfuiura  fon  cours  &  fa  vogue  en  quclq  feureté .  Pour 
C  Ciei>C  cefte  caufe,monfrere,iela  vous  recommande,  conduifez -la  fêurement:&:  d'autant  que 
voici  ma  fin  venue,  ie  pren  plus  grande  hardiefTc  de  vous  admonnefter  &:exhorter  à  vous 
porter  constamment  èc diligemment  en  voftre  Minifterc:  vous  monftrant  en  tout  &c  par- 
tout l'exemple  des  autres  ,approuuédcuantDicu  Scdeuantlcs  hommes  .  le  ne  di  point 
ces  choies  par  ce  que  ie  doute  de  voftre  conftance  6c  diligence  :  car  ie  vous  porte  tefmoi- 
gnage,  que  depuis  que  vous  ay  fréquenté,  vous-vous  eftes  porté  comme  il  appartient, 
au  milieu  des  combats  :  mais  le  foin  que  i'ay  de  vous, m'incite  à  vous  admonnefter,  com- 
me mon  bien  -aimé.  Et  combien  que  l'oyez  conferme  enla  vérité  prefenre,  ieftime  que 
c'eft  chofe  iulte, tandis  queie  fuis  en  ce  tabernacle,de  vous  inciter  par  admonition. 

S  v  s  donc,  mon  frerept  enez  courage,  &c  ibyez  fortifié  d'cLprit,6V:  le  Seigneur  vous  fu_ 
feitera  quelque  coadiuteur  en  voftrc  Minifterc,  &z fera  prolperer  ion  œuure  par  vous, 
comme  vous  en  auezveu  allez  d'cxperienCc.  Ne  vous  retirez  donc  du  pays-bas ,  &:  ne  re- 
gardez pas  à  ceux  qui  cerchen  t  les  lieux  pour  demeurer  à  leur  aife.  Regardez  à  ce  que  dit 
viau.io.  Chrift  à  lès  Apoftres ,  le  vous  enuoyccomme  brebis  au  milieu  des  loups,&:  telles  fembla^ 
b'ies  fentenecs.  le  ne  di  peint  ces  choies  pour  blafmernemefpi  ilér  les  vrais  Miniftres, 
qui  font  és  heuxdcleuretc  :  maisie  parle  pour  ces  couards,qui  ne  cerchent  que  leur  aife. 
Au  1  elle,  m  6  frerc,  prenez  garde  à  vous-mefme,&:  à  ton  tle  troupeau  ,  auquel  le  Seigneur 
vous  a  mis  Euclque  &:  lurueillant,potir  conduire  fa  famille  à  fa  gloire,&  à  l'édification  de 
ion  troupeau.  le  vous  ay  efent  bnefuemec ,  cognoiflant  que  cen'cft  à  moy  a  vous  eferire: 

mais 


mais  pluftoft  de  vous  crcoutcr.  Saluez  en  mon  nom  tous  ceux  qui  font  au  Minifterc ,  & 
leur  chtes  qu'ils  feconfolent&:  prennent  courage.  Priez  pour  moy,afin  que  Dieu  mefa-  . 
celagrace  d'acheuer  macourfe  à  fagloirc,  te  à  l'edificatiô  del'Eglife.  La  lumière  du  iour  iJ!f  avo0" 
2ûrfauf.parquoy  ie  fay  fin.  laques  de  Lo,prifonnier  de  lefus  Chrift,  es  prifons  dcl'Hle  en  ciuc 
f  ;*andre,c c  huitième  de  Feu  rie  r,  156 1.  &cn' 

L'Ifluc  heureufe  que  Dieu  donna  à  laques  de  Lo  fon  feruiteur,le  if.de  Feurier ,  t  j  6 1. 
E  Scfcritscideflus  recitez,  rédent  fuffifanteapprobatiôdela  venté  du  Seigneur, 
conftamment  maintenue  par  ce  faind  perfonnage.  Il  refte  maintenat  de  cognoL 
Tire  comment  il  aieellé  celte  vérité  par  fon  fan  g  pour  la  confirmation  &:  confolation  des 
fidèles.  Apres  donc  qu'il  eut  fouftenu  plufieurs  affaux ,  queles  Magiftrats  luy  liuroyenc 
journellement,  on  ordonna  certains  Cordcliers  pour  difputer  contre  luy ,  lefqucls  pour 
faire  bonne  mine,enuoyerent  deuant  eux  en  la  prifon  vn  vieil  liure ,  pour  monftrer  que 
delà  ils  vouloyent  tirer  leurs  arguments.  Mais  laques  de  Lone  futgueres  cmpefchéà 
leur  refpondre  :  car  toutes  leurs  difputes  n'eftoyent  qu'à  crier  après  luy,  comme  gens 
ienragez  &c  forcenez,en  rappelant,Damné,damné^au  feu,  au  feu.  Et  voyans  qu'il  le  fou- 
cioit  peu  de  leurs  menaces  &  outrages,  s'aigriflbyentd'auantage:  fur  tout  de  ce  qu'il  les 
defdaigijoit ,  d'autant  qu'il  addreflfoit  toufiours  fa  refponfeaux  Elcheuins  de  Ylûc ,  auf 
ijucls  il  parloit  auee  modeftic.&  douceur  accompagnée  de  confiance,  qu'iceux  CafFars 
nommoyent  Obftination,procedantc,  comme  ils  chfoyent,d'orgueil&  vaine  gloire  ,ÔC 
pour  faire  parler  de  luy.  De  Lo  refpondit,qu'il  ne  yoyoit  en  tout  cela  aucun  orgueil  n  ap- 
pétit de  gloire  des  hommes:  ainsplultoftvna^yimé  de  deshpnneur  deuant  le  monde, 
accompagne  dVne  cruelle  face  de  la  mortqiii  lattendoit  :  le  ne  regarde ,  dit-il  >  à  autrd 
gloire,  qo'à  celle  de  mon  Dieu,  pour  laquelle  rrîaintçnirie  fuis  preft  de  batatfler  iufques 
I  la  mort.  Ce  fait,tous  fes  liures  furent  cnuoycz  au  conuent  des  Cordeliers,  pour  les  vifi- 
ter.  Entre  tous  u  y  auoit  vne  Bible  imprimée  à  Geneue,  laquelle  fut  côdâmncc  pour  hé- 
rétique,^ digne  d'eftre  bruflee.  Comme  ce  fainâ:  perfonnage  fut  condamné  d'eftrebru  ^b^c^ 
Ûé  vi£&  fon  corps  réduit  en  cendres ,  ayant  ouy  fa  fcntcncc ,  il  cria  à  haute  voix O  Sei-  ceux  de  J 
gneur^ttefeurirhpute  point  ce  pèché.car  ils  né  fauet  qu'ils font.Laditefentencewtmifc  L'lflc:. 
en  exécution  le  xy.de  Feurier  fan  de  noftre  Seigneur,  m.  d.l  xi.  Enuiron  quatre  heu- 
res après  micfi,îl  fût  mené  au  fupplicc,où  il  fe  porta  fort  conftamment,priant  continuel- 
lement pour  fes  enncmis.Quand  il  fut  attaché  &c  cnchainé,felon  la  couftume,lVn  de  fes 
luges  en  fe  moquant  fut  fi  impudent  de  dire,  Le  voila  en  grand  honneur  à  fa  table,  il  a 
fes feruietties  de  mefme:  appelant  les  chaines  dé  fer  fes feruiettes.  Et  ainfîconftamment  Brocard 
pafla  la  frontete  moquerie  du  monde,pour  dans  les  flammes  de  feu  rendre  fon  ame  au  exécrable 
Seigneur  lefus  Chrift,cn  telle  ferucur  que  ceux  mefmes  qui  font  condamné,  en  demeu 
rerent  conuaincus,confus,&:  eftonnez. 


IE  AN  LE  BOSCHERP.  <*«**«xelles. 

LES  fup^ofts  deSatan  ne  pbuuans  veiricre  nar  feu,ont  recourt  à  l'eau  élément  côrraire.Et  ce  qu'en  publique 
ils  pcrdcnt,eri  vain  le  penïent  en  iecret  regatgnen 

Q  S  C  H  E  R  E  natif  de  lâ  ville  deBruxelles,tàpifsier  de  fon  mcftier,cflqit  de  m.D.  LXt 
çemeimetemps  diacreen  1  e^ifel'famengued'Anuers^adrniniûrant  fidè- 
lement &  ^iligf  niment  fpnmwifterc>u  bien  exercé auxEfcritvre?  fajnâ;es, 
qu \\ auoit  dequoy  initruire,.&cpniplcr;  voire  redarguer,^  s'oppofer  au* 
heretiqucs.Satan  ennemi  capital  de  tels  hommes  qui  acluancent  l'Eglife 
de  lefus  vwii*,  iijy  tendit  beaucoup  d'çmfcufches ,  fi  que  finalement  le  temps  ordonné 
du Seigpcur*itant venu Jcsennemis mirent. les  mains  fur  luyôÊlujia  tcmme,aumois 
deNouembre  enranprecedont»  Burarj^  Ulongtoe  détention,  il  fut  fort  aflailli  par  pre 
ft  reste  Kïoines  en  plufieurs  fortes  de  combats  :,mais  Dieu  Je  prelerua;  de  fuccorufcence, 
fie  le  r  endit  vicWêux/erme  3t  f  pnftani'Çwrif;  fon  de  men  t4e -v,etit£  f  Aptes  <ju!on  fait  ^£t£T* 
aïlezfond©*&:  fàitrrrmpcrenU  prifon,finalemcntilrut{»mepé  par  vn  vendredi  dernier  auquel  on 
lourde  Feurier  deeeft  arr^i.D  .z,x  i*àl*Kfe>fc^pVwri^  Eftant  Jg^^1" 

dYuantJçs  Seigneur?  dc4a  yuUCoiircnditamplc  témoignage,  à    uangile  de  Jefus  Chrift: 

Vendredi» 


Litirc^  VIL  Jean  Keyfer. 


&c  admonnefta  d'aflfe&ion  &:  zele  ardent  ceux  qui  là  eftoyent ,  de  regarder  fongneufeméc 
à  ce  qu'ils  faifbyent.  Ayant  donc  receu  fa  fentence: comme  on  leramenoit  en  prifbn,  il  ex- 
horta le  peuple:&  dit  à  quelques  frères  qu'il  apperceut  làpreles,Courage,mcsfrcres,prc 
nez  courage.  Sur  le  loir  dudit  iour,  pl  ufieurs  fidèles  attendoyent  ce  qu'on  feroit  de  luy  :  &: 
les  Seigneurs  craignoyent  quelque  émotion, fachans  qu'il  eftoit  homme  bien  parlant 
&:  aggreablc  au  peuple  .  Uss'aduifcrentde  le  faire  fècrercment  noyer  enlaprilon  :ce  qui 
ne  s'exécuta  point  fans  meurtre  &:  cruel  tourment  .Car  outre  ce  que  la  cuue  n'eftoicaL 
fez  large  ni  allez  profonde  :&quelepatient  eftoit  de  haute  ftature, le  Bourreau  y  auoic 
mis  fi  peu  d'eau  qu'il  nelepouuoit  noyentellement  qu'il  fut  contraint, pour  luy  abbreger 
ceft  horrible  tourment,  bailler  des  coups  de  poignart,lefquels  furent  recognus  fur  le  po- 
ure  corps  mort. En  ce  martyre  donc  finit  Bofchere  fa  vie,eftant  aage  enuiron  de  x  x  v  1 1 . 
ans&fut  mis  auprès  de  fes  frères  occis  pour  vn  mcfme  tefmoignage  de  la  Venté, le  vingt- 
huitième  de  Fcurier  M.D.  L  XI. 

I£AN    KEYSER,  enUviUeà'^mers. 

D  £  ce  furnom  de  Keyfer(qui  vaut  autant  à  dire  qu*Empereur)ceftuy-ci  eft  le  fecond,auquel  le  Seigneur  a  don- 
ne v"  cœur  magnanime  pour-  iurmonter  le  monde,  &  les  tentations  des  plus  notables  aduerlaires  de  i'Euan- 
gile. 

m!d.lxi.|T^^^  E  YSER  eftoit  auccceux-la  qui  le  foir  dudit  iour  dernier  de  Fcurier  fepour- 
mcnoyentdeuant  la  prifbn  d'Anuers ,  pour  attendre  l'iiTue  qu'auroit  leîufdic 
Martyr.  Leslergeans  fortans  allez  tard  de  ladite  prifon,  &:  voyâs  plusieurs  at- 
tendansà  laported'icelle,fèietterenten  fureur  fur  eux,  Se  appréhendèrent 
Iean  JCeyfer,difans  qu'il  eftoit  de  ces  gens-la:  blêmirent  en  prifon.Oreftoit-ilaufu"  pour 
lors  Ancien  de  la  mefmeeglifeFlamengue:  homme  débonnaire  Se  propre  pour  exercer 
Difpure  d'-  vnc  telle  vacation .  Le  Curé  du  grand  temple  dit  deNoftre-dame ,  entre  les  autres  aduer- 
Auumcon  laires,difputafort  contre  luy ,  fur  plufieurs  articles  delà  Religion ,  dont  nous  ne  fau  rions 
tre  Keyfer.  auoir  meilleur  tefmoignage  q  par  la  lettre  eferitepar  ledit  priibnnier  en  lafbrtcc^  s'enfuit: 
Me  s  f  r  e  r  e  s  au  Seigneunil  vous  plaira  fauoir,  qu'ayant  efté  en  difpute  au  ecvn  Cu- 
re deNoftre-damc,icn'ay  gueres  profité  n'auancé. Car  après  longs  propos,eftans  tombez 
fur  lepaflage  de  Gcnefe,  touchant  lafemence  qui  deuoit  brifer  lateftedu  ferpent:àgrand 
peine  finalement  s'accorda-il  que  telle  victoire  fuft  du  fcul  Iefus  Chrift:  Se  toutefois  ie  luy 
A&4-U     prouuay  qu'il  n'y  auoit  quece  feul  nom  fous  le  ciel,  auquel  puiflions  eftre  fauucz.  Apres 
cela  il  m'interrogua  touchât  le  Sacremét  delaCene.Ielui  di  en  fômc,qu'en  la  Ccnenous 
reccuions  par  foy  auffi  vrayement  Iefus  Chrift,  comme  nous  recelions  le  pain  &  le  vin 
parlabouchei&commelepain&levin  nourriffent  &  recréent  nos  corps  :  aufîi  ïefus 
Chrift,qui  eft  le  vray  pain  de  vie,nourrit  ^entretien  t  nos  ames.    Bref,que  par  la  foy,qui 
cft  la  bouche  en  ceft  endroit,  nous fommes  faits  parneipansdetous  les  mérites  de  Iefus 
Chrift.  Sur  quoy  le  Curé  dit,Cecy  tient  auffi-bien  Caluin:mais  ne  croyez-vous  pas  que 
le  pain  le  changeait  corps  de  Iefus  Chrift?  fy.  Si  vouslcprouuezparlaparolle  de  Dieu, 
t.Coi.io.i*  iclecroiray.  Lors  il  dit:  Ouyd'a,Iefus  Chrift  ne  dit-il  pas,  Prenez,mangez,cecyeftmon 
corps:appelant  le  pain  fon  corps  deuant  qu'il  le  baillait:  à  les  difciplcs  î  il  faut  donc  qu'il 
foit  changé  auparauant  au  corps,  çt.  Le  pain  &c  corps  le  rapportent  fîguralemetxarfainct 
Paul  expliquant  le  fens  des  parolles  de  Chrift,  dit  que  le  pain  que  nous  rôpons  c'eft  la  cô- 
munion  du  corps,&:  la  couppe  la  communion  du  fang  de  Iefus  Chrift. 

Le  Curé  n'eftant  content  de  cefte  interprétation,  ie  luy  priay  de  médire,  Quefignù 
fîoit  ce  mot  de  Sacrement.  Ihefpondit  qu'il  fignifioit  vn  myftere  ou  fecet.  Ainfilbit,  dy-ie:le 
pain  donc  &lc  vin  nelbnc  que  lignes  externes  d'vne  chofe  cachee:car  fi  les  lignes  eftoyét 
la  choie  f  ignificc  &:  intericurc,quel  myftere  oii  i'ecret  y  auroit-il?  Le  Curé  fur  ceci  s'eileua, 
&  dit,le  maintien  que  le  pain  eft  le  corps  de  Iefus  Chrift.  P£,  Si  le  pain  eft  Iefus  Chrift  mef 
me,en  vain  nous  leuons  nos  cœuçs  en  haut  à  Iefus  Chrift.  Et  qui  plus  eft,  nous  aurions  ce 
Danjtx.jp   dieu  eftrange,predit  par  Daniel.    Le  Curé  m'ayant dit  que  i'auoy' tort:  Ieluy  monftray 
Ledicude  <îue  Daniel  auoit  parlé  dufcmblabledieu  depain  lequel  ils  adoroyent ,  &:  toutefois  ores 
piin.       quclesllraelitesayentferui  à  plufieurs  dieux  ,  fieft-cequelc  voftrc  leur  a  efté  incognu. 
Mais  vous  rcfemblez  à  ccux-la  qui  adorèrent  iadis  le  ferperit  d  airain,qui  eftoit  fîgurede 
Chrift:car  ainfi  auez-v  ous  fait  de  la  làinctc  Cene,vnc  idole  abominable.  Apres  auoir  dc- 

batu 


îPko  Annood,  &  Daniel Ça//and.  $69 

bacu  ce  poin&,Ic  Curé  me  dem5da,s'il  eftoit  licite  de  mettre  à  mort  les  hérétiques. le  reY 
fpôdi,  qu'il  ne  falloir  point  punir  toutes  perfonnes  qui  errent:  mais  queleMagiftrat  peut 
punir  de  glaiue,  c'eft  à  dire,de  morr,ceux  qui  troublét  le  repos  6c  paix  publique.  Car  il  eft 
ordonne'  de  Dieu  pour  reprimer  les  mauuais  &:  rcbelles.Mais  ienaccorde  nullement  que 
l'Egide  ait  viàge  d'autre  glaiue  que  de  la*parollede  Dieu.-pas  laquelle  elle  punira  les  here- 
dquesjô^  les  retrenchera&ietterahorsdu  corps.^Pour  ledernicr,ils'informa  où  auoyéc 
eftér«jr^tflezmesenfans:ieluydi,quenies  premiers enfans  cftoyent  baptiiezen  leglife 
Romame:mais  mes  derniers,  en  l'Eghlc  de  Dieu,ielon  l'inftitution  de  Chnft.  Voila  en 
l'omme,mes  freres,le  principal  que  ce  Cure'  traitta  auec  moy.Lc  Seigneur  me  vueille  for- 
tifier oar  ion  faind  Efprit,  afin  queiepuiffeconfeilcrlibrementibn  fils  Iefus  Chrift,  &là 
Vérité.  Efcrit  le8.de  Mars  1 561. par  moy  I.  Keyfcr  pritbnnier  pour  le  teimoignage  del'E- 
uangilc. 

Ps  v  après  vint  en  la  priibn  le  Cardinal  de  Granueile  iadiseuelqued'Arras,accon-ipa^  ^ 
gné  du  Markgraue,pour  voir  ceprilonier  te  rarraiiôncr.Mais  Keylcr  l'an  s  rcfpccter  les  pei  perS^ 
lbnnes,confelfa  franchement  le  Seigneur  Iefus  &  là  Paroi  le  deuant  ces  grans  aduerfaircs:  dmaide 
&  protefta  qu'il  ne  redou  toit  ne  danger  ne  genre  de  tourment  que  les  homes  iuy  leuiTent  GranucUc 
faire.  Le  Ca  rdinal  oyant  ces  proposait  au  Markgraue  qu'il  iè  derfitt  bie  toft  d'vn  tel  here- 
tique.Etainfi  ferctirerét.  Se  Keyferseiîouiftanc  remercia  Dieu  de  luy  auoir  fait  ceft  hon- 
neur deconfeller  fa  vérité  deuanttels  chefs  du  monde.ÇL  e  Mercredi  enfuyuat  il  receut 
fencéce  de  mort:&fut  noyé  lemefmeiour  en  la  priibn,aagé  de  xxxi  n  1  .ans.  Le  corps  fut  l£^fcJ~ 
mis  le  lendemain  au  gibbet,mais  futofté  &:  enfèueli  toft  après. 

PIERRE  ANNOOD,^4  DANIEL  G  A  L  L  AN  D»  à  Dunckercke. 

E  N  ces  deux  de  Meflme,Dieu  nous  monftre  fes  mifericordes  anciennes,dont  il  a  vfé  de  tout  temps.il  redeeffe  la 
cheutede  Pierre:&  preferue  Daniel  au  milieu  des  Iions,fans  eftre  aucunement  diminué  de  fa  confiance. 

E  la  Flandre  Occidétale,ainfi  agitée  en  ces  perfecutions,  côme  plufieurs  s'en-  M  d.lxl 
fuyoyenten  Angleterre,  il  y  eut  quelques  mefnages  delavillcdeMeflîneilef-  En  Auni* 
quels  pefans  s'embarquer  en  Nouébre  de  l'an  precedér,furét  contraintsd'en- 
trer  &  feiourner  au  port  de  Dunckercke  à  caufe  des  vêts  contraires.  Le  bruit 
fut  incontinent  efpars  qu'il  y  eftoit  arriué  des  Lutheriés:(ainfi  eftoyet  encores  nômez  les 
fîdeles)tellemét  que  le  Bailly  le  s  recercha  par  toutes  les  hoftelleries  de  la  ville.  Pierre  An- 
nood &C  Daniel Galland eftas là  aîrriucz lexix.dudit mois,  furent apprehédez,à loccafio 
de  quelques  Iiures  qu'on  trouuafur  eux,  côme  on  difoit:  les  autres  elchapperét  les  mains 
dece  Bailly.  CesdeuxfurencpretcntezauxEfcheuinsde  laville,&:  examinez l'efpacc de 
quatre  heures  fur  leur  croyance.Ils  furent  tenus  en  prifon  prcfquc  demi  an,  &:  aifaillis  en 
diuerfes  fortes  tant  par  preftres  &c  moines,que  de  leurs  parés  6c  amis .  Apres  qu'on  eut  ef- 
fayé  plulieurs  moyens  pour  les  elbranler  &diuertir,on  leur  prefentala  torture:  pour  laql- 
le  Pierre,qui  eftoit  débile  de  corps,  fut  efpouuanté,  &;  cômençade  relafcher  quelque  peu  L'infirmité 
de  fa  première  conftace.  Mais  Daniel fe  porta  toufiours  vaillanr ,  &:  fut  fi  cruellement  gc-  de  Wmc' 
héné,  qu'il  perdit  prcfquc  toute  forme  Ù  figure  humaine,  tellement  qu'il  n'y  auoit  Ci  dur 
Cœur  qùile  feuft  regarder  fans  ietter  regrets  ou  larmes.Tat  y  a  qu'il  n'aceufa  perfonne:&: 
futmisàparten  vnefofTeobfcure.  On  enuoya  quérir  vn  Roger  le  Icune,moine  Auguftin 
de  Bruges,do&eur,S£  vn  Iacopin  d' Ypre  frère  Iean  Heyda,bachelier,rcnômez  entre  ceux 
de  leurs  fe&es:lefquels  s'arreftans  principalemét  à  Daniel,  perdirét  du  tout  leurs  peines  à 
l'endroit  deluy  :  fî  bien, qu'en  la  vertu  de  la  parole  de  Dieu ,  il  ferma  les  gueules  à  ces  liôs. 
Le  Seigneur  aufti  ietta  l'œil  de  fa  mifericordefur  l'autre ,  &:  le  redrefla.  par  ce  moyen  :  que 
Picrrene  s'attédant  plus  de  fauuer  fa  vienne  d'eftre  mis  fur  la gehéne, laquelle  il  craignoit 
plusô^lamort ,  reprint  la  première  Côfeiïïô  defoy  qu'il  auoit  faite  deuat  les  Seigneurs  de 
Dunckercke  &:  le  Doyc  de  Renay:fe  déclarât  preft  de  la  feeljer  par  fa  mort .  11  quitta  doc 
toute dfflimulation &  pufîUanimité,  &  en  demadapardo  :  premieremét  à  Daniel fon  cô- 
pagnon,  &  en  après  à  toutes  les  Eglifes  :  donnât  charge  à  quelques  frères  deuant  fa  mort,  rômc  D 
de  mander  &  faire  cognoiftre  comme  le  Seigneurl'auoit  puiftammét  reftabli  &c  affermi,  redreflepuif 
Et  à  ces  fin  s, lahTa  lettre  adrelTanteaufditesEgu{es,laqlle  il  efcriuit  de  fa  main  auec  peine  gJJJJ1"  lc* 
incroyable;C  Apres  q  ces  deux  martyrs  Pierre  &  Daniel  cttrët  trepe  en  prifô  depuis  le  xx. 

DDd. 


ieu 


£;#rc  VIL  àa  Tuijfons. 

dcNoucmbre,iufquesau  x  v n i.d'Aurildeceftan  m.d.lxi.  Fmalcmetceux  deDunc- 
kcrcke  les  condamnèrent  à  eftrc  bru  liez. Et  pour  exécuter  plus  afTeurément  ce  meurtre, 
ils  rirent  tenir  les  portes  de  leur  ville,  fermées.  Ils  ne  feurent  toutefois  engarder  que  plu- 
fieurs  de  dehors  n'entraiTent  &:  par  bafteaux&  par  autres  moyens.  Ainli  qu'on  menoic 
ces  deux  patiens  à  la  Vicricare ,  Pierre  neftant  plus  ceftuy-la  q  ui  auoit  efté  débile ,  récita 
trois  caufes  de  leur  refiouifïancc  en  cefte  croix  :  premieremét  de  ce  qu'ils  fbuftroyct  pour 
vne  bonne  caufe:fecondcment,  pource  qu'ils  eftoyét  a/feuiez  del'uTue  cerraine  &  ia  pre- 
fente: &tiercement,de ce  quvnc affliction  de  {i  petiteduree,  lcureftoitouuertureà  vne 
ioyeeternelle.Ils  parlèrent  tous  deux  fort  courageufemenr  au  peuplc.Quandon  leur  eue 
prononcé  leur  condamnation ,  ils  remercièrent  les  Seigneurs ,  de  ce  que  plusgrand  bien 
nelcurfauroit  eftreaduancé  .  Versl'apparcildudernierfupplicequieftoitdre/réau car- 
refour deuant  la  maiion  de  la  ville,Damel  fut  mené  premieremcnr,d'autant  qu'il  n  auoit 
la  grâce  nela  parolle  ainfi  à  commandement  que  Pierre  :  lequel  on  amena  incontinent  a- 
pres  Daniel>&  fut  mis  dans  la  loge  de  bois  pour  lchafter .  Il  parla  neantmoins  &:  exhorta 
à  haute  voix  le  peuple  de  fe  départir  de  la  Pa  pauté  damnable:monftrant  en  parolles  clai- 
res pourquoy  le  poure  pays  de  Flandre  demeuroitainfiaueuglé:  A  caufe,dit  il,  desfaux- 
do&eurs,  mercenaires  &c  loups  rauiflans,  qui  tiennent  les  poures  Magiftrats  captifs  fous 
le  ioug  d'idolâtrie  &  faux  (eruice  diuin:&  par  faute  de  vrais  Miniftres,&.  de  bons  maiftres 
d'elcole.En  fomme,il  monftra  fort  bien  les  caufes  delà  ruinedu  pays. Si  print  vngracieux 
congé  des  frères  qui  affiftoyentà  leurs  martyres,  donnanr  charge  de  faire  toutes  recom- 
mandations à  leurs  meres,  parens  &  amis.  A  près  auoir  ardemment  inuoque  le  Seigneur, 
&  prié  ni efme  pour  leurs  ennemis,  ils  furent  eftranglez&bruflez  à  la  façon  vfîtee  quie- 
ftoit  pour  lors  ,  d'eftre  tirez  du  feu  pour  eftre  attachez  à  des  perches  hautes ,  en  fpeetaclc 
hideux  aux  paflans.  Mais  le  xxn.dudit  mois  vers  les  dix  &  onze  heures  du  foir  les  corps  fu 
rent  oftez  &  enfeuclis. 


IEAN    DES    BVISSONS,  k  ^nuers. 

D'AVTANT  que  par  diuers  combats  le  Seigneur  exerce  les  fiens,auffi  il  nous  propofe  gens  de  diuerfet  qui- 
Iitez,donnant  a  chacun  quelques  dons  particuliers:  &  c'eft  afin  quefon  Eglife  foit  de  tant  plus  édifice  au  mi- 
lieu des  aduer  faires,maugr  é  Satan  ô:  tous  fes  adberens. 

N  cemefmetempsmtprinspourtcfmoin4erEuagiIe,  vnnommclean des 
^  Buifîbns,natif  del  Ifle  en  Fiandrcexerçât  train  demarchandife, home  doué 
g  de  zele  ardent,  &  de  confiance  Chreft  ienne,  en  la  petite  portion  decognoit 
'rifance  qu'il  auoit  de  la  vérité  Euangelique.  Or  le  Seigneur  s'eft  voulu  feruir 
de  luy  pour  porter  tefmoignage  de  fon  Nom  en  Anuers  au  pays  de  Brabant, 
ville  marchande  &  riche,&  partant  entachee,comme  iadis  Corinthe,à  difTolution,vanù 
té,dcliccs,auaiice,&  côuoitife  infatiable.Ceperfonnage  auoit  efté  inltruit  ésaflemblees 
fîdeles,&:  alaifle  par  eicritla  Confclïion  qu'il  a  rendue  deuant  leMagiftrat  d'Anuers,fclo 
la  grâce  que  Dieu  luy  auoit  donnee.S'il  n'eft  pareil  à  plufieurs  autres  ci  deuant  mis,fî  n'a- 
il  toutefois  efté  defpourueu  de  vraye  perfeuerâcepar  laquelleil  a  maintenu  iufques  à  l'ef- 
fuiion  de  fonfangla  pure  vérité  de  l'Euangile.  Mais  fans  faire  ici  autre  narration  de  fon 
martyre,&:  des  procédures  cotre  luy  tenues,  oyons-le  en  la  fimplicitérefpondantaux  ad- 
ucrfàires. 

LES  interrogatoires  &r  refponfes  de  Iean  des  BuiflTons  deuant  le  Magiftrat  de  la  ville  d* Anuers. 

ffigj  Res-che»s  freres,puis  qu'il  a  pieu  au  Seigneur  me  faire  ce  bien  de  vous  eferire, 
c'eft  raiibn  de  vous  faire  (auoir  touchât  mes  Côfelïions,  tant  deuant  les  Seigneurs, 
quedeuantles  Preftres&  Aduocatsenuoyczpar lefdirs  Seigneurs .  Mais  fi  faut-ilqueie 
confefle  mon  infirmité,que  1  appreheniîon  des  tourmés  dont  ils  m'ont  menacc,a  fait  que 
du  commencement  ie  ne  fuis  pas  entré  en  fi  pleine  côfeflion  que  i'eufle  defiré.  Toutefois 
ie  vous  reciteray  fîmplemét  les  trois  poinéts  fur  lefquels  fpecialement  ils  m'ont  examiné. 

Premièrement  le  Procureur  gênerai,  après  plufieurs  demandes  qui  ne  concer* 
noyenr  ma  fov ,  m'interroguacn  laprefence  duMarkgraue,&desEfcheuins,cequeif 
tenoyc  du  Sacrement  :&  fi  ienecroyoye  pas  que  ce  fuft  levray  corps  de  Iefus  ChriÔ, 

Iercfpon- 


lean  des  Buijfom.  j7o 

le  refpondi  que  nori:d'autant  qu'il  eftoitlà  haut  à  la  dextre  du  Père,  dont  nous  Tattendos 
pour  venir  ici  bas  iugerles  viuans&  les  morts.  Trop  bien  qu'en  reccuant  la  Cene  iélon  la 
do&rine  de  Iefus  Chnlt&:  de  tes  Apoftres,nousiommes  vrayement  faits  participansdu 
corps  &  du  làng  du  Fils  de  Dieu,&  ce  par  foy:voire  &c  de  tous  les  bénéfices  qu'il  nous  a  ac- 
quis par  fa  mort  &pa(îion.  Apres  ceci  on  m'interrogua  d'autres  cho^s  qui  ne  touchoyét 
rnafoy:  mais  vn  des  Elcheuins  s'aduifa  de  me  demander  corn  ment  i'entendoye  que  Icfus 
Chrift  eftoit  defeendu  aux  enfers:  le  rcfpôdi,que  des  lors  qu'il  eftoit  au  iardin  des  Oiiues, 
fuantfang  &:  eau  de  grande  angoifle,  pour  l'apprehenfion  de  l'horreur  du  iugementde  enfers. 
Dieu>ic  di  que  deflors  il  a  iënti  les  peines  d'enfer  deucs  à  nos  péchez.  Et  encore  plus^pen- 
dant  en  l'arbre  de  la  croix,iufques  à  eftre  contraint  de  crier,  Mon  Dieu;  mon  Dieu,pour- 
quoy  m'as-tulairTe  ?  Et  quel  abyfme  pourroit-on  penfèr  plus  grand,  ne  plus  el'pouuâtablc 
qucdefelèntir  laiifé  ou  abandonne  de  Dieurledi  donc  qu'il  a  fenci  choies  extrêmes  pour 
nous,&:cn  noftreperfonne,&:  que  partant  il  eft  dcfcédn  aux  enfers,  parlant  de  plufieurs, 
&:  non  pointd'v.n  lculcment.  ^Puismefur  demandé  h*  ieme  côncencoycdu  Bapcefme  q 
i'auoye  reccu  en  mon  enfance.  le  rcfiSôdi  qu'ouy,&:  que  l'enten  auoir  cfté  baptiié  au  fang 
de Iefus  Chrift,par lequel iecroy  eftre  laué,  purgé,Sc  nettoyé,  &:  pren  mon  contenteméc 
en  cela.  ^  Voila  en  effeâ  Je  principal  des  premières  interrogationiqui  furent  le  xxmi, 
deFeurier  :  depuis  lefquellcs  ils  n'ont  parlé  à  moy  iuiqu'au  xx  v.d'Auril ,  auquel  iour  ie  fu 
menéâla  Vierlcare:  où  le  Markgraue  me  demanda  fi  ievouloyevn  Aduocat  pour  parler 
pour  mov.le  luy  di,s'il  luy  plaitoit,que  ieparleroye  pour  moy-mefmc .  Lors  le  Procureur 
luy  bailla  trois  poincls  pour  eftre  interrogué  :  aflauoir  de  la  Congrégation  :  delà  Cene:  &C 
de  laConfeffion  auriculairc.Et  pourec  qu'il  lilbit  en  Flamen,le  Markgraue  medemanda 
n*  ie  l'entendoye.Ie  di  qu'ouy.  Touchant  la  Congrégation  i'ay  confelfé  deuant  tous  de  n'y 
auoir  efté  à  autre  intention  linon  pourouyr  prefcherlapureparollede  Dieu,  &cercher 
mon  (alut,&:  non  point  pour  con  treuenir  au  com  madement  du  Roy ,  &  qu'en  cela  ie  fen- 
tove  ma  confcicnce  nette  deuant  Dieu .  Lors  dit  le  Markgraue ,  Vous  aucz  eu  beaucoup 
de  mauuais  liures.  le  refpondi  que  les  liures  que  i'ay  eu  ne  font  point  cotreuenans  à  la  pa- 
rolle de  Dieu.  Surquoy  ie  fu  remis  à  hui&iours.  ^"Lelendemain  on  m'enuoyadeux  Ad- 
uocats,pour  demander  fi  ievouloye  demeurer  en  ma  première  confeffion .  le  leur  di  qu'- 
ouy.  D.  Vous  ne  tenez  rien  de  laConfeffion.  ly...  Que  ietenoye  la  confeffion  pour  bon- 
ne^ grandement  ncceiTaire,quand  elle  eft  fai  te  félon  la  parolle  du  Seigneur:^  que  ie  m' 
accordoyeauec  faintt  lean, lequel  dit, Si  nous  confelîbns  nos  péchez,  Dieu  eft  fidèle  pour  r,Icanr 
nous  les  pardonner.  I'alleguay  auffi  ce  que  dit  làinâ  laques,  Qu'il  nous  faut  confeifer  nos   ^  ÎJ*' 
péchez  les  vns  aux  autres:  &  de  là,  Que  fi  i'ay  otfenfé  quelqu'vn  en  fai&,ou  di&,ou  qu'il  le 
foie  fcandalizc,iefuis  tenu  derecognoiftre  mes  fautes,&:  tant  que  faire  le  peut  luy  fatisfai- 
re.Ils  ne  me  contredirent  en  rien  touchant  ce  poind:  mais  me  demandèrent  fi  icnecroy 
point  que  le  pain  de  leur  facrement  foit  changé  en  vray  corps  de  Iefus  Chrift,  auffi  grand 
&  gros  qu'il  eftoit  en  l'arbre  de  la  croix.  Çi.Quenon,&quela  parole  du  Seigneur  ne  nous 
en  fait  aucune  mention.    D.  Sieft-ilcfcrir,Si  vous  ne  mangez  ma  chair,&  beuuez  mon  Ion 
fang,  vous  n'auez  point  de  vie  en  vous.  m.  Il  eft  ainfi:  mais  quand  Iefus  Chrift  eut  ainfi 
parlé,  il  déclara  à  fcsdifciples  que  c'eft  fefprit  quiviuifïe,&;quela  chair  ne  profite  rien: 
Les  parolles  que  ie  vous  di,  (ont  e(prit&:  vie,&c.  Par  cela  Iefus  Chrift  déclare  ouuertc- 
ment  commentil  nous  faut  manger  ia  chair,  &  boire  fon  fang,  aiîauoir  par  foy:  car  ain- 
fi quclepain&le  vin  matériels  nournflent&:  viuifient  nos  corps, ainfi  nos  ames  font 
nourries  &:  viuifices  fpirituellemcnt  des  bénéfices  qui  nous  fontacquis par  fa  mort  &C 
paffion .  Ils  dirent  qu'ils  parloyent  auecques  Iefus  Chrift,  difànt ,  Prenez,  mangez,  cecy 
eft  mon  corps  qui  feraliuré  pour  vous  :& pareillement  delacoupe.  Ierefpondi,qucle 
iignecftlà  nommé  pour  la  choie  lignifiée ,. comme  il  eft  die  audixiemcrhap.des  Corin-  l  CorJ04 
thiens,  Queles  Percs  anciens  onttous  beu  d'vn  mefmebreuuagc  fpirituel,  alTauoirdcla 
pierre,&:  que  la  pierre eftoit  Chrift.  D.  N'eft-il  pas  puuTant  de  ce  faire,  voire  mefme  en  v- 
ne  pierre  s'il  luy  plaifoit:  Çi.  Que  Dieu  eftoit  tout-puifTanCjmais  auffi  ne fait-ilrien  contre 
fa  Parolle. 

Vo  i  l  a  en  bref  les  propos  que  i  eu  auecles  deux  delïufdits.  Or  après  eux  on  m'enuoya 
auffi  deux  Preftres  de  la  part  du  Markgraue,  efperant  gagner  quelque  chofe  fur  rnoy:mais 
le  Seigneur  par  la  mifericorde  m'a  affifté  &  les  a  fruftrez  de  leur  entreprinlé.  Le  principal 
propos  fut  touchant  la  Cenedu  Seigneur:  fur  lequel  ie  refpondi  comme  auparauât:  Que 
noftre  Seigneur  Iefus  a  ordôné  ià  Cene  pour  no9  rédre  certaîs  &  afTeurez,  qu'en  comuni- 

DDd.  ii. 


L«*ro  VIL  fan  d&  Huifons. 

quant  à  Ton  corps  &:  à  Ton  fang,  nos  amcs  font  nourries  en  efpcrance  de  la  vie  etcrncJle:  de 
ainfi  que  nos  corps  font  nourris  &  fuftentez  de  pain ,  fortifiez  &:  refiouis  de  vin ,  pareille., 
ment  la  chair  du  Seigneur  Iefus  nourrit  &:  viuifie  fpirituellemét  nos  ames ,  bc  fon  fang  eft 
la  ioye,refctl:ion,&:  vertu  fpirituelle  d'icelles.Outreplus,côbien  qu'il  fe  ibit  donne  à  nous, 
quâdils'eftexpoféà  la  mort  pour  nous  reconcilier  à  Dieu  fon  Pere,tantya  que  cela  ne 
fuffuoit,  linon  que  le  receuffions  luy-mefme,  pour  fenrir  en  nous  lcfruitt&:  la  vertu  de  fa 
moi  t&:  palïiommaislc  tout  fe  fait  par  foy,  afin  que  n'imaginions  rien  qui  (bit  charnel  en 
la  Cene  du  Seigneur .  Et  faut  croire  que  non  feulement  il  eft  mort  pour  nous  deliurer  de 
la  mort  éternelle ,  &:  relîufcité  pour  nous  faire  obtenir  la  vie,  mais  auffi  qu'il  habite  en 
nous,&:  eft  conioint  auec  nous,comme  le  chef  auec  fes  membres ,  pour  nous  taire  partici- 
pai de  tous  fes  biens.  Apresils  me  demandèrent  où  ietrouuoyecefte  manière d'expoli- 
tion  des  parolles  de  Iefus  Chrift,lequel  dit,Prenez,mangez,c  eft-ci  mon  corps.  le  rcfpon^ 
di,que  fi  nous  voulons  entédre  ces  parolles  lelon  la  lettre ,  nous  entrouucrons  beaucoup 
de  femblables  qui  fembleroyent  eftranges-.comme  quâd  Iefus  Chrift  eft  nomme  la  voyc: 
&  la  vigne:  la  pierre  que  les  edifians  ont  reiettee:  la  pierre  qui  iiiyuoit  les  Pères  au  deiert, 
&dontilsontbeu.au(Ti  bien  pourroy-iedn  e,que  Ielùs  Chrift  eit  vnepi«.  rre,que  vous  dû 
tes  que  le  pain  eft  (on  corps. Ils  m'alléguèrent  le  partage  du  v  i.dei"ainttIean,où  îleftdir, 
Si  vous  ne  mangez  la  chair  du  Fils  de  l'homme,  &:  ne  beuuez  fon  fang,  vous  nauez  point 
de  vie  en  vous.  va.  A  u  mefme  chapitre  Ieiiis  Chrift  déclare  à  fes  difciples  ces  paroles,quâd. 
il  dit,C'eft  l'efprit  qui  viuifie,  la  chair  ne  profite  de  riendes  parolles  que  ie  vous  di,(ont  ef- 
prtt  &C  vie:cn  quoy  il  demonftre  la  vraye  manducatiô  de  fon  corps  eftre  ipirituclle,&:  non 
point  charnelle  ne  corporelle. 

Ils  demeuroyenttoufi  ours  fur  ces  parolles  de  Chrift,  Prenez,  mangez,  c'eft-cymon 
corps:alleguans  pour  toute  raifon  le  grand  temps ,  &  le  contentement  des  peuples  en  tac 
Auguft/ur  deregions  qui  l'auoycntainficreu&  entendu.  le  leur  di  que  S.  Auguftin  ne  lauoit  point 
le  6  de  s.   cntendu  autrcment,quandil  dit,Qu'eft-il  befoin  d'ap  prefter  les  dents  ne  le  ventrejeroy- 
SéU1S'  onsj&nouslauons  mangé.  S.  Auguftin  a  vefcuauant  quelatranflubftâciation  fuftinftî- 
tuee.parquoy  c'eft  à  tort  que  vous  dites  que  nous  tenôs  vne  foy  nouuelle,veu  que  ie  vous 
la  prouuc  ancienne .    Puis ,  ils  pourfuyuoyent  toujours  auec  céfte  feule  parolle  de  Iems 
Chrift  ,&auffi  auec  quelque  railbn  humaine,  difans  que  ce  grand  fecret  ne  le  peur  ainfi 
comprendre,maislefaut  laifTer  en  la  puiïîancede  Dieu,  &:  vouloyent  dire  que  ienecroy- 
oye  point  que  Dieu  eft  tout-puùTant.Ie  leur  refpôdi  que  c  eftoit  vn  article  de  ma  foy.-Mais 
ie  ne  croy  point  qu'il  face  quelque  choie  contre  fa  parolle  :  car  par  icellc  il  nous  a  déclaré 
fa  volonté  mefme. 

Povrsvivans  ceproposilsmirentenauantqueleshuiseftansfermezoùlesduci 
pies  eftoyent  afTemblez,Iefus  Chrift  entra  &c  fe  trouua  au  m iheu  d  eux,&  concluoyët  que 
comme  Iefus  entra  en  la  maifbn,  qu'auflî  fait-il  en  leur  pain.Ie  leur  demanday  s'ils  me  lau 
royét  bien  monftrer  qu  a  cefte  heure-la  il  fuft  en  vn  autre  lieu  :  ou  que  de  tout  le  teps  qu'il 
a  efté  fur  la  terre,  il  aitefté  en  vne  mefme  heure  en  diuers  lieux  corporellement.  le  n'eu 
point  de  refponfe,finon  que  i'eftoye  encore  trop  ieune  pour  entendre  les  Efcritures,conu 
iideré  que  ien'auoye  point  efte  aux  eftudes.  le  leurrcfpondi  qu'il  ne  tient  pointa  beau- 
coup cftudier,  mais  faut  que  le  Seigneur  y  befongne  par  fon  faind  Efprit .  Car  làin<ft  Paul 
x.Tim.3.7  parlant  de  ceux  qui  par  leur  eftude  veulent  auoir  la  cognoùTancedes  Efcritures,dit,qu  ils 
font  touliours  apprcntifs,&  iamais  nefauent  venir  à  la  cognoiffance  de  l'EuangiIe.&:  au£ 
fi  Iefus  Chrift  dit  en  fainct  Matthieu,Pere,  Seigneur  du  ciel  &:  de  la  terre,  ie  te  ren  grâces, 
Matdui.rf  que  tu  as  caché  ces  choies  aux  fages  &  prudens:  mais  les  as  reuelces  aux  humbles,  voire, 
puis  que  ton  bon  plaifir  a  efté  tel.llsrepliquerenr ,  Vous-vous  eftimez  donc  eftre  de  ceux 
defquels  Iefus  Chrift  parle,  &:  par  con(èquent  plus  làuant  que  tant  de  milliers  de  perfon- 
nes  qui  font  au  monde  qui  ne  croyent  point  comme  vous.  Ierefpondi,queiene  m'efti- 
moye  rien  cognoiftre  finon  Iefus  Chrift ,  &  iceluy  crucifié  pour  la  fatisfa&ion  de  mes  pé- 
chez .    Puis  après  plulieurs  parolles  ie  leur  prouuay  par  letefmoignage  delà  fâin&e  Ef- 
vfâ  gc,  criture,  que  la  Diuinité  ne  peut  eftre  comprife  ni  enferrée,  mais  qu'elle  replie  le  Ciel  &c  la 
"  La  vérité  terre.  Efaiedit,  Le  ciel  eft  mon  fiege,  &  la  terre  eft  mon  marchepied.  &:  par  le  ly.dcs  A£L 
côtraint  les  j)jcu  a  faiz  \e  môdc,&:  eft  Seigneur  du  ciel&:  delà  terre,  &:  n'habite  point  es  fftmples  faits 
d'zccmln  demains  ,&  n'eft  poinn  ferui  par  mains  d'hommes,  n'ayant  belbin  de  quelque  chofe.ÔC 
ce  qui  eft  aUy.des  A6t.oùS.Efticnnedit,queleSouuerain  n'habite  pointés  temples  faits  par  mains 
doanalT"  d'hommes.  "  Ils  m'accordèrent  en  partie  ceci:Mais,dircnt-ils>  d'autat  q  l'humanité  eftoit 

conioin- 


Jean  des  Unifions.  S 71 

COOiointcàladiuinité  ,  qu'elle  habicoit  auffi  en  leur  pain:  non  point  qu'elle  y  fuft  toute 
<jomprinlè,rnais  en  partie. le  leur  di,quc  félon  là  Diuinité  ileft  iiKomprohenfible,&  que 
iclon  ion  humanité  il  n'eft  plus  au  monde  :  &  leur  prouuay  par  le  vi  i  i.des  Hebrieux ,  où 
il  cft  dit,  Que  s'il  eftoit  fur  terre  il  neferoit  point  Sacrificateur.  Se  comme  il  clt  dit  au  pre- 
mier chap.des  Ades,  Ccftuy  lefus  que  vousauez  veu  monter  au  ciel ,  viendra  ainû"  com- 
me vous  l'aucz  veu  môter  au  ciel.&:  par  le  deuxième  chap.des  A&es,  où  faind  Pierre  dit, 
Dauid  a  'eft  point  môté  au  ciel,  mais  il  dit,Le  Seigneur  a  dit  à  mon  Seigneur,  Siyds-tôy  à 
madextre,iufquesàceque  ie  mette  tes  ennemis  la  lcabdle  de  tes  pieds.  &  pu  le  vingt- 
quatrième  de  lâinâ Matthieu,  Ainfi  que l'efclair  apparoir  de  l'Orient  iulqucs  en  Ceci- 
dent ,  ainfi  fera  l'aduenemcnt  du  Fils  de  l'homme.  &  pareillement  par  le  troiliemc  chap. 
des  Actes,  où  ileft  dit ,  Qu'jlfaut  que  le  ciel  contienne  lefus  Chrift ,  iufques  au  lourde  la 
reftauration  de  toutes  chofes.  COr  après  auoir  fait  quelques  argumens ,  &£  voyans  qu'ils 
ne  pouuoyent  profiter,  par  grandes  menaces  ils  vouloyenttouiîours  maintenir  leurs  fa- 
bles. Et  quand  on  leur  prouuoir  ouucrtement  leur  tort,  fi  eft-ce  que  toufiours  la  fin  eftoic 
vne  rnefme ,  aiTauoir ,  alléguer  à  toute  fin  celle  meime  parollc ,  Prenez ,  mangez,  creft-ci  j^'J^ 
mon  corps:&: corne  de  propos  délibéré  demeuroyent  obftinez  fur  celle  feule  allégation, 
ennous  condamnant  côme  gens  reprouuez  de  Dieu.  Voila  le  principal  poind  de  la  pre-  ^cL  Ccnc. 
mieredifputequci'ay euëauecles  Preftres.  ^  Enuiron quinze ioursapres,dercchef  vin- 
rent parler  à  moy,efyeians  de  gogner  fur  moy  quelque  chofo 

au  Seigneur,iay  elle  gardé  par  luy    fuis  certain  qu'il  m'affiftera  iufques  à  la  fin. Premiè- 
rement, on  me  demanda  li  ie  ne  m'eftoyc  pas  encore  aduife  depuis  la  dernière  fois  :  le  ref- 
pondi,queien'cftoyepasli  muabledefi  toft  changer  defoy,vcu  quelle  cft  fondée  fur  fer 
me  perfualion  ôcafieurance  des  chofes  qui  n'apparoifient  encore .  Mais  fi  vous  me  faucz 
monftrcrparlafainc-leEtcriturequeiefuis  errant  en  aucuns  pointtsdc  mafoy,  ieveux 
/eccuoir  corredion .  Ils  me  mirent  derechef  en  auant  le  rnefme  poind  qui  plus  les  fafche, 
aiTauoir  la  Cene:&:  me  demandèrent  fi  ce n'eftoit  point  vn fuffifant  telmoignage,Que les 
trois  Euangcliftes  partons  tous  d'vn  rnefme  accord,  difent,  Prenez,  mangez,  c'eft-ci  mon 
corps  qui  eftliuré  pour  vous  î  le  relpondi,  que  i'en  auoye  amplement  rendu  raifon  la  pre- 
miere fois  qu'ils  parlcrct  à  moy: mais  que i'adioufteroye  encore  ceci,Que  les  anciens  Do- 
cteurs qui  eftoyent  long  temps  auparauant  que  le  concile  de  Latran  euft  engedré  la  belle 
traruTubftantiation  (qu'ils  allcguét)  du  pain  au  corps  dcChrift,  l'ont  entendu  Ôdahîé  par 
leurs  eicrits  comme  nous  le  croyons  &:  entendons .  Car  faind  Ambroifeau  liuredes  Sa-  Les  Do- 
cremens  chapitre  premier  ,dit  ,  Qu'en  la  Cene  nous  recelions  le  Sacrement  comme  la  fi.  ^rs  aa" 
militude  de  la  chair  &  du  fang  de  noftre  Seigneur  iefus  Chrift  :  mais  nous  obtenos  la  grâ- 
ce de  fa  vraye  nature.Et  en  reccuan t  le  pain,  en  celle  viande  nous  fommes  participans  de 
fa  bonne  fubftancc.Là  rnefme  il  dit,  Ainlî  que  nous  auons  reccu  au  Baptefmc  la  fimilitu- 
<le  de  rnorr,  ainfi  pareillement  auons-nous  beu  en  ce  Sacremet  la  fimilitude  du  précieux 
fang  de  Chrift .  Ils  me  refpondirent  que  ie  n'auoye  point  leu  tous  les  liures  de  faind  Atn- 
broife:&: que  pour  vn  poindquei'allcguoye,  ils  m'en  monftreroyentdix.Iclcur  di,  qnon 
feulement  faind  Ambroifc,  mais  plulieurs  autres  nel'auoy  ent  entendu  autrement  :  mef- 
meTertullien  qui  a  elle  enuiron  deux  cens  ans  après  les  Apoftres,  m'aenfeignéau  qua- 
trième liure  contre  Marcion ,  co  m  ment  ie  doy  entendre  les  parollcs  que  tant  vous  m'al- 
leguez:Chrift,dit-il,apr  es  auoir  prins  le  pain,  &:  diftribué  à  fes  difciples,lc  fit  fon  corps,cn 
difant,  C  eft  mon  corps,  c'eft  à  dire  (dit-il)  le  figne  de  mon  corps.  S.  Auguftin  ne  l'a  point 
entendu  autrement  cfcriuant  contre  Adimantus,difcipledcManichecen  l'epiftreix, 
difant,Lc  Seigneur  n'a  point  fait  difficulté  de  d  irc,C'«ft  mon  corps,quand  il  donnoit  le  li- 
gne de  Ion  corps.Ie croy  auec  S.Hilaire  au  liure  8 .dclaTrinité,que  le  pain  qui  eft  dclcédti 
ducicl,n'eftrcccu  finôdcceluy  qui  a  le  Seigneur, &quicft  vraymebre  d'iceluy.  Ccux-Ia 
ont  vefeu  auant  q  voftrc  tranlTubftâtiation  fuft  coceue.  Si  donc  iccroy  auec  eux,  ma  foy 
n'eft  point  nouuelle,mais  plus  anciéne.Lors  Fvn  me  dit  qu'il  auoit  vn  liure  faitdcs  fentér 
ces  des  anciens  Dodeurs,auqucl  il  me  môftreroit  bien  autremét:&  l'cnuoya  qucrir,mais 
à  ce  que  i'apperceu,cc  n'eftoit  que  pourvneelchappatoire.  Voila  les  principaux  poinds 
quei'ay  eu  auec  eux  touchant  le  Sacrement  de  la  Cene .  Quant  aux  autres  poinds  on  ne 
m'en  a  parlé  que  bien  peu.  Prenez  en  patience  mes  fimples&:  petites  confeilions.  Le  Sei- 
gneur loit  noftre  protedion  6c  defenfe,&:  vucille  garder  nos  efprits,ames  &:  corps  entiers 
U  fans  rcproche,iulqucs  à  la  iourneè  de  noftre  Seigneur  lefus  Chrift,auquel  foit  gloire  & 
empire  maintenant  &  à  toufiours-mais,  Amen. 

DDd.  iii. 


ENTR 

conf 


Liure  VIL  Jean  d&  Suifom . 

R  E  autres  epiftres  de  I ©an  des  Buiflons ,  nous  auons  ici  mis  celle  ^ui  s'enfuit,  cfcrite  à  fa  mcrç  pour  la 

îfoler  fur  fi  mort  qu'il  fentoit  prochaine. 

À  trcfchere&bonnémercpuis  que  le  Seigneur  me  donne  temps  &  moyen,  ic 
ivous  veux  bien  faircfauoir  de  mes  nouuelles,voire  comment  leSeigneur  mefauo- 
rile.  Car  tout  le  temps  qûefay  efté  captif,  fayrcceu  plusdeconfolation'&:  -ûîôuucmens 
iR.oc1.14. i7  d'elprit  (  lefquels  faind  Paul  appelle Ioye  au  fàin&  Efprit-}que^  nW^nques  aupara- 
uant ,  &i  lesquelles  croiifent  Journellement &:  de plusert  plus  *  félon  que  le  Seigneur co- 
gnoift  quei'en  ay  befoin.Etcotnbiéquedemoy-mcfmefefiiisle  plus  infirme  qiaifcpuit- 
fe  crouuer,(i  eft-ce  que  le  Seigneur  m'a  grandement  fait  feritir  fa  prelèncc,  tellement  que 
fc.C0Mt.1b  ie  m'elîouy  auec  laine*  Paul  en  mes  infirmiez,  en  iniures i *  en  perfecutJotis;cn  angoiffes 
pour  Chriftrcar  quâd  ie  fuis  foible,  c'eft  lors  que  ie  fuis  pUnTant,  Ainfi,rna;tre£aimee  mè- 
re, (ac  h  çz  de's  que  mes  deux  frères  &:  moy  fufmes  prinsenfembielexxvi  i  1  tdeMay,lefer* 
uiteur  de  la  prifon  nods  vint  dire  qu'il  nous  fàloitallcr  à  là  Vierfcharé(ceftàdire,àia'haii- 
le,  où  (e  tiennent  les  caufes  criminelles.  )  màft  ien  en  fu  point  efpouuâtc  pour  ceftà  voix: 
&  combien  que  iefeeuffe  que  nous  ne  receurionsferïcettce»de  condamnation  fitnseftre 
iritèrroguez ,  &'qué cependant îedeuffeauoir  quelque  relafefteVfi  eft-ce  que  quand  on 
noùs  vint  quérir  tous  trois  pour  y  aller,  rlmelèmW 

mon  c'Ccur.Etenside retournes  prifon niers  malfaiteurs  éfTayerWderoirpttJt&pRfenss 
Ifhi^tz    ce  3UG  nay^rïspeu  fàirc,rls  s'accordèrent  enfèmble  auecleferuiteur  delà geoî^leqtrel  les 
d«  pnfons  mit  iiôrs,'noii  par.h  porte  d  e  deuant:  m  a  Js(comm  e  on  nou  s  menoit  Je  (oir  eu  la  foue)il  les 
d'Anucrs.    fic cuader  par deitusles milles d'vne prochaine maifon .  Aueceùx  fortéerit  deux  denos 
•    frerés,&  urufTe  bien  efté  du  nombre,  carl-huism'eftoitouucrécc^meàctrx'i  tt\aisk$t% 
gneur  m'en  ofta  la  volonté. mais  qui  m'euft  dit  a'uparauant,  Telle chofe  àduicn4ra,i'éuf- 
fe  bien  dit  que  ie  fuite  (orti .  Toutefois  ie  m 'cfiouy  grandement  de  ce  que  Dieu  m'a  ainû 
retenu  :  car  tout  ce  qu'il  fait  vient  à  bonne-fin  rs'il  luy  plaift  m  e  deliurer  du  tour  &  mettre 
fin  à  mes  péchez  pour  ne  le  plus  ofFenfer,  cVmefaïre  participant       grâce  jaquellehous 
pof|ederons  après  cefte  vie ,  &  laquelle  nous  cc*:ehipJons  ici  des  yeux  delà  fov .  le  feray 
tres-heureux  d'cft're  participât  de  celte  béatitude  &  félicite'  éternelle:  &  âinfi  fi  les  autres 
font  deliurez  d'vne  prifon  ,  ie  Seigneur  m'en  deliurera  de  deux ,  aflauoirià  fifTiie  de  cefte 
pnfon,ieferay  auffi  deliuré  delaprincipalé&plus  maudire,  quiefi  macliair.  Ëtainiî  puis 
que  le  Seigneur  me  monftre  par  efîect  que  c  eft  ialaincteôt  bonne  volonté,  i  eh  tire  gran- 
de çôfoIation,fachaht  que iufques  à  lafin  il  me  fortifiera,*  ce  que  ie  puifîë  dlfé^iiéc'iàinâ: 
i.Tim4.7&  Paul,I  ay  bataillé  bonne  bataille,iay  acheué  mon  cours,  i'ay  garde  la  foy:  &  quataù  refte, 
*  la  courone  deiuftice  m'eft  gardee,laqlle  me  rédra  le  Seigneur  iufte  luge,  &  ndri  lèulemet 

à  moy,majs  à  tous  ceux  qui  ai  met  fon  aduenemet.  Auffi,m  a  cheré  met  e,  ic  vous  veux  bié 
faire  faudir,q  quâd  on  nous  mena  àlaVier{chare,iefu  toutlepremier,auqneJ  ieftiârkgta- 
uc  demada  »  ie  vouloyc  vn  aduocat.Ie  luy  di,que  s'il  luy|>lailoit,ierefpôdrove  pour  rhoy- 
mefme.Lorsil  fit  lire  ce  qu'il  aubit  tiré  de  ma  Confcliion,afiauoir,  couchant  rÂ/fcrrïbîce: 
puis  des  Sacremcns,ôidela  Confefiïon  aùriculairercomme  vous  pourrez  coghoîftrepâf 
meluitesconfeffions&refponfes.  Quand  il  demanda  aux  autres  s'ils  voulovct  parler  par 
adubcats,ils dirent  comme  moy:&  fufmes  auffi  remis  à  mcfmes procédures  &c  ïours. 

De  p  v  1  s  i'ay  efté  par  deux  Vendredis  à  la  Vierfchare:  mais  i'ay  efte  remis  au  xi  x.dc 
May.&  me  tien  comme  pour  afleuré  de  receùpir  fentence.ie  di  félon  lapparencequé  i'en 
puis  apperceuoir,combicn  que  les  iours  lèprolongent:  mais  à  Dieu  en  foit  la  glbire&:  ho- 
neur.Ienefuis pas efpouuanté delà tres  heureufefentence  que  Dieu  me  veutfaïrerece- 
uoirpour  laquerclledefonNomcmoyjdi-ic^ui  nefuisqù'vn  poure  ver  de  terre.  Ôquel- 
legracedenoftrebon  Dieu  !  car  quand  ils  penferont  me  faire  ipoùrir,  ce  fera  lors  qu'ils 
medeliurerôt  de  la  mort  pour  me  mettre  en  pleine  iouyflance  dèla  vie  erernellé;&:'pbur 
contempler  la  gloire  du  Seigneur, &  cftre  pleinement  conioinr  à  mon  Chef&  EfjpouxIe- 
fusChrift .  Le  Seigneurm'enfacelagrace,&:Tne  fortifie  tellement  Se  me  vueille  tant 
bien  armer  de  fes  grâces ,  que  quand  ils  penieront  m'auoir  du  tout  abyfmé,  qu'alors  i  ob- 
tiennepleinevidoirepour  tnôpher  auecques  mon  Capiraine&protedeur  Iefus  Chtift. 
A  luy  foit  gloire  maintenant  &:  au  fiecle  des  fiecles.  ^  A  v  refte,  matrefcherecV'piUs 
quhonnoree  mere,ie  vous  eleri  cefte  mienne  recommandation  prenant  congé  de  vous: 
en  vous  priant  que  demeuriez  toufioursferme  en  voftrebon  commécemcnt:&:  puis  que 
le  Seigneur  vous  a  mile  au  droit  fenticr,  que  vous  regardiez  toufiours  deuant  vous  lans 
vaciller  à  dextre  n'a  feneftre:nefcoutâc  point  toutes  manières  degés,  niais  ceux  qui  fohe 

menez 


no- 


Tkfietirs  t&tartyrs  à  II  [le,  J71 

menez  Je  l'Esprit  de  Dieu,<lçfquels  vous-auez  bon  tefmoignage.  Aiusi,mamerc,icvous 
prie,8£tous  mes  amis  aufqnelsDieuadoniaêJa  eognoùTance  de  fa.parolle,  qvous-vous 
employez  à  cheminer  cnrondetrr.de  cpniciencc<*&nnant  exemple  aux  poures  ignoras: 
ôcque  foyez  comme  lumière  pour  lesjéfclairer&Dèftre  conduits  à  la  droite  voycdeialut. 
S'ils  fët  maUuais,obftinez,&  mefdifans  de  Vou  suites  corne  dit  S.Pierre,q  par  voftre  bô- Pier.z.ii. 
ne  conuerfation  vous  les  faciez  caire.Quc  filous  faites  les  mefmes  chofes  qu'ils  font ,  &: 
que  vouscommuniquiezauxmefmesmaux&Uïperftitions  qu'ils  font,  voftre  lumière 
iraefteintc&aulieuquc  deutiez  eftre  pour  exemple  aux  fimples.,  vous  leur  ferez  en  d'eftre'^ 
icaiidale,retardant  ceux  qui  pourroyentauoir  quelque  commenceméten  laparolledu  tecs- 
Seigneur. Tout  mon  defir  èft  feUlemët  quelle  Seigneur  foirgloiifié  en  toures&Cpar  tou- 
tes chofes  :  que  fi  nous  auons\aie  fois  cefteaffeto  tout  ira  bien,  &.nous  gar- 
derons entant  qu'il  nous  ierapoflïble,quc  perionne  nefoit  orTcnfé  ennous.  Le  Seigneur 
donç  vueille  garder  vos  corps,ames  &c  efprits  entiers  &fans  reprôche,iufques  à  la  grande 
iournee  du  Seigneur  Icfus.,,  A  u/u\  ma  chère  jnere^ie  vousprieque  ne  regardiez  point  ii 
le  mondeaejpLmcfpris&horreur  ces  afflictions  :car  i'eftimeque  le  Seigneur,  vous  afaiç 
ccfl;egrace  que  quand  là  viendra,les  prendrez  à  grand  honneur,  Quant  à  moy  ieme  tien 
pour  hien-heureux:GÔmeayanE  le  plus  grand  bien  &:  honneur  quels  Seigneur  rne  pour- 
voit faire,  de  m  appeler  à  cefted^  Au  Roy  des  liecles  immortel  inuiiiblefojt  hon- 
neur &  gloire  à  toufiours^mais,  Amen. le  vous ;prie  me  recommander  à  tous  mes  parens, 
en  prenant  congé  de  vous  tous  iniques  à  la  iournee  qu'iUuy  plaira.nous  mettre;  tous  en- 
fembleen  l'on  Royaumc,pour  pofîeder  la  vie  bien-heuieuie,  laquelle  il  a  promife,  à  tous 
ceux  qui  l'aiment.  Efcrit  le  15, iour  de  May. 

E  faind  periônnage donc,apres  auoir  vertueufement  fouftenu  le  tefmoignage  de  l'E- 
!  uangileduEils  de  Dieu>fut  toft  après  codaDuiéilamort^  fit  4'autât  qu'on  çraignoit 
qu'il  aduinft  tuniulte  &;.fediçipn  en  ladite  yilJed'Anuers  ,ti(nt  décapité  en  la  prifon  de 
nui^enuirpnd'vneàdeux  heures:à  la  gloire  de  Dieu  &  confulion  des  ennemis. 


Petfecution  continuée  h  Flsle  en  Flandre. 

PIERRE    LE    PETIT.    IËAN   DENIS.  SIMON 
GVILMIN.    SIMEON  HERME. 

PRES  la  mort  des  deux  defTufdits ,  la  fureur  de  la  perfècution  s'enflamma  M.p  .1x1. 
de  telle  manière  en  la  ville  de  rifle,qu  on  y  executoit  de  dernier  fupplice  no 
feulement  ceux  quifaiibyentprofeiïîon  de  la  vérité  du  Seigneur,  cV  qui  per~ 
feucroyent  çonftamment  en  la  confefsion  d'icelle  :  ma/s  aufsi  ceux  lefquels 
SanTencores  debiles,eftoyet recerchez  fur  propos  tenus  ou  à  la  légère ,  ou  delongtéps 
misenauant.  On  n'y  tenoit  autre  différence  entre  les  vns  &  lesautres,finonaugenredu 
fupplice  :  les  premiers  cftans  brullez,&:  les  autres  décapitez.  Mais  nous  fanons  eftat.  de 
ceux  feulement  aufque! s  par  grâce  l'pcciale  il  aefté  donné  de  confefTer  en  vraye  côftan- 
ce  icelle  vcrité,&:  lafeeller  de  leur  fang. 

En  t  re  lefquels  PIERRE  PETIT,fcrgierde  l'Ifle, après  auoir  donnéconfeL 
fionconftautedeuant  leMagiftrat&  le  peuple,  fut  brufté.  SIMON  G  VILAIN* 
bonnetier,&:  IEAN  DENIS  aagé  enuiion  dedans  :qui  ettoyent  du  petit  troupeau 
parqué  maugré  les  aduerfaires  en  ladite  ville,furé"t  bruflez  vifs,Ies  bouches  leurveftât  bail 
lônees,  afin  qu'ils  ne  parlaifent  au  pcuple.S  I M  E  O  N  HE  R  M  E  coufturier  de  BaiTee, 
futaceufé  d'auoir  ditpafle  longtéps  quelques  propos  contre  leglife  Romaine,  Les  tef- 
moins  luy  eftans  confrontez  en  la  maifon  de  la  ville,leMagiftrat  le  condamna  à  eftre  dé- 
capité. Etcômc  leur  façon  défaire  porte  ,1e  bonetluy  eftant  ofté  après  la  condânation,  Façon  de 
futrenuoyéenprifon.  En  attendant  l'heure  du  fupplice;  on  luy  enuoyadesCordeliers  p^ederéf 
pour  le  confelTer,  ou  pluftoft  pour  le  tourmenter,  à  leur  façon  accouftumee:  aufquels  ce  Sindiwi 
fainci  perfonnage  bien  munidelaparollede  Dieu,donnaamplera.enw.cognQiftre.qtvil  l'ifle. 
n'eftoit  pas  celuy  qu'ils  eftimoyent.Ces  Cordeliers  retour nans  vers  ceux  qui  les  auoyenc 
çnuoyez,nrent  rapport  que  ce  Simeoneftoit  le  plus  grand  hérétique  de  tous  les  autres. 
Quoy  oyans  les  Seigneurs  de  la  ville,  le  firent  foudain  reuenir  en  ipgement  ,  en  luy  ren- 

DDd.iiu. 


Liurc^t  VIL  Caufes  remonftrees  au  Ray 

uoyant  ion  bonnet,  pour  ligne  qu'on  reuoquoiclafenterice  première  prononcée ,  pour 
de  nouucau  luy  faire  fon  procez.  Par  ce  moyen  Simeon  eut  qu  slque  loifir  de  difpofer  de 
fesafFaires:dcconfolei&:  conforter  les  amis  par  lettrcs,n'eftimant  rien  les  tourmens&la 
mort  qu'il  attendoit.  Trois  iours  après  on  luy  prononça  vue  fentenec  d'autre  genre  de 
fupplicc,arrauoir,demourireftantbruflcvif,&  l'on  corps  réduit  en  cendres.  Cechange- 
nventdefupplicecneffectmanirefta  la  vertu  admirabledu  Seigneur  à  toutle  peuple  do 
llfle,  de  tant  plus  cxcelléce,  quele  martyre  fut  grad:  &:  qu'en  paix  il  fit  repofer  ce  fien  1èr- 
uiceur  Simeon  au  milieu  de  l'horreur  des  flammes  allumées. 

LES  remonsTrances  &*  Confifiion  de  foy  ^e  firent  en  ce  temps  les  fidèles  du  pays-bas  fuhkft  au  Roy 
d'Efyai9ne->pour  eftrc prefentees  à  la  Cour  duait  Seigneur. 

p$3V  milieu  de  ces  cjifperfions,  &:  rigoreufes"  pourluittes  cotre  ceux  de  la  Rcligiô,&:  par 
Caufes*  ^^feux&:  par  eaux,  corne  il  a  efté  recité  >  on  drefTa  d'vn  comun  accord  vnc  Côfeflîon 
raïfonjre-  de  Foyauroy  Philippe,  laquelle  fut  publiée  auec  Remonftrances  aux  Magiftrats  defdits 
phi-  Pais  :  *cur  donnans  a  cogttoiftre  par  icclles  combien  c'eftoit  chofe  dure  &c  inique  de  iugér 
lippe.      &:  condamner  auparauânt  que  d'ouir,n'eftantpoflîble  d'entendre  le  droidt  d'vnepartie 
à  laquelle  on  dénie  l'audience.Suppliants  à  cefte  caufe  le  Roy  &  fes  Magiftrats  de  les  vou 
loirentedre,  &  en  cefaifantdereceuoif  leurjConfcûnon:laquelle bien  leuë,furïiroit  pour 
leur  monftrer  qu'ils  cftoyentcondânez  par  iniuftice  :  laquelle  ils  difoyent  venir  de  deux 
genres  d'hommes  tranfpoVtez  de  côtrairesafTectaons,&  tous  deux  neantmoins  tendans 
â  ce  but  de  forcer  par  importunité  les  fentences  des  Iuges,pour  s'en  fèruir  à  leur  cruauté: 
les  vns  pouffez  d'vn  zele  incofideré  ô£  appuyé  fur  vn  erreur  cômun  6c  înueteré:  lesautres 
pouffez  d'vne  certaine  crainte  qu'ils  ont  de  l'Euangilccontraireà  leur  impieté,  auarice, 
ambition,pailiardife,homicidcs,yurorrgneries>&  autres  mefehanectez  :  auquel  partant 
ils réfiftoyent  deleur pouuoir .  Que  c  eft  vne grande  outrecuidance  à  l'homme ,  d'ofer 
condamner  comme  coulpableceluy  qui  ne  fe  confole  &  rie  sJappuye  que  iur  Iefus  Chrift 
&:  fa  parolle,pour  maintenir  les  ordonnances  forgées  des  hommes.  Qu'auparauant  facuir 
en  leurs  perfbnncs,ilfalloitles  conuaincre  d'eftre  hérétiques  par  le  texte  de  la  Bible  ou  do 
rEuangile,fans  oppofer  pour  toute  railbn  des  feux,  couper  les  langues,  &  fermer  auec  a- 
graphes  les  bouchesdeceux  qui  nedefircntquemonftrerlcurdo&rinecftrefondcc  fur 
la  ferme  pierre  qui  eft  Iefus  Chrift:  la  parolle  duquel  eft  lefeul  glaiuefpiritueI,quiydoic 
L  fubftâce  &Peutrcmedier- 

dcUcon-6  Qj  a n  t  à  leur  Confefsion de  foy  qui eftoit  longue,  pource  quelle fepeut  ailleurs 
fcfsion  de  voir  au  long,nous  dirons  feulement  qu'elle  portoit  en  lubftance ,  Qu'il  y  auoit  vnefeulc 
paSb"  &fimplecflehccfpirituclIc,laquellenous  appelons  Dieu cternel,incomprehenfîbIe, in- 
Que  c'efl  uifible,  cognu  par  le  monde  créé,  conduict  &  gouuernc  d'iccluy:&:  plus  manifeftemenc 
De^fahi  cncorcs  Par  ^  tàn&c  parolle.  Que  tout  ce  qui  eft  contenu  en  la  fâincte  Efcriture  eftoic 
ûcEfcritu-  creu  par  eux,non  tant  pource  que  l'Eglife  l'a  receu&:approuué,que  pource  que  lefâinâ: 
«•  Efprit  le  tefmoigncainfi  au  cœur  des  croyans  :  &  fe  deuoit  bien  chacun  garder  d'y  adiou- 
fter  ou  diminuer,mcflantla  fapience  humaine  parmy  la  fapience  diuinc:touthomme  e- 
DViifetil  ^ W  menteur,&: fà fageffene  pouuant  eftre affubiettie à  Dicu.Quc fuyuant  cefteverité, 
Dieu  en  ils  croyoy  ent  vn  feul  Dieu  en  effence  &  fubftancc ,  Se  trois  perfonnes ,  Pere ,  Fils  &  fâinft 
iroispcrfon  Efpric,chacun  en  fa  fubftance  diftinctcs,&  là  propriété  à  part. Que  Dieu  après  auoir  crée 
le  ciel  &  la  terre ,  ne  nous  abandonne  à  l'aduenture ,  mais  nous  conduit  par  fa  prouiden 
De  l'home;  ce.  Qu'il  a  créé  l'homme  de  la  terre,  faict&  forme  à  fon  image  &:  femblance,bon,  iufte&: 
D  fain&,&:  tout  parfàict.  Que  par  la  dcfobeiflance  d'Adam  le  péché  originel  a  cfté  efpandu 
or"Jnc!.C  au  genre  humain ,  fans  qu'il  foit  aboli  par  le  Baptefme  :  combien  qu'il  ncfoit  toutesfois 
imputé  à  condamnation  aux  enfans  de  Dieu  par  fa  grâce. 

Que  Dieu  par  fa  merueiUeufefagefTe&:  bonté  s'eft  luy-mcfmcs  mis  àccrchcr  l'hom- 
me lors  qu'il  s'enfuyoit  de  luy,&:  depuis  a  accôpli  la  promeffe  faicteaux  Pères  anciens  par 
Du  fils  de   ja  Doucrie  des  faindts  Prophètes,  e  n  enuoyat  fon  propre  Fils  &:  éternel  au  monde,au  téps 

Dieuenuo-       «         >        i  i  «     •  V      •       i   i  1  ' 

yéaumon-  ordonne  par  luy,  vray  homme,  auec  toutes  les  innrmitcz  delà  nature  humaine,  excepte 
d*.  pèche  èc  qui  a  efte  le'grand  Sacrificateur ,  àc  s'eft  prefenté  en  noftrc  nom  deuant  fon 
Pcrcpour  appaifer  fon  ireauec  pleine  fatisfaction,en  s'offrant  luy-mefme  fur  l'aatcl  delà 
croix,  &qefpandant  ion  précieux  fàng  pour  la  purification  de  nos  péchez ,  ainfi  queles  o- 
raclesdes  Prophètes  le  contenoyent-  Que  par  la  grand' cognoifTance  de  ce  grand  myftc- 
rc  le  fainct  Eiprit  vient  apparoir  en  noftre  cœur  par  vae  vraye  foy ,  laquelle  cmbrafTc  Ie- 
fus 


par  les fidèles  du  pais-bas.  jjfj 

fus  Chrift  auec  tous  Tes  merites,&  le  fait  ficn,&necerche  plus  rien  hors  deluyrcom mefa- 
chant  que  tout  ce  qui  eft  pour  noftre  falut  eft  en  luy,  &  qu'il  n'eft  demy  Sauueur.Que  les 
cérémonies  &:  figures  de  la  loy  ont  ce/Te  à  la  venue  de  Iefus  Chrift,&  les  ombrages  ontdcULoyà 

Eris  leur  fin  :  &c  que  partant  l'viâgc  en  doireftre  ofté  entre  les  Chreftiens,nous  demourat  Jj^J^ 
l  vérité  &:  mbftâce  dlcellcs  en  Icfus  Chrift,  en  qui  elles  ont  eu  leur  accompluTemér.  Que  fcui  Media, 
n'auons  aucune  approche  vers  Dieu,finô  parvn  feul  médiateur  &c  aduoeat  Iefus  Chrift, tcur  &  Ad: 
n'eftant  poflSble  d'en  trouuer  vn  plus  amy,ayant  mis  {à  vie  pour  nous  lors  les  ennemis:  ne  u°"  " 
qui  tant  ai t de  crédit  &c  de  puùîance  au  ciel  ni  en  la  terre,  ne  qui  iltoftfoit  exauce  que 
luy  Filsde  Dieu  bien-aimé.Quepartantl'inuocationdesSain&s  procède  de  desfiance  de 
lcfus  Chrift,&  ignorance  de  luy,  leul  voyc,  vérité  &c  vie.  Qu'il  y  a  vnc  feule  Eglife  Catho-  ^ho^te 
lique&  vniuerlelledes  fideles,attendans  leur  falut  par  Iefus  Chrift,laquclle  eft  déslecô-  &vnmerfcl, 
mencemcntdu  monde,&  fera  iufqucsàla  fin ,  &c  n'eft  fituee,  attachée ny limitée  en  vnIc* 
certain  lieu  ou  certaine fucceifion  des  perfonnes ,  ainseft  efpandue&difpfirfee  par-tout 
le  monde  :  ioin&e  ncantmoins  &:  vnie  de  cœurs  &  de  volontez  en  vn  mefme  Eiprit  par  la 
vertu  delafoy.  Qu'il  fc  faut  fèparer  félon  la  parolie  de  Dieu  de  ceux  qui  ne  font  point  de 
cefte  Egliiè  pour  le  ranger  à  icelle,les  marques  de  laquelle  font:  La  pure  prédication  delà 
parolie  de  l'Euangile,  La  pure  adminiftration  des  Sacremens  comme  Chrift  les  a  ordon- 
nez, La  dilcipline  Ecclefiaftique  pour  corriger  les  vices:&,pourabbreger,quand  en  tout 
on  fe  règle  fe.lon  la  pure  parolie  de  Die  u  tenant  Iefus  Chrift  pour  le  fcul  chef.  Que,  Dieu  Dcj  s^ 
ayant  eîgard  à  noftre  infirmité,  nous  a  ordonne  des  Sacremens ,  pour  feeller  en  nousfes  mcns  &  ' 
promefles,&:  nous  eftre  gage  de  la  bonne  volontés  grâce  d'iceluy  enuers  nous:&aufsin°mb"<ic 
pour  nourrir  & fouftenir noftre foy. Que  partantils {ontfignes vifiblcs*ierEglife  inuiû- deux* 
ble,  par  lefquels  Dieu  befongne  ennouspar  la  vertu  defon  Efprit:&  nefont  desfignes 
vains  &;  vuides,ains  ayans  Iefus  Chrift  poiur  leur  vérité ,  fans  lequel  ils  ne  ieroyent  rien. 
Qu'il  n'y  en  a  que  deux.  Le  Sacrement  de  Baptefmeau  lieu  delà  Circoncifion,par  lequel  ^"  îaptef" 
fommes  receus  en  l'Eglife  de  Dieu,&  feparez  de  cous  autres  peuples  àc  Religions  eftran- 
ges,dediez  à  Dieu,  portans  fa  marque  &  fon  enlèigne.  Que  le  Miniftre  nous  baille  feule- 
ment ce  qiii  eft  vifible,&:  noftre  Seigneur  donne  cequieftfigniné  inuifible ,  alfauoir  les 
dons  &  grâces,  lauant ,  purgeant ,  &c  nettoyant  nos  ames  de  toutes  ordures  &:  iniquitez, 
rcnouuelant  nos  cœurs,  &  les  rcmpliffantde  toute  confolation  &  afTeurance  de  fa  bonté 
paternelle,  nous  veftant  le  nouuel  homme,&  defpouillant  le  vieil ,  auec  tous  fes  fai&s  :  &C 
ne  doit  ce  Sacrement  eftre  rcitcré,&:  eft  profitable  aux  petis  enfans.  Que  le  Sacrement  Dc  h  Ceafc 
de  la  Sain&eCene  a  efté  inftitué  par  noftre  S eigneur,pour  nourrir  &  fufyftâter  ceux  qu'il 
a  défia  régénérez  6c  entez  en  fa  famille,  qui  eft  fon  Eglife  :  lefquels  ont  deux  vies,l'vnc 
charnelle &rautrefpirituclle.  Qu'en  ceci  Chrift  a  ordonné  vn  pain  terreftre  &  vifible, 
qui  eft  Sacrement  defon  corps,  &c  le  vin  defon  (ang:  pour  nous  teftifier,  qu'ain ii  q  nous 
prenons  &C  tenons  le  Sacrement  en  nos  mains,&:  le  mangeons  en  nos  bouches,&:  fuftan- 
tc  noftre  vie:aufïi  vrayemét  par  foy  receuons-  nou  s  le  vray  corps  8c  le  vray  fang  dc  Chrift, 
noftre  feulSauucur,en  nos  ames  pour  noftre  vie  fpirituelle:&:  ce  qui  eft  ainfi  migé&  beu, 
eft  le  propre  corps  de  Chrift,  Se  (on  propre  fang.  Mais  la  manière  par  laquelle  nous  le 
mangeons,  n'eft  pas  la  bouche,  ainslefprit  par  la  foy.  Et  par  ainfi  Iefus  Chrift  demeure! 
toufiours  afsis  à  la  dexcre  dc  Dieu,  &c  ne  laifle  pourtant  de  fe  communiquer  à  nous  par  la 
foy  en  v ne  manière  à  nous  incomprchenfible.  Que  cebanquet  eft  vnc  table  fpirituellc* 
en  laquelle  Chrift  fc  cômuniqucà  nous  auec  tous  lés  biens.  Que  le  mefehant  prend  bien 
le  Sacrement  à  fa  condamnation,  mais  non  pas  Chrift,qui  eft  fignifié  par  iceluy ,  &  eft  la 
vérité  du  Sacrement.  Et  pourtant  nul  ne  s'y  doit  prefenter  qu'il  ne  fcfoit  bien  efprouué 
foy-mefme.  Que  toutes  les  inuentions  des  hommes  &:  brouilleries  adiouftees  audift  Sa-  pcrorfre 
etementfont  a  reietter,  &  le  faut  contenter  de  l'ordre  inftitué  par  Iefus  Chrift.  QueTor-  politique, 
dre  politique  des  Rois  &Magiftrats  eft  de  Dieu  j&cneceifaire  à  fin  que  le  desbordement 
des  hommes  foit  reprimé,&:  tout  fe  conduifè  par  bon  ordre  cntrelcs  humains  :  &c  pour  o- 
fter&:  ruiner  l'idolâtrie  &:  faux  feruice  de  Dieu,  leRoyaume  de  l'Antechrift,&:auâncer 
ecluy  de  Icfus  Chrift.  Que  chacun  doit  eftre  fubiecl:  aux  fuperieurs ,  payer  les  tributs ,  les  De  la  venue 
auoir  en  rcuerence,&  prier  Dieu  pour  eux.Qu'au  temps  ordonné  dc  Dieu , Icfus  Chrift  àe  icfus 
viendra  du  ciel  corporellement  &  vifiblement ,  comme  il  eft  monte  auec  grande  gloire  chrift" 
&  maiefté,pour  fe  déclarer  eftre  luge  des  viuansfic  des  morts,  mettant  en  feu  &  en  flam^ 
me  ce  vieil  mon  de  pour  le  confommer .  ^  Voila  les  remonftranccs  qu'en  ce  temps  fi  di^ 
uers  firent  ceux  du  Pays-bas  à  leur  Roy. 


Livre  VIL  "Des  Eglifa  de  Tiedmont 

Touchant les  Egkfes  des  y  allées  <£*4ngrongne     autres  fonces  en  Piedmont^ayans  ett 
t exercice  de  la  Religion  parla  prédication  de  ÏEuangJe. 

iN  accord  fut  traité  en  ce  tem  ps ,  fur  lefai&de  la  Religion  entre  le  DucdeSa- 
|uoyc&:  ceux  des  vallées  de  Piedmont  appelez  Vaudois:  qui  fut  le  v.  deluinM.D. 
x  i .  pour  lequel  mieux  entendre,l'ordre  de  l'hiftoire  requiert  de  reciter  bref- 
uemcntlc  différent  furuenu  depuis  que  la  prédication  de  l'Euangile  commença  pubh- 
"Au  Hure  quemcnt  en  Angrongnc,commc  il  a  efté touché  ci"deuant.  Apres  l'accord  &c  le  traitté 
niuciïî^  de  paix  fait  entre  les  Rois  d'Efpaigne&  de  France,le  Duc  deSauoye  ayâtefté  reftitué  en 
*f7i>      fon  pais,  les  Eglifcs  du  peuple  Vaudois  &:  tous  autres  fidèles  du  pays  de  Piedmont  demeu 
rerent  par  l'efpaced'vn  an  ou  enuiron  ians  cftre  inquiétez  ni  moleftez.  C'eftoit  vn  bien 
lingulicr  que  Dieu  leur  faifoit, qu'ayant  changé  de  prince  on  les  laifToit  viure  paifible- 
ment.  Etdefaift  le  Duc  Emanuel  Philibert  ne  les  vouloit  point  tourmenter,  aimanc 
mieux  les  retenir  en  iafubie&ion  par  douceur  &  humanité,qu'autrement:  fâchant  bien 
qu'il  n'auoit  point  de  fubiets  plus  fidèles &: obeiffans,que ceux-la,  quoy  qu'ils  fuyuiffcnt 
autre  Religion  que  luy.  Mais  comme  Satan,ennemi  de  paix  &:  rcpos,tafche  toufiours  de 
LcDucirri-  mettre  diicord&:  querelle  entre  les  hommes,fufcira  gens,  qui  par  rapports ,  rufes  &:  me- 
té  contre   nées  irritèrent  le  Duc  à  l'cncontre  de  les  propres  fubiets.  Et  quoy  qu'il  euft  voulu  femô- 
fesfubicB.  ftrer  doux  &  humain  enuerseux,commc  tous  bons  princes  enfont.-tanty  aque  le  Pape 
&:  les  Cardinaux  l'incitèrent  à  faire  contre  fon  affe&ion.  Le  Légat  qui  fuit  fà  Cour,&  au- 
tres qui  fauorifent  à  reglifcRomaines'employoyent  par  tous  moyens  de  luy  perfuader, 
qu'il  deuoit  exterminer  tous  ces  Vaudois,qui  ne  tenoyent  point  la  religion  du  Pape:qu'il 
ne  deuoit  fouffrir  que  telles  gens  habitaflent  en  fes  pays,  au  grand  preiudice&  deshon- 
neur du  fiege  Apoftolique  :  que  c'eftoyent gens  rebelles  aux  fain&es  ordonnances,&de- 
Lacaufedej  crets  de  mcrefain&ceglife:  brief,qu'il  ne  deuoit  nullement  endurer  cepeuplefî  contrai- 
cnKc£t  rc au  ^in<^ ^cre' sil  ^  voulo'c monftrer  par effe&  fils  obeiffant. Tels foufflets furent cau- 
fedclaperfecutionhotrible&:  efpouuan table,  qui  dura  fî  longuement  à  l'encontredes 
pouresfubie&s  qui  eftoyent  en  ces  vallées  te  pays  de  Piedmont.  Or  d'autant  qu'ils  pre- 
uoyoyent  les  maux  &:  calamitez  qu'ils  auroy  ent  à  fouffrir,  pour  y  remédier,  s'il  eftoit  pot 
Remôttnm  fiblejtoutes  les  Eglifcs  de  Piedmont  d'vn  commun  accord  cnuoyercnt  quelques  remon- 
cesdes  Egli  ftrances  par  efcfit,  afin  d'eft;re  prefentees  au  Duc ,  &c  à  madame  la  Ducheffcaufsi.  Ils  re- 
fcï'        monftroycnt  en  fommè  qla  feule  occafion  pourquoy  on  leur  en  vouloit,&  pour  laquelle 
on  auoit  irrité  le  Duc  côtr  cux,eftoit  feulement  pour  le  fait  de  la  Religion  qu'ils  tenoyét, 
&  qu'ils  auoyentreceuédeicursanceftres,  qui  l'auoyent  tenue  par  fi  longue  efpace  de 
temps:  &:  que  ce  n'eftoit  point  vne  opinion  volage,  mais  qu'ils  fuyuoyent  la  pureparollc 
deDieu,contenue  au  vieil  &c  nouueau  Teftament ,  qui  eft  la  feule  &c  vraye  règle  de  bien 
viure,propofce  à  tous  Chreftiens:&  s'il  leur  eftoit  monftre  par  icelle,  qu'ils  eftoyent  en 
erreur,qu'inconrinent  ilss'en  corrigeroyent,&  receuroyent  volontiers  ce  qui  leur  fèroic 
enfeigné  par  cefte  Parolle  infallible.Mais  on  ne  fçait  pas  au  vray,  fi  ces  remonftrances  fu- 
rent prcfbntees  ou  non,pourcc  que  le  bruit  couroitquele  Duc  n'en  vouloit  ouir  parler. 
Quoy  qu'il  en  fbit,  enuiron  le  commencement  du  mois  deMars,la  perfecution  eftant 
drelTce  contre  les  poures  fidèles  qui  eftoyent  à  Carignan,foudainemcnt  quelques  fidèles 
"Autres  h  (àfauoirvn  nommé  "M  a  t  h  v  r  in  6c  Ib  a  n  n  e  iafcmmc,&:lE  a  n   de    c  a  r  q_v  i- 
MiTceiïr..  g  n  a  n  ,  qui demouroit en  la  valleede  Lufcrne,lequelauoitcftcprinsprifbnnier  allât 
au  marché  à  Pignerol)  furent  brûliez  dedans  trois  ou  quatre  iours.  Lafèmme  mourut 
fort  conftamment,exhortant  fon  mari,difant,Ayez  bon  courage,  monfrere,  carauioui- 
dhuy  nous  irons  enfemble  en  Paradis.  ^  Ce  bon  perfonnageleande  Carquignan  auoit 
defia  efté  prifonnier  plufieurs  fois  pour  le  faift  de  la  Religiô,&  en  auoit  toufloursefté  de- 
liuré  par  vnegrace  fînguliere  de  Dieu:  mais  fe  voyant  prins  cefte  dernière  fois,  dit  incon- 
tinent, Qu'il  fauoit  bien  que  Dieu  l'appeloit  alors.  Par  le  chemin,  en  la  prifon,&  fur  tout 
àlamort,il  monftravneconftanceinuinciblc,&:  vertu  admirable  tant  par  fa  pure  confef 
lion  &  franche  qu'il  fit  delà  do&rine  de fàlut,  qu'en  portant  atiec  vne  patience  merucil- 
leufeles  horribles  tourmes  qu'il  endura  en  la  prifon^Si  à  la  mort.  Plufieurs  s'enfuirentde 
là  :  \cs  autres  effrayez  d'vne  telle  cruauté,craignans  plus  Jjcs  hommes  que  Dieu,  &c  s'arou- 
fans  pluftoft  à  la  terre ,  qu'afpirans  au  ciel,  s'accordcrentde  retourner  à  l'obeiffance  èc 
l'eglife  Romaine.  Peu  deioursapres,  les  Eglifcs  du  peuple  Vaudois,  à  fauoir  deLarchç, 
Mcronne,  Mcanc,&Sufe,furcnt  affaillisfort  rudement. 

LES 


^Appelées  des  Vaudois.  J74. 

.^E  S  cris  publiques  furent  depuis  renouuclez,  Se  Iaperfccution  auffi  dreifee  plus 
"^cruelle  qu'auparauant.  Enquoylcs  moinesde  l'abbaye  dePignerol  entre  autres 
Vem  ployèrent  de  tout  leur  pouuoir.  Car  ils  auoyentdesgarnemens  à  loage,  qu'ils 
enuoyoyent  tous  lesiours  piller&faccager  maifons,  prendrehommes  &c  encans,  les  me- 
ner prisonniers  en  leur  moinerie.  De  ce  remps-la  ils  enuoyerent  de  nuict  vne  trouppe  de 
cesruftresaulieudeS.  Germain  en  la  vallée  delà  Pcrouie,lefquels  parle  moyen  d'vn  qui 
les  con  duifoit, s'en  allèrent  àlamaifon  de  m.  i  £  an  Miniitredudi&licu,  que  cetraiftre  m.iean 
auoit  cogneu  &:  hanté  priuément.  Le  traiftre  appela  ce  bon  perfonnage,  qui  entendant  ^^^j1* 
la  voix,  le  leua  &:  forcit  incontinent .  Mais  voyant  qu'il  eftoit  trahi ,  il  s'enfuit ,  &:  néant- 
moinsfut  pourfuiui,&:  bien  toft  prins,&:  fort  blefle.  Or  pour  lefairt  cheminer  plus  vifte- 
ment  ainfi  naure'  qu'il  eftoit,ils  le  piquoyent  par  derrière  de  leurs  hallebardes. Ils  en  bief- 
ferentaufîîpluiieurs  autres,  &:  en  tuèrent  quelques  vns.  Ils  en  emmenèrent  beaucoup 
de  prifonniers  en  la  moinerie  auec  le  poureMiniftre ,  tant  hommes  que  femmes  en 
failoyent  ainfi  ordinairement.  Ce  bon  perfonnage  Miniftreiè  porta  conftamrnent  en 
la  prilbn,&:  en  la  mort  cruelle  qu'il  endura.  Us  le  firent  roftir  à  petit  feu  :  &:  auoit  défia  v- 
ne  partie  de  fon  corps  bruflee,  qu'il  confeilbit  touliours  &:inuoquoit  à  haute  voix  le  Sei- 
gneur Iefus.  L'Inquiiîteurlacomel  auec  les  moines,  &  le  collaceralCorbis  vlerentd'vne 
cruauté'  plusquebarbareenuersce  poure  homme:Comme  îleftoitau  feu, ils  contrai- 
gnirent deux  poures  femmes  de  iàinct  Germain  (lefquelles  ils  tenoyent  prifonniercs }  de 
porter  des  fagots  dedan  s  le  feu,&:  dire  à  leur  Miniftre,  Tien  ceci  mefchât  hérétique,  puis 
que  tu  nous  as  mal  enfeignecs.  Aufquelles  ce  bon  feruiteur  de  Dieu  reipôdit ,  Hapoures 
femmes,ie  ne  vous  ay  pas  mai  enfeignees,  mais  vous  auez  malapprins. 

Eftansdoncqueslcschofdsences  termes  ,&s'augmentans  iournellement  les  pour-  ^^j^, 
fuittes alencontre d'eux,ils entreprindrent defè défendre.  Car  outreles exécutions  defdiftes 
il  y  auoit  des  larrons  des  villes  circonuoifines,qui  venoyent  làns  commiflîon  les  pil-  JjJJ^f^6 
1er  &  outrager,  aufquels  à  l'exhortation  des  Miniftreson  nefaifoit  aucune  refiftence.  A-  fairecdic.  ' 
yanscefte  délibération,  &s'eflans  rencontrez  quelquefois  enefearmouche,  leschofes 
allèrent  tellement  pour  eux ,  qu'en  peu  de  iours  il  en  demeura  foixante  morts ,  fans  que 
nul  deux  euft  aucun  mal.  Laquelle  choie  entendue  par  le  Duc,  il  commanda  qu'on  ne 
fift  plus  dételles  courfes,&:  enuoya  le  lieur  de  Raconis  &:  le  fieur  de  la  Trinité', des  princi-  Les  fou» 
pauxdefaCour,  pour  compofer&acquiefcer  auec  ceux  des  Vallées.  Mais  par  ce  q  leur  &Raeoni» 
intention  eftoit  de  chafTer  les  Miniftres  &:  faire  receuoir  la  loy  du  Pape,  le  peuple  n'y  vou-  nit/tnul™ 
lut  confentir  aucune  ment  ■  de  forte  qu'ils  s'en  retournèrent  fans  rien  faire.  Au  moyen  de-  y«  pour 
quoyle  Duceftant  venuen  Piedmonc,  enuoyale  fieur  de  la  Trinité  auec  enuiron  qua-  ^eux* 
tre  ou  cinq  mille  hommes,  la  plufpart  harquebufiers,&:  aucuns  de  cheual,contreles  Val- 
lecs,auec  ordonnance,quenevoulans  receuoir  la  religion  du  Pape,  ilsmi/Tent  tout  à  feu 
&à(àng.  L'armée  donequesarriua  à  Luferne  le  dernier  d'O&ob.  qui  fut  leleudy,  i  560. 

^  Le  Samedy  aprcs,qui  eftoit  le  deuxième  de  Nouembre,le  matin  donnèrent  lafîauc 
à  An grongne,  qui  eft  la  première  frontière.  Les  ennemis  cftoyent  enuiron  raille  cinq 
cens  tous harquebufiers,  contre  lefquelsceuxdcla  ville k grand' peine  eftoyenttrentej 
lefquelss'oppofcrent  à  la  première  poin&ceftans  là  de  garde,  armez  la  plus  grand'  parc 
de  fondes  Se  arbaleftes.  Or  cependant  que  ceux-cy  fbuitindrent  le  premier  affaut,  il  fur- 
uintvn  riombredeceux  des  vallées  prochaines, tellement  qu'ils  pouuoycnt  eftrc  deux 
cens  ou  enuiron:  lefquels  en  bref  tournèrent  leurs  ennemis  en  fuy  te ,  Ôc  en  tuèrent  quel-  ils  fômeour 
que  nombre,  auec  perte  feulement  detrois  de  leurs  gens.  Peu  de  temps  après,  attendu  p"^1KC 
qu'ils  nauoyent  rien  fait  à  AnçrongnCjilsaiTaillirét  la  Combe  ô^Tagliarcr,  qui  font  deux  defdiaes 
villettes  fituees  delautrecofte  d'Angrongne,plus  en  dedans  la  vallée  de  Luferne.  Etia-  ^allccs-. 
çoit  que  le  nombre  de  leurs  ennemis  fuftgrand,ils  furent  neantmoins  tellement  repouf- 
lez  &  mis  en  fuyte,  qu'il  en  demeura  bien  vne  trentaine,  fans  les  bleflez.  Parquoy  le  fieur 
delaTrinité,cognoifTantladinicultédeI'entreprinfe,fetourna  aux  rufes&:  fineflesde 
guerre,  comme  il  auoit  par  couftume,&:  à  tenter  autre  moyen  que  par  armes.  Il  enuoya  Le  fieur  de 
quelquesgens  pour  leur  donner  cfperancede  paix,  &  d'obtenir  vn  Intérim  &:  furfèance  J^perîûfdc 
s'ils  delaiflbyent  les  armes,  &  enuoyoyeht  hommes  au  nom  delà  commune,  vers  fon  Al-  de  aifleries 
tcifejpour  demander  pardon  des  chofes  commîtes. Toutes  lefquelles  choies  furet  faciles  Mmes' 
à  perfuader  au  peuple,  lequel  ne  defiroit  que  pâix,&  auoir  quelque  peu  de  refpit  en  tant 
&  (i  grandes  afflidions.  Au  moyen  dequoy  polèrent  les  armes"  en  vne  maifon  de  la  corn- 
mune,lefquelles  tout  incontinent  furent  failles  des  foldats.  Aucuns  AmbaiTadcursdef- 


Liurcj  VIL  Des  V alleu  de  Tiedmont 

dides  Vallées  allèrent  au  ficur  de  la  Trinité,&:  aufsi  au  Ducpour  luy  iurer  hommage, &: 
d'ar  obtenir  la  furfcance  qu'on  leur  auoit  promife:Jefqucls  demeurèrent  bien  enuiron  deux 
ecntpour  mois  à  Vcrceil  :  durant  lequel  temps  on  exigeoitrigoureufementlacompofition ,  dela- 
îacoaipoil-  quelle  fut  paye  la  moitié  contant)ôîde  l'autre  moitié  ils  s'obligèrent  par  public  inftrumét 
de  la  paver  à  vn  temps  certain  U  accordé.  Apres  toutes  ces  chofes,  &:  pendant  qu'ils  pen 
fovent  obtenir  ce  qui  leur  auoit  efté  promises  furent  menez  vn  îour,  en  vne  Sacriftie  du 
licur  de  la  Trinicé.où  eftoit  grande  multitude  de  gens  de  toutes  qualitez:&:  là  les  ayans 
faid  mettre  àgenoiix,(mleur  fît  crier  mercy,& demander  pardon  premièrement  à  ion 
d«?mbafe  AltefTcpuis  au  Pape  en  la  perfonnede  fon  Âmbaffadeur,&:  promettre  auec  toutes  folen- 
ddeurs  des  nitezqu  al'aduenir  ilsferoyenttrcfobeyiransen  toutes  choies  a  l'vn  6c  à  l'autre:  &c  le  tout 
Villes.    au  nom  des  Vallées  defquelles  ils  eftoyent  enuoyez.  En  vertu  defquelles  promelTesiifo- 
lennellcmcnt  failles  le  Duc  tout  incontinent  fit  faire  commandement  à  ceux  des  Val- 
lées qu'ils  euflent  à  licentier  lcursMiniftres;acceptcr  les  prefeheurs  qu'il  leur  enuoyeroit, 
&aller  à  la  Meife.  Parquoy  s'eftans  apperceusde  l'inconftance  de  leurs  Ambailadeurs, 
&:  du  tour  &c  tort  à  eux  faid ,  refuferent  totalement  d'acquiefeer  à  ce  commandement, 
attenduquetoutec  queleurs  gens auoyentfaid,  îlsl'auoyent  faidpar  lcgereté,&: non 
qu'ils  eulfent  telle  commiilion:  6c  qu'il  s'offroyent  obéir  à  leur  Seigneur  es  choies  qui  luy 
appartenoyent  :  mais  que  quant  à  la  Religion, ils  pretendoyét  qu'on  leur  ottroyall  de  vL 
ure  comme  ils  auoyent  faid  par  le  paiîé,iufquesà  ce  qu'on  feroit  vn  Concilegcneral  6c  li- 
bre :  6c  qu'à  celle  occafion  ils  s'eftoyent  taillez  de  fi  grande  fomme  d'argent. 

Laquelle  refponlè  ne  fut  point  pluftoft  paruenue  au  Duc  qu'il  y  renuoya  larmee  :  qui 
Armée  con  futau  mois  dclanuier  m.  d.l  x  i.  Laquelle  arriuee,  commença  tout  incontinent  à  bruf- 
ït!  pou? f  ^r  *es  n>aifons,&  à  mettre  à  lac  tout  ce  qu'ils  trouuoyent.  A  l'occafion  dequoy  ceux  dcC- 
icsbmfler  dides  Vallées  furent  contrainds  fe  retirer  au  plus  haut  des  montagnes  auec  leursfem- 
&m«trci  ines,enfans,&  ce  qu'ils  peurent  fauuer  de  meubles  &:  viduailies,  delaiflans  tout  le  re- 
fte  àla  rapine  &  flamme  de  leurs  ennemis  :&:  ne  voy  oit-on  par  tout  autre  choie  que  feu 
AUeercfle  qui  brufloit  maiibns,arbres  6c  grangcs,où  les  poures  gens  auoycot  {erré  la  prouilion  de 
tiaù [S-  leur  Deft^u>fansquelonvift  les  femmes  mefmes  le  lamenter,  ainfiqu'il  aefté  recité  par 
lies.        ceux  qui  en  ont  eferit  :ains  que  voyans  de  loin  leurs  maifons  flamboyer,  difoyent,  Benic 
(bit  Dieu  que  nous  endurons  toutes  ces  chofes  pour  fa  fainde  querelle! 
|]|^|  A  garnifon  tant  de  la  Tour  que  celle  de  Villars  s'alTemblerent  vne  nuid  :  &:  s'en  al- 
HtSfohlerenT  au  Tailleretau  lieu  des  Bouuets.  L'ayansenuironné,lcsvns  montèrent  fur 
xnn.pri-  lés  ioids  >les  autres  rompirent  les  huis  des  maifons  :  &c  prindrent  x  1 1  n.  prifonniers 
fermiers.    qU>fis  lièrent  6c  attachèrent  deux  à  deux  par  les  bras,&:  les  amenèrent  à  laforterelTedela 
Tour.  Mais  deux  qui  s'eftoyent  fauuez  quand  on  prenoitles  autres,  allèrent  au  deuant 
des  Soldats  qui  emmenoyent  ces  prifonniers  :  6c  à  grans  coups  de  pierres  les  eftonnerent 
fi  bien,  qu'ils  leur  en  firent  lafeher  douze  :lefquels  fe  iettans  6c  roulans  par  les  rochers 
ainlî  attachez  deux  à  deux  (aimans  mieux  mourir  que  d'eftre  menez  en  laforterefTe)  fi- 
nalement elehapperent. 

'    L  e  s  deux  qui  furent  menez  en  la  forterefTe,cndurerét  des  tourmés  fort  cruels ,  Et  en 
la  fin  le  Capitaine  en  pendit  6c  eftranglafvn,  qui  eftoit  vn  bon  ieune  enfant  :  L'autre  qui 
G£MEL    eftoit  aage  d  enuiron  foixanteans,  (Od  ovl  gemel  nommépar  aucuns  )  laboureur 
rcisi  n  on  au  Tailleret  du  mandemét  de  la  Tour,fut  mis  à  mort  d'vne  façon  autat  eftrâge  qu'efpou- 
eiSnfeÇOn  uan  table.  Car  après  qu'ils  l'eurent  lié  à  leur  plaifir,ils  prindrent  de  ces  belles  qui  viuent 
delà  ficntedeschcuaux,&  les  luy  mirent  fur  le  nombril,  les  couurans  d'vne  elcuelle:&: 
par  ce  moyen  elles  fouillèrent  tant,quelles  luy  entrèrent  dedans  le  vétre:&:  mourutainfi. 
cruellement.  Ces  chofes  tanteftranges& barbares  ont  cftércuelces  depuis  par  aucuns 
des  foldats  mefmes.    ^  C  e  poure  peuple  eftoit  pour  lors  en  vne  merueilleufe  deftref- 
fe&c  captiuité ,  6c  fur  tout  de  ce  que  la  parolle  de  Dieu  ne  leur  eftoit  point  prefehee  com- 
me de  coullume.  ^En  ces  horreurs  d'afflidion  extrême,  reprenans  courage  délibérè- 
rent rerourrîcr  pour  fe  défendre iufques  àla  mort,  &:  poferentles  gardes  aux  lieux  où  il 
eftoit  neccilaire:  fortifièrent  quelques  paflagcSjempefcherent  les  chemins  :&  finalemet 
pourucurentà  touteequileur  eftoit  neceftairc  pour  la  defenfc:  cftans  refolus  vouloir 
pluftoft  mourir,  qu'accepter  la  MefTe.  Et  pour  abbreger,  les  chofes  en  vindrent  imques 
Ià,qu'cn  plu  (îeurs  fois  qu'ils  auoyét  com  batu,  il  y  demeura  des  leurs  ennem  is  enuiron  mil 
le>  6c  des  leurs  enuiron  quarante.  ^ 
Entre  ceux  de  partie  aduerfe  qui  furent  tuez,y  auoit  aucuns  Capitaines,  du  nombre 

defquels 


^Appelées  des  Vaudois.  j7j 

dcfquels  fut  le  feigneur  Charles  Truchcr,vn  des  Gentils-hommes  de  la  vallée  fainct  Mar 
tin.  Ceftuy-cy  eftoit  Fvn  de  ceux  qui  plus  s'eftoit  monftré  contraire  à  ceux  deiHictes  Val-  JuJJ^^ 
lees:  lcqueleftanthommedegrandeftature,&:courageuxàmerueilles, s'arTeuravniour  ne  Truchec 
auec  cinq  compagnies  de  gens  de  pied,  qui  pouuoyét  eftre  mille  hommes  6c  plus ,  de  ve-  ^"j^" 
hirdu  cofté  de  derrière  de  la  vallée  iufquesiur  la  plus  haute  cime  de  la  montagned'An- 
grongne:  laquellechofe  il  euft  fait  fans  empefehement  aucun ,  ceux  deidittes  Vallées  ne 
craignans  point  dececofté  là,  pour  l'extrême  difficulté  des  lieux.  Eftant  donc  arriucau 
haut,  il  commença  à  feftoyer  fes  gens  de  paroIles,&:  à  diftribuer  par  promeiles  le  pillage. 

Or  ceux  dcfdictes  Vallées,  qui  eftoyent  enuiron  trente  à  la  garde  d'vne  montaignette, 
au  defTou  s  laquelle  regardoit  l'entrée  de  la  vallée,  voyans  la  monraigneprife  ,&:  leurs  en- 
nemis qui  defeendans  fembloyent  voler:  après  auoir  faid  leurs  prières,  partie  d'iceux 
leur  allèrent  à  l'encontre,  l'autre  partie  i'c  mi  t  à  fonner  les  cors,  pour  aduertir  ceux  qui  e- 
ftoyentloindcveniraulecours.  Il  fut  combatu  quelque  petite  clpace  de  temps, pendant  ceuxdefdi-' 
lequel  furuindrent  ceux  defdictes  Vallées  de  toutes  parts, tant  qu'ils  pouuoyent  eftre  au  tes  Vallées 
nombre  de  deux  cens:  lefquels  fe  portèrent  tellement ,  q  mettans  les  a/Taillans  en  fuyte,  J*rj°v^_ 
en  tuèrent  beaucoup,  fans  qu'aucun  d'eux  receuft  mal  aucun,  hors  mis  vn  fèul.  Et  parce  ncm  au  fc. 
que  leurs  ennemis  auoyentlaifle  fur  lacimedclamontaignevnegrofTegarde,  ils  furent ccurs* 
refolus  l'aller  dechalTer:  mais  fur  cela  ils  s'apperceurent  qu'vne  autre  bande  eftoit  deC 
cendue  bien  auantd  autre  cofté  vers  vn  fort  appelé  le  Pra  del  Torno  (qui  eftoit  à  ceux 
defdictes  Vallées:  )parquoy,  delauTansle  premier  deflein,  allèrent  aftaillir  ceux-ey  de 
flancàTimporueuc,  &lesdiffiperent  telle ment,quefuyans  ne  fçauoyent  où  aller. 

Pendant  ces  chofes,  venoyét  au  fecours  du  peuple  defdictes  Vallées  des  lieux  de  Villa- 
ro ,  Bobio,&  Tagliaret  bien  enuiron  cent  homes,  lefquels  de  loin  &  des  lieux  plus  hauts' 
auoyent vëu  comme  les  choies  eftoyent  paiîees:  parquoy  coupperent  le  chemin  tant  aux 
premiers  qui  furent  rompus,  commeau  féconds,  &  à  ceux  de  la  gardcdela  montaigne: 
lefquels  auflî  s'eftoyent  mis  en  fuy  te,ayans  ven  la  dôsfai&e  de  leurs  gens  :  6c  fans  vn  Mini- 
ftrequis'ytrouua,eufteftéfaicteencores  plus  grande  boucherie.  Or  le  Capitaine  Tru- 
chet,  lequel  auoit  amené'  6c  condu i£t  (es  gens,receut  au  côbat  vn  grand  coup  de  picrre,&: 
futiette  par  terre:&  puis  récontré  d'vn  autre  ieunegarçon,defdictes  Vallées,  il  reccutvn  j.amort  du 
autre  coup  de  pierre  ietté  fi  roidement,  qu'il  tomba  comme  mort  parterre:  tellement  Capitaine 
qu'eftant  abandonné  des  liens  fut  tué  de  (on  efpec  propre.  ,  Truchct- 

Adonc  pour  le  dernier  remède  de  defenfc  cotre  les  pierres  6c  harqueboufades,  qui  ve- 
noyent  d'enhaut,trouucrent  vne  inuention  de  certaines  targes  de  bois , lefquellcs  e- 
ftoyent  de  telle  grandeur,  qu'vn  homme  feul  eftoit  tellemet  chargé  d'vnc  d'icclles ,  qu'il  ^""^ 
nepouuoit  porter  autre  chofe:  mais  fecouurant  d  icelle  feruoit  de  rempart  aux  autres  targes  de 
quilefuyuoyent.  Parquoy  ils  armèrent  de  ces  targes  enuiron  trente  hommes,  lefquclsils  boiï* 
faifoyent  aller  dcuant,àcellefinque  tout  le  camp  fepeut  plus  feurement  approcher. 
Quand  ceux  dcfdi&es  Vallées  les  veirent  venir  à  eux,  ils  commencèrent  à  ceiTer  de  com- 
jbatre  de  front, &fe  tournant  de  flanc,  commencèrent  à  chargerfur  ceux  qui  eftoyent 
defcouuerts:  de  tellcforte,  que  combien  que  ce  iour-làtout  le  camp  futtout  en  vn(qui 
eftoit  d'enuiron  quatre  mille  piétons  )  &que  ceux  defdictes  Vallées  ne  fulTent  à  peine 
deux  cens:  ce  neantmoins  ils  les  mirent  en  routte,&:  en  occirent  grande  partie. 

Et  en  fin  vne  matinée  après  ilsalTaillirent  Tagliaret  pour  de  là  aller  plus  feurcm  en  t  Tagliaret 
à  Pra  del  Torno  :  &:  au  commencement  eftant  l'afTaut  foudain ,  ils  tuèrent  enuiron  trei-  f^^* 
2e  perfonnes ,  tant  hommes  que  femmes ,  qu'enfans ,  la  plufpart  delquels  ils  trouue-  ueuc. 
rentencorau  li&,Sdereftequis'enfuyoitenchemife.  Mais  à  la  parfîn  eftant  la  chofe 
entendue  par  ledit  peuple ,  s'eftant  afTemblé ,  ils  repoufferent  tellement  leurs  ennemis, 
que  nul  de  ladide  armée  n'eut  depuis  volonté  d'y  retourner.  Au  moyen  dequoy  on  com- 
mença à  capituler  &traitter  quelque  accord,en  la  manière  qui  s'enfuît: 

Qve  Ion  expédiera  lettres  patentes  de  ion  AltefTcpar  lefquelles  apparoiftra  qu'il  fait  £atpr^[en$ 
remmîon,&  pardôneà  ceux  des  Vallées  d'Angrongne,  Bobio,ViIlaro,  Valguichard,Ro-  " 
ta,  Tagliaret,  la  Ru  a  de  Bonnet  confin  delà  Tour  fainct  Martin  ,  Peroflc ,  Roccapiata , 
fainct  Barthélémy ,  6c  à  tous  ceux  qui  leur  pourroyent  auoir  donné  aide,  des  fautes  qu'ils 
pourroyent  auoir  commifes,tant  pour  auoir  prins  les  armes  contre  fon  Alteiîe,comme 
cotre  les  feigneurs  6c  Gentils-homes  particuliers,  lefquels  il  reçoit  6c  tien  t  en  fa  protectio 
6c  (àuuegarde.  Qu'il  fera  permis  à  ceux  d' Angrongne,Bobio,  Villaro,  Valgu^chard,  Rora, 

EEe. 


Liurcj  VU.  T>es  Vallées  de  Tiedmont 

membres  de  la  vallée  de  Luferne)  Se  à  ceux  dcRodoret,Marcelc,Maneillan  Se  Salfa  (me- 
bres  de  la  vallée  lainct  Martin  )  de  pouuoir  faire  congrégations ,  faire  prelchcr ,  Se  autres 
miniftercs  de  leur  Religion  es  lieux  accouftumez .  Qu'il  fera  permis  à  Villaro  (  membre 
delà  vallée  de  Luferne)  faire  le  mefmc,&:  ce  feulement  iufques  àeequefon  Akène  face 
faire  vn  fort  audid  lieu  :  Se  fefaifant  ledid  fort,  il  ne  leur  fera  permis  faire  prédications  ou 
aflemblces  en  tout  le  circuit  dudict  lieu:  mais  il  leur  fera  licite  Se  pourront  faire  édifier  vn 
lieu  propre  à  cela,en  quelque  endroit  là  près  qu'il  leurfemblera  commode  ducofté  de- 
maîadcs"  UCIS  ^°^°-^t  ^cra  toutesf  ois  permis  aux  Miniftres  venir  audit  circuit  viiitcr  les  malades, 
Se  exercer  autres  chofes  neceilaires  à  leur  religion, moyennant  qu'on  n'y  prefche  neface 
Deprefchcr  aflemblee.  ATagliaret,RuadeBonnetconfîn  de  la  Tournera  permis  prefxher  &:  faire 
aflemblees  es  lieux  accouftumez,moycnnant  qu'on  n'entre  pour  ce  faire  au  reftedes  cô- 
fîns  de  laTour.Qu'il  ne  fera  loifible  aux  fufdits  membres  des  vallées  de  Luferne  Se  iàinâ: 
Martin  venir  au  refidu  des  confins  d'icelles,ny  au  demeurant  du  domaine  de  fon  Altefle, 
ny  pafl'cr  les  limites  pour  faire  prédications ,  aflemblees  ou  des  difputcs:ayans  feule- 
in-crronez  ment  liber  ce  de  ce  faire  en  leurs  confins .  Et  en  cas  qu'ils  fuiîent  interroguez  de  leur  foy, 
dclcur  fby,  leur  fera  loifible  de  refpôdre,  fans  encourir  peineaucune  réelle  ny  perfonnellc.  Scraper- 
fpConTc.rC*  mis  ^airc  'e  *em  b^blc  à  ceux  de  la  paroifle  de  Perofle  qui  à  prefent  font  fugitifs  pour  cau- 
fc  de  ladi&e  Religion,  &r  quifouloyent  faire  aflemblees,  prédications  ,&  autres  minifte- 
rcsfclon  leur  Religion  au  lieu  appelé  le  Puis:  moyennant  qu'ils  ne  viennent  aux  autres 
lieux  Se  confins  de  ladifte  paroifle .  Sera  permis  à  ceux  de  la  paroifTc  de  Pinachia  de  la  val- 
lée de  PeroiTe,  &  lefquels  à  prefent  font  fugitifs  pour  caufe  de  ladicte  Religion,&  qui  fou- 
loyent  aller  es  predications,aflemblees&:  autres  minifteres  dicelle  Religion:  de  faire  le 
femblablc  feulement  au  lieu  appelé  le  Grand  diblone.  Sera  permis  à  ceux  de  la  paroifle 
S.  Germain  de  la  vallée  de  Perofle,  Se  à  ceux  de  Roccapiata,qui  de  prefent  font  fugitifs 
Mh£&n  Pour  lat"&e  caufe  de  Religion  ,  &  en  icelle  periiftent  :  d'auoir  vn  feiil  Miniftre ,  lequel 
pourral'vn  iour  prefeher  au  lieu  de  fainct  Germain  dit  Ladormillcux , &c l'autre  iour  à 
Roccapiataau  lieu  appelé  Vandmi  tant  feulement.  Sera  permis  à  tous  ceux  des  villes  Se 
Retour  aux  villages  defditcs  Vallees,qui  de  prefent  font  fugitifs  Se  perfiftans  en  ladietc  Religion,  nô- 
-     obftant  quelconque  promefTe  ou  abiuration  faicte  auant  celle  guerre  contre  leurditte 
Religion  :  d'eux  repatner  Se  retourner  en  leurs  maifons,  auec leurs  familles ,  &  viure  felo 
içelle,  allan  s  &:venans  es  prefches&:aircmblees,qui  par  leurs  Miniftres  fe  feront  és  lieux 
fus  fpeci fiez:  moyennant  qu'ils  obferuenttout  le  contenu  cydeflus  .  Et  par  ce  que  plu- 
fleurs  defdictes  vil  les  &  villages  habitent  hors  les  limites  de  la  prédication, ayans  befoirt 
d'eftre  vifitez,  ou  d'autre  chofe  félon  leurdicte  Religion:  il  fera  permis  à  leurs  Miniftres 
qui  habiteront  dans  les  limites,  fans  preiudiced'iceux,  les  vifiterôi  aider  deuëment  des 
De  ne  faire  rninifteresquileurferont  neccifaires,  moyennât  qu'ils  ne  facent  prédications  nyalTem- 
fu%!a«"  klees  fufpe&cs.Par  grâce  fpeciale  fera  permis  à  tous  ceux  de  la  valle  deMeaùne,&  à  ceux 
de  S.  Barthélémy ,voifins  deRoccapiata,  qui  l'ont  fugitifs,&  perliftenten  ladicte  Religiô: 
pouuoir  iouir  paifiblemcnt  des  grâces  Se  libertez  accordées  au  prochain  précèdent  cha- 
pitre: moyennant  qu'ils  obferucnt  toutcequelesfufdi&s  promettent  d'obferuer.A  tous 
les  fufdi&s  dcfdicres  Vallées ,  Se  à  tous  les  fufdi&s  fugitifs  Se  perliftans  en  leur  Religion, 
des bkm.0*  tant  ^CS tcrres  defdidtcs  vallees,que  de  Roccapiata,S.  Barthelemy,&  de Meaune,feronc 
reftituez  les  biens  ia  conflfquez  :  moyennant  que  ce  ne  Ibit  pour  autre  caufe  que  pour  la 
Religion  &:  pour  la  guerre  prefente&paflee.  Sera  permis  à  tous  lesfuldicts  pouuoir  re- 
couurer  par  voye  de  Iufticc,de  leurs  voiflns, leurs  m  eubles  Se  beftail,mais  que  ce  ne  foyet 
cépteT. CX  foldats:&:cequi  fctrouueraauoir  efté  védu,leur  feraaufsi  permis  le  recouurer  par  voye 
de  Iuftice,  moyennant  qu'on  reftitue&  rende  le  pris  qu'il  aura  efté  vendu  :  Se  le  fembla^ 
ble  fera  permis  à  leurs  voifins  alencontre  d'eux.  Aux  iufdi&s  feront  confermecs  toutes 
les  franchifes,  im munirez  Se  priuileges  tant  généraux  que  particuliers,  tant  côcedez  des 
p  .         predeccflfcursdefon  Airelle,  comme  tous  fes  autres  (ubie&s .  Seront  tenus  les  fufdi&s 
dcccuxdCcs  defdidcs  Vallées,  faire  vnrollc  des  noms  &furnoms  de  tous  ceux  defdittcs  Vallées  qui 
Vailccs.     font  fugitifs  pour  la  Religion,  tant  pariurez  qu'autres,  à  fin  qu'ils  foyent  remis  &  main- 
tenus en  leurs  biens  Se  familles,  &:  qu'ils  puilfcnt  iouir  des  grâces  Se  bénéfices  que  leur 
Prince  &felgncur  leur  fait.  Et  parce  qu'il  eft  notoire  à  vn  chacun  que  le  Prince  peut 
faire  des  forterefles  en  fon  pays,  ainfl  qu'il  luy  plaift,fans  qu'on  luy  puiflTe  contredire: 
Toutesfois  pour  ofter  tous  tbufpeçons  de  l'efprit  des  fufdi&s  Vaudois  ,  eft  déclaré 
que  fi  d'icy  à  quelque  temps  fon  AlteiTe  vouloir  faire  vn  fort  au  lieu  de  Villaro  ,  le 

ditt 


^Appelées  des  Vaudois.  j :?6 

did  lieu  ne  fera  contraind faire  les  frais,  finon  entant  que  bon  leur  fcmblera  pour  aider 
amiablement  à  leur  Prince.  Lequel  fort  eftantfaid  (Dieu  aidant)  on  y  pouruoyerade 
Gouuernenr  !Sc  Capitaine,  lequel  n'attentera  autre  chofe  que  le  (èrulcc  de  fon  Altc/Te, 
fans  intereft  des  habitans  tant  des  biens  que  des  confeiences.  Seraloifiblc  aux  fufdidsa-  Ucemîcr 
uant  quelicencier  les  Miniftrcs  qu'il  plaira  à  fon  AltefTequi  lovent  liceneicz,d'en  choifir  J^JJ^ 
&:  faire  venir  d'autres  en  lieu  d 'iceux:  moyennant  toutesfois  qu'ils  ne  choififlent  M.Mar- 
tin de  Pragela:&  ne  pourront  aufsi  changer  de  lieu  en  autre  defdites  Vallées  aucun  d'i- 
ceur  qu'on  aura  licenciez.  En  toutes  les  paroiiTcs  defdides  Vallées  où  Ion  prefehera,  Ce 
feront aflemblces& autres minifteresd'icellcPveb'gion^lon  célébrera  desMeifes,&au- 
très  offices  à  l'viàge  de  Rome  :  mais  les  fuldids  ne  feront  contrainds  y  aller  rty  affilier,  ny 
prefteraideoufaueur  à  ceux  qui  célébreront  tels  offices  :&:  ne  fera  donné  aucun  empef- 
chcmcntàceùx,  à  qui  il  plaira  d'y  aller,  par  les  deffufdids.  Sera  remis  &:  donné  aux  fuf-  Difpcftfc 
dids itreuocablemcntparfon  AltefTe  toutes  defpenfes  parluy  faites  en cefte guerre: &  <îluttccs* 
auffideshuir  mille  efeus  que  lesfufdids  des  Vallées  reftoyent  pour  les  feize  mille  qu'ils  a- 
uoyentpromis  en  la  guerre  palTee:  commandera  que  les  contrads  loyent  annullez&a- 
neantis,qui  à  ceftecaufe  ont  efté  fards. Seront  rendus&reftjtuez  tous  les  prilbnniersqui  J^*^" 
fetrouueronteftre  entre  les  mains  des  foldats  :  payans  toutesfois  rançon  raifonnable  fé- 
lon leurs  biens,fe  remettans  au  iugement  &  taille  de  m  effieurs  de  Raconis  &c  de  la  Trini- 
té' .  Etferont  relafchezfàns  rançon  tous  ceux  qui  par  lefdids  Seigneurs  ferontiugez  mal  u^yy,^ 
orins:  fâifant  pareillement  relafcher  fans  aucune  rançon  tous  ceux  defdides  Vallées,  qui  fans  rançon, 
acaule  de  leur  Religion,  &  non  d'autre,  feront  détenus  e's  galleres.  Finalement  à  tous  les 
fufdids  des  Vallées  fufHides  &:  à  ceux  de  Meaune,  Roccapiata  5c  S.  Barthélémy,  de  quel- 
que degré,eftat&  qualité  qu'ils  foyent,  (  mais  qu'ils  ne  foyét  Miniftres)  fera  licite,  &  per- 
mis de  pouuoir  conuerfer  &z  habiter  en  commune  conuerfationauec  les  autres  fubieds 
de  fon  AlteiTe,&  pourront  demcurer,aller  &c  reuenir  par  tous  lieux  &  pays  de  fon  AlteL  Conucri** 
fe,  vendre,  &  acheter  &  trafiquer  en  toutes  fortes  de  marchandifes,  en  tous  les  lieux  &  ia  auna 
pays  de  fon  AltefTe, comme  deffus,  moyennant  qu'ils  ne  prefchent,facenr  alTemblees  ou  fobie&s. 
difputes,  comracnous  auons  did:&  que  ceux  qui  fon  t  des  limites  n'habitent  hors  d  «rel- 
ies,&:  ceux  qui  font  aux  villes  &  villages  defdides  Vallées  ne  demeurent  hors  d'icelles,. 
ne  deleurs  confins.  ^~Et  que  ce  fâifàntne  feront  moleftezaucunement,  &c  ne  ferontfaL  Deneiofaf 
chez  ny  deftourbez  réellement  nyperfonnellement:  ains  demeureront  fous  laprote-  ^rber^ 
dion  &  fauuegarde  de  fon  AltefTe.     Outre  ce,fon  AltefTe  enuoycra  ordonnance,moy- 
ennantlaqucllefèrapourueuà  tous  cmpefchemens,inconueniens  &z  mauuaifes  confpi- 
rations  des  roefehans:  de  fo  rte  que  les  fufdits  demeureront  pailibles  en  leur  Religion. 

Et  pour  obfèruatiô  de  toutes  les  choies  lufd ides ,  George  Monaftier  Syndicd  Angron  Lescompj; 
gne,  &;  AmbalTadeur  d'icelles  Vallées:  Conftantio  Dialeftini,  autrement  Rembaldo,  ranspour^ 
Syndic  de  Villaro:  Pirrone  Arduinoenuoyé  de  la  communauté  deBobio:  Michel  Ray-  '^J"8 
.monder,  enuoyé  de  la  communauté  de  Tagliaret  &  de  la  Rua  de  Bonnet  confin  de  la  f«s. 
Tour  :  Iean  Malanotte ,  enuoyé  des  particuliers  de  faind  Iean  :  Pierre  Pafcal,  enuoyé  de 
la  cômunauté  de  la  vallée  de  faind  Martin  :  Thomas  Roman  de  faind  Germain,  enuoyé 
delà  communauté  dudid  lie  u,&  de  toute  la  Vallée  de  PcrolTe  :  Promettent  pour  eux  èc 
leurs communàutezrefpcdiuement,  quelecontenudes  capitulations  fufdides fera in- 
uiolablement  obferué  :  &:  en  cas  d'inobferuancefe  foubmettent  à  telle  peine  qu'il  plaira 
à  fon  Altefl*e:Promcttanspareillementfaire  approuuer&  confermer  ladide  promciTe 
parles  chefs  de  maifons  defdides  communautez.  L'illuftre  Seigneur  monlîeur  de  Raco- 
nis promet  que  fon  AltefTe  ratifiera  &  approuuera  les  fuidides  capitulations  aux  fufdids 
en  gênerai  &c  particulier,  à  l'intcrcefsion  de  la  Scrcnifsimc  Madame  la  PrincefTe ,  &c  de  fà 
gracefpeciale.Etenfoy  dece,lefufdid  monfieur  de  Raconis  a  confermé  les  prefentes 
capitulations  delà  main  propre:&:fe  font  fouffignez  les  Miniftres  au  nom  de  toutes  lcf- 
dides  Vallées:  &:  ceux  quifauent  eferire  au  nom  de  toutes  leurs  communes.  A  Cauor,  le 
cinquième iour  de Iuin  >  1561. 

JEft  accord  ainfifait,par  le  moye  de  madame  la  DuchciTe,  lepourepeuple  dcsVau-  _  , 

fi        ni  /     r   .    .  /•    »\       •  „  tx-  /-i        X.   X  .  Dehurance 

_[|uoiselt  demeure  en  paix  îuiqu  a  maintenant  :&Dieu  parla  bonté  infinie,  1  ayant  a«  peines 
dcliuré  de  tant  de  fafcheries6icombats,luy  a  donné  la  liberté  de  le  pouuoir  fèruir  pure-  «caffliûiôs. 
ment&cn  repos  de  cônfeience.  Parquoyiln'ya  celuy  maintenant  quinevoye  &:  fen- 
te($'il  n'eft  du  tout  aueugleou  ftupide)  que  Dieu  a  voulu  taire  cognoiftre  par  expe- 

EEe.ii. 


L  'wz~>  VIL  Adms  fur  lefaiS  de  la  Religion. 

ricnce  à  ces  pourcs  gens  &  à  tous  autres  fîdclcs  aufst,  que  toutes  chofis  tournent  en 
lien  {jr/alsità  ceux  qui  ï Aiment  &  le  craignent .  Car  par  tant  d'affli&ions  qu'on  aveu  parcy 
deuarit qu'ils  ont  endurées,  ce  bon  Pere  cciefte  les  a  conuiez  à  repentanc  t &  arnen- 
Lc  ùuia    dément  de  vie:il  les  a  enfeignez  par  efFeft  qu'ils  dcuoycnc  auoir  recours  à  fa  mifèricor- 
acstribuU-  de  paternelle,  ôdembrafTer  IefusChrift  pour  leur  feulSauucur  S£  Rédempteur.  Dauan- 
wmondc  ta8c  il  leur  a  apprins  à  domter  leurs  defrs  &  eufiiitc^de  leur  chair  :  à  retirer  leurs  cœurs  de  ce 
monde,  pour  les  efleuer  au  ciel,  &à  fe  tenir  toujours  prefts  pour  aller  àluy  comme 
à  leur  Pere  doux  &:  pitoyable.  Bricf,  il  les  a  mis  en  l'cfcolcde  fesenfans,  afin  de  les  faire 
profiter  en  patience  &eiperance,de  les  Faire  gémir,  pleurer  &  crier  àluy.  Et  fur  tour,  il 
leur  afaiteiprouuertant  dcfoisfonfecoursaube{oin,&le  voir  de  leurs  yeux,  le  (en  tir  6c 
toucher  des  mains,par  manière  de  dire:tellemen  t  qu'ils  ont  bien  occafion ,  5c  tous  fidè- 
les auec  eux,de  iamais  ne  fe  défier  d'vn  Pere  li  bénin  &:  il  foigneux  du  falu  t  des  ficns:mais 
de  s'alfeurcrden'eftreiamaisconfus ,  quoy  qu'il  aduienne.  Et  pour  mieux  voir  ceci 
que  chacun  en  punTe  faire  (on  profit,  il  fera  bon  qu'on  entende  briefuement  ce  qcespo- 
Ce  que  les  ut  es  gens  faiibyent  eftâs  à  la  guerre.  Incontinent  qu'ils  voyoyét  approcher  rarmec,ils  cri- 
SoïSfo411  °yenttouscn^crn':)^e>^^a^e^:au^ecours^u  Seigneur     puis  auant  que  commencera 
eut quand  "  fe  defendreils  le  mettoyent  en  prières  &c  oraifons:  en  combattant  ils  foufpiroycc  après  le 
larmees'ap  Seigneur.  Tandis  que  les  ennemis  fe  repofbyent ,  chacun  de  cespoures  gens  fe  iettoità 
pr    K*  genoux,&  inuoquoit  Dieu.Quand  le  combat  eftoit  ceiTé,i  Is  luy  rendoyent  grâces  de  fou 
afliftence  qu'ils  auoyent  fentie.  Cependant  le  refte  du  peuple  auec  les  Minières  prioyenc 
Dieu  de  bon  cœur  auecgcmiifcmens  &:  larmes ,  &  ce  depuis  le  marin  iufqucs  au  foir.  La 
Prières  à    nu^  vcnuc>,lS  &  râlTembloyent.  ceux  qui  auoyent  combatu  recitoyent  l'aide  Ôcfeconrs 
D.eufonc  admirable  que  Dieu  leur  auoitenuoyé.  Etainfitousenièmblelcremercioyét  de  fabon- 
le$  vrayes  t^  pjus  quepatcrnelle. Tous  les  iours  il  changeoit  leur  trifteife  en  ioyc.  Dés  le  matin  l'a£ 
armes.     fljàion  le  prefentoitaueegrandes  frayeurs  de  routes  pars:  le foir  ils  eftoyent  deliurez,ôe 
auoyent  ample  matière  de  fe  refiouir  &  confoler.Ccs  poures  gens  auoyent  deu  x  terribles 
ennemis,  la  guerre  &  lafamine,  qui  les  preffoyent,  tellement  que  félon  l'apparence  on 
euft  iugé  qu'ils  eftoyent  du  tout  perdus  &  ruinez.  Mais  Dieu  par  fa  clémence  infinie  les 
a  deliurez  de  tels  dangers  &  remis  en  leurs  mations,  où  ils  font  de  prefent. 

Comme  la  Cour  de  Parlement  de  Paris  en  ce  temps  esl  affemblec  four  aduU 
fer  au fai£l  de  la  Rebgon. 

EnLiîftct'  BBBisBS  ^PENDANT  que  les  chofes  premifes  fe  traittoyent  en  Piedmont,Ie  Roy 
Charles  i  x.laRoinemere& ceux  defonConlèil  furent  en  la  Cour  de  Parle- 
ment, pour aduifcrauxdirTcrens  de  laReligion  ,en  ce  qui  concernoitle  fai& 
d'Eftat ,  auec  les  Prcfidens&  Confèilhers  d'icclle .  Là  fut  fommaircmentpro- 
faiaî°p"rîc  poféparle  Chancelier,qu'ils  eftoyent  là  aifemblez  pour  donner  aduis  auRoy  de  quelque 
chancelier,  bon remède  &: ptopreà pouruoiraux troubles  &:  eimotions,quclon  voyoit  pulluler &c 
multiplier  de  iour  en  iour  audit  Royaume,à  caufe  delà  diuerûré  des  opinions  touchât  le 
faitt  de  la  Religion:  à  ce  que  fes  fubic&s  peuflent  cftrc  maintenus  en  tranquillité  &:  repos 
fousfonobeiflance.  En  quoy  il  n'eftoit  queftion  d'entrer  au  mérite  du  fait*  de  laReli- 
gion ,'ains feulement  au  politique:  ce  qui  appartenoit  à  la  Religion  citant  remis  au 
Concile  national,  auquel  appartenoit  d'en  traitter.  Pria  vn  chacun  d'eftrebrief  en  fon, 

Cocilena-       .   .  4  * 

tional.  opinion- 

Et  après  que  tous  eurent  dit  leur  aduis  l'vn  après  l'autre,  fe  trouuerent  les  opinions  e- 
ftre  parties  en  trois,  toutes  différentes  l'vne  de  l'autre:  d'autant  que  l'vne  d'iccllcs  tcndoit 
à  furfeance  des  pcines,iufques  à  la  détermination  du  Concile: l'autre  à  punition  de  mortî 
rautreàrenuoyerlacognoiffanceàlaiurifdidionEcclefialtique:auec  defenfes  fur  pei- 
ne de  confiïcation  de  corps  &:  de  biens  de  faire  aucuns  conuenticules  &  afTemblecs ,  pu- 
bliques ou  priuees,auec  armes  ou  fans  armes,  où  fe  feroyent  prefehes  &:  adminifl  I wions 
des  Sacremens,en autre forrne  que ièlon  l'vfagc  obferuè*  par  l'eglife Romaine.  Laquelle 
opinion  fut  en  fin  trouueepafTer  la  premiere(qui  eftoit  laplus  grande apres)de  trois  voix. 
L'Edift  dô-  A  la  parfin  fut  dreifé  vn  Edift  du  mois  de  Iuillet,appele  pour  cette  caufe  depuis  l'Edi& 
delaE*  ^e  IuiHet,par  lequel  fut  ordoné  de  viurc  en  vnion  &  amitie,fàns  plus  fe  prouoquer  par  in- 
iuresou  côuices ,  n'cfmouuoir  n'eftre  cauie  d'aucun  trouble  ne  fedition ,  fous  couleur  ou 
prétexte  de  quelque  Religion  que  ce  fuft  :  &  ce  fur  peine  de  la  harc.  De  ne  faire  aucuns 

enrôle- 


TSarthekmydz-jHoytJ.  J77 

enrolemens ,  (îgnatUres  ou  a  ucres  chofes  tendantes  à  fa&ion ,  confpiration ,  ou  partiali- 
té' .  Et  aux  preicheurs  de  n  vfer  en  leurs fermons,ou  ailleurs,  de  parolles  fcandalcufes ,  ou 
tendantes  à'efrootion.  A  eux  enioinct  fe  contenir  modeltement ,  &:  ne  dire  chofe 
qui  nefuft  à  l'inftruction  &  édification  du  peuple:  &Je  maintenir  en  bon  repos,  fur 
meûnes  peines.  La  cognouTance  defdictes  feditions  attnbueeen  fouueraincté  aux  luges 
eftabiis  par  les  fiegcs  Prefidiaux  appelez  iufques  au  nom  bre  de  dix  pour  le  moins.  Tous 
conucnticules  dcfendus,fur  peine  de  confifearion  de  corps  &c  de  bicns,pnuez  ou  publics,  ^JjSjj 
aue«»armes  ou  fans  armes,  où  feferoyent  prelches  6c  adminiftrations  des  Sacrcmens  en  " 
autre  forme  quçfelon  l'vfagereceu  enl'eglife  Carholique,dés&depuiskfoy  Chreftien- 
ne  receue  par  les  Rois  &  Prélats  deFrance.  La  cognoiflance  pour  le  fai#  du  crimede  la 
fimpleherclie,delaiifeeauxgensd'Eglife.  Et  au  cas  que  le  preuenu  ou  accule  duefret 
crime  fuit  par  lefdkts  luges  deliuré  au  bras  feculier:quc  Ion  ne  pourroic  luy  impofer 
plus  grande  peine,queluy  interdire  la  demeure  &  habitation  du  Royaume.  Le  tout  par 
manière  de  prouiijon,iul'ques  à  la  détermination  du  Concile  gênerai  ,  ou  de  l'alicmblee 
des  Prélats  prochaine  à  faire.  Gracc,&:abolitionotcroyee  à  tous  pour  toutes  les  fautes 
paffees  procédantes  du  faict  de  la  Religion,en  viuant  paifiblemcnt,&:c.Enioint  de  punir 
tous  faux  délateurs. 

Défendu  de  porter  harqueboufes  &  piftollcs,  fors  aucuns  exceptez  par  l'Edict.  ^"11  LcsPrclats 
futderechefaduile  en  celle  grande  compagnie,  de  faire  appeler  les  Pielacs  du  Royaume,  mandez  ,* 
pour  aduifer  audid  faict  de  la  Religion  :  &:  derechef  arrelté  qu'iifcroit  baille  faufeonduit  jou^n^c 
aux  Miniftres  de  la  Religion  appelée  nouuelle  ,pour  venir  feurement  &c  eftre  ouis  fur  Minore». 
laConfeffiondclcurfoy-,d'e{Tayer  s'il  y  auoit  moyen  de  les  conuaincre  par  la  parolle  de 
Dieu,fclon  qu'elle  auoiteftéexpofee  par  les  Docteurs  des  premiers  cinq  cens  ans  après 
noftre  Seigneur.  Auquel  dernier  article  inclinèrent  tous,  d'autant  plus  volontiers,  que  le 
Cardinal  de  Lorraine promettoit&affeuroit  de  veincre  lcfdi&s  Minières  par  les  fufdi- 
etes armes: &:  n'en  vouloit  vfer d'autres .  L'efperance d'vne  telle  promeflê  &:  offre,  fît  cô- 
uoquer  leldits  Prélats  pour  saifébler  à  PohTy  prez  S.Germain  en  Laye  au  mois  de  Iuillet. 


BARTHELEMY    DE    H  O  Y  E,  Lie^o^executéa^nuers. 

LES  fidèles  aceufez  par  faufTes  calomnies  de  rébellion  ont  dequoy  les  repoufler  par  çcs  exemples  :  efquels  on 
peut  voir  leur  innocence,&:  comme  agneaux  eftre  menez  à  la  boucherie. 

E  1 1 1 .  iour  du  mois  d'Aouft  de  cefte  annee,lors  qu'on  faifoit grand  triomphée  md.lxi. 
en  la  ville  d' Anucrs  pour  les  ieux  &  prix  deRhctorique  qu'ils  appelent,pour  En  Aoufi- 
lefqucls  ouir  &  voir,on  a  de  couftume  de  diuers  lieux  y  venir:  les  fidèles  d'An 
uers  obferuans  toutes  occaiïons  de  s'aiTembler,  cependant  qu'en  telles  vanL 
tez  les  autres  eftoyent  occupez,  fortirent  en  grand  nombre  de  la  ville,&:  entrèrent  en  vn 
bois  afTez  près  de  Markfem,pour  ouir  la  prédication  &viue  voix  de  la  parolle  de  Dieu. 
LcDroiTartduditlieu  deMarkfem,cftantaduerti,y  allaauec  les  officiers  à  la  conduite 
de  quel quespoures  garçons  gardans  les  vaches,aufquels  ils  promit  donner  des  habille- 
mens,s'ilsluy  enfeignoyent  en  quel  endroit  du  bois  eftoitTallcmblee.  Il  demeura  au  de- 
hors aucc  deux  ou  trois  de  cheual  &  enuoya  les  autres  lèrgeans  dedâs  le  bois.  Les  poures 
brebis  à  la  venue  de  ces  loups  commencèrent  d'eftre  efpouuantez&  s'enfuir.  LesMini-  J^^^i 
ftres  &autrcs  voyans  ce  defordre admonnefterent  l'aiTemblee  de  ne  bouger,allegans  que  font  con- 
grandinconuenientdetellefuitteinconfidercepourroitaduenir.  Lesperfecuteurs  n'e-  J^jjrjj*-6 
(lovent  que  cinq  ou  iix:&  les  perfecutez  de  quatre  à  cinq  censperfonnes,enfuifcntve-  fuewde,  ' 
nus  aifément  à  bout  fans  grande  difficulté. L'intention  defdits  fergeans  eftoit  principale- 
métdefefaifirdu  Miniftrc.&defai&ayansapprehédévndclatrouppe  qu'ils  cftimoyêt 
eftre  Miniftre,  s'elcriercnt,Nous  le  tenons  le  mcfchant:&:  le  frappoyent  à  coups  de  pifto 
lets& de  baftons,&:  le  menèrent  hors  du  bois.  Le  DrofTart  entendant  du  poure  patient 
qu'il  n'eftoit  point  Miniftre,  le  garda  neantmoins.  comme  là  proye:&  pourchafTa  iuf- 
ques au  loir  le  trouppeauefpars  :  &  print  encores  deux  autres  fur  la  feigncuried'Ake- 
ren.  Et  aucc  ces  trois  prifonniers,  &:  force  manteaux ,  cappes,  failles,  deuanteaux, 

EEe.iii. 


Liurt  VII  JeandtLamoy* 

&  autres  meubles  que  les  pouresdifperfez  W>yent  laiffê  tomber  &leunauoy eut  oftez, 
ils  retournèrent  à  Markfem;  Ledit  Droflart  en  print  encores  deux  fur  le  chemin  qui  luy 
femblercnt  eftre  de  la  trouppe,dont  Tvn  eftoit  Barthelemyiiatif  de  Hoye  au  Jjays  de  Lie- 
gejmenufier,aagcenuiron  de  x  x  ri  1 i  .ans.  Ces  cinq  furent  mis  fepare'mcnt  en  prifon, 
partie  à  Markfcm,partieàDamme.  Peu  de  temps  après,  les  trois  premiers  qui  au  oyenc 
cfté'ptin s  en  la  iuriïdichon  d'Àkercn ,  eurét  moyen  d'efehapper  fans  dômage  ne  danger, 
par  Fafliftéce  de  leurs  amis.  Barthélémy  refta  ièul  entre  les  mains  dudit  DrofTart:deuant 
Tenuuons  îç^neltf  foiiftintdegransaffauts  que  luyliura  le  Curé  dudit  lieu  :auec  plufieurs  autres 
Xalrcsll-  qui  iourricllcment  luy  demand  oyent  comme  par  opprobre,  Pourquoy  vu  ieune  homme 
«renr.  cbmhréf  ayi  n'aimoît  pas  mieux  fe  tenir  à  leur  foy  &  leur  eglife ,  magnifique ,  ornée  d  ar_ 
ffcnt  &C pierres  prcckufes,pleine  deioyc,  de  chant  demufique&fond'inftrumentsrque 
de  feiomdre  à  celle  qui  eft  reiettee,mefprifee  &  expofee  à  tous  dangers  de  ce  mon<âe?Bar- 
thelcmi  neantmbins  fur  monta  toutesces  tentations  en  la  vertu  de  la  parolle  de  Dieu:  te 
rrtonnVra  à  tôus  que  ce  qui  eft  grand  &eftimé  entre  les  hommes,n'eftoit  qu  abomination 
deuant  Dieu.  Ayant  doric  fou  uentesfoisrefpondu  &  redargué  de  faux  la  dodrinedele- 
glTfeRdmaine,&m<^rèlesfrui(asd,icelleparrcxecrable'vie  des  Preftres:  après auoir 
efté  quelque  efpace  de  temps  en  prifon  ,  fut  finalement  décapite'  le  xx  i  x.  dudit  mois 
d'Àoufoeritre  qttatriï  &  cinq  heu res  du  matin,  m.o.ix  i. 


IE  AN    DE    LANNOY,  tapiJSierk Tournay. 

EXEMPLE  <T intégrité  de  vie  &  de  zelc  ardant  à  la  parolle  du  Seigneur ,  nous  eft  propofé  en  ce  Martyr, 
exécuté  à  Tournay. 

Vnombredes  vaillans  champions  du  Seigneur  ,qui  pour  fa  vérité  ont  heu- 
reùfement  combatu,  lean  de  Lannoy  natifde  Dermeau  lez  Renay  en  Flan- 
dte,nedoiteftremiscnoubly.  Etcombien  quede  toute  la  procédure  iudî- 
ciaire  tenue  "contre  luy  etîla  ville  de  Tournay,  il  ne  nous  foit  venu  ésmains, 
finon  vn  double  de  la  fentence  de  fa  condamnation,  prononcée  le  x  v  1 1,  de  Nouembre 
M.D.Lxi.fieft^eqiicfa  fidelité&conftanceaefté  ii  notoirement  approuuce  iufques 
au  dernier  foufpïr de  fa  vie,  qu'ilny  aceluy  detous  ceux  qui  l'ont  cognu  audit  Tournay 
&és  lieux  circôuoi(ins,auquel  la  mémoire  de  lean  ta  pi  filer (ain  G  vulgairemetnômé)no 
foit  fain&e  &:  iacree.  Durant  fa  vie,  il  a  efté  à  tous  par  fa  bonne  conueriation ,  comme  vu 
miroir  d'integrité:  fpecialement  aux  fidèles  de  l'eglile  de  Tournay,  en  laquelle eilant  du 
nombre deSiAncicns,nece{roitencant  qu'en  luy  ettoit,pt  ocurer  le  bien&:aduanccment 
d'icelIc.Cefutluyentreatfcres,quienh  vertu  Ô£  luthoricé  de  la  paroi  le  de  Dieu ,  par  ad- 
monition àc  increpation  digne  d'vn  vray  Ancien  Ecclefiaftique,  tafehade  reprimer  les 
grandes  aftembiees  deceuxquidezele  fans  tcicnce,à  grandes  trouppess'aflembloyétpar 
J^™"  les  carrefours  de  ladite  ville  pour  chanter  à  gorges  dei'ployees  les  Picaumes. 

"r"  La  perfecution  pour  telles  affemblees  ayant  efté  quelque  temps  parauant  enflam- 
mée cotre  l'Eglife des  fideles,chacun  recognoiuoitquecepcrfonnage  leur  auoit  eftéen- 
uoyéde  Dieu  pour  prédire  quafd)ctionviendroit,pour  préparer  tous  bons  cœurs  à  l'en- 
durer fans fefeindre ou diffimujer.  La ferueur  immodérée  de  plufieurs  ieunesgens  ae- 
fté  par  luy  fi  bien  réduite  à  vnefàin&e  mortification,  c«ue  tous  eftoyent  contraints  s'en 
efmerueillcr  :  &  aufsi  les  aduerfaires  ne  l'ont  pas  oublie  entre  autres  crimes  qu'ils  luy  ont 
obie&cz  en  la  fentence  :  laquelleà  tous  nom  mes  de  bonne  cognoifîancc  pourra  faire  foy 
de  la  grande  côftance  &.  fidélité  de  ce  iaind  perfonnage:&  partât  nous  l  auons  ici  inférée 
de  mot  à  mot,comme  s'enfuit: 

y  E  V  le  procez  criminel  fait  pour  iuftice  à  l'en  contre  de  lean  de  Lannoy,tapiiîîer,na- 
*  tifdeDer.rrîcaulezRenay,7ciprefent,chargé,attaint,&conuaincu,  seftre  paiTélong 
temps  feparc  de  feglife  Catholique,  &d'auoir  dogmatizé&:  enfeigné  plufieurs  propos 
crronezSc  fcandalcux contraires  à  la  foy  Catholique  &:  doctrine  de  l'eglùe générale  &  v- 
niucrfellcmcfmcment  d'auoir  tenu  plufieurs  Se  diuers  conucnticulcs  tant  en  cefte  ville 
qu'ailleurs  :& il lec  par  fa  faufTe  doctrine  èc  peruerfe  interprétation  de TEfcricure,  fe- 
duic&  abufé  plufieurs  hommes  &c  femmes,  fpecialement  ieunes  gés.  Efquels  erreursn  a 

pertina- 


Teneur  de 
la  coodera 


Floretttindt*jCoi4logtc^>  j j8 

pcrtinacement  pcriifté,&:  perfifte,  nonobftant  plufieurs  bonnes  6c  fain&es  admonitions 
fit*  enièignemens  à  luy  donnez,  comme  de  tout  appert  plus  am  plemçht  par  Ton  procez  6c 
fes  confeflions  diucrles  fois  reiterccs.Et  veu  &:  confideré  tout  ce  qu'il  faitoiû  à  conlïdcrer, 
Le  Roy  noftre  Sire,à  grande  6c  meuredeliberation  de  confeil,  pour  raifbn  des  crimes  fuf- 
dits,  a  condamné  6c  condamne  ledit  de  Lannoy ,  deftre  mené  au  grand  marché  de  ccfte 
ville,  &illcc  eftre  ars  6C  confumé  par  le  feu ,  en  déclarant  lès  biens,  fi  aucuns  en  a ,  con- 
fifquez. 

Prononcé  audit  prifon  nier  en  prefence  de  mef/îeurs  les  Commilîaires  de  fa  Ma- 
icfté,  Bailly,  Lieutenant,  Preuoft,  6c  autres.  Le  x  x  v  1 1  .du  mois  deNouembre, 
l'an  m  .  d  .  l  x  i . 

LE  Narré  en  cefte  lèntence  criminelle,  manifefte  alTez  les  mérites  delaprocedure  tc^ 
nue  au  procez  de  Ieâ  de  Lannoy:&  n'y  aura  à  1  aduenir  titre  ou  enfeignemêt  plus  am 
pic  pour  prendre  droid  au  faid  des  aduerlaires  en  la  caufe  des  fidèles ,  que  de  voir  6c 
examiner  leurs  fentences&:  le  motifd'icelles.  Pour  cefte  caulè  nous  les  enrcgiftrôs  en  ce- 
fte hiftoire , en  tefmoignageàlapofteritédclacruauté  echnique  6c  barbare  deceuxqui 
iugent  6c  condamnent  à  feu  6c  à  fang  la  do&tineceleftedu  Fils  de  Dieu. 


FLORENTIN, DE  C  O  VL  O  GNE,  fur  le  zhin. 

C  E  S  T  E  hiftoire  deFlorentin,cfplinguier,natif  de  Coulogne,  exécuté  â  faine}  Nicolas  en  Lorraine ,  eft  gran- 
dement notable  pour  plulieurs  circonftances  des  lieux  ,  des  perfonnes ,  Se  des  moyens  qu'a  le  Seigneur  pour 
aduancer  la  prédication  de  l'Euangile  au  milieu  des  ténèbres  <k  idolâtries  horribles. 

O  V  R  C  E  que  l'hiftoire  du  martyr  Florentin  concerne  le  faid  de  toute  vnc  M.  D. 
eglife,  enladiflîpatiô  de  laquelle  le  Seigneur  le  voulut  feul  choifir  pour  fecl-  L  X II. 
1er  le  tefmoignagede  fa  Vérité  annoncée  en  icelle,  il  eft  befoin  de  traiter  la  Eu  'amucr- 
chofe  vn  peu  plus  au  long,  &:  la  déduire  dés  fon  origine .  Il  faut  donc  entédre 
qu'entre  les  parties  de  l'Europe,  le  pays  de  Lorraine  eft  l'vn  de  ceux  aufqucls  iz  Lorraine 
le  Seigneur  a  moins  voulu  départir  de  les  grâces  fpirituelles,foit  ou  pour  l'iniquité,  ou  moins  rf- 
pour  l'impiété  du  peuple  adonné  à  idolâtrie ,  ou  foit  pour  finiuftice  des  Magiftrats  ordô- 
nez  fur  iceluy ,  ou  autrement  pour  les  caufes  à  luy  cogneué's ,  pour  lefquelles  il  exerce  lbn  pays, 
iufte  iugement  fur  cefte  nation.  Et  tant  s'en  faut  que  ce  pav^  aueugle  ait  voulu  tenir  coli- 
te des  aduertiflemens  à  luy  faits  par  vrais  AmbafTideurs  6c  Prophètes  du  Seigneunqu  au- 
contraire  s'oppofant  à  iceux,il  les  a  perfecutez  ,&:  en  a  lait  mourir  plulieurs  par  feu  6c  au- 
tres fupplices,tant  à  Nancy,  comme  à  Saincl-mihiel,  Mirecourt,  6c  ailleurs.Or  au  milieu 
de  ce  pays  y  a  vn  bourg  beau  6c  célèbre  entre  les  autres ,  pour  raifon  des  trafiques  6c  mai-  s.  Nicolas 
chandilès,  qui delong temps  s'y  exercenr,  anciennement  nommé  Port,  auquel  la  fuper-  ^£°r£een 
ftition  a  depuis  donné  le  nom  de  iamd  Nicolas,à  eau  (e  de  l'idolâtrie  qui  s'y  com  m  et,y  ar- 
nuans  de  toutes  parts  des  pclcnns  abulez  par  laperfualion  qu'ils  ont  de  la  vertu  d'vnei-  L'idofedc 

S.Nicolas 
en  Lorraine 


dolc  qu'ils  appeîcnt  S.  Nieoljs,&tcnâs  pour  certains  Sevrais  les  miracles  que  les  preftres  SJ 
du  lieu  leur  font  accioiic:  lefquels  outre  cefte  idole  de  bois:donncnt  à  entendre  qu'ils  ont 
la  ioindured'vn  doigt  cieS.Nicolas,&  laleur  donnent  à  bailèr,  enchaltee  en  vn  bras  d'ar- 
gent,dont  on  a  attiré  des  deniers  ineftimables,  pour  enrichir  vn  abbé  de  Gorze,cnfcm- 
ble  vn  prieur  de  Vvarerigeuille,quiadancienneté  occupé  lafeigneurie  temporelle  dudic 
bourg. Defquels  deniers  aufli  a  efté  conftruit  l'édifice  fomptueux  auquel  eft  érigée  de  ado 
ree  icelle  idole.  Encemcfmelieuseftant  depuis  q  u  elq  u  es  an  nées  retiré  &c  marié  Louys 
Des-mafures,à  qui  Dieu  par  la  milèricordeauoit  donné  quelque  cognoilîancc delà  Ve.  Louis  Dcst 
rite,  aucuns  fidèles  de  ce  mefme  lieu ,  qui  ia  par  petites  alîcmblccs  de  quatre,  ou  cinq,ou  "<a  ur"" 
lix  perfonnes,  faifoyent  leurs  prières  au  Seigneur,  sadreiians  quelques  fois  à  luy  pour  cô- 
ferer  delà  fain&eEfcriture;à  la  fin  le prierentd'afîémbler  quelques  vns  d  entre  eux,les  ex- 
horter à  leur  deuoir  enuers  Dieu  6c  leurs  prochains ,  6c  leur  faire  les  remonftranccs  telles 
que  Dieu  luy  donneroit.  Ceque  neleurpeut  refuièr  ,6c  l'ayant  faifquelquc  fois,s'ad- 
uifaaueccux  d'efcrireauxMiniftresdc  l'eghie  nouucllement  drelTee  à  Mets ,  à  ce  qu'ils 
lcuxenuoyairentquelquvndeleMrâftembleCjpourlesinftruire&confermerde  plus  en 
plusenlacognohTance  que  le  Seigneur  auoit  commencé  de  leur  donner.  A  quoy  volon- 

EEe.  iiii. 


Liurt^  VIL  Florentin  de  QoulogitJ. 

tiers  iccux  Miniftres  entendirent ,  U  fut  quelquetemps  fecretement  continué  ceft  exer- 
cicc,par  le  moyen  de  diuers  Miniftres  enuoyezaudit  lieu  de  S.NicoIas:iufques  à  ce  qu'vn 
Vendredi 1 3  .iour  de  Ianuier ,  en  Tannée  1 56*.  la  femme  d'vn  des  freros  qui  frequétoit  lef- 
dites  afTemblces,nommé  Nicolas  Simon,eiguillettier  de  Ion  mcftier,accoucha  d'vne  fîL 
le.  Et  pource  q  Des  mafures  eftoit  lors  à  Nancy,  vaquant  à  la  charge  des  cftats  qu'il  auoit 
en  la  rnaikm  du  duc  de  Lorraine,  Simon,  accompagné  defon  beau-frère ,  le  vintaduertit 
que  l'a  femme  eftoit  accouchée,  luy  demandant  confeil  de  ce  qu'il  auroit  à  faire  touchant 
le  baptefmedefon enfant.  Surquoy  D«-mafures,prcuoyantledangcrquiaduicndroità 
l'Egliiè ,  laquelle  com  mençoit  à  fe  drerTer  à  S.  Nicolas ,  fi  le  Baptefme  y  eftoit  adminiftré 
félon  l'ordre  des  Eglilés  reformées ,  refpondit  qu'il  falloit  porter  l'enfant  baptizer  en  TE- 
glife  de  Mets,côme  délia  on  en  y  auoit  porté  quelques  autres.  Mais  Nicolas  répliqua  que 
M.François  Chriftofle,  miniftrede  la  parolle de  Dieu,  eftoità  (aind Nicolas,  enuoyé  de 
l'Egiife  de  Mets, &.  que  puis  que  l'opportunité  s  y  addonnoit ,  il  aimoit  mieux  y  faire  bap- 
tizer Ibn  enfin  t,que  le  porter  ailleurs. Surquoy,quelques  remonftrances  que  luy  fîft  Des- 
mafures  du  danger  de  la  ditïipation  du  trouppeau,  luy  confeillant  pluftoft  de  le  tranfpor- 
ter  en  quelque  village  ou  autre  lieu  voilin,  &  y  mener  ledit  Miniftre ,  accôpagné  de  quel- 
ques frercs,pour  adminiftrer  le  Baptefme  :  il  perfifta  neantmoins  en  fon  opinion  de  lefai- 
re  baptizer  à  fainct  Nicola  s.&  en  cefte  dchberacion  auliî  toft  s'en  retourna.  L'enfant  doc 
fut  baptizé  par  ledit  miniftre  M.Fraçois  Chriftofle,  en  la  falle  d'vne  maifon  nouuellcmét 
baftie,&  non  encore  habitee:vn  Pfcaume  chanté,  &  la  prédication  faite  :  durant  laquelle 
les  enfans  de  quelques  mauuaifes  gens,  defquels  la  ville  eft  trop  farcie,  cnuoyez  de  leurs 
percs  &:  mères , ne  ceflerent  de  faire  vn  merueillcux  bruid  en  la  rue,  &:  de  ruer  des  pierres 
contre  la  porte  du  logis,  fans  que  la  pluycqui  tomboit  en  grolfe  abondâce,les  empefehaft 
aucunement .  Cependant  le  Miniftre  exhortoitle  peuple  affiliant  à  fa  prédication,  qu'il 
n'euft  à  craindre  (la  plufpart  y  cftas  venus  pour  appreheniîon  de  chofe  non  encorcs  veue, 
&:  non  accouftumé  en  tel  lieu)  &  Taflfcuroit  que  le  Seigneur  eftoit  pour  eux.Lelédemain 
vint  à  faintl:  Nicolas  M.Henry  TouiTain,fubftitué  du  Procureur  gênerai  du  Price,enuoyé 
pour  faire  enquefte  de  tout  FafFaire.  Auquel  feprefenterent  plulieursdes  plusapparesde 
la  villc,ofTrans  de  confcifcr  leur  foy,&:  d'aller  melmes  deuant  le  Prince(s'il  leur  comman- 
Prefchepu-  doit)pour  rendre laraifond'icclle .  Durant  cefte  information ,  fut  fait  vn  prefche  public 
bliqucmfnt  par leditMiniftre,auecque grande  alïiûence  du  peupledequel  ledit mbftitut enquefteur, 
nÎcoIm100  voyant  vn  tel  nombre,  eut  crainte  de  fa  perfbnne  :  &:  d'autant  qu'il  le  tenoit  mal-afTeuré, 
vlàde  belles  parolles  entiers  ceux  qu'il  interroguoit  ,lefquels  dcpofoyent&  confelîoyent 
volontairement  tout  ce  qui  eftoit  de  leur  faid.  Mais  principalement  le  iour  fuyuan t  (qui 
fut  le  Di  mâche)  s'aiTembla  vn  merueillcux  peupleàla  prédication  qui  fut  faiteen  lamcf- 
me  ii!le,du  rat  l'heure  que  la  grand'  MclTe  le  chantoir  au  mouftier  des  idoles. De  forte  que 
toute  la  ville,ou  peu  s'en  faut,laiiî*a  icelle  Méfie  aux  preftres  qui  la  chantoyentà  eux-mef- 
mes,&:  à  peu  d'autres  gens.Or  ce  melme  iour  du  Dimanchc,cftât  ledit  fubftitut,auec  fon 
enqucftc,retournéàNancy,oùilarriuafurlelbir:cefte  enquefte  fut  vcuëpar  lemaiftre 
des  requeftes  del'hoftel  dudit  Prince,  nommé  M.  Louis  delà  Motte,  quiauffi  toft  en  ad- 
uertit  Madame  la  DuchefTe  douairière,  mere  d'iceluy  Prince ,  laquelle  eftoit  lors  au  logis 
du  Côte  de  Vaudemont,où  fe  celebroit  le  feftin  des  nopees  d'vne  des  damoifclles  de  la  da- 
me C6teiTe,femmc  d'iceluy  feigneur  Côte.  Et  à  la  mefmc  heure,  qui  eftoit  après  le  foup- 
per,ladite  DuchefTe  douairière  le  retirant  de  la  falle ,  où  Ion  danfoit  &:  balloit  aux  violons 
&C  autres  inftrumens,  &  entrant  en  vne  chaabre  voiline,fît  appeler  le  Duclbn  fils,aucclc 
Contrnffiô  confeil  d'iceluy.  ^"Là,aprcs  pluiicursaduis&  diuerics  deliberarionsfut  conclu ,  cntrelcs 
A»neecô-  danfes,  que  le  bailly  de  Nancy ,  nommé  Ican  de  Sauigny ,  &:  mieux  cegneu  par  le  nom  de 
ktfe&inâ  Lcroon,prefcnt,&:  confentantàccfteconclufion,&eniemble  acceptât  la  charge  de  l'exe 
Nicolas,  cution  d'icelle,partiroit  la  nuid  auec  les  gcntils-hômcs  qui  furent  nommez,&:  autres  qu'il 
voudroit  choiiïr,,&:  bon  ne  trou  ppe  de  gens  à  pied  &:  àcheual:&:  iroitfurp rendre  Des-ma- 
fures(lequel  eftoit  eftimé  autheur  &  chef  de  tout  le  maléfice  pretcndu)eniemblc  le  Mini- 
ftre &:  autres, qui  furent  fpccialemcnt  defignez  par  leurs  noms.  Cefte  côclufion  ainiî  pri* 
fe,le  Bailly  s'alla  apprcftcr:&  félon  Tordre  mis  &c  donné  par  luy ,  partit  de  Nancy  deux  on 
trois  heures  auantle  foir,  fuyui  des  gentils-hommes, aufqucls  il  auoit  ordonné  de  fc  tenir 
prefts>&  du  Preuoft  de  Nancy  ,aucc  Vne  bâde  delà  ville  qui  a  accouftumé  l'accompagner 
aux  exécutions  de  fa  charge  :  emmenant  quant  &  quant  le  bourreau  à  cheual ,  bien  char- 
gé de  cordes.  En  ceftequippage  marchèrent- ils.  &  au  chemin  departoy en  t  entre  eux  le 

butin 


Florentin  de  Qoulàgn^  j7p 

butin  qu'ils  auoyent  à  faire,  comme sMs  allaflcnt en  terre  deconquèftc.  Ainû"  eftans  arri- 
ueZ à  vnemaladerie  nômee  LaMagdelcine*  diftante  enuiron  vn  quart delieuë  de  faind 
Nic©fes,le  Bailly  s'arrefta:&:  après  quelque confeil  tenu,departic  à  chacun  fa  charge.  Sin- 
gulièrement ordonna-ilau  Preuoftfcfaifirdes.pcrfonnes  duMiniftrt^&delacqucmin 
Maillote,àqui  appartcnoith  mailbn  en  laquelle  auoyem»cfté  faits  les  prcfchcs,&  admi* 
nifl»  1 1 Ç  Uapçefme,combien  qu'il  demeuraft  encore*  en  vne  autre  fienne  maifon:  &:  pour 
le  trc  ifîeme,  de  M.  Antoine  du  Pafquicr  apothicaire .  A  vn  autre  ildonna  la  charge!  de 
prendre  Renaud  Go:à  vn  autrc,Nicolas  Simon,pere  derenfant  baptizé.&aux  autres  di 
uerfement  ceux  q  bon  luy  fembla.  Quant  àfoy,il  fe  referua  à  prendre  DesdHiafuïes,pour 
moftrer  en  ccft  endroit  la recognoiflance  de  laquelle  il  vouloit  vfer  enuçrs  luy,  d'vnc  an^ 
cienne,ramiliere,  &  continuelle  amitié'  qui  auoit  efté  exercée  entre  eux,  couchansordù 
nairement  enfemble  en  la  chambre  du  feu  Cardinal  Iean  de  Lorraine,duquel  ils  auoyent 
efté  fcruitcuBS  des  plus  ramiliers,&  depuis  viuans  enfemble  au  {cruicc  du  duc  de  Lorrai- 
ne, &ayansfouuent  conféré  l'vnauec  l'autre  des  poinds  de  la  Religion,  de  laquelle  ledit 
Bailly  auoit  de  long  tempsailezam  pie  cognoii&ncc.  Le  tout  ainfi  arrefté  fclô  leur  aduis,  pe&e. 
marchèrent  outre  pour  en  faire  auffi  toft  l'exécution. Mais  le  Seigneur,  qui  dilïipe  le  con- 
feil des  hommes,  difpofa  des  liens  autremét  qu'ils  n'auoyenr  propofé  d'en  faire.  Car  cftâs 
entrez  en  la  ville,&:  faifant  chacun  félon  quefa  charge  luy  eftoit  departic,ils  nctrouuerét 
ceux  qu'ils  cerchoyent,lefquels  aducrti$  de leur  venue,  par  vn  homme  que  le  Seigneur  a* 
uoit  fait  fortir  de  leur  trou ppe,durant  leur  fufdit  ar  reft  raid  à  la  Magdeleine,  s  cftoyct  in- 
continent entr'aduertis  les  vns  les  autrcs,&  efeartezen  diuersheux .  Le  Preuoft  alla  au* 
maifons  qui  luy  eftoyent  départies  Jes  autres  aux  lieux  de  leurs  charges .  Mais  ils  nctrout 
uerent  que  les  fem  mes  où  les  familles.  Mais  le  Bailly  au  fortir  du  logis  de  Des-mafures:# 
s'eftanrarr  cft 6  deu  an  t  la  porte  d'iccluy ,  comme  il  regardoir  cqurir  fes  gens  çà  &  là  par  la 
rue,vn  boucher  luy  monftra  Florentin  l'cfplinguier ,  lequel  eftoit  lors  à  la  feneftre  de  fon 
grenier,aifez  près  de  là,&  luy  dit,En  voila  vn  de  ces  Huguenots  que  vous  cerchez.  Et  in- 
continent les  archers  de  la  gardc,qui  eftoyent  au  ec  lu  y,co  unirent  pour  le  prendre.  Mais 
le  poure  homme  les  voyant  courir  à  fon  logis,  defeedit  en  hafte,  &  s'alla  cacher  fous  le  lid 
de  fa  feme,laqueilc  nouuellement  eftoit  accouchée.  Et  le&archcrs  l'ayans  fuyui*en  la  rnef- 
mechabre,& eftans  entrez  furieufèmét,dcmanderent  à  la  poure  femme  gifàntccnfon 
li£t,auec  fon  enfant  naguercs  hay,où  il  eftoit  :  laquelle  cftànt  toute  cfperdue,ne  feeut  que 
refpondrc.  mais  les  archers  regardans  &  furctans  par  tout ,  le  cerchcrcnt  auffi  fous  le  îiâ* 
Et  elle  voyant  qu  ilsy  ienoyent  des  coups  de  hallebarde,  cra%nant  qu'ils  tuaftènt  fon  ma- 
ri fous  le  li&,où  elle  eftoit,luy  cforia,&  dit,Sortez,m  on  ami,  ou  autrement  ils  vous  tuerôr. 
Parquoy  Florentin ,  à  la  voix  de  fa  femme  eftant  ainfi  defcouuert ,  parlaà  eux ,  &  leur  de- 
mada  la  main  pour  l'aider  à  (brtir:car  ilnefcpouuoir  tirer  hors  du  lieu  où  il  s'eftoit  caché. 
Ainfi  eftant  pris,il  fut  meneau  Bailly ,lcquelcepcndantcftoit  môté  en  la  fallc  ouïes  pref  J^T'jé 
ches  s'eftoyentfaits.Là  eftant  amené  Florentin,  fi  toft  que  le  Bailly  le  vit,  il  luy  demanda appr*  c 
s'il  eftoit  point  de  ces  mutins  quine  vouloyent  point  obéir  à  leur  Prince.  A  uquel  il  rcfpô-  Crime  de 
dit,qu'il  n'eftoit  point  mutin,  &  qtoufiours  jlauoic  porté  obeiflânee  àfon  Prince  de  tout  r^ucrlI^>r,$ 
fon  pouuoir,ielon  le  commandement  de  Dieu.Lc  Bailly  demanda,  fi  ce  lieu  eftoit  la  fallc  uenurc  des 
où  le  Baptefme  s'eftoit  fait,&  s'il  s'y  eftoit  trouué:  à  quoy  il  rcfpondit  qu'ouy .  Puis  le  Bailly  JJ^jf* 
luy  demanda  encores  s'il  vouloit  point  viurcen  la  foy  de  fon  Prince.  Sur  quoy  Florentin  m^emp*. 
refpondit  qu'il  ne  fauoit  quelle  eftoit  la  foy  aVfbn  Prince  :  mais  quant  à  foy ,  qu'il  vouloit 
viure&  mourir  en  la  foy  qu'il  auoit  de  fon  falut  en  Iefus  Chrift,fèlon  l'inftru&ion  qu'il  en 
auoit  reccuë  de  luy  &  de  fes  fainds  A  poftresA:  qu'au  demeurât  il  vouloit  obéir  à  fô  Prin- 
ce,comme  il  auoit  fait  en  tout  &c  par  tout  après  Dieu .  Sur  cefte  Côfcffion  le  Bailly  luy  dit 
qfc'il  feroit  pendu.  Et  Florentin  luy  refpondit,  Loué  en  (bit  le  nom  de  Dieu.  Au  moins  ne 
tera-cc  point  pour  mefehanceté  que  i'aye  raitc,ni  pour  defobeiflance  quefaye  môftré  cn- 
uers  mon  Pnnce,auquel  i'ay  toufiours  volontiers  payé  ce  qui  m'a  efté  commandé  de  tail- 
les &  contributions  .  En  cefte  forte,&  fans  autreforme  ne  figure  deprocez,  fut-il  mis  és 
mains  du  bourreau,  lequel  luy  mit  la  corde  au  col,le  lia,&;  l'emmena  au  fupplice.Et  edm- 
me  il  fut  defeendu  en  la  rue ,  eftant  ainfi  mené  par  l'exécuteur ,  il  dit  à  quelques  vnsqu'il 
rencontra  de  fa  cognoiffance,  qu'il  louoir  Dieu  de  ce  que  pour  vne  fi  iufte  caufe  il  luy  fai- 
foit  la  grâce  de  fourTrinpuis  arracha  vn  cheucu  de  fa  tefte,&  le  nK>nftrant,dit,Qu'il  fauoit 
bienqu'vnfeulcheueuncpouuoittôberdefateftelànslapermiffion  &  volôté  de  Dieu* 
auquel  il  rendoit  graces,dcec  qu'il  luy  plaifoit  ainfi  difpofcr  de  fa  vie.  Le  bourreau  le  me- 


Lime  VI h  Florentin,  0*  la  difterfwn  des  fidèles  de  Port, 

nant ainh\nofa aller iufques au  lieu  accouftumé de rcxecuti6,qui eftoit hors  la  ville,crai- 
gnanclepcuple-.maislemcnafurlaplacc  derrière  lahallc,  en  laquelley  auoit  vn  toidler- 
uant  à  iouer  à  la  paulme.  Là,  n'ayât  poîc  d'cfchcllc  pour  monter  au  toict,fut  quelque  téps 
Florentin   attendau  t  des  efeabeaux  qu'il  deinandoie  :  6c  Florentin  luy  dit ,  qu'il  en  y  auoit  en  fa  mai- 
Eb«ux  de         c|ue s'il  les  enuoyoïc  cjucrir,  onlesluyapporteroic.  Aufquellcsparollescftmanife- 
Dmaiion  C  ftela  fimplicité  deccfàind  Martyr,&:  la  volontaire  obeiflànceau  tcfmoignagede  la  Veri- 
pouraider  z£ dcl'Euangile, àquoyleScigncur l'appcloit .  Les  deux  efeabeaux apportez, &c  eftans 
m?.0"1"    montez  Florentin  fur  l'vn  &:  l'exécuteur  fur  l'autre ,  vn  preftre  qui  alfiftoit  ace  fpe&acle, 
dit  à  Florentin,en  fe  riant  6c  gaudiflant,  Chace  à  cefte  heure  tes  Pfeaumes:  tu  es  en  poind 
pour  les  chanter.  AuquclFlorcntin  rcfpôdit,Mon  ami,ie  vous  prie  laùTez-moy,&:  ne  vous 
moquez  point  de  moyrcar  ic  ne  vous  en  donne  point  d'occafion. Et  icy  peuuét  confidercr 
Sicr  1 13  1"  fidèles  vnc  droite  imitation  deIcfusChrift,lequel,quand  on  le  menoit  à  la  boucherie, 
"  n'a  poît  ouuerfe  fa  bouchc,&<}uâdon  luidifbit  iniures>n'enrcdîfoitpoît,ains  feremettoit  à 
celuy  qui  iugciuftcmét^Ccpédât  il  vit  le  fils  de  fa  fémc,lequel  elle  auoit  eu  d'vn  premier 
mari:  &c  eftoit  icune  enrant,qui  auoit  fuy  ui  ion  pere,pour  voir  qlle  feroit  la  fin  de  luy .  Et  le 
llconfolc   voyant  pleurcr,luy  dit.Mon  fils,nc  pleurez  poît  de  ce  q  vous  voyez  de  voftrepere,&:  n'en 
(on  fiU.     ayc2  jamais  honte  deuant  le  môdexaron  ne  vous  peut  iuftemét  reprocher  q  ce  foit  pour 
inefehanceté  qu'on  ait  fait.mounr  voftrc  perc,ains  pour  vnc  bône&C  iuftecaufe.  Mais  re- 
tenez bien  l'inftruction  que  ic  vous  ay  donnée,  &:  viuez  en  la  crainte  de  Dieu.  Voila  corn» 
ment  Iuy-mefmes,en  lieu  d'eftre  confolé  par  les  hommes  à  fa  mort,  receuoit  confolation 
du  fainft  Efprit,qui  le  fortifioit  mefmcs,&  faifbit  feruir  à  confoler  les  autres.  Eftant  ainû 
Florentin  fur  vn  efcabeau,& le  bourreau  fur  i'autre,Florentindit  àl'cxccutcur,!!  ne  tien  - 
droic  qu  a  moy  de  vous  fairevn  mauuais  tour.maisienele  veux  pas  faire.Entendant(cô- 
me  on  cftime,&:  comme  on  le  pouuoit  iuger  à  fa  contenance,  qui  regardoit  vers  les  pieds 
du  bourreau)  que  s'il  euft  voulu  donner  vn  coup  de  pied  à  l'cfcabeau,  fur  lequel  il  eftoic 
monté,le  bourreau  faft  tombe  par  terre  :dequoy  le  peuple  euft  peu  fcmouuoir,&fè  fuft 
employé  à  la  deliurancedcFlcrcntin.Finalement  après auoir  fait  fa  prierc,&:  recomman- 
dé fon  ame  à  Dicu,ilfutexecuté>&.  mourut  heureuferact  au  Scigneur.^"Le  Bailly  pour  a- 
cheuer  facommiffion,commâda  furfheurcquela  maifon  delacquemin  Maillote,où  s'e- 
ftoyent  faits  les  prefehes ,  &adminiftré  le  Baptcfmc,  fuft  abbatue&  rafee,  laquelle  eftoit 
vnc  des  plus  belles  &  fomptueufès  de  la  ville,  &  tout  nouuellcmet  &  entieremét  acheuee 
la  maifon  de  baftir,fans  qu'encore  elle  euft  efté  habitee.Ce  qu'on  commençadefaire  au  mefmein- 
jJïSS.  ftaut,&  cft  àprefent  demolie,en  fîgnedela  haine&  deteftation(quoy  qu'on  interprète  le 
ftréieBap-  contrairc)de  la  pureté  delà  do&rinedc  l'Euangile  ,& des  Sacremensadminiftrez  félon 
rtfme  de-   Ordonnance  8c  inftitution  de  noftre  Seigneur  IcfusChrift .  Ledit  Iacqucmin,  homme 
maldifpofé  defàpcrlbnncs'eftantfauué  parla  prouidence&  conduitte  de  Dieu,fc  retira 
à  Toul,&  de  là  auflî  toft  à  Mets,  auec  quelques  autres,  eftans  efchappcz  aucc  luy.  Le  mi- 
niftre  M.François  Chriftoflcdemeura  caché  tout  ce  iour,&:  le  lendemain  iufques  vers  le 
midirpuis  de  plein  iourfortit,  &:  s'en  alla  à  Mets.  Les  vnsfc  retirèrent  àSain&e-marie,  &c  à 
Strafbourg:  les  autres  fe  fauuerét  par  les  champs  en  diuerfes  fortes,  ainfi  que  Dieu  les  con 
dui(bit:&:  fontauiourdhuy difperfèz au  nôbre deeto.ouyo.mefnagescn diuers licux.^La 
lugemft  de  Bailly,ayant  ainfi  exploité,difha  en  l'hoftcllerie de fain£tClaude:&:  après  difner,ne  fachac 
raWe  (mit  cn  clue^  u'cu  on  auoit  exécuté  Florcntin,vint,en  s'en  retournant  à  Nancy,pafler  par  la  pla 
Bailly  de    ce  où  il  eftoit  pendurcar  c  eftoit  fon  chemin:&  l'ayât  ainfi  trouué,fans  y  penfer,  il  tut  à  l'in 
Nancy.  dVnefraycur  &c  çrainte,qui  l'accompagna  toute  fa  vie,laquelle  depuis  ne  rut  pas 

longuc.Car  eftant  en  continuel  trembiemcncil  ne  cefTadefcicher,iufqucsà  ce  quauanc 
vn  an  pafTé  après  cefte  execution,il  moùrut  à  Nancy,  cftat  tellement  fec,  que  tout  ce  qui 
eftoit  deluy,ncfembloit  autre  chofe  qu'vn  parchemin  ridé  &c  collé  défais  du  bois,  fans 
Vncfonrai-  uojr  pCU  trouucr  remède,  nia  vnc  fontaine  qui  cft  au  pays  du  Liège ,  où  il  fe  fit  porter,  la- 
Su  Lic^eT  quelle  auoit  lors  vn  bruit  cn  fingularitcdeguairifon  à  toute  maladie,  ni  à  tous  autres  mo- 
yens &  médecines  qu'il pcuftcercherpourfeguairir.Cefte exécution  eftantfaiteleLun- 
di,!e  corps  du  martyr  Florentin  demeura  pendu  tout  ceiour&  le  lendemain,  autoictoù 
il  auoit  cftç  cxecuté:&  le  vouloit-on  laifTcr  pour  l'autre  iour  encores,qui  eftoit  Je  Mecrc- 
di,iourdemarchéordinaircàfaind  Nicolas,  afin  qu'il  fuft  veudu  peuple  de  tout  le  pays 
d'alentour,pour  luy  donner  crainte,^  faire  auoir  la  Religion  en  horreur,  à  caufemcfmc 
quclctoi&où  il  pendoit , eftoit  fur  la  place  du  plein  marché.  Mais  aucuns  fidèles  le 
vindrent  dépendre  la  nuic~c ,  fans  que  ceux  que  le  Maire  auoit  commis  pour  le  gaj  ê  <ir ,  ô£ 

qui 


<tAj[ernblez*>  duTrelats  dc^j  Franck  jSo 

quicftoycntfousla  halle  voifîne  de  là ,  véillans  alentour  d'vn  feu ,  s'en  peuffent  apperce- 
uoitfpuis  le  portèrent  au  cimetière  del'hofpital,  auquel'ils  leietterentpardeflus  vne  hau- 
tcmuraille  qui  le  ferme,&  là  depuis  il  y  fut  enterré.  Mais  le  Bailly,durant  fa  langueur,  fen- 
tarit  fur  foy  &c  craignant  l'ire  de  Dieu,à  caulè  de  cefte  exécution  qu'il  auoit  faite,  pour  co- 
plaireaux  Princes,  contre  fa  propre  confciencc,  demanda  plufîeurs  fois  à  quelques  gens 
de  fauoir  &:  de  pieté,  qui  luy  aiïiftoyét  en  fa  maladie,Si  Dieu  ne  pardônoit  poit  les  péchez 
quand  on  s'en  repentoit:fàns  leur  dire  ni  confeiTcr  cependant  lacaufe  delà  douleur ,  ni 
quellecftoitfa  repentance.Etainfi  n'ofant  déclarer  ce  qu'il  auoit  fur  lecceur,ni  la  crainte  Lc  ^'"y1- 
du  iugement  de  Dieu  qui  le  preflbir,d'autant  que  de  l'autre  cofté  il  craignoïc  de  dcfplaire  £cC&trc 
aux  Princes  par  fàconfefîïon&:  repen tance  ouuertc,  il  finit  là  vie  en  celte  angoii~fe&:  trê-  bkmeut. 
blcment.  Mais  cependant  le  Seigneur  luy  fit  rendre  vn  euidenttefmoignagedelappre- 
henlion  qu'il  auoit  de  la  mort  éternelle,  pour  cefte  iniuftice  commife.  Car  laiiànt  Ion  te 
ftament,il  ordonna  par  expres,en  la  déclaration  de  fa  dernière  volonté,  deuât  les  Notai- 
res &  tefmoins  à  ce  requis  &  afliftans ,  Que  cinq  cens  francs  fuflcnt  débutez  delbn  bien, 
pour  la  nourriture  &C  entretenement  de  la  fille  de  feu  Florentin,  delaquelle  la  mere  eftoit 
en  couche  lors  qu'il  le  fît  executcr.Laquelle  fbmme  depuis  les  héritiers  &c  execu  teurs  du- 
dit  teftament,ont  déclaré  à  la  mere  d'icelle  fil  Je  luy  élire  deuë:&:  à  cefte  caufelui  en  payer 
vnc  rente  par  chacun  an,à  taifon  de  cinq  pour  cent ,  pour  ladite  nourriture  &;  entretene- 
ment, iufques  à  ce  que  cefte  fille  fbit  enaage,  afin  que  lors  icelle  fbmme  entière  de  cinq 
cens  francs  luy  foit  deliuree.  Or  ce  iugement  de  Dieu  eftant  fi  clair  &c  manifefte  fur  ceux 
qui  perfecutcntfbn  Eglife:le  pays  de  Lorraine  toutefois,au  milieu  duquel  le  Seigneur  ex-  Lcpaysde 
erce  ainfifes  iugemens,  demeure  aueuglc,&  n'y  voit  goutte,  afin  que  fa  ruine  foit  plus  Lorrame- 
grande  quand  la  mef  ure  de  fbn  iniquité  fera  accomplie ,  au  iour  del  ire  de  Dieu  :  &  que 
pour  eftrc  inexcufàble ,  à  caulede Ion  endurcifTemcnt  aux  exemples  que  le  Seigneur  luy 
propofe  deuant  les  yeux(commc  encor  il  fe  pourra  voir  en  l'hiftoirc de  Iean  de  Madoc)  fà  ™aar^e 
punition  en  foit  plus  grieue,laquelle  Dieu,  fclô  fa  bon  té  &:  mifericordç,  vueille  modérer,  doc ,  dfcfew 
ouurant  les  yeux  aux  pourcs  aueugles,  &  lesefclairant  par  la  lumière  de  fon  faind  Efprit,  jjjj'™  " 
à  ce  que  cognoi/Tans  fa  Verité,ils  cheminent  d'orefenauant  en  fà  craintc,à  la  gloire  de  fon  °n  tcn,ps' 
fainâ:Nom,&:  laconfolation  de  fon  Eglifè. 


D  E  L'^4S  SEMBLEE  des  Prélats  de  France  &  des  Mimflres  de  l 'Evangile ,  tenue  à  PoiJJy  de- 
uant le  Roy  Charles  I  JC.cn  laquelle  le  Seigneur  fit  retentir  la  voix  de fa  Venté  aux  oreilles  des  fins 
grandsjnaugré  toute  contradiction. 


•gx^éc'Sti  Y  ANS  touché  cidefTusen  fon  lieu  le  motif  &  l'occafion  demander  les 
WTzSSpr^  Prélats  de  France,  &  donner  fauf-côduit  aux  Miniftres  pour  les  ouyr,il  ne  fe- 
l^ll^jja  ra  impertinent  à  l'hiftoirc  Eccleliaftiquc  :  dire  quelque  chofe  d'vn  Colloque 
«3©SyYa  autant  adm  irablc  qu'il  aduint  de  long  tem ps  par  vne  fingulierc  grâce  &:  fpc 
^5*55ê==*  ciale  bonté  de  Dieu  :tenu  au  mois  de  Septem  b  re  &  Odobrc  paflez. 

Apre  s  plufîeurs  rcmifès& longueurs,  ceux  delà  Religion  fupplierët  finalement  les 
Princes  du  fang  de  leur  faire  don ner  audiencc:&  fignam ment  que  les  conditions  qu'ils  a- 
uoyent  demandées  leur  fufîent  ottroyees:mefmement  de  n'eftrciugez  par  lesPrclats,afin 
quiccux  ne  fufTent  iuges  en  leur  propre  caufe:requerans  refponfe  leur  eftre  baillée  par  ef- 
crit.  Ccqueftantdcnié,ilsallerentfupplierlaRoine  de  faire  droi<5t  fur  leur  requefte. 
EUcIeurfitrefponfe,quenullerncntIefdits  Prélats  ne féroyent leurs  iuges,&:  qu'vnSecre-  j^"^" 
taire  d'Eftat  leur  feroit  baillé  pour  notaire  &:  greffier .  Que  fi  eux-mcfmes  vouloy ent  re-  ^ollic.  1 
cueillir  par  eferiteequi  feroit  déduit  au  Colloque ,  âc  ce  dont  ils  fe  potirroyen  raccorder, 
ou  qui  demeurcroit  en  controuerfe,l'arr eftant  iour  par  iour:  faire  le  pourroyent .  Et  meL 
mes  protefter  publiquement  de  ne  vouloir  leurs  dirficu  ltcz  eftrc  décidées  par  autre  preu- 
ue  que  de  l'Efcriture:Et  que  le  Roy  auec  les  Princes  du  fang  feroit  prefent  à  leur  confere- 
cc  &  difpute.Qu'au  refte  ils  s'y  portaient  modeftemet ,  fàns  rien  ccrchcr  que  la  gloire  de 
Dicu,dc  laquelle  elle  eftimoit  qu'ils  fuiîentftudicux&:  amateurs.  Que  de  leur  en  bailler 
aucune  chofe  par  eferit,  il  n'eftoit  expédient  pour  plufîeurs  raifons  :mais  qu'il  leur  feroit 
baillé  quand  en  feroit  befoin:  les  admonneftant  de  fe  confier  autant  en  fes  paroles  qu  a 


Z'Wo  VIL  Ajfemblccj  des  Prélats  do  France^, 

rdcnture:quMeftoit  mal-aifc  mefmes  au^^ 
Les  Sorbo  a  intention  de  tromper.  ^"Commc  ils  fortirent  ayans  receu  celte  relpôfe,  les  Do&eurs  de 
pSiRoï-  ^  Sorbonne entrèrent  jiuppliansla  Roineden'ouyrceux  delanouuclle  Religion: que  û 
ne  denouir  clleauoit  arrefté  de  les  ouyr,  qu'à  tout  le  moins  elle  ne  permift  que  le  Roy  y  alïiftaft,  pour 
noLuefic"1   ^e  Ranger  qui  pourroit  eftre ,  fi  en  ce  bas  aage  il  eftoit  infecté  de  leur  peruerlè  doctrine,  de 
Religion,    laquelle  mal-ailcment  puis  après  il  pourroit  eftre  deftourné:  qu'eux  eftanspieçacôdam- 
nez  d'herefie  ils  ne  deuoyent  eftre  ouys .  La  Roine  leur  fit  rcl'ponfe  qu'elle  ne  feroit  rien 
qu'aucc  confeil ,  6c  qu'ils  pourroyent  entendre  que  l'affaire  ne  leroit  traittéà  l'opinion  de 
Dcccuxqtii  ceux  de  ljdire  Religion.    ^  Le  i  x.  de  Septembre  s'aifemblerentà  Poiffy  au  grand  re- 
lMT^bl i  ^c^oir  ^es  Nonains,LeRoy,  Monfieur  le  Duc  d'Orléans  Ion  frère,  Madame  Marguerite 
falcci  Potf-  fa  lœur.la  Roinc,les  Roy  6c  Roine  de  Nauarre,  Monfieur  le  Prince  de  Condé  (on  fïerc,&: 
fy-         autres  Princes  du  fang,&  Sieurs  du  Confcil,où  eftoyent  aifcmblcz  les  Prélats  fufdits, Car- 
dinaux, Archeuelques  6c  Euefqucs,  iufques  au  nombre  de  quarâte  ou  cinquante  prefens, 
aucc  plusieurs  autres  pour  les  abfens  6c  déléguez  des  Chapitres.  Il  y  auoit  dyne  part  6c  d'- 
L'ordre  de  autre  du  long  de  lafalledeux  bancs,fur  lefquels  eftoyent  aliis  les  Prelats:afiàuoir  du  cofté 
i*  flinScc  ^extre,lcs  Cardinaux  de  Tournon,  Lorraine  6c  de  Chaftillon  ,les  Archeuelques  de  Bor- 
deaux &:  d'Ambrun,S£plufieurs  Euelqucs  de  tuitte,  félon  leurs  antiquitez  6c  prééminen- 
ce s:au  feneftre  eftoyent  les  Cardinaux  d'Armignac  Bourbon  &:  Guylé,&:  les  autres  Euci- 
ques.Il  y  entra  gi  and  nombre deTheologiens accompagnans  lefdits  Prélats, 6c  autres  ges 
mefmement  de  robbe  courte.  Puis  après  lesMiniftres,douze  en  nombrc,&:  enuiron  vingt 
déléguez  des  Eglifcscntrerent:&  afin  quelacommuncnefeicttaft  fur  eux,ils  furent  con- 
Propoiitiô  c{uirs  de  laincl:  Germain  iufques  audicllieu  par  des  archers  de  la  garde.    Le  Roy  corn- 
Ud«e°ai?cai  mai  ça  à dire,Qu,'vn  chacun  eftoit  aftez  aduerti  des  troubles  qui  eftoyent  au  Royaume: 6c 
bicc.        que  panree  il  auoit  fait  faire  aftemblee  en  ce  lieu, pour  reformer  les  chofes  qu'ils  verroyet 
y  eftre  à  reformer  ,fans  paflion  quelconque,  ni  regard  aucun  du  particulier  intereft,mais 
feulem  ent  de  l'honneur  de  Dieu, de  l'acqui&des  confciences,&  du  repos  public:  Ce  que 
ie  defire ,  difoit-il ,  tant  que  i'ay  delibct é  que  vous  ne  bougiez  de  ce  lieu ,  îulques  à  ce  que 
vous  y  ayez  donné  li  bon  ordre ,  que  mes  fuiets  pui/Ient  defotmais  viurc  en  paix  6c  vnion 
les  vns  auccques  les  autres:com  me  i'efpere  que  vous  ferez .  Et  ce  faifant  me  donnerez  oc- 
cafion  de  vous  auoir  en  la  mefmc  protection  qu'ont  eu  les  Rois  mes  predeceffeurs. 
Propofitiô      l  e  Roy  après  commanda  à  monfieur  ie  Chancelier  déclarer  plus  au  long  fon  inten- 
du chance-  t;on      compagnie  :  &:  le  fit  alfeoir  affez  auant  en  la  Salle  vers  le  coite'  dtoit .  Lequel 
expoià  aufdits  Prélats  la  caufe  qui  auoit  meu  le  Roy  de  les  aiTcm  bler  :  leur  rcmonftra  que 
l'es  predccefifcurs&:  luy  auoyent  eflayé  par  tous  moyens  tant  de  force  que  de  douceur  à 
reunir  fon  peuple",  qui  eftoit  fi  miferablement  diuifé  par  la  diuerfîté  des  opinions  :  &c  que 
l'vn  6c  l'autre  defiein  n'auoit  que  bien  peu  profité  :  tellement  qu'à  la  diuifion  qui  ia  long 
temps  eftoit  commencée,  eftoit  encores  furuenue  vneinimitié  capitale  entre  fes  fuiets, 
de  laquelle  (  fi  Dieu  n'y  donnoit  quelque  prompt  6c  brief  remède  )  l'on  ne  pouuoit  atten- 
drequ  entiercruine  &fubuerfiondeceft  eftar.    Et  pour  cefte  caufe,  fuyuant  ce  quelcs 
anciens  Rois  auoyent  fait ,  fc  trouuans  en  pareille  neceffi té ,  il  les  auoitfait  appeler ,  pour 
leur  communiquer  le  befoin  qu'il  auoit  d'eftre  en  ceft  affaire confeillé  &  fecourudes  priât 
a  utant  qu'il  luy  eftoit  poffible ,  d'aduifer  auant  toutes  chofes  commclon  pourroit  appai- 
fer  Dieu, qui  certainement  eftoit  irrité. 
o?c"Ufn?     ^T  s'^c^°'ctrouu^ ^  qu'en  la  manière  de  le  feruir,  parla  pareflTe&auaricedcccuxqui 
ladiwaflcm  en  ont  eu  la  charge ,  eu  fient  cfté  introduits  quelques  abus  contre  fa  Parolle ,  contre  l'or- 
Ucc.       donnance  de  fes  A  poftres,&:  des  anciennes  conftitutions  de  l'Eglilé  :il  les  pt ioit,d'autanc 
que  leur  authorité  fe  pouuoit  eftcndre,y  vouloir  mettre  la  main  fi  auant,  que  leurs  enne- 
mis perdilfent  l'occafi  on  qu'ils  auoyent  prinfc  de  meldirc  d'eux ,  &C  diftraire  le  peuple  de 
leur  obeiflance .  Et  d'autant  que  la  diuerfité  des  opinions  eftoit  leprincipal  fondement 
des  troubles  6c  l'éditions ,  le  Roy  auoit,  fuyuant  ce  que  ia  auoit  efté  arrefté  par  les  deux  al- 
femblecs, accordé  vn  fauf  conduit  aux  Miniftrcs  de  ladite  fectc,efperant  qu'vncconfetcrk 
ce  auecques  eux  amiable  6c  gratieufe  pourroit  grandement  profiter .  Et  pour  cefte  caufe 
il  prioir  toute  la  compagniedelcsrcceuoircomme  lepere  fait  fes  enfans,& prendre  la 
peine  de  les  end  ottriner&inftru  ire.  Et  de  cefte  difputc  bien  &  fidèlement  rtfcueillicd'v- 
ne  part  6c  d'autre,la  faifant  publier  par  tout  le  Royaume ,  le  peu  plepourro?>coniprendrc 
qu'aucc  bonnes,iuftes&:  certaines  raifons>&:  non  par  force,  ni  par  authorité  cefte  doctri- 
neauroit  efté  reprouuee&  conJamnce.  Promettait  fa  Maiefté,  que  comme  fes  predecef- 

feurs 


Et  M'miîim 'detEuahgik.  jSi 

fcurs  Rois  Pauoyet  cfté,  auflî  feroit^il  en  tout  &:  par  tout  prote&ettr  Se  deféfeur  del'Eglife. 

Ab  o  n  c  lcCardinaldcTournon  prefiéentcncefteaflemblee,commc  plus  ancien  &:  Propofiuô 
doyen  du  collège  des  Cardinaux,  &c  primat  de  Fr ace  à  caufe  de  Ton  Archeuefché  de  Lyô,  Ç*^1 
refpondit,remcrciant  Dieu  de  la  grâce  qu'il  luy  faifoit,&:  à  la  compagnie,dc  fe  voir  aflem 
blez  pour  vn  fi  bon  effed.  Il  remercia  pareillemét  le  Roy,la  Rojne ,  &des  Princes  du  fang, 
de  l'honneur  qu'ils  faifoyent  à  celte  affemblec  d'y  vouloir  aflifter,&:  faire  propofer  chofes 
fi  faindes,  comme  auoit  déduites  moniîeur  le  Chancelier ,  tant  dodement,  fagemenr  &C 
bien,qu  ^  n'eftoit  poflîble  de  mieux.  Au  furplus  qu'il  s'eftoit  préparé  pour  refpondre  aux 
poinds  principaux  portez-paxlcs  lettres  à  euxcnuoyecs,afîn  des'aflembler  en  ce  lieu, pe- 
lant qu'on  les  deuft  propolct  :  requeroitqucledit  Chancelier  baillaft  fa  propofition  par  cC- 
crit,&:  qa'illcor  fuft  donné  loilir  d'en  délibérer.  A  quoy  fut  refpondu  par  ledit  Châcelieji 
qu'il  n'eftoit  befoin  la  bailler,  &  que  chacun  l'aiioit  peu  entendre.  Le  Cardinal  au  côtrai- 
re  qu'il  euft  à  la  bailler,melmcmentpour  lamonftrerauxautresEuefqucs  qui  n'auoycnt 
cfté  du  commencement,  &  qui  venoyent  de  iour  à  autre,  mais  à  ce  ledit  Chancelier  fina- 
lement ne  voulut  entendre .  Ce  faid,  eftant  commadé  aux  Miniftres  deifuldits  de  parler, 
Théodore  de  Befzeefieude  tous  les  autres  pour  ce  faire,  dit  &  parla  en  la  manière  qui 
s'enfuit: 

Sire,  Puis  ql'uTue  de  toutes  entreprifes  &  grades  ôfpetites,  dépend  de  l'affiftcncefi^ 
fàueur  de  noftre  Dieu,  &  principalement  quand  il  cft  queftion  de  ce  qui  appartient  à  fon  J**1^6 
feruicc,&  qui  furmonte  la  capacité  de  nos  entendemens:  Nous  cfpcrohs  q  voftre  Maiefté  ^ 
nccrouucra  mauuais  ni  eftrange  fi  nous  commençons  par  l'inuocation  du  Nom  d'iccluy.  Thcodorç 

fApresqu'il  eut  fait  la  prière  à  Dieu  d'affection  ardentc,& pertinente  en  telle  aflemblee,  deBcfze' 
dit  au  Roy,Si  r  b  ,c'cft  vnlicur  bien  grand  àvn  fidèle  &  affedionné  fuiet,de  voir  la  face 
de  fon  PrincCid'autantquicelleluyreprefentantcommelaMaieftédcDieu  vifible,faire 
ne  fc  peut  qu'il  n'en  foit  grandem  et  cfmeu,  pour  côfidcrer  le  dcuoir  de  l'obeiflance  &:  fu- 
icttion  qu'il  luy  doit.  Careftans  tels  que  nous  fom  mes,  ce  q  nous  voyôsàl'œil  (pourueu  q 
l'œil  foit  bon,&  la  choferefpôde  à  ce  qu'on  a  côceu)eft  de  beaucoup  plus  grand  effed  q  ce 
qui  eft  côfideré  par  nous  auec  vne  fimple  &c  nue  apprehéfion  d'efprit.  Et  s'il  aduiet  q  non 
(eulemetil  puifie  voir  fon  Prince,  mais  aufh  qu'il  foie  veu  de  luy,&:  qui  plus  eft,efcouté,  &C 
finalement  receu  &  approuuéralors  vericablcmét  a-il  receu  vnc  trefgrâdc  fatisfadiôôdin 


&gemiffemenscontinitelsjilnousâtelleméttauonfez,qcciournous  apporte  le  bié,iu£ 
qu'icy  ploftoft  defiré  qu  cfperé,dc  voir  voflre  Maiefté,  Sirc:&, qui  plus  eft,d  eftre  veus  & 
ouys  d'icelle  en  la  plus  illuftre  &c  noble  côpagnie  qui  lbit  au  môde.Quad  donc  nous  n'au- 
rions iamais  receu  autre  bii£c  n'en  reccurions  par  cy  après:  fi  cft-ce  q  lerefte  du  cours  de 
nos  ans  ne  pourroic  fatisfairepour  fufEfammet  en  remercier  noftre  Dieu  ,&  rendre  grâ- 
ces condignes  à  voftre  Maiefte.  <|"Mais  quâd  nous  confiderôs  auec  cela,  q  cemcfme  iour, 
non  feulemêt  nous  fait  ouuerture,  m  ais  au  ffi  nous  conuic,&  par  manière  de  dire  d'vnc  fa- 
çon tant  benigneVtant  gracieufe ,  &:  tant  côuenable  à  voftre  Royale debonnaireté,  nous 
contraint^  telmoigner  rous  cnicmblelc  deuoir  q  nous  auos  à  confefier  le  nom  de  noftre 
X)ieu,&  àdeelarer  l'obeifTance  q  nous  vous  porconsrforce  nous  eft  de  côfeiFcr,Sire,q  nos 
cfprits  n e  font-capablcs  de  côceuoir  la  grâdeur  d'vn  tel  bien ,  &c  nos  ligues  encores  moins 
fuffifantes  à  exprimer  ce  q  1  afîedion  leur  commande.  Tellemét,Sire,qu'vne  telle  faueur 
Surmontant  toute  éloquence  humaine,  nous  aimons  trop  mieux  confcfTer  noftre  imbé- 
cillité par  vn  vergongneux  fiîence ,  qu'amoindrir  vn  tel  bien  fait  par  défaut  delà  parolle. 
Toutefois,Sirc,nousfouhaittons  encores  lequatrieme&:principalpoind,c  eft  aftauoirjCj 
noftre  feruicece  iourdhuyfoit  receu  de  voftre  Maiefté  pour  aggreaole.  Ce  qu'auffi  nous  Que 
cfpcrôs  obtenir,sïl  aduient  (&:  Dieu  vueille  qu'ainfi  foit)  q  noftre  venue  apporte  vne  fin,  ^^yî! 
tfonpoint<ancànos  nriferes  8c  cala  mitez  pafîèes  (  defquelles  la  mémoire  s'en  va  comme 
^ftdnte  j>arccfteheureufeiournee  )  qu'ace  qui  nousafemblé  toufiours  plus  grief  que  ta 
Wort  mefnae:fauoir  eft,  aux  troubles  &:  defordres  furuenus  en  ee Royaume  pour  le  faid 
delà  Religion,aucc  la  ruine  &  perdition  d'vn  grand  nombre  de  vos  pourcs  fuicts. 

Or  ya-ilplufieursoccafionsquiiufquesicy  nous  ont empcfché  deiouyrd'vn  figrand  ilamollk 
\àcai  &<jui  encores  auiourdhuy  nous  feroyent  perdre  tout  courage ,  n'eftoit  que  d'autre  lcsPrciudk 
cofté  pluircun  chofes  nous  fortifient  &  aiTeurent. 

FFf, 


leur 


Livres  VU.  ^femikc^desTrela^s  dcu  FmnccS, 

I  l  y  a  prcmicremêt  vne  perfuafiô  enracinée  au  cœur  de  plufieurs  par  yn  certain  mal- 
heur te  par  l'iniquité  des  temps,qué  nous  (brames  gens  rurbulents,ambiticux,addonnez 
à  noftre  fcns,ennemis  de  toute  concorde  &  tranquillité.  Il  y  en  pcutauoirartfû  qui  prefu- 
mcntqu'encorcsquencfoyc«sdurxîutennflmi$depaix,Cencantmoinsnousladcman^ 
dons  aucedes  codifions  tant  rudes  te  afpres  *  ique  nous  ne  fommes  nullemct  reccuables: 
comefi  nous  prétendions  renuerfer  tout  iemonde,  pour  en  faire  vn autre  ànoftre  façon, 
te  mefmcs  de  defpouiller  aucuns  de  leurs  biés  te  facultez  pour  nous  en  emparer.  Il  y  a  cn- 
cores  plufieurs  tels  pu  plus  grans  empcfchemens,Sire:mais  nôus  aimons  trop  mieux  que, 
la  mémoire  en  foie  enfeuelicque  renouueler  les  vieilles  plàyes  en  les  recitant ,  maintenir, 
quenous  fommesfur  lépoin&,non  pas  de  faire  doléances  te  plaintes,  mais  de  cercher  les 
plus  conuenablcs  te  prompts  remèdes .  Et  qui  nous  donne  doneques  vnc  telle  afTeuran- 
ce  au  milieu  de  tant  d'empefehemés?  8ire*  ce  n'eft  aucun  appuy  de  chofe  qui  foiten  nous, 
veu  que  nous  fommes  en  toutes  fortes  des  plus  petits  ficcontcmptiblcs du  monde.  Ce 
n'eft  point  auffi  (  grâces  à  Dieu  )  vaine  prefomption  ni  arrogance:car  noftre  pourc&  vile 
condition  ne  le  porte  pas.  C'eft  pluftoft,  Sire,  noftre  bonne  confcicncc  qui  nous  afleure 
dcnôftrebonne&iuftccaufe-.dc  laquelleaufli  nous  efoerons  que  noftre  Dieu, par  le  mo- 
yen de  voftrcMaiefté,feraledefenfcur&  prote&cur.Ceft  aufli  la  débonnaire  té  défia  re- 
marquable en  voftrcfacc,parolle  te  contenance.  C'eft  l'equitc  que  nous  voyons  te  expe- 
n*  rî00  0010115  c^re  crnprainte  en  voftre  cœur  /Madame.  Ceft  la  droiture  de  vous,  ?  Sirc»ÔC 

iuS.  *  des  iUuftres  Princes  du  fang.C 'eftauifi  l'occafion  toute  manifefte  que  nous  auons  crefpe- 
rer  que  vous  nos  treshonorez  Seigneurs  du  Confcil,vous  confbrmans  à  vncmcfmc  volô- 
té  y  h  auréi  moindre  affection  de  nous  ottroyer  vne  tant  fain&e  &:  nccefTairciconcorde, 
quCïtotts  auons  delà  reccuoir .  Et  quoy  plusîliy  a  encores  vn  poinct  qui  nous  enrretient 

^cha-  éh  bonne  cfperancc  :  c'eft  que  nous  prefumons  félon  la  rciglc  de  charité,que  vous  "  McL. 
fieurs  àuéeques  lcfquels  nous  auons  à  conférer,  vous  efforcerez  pluftoft  aùécnous,felon 
rioftre  petite  mefurc,!  efclarcjr  la  Vcrité^qû  a  l'obfcurcirdauantagerà  cnfeigner,qu  a  dc- 
batrera  pefer  les  raifons,qu'à  les  contredirc.Brcf,à  pluftoft  empefeher  qucle  mal  ne  pâflc 
j>lus  outre,  qu'à  le  rendre  du  tout  incurable  te  mortel.  Telle  eftl  opinion  que  nous  auons 
cbnceu  de  vous ,  Meffieurs  :  vous priant  au  nom  de cegrand  Dieu ,  qui  nous  aicy  aiTem., 
btezjte  qui  fera  iuge  de  nos  penfees  $c  de  nos  parolles ,  qùe  nonobftant  toùtes  chofej  di- 
tes, efcrrtes,  ou  faites  par  l'efpacc  de  quarante  ans  ou  enuiron,  vous- Vous  dcfpouillicza- 
uecques  nous  déroutes  lespafîions&  preiudices  qui  pourrc^entempcfciicr  lefruiad'v- 
ne  fi  famete  te  louable  entreprinfe,&  cfpericz  de  nous,  s'il  vous  plaift,cc  que,  moyennant 
lâgracédeDieujVousy  trouuctcz,ceftauauoir  vn  efprittraïtrable&  preft  à  reccuoir  tout 
ce  qui  fera  prouué  par  la  pure  parôlle  de  Dieu.  Ne  péfez  cj  nous  foyôs  venus  pour  mainte- 
nir aucun  erreunmais  pour  defcouurir  te  améder  toutee  quiie  trouucra  dedefaur,  ou  de 
noftre  cofté  ou  du  voftrc.  N'cftimez  quenous  foyons  tant  outrecuidez,  que  nous  préten- 
dions de  ruiner  ce  cj  nous  fauons  cftre  ererneljc'cft  aflauoir  l'Eglifc  de  noftre  Dieu;Ne  cui 
dez  quenous  cerchions  les  moyens  de  vous  rendre  pareils  à  nous  en  noftrepourc&viic 
condition:en  laquelle  toutefois,graccs  à  Dieu,  nous  trouuons  vn  ûngulier contérement. 
Noftre  defir  eft,quc  les  ruines  de  Icrufalcm  foyent  réparées:  q  ce  temple  fpirituclfoit  re. 
Ieué:quc  cefte  maifon  de  Dieu  qui  eft  baftic  de  pierres  viues,foit  remiie  en  fon  entiereque 
ces  troupeaux  tant  efpârs&:  diffipez  par  vne  iufte  vcngcacc  de  Dieu ,  te  nonchalacc  des 
hommesjibyent  ralliez  te  recueilliscn  la  bergerie  de  ce  ibuuerain  te  vniqucPafteur. 
Lcbutoù       Voi  t  a  noftrcdcffcin,voilatoutnoftrcoefir&^ 

fente haren-  ereU  iiiftjues  ici,nous  cfpcrons  que  vous  le  croirez,  quand  nous  aurons  en  toute  patience 
gue  5Cmanfùetude,confc  ré  ce  que  Dieunous  aura  donnée  Etplcuft  à  noftre  Dieu»  que  fans 
paffer  plus  outre .  au  lieu  dargumens  contraires ,  nous  puiflions  tous  d'vne  voix  chanter 
Vn  cantiqueau  Seigneur,  te  tendre  les  mains  les  vns  aux  autres ,  côme  quelquefois  eft  ad- 
uenu  entrejes  armées  te  batailles  toutes  rageesdcs  mefereas  mefmcs  te  infidèles.  ChofSr 
grandement  hôteufe  pour  nous, fi  nous  fàifonscûat  de  preicJierladc&rincdepaix&dc 
con  corde,  &rcepedant  nous  fommes  les  plus  faciles  à  eftrcdeiïoints,^  les  plus  durs  te  dif 
ficiIesàrallier.Mais  quoy?ccschofesfepeuuentcj£doiuétfouhaiterpar  les  hommes,  mais 
c  eft  à  Dieu  à  les  ottroy  encomme  auffi  il  fera, quand  il  lui  plaira  couurir  nos  peche  par  û 
bonré,&:  dechafler  nos  ténèbres  par  fa  lumière. 

E  t  fur  ce  propos,Sirc,afin  qu'on  cognoiûe  quenous  entendons  de  procéder  en  bonne 
confcience,fimplcment, clairement  te  rondemétmous  declarerôs  en  lommair c,s'il  plaift 

avo- 


Et  des  M  'miflm  de  l'Emngik.  j&* 

à  voftrcmaiefté  nous  en  donner  congé,  quels  font  les  principaux  poinds  de  cefte  Con- 
ferencc-.en  telle  (brre  routefois,que,Dieu  aidant,nul  n'aura  iufteoccafion  de  s'en  trouuer  J^u^u! 
offenlé.lly  en  a  qui  eftimcnt,  ôiquiperfuaderoyent  volontiers  aux  autres ,  que  nous  ne  gwv 
fommes  dilcordans  que  de  chofes  de  petite  confequcnce,&:  pluftoft  de  choies  indifFercn 
tcs,quedes  poinds  fubftantiels  de  noftrefoy.il  y  en  a  d'autres  tout  au  rebours,quiparfau 
ted'cftrebicn  informez  de  ce  que  nou  s  croyons,prcfumét  que  nous  ne  fommes  d'accord 
en  rien  qui  foit,non  plus  que  Iuifs  ou  Mahumctiftcs.  L'intention  des  premiers  eft  autant 
à  louer,que  ropinion  des  derniers  à  reiettcr,commcnous  efperôs  qu'il  apperra  par  la  dé- 
duction des  propos.  Mais  pour  certain,  lesvns  ni  les  autres  nenous  font  ouucrtured'vne 
vrave  6c  ferme  concorde. Car  fi  les  derniers  lbntcreus ,  l'vnc  des  parties  nepciit  fubfiôer 
qu'en  ruinant  l'aurre:ce  qui  eft  inhumain  à  penfer ,  6c  treshorrible  à  exécuter .  Et'fi  l  opin 
nion  des  premiers  cftreceué'i  il  faudra  que  plufieurs  chofes  demeurer  indecifes,  defquel- 
les  il  for rira  vne  di (corde  plus  dangereu{e&:  dommageable  queiamais.  Ainfi  doneques 
>îo  v  s  confelfons,cequ  a  peine  pouuons-nous  dire  fans  larmes  :nous  confeifons ,  dLie, 
qu'ainiî  que  nous  accordons  en  quelques  vus  des  principaux  poinds  de  noftrefoy  Chre- 
ftienne,auliî  lommes-nous dirferens  en vne partie d  iceux.Nous confeifons vn fculDieu  ^^J? 
en  vne  mefmeeifcnce  infinie  &iincompreheniiblc,diftind en  trois  perfonnesconfubftâ-  gionrtfor- 
tielles  6c  égales  en  tout  6c  par  tout,  c'eft  alfauoir,  le  Perenon  engendre',  le  F  ils  éternelle-  cé- 
ment engendré  du  Pere,&!  le  liùnctEiprit  procédant  du  Pere  &:  du  Fils  .Nous  confeûcns 
vn  leul  Lelus  Chrift  vray  DieuSc  vray  homme ,  fans  confufion  nifeparation  des  deux  na- 
tures,ne  des  proprietez  a  iccllcs.  Nous  côfeflbns  qu'entant  qiVileft  homme,  il  n'eft  point 
fils  deIofeph,mais  a  efté  conceu  par  la  vertu  lècrettedu  faindEfprit,au  ventre  de  la  bien- 
heureulè  vierge  Marie,vierge,di-ic,deuant&;  après  l'enfan  remet.  Nous  confefîons  fana- 
tiuité,ià  vie,fa  mort,fafcpulture,  fa dcfcenteaùx enfers,  là  refurredion,&  fon afeenfion, 
comraeelles  font  contenues  au  îàinCtEuaugile.  Nous  croyons  qu'il  eft  là  hautaucielaC 
fis  à  la  dextre  du  Peic,  dont  il  ne  bougera  qu'il  ne  vienne  iuger  les  vifs  6c  les  morts .  Nous 
CTOVons  au  faind  E(prit,qui  nous  illumine,  nous  confole  &nous  fouftient .  Nous  croy- 
ons qu'il  y  a  vnefaindc  Eglile  Catholique,  c'eft  à  dire,vniuerfelle,  qui  eft  la  compagnie^ 
communauté  des  Sainds ,  horslaquelle  il  n'y  a  point  de falut.  Nous-nous  afifeurons  delà 
remiffion  gratuite  de  nos  péchez  au  fang  de  Iefus  Chrift,par  la  vertu  duquel,  a  près  que 
ces  melmes  corps  reifufcitez  auront  efté  reioinds  à  nos  ames ,  nous  iouirôs  auec  Dieu  de 
Ja  vie  bien-heureufe&:  éternelle.  • 

Comment  doncques,dira  quelqu'vn ,  ne  voila  pas  les  articles  de  noftre  foy  ?  en  quoy  2fcf^ C 
donc  fommes-nousdifeordans?  Premièrement,  en  l'interprétation  d'vne  partie d'iceux. 
Secondement,  en  ce  qu'il  nous  femble  (  6c  fi  nous  fommes  trompez  en  ceft  endroit,  nous 
ferons  trefoifes  de  leeognoiftre ,  )  qu'on  ne  s'eft  contenté  des  deflfuidits  articles,  ains  que 
long  temps  y  a  qu'on  n'a  celle  d'adioufter  articles  fur  articles,comme  fi  la  Religion  Chré- 
tienne eftoit  vn  édifice  qui  ne  fuft  jamais  acheué.NouS  diforts  dauantage,que  ce  qui  a  e- 
fté  bafti  de  noutieau  ,illon  ce  quenou s  pouuons  cognoiftre,  n'a  toujours  efté  bafti  fur  les 
anciens  fondemens:&£  par  confequent  difforme  pluftoft  l'edifice,qu'il  ne  luy  1ère  de  paru- 
re^ ornement. Et  toutefois  on  s  eft  bien  fouuent  plus  arrefté  à  ces  aCcelToires  qu'au  prin 
jcipal.  Voila  comme  vnfommaire  de  cequenouscroyons&enfeignons.  Mais  afin  que 
jnoftre  intention  foit  encores  micuxentendue ,  nous  déduirons  ces  poindts  par  le  menu. 

N  o  v  s  dilons  doneques  ,6c  elpcrons  maintenir  en  toute  fobrieté  par  les  tefmoigna- 
ges  des  faindes  Efcritures,que  le  vray  Dieu,âuquel  il  nous  faut  croire,  eft  defpouillé  de  fa  ^tafeulç 
partaire iuftice,fi  on  pcnlèoppofer à fon ire&: iufte  iugement,autreiâtisfa&ion nipurga-  purgation 
lion  en  ce  monde,ou  en  l'autre ,  que  cefteobeiflanec  toute  entière  6c  accomplie ,  qui  ne  j^"4^ 
fetrouucraen  autre  qu'en  vn  feulIefusChrift.  ]EtpareilIemét,q  fi  nous  difons  qu'il  nous 
quitte  feulement  vne  partie  de  nos  dettes,  d'autât  q  nous  payons  rautre,ii  eft  defpouillé 
tlefa  parfaide  mifencorde.  De  là  il  s'enfuit  (autant  que  nous  en  pouUons  iuger)  qu'eftant 
queftion  defauoir  à  quel  titre  nous  auons  Paradis,  il  faut  du  tout  s'arrefteràla  mortSc 
paffiond'vnfeullefus  Chrift  noftre  Sauueur&  Redempreur:ou  bien  qu'au  lieu  du  vray 
Dieu  on  adoreroic  vn  dieu  eftrange ,  qui  ne  feroit  parfaitement  ni  iufte  ni  mifericor- 
dieux.  *  . 

De  làauffi  dépend  vn  autre  poinddetrcfgrandeconfequence  touchât  l'office  de  le-  Icfus  cnric: 
fus  Chrift.  Carfi  luy  tout  feul  n'eft  entieremét  noftre  falur,ce  nom  tât  précieux  de  Iefu.^,  J^"*  M 
ceft  à  dirc,Sauucur,quia  efté  annôccpar  l'Ange  Gabric!,ne  lui  feroit^pre.  Seblablemét 

FFf.  ii. 


Iwro  VIL  Jffembkc^  des  Prélats  dej  France^, 

s'il  n  eft noftre  (cul  Prophete,nous  ayanx  pleinement  déclaré  la  volonté  de  Dieu  Ton  Pere 
pour  noftrefalut:  premièrement  par  la  bouche  des  Prophètes,  puis  apr«s  en  perfonneet* 
Uplfinitude  des  temps,  &confequem  ment  par  les  fidèles  A  poftrcs;  s'il  n'eft  aujûiclèul 
cheC&  Roy  Ipiriruel  de  nos  confcienccs:  s'il  n  cft  auffi  noftre  Sacrificateur  éternel  félon  l'- 
ordre deMdchifedcch,ayant  par  vne  feule  obîation  defoy-melme  vnefois  faitc^  iamaig 
teiccrable,reconcilié  les  homes  à  Dieu,&  maintenant  feul  intercédant  au  ciel  pour  nous 
iufqucsàla  confommationdu  monde  -.bref,  fi  nous  ne  fom  mes  du  tout  complets  en  luy 
feul,  ce  nom  Se  titre  de  Mcffias  ou  de  Chrift,c  eft  à  dire,Oin£t  Se  dédié  de  Dieu  Ion  Pere  à 
ceft  efrect,  ne  luy  appartiendra  point. 

Si  doneques  on  ne  le  vouloit  contenter  de  fa/cule  Parolle  fidèlement  prefehee,  Se de- 
puis enregiftree  par  les  Prophètes  &:  Apoftres ,  il  feroit  depofledé  de  fô  eftat  de  Prophète, 
il  feroit  aufli  dégradé  de  fô  eftat  de  Chef  Se  de  Roy  fpiriruel  de  Ion  Egliic,  fi  on  vouloit  fai- 
re nouuelles  loix  aux  confciences:&  de  fon  eftat  de  Sacrificateur  eternel>par  ceux  qui  en- 
txeprendroyét  de  l'offrir  derechef  pour  la  rcmiffiô  des  péchez,  Se  qui  ne  le  concenteroyét 
de  l'auoir  pour  feul  Interceflcur  &  Aduocat  au  ciel  entre  Dieu  Se  les  hommes. 

En  troifiemelieu,nousneibmmcs  d'accord,  ni  de  la  difiSnition ,  ni  de  l'origine,  ni  des 
Dc  Ja T*'  efFe&s  de  la  Foy,que  nous  appelons,apres  fain&  Paul  ,Iuftifiate,&:  par  laquelle  feule  nous 
crôyés  quclefus  Chrift  âucc  tous  les  biens  nous  eft  appliqué.  Quant  aux  bônes  œuurcs, 
s'il  y  en  a  aucuns  qui  eftiment  que  nous  les  mefprifiôs,ils  font  trcfmal  informez  :  car  nous 
ne  feparôs  non  plus  lafoy  de  la  charité, que  la  chaleur  Se  lumière  eft  feparee  du  feu .  Et  di- 
fons  aucc  S.leacn  fapremienc  Canonique,  que  celuy  qui  dit  qu'il  cognoift  Dicu,&  n'ob- 
feruçfesCommandemcns,fedefmcncu)y>mefmc  pàr  japropre  confcicnce^en  touteû 
vie.  Maisaufurplusnousconfcflbnsrondcment,quc  nous  fommesdifeordansen  trois 
Difcord  de  poirifts/ur  cefte  matière .  Le  premier  eft  touchant  l'orjgine&  première  fource  dont  les 
trois poîOs.  bonnes  ceuures  procéder:  Lelêcond»quelles  elles  font;Le  troificmc,à  quoy  cllesfont  bô- 
nes.Quant  au  premier,,r>ous  ne  trouuons  autre  franc  arbitre  en  rnomc,queceluy  qui  eft. 
aitrâchi  par  la  feule  grâce  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrtft:&  diibns  q  noftre  narnrc,cn  1'©» 
ftat  auquel  elle  eft  tombée,  a  befoindeftre  auant  toutes  chofes,  non  pasaidec&  foufte» 
nue>maisplùftoft  tuee&  amortiepar  la  vertu  de  l'Efprit  de  Dieu,d'autant  quclagracc.U 
trouueinon  pas  feulement  naurec  &  debilitee,nuis  du  tout  deftituee  de  forcc,&  contrai- 
tciàiroiit  bieji ,  voire  morte  Se  pourrie  en  péché  Se  corruption  :  Se  faifons  ceft  honneur  à 
Dicu,dene  vouloir  point  partager  auecques  luy.car  nous  attribuons  Se  le  comenccmenB* 
Se  le  milieu,  Se  la  fin*dc  nos  bonnes  eeuqrcs,  à  Jafcuje  graee/jfc  rnifericorde  d'iccluy-bcfon- 
gnans  en  nous.  Quan  t  au  fecond.ppind,  nous  ne  receuons  point  autre  rciglc  deiufttcc Se 
d'abci&nÊcdwaivPiçujqucIesCom 

regiftrez  en  là iaitt&e,  Parolle  ;aufquels  nous  n'eftimons  qu Worf  loi(jble  àcreaturc  quel- 
conque d'adioufter  ou  diminuerpour  obliger,  les  confcfcnçeà  Quatau  troificmepoinâ:/ 
c'eft  ai&uoi^à  quoy  elles  font  bonnes,  nous  confeflons ,  qu  entant  qu  elles  procèdent  do 
11i£fpBÊt4ç  DieubeCongnaat  en  nous,  puis  quelles  procèdent  d>ne  fi  bonne  four cc»ellcst 
doiuenceftrc  appelées  bonnesrcona bien  que  fi  Dieu  les  vouloit  examinera  la rigjjeur,ily 
tfpuueroit  par  tïop  à  redire. 

:.:  N  «  v  s  difonsaufû ,  qu'elles/ont  bonnes  a  autre  viâgc,  d'autant  que  paricclles  noftre , 
bon  Dieu  eft  glorifié ,  les  hommes  £br»t  attirez  à  fa  cognoiiîance,  Si  nous  fcmimcs  aiTéu^ 
re£;y  que  l'Eipriç  de  £}i£u fcftant  en  »ou.$.(.$c.qui  fc cognoift  par  fes  efFeâs  )n«jius  fomm  es 

A^éltjtrt  oWo4nl[tfede.ic4*^^  Mais  quand  il  eft p^eftiotedejfciœirà^tiel 

ncUcVouj  t*rrc *a  V*c ccc^ncu*^ BOU5 appaJrtienfcnous difons aucc iàin£t  Paul, qu e ceft vndon gratuit 

"ppIS,  <k  Dicu,âc  non  poiristrej3<wpefc4w£ 

"  m&ittç  par  ià  feule  juftice,nous  eftant  imputée  :  nous  fan ttifie  par  fa  foule iàinacié ,  nou s 
cftam  f  JÛargjc:  Scuou  s  a  rachetez  par  fon  làcrifice  vnique  qui  nous  eft  akrué,  moyennant 
ym  vraye  Se  viuc foy  par  la  feu Iç  grâce,  libéralité  de,iioftr«|)icu.ToAJSce5t4uxfors  nous 
fôcrt  oom  mun  iquez  parla  vertu  du'fainft  El  prit  y  fe  fermant  pour  ceft  effeâ:  de  lapredic*. 
tion  de  la  parolk^cDlcu,  Se  de  l'adminiftranon  de  (c&  faines  Sacremens  j  non  point  qu'il 
en  ait  neceflàté^veu  qu'il  eft  Dieu  X^uft-pwiifant  :  m ajs  d'autant  qu'il  byplaiftâcfi:  feroir 
de  ces  moyens  ordinaires  pour  créer  &  nourrit  en  nous  ce  précieux  don  de  Foy ,  qui  eft 
comme lai'eule *iain> pourapprehender , Se commelc fewi  vajifeau  pour  îeccuoir  Iefus 

tiucflc M  Chriftcn  ialur auqêiqus ^s tnrdars. 

ifeDiet?      M  a  i  r  nousnereeeuans  pourp^rolicdc  t>ieu.,que.la.ojo<iànnecicntcisiicresde« 

Ptophcj 


Et  des  tMiniftm      t  Euangiku.  jf  j 

Prophètes  &  A  poftres,  appelez  le  vieil &:  nouueau  Teftament .  C  ar  par  qui  ferons-flous 
acertenez  de  noftre  {àlut,ùn«on  par  ceux  qui  ibnt  tefmoins  fans  nulle  reproche  ?  Er  quanc 
«uxefcrits  des  anciens  Dodeurs,&  aux  Conciles,  deuant  que  les  receuoir  fans  aucun  cq-  Descfcncj 
tredit,  ilfaudroit  premièrement  qu  on  les  accordait  entièrement  aueclJbicnrufe,&pUi$ 
aufli  entre  eux-mcfmes ,  veu  quel i'Elprit  de  Dieu  n'eft  iamais  contraire  à  îoy-mefmç:  çc 
que  nous  croyons  que  vous,Meffieurs,  n'entreprendrez  iamais  de  faire:&:  quad  vous  fau-, 
riez  entrepris, vous  nous  pardônerez  s'il  vous  plaift ,  fi  iamais  nous  necroyôs  qu'il  lepuif. 
fe  faire,quc  nous  ne  le  voyons  par  erred .  Qupy  donc  ?  Ibm  mes-nous  de  la  race  de  çcmaL 
heureux  Cam  fils  deNoé,qui  defcouuritla  vergongnedclbn  pere?  Nous  cftimons-nous 
plus  dote  quêtant  d'anciens  Dodeurs  Grecs  &c  Latins>Som  mes-nous  fi  outrecuidez,de 
penlèr  qu»nous  ayons  les  premiers  defcouuert  la  vérité,  &:  de  condamner  d'ignorance 
toutlemondc  vniuerfeljA  Dieu  ne  plaife,  Mefficurs, que  nous  foyôs  tels:  mais  vous  nous 
accorderez  (à  noftre  aduis)  qu'il  y  a  eu  Cociles&Côciles,  Dodeurs  &  Dodeurs:  veu  que  DcsCôciIcfc 
ce  n'eft  de  maintenant  qu'il  y  a  eu  de  faux-prophetes  en  J'Eglifc  de  Dieu, comme  les  Apo- 
ftres  nous  en  aduertiifent  en  pluiieurs  Iieux,&  nommément  en  la  premiereà  Timothee, 
quatrième  chapitrc,&:  aux  Ades  des  Apoftres  chapitre  vingtième.  Secondement,  quant 
à  ceux  qui  font  reccus,puis  que  toute  la  vérité  qu'on  y  lauroit  trouuer,doit  eftre  ncceiTai- 
remcntpuifeedcsEibriturcs  :  quel  plus  certain  moyé  trouueros-nousde  profiter  en  leurs 
efcrits,qu'en  efprouu  ant  le  tout  fur  cefte  pierre  de  touche,&:  côfiderant  les  tefmoignages 
&  raifons  del'Efcriturc ,  fur  lefquels  ilslètrouueroyent  auoir  fonde  leurinrerpretationî 
Certainement  nul  ne  peut,  ni  doit  leur  attribuer  plus  qu'eux  n'ont  requis.  Or  voila  les 
propres  motsdelàindlcrofmc  fur  l'Epiftreaux  Galates ,  La  doctrine  du  S .  Ejprit efl celle  qui 
efl  decLree  és  hures  Canoniques ,  contre  laquelle fi  les  Conciles  ordonnent  quelque  chofe,  ce]}  vne  thofe  illi- 
ort.Et  S.  Augullin  efcriuant  à  Fortunatian,iV0tf*  nedeuons(dk-i\)auoirles  dijputesdcs  hommes, 
quelques  catholiques  grgrans perfonnages  qu'ils  ayent  ejle\cn  mefme  deg>c  que  les  Ejcritures  Canoniques: 
qu'il  ne  nous fou  licitefaufla  rcuerence  deue  à  tels  perfonnages, reprouucr  &  mener  quelquethojè  en  leurs 
efcrits^fi  d'auenture  il  je  muucqu 'ils  ayent  autrement  iugéquene  porte  lay  enté j  eflant  entendue,  moyen» 
nant  lagrace  de  Dtcu,ou  par  nous  ou  par  autres:  telfuU-ie  és  efents  des  autres,&*  yeux  aufi  que  les  lecteurs 
des  miens  s  y  portent  ainfî.  Autant  en  a-ilefcriten  l'Epiftreccntdouzieme.Et  pareillcmét  au 
fécond liure^hapitrctrentelèptiemejcontre  Crefconius.S.Cypriaaulïi  n'en  a  pas  autre- 
ment elcrit,difant,</«  il  ne  noms  faut  regarder  a  ce  cu'yn  telouyntclafaiEi  deuantnous:  mavsàcequa 
faicl  Jefu-s  Chrift,  qui  es!  deuant  toits .  Telle  cft  aufli  la  reigle  que  ba  illc  S.  Auguftin  efcriuant  à 
S.Ierofme:&:cn  vn  autre  lieu, quand  il  difpute  contre  ceux  qui  fevouloyent  aider  du  Cô- 
cile  d'AriminjA7^  nous  jondons,  dit-il,  nimoy  furie  Concile  Nicene  (  qui  efl  toutefois  le  plus  ancien  & 
approuué )  ne  yows furie  Cocile  d'^4rimin:maii  arreftons-nout aux famttcs  Efcritures.  Saind  Chryfo- 
ftomen'aefté  d'autre aduis  en  fon  expolition  féconde  fur  faind  Matthieu  , homélie  qua- 
ranteneufieme.  Car  aufli  l'Eglifeeft  appuyée  mrlefondcment  des  Prophctes&:  des  A- 
poftrcs. 

Ainsi  doneques,  pour  conclufion,  nous  receuonsrEfcriturefainde,pour  vncentie- 
redeclaration  de  tout  ce  qui  cft  requis  à  noftre  falut.  Et  quant  à  ce  qui  fe  trouuera  és  Cou 
ciles  ouliuresdes  Dodcurs,nous  nepouuonsnideuonsempelcher,qucnevousenpuif- 
lîcz  aider ,  &:  nous  aufli ,  pourueu  qu'il  Ibit  fondé  fur  exprès  cefmoignage  de  l'Efcriturc. 
Mais,pour  l'honneur  de  Dieu, ne  nous  amenez  leur  nue  authorité,(ans  q  le  tout  foit  exa- 
miné fur  cefte  pierre  de  touche.  Car  nous  difonsauec  faind  Auguftin,liure  deuxième  de 
ladodrineChreftiéne,  chapitre  iixicm^Ques'ily  a  quelque  difficulté  en  [interprétation  d'vnpaj- 
fage ,  le  fiinct  Ejprit  a  tellement  tempéré  les  Jaincies  Efoitures ,  que  ce  qui  efl  dit  plus  obfcurement  en  yn 
endroiù,  efl  dit  ailleurs  tref  (aire  ment .  Voila  quant  à  ce  poind ,  lequel  i'ay  deduid  vn  peu  plus 
amplement ,  afin  que  chacun  entende  que  nous  ne  fommes  ennemis  ni  des  Conciles,ni 
des  anciens  Pères  par  lefquels  il  a  pieu  à  Dieu  enfeignerfon  Eglile. 

I  l  refte  encores  deuxpoinds  :  Ceft  aflfauoir,la  matière  des  Sacremens,&  la  difcinline  Dcs  Sacre 
ou  police  de  l'Eglife.Quant  au  premier,il  ell  vray  qu'il  meriteroit  bien  d'eftre  traitte  bien  mens.&qur 
aulong,pour  les  difricultez  qui  en  font  auiourdhuy  en  la  Chreftienté:  mais  pource  que  ie  ^°tlfie  cc 
n'ay  maintenant  entrepris  de  dilputer,  ains  léulemét  d  expofer  les  poinds  principaux  de 
noftre  Côfeffiomie  me  côtéteray  de  déclarer  en  fommaire  ce  q  nous  en  tenôs.Nou  s  fom- 
mes d'accord,à  noftre  aduis,  en  la  delcriptiô  dece  mot  Sacrcmét:  c'eft  aiTauoir  q  les  Sacre- 
mes fontfignes  yifibles^moyennat  lefquels  Lt  coniontMonquenom  auonsaueclejus  Chrisl,  ne  nous  efl  pat 

FFf.  iii. 


Liure  VU.  nAjfemdkt^  des  Vrtlats  dc_>  franco 

fmipftment  fignifee  ou  fguree  :  maU  aupi  nous  eil  véritablement  offerte  du  cofté  Au  Seigneur ,  ($r  confia 
yucthment  ratifiée Jeetlee,  &  comme  engrauet  parla,  vertu  duS.Ejfriten  ceux  quiparvne  vrayeFoyap* 
prthètidentcc  cptt  leur  eft  amfifigriifié& prefenté.  l'vfedece  mot ,  Signifié,  Mçfficurs,  non  point 
poureneftierou  anéantir  les  Sacremens  :  mais  pourdiftingucr  lefignedauec  la  chofe 
qu'il  fignifîe  en  toute  vertu  &  efficace.  Nous  accordons  par  confcqucnt,  qu'es  Sacre-, 
mens  il  faut  neccffairemet  qu'il  entreuiénne  vne  mutation  celefte&  fupernaturelle.  Car 
DuBaptcf-  nous  ne  difons  pas  que  l'eau  dufainct  Baprefmefoit  fimplementeau  :  mais  quelle  eft  va 
vrav  Sacrement  de  noftre  régénération,  &:  du  lauemét  de  nos  ames  au  fang  de  noftre  Sei- 
DeUCcne.  gneur  Iefus  Chrift .  Pareillement  nous  ne  difons  pas  qu'en  la  faindc  Cenc  de  noftre  Sei- 
gneurie pain  foit  fimplement  paimmais  Sacremct  du  precieuxcorps  de  noftre  Seigneur 
Iefus  Chrift  qui  a  efté  liuré  pour  nous.  Ny  que  le  vin  foit  amplement  vin:  mais  Sacremct 
du  précieux  fang  qqi  a  efté  refpandu  pour  nous .  Cependant  nous  ne  difons  pas  quecefte 
mutation  fe  race  ehlafubftacedes  fignes,  ainsenl'vfage,&en  la  fin  pour  laquelle  ils  font 
ordonnez.  Et  ne  difons  point  auffi  qu'elle  fe  face  par  la  vertu  de  certaines  parolles  pronô- 
ccesyni  par  l'intention  dcceluyqui  les  prononce:  mais  par  la  feule  pu  iifance& volonté* 
deectuy  qui  a  ordonné  toute ceftca&ion  tant  diuineSi  eclefte  :  duquel  auffi  l'ordonnan- 
ce doit  cftre  reciteehaut&  clair  en  langage  entendu ,  ôc  clairement  expoice ,  afin  qu'elle 
foit  entendue  ô£  receue  par  ceux  qui  y  affilient. 

Voila  quantaux  fignes  extérieurs.  ^  Venons  maintenâtà  ce  qui  eft  teftifié  de  exhi- 
bé du  Seigneur  par  ces  fignes'  No  v  s  nedifonspointeequ'aucunsparfautedenousa- 
uoir  bien  entehdus,ont  eftimé  que  nous  en{cignons:C'eft  affauoir, qu'en  la  fain&eCenc 
il  n'y  a  qu'vnc  fimpie  commémoration  de  la  mort  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift .  Nous 
ne  difons  point  aufsi  quenous  fommes  raids  en  icelle  participans  feulement  du  fruict  de 
la  mort  Se  pafïîon  d'iceluy:  ains  nous  conioignons  l'héritage  auecques  les  frui&s  qui  nous 
en  prouîennent ,  difans  auec  fainct  Paul  eh  la  première  aux  Corinthiens,  chapitre  dixie- 
me,Quelepain  quenous  rompons  félon  fon  ordonnance,eft  la  communication  du  vray 
corps  de  Iefus  Chrift,qui  a  efté  liuré  pour  nous.Et  la  coupe  dont  nous  beuuôs,cft  la  com- 
munication du  vray  fang  qui  a  efté  refpan  du  pour  nous:  voire  en  ceftcmcfmcfubftance 
qu'il  a  prinfe  au  ventre  de  la  Vierge,&  qu'il  a  emporté  d'aucc  nous  au  cicl.pt  ic  vous  prie, 
Mefficurs,aunomde  Dieu,  quepouuez-vousdonccerchcrni  trouueren  ce  fainét  Sacre- 
ment, que  nous  n'y  cerchionsôi  trouuions auffi?    I'cntcn  bienlàdefl'usquelarcfponfc 
cft  toute  prefte .  Car  les  vns  demanderont  que  nous  confeffions  que  le  pain  &  le  vin 
fonttranfmucz,ienedipas  en  Sacrcmensdu  corps  &  du  fang  de  noftre  Seigneur  Iefus 
Chrift,  (car nous lauons  défia  confefTé  )  mais  au  propre  fang  de  noftre  Seigneur  Iefus 
Chrift.  Les  autres  (  peut  eftre)  ncnousprefTeront  iufqucslà,mais  requerront  que  nous 
accordions  que  le  eprps  &:  le  fang  font  réellement  &:  corporcllcment  ou  dedans,ou  auec, 
ôudeflbuslepain.    Mais  fur  cela,  Meffieurs,  pour  l'honneur  de  Dieu ,  efeoutez-nous 
en  patience  fans  eftre  fcandalifèz,  &  deipouiÙez  pour  vn  temps  toute  l'opinion  que 
vous  auez  conceue  dé  nous.    Quand  l'vne  ou  l'autre  de  ces  deux  opinions  nous  fera 
monftreeparlafain£teEfcriturc,nous  fômmes  preftsde  rembrafTer&:  retenir  iufquesà 
lamort.  Mais  il  nousfemblc,fclonlaperiremcfurcdccognoiirance  que  nousauonsre- 
ftiuiSô  ccllè  °*c Dieu,que cefteTranfTubftantiatïon neferapportcà  l'analogie &conuenance de 
direftemet  noftrefoyid'autantquellecftdirédcmcntcontraireàla nature  des  Sacrcmens, efquels 
contraire  à    fauc  nccefTaircmcnt  queles  fignes  fubftantiels  demeurent  pour  eftre  vrais  fignes  de  la 
°Y'      fubftance  du  corps  6e  du  fang  de  Iefus  Chrift  :  Se  pareillement  renuerfe  la  vérité  de 
la  naturehumâincfii  afeenfion  d'iceluy.  Ic  dy  le  femblable  de  la  féconde  opinion,  qui  eft 
delà  Confubftantiation,laquelle  outre  tout  cela  n'a  nulfondement  fur  les  parolles  de  Ie- 
fus Chrift>&:  n'eft  aucunement  neceflaire  à  ce  quenous  foyons  participans  du  fruict  des 
Sacremcns.Si  quelcun  là  defTus  nousdcmâdcfi  nous  rendôs  noftre  Seigneur  IcfusChrift 
abfent  de  fa  fâintre  Cene ,  nous  refpondons  que  non .  Mais  fi  nous  regardons  à  la  diftan- 
ce  des  lieux  (  comme  il  le  faut  faire  quand  il  eft  queftion  de  fa  prefenec  corporelle ,  Se  de 
fon  humanité  diftin&cment  confideree)  Nous  dilbns  que  ion  corps  eft  eflongné  du 
pain  &  du  vin ,  autant  que  le  plus  haut  ciel  eft  eflongné<lc  la  terre  :  attendu  que  quant  à 
nous ,  nous  (bm  mes  en  la  terre,&  les  Sacremens  auffi:  Se  quât  à  luy,fa  chair  eft  au  ciel  tel- 
leroétglorifiee,quc/4 goircy  comme  dit  S.  Auguftin,  neluyafointoslék  nature  $yn  vray  corps  t 
mou  binfrrtoitédL  iceluy.litt  fi  qudeun  veut  çÊtfurre  de  ccla,cj  nous  rendôs  Iefus  Chrift  abfent 

de  fa  faix)* 


Et  des  Miniftres  de  l'Euangile,  jfj. 

(àinde  Cene,nous  rcfpondons  que  c'eft  mal  côclu:car  nous  raifons  ceft  honneur  à  Dieu, 
que  nous  croyons  fuyuant  fa  parolle,  qu'encores  que  le  corps  de  Iefus  Chrift  foit  mainte- 
nant au  ciel,  U  non  ailleurs  :cenonobftant  nous  fommes  faits  participais  de  (on  corps 
Se  defon  fang  par  vne manière  fpiritueile,&:  moyennant  la  foy  :  aufsi  véritablement  que 
nous  voyons  les  Sacremens  a  l'œil,les  touchons  à  la  main,  les  mettons  en  noftre  bouche, 
te  viuons  dclcurfubftanceen  celte  vie  corporelle. 

Voyla  enfomme ,  Meilleurs ,  quelle  eft  noftre  foy  en  ceft  emlroid  :  laquelle  ainfi  qu'il 
nous  femblc  (&c  il  nous  fommes  trompez ,  nous  ferons  tref-aifes  de  l'entendre,  )  ne  fait 
nulle  violence  aux  motsde  Icfus  Chrift,  ny  de  faind  Paul  :  Ne  deftruit  la  nature  humai- 
ne de  Icfus  Chrift,ny  l'article  de  fonafcenfion,ny  l'ordonnance  des  Sacremens:  Ne  fait 
ouuerture  à  nulles  queftions  &c  diftindions  curieufes&:  inexplicables  :  Ne  derogue  nul- 
lement à  la  conjonction  de  nous  auec  Icfus  Chrift,  qui  cft  la  fin  principale  pour  laquelle 
ont  efte  ordonnez  les  Sacrcmcns,&  nô  point  pour  eftre  ny  adorez, ny  gardez ,  ny  portez, 
ny  offerts  à  Dieu.  Et  finalement  (fi  nous  ne  fommes  deceus)  fait  beaucoup  plus  d'hon- 
neur à  la  punTance&  parolle  du  Fils  de  Dieu ,  que  ii  on  eflime  qu'il  faille  que  ion  corps 
foit  réellement  conioint  auec  les  fignes,à  ce  quenousen  foyons  faits  participans. 

Nous  ne  touchons  point  au  refte  de  ce  qui  concerne  l'admin  iftration  du  iàind  Baptef  L'admini- 
me  :  car  nous  croyons  que  nul  de  vous,Mefïieurs,  ne  nous  veut  mettre  au  rengdes  Ana»  J^^.^5 
bapnftes,lelquds  n'ont  plus  rudes  ennemis  que  nous.  Et  quant  à  quelques  autres  que-  *  cme 
fiions  particulières  i'urcefte  matière,  nous  cfperons,  auec  l'aide  de  Dieu,  queles  princi- 
paux poinctscltans  vuidez  en  cefte amiable  &:  douce  Conférence,  le  refte  fe  conclurra 
de  fby-mel'me.    Quant  aux  autres  cinq  Sacremens  qu'on  appelé ,  vray  eft  que  nous  ne 
leur  pouuons  donner  ce  nom,iufques  à  ce  qu'on  nous  ait  mieux  enfeignez  par  les  faindes 
Efcritures.  Mais  cependant  nous  penfbnsauoirreftablila  vraye  confirmation  qui  giftà  côfinnatîS 
catechifer&:  inftruire  ceux  qui  ont  efte'  baptifez  en  leur  enfance,  &  généralement  toutes 
perfonnes,  deuant  que  les  ad  mettre  àla  fainde  Cene.  Nous  enfeignons  aufsi  la  vraye  pe- 
nitence,qui  gift  en  vraye recognoifTance  de  fes  fautes,&:  fatisfadion  enuers  les  parties  of-  PenKcncc- 
fenfecs,foit  en  public  ou  en  paiticulier,enl'abfolution  que  nous  auons  au  fang  de  Icfus 
Chrift,  &:  en  l'amendement  de  vie.  Nous  approuuons  le  Mariage,  fuyuant  l'ordonnance  Mariage, 
de  faind  Paul,  en  tous  ceux  qui  n'ont  le  don  de  continence,àlaquelleaufIj  nousnepen- 
fons  eftre  licite  d'aftraindre  perfonne  par  vœu  ny  profefTion  perpétuelle^  condamnons 
toute  paillardi(e& lubricité  en  parolles,en  geftes&:  enfaids.  Nousreceuons  les  degrez  ^ 
des  charges  Ecclefiaftiques,  félon  que  Dieu  les  a  ordonnez  en  fa  maifon  par  fa  fain  de  pa- 
rolle- Nous  approuuons  les  vifîtations  des  malades,  comme  vne  principale  partie  du  fa- 
cré  miniftere  de  l'Euangile.  Nous  enfêignon  s  auec  faind  Paul  de  ne  iuger  perfonneen  la 
diftindion  des  iours& des  viandes,  fàchans  que  le  Royaume  de  Dieu  ne  gift  en  telles 
choies  corruptibles:  mais  cependantnous  condamnons  toute diffolution  ,exhortans  les 
hommes  lans  fin  &  fans  ceffe  à  toute  fobrieté,  à  la  mortification  de  la  chair  félon  la  necef 
{lté  de  chacun,  &:  à  prières afliduelles. 

1  l  refte  le  dernier  poind,concernat  l'ordre  &:  police  extérieure  de  l'eftat  Ecclefïaftiq, 
duquel  nous  eftimons  qu'il  nous  foit  licite,  MefTieurs,de  dire  auec  voftre  confentement, 
que  tout  y  eft  tellement  peruerti,  tout  y  eft  tellement  confus  &:  ruiné,  qu'à  grand  peine 
les  meilleurs  architedes  du  monde,  foit  qu'on  confiderc  l'ordre  tel  qu'il  eft  auiourdhuy 
dreffé,  foit  qu'on  regarde  la  vie&:  lcsmceurs:y  peuuent-ils  recognoiftrelcsveftiges,&; 
marques  de  ceft  ancien  baftiment,  tant  bien  réglé  &:  compafTé  par  les  Apoftres.  Dequoy 
vouf-mefmcs  pouuez  eftre  bons  tefmoins,y  ayans  trauaillé  ces  iours  pafîez .  Bref ,  nous 
laiflerons  ces  choies  aifezcognues  équivalent  mieux  tcuë'squedides .  Et  peurcon- 
clufion  de  ce  propos,  nous  déclarons  deuant  Dieu&:  les  Anges,  deuant  voftre  Maiefté, 
Sire,&  toute  l'Illuftre  copagnie  qui  vous  enuironne,q  noftre intention  &defîr  n'eft,fînon 
que  la  forme  de  fEglife  toit  ramenée  à  là  naifue  pureté  &;  beauté, en  laquelle  iadis  ellefut 
tant  fioriffante  du  temps  des  Apoftres  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift. Et  quant  aux  cho- 
fes  qui  depuis  y  ont  efté  adiouftees,  Que  celles  qui  le  trouueront  fuperftitieufès ,  ou  ma- 
nifeftement  contraires  à  la  parolle  de  Dieu,  foyent  du  tout  abolies  :  les  fuperflucs  foyent 
retrenchees  :  &  celles  que  l'expérience  nous  aappris  attirer  les  hommes  à  fuperftirion 
foyent  oftees.  Et  s'il  s'en  treuue  d'autres  villes  &:  propres  à  cdification,apres  auoir  meu- 
rement  conlideré  les  anciens  Canons  &authoritez  des  Pères ,  qu'elles  foyent  retenues 
&obferueesaunomdeDicu,felonce  qui  fera  conuenable  aux  temps,  aux  lieux  &:  au* 

FFf.iiii. 


Liure^j  VU.  ^ijfemblec^  des  Trelats  <k^>  France, 

perfonnes  :  à  fin  que  tout  d'vn  accord  Dieu  foie  ferui  en  efprit  &c  verité,£bus  voftre  obeif- 
lance  &:  protection,  Siie,&:  des  perfonnes  queDieuaura  eftablies  fous  voftre  Maiefté, 
pour  le  gouucrnement  de  ce  Royaume.  Car  s'il  s'en  trouue  encores  qui  penfentque  la 
doctrine,  donc  nousfaifons  profcllîon ,  deftourne  les  hommes  delà fubiection  qu'ils  doi- 
uent  à  leurs  Rois  &  fuperieurs,  nous  auons ,  Sire  ,  dequoy  leur  reipondre  en  bonne  con- 
Dc  i  obcif-  feience.    Il  eft  bienvray  que  nous  enfeignons  que  la  première  &  principale  obeilTance 
fàncc&fii-  cftde^ànoftreDieUiCuieftleRov  des  Rois  ,& Seigneur  fur  tous  Seigneurs.  Maisau 
aux  fnpcri-  reite,  h  nos  etents  neiont  lurhians  pour  nous  purger  d  vn  tel  crime  a  nous  impole ,  nous 
curs.       alléguerons,  Sire,  l'exemple  de  tant  de  feigncuries&principautez,&mefmes  des  Roy- 
aumes reformez  félon  celte  medne doctrine  :  lefquels  (grâces à  Dieu  )  nous  pourront 
feruirdebons&furfifanstefmoignages  pournoftre  defeharge.  Bref,  nous  nous  arreftons 
enceft  endroit  à  ce  qu'en  dit  fainct  Paul  au  treizième  chapitre  de  l'Epiftre  aux  Romains, 
là  où  parlant  de  la  police  temporelle,  il  enioinc  expreflement,  que  toute  perfonne  foie 
fubiecteaux  puilîancesfuperieures:  voire,  dit  S.  Iean  Chryfoftomcfur  ce  palTage,  quand 
tuferois  ApoftreouEuangelilte:  pource  que  telle  fubiection  ne  derogueau  ïcruice  de 
Dieu.  Que  s'il  eftaduenu,  ou  aduientey  après,  q  quelques  vns  fecouurans  du  manteau 
de  noftre  do&rine,  le  trouuent  coulpablcs  derebcllion  au  moindre  de  vos  officiers:  Sire, 
nous  proteftons  deuant  Dieu  &c  voftre  Maiefté,  qu'ils  ne  font  des  noftres,&  ne  làuroy  ent 
anjoir  plus  afpres  ennemis  que  nous,  lelon  que  noftre  poure  con  dition  lepeut  porter. 

Paur  conclufion,  Sire,  le  deiir  que  nous  auons  d'aduancer  la  gloire  de  noftre  Dieu,i'o- 
beiflance&:  feruice  treshumbledcu  à  voftre  Maiefté,  laftection  que  nous  auons  à  la  pa- 
trie^ nommément  à  l'Eglilé  de  Dieu ,  nous  a  conduits  iufques  en  ce  lieu  :  auquel  nous 
efperons  que  noftre  bon  Dieu  &  pere,  continuant  le  cours  de  fes  bontez&:  mifericor- 
des,  vous  fera  pareille  grâce,  Sire,  qu'il  fit  au  petit  Roy  Iofias,il  y  a  maintenant  deux  mille 
deux  cens  &c  deux  ans.Et  q  fous  voftre  heureuxgouuernemét,Madame  afsiftee  de  vous, 
Sire,  &:  des  autres  trefexcellens  Princes  du  (àng&:  Seigneurs  de  voftre Côfcil,  l'ancienne 
mémoire  de  la  tant  renommée  Roine  Clotilde  fera  refraifehie:  laquelle  feruit  iadis  d'm- 
ftrument  à  noftre  Dieu  pour  donnerfacognoiflanceàce  Royaume.  Telle  eft  noftre  efpe 
rance,pourlaquelle,Sire,nous  fommes  prefts  d'em  ployer  uos  propres  vies,à  fin  que  vous 
faifanstrcshumbleferuiceen  vne  choie  fi  louable  &  fi  faincte,  nous  voyons  le  vray  fieclç 
doré,  auquel  noftre  Seigneur  &:  Sauucur  Iefus  Chrift  foit  ferui  tout  d'vn  accord>ainfi  que 
tout  honneur  &  gloire  luy  appartient  àiamais,  Amen. 

Jcy  de  Beke  & fa  compagnie  fie febirent  le  fenouil  en  terre  :  puis  releuéilpourfuyuit ,  en  prefentant  U 
Conftfîion  de  Foy  des  Eofifes  de  France  au  Roy  comme  ils  enfuit:  Sire  ,  il  plaira  à  voftre  Maiefté 
Confefcion  nauoir  cfgard  à  noftrclangage  tant  rude&  mal  poli:  mais  àl  aifection  qui  vous  eft  entie- 
defoy  pre-  rcmentdediee.  Et  d autant  que  les  poincts  de  noftre  doctrine  font  clairement  &  plus  au 
Roy  parle-  *on8  contenus  en  cefte  confefsion  de  Foy,  que  ia  nous  vous  auôs  prefentee,  Se  fur  laqucl- 
diftdeBd-  lcfeferala  prefente Conférence:  nous fup plions  treshumblement  voftre  Maiefté  nous 
faire  derechef ceftefaueur  de  lareccuoir  de  nos  mains  :cfperans  moyennant  lagracede 
Dieu,  qu'après  en  auoir  conféré  en  toute  fobriecé&:  reuerence  defonnom,  nousnous 
entrouuerons  d'accord.  Et  fi  au  contraire  nos  iniquitez  empefehent  vn  tel  bien ,  nous  ne 
doutons  que  voftre  Maiefté,auec  (on  bon  confeil,  ne  fachc  bien  pouruoirà  tout,&ns  pre- 
iudice  de  l'vne  ny  de  l'autre  des  parties,felon  Dieu  &c  raifon . 

Ain  si  que  M. de  Befzc  parlant  du  Sacrement  de  laCcne  eut  dit  que  quandàladi- 
ftance  des  licux,le  corps  de  Chrift  eft  efloigne  du  pain  &  du  vin  autant  quelc  plus  haut 
ciel  eft  efloigne  de  la  terre  :  Cela  fut  trouué  fi  nouucau  &  eftrange  entre  les  Prélats ,  que 
foudain  ils  commencèrent  tous  jà  murmurer,  &  faire  vn  grand  bruit:  lequel  toutesfois 
cftant  aucunemét  appaifé,  de  Befze  ne  laiffa  de  pafler  outre  iufques  à  la  fin.  E  t  ayat  ache 
ué  de  dire, le  Cardinal  deTournoh,tout  tréblant  de  courroux,print  corne  Primat  &  Pre- 
Lc  Cafdi-  fidét  de  ladi&e  aifcm  blee,au  nq  d'icelle  la  parollc:saddrefTant  au  Roy,  luy  remôftra  côme 
naldcTour  par  fon  expiés  côm  an  dément  ladi&e  afTemblee  des  Eftatsauoit  pour  luy  obéir  côfenty  q' 
a        ces  nouueaux  Eu5geliftesfuirentouis,nô  toutesfois  (ans  fcrupulede  leurs  côicicnces,pre 
uoyans  qu'ils  pounoyentdirc,côme  ils  auoyétfaict,chofes  indignes  delaureilled'vnRoy 
Tre/chrcftien  : lclquclles  pourroyent,  &nonlàns  caufe  auoir  ofFenie  plufieursgens de 
bien  qui  eftoyent  autour  defadicte  Maiefté.  Que  ladicte  aflemblecle  doutant  qu'il en 
aduiendroit  ainfi ,  luy  auoit  donné  charge  de  le  rupplier  en  ce  cas  treshumblement» 
de  ne  vouloir  aucunement  croire  ny  adioufter  foy,  ny  auxièns  ny  aux  parollcs  queceluy 

qui 


Et  Minières  de  t  Evangile,  jfj 

qui  auoic  parlé  pour  ceux  de  ladi&e nouuelle  Religion  auoit  dides,&:  de  fufpcndre  le  iu« 
gement  qu'ilenpourroirfaire,iufquesàcequ'ileutouy  cequeladide  aiTemblec  enten- 
doitluy  faire  remonftrex  au  contraire:  par  où  elle  efperoit  que  fadide  Maiefté  &  toute 
l'honorable  compagnie,dont  elle  eftoitafsiftee,pourroitcognoiftre  la  différence  qu'il  y 
a  entre  le  menlbnge  &c  la  vérité'.  Le  fu  ppliant  leur  vouloir  donner  iour  pour  ceft  cfïed  :  y 
adiouftant  que  fans  lé  refped  qu'ils  auoyét  eu  à  iàdide  Maiefté ,  ils  fe  fulTent  leuez  en  o~ 
yant  les  blafphcmes  &:  abom inables  parolles  qui  auoyét  efté  proférées ,  &c  n'euflent  fou£ 
fert  qu'on  euft  paiTé  outre.  Et  que  ce  qu'ils  en  auoyent  faid,  auoit  efté  pour  obéir  au  cq- 
inandementde(adicteMaieftré,laprianttreshurnblernentdeperfeuerer  enlaFoy  dcfeS 
pères  :inuoquant  la  Vierge  Marie  &  les  benoifts  fainds  Se  fainctes  deEaradis  qu'ainû 
peut-il  eftre. 

La  Roinerefpondit  que  l'on  n'auoit  rien  faid  en  cela  que  parla  délibération  duCô- 
Ici  1, 6c  ad  lus  de  la  Cour  de  Parlement  de  Pans,&  que  ce  n'eftoit  pour  innouer  ou  muer, 
ainspourappaiier  lestroubiesprocedansde  la  diuerfité  d'opinions  en  laReligion,  &de 
remettre  les  foruoyez  au  y ray  chemin. 

Le  lendemain  de  Befzeeicriuit  àlaRoine  en  la  manière  qui  s'enfuit:  Madame,  com-^ec:i<^£ 
me  ainiî  loit  que  voftre  treshumble  ièruiteur  Théodore  de  Befze,ait  occalîon  de  craindre  Suc  pi 
que  voftre  Maiefté  ne  foitdemeurcepeufatisfaided'vneparollequ'hieril prononça  fur  icdidtde 
la  matière  du  Sacrement,  laquelle  (  à  fon  grand  regret)  fut  trouueefort  eftrange  parmef  Bel"! 
fieurs  les  Prélats:  Ce  coniideré  il  fupplic  treshumblemcnt  voftre  Maiefté,  d'entendre 
plus  amplement  ce  que  pour  lors  il  n'a  peu  aflez  exprimer,  à  caufedu  bruit  qui  s'efleua: 
de  forte  que  là  conclufion  ne  fut  entendue,  comme  il  euft  bien  defiré ,  Se  comme  ilauoic 
p;  opolé.    Madame,  ce  qui  m'a  baillé  occafion  de  tomber  en  vn  tel  propos ,  c'eft  qu'il  y 
enaplulieursquieftiment  (parfautedebien  entendre,  noftre  Confefsion  de  Foy)quc 
nous  voulons  forclorrelefusChrift  de  fa  faindeCene,  qui  feroit  vne  impieté  toute  ma* 
nifefte  :  car  nous  làuons,  grâces  à  D  eu,  que  ce  tant  précieux  Sacrement  eft  ordonnéd* 
Fils  de  Dieu,  a  fin  qu'en  nous  faifant  de  plus  en  plusparticipans  de  la  fubftance  de  fon 
vray  corps,&  de  Ion  vrav  fang,nous  foyons  de  tant  plus  près  vnis&  incorporez  auqf  luy, 
p  our  en  tirer  la  vie  éternelle.  Et  de  fa  ict,  s'il  eftoit  autrement,  ce  ne  feroit  point  la  CeneDclama: 
denoftreSeigncur.    Ain  s  i,  Madame,  tant  s'en  faut  que  nous  voulions  dire  que  Icfusniercdcl'ab 
Chriftfoitabiént  de  fa  faindeCene,  qu'au  contraire  nous  fçaurions  aufîîpeu  porter  vn£„^£pr' 
telfacrilegcqueperfonnequifoitau  monde.  Mais  il  y  a  grande  différence  dédire,  que  chnft. 
Iefus  Chrift  eft  prefent  en  la  faindcCene,  entant  qu'il  nous  y  donne  véritablement  fon 
corps  Sifon  làng:& de  dire  que  fon  corps  &C  fon  fang  font  côïoindsauecle  pain&levin. 
la  /  conrefte  le  premier,  qui  eft  aufsi  le  principal  :  i'ay  nié  le  dernier ,  pource  que  le  le- 
ftime  diredement  contraire  à  la  vérité  de  la  nature  humaine  du  corps  de  IefusChrift, 
&  à  l'article  de  l'Afcenfion:  côme  il  eft  couché  en  l'Efcritu'-e  fainde,&;  déclaré  par  tous 
les  anciens Dodcurs  de  l'Bgliiè.  . 

le  n'allegueray  icy  plufieurs  partages  &raifons:  mais  feulement, Madame  ,iefupplie 
treshumblcment  voftre  Maiefté  de  coniiderer  en  vouf-mefmes,  quclleopinion  nousap-  Notablccô 
prend  à  porter  plus  d'hon  neur  àla  parolier  ordonnance  de  Dieu,ou  celle  qui  fait  croire  fider*tioflil 
quenous  nepouuons  eftre  participansdu  corps  delefus  Chrift,  s'il  n'eft  mis&rconioind 
réellement Ôc  de  faid  auecle  Sacrement  :  ou  bien  celle  qui  nous  enfeigne ,  qu'encor  que 
le  corps  d'iceluy  refide  maintenant  au  Ciel  &  non  ailleurs,  ce  neantmoins  par  la  vertufpî 
rituelle d'iceluy,&:moyennant  vne  vrayefoy,  nous  quilbmmes  en  terre, &:  qui  croyons 
en  luy,fommes  faids  participans  de  lbn  vray  corps,&  de  fon  vray  fang,  aufsi  certaineméc 
^véritablement  quenous  voyons  de  nos  yeux  &  touchons  àla  main  les  fairtds  Sacre* 
mens  viables  du  pain  &  du  vin  qu'il  a  ordonnez  a  ceft  effed. 

M  a  d  a  m  e  ,  li  cefte  déclaration ,  laquelle  de  longtemps  eft  enrégiftreeen  mes  liures, 
&queie  n'eu  hier  le  moyen  de  donner  affez  à  entendre ,  peut  (atisfaire  à  voftre  Maiefté,' 
iauray  vne finguliere  occafion  d'en  louer  Dieu  bien  grandement .  Sinon,  ieprendray  la 
hardiefTe  de  requérir  encor  cefte  faueur,  que  ie  puifleplus  amplement  fatisfàire  deviué 
voix  à  voftre  Maiefté ,  mefmement ,  (fi  meftier  eft)  en  la  prelencede  ceux  defquels  iuge^ 
rez  que  ie  puifte  receuoir  enfcigncment&;  dodrine:  com  me  celuy  qui  en  a  grârid  befoin, 
&  quinedefirequed'apptendrede  plusenplus,pourâuoir  moyen  de  faire  treshumble 
ferufce  à  voftre  Maiefté  au  reftabliiTemcnttf  vne  tant  fainde  vnion  &  concorde.  > 

Vo  icï  les  propres  mots  que i'ây  prononcer,  defquelsfe  font  ofFenfez  Messieurs  les 


Lim  VIL  lAjfemblet.j  des  Pnlatsdc^  France^, 

"Prélats:  Si  quelqu'un  là  deffua  nouademade  finom  ridons  lefua  Chrisl  ahfent  de  fa  fatncle  Cene,noua  re* 
fondons  que  no.  Ma'u  ft  noua  regardons  à  la  dislance  des  lieux(come  il  le  faut  faire,qùand  d  ejl  queslion 
delà  prejence  corporelle,^  de fonhumantté dijlmUement  confideree)  Noua  difons  que  fon  corps  ejlef 
Joigne  du  pain  &  du  vin^tutant  que  leplus  haut  ciel  eslesloigné  delà  terre:  attendu  que  quant  à  noua, 
noua  fommes  en  la  terre,  &  les  Sacremens  aufîi  :  &  quant  à  luy,fa  chaires!  au  ciel,tellementglorifee,quc 
lagloirecomme  dttfamcl  ^4ugnjlin,ne  luyjt point  ofté  la  nature  d'yn  yray  corps,  mais  Cinfrmitéd'tccluy. 

Et  ft  quclqu'vn  veut  côclurre  de  cela,  q  nous  rendons  Iefus  Chiift  abfent  de  fa  fain&e 
Ccne,nous  refpondons  q  c'eft  mal  conclu:  car  nous  faifonsceft  honeur  à  Dieu, que  nous 
croyons,fuyuantfa  parolle ,  qu'encore  quek  corps  de  Iefus  Chrift  {'oit  mainte nat  au  ciel, 
&  non  ailleurs^  nous  en  la  tcrre,&:  non  ailleurs:  ce  nonobftatnous  fommes  fai&s  par- 
ticipai de  fon  corps  ôc  de  fon  iangpar  vne  manière  fpirituclle>&:  moyennant  la  foy:auf- 
fîveritablemet  que  nous  voyons  les  Sacremésàl'œiUestouchonsàla  main, les  mettons 
en  noftre bouche,  &y  iuons  deleur  fubftancc  en  cefte  vie  corporelle. 

Voicy  les  mots  de  faind  Auguftin  auTraitté  cinquième  fur  S. Jean: Quand  lefws  chrisl\du 
jait,Voua  ne  nï aurexjoufwm  auccyoua,  il  parlait  delà  prefence  de  fon  corps  :  car  félon  fa  Maiefié ,  félon 
fa  prouidence, félon  fa  grâce  inuifible,ce  quil  a  promu  ailleurs  ejl  accompli  :  le  feray  auec  voua  iufques  a,  U 
conjômmation  du  monde.  Mais  félon  U  nature  humaine  quilapnfe,jelon  ce  qu'il  eftnsde  la  Vierge,  félon 
cequ'ila  ejléoffctfé  &  enfeuelt,felon  ce  qu'il ejl rejjùjàté,  cefte fentence  ejl  accomplie,  Voua  ne  maures 
point toufiouxs auec  y ous.  Pourqucy  ceU  \pource que félon jbn corps  il  a  conuerfc  quarante  iours  auecjèsdi- 
fiiples.  :  &  euxJe fuyrnns  dey eue non  point  allans  après ,  il  ejl  monté  au  ael ,  &  ncjl  plus  icy .  Le 
mefmefain&.Auguftio  en  l'Epiftrc  à  Dardanus:  Entant  qu'il  eft  Dieu  il  eft  par  tout  :  en- 
tant qu'il  eft  homme  il  eft  au  ciel. 

:  yigiUuscucfquedeTfcntejquiaefcritcomrerhereiicd'Eutyches,  enuiron  l'an  cinq 
cens,  vfedetels  mots:  Le  Fils  de  Dieu  ejl  defyarti  d'aueC  noua  quant  a  fonhumantté:  mats  quant  à  la 
dminité,  il  w*s  dit,  le fuv\  auec  yom  iufques  a  la  conjômmation  du  monde,  il  ejl  auec  noua ,  ri  y  ejl  pas: 
4ar il n 'apas  laiffény  abandonné  ceux  qu  "il  a  laijfezi,  & defquels  il s'efl dtïfcarti  quant  à  fon  humanité. 
ÇarqHantàJafirmedeferuiteur<juilaenleueeaucieJétauecnous,il  ejl abfent-.ma'ta quanta lafojrmcde 
Dieu,  Qtii  ne  defrart  pomt  d' auec  nous, dnoua  ejl  prefent.  Item,  Quant fa  chair ejloit  enterre,  certaine- 
ment elle  n-e^toit  point  auciel,  O*  maintenant pource  <ju'elle  ejl  au  ciel,  pour  certain  elle  neslpaa  en  terre: 
noire  C?*  en  ejl  tellement ab fente, que  mefme  noua  attendons  que  celuy  que  n  ous  croyons  ejhv  auec  n  oua  en 
terre,  entant  quileslla  PArolle^  yienne  du  aelfelon  la  chatr.  ItcrruL'yniqueFils  de  Dieu,  qui  ejl  aufîi fait 
homme  tesl  çqmprins  en  yn  lieu,  par  la  natun  due  fa  chair.  &  nesl  comprins  ennui  lieu  par  la  nature  de  fax 

preroétS-     E  y.  ç  e  s  entrefaitejSjles  Prélats  sVifTembletentî&prettansconfeil  auec  aucuns  Théo 
Fcildc  lare  logiçiis &CaJ3oniftesdelarefpon(cqu'ils dcuoycnt faire, leCardinalde Lorrainedit,  A 
<KuencUfài  ^Mienne  volonté  que ccluy-laeuft  éftémuec,ou  que  nous  enflions  eftéfourds.  Et  après, 
rc.         longue  délibération,  la  conduiion  fut  de  ne  refpondre  qu'à  deux  chefs  m  is  en  auant  par 
ledict  de  Befze,  fans  parler  des  aurres  :  à  fauoir  àceluy  de  l'Eglife  &rceluy  delà  Cene.  Puis 
fut  nusen  termes  dedreflex  vne  Confefîîondeleurfoy,  laquelle  ils  fouferiroyent  tous ,  6C 
prefenteroyentcnfemblcauecleurrefponie.  Et  files  Miniftresrefufoyent  de Tapprou- 
uer,  que  fentence  de  condamnation  feroit  folennellement  prononcée  alencôtre  d'eux, 
&  fin  par  ce  moyen  mife  à  leur  Colloque  &:  difpute.  Ce  qu'aucuns  d'entre  eux  ne  peurét 
af>prouucr,&:  y  refifterent  de  tout  leur  pouuoir:  qui  ne  fut  fans  entrer  en  grande  conten- 
LesMini-  tion.    Le  s  Miniftresd'autrepartdelibcreretdcfupplierlcRoy  qu'il  luy  pleuftnepcr- 
ftres  fup-   mettre  que  le  Colloque  encommencé  fuft  ainfi  interrompue  mefmes  que  leldicts  Prc. 
Roy  nciaif  lats  entrcptinflentl  authorité  déluges  fur  eux  qu'ils  n'auoycnt  encorcs  que  fimplemét. 
fer  le  Col-  propofé  les  arriclcsde  leur  foy,fans  auoir  allégué  aucuns  argumés  pour  les  fouftenir ,  lef- 
loquc  inter  quels  cyapres  pourroyent  eftre  deduictspar  le  tefmoignage  de  l'Efcriture.  Et  que  fi  fa 
r°mpU*     Maiefté  permectoit  qu'içeux  Prélats  prononçaifent  en  ccft  arFaire  iugement  à  leur  plai- 
fir,il  aduiendroit  qu'il  ièroitfiufltré  de  fon  attcnte,qui  eftoit  dctrouuer  quelque  remède 
pour  çompofer  les  troubles.    Et  futàcefteflnprcfèntée  requefte,  fuyuant  laquelle  le 
Roy  prcfenc,luy  alsiltant  la  Roincla  mere^leRoy  deNauarrey&:  autres  Princes  du  fàng, 
&  grands  Seigneurs,le  Cardinal  de  Lorraine  commença  vneharangue  ,  par  laquelle  a- 
pres,  longues  préfaces  &  remonftrances  donna  à  entendre  au  Roy  le  (bmmaire  de  (à  lé- 
gation, S  i  r  e  ,  il  y  a  (dit-il)  maintenant  huit  iours  que  par  voftre  ordonnance  ex  prefle  fu 
rent  introduits  en  çelieu  nombre  dcperfonncsquifefont&parezlongteropsadcnous 
ànoftretre^randregiet,faiIansdiuerfeprofelsiondeFoyAÔ^«e  ic  voulans  aÛfubieftirà 

nos 


Et  des  &Ctfkftre4      tEuangilt^j.  j8  6 

nos  obferuations:  &  par  leur  dire  ont  monftrc  quelq  defir  d'apprendre  &  eftre  inftruids, 
rentrans  en  cefte  leurpatrie,&cnlamaifbn&:aifemblce  de  leurs  pères,  lefquels  quand 
ils  voudrôtrecognoiftre,iUferôt  receus&cfnbrafTez  pour  enfans.  A  eux  nous  ne  Voulôs 
aucune  chofe  reprocher,mais  côpatir  à  leur  infirmité,  non  les  reietter,mais  rap  pelet4,  né 
les  feparcr,mais  les  reunir:  à  fin  que  tousd'vne  mefmcbouchc  nous  portions  honneur  à 
Dicu&:  Pere de noftre  Seigneur  IefusChrift.  A  eux  doneques  en  toute  charité  &eipric 
de  douceur  nous  refpondons,Qvi  nous  fommes  tref-aiîès  de  la  profefsion  qu'ils  ont 
fâidc  des  articles  du  Symbole  à  tous  Chreftien*  commun,  &c  fouhaitons  de  bon  cœur, 
que  comme  ils  cenuiennent  au  langage,ilsfuflent  d'accord  au  (cns&  en  l'interprétation. 
jB^  Yant  ainii  cômencé,  fa  prop  ofîtion  fut  de  parler  feulement  de  deux  poinds,pour  ce 
que  de  s'arrefter  à  vn  chacun,il  difoit  qu'vn  iour  entier  n'y  fuffîroit.  La  déduction  de 
ces  deux poinds  fut  fort  longue  :  &  pour  en  dire  la  fubftance  fommaircment ,  celle  du  Dcu± 
premierfutdercprouuerceuxquidifentquel'Eglifeneftque  desefleus,plufieurs  paflfa-  principaux" 
ges  defEfcriture  mis  en  auanc  pour  vérifier  qu'en  l'aire  duSeigneur  il  fe  trouue  touîiours  touchez  en 
delapaille&dufoin,qucneantmoinsl'Eglifenepcutfaillir:&  fi  quelque  partie  de  l'Egli-  J*ona°ucS 
fe  venoit  à  errer,qu'il  falloir  préférer  lecorpsencoresfain  à  vn  membre  corrompu  :&;  Ci  àioA 
le  mal ga-gnoit,  qu'il falloitlorss'appuyerfur  l'antiquité,  &  retourner  aux  premières  Se 
principales  Eglifes,  entre  lefquelles  toute  l'antiquité  auoit  eu  recours  à  la  Romaine, 
recogneué  eftre  la  première  de  iaChreftienté.Quefïen  l'antiquité  il  fe  trouuoit  erreur 
en  quelques  lieux  particuliers  de  l'Eglife,  il  falloir  oppofer  les  anciens  décrets  des Côciles 
&  vniuerfels  à  l'ignorance  de  peu  de  perfonncs:&:  fi  en  iceux  Côciles  ne  fe  trouuoit  rien, 
qu'il  falloit  diligemment  recercher  les  fentences  eferites  &accordantes  de  tous  les  anciés 
approuuez  en  l'Eglife  Catholique.  Et  fur  tout  faire  place  au  tefmoignage  de  FEfcriturc. 
Et  que  pour  n'auoir  tenu  ceft  ordre  les  Arriens  s'en  eftoyent  mal  trouuez,&:  feroyentauf- 
fi  ceux  qui  vouloyent  iuger  vn  feftu  en  l'œil  de  leur  prochain ,  Se  ne  voyoyét  pas  vn  che- 
uron  au  leur. 

Av  regarddufecondpoind)quifuttouchahtleSacremétdelaCene,oùilinfiftalon-  Lefeeonà 
guement  à  iceluy:&  remonftra  que  luy,&  les  autres  Prélats  du  Clergé  auoyent  vn  extre-  p°«i&  <fe 
me  regret,&£  tel  qu'il  ne  le  pouuoit  dilsimuler,  de  voir  que  le  treifaind&:  facré  Sacremét  |-^e  lcga' 
defEuchariftie,  que  noftre  Seigneur  auoit  hifCé  pour  vn  lien  d'vnionôi  de  paix,  parvne 
certaine  curiofité  de  cercher  plus  haut  qu'on  ucdeuoit,ruftfaidârgument,nonfeulemét  Regrets  ex- 
d'vn  différent  &:altercation,qui  eftoit  pour  n'auoir  iamajs  fîn,mais  aufsi  vn  vray  chemin  pree™"dc4 
de  perdre  en  tiercment,ou  bien  efgarer  la  verité,fic  le  fruid  que  Ion  en  doit  auoir,qu'il  di- 
foit confifter  en  quatre  poinds.  Le  prcmier,en  l'vnion  &:  reconciliation  que  nous  deuôs 
auoir  &  faire  enfcmble,eft ant  efcrit,Quc  plu fieurs  nous  fom mes  vn  mefmc  corps,  parti- 
cipant d'vn  pain  &  d'vn  calice.  Le  fécond,  l'vnion  auec  Icfus  Chrift,cftantdit,Quimân 
ge  ma  chair  &t  boit  mon  fang,il  demeure  en  moy  &moy  en  luy.  Le  troifîeme,la  remifsion 
de  nos  péchez,  le  fang  précieux  ayant  eftércfpandu  pour  ceft  efFed.  Le  quatrième,  1  ar- 
tente de  h  Vie  éternelle,  fuyuant  ce  qui  eft  eferit:  Qui  mange  cepain,  il  viura  éternelle- 
ment. Tout  le  contraireaduenant  en  cefte  difputc,c'eft  à  fàuoir  diuifîon  entreles  vns 
&  les  autres,  feparation  d'auccDicu,  priuation  delarcmifsion  des  péchez,  &c  del'attenté 
delà  vie  éternelle.  ^Qj  e  la  diuitiô  de  ceux  del'Eglife  nouuelle  cftoit  telle  fur  ce  poind, 
qu'il  eftoit  aife  d'en  mbnftrer  huid  opinions,&  plus,toutes  diueffes  &:  contraires:&  qu'il 
eftoitbièh  meilleur  de  perfeucrer  aufens  que  Dieu  dés  le  commencement  de  l'Eglife 
Catholique  auoit  baillé  tel,pour  le  dire  en  peu  de  parolies,que  le  vray  &  vif  corps  deDietl 
&  noftre  Seigneur  léfus  Chrift  &  fon  vray  fang  eft  en  ce  faind  Sacrement  prcfeftt ,  &  y  eft 
reccu  conformément  à  ce  qu'il  adid,  Cecy  eft  mon  corps,  cecy  eft  mon  fang. 

Les  q_v  elles  paroIles(  dii"oit-il  )  Ci  elles  ne  valent  autant  qu'elles  diiënt  &  fon- 
nent,pourquoyfonr-ellesmefmcs&:dutoutfémblables  redides  par  trois  Euangeliftes, 
&  par  l'Apoftrc  faind  Paul* 

Po  m  lafindefaharegue^'adre/fantàlaRoinemere^it  EtvouSjMadamejpuisquc 
tout  ce  Royaume  vous  a  déféré  toure  ladminiitracion  durant  la  minorité  de  noftre  Roy 
&fouuéram  Seigneur,gardez  nous  ce  gage  fi  ptecieux,6de  nous  rendcz,venu  en  fes  ans, 
de  mefitieReligion  &:  Foy  qu'il  vous  eft  baiHé,&  que  iufques  icy  vous  l'auez  fi  foigneufe* 
mentiriftruid.  Ceferârairenôttmoin>queceftefaindcRoincClorilde,  que  Ion  vous  à 
propofeeà  imitcr,laqucllcparfcs  (àin&esmftrûdions  futcaufe  d'amener  le  RoyClouis 
fon  mary  à  la  Religion  Chf  eftieflne.  Ët  vous,  Madame,en  icellc  retiendrez  le  Roy  voftrc 


Lhrt-j  VIL  A ([emblée^  des  Pre/ats  France^, 

fils  bien  inftruict  félon  l'intention  &:  volonté  du  bon  Roy  Henry  voftre  mary. 

De  par  luy  doneques,  Madame,&:  en  Ton  nom,  puis  qu'après  Dieu  nous  n'auons  rien 
qui  vous  l'oit  plus  cher,  par  voftrecommune&:  à  jamais  pci durable  6c  îndilTolublc  ami- 
tié,nous  vous  iupphons  trcshumblcment  en  ceft  endroid,commc  en  tous  autres, fuyure 
6c  exécuter  (es  fain&es  volontez,&:  ne  permettre  qu'ainli  fa  mémoire  foit  condamncc,&: 
de  ce  grand  Roy  François  voftre  beau-perc,  qui  vous  appela  ace  grad  &:  heureux  maria- 
gedelon  hUs:<Scqu  ils  foyent  totalement  fruftrez  de  leur  intention  en  linllruction  lain- 
dc  de  leurs  enfans. 

No  v  s  ne  doutons  qu'en  ce  faifant  vous  ne  foyez  bien  affiliée  du  Roy  de  Nauarre,  6c 
de  nos  Seigneurs  les  Princes  du  lang,  leiqutls  ne  voudront  dégénérer  de  leurs  trelchre- 
ftiensprogenteeurs.  Cela  melme  vous  confeillei  ont  ceux  quiontccft  honneur  d'eftre du 
Corlcildu  Roy,ô£  les  Pairs,  Se  les  officiers  de  Fiance,tous  nourris  &auancez  par  ces  bôs 
Rois,&:  qui  ont  feeu  leur  volonté.  Et  non  feulement  vous  illuftres  &c  trclchrelticns  audi- 
teurs vous  vous  monftrcrezcn  cefaiCt  vrais  Chreftiens  6c  fidèles  à  Dieu,  mais  trcllo\  aux 
6c  affectionnez fubiects  de  voftre  Roy:en  quoy  nous  efperons  tous,aidant  Dieu,quetout 
ce  Ro  y  a  u  n  i  e  le  tro  u  u  cra  v  n  y . 
dcTiïcfu"  ^T  POVR  conclulion,  Sire,nous  tous  d'vn  cœur  &d'vne  voix,  &:  pour  route  l'Eglife 
'  Gallicane  vouons  à  Dieu  6c  vous  promettonslolennellemcnt  deiamaisnenous  dépar- 
tir de  ccftefainctevraye&:  Catholique do&rine,  laquelle  nous  mettons  peine  d'annon^ 
ccr  en  nos cglifes:&:  pour icellesibuftcnir  nous  n'efpargnerons  tout  noftrciàng,&:  nos 
propres  vicsjcommeaulsi  fcrons-noustouliourspreftsncnousoublier  en  rien  où  il  foie 
queftion  de  voftre  feruicc&idela  manutention  de  voftre  Couronne. 
Pa|£Pr  e  s  que  le  Cardinal  de  Lorraineeut  acheué, les  Prélats  fek  ucrcnt&;  s'allV  rnbie- 
'g^^rent  tous  à  l'cntour  du  Roy  :  auquelle  Cardinal  de  Tournon  parla  briciuement,  en 
confirmants:  approuuant  delà  partde  Jadictcallembleecc  que  ledi&Cardinal  de  Lor- 
raine auoit  dit  &:cxpo(c  à  fa  Maiefté,  &:  offrans  de  le  ligner,  ii  befoin  eftoit,deleur  pro- 
pre lang,c\:  proteftans  de  vouloir  viure&:  mourir  en  cefte  foy&:  créance,  comme  citant 
conforme  6c  félon  la  volonté  de  Di  e  v  &dc  IcfusChrift,  ôede  la  doctrine  de  Ja  mè- 
re faincic Egliiefon  cfpoufc :  Supplians  trcshumblcmcnc  là  Maiefté  de  le  vouloir  croi- 
re,&:y  adioufter  pleine  foy,£jc  perfeuerer  en  la  Religion  Catholique,  en  laquelle  fes  pre 
decciTcurs  auoyent  vefeu.  E  t  au  refte  que  li  ceux  qui  s'eftovenc  feparez  6c  diuile  z  de 
iadit  e  cgliîc ,  fc  vouloyét  recognoiftre,  ou  foulcrire  à  ce  que  ledicl  lîeur  Cardinal  de  Lor- 
raine auoit  expofé,  ils  feroyent  rccueillis,&:  plus  amplement  oins  es  autres  poincts  où  ils 
difoyent  aufsi  vouloir elhenftruic~ts:autrcrrientque  tourcaudience  leur deuoit  cftre dé- 
niée: &  que  ta  Maiefté  les  deuoit  renuoycr,cx:  en  purger  fon  Royaume.  Dequoy  il  la  fup- 
plioit  crcshumblemcntaunomdc  ladicte  alfembleedes  Prc  lats,  à  lin  qu'on  ne  vift  ny 
euft  en  ce  Royaume  trefehreftien  qu'vne  Foy,  vue  Loy  6c  vu  Roy. 
OVand  le  Cardinal  de  Lorrainecutparacheué,Theodorede  Belzefit  requefte  inftan- 
^tc  au  Roy  qu  il  plcuft  à  la  Maiefté  de  luy  permettre  de  rcfpondie  furie  champ  aux  ar- 
ticles mis  en  auantpar  lcdid  Cardinal,  la  mémoire  de  tous  les  argu  mens  leur  cirant  frai- 
lche  cv  récente  :  ioinCt  queluy  6c  les  autres  Miniftrcs  craignoyent  de  n'auoir  plus  l  oppor- 
tunité  de  refpÔdrc  s'ils  perdoyen  t  cefte-cy,pour  le  bruit  qui  Ce  faiLbiz  q  les  Prélats  auoyent 
délibère  de  ne  traictcr  plus  ce  iour  pafl'c  auec  eux ,  q  par  condânation  6c  cxcômunicatiô. 

La  Roine  ayant  fur  le  champ  délibère  auec  le  Confcil ,  dont  les  principaux  eftoyent 
les  Cardinaux  fufdits,&  aucuns  des  autres  Prélats, lit  dire  auldictsMiniftres  qu'ils  eulfent 
aie  retirer,  &:  qu'vne  autre  fois  iour  leur  feroitalsigné  pour  venir  refpondre. 

Acefteoccalîon  &caufe,ledicdcBefze,&:ièscôpagnonsMiniftres,  vovans  qu'après 
debTc^c  Pmnci-irs  iours  partez  on  ne  s'aduançoit  en  rien,  prefenterent  requefte  au  Roy,  tendant 
ftc  prciciî-  a  ce  que  puis  qu  jl  auoit  pieu  à  fa  Maiefté  les  appeler  de  tant  lointains  6c  diuers  pays,fous 
tec  a«  nom  laconduicte  6c  afleurac  e  d'vne  parolle  Royale,  aux  fins  de  rcmonftrer  les  erreurs  6c  abus 
ftrci.  '"'    plantez  de  long  ceps,  6c  ia  enracinez  en  l'Eglife  par  le  Pape  6c  fes  fuppofts,&  le  moyen  de 
les  exterminer  du  tout,  qui  cft  la  feule  parolle  de  Dieu,  glaiiieflamboyant:  6c~  par  mefmc 
moyen  pour  en  conférer  aimablement  &;  fraternellement  auec  leldids  Prélats  la  venus 
toutcxpreircmentpourceftemefmecaulcdeDieu, touchant  de  près  Ion  honneur, & 
reftaurai  ion  de  la  fainCteEglife  opprimée,  &prefquc  du  tout  accablée  6c  difformee  par 
la  tyrannie  6c  inualion  des  miniftres dcSatan,&:  loups  rauifTans ,  qui  l'ont  defpouillee  de 
fon  naifcc  naturel  ornement,&:  l'ont  delguifce  par  traditions  humaines,  qui  ne  tendent 

qu'à  la 


Et  des  MiniftresdetEu  'angile.  }g? 

qu'à  lafubmerger&:  noyer,  6c  a  abolir  de  deiîus  la  terre  le  précieux  &fain£tnomde  fon 
Etpouxlefus  Chrift  :1e  tour  mené'  6c  conduid  parlarufe  ,  confeil&  aide  de  Satan  :  6c  de 
ceux  qui  faulfemenC  ont  vfurpé  le  titre  d'Euefques.Que  ceft  l'office  du  Roy  Chreftien  de 
prendre  le  bouclier  6c  les  armes  pour  défendre  la  caufe  de  celuy  qui  1  au  oit  eftably  en  ce 
throne  Royal:  à  l'exemple  d'Ezcchias&Iofias,&  autres  Rois  amateurs  de  Dieu. 

Ladite  Rcquefte  fondée  fur  telles  &:  pluiieurslèmbIablcsremonftrances&:  doléances 
àlaparfin  far  rclponduc  ,non  fans  grande  difficulté  &:  empefehement  fait  au  contrai- 
re: &:rut  arrefté  que  le  Colloque  fe  paracheueroitauec  JefditsMiniftres,mais  non  plus 
en  public,  ains  en  lieu  priué  tant  feulement.  Suyuantcc,  eftant  reculé  le  Colloque  ini- 
ques au  x  x  1 1 1 1 .  iour  dudit  mois, ayant  cite  mandez  les  Miniftrcs  cftans  à  S.  Gcrmain,fe 
prefcnterentdcuantia  RoineafsifteedesRoy&Roine  de  Nauarre,  &:  autres  Princes  & 
iieursdu  Conleihlà  eftansaufsi  lefdits  Prélats &Theologiens,&:  lèsdouzeMiniftres  leu- 
lemcnt,  peu  d'autres  receus  à  y  entrer.  L  a  commença  le  Cardinal  de  Lorraine  à  decla^ 
rer  en  peu  de  parolles  q  celle  alfemblee eftoit  pour  ouir  ce  q  les  Miniftres  voudroyét  dire 
fur  ce  que  par  luy  auoitertépropofe'auparauant.AquoydcBefzelèleuât  au  nom  de  tous 
les  côpaguons  Miniilres ,  6c  de  toutes  les  Egliies  Françoiles ,  après  auoir  inuoqué  Dieu, 
refpôditfur  les  poinctsmiscn  auat  parle  Cardinal  de  Lorraine,  affauoirjurcequicôcer 
ne  l'Eglife  6c  Ion  authorité:&:  depuis  fut  la  fainetc  Cenc  de  Icfus  Chrift.  Quât  au  premier 
poinctjillc  diuiiè  en  trois  :Quc  ce  It  que  l'Eglife  :Qaellcs  font  les  marques:  Quelle  eft  Lcmot(j-E 
fonauthonte.    En  premier  lieu,  que  ce  mot  a  EgUÇe  qui  cftGrec,  eft  tire  d'vn  autre  mot  ghic. 
qui  lîgnifîe  autant  (juapptlcrd'ynbeu  enyn  autre':  mais  qu'il  y  a  deux  maniei es  de  vocation. 
Qu'à  parler  propreir  et,  ce  met  d'Eglile côprend  feulcmét  1  aflemblccdes  efleus 6c  prede 
ftinez  de  Dieu.  Que  pareillement  il  y  a  deux  manières  d'homes:  les  vns  mébres  de  Chrift  Dcui[nj 
&lavraye  Egli(e,&qui  l'ont  la  maifon  mefmc. Les  autres, (ont  bien  en  lamailbn  de  Dieu,  nuresd  hô- 
6c  il  n'en  font  point,  mais  font  comme  la  paille auec  le  froment,iuiques  à  ce  qu'ils  en  for-  ™cs. 

1  i  y  •    •    j      v  i>t-   i  /•  i          4  I  rois  mar- 

ient Que  nous  nous  douons  <<llocicr  6c  coniomdrea  1  hghlcqui  poneles  marques  cer-  <jUes. 

taines,  qui  font  U pureparoUe  de  Dieu ,  &  fincerc  administration  des  Sacrtmtm .  Que  l'Eglife 
eftrappuy&colomne de  vérité.  Quant  à  la  troiiîcme marque,  qu'aucuns  adiouftent,  à 
fauoir/.t  (necefian  ordinaire  depuis  le  temps  des  Apofties,  quelle  eft  grandement  à  pri- 
fer>pourueu  qu'elle  foit  bien  conlidercc&: appliquée,  commeles  anciens  s'en  fontiou- 
uent  aidez  contre  la  nouueautc  des  hérétiques  :  mais  qu'il  y  a  vne  lucccflîonde  doctn-  Succcftion: 
nc,&:  vne  lucceision  de  perfonnes.  Quant  à  celle  dcLt  doctrine,  elle  eft  à  aduouer  comme 
infalliblc:  maisquantà  la  perjonncllt ,  on  ne  ladoit  aduoucrh  clic  n'eft  conioinre  auec 
celle  de  la  doctrine  Prophétique  6c  Apoitolique,  pour  le  moins  es  poincts  fu  bftantic  ls 
fondamentaux, 6c  non  autrement.  Erpour  ignorance,  ou  pour  diuerfitc  d'opinion  es 
poincts  delà  doctrine,  qui  ne  font  fubftanticls,8caufsi  pour  les  mœurs,  il  nefautlaiiler  de 
tolérer  vn  Paiteur  pout  pafteur,pourueu  qu'il  retienne  le  fondement.  Que  les  vrais  fuc- 
ce(Teurs  des  Apoftics,lbnt  ceux  qui  eftans  légitimement  appelez  baftiilent  lur  le  fonde- 
ment d'iccux:ioit  qu'il  y  ai:  eu  vne  perpétuelle  fuccefsion  perfonnclIc,ioit  qu'elle  ait  efte 
pour  quelq  teps  inteirompuc,ou  mefmes  qu'ils  foyet  les  premiers  annociateurs  de  l'Eua 
gile  en  quel  q  Lieu.^Qu'il  y  a  deux  formes  de  vocatiG,vne  ordinaire 6c  vne  extraordinaiye-Xor 
dinaire  eftre  cclle,cn  laquelle  eft  garde  l'ordre  q  Dieu  a  eftably  en  l'Eglilè.En  laquelley  a      jc  v'0. 
l'examen  de  ladcctrine&:  de  la  vie,  puis  l'élection  légitime,  &  rmalemctlimpoiition  des  catioa 
mains:rextraordinaire,en  laquelle  ou  l'vnc  de  ces  deux  choies  defaut,ou  les  deux,  ou  ton 
teslcs  trois. De  toutes  les  deux  vocations  le  Seigneur  a  fouuent  vfé.  Quât  à  l'Eglife,quel 
leeft  tellemet  corps  du  Seigneur  qu'elle  eft  encores  en  partie  en  Ion  pèlerinage, attédât 
la  pleine  iouifsâcede  fon  chef.  Que  telle  eft  la  maifô  de  Dieu,  mais  qui  fc  battit  encore,ôi 
croift  de  iour  en  iour:Qui  eft  gouuernee  par  l'Efprit  de  Dieu ,  mais  côbatât  encore  cotre 
la  chair  :  Qui  eft  purifiée,  mais  c'eft  pour  eftre  amenée  petit  à  petit  à  celte  pcrfeôtionde 
beauté,où  il  n'y  aura  tache  quelcôq:Qu'clle  cognoiftDieu,mais  c'eft  en  partie.Que  hors 
l'Eglife  il  n'y  a  point  de  falut,  puis  qla  vie  n'eft:  ailleurs  qu'en  Chrift  :  6c  qu'iceluy  ne  deL 
ployé  fa  vertu  viuifiate  ailleurs  qu'en  (es  mébres,  defquclsl'vnion  6c  aflemblce  s'appelle 
j  l'Eglife:Que  les  mébres  de  l'Eglife  errent  to9  les  iouts  en  la  doctrine &cs  mœurs. en  quoy  Doftcur* 
|   ne  faut  excepter  les  anciens  Docteurs:Quelcs  Eglifcs  particulières  6c  les  Côcilcs  princi- 
l   pauxpeuuét  errcr:Que  les  CGciles  depuis  vn  longtépscôgrcgez  d'vne  multitude  limai 
qualifiée, ri  ot  efte  côduits  par  le  S.Elpnt  iufques  à  ne  pouuoir  errenQuc  l'alîemblee  des 
Prélats  a  côdâné  les  Prophetes,voirele  propreFilsde  Dieu,&:apres  luy  les  Apoftrcs:Que 
raftebleedes  Prélats  del'Eglife  quelq  vniuerfalité  qu  o  allègue ,  a  fbuuet  efte  gouuernee 

GGg.i. 


Liurcj  VIL  Ajfemblecj  du  Frelats  dcj  France^, 

parl'Efprit d'erreur pluftoft  q  parle  S.Efprit:QueSata  s'efl: pieçatrâsfiguréenla  lumiè- 
re des  Côciles  généraux  pour  defguifer  (araulfetc:  Quecduy  qui  n'a  aune  fondemét  que 
la  vie  des  hommes,& l'apparence  cxreiieured'vn  Concile,  cftplulloit  en  danger  d'eftre 
trompe,  qu'autrement:  Que  Dieu  ne  permet  point  quela  vente  des  poin&s  fubllaticls 
de  nollrefaiut  ibit  iamais  tellement  enleuelie  en  toute  fon  Eglife,  qu'il  n'y  ait  toujours 
quelquenombre,  maintenant  plus  petit  maintenant  plus  grand,  lequel  entende  cequ'il 
fautentcdre,&  fuyuece  qu'il  faut  fuyurc:  Que  les  Conciles  anciens  ne lbnt  à  condâner: 
mais  qu'il  faut  âJ'Efcriturefoit  la  pierredetouche,pour  examiner  tout  ce  qui  fc  fait  &c  dit 
en  l'Eglife.Ce  q conuient  côliderer  deuat  que  fonder  vne  coullumc  côme  Apoftohque: 
àfinden'abuferdei'authoritcoucouftumedes  Apollres,  pour  troubler  les  Eglifes.  En 
fomme,pourcôclu(ion  il  rcquicrt,qrEfcnturcdiicerne  entre  les  traditiôsbônes&mau-. 
uaifcSjfainLlcs  &;  profanes ,  profitables  &  nuifibles,necelîaires  &c  fuperfîues.Et  quencor 
q  l'Eg!i(e  foit  deuant  rE(criture,fi  eft-ce  q  celte  parollc  qui  depuis  a  elle  eferite ,  ell  rouf 
ioursplusancienne:vcu  q  par  elle  cil  côceuë,engédrec&  nomeel'Eglifc:  Et  qu'il  ne  faut 
luyurc  l'erreur  ni  de  fes  pères, ni  de  fes  ancclïrcs,ains  l'authorité  des  elcriturcs:aulquellcs 
feules  faut  auoir  refijge  pour  prédre  la  fermeté  de  la  vraye  foy.  Voy  la  lommairc  met  la  fé- 
conde harengue  de  Befzerelponfiue  aux  principaux  poincls  dcl'oraifon  du  Cardinal  de 
Lorraine.-laquelleayât  déduite  en  bon  ordre  &r  vérifiée  bien  amplemét  par  paffages  ex- 
près tant  delà  fainde  Efcritureq  des  anciens  D  jeteurs, il  dit  pour  la  fin:  lufques  ici, Ma- 
dame,i'ay  refpondu  araplement,&:  lelon  la  mefure  delà  cognoifîance  q  Dieu  nous  a  de- 
partie,  au  premier  poinft  de  la  Harengue  dernière  de  Meilleurs  les  Prclats,côcernantre- 
ftat&authoritédelEgliledenoftreSeigncunfurquoy  nous  lommes  encor'tous  prefts 
^       d'entendretout  ce  qui  nous  fera  monftréparla  pure  parolle  de  Dieu.  Il  relie  l'article  de 
ridedeï"  la  Ccne,du  quel  ie  m  edeporteray,s'ilplaift  à  voiri  e  Maie(té,tatpout  vous  auoir  défia  par 
Ccnc.       trop  retcnue,auec  toute  l'illuftrecôpagnicque  pour  ledelir  q  nous  aurions  q  celte  Con- 
férence fuft  cômencee Sduyuic auec  vn  meilleur  ordre.IoinS  qu'en  parlât ibmmairemét 
d'vne  matière  qui  a  eftéiufques  ici  tant  obfcurc  &:  enueloppee.il  efk  mal-aifé  q  beaucoup 
de  parolles  nelchappent,  quelques  véritables  qu  elles  foyent ,  qui  offe  nient  les  coeurs  de 
ceux  qui  les  oyent.  Toutesfbis,s'il  plaift  à  voftre  Maicfté  q  nous  pafsions  plus  outre,nous 
fommes  prefts  d'en  dire  ce  que  le  Seigneur  nous  en  a  donne'  à  cognoiftremous  foumettâs 
toufioursàcequinousferamôftre'parleslàincliesElcritures.  Apre  s  celaplulieursau- 
cjDcfpcn-  £rcs  jjifpytgs  faret  entre-meflees  par  quelques  Sorboniftes.ClaudeDefpcnfe entre  autres 
après  quelque  préface  fc  mit  en  auant:&  dit,  Qu'il  recognoilïbit  cltre  véritable  ce  qui a„ 
uoit  efte  mis  en  auât  de  l'Eglileyies  marques  &  fuccefsion  d'icclle:  mais  qu'il  s  eftoit  touf- 
iours  esbahi  de  l'authorité  de  qui,&  par  qui  appelez,  les  Miniftres  eftoyent  entrez  en  l'e- 
glife,&:  prins  charge  d'enfeigner:veu  qu'ils n'elloyent  inftiruez parles ordinairos , ne  re- 
ceu  fimpofition  des  mains  d'eux,faifant  par  là  vn  recueil  qu'ils  n'elioyent  pafteurs  &c  mi- 
nillres  h-gitimes:Car  vous  ne  pouuez(difoit-il)  alléguer  que  vous  lovez  venus  par  fuccef- 
fion  ordinaire^  encores  moins  par  extraordinaire,  d'autant  qu'elle  fe  doit  prouuerpar 
miracles,ainii  que  Moyfe  a  efte  exciré  de  Dieu  pour  deliurer  (on  peuple:ou  bie  par  quclq 
tefmoignngede  l'Elcriture,cômc  S.Ieanda  vocation  duquelfur  prouueeapertementpar 
DcliCenc.  Ictefmoignagedu  Prophète  Malachie.  De  là  il  vint  àouurir  lepropos  de  laCene.&a- 
pres  auoir  dit  quelque  chofedelaprefence  du  corps  de  IefusChriil  en  icelle,il  fitlcfture 
de  quelques  endroits  cicrits  aux  liures  de  I.  Caluin,tailatlenomderauthcur,dilant,qu'- 
il  sesbahiroit  bien  s'ils  y  contredifovent.  L'on  eftima  q  ce  qu'en  failoit  Dcfpcnfe,  efloit 
pour  aggreer  au  Cardinal  de  Lorrainc,talchanr  par  le  moyé  de  ce  propos  de  la  Cene  trou 
uerbonneoccaiion  d'interrompre  le  Colloque,&:  mettreles  Minilires  en  débat  auecles 
Vn  moine-  Alcmans.  Ainsi  quede  Befze  vouloir  refpondrc,vn  moine  blanc  fe  prefenta  nommé 
nônu  Sjin-  Sain&es, ardent  ScclchaufFé  pourcôbatrecV: difputer,lequel  reuetaauec  parolles  aiguës 
pourdi/pù!  &piqiiantestoutcequeDefpenfeauoitiaditfuffilamment,afrermant  en  outre  que  les 
«r.         traditions  fontappuyees  fur  vn  fondement  plus  fc  ur& ferme,  q  non  pas  l'Eicriture:car 
1  Efcriturcl'aincle(diifbit-il)fe  peut  tourner  ça  &  là  par  la  variété  des  interpretations.EtS. 
Cvprien  fous  ce  prétexte  auoit  elle  deceu  auec  les  Aphricains ,  en  ce  qu'ils  difoyent  que 
lefus  Chrift  n'auoitpasdit,  le  fuis  la  couliume,  mais,  le  fuis  la  voye,  la  vérité  &  la  vie: 
de  laquelle  (entence  les  hérétiques  n'auoyent  depuis  celTé d'abufer.  Puis  alieguaTer- 
tullien  au  liurc  Des  prèferiptions  des  hérétiques,  l'admonnellant  de  bien  voir  &:  re- 
uoir  le  pafiage,  où  il  dit  que  les  hérétiques  plalircnt  les  Elcritures,  &par  leur  auda- 
ce elmcuucnt  aucuns  par  ce  moyen  :6c  que  pourtant  Une  faut  pas  recourir  à  icelles,ne 

fonder 


Et  de*  Minières  de  tEuangtle.  fSS 

roder  fur  elles  le  côbat,n'eftâ^  aucune  vic~toire,quoy  q  c'en  loir,cerraineàefpererd'icclles. 

Puis  adioufta,  Que  Dieu  outre  fon  intention  nous  auoit  baillé  fa  doctrine  par  cfcric, 
citant  à  ce  propos  Chryfoftome  contre  Manichee,au  proé'fme  du  liure. 

Làdefifus  de  Befzerefpôdit  modeftemér,q  tous  ces  longs  propos  ainfi  diuerfcmét  re-  De  Befze 
petez,cftoyent  peu  propres  pour  vn  tel  Colloque  &c  difpute,pour  en  tirer  quelq  bô  fruift  rclPon'1- 
fifmoyen  de  paix  &:  concorde  qloncerchoit:&:qucdetous  tels  am  as  &:  redites  n'eftoit 
àefpererfinôcôfufiomfupplialaRoined'y  ordônerpour  l'aduenir  quelque  meilleur  or- 
dre. Po  v  r  donc  premièrement  fatisfairc  à  ce  que  Defpenfè  auoit  dit,  qu'il  s'esbahifîbic 
cornent  luy  èc  Tes  copagnons  auoyét  pris  la  charge  d'enièigner  6c  prefeher ,  veu  qu'ils  n'a- 
uoyent  pointreceu  l'impofition  des  mains  par  ceux  qui  ont  la  puiffanec  ordinaire  de  ce 
faire:Ce  n'eft  pas,uit-il, la  principale  marque  de  la  vocation  légitime  qucl'impofitiôdes 
mains  :  les  marques  principales  &c  comme  fubftâtiales  lont  l'inquifition  des  mœurs  &  de 
lado£tnne,&:  l'élection, qui  l'ont  les  voyes  ordinaires,aufquelles  fi  l'impolition  des  mains 
defaut,la  vocation  n'eft  pourtant  à eltimer  moinslcgitime.  Nous  fommes  efleus  &  côfir- 
mezPafteurs&Miniftrcs,ofFerts&:receusaux  Eglifcsfolcnnellemcnt,lefquelles  ontap- 
prouuénoftrc  Miniftere:&:  fi  nous  n'auonsreceu  1'impofnion  des  mains,  &ne  fommes 
infticuez  des  ordinaires, il  ne  s'en  faut  esbahir,!!  les  chofes  eftans  confufes  &  defordônecs 
enreglifeRomainc,nous,neceuxparlefquelsnousfommes  inftituez,  n'auons  voulu  at- 
tëdre  ttmpofition  de  ceux,  les  vices  defquels,la  fuperftitio  &  fau/fe  doctrine  eft  par  nous 
reprouuee:car  en  vaincullions-nous  demandé  d'eftre  approuuez  de  ceux  qui  perfecutét 
la  vérité  contre  ceux  qui  la  maintiennent.  Il  eft  certain  que  les  Prophètes  n'ont  point 
eu  anciennemét  de  plusgiands  ennemis  que  les  Sacrificateurs, s'eftans  deftournez  delà 
laine  do£trine,&  nefailans  leurdeuoir.Les  Prophètes  dôcques  excitez  de  Dieu  alencô- 
tred'eux,leur  demaderent-ils  approbation  ou  confirmation  derauthorité&  charge  que 
Dieu  leur  auoit  baillée  ?  Et  toutesfois  l'on  ne  peu  t  dire  d'eux  qu'ils  le  foyét  ingérez  en  exc 
eu  tant  leurs  charges  au  danger  de  leur  vierce  qu'il  nous  a  aulfi  côucnu  faire,&aux  noftres 
en  cetéps.  Et  ne  faut  dire  q  les  miracles  foyértoufioursnecerTaires  pour  la  prcuue  delà 
vocation  extraordinaire.  Car  ce  q  nous  lifons  de  Moyfe,&  des  lignes  &  miracles  qu'il  a  Faire  mir*: 
faitsm'a  pas  efté  cômun  à  tous.  Qu'ainli  foit,quels  miracles  ont  fait  Ifaie ,  Daniel ,  Amos,  des  n'eft  vn 
Zacharic,  pour  prouuer  leur  vocation?  S.  Paul  a-ilattendu  l'impofition  des  mains  pour  ^°u,omuû 
faire  la  charge  qui  luy  eftoit  commandée  de  Dieu?  Et  ayant  voulu  prouuer  fa  comiflîon 
&puilTanced' A  poftolat,il  ne  s'eft  tant  aidé  d'alléguer  les  miracles  par  luy  faicts,  quede 
mettre  en  euidece  le  fruift  qu'il  auoit  fait  par  fa  prédication ,&:  côuerfion  de  maints  peu- 
ples Se  nations ,  fi  qu'eferiuant  aux  Corinthiens ,  il  difoit  qu'ils  eftovent  le  feau  de  Ion  A- 
poftolat:ce  que  nous  pouuôs  dire  en  femblablc  de  tât  de  pays,Royaumes,&  prouinces,a- 
yansreceul'Euangile  par  noftre  predication,maugré  tous  les  empefehemens  que  l'on  y 
a  feu  taire  au  contraire^  ne  penfons  qu'il  nous  faille  demâder  autre  meilleure  confirma-  1 
tion  de  noftreMiniftcre,la  vertu  &£  efficace deDieu  fe  manifeftat  allez  en  nous,à  laquelle 
ne  les  liés,ne  la  prilbn,nc  le  feu , ne  les  banniiTemcs,nc  la  mort  n'ont  feu  don  cr  empêche- 
ment.   S  v  r  la  queftion  des  traditions,  à  fin  de  faire  ouuerture  à  leurs  cérémonies  non 
receuables,aprcs  maintes  interruprios&debats  entremêliez  par  lefdits  Defpenle&Sain 
£tes,q  wi  difoit  q  la  virginité  de  la  Vierge  Marie  après  l'cnfantemet  ne  fe  pou  uoit  prouuer 
parrEfcriture,neqlesenfansdeuflent  cftre  baptifez:l'vn& l'autre  toutesfois  luy  cftant 
prouuépartcfmoignagcdcrEfcrituremo  pourtâtdclaifTa-il  d'argumenter &crier,à  la  fa 
çondela  dii'piîteSorboniq.Cequifutpeuaggrcableàtouteraffiitence.ËT  ainfi  q  plu- 
fieurs  d'entre  eux  parloyent  cnfcmblemét  auec  cofufion,le  Cardinal  de  Lorraine  fe  met- 
tant entreieux,  côme  eftant  cefte  queftion  alTez  debatue,rinterrompit,  &C  fit  ceffer  la  di- 
fpute  d'icelle:  qui  fut  caufe  q  les  Docteurs  de  la  Sorbonne  ayas  eu  le  dernier,  le  perfuade- 
rent  d'auoir  eu  la  vi&oire.Puis  après  vint  à  parler  de  laCenc,proteftat  au  nom  de  tous  les 
Prélats  de  ne  palfer  outre,iufques  à  ce  qu'ils  fiufent  d'accord  de  cepoin&âuec  les  deflui- 
dits  Miniftres:pource  (difoit-il)q  c'eft  le  principal  article  pour  lequel  la  Chreftien  té  eft  en 
trouble:  adiouftant  quelefdits  Miniftres  eftoyent caufe  qu'il  falloit  par  neceflîté  comen- 
cer  tout  premièrement  par  cefte  difpute,  pourau  tant  qu'au  premier  Colloque  ils  ena- 
uoycntfi  clairement  déclaré  leur  opinion,  que  le  bruit  en  eftoitpartoutleRoyaume,&S 
quelaharenguepareux  faite  eftoit  ia  imprimée  &:  diuulguce  par  tout.  Le  Cardinal 

I  l  commença  donques  par  la  ConfelTîon  d'Augufte,  demandant  s'ils  la  vouloyent  propre'-»  t 
fouferire.  Leldiâs  Miniftres  demandèrent  d'autre  part  s'ils  la  vouloyent  en  toutapprou  Aufoour^ 

GGg.ii. 


l)nrz-j  VIL  Editt  de  Januier  four  les  ajfembleu. 

ucr.  Aquoy  lcdicl  Cardinal  n'ayant  donne  reljponl'c,lcurmonftra  l'opinion  de  quelques 
Miniftres,  qu'il  difoitluy  auôir  cfté  enuoyee:  &demanda  s'ils  y  vouloyenc  fouferire ,  les 
priant  au  ce  inftance  de  refaire.  Ce  que  Ion  dit  qu'il  faifoiccautcmenc,à  fin  que  s'ils  refu- 
foycntde  ce  faire, il  les  mift  encombat'auee  lefdi&s  Alemans:  &  s'ils  l'appnouuoycnt, 
De  ccfz..-   (]uc  comme  ayant  obtenu  la  victoire ,  il  triomphait  d'eux.  Lors  de  Beize  pour  euiter 
rcipod.îux  cesembufchcs,refpondit,  Qucluy  &  fes  compagnons  eftoyent  là  venus  pour  défendre 
pofitioj  '  °  IcurCpnfeflion  de  Foy,&  qu'ils  n'auoycnt  autre  pouuoir  ne  mandement  de  leurs  cghfes: 
6c  partant  requirent  qu'il  Icurfuft  loilibîedefuyure  l'ordre  d'icelle,  à  fin  que  toute  la  di- 
fpure&  conférence  fut  fuyuie  6c  tenue  par  bon  ordre,  6c  qu'il  peuft  mieux  par  ce  moyen 
apparoiftreen  quov  ilspourroycntcftrecnlemblémcnc  d'accord.  Que  l'ordre  naturels 
le  moyen  plus  propre  pour  venir  à  quelque  concorde,  requeroic  que  les  points  plus  al- 
lez &rp  lus  faciles  fuiîcnt  les  premiers  trai&cz:&  qu'eftant  ainfi  que  les  Sacremens  dépen- 
dent delà  doctrine,  ce  (croie  faire  pluftoft  au  rebours  que  d'en  traitter  prcallablement. 

V  o  1 1  a  les  premières  &  principales  côfercnccs  du  Colloque  de  Poi/fv  :  c  oncernâtes 
l'pecialcmcnt  la  Confcflion  de  la  Religion  6c  de  l'Egliie  Chreftienne  :  quenous  auons  ex- 
traites des  eicrics  mis  en  lumière  6c  diuuiguez  plus  amplemét  furie  faict  delà  Religion  6c 
République  de  France. 

D  E  l'cdicl  nomme  de  Limier  fait  par  le  Roy  fur  le  reglemtt  de  la  Religionfuyuant  l'aduU  de  tout  le  Con- 
feil, &■  des  convoque^  de  tous  les  Parlcmens,à  Satncl  C  ermetin  en  Laye,le  XVI I.  de  Iauuicr. 

^Bl^fSS  'E  D  I C  T  de  Iuillct  déclaré  ci  deuant,  caufoit  tant  de  troubles  en  France, q 
y]  |f|À|5f  le  Roy  Charles  i  x.  fit  aile  m  hier  fon  Confeil  pour  y  remédier.  Et  comme  l'aÊ 
W  fof'Slj  faire  cftoitdegrandeimportâce,  ilappcla  à  ceite  délibération  les  plus  doctes 
i'rdict  de  SJillSv  ^cs  Parlemensdefbn  Royaume.&plulieurs  perfonnagesdegrand  nom. Par 
bniicr  tant  f  aduis  delquels  fut  rédigé,  &:  depuis  publié  vn  Edict  au  mois  de  Ianuier  de  celle  année  a 
cdcbrJ.     nousprcnosàlaNatiuité  m.d.lx  i 1.  par  lequel  leRoy  permectoit  aux  fidcles  de  s'aflem- 
bler  pour  ouir  la  parolle.de  Dieu  6c  faire  tous  autres  exercices  de  leur  Religion  :  pourucu 
toutesfois  que  ce  ne  fut  dans  les  villes ,  mais  bien  hors  d'icelles ,  6c  aux  faux-bourgs.  Dé- 
fendant à  toutes  perl'onnes  fur  grandes  peines,de  les  troublenpouruoyoit  aulsi  à  leur  feu- 
rcté  par  beaucoup  de  bonnes  «Sdainctes  cautions.  Les  principaux  articles  de  ceft  Edi;t 
font  ceux-ci  qu'auons  ici  inferez  auec  la  declaratiô  faire  par  les  Miniftres  6c  députez  des 
Egliics  de  France,eftans  en  Cour  pour  feruir  d'auis  6c  confeil  auidites  Eglùcs  fur  l'exécu- 
tion 6c  obier uan ce  des  principales  claufes,  comme  s'enfuie:' 

LE  premier  article  duditEdicl  commande  de  vuider  des  temples:  &  rendre  tous  biens  &lieux  occii- 
pe\furles  Ecckfiaftiques  Romain<;,& ne  les  empefeberen  la  perception  de  leurs  reuenus,  rendre  les  orne- 
mens&  reluiuairts,deffend  d'édifier  temples  dedans  oudehors  desvilles.  A  efté  aduifé  qu'il  faut  o- 
beir  fans  difficulre:&  quant  à  la  reftiturion  des  ornemés  6c  reliquaires, fi  ceux  qui  les  ont 
rauis  font  de  rEglilé,{éroncadmoncftez  de  les  rendre:  Et  à  faute  de  ce  faire  feront  defa- 
uouez  &c  retrenchez  du  corps  de  l'Egliie. 

Parle  1 1  .article  a  eflédeffendu  d 'ah atre images,  hnferdes  croix  <& faire  aucun  aile  jcandaleux.Y aut 
obeir-.car  l'office  du  Mmiftreeft  d'abatre  les  Idoles  du  cœur  des  hommes ,  par  la  prédica- 
tion de  laParollcde  Dieu, &  non  autrement:  Et  la  vocation  desperfonnes  priuecs  ne 
s'eftend  plusauantquedepricrDieuqu  il infpirc tellement  les  Roisôj  Princes  qu'ils s'eni 
ployent à  aduancer la  gloire^'  abatretousinftrumens  d'Idolatrïej comme  aulîi  il  a  efté 
ordonné  cv  deuant  en  Synode  iiir  ceft  article. 

LE  1 1  i .  dejfend  de  s'afjcmhler  détour  ou  de  nuicl  pour  faire  prefthesdans  les  villes.  Ceft  article 
pourroir  le  m  blerrude:  mais  en  y  regardant  de  près  Ion  trouuera  que  les  prières  domefti- 
ques  dechacuQe&milledans  les  villes  n'v  fonc  prohibées, nylesConfiftoires,moyennant 
qu'ils  le  ficenc  félon  l'ordonnance  de  l'Edict:  ny  les  proposions,  pourucu  qu  elles  foyent 
tellcmenc  reiglees  qu  il  n'y  aie  quelespropofansauec  Miniftres 6c  autres  qu'il  appartien- 
dra de  a  nfurer  lefdicis  propoïans,  à  fin  que  l'alfemblee  ne  foie  trop  grande. 

LE  iii  \  ,prohtbep'>rtd\mnesauxaffemWees&aill?urS)faufauxGentiù-homes  efpees  &  dagues 
qui  leur  font  ordinaires.  Eaut  entièrement  obéir:  car  noftre  combat  doit  plustoft  eftrepar  ar- 
mes fpiriruclles,aîfauoir  par  prières  6c  patience  contreles  aduerlaires  deverité. 

L  E  v .  de  ffend  de  reccuvr  aux  ajjemblees  aucuns  fins  s' informer  de  leurs  vies,  &  condition  s, a  fin  de 
les  rendre  aux  Magistrats s 'ils  en font  requis. 'il  nes'encendde  cous  ceux  qui  viendront  à  la  pré- 
dication 


Edift  de  Januier  pour  les  afiemblecs .  // p 

dication,ains  de  ceux  qui  feront  receus  &  aduouez  en  rEglife,c'eft  à  dirc,dc  ceux  qui  s'af 
fuiettiront  à  la  difciplined'icelle:&:  pourtant  faudra  quelesMiniftres  rcmonftrent  ceft 
article,fpecialement  fur  le  temps  de  laCene,  en  pleine  aflemblce. 

L  E  v  i .  commande  de  fouffnr  l 'afîiflance  des  Magiftrats  aux  ^ffemblees ,  iceux  reTpe&er. 
Nous  dcuonsdefircr  que  les  Magiftrats  fe  trouuans  aux  aflcmblees  foyent  receus  en  lieu 
honorable,&:qui  ne foit occupé,  en  leurabfenceou  ptefence,  d'aucune  pcrlbnnc  priuec. 

2*4  Rie  vi  i  .eft  inhibé  détenir  Confiftoire  s  ■>  affèmblecs  ou  fynodtsfans  la  prefenct  oucongé  d'vn 
àn  officiers  du  Roy.  Parce  qu'il  y  a  certains  iours  eftabhs  pour  les  Coniiftoires.il  faudra  dé- 
clarer ceft  ordre  aux  Magiftrats,afin  qu'ils  y  afsiftcnt,  li  bon  leur  femble.Et  d'autant  que 
nousnepretendonsrienfairequinel'oit  cognu  de  tous:  &  principalement  de  ceux  qui 
nous  repreientent  noftre  Roy  &:  Prince:  il  faudra  lignifier  le  temps  &c  le  lièu  defditsSyno- 
des,  tant  au  Magiftrat  du  lieu  duquel  chacun  Miniftre  partira,  qu'à  celuydu  lieuoùlc- 
dit  Synode  le  tiendra,^:  demander  a&e  defdites  déclaration  &  lignification. 

LE  v  i  11 .  prohibe  création  de  Magiftrat*; Joix  &ftatuts.  Faut  obéir  &aducrtirle  Magiftrat 
de  l'ordre  qu'on  a  cydeuant  tenu  aux  Eglifes  rcformees,làns  confondre  la  vocation  Ec- 
clciiaftiquc  auec  la  Politique. 

V  ^4  Rie  ix  .font  défendu*  enrollemens  de  gensyimpofttions  de  deniers ,  excepté  les  aumofnes  vo- 
lontaires. L'Edict  porte  de  foy  l'exception  neceffaire  touchant  lesaumofnes  &c  contribu- 
tions volontaires  pour  l'entretenement  des  Miniftres,&:  nourriture  des  poures. 

LE  x.  commande  les  loix  Politiques  ■>  obferuer  les feftes  chômai [les,&  aux  mariages  les  degre^  de  co~ 
ftnguimté.  Les  Minift  res  admonnefteront  les  auditeurs  d'y  obéir ,  veu  que  la  liberté  de  la 
confcience  n'y  eft  intereftce,&  que  l' Apoftre  nous  admonnefte  vier  de  noftre  droicl:  fans 
le  fcandale  du  prochain. 

LE  xi.  charge  les  Minières  de  mrer  entre  les  mains  des  Officiers  du  Roy/  obferuation  de  tEditt,  &* 
de  ne prefeher  autre  chofe  que  ce  qui  eft  contenu  au  Symbole  de  Nicene ,  &  au  Iturcs  Canoniques  du  -vieil 
&  nmueau  Teslament.¥  zut  obéir  &c  faire  le  ferment  entre  les  mains  du  Magiftrat  fubalter- 
ne  Royal ,  auquel  appartie nt  la cognoilTance  &:  iurifdi&ion  de  la  Police , &:  non  d'autres: 
&  faudra  iurer  par  le  nom  de  Dieu  vi  uant:  &:  fi  le  luge  exige  vne  autre  forme  de  ferment, 
on  s'y  doit  oppofer  en  toute  modeftie. 

LE  x  il.  de fend  de  prefeher ^procéder  par  comices  contre  la  meffe,&*  autres  cérémonies  recettes  &* 
gardées  en  l'eglife  Catholique.  Faudra  vfer  dételle  modeftie  que  chacun  puifleentedre  qu'on 
ne  tend  à  autre  fin,  qu'à  édification, 6c  non  point  à  prouoquer  &  iniurier  les  perfonnes. 

L  E  x  1 1 1  •  défend  d'aller  de  -village  en  village  poury  prefeher  par  force  ^cotre  ht  voloté  des  Seigneurs, 
Cure\.& MarguiÏÏiers.  Quand  ily  aura  quelques  vnscnvn  village  qui  defireront  viure  fé- 
lon l'Euangiie,  ils  pourront  demander  vn  Miniftre  à  l'Eglife,  lequel  Miniftre  fera  enuoyé 
au  Magiftrat  du  lieu  pour  prefter  le  ferment  iouxtelaformc  de  l'Edict, &par  ce  moyen 
Ion  viendra  au  deuant  des  coureurs  qui  fe  fourrent  dedans  les  trouppeaux  fans  légitime 
vocation.  Et  au  iluplus  ncfaudraplantet :  l'Euangiie  par  force  d'armes  ny  violence  :  ains 
feulement  par  la  pure  6c  faintte  prédication  de  la  parolle  de  Dieu. 

L  E  x  1 1 1 1 .  défend  de  ne  receler  aucuns  pourfuyuu  ou  iondan/ne\  pour fedition .  Il  y  faut  obéir 
en  bonne confcicncc,&  monftrer  par  erfecl:  que  nous  ne  iommes  point  receleurs  ne  fau- 
teurs de  meichans,  mais  au  côtraire  ennemis  de  tout  ce  qui  répugne  à  la  voloté  de  Dieu. 

La  H  rftcution  des  fidèles  de  Vegjxfe  de  V  A I S  S  Y  en  Champagne. 

CESTE  hiftoire  ainfi  qu'elle  a  efte  atte(tce&:  deferite  par  gens  dignes  de  foy,  voire  de  ceux  qui  ont  eflédes 
premiers  d'icclîe,nous  donne  à  cognoiftre  comment  la  lumière  de  l'Euangiie  defcouui ante  les  grolfes  ténè- 
bres de  F  rance,a  tellement  csblouy  les  yeux  des  ennemis,  que  de  fureur  &  de  rage  ils  ont  execrablcmét  meur 
tris  &  faccagez  ceux  qui  fuyuent  cefte  lumière.  Nous  fert  aufsi  ce  récit,  pour  eftre  efmeus  &  incitez  de  veil 
1er  &  prier,&:  faire  bonne  garde  du  threfor  ineftimablc  de  l'Euangiie. 

E  P  V  I  S  ceft  Ediddelanuier  q  le  Seigneur  par  vne  bonté  fpeciale,&:  ad_  M.d.lxii. 
mirable  a  drefle  les  enfeignes  de  là  Veriré  au  pays  de  Frâcc,pour  recueillir  ce 
qui  eftoit  efgaré  en  fa  bergerie :1e petit  trouppeaude  Vai/Ty  a  efté  comme 
au  premier  reng  propofé  en  ces  derniers  temps  à  toute  la  France,  pour 

GGg.iii. 


Lime  VIL  Lbiftobrc  dt->  la 

vn  miroir  des  mcrucillesdc  Dieu.  VailTyeft  vne  petite  ville  appartenue  au  roy  de  Fran- 
ce, des  plus  anciennes  du  comte'  de  Châpagne:  affile  fur  les  limites  du  duché  de  Barrois, 
en  lieu  plaifant  &  fertile  &:  degrandc  commodité.  Il  y  a  preuofté  &  liège  royal  :  du  reibrc 
duquel  font  plulieurs  petites  villes,  bourgs,&:  villages  :  6c  mcfme  de  toute  ancienneté  la 
loinuilic.  ville  de  Ioinuille,delaqucllc  ci  après  fera  parlé,  &:  plulieurs  villages  dependans  dicellc, 
ont  efté  iulliciables  &:  tenus  de  relpondre  audit  Vaiily  .  Et  pour  celle  caufe  elle  a  efté  de 
long  temps  eniuee  parla  mailon  de  Guyle,tellement  que  du  viuantdes  rois  Henry  1 i,&: 
François  1 1, derniers  décédez,  François  de  Lorraine  duede  Guyfe,&  Charles  cardinal 
de  Lorraine  l'on  frère,  firent  tant,  quepour  augmenter  leur  mailbn  &  famille ,  du  colen- 
remet  defdits  Rois,  la  terre  dudit  loinuilic,  où  ils  ont  efté  nais,  fut  érigée  en  titre  de  prin- 
cipauté :  n'eftant  auparauantquc  (impie  Baronie  tenue  en  fiefdu  Roy. Et  pour  orner  ce- 
fte  principauté  nouuelle,enuiron  trentetrois  ou  trentrequatre  quevilles  &c  villages fu- 
rentdiftrnits  de  la  Preuofté  dudit  Vailfy,&:  iointsà  loinuilic  Advint  le  xii,dO- 
clob.  m  .d  .  l  xi,  après  le  fufdic  Colloq  de  Poifly,  qu'vn  des  Minilire  s  de  l'eglife  deTroyes 
en  Champagne  ayant  efté  efleu  pour  viliter  ceux  de  VaifTy,  &cy  dreflfer quelque  for- 
me d'Eglile  félon  la  parolle  de  Diemeftat  y  arriué  pour  exécuter  cefte  charge,aucuns  des 
Comment  principaux  de  VaifTy  l'aduertirent  qu'il  n'y  auoit  lors  aucun  moyen  de  rien  drcfl"er,  pour 
rcjjhfcdc  crainte  de  ceux  de  Guyle  quis'alTembloyent  a  Ioinuilleau  retour  dudit  Colloque.  Et  de 
ft^phutcT  faict,le  du  cd' Au  maie  fuyui  de  près  de  l'es  freres,arriua  audit  Ioinuilleen  ce  melmctéps. 
Ce  nonobftant  le  Minilire  ne  doutant  point  que  le  Seigneur  ne  l'euftenuoyé,  délibéra 
auecceux  qui  monftroyentauoir  plus  grand  faim  de  la  parolle  de  Dieu,  deffayer  premiè- 
rement s'il pourroit rien  baftirenfecret,  pourpuis  après  annoncer  Iefus  Chrift  auxat 
femblees  comme  ilauoitfait  àRonay.  A  la  première  exhortation  qu'il  fit  en  Iamaifon 
d'vn  marchant  drappicr,nepenlant  yauoirque  bien  petit  nombre  de  permîmes ,  voire 
des  plus  fermes  &:  mieux  inftruits ,  il  fe  trouua ,  tant  hommes  que  femmes  fidèles  que 
Papiftcs,qui  auoyent  fenti  la  fumec  de  celle  aiTemblee,enuiron  lix  vingts  perlbnnes,dc- 
Comencc-  man  jans  délire  repeus  de  la  pafture  de  vie.Lc  fermon  fait,  on  efleu  t  quatre  Surueillans, 

ment  c  tor  1  .  *•  .    . .         .  .  1  N 

me  d'eghfe  &c  deux  Diacres.  Leiour  luyuant  i  6,dudit  mois,I  allemblee  qui  le  trouua  a  la  prédication 
àVaifly.    fLlt  decinqà  fix  cens  perfonnes,&  croifloit  de  iour  en  iour,  tellement  qu'ils  furent  con- 
traints de  prelchcr  en  la  court  de  l'Hoftel-dieu  au  defcouucrt:  où  plulieurs  ignoranss'y 
trouuansfurent  li  bien  réduits  que  maints  vieilles  gens  tâthommes  que  femmes  dilbyét 
àlaforticdes  fermons,  Loué  (bit  Dieu  qui  nous  a  fait  ccllegraced'auoircognufafain&e 
vérité  deuant  que  mounr.L  e  io,dudit  mois  le  Minilire  partit  de  VaiiTy  pour  s'en  retour- 
ner à  Troycs,i'Eglife  eilant  dreiîee,les  Diacres  aduertis  u'auoir  tel  foin  des  pourcs  q  leur 
charge  rccjueroit,  les  Anciens  de  tenir  la  main  à  ceque nul  ne  fe  polluall  au  baptelmc  de 
la  Papauté , de  lire  aufsi  quelques  fermons  faciles  en  Tartcmblce  en  commençant  par  les 
fermons  Sur  les  commandemens,qui  font  imprimezjiufques  à  ce  qu'il  pleuftauSeigneur 
de  les  pouruoir  de  quelque  fidèle  palleur.  Ce  qu'aufsi  ils  firent  fongneufement  &c  heu- 
reufement.  Carie  poure  peuple  fut  tellement  retenu  enfon  deuoir  par  celle  lecture  ,q  le 
diable  mettant  en  telle  au  duc  de  Guyfc  d'enuoyer  quelques  gens  d'armes  enuiron  le  cô- 
mencement  du  moisdeNouembre,  pour  clloufFer  celle  petite  Eglife  en  fa  naiiTance,ne 
perdit  que  fes  peines.  Voila  en  fomme  corn  ment  leglilè  de  Vaifly  a  efté  plantée:  rrftc  de 
Acctoiffc-  rraitterdel'accroiflement,&:  des  aifauts  qu'elle  a  fouftenus.  Le  Minilire,  duquel  men- 
ment  de  l'E  tjon  a  efâ  faiteci  deflus,  partit  deTroyes  le  1 3  ,de  Decemb.pour  viliter  derechef  les  fide- 
Vaifl>^     ^cs  deVailTy,àraifon  de  quelques  baptefmcs  qu'il  faloit  faire  d'aucuns  cnfans,par  eux gar 
dez  à  celle  fin-la.  Aufsi  toft  qu'il  fut  arriué  il  falut  prefeher:  tant  eftoit  le  poure  peuple  ar 
dant  après  la  pafture.  L  e  i7,dudit  Mois  il  aduint  vne  choie  memorable,qui  nedoit  eflre 
obmife,tantpource  qu'elle  a  efté  vne  des  principales  caufesdu  carnage  qui  fera  ci  après 
deferir,  que  pource  qu'on  peut  cognoiftre  par  icelle  combien  le  Seigneur  befongne  puif- 
famment,  quand  bon  luy  femble,par  les  choies  foibles  &:  infirmes.  L'Euefque  deChaa- 
reuefquc  Ions  nommé  HieromeBurgenlis,  fut  enuoyé  du  duc  de  Guyfe  luyuant  le  confeil  dû  car- 
de chaalôs  j^ide  Lorraincfon  frère,  à  VaifTy diocele de Chaalons,accompagné  d'vn Moint,  efti- 
mé  pour  eftre  confit  en  théologie  Papale,afin  q  par  le  moyen  d'iceluy  il  renuerfaft  lafoy 
(li  faire  fe  pouuoit)  des  limples  gens  de  Vaifly. Iceluy  eftant  arriué  auec  fa  trouppe  garnie 
de  piftolcts  $c  piftoles  le  16,  dudit  mois,fur  les  trois  heures  après  midi,appcla  aucuns  des 
plus  apparens  de  l'Eglife,à  ce  q  par  leur  moye  il  peuft  tat  faire  enuers  le  peuple,  qu'il  vinft 
le  lendemain  au  fermon  duMoinc  qu'il  auoip  amcne.Ceux  qui  furent  par  luy  appelez  re£ 

pondi- 


Terfèctétiond^  Vatjfy.  j  po 

pondirent  en  toute  modeftie,quc  quant  à  eux,ils  ne  voudroyent  ni  ne  pourroyet  en  bône 
cofciéccouyr  vn  tel  Moinc&quâtau  peuple,  qu'ils  nepéfoyétpas  qu'on  le  peuft  amener 
àcepoind;la.Ques'il  plaifoit  à  monfieur  l'Euefque  venir  ouyr  leur  Miniftrcilsfèraifoyét 
fores  qu'on  ne  luy  feroit  ne  mal  ne  deiplaifir,ni  aux  fiés:&:  outreplus,  qu'il  trouucroit  que 
lâ  dodrine  de  laquelle  on  repaifîoit  le  pou  re  peu  pie,  n'eftoit  autre  que  celle  des  Prophe-  Fg-  jc 
tcs&  Apoftrcs.  L'Eucfquc  ayant  ouy  vne  telle  refpôfè fut  bien  eibahy,&  ie  nritàleur  fai-  rCuefquedç 
re  remonftrance  de  fuyure  le  train  de  leurs  pères  qui  auoyet  efté  fi  gens  de  bien,fans  s'em  Chaalon* 
brouiller  en  opinions  nouuelles,  qui  ne  pourroyet  eftrecaufe  que  de  leur  totale  ruine,  ne 
tenans  conte  de  rentrer  en  grâce  auec  noftre  mere  faindecglhe,dei'obeiflance  de  laquel- 
le ils  s'eftoyent  reuoltez  à  l'app  etit  de  quelques  afFronteurs  de  Geneue.  Voila  en  eftèd  ce 
qu'il  leur  difoit,adiouftant  qu'il  eftoit  bien  marri  qu'il  ne  fauoitprefcher,mais  que  le  Re- 
ligieux qu'il  auoit  amené, fuppleeroit  àfon  défaut.  Voyant  qu'ils  demeuroyent  fermes  &: 
arreftezen  leur  première  refponle ,  il  leur  promit  qu'il  fetrouueroit  le  lendemain  aufer- 
mon  .  Et  ainfi  ie  départirent  tous  ioveux  de  luy ,  efperans  que  le  fermon  ne  feroit  fans  vn 
grand  fruid.  Av  fortir  du  logis  del'Euefque,  îlsvindrentdroirenlamaifonduMiniftrô 
enuiron  les  cmq  heures ,  pour  l'aduertir  de  tout  :  &  nommémen  t  de  la  promefle  qui  leur 
auoit  efté  faite  par  l'Euefque  de  venir  ouyr  le  fermon.  Iceluy  loua  leSeigneur,efperatque 
l'Euefque  feroit  fuyui  de  beaucoup  de  poures  ignoras  de  Vaifîy,  aufquels  il  pourroit  pro- 
fiter,encorc  que  ladodrine  qui  feroit  annoncée,  fuftreiettee  par  l'Euefque  &:  par  les  fiés. 

E  t  afin  qu'il  peuft  profiter  dauantage,delibera,apresauoir  eu  fur  ce  l'aduis  des  frères, 
de  faire  confeffion  de  fa  foy,  lai/Tant  pour  vneautrefois  lcfecond  Commandement,  qu'il 
deuoit  expoicr.  L'  h  e  v  r  e  du  fermon  venue.l'Euefque  cmpefcha  qu'on  ne  lcfonnaft, 
mais  le  peuple  ne  s'efmeut  aucunement  pour  cela ,  donnant  ordre  qu'vn  chacun  fuft  ad- 
uertidemain  en  main  devenirouyrlaparollede  Dieu  comme  de  couftumc,encoresque 
lefèrmonnefuftpasfonné.  Le  peuple  eftantaffemble' on  vient  quérir  le  Miniftre,lequel 
ne  voulut  partir  dulogis  que  premièrement  îln'euft  prié  le  Seigneur  de  Iuydonnerde- 
quoy  refpondre  à  ce  Moine  qu'on  luy  faifoit  fi  terrible  .  A  près  la  prière  il  s'achemina  vers 
le  tem  ple,s'affeurant  de  l'aluftence  de  celuy  quia  promis  aux  tiens  boucheà  laquelle  leurs 
ennemis  ne  pourroyent  refifter.Commeonchantoitles  Commâdemens  de  Dieu  Ren- 
trée l'Euefque  arriué,eftat  fuyuidu  Preuoft,hommcquis'eftoitreuoltc  delacognoiifan- 
ce  qu'il  auoit  eue  de  la  vérité' de  l'Euangile,du  Procureur  du  Roy,  du  Prieur  dudit  Vaifly, 
defon  Moine, &:  de  douze  ou  quinze  perlbnnes  qui  eftoyentdefa  fuite  ordinaire.  Apres 
qu'on  eut  fait  fin  de  chanter  les  Com  mandemens,on  le  mit  à  prier  Dieu, pour  demander 
la  grâce  de  fon  faind  Efprit,mais  l'Euefque  intcrrôpit  la  priere,difant,  Me  ssieyr  s,ie  Difputcde 
vies  icy  cômeeuefquede  Chaalons,&:  par  confequét  dece  Lieu.  Le  Miniftrenele  voulât  [^J?^ 
laifTer  pafler  plus  outre,rompit  fon  propos,  &L  luy  dit,Monfieur>puisquc  ie  fuis  le  premier  Miniftrc. 
en  chaire,c'eft  raifo  q  ie  parle  le  premier.  Que  fi  vous  trouuez  choie  digne  de  reprehéiion 
en  ma  dodrine,il  vous  fera  libre  de  parler  puis  apres.Cefte  rcfpofe  ouye,le  peuple  cômé- 
ça  à  faire  quelque  bruit,lequel  eftantappaifé,  l'Euefque  retra  erïfonpropos,\fantdemef- 
mes  termes  que  deiriis:Meifieurs,dic-il,ie  viens  icy,  &  ce  qui  s'enfuit .  L  e  Miniftrel'cm- 
peicha  derechef  de  pourfuyuredifant, Monfieur.  le  m'efbahy  comment  vous  nous  voulez 
empefeher  d'inuoquer  Dieu  en  celicu,veu  que  le  Roy  le  nous  permet  &.  môfieur  le  Gou~ 
uerneur.Ordifoit-ilcelaeftant  feur  qu'ainfi  eftoit:car  il  n'y  auoit  rien  queleGouuerneur 
deChampagnceftantàTroyesIeurauoit  permis  d'inuoquer  Dieu  à  la  façon  des  Eglifcs 
reformées:  fc  dilànt  auoir  charge  d  expofer  les  edids  du  Roy  :  pour  fermer  Ja  bouche  aux 
preftres,  requérant  inftammentfobferuation  d'iceux .  L'Euefque  ne  luy  voulutricnrcL 
pondre,retournanc  encore  vn  coup  à  Ion  premier  propos.  Qv,  a  n  d  le  Miniftrevid  qu'il 
n'en  pouuoit  autrement  cheuir ,  Bien ,  dit-il ,  Puis  que  vous  auez  fi  grand  enuie  de  parler, 
faites  lc,non  pas  en  qualité  d'Euefque ,  ains  d'homme  particulier  feulement:  car  nous  ne 
vous  cognoiflbns  point  pour  tel.Pourquoy?dit-il,  fi  eft-ce  que  i'ay  l'impofition  des  mains. 
Pourquoyîrefpôdit  le  Miniftre,pource  qu'il  faut  quefEueique  prefchclaparollede  Dieu 
en  vérité:  qu'il  adminiltre  les  Sacremés,&  ait  foin  iour&nnid  du  troupeau  du  Seigneur. 
Mais  vous  qui  vous  dites  pafteur ,  quad  auez- vous  repeu  voftre troupeau  delà  pafture  de 
vie?quand  auez-vous  adminillré  les  Sacremens,ou  fait  la  moindre  chofe  de  ce  qui  eft  re- 
quis en  voftre  charge?  Co  m  m  e  n  t  îàuez-vousqueieneprefche  poît?dit  l'Euefque.  Vous 
dites  hier  vous-meime,reipondit  lcMiniftre,àceuxde  noftre  Eglife  que  vous  appclaftes 

GGg.iiii. 


Liurc^f  VIL  tH  iftoircj  d<u  la 

Qucl'Euef-  pOUr  parlcr  à  vous,que  vous  ne  fauiez  prefcher,&  q  vous  en  eftiez  bien  marri.  Et  où  trou. 
îcprefcSr.  uez-vous,dit-il,qu'il faille qu'vn  Euefque  prefchecle le trouue,  refpondit le Miniftre,au  6. 
Vcrf.4.      des  Ades.itemau4.chap.delapremiereàTimothee.    Or  nefaut-il  pas  oublier  en  paf 
Vcrf.6.11.13,  lant)queieMinirtreeftudiât  au  matin  ion  {érmon,  eftoit  tombé  par  la  prouidéce  de  Dieu 
fur  ces  deux  patlages-la,cômeil  cerchoit  autre  chofe.Par  ainli  il  luy  fut  facile  de  refpondre 
ainfi  piôpcemct  à  l'Euefq.ayât  la  mcmoirede  ces  paflages  toute  freiche. L'Euefque  voyât 
qu'il  eftoit  pris,0,dit  il,ie  prefche par  mes  vicaires.  Le  Miniftre  rcfpondant  degrandeaf 
fe&ion,luydit;Celbnt  toutes  moqueries  :  les  Apoftres  &  anciens  Euefqucs  preichoyet^ 
ils  par  vicaires?L'Euefque  ne  pouuant  côtredire,Et  vous,dit-il,eftes-vous  Miniftreîauez- 
vous  l'impoiîtion  des  mains?Ie  le  fuis, dit  le  Miniftre,&:  ay  ce  qu'il  faut  que  i'aye .  L'EueL 
que,  Si  elLce  que  vous  nauez  pasl'impofitiô  des  mains  de  quelque  Euefque,  dont  icme 
puis  aiïeurer.Vous  auez,rclpondit  le  Miniftre,  l'impoiïtiô  des  mains  des  faux-prophetes. 
L'Euefque  dit,Nous  ibmmes  les  vrais  bergers  de  1  egliic/uccelTeurs  des  Apoftrcs.Ec  com 
ment  lcferiez_vous,dit  le  Miniftre,veu  que  vous  cftes  excômuniez  par  vos  Canons  mei- 
mes?en  tan  t  que  vous  eftes  entrez  en  la  bergerie  par  la  feneftre  ?  veu  que  vous-vous  y  eftes 
ingérez  de  vous-mcfmes>&:  quele  peuple  n'a  point  approuué  voftreelection?  Alors  l'Euef 
que  dir,rcgardant  derrière luy,Mon(ieur  lePreuoft,ien  demadeacte.  Le  Miniftre reipcL 
Fucf^ues    dit,&dit,Ouy,ceft  raifon:mettcz-la,queic  m'offre  à  monftrer  mefmej)ar  les  Canons  du 
excommu-  Pape,  que  celtiy  qui  fe  dit  euefque  de  Chaalons  eft  excommunié  &  indigne  d'eftre  Euef- 
quc.Le  Miniftre  eltant  prefTé  par  quelques  rifecs  que  faifbit  rEuefque,futc5traint  dédi- 
re haut  &:  clair ,  le  fuis  preft  de  fceller  de  mon  fangla  doctrine  que  l'annonce  à  ce  poure 
peuple,duquel  vous-vous  ofez  bien  dire  pafteur ,  fous  ombre  que  vous  auez  l'impoiîtion 
des  mains(comme  vous  dites)de  trois  ou  quatre  de  vos  Euefques.Ia  pafture  que  vous  pou 
uez  alléguer,  eft  que  vous  auez  mis  peine  de  repaiftre  voftre  iniatiableconuoitife ,  &c  non 
point  les  ames ,  qui  ont  efté  rachetées  fi  chèrement  du  fang  du  Fils  éternel  de  Dieu .  Puis 
s'addreflant  au  peuple  dit ,  Voyez-vous ,  pourc  peuple,  ce  qu'il  vous  dit:il  vous  veut  faire 
accroire  en  fomme ,  queceftuy-la  eft  le  berger  qui  fe  contente  d'auoir  vne  pannetiere  &c 
houllette  pour  viure  à  ion  plailîr  en  la  maifon,  fans  mener  les  brebis  aux  champs  pour  re- 
paiftre. L'Euefque  deigarni  de  replique,ne  pouuant  plus  diflimuler  la  caufe  de  fa  venue, 
dit,Si  cft-ce  que  vous  délogerez .  Le  Miniftre  refpondit ,  le  prefeheray  l'Euangile du  Sei- 
gneur Iefus:  fi  vousle  voulezefcouter  pai(]blement,e(coutez-le:  finon,  ne  nous  troublez 
point.  le  voy  bien, ditrEuefque,que  tout  fegouuerneicy  par  furie.  Non, non, refpondit  le 
Miniftre,tout  fegouuerncde noftre coftt-  par  vn  fainct zele,qui a efmeu iadis les  Apoftres 
fl         à  dire  à  vos  feinblables,Qu'il  vaut  mieux  obéir  à  Dieu  qu'aux  homes.  Celadit,l'Euefque 
L'ciiefijue    te  retira  auec  fa  courte  honte,  neftant  fi  bien  accompagné  que  quand  il  eftoit  entré.  Car 
Je  cjualôs  le  Preuoft  &  les  autres  qui  dcuoyent  former  le  procès  verbal ,  que  l'Euefque  vouloit  faire 
fc  retire.     faire,s'eftoyet  ia  retirez  de  crainte,fans  coucher  vn  feul  mot  par  efcn't  de  tout  ce  qu  i  auoic 
efté  dit.L  e  peuple  voyant  que  l'Euefque  fe  retiroit  auecfon  Moine,  qui  iamais  n'auoit  o- 
fé  fonner  mot,  pour  aider  aux  refponfes  im  perrinentes  de  (on  Euefque,  com  meça  à  louer 
Dieu  ,leuant  les  mains  au  ciel.  Aucuns  ne  fe  feurêt  tenir  de  crier,  au  lou  p,au  renard,  à  laf- 
ne,à  l'çfcole,&:  telles  parolles.  Voila  à  la  vérité  tout  ce  qu'on  fit  à  l'Euefque  :  lequel  de  ce 
pas  s'en  alla  faire  prefeherfon  MoineauMouftierdela  Papauté,n'eftantiuyuiqucdcfon 
trainxar  les  pourcs  ignoras, qui eftoyent  venus  quant  &:  luy  en  la  grange,pour  voir  le  dé- 
bat du  Miniftre  &:  du  Moine ,  ayans  ouy  l'offre  que  le  Miniftre  de  première  arriuee  auoic 
faite,de  fatisfaire  après  le  iermon,  à  tout  ce  qu'on  voudroit  amener  cotre  la  doctrine  qu'il 
annonçoit-.ayans  auffi  ouy  comment  il  auoit  refpondu  à  l'Euefque,  &c  que  rie  n'auoit  efté 
répliqué  qui  fuft  pertinent,demeurerent  aufermon  du  Miniftre  :  &  l'ouyrent  de  bout  en 
bout:nonfansfrui£t.  Entre  ceux  qui  furent  gagnez  au  Seigneur,  il  y  eut  vn  vieillard  tout 
gris,auquel  à  1'iiTue  du  fermon  on  demanda  :  Et  bien,  pere,quc  vous  en  femble  ?  Ha ,  mon 
enfant,refpondit-il,ic  voy  bien  que  nous  auons  efté  abufez.    Comm  s  lepeuplcfortoit 
paifiblement ,  &  fe  retiroit  chacun  en  fa  maifon ,  le  Moine  prefchoit  encore  :  mais  oyant 
quelque  petit  bruit  du  peuple  deuifant  au  fortir  de  ce  qui  eftoit  aduenu ,  fut  faifi  de  telle 
F    f      frayeur,pen(ant  qu'on  luy  en  vouluft,qu'il  quitta  la  chaire  habilement,  fans  dire  ni  pour- 
po'iLitc!    quoy,nicommenr,ylaiuant  vne  defes  pantoufles. L'Euefque  auffi  penfanteftrepourfuy- 
ui,fefauua  en  grand'  hafte,parvne  petite  porte  de  la  maifon  du  Pricur,qui  eft  tout  ioignâc 
le  mouftier. mais  ils  cogneurét  incontinent  qu'ils  s'eftoyent  elpouuantcz  deleur  ombre. 
L  e  lendemain  au  matin,rEuefque  fans  autre  bruit  s'en  alla  droit  à  Ioinuillc,pour  dir« 

des  now- 


Terftcuriond<uVaiJJy:  '  jyt 

des  nouuelles  de  Ton  voyage.  Mais  auffîtoft  qu'il  futarriué,  ilfèfentittellemét  picquédes 
brocards  du  duc  d'Aumaie(côme  on  a  Iceu  des  feruiteurs  domeitiques  de  la  mailbn)qu'- 
incontincnt  à  (a  relation  on  drelfa  vn  procez  verbal  pour  enuoyer  àlaCounlequel  eltant 
faitàleurpoltetouchantriniure  qu'ils  difoyent  auoir  efté faite  àrEuclque>tendoyer:cà 
cefte  fin  que  corn  m  illion  fuit  donnée  au  duc  de  Guyle ,  pour  cftre  exécutée  lùr  ksdelin- 
quâsde  Vaifly.maisilscn  furentaduertisparaucuslèruitcursdomeftiquesduducd'Au- 
male,&  enuoyei  et  gens  de  leur  cofté  à  la  Cour,garnis  du  procez  verbal,par  lequel  le  CcL 
feil  priué  du  Roy  informé  delà  vérité  du  faict,  ne  voulut  permettre  qu'aucune  choie  par 
voyc  de  faictfuft  attentée  contre  ceux  de  VaifTy.  Cependant  on  fert  toufîoui-s  àDreuà 
Vailïyur.efmeslcx  x  v.  diulit  mois  de  Deccbrc,au  iour  deNoei,qu'onappelc,IaCenet*uC 
admini{trcc,nonobflant  qu'aucuns  ciuTcnt  mandé  par  home  exprès  de  Bar  le  I.)uc,qu'on 
fcgardaft  bien  de  lafairc,fedifansfauoirdebonnepart,quelcduc  de  Guyleauoit  délibé- 
ré de  tout  laccagcrceiour-la.Ily  eut  enuirôpoo.  perlbnncs  (de  trois  mille  qui  y  pouuoyet 
eftrc  tant  de  la  ville  que  des  cnuirons)qui  la  receuren  t  après  auoir  rédu  raiibn  de  leur  foy. 

L  f.  lcndemain(lcMiniltrevoyantletcmpscxpiréqu  il  deuoiteftrcà  Vailfy,  retourna 
à  Troyes  après  auoit  rat  fait  entiers  les  frères,  qu'ils  enuoyaflcnt&:  àGeneue&  àPatisgés 
pour  auoir  Miniftres  quirefidaiTentfurlelieu.CeluyquifutenuoyéàParis,n'amenaper- 
forinermaisceluyqui  fut  enuoyéàGeneue,amenaàlafin  vn  hommccraignantDieu,no- 
mé  Léonard  Morel.Etd'autat  qu'il  mettoit  beaucoup  à  \  en ir,&  qu'ilyauoithuitou  neuf 
Baprelmes  à  fairc,leMiniftre  de  Troyes  eftât  parti ,  fut  requis  pour  la  tioiliemefois  de  les  Lcfoinqu*^ 
venir  vificer,&  arriua  à  Vailfy  le  27.de  Ianuier.  Ayant  fait  ce  qu'il  auoit  à  fcire  à  Vailfy,tira  niiteis  " 
vers  Bar  fur  Seine,fuyuant  ce  qui  luy  auoit  efté  enioint  par  les  frères  de  Troyes,pour  làfai  Fglifcs. 
rele  icinblablc  qu'à  Vailfy  ,con(blant&  fortifiant  l'Eglifc  au  Seigneur  .Aptes  y  auoir  lë- 
iourné  quelques  iours ,  deux  Miniftres  arriuent,  l'vn  pour  Bar  fur  Seine,  &  l'autre  pour 
VaiflV.  E  n  ce  mefme  temps aufllarriuerent  aucuns  des  frères  de  TEglife  de  Vaifly  au ec- 
aues  lettres  de  l'Eglife  de  Troyes ,  par  lcfquclles  elle  mandoit  à  ton  Miniftrc  qu'il  retour- 
iiaft  à  Vaifly  auec  les  porteurs  defdircs  lettres,pour  y  demeurer  le  temps  de  Carefmc,  qu' 

appelent:  à  caule  d'vnCaphard,  que  l'euefque  de  Chaalonsc'.euoit  enuoyer  pour  pref- 
cher  audit  temps.  A  quoy  ceux  de  Bar  s'oppoferent,  d'autant  qu'on  leur  auoit  promis  le-  £ 
d-t  Miniftrc  pour  quelque  temps,  qui  n'eftoit  encores  expiré  :accordan s  toutefois  à  ceux  &  d.fcttcde 
de  Vailfy  de  1  auoir  pour  quatre  ou  cinq  iours,afin  qu'ayâr  introduit  leur  Miniftre,&:  mis  JJ  ^ÎS? 
toutes  choies  en  bon  ordre ,  il  retournait  faire  le  femblable  à  Bar.  Ainli  donc,  il  retourna  fcrUentdcs 
pour  la  quatrième  fois  à  Vaifly,&:  y  arriua  le20.de  Feurier .  Et  li  toft  qu'il  fut  arriué ,  on  le  premiers 
folicirade  pretcherfclonlacouftume.Lepourepcupledela  ville,&:  ceuxqui  cftoyétoc-  audltcur5' 
cupez  àlabefongncdes  champs,quittoyettoutau  fonde  la  cloche.pour  venir  ouyr  la  pa- 
rolledeDieu.  Cependant  Antoinette  de  Bourbô,douairiere  de  Guyfc,meredcldits 
Duc  &  Cardinal,  portoit  fort  impatiemment  ce  quiièfailbit  audit  Vaifly,  prochain  du- 
dit  loin  uillc  où  elle  auoit  tefidenec,  de  trois  lieues ,  cerchant  tous  les  moyens  à  elle  polïL 
bl<»sdelcsdiuertir&empcfcher,eftantà^e  faire  folicitee  parle  Prcuoft  &:Piicur  dudit 
Vaffly.  Et  de  fait  clic  fît  faire  defenfes  fur  grofles  peines  à  tous  Tes  fuiers&ceux  defesen-  Defcnfcïde 


fans,de  n  aller  n'aliiftet  es  prefehes  qui  le  faifoyent  audit  Vaifly  &  ailleurs  :  &  ne  tenir  au-  "  ' 


la  doitairie- 

cuns  propos  contre hglife catholique  Pvomaine,leurenioignât  d'aller  à  la  Melïe,&  viure 
corne  leurs  prcdecclîcurs.Efcriuic  aux  Gouuerncur&  principaux  dudir  Vaifly  lettres  rô- 
minatoiresjlcur  remôftrât  queMancroined'Elcolfc,  fille  de  fa  fille,  eftoit  Damcvfufrui- 
ctiere  dudit  Vailfy  1  &  queeequi  lé  faifbitaudit  Vaifly ,  touchant  l'exercice  de  la  Religion, 
luy  defplailbit  grandement.  Et  que  l'es  en  fans,  qui  eftoyent  allez  en  Alemagne,  à  leur  re- 
tour neferoyent  contens  de  ce,  6s  en  pourroyent  bien  faire  repétir  ceux  dudit  Vaifly,  s'ils 
ncfedefiftoyétdo  leurs àllembîees. L'elfe^ de  ces  menaces  fur,queretoutnanc  lcduc  de 
Guvfc  audit  m  ois  de  Feurier  des  frontières  d'Alcmagne:arriué  qu'il  futàIoinuille,dema- 
da  à  les  plus  familiers,»"  ceux  de  V aiflv  faifoyent  toufïours  prefchcs,&:  auoyent  Miniftres. 
On  luy  rclpôd  qu'ouv,  &:  qu'ils  s'augmentoyet  deibui  en  iour  &  déplus  en  plus.  Dequoy 
irrité  iufqu'au  bout,  le  Samedi  dernier  iour  dudit  mois  de  Feurier  m.d.lxi  1 .  pour  plus 
fecretement  exécuter  fa  vengc.inceconceué  cotre  les  fidèles  de  Vailfy ,  partit  de  Ioinuil- 
le  accompagné  du  cardinal  de  Guyle  Ion  hcre&rdefa  fuitrc:&:  vindrent  loger  au  village  Amueedo 
deDammarrin  le  franc, diftant  dudit  Ioinuillceiiuirondedeux  lieues  &  demie,  &  du- r)UCdD3IQ" 
dit  Vaifly  d'vnc  lieue  5:  demie Françoife .  L  e  lendemain ,  qui  efloitle  Dimanche  pre- 
mier iour  de  Mars,  après  qu'il  eut  ouy  Meflede  grandmatiu ,  accompagné  enuiron  de 


Liure  VIL  Vhiftoiredc^jla 

deux  cens  hommes  de  la  fuitte ,  garnis  de  hacquebutes,  piftolcs,  &  couftelaccs,  partirent 
Bronzcual.  dudit  Dammartin,&:  s  acheminèrent  droit  à  VaiiTy.  En  paflant  par  le  village  de  Bronzc- 
ual,diftantde  Vailïy  vn  petit  quart  de  lieué,commeon  fonnoit  la  cloche  audit  VaiflV  à  la 
manière  accouftumec  pour  aller  au  prcl'che:  le  Duc  lovant  demanda  à  aucuns  qu'il  ren^ 
contra  par  le  chemin, que  c'eftoit  qu'on  lQnnoità  Vaifly  fi  hautement.  Lcfquels  firent  ref- 
ponfe,que  c'eftoit  pour  aller  à  la  prédication  du  Miniftrc.  Lors  vn  nommé  La  môtagne, 
maiftred'hoftelduducd'Aum.de(quiaueclaBroflc  l'aimé  marchoitàcofté  du  duc  de 
Guyle)  dit  quee  eftoit  pouraflémbler  les  Huguenots  ,&  qu'il  y  en  auoit  beaucoup  audit 
Brovizeua!,quifrcquenroyent  les  prek  hes  de  VaiiTy,  6c  que  ce  leroit  bien  fait  de  cÔmen- 
cer  audit  licu,&  leur  bailler  vnecharge.maisleDuc  rcfpôdit,Marchons, marchons,  il  les 
faut  aller  voir  cependant  qu'ils  lontailémblez.Plufu  urs  decefteluitre,!acqunis-,&:  pages 
fcreùouiilans  derentrcprinfe,difoyent,que  le  pillngc  leroit  poureux,iuroycntla  mort&: 
lefangqu,'.lyenauioitquireroventbicnhuguenotez.    O  r  il  yauoitaux  enuironsde 
VaiiTy  quelque  nombre  d'hommes  d'armes, &  archers  de  la  compagnie  du  ducdeGuyfc, 
qui  n'.iguercs  auoyct  paliémonftres  à  Monthicrendcr:  lefqucls, au  lieu  de  retourner  cha- 
cun chez  foy,  comme  ils  auoycnt  accouftumé  défaire  aptes  les  monstres,  le  retirèrent  à 
rrcparatiôs  Vailly:&  logèrent  1  \  pîufpart  d'eux  es  maifons  des  Papilles .  Le  Samedi  précédant  le  cat- 
miccanu-  nage,on  les  voyoit  préparer  leurs  armes, hacquebutes,  &  piftolcs:  toutefois  les  fidèles  ne 
gc         fe  doutans  de  cefte  coniuration ,  auoyent  opinion  que  le  Duc  ne  leur  voudrait  mesfaii  e, 
attendu  qu'ils  eftoyent  luiets  du  Roy:  &  qu'en  uiton  deuxmois  auparauant  ledit  Duc  Se 
les  frères  auoyent  palfc  aflez  pi  cs  dudit  Vaifly,  fans  leur  porter  iiiauuais  vifage,  finon  que 
le  Cardinal  leur  cnuoyal'euefquc  de  Chaalons  pour  lesdiucrtir,comme  diteft .  Arri- 
vant ledit  duc  de  Guyle  audit  Vaifly  auecfà  troupe,  vn  ieune  homme  cordonnier  for- 
tan  t  delà  maifon  près  de  la  porte,  La  montagnelemonftr.it  au  doigt,  ditquec'efloitl'vn 
des  Miniftrcs.  Le  Ducappelace  Cordonnier,  &:  l'interrogua  s'il  eftoit  mimftrc,&r  où  il  a- 
uoit  cftudiédequcl  refpôdit  qu'il  n  eftoit  point  miniftre,&:  n'auoit  iamais  efté  aux  efcoles: 
&  par  ce  moyen  efchappa  de  cefte  troupe  quil'auoit  enuironné:  &c  luy  fut  dit  par  vnde  la 
compagnie  que  fonças  eftoit  bien  laie,  s'il  eufteftc'miniftre.    De  là  le  duc  dcGuyfc,  La 
brofte ,  La  montagne, &  autres,  pafla  outre  en  ladite  ville  auecla  troupe,  comme  s'il  eufl: 
Palïenr  ou-  voulu  prendre  le  chemin  pour  aller  au  village  d'Efclairon  >  où  on  dilbit  qu'il  alloit  difner: 
trccnlavil-  majs  paflant  pardeuant  la  Halle  dudit  Vaifly,  qui  eftaflîfe  vis  à  vis  Se  prochaine  du  Mou- 
fticr,au  lieu  de  fuyurc  le  chemin  audit  Efclairon,  fedeftourna&:  alla  defeendre  en  ladite 
Le  Duc  en-  Halle,puis  entra  au  Mouftier.Et  ayant  appelé  à  foy  vn  nommé  Deflalles  prieur  de  VaiiTy, 
Spapaîc1'  vn  autrc  nommé  Claude  Lefain  preuoft  dudit  Vaifly  (le  fils  duquel  cft  pourueu  delaCu- 
re  dudit  Vaifly ,&  du  prieuré  des  Hetmites  près  Vaifly)  communiqua  vn  peu  aueceux,&: 
fortant  foudain  hors  dudit  Mouftier  fut  fuyui  debeaucoup  de  gens  de  fa  troupe-.&  fut  cô- 
mandé  aux  Papiftes  de  fc  tenir  audit  Mouftier  fans  fe  trouuer  par  les  rres,  fïnon  qu'ils  von 
îiflentcftrecn  danger  deleur  vie.    Estant  doc  le  Duc  hors  de  ce  Mouftier  apperceut 
autres  de  fa  compagnie  qui  l'attendoyent  le  pourmenas  fous  ladite  Halle  &  à  l'en  tour  du 
cimetière,  &  lent  commanda  démarcher  droitoù  le  prcl'che  fefaifoit,  qui  eftoiten  vne 
grange  diftant  dudit  Mouftier  d'enuiron  cenr  paffees:  tout  au  contraire  &  à  l'oppofîte  de 
la  rue  &  chemin  que  ledit  Duc  deuoit  prendre  pour  aller  à  Efclairon. S  v  y  v  a  n  t  lequel 
L'ordre  te-  commandi ment  ceuxde  la  compagnieeftansdepied, marchèrent  droit  à  laditegrange: 
eciitcHnir  &:  pour  le  premier  marchoit  le  guidon  d'icelle  compagnie, nommé  La  broflc,&i  à  coftiere 
cHtrepridc.  ,jes  gens  de  pied  il  y  auoit  gens  de  theual:  après  lefqucls  le  Duc  marchoit  accompagné 
de  plu  lieu  rs  tant  de  fafuitte  que  de  celle  du  cardinal  de  Guyfe  fon  frère ..  Le  miniftre  M. 
Léonard  Morel  auoit  ia  fait  les  premières  pneres,&  commencé  fa  prédication  à  les  audi- 
teurs,!]^ pouuoycnt  eftre  enuiron  douze  cens  perfonnes  tant  hommes ,  femmes,  qu'en- 
ccn^mX   ^ans-    D'arriv  e  e  ceux  quicftoyentàcheual,  approchans  de  ladite  grange  enuiron 
leur  entre-  vingteinq  paflees,  tirèrent  deux  coups  de  hacquebutes  droit  à  ceux  qui  là  eftoyent  furies 
pnnfe  de    efchaffaux, à  l'endroit  des  feneftres.Quoy  voyansceux  qui  eftoyent  en  icelle  grange  près 
JC  '    icelle  portera  voulurent  fermer:  maisils  furent  empefehez  dece  faire  par  ceux  de  ladite 
compagnie:  lefqucls  incontinent  commencèrent  tous  à  defgainer  efpees ,  furieufement 
Le  premier  Cnans,tue,tue,tue,mort  Dieu, tue  ces  Huguenots .    Le  premierqui  futpareuxrenco- 
meurtre.    j^^rj-Q^  vn  poure  Ci  ieur  de  vin,  qui  eftoit  audeuant  la  porre  delagrangc,  auquel  ils  de- 
mandèrent s'il  n'eftoit  pas  huguenot,&  en  qui  ilcroyoït  ?Et  ayant  refpondu  qu'il  croyoit 
en  Iefus  Chrift ,  luy  donnèrent  deux  grans  coups  d'efpec  à  trauers  du  corps ,  dont  il  fut 

atterré. 


Terfîcu$i<m  4<^'Vai[Jy.  s  pi 

acterréJEt  s'efl;antrcIcucpourferauucr,luycnfprcncdercchcfbailJcz4,autrcs)tellcmcnc 
que,  chargé  dcplayes  de  toutes  parts,il  tomba  à  tctre,&:  mourut  (budain.  De  vxautres  ^çremcvr 
hommesaumermeinftantmrenttuez&abatusàrcntrecdeladiteportc^omi^çilspcn- 
foyentfortir  ôt'efchapper  d'iccllc  grange,  voyans  ledefàrroy .  Et  alors  ledit  de  Guyfc  éc  Tes 
gens  entrèrent  à  grande  foullc&  furie  en  icellegrange,frappâs  àgrans  coups  d  efpee,  da- 
gues^ couftelaces  fur  ces  pourcsgens,  fans  aucunement  auoir  efgard  ni  au  fexe  nià  l'aa- 
ge:&  eftoyenr  là  dedans  tellement  efperdus,  qu'ils  ne  fauoyent  quefaire ,  couroyent  çà  &c 
là  tombans  les  vns  fur  les  autres:  fuyans  comme  ponres  brebis  deuant  vnc  troupe  de  loups 
entrez  en  la  bergerie .  Avcvns  des  maffacreux  tirèrent  plufieurs  coups  de  hacquebu- 
tes  &:  piftoles  au  crauers  de  ceux  qui  eftoyent  fur  les  efchaffaux .  Les  autres  fauchoy  ent  à 
jgrans  coups  à  trauers  les  corps  de  ceux  qu'ils  rencontroyent .  Autres  leur  fendoyét  les  te- 
lles,leur  coupoyent  les  bras  ôc  mains,Ô£tafchoyent  les  tailler  tous  en  pieces:tellemet  que 
plufieurs  moururent  fur  la  place.Les  murailles &efcharTauxd'icellc  grange  cftoyét  tain-  Les  murail- 
les du  fang  des  meurtris  tout  à  l'enuiron .  La  rage  des  meurtriers  eftoit  fi  grande,  qu'vne  Jj|  l£i 
partiedeceuxqui  eftoyent  dans  icelle  grange  fut  contraintede  romprc&  percer  letoid  main, 
pourfe  fauuer  pardei'fus  iceluy.Eteftans  fur  ledit  toid  craignans  detomber derechef  es 
mainsdeleurs  ennemis, fautoycntpardclfuslesmuraillesde  la  ville,quilors eftoyentaf-  J^J'^^. 
fezhautes:&  s'cnfuyoyét  aux  bois  &c  aux  vignes,où  ils  pouuoyet  mieux ,  les  vns  eftâs  bief-  pic  pourfe 
fez  au  bras,lcs  autres  à  la  tefte,&  autres  parties  de  leur  corps.  Le  Duc  eftoit  luy-mefme  "un», 
en  la  grange  auec  ("on  efpee  nue  en  la  mam  pommadant  à  fes  gens  de  tuer,&  nom  mémét 
les  ieuncs  gens:mais  fur  la  fin  dit  qu'on  laiflaft  les  femmes  grolfes.Et  pourfuyuât  ceux  qui 
eftoyent  fur  les  efchaffaux,qui  s'effbrçoyét  de  fc  fauuer  par  ledit  toid,  En  bas,ctioit-iI,  en 
bas,canailles:vfantdcmenacesefpouuantables.    Ce  qui  le  meut  de  dire  qu'on  laiffaft 
les  femmes  grottes,  fut  par  le  moyen  de  la  Duchefle  fa  féme,  laql  le  pafTant  auprès  des  mu- 
raillesdcla  ville, &oyantvn  fi  grand  bruit&  les  piteux  cris  de  ces  pouresgens,&lefon 
des  hacquebutes  &:  piftolets:enuoya  en  diligence  vers  le  Ducfon  mari,lcfupplierdecef-  Lapuckeflè 
fer  fa  periecution,  de  peur  des  fémes  groffes.  Pe  nd  an  t  ce  maffacre  le  cardinal  de  Guy-  bîtccSlix 
fe  eftoit  deuat  letempledudit  Vaiffy,  appuyé  fur  les  murailles  du  cimetierc,regardat  vers  cefteperfe- 
ladite  grage,  où  eftoyent  ceux  defafuitrc,  tuans  &malTacrans.    Plvsievrs  delaf-  cutlon* 
fcmbleeeftansainfipourfuyuis,  du  commencement  fefauucrent  par  deffus  le  toid,  fans 
qlonlcsapperceuft  dedchorsd'icelJegrâge:maisfurlafin  aucuns  des  meurtriers  voyans 
ceux  q.  eitoyét  fur  le  toid,  tirerét  fur  eux  auec  lôgues  haquebutes,dôt  il  y  en  eut  plufieurs 
de  tuez  &  blefTez .  Les  feruiteurs  domeftiques  du  fufdit  Dédales  prieur  de  Vaiiîy,  tirans 
contre  ces  poures  gensjes  fa ifoy et  tomber  en  bas  commepigeons  fur  vn  toid .  L'vn  def- 
dit  s  feruiteurs  s'eft  vante  depuis  le  mafîacrc  en  preféce  de  plufieurs  perfonnes ,  quepour 
fa  part  il  en  auoit  fai  t  tomber  à  bas  d  u  toid  vne  demie  douzaine  pour  le  mois  :  &c  que  fi  les 
autres  en  euffent  autant  fait,  il  n'en  fuft  pas  tant  efchappé.    Lb  Miniftre  au  commen- 
cement du  maffacre  necefTade  prefeher ,  &:  tint  bon  iufqucs  à  ce  que  Ton  tira  vn  coup  de 
hacquebutc  droit  à  la  chaire  où  il  cftoit.Qupy  voyant,fe  mit  à  genoux,priant  le  Seigneur 
auoir  pitié  nô  feulemét  de  luy,  mais  fur  tout  du  poure  troupeau.  Et  après  la  prière,  péfanc 
fe  fauuer  laiffa  fa  robe  afin  de  n'eftre  cogneu.  mais  aîfi  qu'il-paffoit  par  la  porte,  il  tôba  tout 
effraye  fur  vn  qui  eftoit  mort,&:  là  receut  vn  coup  d'efpeeen  l'efpaule  dextre .  Seftant  re- 
leuéôd  péfantfe  fàuuer,il  fut  apprehédéd:  frappé  derechef  agrans  coups  d'efpce  fur  la  te- 
ftc,dont  il  tomba  tout  plat  àtcrre,&:  fe  fentant  mortellement  nauré,s'efcna,0  Seigneur, 
mon  ameen  tes  bras  ievien  rendre,  car  tu  m  as  racheté,  ô  Dieu  de  vérité.  Enfaifântfa 
priere,il  y  accourut  vn  de  la  troupe  fanglâte  pour  luy  coupper  les  iarrets  :  mais  Dieu  vou- 
lut que  1  efpee  de  ceftuy-la  fe  rompift  à  Icndroit  de  la  garde.  Et  pour  monftrer  commet  il 
fut  deliuré  deceft  inftant  de  mort ,  deuxgcntils-hommes ,  fe  trouuans  ainfi  qu'on  le  vou- 
loitacheuer  de  tuer,dirent,C'eft  le  Miniftre,  il  le  faut  mener  àmonfieur  de  Guyfe.  Ceux-  ^JJjf^! 
cile  prindrent  par  deffous  les  bras>&  l'emmenèrent  iufqucs  deuant  la  porte  du  Mouftier,  raculeuic- 
d'où  le  Duc  fortant  auec  fon  frère  le  Cardinal,  demandaaudit  Miniftre,  Vien-ça,  es-tu  le  mcqt- 
Miniftre  d'ici ?qui  te  fait  fi  hardi  de  feduirece  peuple?  Monfieur,  dit  le  Miniftre,  ic  ne  fuis 
point  fedudeur,car  i'ay  prefché  lTuagile  de  Icfus  Chrift.  Le  Duc  fentat  quecefte  fimple 
&  bricfuerefpôfe  condânoit  fon  entreprife,  cômença  à  maugréer,  en  difant,  Mort  Dieu, 
l'Euangile  prefche-il  feditionîtues  caufe  delà  mort  detoutes  ces  gens:tu  feras  pendu  tout 
maintenant. çà  Preuoft,qu'on  drefîe  vne  potence  pour  pendrecc  bougre.Cela  dit, le  Mi- 
niftre fut  lluré  entre  les  mains  des  lacquais ,  qui  l'outragèrent  de  toutes  façons .  Les  fem- 


mes  de  la  villelgnorantes  &  Pàpiftes>luy  vindrent  ictter  delà  fange  au  vifage,  Se  aucccris 
&:voix  delanftentatiorHdiroyentjTuez-leiCuez  leleraefchanr,quicft  caulcdelamortxk 
tant  de  gens.On  eut  allez  à  faire  de  garder  le  poure  Miniftre  de  la  rage  des  femmes. 

Cependant  quelelditslacqUaisTauoyent  engouuernementîleDucrentra  en  la 
grange, où  on  luy  apporta  vne  grande  Bible  dont  on  vloit  es  prédications.  Et  le  Duc  la  te- 
nant entre  l'es  mains,àppela  fon  frère  le  Cardinal,&  luy  dit,Tencz,mon  frere, voyez  le  ti- 
tre des  liures  de  ces  Huguenots .  Le  Cardinal  le  voyant,  dit ,  Il  n'y  a  point  de  mal  en  cecy: 
car  c'eft  la  Bible  Se  la  laintte  Efcriture .  Le  Duc  fâfché  qu'il  ne  luy  refpôdoit  félon  Ion  dc- 
bSmctranf  Rentra  en  plus  grand'  rage  que  parauant,&:  dit:Commcnt,fang  Dieu,la  fain&e  Efcritu- 
ponedera-  re?ily  a  millc&cinq  cens  ans  quelcfusCbrift  a  fouffert  mort&  palïïon,&il  Uyaqu'vnan 
€c-         que  cesliures  (ont  imprimcz.comment  dites^vous  que  celt  fEuangilc?  par  la  mort-dieu, 
tout  n'en  vaut  rien .  Celte  fureur  tant  extrême  delpleut  au  Cardinal,  tellement  qu'on  luy 
ouyt  dire  en  derrière, Mon  frerea  tort. Et  le  Duc  le  pourmenant  en  la  grange  clcumoit  fa 
fureur,&  droit  là  barbepour  toutelameilleurcconcenancequ'ileuft.Po  v  r  reueniràla 
troupe  des  poures  affligez ,  ceux  qui  n'euren  t  moyen  Se  loilir  de  monter  Se  gagner  le  toi& 
de  la  grange,  s'enfuyans  eitoyent  rencontrez  &  fu y  uis  par  ces  malTacreux  qui  frappoyent 
fur  eux  aucc  leurs  elpees  Se  couftelaces  »  Et  ores  qu'ils  fullent  cfchappezde  lagrango,for- 
Pourfuùte  ce  cft0jc  de  palier  parmi  deux  autres  rengs  defdits  ennemis ,  qui  tenoyent  le  deltroi&des 
cvcjinçmis  à  pied  qu  a  cheual  :&les  pourluyuovent  lifurieulcmentrqu'vnc  grande  partie 

n'alloic  pas  iàns  crcfbucher,forr  naurez  Se  mutilez  en  leurs  membres:  toutefois  par  la  gra^- 
ce  de  Dieu  pltilïeurs  defdits  fidèles  cfchapperent  tant  par  delfiis  ledift  toiit  qu'autremét, 
Trcpettcs  fanselfrc  blelfcz.    C  e  maflacredura  vnegrande  heure, Se  cepédant  les  trompettes  du- 
uitTmîf-      Duc  formèrent  par  deux diucrfesfois.Quand  aucuns  defdits  fidèles  demâdoyent  mi- 
lacrc.       fericorde  au  nom  de  Dieu  ou  de  Iefus  Chrift,les  meurtriers  fe  moquans  d'eux  leur  difoyét 
ryunnf  °cl  cn  ccft^  manière.  Vous  appelez  voftre  Chrift,où  eft-il  maintenant  qu  il  ne  vous  fauue?  Et 
nni*w*  quand  ils  difoyent,SeigneurDieu,enx  par  grande  derilion  leur  difoyent,Seigneur  diable. 
Il  y  mourut  en  ce  maifacre  dans  ladite  grange,&  hors  cTicelle  parmi  les  rues,  enuiron 
quinze  iours  Se  vn  mois  après ,  de  cinquante  à  Ibixante  petfonnes  tant  hommes  que  fem- 
mcs,entre  lefquels  on  a  conté  ceu*  qui  senfuyuent:    M.Iaques  de  Moniot,  Re&eur  des 
cfcoles  dudit  VailTy. Iean  le  poix,procureurfyndicque  des  habitansdudic  VaifTy.  Antoi- 
ne de  Bordes,fefgent  Royal  en  la  preuoftc  dudit  Vailîy.Claude  le  feure,drappier,auquel 
fut  prins  après  qu'il  fut  tué  vne  bourlc,  dans  laquelley  auoit  gradefomme  d'argét  que  les 
meurtriers  emporterenr.Nicolas  Caillot.  Quentin  Iacquart. Guillaume  Drouet.NicoIas 
Menilfier .  Daniel  Thomas.  laques  Ioly,  tous  drappiers.  Iea  Vancienne.  Cl.  Maillart.  Cl. 
Richart.  Nicolas  Robin.  Cl  Brachot.  Nicolas  couuertpuys.  Didier  Iacquemart.Claude 
Leieune.  Simon  Geoffroy.  Ican  de  Moniot  .  Iean  deMoilï .  Simon  Chignet.  Guillaume 
Briel.Ican  Iacquot.  Denis  Morilbt.  Nicolas  Brififonner.Iean  Collcflbn.lean  Boucher.Iean 
Iacquemart.Claude  Theuenin. Pierre  Girard. Iean  BaudelTon.  Claude  Simon.  Iean  de  la 
Loge.PierreDefchets.IcâduBois.GitardDauzamilliers.Benianiinfonfîls.Iean  lefeure. 
Pierre  A  rnar.d.  Didier  là  Magdeleine.  Nicolas  Maillart.  Didier  Iobart.  Marguerite  fem- 
mede  Girard  Lucot.  Nicolede  Bordes,  vefue  defeu  Ican  Robin  demeuras  audit  VailTy. 
Ican  Pataut,marchat*  demeurât  à  Trois-fontaines,  qui  eft  vn  village  près  Vailfy.  Robert 
dePortille.deHauteuille.Etautrcsdôtonna  encorescognoilTance.  Outre  les  perfonnes 
ci  delfus  nomme,  ilyen  eutencores  plusdedeux  cens  cinquante  autres  tanthommes 
que  femmes  qui  furen  t  fort  naurez  Se  mutilez:  dont  aucuns  en  font  morts,les  autres  font 
mâchotz&  eftropiaz  de  leurs  membres:ayans  aucuns  d'eux  les  bras,  iarrets,  Se  doigts  des 
Cruauté    mains  coupcZ&emportez.Iï  annettî  femmedeNicolasThielemantfuttueeenla 
*  arc'    hal  le  dudit  Vailfy  par  deux  lacquais,pour  luy  ofter  fon  demi-fein  &  agrappes  d'argent  :  Se 
fon  fils  la  voulant  fecourir  Se  aidcr.eut  vn  coup  d'cfpce  dans  le  ventre,&  fut  en  grand  dan 
gerdemort.    Le  s  autresmorts&abatustanten  laditcgrangequeparmilesrues,furét 
I^ScHa!  Pour  'a  pluspaçt  pillcz:mefmeiufques  à  defchauiîer  leurs  Ibliers, après  auoir  ofté  les  ma- 
tcaux,bonnets,chappcaux,  Se  ceintures &:  gibeflieres  des  hommcs:les  chapperôs,  coiffes 
Se  couurechefs  des  femmes  Se  filles  prins  Se  emportez  parles  malTacreux  Se  pillars.    L  e 
jV™tnddecs  tronc  des  poures  attaché  aucc  vn  crampon  défera  l'entrée  de  la  porte  du  Temple,futrSr 
pourcs.     pu,&enuirôdouzeliures  tournois d'aumomes qui eftoyet  dédans,  prinfes Se  emportées, 
parles  meurtriers. La  chaire  du  Mfîiiftre  rompue  Se  mile  en  pièces.  La  Bible  où  on  auoit 
leu  vnchapitreauantlaprcdication,futprinfc&cmportec.    L  a  maifond'vnnommc 

Pierre 


TtfJecutiondc^FaiJ/y.  s  93 

Pierre  Chiguyon, boucher,  prochaine  de  ladite  grange,  fut  totalemet  pillée  iufques  à  la 
dernière  féru  jette.  On  ne  voyoit  parmi  les  rues  (inonfémesdefcoiffees&defcheueJees,  Pleurs  &ge 
couuertes  de  fang  fur  le  vifage,ayans  plufieurs  cou  ps  d'efpces  &  de  dagucs,&;  faHans  gras  JJ^JJ^ 
pleurs &gemilTcmcns.    Le  s  Barbiers  &:  Chirurgiens  eurent  tant  de  prattique,qu  il  y  rcjnm«. 
en  auoit  aucuns  d'eux  qui  auoyent  loixanteou  quatre  vingts  peribnnes  à  penfcr:plu- 
fieur»  moururent  par  faute  d  eftre  penfez.  Au  refte ,  le  prcuoft  Claude  Le  làm  (  lequel  al- 
liant ce  maflaerc  auecques  La  montagne  auoit  folicitéla  Douairière  de  Guyfe,mere  Diligence* 
deldits  Duc&,  Cardinal,  &  îcellt- animée  cc^ure  lefdits  fidcles)  au  fortir  du  Temple  pa-  p^f^u 
pal,  voyant  le  Duc  aller  derechef  en  la  grange,  accourut  incontinentà  l'hoftel  du  Ci-  vaiflyAn 
gne,oùy  voyant  quinze  ou  feizelacquais deldits  DucÔc  Cardinal, leur  ditqu'ilsperdoy-  desautteun 
ent  bien  leur  temps  qu'ils  n'eitoyent  auecques  le  Duc  &.  les  gens ,  qui  accouftroyent  fi  u  m 
bié  les  Huguenots  en  la  gtange.Ces  lacquais  oyans  ces  parollcs  partirêtdu logis,&  cou- 
rurent auec  les  autres,  ks  vns  garnis  de  longues  haquebutes,  les  autres  de  leurs  efpces  &: 
dagues  nues:  &:  firentgrans  meurtres  àc  excès.  Le  Miniftre  ayanr  plufieurs  coups  d'cL  nSâ^&au? 
pce  fur  la  tefte  &c  autres  parties  de  l'on  corps,fut  pr  in  s  hors  dudit  téruple,commcil  péfoit  très  eichc. 
felàuuerauecvnnômé  Eftienne  Gallois,  &:  Nicolas Thielemat,efcheuins dudit  VailTy, 
qui  furent  liez  &:  garrotez  de  l'ordonnance  dudit  Duc,  lequel  demadaà  Claude  Lefain 
Preuoft  s'il  auoit  point  de  maiftre  des  hautes  œuures:il  luy  fi  t  relpofe  que  non,  mais  qu'il 
enauroittofttrouués'illuyen  plailbit.    Et  au  mefmeinftant  ledit  Duc  manda  quérir 
Claude Tondeur,capitainede  VailTy)quieftoit en  fa  maifon  au  chaftcldudit  lieu,  lequel 
vint  audit  mandement.Et  après  auoir  cité  par  iceluy  Ducafprement  reprins  &  tancé  de  Le  capitaine 
ce  qu'il  auoit  foiiffert  les  alîemblees  audit  VailTy  &  d'y  prefcher,Iuy  commanda  de  le  fuy-  de  vaifly 
urc-.&c  dit  à  fes  gens  qu'on  le  menait  prilbnnier  où  il  alloitrcc  qu'ils  firent.    Le  Miniftre  pr  onmcr- 
&  Gallois  furent  liez  &:  menez  en  trai&s  de  cordes  de  charrues ,  &:  trainez  parmi  les  fan- 
ges depuis  VailTy  iufques  au  village  d'Eftancourt, tirant  le  Duc  à  Elclairon,diftant  dudit 
Vaifly  demie  lieue.    Qj^  ant  à  Nicolas  Thielem  ant,  il  fut  cflargi  à  caution  pour  aller 
faire  inhumer  Ieannettc  la  femme,  &  péfer  fon  fils  qui  auoit  eu  vn  coup  d'efpeedcs  mef- 
mes lacquais  qui  tuèrent  fa  mere  en  ladite  halleen  voulant  icelle  fecourir:  fous  promelTc 
toutefois qu'iceluy  Thielcmantfedeuftreprefenter au  Ducleledemain  matin  àElclai- 
ron.  Et  lur  celle  heure  le  Duc  monta  à  cheual,& partit  de  VailTy  auec  le  Cardinal  fon  p^™"/" 
frere,laDuchelTe  fa  femme,&:  plufieurs  autres  de  leurs  plus  familicrs,&:  s  en  allèrent  dil-  aller  i  E- 
ner  audit  Eftancourt ,  en  la  maifon  d'vn  nommélean  CollefTon .  Apres  difner  le  Duc  fit  ftancourt- 
venir  deuat  luy  lefdits  Capitaine  &  Gallois,  aulquels  il  fit  plufieurs  remonftrâces  en  me- 
naces &C  paroles  rigoureufes,iufqucs  à  dire  de  faire  perdre,&:  ruiner  Vaifly  fi  iamais  ils  en- 
treprenoyent  de  s'alTembler  &:  auoir  Miniftre  comme  ils  auoyent  fait .  Leur  commanda 
de  viure  corne  leurs  anceÛres,&;  aller  à  la  MciTe.ce  q  par  contrainte  ils  promirct  faire.  Et 
toutefois  le  Duc  à  l'inftigation  defdits  preuoft  de  Vaifly  &  de  La  môtagne  leurs  plus  grâs 
ennemis,  ne  laifla  de  les  raire  mener  à  Licîairô,  où  toute  cefte  trou ppe  meurtrière  alla  au 
gifte.Là  le  Miniftre  fut  porté  fur  vne  efchclle  par  trois  ou  quatre  hommes  depuis  Eftan-  Le  Miniftre 
courr.&rfur  lechemin(outre  ce  qu'il  enduroit  peines  ex  tremes)fut  battu  &:  outragé  par  j^heUc'" 
les  lacquais  &  autres  de  la  i'uitte  meurtrière.  Et  li  furet  lefdits  Miniftre,  Capitaine  &:  Gal- 
lois,gardez  toute  la  nuift  à  Efclairon  côme criminels.  L  e  lédemain  Lundi  2.dudir  mois, 
Gallois  &:  le  Capitaine  auec  Thit  lcmât  qui  s'eftoitvenu  reprefenterfuyuât  lecômâde- 
ment  du  Duceftâs  la  à  Efclairon,furét  menez  en  vncgallerie  où  le  Duc  deuoicpailér.  Et 
y  eftâs  on  les  fit  mettre  àgenoux  pour  crier  merci  au  Duc ,  lequel  dcuoit  palier  par  cefte  Les  prifon-' 
gallerie.Et  comm  e  il  palïoit,  aucun  s  de  les  gens  luy  dirent  que  ceux  de  Vaifly  auoyet  en-  niers  cftâs  i 
uovéversleRoy  :  le  Duc  ne  les  daignant  regarder,  Qu'ilsy  aillent,  dit-il,  ils  ne  trouuc-  scnoux' 
ront  pas  leur  Admirai  ne  leur  Chancelier.    L  s  lendemain,apres  q  lefdits  curent  baillé 
caution,furent  ellargis  &:  renuoyez  audit  Vaifly.  mais  quat  au  Miniftre  onle  menale  mef 
me  iourpar  ordonnance  du  Duc  de  Guyfe,au  ChafteaudeS.  Dizier,  fous  la  garde  d'vn  ^Jé™ ^  * 
nommé  François  des  Bofues ,  dit  Dumcfnil ,  capitaine  audit  faindï Dizier ,  grand  entre-  Dizier.. 
metteur  des  affaires  de  ceux  de  Guyfe.    Ce  Dumefnil  depuis  lediriour  tint  ledit  Mini- 
ftreen  telle  forte  prilonnier,q  nul  ne  luy  ofoit  adminiftrer  neceflîtez  quelconques:  mef- 
mes  ne  fouffroit  qu'aucun  de  ceux  qui  luy  portoyenràboirc  ou  à  manger  de  la  ville  en- 
trait dans  le  Chafteau,pour  voir  ledit  Miniftre .  Et  a  efté  ledit  Miniftre  durant  ce  temps 
par  quelque  fois  plus  de  vingtquatre  heures  fans  boire  ne  manger  :  voire  auffi  par  plu- 
fieurs fois  menacé  des  gens  dudit  Dumelnil  d'eftre  ietté  dans  vn  fac  àl'eau . 

HHh. 


Liure  VIL  tHiftotr^jd<ula 

On  voulut  côtraindre  ledit  Miniftre  à  faire  Pafque  à  la  manière  des  Papiftes,fous  pre- 
mefles  de  l'eflarginmais  il  ne  voulut  aucunement  obéira  cela ,  demeurât  terme  en  ladite 
prifon  de  S.  Dizier,  îùfques  au8.de  May,  m.  d.  lxiii  ,qu'ilenfort]tparlemoyédutref- 
illuftre  prince  de  Portiari  .Pendant  le  téps  que  le  Duc  eftoit  à  Efclairon,on  enuoya 
à  Vaifly  vn  vieil  Legifte,nômémaiftreAlexadre  leGruyer,aduocat  du  RoyàChaulmôt 
en  Baffigny,pefionnairê  de  lamaifon  dudit  duc  de  Guylcdequel  citât  audit  Vaifly,Clau- 
de  Le  fain  &:  luy  firent  vne  information  du  tout  à  la  dclcharge  du  Duc, pour  le  faict  de  ce 
Le  rreuoft  maflacre. En  laquelle  information  furent  ouys  de  examinez  cinq  ou  fix  téfmoins  de  ceux 
p^ed"Û  meimes  qui  auoyét  affifté  audit  maiTacrc^  aide  à  commettre  &  perpétrer  lefdits  meur- 
L«ft  du     rres&:  excès. Mofmemcnt  La  montagnc(qui  a  fon  fils  pourueu  d'vne  prieure  vallat  mille 
nulI,lcre'    ou  douze  cens  liures  de  rente  à  vne  lieue  près  de  Vaifly)  fut  ouy  en  ladite  information, 
combien  qu'il  ait  cité  entre  autres  autheurs  dudit  maflacre,  ayant  aidé  à  ruer  ledit  Ican 
Pataut  diacre  de  l'eglile  de  Vaifly.  Semblablement  furent  ouys  Claude  Digoinc  maref- 
chai  des  logis  dudit  Duc:  LabrofTe  l'aimé ,  &C  autres  apoftâts  de  la  Venté  :  &c  leur  dépoli- 
tionmife&  rédigée  pareferit.  ■ 

Dvran  t  letemps  que  le  Duceftoit  audit  Efclairon  ,  les  lacquais&plu/ieurs  autres 
Vente  du  Je  fa  fuitte,cxpofoyent  en  vente  à  qui  plus  en  bailleroit,les  mâteaux,bôncrs,chappeaux, 
but;n*      ceinturcs,coifîes,couurechcfs,  &:  autres  chofes  par  eux  butinez  audit  maflacre,les  crians 

à  haute  voix,comme  feroit  vn  fergeant  ayant  pnns  des  meubles  par  exécution. 
Le  fiimciii     Environ  huit  iours  après l'exécution dudit mairacre,laDouairiere mere duditduc 
uo^HVii  deGuyleenuoyaaudit  VaiiTy  lefeigneurdeThon,nomé  Duchaftelecgrand  ennemi  de 
fy.'         ceux  de  la  Religiô  :  lequel  à  fon  arriuee  pour  empefeher  q  le  relie  des  poures  fidèles  ne  le 
raffemblaft  audit  Vaifly  :  par  leconfeil  dudit  Preuoft  fit  prendre  du  bois  de  ladite  grange 
où  on  prefchoit,de  celuy  leruant  aux  licges:&:  en  fit  drefler  deux  potences:  vfant  de  gran- 
des menaces  à  lencontre  deldits  fidèles.  Fi  t  aufii  aller  les  gens  vifiter  les  maifons  dudit 
Vaifly,s'ily  auoit  des  armes,&  leur  fit  cômandement  fur  peine  de  la  hart,d'allcr  à  la  Me£ 
fe,&:  en  contraignit  aucuns  qui  auoycnt  leurs  parés  morts  à  les  enterrer  à  la  manière  Pa- 
piltique.  Et  enuirô  autres  huit  iours  après  îarriuee  d'iceluy  de  Thon,  arriua  audit  Vai£ 
DefpoScn-  *ï  vn  autre  nomme' le  feigneur  Defpotz,  lequel  dilbit  élire  enuoyé  pour  s'informer  de  la 
uoyé  i  Vaif  vérité  dudit  malîacre:ce  que  toutefois  il  ne  fit,  ains  au  contraireayât  fait  venir  vn  nômé 
form^rdu'"  Goudrccourt  lieutenat  particulier  du  Bailly  de  Chaulmont,&  quelques  autres  officiers 
faift,       pélionnaires  du  duc  de  Guyleôi  l'es  frères ,  pour  procéder  au  faict  de  ladite  information: 
Kehisdes    Lccjjt  Lieutenant  print  feulement  la  depofition  défaits  premiers  téfmoins,  ouvs  par 
deuceuoir  ledit  Le  iain  auec  quelques  autres  qui  eltoyent  au  taiit  dud:t  maflacre,  &c  n  en  voulut  ia_ 
tcimoins  à  majs  receuoir  d'autres, iaçoit  qu'on  luy  en  prefentail  des  villages  cncôuoilins  dudùVaif- 
«x  prefen-  ^  ^  ^  eftoyét  audit  lieu  à  l'heure  dudit  maflacre ,  non  fuyuans  l'Egliie  reformée  dudit 
lieu. ôdadite depofition ainiirepnnlc, ledit  Lieutenants»:  autres fuldits  s'en  retournerét 
à  Vaifly.  Paravant  ledit  mafl'acre>leshabitans  de  Vaifly  fouloyent  vendre  &c  diftri- 
buer  leurs  denrées  &  marchâdiles  tant  à  faincl:  Dizier,Ioinuillc,qu'autrcs  lieux:mais  de- 
puis iceluy  maflacre  furent  empefehez  de  ce  faire,fignammcnt  à  fainet  Dizier  &:  Ioinuil- 
le,efquels  lieux  fut  eftroitemétdefendu,  comme  il  cltcncorcs  deprefent,  de  ne  les  laifler 
dTvîff1"  entrcrnitrafàqiier'nommcm^ 

nîjfcnt  L-  nc  dudit  fain£t  Dizier ,  défendit  à  les  ges  &  mortepayes  de  ne  laifler  ne  foufFrir  entrer  en 
cjuenter  à  i».  icclle  ville  ceux  dudit  Vaifly,  fur  tout  lel'dits  de  la  Religion  qu'ils  appelen  t  Huguenots:&: 
ioluuilk     queceux  qu'on  fauroit  venir  tant  dudit  Vaifly  q  Vi&ry  eftans  de  celle fe6te,qu'on  fe  gar- 
dait bien  d'en  laifler  entrer  vn  feul  audit  faincl  Dizier.  Et  le  plus  lbuuent  parlant  de  ceux 
dudit  Vaifly,&:  deceux  qui  auoyét  fuyui  leurs  prefehes  &  aflemblces ,  difbit  qu'il  les  cha- 
flieroit  quand  il  les  pourrait  tenir.    E  t  defai&pour  mieux  exccuterlà  volonté, incon- 
fuT^cur  tinentqueledit  Duc  fut  aniué  à  la  cour  du  Roy,  Dumelhil  obtint  vne  commiliion  pour 
Dumdnil    leuer  gens  au  plus  grand  nombre  qu'il  pourroit  és  villages  circonuoilins  de  lain^Dizier, 
pour  icuer  jaqUcue  depuis  il  mit  à  execution,&  lenagrand  nombre  de  foldats,  lefqucls  il  fit  payer  & 
fouldoyer  parles  habitans  deldits  villages ,  ce  que  toutefois  n'elloit  de  fa  charge:&  furet 
leidits  villageois  au  moyen  dece,  grandement  foulez  &:  trauaillez  par  les  menées  dudit 
Du  mcinil,mefmes  les  habitans  de  Vai/fy  Se  villages  circonuoilîns:&:  ne feruoyent  les  gés 
leuez  par  ledit  Dumelhil,  linon  à  piller,  agafterde  molellcr  le  poure  peuple,  detroubler 
&l  em  peicher  ceux  de  la  Religion: conduire  &c  faire  efcorteà  ceux  qui  alloyét  ou  venovec- 
de  Ioinuille,eftans  du  partidudit  Duc  &.  ladite  Douairière. 

Li 


"Perficutiond^VaiJfy.  S  P+ 


Li  Dimanche  premier  iourd'Aouft,  m.  d.  i.  x  n.DumcTnil  nefe  contentant  de  ce  Ewrrprijtfi 
grand  nôbre  degens,qu  il  auoit  fait  vr  m*  à  Tainâ  Dizier,fît  Tonner  le  toxin  es  villages  cir-  £itc  P*  j« 
conuoifins,  &  fit  tellement  qu'au  Ton  diceluy  il  afTembla  grand  nombredegens ,  tant  so>i*kr. 
à  pied  qu'  à  cheual,  de  fàin&  £)izicr,  ETclairon,Vallccourt,Humbercourt,  Allichamp, 
Louucmont ,  &  autres  circonuoifins ,  qu'il  contraignoit  le fuyure  auec  grades  menaces 
&  coups  de  bafton.Iceux  aiTcmblez,les  fit  marcher  au  lieu  du  Buiflbn^iftâtd'vnc  petite 
lieue' de  VahTy,entcndans  de  prendre  vn  Gentil-homme  nommé  De  la  Chappclle ,  de- 
meurant audit  Buiflbn,  qui  auparauantfbuloit  fréquenter  les  ailemblces  &  prefehes  qui 
fefaifoyent  audit  Vaiiry,Icquel  toutefois  nefut  pour  lors  rencôtre  dcsdeflufdirs.DumcT- 
nil  Te  voyat  fruft ré  de  Ton  entreprinTe,fït  entrée  en  la  maiibn  d'iceluy  La  Chappt  lie ,  &c  c- 
ftoità  ce  faire preTent  lePrcuoft  de  Vaiu7,folicitantDumeTnil  pour  alleraucc Tes gês  au- 
dit VairTy/uyuat  la  coclufîon  qui  auoit  efté  par  eux  faire.  De  ce  BuhTen,lePreuoft me- 
na Dumefnsl&:  (es gens  à  vn  grangeage  allez  près  dudit  lieu,  appelé  communément  La 
grange  Collarrjcn  la  maifon  d'vn  nomé  Iean  MonTot,  en  laquelle  m aiTon  ceux  delà  Tuit-  a- 
te,prindrent  grande  Tomme  d'argent  dans  vn  coffre,  &:  autres  meubles  appartenus  audit  ke. 
MoriTot.  Av  partir  duquel  grangeage  Dumefnil  fir  marcher  Tes  gens  droit  à  Voilccote 
à coftiere  de  VailTy  à  vne  lieue  de  diftanec,  peniant  illec  rencontrer  vn  nommé  Mombe- 
lard  &ibn  gédre  de  Monthierader,grans  aduerTaires  à  ceux  de  ITgliTe  reformee,lefquels 
auoyent  pareillement  fait  alîembler  nombre  de  gens  des  villages  à.fon  de  toxin ,  tant  de 
Sommenoirc,Rozieres,  Robert-  magny,  qu'autres  lieux  voifins ,  à  inrention  d'aller  auec 
ledit  Dumcfnil  au  lieu  de  VaùTy  pour  fùrprendre  &:  maflâcrer  le  Turplus  de  ceux  de  VaiC 
fy,qui  auoyent  recômencé  àfc  raflembler,&:  faifoyent  prières  les  ioursdes  Dimanches  &c 
feftes  Toir&:  matin. Toutefois  Dumcfnil,Mombelarr,&:  leurs  gcnsnefepeurentioindre 
enfemble,parccqu'enuironles  quatre  heures  après  midi  duditiour,Turuint  vnegrefleft: 
tempefte  Ti  impetucuTe  &:  véhémente»  que  les  payTans  qui  les Tuyuoyent  furet  contraints 
de  Te  mettre  le  viTage  en  terre:&  meCmcslcs  biens  de  terre  furet  perdus  &  gaftez:  iuTques 
aux  chaumes  coupez  rez  terre.  Il  y  eut  vne  pâte  merueilleule  au  moyen  d'icellc  tépefte,  y^  ffMnce 
&eftimoit-on  quec'eftoit  vnciuftc  vengeance  de  Dicu,aduenue  à  cauTed'vne  telle  con-  aminé  for u 
iuration,fignammentTur  les  confins  dont  les  habitanseftoyent  à  ccftcTuitte,cômeTaind  JJJ^jjjJ 
Dizie^ETclaironjVallecourtîHumbeTcourt^oilccontejSommenoircjMonthierandcr»  escntJCIIUS 
&  autres  lieux.    Dvme  s  nil  voyât  telle  tempefte,  gagnechemin  droit  à  fain&Dizier 
auec  Tes  gcns,&  renuoya  les  payTans  chacun  en  leur  lieu:  mena  priTonnier  vn  nomé  Guil- 
laume Nobis,  pour  autant  qu'il  frequentoit  auec  ledit  La  Chappelle:  mais  l'ayant  tenu 
quelques  iours,le  renuoya,ne  trouuant  caufe  qui  meritaft  détention  de  (à  perTonnc.  C  s 
dit  iour  premier  d' Aouft ,  le  Preuoft  &:  le  procureur  du  Roy  de  Vaiffy ,  firent  monter  les 
fonneurs  de  la  ville  au  cloché ,  &  commandèrent  de  lier  les  battas  des  cloches,  pour  Ton- 
ner le  toxin  Tur  les  quatreheures  du  Toir,  lors  qu'on  Teroit  aux  prières-,  afin  d'afTcmbler  les 
villageois  voifins  dudit  Vaifly(auTquels  eux-mcTmes  auoyent  les  iours  precedens  fait  co- 
mandement  d'eux  trouuer  en  la  ville,  incontinent  qu'ils  orroyent Tonner  la  cloche)  pour 
ieruerfur  ceux  qui  Tctrouucroyent  aux  prières  qui  Te  faifbyét  enuiron  les  quatreà:  cinq 
heures  du  Toir.  Dont  aduertis  ceux  de  TEgliTc  reformée  dudit  Vai/Ty,Te  mirent  en  defcnTc,  L«=»fi<Jc,cs 
afin  de  refifter  aux  payfans,(i  tant  eftoit  qu'ils  voufiflent  exécuter  leur  entreprinTe,laqlle  *ugutt* 
toutefois  par  le  vouloir  de  Dieu  ne  fut  executecau  moyen  de  ladite  tempefte. 

De  p  vi  s  cedit  iour  les  habitans  de  Vaifly,  nommément  ceux  delaReligion,onte- .  ,  . .  _ 

-i  >  ,  „  ,n  /•  7     ,         „   ,    .  ,  b  n  Les  habitas 

(té  errans  ça  &C  la,mis  &t  expolcz  en  proyc  aux  voleurs  &c  bngans:dont  aucuns  eftans  ren  ae  vaiffy 
contrez  par  les  ennemis,furent  pillezjeurs  cheuaux,armcs,&:  argét  perdus,  &lcshom-  fugfeifr. 
mes  contraints  de  payer  telle  rançon  que  bon  Tembloit  aux  adueriàires. 

Ad  vint  en  ce  mefmetemps  les  informations  (defquelles  maintenant  eft  faitmen- 
tion)cftantmiTespardeuers  le  Parlement  de  Paris,  le  Procureur  gênerai  à  l'inftigation 
du  Duc,  obtint  au  moyen  d'icelles  informations  ainfi  faites  que  dit  a  efté ,  Areftparle- 
quelentre  autres  chofesfutordonné,  quela  ville  de  Vaifly  feroit  démantelée,  &  que  les 
Anciens,  Diacres  &  Surueillans  d'icelle  Eglifc  feroyent  prins  au  corps  :  finon ,  adiournez 
àtroisbriefs  iours  auecTaifie& annotation  de  leurs  biens.  Suyuant  lequel  Areft,les  mu-  Comméce- 
railles  de  ladite  ville  ont  efté  depuis  ruinées,  abbatues ,  &c  razees  pour  la  pluTpart  :  &les  JJJJ^*^ 
Anciens,Diacres& Surueillans  d'icelle  Eglifè,adiourncz  à  kroisbriefs  iours  auec  faille  &  vUl». 
annotation  de  leurs  biens. 

HHh.  iU 


Umt~>  VIL  sAndré  Michel. 

Denis  de       M. De  nisde  raynel  natif  de  Ioinuillel'vn  des  Diacres  de  ladite  Eglifc  deVaif- 
Rayndexc-  fy,  fut  prins,  pendu  &  eftranglé  à  la  pourfuitte  de  la  Douairière  dcGuyfe,lous  couleur 
vï  marchât  que  ledit  de  Raynel  auoit  prins  &  porte  les  armes  lbus  le  prince  de  Condé.    Pi  erre 
prifonnicr   Gallois,marchant  de  Vaiiîy,eftant  rencôtréfut  prins  &  mené  prifonnier  afainâ:  Dizier, 
P*>c"dt5-  où  Dumefnil  le  détint  l'efpaccdeplusde  fix  îèpmaincs  comme  criminel  en  vnepriibn 
humide:  &  après  luy  auoir  fait  payer  certaine  fomme  d'efeus  pour  rançon,fut  renuoyé  à 
Vaifly .    D  e  p  v  i  s  le  mois  de  Septembre  audit  an  m  .  d  .  l  x  i  i  ,  &c  iufqu'au  mois  d' A  uni 
Jk^eu!?  cnfuyuant,les  habitas  dudit  Vaiiîy  ont  toufiours  eu  garnifon,&  ceux  de  la  Religion  ont 
debïuïi-  efté  pillez,battus&:  outragezdeurs  maifonsrôpuesfc:  defmolies,  iufques  aux  huis,  fenc 
gion.       ftres,('errures  &  barreaux  de  fer  prins  &:  emportez  parles  foldats,tant  de  la  côpagnie  d'vn 
nomme  Dcrnepont,que  d'vn  autre  nommé  Afpremont ,  fous  la  côduitte  de  Claude  Le 
Meurtres  &  fain  preuoft  deVaiiTy.  Meurtres  exécrables,  volerics  &  faccagemens  ont  efté  faits  durant 
vo.cne,.     ^  cemps  par  lefdits  foldats  cnuers  ceux  de  la  Religion,  au  veu  &:  feeu  dudit  Dcrncponr, 
d' Al'premont,&:  dudit  Preuolt.    E  n  ce  mefme  temps  furent  tuez, voire  tnhumainemét 
maffacrezPi  erre  h  a  v  e  dudit  Vaiify,eftant  au  deuant  la  maifon  duPaueux,oùpéd 
pour  enléigne  la  ville  de  Calais.    Vn  autre  appelé  Moniot,fergeat  Royal,  fils  de  laques 
Monioteftant  aux  champs,  fut  tué  &iecté  dans  la  riuicre.    Nicola  s  le  CJerc,ditle 
Bleat,chappelier.VN  autre  mcnuifierfut  tué  de  nui&en  fa  maifon.  A  Claudin,iurnom- 
mé  Cent  francs,  chantât  des  Plèaumes,  le  nez  fut  couppé  par  les  fatellites  dudit  Preuoft. 

Trois  autres  reuenans  du  camp  du  prince  de  Condé,paiTans  à  Troyes  en  Champa- 
gne furent  prins,pcndus&:  eftrâglcz. tout  îembloiteftre lors  permis  aux  ennemis  del  E- 
uangile. 

En  lomme  l'hiftoire  de  ce  dur  efetandre  de  Vaifly:  fon  commencement  tel'uTue  nous 
monftret  ce  que  iadis  a  efté  dit  de  l'Eglife  du  Seigneur  :  Les  gens  y  font  entrez  d'vne  rage 
defefperec,&:tellemcntdeibordec,  queles  debonnairesdu  Seigneur  ont  efté  expofez  à 
tout  outrage,  iufques  à  leurs  corps  iettez  aux  beftes  de  la  terre .  Et  comme  iadis  la  publi- 
cation de  la  Loy  a  efmeu  la  terre,  auffi  la  prédication  de  l'Euagile  du  Fils  de  Dieu  l'ciDra- 
le  maintenanr.lequel,comme  de  tout  temps  ça  efté  odeur  de  mort  à  tous  ceux  defquels 
Satan  a  enforcelé  les  entendemens,  auffi  eft-il  odeur  de  vie  à  tous  ceux  qui  en  efperâce  ÔC 
patience  poflfedcnt  leurs ames  :  &:  qui  par  tels  exemples  eftans  deuement  enfeignez ,  re- 
noncent à  toutes  impietez&deiîrs  charnels,  viuans  en  ce  monde  fobrement  &iuftc- 
ment,en  attendant  la  pleine  venue  de  lagloire  du  fils  de  Dieu ,  feul  Seigneur  &  Sauucur 
IeiusChrift. 


ANDRE    MICHEL,  aueuge  de  Tournay. 

C  E  que  le  Seigneur  a  dit,d'e(r.re  venu  en  ce  monde  pour  exercer  iugement ,  afin  que  ceux  qui  ne  voyent  point, 
voyent:&  ceux  qui  voyent,foyent  faits  aueugles ,  nous  le  voyons  accompli  en  ces  hiftoires.  Voici  vnaueu. 
gle  illuminé  par  la  lumière  du  iour  de  l'Euangile,  pour  nous  faire  cognoiftre  que  tous  ceux  qui  n'ont  Icfus 
Chrift  pour  guidc,ne  font  que  taftonner  comme  en  tenebres,&  fouruoyer  fans  ordre  comme  aueugles. 

M.d.lxii.  Pff^^^j  N rf'if>n<>nf  à  la  pet fecution du  pays-bas, l'emprifonncment  d'vn  aueùgle 
nommé  André  Michel,natifde  Tournay,iê  prefenteen  celieu.Cômeil  cer- 
choitremede pour  rccouurer la  veuë corporelle,  il  trouua&  récôtra par  vnc 
lingulierc  bonté  du  Seigneut  la  vraye  veuë  en  la  lumière  de  Verité.Enuirô  le 
rnoîs  deSeptébre  m  .  d  .  l  xi,  ayant  obtenu  congé  de  ceux  qui  gouucrnent  la  maifon  des 
aueugles  à  Tournay,  s'acheminant  vers  la  France  pafTa  par  le  milieu  de  tous  empefehe- 
mes,pour  trouuer  quelque  remède  à  fa  veuë .  Eftan t  paruenu  à  Paris ,  on  luy  adre/fa  fon 
chemin  vers  faind  Germain  en  Laye ,  pour  parler  à  certains  médecins  du  roy  de  France. 
Or  eftant  en  la  maifon  de l'vn  d'iceux  médecins,  oyat  qu'on  prioit  Dieu  auanc&  après  le 
repas,&  qu'on  châtoit  Plcaumcs  de  Dauid,il  s'enquit  d'vn  certain  feruiteur.du  lieu  où  fc 
faiioitla.predication,dontfon  maiftfe  difoit  venir.  Le  lieu  luy  ayant  efté  enfeigné,  Câ- 
pres y  auoir  aOifté  pluficurs  fois,  &  par  l'ouye  d'icelles  eftât  touché  du  dclir  de  cognoiftre 
Dieu  ,  il  s'en  retourna  en  ladite  ville  de  Tournay,  en  laquelle  depuis  fon  arriuet ,  neceûa 
de  raconter  ce  qu'il  auoit  ouy  &  entêdu  aux  prciches,fpecialement  à  ceux  de  làcpjnoif- 
fance.il  publia  tellement  ce  que  dit  eft,qu'il  fut  appréhendé  prifonnier.au  tem  pique  les 
Commiflaires  ordônez  par  le  priuéConfeil  de  la  Cour,  eftoyëten  ladite  ville,  pardeuant 

lefquels 


B 


zAndré (tftiichtl.  j#S 

lcfquels  Vautres  officiers  d'icelle,il  fut  par  plufieurs  fois  interrogué  de  ce  que  dit  eft,auf- 
qticls  interrogatoires  il  refpondit  fïcouuertement  que  parfcntéceilfutmis  horsdepri- 
fon,à  la  charge  d'abiurer  par  deuant  i'offîcial  de  Tournay  tous  errcurs,&:  faire  autres  cho- 
fes  contenues  en  la  fentence,  delaquelle  la  teneur  s'enfuit  en  propres  termes: 
»t£V  les  confeffions&:  dénégations  d'André  Michel  pôureaueugledçccfte  ville,  ful- 
V  pe&c  d'auoir  tenu  diuers  propos erronez&abufifs:  mefmes  d'auoir  efté  à  faintl:  Gcr-  Lçjaduer- 
mainen  Laye  pays  de  France:  &  illec  ouy  vn  iermon  du  nepueu  de  lean  Caluin  herefiar-  jajrc$ 
que:qu'il  ne  conuenoit.  Et  autrement  fufpe&é  d'eftredoutifcn  plufieurs  poin&s  delà  do-  mcncquc 
drine dcleglilbcatholique&generale.Etconfiderétoiitcequ'ilfait avoir &:  confiderer:.  p^cJcnc 
le  Roy  ayant  eigard  à  fa  pénitence ,  lecondamne  crier  merci  à  Dieu,  à  la  Maiefté  »  &c  à  lu-  lont parce* 
ftice,  pour  les  mefus  fuldits.  Et  dauantage  de  renoncer  &c  abîmer &detefterfolennelle-  dcCaium. 
m  en  t  és  mains  de  l'ofricial  de  Tournav ,  à  tous  erreurs  &  herefies  aux  peines  canoniques; 
le  confinant  dedans  la  ville  &C  banlieue  de  Tournay,  l'efpaced'vn  an,à  peine  arbitraire. 

Prononcé  en  la  halle  du  Roy ,  prefens  les  CommûTaircs  de  fa  Maiefté,  le  xx.  de  Ian- 

uier  m.d.lxi, 

Ie  n  toftapres  icelle  fentence,  ledit  Michel  fut  emprifonnéésprifons  del'Eucfque  de 
ladite  ville,à  raifon  de  ce  qu'il  n'auoit  voulu  abiurer  certains  poin&s  cou  aires  à  la  do- 
ctrine Chreftienne  :  ainçois  les  prouua eftre  véritables  par  aucuns  palTages  de TEfcriture 
lain&e.  Lequel  refus  d'abiuration  cauià  q  fon  procezluyfutfait  &:  parfait  par  lefdits  Of- 
ficiers .Et  par  ce  qu'il  ne  voulut  nommer  fes  compagnons  &adherans  à  ion  opinion,  la 
queftion  &:  torture  luy  fut  baillée  à  l'inftace  du  feigneur  Doignie,  vicaire  de  l'Euefque  de 
ladite  ville.par  l'Ofncial,&:  autres  de  la  fe&c  des  preftres  Papaux  :  en  telle  forte  de  cruau-  Cruauté 
té,q  ledit  feigneur  Doignie  au  lieu  d'amoindrir  le  tourment  &c  conlbler  le  poure  patient,  barbarç, 
s'empefehoit  à  toucher  les  cordcs,pour  fauoir  fi  elles  tendoyét  alTez  à  fon  plaifir,choié  in- 
ufitee  entre  les  plus  rigoureux  iuges  de  laChrcftienté:comme  mefme le  Bourreau  s'en  ef- 
merueilla,&:  l'a  récite  en  quelque  lieu  où  on  luy  demada  la  vérité  de  ceft  ade.Mais  toute 
cette  cruauté  n'a  peuvaîcrc  la  patiéce  de  ceft  Aueugle,ne faire  qu'il  mit  perfôneen  dager. 

Ce  que  voyans  les  delTufdits  Iuges,remirent  Michel  en  la  prifon  accouftumee,auec  ri- 
goureufes  menaces,lefquellcs  auffi  peu  l'eftonnerent,combicn  qu'il  euft  demeuré  lôgue- 
nientaupain&àleau  aux  baffes  folles  defidites  prifons .  Voyans  derechef  telle  conftâce, 
deltb«rerét  entr'  eux  d'abreger  Ion  proccz,&  de  le  déclarer  hérétique  &:  fchifmatique.  Et 
ncantmoins  ledit  Doignie eftant  auc  c  fes  conforts  en  certain  banquet ,auoit  dit  qu'il  n'e- 
ftoit  de  ceft  aduis,alleguant  cefte raifon,  Veu  que  les  Commùfaires  ne  l'auoyent  iugé  tel, 
eftant  entre  leurs  mains,le  peu  pie  pourroit  dire  que  les  preftres  l'auroyent  fait  mourir. 

L  e  procez  eftant  mené  à  leur  conclufion,i'Ofncial  prononça  fentéce  à  l'encontre  du- 
ditMichel,parlaquelleil  le  déclara  hérétique &fchifmatique,&:  leliura  és  mains  du  bras 
feculier,àla  manière  accouftumee.  Il  y  eut  débat  entrelcs  Officiers  du  Roy  &:  de  la  ville,  Eftrif  entre 
fur  la  decifion  &  iugemet  du  procez  dudit  Michel,&  réception  d'icelify.Le  iieur  de  Man-  |."„2^ed* 
fart  lors  Prcuoft ,  dit  qu'il  prenoit  ledit  prifonnier  en  fa  charge  par  prouifion:  à  quoy  s'ac- 
cordoit  la  Iuftice  du  Roy .  Ce  fait,  le  fit  conduire  és  prifons  de  la  Halle  de  ladite  ville ,  iuf- 
ques  à  quelques  iours,qu'il  fut  mené  en  l'vne  des  tours  des  murailles  de  la  ville,  nommée 
vulgairement,La  tour  de  France:de  laquelle  depuis  il  fut  remené  en  ladite  Halle. 

Estant  le  Priuéconieil  à  Bruxelles  aduerti  dudit  différent,  ordôna  que  ledit  prifon- 
nier feroit  iugé  parles  deux  Iufticesenfemble,aflauoir,  la  Iuftice  de  la  ville,  &:  la  Iuftice 
du  Roy. En  procédant  a  la  facture  du  procez  au  poure  Aucugle,  les  luges  ayâs  cognu  qu'il 
fefortinoitdeioureniourenraiions  &:  palTages des Efcritures  ordonnèrent  qu'il  feroic 
mis  àla  torture  pour  déceler  fes  complices ,  &:  fignamment  ceux  quil'auoyét  viiité  &:  ex- 
horté de  perfeuerer:mais  il  endura  patiemment  le  tout,fans  nommer  pcrfbnne. Ledit  fei- 
gneur de  ManfartPreuo(l,ayant  cognu  ce  priiônnier  dés  fa  ieuneile,efmerueillé  des  arti- 
cles qu'il  fouftenoit,&  de  faconftancc:  délibéra,  depuis  fon  iècond  emprilbnnemér,le  vi- 
fîter  eldites  priions:  ?  ai  feu  tant  de  le  vaincre  par  fon  îauoir.Et  pour  ce  faire,il  nefaifoit  dif  J"£f"  t 
ficultéd'y  demeurer  plufieurs  heures,  parlant  àluy&:  l'exhortant  defe  retrader  tant  peu  pour  rubri- 
que cefuft,en  luy  promettant  deliurance  de  fon  corps.  lcr  PAueu- 

Vo  y  an  t  quelcs  promenés  n'y  profitoyent  de  rien,  ily  procéda  par  menaces,  qui  eu-  êIe' 
rent  autant  d'eiTect  que  les  promeues.Plufieurs  fois  Michel  de  propos  délibéré,  oyant  en- 
trer &  parler  iceluy  Preuoft,  remercioit  Dieu  du  bien  &c  de  l'hôneur  qu'il  luy  failbit  d'en- 
durer pour  ion  Nom:s'apprcftant  à  toutes  heures  d'eftre  mené  au  fupplice. 

HHh.iii. 


Liwtj  VII. 


<*André Àdichel. 


O  n  ne  doit  en  ceftc  hiftoire  oublier ,  qu'vn  certain  perfonnage  efmeu  d' vn  zele  Chrc- 
ftien,trouua  moyen  par  aucuns  tiens  amis  d'aller  vifiter  le  prifonnier  lors  qu'il  cltoitenla 
tour ,  appelée  La  tour  de  France  :  pour  fentir  de  luy  au  vray  s'il  eftoit  tel  qu  on  l'eftimoîtj 
afîauoir,  confiant  en  la  doctrine  Chïeftienne,&  pour  l'exhorter  à  perfeuerance. 

C  e  perfonnage  eftât  entré  en  ladite  tour,  demanda  audit  prifonnier  fi  fa  délibération 
eftoit  de  viurc  Se  mourir  en  la  venté  de  l'Euangile,  pour  laquelleil eftoit(côme  Ion difbit) 
cmpnfoimé .  Michel  fans  hefiter  refponditqu'ouy  .  Sur  cela  ce  perfonnage  l'exhorta  fort 
affedueufement,  luy  mettant  au  deuant  l'honneur  q  Dieu  luy  faifoit  deleproduire  pour 
fontefmoindeuant  les  ennemis  del'Euangiledc  (on  fils  vnique  qucc'eftoit  vndon  fpe„ 
Comment  cia]  d,eftrecmprifonné,&:  d  endurci  pour  Ion  Nom.Itemjqu'ilgouftaftbicncequelefus 
fiîco?o!r<?  Chrift  a  prononcé,  Que  celuy  qui  perdra  fa  vie  pour  l'amour  de  luy,  il  larecouurera.  Sur 
Matt.10.35  tout  il  le  pria  au  nom  de  Dieu  de  fé  garder  des  fedudeurs  qui  pourroyent  venir  à  luy 
pour  ledcttourner  du  droit  chemin  ,  luy  prefentans  or,  argent  &c  deliunmce  de  fon  corps: 
aufqucls  il  n'euflaucun  efgard:&  qu'il  confideraft  la  vilaine  faute  qu'il  cômettroit  en  ad- 
hérant ou  donnant  femblant  d'adhefer  à  leur  faulfc  religion. Finalement  qu'il  mefpnfaft 
la  honte  du  monde ,  voire  aulfî  les  tourmens  ordinaires  à  ceux  qui  fouflicnncnt  la  venté 
de  Dieu:  Car,  difoit-il,fi  maintenant  vous  reniez  la  doctrine  pour  laquelle  lbultcnir  vous 
MaK.10.33  cft-es  iCy5  vericablement  le  Fils  de  Dieu  vous  reniera  deuant  fbn  Perc. 

Mic  h  e  l  efcouca&reccut  ces  parolles  de  bon  cœur,  &:  remercia  le  perfonnage  de  fa 
bonne  vifitation  &:  exhortation  ,  le  certifiant  qu'il  n'auoit  autre  délibération  que  de  fou- 
ftenir  la  Venté  iufqu  a  la  mort,&  qu'à  celte  fin  il  prioitDieu  ordinairement. 

Or  ne  fé  contentant  ledit  perfonnage  de  ce  quediteft,demanda  en  outreà  Michel  s'il 
auoitefté  interrogué  du  Baptefme  qu'il  auoit  receu  en  regli!eRomaine,s'jlfe  contentoit 
duditBiptefmede  priant  de  luy  vouloir  réciter  la  refpôfé  qu'il  auoit  faiteaudit  interroga- 
toire deuant  les  luges. Michel  luy  dit,qu'il  auoit refpondu,de croire auoirefté  baprizé  en 
ladite  eglifé,&qu  il  féconten  toit  du  Baptefme  vne  foisprins .  Ce  perfonnage  luy  dit,Si 
derechef  vous  en  cites  interrogué ,  adiouitez  aufii  à  voftre  rcfponfe ,  A  caufe  que  la  vertu 
dudit  Baptefme  ne  depe  nd  de  celuy  qui  l'adminiltre ,  ains  de  Dieu  :  ainfi  que  faind  Iean 
Baptifte  le  déclare  au  5  .de  làind  Luc,difant,  Vray  clt  que  1e  vou  s  baptize  d'eau  en  repen- 
tance,maisvnautrevienr  après  moy  qui  vous baptifera  en  efprit,  parlant  du  vrav  Meffias 
Iefus  Chnft  :  q  voftre  Baptefme  vous  a  cfté  adminiftré  en  eau  au  nom  du  Pc.  e,  &  du  Fils 
&z  du  faincl  Efprit.  Il  luy  demanda  auffi  s'il  auoit  efté  interrogué,  Ayant  des  rnfans,s'il  h  s 
feroic  baptiféren  ladite eglife Romaine. Michel  luy  di^qu'il auoit  rcïpôdu  que  non,  ma  s 
en  la  forme  que  lean  Caluin  &  les  autres  fidèles  miniltres  les  baptizét .  Sur  quov  auffi  cett 
ami  l'aduertit,fi  derechef  il  en  eftoit  inten  ogué,d'adiouftcr  la  raifô  de  cela,aflàuo.r,  D'au 
tant  que  lefdits  Miniftrcs  après  lapredication  delaparolle  de  Dieu  adminiftrentpurc- 
ment&  fimplementeneaule  Baptefme, au  nom  du  Pere,&du  Fils&du  faind  Efprit: 
Mattli.3)&  ain{i  qu'il  a  efté  adminiftré  parles  difciples  &  Apoftres  de  Iefus  Chrift  fans  y  nu  fier  ne 
Aft.8A  i5  ççinc  c|irefmc,ne  crachat  ,n'autres  badineries  ordonnées  &  ordinaires  en  l'cglife  Ro- 
maine. 

Le  prifonnier  remerciant  derechefvn  telami,lepriadel'aduerrirfurlarefponfequ 'il 
deuoit  fairede  l'ordonnance  des  Conciles,  &  fingulierement  de  celuy  des  Apoftres.  Luy 
dit  qu'il  falloit  approuucr  les  décrets  des  Conciles  qui  eftoyent  conformes  à  la  parolle  do 
Dieu,&  reictter  les  autres  côtraires  à  icelle.  Et  pour  refpôdre,  dit-il,  à  celuy  des  A  poftres, 
vous  leur  direz  hardiment ,  que  les  preftres  violent  l'ordonnance  d'iceluy ,  en  prenant  &C 
mangeant  les  chofes  dediecs&:  facrifiees  aux  images ,  &  en  paillârdant  au  lieu  d'eux  ma- 
rier. ^Ccmefmeami  luy  recorda  aufli  plufieurspa/Tages,  pour  prouuerquela  Méfie  cft 
du  tout  contraire  à  la  vertu  &:  efficace  de  la  mort  &  palfion  de  Iefus  Chrift:&:  que  lefacrc- 
ment  adminiftré  en  la  Papauté  le  iour  de  Pafques&:  autres  iours,  n 'eftoit  administré  felo 
l'inftitucion  du  Fils  de  Dieu.  Item  qu'il  n'y  auoit  autre  Purgatoire  quele  fang  d'iceluy  :  ni 
autre  merire  neiuftification  quefon  obeiflance.  Item  qu'en  prenant  le  pain  &  le  vin  deu- 
mcntadminiftreZjOn  communiquoitau  corps  &c  au  fang  de  Chrift  fpirituellemeiit&  par 
foy,fans  aucune  rranffubftanriation. 
Lcroinquc     Ce  s  |Kopos&aduertifTemensdefTufditsonteftéicyinferez,pourmonftrerlefoin&: 
pay$-bas<>nt  'a  pei  ne  que  prennent  les  fidèles  audit  pays  en  temps  d'aduerficé  l'vn  pour  l'autre:  &  font 
dt  leurs  fre-  conuena  bles  à  cefte  hiftoire,entant  que  le  prifonnier  en  a  fi  bien  fait  fon  profîr,  que  quâd 
m  pnion-  |eprcuoft  Manfart ,  dont  a  cfté  parlé ,  &:  autres  aduerfaires  l'ont  afTaillipar  difptuesen  la 

prifon. 


André  Michel.  y  p£ 

prifon,ils  n'ont  rien  gagne  fur  luy:  finon  que  fc  doutât  de  ce  qui  eftoit ,  ont  defchargé  leur 
colerefur  le  poureGeolier,commandans  que  ledit  prifonnierfuft  remue' de  ladite  tour 
en  la  prifon  des  Halles  dudit  Tournay,au  grand  regret  &c  dcfplaifir  de  plufieurs,&  princi- 
palcmentduditpriibnnier,  lequel efperoit le lendemairi&aufdits  ioursplus  grande  vi- 
îitation&confolation  delà  part  des  autres  fidèles.  En  menantleditpriibnnier  deladi- 
retiur  en  l'autre  prifon, on  dit  qu'il  prononça  ces  parolles ,  Vous  fêtez  demoy  cômeles 
chats  font  des  louris-.car  après  qu'jl  s'en  font  affez  iouez,  ils  les  eftranglcnt.  Il  endura  plu 
iîeurs  durs  aflauts  de  fes  amis  charnels  ,1'exhortans  à  fauuer  fa  vie,  &luypromettan  s  aiîî- 
ftenced'argent,&:de  chofcs  neceifaires.  Mais  le  plus  grand  &  difficile  aûaut  qu'il  eut ,  fuc 
leiour  de  deuârlapronôciation  de  fa  fentece,le  matin  d'icelle,  qui  rut  le  vingt  ôc  dcuxie- 
medeMay,auditan  1562.  Car  en  ce  temps,  le  diable  ennemi  de  toute  venté  luy  enuova 
des  Iefuiccs  (fe&c  mefchante  &  hypocrite)  lcfquels  luy  mirent  au  deuantle  iugement  de 
Dieu,lcquel(difoyent-ils)eftoit  préparé  à  ceux  qui  fefeparoyent  de  l'vniondela  fain&e 
mère  eglilcRomaine:luyremonftransaufsi, qu'en  fouftcnantlespoin&s  qu'il  auoitiuf. 
quesalors'fouftenus,il  eftoit  fans  Dieu,&:  partât  dâné.Surquoy  Andrérefpôditfommai- 
rement,qu'il  croyoit  en  vn  feul  Dieu ,  &  qu'il  neferoit  dâné.  ^"Ces  Iefuites  ne  ceflans  de 
parler  cotre  la  vérité  dcDicu,&:  le  mérite  del'obeifîancede  Iefus  Chrift;André  pour  ton 
terefponfe,  boucha  fes  oreilles  delès  deux  mains,  pour  n'entendre  leurs  blalphemes.  Ce 
qui  picqua  ceftefaufle  trouppede  te  lie  forte ,  qu'ils  s'efcrierent  à  haute  voix ,  qu'il  eftoit 
damné. 

S  v  r  ces  propos  M.  Guillaume  Hanetô  confeillier  furuint,  lequel  dit  aufdits  Iefuites, 
qu'il  eftoit  temps  de  prononcer  la  ièntence  ,&  que  s'ils  le  vouloycntd'auantage  exhor- 
ter,qu'ils  le  pourroyent  faire  publiquement.  Ces  Iefuites  luy  dirent  qu'en  cefaifant  il  fe- 
roitplus opiniaftre  q  deuant.La fentence  dôc  luy  eftant  prononcee,il fut  liuré àl'Execu-  „., 
teur:&:  en  defcendant les dcgrez delà" Halle,commença àhaute voix l'oraifon  Domini-  ulliï, ?mlL 
câle,&:  puis  le  Symbole  des  Apoftrcs  en  lâgue  vulgaire,de  tel  zele  &  ardeur  que  pluficurs  foM  Publt- 
des  aflîftans  en  larmoyerent,voire  entre  autres  leprcuoft  Manfarr^lequel  par  tous  moyés  gj***1*1»^ 
auoittafché  de  furfeoir  le  iugement  :  mais  en  la  fin  vaincu  decrainte,  conlentit  à  ladite 
condamnation.  André  donc  eftant  fur  l'efchafFaut,  cependant  que  le  bourreau  l'atta- 
choit,  remercia  fes  luges  delà  longue  derention  en  leur  prilbn,  leur  déclarant  cjue  par  i- 
celle  il  auoitefté  mieux  inftruit& de  plus  fortifié  en  lacognoiffanccde  la  vérité.  Illeur 
dit  aufsi  telles  parolles,  O  Iuges,Iuges,vous  m  aueziugé:  iene  vous  iuge^pas  ,mais  il  y  en 
a  vn  qui  vous  iugera.  11  remerciâmes  bien-fai&eurs  du  bien  qu'ils  luyauoyent  eflargi  du- 
rantfon  emprifonnement. 

En  parlant  de  la  grande  Paillarde,  de  laquelle  il  eftditau18.chap.de  l'Apocadypfe,  il 
l'appliqua  fi  bien  à  propos  à  l'eglife  Romaine,  quelcsafliftanspeurét  cognoiftre  que  c'e* 
ftoit  l'Eiprit  de  Dieu  qui  parloir ,  &c  non  ledit  priibnnicr,  lequel  eftoit  poure  aueugle ,  Se 
Étns  lettres. 

S  v  n  ces  entrefaites,  vnieune  gat çon  en  la  multitude  fe  print  à  crier  à  haute  voix  ?  di- 
fam,  Courage,  André,  courage.  Aucunes  femmes  en  la  trouppe  refpondircnt,Qucl  cou- 
ragé  demandes-tu  d'auantageîne  vois-tu  pas  qu'il  l'a  bon? 

C  e  fait,  ôcapres  que  ledit  perfonnage  eut  recommandé  fon  ameà  Dieu,  il  futeftran- 
glé ,  &  fon  cor £s  réduit  en  cendres,  enuiron  les  ncufheures  du  matin .  Et  telle  fut  l'nTue 
de  ce  voyant  Aueugle,appelé  au  tres-heureux  banquet  du  Fils  éternel  du  Roy  des  fiecles 
immortels  inuifible. 

En  ces  enrrefaiteson  enuoya  certaines  lettres  aux  luges  deTournay  en  forme  d'admo- 
nition ÔC-aduectiffement ,  donnant  à  cognoiftre  la  vraye  fource&  caufedes  troubles  qui 
s'efpandent  au  monde  déplus  en  plus.Nous  les  auons  extraittes  &; ici  inférées ,  aucc  leur 
fuperfeription  qui  eftoit, 

A  Meneurs  les  luges  de  l' Aueugle  illu  miné,à  Tournay. 

L  E  Dieu  éternel  vous  vueillc  faire  la  grâce  que  la  lc&ure&ouye  de  fa  Parole  ne  vous 
puilfe  eftre  odeur  de  m ort^côme  aux  infidèles  &:  reprouuez,ains  odeur  de  vieeter- 
neUe,parfon  Fils  vniquenoftrc  Seigneur  Iefus  Chrift,  Ainii  foit-il. 

8^|E'S'SIEVRS,  ilefteferitau  4.  defaindMarc  ,quelescontemprcurs  de  la  vérité 
fj^jjont  des  yeux,  &  n  en  voyét  goutte:&  des  oreilles,defquelles  ils  nepeuuét  entendre 
les  chofes  ecleftes  j  d'autant,dit  làind  Paul,  quelles  fc  difeernent  fpirituellement.  Au  cô-  1  Cor  x, 

HHh.iiii. 


Litpe  VIL  Jctuertifllaiix  mapfi.de  Toiérnaj. 

EOk  4&.  trairc  il  eftc£criteiiEfine,Qtt*lc  Seigneur  conduira  les  aueuglés  parla  voye  qu'ils  ont 
ignorce,&  les  fera  cheminer  par  les  (entiers  qu'ils  nefâuent  point:  à  celte  caufe,  on  vous 
prie  regarder  de  bien  près  à  la  faute  qu'auez  commife,en  condamnât  à  mort  vn  nommé 
André  Michel  aucuglc,ccrtes des  yeux corporels:maisvoyantclair  desyeux  delà  vraye 
&viuefoy.  CevousdeuoiteftreafTcz  qu'il  croyoiten  certitude  de  foy  touteequieft  au 
vieil  &:  nouucau  Teftamcnt:fans  adioufter  &:  mefler  le  venin  infâme  de  la  grande  paillar- 

Gali.8.  de  Babylonique.  Car  vous  ne  péchez  plus  par  ignorance:  vous  ne  cognoiffezque  par 
trop  qu'il  eftaufli  bien  défendu  d'adioufter  que  diminuer  à  laLoy  de  Dieu  :  voire  que  fi 
vn  Ange  du  ciel  annonçoit  autremét,ou  autre  chofc,de  le  maudire.  Pourriez- vous  prou- 
uer  par  la  Bible  qu'il  y  ait  autre  iuftificateur,  purgateur ,  n'aduoeat  que  le  Fils  vnique  de 
Dieu  ?  ni  autre  facrifice  propiciatoire  pour  noftre  rédemption  que  le  fien  vnique  &:  per- 
pétuel îCuidcz-vous  en  le  perfecutantainiî  en  les  membres, euiterfon  iugement  horri- 
ble &:efpouuantable  qui  vous  attend  ?  Non, non,  vous  ne  pouuezxar  certainement  vous 
ferez  contraints  vne fois  ,toft  ou  tard  comparoiftreen  iugement  deuant  iàface.  En  la- 
quelle com  parition  voftre  grande  Befte  ne  vous  fauuera  point  de  la  condamnation  exé- 
cutée de  par  vous. 

Li  z^nie      S  e  m  e  z ,  femez hardiment  voftre  zizanie  au  champ  du  monde:  le  grand  iour  vien- 
dfiun  de  dra,&:  eftprochain,auqucl  elle  fera  arrachée  pour  brufler&  vous  &:  vosféblables.  Ceux 
«monde,  qui  ne  v'eulét  participer  à  voftre  zizanie,font  maintenantornezdu  titre  de  feditieux  &: 
perturbateurs  du  repos  public  :  &:  comme  tels  liurez  à  toutes  efpeces  de  tourmens.  Mais 
raduerti(Tement&:  prédiction  eferite  au  5. &c  io,dclainct  Matthieu:  1  y&c  itf.dcfainctlea: 
Se  4.  chap.  de  la  première  &:  féconde  aux  Corinthiens,nous  font  mettre  fous  les  pieds  lcf- 
dites  iniurcs,  puis  que  nous  fommes  certifiez  de  noftre  élection  à  vie  éternelle.  Et  afin  de 
vous  rendre  le  bien  pour  le  mal,  foyez  aduertis  &  trcshumblemcnt  fuppliez ,  de  ne  trou- 
uer  eftrange  les  troubles  qui  font  à  prefent  en  la  Chreftiente,  à  caufe  de  la  contradiction, 
qu'on  fait  à  Iefus  Chrift,  qui  en  ces  derniers  temps  pleinement  fe  manifefte  par  iàParole: 
&  pour  tefmoignage  de  mon  dire ,  lifez  le  chap.  10.  de  fainct  Matthieu ,  &  le  14.  de  fainct. 
Luc.  Et  fi  vous  voulez  remémorer  les  hiftoircs  paiTecs,  vous  trouuerez  que  de  tout  temps 
ileftaduenu  ainli,que  quand  l'Euangilc  de  noftre  Sauucur  aefté  purement  prefche  au 
monde,  grades  tempeftes  le  font  efmeuéV.le  pcrc,la  mcre,lefils,la  fille  diuiicz  enfcmble: 
nation  s'eft  efleuee  cotre  nation,&:  royaume  contre  royaume.  Qu'vn  feuj  exemple  vous 
Mat.z3,&  foitpourinftruction:  Quelle  tragédie  excitale  royHerodes  quand  noftre  Seigneur  fut 
Afti'tf  1     na^  au  monc*e?  tout  eft°ic  plein  de  troubles  en  fa  Cour,&  en  Ierufalem.Et  depuis  en  Phi- 
&IP  '  '  lippes,Berrhoé,Ephefc,&:enplufieursautrcslieux.Cen'eftdemcnieillesqueJemc(me 
aduient  journellement  en  ce  pays  bailleurs  pourfemblableraifon:ccque  vous  ne  pou- 
uez  ignorer. 

u  vraye  e  fi  vous  voulezdoncfauoir  au  vray  la  caufe  de  ces  troubles,voyez& entendez  ce. 

caufe  des    quj  elt  dit  au  19.  chap.  des  Prouerbes,  Quand  il  n'y  a  point  de  Prophéties ,  c'eft  à  dire ,  de 
troubles.    Vraye  doctrine  de  Dieu,le  peuplecft  difsipe':mais  celuy  quigardela  Loy  cft  bié-heureux. 
Liiez  aufsi  au  4.  d'Oiee,  Mon  peu  pie  eft  dcftruit,pource  qu'il  cft  fans  feience.  Bref,  toute 
l'Efcriture  eft  pleine  de  tels  aducrtuTemens,  Rien  ne  feraftable  ne  ferme  iînon  la  parolle 
de  Dieu  qui  dure  etcrnellemét.  Que  l'Antechrift  forgeôc  refonde nouueaux  cheualiers, 
ou  pluftoft  eftaffiers  de  fon  ordre ,  qu'il  les  guerdonne  de  mitres  epifcopales  autant  qu'il 
"Ccft  tou-  veut,  "qu'on  lesdiipolc  par  villes  &:  proninces,  pourattizer  lczcle  deladoucecuifine  de 
£UcU  ^Cur  *ain&c  merc  fynagogue:il  a  beau  faire,  il  eft  impofliblc  que  plus  on  puùTe  empdcher 
qu«       *c  cours  de  la  vérité  du  Seigneur.  Et  quant  à  vous,  Meflîeurs,à  l'exemple  de  Y  Aucugle  q 
omeftéde  vousauczfaitmourir,CToyezàrEuangile,&de  bonne  heuredemandez  en  vrayccontrL 
geiau^ys tion  pardon  à  Dieu  de  tant  d'impietez  commifes,&:  de  tantde  fànginnocent  efpandu. 
las  deFlan     En  UfnAel'EptjbtpourfoufcriptionileJiohefcrir,  Par  celle  qui  defircd'vn  vraye  zelc  la  con- 
ce  duCaidi  i°n^'on  ^e  tous  au  corpsdu  chef  fon  ieul  Aduocat ,  Purgateur ,  &:  Sauucur  lefus  Chrift. 
nalGranucl  L  e  g  l  i  s  e  du  Dieu  viuant. 

(^ES  lettres  furent  enuoyecs  au  cômencement  du  mois  de  Iuillet  de  l'an  m.  v.t  x  ni. 

LcfeigncurpîcManfartjduquelci  deuanteftfait  mention, eftant fait  lieutenant  du 
Bai  1  ly  de  Tout  nay&Tournefi  s,les  ayant  receuës  fit  empriibnner  celuy  qui  les  auoitap- 
portees:lequel  pour  fa  defeniè  mettant  en  auant  l'ignorance  du  côtenu  d'icellcs^ut  puis 
apres  cflargi  &:  deliuré. 

LE 


LemajjAcred&fîdektde  Scni.  s 97 


HISTOIRE  Lmeniableâuma/fadcsfidettsirf^  cnBour- 
gongneyOppariAble  a  cthty  de  Vaijïy  à  datant  dit. 

AR  le  bénéfice  de  l'Edi£t  ci  deuât  nomme  delanuierjquieftoitgardéen  plu  M.D.LXO. 
fieurs  endroits  du  Royaume  de  France,  maintes  Eglifcs  furent  dreflecs^aL  - 
femblees  défi  bon  accord  &aucc  telle  modeftie,  qu'il  y  auoit apparence  d'vn 
grand  bien,&  bref  avancement  del'Euangile.  Mais  les  fuppofts  de  l'Ante- 
chrift  defployans  toutes  leurs  rufes  pour  empefeher  la  publication  d'vAc  û  bonne  ordon- 
nance, continu  erenc  la  maudite  oppofition  par  eux  encommencee  à  force  ouucrteôi 
cruautez  manifeftes.  Le  s  fidèles  de  leglife  reformée  en  la  ville  de  Sens  en  Bourgongne, 
eftanspourueusdeMiniftre,  fuyuantceft  Edift,  le  firent  prefeher  publiquement  hors  la 
ville.  &c  en  celte  entre  prife  Dieu  leur  afsifta  tellement  queplus  defept  fepmaines,  ils  cô- 
tinuerent  les  Prefches  &c  afiemblces  fans  aucunefedition  populaire .  Bien  eft  vray  que  le 
Lieutenant  criminel  auec  vn  Câfdliier,&  le  chapitre  archiepifcopal  de  ladite  ville,firét  C6mer«: 
tous  efforts  en  Cour  d'obtenir  lettre  patente  portât  defenfe  aux  fidèles  de  ne  s'aiTcmbler  JJJ^J/jJ, 
publiquement  n'ouuertement  en  ladite  ville  n'aux  faubourgs  pour  aucun  exercice  de 
leur  religion  :  mais  n'obtenans  rien  pour  lors  de  cela ,  laifTerent  à  ladite  pourfuitteleurs  «k*  fîdclc^ 
foliciteurs.  Des  qu'ils  forent  retournez  en  la  ville,ilsafTemblerent  les  habitans,  aufquels 
par  ledit  Lieutenant  fut  propofé  qu'il  eftoit  befoin  défaire  bonne  garde  aux  portes, 
comme  on  faifoit  à  Paris,pour  les  tumultes &fcditions  qui  pulluloyét  de  iour  en  iour  par 
tout.  Cefte  remonftrance  fut  trouuee  bonne  par  ceux  qui  n'appcrceuoyent  où  elleten* 
doit  :  &  de  raidie  vu.  d' Auril  ils  commencèrent  à  fermer  leurs  portes  :  &C  mirent  garde 
&artilleriefurlesmurailles,&:mefmcsbracqucrent  quelques  fàulconneaux  és  endroits 
où  les  fidèles  s'a(Tembloyent,qui  eftoit  près  des  murailles,pour  les  accabler,  s'ils  fcfufTcnt 
aflcmblczcômede  couftume.  Les  fidèles  entendans  ces  menées  des  aduerfaires ,  pour  c- 
uiter  plus  grande  confufion ,  conclurent  en  leur  Confiftoire  d'obmettre  la  prédication  Condufîoa 
pubhquepour  quelque  tcmps,&  défaire  fortirfecrettement  leur  Miniftre,auquel on  en  ft"i?e°dc 
vouloit  le  plus.  Cependant  leldits  ennemis  fetenansforts,faifoyét  guet  tant  de  iour  que  Sens, 
de  nuiér,  es  portes  &  rues  de  la  ville.  Et  fans  qu'on  leur  donnaft  aucune  occalion  ne  mo- 
tif de  s'efmouuoir  en  la  forte,  le  Vcndredy  enfuyuant  enuiron  dix  ou  onze  heures  du  foir 
le  guet  vint  frapper  à  la  maifon  d'vn  Imprimeur,luy  com  mâdant  d'ouurir  de  par  le  Roy. 
A  ce  nom  du  Roy,  l'Imprimeur  ouurant  fa  porte ,  dit  ces  mots ,  le  loué'  Dieu  dequoy  on 
procède  en  telle  affaire  par  Iuftice.  L'huis  eftant  ouucrt,vn  du  guet  luy  donna  dans  le  Vnimpri- 
corps  vn  coup  de  hallebarde,en  criant,  Retourne-toy  coucher.  Le  poure  homme  fè  fen-  JJ^iT* 
tantnauré,  donna  ordre  de  faire  adouber  faplayeen  tou  te  diligéce,de  forte  qu'il  ne  mou-  mort, 
rut  point  fur  le  champ.Le  lendemain  matin  ceux  du  Confiftoireaduertis  de  ce  fàift  con- 
clurentd'cn  faire  plainte  au  fufdit  Lieutenant  &  luy  demander  iuftice:  mais  ils  ne  furent 
ouis,&  leur  fut  dit  qu'il  n'eftoit  point  en  la  maifon.  Derechef  lefdits  du  Coniiftoire  delL 
beransfur  les  moyens  d'en  auoir  iuftice ,  font  aduertis  par  vn  de  leurs  amis ,  s'ils  ne  fe  re_ 
tiroyent  du  lieu  où  ils  eftoyent/qu'on  auoit  arrefté  de  les  faccager  :  &  ainfi  fe  départirent 
fanscôclurrepoureuiterquelafureurdesmutinsnes'enflabaft  dauatage.  Le  Diman- 
che matin  les  Prcftres  font  vne  proceffion  non  vfitec  de  toutes  les  paroifïes:  de  laquelle  la 
ftation,qu'iIs  appelcnt,deuoit  eft  re  hors  la  ville  à  vne  Abbaye  nommée  Saind  pere,affez 
près  du  lieu  où  lefdits  fidèles  auoyent  accouftumé  s'afTembler.  A  cefte  proceflîon  afli- 
fterent  les  Prefident  &c  Lieutenant  crimincl,&:  la  conduireht  iufques  audit  lieu.  Et  après 
auoir  donnéle  mot  du  guet  à  la  populace,  ils  fe  retirèrent  haftiuement  en  leurs  maifons: 
dont  les  mutins  au  lieu  de  reconduire  leur  proceflîon  à  la  manière  acco'uftumee ,  s'en  al- 
lèrent droit  au  lieu  où  les  affcmblces  fe  fouloyenttenir,&  ne  trouuans  aucune  refiftence, 
démolirent  &  ruinèrent  la  place  entièrement.  Et  menez  d'vne  rage  defcfperee  couppe- 
rem  les  ceps  des  vignes  du  iardin,  &c  reduirent  le  lieu  fans  forme  ne  femblancc  de  bafti- 
ment.  Apres  ce  chefd'ceuure,  rencrans  dedans  la  ville  &  ayans  difne ,  vindrent  vers  le  lo- 
gis d'vn  Confeillicr  du  fiege  Prcfidialde  ladite  ville,  &  murmurent  &c  fè  mutinent  deuât 
u  porte.Luy,comme  des  chefs  de  la  Iuftice,fortant  penfoit  les  appaifer  de  doulces  parol- 
lcs,  leur  rcmonilrat  qu'ils  ne  uffent  à  fèmouuoir  ne  faire  aucunefedition,  de  peurjjlecô- 


Z,i/*ro  VIL  Lutnagacrtj  des fidtlcsdu  Sens] 

treuenir  aux  Edi&s  du  Roy.  Ccfte  populace  n'efeoutante  aucune  raifon ,  tafcha  de  s'em- 
parer de  la  perfonne  dudit  Confeillier  :  mais  il  rentra  en  la  maifon  haftiuemem;>&  ferma 
la  porte:laquclle  ncantmoinsfut  forcée  par  cefte  racaille  iu {qu'à  y  amener  vn  faulcôneau 
poui :1a  mettre-bas.  Eftans  entrez  dedans  la  maffoh,  voulans  m anaçrcr  le  Confeillier,  vn 
delà  trouppcplusattrempélcmcnaprifonnicrésprifons  de  l'Archeuelque  dudit  lieu, 
LcCardinal  qui  eft  le  Cardinal  de  Guylc:pillcrcnt&  rauiretce  qu'ils  trou ueret  en  la  maiibn.Mefmcs 
vcheJd    aPrcsau°irbeu  tout  leur  foui  de  vin,ils  défoncèrent  ^es  tonneauxi&  cipancherét  le  fur- 
que  dcScnj.  pl  us  par  m  i  la  cauc  :  blcflerent  aucuns  des  (bruiteurs  dudit  Confeillier.  ^  Cela  fait,  sadref 
f'erenc  à  la  maifon  d'vn  autre  Confeillier  nomme  Boullengenlequel  entendant  ces  pitcu- 
fes  nouuelles  aduenues  à  la  maifon  de  fon  compagnon,quitta  haftiuement  la  fienne,&  fe 
fauuacommeilpeuf.ylaiiTantleulementfon  fils  auec  vnfèruircur,  lcfquelsfouftindrent 
verrueufementles  premiers artauts  :  mais  finalement  furmontczdela  multitude  entran- 
te en  la  maifon,lefils  du  Confeillier  fut  tué&  trainé  en  lar  iuiere,&:  la  maiibn  faccagee&: 
pilljedegrans  biens  quiy  eftoyent.    ^"Encores  ne  fut  la  fureur  deces  mutins  aiTouuic, 
qu'ils  ne  fc  t  uaflent  contre  vn  troifieme  Confeillier  nommé  Maillot,  &:  vn  Procureur  de 
ladite  ville,dei*quels  les  maifonsfurent  forcées  &  pillées  comme  les  autres ,  voire  iulques 
àla  menuièriedebois.  ^"Cependant la poure  trouppe  des  fidèles  toute elperdue  Se  e- 
ltonnee  de  ces  malTacres ,  fe  retira  en  vne  maifon,  deliberans  de  tenir  bon  auec  quelques 
notables  Gentils-hommes, Mais  fi  toftq  les  ennemis  en  furent  aduertis,  ils  tirèrent  droic 
vers  cefte  maiibn:&  ne  trouuans  moyen  d'y  entrer  amenèrent  le  mefme  fàulconneau 
p  ou  r  faire  ouuerture.  Ceux  qui  eftoyent  dedans  fe  voyansfi  furieufement  a/faillis,  font 
làillic  fur  ccfte  populace,  Se  larepouiTcnt  iufques  bien  loin  :  mais  s'eftans  alTez  cflongnez 
de  leur  quartier,furent  auaillis  Se  pourfuiuis  par  d'autres  d'enhaut  à  coups  de  pierres  par 
les  feneftres:  de  façon  que  contraints  fc  retirèrent  en  la  maifon  de  laquelle  ils  eftoyent 
Onfenom-  partis.Dcrechef  auaillis  par  ces  mutins,vn  "Gentil-home  fortât  par  derriereauec  vn  fica 
moit  mon-  feruiteur  donna  tout  à  trauers  d'eux,&  les  repoufla:  mais  il  fut  en  fin  atteint  d'vn  coup  de 
Mombaut  pierrc>cntrclcs  deuxyeux  :Se  puis  rué  par  tetrcàgrans  coups  de  hallebardes  fut  mifera- 
blem  ent  efgorgc  par  ces  meurtriers,  crians,  Victoire,  Vi&oire,  Viue  le  Pape,lcur  Capitai- 
ne eftmort.  Ils  manaercrent  pareillement  le  feruiteur  dudit  Gentil-homme,  &  lièrent 
enfemble  les  deux  corps,  Se  les  trainercnc&ietterent  en  l'eau  auec  les  autres.  Qupyfait 
"Onlehô-  laiiranslesaffiegczenladitemaifon,Uleurfouuintdufufdit''Imprimcur,&vontdroità 
moit&ii.   iàmaifom&letrouuansauli&mortclducoup  de  hallebarde  qu'il  auoit  receu, comme 
ISijRlChc  ^Jt      ilsl'acheucrent  de  meurtrir: Se  trainerent  au/fi  fon  corps  en  Iariuierc.  Ils  prindreç 
fa  femme  eftantprefte  d'accoucher  :1a  tuèrent,  Se  pillèrent  tout  le  bien  de  la  maifon. 
^  Vn  Efpinglier  pareillement  quieftoit  de  f  Eglife  reformée,  Se  toute  ùl famille,  fut  prins 
par  ces  voleurs:  mais  il  efchappa  miraculeufement  de  leurs  mains.  Sa  femme  Seù.  fille 
menées  à  la  riuiere,  après  les  auoir  liées  l'vn  après  l'autre  par  les  pieds,furent  iettees  viues 
cnlariuiere.  ^  Delà  vont  au  logis  d'vn  Efleu  delà  ville,  forcent  fa  maifon,  defrobet  pour 
plus  de  huit  cens  liures  de  bagues  àla  damoifelle  (à  femme:  pillée  Se  butinée  tout  ce  qu'ils 
trouuét:  Se  befoin  fut  audit  Efleu  defe  fauuer  pardelfus  là  maifon  chez  quelques  voiûns 
quiluy  eftoyent  aucunement  amis,encore  qu'ils  fuflent  d'autre  religion.  ^  La  femme 
d'vn  Médecin  qui  auoit  fa  maifon  prochaine  de  celle  dudit  Efleu ,  cepédant  qu'on  faifoit 
M  h  ucs   ccs  outragcs»Pcn^nt  °ftCT  &  fouuer  ce  que  Dieu  luy  auoit  dôné  d'argent ,  eft  (aille  de  ces 
irhicr.      garnemens,  qui  luy  couppent  la  gorge  en  la  prefence  de  deux  fiennes  fillcs,la  defpouillct 
toute  nue,  l'cxpofenten  opprobre  publique  Se  font  vilenies  horribles  à  reciter  :  prennent 
l'vnc  d'icelles  filles  Se  la  meinent  prifonnicre,  cependant  que  les  autres  trainoyent  la  po- 
ure mere  liée  par  lecol  àla  riuiere  pour  accompagner  les  autres.  &ne  fçait-on  que  deuint 
l'autre  defdites  filles.^*  En  ces  entrefaites  vne  partie  de  ccfte  racaille  fort  hors  de  la  ville 
au  faubourg  SaincVper,  aflîeger  la  maifon  d'vn  poure  Boulenger  qui  auoit  toufiours  af- 
fifté  aux  prêfchcs  &c  exhortations.  Il  fe  défendit  vaillamment:  mais  en  fin  il  fut  prins  a- 
uec  fa  fem  mc,&  tous  deux  meurtris  &trainez  en  vn  pré  pour  eftre  pafture  aux  corbeaux, 
par  ce  que  la  riuiere  eftoit  trop  loin  de  la  maifon.  En  ce  dernier  exploiét ,  la  nuict  failît  ces 
brigans,&fc  retirèrent  en  la  ville  :Se  comme  Jaflcz  en  leurs  cruautez ,  lauTercnt  treues 
aux  fidèles  la  nuid  feulement. 

L  e  lendemain  quieftoit  Lundy,des  cinq  heures  du  matin  reuenans  à  la  befongnc,cô- 
meneen  ta  la  maifon  d'vn  menu  fier  qui  auoit  fait  la  chaire  du  Miniftre,  pillent  &:fâcca- 
gent  fa  maifon ,  le  tuent  Se  trainent  à  la  riuiere .  Puis  s  adrcfTcntaux  raaùons  du  Procu- 
reur 


Le  mœffacre  d&jide/ej  de  Sens.  jg8 

reurduRjtyduPreuoftdela  ville,dcrEnquen^ur  fon gendre,du  fieurde  Villabertgcn-  Lct maifô4 
tiMiommequiauoic  logéleMiniftre,  DelafofTc  aduocat,  Eftiennc  penon  procureur  ^xlT 
audit  ficgc,Ducoin  receucur  du  Cardinal  de  Chaftillon  en  fon  Abbaye  de  Saind  lean  ci 
faubourgs  duditSenSj&quclquesautrestpillét&fourr'agcnt  les  maiibns  des  fuldits:  blef- 
fonc  deux  cnfans  malles  dudit  Preuoft.  bref,ilsnelaifléntfincn  ce  qu'ils  ne  pounoyent 
exécuter  ou  emporter.  e  mefme  iour  enuiron  les  dix  heures  du  matinée  fufdit  Lieu- 
tenant criminel,  accompagné  du  Preuoft  des  marefchaux ,  va  par  la  ville  &:fait  defenfe 
parle  Roy  que  Ion  n'ait  A  piller  ne  fàccager  maifons  fur  peine  de  lahart,  mais  bien  d'ap- 
prehender  les  Huguenots  pour  les  mettre  en  prifbn,&:  cognoiftre  en  iufticc  de  leur  fai&. 
La  commune  après  ccfte  publication  derechef  icnna  le  tabounnôt  quant  &:  quant  le 
tocfin:&:  alla  forcer  la  maifon  d'vn  Archer  du  Preuoft  des  marefchaux,lequel  après  auoir 
fouftenu  leurs  efforts,  il  efchappale  danger  de  mort  par  eftre  mené'  prifonnier:  là  maifon 
fut  pillée  commedes  autres,  nonobftat  la  defenfe.  ^De  là,  prennentleur  chemin  vers 
la  maifon  de  la  vefue  du  feu  Houdart  en  ion  remps  aduocat  du  Roy  :  entrent  dedans  /ans 
reiiftencc  aucune:  defrobbent  &:  fourragent  par  tout,emportent  le  blé  du  grenier  à  plei- 
nes fâchées  :  iettent  es  rues  ce  qu'ils  ne  pouuoycnt  emporter  à  faute  de  lacs.  Plu  fi  eu  r  s  au- 
tres maifons  furent  traittees  de  mefme,&:ma0acroycnt  comme  auparauant  aucuns  in- 
cognus  de  nom  à  celuy  qui  a  veu ,  rapporté  &  efent  ces  chofes.  ^  Ils  n 'épargnèrent  vn 
bon  vieillart  procureur  en  Cour  d'Eglife,  homme  neantmoins  bien  eftimé ,  &c  tafeherée 
de  le  tuer,  mais  il  efchappa  par  le  moyen  de  quelques  tiens  voifins  &:  amis  :  &c  fa  maiibn 
fut  pillée  &:  faccagec  comme  des  autres  :  &:  en  icelle  fut  acheuee  la  iournee  de  ce  Lundy. 

L  e  Mardy  eniuyuant  deux  frères  quinquailliers  furet  pillez:plufieurs  armes,  harnois, 
&  choies  de  leur  eftat  de  quinquaillerie  furent  emportées  &mifes  à  l'abandon.  Ce  mef- 
me iour  enuiron  midy  attendant  vne  heure, ceft  Archer  donta  efté  parlé ,  eftant  amené  Va  Arcljer 
dcsprifonsdcuantla  place  faindEftienne,cjui  eftvnlieu  publique,  illccfut  mafTacré  ^crécî 
par  lafuidite  populace.Celafait,ils  delibereret  d'aller  derechef aflaillir  ceux  quis'eftoyét  place  pubu 
retirez  en  la(ulditemaifbn,&y  tenoyentfort:  defortequequand  celuy  qui  aredigé  par 
eferic  ces  mémoires,  partit  des  faubourgs  de  ladite  ville  de  Sens ,  ce  peuple  eftoit  encore 
autant  altéré  du  fangdes  pourcs  fidèles  que  du  commcncemcnt:faifant  tel  guet,&  telle- 
ment tenant  les  portes  fermées  qu'il  n'eftoit  poflible  défaire  fortir  aucun  defdits  fidèles: 
&:  encores  moins  de  leur  donner  fecours. 

flTpSOES  nouuellesdecemairacrc  horrible  en  furent  apportées  au  Prince  de  Condé  e- 
g^g|ftant  à  Orléans,  qui  n'oublia  rien  de  fon  dcuoir,ni  de  diligence  qu'il  auoit  promife  Lettres  Je 
po"urlacaufedcrEuaneile:&:dcpcichaincùntinêt  lettres  à  laRoinemereen  la  façons  î:ou>,s  Je 

*  >•  ■»  r  t  /  i  11  •   i  t    ■  Bourbon 

ftil  qui  s  enfuit:     Ma  d  ami  ,  le penfoyc,  veu  les  troubles  qui  depuis  peudeioursont  prince  Je 
Commencé  à  s'efmouuoir  en  ce  Royau  me  à  caufb  de  la  Religion,  que  la  déclaration  qu'il  Condc,i  h 
a  pieu  à  voftre  Maiefté  faire  dernièrement  publier,  pour  l'obfëruation  &:  enttetenement  *ouiemclc 
del'Ediddumois  delanuier,  deuftferuir  de  bride  aux  perturbateurs  du  repos  public: 
Et  qu'y  voyans  le  feu  défia  par  trop  allumé,chacun  fe  mettroit  pluftoft  en  peine  d'appor- 
ter les  remèdes  pour  l'amortir,que  de  recercher  les  occafions  de  l'enflammer  d'auantage. 
Mais  à  cequeie  puis  cognoiftre,la  malice  des  hommes  eft  tellement  accreuë ,  qu'il  fem- 
ble  qu'ils  foyent  maintenant  paruenus  au  comble  de  leur  mal-heur ,  pour  en  receuoir  v- 
necondigne  vengeance &c  iuftepunition  deDieu. Et  defaid,  Madame,  quandvous  au- 
rez entendu  le  piteux  maflacre  nagueres  com  mis  en  la  ville  de  Sens,  fur  vne  grade  quan- 
tité de  pourcs  gens  faifans  profefnon  de  l'Euangile ,  dont  la  cruauté  n  eft  moins  horrible 
à  efeouter  que  le  faid  eft  inhumain  &c  barbare  :  ainfi  que  plus  amplement  voftre  Maiefté 
verra,s'illuyplaift,parledifcourscy  enclos,  lequel  le  vous  cnuoye.  Iem'ofebien  tâtpro- 
mettre  de  la  bonté  de  voftre  naturel,  qu'outre  le  defplaifir  que  vous  en  refendrez ,  ôl  re- 
mémorant les  ades  precedentes,cela  vous  faire  bien  iuger  quelle  feureté  chacun  doit  at- 
tendre des  doulces&  emmiellées  parollesque  l'on  nous  donne:  tellement,Madame,que 
ne  pouuant  moins  faire  que  de  treshumblcment  vous  en  prelenter  les  plaintes ,  &c  en  re- 
quérir vne  équitable  iuftice,  ie  fuis  contraint,  &à  mon  trefgrand  regret,  devousdire, 
Qu'il  eft  à  craindre,  fi  elle  nous  eft  déniée  &:  du  Roy  &  de  vous,  a  caufé  des  obftacles  qui  La  clameur 
vous empefehent  d'y  prefter  la  main  viue&: forte,  que  la  clameur  du  fang  innocent  ne  dufàngin. 
penetrefiauantiufquesau  ciel,  que  Dieu  en  fon  courroux  ne  face  tomber  fur  ce  poure  net^ayT" 
Royaume  la  calamité  &c  defàftrc  dont  tous  les  iours  il  eft  menacé.  A  cefte  caufb,  Mada-  ciel, 
me,  ie  vous  fupplie  trcshumblementjapres  auoir  reprefenté  deuant  les  yeux  tac  d'aduer- 


ti<Tctncns<k  tels  m&eables  fpe&ackf ,  &  confidcré  la  patience  que iufques ia  i on  a  eue 
pour  le  relpc&&or>eiûrance  que  nous  deuons&  voulons  porter  à  vos  Majorez  de  la- 
quelle ilatoufiourseftéabufé:  voftre  plaifirfoit  en  ccft  endroit  faire  paroiftre,  que  vous 
voulez  vos  Edi6tsauoirlieu,&cftrcrigouxcufementexecuteziûsvosiubieâs  infra&curs 
driceux.  Si  que  la  confpiration  dclaruinede  Yoftreeftat,quifous  ce  pretextefe  bralTe,  ne 
trouuc  point  tant  de  complices  &  fautcurs,que  par  la  iuftice  jdvne  caufe  tant  fauorable 
vous  nepuiflîczauoir  des  prote&curs:  &fâifant  reparer  &c  corriger  des  meurtres  fi  exécra 
blesfc  cnormes,prcparcrlcchemin  que  la  licence  ne  foit  point  baillée  en  France  défaire 
furmonter  la  raifon  par  la  force.  Qui  fera  vn  moyen  de  dompeer  tels  efprits  furieux,  ren- 
dre vos  Maieftez  obeyes,&  remettre  voftre  peuple  en  paix:  autrement,Madame,la  cho. 
fe  tire  vne  telle  confequence  après  foy,  que lafin n'en  peut  eftrc  que  déplorable.  &cipe- 
rant  que  voftre  Maiefté  y  fera  pouruoir  U  donner  ordre.  Efcrit  à  Orléans  ce  is>.iour 
d'Auril,  m.d.l  x  1 1. 


'    CHARLES    ELINCK, de  Honfcot>  en  la  bafîe  Flandre. 

C  E  que  lapoefie  ancienne  a  mis  en  fable  du  changement  &  transformation  des  perfonnes  5  fe  peut  au  vray  re- 
cognoiftre  &  remarquer  en  ces  hilrot  res.  à  fauoir  d'hômes,deuenus  loups  enragez  contre  la  parolle  de  Dieu: 
&deplufieursdiffolus&  abandonnez  comme  belles,  conuertis  en  agneaux  par  la  mefmc  Parolle;  dont  les 
exemples  font  ici  tout  manifeftes. 


Du  Doyen 
deReaay& 
de  bref pon 
fc  faite  a  vn, 
Preuoft. 


^ITELMAN  Doyen  de  Renay  fouuent  nommé  és  hiftoires  précédentes, 
*  pourfuyuoit  la  chalïc  des  poures  fidèles  en  fa  foreft  del'Inquifition  de  Flan- 
dre,commcvn  loup  acharné  au  fang  des  brebis.  Ceftdeluy  qu'on  recite, 
qu'vn  Preuoft  des  marefehaux  audit  pais  fe  trouuanç  en  fa  connpagnie,luy  de^ 
manda  s'il  ne  craignoir  quelque  mauuaife  rencontre,  fipeu  accompagne  qu'il  eftoit:  Il 
luyrefpondit,  que  non,d  autant  qu'ilauoitàfaire  à  bonnes  gens .  Siainfieft,dit  lePre- 
uoft,quevousayczàfaircaux  bons  &moy  aux  mefohans,  tout  palTerapar  nos  mains. 
Ainfi  eftoit  ledit  Inquifitcur  en  horreur  aux  plus  fanguinaircs .  Cardés  qu'il  ehtendoit 
qu'vneperfonnechangeoitdcvic  pour  s'adonner  au  bien,par  la  cognouTancedelaParol 
le  régénérante,  foudain  il  accouroit,pour,ou  le  diuertir,  ou  l'eftrangler  &  l'ofter  du  mL 
lieu  des  autres.  11  eftoit  fort  après  ceux  de  Honfcot ,  &:  attira  en  ce  temps  fous  fes  griffes 
CliarlesElinck  ieune  homme  dudit  licu,depuis  auoir  efté  reformé  à  pieté  &c  honnefteté: 
àc  le  fi  t  mettre  en  fond  de  fofTe,où  il  trem  pa  long  temps.  Apres  cela ,  il  mit  toute  diligen- 
ce à  le  trauailier  &  moleft  er  par  demandes  ôcdilputes,  pour  le  diuertir  &  faire  rcuenir  à  la 
fynagogue  Romaine:  mais  ce  fut  en  vain.  Car  le  Seigneur  donna  fi  bon  preferuatif  à  ce 
fien  (bruiteur  voguant  en  ce  flot  périlleux,  qu'il  demeura  confiant  fans  flefehir,  tellcmét 
que  tous  ceux  qui  luy  furent  oppofez  aduerfaires  ne  gaignerent  rien  fur  luy ,  ne  la  pnfon 
longue&  durc,ne  les  fophiftcries,ne  menaces.  Sa  confeflîon  de  foy  &  toute  la  procédure 
qu'il  cutauec  ledit  Inquifitcur,  &  quelques  Confeilliers  de  la  Chambre  prouinciale  de 
Gand,en  prefence  du  Magiftrat  de  Honî'cot,à  efté  extraite  des  efents  propres  du  prifon- 
nierenuoyez  aux  fidèles  dudit  licu,contenans  en  fomme  ce  que  s'enfuit: 

Pv  i  s  qu'il  nous  eftcommâdé  en  la  fain&eEfcriture,trcfchers  frères  au  Seigneur,  que 
Confcfsion  nous  confeffions  le  nom  de  Dieu  librement  deuant  les  Rois  &  Magiftrats,&:  querendiôs 
iudiciairede  raifon  de  l'cfperance  qui  eft  en  nous:  le  veux  appeler  Dieu  feula  mon  aide,  afin  queie 
Charles,     vous  piiiffe  mander  ma  Confeiîîon ,  laquelle  iay  faite  eftant  conftitué  deuant  les  luges, 
pour  niftification  de  ma  foy,&commeic  l'ay  faite  en  vérité ,  quelq  fi  m  pie  &c  petite  qu  el- 
le foit.  le  vous  recircray  donc  le  plus briefuement  queie  pourray,  comment  &dcquoy 
J'Inquifucur&:  deux  CôfeiliicrsdeGand  m'ont  interroguédeuât  lés  Seigneurs  dcHon- 
fcot,&.  ce  queie  leur  ayrefpondu.  ^En  premier  lieu  me demandans  fi  iecroyois  enl'e- 
gli(eRornaine?Ierelpondùquenon:maisen  Dieu, me  tenant  à  fa  feule  parolle .  Car  fiie 
croyoïsen  i'eglife  Romaine,  i'aurois  vn  fondement  fort  foible  fit*  de  peu  de  durée  au  re- 
£&.4  «.     gardde  Dieu  &  de  fa  parolle  qui  demeurent  éternellement.  D.  Qu'eftimez-vou$  delà 
Deut.i.zs  Cene  du  Seigneur  ?  ij*.  Mcu*îeurs,vous  m'interroguez  du  fommet,  deu  ant  qu'auoirf  arié 
1J         du  fonde  ment.  Nous  en  parlerons(dirent-ils)puis  après:  mais  pour  le  prêtent,  dites-nous 
il  vous  croyez  que  les  Apoftresayent  mangé  lachairdelefusChrift,  &bcu  fonfàng? 

Ic 


Qjarles  Ehnck.  s  99 

y..  Ieicurdy  dcrechef,quebaftirletoicldeuant  qui*auoirpofe  aucun  fbndemcnr,eft 
baftirduhautenbas.  D.  Mais,nous  demandons  ce  que  vous  eftimcz  delà  Cene  du  DckCeBe# 
Seigneur,  le  tiens  la  Cenc  pour  vn  ligne  de  l'Alliancc,&  vn  feau  de  la  grâce  de  Dieu, 
confermeeen  la  more  de  Ton  Fils,  pourvnfaintt  vfàge,anauoirpour  lafouucnance  de  fà 
inort.  D'autant  que  nous  fommes  infirmes ,  le  Seigneur  a  voulu  fecourir  à  noftre  infir- 
mité, &c  nous  laifîer  les  Sacremens  pour  confermer  noftre  foy  débile ,  &;  rafraifchir  la  me* 
moircu, 

D.    Ne  croyez-vous  pas,  que  Iefus  Chrift  a  donné  fa  chair  à  manger,  &c  fon  fang 
à  boire  à  Ces  Apoitres?    y..    Ouy  bien, Mefsieurs ,  mais  d'vne  autre  façon  que  voustic  Manger  fpi 
penfcz.can'entensd'vn  manger  fpiritucl,  qui  Te  fait  par  la  foy,  tellement  qu'il  n'y  faut  rima- 
pas  apporter  vncftomacaf&mé,  mais  vne  ame  affamée  &:  altérée  ,  qui  defire  deftre&: 
repeuë,&abbreuuecàlavieeternelle,  parles  meritesde  Iefus  Chrift,  lefquelles  il  a  ac- 
complies pour  nous  en  là  chair.  &c'eftla  vraye  manducation  du  corps  &  fang  de  Iefus 
Chrift, laquelle  ierecognois  en  la  Cene.    D.    Ne  confefTez-vous  poiflr,  que  Iefus 
Chrift  foit  auec  chair  ôc  fang,  au  Sacrement  de  l'autel  ?    çt.    Mefsieurs*,  i'aime  mieux 
croire  au  faincl:Ef  prit,  parlant  par  la  bouche  de  fàind  Pierre,  qu'il  faut  que  le  ciel  1ère.  CnrifttnOB 
oiue,iufqucsautcmpsdela  refticution  de  toutes  chofes.  Ce  qui  eftaufsi  compris  au  téaua«i. 
ymbole,  où  nous  difbnsque  Iefus  Chrift  eft  monté  au  ciel,  &:  qu'il  n'en  retournera  a&.j.u 
point  iufques  au  dernier  ingénient^  Car  commeil  eft  monté  vifiblement ,  aufsi  rerour- 
nera-il  viiiblement,  félon  la parolle  de  l'Ange.  Partant,ie  nie  dutoutee  retour  inuiûble  Aft.i.n. 
de  Ief  us  Chrift  Mais  ie  vous  prie  Mefsieurs,comment  voulez-vous  qu'on  mange  le  corps 
du  Se  igneur  en  la  Cene,eft-ce  charnellement  ou  fpirituellement  ?  Sur  cecy  fe  teurent-ils 
longtemps,  nefachans  querefpondre. 

A  la  fin  de  tat  d'interrogation  diuerfes,il  y  eut  vn  Cofeillier  de  Gand,qui  dit,Il  ne  faut 
pas  que  vous  nous  inteiroguiez,  mais  que  nous  vous  interroguions.  Mefsieurs  (di-ie) 
vous  m'auez  dit  que  vous  me  vouliez  inftruire,  &:  ainfi  ie  defire  fauoir ,  comment  on 
mange  le  corps  de  Iefus  Chrift,  intérieure  ment  par  la  foy ,  ou  extérieurement  de  la  bou- 
che &c  des  dents. Sur  cela  l'Inquiû"  ;cur  commença  de  répliquer  auec  beaucoup  de  parol- 
les.  la  fomme  fut,  qu'il  vouloit  dire  que  nous  mangions  le  corps  de  Chrift  en  deux  for- 
tes, afTauoir, fpirituellement &:  charnellement.  Surquoy  ie  luy  refpondi,que  ie  n'ad- 
mets aucune  tran/ïubftatiation  aupaimmaisi  entens  les  parolles  de  Iefus  Chrift,  Prenez 
mangez  (cecy  eft  mon  corps  )  comme  parollesSacramentalcs .  car  fi  la  tranfTubftantia- 
tjon  eft  véritable,  la  Cenc  n'eft  plus  Sacrement  :  comme  faintt  Auguftin  eferit,  Oftez  la 
fimilitude  ou  fcmblancc,&:  ce  n'eft  plus  Sacrement.  Et  derechef,  quand  il  dit,  Que  la 
parolle  foit  adioufteeà l'Elément,  &  ce  fera  vn  Sacrement.  Vn  Sacrement  donc  confi- 
fte  en  deux  chofes,  aflauoir,la  parolle  &:  l'Elemenr.Car  quand  il  dit  que  la  parolle  foit  ad- 
ioufteeà l'Elément,  le  mot  (adioufter)  n'ofte  point  l'Elément,  mais  requiert  qu'il  y  foit, 
pour  y  ioindre  la  parolle.  Quand  nous  croyons  quela  nature  diuine  de  Chrift,  a  efté  cô- 
ioin&eàlanarurehumaine,&:  que  par  ainfi  il  fbitvray  Dieu&vray  hommes  dirons-nous 
pour  cela,  quela  nature  humaine  foit  changée,  tellement  qu'elle  ne  foitplus?  Sur  cecy 
melaifTerent,&:  me  firent  emmener. 

Environ  fixfepmaines après, vint  derechef  l'Inquifiteur  auec  le  Magiftrat  &les 
Preftres  de  Honfcot,  &:  plulieurs  autres  q  ie  ne  cognoflbis  point,  &c  derechef  on  m'inter- 
rogua  en  cefte  façon.    D.    Eftes-vous  encore  de  cefte  intention,  dont  vous  eftiez  lors 
que  nous  vous  lailTafmcs?&:  voulez-vous  demeurer  obftine'  en  voftre  opinion?  fy.  Met- 
ficurs,  i'ay  toufîours  traitte  auec  vous  par  la  parolle  de  Dieu  :  &c  fi  vous  mepouuez  mon- 
ftrer  chofe  meilleure ,  i'adhereray  à  voftre  do&rinc  :  car  ie  ne  pretens  fbuftenir  aucune 
opinion  eftrange.    D.    Voulez-vous  eftre  le  plus  fage  de  tout  le  monde?    çt.  Mef- 
fieursjienem'eftime  pas  fage:  car  ma  fàgefîec  eft  Iefus  Chrift  mefmc.  Et  la  fagefîe  du 
monde  eft  foliedeuant  Dieu.     D.    Où  aunez-vousapprinsrEfcriturefainde,&  com- 
ment le  pouniez-vous  fauoir,qui  n'eftes encore  qu'vn ieunc  enfant?  Il  eft  vray, 
Mefsieurs,que  iefuis  bien  ieune:  mais  quand  il  plait  à  Dieudebefongncr,  il  n'aefgard 
n'a  ieunefle  n'a  vieillefle  daage  .  Partant  ne  mefprifez  point  ma-  ieuneiTe ,  mais  ayez  loeUatf 
pluftoftfouuenancede  la  Prophétie  de  Ioel,  qui  a  prédit,  Que  és  derniers  temps,  il  AajI7* 
fera  donné  aux  ieunesde  prophetifer .  Elles  Iuifs  ont  ainfi  rcierté  noftre  Seigneur  le- 
fusChrift,lors  qu'il  expofbic  rÈfcriture,reftimans  indo£te,comnie  fils  d'vn  charpentier. 

Ili.i. 


Lime  VIL  Charly  Elinck. 

Partant  ne  faut-il  pas  iuger  félon  l'apparcncccar  on  s  y  abuferoit  ainfî  fouuentesfois. 
De  ron-      D.  Ne  croyez-vous  pas  quelafain&e  Onction  foit  vn  Sacrement?  Ncnny,Meflîeurs, 
ftion.      carl^{age  de  l'Onction  qui  eftoit  du  temps  des  Apoftres,n'ariende  femblable  aueevo- 
ftre  huile,  veu  qu'ils  en  vfoyent  feulement  pour  la  guerifon  corporelle  >  &c  non  de  lame; 
au  contraire  vous  vfez  de  la  voftre,  non  pour  la  guerifon  du  corps ,  mais  de  l'âme .  Car  fi 
vous  penfez  que  ceux  que  vous  engraiffez  ne  deuffent  à  Imitant  paffer  le  pas ,  vous  ne  les 
Baptême,  engraifleriezpas.    D.    Croyez-vous  queleBaptefmeofte le  péché  originel,quenous 
auons  d'Adam  ?  b/.  le  ne  crois  pas  que  le  lauement  extérieur  ofte  le  pèche'  originel ,  ny 
aucun  peché,mais  bié  Iefus  Chrift,qui  aefpâdu  Ton  iang  pour  lauer  nos  péchez:  car  l'eau 
qui  ne  nettoyé  qu  exterieuremét,nous  fignifie  q  nous  fommes  nettoyez  intérieurement 
en  nos  amcs,par  le  fang  de  Iefus  Chrift.    D.    Combien  croyez- vous  qu'il  y  ait  de  Sa- 
cremens?  Deux,  affauoirle  Baptême  &:  la  Cene:  lefquclsi'ay  en  grande  reueren- 

ce.  D.  Vous  ne  croyez  donc  qu'il  y  ait  feptSacremens.  m.  Non,Melsicurs:aufsi 
ne  le  pourriez-vous  monftrcr  par  fEfcriture.  D.  Ne  croyez-vous  pas  que  lesPreftres 
Abfoiution.  ayCnc  pUiffancc  de  remettre  les  péchez?  y..  Nenny,Mefsieurs.  Mais  ie  croy  que  les 
Apoftres,  qui  cftoyent  cnuoycz  de  Iefus  Chrift  pour  preicher  l'Euangile,  auoyent  la 
puiirance  de  remettre  les  péchez  au  nom  de  Iefus  Chrift.  Mais  quant  aux  Preftres,ie  ne 
croy  pas  qu'ils  ayentceftepuùîance,  veu  qu'ils  ne  font  pasenuoyczde  Chrift,  &c  nepre- 
Confusion.  fciient  pas  cn  fon  nom.    D.     A  qui  croyez- vous  donc  qu'il  faut  conreifer  iespechez? 

Iefus  Chrift  dit,  Venez  tous  vers  moy ,  qui  eftes  trauaillez  &  chargez ,  &  îe  vous 
foulageray.  Neantmoins  ie  me  veux  bien  reconcilier  aucc  mon  frère,  félon  le  comman- 
dement de  Chrift,  quand  iel'ay  ofTenfé.    D.    Ne  croyez  vous  pas  que  le  Pape  de  Ro- 
LcPa      m  efoit  vicaire  de  Dieu?    y..    Mefsicurs,ie  croy  que  le  Pape  foit  l'Antechrift,  qui  s'op- 
aF    pofe  à  Iefus  Chrift.    D.    Ne  croyez-vous  pas,  qu'il  foit  fucceffeur  de  fainft  Pierre? 

b/..    Nenny,ôf  ne  fay  pas  mcfmes  que  fainct  Pierre  ait  iamais  prefchéàRome,beau- 
Purgatoire.  COUp  moins  qu'il  ait  cfté  Pape.  D.  Ne  croyez-vous  pas  qu'il  y  ait  vn  Purgatoire?  B/.  Ic 
croy  que  le  fang  de  Iefus  Chrift ,  foit  le  vray  purgatoire,  par  lequel  tous  nos  péchez  font 
SaS  purgez  &  effacez.    D.    Ne  croyez-  vous  pas  qu'il  faut  inuoquer  les  Sain&s,  à  fin  qu'ils 
prient  Dieu  pour  nous  ?    b/.    Sainct  Ican  dit,  Enfans,fi  quelcun  a  péché ,  nous  auons 
i.ieanx.i    Vn  fidèle  Intcrcefleur  enuers  lePcrc,  affauoir  Iefus  Chrift.  Saind  Paul  dit,  qu'il  y  a  vn 
i.Tim.z.f.  moyenneurcncreD]|eu5(r  les  hommes ,  affauoir  Iefus  Chrift  homme.  Quiconquedonc 
Mêmes,    cerche autre  aduoeat,  celuy  priue  Iefus  Chrift  de  l'office  qui  appartient  à  luyfeul. 
Rom.j  i8.      d     Nccroyez-vous  pas  qu'on  mérite  en  fanant  des  bonnes  œuures?    b/.  Nenny, 
Rom  n  ff"  veuquel'Efcrituredit,  qu  Abraham  a  creu  à  Dieu,  &  qu'il  luy  a  efté  réputé  àiuftice.  Ec 
Bônes  œu-  l'homme  eft  iuftifié  par  la  leule  foy,  fans  les  œuures  de  la  Loy  :  car  ie  dy  auec  faind  Paul, 
lIrcs*        que  fi  mérite  eft  mente,  grâce  n'eft  pas  grâce.    D.    Pourquoy  donc  faut-il  faire  bônes 
œuures ,  puis  qu'on  ne  mérite  rien  par  icelles?    b/.    Pour  monft rer  noft re  foy ,  laquelle 
fans  les  œuures  eft  morte.  Secondement,  pour  monftrernoftreobeiiTance,laquclle  nous 
deuons  à  Diéu,pour  les  bénéfices  qu'il  nous  a  fait  en  fon  fils.Tiercemét,  pouree  qu'elles 
font  profitables  à  noftre  prochain.  A  telles  fins  faut-il  faire  les  bônes  œuures. Or  quicon^ 
que  veut  entrer  au  ciel  par  bonnes  œuures,  il  eft  larron  Se  brigand  ,  car  iln'entre  point 
Différence  par  levray  huis ,  qui  eft  Iefus  Chrift.    D.    Eftimez-vous  des  iours  l'vn  aufsi  bon  que 
aeviandes  l'autre  :ô£  ne  faites  vous  point  confciencc  de  manger  de  lachairen  vn  vendredy? 

çt.    le  ne  fày  aucune  différence  des  iours ,  fors  lèulement  du  iqva  auquel  ie  ceffe  de 
mon  labeur ,  pour  me  trouuer  en  l'Eglife  de  Dieu ,  pour  ouir  fà  parolle,  Se  pour  m'excr- 
cer  tout  le  iour  en  les  fain&cs  ordonnances ,  combien  quecela  le  puiffe  &  doiue  aufsi  fai- 
re tous  les  iours.  Mais  de  défendre  de  manger  de  la  chair  au  vendredy ,  ie  l'eftimc  eftrc 
i.Tim  4.3.  diabolique,  de  charger  ainfi  les  confeiences,  comme  faintt  Paul  recite  des  faux  Prophè- 
tes qui  viendront  aux  derniers  tcmps,5£  défendront  le  mariage  ôdes  viandes, combien  q 
toute  viande  foit  nctte,cftât  prinfe  auec  a&ion  de  grâce.  Iefus  Chrift  dit  aufsi, que  ce  qui 
Le  Ma      entre  en  la  bouche,  ne  pollue  pas  l'homme.    D.    Ne  croyez-vous  pas  qu'il  y  ait  queL 
ftrat.  *    queMagiftratau  mondc,&:  n'en  voulez  vous  pas  auoir?    b/.    Mefsieurs,  Ierecognois 
Rom.13.    ]e  Magiftrat  pour  Miniftre  de  Dieu  qui  ne  porte  pas  le  glaiue  en  vain ,  mais  pour  punir 
les  mauuai5,&  défendre  les  bons.  le  me  veux  aufsi  volontiers  affuiettir  auMagiftrat  &C 
tout  ce  qui  eft  de  raifomrecognois  aufsi  mô  deuoir  eftre  de  m  affuiettir  voire  prier  pour  le 
j.Tim  i.    Magiftrat,  à  fin  que  nous  puifsions  (  comme  dit  iàincYPaul)  mener  vnc  vie  paifible 

en  toute 


Qiarles  Flinck.  600 

en  toute  fiiin  àeté.  Partant  quiconque  refifte  au  Magiftrat,  il  refifte  à  lordoiinarice  de 
Dieu.  D.  Ne  croyez-vous  pas  que  les  enfans  qui  meurent  fansBaptefme  foyentdam-  bîSSn? 
nez?  ijt.  Nenny:  Caricneconftituepasleiàlut  auBaptefmc,  autrement leroyc-ie ido- 
lâtre comme  vous.  Car  Abraham  n'a  pas  efté  iuftifié  en  la  Circoncilîon»  mais  au  Prépu- 
ce^ reccut  la  Circôcifiqn  comme  vn  l'eau  de  la  îuftice  de  fay  fVoicv  mes  rreres,en  bref 
ce  que  i' ay  conreffé  par  dèux  fois  deuanr  le  Magiftrat,&  elperc  dé  petfifter  en  celle  con- 
feflîon ,  dont  Dieu  me  face  la  grâce  par  Ion  faine*  Efprit,  Amen.    Charles  Elinck. 

Svk  cecy  les  frères  de  Honfcot  leconlblerentpar  lettres,  lcprians.&cxhortans  qu'il 
perfiftaft  vaillamment  en  la  confeflion  de  fa  fôy.L'Inquifiteur  donc  èc  les  autres  ennemis 
delà  vérité  vOyans  qu^lnçpouuoiteftredeftburnéd'iccll^foy)  par  aucuns  afîàuts,  mais 
perfiftoitdc  plus  en  plusje  condamnèrent  finalement  commeheretiquc&  lciiufçrcnc 
au  bras  feculier.  Il  ne  s'eftonna  point  pour  cela,  ainscercha  déplus  en  plus  à  glorifier  le 
Seigneur Iefus parla  mort.  Finalementayantentenduqueletcmpsdelà  deliutanceap- 
prochoit,cfcriuit  à  l'Eglifc  de  Honfcot  en  cefte  fortei 

Ap  k  e  s  toutes  Chrefticnnesrccommandations,mestrefchcrsfreres,il  vous  plaira  fa- 
uoir,qnei'ay  receu  voftre  lettre,  laquelle  m  a  donné  îoyc&conlolation  en  mes  liens  6c 
affligions:  vous  merciant  de  cequ'auez  eu  fouucnancede  m  oy  en  vos  prières.  le  prieray 
aufli  le  Seigneur  au  milieu  de  mÔangohTepour  vous,  temaffeure  qu'il  nous  exaucerais 
Ion  fa  mifericordc,&  nous  dcliurera  détoures  rtos  angoiiîes.  Car  comment  nauroit-il  pi-  Rom  ^ 
tiédenous,veu  qu'il  nous  areceusen  grâce,  lors  que  nous  eftions  encorcs  fes  ennemis?  co™£° 
Et  comment  ne  nous  exauceroit-il  point,  puis  que  nous  fommes  maintenâtfcs  bien-ai* 
mez  en  Iefus  Chrift,nous  ayant  tirez  des  ténèbres  &  erreur s,cn  l'admirable  lumière  de  fa 
vérité  ?Partantpuis-iedire librement  auccDauid,  Le  Seigneur  eft  mon  refuge, &mon   C*UI  * 
defènfeur  :  pârquoy  ne  craindray-ic  point,  tout  ce  que  l'home  me  peut  faire.  Car  1  amour  Pfem. 
que  Dieu  a  efpandu  en  nos  cœurs  par  fon  làin&  Efprit ,  chafle  non  feulement  la  crainte 
«u  iufte  iugcment&des  menaces  de  Dieu,  mais  auflî  toute  peur  &:  oppreflîô  des  Tyrans,  i.ie»  4  i«.J 
Et  ainfi  nous  exhorte  rEcclefîaftique  ,difant,  Nccraignezpoirîtdé  la  face  des  puifTans,  EccW-4H< 
mais  combattez  pourlaveriré,iufquesàlamorr,&*Dieu  combattra  pour  vous.  Partant, 
<îi-ie,auec  fain& Paul, que  ic  fuis  certain  par  lefamcl:  Efprit,  que  nchautefle  ,nepro-  Rom.8.37J 
fondeur, negIaiue,neperù\beaucoup  moins  aucune  créature  corruptible,  me  pourrafe- 
parer  de  la  charité ,  qui  eft  en  Iefus  Chrift  nôftre  Seigneur ,  auquel  Ibit  gloire  éternelle- 
ment. Amen. 

Davantage  >m  es  frères,  afin  queiefatisfaccà  voftrc  delir,  il  vous  plaira  fauoir,q 
f  ay  fi  bon  courage  au  Seigneur,  que  ienele  fçaurois  exprimer  par  efcrit.Et  depuis  le  téps- 
que i'ây  efté  en  ces pefans liens  &:  chaines,ne  m'eft  furuenu  le  moindre  penfementde 
me  deftourner  du  moindre  article  de  noftre  Religiôn  Chréftiennc.Et  ne  puis  penfer^cô-' 
ment  it  eft  poflîble,que  l'homme  vienne  à  renier  la  vérité cegnue, pour  la  crainte  des  pei 
nés  àc  tourmens.I'ay  grand  enuic  &c  delir,  que  mon  corps  foit  prefen  té  en  làcrifice  par  le 
feu  pour  la  vérité:  ce  que  i  ay  aufsi  defiré,  tout  le  temps  de  ma  prifon.  Car  il  y  a  délia  trois 
mois,que l'Inquilîtcur,&: l'Éuefque "  miné  d'Iprc  m'ont  liliré  au  bras  fecu lier.Mais  l'eftL  "  ^  ^ufv0 
mequ'ilsmegardentfilongtemps,ponrccquciay  dit, que  s'il  y  àuoit  qtielcun  d'entre  UCâUX  Eucf 
eux  quimepuilTcmonftrerparrElcriture  faintte,  mon  tort,  ieftoyecontentd'acquiel-  «pesfoigji 
cer.Ccqueieleur  dy  ,nonpasqueiedoutaffe  aucunement  delà  doctrine  queie  main^aup,liS* 
tien(cariefuisalTeuréen  maconfeience,  qu'il  n'y  a  paiTagc  du  vieil  ou  nouueau  Tefta* 
ment  qui  foit  contraire  à  mafoy)mais  afin  qu'ils  n'ayent  de  quoy  m'aceufer  d'obftinatiô 
ou  opiniaftreté .  Or  ils  ne  difputcnt  pas  auecques  moy  par  l'Ëfcriture  fain£te  félon  que 
feroit  mon  delir  (car  ils  y  font  trefmal  fondez)  mais  auec  chaines  &:  puantes  priions,  &: 
pcnfentdcmefutmonterparcemoyen.  Maisie  mcconfîeen  Dieu,  qu'il  m  affilier  a,  &: 
qu'il  ne  permettra  nullement  que  icfoys  vaincu, ain s  me  donnera  vi&oire,  pour  mefpri- 
fer  tous  leurs  tourmens,voircmcfmcpour  magnifier  fa  veriré ,  non  feuJemét  de  bouche, 
maislafeclleraulfidé  mon  fang.Atant,mes  chers  frères,  ie  vous  recommande  à  Dieu,8£ 
àfa  parolle  de  grâce,  lequel  vous  garde  en  fa  droite  vérité,  Amen.    Enhaftelex  x  vu. 
de  Septembre, m  .d  .  l  x  i  i  .  Charles  Elihck  prifonnier  pour  la  vérité. 

Ci  champion  de  Iefus  Chrift  demeurât  ferme  &:  confiant  en  fa  confelfion,receut  fi- 
nalement lèntencede  mort,  des  Seigneurs  de  Honfcot.  Et  d'autant  qu'il  cftoitdebonne 
grâce  &  fon  couragcux,craignans  la  multitude  ils  le  firent  rtoyer  fecrettement  le  v  ni, 

IIi.il. 


Liurc^  VII.  frmçois  Varlut,(f  vîkxfDajk^ 

d'Octob.  i  yéi.  Etfelohlcurcouftumcjccprpsfutcxpofc  enfpc^acle. 


FRANÇOIS    V  A  R  L  V  T,  4e  Tournay  en  FUMv ,  &* 

ALEXANDRE    D  A  Y  K  E,  cleBrayne-lecbatteau. 

CES  deux  Martyrs  ont  elte*  exécute*  de  mort  à  Tournay  pour  la  confefsioa  de  l'Euangile/.  Jeqrs  efcritsfonB 
de  grande  consolation, &  contiennent  vne  dodrinefort  vtile  a  tous  vrais  fidèles  pour  eftre  munis/contre  les 
atfauts,quand  ils  feront  euoquéz  à  pareils  combàts,pour  eftre  tefraoins  deuant  le  monde  de  la  vente  du  Sei- 
gneur, fl  n'y  a  prolixité  en  leurs  eferits  qui  n'aîtïoh  Fruid  pour  recompeufe. 

Ngrand  avantage  fut  à  François  YarlutdeTournay  ,d'auoir  eu  vnpçrcSc 
vne  mcrcappelez  àla  cognoiflancede  l'Euâgilc,&:  dauqir  eftéentxetcnu  dés 
fon  enfanceen  la  craïtede  Dieu.  Car  citât  venu  en  aagc,il  pourfuyuitde  plus 
rçn  plus  les  moyens  de  prendre  accroiffemét  en  la  doctrine  de  l'Euangile,&: 
d^uoir,  iouiflance  des  exercices  de  pieté  qui  le  pratiquent  es  Eglifcs  reformées  à  la  paroi- 
le  du  Seigneiir.il  n'a  pas  efté  fruftré  de fes  labeurs,puis  que  l'uTue  de  (à courte  a  efté  fi  heu 
réufe,  que  d'auoir  efté  choifîde  Dieu  pour  tefmoin  de  fa  vertfé.LaifTantdoncle  heu  de  fa 
nainrance,du  confentement  de  fes  parens,  s'en  alla  vers  Honfcot  bo.urgade.de  Flandrc,où 
ayant  trauaillç  quelque  efpace  detempsà  faire  larges  qu'on  nomme  de  Honlèot,  voyant 
quetowy.pftoit  plcm  dedifTolution,fc  tranfporta  à  Francfort:  auquel  lieu  ne  s'eftancar- 
refte,vjnt  à  Strasbourg  pour  finalement  demeurera  Geneue,,enlaquellepour  gagner  fa 
vie  s'addonn  aà  faire  farges  drappees,  furmontant  par  continuelle  frequétation  des  pre- 
fches  ordinaires  les  aflaufs  de pourcté,&  les  difîScultez  queSatanaaccouftumé  de  met- 
tre au  deuant  des  yeux  depeux  qui  font  en  pays  eftrangcpour  les  diuertir&desbaucher 
de  quelque  bien.  Y  ayant  paiféqudquesanneesauec  grand  frui&,  délibéra  dechanger 
d'air,  à  raifon  des  maladies  qui  l'auoyent  débilité,  &c  lé  retira  à  Orléans  en  l'an  m.d.  l  i  x. 
fréquentant  les  fidèles  :en  l'aiTemblccdefquelsil  rendit confefsipnde fa foy  augrand  cô^ 
tentement  dctous.Lcs  principaux  de  celle  compagnievoyâs  des  dons  exquis  cneeicune 
homme  non  lcttrê,rcxnortcrent  inftamment  de  ne  ca,  her  en  terre  le  talent  qu'il  auoit 
receu  du  Seigneur,  non  pas  pou  rvfurper  chofe  qui  fut  outre  faporcee&  vocation  ,  mais 
pourconfolerceuxde  fon  pays.  Varlut  mené  d'vn  francefprit,acquielçaàce$exhortiôs: 
6c  entendant  que  le  nombre  des  croyans  lerenforçoit  en  la  ville  de  Tournay,  délibéra  s'y 
retirer  pour  aider  au  bafttmcnt  qui  s'auançoit  de  iour  en  lour.    Estant  paruenu  au- 
dit licu,apres  s'eftre  infinué  au  corps  des  fidèles ,  neceffa  par  l'efpaced'enuiron  an  &:  de- 
dTi^ïf S  mi,d  amener  les  pouresignoransàlcfus  Chriit.  Et  d'autant  qu'il  eftoit  en  fleur  d'aage,  la 
gnoiflknee  plus  part  de  la  ieunefTe  de  Tournay ,à  fon  exemples  par  fes  exhortations  ,fucnon  leule- 
deverké.    m £t  jnftruite:  mais  aufsi  des  esbats  pleins  de  vaniré  &c  fblie,furct  amenez  à  tel  ch âgeroét 
dévie,  quechacurt  en  eftoit  esbahi  :  qui  fut  caufe  qu'il  ne  demeura  guère  (ans  eftre  fur  le 
rolle  de  ceux  que  les  ennemis  del'Euângile  ont  en  haine:  &£  d'autant  qu'ils  ne  trouuoyét 
occafionl'uffifante  pour  raiTailIir,craignans  le  peuple  r  lelauTerent  pailiblciufques  à  ce 
que  la  perfccutioneftanteflcueeen  ladite  ville  l'an  m.d.l  xi.  à  caufe  que  le  peuple  s'e- 
ft  ant  amaffé  en  t rou  ppe  fur  le  marché  pour  chanter  les  Pfeau  mes  de  Dau  id  ,ils  le  cerchc- 
rent  pour  l'appréhender  cpmc  feditieux  &:  coulpable  de  cefte  efmotion.  Ne  l'ayans  trou- 
ué,le  bannirent  à  cris  publiques  des  pays  du  royd'Efpagne  ,furpeinedela  vie.  S'eftant 
abfenté:fe  retira  en  France,  lors  que  quelque  liberté  fur  ouuerte  d'annoncer  la  parollc 
de  Dieu,&  qu'au  commencement  de  cefte  année  m.d.l  xn.  l'edicldelanuicr  donna . 
permifliondecefairc.  Là  cftant  fut  exhorté  plufieursfois  par  les  Miniftres,tât  de  Rouan 
qued'Orleans,  de  s'appliquer  du  tout  àl'eftude  des  fainctes  lettres ,  pour  feruir  au  Mi- 
niftcrcdelaParolle,  veule  grand  befoin  qu'on  en  auoit  :&  que  la  grande  mohTon  re- 
queroit  tels  éfprits  débonnaires ,  pour  enfeigner  les  ignorans.  Quelque  temps  après  de- 
liberant  en  foy-mefme  de  retourner  au  pays  bas ,  pour  fubuenir  à  ceux  qui  par  fbn 
movenauoyent  efté  attirez  à  la  cognoifTance  delà  verité,vn  lien  bcau-frere,jfafœur.  &z 
quelques  amis,  qui  pour  lamcfmc  perfecution  s'eftoyent  retirez  à  Orléans,  luy  pro* 
pol'ent  ledangerauquclilfemcjttôit:  mais  refpondit,  qu'il  fefentoit  pouffé  à cefàirc,& 
qu'il  ncpouuoitrcfiftcr  àrEiprit  de  Dieu.  Partant  donc  d'Orléans  s'en  vint  vifiter  les  fi- 
dèles 


FranfoisVarlut>&  Alex.Daykc_j.  fai 

delcs  de  Tournay,de  rifle,d'Ipre,Honfcot,  Armenticrc,&  autres  licux,&  les  confola  par 
Pefpace  tic  quatre  ou  cinq  mois,tant  que  finalement  eftant  venu  à  Tournay  pour  Faire  le 
mefmcfut  appréhendé  par  les  ennemis  de  la  verité:com  me  on  le  pourra  entendre  par  le 
riatrédefès  lettres  ci  après  mifes&  inférées  énfoh  ordre.  Mais  auantcjuelà  venir  nous 
reciterons  ce  quegeris  fidèles  ont  aufsi  tefmoigpé  d'Alexandre  Daykc  (on  compagnon 
enfceuuredu  Seigneur,ayansenfemblcvriccaufé  commune. 

jg^L  EX  ANDRE  Dayke,eftoit  d'vne  petite  ville  fituec  es  confins  deBrabanrôc 
||p|&Hainaut,nommce  Brayne-le  Chaftcau,auoit  en  fa  ieuneffe  hanté  à  Bruxelles  :  mais 
s'ennuyant d'vne feruitude  de  Cour,la ferucur defon  aa^èlépouiTa  en  ton fgnorace  d'al- 
ler à  Rome  Jl  y  demeura  enuironlelpacc  de  trois  ans,  &  y  apprintk  méfier  de  chauffe- 
terié  en  la  maifon  des  fuppofts  du  pape  Carafre,  nommez  Iefuites.  Or  le  Seigneur  qui  re- 
ferue  ceux  que  bon  luy  îcmble  àporter  finalement  tefmoignagepour  (à  vérité  deuant 
les  hommcs,commença  peck  à  petit  faire  (on  œuure  à  l'endroit  dudit  Alexandre .  Pre- 
mièrement par  le  grande  extrême  defordre)diflblution&:  vilenies  exécrables  qu'il  y  vit, 
mefmement  entre  les  Iefuites,gens  d'vne  hypocrifieinfamcjil  commença  a  àûôir  en  tel-  Iefi,îtcs; 
lé  horreur  la  dodrinc  du  Pape,que  laiiTant  leficgede  Sodomc,  vint  au  pays  deS<arifonSi  home 
où  il  ouyt  la  prédication  de  la  parolle  du  Scigneur:&  delà  s'achemina  à  Gcheue ,  pour  a- 
uoirplus  ample  inftru&ion.  Il  n'eft  befoin  à  plus  de  paroiles réciter  le  bienqu'il  y  receut* 
&  comment  en  peu  de  temps  il  y  profita  :  puis  que  les  a£tcs&:  ifluc  heureufe  oueDieu 
luy  donna  en  rendent  fufHfant  tefmoignage.  ^  Arriué  qu'il  fut  en  fon  pays ,  s'eftan t  gar- 
ni (comme  vnmarchanr,retournant  d'vne  bonne  foire) de  chofes  neceffaires  au  pays, 
defploya  fa  mercerie  à  Valenciennes:&:  ne  faut  dire,  comment  ou  de  quelle  hardiefïe  il 
communiquoit  à  chacun  ce  que  le  Seigneur  luyauoit  donne  A  cognoiftre^uis  que  les 
cnfeignesSc  falairequele inonde ade  tout  temps  accouftuméderendreàcéux  qui  s  em- 
ployent  à  œuure  vertueux  Je  fuyuirent  incontincnt.Car  les  aduerfaires  le  firent  cercher: 
mais  ne  Tayans  trouué,apres  leurs  folennitez  accoutumées,  finalement  le  bannirent  du 
pays  du  Roy  fur  peine  delà  vie.  ce  fut  enuiron  le  mcfmetemps  que  fufdît  François Var-* 
lut  fut  dechaffé  de  Tournay.On  peut  noter  en  ceci  vne  bôté  Se  proùidéeé  deDieu  grade 
à  l'édroit  de  la  ieuncfTe  dcTournay  ,qu'incÔt  inént  après  q  Xarlut  fut  départi  deTôurnay, 
Alexandre  s'y  retira:  &  ne  cefla  depuis  y  cftre  venu, de  lés  admbnnefter,confoler,  inftrui- 
rc,& reprendre auec vne viuacité&:faindehardiefire,iufqueS  à  ce  qd?if  fut  âpprehendé 
àùee  ledit  Varlutpar  lesenncmis,en  Tournay.Et  corn  bien  que  plufiëursroisauparauât 
Jléuftcfté  menacé  par  eux,  &:  qu'il  fuftgrandbruitde  luy  partoutcla  ville;  fi  ne  laifla-il 
depburfuyureiufqu'à-lafin,  Lacaufcdc 

ORlàcàulédeleuremprifonnement  eft  telle:  Que  Tan  mil  cinq  cens  foixate& deux,  içUI 
lefeizieme  iour  du  mois  de  Septembre,  les  deux  fufaitsfortiret  delà  ville,  accompagnez 
enuiron  de  centperfonnes,tanthommcs  que  femmes  &c  filles,pour  conuoyer  vn  certain 
Miniftreeftrange,  qui  ésioursprecedens  leseïtoit  venuvifiter ,  &  leurauoit  donné  plu- 
fieursiainAesinftruttionsenla  parolle  de  Dieu.  Iceluy  leurauoit  accordé  que  pourl'A- 
dieu  il  ferbit  quelque  exhortation  en  vn  petit  bois  aiTez prochain  delà  ville  dç  Tournay. 
Au  fortir  de  la  ville  ils  furent  apperceus  par  quelque  payfant,  lequel  s  efmérueillant  de 
voir  tant  degens  aller  aux  champs  par  vn  iour  ouurier,  contre  la  façon  accouftumee ,  Ce 
douta  de  ce  qui  cftoit:parquoy  il  s'en  alla  droit  à  la  villel'annoncer  au  feigneur  d'Oignie, 
grand  Vicaire  &:  coadiuteur  de  l'eucfque  de  Tournay,  homme  cruel>&:  ennemi  mortel  de 
la  dodrinc  de  l'Euangile:  lequel  incontinent  fit  toute  diligence  defurprendre  toute  l'af- 
femblee.  Il  amafia  toutes  les  forces  de  la  ville,fauoir  cft,de  la  iuftice  du  Roy,  de  la  ville,  &: 
du  Chafteau,auec  quelques  eftaffiers  defon  Chapitre^  en  forte  qu'ils  eftoyent  en  grand 
norribre  tantà  pied  comme  à  cheual .  Cependant  les  poures  fidèles  efeoutansau  bois  la 
prédication  de  l'Euangile  auec  grandvioye,nefedoutans  denen,foudainement  ouv- 
rent le  bruit  de  la  venue  des  ennemis ,  qui  accouroyent  auec  grande  fureur  pour  les 
appréhender.  Il  y  auoit  aucuns  fidèles  qui  eftoyent  demeurez  en  la  ville,  lefquels  en- 
tendans cefte entrepruedes ennemis, firentleurs  efforts d aduertir lafierriblee quieftoit 
au  bois-,  de  fe  donner  garde  :  mais  ceux  qu'ils  cnuoyerent  &:dcpied  6c  de  cheual ,  ne  feu- 
rentpreuenir  la  trouppe  des  ennemis,  tant  fut  fubiteleutfortie.  A  leur  venue  toute  la 
compagnie  incontinent  fut  difperfee:  les  vns  s'enfuirent,  les  autres  fc  cachèrent  és  lieux 
les  plus  efpez  du  bois:  vne  partie  fut  appréhendée,  en  nombre  enuiron  de  trentetrois, 
délquels  aucuns  efchappcrcnc  fur  le  chemin  auant  qu'entrer  auChafteau.Varlut  voyant 

Ili.iii. 


Lmy<u  VIL  Franfois  VarlHi,&  ^AlexSDajkcS. 

la  rage  des  enttemis,qui  d'vnc  futeurçwremç  leur  couroycnt-fus^'cfcria  feeux  df  la  c  8- 
pagnie:  Courage,rncsfrctes,nou$fommcsà  Dieu  , tek  la  vie  &à lamorc.  Iceluy  eftant 
cnuironnéaueclejautresj&VQulantfairelesprieresàlaforticdu  bois  auantque  cafter 
plus  outre,lc  Promoteur  de  l'Eucfque  aucefes  ruffiens  ne  le  voulut  permettre»  luy  duanc 
qu'ilferoit  fes  prières  au  Chafteau:  te  force  fu* audit  Varlut  te  aux  autres ,  qui  ia  auoyeni 
mis  les  genoux  en  terre  pour.pricr  Dieu ,  rompre  cefte  fain&e  entreprife.  Quoy  voyanç 
Alexandrc,dit  au  Promoteur,  Monfieur,vous  aucz  bien  à  qui  rcffcmbler ,  puis  que  vou$ 
ne  voulez  pas  ouir  parler  de  Dieu. Cela  dit,ils  cômencerét  à  marcher  deux  à  deux  vers  la 
Chafteau.  Le  bruit  de  cefte  entreprife cftoit  ia  tellement  diuulgué  par  toute  la  ville ,  que 
le  peu  pic  (qui  de  long  temps  s'eft  monftré  fort  affectionné  à  laparolle  deDieu)fortit 
hors  de  la  ville  pour  voir  ce  qui  fc  failbit.  Or  ceux  qui  les  menoyent  voyans  la  multitude 
du  peuplc,cômencerét  à  modérer  leurs  menaces,les  lai/Tans  aller  fans  cftre  liez  te  fans  au 
cune  contrainte  ,  craignans  efmouuoir  fedition:  te  lesfuyuoyent  comme  le  boucher  va 
après  les  brebis  qu'il  mené  à  la  boucherie .  Ceux  de  la  ville  donc  parloyent  à  eux,&  les 
confoloyent  fans  aucun  empcfchement,mefmes  en  retirerét  quelques  vns  fans  difficul- 
té ne  contredit  des  ennemis,  quifeignoyentdene  le  point  voir  :  tant  eftoyent  intimidez 
que  facilement  tous  les  poures  captifs  fe  fuffentïàuuez,n'euft  eftéqucDicunc  leur  ou- 
uroit  point  le  cœur  comme  le  chemin  pour  fuir  :  ordonnant  par  fa  prouidenec  autre  chou 
fed'eux.  Varlut  cftantàpcu  près  au  milieu  des  deux  rengeesdes  captifs,  confoloit&les 
vns  &:  les  autres  :  &aima  mieux  leur  tenir  compagnies*:  les  fortifier  que  d'efchapper.  Le 
peuple  eftoit  fur  le  poinct  de  les  dcliurer.  mais  Varlut  s'efforça  de  plus  fort  d'admonne- 
fter  a  haute  voix  le  peuple,&  confoler  ceux  qui  eftoyent  appréhendez  auec  luy ,  en  telles 
Varlut  con  ou  femblablesparolles  :  Frères  &  fœurs,foyons  fortifiez  au  Seigneur,  te  nousdifpofons  à* 
pagnoiL"  l'a  bataille,puis  que  noftrc  capitaine  IefusChriftnous  y  appelc,auquel  il  faut  feruir  fidèle- 
ment. Ne  voyons-nous  pas  que  tant  de  gendarmes  de  ce  mode  mettent  en  danger  leurs 
corps  te  leurs  ames  pour  vn  Pnncc,ne  fachans  s'il  bataille  pour  vne  bone  querelle  ou  nô  ? 
ce  feront  ils  pour  quatre  efeus  le  mois,  nous  feindrons-nous  ?  non,  non  :  car  nous  fauons 
quenous  fommesavn  bon  Princc,&:  que  (acau(ecft  bonne, &le  loyer  que  nous  atten- 
dons neft  pas  or  ou  argent,  mais  vn  Royaume  tout  entier.  Ilyad'auantagc,qaenous  ne 
baraillôs  point  à  raucture,mais  auons  defia  la  vi&oire  entre  nos  mains ,  laquelle  nous  fe- 
ra iouir  de  l'héritage  celefte  eternellcmét.Et  en  cela  ne  regardez  pas  fi  vo9  eftes  fimples  & 
encore  mal  îftruits-xar  il  ne  faut  pas  auoir  vne  fagcfTe  fi  exquife  pour  rebarrer  les  fineifes 
de  nos  ennemis .  Retenons  ce  fcul fondement  ferme,q  Icius  Chrift  mourant  pour  nous 
a  effacé  tous  nos  pcchezrq  tous  ceux  qui  ont  recours  au  mente  de  l'obcifsâce  qu'il  arédu 
Hcb.10.t4.  pour  nous  à  Pieu  fonPerc,fcrontfauuez.  Son  facrifice  vnique&  éternel  a  fanâifié  àia- 
Rom  8 1.  mais  ^cs  efleus  :  en  forte  qu'il  n'y  a  plus  de  condamnation  à  ceux  qui  font  en  Iefus  Chrift; 
Douterons-nous  qu'en  cela  nous  n'ayons  de  la  Théologie  aiTez  pour  vaincre  nos  enne- 
mis,puis  que  cela  mefmc  eft  fuffifan t  pour  nous  iuftifier  deu^t  la  haute  maiefté  de  Dieu? 

Ce  s  t  e  exhortation  donna  courage  à  toute  la  compagnies  pour  monftrcr  de  quel- 
le affe&ion  elle  lareceut?  commença  à  chanter  Pfeaumes:  te  Alexandre  conduifoit  le 
chant.  Et  ainlilouans  Dieu,  entrèrent  au  Chafteau  enuiron  vingteinq  perfonnes  de  la 
trouppe  prifonniere,pourfuyuie&  accompagnée  de  maintes  larmes  te  pleurs  du  peuple 
fpe&ateur.  Les  ennemis  penfoyent  du  tout  auoir  prins  les  chefs  de  ralTcmblce,  aflàuoir, 
le  Miniftre  te  le  Chantre, voyans  Varlut  te  Alexandre .  On  les  fourra  tous  enlemble  du 
premier  abord  en  vne  tour  du  Chafteau:  qui  leur  fut  en  confolation  &ioyc,  Se*  poura4- 
doucir  l'horreur  de  l'entrée  delà  prifbn. 

L  e  lendemain  on  les  fepara,apres  auoir  efté  examinez  l'vn  après  l'autre  deuant  le  Ma 
giftrat-  Varlut  &  Alexandre  (defqucls  nous  auonsàtraitter  particulièrement  )  confiè- 
rent par  eferit  la  compagnie,û  auant  que  Dieu  leur  en  donna  le  moyen  te  la  faculté»  Vne 
partie  de  leurs  eferits  a  percé  les  groiîes  te  cfpeifcs  murailles  de  la  prifon  :  te  Dieu  a  vou- 
lu qu'ils  foyent  venus iufques  à nous,afindeJes  publier  pour  la  confolation  de  là  poure 
Eglifc>&:  inftrudion  de  tous  vrais  membres  d'icelle. 

S*  E  N  S  V I T  la  première  confefsion  gue  fit  François  Varlut  deuant  le  Magiftrat  de  Tourna/ ,  comme  ill'a 
luy  -mefme  biffée  pa  r  eferit  en  là  manière  qui  s'enfuit. 

\E  S  frères  te  fœurs,  incôtinent  que  ie  vi  que  c'eftoit  la  volonté  denoftrc  Dieu,que 
iefufTeliuré  entre  les  mains  de  nosennemis,  te  que  i'eftoye  certain  que feroyeen- 

quis 


François  Varlut.  60^ 

quisdcma  foy,  ieme  difpofay  pour  en  donner  confeffion  Amplement  &  rondement, 
fans  finefle ne couuerture  quelconque. M'adrciTant  doc  à noftre  Dieu, le  priay  de  me  te- 
nir la  promette  faite  par  (on  Fils  Iefus  Chriftralîauoir,  Dedonner  bouche  &  làpience  à 
ceux  qui  feront  appelez  deuant  les  Rois,  Princes  &c  Seigneurs  pour  rendre  celmoignage 
de  luy.  Or  s'il  s'eft  iamôftrc  fidèle  en  fes  promefles,ayant  exaucé  maprierCjen  fortequ'il 
m'a  donné  dequoy  refpôdre,non  pas  fur  tous  poinéts:  (car  ie  nay  pas  cfté  enquis  de  tous) 
mais  principalement  lur  la  Cene .  Toutefois  ie  me  lentoye  bien  difpos  pour  refpondi  e  à 
beaucoup  d'autres  difïerens  qui  font  entre  eux  &:  nous ,  &c  beaucoup  d'erreurs  qu'ils  ont 
contre  la  vraye  parolle  de  Dieu  .  Mais  ie  ne  me  fuis  pas  beaucoup  auancé  de  parle  r  linon 
en  temps &lieu,  m'alfeurant  que  Dieu  aura  agréable  ma  petiteiTe&:  ma  fimple  confef- 
fion, comme  eftant  faite  de  franche  volonté ,  &:  auec  zele  delbn  honneur  &  auanceméc 
defonregne.  Vov  s  feiezdoncaduertisqueleprcmieriourde monemprifonnemét, 
eftant  appelé  deuant  le  Conléil,monfieur  de  Moulbay  me  voyât  venir,dit,Ha,ha,levoi-  ^rroeue1»! 
ci  leMiniftrc,le  voici  le  prelcheur.Ie  refpondi,  Sau  fvoftre  honneur,  Mon  fieur .  Et  bien,  Conjfol. 
dit-iljfi  vous  ne  l'eftes  pas, vous  l'auez  contrefait  en  ce  bois.  Monfieur,  ce di-ie,iefuis ap- 
pris,&  cognoy  par  la  parolle  de  Dieu,  qu'on  ne  doit  pas  exercer  l'office  de  Miniftrc ,  h*  on 
n'y  eft  appelé  &:  ordonné  legitimement:&:  pourtant  ie  ne  fay  pas  enti  eprins  pour  l'exer- 
cer ni  contrefaire.  Puis  après  le  procureur  du  Roy  me  demanda  mon  nom.  le  m  ap- 
pcleFrançois  Varlut. Lors  plulieurs  propos  furent  tenus  de  mon  banmlfement.  Ilsm'in 
terroguerent  puis  après  du  Miniftre.  le  leur  refpondi  qu'il  n'eftoit  pas  auccques  nous,  8c 
que  c'eftoit  la  première  fois  queie  lauoye  ouy  prefeher,  &  pourtant  meferoit  diffîciledc 
le  cognoiftt  c.Sur  cela  kfu  remis  en  prifon-auec  les  autres.  Le  lendemain  eftant  le  pre- 
mier mandé  deuant  le  Confcil, monfieur  de  Manfart  commença  me  dire,  François,  veu 
qu'eftiezaduertide  voftre  banniftemen^commentauez-vousofé  retourner  en  cepays- 
cirvous  moquez-vous  du  Magiftratîou  cerchez-vous  voftremortrle  refpondi,Monfieur, 
ia  n'aduiéne  queie  me  vueillc  moquer  des  Seigneurs  àc  Magiftratsxar  je  fuis  appnns  par 
la  parole  de  Dieu, de  les  honnorer  &:  auoir  en  reuerécervoire  d'obéir  à  eux  en  toutes  cho- 
fes  ielon  Dieu  .Et  quant  à  ee  que  demandez,Si  i'ay  cerché  la  mort,  Non,  Monfieur:  car  fi 
on  ne  me  fuft  venu  quérir  où  i'eftoye,ie  me  fufle  bien  gardé  de  venir  en  vos  mains.  Quât 
à  mon  retour  en  ce  pays,ie  vous  dit  ay  la  caufe:  Vous  fauez,  Monfieur,quedepuisPafque,  Le  a  fie 
Je  pays  de  France  eft  fort  troublé,  en  forte  que  ie  penfe,qu'il  n'y  a  pas  de  fix  perfonnes  l'v-  France  aw 
nequi  y  pui/Te  gagner  les  Hefpcns,&:  principalement  de  mon  eftat.orn'y  trouuantplusà  h[é' 
gagner  la  vie,&  n'ayant  aucun  bien  pour  viure  à  rien  faire,ien'ay  voulu  viureen  greuanc 
ou  faifant  tort  à  mon  prochain.  Auffi  mon  afFettion  n'eftoit  d'aller  à  la  guerre,  &:  pour- 
tant i'ay  efté  comme  conttaint  de  reuenir  en  ce  pays  pour  befongner  &  gagner  ma  vieôC 
c'eft  vne  des  eau  l'es  pourquoyi'y  fuis  venu.  Ad  on  c  monfieur  de  Moulbay  meparladu 
bois  &c  de  raiTemblce,me  difant  encore,  quefeftoye le  Miniftre , &c  q  i'auoyefait  l'exhor- 
tation.le  luy  di,  Monfieur,  ie  vous  ay  ia  dit  queie  fuis  compagnon  de  meftier  ,&non  pas 
Miniftre,&:  n'ay  pas  fait  l'exhortation. Monfieur  deManfart  dit:  Vous  eues  eloquét  alfez 
pour  l'eftre.  Monfieur,di-ie,fi  en  demeurant  en  Fiance  i'ay  tourné  aucunement  ma  lan- 
gue fur  le  François,ce  n'eft  pas  à  dire  pourtat  quei'aye  le  (auoir  pour  eftre Miniftre.  Il  me 
dit,  Vos  gens  fepalfent  bien  deMiniftresquinelbntgueres  doctes  ne  fauans  .  Là  dertus 
ieluyarFermayqueienereftoyepasi&furcemepredérent  fort  pour  nommer  lcMini- 
ftre,&:  ceux  quiyeftoyent  demeurez  fans  eftreprins.  ledefenditoufioursfort  &  ferme 
que  iamais  ie  ne  lauoye  ouy  que  cefte  fois:&  cela  eft  vérité  .Quât  à  ceux  qui  font  demeu- 
rez fans  eftre  prins,ie  ne  les  cognoy  pas,d'autant  quefvn  eft  de  l'Ifle,  l'autre  de  Valencié- 
ne,ou  de  Douay.Ils  s't  nquirent  aulfi  de  ceux  que  ie  hantoye  deuant  mon  bannififement. 
le  leur  di,  L'vn  eft  en  Frace,l'autreautrepart,car  vous  les  auez  tous  bannis. Il  médit  qu'il 
en  eftoit  encorcs  demeuré  aucuns.Ie  reipondi,  Qu'ils  auoyent  percé  le  fond,  &:  que  tout 
eftoit  efpars  .'Môfieur  de  Moulbay  dit  en  paroles  alfez  côfufes,Et  bien,ie  penfe  qu'il  n'eft  j^y^ 
pas  befoin  de  beaucoup  vous  interroguer,car  vous  n'eftes  poït  Papifte:  croyez-vous  que 
le  Sacrement  eft  le  corps  deleius  Chnftr  que  te.nez-vous  de  la  puiftànce  du  preftre?^..  le 
demanday  dequoy  il  enrendoir  parler,de  la  Cene,ou  de  la  Meflfe?car,di-ie,iene  veux  pas 
mettre  la  Meifedu  reng  de  la  Cene  :  il  y  a  trop  à  dire ,  voire  autant  que  du  iour  à  la  nuicl. 
On  me  demanda,comment  cela?  Pourcc,di-ie,  que  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  en  infti- 
tuant  fa  Cene,print  du  pain,&  lerompant le  donna  àfes difciples,en  difant,  Prenez,ma- 
gez,c'eft-ci  mon  corps. Iefus  Chnft  doncaiompulepain,&:radonné:ilnerapasmôLtré 

IL.  un. 


Liure  VIL  -  "François  Varht. 

Antithcfcdc  par  defîus  fa  tefte,le  faifant  adorer,comme  on  fait  à  la  Mcflc .  11  a  donné  le  pain  a  cous  fes 
k  Ccne  6i  difciples  en  communion: ma»  le  preftre  en  laMelle  le  mange  tout  feul  comme  vn  gour- 
de la  Mcffc.  man  j.  &  y  faic  beaucoup  de  fingeries  du  tout  contraires  à  finftitution  de  Iefus  Chrift. 
parquoy  ie  ne  la  tien  pas  pour  la  Cene.  Adôc  maiftre  Hermès  de  V  vinglc  m'amena  ie  ne 
îay  quels  propos  fort  impertincns,qu'vn  autre  rompit,difant,  Vous  oyez  qu'il  ne  la  tient 
pas  pour  la  Ccne.Non,di-ie,mais  pour  vn  dc(guifernenc& aneanti/Terncnt  d'icelle.  Sur 
ce  me  rut  parle  du  pain,fï  ie  necroy  pas  après  lcsparolles  dites,' queceibit  le  corps  de  Ie- 
fus Chrift. Ic  refpôdi:Noftre  Seigneur  Iefus  Chrift  au  vingtquatrieme  chapitre  de  l'ainct 
Matthieu,^:  au  troifiemede  faind  Marc  dit,  Si  on  vous  dit,  Chrift  eft  ici,  ou  Chrift  eft  là, 
ne  le  croyez  point,&  n'y  allez  pointrcar  tout  amfi  que  l'ôfclair  fort  d'Orient,  &:  s'en  va  en 
a&ul  Occident,ainfi  viendra  leFils  de  l'home. D'auantage,les  Anges  aux  A&esdes  Apoftres, 
après  que  Iefus  Chrift  fut  monté  au  cieî,parlans  aux  Difciples,  difent,  Hommes  de  Gali- 
lce,que  faites-vous  regardans  en  haut?Icfus  de  Nazareth  que  vous  auezvcu  monter,  vie- 
Aft.j.  ii.  dra  comme  vous  l'auez  veu  monter.  Ecfaind  Pierre  parlant  de  Iefus  Chrift,dit  qu'il  faut 
que  le  ciel  le  contienne  iufques  à  la  reftauration  de  toutes  chofes .  Voila  corn  ment  la  pa^ 
rollede  Dieu  nous  enfeigne  que  Iefus  Chrift  eftant  monte  au  ciel,  on  ne  le  doiteercher 
ne  ça  ne  là,&:  qu'il  ne  defeendra  pas  iufques  à  la  reftauration  de  toutes  chofes,  qui  fera  au 
iour  du  iugement:  &ù  c'eft  ce  q  nous  difons  en  noftrc  créance,  De  là  viendra  iuger  les  vifs 
&  les  morts.&:  pourtat  ie  ne  croy  pas  que  le  pain  de  la  Méfie  foit  le  corps  de  Iefus  Chrift: 
6c  quand  vous  adorez  cepain,iedi  que  vous  adorez  vne  idole.  Mon  sie  v  r  de  Man- 
fart  me  dit,  Nous  n'adorons  pas  lepain,mais  ce  que  par  fov  nous  croy  os  y  eftre .  le  luy  di, 
Si  vous  croyez  que  le  corps  de  Iefus  Chrift  y  foit ,  voftre  créance  eft  vaine ,  d'autant  que 
De  la  Ccnc.  ja  parolle  de  Dieu  nous  enfeigne  le  contraire.  Quant  à  la  Cene,eftant adminiftree  pure- 
ment félon  l'ordonnance  de  Iefus  Chrift, tous  vrais  Chrefticns  qui  y  communiquent,ay- 
ans  repentanccdcleurspcchcz,&saiTeuransparlamort  &c  paffion  de  ïefus  Chrift,  ayas 
charité  enuers  leurs  prochains,ie  croy  que  ceux  la  font  vrayement  participans  du  corps 
&c  dufangde  Iefus  Chrift. Non  pas  que  le  pain  foitfon  corps,nele  vin  fonfang:  mais  que 
tout  ainfi  que  le  fidèle  reçoit  le  pain  &:  le  vin  de  la  main  du  Miniftre,Ie  met  en  Ja  bouche, 
&c  le  mange,aufli  fem  Maniement  par  le  Minift re  interieur,qui  eft  le  faindt  Efprit,&  par  fa 
vertu  &  puiftànce,  le  corps  &  le  fang  de  Iefus  Chrift  luy  eft  donné  &c  adminiftre,  non  pas 
en  la  bouche,mais  au  cœur  &:  en  l'efpritxar  le  fidèle  le  reçoit  parla  foy  qu'il  a.  Et  tout  aifî 
que  le  pain  &  le  vin  a  cefte  propriété  de  nourrir  le  corps ,  ainfi  le  corps  &:  le  fàng  de  Iefus 
Chrift  nourrit  l'amefîdcle  en  l'efperance  delà  vie  éternelle .  Cependant  le  corps  de  Iefus 
Chrift  eft  &c  demeureau  ciel:Sd  lepain  demeure  pain,&  le  vin  demeure  vin.Monfieur  de 
Manfartdit, Comment  fe  fait  celaîLe corps  delefus  Chrift  demeureau  ciel,&:  vous  le  re- 
celiez?^, le  vous  ay  dit;Monfieur,quec'eft  par  la  vertu  du  S.  Efprit,&  par  la  foy  du  fidèle. 
Voila,  dit  il,l'opinionde  Caluin.  Voila,  di-ie,  ceqi'en  ay  apprins  parla  parolle  de  Dieu. 
Des  traditi-  Il  medemandaengeneraldctouteslesordonnanccs&traditionsdei'eglifeRomai- 
onshunui-  ne.  A  cela  ie  refpondi  qu'il  cftoit  eferi  t  au  4. 5  .&;  11. chapitres  du  Dcutcr.  Qucle  Seigneur 
veut  eftre  ferui  non  point  à  la  fantafie  des  hommes  ni  comme  il  leur  femble  bon,  mais  fé- 
lon (à  Parolle  &  félon  fes  commandemens,  fan  s  y  adioufter  ni  diminuer,  fans  aller  à  dex- 
tre  ni  à  feneftre&:  que  Iefus  Chrift  au  1 5. de  faind  Matthieu,dit,  Que  c'eft  en  vain  qu'on 
lefert félonies traditions&  commandemens  deshommes.  Suyuantquoy,iereiette tou- 
tes les  inuentions  des  homes  qu'on  a  mis-fus  pour  feruir  Dicu,&:  n'en  tie  rien, mais  veux 
demeurer  en  la  parolle  de  Dieu ,  &  en  fes  commandemens,  pour  le  feruir  félon  iceux.  A- 
donc  Manlàrt  m'allégua  vnpafîàgedefain£t  Paul, où  il  exhorte,dit-il,Titeou  Timothee 
à  garder  les  traditions  mifes  par  cux.Icluy  di,  Auffi  veux-ie  gardcr&i  tenir  pour  bon  touc 
ce  que  les  Apoftres  nous  ont  lauTé-&:  quand  on  m'enfeignera  autre  chofe,ie  le  reictteray. 
Gaht.i.s  Mais  regardez, di-ie, ce  que  faind  Paul  dit  aux  Galatiens  premier  chapitre,  Que  fî  aucun 
vient  enfeigner  autre  chofe,qucce  qu'il  a  en  feigne,  qu'il  foitmaudit-.voire  fuflevn  Ange 
du  ciel.  Vo  t  l  A,mesfrcres,cedcquoyiefuenquispourla  première  fois,  au  plus  près 
que  l'ay  fecu  eferire.  I'ay  encore  aucuns  propos  à  eferire ,  mais  ie  penfe  que  ie  n'auray  pas 
le  rem  ps  :  car  nous  voyons  félon  l'apparence ,  que  l'heure  qu'on  nous  fera  mourir  appro- 
che.Or,mesfrcres,iufqu'à  maintenant  iay  grade  occafîondelouer  Dieu.  Car  iï  m'a  touf- 
iours  tellement  fortifie',  que  i'ay  cfté  beaucoup  plus  hardi  dedans  les  prifoh»,  que ien  e- 
ftoyefur  rue,  ou  fur  les  chemins  deuant  maprinfe:  tellemetque  iccraignoyc  plus  vn  hô- 
mômccanique,qucicnay  craint  depuis  ma  prife  tous  les  luges  enfemble,encQrcs  qu'ils. 

foyenc 


Frarifois  V.arlut>  to j 

foyent  grans.  Or  ie  cognoy  que  cela  vient  de  Dieu,&  non  pas  de  moy.Ie  nedi  pasifreres, 

que  ie  n'aye  fènti  des  poinctures  de  la  chair>&:  des  aflauts  au  dedans: q  Satan  m'euffe  bien  Varlut  aflàil 

voulu  mettre  en  doutcou  de  la  do£trine,ou  de  mô  falut:  m  ais  inuoquât  le  nom  de  Dieu,  jj^ttatt: 

i'ay  efté  exancé.quant  à  la  crainte  des  hômes,ie  n'en  aygueresfenti:les  autres  tentations 

n  auoyent  pas  de  durecMais  maintenances  gransaftàuts  viencjrôr  :  priez  doncfongneu 

fement  pour  moy,  &:  auiïî  pour  mes  compagnons  &  compagnes,  nous  en  auons  befoin: 

priez  que  ie  pu uTe  batailler  bonne  bataille  contre  tous  ennemis,arln  que  i'obtiene  la  vL 

ctoircpourcitxetrouué  vray  feruiteur  &:  foldat  de  Iefus  Chrift,afin  quefoyons  courônez 

de  la  couronned  immortalité  commeil  a  promis.    A  Dieu,  mes  frères  Garnis,  ie  vous 

recommandeles  autrcs,principalemcnt  ceux  &:  celles  qui  ont  côfefle,dont  lestroisfon^c 

en  la  ville:  nous  auons  efté  afleurez  de  nous  douze  ayans  confefTé,  les  autres^font  tous  au  J^Jjj£ 

pain  &:  à  J'eau.faites  voftredcuoir  delesfbliciter.tâdis  quei'ay  efté  auec  eux,  iay  fait  mon  ûaas. 

mieux:pluudirs  ont  bon  cœur. 

■  AVTRES  eferits  de  François  Varlut  à  fa  mere,freres,  &  foeurs:  contenans  les  allants  &  difputes  qu'il  eut  de- 
uant  le  Magiftrat  de  Tournay,contre  quelques  Caffars  &  Moines  apoftez. 

Ovrci  que  iem'atten,fic'eft  la  volonté  de  noftre  Dieu,  que  iefoye  mis  à  mort, 
que  vous  le  portiez  en  paciencefans  par  trop  vous  troubler;  i'ay  fort  defiré  devous 
pouuoir  faire  tenir  par  eferit  la  lom  me  des  propos  paf  moy  mainrerius  :  afin  que  puifliez 
cognoiftrequeienemeurspascomme  Anabaptjftc,mais  pourlafoy  Chrcftienne.Quc 
fi  vous  ne  pouuez  pas  encore  bien  entendre  le  tQur,pour  l'ignorance  qui  refte  encoreen 
vou$,aumoins  ciapres,iî  Dieu  vous donncplusdecognoifTanccvouslcpourrezlorsen-» 
tendrc,&:  auoir  non  feulement  contentement*  mais  confolation  &  ioyc,  de  ce  que  Dieu 
m'aura  fait  la  grâce  d'eftre  mis  à  mort  pour  fa  Vérité.  Vous  ferez  doncaduertis,  que  le  Sa- 
medi après  mon  empri(onnemcnt,iefu  mené  derechef  deuant  toutJcConfeil,où  il  y  eut 
plus  de  propos  tenus,que  ie  né  fauroyeelcrire;  Il  y  auoit  vn  Moihc qui  ne  mclanfoit  ia- 
mais  dire  mes  relponies  icnlortequeieprinslc  Gonléilen  tefmoin  defa  malice,  qu'il  oc 
melaiifoit  parler.Et  leur  di  pîuficurs  fois,que ie-ne  parleroye  plus,iï  on  ne  medônoit  au- 
diéce:&  c'eft  vne  des  caufes  pourquoy  ie  n'ay  pa$  tout  retenu  .toutefois  ie  mettray  le  prin 
cipal  au  plus  près  que  ie  pourray. 

£  t  premièrement  encrant  en  propos,Monfîeur  de  Manfart  me  dit,  Et  bien,  Fraçois, 
pource  que  vous  médites  dernieremétque  vous  ne  parleriez  pas  aux  Do&eurs  fi  ce  n'e- 
ftoit  en  prefencedegens  de  bien,voici  maintenant  i'ay  fait  venir  ces  deux-ci,pour  parler 
àvousprefentleConfeil.  çt.  le  ne  demande  pas  de  parlera  eux,  mais  à  tout  le  Con- 
feil:&  quant  àceftuy-la(monftranc  le  Chantre)  ie  ne  parleray  point,  cariefay  qu'ilapref- 
ché  la  mefme  doctrine  que  ie  veux  maintenir:  &:  après  il  l'a  vomie&:  foullec  au  pied:  &c  fi 
a  mené  vne  vie  fi  diflolue,que  tous  enTournay  en  font  tefmoins.Iedi  donc  qu'il  n'elt  pas 
digne  que  la  parolle de  Dieu  paile.  par  fa  bouche .  Monficur  de  Manfart  dit ,  En  voila  vn 
autre,  y..  Quant  à  mov,ie  luis  ù'mplc  compagnon  demefticr,&:  pourtant  ie  veux  par- 
ler flmplement &c  rondement  fansfubtilité  ncrîneiTe:&:iefay  que  ces  gens-cy  n'y  vont 
que  par  cauteles&  rulbs,&:  pourtât  ie  ne  dcmâde  pas  de  parler  àeux .  Mais  quant  à  vous 
qui  elles  mes  Iuges.ie  vous  veux  ouurir  &  defploycr  mon  cœur:&:  le  vous  diray  iufqu  a  la. 
dernière parolleque  Dieu  medonncra.Moniîeur  de  Manfart  dit,  Nousfauons  bien que 
vous  nettes  pas  do£teur,&  pourtât  on  ne  veut  pas  difputer,  mais  parler  à  vous  pour  vous 
remonftrer:vous  dites  que  vous  eftes  de  meftïer,  &C  cependant  vous  voulez  eftreplus  fa- 
ge  que  les  Docteurs  qui  ont  long  temps  eftudié.  rçi.  Monlïeur, quanta  moy,ie  cognoy 
&conferTequedemanatureiefuis  Ci  ignorant  que  ienepuis  pas  mefmepenfervnebône 
penfee,comme  le  dit  laind  Paul,  &:  que  iufqu'à  ce  que  Dieu  ait  châgé  mon  cœur  peruers  2,Cor  3  5 
&:  dur  en  vn  cœur  docile,  ie  n'ay  rien  cogneu  debon,nedeDieu:mais  quandila  pieu  à 
Dieu  par  fa  grâce  me  roucher  le  cœur,  ÔC  qu'il  m'a  donné  à  cognoiftre  mon  ignorance: 
lors  ie  me  fuis  adreiîé  à  luy,&:  luy  ay  demandé  fapience,  ieluy  ay  demandé  d'eftre  inftruit 
par  fon  Efprit  en  ta  cognoiflànce  de  fa  Vérité:  &  m'a  exaucé,  &:  m'a  inftruir  en  la  vraye  in- 
telligence de  fa  Parolle ,  tellement  que  ie  fuis  certain  que  ce  que  ie  croy  c'eft  la  vraye  pa- 
rolle de  Dieu,ôc  non  vne  opinion.  Alors  ils  commencèrent  à  rire,&  me  vouloyentaccu- 
fer  de  vainegloire,dece que  ie  me  difoyeeftreaflèuré  d  auoir  le fainft  Efprit  pourinftru- 
&cur.  Mais  ie  leur  di,què  ie  le  terioye  pour  certain  î  d'autant  que  i'auoye  fenti  que  Dieu, 


Liurt-)  VIL  François  Varlut. 

nVauoit  fait  cognoiftre  mon  ignorance,  voire  &:  qu'il  mnuoit  donné  la  grâce  de  l'inuo- 
Mact.77  quer  pour  eftreinftruit  par  fon  fain&Efprit:car  Iefus  Chrift  dit,  Demandez,^  il  vouslè- 
Lu  ra  donné:&  fi  vous  qui  eftes  mauuais  fauez  donner  à  vos  en  fans  choies  bonnes,combicn 
CIM}  plus  voftrePere  eclefte  vous  donera-il  fon  Efpritfi  vousluy  dcmâdezî,voila,di-ie,lapro- 
meiîefur  laquelle  iefuis  fondé &aiîeurc.  Mon  sievr  Manfartmedit,  Les  Anaba- 
ptiftes  fe  vantent  d'auoir  le  fain&Efpric,nous difons  auffi  q  nous  l'auons,vous  dites auiTî 
que  vous  l'auez,&:  fom  mes  cous  difTercns,comment  s'accordera  cela?  çt.  Quint  à  moy,ic 
n:ay  pasfenti la conicience des  Anabaptiftcs,ie n'ay pas aufiî  ienti la  voftre,mais iay fen- 
ti  la  mienne,&:refpon  pour  moy, Que  d'autant  qu'en  Tentant  mon  ignorance ,  Dieu  m'a 
pouflé  à  luy  demander  fapience  &c  fon  Eiprit:&  dauantage  que  Ictus  Chrift  &  aulïi  les*  A- 
Ia<iuesi5  poftres  promettent  queceux  qui  la  demanderont,  l'obtiendront .  le  me  tien  certain  d'e- 
ftreinftruirdecequeicfayparlefain&Efprit,tenant  IefusChrift  pour  véritable  en  l'es 
prome/Tes.De  ce  propos  entrerét  à  parler  de  la  certitude  de  mon  iàlut:Ieleur  di,que  d'au 
tant  quei'auoye  par  foy  appréhendé  Iefus  Chrift,auquel  ie  trouuoyc  lefalut  éternel  &  la 
vie,quei  eftoyeaiTeuré  démon  £alur,&  que  le  diable,  la  mort  ni  les  enfers  n'auoycnt  plus 
de  puuTancc  fur  moy.  Le  Moine  lors  m'allégua  le^des  Corinthiens,  où  faind  Paul  dit,Ie 
ne  mefen  en  rie  coulpable,&  pour  cela  ienefuis  pas  iuftifié:  Voyez,dit-il,commetfain& 
Paul  encore  qu'il  euft  tant  bien  cheminé,  dit  neantmoins  quiln'eftpas  encore  afleurc. 
d*  pXgc"  V"  Sain&  Paul  a  voulu  monftrcr  queiaçoicqu'ileuft  exercé  fidèlement fon  office,  en  ibr 
te  que  les  hommes  n'y  fceuiTcnt  que  redire,  cependant  pour  cela  il  ne  fe  veut  pas  iuftifier 
deuant  Dieu,mais  fe  fent  encore  iniufte, voire  quant  à  (oy  &  fes  œuures:  &c  cepédant  il  ne 
demeure  pas  en  crainte  icruile:  mais  embraflant  Iefus  Chrift  pour  fa  iuftice ,  par  foy  s'aC- 
feurede  fa  iuftifî  cation  &  defonfalut:&celademonftre-il  clairement  au  huitième  cha- 
pitre des  Romainsjic  leur  alleguay  le  paflage  tout  au  longxôbien  que  le  Moine  medon- 
naft  empcfchemcnt,&:  leur  monftray  qucfamÊt  Paul,apres  auoir  dit  que  l'Eiprit  réd  tef_ 
moignage  au  noftre  que  nous  fom  mes  ehfàns  &:  héritiers  de  Dieu,  ofe  bien  s'aifeurer  co- 
tre la  mort,  cotre  toute  hauteur  &c  profondeur,  chofes  prefentes&  à  venir,  bref,  il  ofe  bié 
defpitcr  toutes  forces  d'ennemis,  s'ailcurant  que  tous  enfemble  ne  feparerôt  pas  les  fidè- 
les &:  efleus  de  l'amour  de  Dieu  qui  cft  fondé  en  IefusChrift  noftre  Seigneur.  Voila,  di- 
df  fidei  "  iC,cn  cîuc^c  hzidiciïc  &c  aiTeurace  iain£t  Paul  parle  pour  luy  &:  pour  tous  les  fidèles  ôt  en- 
68  ca  fansdeDieu.  Sur  cela  monfieurManfart  dit,  Ouy,  mais  notez  qu'il  dit,Lesefleus:eftes- 
vous  des  efleus?  Ri.  Puis  que  Dieu  m  a  donné  la  grâce  par  fon  îàindEfprit  de  croire  en 
Iefus  ChriftjÔdembraiTer  pour  mon  Seigneur,  cei  chant  en  luy  mon  faluc&  la  viecter- 
nelle,ie  me  tien  pour  vn  de  fès  efleus.^  Cela  fut  tourné  comme  en  rifeé:Mais  il  rit  bic  qui 
rit  le  dernier. 

L  i  Moine m'adreiTa  fa parollc  en  difant,Eftes-vous  fainft  Paul'auez-vous  efté appelé 
comme  fainct  Paul  par  Iefus  Chrift?eftes-vous  vaifleau  d'elcdrion,pour  p'orter  le  nom  de 
saytteur  fi-  Chrift  aux  Rois  &c  Princes  de  la  terre? le  luy  refpondi  que  ie  n'eft  oye  pas  Paul,mais  Fran- 
enific  en  (ô  ÇOIS  Varlut,&:  que  ie  n'eftoyepas  Apoftre c6me  fainct  Paul,mais  que  l'eftoye  fayetcur  de 
fê"??c  f  r  mor^  m^'er^e  ncmis  pas  efleu  pour  annôcei  le  nom  deChrift  deuat  les  Rois  &  Princes, 
gec"'  c  ar"  ie  n'ay  pas  efté  appelé  par  vifion  corne  S.  Paul:&  ne  me  vante  pas  d  eftre  fi  exceller  ferui- 
teur  de  Chrift  côme  luy.toutesfois  ie  fuis  mébre  du  corps  de  Iefus  Chrift.Et  pofé  le  cas  q 
S.  Paulfoit  l'vn  des  plus  cxcellens  membres  du  corps  de  Chrift,&  que  fuis  l'vn  des  moin- 
drcs:ilscniuitqu'eftantmebre  d'vn  mefme  corps,  nous  auôsvnmefme  chef,  aflauoir  Ie- 
fus Chrift.  Or  la  liqucur&  fubftace(c'eft  à  dire  la  grâce  q.  découle  de  ce  chef  Iefus  Chrift) 
découle  fur  tous  les  m ébr es  deeccorps.  Etparconfcquctdc  la  mefme  grâce  dontlainct 
Paulaefté  participant,i'enay aufiî  maportiô.  Etiaçoitquefain&Paul,  comme  membre 
plus  excellent,  en  ait  receu  en  plus  grande  abondance  que  moy,  c'eft  neanrmoins  d'vne 
mefme  grace,laquclle  aufli  merendaflburé  félon  maqualiré.  Car  lagrace  de  Chrift  a  ce- 
tte vcrtu,qu'elle  rend  content  celuy  qui  en  a  receu  feulement  vnegouttelettcxar  c'eft  v- 
ne  eau  fi  viuc  2  queceluy  qui  en  boit  tant  peu  que  ce  ibit  n'a  plus  iamais  foif .  Et  puis  que 
vous  me  demandez  fii'ayeftéappelécommeiàinttPaul,ie  vous  demande  auffifi  ceux 
au  nom  deiquels  fain£t  Paul  parle ,  U  ceux  aulquels  il  a  prefché  l'Euangjlc,  ont  ainfi  efté 
appelez  comme  luy?ileft  certain  que  non:  car  fi  Iefus  Chrift  les  euft  voulu  ainfi  appeler, 
iln'eufteu  quefairedes  Apoftres.  ^Les  Moines  ne  feurent  que  dire, linon  qu'à  leur  met- 
chante  couftume  ils  tafehoyent  de  me  rompre  mes  propos  à  tous  coups.  Leurs  memori- 
ges  ont  cf^é  iufqu  a  dire,  queceftoit  pour  noftre  gloire  que  aou  s  parlions,  voire  &c  q  nous 

voulions 


François  Varlut.  604. 

voulions  maintenir  noftre  opinion  pour  eftrc  mis  en  ce  beau  liutedes  Martyrs  de  Genc-  Le  liurc  des 
ue.&  tant  de  brocards  que  rien  plus,  mais  Dieu  efttefmoindetout.  Ils  ont  recoursàces  Ma"y«- 
brocards ,  eftans  vaincus  par  noftre  confeffion  de  foy  ,  &:  par  la  confiance  que  Dieu  nous 
dpnncàls  Tentent  Dieu  courroucé  contre  eux ,  poureequee  eft  contre  luy  qu'ils  fe  pren- 
nent.   Il  s  me  mirent  en  auant  les  Docteurs  anciens  de  rEgWe,difans  qu'il  faloit  là  me 
rapporterJe  leur  di,que  ma  foy  n'eftoit  pas  fondée  furies  hommes,  mais  fur  la  parolle  de 
Dieu,laquelle  nous  eft  laifleepar  les  Prophètes  &c  Apoftres  de  Chrift .  Ils  me  firent  long 
difcours,commentrEglifc  le  tenoit  aux  Dodeurs,&:  fe  conduifoit  iclon  fceux.Ie  leur  ref- 
pondi  que  faind Paul  au  fécond  chap. des  Ephefiens  nous  enfeignequclavrayeEglife  de 
Dieu  eft  fondée  fur  la  dodri  ne  des  Prophètes  &  Apoftres  ,  dont  Chrift  eft  lamaiftrefTe  ^fohie-^ 
pierre  angulaire.Et  veu  que  faind  Paul  m'enfeigne  que  tel  eft  le  vray  fondement  ,ie  m  y  ^.tdcIE 
veux  fonder  auilî,&  non  ailleurs .  Ils  me  demandèrent  fi  ie  reiettoyc  donc  tous  les  eferits 
desiàinds  Martyrs  &  Dodeurs, qui  ont  elerit  par  ci  deuant:  corne  faind  Auguftin,faind 
Ambroi('e,Chryfoftome&  les  autres. le  refpondi,queie ne reiettoye nuls  eferits  des  Do- 
deurs  conformes  à  la  làinde  Efcricure,d'autant  qu'ils  font  tirez  d'elle,côme  lavrayefour 
ce  &c  fontaine  de  toute  faine  dodrine.  mais  ceux  qui  ne  font  conformes  à  la  làinde  Efcri- 
ture,ie  les  tien  comme  fable  &c  menlbnge .    Ils  me  dirent  qu'on  me  monftreroit  par  les 
Dodcurs  comme  i'eftoye  en  erreur.  le  leur  di,  que  combien  que  iene  reiette  pas  tous  ef- 
erits des  Dodeurs,mais  veux  tenir  les  bons  pour  bons,  toutefois  ie  ne  vouloye  pas  qu'on 
parlaftàmoy  parles  Dodeurs,mais  par  l'Eicriture  des  Prophètes  &:  Apoftres.  Car,di-ie,  riuficursli-' 
vous  me  pourriez  monftrer  quelque  liure  ledifantdelâind  Auguftin,  &:  cependant  ce  men/wnt 
feroit  le  liurc  de  quelque  refueur  ou  fongeur.I'ay  tafché  à  gagner  ma  vie  de  mon  meftier,  buez  aux  ] 
&  ay  efté  parles  pays ,  &  pourtant-ic  n'ay  pas  eu  tel  loifir de  cercher  les  grans  liures  des  Do^curi 
Dodeurspoury  eftudier:maisi'ayeftudiéfeulemctenlaBible:&:c'eftlà  queiemeveux 
fonder  &:  demeurer.  Sur  quoy  monfieur  de  Manfart  dit,  François,  ie  vous  alTeurefii  pren 
fur  ma  confeience  voftre  charge ,  fi  les  Dodeurs  qu'on  vous  veut  bailler  ne  font  vrais  & 
fidèles,    çt.  Monfieur,il  eft  dit  en  Ieremie,  Malheur  àThomme  qui  fe  confie  en  l'hom..  tea&tf-T 
me,mais  bien-heureux  qui  feficau  Seigneur.  Ainfi  iene  me  veux  pas  fier  fur  vous,  car 
chacun  portera  l'on  fardeau .  le  me  fieray  doneques  au  Seigneur,  &:  demeureray  en  fa 
Parolle. 

Ils  me  dirent  qu'il  fefaloit  rapporter  aux  Dodeurs  qui  auoyent  interprété  l'Efcritu- 
re,8c  que  moy  qui  eftoye  mécanique  &  compagnon  de  meftier,nedeuoye  pas  prefumér 
d'entendre  TEfcriture.  fy.  Monfieur,  qu'eft-ce  que  dit  Idus  Chrift  au  chapitre  onziè- 
me defaindMatthieu?Pere,Seigneur  du  ciel  &  de  la  terre,  ie  te  ré grâces  que  tu  as  caché 
ces  chofes  aux  fages  &c  prudens  de  ce  monde,  &:  les  as  reuelees  aux  petis:  voire,  Pere,  puis  Lesfccrea 
que  ton  bon  plaifir  a  efte'  tel.  Voire,dit  le  Moine,il  parle  pour  fes  Apoftres.  y..  Ce  fait-  aux 
mon,&:  pour  tous  ceux  qui  à  l'excmpledes  Apoftres  s  numilierôt,recognoinans  leur  pe- 
tkeiTe&:ignoracc,inuoqueront  Dieupoureltremftruits.Etc'eftaufllce  quefaindPaul 
dit  aux  Corinthiens  au  premier  chapitre ,  affauoir ,  que  Dieu  a  efleu  les  chofes  folles  du 
monde  pour  confondre  les  fàges:iJ  a  efleu  les  chofes  qui  ne  font  point,pour  côfondre  cel- 
les qui  (ont.  Ainfi  donc,ce  n  eft  pas  mcrueilles  fi  maintenant  les  compagnons  de  meftier 
font  plus  inftruits  queles  orgueilleux  dodeurs.  Monfieur  de  Manfart  me  dit  qu'il  s'efba- 
hiflbit  que  ic  ne  me  vouloye  pas  rapporter  à  l'ancieneté  &c  antiquité,  &c  ce  q  ui  a  efté  tenu 
de  I'cglife  pafle  il  long  temps. Monfieur,diie,  iefus  Chrift  dit  Matthieu  Z4,  Que  le  ciel  ôC 
la  terre  palferont.mais  que  fa  Parolleeft  éternelle,  &demeureàtoufiours .  voulez-vous  J^™,fc 
vne  dodrine  plus  anciennes:  plus  antique  que  cefteparolle  deDieuqui  eft  éternelle?.  c  IC  ' 
Alors  il  me  nomma  quelque  grand  perfonnagequipar  cideuant  pafle  trois  ou  quatre 
cens  ans  auoit  voulu  mettre  cefte  dodrine  en  auant,&  cepédan  t  n'auoit  pa  s  eu  de  cours, 
mais  eftoit  demeurée  cachée  iufqu  a  main  tenât,  &  pour  cela  vouloit  dire  que  ce  n'eftoit 
pas  la  parollede  Dieu. Monfieur,di-ie,il  eft  eferitauliure  des  Rois,quedu  temps  d'Eliele  J-R*»"*10 
Prophète,  Achab  &  Iefabel  perfecuterent les  Prophètes  en  telle  forte  qu'Elie  en  là  prière 
dit,Seigneur,ils  ontdeftruittes  autels,&ontoccites  Prophetes,tellement  que  ie  fuis  de- 
meuré (eul,inuoquant  ton  Nom.  Voila  les  parolles  du  Prophete.Monfieur,regardez,Le 
vray  feruicede  Dieu  eftoit  ruiné  :  les  Prophètes  occis  :  les  faux-prophetes  auoyent  la  vo- 
gue:Eliepenfoiteftrefcul:ôdbien,  pour  tout  eclala  dodrine  qu'il  enfeignoitlaiflbit-clle 
d'eftre  la  parolle  de  Dieu  pou  rce  qu'elle  eftoit  pcrfccuree?il  eft  certain  qnon.Ainfi  main- 
tcnant,combien  que  depuis  cinq  ou  fix  cens  ans  cefte  dodrine  que  ie  veux  maintenir  aie 


Liurcj  VIL  François  Varlut. 

efté  cachée  &r  en  feuelic,élle  ne  laiiîe  pas  d'eltrc  la  parolle  de  Dieu  pourtant.  " 

I  l  fut  tenu  quelque  propos  touchant  l'Egliie,  mais  le  propos  fut  rompu:  toutefois  ie 
fauoye  bien  qu'ils  vouloyent  dire ,  que  l'Eglife  le  recognoiflbit  par  vn  mutuel  confèntc- 
met  de  pluficurs  perfonnages.Et  moy  ie  leur  di,que  ie  cognoiflToye  l'Eglife  de  Dieu  eftre 
La  vraye    celle-là  où  ie  voy  prefeher  la  parolle  de  Dieu  purement ,  &  adminiftrer  les  Sacremcns  fi- 
EsUfe'      delemcnt  félon  l'ordonnance  de  Iefus  Chrift,&:  où  on  tient  Tordre,  police,  &:  la  dilciplL 
ne  félon  la  parolle  de  Dieu. Ils  retournoyent  toufiours  à  cela  qu'ils  vouloyent  que  ie  dii- 
putaffe  par  les  Do£teurs:mais  ie  di  que  ie  n'en  feroye  rien, d'autant  quen'auoye  pas  eftu- 
dié,&:  que  ie  n'auoye  eu  le  loiu'r.Quand  le  Moine  veit  que  ie  luy  preftoye  audience,il  dit, 
qu'il  parleroit  par  l'Efcriture:  &  commença  à  ialer  de  la  MciTe ,  l'appelant  le  (àinft  lacre- 
ment  de  la  MeiTc.Ie  luy  di,que  s'il  vou  loit  parler  de  la  Cene,  qu'il  faloit  mettre  la  Méfie  à 
LaMcffcre  part.Car,di-ie,ic  nerecognoy  point  la  Meife  pour  la  Cene  du  Seigneur,maispourvnre- 
dcUmort1  noncemenc  de  fa  mort  &c  paffion ,  entant  qu'on  la  veut  mettre  &:  bailler  pour  vn  facrifice 
de  chrift.   propiciatoue  pour  les  péchez  des  morts  Se  des  viuans .  Or  Y  Apoftreaux  Hcbrieux  y.ÔC 

10  chap.nousenfeigne,que  par  le  feul  facrifice  de  Iefus  Chrift,ayant  offert  fon  corps  vne 
fois  en  la  croix, nous  fommes  purifiez  &c  nettoyez  de  nos  pechez,&:  qu'il  ncrcfteplus  de 
facrifice  pour  les  péchez  :  &  ainiî,  il  on  veut  mettre  la  Melfe  au  lieu  de  la  mort  de  Chrift, 
qu'eft-cc  linon  vn  renoncement  d'icelle?Sur  cela  il  me  voulut  faire  entendre  qu'il  y  auoit 
deux  lacrifices,aflàuoir,le  facrifice  auquclChriftauoitfourFert&:  efpandu  lonfàngr&vn 
facrifice  fpiritucl, auquel  eftoit  fait  mémoire  du  facrifice  de  Chrift. le  luy  di,queie  fauoye 
bien  que  la  Cene  eftoit  commémoration  de  la  mort  de  Chrift:  6c  aucôtrairequela  Mef- 
fe  eftoit  vn  renoncement  d'icelle. Lors  parlant  delà  Cene,me  voulut  prouuer  que  le  pain 
après  les  parolles  n'eft  plus  pain, mais  le  propre  corps  de  Iefus  Chrift.  Or  penfant  mieux 
me  prendre  au  filet ,  il  me  demanda  premièrement  ,fi  ie  ne  tenoye  pas  Icms  Chnft  pour 

Icani4.6  veritableen  fa  parole,  fy.  Iefus  Chrift:  ditjefuis  la  voye,la  vie,&  la  verité:il  eft,di-ie,ve- 
ntable,puis  qu'il  cil  la  vente' mefme.  Sur  cela  me  dit,  Ne  croyez-vous  pas  qu'il  eft  tout- 
puiifant?      Il  dit  en  faintt  Matthieu, Toute  puiflance  m'eft  donnée  au  ciel  &  en  la  ter- 

Mat£l8lS  re.Puisquetoute  puiifancc  luy  cft  donnée,  iecroy  qu'il  peut  faire  tout  ce  qu'il  veut.  Or 
bien, dit  le  Moine,puis  qu'il  eft  véritable,^  qu'il  eft  tout-puiiTant,&:  qu'il  a  dit  en  faifant 
la  Cene ,  &donnant  le  pain ,  Ccft-ci  mon  corps ,  nous  croyons  quele  pain  eft  fon  corps 
par  fa  puiflance.ccci  fut  dit  aucc  longs  propos,mais  ierefpondi  en  peu,Ie  vous  demande 

11  h  parolle  de  fainct  Paul  n'eft  pas  véritable,  comme  la  parolle  de  Chrift,  &:  fi  faind  Paul 
en  parlât  ou  efcriuât  n'a  pas  cfté  mené  de  l'Efprit  de  Iefus  Chrift  î  vous  ne  le  pouucz  nier. 
Or  maintenant  puis  que  vous  voulez  prendre  les  parolles  de  Iefus  Chrift  félon  la  lettre, 
quand  il  dit,C'eft-ci  mon  corps:  le  vous  demande  commet  vous  entendez  les  parolles  de 
faincl:  Paul  au  dixième  chapitre  de  la  première  aux  Corinthiens  où  il  dit,Nos  peres,afla- 
uoir,les  enfans  d'Ifrael,  ont  mange  vne  mcim e  viâdefpirituelle  com me  nous,  &  ont  beu 
vn  mefmc  breuuage  fpirituel:  car  ils  beuuoyent  de  la  pierre  fpirituellc  qui  les  fuyuoit ,  &C 
la  pierre  eftoit  Chrift. Comment,di-ie,cntendez-vous  que  la  pierre eftoit  Chrift? 

Ced  eftoit      ^  g  Moine  vouloir  cm  brouiller  le  papier,  difant  qu'aux  parolles  de  fain£t  Paul  il  faloit 
ge.Quand   expofition,  mais  aux  parolles  de  Chrift  en  la  Cene  il  n'en  faloit  point,    yt.  Ne  nous  cm- 
monficiir    brouillez  pas  ici  la  matière  par  vos  propos ,  car  c'eft  tout  vne  m  efme  manière  de  parler, 
wj?  parier  comme  en  pluiieurs  autres  lieux  de  l'Eicriture ,  là  où  le  figne  eft  appelé'  par  le  nom  de  la 
de  cci  cho-  chofe  fignifiee.  commeen  l'ancien  Teftament  l'Agneau  eft  nomme'  la  Palque,  ou  le  paf- 
uîSloïïlf*  ftge  du  Seigneur.    Or  1' Agncau,à  parler  proprement,  n'eft  pas  le  pafTage ,  mais  le  figne 
par  lecofté,  du  Pafiage.Semblablcment  la  Circoncifion  cft  appelée  l'Alliacé  du  Seigneur. Or  ce  n'e- 
Ifto?  liinj  ^oic  Pas  1  ^nancejmais  ^e  %nc  ^c  l'alliance,comme  S.Paul  aufli  aux  Romains  4.1appele 
Ront+n"  Seau  delaiufticedefoy.  Voila,di-ie,commententous  cespaifages  les  fignes  font  appe- 
lez par  le  nom  delà  chofe  qui  cft  par  iccux  fignifiee .  Et  fi  vous  neftes  contens  de  tout  ce- 
la, regardez  au  vingrdeuxieme  chapitre  de  làin£t.Luc,en  l'inftitutiondela  Cene:  Iefus 
Liicn  10    Chrift  baillant  la  couppe ,  dit ,  Beuucz-en  tous  :  car  c'eft  le  nouueau  Teftament  en  mon 
fang.il  appelela  couppe,Le  nouueau  Teftament.  Or  vous  fauez  bien  qucla  couppe  n'e- 
ftoit  pas  ce  nouueau  Teftament:  mais  le  Vin  qui  eftoit  dedans,  fignifioit  le  fang  de  Chrift 
qui  dcuoit  eftre  efpandu  en  la  nouuelle  alliance.&;  ainfi  Chrift  baillant  le  pain,  &:  difant, 
C'eft-ci  mon  corps,  vfe  de  cefte  manière  de  parler,appelantlepain>quieft  le  figne  de  fon 
corps, Son  corps. mais  le  pain  demeuré  pain, &  le  vin,vin:&  le  corps  &:(àng  deChrift  font 
donnez  interieurcm  ent  pat  le  Miniftre  intérieur  qui  eft  le  fainît  Eiprit,  qui  nous  £&a£çn- 


François  V  or  hit.  60  / 

tir  en  nos  cœurs  lefruiet,Ia  vertu  Sé  efficace  de  ce  qui  nous  eft  acquis  parla  mort  de  Icfus 
Chrift.Lc  Moine  fauta  en  vn  autre  paiîagc,&:  me  demanda  comment  l'entendoyedonc 
ccquefainct  Paul  dit,Qu'ilfefautcfprouuer  fby-melmedeuant  qu'aller  à  la  table  du  Sci-  lCoMI*8 
gneur,&  que  quiconque  prend  le  corps  du  Seigneur  indignement,lc  mange  àfa  côdam- 
nation.    y..  Sain&Paul  monftre  là  qu'il  faut  lentir  en  iby-mefmeii  on  eft  bien  prépare  Quec*eft 
deuant  qu'aller  à  la  Cenc .  La  préparation  c'elt  qu'on  doit  auoir  repentancc&  defplaifir  jjy'«1Pr0Uî 
de  lès  tau  tes  &c  pechcz:qu'on  doit  auoir  Ta  foy  &  fiance  en  IemsChrift,attédant  falut  par 
Ùl  mort  &  pallion:  on  doit  auoir  amour  &:  charité  vers  fes  prochains,  fans  auoir  haine  ne 
rancune  contre  perfonne.Mais,dit  le  Moinc,voycz  cornent  il  dit,  iLe  corps  du  Seigneur, 
&  non  point  Pain. Et  fi  ce  n'eltoit  point  le  corps  du  Seigneur,ilnelediroit  point,maisdi- 
roit  pain.  Voire,di-ie,cft-ce là  que  me  voulez  auoir  ?  ne  fauez-vous  point  que  fainct-  Paul 
l'appelé  Pain  par  plufieurs  foisîrcgardezau  dixième  chapitre  où  il  dit ,  Le  pain  que  nous 
rompons  n'eft-ce  pas  lacommnnio  au  corps  de  Chrift?  regardez  aufiî  au  z. des  A&es,cô- 
ment  il  eft  appelé  pain  quand  fainct  Luc  dit,  qu'ils  communiquoyent  par  les  maifonsen 
oraifon  &:  au  brifement  du  pain.  &c  en  ce  chapitre  onzième  des  Corinthiens  eft  par  plu- 
îîeurs  fois  appelé  pain.    S  v  r  cela  monfieur  de  Manfart  dit:  Voila,  voila  les  melmes  ar- 
gumens  de  Caluin.  Puis  le  Moine  me  nomma  vn  Docteur  qui  auoit  efté  de  cefte  doctri- 
ne,maisqu'ilscn  eftoit  dcfdit.  le  luy  refpôdi  que  ieneftoye  pas  fondé  fur  les  homes.  Et 
leur  di, Comment  entendez- vous  ceci,q  le  pain  foit  le  vray  corps  de  IefusChrift,veu  que 
Iefus  Chrift  dônant  le  paî  à  (es  Apoftres  eftoit  aflîs  à  table ,  &  tenoit  le  pain  enfes  mains, 
&  le  donna  à  magerîCar  fi  le  corps  de  Iefus  Chrift  eftoic  fcmblableau  n  oit  re,  excepté  pé- 
ché, eftat  aflls  à  table,n'eftoit  pas  en  la  bouche  de  Ces  A  poftres,mais  deuant  eux.  Môfieur 
Manfart  me  dit,Que  le  corps  de  Chrift  eftoit  femblable  au  noftrequad  il  vouloit:  Vau- 
tre auflï  quand  il  luy  plai(bit,com  me  il  a  monft  ré  en  pluficurs  œuures,  quand  il  a  chemi- 
né fur  les  caux,car  cela  n'eftoit  pas  le  faict  d'vn  homme.Ie  luy  di,Ie  cognoy  &  côfelTc  que 
pat  la  vertu  Diuine  il  a  fait  beaucoup  d'œuures  impoffibles  aux  hommes,comme  chemi- 
ner fur  les  eauxrrefTuiciter  les  mortsrillumincr  les  aueugles:  ils'eft  tranlfiguré  en  la  mon- 
tagne de  Thabor.bref,eftant  mort,  pat  fa  puiflanec  Diuine  il  s'eft  refliifcité ,  &c  plulieurs 
autres  chofes  qu'il  a  fait  par  fa  Diuine  puiflanec  :  mais  d'auoir  mis  fon  corps  humain  en 
deux  lieux  en  vn  inftat,cela  ne  fe  trouue  nullcmét  en  l'Efcnture.Car  il  atoufiours  môftré 
auoir  les  vrayesproprietez  d'vn  vray  homme,  Si  n'a  pas  ioué  de  tel  tour  de  pafle-pafl'e, 
comme  vous  voulez  dire  qu'il  auroit  fait  en  fâ  Ccne,  d'eftre  aflis  à  table,&  d'eftre  dedans 
la  main,&:  puis  en  la  bouche  de  fes  difciples.    Sur  cela  aucuns  me  dirent  quefon  corps 
eft  glorieux.  le  leur  di  que  lors  qu'il  fit  là  Cene  il  n'eftoit  pas  encores  glorifié  :  car  il  eftoic 
encores  fuiet  à  faim  &foif,à  froid  &:  chaut:  bref,il  eftoit  encores  fuiet  à  la  mort  :  &C  com- 
bien que  depuis  fa  refurredion  il  n'eft  plus  iuiet  à  toutes  ces  pallions,  mais  eft  glorifié,  Ci 
n'a-il  pas  lai/Té  de  retenir  les  proprictezdVn  vray  corps ,  combien  qu'il  foit  glorifié .  Il 
n'eft  pas  vnfantofme,  mais  eft  encore  vray  homme:  lia  fa  longueur &laigcurou  groi-  Lc$Ç°Jric* 
feur,&  n'eft  qu'en  vnlieu,auauoir,auciel,où  ilfetaiufqu'àlareftauration  detoutescho-  '"y  corps, 
fes,  comme  il  eft  dit  au  troificme  chapirre  des  Actes  des  Apoftres.    Adonc  monfieur 
deMoulbay  feleua  delà  table,  en  dilanr,  le  voy  bien  qu'il  nous  voudroitbien  enfeigner 
&  prelcher,'&  faire  croire  comme  luy.  A  cela  ie  luy  di,Monfieur,ie  fay  bien  que  celuy  qui 
plante  &celuy  qui arroufe ne  font  rien ,  mais c eft  Dieu  qui  donne  accroiflement : c'eft 
que  quandil  luy  plaira  vous  illuminer  tous  par  fon  fainct  Efprit,  adonc  vous  fentirezen 
voftre  confeience  fes  biens  &  grâces ,  &:  repos  que  ie  fen  en  ia  mienne .  voila  où  finirent 
nos  propos* 

Or  i'ayefcritnon  pas  le  tout;  carie  fuis  certain  que  beaucoup  de  propos  furent  en- 
trelacez qui  font  mis  en  oubli,  toutefois  fay  misles  principaux  au  plus  près  que  i'ay  peu, 
pour  voftre  contentement,  priant  Dieu  les  faire  profiter  entiers  ceux  &C  celles  qui  les  li- 
ront.Ie  remettray  ici  encores  vn  propos  que  iauoye  oublié,  priât  qu'il  foit  mis  en  Ion  en- 
droit en  corrigeât  le  tout:  c'eft  q  le  Docteur  me  reprocha  q  nos  Miniftres  ne  font  auiour- 
dhuy  nuls  miracles,pour  côfermer  noftre  doctrine:  voirc,&:  q  fi  c'eft  la  parole  deDieu,qu'  I^"mir*" 
il  faut  que  faifions  des  miracles  comme  les  Apoftres.  Ieleurdemâday  lurcela:.Si  vnelet- c"' 
tre patente  donnée  &:  feellcc  vne  fois  par  vn  Roy, ou  par  Meffieurs  iciprcfens,n'eftoit  pas  ^propre* 
toufiours  de  valeur  aufli  long  téps  quele  feau  eft  en  fon  entier,  &:  fi  dedans  trente  ou  qua 
rate  ans  apres  eftre  dônee  il  lera  befoin  de  feau  nouueau,  pourucu  que  le  premier  ne  foie 
point  cafte  ou  rompu  î  Perfonae  ne  dit  mot .  Adonc  ie  di,  Puis  que  la  lettre  eft  la  mefme 

KKJc. 


Lime  VIL  François  Varlut. 

quiaefté  dônee,&  que  le  feau  demeure  entier,il  fert  à  toufiours  pour  cofirmation.  Aullî 
femblablemenc  les  miracles  que  Icfus  Chrift  a  fait,  comme  muer  l'eau  en  vin,  guérir  les 
malades,  illuminer  les  aueugles,reflufciter  les  morts,  6c  chofes  femblables  qui  font  eferi- 
tes  tant  en  rEuangilc,comme  A£tes  des  Apoftres ,  faits  par  eux,  nous  feruent  de  feau  Se 
de  cofirmation  de  la  do&rine  de  Chrift  6c  des  Apoftres, &:  feruiront  iufqu  a  la  fin  du  mo- 
de^ les  fidèles  fe  contenteront  deces  féaux  fans  en  cercher  d'autres.  ^Entre  les  propos 
par  nous  tenus, môfieur  de  Manfartmedit  qu'il  fembloit  queicme  glorifiaflc  en  mes  pa 
rollesdaquelle  chofe  me  piqua  fort  au  cœur,  en  forte  qu'en  luy  redondant  les  larmes  me 
vihdrentauxyeux:&  luy  reipondi, Sauf  voftrehonneur,Monfieur,ic  ne  me  glorifie  polt: 
&:  fi  ic  parle  franchement,ou  fi  i'ay  des  geftes  qucles  autres  n'ont  pas ,  ne  dires  pas  quece 
foit  pour  me  glorifiencar  c'eft  ma  couftume  déparier  clair  6c  franchemet.  Or  ie  penfoye 
qu'il  dift  ces  choies  à  demi  par  fafcherie,  pource  qu'il  ne  voyoit  aucune  apparece  de  nous 
feduire,come  il  a  fait  Ican  De  la  rue,duquel  il  s'eft  glorifie.  Or  cen'eft  pas  en  ceft  endroit 
feulement  qu'il  me  picqua ,  mais  en  plufieurs .  le  remets  tout  en  la  main  de  Dieu ,  ne 
mefouciantpas  beaucoup  de  leur  moquerie, eftantafleuré  que  le  grand  luge  ingéra  tout 
iuftement. 

Vo  v  s  ferez  encore  aduerti  que  ledit  de  Manfart  nous  vient  fouucntvoir  en  laprifon 
pour  deuifer.Etc'elt  contre  moy  qu'il  tient  le  plus  de  propos, &  beaucoup  fur  la  Cene.  le 
leseferiroye  volontiers,  maisien'ay  pas  lemoyen,  faute  de  papier.  Or  i'clcriray  vneque- 
arbitre^"  ftion  d'autre  matière.  C'eft  qu'il  me  demada,  Et  du  franc-arbitre  doc  qu'en  fèntez-vous? 
ne  croyez-vous  pas  quel'hommeauec  lagracedeDieualapuiiîancede  bié-faire.?Ievous 
diray,Monfieur,  que  i'en  fen  félon  la  parolle  de  Dieu.  Premierem ent,  d'autant  que  Dieu 
eft  bon, il  a  créé  l'home  bon,&  à  fon  image  6c  femblance,  &:  ayant  liberté  de  faire  le  bien 
ou  le  mal.Eftât  en  ceft  eftat,  Dieu  luy  eômanda  d'obéir  à  fa  parolle,auec  promefîe  qu'en» 
la  gardant  il  viuroit  en  l'am  itié  de  Dieu  :  au  contraire,  s'il  delobcifToit ,  feroit  ennemi ,  SC 
mourroit. L'homme  premier,anauoir  Adam,n'eft  pas  demeuré  en  ceft  eftat  où  Dieu  l'a- 
uoit  creé:mais  par  le  conieil  &c  inftigatiô  du  diable,  s'eft  retiré  del'obeiflance  de  Dieu  en 
tranfgrciTant  fon  commadement:  &:  par  ce  moyen  s'eftant  lié  auec  le  diable,  &  fe  rendâc 
en  fa  fùiettion  a  efté  rendu  ennemi  de  Dieu,du  tout  corrôpu  &c  adonné  à  mal  luy  &c  tou- 
te fa  pofterité,  fans  pouuoir  nul  bien  faire,  mais  tout  mal:  comme  il  eft  dit  Genef.  6,&8. 
Btef.toutes  les  affedions  de  l'home  des  fa  naiflance,ne  font  que  péché.  Voila  que  ie  croy 
&tien  de  l'homme  en  fa  nature  corrôpue,Qu.'il  ne  peut  faire  aucun  bien, mais  tout  mal. 
Li  condiciô  Quant  à  l'homme  Chreftien,c'eft  à  dire,l'homme  renouuclé  6c  régénéré  par  le  faind  E- 
chfdSe™0  lprit,&  auquel  Chrift  habite,  ie  croy  qu'il  ne  demeure  pas  oiiiftains  Dieu  par  fonEfpric 
fait  par  ceft  homme  bonnes  œuures  :  toutesfois  elles  nefont  pas  encores  parfaites  :  car  il 
demeure  toufiours  en  ces  reliques  de  la  corruption  qui  refifte  à  l'Elprit  :6c  cela  voyons- 
nous  au  cinquième  chapitre  des  Galates,où  (aincl;  Paul  dit,  La  chair  conuoite  contre  l'eu 
fpritj&l'efprit  contre lacrjair:&:  ces  chofes  lont  aduerfaires  l'vne  à  rautre,tellement  que 
vous  ne  faites  pas  tout  ce  que  vous  voulez.  Et  au  feptiefmc  chapitre  des  Romains  fain£t 
Paul  monftre  bien  par  foy-mefme,que  l'homme  régénéré  ne  fait  pas  encore  tout  ce  qu'il 
defire,quand  il  dit,  le  trouue  bien  en  moy  le  vouloir,mais  ie  ne  trouue  pas  le  parfaire .  6C 
apres,Ie  ne  fay  pas  le  bien  que  ie  veux,  mais  ie  fay  le  mal  que  ie  ne  veux  pas.  Voila  que  ie 
fen  du  franc-arbitre,Querhommeen  fa  bonne  création  pouuoit  faire  bien  &:  mal:  eftant 
renouuelé  parl'Efprit  de  Dieu, fait  bien, mais  non  parfaitement. 

Alors  il  médit ,  quil  ne  s'accordoit  pasauecques  moy  en  cela ,  mais  difoit  que 
l'homme  de  foy-mcfmeauecqueslagracede  Dieu, pouuoit  faire  bieu  ou  mal.&:  fit  beau- 
coup de  propos  là  deflus ,  mais  ie  luy  ramenay  toufiours  le  fixieme  &:  huitième  chapitre 
deGenefe.letroiiiemedc  lafecondeaux  Corinthiens,  oùfainct  Paul  dit, que  nous  ne 
îbmmes  pas  fuffifans  de  peniér  quelque  chofe  de  nous,commc  de  nous-mefmes,mais  no 
ftre  fuffifànceeft  de  Dieu.  Et  au  deuxième  chap.  des  Philippiens,  où  il  dit  que  c'eft  Dieu 
qui  fait  en  nous  le  vou  loir  6c  le  parfaire  félon  fa  bonne  volonté .  ^  Or  d'autant  qu'il  a- 
unit  dit  aux  au  très  que  ie  me  vantoye  en  m'afleurant  de  mon  falut  :  ie  luy  di ,  Monfieur, 
I'ay  entendu  que  vous  auez  dit  à  nos  compagnons  que  ie  me  glorifie,  difant ,  que  ie  fuis 
afleurédemon  falut,commefiiemevouloyevanterd'eflTeiuftecnmoy-mefme5Tevous 
prie,entcndez comment  i'ay  parlé,&  quel  ie  merecognoy  eftrc.  Quant  à  moy  :  Ieco- 
gnoy  &  confefFequeie  fuis  vnpoure  pécheur,  ofFenfant  Dieu  iournellement:  ÔCpar  ce 
moyen  fuis  digne  de  perdition  6c  damnation  :  mais  d'autant  que  Dieu  me  fait  îerrttt  mes 

fautes» 


Franfois  Varlut.  6  06 

rautes>&:  qu'il  me  donne  la  grâce  de  luy  en  demander  pardon  au  nom  de  Iefus  Chrift,luy 
priant  qu'il  reçoiue  la  more  de  Iefus  Chrift ,  &:  l'obcifTance  d'iceluy  pour  reçompenfede 
mes  fautes:d'aucant,  dwe,qu'il  me  fait  auoir  recours  à  Iefus  Chrift ,  ie  m'affeure  qu'il  me 
les  a  pardonnez,  &  pardonne,  en  forte  queftant  par  la  foyconioint  auec  Iefus  Chrift,  ié 
«roy  ion  fàng  eftre  mon  lauemét:fa  iuftice  eftrela  mienne:  ie  croy  que  fà  mort  eft  ma  vie: 
j?ref,par  luy  ie  fuis  fait  enfant  de  Dieu  héritier  defon  royaume  ce  leftc.  voila  où  ie  m'af 
feurc&nonenmoy.  Mi  s  amis,  voila  les  parolles  que  i'ay  tenues  au  plus  près  que  ie  les 
ay  peu  mettre.Il  y  eut  encore  beaucoup  d'autres  deuis,  mais  ie  n'ay  pas<le  papier.  I'cfpe- 
rc  que  vous-vous  contenterez  de  ceci .  5c  ie  prie  que  le  tout  foie  corrige  &:  mis  pat  ordre, 
le  voudroye  bien  (auoir  ii  vousauez  reccu  mes  premières  interrogation  s.  Quantàma 
difpofition,elIe  eft  telle  que  i'ay  matière  de  rendre  grâces  à  Dieu  qui  ma  fortifie  Tay  fen- 
ti  le  fruift  de  vos  prières. continuez  de  prier  auec  moy  à  Dieu  qu'il  par  face  ce  qu'il  a  com- 
mencé en  moy,afîn  que  ic  perfeuereen  vraye  foy.  Chrift  eft  mon  tout. 

EPISTREde  François  Varlut^  tous  frères  &  foeurs  fidèles  en  Iefus  Chrift  pour  les  encourager  à  purement, 
feruir  Dieu/ans  diffirauler  nullement. 

E  S  frères  &  fceurs,ic  vous  remercie  en  premier  de  vos  prières  cV  oraifons ,  vous  af- 
fairant que  l'en  ay  lenti  lefrui&iufqucs  àprefcntcar  Dieu  ma  fortifie' en  telle  ibr- 
t  cque  pour  craintedes  hommes  ie  n'ay  pas  celé  vn  feul  mot  de  ce  qui  peut  feruir  à  lagloi 
re  5C  honneur  de  Dieu  fur  ce  d'où  i'ay  efté  enquis.    I'ay  refpondu  limplement  5c  ronde- 
ment ,  félon  le  petit  don  que  le  Seigneur  m'a  départi ,  5c  depuis  me  fuis  fenti  tellement 
fortifié  par  l'Efprit  de  Dieu,qu'ils  n'ont  rien  gagné  fur  moy, ne  par  parolles  ne  pargehen- 
ne.Ie  n'ay  pas  redouté  leur  grandeur  ne  leur  hautefle,maislesay  eftimcz,par  manière  de 
dire,  côme  marmoufets  de  neige,au  regard  de  l'Eternel  noftre  Dieu,le  Dieu  fort  &tout- 
puilîant  auquel  i'elpere,&  lequel  eft  ma  tour  5c  forterelTe qui  megardera .    Quant  aux 
prifons,combicn  qu'elles  fontafTez  hideufes  pour  l'obfcurité  :  toutefois  ie  m'y  fuis  trou- 
uc  plusioyeux  que  ne  font  nos  eunemis  en  leurs  palais  &:  chambres  parées  5c  tendues  de 
tapilîerie. Touchant  des  chainesque  i'ay  auxiam  bcs,ie  m'y  pompe  &c  m'eftime  plus  bra- 
ue  auec  icelles,  qu'ils  ne  font  auec  leurs  chaînes  d'or  à  leur  col  :  ie  me  conforte  au  fon  d'i- 
celles,&:  la  mélodie  m  en  femble  belle  ôiioycufe  quand  elles  refonnent&rctentiiTent 
auec  noftre  voix,lors  que  nous  chantons  les  louanges  de  noftre  Seigneur  Dieu  :  ie  di  que 
cela  me  donne  cent  fois  plus  de  ioye  &:  de  rcfiouyllance  en  mon  cœur ,  que  nos  ennemis 
n'ont  de  plaifirs  de  leurs  fleutes,tabourins,haubois,violes,&:  violons,  5c  tan  t  de  fortes  de 
pafle-temps  qu'ils  onten  leurs  grans  banquets  &conuiues.  Voila  comment  le  Seigneur 
m'a  conforté  5c  fortifié .  Et  c'eft  en  qûoy  i'ay  fenti  le  fruict  de  vos  prières .  5c  auffi  des  no- 
ftres.  Mes  frères  &fceurs  de  Tournay ,  ce  n  eft  rien  d'auoir  bien  commencé  5c  fouftenu 
les  combats  iufques  à  maintenant ,  finon  qu'on  perfeuere  iuf'quesà  la  fin  pour  obtenir  la  Marth.z^" 
victoire. Si  doneques  vous  aucz  bien  commencé  à  pner,que  maintenat  vouscontinuyez  Jj^J'*" 
auecefties  moy  5c  mes  compagnons  de  prier  l'Eternel  noftre  Dieu,  qu'il  continuefa  bon-  EpheU. 
té  fur  nous:qu'il  nous  munifle  de  toutes  forres  d'armes  fpirituelles,afîn  quepuifîiôstouf- 
iours  refifter  5c  combatre  vaillamment  5c  conftamment  cotre  tous  enncmis,repouiTans 
leurs  efForts&les  afTauts  qu'ils  donnent  &  donneront.  Priez,priez,  di_ie,car  il  eft  temps: 
les  grans  afTauts  vont  venir.  5c  ie  cognoy  de  moy  que  ie  ne  puis  rien  faire,  ne  queic  puifïè 
reiifter.Nefotez  doneques  endormis  ne  lafehes,  mais  faites  voftre  deuoir  auecques  moy 
d'inuoquer  le  Dieu  fort,pour  eftre  fortifiede  Dieu  viitorieux,  pour  auoir  la  victoire.  le 
fuis  certain,moyennat  q  vous  faciez  voftre  deuoir,  5c  moy  aufïi,de  le  prier,qu'iLmeforti-     ^  ^. 
fiera  iufqu'à  la  fin,furmontant  par  patience  toutes  peines  5c  tourmens ,  moqueries,  bro-  fçl[u  9 
cards,&:  rifees  qu'ils  nous  font .  Et  ainlï  pafTant  parmi  cefte  voye  eftroitte ,  5c  parmi  tant  Mardi.7- 
d'opprobres,voire  parmi  la  morr,iefpere  entrer  en  la  viebié-heureufe,  où  il  n'y  aura  que  APocd7, 
ioye  5c  confolatiomlà  régneront  les  vrais  fidèles  5c  Chrcftiés  auecques  leur  Chef  5c  Ca- 
pitaine Iefus  Chrift,qui  eft  l'Agneau  qui  les  conduira  aux  fontaines  d'eau  viue.-là  ferons- 
nous  remplis  de  tout  bien  &plaifîr:  les  larmes  feront  effuyees  de  nos  yeux  -.nous  n'y  au- 
rons ne  foifnefaim:touteschofes  feront  noftres:&  les  mefehas  alors  n'auront  pas  la  puif- 
fanec  de  nous  ofter  ces  biens-la,commcils  font  maintenant  les  biens  mondainsrl'obfcu- 
nté  des  priions  fera  pafîee,  &:  Dieu  fera  noftre  lumière  5c  clarté  :1a  fureur  5c  mauuaifè 
mine  de  nos  ennemis  ne  vous  fera  plus  auoir  crainte  ne  peur  :  nous  verrons  noftre  Dieu 

KKk.ii. 


L/tfro  VII.  François  Varlut. 

ficeàface:lcsfoufpirs,  larmes  &  pleurs  ne  nous  feront  pluseftre  fi  laids  &.  défigurez:  car 
i  Cor.13.    nos  faces  feront  reluifantes  commelefoleil,&  ferons  (émblables  aux  Anges ,  voireiem- 
Sutchjs.    blables  au  corps  glorieux  de  noftrc  Seigneur  Iefus  Chrift,  &  le  cognoiftrons  comme  il 
Match  19.    nous  cognoirralors  nous  negemirons  pas,&:ne  chanterons  plus  complaintes,mais  chan 
fteln'3'     terons  cantiques  de  refiouylfancc,  rendans  grâces  à  noftre  Dieu  de  la  vi&oire  obtenue 
X"  Ca°'3'     par  l'Agneau.  Il  n'eft  poffiblc,mcs  frères,  que  e  puiife  eferire  ne  dire  ce  que  l'en  (en  déf- 
ia en  mon  cœur,de  cefte  ioye  fpirituel  le  des  enfans  de  Dieu  :&  n'eft  poffibledepcnferce 
qui  en  cft,&  qu'ilen  (era.  Parquoy  ie  vous  renuoye  aux  promelîcs  qui  en  font  faites  en  là 
parolle  de  Dicu:con(îderez-les  diligem  ment ,  afin  que  par  ce  grâd  bien  &  ioye  que  Dieu 
a  préparée  à  les  enfans,vous  foyez  de  tant  plus  elmeus  à  vous  retirer  de  toute  ccuurc  mau 
Ceux  qui    uaile.  le  parle  à  ceux  qui  ont  quelque  cognoilîànce  des  Efcriturcs,&:  cependant  ne  laiC 
h  vérité0"  fentde  communiquer  aux  ceuurcs  du  diable  &c  del'  Antechrift,aux  idolâtries  61  lupe  rfti- 
oycnrccci.  tions  de  l'tglifeRomaine,du  tout  contrela  gloire  de  Dieu .    le  di  que  s'ils  auoyent  bien 
gouftc&:  imprimé  en  leurs  cœurs  les  biens &L  ioye  que  Dieu  promet  à  Ces  enfansqui  luy 
lèront  fidèles  &:  obeillans,ils  ne  leroyent  fi  lafehesnefidefloyaux  qu'ils  (bnt,communi- 
quans  auxeeum  es  mefehantes  del'Arirechnft.    Certes  la  caufequiles  tait  retirer  de 
Dieu,  c'eft  d'autant  qu'ils  n'ont  leur  fiance  en  Di'eu:&:  negouftent  finon  les  chofes  de  la 
terrc:&  ce  qui  les  fait  ainii  difiimuler,cen'eftfinon  pour  la  crainte  des  hommes.  Or  s'ils 
auoyent  mis  leur  fiance  en  Dieu,  letanans  pour  leur  prote&eur,  veu  qu'ils  lediiènt  le 
Dieu  des  dieux,le  Roy  des  Rois,lc  Seigneur  des  feigneurs,  auroyen  c  ils  crainte  des  hom- 
mes, quifont  moinsque  versdetetreau  prisdeluy,&:  qui  ncfepeuutntrien  mouuoir 
fans  luy  &  (ans  fa  volonté?helas  nonxar  avans  leur  fiance  en  luyj'aimcroyent  en  tel  le  for 
te, que  l'amour  qu'ils  luyporteroycntlesticndroit  en  telle  obeiflance  qu'ils  pourroyent 
deffier  ton  t  le  monde  par  Ja  fiance  qu'ils  auroyen  t  en  luy,  eftans  affeurez  que  rien  ne  leur 
aduiendroit  (ans  fon  congé. le  ne  veux  pas  direque  les  fidèles  foyer  (ans  crainte,  ic  ne  l'ay 
pasefté,&:  ne  fuis encore:mais  cependant  la  fiance  lurmonte  la  crainte,  &  l'amour  rend 
obeiflance  à  la  bonne  volonté  &c  commandement  de  Dieu.  Mais  quoy?  la  plus  part  eft  li 
enracinée  en  cefte  terre,&.  aiment  tantles  honneurs,  les  plaifirs  &c  richefles  dece  monde, 
qu'ils  fe  huilent  conduire  &c  gouuerner  par  le  prince  du  mondequi  eft  le  diable  :  &:  li  tels 
fe  veulent  vanter  d'eftreChrcftiês,  ie  les  renuoye  à  noftrc  Seigneur  Iefus  Chrift  qui  dit, 
Qu'on  ne  peut  feruir  à  deux  maiftres.EtàS.  Paul  qui  dir  en  la  i.des  Cor.chap.io.Qu'on 
ne  peur  eftrc  participant  de  la  table  du  Seigneur  Se  de  la  table  des  diables:  qu'on  ne  peut 
boire  la  cou  ppe  du  Seigneu  r ,  &:  la  couppe  des  d  îables ,  &c .  Que  le  Seigneur  ne  veu  t  pas 
des  enfans  qui  feruent  moitié  à  luy,  moitié  au  diable.  Il  le  faut  tenir  du  tout  au  pur  fe  ui- 
ce  de  Dieu ,  &  fuir  toute  idolâtrie,  fi  on  veut  cftrele  peuplede  Dieu  ,&  fi  on  (c  veur  dire 
Chreltien.Carceux  qui  lcfôntvrayemenr,ontChrilt  habitant  eneux:&  quelle  horreur 
feroir-ce  déporter  Iefus  Chrift  le  Fils  de  Dicuau  feruicedu  diable  ?  porter  Iefus  Chrift  le 
Sainct,le  Iuftcl'Agneau  fans  macule,  aux  bordeaux  de  Saran,  remplis  de  tourepaill  \rdi- 
fe  &  fornication  ipirituelle,lefquelles  il  a  tant  en  haine?Ie  fay  bien  que  tels  (imulateu  rs  a- 
menent  beaucoup  deraifons  humaines  pour  faire  leurcaule  bonne  s'ils  pouuoycht:  les 
vnsonr  leurs  femmes,cnfas,pere,&f  mereàcontéter,&:  autres  couucrturcs  friuclespour 
pouuoir  demeurer  à  leur  plaifir  auec  l'amitié  du  monde:mais  toutes  leurs  raisons  ne  cur 
profirerôt  de  rien, veu  que  la  parolle  de  Dieu  eft  contr*  eux,&  leur  dcfvnd  ces  chofes.  Or 
il  ie  difoye  ceci  eftant  à  Gencue ,  ou  en  Angleterre ,  ou  en  quelque  autre  pays  de  liberté, 
plufieurs  merepliqueroyent,  Voire,  voire,il<n  parle  bien  à  fon  aife  eftant  hors  de  dager: 
s'ileftôitcn  ce  pays-ci,  il  (croit  aufiï  empclchc  que  nous .  Mais  maintenant  que  dira-on? 
veu  queie  fuis  non  (èulemet  au  pays,  mais  délia  dedans  les  prifons  de  l'Antechn'ft  enfer- 
re &  enchaîné ,  arrendant  de  iour  en  iour ,  Se  d'heure  en  heure  qu'on  me  viendra  quérir 
pour  me  mener  au  feu  pour  cefte  do£trine?Que  dira-on  maintenant  ?  Aucuns  dironr,  Et 
voire, il  eft  bié  heureux  que  Dieu  luy  a  fait  cefte  grâce  de  le  fortifier  ainfi, mais  pourmoy 
icn'oferoyeartendrelecoup,  car  ie  luis  trop  foible  &c  infirme.  Certes  icm'aiTeure  voire- 
ment  queie  fuis  bien-heureux  ,commedit  Iefus  Chrift  au  5.defain£tMarthieu.Ic  leur 
confeffe  aufftqucccft  Dieu  fans  l'auoir  mérité  qui  mefaitceftegrace .  le  croyaufti  qu'ils 
renJfroijT  (ont foibles &  infirmcs,comme ils difét:maispourquoyfont-ilsfoibIes&: infirmes? pour- 
anfcniicc    ee  queles  biens,  plaifirs  ,& honneurs  de  ce  monde  ne  fortifient  perfonncenl'œuurcdu 
de Djeu.     Scigneurxar  ce  font  efpines  qui  les  rendét  fi  foibles  &  froids  au  feruicc  de  Dieu.  Alavcu 
rite  s'ils  dreffoy  ent  leur  defir  &  atfe&ion  vers  les  biens  celcftcs,s'ils  ccrchoycnt  les  choies 

d'enhaut, 


Fr  an  fois  Variut.  6q? 

4'ctfht«t,e<jmmerain£bPaulcnfcigDc,S^:  non  celles  delà  ferrc:STi!ssfaiToyèhtleurthïcfor  coiofTj 
au  ciel,&  non  en  terrés'ils  faifoyent  leur  deuoir  de  prïcr&  iinioquer  Dieu  comme  il  ajv  *J*tt^  o 
pârîient,ils  ferbyet  fortifiez:  car  Dieu  1  a  airifi:ptemis,&  jl  eft  ftdeJè  en  fesprômeires:  mais  ^côrj* >0 
d'autant  qu'ils  ne  font  pas  valoir  &  profiter  la  féiticncc  &  lacognoitfancequieft  en  eux,  Matth.13 
mais  h  îtfùTeht  fùrmontcr  &c  furïbqucr  par  les  èfp>ihes,ayans  plus  de  foin  à  conrer  or  te  ar- 
gent ,  &  acquérir  des  héritages  pour  mettre  leurs  enfàns  en  crédit  au  monde:  pour  cela, 
di-le,  demeiu*ent-ils  débiles,  voire  com  me  du  tout  morts  au  lèruice  de  Dieu .  Pàrquoy  de 
tout  mon  cœilr  te  affe&iôn,pour  la  gloire  de  Dieu,  te  pour  leur  falut  >  ié  les  prie  âc  pren- 
dre garde  à  eui,6<:  de  ferefueiller&:  dcfuelopper  des  chofes  du  monde  pour  cer  cher  la 
gloyede  E)i èi2'&  les  bienscdeftes.Qùé  S'ils  demeurent  en  leur  ftupidité,  communiquas 
aUfx  ceuures  mauuaifes,qu'ils  foyenc  aflettrez  de  ce  que  dit  lefus  Chrift,aflaùoir,Le  ferui-  Luck, 
teùt  qui  Tait  là  volonté  de  Ion  maiftre&  rie  la  fait,  fera  battu  de  mout  de  pîaycs  :  te  iàinâ 
Pierre  drt,que  mieux  vaudroit  fi'auoiriarnaiscogneu  la  vérité  j  que  l'ayant  coeneué  s'en 
deftoutrter  ' 

QV  a  n  t  à  vous\mes  frères  &  fceurs,quï  auez  fi  auât  profité  en  l'efcole  de  lefus  Chrift, 
qu'âuczddiberé  de  (croira  Dieu  le refte  de  voftre  vie  iainétement&:  purement  felonfa 
Parolle,fans  plus  retourner  à  cette  Babylone  paillardcinfcclc ,  leglile  dei'Antcchrift  de 
Rome:  vous,di-ie,  qui  auez  lecceurdifpoféàne  iamaispluscommuniqucrà:dolatrie&: 
fupcrftition,  ie  vous  prie  dè  tout  mon  cceur  que  vous  taichiez  de  profiter  de  plus  en  plus 
à  eftre fortifiez  pour  refifter  à  toute  tentation  &:  à  tous  combats  qui  vous  pourtoyent  e- 
ftre prefentez. le  vouspriedonncz-vousgardedespiomcires&flatcricsdu monde.  Ne 
vous  lahTezpas  diftraire&: retirer  arrière  de  lefus  Chrift:  car  quand  tout  cft  dit,qu'eft-ce 
qu  le  monde  vous  peut  donner  finon  des  biens  te  riche/Tes  de  la  terre?  mais  vousfauez 
tant  bien,quece  qui  eft  ici  bas  ira  en  fumec,&  pafTera  comme  le  vent:&  au  côtraire,  que 
les  biensjplaiiirs  te  honneurs  quclcfus  Chrift  nous  a  promis ,  te  qui  font  défia  préparez, 
ricpcrirontïamais:mais  dureront  éternellement .  Parquoy  ietrez  vos  dciirs  te.  aftechons 
veriles  biens  ecleftes,  afin  quenefoyezplusaffe&ionnczauxbiésdecemondejmaisque 
foycz,commelàin&Pauldit,vfansdu  mondecommen'en  vfans  point  :  pofîedans  com- 
me  ne  pofledans  point .  Suyuez  l'exemple  deMôylc,  quia  refulc  d'eftre  appelé  fils  de  la  Hcbr.u 
iîlle  de  Pharao  roy  d'Egyptc,aimant  mieux  eftre  affligé  auecques  le  peuple  de  Dieu,  que 
pourquelquetempsauoiriouyllàncedepeché:eftimantropprobrede  Chrift  plus  gran- 
de riche/lé  que  tous  les  biens  &  riche/Tes  qui  eftoyent  en  Egypte:  ayant,  di-ie,  ceftuy-Ia 
pour  exemple,  ne  vous  laifTezpas  tromper  du  monde  par  fes  prome/Tes  ne  par  fes  biens. 

D'avtupart,  mes  frères  &fccurs,  ne  vous  laiflèz  pas  aufîl  tirer  de  lefus  Chrift 
pour  les  grans  bruits  te  menaces  des  ennemis .  Si  vous  les  voyez  efleuez,  fi  vous  voyez  les 
priions  oûuertes,  les  efchaffauxdrefTez,  les  fagots  tous  prefts,  voire  les  feux  allumez,  ne 
laiflèzpas  lefus  Chrift  pour  toutes  ces  cho(ês,maisinuoquezDicu,& mettez  voftre  fian- 
ce enluy,  vous  afTeurans  qu'ils  n'ont  nulle  puiiTance  fur  vous ,  non  pas  de  yousoftervn 
feulchcuëu  de  Voftre  reftefarisla  volontédcDicu  noftrcPerc  tout-puiiTant:&:  vbusreti-  J]"lh'£ 
rans  fous  fa  protection  &:  fauue-garde,afleurez-vous  qu'il  enuoyera  fes  Anges  pour  vous   c  34>  9 
preferuer  detous  dangers:  tellement  que  rien  ne  vous  aduiendra  fans  fa  bonne  volonté. 
te  s'iladuient, comme  vous  voyez  maintenant  nous  eftreaduenu,  que  foyez  perfècurez, 
ilvoûsfoulagera& fortifiera  fclon  fes  promefles  aumilieu  des  arrlidions-.comme  à  la  vé- 
rité il  nous  a  fait  fentir  te  experimenrcriufqu  a  cefte  heure  au  milieu  des  ennemis  te  des 
prifons.Ne  perdez  pas  courage  mais  fortifiez-vous  au  Seigncur.il  befongne  maintenant 
plus  qu'il  n  a  fait  <ie  long  tem  ps  :  car  nous  voyons  que  plufieurs  de  nos  ennemis  font  plus 
eftonriez  que  nous.  Usfontplustriftesdece  que  fommes  en  leurs  mains,  que  nous  ne 
tommes  nous-mefmes  d'y  eftre  :  car  leur  confciencc  les  ronge  te  mine  là  dedans,  fentans 
defia  Dieu  courroucé  contrecux  pour  leur  iniuftice,  te  pour  la  tyrannie  qu'ils  exercent: 
au  contraire,  nous-nbuscfiouylTonsauxprifons&:  dedans  le  fort  de  nos  ennemis,  d'où 
vient  cela  ?  linon  que  Dieu  nous  fait  fentir  qu'il  nous  eft  fauorable ,  &;  qu'il  eft  noftie  Pc- 
re  par  noftrc  Seigneurlefus  Chrift .  toutefois  fi  faut-il  pafler  par  là  ,  aflàuoir  par  le  feu .  Il 
cft  vray  :  mais  àulfi  nous  fauons  que  delà  mort  nous  allons  à  la  vie:  delà  terreau  ciel  ,a- 
uecques  les  bien-heureux  fidèles  de  lefus  Chrift .  Si  nous  fommes  vilipendez  auecques 
Chrift ,  nous  ferons  auffi  glorifiez  auccluy  :  H  nous  fbuffrons ,  nous  régnerons  auecques 
luy:fi  ndus  fommes  participans  de  fa  couronne  d'efpincs ,  auffi  le  ferons-nous  de  l'a  cou- 
ronneglorieufcâc éternelle  :  finous  motons  en  la  hontedu  môdeiurles  efchaftaux  pour 

KKk.  iii. 


Liurcj  VIL  François  Varhtt. 

mourir  comme  luy,aufii  ferons-nous  affis  fur  fon  ficge  roy  al  &:  throne  d'honneur. Bref,(l' 
nous  mourons  pour luy ,  nous  viurons  éternellement  auecques  luy  en  ioye&:  repos .  O, 
frères  &c  fœurs,fuyuat  ces  choies,  ie  vous  prie  tous  de  bon  cœur  de  pourfuyure  de  mieu* 
en  mieux  en  la  foy  de  Iefus  Chrift .  Çroyez-moy  que  iufqucs  ici  ie  n'ay  occafioa  de  di- 
re finon,Que  d'eftreemprifonné  &  fouffrir  pour  Chrift,eft  vne  vrayelielTe,  pourucu  quv 
on  fefubmettedu  tout  àfa  volonté,  2>c  qu  en  toute  chofe  on  procède  auecques  rondeur 
&:fimplicitc,fansfubterfugenecouuerturcdemalice:aucôtraîre,  l'eftime  que  ceux  qui 
font  prins,&  qui  voudroyenc  bien  efchappe^confeiTcnt  Chrift  à  demi,  &c  f  ont  en  grand' 
peinc.Priez^priezlinsceflTeà  Dieu  qu'il  parface  en  moy  ce  qu'il  a  commencé.  Içfcn  que 
fans  luy  ie  ne  puis  rien.Frere,iî  vous  me  voulez  faire  plaifir,faitcs  copier  &c  corriger  la  pre 
fènte,mctçant  les  teimoignages  qui  défaillent,  l'enuoyant  en  mon  nom  à  ceux  de  Valen 
ciennes,rifle,  Armentiere,  Y pre,&:  Honfcot:Ô£  la  retirez  pour.ioindre  après  mes  interro- 
gations.Nous  attendons  le  iounpriez  donc  fongneufement  pour  nous.  le  vous  recoman 
de  les  autres  frères  &fccurs  en  prifon:faites  voftredcuoir,qu'il  n'en  penile  aucun  par  vo- 
ftre  faute.eftat  auec  eux  i'ay  fait  mon  mieux.àDieu,mcs  freres&  fœursde  Seigneur  vous 
benie,&:  demeure  auec  vous  eternellemét.  Voftre  frère  &C  ami  Frâçois  Varlur,prifonnier 
pour  la  parollede  Dieu,en  Tournay.  Chrift  eft  mon  tout. 

AVTRE  eferir  de  Varlut,contcnant  autres  combats  &  difpures  qu'il  a  fouftenues  cotre  les  aduerfaires:  Se  fur 
tout  quant  au  poin&  de  la  Ccnc  du  Seigneur. 

ES  frcres>  outre  ce  que  pouuez  auoir  i;eceudcmoy,onm'atcnu  depuis  encores 
beaucoup  d'autres  propos ,  tant  au  Conleil  que  particulièrement  :6c  principale- 
ment touchant  le  pain  delà  Cenc,  pour  m'amener  là,  de  croire  que  le  pain  foit  le  vray 
corps  de  Iefus  Chrift .  Or  i'ay  vfé  de  ces  defcnfesralTauoir,  que  s'il  eftoit  prefenecorpo- 
rcllemcnt,ce  ne  feroit  pas  mémoire,  comme  Iefus  Chrift  dit,  faites  ceci  en  mémoire  de 
moy  .le  leur  ay  dit  aufii  >  Que  fi  le  pain  eft  le  vray  corps ,  que  ce  ne  leroit  plus  Sacrement, 
Monfieur  Manfart  me  djt,Nous  y  croyons  eftre  le  Sacrement,  &:  auffi  la  vérité .  Icluy  di, 
le  pren  le  pain  pour  Sacrement  de  la  main  du  Miniftrermais  la  ventéjaiTauoir  Ja chair  de? 
Chrift,  eft  donnée  par  le  Miniftre  intérieur  qui  eft  le  faind  Eiprit:&:nous  la  recelons  par 
foy  .11  me  dit  qu'il  prend  les  elpeces  &:  les  accidens  pour  Sacrement ,  ôc  la  fubftance  pour 
le  vray  corps  de  Iefus  Chrift,qui  eft  la  vérité.  Sur  ce  propos  ie  luy  amenay  le  Pfeaume  fei- 
ziei'me ,  alleguéau  fécond  te  treizième  chapitre  des  Actes ,  où  il  eft  dit ,  parlant  de  Iefus 
Chrift, Tu  ne  permettras  point  que  ton  Sainct  voye  corruption.  Commét,luy  di-ie,  en- 
tendez, vous  cela?  voila  qu'il  dit,Que  Chrift  ne  verra  pas  corruptio .  Or  le  pain  que  vous 
croyez  eftre  le  vray  corps  de  Iefus  Chnft,eft  aucunefois  mangé  ou  des  fouris  ou  des  vers, 
&  corrompu  des  tignes:cv:  comment,  di-ie,  les  fouris  mangent-elles  le  corps  de  Chrift? 
eft-il  corrompu  par  vers  ou  tignes  ?  l'Efcriture  dit  qu'il  ne  verra  pas  corruption .  Sur  cela 
il  me  dit  qu'elles  mangent  les  efpeces&  les  accidens,  &  non  le  corps.  Comment,  di- 
ic,  Les  belles  necerchent  pas  la  blancheur,  mais  la  fubftance  pour  eftre  fuftentees.-ÔC 
de  faid ,  c'eft  la  fubftance  qui  eft  mangée ,  &:  qui  fe  corrompt  .11  me  dit ,  que  le  corps  y  e- 
ftoitauiîi  longuement  que  les  efpeces  &c  accidens  eftoyent  en  vigueur.  IeIuydi,Et  après 
que  deuient-il?s  enfuit-il?  Adonc  il  commença  à  rire,  me  diiànt  qu'il  n'eftoit  pas  muni  de 
tclsargumcns.  Or  par  pluiieurs  fois  ils  me  dirent  que  îcn  eftimoycpas  que  Dicnfuft 
tout-puiiIant,puis  que  ie  ne  croyoye  pas  qu'il  peuft  faire  cela.Ie  leur  ay  dit  touiiours,que 
ie  croy  que  Dieu  peut  tout  ce  qu'il  veut,mais  il  ne  fait  rien  par  fa  puiiîance  fans  fa  volôté. 

Or  d'autant  que  les  Anabaptiftes  leur  auoyent  dit,  que  nous  prétendons  à  mettre 
bas  les  Rois  &:  Princes,&:  les  pieftres,pour  régner  en  leur  lieu, ils  fe  font  par  plufieurs  fois 
&:  fort  diligemment  cnquis  quel  eft  noftre  but ,  &  à  quoy  nous  prétendons  quand  nous- 
nous  aircmblons:&:  fi  nous  n'auons  pas  vn  ligne  entre  nous ,  pour  nous  entrecognoiftre 
quand  nous  allons  çà  ou  laie  leuray  dit,  quenous  n'auons  nuls  figncs:&  que  ne  cognoif- 
foyc  pas  les  Chreftien  s,  linon  quand  ils  fcdeciaroyent  en  priant  &:  cnrendant  grâces  â 
Dieu .  Quant  aux  afiem  blecs,i'y  vay  pour  ouy  r  la  parollc  de  Dicu,car  d'autant  cjue  de  no- 
ftre nature  nous  fbm  mes  ignorans  Ôc  enclins  à  mal-faire,Dieu  a  ordôné  entre  Ion  peuple 
la  prédication  de  fa  Parollc,  par  laquelle  on  eft  corrigé  &c  reprinsde  l'es  vices,  ony  e.lai- 
monnefté  àbienviLue,onyeftconfolépourauoiraccroilTemcntdefoy.Siles  Anaoapti- 
ftes  vous  ont  dit  que  nous  précédons  mettre  bas  le  Roy  ôc  fes  Princes ,  pour  auoir  liberté, 

ils  ont 


lisant  tort  de  dire  telles  chofes.  Car  ie  j>rotefte  deuantDieu&  deuanttout  ce  Confeil 
prefent,quc  ie  rccognoy  le  roy  Plaiiippe  pour  mon  Roy,&  tous  fes  Princes  &  Seigneurs, 
8é  vous  qui  eftesici  pour  fes  Lieutenans,aufquels  ie  veux  obéir  &  rendre  honneur  en  toji 
tes  chofes  félon  Dieu,fuyuant  ce  qui  eft  dit  aux  Romains  i$>&,n'en.  voulons  mettre  d'au- 
très  ;  mais  nous  ferions  bien  ioycux  que  Dieu  donnait  la cognoifTance  de  fa  vérité  à  no- 
ftre Roy,  &  à  vous  tous.  Q^ant  aux  Pafteurs,  d'autant  que  ceux  qui  en  portent  le  nom 
ne  font  leur  dcuoir  d'annoncer  la  parolle  de  Dieu,  nous  en  cerchôs  d'autres  qui  nous  !'an 
noncent  &  prefehent  purement  :  vous  aiTeurans  que  nous  ne  prétendons  aucune  liber- 
té ,  finon  par  le  moyen  de  noftreRoy  ou  de  fesfuccefTeurs ,  quand  il  plaira  a  Dieu  leur 
chager  le  cœur.  Il  faudroit  donc  qu'il  creuft  comme  vous,me  dit  monfieur  de  Moulbay., 
Je  di ,  Otiy,  Monteur  :  ou  bien  qu'il  nous  donnaft  congé  de  viure  en  la  reformation  de 
noftre  do&rine. 

Il  aeftéparlédelaiuftification .  I'ay  ditquenous  n'auonsiufticene  vie  finon  par  le  J^jjjf1'" 
moyen  de  noftrc  Seigneur  Iefus  Chrift,  lequel  a  porté  nos  péchez  furfoy  ,&afatisfait 
pour  iceux.  Le  moyen  donc  d'eftre  iuftifie'  par  luy ,  çeft  que  nous  croyons  en luy  :  car  lors 
que  nous  l'embrafTerons  par  foy,  tout  ce  qu'il  a  fait  eft  noftre,  ce  qu'il  a  fouflèrt  nous  eft 
imputé  :  faiuftice  eft  faite  noftre,&:  fommes  receus  par  ce  moyen  de  noftre  Dieu  î  bref,  Desbon 
nous fommes  fzks fes enfans,&;heritiers de fon Royaume etcrnel.Quanc aux œuures des  œuures!n5 
fidèles,  ie  îày  bien  q  Dieu  les  reçoit ,  &c  promet  deleur  donnerfalaire,  mais  non  pas  pour 
ladignité  d'icclles  :  car  il  s'y  trouue  toufiours  beaucoup  d'imperfe&ions,pour  lefquejlcs 
Dieu  trouueroitiufteoccafion  deles  reietter  :  toutesfois  quand  le  Chrcftien  prefentefes 
bonnes  ceuiires  à  Dieu,  au  nom  de  Iefus  Chrift ,  luy  priant  qu'il  n'ait  pas  efgard  à  l'imper 
fc&ion  &:  feuillure  qu'il  pourroit  trouuer  en  icelles,  mais  qu'ileouurel'imperfc&ion  par 
la  perfection  de  Chrift,  qu'il  couure  les  taches  &:  fbuillures  par  l'innocéce&i  fain<5teté  de 
Ïeiùs-Chrift,&  que  pour  l'amour  d'iccluy  il  les  reçoiue  :  quand ,  di-ie ,  l'home  fidèle  pre- 
fente  à  Dieu  fes  œuures  ainfi ,  il  les  reçoit,  voire  &.  les  rccompenfe,corome  il  dit,  Que  ce- 
luyqui  donnera  vntraitd'cau  auxfiens,receura  falairc:  mais  cela  vient  non  de  ladignité 
de  l'oeuure,  mais  de  la  bonté  &  grâce  de  Dieu.  Or  lefondement  de  noftre  falut  &  iufticç 
demeure  toufiours  là,  affauoir,  que  Dieu  parla  grâce  &:  amour  qu'ilnous  a  porté ,  a  don- 
né fon  Fils  Iefus  Chrift,  qui  a  fait  noftre  rédemption,  &  nous  a  acquis  la  vie.  Etainfiles 
bonnes  œuures  qui  enfuyuent  la  foy  ne  font  pas  caufe  de  noftre iuftice,  mais  dcmôftran- 
cc&ctefmoignaged'icelle. 

Vn  e  fois  entreautres  M.  Pierre  Dentier,  quifittlieutenantduRoy,meprefTafortfur  M.Pierre 
Icpoind  de  la  Cenc,  en  la  prefenec  de  beaucoup  de  menu  peuple.  le  luy  di,  Monfieur,  ce  Dentier, 
n'eftpasen  ce  poind  feulement  que  nous  fommes  difFerens,  mais  aufsi  enecque  noftre 
falut gift &: conlifteen la mort&: pafsion delefus Chrift,*:  quepar le fang précieux  qu'il 
acfpandu,  nous  fommes  nettoyez  &  purgez  de  nos  péchez  :&:  que  par  ce  moyen  feul 
nous  fommes  faits  enfans  de  Dieu.  Voila,  di-ie>que  nous  croyons  quanta  nous.  &vous 
voyez  qu'en  voftre  eglife  Rom  aine  on  vous  enfeigne  toute  autre  chofe.  On  vousenfei- 
gne  la  Méfie,  le  Purgatoire,  les  pardons  ^indulgences  du  Pape ,  &  beaucoup  d'autres  in- 
tentions pour  y  cercher  voftre  falut  &:  la  rem  iision  des  péchez. Et  ie  di  &:  croy  que  toutes 
ces  chofes  font  autani  déTenoncemens  de  la  mort  &  pafsion  de  Ieius  Chriftrc'eft  autant 
comme  fi  on  fouloit  fon  fangaux  pieds.  &  vous  dites  que  vous  cftesfi  efmerueillé  que 
nous  nenousfoucionsfi  peu  de  la  mort,  veu  que  nous  fommes  en  fleur  de  icuneiîc.  le 
vous  di,Monfîeur,  que  voila  la  principale  caufe,  c'eft  affauoir,  q  ie  m'atten  à  Iefus  Chrift, 
eftant  certain  que  là  mort  eft  ma  vie  :  fon  fang ,  c'eft  ma  purgation  &  nettoyement  de 
mes  pechez:&: maintenant  ie  le  fen  découler,  &:  arroufer  ma  confciencc,  &  c'eft  l'aiîeu- 
rance  par  laquelle  i'efpere  de  mourir,  tout  affeuréque  i'auray  la  vie  éternelle  pat  Iefus  aesS" 
Chrift.  le  proferay  ces  parolles  de  grand  zele&  ardeur  :&  plufieurs,quand  ieparloye,re- 
gardoyent  fvn  l'autre  :  &  M.  Pierre  demeura  fi  eftonné  &  fi  trifte,  qu'il  dit  deuant  partir, 
qu'il  laiflbit  maintes  fois  le  dormir  pour  nous,  ôc  qu'il  fe  foucioit  plus  de  noftre  mort  que 
nous-mefmes:  voirequ'ilvoudroit  pour  vne  pinte  de  fon  fang,  que  tout  allaft  autremét. 
Il  y  a  beaucoup  dechofes,mais  ien'y  puis  reuenir  àlesefci  ire:toutesfois  qua t  aux  poin&s 
delà  Religion,  ils  ne  m'en  ont  parlé  d'auâtage  au  Côfeil,finon  de  laCene:  &  difènt  toitC 
iours  que  fi  nous  voulions  accorder  ce  poin&,qu 'on  feroit  du  refte.  Vous  prendrez  ce  qui 
pourra  feruir  à  édification ,  &  faut  que  vous  me  fupportiez:  car  ie  n'ay  iour  ni  encre  qu'à 
demy.  Or  quant  à  ma  difpofition  elle  eft  telle,  Que  combien  que  pafle  fixans  i'eufte 


Lime  VIL  François  Varht. 

penfé  à  ce  qui  meft  aduenu  à  cefteheure,&  que  ie  m'ateendoye  vn  iour  de  tomber  en  la 
main  des  ennemis,  toutcsfoisien'cuflc  iamais  penfé  que  ce  bon  Dieu  mcuftfortirîc  en 
telle  foriCj&donné.tel  contentement  qu'il  me  donne  îûfqu  a  maintenant.  Or  d'autant 
que  ce  n  cft  rien  de  bien  commencer  qui  ne  perfeuere,faitcs  tous  voftre  deuoir  de  prier 
Dieu  ,qu'il  parface  ce  qu  il  a  commencé  en  moy,  afin  qu'il  obtienne  en  moy  &:  par  moy  la 
vi&oire  par  deflus  (es  ennemis. le  requicr  que  mes  recommandations  foyent  ràitesà  mon 
fîcur  Colladon,àmonûeuT  Crefpin,  à  Euftace  Vignon,ià  femme,  Ambroife,&  fa  femme. 

AVTRES  difputes  fouftenues  par  F.  Varlut,ayant  pour  compagnon  Alexandre  Day  ken. 

^jARL  VT  eftantforri  d'vnefbrte  de  combat,  rentra  en  vn  autre:  car  ies  luges 
jjvoyans  fa  conftance,&:  que  Docteurs  ne  Moines  ne  Preftres  n'autres  ne  gaignoyce 
rien  fur  luy,ils  s'aduiièrcntde  luy  mettre  en  face  vn  Anabaptifte  nommé  Ioacim,qui  lors 
eftoitpril'onnier  pour  fa  fe&eenTournay.  Varlut  donc  mit  par  eicrit  cefte  conférence, 
&  par  faute  d'encre  il  l'eferiuit  de  fang,comme  s'enfuit  :  Vo  v  s  ferez  aduerti  que  le  iour 
de  deuanc ,  moniieur  de  Manfart  nous  vint  voir  :  6c  après  plnfïcurs  propos  nous  dit,  qu'il 
feroit  amener  Ioacim  deuantnous  pour  dùputer.  Nous  luy  diimes  quenousauions  aflez 
ouy  parler  de  luy,  &c  comme  après  auoir  communiqué  à  aucuns  de  nos  frères,  aiu  oiteftc' 
vaincu,  principalement  fur  lepoin£t  de  l'incarnation  de  Icfus  Chrift  :  ck:  cependant  cela 
n'auoit  rien  profité,demcurant  en  fon  erreur  :  qu'à  cefte  caufc  ce  feroit  pour  néant  de  di- 
fputer.  Lclendemain  de  ceftaduertiflementeftant  premier  euoqué  deuant  leConfeil, 
on  me  fît  affoir  deuant  Ioacim:  là  adreflant  ma  parolle  à  moniieur  Manfàrt,luy  dy:  Vous 
ouyftcs  hicr,Monfieur,  que  ie  vous  dy  quenevouloye  difputcr:  car  ic  fay  bien  qu'autres 
n'ont  rien  profité  vers  luyr&dcmapartienenVeftimepas  pouuoir  faire  ce  que  plusfa- 
uans  que  moy  n'ont  lèu  faire.  Et  mefme  d'autant  q  l'ay  quafi  toujours  demeuré  en  Fran- 
ce, ie  ne  fuis  pas  muni  tle  leurs  argumcns,&:  ne  cognoy -pas  leur  finefle:  car  en  France  il 
n'y  en  a  pas,  ou  bien  peu.  Ic  n'ay  iamais  difputé  auec  vrais  Anabapriftes  touchât  leur  rcli- 
giô.Sur  cela  Ioacim  dit  qu'aufi^  il  ne  dcmâdoit  pas  à  difputcr,&  néanmoins  pour  me  met- 
creen  proposai mcparla de  mon  Baptefme.  ledi,qu'ayantefté  baptizé  au  nom  duPere, 
du  Fils,&  du  faind  Efprit,ie  me  tenoye  pour  content  (  corne  l'ordônance  de  Iefus  Chrift 
le  porte  en  fain&  Matthieu  chap.z8.)de  ce  qu'auoyereceu  en  mon  enfànce,puis  qu'eftanc 
Venucnaage  Dieu  m'a  fait  cognoiftre  la  vérité  de  tclBaptcime:&:m'a  conduit  par  fon 
fàind  Efpnt  pour  en  rendreà  prefent  le  frui&.Et  d'autant  que  Dieu  nefait  pas  moins  de 
grâce  ni  d'honneur  aux  enfans  des  fidèles  depuis  la  venue  de  Iefus  Chrift ,  qu'il  faifoit  ia- 
fsoÊo'  ^s  aux  cn^ans  ^es  ^eles  cn  l'ancien  Teftament ,  ic  tien  que  les  enfans  des  fidèles  doi- 
uent  eftre  baptizcz,comrae  pour  leur  marquer  &c  ratifier  ce  que  le  Seigneur  leur  a  défia 
donné  par  fa  promeffe.  Orcn  l'ancien  Teftament  les  enfans  des  fidèles  par  lagracede 
Dieu ,  eftoyent  comprins  en  fon  alliance  auec  les  pères ,  fuyuant  ce  qui  cft  dit,  Icferay 
ton  Dieu,&leDieudetafemence:&:ain(i  portoyent  la  marque  de  l'alliance  de  Dieu, 
afTauoir,la  Circoncifion,pour  monftrcr  qu'ils  eftoyent  de  fon  peuple  :  maintenantfous  le 
nouucau  Teftament  les  enfans  des  fidèles  n'ont  pas  moins  de  grâce  de  Dieu,  mais  fbnc 
aufsi  receus  &:  recognus  pour  le  peuple  de  Dieu  auec  leurs  pères  :  car  ils  font  fan&ifiez, 
dit  faind  Paul, voire  quand  il  n'y  auroit  que  lepereou  la  mere  fidèle.  Et  pourtant  qu'ils 
font  participas  de  la  grâce  de  Dieu,  c'eft  au  fsiraifon  qu'ils  en  portent  la  marque^:  liurec. 
Or  c'eft  le  Baptefme  qui  eft  le  figne  de  l'Alliacé  entre  Dieu  &c  nous  :  &:  cft  tout  ainfi  qu'e- 
ftoitla  Circoncilion  en  l'ancien  Teftament.  Voila  ce  que  leur  di  fimplement.  Adonc 
Ioacim  commença  entrer  en  propos:  mais  ie  di  que  ie  ne  difputoye  point.  Surcelaon 
me  demanda  queiecroyoye  des  petisenfans  qui  meurent  fans  eftre  baptizez .  le  refpon- 
dijeles  laifTe  en  la  main  de  Dieu  &:  en  fon  fecret,&:  ne  veux  pas  m'ingerer  à  iuger.Ils  me 
direnr,EtvoilaIoacimquidit  qu'ils  font  tous  l"auuez,&:  vont  tous  en  paradis.  Quanta 
moy,  di-ic,ie  n'en  parle  pas  ainfi:  carie  cognoy  par  la  parolle  de  Dieu  que  nous  naiflbns 
rrcau.51.  tous  dignes  de  perdition  ,eftans  conceus  en  péché  &  iniquité  (comme  Dauid  le  dit  de 
foy-mefmc)  participans  à  la  tranfgreflîon  &£  corruption  de  noftre  pere  Adam  :  mais  ie  ne 
doute  pas  que  Dieu  par  fa  mifericorde  n'en  ait  choiii  &:  efleu  beaucoup  pour  les  fauuer 
par  lefang&  par  la  mort  de  Iefus  Chrift.voilaaufsi  auant  que  i'en  ién,&:  n'en  veux  parler 
autrement.  On  medemanda  que  i'entendoye  par  la  corruption^  fi  ienentendoye  pas 
le  peché  originel.  le  di  qu'ouy.  Ils  parlèrent  encore  du  Baptefme,  &c  me  dirent,  Vfcila  Ioa- 
cim 


FrmfoisVarlut.  éo? 

dm quf nccroit pas  quelc Bkpteftneofte lepechc :  qu'cndites-w*us?  m Caloin  «fctqàc 
le  Baptefme  oftelcpecrié  originel.  Iedi,  Affeurez* vous  que  M.IcànCaluin  n'eft  pasçe* 
luy  qui  vueille  attribuer  à  l'eau  du  Baptefme  la  remilsion  éc  purgatiô  des  péchez:  &«en- 
ten  d'eftre  fauué  niauoir  remiifion  de  mes  péchez  finon  par  le  lang de  Iefus  Chrift,efpan- 
du  en  fa  mort  Se  paflïon  ;  mais  ie  recoghoy  l'eau  du  Baptefme  eftrele  Sadremcnj,  fie :  iignc 
du  fang  de  ïefus  Chrift,  nous  fignifiant  que  tout  ainfi  que  l'eau  a  pefte  propriété  de  lauet 
&  nettoyer  les  ordures  du  corps,  qu'aufsi  le  fang  de  Chrift  eftant  par  la  vertu  du  iàinc>  E- 
/j>rit  efpandu  en  nos  conicicnccs,  nettoyé  &  purgé  les  ordures  fpirituelles ,  qui  fontm>« 
péchez  fie  iniquitez  :  &nous  afleure  que  par  ce  moyen  fomrnes  purgez  Se  nettoyez,  nos 
péchez <brit  remis  Se  pardonnez .  Se  voila  dont  i'atten  rcmifsïon  deuant  Pieu.    Po  vr 
monftref  donc  que  l'eau  du  Baptefme  nettoyé  les  péchez,  ils  m'âmenerentletroificme 
defaind  Ican ,  où  il  eft  dit  notamment ,  Si  on  n'eft  nây  d'eau  &  d'efprir,  on  n'entre  point 
au  royaumede  Dieu.  le  renxkli  que  Iefus  Chrift  ne  parle  point  là  du Baptefme  extérieur 
fait  en  eau,  mais  il  parle  delà  véri  té  du  Baptefme,  appelant  lèS.  Efprir,  Eàu:comme  Ican 
Paptifteauj.defainct  Matth.l*appeleFeu,difantque Chrift bâptizcrôit  au  fàin&Eipric 
&en  feu:  orlefus  Chrift  n'a  pa«  baptizé  de  feu  matériel:  il  appelé  dock  fainft  Efprit  Feu; 
pource  que  c'eft  le  propre  du  feu  d'anéantir  Se  cônfumer,&;le  laind  Efprit  eflrceluy  qui  a*  ExpUcauô 
neantit  Se  confume les  péchez.  Semblablement  ence  3 .  defainft  Iean;ïefus  Chrift  appe-  jf 
le  le  làind  Efprit  Eau,  pource  que  le  fainct  Efpriteft  ceiuy, parla  vertu  duquel  nos  péchez  "3'u* 
font  nettoyez  &  purgez  au  fang  de  Iefus  Chrift.  M.  Maniart  tafcha  de  plus  fort  nous^L 
rc  entrer  en  propos  toùchantrincarnationdcIéfusChrift.^Ioacim  dit  ,queVëftôttYÂ  DePincar- 
grand  myftcre  :  Se  fapperceu  bien  qu'il  euft  mieux  aimé  parler  du  Baptefme.  le  n'entrây  Su°chrift 
pas  en  matiere,maislculement  recitay  vn  propos  quei'auoyedït  leiourdedeuantàmon-  ieani.14. 
fieur  Manfart,afTauoir,qu'iis  s'abufoyent  grandement  entendans  mal  cequi  eft  dit,  Qud 
la  parolle  a  efté  foite  chair.  Car  s'ils  maintiennent  que1  Ccfte  parolle  eft  ftiueccn chair,  la  J,^"'., 
diuinitc  feroit  deuenue  chair:  car  il  eft  dit  deuant ,  Que  cefte  parolléeftôît  Dieu;  Se  ainfi 
IaDïuinité  auroit  (bu fFcrt,& feroit  m orte  :car  Iefus  Chrift  afôufFert  en  la  chair,& la  chair 
de  Chrift  eft  morte  en  la  croix,  or  c'eft  faire  deshonneur  à  Dieu,  voire  blafphemer  contre 
fuy,de  dire  qu'il  foit  mort:  car  il  eft  immortel,  Se  l'immortalité  meime.  voila  ce  que  iedi 
fur  cela.  Maisapres  que  Meilleurs  m 'eurent  plu  fi  cure  foi  s  dit,  qu'on  leur  auoit  rapporté 
que  nous  tafehions  en  nous  aifemblant  de  mettre  bas  le  Roy  Scies  Princes,&  les  Preftresy 
pour  régner  en  leur  lieu  :  le  m'adreiTay  à  Ioac  im  ,&  luy  di,  Pourquoy  dites-vous  que  n  ous 
voulons  mettre  bas  le  Roy  Se  les  Princes,&  Magiftrâts,&:les  Preftres,  pour  régner  en  leur  calomnie 
place  ?  pourquoy  detra&ez-vous  ainfi  de  nous  à  tort  Se  fans  carné?  loacim  amenant  les  ex-  pour  char- 
eufes  le  mieux  qu'il  peut,  dit,  le  n'ay  point  du  tout  ainfi  parlé,  mais  i'ây  dit ,  Que  fi  vous  %*}™chtc 
eftiez  les  maiftres,  vous  nous  perfecuteriez  auisi  bien  que  les  autres  :  exemple  d'Angle- 
terre. le  di,Meiîîeurs,quantàce  qui  auoit  efté  dit,  que  nous-nous  aflemblions  pour  taL 
fcherà  démettre  le  Roy  Se  fes  Princes,i'ay  defiarefpondu  paf  plufieursfois  deuant  vous: 
mais  derechef  ie  di  Se  protefte  deuant  Dieu  &  le  Confcil  icy  prefent ,  queles  aflemblees 
n'eftoyent  que  pour  prier  Se  inuoquer  Dieu  ,&:  ouyr  fa  Parollepour  eftre  inftruit  a  ie  glo- 
rifier,^ auancet  le  règne  de  Chrift  :commeie  vous  en  ay  diter  d^fTus  l  Hermès  Vvingle 
me  demanda'commei'entendoye,  Qui  mange  ma  chair  Se  boit  mon  fang  à  vie  éternelle. 

Monfieur,  I  enten  quequandle  Chrcftjen  recognoit Iefus  Chrift  pour  ion  faUJ 
ucur,&qlie  par  fon  fang  fes  péchez  font  purgez ^  nettoyez, il  s  affeure  que  par  famort 
il  aura  la  vie  éternelle,  i'en  ten  qu'alors  il  mangeîachair&boitlefangdelefusChriftpar 
foy  qu'il  a  en  la  mort  de  Chrift.  Il  médit,  Com  nient  ?  fi  on  mange  airtfi  Iefus  Chrift,  nous 
n'aurions  que  faire  de  Sacrement,  ty..  Mohfieurid'autant  que  nous  fommes  ignoras 
denoftrenature,&:quenousfommes fort infirmes,Tiousnefauons pas  fort  bien  enten- 
dre les  myftercs  Se  les  choies  de  Dieu,  Se  les  biens  qu'il  nous  fait,pourtant  nous  a-il  ordon 
néfes  Sacrcmens,  pour  aider  à  noftre  infirmité  &foiblefle.  Car  parles  Sacremens  qui 
font  chôfes  vilîbles,il  nous  monftre  Se  donne  à  entendre  les  chofes  inuifiblcs:&:  parainfi 
nous  font  fort  ncçcilaires. 

Vo  1  l  a  ,  mes  frères  Se  fceurs,les  propos  qu'auons  eu .  tout  ce  que  vous  voyez  pouuoir 
feruir  à  la  gloire  de  Dieu,à  la  confuilon  des  ennemis  de  fa  vérité ,  'Se  à  l'édification  de  fon 
Eglife,  vous  foit  recommandé.  Et  combien  qUciefoycaiteuré  que  ma  confeflîon  eft  fé- 
lon Dieu,&  que  leur  opinion  eft  fauiTe:toutcsfois  celame  fera  grand  bien ,  fi  ic  puis  én- 
tendrevoftreaduis&  confolation,en  louant  Dieu  de  ce  qu'il  m'atitâ  donné  de  refpôdre. 


Liurc^  VIL  François  Variât, 

Or  ic fais efmerurillé  que  pas  vnnemaefcrit  encore  vn  feul  mot  :  &  femblequaû  queie 
foyemisen  oubli.  MaisielouéDieudccequ'ilm'afortifiéfanscelaparfonElprit:  ielc 
fupplie  de  parfaire  ce  qu'il  acoiumencé  en  moy  à  ion  honneur  &  gloire. 

S'ENS  VYVENT  autresefçrits  particuliers  dudit  Varlut,addreflez  à  ceux  fpecialeroent  qui  eftoyenr  pri 
fonniers  au  mefmc  temps  :  lefqucîs  non  feulement  il  confole ,  mais  aufsi  inftruit  à  bien  refpondre  &  perle- 
uerer  en  la  puf  e  confefsion  de  la  vraye  do&rine. 

[ES  tref-chcresfœurs  en  Iefus  Chrift,  fâchez  que  depuis  q  vous  auez  efté  feparecs 
|de  moy,  i'ay  grandement  defiré  de  vous  pouuoir  referire,  mais  ienay  pas  fort  bien 
le  moyen  .toutesroisefperant  contre  efperance  que  Dieu  nous  le  donnerai  ay  bien  vou- 
lu eferire  la  prefente,  afin  que  par icelle  vous  puifsiezreccuoir  quelque  coniblation  &for 
tification.  le  nedoute  point  que  Satan  noftre  ennemi,  auec  fes  feruiteurs  ne  vousliure 
Letraittc-  beaucoup  d'afiaurs  aufsi  bien  qu'à  noufmcfmes.  le  luis  aduerti  qu'on  vous  afaitlemef- 
pr^tonnicxî  mc traitternent  qu  a nous,affauoir premièrement d'auoir efté gchennecs,&:  maintenant 
JeTournay  eftreau  pain  &  àieau,aucc  les  fers  aux  pieds,  voila  que  nousauons  pour  noftre  part.  Or 
jay  efté  fort  contrifté  en  mon  cœur  pourlarudellé  qu'on  vous  a  fait:  mais  i'ay  efté  gran- 
dement efiouy  quand  i'ay  elle  aduerti  de  voftre  confiance,  &:  que  nos  ennemis  n'auoyét 
rien  gagné  fur  vous  par  leurs  belles  promeffes&:  flatteries,  mais  que  vous  auez  toujours 
refiftc,difans  que  vous  voulez  maintenir  voftre  confefsion. 

Me  s  bien-aimeesl~œurs,ie  vousprieque  ne  l'oyez  point  ingrates  enuers  noftre  Dieu 
dubien&de  l'Honneur  qu'il  vousa  defiafait,dc  vous  auoir  non  fculemét  retirées  de  té- 
nèbres d'ignorance  pour  vous  amener  à  la  cognoiffancede  fa  Parolle,  mais  d'auantage, 
de  vous  auoir  fait  la  grâce  de  confelTer  ion  nom  deuant  fes  enncmis,voirc  ayant  délia  fou- 
ftenu  beaucoup  d'affauts,nelbycz,di-ic,  ingrates  de  ces  biens-la  :  mais  rédez-en  gracc&: 
louangeà  noftre  bon  Dieu,  rccognoiifans  que  cela  vient  deluy,&:  non  de  vous .  Et  d'au- 
tant que  ce  n'eft  rien  d'auoir  commencé  fans  perfencrer  iufqu  a  la  fin,  regardez  derefi- 
ftcrtoufioursvertueulcmcnt  aux  tentations  &affauts.  Et  puis  que  Dieu  vous  a  donne 
hardieffe&  bouche  pour  confefferfonNom,donnez..vous  garde  maintenant  de  le  fou- 
ler au  pied,  en lerenonçant&:  vous  defdilant  delà  làinde-confeflion  qu'auez  faite  deuac 
les  hommes.  Monftrez-vous  vrayesleruantes  de  Iefus  Chrift,  fouftenans  fa  querellecô- 
tre  l'Antechrift &; les  fuppofts.  Ayez touiiours  fouuenance des  confolations  que  nous a- 
uonsdonneTvn  ài'autreeftâsenlagroffetour.  QuM'l  vous  fouuienne,  &c  tenez  pour  cer- 
tain que  noftre  Dieu,  commeic  vous  ay  dit,  tient  &  tiendra  voftre  confefsion  pourauf- 
û  exGellente  en  voftre  endroit,  comme  laconfeffion  du  plus  grand  dodeur  du  monde. 
Demeurez  toufiours  en  cela,  que  le  corps  de  Chrift  eftau  ciel  &:non  ailleurs,  comme 
vous  le  pouuezmonftrer  parle  troifieme  des  Ades,  où  faind  Pierre  dit  que  le  ciel  l'a  tc- 
ceu  iufqu  a  la  reftauration  de  toutes  chofes  :  &  c'eft  ce  que  nous  croyons ,  que  de  là  vien- 
dra iuger  les  vifs  &  les  morts.  Maintenez  touiiours  que  le  pain  de  la  Cene  demeure  pain, 
&:  le  vin  demeure  vin  :  &:  que  les  fidèles  reçoiuent  Iefus  Chrift  par  foy ,  &:  par  la  vertu  du 
faind  Efprit,&:  non  pas  charnellement.  Ayez  auffi  memoirequeie  vous  ay  tant  dit, 
que  le  principal  de  tout  cft,  que  vous  fentiez  &c  croyez  en  voftre  cœur,  que  vous  auez  re- 
iniffion  de  vos  péchez  par  le  fang  de  Iefus  Chrift:  que  vous  eftes  iuftifiees  pai  lafoy  que 
vous  auez  en  luy  .  bref,  que  nous  fomrnesfauucz  par  la  feule  oblation  &facriricequ'ila 
fair,comme  ileftditaux  Hebi.9.&  10.  chap.&:  qu'il  n'y  a  point  d'autre  moyen  pour  c- 
ftre  fauucz.  Et  d'autant  que  la  parolle  de  Dieu  nous  lafTeure ,  il  nous  y  faut  tenir  fermes: 
&làdeifus  vous  pouuezreietter  toutes  inuentions,  comme  la  Méfié ,  le  Purgatoire,  les 
ÇuIles,Pardon  s  &:  Indulgences  du  Pape,&:  chofes  femb  labiés  :  vous  les  pouuez,di-ie,  re- 
ictter,  dilàns.Quece  font  autant  de  renoncemens  de  Iefus  Chrift.  Voila,mcs  fœurs,lcs 
principaux  poindts  fur  lefquels  ils  nous  interroguenr.  Soyez  alfeurces  que  nous  ne  leur 
Marciff  pouuons  accorder  que  le  corps  de  Iefus  Chrift  loir  enferré  dans  le  pain,  linon  en  demen- 
A€t  .7 .  tant  la  parolle  de  Dieu,qui  enfeigne  qu'il  eft  au  ciel  à  la  dextre  de  Dieu.Vous  ne  leur  pou 
Coiof8  ucz  accor(^cr  q°e  le  pa»n  foit  le  corps  de  Iefus  Chrift,  comme  ils  difent  ,fans  démentir  la 
°°'3'  parolle  de  Dieu,quilcnômepain,Ad.i.&plulieursfois  i.Cor.io,&:  13.  Vous  ne  leur  pou 
uez  accorder  que  la  Méfie  foit  vn  facrifice  pour  les  péchez,  fans  démentir  l' Apoftre  aux 
Hcbr.9,&  io.qui  dit,  Que  par  le  feul  moyen  du  feul  làcrifice  que  Ielus  Chrift  afaitvnc 
Mater*  foispour  nous,nousfommesl'andifiez&: purgez  de  nos  péchez  :&:  (ans  démentir  Iefus 
Chrift  m  efme  qui  a  dit  eu  la  croix ,  que  tout  eftoit  accompli.  Vous  neJcur  pouuez  accor- 
der leur*. 


Alexandre  Dayken.  6 10 

der  leur  Purgatoire,  les  Bulles,Pardons&:  Indulgences  du  Pape,  fans  dem  eh  tir  la  parolle  Fphcfr. 
de  Dieu  qui  nous  dit  en  tant  de  partages,  Que  nous  auons  pardon, purgation,  remiision,  ^olbo11' 
Sciati  s  faction  des  péchez  parleîeul  langdelefus  Chrift.  iJierj. 

O  r  donc,trefchcres  fœurs,donnez-vous  garde  de  vous  accorder  à  cux,fi  vous  ne  vou-  lcin  »• 
lez  totalement  renoncer  Ieius  Chrift,  fi  vous  ne  voulez  fouler  fon  fàng  aux  pieds ,  &•  quit-  AP°ca1,1* 
ter  l'alliance  de  Dieu  pour  celle  du  diable.  îa  ne  vous  aduiennede  fairccela  :  ne  laiflez  Ie- 
fus  Chrift  auquel  vous  trouuczfalut  &  vie ,  pour  derechef  fuyure  l'Antechrift  qui  mené 
à  perdition  &  mort  éternelle.  Dieu  a  donné  fon  propre  Fils  à  la  mort  pour  vous  racheter 
de  la  puiffance  du  diable,d'enfer,  &  delà  m  ort,pour  vous  faire  l'es  enfans  héritiers  de  l'on 
royaumct&T  delà*  ic  éternelle.  Rcndez-luy  donc  maintenant  le  deuoirde  vrais  enfans: 
donnetJvousdu  tout  àluy  :  vous  auez  dciia  bien  commencé ,  puisqu'auez  confeffé  fon 
Nom.Rehftezaux  aifauts^ie  vous  accordez  pas  àleurspromelîes,car  Dieu  vous  promet  3' 
donner  des  biens  beaucoup  meilleurs  que-les  hommes  ne  peuuent  meimesimaginer.  Il 
vous  prelénte  la  vie  eteinelle,Ia  couronne  de  gloire:il  vous  prelènte  vn  throne  pour  feoir 
comme  roines  auec  fon  Fils  Iefus,  fi  vous  bataillez  conftamment  îufqu  a  la  victoire.  Te- 
nez-vous pluftoft  aux  promeffes  de  Dieu,  que  des  hommes  qui  ne  valent  rien  .  Ne  crai- 
gnez pas  leurs  menaces,  ne  craignez  pas  les  longues  prifons,  Dieu  vous  alsiftera: &. fau- 
dra, maugré  leurs  dents,  qu'ils  vousenfacentibrur ,  quand  le  iour  que  Dieu  a  ordonné 
fera  venu.  Inuoquez  Dieu  ians  ceiTe  :  mettez  voftre  fiance  en  luy ,  &c  il  vous  fouftiendra:  „  ... 
avezmemoiredupourcAueugle:ilainuoqueDieu,ilamis  fa  fiance  en  luy  ,  îln  a  pase-  dré  Michel 
fté  repoulTé  ne  confus,  mais  exaucé:  il  a  eu  force&:  a  bien  bata  lié,  Ôc  ayant  obtenu  la  vi-  J"^?"^* 
âroire,  il  a  maintenant  la  robbe  blanche  que  nous  efperonsaulsiauoir  bien  toft.  bruflé  au 

Fortifie  z-vousen  remcmorantles  dcuilesdeIagrolTetour,&:vousfbuuienncdes  marché  de 
prières  que  nous  y  auons  faites,  &faifons  encore  maintenant  Alexandre  &moy  tous  les  Tournjy' 
jours.  Afieurez-vous  qu'elles  font  montées  îulques  au  throne  de  Dieu,&  les  a  défia exau- 
cées: car  vous  &:  nous  en  auons  défia  lenti  le  fruict,&:  lcfen  tirons  iuiqu  a  la  fin,moyennat 
quenous  faiiionsnoftredeuoir  de  continuer  àleprier .  Et  fi  on  vous  veut  faire  accroire 
que  nous- nous  ibmmes  accordez  auec  nos  aduerfaires,  ne  le  croyez  pas  :  on  nous  l'auoic 
défia  dit  de  vous  Bai  be&:  Pcronne:  mais  nous  fauons  maintenant  le  contraire.  Adieu, 
mes  fœurs,iufqu  a  ce  que  nous  trouuei  onsl'vn  l'autre  au  royaumedenoftreDieu. 

S'enfuyucnt  les efoits d^L EDC^4  N  DRE    D>A  TKEN. 

E  T  premièrement  les  interrogations  &  refponfes  faites  deuant  le  Confeil  de  Tournay. 

Y  A  NT  artendu  les  moyens  qu'il  a  pieu  à  Dieu  me  donner  de  vous  eferire 
iïmplemenc  les  demandes  qui  m'onc  efte  faites ,  &  Jes  i-efpôfes  quefbn  fainct 
Eiprit  ni  adonné,  de  rondement  confelfer  deuant  les  hommes  fans  fimuler 
aucunement,  il  feroit  mal  pofsiblcde  les  mettre  de  mot  àmotcommcellcs 
ôn7eft'édites&:re(pondues,  pource  qu'il  y  a  quelques  iours  paffez:  toutesfoisà  peu  près 
fenay  mis  pour  mémoire  ce  qui  s  enfuie  :eiperantquelaieuneffeen  pourra  prédre  quel- 
que fruicr.  pour  fe  préparer  contre  les  finclTes des  ennemis .  Car  comme  a  dit  autres  fois 
noftre  frère  Guillaume,  Nul  ne  fait  que  c'eftdecombatre  iufqu  ace  qu'on  loitàl'aflaut;  J^jJ  ■ 
Premièrement  intrrrogue  dont.i'eftove.  Iereipondi,  quei'eftoye  deBraine-le  meComu" 
Chafteau.  Et  de  mon  nom  ,  le  di  Alexandre  Davken  .  Ils  me  demandèrent,  Si  l'eftoyc  martyr  ci 
François  Iedique  Brainen'ertoitpointen  France  pour  eftreeftimé  François,  llsmedi-  dcLuntmjs' 
rcrtt  que  i'auoye  changédelargage,&:quei'auoyedemeuiécn  France.  Iedique  ie  n'a-  i,Uerroga- 
uoye  pas  demeuré  en  France,  mais  bien  en  Italie,en  Alemagne,en  Angleterre,  &  quatre  non* pour 
oucinqmoïsàGeneue,&qu  eftoyereuenuparFrance.  Ils  me  demandèrent  où  i'auoye-  urprcn  rc'- 
apprins  mon  François.  le  leur  di,  A  la  Cour  de  Bruxelles ,  y  ayant  demeuré  neuf  ou  dix: 
ans.  Enquiscombien  ily  auoitque  ledemeureen  cefte  ville.  Ieleur ayditenuiron  demi 
an  en  tout.  Ils  m'ontdemandé  où  l'ay  beiongné.  Ri.  I'ay  belbngné  auec  le  fils  Talleman. 
Demandans  fi  ie  1  auoye  ainfi  inftruit ,  I'ay  dit  que  non ,  &  que  i'auoye  bon  befoin  d'eftfe 
inftruit  moy-mefme.  Demandé  ii  c'eftoit  celuy  qui  eftoit  banny  auec  qui  ie  befongnoye: 
l'ay  dit  qu'ouy,  &  qu'ils  {ont  tous  deux  bannis.  Demandé  où  ie  befongnoye  maintenant, 
I'ay  dit  que  i'ay  logé  quelque  temps  au  marché  à  vaches,  près  la  maifon  duPreuoft,&: 
que  le  Preuoft  nous  en  fit  fortir  pource  que  i'eftoye  eftranger     depuis  ayant  efté  à  An- 
uers  &:  à  BruxëllelSji  eftoye reuenu  penianc  re,dem curer  en  cefte  ville. 


L/#ro  VIL  ^Alexandre  Tïajken. 

D.  Qui  m'auoit  fommé  pour  aller  en  ce  bois,&:  que  i'y  alloye  faire ,  veu  que  ce  n'e- 
ftoitpointvn  chemin.  rçt.  Queien'y  alloye  point  pour  le  cheminjmais  pour  ouyr  la  paroi 
ledeDicu.  D.  Si  iefay  bien  que  c'eft  la  parolle  de  Dieu.  y>..  Que  ieleiày  fi  bien&ficcr- 
tain,quepouricellcicvouloyeviure&:mourir,lamaintenâuufquesà  la  dernière  gour- 
tedemonfang.  D.  QuicftoitlcMiniftrc?  rçt.  le  ne  le  fay  point  pour  vousledire.  D.  Si 
ie  ne  1  cftoye  point,  rçt.  le  fuis  trop  i n  digne  d  eft  rc  appelé  en  vn  tant  fainct  office.  D.  Pour 
quoyie l'appelle  fainct  office.  ^.  D'autant  que  la  parolle  de  Dieu  eft  de  li  grade  maiefté, 
qu'il  n'appartiét  point  à  vn  fi  limple  côpagnon,comme  ic  fuis,de  s'ingérer  à  tel  minifte 
re.  D.  Comment  i  cftoye  (i  hardi  d'aller  aux  alîemblees,  veu  qu'il  eft Ti  expreffément  dé- 
fendu par  noftre  Roy.  çt.  Il  eft  expreflement  commande'  par  la  parolle  de  Iefus  Chrift, 
Conjien  quc  toutes  fois  Se  quantcs  que  vous  ferez  deux  ou  trois  afTemblcz  en  fon  Nom ,  il  fera  au 
bkes  fon  milieu  de  vous  :  partant  eft  neceflairede  nous  afîembler,  ti  nous  voulons  que  les  promef- 
neceflaircs.  fès  de  Ieius  Chrift  s'accompliflent  en  nous:ioin&  qu'il  eft  dit  aux  Hcb.  Ne  delaiiïcz  point 
vos  aft*emblees,commcaucunsde  vous  ont  couftume  défaire.  Ils  m'ont  dit,  qu'on  s'af. 
fcmbJeroit  bien  deux  &c  trois  en  la  maifon,  fans  aller  en  trouppe  au  bois  auec  des  Mini- 
ftres.  Que  les  affemblees  font  aufsi  bien  défendues  en  la  villecommcau  bois:&  aufsi 
les  gens  ont  telle  crain  te,qu  a  grand'  peine  voudroyent-ils  prefter  leurs  maifons,pour  les 
exemples  qn'ils  ont  veu  le  temps  paffé  en  Tournay.  D.  Que  ne  vous  contentez-vous 
donc  délire  au  Teftamcnr,  puis  que  vous  n'auez  les  moyens  autrement?  fy.  D'autant 
que  nous  fommes  foibles  Se  débiles  de  noftre  nature,  Dieu  nous  a  ordonné  des  Paftcurs 
éc  des  Miniftrcs  pour  redreffer  noftre  foibleife:&:  d'autant  aufsi  que  fommes  fi  corrom- 
pus de  nature,nousauons  befoin  d'auoir  toufîours  quelque  bon  maiftre  d'efcole  pour 
nousmonftrer  nos  fautes,&:  remettre  au  droit  chemin.  D.  Onditqucl'Efcriture  enfei- 
gne  qu'il  faut  rendre  obeifTance  aux  Rois  &  Magiftrats.  Çi.  Les  Rois  &fupericurs  font 
ordonnez  de  Dieu  ,&  leur  faut  obéir  en  toutes  choies  félon  Dieut:  mais  fi  les  Rois  de  Prin- 
ces nous  commandent  choie  qui  foit  contre  la  gloirede  Dieu ,  nous  ne  fommes  en  cela 
A&.i.  tenus  leur  obéir.  I'amcnay  fur  ce  l'exemple  de  faind  Paul ,  lequel  cftant  enuoyé  en  Da- 
mas par  les  Princes  &:  Sacrificateurs,  pour  perfecu  ter  les  fidèles ,  fur  le  chemin  oyantla 
voix  de  Iefus  Chrift  qui  l'appclla,il  luy  rendit  obeiiTance,&  laùTa  le  mandement  de  fes  Su- 
Dan  6 1  perieurS.  Aufsi  l'exem  pie  de  Daniel  qui  fut  ietté  en  la  foffe  aux  lions  pource  qu'il  ne  vou- 
lut point  obéir  à  lbnRoy,qui  luy  commandoit  chofe  contre  lagloirede  Dieu.  Ieleura- 
menay  aufsi  lcxéple  des  trois  entàns  qui  furet  iettez  en  la  fournaife,pource  qu'ils  ne  vou- 
Dan  3-zo.  lurcnt  point  adorer  l'idole  qui  leur  cftoit  commandé  par  le  roy  Nabuchodonozor.Ils  me 
dirent  qu'ils  n'auoyen  t  quefaire  deftre  prefehez.  le  leurdi,quc  s'ils  font  de  Dieu, ils  doi- 
uent  ouyr  la  parolle  de  Dieu,  pu  is  aufsi  qu'ils  m'ont  mandé  pour  m'interroguer  de  Dieu» 
&C  de  la  vérité  de  fa  fàin de  doctrine. 

Alors  ils  me  dirent  qu'ils  voyoyent  bien  que  i'eftoyeleMiniftrc&que  itffauoye 
trop  bien  caqueter  pour  eftrevnMiniftre.  çt.  Iencfuis  pointMiniftre,  ruais  vnpoure 
chauffetier.  D.  Si  iefauoye  Grec  ou  Latin.  y..  Que  ie  me  contente  fi  m  plement  du  don 
que  Dieu  madone.  Mmterroguans  fi  ie  croy  l'Eglifc:  i'ay  dcmâdé  quelle  eglife?  &  m'ont 
dit,catholique&  vniuerfelle.  y..  Que ieie  n'en  croy  point  d'aurre:maisie  leur  aydeman 
dé  s'ils  prenoyent  l'eglifc  Romaine  pour  l'Eglifc  de  Dicu.Us  m'ont  dit, que  c'eft  vn  mem- 
bre de  l'Eglile  de  Dieu.  Rt.Qtfvn  membre  feul  n'a  que  faire  d'vnchef,mais  tous  les  mem- 
bres conjoints  enfembleont  vnfeulchef,alTauoir,  Iefus  Chrift,&  nous  tous  fommes  mé- 
Apociw.  bres  de  l'Eglifc.  &:  leur  allcguay  lez  i .  de  l' Apocalypfc,  pour  prouuer  qu'il  n'y  auoit  qu'v- 
ne  Eglife,où  il  eft  dit,  le  vi  la  faintte  cité  delerufalcm  defeédant  du.  ciel  comme l'efpoufc 
ornée  de  fon  mari.  Vous  oyez,  Mcflicurs,que  faind  Iean  ne  fait  aucune  mention  de  l'e- 
glifc Romaine ,  car  alors  il  n'y  auoit  point  de  Pape  pour  en  eftre  chef.Ie  leur  alleguay  le  f . 
des  Ephef.  pour  prouuer  qu'il  n'y  a  qu'vn  chef,  afTauoir  Chrift.  D.  Siiene  croypointq 
l'eglifc  Romaine  foit  ordonneede  Dieu  i£.  Puis  que  l'Efcriture  n'en  fait  aucune  men- 
tion, c'eft  ligne  qu'elle  eft  inuentec  des  hommes.  D.  Si  vous  ne  voulez  croire  autre  cho- 
ie que  ce  q u  i  eft  eferi t, vous  ne  croyez  pas  leBaptefme  des  petis  enfansxar  il  n'en  eft  aucu 
nemét  parlé  en  la  làin&eEfcriture.  rçt.  D'autant  que  lesjpromefTesontcité  faites  à  Abra- 
ham &  a  fa  femence,&  que  la  Circoncifion  (laquelle  reprefentoitlors  tout  ce  qui  nous 
eft  mainrenanr  monftré  par  le  Baptcfme)  a  efté  donnée  aux  petis  cnfans,ic  croy  aufsi  que 
Pfeau  ji  le  Baptefmc  leur  apparticnt^Et  comme  Dauid  dit,  Que  nous  fommes  tous  conceus  en 
pcchénl  s'enfuit  donc  q  les  petis  enfans  ont  peché ,  &  ont  befoin  du  fang  de  Iefus  Chrift. 


Ors'ilsfont  participansdela  veritédu  Baptcfmc,  aufsi  peuucnt- ils  bien  eflrc  participas 
duûgncquieft  moindre  que  la  vérité.^  S  v  r  cela  fe  regardent  l'vn  l'autre  en  riant,  & 
nefây  pourquoy.  EcmonficurManfart  me  demanda,  fiiè  ne  crey  point  au  fàcremcnt  de 
l'autel.  le  luy  di,  que ic  ne  fay  que  c 'eftoic  du  facrement  dcTautel,mais  bien  du  Sacreraéc 
delaCene.  Et  bien,  ditril,ç'eft  ceftuy-la  que  nous  appelons  dcl'autel.  ri.  Quei'encroy 
autant  qu'il  en eft  eferit en  fainct  Matthieu, fainct  Marc, fâinct  Luc,iajnctlean,&:  fem- 
blablcmenten  fain&Paulaux  Corinthiens.  D.*  QuaWtldit,Ceft-ciraon£orps,ne 
croyez-vous  point  que  nous  prenons  le  corps  de  Chrift  fous  lefpace  de  pa,in>&:qu'il  eft  là 
fpirituellement  ?  Ieleur  di,  que  le  corps  de  Chrift  n'eft  point  fpirituel ,  ains  charnel,  fem- 
blableau  noftre,  excepté  peche'.IIs  medirét,  qu'il  faloit  croire  que  le  pain  n'eft  plus  pain,  veritcdu 
mais  qu'il  eft  par  lavertu&puiilànce  de  Dieu  tranfmué  au  corps  de  Chrift.  corps  de 

^i.  Iccroy  que  le  pain  demeure  pain, le  vin  demeure  vin:&  qu'en  prenant  la  fain*  clui- 
c~te  Cene nous  lbmmes  faits  participans du  corps  &c  du  fang de Iefus Chrift  fpirituclleméc 
par  lafoy ,  non  pas  charnellement ,  comme  vous  autres  :  &c  que  tout  aioti  que  le  pain  &c 
le  vin  nourrit  &:  fouftient  le  corps,  aufsi  femblableraent  le  corps  &le  fang  de  Chrift  nour 
rit  &c  entretientnos  ames  fpirituellement.  Quant  au  corps  de  Chrift ,  ie  croy  auec  faincfc 
Pierre  que  leciel  le  contient  iufquala  reftauration  de  toutes  chofes:  que  toutainfi  qu'oa 
l'aveu  monter  viûblemenr,ainli  le  verra-on  defeendre  vifiblemcnt1.  or  fi  vous  dites  qu'il 
defeend,  &  on  ne  le  voit  point,la  parolle  de  l'Ange  feroit  menfongcre:mais  ie  croy  qu'el- 
le eft  véritable,  &c  qu'il  ne  viendra  point  mfqu  ace  qu'il  iuge  les  viuans  &  les  morts,  voila 
en  briefles  premières  interrogations  qui  m'ont  efté  faites. 

Porv  r  la  féconde  fois  que  fu  mande,  tout  le  Confeileftant  afTemblé,  il  y  auoit  deux•I>euxA,*• 
Auguftins,l'vn  cftoit  le  Chantre,  auqueliene  voulu  parler.  Eftantentré,monfieurMan 
fartmcdit,Alcxâdre,nousauôs  icy  fait  venir  ces  bons  Docteurs  pour  parler  à  vous.  Vous 
eftes  encore ieune,& pourriez  eftreinftruit.  Ri.  Ils  auroyent  bon  befoind  eftre  inftruits 
cux-mcfmes  :  &c  viennent  pluftoft  pour  leduire les amcs,que  pour  les  mettre  au  droit  che 
min  :  toutesfois,  s'ils  me  veulent  monftrer  quelquechole  pour  mon  falut,  ie  îes  veux  bié 
ouyr.  L'vn  de  ces  deux  print  la  parolle,  &:  me  dit ,  Ouy  dea,  mon  ami ,  nous  vous  aimons, 
tant  que  nous  vous  voudrions  bien  reioindreau  corps  de  1  eglife.  le  luy  demanday  quel- 
le eftoit  cefte  eglife  ?  Il  médit  que  c'eftoit  l'eglifé  catholique  &:  vniuerfcl  le.  le  demanday* 
à  quoy  on  cognoiflbit  cefte  eglife  eftre  l'Egli(e  de  Dieu?  Il  medit,par  la  Parolle  purement 
annoncée,  &  les  Sacremens  purement adminiftrez^ffauoirJe^ptefmCî&lcfacremec 
de  l'autel  qu'on  adminiftre  à  la  Méfie,  que  vous  autres,  dit-il,  appelez  Cene.Ie  luy  di,que 
la  Méfie  eft  trop  exécrable  pour  eftre  mife  au  rengdelaCenc  du  Seigneur,  mais»  Que  te-, 
ncz-vous,di-ie,du  Baptefme  ?  Il  me  dit,  que  c'eftoit  vne  entrée  en  l'Eglife  de  Dteu.Quel- 
le  différence  y  a-il  donc  entre  vous  &moy>veu  que  vous  me  confcftezjque  l'Eglife  de 
Dieu  eft  vne-aflemblee  des  fidèles  efpars  par  tout  le  monde  :  voire&:  qu'on  çpgripjr  cefte 
Eglife  par  la  Parolle,  &  parles  Sacremens  purement  administrez?  Surcelaluy  deman- 
dants'il  ne  ténoit  que  deux  Sacremens,  médit  qu'il  en  tenoitfept.  le  di  <jiè  n'en  cenoye 
que  deux,  &:  qu'il  me  prouiiaft  les  autres  par TEfcrittirC  fainfte.  Me  difa'nt  que  les  Do- 
cteurs les  approuueht.-ieluydi,  qu'il  m  alleguaft  les  tcfmoignages  de  J'Efçritufe  fàfndte. 
line  les  voulutpoint  prouuer:mais  m'alleguades Docteurs .  Ieluy  di,  queie  n'eftoye 
point  Do&enr  comme  luy,  mais  vn  poure  compagnon  demeftier ,  qui  n'auctyé7  ^bïnt  c- 
ftudiéauxDocl:eurs,meconteiuantfimplemcntderEfcriturc,fainde  pour  y  fonder  ma 
foy.  Alors  il  me  demanda  fi  par  ces  mots,  C'eft-ci  mon  corps,  ien'entenpas  quele  pain 
nèfoitpluspain,maisqu'iHbit  tranlTubftantié  au  corps  de  Chrift.  Ieluy  demanday  s'il 
eft  là  aufsi  grand  &  aufsi  gros  qu'il  eftoit  en  la  croix.Or  le  curé  defainftNïcaife  qui  eftoit 
là,  dit  quenon:&  l'autre  dit  quouy.  fur  ce  ieprih  Mèffieurs  en  tdmoins,'querViïauoie 
ditqu'ouy,&:  l'autre  non:  &:  fi  demanday  auquel  ie  croiroye.  Monfieur  Manfart  dit  que 
c  eftôyen  t  beftes  qui  croyent  qu'il  fbit  aufsi  grand  qu'il  eftoit  eniaetoix;  Ieluy  di,  ceftuy- 
la  donc  eftoit  befte  qui  eftoit  auprès  de  luy,&  en  gênerai  tous  ceux  par  cideuaht  qui  ne 
prefehoyent  pas  autrement. 

:  Il  m'allégua  vn  moine  nommé  Cartini,  qui  auoit  prefché  le  Q^arcfec  pafféàfaincl:  ^J^» 
Brixe.Ieluydiquccc  Cartinieftoitvn homme  reprouucdeDicusalpeffiftoitcnjfama-  ft"dekv< 
lice>veu  qu'ayantcognula  vcrité,il  eftoit  deUeaublafphèiriateijr  &  pcrfccuceuï  dftcclle. 
Mcdîeuff;  médirent  qu'ils  fecontentoyent,  fi  ic  vouloye  accorder  le  poin&dé  laCcnc. 

LLU. 


Lime  VIL  Alexandre  Dajken. 

Ic  leur  di  q  i'en  eftoye  bien  daccord,&:  que  ic  voudroye  bié  que  Messieurs  en  fu  fient  auf- 
fi  bien  d'accord  comme  moy.  Sur  cela  ils  me  dirent  qu'il  n'y  auoit  pas  grad  difFerét  d'eux 
&c  de  moy,finon  que  ie  n'entendoye  point  bien  l'Efcriture.  Jjt.  le  voudroye  auisi  bié  en- 
tendre tout  le  refte,  comme  iefay  cepoinft-la.Ilsontdit  que  i'eftoyc  obftiné,&queio 
ne  vouloyeouyr  ce  bon  Docteur,  yi.  le  nefuis  point  obftine,  mais  confiant  enlavraya 
doctrine. 

D.Pou  rquoy  niez-vous  la  puùlàncc  de  Dieu?^..Ie  ne  veux  pas  nier  la  puifsace  de  Dieu, 
mais  croy  que  Dieu  a  telle  puiflance ,  q  de  fendre  ce  Chafteau  en  deux:&  nous  dôner  ou- 
uerturc  pour  nous  en  aller,  à  l'exemple  de  S.  Pierre  que  l'Ange  deliura  des  prifons  d'He- 
rode.  Manfart  me  dit,  que  fi  cela  fefaifoit  qu'il  croiroit  en  moy.  Ieluydi,que  h'Dieu  le 
vouloit,quc  là  puiflancecft  bien  pour  ce  faire:  mais  fa  Parolle,qui  eft  fa  volonté,  ne  nous 
enfeigne  point  que  le  corps  de  Chrift  (bit  dedans  ce  pain  :  mais  au  contraire ,  qu'il  eft  au 
ciel,  pour  cela  ie  ne  puis  croire  qu'il  (bit  en  la  MelTc.  D.  Pourquoy,  dit-il,  C'eft  mô  corps, 
s'il  n'y  a  que  du  pain  ?  rçt.  Quand  il  dit,  Prenez, mangez,  prindrent-ils  le  pain  ou  lecorps? 
mangerent-ilslepainoule  corps?Ils  me  dirent  que  ce  n'eftoit  pluspain,mais  le  corps 
de  Chrift  tranfmué  au  pain.  Rt.Si  lecorps  de  Chrift  euft  entré  au  pain, on  l'euft  veu  chan 
ger  aucunement:  mais  li  lors  qu'il  cftoit  la  prefent,les  Apoftres  n'ont  point  mangé  le 
corps  ni  la  çhairdeChrift,commentla  pourrons-nous  manger  maintenant  qu'il  eft  au 
fcor'"*  ciel  fi  loin  de  nous?  Il  me  dit,  Si  le  corps  de  Chrift  n'y  eft  point,  pourquoy  donc  dit  lainâ: 
Paul,  Quiconquele  prend  indignement  ? &c.  le luy  di,S.  Paul  fc déclare  allez ailleurs,di- 
fant,  Que  les  yurongnes  ni  les  paillards,  ni  les  idolatres,n'autres  femblables,n'heriteronc 
pointle  royaume  de  Dieu:  c'eft  comme  s'il  difoit,  que  le  fang  de  Chrift  eft  rcfpandu  en 
vain  pour  ceux-la.  Et  c'eft  aufsipourquoy  à  Geneue  &:  autres  lieux,  les  Miniftres  excom- 
munient tous  mal-viuans,en  leur  defendât  la  Cene  :  &c  vous  autres  receuez  toutes  gens  à 
voftre Me/Te.  Vous  y  faites  adorer  vnehoftie  qui  n'eft  qu'vne  idole  :&  fi  làuez  bien  que 
toutcsidolesfontdefendues  par  le  commandement  de  Dieu:  elles  &tous  ceux  qui  les 
font,&  qui  s'y  fient,font  maudits.  Or  faind  Paul  nous  enfeigne  que  tout  ce  que  vous  fa- 
crifiezàl'idole,quelquecholcquecclbit,vouslefacrifiezaux  diables  &: non  pas  à  Dieu. 

Voila  en  brief  les  principaux  poin&s  que  i'ay  eu  côcre  ce  Moine,  prefens  Meilleurs, 
ileftoitquafifoir: &n'eulmes  aiitre  propos  que  principalement  delà  Cene.  I'ay  oublié 
de  mettre  en  la  première  Interrogation,  que  Meilleurs  me  demandèrent,  fiie  n'auoye 
point  cfté  en  le  Roque  en  la  maifon  d'vn  homme  polfedé  d'vn  cfprit  immonde.  le  leur  di 
quouy.  Sur  cela  Gombaut  médit  qu'il  m'y  auoit  ouy.  Il  y  en  eut  vn  qui  dit,  que  i'auoye 
mai  parlé  des  Preftres  en  la  maifon  du  Pofîedé.  le  leur  di  que  non  ,  mais  bien  queiefi  di- 
tp les  Articles  delà  fby ,  Se  l'oraifon  Dominicale,&  les  Commandemcns,  &;  (i  luy  di ,  qu'il 
nefâloîtpas  cercherfalutnedcliurancedu  Poflede,en  vn  tasdeSaincts  nefay  quels,mais 
n  vnfeul  Dieu,lequel  vous  faut  adorer  feul  en  efprit  &  vérité. 

AVT  RE  S  lettres  d' Alexandre  Dayken,  eferites  de  fort  propre  fang  par  faute  d'encre ,  aux  fidèles  de  Tour- 
nay,  &  principalement  à  laieunclfe ,  afin  de  fe  préparer  à  tous  combats  fpirituels .  Elles  contiennent  cho- 
fes  notaWes,&:  par  fpecial  ladifpute  qu'il  eut  à  fon  tour  contre  Ioacim  prifonnier  Aiubaptifte,deuant  tout 
le  Confeil  de  Tourna/. 

S^P  R  E  S  vous  auojr  fidèlement  eferic  le  principal  de  mes  interrogations  &rrefponfes, 
^^i'auoyecncorequelqueproposàvous  mander:  mais. d'autant  que  l'encre  nous  eft 
failli,  force  nous  eft  d'efenre  de  noftre  fang,  comme  voyez;  ^Iefu  mandé  pour  latroiile- 
mefoisen  plein  Confeil,  oùentreplufieurs  propos  monfieurManiàrt  à  fa  façon  accoû- 
ftumceeremancbt,aflauoir,  fticnccroyoye  point  queles  ombrages  duvicil  Teftamenc 
nousfoyent  figures  du  Nouucau.Ieluydiqu'ouy.  D.  Et  l'Agneau  Pafcal  nous  eftoit-il 
figuredelefus Chrift  ?Icdiqu'ouy.  Sur  cdaii  me  fit  vn  drfeours,difant,  l'Agneau  eftoic 
fans  tache ,  &  Iefus  Chrift  auisi  cftoit  fans  tache  :1' Agneau  cftoit  rofti ,  aufsi  a  efté  lefus 
Chrift  :  l'Agneau  a  cfté  mangé  *&  ainfi  queles  enfans  d'Ifraelmangeoyent  l'Agneaua- 
pres  eftrc  rofti,  aufsi  nous  faur-il  manger  le  corps  de  Chrift  en  l'hoftie.  Ievoulu  refpon- 
dre  à  cela,  mais  ilne  mç  voulut  pour  l'heure  efeouter,mais  s'en  alla.  Lelendcmain  ie 
luy  dieftant  redemandé  ,qu  il  m'auoit  fait  vne  belle  allégorie.  lime  dit  qu'ouy.Ieluy 
demanday,  Moniiauti  quand  les  enfans d'Ifrad  mangeoyenr  l'Agneau, n'dperoyenc- 
ils  autre  choie  feulement  que  cefte  chair  roftic?  Il  me  dit,  qu'ils  eiperoyeni^ar  foy  ïdas 
Chriftxôrne  aufsiilnelcpouuoitnier.Ieluydiquec^eftoitla  Yraycfigurc  delà  Cene  du 

Seigneur: 


Seigneur  :  car  ainfi  ^  nous  mangeons  le  pain  aux  dents  en  la  Cène,  àufsi  mangeons-nous 
par  toy  le  corps  de  Chrift  à  l'exemple  de  l'Agneau:  Se  s'ils  mangeoyé'c  la  chair  pour  ligne 
du  corps, auffi  maintenant  nous  mangeons  levain  que  Iefus  Chrift  nous  àbaillé  pour  fi* 
gnedeibncorps,efperans-parfoy  eftrc  participans  defon  corps  &  de  (on  fang.  Alorsil 
me  dit  que  les  lignes  &  figures  font  paiTecs,&:  que  nous  auôs  la  vérité  du  figne.  le  luy  dc- 
manday,  fi  en  l'eau  du  Baptcfmc  il  croyoit  que  ce  fuft  le  fang  de  Chrift,  Se  non  l'eau  ?  il  me 
die  que  le  fang  de  Chrift  eft  fous  l'efpcce  de  l'eau .  le  luy  di,  que  e'eftbit  feulement  le  figne 
exterieurdulangrei'pandu  pour  nos  péchez.  Sur  cela  coupant  propos  médit  queievuu- 
loye  cftre  plus  f  âge  que  tous  les  Docteurs.  le  di,  que  ie  ne  ra'eftimoyc  éftri  fage,mais  po- 
ure  compagnon  de  meftier. 

Et  fvn  du  Confeil  me  dit,  puis  que  vous  eftes  compagnon  de  meftier,  pourquoyne 
voulez-vous  croire  à  plus  iàuans  que  vous?  çt.  Monfieur,  ieluy  veux  bien  croire,  moyen- 
nât  qu'il  m'allègue  l'Efcriturc  faincte.  Et  il  me  dit,  qu'on  ne  fauroit  auoir  plus  claire écri- 
ture, que,  C'eft-ci  mon  corps  :  il  ne  dit  point  que  ce  foitvn  fàntofme,côme  vous  autres 
le  faites  accroire.  Vous  le  faites  auoir  plus  de  cet  mille  corps,quâd  vous  ledites  eftreen 
cent  mille  Meffes,  qu'on  dit  tous  lesiours  par  le  monde.  ^  Monfieur  de  Moulbay  medir, 
quec  eftoicaftez  difputé,&  qu'on  ne  m'auoit  point  mande  pour  difputer,  mais  pour  dire 
quieftoitlcMiniftre,&ceuxquieftoyehtenraiTemblee.  y..  Mo  n  fi  eu  r,Qui  n'en  fait  rie, 
n'en  peut  rien  dire.  Ils  médirent  que  iefauoyebien  le  nom  du  Miniftre.  fy..  Si  l'cftoyeMi 
niftre,iemegarderoyebien  de  dire  mon  nom  :& font  bien  fi  ad uifez,  qu'ils  fe  gardent 
bien  de  le  dire.  Me  menaçant  qu'on  mêle  feroitbien  dire,ic  refpondi,  qu'ils  fiffent  ce 
qu'ils  voudroyent  de  mon  corps,&:  qu'ils  n'auroyent  autre  chofe  de  moy .  le  fudoncre- 
mené:&  le  lendemain  mis  fur  la  torture  :  où  cftant  ne  me  rirent  q  crier  toufiours ,  Nom»  Ajexan<lre 
mez  le  Miniftre,  ou  quelque  autre;mais  Dieu  me  fortifia  tellement  que  ie  ne  leur  di  rien  gehenné. 
qui  foit.  Quand  ils  virent  cela,  ils  me  firent  relafchcr,  &les  remerciay  du  bon  defiuner 
qu'ils  m'auoyent  fait,fans  l'auoir  mérité.  Sur  cela  on  me  mena  en  la  maifon  d'vn  foldat  du 
Chafteau,  pour  me  faire  chauffer:  car  i'auoye  froid  d'auoirbeu  tant  d'eau  maugré  moy. 
le  fu  fort  malade  des  reins  ce  iour-la  :  car  iecroy  qu'ils  m'auoyent  bien  tiré  vn  demi  pied 
.  plus  que  parauant  :  Se  ce  mcfme foir  nous  fufmes  remenez  François  &c  moy  en  la  prifon, 
oùnousfommes  maintenant, &nous  mit-on  les  fers  aux  iambes  pour  tout  allégement 
de  noftre  maladie  Se  de  la  géhenne,  voila  en  brief  les  a&cs  de  cefte  iournee. 

LE  iour  enfuyuant  après  que  monfieur  Manfart  nous  eut  dit  en  la  prifon ,  qu'il  nous  fe-  ^  ^  ^ 
roit  amènerai' Anabaptifte  loacim  ,  pour  nous  faire  difputer  contre  luy,  nourfufmes  JDùJ™*e 
produits  en  plein  Confeil,prefens  plufieurs  Géntiis-hommcs,tant  de  la  ville  que  du  Cha  l  Anabapu- 
fteau.François  mon  compagnon  y  fut  premier  appclé.-mais  il  ne  voulut  difputer  à  raifon  ltc' 
qu'il  eftimoit  eftre  peine  perduc,£uis  que  gens  iàuans  Se  Miniftres  n'auoyent  rien  profi- 
té enuers  luy  combien  qu'ils  l'eu  fient  rendu  confus. Quand  François  fbrtitdela  cham- 
bre,fy  fu  mcné,&:  faluay  tout  le  Confeil.  On  me  fit  afToir  face  à  face  dudit  Ioacim,&  mô- 
fiair  Manfart  printla  parolle,mc  difànt,  Alexandre,nous  vous  auons  fait  venir,pour  voir 
fi  vous- vous  pourriez  accorder  enfemble  :  car  fi  on  eft  fàuué  pour  mener  bonne  vie ,  voi- 
re pour  mourir  conftamment ,  on  le  peut  dire  des  Anabaptiftcs  :  car  on  ne  trouue  gens 
de  meilleure  vie,  ne  de  plus  belle  conftanceàla  mort,  pourtant  fivous-vous  vouliezac. 
corder  auec  luy,  &:  tous  deux  auec  nous,  vous  feriez  fort  bien,&  en  ferions  ioyeux.  le  re- 
fpondi,  Monfieur,ie  vous  dihiec  la  caufepourquoy  iene  vouloye  difputer  cotre  luy.  Mô- 
fieur  de  Moulbay  me  dit,  Al  exadre,peut  eftre  q  Dieu  vousfera  plus  de  grâce  qu'aux  au- 
tres plus  fauans  que  vous,  prenez  propos  enfemble.  Ioacim  dit,  que  moins  il  vouloir  di- 
fputer. Monfieur  Manfart  dit,  Au  moins  amenez  ici  les  difFerens  qu'il  y  a  entre  vous.  le 
di ,  Que  ie  n'auoye  iamais  eu  parolle  contre  aucun  d'eux ,  Se  ne  fauoye  bonnement  leurs 
[  difFerens» 

I  l  y  en  eut  vn  du  Confeil,  qui  me  demanda  touchant  ladefeente  aux  enfers,  aflàuoir,  Defcéteau: 
fi  ie  ne  croy  pas  que  Chrift  eft  defeendu  au  limbe  pour  tirer  les  Pères  hors.Ieleur  di,Mef- cnfers- 
fieurs,  quant  à  ce  mot  d'Enfer,il  fe  prend  pour  tout  lieu  d'affliction ,  &C  a  efté  adioufté  de-  ^ Scr. 
puislaprimitiue  Eglife,  pour  donner  plus  amplement  à  entendre  aux  fimples  gens  la 
grande deftrciTe  que  Iefus  Chrift  lourFrit  en  fa  pa(fion,iufqucs  à  dire,  quefon  ame  eftoit 
trifteiufqualamort:&encoieplus,quadil  eftoit  en  la  croix, Mon  Dieu,mô  Dieu,  pour- 
quoy  m'as-tu  laiffc?&:  cefte  grande  deftrefle  venoit  de  ce  qu'il  fenroit  tous  les  péchez  du 
monde  chargezfur  luy ,  pour  nous  racheter  des  douleurs  d'enfer,alFauoir  de  la  danation 

LIliL 


£/wo  VIL  ^Alexandre**  T)ayken. 

ccerncllc.  Voila,  Meilleurs,  ce  que  i  enten  de  ladefeente  aux  enfcrs,&rnc  croy  point  ce  cj 
vos  preftres  veulent  faite  accroire,  qu'il  alla  iouër  vnc  farce  aucc  vnc  croix  de  bois  en  (a 
main>&  vne  bannière  au  bout,fe  moquans  de  Dieu  &  defon  Fils  Iefus  Chrift,comme  s'il 
n'auoit  aboli  &  aneati  les  enfers  par  fa  mort  &.  pafsiô.Ils  fe  mirét  tous  à  rire,&  TAnabapti 
fte  aufsi  :  mais  quandils  eurent  afTcz  ri,  il  y  en  eut  vn  qui  médit  que  Ioacim  difôit,  Quad 
lésâmes  s'en  vont dece  monde,  qu'ellesalloyent  dormir,  fans fentirne  bien  nemal.  le 
leur  di,  Que  les  ames  des  fidèles  en  departanc  de  ce  monde  s  en  vont  iouyr  de  la  vie  bien- 
Luc^,     heureufe,  comme  Iefus  Chrift  dit  au  Brigand  ,  Auiourd'huy  tu  feras  en  Paradis  auec 
Apoc.tf     m0y.  Et  aufsi  en  l'Apocalyple,  où  il  eft  dic,que  les  fidèles  font  repofansfouslautel,&  l'au 
tel  eft  Chrift.  Voila,  Meilleurs,  comment  ie croy  que  les  ames  des  fidèles  iouyfTent  dés 
maint  enant  delà  gloire  éternelle  :  mais  non  point  fi  pleinement  qu'ils  feront  après  la  re- 
furrection.    On  demandaà  Ioacim  qu'il  en  difoit.  Il  dit  qu'il  s'en  contentoit  bien.  Ily 
eut  derechef  vn  qui  me  dit  que  Ioacim  ne  croyoit  point  de  Purgatoire.  le  di,quei'cn 
purgatoire  croy0ye  vn>  majs  non  p0jnt  cciUy  qUC  les  preftres  ont  forgé  pour  fonder  leur  Méfierais 
iJcam.     la  purgation  des  péchez  par  le  fcul  fang  de  Iefus  Chrift,  qui  eft  l'Agneau  fans  macule.Or 
vos  preftres  veulent  forger  ienefay  quel  Purgatoire  dcfeu,difans,qu  on  eft  racheté  de  ce 
Purgatoire  par  Me(lés,lefquclles  aufsi  il  faut  racheter  par  argent,  qui  eft  direclementcô- 
iJicn-ci.J  crc  i'£fcrjturc  qui  diCî  Que  nous  ne  fom  mes  pas  rachetez  par  or  ou  argent.  ^"Derechef 
on  nous  fit  parler  enfembic  Ioacim  &:  moy,&fpecialcmét  du  Baptcfme:itleurendico- 
meauparauant:  D'autant  que  les  promeifes  ont  efté  faites  à  Abraham  &c  à  fes  enfans:  &c 
que  la  Circoncifion  eft  donnée  aux  enfans,  qu'aufsi  le  Baptefme  leur  appartient.  Lors 
l' A  n abaptifte  me  dit,qu'on  ne  circoncifoit  point  les  filles.  le  luy  di ,  que  quand  l'Efcritu- 
re  fait  mention,  Que  les  paillards,yurongnes,&  idolâtres  n'hériteront  point  le  royaume 
descieux,  ne  parle-il  point  aufsi  bien  aux  femmes  qu'aux  hommes  ?&  toutefois  il  ne  par- 
le finon  des  hommes.  Pourquoy  eft-cc  que  la  femme  aefté  tireede  lhommeî&que  les 
deux  font  vn,  &  font  conioints  enfemble?  Ioind  qu'en  l'ancien  Teftament  on  prcfèntoic 
quelque  don  à  l'autel  pour  les  filles.  Meilleurs  dirent  que  c'eftoit  afTez  parlé  de  cela,& 
^  ,„      qu'il  reftoit  de  dire  de  l'Incarnation .  le  leur  di ,  Que  quant  à  moy  ,  i'eftoye  bien  con- 

Dc  1  Incar-  »         •  .  „  ,        M  .      ^—  ,  ,  „   '  . 

mtionde   tent  &  a  mon  repos,  &:  que  ic  ne  vouloyc  plus  parler,  veu  qu  on  ne  faifoit  que  per- 

Chrift.      fac  peine.  Meilleurs  dirent  à  Ioacim  qu':l  parlaft.  Il  dit,  que  ie  ne  le  vouloye  point  ouyr.' 
Mcfsieurs  dirent  qu'ils  parleroycnt  eux  aueemoy.  Iedià  Mcfsieurs,  que  ieleur  vouloye 

GaUt.4.4.  bien  déclarer  ce  que  ic  tenoyederincarnacion,  &  qu'il  eft  eferit  aux  Galat.  que  quand  le 
temps  a  efté  accom  pli,  Dieu  a  enuoyé  fbn  Fils  fait  de  femme,&  fait  fous  la  Loy,afin  qu'il 

Rom.i.     rachetaft  ceux  qui  cftoyent  fous  la  Loy.Et  aux  Rom.  qu'il  eft  defeend  u  de  la  lignée  de  Da 
uid  félon  la  chair,  &:  s'eft  déclaré  Fils  de  Dieu  félon  lEfprit  defanftification.  Et  quand  ic 

^Benef  j.  n'auroye  que  ce  fcul  tefmoignagedc  Genefe,  Que  la  femencede  la  femme  briferoit  la  te- 
ftc  du  ferpent,  (afTauoir  Chrift  qui  deuoit  eftre  fait  defemmefelon  la  chair)c'eft  vne  pro- 
méfie  fuffifàntc  que  Dieu  fit  à  Adam  &  à  fà  femme,  à  fin  qu'ils  ne  tombaient  en  defe- 
fpoir,  mais  rembarrafTcnt  Satan  qui  les  auoit  feduits .  Alors  Ioacim  dit ,  que  ce  n'eftoit 
point  lediable  qui  les  auoit  feduits,  mais  le  ferpent.  Mcfsieurs  fur  cela  furent  comme 
courroucez,  mais  ie  leur  rcfpondi,  Quei'auoye  toufiours  bien  dit  que  ie  n'y  gaigneroyc 
rientmais  qu'ils  iugeafTentcntreuxdenousdeuXjlcquel  auoit  meilleur  droit  félon  lcfens 
dei'Efcriturc.  M.  Manfàrtdit,  Alexandre,ie  tiendioyepluftoft  des  voftres  que  des  fîens: 
car,dit-il,  il  reiette  entièrement  noftre  Loy  comme  vous ,  &c  fi  a  encore  d'autres  erreurs, 
ce  neantmoins  ic  vous  voudroyebien  voir  d'accord  auec  nous.  çt.  Monfieur,à  la  mienne 
volonté  que  Ioacim  &c  vous  tous  voufifsiez  accorder  aueenous  :  car  ic  fuis  certain  q  vous 
&  luy  elles  hors  du  droit  chemin.  Commentccla?  dit-il,  veu  qu'il  y  a  fi  long  temps  que 
nous  fommesainfî.Monficur,di-ie,  quand  il  n'y  au  roit  autre  choie  qucccïa,que  vous 
nous  voulez  faire  trouuer  le  corps  de  Chrift  où  il  n'eft  point ,  &  que  vos  preftres  difenc  . 
qu'il  y  eft  aufsi  grand  &c  aufsi  gros  qu'il  cftoit  en  la  croix.  Lors  il  dit,quecc  font  beftes  qui 
ci  efto  lecroyentainfi.  AcelaloacimrAnabaptifte  dit,  Pourquoy  ne  les  bruflez-vous  pas  aufsi 

a<iCiouftc,0&  bien  que  nous,  puis  que  vous  dites  qu'ils  errent?  Ils  dirent,  qu'ils  n'en  fau©ycnc  nuls.  le 

coité  en    leur  di,qu'il  n'y  en  aquoparccntenTournay&Tourncfy ,  qui  ne  prefehent  autre  chofe 

TnmLa-    tOUS  les  iOUrS. 

uvitionoflé  Alors  leConfeilfeleua,&nousfitrcmener,afTauoir,Ioacimalaville,&:nouscnno 
UfùMcequi  ftrepri(onciu  Chafteau.  Voila  en  bref  les  principaux  propos  que  nouseufmcscciour-la. 
fTrïriZ  Les  autres  me  leroy et  trop  lôgs  &  difficiles  à  eferire  :  &c  aufsi  pourec  q  noftre  fàng,  qli  i  eft 

noftre 


^AtéxandreDaykeji.  €13 

noftre  encre,  nous  eft  trop  cher  pour  le  prefènt  :  car  ceux  qu  i  né  mangent  que  cîu  pain  &: 
ne  boiucnt  que  de  l'eau,  ne  peuuent,comme  fâuez,  eftrc  gueres  fanguins.ParqUoy  m'ex- 
euferez  li  iclefay  bref,  en  me  fupportanc  &  pardonnant  les  fautes  qui  y  font .  Priez  tous 
enfemble  pour  nous  tous  les  poures  prifonniers  de  Iefus  Chrift ,  cependant  q  nous  fom- 
mes  viuans  en  ce  monde  :  afin  que  Dieu  par  fon  fainct  Efprit  nous  v  ucille  augmenter  la 
foy  auec  vraye  perfeuerance  iufques  à  la  dernière  goutte  de  noftrefahg.  Et  au  deflou*  c- 
ftoit  eferir, 

Alexandre  Dayken,  chaufletier  de  mon  meftier.Dayken  eft  mon  furrtom,combien  q 
icncrayiamaismanifefté,fieft-ce  que  maintenant.ie  le  manifefte  à  Meilleurs  de 
Tournay,  à  qui  Dieu  donne  cognoiflance  de  fa  parolle,ann  que  le  peuple  de  Dieu 
foit  enfemble  inuoquant  fonfàin&Nom  publiquement.  Amen. 

EPISTRE  dudit  Alexandre,  par  laquelle  il  confole  Sradmonnefte  les  frères  de  Tournay,mon{trant  la  gran- 
de ioye  qu'il  a  en  fes  affligions. 

S  T  A  N  T  par  la  volonté  de  noftre  bon  Dieu  appelé  en  celte  captiuité ,  ie  me  fuis 
_jfort  efmerueillé  delà  confiance  qu'il  luy  a  pieu  me  dôner,  veu  iesaffauts  qui  m'ont 
cité  prefentez,&:  la  géhenne  qu'il  m'a  fa  lu  endurer.  Icncpuis,di-ic,  magnifier  le  nom  de 
l'Eternel,  de  tant  de  bénéfices  qu'il  me  fait  iournellement  :  car  tant  plus  ie  voy  les  affauts 
venirducoftéde  la  chair,  tant  plus  ie  fèn  de  l'autre  cofté  la  bonté  du  Seigneur  remplir 
mon  efprit  de  ioye  &  coniblation ,  tellement  qu'en  ces  combats  ie  fuis  comme  raui  en  e- 
fprit,fentantce  bon  Dieu  prendre  ma  caufe  en  maimtellcment  qu'il  ne  mefemble  point 
queiefoye  en  la  prifon,  encore  que  i'ayeles  pieds  &iambes  enferrées  dedans  ces  fers.  O 
mon  Dieu,  qu'eft-ce  que  d'eftre  participai!  t  des  afflictions  de  Iefus  Chrift  ton  Fils?Quâd  tfatx.tà 
ie  vien  à  coniiderer  la  parolle  proférée  de  l'a  bouche  facree,  Que  nous  fommesbicn-heu- 
reux  quand  on  nous  aura  perfecuté  &c  dit  tous  maux ,  en  mentant  à  foccafion  de  fon 
Nom  (&  ce  qui  s'enfuit  )  6  la  grande  confolation  que  ie  fen  !  mettant  en  exemple  les  Pro- 
phètes qui  ont  efté  deuant nous,qui eftoyent  AmbafTadeurs  dece  téps-la,  enuoyezpour 
annoncer  la  venue  de  Iefus  Chrift. 

O  mes  frères  &  fœurs,puis  q  le  Seigneur  maintenant  nous  appelé  tant  doucement  an 
rcngdeceux-la,refuferons-nousd'allcrà  luvfrcfuferons-nousjdi-ie^e  porter  fa  croix?veu 
que  luy-mefmc  ne  s'eft  point  efpargné  de  la  porter,  voire  de  s'eftre  luy-mefme  prelènté  à  Mat.z1J.4rfJ 
lamortlapîushonteufequiaduintiamais  à  homme?  Certes  ie  n'ay  point  de  honte  de- 
ftre  cmprilonné  pour  fa  parolle,  voire  d'eftre  géhenne  &  enferré,  ne  d'eftre  misa  more 
cruelle,  quand  fa  volonté  fera ,  foir  par  feu  ,  par  glaiuc,oupar  quelque  autre  tourment 
que  ce  lbit.  Et  vous  mes  frères  &:  feeurs  en  Ictus  Chrift,  ne  foyez  pas  honteux  de  porter  la 
croix  quand  la  volonté  de  Dieu  fera  de  vous  y  appelcr.carc'eft  le  moyen  pour  paruenir  MatI0.3g 
auroyaumede  Dieu  :  comme  Iefus  Chrift  telmoigne  luy-mefme,  difant,  Qui  ne  prend 
fa  croix  &c  me  fuir,  il  n'eft  digne  de  moy.  Et  fainft  Paul  dit,  que  nous  ferons  participans  de  *Tim.j.  1* 
fon  Royaume  fi  nous  fouffions  auec  luy.  Item,  tous  ceux  qui  veulent  viurc  fidèlement 
en  Iefus  Chrift,  fouftriront  perfecution.  Miis  encore  quand  ie  vien  à  penfer  aux  promef- 
fes  de  Iefus  Chrift  qui  font  faites  à  ceux  qui  endurent  perfecution  pour  (on  Nom,  iefuis 
raui d'auancagccôikkrant ces  parolles,Qui  vaincra  il ïèraaflls  fur  mon  throne,ain fi  que  .  , 
i' ay  vaincu,&  ie  fuis  aflls  fur  le  throne  de  mon  Pere.  Item  quand  il  dit ,  Qu'ils  feront  afïis  poc'î"ÎI' 
au  banquet  de  l'Agneau.  Se  encore  en  vn  autre  lieu,Qui  vaincra  héritera  toute  chofe,  &:  Apoc.11.7- 
ie  luy  feray  Pere,  &:  ils  me  feront  fils  &fillcs,dir  le  Seigneur  tout-puiffant.  Et  e'eft  ce  que 
Iefus  Chrift  confolant  les  fiens  après  leur  auoir  mon  ftré  la  perfecution  pour  les  rédretât  i<? 
plus  conftans,  dir,  Que  le  royau  me  des  cieux  eft  à  eux.  voila,  mes  trefehers  6c  bien-aimez  &  I0.i4. 
en  Chrift,  lacaufe  féconde  de  ma  ioye. 

O  quelle  ioye,  ô  quelle  confolation  fera-ce,  quand  nous  viendrons  en  laiouyiTance  de 
la  vie  bien-heureutequand  nous  viendrons  à  receuoir  la  couronne  degloire  incorrupti- 
ble ,  laquelle  eft  préparée  àceux  qui  vaincront ,  quand  le  Fils  de  Dieu  viendra  accompa- 
gné de  fes  Anges  &:  auec  cride  haubois, difant,  Venez  les  bénits  demonPere,  venez, 
pofledez  le  Royaume  lequel  vous  eft  préparé  dés  la  conftitution  du  monde!  Ornes  tref-  îtlî34* 
chers,  comment  ?ne  nous  efforcerons  nous  pas  dcnousrcdre  de  plus  en  plus  obeiffansà 
noftre  Dieu»  couras  par  patience  au  pris  qui  eft  p  lopofé'fourFrirôs-nous  qu'on  nousrauif 
fece  Royâume  lequel  eft  préparé  à  tous  ceux  qui  obtiédrôtla  victoireîQuelle  chofe  nous  K.?m.  8. 3^ 

LU.ih. 


L  iurc^j  VIL  Alexandre  Dayken. 

feparera  de  Chrift  ?  fera-ce  tribulation  ou  pcrfecution?  icra  ce  famine:  fera-ce  poureté  ou 
maladie  ?  fera-ce  la  crainte  de  perdre  les  biens?  fera-ce  la  crainte  d'eftre  banni ,  ou  chaC 
le  du  pays?  non,  non:  tout  cela  ne  me  pourra  feparer  deChnft.  pourquoy  ?  pource  que 

Mat  i€.  is.  quand  mefme  i'auray  gaigné  tous  les  biens  du  monde ,  &  cependant  ieray  perte  de  mort 
amc,  que  faurpye-ie  donner  en  recompenfe  pour  icelle  ?  Se  quand  fauroye  fauué  ma  vie 

Rom  8.38.  en  ce  m0nde,ie  la  perdioy  e  en  la  vie  éternelle.  Que  feray-ic  dôc  ?  le  diray'auec  faincl;  Paul 
qu'il  n'yauranihautefîe,  ni  profondeur,™  choie  preiente,  ni  choie  à  venir  ,  qui  melepa- 
rcradela  diledion  de  Chrift.  pourquoy  ?  pource  que  Dieu  eft  pour  nous.  &fi  Dieu  cft 
pour  nous,  qui  fera  contre  nous  ?  fera-ce  ce  m  al- heu  ceux  monde  ?  fera-ce  la  chair?  lera-cc 
le  diable?  non  :  car  Dieu  a  maiftrife  fur  tousccux-la.  SonFils,lon  Fils,  noftre  fouucrain 

Luc  11.1S.         ^  j  -t  jUy_mc£me  de  fa  {'aincte  bouche ,  qu'il  ne  tombera  point  vn  feul  cheueu  de  110. 

i.Cor  10.13.  ftre  tefte  fans  la  volonté  de  noftre  Pere  qui  cft  au  ciel,  voila  comment  ic  m'ailcuredcilus 
la  parolle  de  noftre  Dieu,  ôc  croy  auec  faincl:  Paul, que  Dieu  eft  fidèle, &  qu'il  ne  permet- 
tra point  quenous  fuyons  tentez  outre  mefurcains  donnera  bonne  ifluc  à  nollrc  tenta- 
tion. Nous  (huons  que  noftre  Dieu  dôna  coge  au  diable  d'arfliger  lob  quant  à  Ion  corps, 
mais  il  n'eut  aucune puiftance  fur  fon  amc  :lob  demeura  ferme  &:  confiant  ••  &:  le  diable 
fc  retira  de  luy:&  noftre  Dieu  luy  fît  grâce  de  Iuy  redonner  des  bien  s  &  héritages  plus 
qu'anparauant.  Aufli  le mefmc  Dieu  maintenant  ayant  donne  punTanceaux  hommes 
d'affliger  nos  corps,  ncantmoms  ils  n'ont  puilfancefui Tamc:&  à  l'exemple  de  lob, quâd 
ce  bon  Dieu  aura  veu  noftre  perleuerance,il  aura  pitié  de  nous,&nous  recompenfera  de 
tous  maux  que  les  hommes  nous  auront  faits.  Il  nous  donnerala  vie  éternelle ,  qui  eft  la 
meilleure  recompenle  de  toutes,  où  nous  iouyrens  pleinement  delà  gloire  celelte,&  fe- 
rons alîîs  à  la  table  de  l'Agneau,  nous  ferons  lors  inges  de  ceux  qui  maintenant  nous  ju- 
gent :&:  IcfusChrift  leur  donnera  recompenfe  du  bien  qu'ils  auront  fait  en  perfecutant 
&:  mettant  à  mort  Ces  enfans  &c  elleus.  Il  leur  dira  en  voix  terrible &c  efpouuantable,  De- 

Mat.i5.41  partez_vous  de  moy,maudits  de  mon  Pere, vous  qui  aucz  i'uyui  iniquité:  allez  au  lieu  qui 
vous  eft  détermine  auec  le  diable  &:  fes  anges,  plein  de  pleurs  8c  degrincemens  dedents 
où  vous  ferez  tourmentez  àiamais. 

Voil  a, mes  trefehers,  la  recompenfe  que  les  mefehans  reccuront  pour  leur  falairc, 
d'auoirvefcu  félon  lemonde,(ansauoir  regardé  à  la  volonté  de  Dieu.  Au  contraire  co- 
gnoiflansquelcsbonsiouyrontdelavie  bien-heureufc  &:perdurable,  contemplons  de 
près  au  nom  de  Dieu ,  lequel  des  deux  eft  plus  expédient,  ou  de  fuyurcle  monde&  obéir 
aux  hommes,  ou  de  laifïer  le  monde  &:  obéir  à  Dieu.  Certainement  quand  nous  aurons 
bien  contemplé  ce  bien  éternel  qui  cft  préparé  aux  cflcus:&:au  contraire,  les  malédi- 
ctions qui  attendent  les  meichans  après  cefte  vie  :  ayans  bien  examiné  l'vn  l'autre, noftre 
confeience  aifément  iugera  quel  eft  le  plus  neceffaire.  Et  (i  noftre  confeience  le  nous  iu- 
ge,&:nousnelefuyuonspas,quelle,penfez-vous,feranoftre  condamnation?  O  fiDieu 
nous  donnoit  encore  les  moyens  &:  le  temps  de  vous  refa  ire,  ie  ne  me  laflêroyeiamais.' 

LadifScul-  Toutesfoisievouspriedefupporterdccequcic  vouseferi  (îtref-mal:  car  nous  fommes 

le?U0»r«  en  vne  tour  "*  °blcure&  fi  noire,qu'à  grand'  peine  y  peut-on  lire  n'eferire,  ii  ce  n'eft  corn- 

prifooniers  me  àlaprcs-dilher  enuiron  vne  heureou  dcux,quand  le  foleil  eft  de  noftre  cofté. 

d'eferire,       j»  B  $  p  e  r  e  donc  que  vous  mefupporterez  en  cela,  &aufsi  les  fautes  qui  v  font:  car 

doit  excu-  ..  1 .  \  *         ,  ,    .  ,,  1     1  .  x 

icr  leurs  c-  ie  ne  vous  ay  point  elcrit  pour  en  auoir  quelque  gloire ,  mais  pour  1  amour  que  ie  porte  a 
fcrte.  toUs  en  gênerai  ,&:  fpecialement  àlaieuneife,  pour  1  affection  que  l'ay  veuë  qu'ils  por- 
tent à  l'Euangile  du  Seigneur  refperant  que  d'auantage  ils  feront  frui£t  à  noftre  exemple: 
&aufsi  afin  qu'ils ayentibuuenance  de  nous  en  leurs  prières,  à  ce  que  noftre  Dieu  ait  pi- 
tié de  nous  en  noftre  infirmité,  nous  augmentant  la  foy  en  vraye  perfeuerance  iufques 
àlafin.Dieu  nous  en  face  la  grâce,  &:à  vous  tous:  qui  fera  la  fin  auec  grand  dueil  d'vn 
cofté,  &:  grande  ioye  de  l'autre.  La  dilection  de  noftre  bon  Dieu,  la  grâce  &:  paix  de  noftre 
Seigneur  lefus  Chrift,  parla  communication  de  fon  iaind  Efpritfoit  &:  demeure  eter- 
nellemenrr.uec  nous,  &C  auec  vous,  Ainfi  fbit-il.  le  me  recommande  à  toute  la  ieunefle 
en  gênerai,  tant  ceux  de  dehors  que  ceux  de  dedâs  :  qu'ils  ayent  toufîours  bon  courage,&: 
perfeuerent  de  bien  en  mieux,  fuyuans  toufiours  la  doctrine  de  l'Euangile,  car  c'eft  par 
icelle  que  nous  efpcrons  falut. 

t  XTRAIT  des  lettres  qu'Alexandre  a  eferites  fut  la  fin  à  fon  frcre.-en  partie  de  fang  nulle'  par  necefsité 
&  faute  d'encre. 

MON 


^Alexandre**  T>4yken,  614, 

^ ON  cher  frere,felon  l'apparence  que  puis  apperceuoir ,  voici  la  dernière  fois  que 
1e  vous  pëurrayefcrirc.  Toutefois  fi  Dieu  medonne  le  moyen-ie  ne  laifTeray  vous 
efcrire,foit  que  foyez  en  Anuers  ou  à  Londres,ou  autre  part.Que  fi  Dieu  par  longue  pri- 
fonmcveutexercer,iel'ay  bien  merité,&:  mes  péchez  en  feront  pluftoft  caufequechofe 
que  ie  puiite  alléguer.  Toutefois  félon  l'apparcncchumaineien'efpere  pas  viureen  ce 
monde  encore  huit  iours.Or,mon  frère, ie  vous  veux  fimplemét  aduertir,  qu'il  ne  fe  faut 
pas  préparer  à  la  croix, qui  ne  veut  pourfuyure  iufqu  a  la  fin,  autrement  ce  feroit  à  noftrc 
condamnation.  Et  comme  nul  gedarme  quibataille,ne  s'empefche  aux  affaires  de  fa  vie,  1-Tim-i-  *x 
auffi  faut-il  que  ceux  qui  bataillent  pour  la  querelle  du  Seigneur,  laifTent  toutes  chofes 
pour  porter  la  croix.Noftre  Seigneur  dit,Qu.j  aura  garde'  fa  vie,la  J)erdra:&  qui  l'aura  per-  M*e.m$* 
due  pour  l'amour  de  moy,la  fauuera.  Preparons-nous,  afin  que  quand  l'cfpoux  viendra,  lÛcl.J * 
nous  ayons  fioftre  lampe  toute  preftc,afin  d'entrerauxnopces  auec  luy.La  lampe  nous 
eft  dônee,  non  pour  la  mettre  fous  vn  muid,mais  fur  lechadelier,afin  qu'elle  efclaire  par 
toute  la  maifô:car  fa  Parollc  ne  nous  eft  pas  dônee  pour  la  laifTer  oifiue,  mais  pour  la  met- 
tre en  effc£t,afin  q  par  noftre  bonne  conuerfàtion  nous  amenions  les  autres  à  la  cognoif- 
fàncedefalut. 

Pv  i  s  donc,mon  frère,  que  Dieu  vous  a  fait  la  grâce  de  vous  auoir  retire'  des  ténèbres 
d'ignorance  à  fa  lumière  inénarrable,  gardez- vous  d'abufer  defès  dons. le  vous  prie  nou 
blier  ce  qu'auez  apprins  de  moy,c'eft  de  prier  Dieu  &  foir  &  matin ,  &  deuant  &:  après  lé 
repas:item  en  cheminant  (bit  de  iou r  foie  de  nuift.  Il  vous  fouuienne,  di-ie,  d'inuoquer  le 
nom  de  Dieu .  Le  fils  de  Dieu  nous  en  a  donné  l'admonition,  difànt ,  Priez  fans  cefTe:cat 
Satan  eftant  fin  &:  cauteleux,  il  appartient  bien  que  nous  ayons  les  yeux  au  guet  efleuez 
en  haut.Ie  vous  prie  q  par  tout  où  vous  irez,que  vous  cerchiez  toufîours  l'Eglife  deDieu, 
afinde  ne  vous  laifTer  tranfporter  par  le  monde .  Et  en  quelque  maifon  ou  ville  que  vous 
demeurerez,  que  vous  foyez  toùfiours  fidèle ,  &  parliez  de  la  parolle  de  Dieu,  afin  que  les 
mefehans  &  iniques,  voyans  voftre  bonne  conuerfàtion  foyent  côuaincus  :  les  fîmples  i- 
gnorans  puifTent  par  voftre  moyen  eftre  attirez  à  la  Vérité  .Nulle  parolle  deshônefte  ne 
forte  de  voftre  bouchc,mais  pluftoft  propos  d'edificatiô,  &c  de  grâce,  afin  que  le  fruict  eri 
reuienne  à  ceux  qui  l'oyet.Et  le  Dieu  de  toute etcrnité,ie  dile  Dieu  d'Abraham, d'Ifaac* 
&  de  Iacob,vous  confermant  en  la  vraye  voye  de  falut,  vueille  tellemet  conduire  vos  pas 
par  fon  fainct  Efprit,que  par  tout  où  irez ,  il  vous  enuoye  tout  ce  qui  vous  eft  necefTaire 
&  propre,tant  au  corps  qu'à  l'ame,  vous  afTeurant  fur  fa  Parolle.  Il  dit  qu'il  a  foin  des  pal-  Matr.*.**; 
fercaux:  6c  vous  eftes  plus  que  paflercaux,&:  valez  beaucoup  mieux:  or  s'il  afbindes  be-  Sci°'16- 
ftes,auffi  à  plus  forre  raifon,l'aura_il  defes  enfàns.  AfTeurez-vous  que  moyennant  que  ne 
l'oubliez,  il  ne  vous  oubliera  pas  auffi .  Et  moyennant  que  vous  luy  demandiez ,  ille  vous 
donnera:  car  il  a  dit,  Tout  ce  que  vous  démanderez  à  mon  Pere ,  en  mon  Nom,  il  le  vous  Jja^jJ1* 
donnera,voire,moyennant  que  vous  luy  demadiez  auec  certitude  de  foy .  Et  Dieu  VOUS  Marc  11.14 
en  face  la  grâce,  &c  vous  vueille  tellement  conduire  par  fon  faincl  Efprit^que  tout  ce  que  Lue,I-7 
vous  direz,  ferez,  ou  penferez ,  foit  à  la  gloire  defon  fàinét  Nom ,  &:  à  l'édification  de  vo- 
ftre prochain. 

Ie  feray  icila  fin,prianr  encore  &  encore  noftre  bon  Dieu  &  Pere,  au  nom  de  noftre 
Seigneur  Iefus  Chrift, qu'il  vous  vueille  parrour  conduire  &gouuerner:  vous  vueille  for- 
tifier &  augmenter  de  plus  en  plus  les  grâces  defon  fainttElprit,afïn  que  vous-vousgou 
uerniez  toufîours  félon  là  faindc  Parolle  :  &ù  quand  l'heure  du  Seigneur  fera  venue  pour 
départir  de  ce  monde,  vous  foyez  receu  au  royaume  éternel  de  gloire,  &  qu'enfcmble 
nous-nouspuilfionsrrouuerau  banquet  del'  Agneau,  pour  triompher  éternellement  a- 
ucc  IefusChnft&  fesfainds  Anges.  Ainfi  fbit-il. Mon  frere,ie  n'efpere plus  quant  à  moy 
de  vous  voir  en  ce  monde  des  yeux  corporels,mais  i'efpere  q  me  trouuerez  en  la  vie  bien- 
heureufe .  Car  dema  part  i'ay  pieça  receu  fentencede  mort  en  moy-mcfme  :&  l'efperej 
moyennant  la  grâce  de  Dieu,  batailler  bonne  bataille,  iufqu  ala  fin.PartantiedijAdieuj 
non  feulement  à  vous,mais  a  tous  mes  amis  &:  parens  .Noftre  bon  Dieu  par  le  moyen  de 
fon  Fils  Iefus  Chrift,  en  la  communication  du  fainct  Efprit  foit  &:  demeure  eternelJemét 
auec  vous ,  &  auec  tous  ceux  de  ma  cognoiftance ,  &;  généralement  auec  tous  peuples  &c 
natiôs  de  la  terre.  Adieu  ma  mere,  Adieu  mon  frerc,  Adieu  mes  fœurs,  &c  mes  beaux-fre- 
res.  Adieu  vous  di  tous  mes  amis.  Adieu  tous  trefehers  frères  &:  fœurs  en  Iefus  Chrift,qui 
eftes  à  Tournay,Valcrtciennes,  Anuers,  Tlfle,  &  Cambray:  fans  oublier  Geneue  &:  Lon-» 
dres,  Louuain,  &:  Orléans:  &:  en  gênerai  toutes  les  Eglifes  de  Dieu  qui  eftes  efparfes  pai 
tout  le  monde  vniuerfel.  LL1.  iiiï. 


Lime  VIL  François  Varkt>&  aJIex.  Daykerï. 

LE  C  an  tique  oefdits  prifonniers  ici  înfcr^monftrc  que  de  ioyc  accomplie  ils  artendoyét  li  Volonté  deDieui 
puis  qu'en  vers  (n'y  cftans  autrement  duirs )  ils  fe  font  cliouis.  Et  l'ont  chanté  fur  le  chant  du  Pfeaume 

Eftansaffis. 

DE*  an  s  Tournaycnprifon  tenebreufe  Confcrme  en  riousfafain&e  vérité: 
Nous  accédons  la  iourné  bien-heureufe  Donc  à  fon  Nom  chatons  grâce  &  louage, 
Qu'on  nous  ira  cous  mener  à  la  more:        En  cefte  cour  en  prifon  fore  eftrangc. 
Or  nous  fauons  bien  que  c'eft  à  grand  corc:     Recognoifians  auffi  la  pecicefle 
Car  quanc  à  nous  erreurs  ne  voulôs  fuyure,  Qui  eft  en  nous, recourons  pour  adreHè 
Mais  cous  en  Chrift  voulos  mourir  &c  viure.  A  noftre  Dieu,l'inuoquans  au  befoin 

Enquis  auons  efté,Si  en  la  Mcfle  Difans,C'eft  coy  qui  promecs  d'auoir  foin 

Nous  ne  voulons  auoir  aucune  adrefle,      De  l'affligé, qui  après  coy  s'eferie. 
Pour  y  cerchcrlecorpsdelcfus  Chrift:       Affifte-nous  don  c&c  nous  forcific: 
Nous  auons  dic,ainfi  qu'il  eft  eferic,  A  celle  fin  que  iufqu  a  la  more  dure 

Chrift  eft  là  fus  à  la  dextredu  Pcre,  Putflions  coufiours  maincenirl'Efcricurc 

Prianc  pour  nous,cftac  coufiours  profperc.  Concre  Satan  &  fon  fils  l'A  necchrift, 

Ec  que  le  pain  de  la  MefTe  exécrable       En  reieccanc  cous  fés  mefehans  eferics, 
Eft  pour  cercain  idole  abominable,  Tradicions,abufions  infâmes, 

Ec  que  Sacan  par  cefte  abufion  Qu'il  a  mis-fus  pour  feduirelcs  ames. 

En  a  m  ené  maints  à  perdition,  Ec  puis,ayans  obeenu  la  victoire 

Les  retirant  hors  du  Diuin  feruice,  Soyons  receus  auec  coy  en  ca  gloire» 1 

Pour  faire  à  luy  honneur  Ôifacrifice.  Où  nous  ferons  à  coufiours  iouyifans' 

Suy uanc  cela,en  prifon  force  &c  bafie      De  tous  plaifirs  en  nous  refiouyifans: 
Sommes  remis,auccques  grand'  mcnaiTe,  Chantans  à  coy  louange  de  voix  viuc, 
Donc  maincenanc  nous  ateendons  le  iour,  Bcuuans  coufiours  aux  fon caines d'eau  viuc. 
Qu'on  nous  voudra  faire  viure  à  coufiour,      Vous  de  Tournay,cognoiiTans  la  Parole, 
En  deftrunanc cefte  maifon  cerreftre:         Voilacomment  noftre  Dieu  nousconfolc. 
Nous  enuoyanc  auroyaumeeelefte.  Parquoy,  prenez  courage,&  tous  bôs  cœurs 

Enacccndantceftehcureufeioutnee,    Ayczen  Chrift, tanc  que  foyez  vainqueurs 
Cerces  par  nous  grand'  ioyc  eft  démenée:    Del'Ancechrift,  fans  fimuler  ne  plaire 
Car  nous  fencons  que  Dieu  par fa  boncé     Au  faux  Satan  qui  eft  noftre  aduerfairc. 

A  Y  a  n  s  cidefTus  au  commcncemenc  de  cefte  hiftoire  monftrélafourcedclaperfe- 
cucion  aduenue  en  Tournay.  &:  de  quel  courage  ces  deux ,  François  &  Alexandre  en 
la  fleur  de  leur  aagé,s'cftoyenc  confacrezau  pur  feruice  de  Dieu:il  refte  maincenanc  à  dé- 
clarer l'heureufe  fin  qui  a  couronné  leur  courfe ,  &  les  courmens  qu'ils  ont  enduré  en  la 
prifon,qui  leur  ont  cfté  corne  remèdes  préparatifs  pour  receuoir  le  brcuuage  de  la  mort. 
En  quoy  ils  onc  manifeftemenc  déclaré  que  l'Euâgile  ne  leur  eftoic  pas  en  la  bouche  (eu- 
lemenemais  engraué  au  cœur,  de  l'abondance  duquel  ils  onc  parlé  les  parollcs  que  nous 
auons  ouyes  ci  deflfus.Ce  n'a  pas,di-ie,efté  en  vai^qu'ils  onc  cane  de  fois  die  en  la  vertu  de 
l'Efpric  du  Seigneur,quc  la  couronne  de  iuftice  leur  eftoic  appreftec  :  àc  qu'en  cefte  con- 
fiance ils  onc  fi  aflfcurémepe  marché  à  la  more.  ^"Le  Samedi  dixième  iour  d'O&obrc  leur 
apporta  cefte  heureufe  dehurance ,  qui  eftoic  le  vingequacrieme  iour  depuis  leur  empri- 
fonnemenc.Mais  pour  plus  grande  approbacion  de  l'hiftoire,nous  recicerons  les  fencéces 
decondamnacion  concre  eux  ce  iour-laprononcees.Ecprcmieremenc  contre  F.Varluc 
V  E  V  le  procès  criminel  démené  pour  iuftice  à  tencotre  de  François  Varlut^fls  de  Haimond,de fon  slil 
Jàyeteur,natif de  cesle  ville     cité  de  Tournay:  chargé,  attaint  0*  conuaincu  s'eslre  depuis  certain  temps 
"cahohquta  feparéde  CegUfe  *  catholique  :  &  tenu, plufieurs propos  erroné^,  &  fcandaleux  contraires  à  lafoy  catholi* 
Uurfto»  de  yUe  ^  do^nne  fa  l'eofife générale  &*  vnmerfelLe.Mefmcment  d'auoir  efiéen  plufieurs  ajjèmhlees  &  co- 
ËmZw^w  uemicubs  tlliŒes.Iomè  que  ledn François  a  eflé par  le  JioynoslreSireyb  vingtjiptiemeiourde  Nouem-* 
niLaj>p<lem  ln  dernier paffé^banni par défaut &*  contumace  perpétuellement  &  a  toujours hors  de  ces  pays  barde* 
n*mgii,   fafir Pe'ne  °e  k  ^rt.pour  efire fujfeâ  "  dherejîe ,  &  chargé  d'auoir  par  diuerfes  fou  en  afjemblees  & 
htnfie.  '   conuenticulesdepluftcursheretiques,predtcans  ér  dogmatisons  le  tout  contre  thonneur  de  Dieu,contef>t 
"nMh^e  ^  rehgion-athohque&contreuention  aux  ordonnances  &placars  dej*"Maiefté.  Et  que  nonobslant 
"oMf,Lftofi'  ledit  banntjfement,  il  s  esltrouué  derechef  en  certain  conucntiçule  &  prefche  <jui  seftfatten  certainbm 
&  fyes  C€fie  yi^Ci  °*  *  eilé  appréhendé:  Veu  aufîi  queflits  erreurs  &*  pertmaate  ilperfisle,  nonobftantpks- 
toHujuù  peurs  bonnes  admonitions  &*  enfetgnemens  a  luy  donne^par  *  Théologies  dp*  autres  dateurs  àf^effife^ 


François  VtrkttQt  Alex.Daykm,  6i  j 

cm fîderé  tout  ce  qud fait  a  cohfiderer,Jà  Maiefîe à  grande  &>  meure  àehberdttùn  dé  confél,  (jy  pour  rai- 
fon  des  crimes  fitfdits ,  a  condamné  &  condamne  leérFranfùis  Varlut  d  auoir  la  refie  trenchte,  déclarant 
fes  biens,  fi  aucuns  en  a,  confifque^ .    C  e  l  l  ï  con  tr e  Alexandre  eft  oie  de  cefte  ten  cur: 

VEV  leprocés  criminel \fak  pour"  htftke  aï  encontre  S ^ilexandire  Day^en  ,defonfid  ùauffetter,  "  O'M"/* 
natif  de Braine4echafieau,chargé,attaint,^p*conuaincH  sefirepafièphsUng  temps  feparédeCcgtifeca-  ^™m*' 
tholitjuc, tenu plufieurs propos  erronneT^  &  fcandaleux  contratreta  la  foy  catholique  &  dotinne  de 
teglife générale  &  yniuerfeUe,  mefmement  d'auoirefiéen plufieurs conuenticules  &  diuers  lieux,  contre- 
uenantaux  ordonnances  &  placars  défis  Maiefté.  Mefine  que  ledit  Alexandre  enuiron  y»  an  a  eflcba* 
ni  de  Valenciennes  pour  les  chantenes  &  efmouons  y  advenues  :  cfquels  erreur!  &  perttnactté il perfifie-t 
nonobfiant plufieurs  bones  admonitions  &*  enfeignemtns  à  luy  donnez^ par  Théologiens  &•  autres  IH*- 
Heurs  de  FeglifeiEtyeu  &  cofiderétout  ce  quilfiiifoit  à  confidererje  "  Ray  noftre  Strejt grande  (9*  mm-  "  d** 
re  délibération  deconfetl,& pourrai/on  des  crimes  fit/dits ,  a  condamné &çondane  ledit  Alexandre  £  a  jljiJZffi/a 
uoir  la  tefle  trenchee  par"  F  Exécuteur  des  îugemens  crimmels.detlaratfies  biens  fi  aucuns  en  a,confifque7^  <Lmtum»*,fi 

PRONONCEauchafteau  deTournay  ,prefens  Mejjîeurs  de  Moultay ,  Guillaume  de  Maude,fieL  '**-,#S* 
gneurdeManfart,  lieutenant  de  haut  (9  puifJantfieignenr,monfieUrleBailli  deTournay  f>  Tournefy:  J3r«uE* 
Ç£*  les  confetllers  du  Roy  noftre  Sire  efilits  bailitages,le  dixième  tour  d'OtHobre  m.  d.  l  ï|i  ,  M.  Hermès  ***  ^  ma**~. 
de  Vyin°lecon[eâer,lean  Gombautfeigneurd^jlimotreceueurdu  Roy,PafquierdeleBarre,procureur,  2' 
confeiller  du  Roy, maislre  Pierre  de  ùaulay,maiftre  laques  le  Clercaduocat  du  Roy.  "  1$  nom  <f- 


Exeaueur 


Q 


Van  d  cesdeuxpatienseurentreceulemefTagedecesfentencesdemort,quifutau  ^2JJ"W 
matin  dudit  iour,tant  s  en  faut  qu'il  en  ayent  elle  effrayez  ou  cftônez,quc  mefme  dés  «mp«*  pk- 


l'inftant  rendirent  grâces  à  Dieu  du  bien  &c  de  l'hôneur  qu'il  leur  faifoit ,  à  eux  petis  vaii-  JSr  4  "* 
féaux  bc  pourcs  creatures.Et  dece  peu  detemps  qu'ils  curent  depuis  qu'on  leur  eut  figni-  ltJ*mmeK' 
fié  en  la  prifonlefdites  fentences,  iufqucs  à  l'exécution  d'icclles,  ils  efcriuirentlcs  lettres 
qui  s'enfuyucnt ,  pour  aiTeurace  &scôfblation  des  autres  prifonniers  &c  pnfonnicrcs  pour 
l'Euangile  du  Seigneur. Elles  (ont  djgnes(commctoutes  les  précédentes)  quelapoftcritç 
life&  entende.La  première  eft  de  François  Varlut,commes'enfuit: 

A  tref  chere&:  bien-aimee  fœur , après  auoir  reccu  fentence  de  mort ,  ie  vous  eferi 
la  prefente,vous  aduertiflant  q  nous  paierons  par  f  efpee  Alexandre  &  moy.Non 
pas  qu'ayons  accordé  en  vn  feul  pointt  auec  nos  aduerfaires  autrement  que  nos  interro-  . 
gâtions  &:  confefïîons  portent:  mefm  es  que  leur  auohs  dit ^quenous  aimerions  autât  paf 
fer  par  le  feu  queparl  efpee.afîn  qu'ils  ne  facent  accroire  au  fimple  peuple  delà  ville  que  conftance 
nous-nousfommesdefdits.Ils  m'ont  rêfpondu  qu'on  nediroit  au  peuple  autre  chofe  que 
la  verité,&  que  Meffieurs  nous  font  cefte  grâce  de  mourir  plus  doucement.  le  leur  ay  die  D°  fc 
derechef,  Que  nom  aimions  autant  defignerla  yeritéde  Chnjlpar  les  cèdres  de  noslre  corps  que  par  no- 
ftrefiang.  Aucuns  dirent  que  c'eftoit  par  gloire  q  nous  dilionscela.  Non, di-ie,  mais  eftans 
fondez  fur  les  promeuves  de  Dieu ,  qui  a  promis  d'aider&aujftcr  à  pafler  les  afflictions  à 
ceux  qui  l'muoquerôt.Nous-nous  afTeuros  qu'il  no9  feroit  palTer  le  feu  auffi  bié  q  l'efpee. 
Or,ma  b  ien-aimee,ie  di  Adieu,adieu ,  adieu  pour  la  dernière  fois .  le  ne  puis  plus  eferire: 
l'heureapproche  qu'on  nous  viendra  quérir.  Adieu,mcs  tref-cheres  fœurs,  fuyuez-nous, 
nous  allons  deuant  au  banquet.  Ainfiloit-il. 

'autre  lettre  esJoit  efirite  de  fang:  &contenoit  en  la fùfcription,leftts  Chriftyous foitpourfakit. 

bien-aimec  fœur,fi  i  auoyelcs  moyens  i'eferiroye  volontiers  tantà  vous  comme 
aux  autres ,  mais  il  fe  faut  pafTer  en  patience  auec  peu  de  mots .  le  vous  prie  feule- 
ment d  auoir  en  mémoire  ce  peu  de  parolles  que  ie  vous  di  l'autre  iour  en  pafîan  t  :  afîa.» 
uoir,que  ce  nefirten  de  bien  commencer,  mats  quilfautperfeuereriufquà  lafin:voirc8c  prier  inftâ-  - 
ment  noftre  Dieuo  qu'il  me  face  la  grâce  que  ie  puifTe  prendre  cefte  admonition  pour 
moy  à  cefte  heuFc,à  ce  que  ie  puifTe  batailler  conftamment,  &  obtenir  la  victoire  par  def- 
fus  tous  mes  ennemis  :  &que  ié  puifle  receuoir  la  couronne  d'immortalité  auec  Chrift. 
De  voftre  coftéîtrefchcrefœur,faites  voftre  dcuoir  de  profiter  en  la  cognoiflace  de  Dieu 
&  de  fa  Parolle,&  en  la  foy  q  nous  auons  en  noftre  Seigneur  lefus  Chrift.Et  fi  Satan  vous 
baille encores  desafTautsau  dedans ,  ou  fî  vousfentez  en  vous  encore  beaucoup  d'infîr- 
mitez,nc  perdez  point  courage  pourtant ,  mais  repou  (Fez  Satan  arrière  de  vous,  vous  ak 
feurant  que  lefus  Chrift  eft  dcbonnaire,&:  qu'il  ne  rompra  point  le xofeau  caffé,  mais  re* 
drcfTcra  les  infirmitez  qui  font  en  vous. 


Sume de         s  elctitsdemonfttcnt  quelle  eftoit  leur confiance , qui s'eft  monftree déplus admi- 
rhiftoirc   ^ratie,  quand  ils  ont  efté  produits  en  la  naaifoo  du  preuoft  des  Marcfchaux  dudit  Cha» 
fteau,près  du  pot  qu'on  uôïne  du  Munier.  Amen  é  que  fuç  la  Fraçois  Varlut  le  premier, 
il  y  eut  vn  Cordcher  enfumé,quinecefTa  de  le  troubler  par  difputes  &allegatiôs  tirées  à 
f'afaçon,pourluy  empefcher  les  fain&cs  cogitations  &:confolations  que  le  pourepatient 
auoit  à  méditer  deuant  la  mort  tout  apprcftec .  Quand  Alexandre  fut  amené' deu  an  tic 
peuple  qui  làeftoit,d'vn  coeur  allègre  &: hardi  (  comme  toufiours  il  s'eftoit  monftré)fe 
print  à  dire  le  mettant  à  la  feneftre:  Et  dea,  mon  frère  François,ce  Caphard  feducteur  ne 
tafchequede  troubler  nos  cfprits:  &  voudroit  par  (on  fouhait  attirer  vn  million  dames 
àperdiciomPuis  apres,on  les  fit  defcendrede  la  chambre  où  ils  auoycnt  efté  menez,pour 
lestranfporteraulogisdu  gouucrncur  dudit  Chafteau,  en  attendant  l'heure  de  l'execu- 
tion.Eftans  vn  peu  outre  le  pont,ils  fe  mirent  à  chanter  vn  Pfeaume  de  Dauid.Quoy  oy- 
ant  le  feigneur  de  Moulbay,tout  indigné  leur  dir,Si  vous  ne  vous  taifez,  on  vous  baillera 
Us  appelentledentillon.En  les  menant  à  l'hoftcl  du  Gouuerneur ,  plusieurs  delà  ville  à  grand'  prefle 
lcDcntUlon,  jcs  fUyuirent:&  Varlut  voyat  les  mortepayes  duChafteau  à  l'cnuiron  en  arme*,  dit,  Ainii 
meat  eftap  furent  les  (bldats  après  Ielus  Chrift  au  iardin  d'Oliucr.poures  gens,  que  de  peine  vous  a- 
pdévn  bail  Uezcn  maliaifantlPlufieurs  propos  furent  dits  à  l'entrée  dudit  hoftel:&:  leurs  fentences 
on*        derechef  furet  leuës, celle  de  Varlut  lapremiere,puis  celle  d'Alcxâdre:  lefquelles  ouyes, 
les  deux  dirent  d'vn  commun  accord, Meilleurs  delà  mftice,  vous  nous  auez  donné  t'en- 
tenccsdemortfuyuantredictduRoy:  mais  elles  vous  feront  quelque  iour  mifesaude- 
uantparle  fou uerain luge.  ^Varl  v  t  adiouftaccsparollcs:Meflicurs,rediâ;duRoy 
contient  que  ceux  qui  perfeucreront  en  la  confemon  dclaloy  par  vou&reprouuee,  doi- 
uent  eftre  bruflez  vifs  :  ôenous  i'euffîons  auffi  bien  enduré  comme  nos  autres  freres,qui 
pour  vnemelmcconfefiîonont  foufFertlefupplîccau  marché  furvnefchafFaut.  Nous 
ne  difons  pas  ceci  par  vanité  ou  vanteric ,  mais  craignans  q  le  peuple  de  Tournay  ne  foit 
fcandalizé,cômc  fi  nous-nous  fuffions  defdits.Derechef  Alexandre  dit,  Meffieurs,vous 
no'  iugezàmort,mais  auat  qu'ilfbit  fix  ans, vous  en  plcurercz,ou  vous  ou  les  voftres,vos 
Notwcrft  yeux  tout  ords.     v  r  quoyVarlut  fe  fouuenât  de  certaine  admonitiô  qui  Icurauoitefté 
nwiK^our  faite  dés  le  matin  par  ceux  delà  Iufticc,  aflâuoir  qu'ils  penfàfl'ent  de  rendre  vnc  bonne  a- 
laducnir.    mC  à  Dieu ,  requit  qu'il  leurfuft  permis  de  faire  leur  prière  à  Dieu,  afin  que  par  le  mérite 
de  la  mort  &:  paffion  de  fon  Fils  Icfus  Chrift,  leurs, ames  peufTent  auoir  entrée  au  royau- 
me des  cieux.Monfieur  de  Moulbay  dit,Faitcs-le  court.  Cefte  permiffion  donnee,auant 
ijuc  commencer  les  prières  ordinaires  deuat  le  peuple,  Varlut  dit,Meffieurs,ce  n'eft  pas 
pour  nous  feulement  que  nous  voulons  prier,  mais  aufli  pour  vous  autres  qui  portez  le 
glamc  de  iuftice,Qu'il  plaife  au  Seigneur  illuminer  vos  cœurs:  car  il  y  en  a  entre  vous  qui 
ibnt  endurcis,  &  d'autres  quiiugent  en  partie  contre  leur  propre  confeience.    <J*Ce  s 
Priera  d«s  prières  d'ardente  affection  dites,  ils  commencèrent  le  Pfeaumefeiziem  ede  Dauid ,  Sois 
fiddes.  5Çjgncur  rnagarde&mon  appuy  :  maisilsnelepeurentacheuer  par  faute  de  filen- 

ce.Sur  quoyVarlut  adreflant  fa  complainte  à  raonfieur  Manfàrt  lieutenant  du  Bailly,luy 
prefenta  certaine  prière  eferite  de  fa  main,difant,Monfîeur,voyla  la  prière  dont  m'auiez 
parlé,cfcrite  de  ma  main.Le  fieur  Manfàrt  la  print,  &  la  laùTant  fur  la  table ,  Moulbay  la 
retint  pour  lire.  Varlut  adreffa  derechef  fa  parolle  audit  Manfart,cn  difant,  Monfieur, 
Dieu  vous  afait  dcgrandcs  graccs,&  donné  du  fauoir,ne  reiettez  pas  ce  qui  vous  eft  pre- 
fenté,mais  priezle  Seigneur  qu'il  vous  vueille  de  plus  en  plus  ouurir  les  yeux.  Alexandre 
laques  i  continuant  lepropos,dit:  Meffieurs ,  fi  aucun  de  vous  a  fautede  fapiencc&  intelligence, 
qu'il  la  demande  à  Dieu,  lequel  feul  la  donne  à  tous ,  &  ne  la  reproche  point .  Le  fieur  de 
Moulbay  en  leur  impofant  filence,dit:  Nous  n'en  fauons  que  par  trop.  Vn  certain  Capi- 
taine là  eftant,icur  demâda,  Vous  auez  reccu  fentenec  de  mort,  voulez-vous  que  ieVous 
face  dire  à  chacun  vnc  Méfie?  Varlut  refpondant  luy  dit ,  Il  nous  fuffit  d'cltre  arroufez  du 
fang  de  Iefus  Chrift,  auquel  nous  croyons  &c  le  confeflbns  feant  à  la  dextre  du  Perc  :  &lc 
voyons  &c  lèntons  maintenant  intercédant  pour  nous.  Alexandre  dit,qu'il  alloit  foupper 
au  banquet  del'Agneau  fans  maculc:&:  que  s'ily  auoit  en  la  compagnie  qui  voufift  prier 
pour  eux,qu'il  le fift  cependant  qu'ils  eltoyét  encorcs  en  vie,&  qu'après  leur  trefpas  il  n'y 
auoit  prière  qui  les  feeuft  aider:SÎ  réitéra  ce  propos. 

A  près  cela,ils  feîeuerent:  &:  s'entrebaifans  donnoyent  courage  l'vn  à  l'autre ,  mettans 
auçleuantles  promcfiesderEuâgilc,  comme  certaines  &c  infallibl  s  à  tous  ceux  qi«  per- 
feucreront iulqu  a  la  fin  .Celafait  l'exécuteur  des  fènteces  criminelles  fcpLefeataâ-eux 

d'vnc 


François  Varlnt,& Akx.Dayken.  616 

d'vnc  façon  accouftumee  de  faire>pour  leur  demander  pardon  :mais  monficurdeMoul- 
bavn'eftoit  content  qu'il  tardaft  tant.  Varlut  embrailanc  l'Exécuteur,  dit,  Frcre,ce  n'e_ 
ftes-vouspasqui  nous  faites  mourir  :&  de  noftre  parc  nous  ibmmesioyeux  de  mourir  ce 
iourdhuy  pour  auoir  confefle  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift,  qui  a  fourFcrt  pour  tout  légè- 
re humain  en  l'arbre  de  la  croix. Les  feruiteurs  ioc-ils  par  de/fus  leur  Seigneur?  mais  nous  Mjtth  10 
en  efchappôs  à  bon  marché  paiîans  par  le  glaïue.  Cela  dir,le  Bourreau  vint  pour  les  lier. 
&C  Varlut  luy  dit,ll  n'en  eft  aucun  befoin,  vous  nous  aurez  comme  brebis  d'occifion.  On 
leur  dit  que  c'cftoitla  couftumc.&:  en  les  liane  ils  dirent,Et  bien,ccftrailbn,rciteransces 
mots,  Leferuitcurn'eftpas  meillcurquefon  Maiftre.    ^To  v  s  deux fu rent  liez 6c  ac- 
couftrez  pour  cltrc  menez  au  fupplice:maisauantqu'eftrefeparez ,  Alexâdre  fupplialcs 
Seigneurs  qu'il  leur  fuit  permis  de  chanter  le  Cantique  de  Simeon  .  On  leur  tefpondic, 
qu'ils  n'auoyent  que  par  trop  chanté.  François  inlifta,&:  dit,Mes  Seigneurs,  nous  aurons 
bien  toit  fait:il  n'y  a  quedeux  bien  petis  couplets .  Les  ayans  Jaifle  chanter  6c  acheuer  le 
Cantique,Frâçois  fut  mené  le  premier:  6c  en  la  ieparation ,  tous  deux  s'cxhortoyétàper- 
fcucrer,&:  que  ce  feroit  incontinent  tait.  Apres  qu'on  eut  emmené  François,  vne  grande 
partie  de  ceux  qui  eftoyent  en  la  (aile  loi  tirent  pour  voir  fa  dernière  fin  .  A  lexandi  e  d'ar- 
dant  courage  adreifant  fes  propos  à  ceux  qui  eftoyée  de  la  Iuftice,  dit:  Mes  Seigneurs  qui 
portez  le  glaiue  ordonne  6c  eftabli  de  Dieu,  pour  maintenir  les  bons&:  punir  les  malfai- 
teurs: ie  vous fupplie  au  nom  de  Dieu, qu'il  vous  plaife  de  punir  les  paillaidifcs  6c  les  yurô 
gneriesqui  ne  pullulent  que  par  trop  &  par  tout. Et  le  foin  6c  le  temps  que  vous  adonnez 
apourchalfer  les  poures  enfans  de  Dieu, employez-Ieà  corriger  les  vices. Craignez celuy  Notcz,Nq; 
qui  vous  îugera  iuftement  en  (on  grand  6c  dernier  iugemét.  Il  luy  fut  relpondu  par  quel-  ta" 
ques  vns  de  la  Iuft ice,  Vous  nous  iugez donc?  Sauf  voftre grâce,  Meflieurs,c'eft  la  parolle 
de  Dieu  qui  vousiuge.Entreautres  quilàeftoycntdelaIuftice,ilyauoitvnCôfeillerqui 
de  long  temps  a  fait  eftat  deftre  des  premiers  à  faire  les  procès  aux  poures  fidèles:  cÔbien  nomméii 
qu'il  (bit  deuenu  aueugle.  Alexandre  le  voyantauec  peu  de  gens,luy  dit,Ie  m'efbahi,Mô-  pluficun 
fîeur,dc  vous  quiauez  perdu  la  veuë  du  mode,  que  vous  reiettezauifi  la  lumière  celeftc,  jScsciîe-5 
laquelle  tant  de  fois  Dieu  vousa  prefentee  par  ceux  que  vous  auezfait  mourir  aueclcs  uantexecu- 
aùttes.vous  ne  péchez  point  par  ignorance.  Ce  Confeiller  luy  dit, C  eft  poureeque  iene  c£*Tousz 
veux  pas  croire  comme  toy.On  cômanda  à  Alexandre  defetaire:&  incontinent  il  (e  mit 
à  prier  Dieu, en  attendant  qu'on  le  vinft  quérir. 

V  a  r  l  v  t  citant  en  laplacedu  dernier  fupplice,  parla  à  mofieurdeMoulbay,&puis 
en  çencral  à  tous,  requérant  pardon  à  ceuxaufquelsil  pourroit  auoir  ou  mefditoumcf- 
fait:  D'auifi  bon  cœur,dit-il,  que  ie  prie  à  Dieu  qu'il  me  pardonne  toutes  mes  offenfès,  6c 
ainfi  que  par  fon  commandement  ie  pardonne  de  vrayeaffetion  à  ceux  qui  nous  ofïen- 
fent.  Avant  dit  cela, il  le  tiravers  le  môceau  de  fablon  qui  là  eftoit  apprefté  pour  receuoir 
le  (àng:fur  lequel  eftantagenouillé,  pria  Dieu  d'accomplir  en  luy  les  promc/Tes  faites  par 
fon  Fils  Iefus  Chrift  à  tous  fes  poures  feruiteurs  inutiles ,  qui  perfeuereroyent  en  fa  verni 
iufqu  a  la  fimliiy  recômandant  fon  efprit.  Et  après  auoir  dit,Ie  croy  en  Dieu  le  Pere  tout- 
puiiFant,&:cc  qui  s'enfuit ,  l'Exécuteur  luy  donna  le  coup.&:  tellefutl'heurcufeiifueque 
donna  le  Seigneur  à  ce  Martyr  l'on  leruiteur. 

On  allaincontinentapres  quérir  Alexandre-.lequcl  vintau  mefmelieu,louantàhau- 
te  voix  le  Seigneur.  Y  eftant,fitplnfieurs  exhortations  à  ceux  qui  là  attendoyent  pour e- 
ftre  fpectateurs  de  fa  mort,defquels  plufieurs  furent  grandement  eftônez,  vovans  en  luy 
vne  conftanec  tant  alfeuree. Quand  il  eut  mis  les  deux  genoux  furlelàble,la  prière  qu'il 
fit  à  Dieu  fut  celle-ci  ou  en  fcmblables  parolles  :  O  Dieu  Se  Perecrernel:  nous  t'auons  en 
toute  noftre  vie  piuftoft  prouoque  à  courroux  qu'à  mifencorde:  fi  eft-ce  qu'auiourdhuy 
par  ta  bonté  infinie, tu  accôpliras  tes  promefles  en  tes  poures  feruiteurs.  Vieilles  dôc,Sei 
gncur,cn  faneur  de  ton  cher  EnfmtlefusChrift  noftre  feul  Sauucur,mainrenat  receuoir 
mon  ameen  ton  repos  éternel .  Et  pour  obtenir  vne  telle  &:  h  excellente  grâce  de  ta  Ma- 
iefté,ieteprcfcntel'oraifonquece grand  Sauucur  nousaapprins,en  di(anp:Noftrc  Pere 
quicséscieux,&rc.  A  grand'peincl  auoit-il  commencée  quand  mon iïeur  de  Moulbav  fe 
mouuantdefaplace,s'auançadu  Bourreau, pourluy  lignifier  qu'il  euft  à  defpefcherJ'cxe 
cution/.dc  manière  qu'Alexandre  fut  décapité  auantqu'auoir  acheué  J'oiaifon  Domini- 
calc.Sa  mort  a  efte  vn  lacrifice  de  bonne  odeur  deuant  Dieu  &  fes  Anges:  &:  en  grade  co- 
folation  à  fa  poure  Eglifc.  C  e  mcfmc  iour  après  l'exécution  accompke,les  chefs  d'icel- 
le  commandèrent  (  combien  que  les  fufditês  fencences  n'en  fiffent  aucune  menrion) 


L/Wo  VIL  Ant.Qaron£$  %emuâine  de  Francuillc^. 

que  les  deux  morts  ièroyent  mis  fur  roues  à  l'entrée  du  bois  où  l'aflemblee  auoit  efté  fai- 
te. L'Exécuteur  ayant  faittout  fon  appareil,  mit  les  deux  corps  dedans  vn  tombe- 
reau: &:  grand  nombre  de  gens  les  accompagnoyent.  Et  quand  on  vint  au  milieu  du 
chemin, le tombereau  eftantvcrfé en  derrière, &:  les  deux  corps  deuallez  en  terre,  le 
peuple  s'eferiant  après  le  Bourreau,  luy  dit,  qu'il  ne  print  tant  de  peine  de  les  mener  plus 
loin, mais  pluftoft  qu'il  fift  là  vne  fofle  pour  les  enterrer .  Le  Bourreau  s'y  accorda  pour 
crainte  delà  multitude:  &:  incontinent  Ion  feruiteu  r  ÔC  ecluy  qui  menoir  le  chenal  du  tô- 
bereau,cômenccrent  a  fairela  foiTe.  Aucuns  du  peuple  qui  les  regardoyent  faire,dcmao. 
derentàccfetuiteur:  Et  bicn,quctefemblcdccesdeuxhommcs,  quels  ont-ils  cftéquad 
ils  viuoyent  ?Iceluy  refpondit,  Qu'ils  parloyenttant  bien  ,quecefembloitcftrcdcs  An- 
ges, mon  maiftre  auoitgrand  pitié  de  les  faire  mourir.  Le  peuple  fut  ioycuxqueles  cho- 
ies s'eftoyent  il  bien  trouucesà  poind,  deles  auoirlà  veu  enterrer:  &£  retourna  en  la  ville 
fort  concent  que  les  corps  dedeuxtancfain&sperfonnages  n'auoycnt  efté  nus  en  ipecta- 
clcfiir  les  roues. 


m 

ANTOINE    CARON,  de  Cambray:  & 
RENAVDINE    DE  FRANCVILLE. 

L  Ii  naturel  des  tyrans  &r  cruels  ennemis  de  la  vérité  de  l'Euangile ,  eft  ici  deferit  en  la  perfonne  d'vn  Euefque 
,  Papal  du  pays-bas,fi  auanc  altéré  du  fang  des  fidèles,  qu'il  les  recerche  iufques  au  royaume  de  F  rance,où  ils 
s'cltoyent  retirez  fans  auoir  mesfait  à  perfonne; qui  eft  vne  marque  de  haine  extrême ,  ou  pluftoft  d'vnc  fu- 
reur que  les  barbaresauroyent  en  horreur. 


ayansquelquecommenceraentdecogr 
ce,  pour  prendre  plus  ample  inilruth'on  es  faindes  affemblees  publiquement 


permîtes  par  ordonnances  Royales. Entreautres  qui  fortirent  de  Cambray  pour  euiter  la 
"Usa  h  [et  tyranniedeMaximilien de Berguceuefque  dudit  lieu ,  AntoineCaron  natif  delà  ville, 
murquSe"  "murquinier  bc  coulticr  de  toillettes  qu'on  fait  exquifesen  ladite  ville,  auec  Claudine  fa 
rie  Je  me-    femmc,&  Rcnaudinc  de  Fiancuille  femme  de  François  Del'eftre  marchant  de  Cabray, 

ftieniefai-  •  -  -    —  — 


rc  toilJetrcs 

CYJ 

C 


fe  rctireret  à  Monclidier  pour  viure  en  Eglife  reformée^  participer  aux  exercices  de  pie- 
Kjuifesde  té  qui  s'y  font.  Aduint  qu'vn  iour  cftansailéàPcrône,  pour  quelques  affaires  auec  autres 
anbray.  .  s'cft0y£c  aufli  retirez  de  Câbrayvairi  iïqu'en  leur  logis  ils  fe  mettoyét  du  matin  enfem 
ble  à  prier  Dieu, on  les  accufa,aflauoir,  Antoine Caron,Piat,EftiéneBeauuarlet,&  ladite 
Renaudine,  &  furet  côftitucz  prifonniers  par  les  Maieur  &  Efchcuins  de  Peiône.  Vn  ami 
fidèle  de  Môdidier  folicitalcur  aftaire,&:  dénuda  leur  reuov  à  MôdidierouParis,aunom 
du  Procureur  du  roy  dcModidier  :  mais  ceux  de  Perônc  nedefereretrien  à  cefte  inftace; 
tellemct  que  ledit  ami  pouriuyuit  ledit  renuoyen  la  Cour  :  &:  prefentarequefteà  la  Roi- 
ne  merepoureftre  parl'euefquc  d'Orlcans  rapporté  au  priué  Confeii.L  euefque  de  Ca- 
braventendantcelî:epourfuittc,&:quelaproyequ'ildemiindoit  eftoit  prochaine  de  les 
cnbcour  griffes ,  obtint  lettresdela  duchefle  de  Parme gouuernante des  pays-bas,  àla  Cour  de 
dcHrancc  Fiance,  requérant  par  icellesque  lefditsprilonniersfulfentliurez  es  mains  dudit  EueL 
friSJSS?  ql,epouren  faireiufticc .  La  requefte  que  prefenterentlesenuoycz  dudit  Euefque  fut 
autant  refponduc  que  celle  prefentee  pour  leidits  prifonniers  ,  le  tour  fe  paiTant  en  difïî- 
mulation:  &neantmoinsrEucfquefit  tant  vers  vn  fleur  de Humieres  gouuerneurdePe- 
ronne,  qu'il  luy  accorda  leidits  prifonniers.  Vray  eft  que  ce  fut  auec  ccfteclaufeviitee, 
Tories  ^of/w^cafranoir  de  les  reprefenter  toutes  cvquâtes  fois  qu'il  en  fcroit  requis:mais 
autant  y  feruit-clle  appofee,  que  ii  elle  euft  efté  lanTcc.  Car  l'Eucfque  ayant  cnuoyé  fes  e- 
ftafriers&iergeâs.àloageiufques  aux  lieux  où  fccôfînentles  deux  iu nidifions  des  pays, 
incontinent  qu'il  eut  receu  cnfapuiffanceccs  poures  prifonniers  ,  il  neccfîàdcpourfuy- 
urc  leur  mort  de  tout  fon  pouuoir,vers  ceux  du  magiftrat  de  Cambray  eftablis  à  fa  pofte. 

Antoine  Caron  perfeueraconftamment  en  la  confc/îîondeladodiinedeVcrité, 
&  n  cutcfgard  n'aux  menaces  que  ceft  Euefque  efeumoit  contre  luy ,  delefairemourir 
crue  llement  :  n'auffi  aux  promeifes  que  lesfuppofts  dudit  Euefque  luy  faùoyem  pour  le 

faire 


%Martyrs à  Qambr^9<Tournay9tf  Liegt^.  617 

faire  defdire.De  longtemps  il  s'eftoitaccouftumc  àconftance:&  auoiten  horreur  tou 
te  iimulation  prophane,par  laquelle  la  vérité  de  Dieu  fuft  aucunement  defguifee.  M.D.LXir. 
|MSEnaudinc  auoit  efté  parauantprifénniere,  comme fufpe&c  d'adhérer  à  la  do&ri  Rcnaudiflc 
i|jj§§(ié  que  le  monde  a  en  exécration. mais  n'  eftât  lors  que  petitcmét  inftruite  ,  fin-  cnau  c* 
firmitélagaigna,  de  manière  que  les  aducrfaires  luy  firent  brufler  la  carce  telle  qu'ils  a-  Brufler  la 
uoyent  di£fcec,cn  ligne  d'amende  qu'ôn  appelle  honorablc.Mais  maintenant  eftant  re-  *™  ^lan- 
tombée  entre  les  mains  de  ceft  Euefque ,  a  fi  bien  reparé  la  tante  précédente,  &  mon-  bwy,cîffe 
ftré  ce  qu'elle  auoit  retenu  des  prédications  ouycs  au  pays  de  France ,  que  la  mort  cru-  dcfdire. 
elle  dont  *1ie  eftoic  menacée  par  Tes  luges ,  ne  les  allechemens  de  fes  parcns  &:  amis  ne 
l'ont  fceu  aucunement  diuertir  de  la  vrayeconfeflïon  du  nom  de  Dieu.  Sabelle-merc 
entre  autres  en  fît  tous  les  eftor  t  s,&:  la  vint  voir  auat  qu'on  l'executaft ,  pour  effacer  de 
la  diuercir:8i  luy  dit  plufieurs  fois  ces  mots  en  langage  du  pays,M'amie,retournez-vous 
retournez-vous, ie  vous  prie  Rcnaudine  voyât  l'importunité  de  fa  belle-mere  redifant 
toulîours  vn  mefme  propps,pourluy  môftrcr  qu'elle  perdoit  tem  ps  ,d'vn  cœur  allègre 
&  difpos  fe  retourna  &:  reuira  vne  fois  &c  deux  deuant  elle,en  difant,£f  bien  ma  mere,ieme 
retourne  :  contentex^-y  om ,     n'attendez^  qu'autrement  iamais  ieme  retourne .  ^  Le  Seigneur  luy 
donna  vne  perfeuerance  Ci  entière ,  que  fes  luges  n'eurent  plus  que  tardcr,ou  dauanta- 
gcprolonger  l'exécution  qu'ils  auoyentdés  le  commencement  conclue&toutercfo- 
lue entre eux,pour  accom  plir  le  vouloir  del'Euefque  leur  maiftre.Lc  mois  de  Iuillet  de 
ceft  an  mille  cinq  cens  foixante  deux,apporta  à  cefte  vertueufe  fem  me  repos  a*e  fes  pei 
nés  &:  trauaux ,  faifant  cfchange  de  cefte  poure  vie  à  vnefelicité  de  vie  permanéte &  e- 
ternelle .  ^D'Antoine  Caron,  fa  confiance  a  efté  pareillement  notoire  en  ladite  ville.  A 
&  combien  que  les  aduerfaircs  la  deigui(ènt,en  la  nommant  Obftination,elle  leur  a  e- 
fté  toutesfois,maugré  qu'ils  en  ayent,en  admiration,ou  pluftoft  en  eftonnement:eftâs 
conueincus  des  vrayes  marques  de  l'Efprit  du  Seigneur,fe  monftrant  fi  punTammét  en 
ces  poures  vaiflfeaux  infirmes  Se  mcfpriicz  quant  au  monde.  La  fentence  de  mort,afTa- 
uoir  d'eftre  bruflé  vif,fut  quelque  temps  après  exécutée  en  façon  &  fpcétacle  fi  horri- 
ble,que  la  cruauté  des  plus  félons  y  deuft  auoir  cfté  aflbùuie  U  raflafiee.  Vne  partie  do. 
corps  eftoit  bruflec  quâd  l'autre  auoit  encores  fes  mouucmés,  en  extrêmes  tourmens: 
au  milieu  defquels  Çaron  continua  toujours  f  inuoeation  du  nom  de  Dieu  par  Iefus 
Chrift,dont  plufieurs  furen  t  grandement  édifiez. 

TOVCH^iNT  aucunes  ieunes  filles  & femmes  exécutées  de  mort  h  Tournay 
»    pour  la  confefsion  de  là  doflrinc  Chreflienne. 
[E  tout  ce  teps  la  perfecution  ne  cefla  au  Pays-bas,&s'embraza  fort  en  la  vil- 
!tc  de  Tournay,n'efpargnat  n  aage  ne  fexc. Plufieurs  ieunes  filles  &  femmes 
jprifonnieres  au  châfteau,rcndirent  tel  tcfmoignage  à  l'Euâgile,  qu'elles  fu- 
Jrcnt  en  exéple  de  vraye  conftance  à  plufieurs  de  l'Eglilc  qui  perdoyent  cou 
rage.ïï  y  auoit  entre  autres  vnenommeè  Barbe,&:  Iaquelinedefaind  Amand^efquel-5"1**01 
les  monftrercnt  en  ce  fexè  débile ,  combien  cft  grahde  &:  admirable  la  vertu  du  Sri-  Kn^"  ,u* 
gneur .  Il  eft  vray  que  les  cruelles  aftuces  &  menées  des  CommifTaires  &:  luges  ont  taf- 
ché  d'abolir  leur  mémoire  &:  obfçurcir  leurs  noms,les  ay as  fait  noyer  :  mais  le  Seigneur 
qui  tient  telles  morts  precieufesjfaites  pour  la  côfefsion  de  fa  vérité ,  les  mettra  de  plus 
en  plusen  euidcnce,àfon  honneur  &gîoire>&:  àlaconfufion  du  règne  de  rAntèchrift. 


THOMAS   VV  A  T  E  L  E  T,  duMarquifatdefrancimont^aysduLie^:,       ny3e*,  i 

LIEGE  enfuit  icy  les  trace?  précédentes  de  Cambray ,  toutes  deux  nommées  villes  de  l'Empire ,  dont  le  Seigneur  far  fà  Colw^de 
mîfericorde  a  extrait  des  plus  contemptibîes  en  apparence ,  ceux  que  bon  luy  t  femblé,  tefaioins  de  fa  cagfe ,  pour  chanoines,  4 
confondre  l'orgu  eil  des  plus  grans  Epicuriens  de  ce  temps.  -   Abbayes  tref 

ïh  cité  du  Liège,  prouerbialement  appelée  Le  paradis  des  Preftres  »  à  raifon  g^L^p^oT 
-des  riches  eglifes  collégiales,  *  monaftercsôi  conuents  côpris  en  ion  enclos,  i^S' ftm 
auoit  eft  é  iadis  abreuuee  du  fang  de  quelques  Martyrs ,  lors  qu'Eurard  de  la  J^0;d*s 
'Marche  Euefque  y  teindit  fon  chapeau  de  Cardinal.  &:  maintenant  Dieu,  èen^w,^ 
poucrcfrcfchirce  fang,  meten  auant  vn  ou  deux  tcfmoins  de  fa  vérité ,  les  oppofanta  pî^wLto 
tant  tfAbbez,  Chanoines,  Preftres  &  Moines  d'icellc  ville.  Thomas  VVatelctnatifde^*  hot?i~ 

MMm.  i. 


L/«ro  VIL  Thomas  Watelet,  an  Liège*. 

Beko,villageau  Marquifac  dcFrancimont  pays  du  Liege,hôme  de  bafTecondition:  le* 
fat  dcFrln-  9UC^  aYac  ouv  Par  ^  vo'x  ^c  l'Euâgile  que  Iefus  Chrift  leul  eftoit  la  voye ,  la  vérité  &  la 
amont  a  4.  vie  à  ceux  qui  croyet  à  Tes  promenés,  fut  touche'  de  fi  ardét  defir  de  cognoiftre  plus  am 
Li""  dU   plcmétlTlcritiirc(ainftc,qu'enpcudcioursilapprinràlire,cftâtaagécnuirôde  vingt 
a  '      ans.  U  fit  fi  heureufemét  profiter  ce  qu'il  auoit  de  vrayecognoiflance,  qgaignantfa  vie 
au  trauail  le  plus  vlité  en  ce  pays-la,a/Tauoir  la  charbônene  de  pierre  à  bruiler,ilin{trui 
foitdefon  pouuoirceux  de  Ion  village  qui  trauailloycntauccliiy .  mais  le  Princedecc 
monde  luy  lufeîta  incontinent  pour  partie  aduerfe  vn  nomé  Henry  Conrad  chaftclain 
dudic  Francimotdcquel  ayât  fait  information  furie  rapport  de  certains  Preftrcs ,  print 
Thomas  &  le  mena  en  la  cité  du  Licgcl'an  m.  d.  l  vu  i.  Durant  Ion  cmprifonnemenc 
vne  bande  d'Inquifitcurs  &:  moines  commis  par  l'Euefque(  qui  tient  aui'si  le  temporel 
dudit  pays)luy  liureret  maints aiîauts:mais  au  lieu  degaigner  îur  luy,ilscnrappoi  toyet 
le  plus fouuem  hontedeuant  les  luges  feculiers.  On  dit  d'vn  nommé  M.  Antoine  Gui- 
nart  chanoine  de  S.  Iean  l'Euangelifte  en  ladite  ville  ,  apt  es  a(pre&:  longue  difputc ,  de 
dclpit  qu'il  eut  ne  pouuât  venir  à  bout  de  ce  pcurecharb6nier,ilsarrachalescheuciix. 
Et  quelque  temps  après  vn  nommé  frère  Lambcrt,docT:eur&  prieur  des  Auguftins,d€ 
la  trouppedefdits  Inquifireurs,  piefchant  a  gorge  ouucrte  contre  les  (emblablcs  dudit 
^jjjjjjj*    Thomas,qu'ils nomment  Luthériens  &Caluinilles ,  demeura  touteourt  au  milieu  de 
Dieu.15  C  ion  (érmon,tellemcnt  que  défaillant  de  fens  &de  parolle, fut  emporté  de  la  chaire  à  fon 
conuent.&:  quelques  iours  après  on  lctrouuanoyé  auxfoflez.  Autres  de  celle  mefme 
troupe  furent  tellemét  failis  d'erîray  pour  tels  iugemens  exéplaii  es,  que  quittans  leurs 
procédures  &  pourfuitt'es,  remirent  les  prisonniers  entre  les  mains  du  bras  qu'ils  appe- 
lentfeculier.    ^  Cependant  Thomas  &c  quelques  autres  deldits  prifonniers  conftans 
en  la  doctrine  de  rEuangile,paiTercnt  vneconfcfsion  defoy  contenatenfomme,  Qt^tls 
bTôi'cfJon^^'  cn  Dieutout-puiffant^createurdu  ciel  &  de  la  terre,qui  a fait  la  promeffe a  Abraham  &àfapo 
de  fo>  tics  s}erité,defon  cherFilsJaquellcacJléaccomp[ie,quad  en  U  plénitude  des  temps  iceluy  fon  Fils  par  la  vert* 
priloumtrs  du  S.  Ffyrit  a  prvs  chairhumaine  de  la  propre  fubflance  de  la  vierge  Marie  y  en  notts  réconciliant  par  fit 


mort 


à  Dieu  fon  Pere.  Et  quant  aux  Sacremes^quils  croyen  t  que  le  Baptefme  efl  ordonné  de  lefas  Chrïft, 
&  cjue  tous  Chrefliens  le  doiuent  receuoir  iufqu  aux  petits  enjans  fîiceux, d'autant  que  cefivneaffeura- 
ce  du  lautment  des  âmes  que  lefm  Chrifla  jait pari 'effufion  de fon  fang.  Que  la  Cene  efl  pour  repaifhrc 
&  nourrir  les  vravi  fidèles  du  corps  &  du  fangde  Icfa  C  hnfl  :  tenantes  parolles  véritables ,  voire  la 
vérité  mcjme .  Qujlsne  tenoyent  rien  de  l'adoration  du  Sacrement,  ne  de  le  porter  par  les  rues  aucc 
chandeillcs  ou  torfes  enmonjhre  .Bref,  qu'ils  ne  font  Sacrtmens  finon  quand  ils  fontadminiftrtz^auec 
U  parolle  de  Dieu. Que le mari.ige  eflvne  ordonnance  Diurne,  laquelle  il  faut  fuyure  en  toutes  chofesjl" 
Ion  htftincle  Efcnture.  ^Cefte  confclsion  plus  amplement  efcrite,fut  prefentee  par  quel- 
ques fidèles  îblicitans  la  deliurance  des  prifonniers  Liégeois, à  Frideric  prince  trefillu- 
LertresJe  lire  Electeur  Palatin ,  lequel  en  faueur  d'eux  manda  lettres  à  l'Euefque  du  Liège  pout 
FrideticElcleiirdeliurance,felon  les  ordonnâmes  accordées  entre  les  Princes  de  l'Empire.  Robert 
ftcur  Palu-  £.fcrc  c|u  MarqU]-s  dc  Bergues,pour  lors  Euefque,  affligé  d'humeurs  melacholiques,  do- 
na  exeufes  ,  &:  refpondit  par  ceux  qui  legouuernoycnt .  Et  cependant  les  Inquifiteurs 
ne  laiiToyent  à  tourmenter  les  prifonniers, de  manière  qu'aucuns  d'iceux  par  infirmité 
defaduoucrent  leur  confefsion  de  foy:mais  Thomas  perfeuera  nonobftat  la  longue  dé- 
tention ,  ne  les  menafles  des  tourmens  qu'on  luy  propofoit .  Finalement  à  l'entrée  de 
May, m  .  d .  l x i  i,le Prouincial  des  Cordeliers  luy  eftât  enuoyé  pour  difputer,Thomas 
en  fa  ferueur  &  véhémence  lereceutdeccftelaluration,  Support  del'Antechrift,loup 
rauiflfant, viens-tu  pour  me fcduirecommcles  autres?  Non, dit  le Cordelier,mais  pout 
te  retirer  de  teserreurs,&:  pour  t'annoncer  que  noftre  bon  Prince  &:  Euefque  te  donne 
fix  iours  de  temps  pour  penfer  atcdefdire,quiferata  deliurancc:&:fi  tu  ne  le  fais,tu  fe- 
ras puny  félon  tes  démérites  &:  le  poids  de  tes  blafphcmcs.  Sur  cela  Thomas  s'eferiant 
au  Seigneur, dit,  O  mon  Dieu, mon  Pere  !  Ec  incontinent  le  Cordelier  rompant  Ion  o- 
Parollc*  d'  ra^on^uy  dit,Dieitn 'eft  pas  ton  Pere,maisle  Diables  fi  on  te  dônoit  tous  les  iours  trois 
\n  myfap  fois  lefouet,tu  ne  caqueterois  pastant.Iladiouftacncores  cccy,Crois comme moy,ÔC 
poftde  l'An  tu  feras  aiVcuré:  carie  donne  nion  corps  Se  mers  moname  cn  hoftagedeuât  Dieu, que 
techrift.     noftre  fCy  Romaine  eft  bonne&  falutaire:&:  me  donne  entièrement  au  Diable,fi  la  tic- 
ne  n  eft  mauuaife&  mefehante.  A  quoy  Thomas  dir,0  faux  vendeur! veux-tu  ainfi  ob- 
liger ou  donner  ce  qui  n'eft  pas  tien  î  Depuis  recomparut  ce  Prouincial  aux  prifonsle 
feptieme  dudit  mois,pour  annoncer  audit  Thomas  qu'on  auoit  receu  vn  mandement 

:  de 


Jean  dcj  iïÇamur,  au  Liegu.  6i& 

de  rErbp.ereur,apportant  audit  Thomas  &  à  fesfcmblables,la  mort  ;  &  pcfoit  par  cela 
l'cibranflcr.  Ce  mandement  fait  àlapo/lulation  des  Chanoines  &  preftres,contenoit  pSanî 
en  effett  que  l'Empereur  Ferdinand  mandojt  \  l'Euefque  du  Liegede  punir  de  mort  Emp.àRo-' 
tous  ceux  qui fctrouueroyçnfcdcfesfubiets  en  fon  pays,  contraires  à  l'eglifc  Romaine:  J^uf"^ 
nonobftantlesloixd'Eœpire,&c,auecplun*curs  autres  cJaufesinuiîtees,voire  contrai-  KêC' 
resaw  ftil  des  lettres  Impériales .  l'an  t  y  a  queïbus  coujeur  d'icelles ,  apres  pluûeurs  in- 
qui7rtions,interrogations>difputes  &:  informations  réitérées  à  diuerfes  fois,&:  icelles  c- 
feficcs&  recueillies  par  vn  Notaire  inquifitional  nommé  Thomas  Maflbt:finalement 
ientéce  diffirtitiue  de  mort  fut  minutée  contre  V  Vatclet,  laquelle  vn  nômé  Co)Icy,de 
Tordre  des  frères  MineursefFrôté  en  audace,  luy  vint  fignificr  en  la  pnfon  en  cefte  ma- 
nicre:Et  bicn,ton  iour  cft  venu  de  mourir,que  dis-tu>Bcnitfoit  Dieu^àk  Thomas,^ Dieu 
de  ma  deliurance .  puis  il  dit ,  Mais  a  quelle  caujè  rue fait  mourir  monfieur  tEuefquey  m  ayant  tenu  en 
fesprifons  l'efface  de  quatre  ans  î  il  luy  deuroit  fuffre  que  la  plupart  dudit  temps  ie  luy  ay  moins  coufté 
que  les  moindres  diiens  de  fa  Cour  .car  on  1  auoit  nourry  au  pain  &  à  l'eau ,  commclcs  Inqui-  ^JJneede 
{iteurslauoyent  condamné.    ^  La  fentence  prononcée  par  les  Efcheuins  du  Liège, 
le  xxi  i  •  iour  du  mois  de  May ,  portoiç  en-  fommé,  D'eftrc  brune  yif  :  te  ce  fatâ ,  fa  cha- 
rogne crainee  au  gibet,&:attaçnec  en  fpettacle  d'horreur.Eftan  t  mené  au  fupplicc  en- 
tre .deux  moines,  comme  ils  paiîoyentdeuantlcgrand  temple  deS.Lamberr,  ils  diréc 
à  Thomas  qu'ilfe  recomandaft  à  la  Vierge  raerc&  autres  Sain&s  taillezau  pôrtail  du- 
dit temple.&  il  rc(pondit  en  fon  Liégeois  ,lenay  que  faire  de, tels  recommandeurs  ,ie  fuis  tout 
ncMmândfkmonSeigpçur&ftifuewI^       Le  frère  Mineur  Colley  quil'acoftoit,crai 
gnant  (jue  je,  peuple  n'ouift  dauantage  de  fes  proposait  au  Maire  qu'il  fit  tenir  d«$  çhe 
uaux  aux  deux  collez,, a/in,  qu'on  n  approchait  pour  l'entendre .  Sur  quoy  Thomas  dit  jJJjjP0»  aoz 
àhaute  voix  ^  Et  bien ,  itray  donc  mourir  comme  yn  agneau  fans  fonnermot ,  car  aufibienmà  caufe  e" 
parle ■affoejour  may .  Il  mourut  confiant  au  milieu  des  tourmens  de  la  mort^c  des  oppro 
bresque  luy  mettoycntfuslesrnoinesfc  preftres,pour  le  rendre  abominable  deuant  le 
pcuple.Mais  fa  mémoire  cft  demeurée  beniw&dcuat  Dieu  &  ceux  delà  vraye  Eglife 
audit  Liège. 


I  E  AN   DE   NÀM  VR,  li^wk 

GESTVY-CYi  expérimenté  les  Curez  de  la  Papauté  eftre  mis  loups/jui  rauûTent  les  brebis  :&  eu  toute 
auarice  &  cruauté  le»  iipofcnr  en  proye  aux  Inquifiteun. 

N  la  perfecution  cfmeuc.(  comme  dit  a  cfté)  au  pays  du  Liège ,  vn  nommé  M,D  LXIIi 
Ican  de  Namur  porteur  &  Vendeur  de  poiiTons ,  natif  d'vn  village  à  deux 
lieues  de  la  ville  du  Liege^rut^vn  de  ceux  qui  perfeucran  s  en  la  vraye  confef 
fion  des  poin&s de  la  religion  Chrcftiene, aucc  Thomas  V Vatelct martyr 
prédit,  l'ont  quât  U  quâtfcellce  de  leur  propre  fang.Le  Curé  de  fondit  village  laccufa 
d'herefie,pource  qu'il  auoit  vn  nouueau  Teftament,  où  il  auoit  trouué  plufieurs  fueil- 
lets  pliez  &  marquez  fpeciâlement  aux  paflages  faifàns  (corne  il  luy  fem bloit  jcontre  la 
Meflerfur  laquelle  ils  eurêt  quelques  difputes  &  fur  la  Cene  du  Seigncur.Ce  Curé  le  fit 
fredre  par  ceux  du  Liège  :&  tcllemét  fe  porta  cotre  luy,qu'eftâtpartieaduerfe,fur  fon 
rapport  &c  à  fa  depofition  les  Inqih'iiteurs  luy  firct  fon  procès.  Puis,c5mc  altérez  en  ce-  qUifitcur> 
ftc  perfecution  du  fang  Chreftien ,  le  condamnèrent  comme  hérétique,  le  laifîant  à  la  ^^^^ 
iufticc  rigoureufedu  bras  feculier,le  xxn.dumoisdcMay,  m.ek.  lxii.  M.Antoine  : 
Guinart  {duquel  a  efté  fait  me  tion  àl'endroit  du  fufdit  V  Vatelct)  &:  autres  luy  annon- 
cèrent quclquegrace ,  moyennant  qu'il  fe  voufift  fubmettre  à  l'eglifc  Romaine .  mais 
Iean  déclara  tout  court  qu'il  n'en  feroit  rien .  Depuis  cefte  rcfpôfe  on  le  fît  tremper  en 
prifoh  iufqucs  au  troifiemed'Aouft ,  auqueliour  il  luy  fut  annôcé  que  Jclcndemain  fe'- 
roitlciourde  famort.Etilrefpondit  comme  d'vn  efprit  prophétique  à  celuy  qui  luy 
annonçoit  ces  nou  u  elles ,  Retour nexhardiment^  mon  heure  rieft  pas  encores  venue  de  mon  Dieu.  Secret  de 
Et  ainfi  fut.  mais  deux  iours  apres,aflaqoir  le  cinquième  dudit  mois  d' Aouft,de  bô  ma-  JjJ^JJJ1* 
tinilditàceuxquieftoycntenprifon,  EfiouifJez^yonsauecmoy\yoicyleiourdemesnopces:ie  patient. 
m'en  irayà  mon  Dieu.  Enuiron  deux  à  troii  heures  aptes  cela,  voicy  venir  vn  Cordelicr 
pour  le  confefler  :  auquel  il  dit  qu'ils  eftoitcqnfefle  au  Dieu  de  fon  efperance.  Le  îylpi- 
nc  luy  prefenca  vn  crucifix  :  mais  Iean  meule  fes  brasi'vh  futi'autre  en  fornie  de  croix 

MMm.  ii. 


jL/wo  VIL  Lo  temps  dc^  la  L  Çuerrc^  ciuik^. 

luy  dir,E»  vo/V?  vnejilen  eflottbefoini&fiDieuneneuftenjrraueevne  autre  enmon  cosur.^  Co- 
rne on  le  menoit  au  dernier  fupplice,chantant  vn  cantique  en  figne  de  rcfiouuTance,le 
Maire  luy  dit,  Ne  chante  pas  tant:  penfe  pluftoft  à  ton  ame.  Le  patient  refpondit,  Mo» 
ame  eft  enUrminàe  Dieu^nen  aye^pomtdefoucy.Aucunsluy  dirent  qu'il  demâdaft  des  Mcf 
fes,&:  qu'on  priaft  pour  luy:  &  il  leur  dit^Les  Mejfes  ne  valent  rien:  mats  pnex^pouv -vous  .11  fut 
^ï^nét  tnisen  vn  tonneau  defonfé,oùy  auoiteude  lapoix:&cftant  attache  par  lemilieudu 
defupplicc.  corps,  &  le  feu  allumé ,  il  cria  à  haute  voix  pluficurs  fois  )OIejUs>mtfertcorde:  &c  luy  rendit 
fon  cf'prit  au  milieu  des  flammes  ardentes .  ^  Partons  maintenant  du  Liège  en  Fran- 
ce,oùlafuittedel'hiftoirc  nous  conuie. 


Z'  O  C  C^î  S  ION  des  troubles  horribles  de  cefle  année ,  au  milieu  defijueb ,  comme  $-vn  déluge  de 
mauxfE°pfe  de  Dieu  aejlè  miraculeufement  conferuee  contre  toute  ejperance  humaine, 

VIS  que  nous  entrôs  au  temps  des  troubles  de  la  première  guerre  ciu ilc 
Mj).txn.$ël  fe!8TÏ<i3  de  Fracc,  en  laquelle  pluficurs  tant  Miniftres  qu'autres  fidcles  des  Eglifes 
reformées  eftans  enueloppez,  ont  figné  par  leur  (àng  la  vérité  de  la  bon- 
ne partie:  fhiftoirc  requiert  de  donnera  cognoiftre  fommairement  les 
motifs  d'icelle  guerre:  afin  que  la  mémoire  des  bons  ne  demeure  accu  fee 
depreiudicedu  nom  de  Mutinerie  &  rébellion  .  ^"On  fait  aflez  comme  TE di&nom- 
»pjge588,b.  me  de Ianuier,  cydefTus* déclaré  au  commencement  de  celte  année,  ayant  cfté  ar^ 
refté  &  figné  par  l'vne  des  plus  notables  compagnies  qui  fuft  oneques  a/Tcmblce  au 
Deux  fortes  Royaume  de  France,  deux  manières  de  gens  rirent  tout  leur  pofîîbleafin  d'en  cm- 
aegcnsern-pcfcher  l'exécution.  Les  vns,c'cftauauoir  les  Bénéficiez,  &  ceux  qui  auoyent  cfpe- 
5îaïun^rance  ^c  ^'eftre>°u  qui  dépendent  d'iccuxjcraignans  que  la  fin  de  leurs  voluptezâc 
uier.       dhTolutions  ne  fuft  venuc.Lcs  autres  furprins  de  peur  extrême,  que  félon  la  requ  ifition 
des  Eftats  faite  enuiron  ce  mcfme  tcmps,on  ne  s'enquift  trop  auant  quels  auoyent  efte 
leurs  maniemens  durant  le  règne  des  Rois  prccedensle  roy  Charles  ix,  à  prefent  ré- 
gnant. Ces  deux  fortes  de  gens  ne  penfoyent  pouuoir  mieux  ny  plus  toft  cm  pcfchcr, 
qu'en  troublant  le  Royaume  plus  que  iamais  fous  ombre  de  la  Religion,  en  fe  consi- 
gnant auec  le  Clergé  fur  l'interinement&:  exécution  de  l'Edidt,  duquel  dependoit  la 
paix  du  Royaume,&  par  confequent  leur  confufion&  ruinc.Ceux  delà  Religion  refor 
mee  tout  au  contrairc,combien  qu'ils  n  euflent  obtenu  que  bien  peu  de  liberté,  &  mef 
mcmétfuflènt  contraints  par  lecontenu  de  l'Edi&,de  quitter  beaucoup  de  poin&s  doc 
ils  iouifToyentttoutesfois  comme obeùTans fubiets fe rengerent promptemet,quittans 
les  tem pies  &  villes  qu'ils  pouuoycnt  aifémen t  garder ,  fi  l'obeiffance  qu'ils  doy uent  au 
Roy,  &  le  defirdu  repos  public  ne  leureuflent  cfté  plus  chers  que  toutes  commodi- 
tez  particulières. D'autre  parties  menées  fe  mirent  en  auant,&  ne  furent  m  al-aifees,e- 
ftans  les  peuples  accouftumez  à  ouir  condamner  8c  voir  brufler  pour  hérétiques  ceut 
aufquels  quelque  liberté  deconfeience  eftoit  ottroyce.Lcs  Parlemcns  en  partiecom- 
pofez  de  gens  d'eglife ,  &  mefme  efclaucs  du  Pape  à  caufe  de  leurs  Nominations  :  en  par- 
tic  auflî  créatures  de  ceux  qui  s'en  feruoyent  :  &  bon  nom  bre  d'iceux  ne  craignans  pas 
moins  que  les  autres  qu'on  remuait  leurs  affaires,  fuyuant  l'intention  des  Eftats.  Da- 
uantage  pour  entretenir  le  tout  en  cefte  volonté ,  il  n'y  eut  faute  de  prefeheurs  ouuer- 
tement  mutins  &  feditieux ,  comme  entre  autres ,  du  Minime,  à  Paris  :  d'vn  Melchior 
L'au£«cefcordelier,à  Thouloufe  :& d'autres  trottans  çà&  là,  iufques  à  crier  contre  la  maiefte 
cjud^cs C  ^u  R°Y  »  &  àdifputer  publiquement  en  pleine  Sorbonne,  Si  on  eftoit  tenu  d'obéir  à 
Mendias  &  vn  Roy  fâuorifent  aux  Hérétiques .  L'entreprue  de  ccTriumuirat  iuréc  entre Fran- 
Sorbon,ftcs  çois  de  Lorraine  Duc  de  Guifc,  A  nne  de  Montmorafi  Conneftablc,&  laques  Dalbon 
îàruai m  Marefchal  de  fain£t  André ,  mife  en  auant ,  eftoit  d'efmouuoir  plus  toft  toute  la  machir 
Fonce,    ne  de  la  terre,  que  d'oublier  rien  qui  feruird'exterminer  les  Eglifes  delà  Religion  refor 
mec.  Ils  fe  feruoyent  de  l'authorité  du  RoydeNauarre  Antoine  de  Bourbon  partrop 
crcdule,&  gouuerné  par  gens  de  mefmcs  ,eftant  cfblouy  de  1  om  bre  de  vaines  promet- 
fes  de  Royau  mes  imaginaires  tant  deSardaignequed'autres.Qtii  fut  moyen  de  recon- 
cilier ledit  feigneur  Roy  àlamaifon  de  Guifc,  iufques  à  le  bander  contre  fon  propre, 
fang .  De  là  vindrent  tant  de  contradictions  du  Parlement  de  Paris  fur  jintennemcnt 
  "  '  "•  •*  dcl'Edict. 


io  temps  délai.  ÇuerrCt  ciuil^j.  6  rp 

del'Edi£t.  Onarreftaquclc  fcigncurdcGuifc,  (  qui  peu  auparauantauec  le  Cardinal 
fon  ff  ère ,  faifan t  mine  de  vouloir  eftrc  de  la  Confcfsion  d' Aufbourg ,  afin  d'entretenir 
les  Princes  d'Allemaignc,  auoit  parlementé  auec  le  Duc  de  V  Virtemberg,  l'eftant  ve- 
nu trouucr  à  Sauerne  fur  les  terres  de  l'Euefque  de  Strafbourg)  viendroit  à  Paris,&  de 
là  à  la  Cour:d'où  cependant  le  Roy  de  Nauarre  crouucroit  moyen  de  Faire  départir  fôn 
frere&:  toute  lamaifondcChaftillonTpour  faire  paiTer  puis  après  la  Roinc  par  où  il 
leur  plairoit:&  pour  la  fin,que  par  tout  où  Ton  pourroition  comméceroit  dempefeher 
à  quelque  prix  que  ce  fut,les  Huguenots  qu'ils  appellent,  de  iouir  de  l'Edict.  Ce  qu'ice- 
luyde  Guilé  commença  d'exécuter  luy-mefme  par  vn  cruel  mafiacre  de  Vafli  cyde- 
uant  déclaré .  &  enuiron  le  mefme  temps  il  en  fut  fait  autant  à  Cahors ,  à  Carcaflbnnc, 
&  depuis  à  Sens  en  Bourgogne,  &  ailleurs:  où  fe  firent  grans&  énormes  meurtres  des 
poures  gens  fans  armes,  lé  flans  fut  l'Ediét  du  Roy,  fans  efpargner  meime  les  femmes  & 
enfans .  La  Roine  voyant  ces  tem  peftes ,  aufquelles  il  luy  eftoit  fort  difficile  de  donner  CaiIl  - 
ordre ,  auoit  defia  mehé  le  Roy  6t  Monficur  fon  frère  fes  enfans  à  Monceaux ,  &  de  là  à  roine  vduc 
Fontainebleau,tafchant  de  deftourner  la  venue  d  u  Duc  de  Guifc  à  Paris»QuIt  au  Prin  du  rev  Hc- 
cc  de  Condé,  il  eftoit  venu  le  premier  à  Paris,  où  il  auoit  bon  moyen  dé  fairetefteàla  r>  r" 
partie  contraire, s'il  n'euft  préféré  le  repos  du  Royaume  à  toutes  chofes.  Le  feigneur  A- 
miral  &  le  fieur  d'Andelot  fon  frere  s'eftoyent  retirez  en  leurs  maifons,là  où  entendans 
les  troubles  qui  fe  preparoyent,  s'eftoyent  accompagnez  de  Gentils  hommes  voifins 
pour  leur  feureté  :  ioinc  que  ddia  de  part  &:  d'autre  plufieurs  s'efmouuoyent  *  iufqu'a  fe 
mettre  aux  champs  par  troupes &en  armesdefcouuertcs.Quoy  voyant  la  Rdinc,&  fc 
doutant  du  malheur  prochain  qui  menaçoitlc  Roymefme&  fon  eftat,  recommanda 
la  mere  &  les  enfans  au  Prince  de  Condé:mais  ce  fut  bien  tard,comme  l'euencment  le 
monftra,ayat  peu  après  efté  réduite  auec  fa  Maicfté  en  la  puifiance  du  Triumuirat ,  &: 
de  Fontainebleau  menée  à  Melun,puis  à  Paris.Tels  furet  les  motifs  des  premiers  trou- 
blessl'vnedes  parties  tenant  le  Roy  à  Paris,ne  pouuant  foufFrir  fon  Ediit  :  l'autre  s'eftâc 
retirée  à  Orléans  en  délibération  de  deliurer  la  Maiefté,&  main  tenir  l'Edi&fifolen- 
nellement  pâfTé,&  mefmes  en  fin  publié  par  cous  les  Parlefflcns  du  Royaumc,hors  mis 
celuy  de  Dijon.  Ap  a  e  s  queceftetantlamcntableguerre(commcnçantedesPafques 
&  finiftante  à  l'an  rcuolu)fùt  cfpandue  par  toutes  les  contrées  de  France,  afin  que  là  ve 
utc  ne  fuft  ignoree,&  que  les  autheurs  des  calamitez  fu/Tent  cogneuz,fans  laifTer  au  iu- 
gcmcntdc  l'opinion  vulgaire,ou  à  l'incertain  fucecs  des  armes  douteufes,  vnechofcfi 
grande  &  importante:  le  prince  de  Condé  diuulga  plufieurs  déclarations,  protefta- 
tions,remonftrancesalectrcs,  &  autres  eferits  bien  amples,  portans  iuftification  de  fon 
faict.  D'autre  cofté  le  duc  de  Guifcfc  couuroitdu  nom  du  Roy,  &  faifoit  femer  par  tout 
que  ledit  feigneur  Princc&  tous  les  fiens  eftoyent  rebelles  au  Roy:&  partant  criminels 
de  lefe  Maicfté.  ^Cependant  le  Prince,qui  auoit  obligé  fa  vic,fon  honneur  &  fes  biens 
àladefehfcd'vnc  fi  iuftecaufe  lors  qu'il  accepta  le  titre  de  Chef  de  l'afTociation  auec  Titrc  dc 
la  plus  lâinc  partie  des  Seighcurs,  Gentils-hommes  &  fubiets  du  Roy ,  pour  maintenir  chef  de  J  af 
par  tous  moyens  licites  l'honneur  de Dieu,le  repos  du  Royau  me,  l'eftatfc  la  liberté  du  foc»"»00 
Roy:pour  s'acquitter  de  fon  deuoir,  voulut  mettre  ordreà  ce  qui  eftoit  necefTaire  pour 
la  feureté  des  Eglifes  reformces.Et  à  ceS  firts  defpefcha  homes  aux  meilleures  villes  du 
Royaume  pour  s'en  faifir,  &  les  gouuerner  par  le  Roy  fous  fa  charge,  pour  en  redre  con- 
te. E  t  de  cela  chacun  a  peu  lire  ce  qu'il  a  eferit  &c  protefté  publiqucment:qui  pourroit 
fuffir  pour  faire  prœuuc  de  l'obcifTance  perpétuelle  de  ceux  de  la  Religion,  &:  de  la  det 
efperee  rage  de  ceux  qui  ne  fe  trouueront  iamais  autres  par  leurs  a£tions ,  qu'ennemis 
de  toute  Religion,de  leur  Roy,de  leur  patrie,bref  de  route  humanité:ayant  le  Seigneur 
iuftement  permis  que  telles  fortes  d'ennemis  s'efleuaflent  ainfi  en  ces  derniers  temps, 
pour  efprouuer  les  fiens ,&  à  la  fin  amener  les  aurheurs  d'vn  fi  horrible  déluge  de  cala- 
mitez &  miferes  à  leuriufte  iugement.  ^  Cependant  les  bouts  &:  cxtremitezdela 
France  faifans  aufiitous  efforts  de  faccager  ou  difperfer  les  Eglifes  reformées ,  pour- 
chaflbyent  de  rage  incroyable  les  premiers  &  principaux  d'icelles.Pour  lefquels^om- 
meainfi  foit  que  plufieurs  ayent  par  leur  fàng  notoirement  conferméla  veritédumi-  l^but  des 
niftere  del'Euangile,toutes  ces  narratiôs  hiftoriales  des  chofes  aduenues  en  diuers  en*  ^«^cs 
droits,font  en  ces  Recueils  deferites  &  inférées .  Or  en  ce  reng  le  martyre  de  M.  Fran-  Recueihdes 
çoisdu  Caluet  fe  prefentedes  premiers,  comme  ayant  efté  authentiqué  gar  Areft  &c  Ma".vrs?  . 
exécution  d'vn  Parlement  de  Thouloufe. 

MMm,  iii. 


Lim<u  VIL  nZftîiniftrt->&>  autres  Fidèles, 

FRANÇOIS   DV  CALVET,  de Montait, exécuté a fhouloufe. 

CEVX  qui  de  Preftres,Curcz  ou  Officiaux  Papiftcs  font  réduits  au  vray  feruice  de  Dicu.ont  enccpcrfonr.agevnexei»- 
pie  du  chemin  qu'il  faut  tenir  pour  cftre  admis  à  exercer  le  minifterede  l'Euangilcauecfruiâ:& édification. 

MJD.LXH.  S^HSriONTALZAT  eftvn  village  en  Quercy  diftant  crois  grandes  lieues  de 
Môcauban,afsis  en  hauc&plaifanc  couftau,enuirôné  d'vn  pays  beau &c  pla 
rureux  en  toutes  chofes  neceflaires  à  la  vie  humaine .  De  ce  lieu  M.  Frâçois 
du  Caluet  eftant  natifjauoit  tenu  la  Cure  quelque  temps)homme  des  la  icu 
neiTe  niftruit  aux  bonnes  lettres-.auquel  Dieu  fit  grâce  par  vnelain&ele&ure  &confc~ 
L'vtilité  de  rcncc  des  Do&eurs  anciens  aux  modernes,de  luy  manifefter  fa  verité,&:  de  renoncer  à 
A^iSa"  laCure,&:  quitter  lcftatd'Official  de  l'Euefque  de  Môtauban.  Puis fe dédiant  dutouc 
uec  ks  Mo-  au  pUr  feruice  de  Dieu ,  il  defaduoua  publiquement  toute  la  doctrine  Papale ,  &:  proce- 
dcrncs      fta  folennellemcnten  prefencedes  Miniftres&  Confiftoirede  Montauban  ,de  viurc 
&  mourir  au  miniftere  dcl'Euangilcauqucl  il  elloit  appelé  .11  adminiftrafî  heureufe- 
ment  cefte  vocation,que  ceux  de  Montalzat  ru  des  &c  ignorans,furcnt  en  peu  de  temps 
appriuoifez  à  l'audition  de  la  parolle  de  Dieu  :  fi  quefeigneurs  &:  dames  &  gens  de  tou- 
te qualité  d'alcnuiron  y  montoyent  pour  ouir  fes  prédications. L'émotion  de  laguerre 
ciuile  efpandue  fur  toute  la  France  par  maflacres&;  faccagemens,difperfa  letroup- 
peau  çà  &  là,  tellement  que  ce  perfonnage  fe  retira  auec  plufieurs  audit  lieu  de  Mont- 
auban:&  ne  pouiunt  continuer  fon  miniftere,delibera  fe  retirer  à  Thouloufe,pour  fai 
re  frui£t  des  dons  &c  grâces  que  le  Seigneur  luy  auoic  conférées .  Or  comme  cefte  villea 
de  long  temps  efté  garnie  degens  inueterez  ennemis  de  toute  fain&e  reformation, auf 
T^e,0ducfe  fi  nefaillit-il  de  venir  au  danger  qu'il  auoit  auparauant  prcueu,c 'eft  aiTauoir,de  tomber 
Fc^g^cmps  es  mains  des  idolâtres  en  vn  temps  que  fes  frcres& amis  nauroyent  ne  crédit  ne  moy- 
"^If^f."  endelefecourir.Lcdixiemedeluin  m.  d.  l  x  i  i,  eftant  logé  chez  vne  femme  vefuefi- 
Sgde.    dele,fut  faifi  au  corps  par  le  Preuoft  de  la  ville  cerchant(commc  il  difoit)vn  nommé  M 
Roulland  procureur  en  Parlement:  lequel  efchappa  cependant  que  ledit  Preuoft  s'a- 
mufa  de  mener  DuCaIuecchezvnConfeillier,&:deià  à  la  Conciergerie.  Eftant  ainfi 
Confusion  emprifonnc,voicy  ce  qu'il  a  mis  par  eferit  de  fes  premières  interrogatoires:Ow 
de  Ni  Fran.  dafi  i  duoye  eflé  Officiai  de  f  Euefque  de  Montauban,fiieftoye  relieur  de  Montahj,t  en  Quercy  lieu  de 
du  Caluet   ma  natiuitéfiieftoye preftre  de  l'eglife  Romaine, (p*  fi  depuis ie meftoye marié,  fay  poftiHe  refy'ôdu  no* 
Jl purement  que  ie  deuoye-.qui  eftcaufequà  iomtes  mains  &  du  profond  du  cœur  l'en  ay  demidek  Dtcu 
pardon  au  nom  de  fon  Fils  lefus  Chrtft  noftre feulredempteur>mediateur  &  aduoeat.  Pu  is  il  ad  10  u  ft  e, 
efcriuant  plus  amplement  à  fa  femme  6c  fille,comme  pour  teftamêt  Se  dernière  inftru- 
ction,cequi  s'enfuit,  extrait  de  fes  mcimcs  efcrits:  ïaybien  voulu  efcrireàvousdeux  cefte 
mienne  confefion  de foy,  pour  vous faire  entendre  la  confiance  de  laquelle  Dieu  m'a  voulu  munir  par  fa 
diurne  bonté  &  mifertcorde,  &cn  quelle  foy  il  m  appelle  de  ce  fiecleen  la  vie  bien-heureufc  >  laquelle 
deuant  tetter  les  fondemens  du  monde  il  a  appreftte  a  fes  efleuT^  &*  enfans.  Et  quelques  efcrits  au  on 
vous  produira  de  moy  au  contraire,™  vous  y  arrefte^pas:  car  après  ïmuocation  du  nom  de  Dieu  deuant 
pens  notahles,iay  conclu  la  période  de  ma  vie  en  la  confefion  de  foy,  &  pour  icelle  batailler  tant  contre 
l 'ancien  ennemy  le  Diable,que  contre  la  mort,lc  péché Jenferje  monde  &  ma  propre  chair. Et  de  mef- 
me  ie  vous  exhorte  au  nom  de  ce  Dieu  viuant,  vous  deux jatre  le  femblable ,  &y  conuier  tout  ceux  &* 
Lefomiïui  celles  devoflrecognoiffance .  Le  furplus  delaconfeiîîon  de  ce  prifonnicr,&:  des  dernières 
rede  iacon  refponfcs  qu'il  fit  deuant  le  Parlement  de  Thouloufe,contenoit  en  fomme  plufieurs 
fdsioa.     points  de  la  do&rine  Chreftienne  qu'il  auoit  annoncée  pendant  le  temps  de  Ion  mini- 
ftere à  Montalzat.Sur  tout  il  infifta  fur  la  Iuftification  qui  eft  par  la  foy,  fondée  aux  pro 
méfies  de  l'Euangile:  reicttant  toutes  les  traditions  des  hommesdirettemét  oppofees 
&:  contraires  à  la  vérité  de  Dieu ,  à  l'inuocacioa&:  vray  feruice  de  fa  maiefté  :  fe  remet- 
tant en  cela  à  tout  ce  qui  eft  contenu  au  vieil  &:  riouueau  Teftament,  &:  aux  Docteurs 
anciens  &  modernes  qui  l'ont  fidèlement  expolé .    ^  Finalement  dixfept  iours  après 
fa  prinfc,le  procès  luy  eftant  fait  par  vn  fien  Rapporteur  conleillicr  audit  Parlementai 
fut  condamné  par  Areft  le  xxvn.  dudit  mois  de  Iuin  ,d'eftre  pendu  &:  cftranglé  ,&:  fes 
biens  confifquez  au  Roy,d'aurat  qu'il  auoic  efté  Miniftre,  &c  prcfché  fuy uant  la  confel- 
fion  des  Eglilès  prétendues  reformees,&c.  Il  remercia  la  Cour  :  rendant  grâces  à  Dieu 
de  rafteurahee  &:  aflîftancc  qu'il  luy  donnoit  fi  grande,  &  le  fupplioit  de  la  luy  côrinuer 
pour  furmoncerau  dernier  &  cxcrcmecombaccQUïçc  que  Satan,  le  monde  ,&:  fa-pro- 
pre chair 


tMafacre^  au  temps  délai.  ÇWrro  ciuilc^j.  620 

prc chair  luy  pourroit  mettre  d'empefehement au  deuant .  Ce iour  l'Areft eftant  exé- 
cuté à  Thouloufe  en  Ja  placeS.Efticnne,cefcruiteurde  l'Euangilc perfeuera prêtent 
grand  peuple  en  l'inuoeation  de  Dieu  &c  confeflion  confiante  de  Ta  fidélité .  Il  eftoit  de  *iiertoit  n« 
bonne  *aage ,  d'vne  moyenne  corpulence  &c  proportion  décente  de  Tes  membres,  lei*-  £,£'lanuitr 
quels  Dieu  par  cefte  fin  heureufe  a  voulu  aufli  confacrer  à  fon  honneur  &  gloire. 


De  plrfettrs  FI  D  ELES  maffacre^à  Marfeille  pour  la  Religion. 

E  V  X  de  Marfeille  au  bout  de  la  Prouence,quifaifoyétprofcfsion  de  fer-  M  D  LXII- 
uir  à  Dieu  félon  fa  fain£te  parollc, furent  expofez  en  cefte  perfecution  Tri- 
umuirale  au  gré  des feditieux  delà  ville:aufqucls  le  mot  du  guet  eftoit  do- 
nc,De  ne  laiffer  efchapper  aucun  du  nom  de  Huguenot  fans  payer  rançon 
de  mort.  Comme  donc  cefte  ville  a  efte  de  longtemps  célébrée,  voire  par  v^|c  rcnoI^ 
les  anciens  Autheurs,tantpour  fa  fitùation  &  fortereffe,que  pour  l'affluence  des  mar-  mec. 
chandifes  (  y  arriuans  de  tous  coftezgens  d'eftrange  nation, à  caufe  du  port  des  plus  re- 
nommez de  la  mer  Méditerranée  )  aufsi  de  prefent  le  bruit  des  infolences  &:  defborde- 
mens  voguepartout.  h  an  de  vega  d'icclleville,  homme  Chreftien  ne  dégéné- 
rât de  la  vertu  de  fon  pere,qui  eftoit  Diacre  de  l'Eglïfc  reformée,  fut  aflailly  le  premier 
iourde  May  en  ceftan,commeilreucnoitd'Aixen  Prouencc.  Des  deux  Confuls  de 
Marfeille  authorifans  ces  feditieux ,  l'vn  eftoit  nouuellemen t  reuenu  de  la  Cour ,  où  la 
leçon  luy  auoit  efté  recordeed  exterminer  ceux  de  la  Religion .  Ce  perfonnage  donc 
penfant  arriuer  fans  empefehement  à  fa  maifon ,  accompagné  d'vn  fien  amy ,  rencon- 
tra à  la  porté  du  marché  la  bande ,  laquelle  fans  autre  propos  que  de  tuer ,  commença 
courir  &  frapper  de  baftons  Se  cfpees  fur  ces  deux  hommes.  Vega  fut  accablé  en  vn  in- 
ftant,s'eftant  fon  compagnon  fauué  le  mieux  qu'il  pouuoit-Ces  gens  du  tout  forcenez 
ne  voulurent  onepermettre  audit  Vega  eftant  àdeux  genoux,de faire  fa  prière  à  Dieu 
auant  fa  mort,combien  qu'il  les  en  requift  à  mains  iointes  &  degrande  atfe&ion.  Il  fut  u  mort  ic 
defpouillé  nud ,  lié  &c  trainé  d'vne  grofte  corde  iufqu  a  la  porte  appelée  la  Frafche .  Le  Icâ  &  Vega, 
corps  fut  ietté  au  milieu  d'vn  abbreuuoir:  &  y  demeura  iufqu'au  lendemain. Son  pere, 
qui  eftoit  efchappéàgrand'peinedu  mutin  populaire,  ne  craignit  fecretemétla  nuict 
ènfuyuâte  d'enleucr  fon  fils  hors  dece  bourbier,pour  l'enterrer  en  fa  caue.  Ainfi  le  Sei- 
gneur s'eft  voulu  feruir  de  la  mort  de  l'vn  pour  efprouuer  la  patience  &:  confiance  de 
l'autre,à  la  confufion  de  fes  ennemis. 

^~EN  cefte  fureurqui  s'augmentoit  à  Marfeille  de  iour  en  iour, vn  nommé  An-  antoi 
toine  vaze  natif  du  pays  de  Picardie,  Ancien  en  la  fufditeEglifè,  fut  mis  à  mort  NE  va- 
enuironle  feptiéme  de  May.  Vn  des  fufdits  Confuls  fit  faire  effort  par  grande  outrage  ZE: 
àla  maifon  dudit  Vaze ,  trauaillant  pour  lors  de  fon  mefticr  de  ferrurier  à  huis  &  bou- 
tique fermez .  Il  efTaya  d  efchapper  &  fe  fauuer  auec  vn  fié  nepueu  aagé  de  quinze  ans: 
maiseftansfaifis  tous  deux,  fur  le  champ  furent  miferablcmentaftbmmezdecoups. 
Puis  on  les  traina  liez  de  cables  par  les  pieds  en  vn  lieu  où  fe  iettét  toutes  les  infections 
à  la  porte  dite  Galeas. 

A  V  nombre  de  tant  de  fidèles  qui  furent  en  cefte  année  tyranniquement  meur- 
tris en  ladite  ville  de  Marfeille,ceux-cy  entre  autres  font  recommandables,  Io  s  E  P  H 
g  a  r in  ,  George  olivari,  Ho  norat  pastovri  t  ,  &  Léonard 
romil  l  e  T,lefquels  ont  enduré  mort  cruelle  pour  vnemefme  caufe.  Iofepheutaf- 
faire  à  la  multitude  defefperee  &:  incitée  contreluy  par  vn  des  premiers  delà  ville,qui 
luy  auoit  publiquement  feduit  fa  femme .  Il  fut  trainé  vif  par  la  ville  en  hideux  fpecîa- 
tle,tantquel'amefutfeparcedu  poure  corps. Quant  à  George  &  Honorat,qui  auoyét 
efté  auparauant  mis  prifonniers ,  èftans  aufsi  en  ce  mefme  temps  meurtris  de  nuict  en 
la  prifon,  contrel  a  volonté  du  Concierge ,  furent  pendus  deuant  les  prifons  iufques  au 
lendemain ,  que  le  peuple  acharné  les  traina,  comme  les  autres, à  ladite  porte  de  Ga- 
leas pour  fepulture.  ^Léonard  menufîer  d'art,à  rinftigation des  Confuls choifis  pro- 
pres à  ce  temps,fut  mis  entre  les  mains  du  Prcuoft  des  marefehaux,  ponree  qu'il  eftoit 
de  ladite  Eglife  reformée .  Eftant  par  luy  condamné  d'eftre  pendu  &c  eftranglé ,  il  y  eut 
des  Prcftres  qui  le  foliciterent  à  renôccr  fa  Religion,luy  mettans  entre  mains  vne  ima- 

MMm.  iiii. 


L/^ro  VIL  oMiniJlrc^  £f  autres  Fidèles, 

ge  de  Crudfix,afin  qu'il  l'adoraft-.mais  il  la ietta contre  rerrc,regardatau  cicl,& remer- 
ciant hautement  le  Seigncur  de  la  grâce  qu'il  luy  faifoit,  de  forcer  en  tel  fupplice  tef- 
moignageàfa  vérité. 

S  IMON    B  R  O  S  S  I  E  R,  deMontoireenVendofmois. 

A  ville  de  Perigueux,o!ont  le  pays  eft  denommé,courut  vne  mefme  carriè- 
re demaflacre&  d'hoftilité,&:laquel]efutarroufee,entreplufieurs,du  îang 
de  M.Simon  Broflîer .  Mais  auant  que  venir  au  gère  de  fa  morr,il  eft  befoin 
defauoirquel  il  auoic  cfté  ,&dequoyils'cftoit  meflé  auant  qu'exercer  le 
minifterc  de  la  parolle  de  Dieu .  Depuis  que  pafle  vingt  ans  il  fe  fu  t  retire  à 
Gcneue,fon  but  a  toufiours  tendu  de  profiter  à  ceux  de  fa  nation, tellcmen  t  que  les  tra 
uaux  &c  périls  immines  ne  luy  eftoyent  rien ,  pourueu  qu'il  gaignaft  quelques  vns  à  TE* 
uangile.il  faifoit  prorefîîon  toute  manifefte  d'amener  &  conduire  gens  à  Gcneue,pour 
cdiT      *es  faircaPPrcnc*rc>comrae  en  vnc  cfcolc,le  pur  &  vray  feruicede  Dieu .  Et  maintes  fa- 
l^Tédî^k  milles  qui  s'y  font  retirccs,peuuent  tefmoigner  combien  le  Seigneur  a  bénit  le  zelede 
vrayfcruicc  ceft  homme  ,& decombien  de  dangers  il  l'a  non  feulement  preferué,  maisaufli  ceux 
de  Dku.       j  fcfonc  feruis  de  fa  conduitte .  Sa  conuerfation  familière  cftoit  de  fi  petite  apparen- 
ce ,  à  caufe  de  fa  taciturnitc ,  qu'il  n'y  auoit  que  ceux  dcfquels  il  eftoit  cogneu  interieu- 
rement,quien  fiiTenc  cftime.  Babil  &  propos  fuperflus  luy  defplaifoyet  fi  forr,  que  mef- 
me  quand  on  vouloit  s'informer  de  luy  trop  curieufement,  fila  ville  de  Gcneue  eftoit 
forte,ou  riche,  &  de  quoy  y  viuoyent  tant  d'eftrangers  :  le  n'en  fay  rien ,  refpondoit-il: 
mais  il  on  me  demandoit  ce  qu'on  y  cnièigne  &c  prefche,i'en  diroye  volontiers  ce 
que  ien  fay.Quelques  vns  luy  faifans  cas  de  certains  prefeheurs  de  France,approchans 
delà  vérité,  le  voudroye.  dit-il ,  qucccls  prefeheurs  defceodifTent  delà  chaire  inconti- 
nent qu'ils  ont  dit  à  l'entrée  de  leur  fermon,i'oraifon Dominicale.  ^ Apres plufieurs 
voyagcs,finalementilsarreftacnFrance:&enuironlemoisd'Aouft  m.  d.  l  x  ^exer- 
çant le  minifterc  de  l'Euangilc  parmi  petits  trouppcauxdegensruftiqucs  ,afTemblcz 
es  Eglifes  de  Campaigne,  Allemans  &  Rochebœur-court,prcs  la  ville  de  Pengueux ,  it 
fut  requis  de  venir  vifiter  les  fidèles  de  ladite  ville.il  ne  fit  faute  de  s'y  acheminer,&:  nô- 
obftant  la  maladie  U  débilité  qu'il  auoit,  commença  de  pre/cher  au  logis  du  chappeau 
verd,&  à  la  bafîe-court  dudit.Incontincnt  après  il  rut  conftitué  prifonnier  par  le  Lieu- 
tenant particulier  du  lieu      mené  en  la  maifon  commune  delà  ville  :&  delà  liuré  en- 
tre les  mains  des  plus  mutins  garnemens  du  pays,  pour  eftre  mené  en  prifon ,  par  le£ 
quels  il  fut  outragé  d'iniures  &c  blafphemes'execrables,&r  battu  à  coups  de  bafton  &  de 
poing. Eftant  entré  en  prifon, il  y  eut  vn  Aduocat  du  fiege  deladite  ville,  qui  d'vne  furi- 
eufe  roideur  le  pouffa  au  plus  puant  lieu  de  la  prifon.  Le  lendemain  à  lagrande  prière  Se 
inftace  des  principaux  de  la  Religion,  il  fur,enuiron  dix  heures,  ofté  de  cefte  infe&ion: 
&  veu  fa  maladie  extrême , fut  mis  en  la  falle  deladite  prifon  aucc  quelques  voleurs  &c 
l  dun    meurtriers  prifonniers.Ce  iour-la  les  principaux  Chanoines  de  la  ville  le  furent  voir  a- 
n«  de  Perl!  uec  plufieurs  Gentils-hom  mcs,pour  difputcr  contre  luy  :  mais  il  ne  leur  tint  autre  pro- 
gueux,     pos,  finon  qu'ils  eftoyent  là  plus  toft  pour  feriredeluy,  que  pour  apprendre.  Apresa- 
uoir  efté  détenu  enuiron  vn  mois,il  (ortie  :  &c  pourfuyuant  fa  vocation,  drefTa  en  la  mef- 
me  ville,nonobltant  toute  contradiction, vne  Eglife  autant  bien  policée &c  reiglec  qu  - 
en  lieu  d'alenuiron.Et  d'autant  qu'en  ceft  an  m  .  d  .  l  x  i  i,les  troubles  delà  guerre  ciuile 
croifloyent  de  plus  en  plus,il  fut  prié  partir  de  la  ville  par  ceux  delà  Religion.Ce  que  ne 
voulant  faire,  protefta  de  viure& mourir  en  la  villeàlaqutlle  il  eftoit  enuoyédu  Sei- 
gneur pour  fa  parolle .  Les  plus  gros  de  la  ville  n'ofoyent  fe  faifir  de  luy  ,craignans  d'en- 
trer en  plus  gransinconueniens  de  dangers  apparens  .mais  eftant  le  glaiue  des  aduer- 
faires  hors  du  fourreau  U  flamboyant  par  tout ,  il  fut  conftitué  prifonnier  derechef,  & 
détenu  miferablcment  enuiron  l'efpacede  trois  rooisrpendantlefquels  il  prioit  fouuec 
Dieu  auec  les  prifonnicrs,&:  les  induifoit  à  la  cognoilTance  de  leur  falur.Or  après  qu'on 
luy  eut  formé  quelque  procès  (ans  le  faire  refpondre,cuidant  que  fous  le  nom  &  prerc- 
xtc  de  Miniftre,  la  Cour  du  Parlement  de  Bourdeaux  le  condamneroit,  il  mourut  en  la 
prtibn,  exténué  de  tout  ion  corps  iufqu  es  au  b  ou  t .  E t  d'autant  que  la  Iufticc  auoit  opi- 
nion 


sAuguftin  Marlorat  Ô*  autres ,a  %puan.  621 

nion  qu'aucuns  de  ladite  Religion  l'euflent  fait  empoifonner,  il  fut  fendu:  &  n'y  furent 
trouuees  aucunes  marqucs,finon  du  cruel  traitcment&  des  miferes  qu'on  luy  auoit  fait 
endurer.  Le  lendemain  il  fut  porté  fur  des  barres  par  des  Deliftres  au  lieu  auquel  on  iet   Les  œne- 
tc  ceux  qui  fe font  dcffaits,dans  vnc  pierriere  appelée  yn  calouchter  au  langage  du  pays,   mis  charger 

10  v  r  continuer  le  furplus  du  récit  des  calamitcz  &miTercsde  la  prefentean-  f«  cor^* 
nee,s'eftantlcprincedcCondéemparédequelqucs  villes,come  ditaefté,lcduc  des  fidèles 
de  Guife  prétendant  le  nom  du  Roy,  ayant  alfcmblégrofle  gendarmerie,  fit  vn  camp,  mo^u• 
auque'le  Prince  oppofa  le  ficnd'aiTcz  petit  nombre.  Et  bien  que  ces  deux  camps  vinf- 
fentpres  l'vn  de  l'autre  iufqu  a  la  veue,  fi  ne  choquerent-ils  en  tout  l'Eftédcceftedite 
annee:mais  celuy  du  Ducfutcmployc  d'ailîegcr&reprédrelcsvillesqle  Princctenoit: 
entrclefquellcs  la  ville  de  Rouan  (auat  que  palier  outre)  nous  prefente  le  fupplice  qu'- 
cnduracnicelle  M.  Auguftin  Marlorat,&  autres  excellcns  homes  dignes  de  mémoire. 

AVGVSTIN  MARLORAT,  de  Bar-le-duc  enLorraine, 
&  autres  notables  perfonnages  exécutera  Uprife  de  Rouan. 

0  V  A  N  ville  capitale  de  Normandie,  après  auoir  elle' fur  la  fin  d'Odto- 
bre de ceft  an  m  .  d . l  xi  i,afsiegee,minee &c battue defefperémcnt, l'cfpace 

1  enuiron  de  trois  fepmaines,tant  le  fort  de  S.  Katherine  que  la  ville,  fut  pn- 
(e  d'afîaut  par  les  Guifiens .  Durât  le  fiege,  Antoine  de  Bourbon  roy  de  Na- 

uarre,s  eftant  diftrait,comme  dit  a  efté,deceux  qui  fi  longucment&  fidèlement  luy  e- 
ftoyétcôioints,  pour  porter  le  Triûuiratfufdit,fut  frappé  en  l'efpauledvn  coup  tiré  de  Jjuroy  ic 
la  ville  hors  de  l'aiTaut,luy  eftât  derrière  quelques  gabions  des  canôniers  du  camp  .  Ce  foîfSle 
coup,  qui  n'eftoit  qu'en  lefpaule,  luy  fut  mortel,  &  en  mourut  cnuirô  huit  ou  dix  iours  parti  de»  en 
apres,aiTauoirau  mois  de  Nouembre,  en  regrets  &  complaintes.  ^"Or  entre  les  cruau  S'e^ 
tez  fur  tout  exercées  cotre  ceux  de  rEglife,celle  alédroit  de  M.  Auguftin  Marlorat  mi-  rcfpaulc. 
niftre  audit  Rouan,eft  digne  d'eftre  notée  pour  plufieurs  circonftaccs.c'eftoit  vn  ferui- 
tcur  de  Dieu  doué  de  gras  dos  &  grâces  exquifes:q.  depuis  auoir  efté  tiré  de  l'ordre  m o- 
naftique  des  Auguftins  à  la  vérité  de  l'Eu âgile,acontinucllemet  employé  l'on  tépsàl'- 
œuure  du  Seigneur.  Apres  fa  forcie  de  F  râce,il  exerça  le  miniftere  de  la  parolle  de  Dieu 
à  Crefli,à  Villette  Se  à  Veuay  fous  la  Seigneurie  &  Republique  de  Berne  par  lôgue  cfpa 
ce  detcmps,&fans  reproche.  Delà  Dieu  difpofantfonferuicepour  la  France,  le  fit  al- 
ler à  Paris:&  ayant  fort  alîîfté  au  Colloque  de  PonTy  (dont  a  efté  parlé  cy  delîus  )  conti- 
nua heureufement  le  cours  de  fon  miniftere  en  ladite  ville  de  Rouan  iufques  à  le  figrier 
&  fecller  de  fon  propre  fang  vifiblement  deuant  tous .  La  ville  donc  eftant  expofee  à  la 
fangla  te  deuorion  des  cnnemis,il  fe  retira  au  Vieil  palais, auec  plufieurs  autres  des  plus 
honnorables  :  mais  cuidan  t  fortir  la  ville ,  &  mieux  fe fauuer  à  la  conduitte  de  quelque 
foldalt,fut  recognu  du  populace  fur  la  rue,&:tellemétpourfuyiiy  qu'on  le  tira  à  la  Con  c  OT 
ciergeriedu  Parlement.  No  bl  cotton  auec  S  o  c  c  an  s  premiers  Efcheuins  de  ton. 
Rouan,&  le  feigneur  de  M  a  n  d  n  e  v  il  l  b  , qui  eftoyent  des  principaux  de  l'Eglifere-  soc 
formee,cftans  pareillement  apprehendez,receurent  vne  mefme  côdamnation,laqucl-  c  a  N  s. 
le  fut  auflî  foudain  exécutée  que  du  iour  au  lendemain. Ils  furent  trainez  fur  clayes  atta  D^AE  N" 
checs  derrière  des  tombereaux  ou  beneaux,  aux  lieux  ordonnez  pour  le  dernier  fup-  ville 
pliceàchacun. Comme  on  menoitMarlorat,vn  archer  portant  lehalecretd'armes'ap  Marlorat 
procha  de  luy:&  en  grande  rcuerenceà  tefte  defcouucrtclc  confola  à  l'heure  qu'eftant  coafoléau 
au  pied  des  degrez  du  Palais  lié  fur  la  claye ,  il  le  voyoit  expofé  &:  abandonné  à  tout  op-  fj"sj£^ 
probre .  Le  lieu  du  dernier  fupplice  luy  fut  ordonné  par  Arcft,deuant  le  grand  temple, 
auquel  eftant  paruenu,il  eut  fi  peu  d'audience  qu'on  ne  feut  rien  recueillir  de  fes  paroi 
lcs,pour  le  grand  bruit  que  menoit  le  populace.  Mais  quand  il  futfurl'efchelle,auant 
qu'eftre  eftranglé  il  admonnefta  le  pcuple,&  dit  en  fubftanccces  parolles,P«</>/eye/»V;» 
vay  maintenant feellerde  mon fang  la  -venté  de  Dieu^ue  te  vous  ay  fidèlement  annoncée .  Et  ainû  fi- 
nit heureufement  fa  vie,&:  le  cours  de  fon  miniftere .    <j  Les  trois  autres  fuf-nommez 
furent  traitez  de  mefme:  Cotton  &Soccans  furent  pendus  à  vne  potence  dos  à  dos, 
deuant  la  maifon  de  ville,  &  le  fieur  de  Madreuille  décapité  à  la  place  du  vieil  marché: 
&  comme  confors  d'vne  mefme  caufe,  ont  obtenu  pareille  iiTue  par  leor  mort." 

Continuation  de  thijloire  iujques  aux  ejfefls  de  la  bataille  mémorable  de  Dreux. 
i  e  s  tranfgreiTeurs  des  Edits  non  alTouuis  de  tant  de  fang  efpadu,  &  de  fi  horribles 
[mdignitez  comifes  es  meilleures  villes  du  Royaume,  tendoyenc  notoircmet  à  v- 


Liurcj  VIL  temps  de  la  I.  Çuerrc^  ciuiJ^ 

ne  dernière  &  générale  dcftructiô  des  Egtifes  reformées .  Parquoy  le  prince  de  Code  & 
ceux  de  fa  fukte,  après  auoir  eflayé  tous  moyens  d'appaifer  ces  troubles,  en  fin  s  ache- 
minèrent vers  Paris:d'autant  que  de  celieu,commc  d'vne  Iburce,grande  partiedesdef- 
ordres&côfuiions  procedoit .  Et  comme  ity  auoit  apparence  que  de  là  les  Chefs,  de  1- 
hoftilité  afltmblcz  le  vie ndroyent  corn batre  :  aufli  efperoit-il  que  l'iiTue  aNneba'taille 
appointeroit  les  querelles.^  Voyant  donc  a.u  mois  de  Décembre  queles  ennemisauec 
toutes  leurs  forces  eftoyent  campez  à  deux  petites  lieues  près  de  luy,  empefehans  qu'il 
Secours  des  nc  fuft  iointaux  Anglois  qui  eftoyent  defeendus  au  fecours  de  ceftecaufe,fercfolut<dc 
Ad§Iois'    les  combatrc;bien  qu'ils  fu/fent  beaucoup  plus  forts  d'infanterie  recueillie  de  diuerfes 
nations:voire&  qu'ilseulTent  pour  retr^iteprochaincla  ville  de  Dreux,auecvner*uic- 
reàlcurdos,5ivnboisenfîâcpour  leur  defenfe.Surcefte délibération  le  x  i  x.deDe- 
cembre  de  ceft  an ,  après  auoir  choin"  fes  ennemis  ainfi  à  propos  quele  lieu  permettais 
Le  conflit  parmcecja  prjnce  donna  dedans  autant  courageufement,que  la  caufe  auoit  efté  îufte- 
meeîUXar  ment  entreprifcpàr  luy  &:  les  fiens.Lcscirconftances  d'vne &c  d'autre  part  de  cefte  ba- 
taille méritent  fbnhiftoire  à  part,  pour  cognoiftre&  remarquer  comme  il  appartient 
les  grandes  merueilles  du  Dieu  des  armeesrLa  victoire  entière  eftoit  de  premier  abord 
apparente  du  cofté  duditfeigneur  Prince:  mais  la  volonté  de  Dieu,  qui  difpofe  toutes 
choies  félon  fa  fageiîeincomprehenfibïe,  fit  tomber  ledit  ièigneur  entre  les  mains  des 
La  prife  de  ennemis .  Cela  eftoit  bien  pour  non  feulement  empelcher  le  cours  delà  victoire ,  mais 
Bourbon  aufli pour  tout  tournercn  pitoyabledefconfiture,  fi  parvne  fingulieremifericordede 
*  ce  de  Codé  Dieu ,  Gafpard  de  Coiigny  Amiral  ralliant  la  cauallerie  Françoilè  &  Allemade,  ne  fuft 
allé  au  deuant  des  forces  qu'on  auoit  referuecs  pour  le  dernier  effort:  de  forte  qu'après 
auoir  longuement  combatu,les  ennemis  furent  repouflez  bien  auantrtellement  qu'en 
fommetât  au  nôbre  des  tuez  q  des naurez&  prilbnniers,  il  eftoit  mal-aiie  de  receuoic 
vneplusgrâd'pcrte,fi  leur  armée  n'eu  ftefté  en  fièrement  ru  inec.  Bref,(la  nui&prefque 
ConGdm-  c|0fe  feparant  les  pourfuittes)  tous  doyuét  confefler  que  le  Seigneur  a  gouuerné  Tifluc 
d°rîflucdc de  cefte  batailie,cômc  toutlepreccdent,auec  vne  equalité,  mefure &c proportion  tre£ 
U  baille  admirable  :  à  ce  que  laFrance  n  eftant  du  tout  ruineepar  foy-mefme,  fon  fainct  Nom  y 
dcDreux.       ^e  pjus  en  p|us  rccogneu  &  inuoqùé  au  milieu  des  aiTemblees  Chreftiennes. 

D     ^*Le  duc  de  Guife  après  la  bataille  raflembla  fes  forces  efparfes:&:  vint  camper  au 
LXIII  mo^s<^e  Feuricrenfuyuant  deuant  la  ville  d'Orléans.  Elle  auoit  efté  durant  la  guer- 
'  repour  refuge  &  retraite  aux  fidèles,  qui  auoyent  tant  employé  d'art  &:  diligence  à  la 
fortifier,  qu'on  l'cftimoit  imprenable.  Cela  toutesfois  ne  fit  perdre  l'efperance  au 
Duc  de  la  pouuoir  prendre,  fe  fiant  en  ce  que  l'Amiral  auec  la  cauallerie  eftoit  allée» 
Normadie  vers  les  Anglois.Ilgaignad'arriuee  le  faux-bourg  du  cofté  d'01iuct,appcUc 
le  Portereau:  &,ccquiluy  fit  croiftrelecourage,  printauiîî  quelques  tourelles  fur  le  pont 
d'O  rleans,par  le  moyen  d' vn  traiftre  eftant  en  garde,qui  les  mit  entre  fes  mains.  JPen- 
dant  la  longueur  de  ce  fiege,qui  auoit  défia  continué  quelque  temps,  le  Duc  fut  at- 
La  mort  de  teint  à  cofté  d'vn  coup  de  piftole  parvn  nommé  Poltrot,  tellement  que  peu  de  ioursa- 
Loreïï-k  prcs  •  j cn  mourut:qUj  cftonna  autât  ceux  qui  auoyent  mis  leur  fiance  en  luy,que  choie 
duc  de  Gui-  qui  aduint  de  long  temps .  Toutesfois  pour  celale  fiege  ne  fut  encores  leué  de  deuant 
fe         la  villetmais  le  prince  de  Condé  ôc  le  Conneftàble  prifonniers  des  deux  coftez,  mirent 
quelque  paix  en  terme. 

ïïÊË@  A  guerre  eftât  comme  amortie  auec  la  vie  du  Duc,  ainfi  que  lcfîect  ceflTe  auec  la 
S2ic    jjjsgftcâufe:vn  deuxième  edict ,  appelle  J)c paaficati»n}fat  fait  par  le  Roy  Charles  ix,aa 
cScaiioa*  moisdeMars,M.  d.  l  xm  (félon  la  fupputation  de  ces  Recueils)  à  condition,  en  fom- 
me,  Que  la  Religion  demeureroit  Iibrcà  vn  chacun,  fans  eftre  recerché  :  &c  <ju'on  pref- 
cheroit .  félon  que  plus  amplemet  le  contenude  l'Edité  en  faitdeclaration. Et  corn  bien 
qu'il  fuft  plus  defaduatageux  beaucoup  contre  ceux  delà  Religion,  que  neftpitle  pré- 
cèdent ,  toutesfois  fut  accepté  par  eux ,  ne  cerchans  que  le  repos  de  leurs  confcicnces 
&  le  bien  publique.Mais  au  côtraire  s'il  y  auoit  eu  des  menées  pour-aneâtir  le  premier, 
il  y  en  eut  encores  dauantage  gour  abolir  ceftuy-cy:voire  plus  crTrontéraét  que  iamais. 
^h^tee  ^ar<lui  eu^  eftimé  que  ceux-la  principalement  qui  eftoyet  députez  pour  l'exécution 
paî  ccuxC  d'iceluy,fu fient  les  vrais  moyens  pour  authorifer  toutes  les  rebellions  des  Catholiq'ues 
qui  auoyét  parmi  les  Prouinces?Au  pays  du  Maine  les  excès  &  meurtres  d'hommcs,femmes&:en- 
«pnmcr.k  fans,tant  es  villes  qu'au  dehors,  par  meurtriers  publiquemêt  conduits  &  foudoyez  par 
Le  Maioc.  l'Euefque ,  ont  efté  tels ,  qu'il  n'y  a  Chronique  de  nation  fi  cftrange,  qui  en  approche. 

^*ATou» 


Lejldtdu  Fidelu  du  pays  dc~>  Toloignc~>.  6  22 

^  A  Tours  il  y  eut  tel  rriaflacre  commis  de  geps  paifibles  en  leurs  maifoiis,  par  manife-  Tours, 
ftc  coniuration,que  la  plus  part  mefmes  des  plus  acharnez  aduerfaires  en  a  eu  horreur. 
f"Au  chafteaii  de  Loir  on  areprefentéau  vif  le  maflacre  fait  à  Vaiffi\tuât  mefmeleMi-  ^l"" 
NittRE  en  la  chaire  au  lieu  eftably  parle  Roy.  ^  Au  Vendofmois  le  Sieur  delà  Cu-  védoimois. 
rce,gouuerneur  du  pays, a  efté  de  guet  à  penfee  meurtry  en  rrahifon.  ^  A  Blois,au  mef  Blois. 
me  téps,  fous  la  côduitc  d'vn  boucher,  toutes  horribles  cruautez  ont  cité  notoirement 
perpétrées, (ans  refiftence  de  la  part  de  ceux  de  la  Religion.  ^"En  Bourgogne,les  villes  Bo"rg°gne 
ont  efté  clofes  &  gardees:les  coniurations  publiques  d'vn  Begat  confeillier  à  Dijon,ab- 
ufant  du  nom  des  Eftars  de  Bourgogne  &  du  Parlement .  Et  qui  pourvoit  conter  com- 
bien d'cxtorfions,meurtres  &:  excès  ont  efté  cômis  es  villes  de  chacune  prouince.?f  En 
Languedoc,le  pays(à  peu  près)  eftant  tenu,&  puis  rédu  par  ceux  de  la  Religion, il  n'y  a  L"i^icdoc- 
piîierie  fi  auare,concuflîon  fi  outrageufc,iniuftice  fi  torfionnaire,qui  n'y  ait  efté  perpe- 
tree:les  a&es  plus  que  barbares,les  violemens  de  femmes  &  de  filles  :  bref,  tout  ce  qu'à 
grand'peinc  fe  fait  en  pleine  guerre,  fi  ce  n'eft  par  les  plus  félons  &  enragez,  y  a  efté 
tout  communément  exercé,  voire  toléré  par  le  Parlement,  non  encores  auiourdhuy 
aflbuuy  detant  de  fang  innocent  refpandu .    ^En  Prouence,telle rébellion, telles  in-  prouenec. 
humanitez ,  &  fi  horribles  cruautez  ont  efté  perpétrées ,  qu'il  a  fallu  en  fin  que  les  plus 
cruels  en  ayenteu  pitié.  Si  làdelTuson  demande  comme  tant  de  chofesont  peueftre 
faites  fans  Je  feu  &  vouloir  du  Roy  &:  de  la  Roinc  fa  mere ,  ce  n'eft  à  ceux  delà  Religion 
d'enrefpondre:aufquelsilfunitdemonftrerlesiniquitez,oppreilîons,defloyautcz,cru 
autez  intolérables ,  &c  non  iamais  ouyes ,  defquelles  on  a  vfé  depuis  l'Editt  alencontre 
d'eux  tendans  le  col  comme  pourcs  brebis  menées  à  la  boucherie,  fansqu'on  leur  ait 
fait  aucune  iuftice .  Et  de  fait,  le  Cardinal  ayant  charge  de  iouer  la  dernière  farce  du 
Concile  gênerai  de  Trente,  fut  d'aduis,  pour  mieux  venir  à  bout  des  grans  de/Teins  ar- 
reftez ,  qu'on  ne  rompit  encores  du  tout  l'Edict  :  mais  qu'en  paifiant  à  la  manière  défia 
accouftumeeceux  delà  Religion  de  belles  promeiTes,&:àvnbefoindetelles  lettres  £™Xj^rc 
qu'ils  voudroycnt,cependant  on  fit  tout  le  rebours  par  aduertiflemens  particuliers.  Et  p^?depro 
lctouten  attendant  la  JàinCfe  kguedetous  lesRoyaumes&  Princes,  pour  l'exécution  mcffcs- 
de  ce  facré  CÔcile  (  duquel  pour  ceft  efFcct  la  conclufion  fur  la  fin  de  ceft  an,fut  haftee 
tant  qu'il  fut  poflible  )  &  pour  vne  calTarion  totale  de  l'Edid ,  comme  ayant  efté  feule-  u  conciu. 
ment  prouilional .  Mais ,  qui  eft  bien  pour  monftrer  vne  fouuerainc  bonté  de  Dieu  en  fi°ndu  cô- 
la  conièruation  des  fiens,  combien  que  ceux  qui  n'ont  riendeuant  les  yeux  que  tout  le  £lcdcTre* 
contrairede  leur  deuoir  enuers  Dieu:dc  la  vérité  duquel  ils  font  ennemis  iurez:  enuers  ' 
fa  Maiefté ,  laquelle  ils  tiennent  en  notoire  &:  trop  indigne  feruite  fous  vn  titre  d'hon- 
neur &  d  obeiflànce,.& à  la  patrie,  delà  ruine &:  deftru&ion  de  laquelleils  cuident  faire 
vne  efchelle  pour  paruenit  au  comble  de  leurs  ambitieufes  entreprifes  :  Combieiitdy- 
icqueceux-laaycntinucntêmillemoyensdexecuter  par  tout  ce  que  porte  la  famÙe 
i>»e,qui  eft  vne  extermination  totale,fans  aucune  exception  de  degré,  fexe  ny  aage  de 
toutes  perfonnes  en  quelque  lieu  quece  foit ,  qui  ne  voudront  feruir  à  TAntechriftdc 
Romeaueccux:Si  cft-cequele  Dieu  viuant  a  toufiours  aneanty  tels  malins  6c  peruers 
confeils,  non  feulement  conferuant  fon  Egliiè,  mais  auiTilafur-hauifant&faifant  vo- 
guer au  deflus  des  flots  ôc  vagues  d'vn  déluge  efpars  fur  toute  la  terre. 


L'  E  ST      T  des  Fidèles  de  Pologne ,  afflige^  par  Scmetiftes  &  Ariens  nouueaux  '.&,du. 
Royaume  ajjailly  ceft  an  par  les  Mofcàuites&  Tartares.  , 
Ependantquc  les  chofes  fufdites  fedemenent  en  France,  le  pays  de  Po-  M.DIX111 
loigne,qui  auoit  efté  bonne  efpace  de  temps  en  repos,cefte  année  fut  agi- 
te de  diuerfes  afflictions  &  dedans  ôz  dehors. Sigifmond  premier  auoit  efté 
Roy  fi  clément  &  débonnaire,  que  combien  que  la  cruauté  fefuftefpan- 

Siçifmonds 

duedefon  viuant  par  beaucoup  de  régions  delà  Chreftienté,  cotre  le  fang  p«c  &  fils 
innocét  des  fideles.toutesfois  il  en  auoit  gardé  fes  mains  pures.  Sous  Sigifmond  fon  fils  loignCâ 
&  fuccefTeur  à  prefent  régnant , grade  partie  de  la  NoblefTe  &  des  principaux  entre  les; 
gouuerneurs  du  Royaume,receurent  Iefus  Chrift  fe  prefentant  à  eux  par  fon  Euangile, 
afpirâsà  vnefain&e  reformation  defonferuice .  Mais  aufliroft  que  le  commencement 
d'vne  fi  heureufe félicité  ie  monftra ,  Satan  ne  faillit  d'amaffer  comme  en  vn  monceau 
tous  les  moyens  de  nuire  qu'il  peut  auoir ,  afin  de  rompre  ou  retarder  vn  plus  grand  a- 


Liwcj  VIL  *Dupays  dc^  Totoignc^  &  d'£/j?aignc^. 

uancemcnt.Ec  comme  il  cft  nommé  Prince  de  ce  monde,  auflî  il  n'eut  fauted'vn  nom- 
bre infîny  de  fuppofts  &  eftaffiers  prefts  à  fcloër  pour  a/faillir  le  règne  de  Chrift .  Et  en 
adumt  comme  il  a  accouftunié  d'en  prendre  prefquc  par  tout:  ceft  que  lès  chofes  eftâs 
troublées  ou  côfufes,beaucoup  de  malins  efprits  s'mgeiét,  lefquels  (  voyans  petit  nom- 
bre de  gens,&:  iceuxfoibles,  eitre  pourfuyuis& tourmentez  par  la  grande  multitude,  à 
grand'  peine  pouuans  défendre  la  vérité,  laquelle  eft;  eftoufîee  degrofles  fumées  de  ca- 
lomnies )  te  fourrent  dedans  plusaifément,  y  venans  comme  par  deflbus  terre .  Et  c'eft 
vneaftuce  par  laquelle  ce  fin  ouurier&  pere  de  toute  tromperie  &  herefie,machinede 
ruiner  i'Eglife,non  fculcmet  en  defehirât  par  pièces  l'vnité  de  la  foy,  maisauffien  char 
géant  d'vn  faux  blafme  le  nom  de  Chrift:  pource qu'il  femblc  queles  aifcm  blecs  des  fi- 
dèles, parmy  lefquelles  ces  mefehans  garnemens  fe  méfient,  font  comme  des  retraites 
Staucarus  de  toutes  ordures.  ^  A  ce  propos, cependant  que ceft  cfpritfrcnetiquedeStancarus  c- 
ftranger,e(pand  fes  refueries  éc  erreurs  entre  les  Poloignois,  eftant  pouifé  à  cela  de  fou 
ambition  qui  le  brulle ,  de  là  eft  fortie  vne  contention  qui  menace  le  trouppeau  de  l'E- 
glifc  non  feulemét  de  difIipation,mais  aufli  l'expofe  aux  blafmes  de  beaucoup  de  gens: 
pource  qu'on  cftimequefaleéteseftende  bien  auat,& qu'il  ait  beaucoup  dedifciples. 
Bbndrau  Et  puis  d  autre  coîté  vn  Blandrata&autresItaliésefparspartoutleRoyaume,piresquc 
Stancarus,abbreuuez d'erreurs  plus  deteftables  nourriilans  plus  de  venin  caché, 
versceux  aufquels  les  facrileges  terreurs  de  Seruetontii  foudain  trouuétantde  fa- 
ucur.  ^"Ç  eftoit  bien  ledeuoirdesgrans  de  pourchafler  que  telles  pefees  mortelles  fuf- 
fent  pluftoft  exterminées  que  de  les  fouftenir,&  atcédre  l'horrible  vengeance  de  Dieu 
Mofcouices  de(ployee,telle  que  les  bouts  du  Royaume  l'ont  fentie  en  ceft  an  par  les  Mofcouites  ôc 
&Tartares.  Tartares .  Iccux  après  plusieurs afiautsayans  finalement  emporté  la  ville  de  Polotzki, 
j  kJ  autrementditePleski,aupaysdeLithuanie,diftantedesdeferts&:  folitudesduditpays 
en  Lithua-  enuiron  feize  lieues,  ils  la  faccagerent  &  ruinèrent  du  tout .  Et  n'eft  facile  à  déduite  les 
nic-  cruautez barbares  defquelles  ils  vfcrcnt,felon  qu'on  recite.Car  en  ce  mefme  pays  furéc 
defmcmbrcz&:  eftranglez  plus  de  vingt  mille  perfonnes .  Ils  emmenèrent  en  captiuité 
des  lieux  alcnuiron  vn  nombre  in  fini  de  perfonnes,  defpouillâs  les  matrones  &:  les  viec 
ges  captiues  detout  veftemcnt.Ccs  cruautez  énormes  donnerentgrand' frayeur  à  tou 
tes  les  prouinces,(i  que  plufieurs  grans  Seigneurs  n'attendans  cefte  foudre,  abandonnè- 
rent leurs  terres  &pays,leslai(Tanscn  proyeàccs  barbares.  Ce fuccesaugmenra  tel- 
lement la  felonniedu  Mofcouite,  qu'incontinent  après  il  fit  fa  refolutiond'aiîaillirla 
KiofFfurle  ville  de  KiofF,  des  plus  fortes  dcPoloignc,  afîife  fur  lagrand'  riuierede  Borifthene,re- 
Borifthenc.  nommeed'vne  vi&oire  memorableque  iadis  eut  le fufdit  Sigifmond  premier  contre  i- 
ceux  Mofcouites,  l'an  m  .  d  .  x  1 1 1 1 .  Cefte  ville  fembla  propre  à  ceft  ennemy  non  feule- 
mét pour  coupper  les  viures  à  toute  la  prouincc,mais  auffi  pour  greuer  &:  tenir  en  fub- 
ie&ion  le  Royaume.  Au  moyen  dequoy  feperfuadant  qu'il  en  viendroit  à  bour,comme 
des  autres,il  enuoya  à  coup,  d  e  foixâte  mille  Tartares  qu'il  auoit  en  fon  armée, enu  iro 
quarante  mille  tant  loin  qu'ils  pourroyent  entour  la  ville  rafer  &:  confumer  tout  au  fi.  u 
&:  à  l'cfpee,cuidant  tout  gaigner  après  qu'il  auroit  ruine  lepayscirconuoifin. Entre  au- 
tres vantifes  de  ce  Barbare  on  recite  qu'il  fit  fauoir  au  Roy  de  Poloigne,qu'il  trainoir  a- 
uec  luy  en  fon  camp  vn  farcueil  ou  bière  d'argent ,  &  qu'il  n'eftoic  délibéré  de  faire  au- 
cun appointement ,  que  premier  il  n'euft  mis  la  tefte  du  Roy ,  ou  la  fienne  propre  dans 
cefarcueil.  Par  tels  ennemis  le  Seigneur  a  fouuent  vengé  le  mefpris  de  fa  fain&eParol- 
le:&  exécute  iournellement  des  iugemens  horribles  fur  les  Royaumes  ôc  prouinces. 

~/i  C  T  E  Jnquijttional de  cefte  année  au  Royaume  de Caftille. 

llpJO  L  E  D  E  eut  fon  tour  de  l'aflîette  triomphale  de  l'Inquiiltiond'Efpa- 
fcMgne  :  laquelle  pénétra  iufques  dedans  la  Cour  du  Roy ,  tirât  de  là  du  nôbre 
^yg£desGentils-hômes  pages  &c  archers  de  la  garde,  ceux  qui  eftoyentfufpe&s 
^^^^^1  d'adhérer  à  l'Euangile.  Les  vns  furent  condamnez  à  perpétuelle  prifomles 
autres  de  n'aller  àcheual,mais  bien  à  afnerâucuns  de  ne  porter  foye  ou  velours:  mais  le 
»pagejî7.b,  $^e»/ro,cy  deiîus* déclaré. Vn  ieurfehommed'Aufbourg,&  A  v  t  r  e  snatifsduPays 
'  bas,apres  longue  &  réitérée  prilbn,mourâs  conftâs,  furent  bruflez  vifs.  Il  n'y  eut  ordre 
ne  moyé  ne  pourfuitte  quiles  ait  peu  retirer  des  mains  fanglatcs  des  Inquifiteurs,  fans 
pareil  danger  de  mort ,  ou  (quant  aux  grans  )  fans  donner  quelques  onces  de  leur  fang, 
poureftre  bruflé  en  figne  de  latisfa&ion. 

G  V  I  L- 


Cjmllaume  Qornu.  62$ 


LXin 

luillct. 


GVILLAVME    CORN  V,Haymier.> 

C  E  pcrfonnage  a  raillamment  fouftcnu  les  aflàuts  de  Jiucrs  ennemis:  &  entre  autres  dVn  fage  mondain  confeiller  en  Tour- 
nay.  Il  a  rendu  railon  non  feulement  des  charges  dont  il  eftoit  à  tort  aceufé ,  mais  aui'si  de  plufieurs  poincls  de  la  religion 
Chreftiennc,donnant  lblutions  propres  aux  obiections  contraires  cjuc  luy  faifoyent  lcfdits  ennemis. 

W*^X^&  VILLAVME  Cornu,  natif  de  Bury  en  Haynaut,  compagnon  cou-  M.D 
Vr^f^S  fturicr,  {'urucillant  de  Icglife  de  Tournay5eftant  en  fleur  daage,apres  que  10111 
c\  fevKi  |5  Dieu  luy  eut  manitefté  fa  vérité,  procura  defon  pouuoir  lcprofk  &c  aduan 
^^^^S  cem^t  ^c  l'egliie  du  Seigneur.  A  faute  d'auoir  efté  trouué  lors  que  la  gran- 
de pcrfecution ,  aprcs  les  chants  des  Pfalmes ,  commença  en  Tournay,  &:  que  les  com- 
miflaires  de  la  Cour  de  Bruxelles  furet  arriuez:  Cornu  6c  plufieurs  autres  fidèles  eftans 
adiournez  à  trois  briefs  iours ,  comme  ils  parlent ,  à  faute  de  comparoir ,  furentbannis 
des  terres  &:  pays  du  roy  Philippe,fur  peine  delà  hard. 

Ad  vin  t  le  Ieudy  fécond  lourde  luillct,  qu'iceluyreuenant  de  foupper  delà  mai- 
fond'vn  lienami,futtrouuéparleguetdela  ville,&:  mené  en  prifonauec  ceux  qui  luy  Emprifon: 
f  aifoyent  compagnie  pour  le  conduire  en  fon  logis.  Au  premier  examen  que  firent  les  J/J^J6 
Iuges,on  luy  mit  au  deuat,qu'ilauoite(tcbâni  fur  peine  de  mort.  On  luy  mitfusaufsi,  : 
quec'eftoit  luy  qui  auoit  fait  certaine  prière  publique  en  la  ville  de  Valenciennes ,  où 
s'eftoyenttrouuezgcns  par  milliers,  qui  auoycnt  recoux  deux  prifonniers  pour  cefte 
nouuclle  doctrine.  A  ces  deux  accufations.Cornu  refpondit,  que  touchant  la  premie- 
re,radiournemécn'auoiteftéfait  àfapeifonne,nedeuémentnotifîépourydoncr  or- 
dre. Quant  au  fécond,  qu'a  tort  on  l'accufoit  d'auoir  efté  caufe  de  fedition,  ou  d'auoir 
dcliureccuxquieftoyentemprifonnezparlaiuftice.  Onl'interrogua  aufsipuis  après 
de  fa  foy.dont  il  en  a  mis  vnc  partie  par  ef'cnt,  que  nous  auôs  extraite  d'entre  plufieurs 
incerrogatoircs,com  me  s'enfuit: 

LE  Mccrcdi  viii,de  Iuiller  au  matin ,  fuyuant  ce  que  défia  Mefsieurs  m'auoyent  de- 
mandé touchant  les  Sacremens,onmeprcfTadeprcs  par  paroles  afîcz  enuelop- 
pces,  Si  ien'eftimoye  point  qu'il  faluft  adioufterfoy&:  s'arrefter  à  vn  Côcile  vniuerfel,  si  çoy  iolt 
conduit  par  le  fainci  Efprit?  le  refpodi  en  termes  gcneraux,qu'il  n'y  auoit  homme  fous  eftrc  adiou- 
le  ciel  qui  puifle  déterminer  chofè  quelcoque  contre  la  parole  de  Dieu ,  comme  faind  ^saus:CÔ:: 
Paul  le  môftre  au  premier  des  Galates,difant,  Que  fi  moy  ou  vn  Ange  du  ciel  vous  an- 
nonce autre  chofe  que  le  ne  vous  ay  annoncé ,  qu'il  vous  foit  en  malcdi&ion.  Et  Ieftis 
Chrifcdit,  Mes  brebis  oyent  ma  voix  &:  mefuyuent,&:  nefuyuront  point  vn  eftranger, 
mais  s'en  fuyront  de  luy.  Maiftre  Pierre  Dentiere  me  dit,  Mais  vencz-ça,Cornu,enco-  Propos  d\n 
rc  que  Dieu  me  voudroit  damner,&:  que  luy  viendroye  à  dirc,Seigncur,i'ay  receu  con-  jg£  mon* 
leil  des  côciles  vniueriels,  &  des  Docteurs  del'eglife,auec  la  foy  des  Percs  &  anceftres:  ' 
cuidez-vous  que  Dieu  n'auroit  point  pitié  de  moy?  Croyez  donc  confeil  des  gens  de 
bien  qui  défirent  leur  falut  aufsi  bien  que  vous.  yt.  Monfieur,quand  ic  viendroye  à  di- 
re à  mon  Dieu, s'il  faut  ainfi  parler,  Seigneur,  tu  as  dit  que  faux  chriftscV  faux  prophè- 
tes viendront  en  ton  Nom,&  en  f'eduiront  plufieurs:  &:,  Que  tes  brebis  oyent  ta  voix,  fcamo.j 
Sinon  point  celle  des  cftrangers:ie  te  prie  qu'il  te  plaifc  illuminer  mon  poure  entende- 
ment par  ton  fainft  Efprit  en  la  vraye  intelligence  de  ta  voix:  c'eft  bien  vne  prière  tou- 
te autre  que  la  voftre:car  elle  eft  conforme  à  fa  volonté,  n.  Vous  voyez  que  toutes  les 
eglif  es  fon  t  defîaites,  tant  celles  de  Coilantinople  &  autres  fondées  des  Apoftres ,  tel- 
lcmct  qu'il  ncrefteque  celle  de  faindt  Pierre,côtrc  laquelle  félon  la  promeffe  de  Chrift 
les  portes  d'enfer  ne  pourront  rien  :  car  mefmes  Iefus  Chrift  dit  à  faind  Pierre ,  que  Sa-  Matins 
tan  auoit  demandé  pour  le  cribler,  mais  qu'il  auoit  prié  pour  luy,  afin  que  fa  foy  ne  de-  Luc  ix.%% 
faillift  point.  Parquoy  il  eft  ailé  à  voir  que  c'eft  la  vraye  Eglife  de  Dieu ,  &  que  Dieu  fé- 
lon fa  promeffe  ne  l'auroit  point  laifle  errer  fi  long  temps.  Et  de  dire  que  celle  de  Ge- 
neue,qui  n'eft  que  depuis  3o,ou  4o,ans,fuft  la  vraye  Eglife,  cela  feroit  faire  grand' hon- 
te à  Iefus  Chrift.    ^ .  Vous  voudriez  dire,  Monfieur,  que  les  Eglifes  quiont  efté  dref- 
fecs  par  la  predicatiô  des  autres  Apoftres  que  de  faind  Pierre,n'ont  point  efté  de  Dieu? 
aucontraire,ileft  vray-fcmblableque  l'eglifcdeRomeait  cftépluftoft  drefîee  par  la 
prédication  de  fainct  Paul  que  de  fainâ  Pierre,  corne  il  eft  bien  monftré  par  le  difeours 
des  Actes.  Mefmes  on  n'a  nulle  certitude  que  fainct  Pierre  ait  iamais  efté  à  Rome  :  cat 

NNW4" 


L  iurc^j  VIL  Cjuillawne  Cornu. 

x.TiiTM-i*.  fainft  Paul  cfcriuant  de  Rome  à  Timothcc,&:  en  autres  lieux,dit  que  tous  i  ont  delaif 
fe:ce  que  fa  in  et  Pierre  n'euft  point  frit,s'ily  euft  efté.  Et  quant  à  ce  qu'auez  allégué  du 
ié,Jc  laiud  Matthieu, iainct  Auguftin  expolant  ce  paflage  vfe  de  telles  paroles  :Quad 
lelus  Chrift  dil'oit  que  le  Fils  ciel  homme  leroit  liuré  entre  les  mains  des  iniques ,  Pier- 
Nocez  rom  rc  jUy  dit)Cela  n  aduiennc,Scigncur.  Chrift  luy  refpondit,  Va  Satan  arricrede  moy.ee 
du  SeiSiaî!  qu'auparauanc  il  auoit  dit,que  la  chair  &:  le  iang  ne  luy  auoyent  point  rcuelé,  mais  FE- 
be  i>ngnecn  fnric  Je  Dieu  Ion  Pere,il  dit  coft  après ,  Va  Satan  :  pource  qu'il  ne  lauouroit  rien  de  l'E- 
»Llcaur!    'prît.  En  quoy  vous  voyez  que  félon  laine!  Auguftin, il  ne  parloit  quedelafoy  laquelle 
il  auoit  confeifee,  &c  que  nous  recelions  pour  vn  vray  fondement  de  noftrcfalut  ,afla- 
noir  que  IcfusChrilt  cille  Fils  de  Dieu.  Quant  à  l'autre  pauagc,lefus  Chrift  réprime 
l'audace  de  Pierre, prefumant  quelque  choie  de  foyrcar  lelus  luy  dit,quc  le  diable  auoit 
demande  de  le  cribler  comme  le  grain.  Et  fain£t  Pierre  mefmc  le  monft  re,  difanr,  que 
i.Ker.f.8    noftre  aduerfaire  le  diable  eft  à  l'cntour  de  nous,cômc  vn  lion  bruyant  cei  chant  quel- 
qu'vn  pour  dcuorcr.  Or  quanta  ce  que  Chrift  dit ,  qu'il  a  prié  pour  luy  ,arîn  que  l'a  fby 
ne  defaille,il  monftre  le  foin  qu'il  a  de  nous,  lors  que  nous  penfons  eftre  en  feureté  &  à 
WC4U7Î7   noftre  aife.&:  c'eft  ce  que  dit  Dauid,  Que  le  gardien  d'Ifrael  ne  dort,voire  ne  fommeil 
le  point.  En  quoy  cuidcmmentfe  monftre  le  foin  paternel  que  Dieu  nous  porte.  Au 
rcfte,ce  m  cime  partage  nous  monftre  la  débilité  de  noftre  foy,fï  elle  n'eft  îbullenue  di- 
uinement.    Voila  enfommeles  propos  que  nous  eufmcspource  iour-la.  Maisii 
ne  faut  point  ou  blier  que  ie  fu  requis  de  repeter  les  prières  que  i'auoye  frites  fur  le  mai 
ché  de  Valenciennesleiour  delarecoulfedes  prifonniers.  Ieles  recitay  félon  qu'elles 
font  contenues  au  Catcchifme,aflauoirlcs.prieresquife  font  ordinairement  en  lEgli 
fe.aucunslcsoyans,foufpiroycnt.  Or  à  la  requrfte  demaiftre  Hermès, ie  recitay  quant 
&  quant  le  Symbole  des  Apoftrcs:  lequel  acheuc, médirent  qu'ils  croyoyct  le  mclme. 
Toutesfois ,  cedi-ie,  vous  voyez  où  i'en  fuis  pour  cefte  mefmc  roy  que  vous  croyez:  fur 
quoy  ils  ne  merefpondirétautrechofe,finon  que  i'eu/îc  pitié  dd  mon  ame:  mais  ie  leur 
di,  que  pour  le  falut  de  mon  ame  i'abandonnoye  mon  corps  au  bon  plaifîrdeDieu, 
&  à  Mefsicurs, pour  faire  de  moy  leur  volonté. 

Vo  v  s  ferez  aufsi  aduertis,freres,quelc  Mardi precedantiefu  mené  au  parc,  oùe- 
ftoit  le  Lieutenant  du  Chafteau:  lequel(commeiay  entédu)auoit  defir  de  m'ouyr  par- 
pnS^ont  ^er:  toutesfoisienefuenquis{inondu"fai£tde  Valcnciennes.  Ils infifterent  fort  pour 
heu  fa'b"ce'à  me  ^aire  accu^er  quelqu'vn, alléguant  que  tous  enfans  de  Dieu, du  nombre  dcfquels  ie 
yïeSdénes.*  me  difoye,doyuent  eftre  véritables:  &  que  fi  ie  ne  leur  nommoyc  mes  compagnôs  par 
douceur ,  ils  me  le  feroyent  faire  par  force.  le  leur  di  tout  court,  quant  à  la  force  qu'ils 
difoyen  t  de  me  fairc,qu'ils  auoyent  mon  corps  à  leur  volonté.  Le  Lieutenant  du  Cha- 
fteau me  dit  en  fe  gaudiftanr,que  i'eftoye  de  ces  galas  qui  vouloye  gaudire ,  &c  me  don- 
ner du  bon  temps,fans  ieufner. Saune  voftre  grace,Môflcur,ce  di-ie,iecroy  &:  tien  que 
Dyray     la  viedu  Chrefticn  doit  eftre  vne  côtinuelle  attrempance  &c  fobrieté  de  viure.  Et  pour 
KU  nc"       entrer  en  propos  de  dcrïrinc,ieleur  deelaray  que  les  Miniftrcs  &Pafteurs  del'Egliléde 
Dieu  légitimement  ordonnez, peuucnt  félon  les  temps &faifons  licitement  ordonner 
certains  iours  pour  vaquer  à  ieufnes  &:  oraifons  :  toutesfois  fans  aucune  luperftition  ou 
idolâtrie.  Non  pas,  di-ie ,  que  cela  foit  de  prendre  l'on  manger  à  vne  fois  ou  à  deux  :car 
Dieu  ne  fe  foucic point  de  ccla:mais  fenten  vne  telle  fobrieté  qui  rctrenche  les  délices 
&:  plaifirs  du  corps, tant  au  boire  qu'au  mangcr,afin  que  fefprit  foit  plus  prompt  à  prier 
Dieu. Us  me  refpondirent  que  cela  eftoit  bien  dit.  ^Or,mcs  freres,ie  vous  ay  bien  vou- 
lu eferire  de  ce  poinct  en  paifan^eftimant  qu'ils  ne  m'en  parleront  plus,ou,quc  ie  n'au- 
ray  plus  moyen  de  vous  eferire. 

Maintenant  ie  retourne  au  Mecredi  dont  i'ay  parlé  au  commencement  >au- 
Dc  l'cxtre-  quel  ie  fu  enquis  du  cinqieme  chapitre  de  fainct  laques.  Icleur  refpondi  qu'ilsneme 

me  onction    4  .  r  n  i     .«       i  '      •       ■       n  r-  i  r  \ 

de?  preftres.  pouuo\  ent  nier  que  ce  ne  luit  vne  huile ,  dont  les  Apoftrcs  vfoyent  en  la  guerifon  des 
malades,  lors  que  le  don  de  guerifon  eftoit  encorcs  enl'Egli(e,pour  conferaier  par  mi- 
racles la  doctrine  de  l'Euangile ,  qui  commençait  eftre  prefché  quand  l'Apôftreefcri- 
uit  cela  :  comme  aufsi  a\i  fixieme  chapitre  de  fàinct  Marc  il  en  eft  fait  quelque  métion. 
Mais  maintenant  le  don  de  guerifon  n'eft  plus  en  l'Eghïcror  fi  les  Preftres  veulent  con- 
trefaire ïefus  Chrift  &:  les  Apoftres,non  feulement  il  faudroit  vfer  de  ceft  elemêt,  mais 
aufsi  des  autres, defqucls  ils  ont  vfe  en  gueriffant  diuerfes  maladies. Mais  ils  contrefont 
mal  les  Apoftrcs,  veu  que  cela  s'appliquoit  aux  malades  pour  les  guérir  &:  remettre  en 

fanté: 


G  uillaHme  Cornu.  624. 

fan  té:  aucontraire  ceux-ci  n'appliquent  leur  huile  aux  malades,  fînon  quâd  toute  efpc- 
raneedevie  lcureftoftec.    d.    Et  ponrquoy  dit-il  donc,  Q^i'on  appelle  les  Preftres 
de  rEglilè,&  qu'ils  l'oignent  d'huile:&  s'il  eft  en  peché,il  luy  fera  pardonné?    R*.  Vous 
ne  notez  pas  bien  que  premièrement  l'Apoftre  touche  la  fourcc  de  la  maladic,alîauoir 
nospechez-.Orlacaufcdela  maladie  doit  eftre  en  premier  lieu  ofteeauant  que  le  mala 
de  puifTe  eftre  guéri  :  comme  Iefus  Chnft  auant  que  guérir  le  paralytique,  luy  dit  pre- 
micrement,Tes  péchez  te  font  pardonnez.car  la  caulèoftee,l'eftéct  softeaifément. Or  Mat.** 
le  pcchc  ne  peut  eftre  charte  (înon  par  prières  faites  en  foy,  lefquelles  il  dit  auoir  gran-  Lujf.i<s.i7 
deefficace:carHelicqui  eftoithommefuie&aux  mefmes  pafsions  commenous,par  la  tjt.dk*?* 
prière  faite  en  foy  a  fermé  les  cieux,  en  forte  qu'il  ne  plut  point  par  l'cfpace  de  trois  ans 
&:  demi.  Les  péchez  donc  qui  font  la  première  caufe  des  maladics&:  afflictions ,  eftans 
oftezpar  la  prière  faiteen  foy, rhuilcpuisapreseftoitappliquecjnaisfeulemétàlague 
rifon  du  corps,  &  non  pas  pour  conduire  lésâmes  en  Paradis,  comme  on  nous  a  fait  à 
croire. Pour  cha/Ter  donc  de  nous  ce  Fort,  qui  eft  le  peché,  l'huile eft  trop  foible  :  il  faut 
vn  plus  fort  que  luy,fauoir  eft  la  priere,qui  cft  degrande  efficace. 

Voil  a  ce  qucievouslauroyeefcrirepourleprcfent:&:  combien  quetoutaitefté 
démené  au  lôg,toutesfois  voila  le  fommahe.  Cependant ,  mes  frères  &;  leurs ,  prenans 
de  bonne  part  le  petit  don  que  Dieu  a  mis  en  moy ,  fupportez  mon  ignorance  &  infir- 
mité:priezaufsi  que  ce  qu'il  luy  a  pieu  me  départir  de  la  grâce, il  luy  plaife  mel'augmé- 
ter  &  maintenir  uifqu'à  la  fin  demesiours  :  me  donnant  côftance&fcrmeté,à  celle  fin 
qu'il  ne  m'aduienne  de  foire  corne  au  mefehant  foldat,  qui  dclaifîe  fon  ièigncur  quand 
il  eft  queftion  de  batailler.  Or  il  m'en  pendautant  journellement  deuant  les  yeux,  n'e- 
ftoit  queic  me  fouftien  &  appuycfurla  bonté  &  force  de  mon  Dieu ,  par  le  moyen  des 
prières  que  faites  pour  mov.Dieu  a  mis  en  moy  le  vouloir,  i'efpere&m'aiîeure  d'obte- 
nir de  luy  le  parfaire  ,ainh  qu'ill'a  promis.  Voftrefrere&:ami,prifonnier  pourla  pa- 
role du  Seigneur,  G.  Cornu. 

O  v  t  r  h  les  interrogatoires  ci  de/Tus  dites,  Guillaume  Cornu  a  recité  à  vn  fien  ami 
qui  Teftoit  allé  viiiter  en  prifon,  que  certain  iourauparauât  vn  docteur  Sorbonifte  fur-  Cocau>t}- 
nommé  De  le  haye,chanoine  dcTournay,accôpagnc  de  certains  Iefuites,s'eftant  van  P.lS  ic  do- 
té qu'il  làuroit  bien  toftli  Cornu  eftoit  Huguenot,  le  vint  interroguer  en  la  prifon  de-  û««pei* 
uantle  Lieutenant  du  Roy,  &:  du  Prcuoft  de  la  ville,  6c  d'autres.  Ce  fage  Docteur  ia>t: 
ayant  interrogué Cornu  furie  poind  delà  Tranfïubftantiation  au  Sacrement, &£  le 
voyant  muni  de  rel'ponfcs,fe  retira  afTez  toft:&:  y  laifla  bien  empefehez lefdits  Iefuites. 
Il  y  vint  après  eux  le  Curé  defàin&Iaques, accompagné  d'autrcs,pourdifputercontre 
ledit  prifonnier:  mais  il  leur  dit  que  journellement  il  parloit  à  fes  Iuges>&:  qu'il  ne  vou- 
loitrefpôdre  qu'en  leur  prelcnce.Toutesfoisenquis  qu'il  fentoit  des  merites,dit  qu'il  Dcsmeri-' 
ne  fauroit  mériter  fors  que  danation  de  mort  éternelle,  quelques  bonnes  œuures  qu'il  tcs' 
feeuft  fairedeur  prouuant  cela  par  partages  manifeftes  de  l'Efcriture.  Ses  Iugesl'inter- 
roguerent  depuis, afîauoir  fi  le  Pape  eftoit  chef  de  l'Eglilé  &  fuccefîeur  de  faintt  Pierre.  D"P*pe. 
-Auant  que  refpondre ,  il  leur  demanda  s'ils  entendoyent  parler  du  Pape  à  prefent ,  ou 
de  tous  fuccefsiuement.Luy  dirent  qu'ils  entendoyent  parler  de  tous. Il  rcfpondit,que 
Iefus  Chrift  eftoit  léul  chef  de  fon  Eglife,côme  il  eft  eferit  aux  Ephcliens:  &  leur  mon-  £Phe 
ftra  que  pluiieurs  Papes  eftoyét  paruenus  au  Papat  par  art  magique, comme  Sylucftre: 
Et  commcnt,dit-il,ceux4a feroyet-ils  chefs,  qui mefmes iamaisn'en  furentmembres?  J^J^0 

On  luy  donna  la  queftion  pour  fauoir  où  il  auoit  logé,  ôc  pour  acculer  ceux  de  fa 
Religiô:  mais  il  ne  nomma  &  ne  mit  en  danger  perfbnnc.  Finalement  après  tou- 
tes procédures, fèntéce  de  mort  luy  fut  prononcée  le  Lundi  i3,deluillet,entrclesfept 
à  huit  heures  du  matin. Ce  fairt,on  le  mena  en  vne  chambre  prochaine  du  parc  où  la- 
dite fentence  auoit  cfté  recitee:en  laquelle  chambreCornu  parlamagnifiquement  de 
la  refurre&ion  de  fon  corps  en  prefence  d'aucuns  de  fes  luges.  Sur  quoy  fut  menacé 
qu'on  luy  bailleroitvn  bâillon  ou  cfteuf  en  la  bouchc,s'ilnepromettoit  le  taire  en  le 
menant  au  fupplice.  11  promit  en  cela  leur  obéir  à  condition  &:  charge  de  prier  Dieu. 
En  le  menant  au  fupplice  il  dit  telles  paroles  :  Maintenant  ie  m'en  vay  aux  nopees  de 
l'Agncau:ô  que  ie  meut  s  volontiers  pour  l'honneur  de  mon  Dieu!  Aucuns  recitet  que 
citant  près  de  l'efchafFaut,vne  ieune  fille  vint  au  deuant  de  luy,&dit,  Mon  frère,  nous 
ne  vous  verrons  plus.  Cornu  luy  refporuiit,Siferons:nous-nous  verrons  en  la  viecter- 
nclle.&:  la  fille  luy  dit,  Ainfi  foit-il.Quand  il  fut  monté  fur  l'eichafFaut,il  s'eferia  au  Sei- 

NNn.  ii. 


Lmre  VIL  V<vonterOom. 

gneur,difant  :  O  Dieu,ayc$  pitié  de  moy  :  ne  regarde  pas  à  mes  fautes,mais  à  ta  miferi- 
corde.Et  après  auoir  recité  le  Symboledcs  Apoftres,ildic,SeigneurDieu,  n  etrepoint 
en  lugcmentauecmoy  ton  poure (bruiteur.  En  prononçant  lcfquelles  paroles,  il  fute- 
ftranglé ,  te  fon  corps  brune  ledit  iour  xi  u,de  Iuillct,  m.  d.  l  x  ii  i,  cnfacrifïccde 
fouef  odeur  deuant  le  Seigneur. 


».ou,gal-  VVOVTER"    OOM,  delà  ville  d'Anuers. 

VOYEZ  en  ceft  exemple  par  quels  degrez  les  elleus  de  Dieu  montent  de  la  cognoiflance  de  leur  falut,à  vn  honneur  Ibu- 
Gaultier.  uerain  de  glorifier  l'on  faind  nom  par  cfrufion  de  leur  fang. 

NT  R  E  autres  du  pays  de  Brabant  qui  de  leur  fang  ont  feellé  la  venté  de 
l'Euangile,  V  Voûter  Oom  eftoit  doué  de  grâces  fingulieres,qui  recôman- 
doyent  grandemet  là  ieunefle.il  eftoit  natif  d'Anuers,gaignat  fi  bien  fa  vie 
de  fon  meftier  de  maflbn, qu'il  auoit  dequoy  aider  &:  cômuniqucr  aux  po- 
dungemét  ures>  |)és  que  le  Seigneur  l'eut  euoqué  des  ténèbres  de  méfonge  à  la  lumière  de  fa  vc- 
V1C"      rite ,  il  quitta  les  folies  te  vanitez  auiquelles  ordinairement  eft  addônee  la ieunefle:  te 
Adionftion  fe  feparant  des  compagnies  quiles  entretiennent,  il  s'accointa  de  quelques  fidèles  de 
il  EgUic.    rEgli(creformee,pour  eftreplus  amplemétinftruitenla  doctrine  de  falut.  Apres  que 
plufieurs  de  l'Eglife  eurent  art'ezcogneulezelc&:  droite  afFe&iondont  il  eftoit  mené, 
il  fut  receu  en  la  compagnie  des  fidèles ,  ayant  fait  confefsion  de  fa  foy.  Il  eftoit  autant 
bien  exercé  en  i'Elcriturefainc~te,queieune  compagnon  fans  lettres  pouuoiteftrc,  tel- 
lement que  lesMiniftres  te  autres  auec admiration  s'efiouyrent  au  Seigneur,del'auoir 
aucc  eux .  Or  comme  ainfi  fut  que  plufieurs  des  Eglifcs  du  pays  bas  fe  retiroyet  en  An- 
S'expatricr  gleterre,  comme  on  a  veu  ci  de/Tus ,  V  Voûter  s'y  en  alla,  &:  demeura  quelque  temps  à 
dr^d-aîan-  L°ndres>°ù  il  y  auoit  Eglife  de  ceux  de  fa  nation ,  de  laquelle  pour  lors  eftoit  miniftre 
tige.       M-  Pierre  Delcnus.  Il  y  conuerfa  comme  il  auoit  fait  à  Anucrs,  en  toute  intégrité  auec 
édification ,  te  fort  agréable  à  tous  les  frères.  Mais  confiderons  l'admirable  prouiden- 
ce  de  Dieu,  par  laquelle  il  appelle  te  meineà  la  croix  ceux  qu'il  a  choifis  dés  le  cômen- 
cemcnt,pour  eftre  tefmoins  de  fa  vérité.  Ayant  demeuré  quelque  temps  en  Angletcr- 
re,il  fefentit  intérieurement  efmeu  de  retourner  à  Anuers,  comme  redeuable  à  (a  na^ 
tion  :  où  après  auoir  efté  quelque  téps,il  fut  prins  de  nuid  en  la  maifbn  dvn  bourgeois 
à  la  nouuelle  ville,  foit  qu'il  ait  efté  ou  trahy  ou  aceufé  au  Markgraue  d'Anuers.  Ce  fut 
au  mois  d' Aouft,  m  .  d  .'  l  x  1 1 .  eftat  aagé  enuirô  de  x  x  v  i  .ans,que  le  Markgraue  aucc  ql- 
L'cxamë  &  ques Efcheuins l'examina  fpccialementdesMiniftres&  des  afTemblces qu'ils faifoy et. 
Sur  quoy  il  refpondit  fi  prudemmentjqu'ils  ne  feurent  rien  tirer  à  leur  aduantage.il  fut 
fouuent  vifité  te  folicité  par  les  Seigneurs  de  la  ville,&:  autres  particuliers,tant  par  di- 
fputes,quepromefTcs  &  menaces,  de  fe  fubmettre  à  leur  eglife  Romaine:  mais  rien  ne 
l'efbran  lajtant  il  eftoit  refolu  és  poin&s  de  la  vraye  religion.  Aufîî  peu  firéten  ceft  en- 
droit les  Preftres  te  Moines  qui  luy  furent  prefentez,le  penfant  vaincre  par  leur  fophi- 
fterie.    Vn  libertin  ambitieux,  faifant  profcflïon  de  Medecine,ccrcha  les  moyens  de 
le  diuertir  &:deftourner  par  fes  raifons  naturelles:mais  V  voûter  luy  môftra  vn  tout  au- 
tre fondement  de  fa  foy,  affauoir  des  Prophètes  &:  Apoftres,  laquelle  tant  de  Martyrs 
Perfeueran-  auoyent  teftifiee  parleur  fàng.Il  monftra  aufsi  à  l'oppofite,&:  donna  à  cognoiftre  par  la 
Ssi"dcf0a  Par°lct^  Dieu,  que  leur  religion  &:  eglife  n'auoit  autre  fondement  que  le  Pape  &  fes 
°       fuppofts ,  n'autre  defenfe  que  par  feu,parglaiues  te  autres  cruautez.  Pour conclufion, 
ceux-ci  pour  la  dernière  fois  retournas  en  crainte  que  leurs  erreurs  en  les  remuant  ne 
f  ufTent  de  tant  plus  defcouuerts,  foliciterent  le  Markgraue  te  lefdits  feigneurs,que  tel 
hérétique  duquel  on  n'efperoit  aucune  rcpentance,fuft  deipefehé.  Mais  aucûs  des  fei- 
Çneurs  cognoi/Tans  aftczle  courage fanguinairc  des  Ecclefiaftiques,  n'en  furet  efmeus 
aie  faire  mourir  incontinent,  efperansquela  longue  détention  amoliroit  cefte  roi- 
deur,  qu'ils  eftimoyent  venir  de  ieunefte.  Tantyaquelcprifonniereftantde  iour  en 
iour  fortifié,ne  defiroit  que  de  glorifier  le  nom  du  Seigneur  non  fèulemét  de  bon  che, 
Dcuoir  en-  maisauiTî de  1  effufionde  fon  fàng.  Du rant  fa  longue  prifon  il  efcriuit  plufieurs  lettres, 
uersie  pro-  par  lefquelles  il  inftruifoit&fortifioit  plufieurs  de  fes  amis  d'Anuers.  Cependant  les 
obftît  bpn  Ecclefiaftiques  menez  de  leur  haine  furieufe,procurct  vn  tou  t  autre  bien  au  poure  pri 
fon.        fonnier,  te  parleurs  complaintes  à  la  Cour  de  Bruxelles  abbregent  ce  que  les  autres 

penfoyent 


jreuuc. 


Ieàn  Vvolf,  0*  T^icaije de  le  Tombe.  f  ij 

penfoyent  allonger  par  lettres  de  commandement  a  ceux  d'Anucrs,quefansdelay  ils 
executaflènt  le  procez  dudit  criminel.  Apres  doc  que  Vvouter  eut  efté  enuiron  vn  an 
n  prifon,  perfiftant  conftamment  en  la  côfeflîon  de  la  vérité  du  Fils  de  Dieu, fur  con- 
âné  à  la  mort,&  fut  noyé  en  la  prifon  l'an  reuolu,au  commencemét  du  mois  d' Aouft, 


en 

dâné 

M.  D  .  L  X  II 


IEAN    DE    VVOLF,  de  U  ville  Ji^ndenArde. 
IL  eft  aufsi du  nombre  de  ceux  defquels  l'Eglifc  des  fidcics  d'Anucri  tient  la  mémoire  prccieufc,&  l'ont  enregiftree. 

V  O  L  F  fuyuitdebienprcsau  mefmc  côbatle  précèdent  Martyr  en  la-  M.D.LX111 
dite  villed'Anuers.Ilauoitquitté  Audcnarde,ny pouuant côtinuer fade-  Jikïcôt* 
meure  fans  grand  danger  de  fa  vie,ou  de  blefTcr  fa  confciencerfpecialemét  de  Flandre, 
entant  que  la  femme  cftant  enceinte,  &  encore  débile  en  la  cognoilTance 
del'Euangile,  iln'auoit  moyen  de  ferangerde  l'aflemblee  des  fidèles  qu'en  Anuers. 
Mais  lors  qu'il  péfa  eftre  hors  de  tout  danger,&  comme  en  vn  port  afleuré,  vn  fien  voi- 
iin  efmeu  de  maltalent  &:  haine ,  l'accufàau  Markgrauc ,  pourle  baptefmc  de  fon  en- 
fant. Eftant  conftitue'  pnfonnier  &:  interrogué ,  où&  deuant  qui  fon  enfant  auoit  efté 
baptifé, il refponditians  heliter qu'il  l'auoit  fait  baptifer  félon  l'inftitution&:  ordon- 
nance de  Dieu,  en  fon  Eglife,  par  vnMiniftre  de  fa  làinôle  Parole.  LeMarkgraue  noa 
content  de  telle  refponfe ,  le  prefTa  à  diuerfes  fois  auec  menaces  de  tortures  pour  accu- 
fer  ceux  de  fa  cognoilTance.  Ilfutauflîfort  hara/Té  de  longues  &  inutiles  difputespar 
Preftres  &Moines:&  mefme  vn  outrecuide'  Libertin  &  arrogant  temporifeur  luy  fit  de  !iibcrtins. * 
gransalTauts  pour  luy  faire  renoncer  la  vérité ,  ou  au  moins  de  ladefguifcr.  Mais  le  pri-  fcurTennc. 
(bnniet  repoulfa  vaillamment  par  la  parole  de  Dieu  toutes  ces  tentations.  Le  plus  ru-  misdange- 
de  combat  qu'il  eut ,  vint  de  fa  propre  chair,  en  laquelle  il  fentit  de  tels  mouucmés  du-  reux-* 
rant  fa  prifon ,  qu'il  euft  volontiers  euité  la  mort  par  diiïîmulations  &  fubterfugés.  Et 
ceci  luy  caufoit  la  grande  afle&ion  qu'il  portoità  fon  enfant,  &  à  fa  femme  qui  eftoic 
ieune,belle&  gracieufertellcmentqueplufieurs  de  l'Eglifc  n'attendoyent  autre  chofe 
linon  qu'il  fuccomberoit  à  cefte  tentation.  Mais  au  milieu  de  ces  durs  aiTauts  on  l'oyoit 
inuoquer  le  Scigneui;  auec  cris  &  ibufpirs,qui  ne  tombèrent  point  en  terre:mais  furet 
exaucez  en  temps  opportun ,  lors  qu'au  iugemet  des  hommes  il  fembloit  du  tout  eftre  y0™"0^ 
furmonté.On  trouilâ  moyen  de  luy  faire  tenir  lettres  de  confolaçion:  &  mefme  lèpre-  abbatu& 
cedet  Martyr  Vvo.uter  Oom,qui  eftoit  aufsi  pourlors  prifonnicr,  le  fortifia  par  lettres,  redrcCé. 
&  receutfingulierecbnfolation.il  demeura  depuis  tellement  ferme  au  Seigneur, &cii 
çonftanten'laconfeflîonde  fa  vérité,  que  finalement  il  receutfentence  de  niort  telle 
que  ledit  Vvouter.Sa  femme  vint  vers  luy,&:parlerentqueIquetempsenfemble,fon- 
dans  tous  deux  en  larmes  fi  abondamment,  qu'elles  euiTent  efmeu  les  plus  dursôd  bar- 
bares de  ce  monde.  Au  départir  il  luy  recommanda  à  haute  voix  la  crainte  de  Çficu,  & 
l'inftruction  de  leur  enfant  en  vraye  Dieté.  Incontinent  après  il  fut  noyé  declànsle  eu* 
uierdelaprifon:&lelendemainmisalaplace  des  gibets  presla  ville. 


NIC  AISE    DE    LE  TOMBE,^». 

L  A  plus  pernicieufe  rûfe  que  Satan  ait  feeu  inuenter  in  ces  derniers  temps ,  ça  efté  des  Serments ,  dont  il  eft  ici  parlé,  pour 
tyi-annizerlcsconfcicncei^u/qucbfermcnts  le  Seigneur  a  oppofé  ia  conftance  de  quelques  vaiians  champiouj^çurdon* 
ncr  courage  à  pluficurs  de  cœur  failli. 

I C  A  I  S  E  <lemeuroit  en  Tournay,exercwntlâ'fayetteriey&:  auoit  pane  ^™ 
grande  partiede  fon  aage  quand  M  fut  amené  a  la  cognoilTance  de  la  vérité  bre. 
de  l'Euàngile.  Et  pour  en  eftre  pJuspteinement  informé,il  (e  retira  auec  fa 

 femme  & la  famille  en  la  ville  de  Vvefel ,  qui  eft  fous  la  ieigneuriç  dtt.xiua  La  ville  de 

de  Cleues.  Il  y  auoit  lors  en  ladite  ville  vneanemblee  de gens  étrangers,  &:  baiRAk.1* 
mem<ie  la  langue  qu'on  appelle  Vvalonne,com  magne. 
&auxSacremensde  (onEglife.  Mais  Satan  ennemi  de laiHicité  des  enfansdeBïeuy 
quelquctempsaprestroubla  tellement  par  qwcftiôs  dîuerfeiccftealîembl^  que  lest 
vns  fe  retirerétà  Frankford,les autres  à  Stralboùrg^cautteslicur:  Jtficaife  retourna  à' 

NNn.  lii. 


L/Wro  VIL  Nicaife  de  le  Tombe. 

Tournay,dont  il  eftoit  forti.  ce  ne  fut  pas  pour  auoir  communication  aux  fuperftitions 
^abominations  defquelles  il  auoit  efté  enueloppé  par  le  pafle:  mais  pour  le  ioindre  aux 
ailemblees  Chreftiennes  qui  fe  failbyent  en  ladite  ville ,  &;  pour  mettre  en  euidence  les 
fruits  de  la  cognoùTance  qu'il  auoit  reccuc  par  la  parole  de  Dieu .  Ayat  efté  cogneu  tel, 
fut  receu  en  lacompagniedes  fidèles ,  en  laquelle  il  s  cft  tellement  porté ,  qu'on  n'a  ap- 
perceu  en  luy  qu'une  vie  &:  coucrfation  honnefte,  côiointe  auec  vn  defir  ardant  d'auan 
cerla  gloire  de  Di eu, &  le  règne  de  Iefus  Chrift  en  l'édification  de  ion  Eglife.Etcomme 
larHidtion  eft  la  vraye  touche  pour  diicerner  les  vrais  fidèles  d  auec  les  hypocrites,  Ni 
cailemonftra  lors  ce  qu'il  auoit  au  dedans,  quand  on  l'importuna  de  prçftcr  ferment 
entre  les  mains  des  députez  du  roy  d'Efpagne,dcviure  félon  les  ordonnances  de  leglilc 
Romainc,&  obferuer  toutes  les  traditiôs  inueterees  en  icelle.Car  nonobftat  reproches, 
ininres,&:  menaces  qu'on  luy  fir,  il  demeura  côftant  de  n'en  faire  aucun  femblant  quoy 
qu'il  en  deuftaduenir.  Aucuns  de  fesparensladucrtirét  qu'au  moins  il  le  voufift  rctirer 
quelque  peu  de  la  ville, tat  que  ce  bruit  des  fermets  fuft  paiTé,&:ccpendac  que  fa  fem  me 
pourrait  çhâger  delogisenionabfénce.Ilacquiciçaàcc  côfeil:  mais  le  Seigneur  q.  tout 
gouuerne,fe  voulant  ieruir  de  luy  pour  encourager  les  autres,  &:  feeller  le  telmoignage 
de  fa  vérité  par  fon  iàng,l'arrefta  en  la  ville.  Il  eftoit  tout  preft  à  partir  quand  vn  iîen  voi- 
fîn  ennemi  de  l'Euangile  l'accula  aux  Comis,  de  n'auoir  fait  ne  voulu  prefter  le  ferment 
commandé.  I  l  futarreftéleleudi  x  x  i.iour  d'Octobre,  m.d.ixi  i  i.  à  comparoir 
deuant  les  Commiffaires ,  pour  refpôdre  s'il  vouloir  accepter  le  ferment  félon  le  formu- 
la fommai  lairc  qui  eftoit  ordonné. Nicaife  demandant  d'ouir  la  teneur  du  ferment  auant  que  ref- 
incBordcuî  pondre:  illuy  fut  dit,  qu'il  contenoit  de  garder  &:obicruer  toutes  les  ordonnances  an- 
nez  par  la  ciennes:de  reccuoir  au  iàcrement  dclautel  trois  fois  l'an  fon  creatcur:&:  Dimanches  &c 
-dkt CBfU  fc^cs  a^ei"  a  'a  MeiTe  &T  à  vcfpres,&:c.  Incontinét  qu'il  eut  ouy  ce  proposai  leur  dit  qu'il 
n'eftoit  nullement  délibéré  de  faire  vn  tel  ferment,  ne  de  bleiîcr  fi  malheureufement  fa 
confeience  en  chofes  manifeftement  contraires  aux  commandemens  exprès  du  Sei- 
gneur. Et  quant  &c  quant  rendoit  raifon  de  fon  dire,  aceufant  ceux  qui  auoyent  fait  vn 
tel  ferment^  pareillement  ceux  qui  le  reccuoyent. 

L  a  de/rusilfutconftitucpriionnier,&:misenlaprifondes  plus criminels,appelec 
Pepignie,  iufques  au  Vendredi  douzième iour  de  Nouembre:  auquel  iour  il  receut  iên- 
tence  demort,afTauoir  d'eftre  lié  à:  mené  furie  marché  de  la  villc>&  là  fur  vn  cfchaffaut 
eftre  brullé&  confuméen  cendre.  Apres  le  récit  dcfafentcnce,ilditcnfelcuant,Louc 
foit  Dieu  :  &c  comme  il  vouloir  encore  dire  quelque  chofe ,  le  Procureur  fifcal  quieftoie 
là,nc  le  voulut  permettre,mais  en  le  poufiant  luy  dit  qu'il  marchaft  auartt.  Incontinent 
après  on  le  mena  au  lieu  du  fupplice*.  &  de  bié  venir  il  n'y  auoit  auec  luy  aucû  Caphard. 
Quand  il  fut  defeendu  de  la  matfon  de  la  ville ,  vn  fien  ami  le  recognut ,  &:  en  le  recom- 
mandant à  Dieu,s'cntrebaifcrcnt  l'vn  l'autr  e_ 
luriitu     Estant  venu  auprès  du  "BerTroy  de  la  ville,  voyant  le  grand  nombredu  peuple 
rr.jilon  de  la  qui  eftoit  là  afTemblé  pour  le  voir  pafTer ,  cfleua  favoix,&dit  telles  paroles,  Ouurcz 
rork.g«r  "  les  yeux ,  peuple  de  Tournay,  Rcfueillez-vous  qui  dormez,  &  vous  leuezdes  morts , 

Chrift  vous  illuminera.  Et  fi  crioit  merci  à  tous  ceux  qu'il  pouuoit  auoir  ofFenfez,  par- 
dôna  nt  de  fa  part  volontiers  à  ceux  qui  l'offcnfoyent.  Le  peuple  oyat  ces  propos,  com- 
mença à  s'efleuer  &  mener  grand  bruit ,  &  de  la  multitude  qui  s'eftoit  aflèmblee,lafou- 
"^Aïïàuo.r  *  le  en  eftoit  fi  grande  que  les  "  gendarmes  qui  accompagnoyent  le  patient»  eftans  en  ar- 
garmïwi  ?  mes  auec  leurs  tabourinsfonnans ,  nepouuoyent  tenir  ordre  ne  marcher  en  leur  reng: 
Toumay.  de  forte  qu'il  y  en  eut  quelques  vns  qui  firent  fcmblantdc  vouloir  deflacher:  mais. le 
peuple  voyant  cela  commença  de  tat  plus  fc  tempefter,  &  ne  s'en  falutgueres  qu'il  n'y 
euft  grand  tumultc.PafTans  outre,tirerent  vers  la  place  où  eftoit  rcfcharTaut:&:  Nicaiie 
ne  fit  autre  chofe  que  prier  Dieu.  &  y  eftant  venu  dit  telles  paroles,  Seigneur, ils  m'ont 
eu  en  haine  fans  caulé.  &  ainfi  monta  de  franc  courage  fur  lefchaffaut:&:  incontinent 
les  bourreaux  le  prindrent,&:  le  portèrent  à  l'eftaçhe:&:  ainfi  qu'on  l'eftachoit,il  dit, Pè- 
re ctcrncl,ayes  pitié  &:  miièricorde  de  moy,  ainfi  que  tu  las  promis  à  tous  ceux  qui  le  te 
demanderont  au  nom  de  ton  Fils  Iefu  s  Chrift.  Il  fit  plusieurs  au  très  prières  à  Dieu,  SC 
continua  iuCqu'àla  fin  del'inuoquer.  Et  combien  que  le  bruit  quemenoit  la  mulçiu  • 
de  des  gens,&:  le  rctentifTement  des  tabourins  empefehaffent  d'ouyr  pleinemét  fespar 
rôles ,  fi  eft-ce  qu'on  entendoit  le  nom  de  Icfus  prononcé  de  grande  véhémence ,  tant 
que  l'efpric  luy  demeura  au  corps.ôi  celle  fut  fon  heureufe  ifliieau  départit  de  ce  mode. 

RO- 


Rogier  du  M  ont.  626 


ROGIER    DV    M  O  N  T ,  deTournay. 

CE  qu'on  peut  noter  en  cette  hiftoire  eft  communà  plufieurs  Martyrs,  aflàuoir  que  le  Seigneur  en  l'infirmité  d'vnpoure 
tomme  impotent  a  manifefté  la  vertu  &  puiflance.  Et,  qui  eft  fpecial,  après  Tauoir  difpofé  &  préparé  pour  eftretcunoia 
de  fa  vérité ,  il  l'a  voulu  aduertir  par  ligne  vifible,&  comme  l'adiourner  de  prendre  les  arres  ôi  fuyure  au  meime  combat 
le  Martyr  précèdent. 

V  mcfme  temps  Rogier  du  Mont,  natif  deTournay,  retordeut  de  Ton  me-  M.DXXni 
fticr,fut  mis  prifonnier  par  lcsCpmmiflaircs  députez  de  Bruxelles  fur  l'exé- 
cution des  ferments  enioints  de  n'aguercs  à  tous  ceux  qui  feroyent  fufpects 
d'adhérer  à  la  doctrine  qu'ils  appellentnouuclie.  Ilauoitlongcemps  diffi- 
mulé  les  fruits  delà  purecognoitfance  qu'ilauoit  receue  delà  lumierede  l'Euangile: 
voire  encores  que  la  débilité  de  ce  qu'il  eftoit  boiteux  le  deuft  admonnefter  ou  donner 
loilir  de  recognoiftre  les  dos  &:  grâces  d'efprit  que  Dieu  luy  auoit  côferees,  ncantmoins  Moyen  p* 
ilne  vintiamaisà  quelqucdeuoir,iufqu'àcequ  eftantdeucnuimpotent,&  commedu  k^de*°~ 
tout  perclus  de  fes  membres,  il  fut  là  réduit ,  qu'il  ne  pouuoiteftrecouché,mais  feule-  moudrai 
menta(Tis,fourrrant  de  grandes  douleurs,quifouuentluvdenonçoyent  la  more  chemin, 

L  e  CurédcfaincteMarguerite,en  la  paroi/Te  duquel  Rogier  demeuroit,eftant  ad- 
uerti  qu'il  eftoit  malade,  1  alla  vifiter  par  plufieurs  fois,  l'admonneftantdefeconfcfTer» 
&receuoir  fon  créateur,  comme  vn  bon  catholique  doit  faire.  Mais  Rogier  ne  tenant 
conte  de  fa  vifîtation  ny  de  fes  propos ,  luy  refpondit  en  fbmmc ,  qu'il  ne  prinft  tant  de 
peine  pour  luy,&  qu'il  eftoit  fortà  repos  &:  en  paix,  voire  certain  &:  affeuré  de  fon  falut, 
par  la  bonté,  mifericordc,&:gracedeDieu,enfaueur  de  fon  Filslefus  Chrift.Ce  Curé 
voyant  que  fes  admonitions  neprofitoyent  de  rien, eut  fon  recours  aux  menaces,  &  dit  J^J* 
àRogier,qu'illuy  apporteroit  Ion  createur,& qu'il  luy  feroit  bien  prendre  par  force.  Et  re  prend?* 
ainfi  courroucé  &  enflé  de  menaces,s  en  retourna.mais  le  Seigneur  qui  ne  laiffe  iamais  J°nd*u  p« 
ce  qu'il  a  vne fois  commencé  entiers  les  fiens,  eftâc  toujours  prochain  de  ceux  quil'in-*  °rcc* 
uoquent  en  vérité ,  ouyt  la  prière  de  Rogier,  &c  lerortifia  li  bien,  qu'au  lieu  de  s'effrayer 
de  ces  menaces,  &:  craindre d'eftre  aceufé  par  ce  Curé  vers  les  CommiiTaircs ,  il  princ 
nouuelle  force  par  l'Efprit  du  Seigneur ,  non  feulement  d'attendre  en  patience  tout  ce 
que  les  hommes  luy  brafleroyent,mais  d'auancer  auant  que  mourir  la  cognoiffance  de 
l'Euangile  fi  auant  qu'il  pourroit,  magnifiant  en  toute  affeurance  la  bonté  &  grâce  que 
Dieu  auoit  tout  à  coup  il  puùTamment  delployee&efpanduefurluy  poure  impotent, 
voire  perclus  &:  de  corps  &T d  efprit.On  ne  lecognut  iamais  en-fa  profpcrité  fi  ioycux  ne 
content  qu'il  eftoit  lors  qu'il  fut  enuironné  d'affliction:  tellement  que  plufieurs  fidèles 
en  eftoyent  cfmerueillez,  de  ce  qu'au  lieu  de  le  côfbler  en  fon  aduerfité,  ils  retournoyet 
confolczdb luy  bc  mieux  infirmes.  Sur  tout,  jeunes  ges  demeftier  prenoyent  grad  plai- 
fîr  de  l'aller  voir,&:  d'ouyr  les  fain&es  admonitions  qu'il  leur  faifoit  de  craindre  Dieu,de 
cheminer  en  fes  commandemcns,deferetirer  des  idolâtries  &c  fuperftitions,&:  de  toute 
chofe  contraire  au  vray  feruice  dcDieu.Et  fit  cela  enuiron  lefpace  de  deux  ans,n'ayant 
defes  membres  meilleur  vfage  n'exercice qu'en  la  parole &fainctsdeuis.  Souuétilfou- 
haitoit  que  Dieu  luy  fift  ceftegracede  pouuoir  endurer  la  mort  pour  fon  Nom.  Ce  que 
finalement  aduint.mais(qui  eft  à  notcr)auant  cela  le  Seigneur  luy  en  donna  comme  vn 
iigne  vifible,pour  i'aduertir&:  le  préparer  au  côbat  prochain.  Car  leiour  qu'on  brufloit  Rogtfr  ïïc 
le  précèdent  Martyr  Nicaife  delcTombe ,  commeRogier  eftoit  en  la  cour  de  fon  logis  deuant  qu'- 
faifant  prière  à  Dieu  qu'il  donnaft  force  &:  confiance  audit  Nicaife  d'endurer  la  mort,  f^,™*^ 
ily  vola  en  laditccourdcux  flatrimefchcs,  qui  tombèrent  droit  deuant  luy.  Ce  voyant, 
il  en  fut  efmeu ,  comme  d'vn  prefàgc  luy  lignifiant  le  feu  qu'il  dcuoit  endurer  peu  après 
pour  mcfme  caufe&quercIIeduSeigneûr.  Sa  femme  8c  quelques  amis  voifins  veirent 
lcfditesflammefches.ceci  aduint  le  Vendredi  x  n.iour  de  Nouembre,  m.  d.i  x  iii.Ec 
le  Lundi  fuyuant  x  v  .dudit  mois,  Rogier  ayant  eftéaccufé  par  le  Curé  cy  defïus  dit,fuc 
mis  prifonnier  par  legrandPreuoftdeTournay,homméIeanGrenut. 

O  n  le  mena  en  la  Halle  de  la  ville,où  il  luy  fut  demandé  premièrement ,  Suyu  ant  la 
nouuelle  ordonnance  emance<leBruxclles,s'iln'auoit  point  fait  le  ferment,  s'il  ne  le 
vouloitpoint  fairecomme  les  autres.  Il  refpondit  que  non.  &  après  plufieurs  deman- 
des à  luy  faites,on  le  ferra  en  prifon.  Pendant  fa  détention  il  fut  fouuent  folicité  à  fe  def- 
dirc,  &c  à  s'accorder  auec  les  ennemis  de  la  vérité ,  hiy  faifant  de  belles  promcfTcs  qu'on 
foulageroit  fa  débilite,  &  que  durât  fa  vie  on  ne  lelaifferoit  auoir  difctte,  s'il  vouloitfai- 

NNnjiii. 


Liure  VIL  Jean  Mutonis. 

rele  fermée  comme  les  autres,  &c  viure  corne  vn  bon  catholique  doit  faire.  Il  n'y  voulue 
aucunemét  entendre,demourat  ferme  &:  refolu.  Il  y  eut  en  particulier  vn  des  eftaffiers 
du  feignent  Doignies  vicaire  6c  coadiuteurdel'euefque  de  Tournay ,  qui  fît  tous  fes  ef- 
forts de  deftourner  Rogier,iufqu  a  lepner,&luy  promettre  degrandes  afliftances  delà 
part  des  plus  grans:  mais  il  ne  fît  que  perdre  fa  peine,  car  Rogier  eftât  aduerti  par  quel- 
ques amis  fidèles  des  rufcs&cautellesaccouftumees  des  Preftres,fefouuintquecc  ne- 
Rogier      ftoit  que  vent U  fumée  tout  ce  qu'ils  promettoyent, &:  qu'ils  le failoyent  afin  que  lavât 
S3  Je   Sa,ênc>    vinfflent  mieux  à  bout  des  autres  qui  s'oppofoyét  à  l'ordonnacc  des  fermées, 
fcdcidirc.       Les  ennemis  voyans  cela,  &C  aufsicraignans  qu'il  ne  mouruft  en  la  pnfon  ,àcaufe 
d  vnegriefue  maladie  qui  luy  cftoit  furuenue,fut  condamné  le  Ieudi  deuxième  de  Dé- 
cembre, m.  d.  l  x  1 1 1,  a  eftre  mené  dans  vne  charrette  (pou  rce  qu'il  ne  pouuoirmar 
cher)&:  là  fur  vn  efchaftaut  eftre  bruflé,&:  fon  corps  réduit  en  cendre,à  la  façon  accou- 
ftumee.  A  près  que  la  fentence  fut  prononcée,  il  dit  à  haute  voix,  Loue  foit  Dieu,  ie  le 
rcmercie,&:les  gens  de  bien  qui  m'ont  aififté  en  toutes  mes  ncceflitez:&:  quant  à  vous, 
Me<neurs,ie  le  prie  qu'il  vous  vueilledonncr  à  cognoiftre  vos  fautes,  vous  faifant  mife 
ricorde  pour  paruenir  au  royaume  des  deux ,  comme  ie  croy  qu'auiourd'huy  i'enferay 
faift  participant.  Ayant  dit  ces  propos,  on  le  porta  entre  les  bras  de  la  maifon  de  la  vil- 
le en  bas,&  puis  on  le  mit  fur  la  charrette,  &  incontinent  qu'il  fut  dcflus,il  commença 
a  chanter  le  premier  couplet  du  Pleaume  x  v  i:ôcTayant  fini,  il  commença  lePleaumc 
v      lecontinua  iu(ques  à  la  fin.Eftât  venu  auprès  de  l'efchafFautjle  bourreau  le  princ 
entre  fes  bras,&;  le  bailla  à  Ion  feruiteur  qui  le  porta  fur  l'efchafTaut  :&:  là  deifus,cepen- 
dant  que  les  bourreaux  appreftoyent  tout  leur  cas,il  commença  à  dire  les  articles  de  la 
foy,  &£  puis  l'oraifon  Dominicale:  &c  ayant  acheué,le  bourreau  le  print  &  le  porta  à f  e- 
ftache,&:  le  mit  en  vne  chaire  là  pofee  &:  faite  exprcs,pour  y  eftre  ars  &c  côfumc. Rogier 
y  eftant  afïîs,  réitéra  pluficursfois  cefte  prière,  Mon  Dieu  èc  Pere éternel,  ayes  pitié  da 
Iffuc  de  grâ  moy  ton  pou  re  feruiteu  r:  Et  dilbit  ces  mots  auec  grande  vehemence,dc  forte  que con- 
dc  confola-  tinuant  fcmblablcs  prie res,il  rendit  paifiblcmctl  efprit.  Telle  a  efté  lafin&:  ifTue  heu- 
reufe  de.ee  Mai  tyr,dc  fingulier  exemple  aux  infirmes  cnladite  ville,&:  de  grande  con- 
folation  à  tous  fidèles  deÏEglife. 


MJ>LXIin, 
cnFcuncr. 


IE  A  N  MVTONIS,J»|>^(îePw«wff. 

C'EST  aux  Miniftres  de  U  parole  de  Dieu,  qu'en  veulent  les  plus  furieux  &  iofeofez  de  ce  fîcclc  :  voire  8c  quelques  foi* 
pour  complaire  à  celles  qui  tofuj'ucnt  le  *ain  tfHcrodiaj. 

V I  pourroitaiîez  exprimer  tant  de  violences  &:out  rages  qu'ont  en  ce  teps 
enduré  les  fidèles  endiuers  pays&:  contrées  du  royaume  de  France?  Car 
comme  les  prouinces  rencontrent  des  gouuerneursaddonnez  à  tyrannie, 
aufli  les  perîêcurions  fe  (ont  dcfhordees-iur  tout  contre  ceux  qui  portent  la 
charge  d'ad  m  iniftrer  la  parolede  Dieu.  Mutonis  eft  misenlapremiereaffliction  deçe- 
fteannee,  m.  d.  l  xiiu.  comme  ayâtfentilapoin&cdes  premiers  làcrifîcesiànglants 
exécutez  en  icclle.Djcu  luy  auoitfait  lagrace,comme  à  pluficursautres,non  feulement 
d'auoir  quitté  le  bourbier  des  Iacobins  de  Grâce  en  Prouence,  mais  auffi  deprefcher&: 
annoncer  au  mefme  pays  la  vérité  de  l'Euangile.    ^  Il  tomba  à  la  fin  entre  les  mains 
LaProuccc  d'vn  crue^  ennemi  d'icelle ,  quigouue.rnoiçen  fa  fureur  de  icuneffe  effrénée  la  prouin- 
feréflemdc  ç&t\  qu'eftant  Mutonis  appréhendé  enuiron  deux  lieues  près  de  Sain&Efprk,  fut  fans 
c&cnee^e  aucune  forme  de  iuftice  pendu  cntre  yiUdaeurued'Àuignon  &:  Bagnols.Çefutpar  vn. 
fonGouucr-  Lundi  x  1 1 1 1,  iour  de  Feurier,deceflcrjiceannee,&:commelondit,  pour  le  plaiîir  &c  à 
aeai:     .  lïnftance  de  quelques  defbordeesd'Auignon  quigouueinoyentce.Gouuerneur:&:de- 
(Iroyct,  comme  iadis  Herodias,quelcsdâïcs&  felbns  dudit  iour  de  Lundi,  appelé  gras 
au  royaume  des  ténèbres,  fufTentfblenniféz  &  çonfacrez  aufangdeccluy  duquel  on  nç 
pouuoit  porter  ne  la  faine  do&rine  ne  les  reprehenfionsfàinc~tes. 


IE  AN    DE    M  À  D  O  Ç ,  Mmijhre exécuté en  Lomine. 

L  E  mini ftere  ie  ceftaj-ci  eft  afpùlli  de  telles  nues,  &  circonuenu  de  trahilbn  G  lafche  des  iufticicr s  de  Lorraine,  que  l'hirtoi- 

rc 


Jean  de      adoc.  6î  7 

je  de  là  mort  fort  mémorable ,  eft  occafion  au*  Gentils-hommes  du  pays  de  folicitcr  leur  Prince  de  vouloir  permettre  li- 
bre exercice  de  la  Religion  reformée. 

E  A  N  de  Madocnatif  du  pays  de  Languedoc ,  ayant  receu  de  Dieu  Ja  co-  m.d.lxihl 
gnoilTance delà  vérité , ôc  vn  vray  zele de  l'honneur  de  Ton  Nom ,  fe  retira  en  ^ 
premièrement  à  Gcncuc ,  pour  profiter  plus  amplement  en  cefte  cognoif- 
_  ïance,&:vacqucr  aux  offices  de  pieté.Puis  cftant  cogneu  de  l'Eglife  Ton  zele 
&fàdo&rine,futenuoyé  annoncer l'Euangile  à  Bal7in&:  Arzier.  Là  s'eftant  fidèlement  Baf$i0&Ar- 
porté  en  fa  charge  par  pluiicurs  annees,&  voyant  le  peu  de  profit  qu'il  y  faifoit,mefmes  ua' 
que  ladifeipline  Eccleiiaftique  n'y  eftoit  receue  ni  exercée,  fut  contraint,  à fon  grand 
regrer,en  partir,&;  fe  retirer  derechef  àGeneue,auec  fa  femme  enccincT:e,&:  cinq  petits 
enfans.  Mais  le  Seigncur,cjui  vouloir  fc  feruir  de  luyà  pourfuyurc  fonœuure,  difpolà 
que  bientoft  il  fut  appelé  parl'Eglifc  de  faind  Nicolas  de  Port  en  Lorraine,  laquelle 
s  eftoit  ra/Temblee  deladiflîpation  aduenueàla  mort  de  Florentin,  félon  qu'il  a  efté 
traitté  en  fon  hiftoire  ci  de/Tus  récitée.  De  forte  qu'vn  fidèle  auec  lettres  d'icellc  Eghlè, 
&  recommandation  des  Miniftrcs  de  Mets ,  eftant  enuoyé  à  Geneue,  pour  cercher  vn 
Pafteur  qui  euft  la  charge  du  troupeau  dudit  lieu  de  fain£tNicolas,ramena  Iean  de  Ma-  Madoc  er£ 
doc:  Lequcl,apresauoir  exercé  auecques  toute  diligéce&:  fidélité  la  charge  de  Ion  mi-  Jc^nST 
niftereenuiron  deux  mois  audit  lieu  de  faintt  Nicolas ,  fut  aduerti  par  les  frères  de  fon  las  de  Port. 
Eglife ,  que  le  feigneur  de  Dcully  auoit  efté  appelé  à  la  cognoilTance  de  la  vérité ,  à  la- 
quelle il  deliberoit fc  renger.  Et  pource  qu'vne  maifon  dudit  fieur  de  Deully,  nommée 
Gerbeuillcr(en  laquelle  il  fe  tenoit  ordinairement)  n'eftoit  diftante  dudit  lieu  de  fainét 
Nicolas  que  de  quatre  lieues,il  fe  delibera,melmes  par  le  confeil  dcldits  freres,de  l'aller 
vifiter ,  pour  le  confermer  en  cefte  cognoilTance  que  le  Seigneur  luy  auoit  dônee.  De- 
quoy  faire  aulîî  luy  donna  grande  occafion  l'abfence  de  la  plufpart  des  frcres,lefqucls,à 
raifon  d'vne  nouuelle  ordonnance  du  prince  de  Lorraine,auoyent  efté  contraints  s'ab-  Perfecutîon 
fenter  du  pays,  après  s'cftrepuifn'agueres  (comme  di&  eft  )rafîèmblez  à  faind  Nicolas,  cnLorrauic! 
de  lorte  qu'il  n'y  auoit  plusprefques  perfonncquiafiîftaft  à  fes  prédications.  Partant 
donc  de  S.Nicolas  le  x  x  1 1 1 1  ,de  May,  m  .  d  .  l  x  1 1 1 1 , fut  conduit  par  vn  fidèle  de  Lu- 
neuille(quicft  vne  ville  voiline,lltueeiur  le  chemin  vers  Gerbeuiller)par  laquelle  il 
pa/îa:&:(c6me  il  eftoit  conduit  de  faguide)vint  loger  à  Viller,lieu  diftant  de  Luneuille 
enuiron  deux  cents  pas,en  la  maifon  d'vn  fidèle,  où  toft  après  deux  autres  de  la  mefmc 
ville,aduertis  de  la  venue,le  vindrét  vifiter.Mais  Satâ  eftât  au  guet ,  auoit  difpofé quel- 
ques ioueurs  de  quilles  près  Viller,leiquels  voyas  pafièr  le  dernier  defdits  frères,  diréc, 
en  iurat  félon  leur  couftume ,  Que  les  Huguenots  de  Luneuille  feroyent  bien  toft  tous 
arriuez,  &:  qu'il  les  faloit  malTacrcr.Puis  peu  après  partit  d'entr'eux  vn  îergent,  nommé 
Gueillarr,qui  fe  prefenta  à  l'édroit  des  feneftres  de  la châbre où  eftoit  Madoc &:  fes  frè- 
res, &c  dit,en  parlât  allez  haut,Si  ie  fauoy'  qu'il  y  euft  leas  vn  prédicat,  ie  fauroy'bié qu'é 
faire,&  en  aduertiroy'  mon  maiftre  le  Prcuoft.  Ce  qu'entendu  par  eux,  après  auoir  en- 
femblcaduile  ce  qui  eftoit  défaire,  ils  s'efearterent  ,&futMadoc  conduit  parvnlieu 
deftourné  en  la  ville,chez  vn  d'iceux  frères ,  où  faifant  le  loir  vne  exhortatiô  à  vne  dou- 
zaine de  perlbnnes,qui  fecretement  s'y  eftoyent  alTemblez ,  fut  aduerti  que  le  Preuoft  Madoc  a-" 
eftoit  en  armes  à  Viller  pour  le  cercher.  Dequoy  Madoc  ne  fc  monftrat  troublé,acheua  gjjjj^  ^ 
fon  exhortation,apreslaquelle,&:  les  prières  faites,chacun  fe  retira  chez  foy.  Lelcnde- 
main  fut  aduerti  par  fon  hofte  que  le  Preuoft  auoit  mis  doublegarde  aux  portes,  auec 
comandement  aux  portiers  de  ne  laiflfer  lortir  aucû  eftrager  fans  fon  côgé.  Ce  qui  trou- 
bla les  frcres,qui{émblablementl'en  vindrent  aduertir.Mais  il  les  fortifia  Se  confola  le 
mieux  qu'il  peut,principalemét  fon  hoftelTejlaquelle  il  voyoit  eftre  fort  intimidée ,  &£ 
ncantmoins  empefehee  à  cercher  moyé  de  le  cacher  en  qlquelieuoùilnepeuft  eftre 
trouué.Il  l'a  pria  de  s'alTeurer,&:  que  s'il  eftoit  befoin  defortir ,  elle  ne  fift  corne  la  fem- 
me de  Lot>  qui  regarda  derrière  foy.  Et  aux  autres  il  remonftra  qu'ils  n'auoyent  befoin 
de  craindre,eftans  en  la  garde  du  Seigneur,&:que  c'eftoit  à  luy  à  refpondre  pour  eux,ce 
qu'il  efperoit  bien  defaire,fentant  lalfiftance  de  Dieu.  Apres  ces  remonftrances,ils  dé- 
libérèrent du  moyen  qu'ils  auoyent  à  tenir  pour  lortir  de  la  ville,  &  aller  à  Gerbeuiller. 
Puis  ilfe  mit  à  faire  les  prières  à  Dieu ,  &  comme  il  eftoit  fur  la  fin  d'icelles,  le  Preuoft, 
accompagné  du  fufdit  Gueillard,&  d'vn  autre  fergent,nommé  Mauceruel,cntra  en  la 
chambrc.Et  voyant  Madoc,luy  demâda  que  c'eftoit  qu'il  faifoit  là:  Lequel , fans  s'eftô- 
ncr,luy  refpondit  qu'il  y  eftoit  pour  les  affaires  qu'il  y  auoit.Le  Preuoft  en  grande  colc- 


Liure  V IL  lean  de  Madoc. 

rc  luy  demada  encores,Quoy?  Et  Madoc  répéta  fcs  mcfmes  paroles.  Puis  le  Preuoft  luy 
Fit  côftituc  commanda  de  le  lliyure,auaiic( comme  il  difoit)que  plus  grâd  mal  luy  aduinft.  Cai(di- 
prifouuierà  f0jt_ji  )  jc  vcux  aduertir  Monfieur  de  voftre  faict.  Lors  Madoc  entendant, que  c'eftoic  le 
Luocuillc. ,  prcuonJ  j  ^jj.  à  l'alîîftcnce,  A  Dieu, mes  frères  :  &c  fuyuic  iceluy  Preuoft,  qui  le  mena  à  Ion 
logis,  &  le  donna  en  garde  au  fergenc  Mauccruel.De  cefte apprehenfion  fut  inconrinét 
aduerti  le  ficur  de  Deully ,  qui  enuoya  prier  le  Preuoft  de  le  lafeher ,  d'autant  qu'il  n  a- 
uoit  aucun  commandement  du  Prince  de  1  apprchcnder,ou  à  tout  le  moins  qu'il  le  trai- 
caft  le  plus  doucement  qu'il  pourroir.  Mais  le  Preuoft,  fit  refpôfc  qu'il  en  auoit  délia  ad- 
aierti  le  Procureur  gênerai  du  Prince, à  foccafion  dequoy  il  ne  pouuoit  s'en  deflaitir, 
Durant  cefte  pnfon  de  Madoc,lc  Preuoft  ht  parlera  luy  plulittirsperfonnes,quidifpu- 
terentdiuerlcmencauecqucs  luy.  Entre  lelqucls  y  eut  vn  nomme  d'Amondant ,  Cou 
Dîf[>t««tc-  feiHcr  duduede  Lorraine,côtrc  les  raifons  duquel  Madoc  môftra  en  fa  difpuce  lafauflc 
Madoc  pat  doctrine  de  laTranifubftantiationdu  pain  au  corps  de  Chrift,enfeigncc  en  l'egliTeRo- 
dùicrfcsk:r.  rnainc. Contre  vn  autrc,quieftoit  pédagogue  d'vn  îeunegentilhommc  du  pays,rctour- 
tcîdcgcni.  n^nouuei[cmentdeseftudesdeFribourgen  Bti(gau,fouftenat  la  Meife  Papale,il  prou- 
ua  le  renoncement  du  lacrifïce  vniquede  Chnftcn  icelle,&:  les  autres  abominations 
exécrables  qui  s'y  commettent.  A  vn  autre,qui  de  maiftred'cicolc  deladitc  ville  de  Lu- 
neuille,)' eftoit  deuenu  marchant,  il  monftrafon  erreur  en  ce  qu'il  louftenoit  fauthori- 
tédel'Eglifcpar  delfus  la  parole  de  Dieu  :&  les  couftumes  anciennes  par  de/lus  la  do 
élnncderEuangile.  Finalement  vn  Moine,  Abbé  de  Beaupré  (  qui  cil  vne  Abbaye  voi- 
fine  de  Luneuille)  vint  auflî  vers  luy,  plus  parcurioiîté  de  voir  vn  hérétique  ou  Hugue- 
not,ainii  qu'ils  appcllenr,que  pour  entrer  en  aucune  diipute,n'avant  autre  fçauoirquc 
celuy  qui  eft  viïté  en  Ton  cftat  de  Moinerie.  Mais  l'entendant  parler  Latin, il  luy  icmbla 
encore  plus  làuuage  qu'il  n'auoiteftimé,&:fe retira  aufsi  toft  auec autres  Moines &c 
Preftresdcfafuittc.  Toutes  lefquellesdiiputes  furent  veués      depuis  rapportées  par 
vn  chirurgien  lidele,  qui  eftoit  familier  &c  bien-voulu  du  Preuoft.  Le  x  x  v  iu,iourde 
May  arriua  a  Luneuille  ledit  Procureur  gênerai,  nomé  M.  Bertrand  le  Hongrc,acconv 
L'arrîuec  Ju  pagné  de  deux  archers  du  Preuoft  des  Marefchaux.  Laquelle  arriuee  entendue  par  les 
procurer   frercs,ils  curent  grande  crainte,tant  pour  eux-mefmes,que  principalement  pour  le  Mi 
LoruiLc^  n&vc  Madoc.  Toutesfois  ("ans  partir  de  la  ville,  dont  ils  eftoyent  tolicitcz  par  leurs  fem- 
mes &:  leurs  amis,rccoururent  au  Seigneur  par  pneres,&:  fe  remirent  à  fa  prouidenec  ôç 
bonne  volonté.  Le  lendemain  matin  leProcureur  gênerai  les  enuoyaquerir,aufquels, 
eftans  venus  à  l'on  mandement ,  il  dit  que  fon  Seigneur  le  Duc  luy  auoic  commande 
leurdeclarcr(d'autant  qu'il  eftoit  aduerti  de  leur  Religion,differétcà  la  fienne)que  s'ils 
ne  vouloyent  viurc  félon  lesordônanccs  de  l'egliiè  catholique  Romainc,il  leur  côman- 
doit  s'ablen  ter  de  fcs  pays  dedens  lix  lcpmaines,(ur  peine  d'eftre  pendus  &.  cftrâglez,en 
cas  qu'ils  feilfent  le  contraire:  Leur  déclarant  qu'il  auoit  trouueen  ladite  ville  vn  leur 
Miniftre,  auquel  il  auoit  femblablemct  commandé  de  la  part  dudit  leigneur  Duc,  qu'il 
euft  a  fortir  deldits  paysdedens  trois  îours,  fur  pareille  peine  de  la  harr.  Surlaquellc 
déclaration  &:  commandement  fait  aufdits  frères,  leur  ayanceftéottroyé  par  luy  huict 
ioursd'aduis  pour  luy  reipondre, ils  fe  retirèrent  d'auec  luy,  &:  auflî  toft  entendirent  par 
ceux  qui  ce îour-la  eftoyent  venus  au  marché  des  villages  d'alentour,  &c  de  S.  Nicolas, 
que  le  Preuoft  auoit  ouucrt  la  porte  de  grand  matin, lequel  ilsauoyentrcncontré,con- 
duifant  Madoc  à  pied ,  auec  vn  autre  homme  pareillement  à  pied,  &c  deux  hommes  à 
Menées  ar-  cheual, iufques  à  vne  petite  colline  diftant  d'vn  bon  quartdclieucdc  Luncuillc,&que 
«Echc?        scn  C^0IC  iceluy  Preuoft  retourné  à  la  ville,  auecques ion  (cul  homme  à  pied.  Or 
pour  faire    eftoit  cefte  chofe  faite  à  la  main  :  Car  le  bannilTement  auoit  efté  déclaré  à  Madoc  par  le 
mounr  Ma-  procureur  gênerai     commandement  fait  de  fortir  des  pays  dedens  trois  iours.Puis  le 
Preuoft  de  Luneuille,  fous  ombre  de  le  conuoyer,  l'auoit  emmené  iufques  au  lieu, où  il 
fçauoit  que  le  Preuoft  des  Marefchaux  ,  cftant  en  embulcheauccfès  archers,  l'attcn- 
doitdcpiedquoy,à  l'heure  qui  pour  lors  cftoir  allïgnee.  Puis  li  toft  qu  iceluy  Preuoft 
de  Luneuillevidibrtird'vn  buiifon  vn  defdits archers, il  dit  Adieu  à  Madoc,  &s'cn  re- 
tournante ville,  le  lailfant  auec  les  deux  hommes  decheual ,  qui  eftoyent  les  deux  ar- 
chers du  Preuoift  des  Marefchaux,  que  ledit  Procureur  gênerai  auoit  amenez  auec  ioy, 
lefquels  acheucrent  d'emmener  Madoc  à  pied,  iufques  à  ce  qu'ils  trouucrenr  leurs 
compagnons,  en  la  compagnie  de  leur  maiftre  mefme  le  Preuoft  des  Marelchaux, 
qui  auoyent  couché  à  Dcuuille,  village  prochain,  en  nombre  defept  ou  tuid: en- 
tre 


Jeandc^jMadoc.  628 

trelts  mains  defqucls  eftant  ai  n  fili  11  ré  lepourc  Madoc,  ils  luy  oftcrcnt  Ton  cfpcc. 
comme  ils  le  vouloyent  faire  monter  fur  vnchcua!,illeur  dit  qu'il  les  fuyuroit  bien  à 
pied.  Mais  vn  d'eux,le  happanc  furicuiementd'vncpiftolcje fît  monter  à  chcual:  puis 
l'ayant  lié  <$J  garrotte,  l'emmenèrent  par  des  chemins  deftournez ,  à  traucrsd'vne  ga-  M-docm 
renne, &:  d'vn  taillis  fort  cfpais ,  titans  au  deifousdvn  village,  nomme  Mont,  vers  v-  i/p^dcT" 
ne  protonde  riuicrc,qui  cften  vnfort  bois  à  l'endroit  dïcclluy  village.  OrcnalLmt  jjJJuer?* 
par  ces  lieux  ain(îe(cartez,ils  ne  fccuiêt  tant  Te  dtftourner  qu'ils  ne  fuffent  appciceus  g«Tiamoa 
par  deux  hoinmes,rvn  duditlieu  de  Mont,  nommé  Iean  Cardinal,  &.  l'autre  Icanpati- 
noftre,de  Victrim6t,autrc village voilin,dc!quels ils  prmdrétlcan  Cardinal,qui  eftoie 
fur  leur  chemin ,  &:  luy  enueloppcrcnt  la  tcitc  d'vn  manteau  ,  iuiques  à  ce  queMadoe 
fuft  paflé.Lautre,quicftoit  plus  arrierc,failnnt  des  tagots,lc  cachaau  tons  du  taillis ,  &: 
nefut  point  apperceu  d  eux. Puis  quand  ils  turent,  àlcuraduis  ,  allez  loin  d'eftredet 
couucrts,&cn  vn  lieu  qu'ils  eftimerét  cftrc arrière  delà  cognoiilànce  de  tous  hommes 
(comme,de  faict,il  eftfortfauuage,&:eftrangementlblitairc)  ils  mirent  à  pied  Madoc: 
&  après  qu'il  eut  fait  fa  prière  à  Dieu  (  comme  depuisilaefte  (eu  d'aucuns  des  archers, 
&dc  l'exécuteur  mcfmcs^lsreftranglercnt  au  pied  d'vn  arbrc,&:  le  îctteiét  envn  haL 
lier  le  plus  fort  qu'ils  peurent  trouucr .  VoiiaJa  fin  heureufe  de  ce  S.  martyr  de  nofttc 
Seigneur  IcfusChrift.  Lequel  depuis  ayant  cite  longuement  cerché  par  deux  hommes, 
à  qui  les  fteres,qui  eftoyent  en  doute  de  ce  qui  en  eltoitaduenu,en  auoyenc  donc  char- 
ge, a  tinaleméteftc  trouue  en  vn  fons,auqucl  nul(cômeoneftime)netult  iamais  parue 
nu, linon  par  diligente  &z  grande  inueftigation.  Sur  cette  trahiibn  ainli  complotée  par  Lcj  gcntiI? . 
lefdits  Preuoft  de  Lu  ncuille,  Procureur  gênerai ,  5c  Preuoft  des  marefehaux  de  Lorrai-  homme*  dé 
nc,ccux  delanoblelfcdu  pays,àqui  Dieuadonné.cognoitfancede  fa  venté  éternelle,  f"°rjJJnclur 
aduifercnt  de  remonltrer  a  leur  Prince  cefte  indignité  ,  &c de  requérir  que  liberté  fuft  dcccVi^re 
ottroyee  à  leurs  fubiets  de  viure  félon  l'ordre  gardé  ésEglifcs  reformées  de  fiance,  par  ïnieren* 
ceux  qui  veulent  fuyurc& garder  la  pureté  de  l'Euangile,defquels,auec  leurrequefte,  Jcwfoicot- 
ilsprefcntoventlaconfetfioncommune,&;queMadoc,  volé  parle  preuoft  des Marel-  tro)ce- 
.  chaux.fuft  repre(cntè,ouiufticefaitcdela  volerie,fur  lescxecuteurs&côplicesdicel- 
le.  A  lcffcct.  dequoy  furent  cnuoyez pour  eux  des  ambatfadeurs  de  plulicurs  Princes,  Leprincede 
tant  de  Fiance  qued'  Alemagnc&:  de  Suitfe,  vers  le  duc  de  Lorraine .  La  Roine  de  Na  Lorraine  1b 
narre  &c  le  prince  de  Condé  cnuoyercnt  le  Sieur  de  Vcndyde  comte  Electeur  Palatin  &:  ,l^t.&  !c- 
lc  Lantgraue  de  Hclfencnuoycrcnt  le  docteur  Iunius.  Leduc  de  Vvirtcmbergenuoya  ficunam" 
vn  gentil-homme  des  tiens:  &  la  Seigneurie  de  Berne,  n'ayant  opportunité  d'enuoyet  baiIides- 
pcrlbnne  de  fonconfcil,àcaufe  des  affaires  de  trop  grande  importance  qui  lors  le  trai- 
toyent  entre  les  Suilfes&:  leduc  deSauoye, pour  JedifFcrent  des  terres  d'iceluyduc,  ef- 
cnuit  amplement  par  vnmeflager  cnuoyé  exprès,  faifant  par  lettres  grande  inftâce  d'- 
obtenir ccqui eftoit requis  parladitenoblcife  touchâtladiteliberté,&: le  miniftre  Ma- 
doc,&:s'cxcuiànsmr  lefdits  affaires, de  ce  qu'à  l'occafion  d'iceuxils  ne  pouuoyenten- 
uoyer  quclqueperfonnage  de  qualité.  Au  mefmetempsfe  vint  preténter  auditducde 
Lorraine  la  poure  vefLieileMadoc,auec  quatre  petits  enfans,lefqucls,auecvn  grand  &c 
long  trauail,elleauoit  amenez  de  Gencue,  &  leiettantàfcs  pieds  &  pleurant  luypre- 
fcntafarequcfte,rcquerantfonmariluyeftre  rendu.    Les  ambatfadeurs  furent  ouys 
par  le  Prince  en  fon  conformais  ils  nercportercntqu'vnedctfaite.  Lcfommaire  delà 
rcfponfcà  eux  donnccparclcritenlcttrcs  clofcs,  delà  part  du  Duc  (car  il  ne  voulut 
point  donner  de  rel'ponfc  verbale,  combien  que  les  ambatfadeurs  eulîent  apporté  let- 
tres contenantes  créance  fur  eux)  fut ,  Qu'il  nes'eftoitiamais  empefehéderequerir 
les  Princes  &c  Seigneurs  qui  faifoyent  telle  inilance  entiers  luy,depermettre  à  leurs  fu-  procède  ° 
iets autre  fiçon de  viurcquecelle  de  leurs  Princes  melines,  &C  qu'à  cefte  caute  il  les  kwaine 
prioit  (d'autant  que  c'eftoità  luy  d'impofer  loyaux  tiens)  de  ne  vouloir  aufli  le  requérir  h<ïç*mbit~ 
qu'il  leur  donnaft  liberté  de  viure  autrement  qu'ainli  queluy-mefmesviuoit.il  eft  vray 
queleScigncurdc  Vcndy,nefe  voulant  contenter  delettres  ainti  cachetées,  tànsfça- 
uoir  ce  qu'il  reportoit,pourfuyuit  de  plus  près  le  Prince,  &  le  preifa  de  luy  donner  autre 
rel'ponfc:  lequel  à  parr,  &  arrieredetbn  confcil,luy  dit  que  de  fa  part  il  pouuoitaifeurer 
la  Roine  de  Nauarre  (à  laquelle  aufsi  il  refpondoit  par  lettres  efctytes  de  là  main)&: 
Monfeigneur  le  prince  de  Condé,  qu'il  ne  vouloit  s'enquérir  de  la  confeiencedefes 
fuicts,&  que,pourueu  qu'ils  ne  nlfenc  des  atfemblees  en  tes  pays,il  ne  les  pretîéroit  d'à- 
uantage.Quant  à  la  vefue  deMadcc,il  ne  luy  fut  dit  autre  chote,(inon  qu'on  ne  tçauoit 


Lim^j  VIL  Jean  de  <£Madoc. 

que  ion  mari  eftoit  deuenu.  Qui  tut  auffi  la  rei'ponfe  donnée  fur  ce  poin£t ,  à  la  roine  de 
Nauarre,Iaquelle  particulièrement  (par  lettres  eferites  de  la  propre  main)  auoit  requis 
raiion  de  ce  taict.Mais  quelque  rcfponfc  qui  fuft  donnée ,  fi  on  euft  voulu  faire  enque- 
fte,les  preuues  eftoyêt  toutes  preites  pour  vérifier  lavollerie  dudit  preuoft  dcsMarcf- 
chaux,la  deliurancc  que  le  preuoft  de  Luneuilleluy  auoit  faite  de  Madoc ,  (bus  ombre 
dclcconduirc,&  la  ientence  contrefaite  du  procureur  gênerai,  en  le  baniflant  du  pivs. 
Les  ambailadeurs  n'ayans  autre  rei'ponfe, s'en  retournèrent. Et  la  pourc  vefue,  fans  ob- 
tenir autre  iufticefut  contrainre  auiîi  de  partir  auecques  les  petits  enfans ,  ayant  mel- 
mes  elle  grandement  intimidée  par  les  menaces  de  quelques  archers  de  la  garde  dudit 
duc,qui  luy  dirent  que  fï  elle  împorcunoit  dauantage  le  Prince  pour  le  fut  de  fon  mary, 
ilsluy  couperoyent  la  gorge .  Le  prcuoit  de  Luneuille,  qui  auoit  appréhendé &em- 
pnlonnc  Madoc,&  l'auoit  mené  à  la  boucherie,lc  limant  (  comme  cy  dcllus  cft  decla- 

.  rc)es  mains  du  prcuoftdes  Marelchaux  ,  lequel  il  fauoiteftrc  en  embufchc ,  où  il  mena 
Le  prcuoit  i    l  /•     ï  r  it        .  >  ~  .  .. 

dcLuncuille  &  rendit  le  poure  martyr,rut  depuis  touliours  en  vue  telle  crainte  qu  ayant  cotinuelle- 

pourfiiyui   nient  vneapprchcfion  de  mort,il  dit  à  pluiieurs  gens  qu'il  n'clberoit  ïamais  auoir  bien 
ne  repos  en  toute  (a  vie. l  uis  enuiron  quatorze  ou  quinze  mois  après  ,  citant  fort  trou- 
ble' en  Ion  efprit,mourutàLuneuilJe.    Outre  cecyeft  à  noter  que  le  bourreau  du  prc- 
uoit des  Marefchaux,  nommé  maiftre  Chriftofle,qui  auoit  fait  exécution  de  Madoc, fe 
retira  bien  toft  après  de  la  iuite  de  ion  maiftre,  &c  s'eftant  retiré ,  a  dit  à  pluficurs  que  de 
nulle  perfonnes  qu'il  auoit  fait  mourir, la  mort  d'vn  homme  leul  luy  pel'oit  merueilleu- 
lcment>&:  luy  iembloit  qua  toute  heure  il  le  voyoit  deuant  fes  yeux.  Si  à  ces  iugemens 
de  Dieu  tant  euidens&  manifeftcs,aufquelson  peut  rapporter  ce  qui  cft  dit  en  l'hiftoi- 
AJmonitîô  rc  precedentede  Florentin, touchant  le  baillifde  Nanci,  après  vne  infinité  d'aucres,lc 
*  CC  "deLor  PaYs^c  Lorraine  per(ifte&  demeure  obftiné,  fermât  les  yeux  à  la  lumière,  le  Seigneur 
rame.  °  °r  à  la  fin, félon  fes  menaces  &c  fa  iufticeineuitable,defployera  fon  ire  fur  les  côtempteurs 
de  fes  aducrtiiîemés.  Lequel  nous  cepédant  auôs  à  ptier,  queièlon  la  mifericorde  il  luy 
plailè  pluftoft  conuertir  les  ignorans  à  Iefus  Chrift  fon  Fils  noftre  Seigneur,^  les  adref- 
fer  par  la  conduite  de  ion  Elpntàla  voye  de  vérité ,  pour  cheminer  toute  leur  vie  en  la 
crainte  de  Ion  lainct  nom.    Ainii  foit-il. 

L  E  T  T  R  F'  S  que  M  Théodore  de  Bczc  a  depuis  eferites  aux  fidèles  dudit  pays  de  Lorrainc>dciquclle<;raddrefle&: 
fublcription  eltoit,  A  MESS1EVRS  &  trefehers  frcres,tant  gentils -hommes  qu'autres,  faifans  profefsion  de 
lavraye  religion,au  pays  de  Lorraine. 

Ç^ÎEfsieurs,d  autant  qu'il  n'y  a  qu'vne  feule  EglifedeDicu,i'efperequenetrouuerez 
wvêi.  mauuais  fi  eftan  t  aduerti  comme  vous  eftes  aflemblez  pour  regarder  à  ce  qui  cô- 
cernevoftre  deuoirenuers  Dieu ,1a  diftâce  des  lieux  ne  m'empefchc  point  de  vous  en- 
couragerde  plus  en  plusparlesprefcntcs,puisqucienelepuisfaireautremcnt.  Lare- 
fiftence  qu'il  vous  iautibuftenireft  grande.  Mais  fâchez  que  plus  cft  &:  fera  le  combat 
grande  dirficile,plus  fera  voftreconftance  recommandable,&: la  vi&oire  d'autatplus 
glorieufe.Aiîcurez-vous  feulement  del'afsiftence  de  celuy  qui  peut  &:  veut  tout  pour 
lcs  liens.  L'Apoftre  nous  admonnefte  que  noftre  combat  n'eft  pas,à  parler  propremét, 
contre  la  chair  &c  le  fang,c'eil  à  dire  contre  les  hommes  qui  font  d'vne  nature  corporel- 
le,mais  contre  les  puiiîances  fpirituelles,qui  gouuernent  les  ténèbres  decemonde.  Et 
c'eft  aufsi  la  caufe  pour  laquelle  il  arme  ion  cheualier  Chrcftien  des  vrayes  armes  fpiri- 
.  vrayes  tuclles.  Voila  pourquoy,Melsieurs>ie  vous  prie  &:  exhorteau  nomdeDieu  ,  de  vous  e- 
-  eiinK  h6   clinPPer  U]r  toutes  choies  de  ces  vrayes  armes, qui  font  en  fomme  la  vraye  cognoiftance 
iiK-sChrc    &:  crainte  de  Dicu,&:  vrayzelc  delagloire,  qui  vous  rendront  touliours  victorieux  &0 
ftiens.       fur  autrUy  &  fur  vous-meimes.    Et  d'autant  que  Dieu  a  ordonné  pour  ceft  effed  fon 
fainct  miniftere  quigift  en  la  prédication  de  ià  parole ,  &c  adminiftration  des  Sacremcs, 
fouuenez-vous  que  ii  vous  ne  pouruoyez  à  cela  en  premier  lieu,  il  n'eft  polsible  que  vo- 
ftrt  baftimentfoit  ferme. Puis  cclaeftâteftabli,  ilreftequevouscn  faciez  voftre  prou- 
fitjfappliquansà  voftre  vfage,&;  ne  fouftrans  en  ibrte  quelconque  que  ce  threforvous 
Notez  cecy  foit  olté, par  faute  d'en  vièr.Sata  à  mille  rides  pour  nous  en  deigouter.Mais  c'eft  à  nous 
à  luy  reiifter,tenans  pour  refolu  que  quiconque  nous  veut  tant  foit  peu  deftourner  de 
louyedela  parole  du  Seigneur,  eftmeflager  de  Satan,  apprefté  pour  noftre  perdition 
S-rrordfé"  ii  nous  luy  preftonsl'aureille  .  PuisqucDieu  paria  grâce  a  eftabli  vn  ordrcenfonEgli- 
cihbli  ■ic    (c,  fâchez  que  toute  pcriônequi  s'ingcre,en  mefpriiànt  l'ordreeftabli  du  Fils  de  Dieu, 
D.cn  cnion  nc  tafche  à  rien  qui  vaille,quand ce ieroit  vn  Ange  du  ciel:&:  pourtant,  pour  l'honneur 

de  Dieu, 


Michel  %pbiUrt.  62  p 

de  Dieu,ne  donez  lieu  à  telle  confufion  ,de  laqllc  il  vous  foudroie  rendre  copte ,  &  n  au- 
thorifeziamais  tels  courcurs.Mais  quand  le  Seigneur  vous  aura  enu  oyc  ion  Ambafla- 
deur,alors  preftez l'oreille  &c  lecœur,regardans  a  celuy  au  nom  duquel  il  parle.  S'il  eft 
ieune,  fachczqueDieuneftfuieûàraage,  &:  ne  meipriiez  la  ieunciTc  authorifee  de 
Dieu. S'il  cft  vieil, que  la  vieille/Te  redou  ble  le  reiped  que  vous  deuez  portera  cefte  pre 
cicufeparole.  S'il  eft  eloquent,beniflez  Dieu  en  les  dons.  S'il  eft  de  peu  de  grâce  en  pa-  Contre  Ii 
rôles,  gardez-vous  de  vous  arrefter  plus  a  la  faufle  qua  la  viande ,  &;  vous  lbuuiéne  que  jUrio^é 
la  vertu  du  royaume  dcDieuncgift  en  paroles,  maisenlefFed  &c  fubftance  de  vérité.  reundes 
Bref,recognoifTczlavoixduPafteur,  de  quelque  truchement  qu'il  fe  férue  pour  vous  predicatifr. 
déclarer  la  volonté' .    l'adioufteray  encorcs  ce  mor,que  ie  vous  prie  de  bien  marquer: 
C'eftquelaChreftientégiften  changement  de  vie,  &:  pourtant  gardez-vous  de  fean- 
dalcs:&  quâd  ils  aduien  Jront.ne  faites  pas  corne  les  enfans  de  ce  ficelé ,  qui  fe  fouftie- 
nent  en  mal  les  vns  les  autres  :  mais  foufïrcz  d'eftre  repris ,  &c  vous  tendez  la  main  pour 
vous  relcuer  mutuellement .    S'il  y  en  a  qui  adiouftent  rébellion  à  leur  malice  (dont  lé 
Seigneur  vous  garde)gardez-vous  bien  d'auoir  plus  chère  ou  la  paréte',011  l'alliance ,  ou 
autre  chofequelconquc,que  la  gloire  de  noftre  Dieu,  &  l'édification  de  fonEglife.  Le  ^  ^jjjj 
fils  de  Dieu  a  luy-mefmes  ordonne  la  difeipline  qu'il  veut  eftreobferueecnlon  Eglife  efa?obfcr- 
pour  remédier  aux  fcandales.Vous  voyez  l'honneur  que  Dieu  vous  fait  maintenant,en  U,CJL  j"d'e" 
vousdeclarant  les  pères  nourriffiers  de  fe  s  troupeaux  ,  &  vrais  gentils-hommes  de  fa  S  ,cu 
maifon.    le  vous  prie  donc  au  nom  de  cegrand&:  Souuerain  Roy,  que  vous  /bycZ,  vri 
chacun  de  vous  en  fon  endroit,  vrais  protecteurs  &:  mainteneurs  de  ceft  ordre,  vous  af- 
fuiettiiîans  des  premiers  aux  loix&:  ordonnances  qu'il  a  luy-mefmes  établies  &  dref- 
fees.Or  Meilleurs,  ie  vous  ay  eferit  ces  chofesmon  point  comme  doutant  de  voftre  fuf- 
nïance,&  moins  encores  de  la  bonne  afFedion  que  Dieu  vous  a  dônee  par  fa  gracc,mais  Jj^oy 
àfindevousencouragerdcplusenplus*voyantcombienilyenadeiia,  ànottre  grand  omoidic 
regret,qui  par  faute  de  bien  confiderer  ces  chofes,  non  feulement  n'auancent  point,  J"£uccc 
mais  qui  plus  eft  fe  reculét,&  en  aterainét  plufieurs  aucc  cux.Ie  m'aiïeurc  que  celuy  qui  ftre  fi  peu 
vous  a  conferuez  iufques  ici,  vous  conferuera  iufques  a  la  fin ,  dont  le  le  prie  de  tout  mô 
cœur, après  vous  auoir  fuppliez  de  vous  fouuenir  de  cefte  Eglifé&:  efcole  en  vos  prières. 
La  grâce  &  paix  du  Seigneur  foitauec  vous  tous,  Arncti.    De  Geneue,  ce  14.  d'Auril* 
1 565.    Voftre  humble  feruiteur  au  Seigneur  Théodore  de  Bezc. 


MICHEL    ROBILL  ART,  i^irw. 

S I  le  monde.fi  les  parens  &  amis.voirc  les  larmes  &  regrets  des  mercs.freres  &  fœurs  aflcroblcz  ,  empefehent  le  cours  6c  MJJ.LXmi 
lapourfiiitc  d'vnefainéte  vocation:  nous  auons  en  ce  ieune  compagnon  vn  miroir  pour  efpcrcr  a  celbefoin  l'ifsiiten- 
ce  de  Dicu:&  quant  &  quant  vnc  force  &  vertu  confondante  l'orgueillcuie  làgefle  de  ce  monde ,  laquelle  conférée  à 
celle  que  Dieu  donne  a  fes  petits.n'cft  que  pure  vanité  &  beftife. 

O  M  B  I  E  N  qu'à  tous  fidèles  en  gênerai  ces  exemples  s'adrefTent,  pour  Lc  Profit 
en  receuor  inftru&ion  &;  confolation  :  tant  y  a  que  les  pays  &:  villes  def-  ^ariier 
quelles  le  Seigneur  tire  &£  produit  fes  tefmoins,  y  ont  en  particulier  beau-  qui  reuient 
coup  plus  que  les  autres.  Voila  pourquoy  nous  en  auons  de  tant  de  lieux  &  csMartyra 
nations,afin  qu'en  gênerai  &c  particulier  eftans  munis  d'exemples,foyons  efmcus  de  les 
enfuyurc  quand  befoin  fera. Ceux  de  la  ville  d'Arrasdelong  temps  n'eurent  fi  familier 
exemple  qu'en  Michel  Robillart,non  feulement  de  ce  qu'il  en  eftoir,  iiTu  de  parens  ho- 
norables qui  auoyent  eu  charge  au  gouuernement  public.-màis  auflî  qu'il  autoit  efté  iu- 
gé  en  la  ville  de  Tournay  par  M.Pierre  Aiîct  feigneur  de  Naues ,  prefident  de  la  Cham-  M  Rerre 
bred'Artois.Puis  donc  qu'autant  le  Condamné  que  le  Condamnant  leur  font  cognus,  Met  prefi. 
&d'vnemefme  ville  d'Arras,  ils  y  auront  de  tant  plus  fpecial  aduertiffement  pour  en-  ^dAr" 
tendre  les  mérites  de  lacaufe:pour  voir,d'vne  part  les  rufes  &c  fineifes  des  aduerfaires: 
l'orgueil  des  Iugcs,n'apportans  de  chez  eux  que  preiudices  &  condamnation  d'vne  caù- 
fe  incognue  :  &:  d'autre  part ,  en  l'innocence  de  la  partie  condamnée  vne  confiance  &C 
vertu  admirable.U  fut  conftitué  prifonnier  en  Tournay  au  temps  d'après  les  Pafques, 
m.d.l  x  m.  &c  (on  procezluycftantrait&;  formé  par  ledit  prefident  AfTct,  commiiîai- 

OOo.i. 


Lwro  VIL 


Michel  Robilart. 


La  prifon 
nommée 
Fjpignic. 


Efcricsdc 
Robilhrt. 
Dtfputes 
dudit. 


Sa  îoyc  d*- 
auoir  trou- 
ué  quelque 
beau  paca- 
ge- 


ïihoru- 
tions  à  bien 
viure. 


rc  en  cc{lepartie,fut  longtemps  détenu  en  la  prifon  en  laquelle  on  met  ordinairement 
ceux  qui  n'en  doyucnt  fortir  que  parla  mort.  Si  efl-ce  que  ccflc  confiance  que  dés  le 
commencement  il  eut,  onques  n'en  fut  efbranleen'arlbihlie ,  ne  par  arguments  desad- 
uerfaires,  ne  menaces  des  Iuges,nedcs  larmes,lamentations  &  cris  de  fa  mcrc,defesfre 
rcs,fœurs,parens&amis,vcnus  exprès  d'Arras  en  Tournay,  pour  le  diuertir  &  deftour- 
ncr  d'où  le  Seigneur  l'auoit  achemine'. 

Qv  a  n  t  aux  peines  &:n  auaux  qu'il  a  fouftenus  ,  tantofl  aiTaiHf  par  menaces, 
puis  par  flacccries,par  lefuites,par  Auguttins  &  autres  racailles  de  moines ,  ce  feroit  vne 
chofe  trop  longue  &  confufe  à  reciter .  On  luy  mit  en  fbmmc  totitcs  fortes  d'aducrtài- 
rcspourlediuci  tif  S:  mattcr,auec  ce  qu'on  luy  auoir  ordonne  fi  cltroittc&  petite  nour- 
riturc,que  iamais  meurtrier  ne  l'endura  plus  rigouieufe  :  commcle  tout  s'entendra  plus 
à  plein  par  aucunes  iiennes  lettres  que  nous  auons  cy  deflus  inférées.  Vn  Cordelier,  qui 
fe  nomme  le  Pretcheur  de  l'Euefquejl'aiTaillit  après  les  autres,  en  prefence  de  pluficurs 
delà  ville,&  de  quelques  Chanoines  &:  Curcz,tur  beaucoup  depoin&s:  mais  l'impudrn- 
cedu  Caphard  demeura  confule.  Quant  aux  eferits  qu'il  a  faits  durant  fon  emprifon- 
ncmenr,ilna  pas  feulement  en  genei  al  coniolé  ceux  defEglifc  ,  mais  aulîî  en  particu- 
lier cfcritàplufieurs  d'entr'eux.II  a  traité  amplement  tous  les  poinctsdelareligionChre 
ftienne,en  forme  de  Confefsion  de  foy ,  pour  m  onllrcr  rvnion  &  le  confentement  de  là 
do&rine  auec  r£glifc,(e  fondant  furies  l'ainetes  Etcritures.  Quant  aux  dilputes ,  il  ne  les 
a  pas  feulement  eu  verbales  contre  les  ennemis  ci  delîus  touchez,  mais  auisi  par  clcrit: 
d'autant qu'iceux luy  enuoyoyet&  limes  &: eferits  de  leur  farine  &  leuain.pour leql refu 
ter&  côueincre,  il  a  nô  feu lemét fait  fes  preuues  pai-pafTages  expies  du  vieil  &:  nouueau 
Teftameiu,maisaufsiparauthoriccdesDo&cutsanciens,quand  beibin  eftoit.  Etquâd 
l'Ecrit  du  Seigneur  luy  mectoic  au  deuant  &:  confortoit  fa  mémoire  de  quelque  beau 
paflTageouauthoritédcs  Anciens,il  s'en  r efi ouynoittellem en t,qu'il  fou haittoit  à  l'heure 
les  aduerfaires  luy  eftre  confrontez,pour  leur  déclarer.  Et  ne  failloit  de  fignifier  par  let- 
tres celle  ioye  à  ceux  de  l'Eglifcquand  le  moyen  luy  elloit  offert  :  de  manière  que  fou- 
uent  en  fes  lettres  il  refueilloit les  lefteurs  d'icelles  par  cefle  excla mation, Riez,ricz  auec 
moy,mes  frères  &amis:ie  fuis  ioyeux  de  ce  que  le  Seigneur  mon  Dieu  me  prefentc,&: 
i'en  faute  de  ioye  en  mon  palais.  Puis  ailleurs  adioulloit,  A  mis,  ic  vous  prieque  vous 
employez  bien  le  tem  ps  cependant  que  vou  s  F auez,à  vous  fortifier  contre  les  afluces  Se 
fineffes  de  ces  gés-ci.Pour  vray,ie  n'euffe  iamais  pèle  qu'ils  eulfenr  elle  fi  cauteleux  come 
ils  font.  Parquoy  ic  vous  prie  défaire  tout  deuoir.  Et  la  eau  U  pourquoyie  vous  prie  de 
ce  faire,c'eft  d'autant  que  moy-mefmcfay&cognoy  maintenant  qu'il  y  agrandeigno- 
ranceen  moy,par  faute  de  ne  point  auoir  autrement  em  ployé  le  temps .  le  vous  prie, 
mes  amis,dc  vou  s  fentir  des  liens  où  ie  fuis ,  afin  ou e  par  ce  moyen  vous  cognoilsiez  que 
i  ay  grand  befoin  de  vous,aiTauoir  que  priez  Dieu  pour  moy ,  afin  que  ie  ne  décline  n'a 
dextre  n'a  fcnc(lre,ains  que  ic  demeure  ferme  iufqu  a  la  fin. le  defire,silvous  eft  pofliblc, 
de  reccuoir  bien  tofl  &c  fouuent  quelque  confblation  de  vous.  A  Dieu,  mes  frères,  vous 
priant  m'aider  àauancerlagloirede  Dieu  par  voftre  bonne  vie  &:  conuerfation  :  vous 
promettant  que  de  mon  code  (moyennant  la  grâce  de  Dieu,  &:  les  prières  que  fe- 
rez pour  moyjie  feray  tout  le  mieux  que  ie  pourray,ou  plulïoft  le  Seigneur  en  moy  ,  non 
feulement  d'élire  emprifonné,  mais  defoufîrirpourlbn  Nom ,  voire  ficela  peut  venir  à 
fa  gloire. 

E  t  par  vne  autre  lettre  il  exhorte  ceux  du  pays  en  ce  fie  façon,  F  r  e  r  s  s  ,  ce 
queiedefirede  vous  n'efl  pas  pour  vous  induire  à  vous  précipiter  auxdangers,  &C  venir 
es  mains  des  cnnemis,mais  feulement  que  par  vne  bonne  &L  iaincle  conuerfation  vous 
viuiez  encre  les  infirmes  &  infidèles  :car  ils  regardent  ibigneufement  nothevie  ,  non 
point  pour  y  pi  endreexemple,  mais  afin  de  s'en  moquer  ,  6c  le  nous  reprocher  quand 
nous  fommes  deuant  eux  ,difàns,Quenefaites-vouscequc  vous  dites?  A  vray  dire 
on  ne  nous  làuroit  reprocher  chofe  plus  griefue  que  cela:  iedilesinfidcles.  Paitant, 
mes  frères  Se  amis,au  nom  de  Dieu,  &:  autant  qu'il  m  cil  polsible,ie  vous  fupplie  que 
voftre  vie  fort  comme  vne  chandelle  ardcnte,pour  eiclah  er  les  infirmes  en  la  do&rinc 
de  vérité. 


E  S  C  R  I  T  de  Michel  Robillarc,c5tcnant  les  premiers  affauts  qu'il  eut  de  la  mcrc,dc  fon  frere,dc  fon  bc.iufrcrc,&  là 

feeur» 


M  ichel  %obiUart.  630 

Ibeur.venus  expres:puis  les  difputcs  qu'il  cuft  dcuant  le  prefident  d'Artois  contre  yn  moine  Auguftin ,  tufehant  par  pa- 
roles blandiilàntes  le  diuertir  de  la  vérité. 

E  S  chers  frères  &amis,ayanttrouué  le  moyen  &  la  commodité  de  vouseferire, 
ie  n'ay  voulu  faillir  à  ce  faire ,  cognoùTant  comme  ie  fay  auflî  quel  defir  vous  auez 
«Jèfeuoir  demaprofperitc&  demesafaires.  Quanta  ma fanté,ic remercie  Dieu ,  ie 
nelalàuroyedelirerméilleureMelefuppliequ'ainiifoit-ildevoustous.  Quant  à  mes 
afaires,ierez  aduertis  que  Jeudi  dernier,  qu'on  appelé  le  iour  S.  Iean,enuiron  deux  heu- 
res après  difner,le  prefident  d' Arras  vint  en  la  Halle,accompagné  d'vn  Commiflàire,&: 
quelque  homme  de  la  villc,lequcl  à  ceque  ie  peux  voir  eft  du  Confeil:  càr  il  a  coufîours 
cité  en  haut  quand  on  m'y  a  appelé. LcFrefidcnt  me  fit  mener  deuat  luy,&  me  deman-  Admoniti5 
da,Etbiê\ Michel, voulez- vous eftre toujours opiniaftreen  voftre  m  clchâceté.?nauez-  du  prefidét 
vous  point  péfé  à  voftre  afaire?leluyreipondi,Ie  prie  Dieu  que  cequ'ilacommécé  par  5^**°" 
{agraceenmoy,qu'illuy  plaile  l'acheuer.  C'eftle  diable,dit-il,&:  non  point  Dieu  :  car 
vous  cftes  vn  glorieux  qui  voulez  eftrè  plus  fage  que  voftre  pere  n'a  efté,  qui  eftoit  vn 
tant  homme  de  bien  &  fi  catholique.  Penfez-vous  que  nous  n'apperceuions  point  vo- 
ftre outrecuidance  ?  vous  vous  deuriez  mefler  de  faire  vos  pots  &:  vos  plats ,  &:  ce  leroit 
bien  allez. Monfieur,fi  eft-ce  que  ie  doy  auoir  foin  de  cognoiftre  ce  qui  appartient  à  mô 
(alut,puis  qu'il  a  pieu  à  ce  bon  Dieu  de  m'auoir  mis  au  monde.Bien, bien, dit-il,  nous  ne 
fommes  point  ici  pour  vous  ouyr  prefeher:  maison  vous  fera  bien  changer  voftre  pror 
pos.  Que  diriez-vous  maintenant  ii  on  vous  faifoit  parler  à  voftre  mere ,  laquelle  vous 
faites  mourir  d'ennuy&:  de  fafcherie?  (2.  le  fuis  marri,Mon(ïeur,que  Dieu  neluy  fait 
cognoiftre  la  caule  de  fonennuy.  Bien,bien,vous  la  voudriez  délia  auoir  gagnée,  carc'- 
eft  voftre  couftume  à  vous  autres  de  vouloir  gagner  tout  le  monde. Monlieur ,  ie  ne  luy 
fauroye  defirer  plus  grad  bien.  Or  fus,dit-i),on  parlera  à  vous  d'autre  forte:entrez  là  de- 
dâs,vousy  trouucrez  voftre  mère,on  verra  quelle  falutation  vous  luy  ferez. Et  en  diiànc 
cela,  ils  me  îiiyuirent.Incontinét  que  ie  f  us  entré,chacun  fe  mit  à  pleurer,ma  mere,  mô 
frerc,mafceur,monbeaufrere,&  moyauflî.Iepefay  embrafler  mamerelafàluât,&:  m'af- 
lbir  auprès  d'elle  :  mais  elle  me  reietta,  dilàntxTu  n'es  point  mon  fils,  ie  ne  fuis  point  ta  RobiluTa 
mere  tant  que  tu  fois  ainfi.Et  delà  i'allay  vers  mon  frere,&  après  aux  autres.Sc  ayant  re-  efte  receu 
prinscourage,iedi,Ilfautquenaturefaccfondcuoir:  mamere,  reconfortez-vous  en  1e  ,f*  m"c 

*  c  *.•■/•       1  1  n  1  •  r  •    t  t    «ailles  les 

Dieu,  &  le  priez  qu  il  vous  race  la  grâce  de  cognoiltre  combien  ie  luis  heureux .  le  parens. 
ne  feeu  acheuer  à  caufe  des  lamentations  tant  d'elle  que  de  mon  frère  &;  autres .  Ma 
meremedit,  Scras-tu  toufïours  ainfi  enfant  du  diable  ?ne  te  veux  tu  point  conuertir?  le 
faindEfpritt'atantdefoisinfpircàretourner,&:tuyrefiftestouiîours  .  nous  feras-tu 
longuement  ce  deshonneur  ?  Les  larmes  l'empefchoyent  de  pourfuyure.  Lors  ie 
luydi,Helas,ma  merc,combien  que  ie  vous  diechofes  véritables,  vous  ne  voulez  rien 
croire:mais  cependant  ie  vous  prie,  confolez  vous  en  Dieu  ,  &  la  priez  qu'il  vous  foie 
propice. 

Apre  s  cela,monfrerc  me  dit,Faut-il  que  vous  faciezainii  mourir  ma  mere  ?  n'au- 
rez-vouspointelgardàfa  vieilleffe  î  ne  pouuez-vous  vn  peu  diflïmuler  pour  quelque 
temps?eft-ce  fi  grand  cas,quand  vous  le  feriez  pour  vn  mieux  ?  le  ne  di  point  que  vous 
changiez,mais  que  vous  difsimuliez  pourl'amour  d'ellc,laquelle  vous  voyez ainfi'defo- 
lec .  le  luy  refpondi,0,mon  frerc,  puis  qu'il  faut  aimer  Dieu  par  deflus  toutes  choies, 
il  n'eft  queftion  de  difsimuler:&  melme  lefus  Chrift  le  nous  a  dit.  Ma  fœur  pnnt  le  pro- 
pos^ dit,Faut-il  que  iaye  vn  tel  frere!  tu  n'es  point  mon  frère:  vous  auez  vn  terrible 
cœur  de  voir  ainfi  ma  mere,&  n'en  tenir  compte.  Lors  ie  luy  di,Contcntez-vous,ic  pers 
temps  à  vous  dire  quelque  chofe:mais  priezDieu  qu'il  vous  face  lagrace  de  le  cognoiftre 
en  lefus  Chrift. 

Or  ie  penfoye  auoir  fait:  &  voici  mon  beaufrere  ,  homme  fage  &:  prudent  félon  les 
hommes,me  vint  dire,  N'eftes-vous  pas  biémifcrable  devoir  ainfi  voftre  mere  mourir, 
&  cependât  demeurer  opiniartre,&  ieteer  voftre  vie  à  l'abâdon?  le  luy  di ,  Vous  le  dites: 
mais  quant  à  moy  iefay  mieux:&  comméçay  à  parler  des  prome/Tes  de  Dieu,  en  luy  de- 
mandât s'il  ne  les  tenoit  point  pour  véritables. Ily  eut  vn  qui  s'eferia,  Il  cômence  à  pref- 
cher:çà  çà,prenez  congé  de  voftre  mere,puis  que  vous  ne  voulez  dire  autre  chofe.ïc  me 
iettay  vers  ma  mere,&  en  la  baifànt,ic  luy  di,  A  Dieu  ma  mere ,  à  Dieu  pour  la  dernière 
fois.penfez  vn  peu  à  ce  que  ie  vous  ay  dit  autresfois  ,il  en  eft  temps  :  ie  prie  Dieu  qu'il  dc- 

OOo.ii. 


L/wo  VII.  oïMtchel  Robillart. 

meure  aucc  vous. Elle  ditje  fuis  bien  contente  de  n'y  point  pcnfer:mais  toy,penfc  à  ton 
afaireque  tu  te  damnes  ainfi  à  tous  les  diables.  On  ne  me  donna  point  loilir  de  luy  ref- 
pondre,&:  aufsï  mon  cœur  eftoit  ferré  les  voyant  ainfi  tous  pleurer:toutesfois  derechef 
prenant  congé  de  tous,icIeurdi,Ie  prie  Dieu  qu'il  vueille  demeurer  auec  vous,  &  que 
RobilLm    puilsiez  fi  après  viureen  paix. Et  le  fergeant  me  remena  en  mon  palais, où  ic  fuis  encore, 
garm  de     loué  foi  t  Dieu.Mon  jppre  frère  meconduifant  iufqucs  en  bas,mcdit,Oeft  vn  grand  cas, 
couibnec    ne  faurjez_vous  vn  petit  difsimuler  pour  l'amour  de  ma  merc,  &  pour  fauucr  voftreper- 
fonne?Qudfauuement,di-ie:vousfaucz  mieux  que  vous  ne  dites.  Et  il  me  répliqua,  le 
ne  veux  point  apprendre  niouyrvoftre  propos, ains feulement  quevousayez  elgardà 
noftre  mere.  Et  fur  cela  icfluy  di,  A  Dieu. 

Voi  l  a  la  departie:apres  laquelle  ieremerciay  Dieu  que  tout  s'eftoic  aiîcz  bien  por- 
té,ayant  efté  deliuré  de  telles  tentatiôs.Mais  enuiron  vue  heure  après,  voici  on  me  vint 
quérir  pour  aller  deuâc  les  Commiftaires .  l'y  trquuaydcux  Auguftins,dontl'vneltdo- 
creur,àce  qu'il  m'a  dit. On  me  fit  feon -à  bas  fur  vneclcabelledorsce  Docteur  me  dit,Mi- 
chel  mon  ami, mefsieurs  les  Commiffaircs  m'ont  enuoyé  quérir  à  larequeftede  voftre 
mercjaquellclesapriczd'auoirquelque  homme fauant  pour  vous  remettre  en  la  foy 
'"Douceur   &au  droit  chemin.  Ie!nyrefpondi,Icnefuis  point  hors  de  la  foy .  Efcoutcz ,  Michel  " 
uoir  dCCC  mon  ami, (ainfi  parloit-il  doucement,ayat  touliours  les  mains  iointcs)ic  fuis  venu  pour 
vous  dire  la  vcrité,mon  ami  Michcl:&  penfez-vous  que  ie  vous  voudroye  tromper.-  &: 
puis, ne  voici  point  mefsieurs  les  CommifiTairesquime  reprendroyét  fi  ic faifbye autre- 
mentfOr  çà, efcoutcz, mon  ami  Michel, le  vous  pric,vousaucz  dit  que  vous  pliez  Dieu 
qu'il  vous  face  l.i  grâce  Je  viure&  mourir  (clon  les  commandemens  :  où  font-ils  clcnts  ? 
le  luy  di,a  u  zo,chap.d'Exode.C'cft  bien  dir,Michel  mon  ami,vous  auez  raiibn:  Ne  vou- 
lez-vous rien  tenir  des  autres?  @£.  le  me  contente  de  ceux-la:  oùentrouuez-vous  d'au- 
Commande  très  que  Dieu  ait  commandé  de  garder?U  medit,Ccux  qucl'Egli(ècommâdc,comme, 
Tie  Ro'  C  Les  Dimanches  meffe  orras  &:  les  feites:&:  (en  efleuant  les  mains)Tous  tes  péchez  con- 
«AiDc.      fédéras,  A  tout  le  moins  vne  fois l'an.Etpuis,mô  ami  Michel,cuidez-vousquecefoitmal 
fait  que  nous  celebrôs  auiourd'huy  la  fefte  de  ceglorieux  fainct,monfieur  S.Iean,dont  il 
eft  tant  pàrléînelc  mérite  il  pas  bien?  car  regardez  là  genealogie:(on  perc  eftoit  muet,&: 
fa  merc  eftoit  fterile,&  a  efté  lanctifié  dés  le  ventre  de  fa  merc .  &  encore  quand  c'eft  ve- 
nu à  le  baptifer,quefa mereadit,qu'on l'appelleroit Iean: & aufsi noftre  Seigneur Iefus 
Chriftna  il  point  parlé  de  luy, qu'il  a  efté  fon  ambafladeur  <  Ilfitcclongdilcours,  au- 
quel ic penfoye refpondre  pour  monftrer  là  beftilermais  ie  n'eu  pas  d'audiece,  me  difant, 
sic'cft  nul  Mon  ami,quandi'aurayacheué  vous  parlerez.  Dites  moy  donc,  Eft-ce mal  fait  de gar- 
deïl«|ar  der  les  telles?     Ouy,veu  qu'il  eft  commandé  de  trauailler  fix  iours,&  faire  toute  noftre 
iks.        ceuure,&  garder  le  iour  du  repos,à  l'exemple  de  Dieu,  qui  fit  en  fixioursle  ciel  Se  la  ter- 
re,la  mcr,&  tout  ce  qui  eft  en  iceux,&:  fc  repofaau  feptieme  iour,&  la  fan&ific.  Le  Moi- 
ne me  dit,  Non,  non,mô  ami:il  eft  eferit  au  Pfeau  me,Il  n'eut  point  fi  toft  dit ,  que  tout  a 
efté  faitrmais  c'eft  vne  rcigle  que  Dieu  bailla  à  Moyfe  pour  inftruirele  peuple  qu'illuy  a- 
uoit  baillé:&:  que  c'eftoit  vne  figure.Ie  luy  remonftray  fon  erreur ,  &  declaray  comment 
le  Sabbathauroit  efté  changé  au  Dimanche,&  pourquoy:maisil  pourfuyuoit  touliours 
les  propos, &:  me  dit,Nctenez-vous  rien  de  lafeftedeCirconcifion,&  puisdçl'Epipha- 
nie,quad  les  Rois  fontvcnus  adorer  Iefus  Chrift?  (£.  l'en  tien  autant  des  vnci  que  dés 
autres:^  que  ceft  bien  fait  fefte  quand  on  s'adonne  à  ouyr  ou  lire  la  fain&e  parole  de 
Dieu,afin  de  nous  inciter  à  viurc  comme  il  appartient.  Vous  dites  bien,  Michel  mô  ami, 
c'eft  fort  fagement  fait  de  lire  ce  qui  nous  eft  laiile  pour  mémoire  de  bien  viure.  mais  tât 
deConcilcs  qui  fc  font  tenus  &approuuez,y  voulez- vous  contredire?  Monficur,  ien'- 
ây  deuant  moy  que  la  pat  oie  de  Dieu,laquelle  ie  vous  allègue. Il  me  dit, Mon  ami,  ie  voy 
bien  où  vous  voulez  venir  raflauoir ,  qu'il  ne  faut  adiouftei  ne  diminuer  à  la  parole  do 
Dieumiais  il  eft  efcrit,qu'il  faut  baptifer  au  nom  du  Pere,&:  du  Fils,&:  du  iain£t  Efprit:  &: 
toutefois  on  trouueaux  A&esqueles  Apoftrcs  baptiloyct  feulement  au  nom  de  Iefus: 
Solution.»  ils  ont  donc  diminué  à  la  parole  de  Dieu.  le  luy  refpondi ,  Monfieur,  ceux  aufquels  les 
l'obicaiou  Apoftrcs  auoyent  à  faire  cognoifloyentDieu  &r  le  faincl  Efprit:mais  le  nom  de  Iefus  leut 
du  Moine.  cfj-0jc  cn  horreur  à  caufe  qu'ils  l'auoyent  crucifié  ,  lequel  les  Apoftres  leur  prclchoyent 
Sauueurdu  monde.  Le  Moine  dit,  Vous  auez  railon, mon  ami:  mais  penfez  aux  Conci- 
les^ à  ce  que  tant  de  gens  fages  &:  bien  viuans  ont  apj t  ouué  de  fi  long  temps.,  /©pen- 
foye 


Michel  KobiUrt.  .  631 

foyc  qu'il  dcuoit  pourfuyure  les  autres  commandemés  de  leur  cgUCe&cn  eftoye  ioyeux: 
mais  il  coupa  propos,&:  dit,  Venons  aux  Sacremens:y  croyez-vous,Michel.?Lors  le  Prcfi- 
dcntdit,C'eft-cy  la  maladiexarfon  Eglifc  n'en  croit  que  deux.  (*.  Il  eft  vray.  L'Augu- 
ftin  dit,Qucls  font-ils,Michel  mon  ami?(il  auoit  toufiours  ce  mot  en  la  bouche,pen(anc 
par  beau  parler  me  tirer  à  ion  opinion.)  Ieluy  di,lcBaptefrae&:la  fain&e  Cenc.  Mais 
pluftoft  laMcfrc,ditlePrerident.Ieluyrefpondi,querEfcritureparloit  delaCenc.Et  le 
Moine  dit, Vous  auezraifon,mon  ami,pource  que  c'eftoit  après  fouper:  &c  parla  Latin  à 
l'autre  CommuTaire,Iequel  dir,Et  touchant  les  autres  cinq,vous  n'en  tenez  rien?  g&.  l'en 
tien  autant  que  l'Efcriturenous  enfeigne:commc  quant  à  pénitence,  qui  eft  rcpcntâcc, 
ic  tien  que  c'eft  vn  vray  defplaifir  des  fautes  &  offenfes  corn  mifes,qu'vn  cœur  contrit  èc 
abatu  confciîcàtoutesheuresdeuantDieu,lequeladit,Qu'ilnevouloit  pointla  mort  Eze.3j.11. 
du  pecheur,mais  qu'il  feconuertift.  Et  comme  dit  Dauid ,  Pleaume  trentedeuxicme,  le 
feray  confession  de  mes  forfaits  au  Seigneur.  C'eft  bien  dic,Michel  mon  ami  :  mais  na-il 
point  donne'  cefte  authorité  à  S.  Pierre  &  à  lesiucceiTcurs,  difant,  Cequc  tu  lieras  en  la  Jj]lw£t 
terre,fera  lie  au  ciel:&:  ce  queru  deflieras  en  la  terre,fera  deilié  au  ciel  :  éc  luy  a  donné  les 
clefs  du  royaume  des  cieux.  (£.  Il  eft  vray  quant  aux  clefsrtout  ainii  quepar  lapredicatiô 
de  la  parole  de  Dieu  le  ciel  nous  eft  propofé  pour  vnedemeurance  éternelle,  ainfipar 
icelle  il  nous  eft  ouuert.  Et  quant  à  lier  &c  deiîicr,la  parole  de  Dieu  nous  enfeigne  com- 
menos  péchez  nous  tiennent  liez,&  comment  nous  en  iommesdefliez  par  icelle  mef- 
mcjc'eftàdire^uandnousrecognoiftbns  par  la  voix  de  l'Euangile  la  mifericorde  de 
Pieu  prefenteeen  Iefus  Chrift,lequel  tant  doucement  nous  appelle  à  foy,  Venez  à  moy  MaMi.it 
vous  tous  qui  eftçschargez,&:ie  vous  Ibulagcray.  Vous  dites  bien,  Michel:  mait,n'eft-ce 
point  facrement  que  Confirmation?Ic  luy  demanday  cjue  c'eftoit  que  Sacrement.  11  me 
dit,C'eft  vn  ligne  extérieur  par  lequel  nous  eft  prefente  Ynechofe  intérieure  pourlefa- 
lutdel'ame.    leluydi ,  Que  Sacrement  ne  peut  eftrc  fans  la  promeiTe  &  la  parole  de 
D  ieu.  (36.  Il  eft  vray,dit-il,mais  efcoutez-moy  bien  ic  vous  prie ,  &:  ic  vous  monftreray  le 
%nc,  la  promeiTe,&  la  parole  de  Dieu:&:  puis  ne  ferez-vous  pas  cotent?  Les  mains,n'eft- 
ce  pas  vnfigne  qui  nous  îignifievn  tefmoignage  de  lapromeiTe,  queccluy  furqui  elles 
font  mifes  eft  digne  de  la  receuoir?  Et  l'huile  qu'on  leur  baille,  ne  ilgnifie-ellc  point  la  L«  Partîc» 
grâce  du  iain&  Eiprit  ?  commeileft  eicritaux  Acres,quepar  l'impofïtion  des  mains  ils  u^^11' 
receuoycntleS.Elprit.  Et  puis  il  y  a  la  parole  de  Dieu,  Iet'oin  au  nom  du  Pcre  &  du  Papiftiquc." 
fain&Eiprit.Ieluydi,Vousnetrouuezpointcela  aux  Actes. mais  quantàvoftre  Con- 
firmation ,  i'enten  quedu  temps pafte  Jacouftume  portoic,  quand  on  cftoit  venu  en 
aage  de  cognoiiTance,de  faire  proteftation  folenn elle  de  la  promette  laquelle  on  auoit 
faiteaubaptefme:&:cedeuantceluy  quieftoitPafteur  ouEuefque,  lequel  pnoit  Dieu 
de  leur  faire  la  grâce  degarder  ladite  promette,  ou  autres  femblabies  prières ,  fans  huile 
n'autres  lingeries.  Le  Moine  fur  cela  me  dit,Tcncz-la  donc  pour  facremér,  fuyuât  mek 
me  ce  que  vous  dites.  QS.  le  n'en  feray  rien .    ^  Le  Curé  deS.Iaqucsquieftoitprefent, 
me  dit,Et  le  facrement  d'Ondion,û  vous  le  nicz,vous  démentez  fainct  laques.  (S.  Il  ne  0nû; 
l'appelle  point  Sacrement.il  print  vnTeftamcnt  en  Latin,&  lifoittmais  il  ne  le  trouuoic 
point:&ieluydi,Cclaaprinsfïnauec  les  Apoftres:&:  c'eftoit  vn  don  de  guerifon  que 
Dieu  leur  auoit  laiflé  pour  confermer  leur  doctrine .  Mais  ie  vous  demande,  Tous  ceux 
que  vous  engraiiTezauiourd'huy  reçoiuent-ils  guerifon?  Aucuns,dit-il.Etcôment,di-ic, 
vousnelesengraùTeriezpas  il  vous  pentiez  qu'ils  deuilcntrefchapper .  brctjlaplus  parc 
de  ceux  que  vous  engraiftez  font  plus  morts  que  vifsrpuis  vous  dites  que  ce  facremét  cô- 
fere  grace,ceferoit  donc  de  mourir.  IclaiïTe  vos  autres  blafphemes  en  lmuocation  de  ^ 
vos  Saincts  &  Sainctes.    Voila  vnc  partie  de  ce  qui  a  efté  dit .  I'efperç  de  parler  encore 
demain  audit  A  uguftin,  mais  ic  vous  enuoye  ceci  en  attendant. 

EXTRAIT  d'autre  lettre  dudit  R  obillart,  contenant  comment  il  a  elle  affailli  pardifputcsdes  Iefuites ,  douant  le 
Prefident  d' Artois:&  comment  il  a  repouffé  par  viues  raifons  l'orgucillcufe  ignorance  ou  pluftoft  beftife  des  grans  8c 
hges  de  ce  pays-la. 

ŒŒjQ'lj  E  S  frères  &  amis ,  cefte  fera  pour  vous  aduertir  que  ce  iourd'huy  ayant  efté  ame- 
né  deuant  meilleurs  les  Commiflaires,&  lePrcuoftde  cefte  ville,  accompagnez 
de  deux  Iefuites  ,  le  Prefident  d'Artois  me  fit  fes  remonftrances  accouftumecs,  m'al- 
leguant  mes  parens  &:  amis,  &  fur  tout  ma  mere:  Penfez-vous,  dit-il,  entendre  les 

OOo.iiL 


Livrer  VIL 


Michel  Robillart. 


fain&es  Efcritures?non,non:meiïez-vous  de  voftre  mefticr,&:  pcnfez  à  voftre  afaire,  au- 
trement voftre  cas  ira  tore  mal .  Des  Sacremens  vous  n'en  tenez  que  deux. 

Difputc  fur      Non  Monficur.  Lors  l'vn  des  Icfuites  dit,  Et  nous  cn  tenons  lept.  (*.  Ielel'ay  bien: 

le  nombre  mais  ou  trouuerez -vous  vos  cinq  après  les  deux  que  Iefus  Chrift  a  mftituez?  Mais 

mens  "C  ou  n  ouucz-vous  qu'il  nV  cn  aic  °iue  deux  ?  En  faiuct  Matthieu  26,&:28,  chap.  L'vn  a 
fuccede  àla  Circonciiion,fSi  l'autre  àl'agneau  Palcal.  Vous  n'y  trouuerez  point  le 
mot  de  Deux.  .  Sainct  Auguftin  au  troifieme luire  delà  do&rineChrcltiênc  chap. 59, 
le  dit  a<Tcz,quâd  il  déduit  fon  propos  de  ce  q  le  Seigneur  ne  nous  a  pas  chargez  de  beau- 

ftren/^1"  couP  ^c  %ncs-Et  ailleurs  cn  î'Epiftrcà  Ianuanus,il  dit,  Que  Iefus  Chrift  aordonnécn 
l'Eglife  Chrcftiéne  peu  de  Sacremcs  en  nôbre,faciles  àob("eruer,exccllés  cn  fignificatio, 
aft'auoir  le  Baptelme,&:  la  communication  du  corps  &:  du  fang  du  Seigneur .  11  ne  parle 
que  de  deux.  S'-  Qu'ainfi  foitimais  l'eglifc  catholique  cn  a  reccu  lept,  àc  autant  cn 
ontordoné  les  Conciles. Ne  tenez-vous  pas  que  l'Eglife  de  Dieu  eft  gouucrnec  par  fon 
fainctLipnt?  Guy.  <^>.  Et  qu'il  a  dit  à  les  Apoftres,I'ay  encore  beaucoup;!  vous 
dire,quc  prefentement  vous  ne  pouuezportcnie  vous  cnuoyeray  le  S.Efprit,  qui  vous 

ï.cs  Conci-  enfeignera  Iecout.  Oraux  Conciles  fe  font  trouuez  de  toutes  parts  gens  conduits  du  S. 
Efprit,qui  a  prelidé  en  leurs  airemblccs,&:  lequel  ne  peut  errer.  (*.  Il  ne  peut  errcr,mais 
le  contraire  le  peut  prouuer  des  hommes:&:ic  m'en  rapporte  à  vous,  il  vousauezleules 
Conciles  qui  ont  eftabli  les  cinq  facremens  adiouftez  aux  deux  ordônez  en  l'Eglile pri- 
mitiue.Si  vous  en  vouliezdire  ce  q  polïiblevous  en  lèntcz,vous  ne  diriez  pas  qu'ils  ont 
efté  conduits  du  S.Efpric.  ^  Mes  frères, cecy  s'eft  traitte'  aflêz  doucement,  entendant  l'- 
vn l'autre. mais  depuis  le  fonr  mis  lixparlans  contre  moy  :  aflfauoirles  deux  CommnTai- 
res,lePreuoft,vn  petit  Confeilier,&  les  deux  Iefuitesfvn  après  rautre,tcllem  en  t  qu'on 
syeftelchauffé.    «^p.   Mais  quelleeft  voftre  Eglilc  que  vous  croyez?    (36.  L'Eglife  de 

i  tgiifcdu  Dicu,c'eft  la  congrégation  des  fideles,quefainct  Paul  i.Timothee  3,nommemaifonde 

Seigneur.  Dieudaqucllc  (commeil  eft  dit  aux  Ephe.i,  )  eft  fondée  fur  le  fondement  des  Apoftrcs, 
dont  Iefus  Chrift  eft  la  maiftreiTe  pierre angulaire,auquel  toute  l'edificatiôliee  enfem- 
blecroift  en  vn  temple  fainct  au  Seigneunnous  croyons  ceftc-la.Maintenant,Moniieur, 
pourec  que  beaucoup  délectes  le couurent  du  nom  d'eglife,  on  pourra  facilement  co- 
gnoiftre  la  vraye  Eglifè,  par  les  îàin&es  Efcriturcs ,  &  aulîî  û  la  parole  de  Dieu  y  eft  pref- 
cheepuremcnt,&:  les  Sacremens  adminiftrez  commclefus  Chrift  les  a  inftituez  :  &  de- 
puisjes  Apoftres  après  luy. 

Ce    f  v  t  lors  à  crier,  Où  cftoit  voftre  eglife  auparauant  Caluin,ou  deuant 
cinquante  ans  ?      le  demaderay  aulîi,Où  cftoit  l'Eglife  lors  qu'Helie  faifoit  cefte  com- 

i.Roii  15.10  plainte,Scigncur,ils  ont  occis  tous  tes  Prophètes,  &  fuis  demeure'  feul,encore  ils  cerchéc 
de  me  mettre  à  mort:&:  toutesfois  Dieu  luy  dit  qu'il  s'eftoitreferué  fept  millehômes  qui 
nauoyent  ployé  legenouil  deuant  Baal.Ainfi,Monficur,combien  que  le  nombre  des  fl- 

icjm8  dclesfoitfouuent  incognu,neantmoinscftimons,puis  que  Iefus  Chrift  eft  vrayRoy,auf 
û aura-il  devrais fuie6ts,où  qu'ils foyent partout  lemonde.         Efcoutez,  il  eft ci'crit, 

Nktch.is.is  Si  ton  frère  a  péché  entiers  toy.va  &c  le  reprcm&s'il  ne  daigne  d'efcoutcr,di-lc  à  l'Eglife. 
Oùeft  cefte  Eglife.?faut-ii  aller  à  Geneueî  (*.  Monficur,  ie  vous  ay  ditqucl'Eglifecftla 
congrégation  des  ndeles:&  y  a  cghfe  là  où  les  fidèles  s'aflemblcnt  :  &  ne  faut  pas  aller  à 
Gencuc.  En  auez-vous  veu  ici?  Monfieur,ie  mefuis  trouué  à  Paris,à  Orléans, 
à  Poictiers,&:  autres  villes  en  France,oùily  auoitalfemblee  des  fidèles.  .  C'cftoit 
fous  la  cheminée,  çt.  Ouy  bien,voirc  es  caues  &:  caucrnes,&  quelquesfois  aux  îardins. 
Et  n'eft-ce  pas  raifon ,  Monlieur ,  puis  quelafaulle  Eglife  n'a  lai/Té  place  ne  lieu  leur  à  la 
vraye  Egliic  pour  s'yreigler?  <gp.  Et  quelles  enfeignesauez-vous  de  la  vraye  Eglifè? 
(3S.  La  prédication  de  la  pure  parole  de  Dicu,&  l'adminiftration  entière  des  Sacremés. 

Ec  de  prier  la  vierge  Marie &c  les  Sain6ts,vous  n'en  tenez  rien.@î.  Non,car  c  eft  cotre* 
la  parole  de  Dieu.  L'Ange  l'a faIuec:&auflîEuzabct,dhanr,  Beniteftlcfruictde 

ton  ventremous  la  dcuons  donc  faluer  à  leur  exemple.  (*.  Voulez-vous  donc  quelle  en- 

Rcfponfe  fantcencort?L'Angc,&Elizabetrontfalueelors  qu'elle  dcuoit  enfanter  le  fîlsdcDicu. 
imapro-  ^  Vous  aucz  parlé  des  images  que  Dieu  a defendu:&  pourquoy  a-il  commandé  à 
Moyfededrclferdes  Chérubins?  Dieu  cft-il  contraire  à  Iby-mcfme  ?  (£.  Les  Chérubins 
neftoyent  pas  dreflez  pour  les  adorer»  comme  on  adore  les  images  à  prefent  en  voftre 
cglife,côtrc  lcxpres  commandement  de  Dieu. Et  par  cela  voit-on  bien  que  IefusChrift 
n'en  eft  point  le  chef.  Mon  ami,vous  feriez  fort  bien  de  vous  renger  aucc  nous, 

&:  dauoir 


Aîichel  Robillart.  6 32 

&'d'au£>ir  pitié  de  voftre  amc,&  de  voftre  vie.  Mon  ame  &  ma  vie  font  en  la  main  de 
Dieutayez  pitié  des  voftrcs.ie  ne  voudroye  nullement  eftre  en  voftre  place .  Ils  fe  iénti- 
rent fort  picquez  de  cefte  parole. 

Me  s  frères &amis,vous feriez efbahis de  tant  de  proposé  dcmades.qu'ils  me  font,  fr"0"'s^^ 
tantoftl'vn,&  incontinent  l'autre. Et  quand  iepenfcrcijpondre  à  l'vn,l  autre  commen-  ^nemet  les 
ccfoudain  vn  autre  propos,comme,Et  qui  a  ordonné  voftre  Caluinîpourquoy  vousfai-  j^""1*1^ 
tes-vous  ainfi  bruflcrfl'ay  leu  les  liures  de  Caluimie  Tay  ouy  prefchenil  a  fait  4  fermons  mcicicom- 
expres  pour  inciter  les  liens  à  fe  faire  brufler.  Et  puis  ceftvn  home  feulaleftopiniaftre:  T1^: 
bL  eft  contraire  à  Luther.&  quand  Caluin  fera  mort,vn  autre  le  leuera  qui  luy  fera  con- 
traire.Ilreiette  les  liures  des  Machabees,pource  qu'ils  luy  font  contraires  *    Et  puis  ils 
me  difent,Et  tous  vos  parés  q  font-ils  deuenus?&  fur  cela  à  belles  iniures  :  &  puis  à  dou- 
ceur,Mon  ami,captiuezvoftre  entendement  aux  docteurs:penfez-vous  que  nous-nous 
voudrions  perdre,&  perdre  les  au  tresfvous  n'eftes  que  ie  ne  lay  quelles  gens:  voftre  mc- 
ftiern'eft  pas  de  fe  méfier  des<ain£tes  Efcritures,ne  de  prefehencoyezee  q  l'eglife  croit 
fimplemcnt,fansvousenqucfternedecclanedcceci:&:cefaifant  vous  ierez  hors  des 
mains  delà  iuftice,&  voftre  efprit  a  repos. Et  monfieur  le  Prcfident  faifant  corne  la  con- 
clufionde  telles  remonftrances,adioufta,Icfuis  bien  marri  de  fa  fortune. 

Mes  frcres,c'eft  vnc  pitié  que  de  leur  fai£blls  ne  fe  font  que  iouer&  rire  de  la  parole 
de  Dieu,&:  trouuer  queftions  friuoles  fans  édification.  Comme  en  parlant  de  leur  Pur- 
gatoirc,ils  me  demandercnr,Et  bien,vous  dites  qu'il  n  y  a  que  deux  chemins:Où  eftoic 
le  Lazare,quad  il  reifufcitaîs'il  eftoit en  enfer,il  n'en  pouuoit  lortii :s*j1  eftoit  en  Paradis, 
le  mefme:il  faut  donc  qu'il  y  ait  vn  autre  lieu.  Tellement  que  toutes  leurs  fubtilitez  ne 
fontque  pour  tourmenter  les  poures  fidèles. Et  quelque  folution  qu'on  leur  face  parla 
fain&e  efcriture,ils  retombêt  toufiours  fur  quelques  lopins  de  pacages  qu'ils  ont  amaf 
fez.Comme  en  parlant  de  la  Ccne,ilsontpenfém'efbrâler  par  ce  mot  que  S.Paul  a  dit, 
Quand  ieviendray  à  vousjicdifpoferay  du  refte. Et  font  fî  impudens  qu'ils  prénenttout  1  or'"'54' 
à  eux,com  me  fi  les  Apoftres  auoyent  feulement  commencé,^  donné  licence  à  tels  mi 
ferables  de  parfaire.  ^  Maintenant,mes  freresjil  faut  que  vous  priez  Dieu  pour  moy, 
qu'il  me  fortifie  iufqu  a  la  fin,&  qu'il  parface  ce  qu'il  a  commencé  en  moy.  Et  cependât 
que  Dieu  vous  donne  le  loifir,exercez-vous  aux  faintles  Efcritures  autant  qu'il  vous  eft 
pofsible,afin  que  {oyez  munis  d'armes  pour  repoufler  lesafiauts  &:  moqueries  des  enne 
mis.  Priez  Dieu  qu'il  me  donnepatience  &;  bon  courage,foit  en  la  vie  foit  en  la  mort. 
Ainfi  foit-il.       D  e  Pepigny.       Foy  obtient  tout.  Michel  Robillart. 

LETTRE  particulière  dudit  Robillart  à  vnlîen  ami,  pourmonilrer  en  quelle  patience  il  porte  la  plus  cftroite  nour- 
riture corporelle  quefes  luges  ont  commandé  qu'on  luy  donnait:&  de  la,qucl  profit  il  en  reçoit  quant  à  fon  efprit. 

[K  E  S-C  HER  frère  &ami,cognoiiTant  par  voftre  lettre  le  grand  defirqu'auez 
j&|de  fàuoir  de  ma  fanté  corporelle,  ie  n'ay  voulu  faillira  vous  referirepour  fatiffaire 
à  voftre  defir.l'ay  grade  occafion  de  remercier  Dieu  de  ce  que  les  ennemis  fe  font  bien 
abufcz,penfansmematterenm'oftantde  la  nourriture  ordinaire,  &memettant  au 
pain  &c  à  l'cau,comme  fi  Dieu  ne  fe  referuoit  des  moyens  incognus  aux  hommes  ,  pour 
entretenir  aufsi  bié  ceux  qui  font  au  pain  fec,que  ceux  qui  ont  routes  fortes  de  délices: 
maisles poures beftesnefauent  pas  quel'hommenevitpointfculementdepain,mais  MjttIl-4* 
de  toute  parole  procédante  de  la  bouche  de  Dieu.  Vray  eft  que  du  commencement  la 
chairen  eftoit  en  peine,maismaintenanti'en  fuis  accourt  umé  :  tellement  que  l'efprit  Traitement 
en  eft  plus  prom pt  &:  vigilant  â  la  vocation  en  laquelle  le  Seigneur  m'appelle .    I'ay  ^p'^^ 
alTez  apperceu  parquelquc  propos  delà  Geôlière  que  i'auioye  bien  dauantage  fi  ie  le  * 
demandoye:maisiecrain  files  Commiflairesmappeloyent  en  ferment,  que  ma  con-  . 
feience  meredargueroit  ne  difant  la  verité:&:  autres  en  feroyent  en  peine. le  l'ay  dit  àla 
Geoliere,afin  qu'elle  s'acquittaft  en  cela  de  fon  deuoir.car  on  a  défendu  à  Ion  mari  liir 
peine  de  mort,de  ne  me  bailler  autre  chofe,&  que  luy-mefme  l'apportaft,fans  fe  fier  en 
fafamille.l'ay  mefme  aduerti  le  Geôlier  de  s'en  acquiter.  Quant  à  la  pnfon,ce  ne  m'eft  Laprifon. 
point  prifonautrement,pour  parler. car  fauez-vous  que  ie  fay:deiourierepofe  quelque 
peu,  &  de  nui£b  tant  qu  elledure  ie  m'applique  à  lire,nô  pas  toufiours,  mais  le  plus  fou- 
uent.    Et  d'autant  qu'il  fait  icifort  reumatique,iencchaullc  point  mes  chaufiés,finon 
quand  on  m'appelle  pour  aller  deuant  Mefsieurs,pource  queie  les  trouue  touiiours  co- 
rne fi  elles  auoyent  efté  de/fous  la  ro(ec:de  forte  que  quand  ie  les  chaufie,ie  luis  bien  vne 

OOo.iiii. 


Livre  VIL  Michel%oliJlart. 

heure fremiiTant iC  treblant,tant  quelafrairchcur  foit  paffee.&pour  euiter  cela  icpreri 
ma  cappe  à  l'entour  de  mby,&:fuisici  côme  autresfois  fay  efté  aux  eftudcsrne  refte  qu'a- 
uoirdequoy  eftudier,qui  m'eftle  plus  grand  ennuy.  Iay  dit  à  la  Geôlière  qu'elle  parle 
au  grand  Preubft  pour  mefaire  auoir  vn  Teftament ,  afin  d  eftudier  &:  regarder  les  paf- 
fages  que  ces  Caphars  m'allèguent.  S'il  ne  tient  qu'à  demander ,  îe  le  demanderay  tant 
de  fois, que  poflîble  ie  l'obtiendray.  Mais  le'ne  fçay  que  c'eft  de  cegrâd  Preuoft.  quand  il 
eft  auprès  de  moy,  il  femble  me  prefter  l'oreille  :  mais  quand  ie  fuis  en  haut ,  ic  le  trouue 
tout  autre:  qui  medôneà  cognoiftrequily  a  de  l'hypocrifie.  Si  cil-ce  que  icne  laifi'eray 
de  l'admonnefter  de  fon  falut  :  &:  aufll  l'aduertir  du  traittemenc  que  iay,  qu'on  ne  feroit 
point  au  plus  mefehant  du  monde,qui  auroit  mérité  par  fa  vie  defordonnee  toute  efpc- 
cc  de  mort.  Voila,mon  frère  &C  ami,comment  la  fante  corporelle  eft  en  moy. 
Safantéfpi  Qj  ant  a  la  famé  fpirituclle  (  laquelle  icdeuoye  auoir  mife  du  commencement)^ 
rituelle.  j'ay  occafion  de  remercier  Dieu  pour  la  corporelle,  cefte-ci  doit  outrepalfer>&:cftde 
tout  autreprix.  C'eft  celle  que  les  ennemis  ne  mefçauroyent  ofter,ny  mefme  le  moyen 
pour  l'entretenir,  comme  ilstafchent  fairetouchant  la  corporelle,  en  laquelle  auflî  ne 
pourront  faire  autre  chofe  finon  autât  que  Dieu  permettra:&:quoy  qu'ils  facent,le  tout 
finalement  iera  à  leur  cônfufion ,  s'ils  ne  viennent  à  repentance.  Ils  penfent  auoir  tout 
gaigné  pour  vn  ou  deux  qu'ils  condamneront  au  feu  matériel ,  &  penfent  par  ce  moyen 
empeicher  le  cours  de  la  parole  dcDicu:  mais  ils  ne  fçauent  point  que  les  cendres  des  fi- 
dèles fontles  femencesdel'Euangile,&:qued'vnfeul  mille  peuuenteftre  édifiez  à  fa- 
lut. Confideronsen  celacombien  Dieu  femonftreenuers  nous  mifericordieux, nous 
appelant  à  foy  par  fon  Fils  Iefus  Chrift,lequel  il  a  donné  à  la  mort,voirc  rerrible  &  igno- 
minieufe,voire  maudite,comme  il  eft  cicrit ,  Qu'il  a  elle  fait  maledi£tiô,pour  nous  fane 
participans  de  fes  benedi&ions  éternelles.   ^  Voila  quant  à  fes  exercices  de  la  prifon. 

EN  fesplusfortcsangoiflesilefcrhiitàfamerecequeseiuir,  Tr  e  $-c  h  e  r  e  me- 
te,ayant receu  voftre  lettre,&  obtenu  gracede  Meflîeurs  de  vous  efcrire,ie  me  fuis 
voulu  acquitter  de  mon  deuoir.  Vous  ferez  dôc  aduertie  que  touchant  ce  que  mandez, 
de  me  garder  des  tromperies  de  Satan,  iamaisien'eufi  grand  befoin  de  telle  admoni- 
tion que  maintenant  :  carde  tant  plus  que  l'homme  s'efforce  de  fe  ranger  àl'obeiflance 
de  Dieu,de  tat  plus  l'ennemi  fait  tous  fes  efforts  de  le  diuertir  &  tromper,  fur  tout  quad 
UxuitM  on  approche  de  la  mort.il  refte  d'y  rcmedienc'eft  de  veiller,&:  prier  celuy  qui  a  dit,  Suy- 
uez-moy,renonçans  à  vous-mefmes,&  portans  voftre  croix.  Il  ne  le  faut  point  fuyure  à 
noftre  volonté,mais  â  la  fîenne.  E  t  ne  parle  pas  d'vne  croix  de  bois  ne  d'argent,ne  de  la 
baifcrouadorcr,maisde  laporter,aflauoir  endurans  patiemment  tribulations,aduerfi- 
tcz,emprifonnemcns,tortures,gehcnncs,&:  confequemment  la  mort.  Et  partant  il  dit 
Luc  m    auu^>QÏi^  v°udra  fauucr  fa  vic,il  la  perdra:  &  aucôtrairc,qui  perdra  ici  fa  vie(adiouftant 
la  caufe)pour  l'amour  de  moy,  il  l'a  trouuera  &  fauuera.  Quiconquedonc  embrafle  l'E- 
uangile  de  IefusChrift,ce  n'eft  pas  feulement  pour  croire  en  luy,mais  auflî  pour  foufTrir 
auec  luy:  &:  c'eft  ce  qu'il  entend  par  ces  mots,  Suyuez-moy.  Puis  qu'il  eft  noftre  chef  Se 
nous  fes  membres:  qu«ad  le  chef  tient  vn  chemin,  il  n'eft  poflible  que  les  mébres  aillent 
Icoû  it.ia   par  autre.C'eft  pourquoy  auflî  il  a  dit,  Ne  vous  efbahiflez  fi  le  mode  vous  hait,  car  il  m'a 
eu  en  haine  le  premier  :  à  cela  cognoifTez-vous  que  vous  n'eftes  pas  du  monde,quand  le 
mode  vous  hait.La  chair  parle  vn  tout  autre  language,car  elle  ne  demande  que  les  plai- 
firs  qui  meinent  à  la  mort,  mais  i'ay  dequoy  me  défendre  contr'  elle  :  &c  ce  que  dit  fain£t 
Rem.8.13   Paul  m'eft  deuant  les  yeux,  Si  vous  viuez  félon  la  chair, vous  mourrez:  mais  fi  par  l'efprit 
vo9  mortifiez  les  fai&s  du  corps,vous  viurez.  Le  mode  viét  apres,qui  médit,  Tu  es  bien 
fol,  ne  fçais-tu  pas  faire  corne  les  autres?  tu  iouyrois  en  paix  de  tes  biens  auec  tes  parens. 
Mat.8.36    voila  comme  il  parle:mais  Iefus  Chrift  dit  bien  autrement,  Que  profitera  à  l'hômed'a- 

uoir  gagné  tout  le  monde,&  qu'il  face  perte  de  fon  ame? 
Extrait  de  Au  commencement  du  mois  d'Aouft  les  plus  afpres  aflauts  de  difputes  luy  furent 
pl"tj  de"*!»  ^ureZ:^  'c  Seigneur  luy  donna  non  feulement  dequoy  refpondreà  fes  aducrfaires,mais 
bilCrt.C  °  auflî  de  confoler  par  lettres  ceux  de  l'Eglife.  LcDimanche  v  irr,dudit  mois;efcriuant 
de  nui£t,les  aduertit  de  prendre  garde  foigneufemen  t ,  que  par  hantet  mauuaiies  com- 
pagnies petit  à  petit  ils  ne  fegaftaflênt:&  vfoit  de  comparaiibn  desminnesqui  fe  met- 
Le  foin  que  tent  principalement  és  fourrures  les  plus  cxquifes,&:  les  gaftét:  &c  que  ceftoit  le  deuoir 
RobilUrt  a  d'vn  fage  peletier  principalemet  d'y  auoir  efgard.  Lexm  d'Aouft,  il  leur  fignifiaque 
des  fidèles,  depuis  le  fécond  dudit  mois  il  n'auoit  efté  deuant  les  CommifTaircs  :  U  que  lors  on  luy 

donna 


Hugues  cDeJlaiUeur,&  Jean  Tic.  633 

donna  terme  de  crois  ou  quatre  iours  de  penfer  à  Ton  cas.  Et  tant  s'en  faut  que  le  coura- 
ge luy  fuit  afFoibli,que  pluftoft  il  le  fentoit  augmente  approchant  de  là  fin:  Tenôs  pour 
certain, difoit-il,que  quelques  braucs  ou  grans  qu'ils  loyer, Dieu  cft  leur  maiftrc,&:  mes 
iours  font  contez:  &:  il  a  dit  que  ma  vie  luy  cft  aufsi  precieu  le  que  la  prunelle  de  Ion  œil.  Zach.i.i  • 
Et  combien  que  ne  voyons  l'effet!:  &  l'accompliiTemcnt  d'vne  conjonction  lî  parfaite, li 
eft-ce  que  quand  le  teps  ordonné  fera  venu, nous  le  verrons  à  noftrc  falut,&:  à  leur  gran- 
de condamnation. Le  Ieudi  x  1  x,duditmois,vers  les  cinq  heures  après  di(ner,le  Procu- 
reur de  la  ville ,  accompagnéde  deux  fergeans ,  luy  vint  lignifier  de  par  le  Gouuerncur 
leigneur  de  Montignv, quelelendcmaiiW'eroitiondernieriourpourcftre  bru  lié  vif, li- 
non qu'il  le  déportait  de  maintenir  Tes  erreurs. Et  amena  quant  &  luy  vn  docteur  Augu- 
ftinpourmonftierlefditserrcurs.C'eftoitlcmefm,e  Docteur  qui  trois  iours  auparauant 
cnla  Halle  desfeigneursdelaville  luyauoit  mis  an  deuant  plulieurs  choies  :&  fi  auoit 
prefenté  certain  cicrit  touchant  les  facremens  à  i'vfage  délégué  Romaine. Michel  eut 
moyen  d'eferire  contre  les  allégations  du  Moine:<St  le  fît  pour  l'édification  de  plulieurs. 
Sur  la  fin  des  lettres  dattecs  dudit  iour  x  i  x,  il  adiouftoit  ces  mots,  Mes  frères,  ceci  eft 
quafi  eferit  delarmcs  &  de  lueurs  découlantes.  1e  vous  prie  que  prions  noftrc  bon  Pere 
qu'il  mefacelagracedepcrfeuereriufqu  a  la  fin. 

Q_v  e  l  qjv  e  temps  après  tousecs  combats  vertueufement  fouftenus ,  il  rcceutfcn- 
tence  de  mort,  Si  fut  brullc  fur  le  marché  deTournay ,  confctiànt  iu (qu'au  dernier  arti- 
cle de  fa  vie  le  nom  de  Dieu. 

H  V  G  V  E  S  "  DESTAILLE  VR,    ET    IEAN    PIC,  Tourmfiens.  ^H«- 

C  E  fcid  exemple  deuroit  bien  fuffîre  aux  ennemis  de  la  vérité  de  Dieu  pour  modérer  leurs  cruautez,c]uand  en  fi  grande  ieu-  Leur  prinfe 
nèfle  de  ces  deux-ci  qui  cftoyent  de  meftier  ,  fans  auoir  cfté  inflruits  aux  efcoles ,  ils  font  contraints  d'y  voir  vne  fainclc  &  a  cite  de  cc- 
fpiritucllc  érudition  &  confiance  iufcjues  à  la  dernière  goutte  de  leur  fang.  fte  annee, 

M.D.LX1UI 

V  E  L  Q^V  E  S  paires  d'amis  fe  trouuent  îadis  auoir  cité  célébrez  pour 
leurs  amitiez  exquifes  &C  rares,quc  la  ieule  moi  t  feparoit  :  mais  qui  confide- 
rera  de  près  ces  hiftoires,ily  trouuera  des  miroirs  de  telle  conjonction,  que 
la  mort  mefme  a  de  plus  fort  vnis  &:  liez.Ces  deux  ieunes  compagnons,Hu- 
gues  Deftailleur  fur  l'aage  dciz  ans,&:Iean  Pic,de  18 ,  à  19,  ans ,  tous  deux  de  Tournay, 
en  ont  monltré  l'exemple  deuant  leurs  parés  &:  amis,  &:  en  la  mefme  ville:  Lors  que  par 
ferments  extraordinaires  on  tourmentoitlcs  poures  fidèles  (  comme  il  a  efté  veu  ci  de- 
uât)ces  deux  eftasfortis  de  ladite  ville  vn  iour  de  Dimache  entre  neuf  &c  dix  heures  du 
matin  pour  traitter  &:côferer  par  enfemblc  de  quelque  palfagedc  l'Efcriture ,  &:  d'vne 
lettre  venante  de  la  part  de  certains  frères  d' Anuers,furent  furprins  par  leProcureur  du 
Roy  accompagné  des  officiers.  Hugues  cftat  trouué  faili  d'vn  petit  hure  imprime  à  Gc- 
neue,&:  de  ladite  lcttrcd'Anuers,tous  deux  d'accord  furet  menez  priibnnicrs  en  la  tour  £*J£"r  l|- 
deFrance,en  laquelle  ils  promirent  fainctement  l'vnà  l'autre,  de  maintenir  la  vérité  de  v%.  de  * 
lefus  Chrift  iniques  à  la  mort.Lclendemain  furent  menez  deuat  lc>  Magiftrats,en  pre-  Tonrhay. 
fence  defquels  ils  firct  vne  pure  &:  entière  proteftation  &confc  filon  de  leurroy.Et  çl'au- 
tant  qu'ils  s'cncourageoyentl'vn  l'autre  à  perfeuerer,  on  les  fepara,&  furent  mis  en  di- 
uerfes  prifons ,  où  ils  furent  plulieurs  fois  lolicitez  par  Preftres  &  Moines  de  renoncer  à 
leur  confelîîondefoy,par  eux  maintenue  deuat  lesfeigneursdela  ville.  Interroguezde 
l'opinion  qu'ils  auoyent  de fEglife,de la  Méfie, delà  prefence  du  corps &: du  fàngdele-  Somairede 
fus  fous  feipece  du  pain  &  du  vin,  des  Sacremens,  delà  confeflion  auriculaire,  des  Con-  ffaf** ' 
ciles,de  l'inuocation  des  Sain£ts,du  purgatoirc,&:c.Refpondirent  fi  bien  à  tous  poincts, 
qu'ils  donnèrent  à  cognoiftre  querÊglifèn'eftoitpoinccelle.^u'onappeloit  Romaine, 
veu  quela  parole  de  Dieu  en  eftoit  forclofe,&  qu'au  lieu  d'icclleles  doctrines  que  fainct: 
Paul  nomme  doctrines  des  diables  &c  des  efprits  abufeu  rs,y  eftoyent  en  voguc.Et  qu'ain  1  Tim.4.1: 
fi  foit  (difoit  Iean  Pic)  on  défend  le  mariage  à  quelque  forte  de  gens,&  les  viâdes  en  cer-  3' 
tain  temps.  Touchant  la  Mefife,  qu'il  n'en  faloit  rien  croire,  d'autant  qu'au  vieil  ne  nou- 
ueau  Teftament  il  n'en  eft  aucunement  parlé.  De  peler  que  lefus  Chrift  (dircnt-ils^foit 
prefent  au  pain  &:  au  vin,  outre  vne  abfurdité  par  trop  grande,cela  cotreuient  aufsi  aux 
articles  exprès  denoftre  foy,affauoir,Qu'ileft  monté  aux  cicux,&  dont  il  viendra  iuger 
les  vifs  &:  les  morts.  Des  Sacremens,  qu'ils  protefloyenten  receuoir  autantque  lefus 


L  'wrc^  VII.  Hugues  T>efi ailleurs  Jean  Tic. 

Deux  Sa    Chrift  en  a  inftitué,  fauoir  eft  deux,  lafain&e  Cene,  &  le  Baptefme,  Se  n'en  receuoyent 
démens.    nuiSaUtres,commen'ayans  fondement  fur  parole  expreiîe  de  Dieu.  Que  laconfcftion 
auriculaire  n'eftoit  qu'inuention  humaine ,  qui  ne pouuoit  obliger  les  conlciences:ô£ 
kq.fj*      tant  s'en  faut  que  le  partage  de  fainâ  laques  la  côfcrmc ,  qu'aucôtraire  l'abolit  du  tour, 
veu  que  là  il  n'eft  parlé  de  Te  confeiîer  à  l'aureille  d'vn  Preltie,  ruais  i'vn  à  l'autrcQuan  t 
Des  Coud-  aux  Conciles ,  ne  les  vouloyent  receuoir  n'aduouer ,  linon  qu'ils  fufTent  conformes  à  la 
****         parole  de  Dieu  :  brefqu'iceux  n'eftan s  réglez  &c  compalfez  au  contenu  des  îainctesEf 
critures  .,n'eftoyentreceuables.  De  l'inuocation  des  faincts,  qu'il  n'en  faloittcnirplus 
grand  propos ,  puis  que  toute  l'Efcriture  ne  nous  propofe  que  Icfus ,  par  le  feul  moyen 
duquel  il  faut  que  nous  inuoquionsvn  feul  Dieu,  &:  efperions  que  pour  l'amour  Se  en 
faueur  d'iceluy  Icfus  Chrift:  nos  prières  feront  agréables  deuant  la  maiefte  Diuinc.  Du 
Purgatoire.  Purgatoire,qu'ils  n'en  vouloyét  aduouer  autre  queceluy  qui  eft  au  iàng  de  IcfusChrift: 
&  que  d'attribuer  lauement  des  péchez  à  l'eau  benite,ou  au  feu  qu'on  dit  de  Purgatoi- 
re,n'eft  pas  feulement  chofe  imaginaireôefottejmais  auflî  cxecrable&  pleine  d'impie- 
té,de  mettre  tels  fattras  au  lieu  du  fang  du  Fils  de  Dieu.  Voila  en  fomme  quelle  fut  leur 
confeftîon  de  foy ,  recueillie  de  leurs  propres  eferits  :  à  laquelle  nous  auons  infère  deux 
de  leurs  lettres,efc  rites  de  leursliens,comme  s'enfuit. 

H.  Delrailleur  prifoniiicr  pour  la  confefsion  du  falut  en  vn  fcul  Icfus  Chri/t^î  mon  pcre.mercj&c.  Cracc  &  paix. 

KfêSlj  E  S  treichcrs&:  bie  aimez  en  noftre  Seigneur  Iefus  ChrinSperejmerejfrercSîfeurs, 
jjaSjlj  &  aims',e  nc  vous  fçauroy'dire  ny  eferire  combien  grande  a  efté  la  côfolation  que 
i'ay  receuc  par  vos  lettres,  voyant  que  m'exhortez  à  perfeuerer  toujours  conftant  en  la 
confertîon  du  nom  de  Dieu.  Car  le  Seigneur  m  appelant  à  la  cognoiflance  de  fa  vérité, 
m'auoit  quant  Se  quant  apprins  celle  leçon,  qu'il  me  faudroit  pour  maintenir  là  dodtri- 
•Lamycex-  ne,  renoncer  à  pere,  mere,freres  &  feurs  :  &:  mefmes  ie  craignoye  que  mes  parens  char- 
pcncocc  du  ncjs  nc  mc  fartent  en  grand  empefehement  à  fuyure  Iefus  Chrift.  Cependant  puis  qu'il 
luyplaift  me  mettre  àl'efpreuuc,i'cxperimente  le  cotraire.  Carie  fuis  exhorté  de  perlè- 
ucrer  conftâment,voire  iufques  àla  mort,en  la  cofeflîon  du  Fils  de  Dieu,&  ce  par  ceux 
'  lefquels  ie  penfoye  qui  m'en  deftourneroyent  de  tout  leur  pouuoir.Quelle  confolation 
penfez-vousquecela  medonneau  milieu  de  mes  afflictions?  le  vous  afleure  que  ienc 
me  peux  faouler  de  méditer  les  grans  bénéfices  que  le  Seigneur  méfait  en  ccft  endroit. 
Et  pourtant  ie  prie  le  Seigneur  Dieu ,  Pere  de  toutes  mifericordes,  qu'il  vous  face  cefte 
grace,que  perfeueriez  toufîours  en  ce  qu'il  a  commécé  en  vous:  Se  que  difiez  pour  l'ad- 
ijicr^.5    uenir  auec  faind  Pierrc,Qu'il  nous  doit  fuffire  que  le  temps  parte  nous  auons  fait  la  vo- 
lonté des  Gentils,quand  nouscheminionsen  iniblence,yurongncric,idolatricabomi- 
Apcolai.8  nable,  fçachant  que,  comme  il  eft  eferit  en  l'Apocaly  pfe,les  idolâtres,  &  les  yurongnes, 
&lescraintifs,n'auront  point  d'héritage  au  royaume  des  cieux,ainsferontiettez  en  l'e- 
ftang  defeu  Se  de  fouphre  ardant.  Profitez  aulli  de  plus  en  plus  en  la  parole  de  Dieu,  Se 
inftruftioa  furtous,vous  mon  pere,  afin  quefuyuantlesadueiçirtemensquifonteniceile,puiflîez 
f0"  dc'S"  in^riure  ceux  ^e  v°ftrcfemMeîPrinc'Palcment  à  prier  Dieu  tant  du  foir  que  du  matin, 
îiSlc       à  fuyure  bonne  compagnie,à  n'abandonner  les  commandemens  de  Dieu  pour  menace 
quelconque  que  pourroyét  faire  les  hommes ,  pour  adhérer  à  leurs  traditions.  Gardez- 
vous  de  Satâ  Se  de  fes  fuppofts,afin  que  ne  défailliez  de  l'obeiifance  de  Dieu-mais  qu'en 
toute  humilité &:  obeirtanec  vous-vous  remettiez  à  fa  fainde  prudéce  Se  bonne  volon- 
té,eftas  arteurez  qu'il  ne  vous  enuoyera  rie  qui  nc  foit  pour  là  gloire  &:pou  r  voftre  falut, 
encore  que  la  chair  en  iuge  autrement.  Or,mô  pere,  touchât  cequem'auczcfcrir,arta- 
uoir  que  c'eft  en  affliétion  fietribulatiô  qu'il  fe  fau  t  efiouyr,cela  eft  vray. Car  voila  le  plus 
certain  tcfmoignage  de  l'amour  de  Dieu  enuers  nous, c'eft  quand  il  nous  chaftic,cqme 
fait  tout  bon  pere,quâd  il  corrige  fon  enfant  lequel  il  aime.  Que  fi  nous  eftiôs  fans  cha- 
ftiment,  nous  neièrionsplusenfanslcgttimes,ainsbaftards.  le  ren  grâces  à  Dieu  que 
vous  entédez  ces  chofes  beaucoup  mieux  que  nc  pourroye  eftimenôde  prie  au  nom  de 
fon  Fils  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift ,  qu'en  puifsiez  tellemét  vlèr,que  ce  (bit  à  la  gloire 
de  fon  fain£t  Nom,&:  au  làlut  de  voftre  amc.Quat  à  la  pourfuite  que  nos  ennemis  nou* 
/ont,ic  ne  doute  point  que  n'en  foyezaduerti,  Se  que  cela  felô  la  chair  ne  vo9  ait  efté  oc- 
cafiô  de  triftefle,a  vous,di-ic,pncipalemct  mô  pere,  Se  vous  ma  roere.  mais  fi  faut-il  bie 
que  vous  entriez  en  confideration  du  bien  qui  défia  m'eft  préparé ,  après  auoir  vn  peu 
foufFert:que  fi  vous  le  fai&es ,  certainement  vous  y  trouuercz  grande  matière  de  confo- 
lation: 


Hugues  Deflailkur,&  Jean  Pic.  é 34. 

lation.Hclas,mestrefchers,pere&:mere,ievous  prie  deconfiderercôbien  eft  excellent 
cequcievây  poileder,au  prixdecequeielailfe.  Etbien,ençoreqaoftrelcge&:rnaik)n  i.cor.f.4 
terreftrefoit  deftruite ,  n'auôs-no9  pas  là  fus  vne  maifon  ejcrnejlc,  laquelle  n'eft  pas  ba- 
ftiepar  les  mainsdes  homes, mais  eft  édifiée  par  la  vertu  de  Dicu.?  NegemilTons-no9  pas 
après  cela,  defirans  d'eftre  reueftus  &  misen  pofîefsion  de  cefte  habitation  qui  eft  aux 
cieux?Vo,ila,  voila  en  quoy  vous-vous  deuez  côlbler,lifant  la  prefente:&  ne  fçay  il  elle.le- 
raladcrmerc,veu  la  rage  de  nos  ennemis  dontils  nous  pourfuyiier,& ("ont  enrîâbcz  con- 
tre la  doctrine  delaquelle  nous  faifons  profession.  Cependant  en  cela  ie  majeure, qu'ils 
neferont  pas  tout  ce  qu'ils  voudront,mais  bien  ce  qu'il  plaira  à  Dieu, lequel  a  tellement 
lbin.de  nous, qu'il  ne  permettra  qu'vn  feulcheueu  de  nos  teftes  peri/îe.  Qiierefte-il,iinô  ^.17.^ 
que  nous  tafchionsà  luy  obeir,&:  nous  gardions  de  murmurer  contre  luy:veu  qu'il  nous 
veut  conformer  par  ce  moyen  à  l'image  defonFils  Icfus  Chrift?  Vray  eft  que  la  chair  ne 
s'y  veutaccorder ,  voiremcfmes elle nepeût.  cependant toutesfois  Dieu  me  goùucrne 
tellementpar  fçn  S.  Ei'prit ,  que  i'ay  grande  matière  de  luy  rendre  grâces.  Voulez-vous 
que  ie  vous  die?  Il  m'aduient  prefque  ce  qui  eft  aduenu  à  S.  Pierre.  Car  vous  fçauez  qu'il 
luy  a  efté  dit,qu'il  feroit  mené  là  ou  il  ne  voudroit  allenncatmoins  toutcsfois,qui  doute  lean  4"8 
u'il  naitrcpdu  facrifice  agréable  à  Dieu,  corne mcfmes  il  leprotefteenfâ  féconde  epi- 
re?  Ainfiic  croy  aifeuremét  que  ce  bô  Dieu  me  fortifiera  tellemét  iufques  à  la  fin,  que 
nelediable  nefes  fuppofts  ne  pourront  rien  gangner  fur  moy  ,queiene  luy  rende  vnc 
obeiflânee  volontaire  telle  qu'il  requiert  de  moy:&  ce  non  pas  de  moy, mais  comme  de 
luy.  Il  nous  a  dit,Confiez-vous  en  moy  :  i'ay  vaincu  le  monde.  Et  certes  voila  ma  vidoi- 
re,par  laquelle  i'efpere  de  furmôter  le  monde,  aflauoir  la  foy  de  laquelle  le  Seigneur  me 
munit  en  telle  abondance,queiefuis  feur  que  pour  quelques  perfecutiôs  ou  tourments 
quimcpuiirenteftreprc(èntez>iene  defaudray  aucunemét.Car  puisque  Dieu  eft  pour 
moy,ie ne  craintoutxçque  les  hommes  mepourroyent  faire.  Etquipluseft,iemetien 
aiTeuréauecce  bon  Prophète  Elifee,qu'ilyenaplus  pour  moy  que  contre  moy.  Vous  i.Rois<?.itf 
voyez  dpnc,mon  perc  U  ma  mere,  en  quelle  confiance  ie  marche,  &  en  quelle  patience 
&efpoir  j'atten  cefte  heureufe  iournee  en  laquelle  ce  bon  Dieu  me  retirera  à  foy,  & 
effrayera  toutes  Jarmes  de  mes  yeux,pour  me  colloquer  en  cerepos  éternel.  le  vous  prie 
aunomdeDjcu  que  vous  défailliez  ces  voluptezà:  plaiiirs  mondains  ,& qucpluftoft 
vueilliez  endurer  pour  peu  de  temps  quelques  petites  perfecutions  (  ou  bien  telles  qu'il 
plaira  à  Dieu  vous  enuoyer  )  afin  de  paruenir  à  la  fin  en  la  ioye  à  laquelle  parviendront 
ceux  qui  porteront  la  croix  après  luy.  Voulez-vous  auoir  plusgrandpriuilegequelefus 
Chriftne  s'eft  donné  foy-mefmc?  Voulez-vous  eft re  toufiours  ici  bas  à  voftre  aife  fans 
aucune  affliction,  &  finalement  iouyr  des  biens  qui  ne  peuuét  eftre  dônez  finon  à  ceux 
qui  endurerôtiriiure,  opprobre  &detradtion,violencc,outrage,  petfecution,afrliction, 
prifon,&  en  la  fin  mort  cruelle  &:  ignominieufe?  Lefquclles  chofes  ne  font  à  comparera 
la  gloire  laquelle  ferareueléeaux  efleus,&;  à  ceux  qui  auront  attendu  fa  vcnue.Eftimez-  Noter  cefte 
vous  que  ie  foye  d'vnc  autre  matière  que  vous?ou  que  félon  la  chair  ie  ne  foye  autant  faf-  cd°lauon-. 
ché  comme  vous  dendurer  affliftibnîCepcndant  voyez  comment  le  Seigneur  medon- 
neforceôc"  conftance ,  pour  entièrement  renoncer  au  monde&  à  tout  fon  luftre ,  pour 
du  tout  mefubmettre  à  fa  faincte  volonté,defirant  pluftoft  mourir  en  grade  ignominie 
&  cruauté,quc  renôcer  à  la  vérité  certaine  de  fa  parole,laquelle  il  m'a  1  cuelee  en  l'Euan- 
gilc,m'ayant  apprins  cefte  belle  leçon ,  Qui  ne  delai/Tera  pere ,  mere,  femme  &:  enfans,  Mat.r0.j7 
honneurjrichefteSïpoflcfsionSjVoirela  propre  vie  pour  mon  Nom,il  n'eft  pas  digne  d'e- 
ftre  des  miens.  Et  puis  aufsi,Qu.i  met  la  main  à  la  charrue,  &  regarde  derrière  foy,il  n'eft  Luc>.<?» 
pas  digne  du  Royaume  des  deux.  Or  déroutes  ces  chofes  à  luy  feul  en  foit  la  gloire ,  cÔ- 
medefaict  elle  appartient  àluylèul.  Ilreftcquenousle  prions  qu'il  nous  face  la  grâce 
qu'en  puifsions  vfer  à  fa  gloire,  fù  r  tout  vous  autres  qu  i  demeurez  en  ce  monde.  le  vous 
fupplie  que  ces  aducrtiiTemens  vous  feruent,  afin  de  vous  retirer  de  ce  monde  mauuais: 
vous  fouuenant  que  ceux  qui  voudront  viure  fidèlement  enIefusChrift,ilfautqu'ils  *»T«n-3'» 
fouffren  t  perfecution.Confblez-vous.  donc  en  Dieu,  &  qu'il  vous  niffife  qu'il  foit  voftre 
protecteur.  Et  puis  qu'il  luy  plaift  que  îean  Pic  &:  moy  alliôs  à  luy,ie  luy  ren  grâces,  qu'il 
nous  a  tellement  fortifiez,  que  nous  accomplirons  (comme  i'efpere)  la  promette  que  J™"*?0 
filmes  en  la  tour  de  France.  Priez  pour  nous,recommandant  à  Dieunoftrecaufe,  pour  rer. 
laquelle  nous  endurons.  Saluez  tous  ceux  de  ma  cognoiflanccennoftte  Seigneur,  au- 
quelnous  prions  qu'il  luy  plaife  nous  faire  celte  grâce,  quefon  fain&Nom  foit  glorifie 


Livre  VIL  Hugues  'ÙeflaiÏÏeur,  &  Jean  Tic. 

par  nous  iufques  à  la  dernière  goutte  de  noftre  fang  au  nom  de  Iefus  Chrift,auquel  foit 
gloire, honneur  &  empire  à  tout  iamais.  Ain  fifoit-il.  Par  voftre  fils  prifonnicr  pour  it 
parole  de  Dieu, qui  délire  voftre  falut. 

lean  Pic  prifbnnier  pcmr  la  parole  de  D  ieu,à  mon  bon  ami  N  .grâce  te  paix. 

R  E  S-C  HER  enIcrusChrift,iemcrecommâdeàvoustref-afFe£tueufcmént, 
I  vous  iauîant  fauoir  qucje  fuis  en  bône  profperité  &  de  corps  &  d  cfprit:  Loue'  foit 
Dieu  ôc  Pcre  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift,Ie  Pere,di  ie,dc  toute  confoiation,  qui  me 
confole  en  toutes  mes  tribulations  &  fourTrançcs.  c'eft  luy ,  di  -ie ,  qui  me  confole  &:  de 
tant  plus  fortifie  par  fon  faind  Efprit,quc  les  alTauts  font  grads  qui  me  font  liurez  par  le 
monde ,  lâchait ,  &  le  pechë  :  &:  fur  tout  parle  diable,  lequel  chemine  comme  vn  lion 
i.Ker.j.     bruyant  alentour  de  nous  pour  nous  deuorer.Helas,qu'eft-cedenous,fi  Dieu  ne  nous 
fortifioit  pour  auoir  viftoirc.  Mais  il  cognoift  noftre  infirmité,  &  nous  promet  de  nous 
i.Cor.io.    confolcr  &aflcurer,  afin  que  ne  tombions.  Il  dit  qu'il  ne  permettra  point  que  foyôs  ten- 
tez outre  ce  que  nous  pouuons:  mais  fera  bonne  iffue  auec  la  tentation,  afin  que  la  puif- 
Heb.i.     fions  fouftçnir:&  ce  d'autat  plus  que(com  me  dit  l'Apoftre)il  luy  eft  aduenu  d'eftre  ten- 
tée eft  aufsi  pui/Tant  d'aider  ceux  qui  font  tentez.  A  quoy  fain&  Pierre  a  regardé  quand 
t.pjer.t;    il  a  dit ,  Le  Seigneur  fiait  àcliurer de tentation  les  ficlelcs',  &:  referucr  les  iniuftes  pour  cftre 
tourmentez  au  iourdu  iugement.  Or  i'cfpercenfabonté&:  grâce  qu'il  nousdeliurc- 
*.Thcff.i.  ra  de  tous  opprobres  &  affligions ,  &:  me  refiouy  &  glorifie  en  icellcs ,  à  l'exemple  de 
RomJ.     fain&  Paul ,  auec  lequel  aufsi  ie  luis  certain  que  ne  mort ,  ne  vie,  n'Anges ,  ne  princi- 
pautez,nepuhTances,ne  chofes  prcfcntcs,ncchofesàvcnir,nchauteilc,ne  profon- 
deur, n  aucune  créature ,  ne  nous  feparera  de  la  dile&ion  de  Dieu ,  laquelle  eft  en  Iefus 
Chrift  noftre  Seigneur.  Nous  voyons  donc  parce  moyen,  afTauoir  par  la  dilection  que 
Dieu  nous  porte ,  que  l'espérance  ne  confond  point ,  pourec  que  nous  attendons  toute 
chofe  par  patience,  comme  dit  fain&  Paul.  Mais  il  faut  (comme le  tcfm oigne faind  Ia- 
Lrçues  u    quesfque  la  patience  ait  œuure  parfaite,  afin  d'eftre  parfaits^  entiers,  ne  defaillans  en 
rien  E  n  fi  quelqu'vn  a  faute  de  fàpiccc,c'eft  à  dire,de  force  ô£  de  vertu,  qu'il  l'a  demade  à 
Dieu,qui  la  donne  à  tous  fi  mplemet,&ne  le  reproche  poiht,&  illuy  fera  dôné,moycn- 
nant  qu'il  le  demande  en  foy.  Ce  qu  aufsi  ie  luy  ay  demandé ,  &  i'cfpere  qu'il  m exau- 
ccra,afin  (Juepàr  ce  moyen  ie  puilTe  cftre  vi&orieux  du  diable  &  du  m6dc,&dc  lâchait 
&  d  u  péché ,  pour  régner  auec  le  Seigneur  au  Royaume  éternel ,  où  il  elTuyera  toutes 
larmes  de  nos  yeux. Dieu  nous  en  face  la  grâce  à  nous  tous.  A  inû  foic-il. 

L'hcureufc  iitue  que  Dieu  donna  à  ce*  deux'  ieune»  Champions  au  mcfirje  h€t  d'honneur. 

0 1  L  Aenfommcqucneacftéladc^rinequohtmaiûtenueDcftailleur&Pic 
dejpuis  le  Dimache  x  x  ,d'Aouft,iour  de  leur  em  prifonn  émet  m  .  d  .  i  x  1 1 1 1  ,cômc 
dit  a  efte.  Le  Magiftrat  de  Tournay  efTaya  tous  moyes  de  matter  leur  conftance,  par  af- 
preté  Ô£  lôgueurdc  prifon,'les  feparâtl'vn  de  l'autre  ,  aflàuoir  Deftaillcur  en  vne  prifon 
qu'ils  nôment  laTcnerie,&  Pic  en  vnc  autre  appelée  Pipenie.Preftres, Moines  &Icfui- 
^  tes  leur  dônerenteepedant  dégrades  fàfchcries ,  &  à  plufieurs  &  diuerfes  fois  les  mole- 
fterent:maisle  Seigneur  par  fonfain&Efprit  les  rcnditinuincibles:  tellement  que  pen- 
dant leur  eroprifonnementrcfpaccdc  fept  mois  &d'auantage,  leurs  bouches  ont  efté 
confacrees  du  tout  à  la  louange  de  Dieu ,  &  leurs  mains  (fi  auant  qu'il  leur  eftoit  loifible 
d'efcrire)employees  à  confoler  &:  fortifier  par  lettres  leurs  parens,  amisx&  en  gênerai  la 
defolee  Eglife  de  Tournay.Les  luges  voyans  qu'ils  ne gangnoyc'trien  deles  détenir  d'a- 
La  mort  de  uantage ,  finalement  le  x  xn,  iourdeMars  enfuyuant  m.  d.  l  x  v,enuiron  fcptheu- 
t"wUeftéï  res  du  Matin,  les  condamnèrent  à  eftrc  bruflez  furie  marché  de  la  ville.  Onlcurpre^ 
i!xv:fei£k  ^enta  ^eux  "bleaux de crucefix, contre l'aduis toutesfois  d'vnConfeillertemporifeur 
«aicui  vfité  nommé  M.Iaqucs  leClerc,cognoiflant(difoit-il)lcuropiniaftreté.  Enallantau  fuppli- 
■  ce,d'vn  coeur  ioyeux  ils  dirent  à  plufieurs  deleur  cognoiflance,àDieu,àDicii  frères, 
iufques  à  tant  que  nous-nous  voyôs  enfcmblc  tous  deuant  la  face  du  Seigneur.  Quand 
ils  furent  dedans  l'enclos  où  ils  deuoyent  cftre  bruflez,ils  rendirent  grâces  à  Dieu,&  re- 
mercièrent les  Magiftrats  de  la  deliuraricc  qu'ils  leur  fàifoyent  de  leur  captiuité  &  mife- 
re.Puis  eftas  attachez  de  chaines,ils  chantèrent  ledernicr  couplet  du  Pfeaumc 41  ,Mais 
quoy?  défia  par  cela  voir  ie  puis  Combien  cher  ie  te  fuis,  &c.  Le  bourreau  commencent 
à  eftrangler  lean  Pic,Hugues  ne  ce/Ta  de  crier,Couragc,  mon  frcrc,courage  :  encore  vit 

peu 


Çhrifiophe  S  mit,  à  ^Anuers,  63  y 

peu,5£nous-no9verros  l'vn  l'autre  deuât  la  face  deDieu  en  îoyceternelle.Telle  fut  la  fin 
de  ces  deux  bié-heureux  Martyrs  de  Iefus  Chrift>iefpôdantcà  leur  conftâce  precedéce. 

P  V  I  S-que  de  iefùites  il  efifait  fouucnt  ci  datant  &  après  mention,  il  ne  fera  impertinent  de  tou- 
cher ycomme  en pajjàntj  origine  de  leuryurqye  efparfe  en plufieurs  contrées. 

N  E  fette  de  gens  fe  nom  manslefuites,  depuis  quelques  précédentes  an-  °ri§ 


incdcj 


lciuir.es. 


nées  efleuee,  &  multipliée  en  pluiieurs  grofies  villes,  tant  de  la  France  que 
du  pays  bas &:  autres  régions ,  donnoit  en  ce  temps  de  grinds  cmpefchc- 
mens  au  cours  de  l'Euangi!e&  minifteredes  Eglifes  reformées.  Se  dilans 
cllre  ordonnez  en  ces  derniers  temps  pour  réparer  les  ruines  de  l'eglife  Romaine,  on 
leur  feroit  tort  de  rapporter  leur  origine  à  ceux  qui  furent  iadis  en  Portugal  l'an 
m.c  c  c.x  x  v  i,nommezGendarmcsdeIefus,&:depuisàSenes&:en  laTofcane,l'an 
m.  c  c  c  .  l  x  v  1  -.lefquels  Platine &:  Sabellic  tefmoignent  auoir  efté  gens viuansdu 
labeur  de  leurs  mains,fans  célébrer Méfies:  vacans  à  ieufnes  &  oraifbns:&:  fulpeeb  fina 
lement  au  Pape  Vrbain ,  entant  qu'auec  les  Fratricclles&;  Vauldois,  ils  preferoyenc 
lesel'critsdes  Prophètes  àc  Apoftres  aux  traditions  des  hommes.  Qui  voudra  neant- 
moinsrecerchcr  de  plus  haut  leur  fource,on  la  pourra  puiferdece  creux&  puits  d'a- 
byfme  deferit  en  l'Apocalypfe ,  duquel  tant  de  iàutcrelles  font  forties  peur  nuire  à  tout  Au  cfup.  9, 
ce  quifetrouueroit  deverdenla  terre.  Ceux-ci  tenansdu  naturel  des  Scorpions, re-  «kl'Apoc»- 
ftovent  à  fortir  :  &:  Iean  Pierre  Carafe  Neapolitain,  après  que  la  clef  dudit  puits  Juy  euft  yp  c* 
efte  donnée,  fit  monter  comme  d'vne  fournaifecefte  fumeede  Iefuites:  fi  qu'eftant 
fait  Pape  nommé  Paul  1111,1'an  m.  d.  l  v,  leur  donna  puiftance  de  picquer,molefter 
te  faire  guerre  à  tous  ceux  qui  feroyent  àlefùs  Chrift.  Les  appelant  donc  Ieiuites,il 
pourroit  auoir  eu  efgardau  ftyle  des  Romains,  &  à  l'ancien  v(àge&:  façon  dénommer 
ceux  d'entre  eux,  Aphricains,  Asiatiques,  Germaniques,  &  de  femblabledenomina- 
tion ,  non  point  pour  eftre  amis  ne  confederez  à  ces  peuples-la  :  mais  pour  leur  faire 
guerre  mortelle,  les  aflubiettir  à  l'empire  Romain,  &  triompher  d'eux.  Etdcfaid, 
le  fiegede  l'Antechriftjfils  de  perdition ,  ne  s'eft  point  forgé  fans  grand  befoincefte 
nouuelle  facture, fen tant  fadefeonfiture  prochaine &inftante  par  l'Efpritdçla  bou- 
che du  Seigneur  en  la  prédication  des  Miniftres  de  fa  fain&e  parole.  Ioinc  que  fcs  pré- 
cédentes créatures  eftourFees  de  graine,  &abcfties  d'ignorancc,rte  luy  monftroyent 
que  fignes  cuidents  de  là  ruiné  totale.  Gomme  donc  par  fes  Canons  il  s'eft  attribué 
puiflanec  non  feulcmcntde  changer  la  nature  des  chofes,  mais  aufsi  de  donner  eftre  Du  chapitre 
acequin'eftpoint,cen 'eftpas  merueille  fi  d'vne  m  efme  exhalation  du  puits  prédit,  il  J^&f©' 
a  fait  ce  nouuel  Ordre  différent  &  diuers"  des  autres  quant  à  l'extérieur.  Les  defehar-  ""^-W'- 
géant  du  long  feruice  des  cérémonies  inueterees ,  il  a  voulu  redoubler  vne  hypocrifie 
nouuelle  pour  replafter  les  vieilles  im  poftures  &  rufes ,  en  les  parant  de  nouueau  fard. 
Car  que  veut  en  fomme  ceftemalque  deIefuites,finon  ce  que  plus  groflîerement  les 
autres  qui  les  ont  précédez  fuppofts  du  fiege  Romain ,  ont  mis  en  auant?  Les  princi- 
pales conclu  fions  de  leurs  Cenfiires  qu'ils  ont  publiées  n'agueres  par  imprcfsionenla 
ville  de  Coulongue,  font  celles-ci:  aflauoir,  Que  les  traditions  de  l'Eglifc, encore  que  Axiom«  d« 
toutes  ne  fe  puiifenc  prouucrpar  l'Efcriture ,  lont  neantmoins  de  mefme  authorité,&:  ï/"^" 
doyuent  eftre  receues  en  pareille  foy  comme  ce  qu'on  a  par  tcfmoignages  exprès  en  ^tr"equuui1°'K 
l'Efcriture.  Qu'après  tant  de  Conciles  ilnefaut  plus  reuoquer  en  dilpu  te  telles  tradi-  gueesi'an 
tions,&: notamment  après  celuyde  Trente, auquel  a  efté  décrété  qu'en  telle  reue-  îingnL  °w" 
rence  &:  affection  de  pieté  on  doitreceuoir  lefdites  traditions,  comme  l'Euangileef 
crit.  1  1.  Que  la  continuelle  fuccefsion  des  Pontifes  Romains  eftvn  indice  manifefte 
d'Eglile catholique,&: foy  Apoftolique.  m. Qu'au  Magiftrat  politique  n'appartient 
aucunement  de  fe  méfier  ne  prendre  cognoififance  delà  doctrine  qu'on  propofe  au 
peuple:  mais  que  telle  folicitudedoit  eftredeleguee  auxPreftres.  Qu'au  faict  de  la  re- 
ligion, le  feuldeuoir  du  Magiftrat  en: ,  d'exécuter  les  rebelles&  contredilàns au  fiege 
Romain,  un  .Qu'en  conférant  la  doctrine  de  l'Eglife  aux  règles  delà  parole  de  Dieu, 
quiconque  les  voyant  difeorder, contredit  à  celle  du  Pape, doit  eftre  exterminédu 
milieu  des  hommes,  foit  par  glaiue  ou  par  feu,  afinque  paix  &  tranquillité  foit  confer- 
uee.Quc  fi  pafie  quaranteans  on  euft  ainfi  procédé  à  l'endroit  de  Luther  &:  de  fcs  fecta- 
tcursjiadc  longtemps  on  euftveu  larcftitution  du  repos Ecclefiaftique  tantdefiré. 

PPp.i. 


Liurc  VIL  Qffiflofhe  S  mit  >  à  oJrtuers. 

Voila  le  fbm  maire  de  leurs  axiomes  principaux ,  pour  iefquels  ils  tournoyent  la  m  cr& 
.la terre, pour  attrapperieunes efpnts,&:  les  faireenfansdelagehcnneau double  pins 
qu'eux.  Ils  ont  occupé  haiâ  ans  y  a  les  efcoles  d' Auftriche  &rdc  Bauieres ,  &c  font  après 
à  tourmenter  les  dernières  parcies  de  l'Europe.  LesCheualiers&  premiers  Gentils- 
hommes du  Pape,  aflàuoir  Cardinaux ,  Euefques ,  Abbez ,  Moines,  &  tels  Epicuriens, 
ledieuddquelseft  le  ventre,  &  regilion  lacuifine,ontauioiird'hny  leurs  palais,  mai- 
fons&cloiftrcs  emparez  de  telle  forceçie  gens,  pour  aft%cr&:tourrnentcrles  infirmes 
qui  afpircnt  à  la  cogn9^ancedela:yerité,&:pour  pjcquer  &  mordre,  voire  naurcrà 
mort  lesMiniftres  d'icelle ,  comme  on  peut  voir  en  quelques  exemples  déduits  en  la 
procédure  de  ces  ruftoires. 


ou,  Ma  CHRISTOPHE    S  M  I  T  UcBrugesyMmiflrea^nucrs. 

D  E  plufieurs  aduertiflemens  cefte  hiftoire  nous  rend  aduifcz.Prerniercrnent  de  ne  nous  fier  legiercment  auxperfonnesqu, 
roiK  lcaiblant  d'eftre  Chrofticns.Seconderncot,d'duoir  foin  &  efgard  des  Miniftrcs  de  l'Euang.!c,fur  tout  es  lieux  enui- 
ronnez  de  croix.  De  nq  les  induire  ou  amener  à  communiquer  atiec  tout;  indifféremment.  &  quand  ils  ne  s'y  voudront 
prefenter  à  l'àppetit'dcs  hommes ,  ne  les  point  iuger  craintifs  ou  fans  zelc.  Ticrccmcnt ,  de  confiderer  ici  comme  en  vn 
miroir,  l'eftat  Se  condition  des  fidèles  feruiteurs  de  Ictus  Chrift.expofez  à  lafuric  des  Preftrcs.Moines  &  Icfuitcs.  qu'au 
milieu  des  plus  cruelles  afflidjons,  cfraorions  &.  tumultes,  Duu  leur  donne  fecours,lcs  confolc^'ortiiic,4:  par  comïance 
les  imeine  à  iref-neureiife  fin. 

L  yaupitçnlavilJed'Aïuaers  vne  femmedcla  fe&edeslefuites,  nommée 
la  grande  Marguerite,  marchande  de  bonnets, laquelle  pafte demi  an  don- 
na lèmblantd'auôirdefirdccommuniquerauec quelque  homme  fçauant 
_  pour  entendre  la  différence  qui  eft  entrcla  vraye&la  fauiredpâ:nne&:  re- 
ligion. Continuant  en  ce  femblant,  elle  promectoit  d'abandonner  l'eglife  Romaine, 
en  luy  prouuant  qu'elle  fufl:  faulTc&abaitardiede  la  dodrine  des  Apoftres ,  ainfi  que 
Pcintife  &  plufieurs  gens  latenoyent  &:  dirîamoyent»  Onparlaacllepour  fonder  de  plus  près  fon 
difsimula-  affe&on  :  &  luy  fut  remonftré  queeen  eftoit  pas  peu  de  cas  d'amener  quelque  homme 
»on  conn-  ^Q^c  parmj  preftres  Moines i,  &;  qu'il  y  auoit  plus  de  danger  quelle  ne  penfoit.  Là 
defliiselle  refpondit,  qu'on  ne  deuoit  craindre  aucun  péril  de  Ion  cofté:&:  qu'elle  e- 
ftoitdè  celle  façon  efmeyèen  l'intérieur  (comme  elle  parloic)pour  cercher  Invente', 
qu'elle propofoit  dene  plus  Te  confelTer aux  Preftres ,  ne  4e  receuoir  leurs  Sacrcmens, 
iufqu  a  ce  Qu'elle  feroitautremen  t  afleurec  &  refolue  en  Ton  cceur.  Sur  cela  on  luy  pro- 
mit d'auoir  la  chofe  pour  recommandée ,  pour  fatisfaire  au  pofsible  à  Ton  defir.  Et  com- 
me elle  ne  cefToit  de  pqiyiuyure  fon  entreprise,  afin  de  l'exécuter ,  monftrant  de  plus 
enplusdefir  deftre  inftruite,  finalement  vn  bon  perfonnagede  l'Eglife  l'amena  vers 
M. Chriftophe Smit,Miniftre pour  lors  en  l'Eglife  Flamenguc  d'Anuers: lequel  puis 
après  fut  par  celle  femme  miferablcmenttrahi.  Il  eftoit  de  Bruges, &: auoit  efteau 
temps  de  fon  ignorance  veftu  en  ladite  ville  de  l'habit  de  Carme,  duquel  Dieuheurcu- 
fement  le  deueftit,pour  luy  faire  porter  la  liurec  de  fon  Fils  Iefus  Chrift. 

O  r  cefte  femme  cftant  venue  vers  luy,  demanda  d'eftre  inftruite  fur  ces  poin&s, 
aflauoir,duBâptefme,de  l'incarnation  de  Iefus  Chrift,  &c  de  la  Cene,  Cefte  entrée 
faite,  &  après  auoirefte  inftruite, déclara  que  touchant  les  deux  premiers  poincts  el- 
le en  eftoit  mieux  à  fon  repos  que  parauanr,  délirant  plus  fouuentouyr  telles  inftn;- 
ctionstant  en  fa  maifon  -qulenfa  boutique,  mfqucs  à  ce  queielon  fon  defir  le  iour  de 
la  fefte  Dieu  (qu'on  appelle)  qui  eftoit  cefte  année  le  premier  iourde  Iuin,elle  fut  a- 
-xhenee.au  prcfche  eh  laiTemblee  de*  fidèles,  qui  fc  raifoit  fecretement  pour  cuiter 
Marguerite  danger.  Ledit  M.  Chriftophe  fit  la  prédication ,  fur  la  fin  de  laquelle  il  traitta  ampJc- 
«tionde*  mcnt^u  droit  vfage  de  la  Cene,  comme  noftrc  Seigneur  Ie£is  Chrift  l'a  ordonnée,  &c 
Smit  enl'af  les  Apoftres  l'ont  pracr.iqucc*,$£  comme  elleaeft  câpres  entretenue  plufieursfentaincs 
femblce.    d'ans  en  l'Eglife  Chreftienne.   ^  Apres  le  fermon  on  demanda  a- .Marguerite  com- 
me la  chofe  luy  plaifoic.  Elle  refpondit  ,  raifonnablement:  mais  qu!il  luy  faloit  enco- 
res  parler  d'auan tage  de  ces  choies  ausc  Chriftophe ,  pour  l'interroguer  d'vne  choie &c 
d'autre.  Pour  làquelle  occafion  ledit  Chriftophe  vint  parplufieurs  fois  parleràelic: 
mais  elle  en  vouloir  trahir  plus  d'vn  :  Et  pourtant  elle  déclara  qu'elle  défi ro.it  d'ouyr 
encores  quclqueautrc  hommedode.  Chriftophe  ayant  cognoitfânce  à  vn  nomme 

Ôliuicr 


CbriftephcSmk  >à  Amers.  6 $6 

Oliuicr  Boçk ,  natif  d' Aloft  en  Flandres ,  profefleur  en  l'efcolc  d'Hey dclberch.  ,au  pays  oiiuier 
du  Carme  Palarin(  Jequeîpeu  de  iours  auparauanc  eftoit  venu  en  Anuers  pour  ccr- 
tains  arraHçs  particuliers)  l'amena  vers  iaditc  femme: laquelle  après  rauoirouy,pria 
de  communiquer  encores  auec  luy  vne  autre  fois ,  defirant  inftamroent  qu'on  par- 
laftàlonCure  nommé  mefsirc  Simon,  pour eftr$ mieux  enicign.ee ,cn  oyant  lacon-  M.  Simon 
.ierence  entre  les  doux  religions  :  promettant  de  fe  tenir  &c  arrefter  du  cofté  de  ce-  <J^J  a,u. 
iijy  qui  prouueroit  fon  dire  parla  parole  deDicu,&:ancurant  que  de  fon  cofté&du  §Awm. 
çofté  de  fon  Paftcur  il  n'y  auoit  aucun  péril  ne  danger  :  Car  (  difoit-elle  en  s'eicriant  )  fi 
maladucnoir  par  rnoy,  oùcftcequeicme  pourroyc  tourner  ?  qucdcujeîidroy  -ie? 

Par  ces  paroles  &:  autres  proteftations  lamentables,  Chriftophe  fut  induit  à  confé- 
rer auec  ledit  Curé,  en  uiron  le  ûxiefme  dé  Iuin  en  la  prefence  de  Marguerite  U  de  fon  f^^Ç 
mari:  en  laquelle  conférence  il  mit  en  auant  grand  nombre  de  tcfmoignages  du  vieil  mon. 
&noiiaeauTeftament:aufqucls  le  Cure  ne  pouuant  rcfpondrc ,  eut  recours  aux  an- 
ciens Docteurs  de  TEglife.  Cela  fait  ils  Je  départirent  l'vndc  l'autre,  après  néant  moins 
auoir  aligné  vn  autre  iour  pour  le  retrouuer&:  dcrechefconfcrerenlèmblc. 

Aucunscraignoycnr  la  trahifon  &  le  feu  :  mais  Chriftophe  qui  auoit  commencé  la 
chofe ,  defiroit  l'accomplir  par  l'aide  de  Dieu ,  &:  eftoit  fort  defircux  de  ce  faire ,  pource 
que  ladite  Marguerite  luy  auoic dit ,  que  s'il  la  pouuoit  gangner ,  il  en  gangneroit  plu- 
sieurs centaines  d'autres  auec  elle.  Il  eftoit  auisi  induit  à  ce  faire,  à  caufe  que  cefte 
femmedu  grand  defir quelle  monftroit  d'apprendre, eftoit  tombée  en  extrême mar  ofeinrife 
ladie ,  pourec  (  comme  elle  faifoit  femblant  )  qu'on  difFcroitpar  trop  de  parler  à  elle,  ^rue,Ucu- 
pourl'inftruirc&confoler.  Parquoy  vne  féconde  difputc  fut  finalement  faiteenuiron  La  «kuxie- 
Jc  vingtfixien)e.de  Iuin,  en  laquelle  ledit  Curé  mit  en  auant  quelque  ientçncçdçs  li-  me*^utc' 
urcs  de  fainct  Auguftin  ,  pour  maintenir  fa  caufe.  Cette  fentençe  d'Augulrin>  ainfi 
quelcditÇuré  l'alleguoit , tratttoic  delà Cene,&; du  changement  dupam  endiair,&: 
du  vin  en  iàng,r>ar  la  vertu  des  cinq  paroles  qui  font  proneme^  A  £ 

dcilus  luy  amena  des  autres  tel'moign  ages  &:  allégations  plus  claires  des  liurcs  de  fainct  mauiL 
Auguftin , accordant  Auguftin  auec  foy-mefme ,  ou  pour  le  moins  >  déclarant  &C  expo- 
sant les  fcntcnccs  d'iccluy  l'vne  par  l'autre. .  Ainfi  U dit  au  Curé  qu'il  luy  pieu lire  l'v- 
ne  des  fentences  alléguées  :  Auquel  le  Curé  fort  dcfpité  rebondit ,  qu'il  la  lent  luy- 
mefme*  ce  que  Chriftophe  ne  :  mais  le  Preftrc  ne  la  vouloir  pas  ainii  entendre.  Parquoy 
voyant  qu'il  eftoit  tenu  de  près  parla  lentcnce  qui  luy  auoic  efte  alléguée,  &:  que  Chri- 
ftophe luy  produifoitdcs  anciens Percsen grand nombi«rfinalemenr^lmitrpnt en  vn 
monceau  &  faind  Auguftin  &  rous  les  anciens  Docteurs  ydefquels  il  s 'eft  oit  fi  fort  van- 
té auparauant,&  non  feulement  les  rcietta,  mais  aufsi  lcs  proprcsdccTets.de  fonÈgli-  ^Jtàï 
(e  Romaine,  pource  que  la  fufditefentence  alléguée  auparavant  y  eftoit  eferite  :  néant-  o>e  autres 
moins  Chriftophe  print  les  décrets  du  Pape  en  main,  Ôcroonftra  cefte  fentenec  clai-  <&ofes 
rement  &  apertementauCuré:  lequel,  ièlon  la  façon  &couftumc  de  fcsfemblables,  a°ll££è™ 
cercha  defehapperpar  paroles  iniurieufesoi  propos  outrageux.  Chriftophe  oyant  fes  p«iccorps 
propos  pleins  d'iniurcs& d'où  trages,(e  retira  delà,  laifiantlc  Preftrc  auec  ladite  fem-  JJ^jjf; 
me.Etainfifutachcueeceftcdiiputc.  met  &  cor- 

L  s  iour  fuyuant,vn  des  frères  de  l'EglifedcChrift  feprcfcntaà  Marguerite,  pour  J^Jj^f1 
luy  demander  comment  elle  fefentoit  édifiée  en  fa  confcienccde  ladite  difputc  :  auquel  nuhfpù-i. 
elle  refpondir,  qu'elle  s'en  trouuoit  mieux  qu'auparauant.  Mais  l'ayefté  fort  touchée  tudjernent 
&  efmeue  (  difoit-ellc  )  quand  i'ay  ouy  que  le  Curé  a  iniurié  ainfi  Chriftophe  :  ce  que  l"airS. 
ie  n'euiTeiamaispcnfé.  Parquoy  aufsi  i'ay  conclu  auec  mon  mari,  dé  changer  dclogis,  Notez  les 
&dc  me  retirer  du  tout  en  autre  lieu,  &:  ne  veux  plus  auoir  aucune  communication  JJJ^J^ 
ne  conuerfation  auec  les  Preftres,&:  abandonner  la  Papauté,  &:  m'en  ièparer  entière- 
ment. Car  ie  voy  bien(dilbit-elle)  qu'ils  n'ont  pas  le  droit  de  leur  cofté,&  quelcurs  chc- 
fes  ne  valent  rien,  attendu  qu'ils  veulent  maintenir  leur  doctrine  &c  leur  foy  par  paroles 
iniuricufes&:  outrageuiès  :  mais  à  caufe  qu'ils  fefont  lêparez  l'vn  de  l'autre  en  trou- 
ble &diuifion     que  ienay peu  bonnement receuoir  pleine  cognoiftânec , ie defire- 
roye  volontiers  de  communiquer  fans  le  Curé  auec  Chriftophe  &  Oliuier ,  pour  eftre 
mieux  inftruite.  Ce  defir  luy  fut  encores  accordé ,  veu  qu'on  ne  preuoyoït  pas  qu'il 
en  deuft  forcir  aucun  péril ,  en  partie  à  caufe  que  le  Preftrc  n'y  deuoit  point  eftre,  en 
partie  aufsi  pourec  qu'elle  ne  vouloit  point  lçauoir  le  lieu  où  on  fe  deuoit  trouuer 
pour  parler  enlemblc:  &  d'auancage ,  pource  qu'elle  difoit  &  aftermoit  pour  vérité, que 

PPp.  ii. 


Liure  VU.  Chrifiophe  S  mit,  a  Anuws. 

ledit  Cure  denoit  aller  à  Louuain  pour  eftrc  fait  Liccntié ,  &  que  là  il  deuoit  demeurer 
quelque  efpace  de  temps:  de  forte  que  de  fa  perfonne  ne  pouuoit  venir  aucun  danger: 
ioin  t  aulsi  qu'elle  difoit  vouloir  attendre  iufques  à  ce  qu'il  fuft  parti  de  la  ville. 

Quelque  certain  iour  après ,  afiauoir  Samedi  premier  de  Iuillet,  cefte  femme  fut 
aduertiedefetrouuer  le  lendemain  qui  cftoit  Dimanche  à  iîx  heuresfur  le  pont  delà 
vigne,  où  on  l'attendroit  pour  la  mener  àc  conduire  en  vne  maifon  ,  pour  là  parler,  am- 
li  qu'elle  auoit  defiré&i  requis.  Au  mefme  iour aisignc',  qui  cftoit  vn  Dimanche, arri- 
ua  Marguerite  auec  fonmarien  la  place  fufdite,&delàfftrent  conduits  tous  deux  en 
vne  maifon, en  laquelle  letrouucrcnt  aufsi  Chriftophe,  Oliuier  Bock  ,& cncoresvn 
autre :aufquels  foudain qu'ils  furent arriuez elle donnala main,  les  faluant,&:  en  fcin- 
tii'e  leur  dit  qu'ils  fufîent  les  bien  venus.  Or  comme  ils  furent  afsis,eftant  prefent  le 
maiftre  de  la  maifon,  &L  fa  femme  laquelle  cftoit  au  li&  malade,  en  premier  lieu  ils 
commencèrent  àinftruire  ladite  Marguerite  fur  le  poinft  de  la Cene, duquel  elle  fe 
difoit  cftre  plus  en  peine &en  trouble.  Comme  doncon  l'inftruifoit,  cefte  fau/fe& 
malicieufe  femme  oyant  l'abominable  idolâtrie  du  dieu  des  Preftrcs  ,  faifoit  la  con- 
o  double  trifteeen  fon  cœur,  demandant  s'il  y  auoit  point  de  mifericorde  pour  elle.  Et  quant 
&  quant  elle  fe  laiifa  tomber  parterre,  faifant  fcmblant  que  la  contrition  &  delplai- 
fance  de  fes  fautes  luy  caufoit  cefte  foiblefte.  Apres  cela  ils  l'admonneftcrent  &: 
confolerent  par  plulieurs  belles  paroles  &;promefTcs  confolatiucs  tirées  de  la  parole 
deDieu. 

O  r  fur  ces  entrefai&es  voici  venir  en  la  chambre  où  ils  eftoyent  alfemblez,  le 
»  c*eÇvn  of  "  Markgrauc  &  l'Efcoutet  auec  leurs  fergeans  Se  officiers. Et  s'eftant  mis  ledit  Markgra- 
roit^ffiw  ne  deuant  la  table  auec  vnpiftoleten  fa  main,  il  demanda  en  Latin  àChttftophe,s'iIe- 
d«  nurclii!        Klebitius  :  lequel  refpondit  que  non.  Derechef  il  l'interrogua  comment  il  auoic 
Kiebuiui.    nom .  l'autre  rcfpondit ,  qu'il  auoit  nom  Chriftophe.  Oliuier  femblablement  eftanc 
interrogue',  déclara  fon  nom.  Apres  cela  le  Markgrauc  interrogua  Marguerite,  com- 
me s'il  n'euft  rien  feeu  delà  trahifon,difant,  Que  fais-tu  ici  malheureufe  :  elle  refpondit 
quelle  eftoit  là  venue  poureftre  inftruite&enlèignee,&:  pourcercher  fon  falut.  Le 
Markgraue  luy  dit  qu'elle  parleroit  bien  autrement  deuant  qu'il  fuft  trois  iours.  Son 
mari  frappoit  fesdeux  mains  enfemble,  difant:  Monfieuri  voici  la  première  fois  que 
i'y  fuisiamais  venu.  L'autre  qui  eftoit  venu  auec  Chriftophe  &c  Oliuier,  fut  aufsi  inter- 
rogue de  fon  nom,&:dc  la  ville  d'où  il  eftoit.  ce  qu'il  confe/Ta  franchement  &C  fidèle- 
ment. Mais  à  caufe  qu'il  eftoit  bourgeois,  le  Markgrauc  ne  le  conftitua  point  prifon- 
nier  tains  feulement  luy  fit  promettre  de  fe  représenter  &refpondre  quand  il  en  feroie 
requis.  Le  mefme  promit  aufsi  défaire ,  par  ferment ,  lemaiftre  de  la  maifon ,  &:  lcma- 
ri  de  Marguerite raufquelsil  commanda  dedemeurer  là,iufquesàce  qu'il euft  parle 
m-uftrfd'ct    au"  Bourgmaiftre-.Maisil  faut,  dit-il,  que  ces  deux  ici  viennent  auec  moy:  ce  qui  fut 
L^'k^a  ^a'c>  ^a^anc  cependant  huit  ou  dix  fergeans  &  officiers  pour  garder  la  mailbn,  iuf- 
ue  «  péuê  ques  à  ce  que  l'Efcoutet  fuft  de  retour ,  lequel  derechef  les  interrogua  comme  aupar- 
vîC°rj£w*  auant:  &  ayant  prins  leurs  noms  par  cfcrit,les  laifîa  aller. 

ÈbÏmJ?8*     Or  Pour  wo'nftrerqoe  tout  ceci  s'eft  démené  auec  ledit  Markgrauc  :  quand  cefte 
maiftre.     grande  Marguerite  fut  aduertie  de  fe  trouuer  fur  le  pont  fufdit ,  elle  s'en  alla  le  mefme 
TraMon.  foira  la  mailbn  du  Markgraue,  lequel  elle  fit  appeler &leuer  de  table,  &  luy  déclara 
&C  fit  entendre  le  tout.  Et  le  lendemain ,  qui  fut  ce  Dimanche,  quand  on  la  menoit  à  la 
maifon  pour  conférer ,  il  y  en  eut  quelques  vns  qui  les  fuyuirent  par  derrière,  pour  voir 
en  quelle  maifon  ils  enrreroyent  :  &:  quand  ils  furent  venus  au  deuant  delà  maifon, la 
femme  parlant  bien  haut ,  afin  que  les  autres  la  pcuiîent  ouyr ,  demanda  fi  c  cftoit  là  la 
maifon  en  laquelle  ils  deuoyent  entrer  :  ie  penfoyc  (  crioit-cllc  )  quec'eftoit  bien  plusa- 
uant.  Vn  bruit  courut  entre  le  peuple,  qu'elle  auoit  receu  fomme  d'argent  pour  (k 
trahifon  .Quant  à  fon  mari,il  a  efte  fouuent  exeufé  &plaint  par  Chriftophe  en  plufieurs 
lettres  qu'il  a  eferites  en  fc$liens:cfqucllcs  il  l'appelle  le  bon  homme  &C  innocent  :  de  la- 
quelle chofe  à  Dieu  en  eft  le  iugement. 
ilsfontmc-     Pourrcuenirau  propos, comme  on  menoit  ces  deux  do£tes&:  bons  perfonnages, 
n«  cnpn.  Smit  &:  Bock ,  en  la  prifon  cnuironlcs  fept  heures ,  vne  grande  troupe  de  peuple  s  af- 
fembla  fur  la  rue,&:  s'cfmerucillant  demada  pourquoy  on  menoit  prifonniersces  hom- 
mes d'apparence.  Les  fergeans  efpouuantez  decrainte,  refpondoyent  qu'ilseftoyenc 
malfaiteurs.  Sur  quoy  les  prifonniers  dirent ,  que  ce  n'eftoit  pas  pour  aucun  mef- 

ùiâ 


Qhrifiofhe  S  mit.  637 

faict  ne  vilainie,mais  que  c  eftoit  pour  la  vente  &:  iufticc.  Eftas  ferrez  en  la  prifon ,  Chri- 
ftophe  fur  mis  fur  laqueftion,&  tourmente  d'vnc  façon  il  mhumaine,qu'il  fut  preiques  Chriftophc 
quafi  parl'elpacedc  trois  ou  quatre  heures  efuanouy,&en  porta  les  marques  &:  imp  ici-  "y^rc.  * 
lions  en  fon  corps  iufques  à  fa  mort. 

I  l  fut  fort  interrogue  de  là  pcrfonnc,dcfoneftat,&:  vacation,  &  s'il  eftoit  marié. 
Sur  quoy  il  refpondit  qu'il  auoit  elle  Moine,  de  l'ordre  des  Carmes  en  la  ville  de  Bru- 
ges ,  &.  que  maintenant  par  la  grâce  deDieu  il  eftoit  fait  Miniftre  en  l'Eglife  Chrcftien- 
ne:&:  que  félon 1  l'ordonnance  de  Dieu  &c  la  bdoclrine  de  iaind  Paul,il  auoit  efpoufc  vne  "  pen-**4 
femme.  Outreplus,  on  l'imerrogua  de  beaucoup  de  gens,  &:  singulièrement  de  les  *  î.co^a 
compagnons  Miniftresdel  Eglifc  deChnft.  Et  il  refpondit  làgement&:  dilcretemcnt) 
mais  cependant  félon  la  vericé,  par  lagrace  de  noftre  Seigneur  qui  a  garde  &c  conduit 
fa  langue &c  fa  bouche,  de  forte  que  par  fa  confefsion  perionne  n'eft  tombé  en  au- 
cundanger.  D/uiantage,  on  luy demandas'ilnevouloit  pas  bien ouyr&fuyurele bon 
confeil  que  gens  de  bien&  fçauans  luy  donneroyent.  A  quoy  il  fit  refponfe,  qu'il  ne 
vouloir  reietter  ne  mciprifer  aucun  bon  confeil  :  mais  que  volontiers  il  s'y  vouloir 
fubmettre. 

Acaule  de  cefte  refponfe,  aucuns  des  Seigneurs  qui  l'interroguoyenteD  prefencede 
plulieurs  Prcftres ,  Moines  &  Iefuites,  femerent  vn  bruit  entre  le  peuple ,  qu'il  auoit  re-  Chrirtophc 
noncé  fa  foy ,  &c  qu'il  deliroit  de  retourner  derechef  en  fon  Monaftere,  pour  receuoir  a-  gJ^JJmr 
uec  lechapperon  &c  la  cappe  la  religion  qu'il  auoit  abandonnée.  dcrcuoiw. 

Ce  bruits'elpanditcnpeude  iours  bien  loin  parmi  les  villes  &:  villages  du  pays,  de 
façon  que  parce  faux  bruit  vn  grand  fcandale  fut  donné  à  l'Eglife  de  Chtift  entre  le 
peuple, non  fans  grand  dueil&  triftclïe  de  beaucoup  d'hommes  & 4e  femmes  crai- 
gnansDieu.  Mais  toute  la  fafcherie  tomba  fur  Chriftophe,  quand  il  entendit  ce  faux 
bruit,  qui  luy  fut  comme  vne  playe  mortellecn  fon  cœur  ,&:  luy  failbit  plus  grande  0  Ephef.4., 
peine 6C  tourment  que  fa  miferablecaptiuité& la  pefanteur de fes  liens.  Plulieurs  fu-  J  l^tll  \ 
rent  cfmeus  d'eferireau  prifonnier  pour  cftrc  pleinement  informez  delà  vérité.  Sur  ie»n  14.  7, 
quoy  il  fit  refponfe  que  c'eftoyent  menfonges  inucntez,&quemcfmesilnc  l'auoitia-  ,o.9,%h2 
mais  feulement  penfé.  Et  pour  plus  grande  afTeurance&  confirmation  ,  entre  autres  ^8Hebr.8.j, 
chofes  ilefcriuit&:  enuoyaà  iceux&  à  toute  l'Eglife  vne  confefsion  de  fa  foy, corn- 
me  s'enfuit.  ciat. }.  9\ 

Hcb.jj; 

Confefsion  de  foy  de  Chriftophe  Smit,auz  fidèles  d'Anuers.  Hcb  i"7  *' 

«A  IN  CT  Paul  eferit*  qu'il  n'y  à  qu'vn  Seigneur,  vne  Foy,  vn  Baptefme,  vn  Jg^j'*- 
Dieu  8c  Pere  de  tous  :  ainlî  ic  déclare  ÔC  confelîe ,  qu'il  n'y  a  qu'vne b  vie  éternelle,  MaXi}. 
en  laquelle  on  ne  peut  entrer  que  par  vne  £lèule  voye  :  comme  aufsi  il  n'y  a  quvn a  facri-  *mÏÏL", 
fîce  de  reconciliation,  e&:  vn  Médiateur  Icfus  Chrift,' louuerain  Sacrificateur  félon  J^,,,"Aa* 
l'ordrede  Melchifedech-.'feul  Roy  des  rois,  &  Seigneur  des  feigneurs.  h  feul  Dodeur,  K.  Rom.1.4, 
feul  Pafteur,&:lèul  vray  Prophète  de  fon  Eglile.Pourlaquellecaufeileftàbon  droit  ap-  yît*' 
pelé  Iefus  :  c'eft  à  dire  Sauucur.Car  il  fauue  Ion  peuple  de  lès  péchez.  LGEfd.474i4, 
Ceftuy-cielV  vrayement  Dieu,  de  la  propre  clTen ce  &C  fubftance  de  fou  Pere  cele-  Ma*"j>i-uc 
fte-,  engendré  deuant  tous  les  fieclcs,eftantfemblableau  Pere  en  fubftance,  fagelfe,  »  Ph«iip.î.7, 
puiltance ,  vertu ,  &:  éternité,  &c.  Et  quand 1  l'accompliftèment  des  temps  a  cfté  venu,  ,Hro^,4j,& 
il  elVnay  d'vne  vierge  pureôi  làin&e,  nommée  Marie,  par  la  vertu  &  opération  du  ^'sletnuiSy 
fain&Efprit,  fans  œuure  d'homme,  "eftant  fait  du  tout  lemblable  aux  hommes,  exce-  Coi.*.™ 
ptépcché:dcforte  quemaintenant  il  eft  &:  demeure"  vray  Dieu  &vray  homme, du-  l  Ln?o.\7 
quel,  par  lequel,  &:  auquel  nouspreceuons  toutes  chofes  qui  nous  font  neceffairesà  (Epw.tfi, 
la  vie  éternelle-  *En  luy  nous  viuons,  fommes,&:  auons  mouuement  :  '  il  eft  la  porte  de  f  I^l2,^r°1, 
la  bergerie ,  '  la  voye ,  la  vérité  &c  la  vie  :  '  il  eft;  le  chef&:  le  fondement  de  fon  Eelife ,  &:  le  " 

r  t  i  v  i.Cor  1.30, 

Malut  éternel.  aô.*».  * 

Par  la  foy  nous  fommes  incorporez  tentez  en  luy, comme  les  membres  àleur  chef,  ^'^^j, 
èC  comme  les 7  branches  de  la  vigne  à  leur  tronc.  1  Les  frui&s  que  nous  pioduifons  font  &8-« 
fiens:les  œuurcs  que  nous  faifons ,  entant  qu'elles  font  œuures  de  l'Elprit ,  font  iîennes.  i 
Carfans  luy  nous  ne  pouuons  faire  aucune  chofe.  Etcommelefep  dclavignenepor-  Îmvci<;.9, 
te  point  de  frui&,s'il  ne  demeure  en  la  vignc:ainli  eftil  de  nous  femblablement>li  nous  A£,.*4  5°' 
ne  demeurons  en  Chrift.  *  m»« 

"Et  combien  que  Iefus  Chrift  noftre  chef  foit  môté  au  ciel  félon  le  corps,  &  foit b  afsis  ^.co"^ 

>  PPp.iii. 


Liurz_j  VIL  Qhrifiofhe  S  mit. 

»  Mat.»*.io,  à  la  dexcre  de  Ton  Pere,il  n'a  pas  pourtant  *  delaiiïc  ni  abandoné  ion  Eglife  *,mais  la  gou- 
ï  Ephe'i-n  ucrnc,entreticc&  côduit  par  ton  S.  El'prit  :  duquel  Efprit  les  Minières  de  l'EuagiIeeftas 
douez,prcfchent&:ann6centlaparoledeDieu,àredirîcationderEglife:  cellcmét  que 
,m.,mo  4o,"quicleseIcoute,el"couteIefusChrift:&:qui  les  reiette,ilreiette  Iefus  Chrift. 
L^/jjo'6'     Ce  mefme  Seigneur  Iefus  Chrift  pour  plusgrandecôlblation&  confirmation  deno- 
ftre  foy  6c  entendement  dcbile,nous  a  laifle  les  fignes&memoriaux  de  (a grace&  de  fes 
bénéfices, qui  feront  en  vfageiufquesà  la  fin  de  ce  mode:  afin  que  par  iceux,comme  par 
vn  exercice diuin, nous  foyons  maintenus,  fortifiez  .^augmentez. 
A«pift.doft.     Ces  féaux  de  gracc,qu'on  appelle  comunement  Sacremés,nefont  pas  en  grad  nom- 
J.JJ.J.'   '  bre,ains  y  en  a  feulement  deux,  a.'fauoir  le  Baptefme  &:  laCene.  Par  le  Baptefme  nou§ 
mens Sacrc"  fommes  receus  en  la  fainde Eglife  corne  bourgeois  &domeftiques  de  Dieu. En  la  Cene 
InSTi"*  nous*ornrncs  nourris  &  entretenus  en  vne  vie  fpirituelle&celefte.  'LeBapttefmcnous 
lue  }.„  lean  nettoyé  de  nos  péchez ,  &:  eft  le c  bain  &  lauement  de  régénération  &:  rcnouuellement 
j&A&w'iii  au  làng  de  noftre-  Seigneur  Iefus  Chrift. 

t«.Pm  5 'l6'  En  iceluy  Dieu  rcnouuclle  &  conforme  en  nous  fon f  alliance ,  laquelle  auparauant  il 
jgj"'  auoit  faite  au  ce  Abraham. L'alliance  n'eft  pas  changée, mais  feulement  le  figne,c'cft  af- 
f  Lnc'i.n,  fiuoirlc  'coufteau  en  l'eau:  &  lacirconcifion  ou  coupure  en  Bapcefme  ou  lauemenr. 
tfiî.n  ,C°"  hLefang  de  Chrift  eft  efpandu,il  ne  faut  donc  plus  maintenant  efpandredeiang.  L'eau 
î  "1™°"  eft  maintenant  le  ligne  du  lauement  de  nos  péchez,  qui  a  feulement  fa  vertu  au  fang 

Apoeal;  i.y,  de  Chrift. 

rPicri.*'  "'  Et  non  feulement k  les  grands  &:  aagez  font  appelez  à  la  communion  de  cefte  alliacé 
AôïS'i!7""  diuineanais  aufsi  les  petits  enrans  innoccns,aufquels  maintenant  appartient  aulsi  bien 
le  ligne  de  l'alliance ,  comme  par  ci  deuat  il  appartenoit  aux  enfans  des  Iuifs.  Pour  cefte 
/  Mat.»  14,  caufelefusChrift  a'cômandéqu'onlesluy  apportait,  les  nommant  héritiers  du  Royau- 
LucVi0ç  '4>  me  des  cieux. m  Pour  cefte  caulc  aufsi  les  enfans  des  fidèles  font  nômez  fainèrs  par  fainft 
"  ,Cor-7'  Paul,com  me  ainli  (bit  que"  la  promefTe  de  falut  en  Chrift  leur  appartiéne,  ainiî  que  dit 

*  iaind  Pierre.  °  Et  pourtant  aufsi  les  Apoftres  ont  baptifc  des  familles  toutes  entières, 
i  cor.       p  comme  Abiaham  a  circoncis  toute  fa  famille. 

*  oU'.rT.îr  Comme  la  circoncilîon  neftoit  donnée  qu'vnc  feule  fois, 11 ainfi  aufsi  ne  doit-on  eftre 
,  F.phef.4.j  baptifc  qi'vrie  feule  fois. 

La  dignité  des  Miniftrcs  ne  fert  ici  de  rien,  mais  l'ordonnance  Se  inftitution  de  Dieu 
r  Matth.io,  tant  feulement.  'Carludasaaufsibaptizéjprefché^faitdesmiraclescommelesau- 
rtRoisij,*  très  Apqftres. r  Les  Preftres  de  Baal&:  Idolâtres  ont  aufsi  bien  circonci  que  les  autres, 
,8  dcfquclslacirconcifion  cftoitdemefme  valeur. 

t  Mat.18.19,  "Tous  ceux  qui  font  en  aage,&  n  ont  pas  encores  efté  baptifez,doiuent  eftre  inftruics 
Marc  is.iy   ^  etifei^nez^  doiuent  faire  confefsion  de  leur  foy,auant  que  de  receuoir  le  Baptefme. 

Pcrfonne  aufsi  n  eft  condané  limplement  pour  n'auoir  point efte  baptifé,ainspoura- 
uoir  mefprifé  le  Biptelme  &  l'ordonnace  de  Dieu.  Car  n'auoir  point  reccu  le  Baptefme 
Bemar.Ep.ft.  ne  damne  pas, mais  le  mefpris ,  comme  eferit  S.Bernard  :  auquel  aufsi  accorde  S.  Augu- 
Au-uiuib.j.  ftin.Car autrement  on  feroit  de  leau  vneidole. 

T<eftU*ft'vet'     Nous  reiettonsen  l'vfage  du  Baptefme  toutes  cérémonies  vaincs  &  inutiles  les 
fupcrftitions  qu'on  a  adiouftees  à  l'ordonnance  de  Chrift  pourl'obfcurcir. 

LaCene.        Afin  que  nous  ne  vinfions  à  oublier  les  fou  flfran  ces,  mort  &  mérites  de  Chrift ,  & 
que  ne  fuftlons  tirez  en  defHance  pour  eftre  menez  à  cercher  falut  par  moyens  illicites, 

T,Mat.:<f.20,  le  Seigneur  Iefus  Chrift T  nous  a  ordonné  l'autre  Sacrement  dcfon  corps  &c  de  fon  fang, 

ilTzl^  en  mémoire  &:  recordation  de  fa  mort  &pafsion&  du  facrifice  qu'il  a  fait  fur  le  bois  de 

j.cor.n.jj   la  croix  pour  la  remifsion  de  nos  péchez. 

Comme  nous  ne  fommes  qu'vne  feule  fois  nais  félon  le  cours  dénature,  mais  eftans 
nais  nousrauons  befoin  iourncllement  de  la  viande  naturelle(:  ainfi  aufsi  eftans  vne  fois 
naisfpirituellemët,nous  auons  befoin  iournellemcnt  de  viande  &  nourriture  fpiritucl- 

»  Ephef.4.13  le,afin  que  par  icclle  nous 'croissions  en  homeparfait en  Chrift.  Acelanouscftprofira- 

j  iean  <r     ble  le  corps  &c  le  fang  deChrift,lefqucls  nous  font  dônez'cn  viâde&  breuuage  fpiritud. 

*  lean  *     2La  vje  des  régénérez  eft  fpirituclle:aufsi  faut-il  quela  viade  &nourriture  foit  fpirituclle. 

Or  comme  nous  auons  au  Baptefme  l'eàu  pour  vn  figne  naturel  &:  vifiblc  ainfi  auôs- 
nous  en  la  Cene  du  pain  &:  du  vin  naturels,qui  feellent  fermement  en  nous  la  viancte&: 
le  breuuage  fupcrnaturel,fpirituel  &  inuifible,que  nous  recelions  pa  r  foy,&  en  fommes 
faits  participans. 

Pour 


Qjriftophe  S  mit.  638 

Pour  ceftc  caufe  le  pain  &c  le  vin  portent  le  nom  du  corps  &  du  fang  de  Chrift  ,com-  ,  c^\î 
me  le h  rocher  eft  appelé  Chrift.  Car  afin  que  nous  foyon  s  tant  mieux  admonncftcz  *v^'/tr,0*f 
quelles  chofcs  ces  fignes  feellenc  en  nous  ,&  quelles  chofes  ils  nous  représentent  &:  qu§t.(iipef 
produiTencdeuant  les  yeux,  voila  pourquoy  ils  portent  les  noms  des  chofes  qu'ils  nous  i£u'-v"{L 
figurent  &rcprefcntent.  A  infi  eft  appelé  lagneau  Pafcal,  le  partage  du  Seigneur  la  ,  j**0;" 
coupe  eft  appelée  le  nouueau  Teftament ,  pourcc  que  (comme  dit  Fulgencc  )  elle  le  fi-  Fuigmtms 
gure&reprefcnte. 

Ces  maniérés  &:  façons  de  parler  Sacramentales  ont,  toufiours  efté  a  in  fi  entendue* 
cnlTcglifcChreftiennexommenous  voyons  queceft ancienDo&curTcrtuIlian entend  Ttrrui.i.i> 4. 
&«xpofeles  paroles  de  la  Cene,quâd  il  dic:Chrift  a  appelé  fon  corps,  Je  pain  qu'il  print  £1™, 
ôc  qu'il  diftribua,difant,  Ceci  eft  mon  corps, c'eft  à  dire  la  figure  de  mon  corps .  Auquel 
accorde  aulîi  Saintt  Auguftin  efcriuantainfi  :  Chrift  n'a  point  fait  de  difficulté  de  dire,  îa^Tmc3. 
Ceci  eft  mon  corps,  quand  il  a  donné  le  fignedefon  corps.  Item  S.  Ambrcife  appelle  jjJ;J;£2 
ce  Sacrement, vn e  figure  du  corps  &c  du  fang  de  Chrift.  hb.dc.sacr'. 

Mais  comme  Dieu  ne  trompe  &  ne  déçoit  perfonncainlî  aufsi  ne  donne-il  pas  en  la  4'tJr  î 
Cenedes  fignes  vains &nuds  pour  nous  deceuoir.  Car  tout  ainii  quenous  recelions  de 
la  main  du  Miniftrc  du  vraypain&du  vray  vin  *  aufsi  Iefus  Chrift  nous  fait  véritable-  e,-CM-,OJ< 
ment  participans  de  fbn  corps &C  delbn  fàng ,  pourucu  que  par  noftre  ingratitude  &c  in- 
crédulité nous  ne  les  reicctions&mefprifions.  f  Pour  cefte  caufc  S.Paul  appelle  Iciàinct  f,.cor.iu.i< 
pain  rompu  &:  le  vin  confacré,Ia  communion  du  corps  &:  du  fang  de  Chrift. 

Or  pourcefte  communion  il  n'eft  ia  beibin  de  quelque  tianfllibftantiation  ou  de 
quelque  mutation  du  pain,ni  d'aucune  confufion  ou  mefiinge  du  corps  de  Chrift  auec 
le  pain.Car  ceftc  laincîeCenc  n'a  point  efté  ordonnée  à  fin  que  le  pain  (oit  participant 
du  corps  de  Chrift, mais  auconcraireç'aeftc  pour  nous,c'eft  afTauoir  afin  que  nous  foy  5s 
participans  de  Chrift  auec  tous  fes  dons,richcfles  ôc  mérites,  &c  que  nous  ayons  commu 
nion  en  fon  corps  rompu  &  en  fbn  fang  efpandu,gpour  eftre  faits  vn  corps  &  vne  chair  a- *  Jh**;* 
ucc  luy:  pour  à  quoy  paruenir ,  nous  n'auons  que  faire  d'vne  defeente,  ni  d'vne  prefènee 
corporelle  du  corps  &t  du  fangde  Chrift. h  Car  comme  l'homme  &:  la  femme  conioinéts  JJJ^j  " H 
enfcmble  parleliendcmariage,font  vn  corps  &  vne  chair,quoy  qu'ils  foyenc  cfloignez 
ou  feparez  l'vn  de  l'autre:1  ainfi  eft-il  de  Ch rift  &:  de  l'Eglife  fbn  efpoufè.  Car  côbfen  que  iS^ly0 
félon  Je  corps  ils  foyenc  feparez  l'vn  de  l'autre,  neantmoins  l'Eglife  ne  laifîe  point  d'eftre  >cor.iz.»7 
chair  de  la  chair  dcChrift  fon  cfpoux,& os  de  fès  os, d'aucanc  qu'ils  foncconioinds&:  vnis  ^  Rom  , 
enfemble,par  le  lien  du  mariage  fpiricuel.k  Car  Chrift  demeure 5c  habite  par  fbnEfprit  J^'J'gJ 
au  cœur  du  fidèle  :&  aufsi  la  conuerfation  descroyans,  la  ciré  de  leur  habitation,  &;  <r  isEphc}*. 
leur  bourgcoifie,eft  fcmblablcmenc  félon  l'efpric  par  la  foy  au  ciel ,  là  où  Chrift  fied  à  la  j^pSJïJ, 
dexcre  du  Pere  :  ainfi  Chrift  eft  auec  eux  vne  chair  5c  vn  corps ,  5c  eft  de  mcfmesos      s  i 
qu'eux,&:  aufsi  de  mefme  fang. 

Parcancceux-laerrencgrandement&lourdement,qui  par  ignorance  des  paroles  Sa- 
cramentales prennent,  cômedit  faind  Auguftin,le  figne  pour  la  choie  fignifice,  n  elle-  *«|uftiibro 
uans  point  les  yeux  de  leurs  entendemens  plus  haut  que  les  Sacremens  extérieurs  &  vi-  cLiu^. 
fîbles,lefquels  ont  eftéordonnez,afin  queleshômes,qui  fonc  veftus  de  chair  &  de  fang, 
&  qui  fonc  débiles  &:  grofsiers ,  foyenc  par  ce  moyen  conduits  5c  amenez  aux  chofes  in- 
uifiblcs,qui  font  entendues &fignifiees  par  iceux  Sacremens. 

•  Il  ne  fauc  donc  pas  que  nous  facions  des  idoles  decesmoycnsexcerieur$,&nefaut  ml.  sam.4, 
poinc  que  nous  leur  actribuyons  par  trop.  Mais  aufsi  il  le  faut  bien  garder  de  les  reietter  &  5'  Gji'$ 
ou  mefprilcr:  ce  que  nous-nous  garderôs  bien  de  faire,  quad  nous  en  vferons  félon  l'or- 
donnance de  Chrift.  Nous  ne  fommespas  fauuez  par  ces  moyens  :"c  eft  la  foy  en  Icfu  S  «  iean*.**, 
Chrift  qui  nous  faillie  5c  viuifie,fàns  autre  moyen  extérieur.  sémlc%?V> 
Voila,mes  frères  en  Iefus  Chrift,  quelle  eft  ma  foy ,  en  laquelle  ie  veux  viure  5c  mou-  J^j'^f'J 
rir.Cequ'autres  difenede  moy,ie  n'en  fuis  caufe. Iefuis  bié  marri  quêtant  de  maux  font  *bac.î.4, 
ferriez  de  moy  encre  le  peuple  :  mais  ie  vous  prie  afFectueufcment  ne  vouloir  contrôler  j  iuita  l9, 
mon  cœur  croyasà  tout  le  mode.  Car  la  fin  demonftrera  ce  qui  en  eft.  Et  quâd  mefm  es  Hcb-10-*8 
il  feroic  comme  on  die,  demeurez,  quoy  qu'il  enfoit,  en  ce  que  vousauezouy  &receu 
de  moy,à  quoy  ic  vous  exhorte  tref-affeétueufement  :  voire  quand  il  aduiendroit  qu'vn 
*  Ange  du  ciel  vous  enfeignaft  autre  chofe  ,  &quemoy-mefmcmcreuolcal!ede  la  foy,  •  GaLu.«.» 
(dequoy  Dieu  me  vucillegarder)n'y  croyez  point:  mais  croifîtr2,multipJiez>&:  profitez 
toufiours  de  plus  en  plus  en  la  foy,  laquelle  moy  5c  mes  compagnons  vous  auons  pref- 

PPp.  iïii 


Livrer  VIL  Chrtfiofhe  S  mit, 

chcc&  annoncées  ne  regardez  point  à  moy  ni  à  autre  homme,  ains  feulement  à  Dieu 
&  à  faparolc.Le  Seigneur  vous  vucille  fortifier  en  fa  fain&c  vérité.  Amen.  Priez  Dieu 
pour  moy,à  ce  qu'il  me  fortifie  aufsi  en  la  vertu  de  fon  fàind  Efprit  parlcfusChriftion 
fils.  Amen.  I'efpere  par  la  grâce  de  Dieu  eferire  des  auttes  poin&s  &  articles  de  la  foy 
quand  il  viendra  mieux  à  propos.    Ce  9,de  Iuittet.  m.d.lxiiii. 

EV  de  tours  après  ledhChrislopheenuoyaencores v ne  autre  confeflionde  foy  furies  artides  du 
Symbole,  que  pour  breueté  nom  obmettrons:&'  pourfuyurons  thifloire. 
*Z*  caufe  donc  que  plufteurs  des  Seigneurs  &  magtflrat  d'^fnuersayansefléà  l'examen,  eftoyenten 
partie  caufe  de  ce  fufdict  faux  bruit  &  detra£lion,qut  couroit  entre  le  peuple, {comme  dit  efl  )  Chrtflophe  a, 
aufsiejcritvne  epiflre  au  Magflrat  de  ladite  ville,en  laquelle  il feyurjre,  fe  prefentant  auec  prière  de  ren- 
dreratfongr  confefsionde^foy,^  defiraMSexpoferfado^rimal'efpreuue ,^pourtcele  ojfrirpt 
vie  s  il pUifoit  au  Seigneu  r. 

lèpres  ctU  voyant  que  ce  mauuais  bruit  ne  ceffoit  point,  mats  de  plus  en  plus  efloit  efpandu  (p*  dilaté 
H  eferit  i  par  tout,  ilaprins  occafton  d 'eferire  à  vn  certain  (urueillantdieCE^fe,  lequel  défit  auparauatluy  auoit  ef 
jn  ancien    crityrequerant  £  eferire  toute  la  procédure  de fon faiâ,comme  s'enfuit. 

CHER  frère,  quand  ic  confidere  mes  affaires &auflï  les  voftres,  ie  fuis  fort  con- 
triftéen  moncœunneantmoins  la  lettre  qu'il  vous  a  pieu  menuoyer  de  voftrc 
grâce  ne  m'a  point  petitement  confolé  &  refiouy ,  en  ce  que  par  icellei'ay  veu  le  grand 
HparlcdcL  loin  que  vous  auez  de  moy .  Mais  qui euftiamaispenfé  qu'il  y  euftvne  telle  malice  &: 
gronde  Mu  mefchanceté  en  vnc  telle  femme  ?  "  Il  euft  efté  bon  (corne  ic  penfe)qu'cllc  n'euft  iamais 
§52î«ij  efté  née.Ccpcndant  Dieu  a  certains  moyens  propres,par  lefquels  il  amcineles  liens  à  la 
fin  qu'il  a  ordonnée.    Si  le  Seigneur  m'a  appelé  pour  eftre  tefmoin  de  fa  vcrité,&  pour 
»  Mitt  *  10  mc  laraire  figner  &  feeller  par  ma  mort, b  fa  volonté  foit  faite  &  accomplie,^  non  pas  la 
miénc.Mon  corps  eft  preft  &  ma  vie  aufli  quadil  luy  plaira.Quant  aux  affaires  q  i'ay  eu 
auec  leMarquis,ç'a  efté  d'vnefaçô  bien  cftrange.  l'auoye  vn  Almanach  qu'on  a  trouué, 
auquel  i'auoye  marqué  certaines  rues  cle  la  ville,  où  aufsi  ily  auoit  plufieurs  tefmoigna- 
ges  de  l'Efcnture.Le  Marquis  auec  les  Efcheuins  me  firent  vne  telle  glofe,afTauoir  qu'- 
en vn  certain  lieu  fauoyefaitvn  tel fermon& prédication.  Ierefpondi ,  qu'ils  prouuaf- 
fent  ce  qu'ils  difoyent.  Parlefquelles  paroles  eux  eftans  grandement  courrouccz,mciet 
terét  fur  1  a  toi  turc.I'auoyc  outreplus  auprès  de  moy  vne  pièce  de  quelque  lettre  de  tef- 
Nott     nioignage,où  il  y  auoit  eferit  en  bas,Par  moyChriftophe  Smit  Miniftrcde  la  Parolc.ce- 
Fcdix  que-  la  m'a  efté  merucillcufement  pelant  &:  difficile  à  porter.Pourtanticpric&:  admonnefte 
ùaût  alie-  tous  Miniftres  de  l'Eglifc&:  tous  les  frères  hdcles,d'vfcr  de  bonne  prudence  &£  difereriô 
wwa.     cn  teis  affaires.    En  fbmrne,ils  ont  voulu  fauoir  le  fens  &L  l'intention  de  mon  efçrit,&  la 
déclaration  de  mon  liuret.I'ay  toujours  refpondu  commedeuant.  Mais  n'eftans  point 
conrens,&:  me  tenans  pour  menteur,  ils  meliurcrét  fînalemét  entre  les  mains  des  bour 
reâux.Eftat  en  la  peine  6c  au  tourmét  i'ay  dit  fur  ce  que  ie  fu  premiercmet interrogué,q 
géhenne.    *e  deûroyede  fuiure  bon  confeil ,  &c  comuniquer  auec  des  bons&  do&esperfonnages. 
La  cormes  L'autre  îour  fuyuat,les Carmes  vindrent  à  moy,&  par  paroles  blandiflàntes  ils  tafchoyét 
fiterSmiV  ^e  me  Pcrwa<^er  beaucoup  de  chofes,  pour  mc  faire  fage  à  leur  modepour  me  tiendrez 
fubmcttrelbus  l'obeiffance  de  l'ordre.  Apres  cela  arriua  vn  Curé  de  noftre  Dame,  auec 
lequel  ie  n'eu  pas  beaucoup  de  propos. Parquoy  ie  n  ay  aucune  chofe  notable  q  ic  puiffe 
efcrire.il  y  a  feulcmet  q  fur  toutes  fes  raifons  ic  n'ay  autre  chofe  refpôdu,finon  q  ie  ne  re- 
fufoye  point  &:  ne  mc  vouloye  point  forclorrc defuyure  toufîours  bô  côfeil.ll  leut  quclq 
cholè  de  l  inftitutiô  de  Caluin,au  17.chap.du  pliure,  de  la  Ccnc,dclaqlle  nous  côferaf- 
mes,luy  blafmât  &  mefdifant  bie  fort  Caluin.  Aucûs  qui  eftoyentlà  prefens,me  dirent,Il 
l'cra  aifé  à  faire  auec  vous,&:  ainfi  ils  fè  départirent  de  moy.L'autreCuré  par  lequel  pritt- 
Le  j  *ft  cipalcment  le  mal  eft  proccdé,m  a  aufTi  intcrrogué  delà  Cene.auqucl  i'ay  refpôdubrie- 
TOr^sdc    uement,quelepaineftoitlecorpsdeChrift,enfèmblable  façon  que  l'eau  du  S.Baptef- 
chnft.com  mc  cft  dite&  appelée  'le  pain &laucment  de  régénération.  le  I'ay  efeouté  long  temps, 
jkptSne   car  il  auoit  le  babil  &:  le  caquet  tout  fcul,&  aufli  le  laiffay-ie  parler  :  car  les 'perles  &:  les 
cft  nôrôée  marguerites  eftoyent  bien  trop  precieufes  pour  les  ietter  deuant  les  pourceaux  &c  deuat 
k^^/les  chiens. 11  m'a  pareillement  admonnefté  &c  confeillé  par  beaucoup  de  paroles  défaire 
t  Bpbe.j.i*  penitéce&:  rcpentâcepublique.Surquoyi'ay  refpondu  que  c'eftoit  vne  chofe  droite  & 
Jpiîi»i    bien  conuenable,d'impofer  la  repentance  publique  furlespecheurj  qui auoyent  péché 
îSaSi    publiquement.  Voici  la  principale  partie  de  nos  propos.  Que  ceft^trc  les  Carmes  font 

àprefent 


(hriftophe  S  mit ,  a  Amers .  dj  3 

àprefcnc,eelam'eftduCoucincogneu  Faut  ilpourcacqueie  parte  par  la  bouche  de  cous 
hommes,voirede  tousles  freres,commevn  rcnicurdeChrift?eft-ce  îcy  ma  ioye,&i  le  lo-  ingratitude. 
yerdemcslabeurs&trauaux?'Ieruispreft,Dieulecognoift,d'abandonnet,quandil luy  ^  ^ 
plaira, ma  viepourChrift:bcarienefuis  pas  meilleur  que  mes  Pères  oui  m'ont  précède.  & 
Ilellvray  qucienefuis  pascercain  demoy-mefme,&:nem  en  veux  point  aulsi  vanter:  il 
s'en  faut  beaucoup  que  ie  leface.Mais  fi  cft  ce  que  ic  ffiis  tref-bié  certain  des  promclfes 
dcChrift,ne  doutant  nullement  de  fa  lainde  vente, laquelle  l'ay  côfeffee&:  maintenue 
ii  long  tempsdailfez  donc  premièrement  accomplir  le  combat,& puis  on  pourra  chârer 
la  vidoire.  Ietcfmoignedeuanc  Dieu, que  quand  mcline  ieme  rcuoltcroye(dc  laquelle  fMwh  ^ 
chofe,  cômci  efpere,le  Seigneur  me  gardcra)lac  vérité  de  Dieu  demeurera,  &:  fafainde  Luc./*./?, 
Eglife  ne  périra  ïamais.Ie  vous  prie,mon  cher  trere,  qu'en  quclquelieu  que  vous  alliez  -Nousicuô» 
ou  veniez,  vous  medrecommandiezauxfaindesprieres&:ora;:(onsdesrrcres  ,  afin  que  prierlésvm 
je  puiile  demeurer  ferme  &:  fiable  en  la  foy,&  fublifter  au  combat.    Le  Seigneur  Icfus  P^rlcsau~ 
Chrift  m'en  vueille  faire  la  grace,&  à  cous  ceux  qui  on  teogneu  la  vérité.   Amen.         d  Coioir+j, 
Ici  auez-vous,cher  frere,la  fomme  de  nos  affaires.  On  ne  m'a  rien  demandé  de  la  foy.  f  pihcffî.« 
neantmoins  àcaufequeiemcfuisoppoféàla  »Befte,ilscerchent  dcniedeftiuire&:  a-  ÏxÏÏa, 
ncantir  Mais  le  temps  vient& cft  prochain f  qu  ellcfcra  iettee  au  puits  aidant  de  feu&  'f^°',l's2 
de  fouphre       aucontrajre nous &:  tousles  croyans  ferons  gardez  en  la  vieetcrnelle.  »»*is»b, 
Nous  auons  bon  courage:h  car  fi  nous  viuons,ou  fi  nousmourons,nousfommcs  au  Sei-  i&lp+i. 
meur.Enhaftcccij.deluiller,  m.d.l  xiiii.  *Rom./4.« 
EV  de  tours  après  ledit  Chriftophe ,  efcrtutt  &  enuoya  plufteurs  lettres  à  tente  t E°pfe  à  diuerfes  u  cçCT\t  à  p. 
jfoisypour  U  confier  CjT*  mettre  plus  a  repos^voire     aufltfermer  la  bouche  à  tous  détracteurs  gMcplu- 
calomniateurs  :  lefpielles  lettres  font  ta  inférées  par  ordre,  comme  elles  ont  eiléefcrttes  &  datées .  c?l~ 

IE  Chriftophe  Smic  prifonnier  pour  la  faincte  doctrine  &  pute  vérité  de  noftfc  Sei- 
gneur Icfus  Chrift,  vous  prie  cous  au  nom  de  noftre  Seigneur,  frères  &  feeurs,  que 
ne  perdiez  point  courage,pour  vous  arfoiblir  en  ce  que  vous  auez  reccu  de  Dieu  par  ,  Gai.#'.t. 
noftre  miniftere  : 1  &  que  ne  vous  laifliez  aucunement  feduire ,  foie  par  belle  apparence  Éph"^',4' 
de  paroles  ou  par  belle  conuerfacion,foic  par  quelque  chaftimenc  ou  dure  affliction  qui  jjSîïrt, 
vous  foicfaicc:foitkpar  honneur  ou  deshonneur:  foit  mcfmes  par  mes  lien* ,  lefquels  ie  /.un** 
fouffre  &:  endure  pour  vous,&:  lefquels  fonc  Se  à  vous  Se  à  moy  fore  profîcablcs  &:  necef-  &"'7' 


/i.Tim.4./, 

ne  laquelle  vous  auez  ouye  de  nous,eft  la  "  parole  du  faluc  éternel:  °ôc"  qu'ellecft  le  Fon-  JJj/*w» 


faires.1  Ieproceftedeuanc  Dieu  &:IefusChrift,lequclic  fers  en  mes  liens ,  que  Jado&ri-  u 


dément  des  Prophètes  &:  Apoftres,qui  cft  Iefus  Chrift.'Par  lequel  tous  ceux  qui  onc  ia-  m  iac.1.1  r 
mais  pieu  à  Dieu,onc  efté  fàuuez/  Car  Iefus  Chrift  qui  a  efté  hier  &:  auiourdhuy,eft  auf  ?.cw.i!u, 
fi  le  mefme  éternellement.    Tous  les  Prophètes  luy  rcndenccc  tefmoignage,quc  qui-  f^*0^ 
conque  croira  en  luy,receuraremilfion  de  l'es  péchez  en  fon  nom.  '  Tous  ceux  qui  ba-  •Act.4,,„* 
ftiifenc fur ceFondemet font  immuablesdes  eaux,les ccmpeftes,les  vencs,voire  mefme  ^nlb.^.» 
les  portes  d'enfer  ne  pourronc  rien  à  l'enconcre.Pourceftecaufe,  mes  frères &fceur  5,  ie  l5X"sJ,t4 
prie  Dieu  pour  vous  iour  &  nuid,  voire  fans  cefle,afln  quevoftrefoy  neden°aille,ainsqu' 
clic  foie  de  plus  en  plus  fortifiée  &:  corroborée  au  Seigneur,&  que  nos  lien  s  lefquels  no*  | 
foufFronspour  vous,nefoyencpoincdeshonorcz.Soyezferuens&  diligens,'  èc  courez  J-Gaht'.SÎj 
toufiours  aux  meilleurs  &:  plus  grans  dons,&:  rnc  vous  laffez  poinc  en  bien  faifànc.'  Mais  J^SS»"  » 
fur  toute  chofë  fuyez  bien  loin  du  feruice  des  idoles/ voire  mefme  retirez-vous  de  l'ap-  ''j™6^;" 
parenccd'iccluy:I&  n'ayez  poinc  de  communication  auec  les  œuures  infrudueulcs  de  y  *  Cor.< .14 
tenebres:maispluftoft  les  reprenez.'  Sortez  &:  vous  fcparezde  l'Eglilc  de  Babylone  &c  Apoî,V4', 
d'Egvpte, 'laquelle  s  eft  efleuee  par  défias  tout  ce  qui  eft  nommé  Dieu, pour  effacer  en-  Î^JSEc,^ 
fièrement  de  la  teire  le  nom  de  noftre  Seigneur  Icfus  Chrift.  'Car  fa  ruine  eft  bien  pro-  ^fj?-'8-' 
chaine&: fort grande.Rcgardcz donc  diligemment, "que  vousnefbycz  participansde  *aPo!,«.4 
fes  playes. c  Vous  auez  vnefois  vcftu  Iefus  Chrift  parla  foy:  pourquoy  voulez  vous  main  Eph^i!4 
tenant  eftreveftusa  des  pompes  bordures  de  la  paillarde?' Vous  eftcslauez&:  nettoyez  ^l^,^ 
par  le  fàng  précieux  ôz  innocent  de  Chrift  :fèrez-vous  derechef  polluez  &  fouillez  par  *».<*r-*.«» 
ces  puantes  paillardifesjgardcz-vous  en  bien.' Voulez-vous  ofter  les  membres  de  Chrift,  «fm}* 
pour  en  faire  membres  d'vne  paillarde?  ainli  n  aduienne:  car  il  ne  vous  en  aduiedrpic  fi-  ^'Èph^'.i 
non  honce,8c"  en  la  fin  ruine  &  perdition  eternelle.'Suyuez  doc  pluftoft  Iefus  Chrift.'hre-  hk  Matao-jg 
noncezà  vous-mefmes,&  portez  tous  les  iours  voftrc  croix,  '&  vous  ferez  participans  Luc  '<,.  lhSt 
de  la  gloire  &:  magnificence  de  Chrift.  Ayez  fouuenance  que  vouseftes  ici  comme  en  m£c8.î4 
vn  camp,  &:  que  vous  voyez  ici  deuanc  vos  yeux  vos k  ennemis,  qui  vous  prefentenc  vn  ^Jjjji 


Lmrc^j  VIL  Chrifiofhe  S  mu, a  Amers. 

*Mat.i*. 5  ïi  rude  &:  afpre  côbat:  mais  Cachez  aufsi  que  vous  aucz  vn  fort  &i'vaillât  Capitaine,'  qui  ell 
auec  vous>&:  qui  bataille  pour  vous,  voire  mefme  qui  a  délia  tout  vaincu ,  6c  qui  vous  a 
i  i'îkiu.'s,    promis&  aifeurezde  toute  victoire  en  luyidilant/Ayez  bon  courage,i'ay  vaincu  le  mon- 
['fTc'-j  4,&       ^r  H  Cl^-  véritable  en  Ces  promellcs.  Ayez  donc  ibuuenance  de  ceci,  mes  frères  bien 
aimez,&  ne  vous  laiifez  point  gangner  ou  furmonterpar  aucunes  h'neUcs.  J  Combien 
t  um'ÏEk    quepoui  vn  petitdetemps  vous  loyez  battus  &:  challiez  par  le  Seigneur  6c  Palleur  du 
i££iiîjZ  troupeau, n  en  lovez  point  cfpouuantcz  pourtant,  6c  ne  vous  enfuyez  pas  pour  cela. 
Roml'oa»,*  ma's  demeurez  d'autant  plus fongneulement  les  vnsauec  les  autres  en  vnitc'  delà  foy 
Hcb..jl  '    par  le  lien  de  charité. Mon  Dieu&:  Pcre  celefte,&  mon  iauueurlefus  Chrill  ,  m'ont  im- 
polé  celle  croix  pour  voftre  coniolation&fortificatiomvoici  toujours  ma  prière  6c  laf- 
îedion&ideiirdemoncceuisceftaflauoirquevous  demeuriez  6c  perfiftiez  en  la  pure 
^^JJjf**  verité(commc  défia  i  ay  ditcidelTus)  lans  vous  en  deftounier  aucunement.'  Puez  le 
i.Tim.a.8.    Seigneur  pour  moy  d'vn  cœur  pur  &:  en  bonne  confciencc,àfin  que  mon  combat  pren- 
icoti'i'Jîj,    ne  bien  toft  fîn,&:  que  ma  foy  demeure  ferme  &:  immuable,' &  que  par  ce  moyen  îc  puil 
•o£fl:j;|;    le  obtenir  le  prix  propofé  de  pure  grâce,  par  Ielus  Chrill.  Amen,  'le  qui  fuis  abfentde 
corps,&  cependant  prefencd'efprit,efpere  par  la  grâce  de  Dieu,  encore  que  ma  bouche 

*  i.T.ra.î.j  (etaife  maintenant,  que  tous  mes  membres  annonceront  les  louanges  du  Seigneur:^ 

combien  que  îeloyc  lié,  1a  parole  de  Dieu  cependant  neft  point  liée:  mais  cil  libre  6c 
franche,& aura  ion  coursiulqucsa  lahn.  Le  Seigneur  vous  fortifie  tous  enfcmblc  en  fa 
v-Cor.Kf.io  (àinde  parole  Se  éternelle  vente',  Amen. k  Saluez  l'vn  l'autre  de  lâincts  baifers.  le  vous 
.  r.  .i.   ^juctou5  je ma  main.  Donné  te  x  xv.de  Iuillct,  m.d.l  xiiii. 

A  vous  tous.mcs  freres  &  fœurs  bien-aimez,ie  defîic  grâce  &  paix  de  Dieu  le  Pire  par  noftre  Seigneur  Iefus  Chrill. 

&^j|HERS  freres &lceurs,ie  ne  puis  de  bouche  parler  à  vous,  car  parla  volonté  du 
'Seigneur  nous  fo  m  mes  réparez  les  vns  des  autresxependatie  fuis  auec  vous  d'el- 

prit,&:  délire  touilours  d'auancer  les  louanges  de  Dieu,&  de  magnifier  ion  nom  au  mi 
/  Hebr.ij.j  Ucudevous.Pai  airifi,niesbien-aimez,'ayezfouuenancedcmoy,commeieray  de  vous: 

demeurez  6c  perliftez  fermes  en  ce  que  vous  aucz  apprins  6c  receu  de  Dieu  par  mô  mi- 
muCor.i.7  niftere.Ie  prie  ce  Dieu  mifericordieux  qu'il  luy  plaife  m  donner  l'accroilTement.  '  le  tef- 
"  '-rir.i.ï.ii  xnoigne&:  protelle  deuant  Dieu  &c  le  Seigneur  Icfus  Chrift,&deuant  les  Anges  cfleus, 
f  S!<  Rappelle  ici  le  ciel  &  la  terre  en  tefmoignage/  qu'il  n'y  a  point'  d'autre  Euangile  que 
qfAâ.*»,&:  ceiUy  leql  parla  grâce  deDieu  ic  vous  ay  enfeigné  6c  apprins,q&qu:il  n'y  a  point  de  falut 

en  autre  qu'en  Chrill, lequel  îc  vous  ay  annoncée  prelchc  félon  fa  parole.  Quiconque 
»  iwn.î.f  chemine  Ôc  marchehorsdiceluy,il  chemine  hors  de  ion  falut.  Quiconque  ne  demeu- 
/,.ican.i.ai  re  en  luy,  il  perd  la  vie  éternelle .' Quiconque  confeffe  autrement,  eft  vn  Antechrill. 
tit™  7      1  Que  ce  ne  vous  foit  point  chofecftrange,  que  pour  ccft  Euangile,&:pour  confellerle- 

*  gj^jj"  ius  Chriftjic  fuiscmprifonnc,opprcfle,&:gehêné,T&:  finalement  queieferay  mis  àmort 

comme  vn  meut  trier  &  malfaicteur.Car  par  ce  feau  la  vérité  a  ellé  de  tout  temps  defen 
duc  6c  maintenue^  le  fera  aufsi  iufques  à  la  fin  du  monde.  Ayez  Ibuuenance  de  ces  pa- 
«Matao.     rôles  quelefus  Chrill  a  dites  à  les  Apollres&;  à  fes  fidèles, x  Quiconque  veut  élire  mon 
i£i£*j    dilciple,  qu'il  renonce  foy-mefme,&:  charge  fur  foy  facroix,&:  me  fuyue.Item/Leferui- 
Luctf^iel  teur  nc&  P°inc  plus  grand  que  Ion  maillre:  s'ils  m'ont  perfecuté,  aufsi  vous  perfecute- 
^'lùVi^T  ront~us:'  iruus  vous  poiîcdcrcz  vos ames  en  patience. Voici,  i'experimente  maintenant 
*Maî.io.34>  quelfruidla  vérité  de  l'Euangilc  produit  fur  la  terre:  Veftalfauoirperfccution,croix, 
*uMm  j.»   mort,&  meurtres. k  Qui  eftceluy  d'être  les  Prophètes,  Apollres,&  autres  fidelcs,que  les 
leaaiiîiVVo*  mc^cnans  u'aycnt  pcrlécutc  pour  celle  vérité?' voire  mefme  ont-ils  efpargné  le  chef 
des  Apoftres 6c  des  Prophetes?aufsinenous  cfpargncrôt-ils  nô  plus. Par  ainii,mes  bien- 
aimez,  n'ayez  point  de  honte  de  mes  liens,&:  ne  perdezpoint  courage:mais  foyez  d'au- 
d  ï.Tim.4.7  tanc  plus  fortifiez,  hardis  &enflambez  au  Seigneur.  Telpere  par  la  grâce  de  Dieu,  de 
finir  conllamment  la  bataille  6c  le  combat  qu'il  me  faut  maintenant  Ibullcnir .  le  ne 
<  itamo.i?  doute  point  de  la  vi&oirercarceluy  qui  ell  auec  emoy,ellplus  fort  que  ecluy  qui  cil  a- 
/r™484,i    uectous  mes  ennemis.'Puis  donc  que  le  Seigneur  ell  auec  moy,  qui  ell  celuyqui  fera 
\."SS£t  contre?Ic  marche  deuant  vous,8  pour  receuoir  la  courôncd  immortalité  delà  main  du 
fub.n.t;     iufteiuge,laquelleilapromifeà  touscetixquiluyièruiront.Ie  meconfoleen  ceci,  que 
ien'ay  point  trauaillé  en  vain  entre  vous.  D'orcfcnauant  loyez  vaillans  Chrefticns,&: 
u  Mat       (uyuez  Iefus  Chrill  en  toute  fain£teté  &:  iullicc.h  Faites  û  voftre  lumière  luile  deuat  les 
t,i>.e"rr"e».r»   hommes,  afin  qu'ils  voyent  vos  bonnes  ceuures,&:  qu'ils  glorifiét  voftre  Pere  qui  ell  és 

cieux. 


Çhriftophe  Smit?à  A nuers.  64.0 

deux.'  N'ayez  point  de  honte  de  la  parole  du  Seigncur,afîn  qu'il  n'ait  point  auflï  honte  JjjJJJJj 
devo9deuat  Dieu  l'on  Pete& Tes  fain&s  Anges/ Demeurez  en  la foy,c  &c  en  charité  fra-  luc9.î<?,* 
tcrnelle.  Au  rcfte,chcrs  frères  &:  fœurs  en  Chrift,  ic  vous  prie  de  tout  mon  cœur  au  Sei-  â.«  '  1Œ" 
<meur,que  vous  ne  croyez  plus  fi  legeremet  toutes  lagues&:  toutes  bouches ,  qui  difent  Eph  ™.',8!ÎÎ 
q  îe  fuist6bé,&  me  luis  reuolté  de  la  làincte  vérité  de  Dieu:car  ceux  qui  femét  tel  bruit,  J^JJ'JJJ 
k>nc  mes  ennemis ,  ou,  pour  mieuxdire,  les  ennemis  du  Seigneur ,  qui  talchent  à  vous  Hcb.ij.i.Rô. 
rendredebilesen  lafoy.Mais,di-ie,ne  les  croyez  point:  car  ils  font  menreurs  &  faulîai-  '"l0 
res.La  grâce  du  Seigneur  ne  m'a  point  abandonné,&i'Elprit  du  Seigneur  ne  sert  point 
retire  de  mov, voire  &c  ne  s'en  retirera  iamais,ainfi  que  i'efperc  en  mon  bon  Dieu, lequel 
m'a  appelé  à  (a  fain&e  vérité,  "le  me  remets  auecDauid  au  iugemét  de  Dieu  cotre  tous  tc^lf'6 
menlonges  &c  dctra£tions,&  appelle  Dieu  en  tefmoin  fur  ma  confcjcnce,&  le  mets  pour 
inge  entre  moy  &  mes  cnnemis,qui  me  chargent  de  menfonge  &c  de  meldifance .  Priez 
le  Seigncurqu'il  luy  plaiicmefortifieriufquesàlafin,&:ence  faifant  vous  monftrerez 
l'amour&lachancé  que  vous  me  portez.  Or  ie  vous  'recômande  tous  au  Seigneur,&  à  »  Aa.io.j* 
la  parole  de  fa  grâce.  Demeurez  en  la  vérité. le  vous  fadiure  par  le  Seigneur  que  cefteE-  /i  The.j.»7 
piftre  foitleuc  en  toutes  les  cogregariôs  de  la  ville  entre  toMes  frères  &lœurs, afin  qu'ô 
ait  meilleure  opinion  de  moy  &  de  la  parole  de  Dieu. le  tefmoigne  encores  vne  fois  de- 
uanttous,voiredeuantDieu,quccombien  queievinfeà  me  reuolrcr,la  vérité  de  Dieu 
demeurera neantmoins  ferme. 'Car  Chrift  demeure  touiîours  le  mefme. h  Et  encores  |"*2;!»tIJ 
queles  hommes  le  renonccnt,il  ne  fe  peut  renier  foy-mefme.Or  le  Seigneur  me  garde- 
ra &:  mefauucra. 
De  ma  cage  &:  prifon,cez£.  lourde  Iuillet,  m.d.l  xiiïi. 

G  R.  A  C  E  &  pair  de  par  Dieu  le  Perc,&  de  par  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift. 

RES-C  H  ERS  frères  en  Iefus  Chrift  noftre  Scigncur,ie 'prifonnier  pour  la  fain  »Ephef.4i 
Jdc  vérité ay  celle  confolation&:  foulas,que  icfay  lbuucnt  "mémoire  de  vous  en  KK°™*-9  *° 
mésprieres,àcequelafainc1:e  parole  de  Dieu  prenne  toufiours  profonde  racine1  en  cJ*!?*' 
vous,&  qu'ellcfoitmfru&ueufe  en  toutes  fortes  de  "  bonnes  œuurcs  en  Chrift  ,  afin  que  *^t;M^ 
par  icelles»  noftre  charité  &foyfoit  de  telle  façon  manifeftee&  déclarée  eftre  veftueu-  Ti«*.»j  ' 
fe,qu'ellepuiiTcauiTi  admonnefter&P  attirer  ceux  qui  autrementncfepeuuentrenger  .^tKV 
par  paroles. Voire,mcs  bien-aimcz,telleeft  la  volonté  de  Dieu, 9  que  nous  foyons  lalU-  J^Xj.'î 
mieredu  monde.  '  Il  ne  faut  donc  pas  que  la  lumière  foitmife  lous  le  muy,  mais  fur  le 
chandelier,afin  qu'elle  elclaire  à  tous  ceux  qui  font  en  la  maifon.il  ne  faut  pas  que  nous  Marc^io', 
ayons  honte  de  la  conuerfation  celefte,à  laquelle  nous  courons  tous.Si  Iefus  Chrift  fha-  J",.*'1*'  * 
biteen  vous,     fi  vous  l'auez  veftu/il  faut  que  vous  le  lailficz  viure  en  vous.  "QujJ  vous  ^e3|  |^|  E" 
fuffîfe  que  le  temps  pafTé  vous  auez  fait  la  volonté  des  Gentils,  eftans  faits  parricipans  rR0m.13.14> 
de  leurs  voluptez&  mefchancetez:ilyfaut  maintenant  que  tout  le  refte  du  temps  vous-  cSioffj.'o 
vous  addôniez  à  toutelàin&eté.'Or  la  fin  de  toutes  choies  approche:  "leiufte  luge  vien-  r^'  o.Y,! 
dra  bien  toft,&  bfa  venue  fera  comme  vn  larron  en  la  nuift: '  bien-heureux  fera  le  ferui-  xl;l^etf*) 
teur^uineferatouuédormant/Soyezdonctoufioursprefts&appareillezr'car  le  Fils  ^'p^t7 
de  1  homme  viendra  à  l'heure  que  vousnefauez  pas.  'Pourtant  prenez  garde  que  vos  ^/-«.lLc 
cœurs  nefoycntaggrauezdegourmadile&d'yurongnerie&dcsfolicitudesdeceftevie.  "j^H^h 
Préparez-vous, &  foyezveftusdela  robbenuptiale,commeccux  qui  font  vrayemetcô-  »/rhefl:$.*,». 
uiez  m\  nopccs,afin  que  vous  puilfiez  eftre  louez  &  magnifiez  du  Roy,  quand  ilfeftoy-  pôc?,5*0' 
cra  lés  coii  îiez.Il  faut  que  vous  faciezainlî:&  cela  vous  eft  necefTairc.autremct  vous  le-  4 
ncvconrez^'reputezentreleshauditeursdelafoy  feulement ,  &  non  pas  entre  les  fa-  ^t'3^ 
£teur$:8d  par  conlèquent  vous  feriez  encore  fort  elloignezde  voftre  laiut,duquel  autre-  fL»cu  ?i. 
ment  vous-vous  ofez  vantenmaisc'cft  en  vain,  fi  vous  necheminez  en  vérité.  '  Aban-  Apoc?"."' 
donnez  donece  quieft  mauuais,&  apprenezà  bien  faire.  Soyezlauez&  ncttoycz,&  0-  ^"j1,'.' 
ftczlemal  lie  vos  cogitatiôs  de  deuârmesyeux,dit  le  Seigneur.  kMais  ne loyez  point  cô-  '^'p}£uIcr; 
me  plu  lieurs  d'entre  les  Iuifs,quife  vantoyent  du  temple  qui  eftoit  fainct ,  dclaloyde  4,i.Pier.,'.H 
Dieu  ,  delà fàcrificarure,  du  facrifice  ,&  d'autres chofes femblables ,  lcfquellesils  auoy-  ab!«5.mS 
cntreceués:carceschofes-lâncpouuoyent  fanttificrniiuftificr  perlbnnedeuantDieu:  ******* 
commenele  peut  faire  aufsi  ce  que  vous  auezreceuen  l'Eglifedc  Dieu  parla  côfefsion 
de  voftre  foy  ,'ni  mefme  ce  que  vous  auezefté  fai&s  participant  delà  table  de  Chrift.  '  tCm-10i 
Or  lâchez  ccci,mque  celuy  n'eft  pas  Iuif,  qui  l'cft  feulement  au  dehors ,  ou  qui  eft  leule-  „  Rrra. :8 
ment  ciiconci  en  la  chair. n  Sachez  aufsi  que  tous  ceux  ne  font  pas  enfans  d'Abraham,  j*^9  7t 


L/#ro  VIL  Chriftophe  Smit,à  Anuers. 

«  i  Cor.^.y  qui  font  procédez  dé  la  femence  d'iceluy^car  en  plulîeursdiceUx  Dieu  n'a  point  prins 
î*™',o./S  plai(ir:cômeainlî  loir  qu'il  les  ait  deftruits  au  deièrt.b  Mais  celuyeftluif  qui  Tell  au  de- 
puis >      dens:&  la  circonci(ion  eft  celle  qui  eft  faite  du  eccur  en  l'efprit,&:  non  point  en  la  lettre. 

Ceux  aul'si  font  enfans d'Abraham  qui  enfuyuent  lafoy  &l  les  ceuuies  d' Abraha :&c  voi- 
la comme  on  peut auoir  louange  deuanc  Dieu  .  Pavquoy,mcs  bien-aimcz,  employez- 
litSrt^"»  vousà^esch°lW&  ne  vous  lailcz  point  en  bien  failant:  maispluftoft  marchez  coura- 
t)  '  geulemcnt  en  la  voyc  du  Seigneur.  JPrenez  ton  îoug  fur  vos  efpaulcs,&  vous  crouucrez 
t  Rom'/i?,  reposa  vos  ames.e  Abandonnez  le  monde  auec  fes  affections  :'car  il  paife&:  périt,  en: 
fi'um  î.17,  du  touc  ra?  cn  mauuaiftic:"&  mefme  celuy  qui  veut  eftre  (on  ami, faut  qu'il  (oie  ennemi 
i,(^r.7.j„  de  Dieu.'  Crucifiez  la  chair  auec  fes  concupifcences:k  car  il  faut  uueccluyqui  vie  en  la 
tt.iemi.,6,  chair,meure:maisliparl'Efprit  vous  mortifiez  les  ceuures  de  la  cliair,vons  viurez.  Reii- 
?  i.i'<H  4,  ftez  au  diable,&:  il  s'enfuyra  de  vous."1  Ce  font  là  les  plus  puillàns  ennemis  de  l'hom  n.e, 
GaT/iî5"  °iui  ^UV  llurcnt  les  Pms  grans  affauts  lors  qu'il  fe  veut  dédier  au  fèruice  de  Dicu,&:  aban- 
,jw6.»,&  donner  tous  vices.  Pour  ccftecaufe',Syrach  nous  admonnefte,quc  nous  pn  autans  au 
<  r<«.  s.»)  leruicedu  Seigneur,nous-nous  maintenions  toigneulementcn  îultice  &  cn  crainte ,  &c 
id'ju^  7  cluc  noi!:>  préparions  nosames  à  tcntation.°Or  fi  là  dclîiis  nous  auons  la  victoire  pai  no 
n  j^eîlr.f'I!  ftreheau  me  &  grand  capitaine  Iefù  s  Chrift  île  triu  m  plie  &  lacouronnede  vie  nous  fc- 
».ïim.}.ri  ront  donnez  en  ce  iour-la/Mais  fi  nous-nouslaiifons  vaincre  &;  furmonter,noi  ferons 
i.T.m  i's*/'  finalement  auec  tous  les  ennemis  iettez  fous  les  pieds  de  Chnft,  &licz  &:  garrouezde 
i£?M?'  chaînes  d'obicuritc,&  iettez  au  feu  éternel.  O  queleferuicedeDicueit  bien  plus  doux 
A'vat  i°  i  &:  amiableicheminezdoncen  iceluy  en  toute  ferucur  d'efprit.''  Regardez  commen;  les 
AFr!%  ,5'!&  meiclianslccomplaindront  au  iourdcrnier,apres  qu'ils  aurôc  chemine  les  chemins  fal- 
fl°E&i}.8,  chcux&:  difficiles. Regardez  'comment  ceux  qui  auront  ici  velcucn  plaifirs  ,gourman- 
rK/^jr,  £lifeîyurongnerie,voluptc2vpaillardifc,idolatrieïiS£c.feront  recompeniez:  c'eit  qu'ils  n - 
cai.j.^,  aurôt  aucune  part  au  Royaume  de  Dieu  &  de  Chrift.il  faudra  qu'ils  oyent,  '  Allez  mau- 
Eph  Apo  dits  au  feu  éternel.  Mais  ceux  qui  auront  ici  iuyui  Chrift,renôç ansà  eux-mefines  »,mor 
sa.15,  i.ivt.  tj£ans  ]curs  mcniDlcs  fur  la  terre,  "ils  en  receuront  cent  fois  autant,&:  poifederont  la  vie 
{.Tun/.t*  etcrnellcNe  vous  la  flez  donc  point  en  lavoyedu  Scigneui /car  le  temps  eft  brief .  Met 
Rm».«o  tez'pluftoft  à  profit  les  dons  de  Dieu  que  vous  auez  receus,afin  que  quand  le  Seigneur 
v  VomLil  viedra, vous  les  luy  puifsiezrédreauec  vfure.Voirejmesfreres,faitcsainfi,&:  foyeztoul- 
Gai  4-»4.  fours  bien  fur  vos  gardes,afin  qu'en  aucune  manière  vous  ne  foyez  furprins.  le  vous  ad- 
*  ^r', '! i9  nK)nntfte^cccscbo(es,mesbien-aimez,  "  ma  ioye  Sema  couronne  au  Seigneur,cn  mes 
i Ews-i1'  liens*  qui  mclontappropriez&ordonnezdcDieueterncllement.Maisquoyflemon 
«1"pkii.4.i  de,  les  tyrans,&lcstraiftres  ne cognoiflent point  ceci  jleiquelsmcperfecutentfeule- 
pf«u  menc  Pource  que  ie  ne  fuis  pas  auec  eux, '  &:  pource  queie  ren  tefmoignage  que  les  ceu- 
Rom.8.jtf  '  ures  du  monde  font  mauuaifes.  Quand  ieftoyefuppoft&defenfeur  de  l'abominable 
c  eanj.ji  j j0jatrje Papiftique,alors ils  m'eftoyét amisrmais quâd i'ay  efte  fait  Miniftrc  deChrift, 
â  Ad.9  ils  ont  ouuert  leurs  bouches  cotre  moy  pour  m  engloutir. Mais  laiifez  les  faire: ''ils  ne  ba- 
f  Pa°p'o^.  16.  taillent  pas  contre  moy,mais  contrcT  Agneau  qui  eft  alsis  furie  thronc,  c'eft  affauoir  co 
aÏ- .!«'  '9<  tre  Chrift,qui  cit  afsis  à  la  dextre  de  fon  Pere  :  la  fureur  duquel  s'enflambera  vne  fois  co 
K^Vr  rac  reu^  ^es  engloutira, confu  mera/  &:  brifera  de  fà  verge  de  fer  comme  vn  vaifTeau  de 
vhûj.io  potier."  La  pierre  tombera  vne  fois  fur  eux, &  les  bnfèra  du  tout.' Car  le  fang  qu'ils  cfpa 
/p^v"",^"  dent  crie  vengeance  au  ciel, k  lequel  aufsi  il  vengera  en  fon  temps.  &:  alors  le  malheur 
fc'îl-tïi.44,  le"1' tombera  fus  .'Neanrmoins  il  faut  que  pour  vn  peu  de  temps  nous  foyôs  oppreffez 
*gD,'  v*  cfiproilucz  comme  for  par  le  feu  :  afin  que  l'efpreuue  denoftre  foy,  qui  eft  beaucoup 
Htbr.i^iç,  plus  precieufe  que  l'efpreuue  de  l'or  (qui  périt  ,&  toutestois  eft  eiprouué  parle  feu) 
ffleb^o1.^  nous  rourneà  louange,&  honneur,&:  gloire,quand  Iefus  Chrift  fera  reuelc .  Or  ie  vous 
«fiS*1*  c^cr'  cescno^cs>mes  bicn-aimez,  non  pas  me  pri{àntmoy-mefme,ou  prefumant  orgueil 
leulemenc  de  moy-mcfme(car  helas,ie  fuis  vn  poure  pécheur  milerablc  &  débile ,  indi- 
gne de  la  grâce  que  le  Seigneur  me  fait)mais  ie  vous  efcri,afin  de  vous  monftrer  par  ceft 
exemple  Se  patron  la  différence  du  feruicedc  Chrift,&:  du  feruicede  ce  mondexomme 
au^  Chrift  luy-mefme  a  admônefte  &:  confolé  fes  difciplcs  par  la  fimilitude'dcla  fem- 
ao  me  qui  trauaille,°d]fant,  Vous  pleurerez  &:  gémirez,  m  ai  s  le  monde  s'efîouyra:vous  ferez 
contnftez,  mais  voftretriftefTefèraconuertieen  ioye.  Employez-vous  donc,  chers  fre- 
res,aux  chofes  qui  font  à  venir,&:  mefprifèz  hardimét  les  choies  prelcntcs.  car  celles  qui 
f  Apo.11.».  fontà  venir  lont  eternelles,&:  cclles-cy  font  temporelles.  "le  fuis  maintenant  comme  la 
femme  qui  trauaille,mais  fefpere  que  ie  feray  bié  toft  comme  vne  mere,ayant  iouyiTan- 

cede 


n  Ican, 


Chrifiofhe  S  mit ,  a  Amers.  64.1 

ce  de  mon  fruict. 'le  voy  maintenant  le  figuier  bourgeonner,  Se  pourtant  iefçay  pour  M™ 


Mjt.14.jj. 

CM. 18, 
Luc:i.i7 

a  Mat  7.1}, 
lue  6.  (i, 


Col. 

T. in.; 


certain  que  l'efté  m 'eft  bien  prochain,  le  leueray  dôc  ma  telle  en  haut  :  car  mô  Redem 
pteur approche/ voici  la veye  de  vic:Sl  faut  ainlîfuyure  Chrift.  le  m'en  vaydeuant, 
chers freres,6c  efpcre  par  la  grâce  de  Dieu  en  Chrift,d  emporter  la  victoire.'  Regardez  f^pî£*  j, 
gÉconh'dcrezi'iffue  de  noftre  conuerlaticn/Pncz  pour  moy,  &  me  montrez  mainte-  <  jj^J1' 
naiula  vrayecharité&dilection  que  vous  me  portez/ le  ne  me  fuis  pas  moy-mefme  Actes**?» 
efpargnc  iour&nuiâ,  que  ienaye  veille' pour  vos  âmes*  le  n'ay  conuoité  aucune  cho  f^aai'o.n, 
fe  de  perf'onnc:mais  maintenant  voici  que  îe  délire, c'cll  que  vous  nerediez  point  mes  &  10,  î0 
labeurs  ÔC  trauaux  vains  enuers  vous ,  ôc  que  vous  ne  les  déshonoriez  en  aucune 
forte. Ne  foyez  pas  feulement  contcplatcurs,mais  pluftoft  foyez  imitateurs  des  admo- 
nitions lalutaires  que  Dieu  vous  a  faites  par  mon  miniftere:6c  en  ce  failant  vous  me  rc- 
compenferez  allez.'  Mais  iccrain  que  îen'ayelabouré  en  vain  pour  pluiieurs,  quipen-  /  Gaiat.4." 
fcntquecefoitailezdeporterlenomdcChreitien,&:8iouscelaprouoquer  Dieu  aire  s  uC»1 ,0 
6c  à  courroux  par  leurs  iniquitez-Jiypocriiîc,detraction, 6c  vanité.  O  vous  mes  frères, 
penlez-vous  que  noftre  labcur,foin&:trauail  ne  foitreccu&approuuc  dcuancDieu? 
Si  eft  pour vray.Et  nos  liens, (ont  ils  honteux  6c  infâmes  >ouy  deuant  ceux  quiontouy 
de  nous  la  laine  do&rinc,&:  cependant  la  rejettent:1'  Quat  aux  autres,  ils  font  à  la  lou- 
ange de  Dieu  ÔÉ  aduâccmetitdc  toute  pieté.  Mais  il  faut  que  vous  fupportiezencorcs  ^"-J-'J 
vnc  chc.fedc  moyxeft  a(fauoir,que  ie  vous  admonnefteque  vous  ayez  plus  d'elgard  à  »^Thcr.j.n: 
ceux  que  Dieu  a  conftituez  fur  vousr&fpecialementà  ceux  qui  trauaillent  en  la  pato- 
lccxpolans&abandônans  leur  vie  pour  vous.  Obeilléz  à  eux  comme  à  Chrift:  autre-  ^^-J°14* 
ment  vous  elles  contempteurs  de  Chrift, li  vous  les  mcl'pnfcz.  Finalement  ,  mestref-  Lu- <>.s,&. 
chers  frcres,ic  vous  eferi  tout  ceci,commeayant  mémoire  de  vous  en  mes  hcns,ccpen  'fj'loy  efl 
dant  queie  vis,&  que  îevcux  maintenir  6c  honorer  mon  miniftere.  Vous reccurez doc  ç°g»^  p* 
ceci  de  moy,&  fenfuyiirczinon  pas  que  je vueille  pYifer  6c  exalter  de  telle  façon  les  bô-  ^mirc""" 
ncsceuures,comme  filefalutyeftoitconftitué:carmonbut  tendà  ce,  que  par  icellcs  t  G.d.u.5.<?, 
vousdemonilriez6c  déclariez  voftrefoy,  entant  qu'elles  feront  comme  feauxôCtel-  !w^>o 
moignagesdevoftre  foy.  m  Auconti  aire  donc  ,  tenez  ceci  ferme  6c  indubitable,  que  L""1"-1"" 
nous  lbmmesiuftifiez  de  grâce  par  Ielus  Chrift  fans  les  ceuures  de  la  Loy.  "Car  Dieu  lm\t..^,. 
par  fa  charité  nous  a  donne  Ion  fils  vnique  du  temps  que  nous  eftions  encores  fesen-  *'R1°"n,J.1£J 
nemis,arîn  que  maintenant  cela  dcmeure,que  le  falutn'eft  point  fondé  fur  les  ceuures,  «««-s-w 
ains  fur  la  grâce  de  Dieu. Car  nous  deuonsfauoir  ceci,°qu'vn  petit  enfant  nous  eft  nay,  ,e&  *.s 
&C  qu'il  nous  eft  donné.'  Ccftuy-cyeft  l'Agneau  occis  des  le  commencement  du  mon-  {Pic7° '/o 
de^'lurlequelDieuaimpolétoutesnosiniquitezc^iniuftices:  lequel  oftelespechez  q  eû.55.8, 
du  monde/ &  parlesplaycs  duquel  nousauonsguerilbn.Iceluy  eft  1  Agneau, qui  eft  af-  i"^"','.^ 
lis  fur  le  throne,' ayant  toute  puiftance  d'ouurh  le  liure  fermé  6cieellé  de  fept  lcaux/ll  {f*J{y 
eft  le  lion  de  la  lignée  de  luda/le  germe  de  Dauid,qui  a  vaincu. Pourtant  ce  n'eft  point  <  aj>. ù$ '.5 
lanscaulcque  nouslccont^lTonscftreleyChrift,ccft  àdire,celuyquieft  oinctRoy,Sa  *Âfo."i».is 
cnrkatcur,6c  Prophète. 'Tout  ce  qui  nous  fauue,viét  6c  procède  de  luy  &  par  luy ."11  eft  ^^"Jj  L' 
la  vove,la  \  enté,6c  la  vie. Nul  ne  vient  au  Pere  lînô  par  luy.  bvoire  (ans  iuy  nous  ne  pou- 
uons  faire  aucune  cholc.'De  la  plénitude  nous  auôs  tout  receu,voiregrace  pour  grâce.  *  .4 
*C'cft  luy  qui  ccuurecn  nous  6c  le  vouloir  Se  le  parraire,6c  ce  no  point  le!ô  noftre  vertu 
6~  benne  intention  ou  mcntc,mais  (êlon  Ion  bon  plailir.Si  nous  fai lions  quelque  choie  c  J 
debferijC'eftluy  qui  le  rait:  le  refte  procède  de  noftre  nature  corrompue.  'Deforteque  «  a.cot.j.j 
non  b  nefommes  pas  fuffiians  de  pefer  ou  faire  quclq  choie  de  nous  corne  de  nous  mef- 
mcs,in.(5  noftre  lulîîlance  eft  de  Dieu.  Voyezdonc6cregardez,chersfreies  ,  quelle 
force  6c  vertu  nosœuurescV  nos  mérites ont,quandnous-nous  arreftonsa  nous-mef- 
i  >cs  c'eft,qu'cl!esnous  lontdamnables.'  Se  quand  meime  nous  aurions  fait  tout  ce  qui  /  Lvc^  •? 
nous  clt  coin  mandé, nous  lommes  encore  (bruiteurs  inutiles/Quand  la  foy  œuure  par  g  g  ii.».< 
chance,  alors  la  gloire  en  cfta  Dieu     non  pas  ànous/lequelaulsinousdôncceftegra  hvh\u^ 
ce  de  croire  en  ton  nom/  Si  nous  croyons  leulemcnt  corne k  s  diables  6c  les  mcl'chans,  .  ic'an  j!., 
cefte  foy  n'eft  rien. Il  eft  neceffairc  dek  croire  vrayement  en  Chrift,  &l  de  mettre  totale-  f a 'tl^c 
ment  fa  confiance, fou  mérite, falut  6c  vie  éternelle  en  luy ,  pour  ar  tendre  &:  reccuoir  MaiC,6-,7 
tout  de  luy  :6c  par  fon  obciïlancc  aux  commandemens  de  Dieu  rendre  noftre  toy 
approuuee  :  ôcla  monftrcr  d'efficace  en  vie  éternelle.  Si  on  croit  ceci  fermement, 
voyez  comment  les  forces  Se  meritesdes  hommes  pourronteoniifter,  6c  quclleabomi 
nable  doctrine  on  en  feigne  en  la  Papauté,  touchant  les  mentes  6c  les  ceuures  de  lu-  OEuuro 
pererogation  (  qu'Us  appellent  )  6c  de  meritet  maintenant  6c  ci  après .   Certes  vr 


wirt 


L/#ro  VII.  Clmjiophe  S?mt,à  Anuers. 

«  G4.5.:,4  telle  doctrine  i  anéantit  entièrement  Ieftis  Chrift  auec  tousies  mentes,  &:  abolit  aufsi 
Tes  ofhccs>lcfquelsnous  apportent  tant  dcconlolationrceftaiïauoir  l'on  office  Royal, 

ha ia  SacTificaturc,&  fa  Prophétie:  bcar  s'il  y  a  en  ia  force  &:  vertu  de  l'homme  quelque  cho 
Te  qui  mérite  que  nous  obtenions  de  Dieu  falut,  pourquoy  a-il  efté  neceflaire  c; 


,   le»  1.1 4 

d  fini.  1.8 


que 

'Chrift  ait  elle  fait  hommc,J  so/Trantloy-mclme  a  la  mort  de  la  croix  pour  nous,com- 
Èpk t'n  me  fouuerain  Sacrificateur,»  afin  qu'il  lôpift  la  muraille  qui  eftoit  entre  deux,  'effaçât 
i  Kom^.o,  l'obligation  qui  eftoit  contre  nous,8  6c  par  ce  moyen  nous  réconciliant  au  Pcrc- neant- 
î.Cu.  j.iv  moms  ceux-ci  veulent  cftre  eux-mefmcs  Sacrificateurs  &  Interceifeurs,  pour  mériter 
pour  les autrcs:&  pourtant  aufsi  ils  n  ot  aucune  paît  ne  poi  tio au  Royaume  que  Chrift 
t,  Afl.io.i8,  nousaacquis,&:  mérite  pour  nous  hparfonfang:ains  leur  portion  eftauee  leur  Pere,Jc- 
iolrt'-th  quel  ils  ont  ferui ,  &c  duquel  ils  font  les  mebres ,  au  Royaume  duquel  aufsi  ils  feronr.  lo, 
'"SV.iî  gcz>'ou  le  feu  ne  scfteindraiamais,&:  leur  ver  ne  mourra  point.*  Bic  heureux  cftccluy 
Mat.t4.41,  qUi  n'a  point  de  communion  auec  ceux-la. 1  car  ils  ne  font  point  participais  de  la  croix 
de  Chnit:mains  cheminent  en  plaifirs 6C  délices,  par  la  voye  large  6c  fpacicuie  qui  mei- 
î  S.V.4  neàla  mort  éternelle.  "  Rctirez-vous,mcsfreres,retirez-vous,di-ie,&: fuyez  du  milieu 
"•4EU.7.7,  d'iceux.n'aycz  aucune  communion  auec  eux      ncbcuuez  point  du  vin  délire  de  la 


,5,Luci;.r2  paillarde.1.  Car  (prenez  garde  de  bien  prcs)en  vu  îour  viendra  ia  ruine  &dcfolar»on 
îa.peJ!ÀÈÙ  tort  grande,  6c  fera  du  tout  deftruitc  6c  ruinée.  Suyuez  6c  marchez  pluftoft  après  Ictus 
s.^Ap'Ss!  Chrift  nud  6c  crucifié:  car  encore  que  ce  foie  en  peine,  mifere  &  fitfchcric,  c'en  ncant 
^'ciV.'"'  mo,ns  ^  uroiilc  voye  qui  meine  à  la  vie,&:  par  laquelle  tous  ceux  qui  poifedentmain- 
/Ap»f..4-8  tenant  la  vie  ceernelleauec  Chrift, ont  pa/fé  .'Aufsi  les  choies  de  ce  monde  font  rem- 
ApS«?&  porelles,qui  prendront  bien  toft  fin:mais  cequi  nous  eft  promis  en  Chnit,  demeutera 
,3iÂc>i4'i  éternellement. Employons-nous  treftousàces cho(ès:&: qu'il  nonsfoumene  qu'il  huit 
r  i.Cor.4.17  premierementaualler l'aigre &: l'amer, &puisapres viendra lecioux: caries  fouffrâces 
viennent  premieremer,puis  après  la  refiouy/lancercn  premier  lieu  vient  la  bataille,  6c 
puis  la  vidoircttout  premier  il  faut  trauaillcr>&:  puis  après  fera  donné  le  loyer  îmmcr- 
uïï'""»'»  tel.' 11  faut  ici  iemer  en  pleurs  &:  en  larmes, &  fiaprcsnous  moiiîonnerons  en  ioyc  6c 
»f  lieiTe.Prenôs  donc  bon  couragc,&:  ne  foyons  point  foibles,encores  q  nous  ayons  grade 
t  H.b.u.i  peine &trauail.'  Regardons  al'  Autheur  dcnoftrcfalut  IcfusChnft  :v  car  il  eftnoftre 
&"Ci6 °  iS'  loyer,noftregioirc&  honneur  ^noftre  efperance  6c  couronne /en  luy  nous  virions  &: 
*  puju.-K.  <  demeurons,  voire  nous  fommes  vn  auec  luy  :  *  6c  (ans  doute  là  où  il  fera,  là  aufsi  feront 

7  Aa.  17. lit  r  r*.  i  1 

6  u-4.u.7.î4  les fertiiteurs  .  Dequoy  donc  auons  nouscrainte  :  pourquoy  perdons  nous  courage? 
-  Gtn.--7  jj,  qu'eft-ce  qui  nous  pourra  empeicher  ou  reculer,quc  nous  ne  polfedions  la  vie?'  voulôs 
jkhr.ii.ic   nQUS  ajjcr  vcncjre  noftre  primogeniturc  pour  vne  fouppe  auec  Eiàu  ?  choiiirons-nous 
pluftoft  les  chofes  qui  font  temporelles, que  celles  qui  font  éternelles?  gardôs-nous-cn 
t  Ph.i.j.io  bien. Et  au  refte,cheminons  ici  de  telle  façon  (uyuansChrift,quebnoftreconuer(atiou 
c p.er.i.r»  nelbit  pas  fur  la  terre,mais  au  ciel,  'duquel  nous  lbmmcs  à  prefent  corne  cftrangers  &C 
/lCoMJI1  efloignez, 'Nous  ne  voyons  maintenant  que  par  foy  comme  en  vn  miroir:1  mais  ci  a- 
e  i.ieaiuu  près, quand  Dieu  i'cram2nifeftérefplendifîantengloirc,alorsnousle  vcrrôsfaceàfa- 
f  Apoc.?..-*  ce  cômeil  eft.'Celuy  qui  vit  &  règne  au  iiecle  des  iiecles  nous  en  vueille  faire  la  grâce. 
Amen. Saluez  fvn  l'autre  d'vn  famétbaiièr.Ic  vous  faluetousen  mes  liens.La  grâce  de 
noftre  Seigneur  lefus  Chrift  foit  auec  vous  tous.  Ame.  Demeurez  tous  enfemble  con- 
,s  M«  7.1  j.  ftans  au  Seigneur,^  vous  don  nez  garde  de  la  belle  apparcecdefaincleté)&:  "des  faux 
CaionïlS   frères  6c  fccurs.Ne  ibyez  pas  légers  6c  volages  pour  côfentir  bien  toft  à  quclqu'vn:'  ains 
l  vr"ri".'û  iôycztouiiours  prudcs,&;  ayezlouucnâcede  moyen  vos  prières.'1  O  côbien  clt  plaiian- 
Efhef.f.1,    te&  fouha:table  la  mailbn  de  1  )ieu,en  laquelle  maintenantic  nepuis  côuerfcrincant- 
*"  feau'8*'  moins  ie  fuis  d'cfprn  en  vos  fainttes  aifemblcrs &c  congrcgatios,&  en  fuis  confolé,cfpe 
/  phiLi.t?   ranten  brcfde' deiloger  d'icipour  aller  auec  Chrift. Ce  que  1  avelperé,&:  clpercenco- 
res  de  polleder  6c  îouyrcn  vericé.Dieu  meledoinr,&  bié  toit.  De  ma  main  à  vous  tous 
me;  chers  frères  &:  fœut  s,ce  Samcdi28.de  luillet  ,  M.D.L  XII1I. 

Hcicnti  M.tr«ueritc  (]ui  l'auojt  trihi. 

Kom.u.;i      rF,v  , 

voulu fc  contemy d  cjcrircvite  vpij; rc pleine  d  Admonition     correction  (  lireihcnne^d  Lt  fan- 
oMi  l\iuoit  ty.xhi:  comme  s  enfuit. 

Arc  vérité  m  amie,  combien  q  tu  refois  portée  hvilaincmct  entiers  moy, 
que  non  ieulcment  tu  t'es  mocquee  de  mes  labeurs  &  trauaux,  (lors  quaufsi  vo- 
lontiers ie  me  fuis  cmplo\c  pourtôialur,q  iamaisi'ay  volôtiers  mage  ayatfaim:)  mais, 

qui 


E  mcpne  pvijonnier  fichant"  cju  on  doit  bentrfes  ennemis  9&*rendre  le  lien  pour  le  mal>napoint 


M; 


Qjrifiophe  Smiti  a^Amers.  64-2 

qui  plus  eft,tti  m'as  iniquement  trahi  à  la  mort:  neâtmoinsien'ay  pas  voulu  lai/Ter  de 
t'elcrue&:  admonncftercncesmifcrables&:  trilles  liens  cfquelsie  luis  détenu  ,'pour  tÏ'm^! 
voir  il  parauenture  il  y  aura  en  toy  quelque  lieu  de  repentace.Quant  clt  de  moy,en  ce  26 
qui  me  touchc,dcsla  première  heure  que  tu  eus  cômis  ec  vilain  aetc,b  ie  te  l'av  pardô-  M^r*',!^/' 
ne  du  plusprofonddcmoncœur,commeencorcicletepardor.nc:'toutainlictimme  ' 
ic  délire  que  mon  Dieu  me  pardonne  &c  remette  routes  mes  fautes  Néant  m  oins  ton 
pec  hcn'elt  pas  am  01  ndrideuancDieu  pour  cela:  tellement  que  ii  en  temps  &  de  bon-  j^J^'0* 
lté  heure  tu  neteconuertisau  Seigneur, Ion  ire  8c  fa  vengeance  çû m bera  bien  toit  fur 
toy,&  ne  tardera  gucres.O  toy  pourc&  milerable  femmeîoù  es-tu  tobec  ?  le  te  dema- 
dc,lcs  Préfixes,  Moines  &:  IeluirestepoiuTont-ilsdeftndre,&rcfpctfidrcpoui  toy  dé- 
liant le  throncludiciai  dcChrift?Opourcfemmeiconmietcft-ce  que  Je  diable  a  ainfï 
pofTedéton  cœur  écornent  as-tu  ainli  efté  enchantée  &  en  forcelee  par  la  doctrine  du  «CaUt-j*. 
diablc.?pourvrayieSperoyequelq  choie  meilleure  de  toy,  crovant  à  tes  beaux  mots,  &: 
penlant  que  tu  voulois  abandonner  l'abominable  idola  trie.  Mais  (helas)tu  n'es  pas  feu 
îcment  demeurée  cequ'auparauanttucftois/ains  tu  es  encoresdeuenuepire  Se  plus  fiutit.^, 
mel'chantc.Mais,ic te  pne,comment  eft-il  poflibleque  tu  ayes  taniais peu  penier  de  tra  "l ur'**18 
liircv  liureràlamort  celuy  qui  ne  t'a  jamais  tait  que  bien  &c  feruice?  apprens-tu  ceci 
en  l'efcole  des  Icfuitcs?  lont-ce-ci  les  fruicts  dece  que  tu  te  confeffes  chacun  iour:  lont- 
cc-ci  les  fruicts  de  tant  de  patenoftres  que  tu  dis  &c  lis  au  temple  des  idoles  tous  les 
iours?font-ce-ci  les  fruicts  qui  procèdent  de  tant  de  Meifcsquetu  ois,  &  de  tant  de 
dieux  de  pafte  que  tu  manges .?  Ce  ne  t'a  point  efté  affez  de  nie  trahir  tout  leuhains 
comme  vnelouue  affamée,  tu  as  englouti &deuoré  deux  brebis  enlemble.  Si  nous 
&:la  Parole  de  Dieu  iaquellcnous  t'annoncions  ncteplaiiions  point,tu  nous  pouuois 
laifier  en  paix,&:  nous  n'euffions  pas  efté  diftraits  de  nos  autres  affaires  &  labeurs. Mais 
quoy?  toy-mefme  courois  après  nous:toy-melme  ne  nous  lai/îois  pas  en  repos. Pour  ce- 
ftc  caufe  ta  perdition  &:  damnatiô  refera  plus  griefuc&:  pefante à  porter. g  Tu  es  main-  17 
tenant yure du  fang  des  poures  Chrcftiens, aucc la  Ribaudc de  Babylone, qui  eft  affilé 
fur  le  dragon  à  ièpttcltes.h  Cependant  regarde  (afin.  Telle  comme  elle  cftrtclle  fera  ''  ap°'7  + 
aufsi  la  tienne.  La  paillarde  de  Babylonetriomphe  maintenant  eftant  accouftreeen 
or,argcnt,&;  bagues  prccieufes  :'  neanrmoins  fa  fin  fera  perdition  &c  mort/Nous-nous  «  Ap<..i7.8,a: 
rcfiouyffons  cependant  en  nos  fouffranecs  &C  en  la  croix  de  Chrift  :'  car  noftre  fin  cft  la  ^iw< 
vie  éternelle.  Penfes-tu  quand  tu  auras  fait  mourir  &  moy  &C  mon  compagnon  prifon-  ^j:';;^ 14"* 
nicr,que  lors  tu  ayes  banni  &c  deftnutla  laincfe  vérité  de  Dieu .?  non  non  :  ains  aucon-  '  Ko";-  -  s 
traire  "elle  prendra  plus  profonde  racine,&:croiftra  plus  puiifammét  par  nofhemort.  «Evod.i.iî 
Car  lefang  des  martyrs  cil  la  lemence  del'Eglife  de  Dieu .    Voire  mefme  toutes  les  «"nageSs 
gouttes  de  noftre  fang  annonceront  encores  les  louanges  de  Diou  après  noftre  moi  t; 
cependant  &i  toy  &:  tous  ceux  aufquels  tues  adherente,n'en  receurez  que  honte  8c  cô- 
fufion  fur  vous."  Car  tout  ainfî  queSamfonaplusdeftruitdePhiliftinsenfamort,qu  "  fog-rfjo 
il  n'auoit  fait  en  toutefa  vicrainii  aufsi  noftre  mort  fera  plus  dommageable  aux  enne- 
mis de  Dieu  que  noftre  vie  n'a  efte.   Qu'ils  bru  lien  r,  qu'ils  eftranglcnt,quils  tuent  &: 
meurtriiîenr,par  fcu,cordcs>eipcc,&:  eau  tant  qu'ils  voudront  :  °  la  parole  de  Dieu  de-  *.  m.  40.<r, 
meure  neantmoinsCx:  demeurera  cterncllcment.pU  cft  bie  ditr&  à  toy  &  à  tes  fembla-  p!£/,'*s  ' 
blcs,dc  regimber  cotre l'eiguillon.':  L'Agneau  quieftafsisfur  Jcthrone,eft  bie  tropfort  p  AJ"£6)'^ 
&:  puiffantpour  vous.Cçft  Agneau  nous  veftira'dcrobbes  blanches,' &  nous  coirmâ  û  " 
dera  de  nous  repofer  encoi  e  vn  petit  de  téps,iu{ques  à  ce  que  le  nobre  de  nos  frètes  qui  /  Apo".  y.  u 
doyucntaufsieftremis  à  mort  pour  le  rermoignage  dcTefus,commc  non  s, ioit  ac  c  om- 
pli.1 Or  alors  l'ire  &:latureur  de  Dieu  fera  enfîambeecommc  feu,  quiconfumeranos  r  pfw«-».«* 
aduerfaircs:&:  toyaulsifemblabcment,li  tu  ne  te  repens  de  tout  ton  «.  œur,&  ne  *  pu-  1  îv!ac-  ;-8 
duis  fruits  digne  de repentance,  te  retirant  de  tout  mal  &:  de  tous  taux  feruices  i!e  v  ,•îl  t;  •,  ^ 
Dieu,tefeparant  de  la  compagnie  de  la  génération  de  vipères,  Sénocamm  en  c  de  la  fc 
de  ties  Ieiuites,pour  t'adonner  entièrement  au  vray feruice  de  Dieu  en  ion  Egiu'c  fa.n-  Ul 
de.  Car  "  en  ce  failanr  tu trouueras grâce auec  Saul  de  Tharlc,&  no  pas  antremet.  Par- 
quoy  letadmônefte,  Marguerite  mamic,&  te  prie  auec  pleurs  &  larmes  viayes ,  parla 
mort&  pafsiô  de  noftre  Seig.  Ictus  Chrift ,  &par  fon  fang  précieux  qu'il  a  cfpadu  pour  ^ 
nous,\]ue  tu  te  doues  bien  garde  d'endurcir  tô  cœur  en  ta  mcfcluncetc^ôme  Pha  ao:  b  cX 
'ainsaméde  toy,amcdc-toy,di-ic,!,cepêdantque  tu  as  encore  le  téps.Car  en  vente  ie  te  S 
di  auec  le  S. Martyr^Cvprian, qu'après  ceftevie  il  n'y  apoint  delieu  pour  lercptntir,ou  '^'mj' 

Q^q.  ii. 


Mai. 


Liure  VU.  Chriflophe  S  mit,  a  Amers. 

*E*ech.i}.i8  p0urs'amender/Ncterepofe&:netecouchcpasrurlcs  coufsins  &:  oreillers  que  les 
preftres,  Moines  &Icfuices  te  mettent  fous  la  tefte&:  fous  les  bras.Iefçay  bien  qu'ils 

t  Rom.1tf.17  te  difent  de  beaux  mots,&:  bte  prefentet  des  paroles  douces  &£  cmmiellees,voire  mef- 
me  que  par  ta  trahifon  tu  as  gangné  &c  mérité  le  Royaume  des  cicux.Mais  en  vérité  en 

'  Bmw*-/s  vérité, ils  te  trompent  &deçoyuét,cviuifians  ton  ame,Iaquclleeft  enuirônee  de  more 
eret  nelle,li  tu  ne  te  repens  6c  conuertis  félon  mon  conicil.  le  t'ay  eferit  ces  chofes  en 
mes  liens, lefquds  ie  fouftre&:  endure  pour  le  tefmoignage  de  la  verité,efperant  ta  cô- 
uerfion&repentanccparlagracede  Dieu,fitu  peux  pleurer  &c  lamenter  taviemau- 
uaile.Icprie  le  Seigneur  du  plus  profonddemoncœur,qu'iltedonne  fa  grâce  par  re- 
fus Chiift  fon  Fils,  Amen.  Cejo.deluillet,  m.d.lxiiii.  Par  celuyque  tu  as  trahi, 
&c  neantmoins  le  tepardonne.de  bon  cœur,  Chrillophc  Smit. 

I  L  eferit  lettres  confolatoires  à  fa  femme  «kfolee. 
V       NT  fon  emprisonnement  il  ri  a  point  oublié  fi  poure  &  defoLe  femme ,  (tins  luy  a  eferit 
plufu  urs  lettres  amiables  O-cofolatotrespar  diuerfesfots^quad  il  en  a  eu  le  mojc&r  lucajïon:  Uj- 
(juclies  nous  produiras  ici  par  ordre -,  afin  quechaciï  voye  l  affeÙio^amour  &  Join  fpeiial  cjutllu  y  a  porté. 
4Gcw.,.,<),  A/T  A  bien-aimee,il  a  pleuàDieu/fclon  fon  commandement,que  nous  avons  efté 
&  .jç,m.«.  xYJL  conioiinsenlcmble  par  le  faintt  citât  de  mariage:  fi  en  quelque  endioitiemc 
s»*         luis  porte  autrement  que  mon  deuoir  ne  portoit,ie  vous  prie  de  le  me  pardonner.  Et 
quanta  vous,  d'autant  que  vous  ne  m'aueziamaisen  rien  méfiait  ni  ofrenfé,  ie  n'ay 
rien  à  vous  quitter  ou  pardonncr.I'ay  fouucnt  mémoire  &c  louuenance  de  vos  larmes. 
«Genr.i.»»,  Mais  quoyîil  eft  vray  que'  le  Seigneur  nous  a  conioints  enfemble,&:  que  maintenant 
/  aRom!96iy  nous-nous  départons  i'vn  de  l'autre  pour  vn  téps,ou  s'il  luy  plaift,pour  toufiours:'mais 
lS ï-'s1"  cePen(^ant  c  e^  ^a  volonré  du  Seigneur.qui  eft  celuy  qui  peut  répliquer  contre  luy.?icar 
tout  ce  qu'il  fait  eftiufte&  parfait. Conlblez-vous  au  Seigneur,&  vous  tenez  paifiblea- 
uec  noftre coufine,de  laquelle auffi  i'ay  fouuent  mémoire Ôc  fouuenance.Et  quoy  qu'il 
en  foit,demeurcz  toufiours  en  la  fain&e  vérité  de  Dieu ,  laquelle  vous  auez  ouyc&:  ap- 
prinfe  de  fi  long  temps,  èc  ne  vous  en  deftournez  aucunement,  encores  qu'elle  foiticy 
u  Mat.j./o,  accourtreefi  pouremcnt.llBien-heureux(ditChrifl:)fontceux  qui  fouftrentperfecution 
V^'acT'X*  Pour  ,u^ice:car  ^e  Royaume  des  cieuxeft  à  eux.  'lté,  Vous  aurez  triftciîeôc  fafcherie  au 
4?Mn  16  x  monde,mais  en  moy  vous  aurez  paix:  ayez  bon  courage,  i'ay  vaincu  le  monde.1  Il  faut 
<  ».  rim.4.8  ici  combatre  &  bataillent 1  puis  après  nous  atteindrons  la  couroncSd  lapaix  éternelle. 
/Apo-..,o    Q^arK]  vous  entendrez  les  nouuclles  de  ma  mort,  refiouyiîez-vous.  Maintenant  vous 
»  Gen.î.tj,  pouuczpourvnpeudetépseftrcenangoiiTeauccmoy,n(carnous  fommes  vnechair) 
fyhtylt     ma,s  furmontez  voftre  rnfteife,  Se  priez  le  Seigneur  qu'il  luy  plaifc  me  fortifier:  &  il  me 
furfit.  Soyez  auffi  diligente  en  la  parole  de  Dieu.  &c  faites  moy  auffi  fauoir  commeon  fc 
porte  entiers  vous,&  ii  on  a  foin  de  vous,afin  que  ie  foye  enrepos .  Côbien  que  félon  le 
corps  ie  loye  feparé  de  vous,  neantmoins  mo  efprit  eft  auec  vous ,  &c  y  fera  tant  qie  vi- 
uray.  N.eftoit  Samedi  auprès  de  moy,Iequel  a  plus  aggraué  mô  cœur  qu'il  ne  l'a  point 
foulagé:il  demeure  toufiours  le  mefme:Dieu  le  vueilleconiicrtir.Il  eufteftébienaifeq 
ie  fuife  derechef  retourné  auCôuent.maisquoy.?quandmefmes  ilm'yfaudroitrctour- 
"p?ai0,i  ner,le  Seigneur  m'en  donneroit"iiTue&  deliurace,fuft  toftoutard.Quandiypéfe,i'en 

*  m  l  9    ay  le  cœu  1  fort  affligé. le  ne  fay  pas  encores  qu'on  fera  de  moy. Mon  defir  eft  pluftoft  de 

mourir  que  de  viure .  le  voudroye bien  quele  combat  euft  prins  fin ,  &  quela  noix  fuft 

•  r™"^!  ca(ïcc,afinqucic*fuflcdcliurc  decc  corps  mortel.  Mais  quoy  qu'il  en  foit,ie  fuis  &Pap 
<n  Mat.  6.,o  pnrtien  au  Scigneur,lequel  m'a  conduit  îufqucs  ici:  *  il  fera  dôc  de  moy  ccqu'il  luy  plai- 

at.16.38  ra  jc  t>on  cœur,0  Pere  ta  volonté  foit  faite/  Or  ie  vous  recommade  au  Seigneur 
Icfus  Chnft.Nc  vous  elmerueillez  point ,  fi  ie  vous  eferi  iî  peu  &:  gueres  fouuent:  car  il 
faut  que  ie  face  tout  à  la  defrobec&:  en  grande  crainte.Si  i'eftoye  trouué,fans  point  de 
doute  ie  feroyeiette  fur  la  géhenne .  I'efcriray  toufiours,  Dieu  aidant,  quand  i'auray  les 
movens.  Cependant  ie  vous  prie  que  i'aye  de  vos  nouuclles ,  afin  que  par  icelles  ie  me 
puuTe  vn  peu  recréer  .le  vou  s  enuoye  auec  la  prefente  vnc  chanfon, laquelle  i'ay  icy  cô- 
pofee  pour  palier  le  téps.Ie  n'ay  autre  chofe  à  vous  enuoyer:  bien  vous  (oit, ma  bien-ai- 
m  ce,  m  on  cœur,&  ma  plus  grande  coniblation  après  Dieu .  En  grade  hafte  de  ma  forte 
cage  ce  iod'Aouft,M.D.L  x  1 1 1  r  .Priez  le  Seigneur  pour  moy,cômeie  le  prie  pour  vo9: 
/  Fiuiip./.ij  &:ayc  z  bô  courage.  Voftre  mari  prilonier  pour  la  parole  du  Seigncur,Ch.Smit.r  II  nous 
eft  donné  de  Dieu  non  feulement  de  croire  en  Chrift,maisaufsidcfouftTir  poui  luy. 

A  V  T  R  E  lettre  à  fadite  femme. 
L  E  Seigneur  qui  nous  a  appelez  cnfemble  en  l'cftat  de  maruge  &  de  paix,&  lc<juclmainteaint,fcloa  fon  bon  plaifir,  nom 
fepaïc  ^ouc  vn  cemps,vous  vueillc  confolcr.Amcii.  Combien 


Chriflophe  S  mit  3  à  Amers.  64. j 

COmbien  que,  ma  bien  année,  ie  n'entende  aucunes  nouuellcs  de  vous,  ii 
eft-ce  neantmoinsqueie  ne  vous  puis  oubJicr:  voit emefmcs  les  larmes  me  dé- 
coulent abondamment  des  yeux,quand  il  me  fbuuient  de  vous .  mais  quoy  ?ie  ne  vous 
peux  maintenat  plus  confolcr  ny  aider ,  attedu  que  félon  la  chair  ie  luis  feparé  de  vous. 
Vous  auczauec  vous  le  Dieu  tout-puiûrant1&  lefus  Chriftfon  Fils  bien  aimé  noftrc  "  'at  '9 
Seigneur,'' lequel  ne  vous  abandonnera  point,' fi  vous  mettez  toute  voftre  confiance  *  icjm4.1t 
en  luy  .. d  car  il  eft  le  Pcrc  des  vefues ,  qui  a  grand  foin  &:  efgard  fur  leurs  afflictions ,  lar-  Roin'.o.'»' 
mcs&gcmiflemens.  Abandonnez-vous  entièrement  à  luyj'&l'inuoqucz  en  toutes  p^J^'J 
vos  ncccftiteziil  vous  aidera  &  dehurera.Quoy  qu'il  en  foit,demeurcz  toufiours  cnl'E-  «ff^ 
gli(e  de  noftrc  Seigneur  lefus  Chrift,&  ayez  foin  que f  l'enfant  de  noftrc  coufine  croiffe  *jo,ij,&  jt 
en  la  cramte de  Dicu.Teleftledeiïrdcmoncœnr.Monftrezluy  vn loin  maternel  (car  /4'Tob.»..e, 
ilfuutquevousluyfoyezcômemerc)àceqn'ilpuiffe  marcher  en  la voyedu  Seigneur  ÈPh-6-* 
tous  les  iours  de  fa  vie.  le  voudroye  bié  que  noftrcdite  coufine  m'eferiuit  quelque  fa- 
lutation.  Iefuis,graces  à  Dieu, en  la  main  du  Seigneur ,  combien  que  ma  chair  me  foit 
bien  faicheufe&  pelante.  I'elpere  *  que  la  génération  mauuailè  me  fera  pafTcr  en  bref.  &,».,*,mJc 
Or  te  prie  mo  Dieu  qu'il  me  face  ceftegrace ,  &c  bié  toft.  car  ie  délire  de  defloger,pour  8  ,1 
eftre  auec  Ch  tift.  le  ne  fay  pas  difficulté  de  (igner  &c  feellcr  par  mon  fang  la  faincte  veri-  h 
te  de  Dieu,laqucllci'ay  fi  louuent  enfeignee,h&  de  laquelle  ie  tcfmoigne  encore,  qu'il 
n'en  y  a  point  d'autre,  refpereaulïid'eîtrctrouué  au' nombre  des  fidèles  tcfmoinsde  '  4'Bfd"*' 4* 
Dieu  &:  de  lefus  Chrift,  qui  ont  laué&:  blanchi  leurs  veftemensau  fangde  l'Agneau.  ^  Apo(fj(, 
*  11  faut  que  lenombre  de  ceux  qui  doyutnt  eftremis  à  mort  foit  accompli. Cependant 
Ja  chofem'cft  bien  pelante,  auant  que  cela  foie  aduenu.  Iefçaybien  qu'il  y  a  encore 
beaucoup  de  combats  qui  m'attendent. Mais  priez  pour  moy  ians  ceflè.'On  tient  con-  ^"'a,'^* 
tic  moy  vnc  bien  mefehante  procédure  :  mais  (helas)  il  leur  iera  quelque  iout  fort  cher  m  ?feau  a  ^ 
vendu  de  Dieu,'"  lors  que  de  fes  hauts  cicux  il  fe  moqûera  d'eux,&:  les  brifera  &  caftera  &  ^ 
de  fa  verge  de  fer  comme  vn  vaiilcau  de  potier ."  Dieu  leur  vucille  pardonner  cefte  in-  ks^*  H}> 
jufticc,&:  ne  la  leur  point  imputer,à  eux,  di-ic,6cà  cefte  traiftrctTe.  Amen.   Bien  vous 
foit  au  Seigneur,  &£  ayez  bon  courage.  Demacagccezi.d'Aouft,  m.d.l  xiih. 

A  VTR.E  lettre  à  ladite  femme. 

LE  lien  par  lequel  Dieu  nous  a  conioints  enfèmble,  qui  eft  le  lien  d'amitié ,  ne  peut  .  ,.cor.n, 
porter  aucunement  que  ievouspuilfe  mettre  en  oubli."  Et  combien  que  félon  la  cawci^ 
ch.iir  nous  foyonsfeparez,&  que  ie  ne  puifTc  atteindre  &paruenir  iulqu  a  vous  jfi  eft-  Romi.9, 
ce  que  félon  l'efpritie  fuis  auec  vous  infeparablement /ayant  toufiours  deuant  Dieu,  pjjjj£j4MW 
mémoire  de  vous  en  mes  prières  &c  oraifons.4Or  Dieu  eft  le  Pcre  &  le  defenfeur  des  vef  Heb  | 
ues  &  des  orphclins:prefentcz-vous  donc  du  tout  &  entièrement  à  luy/Ie  vous  prie  af-  r  e  ''î  , 
fec"tueufement,quevous-vous  vueilliezconfoler  en  luy,&  vous  fier  &  afleurer  ferme- 
ment en  fa  grâce:' voire  louant  &c  magnifiant  toufiours  ce  bon  Dieu  ,  pour  fa  grande  &:  {jS'o* 
indicible  mtfericorde,laquclle  il  a  dcmôftrce  cnuers  moy  poure  &c  milerable  pécheur,  Jom.  ij.n. 
fans  aucun  mien  mérite  .«Il  faut  qu'il  foit  magnifié  &  loué  éternellement.  Caril  eftim-  *  Rom!  1^1°, 
polïiblc  qu'on  puiffereciterdclalangue  lagracedu  Seigneur,  laquelle  il  me  monftre  &,î 
maintenant  &  iournellement.Caren  premier  lieu, lagracedu  Seigneur  eft  fort  grande 
cnuers  moy  félon  le  corps,  me  donnant  fan  té,  &  dauantage  mecommuniquanttout 
cequim'eftcxpedicntpourlanouriiturc  quotidienne^  ordinaire.  Mais  celte-ci  eft: 
ceni  mille  fois  plus  grande  fur  moy  félon  l'efprit,  en  ce  qu'il  le  maintient  fî  fidèlement,  vicin,4.it 
"félon  fa  promeife,  par  fonfain&Efprit,  me  confolant&:  fortifiant,1  de  forte  que  tout  l*™™' 
mon  àedr&c  attente n'eft  au tre,que d'eftre  bien  toft  deliuré  de  ce peian  t  corps  mortel,  ?jJaa 
pour eft  reauec  le  Seigneur, Y  afin  queie  puifTebien  toft  clairement  6c  apertement  voir 
quel  eft  mon  Seigneur  &  mon  Dieu  en  (a  maiefté  Celefte.  ^  Or  priez  pour  moy ,  afin 
quelc  Seigneur  me  vueille  toft  ouyr.  Et  quant  à  vous,  mon  cœur  &:  mon  fang,  demeu- 
rez ta  me  en  la  foy,&:  louez  le  Seigneur  en  moy,  vous  confolant  en  ce  *  queicfbufFrc  tt.Pier.i.ia, 
non  pas  comme  vn  malfai&eur ,  mais  comme  vn  Chreftien  laquelle  choie  vous  doit  **'5 
bien  eftre  en  grande  confolation  &:  îoyc  quand  vous  laconliderez .  Or  ma  bien  aimee, 
faites  ainli,&  remettez  tous  vos  affaires  au  Seigneur,"  lequel  nous  tient  tous  en  fa  {au-  *4P.f"J'9I>* 
uegarde  ÔC  protection  :b  voire  &C  nous  tient  fi  fermement  enclos  en  fa  main,  qUe  nul,  n^tat 
quelque  fubtil, fin  6v  puiftant  qu'il  puilfeeftre,ne  nous  en  pourra  retirer,' non  pasmel-  'Ma^o-jo 
mes  arracher  de  noftre  tefte  vn  feul  cheueu.ll  eft  bié en  la  puiftace  du  Scigncur,encorc 
que  iefoye  iugé  &;  codamne  des  h6mcs,dc  me  deliurer  d'ici, cûbien  q  (clon  le  iugemet 

QÇLq.iii. 


Littrdj  VII.  Chrijlophe  S  mit, à  A  mers. 

,.DaBJt„  humain  on  n'en  puiife  voir  ni  ouir  aucune  apparence," voire  aufll  me  deliurer  du 
4i>kai..ii  .s  milieu  du  feu:  ncantmoins  il  fera  ce  qui  fera  bon  &c  planant  deuant  les  yeux/C'efl 

donc  choie  bonne  defe  fiercnluy,&:nonpasauxhommes.rattcnle  Seigneur,  &  Cuis 

par  fa  grace,diTpos&:  préparé  pourlefuyurc.Ic  délire  de  marcher  en  les  fentiers:  voire 
èOau.u    &:  les  baiferaucc  le  Prophète  .b  le  langui  d'entrer  en  la  bonne  &fouëfue  odeur  de  les 

baulmes  &:  onguens  précieux. Mon  eccur  délire  &:  languit  d'aller  au  banquet  &:  conui 
'  Ar°C  I9'7  ue'dcsnopcesdel' Agneau,&: devoir labontc&gloiredcmô  Dicu.Parainfi  détaillez 

vos  larmes,&  foyez  vaillâte  aucc  moy  au  combat. Laiflez  faire  au  Seigneur  fon  œuure. 
u  Ro:a.8.:8  car4  elle  ne  peut  tourner  qu  anoftrefalut.Parquoy,ma  bonne  amie,foyez  vertueufeau 

Seigneur.  Cheminez  en  la  voye  d'iceluyen  toute  confiance:  ne  vous  taillez  pointei- 
t  E&.49-1*  pouuanter  ne  defuoyer/Encorcs  que  vous  ruflriezdclaillce&:  abandonnée  des  homes, 
itou.  iu.t  le  Seigneur  ne  vous  abandonnera  point,ains  vous  confolera,maintiendra,&:  donne;  a 
/pfcan^o-y,  fceoursenvoftrcncceffitc.Quideuez-vousdonc  craindre; 1  Bien-heureux  efl:  l'hom- 
*34»8Aa?»!  me  qui  clpereau  nom  du  Seigneur.EC'eft  bonne  choie  de  le  confier  en  luy.  Si  ie 


vous 


zi,  Rom.  10,  pUis  voir  &c  parler  encore  vnc  fois  deuât  ma  mort,cc  me  fera  vn  grad  bien,  a  duen  1 1  par 
î'pfc.j.iw.j  la  grâce  denoftreScigneunii  cela  ne  fe  peut  faire,nous  rccomandcrons  le  tout  a  Dieu. 

Saluez  en  mon  nom  N.noftrecoufînc:&:ficllc  part,qu'elleùluedebien  boi.  cœur  en 
mon  nom  fon  perc&  fa  mere,&:  N.fon  frere.Ic  m'en  vay  deuant,i  efpcre  de  les  retrou- 
ueren  la  vieeternelle. Saluez aulli  en mônom  N.&N.&  lesvihtez  aucunesfois.Ievo9 
recommandcà  la  grâce  du  Seigneur. Recommandez  -moy  à  tous  1er.  freres  &  fœurs  au 
Seigneur,&:  à  tous  ceux  qui  en  bonne  patience  attendent  la  venue  de  noftre  Seigneut 
IefusChnft.Bien  vous foit.Efcnuez-moy  de  voftre  citât  &  dilpofition.  Cecinqieme 
Je  Septembre,  m.d.lxiiii. 

'i   i.Pier.c.8  — .  _ 

ffiffi}  £  V  de  tours  après  Satan*  qui  efltoufiows  corne  yn  ho  bruyant  &  rttgtffant,napas  laiffé  de  s'ef- 
forcer  en  p lufieurs fortes  &  manières  par  fes  injlrumens,à  dtuertir& deslourncrdelafoyle  prc 
fent  prijonnier.ll fut fort tourmenté  &  trauaillé par  les  Prcjlres,  Moines  &  Libertins .  Cariournelle- 
ÎLfrmi^tc  &  ment  ^es  Pwfhes-tMoinesi  &  principalement  les  Canncs,yenoyentà  luy  auecyne grande  troupe  de  Li 
vaille  P.*r  bertins,lefjuels  l'affigeoyent&tourmentoycntplus  que  fes  bens  somme  luy-mefme  le  confeffe  &  s  en 
MoJmftiî-  complaintparfesepiflres,  où  il  tfcrit  qu'il  a  eu fouuent  beaucoup  ded-.ffutcs  aueclesfufditsperfonnages, 
bwtin5'       qui  fe fontportez^d'vne façon  defordonnee,non  comme  Chrcfliens,ains  comme  gens  fans  Dieu,mefdi- 
fans  &  blafphemansfort  vilainement  Dieu,&  fon  fis  Iefus  Chrifiy  &•  Jpecialement  quand  ils  trait- 
Hoc  cft  cniin  toyent  de  U  Cene,voulans  auec  leurs  cinq  paroles  en  vertu  &  putffancc  de  charmerie,  faire  defeedre  Ic- 
D^^T^  fMS  Chriftdu  Ctelypour  prendre  la  forme  £yn  pain,de Jorte  qu'il fott  manié  des  mains,  brifédes  dents,  & 
EgoBcring.3-  eng[0UtiparU bou^ie,^*  auallé au  yenti-e .Toutes  leurs  paroles  efloyent,  banniffemens,  malédictions, 
&*  condemnationsàl 'encontre  de ce poure  prifonnier,  le  déclarant  damné  par  plufeurs  fois  félon  leur 
fantafie,comme  yn  mefchanthcretiqtte,feducïeur,  &  comme  yn  homme,fâns  Dieu,  nietté  de  luy,  &* 
excommunié:  &faifoyentcela  par  beaucoup  de  brocards,cians  0*  tepeflans  fans  iamais  y  fer  d'aucune 
modcfli?  ni  raifbn,penfans  le  defeouragerô*  deftourner  de  la foy  par  leurs  cris  &  tempeftes  immodé- 
rées. Jls  eftoyent  de  telle  façon  courrouce^,  efchauffe^  &  enflamb encontre  luy ,  qu'ils  nepouuoyent 
fouffrir  que  iamais  ilacheuaft  (juelcue propos,mats  a  chacun  mot  qu  ildtfoit,tls  fe  fourroyet  tout  a  trauers, 
par  mejdiftmes  &  iniurcs,de forte  que  contre  fon  gré  il faloit  qu'il fufl  muet}& qutlfeteuft.Lc  CuréSe- 
baflien  a  efté  finalement  tomfeuhn  peu  phs  modéré,  comme  on  peut  cognoiftre  parla  lettre  de  chrislo- 
phefa  où  il  cja-itainfî. 

Av  io  v  rd'h  v  y  IeCurc  nomme' Sebaftié,m'eft  venu  vifîter,  lequel  m'a  apporté 
ftwn^TentV-  fort  bônes  nouucllcs:c'eftaflauoir,queieneferay  pas  liurc&rédu  celle  femaine,pour- 
mc7.U  pnAl"  ce      ic  uus  Miniftrc.il  penfoit  bien  m'cfpouuater  par  ceci,mais c'eftoit  bien  pluftoft 
mondefir&fouhait.Ieluy  declaray  queievouloyctrei-volonticrsefpandremon  fang, 
lequel  ncantmoins  leur  tourneroit  en  grande  ruine:  &  qu'aucôtrairc,ilferuiroit  pour 
accroi  f  tr  e  &c  augm  c  n  ter  l'Eglue  d  e  C  h  r  i  ft . 

Apres  cela, il  me  chanta  la  vieille  chanfon:  affâuoir  ,  quefeftoye  vn  feduetcur  & 
vn  trom  peur  fans  Dieu  &:  cognoin'ance  de  Chrift.  Mais  ie  luy  monftray  par  l'Efcriturc 
fainde,que  luy-mefme  n'auoit  point  de  Dieu:  ains  qu'il  auoit  le  Pape  &vne  pièce  de 
pain  cuit  pour  fon  Dieu,&:  que  luy-mefmefeduifbit  le  peuple,lcdefuoyant  delà  droite 
voycdefilut,qui  eft Chrift.  Nous  parlafmes  beaucoup  des  mérites ,  &c  de  l'Eglife.. 
Et  entretous,  ceux  ci  eftoyent  blafmez,fclon  1a  vieille  façon  ,  aflauoir  Caluin,Bu- 
hnger ,  Beze,  Luther,ôc  autres  fèmblablcs.Finalemciitcftant  vn  peu  amoli ,  il  dit,  qu'il 

eftoic 


ChriJlopheSmit  ,aAnuer$.  64.4. 

eftoic  marri  de  ce  qu'il  me  faloit  mourir,  Se  qu'il  m  e  voudroit  volontiers  aider  &:  recou- 
rir,»* en  quelqucfaçon  il  le  pouuoit  faire,voire  rnefme  par  fon  fang  :  mais  qu'à  cela  il  n'y 
auoit  point  de  remède  ni  d'aidcySi  qu'il  ne  fe  pouuoit  raire  autrement:  en  Tomme,  qu'il 
me  faloit  mourir.  Entre  autres  choies  il  confefla  aufsi,  qu'il  nd  voudroit  pas  auoir  com- 
mis vne  telle  trahifon  pour  tous  les  biens  de  la  ville  d'Anucrs,non  pas  rnefme  pour  tous 
les  biens  du  monde,  ainn*  que  mefsire  Simon  fon  compagnon  Curécommeluy  ,auoit  ^ot"cronc'" 
commis aueclagrande Marguerite.  ^"Voilace qui-m'eftaduenu cesioursici  .Quanta  iWi«cik 
cequi  me pourroit déformais aduenir,  celaellrcferuéà  lacognoilfance  de  Dieu  tout-  lvnl•,utrc• 
puiffant.  le  recommande  en  fes  mains  mon  corps,  ma  vie,&moname.  'Faites  qu'on  *Aa-,:-* 
prie  pour  moy  fans cefle. 

LE  Markgraue&rEfcouteCj&r'11^11"  autre?  cerchent  de  deftourner  le  prifonnicr  de  /a  foy. 

lUdiclios  &  mef 


iî  les  Moines  ne  pouuans  rtengangner  &  profiter par  leurs  crierics,  hitfmes,maLdtc\ 
(^^à^'ftmeSy  k'Mark.grdue&rEfcoiitetauec encore  plufieurs  autres ,  vmdrentau  prifonnicr , pour 
effrouuer  s'ils  ne  pourroyent le retirer &  deftourner  de fa foy  par  belles  paroles,  blandijfemem  &  faujjcs 
promeffes,comme  luy  rnefme  tefmoigne par fon  epijl,e,ainfi  que  s  enfuit. 

AViovrd'hvy  le  Markgrauc&:  l'E/coutet  font  venus  à  moy,  &  m'ont  par-  y",ea£trJ£ 
lé  fort  amiablement,fc  prefentans  à  me  faire  feruice,  fi  ie  vouloye  efcrireà  la  dcSnut. 
Cour  ,&c  fupplier  pour  auoir  grâce.  De  laquelle  chofeie  les  ay  remerciez,  dilant  queie 
prieroye  Dieu  pour  auoirfa  grâce.  Peu  de  temps  après  vn  honnefte  hommede  la  ville 
de  Bruges  des  Snoeckaerts,  m'eft  venu  viiitcr,  lequel  auisis'eft  venu  prefenter  par  les 
flefehes  venimeufes ,  difant  que  ie  n'eftoye  pas  en  danger  de  mon  corps  fi  ie  vouloye,  &  Tentation» 
qu'ii  vouloir  bien  entreprendre  de  pouriuyure  la  caufe  fans  aucuns  miens  defpens.  le  yemn,sucï' 
luy  refpondi,que  ie  reccuoye  tout  bon  confeil  Se  toute  bonne  offre  en  bonne  part  auec 
remerciement,  Se  que  volontiers  i'cfcriroyeà  la  Cour,  non  point  pour  me  deldire,  mais 
pour  prefenter  la  confefsion  de  ma  foy  ,& là  de/Tus  qu'ils  pourroyent  faire  ce  qu'il  leur 
iemblerost  bon.  Oyantceciil  fe  retira  foudain. 

EST \A  N  T  en  la pnfon ,  lia  aufi  ejïé  fort  malade  en  fon  corps ,  afin  quen  toute  manière  il  fufl  Tentatiorn 
amfieffrouué  du  Seigneur  , b comme  for  au  feu.  De  fa  maladie  il  en  parle  ainfienvneeptjlre  qu'il  JJlr^^M" 
efcritàjafemme.    'I  E  délire  &  langui  d'eitrcdcliuré  de  ce  corps  mortel,  pour  elh  cpre-  'J^1-'**' 
fent  auec  le  Seigneur.Le  tem  ps  me  commence  à  fafchcr: car  outre  celle  elpouuantable  Autre  pjttie 
prifon,ieluis  lournellement  vifité  du  Seigneur  par  pluiieurs&diuerfes  maladies.  Et  ^n  Epi* 
maintenant  vne  enflure  a  faifi  mon  corps  auec  fort  grade  douleur,de  forte  que  tout  me 
tourne  en  peine,quoy  que  icfacc,foit  que  ie  me  tienne  debout,ou  que  ie  chemine,  foit 
que  ie  ioyeafsis  ou  couché:  voire  mclines  ie  ne  puis  cligner  les  yeux  pour  dormir.  O  s'il 
plaifoit  au  Seigneu  r  que  ie  fulTe  auprès  de  vo9,  il  ne  me  defaudroit  aucune  aide,i'en  fuis 
bié  certain.  Il  n'y  a  ici  perfbnneaupresde  moy,  qui  me  vueille  fairequelque  afsiftâce,ni 
donner  aucune  aide.  Et  quand  iedciire  Se  demande  quelque  Chirurgien ,  ie  ne  le  puis 
obtcnir.Cependant  combien  que  la  confolation  humaine  me  dcfaille,ienelanTe  point 
pourtant  de  me  confoler  en  la  grâce  Se  bonté  de  Dieu^qui  cil  touiiours  auec  moy,  6c  ne 
m'abandonnera  iamais. Si  ien'auoye  celle  côfolation, mon  cœur  defaudroit  :  car  autre- 
ment ie  fuis  maintenant  deuenu  fort  foib]e&:  debile,&:  rempli  de  larmes.  dLe  Seigneur  à  sap}>, 
m'a  ici  mis  au  feu  comme  àl'cfprcuuc:il  faut  que  ie  loye  purgé. Ma  vie  paffeea  efté  touf-  ijpie*  1*7' 
ioursen  proi'perite,'&finguJicrementquâdic ne cognoilfoye  point  Diéir.voirciulques  ioKy* 
aces  liens  fay  eu  tout  à  fouhait.  Mais  il  a  pieu  à  ce  bon  Dieu  de  m'cxcrcer&:  viliter  par  J^"*7,' 
ces  afliid:ions,&:  le  tout  à  mon  grand  bien  Se  falut.Et  pourtant  i'efpere  après  longue  ex- 
penencc,queicferay  vnefoisorfin&refplendiilantdeuantluy. 

LO  RS  qu'il  eilottatnfi  malade  &  mal  difpos ,  quelques  gens  de  bien  &  fidèles  luy  envoyèrent  "Vn 
peu  de  vin ,  duquelth'fott  journellement  &  par  mefûre ,  pour  le  foulas  &•  fortification  defoncorps, 
'comme  auft  S.Paul  a  conjeillé défaire  a  fon  difdple  &  fils  bien-aiméau  Segneur.  Or  comme  plufieurs  f  i.Tim.y.:: 
Anabaptistes,  entre  le/quels  lors  il  eftoitpnfonnier,  voyoyent  quilvfoit  de  vin,  ils  le  blafmoyent  &  de-  *hi'™  *  ^ 
tracloyent  de  luy ,  tapptlans  entonneur  devin  ,yurongnc , homme  charnel  &  mondain,  comme  ils  font  AiubaptuU-s 
toufiours  enclins  a  mefdifances  &*  detraclions,  &  fans  cefjè  le  diffamoyent     deshonn  omyentà  la* fa-  i  M""-'? 
çon  des  Pharifïcns,  comme  il  s  en  compLtinten  vne  de  [es  epislres.il  faloit  que  le  bon  homme  portafi  tous 
ces  blajmes  &  detradions  outre jes  liens  &  Ja  maladie.  Nous-nous  taifons  ici  du  grand h  combat  qu'il  a  ''  Bjom-7-«<f» 
foujîenu  de  fa  propre  chair."  auant  qu'il  tait  peu  vaincre  &  Jurmonterparl'Tjfrir.  En  omy  ilafenti  vne  >  KomLj 
fi  grande  débilité  &  eFpouuantement  ,ftr  tout  att  commencement  de  J  on  empnfonnement  ,quileji  im-  focJuk."  d* 

QÇLq-  mi. 


L/uro  VIL  (hrijlophe  S  mit ,  a  aAnuers. 

pofitblc  de  le  àirCy  de forte  que  la  chair  cuflvoïoticrs  arche  tous  moyens  pour  efihappcr,  ncufl  cfie  que?  c 
-  ttnwu/*'  ftntyrtfift01*-»  &*  que  la  main  de  Dieu,'  en  laquelle  il  eftoit  enclos  &  enferré en  bonne  ^arde  Je  prefer 
uott  d'vn  e  façon  merueilleufe  contre  nature,  comme  il  confeffe  &  recognmfl  manifeflement  &  hardi- 
ment  en  y  ne  epijlre  efcnteà  vn fien  compagnon  &  coadiuteur Mimfhe  de  Lt  parole  :  laquelle  nom  infc 
tons  ici  pour  ce  propre  regard. 

Epiftreenuoyccà  vn  Miniftrc  de  la  parole  de  Dieu. 

CH  e  R  &:  honoré  frere,ie  ne  puis  fufuTammcnt  déclarer  par  paroles  la  ioye& lie/Te 
tic  mon  cœur,  laquelle  i'ay  receue  par  la  confolation  de  voftrc  lettre,  &  finguliere- 
ment  de  ce  qu'elle  procède  6c  fort  de  vofti  e  dileetion  6c  amour ,  laquellccft  tort  grande 
deuant  mes  ycux,oùaucon traire ie  penfoye  eft  rc  mis  en  oubluie  vous.  le  vous  remercie 
tref-aftc&ueuiémentde  voftrcamiable&:  chreftienne  admonition,  l'clpeic  par  la  grâ- 
ce de  Dieu, qu'elle  eft  efenre  à  vn  tclhomme,qui  non  feulement  l'aura  en  cftimcmais, 
qui  plus  eft ,  l'imprimera  en  tous  Tes  membres  6c  intérieurs  &C  extérieurs,  &:  mcfmcs  cm- 
«  ployera  tout  ce  qu'il  a  après,  bafin  qu'il  puiffe  élire  conforme  à  l'image  du  Fils  vnique  de 

«rPier.i.i,.  l)1Cu:voirc,cher  fi  ere,à  cela  tend  tout  mon  but&:mondelîr/&:eftime  que  ce  mcftvn 
h  Rom.ï.îo,  grand  bcncficcde  m5  bon  Dieu  &,Pcre(  comme  aufsi  il  eft  à  la  vérité) 'te  vn  certain  tel- 
*•  ier  *-1    moignagedemon  élection  éternelle,  l'cnrcn  notamment  parler  de  mes  liens,  lefquels 
au  commcncement(ielcpuis  bien  confclTer)m  ontdetellefaçoncontriité,  qu'il  ne  s'en 
*ffc.ii8.tj  cftgueresfalu  que  ienaye  elle  renuerié  par  terre,"  voire  i'ay  efté  poufle  rudement  (com- 
me dit  Dauidjpour  me  faire  trebufeher  :  mais  le  Seigneur  m'a  fecouru.  Car  ainfile  pro- 
/  prr.j7.î4,  met-ilen  la  Parole,difant:fQuâd  l'hommciuftc  viendra  à  tomber, ilnciera  point brifé: 
,&H*','t     car  le  Seigneur  le  fouftient  de  ià  main.  Pourvrayla  main  mifericordieufe  de  mon  bon 
Pcrc  m'a  fi  gracieuiëmcntfbuftenti,que  maintenant  ie  fuis  debout(louangeluy  en  foità 
toufiours)prcft    appareillé  deibuftcnir  toutes  les  forces  des  ty  rans,voire  mefme  aimac 
mieux  d'élire  dclinembré, que  de  renôcervn  fculmot  de  fa  vérité.  I'ay  aucunesfois  ouy 
dire>que  les  foldars  qui  on t  efté  vne  fois  repouifez, s'ils  font  derechef  mis  au  combat ,  ils 
font  les  plus  vaillas.  l'elperc  par  la  force&  vertu  de  m ô  Seigneur, qu'il  m'en  predra  amli 
en  ce  mien  combat.Iecroy  que  le  Capitaineauquelie  fers  ne  bataillera  point  feulcmct 
aucc  moy  &  pour  moy ,  ains  aufsi  que  luy-mefmc  vaincra  6c  (urmôtcia  en  moy  (es  enne- 
£  pfe.no.».  rnisfic  les  miens,  Me  forte  qu'ils  tomberont  deflous  nos  pieds.  Car  iedi  volontiers  auec 
h  P(Lu8.i4,  Dauid,''Le  Seigneur  eft  ma  force  &  mon  câtiquc,&:  m'a  efté  en  deliurance:'le  Seigneur 
Km1  *'    cft  pour  moy,  parquoy  ienecraindray  choie  que  l'homme  me  puiffe  faire.  Ainfi  doncie 
K$\'2'g*  nie  veux  repofer  fur  le  nom  du  Seigneur  en  pleine  confiance  :k6c  aucc  Dauid  prenant 
pr«  «a  ix     cinq  pierres  hors  du  torrct,cn  delpouillâr  &.  reiettât  les  armes  de  Saulaie  m'en  iray  corn* 
40"^  "/'   batre  le  géant  Goliath,  ellant  certain  delà  victoire  au  nom  du  Seigneur.il  ne  refte  autre 
/  Att.u.s    chofe,chcr  frère, finon  que'l'Egiile  face  prières  ardentes  pour  moy ,  afin  qu'en  premier 
lieu  ie  foyc  bien  toft  deliure  de  ce  combat  :  en  après ,  afin  que  confiance  me  (bit  donnée 
iufquesàla  fin, pour  confeiTer  la  laincte  vente  de  Dieu,&:  ejueienc  défaille  point  au  mi- 
wKom.î.p,  heu  dcsalfauts.  I'efpere  que  le  Seigneur  qui  m'a  m  appelé  6c  fcgrcgépour  fourbir  ,nc 
,.p.cr.i.»i    permcttrapointqueicloyefurmonté.  Partant  ie  ne  me  vanteray  point  de  moy,  qui  ne 
m  itr.j.it.ij  fuisqu'vn  poure  pécheur mais  ie  me  vanteray  au  Seigneur,  6c  en  fa  puiflance&:  vertu 
.  Pfe.ii8.8.>,  inuincible,mcttantlà  toute  ma  confiance,  eftant  bien  certain  Scaffcurc^quec  'cil  cho- 
Mtf-Î        femcillcurede  feconfierau  Seigneur, qu'aux  Princes  ou  aux  hommes ,  elquelsil  n'y  a 
t  vfc.^.i,   point  de  falut.I'ay  aufsi  la  promelfe  de  Dieu  pommoy/laqucllceft  vcntablc,&:nc  met 
j  ^?R.»m.  poinr^par  laquelle  il  me  dit ,  que  ie  fuis  (on  enfant  ;  6c  qu'il  eft  mon  Pere/queie  fuis  he- 
*4Ron,tg#1J.  ritier  aucc  Icfus  Chrift  en  la  vie  éternelle ,  voire  &  que  iciuis  ainfi  fauué ,  comme f  ceux 
h0  ' 4'  ^.U1  ^>lî^"rcric  pour  iuftice.  En  ibmme,chcr  fi  ère,  voici  en  quoy  ie  me  conlble  6c  fuis  for- 
r'it  -,n8..7  tific,c'eftqueie  regarde  diligemment,non  point  leulemct  ce  qui  m'aduient,  mais  plut 
{£^4*7*  toft  combien  le  nom  du  Seigneur  fera  magnifie ,  exalté  6c  loué  par  ma  conllanccèV  par 
ma  mort,    aufsi  cobien  ceux  qui  (ont  débiles  en  la  foy  feront  fortifiez.  Et  quant  à  ceux 
qui  n'ont  encores  rien  entendu  de  Chnft  ,celeur  pourra  feruir  de  moyen  pour  les  illu- 
miner: voue  mclmccefte  mal-heurcufe  femme  (à  laquelle  le  Seigneur  pardonne  la  tra- 
hifon^outroit  encore  bien  cftre  conuertie  auccautres  innumerables.  Car  il  eft  ainfi 
iCoTi"V«4'  te^rno'8nc'  deChrift/fi  le  grain  de  froment  tombant  en  terre  ne  meurt,il  demeure  feul: 
mais  s'il  meurr,il  apporte  beaucoup  de  fruid.  Ce  traiftre  de  Prcftrc  lèra  encore  t  n  hôce 
6c  moquerie  aux  ennemis  de  Chnft,voircen  mort  6c  ruine.Car  par  tels  moyens  ils  pen- 

lent 


Qhriflophe  S  mit,  a  Amers.  6  4.5 

fcntbannir  &dcchaiTerIdùsChrih\&:  çfteindi  eôc  obicurcir  la  fainctePaiolc:m.;;s  ils  le 
gaftcnt&  ruinent  cux-mcfmes.  Et  par  ce  moyen  contre  leur  propre  vouloir  fEgliië  de 
Chrift  croiit &fleurift,&:auconcraire icglifedel  Antechrifts'en vabas,commc bien&: 
chreftiennement  vous  m'eferiuez.  Ils  iedreifent'contre  l'Agneau  qui  eft  afsis  furie  *  APoc'i  ; 
thronc,  lequellcurelttroppuiilànt&:fort:bparquov]lsterontdcftruitsparlegIaiucdc  b  ifa.n  4, 
(a  bouche.  '  Il  femblera  bien  deuanc  les  yeux  des  hommes  que  ie  (eray  ruiné  6c  réduit  à  ]  sj.',\'* 
neant,commeii  ma  fin  cftoit  mal-heurcu(e&:  infâme  6c  pleine  de  miieres:  dmais  ma  vie  ^  *s?  5 , 
6c  mon  ameibnt  en  la  main  deDieu,&rcfplendiront  honorablement  en  gloire  deuanc 
luyen  Tacite  éternelle:  là  où  aucontraire  les  mefehans  feront  infâmes,  82  li  pleins  de  tn- 
ftcflc,qu'ils  bruvront&cricronc'  pour  l'affliction  de  leui  cfpric,  f&C  cei  citeront  la  more,  '  g|M-i 
6c  ne  la  pourront  trouucr.  Que  ccux-la  donc  'craignent  a  ufquels  le  feu  éternel  eft  pie-  ofe«  »C8, 
paré,h&:  la  damn  ation>auec  ie  dragon  6c  tous  faux  Prophètes,  'là  où  t  tt  le  mal-heur  cter-  ^PMat9lj.4» 
ncl/le  grincement  dcdents,Ie  pleur  des  yeux,1  le  feu  qui  ne  sel  teindra  iamais ,  6c  le  ver  5^J3J* 
qui  ne  meurt  point  :laiifons,di-ie,  craindre  ceux-la.  le  puis  maintenant  eftreefprouuc  - 
ici  comme  au  feu,  pourvu  peu  de  ceps,  6c  y  eftre  examiné:  mais  a  ia  fin  l'en  fortiray  plus  \  E.8,u, 
affine, 'comme  citant  venu  de  grande  tribulacion,&:  ay.it  iauc  ma  robbe  au  lang  de  l'A-  H> 
gneau.Parquoy  maconfolation  neft  point  petite,  ains  cil  fortgrandeen  mon  cœur,  en  Jj;;^4;' 
cefte  mienne  affliction.  O  lii'auoye  maintenatreccu  tout  ceci  ;  mais  ie  fuis  encoreten-  »»  Apo.7.14 
dant  après  en  anxiété,  il  me  faudra  encore  receuoir  beaucoup  d  afflictions  dcuantcjue 
ie  reçoiue  ces  choies  :  ncatmoins  ie  (çay  bien  que  ie  ne  pins  dcfpouiller  cefte  robbe  ter- 
reftre  lans  peine. "O  quene  fuis- ie  dcfpouillc ,  pour  eftre  reueftu  par  defllis  :  mon  cfprit  " 
gemitd:  laguit  après  ces  chofcs.  *OScigneur,iaymismaconfîanceentoy,nepcrmets 
point  q  ie  foye  confus  6c  hôteux  à  toujours.  Deliure  moy  en  ta  iuftice,&me  fauuc.Priez 
dcnc,cher  frère  au  Seigneur,  pour  moy,  que  ce  combat  extérieur  foit  oftéde  moy,  aufsi 
bien  que  l'intérieur  :p  Car  iefens  en  moy  ma  chair  répugner  tref  puiffamment  contre  {*TJ*6, 
monefpiit  Hclas,iepuis bien  crier auecfainct  Paul,  'O  moy  homme  miferablei  qui  me  s  1 
deliureradu  corps  de  cefte  mort  ?  Ori'oy&enten  cependant,  quelagiaccde  Dieu'par 
leiusChrift  meconibie.i'efperc&rn  en douteaucunement,qu  îcelleelt  auec  moy,&ne 
m'abandonne  point. Et  dauantage,  i  ay  aufsi  reccu  ce  bien  du  Seigneur  pour  ma  confo- 
Iation,  ccft  ailauoir,que  iefens  en  moy  mefme  par  rEfpritdeDicu,mon  cœur  en  repos  * 1   •  ,j 
&c  en  ailburance  mille  fois  plus  que  lors  qucicfcruoyc  entieremet  au  diable ,  au  mondc> 
&  à  mes  propres  deiîrs  en  la  maudire  Papauté.  le  voy  maintenant  'quel  chemin  Jabc-  1 
jieux  6c  tortu  fay  cheminé  >& combien  feftoye  loin  demoiualuc ,  'eftranger  de  Chrift  '  ir  > 
6c  de  la  bourgeoise  d'Ifrael,  voire  mefme  citant  lans  Dieu  au  mode.  Poure  homme  que 
i'eftoyc,demc  fie  r 6c  repofer  cnferuantaudiable&à  ce  monde  mauuais!  Maintenant 
ic  fuis  appelé  en  la  voye  du  Seigneur  par  la  graeed  iceluy .  6  combien  ce  m'eft  vue  chofe 
douce  de  cheminer  en  icelle  !  côbicn  eft  grand  le  repos  que  ie  fens  en  mon  cœur  !  com- 
bien maintenant  ie  fuis  affeuré  &  acertené  de  mon  faluti"  certes  PEfpritdcDieu  rend  ^5";"'" 
tefmoignage  à  mon  efpnt ,  que  ie  fuis  enfant  de  Dieu  ;  *  6c  à  caufe  que  ie  fuis  en  Chrift,  *  Ronu.i 
rien  ne  me  peut  condamner.    Voire  quand  mefme  ma  confcience  me  condamne- 
roit,  Dieu  elt  \  ar  de/Tus, lequel  me  donne  grâce.  A  bon  droit  donc  dit  IcfusChrift Mon  ?  Mawi.j  > 
ioiigcftaiié,&:mon  fardeau  eft  léger.  1  Y  a-il  donc  quelque  choie  qui  nous  puifle  fepa-  ^Kc,i;  S  55 
t  :  de  ladilettion  de  Dieu?  ô  fi  ceci  eftoit  bien  confideré  détoures  gens,  comment  ils 
courroyent  après  IefusChrifti  'cornent  ils  an  royent  faim&rlbif  deiufticeiquclchan-  «  m 
gcmcntirs  en  receuroyenticommet  tomberoit  le  règne  de  Satan  en  ruine  1 fc  voire  corn-  t  Mat.u.tt, 
ment  n  ous  courrions  aux  nopcesSc"  au  (oupperde  Chrift  fans  aucune  exeufe  !  alors cer-  Ul'4  '8 
tes  ce  feroit  choie  plaifantc&  bonne  d  eitrcMiniftre  de  Chrift -.alors  la  voix  des  Mini- 
ftres  feroit  bienouye.  O  quel  îoyeuxtrauail  6c  labeur  ce  fcroitde  voir  lepeuplccourir 
dcioy-mefme  à  Chrift  !  Mais  quoy:-  helas,  il  faut  que  cela  fe  face  tout  nuec  fueur&fang. 
Cherfrerc,foyez  vaillant  6r  conftanr  }6c  admnoncftczles  autres  Miniftres  vos  COmpa-  Admonition 
gnons, qu'ils  ne  perdet  point  courage  en  ces  difficultez, voire  meime  quand  il  leur  fem-  Ji.****" 
blcra  que  leurs  labeurs  6c  trauaux  feront  vains  6c  ians  profît:&:  qu'ils  ne  fc  defeouragent 
point  aufsi  pour  mes  liens. 'Car  vous  neferuez  point  aux  hommes,  ains  à  Dieu  en  lefus  '  GA-'-"> 
Chrift.  Marchez  conftammenr&:  vertneufemet.  que  rien  ne  vous  cmpefchc:apreichez,  <t  1  Tim.4.» 
endoctrinez,  adm6neftez,côfolez,reprenez:n'avez point  d'efgard àlapparécc  desper- 
fonnes,(bitriche  oupourc,foitieuneouvieil,foithomme  ou  femme.  cQuevoftrevoix  »  Ê«eh.;jî 
s'eileuc  comme  la  trompettc.Si  on  n'eicoute point  voftie  voix(comme,hclas,il  aduient 


Luirez  VIL  Cbrifiophc  Smit3à  Antms. 

.  e»       à  plulîeurs}»  fçachezquc  vousauczgangne  voftrcamc,b&;  voftrc  loyer  eft  incôprehen- 
i.i'ier.j.4  '  iible.  Seulement  regardez  à  qui  vous  eftcsferuitcur.  Ic  vous  atimoneftc  en  mcslicns(il 
me  dcfplaiftfbuuâ  de  ma  négligence  &:  parelle)ccquciefay,ahn  qu'ainfi  iemainticn- 
c  Rom.i.)i    ne  mon  miniftere  enuers  vous, comme  vn  fidèle  Miniftrcdc  Icllis  Chrift/Si  Dieu  eft  a 
d  Mat.io.t8,  uec  vous, qui  eft  celuy  qui  vous  nuira*dnc  craignez  doc  point, ne  rcfpe&cz  point  les  per- 
fonnes:  craignez  feulement  le  Seigneur  noftrc  Dieu ,  duquel  vous  elles  miniftrc&  am- 
r^phii.».  15,  baflàdcur.'Étfoyez  la  lumière  pour  cfclairer  au  lieu  obfcur& ténébreux.  Mon  bon  frè- 
re, ie  vous  prie  de  prendre  ces  admonitions  en  bonne  part:car  la  charité  «x'dileclion  que 
ie  vous  porte, m'y  contraint.  Et  combien  quecefte  epiftrefoit  mal  accouftree  &  polie. 
fefcrineantmoinscequ'ilplaiftàrEfpritdu  Seigneur  de  in  inspirer  &  donner,  le  me  re- 
commande .1  vos  faincîcs  prières  &  oraifons.Qu.anc  ell  de  mov,ic  ne  fçav  rien  de  lpecial 
pour  vous  efcrire.Ie  fou  m  ers  &:  abandône  le  tout  au  Scigncur,&:  en  la  mort,&:  en  la  v  it: 
/  Rom.14  3  'iefuis  à  luy ,  qu'il  tace  de  moy  ion  bon  plailïr.  S'il  vous  plaift  de  me  faire  quelque  fenn- 
ec, ie  vous  prie  de  le  faire  a  mabien-aimec  femme,  Scie  le  reputeray  eftre  fnir  à  ma  pro- 
pre perionnc.Iela  vous  recommande  Se  donne  du  tout  en  charge.  Qui  fera  l'cndroit,où 
iemerecommaderay  à  toute  la  compagnie  tic  mes  frères  Se  taurs.  Cherfrere,cferïitez- 
moyencorevncfois,s'ilne  vous  ellpoint  rrop  difficile,&:  vous  poi  re/  entiers  moyfetofl 
voftrc  foin  paternel ,  lequel  m'eft  allez  cogneu.  La  grâce  du  Seigneur  foit  auçcvous. 
Amen,  En  hafte  ccxvi  11. de  Septembre,  m.  d.  l  xim. 

r'n  ktt  0  M  A1  £  ^mc k tcmP amtt efiéfirtprfJongCi & U f entente de Chrifiophe donnée  i\t  la  Cour 
»  • ...  r  i\Km  -     ^  du  A'o) ,  laquelle  contenoit  qu'il  deuoit  ejhre  bruslétouti'ij ,  //  efcriuit  vn  v  lettre  pour  toutes  tprcna  »  t 

con  ?e  &  à: fein  t  ^idteu  à  fa  femme ,  laquelle  esioif grandement  tonti  iflee  &dif liée ,  comme  le  conter»  u 

d'itelle^motà  mot  itieftriteje  demonflre. 

Fpirtrcpji      A  pRts  toutes  falittatiôs£aircs,matrc£aimeefcmmc  au  Seigneur,  ie  vous  iayfça- 
p'Tn.i'.  on-c  Jr\  noir  par  cette  mienne  5c  dernière  lettre ,  que  ie  fuis  maintenant  bien  difpos  &  en 
iaf«nn»«-  \ ..  ,n  ,,,  ;iiKv  (c|(:  ]ecorps,Dieu  en  foit  loue 6c  magnifie  à  toufiours.Le  Seigneur  me  donc 
aulsi  outre  cela,  iHon  fa  grâce  indicible,  vne  grande  alaigrejTc&  hardieile,deforte  que 
,  p,  .<  i   je  porreen  *  patience  tout  ce  qu'il  plaift  à  fa  main  pui/lantem'impofer ,  conformant  ma 
volonté  à  la  lienne:car  cela  eft  le  meilleur  &  le  plus  feur,d'autat  que  par  ce  moyen  tou- 
tes les  fouffrances, quelques  pcfamcs&:  difficiles  qu'elles  foyenr,  dcuiennent  légères Se 
h  MattK«.i  ailées.  Nousdeuons  prierennosoraifons,hPerc,tavoJonre'iokfaitcenla  terre  comme 
i  au  ciel ,  5c  due  auec  Chrift  en  nos  dangers  Se  périls ,  '  Perc ,  s'il  rc  plaiit,  traniporte  ccflc 

tRomJ.i>  coupe  de  moy:iinon,ta  volonté  6c  non  la  mienne  foit  accomplie.  kTout  ce  qu'il  plaid  à 
Dieu  ne  peut  tourner  linon  au  bien  &falut  de  les  elle  us,  encore  que  ce  loit  choie  du- 
re à  la  chair.  Or  puis  que  nous  entendons  ceci,  8>c  le  tenons  pour  choie  certaine,  foyons 
cnfemblc  confolczen  noslbuffranccs,ma  bien-aimee.U  eft  vray  quelc département  Se 
la  feparation  nous  eft  fort  pcfante&  difficilc-.mais  attédu  qu'il  a  pieu  ainli  au  Seigneur, 
t  Rom.9.19,  'qu'eft-ce  que  nous  dirons  à  l'cncontrc?  voulons-nous  murmurer  contre  Dieu?  dirons- 
«'iLbi.H  nous  qu'il  fait  malrmais  pluftoildifons  auccIob:,nDicu  l'a  donc,  Dieu  l'a  oftc:ainli  com- 
me il  a  pieu  au  Seigncur,ainii  eft  ilfaitdc  nom  du  Seigneur  loit  loue  éternellement.  Le 
Seigneur  nous  a  feparez:  mais  c'eft  pour  magnifier  fcnlainct  nom.  le  le  loue  donc  te  re- 
mercie de  mon  coftc,eftant  preft  de  lefuyurepar  tout  où  il  luy  plaira  me  côduire, voire 
-  [ean  4 -U  mefme  en  la  morr,eftant  bien  certain  "  que  ie  paife  delà  mort  à  la  vie. Et  quant  à  vous,ô 
ma  bien-aimcc,ievous  prie  de  faire  ainmlouez&rcmercicztouiiours  le  Seigneur.  Ec 
croyez  fermement^  en  aflêurace,  que  combien  queie  vous  lailie  feule  &:  poure  vefuc, 
,  Mdt.î8.îo  vous  ne  ferez  pourtant  delaiflec  du  Seigneur,  "lequel  eft  touiïours  auec  vous.  Ma  mort 
t  icanj.:4  n'eft  pas  vnc  mort/ains  vne  porte  Se  entrée  à  la  vie.  Eftredccapité,noyé,oubrufle,ne 
r.  i.pi«r.4.ij  me  porte  point  dedommage/veu  que  ie  ne  fouffre  point  corne  mal-raicreur,  ainscom- 
Rom.8.ï«  me  Clireiticn:  ce  qui  ell  pour  vray  fort  honorable  échoie  bien-h  eu  reufe:  'laquelle  ne 
vous  tournera  qu'en  bien  :  voirc,en  ce  que  voftrefoy  peur  maintenant  eftre  de  plus  en 
plus  fortifiée  par  mes  liens,  Se  ci  a  près  l'eellee  par  mon  fang.  Ievous  prie  donc,  ma  fem- 
/■Ifani4.i8  me  bien  aimcc,confolez-vous,confolcz-vous,di-ie  au  Seigneur:  fil  ne  vousabâdonnera 
point.il  demeure  auec  vous,&:  y  veut  demeurer  iulques  à  la  fin.  Nelbycz  point  en  fouci 
*  fpicr.y.7,  &c  en  crainte  r'rciettez  toutvoftre  foin  au  Seigneur:  il  vous  gardera  bien ,  Se  vous  ac- 
,,s     croiftra  Bc  aduacera  en  tout  ce  qui  vous  fera  ncceiTaire,tant  à  lame  qu'au  corps.  le  vous 
recommande  entièrement  &  pour  tout  au  Dieu  Se  Seigneur  tout-puiflant:  vous  priant 

pour 


Chrifiophe  S  mit  >ÀA  nue'  6 ^6 

pour  la  nn,que  vous  n'abandonnit  z  point  le  Seigneur  ni  fa  iâincïc  Eglife  ,nepou:    >  ic 
ne  pour  ia  moi  z.  Si  on  vous  veut  enieigner  autre  cholCin'en  ci  oyez  rien.  Ceci  eil  mon 
tciiamcnt  &  dernière  volonté  .  le  vous  di  Adicu,{iienc  vous  pouuoye  plus  efcrire:  car 
côme  i  enten,  on  doit  prononcer  ma  lentence  de  mort  corporelle  la  iépmainc  prochai 
j-ie.Or  priez  pour  moy,adieu,adieu:lc  Seigneur  vous  vucillerortificr,&:  moy  femblable- 
ment.  Mes  larmes  ne peuuentiburrrir  que  fefenue  dauantage.  Adieu auisi,  ma  cherc 
coufîne:  &:  cepëdant  que  vous  eftes  encores  ieunc,apprenez  a  craindre  Dieu:  &:  dites  a-  Tdbtw1* 
dieu  en  mon  nom  à  voftrc  perc,à  voftremere,&:enlembleà vos  frères.  Ce  x  x  vm.  Thr-i :" 
de  Septembre ,  m  .  d  .  l  x  i  i  i  i  . 


Il  eferit  i  Jeu  frçrc  &  J  fi  feeur, prenant 


congé 


£  mefmctwtril  tfanùtaufk  vneepiibeafon  frère  &  à  fa  j~ocuryprenant  congé  d  eux, laquelle  aufsi 
Ç^i^  n0l;s nc  ycH'LOns pu  oublier ttinjererid. 

ME  S  trefchers,frerc&:  feeur,  ievoftre  frerèprifonnier  pour  le  teimoignage  delà 
faiiiéte  vérité  5ay(  louange  à  Dieu)  bon  couragcatccndantcoufioursFheure^en  *  m  •  1 
laucllc  les  ennemis  de  la  croix  de  Chrift  m'engloutiront  pour  m'aneantir.  Mon  corps  fM*.i«.,* 
eften  leur  piiiiTancc,par  la  volonté  du  Seigneur:  ncantm  oins  il  s  nepeuucnttuer  l'ame. 
O  file  combat  eitoit  venu  iniques  à  la  vidoire,  &  queicfufléarriuc  auec  ma  nauireati 
port!  mais  le  Seigneur  qui  ctt  mon  cfpcrance&  mon  gouucrnal,me  rend  rade  tout  bien 
alfeuré.I!  me  faut  maintenant  départir  de  vous,&  vous  dire  Adieu: laquelle  chofe  com- 
bien qu  elle  foit  dure  &:  difficile  à  la  chair,cft  neantmoins  tout  ce  que  l'efprit  délire. Car 
c'eft  choie  beaucoup  meilleure  délire  auec  Chrift,  q  deviure  en  ccite  vallée  de  pleurs 
ê£demiferes.Ordôc  Adieu,chcrfrere:aprenezgardea  voftrc  vocation  à  laquelle  Dieu  4  l,Cot^3* 
vous  a  appelé. 'Soyez chefdc  voftre  remmc,&  la  rcondui(cz  en  toute  iagefle  &  pruden-  'c^ph^ 
cc,h  fupportant  comme  vn  vaill'cau  plus  fragile:'  l'aimant, corne  Chrift  aime  l'on  Egli-  /  •  wer  i.y 
fc.  Sovez luy  pour  exemple ,  en  paro!e,en  admonition,&  en  œuure.  le  prenaufsi  congé  \ 
devous,ma  bicn-aimeelœur.mon  cccur&  ma  cotisation.  Faites  rouiîours  ce  que  Dieu 
vous  commande  félon  voltre  pouuoir.hSoyez  fubiette  à  voftre  mari, Cvimmel  Êglifeen:  JJ^J*** 
fubictte  à  Chrift  :  portez-luy  honneur  &  crainre,  &  viuez  enfemble  en  la  paix  de  Dieu, 
le  vous  di  adieu  à  tous  deux  au  Seigncur,&:  ayez  mémoire  de  moy  en  vos  pneres  &:orai- 
fons  trci-ardcnres,aulsi  long  temps  queie  viuray.  I'cfperc  bien  roft  paruenirenla  vice- 
tcrnelleaupresdc  ma  feeur  bien  aimée.  Et  pour  la  tin, portez-vous  biéeniernbie.Ie'vo9 
recommande  à  Dieu  &  à  la  parole  de  lagrace.  Cher  frcre>  ie  vous  recommâde  mafem- 
me:lovez-luy  cnaide,pour  ladefcndre&coniolcren  fadeiblation.Snyuantceci,ic  vous 
diadieUi&pren  moncongé.Engrand'haftece  x  x  v  i  n,de Septembre, m. d.l  x  i  i  i  i. 

L'Epiftre  qu'il  enuoye  àfon  compagnon  Minirtre,prcnant  congé  de  luy. 

x{  '  ■   E  hurftyuant  il ejcrmit  encore  vne  epiflre ,  &  ï enuoya  à  fon  compagnon  Aïiniftrc  de  la  parole 
.  -;  >\,v  ' .  de  Dicuyprenant  congé  àc  ky Jaquette  efttellc. 

C^H  e  r  &  bien-aimé  frcrc,&:  mon  coadiuteur  en  l'œuure  du  Seigneur, vous  auez 
^receu  de  moy  vne  lettre,  en  laquelle  ie  pren  congé  de  vous;  ie  vous  en  enuoyede- 
c  vne  autre ,  qui  eft  beaucoup  pluscei  taineque  la  première,  le  m'en  vay  mainte- 
nant,eftanc appelé  au  Rovaumede  mon  Dieu  &:  Seigneur. kCar  la  befte  hflmblcqui  ne  *  ^v  n-n 
ce  :  c  de  limer  la  guerre  à  Ch;  ift  3c  à  fes  membres,cxcrcera  en  bref  route  fa  tyt  aniecon  • 
çre  moy. 'Sa  gueule  bien  grandecft  maintenant  ouucrte,mdelaquclleeommed,vn  fe-  j^J^*^ 
puk  Jire,il  ne  lbrt  qu'vne  puanteur  mortelle,  "  Ôc  beaucoup  de  blalphemcs  côtre  Chrift  •  s 
&c  fon  Eglife. Tout  ion  but  n'eft  qdedeftruirc&:  du  tout  abolir  la  parole  de  Dieu  :  mais 
elle  mefmefera  finalement  du  toutdeftruitt  &  abolie:  "elle  fera  ictteeau  puits  ardat  de  •  A^.ij.t» 
feu  &  d'ire  auec  fon  faux- prophète.  Il  me  faut  maintenant  (ouftenir  vn  combat  pour 
la  hn>lequcl  m'eft  impolé  du  Seigneur  fur  le  col.  pMais  ecluy  auquel  i'aycrcu,&:  auquel  t  «.Tfawj» 
ie  me  confie,eft  puilfant  de  mefortirier.ee  qu'aufsi  il  fera  fans  doute:de  forte  que  par  la 
mort  ie  (éray  receu  à  la  vie  e ternclle,de  laquelle  choie  ie  fuis  pleinement  afleuté  bi  cer- 
tain parl'Elpntdc  Dieu.  'Le  demoh/fement  de  mô  tabernacle  eft  trel-picchain.  II  me  i  j^'f'''** 
faut  eftre  baptifé  d'vn  Bapte- nie: mais  ô  con.ment  ieiuis prelfe  iufqucs à  ccqu'ii  ibit ac-  \^  >o^' 
compli  i f  Or  cela  eft  chair,ôc  iang,&:  foibleiïe  iiumainc:'quantàrefprit,iedciîrc  délire  {1^ir.,6:,7 
ccnioind  auec  Chrift.Parquoy  aufsi  long  temps  que  ie  vis,&:  que  ie  fuis  au  combat,  nc 


Lmrcu  VIL  Chrifiopbe  Srmt,k  Amers. 

*  R«m.ij  ja  ceiTez  vous  &  l'Eglifc  de*  prier  ie  Seigneur  pour  moy.  Ils  me  traitteronc  fort  cruellcmêt 

!a  fepmaine  prochaine:ils  me  menerôt  au  parquer,  &:  feront  cela  le  matin  de  bône  heu- 

*  prou.if.1  re>pour  la  crainte  du  peu  pic  :  *car  vne  mauuaiic  confeience  craint  toujours,  &c  eft  toui- 
«noi.}i.«  ioui  ;cii  t;eine,'encorc  qu'il  n'y  ait  rien  à  craindre.  Mais  afin  queic  retourne  derechef  a 

mon  propos, la  fin  eft  prochaine  ,  &:  la  porte  du  ciel  eft  ouuerte  pour  tous  ceux  qui  (ont 
îlxSïJZ  rachetez  &c  deliurez 4  par  le  fàng  de  Chrift. le  m'en  vay  là,ecar  elle  eft  aufsi  ouuerte  pour 
,.pur  *.&     m0y,attendu  que  celuy  quil'a  promis  eft  fidèle,  ÔC  ne  trôpe  ou  déçoit  perfonne  de  ceux 
qui  fe  confient  en  luy. Par  ainli,mon  frère  fidèle  &  loyal  au  miniftere,de  tout  mon  cœur 
ij£  î.'îj  »e  vous  :commâde'  l'Eglifede  Chrift.  Ayez  loin  del'efpoulcdc  Chnft,  à  laquelle  vous 
>.Cf.r.i.4,   prefenterez  en  mônom  vn  Adieu  amiable:quefi  elle  eft  l'clpoufe  de  Chnft,  qu'elle  en- 
iuyue  Chrift  Ion  efpoux, l'aimât  comme  elle  doit:*  qu'elle  coure  après  l'odeur  de  les  on- 
êfcanto.47  guents  précieux.  Si  elle  le  recognoift  pourfon1'  Palteur  vnique,  qu'elle  te  donne  bien 
garde  d'elcouter  la  voix  des  eftrangcrs.  Si  elle  le  recognoift  pour  l'on  frère,  qu'elle  inuo- 
;  R  »m.«.i7  queic  Pcre  vnique.'Si  elle  le  recognoïft  pourfon  cohcritie^qu'clleaipire  entièrement 
j.  EfheTi.)  aux  biens  celeftes,kdefquels  elle  eft  faite  héritière  par  luy:finalement,iî  elle  eft  la 1  vigne 
uwSj£     du  Seigneur,"1  qu'elle  ne  produite  point  des  lambrufces:ains  qu'elle  produifede  tels 
fruicts,que  par  iccux  elle  foie  recognue  eftre  la  vigne  du  Seigneur.  Par  telles  &  (cm!  bi- 
bles admonitions,  vous  me  recommanderez  à  l'Eglife,  5c  en  mon  nom  vous  prenuiez 
congé  d'elle  Portez- vous aufsi,cher  frere,vertueufement  au  Seigneur,^: lovez  vaillant. 
Admonncftez  vos  compagnons  au  minifterc,  que  par  ces  grands  trauanx  &  labeurs,  &: 
par  mes  liens  tant  difficiles  ils  ne  perdét  point  courage.  Vous  ne  feruez  point  aux  hom- 

*  'î'1,7  mes,mais  à  Dicu/auqucl  il  vous  faudra  vne  fois  rendre  conte. 0  Paillez  &:  nourrirez  les 
i.Pier.,.î,  '  brebis  de  Chrift ,  qui  vous  font  recommandées  du  Scigneur,comme  vn  fidèle  Part  cur. 
Furiw\  1  Marchez  conftamment&:  hardiment ,  &  ne  foyez  efpouuancé  de  rien:  r  prefchcz,entèi- 
5  ierra.i8.i9  gnez,admonneftez,côfolez,corrigcz  en  heure  &c  hors  heure:'1  &c  n'ayez  cfgard  aux  horii- 
r  ioei  1      mes,grands  ne  petits.  Que  voftre  bouche  fonne  comme  la  trompette.En  ce  faifanc  vo9 

planez  à  Dieu  éc  au  Seigneur  Icfus  Chrift. Derechef  bien  vous  loir,auec  voftre  femme, 
&  à  vos  compagnons  au  miniftcre,&:  à  tous  les  frères &lœurs  au  Seigneur,  Cexxv  i, 
de  Septembre,  m.d.lxiiii. 

Derechef  il  prend  congé  Je  fon  compagnon  Miniftre. 

.V  peu  detcmpsauf>4rauitnt,ceiïtafptuoirle  Dimtche,  X X 1 1 1 I,du me 'fme  moityilt firiuit  en- 
core -vne  eptjhe  aumefme  Alimjhe^pource  qutlauoit  entendu  quiljcroitjacrificen  la  mejme fep- 
mâme. Laquelle epijheyajîn  que  perfonne  ne  s  en  pieigne^nous  anons  ia  mife. 

r  e  s  toutes  falutatiôsChreftiennes,ie  vous  fay  fçauoir,  mon  cher  frère  &:  com- 
pagnon auSeigneur,qu  en  cefte  prefente  fepmaine(eommeiay  entendu  )ie  feray 
mené  au  vierichaer  ou  parquet,  pour  là  receuoir  lur  moy  fentêce  de  mort  &c  clecôdem- 
/Mat.tc.i?  nation.  'LeScigneur  Dieu  me  donne  langue  &:  bouche  pour  parler  alors,  qu'il  gouuer- 

*  Rom.15.ta  nccVconduifemesleuresà  fonhonneur,ôdà  l'exaltation  de  fon  fain&nom.  'Priczar- 

demment  fans  ce/fe  le  Seigneur  pour  moy  aucctouterEglife,  afin  que  le  Seigneur  me 
»a.T.m.4.6,  fortifiepar  Ion  Ei'prit.megouuernanten  tout  à  l'a  gloire.Amen/Mon  temps  eft  ici  fore 
j.  tcr.«.H    court  fur  la  tcrrc,&:  le iour&: l'heure  de  madeliurance  eft  prochaine: alors  ic  ne  feray 

pas  feulement deliuré  de  cefte  pnlon  trifte&;  miferablede  ces  liens,  mais  aufsi  hors  de 

*  Ro(n.7.»4  la  captiuité  de  cefte  vie , *  Se  de  cefte  chair  mortelle,  &  en  leray  affranchi.  En  bref  pren- 

dront fin  tous  mes  maux,ma  triftelfe&:fafchcrie,croix&:  loufîVances.  Le  terme  eftor- 
,m*m<.m,  donné  &eftabli.  le  meurs  volontiers  &  alaigremcnc:  ne  ne  pers  point  à  regret  ma  vie, 
Luc"*»"!  pour  le  nom  de  Icfus  Chnft ,  afin  que  par  la  mifencorde  fen  reçoiue  vne  éternelle  SC 
i«n        inimortclle.lefuispreft&;appareille*d'abandôner&:expofer  tous  mes  membres,  pour 

*  w.8  »  ja  vérité  &:  îuftice      pour  l'honneur  de  mon  bon  Dieu  &  Peremifcncordieux,  'lequel 

*  oftci).i4,  iufquesà  prefent  m'a  fait  tant  de  grâces  &  bénéfices  en  (oncherEils  Icfus  Chrift.  *  La 
«.Cor.15.5j    mort  nc  mc  pCut  p0int:  porter  dommage  ni  empefehernent  :ainsaucôtraire,elle  m'ap- 
portera beaucoup  de  biens  &de  profits. car  en  mourant  ie  viuray  :  en  perdant  ie  gâgne- 

t  phii.i.M  ray: en  détaillant  ie  reccuray^Chrift  eft  ma  vic,&  mourir  m'eft  gain.  Iccriedôc  auecle 
d  phdMx    hin&  perfonnage  Iob,'Mon  ame  s'ennuye  ici  de  viurc:&  auecfaincl  Paul/ le  dcfîred'e- 
ftre  defpouillé  pour  eftre  auec  Chrift.  O  fi  i'eftoye  deliuré  de  cefte  chair,&  que  ie  peufle 
entrer  au  Royaume  de  Dicu,pourvoirh\lafacedemon  Perecciefte,&:  de  mon  efpoux 

Icfus 


A 


Chrijlophe  S  mit ,  a  A  nuers.  6  47 

Icfus  ChriuV&enauoirlaiouy/Tanceiufques  à  cneftreraiîaiîé!  Mon  cœur b  languit  &c  *  Pfeau.i7.(j 
défaut/  mon  efp  rit  fou  (pire  après  la  deliurance  de  mon  corps.  O  Seigneur  mon  Dieu,  \  ïômi*) 
quand  fera  ce  que  ieviendray  en  ton  royau me  &:  gloire?  4&c  quand  contempleray-ie  ta  d  pfeau.4j.* 
face  glorieufe,  ap  res  laquelle ie  gemi  &:  foufpire  d'heure  en  heure,  comme  la  colombe, 
voire  mcfmc  à  chafqueclein  d'œil  ic  ne  celle  de  languir&foufpircr  après  ?ô  mon  bon 
Dieu,  quand  fera-ceî  mais  quad  fera-ce?  quad  fcra-ce,d  i-ie,  que  ie  feray  ralfafié  de  ton  a- 
mour?'ce  fera  lors  que  ie  verray  ta  faceglorieule.Y  a-il  quelque  enfant  qui  n'aime  point  *  M"»-«7-« 
(on  Pcre,&  qui  n'aille  volôtiers  par  deuers  luy,pour  en  eftre  près? où  eft  aufsi  l'cfpoufe&: 
laremmejaquelle  n'aiile  volôtiers  à  fon  cfpoux  &c  mari, pour  le  voir  &c  regarder,  &  fina- 
lemét  pour  eftre  côioin&e  à  luy?  îe  n  av  pas  encore  veu  mô  bon  Pcre  &c  moucher  cfpoux 
en  leur  nature  &:  eflenec  diuinc,  corne  ils  font:' mais  ic  les  ay  (culemct  veus  corne  en  vn  f  lXf^ 
miroir  en  obfcurité.  Ien'av  pas  encore  elle  conioin&auec  eux  face  à  race,  ainsfeulemét  ,}' 
par  côionclion  de  i'cfprir. 'Nous  cheminons  ici  corne  par  foy,&:  non  pas  par  veuè,  com-  & 
me  S.Paul  tcimoigne.Cepédant,mon  bon  Pcre&môefpoux  bicn-aimé,ic  te  prie  mets 
bien  toll  fin  à  mes  afflictions,  à  ce  queie  foye  bien  coft  au  ce  toy,&:  que  ie  love  plcincmct 
&:  parfai&eiAcnt  conioinft  &  vni  aucc  roy ,  pour  pofl'edcr  le  lalut  éternel.  Amen.  Mon 
cher  frere,  ie  vous  parle&:  efcriamiablcmcnt,efpandant  mon  cœur  parmi  vous,  &L  le 
defcouurantenticrcmcnt.  Vous eftcsceluy que  iecognoy,ocen  quiie  mefie&me  re- 
pofchardiment:vone,mon  bon  frère, vous eftes  la  moitié  démon  cocur&de  monamc. 
hMon ame eft conioin&eauec la voftre,coramf[amc de Ionathan eftoitcôioin&eauec  h  «-Sam-rt-i 
celle  de  Dauid.ll  m'eft  bien  dur  félon  la  chair(ô  mes  cntraillcs)dc  départir  &  eftre  fepa- 
rede  vous:mais  ie  vouspers  volontiers,^: quitte  alaigrement  voftrc compagnie,1  voire  *  Ph«i>p-î* 
ie  renonce  volontiers  &:  abandonne  entièrement  toutes  créatures  pourgangnerChnft, 
&C  eftrecôioinctà  luy  ererncllemét. le  pren  donc  congé  de  vous, mon  cher  frère, &:  vous 
di  Adieu.  Adieu  mon  bon  côpagnon  au  miniftere:foyez  vaillant  &:  fort  au  Seigneur,1  &c  ^  5^J 
ne  vous  efpouuantez  point  pour  les  homes, lefquelsdoyucnt  fecher  &  périr  cômel'hcr-  6.&4'i4>& 
be.Quc  mes  liens  &  ma  mort  ne  vous  efpouuantent  ou  afFoibliftent  point  en 1  voftre  of-  /5Aa.io.«» 
fîcc&:  miniftere ,  qui  vous  eft  enioinct  du  Seigneur:  mais  foyez  d'autant  plus  feruant  en 
l'œuure  d'iceluy ,  &c  ayez  foin  du  falut  des  âmes ,  «  veillant  lbjgncufemct  furie  troupeau  "p^"*',0' 
de  Chrift,lcqucl  vous  eft  recommandé,afin  qu'il  ne  foit  point  deuoré  des  loups."  Iettez  ■  1  p,er  Vf 
tout  voftre  fouci  au  Seigneur,Iequel  ne  vous  abandonnera  point, ains  vous  deliurera  de 
toutecrainte.°Confïez-vousenluy,&:il  vousgardera  comme  la  pruncllcde  Ion  œil.  Et  • 
quand  mefme  aufsi  vous  tôbericz  pour  fon  Nom  en  prifon  &  liens,  Se  autres  femblables 
afmdions(commeon  cerchede  près  voftre  vie)le  Seigneur  ne  vousabandôneraiamais, 
fi  vous-vous  confiez  fermement  en  luy.  Prenez  exemple  en  ma  perfonne,  &  foyez'mon  JcJJ^}^ 
imitateur,com  m  c  ie  le  fuis  de  Chrift. 4  C'eft  vne  choie  honorable  de  ibuffi  ir  pour  lefus 
Chrift,&:pour  iceluy  abandonner  ià  vie.  '  Bien-heui  e  ux  font  ceux  qui  fouff.  et  perfecu-  V'J^™9* 
tion  pour  iuftict:car  le  royaume  des  cieux  eft  à  eux,3jvn  grand  loyei  leur  eft  préparé  au  r  Matthî'° 
ciel.  LaùTcz  les  perfecuteurs  &  les  tyrans  (ànglans,cmprilonner,garroter,gchenner,de- 
capirer,noycr,brufler,tuer&:  meurtrir, rils  n'ont  cependant  aucune  puiifancefur  lame:  /Matth.io.si 
car  ils  ne  peuucnt  tuer  que  les  corps,'  lcfqucls  amour  dernier  reflufeiterôt  glorieux  par  tuCotjjffî* 
la  force  &:  vertu  de  Dieu,  la  où  maintenâc  ils  font  afluiettis  à  foiblcjrc,&:  remplis  de  mi-  »  '4Î'  1 
feres.Or  ie  vous  recommande  à  Dieu  &z  à  la  parole  de  la  gi  ace.Ie  vous  recommande  ma 
poure  femme  defolee,  vous  priant  affe&ueufement  de  la  prendre  &:receùoir  en  voftre 
foin  Se  garde.  Vous  luy  direz  Adieu  en  mon  Nom,veu  que  ie  nele  puis  fairemaintenât. 
Les  larmes  découlent  abondammcntdemesyeux,  quand  l'en  aylbuuenance.  vMais,  v 
ô  Seigneur,  6  Pcre  cclcftc,  ie  ne  veux  pas  ma  volonté,  mais  feulement  que  la  tienne  foit 
accoplie .  Bien  vpus  foit,&:  priez  le  Seigneur  pour  moy.  S'il  m'eft  pofsible,  f  eferiray  quel- 
que epiftre  à  l'Eglife  pour  prendre  congé  d'elle:que  fi  ie  ne  le  puis  faire,ie  vous  prie  afFe- 
éhieufement  de  luy  dire  Adieu,  &c  predre  congé  d'elle  en  mon  nom.  Derechef  ie  me  re- 
cômandcà  vos  fa  in  êtes  prières  &c  de  toute  l'Eglife,  afin  que  le  Seigneur  me  donne  con- 
ftance&:  hardiciïe.  Iay  maintenant  le  combat  :  mais  i'efpere  bien  roft ,  par  lagrace  de 
Dieu ,  obtenir  la  victoire. 1  le  feray  rcucftu&  otné  de  robberefplendillante&:  de  vefte-  *  Apoc<M» 
ment  glorieux/  Se  reccuray  la  palme  en  la  main,*  &c  lors  le  repos  me  fera  donné.  Amen.  »  4A  Efd  i+* 

r    i    n.  j    c  l  z.APoc<.u, 

En  halte  ce  x  x  nu.,  de  septembre,  m.d.lxiiii.  &h-«4 
^jP^  V  R  la  fùfàtte  t}>/ftre  m  ùtqttelle  il prend  congé,  fon  compagnon  au  minijlo-e  luy  manda  pourre- 
h^^É JPonfe  c€  qncjènfiit. 

Rllr.i. 


I 


«  Mat.É.tC 

»  Ifa  14  »7 
Rom. 9  19 
phil.?.M 


4  EMr.1S.10 

Rom.  a. 
t  (  or. 4.9 
Hd>.  « 


L  iurc~>  VIL  Qmjlophe  S  m  it ,  à  Armer  s. 

'  A  y  auiourd'huy  receu  repiltic,en  laquelle  vous  prenez  conge  :  clic  m  a  fait  courir 
'z  découler  les  larmes  desycux.  6c  encore  ie  ne  cette  de  la  lire  &  relire  aucc  mes  yeux 
hrmoyans  ,&  en  abondance  de  pleurs,dc  force  que  de  grande  criftefle,  cnnuy&  amer- 
tume de  cœur  (  dequoy  ie  fuis  pleinement iaili  )  îe  ne fçay&  luis  du  tout  incertain  que 
c'cll  que  ie  vous  pourray  cfcrire&:  enuoyer  pour  refpôlc.Ô  mon  frère  bien-aimé,ô  mon 
tretcher  compagnon  en  l'œuuredu  Seigneur,  ô  mes  entrailles,  monamc&mon  cœur 
auSeigneur,faut-iI  maincenâcque  nous  nous  départions  àinfiîcft-ce-ci  le  dernier  adieu 
6c  congé'?  •  Il  faut  que  la  volonté  de  Dieu  l'oit  faite  en  ceci  ,bà  laquelle  perfonnenepeue 
6c  ne  doit  refiller, encre  les  mains  duquel  nous  vous  lailibns  6c  recommandons  entierc- 
menc.'Nous  voulons  laifler  faire  au  Seigneur  l'on  ceunre  en  vous  félon  ion  bon  plaifir: 
i  îûic  }j.J,  d  il  cft  le  Seigneur,  il  fait  ce  qu'il  luy  plaiil,&:  ce  qui  cil  bon  &plaifant  deuanc  fesycux. 
1.  «n.j.i      50yCZ  donc  en  ceci  conlolé  6c  en  repos  ,&  ayez  courage,  cher  frère,  vous  abandonnant 
Rcm.14.8  vous-mefmes au  Scigneur,&càla  vie  6c  a  la  mortfclon  Ion  bon  plaifir,'  içachâc  bien  que 
f  pic  .  14.  .5.  foit  que  nous  viuions,ou  que  nousmourions.nouslbmmcsau  Seigneur, r&  que  la  mort 
i  Apoc.4.15  des  fainclsellcherc&  precieufe  deuanc  les  yeux  de  Dieu.»  Bienheureux  l'ont  les  morts 
qui  m eu r et au  Seigneur,ilsfercpofcnc  de  leurs  labeurs.  Si  le  Seigneur  vousaordônc&: 
préparé  pour  élire  vn  facrifice  faind&de  bône  odeur  deuac  là  face,  pour  magnifier  ion 
b  ieaiuo  .4   Nom  parce  moyen,  foyez  préparé  &  obeidâne, h  marchez  &  fuyuez  volontiers  comme 
i  pfc.44.13>  vn  agneau  innocent  delà  bergeriede  Chrilt,  ordonné  &  prépare  au  lacrifice  &  a  l'oc- 
ci(ion.kIl  faut  que  nous  mourions  tous  vne  foisA  nous  tant  cous  venir  à  la  mort  foit  toit 
ou  tard.  'Nous  ne  nous  dcuons  pas  contriftcr&  ennuyer  à  la  façon  des  Gentils  pour  la 
1  uihl+n  mort;commefi  après  icclleil  n'yauoicpoincderefurretciondelachair.  Soyez  doc  vail- 
lant 6c  confiant  au  Seigneur,  comme  iutqucsà  prêtent,  par  la  grâce  de  Dieu  vous  auez 
m  î.Tim.4.  efté.m  Bataillez  vne  bonne  bataille,  afin  que  vous  puilsiez  bien  toit  reccuoir  la  couron- 
i'3$?i  ne  de  gloire,"  6c  élire  vcllu  derobbes  blanches,  6c  orné  de  veftemens  rcfplendilfans,  6c 
t^Mu'-7'  ouyrlavoixdu  Seigneur  qui  dira:  "Bien, bon  kruiceur,cu  as  elle  fidèle  en  peu  de  choie, 
r  -:.cor  10.  je  temettray  6c  confticueray  lu r  plus  graderentreen  laioyede  ton  Seigneur/  Voftreba- 
J'Scor.'t?  taille  cfl  fpiricuclle,  aufsi  ell  la  vicloire. ,  Le  combat  cft  brief,&  palTera  bien  toft:  mais  la 
,  coioir?  1  vi&oircelfc  éternelle  &:  immortelle.'Leuez  vos  veux  &:voitrecceuraucicl,où  Chrift  no- 
f  Mjt.tf.ïo,  ftrechefeftafsisàladextredcDieufon  Pere.  î  Noltrechrcfbr&nollre  bourgeoifieeft 
ph  .p.       au  cieljdoù  nous  accendons  le  Sauueur  6c  Seigneur  Iefus  Chrift.Il  fauc  que  nous  oubliôs 
,  pfc.4r.11,  icicouccequi  cil  cerreftre,  charnel,  mondain  6c  caduque.  'Il  fmt  que  nous  oublions  la 
Mitth^»^  maifon  de  nos  pères  6c  mères,  nos  propres  familles,  femmes, en  fans,  parens  6c  amis.  En 
tue  h  16    lbmme,il  fauc  que  nous  oublions  couc  en  gênerai  iàns  en  rien  exceprcr.Car  l  hôneur  de 
Pieu  6c  de  fa  fainde  parole  nous  doic  élire  beaucoup  plus  cher  que  noilre  propre  vic,&: 
que  nos  pères  Se  mères ,  femmes,  enfans,  parens  6c  amis, ou  quclqucautre  créature.  Le 
ciel  vaut  bie  mieux  que  la  cerre,  &:  la  vie  eccrnellc  plus  que  celle  poure  6c  mifcrable  vie 
caduque.Laparencé&conlànguinicé fpiricuclle  de  Dieu,c'ellafîàuoirlafainclcEgufe 
v  Matth.ic.  deChrill,vauc  bien  mieux  quela  charnelle &natureile.'Chiiconque  nehayt  fon  pere&c 
i?,  Luc  14.  fa  ni  cre,  femme  &  enfans,  frères  &fceurs,voirc  au  fsi  fa  propre  vie,  ilnepeutcllrcdiici- 
ple  dcChrift.Qui  aime  fon  pere  ou  la  mcre,fon  fils  ou  fa  fille  plus  que  moy,dit  Chrift,&: 
*  Mat.8.jr,  qui  ne  porte  là  croix  6c  m'enluit^il  n'elt  pas  digne  de  mov.  "Qiiîcôque  aura  gardé  fa  vie, 
tnt         il  la  perdra:&  quicôquc  l'aura  perdue  pour  l'amour  de  moy,il  la  trouuera/  Nous  n'auôs 
»î  point  ici  de  cité  permanente,  ains  nous  en  cerclions  6c  en  attendons  vne  autre  qui  ell  à 

\  1.1JI.16,  venir  laquelle  fera  perdurablc. z  Melprifez  donc&  abandonnczle  monde  auec  roue  ce 
qui  eit  en  iceluy,pour  le  Nom  du  Sejgneur,&:  faites  cela  d'vn  cœur  alaigre&voloncaire, 
«  m.  .19  !9  enluyuancChnit,1  afin  que  vous  en  reccuiez  cent  fois  autant,&  l'héritage  de  la  vie  éter- 
nelle,corne  le  Seigneur  Dieu  IefusChrift  la  promis  auec  iuremét  à  ceux  qui  f  enfuyuce, 
t    Tim.i.  ay  ans  cou  c  abandonne.  kOr  il  eft  fidèle  &:  véritable  en  fes  promclfes.  Côficz- vous  donc 
i],  i.iean  ..?  cn  jUy  ^  cr0yez  fermemenc  à  fes  promefl'es,  6c  làns  douce  vous  receurez&  obeiendrez. 
Arreibcz-vouscncicrcment  à  fa  parole, &  vous  rcpofczfurfa  volonté      toutes  chofes 
prolpercront  heureufement,&:  tourneront  à  la  gloire  dcDieu  6c  au  ialut  de  vollt  c  ame, 
quand  bien  melme  il  vousfaudroit  mourir  mille  fois  pour  la  parole  du  Seigneur  :  car  le 
*Mat.î8.c  Seigneur  ne  laiifera  point  cn  neccfsiré,&  n'abandonnera  iamais  au  côbatlonferuitcur 
ï  ri  '  uî .  fidcle,Miniftre  6c  annôciateur  de  la  Paiole,ains  lcfortifiera  par  fon  Efpritc  iufqu  à  la  fin 
:  â.ï.V  '  6c dernier  foulpirdciavic."RcgardezenhautauciclaueclelàinclPropheteDauid,$u 
J«Afl  r'  '  '  auec  le  vaillant'  Martyr  fainct  Eilicnne:car  de  là  vous  viendra  le  fccours,&  là  aufsi  vous 

verrez 


Qmjlophe  S  mit  3  à  AnueYs.  64.  S 

verrez,par  les  yeux  de  la  foy ,  Iefus  debout  à  la  dextre  de  ion  Père ,  pour  vous  y  receuoir 
en  Ton  royaume  &c  gloire,  afin  que  là  vous  foyez  îouy/Tant  auectous  lcsfain&sdu  falut 
te  de  la  béatitude  éternelle.  Amen.  le  vous  eferiroye  d'auantage,mon  Frère,  mais  ie  ne 
le  puis  faire  pour  la  triftefTe  &c  amertume  de  laquelle,helas ,  ie  fuis  faifi  &:  empefehé.  le 
fais  homme,  &  tout cequi  eft naturclàl'homme  iene  l'eftimepas  feparé  demoy.  le 
vous  confolc,  ou  pour  le  moins  ie  m'employc& efforce  dece  faire,  &fay  mon  mieux: 
neantmoinsi'ay  plus  de  befoin  d  eftreconfolémoy-mefmc.  le  vous  remercie  fort  affe- 
dueufement  de  ce  que  vous- vous  efuertuez  de  meconfolcr ,  me  fortifiant  parla  parole 
de  Dieu,  prenant  finalement  congé,  &  me  difant  Adieu  pour  le  dernier  mot,  fi  cen 'eft 
que  le  Seigneur  Dieuordonaft  que  lque  autre  moyen  fclon  fon  bon  plaifir:  neanemoins 
fa  volonté  foit  faite.  Ievoy&:  regarde  par  vos  lettres  voftre  cœur  viril  &;  magnanime  au 
Seigneur,citant  preft  &:  appareille  tant  à  la  mort  qua  la  vie.Cccouragc  confiant  &c  ver- 
tueux fortifie &c  côfole mon  trifteefpiit&mon  cœur  defolc&:  plein  damertume.  Mar- 
chezauant  en  cefte  forte,  ô  vaillant  champion  de  Chrift ,  afin  qu'ayant  fui  monté,  vous 
puifsiez  triompher  &c  régner  aucc  Iefus  Chrift  noftre  Seigneur.  Amen.  Si  ie  ne  vous 
pouuoye  plus  rien  efcrire,ou  que  l'entrée  vers  vous  nous  fuft  fermée ,  icpren  aufsi  fem- 
blablement  congé  de  vous ,  &c  vous  di&c  cfcri  Adieu,  priant  le  Seigneur  qrriJ  vous  rem- 
pliiTe  de  tous  biens.  Adieu ,  mon  ft  cre,  mon  cœur,  mon  amc,&  trefeher  champion  :  A- 
dieu  iufqucsàceque  noftre  Seigneur  &c  bon  Dieu  nous  reuniife&conioigne  derechef 
enfemble.  Ma  femme  &c  aufsi  la  voftre  vous  difent  enfemble  Adieu ,  &  prennent  con- 
gé de  vous  (mais  non  fans  beaucoup  de  larmes  &:  de  pleurs  jiufques  à  ce  que  derechef 
nous  foyons  recueillis  &  r'aflcmblez  au  royaume  de  Dieu.  le  prén  congé  de  vous, mon 
vray  Chriftophe ,  côme  font  aufsi  tous  nos  corn  pagnôs  au  miniftere,  &  en  gênerai  tous 
nos  frères 6c  fœurs  au  Seigneur  tous  enfemble  vous  recommandons  au  Seigneur 
Dieu, lequel  vous  vueille  confoler  &:  fortifier  par  fon  Efprit.  Amen.  Si  ie  vous  peux  en- 
cores  aider  falsifier  en  quelque  chofè,  faites-le  moy  fçauoir  s'il  eft  pofsible,  &:  ne  m'e£ 
pargnez  point.  Ce  x  x  x .  de  Septembre,  m.d.l  ïiiii. 


IN~4LEMENT  comme fa  mort  eflort  prolongée  deiourà  autre ,  *  tin  a  pis  aufivmluou-  *  lMni*-* 
I  blier fes  brebtt  de  l  Egltje  àe  Chrift>comme  vray  0*  jidek  Pafteur^ins  leuraeferit  y  ne  eptftre,pre-> 
nanfeongéd'eUe}commeils'tnfiiit. 

Il  efcritàl'Eglifc  Je  Chrift,prcnant  congé. 

IE  ne  me  puis  contenir,  chers  frères  au  Seigneur  Iefus  Chrift ,  de  vous  efenre  mainte^ 
nant,&  admonnefter  en  peu  de  paroles  à  mon  departcmeht,&;  fuyuant  cela  prendre 
congé  de  vous ,  iufques  à  ce  que  nous- nous  reuoyons  les  vns  les  autres  en  la  vie  éternel- 
le,  h  laquelle  r.ous  eft  acquite  par  le  fahg  précieux  de  Chrift,  côme  à  les  vrais  membres.  h 
Ayez  fouuenance  de  la  parole  diuine  de  l'Euangile,  laquelle  i'ayfouuent  annoncée  en 
toute  hardicife, fclon  le  petit  don  qui  m'a  efté  donne  du  Seigneur.  rIene  me  fuis  point  e  aû.jo.ïo 
fouftrait ,  &:  n'ay  rien  tcu  de  tout  ce  que  le  Seigneur  m  a  départi.  le  vous  pric&  reejuiet 
tousde  cheminer  eh  içelledodiine  ,&de  vous  tenir  fermes  en  la  foy,  laquelle  îeSei1 
ghçur  vousaapprinfeparmon  minirtere.11  carie  vous  tef  m  oigne  deda  rit  Dieu  ,  auquel  Rom.».9, 
pai  fagrace  i'oifriray  bien  toft  mon  corps  pour  la  maintenir  ,  qu'il  n'y  a  point  d'autre  np* 
do&rine  qui  meine  à  la  vie  éternelle,  '  que  l'Euangile  d£~Chrift, lequel  vous  auez  ouy  de  *  Rom.i.itf, 
moy ,  iaçoit  que  vos  ennemis  &  les  miens ,  voire  les  eririemis  de  Chrift  çrfent  à  l'encon-  "''7 
tre.  f  Car  nous  né  vous  auons  pofntprefentedes  fables  que  nous  ayons  inuentecs,  con-  /  !  ^f-'-rf 
trouuees,  &fongeesy bu  bien  recdiësdbs  hommes  ritiaîs  nous  vous  anbns  prefenré  ce 
que  le  Seigneur  luy-mefmc  nous  jîxfytins  par  fa  fà'inde  parolc^aquelle  nous  a  efté  laif-  i  h*.m,« 
fee  par  les  faintts  Propriétés  &,  Apôtres;  voire  mefmejpar  Iefus  Chnft  noftre  Seigneur,  \  \  CotA  VJ 
qui  eft  fon  Fils  bicn-aittié.  hNousnauons  point  falfifié'cefte  patoie,' comme  voulans  ■  g-j....o 
plaireaux  hommes, 'ou comme h6ù,s,  prefehans  nous-mefmcs,  pour  des  prefens, dons,  î'Thein0»"* 
ougain  def-honn'eifte  ilmais  nous  voits  auons  parlé  de  Chrift ,  comme  deuant  lafacc  &  '  p^.'  ** 
prefenee  de  Dicii ,  "  terchans  detôtit  nôftrc  cœur  lefalur  de  voftre  ame:  Pieu  mfeti  eft  tmt:^J'\u 
tefmoin.  "Ne  vous  faiifez  donc  pas  feduire à  petTôrrftev'quelqùerpéllé  apparence  qiv-  h 
ayent leurs paroles.Ie vous admonéfteB.eréchef,que  foïis ne  vo'laifsiez  point  trcrper&:  Î.t£S^ 
deftournerdcladoanneqvousauci:iyeceue,laqu')fnerH  ftarfis 

RRr.ii.  t  : 


Liurcs  VII.  Chrijlophe  Smit3à  Amers. 

feulement  par  parole  &  doctrine ,  mais  aufsi,  auec  l'aide  de  Dieu,  par  mon  propre  fangl 
PhSJ'j  %\  ^n  OLltrc>ic  vous  admonnefte  tous,*  que  vous  cheminiez  corne  iUppartient  aux  Chre- 
i.u..n  1.6  '  ftiens  : b  à  lin  que  voftrcfoy  ne  foit  pas  feulement  en  parole  &  en  langue ,  mais  en  faift  &c 
i.iwj'V,  '  en  ccuurcs  de  charité.  Vousauezouy  dcmoy  &dc  plufieurs  autres  la  maniered'vnc 
Ca,*î<      fain&e  vie,  de  forte  que  i'eftime  eftrechofe  fuperflue  de  le  repeter  ici ,  encore  mefmc 
cHeb  j.n    que  le  temps  le  peuft  permettre  :fli  cen'eft  que  vous  vueilliezeftretrouuez  auditeurs 
oublieux,&:  contempteurs  de  ladite  admonition  qui  vous  a  efté  faite:  de  laquelle  choie- 
le  Seigneur  vous  garde  &  preferue.  le  vous  exhorte  &:  admonnefte,mes  trefehers  frères 
&  fœurs  au  Seigneur,d'y  prendre garde:vous  priant  par  le  Seigneur  IcfusChrift,de  vou- 
loir bic  retenir,gardcr  &:  imprimer  en  voftre  cœur  ceci ,  comme  mes  dernières  paroles. 
ihfrfV'  Adieu  mes  frères  &:  fœurs:  Adieu,adieu  mes  brebiettes  ellcues/  Combié  quevo'foyez 
t  Hcb-io.  ij  frappez  de  voftre  Pafteur,ne  courez  point  efgarez  par  craintc,'&:  ne  delaillez  point  vos 
/  Hebr.j.i},  alTemblees:ains  demeurez  cnfcmble,  r&  vous  admonneftez les  vnslesautresparlapa- 
r*TM«  "si,  rôle  de  Dieu  en  la  vérité  prefenre,laquelle  vousauezouye,*&:  pour  laquelle  fabandon- 
V 4*fi4,  nc  ma  vie  aucc  tous  ^es  Prophètes  &C  Apoftres,  Se  auec  tous  les  tefmoins  de  Dicù.  "  Ne 
*uk££  craignezpoint,cncoreque  vous  foyez  petit  nombre. 'Car  Chrift  voftre  Pafteureft  plus 
i'ucm.ji"  '  grande  plus  fort  que  tous  les  loups  qui  font  affamez  apresvoftre  chair  &:  voftre  fang. 
\il'uPUr"\  "Sz  pourtât  il  vous  gardera  bien  de  leur  gueule  &:  de  leurs  dents.  Saluezl'vn  l'autre  d'vn 
U>an.î,Aa.  fain&  baiferauSeigneur.Ie  vous  faluë& prencôgé  de  vous  tous.  Adieu,adieu  leseiîeus 
«*•«       de  Dieu.  Ce  i.  d'O&obre,  h.d.lxiiii. 

L  A  procédure  tenue  en  la  caufe  Je  M.Chriftophcconrre  tout  ordre  $:  ftylc  vfité  en  la  ville  J' Aoucrs. 

O  m  m  e  ainli  foit  qu  Anuers  ait  de  long  temps  pour  fon  feigneur  Se  prince  le  Duc 
te  Marqui-  y|||3  de  Brabant ,  comme  Marquis  du  fainft  Empire,  à caufe  dequoy  la  ville  iouytde 
" 1        grlds  priuilcges:celuy  qui  exerce  l'office  de  Markgraue(lbuuent  nôme  en  ces  Recueils) 
a  puillance  d'appréhender  feulement  les  malfaiteurs,  à  la  charge  qu'en  dedans  trois 
B"TîÈr"  *ours au  P*us  tar(^  ^ ^cs  rcPre^cnteau Bourgmaiftre&Efchcuins.Eux,comme Magiftrat 
cheuini.     liipreme,  procèdent  e's  caufes  des  criminels:  Scauant  que  prononcer  les  fentenccs,font 
publier  à  Ion  de  cornet  par  tout  le  vieil  Bourg ,  à  ce  qu'il  foit  notoire  à  chacun  de  venir 
ouyr  au  parquet  ordinaire,appclc  Vicrfchaire(  lieu  defcouuert  à  l'air,  Se  à  portes  ouuer- 
leMirkgra-  tes)lcs  mérites  de  la  caufe.  Là  ledit  Markgrauc,  c'eft  adiré  Marquis ,  ou  l'Efcoutet  qui 
^coutet   cft  fon  Lieutenant,lc  peuple  prcfent,demande  la  vie  du  crimincl,ou  quelque  membre, 
ou  autre  punition,  comme  bon  luy  femblc.  Le  criminel  a  pouuoir  de  prendre  quelque 
aduoeat  pour  propoferfesdefenfes:&  à  faute  d'argent  il  ne  demeure  deftitué  decon- 
feil,d'autant  qu'il  y  a  aduoeats  à  ceft  effe&.  Ceci  foit  dit  pour  plufieurs  caufes  des  po- 
ures  fidèles ,  aulquelles  on  nc  tiét  rien  de  ceft  ordre,  comme  on  a  veu  en  celle  procedu- 
dMâD  rccontreChriftophe.  Carie  Mardi troifieme  iour  d'Octobre,  après  longue  Scmifcra- 
lxiul  '  '  bleprifon,  il  fut  mené  pour  la  première  &  dernière  fois  audit  lieu  de  Vicrfchaire,  pour 
receuoir  fentence  de  condamnation  àfept  heures  du  matin ,  fans  iamais  faire  fonner  1s 
cornet.Les  officiers  eftans  venus  en  la  prifon,  luy  dirent,  Chriftophe,  il  vous  faut  venir 
quant  Se  nous  :  &  il  refpondit,  Soyez  les  bien-venus:  iefuis  preft  non  feulement  de  mar- 
cher pour  la  venté,maisaufsid'abandonnermoncorpsau  feu.  Quand  il  fut  fur  le  quar- 
refour,  comme  ilauoit  fouuent  prié  &  requis  le  Seigneur,  il  commença  à  parler  hardi- 
!  i.Ker.4.12  ment  en  telleou  femblable  forte,  Hommes ,  bourgeois  &  frères , 1  que  perfonne  ne  s  el- 
m  i.Pi«.4 .«$  merueille  de  ce  queie  fuis  ainli  lié  &c  mené  corne  vn  larron  Se  brigad:m  car  ceci  ne  m'ad- 

*  Mawo.18  uient  pas  pour larrecin,brigandage,ou  autremefFaift/ainsfeulementpourleNomde 

mon  Seigneur  lefusChrift,&pour  fon  fainCtEuâgilc,  lequel  félon  la  vocation  de  Dieu 
i'ay  prefcbé&:  annoncé.  Pour  iceluy  donc  ie  fuis  auiourd'huyiugé&r  condamné  à  la 

•  tant*.!  mort(hommes  frères  Se  bien-aimez:  )°neantmoins  il  faut  que  ceci  aduienne,  afin  que 
t  Mat.j.i*  TEfcriture  que  Dieu  a  prononcée  des  fouffrances  de  fes  Miniftres ,  foit  accomplie. r  II 

afalu  que  lesfain&s  perfonnages  dés  le  commencement  du  monde  ayent  ainû  fouÊ 
4Mat.17.jo.  fert,&efté  perfecutez.  'Onlaifle en  paix  les  paillards,  ruffiens,  adultères,  m  efchans, 
"  &:  y urongnes  :  mais  ceux  qui  inuoquent  le  nom  du  Seigneur  purement ,  il  faut  qu'ils 

r  iumtf.4  foyent  ainfi  honteufement  traittez.  'Maisquoy?  Chrift  a  prédit  toutcecïdcuoir  ad- 
/Mat.10.18  uenir:afin  que  quadil  feroit  aduenu,on  en  euft  meilleure fouuenace.rVous  ferez,dit-il, 

menez  deuat  les  Rois  Se  les  Princes  pour  mon  Nom:ils  vous  menerôt  en  leurs  confiQoi- 
t  M«.y  i»  res,&:  ferez  hays  de  toutes  gés  à  caufe  de  mô  Nom:'ainfi  ont-ils  perfecuté  les  Prophètes 

quionc 


Chrijîophe  S  mit ,  à  Anuers.  64  p 

qui  oncefté  deuant  nous/Nous  fommcs  comme  brebis  de  la  bouchcrie,pour  eftre  me-  *  Pft.44.1j, 
nez  à loccifion.  kLes  Prophètes  ont  prédit ,  qu'il  faloit  que  le  Chrift  fbufFrift,&:  qu'il  en-  Jo^VJ 
traftainfi  en  la  gloire.  'Comme  donc  noftrechcf,Sejgncur&Maiftrca  foufFcrt,ainfi  *fuc'i4'U, 
aufsifàut-il  que  les  membres ,  Miniftres  &  dilciplcs  d'iceluy  fouffrent.  4Ainfi  i 'cftimc&  «7 
réputé  pourvn  fingulier  bénéfice  de  Dieu  ces  miens  liens  &:  tourmens,lefqucls  i'ay  Le  i°ÎS 
communs  auec  les  fhinds  du  Seigneur,voire  mefmeauec  leliis  ChrinY  &  me  tien  bien-  fUJSJi,, 
heureux  de  ce  qu'ilm'a  réputé  digne  de  foufFrir  pour  le  nom  de  Iefus  Chrift.  f  Parainli  «  {^f^*l4 
icn'ay  point  de  honte  de  1  Euangile  de  Dieu:'  ains  ic  fuis  preft  de  le  confefler  deuant  ce-  ^1Mat',J°  »J* 
ftegeiieration  adultère  &  pechere/Te,ô<:  le  défendre  deuant  les  Rois  &  Magiftrats,  h  voi-  n*,.  i*,'* 
re&d'abandonnet  pour  iceluyma  chair&mon  fang,  afin  que ie  foyetrouué  fidèle &c  i*fMei4,^ 
loyal  feruitcur  de  Chrift.  *7 

Eftant  venu  en  la  Vier(chaer,il  ne  fut  aucunement  interrogué  de  fa  foy:  mais  de  luy.  £"')£f£fa 
mcfme,'  comme  celuy  qui  eftoit  fortifie'  du  fainct  Efpnt ,  l'aconfeflé  hardiment  &  con-  yjj'jj** 
ftamment,autantquelabriefuetédutempslepouuoitporter.  Apres  cela  iJadmonnc-  ' 
fta  les  iuges  de  leur  confeience ,  à,ce  qu'ils  prifTent  bien  garde  à  la  confefsion  de  foy ,  la- 
quelle il  auoit  faite  en  leur  prel"ence,&: qu'ils  iugeaflent  d'icelleiufteméVcomme  ceux  ko^^Vo* 
qui  doyuentaufsi  vnc  fois  comparoiftre  deuant  le  thrône  iudicialde  Chrift.  Surquoy  ».Cor.s.ro 
l'Efcoutct  rompant  fon  propos  luy  dit,  Nous  ne  t'intcrroguons  pas  de  ta  foy:  mais  fi  tu 
as  efté  Miniftre,&:  fi  tu  as  prcfche'  &:  dogmatizé  en  lieu  fecret  1  comme  tu  as  confefTé  en 
la  prifon.  Il  rcfpondit  franchemenr,  Ouy,dic-il,&  ne  m'en  repen  point aufsi:  mais  il  me 
defplaift(Dieulccognoift)qucic  n  ave  prefrhé  d'auâtage. Puis l'Efcoutetiu)  dit, Nous 
ne  te  faifonspas  mourir:mais  c'eft  le  mandement  du  Roy.Làdeims  Chriftophe  refpon-  J^gJ  & 
dit,  Aduifezdoncbienquccemandemcntrelpondcpourvousj&rqu'jlvousgarantirTe  fciauem  rur 
en  cefte  grade  &cfpouuarableiourneedu  dernier  iugemét.  Apres  ces  paroles  ils  leçon-  i\om.^,6 
dânerent  àla  mortjfuyuant  redic~t,placart&  mâdement  de  la  M.  du  Roy.  Mais  ils  firent 
cela  auec  les  faces  tellement  palles,qu'on  pouuoit  aifc'ment  voiries  fignes  de  leurs  mau- 
uaiics  côfciences.Lafcntencefut  prononcée  mot  après  mot  en  cefte  formel  manière: 

*4fres  auotr  ouy  &  entendu  la  confefiion  &  déclaration  que  ce  prijonnier  ia  a  faite  de  bouche  en  no- 
Jhe  prefence ,  nousEfcheuins  déclarons  ledit  prisonnier  efUe  tombé  en  la  peine  contenue  au  plaçait  delà 
Maieftédu  Roy^c. 

m  si  que  le  prifonnier  cut'reccu  fentence  de  mort,  il  fut  derechef  mené  du  Jj,^^ 
^Vierfchaer  en  la  prifon  par  les  officiers  ,&  non  pas  fans  grande  crainte  &  en  fort  lap^oo. 
grande  hafte,  attendu  la  grande  multitude  du  peuple  qui  eftoit  là  afTemblé. Or  comme 
il  fcrtit  hors  du  Vierfchaer,  &c  que  grand  nombre  de  fidèles  là  cftoyét,il  les  admonnefta 
par  telles  ou  femblables  paroles  :  Hommes  bien-aimez,iefuis  maintenant  iugé&  con- 
damné à  la  mort  :  ne  vous  en  efmeru  cillez  point,  &  ne  vous  defeouragez  point  pour  ma 
mort.  *  11  en  aainfî  prins  dés  le  commencement  à  tous  fidèles  feruiteurs  de  Dieu  :  voici  m 
la  voye  de  tous  les  Prophètes  &:  Apoftres,lefquel&  de  tout  temps  ont  fouffert  pour  la  vé- 
rité. "Ainfi  ont-ils  traitté&  condamné  noftre  Seigneur  &Maiftre  Iefus  Chrift.  'Corn-  nu^^7^ 
ment  donc  leroit  le  feruiteur  plus  grand  que  fon  Seigneur?  &:ledifciple  plus  grand  que  »$>  Luc  10, 
fon  maiftrc?Partantie  vous  admonnefte,mes  chers  frères,  que  foyez  fermes &conftans  1/*  ' 
en  la  verité,marchans  conftammenten  icelle,&:  n'en  ayans  point  dehonte  deuat  cefte  i^V.0^*' 
génération/ ains  foyezhardis  au  Seigneur  Iefus,  pour  confefler  fon  nom,&  demeurez  lt^rIj^t 
fermes  en  fa'parole.Declarcz  la  vérité, Sd'efpandez  deuant  les  hommes,voireconfefTez  14,  i.Cor.itf. 
la  deuant  tous,foyent  grands  ou  petits,  fbyéc  Princes  ou  Rois,  afin  que  le  Seigneur  vous  umt#M' 
confefle  aufsi  deuant  fon  Pere/Ne  craignez  point  ceux  qui  tuét  les  corpsxar  ils  ne  peu-  *  M*40-»8 
uent  rien  d  auantagc.Nefoyez  pas  aufsi  de  petit  courage,quand  il  vous  faudra  porter  &: 
endurer  la  croix  pour  le  nom  de  Chrift,  '  fçachâs  qu'il  faut  que  voftre  foy  foit  eiprouuee  r  ,-Pier-,-7 
par  foufFrâces,comme  l'or  cft  ciprouué  par  le  feu.  N'ayez  donc  pas  honte  de  mes  liens, 
&:  ne  (oyez  point  offenfez  ou  fcâdalifez  en  ma  croix,&:  ne  perdez  pas  courage:mais  pluf- 
toft  preparez-vous  vous-rçefmes  à  cela ,  par  veilles ,  prières  &£  oraifons ,  afin  que  quand 
l'heure  viendra,vous  loyez  trouuez  veillans.  rIe  me  refiouy  grandement  â  cefte  heure,  f  aô-m« 
de  ce  que  i'ay  hardiment  &  côftamment  confeifé  le  Fils  de  Dieu  deuant  les  tyrans  infi- 
deles/eftant  certain  que  leFils  del'homme  me  confeflera deuant  fon  Pere&deuantfes  ^Jf^g0^' 
fain&s  Anges. le  loue  Ôc  remercie  mon  Dieu,vqui  m'a  donné  félon  fà  promefle,bouche,  luc  9- 
langue  &  fapience.  ^"Quand  il  eut  ainfi  parlé,ilfut  mené  en  la  prifon,là  où  femblable-  !*„'apo!™; 
ment  il  s'eft  porté  conftamment, comme  nous  orrons.  " 

RRrm. 


Liure  VIL  Chrifiopbe  S  mit,  a  Anuers. 

A  pi  cs  ces  chofes  voici  foudain  vne  grande  croupe  de  Pre(lres,Moines,&:  autres  mef- 
chans  Libertins, qui  vindreiualuycnlapri(on,lefquelsiemocquoyctdeluy,riniurians 
&l  outrageas. Entre  tous  les  au  très  il  y  auoit  vn  Moine  de  l'ordre  des  prclchcurs,  Apoftac 
Ce ftert  cai-  Clircitien  renié, qui  s'appelle  Brocdcrc  Balten.Ceftuy-cifur  tous  les  autresaefté  îm- 
âbîdôiw  fon  portun  &  falcheux  (comme  il  en  prend  ordinairement  à  ces  apoflats)  il  le  brocardoit  a- 
lojant  "uM  uecimutes  ôc  maudi/Tons  :  voire  &  vomit  vn  tel  blaiphemeàl'encontredelamaieflé  du 
u'r°d  îïidï  ^icu  tout-puifiant&de(bnEgli(e,quelepatiécrutcôtraintd>:eftoupper&  boucheries 
«chef  re-    oreilles, afin  denc  point  ouyr& cmédrefespuats  blafphcmcsr'Cc  Moine cftoit de  telle 

tourné  en  Ion   .  '  t>  n        i    '  i  •  «»  »•  i  ■  «  •  •  . 

conucnt.cô.  façon  courrouce  &  enflambe  contre  le  poure  patiet,qu  il  tança  leCjColier,pourcequ  il 
renvoi"  neleiettoitpaslbudaincnla  balle  folle  en  quclquclieu  bicneftroit.  cequ'ilcomman- 
LT."udtce  ^a  au  Geôlier  de  faire  promptement  &  en  diligence.  Mais  ledit  Geôlier  luy  rcfpondit, 
dcfr«c  Bal-  qu'il  le  nietlaft  &C  s'empefchaft  de  ion  officc:&:  qu'il  vinil  là,quand  il  y  feroit  mande'. 

Or  quand  le  patient  eutouy&  entendu  leur  débat  &:  querelle,  il  pria  fort  amiable  - 
ment  d'eftre mis  6c  conduit  en  la  balle  folle ,  aimant  mieux  eltrelà  îetté,  que  d'eltre  au- 
près de  ce  frere  Balten,pour  Tes  horribles  blalphemes. 
VoflénMî.      En  outre,il  vint  aufsi  auprès  de  luy  vn  grand  babillard, nome  M.  Adrian  Voflenholc, 
de  fon  cilat  Medccin>&:  vn  autre  efceruelc  Libertin, qui  fort  molefterent  ce  poure  pri- 
(bnnier/c  mocquansdeluy,lecondamnans,  &luy  diians  mille  iniures, comme  delïa  ils 
auoyent  fait  anparauant  par  plu  lieu  rs  fois,  car  de  ces  deux  braucs  peribnnages  le  bon 
homme  elloit  lournellcmcnttourmétc  &:  ttauaillc,commeluy-meimc  s'en  complaint 
fouuent  en  fesepillres.&  eiure autres  il  deritainii en  vn  certain  lieu: 
wpanic       Hieriereceu  vn  grand  combat  contrece  brouillon  tortu  de  VoiTenhole,&:  cotre  fes 
de  wft'c   compagnonsLibcrtins.  11  m'a  fallu  ouyr  ce  que  les  rnefchas  reprochent  fouuent  aux  cn- 
a  prra.i.î.j,  fans  efleus  de  Dieu:Vcll  airauoir,queie  necognoillbycne  Dieu  ne  Chnlblefquelles  pa 
yUt  i?  4)    rôles  m'ont  nauré&r  perce  le  cœur  côme  vn  coufteau.  Mais  à  caufequec'eftoit  vn  pro- 
b  Phiî.3.15,    pos  procédât  des  inn"dclcs,&  de  ccux-la  meime  qui  n'ont  point  de  Dieu  ,b  fino  leur  ven- 
tre(ainhqucrEfcritiuel.i]nilenous  cniejgne)on  n'en  doit  faire  grand  cas,  comme  aufsi 
Rom.«.i6  ienefay.'car  lelaind  Efpritnous  tefmoigne  tout  autremét  en  noilie  cœur,  lequel  nous 
rend  (i  bien  aifturcz&:  a  repos  nu  Seigneur,  qunl  n'y  a  affliction  ,  ne  tentation,  ne  péril, 
d  Re»  8.55.  ne  mÔrr,qui  nous  puilîè  ofter  &:  rauir  ce  repos  &.  celle  alleurace  de  nollre  coniciéce.  dIl 
n'y  a  opprefsion,ne  fafcherie,ne  fcu,neglaiue,qui  nous  puiffe  feparer  de  l'amour &dile- 
,  Rom.8.37,  clion  que  Dieu  nous  porte  en  IefusChniVAins  en  toutes  ces  chofes  nous  fommes  plus 
phji.4-u     que  vainqueurs  par  celuy  qui  nous  a  aimez.Que  les  mefehans  crientee  qu'ils  voudront: 
/Pfcaa.,!.»,  fjemettrayma  confiance  au  Seigneur  mon  Dieu,  &:  ne  lèray  point  confus  éternelle- 
Heb.ij.(S     mcnt>  Encore  que  le  monde  me  reiette  èc  meîprife ,  &:  qu'il  me  iuge  digne  de  Ja  plus 
honteufe  mort  qui  foir,  iefuis  neantmoins  eftimé  grand  deuant  le  Seigneur  Dieu  mon 
s  pfe.       tref-  bon  &:  trcf-mifericoi  dieux  Pcre,sdeuant  les  yeux  duquel  ma  mort  fera  chere  &pre- 
b  Heb.3.5,    cieufc:hlequel  aufsi  ne  m'oubliera  iamais.'  Car  mô  nom  eft  eferit  au  liure  de  vie,  duquel 

Deut  \i.S       -i       r  •     rT  ' 

,pha.4},    il  ne  fera  ia mais  efface. 

vùS.oie  Lcfuldit  Voifenholeadccouftumcde  vifiter,ou  pour  mieux  dire,tourmenter  ceux 
fo^e«  c6  *ont  Prilonn5ers  pour  la  parole  de  Dici^afin  de  les  faire  reuoltcr  de  leur  foy,  &L  les  ti- 
mc  i.iejuifi-  rer  en  infidélité  &:  enlamelchâtefeftedesLibcrtinsdaquellecholeilfaiten  partie  pour 
rÊicch.i,.  obtenir  les  honneursremporels  des  hommes,ken  partie  pour  legain  infâme  &c  deshon- 
ij.Mich.j.j  nèfle, comme  ilappcrtpar  vne  requefteprefentee  par  luy  à  Meilleurs  de  la  ville  d' An- 
uers ,  en  laquelle  il  demande  &:  requiert  pétition  annuelle  &;  ordinaire  de  la  ville, 
pour  ce  faire. 

Vn  certain  PRES  tjutl jut  atnfiiugc^  il  y  eut  vn  frere  fidèle  qui  luy  cfcriuit  &  enuoya  cefte  epifhre  confolatoi- 

fme  luy  ei-  ^jj^  rc }  ledit  tour  de  Mardi  enutron  midi ,  laquelle  a  ejlétraduttte  de  Latin  en  langue  vulgaire ,  &  ta- 

auons  ta  inférée ^comme  s  enfuit. 
1  pfc.44 .25,  /~^0  m  b  1  e  n  qu'il  nous  ait  efte'  fortgricf&:  pefant,cher  frere  au  Scigneur,'dc  vous  a- 
i.Cor.f?  V->uoir  veu  mener  èc  conduireau  vierfcaer  comme  vne  poure  brebis  innocenre,là  où 
aufsi  vousauezreceulcntencedcmortmeantmoinsnous  nous  reiîouyfTons  devoftre 
confiance  Se  magnanimité,  par  laquelle  vous  auez  hardimét  &:  conftammét  confe/Tc'  la 
vérité  de  l'Euangile  à  l'encontre  de  tous  les  tyrans, &:  cotre  toutes  les  menaces, forces  &c 
violécesdecemonde.  En  quoy  faifant  vous  auez  demôftré  la  vertu &côflance  de  cou- 
rage, laquelle  cftoit  vlîcee  en  vous,nô  farts  grâd'  merueille,applaudiiTemét  U  louage  du 

commun 


Qhriflofhe  S 'mit,  à  $Amers.  6 y  o 

commun  pcuplc,&  lingulierement  de  ceux  qui  aiment  la  vérité.  O  quelzclc&ferueur 
vous  auez  allumé  en  nous&  en  tout  le  peuple,  en  ce  que  vous  auez  honore  l'Euangiïe 
dcChriil  hardiment  &  con  ftam  ment,  non  feulement  deuant  le  Magiilrat  ,  mais  au  (fi 
au  milieu  des  iergean s  infidèles,  citant lié &garrocé  :  voire  meime  q  par  ves  ailes  &:  par 
voftre  exemple  vous  auez  t'ait  accourir  le  peuple  de  touscoltez,lcrelueillant  ôc  incitât 
à  receuoirôé  aimer  la  vente:  Nous  voyons  en  venté,que  le  Seigneur  a  fidèlement 'accô-  <•  £xod.4.n, 
plilapromelleen  vous, par  laquelle  il  promet  à  tous  ion  aide&  fon  ailillencc,&  aufli  de  i<rem.i.$,  ' 
leur  donner  bouche &lagclîé,quand  îlsferont  menez  deuant  les  P.ois  &:  Magiftrats  à  îJj,"^^ 
caufedefon  Nom.  Dieu  cil  fidele:&  tout  ainli  qu'il eiprouuc  les  liens  par  croix  &:fouf-  2"+ 
frances,ainiiau/li  lesbconfolc-iIlemblablcmenr,&:  les  fortifie  par  fon  S. Efprit.  Attendu  6  ,  Cor-'  î' 
donc  qu'il  eft  ainfi,nous  vous  prions  trefarfectueulcment  tous  cnfcmblc,de  gauler  celle 
mefmeconllancefermementiui'qualafin  .  Vous  n'ignorez  pasla fenrence de Chnfl, 
où  il  dit/Qui  perfeuercra  iulqu  a  la  fin,iceluy  fera  fauuc.O  corn  hé  eftes-vous  heureux,  cMa"kï+ 
ôc  combien  fera  heureux  le  iour  auquel  vous  lortirez& dellogerez  hors  de  la  troupe  &: 
compagnie  des  mcfchans,dpour  paruenir  en  îa  faincte compagnie  des  Martyrs&dcs  ef-  d  Htbr"'* 
leus  de  Dieu;  O  combien  elles- vous  donc  heureux ,  quand  pat  lagracedu  Seigneur 
vous  defpouillez  ce 'corps  mortel,pou  rentrer  en  lafamcre  cite  de  Dieu  ,  qu  i  cilla  no  u-  LcS^* 
uclle  Icrufalem  i  '  là  où  Dieu  cfl'uycra  routes  les  larmes  de  vos  veux,s&  vous  donnera  re       ,:  " 
pospourvos  trauaux&:  pourles  difficultcz  deceftevie!  Marchez  doncainuconitarn-  Apocai.7.-7> 
ment,chertrere,  hafpiranr  toujours  en  haftc& en  toute  ardcui    ta  gloire  eclefte,'  afin  s  Apoc.14,1] 
qu'ayant  vne  fois  furmonte  &:  vaincula  morf,vousviuiezauecChnftetcrnclleméc.'Il  f  fiit.1" 
vous  faut  maintenant  boire  le  calice  d  amertume,  lequel  Chrift  nous  a  apporté  ,  &le-  \\ 
quel  il  abeu  lepremier:  il  vous  faut  maintenant  élire  bapuzé  du  Bapteimc,  duquel  k.  m«.»c.i2, 
Chriftaefté  baptizé.Qiîcrefte-il  donçautre  chofc,iînôquevous-vous  prepariczd'au-  um.i6.U 
tant  plus  conftamment.pour  partir  d'ici  heureulèment,que  letemps  de  voftre iacrifice  La£"  +* 
approcherons  vouseulsions  eferit  d'au  an  tage,  neuf  l  elle  que  i'amertunu  &  trifteiî'e 
du  cœur&labricfuctédu  temps  nous  ont  empefehez,  £c  aulsi  que  nous  auonseu  crain 
te  d'empelchcr&:  troubler  vos  méditations  ardentes  cnuersDieu  Afin  donc  que  nous 
facionsla  fin,1  l'oyez  vaillant &:  conftant  au  Seigneur  ,  eflant certain  qu'après  auoirdel-  '  ,Cor,5-,i 
pouillé  m  ce  tabernacle  charnel,  vous  viurez  erernellement  auec  lelus  Chi  ill ."  Les  mei-  "»^>«ïr  «  »4 
chans  tyrans  entendront  vne  fois,  ils  entendront  vne  fois ,  di-ie,  mais  ce  fera  trop  tard,  $,6 
qu'ils  ont  perfecuté  &  mis  à  nu  rt  les  c  nfans  de  Dieu  par  °  vn  zele  pcruci  s  Si  malin  .  Sui-  »  ïw.o.» 
uantcecyie  vous  recommande  au  Seigneur,  mon  cher  frerc,  par  madernu  re  lettreen 
ce  monde/ Nous  ne  vous  verrons  plus  d'oreIenauanr,iufqu'au  temps  que  Chnltappa  J,,^*** 
roiftradu  Ciel,à  la  ruine  des  melchans,&:  à  laioyeôc  confoiation  delcseileus.'1  Le  Dieu  **£*e£ 1 
de  conlolation  demeure  auec  vous.  Amen.  Ce  Mardi  3. d'Odobrc,  m.d.l  x  un. 

Tjt^4RMl  tomes  ces  .tflifclions-,  difficulté^  £T  fitfcheries Jt J.n  patient  condamné  à  Lt  mort^atouf  sa  rcîîouif 
jours  efte  de  telle  façon  a  fou  y  m  Jon  eSprit^tjUonapperceuoitdesfgnes  notables  de  loyeenjafa-  JJrcc  iPrcs 
ce^plws que ïamavson  nauott-veu^pour Ltc^uelle  chofe chacun  quileyoyon  en  ejlott  tfmemciilé '  :  &  feux  |Cntcncc  jc 
qui  le  regardoyent,nc  je pouuoi  ent  contenter  de  le  cotirc  wpler.  llenfetgna  ,  admonnefla  &  confia  jon  mort. 
çhrefiennt  nient  tous  ceux  <ju:  efloyentajSis  a  table  auec  luy  an  dijner.  Finalement  il  demanda  s  il  ny  a- 
UWtla perfonne  en  la  compagnte^i  le  vouluftfcmbLlAcmtnt  confier  par  U  parole  de  Dieu.  ~A  quoy 
rejfondit  vne  jeune  fille  nuiesjoit  la  pre fente  ii  U  table:  ckriftophc\dtt-  elle)  cjuteflceluy  qui  vota  conjole- 
roni  volts  efles  tanxconfant  &  tonfoléau  Seigneurie  vous  donnera  tous  conjolation  paryos  paroles, 
&  par  voftre  face,  Làdef'w  tlreJpondttcnceJïefrtei'C  h  r  1  s  T,dit-il,quieft  aflïs  àladcxtrcdc  ^Jjj*''* 
fon  Per,cayantlesbrasellenduspourme  rcccuoir  en  fon  Royaume,  me  donne  de  fon  &4.3,coiof, 
Efprit  en  tc!leabondâce,6c  par  iceluy  me  fortifie  tellement,  que  îc  ne  le  Iauroyediiede  }'''  c  r*H 
bouehe,de  forte  quêtons  mes  mébres  voudroyét  volontiers  due  &:  exprimer  fabôdan- 
cedei  Elprit  q  icfensen  moy.Ma  chair  cfl  de  telle  façôfurmôtee&  vaincue  par  i'Efprit 
quiœuureen  moy/ que  quand  mcfme  lerofme  le  geôlier  mediroit,  Rc  garde  Chrillo-  fA&  j6  » 
phe,voilala  porte  de  la  prilbnouuerte,fors  dehors,  ic  luy  léfpondroyc,  q  ie  n'en  ter  oye 
riemeariay  vaincu  &  lu:  moté  ma  chair  par  la  grâce  de  Dieu,  de  (brtequci'aimc  m  eux 
fortir&  defloger  decc  mondc,&  aller  demeurer  auec  le'  Scigneui  en  l'un  Ro;,  iume.Par  tzCoi>* 
ci  deuant  ma  chair  rremiffoit  &  trembloit  parl  infirmicé  qui  elt  en  elle,  penlantcobicn 
lecombat  de  la  mort, qui  meftoit  bien  prochain,  elloit  horrible     elpoîi  iantable  •/  car  »  ^^-41 
combien  que  l'elpritfuft  prompt  &  préparé  atout  ce  qu'il  plauoit  à  Dieu,  ncantmoins 

KRr.  liii. 


Liurc^j  VIL  Qjrijlophe  S  mit ,  à  Amms. 

iefentoye  rnachair  refifterauxfouflraces,&:  principalemcntau  combat  de  lamorr,  fai- 
iant  toufiours  (clon  fa  mcichante  naturc,c'eft  à  dire  me  retirant  à  toute foiblene,  debih 
té  décourage,  doute  &  dcffiance.Cefte  chair  ccrchoit  de  viure  à  Ton  aife ,  Se  d  cuiter  la 
croix, Icslbufïran  ces,  &:  la  mort:voire  la  mémoire  &:  fouuenanced'icelleluy  eftoitforc 
amere&  inmportablcxcqueieconfefle&rccognoy  de  bon  cœur,  mais  maintenant  a- 
ïf<  EphV  Presclue  ,ay  rcceu  fentence  de  mort,  ie  ibis  de  telle  façon  fortifie  par'  l'arrêt  le  gage 
■i,&4-p     del'Eiprit  de  Dieu,quiaetté  Vfpandu  en  moyen  grande  abondance,  que  ce  m'eit  vne 
Ajt!».ir,V«.  ioye  &:  licite  de  fouffrir,'  &:  la  mort  m  cil  gain .  ellant  certain  qu'vnc  vie  éternelle  &  in- 
âvUu    corruptible  m'ell  préparée  &;  cachée  en  Chrill ,  à  laquelle  ie  paruicndray,apres  que  ic 
feray  defpouilïc  de  celle  chair. le  tins  de  telle  forte  confolé  en  mon  cceiu  &  en  mon  en- 
rendement  (  ie  nedi  pas  ceci  pourptiler  ma  chair,  mais  à  la  louange  &:  gloire  du  nom 
de  Dieu)  que  ie  ne  ien  aucunerefillence  pour  mes  loufKi  anecs  corporelles ,  loyent  peti- 
tes ou  grandes  ,tak.hât  de  medeftourner  ou  diftraircdu  combat  de  la  mort  uuieità  vc 
nir.Ic  n  cuileiamaiscftimé  ni  penfé  qucleSeigncur  mô  Dieu  cull  ainli  fortifie  &  cor- 
CviÎJi*}j  robofl2dcc  vaiiîeau  mortel  &  tcrreftre,parfon  Efpiit.I'ay  maintenant  obtenu  domina- 
,  ù^rtji    tion&:feigneunefurmachair,parceluy  qui 'a  vaincu  la  chair  &  le  monde,ou  atout  le 
moins  fuis  certain  &c  ancuré:ce  que  i'ay  requis  &  demadé  à  Dieu  aucc  larmes,  pleurs  &: 
gemifleiricns  tout  le  temps  de  mon  emprisonnement .  O  Dieu  miiericordieux  ietere- 
'  f(eM>-f*    mercic,ie  te  loue  de  tout  mon  cœur,'  que  tu  as  exauce  mon  delir  >  Se  as  accompli  mon 
EkTf  '   clPcrancc  ;*  pvefcnt ,par  deifus  toute  Ela  fagelfe  de  la  chair.Pour  iaquelle choie  ie  di  auec 
*  oai.».»o,  S.Paul,"  le  ne  vi  plus  maintenant,mais  Chriilviten  moy:'auec  lequel  eft  mon  amedés 
i.Co.'.j!?,  maintenant, eft  ant  ton  tesfois  encores  vcllu  &c  enuirônc  de  ce  vaiiîeau  terrcftre.k  le  tra- 
th»!cor°M  «aille  maintenant  à  cela,1  que  mon  amc  foitdeliurce  du  fardeau  de  cette  chair,pourdc- 
-\Cîo/'*i   nieurcr  auec  Chrift.Carie  fuis  bien  "certain  q  file  tabernacle  ter  reftre  de  ceilelogcefl 
"Heb/'w.»  deftruit,i'ay  vn  édifice  de  Dieu,c'ell  aflauoir"  vn  tabernacle  qui  n'eil  poît  fait  de  mains 
ains  eft;  éternel  au  ciel.  Pour  celle  caufe  icfoufpire&rgemi  maintenant,  defirant  d'élire 
reueftu  de  mon  habitation, qui  eft  d  ehaut.Car  ie  iày  qu  aufsi  long  temps  queie  fuis  en- 
uironné  de  ce  tabernacle  prefcnt,ie  mis  abfcnt  de  Dieu. Pour  celle  cauie  eftmaintenât 
mon  efprit  fort  reiiouy,à  caufe  que  pour  le  dcfpouiilcment  d'iceluy  ic  retourne  en  ma 
p£t»ô}  '4'  patrie,' là  où  vn  repos  &  vnecité  permanéte  m'eft  préparée/ Voyez5icdelailTe  mainte- 
J5^,4jf'  nantie  mondc,&  m'en  vay  à  monPere&àvo(lrcPcre,'iàmonDicu  &  à  voilre  Dieu. 
<i  jcan':'o.i7  Tay  maintenant  acheué  mon  cours.i'ay  maintenant acheué  le  com bat,  &  ay  obtenu  la 
rsTim.4.7  vi^oirejaquelle  fe  monftreraeftregloneufeen  moy,en  l'apparition  de  IefusChriil.  le 
m'en vaydeuant,&:  vous  me  fuyurez  après  touseniemblc.    Ainii  ie  prendevousmoa 
dernier  congé,ô  ma  treichere  au  Scigncur,iufques  au  îour  de  la  refurreckion  des  morts, 
ocot-K-u,  1orsCiye  nous  ferons  tous  recueillis  6c  r'aflèmblez  en  l'air  auec  IefusChriil.  Priez  pour 
moy  auisi  long  temps  que  ie  leray  en  ce  vaiiîeau  tcrrcitre:ie  pneray  aufsimon  Pere 
pour  vous. 

Ependant  qu'il  diloit  ces  paroles,  le  Geôlier  luy  vint  dire,qu'il  y  auoit  deux  Car- 
êmes qui  dciiroyent  parler  à  luy  A  quoy  ilrefpondit  quilauoicalfezparléàcux: 
mais  à  caufe  que  le  Geôlier  ne  ceiToit  de  l'imporrunerje  priant  de  les  e  feouter  vne  fois, 
il  fe  lcua,&  entra  en  vne  autre  chambrc.où  eftoyét  les  Moines  :  Lelqueh  foudain  qu'ils 
le  virent,  s'elmerueillerent  grandement  de  la  grande  ioye  &:  iieilc  non  accouftumee 
qu'il  demonllroir  paria  faœ&:  luy  demaderent,pourquoy  il  fembloit  élire  tant  ioyeux. 
Mai.^»,  Etillcurrefpondir/C'eftà  caufe  que  ma  deliuranceeil  venue, &c  que  bien  toil  ieiorti- 
iuc  »i?»J8'  raY  d'ici, pour"  viure  éternellement  auec  Chrifl.Les  Moines  luy  direnr,Nous  voudrions 
»  SSuw'^i  bien  aufsi  eftrelà.U  lcurdit/U  vous  faudroit  premièrement  defpouiller&:  abandonner 
iatj.ii  toutesvos^c|0jatrjes^  çu  pcrftitios,&:  toutes  vos  iniuilices&  femtifes ,  auec  voilre  froc. 
Apres  cela  il  leur  donna  de  bons  enleignemés  &:  admonitiôs.  Les  Carmes  s'en  retour- 
nèrent finalement  auec  grand  dueil& triilefle,eilans  grandement  efmerueillez  de  voir 
là  confiance  &  fermeté, 
pr-p*:      Apres  Midi  enuiron  trois  heures  on  luy  apporta  la  chemiie  blanche,ièlon  la  cou- 
re i  u  mert  ftume  du  pays, en  laquelleil  deuoit  faire  fon  iàcrificc.  Quand  il  l'euft  veft  ue,il  commen- 
ça à  fe  préparer  l'oy-meimes  à  la  mort,nettoyant  les  veftemens ,  attachant  ies  chaufies, 
peignant  les  cheueux  &  fa  barbc:en  fommedilpolant  ia  face  à  toute  lienc&  ioye,  com- 
me s'il  fuit  allé  à  quelques  nopees  ou  baquet. Il  p  ria  le  Geôlier  qu'il  luy  vouluft  ortroyer 
vu  barbier,pour  coupper  Ces  cheueuxfc  là  barbe  :  mais  cela  ne  luy  fut  pas  donné. 

En 


Qoriftophe  Smit3à  A mers.  6j  / 

En  outrc,ilprintpar  la  main  vn  frère  fidèle  quileftoit  venu  vi£ier,&  le  baifa,difaut, 
'Cher  frercl'hcu  te  en  laquelle  iedoy  eftreliuré  cft  prochaine,  &Ie  temps  de  mon  de-  JîJEîJÎ 
parlement  cft  pres:parquoy  îe  pren  de  vous  le  dernier  congé  en  cefte  vie.  le  vous  remer  ^v^v^ 
cie  5c  tous  les  frères  5c  fœtirs  du  plus  profond  de  mon  cœur,de  toute  l'aide,  fecours,con-  fi^ic. 
folation,&:  feruicc  qui  m'a  efté  fait  en  mes  liens.   Saluez-les  en  mon  nom  par  vn  baifer 
fainct&amiablcles  priant  qu'ils  perfeuerenteonftamment  en  tout  ce  que  ic  leur  ay' 
prefché&:annoncé,fuyuantla  parole  de  Dieu. ."Car  ie  protefte  5c  tefmoigne  deuant  *  1T^'-'1^ 
Dicu&fes  Anges  fur  mon  ame,k  que  ie  ne  leur  ay  enfeigné  aucune  fable,  ni  aucun  er-  t  rCor.i4i7, 
rcurou  herclie,  ni  aufsi  aucune  doctrine  des  hommcs:ainsIa  vraye&  purcparolede  ^.^.Theï. 
Dieu,comme  elle  nous  a  efté  delaiHee  en  ce  monde  par  les  Prophètes,  5c  par  Chrift  *»*,p"r"'»* 
mefme,&fes  Apoftres.  La  doctrine  qu'ils  ont  apprile  de  moy  par  mon  miniftere,cft 
la  pure  vérité  de  Dieu, fans  aucun  menibnge,c&  lefcrmc&:  immuable  fondement  de  '  rPhcf-,  to 
tous  les  fainfts  Prophètes  5c  Apoftres  ,  contre  laquelle  ne  les 4  portes  d'enfer ,  ne  les  fctS* 
torrens,neles  orages  &  tempeftes  n'auront  iamais  aucune  puùTancc.I'ay  enfeigné  ces  'Ma"M'*$ 
chofes  lélon'la  mefurede  la  foy  que  le  Seigneur  m'a  diftribuee.  Pour  cefte  doctrine  ie  /Roo>jh 
fuis  prifonnier,gehenné,iugé  5c  condamné  à  la  mort,  en  fomme,ie  fuie  preft  &:  appareil 
lé  d'abandonner  ma  vie  pour  icellc,à  fin  que  ie  puifle  tefmoigner  5c  demonftrer  que  ie 
fuis s  fidèle  Paftcur.    Ilapleuainfiàmon  bon  Dieu  &  Perc,lequelh  m'a  efleu  deuant  la  f^J^;" 
fondation  du  monde,pour  porterez  manifefter  fon  nom  aux  hommes,  5c  pour  iceluy  a-  Gaiat.i.,,  * 
bandonner  ma  vie.'Il  faut  donc  que  ceci  foit  accompli  en  moy,  afin  que  l'ordonnâcc  fc-  '  Rom-ï  »? 
crête  de  Dieu  foit  manifeftee. Partant  ie  prie  toutes  gens  pour  l'amour  &:  dilection  de 
Dieu,queperfonneneface  aucune  mutinerïe&:  (édition  quand  ieferay  liuré&  conduit 
àlamort:afinqu'il nefcmblcpointqu'on  vueillerefifter à  l'ordonanceSc"  à  Iak  volonté  (  Rom.5.,5 
de  Dieu. Car  ic  fuis  certain  &:  bien  afleuré,  que  rien  ne  pourra  empefeher  cefte  ordon- 
nance de  Dieu,  ne  fageife,  ne  prudence,  ni  aide  aucune  des  hommes.Et  quant  à  ce  qui 
mctouche,iefuis  prompt  ôcdifpos, par  la  grâce  de  Chrift,  d'obéir  à  lla  volonté  de  mon  /M,tth.$.r. 
Pere  celefte,comme  aufsi  iefuis  apprins:1"  eftat  certain  que  Dieu  ne  m'a  pas  feulement  mtUi'^a9 
appelé  pou  r  croire  en  Ion  Fils,  mais  aufsi  pour  fouffirir  pour  luy.  Par-ainfi,  mon  cher  fre- 
re,priezle  Seigneur  noftie  Dieu  pour  moy  auectous  mes  frères  &  fœurs  au  Seigneur,  a- 
nn  que  ie  puiilê  offrir  &  prefenter  mon  facrificc  en  toute  confiance  &;  hardiefl'e ,°  pour  »  i.co.mo.ji 
magnifier  5c  exalter  le  nom  de  Dieu,&:  édifier  vn  chacun,  le  prieray  aufsi  humblement 
mon  Pere  celeftc,qiul  fortifie  5c  garde  fes  brebis,lesconduifant°  en  entrant &fortant,  .iMn  .o.9 
r&enuoyant  de  bons  &:  fidèles  pafteurs,à  ce  que  le  troupeau  de  Chrift  ne  (bit  pointef-  />Ma£.o.»i 
pars  5c  difperfé  pour  eftre  perdu. Or  il  me  faut  maintenant  délai/Ter  mes  brebis,&  m'en 
aller  au  Pere,4  auprès  duquel  vne  autre  place  m'cft  préparée.  $iean/4.» 
T§  E  foir  du  Mardi  fufdit,enuiron  cinq  ou  ftx  heuresfin  compagnon  au  Minislere  luy  enuoya  enco-  s™  compa- 
\revne  eptjhe  ,pour  l,admonnejler&  confokr:  laquelle  nous  auons  traduitlc  de  Latin  en  langue  f^"*"1^* 
■vulvatrc.  uore  en«"-« 

o  celt»  epiftre. 

CHe  r  frère  &  bien  aimé,atten  du  q  l'heure  de  noftrc  feparation  cft  prochaine,  5c 
que  maintenât  vous  cftes  appelé  rparvoftre  Capitaine  5c  condudteur,au  dernier  r  Hebrjl,ï 
combat,  ievousay  bien  voulumonftrer  le  loin  6c  l'amour  que  ie  vous  porte,  par  cefte 
lettre  pour  la  dernière  fois. Il  vous  faut  maintenant  batailler  vn  combat  fortdifficile ,  5c 
vaincre  vn  grandennemi.  Maispenfczauiii  queOefalaireferafortgrand,  5c  la  vi&oire  /  Mat.f..,, 
glorieufccV:  honorable.il  cft  bien  vray  que  la  mort  de  foy  apporte  auec  elle  grande  an-  ,  Cor  ?  z* 
xierc,efpouuantcment&:  doulcur,raais  tout  cela  pafit:  bien  viftc,'&:  eft  conuerti  en  lief  ,  iean  i<?.io, 
fe&gloire/Lamortacfté  vaincue 5c  engloutie  parChrift,&:lbn  aiguillôaeftébrifé  5c  ^oESJLi, 
cafte,  de  forte  que  maintenant  elle  ne  vous  peut  plus  apporter  queprofit.  Youslavain-  JJjJJ"!* 
crez  auffi  en  Cnrift,&  par  Chrift,&  icelle  vous  fera  vne'cntrec  5c  commencement  de  la  hJC.ÎI^ 
vraye  vie  en  Iefus  Chrift  .Soyez  donc  vaillant  5c  difpos,encorc  que  la  mort  vous  poigne  * Iean  r*4 
5c  tourmente  en  la  chair.Car  combien  que  les  fidèles  foyent  certains  5c  afïcurez  de  Ma  ^Rom.8.3î 
vi&oirc  en  Chrift,& combien  que  leur  cfprit  foit  'prompt  à  deftoger  par  la  mort,ils  fen-  fc  Miv.z6.6i 
tent  ncantmoins  de  bien  grans  tourmens,triftefles,anxietez,&:  fremiiïêmésdela  mort 
cnlcurchainmaisilsneluy  laifïcnt  pas auoirledeftus,ains  bataillent  vaillamment  à  1- 
cncontrcaucçtouteconftance&ferueur.  En  ceci  confifte  l'efpreuue  5c  examen  des 
croyans.en  ceci  eft  leur  vi&oireren  ceci  eft  leur  couronne.  Vn  dofte  &:  fauant  perfonna- 
ge  a  eferit  de  ceci  bien  &:  chrcftiennemét,lequel  nous  voulôs  bien  alléguer  pour  voftre 
confolatiô.  Nous  fommes  bien  ingrats(dit-il)fi  nous  ne  receuons  volontiers  5c  ioyeu- 


Liurd  VIL  Chrifiophe  S  mit, à  Amers. 

femcntl'affli&io&calamitédelamaindu  Seigncur.Combicn  qDieu  ne  requicrr  point 
de  nous  vne  telle  lieiTc,laquellcofte  toute  amertumede  douleur  :autremét  la  patienc  e 
des  fain&s  ibroit  nulle  en  la  croix,  fi  non  qu'ils  fuflent  tourmentez  de  douleurs,&  quils 
fentifléntdes  angoiiîés,  quand  on  leur  fait  quelque  fafcherie.Scmblahlemcnt  fi  la  po- 
urete'  nelcur  cftoit  dure  &:  afpre,s'ilsn'cnduroyent  quelque  tourment  de  maladie,  li 
l'ignominie  ne  les  poignoir,fi  la  mort  ne  leur  eftoit  en  horreur,  quelle  force  ou  mode- 
ration  feroir-cede  mefprifér toutes chofes.?Mais comme ainiifoit  qu'vne  chacune  d'i- 
cclles  ait  vne  amertume  conioint'te,dclâqucllc  elle  poin'd  les  coeurs  de  nous  tous  natu- 
rcHement,en  cela  fedemonllre  la  foi  ce  d'vn  homme  fidèle,  fieftant  tente  du  fentiméc 
d'vné telle aigreur,combien  qu'il  trauaillegriefuement,toutesfois en  refiftant  il  furmô 
te  &  vient  au  defîus:en  cela  il  dedaire  là  patience,  fi  eftant  picqué  parce  mcfmefenti- 
ment ,il  eft  toutesfois  arre  ftc  par  la  crainte  de  Dieu,  comme  par  vne  bride,  à  ce  qu'il  ne 
fcdelborde  point  en  quclquedefpitouautrc excez.cn  cela  apparoift  fa  ioye&ilielfch  e- 
ftant  naurc  de  triftefle  &  douleur,ilacquiefce  neantmoins  en  la  confblation  fpirituelic 
de  Dieu.Ce combat  que  fouftiennent  les  fidèles  contre  le  fentimét  naturel  de  douleur, 
*:.Cor.4.«,9  en  fuyuant  patience  &  modéra tion ,eft  ti cfbien  deferir  par  S.Paul  en  cespaiolc»:  'Nous 
fommes  prenez  en  toute  forte,mais  non  point  opprcflez:nous  endurons  poureté,  mais 
nous  ne  fommes  point  deltituez:  nous  endurons  perfecution,  mais  nous  ne  fommes 
point  abandonnez:  nous  fommes  comme  abbatus,  mais  nous  ne  pétillons  point.  Vous 
voyez  ici  que  porter  patiemmet  la  croix,  n'eft  pas  cftredu  tout  ftupide>&:  ne  fentir  dou- 
leur aucune  ,  comme  les  philotbphes  Stoiques  ont  follement  deferit  le  temps  paile  va 
hom memagnanime,airauoir  qu'avant  dcfpouilléfon  humanité,il  ne fuft  non  plus  tou- 
ché d'aduerfité  que  de  profpci  ite,ni  non  plus  des  chofes  trilles  que  des  ioyeufes:ou  pluf. 
toft  qu'il  fuft  fans  fentiment  comme  vne  pierre. Et  qu'ont-ils  profité  auec  cefte  fi  haute 
fagcile?ç'eft  qu'ils  ont  dépe  int  vn  fimulachredepatience>lcqueln'aiamais  eftétrouué 
entre  les  hom  mes,&:  n'y  peut  aucunement  eftre. En  voulantauoir  vne  patiéce  trop  ex- 
quife,ilsontoftcrvfage  d'icellc  entre  les  hommes. 

I  l  yen  a  aufsi  maintenant  entre  les  Chrcftiensdefemblables  ,  lefquebpcnfcntquç 
ce  foit  vice,non  feulement  de  gémir  ÔC  pleurer,  mais  aufsi  de  lecontrifter  &:  eftre  en  fo- 
licitudç.Ce^ppinionsfaûua^ésproceJcntquafidegensoififs  ,lefquelss'cxerçans  pluf- 
toft  à  fpecirler  qu'à  mettra  la  main  à Tœuure ,  ne  peuucnt  engendrer  autre  chofe 
que  telles  fantafics.  De  noftre  part  nous  n'avions  que  faire  de  cefte  fidure&i  rigouicufe 
Philofôpliie,}aqucllenoftrt*  Seigneur Iefus  a  condamnée  ,  non  feulement  de  paroles, 
y  Luc  9.41,  mais  auifiparfbrtexemplë.^carilagemi  &  pleuré  tant  pourià  propre  douleur  y  qu'en 
îfenrflo   ayant  pitié  des  autres:^  n  a  pas-autrement  apprins  à  fes  difciples  de  faire .  c.Gcj monde, 
*Matth.$.4  dît-il, Vefioùyra,&:  vous  lierez  en  trifteffe:»!  rira,&  vous  pleurerez."1  Et  afin  qu'on  ne  tour 
naftcëlaàvice.il  prononce  ceux  qui  pleurent  eftre  bien-heureux  .ce  qui  n'e&pointde 
•  Lu«»4.44  merueille.Car  fionrcprouue  toutes  iarmes,quciugerons-nous  du  Seigneur  Iefus/du 
corps?  duquel:  font  difti  liées  gouttes  de  fang?Si  on  taxe  d'incrédulité  txurf  (pouuante- 
/Mat.i<î .58,  merit^ti'e^imerons-riôus  de  :  1  horreur  dont  il  fut  fi  merucilleufcmenteftonnér  û  top- 
lunn.tj*'  tetrifteftenousdefplaift,  comment  approuuejps-nous  ce  qu'il  confcfîe  fon  amc  eftre 
trifte  rùfqu  k  la  mort?i'ay  bien  voulu  dire  ces  chofcs,pour  retirer  tous  bonseceurs  de  def- 
'      efpqir^aEnrtqu'ils  ne  renoncent  point  à  l'eftudede  patiencercombien  qu'ils  nefoyent  du 
tb ut  délivrez  de  doulc.ur,qui  eft  vne  aiîedion  naturelle. Or  il  côinent  que  çeux,qui  font 
de  patience  ftupidité,8£d'vn  homme  fort  &  confiant  vn  tronede  bois,.pcrdentcoura- 
i  iacqo.j.n  ge&  (e  ddefpcrent  quand  ils  fe  voudront  addonner  à  patience.1''  L'El'criture  aucon- 
traire  lotfèïcs'faintts  de  patiencc,quand  ils  font  tellement  affligez  de  la  dureté  de  leurs 
mauxjqu'iîs  n'en  fontp.as rompus  pour  derfaillir:  quand  ils  font  tellement  poinds  .d  a- 
rnert'oinc,qu,ils  ont  auec  vue  ioye  fpirituelle:quand  ils  font  telle  ment  prenez,  4'angoif- 
ie,qtHî^he.lâifrent  point  de  rcfpircr,  fe  refiouyiîàns  en  laconfolationdeX^cu.Çepen- 
•  .••   dantcefteiepugnancefede.meneçnleurscqeurs:c'eftquc  lefensde  naçure-fuic &aen 
horreur  tout  ce  qui  luy  eft  œntraire:d'autrepa«l'a(Teclip^c  pieté  les  tifeen  fplpei^àn- 
cedelàvoi6tédeDieu,par  le  milieu  deces.4j$cult€z:Jaquellerepugnacc  Iefus  Qiilft 
iieaniMi   exprimé  fâthnt  ainfi  à  S.Picrre:hQuan4  tu  eftoisieune  tu  te  ceignojs  à  tan  plaifir  ,  & 
chemihpls  où  bon  te  fembloit:quand  tu  feras  vieil  vn  autre  teçeindra,  &,te  mènera  où 
tu  ne  voudraspoint.il  n'eft  pas  certes  vray-femblablçciue S.Pierre  ayanU  glorifr^r^çû 
par  la  mdrr,*tt  efté  tiré  àce  fake  par  contçaintf  &  maugré  qu'il  en  eull  j  au^pneoc  ion 

»  martyre 


Chriflophe  S  mit  3  a  A  nuers  »  6  J2 

martyre  n'auroit  pas  grande  louange. Ncantm  oins  com  bien  qu'il  obtempérait  à  l'ordo- 
nancedeDieu  d'vn  courage  franc  &c  alaigre,pource  qu'il  n  auoit  point  dcfpouilléfon 
humanité, U  eftoit  diflrait  en  double  volonté:  car  quand  il  concemploit  la  mort  cruelle 
qu'il  dcuoit  fournir ,  citant  c'tonnc  de  l'horreur  d'icclle ,  il  en  cuit  volontiers  efchappé. 
D  autrcpart,quand  il  confideroit  qu'il  y  cftoit  appelé  parle  commandement  de  Dieu, 
il  s  y  prclcntoit  volontiers  &:  mcfmcioyeufement,  mettant  toute  crainte  fous  le  pied. 
'Pourtant  ii  nous  voulons  eftre  difciplcs  de  Clinfl,  il  nous  faut  mettre  peine  que  nos  jJJjKlji 
cœurs  lovent  remplis  d'vne  telle  reuer  jnce  &:  obciilance  de  Dieu,  laquelle  puilledon-  2* 
ter  &  fubiugucr  toutes  afFc&ions  contraires  à  l'on  plaifir. Delà  il  aduiendra  qu'en  quel 
que  tribulation  que  nous  pourrons  eftre,&:  en  la  plus  grande  deftrene  de  cœur  qu'il  fc- 
roit  poisible  d'auoir,nous  n  e  laiderons  pas  de  retenir  conftammet  patience.  Car  les  ad- 
ucr lirez  auront  bien  toujours  leur  aigreur,laqucllc  nous  mordrarà  caufe  dequoy  cftans 
affligez  de  maladie, nous  gémirons^:  nous  plaindrons ,  de  délirerons  fanté:eftans  prêt- 
iez d'indigence, nousfentirons  quelques  aiguillôs  de  perplexité  &  follicitude:  pareille- 
ment rignominie,conténerncnt,&;  toutes  autres  iniu  res  nous  naureront  le  cœur  :qnad 
ily  auraquclcundenosparens  morts, nous  rchdronsà  nature  les  larmes  qui  luy  font 
deués.  mais  nous  rcuiendrons  toujours  à  celle  conclufion,  c'eltaiTauoir ,  "  Dieul'a  iïohlt 
voulu, fuyuons  donc  fa  volonté. Nous  vous  eicviuons  ces  choies ,  cherfrere,pour  voftre 
confolation,à  fin  que  par  ceci  vous  foyczvn  peu  recréé  &vifité  en  voftre  combat  pre- 
fent.Noftrc  principal  delircft  (commeaufnnous  lommes  certains  que  vous  faites  )  que 
vous  bcuuicz  volontairement  &c  aucc  toute  licile  d'efprit  ce  prefent  calice,  encore  qu'il 
foitbien  duràlachair,vousamfolantparcecientouttcmps,  quec'cft  la'  volonté  de  c  Uat'1°-i9 
Dieu,&:  aufsi  voftre  falut. Vous  cftes  maintenant  au  ti  auail  &:  au  plus  grand  combat,  !*;"l 
mais  vous  ferez  bien  toft  merc,&  receu  rez  v  n  loyer  Se  falairc  immortel. f  Vous  fauez  bié  «  *.t««.i.s 
aufsi  que  nuln'eft  couronné  s'il  ne  bataille  deuement,  &c  que  cefte  robbeterreftre  ne  fe 
peut  dcfpouiller  lans  douleur  &  peine. Nous  (bmmes  tous  fubictsà  Ja  mort,grans&:  pe- 
tis, vieux  &:ieunes:  voire  nous  fommes  tous  nés  pour  mourir  :&:  combien  que  la  mort 
foithorriblc&cfpouuantahlequandonypenié,cllene  peut  cependant  eftte  fi  amere 
quand  on  l'endurc,&:ne  peut  aufsi  durer  long  téps: f  voire  mefmeelleeft  meilleure  que  f  Éccier.?* 
le iourde la  natiuité,carclle  met  fin  à  toutes  les  miiéresde  cefte  vie*Pourtant,cherfre 
re,p reparez  voftre  cœur  pour  fournir  volontiers  la  mort  pour  le  nom  de  Chrift,afin  que 
par  ce  moyen  la  gloire  de  Dieufoitaugmetec,&:  (a  fainéte  vérité  fouftenue&:  défendue. 
Delpouillez-vous  entièrement  des  iblicitudcs  de  cefte  vie ,  quelles  qu'elles  fbyent,afin 
que  la  confiance  de  voftre  cœur  ncfoit  en  rien  empefehee.*  Ne  foyez  aucunement  em-  *Lu<  11  ^ 
pefché  par  créature  quclconque,foitfemmc,freres,fœurs,parens  ou  amis,  ou  par  aucu- 
nes autres  folicitudes  de  cefte  vie.hEftimez  toutes  chofes  pour  dom  mage  &  pour  néant  *  Wia.j^j 
pour  Chrift,'  auquel  tout  ce  que  nous  auons  appartient.  Non  s  (bmmes  à  luy  en  corps  &:  •       >4  »> 
cname.Et  quant  à  voftre  femmc,nous  luy  afsifterons,&  en  prendrons  foin  en  toute  fi-  '  ur'3  "J 
délité,  comme  bien  fouuent  nous  vousauons  promis,  &  derechef  vous  promettons: 
foyez  donc  à  repos. Ici  ie  pren  congé,frere  au  Seigneur, pour  la  dernicrerbis ,  vous  recô- 
mandant  au  Dieu  du  ciel&  delà  terre, qu'il  vous  fortifie  en  toute  confiance &:  hardief- 
fc  par  l'on  Efpnt.  Amen. Nous  prierons  le  Seigneur  ardemmenr  pour  vous,  à  fin  que  vo- 
ftre combat  foit  bien  toft  fini  èc  accompli  en  toute  confiance  &:  magnanimité. 

Q_V  E  L  3  ont  cfté  les  exercices  Ac  M.Chriftophc  fur  la  fui  de  fa  prifon. 

O  m  m  e  il  s'eftoit  porté  au  difher,  il  ie  porta  de  mefme  façon  au  foir  au  foupper, 
P|rp iniques  enuircn la  minuid,lânscclfci  d  admôncfter&r exhorter amiablement&£ 
en  toute  faincte  hardiêflè  ceux  quieftoyent  là  preféns  à  la  table. Il  auoit  bien  auparauat 
cftchardi,&  rempli  de  toute  conlblation&do&rine,  &:  de  fentenecs  de  FEfcriture  di- 
uine,mais  il  fît  cela  plus  abondamment  &:  amiablement  en  fon  dernier  fouppcr,&  auec 
telle  grace,quc  ceux  qui  eftoyent  afsis  à  table  auec luy,a  bon  droit  s'en  cfmerueilloyent. 
11  parla  beaucoup  en  grand' douceur  de  la  confiance  &hardicffe  qu'on  doit  auoirpour 
maintenir  la  venté  /d'abandonner  le  monde  auec  fes  plailirs,\le  porter  la  cro:x  &c  Hu"u]70 
les  toufTrances  pour  iullice,  &  fpecialement  de  la  ioyedclavicà  venir.  11  traita  de 
ces  choies  abondamment  &  en  toute  edification.il  allégua  auffi  beaucoup  de  fentenecs 
conlolatoires  de  l'Eu angi le  félon  S.Ican,iefquelles  le  Seigneur  Icfus  Chrift  a  proférées 
cnuiron  la  fin  de  fa  vie.  Il  auoit  fouuent  en  fa  bouchcles  paroles  de  S.  Eitiennc:  m  le  voy 


m  Aas.s 


Liure  VIL  Chrifiophe  S  mit,  a  Anuers. 

les  cieuxouuerts,&:Chrilclc  Fils  de  Dieu  viuant  afsis  à  ladextre  de  fon  Pcrc,pour  mere- 
* phi,,,  îJ    ccuoir  en  Ton  Royaume  eccrnel.Icem  ces  paroles  de  S.Paul  ledefîrc  d'eltre  defpouillc 

de  ce  corps,  &:  eftre  auccChrift.  car  tout  mon  defir  eft  en  Dieu  mon  Perc,apres  lequel 
b  pfcau  4»i  mon  ame  délire  &:languic,i.comme  le  cerf  de/ire  la  fontaine.  Pourtant  ce  peu  de  temps 
c  ï.Cor.y.<  quciay  encore  à  viuiccn  celle  chair  me  fcmble  bien  long,attcndu  que  îc  fuisabfentdc 
aiTran  uo   mon  ^cre-^-'ar  ou  crouuera-on  vn  enfant  aimant  bié  fonPcrc,qui  n'aille  volôtiers  à  Iuy, 

pour  demeurer  aucc  luy; 1  hclas,hclas,combicn  (èra  ici  prolongée  ma  demeure.- quand 
.  pkju.s^.h  iray-ic  en  la  maifon  de  mon  Pere,een  laquelle  vn  iour  vaut  mieux  qu'ici  mille  an  s? 

IL  difoit  ces  (ho  fis  auec  vnc  telle  alaigrefje^ioye  &  liejfc  de  c  œur.que  personne  nefepouuoit  raffaftet 
de  regarda  ft  facettant  on  efoit efmerueiUc '.    Finalement  de  grande  peine  &  Labeur  qui/ auoit  eu 
toute  U  mmiee^  qu 7/  auoit encore  d'admonnefler  exhorterait fueur  luy  fortoit  hors  du  corps:  fiait  e 
iuy  la J  entant  ^dit^efl-cy  la  fueur  de  la  morf.lt  fin  fera  bien  toft.  ic  defire  maintenant  de  dormir  vn  peu  dt 
temps,&* prendre  monrepos.  Mtisauant  que  de  jerepofer,il  alla  tonfolcrvn  certain  prisonnier  lequel 
vn  '  C°nlonC  ¥0ur  CtrLuncs        t'f^0lt  tombé  en  dcjefpotr^  &  lequel  t  hrtflophc  auoit  fort  defiré  quilfuj}  menéaup)  et 
nicrdcfclpc  de  luyjorsqti' il  efloit  à  table.  Par-ainfi  il  parla  quelque  temps  auec  luy jort  aimablement ,  leconfoiint  par 
™-  la  parole  de  Dieu.^4pres  cela  ils  en  alla  repofer. 

N  ceftenuicl:  qu'il  deuoit  le  lendemain  efti  eiacnfié ,  beaucoup  degens  s'aflem- 
blerenten  grandccÔpagniedeuantlapiilbn,qui  furent  làtoutelanuicl:,penians 
(commeon  fait  des  autres  communément  qui  font  deiettres)  qu'il  ferait  noyé,ou  que 
châteiïclu  Pour  *e  moms,à  caufe  de  lacrainre  du  peuple, il  leroit  bru/le  en  la  minuicr.  fur  le  marche, 
mes  toute  commclc  bruit  en  couvoit  partoute  la  viile:&:  ellant  dciiat  la  prifon  chantèrent  Pfcau- 
Unuittde-  mcs  £r  cIianibns  fpirituelles,3c  palTercnt  la  nuict  en  celte  forte. 

liant  h  pn-  /•       l  a.  -    i  -i  •  i  , 

fOI)l  L  e  matin  enuiron  lept  heures  auantquiltult  mciu  a  la  mort,  il  print  aimablement 

iipicndcô-  congéduGeolicr,deiàfem:nc,&:iemblableinentdcrous  les  prilonniers  qui  eftoyent 
Kr.dci/0  là  prefens  au  deliuner3les  admonneftant  foigneufement  à  repentance  &  amendement 
femiw>&  de  vic,à  renoncer  à  cux-mefmes,&:  mortifier  les  ccuures  charnelles ,  pour  s'addonner  à 
toutes  bonnes  œuuresxe  qu'il  leur  dit  pour  fonTeftamcnt&:  dernier  enfeignemcnc,de 
forte  qu  il  toucha  de  telle  façon  tous  ceux  qui  eftoyent  prcfcns,par  paroles  amiables  ôc 
enflambees  de  zele,  que  les  larmes  decouloyent  des  yeux  de  tous. 

L  E  Markgrauc  \  i  Elcoutct  aucc  leurs  halkbar  Jicrs  5c  fergeans  viennent  prendre  le  patient  pour  le  mener  à  la  mort. 

n  n,d'0£tobre, le  Marquis  ScTEfcoutet  auec  tous  leurs  hallebardiers  &fer- 
^jgeans  fe  mirent  en  equippage,  cftans  montez  fur  leurs  cheuaux ,  &c  s'en  vindieni 
droid  à  la  prilon  pour  mener  le  patient  au  fupphce.Lors  le  bourreau  vint  à  luy,  6c  fe  ier- 
tant  à  deux  genoux  luy  demanda  pardon, lelon  lacouftumcdu  pays .  Le  patient  luy  ref 
pondit amiablement&:  doucemcnt,difant, qu'il  luy  pardonnoit  volontiers  fa  mort. 
Cela  fait  le  patientfe  defpouilla  volontairement  lufquesà  fa  chemife,  ncrefer- 
(cCdet>omi-  uant       <îue  *on  bonnette lès  chauffes ,  lefqucllcslc  bourreau  luy  vouloitaufsi  oftet: 
le  foy-mcf  mais  le  patient  le  pria  qu'il  les  luy  permift  auoir  pour  l'honneftete'  dénature,  iufqu'au 
mc-         lieu  qu'il  deuoit  eftre  iacrifiérec  q  le  bourreau  luy  accorda.  Puis  après  qu'il  euftvcftu  fa 
Onluymct  robbe  de  nuitt,  le  bourreau  luy  mit  les  fers  aux  mains,  6l  fut  ainli  mené  '  comme  vna- 
m.i  i    "    gneau  innocent  au  milieu  desloups.  Les  lergeans  qui  elloycnt  là  mirent  foudain  les 
f  MJt.io.ii  jjjjjjps  fur  iUy     fuyans  le  pouffoyent  &:  traifnoyent  corne  vnc  pourebcfte.Us  vfoyét  de 
force  &  de  violece  entiers  le  pcuple.en  le  frappât  &poufTant,fous  ombre  de  vouloir  fai- 
re ouuerture  pour  paffer.Ils  fe  portèrent  entiers  le  patient  fi  rudemcnt,quc  hnalemét  il 
fui  contraint  de  leur  duc, Et  comment  vous  portez-vous  ainiï  enuets moyfie  marche 
comme  vn  agneau ,  de  vous-vous  portez  entiers  moy  commeenuei  s  vnc  belle. Et  corn- 
il  admôoe-  bien  qu'ils  couruffent  ainli  viftemcnt  pour  le defpefchersil  ne  laifla  pasneantmoinsde 
ftclepcuple  parlerait  peuple  le  mieux  qu'il  pcuft,iaçoit  qu'il  luy  fuit  bien  difficile  &:  fàfcheux:cat  il 
nepouuoit  que  bien  peu  eftre  entendu,  pour  le  grand  bruit  des  fergeans  &:  du  peuple. 
Or  luy  voyant  le  peuplefort  elmeu,& craignant  qu'il  n'aduinft  aucune  l'édition, dit,Fre- 
res  bien-aimez^  que  perfmnc  ne  sauance  pour  me  delturer:  LuJfcZ^  le  Seigneur  acheuer [on  œiturc  en 
moy .    Que  perfonne  ne  tafche  de  vouloir  empefeher  ce  que  Dieu  a  ordonné  de  moy  en  fun  con- 
s  GiUt.Mf,  jlil  étemel.  "Carie fus  ordonné  dés  le  ventre  de  ma  mere,  pour  eflrcvne  brebis  Soccifion  :  '  &*  regarde*^ 
1  ,  Ml-44  *i  yQia  phCureq$teiedoy  ejftre offert, OutnplMiefmsbiencertMnenmoname^quaccfleheHrececalM  ne 
paffera  point  de  moy  :  ainsd  fautqucieleboiue,commeilmcflvcrfc  du  Père.  Parque,)  levons  prie,  que 

vous 


de  tous  les 
prjloiintc 


Chriftophé  Smit;à  Ànuers.  tffj 

yousnerefifticZjk  Dieu  enfin  ordonnan<TypourmerauircefiefeLcitéta»theurcufe.EiietZ2J\tCon  re- 
gard fur  aucûs  desfreres,dit,  Perjeuere\conflammen:enla  doàlrwe  laquelle  y  ottt auezjreceuê par 
mon  mini ftere.  Car  tctlleesl  Lyrayegr feule  -vérité de  Dieu ,  le fondement  de tous  les  Prophètes      t  Cor 
.Apoflres  ,  fur  lequel  tay  édifié.  Icelleeftla  pure  parolîe  de  Dieu,  pour  iacjuelle,^  non  pour  autre ,  te  de-  fcphef.i.ij. 
pre  maintenant  abandonner  m  a  ne  &  ejpandremon  fàn<r,commeivfquà  prefenr*par  la  grâce  de  C'hnjl, 
ietay  maintentte  &*  défendue  contre  toutes  les  doclrmts  des  hommes.  Iç  demeure  donc  en  icelle,  &gra- 
cesà  Dieu,  icrimfuupoint  retiré  ou  deftournéenjaçon  que  ce  fin.  ilfautque  te  yotvs  lujfe  maintenant 
pour  m'en  aller  au  Pere.yoiçy  la  yoye  (juimeinck  U  yte  éternelle.  Trauaillez^  donc  aiitft, mes  chers frètes,  Mat,h-7-  n 
afin  que  par  beaucoup  de  croix  &  foujfranccs ,  comme  ei'ians  ejprouuexparlefeu,  you-s  ptujiie^  entrer  tPi^uj, 
au  Royaume  de  Dieu. 

Plvsiïvrs  des  freresouiret  ces  parollcs  &. autres  fcmblabJes,  &:  s'appiochoyent 
de  tous  coltezluy  difans ,  Bataillez  vaillamment  cher  frère,  car  voici  l'heure.  Le 
Marquis  voyant  celacrioit  &:tempeftoit  contre  Ces fatellitcs,Fiappez,tucz:tellcmcnc 
qucluy&l'Éfcoutettenans  leurs  Piflolets,faifbyent  iemblant  de  tirer. 

Qv  and  le  patient  futarriuc  au  marché  où  il  deuoiteftrebrufîe',vn  des  hallebardiers  JçJJJJJ 
luyofta  le  bonnet  delfus  la  telle,  &  la  robe  de  fon  corps.  Lors  Chnllophc  mettant  les  phe. 
genoux  en  terre  deuat  l'attache  voulut  fairefa  prière  à  Dieu, mais  il  neluy  fut  point  per-  £,jrc^°|!he 
mis:car  les  fergens  Se  les  hallcbardicrs  le  firent  leucr  fur  les  pieds ,  &  le  pou  fièrent  rude-  ^<L"^Ôufc 
ment  dedans  les  ragots,  où  le  Bourreau  factachaauec  chaînes  defer,luy  mettant  lacor-  pr,erDl*u- 
deau  col,  afin  qu'il  ne  priaft  poinr,&  qu'il  ne  parlait  au  peuple.  Attaché  qu'il  fut ,  plu- 
fieurs  delà  trouppecommencerent  à  chanter  quelques  Pfeaumes,dont  les  Satellites  ir- 
ritez, commâdercnt  qu'on  feteuft,  menaçans  &  frappans  au  trauers  de  la  trouppe  fans 
auoirefgardàperfonne.  De  ceci  vintvnefi  foudaineemotiô&: troublcentre  lecômun  Bfmente* 
peuple,  que  plufieurs  commencèrent  àieçterpierrcscontrc  le  Bourrcau,&  fergens,que  [^'ij[°t:t 
mcfme  le  Marquis  &  l'Efcoutet  n'en  furent  exempts.  L'Efcoutct  auec  fa  piflole  mena- 
çoit  de  tirer  contreles  Bourgeois,  mais  le  Markgraueluy  dit,  Ne  tirez  point:  car  fi  vous 
tirez  nousfommes  morts.  Il  fut  fi  efTrayétquede  peur  il  crioir,Et  Bourgeois  affiliez  no9:  i^ld'S- 
àc  haquebuners  aidez-nous  :  mes  chers  Bourgeois  ce  nefommes-nous  pas,qui  le  faifons  ^*^c 
mourir,mais  c'cll  le  mandemét  du  Roy:  voyez  ce  que  vous  faites,  c'cll  la  iuftice  du  Roy. 
Mais  ileft  bien  fi  aimé  de  la  commune.que  ne  les  Bourgeois, ne  les  "  Sermens,nc  gras  ne 
petis,n  ai.ancerent  leur  main  pour  Je  lécourir  n'aider.  L'Efcoutet  courut  au  Bourreau,  *eJ^ 
criant  qu'il  haftaft  bien  totllefeu.  Les  pierres  voloyent  cependant  de  tous  collez,  de  baieiiiVa 
forte  que  les  vns  courans  deçà  &  delà  tomboyent&  trebufehoyent  fur  les  autres  par  tas  Trermen?" 
en  grand  nôbre:ies  autres  ferroyent  leurs  portes,  feneftres,bou tiques  &:caucj»,  en  gran- laviUf- 
de defolation  &c  confufîon ,  fi  que  finakmcnrle  Bourreau  auec  les  fergens  &  hallcbar- 
diers  le  gaignerét  au  pied.  Les  vns  fecachoyent  dedans  les  caucs  de  la  nouuelle  maifon 
de  vi!le:les  autres  couroyét  par  les  ruesrle  Markgraue  &  l'Eicoutet  s'enfuyren  t  en  la  mai 
fondeville:oùils  fe  cachèrent  quelque  efpaoe  de  temps.  Soudain  que  les  fergens  &.hal- 
lebardiers  fe  fu  rent  retirez,  la  lédition  s'appaifa  aucunement,&:  plufieurs  entrèrent  de-  Piuiîaine»- 
dans  l'enclos  de  l'exécution ,  &  tirerét  bas  lesfagots,coupperent  la  corde,&:  lafeherent  PJ^'1' 
lcschaines,efperâsdeliurer  le  patient-.mais  ce  fut  en  vain. car  le  Bourreau  luy  auoitcaf-  p^-^1* 
fc  latefte  auec  vn  marteau  defer,  &luyauoit  donné  vncoupdcdague  par  derrière  au 
dos,qui  fut  veu  par  ceux  qui  clloyétaux  feneftres  des  maifons  prochaines  dudit  enclos. 
Quand  le  peuple  vciî  qu'il  n'y  auoitpoint  deremedc,on  cclfade  plustirer  les  fagots, 
ioinci  que  plufieurs  crioyent,  Que  faite?-vous?bonnes  gens,quefaices-vous?vousfaices 
àl'homme  double  tourmét.  Ce  qu'on  trouuavcritable:carlcpatiétmisiurlcschaincs,  ^"J™, 
i'vncdesiambespanchantedansle  feu,  &  l'autre  dehors,  fut  long  temps  en  vn  terrible  «efaçonhoc 
xnartyre,à  caufe  du  petit  feu, lequel  brufloit  plus  de  la  graille  du  patient  que  du  bois  qui  "  e* 
yeftoit.  Onlevoyoitbonneefpacedetcmpshauuant  les  mains,iufquesà  cequefina- 
lement  il  tomba  en  terre  &  rendit  heureufement  (on  efprit  au  Se:gneur. 

Son  corps  fut  long  tem  ps  dedans  le  feu,  de  forte  que  plufieurs  penfoyer  qu'il  detioic 
cftre  réduit  en  cendres ,  mais  le  feu  fut  elleint&  le  corps  demeura  en  vn  hideux  fpe&a- 
cle,de  telle  façon  qu'outre  ce  que  la  telle  eftoit  enfondree,&  laccruclle  efpandue,tou* 
te  la  chair ,  les  cheueux ,  les  yeux,  le  nez ,  les  oreilles ,  &  les  leures  demy  bruflez ,  difFor* 
moyét  le  pourc  corps.Quant  aux  bras  &  mains  qui  eftoyét  enferrez,on  n'y  pouuoit  rien 
Toir  que  les  os  tous  defnuez  de  chair.  Lcsiambcs&les  genoux  cftoyentfipiteulcraenc 
tendus,^  Jcs  nerfs  recirez,  quec'eftoie  vnc  chofe  cffrayableà  voir  :  le  dos  &  le  ventre 

SSL  i, 


Iljappdl-t 
Scrmem  rtuX 
har- 
bute,  ar- 


L/Wo  VIT.  lim  Cad 

tellement  gros  &:  enflé  qu'on  ne  le  pouuoit  regarder  fans  grande  compaflGon.  Il  de- 
Le  corpi  meura  en  ce  fpc&acle  enuiron  huit  heurcs,fans  eftrc  ofté:  les  vns  le  plaignoyent  auec  rc- 
raort  diC>'    £rets&larmes,les  autress'en  mocquoyét comme d'vncchofehidcufe  ôc  monftrueufc. 

meure  la  en  o  .  •  i  •  •««>•  - 

fpeftacleau  Fin  a  l  s  m  e  n  t  entre  trois&:  quatre  heures  après  midi,  le  Markgraue&rEfcoutet 
monde.  accompagnez  de  hallebardicrs&:  defergens,reuenâs  à  la  place,firét  ierter  le  corps  more 
fus  vntombereau,pour  le  traîner  augibet,felon  qu'ils  ontdecouftumc  défaire:  mais  il 
en  aduint  tout  autrement.  Car  le  Markgraue  voyant  qu'vncgrande  multitude  de  peu- 
ple les  fuyuoit,  fît  charier  le  corps  vers  l'eau.pour  le  ietter  dans  la  riuicrcxuidant  par  ce 
moyen  enfeuelir  la  mémoire  d'vn  meurtre  fi  horri ble  &C  exécrable. 

En  ces  entrefaites  on  publia  par  ejlrit  Vn  aduertiffement  a  la  vtUc  d'^fnuersicommc  prophétie  &  pre- 
difiion  de  ce  iptieft  depuis  dduem*tant  a  icellev:lle,quà  plufieurs  autres  du  Pais-bas  comme  il  fera  y  eu 
cy  après. 

a  u  ville  d'     Mal  -heur  fur  toy,  ô  ville  d' Anuers,fi  tu  ne  te  conuertis:car  en  toy  le  fang  des  fain&s 
îiïit "3  34  C^  c^Pan(^u-  Dieu  t'enuoyedes  Prophètes  &  des  Miniftres  pour  t'annoncer  ton  falut,ta 
35.37.       paix,&  ta  iuftice,&:  pour  te  raflembler  en  la  vraye  bergerie,  mais  tu  ne  les  veux  point  rc- 
lcamo.itf.  Ceuoir.Tu  demeures  toufiours  en  vncmefmcobftination,rebelliô&:  dureté.  Tu  noyés 
les  poures  clleus  de  Dieu  à  la  m  inuic  comme  belles,  dedans  les  cuucs  d'eau,  leur  liant  la 
tefte,les  mains  &  les  pieds  enfemblcen  forme  d'vne  boule.Et  où  ïamais  a  efté  veu  fenu 
ifaici.ii.    blable  iuftice?  Tu  es  deuenue  ville  remplie  de  meurtres  &  du  fang  des  fain&s  de  Dieu, 
&  ne  te  peux  encore  ralîaficr  &  faoulcr.  Tu  tafehes  de  dechafler  la  parolle  du  Seigneur, 
&.  de  meurtrir  &  tuer  les  gens  de  bien  .Le  fang  de  Chrift  &:  de  tous  les  Martyrs  qui  ont  c- 
fté  occis  &c  iàcrifïez  depuis  le  commencement  du  monde*eft  trouué  en  toy.  On  ne  voie 
v.Icau  t.16.  en  tQyfinon  qu'orgueil,  pompe,  arrogance  de  vie,concupifcence  de  la  chaire^  conuoi- 
tife  des  yeux,ûefbordement  en  toutes  fortes  de  voluptez.exroriions,violéccs,méreries, 
tromperies,tr  ahifons  &C  reintifes  ont  prins  poifeffion  en  toy.  Finalement  tu  es  deuenue 
i^auQ.  vncc,té  de  toute  fouillcure&  or  dure,  voire  vnecauerne  de  peruers,  voleurs,  larrons.&: 
icrcm.  7.II.  meuf  triers,dc  forte  qu'il  neft  point  libre  aux  Bourgeois  quand  le  foir  eft  venu,d  aller  & 
marcher  fur  les  rues.  LVn  eft  mcurtri,l'autrc  noyé,  bleiTé,nauré,defpouillé  &:  defnué 
de  les  veftemens.  iLcsfemmesauflî  y  font  forcées,  les  filles  violées  &:  deshonnorees: 
Somme,  que  toutefortc  d'iniquité  &  de  mefehans  tours  font  trouucz  en  toy.  Paffant  tu 
Mat  10%    reccuras  vn  Pe^ant  &  horrible  iugcmét  fur  toy,fi  tu  ne  te  conUertis.  Sodome  &:  Gomor- 
rc  feront  plus  doucement  traittees  au  iour  du  iugement,que  toy.Lcs  villes  dcTyr  &  de 
Mat.n.11.   Sidon  s'efleueront  contre  toy  en  iugemcnt,&  te  condamneront,  car  fi  elles  euffent  peu 
Matt.io.itf,  ouirlcs  Prophètes  &  les  Miniftres  qui  t'ont  efté  enuoyez,ô  cité  d'Anuers,  ils  fcfuflénc 
lSïo      P'cÇa  conuertis  de  leurs  pcchez,en  fac  &  en  cendre.  Conuertis-toy  donc  de  tes  vilenies 
Ôc  mefchancetcz,ou  autrement  il  faudra  que  ton  lieu  foie  fait  defert. 


IE  AN    CATEL,  de  Moucheron  en  Flandres. 

CEST  V  Y-CI  ne  voulant  cnfcuclir  le  talent  qu'il  auoit  rcceu  de  Dicu,fc  manifeftant  àluy  par  la  lumière  defon  Euangile, 
nous  cftvnmiroir  pour  ne  nousarreftcràvnecognoiflance  particulière  de  noftrc  falut:maisy  profiter  gçneralement  pour  les 

autres  iufiju'au  dernier  b  jut  de  noftrc  vie. 

OMME  Lille  en  la  Flandre  Wallône  ou  Gallicane  eft  réputée  pour  vn 
petit  Amiersenfaiftenmarchandife(ainfiquilen  eft  ci  deuât  parlé  )aufîï 
elle  l'enfuie  &  féconde  à  pouifuiure&pcrfecuter  ceux  qui  fuyuét  la  pure ^ 
té  de  rEuangileésafîèmblees  fidèles.  Et  ce  n  eft  pas  dauiourdhuy  que  les 
moindres  villes  enfuyuent  Ja  façon  de  viùfc  des  plus  grandes,  fe  propofans 
Les  petites  pour  vn  patron  &  exemple  les  pernicieufes  couftumes  d'icelles,  pour  fc  penfer  confer- 
JSJiSS  ucr,&  agrandir.il  y  auoit  vn  certain  fidèle,  hommede  bien  en  ces  quartiers  tè,nommi 
des.        Iean  Catel,iiTu  de  Moucqueron  en  Flandres  foubz  la  chaftcllcnie de  Couftray,  Jequcl 
s'cftantdutout.dêdié  au  feruiccdeDieu,&nepouuantrinuocquercnlibertéfelonfa 
fain&e  parolle,dehbcra  d'aller  en  Allemaigne,  à  fin  de  vojir  &  apprendre  la'forme  dès 
Eglifesreformées,pourviure  félon  l'inftitution d'icelles. Mais auànt  que  partirai  itiii 
peine  long  temps  poury  attirer  fa  femme  &  la  mener  auecque  luy,luy  remonftrant  le 
bien  qui  prouient  de  la  vraye  cognoiiTance  &  adoration 'd'vn  feul  Dieu,  &  au  contraire 
le  grand  malheur  que  c'eft  de  fuiurc  la  do&rinc  des  Idolâtres,  Or  cftoit-elle  fi  adonnée 

à  la 


Ejltéllfjeitvnt  des  Canjifloires. 


6  S  4. 


à  la^frulTc-f  c  hgion  de  h  Papaur  ,  quecç  laincl  mary  ne  ivv.t  tant  taire  paricsenfcigr<    1    ••••  '<• 
mens,  de  ta  :etircr  de  reft  errear.  îl  pnrtit  doneques  le  ni  en  la  garde  de  Dieu,  clpc  jj-,'^î(;!. 
rantu1  obtenu  la  iouiïïance  du  bien  qiruauoit  rant  defire'.  Avanr  pr>r  artez  longue  cfpa- 
cede  temps  confideic  fvttlitc  qu'il  rcecuoit  en  ces  Eglircs  d  Allemagne,  il  tue  dete- 
chef  cnuie d'clTayer  pai  tous  moyés  d'attirer  en  ce?;  pais-ta  (a  petire famille,  h  t  pourec  lo 
mu:  en  chemin  cfperant  trouucrfafcmmeen  mcrllcurcdifpofirion  de  le  iuyure.  Mais 
qu'api  il  fut  arriue,quelquc$  remontrances  qu'il  uy  feeuft  taire, elle  Jcrr.eura  obfti- 
ncc,à;ncrvoulutoncquesconfthtirau  bonconlci,  defon  marv.  Adumt  que*  c  elte  fem- 
me. trefpatTa  peu  de  temps  apres-.tcllcment  que  Ica  n  Catel  deliuré  de  i  elte  Crohr,rctour 
naaFrancfort,&  y  mena  les  enrans  quant  Sciuy,a  fin  de  les  fan  e  inftnure  en  L  crainte 
du  Seigneur  Cependant  qu'il demcuroit  làauec  lafimillc,  oyant  dire  que  les  Eglifes 
n^clcidupaas-bascc  mnicnçoyenr  àflorir&L  mukiphertout  loyeux  le  propola  d'y  re- 
tourner pour  aider  à  red!flcc,&:  communicqncr  les  dons  que  Dieu  luy  »«o»t  départi. 
Mfri*  quelque  temps  api  es  qu'il  fur  arriucjcflant  appreht  ndc  par  la  Iullicc  de  Lille ,  tC 
cQnftrtuc'pnfonnier,feit  vncconrefîiondcla foy  m  toute  rondeur  &r  inregrité.  Vruy 
clique  par  quelque  inftrmitCiOu  crainte  de  la  nvort,ilfiitefbian!cauCuncmcnr,  le  pre- 
pp&ht  les  tourmers  qu'il  audit  à  fourînr:mals  Dieu  le  redrciïa  par  (on  fain&  FJprit,&  le 
fortifia  de  celle conftanccqii 'il furmonta  tonsles  tourmes  qu'on  luy  propoloir.cV;  périr-  ^'J"^"* 
ltaenlapureconfcfliondel'Euangilc.A'raifdndequoy  il  ftit  condamne" deftre  hruflérc  a«  hes, 
tout  vif.  &  le  Bourreau  luy  augmenta  le  tourment  par  petit  feu:  au  milieu  duquel  ce  P01^'" 
Martyr  ncantmoins  rendit  linguherc  approbation  &  tefmoignage  de  Jcfpcrancc m ^ ^ 
qu'il  auoit  de  la  vie  éternelle.  Il  cftoitaagéenuiron  de  trente  lix  ans,quand  il  f,ut  exe- vertu, 
cuté  en  Uditc  ville  de  Liflc  au  mois  de  Noucmbre^cn  celle  année  m  .  o .  l  xmi. 


Huitième  liure  des  Martyrs, & 

H  I  STOI%6  ECCLESIAST  1  QJUe 
des  derniers  temps. 

TOVC  H^NTles  Confiton*  &  U  Màfhne  E(  défit Jïi<j*e  des  Egbfis  rtfirmccs,& 
comment  elle  à  efiéejtabhe  en  France  &•  «fleurs. 

E  SI  grande diuerfitédenarions&penplesainfî recueillis  au 
Seigneur  par  lapredicatien  de  TEuangile,  comme  il  aefté  veu  l'v»ô  jv 
cydefTusJ'vnioneniaprofcflion  d'vnemelinedoihincg.n  dec  J^J^ 
&inamtenuepartantd'F.glifes reformas, cft  lur  tout  clmcr- 
ucillable&:  notable.  L'Etprit  de  Dieu  y  bcfongnoit  puillam- 
ment  au  milieu  detantd  hornblcs  confinions  de  celicclc,  pat 
vnefainttc  reformatiô&  dileiplincEccle(iaftiqucobferuec&: 
entretenue  elditef  Eghfes.dc  l.iquellc  comme  d'vne  partie  Ipc- 
cialement  pertinéte  à  ce  Recueil  ci  clefiaflique,  il  cft  lu  loin  d'- 
en  toucher  fommaireméccVmontlrctqueceftprcmicrctr.cnt:^  comme  les  fîdelesla 
practrquêt  &:  dcfaic"t&  par  elcritsparcuxmiscn  lumière.  L*  s  Anciens  la  comparai»  Cypr.!?.*.*-. 
éM9ouacMAt<ïvnn*utre,\onç  la  nommans£*r<fcdrk  >y,ont  voulu  fi«n:ficr  non  feulement  ÇjfâVr 
combien  elle  ell  probable,  mais  aufîînecert'airc.  Car  puis  que  I  h^lilcde  IVu  clt  ordi- 
nairement agitée  de  troubles  fi^tempeftes^lfcrotcimpofîiblc  quelle  ne  fut  mcominéc 
abifmec  encôfufion  extrême,  li  clic  n'auoit  la  Di  Iciphnc  pour  eoduite  &  adreife.  Et  de 
ffit«t>q  ui  eft  ee  qui  ne  fçatt  par  combien  de  corruptions  la  dedrinede  l'Euangile  a  elle 


Lime  VIIL  De  la  Police  &t  Difcipline 

falfifiee  iiya  fi  long  temps  depuisque  ladite  difcipline  a  cfté  retirée  de  l'Eglife.  Or  cefte 
difcipline h'eft  autre  chofcfirionvn  reiglement  fpirituel  eftably  par  l'exprès  commade- 
ment  de  Dieu, tendant  à  ce  que  la  parollc  foit  conferuce  en  fon  entier,  &  non  corrôpue 
ou  falfifiee:  que  les  facremens  ne  foyent  poilus  parles  mefchansrque  ceux  qui  ont  la 
charge  d'enfeigner  l'Eglife  &  veiller  fur  icclle,foyét  légitimement  appelez  à  leurs  char- 
ges^ les  exercent  deuëment:queceux  qui  fe  rengent  à  la  prédication  de  l'Euangile,  la 
mettent  en  erled  par  vne  bonne  &  faincïe  vie,  eftans  toujours  con  tenus  en  1  obeiuran- 
Cc  <jui  eft  ce  de  Dieu  &c  du  Magiftrar,&:  en  tout  dcuoir  &  charité  enuers  leurs  prochains.  Le  tout 
ÎSoir«&°  rcucnant  là,que  Dieufoit  glorifié,le  règne  de  Icfus  Chrift  (on  Fils  aduancé,&:  fon  Egli- 
Synodcs.    fe  édifiée  fcrepui'gee  de  cous  fcandales.  Voila  en  fomme  le  but  auquel  tendent  toutes 
leschofesqui  font  faites  &c  traittees  tant  es  Côfiftoires  quesSynodes  Ecclefiaftiques\ 
Or  il  eftaifé  à  iuger  de  la  différence  qui  eft  entre  la  difcipline  de  l'Eglife,  &  l'authorité 
ciuile  du  Magiftrat:a(çauoir  que  ladi&e  difcipline  eft  fpi rituel lc,&:  concerne  feulement 
différence,  le  faitt  des  confciences,n'ayant  autre  glaiue  que  les  remonft  races  tirées  de  la  parollc  de 
méreJi?ïe°  Dieu,&  les corredions  fondées  fur  icelle,  fans  auoir  aucune iurifdiction  nefurle  corps 
au  nuqi-   nefurles  biens.  Mais  la  puifîance  du  Magiftrat  regarde  les  chofes  temporelles,  admini- 
j?raj.^li(li  ftreiufticeàvnchacun^'eftend&furlesbiens&furla  vie,  frappe  les  mefehans  par  le 
cîcfiAft.^"  glaiue matériel  que  Diculuyamis  en  main,&:  généralement  conlerue  le  repos  &:  la 
"~  tranquillité  publique  par  le  lien  des  loix,lefquclles  elle  fait  entretenir  &  obferuer  auec 
main  forte.  L'vne  donc  eft  fpirituelle,  l'autre  ciuileTvne  regarde  feulement  le  faid  de 
laconfcience,l'autrciettefaveuëfurles  chofes  extérieures  qui  concernent  le  bien  &:  le 
repos  de  cefte  vie-.l'vnes'employediredement  pour  retenir  les  hommes  en  J'obeiffan- 
ce  descommandemensde  Dieujl'autrclcs  faitaufli  renger  &:  ployer  fonbs  l'oblcrua- 
tiondes  loix  politiques  8c*  ciuiles;  l'vne  ne  peut  que  perïuader,  l'autre  peut  auflî  con- 
traindre. -Bref,  l'vne  confifte  en  admonitions,aduertiflemés  &  rcprehenfions,&  l'autre 
eiichaftimensSc"  punitions  ou  corporelles  ou  autres,  félon  le  mérite  des  fautes  Se  de- 
lids.Parquoy  ladifciphneEcclefiaftique ne diminueaucuncmét l'authorité  du  Magi- 
t      ftrat,mais  aucontraire eft  miniftre d'icelle,en  difpolànt les  cœurs &  volontez des hom 
difcTptfcrt1  mes  pours'yrcndre  mieux  obciflans.Etfilediredes  anciens  eft  vray,  Qu'il  n'ya  mcil- 
aux  Magi-  leur  fondement  pour  l'authorité  des  Roys  &  Princes,  que l'obeiffance  volontaire  de 
ftr4ts*      leurs  fubieds,  on  doit  beaucoup  eftimer  les  moyens  qui  induifent  lefdids  fubieds  là 
vne  telle  obeiffance.  Et  com  me  icelle  difcipline  iert  au  Magiftrat  pour  ceft  cffed,au  fli 
eft-  il  raifonnablc  qu'elle  foit  maintenue  &:  conferucepar  luy  en  fon  droict  &  légiti- 
me vfage. 

Ce  s  t  e  difcipline  obferuee  efdites  Eglifes  reformees,aeftédrcflee  non  à  l'appétit 
d'vn  hommeoudedeux:  mais  par  lemeur  aduis&iugementd'vne  grande  &c  notable 
aflcrablee  des  Miniftres  en  l'an  x  1 1 1  .du  règne  du  feu  roy  Henry  1 1  .l'an  de  grâce  m.  d  . 
l  i  x.  Lcfquels  Miniftres  n'ayans  autre  but  que  la  gloire  de  Dieu ,  &:  l'édification  de 
fon  Eglile,  fondèrent  ladide  difcipline  fur  la  parollede  Dieu,  fexaminans  félon  icelle 
au  mieux  qu'il  leur  futpoffiblç.  Etpar-apreslayans  prefenteeaux  Eglifes, elle  futre- 
ccuè'&:  approuuce  par  leur  confentement:&yaeftéiufquesà  prefentfoigneufement 
&religieulcment  pratiquée. 

IlyaenchacuncEglife  vn  Confiftoirecompofé  de  Miniftres,  Anciens  &  Diacres, 
qui  tous  enfcmblc  ont  la  charge  de  veiller  fur  l'Eglife:la  conduire  8c"  gouucrner  félon 
la  parolle  de  Dieu ,  &  repurger  de  tous  vices  &:  fcâdalcs:à  fin  qu'on  y  voye  fleurir  toute 
Minâtes,   picté,charitc  &  reuerence  enuers  la  vraye  dodrine.Les  Miniftres  annoncent  la  parolle 
de  Dicu,adminiftrent  les  Sacremens,  8c"  veillent  généralement  fur  l'Eglife.  Les  A'n- 
Ancicns     c'cns  voyent  plus  particulièrement  toutes  les  parties  de  l'Eglife, &:  rapportent  l'eftat 
d'icelleaudid  Confiftoire.  Les  Diacres  ont  peculicrement  la  charge  des  pourcs,  à  fin 
Ducr^.    £c  |es  fecourjr  &  afJîfter  des  aumofnes  qui  font  recueillies  en  l'Eglife.  Les  fcadales  font 
déferez  audid  Confiftoire,  &:  les  remonftranccs  conuenables  raides  aux  fcandalcux, 
ConGftoirc  au  nom  &  authorité  de  toute  l'Eglife.Si  la  choie  requiert  necefTairement  que  les  fean- 
mo^iLa  Galeux  foyent  excommuniez,  œla  eft  cognu  &  décidé  par  ledid  Confiftoire.  Le  peu- 
excômuni  -  pie  en  eft  aduerri,&  exhorté  de  prier  Dieu  pour  le  fcandalcux:  puis  le  iugement  oTicc-. 
canons  &  jUy  Confiftoire  auec  les  f  aifons  propofé  au  peuple,  lequel  y  confentant  &c  l'approuuâr, 
4c  îcps.  ]'cxcornmunjcatjon  cft  ajn^  fa,*àc#  Quand  il  eft  queftion  d'eflire  vn  Miniftre,  A  neien, 
ou  Diacre,ledi&  Confiftoire  choifit  premièrement  ecluy  qu'il  iuge  le  plus  capable  d'v- 

nc 


EcckfefHque}&>  Cônfifioires.  6  jj 

ne  telle charge,&  lehommeau  peuple,  à  fin  qu'il  aduerciiîe  s'il  fçait  choie  fiifjfnante 
pourTempcfchcrd'eftreeflcu.  S'il  n'y  a  empefchement,lors  il  eft  premièrement  efleii 
au  Confiftoirc:puis prefenté au peuple:lcquel y  confcntant& l'acceptant,  I'cle6tiork0ft 
parraiite.Lctoutreuientlàqu'oncmpefchcd'vncoltcla  tyrannie  &:  l'ambition, &:  de 
raiureonobuieàlaconfufion&:licence:quicftlepoindlprincipalà  obferucr  en  route 
difciplinei&mefmcs  en  celle  de i'Eglifc.Et  pour  micutf  entretenir  toutes  chofes  en  or- 
drCïilyadesa^remblcesdeplufieursConfiftoireSiquandlaneceffite  le  requiert, ou  des 
pe*  fonnes  députées  par  iceux,  qui  décident  des  chofes  plus  djfficiles:&;  iettent  l'œil  fur 
toutes  les  Eglifes,pour  y  redrefler  ce  qui  feroit  de  vicieux  . Et  celafefait  par  le  commun 
aduis  &£  iugement  defdites  ahTemblccs)(àns  que  fvn  y  ait  plus  de  punlàncc  &c  authoritc 
que  l'autre. 

L  e  gouucrncment  donc  en  gênerai  &  la  conduite  de  cefte  difeipline  Ecclefiafti- 
que,appartient  aux  Pafteurs,  Anciens  &  Diacres,  par  ce  que  les  mots  de  veilkr,  gvuuer- 
ner,prefidcryconduire,S>£  autres  de  mefme  fens  leur  font  ordinairement  attribuez  en  l'Efcri  p^*|^  jj. 
cure  fain&e,&:  non  à  tout  le  corps  del'Eglife.  Ss^cn" 

Premierement,le  nom  dEuefque  ou  Surveillant  impofé  à  ceux  qui  enfeignen  t  en  l'Egli- 
fe,  monftre  corne  au  doigt  que  Dieu  lesaeftablis  pourauoirlaconduj&ed'icclle:cka  th'^  * 
voulu  que  tant  eux  que  toute  l'Eglife  en  fufl'ent  aduertis  par  le  nom  qu'ils  portent.  Co- 
rne auffi  S.Paul  tire  de  là  l'exhortation  qu'il  fait  aux  Pafteurs  de  l'eglife  d'Ephefcleur  di  Aû.*oa* 
fant  quibprennet  garde  au  troupeau  auquel  le  S.  Ejpritles  a  mu  Euefques pourpaislre  CEghfe  de  Dieu. 
Et  autre  part,D/e«  a  mu(âizAl)  aucuns  en TEgiife premièrement  ^pojhes^jêcondemenr  Prophetést  j.Çor.u.t^ 
tiercement  Docteurs:^  pu'u  les  vertu* fconfequemment  les  dons  deguerifonjecoursgouuerneurs,  &  ce 
qui  s'enfuit.  Auquel  lieu  nul  nedouté  que  les  gouuerneurs  ne  iê  rapportent  aux  char- 
ges &  offices  Ecclcfiàftiques. Comme  àuflî  ilditàTimothce  que  les  ^fnaes  qui  prefident  i.Tim.f.17 
bien  Jfontrepute'Zjdignes  de  double  honneur.prmcipalement ceux  qui  trauaillent  en  laparoUe  &  do3ri- 
ne.  Et  ailleurs  il  exhorte  ceux  qui  prefident  en  l'Eglife  de  fen  acquitter  fongneufe- Rbm41'* 
ment.D'auantage  il  efcrità  Titcque  l'Euefqut  doit  ejire  irreprehenfbleicomme  conducteur  de  Tk.1,7 
la  rnatfon  de  Dieu.  Etaux  Thcilalonicicns ,  Qu^tls  doiuent  recognoisîre  ceux  qui  trauaillent  en- 
treux  ,  £<7*  qui  font  par  defiUs  eux  au  Seigneur  ,  Grqui  les  admonefient .  Ce  qui  eft  encores  ' 
déclaré  plus  euidemment  parce  que  die  l'Apoftre  aux  Hebrieux  ,  obeijfez^{  dit-il )à  Heb.13.17 
yos  conducteurs  &  vowy  fouhmetteT^carilsvetllentpourvos  ames,comme  ceux  qui  en  doiuent  rendre 
compte.Etvû  peu  après  il  veut  queles  Hebrieux  faluent  en  fon  nomleurs  conducteurs  ,<*pHeb.i3.i4 
fow/<r.<yd[;»c75:iignir]anta(lezque  tous  indifféremment  ne  font  les  conducteurs  de  l'Egli 
fe.Tous  ces  pàffages  monftrent  la  chofe  côrrte  à  l'ceil;&:  font  entëdre  que  Dieu  a  mis  le 
gouucrnemét  &  côduitc  de  fon  Egliie,  nô  es  mains  de  tout  le  peuple,mais  d'vn  certain 
nôbrechoificntretous,Icquelilaappeléà  cefte  charge.  Si  les  aduerfaires  &:  contredi 
lans  à  ceft  ordre  Ecddiaftiquerefpôdent  qu'ils  n'oftét  pas  les  Côfiftoires,mais  veulct 
qu'ils  foyer  moderateuts  de  l'alfemblecdu  peuple,laquelle  neantmoins  fegouuernera 
i'oy-mcfmepar  la  pluralité  des  voix.eeftc  refpohfe  eft  aiTez  combatuc  bc  desfaite  par1 
les  parollcs  de  l'Apoftre,  quand  il  les  afîigne  tellement  conducteurs,  qu'il  commande 
qu'on  leur  obeiffe,&:  qu'on  s'y  fdubmctte,auec  cefte  raifoli  qu'ils  veillent  fur l'Elfe, 0*  en 
ont  àrendre  compte  à  Dteu.Dont  il  faut  confeffer  que  lacôduitede  l'Eglife  eft  mife  entte 
leurs  mains. Car  qui  eft  celuy  qui  doiue  rédrecômpted'vne  chofe  quineluy  eft  pascô- 
mifeîll  n'eft  donc  pas  en  cecy  qlieftion  d'impôfer  filence,de  faire  parler  par  ordre,  de  rc- 
ccuillir  les  voix,&  prononcer  ce  qu'il  aura  pieu  à  tout  le  péuple,marsil  f  agit  des  amesôd 
dcsconfcienccs  de  tout  le  peuple,furlefquclles  fes  conducteurs  doiuent  veiller  pour 
le  compte  qu'ils  en  ont  à  rendre.  ïiArgumtt," 

Et  de  faicT:  la  création &inftitution  des  Anciens  de  l'Eglife  faietc  parles  Apoftres,  fonde  fur  ce 
ofle  toute  diffîculté-.veu  mefmes  qu'il  appert  que  lcfdi£h  Apoftres  &:  Anciens  ont  goU-  ^^fj^ 
ucrnc&:  conduit  la  primitiue  Eglife,&:fèibrttaiTemblez  toutes  fois  &:  quantes  que  la  poftrcs  eo 
neceflîté  de  l'Eglife  fa  requis.Comnie  il  eft  di£t  que  fEgjife  d'~4ntioche  voulant  auoir  ïaduu  PJnuuue 
des  ^/pojbes fur  vne  difficulté  touchant  la  doctrine ,  cnuoya  vers  lefdits  apoftres  &  les  Anciens  de  Adta^a. 
I Eglife  de  Ierufalem.hemyquiceux  sajfemblerentpoury  dduifer.  Puis  en  vn  au tre  lieu,  que  les  *An~  A&.*m| 
cienssaffanbkntche^Iaquespourdehbererdecec^S.Paulauoitk  faire  pour  fe  purger  des  calomnies 
piluyefloyenttmpofea.  2LSS& 

D'auantage,  que  ceft  ordre  inftitue  parles  Apoftres  ait  continué  en  l'Eglife  ancien-  furlanth* 
ne,ilfe  voit  aftèz  par  la  lecture  des  anciens  Docteurs, qui  en  tefmoigncnt  en  plufieurs  ^fcsDo' 
^ndroicts.  Comme  Iuftin'Martyr  deferiviant  l'ordre  de  fon  temps,  fait  mention  d'vn  Su-  »»Apoiog* 

SSf.iii. 


TermUpo  f€ri&&&  dè  quelqm  pta&es  Et Tcrculiar*  déclare  qu'il  y  auoit  quelque*  4pàèns>gm  fa 

Hiet.inEC  ^^jfr&Miwcm^eM^  temps,  Noms  avons  (aiz~i\)  no- 

origSomiL  yfc*  j*»4«p^rjçglj^* y^4iioir£tf  coM/y^^c2«^^evM.Ecpocnr  n'eftrelongs  enchofe  toute  no 
7.  in  lof.  t(tf  te,  qu'on  prenne  garde  aux  eferits  de  tous  les  anciens,^  on  trouucra  qu'rlsifc  (antacn 
^o.adVi-  fon£èZ(ôn  ccftendroità  la  façon  dcpartcirdprEfcritdiic&inde^ppelanrlciPafteijrsîas 
Cypr.  Bb.t.  c6du£tcurs  de  rEglife,fupericurs,gouuerneùrs>a£  autres  femblables ,  Gutequ  aucun  at> 
epi.1,  &  U.3.  ^r  fo^ç  ccs  B(}rriS4a  à  tout  le  pcqpîe*Mcfmes  qui  voudra  voir  ce  que  les  anciens  ont  orou 
Amb.fer!n.  delaurcemincnce  des  Pafteurs  dcUEgiife»de  l'excellence  &  du  deuoit  de  leur  charge, 
Epipha.côt.  ^îft  voye-le  trai&é  que  S.ChryfoftQme  ena  fai&,&  poife  les  raifôs  qui  y  fonç  cotenucs. 
Aug.  E  t  quand  il  n'y  auroit  tant  jdc  paffages  pour  condamner  vn  gouuerncmcnt  po- 

corr.&gra.  polaire,  la-éonfdfion  horrible  qui  s'en  cùjfuyuroit,doit  feruir  d  mftru&km  fuffifarite. 
Sfcmviu  Car  oui'e  pourra  trouuer  l'ordre  tant  requisen  rEglifepari'Apoftre,fi  l'EglifeWa  au- 
Conftlj.    tregouuerneur  que  la  pluralité  dc;fes  opinions?  La  confufion  eft  la  compaigne  de  la 
conS  îV"  multitude  :  &  fçait-on  aflez  que  c'eft  que  du  peuple  :  &  qu'ordinairement  lamcilleurc 
i4         partie  eft  la  moindre,  fur  tout  quand  il  eft  queftion  du  feruice  de  Dieu.  Du  temps 
chry.deSac-  <$cM0yfe  -  Caleb  &  Iofué  difans  la  vérité  au  peuple,  furent  prefts  d'eftre  lapidez  par 
nôo*^40  luy:  Du  temps  d'Achab,  Michee  maintint  la  vérité  contre  quatre  cens  prophètes  ab- 
i.Roii  n,  ufcurs  &mcnfongers.  AutempsdcIcfusChrift,dcfes  ApoltrcSj&del'Èglifcancien- 
18         ne>le nombre  desèons  a  toufioursefte  petit  au  regard  des  autres.  Or, comme  fi  envri 
/  hâuire  ceux  qui  feroyent  dedans ,  vouloyent  rompre  l'ordre  qui  y  eft  accouftumé,o£ 
quéchacuncouruft  à  la  poupe  pourgouuerner,on  nepourroit  attendre  aûtrechofe 
qirvn  prochain  naufrage  :  pareillement  fi  en  l'Eglife  tous  indifféremment  vouloyent 
entreprendre  le  gouuernemcnt,il  eft  certain  qu'elle  demeureroit  du  premier  iour  (ans 
condùite,SctQUsperdroyentiuftcment  ce  que  tous  auroyent  témérairement  affc&é* 
Pai?*#t  laconcjufion  foit,  que  puifque  la  parolle  de  Dieu  donne  le  goUucroemcne 
defÊglifcinon  à  tous,mais  à  ceux  qu'il  appelle  peculierement  en  cefte  charge  :  &  puif- 
que le  gouuernement  populaire  eft  non  feulement  deftitué  de  la  parole  de  Dieu,  maïs 
fuyui^e  toute  côfofion  &  ruine,on  doit  retenir  cefte  difeipline  Ecclefiaftique,  U  rciet- 
ter  la  noùuellc façon  dcgouucrner  qu'aucuns  fantaftiques  veulent  introduire. 


*  Ci  déliant* 


P  A  V  L    MILLE  T>  «fa  CHEVALIE  R ,  mtnifbc  au  Pau-bas  t 

LES  priforis  font  fentif  aux  Efleuz  en  leurs  infifmiteï  que  Dieu  eft  leur  Pcre  propice,  donnant 
la  vraye  pratique  déroutes  fes  promettes.  €  eft  exemple  eu  eft  roe  manifefte  efprceuuc. 

P  A  V  L  Millet,  du  Cheualier  , miniftre  de  i'Euangile  au  Pais-bas,  & 
r*  nommément  à  Lifle  lezFlâdre,auoiteftcmoynecnfontcmpsdc  fordre 
SXsSs  \ACS jC°r^cncrs cn k vi^c de Tournay,d'aifcz bône&hôncftccôuerfation, 
S  *  veu  le  lieu,la  cauerne  &:  beftes  fauuagcs  entre  lesquelles  il  dcmeuroit.Car 
outre  la  chargequ'il  auoit  d'enfeigner  les  pctitsnouiccs,il  prefehoit  aufli  quelques  fois: 
&: combien  que  ce  fut  à  la  façon  des  autres,toutesfois  dés-  lors  iiluy  cfchappoit  de  dire 
bien  ibuucnt  quelque  chofe  approchante  de  la  veritéj&dcfcouuroit  ce  que  les  autres 
auoyenc  fi  grand  peine  de  cacher.  Cecy  eft  digne  d'eftre  noté  comme chofe  rare,àfça- 
uoir,quand  on  faifoit  mourir  quelques  malfaiteurs,  cftat  appclé,ilauoitceftegracedc 
les  admonefter  fort  bien  à  propos>&  les  enfeigner  deuât  U  durant  le  fupplicc ,  au  grâd 
contentement  des  patiensôd  du  peuple.  A  la  fin  il  fedefcouurità  vn  fien  compaignon 
Cordeliér,cn  forte  qu'vn  nômé  GuillaumcÇornu  (duquel  nous  auons  mis  au  precedét 
liure  le  martyre  aducnu"enTournay)l'ayant  entédufeit  telle  pourfuiteq  ledit  Paul  &c 
fon  compaignon  conclurent  du  tout  de  fortir,auec  pr  orne  fie  de  iamais  plus  retourner. 
Eftansdemoinez,onlcs  cnuoyaaucc  lettres  d'adreircàRouen,où  pour  lors  la  vérité  c- 
iloit  publiquement  prcfchcc,  afin  que  félon  l'efprœuue  de  la  dextérité  de  leurcfpric 
&  fçauoir,on  les  emploiaft,quand  ils  en  feroyét  requis.  Quelque  téps  apres,Paul  eftâc 
demandé  par  l'eglife  de  Vallcncienncs,apresauoircfté  examiné  par  les  Miniftresdu? 
ditRoucn,fut  trouué  qu'il  pourroit  aucunement  feruir  pour  l'édification  de  l'Eglife  do 
Dicu:àcaufedcquoy  ûrut  cnuoyc.Mais  luy  qui  cftoit de  bonne  con/cience?ne  vou- 
lant 


Pml  MMkty&t  Gbeualier.  6j6 

lant  rien  entreprendre  contre  iccllc,s'excufa  par  pluficursfois:&r  mefmeeftantarriuéà 
Vallcncienncs,ainfî  qu'on  le  vouloir  côfer mer  au  miniftere,fe  Tentant  infufïîiànt  à  vne 
telle  vocation, iupplia  humblement  ladite  cglifedcluy  faire  cette  grâce,  auant  qùe  de 
l'admettre  en  telle  chat  gc,del'enuoyer  à  Paris  quelque  tcmps,poureftrc  mieux iàçon- 
né.Ces  choies  confiderées  on  aduifa  del'enuoyer  à  Paris, mais  d'autant  que  là  on  ne 
iouilToitu  pleinement  delà  parolle  de  Dieu  comme  à  Orléans,  il  s'yrenra  pour  élire 
mieux  inftruic  &  enfeigné  qu'il  n 'eftoit.  Il  y  rut  tout  le  temps  du  liège  d'Orleans,fai(ant 
dcuoir&defrequcntcrlcspredicarions,&:de  s'employer  à  la  befongne  des  fortifica- 
tions de  la  ville.durant  lequel  temps  on  appeveeut  bien  qu'il  auoit  vne  vrayecraintcdc 
Dieu  &zeleà  là  parolle, parce  qu'outre  la  peine  qu'il  prenoit  à  trauailler  auec  les  au- 
tres, il  enduroit  grade  difetre,&  cependant  l'hqnnefteté  en  toute  patience  fansdeicou- 
urir  lànecelîité.Apres  la  paix  faite  parle  moyen  du  Prince  de  Condé  d'vr.e  part ,  &:  le 
Conneftable  d'autre, il  trouua bon,(uiuantl'aduisdes  Miniftres  dudir  Orleâs  (lefquelz 
luy  donnèrent  attellation  delà  bonne  vie  &:  conuerfation  )  de  fe  retirer  au  Pais  bas,  à 
caufeque  les  egliles  le  multiphoycnt grandement. Or  eftantarriué à Vallencienncs,de- 
clarala  cauledela  venue  en  vertu  du  tefmoignage  qu'il  auoit:&  luy  fut  permis  d'y  prel- 
cheriufqucs  à  ce  qu'autrement  les  eglilèsd'vn  commun  contentement  en  cuilent  or-^ 
donné.  Ce  que  bien  toft  après  aduint.  cartoutes  les  eglifcs  du  pais-bas  eltans  affem  diTrAls-bL 
bleespour  décider  de  leurs  affaires  en  ce  qui  rouche  la  gloire  de  Dieu  ,&:  le  fajcl  de  la affemblees. 
police  Ecclelîallique,  le  confirmèrent  Miniftre,  nonobllant  les  allégations &:  exeufes 
pour  prouucr  fon  mlurfilancc.Cela  faid,iJ  luy  vint  en  fantalie  de  Ce  vouloir  marier  :&C 
derai&efpoulà  vnehonncllc fille  nommée  Marie, qui  s'eftoit  retirée d'Armentieres, 
dont  elleciloit  natiuepour  la  Religiô.  Mais  depuis  qu'il  fut  mane(on  ne  Içait  côme  cela 
aduint)il  commençaa  perdre  courage,&  à  s'ennuyer  en  ce  pais-la,  à  cauléde  quelque 
crainte  qui  le  faifit:&  cerchoit  tous  moyens  à  luy  polfiblesdele  retirer  en  France,  &:  fa- 
Kit  luy  donner  àla  fin  (on  congé, à  condition  toutesfois  qu'il  demeureroit  toujours  ob- 
ligéaux  eglifesdu  Pais-bas  ,&:  que  toutes  les  fois  qu'on  le  demanderoir,  ilferoitrenu 
de  reuenirfar  s  difficulté, ne  deflayquelconque.Eftant  party  d'Anuersauecfa  femme, 
ayant  afsifté  au  Synode,&:  où  (on  congé  luy  fut  donné,  arriua  en  la  ville  de  Liflepour  y 
faire  fes  affaires  auant  (on  partement.  Mais  Dieu,  qui  lçait  tourner  toutes  choies  à  fa 
gloire,  dilpoiabien  autrement  que  ledict  Paul  ne  penloit.  Carénant  fur  le  poinct  de 
partir,  il  luy  vint  en  fantalie  d'aller  auec  fa  femme  (oupper  chez  vn  nommé  Matthis, 
homme  craignant  Dicu&  diacre  de  l'Eglife, lequel  eftoit  pour  lors  forr  recerché  par  la 
îuft  ice  de  Lille  à  cauledela  Religion.  Ses  voiiins  lachans  qu'il  eftoit  pour  ce  foir  en  fa 
maifbn,aduerurent  le  Doyen  de  la  villc,lequelaufîi  toft  le  fie  içauoir  à  la  ïuftice,  pour 
élire  prelte,  quad  il  en  auroit  befoin.  Or  d'autant  qu'ils  foupperét  allez  tard,  Paul  léntac 
qu'il-y  auroir  incômodité  à  fe  faire  côduire  en  fon  logis  rant  tard,dit  à  Matthis, qu'il  de- 
meureroit celle  nuict  la  chez  luy. Matthis  luy  déclara  le  dâger,  &  qu'il  feroit  mieux  de 
n'y  point  coucher, dautâtq  ny  l'vnny  l'autre  eftoit  autremét alléuré,&; qu'il  viét en 
vne  heure,cc  qu'il  n'uduiéten  cent.Tâty  a  qu'il  ne  luy  feutperfuader  de  fe  retirer  à  fon 
logis. Enuirô  deux  ou  trois  heures  du  matin, en  la  dernière  fellcde  Pêtecoufte,lePrccu- 
reurduRov  en  laGouuernace&:  Chailellcnic  de  Lille ,  accôpaigné  defergés  vint  àla 
maifon  de  Matthis, Se  d'abord  heurterer  doucemet  à  la  porte.  Voyas  qu'on  ne  le  haftoir 
point deleurdôner  ou  ucr  tare,  ils  rôpirent  vnefeneftre  par  laquelle  ils  parièrent  pour 
eux  mefmes  ouurir  la  porte.Toutesfois  ilsnefccuret  Ci  toft  auoir  rôpu  ladirefeneftie,&; 
ouuert  la  porte, que  Matthis  auec  fa  femme  nefe  (àuuaft  par  le  derrière  de  la  maifon. 
Paul  demeurant  couché  auec  là  femme, pouuoit  aullî  auoir  moyen  de  fe  l'auuer,  n'etift 
efté  que  Dieu  ne  luy  en  donnoïc  point  le  courage.  Les  fergens  voyans  que  ceux  qu'ils 
ccrchoycntleurcftoyentelchappez,commencercntafurettcr  haut  &:  bas  la  maitbn. 
Etcntrans  en  la  chambre  où  eftoit  Paul  auec  fa  femme, demandèrent  à  lalcçur  de  Mat-circonftan- 
this,qui eftoit ceft  homme&  celle  femme,  là  couchez enlemblc.  Elle  reipondit  quec« notables 
c'eftoitvn  marchant  de  France  qui  eftoit  là  demeuré  au  coucher.  Et  d'autant  qu'il  par-  p"j_prifedc 
loit  alfez  bon  françois,  ils  penferent  qu'ainfifut,  &:nel'o(érenr  conilituer  prilonnier 
fans  preallablement  auoir  demandé  congé  au  fiifdit  Doyen:  lequel  leur  commanda  de 
le  prendre. Ce  pendant  qu'ils  allèrent  vers  ce  Doyen,  ils  laiiferent  garde  en  la  cham- 
bre où  il  eftoit, craignans  que  celle  proyen'efchappaft.  La  femme  neâtmoinsffbleua,&: 
feignanç  d'eftre  malade  defeendit  en  bas:  où  ne  trouuant  perfonne ,  elle  fortit  de  la 

SSf.iùiv 


Lmr<Ut  V III.  PaÀl^itietrfit  Cheualier. 

maifon,&:  efchappa  parccrtioyen.il  fut  mené  droit  au  Chafteau  delà  ville»  &  inconti- 
nent interrogué  d'où  il  eiloit,&:  de  quelle  vocation,&  ce  qu'il  faifoit  en  la  ville,  &  prin- 
cipalement en  lamaifondeceluy  où  ilàuoiteftéprins.  Il  reipondit  frachement>dccla- 
rantquelileftoiti&s  quelle  vocation  il  exerçoit:  ce  qu'oy  ans  turent  bien  eftonnez  ,  & 
fur  tout  de  l'ouyr  ainii  promptement  &  do&cment  parler.Eftant  donc  en  ce  Chafteau 
(oùilfut  aflèzlong  temps)onncceiToitdcluy  amener  force  Caphards,  pour  difputcr 
contre  luy,rnais  celcureftoitpcineperdue,d  autant  que  Dieu  lemunilToit  tellement 
contre  eux,qu'ils  n'auoyéntquemordrejiiygaignerfurluy.  Quelque  temps  après  on 
remmenaenTournay,&futmis  prifonniercnla  cour  de  l'Euefquc,en  vneprilon  fort 
cftrange(comme  on  peut  veoir  parles  eferits)  là  où  il  demeura  bien  long  téps,  endu- 
rant de  grands  combats  &tentations,iufques  à  ce  qu'il  rut  ramené  en  la  ville  de  Lille: 
en  laquelle  cftât  derechef  remis  prifonnier,onluyprefentavn  certain  Cordelier  nom- 
mé Defbonnets,lcquelfolicitafort  ledit  Paul  à  fe  defdire,  vojre  iufques  aie  troubler 
en  fa  conicicnce:tellement  que  Paul  le  pria  de  le  lanTcr  en  paix,  ou  bien  de  luy  tenir  au- 
tres propos.Et  vn  iour  com  me  Deibonnets  luy  eut  demandc,Nc  crois-tu  pas,qu'apres 
lesparolles  prononcéesfurrhoftie,quelepainfeconuertille  aucorps  de  Iefus  Chrift? 
Paulluyrelpondit,Si  i'eftoyevnc  Ample perfonne,aifément  tu  me  ferois entendre  ce 
que  tu  voudrois,mais  veu  que  tu  fçais  que  i'en  ay  conlàcré  à  ta  mode  plus  de  mille,voirc 
les  ayantlaùlees  fur  l'autel  couucrtesd'vncorporal,  la  nuid  fuiuantc  les  rats  &c  fouriz 
les  venoyent  mangcr:pourquoy  me  demandcs*Eu  telles  chofes,commefiie  ne  fçauoye 
comment  le  tout  s'y  porte? 

OR  àfindemieux  entendre  non  feulement  fcscombatsextcrieiirs*  qu'il  a  eu  con- 
tre telle  forte  degens,raais  aufsi  intérieurs  qu'il  a  fouftenuz  contre  îbymcfmc,  il  eft  coh 
uenablc  &c  conforme  d'inférer  &:  conioindre  àl'hiftoire  quelques  Lettres  qu'il  aelcrjtes 
cîurantfonemprifonnement,lefquellespeuuentdôneraiiflià  cognoiftre  aux  le&eurs 
la fain&edo&rinc  dont  cftoitmuny  ce  fidèle  Martyr  du  Seigneur,  à  fin  qu'à  fon  exem- 
ple en  pareilles  adueriitcz,&tcntations,nousfoyonsfermes&  conftans,  comme  il  eft 
iequis  au  vray  Chreftien.  Toutesfois  à  caufe  du  nombre  trop  grand  d'icellcs  Lettres, 
nousauonsfommairementrecucilly  la  fubftance des  plus  longues  d'icelles, &c  les  au- 
tres dignes  de  ce  Liuremifcs  au  long,cftans  pleines  de  toute  confolation  Chrcftienne. 
Premièrement  donpques  il  efcriuit  aux  frères  fidèles  de  Lifle(faifant  deuoir  de  vray.  Mi* 
niftre,ne  fc  lalTant  d'enièigner,)Que  toutes  &c  quantesfois  que  le  Chreftien  fent  la 
Sommaire  main  de  Dieu  appefantie  fu r  luy,que  nonobftant  il  ne  le  doit  abatre  &:  defefperer  *  ains 
^^^ferefiouyrde  telles  chofes,fachant  que  cela  vient  commedelamaind'vnPeréquinc 
de  Paul  veut  perdre  fonenfanr.tellementque  tels  chaftiemens  nous  font  du  tout  profitables* 
MMct.  Car  ils  nous  refucillcnt  &c  nous  font  recognoiftre  Dieu ,  lequel  auoir  efté  oublié  de 
nous. Il  les  prioitaufli&exhortoit.  par  icelles,  qu'ils  neceiTaffent  de  prier  pour  luy,  co- 
gnoiflant  qu'il  ne  pourroit  euirer  la  mort,ne  les  efpouuantemens  d'icelle  eftantajTaiHy 
de  tant  d'ennemis.  Que  fon  infirmité  deuoit  eftre  corroborée  par  continuelles  prières 
deTEglife.  Qu'ils  vfalïent  de  charité  entre  eux:  que  tous  s'entreaymaiTent  tellement, 
qùeiamaisdifcordn'aduint  par  leur  faute.  Qu'ils  eulTent  vn  vray  zele  de  Dieu,  de  fon 
honncur&delàgloiretqu'ilsfeconformaiTentàla {implicite des  petits  enfans.  Qu'ils 
gardalTentde  s'endormir  en  leurs  péchez  :&  qu'ils  crialTcnt  mifericorde  au  Seigneur 
Dicu.Finalement  qu'ils euflen t  fouuenancedes fain&es admonitions ,  qu'il  leur  auoit 
ï«rak d'au  faites.  ^  Et  par  autre  Lettre  il  leur  mandoit  qu'il  auoit  commencé  à  rédiger  par  eferit 
très  lettres.  vnc confciïîon de foy pour  leur  enuoyer,mais queletempsnepermettoitqu'Ala  feeut 
paracheuer,eftant  fi  prochain  delà  mort.Quele  défi  r  du  falut  qu'il  auoit  de  tous,  eftoit 
càufe  qu'il  leur  mettoit  tant  fouuent  deuât  les  yeux  la  crainte  de  Dieu ,  &  les  enfeigne- 
mens  qu'il  leurauoitfai&s.Quilauoirgrandbefoin  du  fecours  d'enhaut,cftant  infirme 
&:  pufillanime  de  naturcimais  que  par  leurs  prières  il  pourroit  obtenir  grâce  de  confta- 
ceenucrsDieu.  ^OR  entre  les  au  très  Lettres  celles  qui  s  cnfuyuentàcaufedelabrcf-. 
ucté  d'icelles,oniefté  âppofces  en  ce  lieu:dont  la  première  eft  à  faFémc,&  l'autre  à  vne 
Demifelleduditpais,qu'il  auoitinftruitecnlafain&everitc. 

LA  GRACE  paix  &  mifericorde  vous  foit  à  Jamais  jiit  Dieu  nofttc  Père 
&noftre  Seigneur    IESVS  CHRIST. 

*A  CHERE  &bôneamye,de  tout  mon  cœur  ic  vous  falue,  vous  priant  qu  ayez 
îpaticcede  ce  qu'il  plaift  à  Dieu  nous  affligerdc  telle  forte  corne  nous  le  fommes. 

îcluy 


±-auUXtilkt3clit  Cheuaticr.  6 'j? 

le  luy  prie  qu'il  luy  plaifc  de  tourner  Je  tout  à  bonncfin,àfonhôneur&gloire,&à  no- PauI 
ftrcfalut.Ie  (uis  efmerueillé  cornent  je  fuis  fi  infirme,ie  me  courrouce  côcremoy-mef  ^fo"^. 
me;inContinent  que  îemctz  la  mort  deuant  mes  yeux,  &  que  ie  me  penfe  refbudre  à  mité. 
l'encfurer,mon  cfprit  fepafme,&:  mon  corps  nefàicVque  trcmblcr,dcfortcque  l'en  fuis 
du  toutefperdu.Car  alors  ic  iette  mille  foufpirs  vers  le  ciel:  m  es  yeux  pleurent  làns  cef- 
fc,con(îderantceftedinrohitionderame&c}ucorps,&:  tombe  en  vne  telle  fragilité,  que 
le  defirque  iedeuroyeauokdeftreauecÇhrift,ièrcculeloingdemoy,ne  pouuatpref- 
que  ouurk  la  houche  pour  l'inuoquer.  Pourtant  ic  vous  prie,  qu'on  face  toufiours 
prières  à  Dieu  pour  moy,que  foniàind  plaifirfoitde  ne  me  point  abandonner.  Ceft 
luy  qui  fait  parler  le  muet ,  ceft  luy  qui  donne  le  vouloir  &  le  faire ,  c'eft  par  luy  que 
nous  pouuons  quelque  choic,&  (ans  lequel  nous  nèpouuons  du  tout  rien,  lefçay  &c  cô- 
feile  qu'encores  qu'il  nous laiiîâft  en  noftre  fragilité &mifêre,  voire  mefmcs  qu'ilnous 
damnàft,qu'ilncnous  fait  point  de  tort. Priez-le  de  routvoftre  cœur  qu'il  ait  fouuenâ-  Lccombat 
cedefes  grandes  mifericordes,&:  qu'il  ne  me  veuille  point  iuger  félon  mes  démérites. de  rrfp«« 
S'illuy  plaift  m'cfprouucr  iufques  au  bout,  (à  volonté  foitfâicTte,  mais  qu'il  ne  m'aban-  1 
donne  point,  i'efpere  auoir  patience  par  fa  grâce.  S'il  veut  entrer  en  iugemenc  aucc 
moy,iccondamne défia  mon  iniuftice.  S'il  me  veut  confondre  &:  abifmer,ie  confefle 
qu'iHcra toufiours iufte&  équitable, &  fera  trouué  auoir  iuftement  fait ,  &c  vaincra 
ceux  qui  diront  du  contraire.Maisie  le  prie  auecIob,qu'il  ne  veuille  point  defon  vent 
impétueux  teefpouuantablepoUrfuiure  vne  feuille feichc,ny  de  fbn  feu  flamboyât  at-  lob  iu$ 
toucher  la  paille.Quand  il  luy  plaira  il  aura  pitié  de  moy,&  me  fera  mifericorde  :il  ai- 
dera mafragilité,&feferuiràdemoy  àfagloire,ouilmc  deliurcra. Prenez  coltrage(ma 
chère  amye)&:  vous  gardez  de  tomber  entre  les  mains  de  ces  loups  rauiflans ,  car  on  y 
endure  de  merueilletifes  tentations.  Icdefirelamort,&:  fi  ne  la  puis  trouuer  en  la  forte 
queiedefireroye  qu'elle  mevint.Lesfai&zde  Dieu  font  terribles,  &  fes  iugemens  in- 
fcrutables,çht  Dauid.celaay-iccxpcnmenté  &c  l'expérimente  encores.  Au  refte  ie  me 
porte  bien  &:  mieux  que  ic  n'eufle  iamais  penfé,  de  forte  que  ic  m'clmerueille  com- 
ment cela  fe  fait,  attendu  qu'au  commencement  i'eftois  fi  debilité:mais  c'eft  œuurc 
de  noftre  bon  Dieu,  qui  fait  tout  comme  il  luy  plaift,regardant  aux  fins  qu'il  a  ordon- 
nées Quant  àvous,confolezvousen  Dieujaiflêz  le  £iire,&  ne  vous  troublez  point  de  CôfoUtion 
ce  qu'il  fera  demoy,moycnnant  qu'il  me  recognoifle  pour  vn  de  fesefieuz,&  aflifte  àa£l  fcmmc- 
mon  infirmité,meconduifant  par  fa  mifericorde  à  vne  fin  falutaire  à  mon  amc.Ie  ne 
mefoucie  point  de  toutes  les  douleurs  que  i'ay  endurées,  ny  decellcs  que  i'ay  à  endu- 
rer, mais  il  ny  a  rien  qui  m  cfpouuantc  que  ma  fragilité  &-craintc.  Et  pource  priez  in- 
cefTammcnt  pour  moy,que  ie  ne  foys  pojn  t  fi  pufillanime&  timide,  que  ie  ne  perfeue- 
reen  la  foy. Or  le  Seigneur  vous  bcnyc&conferue.Ie  ne  doute  point,  que  ne  plouriez 
fouucnt,  &c  que  n'eftimiezceftecalamicécommune  entre  nous.  Pourtant  ayez  coura- 
ge^ vous  confolezauec  Dieu. S'il  cft  pour  moy,tout  va  bien.  Toutes  les  plus  grandes 
douleurs  que  i'ay  (ont, que  ie  crain  qu'il  ne  me  delaifTe,à  caufe  demes  infirmitez  qui  ne 
font  point  de  petite  importace.I'ay  fi  grand'  crainrcdelorfenfer  queie  n'en  puis  plus, 
&fuis,comme  i'ay  dir,  fi  infirme  que  ie  ne  mepuis  dominer.  Voila  les  dcftroi&zoù  ie 
fuis.O  mon  Dieu  que  iayme  de  tous  mes  fens,&:  de  toutes  mes  forces ,  aflifte  à  ton  po- 
urcfcruitcur,&:  ne  l'abandonne  point,à  fin  qu'il  puifle demeurer  des  tiens, &fvn  des 
moindres  de  ton  Eglife.le  t'ayme  Seigneur(tu  lé  (çais)&  ay  le  zelc  de  ta  gloire,&:  de  ron 
honneur,  conduy  moy  là  où  tu  me]  veux  auoii  ,cncores  que  ce  fut  à  la  mort.  O  Dieu  tu 
cognois  mou  cœur  &  le  defir  que  i'ay  dedemeurer  des  tiens.  Helas  (mon  Dieu)  fortifie 
moy&rneremplisdeconftançe,pour  ne  point  fouruoyer.  Ta  volonté  foit  faitte,  &: 
non  pas  la  mienne. 

Noftre  Seigneur  &  fauueur  Ielus  Chrift  vous  donne  fa  paix  &  fa  Gxacc  perpétuellement. 

j&ljjJ-E  NE  doute  point  (  Demifelle&  chcreamye)que  n'ayez  efte  aucunement  fa-  pV£J£|Jc 
^fgehée  &côtriftée,dece  qu'àprefentic  fuis  détenu  captif  cntrelesmainsdcsenne  au  langage 
misderEuangile.Cariefçayqucmepo«:czbonnefaneur,&que  volontiers  vous  auez  dcjbnpais, 
receumes  admonitions  Se  confeiis  de  cheminer  en  la  crainte  de  Dieu  ,  pource  que  fontcsc2def. 
toufiours  vous  m'auezeftimé  pour  vne  perlbnne  telle  que  ie  defire  eftre,  à  fçauoir,  que  fous  des  da- 
fechemine  rondement  fans  fcincife&hypocrifie.  Or  maintenant  quand  voiis  voyez  moireUc* 
^UçiçfuisanHigéôicotmenwiy^HCSaubout,comme  fi  Dieu  m'auoit  abandonné,^ 


Liur<u  VUL  TMM  iUeiM  ChetïaBer* 

ne  îeroye  point  efmcrueillé,  fi  Satan  enhèmy  de  noftre  falut  ne  Vous  folicicaft  â  chàn^ 
ger  d'opinion,pour  m'eftimer  tout  autre,  afin  qu'il  peut  gaigner  entrée,  pour  vous  faire 
tnefprifer  &:  defeftimer  toutes  les  fainftes  ?cmonftrances  que  ie  vous  ay  faiftes.  ConuV 
derant  doneques  ces  choi  e  s(Demifelle)  ie  me  fuis  aduifé  vous  eferire  cefte  prefencei 
lion  point  en  intention  dcmeiuftifier,puyoAi3  Élirciacroirc  que  ic  futa  fans-  pechévl» 
naduienne  que  iefoye  aueugleiufques  là,poucme  mefeognoiftre.  carie  fçay  que  rien 
de  bon  n'habite  enmoy»&quei'ay  QffenAc.patfàutesiniiwmcrablcs.  .Voicy  doneques 
quelle  eft  mon  intcntionrCeft  que  ie  vous  prie  au  nomdeDicu,quepremc2to.uûours 
courage  >&  que  (oyez  vertueuse  contres  ço^s  les  afïàuts  que  le  Diable  vous  fgauroir, 
mettre  en  auant.Rcmerciez  Dieu  de  ce  qulil  vous  a  garxiee.cn tre  les  loups,  &:  ennemis 
de  l'a  parolle:aiTeurez  vous  qu'il  vousgardera.cncores».  Scvfam&s  Anges  font  campez  à 
l'encour  de  vous,à  fin  qu'on  ne  vous  molcfteinez;vous  dôcqHCs.cnluy>&..ltt<5Z  le  Pfcau. 
9 1  .&  fuiuez  le  confeil  qui  eft  donnéen  icduy  à  tout  homme  £dele.  Ne  vous  lanTezjô- 
ber  pour  vnc  petite  crainte,Dieu  ne  permettra  point,  que  foyez  tentée  outre  voz  for- 
ces.le  fçay  bien  queceft  vne  mcrueilleufetentation,quand  nous  voyons  le  monde  triô- 
;pher,&: ceux quilbnt  totalement  adonnez  à péchez,  auoir  tout  à  fouhait  :  &  d'autre 
part  quand  nous  voyons  ceux,qui  défirent  viure  en  la  crainte  de  Dieu, boire  à  plein 
hanap  l'eau  d'angoiilê., Quand (di-ie)npus  voyons  le  monde  ainû  embrouillé,  telle- 
ment que  l'innocent  eft  opprimé  &  crucllejDenrtourmçté,nousfomines  alors  fouuet 
folicitez  de  dire  en  amertume  de  coeur  auec  Dauid,Eft-iJpofliple ,  que  l'Eternel  regar- 

PW.7J  de  icy  bas  pour  s'en  foncier?  Voila,  ceux4  qui  ne  valent  rien  dutout,triomphcnt,&  les 
autres  lamentent.  Or  il  neiaut  pourtatmurmurcr,ruaisil  fefau-c  taire.  Car  fou#rir  ap- 
partient aux  enfans  de  Die».  Appuyez  tpufipurs  voftrc  foy  deffus  la  parolledeDicu ,  &c 
non  point  deflus  celledes  hommesXes  hom mes  peuuent  faillir,  &  mentir ,  mais  Dieu 
eft  veritablc&eft  la  vérité  mefmes.Dieu  vous  à  fai&'beauepp  de  grâces  ,ne  les  mettez 
pointa  nonchaloir,craignant qu'il oe  vous jdclauTe au  rang  des  reprpuucz.  Daujd  dit 

PfaJ-73  que  tous  ceux  qui  ne  ferpnt  loyaux  à/pn/{èfuice,il  faut  necefifairement  qu'ijs  pcrjflenc. 
Priez  Dieu  qu'il  vous  fortifie,  apprenez  continuellement  de  cognoiftre  fa  volonté ,  &C 
cftudiez  de  la  faire.  Fuyez  tant  qucipourr&z  les  péchez  .  Ne  vous  rlatez  iamais  en 
quelque  ofFenfe  ,  mais  aceufez  vous  toujours  deuant  Dieu  ,  auec  douleur,*:  re- 
pentant^ vray' amendement.  Car  fe  repentir  (ans  amendement,  cela  eft  femoo 
quer  de  Dieu.  le  vous  recommande  fouuonc  à  Dieu  ,  qu'il  vous  recognoifle  de  fes 
enfans,  &:  qu'il  vous  face  la  grâce  de  luy  bien  obeyr  :  devoftre  cofté  foyez  curicule 
aie  bien fèruiré«(:honnorer,&  ne. faites  pointees  ehofes  maigrement ,  mais  d'vn  grand 
zele,&auecques  vne  ardente  amour.  Quand  vous  fen  tirez  en  vous-mefmesdesinfîr- 
mitcz,dcs  froidu  res,dcs  lafchetéz,&;  que  vous  cpgnojftrez  que  ne  pouuez  faire  le  bien, 
que  vous  voudriez  bien  faire,alors  gemi#?z,&:  plourezJo&  en  regardant  vers  le  ciel.dites 
auccSain&Paul,OmoymiiérabJe,quime  deliurçra»de  çç  pourc  corps  morteU  Ajnû 

^•cnn*7  fachez(Demifelle&  bonne  amie) qu'il  n'y  euçiamais  fi  pariais*,  qui  n'euft  touûoursfes 
infirmitez  auec  foy.Parquoy  ne  vous  deicoûragez  point,  ains  pluftoft  renforcez  vous, 
&  pensez  que  les  Prophètes  $c  A  poftres  ont  bien  efté  infirmes,  &c  que  Dieu -a  eu  pitié 
d'eux. Dieu  nous  laifl'c  en  nozinfirmitez,àfin  que  nous  ayons  occaûon  de  nous  main- 
tenir tonfiours  en  humilire^  que  nous  apprenions  à  luy  demander  ce  que  nous  n'a- 
uonspoinr,commeau  threforier  de  tout  bien. Si  vous  fentez  voz  infirmitcz,ç'c#  défia 
vn  bon  commcncemenf,eftudiez-vousàleseognoiftred  auantage  :  car  elles  engendre 
té&>  ront  en  vous  humilité:Quicpnque  s'humilie  (dit  Iefus  Chrift)ilfçra  exalté. le  vous  pria 

jjokezeed.  (Dcmiielle)nciamais  paiTcr  vn  îour  fans  aupir  apprins  quelque  chpfe  à  l'auancemenç 
de  la  gloire  de  Dieu,&  de  voftre  falut,a  ut  rement  dites  que  c'eft  temps  perdu.  Car  tout 
cequeproniterezàlagloiredeDieu,celanc  périra  point:  mais  ce  que  profiterez  au 
corps,  pourrira.  Aduifez  doneques  bien  a  voftre  eas,&:  ne  vous  confbrmez^point  auec  le 
monde,craignantqucne  treIbuchiez  en  perdition  auecluy.  le  ne  dy  point  cecy  pouc 
vousaduerpr  démener  vnc :  viede  Moyne,  pudeî^onnette,  quife  gouuernçnr  parles 
ftatuts  inuentez  des  hommes hypocxit«,j8c  g«ir  ra,fltu.ç,erdu  fiable:  ie  requiers  feule* 
ment  devous,quefoyezbiçn  curieuiè^e^jiernmcr^en,  la  crainte  de  Dieu.,  &c,  fes  corn- 
mandemcnsjde  toutes  voz  force&&  tpu^v^oljtjie  courage.  Ayez  vne  ferme  roy,  &  faîtes4 
qu  elle  ibic  ornée  de  toutes  vértiz.  Ëriczppurmoy^imquc.ma  foy  ne  défaille  en  ce 
combat  de  I'efprit  &  du  corps,car  ie  voy  oier*  fluc.la.foarauon  n'en  tardera guercs  ,<r 


Executions  du  CoacïU  de  Trtntc^.  4  ji 

ftàns  en  t*o  1  es  m  ains  drii  grands  perfccuceulSiSiiaoz  tous  noa  frères.  &C;  amys ,  &  ayez 
pourrccQmJrtandec.Manc,&£  qu'elle  vous  foittouik>ursf<*ruainte  &  amycLeieigneur 
Dieu,  (bit  aii  coques  vous. 

^âjP  R  E  S  tous  ces,  combats  &  cfprcuuesvlciour  cftantTch.u,-ordonnc  du  Seigneur 
g|§§|pour  donner  vi<iîtoircô<:rcposàceiienifcruiceur/enrécedc  mort  luy  fut  prondn 
cee,ôd  l'cxecutio  d'i  celle  appteftec  par  les  afprcs  courmes  du  feu.  Ceux  de  Lille  ont  eu 
deuant  leurs  yeux  vn  miroir  de  la  verVu& bonté  de  Dieu  admirable.  Ils  ont  veuceluy 
qui  auoic  auparauant  tant  redoute  la  mort^rant  combatu -contre  fa  chair,  tant  ictte  de 
fou  fpirs,rcgrettant  la  dure  départie  de  la  femme  auec  laquelle  il  n'auoic  cire  qu'enui- 
ron  neuf  mois,eftre  tcllemé't  fortifié  que  les  tourmensne  luy  out  efté.en  horreur  quel- Paul  forti 
conque:&:  mefmesayant efte parle pafïe  paflc  te  blefme  dec^uieur^lcuint  vermeil  en  fié  &  de 
vninllant,&:  d'vnefaceiayeufc  ligne  cuident  que  Dieu  luyiauoit  tendu  &  tendoit  lac"[*  &dc 
main  pour  le  rédre  victorieux  de  tous  fescnnemis.A  l'heure  qé'-onle  fit  fortir  de  prifon V  ' 
pour  aller  au  fupplice  fie  ihftamment  requefte,  qu'on  luy  pétmirde  parler  tix  motz  feu- 
lement au  peupic.-ce  qu'il  luy  fut  reruié ,  auec  menaffes  que  $'il  tenoit  propos  à  autre 
qu'à  fon  confeiîeur(qùi  eftoit  ce  Cordelier  Deibonnets)oa  le  baillonncioit.&non  con 
tensdece,luyfeirentpromettrc  aueciurcment  de  fe  taire.  Ainfi  que  Dcfbonnets, le 
menoit&l'exhortoit  dépensera  fon  faiut,  dertnoncer  aies  erreurs,  &de  retourner  à 
Dieu:Paulrefpondit,quiiyauoic  longtemps  quefonfalut  eftoitfait,&  partant  qu'il 
s'y  aflèuroit  arreftoit  > quant  aux  erreurs ,  il  proteftoit  n'en  tenir  nujs.  Et  efle- 
uant  fes  yeu  x  en  haut  prioït  Dieu  dilant, Seigneur ,ior cihe  rouiionrs  ton  pouce  feruiteur 
iufques  à  la  fin:Seigneur  tien  toufiours  ton  ieruiteurfermecn  lafoy.&  ainfi  priant  ren- 
dit Tcfpric  le  xii.de  Décembre,  m.d.i  x  un.  mourant  autant  conftamment,  que 
Chreftiennement. 


COMME  les  perficutions  &  guerres  ciuiles  ont  efté  augmentées  far  f tfjùe  &  dernières 
conclu  fions  du  Conàle  de  Trente:  &*,  quelques  deo-ets faits  en  keU^^xaminex^ 


AFIN  de  cefte  année  à  laquelle  eft  paruenue  noftre  hiftoire  en  ce  mois 
de  Deccmbre,nous  met  au  deuant  les  exécutions  del'iirue  du  Concile  de^,  \oaglfct 
Trcnterlequel  ayant  commencé  de  feoir  dés  Ianuicr  en  l'an  m.d.xi  v.fe  ferions  du 
leua finalement  en  Décembre  dernier  pafFé  m  .  d  .  l  xiii.I1  eftoit  requis ^ 
qu'vne  longue  &  hideufe  conception  précédait  l'enfantement  de  tant  de  maux  que 
detioit  engendrer  vne  telle  aflcmblee ,  qui  nepretendoit  pour  couleur  du  commen- 
cement qu'vne  fain&e  reformation  des  abus  du  Clergé,  fuyuant  les  décrets  &  Canons 
des  Apoftres,&  del'Eglifeprimitfueîmais  l'ifîue  a  bien  monftré  qu'il  n'y  eut  onèqucs 
veine  en  tout  fon  corps  qui  tendit  à  cela.Car  fans  procéder  à  la  decifiori  ou  expédition 
dvnechofeplusquenotoire,onafaitgliiTer  x  v  m. années  l'vnc  après  l'autre,  pour  de- 
meurer toufiour*  en  pleine  poiTclîion  de  toute  ordure&  vilainierôi  attendre  Toccafion 
pour  mettre  le  mondeenplushorribleconfufionqueiamais.  Car  comme  ainfi  foit,ô£ 
fepeutcognoiftrcau  difeours  de  ces  Recueils,  que  le  Seigneur  par  fa  bonté  &  miferi- 
corde  infinie,ayantefclairé  parla reftitution  de  fon  Euangilc  tant  l'AUemaigne»- l'An- 
gleterre &  rEfcoiîe,comme  depuis  quelque  temps  en-ça  la  France,&  le  Pais»bas:il  eft 
aduenu  que  la  vénérable  affemblec  de  Trente,a  prinfe  cefte  caufe  pour  occafiond  ex- 
pédier &  hafter  leurs  dernières  conclulîons  fanglantes.    Deux  Cardinaux ,  Tvn  du 
cofté  de  France,  &  l'autre  du  Pais-bas,  on  tferui  à  cela  de  flambeaux  pourembrazer 
du  tout  ce  qui  n'ardoit  que  par  rrop.Quant  au  premier,fansrecercher  les  chofes  de  plus 
hautquedutempsque  lcRoy  Charles  i  x.fit  publier  l'Edift de  Ianuicr, décrété  en  lal'Kdiddciî 
meilleure  cpmpaignic  qu'il  fe  peut  faire,  à  S.Germain  en  laye'(dont  eft  parlé  ci  deiTus)  J^^J " 
ce  Cardinal,  di-ic,  ne  pouuât  porter  que  chofe  fi  necefifaircàla  tranquillité  iu  Royau- 
me fit  plus  long  progres,attizaincôtinent  lé  feu  d'vne  autre  façon  qu'il  n'auoic  faitau- 
parauan*  contre  la  volonté  du  Roy,desEltats,Princes  du  fahg,  &  Seigneurs  du  Con- 
fèil,&    coûte  la  France  Jlaflcrrfbla  tant  de  moyens,&  folicita de  telle  façon  fon  frère 
François  Duc  de  Guifc,grand  Maiftre  de  France,à  prendre  les  armes  pour  fubuerrir,  ôc 


Liurc^  VllI.      Executions  duCvncilede  T rentcj. 

du  tout  exterminer  le  party  de  l'Euangile&:  Religion  reformée,  que  ledit  Duc  ne  les 
polàoncquesiuiqu'àceque  Dieu  l'euft  fait  trefbucher  en  bas, comme  il  a  efté  dit  en 
(on  lieu.  De  ces  defleins  6c  entreprifes  n'eft  reforti  autre  chofefinon  vn  dommage  à 
toutiamais  irréparable  à  la  France.  Au  moyen  de  quoy  le  Royeftant  tombé  aux  trou- 
bles qu'il  vouloir  euiter  auparauant,fut  contraint  pour  icelles  appailèr,fajre  publier  vn 
li\Ct  depa  autre  Edicr,au  mois  de  Mars  de cefte année, appelé  De  Pacification:  auquel  il  ordonna 
cjficatK».         ccux  je  ja  ^eijgjon  reformée  pourront  exercer  librement  leurdite  Religion,  par- 
tie dedans  les  viiles,particdchors>&:c.aucc  ces  chufa,Ej]>crantc]uclerempSyle  fruicldulon, 
fiiintijil '  rcj&* gênerai ou  national  Conale:&  la  vertu  àvnojltvmatorité  prochaine^  &c.  De  ceci  le- 
dit Cardinal  print  occaiion  de  ioliciter  les  dernières  concluions  de  ce  Concile  :  sadui- 
l'apouc  iouuerain  refuge  que  le  Roy  netarderoit  pas  beaucoup  à  faire  déclaration  de  fa 
maionce,&:  qu'il  viendroit  bien  à  propos  h  le  Concile eftoit  expédié  de  ce  meime  téps, 
pour  puis  ie  fommerdelafufditeclaulcdcfonEdi&:&parccmoyen  impofer  iilenccà 
tous  Miniftres  de  la  parolle  de  Dieu.Q_uat  à  l'autre,  àfçauoir  A  ntoine  Perrenot  Cardi- 
nal de  Granoelle,il  n'en  a  pas  moins  fait  que  le  fuidit,mais  plus  lubtilcmct,  minât  par- 
_     deifouz  terre  la  fubucriion  des  Eglifes  reformces,&  des  plus  gras  Seigneurs  du  Pais  qui 
Iioumuùx"  ^Cur  portoyent-faueur ,  par  la  création  desnouucaux  Euefquescftablis  pourlnquiiî- 
luciqucs    teurs,és  villes  principales  dudit  Pais-bas. Or  ont  tant  fait  ces  pionniers  par  leurs  me- 
SupSJba"  nées  &  mines cauerneufes,  qu'on  aveu  la  fin  de  ce  beau  Concile  plein  d'cxorcifmes, 
d  anathemes  6c  excommunications  contre  tous  ceux  qui  ne  feront  à  leur  volonté  ,  ou 
qui  voudront  empefeher  qu'ilsnc  faccnuoutàlcursplainrs.Etontiagaignéce  poinél 
(quelque  choie qu'iladuienne  au  rcfte)qn'il  ne  s 'eft rit  n  traité  dcleurs  vies, abus 6c  îdo- 
ïeTr?"c«e  latriestfinon  que,puis  qu'ils  y  fontinueterez,  aufliy  demeureront-ils  à  perpétuité  .  Ec 
change  rien  quant  aux  bourfes, boettes,  vallifcs, boutiques, maga(ins&  autres  defpeiches ,  comme 
min!*' lC  bullcs,indulgcnces,&  rogatons  du  Pape  auec  toute  la  marchandée  de  fon  liège, tout 
cela  demeure  en  fon  entier  tant  pourluy  que  les  liens. 

e  s'il  eftoit  queftion  d'entrer  plus  auant  au  particulier  des  articles  6c  décrets 
dndit  Concile,  pour  faire  veoir  à  l'oeil  6c  au  doigt  eftic  directement  contraires  aux 
DroicVz,Edi&s&:authorité  des  Roys, fans  entrer  en  vnlongdiicoursou  enumeratiôde 
plufieurs  tels  articles  qui  s'y  trouueront,  on  cnpourroit  alléguer  feulement  quelques 
vns  cnpalfantjpar  oinlellailédefaireiugementdurefte.  Quant  aux  articles  concer- 
nant la  dovftrine,il  lufHroit  d'en  produire  vn  de  la  cinquième  Sefîion  pour  échantillon: 


s:o  Co?ie*di  qui  contient  que  Ie  fainct  Concile  enleignc  6c  inftruitparlefainctEiprir,declate,qu'cn- 
re«enK»ti  core  que  noftrefeigneurIe(usChrift,cn  fa  dernière  Cene ,  air  inftituéle  vénérable  (à- 
ïri^idùs  crcmcntd'£uchariihc,ésdeuxefpeces  de  pain  &:  devin,  &:  l'ait  ainû  baillé  à  les  Apo- 
Chriit.      ftres:ii  eft-ce  que  ii  aucun  dit  que  parle  commandement  de  Dieu,  ou  de  necefîité  de 
falut,tous  les  Chreftiensdoiuent  prendre  les  deux  cfpeces  en  la  communication,  qu'il 
foit  anathematizé  &  retranché. Qui  ouit  onques  vn  blalpheme  fi  exécrable ,  d'anarhe- 
Bbf  heme  mat'zcr  celuy  qui  feroit  ou  diroit  eftrc bon &c  i eceuable,  ce  qu'eux-mefmes  confâclTenc 
inamfdlc.  auoir  efté  ordonné  par  Iefus  ChriftîU  ne  faut  donc  douter  de  quel  efprit  ils  ont  efté  mc- 
nct&conduitZ:encorcs  qu'aucuns  d'eux  foyent  fiimpudens  d'alTeurcr  auoir  veu  vifi- 
blcment  lcfaind  Efprit  citant  audit  Concile. 

Qv  a  n  t  à  la  tcformation  des  mœurs  ,&dc  laDifciplineecclefiaftiquc,ceque  le 
Côcilc  de  Tréte  en  ordonn c,  parangonné  à  ce qu'auons  mis  ci  dçlTus  au  ftil  &:  la  police 
La  rcfoima  des  Eglifcs  rcformecs,on  rrouucra  parantithefe  les  ténèbres  oppofcesàla  lumière,  Se 
cAeicTtè-  menfonge  à  la  vérité.  L  article  du  décret  quatrième  &feptiéme  delà  feptiémeSe/fion, 
tepaungô-  portât  qu  a  l'élection  &  ordination  des Euefques&:Preftrcs,le  colëntemcntdu  peuple, 
Spimc  ilcs  &^vocatiô&authoritédequelcoquepuifrancefecuUcre,qu>ilsappeIlét,oumagiftrat, 
Egbf«  re-  ne  font  requis  ny  neceiîâires,cft  euidémetcôtraire  au  droit  diuin,à  la  couftume  dcl'E- 
fbrmeo.    gjjfc  primitiue,aux  anciens  Canons  6c  Conciles  :  6c  mefmes  àleur  Canon  començanc 
Sacrorum,diftincl.j$.6c  au  Canon  VotaciMum/z  l'Epiftre  87.de Iean  premier,  euefque  de 
Rome,&:  aux  Epiftrcs  de  Celeftin  premier  ,&:  Grégoire  le grand:par  où  appert  qu'il  eft 
requis  àl'infticution&  promotion  desEucfqucs&  Prcftres  ,lc  confentement  du  peu- 
TmKc'd.rc  pl^auquelfontauflicomprinsles  Magiftrats:  comme  il  eft  déclaré  par  les  fufdits  de- 
^cm;nc  co  crets  6c  Epiftrcs  dudit  Gregoirerqu  auec  le  confentement  du  peuple.cft  aufsi  requis  cc- 
ancicnsc'a  W  ^u  Prince-kc  c&  au  chapitre  Sakrnîtande.  6c  autant  en  a  efté  approuué  au  Concile 
Monv.       x  1 1  .de  Tolède.  Ce  que  ledit  Concile  de  Trente  veut  ofter,  à  fin  de  croiftre  lauthoritc 

de  fon 


Oppofè à  tous  'Droiéts.  6  j p 

dcfonPape,&:à  ce  que  tout  appartienne  à  luy  feul,  ou  à  ceux  qui  fe  font  vouez  à  Juy 
pour  efclaues.  Maisqu'eft-il  befoin  d'examiner  leur  décrets  Ecclefiaftiqucs,  oppofez 
dediametre  aux  ordonnances  de  Dieu  &c  defon  Eglife?qu'on  examine  fculemét  ledit 
article&fesfemblables  au  Droid  par  lequel  les  Repubhqs  &c  Royaumes  font  entrete- 
nus &gouuernez:&  on  trouuera  le  toutdiredemét  côtrairenon  feulcmêt  à  tous  droids  A"'<J«  di- 
fie  authoritez  des  trois  Eftats  des  Pais  &:  Royaumes, mais  auffi  à  lafouueraineté  qu'ont  pofezniau0p 
&C  tiennétpar  efpeciallcsRoisdeFrace,  au  droictdenominatiô,&:  aux  ordonnâmes  fai-dr<»&s  des 
tes  en  formede  Pragmatique  fandion-.fuyuant  le  droid terequifit  ion  des  Eftats  gcne-J^^mcs 
rauxtcnuz  àOrleans,enlaconuocation&:  aflcmbJee  d'iceux,des  Piinccsdu  fang,&; 
de  tout  le  Confeil  du  Roy,  publiées  &c  emologuccs  à  la  Cour  de  Parlementer  lefqucl- 
les  eft  ordonné  qu'aucc  ceux  du  Clergé  fe  trouucront  aufdites  cledions, douze  gentils- 
hommes pour  la  noblelîe  du  diocefc,&:  reprefentans  rcftatd'icellenoblefle.  Et  outre, 
douze  notables  bourgeois  cfleuzàl'hofteldc  ville, loit  Archiepifcopale ,  Epifcopale, 
ou  Primatiale,confequemmcntreurelcntans  le  tiers  Eftat. 

En  la  féconde  partie  de  ladite  feflîon,  ledit  Concile  entreprend  fur  les  reuenuz  des 
fabriques  des  Eglifes:&:  en  actribue  la  cognoifTance  aux  Prélats  Ecclefiaftiques  :  &:  leur 
commande  de  prendre  partie  des  fruids.  Qui  eft  entreprendre  furies  fondateurs,  Se  u  q^jj 
mefmement  fur  les  Editz&  anciennes  ordonnances  des  Rois  de  France:&  entre  au-  de  Trente  1 
trcs,de  Charles  vi.cnl'an  m.  c  c  cl  x  x  x  v  .par  où  la  cognoilfancc  des  fabriques  Ec-vou!u  toM 
eleliaftiques  appartient  aux  iuges  royaux.    Par  après  ledit  Concile  donne  pu^nee^^e^* 
aux  Euefques ,  &C  de  leur  Chapitre Se  Clergé ,  de  prendre  &:  rctrencher  partie  de  reue- 
nuz des  hofpitauxj&mefmes  dcsdifmes  infeudez,appartcnans  aux  gens  qu'ils  nom- 
ment lay  s.  Qui  eft  vne  enrrcprinfemanifeftefurrauthoritéduRoy,&:  fur  grand  nom- 
bre d'ordonnances  royaux,  dont  en  y  a  quatre  du  Roy  François  I.    C  Le  premier  L.Eaia.  ic 
décret  de  la  féconde  partie  de  la  huidiefme  feflîon  rompt  l'Edici  de  la pacification ,  qui  ap-  pacification 
prcuue les  mariages  contradez  en  raiTemblccdeseglifes  reformées  rlefquelz  font  par^mg^P* 
ce  décret  diflbulz&: déclarez  nuls,s'ilsne  fontfaits  par  vn preftre  de  l'eglife  Romai-  dece  Conci 
nc:ce  qui  n'eft  que  pour  engendrer  grands  troubles  Se  confufions  tant  au  royaume  de  lc- 
Frâce  que  par  tout. Il  y  a  vn  grâd  Se  intolérable  abus  au  douziefmc  décret  de  la  dernière 
fefsion:  par  lequel  eft  cômadéà  tous  Patriarchcs,Primatz,  Archeuei'ques,  Euefques,  Se 
to'autres  quclcoqucs,qui  de  droicl:  Se  couftume  ont  voix  au  Côcile  ^uincia^qu'ils  ayét 
incontinent  à  receuoir  publiquement  tout  ce  qui  a  efté  déterminée  ordonné  audit 
Concile.qu  ils  promettent  &:  iurent  vraycobeifîànce  au  Pape,&  luy  en  facent  profef- 
fion  publique:  quilz  détellent  Se  anathematizent  publiquement  toutes  les  herefies  .CoiJ,fic}crc^ 
condamnées  par  les  autres  Conciles,&:  mefmes  par  ccftuy-cy.  Par  autres  articles  ledit  dibôos'pe 
Concile  commande,  que  ladite  obeiflfance  au  Pape  foit  iuiée  dedans  deux  mois  :&: rcs  dcTrcn 
que  chacun  face  confefsion  de  fa  foy.  Ce  qui  n'eft  autre  chofe,que  fouz  vne  couleur  6c  "'ourec  de 
prétexte  de  reformation ,  attirer  vne  plus  grande  déformation^  impieté  profane  :Se  «us  maux, 
ériger  &authonzer,&:attraire  dedans  le  royaume  d'autruy,vncairemblce  de  gens  non 
fubiedzd'iceluy.    Ledit  Concile  commande  aufsi  aux  vniueriitez  de  ne  rien  en(ei~ 
gnerfinon  conformément  aux  decretzduditConciIo:&:  qu'elles  en  facent  ferment  fo- 
lennel,au  commencement  de  chacun  an.  Ce  qui  tend  toujours  au  rabaillement  de 
l  3uthoritédesRois,que  ledit  Concile  veut  faire  comme  les  lèrgens&:  exécuteurs. 

A  v  x  a  t  abus  au  Canon  troifie(mc,en  ce  qu'il  permette  ordonne  monitions  &ex-  Excommu- 
communications,non  feulement  à  fin  de  reuelation:  mais  pour  lc  recouurement  des  ™c£'°r^oa 
chofes  perdues. Lequel  abus  eft  iugé&:  condamné  par  pluficurs  Arcfts  delà  Cour  de  urer  choies 
Parlement.  Permet  en  outre  de  condamner  lesgcnslays,par  amendes  pécuniaires,  ïaiues» 
&  par  failîe,  prinfc,&:  exécution  de  leurs  biens  &  perfonnes,tant  par  les  officiers  dcf~ 
dits  Prélats,  &:  leurs  orficiaux,que  par  autres  :  combien  qu'au  Royaume  ilz  n'ayent  tel-  Aneantiffe  - 
lesiurifdidionsfur  leurs  gens  d'Eglife  mcfme,  ôcencores  moins  furies  lays,&  que  ce  ïî^kcu?' 
foyent  vfurpatiôs  faidesfurleRoVj&cl'cftatfeculier.DefFendaufsiàtoutMagiftratdelicr, 
faire  defenfeau  iuge  Eccleuaftique,  d'excommunier  aucun,  ny  de  luy  mander  qu'il  re- 
uoquefon  excommunication. Au  Canon  x  x.il  cômande à  tous  Princes  Se  Seigneurs 
de  garder  tous  leldits  Canons  &:decretz:renouuellantalencontre  d'eux  toutes  les  dé- 
crétâtes vfurpatoircs  cy  deuant  abrogées  en  France,  tant  par  les  Editz  Se  ordonnances 
des  Rois ,  que  par  les  Arcfts  de  la  Cour:  Se  fignamment  font  reftablics,  par  plufieurs  ar- 
ticles, beaucoup  de  confticutions  Bonifacienncs,  cxprcfTémcnc  reicttees  audit  Royau- 

TTc.i. 


L  'w<u  VI IL  Jotfe  de  ÇrueL 


,Aanateï-«  ue.Dc  mefme  façon  font  les  Annates.  Les  caufes  concernans  les  Prélats  &  Eucfques 
de  France  font  attirées  à  la  cognoùfance  du  Papc,contre  lefdites  libertez  de  Francç;&: 
autres  puiffances  en  grand  nombre  luy  font  par  lelditesSefsions  attribuées,^  àla  Çouj; 
deRome.  .  Finalement  ledit  Concile  afubmis  fous  l'authoritc  duPapequi  cilàpj-ç- 
fent,&  qui  fera  cy  après  fucceifeur ,  tout  ce  qu'il  a  faid  en  x  v  1 1 1 . ans , &  depuis  Pauj 
m.iufques  à  ce  temps:  tellement  qu'au  lieu  d'efpcrer  quelque  reformation  &  cor- 
rection des  abus  &c  vibrpations  des  Papes, U  delà  Chancellerie  &c  cour  de  Rome,on 
les  voit  parla  tous  remis  fus-.&vn  déluge  de  maux  misenauanrpour  opprimer  les  Re- 
^■^gJcrc  publiques. Pour  conclufîon,tout  ledit  Concilceft  remis  à  la  volonté  du  Pape,&:  fub- 
misà  b  de-  mis  à  fadifpcnfefic  teuoeatiomen  luy  donnant  toute  plénitude  depuiffance.  Et  au  lieu 
uoeioo  des  qUelCSpreccdens  Conciles  lioyent  la  puiiTancedu  Pape,qui  eft  par  trop  excefsiuc,cc- 
ftuy-cy  le  remet  par  de/Tus  le  Concilc:de  forte  qu'il  n'y  a  aucune  détermination  cer- 
taine eftablie  par  iceluy,mais  le  tout  eft  reduict  a  fa  volonté.  Receuoir  donques  ce 
Concile,n'eft  autre  choie  que  rabailfer  l  aurhorité  des  Rois,oftet  les  libertez  anciennes 
dcl'Eglifcpourenfaire  vnappuy  d'abufion  Papale:  &c  par  mefme  moyen  remettre  les 
troubles^  diuifions,non  feulement  entre  les  fubie&s  des  Princes  &:  Rois,mai*  auflï 
partoutelaChrcftientcîCommeleserfedsledemonftreronr. 


Tapes. 


IOSSE    DE    C  R  V  E  L ,  cfe  Ronfe  ,ou  Rmay  tnTkndre. 

LES  moyens,defquels  bien  fouuenc  fc  fert  le  Scigneur,font  incognuz  aux  hommes. Ce  perfonnagefut  da 
commcncemcnc  ini\ruit  par  ceftuy-la  niclmc  oui  dcpiiis  l'a  periccuté  &  fait  mourir. 

L  a  cfté  parlé  quelques  fois  ci  deffus  de  Ronfe(ou  autrementRcnay)  bour- 
gade à  deux  lieues  d' Audenardc,à  i  ailon  de  TiteJman  doyen  dudit  lieu  :  où 
palTé  plufîeurs  années  quelques  ges  receurét  vn  premier  gouft  de  la  parollc 
AftcduDo^^J^^^^  dcDieuparles  fermons  d'iceluy.  Depuis  deuenu  Inquifîteurgeneral  de 
yen  de  Re-  Flancire\il  a  de  celle  iorec  peifecucc  les  fidèles,  qu'il  n'eut  oncquesfbn  pareihliqueplu- 
fieursdeceux-laquiauoyencreceuquelqueinftructionpar  luy, ont  efté  iugez  dignes 
de  mort  parla  propre  inquificion.Entrc  les  autres  fe  trouua  vn  bon  &  fïmple  perfonna- 
ge,  nommé  Iode  de  Cruel ,  natif  de  ladite  bourgade,  lequel  aucunement  inftruit  aux 
joffcprifon premiers  fondemensdepicté,tafchantdes'auancer  en  lagraeeque  Dieu  luy  auoit  fai- 
nicr.       ce,futauflitoftapprchendé)&conftituéprifonnier.Maisfinfirmicéde  ce  poure  hom- 
UCverité.UC  mefucfigrande,qucpour  crainte  de  la  mortilrenia  la  veriti,eftant  par  les  tentations 
&perfuafionsdeceuxquife nomment  gens  deglife,  induit  à  commettre  vn  fi  grand 
malheur. Toutesfois  après  qu'il  fut  deliuré  de  prif'on  Dieu  ne  le  voulant  perdre,  le  tou- 
chadel'efprit  de  repentance,  voire  ii  viuemeni :  qu'il  délibéra  de  quitter  le  lieu  de  fare- 
fidence,pour  fe  retirer  és  pais  où  il  peuftferuir  à  Dieu  en  vérité.  Et  pource  il  vifita  les 
vifite  les  Eglifcs  Chrefliennes  d'Allemagne,  Angleterre^  Ooftlande,&  finalement  vint  à  Em- 
Ig,lfes"     bdeen  la  Frife  Orientale,où  il  demeura  quelque  temps. Or  côme  en  l'an  m  .  d  .  l  x  i  i  i  i  . 

ilreuint  à  Renay,pour  aucuns  fîcns  affaircs,aduint  par  admirable  prouidence  Se  difpo- 
Prifonnier  fition  de  Dieu  qu'il  fut  derechef prins.  Les  ennemis  de  l'Euangile,  &.  fingulicrement  ce 
derechef.    j)oven  apoftat  &c  Inquifîteur  ,  auec  les  preftres,en  furent  fort  ioyeux  :  &c  vindrent  à  di- 
uerfcsfois  vers  luy  pourl'intcrroguerdefa  foy. Entre  plufîeurs  chofes  diuerfes,ilz  luy 
demandèrent  s'il  auoicefté  en  Allemagne  Si  en  Angleterre^  quelle  religion  &c  façon 
;         de  viure  on  y  obferuoit.  Sur  quoy  Iofîe  rcfpondit,que  vrayement  il  y  auoit  demeu- 
re quelque  temps,&  que  le  feruice  de  Dieu  s  exerç  oit ,  &:  la  pure  vérité  fe  prefchoit  es 
Eglifes  reformées  de  ces  pais-la.  Ce  qu'ayans  entendu,  ils  luy  demandèrent  s'il  auoit 
cognu  aucun  de  Rcnay,&:  du  pais  de  Flandre,  qui  fefuft  retiré  en  ces  lieux  pourfui- 
opi  '  ure  icellc  Religion.  Et  alor  s  il  leur  dit,qu'il  ne  vouloir  acculer  perf  bnne,  par  ce  que  ce- 
la eftoit  contraire  à  toute  charité.   L'interrogation  fut  longuc,&  de  plufieurspoin&s 
delafoy,maisfpccialementils  infiftercntfur  lefacrementde  la  Cenc:&:  leur  confefîa 
Quuertement tout  ce  qui  eft  requis  en  icelle,  félon  linftkution  qu'en  a  faite  noftre 
Seigneur IcfusChriftjfans  varier  en  forte quelconque.Et d'autant  queladifpute  dece- 
fte  matière  ne  leur  plaifoic, pource  qu'il  defcouuroit  par  les  confefîîons  l'abomination 
delà  MefTe,ils  commencèrent  à  criev&  blafphemer,&;iQiurier  cepourc  patient.  Luy, 

perfî  fiant 


Jean  de  Graue.  fj0 

perfiftant  vaillamment  en  iaparollede  Dieu,quieftleglaiueduquel  doiteombatre  le 
fidelc,demcura  ferme  en  Tes  confeiîions&:  tefponfes.Lc  Seigneur  luy  donna  bouche 
&  fagefle,  à  laquelle  ces  vénérables  ne  peurent  reiifter.  Pendant  le  temps  qu'il  eftoit 
en  pri(bn,il  deriuit  vne  Lettre aflez lôgue aux"  frères  fidclles  de  Rcnay ,  laquelle  auons 
obaufe pour  eftre plus  briefs.  Commedoncqucsce  vray  tefmoin  de  Içfus  Chrift  d'vne 
fetmefoy  rcûftoit  aux  argumens  de  fes  aduerfaircs,  finalement  le  x.  deFeunerM.D.  Accuf?. 
l  x  v  .fut  amené  deuant  les  luges  de  Renay,  où  le  Bailly  à  la  façon  de  procéder  du  lieu, 
le  poftula  à  mort. Mais  Ioflc  de  Cruel  oyant  la  poftulation  &:  conclufîon  de  mort  qu'on 
prenoit  contre  tout  droift  U  cquité,remonftra  le  tort  qu'on  luy  failbir,  defe  ndant  par 
l'authorité  del'Efcriturc  fain&c  fàcaufe,ou  pluftoft  celle  du  Fils  de  Dieu.  Proteftoic 
en  outre  qu'il  ne  craignoit  mourir  pour  vne  fiiufte  caufe,  mais  que  fa  proteftation  n'e- 
ftoit  pour  autre  choie  linon  qu'il  les  prioit  de  s'amender  &:  cognoiftrela  vérité'  d'vne 
telle  cauiè.Incontinent,fansauoirefgard  à  ce  qu'il  dilbit,les  Efcheuins  fuiuans  la  de-  Condam^. 
mande  du  Bailly,le  condamnèrent  à  eftre  exécuté  par  l'efpee.  Et  luy  eftant  prononcée 
fentence  de  telle  mort,rcmercia  les  Seigneurs,&:  Iuges:&  pria  pour  eux.  Ainli  qu'on  le 
menoie  à  la  mort ,  il  commença  à  chanter  le  Pfeaume  ixxxim,  ioyeux  &  affeu- 
i  é  des  promefles  de  Dieu. Si  toft  qu'il  fut  au  lieu  où  il  dcuoit  mourir, ilfc  meit  à  genoux 
inuoquant  fore  ardemment  le  Se  igneur,lc louant  &:  luy  rendant  grâces  de  ce  qu'il  l'a- 
uoitcfleu  pour  eftre  tchnoin  dcfaverité.Ilrequiftlorsaupeuplc,qui  làeftoit  en  grand 
nombre  alTemblé,dc  prier  Dieu  pour  luy  cependant  qu'il  viuoit.  Et  en  conioignanc 
fes  prières  auec  les  autres, il  pria  fort  pour  fes  ennemis.  Finalement  jldit  tout  haute - 
ment,Mon  Dieu  &c  Perc  ie  te  recommande  mon  ame,rcçoy-la  en  tesmains.&furcele 
Bourreau  luy  ofta  la  teftc,&:  ainli  rendit  l'efprit  au  Seigneuries  an  &iour  que  deflus.  Dcca^ 


IEAN    DE    GRAVE,  d'£c£«gfc«j,  enFlandre. 

L  A  multiplication  des  tourmens  au'tndurc  le  fidèle  pour  feeller  le  tefmoignage  de  l'Euangile/ait  de 
tant  plus  reluire  la  vertu  &  bonté  du  Seigneur  ,à  la  confufion  des  ennemis. 

OMME  la  lumière  de  vérité  es  années  précédentes  efclairoit  déplus  en  M.Z>. 
plus  toutelaFlâdre,le  feu  aufTîdcsperiecutiôs  de  toutes  parts  de  plus  fort  LXV. 
s'allumoitàTencontredeceux  quieneftoyentilluminez,commc  à  Axele,  cn 
Hulft,&  lieux  circonuoiûns  cfqucls  Dieu  auoit  faict  retentir  le  fon  defa  pa 
rollc.  Entre lefquels  vn  nommé  Iean  de  Graue,  natif  d'Eckeighcn  prez  de  Gandr, 
mufnicrdcmeurant à  Hulft,nefut  des  derniers,combien  qu'il fuft  rude  Ôù  idiot.il auoit 
cn  telle  horreur  les  abominations  de  la  Papauté, qu'il  ne  vouloir  auoir  rien  de  commun 
auec  ceux  qui  les  fuyuoyent  en  manière  que  ce  fuft.  Et  comme  fa  femme  fut  prochaine 
d'enfanter  il  s'en  alla  exprès  à  Anuerspourcuitcr  toute  pollution,  &  faire  baptifer  fon 
enfant  en  ralfembleeChrcftienne.  Par  cecy&:  autresattions  pleines dezelc  du  vray 
feruicc  de  Dieu,il  ne  faillit  de  venir  en  haine  des  preftres  du  lieu  où  il  faifoit  fa  demeu- 
ranccPreuoyant  les  dâgersapparens,ilfe  retira  en  Anucrsauecl'Egliiè  reformée  en  la 
côrruniondesfrcres.Orpourcc  quilauoitfon  bienau  quartier  de  Hulft,  il  y  retourna 
pour  eiTaycr  de  retirer  quel  que  choie  à  fin  d'en  fubueniràfa  famille.  Mais  le  Bailly  du- 
dit  paiSjGyfbcrt  Rabat,ayant  cntêdu  fa  venue,monta  incontinent  à  cheual:  &  le  dixfe- 
ptieme  dcNouébre  m.d.lxiiii  .vint  au  moulin  dudit  quartier  appelle  Le  moulin  de  ^Si^* 
Lanckzvvecrdc,accorapaigné  de  gens  de  mclrne  volonté,  pour  prendre  le  poure  muf-  dcHuHt 
nier.  Arriué  qu'il  fut,  commença  crier  à  la  porte  du  moulin,  &  demander  fi  Iean 
de  Graue  y  eftoit.  Lequel  ne  fe  lcntant  coulpable  d'aucun  mesfaid,  rcfpondit  tout 
hautemét  au  Bailly,Qu'il  eftoit  là  prefent  pour  faire  ce  qu'il  voudroit.Cc  Bailly  luy  cô- 
mandade  defcendre:&  litoft  qu'il  fut  defeendu  le  conftitua  prifonnier,&lcmcna  à  ^pnloa 
Hulft ,  fans  le  lier .  Par  le  chemin  le  Bailly  l'intcrroguant  de  fa  foy  ,  Iean  rcfpondit 
qu'il  croyoit  de  tout  fon  cœur  ce  que  Dieu  luy  auoit  enfeigné  cn  fa  parolle,fansy adiou- 
fter  ne  diminuer.  Or  le  lendemain  qu'il  fut  mis  en  prifon,quelcun  fidèle  y  vintfccrette- 
mcntfçauoir  pour  quelle  raifon  il  eftoit  détenu.  Uluy  fltrcfponfc  qu'il  ne  fçauoit  au-  dVo 
trecaufedefon  emprifonnement,finonqu'ilfuyuoitlapuredoârincdufain£tEuangi- 
fc.  Ce  fidclc  luy  dit,  Certes,  ie  ne  voy  point  comment  vouspourrczfortird'icy,8i  ûay 

TTt.ii. 


L*Wo  VIIL  fan  de  ÇrattcJ- 


grand' pitic  de  vous,d'au  tant  que  vous  auez  vne  ieune  femme,  &  quatre  enfans.  Sur 
quoy  Iean  luy  dit,  Quant  à  ma  femme  &c  mes  enfans  ,ie  les  aycefte  nui£t  mis  hors  de 
mon  foin, les  ayant  recommandez  de  bon  cœur  au  Seigncur,qui  les  prendra  par  (à  grâ- 
ce en  fatutele:&:fi  efpereparvnc  mefme  grâce  côfeffer  fon  nom  franchernet  deuanc 
tous.Etpourceic  vous  prie  qu'ayez  fouuenancc  de  moy  en  voz  prières ,  aduertiflànt 
toutes  les  Eglifes  de  prier  pour  moy.  Or  outre  les  liens  qui  l'affligcoyent  en  fon  corps, 
Tentations  ^  fcncoic  degrands  affaux  &  tétations  de  tous  coftez,par  lefquelles  Satan  tafehoit  de  le 
&  combaa.  deftourner  delà  confeflïon  de  la  vérité. Mais  eftant  en  ce  combat  il  eut  tout  fon  recours 
au  Seigneur,qui  le  fortifia  d'vne  telle  confiance,  qu'il  ne  fut  nullement  vaincu  parles 
rourmensdefaim  &:  foifqu'ilcndura,nypar  les  menaces  de  fesaduerfaires.  Lacruautc 
Cruautcdcs  defquels  fut  fi  grande  enuers  luy,  qu'ils  n'oublièrent  nulles  efpeces  de  tourment  donc 
aducrfaircs.  ^  fc  fcurcnt  aduifer,cuidans  par  ce  moyen  le  contraindre  de  renoncer  à  fafoy.il  endu- 
ra vne  faim  &foif  plus  extrême, lors  qu'vn  certain  prifonnier  qui  eftoit  auec  luy  en  vnc 
mefme  cage,fut  eflargy, pource  que  perfonne  ne  pouuoit  venir  vers  luy  ,  n'approcher 
de  fa  cage,eftant  le  Geôlier  fi  malheureux  &  fa  chambrière  cruelle ,  qu'ils  olbyent  bien 
dire  qu'on  ne  deuoitauoir  pitié  d'vn  tel  hôme.  La  foifqu'il  endura  fut  telle  qu'il  rut  co- 
Soif  extre -trainct  de  boire  fon  vrine  propre,pour  fc  refraifchir  aucunement.  Long  temps  futtrai- 
roe*        cté  ce  pouure  prifonnier  en  cefteforte,&  iufques  à  ce  qu'vn  malfai&eur  nommé  Guil- 
laume Tabbart  fut  mis  en  prifon, il  nereceut  autre  traittemenrmais  pource  que  quel- 
ques riches  gens  vifitoyét  ledit  Guillaume,la  cruauté  fut  vn  peu  adoucie,  par  le  moyen 
d'vn  bafton  qui  luy  fut  donné,  par  lequel  il  pouuoit  tirer  les  aumofncs  qu'on  luy  fai- 
foitenfà  cage.  Mais  cela  ne  dura  long  temps ,  s'eftant  apperecu  le  Geôlier  de  ce  ba- 
S^nGco-  fton,  tellement  qu'il  leluyofta:& mcfmes  rapporta  aux  Preftres  du  lieu  les  noms  de 
lier.        ceux  qui  auoyent  affilié  à  Iean  en  la  prifon:  dont  s'en  enfuyuît  grande  perfecution. 
Cen'eftpas  tout,il  ne  permit  iamais  cependant  qu'il  fut  en  la  prifon, encores  qu'il  feift 
vn  froid  d'hyuer  plus  afpic  que  de  couftume,  que  ce  poure  prifonnier  fe  chauffait  ne 
qu'il  s'approchaft  du  feu,combien  qu'il  ne  deniaft  cela  aux  brigans  &:  meurtriers.  Or 
voyantlafemmedc Iean  ceftemalicedu  Geôlier, s'adrefla  au  Bourgmaiftre  de  Hulft 
Bour  nui  n°m^  Hubert  Dulle ,  pour  fe  plaindre  d'vne  telle  rigueur. Et  luy  remôftroit,  que  quad 
ftrcle"*'  fon  mary  feroit  meurtrier  ou  larron ,  qu'il  ne  pourroit  eftre  plus  mal  trai&é, voire  quâd 
Hulft.      amfî  feroit  comandé  par  Iufticc.  Mais  il  luy  dit  audacieufement,  qu'elle  ne  deuoit  efti- 
Re^onfc   nier  Ion  mary,  qui  eftoit  mcfchantheretiquem  on  plus  qu'vn  brigand  Ôc  meurtrier,  iuf- 
auelle.     ques  à  ce  qu'il  laiffaft  les  mauuaifës  opinions  qu'il  tenoit.  N'ayant  rien  gaigné  enuers 
ceftuy-cy,  elle  vint  à  M.  llltnc^  y  an  Sttelant,  qui  fut  efmeu  parles  complaintes  d'icclle: 
&:  pource  manda  incôtinent  au  Geôlier  qu'on  rraittaft  le  prifonnier  plus  humainemée 
pource  qu'il  eftoit  fon  coufin  ,  ou  qu'aurrement  on  y  prouuoiroir.Le  Geôlier  luy  don- 
na depuis  cequi  eftoit  du  boire  &:  du  mager:mais  il  demeura  tout  le  téps  de  l'hyuer  en* 
durant  le  froid,  &:  ne  fut  efmeu  à  compafîîon  enuers  ce  poure  hôme,encorcs  qu'il  euft 
les  membres  tellement  gelez,qu'il  ne  pouuoir  marcher  qu'à  grand'  peine,  ny  fe  fenic 
long  temps  debout. Cefte  affliction  bien  rude  à  la  chair,  ne  changea  toutesfors  ce  pa- 
tient:car  d'autant  plus  il  inuoquoit  Dieu  à  fon  ayde,à  ce  qu'il  luy  fît  grâce  de  perfeuerer 
conftamment  en  la  vérité.  Or  corne  Satan  baftift  toufioursdes  moyens  pour  vaincre 
les  vrais  fidèles, au fTïfufcita-il  le  frère  dece  prifonnier  pour  venir  en  la  prifon ,  à  fin  de 
luy  perfuader  delaiffer  la  fain&edottrincdefalut.&  poury  mieux  paruenirluy  mettoic 
^fonfre  ^euant  *cs  Yei1x^a  Pic,é  de  quatre  beaux  petits  enfans  qu'il  auoit,&  que  fans  luy  ils  tom- 
SflJïncL  beroyentenpoureté  &:  difêtte:  melmes  qu'à  tel  befbin  il  ne  feroit  pas  figrandmal  de 
"  quitter  quelque  peu  de  la  vérité.  Mais  Iean  grandement  efmeu  luy  dit,  Retirez  vous 
de  moy  Satan,  car  vous  m'eftes  en  empefehement  :  ne  vousfuffit-il  pasdevous  eftre 
aiTuicttivousmefmcsaudiable,enreniant'IcmsChrift,fans  rafeher  dem'iriduirc  auffi 
à  cela?Retirez  vous  (dit  il)  carie  ne  veux  pbinr  efeouter  voftre  mefehat  côfeil.  Outre 
toutes  ces  affliction s,il  eftoit  iournellemctaflailly  degrandnôbre  d'ennemis  de  lafoy, 
Moynes  &:  Preftres,  qui  ne  rafehoyée  par  tous  moyens  qu'à  le  diuertir:&  entre  autres 
De  deux  eu  fut  anailli  Par  dcux  c»rez  de  Hulft,l'vn  nommé  meffire  Martin  Barthélémy,  &  l'autre, 
rexdcHulftméffire  Corneille  de  Coulogne,quil'examinerct  félon  leur  vieille  couftume,par  argu- 
mens  fophiftiques.il  ne  refpondit  rien  à  leurs  queftios,  mais  leur  dit  tout  court  qu'il  ne 
-    voujbit  croire  autre  chofe  q  ce  qui  cft  eferit  au  Vieil  &  nouueauTeftamét.Des  difputes 
dçceux-ti,&  d'autres  pluûcurs  pour  tefmoièriagedclà  côfefBon,ilen  aeferit  dùratfon 

emprifon- 


Jean  de  0V*/*O.  66 1 

cmprironncmcnt,àrEglircChiclliciinGd'Anuers,auccqucs  lefs  refponfes  qu'il  a  rai- 
&es,lcfqucllesfommairemcntonteftcexttaitre$  (elon  la  l'ubltancecôtenuc  en  îcclles^ 
comme  s'enlùic.C'etf.  à  lcauoir,quela  cruauté  des  enncmysUe  la:vcrité,  quelque  gran- 
dequklie  fuft  enuers  luy,  ncl'auoit  fait  defuoyer  delà  vcrjitéjCneot  es  que  ce fuft  choic 
difficile  de  porter  tant  de  maux  &e  les  allants  de  Satan  :Se  qu'il  n'efpcroit  autre  eliofe 
qued'acheuer  lempelcrinagealaglonede  Dicu.Quil  auoit  refpondu  de  fa  foy  à  vn 
mcllire  Cornille,&;  à  mellïre Martin  furrragant,commc  il  eftoit  tenu  puis  qu'il  en  eftoïc 
incerroguc.-c'eft  à  içauoir,  Qu'il  n  auoit  point  honte  de  lefus  Chnft,  Se  de  fa  paiolle  la- 
quelle il  auoic  receue  à  fon  ialut.  Qu'il  croyoit  les  dix  comrnandemcns  de  Dieu,  par 
lefquclz  la  volonté  diceluyeft  clairement  cnleignée,&:  tout  ce  qu'on  doit  faire  oulaif- 
fer.Quil  auoic  dreii'e  la  vie  félon  iceux,  au  mieux  qu'il  luy  eftoit  pollîblc,  Ôo  qu'iJ  tafehe- 
roità  s'y  conforme r. Qu'il  croyoit  les  articles  de  la  foy  contenuz  au  Symbole ,  tout  le 
vicil&:  nouueau  Teltament,efcrits& laiffez par  les faincf  s  Prophètes, Se  Apoltres,  à  ritx 
de  cognoiitre  la  volonté  de  Dieu.  Qu'il  ne  croyoit  point  à  leurs  docirines  &inuctions 
humaines.mais  qu'il  les  detcitoitaucclainctPaulme  pou uaseftre  confirmées  par  lapa-  Cal.i.1 
rolle  de  Dieu.  Et  quâd  ces  vénérables  luy  mettoyet  en  auâc  corne  leur  dernier  refuge, 
qu'il  falloic  croire  en  la  faincteeglilcRomaine,laquelle  ne  pouuoiterrer:il  leur  allégua, 
qu'ileltoitefcnt,qucceluy  leroic  maudit  qui  adiouiloit  ou  diminuoic  de  la  loy  du  Sci- JJfJJ^J^ 
gneur,&:  que  s'il  croyoit  leurs  inucntions,  que  par  confequence  il  aduoucroic  que  la 
Lov  de  Dieu  ne  feroic  parfaite.Ces  proposles  firent  entrer  en  colere,&:  dirent, qu'il  fal- 
loic croire  que  Icms  Chriftcitoit  en  chair  en  fang  au  Sacrement  de  laMelî.e,ce  qu'il 
leur  nia  tout  a  plat. 

Or  pource  que  la  forme  de  leur?;  interrogatoires  eftconfufe,  il  ne  fera  impertinent  Difpuœs. 
•  de  la  réduire  en  Ion  eferit  par  demâdc&  relpôicqui  en  fut  faite  .Et  d'autant  qu'vn  nom 
me  CoulôgncprintJaparolle  le  premier  en  celle  forme  &:  manière, il  1  elcriuir  ainùaux 
frères.^. Or  ça  Iean  de  Graue,peut-on  baptilèr  les  petits  eniàns:i£.Ouy,&:lc  baptefme  Du  baptef. 
leur  appartiétanlh  bien  qu'à  ceux  qui  font  enaage.^'.Oùcft  baptifé  voltre  enfant?  ç&.  me- 
A  Anuers.       Croyez  vous  qlel'usChrilHbit  en  chair  Se  langea  la  Meife?  çt.  le  croy 
luyuantlesarticlcsdelafoy  que  lefus  Chrift  foie  monte'  au  ciel.  Ocfui  ce!a,vn  appelle 
meflire  Martin  luy  dit,Melchant  heretiquc,n'cft-il  point  efcrïs,  Cecy  clt  mon  corps?^.. 
Ouy,maisilyaauffi,Iefuislavignc,la  voyc:&:pour  cela lefus Chrift n'eft  ny  vigne  ny      r*''  & 
voyc.il  faut  doneques  que  ce  paiiage ,  Cccv  elt  mon  corps,foic  entédu  fpiricucllemcnr, 

De  h  Ce  ne, 

comme  Chrift  mefme  le  nous  monftre  clairement. car  il  dir,que  la  chau  neprolfite  de 
rien,maisquec'eJtre'l'pritqui  viuifîc:  Les  paiolles  que  îe  parle  ion:  eiprit  &  vie.  Item,  lua6-6i 
Que  Dieu  n'habite  point  es  temples  faiez  de  tnain,&  n'cll  point  ferui  par  mains  d'hom  Rois  8 17 
mes  côme  s'il  auoit  befoin  dequelque  choie. Làdeifus  le  pourelean  de  Grauc  fut  ciel-  Aft.7.48.17 
mentyparle  Curc,qui  luy  dit,Quil  ieroit  mieux  de  femcller  delon  moulin  que  de14' 
s'entremettre  de  telles  choies  Mais  Iean  refpondit, Qu'on  crouueroit  entièrement  ce 
qu'il  auoit  dit,aunouueanTeftament.  Alors  vn  nommé  Iean  de  Boxtale  dit  aux  Cu- 
rez en  Latm, Faites  apporter  vnc  Bible:  ce  qui  fut  fait,  Se  fut  trouuc  ainh  que  Iean  auoic 
allégué:  donc  cous  les  preftres furent honceux»& ne  dirent  ancre  choie  pour  couurir  gjXs. 
leur  beftife linon qu'ilfalloic  entern!;  e  les  palTages  autrement:  &  qu'il  n'y  entédoit  rien. 
Et  de  là  a  belles  iniures,luy  dilans  que  mal  luy  prendroit,silnelailîbic  l'on  obftinacion. 
A  quoy  rei  pondant, die, S'il  faut  que  îe  fouffre  pour  la  veritc',mon  lalaire  fera  grand  au- 
près du  Seigneur.  Alors  ils  dirent,  Que  IcMagiftrat  auoit  pui/lancc  de  le  fane  mourir.  Temationi 
Maisle  patict  fans  s'eftôner  leur  remôltra,que  s'il  iugcoitiniuftcmét,qu'illcroitiugé  de  ^and«.  . 
Dieu.  Sur  ce  fc  leuerentde  courroux, en  blafphcmant  horriblement  la  venté.  Plu- 
fours  autres  demandes  luy  furem  faites,  auxquelles  îi  entl  de  quoy  refpondre,  encore 
qu  on  l'eftimaft  de  bien  balfe  condition.  Cependant  l'Inquiliteur  de  Flandres  Pierre  Pierre  Ticd 
Titelman, entendant  la  prinfede  Iean  de  Grauc,  vint  à  Hulft  pour  l'examiner:  &:  cela 
futfaid  à  lafulcitation  des  preftres ,  lefquels  irritez  de  ce  qu'ils  ne  Fauoyent  peucon- 
uaincreparraifon,auoyent mande  ceftlnquiiitcur.Ainh le  xx  i.&c  x  xn.de  Ianuier 
Iean  fut  amené  à  l'hoftellenedu  Cigne,  où  cftoyent  afîcmblcz  les  Bourgmaiftre  Se 
Efcheuins  de  Hulft  auceceft  înquîlîteur.  Là  fut  mis  le  criminel  deuant  vn  grand  feu, 
où  il  fua  à  groifes  gouttes,  d'autant  qu'il  fortoit  d'vne  vilaine  cage,  oùil  auoit  endure 
faim &: froid  cxcreme.L'Inquihteur commençai rcxaminer,luy  difant,Iean,  Puisque 

TTt.iii. 


L'inquifi 
teuriettevn 


Liurc->  VIII.  Jean  de  Çrauc^. 

nousfommesicy  aiîcmblcz  pour  ouyrcequc  vous  croyez,  qu'eftimez  vous  de  l'Eglifc 
Romainc,&:  de  la  doctrine  du  Pape?  R.  I'ay  défia  faittcôfelTîon  de  mafby  deux  ou  trois 
fois,fans  aucune  faintifcric  vous  dis  derechef,  que  le  me  tiens  à  la  parolle  de  Dieu  tant 
{eulemcntj&m'appuye  fur  le  fondement  des  Prophètes,  &  A  poftrcs,&:  non  point  fur 
les  traditions  humaines.Nc  croyez  vous  pas,dit  l'Inquifiteur ,  que  Dieu  auec  chair ,  fie 
fang,  comme  il  eft  né  de  la  vierge  Marie,  a  efté  pendu  en  l'arbre  de  la  croix,  fok  en  la 
Méfie,  &  finguliercment  quand  on  leuc  l'hoftief  R.Nenny  vrayement,carce  feroit  co- 
tre la  vérité •  de  l'Efcriturefaincliexar  i'ay  dit  ci  deuant  que  le  Souuerain  n'habite  poinc 
fenl.tf.33.  es téples raids  demain.  Lccicl,ditleSeigneur,eftmonfiegc,&:laterre  lemarchepicd 
Yaj'+s    de  mes  pieds.-quellemaifon  m'édifierez  vous?  Ma  mainn'a-cllc  poin&faidt  touteecy? 
Fhl.no>     Puis  doneques  que  Dieu  nhabiteences  lieux,  comment  le  pouuez  vous  enfermer  en 
vn  morceau  de  pain?ou  en  vos  ciboires?Et  qu'il  ne  foit  ainfi,vous  le  pouuez  voir  en  mon 
Teftamcntque  i'ay  icy  :  ô£  le  luy  bailla. L'inquifiteurfuttellementcourroucé  &tranf- 
nouucauTc  porté, qu'il  ietta  au  feu  ceTeftamct,  combien  qu'il  fuftpriuilegc^lequelvn  des  Efchc- 
ftiment  au  ujns  fOU(Jain  ramafia.Dequoy  l'Inquifiteur  s'enflammât  de  plus  en-plus  en  fureur  con- 
L'inquifi.    tre  le  prifonnicr,  commença  àcrier  comme  forcené,  Ofaux  infernal  hérétique!  mef- 
ïéï'ire'""  cnant  bcliftrei&  femblables  iniures  (qui  font  leurs  plus  forts  arguments  )  tcllemét  que 
leuant  fa  main  le  pcnià  frapper  au  vifage.Mais  l'vn  des  Eichcuins,voyant  l'excès  de  ceft 
Inquifiteur,l'cmpe{cha  &  luy  dit,M6fieur,ne  lcfrappez  point,  on  en  fera  iurtice.  Apres 
que  celte  tempeltefut  vn  peu  appaifee, l'Inquifiteur  luy  dir,Comment?garnimcnt,  be- 
liftre,nc  veux-tu  pas  croire  quele  Seigneur  ton  Dieu  foit  au  facrement?  le  vous  prie  c- 
feoutôs  vnpeuce  que  dira  ce  malheureux.  Or  bien,  mefehant  hérétique,  ne  croys-tu 
pas  qu'il  y  ayt  fept  Sacremensrlc  croy  i"culement(dit  Ican)en  Dieu  qui  m'a  crcc,me  gou 
uerne,&:  me  maintient,^  des  Sacremcns  l'en  croy  ce  que  l'Eicriture  m'en  enfeigne.  D. 
Du  purg».       cr0yS.tu  pas, qu'il  y  ayt  vn  Purgatoire,par  lequel  il  faut  que  les  ames  foyent  purgées 
apresIamortfR.Ielc  croyray  volontiers, fi  vous  me  le  pouuez  monftrer  parlaparollc 
de  Dieu. le  croy  chofe  plus  certaine,c'cfi:  que  le  îàng  de  Iefus  Chrift  nous  purge  de  tous 
péchez.  L'Inquifiteur  perdit  encores  icy  déplus  fort  toutecôtenâcc>criar,Qu.cdiray-ie 
de  ce  marautrD.Ne  crois  tu  pas  que  l'home  a  fon  franc  arbitre:&  par  fes  bônes  ceuurcs 
peut  meriterle  Royaume  descieux.'Que  les  fain&z  prient  pour  nous?  Que  c'eft  bonne 
chofe  d'aller  en  pelennage?R.Ie  me  tié  ieulemét  à  la  parolle  de  Dieu, non  point  aux  tra- 
ditions des  hommes.  D.  N'eft-ce  pas  la  parolle  de  Dieu,  dont  ie  t'interrogucfR.  Mon- 
ftrcz-lemoy  partefmoignagedcl'Efcriture.  Lorscomtwença  ceft  Inquifitcurà  faufle- 
ment  alléguer  quelques  partages  en  adioultant  aux  vns  &c  diminuant  aux  autrcs,dc  for- 
Larcfpôfci  tequelean lesefiimaindigncsd'yrei'pondre,tant ilzeftoyent  lourdement  coufuz  par 
ic  le  filcnc»  loppins.&:  le  teut  tout  coy,le  laiïfant  babiller  tout  fcul.Ce  filéce  fit  de  plus  en  plus  crier 
font  déplus  cç^  \n(^u  ,f]tcur  e feu  mat  ces  mots,Mefchat  Caluinifte,diaboliq,as-tu  vn  diable  muet? 
quuîceurtn  ça,ça,iele  chafieray  bien. Or  y  auoit  il,commcdit  eft, en  la  chambre  vn  grand  feu  d'au- 
r*§e«       tant  qu'il  faifoitfortfroid.il  menaça  ce  pourc  homme  de  le  ietter  dedans,  &:  qu'il  le  fe- 
roit la  brufler  s'il  ne  parlait  autrement. Iean  luy  dit,qu'il  craignoit  bien  peu  ce  feu-la  au 
Ma.iHi   regard  du  feu  eternel,lequel  ne  fera  iamaisefteind,&:  duquel  la  fumée  monre  de  fieele 
Apoca.13.r1  en  fieclc.  L'Inquiliteur  voyant  &oyant  tout  ceci,  prononça  contre  luy  en  prefenec 
Sen£e  de  ^cs  Elchcuins  éc  aflîftans ,  lèntencc  de  mort  éternelle,  &  lcliuracomme  blalphcma- 
rinquift.    teur,aucccorps&:amc  au  diable. Ce  iugemcnt(dit  Iean)appartient  feulement  à  Dieu, 
Diîîerfcstë  Partant  *c  n'eftime  rien  voftreiugemêt.  Or  voyant  le  Bourgemaiftre  que  l'Inquifitcur 
tarions,     nefaifoitrien  par  menaces  pour  amener  leprifonnier  à  fa  do£trinc,il  voulut  eflayer  de 
l'auoir  par  belles  parolles  :  Iean, dit-il, ie  vous  prie  laiflez  vousefmouuoir.Iean  refpÔdir, 
Monfieur  le  Bourgemaiftre,ne  me  priez  point,mais  priez  Dieu  qu'il  vous  illumine  en 
îfa.«.i4     la  vrayefoy,àfin  que  vous  ne  choppiez  point  contre  la  pierre  angulaire,  qui.  eft  Iefus 
Ficn*i'33    Chrift,&  que  n'entachiez  vos  mains  au  làng  des  membres  d'iceluy.Surquoy  ceft  Inqui- 
fiteurdit,  Hérétique  endiablé,  ton  cas  neilqu  en  fauflésopinions,&  pureopiniaftreté, 
Iean  répliqua,  Dieu  (çair,  fi  ledelire  viurefelon  la  pureté  de  l'Euangilc.  Les  Efchcuins 
voyans  que  ny  par  menaces, ny  par  belles  parolles,on  ne  lepouuoitaucunement  diuer- 
lean  liuré  tir,le  liurerent  aux  Sergens,le(quclz  le  lièrent  fi  fort,qu'il  fut  contraint  de  crier  de  dou- 
ua  Scr^w.  ]eur  ^ieur  dire,Ne  mêliez  pas  fi fort,car  tous  mes  membres  lont  fi  miferablcmét  ge- 
lez,qu'il  faut  que  ie  me  tienne  à  vous,autrement  ie  nefçauroyc  marcher:partât  necrai- 
gnez  point  que  ie  m'enfuye.Comme  on  le  menoit  ainfi  lie  àlapnfon  le  Bailly  ic  tint  en 

I  allée 


Jeande  CjraucS*  66z 

l'allée  dclamaifon,&:luy  diten  pleurant,  Monamy  Iean,ie  te  prie  de  renoncera  ta  foy, 
<Von  tclaiifera  aller.  Monficur  le  Bailly  (die  Ican)  ne  pleurez  point  pour  l'amour  de 
moy,mais  pleurez  &:  priez  le  Seigneur  qu'il  vous  pardonne  voftrc  mesfaift.  Jean  donc- 
quetrut  derechef  mjs  dedans  fa  cage,&  fa  portion  iournelle  &  ordinaire  fut  deux  pic- 
ce«dcpain  bis,auecvnpcu  de  beurre  infect,  &  de  l'eau  laquelle  eftoit  la  plufpartdu 
temps  glacée.  Toutes  cespcrfecutions&:  diuerfes  tentations  ne  le  deftournerent  de 
l'office &C  deuoir  d'vn  vray  Chrcftien  :  car  fi  toft  qu'il  fut  en  fa  cage  il  eut  recours  aux  J*"Pjje  & 
prières  qu'il  faifoit  d'vn  ardant  courage  &  affection,  rendant  grâces  à  Dieu  de  ce  qu'il  «"'laçage. 
J'auoitainfiailïfté&:  fortifié.  Le  temps  doneques  acheué  de  x  x  m.fepmaines  entiè- 
res de  fon  craprifonnement, ayant  toufiours  confefle  Ieius  Chrift,&  fait  preuuc  fuffiiàn 
te  de  fa  foy  deuant  leMagiftrat,fon  procès  fut  porté  à  Gand,  pour  auoir  l'aduis  des  fça- 
uans,(ainfi  nomment-ils  les  Iuriftes)& procéder  meurement  &:  feurement  en  ccft  af-  j^i^  dc 
faire. Ces  lu  riftes  à  leur  façon  accouftu  m  ée,condam  ncrét  le  criminel  de  mort  félon  les  Gaud  le  cos 
Placarts  du  Roy.  Apres  donc  que  les  Efchcuins  furent  d'accord  auec  les'  Preftrcs,  Moy-  dc 
nesô£nnquifitcur,touchantlefang(à  fçauoirla  mort)du  prifonnicr,ils  ratifièrent  l'ad- 
uK&fentencedefditsIuriftes,&:  ordonnèrent  iour  pour  l'exécution  d'icelle.  L'affaire 
citant  démené  fi  auant,le  Bailly  félonie  ftil  forma  fon  aceufation  contre  le  prifon» 
nier,de  laquelle  les  articles  eftoyent^Que  Iean  auoit  fouftenu,que  Iefus  Chrift  n  eftoic 
point  auec  chair  &  iàng  en  la  MelferQue  c'eftoit  Idolâtrie  d'honnorer  les  Saincts,  &  de 
mettre  Images  aux  temples:  item  d'aller  en  pèlerinage»  &c  chofes  femblables.  àc  fe  fon- 
dant fur  icelles  il  print  fes  conclufions,quclccrirnineldeuoiteftrebruilé.  Cela  fait,  il 
ordonna  auec  les  Efcheuins(fuiuantlacouftumeou  pluftoft  vnc  vainc  fiction  de  droict) 
que  le  prifonnier  choifiroit  vnProcureur,pour  coucher  par  eicrit  fa  defenfe,&  rcfpôfcâ 
l'accufation  .  Le  procureur  de  Iean  efcriuit  les  articles,  parlefquelzil  defendoit,  Se. 
prouuoitpartefmoignagedcrEfcriturequeleprifonniernefouftenoit  rien  qui  ne  fuc 
conforme  à  icclle.Mais  le  poure  procureur  receut  ce  ialairedcfa  pcinc,qu'en  fin  ilfutTraitemét 
appelle  par  les  Efcheuins  &  luges  du  lieu,pourrcfpondrc  fur  la  defenfe  qu'il  auoit  e-JJJ^'11*1 
ferite encores  qu'il  luy  euft  efté  en ioinct  de  ce  faire.  Il  fut  adiourné,  à  peine  de  confifea-  «uxquipa 
tiondecorps&dc  biens,dc  comparoir  en  perfonne  deuant  le  confeil  de  Fladres,  pour  rtukwt 
fe  défendre  &refpondreaccqu'onluymctroit  fus.  Et nonobftant fes  raifons, d'autant  5dS<Ie*  *** 
qu'ilauoit  feulement  eferit  la  defenfe  du  prifonnier,il  fut  condamné  à  faire  amende 
honnorablcàHulftcn  pleine  aiîemblee  de  Vicrfchare,priant  à  deux  genoux  mercy  à 
la  Iuftice,&:  en  outre  à  payer  x  x  i  rii.Flor.Car.au  proffit  de  l'eglife  bruflécà  Hulft. 
Peu  de remps après,  à  fçauoir  le  Samcdy  x  xmi.de  Fcburier  le  bourreau  d'Anucrs 
parcommiisiondes  Bourgemaiftre&:  Efcheuins  vint  à  Hulft  pour  cxecuter(  comme  il 
penfoit)lean  deGrauecemefmeiour.  Mais  d'autant  que  le  Bourgemaiftre  faifoit  vn 
grand  banequet  le  lendemain  qui  eftoit  Dimanche,  cefte  exécution  fut  différée  iuf- 
ques  au  Mardy  fuyuant.Apresdoncquesquclcfcftin  du  banequet  fut  paifé  en  yuto- 
gnerie,&diiToiutionbrutale,leMardymacin,le  Bailly  auec  fes  Sergens  s'en  vint  à  la 
prifon,pour  amener  le  patient  à  la  maifon  de  ville.Or  Iean  voyant  que  Ion  heure  eftoic 
venue  baila  fon  compaignon  prifonnier  auec  luy,  Se  print  congé  de  luy  fort  amiablc- 
ment,difant,  A  Dieu  mon  frcre,à  Dieu, le  temps  de  mon  oblation  s'approche.ll  fut  lie 
&  garrotcé:&  comme  vn  aigneaupaifiblemenéàla  maifon  de  ville  ,auecqucs  deux 
Cordeliers,  qui  par  tous  moyens  s'efforçoyent  d'efbranler  la  conftanec du  patient.  Cordelim 
Mais  il  leur  refifta  de  li  bonne  grâce,  qu'en  fin  ilz  y  perdirent  toutes  les  peines  de*^^'1* 
leurs  rules  ordinaires.  Ce  pendant  les  fufFragans  Se  fuppofts  de  l'Antcchriftauec  leconfeU  cju 
Bailly  Se  Efcheuins  de  la  ville  firenc  vn  complot  de  confeil  ordonné  ,  d'en  charger çcIcujL 
cxprclTémcnt  aux  lergens ,  s'ilz  entendoyent  quelcun  durant  l'exécution  ,  qui  par- 
lai pour  le  patient  propos  de  l'Elcriture,qu'ils  ne  failliiîcnc  à  l'empoigner,  quel  qu'il 
fuft,ôde  mener  en  prifon.Le  Bailly,à  qui  appartient  la  charge  de  l'exécution,  auoit  fait 
cerchar  diligemment  de  la  paille  &c  du  bois,mais  perfonne  ne  vouloir  rien  vendre  pour 
vntclaàre.  A  la  fin  il  acheta  d'vn  payfant  vne  charretée  de  bois,laqucllefut  defchar-Par  ^  oa 
gce  au  marché.  Ilhctrouuoithommequi  voufift  percer  vn  pofteau  pour  attacher  k  jjJJIJJJPj?* 
paticnt,maisilfcit  entendre  fauiîcment,qucle  pofteau  qu'il  faifoit  percer  eftoit  pour,^' 
faire  vne  barre  de  cheuaux  à  l'eftable. Durant  qu'on  failbit  ces  préparatifs  ,fu ruine  vn  uoy{tc«u« 
nommé  Iean  VVillaerts  braiTeurdcbicte,  qui  fut  mis  prifonnier,  pource  qu'il  s'eftoit  J  J^£! 
deuifé  de  la  cruauté  Se  iniufticc  des  Magiftrats  auec  vn  fien  voifin,  qui  l'accu  falncon  ci-  g.on. 

TTt.iiii. 


Liurcj  VU 7.  Jean  de  C uuC. 

nent,&:  fut  mis  dedans  la  mcfmc  cage  de  laquelle  cftoit  forti  Ican  de  Graue,  où  il  fut' 
Crainte  des  iong  temps  en  grand' peine& tourmet.Les  preftres  ayans  peur  s'alfembleret  tous  mec 
Ftcftrcs.     ceux c|eja  £uftjcc:^  furies  douze  heures  de  midy , les  Bourgmaiftrc  &  Efchcuins  fu- 
rent a (Tiz  au  fiege  iudicial  de  la  Vierfchare,  pour  publier  fentenec  de  mort.  Le  piiifon- 
iwnadmo-  nicr  en  toute  alleuranccadmonefta  les  luges  de  penfer  à  leur  faluc&dit  taux  hautde- 
«cfteksiu-  uant  le  peuple  là  a(remblé,MeiIieurs,examinez  bien  macauic& pronôcez  droit  mgc- 
5e**         ment,caril  vous  faudra  comparoir  vniourdeuantlefiege  iudicial  de  IefusChrift,  cô~ 
Matt  M  3I   me  iecompareauiuordhuy  deuant  vous, où  chacun  rendra  compte  de  (on  faict.rcgar- 
Rom.M  10  dez  doncqucs  à  ce  que  vous  faites.  Le  Bourgmailtrc  luy  dit,N'as-tu  autre  chofe  à  dire? 
i.Cor.j.io    nous  auons  prinsconfeil  aucegens  plus  fçauans  que  toy. Ican  derechef  dit,  Auifcz  bien 
à  ce  que  vous  entrepreneziladottrine  que  ie  fouftien  &confeiTèeft  fondée  furie  fon- 
demeiK  des  Prophètes  &:  Apoftres:faitesce  que  vous  voudrez.  Or  lelon  leur  ancien- 
ne manière  de  procéder ,  le  Bailly  admonefte le  Bourgmaiftre  de  déclarer  &c  pronon- 
cer la  fentenec.  Incontinent  le  Bourgmaiftrecommâda  au  Greffier  d'en  faire  lecture. 
Teneur  de  LQ  tcncur  d'icellc,portoit(comme  ellea  efté  traduitc)ce  que  s'enfuit  :  Nous  Efchcums 
«ntre'iean  ayan&eu  l'aduis  des  fçauans,enlèmble  plulieurs  aducrtiflemens  denoz  Paftcurs,  6c  fin- 
deGraue,  gulierement de l  lnquifiteur  dece quartier,&  ayans  trouuc  quecelean  de  Graue  muf- 
nicrnatifd'Eckerbcrgucn,ou  commet  qu'il  puiilc  autrement  eftrenommé,cft  herctic- 
que  detaufle  foy, contraire  à  noftrcfoy  Chrcftienne  singulièrement  en  ce  qu'il  a  dit, 
que  Dieu  n'eft  point  véritablement  en  la  Mcflc  en  chair  6c  en  fang:&:  que  c'eft  idolâ- 
trie de  mettrcles  Sain&s  en  FEglifc,&  d  aller  en  pelennagc:&  plulieurs  autres  mcfchâ- 
tes  opinions  contre  noftre  foyrNous  le  condamnons  à  élire  cftrâglé,&:  fon  corps  brufle, 
6C après eftre mis  à  vnc fourche  ou  perche, au  champ  desgibetzde  cefte  ville.  Confi- 
feans  en  outre  tous  les  biens  meubles  6c  immeubles, quelque  part  qu'ils  fe  trouucnt,  au 
profhtduRoy. 

Apres  cefte  fentence  leué  ,  le  patient  dit  auec  vn  vifage  ioyeux,  Seigneur  mon 
Dieu,ie  te  remercie,que  tu  me  fais  digne  de  iouffrir  pour  ton  nom.  Le  bourreau  incon- 
tinent le  feit  taire. Et  outre  le  conte  nu  en  la  fentenec,  les  preftres,  cuidans  rendre  la 
Tcftanent  cnotc  P'us  odienfe  au  peuple,feircnt  tant  enuers  les  luges,  que  le  nouueauTcftamcnt 
bruilc.      du  condamné,fuft  pendu  à  fon  col  pour  élire  brullé  quant  6c  luy  .Finalement  le  poure 
patient  futemmenéau  feu  parlebourrcau,auccgrandecompalfion  de  tous  ceux  qui 
voyoyent  la  debônaircté,i'a  patiencc&  conftance,&  les fainctes  admonitions  qu'il  fai- 
foit,eftant  muni  del'cfpritdeDieuiIciç  iy  bien,  dit-il,  que  plulieurs  de  cefte  compai- 
gnie  ont  cognoiflance  de  la  vérité  de  Dieu,&:  pource,  frères, ie  vous  admonefte  tous  d'y 
perfeucrcrconftammcnt,&:  que  defpriticz  ce  monde  qui  n'eft  rien,au  pris  de  lafelicite 
qui  eftappreftée  aux  eflcuz  de  Dieu.  Apres,  il  feit  cefte  prière  à  Dieu,0  pere  celcfte, 
Prière  de    plein  de  mirericorde,n'imputcs  pointâmes  perfecuteursccqu'ilzmcfont.O  môDicu 
Icaa-        vueiUes  les  illuminer  de  la  cognoilîance  de  ta  parollc,  &:  me  vueillcs  auiourdhuy  recc- 
uoir  en  ton  paradis.  Le Bailly  enflamméde  vergogne, ne  pouuoit  ouyr  cefte  laincte 
pricre,&:  s'eferia  aigremét  cotre  le  patient  auec  ces  mots  imparfaits,  On  le  t*a  allez  dit. 
A  quoy  le  patient  dit, Homes, ie  puis  bien  dire  cecide  vous  prie  feulement  demeurez  en 
la  vérité.  Dcfpelche,  dit  le  Bailly  au  bourreau, fay  ton  office.  Alors  lepatient  defoymef- 
mesentranten  la  logettedeboisfe  mit  volontairement  au  pofteau  ,&:  demanda  s'ilc- 
Aioitbicn:ouyIean(ditle  Bourreau, )vous  elles  bicn:& luy  mitlclicolaucol.Eftant  lié, 
Seconde     il  commençai  crier  hautement, difant, Seigneur  Dieu  perc  celefteaye  pitié  de  moy:  O 
prière.      Père  de  miiericorde,reçoy  mon  efprit.  Ainfi  ce  vaillant  tefmoin  de  Iefus  Chrift  inuoe- 
quantlcnomduSeigncur,pa(fa  ie  mort  àla  vie  des  bicn-heureux,&:fcellade  ion  fang 
la  vérité  Euangelicque,  ainli  comme  ila.cftédeduict  au  long  par  fa  confcrtion,le  x  x- 
v  n.deFebuuer,M.D.L  x  v  .Or  félon  lacouftumede  ce Bourgemaiftrcadonné  à  tou* 
tegourmandife&:  yurognene,  touscesiugcss'arTemblerentenfa  maifon,&y  furenc 
trouuces  plulieurs  parolles  en  yurognant  pleines  de  blafphcmcs  contre  Dieu&  fes 
fidèles.  Mais  le  Seigneur  ne  laiila  guercs  telles  infolcnccs  làns  en  faire  vn  iugement  exe 
plaire.Car  certain  temps  apres,àiçauoir  le  v  n.d'Aouft,  ledidt  Bourgemaiftrc  retour* 
DfcoSr'k  natlt  d'Anuers,où  à  force  de  boire  il  auoit  gaignc,&:  rapportoit  vne  tafle  d'argent,  per- 
Hubcrt.Dui  dit  par  le  chemin  la  parollc  Vn  iugement  de  Dieu  II  manifefte  doit  bien  faire  trembler 
mfmr^de  tous  ceux  qui  par  leur  cruauté,mcttent  l'innocent  à  mort,  &c  trempent  leur  yurognerie 
Huift  auiangdcsiuftes. 

LIEVIN 


Lieuinde  Blekere^. 


LIEVIN     DE     BLEKERE,  de  Pamele  h^udenarde. 

L'E  X  E  M  P  L  E  qui  nous  cft  ici  propofé  à  l'entrée  de  cefte  annee.nouj  monrtre  combien  nous  dcuons  eftimer  le 
bénéfice  de  la  pirollcdu  Seigneur.quandd'vn  foudain  changement  d'vnc  vie  desbordec  nous  voyons  vncfaindtc 
refbrmàtion  tendante  à  l'édification  de  l'Eglife .  .  Ai  D 

LEKERE  peintrc,eftoitd'vne  petiteville  nomméePamele,conioincte  fa 
à  Audenarde,furIariuieredcrEfcauld,coutesdeux  renommées  en  Flan- 
dre pour  les  tapifTeries&:  toiles  exquiies  qui  s'y  font.  En  fbn  ignorance  il  a-  Ia  vilk<lc 


uoit  mené  vne  vie  diiîblue  6c  abandonnée  à  tout  excès,  fur  tout  d'yuro- 
gncrie,  vice  inueteré  encre  ceux  de  fa  nation.Mais  aufll  tort  que  Dieu  l'euft  Liemn  fore 
touché  delà  cognoilTanccdefon  Euangileil  changea  (a  viemauuaifeenlaincte  conuer  defbauché 
fanon. Et  du  commencementpource  qu'il  auoit  bien  petite  accointâce  aux  fidèles  qui  gnoiS'E 
efloycnt  multipliez  en  grand  nombre  par  toutalenuiron,  il  s'aida  pour  eftre  plus  am-  uaflgJc 
plcment  inftruit,de  la  lecture  particulière  des  faindtes  lettres  I j  y  profita  fi  bien  qu'ayâe 
quitte  toute  diirolution&:mauuaifccompagnie,il  renonça  quant  &:  quatàtoutes  ab- 
ominations &:  idolâtries  Papiftiqucs.Ce  que  voyant  fafemme  &:  là  belle-merc,  ne  pou- 
uans  porter  l'odeur  d'vne  telle  conucr(ion,l'accuferent  à  leur  Curé  de  Pamele:  lequel 
entendant l'accufation,neceflaiu(qu  ace  qu'ilTeuft  mis  en  danger  de  mort.  Il  en  ad- 
uertit  l  lnquifiteur  de  Flandre,  qui  eft  nom  mé  en  plufieurs  endroits  cy  delîus  :  &  accula 
Blekere  comme  hérétique  &:  ennemi  de  1  Eglife  Romaine.  Cefi:  Inquifiteur,  ne  deman 
dantque  tel  gibbier,  incontinent  vint  à  Audenardc  accompagné  de  lés  fuppofts  &c  fa- 
tellites:&:parlaluftice  de  Pamele  le  feit  mener  prifonnier  le  deuxiefmc  deSeptébrc 
m.  d  .  l  x  v .  à  fix  heures  du  matin,au  Chafteau  de  Pamcle  en  vne  tour  nôrnéc  L'oyc.  Il 
feroit  trop  long  de  déduire  icy  par  ordre  combien  de  grands  &  difficiles  combats  ce 
poure  prifonnier  fouftinc  de  tous  coftez.  L'Inquifitcur,&:  quelques  preftres,&:  autres 
îemblablesle  vindrctvoir  louuet  pour  l'interroguer:&  après  lôgucs  difputes  fur  quel- 
ques articles  de  la  foy,ilztomberent  fur  le  Sacrement,  qu'ils  appellent,  de  l'autel, & 
tafehoyent  partons  moyens  de  le  feduirc  par  leurs  faulTes  interpretationsde  l'Efcriturc 
fainc^e.Mais  combien  qu'il  femblaft  homme  contemptiblc,ôc  qui  n'auoit  cogneu  lave 
rite  que  depuis  nagueres,rcfifta  vaillamment  par  la  parolledcDieuàtous  ces  Geans, 
efforts  foldats  de  l'Antechriibproteltant  clairement  qu'il  entendoic  de  mettre  la  vie  Lafecïe  d« 
pourladocttinequ'ilauoitconfeiTédeuantcux. Depuis  cela  plufieurs  Libcrtins,dont  Libcrtil« 
Ienombreeftoitpourlorsairezgrandencepays,gensquine(efoucientfouz  quelle rc-  m  lp'ee' 
ligion  îlz  viuent,vindrentvifitcrcc  poure  affligé,  luy  voulant  perfuader  qu'il  n'eftoic 
befoin  de  fe  mettre  en  danger  c|e  mort  pour  quelqueRcligion  quecefuft,&:  qu'ilne  fe 
deuoit  ainfifeparer  de  l'Egl'fe  Romaine*  Mais  en  vaintrauailloyent-ils,  d'autant  que 
i'Efpritde  Dieu  eftoitauecques  luy. Ce  pendant  l'Inquifiteur  qui  auoit  délibéré  de  luy 
parfaite  Ion  procès  ainfi  qu'aux  autres,voyant  qu'il  perfiltoit  en  fa  confcfllon  :  le  x  1 1 1 . 
deNoucbreaudictan  le  condamna  comme  hérétique,  &le  liura  au  bras  feculier.  Et 
pource  il  fut  mis  en  vn  autre  prifon  dite  l'Ammanie  de  Pamele, où  il  futtraittéôc  af- 
faillyde  mefmc  que  parauant.Mais  le  Seigneur  donna  à  fon  feruiteur  confiance  &£  pa- 
tience, tellement  qu'il  endura  toutes  tentations  &c  afflictions  patiemment.  L'Inquifi- 
teur cependant  pourchafia  à  route  diligence  la  mort  de  Blekere  :&  commanda  de  par 
le  Roy  au  Magiftrat  qu'on  cuti  adcfpechcr  vn  tel  hérétique  .  Le  Magiftrat  le  voyant 
ainfi  folioté  par  luy&:  prefTé  parlcsEccIefiart:iqucs,ordonnacertain  iour  pour  en  faire 
exécution, &  combien  que  quelques  vns  des  Eicheuinsle  feiiïent  à  regret,  toutesfois 
pour  ne  tomber  en  l'indignation  du  Roy,  ils  confentirent  àefpandrelefang  innocent.  Piiate  cnpiu 
Le  lundi  donc,quieftoitle  xx  i.dc  Ianuier  m.d.  l  x  v  i.  leBaillyauec  fes  officiers  vint  5^"^"  és 
cnlapnlon,pour  mener lepatientàla  Vierfcharc,  lieu  Iudicial pour  ouyr  condemna-  de  fa  fcàe. 
tion.Or  côrae  on  le  menoit  par  la  rue,  le  peuple  incontinent  s'aiTcmbla  tout  à  l'entour, 
&efmeu  de  compailion,fut  tellement  animé ,  qu'auec  grand  bruit  &  tumulte  courue  -, 

-    ,  ...        K  ..  ,         /      _     y  •■     /        n  t        r         i»  Commence 

fus  au  Bauly  &:  fergens,  tellement  que  le  patientrutdelmre,&:  otte  par rorced entre  ment  de  h 
leurs  mains.QuelquesCordeliers  &:  autres  caphardsqui  félon  la  couftumcaccompa-  h^rc£  ^ 
gnoyent  ce  ptifonnier,furentiettez à  terre,  tellement  qu'ilz  furent  contraints  fe  fau-  Sba.** 
ucr  aux  maiibns,crians  aux  Seigneurs  de  la  viUcMonft  rez  que  vous  cflcs  le  Magifbat. 


L/Wo  FUI-  Lieiiin  de  TtkimS 

Cc  pendan  t  Blekcrc  prioit  &  admonneftoit  lepcuple  fe  déporter  de  telz  outrages  :  Mes 

frères  &amis,difoit-il,laifTez  au  Seigneur  paracheuer  l'œuure  qu'il  a  propofee  défaire 
en  moyilaifTez  faire  le  Magiftrat.  Sur  ces  entrefaites  furuindrenc  ceux  de  Jaluftice  qui 
s'eftoyent  renforcez,&  empoignèrent  le  patienr,&:  l'emmenèrent  haftiuement  au  tri- 
bunal de  la  Vicrfcharc  dcuatles  Seigneurs.Lorslesgrans  Baillizde  Pamclcôc  Audcnar 
t«  Bailliz  Je  communiquèrent  quelque  peu  cnfcmbleà  l'orciile.Puis  le  Greffier  par  commiflîon 
î  ÏSeL  d'iceux  Bailliz,recueillit  par  ordre  l'aduis  Se  iugcmét  des  Efcheuins  ,afin  défaire  la  fente 
4e  côioino.  cc diffinitiue cotre  le  patiét.cntre lcfquels  vn  cftât  requis  dôner fa  voix,dit,Qu'cft-il  be 
foin  de  tant  dcmader,puisqu'ilfautqu'ainfifoit?  Apres  cela  ils  le  côdâncret  à  mort  fui- 
uant  les  placarts  duRoy,maisilsparlerétfibasqperfonncdupeuplc  cftât  tout  à  l'cn- 
tour  ne  l'entédit.Quelqs  vns  des  Efcheuins  femonftroyent  fi  eftôncz  &fipalles,qu'on 
pouuoit  ailémcntiugeràleurcontcnance,qu'ilz  condamnoyentceft  homme  contre 
leur  confcience.Blekere  cftant  ainfi  iugé,dit:Meffieurs,  aduifez  à  vous:&  voulant  par- 
ler dauanrage,fut  amené  par  plufieurs  officiers  auec  grand  tumulte  au  bas  de  la  mai- 
fon  de  ville, où  ilz  le  lièrent  fur  vn  chariot  le  menèrent  haftiuement  à  la  mort. 
Mais  auflî  toft  qu'il  rut  au  Marchc,la  multitude  du  peuple  fc  rua  fur  le  chariot,&:  confo- 
lalepatient.Ceuxquieftoyent  àleurshuys  &  feneftres,  mefmes  lesfcmmcs,crioyent 
à  haute  voix,Licuin  demeurez  ferme  en  voftrefoy,&:  bataillez  vaillamment,  car  vous 
auez  la  vérité  pour  vous.  Cc  martyr  feruitcur  de  Dieu  efleuât  fes  yeux  &  fon  cœur  au 
ciel  &  chatant  louanges  à  fon  Sauueur  recita  quelques  Articles  de  la  foy  :  mais  pour  le 
grand  bruit  tant  du  peuple  que  du  chariot,il  ne  peut  eftre  entendu  que  de  peu  de  gens. 
Or  afin  que  les  miniftresde  cefte  Iufticc  paruinfent  pluftoftaulieu  de  l'exécution,  le 
menerét  par  le  Chafteau  d'Audenardc,ayâs  faict  des  ponts  pour  pafTer  Je  chariot:  mais 
iceux  eftas  trop  foiblcs  les  cheuaux  s'efpouuaterent,&  ne  fe  peurct  hafter  ainfi  que  ces 
mefchansefcfTent  bien  voulu.  Cependant  le  peuplevoyantlcBourgmaiftrc,&  vn  fé- 
cond Efcheuin  qui  commandoyent  de  fe  taire,  cria  à  haute  voix  contreeux  qu'ilz 
fe  teufTent  eux -mefmes.  &  alors  la  querelle  euft  efté  bien  grande  du  peuple  con- 
tre la  Iufticc ,  fi  cc  poure  patient  entédant  ce  débat ,  n'euft  remonftré  au  peuple  araia- 
blemenr,qu'il  ne  print  querelle  pour  l'amour  de  luy.  Or  il  prioitDicu  ardemment  fie 
Aaion  de  recommandoit  fon  ame  entre  fes  mains.  &  en  fin  rendât  grâces  au  Seigneur  du  tumul- 
neaCde  ^elê tc  appaifé,il  dit  ainfi  tout  haut,Ietc  rends  grâces, Pcrccelcfte,quc  tu  m'as  retiré  destc- 
dc  glorifier  nebrcs>&:  amené  à  ta  lumicre,carautrcmcnticdcmeuroye  en  perdition.  ôPeretuas 
Dicu'  preueu  cefte  offrandede  moy,dés  que  ieftoye  encorcs  au  ventre  de  ma  merc,  voire  de- 
uantquelesfondcmcnsdu  monde fuffent  mis.  Pourtant,  Seigneur,  cc  facrifice  te  foit 
agreablc,&:  veuilles  receuoir  en  grâce  ton  feruitcur ,  &:  cependant  pardonner  ce  mc£ 
faict  à  mes  perfecuteurs.  Apres  cela  il  dit  à  vn  fidcle,qui  cftoit  làauprcs,Frerc,bataillcz 
auecques  moy,&  priez  pour  moy  fi  long  temps  que  ic  fuis  en  la  chair.  Et  comme  il  par- 
loir encorcs,  le  Bourreau  l'eftrangla.  Enuiron  douze  heures  dudit  iour,  le  corps  mort 
fut  vn  peu  griflé  au  feu,  &  après ,  mis  au  lieu  du  gibbet  de  Pamele:dôt  il  fut  ofte  de  nuiCt 
par  quelques  vns  &  enfeuely.  Le  Bailly  &:  Efcheuins  d'Audcnardc  pour  faire  plaifir 
aux  Ecclefiaftiques  feirent  information  de  ceux  qui  auoycnt  faict  telle  chofe,  &C  qui  1  a- 
uoyentconfolé  quand  il  fut  mené  au  fupplice,à  fin  de  les  punir  comme  feditieux  & 
fauteurs  des  hérétiques. Et  le  Icudy  après  il  feirent  tant  que  plufieurs  furet  prins  6c  con- 
ftituez  prifonniers  pour  cefte  caufe:  les  autres  euiterent  par  la  fuite  la  fureur  de  ces 
perfecuteurs. 

î        E  ks  Egfifcs  reformées  eurent  en  diuers  endroiils  de  ce  temps  <p*el<jue  paix 
ou pluftojl  treue  gr  relajihede perfecution. 

JS8|E  S  années  m  .'d.lxv  .&  l  x  vi  .furenraflczpaifiblcs  aux  Eglifes  de  la  Religion 
jy|!^  reformée  en  laFrâce,sentretcnates  cnfcmblecn  vraye  vnion  de  doctrinc,&  poli- 
ce Ecclefiaftique,par  Synodes  &  communications  mutuelles. Plufieurs  renonçans  aux 
idolatries,eftoycnt  conuertis  au  vray  feruice  de  Dieu  par  les  prédications  publiques  de 
l'Euangile.Les  Magiftrarsretenuzdecr*intc,nofoyent  contreuenir  auxEdictsdu  Roy 
Charles  i  x.&  par  cc  moyen  Satan  perdoit  beaucoup  de  fon  credirde  nuire.  Vray  cft 
qu'il  auoit  toufiours  quelques  fiens  fuppofts  es  Cours  de  Iuftice,qui  faifoyent  tous 
leurs  efforts  degreuer  ceux  d'entrelcs  fidèles  qui  tomboyent  entre  leurs  mains&  pour 


iaBiom4recaufequecefaft,eftoyentfouuentcondajnnez  ou  à  mort,ou  aux  galères.  Sccrcte$y. 
-£t  vomiiToyenctcllesfentencesaFencontred'iceuXjpiuspourcequ'iis  fuiuoyent  laRc-  gcanccs  èX 
ligion  (dclaquelle  toutesfois  neftoit  fait  mention  en  leurs  iugemens)  que  pour  le  peu  treceuxqu* 
de  cas  qu'ils  auoyentcommis,qUi  neftoit  dignc.de  fi  grande  &afpré  côndemnation.  EUg2CTref 
Et  encre  toutes  les  verges  defquclles  Dieu  a  longuement  battu  la  France,  on  doit  con- formées, 
ter  cefte  cy  pour  la  plus  grade,  queles  lièges  de  Iufticc  qui  deuoyen  t  eftre  le  refuge  des 
oppreliez,la  bndc&:  punition  de  tous  viecs/e  font  fi  cHongnez  de  leur  droit  &  naturel 
\fage,qued'oi\urir  la  porte  à  toute  iniuftice»impunité&:  licence  demal-fairc. 

O  r  ceux  du  Pais-bas  fe  reientans  de  ces  treues  de  France  afpiroycnt  aufii 
à  quelque  liberté  ,  comme  le  progrès  de  fhiftoire  monftrcra,  &:  déclarera  que  les 
feux  allumez  commencèrent  aucunement  s'amortir  :&  conuertir  en  après  en  guerre 
ciuile ,  à  l'exemple  de  France ,  combien  que  la  procédure  aie  cfté  diuerfe ;  comme  ilfera 
déduit  pat  ordre  cy  après. 


IEAN    DESRENE  A  V  XjeTorqHom.ChafieUenitàtnjle. 

iE  prouerbe  commun  portant  qu'il  eft  difficile  de  quitter  chofe  inueteree,&  d'oublier  ce  qui  eft  apprins  en 
ieuncflc,pcrd  ici  fa  vérité:    Tant  cft  puiffante  k  vocation  du  Seigneur. 

Ai.  JD. 

V  E  l'extrême  vieillefle  n'cmpefche  les  anciens  de  quitter  vn  vieil  zbusLXVf- 
long  temps  tenu  pour  vraye  religion  ,  voici  Delreneaux  aagé  pour  ]€cnFcuncr 
moins  de  l  x  x.  ans  qui  en  eft  bon  tefmoin.  Tout  inueteré  èc  confit  qu'il 
fuft  en  (à  vieille  fuperftitiô  de  la  Papautc,in  côtinet  que  Dieu  l'cuft  touché 
de  fon  fainct  Efprit,il  changea  entièrement  de  façon  de  vitire ,  Sdans  delay 
fréquenta  les  afTemblecs  &:  prédications  qui  fe  faîfoyent  en  plufieurs  endroits  en  la 
Chaftcllenie  de  Lifle  félon  la  pureté  de  l'Euangile.Et  n'eut  point  efgard  qu'il  eftoit  en 
vn  pais  auquel  on  brufloit  fi  fouuent  les  fideles,demeurant  à  Torquoin  dont  îleftok  na 
tif,  village  fous  ladite  Chaftellenie.tant  precicuie  luy  fut  en  fes  derniers  iours  la  parolle 
de  Dicu.Les  fidèles  du  pais  voyanslezeledu  bonhomme,eurcnt  grand  ioye,fe  fouue- 
nans(cn  le  voyant)que  iadis  le  grand  Pere  defamilleauoit  prédit  qu'il  en  appelloit  plu- 
fieurs en  fa  vigne  fur  le  foir  à  iour  failly  .Et  combien  qu'il  ne  feeuft  ne  lire  n'clcrirc ,  il  e- 
ftoitneantmoins  fi  bien  refolu  au  dedans  de  fa  vocation,  qu'il  nercdoutoitne  péril  ne 
danger  quelconque.Or,Dieu  ayant  ordonné  le  temps  &:  l'heure  pour  le  produire  tef- 
moindelacaufe  de  fon  Fils  IefusChriftjlaluftice  de  Lille  le  vint  faifir  pnfonnier  pour 
l'emmener  en  la  ville  luy  faire  fon  procès.  Lors  en  prenant  congé'  de  fa  fille  &c  de  fes 
amis, il  donna  aflez  à  entendre  que  c'eftoit  pour  le  dernier  Adieu  .-failant  fon  conte  de 
rnourir.Entre  les  officiers  qui  lauoyent  prins,  aucuns  efmcuz  de  fa  vieilleile,  prièrent 
le  Curé  du  village  de  parler  pour  luy  &c  luy  preftervn  bon  mot.  Mais  comme  le  loup  a 
pitiédclabrebis,aulîiceCuréfcit  refponfe,que  le  vieillard  paifé  long  temps  auoit  de- 
jeruilamort.Eftantdoncconftkuéprifonnier&interrogué  de  fa  foy,ilconfelTa  ron-  delà  Papau 
dément  cequ'ilcroyoitparlaparollede  Dieu. Etfiiamais  lafedtedes  Preftres  &:  Moy-té- 
nesfeit  inftance  à  gaigner  fur  homme  fidèle  ,  &c  le  diuertirdu  bon  chemin, ce  fuft 
àrendroicdeceftuy-ci:maisilsne  profitèrent  de  rien.  Car  iltrenchoit  tout  court  fes 
refponfes ,  demeurant  arrefté  en  la  confeifion  qu'il  leur  difoit  auoiria  faite  deuant 
ceux  de  la  Iuftice.  Et  voyant  qu'ils  ne  ccfïbyent  de  Je  tourmenter  ,  il  leurditen  ion 
langage,  Vous  vous  rompez  la  tefte,&:  perdez  temps:penfez  vous  que  pour  vn5"  layon  ,  xl  aj)pcle 
plus  ou  moins  que  ic  pourroyc  encore  vièr,que  ie  vueille  renier  mon  Sauueur?Or,fut-il  vn  r*>»**  « 
jugé  le  x  x  i.deFeurier  m.d.l  x  v  1.  à  eftre  confumé&;  réduit  en  cendres  fur  le  marché  on  a"t  vn" 
de  Lifle: mais  pour  cela  fa  contenance^  couleur  n'en  furent  aucunement  changez  :iefaye' 
tenant  refolu  comme  il  auoit  fait  auparauant.Ce  bon  Dieu  qui  n'oublie  iamais  les  fiens 
lefupportafortcnfontourment.Carpluficursatteftentquclafumec  leftoufra  auant  Cc  ^nc  les 
que  le  feu  fuft  fort  aliumé,de  manière  qu'il  ne  le  fentit  quebien  peu.  Vn  Caphard  qui  Caphars  ne 
aflîftoit  de  bien  près  au  fupplice,  voyant  qu'il  n'auoit  rien  gaigné  fur  le  viuant,com-PcculJ"v^ 
mença  de  s'eferier  au  peuple  contre  le  mort,à  fçauoir  qu'on  ne  deuoit  prier  pour  luy,  ils  l'effarée 
d'autant(difoit-il)qu'il eftoit damnc.Cc que vomifient ordinairement  tels  abufeurs,à  Jj^Je 
fin  de  rendre  la  mémoire  des  vrais  Martyrs  de  Dieu  odieufe  &:  exécrable  deuant  les 
poures  ignorans. 


Liurcj  VUL  Qu*trt*%tartyrsà  DJlcJ. 

MARTIN  BAYART,  &  CL  A  V  DE  DV  FLOT,  auec 
IE  AN  DAVTRICOVRT,  natifs  du  Pau  d'Artois  :  &  NOVEL 
T  O  VRNE  MIN  E ,  <fc  Hemng  près  Scckn. 

CES  quatre  experimentans  la  defloyauté  Si  trahifon  de  la  fefte  des  Iefuiir.es,ont  furmonté  toutes  difficultér, 
au  temps  que  les  Gentils-hommes  du  Pais-bas  fe  preparoyent  de  former  oppofition  contre  la  rigueur  des 
Placarts  du  Roy £t  de  rinquifition  d'ETpaignc  qu'on  vouloit  mettre  audit  pais: 

N  a  bien  peu  voir  par  les  difeours  prcccdes,que  les  cruautez  exercées  con- 
tre les  fidèles  au  pais  de  Flandre,  nontamoindri  le  nombre  d'iceux.  Car  à 
pluiieursignorans,cefang  innocentainfi  efpandu,aferuide  îemécc  pour 
"L'hiftoire  5È5â*§21  'cs  engendrer  au  Seigneur.  Et  comme  "  des  quatre  Martyrs  parauant  exc- 
«neftaucô  cutcz  en  cefte  mcfme  ville  de  Lifle,àfçauoirduPerc,delaMerc&:  des  deux  Fils ,1a 
duTi.Liure.  mémoire  en  demeure  prccicufc  à  toutel'Eglifc:  auflî  fera  celle  des  quatre  hommes  «4 
cefte  hiftoire,  pour  auoir  magnifiquement  en  la  mcfme  villeconfeifé  &  rédu  authen- 
tique la  do&rine  du  Fils  de  Dieu,  comme  il  fera  dedu  i&  par  ordre.  Or  il  eft  ainfi,  que 
Martin  Bayart,  Claude  du  Flot,  tous  deux  eftans  hommes  mariez,  Iean  Dautricourc 
di£t  DcfmartcJoys,&  Nouel  Tournemine,icuncs  compaignonsà marier, tous pei- 
gneurs  de  fayette  natifs  d'Artois,exccpté  Noucl  qui  eftoitd'vn  village  près  de  Scclin, 
demeuransd'vn  mefme  temps  en  la  villedc  Lifle,cheminoycnten  la  crainte  de  Dieu, 
Zcle  eon-  auec  zeJe  conioint  à  édification, comme  l'cffctt  s'en  eft  monftré.  Car  cftantlccoufin 
ioim  auec  de  l'vn  d'iceux  feruiteur  à  vn  Ieluifte,nonobftant  les  dangers  apparens  à  caufe  de  la 
e   cation.  pCruer(jt^     cefte  fc&e  (comme  il  enaefte  parle  ci  deuant)  ils  ne  laiflercnt  de  foliciter 
&enfeigncr  ledit  feruiteur,  enlaparolledcDicu&  l'Euangile  delefus  Chrift.-luy  re- 
monftrans  quece  n  eftoit  le  chemin  d'aller  à  la  vie  éternelle  de  croire  la  fauflc  doctrine 
de fon  maiftrcvrayfcdu&eur  du  peuple,  tellement  qu'après  luy  auoir  monftré  l'abus 
du  chappelet  qu'il  portoit,  il  receut  de  bonne  part  Pinftru&ion  qu'ils  luy  faifoyent.  Ce 
qu'eftant  confideré  par  eux,  ils  luy  prefterent  vn  petit  liuret,côtcnant  quelques  fâin&s 
enfeignemens  de  l'Efcriture.  Mais  ce  poure  fcruitcur,ne  penfant  à  l'inconucnicnt  qui 
enpourroitaduenir,monftra  peu  de  temps  apresccliuretàfon  maiftre  lelcfuifte.  Le 
faux-prophete  cogneut  bien  incontinent  que  ce  liure  n'auoit  pas  efté  forge  en  Ton 
Rufcs&cau  efcholle.  parquoy  il  s'enquift  diligemment  de  quel  lieu  ill'auoitrcceu.  Et  pour  mieux 
Sei«  fcfc  Paruenir  à  fon  intention,donna  à  ce  feruiteur  vnc  pièce  de  fept  patards,luy  difant  qu'il 
fuiftes.      feroit  fort  bien  de  s'enquefter  delà  demeure  de  ceux  qui  luy  auoycnt  prefte  ce  liurct, 
afin  de  l'en  aduertir.  Cefte  chofe  fut  fort  facile  à  faire,  d'autant  que  ces  quatre  compai- 
gnons  fidèles  befognoyent  deleurmeftierenlamaifond'vncbonnc  vefuc,qui  eftoic 
de  mefme  religion  auec  eux.  Lelcfuifte  après  en  auoir  cfté  informé,  fuyuanc  l'ordon- 
nance de  fa  fède  ne  faillit  de  le  déclarer  à  la  Iufticc.  Et  pour  n'eftre  cognu  dcnunria- 
teur,fe  retira  pour  quelque  temps  de  la  ville,  cependant  que  ces  quatre  poures  com- 
paignons  furent  conftituezprifonnicrs  vn  Samcdy  au  matin  fur  les  deux  heures,  par  la 
Iuftice.  Aduin  t  que  ce  mefme  iour  furent  trouuez  quelques  placarts  attachez  à  la  mai- 
Placartsat-  Ion  de  ville  contre  l'horreur  de  l'Inquifition  d'Efpaigne^  qu'on  vouloit  lors  introduire 
tachez  à    partout  le  Pais-bas.  Ce  que  fans  doutecnflamma  de  tant  plus  cefte  Iuftice  contreles 
nn<CuiuîSC  prif°nn'cl's-Toutesfoispourcequ'on  ne  leStrouuacoulpablcs  de  ces  attaches  de  pla- 
d'EÎpaigne.  carts,on  infifta  feulement  à  les  interroguer  de  leur  foy.  Or  pource  qu  ilz  rcfpondircnt 
en  grande  confiance  &  rondeur  de  tout  ce  qui  appartient  a  la  vraye  doctrine  fans  rien 
defguifer,il  y  eut  vn  desEfcheuins  à  qui  cfchappade  dire  tout  haut  qu'on  enferoit  bien 
toft  dufeu.Plufîeursfurentcfmerucillez,  voire  le  Geôlier  mcfme,  queces  quatre  auo- 
yentrefpondu  deuant  les  luges  fi  pertinemment  comme  s'ilsfc  fuiTenc  recordez  l'vn 
l'autre,  eftans  neantmoins  fcparczcnla  prifon.   Quelques  iours  après, combien  que 
defenfes  fuiTcnt  faites  au  Geôlier  de  ne  laifter  perfonne  parler  à  eux,fi  cft-ce qu'on  trou- 
ua  moyen  de  demander  à  Claude  du  Flot  comment  il  feportoit:  lequel  rcfpondlt  que 
"Usa  eilct  tou  c       bien,veu  qu'il  fe  {buzmcttoit  à  la  volonté  de  Dieu  cane  à  la  morteommeà  la 
communé"  vie.Quant  à  Martin  il  auoit  cefte  ioye  qui  luy  eftoit  donnée  de  Dieu,  qu'il  chantoit  or- 
ment  Hal-  dinairementenlaprifon  des  Pfcaumcs.  Durant  leur  emprifonnemenc ils  furent  plu» 
faûkf0*  heurs  fois  menez  en  "Halle  Efchcuinalc  de  Liflç,  pource  qu'aucuns  fc  vantas  de  faire 

brcfchc 


Qgatre  &ÎMyrs  k  Lifte.  66 j 


bref^t.Aicieurconftancclcsfolicitoyenc à fedefdire,&:  prendre iour  d'aduis  pour  rc- 
fpon4rcauircmec  qu'ils  n'auoyct  fait.  Mais  pas  vn  des  quatre  ne  fît  cas  de  cela.perfèue- 
ran^efljafoy  qu'ils  auoycntcojifefrce.Qiwlque  fqis  aduintqu'eftans  en  Jadi£tcHalJe,&: 
ne iQ^pondans  point  à  toutes  les queftions  qu'on  leur  faifoit ,  pourec  qu'elles  citoyen t 
qu  par^rop  impertinétes  ou  ridicules, il  y  eut  vn  maiftxe  Doyen  de  fain&Maurice  enlu- 
miné de  colère, qui, les  appcllantopiniaftrcs,  dit,Qujlen  falloitdefpcfcher  Je  pais. Or 
quand  il -eftqit  queftion  de  eonfcflcr  Iefus  Chrift,  &c  fa  doctrine,  ilz  n'eftoyent  pas 
muctZ:icimoingsdcux  Preftres  qui  fortirent  vn  iour  aucc  leur  courte  honte,  pourec 
qu'ils  n'auoyent  teeu  rien  alléguer  ne  prouuer  contre  les  refponfes  qucfaifoyentces 
quacreen  prefenceduMagiftrat.  ^Le  fécond  de  Mars  m.  d.l  x  v  i.ilzfurent*caIcn-JUJl^2 
gezparlcPreuoftdelavillc,&:  voyais  que  la  calenge  contenoit  qu'ils  eftoyent  herc-  kunLuto 
tiques ,  çespatiens  répliquèrent  qu'il  n'en  eftoit  ricn,finon  (difoyent  ilz)  que  la  parolle  cnmincl]cs 
deDicufufthcrefie:cequ'ilnepeuteftre.par  ainfi  proteftoyent  deuant  tous  qu'ils  e-  Jîïquïpîï 
ûoycntChrcftiens,entant  qu'ils  s'arreftoyent  du  tout  à  la  parolle  de  Dieu.  On  leur  de-  drc  condu- 
jnanda s'ils fefoubzmettoyent  à  la  volonté  de  Meilleurs:  de  quoy  ils  prindrent  occa-  conîeTT 
lion  de  remonftrer  à  tout  le  Confeil  de  iuger  iufte  iugement,lcur  denonçeans  qu'il  fau-  prifonnkn. 
droit  vn  iour  comparoir  deuant  le  fiege  Iudicial  de  Chrift,  pour  rapporter  toutes  les 
chofesfai&cscncefteviefoitbienoumal.  Et  quelque  mocqueur  qui  eftoic  làprefenr, 
dit, Vous  l'entendez  bien. Ouy,rcfpondirent-ils,nous  l'entendons  vrayement:  car  il  cfh 
efen'tauv  n. chap.de  S. Matthieu. Derechef  interroguez  s'ils  fefoubzmcttoyét  à  la  vo- 
lonté de  Meilleurs:  ils  dirent  franchement  qu'ils  fc  foubzmettoyent  à  la  volonté  de 
Pieiulncontinent  fcntcncc  de  condemnation  fut  prononcée  contre  eux,  laquelle  cô- 
tenoit  en efFcd qu'ils  feroyentbruflcz  tous  vifs  deuant  ladite  Halle.  Ce  iugement  ne 
fut  pas  fîtoft  mis  en  exécution  que  de  couftume.les  luges  eftans(  peut  eftrc)faifiz  de  L'oppofîtiô 
quelque  frayeur  ôccrain  te  decc  qu'on  murmuroit  de  l'oppofition  prochaine  que  pre-  Sommes  "du 
tendoyent  faire  les  Gentils-hommes  du  Pais  contre  l'Inquifition  d'Efpaigne:teflcment  Pau-bas ,  à 
qu'on  ramena  les  condamnez  en  la  prifon  par  vne  voye  non  accouftumée,  ami  de  ne  JW*"5 
point  cftre  veuz,&  de  fruftrer  le  peuple  attendant  pour  les  voir.  pi,^uc* 

Sv  r  ces  entrefaites  les  Officiers  de  Liflen'eftans  lasdeperfecuterles  fidèles,  fei- 
rentempr^fonnervn  certain amy  de  Iean  Dautricourt,pource  qu'il  luy  vouloir  don- 
nerfon  manteau,&  luy  dire  quelques  propos  pour  le  dernier  A-dieu.  Ainiî  eftans dere- 
tour  en  la prifon,le  Diable  qui  ne  celle  de  tendre  fes  lacqs  pour  furprendre  les  fidèles, 
fufeita  quelques  Cordeliers  prefts  de  difner  aucc  ces  poures  condamnez, pour  les  tour- 
menter ou  fedu  ire.  Mais  tout  cela  ne  feruiefinon  pour  monftreren  euidence  de  tanc 
plus  l'intégrité  des  poures  patiens,&  à  l'oppofitela  gourmandife  defdits  Cotdeliers, 
qui  ont  le  ventre  pour  leur  dieu,&  lacuiiinc  pour  religion.  Quand  ils  fortirent  des  pri- 
ions pour  cflrc  menez  au  fupplicc,  leperc  de  Nouel  vint  l'embraiTer  ,&:  le  baifant  dit, 
Mon  filz,  allez  vous  ainiî  à  la  mort?  Lequel  rcfpondant  dit, Oeft  peu  de  cas,  mon  pere,  AffeOfon 
carc'cftàprefcntqueiem'envay  viurc.Et  combien  que  Nouel  pleuraft  comme  il  fut  ?"aa  * 
monté,voyan t  fon  poure  pere  fondant  en  larmes  &:  foufpirs,tant  y  a  qu  ertant  muni  au 
dedans  d'vn  courage  efleué  par-deflTus  ce  qu'il  voyoit,cria  à  haute  voix, O  Preftres  Pre- 
ftres,finous  eulïîons  voulu  aller  à  voftre  Méfie,  nous  ne  fufiions  pas  ici- mais  Iefus 
Chrift  ne  l'a  pas  commandé.  Il  yeutdesdifputcs  tenues  au  pieddel'efchalfaut,  fur  ce 
que  les  Caphards  vouloyent  faire  croire  au  peuple  que  ces  quatre  cftoyent  héréti- 
ques^ qu'ils  croyoyent  comme  les  diables, reiettans  les  facremens,&:  chofes  lembla- 
bles.Mais  ils  furent  rembarrez.Car  Iean  Defmarteloys  prenant  la  parolle  leur  dit,  Que 
leur  foy  eftoit  bien  autre  que  celle  des  diables,  &:  qu'ils  tenoyent  autant  de  facremens 
que  Iefus  Chrift  en  auoit  ordonne. Puis  Martin  leur  dir,Laiiîez  nous  en  paix,  car  nous  ClPVrJs 
fommesau  droit  chemin,&  allons  à  Iefus  Chrift:  ne  no9  en  deftournez  point. Par  telles  ner  jdnc 
&  femblables  refponfes  les  Caphards  demeurèrent  confus, &  les  biffèrent  fans  ofer*"*  poures 
monter  fur  l'efchafFaut  comme  ils  auoyent  de  couftume.  Iean  Dautricourt  y  eftantfidcIts* 
montc,recitales  articles  du  Symbole,  adiouftât  quelques  mots  par  forme  d'expofition 
à  chacun  article.Ceux  qui  l'auoycntcognu  deuant  fon  cmprifonnement,s'efmerueille- 
çentdel'ouyrfibien&do&cment  parlant.  Le  Bourreau  pourcomplaire  à  îesmaiftres 
luy  prcfentale  baaillon  »  &c  Iean  promit  de  fe  taire.  Mais  eftant  au  pieu  eftroitement 
cncliainé par lccol,ditau peuple,  Helas^eftieurs,  fi c'eftoit  pour  direchoic  mefehace, 
on  ne  meferoit  pas  taire, mais  pource  qu'il  eft  queftion  de  la  parolle  de  Dieu ,  on  me 

VVv.i. 


c  ontinm 
don  ci 
ftojrc 


Litfro  VIII.  Le  faitf  de  la  Religon3& 

veut  empefcher.Et  fur  cela  il  s'eferia,  Qui  eft-ecqui  nous  pourra  feparer  de  ladile&Ion 
T  "  ia\"u  ddChnit?rcra-cclatribulation,ouangoiflc?  ô  Seigneur,  nous  fommes  liurez  à  la  more 
îîoi"L *c«  pour  l'amour  de  toy,&  fommes  faits  fcmblables  aux  brebis  de  la  boucherie.  Mais  ayôs 
quatre  M»  COnforr,mcs  frères, nous  auons  vaincu  le  monde,  par  celuyqui  nous  a  aymez.  Les  au- 
n  s        tics  de  leur  codé  crioycnt,C'eft  ici,c eft  ici  le  chemin  qui  meinc  à  la  vie  :  c'eft  la  voye 
eitroitc,par  où  il  faut  entrer:  ccft  le  chemin  que  Iefus  Chrift  a  cnfeigné.Noucl  d'au- 
tre part  difoit,Entre  vous, mes  frères  fidèles, priez  pour  moy  à  prcfentxar  après  la  more 
les  prières  ne peunentayder. Quand  tous  quatre  furent  attachez  &c  couuerts  de  fagots 
preftsà  receuoir  le  feu,cômencerent  d'vn  rnefmeaccord  à  chanter  le  premier  couplée 
duPfcaume  x  x  v  1 1. Puis  chantèrent  bien  à  propos  le  Cantique  de  Symeon  tout  au 
long.  Et  comme  ilz  eurent  acheuc,  le  feu  commença  de  s'embrafer:  au  milieu  duquel 
ils  s  efcriercnt  iufques  à  dix  ou  douze  fois  au  Seigneur  :&  fur  cous  Nouel  &:  Iean  haute- 
ment linuoquoyenr,difans,Scigneur,veuille  nous  auiourdhuy  icceuoir  à  mifericorde 
&  nous  mettre  en  ton  Royaume.  Tellement  que  le  dernier  mot  le  mieux  entendu,  e- 
ftoit,Mifcricoidc.EtainliceiTcrentdecrier,rendansleurefprit  à  Dieu. Or  leur  conftan 
Lcfruiadc  cc  procédante  de  l'Efpric  dcDjeu,feit  vn  tel  prorfit  pour  l'augmentation  de  PEglife, 
co^brw   quepluGeurs  vrayement  touchez  le  retirèrent, ibrtans  de  là  comme  d'vnc  prédication 
pleine  d'efficace.  On  dit  que  le  Sieur  Je  Meurchin  quiauoitaffiftéà  leur  condemna- 
tion  en  deuint  perplexe^:  fort  efFrayé,fur  tout  quand  il  les  ouït  ainfi  chanter  d'vn  com- 
mun accordrcac  il  entendoit  aifez  la  luftice  de  leur  caui'c,  &c  ne  pcchoit  point  par 
ignorance.  Le  faict  de  ces  quatre  Martyrs  &  d'autres  qui  de  cc  temps  endurèrent  cx- 
dïi-  tremes  affligions  pour  rEuangile,anima  les  Gentils-hommes  du  Pais  à  commencer  la 
pouifuitte,dont  l'hiftoirc  s'enfuit. 

C  O  M  M  £  après  auoir  dijpofé  des  înquifteun  au  Pais  bat,  dé*nife^  en  titre  d'Euepjue,  les 
Gentils  hommes  firent  leur  compromit-.®*  de  ce  qui  eft  enfmut  après  leur  oppofitton.>tant  au 
regard  des  Eçlifes  reformée  s, que  de  tout  le  Paii-bas. 

E-T?§2Sp!  OICI, après  laFrancclePA  i  s-b  a  s  (partie  principale  delà  Gaule  Bel- 
'  ïu^'f  £  giquc)mis  en  théâtre  &  fpe&aclc  à  tous  peuples  &c  nations  d'alenuiron.  Il 
l. c^  ain^  communément  nommé  de  fa  baiTeure  vers  la  mer  Oceane  :  mais 
llî^V|£S  prefquc  toute  l'Europe  l'appelle  Flandre  :  prenant  vne  partie  pour  le 
toutjàcaufc  des  grandes  &c  premières  trafiques  qu'eurent  parle  paifé  les  marchans  e- 
ftrangersen  jcelle  prouince.dontilsen  firent  par  tout  retentir  la  renommée.  Le  pais 
pourroit  eftre  accomparé  à  grands  Royaumes,  non  point  au  regard  de  fon  enclos, 
en  revendue  &  eftendue,*mais  pour  beaucoup  de  qualitez&:  conditions, &:  de  tant  dcgroHcs  villes 
^vifte*  comme  amallccsl'vncaupres  de  l'autre,des  bourgades  tresfrequentes  &:  pleines  d'ha- 
ïîo"m«do  bitans,quipartoutfetrouuentcn  fi  grand  nombre  que  les  eftrangcrs  qui  les  voyent, 
ftr.tc6p.rii  s'cncfmerueillenr.Cc  que  cognoiiTant  l'Empereur  Charles  v. de  fon  viuant  eut  non 
■iutt&mk  feulement  volonté  de  l'ériger  en  Royaume:  mais  aufÏÏ  le  propota  plufieurs  fois  en  fon 
icTwnn C  Confeil  pour  en  faire  deliberarion:toutcsfois  trouuant  pluficursdifficultez  principale- 
JjJÎ^Jft  ment  pour  caufe delà diuerfité  des  poidz,  mefurcs,couftumcs&:ftils,&:  des  langages 
ncurs.       diuers  qui  font  entre  tant  de  régions  &c  pais  particuliersdefquelsl'vn  à  l'autre,  en  aucu- 
nes chofes  [coin me  par  l'vnion  &vraye  inltitution  de  Royaume conuiendroit  faire)  ne 
veulent cedcnoccupé  auflî de  fes  grandes  entrcprifes,lailTa ces  delfeins  imparfaits.  Ce- 
ci foir  dit,  non  tant  pour  ici  reciter  quelque  bencdi&ion  extérieure  donnée  de  Dieu 
aux  habitan  s  par  induftrie&:  diligence,pluftoft  que  de  nature  ou  bonté  de  la  terre:  que 
pour  paruenir  à  vne  félicité  fpcciale  venant  d'enhaut  d'vne  grâce  fupcrnaturelle:  com- 
me l'hiftoire ,  pour  laquelle  (pccialement  ceci  eft  dilcouru,  lemonftrera.  ^  Co  m  m  e 
ainfi  foie  donc  que  le  peuple  en  gênerai  foit  fort  enclin  tardant  de  long  temps  à  la 
doctrine dcl'Euangile,il  yacemalheurrerardantlcfruict&accroifiementde  celle  fc- 
PcuJesno-  licit'é,quelaNobIeilcpartrop  adonnécau  monde, &auxplaifirs  de  la  chair ,  monftrc 
blcsdti  Pais-  pareftectn'auoirgucres  de  cognoiffance  de  la  crainte  de  Dieu, &encorcs  moins  d'af- 
l&an'ilc?*  fe&ion  &:zelcd'auancerlc  règne  du  Seigneur  Iefus  Chrift.  Et  en  ceci  pouuons-nous 
conlîdererlafapicncedeDieu  diuerfeen  fes  cfFects:de  manière  qu'en  France  laNo- 
blefic,  mais  au  Pais-bas  le  peuple  embraffe  ladoclrinc  dcl'Euangilc.  Toutesfoiscom- 
i.Rou.wao  J11C jc Scigncui  ladis  refpondità  Elie,pcnfant  cftrc  fculderefte  feruiteur  de  Dieu,qu,îl 

s'en 


Des  (gentils-hommes  du  Tais-bas.  666 

s'en  elloit  referué  nombre  qui  ne  fe  (ouilloycnt  aux  idolâtries  de  Baahainfi  en  ce  rem  ps 

choiiîc  iUepcou  huit  Gétils-hommesencc  Pais-bas,lefquels  couchez  au  dedans,fere* 

folurenedecheminer  en  la  crainte  de  Dicu,&:à  ces  fins  feirenc  proruc/]cics  vns  aux 

autres  de  ne  le  point  fouiller  aux  (uperftitions  &C  Idolâtries  de  la  Papauté',  &:  de  fc  crou- 

uer  quclquesfois ensemble,  pourinuoquerlcSeigneur,&  feconfoler&:  forcificren  fa 

parolle.Or  d'autant  qu'ils  neftoyenc  ignorans  des  dangers  &:  périls  immincncsulz  trou  Côpromis 

uerent  bon  de  faire  vn  compromis,  par  lequel  Uz  s'obligcoycnt  des'encre-aduercir  les  ceîïbSÎT 

vnsles  autres  des  necelficezoccurrentes,  s  cntre-aydcr&fecourir  par  tous  moyens  le-  met  de  iT 

ginmes,pourleseuitcr.Cezelecroirtanc  de  plus  en  plus  en  cux,ilscalchoyenc  d'atti-  Rcl,S10"- 

rerautresGentils  hommesàccftemefmerefolution.  Mais  cependant  le  bnur  de  fin-  L,,n  .fi  „ 

quilitiond'Efpagne,laqucllelcRoy  prerendoic  (nonobftant  toutes  rcmonftranccs  au  d'Eljagne 

contraire)introduire audit  Pais,  paftbit  corne  pour  loy:voirc  defortc que  lesfondemés  en  Flidrcs- 

cftans  délia  ieteez  par  l'eftabliilcment  de  pluiieurs  nouucaux  Inquisiteurs  defguifez  en  ï„qUiflccurs 

titre  d'£uefques,il  n'y  auoit  autre  apparcnce,finon  que  ladite  Inquilïtion,&:  les  décrets  cHcicrr  d'E 

du  Concile  de  Tren  te,  feroyêtcftabliz  au  Pais-bas,  auccrigoureule  éxecution  des  Pla-  llclejuesJef* 

carsconccrnans  le  fai&de  la  Religion.  Et  que  telle  fuft  la  finale  refolucion  &:  volonté  êU"CZ4 

du  Roy  d'E('pagnc,apperr  par  certaines  lettres  de  laDucheifedc  Parme  Régence  audic 

Pais,du  x  v  ui.iour de  Décembre paile, m. d.l  x  v  .aufquclies  elloit  conioinc  l'extrait 

d'autres  Lettres  du  Roy,qu'cllecnuoya  quanti  quant,  pour  tant  mieux  exprimer  la 

volonté  dudit  Scigneur.Or  ces  Gétiis-hômes,&:  quelques  autres  lefquelz  ils  tafehoyée 

d'attirer  à  leur  confédération, prenoyans  la  certaine  &:  extrême  dciblacion,  qui  neccl- 

fairemencfuyuroic  l'exécution  de  celle  refolucion  de  faMaicfté,&de  la  Revente,  prin-  Com?T°mii 
'     «  .  i»     i    rf  i  •   .  gcncrai  ca- 

drent occauon  dece  premier  compromis, d  en  dreitervn  gênerai,  poumon  leulemcnt  rrclcsGen- 

pouruoirà  leurs  peribnnes  particulières,  mais  aulfi  preuenir  (entant  que  pofljblc  fc- 
roit)vne  lï grande  calamité  dont  le  Pais  eftoit  menacé, &  prcfque  faiii.  Et  d'autant  gœipjjl 
qu'ils  eftoyenc  en  fore  petit*nombrc,  &c  qu'ils  fçauoyent  bien  que  de  parler  de  la  dodn-  bas. 
ne,&:  exercice  de  la  Religion  n'euft  leruique  de  matière  aux  Inquiiiteurs ,  pour  com- 
mencer fur  eux  l'exécution  de  leur  rage,  crouuerent  expedientde  drelfer le  compio- 
jnisenteliel'orrcquefefondansiingulicremenclur  les  pnuileges  du  Pms,  dz  s'efforce-  La  fubftâcc 
royentd'obuier  à  ladite  Inquificion  Se  exécution  des  Placars.Ce  fondement  &c  pied  duCompra 
pleut  à  pluiieurs  baity  fur  vne  telle  raifon,  aufqueis  la  fubftance  hit  communiquée:  m' 
aux  vns  pour  crainte  du  ioug  infupportabie  de  celle  Inquiu*tion,de  laquelle  il  n'y  a  per-  Le  Roy  d'E 
fonne,non  point  le  Roy  mclmes,  qui  foit  exempte:  aux  autres  par  vne  arfc&ion  natu-  'pagncn'eil 
relie  à  leur  patrie,  neftimans  eftrc  raifonnable  que  les  franchîtes  &prùiilegcs  fuilent  ftaqùuitiô! 
violeZj&iqu'vnc  telle  tyrannie  fur  les  corps,lcs  biens, 5c  lesconfcicncesfuc  reccue  en 
leur  viuant  :  de  laquelle  s'enfuiuroit  la  ruine  &:  dcfolation  totale  du  Pais.  ^~Ain  s  i  ^J*^fi 
ce  compromis  fut  fignéenuiron  de  deux  cens  Gentils-hommes,  iefquelz  pour  mettre  ccnsGéois- 
à  chcfleurentreprife  fe  trouucrcntà  Bruxelles  le  1 1  i.d'Auril  m.d.  l  x  v  i.  Etlelendc-  Sommes.  _ 
main  prefenterent  vnercmonftranceàla  régente  Marguerite  duchefle  de  Parme,re-  cca«°Gc" 
querans,pour  pluiieurs  raifon  s  contenues  en  icelle,abohtion  del'Inquilkion,  &"  lufpé-  tils-hômcs. 
fion  desPlacars  pour  lefaicr.de  la  Rcligion^ufqu'àl'aduis  Se  refolucion  de  la  Maicftédu 
Roy,  &:  des  Eftatz  généraux  du  Paisrprotcftansdcs'cllrefuffifammenc  acquicez  du  de- 
uoirdebons  &  loyaux fubie&s  &:  va/Taux, lia faute  d'y  auoirpourueu  fuyuanc  lcurad- 
uertilTement&  delir,aduenoit  quelque  ruine  &:  dcfolation  au  Pais.  La  re(ponfç&  refo-  R  ;i,r  lc  ■» 
iution  de  ladite  Ducheilefut  en  Comme,  qu'elle  donneroie  ordre  à  ce  que  tant  par  les  rtJ™pâf 
Inqui/îtcurs(où  il  yen  auoic  lors) que  par  les  OrHcicrs  refpecliiiement  fcroir procédé  la  Duchefle 
diferetement  «Se"  modeltemcnt endroit deJcurscharge^de  force  que  l'on  n'auroit  eau-  icPaune< 
fedefcplaindre,cn  attendant  faduis  ôc  intention  de  la  Maiellé.  <  S  v  y  v  a  n  t  quoy, 
ellecommada  par  Lettres  aux  Gouuerneurs&Magifti  atsd  s  Prouinces  dene  procé- 
derai! fai&de  la  Religion  à  la  rigueur  desPlacars  iniques  a  ce  qu  autrement  en  fuft  or- 
donne par  laMaiefté.Ainlî  s'eftans  retirez  de  Bruxelles  les  Gentils  hommes  concéde- 
rez^'eut  par  ce  moyen  quelque  relafche  de  la  rigueur  accoullumée,  tellement  toutef- 
fois  qu'en  pluiieurs  lieux  on  nelailHidecontrcuenir  manifefteméc  auldites  Lettres  de 
fon  Altclfe, tant  par  emprifonnemens,  comme  autres  voyes  de  procédures  extrao;di- 
naires.Ceneantmoins  lepcuplefe  contenoieen  couce  modeftic,  fentanr  quelque  di- 
minution de  la  rigueur  accoullumée,  &C  fouZ  efperancc  que  dedans  le  terme  de  deux 
mois  pnns  par  ladicc  Régence,  pour fçauoir&  déclarer lmcencion  de  la  Maiefté  du 

VVv.ii. 


Limc~>VIII-  Jean  Tufiaen. 

Roy,fe  feroic  quelque  bonne  relolution  par  l'aduis  des  Eftats  généraux  du  pais.  Mais 
Eltm  mi  <^"n licu     lcs  aftcmbler  comme  les  Gentils-hommes auoyent  requis, on  en  aflémbla 
cuîicrs  ,  &  quelques  particuliers  par  voyeextraordinaire,dontpluiicursdcidits  Gentils-hommes, 
non  genc   jc  ceux  qUi  Jc  tout  temps  auoycnt  efté  reputez  membres  des  Eftats,  furent  manifefte- 
iu Pais-bj&i  ment  forclos  contre  tous  anciens  droits,couftumes,&:  priuilcges.D'auantageau  lieu  de 
demander  libre  aduis&opinion  àceux  quis'y  trouuercnt,leurfut  propofé  vn  certain 
concept  qu'on  appelloit  Modération  des  Placars-.Sc  ce  de  la  part  delà  Maiefté,  laquelle 
daFhttR.  nonobllantqu'ellenereultoncqucs  veu  n'ouy,on  maintenoit  auoir  relolu  &:  ai  relle 
de  lefairccntretenir.Suiuant  quoy  on  in(îfta  fortqu'il  fuft  incontinent  &£  fans  autre 
Lefonmui-  clilation  ou  délibération  aduoué,&:  confirme  par  ferment.  Or  cefte  Modération,  nonob- 
di  r«io",J«  ftant  la  lignification  du  nom,n'eftoit  eu  crKect  qu'vn  refraichiflemenr,  ou  plultoft  ren- 
Pbcaw.      forcemctdes  vieux  Plaçai  s.  11  y  auoir.  la  mclme  côfifcation  de  corps  &  de  bics  cotre  to9 
AutheurSjSuperintédenSjPrefcheurs^ogmatifeurSjMiniftrcs,  Semonccui s,  Diacres 
&:  autres  lemblables  chefz,  Officiers, &c (comme  ils  cftoyét la  nommez)  ledutteurs  du 
peuple  au  nombre  defquclz  cftoyent  compris  tous  ceux  qui  compolbyent  liures,  châ- 
Jbus,pafquils,oucfcris  hérétiques  &c  feand aïeux:  ceux  qui  prcfteroycntlccrctement 
leurs  maifons,iardins,ou  autres  lieux  à  eux  appartcnans,&:c. Généralement  tous  les  ar- 
ticles contenu?,  en  ladite  Modération  ne ten doyen t  à  autre  fin,  qu'à  la  fubueriion  tota- 
le des  fidèles  fuyuans  la  puredodrine  de  l'Euangile.  ÇLe  bruit  de  cefte  Modération 
rigoureufe  eltant  elpandu  >  aduint  que  la  playe,  qui  n'eftoit  encorcs  qu'en  cicatrice 
commença  aie  renouueller,  &  le  peuple  à  redoubler  l'es  complaintes.  Et  ce  d'autanc 
plus  qu'ayant  conceu  toute  efperance d'eftrcdeliu ré  dételle  tyrannie,il  voyoit  la  corde 
filée  pour  y  eftre  lié  &:  enlacé  plus  que  ïamais.  Celle  crainte  aueclalFcdion  ardente 
d'élire  confolé>&inftruit  en  h  vérité  de  l'Euangiie,ioint  le  de/ir  que  pluficurs  auoyenc 
de  déclarer  ouuertement&  en  publicqla  dodrine  que  l'on  condamnoit tant  inique- 
queconcoy  mentfans  en  vouloir  prendre  cognoilïanccrd'auantage  1  efperance  qu'on  conceuoic 
uendeskie  que  ce  feroit  vn  bon  moyen  d'attirer  grand  peuple  à  la  cognoi/Iancedc  la  vérité,  &:  par 
ba/"  ^  confequent  monftrer  combien  il  (eroit  dcfraifonnable  &:  difficile  d'eilablir  l'Inquilî- 
tion  ou  la  Modération  fufditc  au  pais  fans  entièrement  le  troubler  6c  ruiner  :  &C  pour 
conclufionfe  confians  que  ce  qui  n'auoit  peu  eftre  obtenu  par  la  remontrante  des 
Gciuils-liommes,pourroit  eftre  ottroyé,cu  efgard  &:  confiderarion  à  la  multitude  du 
peupk:ou  bien  s'il  n'yauoit  nul  lieu  à  la  mi(ericorde,pour  le  moins  par  vne  telle  décla- 
ration feroit  fait  notoire  à  toutes  nations  du  monde,que  la  eau  le,  pour  laquelle  on  les 
pourluiuoit  fi  rigoureufemen^n'edoit  que  pour  vouloir  ic  ruii  à  Dieu  félon  làparolle,&: 
croire  en  lefus  Chrift,  félon  la  dodrinedes  Prophètes  &c  Apoftres:  telles &c  autres fem- 
duVafbîs  blablcsconfiderationsftirent  refoudre  les  fidèles  de  s'ailèm  hier  publiquement, pour 
s'alTcmblct  àvcuédc  tous  inuoquer  leSeigneur  &.  ouir  fa  lainde  dodrine, toutesrois  allez  loin  des 
auïprefchcs  villes, &  fans  armes  au  commencemem:comme  ainfi  (bit  que  leur  but  ne  fut  aun  e, que 
mcnr^orV  de  fe  retirer  des  louillures  de  la  Papauté ,  &:  leruir  à  Dieu  en  pureté  de  confcience  &C 
les  villes.     fclonfa  parolle.  ^"Ma  i  s  auant  que  procederplus  outreen  l'hilloire,rordredu  temps 
nousprefente  ici  le  martyre  d'vn  ieune  compaignon  d'Andenarde,  exécuté  non  pas 
en  tumulte  ou  f.  dit ion,  mais  par  iugement  de-  procès  inftruit,  comme  des  dernières 
offrandes  du  Pais-bas, pour  les  caufes  déduites  en  la  narration  fuyuante. 


IEAN    TVSCAEN,  d'^udenarde,  en  Flandre. 

C  E  S  T  vn  fàift  mcrueil!eu*,&  conucnable  à  ce  tempî  auquel  Dieu  a  voulu  refueillcr  vnc  fi  brutale 
rtupiditc  des  homrr.es,comnie  à  grands  coups  de  foudre  &  de  tonnerre. 

E  ieune  compaignon  tapiffier,aagé  enuiron  de  vingt  &  deux  ans,  fils  d'va 
nommé  Simon  Tulcacn  demeurât  au  fauf  bourg  d'Audcnarde,  auoit  elle 
intlruit&  nourri  en  toute  pieté  desfon  premier  aage  de  cognoilîance.  En- 
tendant le  bruit  efpars  par  tout  des  chofes  ci  defllis  touchees,qui  fc  deme- 
noità  Bruxelles  plus  pefamment  qu'il  ne  defiroir,  entra  en  délibération 
de  monftrer  par  effed  quelelàcrificeleplus  eftimé  en  l'Eglife  Romaine,  n'eftoit  qu'vn 
feruice  d'abomination  exécrable.  Apres  auoir  long  temps  prémédité  la  pefanteur  de 
foncntreprile^nalemempouren  faire  demonftration  plus  patente  6c  manifefte  en 

grande 


^canTufiaen^Audenarde.  66? 

grande  &  folcnnelIeaiîèmblee,ilchointvn  certain  leudy  x  x  x. de  May,  iour  en  celte 
annecM.u.L  x  v  i  .appelle  à  rvfageRomain,Lafclr.e  Dieu.  Or,  comme  ainli  foit  qu'en 
l'enclos  des  deux  villes  Audenardc&Pameleconioin&es  il  y  aie  deux  temples  non  pas  j'aJjuw  ' 
dédiez  au  Seigneur, mais l'vn à SainctcVvalburguc,quifc  nomme  le  temple  d'Aude-  <fc&Par.c: 
nardc,&  l'aune  à  leur  Nolr.re-dame,quicft  en  la  iurifdiclton  du  Seigneur  de  P.imele:  lc' 
IeanTuicaen  ne  tarda  point  de  venir  en  ce  temple,  pour  parfaire  &  monftrer  dé- 
liant tous  ce  qu'il  auoitli  long  temps  tenu  cache  en  foy-mefrae.  Ecaprcs  qu'il  tut  entré 
dedans  lecheeur  du  tcmpledc  Pamcle,contcmplantvncgrand'trouppede  gens  efloi- 
gnezdufcruice  de  Dieu, le  dilpofans  d'adorer  vn  morceau  de  pain  &c  le  prolternerd,  - 
uant  iceluy:incotinentians  aucune  frayeur  ne  crainte,eftat  poulie  d'vn  zele  prémédité  Tufwen  r- 
parplulieursiout  s, accourut  près  le Prcftre,  lors  qu'il  eilcua& monftra  au  peuple  par  ™ch ^  rj  ° * 
dclfus  la  telle  ce  qu'on  appel  le  l'hoftie,&  d'v  ne  grade  véhémence  ôcprôptitude  i  arra-  main  ou 
chade  les  mains,  Sch  ieâa  contre  terre  dedans  le  temple,  &  la  brilà  en  pluticurspie-  ^àkie. 
ces,difanthautement,Voilavoitrcbeau Dieu Mcflieurs,quina puiiTancedcsaidcr,ne  Tu.-...n 
fedeliurerdes  mains  deceiuy  quile  prends  qui  le  rompt. Iniques  a  quand, PicUres  in-  pr«  lu<  ir" 
fenfcz,abu  ferez  vous  du  Sacrement  de  lalamélc  Cencdu  Seigncni  :  v  aura-il  jamais  fin  j  ttdu  ]  ,Jû 
à  voz idolâtries? Si  vousn'cPtes  efroeuz  par  lauthonte  des  lamctcs  Eicritures,a ppicncz  paT£exiior- 
par  ceft.  exemple,  qu'il  n'y  a  nulle  diuinitc  en  ce  pain, puis  qu'on  luy  peut  taire  nnylan-  u!t  • 
ce.Adoterez-vous  ainli  vne  choie  morte, vous  qui  elles  en  vieï    De  celte  véhémente  *J2îigècc? 
exhortation  fchardieilêde  IeanTuicaen  accompagnée  de  confiance,  tout  le  peuple  * 
qui  edoit  là  prêtent,  en  tut  tellement  faify  de  frayeur  &c  eftîahnllmcni,  qu'il  le  feit  (i 
grand  bruit  &  tumidtepartoutletcmple,queleCuiédelaparroiiiè,qui  lors  eiloit  en 
quelque  coin  du  temple, venan  t  vers  le  chœur  rencôtraTulcaen  qm  en  l'ortoit  ("ans  e- 
ftreempcîché  n'effraye -&Z  le  iàlua  ne  fâchant  qu'il  au  oit  fa  ici,  ne  qu'il  fut  eau  Ce  de  ce 
bruit.OrciioitceCuréfoncoufmimaistoutcstoisIean  ne  luy  rendit fon  falut,ains  cora 
mença  de  le  tancer,luy  mettant  deuant  les  ycuxles  rrompcTics&tallaccs,doiic  il  abu- 
foitlepeuple,duquel  ileftoitpafteur,luy  dénonçant  qu'il  en  rendroit  compte  vn  unir 
deuant  Dieu.  Ce  qu  oyant  le  Cure,  incita  le  peuple  a  haute  voix  de  prendre  Iean  Tu- 
fcaen,quiferetiroitfans(èhafter  aucunemcnt.Et  Ce  fuft  aiicment  lanué  d'entre  leurs 
mains  s'il  euft  voulu  haller le  p2s,pource que perfonneneievouloit  entremertre  de  lc 
prendre. Parquoy  le  Cure  ne  tarda  vie  (e  tran  porter  en  1 1  maiion  du  petit  Bailiy  de  Pa- 
mclc:&  il  feit  tant  par  les  clameurs  &  imponuniïez,quece  Bailly  fut  contrainct  luy- 
mèfme  s'acheminer  quant  &  luy  pour  appréhender  Ie.m.  Et  quand  ils  furet  approchez 
deluy,il  ne  ht  femblant  de  fuir  ne  d'efehapper  non  plus  que  parauanr.  Il  fut  donc 
cmpoigné,&  mfsen  pnfon,fansaucunercu*itence.  Apres difncr  il  fut  p relente  deuant 
lalufticcdePamelepoureftreinterroguéjCn  laprefènee  du  Curê\&  après  anoir  elle 
enquis  qui  fauoit  incite  à  faire  tel  outrage  à  leur  hoftie,  on  luy  demanda  quelle  opi- 
nion ilauoitdu  pain  qui  eft  confâcre  en  la  Méfie      s'il  ne  croyoit  pas  que  ce  fit  il  le 
corps  de IefusChrift.  Si i  vous  côlideriez{dit  Iean)bien  auâr  la  fdle  que  vonsauez  célé- 
brée nagueres  del'Alïumption  du  Seigneur, vous  croinezà  larefponfedes  Anges  faite  Afl.clup.ï; 
aux  Àpoftres,qucIcfus  quieft  eilcuéen  hsut  au  ciel  viendra  ainîî  que  lors  on  l'a  veu 
aller  au  cichmonftrant  par  cela  qu'il  ne  le  falloir  cerchrr  icy  bas.  Et  après  plusieurs  au- 
tres remontrances  par  luy  faites,  puifees  de  l*Efcritutefain&e,  futtenuoyé  en  prifon 
iufqucs  au  fécond  examen  fàicten  pieleneedcs  Magiftiatz,&  deplulieurs  parroilïïens 
d'Audenarde:auqucl  luy  fut  demande  pourquoy  il  auoit  commis  vn  crime  il  detefta- 
ble  r&is'il  eiloit  fain  de  (onentendementquandilleperpetra.il  leur  rcfpondit  qu'il  ne 
voudroit  pas  quecequ'iIauoitfai&,fuftàràire>&  qu'il  l'auoit  meurement  6c  lainemtnr, 
voire  de  long  temps  prémédite. Sur  cela, après  autres  déclarations  ilz  luy  demandèrent 
derechef  Iacaufeà»  le  motif  de  ce  taiét.  Vous  autres  Mertieurs(dit  il)qui  renezen  grand 
eftime  la  Loy  Chreitienne,auriczgrandeoccauon  de  vousfalche.r,{i  quelcun  lavouloit 
faliificr&impugner.Et  fi  lefaict  vous  iemble  cftrange,ic  vousdemandc,Qnieft-  ce  qui 
contraignit  Moyfe  de  iccler  contre  terre  6c  brifer  les  tables  de  pierre  elentes  du  doigt  J^'T"^^ 
de  l'Eternel?  Alors  tous  ceux  qui  clfcoyent  là  prefens,  cognurent  allez  que  tacitement  il  piti«uble$ 
touchoit  leur  idolâtrie.  6C  par  ainli  fut  renuoyé  en  prilbn.  Or,  le  Sieur  de  Pamele «itDieur 
aduerti  de  ces  refponfes,meit  toute  peine,  que  celle  caufe  ncftill  iugcefouzlà  iuritdi- 
£tion:&:  partant  il  saduilade  la  remettre  entre  les  mains  du  grand  Bailîy  d'Audcnarde. 
Ccque  volontairement  acceptaleBailly,  à  cauieque  lean  Tulcaen  futtrouuc  fils  de 

VVv.iii. 


Lmtcj  VUL  LefaiiïdeU  Religion,& 

bourgeois  de  la  ville  :  8C  ainfi  fut  mené  de  Cayphc  à  Pilatc.  Le  y  ni.de  Iuin  m.  d. 
i  xv  i  .on  le  mena  du  matin  enlamaifondeville,pourreceuoirle  iugerrient  qu'on  luy 
prononceroit.  Auquel  lieu  deux  frères  Mineurs  apoflez  pour  le  diuertir  de  fa  conflan- 
ce,luy  demanderenr,s'il  ne  croyoit  que  Dieu  fuft  dedans  le  pain  en  la  Méfie.  Il  leur  re- 
fpondit  par  vnc  autre  qucflion,lcur  dcmandant,Si  le  potier  peut  pas  bien  faire  vn  pot: 
lefquelz  refpondircnt  q'u'ouy  ,mais  quecela  n'efloit  à  propos.il  leur  demanda  derechef, 
ilrenicon-  Silepotpourroitbienrairelcpotier.Àlorslesbonsfrercs  Mineurs  fentirent  bien  où  il 
ÉOnspwS  vouloittcndre-.commc  par  fimilitude,que  les  hommes  qui  refTemblcnt  au  pot, font 
mandes  fain  fai&s  de  Dieuqui  eft  le  potier,mais  que  le  contraire  ne  fe  peut  faire .  Et  auflï  tofl  ils  le 
ôo'        quitterent,dont  luy  bien  aife  fe  meit  à  remercier  le  Seigneur.  ^"Sur  ces  entrefaites  le  fi- 
eilr  de  Pamcle  vint  en  la  maifon  de  ville,  &  fut  rendue  fentenec  de  mort  à  rencon- 
tre du  crimineltc'cfl  à  fçauoir,  que  le  poing  luy  feroit  couppé,duquel  il  auoit  prins  l'ho- 
iîie,&  que  Ton  corps  puis  après  feroit  bruflé  tout  vifiufques  aux  cèdres, lefquclles  puis 
après  feroyent  ie&ées  dedans  la  riuicrc.Ce  qu'ayant  entendu  tout  ioyeux  remercia  les 
iuges,SclefieurdePamele.Maisle  grand  Bailly  d'Audcnarde  luy  dit,  qu'il  demandait 
pardon  à  Dieu  &  au  peuple ,  du  fcandale  qu'il  auoit  cômis.Ouy  bicn(dit-il)ie  demande 
pardon  fi  i'ay  ofîcnfé  aucun.Finalcment  il  fut  mené  pour  cftre  exécuté :ôc en  allant  il 
chanta l'oraifon Dominicale, en  fa  langue  maternelle,  aùec  affeurance  quimonftroit 
vn  repos  intérieur  en  fa  confcicnce,  3c  vneioyede  mourir  pour  vne  telle  caufe.Or  le 
Tufcaen  a  Bourreauluy  fciteftendrelebras  pour  luy  couppcrle  poing:  ce  qu'il  feit.&  l'endura  fi 
le  poing    patiemment  qu'on  euiteftime'  qu'il  ne  fouflProit  aucune  douleur.  Et  dk,Scigneurraon 
uTûïSftrf  Dieu^'eft  pour  ton  nom  que  iendure  ces  chofes  :fay  moy  la  grâce  queiepuifîc  para- 
bmflé.      cheuer  ce  facrificc.  Incontinent  le  feufutallumé,quiefmeutvnpcu  le  poure  patient: 
mais  la  continuelle  &  ardente  prière  à  Dieu  luy  allegeoit  fon  tourment.  Et  eftant  au 
fort  des  flammes  du  feu,  cômcprefquedcmyrofty,monftroitcncc*csparfigncs  à  plu- 
fieursqui  les  obferucrcnt,lagrande  confiance, leuant au  ciel,fi  auant  qu'il  pouuoit,les 
mains  flamboyantes defeu.Ainfifùttraifté ce  vaillant  champion  cnraagèdc  x  xn. 
ans,deuant  ceux  de  fa  ville:  dont  grand  nômbrcfût  par  vnc  mort  fi  confiante,  confor- 
mé déplus  en  la  doctrine  de  l'Euangilc  qui  commençoit  de's  lors  cftre  prefchc  publi- 
quement prefque  partout.  Lariuiercde  l'Efcauld  reccut  fes  cendres  poui  accomplir 
la  fçntcncc  contrcJuy  donnée. 

TOVCH^iNTles  prédications  publiques,  &  leur  commencement  $vn  mtfme  temps 
és  Eglifetreformees  de  diuerfis  ProumcesduPais^MS  occafion^la  necefiité& rtiwéd'kelks. 

E  S  prédications  publiques  commencèrent  fur  la  fin  du  mois  de  Iuin  m. 
d  .  l  x  v  i.  Premièrement  en  quelques  lieux  dclabafTc-Flandre,&  incon- 
tinent après  à  Anuers  le  xx  1 1 1  i.dudit  mois .  Ceux de.Tournay  ôc ^Je  Va* 
lencicnnes  fuyttirent  incontinent,  ôc  femblablemétpluficurs  autres  villes 
en  Zélande,  Hollâdc,0rabànt,Flandrcs,Erifc,  5c  autres  Prouinccs  du  pais.  Le  nôbre  de 
ceux  qui  fe  trouuoycntauxafTcmbléescroiflbiilouracllcment  en  telle  forre  qu'on  fe 
peut  imaginer  que  le  peuple  s'aficmbleroit  en  vn  marché,  où  après  longue  famine  on 
apporteroit  à  tfiftribuer  abondance  de  blé.Lcs  Magiftrats  des  villes,  qui  parauant  mon 
ftroyent  d'auoiropinion,  ÔC  fe  vantoyentqùe  les  fidèles  n'efloyent  qu'vnc  poignée  de 
"  gens  de  bafle  5C  vjle  condition,  furent  fàifiz  d'vn  tel  eftonnement,  voyans  la  roukitu- 
lesM^oa  de,SC  gens  de  qualité,  &  le  nombre  croiftre  iournellcment  à  veuc  d'cdl ,  qu'ilz  endu- 
nommez    royent ,  fans  faire  aucune  menace  n'outrage,  les  fidèles  fortir  des  villes  pour  aller  aux 
«lieux.     prcfches^Jcy  retourner  &  conuerfer  fans  contradi&ion.  Mais  Satan  ne  pouuat  fourrrit 
Séditieux*  vn  tclauancemcnt  du  règne  de  Iefus  Chrifl,  commença  à  fufeiter  des  garnemens,  lcf- 
garnemens  quels,oude  leur  propre  malice,  ou  eftans  apoftez^c  incitez  par  les  Prcftres  ennemis  ru-* 
coure  les  fi  rcz(je  rEuangileçfâifôyent  courir  des  menaces  de  faccager  les  fidèles  en  leurs  afTem- 
blées.Qtu'  foc  caufe,qu  en  pluficurs  lieux  ilz  com m enecrem  à  porter  quelqu es  armes 
allans  à  la  piedication,pourfc  garécir  aucc  leurs  f  cmmcs,&  enrans^des  outrages  die  tels* 
SuppUcatiô  garnemés,  8c  brigans.mais  eftans  retournezaux  villes  les  mettoyè't  bas.  Et  cependant 
aux  magi-  luriplioyentlesMagifttatSjOudelcuç  baiUcr  quelque  garde  contre  telles  gens, ou  de 
fiddeî"10  leur  pctiïîcj*re,qtt'iis  s  afTcm  expofez  en  tel  dan- 

ger,&  qu'eii  ce  cas  ils  poferoy  ent  encicrcmcu  les  armes.  Orne  pouuâï  obtenir  ny  l'vn' 

ny 


Des  Eglifès  du  Tait-bas.  668 

nv  l'autre,futaduifé&: déclare  par  les  Seigneurs  Magiftrats  de  diuers  lieux,  &:  notam- 
ment à  Anucrs,  qu'ils  s'en  pourroyenc  bien  feruir  eftans  en  leurs  ailemblccs,  mais  les 
lailferoycnt  dehors  aux  villages  fans  les  rapporter  dedans  les  villes.  A  quoy  ilz  obéirent: 
telinoignans  de  plus  en  plus  leur  lîmplicité,&:  intention  de  garentïr  eux,  leurs  fem- 
mes Se  enfans  contrcles  aduerl"aires,ïors  qu'ils  eftoyentaifemblez  aux  champs. 

Piv  sievrs  leur  reprochcjK,ques'ilsfefulfent  tenus  àdeuraiTcmblccs  petites  &: 
feercttesjon  ne  les  cufttaxczde  rébellion, comme  maintenant  l'ayans  Fut  en  public, 
maisilstcfpondentqueteileacculationn'afbndemcnt:  car  la  defobeiiTancc  commife 
cotre  les  Edicts  du  Roy,negift  point  en  la  circonftance  des  lieux  publiques  ou  particu- 
liers, veuqu'vn  chacun  fçait  qu'il  eft  autant  défendu  de  prclchcr  en  cachette  Se  en  fe- 
cret,commecn  public.  Mefmemcnt  qui  voudra  confiderer  depres  le  contenu  des  Les  aflem- 
Placars  Se  Ordonnances, il  trouuera  qu'elles  s'attachent  phiftolt  aux  ailemblccs  fecret-  ^k"lu'jJr^ 
tes,qu  a  celles  qui  fe  font  en  public.  Ht  de  faiCti celles  font  blafmées  pour  conuenticu- plaque 
les  Se  menées  tëcrettes,où  le  font  choies  vilaines  Se  deshonneftes      le  font  confpira-1"  l,ub[i- 
tionscontre  le  Roy  ou  la  Republ.lefqucls  blafmcsne  pcuucntauoir  lieu  en  ces  predi-^"' 
cations  Se  ajfemblées  pu bliques.Dont  s'enfuyuroit qu'on  auroit  beaucoup  moins  d'oc- 
cafion  deles charger  maintenant  de  rébellion ,  que  lors  qu'ils  s'aifembloyent  en  ca- 
chette Car  les  alfcmblées  feercttes, combien  qn  elles foyent  necelfaircs  durant  le  têps 
desperfccutions,&:avcntefté  prattiquéespar  les  Apoftres,&:  par  l'Egliie  ancienne,  en- 
uiron  l'clpace de  trois  cens  ans, tourestois  il  lemble  à  quelques  vns  qu'elles  ayent  ie  ne 
fçay  quelle  affinité  auecconfpirations  ou  lècrettes  machinations  contre  le  Roy  on  la 
Rcpubl.  Et  pourtant  femblcroic  y  auoir grande  occafion  aies  défendre  &:  prohiber,  i 
taifon  q  toutes  alfemblécs  qui  le  font  de  nuict  Se  en  cachetteront  fufpecles  auxGouucr- 
ncurs  de  Rcpubl.  d'autant  qu'ils  ne  pcuuent  fçauoir  ce  qui  s'y  traitte :  fi  qu'en  don- 
nant pied  à  telles  aflemblées,ils  mettrovent  la  République  en  continuel  hafard  Se  dan- 
ger des  traiftres,  qui  fous  ombre  de  s'aiTemblerpourlct'aivtdeleurPvCligionjauroyent 
moven  dcbrahTerconfpirations&  traînions  qu'ils  voudroyent  .combicn,certes,  que  la 
£iute&:  le  mal  qui  y  eft,  doit  cftrc  impute  non  point  à  ceux  qui  salle  m  blent,  mais  à 
ceux  qui  par  feux  ou  glaiucs  veulent  empefeher  l'exercice  dvne  Religion  laquelle  ils 
nefçauroycntmonitrercftreconrraireàla  parolîc  de  Dieu.^  Sidonquesily  euft  par- 
auanr  quelque  fufpition  contre  ceux  qui  s  ailembloycnt  en  fecret,  comme  de  rébel- 
lion, trahifon, ou  autre  confpiration  contre  le  bien  publicq  ,  comme  il  lemble  qu'ils 
font  chargez  aux  Placars  Se  Ordonnances -.tout  cela  pouuoitcftre  à  bon  droit  effacé 
par  les  prédications  publiques  :  par  lefq u elles  le  Roy,&;vn  chacun  peut  entendre,  que 
tant  s  enfant  que  tellcfoit  leur  intention, qu'au  contraire,ils  recommandent  fur  toutes    D,c  (*a'" 
choies  du  monde,  1  obeiiTance  qu'on  doit  aux  Rois, Princ  es  Se  Magiltrats,comme  or-ic^ffan- 
donnczlieutenans dcDieu,auquel rousdoiuenr  honneur &:obeiflance,  lans en  excm bkescJwc- 
ptervn  feuhpiians  Dieu  pour  leur  falut,profpcrité&grandcur,eftimans  que  leur  feli-  *cnncs* 
cité  ne  peut  autrement  conliller.  ^Et  tant  s'en  faut  que  ces  prédications  publiques 
puùTcnt  ellrc  interprétées  pour  crime  de  rébellion,  que  mcfmes  ils  n'auoycnt  moyen, 
plus  propre  pour  fe  purger  dcfemblablefoufpeçon  Se  blafmc.  foincl  au/fi  que  par  là 
l'on  peut obuicr  au  mal&  inconuenient,pour  le  regard  duquel  les  Ordonnances  &:  Pla 
cars  de  feu  Charles  v  .emp.  Se  ceux  du  rov  Philippe  fon  /ils  ont  cfté  menez  au  com- 
ble de  toute  rigueur.  Car  le  principal  motifdefdits  Placars  a  elle  l'opinion  qu'on  aeué'Lc  prind- 
de  Martin  Luther    autres  fesadherens,  qu'ils  vouloyent  abolir  toute  fuperiorité  ^ff™™^ 
police  tant  Ciuile  qu'Ecclchaftique  ,&:  inciter  lepcuple  àrebellion  contre  le  Magi-dcsPlacars. 
ftrat,&:à  tout  abandon  de  mefchansa£tes:commede piller,  delrobbcr, meurtrir, s'en- 
tretuer  l'vn  l'autre, laccager  tout  par  feu&glaiue:8£  finalement  viure  à  la  façon  de  be- 
ttes làuu:igcs, lans  loy  ou  ordonnance  quelconque  ,  ainli  qu'il  eft  expi efiément  Se  en 
cysmefmes  termes  déclaré  en  lapremieie  ordonnance  îadis  publiée  par  ledit  Empe- 
reur Charles,en  date  du  vm  .de  May,l*an  m.d  .  xx  i.  fur  laquelle  toures  les  autres  de- 
puis faites,refpectiucmcntfe  rapportent.  •  Or, par  ces  prédications  publiques,  eft  o 
Itéel'occaliondetelsinconueniens.Carpremierementon  voiteuidcmment  que  tou- 
tes telles  façons  défaire  leur  font  en  horreur  &  abomination  tiefgrande,  ii  bien  qu'on 
n'a  plus  occalion  de  craindre  qu'ils  voudroyent  inciter  le  peuple  à  telles  ôcfcmblables 
cnormitcz.Et  puis  il  y  a  vn  grand  bien, que  quandils  levoudroyent  defuoyer  tant  loit 
peu, du  chemin  d'honnefteté  &:  du  dcuoir  qu'ils  ont  au  Magiltrat,  ils  font  là  comme  eu 

V  Vv.iim 


LiurtjVllL  LeTaift de  la  Religi<m,& 

vn  theatreexpofczàlavcuë&au  iugement  de  tout  le  monde:  fi  bien,  que  non  feule- 
ment chacun  au  roit  moyen  de  les  redarguer  par  la  parolle  de  Dieu,  mais  aufli  leMagi- 
ftrat  les  pourroitchaftier  exemplairement  toutes  &  quantesfois  qu'il  luy  lembleroit 
Lwprcfches  bon. ^11  y  a  d'auantage,que  ces  prefehes  faits  ainfi  en  publiq,lbnt-le  vray  moyen  pour 
publique   cmpelcher  le  cours  de  plufieurs  mefehantes  fectes,  qui  en  fecret  ont  eu  long  temps  la 
ImÏmiho  voguc,d'autant  que  ceux  qui  fous  prétexte  de  l'Euangile  par  cy-deuant  ont  iémé  leurs 
fcmccscnca  erreurs  en  cachette,feront  maintenant  tirez  en  lumière  &:  contraints,  ou  de  le  taire,  ou 
chette.      metne  leur  doctrine  à  latouchede  la  parolle  de  Dieu.Dont  il  aduiendra,quelesigno- 
rans&fimples  ne  feront  d'orel' en- auantainli  feduitspargensProphanes  &:  Athciftes 
ou  Anabaptiftes,qui  ont  voulu  mettre  leurs  longes  &:  refucriesau  lieu  de  l'Euangile.  Si 
qu'on  pourra  obtenir  par  le  moyen  dcfdits  prefehes  vn  bié  lequel  on  n'a  onques  peu  gai- 
gner  par  la  rigueur  des  Placars,  quelque'extrcmc  qu'elle  fuft.Brcf,ce  doit  eftre  le  vray 
moyen  pour  paruenir  à  ce  qu'on  a  tant  prétendu  par  toutes  les  Ordonnâmes  &c  Plaçai  s, 
àfçauoird'empel'cher  lecours  de  mefehantes  &prophanes  fectes,  &  d'amener  le  peu- 
ple àtranquillité,&  vrayerecognoiflancedu dcuoir  deuau  Magiftrat,  &:  au  Roy.  Clly 
a  encores  pluiieurs  ancres  poincts  aufqucls  prenant  de  près  garde,  on  verra  qu'ils  onc 
efté  contraints  èc  forcez  de  condefeendre  à  ces  prédications  publiques.  Premièrement 
la  multitudedeceuxquiiournellementlefont  adiointsàcefte  doctrine, a  efté  de  plus 
Neccfsitédc  enp]us  [1  grandcqu'tl  n'y  auoit  plus  nulles  chambres  fecrettes  ne  mailbns  qui  leseuf- 
^"pi'cT  "  lent  peu  contenir:&:  cependant  on  voyoit  le  peuple  û*  affamé  de  ceftedoctrine,  qu'il  n'y 
auoit  moyen  de  la  leur  refufcr,n'euft  efté  qu'on  en  euft  voulu  faire  d'Atheiftes,  Liber- 
tins, Anabapriftes,&fectaircs.  Car  comme  ils  voyoyent  à  l'œil  les  abus  &  erreurs  auf- 
quels  ils  auoyent  vefcu,&  par  là  cognoifloyent  qu'il  y  auoit  quelque  autre  doctrine 
meillcurc:en  cas  qu'on  nela  leur  euft  prclchéc,il  falloir  neceflairement  de  deux  chofes 
Us  danger  l'vnc,ou  qu'ils  fil  lient  deuenus  du  tout  fans  Religion, reiettans  tout  iougdedoctrine:ou 
d  va  peuple  kjcn  qu'ils  le  fulTent  amaflez  des  nouueaux  docteurs  àc  des  nouuelles  doctrines  à  leur 
dSrie.e   poftc,vn  chacun  félon  fafantafic:donts'enfuft  enfuyuievnc  horrible  confulion&dcf- 
ordre,&  en  lieu  dedeuxourroisfcctcs,enyeuft  eu  vne  infinité.  Et  de  fait  comme  ainfi. 
fuft  que  les  Miniftres  &  Prcdicans de  cefte  doctrine faifoyent  au  commencementgran 
de  difficulté  de  prcfcheren  publiq,craignansquelquenouuellcté,  il  en  y  eut  pluiieurs 
qui  les  menalfcrent  ouuertement,que  li  on  ne  leur  vouloit  annoncer  la  parolle  de 
Dieu,  ils  en  ccrchcroyent  d'autres  qui  la  leur  annonceroyent,  quelque  part  que  ce 
fuft.En  conlîderation  de quoy,les  Miniftres  &:  les  Anciens  de  leurs  Eglifes,furent  con- 
traints pour euitervntelfcandale,d'annocerleurdoctrineen  publiq:outre  ce  qu'il  y 
auoit  pluiieurs  gens  dcbicn&  de  qualité,  lefquels  cognoiflans  leur  doctrine  eftre  con- 
forme à  la  parolle  de  Dieu,&  toutesfois  voyans  àqucls  blafmes  eftoyent  afluiectis  leurs 
alTemblées  fecrettes, protcfterencouuertemcnt,qu'ilsdeilroyent  qu'on  la  leur  annon- 
çait en  publiq,  àfin  qu'iis  ncfulTcnt  enueloppez  aux  melmes  blafmes  dont  faufiemenc 
inueaiues  on  ^cs  chargcoit.Et  de  fait,en  ce  mefme  temps,  on  oyoic  plufieurs  Moines  &  Curez  en 
de  plufieurs  leurs  chaires  fc  tempeftans  contrecefte  doctrine:&:  poureequ'ils  cftoyencdcfpourueus 
SoSs&    de  bons &:  fermes  argumens,ilsfefondoyétfurcequetelles  alTemblées  fefaifoyent  en 
cachette,dilans  qu'ils  fuyoyent  la  lumiere,&:  fe  retiroyent  ainfi  en  ténèbres ,  pour  exer- 
cer infâmes  paillardifes  &lubricitez:&  pourtant  nommoyent  leur  doctrine, La  (hanté 
delà 'courtine.  Tout  ainfi  comme  anciennement  Celfus,Porphirius,  Lucianus,&  autres 
femblables  gens  Prophanes  &:  Atheiftes  ,  calomnièrent  les  alTemblées  fecrettes  des 
Chreftiensj&incitoyentla  haine  &c  mal- vucillancc  des  Princes  ôc"  du  peuple  cotre  eux. 

L  E  brifement  &  détection  des  idoles  &  images^  démolition  des 
Autels,  és  "villes     "villages  du  Pau-bas . 

'ESTANT  ainfi  côtinué  l'exercice  publique  des  prefehes  enuiron  fix  i 
fept  fepmainesfans  aucun  trouble  ou  émotion ,  aucuns  de  la  baffe-Flan- 
dre commencèrent  à  abattre  les  Images  ou  Idoles  aux  tepIcsdesPapiftcs, 
Vautres  lieux  publiques.  Ce  qui  futpourfuiui  en  plufieurs  villes  du  Pais 
en  telle  alTeurance,  comme  fi  c'euft  efté  par  le  commandement  ou  pour  le  moins  con- 
gé &:  permilTion  des  Magiftratsren  telle  diligcncc,&  par  fi  petit  nombre  de  gens  info- 
gnuz  (pour  le  moins  és  villes  cfquclles  ce  déluge  commença)  que  ceux,  qui  ontveu 

vnc 


Des  Eglifa  du  Tais-bas.  66 p 

vne  fi  foudaine,&  Ci  vniucrfellc  cheuce  de  tant  d'idoles,  font  contraints  de  ccnfeiîér 
queccltvneeeuureextraordinairedu  Seigneur.  Aulîi  il  ne  faut  douter,  que  pluiieurs 
n'y  ayencefté  pouffez  dVnzeleardcnc,&:  de  regrec  d'auoir  fi  longtemps  &eux,  &:  leurs 
anecitrescenu  6e  adoré  pour  Dieux  ces  images  depicrre,Ô£  de  bois, qu'ils  ont  veu  tom^ 
ber  bas  de  leur  throfne,commegrellcdu  ciel.  Ecdcfair,lî  ainlieltquc  feltonnement 
de  coeur  lans  caufe  eft  vne  iulte  vengeance  du  Seigneur  contre  ceux  qui  ne  chemi- 
nent point  en  l'a  crainte,&:  lingulieremen  t  fur  les  Magilti  ats,auiqucls  comme  à  les  heu- 
tenansiia  imprimé  quelques  traces  6e  imagedcla  maieitc,pourcftrc  reucrez  &:  re- ^S'^" 
doutczdupeuple:ilfaut  recognoiftre  6e  confclîerque  c'cll  de  Dieu  voulant  faire  ion  Sonnez?" 
ccuureque  vint  l'efpouuantement  Se  frayeur  dont  les  Magilhats  furent  iailîs,*qu  an- *cefHteilIa 
cunsontdonnéà vn  feul  homme  requérant  d'abbatre  les  images  en  vne  ville,commif-  H»y««H«i 
fiondccefaire,luy  prometcant  falairede  ion  labeur.*  Autres  ayans  laille  encrer  deux 
poures  hommes,  qui  demandoyenc  deuant  laporce  delà  ville  de  voir  liles  images  yreprXbî! 
eftoyentabbatues,les  ont  conduit  par  cous  les  temples  6c  chapelles,  &:  à  leur  comraan  ue"' 
dementjfaicabbatrecequi  rcltoit,(ansles  olcrapprchender,ny  mefmcs  contredire  au- 
cunement. *  Autres  cômectoyen  t  gens  aux  portes  des  temples,  le  conter, tans  de  pour-  c»d?!  t 
uoir  à  ce  qu  on  n'emportait  rien  dehors.*  Autres  fe  font  tenu  z  enferrez  en  leur  maifon  au" 
de  ville, comme  en  vne  priibn,  cependant  que  les  enfans  alloyent  parles  temples  abat-  *AAnu«* 
tre  les  images, le  peuple  les  regardant  à  bon  loilir,&  plaiûrcdontauiïi  pluiieurs  après  s'y 
adioignoyent,e(timans  qu'ils  le failoyent  par  authotité  &cômiflion,ou  pour  le  moins 
permiflion  du  Magiilrat,d'aucanc  qu'il  citoit  commandé  aux  guecs  de  les  lai  lier  palier 
lors  qu'ils  ailovent  de  temple  en  temple  lans  contradiction ,  ou  empefehem  ent.  Bncf, 
on  peut  dire  à  la  vericé,quc  d'aucanr  que  les  Magiltracs,aufquels  appartient  dabaccre 
les  idoles, &  ruiner  leurs  temples, les  ont  non  feulement  enduré  depuis  quatre  ou  cinq 
ans,maisaullî maintenu  parleurauthorite,lemonltrans  feruiteurs  &C  protecteurs  des 
idoles, Dieu, ne  pouuant  plus  long  temps  porcercelcehlchecéabominable,  6e  impiété  Les  cnfens 
damnable,a nucicé  des  enfans, pour, en  failant  l'on  œuure par  eux ,  lenuoycr  les  Magi-  fmjg™ 
ftratsàl'elcholedcsenfansàleur  honte  6e  conlulîon.  Et  cependant  a  rendu  par  vne 
tellccheuted'idoles,cntierementinexcufables  ceux  qui  d'orelenau.at  les  fetuiront  6e 
maintiendront.       e  briiémenc  doneques  d'images  ayantainh  e lionne  les  cœurs  des 
Magiftrats,&:  au  côttairc  encourage  !epeuple,on  commença  en  pluiieurs  villes  àpref- 
cher  dedans  les  temples  repurgez  i'idoles,l'Euangilc  de  noitre  Seigneur  lefus  Chrilt, 
Sey  chanter  les  Pfeaumes  en  lieu  de  Mettes.  <j  Ce  qui  fut  caufe  d'induire  les  Gouuer- 
neurs,  6e  Magiib  ats  des  villes  où  on  preichoïc, d'accorder  cane  plus  faeilemet  l'exercice 
diceluy,iufques  à  permettre  de  baltirdrs  temples  en  quelques  villes  dedans,  aux  au- 
très  dehors, cv"  Je  prendre  ceux  de  l'vnc& l'autre  Religion  en  leuriauuegarde&prote-  Lettrcs  ^ 
ftion.  Vray  clt  que  la  Ducheiîe  en  les  lectres  pacences  qu'elle  accorda  lors  en  forme  tentes  de  h 
d'aifeuranceaux  Gentils-hommes  confederez, dateecs du  x    1 1  i.du  moisd'Aoult  m.  Jcu?cff<; 
n.L  x  v  i. pairalegeremcntccltepermirtion, en  difant  feulement, que  les  Gentils-hom-  permettant 
mes  concéderez  s'erforceroyenr  d'empefeher  que  prefehes  ne  le  feifient  où  l'on  na-jjexc™c? 
uoit  encores  prefché,&:qu'aux  lieux  où  ilz  s'eicoyent  faits  dôneroy  ent  ordre,  qu'on  n'v-  ea^crwîns 
fait  d'armes,  lcanda!c,&defordre  publiq.maisclledeclaraouuercemenc  aux  cheuaiicrs  lour- 
de l'Ordrc&cux  après  aux  Genrils-hommcs  conredercz,au  nom  de  l'on  AlccHé(côme 
ils  font  cou  liours  donné  à  entendre  au  peuple,  Se  l'ont  protclté  en  leur  remonltrance 
dernière enuoyéed'Anuers  parMonlicurdcBredcrodele  v  1 1  i.de  Feuncr  m.  n.  l  x- 
v  ï  i. )que  Ion  intention  eleciede  permettre  1  exerciceentiei  de  ia  Religion  és  lieux  ou 
on  auoit  prciché.Mais  qu'elle  ncl'auoic  point  voulu  coucher  li  ouuertement  en  les  let- 
tres patentes,pour  ne  point  irriter  fa  Maiefté,  délia  par  trop  oifenlee  de  ce  oui  eltoic 
aduenu  au  regard  des  prelches,&:  le  feroitencores  d'auantage  entendant  le  briiement 
des  images.Ecdcfaict.fuiuâc celte refoîution  les  Gouuerneursdcs  Prouinces  COmmCll  Accords  tn- 
cerent  à  faire  aux  villes  de  leur  charge  où  fort  auoic  preiché,certains  accords,  6e  règle- rre  Ies  Go"- 
mensauec  ceux  de  la  Religion, touchant  le  nombre  6e  qualité  des  Miniftres,lcs  iours,  p^b^  &: 
te  lieux  des  prefehes, &pluiieurs  autres  articles  concernanslefaicl:  de  la  Religion, 6e  l'ai-  ceux  de  h 
feurance  des  vns  6e  des  autres. Par  ce  moyen  on  a  continué  long  temps  à  prelcher  paili-  Rello:ou- 
blement  en  pluiieurs  villes. En  quelques  autres  oncau/fi  pourluiui  fans  accord,  tailans 
ceuxdeladicteReligion  difHculté  d'accorder defaircles prefehes  hors  les  villes, com- 
me fingulierement  en  Hollande^  2elande,ne  voulans  aucunemét  força  des  temples 


Liurc^j  VI  IL  Le  faitt  de  la  Religion 

des  Papilles  ,c!ont  ils  auoyent  prins  polfeflîon. 

•    Lt  s  ennemis  de  la  Religion  reformée  qui  depuis  onc  voulu  charger  les  Miniftres, 
Anciens  ou  Confilloires  de  cefte  deiedion  d'images  &c  démolition  d'autels ,  ont  mon 
ftré  vnc  impudente  calomnie,quis'citmanireftee  par  ades  iudiciaires:  attendu  qu'on 
Calomnie  n'aiamaisfeu  r,rer  cc&c  confcflîon  de  ceux  que  pour  ce  faicl:  on  a  exécutez  à  mort, 
<k  laquelle  quelques  tourmens  ou  géhennes  qu'on  leur  ait  donné.  Au  contraire  l'on  fçait  que 
h»  cSîoi ccux  ^c  *acntc  Religion  ont  touiiours  efte  d'opinion  que  ce  n'eftoit  à  faire  à  gens  parti- 
rcs,aefcoii-  culiers  d'abatre les  images  drcflees  par  authorité  publique.  Ce  qu'ils  ont  plufieurs  fois 
uertc.       déclaré, tant  en  leurs  exhortations  publiques,  qu'es  rcmonllranccs  particulicrcs:ten- 
d:ins  touiiours  à  ce  but,  que  l'on  n'en  donnait  à  perfonneoccafion  de  fcadalc.  dont  cer- 
tcsnul  nepcutellrcignorant,quiconquca  ïamais  voulu  prendre  la  peine  d'entendre 
leur  doctrine.  Et  quand  ils  auroyenteité  d'opinion  de  le  faire(ce  qui  n'eft  nullement  vc 
ritabk)can:y  atoutcsfoisqueiamaisils  ne  l'enflent  voulu  rairc.Et  auiTî  ne  leur  clloic 
expcdicntau  tcmpsquaml  il  fut  faitràcaufe  qu'ils  auoyent  tous  d'vn  commun  accord 
rcloludemioycrlcursdeputez  à  Bruxelles, pour  fupplicr  la  Gouuernante  Je  leur  oc- 
troyer par  manière  de  prouilion  ,  quelques  temples  ou  autres  lieux  publiques  pouc 
l'exercice  de  leur  Religion  ,à  fin  d'euiterpai  ce  moyen  tous  troubles  &  tumultes. Ce 
qu'ils cfperoycnt bien d'obtcnir,pource  qu'vn chacun  voyoit  alors  que  ceftoi:  le  feul 
remède  de conferuer  le  peuple  en  repos  &c  tranquillité. Or  ne  pouuoyent-ils  (inon  em- 
pirer leur  enuie,  &:  acquérir  désfaueur  enuers  fon  Altc/Tc,  fi  en  ce  mcfmctcmps  ils fc 
fuflentaduancez  à  conleiller  vnadetant  pieiudiciablc&:  contraire  à  leur  Reqi;eflc\ 
Si,  qu'il  appert  manuellement,  qu'onques  îlsnefurentdecelladufs  &  délibération. 
Luenu^"     ^E  p  v  1 5  la  pacification  des  troubles  à  AnuerSjcftaduenuqu'vnnouucau  tumuice 
Aouc«  par  ayant  elle  efmcu  par  aucuns, qui  forcèrent  ce  grand  temple  nomme  noltre-Dame,dc 
ftx  kdi-    (jx  qUj  furcnt  appréhendez  pour  ce faid&  pendus  le  lendemain,  il  en  y  auoit  quatre  Pa- 
cl,x'      pilles,&:  entre  iceux  vn  Gentilhomme  bien  cogn eu, qui  auoit  elmcu  les  autres. Telle- 
incnt  qu'on  preiumoirquelcsPreftresauroyent  elle  premiers  autheurs  de  cefte  rufe: 
partie  pour  irriter  les  Magiilratscontrc  ceux  delà  Religion  (  comme  on  a  aflezcognu 
qu'ils  ont  foLuicntfiit  du  pad'é  tels  a&es  à  fin  de  fufeiter  par  ce  moyen  nouuellcs  perfe- 
cutions)particpourromprecc  commun  accord  de  toutes  les  Eglifcs.  Defaidon  aveu 
du  depuis, que  celafeul  a  cftécaufe  que  ladite  Rcquefte  n'a  elle prefcntce,&:  que  ceux 
delaReligion  n'ont  depuis  trouué  linon  toute  déî'fàueur  &:  haine.  Combien  qua  dire 
le  vray,il  le  faut  attribuer,  non  pas  tant  à  tel  llratagemc  des  Preftres, comme  à  vniuge- 
meut  mcrueilleux  &:  prouidence  de  Dieu  admirableiayant  voulu  vifiblement  déclarer 
en  ces  derniers  temps,  combien  il  a  en  deteftation  &  horreur  l'abominable  idolâtrie 
dcsimjges:cxpofanten  opprobre  perpétuel  la  prudence  maudite  des  plus  grands  &  Ca- 
ges de  ce  monde. ^  Car  qui  voudra  regarder  toutes  les  circonftancesderhilloircdonc 
ell  maintenant  quellion ,  il  verra  aifémentque  tout  a  elle  conduit  &  exécute  par  vnc 
vertu extraordinairede  Dieu,  àlaqucllelcsliommcsn'ontpeu  refiftcr.  A-il  elle  poffi- 
blc  qu'au  bout  de  quatre  ou  cinq  iours,des  fem  mes, enfan  s,  &c  hommes  fans  authorité, 
fans  armes,  en  petit  nombre ,  gens  pourla  plus  grand' patc  contemptiblcs  &  de  balfe 
condition, ayent  peu  abbattre&:  ruiner  prefquc  par  tout  le  Pais  tant  d'images,  tant  d'au 
tels  &c  parures  de  templesîquc  les  maifïxcs -m  allons ayent  alTcurc  en  plufieurs  lieux, 
qu'il  ne  leur  eu  11  elle  poffible de  démolir cnhuitiours(quand  ils  euifent  elléaccompa- 
gnez  de  cinquante  hommcs)ce  que  des  garçons  en  bien  petit  nombre,  auoyent  rafé  en 
vn  ou  deux  ioursî  voircencoicauxvillesiespîuscelebres&frequcntéesdu  Pais-bas, 
à  la  \Tuëdctcutlemonde,fansrcccuoiraucundeftourbiei  ouempcichcmcntïQijiell 
l'homme  ou  iï  aueuglé,ou  li  hebeté,quine  voici  &:  n'entend  point  qucç'actlélcdoigt 
&.  lapuiflanccdeDieu  quiafaitcecy?de  Dieu(comme  il  a  elle  dit)  lequel  a  enuoyé  le- 
ftnn  fifiiz  *Pric dcltoiirdinemcnt aux Magi(lrats,&: commelié  leurs  mains,  à  fin  qu'ils  nes'auan- 
avipr.ta  c-çairentpointà  empefchcrlbnœuure?  On  a  veu  cy-deuat  en  plufieurs  exemples  que  fi 
ftourdiflè-  aucun  cullcouppé  feulement  le  nez  à  vncimage,ou  euft  traittél'hollicirreuerement, 
mcnt"       ou  bien  ne  le  fuit  agenouillé  deuant  laSainte  huile  qu'on  appelle,toutle  monde  eh  euft 
^i'hinoire  eftcfiefmeu&fcandalifé,comiviefiIc  ciel fiift  tombe. &:euil-on  penféne  pouuoir  cx- 
piervn  tel  làcrilege,ou  reparer  tcliefaute,linon  en  faifant  mourir  *  vn  tel  homme  de 
'tne°a  "jjjg"  mille  morts  l' vnc  après  l'autre,  &  le  defehirant  u.ccquctenailles  ardantes  parloppins 
res  vérifié  &  morceaux. ^~Et  maintenat  là  où  on  a  abbatu  ôc.  brife  tant  d'imagesjdemoly  tant  d'au- 
tels, 


DesEgUfis  du  Pais-bas.  670 

tels,fbullé  aux  pieds  &  hofties,  &  huiles,&  reliquaires,  &:  tout  ce  que  l'auarice  des  Pre- 
ftres  auoit  de  ii  long  temps  araaflfé  pour  faire  finances,il  n'y  a  eu  perfonne  qui  s  ell  bou- 
gé pour  les  reuenger.Mais  tout  ainii  comme  iadis  le  peuple  d'Ephra,  voulant  tuer  Ge-  1^.31 
deon  qui  auoitabbatu  leur  autel,  fut  faifi  d'eftonnement  à  la  feule  parolle  de  Ioas,di- 
fant, Prenez  vous  queftion  pour  Baal,ou  ti  vous  le  voulez  reucngcr?s'il  eft  Dieu,  qu'il  fe 
vengefoy-mefmefurceluy  qui  a  demoly  fon  autel.  Au/fi  pareillement  à  cclVlieure  ont- 
ils  tous  efté  faihs  d'vn  eftonnement  fecret:  ii  bien  qu'il  n'y  a  pas  eu  vn  fcul  qui  s'y  loit  op- 
pofé.  Voire  qu'en  plufieurs  villes  le  Magiftrat  le  plus  contraire  à  cefte  Religion,  a  fait  af- 
fiftance  de  leurs  iergcans&  officiers,  &.  s'elt  rendu  volontaire  &:obcijïant  au  comman-  ccft  crton- 
dément  d'vn  ou  dedeux,  ienc  fçay  quelles  perfonnes  priuees'&  de  nulle  authorité  ou  "emcnt  ne 
apparéce.^~Maisiui  toutla  ville  de  Gand, métropolitaine  de  Flandre,rcndra  tcfmoi-  dire!"'  " 
gnage  de  ceci  dignede  memoire,&:  par  lequel  à  iamais  fera  cognuc  la  force  &c  puifTante 
vertu  de  Dicu.Le  cas  fut  tel.Pluficursgensdc  mefticr  s'eftans  afTemblczJe  x  x  v.d'A- 
ouft&  fepropofans l'exemple  de  ceux  d'Anucrs  pour  abbatre  les  images  ,vn  nommé 
Lieuin  Onghenafutd'aduisauccion  frere,pour  n  eftrc  accule  de  (édition,  <c  cran  (por- 
ter du  matin  vers  le  grand  BaillydeGand  Adolphe  de  BourgongneSicur  de  Vvacke, 
vice- Admirai  de  la  mer, homme  du  tout  contraire. Et  luy  (ïgnifîans  qu'il  y  auoit  vne  gé- 
nérale commiffion  d'abbatreles  images:cegrand  Bailly  tout  citonné  dcmâdant  d'où  e- 
ftoitceftecommiilion,refpondirentquc  c'eftoit  de  la  Maiefté,  tenans  vn  parchemin 
plié.Luy,ne  penfant  à  autre  maiefté  quede  fon  Roy  d'Efpaigne,fans  s'informer  plus  a- 
uant,lespria  de  contenir  le  peupledeuxoutrois  heures  en  paix,  cependant  que  toute 
cefte  exécution  fcferoitparbonordre.il  leur  donna  quelques  iiens  hallebardicrs  pour 
les  accompagner  auec  deux  fergeansde  la  ville,  quicômandoyenc  au  nomdudit  Sieur 
grand  Bailly,Quenulnes'aduâceaftdefaireplusauant  quelacommifiion  defdits  Un- 
ghenaz  portoit,à  fçauoir  d'abbatreles  images  feulement, fans  rien  ofter  ne  defrober, 
fouz  peine  de  defobei/îance  :  &:  pareillement  que  nuls  ne  refufafténr  ouucrture  des 
temples, monafteres  ou  chapelles, fouz  vne  mefme  peine^c. Incontinent  &;  dés  1  heu- 
re m  efmc,  ce  fut  à  exploiter  par  tous  les  temples  l'vn  après  l'autre  fans  en  nul  excepter: 
bnfans  après  les  images  leurs  orgues,  defehirans  les  lim  es  de  parchemin ,  rompans  les 
tableaux  cxquilement  faits,  &:  genetalement  tout  ce  qui  ici  noir,  au  leruicc  des  idoles 
e  lendemain  à  deux  lieues  à  la  ronde  delà  ville,furenr  les  images  brifecs  en  pièces: 
&  ceiour  mefme  fe  retirèrent  comme  après  leur  labeur,  en  la  ville,  chacû  à  ion  meftier. 
Ce  grand  Bailîv  en  a  efté  depuis  fi  confus,  qu'il  ne  fçauoitautrcment  réparer  ion  fait}, 
iïnon  parmenallés,Sc:àforcedcpouri'uitterecerchâcles  aut heurs  de  ceci.  Et  lors  que 
ceux  du  Confiftoire  de  Gand  firent  inftanec  vers  le  Conte  d'Egmond  comme  gouuer-  Le  Conte 
neur  gênerai  deFlandre,pouraucunspntonniersdetenuzà  raifon  de  ce  bnfemtnrdcs  d'£gmond. 
imagcs,ilsalleguoyét  que  fans  le  mandement dudic  Sieur  grand  Bailly  les  chofes  n'eui- 
fent  point  efté  enrreprifes  ne  faites. 

CL  a  ville  de  Lierc  litucefuda  riuierede  Nethe,à  trois  lieues  d'Anucrs,  fournira,  h  Licyc  C)1 
bcfbin  eft,d'vnautreeuidenttefmoignagedecequc  dit  cit.  Cefuc  cl  te  en  laquelle  àla    *  mt' 
venue  d'enuiron  huit  hommes  venans  d'Anucrs  pour  fçauoir  (i  les  images  elloyent  là 
mifesbas,  le  Magiftrat  permit  que  deux  entraftent  feulement.  Et  (ans  demander  leur 
corn  m  iffion, furent  menez  par  tous  les  temples:ii  qu'en  prefence  de  ces  deux  remar- 
quai! s  ce  qu'on  deuoit  abbatre, toutes  les  idoles  furéc  fans  côcredit  oftecs.il  y  eut  vn  du 
Magiftrat  qui  les  accompaignoit,lequcl  s'aduifa  de  demander  en  vertu  dequoy  on  fai- 
(bit  cela. Mais  ces  deux  fans  hetiter  dirct,Meiiieurs,vous  nous  auez  en  voftre  puiftance, 
s'il  vouseftaduis  quenousfaiibnscecifanscômilfioncu  ad  ieu,vous  entédrez tantoft 
à  qui  vous  aurez  à  faire.Par  cefte  refponfe  courte  &c  ii  afteurémenr  proférée,  le  Magi-  ^  ^ 
ftrat  fut  tellement  retenu,  que  mefme  après  que  ces  deux  eurent  efté  promenez  par  ^j^JJ. 
tout,iufques  à  dire  qu'ils  fecontentoyent  du  deuoir  qu'on  auoit  fait  en  la  ville,  on  les  m^citonne 
alla  défrayer  de  la  defpcnce  qu'ils  auoyent  faire  en  la  tauernedes  faifant  fortir  auec  pro-  J^^16 
melTc  d'en  faire  bon  rapport  à  ceux  qui  les  auoyent  enuoyez.  ^To  v  t  le  Pais  rutJors  deLiexe. 
plein  de  tels  cxcmples:&:  afallu  necciîairement  qu'il  ait  fend  par  vne  fi  lourde  ftupi- 
dité  de  lés  Gouuerneurs, combienilsauoyêtdefhonnorépar  leurs  Images &z  Autels, 
la  maiefté  dch  sv  s  Christ.  Troubïcs 

DEp  vis  ce  temps-la  il  y  cutpartoutde  grandstroubles:  fur  tout  à  Anucrs,tant  *^™™'cz 
pour  ce  brifement  d'images,  comme  au  regard  des  prédications  publiques,  qui  bis. 


Liurcj  VU L  Lefaicfdela  Religion^ 

fe  fin  foyent  lors  en  lieu  dcMcfics:dc  forte  que  prcfquc  cous  les  Bourgeois  cftoyct  conzU 
nuclletnenc  au  gucc,&  les  portes  de  la  ville&  les  boutiques  fcrrnees.-quirut  caufeque  le 
feigneur  Guillaume  de  NTanau, Prince  d' Aurage,  qui  clloit  allé  à  Bruxelles,  retourna  eu 
dilurêce  à  Anucrs  lcz^.d'Aoult  aueccharge  de  Gouuemeur  pour  leRoy,afinde  pacifier 
les  troubles.  Pour  à  quoy  paruenir  feit  requérir  par  deux  Gentils-hommes  les  deux 
califes  Flamenguc  &  Vvalonnc,  de  députer  chacune  quatre  perfonnages  qui  enten- 
droyent& corn  muniqueroyentaucc  ledit  feignent  Prince  ,des  moyens  pourappaifer 
U„,t  alicurer  le  peuple  de  l*vnc&  l'autre  Religion.  Les  huit  députez  furent  approuuez  Se 

ia  pour  authorifez  en  celte  charge  premièrement  parluy,  &:  puis  parle  Magiftrat  d  Anuers. 
l^Pince"  ^  R  pour  la  première  conférence,  fon  Excellence propofa  auldits  députez,  x  v  ,Ar- 
a'Aur.Liigc  ticlcs  qui  s  cnfuyuét,aueclcsRcfpôl'esà  chacun  d'iceuxjprefentces  par  lefdits députez. 

i  7)  F.  point  empcjcherles  Papistes  depouuotr  retourner  en  leurs  cglifes,  &y  faire  tel  exercice  de  leur 
Jleli^ion,cotnme  ils  trouueront  conueuir,  1 1  Qu'ils  ne  pourront  prejeher  en  aucune  e^f ,  mais  feule- 
ru  ent  en  1 t  No  u  utile-  ville,  es  \  1 t  ;  t  s  qui  leurj ero  nt  defign  t  es . 

Ri.  Combien  que  les  Temples  foyent  communs  à  route  la  Bourgcoiue,&:  non  p.w  ticu- 
liers  aux  Papiftcs,touteslois  nous  promettons  ne  prendre  ny  occuper  par  force  ne  vio- 
lence aucun  d'îcctix,ne  troublerny  empefeher  les  Papilles  en  l'exercice  de  leur  Reli- 
gion.Supplions  neani  moins  vo{lreExceIlence,rtousa(lîgner quelque  temple  d'iceux, 
pour  l'exercice  de  la  nollrc:ayantefgard  à  la  multitude,  éc  au  droiclquc  nous  y  auons, 
comme  Bout  geois,lequel  nous  ncpouuunsauoir  perdu  pour  auoir  embraile  la  do&ri- 
ix  ix  Picf-ncdel'Euangilc.  i  1 1  Qu'il»  y  aura  que deux prefeheurs \natij 's  du  Pats.  iv.  Nous  prions  que  le 
rhtil"ki,ic  nombre  des  Miniftreslbit  (don  la  multitude  du  peiiplc&que  pour  la  necefiitc  pre- 
fcntcnousen  foitottroyepourle  moins  huicl  pour  rÈglitc  Flamenguc,  &:  trois  pour 
l'Eglife  Vvalonnc.  Au  relie  nous  accordons  que  les  Miniftrcsdcla  Parolle,foyent  na- 
tifs du  Paisfubiecl  de  noilrcRoy,ourcceus  bourgeois  en  quelque  bonne  ville  dc-par- 
deça.  Suppliansauffi  que  cane  &  fi  longuement  qu'il  fera  permis  à  quelques  autres 
p.,  n„  _or^  d'en  auoir  d'autres,  nousaulïi  îouiffions  de  la  mcfme  liberté,  nu.  Q^ils  ne  pouvant. 
m  armes,  porte,- aucunes  armes  aux  pre(ches,&*  depojerontaux  mains  de  monfieurle  Prince  toutes  armes  défen- 
dues. Rt  Quant  au  premier  poin^b,  nous  croyons  que  l'on  Excellence  n'entend  point 
qu'il  ne  i'oit  libreàvn  chacun  déporter  efpce& dague, &  qu'il  ne  baillera  plus  ample 
liberté  aux  autres  que  defdites  efpées&  dague.  Et  quant  au  fécond  poincî,  qui  cft  de 
depofer  toutes  armes  detenducs,cntrc  les  mains  de  moniieut  ie  Prince  rioubs  corre- 
clion,femblequ'vnetelîeprcpofîtionconcernantclcs priuileges  de  la  ville, doit  eitre 
,  r',k  v  ïi>  fâicre  en  gênerai  a  tous  Bourgeois  Se  manant  de  celle  ville,  y  Qiiils  exhiberont  vn  Catalo- 
.» .-.  F  ..'.îles.  ,rltc  de  tous  w:i  v  de  Lut  TA>Çej&  mie  monpeurle  Prince  les  j croit  venir  verstuy, pour jçauotr  d'eux  s'ils 
aduouct lediil  Catalogue.  Ht .  D'autant  que  la  liberté  dont  nous  iouilîons  prefentemet  n'eft 
point  conferméc  parle  Roy  6:  les  Lltats  généraux,  &  que  pourtant  plulieurs  feront  dit 
ficultéde  bailler  leur  nom  p  ueferitriometauffi  qu'il fci  oit  fort  difficile  d'en  faire  le  Ca- 
talogue a  in  li  que  fon  Excellence  le  denrc,pour  la  grande  multitude  du  peuple;  nous  la 
fnppiionsne  vouloirprcndrcdemalc-parL>fincfatisfailbnsencecy audefir  de  ion  Ex- 
cellence: nuis  poureftre  aucunement  informe  du  nombre, fupplions  fonExccllen- 
^  ce  députer  des  Commiuaires  pour  voiries  aflbmblées.  vi.  L )  obéir  au  Magiftrat 

mx  VUg>-  entendre  .î  U  ton feruarton  de  la  Republique  ^  félon  qu'il  fera  ordonné,  qt.  Accorde,  (auf  les  priui- 
fhuis.       leges,&:  lans  préjudice  de  l'exercice  de  Ja  Religion  qui  nous  ell  permis,  v  n.  Que  les 
Ministres  qui  prefrhl'rom  quelques  chojes  feditieuf es  contre  le  Magiéhat,  ou  autres ,  feront  chafft*i& 
bannis  hors  de  U  ville.  Ri.  Accordé,moyennancquelesreprehen{îons  de  là  huile  doctri- 
ne &:  abus  des  cérémonie  o.:  des  corrupt  ions  quant  aux  mœurs ,  ne  foyent  point  tenus 
pour  propos  (bditicuxs&  que  ce  qui  fera  allégué,  foie  deuement  vérifié  par  perfonnes 
dignes  de  foy,&:  non  fufpcclcs:&  que  tous  autres  prçicheurs  foyent  fubiecls  à  mcfme 
loy.  v  1 1  r.  Quil  ne  pourront  chan^er^ugmenter^it  diminuer  veux  de  leur  Confiftoire , fans  lefceu  de 
Mon  fn-iu\ny  prendre  nouueaux  Minii'tres.  Ri.  Pour  plus  grande  afleuranec  de  ion  Excellen- 
ce nous  fupplions  qu'il  luy  plaifc députer  quelqu'vn  du  Magiftrat,ou  autre,  faifant  pto- 
feffion  de  uoftre  Religion,  fur  la  fidélité  duquel  fon  Excellence  fc  pourra  rcpofcr,le- 
quelafliftcradreleclion  des  Minilbesj  Anciens  &  Diacres,^  à  tous  an'ajrcs  qui  fetrait- 
;  ■  s'entre- teront  en  tr'eux  pour  la  conduirtc&;rciglementtle  leur  Eglifc.  i  x.  Qujls  ne  pourront  em- 
ai4r.       j-ifher  ne  faire  violence  a  atttruy  p  ourla  diunfi  édc  /Il  ligioHyams  leur  aider  &  dcfendre-flon  leur  vou- 
lait faire  cueleue  outrage,  rz.  Accordc,moycnnanc  que  les  autres  promettent  le  mcfme 

en 


I 


Des  Sglijes  du  Vais-bas.  6 7/ 

en  noftre  endroit,  x .  Qùjls n 'empêcheront  la  Iufticeenchofe  quelconque, me  finement  en  t exécu- 
tion de  ces  pilleurs  d'Eglifc.  Rt.  Accorde',bicn  entendu  que  les  voyes  légitimes  ne  leur  fc- 
yentforclofes.  xi.  Qujls  ne  pourront  chanter  fur  les  rues  ent>oupeaux,fînonauxprefches  (pexer  Denccl:;n 
qcesde leur  Religion,  fy.  Accorde',  qu'on  ne  chantera  par  troupes  aux  rues.  xix.  Que  mille  ter  fur  les 
figneront  les  potnàscy  de/fus.  y..  D  autant  que  reftablilîcmcnt  refoiu  de  noftre  Religion  Te  fuCi* 
rcmetàladeciiîon  desEftats  généraux,  nous  eftimonsque  plufieurs  feront  ditàcultc 
dcligaenlitoutesfoislesautresfontpreftsdc  fairele  femblable,  nous  elperons  faire  le 
mefmc^e  noftrecofté.  xui,  Letout  par  prouifion,  iufques  à  taffemblement  des  Ejlatsgene- 
raux ituféptcls ils  fefttbmettront par ferment.  $t.  AcCordé^ien  entendu  que  il  quelque  cho- 
fe  s  ordonnort  contre  noftre  confciencc&:  exercice  de  noftre  Religion,il  nous  (oit  don- 
né terme  compétent  pour  nous  retirer  &nozbicns,où  bon  nous  femblcra  fans  aucun 
empefchcmcnc.  Le  xi  ni* contenait  Fafaèurance  qu on  demadoit.  fy..  Que  les  autres  lignent  Les  fignaw 
femblables articles comme  diteft,  &:  que  ion  Excellence, &  Menteurs  du  Magiftrat  rc* 
rennent  les  vns&  les  autres  en  leurfauue-garde&:  prorettion,&  ce  par  ferment  &  pu- 
lication  parles  carrefours  delà  ville,  x  v.  Que  tous aclesfaditteux  foyït  chaftiex^.  y.,  Ac- 
corde',  fuyuant  ce  qui  eft  déclare'  aufepcieme  article. 

*ACCO  RDS  faits  k  ceux  des  Egltfes  reformées  au  Pais-baf,non  feulement  parles 
Gouverneurs  des  Proùinces  &vtUes,mavi  aufaide par  le  Roy  Philippe. 

<SE?8!  O  V  Rparucnir  à  la  narratio  des  calamitez  aduenues  premièrement  au  poure  peu- 
|jg|§jple,&  en  après  aux  Gétils-hômcs,&  puis  aux  grâds  Seigneurs  du  Pais,ii  eft  befbin 
prcaliabkmét  mettre  leurs  actiôs,&  accords  faits  &:  fignez  auec  i^sCôfiftoires&Depu- 
tczdes  Eglifesaux  Prouinces  de  leurs  Gouucrneméts.Etcn  premier  lieu  quat  auPrin* 
ce  d'Aurange,  après  les  capitulations  ci  de/Tus  touchées,  il  accorda  ai  ec  les  Magiftrats 
d'Anuers,cn  la  forme  qui  s'enfuit  ici  inférée:  A  f  in  que  tous  troubles  &  difeords  ad- 
uenusen  Anucrs  à  caufe  de  la  Religion,  ceifent  êc  demeurent  empcfchez,&:  que  tous 
Bourgeois  &:  manans  puiflent d'oref-enauant  viureenfemble  ea  toute  modeftie,  paix, 
amourSt  amitié,ôc  la  négociation  quant  &  quant  eftre  remifeen  fon  train  ordinaire-, 
& quecefte  ville  puiiiecftredcfFcnducde  tous  vltcrieurs  inconueniens:  Si  eftnl  qu'a- 
près diuerles  communications  Se  délibérations  fur  ce eues &  tenues,  te  diuers  points 
&  articles  propofezd'vn  &C  d'autre  cofté,Mon(ieur  le  Prince  d'Aurange  Viconte  de  cc- 
fteville&commisGouuerneurau  nom  de  fa  Maiefte:  &le  Sieur  Efcouret ,  Bourgmai- 
ftres&  Efcheuins  de ce.le  ville  d'Anucrs,ont  à  ceux  delà  nouuellc  Religion,  par  ma-  Connluenc< 
niercdeconniucnce&prouition,  (iufques  à  tant  que  par  (à  Maicft.  auec  l'aduis  des  E-  commence 
ftats  généraux  de  ces  Pats-basautrementen  pourra  eftre ordonne')accordé  &c  permis  cftr*  mifc 
les  poincts&:  articles  cy-apres  efcrits:Lefquels  ceux  de  la  Religion  ont  auiîî  promis, &:  vers  ceux  de 
deuront  entretenir  &T  enfuiure.  Quils  ne  pourront  empefcherny troubler les feruices, fermons,^  I'Eglifc. 
autres  exercices  des  Eidefiafaiques,de  ceux  de U  vieille  Catholique  Rcbgion,ny  faire  empcjcheryt,  cu-  Anu 
hier  ou  endommager  par  eux  ny  par  autres,  en  manière  quelconque.  Item,quils  ne  pourront  occupemy  An.u. 
auj^i  tenir  leui-s  prefehes  ou  autres  exercices  de  leur  Religion  en  aucuns  Temples ,  Monafaeres ,  ou  autres 
places  conj\crées,ma'vs  tant feulement  en  aucunes  des  trùis  places  qui  leur  ont  efté  defrgnees.  ^4ufquelles  An-Uu 
places  ils  pourront  tous  en  vn  temps  prefeher  le  Dimcnche,  &  les  tours  defefes,  mais  point  aux  autres 
iours,finon  au  Mercredy ,  quand  tin  y  aura  iuurdefajle  en  la  fepmaine.  Et  pourront  auoirpour  chacun- 
prefaht  vn  Miniftrc,  &  iointdtceluy  encores  vn  autre,  pour  en  temps  de  maladie  ,abfcnce  &  empe- 
fihe.vcat^arderlapLcc  des  autrcs,& leur  afisler.  Item,  que tous  ces  Predicans  &  Ministres  deuront  Art.tm<  , 
ejh-e  natifs  des  Pa>i  fubiecîs  a  fa  Maie .oumejme  efare  Bourgeois  de  quelque  bonne  villede  ces  Pachas. 
Et  fur  ce  U  aux  mains  de  fon  Excellence,  ou  en  fon  abfence  du  Magiftrat,  faire  le  ferment  d'obeifjànce 
&  fidélité  en  tGUteschofes  politiques-,  fi  longuement  qu'ils  demeureront  ià.  QhiIs  ne  pourront  en  leurs  ak.t. 
pref  hes  cjt*  af  emblée. ^ny  en  ali.int  ny  en  reuenanr.auoimy  porter  quelques  haquebttttesipistolles,  hal- 
iebardcs,ou  autres  armes  defcndues'.bien  entedu,quon  ne  fera  empeÇchement  à  ceux  qui  tant  feulement 
partent  efpéc  ou  poignart.Ite,quen  toutes  chofes  politiques  deuior  efare  obeijftns  aux  Supérieurs  &  Ma- 
giftrat s  ,  &  aufaiaidera  porteries  communes  charges  de  la  ville,  comme  les  autres  habitans,&  eux  em~ 
ployer, corne  tout  autres ,à  U  cbferuatton  <&  tranquillité  de  la  ville  &  du  bien  publiq.  Itè\quetous  les  Pre-  Art.vn. 
dtcans, de  quelque  Religion  qu  ils  foyenr,fe garderont  de  tous  propos  defptteux,inucclifs  &  tniuricux,& 
généralement  de  tous  propos  fedmcuxfait  contre  la  Supériorité  &  Magiftrat, ou  contre  ceux  des  autres 
Religions:bienentendu,que  ce  qui  concerne  la  doclrine  ou  l 'exercice  de L  Religion*  &  larcprehenfion 
des  mœurs     vie  defordonnée,ne  fera  tenu  pour  propos  fediticux.  Item,  que  fon  Excellence  députera*  Art.vm, 

XXx.i. 


Ait.x. 


Art.xn 


Liur<L;  VIII.  LeFaiâ  de  la  Reltgton& 

ijucL-ju'vnduMagifà'at pour  fetrouuerprefent  quand  ils  voudront  eflire  quelques  Minisires,  u4ndens% 
ou  Diacres  deleurs  Eglfts,ou  qu'ils  trameront enfemble  de  quelque autre caufe  tournant  leur  Religion,} 
Art  U"      fin  r  uon  en  putjfe  toufiours  à  fon  Excellence  &  au  Magiflrat  faire  fidèle  rapport.   Item, que  les  vns  ne 
pounontfe  woe^tfer  desautres,ny  les  empefherjendommager^ny  outrager  en  manière  cjuekonque  pout 
Li  dmerfitédeit  Religion, m  aiy feront tenu*  d'aider  &  fecounr  l'vn  l'autre ,  en cas  qu'outrage  ou  imurc 
leur fon  faite.    Jtcm,que  perfonne  qui  que  ce foit,& fujlil  de  cefleou  de  l'autre  Religion-,  ne  pourra  enu 
pefcherU  tuftice  en  l'apprehcnfion,pumtion     exécution  des  pilleurs  des  Egpfes,ny  des  mal-faiteurs, 
ny  en  autres  caujes  quelconques  fauf  que  lis  mai faneurs feront  traitte^  partaluftue.  Item,<ptonne 
pourra  chanter  fur  les  rues  où  les  gens  feront  afjembleX^ou fe  pourroyent affembler.  Que  fon  Excellence 
(p*  le  Magislrat  S^Anucrs  prendront  &  tiendront  en  leur  protedion ,  non  feulement  ceux  de  ceflc 
Relrgkn,mais  aufii  généralement  tom  les  inhabitans  de  la  ville ,viuans  en  obeîffance,  paix  &  concor* 
Art.xnr.     de  pclmqut,fans prendre  regard  s 'ils  foyent  de la  vieille  Catholique,  ou  decefe  Religion.    Sauf  que  fi 
qudqùvn  commet  quelque  ad  ejedioeux, quittera  de  cela  puni  par  la  luflice, félon  la  qualité  de  fon  for- 
Art  xiiu    f<tn,fans  contradiction  de  quelqùvn .    Et  eft  a  entendre  que  les  Gens-à 'armes  qu'on  leue,  ne  feront  em- 
ployez^à  autre  fin,quejityuant  le  contenu  des  articles  a  eux  propofh^defquels  on  donnera  copie  authen- 
tique a  ceux  delà  Religion.  ^  Tous  lefquels  poincts  &  articles ,les  Minières  &*  Prtdkans  de  leur  Reli- 
gion deuront en  leurs  prefihes  remonfher  au  peuple,  &  les  admonefler  en  diligence  qu'ils  fe  retglent 
& gnuuernent  félon  iceux.  Et  que  tous  les  poinds  cy-deffus  mentionne^  feront  inuiolablcment  tenus 
&  obferue%Jpa\ y  manière de  prouifionjufqv.es  à  ce  que  par  fi  M.  auec  laduts  de  fes  Effats  généraux  de 
ce Pav^autranent en  fera  ordonné, À laquelle  ordonnance, ceux  de  U.  Religion  de  là  en  auant  deuront  e- 
fi,t fubiets^  dés  à-cefî'-  heure  promettre  la  fuyure  &  entretenir.bien  entendu ,  que  fien  icelle  efl  fia- 
tuée  quelque  thofi  contraire  a  leur  confcience  oh  Religton,qu'cn  ce  cas  leur  fera  accordé  temps  propice  &• 
%àoine,pour  fans  empcfcht  mcnt  &*  librement auei  leurs  bien*  fe pouuoirretireyhcrs dece Patf,où  il  leur 
plaira.  Que  les  Prediians, Mini  ftres, Anciens,  &*  Diacres ,  f>  autres  jeruiteurs  de  leurs  Eglfes  ,auee 
bon  nombre  des  mieux  qualifeT^de  leur  Religion  accorderont  ces  articles ,  &  promettront  les  entretenir 
félon  leurpouuoir,  &fgnero»taufîtà  plus  grande  affeuranct  decejeprefentadc,    Stefi-il  qu'ils  nefe- 
C«i  *  ce  Yontk  caufe  de  cefe  fignature  kl'aduenirnoti^moUfleXnerecer^e^.Et fon  Exallece auec  vn  Gref- 
uluf  Infalfieratt  nom  du  Magistrat  d'^fnuers , fous -fêteront  aufît  à  leurfeureté le  prefentade,  duquel deux  fe- 
poulpe- r0Wf expediex^l'vn  pour  fon  Excellence  &  lé  M agiflrat,& l'autre pour  ceux  delà  Rel'gion.  En  tef- 
tudiemcn-oi  mom     ce,cft  le prefentade conclu     fous-fignè comme deffw.,le deuxufme de  Septembre,  l\An  M. 
ït?t  tn  vam  d.L  X  V I .Et  jvn-ftgné par  Guillaume  dcNaffitu:    &  mandata  Dominot-urn^    iîgné  Pôlircs. 
îïeflii"*    F  v  t  auiii  en  ce  téps-lâ  publiée iabolition  del'Inquiiitiôd'Efp.igne,&  des  Placars, 
en  la  forme  qui  s'enfuit ,  par  publication  faite  par  ïean  de  Imcrlcele\  markgraue, 
cheu3licrlcigneurdcBoudrie,rEfcouter,  Bourgmai(trcs,Efcheuins,&:  Confeil  de  la 
villed'AnuciSiledcrnieriourd'Aoufl^M.n.L  x  vi. dont  la  teneur  eft  ici  mferee,  pour 
c  ftre  en  perpétuelle  mémoire,  comme  s'enfuit: 

O  N  deciaire&fait  Jçauoiravn  chacun  de  Lt  part  <{e  M  an  fleurie  Prince  d '^4urange  comme  Gou- 
verneur &  Chef  en  ccjfe  ville  d'~4nuers,a  ce  commis  parla  Ma.& aufi  de  parles  Seigneurs,  &*  la  ville: 
Que  la  Ma.  de  noflre  tref clément  Sire  le  Rny,fuyuantfadcbonnairetcnaturelle,ayanteuefgard&con 
Le  roy  v*\-fA\crationaurepQs,bien,&proffmtédefesher?dita^^^^  accordé,  dedairé Çr cofenti expreffe- 

urPePfon  Pj!5-  ment,cue  les  inhabitans  &  Bourgeois  de  ceJkVille,^  detout  le  Paisferont  &*  demeureront  à  tout  ta- 
îjjHfitdi5  £aë  mais  deturen^quitteSi  dejtharge%Jt&  fans  efo  e  trauaillexny  molefle^  de  llnquifition ,  de  laquelle  de- 
pmedent i  "  Pul*  feH  ^tmm  tn  "f rf  on  a  t4nt  Par^e nm-murépar  tous  cef-dtts  PaU-b&:  Et  qu'ils  feront  en  outre 

demeureront francs,hbres,  <&  dejeharge^de toutes les  Ordonnances^  Placars  faits  furie  faifldeshe- 
refics,&  contrauentions  touchant  la  Religion,qui par  cy-  deuant  ont  aucunement efté fans  &*publiezj 
Et  ce  pour  le  temps  &  iufques  a  ce  queparnouueaux  (^généraux  V lac ars{qui pourront  ejlre  ordon, 
nexj&  faits  par  fa  Mate. auec  t  adttts  des  Efl at  s  généraux  de  ceflits  Pais  fur  lefattl  de  la  Reïigion)y  foit 
en  gênerai  autrement  pvttrueu  &  ordonné:  félon  lefquels  d'orefenauant  vn  chacun  fe  deura  con- 
duire &  reiglcr ,  & furquoy  chacunfe peut repo fer  & affeurer.     figné  A.Grapheus, 

Et  afin  dedonner  plusgrandeaUcurance  &: repos  à  ceux  de  l'vne  Se  l'autre  Reli- 
gion ,  fut  publié  par  vn  autre  Edid  ,  que  ceux  du  Magiftrat  prennent  les  vns  &lcs 
autres  fous  leur  lauue-gardc&:proteâion,auecdcfenfc  de  ne  s'entr'iniurier  ny  outra- 
ger l'vn  l'autre. 

^Ce  s  chofes démenées  en  lavijled'Anuers,quifcmbloyentdonner  loy  de  repos 
aux  Eglifcs  reformées  des  autres  villes:il  eft  aduenu  qu'en  certains  endroits,  l'iniquité 
des  conditions  propofees  à  ceux  defdites  Eglifes,au  dehors  des  premiers  accords  ci-def- 
fu5tquchez,aempefchéqu'vnepoliccn'ait  efté  arrcftee& entretenue  telle  qu'il  appar- 

tenoit. 


Des  Eglifcs  du  Pais- bas.  6 7  2 

tenoit.LeConfeil  du  Roy  auoitcognu&  iugé  qu'il  cftoit  ncceffaire  de  Jai/Ter  en  paix 
lesefpritsde  (es  lubiects, ayant  efprouueparceux.de  France,  qu'ils  ne  pourroyent  eftre 
ployez  ou  domptez  ne  par  la  flamme,  ne  par  le  fer,  ains  îéulemenr  pai  la  viucperfua- 
fion,&:  par  la  raifon  qui  domine  fur  les  hommes.  Il  n'y  eut  onques  tant  d'occalion  de  l  liuimi 
lailTer  paifible  ce  peu  que  le  Roy  accordoit,qu  a  ccft  inftat:&  neantmoins,les  matières  diicipimeEc 
furet  déguiiees  incôtinentpar  Gouuerneurs&:  GentiJs-hômes  agitez  de  paillon  quilcs  defiaftique 
fît  reculer  en  arrière, voire  ÔC  au  rebours  de  leurs  prem  iercs  actiôs  &c  deffeins.  Ils  ne  mô-  fa  JJ  Jjj^ 
ftrerent  en  eux  rien  deciuil,  ne  d'humaimmais  comme  malades,  trouueient  gouft  aux  rcpiuficurs 

Cennls-lkô- 


mes. 


chofes  pernicieufes,dédaignanslesfalutaires  :ainiï  que  le  progrès  de  l'hiftoircen  fera 
foy.Quant  aux  lieux efquels  on  auoiteftabli&:  accordé  quelque  ordre,  il  a  dure  feule- 
ment autant  que  le  loi(ir  &:  occafîon  a  efté  donnée  à  ceux  qui  font  ennemis  de  profef- 
fion,decircôuenir  les  Eglifes  par  diuerfes  menées  &c  extorhons.-renuei  fans  petit  à  petit 
tout  ce  qu'on  auoittraittécV:  accordé  auecle  peuple, pour  pacifîcatiô  &manicrede  jpui 
fion.  ^Premièrement  m.andrs    b  a  r  d  e  l  o  t  s  de  HontfcotevilledcFlandrc,Mi- 
niftrede  l'Euâgile  fut  faifî  prifonnicr  en  la  Ville  d'Aloft  à  deux  lieues  près  de  Tenrcmô- 
dc,pour auoirprefché,contre la defenfe du  Magillrat, en  autre  lieu  qu'en  ecluy  qui  e- 
ftoitdefigné  pour  l'exercicedc  la  Religion.  Il  fut  pendu  lepremicr  iour  dcNouembre 
de cefte année  m.d.l  x  v  i.&c mourut  bien  conftamment,confirmant la  doctrine  deve 
rité  qu'il  auoitunceremctannoncee.^"Pv  1  s  pour  empefeher  en  outre  les  fu (dites  per- 
miffiôs,  ou  pluftoft  mettre  à  néant  tous  accords  de  pacification, les  aduerfaires  tiouue- 
rent  bon  d'ourdir  leur  trame  &  commencer  la  ruine  &c  calamité  du  poure  Pais  bas 
parvne  ville  JcVallencine  s  :  a  la  façon  de  ceux  qui  depuis  peu  d'années  cn- 
ça,en  caufe  pareille  commencèrent  au  royaume  de  Fracc,alendroit  de  ceux  de  Vailfy:  Procédures 
pourpuisapres  venir  à  bout  des  autres  par  tous  moyens  à  eux  poffibles,  à  hn  d'extirper  ^«"«1 
ceux  qu'ils  nommcntdela  Religion  nouuelle.  Ettoutesfois  il  n'y  a  ville  qui  ait  prinfclesdu  Pais- 
plus  de  peine  &dcuoir  defe  contenir  en  toute  modeftie,&:  traitter  toutes  choies  en  bjs" 
paix, que  lefdits  de  Vallencenes  aucc  vn  feigneur  de  Noircairme, comme  Bailly  de 
Hainaut,&:  Vallencenes:  abfcnt  Iean Marquis  de  Bcrgue  enuoyé  en  Efpagne,  auquel 
appartenoit  ledit  gouuernement.  Apres  plulicurs  embalfades  6c  enuoys  vers  ledit  de 
Noircairme,  finalement  accord  &:Contract  futpa/ie&:  receu  par  le  Gretficrdela  ville 
deQucmoy,  en  datte  du  x  x.du  mois  d'Octobre  m.d.l  x  v  1.  auquel  accord  comme 
les  trois  offices  6c  fonctions  eccleliaftiques  de  Miniftrcs,  Anciens,  6c  Diacres  (ont  de- 
nommez,auffientendoit  ledit  de  Noircairme  en  ces  trois  auoir  contracté  folennelle- 
mentauec  tout  le  corps  de  l'Eglife  de  Vallencenes:  tellement  qu'il  promit  d'y  venir 
le  pluftoft  qu'il  pourroit,  pour  publier  l'afleurance  de  la  part,  6c  effectuer  ledit  Con- 
tracta prendre  les  iïgnatures  des  principaux  de  ladicteEglifc.Mais  ledit  licur  de  Noir- 
cairme qui  eitoitdeceux  à  qui  l'ambition  &:  conuoitife  des 'agrandir  corn  mandoit  du 
tout(ayanttoutesfois  efté  des  premiers  liguez  contrele  Cardinal  Granuellepour  la  li- 
berté du  Pais)fcmonftraidoinc&:  proprepourcommécerd'allumcr  vn  feu  qui  nes'eft 
point  cfteinten  la  ruine  deceux  de  ladite  ville  qui  îuyeftovéc  commis  :mais  qui  depuis 
a  tout  le  Pais  embrazé.^O  r  ,  tant  s'en  faut  que  ceux  de  l'Egliiè  reformée ayent  aucune- 
ment différé  l'entier accompliifement  de  leur  deuoirenceft  endroit, qu'au  contraire 
ils  eitoyent  fort  ei'merueillez& marris  que  ledit  hem  rardoit  tat  à  venirdepuis  l'accord 
fait,pour  maintenir  la  ville  en  paix.  Car  il  n'y  vint  point  qu'vn  mois  après,  à  içauoir  le*La 
Mercredy  x  x  .de  Noucmbre,troisioiirs  après  que  les  Miniftres  curét  publié  la*  Cenc. 
Auql  iour  eftât  arriué  à  la  porte  delà  villcayatvnegrâd'fuittedechcuauxoutrefonor  itraii, 
dinaire,il  s'y  arrefta  tout  court,fans  entrer  plus  auant:&  demâda  fou  d  a  in  après  ceux  du  „lr  > 
Confiftoire,lefquelsnefetrouuansprcftsàrinftant(caraunuls  n'en  cftoyent  aucune-  J 
ment  aduertis)il  commença  à  protefter  contre  eux,  5c  menacer  la  ville  d'vne  calamité 
extremcauantquedix  ioursfcpaAfânrent:&  fur  cela  le  partit  incontinent.  Dont  chacun 
peut  facilement  apperceuoir  qu'vnc  telle  venue&.  parlement  foudain,n'a  efté  qu'vne 
furprife  manifefte,pouricttce  par  ecluy  lequel  ne  trouuant  en  eux  aucun  refus  ne  defo- 
beiHanccàfcscommandemens,apenfépar  ce  moyen  fonder  quelque  occahon  pour 
exécuter  toute  forte  d'afflictions.  ^Or,  fur  la  dirficul  te  Sidilation  que  firent  ceux  de  la 
ville  de  receuoirgendarmcrie,Noircairmefeit  tant  qued'aflemblcr  gens  pour  exécuter 
par  violence  la  defolation  parauantconccuë&arreftec.  IUcs  feit  premièrement  venir 
à  fainft- Amand&:  lieux  circonuoifins,à  fin  de  fermer  tous  paiî'ages  à  ceux  de  Vallen- 

XXx.ii. 


crjinte 
i  c  enc 
imini- 
feit  ve 
oircair 
iecn  lapor- 
e  de  Villon 
coes. 


Liu  roT  III.  Les  affiittioris  dti  Pais-bas,®? 

hoH    ccnes,&ainfi  les  tenir  afficgez.CE  pendant  la  miferablc  diflïpation  de  l'eglife  reformée 
î>i"  o»'ûrî-  deS.Amand,&1arecerchedu  Miniftreauccblafphemcs&  menaces crucllcs,les pilla- 
gcscôtrclw  ges,faccngemcns,  violemens  monftrucux  de  femmes  &:  filles >iufqucs  à  les  vendre &C 
Sahlft-A-    prollïtucr  au  fon  de  tabourin:&:  tant  d  outrages  énormes, iufqu  a  brufler  à  petit  feu  vn 
nund  eu    poure  hom  me  dcfplayé,non  pour  autre  caufe  qu'en  hainete  defoit  de  la  Rcligion,&:de 
Tourncii.    itlCene  audit  lieu  peu  auparauant  célébrée,  monftrerent  allez  a  ceux  de  Vallencencs 
commenton  leseuft  traitccz,s'ils  ne  iéfuflcnttenuzclos&:  fermez  cotre  tels  aduertifle 
ments,&  mii'cres  incroyables.  ^To  v  t  le  moisdcDecébrcrut  plein  de  troubles  &  tu* 
multesrcepcndantquelavilledc  Vallencencs demeuroit  aflîegcc.  Les  fidèles  du  Pais 
à  femuron  incitez  de  commiferation  saflèmblercnt  de  plufieurs  endroits>commede 
Vvarneron,Commincs,Vveruy,Menin,&:dupaisde Laleu,&:  d'autres  quartiers  pour 
CcDcccIkc  leur  llibuenir.Chacun  y  animoit  demain  en  main  fcsprochains,iufqu  a  faire  fonner  en 
rcfpondau-  aprcs  ]c  cabourimayans  promette  qu'après  qu'ils  feroy  en  t  amaflez,  quelques  Gcntils- 
^luT^ïri  hommes  expers  en  conduite  de gucrrcmarchercyent quant  &: eux.  Mais  fe  voyans  fru 
ce  m.  D.  rtrezdeccftepromcne,lapluspartpcuàpeuferetira.Lesautres(fpccialemétvncfleur 
Lxn"       dcieunelîcTournilienne)demeurerent  &:  campèrent  fans  chef  endiuers  lieux.  Etlc 
xxrx.de  ce  mois,comme  ils  tiroyent  vers  la  ville  de  Lannoy, appartenante  au  Conte 
de  Burcn  fils  du  Prince  d'Aurange,  il  y  eut  deuant  icelle  vnc  rencontre  fi  afpre,  que  les 
Gueux,  fi  peu  qu'ils  elloyent,  après  auoircombatuiufques  au  vcfpre,  furmontez  de  la 
multitude  des  cheuaucheurs  ennemis,  eurent  le  bénéfice  delà nuict  pour  fe  retirer  Se 
s'efearter.^  A  v  moisdclanuierfuyuant,ceuxquifouz  vn  titrede  la  Confeflîon  d'Au- 
îllyricu- ,    lbourg  s'eftoyent  fourrez  en  Anucrs  la  liberté  y  eflant,s'aduiferentdeliurervn  combat 
SpâStt>M»  dcdifputeàccuxdesEglifcsrcformecs.Et  combien  qu'ils fiflentcela,abondans  deloi- 
acautt«.an  fir&d'aifcau  plus  fort  des  affaires  que  fouftenoyent  les  autrcs:fi  leur  fut-il  ncantmoins 
refpodu.L  e  x.du  moiscertains  articles  furet  propofezàIllyricus,neccflaires  d'eftreob- 
fèrucz  d'vne  &C  d'autre part,au  cas  qu'vne  difpute  publique  fouz  Modérateurs  &  luges 
compctcns,fuitottroyeeparleMagiftrat.Lc  jourenfuyuant,vnde  leurs  dodeurs  no- 
me Hciman  Hamelman  s'intitulantlicentié  en  Théologie,  enuoyé  par  Illyricus,  vint 
trouuerccluy  qui  auoit  eu  charge  de  pvefenterlcfdits articles, pour luy  fîgnifier, que 
fur  le  poinéfc  de  la  Cene  il  falloir  commencer  la  difpute  par  la  queftion  de  Comntprefence 
du  corps  de  [cfa  ckriflj&L  que  fan  s  la  croire  il  eftoit  impoflîble  deconuenir  auec  cuxaucu- 
nement.Mais  peu  de  téps  après, leur  leuee  de  bouclier  fe  bailla  bien  fort,&:  leurs  mots 
monftrucux  s'éuanouircnt.  Cardés  que  les  ennemis  eurcntcommencéfefaifir  en  ce 
Les  Do-    mois,  premicremcntdeTournay,puisd'Audenarde,&cnapresdeGand fidautrcsvil- 
ftCUucllcCô  les, ces  Do&curs  qui  auoycntefté  amenez  en  Anucrs  à  gros  gage  dediuers  lieux  d'Al- 
fcfsiond'Au  lemaigne,pour  rendre  odieufé  la  caufe  des  Gueux ,aprcs  qu'ils  curent  publié  &  fait  im- 
*k°urg-      primer  vne  nouuclle  Confeflîon  d'Aufbourg,  voyans  que  la  profperité  commençoie 
fort  à  décliner    les  périls  approcher  d' Anucrs,  feretirerent  de  bonne  heure.  Et  com- 
me on  demanda  à  l'vn  d'entre  eux  comment  fe  portoyent  les  Eglifes  Euangeliques 
d'Anuers,on  dit  qu'il  fit  celle  refponfejefus  Chriftpend  encore  en  Anuers  à  la  croix 
entredeux  bngans:entendantlesPapiftes&: lés  Gueux.    Voil  a  commeau dedans 
ceux  de  la  Religion  elloyent  moleftczen  Anuers  (nouuelleCorinthe)par  gensappor- 
tans  doctrines  enrages  pour  retarder  le  vray  germc.^E  n  Feurier  fuyuat  rien  ne  fut  ne- 
gotiéd'iinportaceiufqu'au  v  ;  1 1. auquel  la  tequeftedes  Gentils-homes  (qui  seftoyenc 
trouucz  à  Anuers  à  la  venue  du  Princc,&  des  Contes  de  Home,  Nicunar ,  Hauftrat,  & 
Bredetode,)futcnuoyce  à  Bruxelles:  par  laquelle  enfommeon  requeroit  trois  chbfes: 
l'Obferuatiô  de  l'Accord  du  mois^d'AouilrleReftabliiTemctdelexercicedelaRcligiô: 
&:  qu'on  caflaft  la  gedarmerienouucllcmét  leuee.  Ce  pédant  que  le  Princc(ellât  folici- 
té  à  force  de  requeftes,&  de  multitude  de  gés  pour  la  jptectiô  des  Eglifes)infiftoit  qu'on 
receuftouaduouaft  laCôfcffiond'Auibourg:iaRegéteduche0cdeParmerefppnditle 
xv  i.dece  moisauxdemâdesdesfufditsGenrils-hômeSj^e/ow/wfff/oww'rfMO/fe/^éowgi^f 
de  coftnur ÏÏauoir  prédications pttblicjues^nadmintftration des  Sacremens^ne ConjUtotres.Que  de  cajjèt 
la gendarmerie  &lcs  Pb.cars  chacun  pouuoit  cognoislre  a  cjuoy  tendait  cela.  Finalement  les  exhortoit 
fe  retirer  chacun  au  lieu  de  farefiàenccy      preuenir  t indignation  du  Roy ,  duquel elle  leur  fignijioh  U 
Le  bien  «les  venue  prochaine.    On  imputoit  la  caufe  de  toutes  calamitcz  aux  prcdications,&  toutef- 
&CooMoî       ^  C^  Pulscluenoto'rc  R06  par  ce  moyen  le  peuple  auoit  cfté  retenu  que  les  Prc-» 
01  ftresôc  Moines  n'auoyent  efte  du  tout  cxtcirninez.Lcsmefmcs  prédications  &  difei- 

plinc 


DeceuxdeVtdlencenes.  673 

plinc  Ecdefiaftiqueontauflitenuenbridelcpeuplequ'il  ne  s'eftpasefleue  contre  les 
Gransjefquclsayans  fait  tant  depromciTcsd'aduanccr&:  maintenir  Je  vray  fermée  de  j£  «Sa 
Dieu,&:  d'aider  aux  oppreflez  par  leurauthorité:s?efttrouué  ,deceu,&:  finalement  en-  tionsaenuc 
ueloppé  aux  dangers  extrêmes  qui  font  depuis aducnuz.& dcfqueJs  Jcfdits  Grans  en  ^JJJ,1** 
ont  fend  liiTue  mifcrable  fouuentefois  prédite  ,  pour  n'auoir  cognulc  iour  de  leur  l'ngerspre 
vifitation,&d'auoir  eu  en  defprisvniî  excellent  &:  incomparable  threfor  de  lapredica-  ufu.z&  B0U 
tion  de  la  parolle  de  vieeternelle,fans  la  fréquenter  aucunement.  obkrucz. 

A  r  mefme  iour,datte  des  fufditcs  complaintes, le  Seigneur  de  Bicderode  s'ennuyât  Lcpartcmct 
d'auoir  feiourné  treize  iours  en  Anuers,(ans  effed  ne  conclufion  telle  que  luy&les  JuiieurHc 
Gentils-hommes  auoyent  cfpcr cê,fe  retira  vers  fa  ville  de  Viane  aux  confins  de  Hollan  Zdl BKi* 
de:où  pluficursdediuerfes  qualitez  depuis  le  fuyuirenr.  Cciour-laqui  eftoit  premier 
Dimenche  de  Kareime  papal,  Dieu  manifefta  l'hypocrific  déboutée  des  Cordelicrs 
d'Anuers.    Car  comme  ainfi  ioitqu'vn  des  principaux  de  leur  fecte  ,eu(t  ce  iour  mef- 
me publiquement  taxé  en  fon  fermon  l'horreur  de  la  religion  des  Gueux,  qui  ie  difpen- 
fent  (  entre  plutieurs  chofes  )  de  manger  chair  en  Karefmc  :  aduint  que  fur  les  neuf  Notable  iu- 
heuresdu  foirvnfeu  merucilleux  commença  par  leur  cloche, (i  grand  que  chacun  y  ac-  tS^ts 
courant,  6C le  Magiftratauecle  Prince  d'Aurangc&leurs  gardes  y  eftans,  on  trouua  les  Cordelicrs 
frères  Cordelierslolénifans  ce  iour  des  Bradonsàbeau  roiti&  boulliauectoutelubnci-  dAjiUtrs- 
té:fansplusauât  ipecifici  ce  qu'on  en  difoit. Leurs  fauteurs  euiTcnt  bien  voulu  imputer 
aux  Gueux  l'origine  de  ce  feuanais  on  ncfçcutàcela  donner  moyen  neraiionne  cou- 
leur. Car  Dieu  pour  y  faire  venir  toute  la  vilIc,voulut  que  le  feu  fe  prin;  au  plus  haut  du 
cloché,oùils  auoyent  ordinaircmenttenu  leur  guet,  depuis  le  brifement  des  images 
&  autels ,  à  fin  d'eftre  fur  leur  garde.    ^  L  e  furplus  de  Feurier  après  la  commu-  La  iourncc 
nicationdes  Seigneurs, Se  outre  quelque  fortic  de  Dambrughc,&  certains  amas  de  deDairbro 
gens^nutilemcntfaidsU'epafTaaugranddefaduantagedeplufieurs  fidèles:  contre  lef-  ^hnC|*"  d" 
quels  on  procéda  par  criées  &:  fubhaitations  de  biens,  iufques  en  Mars  (uyuât:combien 
qu'ils  ne  fufTent  hors  du  pais  de  fa  Maiefté.CCeux  de  Vallencenes  ce  pendant  demeu- 
royentaffiegez&ajTaillizâuecmenaccsde  deiblation  extrême:  leurs  biens  cxpoiéz  au 
pillagc,&:  leur  vie  à  l'abandon  des  ennemis. 


G  V  Y    DE    BRES,  ie  Monts  en  Haynaut:  f>PEREGRIN  DE 

LA     GRANGE,  de  Dauphmé,  compagnons  au  Mmiftere,  &  a  la  mort:  auec 

Autres  fidcUs  de  Vallencenes. 
• 

C  E  difeours  monftrera  que  le  fçauoir  &  Pcxercice.ce  font  chofes  fi  réciproques ,  &  tellement  conioinftcs  enfemble 
que  comme  l'vn  ne  !<•  peut  acqutrir  n'obtenir  farts  l'autre  :  auhi  ne  peut  l'ancre  eftrc  bienfait ,  qu'auccl'aidedc 
ecluy  qui  a  cite  acquis  6c  obtenu  par  fon  moyen:3c  ces  perfbnnages  en  donnent  renfeignement  &  la  prattique. 

PRES  que  ceux  de  Vallencenes  eurent  long  temps  foufteuu  le  fiege  en  m.D. 
grande  mifere  tant  au  dehors  quededans  la  ville,  fevoyans  frultrez  del'ar-  LXVII. 
tente  de  fecours  &  pourchas  de  deliu tance  promis  par  aucuns  Seigneurs 
_  &:  premiers  Gentils  hommes  du  Pais:fînalement  après  auoir  continué  fans 
intermilïion  l'exercice  de  la  Parolle  de  Dieu,auec  l'adminiftration  des  Sacrements,  fu- 
rent contraints  fe  rendre  le  x  xni.de  Mars: l'ennemi  leur  ayant  promis  ce  qu'il  ne 
tint  pas.  Onpeuteftimerficcfutaprcs  les  Miniftres  &c  les  plus  notables  de  cefte  ville 
gaignccquondreffa  les  premières  recerches. Les  deux  Pafteurs  eftoyent  lors  Guy  De 
Bres,&:  Peregrin  De  la  Grange:  de  la  vie  &c  vocation  delqucls  nous  parlerons  ci-apres 
auât  q  reciter  leur  mort,côioingnant  les  deux,  à  fçauoir  leur  vie  refpondate  à  leur  rnorc 
bienheureufe.  Ces  deux  appelez  en  l'ceuurc  de  Dieu,  corne  ils  cuidoyet  quelques  iours 
apres,cftansfortis dclaville^ofter  delà  decôfiture,auec  Michel  Hcrlin  leicune,vn fien 
feruiteur,  &  laques  de  Rieu,tombercnt  entre  les  mains  du  grad  Maire  de  fain£t-  A  mad: 
où  ils  furent  vn  iour  &:  demi.LeTourneuVcfteridantiufques-là,foudainceuxdeTour- 
nayvindrent  les  demander  comme  par  force:menaiTans,  à  faute  de  leur  liurer  les  pri- 
fonniers,rcndre  le  bourg  de  fàin£t- Amand  defolé.  Or  après  qu'on  les  eut  liez  &c  enfer- 
rez de  pieds  &:  mains,  furent  iettez  fur  vn  chariot,&  menez  au  chafteau  de  Tournay  di- 
ftant  quatre  lieues  de  faincl:-Arnand>auec  grande  coropaiguie  de  foldats. 

XXx.iii. 


Mjk.4- 


GuLt.. 


Litir<L*>  VIII»  Çuyde  lires.  auecTeregrin  de  la  Cj  range. 

Gv  y  futvifitc  de  grand  nombre  de  Gentils-hommes,de  Dames  &  Damoifellcs, 
rjienezdVndcfir&curiofitédelc  voir vnefbis, àcaufe  qu'ils  auoycnt  tant  ouy  parler 
deMuy.  Les  vns  s'en  moquoyent,  îcs  autres  l'iniurioyent:  aucuns  en  auoycntpitié  &c 
co'mpaflîon.Plulîeurs  vouloycntdifputer:  mais  quand  ils  fc  voyoyentprins  &:  renduz 
mucts,ils  en  efchappoyent  pour  dire,  qu'ils  n'eftoyent  pas  Théologiens.  Les  Commif- 
faires  fe  fourransen  la  difpure  comme  iuges  d'icclle,luy accordèrent  qu'il  nefalloic 
point  adorer  les  Sainds,nela^vierge  Marie, mais  vn  feul  Dieu  :  Ceux  donc,dit  Guy,  qui 
les  adorcnt,errent.Sur  ce  refpôdirent,  Qu'on  peu  t  bien  prier  &  inuoquer  les  Sainfts.Ec 
il  répliqua  que  l'ctymologie  du  mot  ^Hor.tf;o,fignifiok  faire  prière  à  quclcun:&:  quefi 
on  ne  doit  adorer  la  Vierge  ne  les  Sain£ts(clon  leur  dire^u'auflî  ne  les  doit-on  prierxar 
c'eft  vne  mefme  chofc.^"C  e  combat  &affaut  fini,  voici  deux  autres  qui  vindrent,def- 
quels  l'vn  difoit  qu'il  prefcheroitaufli  bien  qu'vn  Miniftrequand  il  s'y  voudroit  em- 
ployer.Ce  que  Guy  voyante  entendant,luy  dit,  Moniieur-Je  voy  bien  que  vous  elles 
kauant:me  voudriez-vous  dire  que  c'eft  de  foy  ?  Sur  quoy  demeurant  tout  efperdu,dc- 
uint rouge:mais avant reprins cou rage,rcfpondit,Qu.ec'eftoit  fVire  les  commademens 
de  Dieu.  Sur  ce  Guy  rcpliqua,qu'il  ne  demandoit  pas  quels  eftoyent  les  fruits  de  la 
foy.mais  que  c'eftoit  que  foy. Or  il  eftoit  fi  fçauant  que  iamais  ne  fecut  dire  autre  choie. 
En  après  ils  parlèrent  des  images  l'vn  dit  qu'il  n'eftimoit  toutes  les  images  des  temples 
Notez  ici   non  plus  qu'vn  petit  babouin  qu'il  monftroit  fui  Tappuy  d'vn  banc.  L'autre  s'oppofa  à 
U"cffeCîcU  l'encontre ,  dilant  qu'il  les  eftimoit  d'auatage  à  caule  du  lieu. Et  Guy  leur  dit,Meilieurs, 
ccïiï  qui  s'e  diiputez  donc  premier  enfemble  &c  vousaccordez,&  puis  nous  parlerons  d'autres  cho- 
frimcnc  fr-  çc$  car  pU  ,s  q,ie  par  voftre  dire  le  lieu  fait  les  images  plusexccllentcs,quon  couppe  ce 
S"  petit  marmout'ct  du  banc,&  qu'on  le  porteau  temple,&  adonc  il  fera  aufll  exccllét  que 

celles  qui  y  font.    Semblables  autres  propos  furent  tc  nus,mais  qui  ne  valent  d'élire 
recitez,  &  moins  d'en  eferire  d'auantage.  CL  e  lîeur  Tramcry,capitaine, accompagne 
decinqou  fixfouldats      d'vn  Preftre (qui par fes  geftcs&  contenances donnoitàen- 
tendre  qu'il  auoit  plus  humé  que  (buffle)  vindrét  à  Guy,&:  miret  plufieurs  queftiôs  en  a- 
uant,&  entre  autres  de  la  Cene.  Guy  fur  cela  printoccafion  de  leur  demander  que  c'e- 
ftoit  que.Sacremcnt.    Tous  ceux  qui  deuant  cefte  demande  caufoyent  comme  per- 
roquets,furrnt  plus  muets  que  poiifons:donnans  bien  à  entendre  qu'ils  eftoyent  hors 
de  Icurroolle.  Mais  Guy  s'addrc/Tant  au  Preftre,  dit,  Voicy  vn  homme  d'eglife:  c'eft 
lîvionr.ce    fon  meftier  défaire  des  facremens,il  nous  dira  bien  que  c'eft. Le  Preftre  dit,  que  c'eftoit 
d'vn  prcilre  vn  [ccrcz  incognu  à  Dieu  &:  aux  hommes.  Guy  nel'entendit  pas  bien  :  mais  aucuns  de 
5icuk"C  "  ceux  qui  eftoyent  près  de  luy, dirent  qu'il  rcfpondoit  ai  nu*. Et  certes  c'eftoit  vne  refpô- 
fe  digne  de  fa  prcftrife.Or  en  ceftedifputeon  mitlbuuent  en  auant  le  Hoc  eft  emm  corpus 
tneum.  Mais  Guy  leur  monftroit  qu'on  doit  entendre  ces  paroles  comme  les  plus  an- 
ciens Doîteurs  de  lEglife  les  auoyentexpolecs.Etentrc  les  autres  Docteurs  il  mit  en 
adAdmun"  auant  (ai  net  Auguftin  qui  àiv.Lc  Seigneur  ri  a  point  fut  difficulté  de  dire  >  C'eft  mon  corps ,  quand 
rmucap.i.  ^donnoit  lefignede fon  cor^.Quand  ils  eurent  ouy  cefte  reipofe,  qui  ne  fauorifoit  à  enclor- 
re  le  corps  delcius  Chrift  fous  vneoublic  cuitte  entre  deux  fers,  ils  commécerentàdi- 
re(commcpar  maniered'exclamation)  Leiigne?  le/igne?  Voire,  dit  Guy, le  figne:car 
ainli  parle  S.  Auguftin.  regardez  (i  vous  voulez  fuyure  cefte  expofition  qu'il  donne. 
Lors  le  Preftre(  lequel  les  Gentils-hommes  auoyent  fait  retirer  pource  qu'il  gaftoit 
tout)fe  fourra  derechef  tout  au  trauers  de  la  troupe,&:  répliqua  fur  la  fentence  defaincl 
^branle  Auguftin:Il  s'cnfuit,dit-il,au  mefme  lieu,£/?  ver*  caro  chnflt.  Ce  Preftre  fe  monftra  d'v- 
Ivn  pre    nc  impudence (î  effrontée,  que  Guy  s'eftonnantneditautrechoiefinonque  cela  n'e- 
ftre*         ftoitpasenfaincl:  Auguftin:  &  mefmes  repugneroit  à  ce  qu'il  appelle  ligne:  &:  qu'au 
refte  il  falloit  faire  accroire  cela  à  des  petits  enfans  ou  pluftoft  aux  beftes.  Et  après  qu'il 
leur  euft  dit  qu'il  s'offroit  de  monftrer  par  les  liures  du  Pape  mefme,  que  la  doctrine  Pa- 
pale eftoit  faufTerils s'en  allerent,luy  diians  qu'il  fe  vantoit  de  grand'  chofe,&:  que  ia- 
mais les  Miniftrcs  de  Tournay  n'auoyent  oie  difputcr  contre  ceux  qui  fe  prefentoyent. 
Ce  Preftre  ditenfortant  qu'il  luy  falloir  des  fagots  pour  faire  la  difpute.  Tramcry  dit 
aufll  en  fortant  àGuy,qu'il  eftoit  encore  plus  mefehant  que  fon  compagnon  Delà  Gr.î- 
ge.  ^Apr  e  s  cefte  volée,  voicy  arriucr  la  Cote/le  du  Reu,  accompagnée  de  beaucoup 
dedamoi(elles:laquclled'entrce  regardant  la  groflechainedefer  à  laquelle  il  eftoit  at- 
taché,dit,Mon  Dieu,monficur  Guy, ienefçay  comment  vous  pouuezdormir,  manger 
ncboire:il  me  ièmblc  quefi i'eftoye  cnveftreplaceque  icmourroycdepeur.MaDa- 


Et  les  affauts  par  eux  foujlenuzj.  674. 

me, dit-il, la  bonnecaufe  que  ic  fouftiens,&:  la  bonne  confciencelaquellc  Dieu  me  don- 
ne,me  fait  dormir,  manger,  &  boire  mieux  à  mon  aife  que  tous  ceux  qui  me  veulent  £™  fiddc 
mal:Svr  quant  à  ma  chaine&ràmes  liens, tant  s'en  fuit  qu'ils  în'clpouuanrcnt,  ne  qu'ils  Chrcrtien. 
me  (byent  en  horreur  pour  troubler  mon  repos  :  qu'au  contraire  ie  m'y  delc&c  &  glori- 
fie^ les  cftime  plus  précieux  que  les  chaincs&les  anneaux  d'or  &  ancres  fcmblablcs 
ioyaux  precicuxrcar  ils  me  (ont  plus  profitables,  de  quand  j'oy  le  Ion  de  mes  chaînes ,  il 
mefemblequei'oy  quelque  doux  inftrumentdemuiiquelbnncr  en  mes  oreilles:  non 
pas  que  cela  procède  du  naturel  de  tels  liens  ,mais  de  la  caufe  pour  laquelle  ic  me  voy 
ainli  traite, quieft  lafain&c  parolledc  Dien.CCefte  Dame  Iuy  die, qu'eileatioit  c  nten- 
du  qu'il  delchiroir  fort  le  leruicediuin  de  leglile  Romaine  en  lesprelchcs.  Madame, 
refpondit  Guy,i'en  parloye  félon  que  mon  texte  le  requcroit,&:  non  autrement:^:  d'au- 
tant que  Iclon  ma  charge  il  falloie  aduertir  le  peuple  des  abus  &  idolâtries  qui  meinent 
les  potircsames  à  perdition.  ^Cefte  Dame  feit  cnuoyervn  lot  de  vin  à  M.  De  laGran- 
gcluy  mandant  que  s'il  vouloit  retourner  en  l'eglife  Romaine,  elle  luv  en  donneroit 
tous  les  iours  autant. Mais  elle  perdit  temps  autant  cnuers  l'vn  que  l'autre.  ^  Il  y  eut 
lors  vn  certain  pertbnnagejequel  parlant  du  Piugatoircallegi  ce  que  Vergile  eferit  F.iblcsPoc- 
aux  Eneides,des  champs  Elilez,&:  d'vn  Tantalus, lequel  eftoit  en  l'eau  iufques  au  men-  J'^"  jjjjj- 
ton,& quand  il  penfoit boirc,leau fe retiroiten  arrière eftoit  ainfi  puni  pour  l'es  ex-  ^loJ'dc-- 
ccz. les  autres  cftoyent  pendus  au  vent  pour  les  purger, &:c. Mais  pourluv  coupper  bro-  Aillent. 
cheGuy  luy  refpondit  en  vn  moc,Monficur,ce  (ont  fables  de  vieilles:  il  faut  amener  les 
authoritezdesdiuinscfcritslîonvcutquc  nous  croyons  quelque  chofe.  Lors  il  dit,  le 
penfoyebien  que  vous  merefpondriczcrla.^Ily  vint  encores  d'autres  danioifellcs,  def- 
quelles  plulieurs  cftoyent  ieuncs&r  brauementartifecs. Et  vne  des  vieilles ,  dit ,  Voicy 
a/ïez  pour  tenter  môfîeur  Guv.de  voir  tant  de  belles  filles  Ma-damoi(clIc,dit  Guy, ear-  To'l,cc  for* 

1  ,  '  0       te  île  gens 

dez-lcs  des  rentations de  vosPreftres&  Moincsrcar  vous  içauez  qu'ils  (ont  hazardeux  viennêtvoir 
en  rellemar<  handife.^VN  autrciourvnegrand'compagniclevjncvoir,entrekfqucls  Gu>- 
y  en  auoir  pluiîcursquiraiioycnt  femblantd'cftre  fort  fçauans.  Ils  parlèrent  des  acci- 
dens  fans  fu  bilan  cc,àlçauoir  s'ils  pouuovent  habiliter  fans  leur  fubiect,&  àlçauoir  fi  les 
accidensfansfubitanceauoyent  poids.  L'vn  d'iceux  fouftenoit  fort  &z  ferme  qu'ouy: 
deuxauercs  de  l'a  compagnie  luy  nioyent.  Accordez-vous  par  cnlcmble ,  dit  Guy,& 
puis  nous  acheuerons.Lcur  ayant  dit  cela, il  adioufta, Puis  qu'il  ne  refte  que  les  accidens 
fans  fubftanceau  Sacrcmentjqu'eft-ccquiy  poife?eft-cc  le  mcfmepoids  quipefoit  dé- 
liant la  confecration.?on  ne  peut  dire  que  ce  foit  lafubftanc .cdu  pain:  car  on  die  qu'elle 
n'y  cil  plus:ce  ne  font  pas  auffi  lesaccidcns,  à  fçauoir  rondeur,  blancheur,  grandeur, 
fans  leurfubftanccrcncores  moins  lecorps  de  Clirift:  car  vn  corps  auflî  grand  5z  auflî 
grosqu'il  pcnditcnlacroix,poifeplusquenefait  la  fubftancc  de  fi  peu  depain.Ev  x 
oyans  ces  propos  s'en  allèrent  confus  fans  rien  refpondre,  lînon  qu'ils  n'eftoyent  pas 
Theologiens:maisGuy  Ieurdit,Or-bicn  Meilleurs, faites  donc  venir  vosTheoIogiens, 
&  vous  nous  orrez  s'il  vous  plaift.  ^~Apr  e  s  qu'ils  eurent  efte  là  detenusdixou  onze  Dcbatcnrre 
iours,ilyeut  vn  grand  débat  entre  les  feigneurs:  les  vns  les  vouloyent  auoir  à  Vallen-  ,cs  eiemiis- 
cenes  :  ceux  de  Tournay  ne  les  vouloyent  rendre,difans  qu'ils  auoycntcftèprins  fur  le  ^^""ics 
Tonrnefy:&:  ledebat monta  fi  grand  entre  lefieur  du  lieu  &  lefieurdeQuarrcuaux,  priûmnicn 
qu'ils  te  battirent  prefquc  l'vn  i'autre,&:  fut-on  bien  tard  en  la  nuiit  empelché  pour  les <JcTourna/- 
appointcr.Du  Reuqui  ne  les  vouloit  laiifer  aller,print  le  lendemain  la  poftc,&:  s'en  alla 
à  Bruxelles  pour  parler  à  la  Dticheflcdaqueilcluy  commanda  deles  rendre  aux  Vallen- 
cemrs.  Le  lendemain  delbn arnuee,bicn  matin  on  vint  dire  aux  prifonniers  qu'ils 
s'appi  efta:]*ent  pour  partir.les  vns  difoyent que  c'eiioitpour  mener  à  Bruxelles:  les  au- 
tres à  Vallenccnes.  Soudain  le  heur  de  Moulbay  lieutenant  du  chafteau  ,auec  l'vn 
dcsCommiflaires,&:  plufieurs Capitaines  vindrentà  Guy-.lefqucls  parlèrent  de  l'inuo- 
cationdelaviergeMarie,&:desSaincts.Sur  ceilleurdit,  qu'on  nedoit  inuoquer  finon 
Dieu  feul  par  Iefus  Chrift ,  qui  eft  (bal  Aduocat&  Interccifeur, comme  rEfc  riturc  en-  u  demâJe 
fcigne:&:  quant  aux  Sainch&ala  vierge  Marie,ilsontferuia  leur  remps,commedit  le  «JeMoulbay 
faincl  Efprit  par  la  bouche  de  fainéfc  Paul,djfant  que  Dauid  après  auoir  ferui  à  fon  teps  Aftesij. 
a  efte  recueilli  aucefes  pcres.Si  donc  il  pouuoit  encore  lèruir  à  noftre  temps  &  nous  ai- 
der,cefte  manière  de  parler  feroit  vaine&:  fuperfluc.  D'auantagel'Apoftre  cfcriuant  Cihl-6- 
aux  faincls  del'Eghfedes  Galatiens,dit:Cependant  que  vous  auez  le  temps  faites  bien 
àtous.Surcelafvnluy  dit,C'eft  mal  argumenté  àvous,de  dire,  cependant  que  vous 

XXx.iiii. 


L«*ro  VIIL       Cjuy  de  lires,  auec  Peregrin  de  la  (jrange. 

eftcsàTournayfaitcsdubiems'enfuit-il  que ic n'en  pourray  faire  quand  ieferayenvnc 
autre  villc?Monlieur,ditGuy>mon  aigu  ment, qui  cil  aufficcluy  que  fait  rApoftre,n'eft 
pas  fonde  fur  le  licu-.mais  furie  temps  &  temps, à  fçauoir  qu'au  temps  prelcnt  on  peut 
aider  l'vn  l'autre,  mais  qu'après  cette  vie  l'on  n'a  plus  le  moyen:  Mefme(lcur  dit-il)  les 
faincts  trefpailez  ne  fçauent  rien  de  nos  affaires. Et  pour  prouuer  cela,  il  amena  l'exem- 
ple du  Roy  Ezcchias,auquel  le  Seigneur  dit  que  pour  fon  bié  il  le  retireroit  de  celte  vie, 
Momb h   * (luelcs ycl,x nc vilTent la  vengeaneequ  il  feroit de  Ierufalem.  femblablcmét  Moy- 
fc,lequel  dit  à  Dicu>5i/V>  trouuêgratt  deuaMtoy^tue-moy^a  fin  que  mes  yeux  ne  vvyent  pu  mon 
mal.  entendant  la  ruinedu  peuple. Lors  vn  de  ceux-la  dit,  que  ceci  fe  deuoit  entendre 
Aur"",uli- des  yeux  charnels.Guy  fur  ce  propos  allega  fainct  Auguftin  ,  lequel  parlant  de  fa  mere 
Jroniortûu  Monica  femme  fain£teô£  vcrtueufe,quieltoit  trefpaiTce,  dit, Si  les faincts  trefpailez fça- 
agenda,     uoyent  nos  affaires  &:  nous  pouuoycnt  aider  :  ma  mere  qui  m'a  toujours  fuiui  en  mes 
voyagcs,&quincmepouuoitvoirfafché,ne  mclaiiTeroit  pas  à  prclént.mais  c'clt-cc 
Pfcau.1".   4U' e^  eferitau  Pfeaumc,  Mon  pere  &c  ma  mere  m'ont  abandonnez,  mais  le  Seigneur 
veria  10.  me  rcçoit,&rc.  Et  en  Efaie,Tu  es  noftre  Dicu,Seigneur.  Abraham  noftre  pere  ne  nous 
Ifaic  6].    a  point  ccgnu,&  Ilracl  nc  nous  a  point  feeu.  ^  Ils  luy  demâdercnt  puis  après,  s'il  croyoic 
quela  Vierge  (bit  demeurée  vierge  après  l'enfantement.  Il  rcfpondit,  qu'ouy  :  d'autant 
qu'au  fymbolc  clleclt  nommée  Vierge,&:  qu'il  la  tenoir  pour  la  plus  hcureul'e  entre  tou- 
rne--     tcslesfemmes, comme  l'Angcluy  dit,&:  auiliElilabet  facoufine;&  qucllecfton  la  mere 
du  Fils  de  Dieu,  l'ayant  enfante  vray  Dieu  &:  vray  homme.  ^Ainfiqu'il  leur  ttnoit  ces 
proposais  le  regardoyent  I'vn  l'autre, comme  s'ils  eulTent  eu  autre  opinion  de  luy.  Puis 
le  lieur  de  Moulbay  dit,  Vous  ne  croyez  pas  qu'il  foitvn  Purgatoire.  G.  Pardonnez- 
moy,Mon(icur,ienefuispasdeccux  qui  nient  qu'il  y  ait  vn  Purgatoirc:caric  tiens  le 
a  Cor.f.     *ano  c^u      ^c  ^cu  Poul  *e  purgatoire  des  péchez  de  ceux  qui  fc  repentent  &C  cm  braf- 
Eph.1.     fent  ce  bénéfice  par  foy:  mais  ie  ne  cognoy  pas  les  forneaux&:  roftifleries  des  ames,  co- 
Culoffi.    mc  jcs  fab\cs  des  Preftrcs  contiennent.  Et  Moulbay  répliqua  en  colère  contre  Guy, 
qu'il  pouuoit  aulfi  bien  nier  l'enfer  :  mais  Guy  luy  dit  qu'il  y  auoit  vn  enfer  pour  les  ini- 
MattL  15.  ques  6c  mcfchans,ainfi  que  la  parole  de  Dieu  cnfeigne,&  non  pas  vn  Purgatoire  tel  que 
Luc  13.     jcs  Prêtres  ont  forge. Moulbay  luy  dit  qu'il  fçauroit  s'il  y  a  vn  en  fer  quand  il  feroit  dam- 
né. G  uy  luy  dit  qu'il  auoit  fon  luge  au  ciel  qui  en  iugera  tout  autrement:&:  que  de  cela  il 
en  eltoit  tout  certain  par  fa*parole.  CEn  ces  entrefaits  voicy  arriucr  le  Capitaine  Tra- 
mery,  qui  les  deuoit. mener  iufqucs  à  fainit-Amand .  Ileftoit  fort  irrité  comte  Guy 
pour  les  propos  qu'il  auoit  eu  auec  luy  &:  auec  fon  Preltrc  récitez  ci  deflus.  Il  s'en  vinc 
doncà  luy  bien  rudement, &:  dit,Marche,marche:puis  le  fît  monter  fur  vn  chariot  fans 
paille n'aucun  foulagement,  finon  que  pour  l'affliger d'auantage il  luy  fit  enferrer  les 
deux  ïambes  de  gros  fers  :& lier  les  mains  d'vnecorde,fans  vneautrequi  leierroit  par 
derrière.  Cependant  Dieu  luy  faifoitccllegracede dire, Mon  Dieu,ic reloué  &:  te  re- 
merciedeta  bonté enucrsmoy, tu  meconfoles&  mefortifies:&:  eniettant  fa  veue  fur 
laques  i.  Tramery,illuydit,Iugcment  fans  mifericordc  fera  fait  à  celuy  qui  ne  fait  point  mil'eri- 
corde.^Eux  en  telles  deftrelTes  edeuâs  les  yeux  au  ciel,inuoquoyétDieu,à  cequ'il  les  co 
folalt  &:  fortifiaft  de  plus  en  plusrce  qu'aulTi  il  fcit.Car  côme  ilz  cftoyét  là  eftéduz,licz>&: 
enchainez  comme  brebis  deftinees  à  la  boucherie  :  voila  le  Seigneur  qui  toucha  le 
cœur  d'vn  des  Commiflaircs,  qui  leur  Ordonner  de  la  paille  pou  ries  fou  lagcr,fe  mon- 
trant humain  enuers  eux.  Ainfi  furent  tirez  du  Chafteau ,  &c  auec  grande  compaignic 
dcfoldatsmencztoutàtiauersde  Tournay  :  plufieurspoures  fidèles  les  regardans  en 
pitié,  &  nofansfonner  mot.  Finalement  ils  arriuerent  à  S.  Amand,  endurans  extrê- 
me froidure  :  où  deux  cents  foldats^ks  attendoyent.  On  leur  changea  de  chariot  pour 
Brun5i|de  ^CS  rnenerc0  la  vi^e  de  Vallencenes.  Ai  riuez  qu'ils  y  furent,  Guy  pour  le  premier  fut 
m  laquelle  logé  en  lapluseftrangcprifonquifoit,&:  où  on  n'auoit  point  accouftumé  de  mettre 
cft.»ilefc  perfonne. Celle prifon  cft  pour  fon  obicurcté  nommée  Brunain,où  il  auoit  l'air  par 
kc  nourc  vue  treille  de  fer, fur  vn  trou  puant  à  caufedes  ordurcs,&:  où  mcfmes  lesyurongnes  re- 
brebk  dcicjentc5muncmcnticurSvrinescngrandeinfcction&:puateur.  ^Tclleeft  l'hiftoire  de 
ftisChrift.  ja  p^ifc  &:  cmprifbnnemcnc  de  ces  bons  perfonnages, extraite  de  leurs  eferits:  fpccia- 
lement de  M.Guy,  lequel  feit  deuoir  d'eferire  aux  Frères  de  Vallencenes  chofesgra- 
ucs&:  d'edifîcation:&  lesdifputesdu  x  v  i.&x  v  n.  d'Aurilauec  vn  Cordelicr,ô:  plu- 
Ceurs  gens  d'apparence,  rouchantla  primauté  du  Pape  :  en  attendant  de  iour  en 
iour  M.  François  RichardotEucfque  d'Arras.  ^Mai  s  pour  déclarer  le  foin  &:l'aMc- 


Eferits  deCjuyDe  lires.  6yj 

âion  qu'il  auoir  du  falut  de  ceux  defqucls  il  eftoit  encore  Pafteur,il  leur  manda  par  Ler-  Soin  &  ro,._ 
très  ce  que  s'enfuit,  citude  d  <n 

ES  bonsfrercs,ic  n'ay  foin  quedevoftrcfalur,c*:quedemeuricz  fermes  en  la  do-  J"ydJ£'p^ 
ij|jfctrinc  laquelle  nous  vousauons  prcfchee:d'autant  qu'd  n'y  a  poinc  de  doctrine  fa-  rolc  de 
ïutaireencemonde,  finon  celle-la:  Parquoy  prenez  nous  pour  patron  de  patience,  &: Iiicu- 
qu'il  ne  foie  pointgrief  aux  brebis  de  {uiurc  leur  Paftcur.Car  par  la  grâce  de  noftre  bon  tS/dc  Î'E- 
Dicu  (auquel appartient couc  honneur  &c  gloire )  i'cnfuy  les  pas  démon  bon  Seigneur  uangilc  cft 
&  maiftre  Icfus  Chrift  au  plus  près  qu'il  m'elt  pollible.  ^  N  b  regardez  pas  à  ceux  qui  le  ^neqjj'" 
rcuolrcnt  de  la  vericé  îoumellement,  defqucls  le  nombre(comme  i'entcns)eft  fort  apporte  fa- 
grand. Ils  font  deccuxdcfqueIsChriftadit,qu'ilsreçoyucntlafcmcnLC  de  la  parole  de  J"^"  cro" 
Dieu  enterre  pierreufe  :  ibudain  que  pet  fecution  &  affliction  aduiennenr  pour  la  paro-  Mactk.13 
lede  Dieu,  ils  font  fcandaliiez,&:  abandonnent  là  tout. Or  que  tels  fâchent  qu'ils  n'ont  ( 
pasainfiappri«sChnit:voircsil  leur  (buuient  comme  nous  leur  auons  prefehé.  Le  s  p  ^ 
vns  auront  d'oref-enauant  leurs  ventres  pour  leurs  dieux, les  autres  les  idol  es,  &  les  au- 
tres deuiendront  A  theiftes.c'eft  àdiregens  (ans dieu.  Car  lesiuftes  iugemensde  Dieu  Triftcfle,& 
font  &  feront  dcfploycz  fur  tels  contcmpceurs.Iedi  ccci,mes  frères, en  pleurant  àchau 
des  larmes.Hcïas,  helas!&:  cent  mille  fois  helas!  poure  peuple  de  VallcncenesJ  quand  Dieu, 
ilmefautouyrlcsrcuoltcmens  &c  apoftafiede  tant  de  gens,  &:  cependant  cen'cft  en- 
core rienimon  cœur  cft  tranfpeicé  de  douleurs.  Helas.'ievoy  aucnircequepluiicurs 
foisie  vousayditen  mes  prefehes:    Qv  e  il  telles apoftafies^:  reuolcemcns  font  ad-Apoftjfies 
uenusenlaprimitiueEglife&du  temps  des  Apoftrcs:  cen'cft  chofe  nouuelle  fi  de  no  **  JjF  de 
ftre  tempsnousoyons&:  voyons  le  fémblable.  Pource  l'Apoftrc  fàincl:  Pierre  parlant  ^We&d" 
parrEfpricdcDicude  telsreuoltez  apoftats,dit  qu'il  vaudroic  mieux  qu'ils  n'eufTent  "Ilc  »  F«- 
iamais  cognu  la  verité,  qu'aptes  l'auoir  cognuc  fe  deftourner  dufainct  mandement.  cat* 
mais  ce  qu'on  dit  par  vn  vray  prouerbe  leur  cft  aduenu,  Le  chien  eft  retourné  à  fon  Proucr.K 
propre vomiflcment,&:  latruyelaueeeftretournee  au  veautrement  du  bourbier.  Au 
refte,mcflîeurs mes  bons  freres,maioyc,&:  ma  couronne,  loycz  fermes  en  la  vertu  deIhl'4 
noftre  Dieu:&  ne  foyez  pas  comme  le  rofeau  branlant  à  tous  vents,  mais  eftanscnraci  Mann 
nez,fcrmes&  fiables,  fouftenez  conftamment  l'efpreuue  &:  l'examen  du  Seigneur.  Si  Ephci.4 
vous  cheminez  en  la  crainrede  Dieu,  il  retournera  fa  face  versvous  Se  vous  deiiutcra, 
renuerfant vosennemis(quifontlcs liens)5»:  vousdonnera  plus  grande  liberce  pour  lcAmour  mii 
feruir  queiamais.    Or  comme  ainfî  foit  queie  vous  aye  toufioors  porte  vnc  amitié  tud&  rea* 
trefcordialecn  mon  coeur  ,  &:  qu'au iîi  de  voftrecoftéi'ayefenti  le  meime  en  beaucoup  ^ 
d'cndroits(dontievous  remercicjd'autantque  maintenat  il  mefembleque  mon  Dieu  desbrebu. 
me  veut  retirer  de cefte  pourevie  pour  me  mettre  en  fon  repos,  vous  n'aurez  plus  de 
moyen  decontinucr  vers  moy  voftrc-ditcamitic:ie  vous  prie  &fupplie  de  la  côtinuer 
cnuers  ma  poure  femme  &  mes  petits  enfans.  Car  pour  le  Fils  de  Dieu  &pour  voftrc 
feruice,cllecft  priueedefon  mari,&  les  enfans  de  leur  pere en  leur  tendre  ieunefïe.  Ne 
faites  pas  vers  eux  comme  i'ay  veu  faireenuers  plufieurs  autres  vefues,  les  laiffans-là  Les  orphei 
fans  s  en  foucier.Et  ne  vous  attendez  pas  les  vns  aux  autres,  mais  aiîï.tezla  poure  vefue^*  r^ô 
Sdfes  petits  enfans  en  ce  qu'elle  aura  bcfoin  de  vous.  Que  li  vous  vfez  d'ingratitude,  &:  mandez  de 
qu'après  mon  trefpas  me  mefcognoilficz  en  ma  pofteritéde  Seigneur  iufte  iuge  le  verra  Dlcu* 
&:  s'en  fou uiedra.  Or,  mes  bicn-aymez,ccqucieparleainfi,n'cftpasqueic  mr  derfiede 
vous,ne  qu'aucunement  icndoute:carieiçay&:  m'affeurc  que  mcfmcs  vous  ferez  plus 
que  ie  ne  requiers  de  vous. Et  d'au  rat  qu'il  me  faut  eferire  d'autres  choies  qu  i  vous  pro- 
fiteront d'auantage,icferayicy  la  fin  delà  prefente.    Priant  mon  Dieu  qu'il  luy  plaifc 
vous  fortifier  en  la  cognoifîance  de  fa  parole  iufqu  a  la  fin,  Amen,  Amen,  bon  peuple  de 
Vallencenes.Des  priions  de  la  ville,  en  mon  trou  nommé  Brunain,  ce  x  v  m.d'Auril, 
m.d.l  x  vu.  A  Dieu  mes  brebiettes,bien  vous  foit. 

A  T  O  V  S  mes  cher*  frères  &  fœurs  fidèles  de  l'Eglifc  reformée  de  !a  ville  de  Valleneencs,  Guv  de  Brcs, 
voftrc  MiQiltre&Palteur.vo  isdefirc  grâce  &  milericordc  de  Dieu  noftre  bon  Pcre:&  vn  accroilîcir.cur.  & 
augmentai  on  en  la  feience  Si  cognoiliàncc  de  noftre  Sauucur  Icfus  Glu  ift,  Amen. 

R  E  S-C  H  E  R  S  frères  &:  fœurs  en  noftre  Seigneur  Icfus:  pource  qu'en  mon  cm- 

y  »  ;  Argument 

prifonnement  plufieurs me  viennent  vihter,les  vns  pour  voir  marace  par  eu rio- maigres ,  & 

literies  autres  pour  m'ouyr  parlcr,à  caufe  qu'ils  ont  ouy  parler  de  moy:Ic  voy  qu'ils  infi-  débiles  def, 

ftentquali  tous  fur  l'antiquité,  &  fur  le  long  temps  qucl'eglife  Romaine  a  tcnula  do -.^Roiva 


Liar<u  VIII.  Çuj  De  %es 

niftcs  vfcnt  c\nne qu'elle  enfeigne:  11  y  a(difcnt-ils)plus  dequinze  cents  ans.  Et  principalement 
m^"apour  (comme ils difcnt) elle  a  toufiours  fentiainfi  du  Sacrement  de  la  Cenc,&a  tous  les 
maint'c  .r  Docteurs  anciens  pour  elle  :auec  le  confentementvniucrfcl  de  tant  de  ficelés,  de  tant 
leurRch-  Repeuples  &;  nations.  Or  ie  veux  bien  vous  cfcnrcce  queie  refpons,&ce  que  ic  fens 


S  °n        de  tout  ccla:à  fin  de  toufiours  vous  édifier  de  plus  en  plus  en  la  cognoiflance  de  la  vraye 
La  Cenccft  doctrincjaquclleic  vous  ayprelchee  &c  enfeignee.Et  notâmenr  ie  vous  veux  eferire  du 
paixïdt  poinftde  la  fainetc  Cene:pource  que  c'eft  là  principalement  que  tous  s'arreftent:  &c 
mitié.      que  de  là  Satan  prcntoccafiondeconuertirleSacrementdepaix  Se  d'amitié,  en  occa- 
fion  de  trouble&:  d'eftufion  defang, comme  il  aduient  ordinairement  en  toutes  leurs 
&bSc  difputcs.    Premièrement doncie veux  monftterquc  le  contentement  &.  accord  du- 
.icicripnoa  quel  ils  fc  vantcnt,clt  faux:&:  n'eft  qu'vn  babil  de  paroles  pour  efblouir  lesycux  des  fim 
traita^1*11  p'cs.Puis  iemonftrerayqucles anciens  Docteurs  leur  fbntdu  tout  contraires  ainii 
nous  traittcronsdetouteslcspattiesdeccfainCt  Sacrement  félon  que  mon  Dieu  m'en 
Humble  &  fcrabgracc  en  mes  licns,Ôc  enceftcobfcurctéoùleiournemedonnegucresdeclarté. 
Tufe.^  "  Vous  iupporccreZjs'il  vous  plaift,cequc  vous  trouuerezn'eftre  couché  en  fi  bon  ordre 
que  ic  defire,ne  fi  bien  poli  qu'il  eft  requis. Ic  feray  donc  comme iepourray:  &  non  corn 
meievoudray.  ^Or  pour  venir  au  poinct,les  aduerfaires  de  la  vraye  Doctrine  difenr, 
quelcglifc  Romaine  aucc  tous  fes  Docteurs  a  toufiours  tenud'vn  mclme  accord  que 
laconlecration  du  pain  &  du  vin  au  Sacrement,  fefaifoit  par  ces  paroles  du  canon  de 
leur  Meife,  à  fçauoir, //oc  c/?twi»  corpm  meum;  &c  quaufn  le  vin  eftoit  coniàcrc  par  ces  pa 
rôles  de  leur  mefmc  canon, Hic  cfl  enim  calix  fanguinit  mtinûui  &  Aternitejlxmcntt^myderium 
jideirfuipro  vobif  &*pro mulru ejfunàeturtn rcmifiionem pea<itorum:ccl\  à  dire,Car  c'eft  le  calice 
de  mon  fang  du  nouueau  &  éternel  tcftamcnt,lc  myfterede  la  foy,qui  fera  efpadu  pour 
vous  &z  pour  plufieurs  en  remiftion  des  péchez.  Or  voila  les  propres  mots  desquels  ils 
vfcnt  pour  conuertir  le  pain  &:  le  vin  au  corps  &  au  fang  de  Icfus  Chrift.Et  fi  vnelyllabe 
dccesparollesdefailloit(difent-ils)iln'yauroit  pas  detranfTubftantiation.  le  vous  prie 
ouurez  vosyeux,  mes  frcrcs,&  voyez  commeils  accordent  auec  Icfus  Chrift  en  ces  pa- 
Luc  ii.    rôles.  Voicy  les  paroles  de  Iefus  Chrift,Ce  eft  mon  corps,5cc.Cc  calice  eft  le  nouueau  te 
dament  en  mon  fang, qui  fera  cfpandu  pour  vous.  Conférez  les  paroles  du  Canon  de 

mua 

ceSc  pre 


SpSonî  leur  Mefl"e,auec  ces  paroles  de  Chrift,&:  vous  verrez  corn  me  ils  ontefté  fi  outrecuidez 
paoa  imolc  &;  prefomptueux  dadioufter  à  la  con  (ecration  du  pain  leur  £«/w,c'eft  à  dire, car  :  lequel 
rm^,,{"Romotnefetrouueen  nuldes  EuangeUftesny en  faincî  Paul:&:  cependant  plufieurs  en 
LcgraJcrc  font  fi  grand  cas  qu'ils  ofent  bien  affermer  que  fans  ce  mot  d'-F»//»,  la  consécration  fe- 
d  Vn-nl|llC  roitimparfaite,&  que  le  corps  de  Chrift  nefci  oit  nullement  en  la  Méfie.  Mais  ic  vous 
Romaine C  prie  quelle  im  pudence  defefperee  eft-cela,que  les  hommes  mortels,voiredcs  méteurs 
au  mot  t-  pOVirroutpotragc,oi'cntadioufter,diminuer,&:changcrlcsparolesduFilsde  Dieu,ac- 
fi^iificïcu-  tendu  que  le  Seigneur  a  défendu  fort  eftroitcment  de  ce  faire?Car  voicy  comme  le  Sei- 
knKt.car.  gneur  parle,Tu  n'adio  uftcras,&:  ne  diminueras  rien  à  ma  Parole.    Item,Tu  n'adiou- 
Proîicî  o  Itéras  rien  aux  paroles  du  Seigneur  :&  n'en  diminueras  rien,  à  fin  que  tu  ne  fois  reprins 
1     &trouué  menteur  Mais  fi  leur  Enim  qu'ils  ont  adioufté  aux  paroles  de  Iefus  Chrift  eft 
tant  neceffaire  que  lecorps  de  Chrift  n'eft  pas  au  Sacrementfans  la  prononciation  d'i- 
celuy:ilfaudroit  donc  dire  que  Chrift  auroitefte  mal-aduifédene  l'auoir  prononcé  en 
faCene.  Et  but  bien  dire  que  les  Apoftres  qui  ont  receuce  Sacremenr  confacré  fans 
£/ï/w,n'ont  pas  receu  Chrift.  Ce  quiferoit  du  tout  mefchantàdire&:  àpenfer.  Us  ont 
donc  adioufté  Enim^&c  ont  retranché  le  principal  des  paroles  du  Seigneur  en  emoy  con- 
fîftetoutnoftrefalut,àfçauoir,^oc//'rovo^fwci/r«r:c'eftàdire,  qui  eft  liuré  pour  vous. 
Efaicî3     Qui  e^  cc'uy      ne  *ac'lc  bien,que  îaçoit  que  le  corps  de  Chrift  ait  efté  liuré  à  la  mort, 
qu'il  ait  efté  déplayé  &:  nauré  pour  nous  de  toutes  pars:  que  neantmoinsil  ne  nous 
Fauflc  caiô  profite  de  i :icn,  fi  par  vraye  &:  viue foy  appuyée  fur  les  promc/Tes  de  Dieu, nous  ne  cro- 
ucrfalrcs^  yons  fermement  qu'il  nous  eft  donné, &:  que  tout  ce  qu'il  a  fait  eft  pour  noftrc  falut  ?  Ic 
dy  donc  que  c'eft  vnfacrilege  abominable  d'ainfiaccouftrer  la  Paroledu  Fils  de  Dieu. 
Us  ditént  que  nous  prenôs  la  parole  de  Dieu  pai  loppins,&que  nous  la  brouillons:  mais 
les  pecis  enfans  en  peuuent  iuger.    Regardez  aufîi  les  paroles  qu'ils  prononcent  pour 
Ccnc3      confacrerlevin,commeielesay  récitées  cydeiTus,&:  les  conférez  aucc  celles  de  Chrift» 
ôevous  verrez  qu'elles  font  toutes  diucrfes,brouillees,&  pleines  d'additions.  A  ppartiét- 
Colof.1     il  à  l'homme  quiin'cft  que  cendre  &:  putréfaction  dadioufter  à  la  Parole  de  Chrift: 
auquel ,  comme  ditfainit  Paul,  font  cachez  tous  les  threfors  de  laSapicnce&  Scien- 


Efcrits  de  (juy  De  Tires.  6 76 

Ce  de  DieufSi  quelcû  entreprenoit  d 'adioufterou  diminuer  quelque  choie  au  teftaméc 
dcquelque  home  mortel, vn  tel  neferoit-il  poinc  rendu  infameàtout  iamais  &ind/gnc 
d'eftrccrcu>En  quelle  eftime  donc  aurons-nous  ceux  quiofententreprédred  adioufter 
ou  diminuer  à  vn  tel  teftament,lequcl  n'eft  pas  ligné  &c  fcellé  par  cire  n  encre,  ma  is  par 
leiang  précieux  de  IcfusnoftreSauucur'M  a  i  s, voyons  comme  ils  (ont  vnis.lls  difent 
qu'on  a  toujours  confacrépar  lcsmefmes  paroles  defquclles  ils  vient  pour  conlacrer.  L'opinion 
Voila  Innocent ,  &  l'Eicoc ,  qui  difent  que  la  confecrarion  fe  fait  par  ce  m  oc  {BencdiXit)  JJjJJjj-* 
pource  qu'il  eft  dit  croelefusChrift  printdu  pain  &C  le  bcnit.    Lombardus,&:  Pierre     •  ^ 
Comeftorcftimoyétqu'ellefe  fait  par  les  paroles  du  canô de  laMeife:àTçauoir,/«6c/?<ec  Lombard* 
ptffeni&c&l ces parolles(fu ay bonne memoire)tediicnt  en  laMeife  après  le<;  parolles  Orales  i 
qu'ils  appellent  Sacra  mentales.  Qu'on  liic  la  Liturgie  de  Ghryfoftome ,  &:  de  Baiiie,  ce  innocent, 
on  verra  que  le  miniftre  entent  conlacrer  par  prière.  Pareillement  iaiiul  Cypfien  au  chr.vfofto- 
fermon  de  la  Cene,  recitant  les  parollcs  par  lesquelles  oncontàcroit  de  ion  temps,  ne  Bafile 
ditpas,Ceryç/rwo»co>^,mais  Ceçyeftma  chair.îl  eft  vray  que  lecoips  eft  bien  la  chaîné  la  cyrrKn- 
chair  lecorps.Et  S.Ierofme  fur  Sophonie(ii  bien  ie  me  recorde)  reprent  les  preftres  qui 
penfoyent  coniacrer  le  corps  du  Seigneur  par  prière  feulcm  en  t,&:  leur  dit  que  la  bon- 
ne vie  y  eft  auiîî  requife.  S.  Grégoire  auflï  en  fes  dialogues  chap.36.  dit  quedu  temps  des  De  Cre-oi- 
Apoftreson  confacroitiimplementparl'oraifon  Dominicale.  Il  ne  dit  pas,  &c  par  Hoc  re- 
eftenimeorpus  meum.Ez  toutesfois  on  voit  combien  obftinément  ceux  de  lYglife  Romai- 
ne debatent  pour  la  prononciation  de  ces  paroles  &:  de  leurs  fyllabes.Si  ie  vouloye  icy 
reciter  tout  ce  qu'on  pourroit  produire  des  Anciens  touchant  ce  poin&,ie  n'auroye  ja- 
mais fait:feulcmentie  les  prie  qu'ils  voyent  comment  ils  font  vnis,&:  cornent  ils  prou- 
ueront  qu'on  a  touiîours  confacré  par  Hoc  eft  entrn  corpus  meu m.  Qu'ils  accordent  ces  flû- 
tes enfemble,&  puis  ielcurdemanderay,  d'où  ils  viennêt  imaginer  que  la  côiêcrarion 
foit  faite  iuftcmët  par  ces  cinq  parolles.Si  la  côfecration  ièfaiibic  par  le  recit  de  ces  pa- 
roles ,pourquoy  leseicriroyenc  diuerfemécles  EuagcliftcsrVrayeftquequât  aux  parol- 
les  que  Chrift  proféra  rôpant  &  diitribuat  le  pain, qu'ils  s  accordét.-car  rous  difent,  Cecy 
eft  moncorps(côbicn  qu'en  Grec  foit  autremet  cfcrit,à  içauoir:Ce  eft  ce  mien  corps)mais 
quant  à  celles  qu'il  pronôçaprefentât  la  couppe,ou  le  calice, ils  les  recirenr  diuerfcmêt,  Matd,**tf' 
d'autat  que  l'vn  dit,Cfçy  eft  mon  fang  du  nouueau  teftamenuY&mrc  àit^Ceftecouppe  eft  le  nouueau  i_uc  tu 
teflrtmeTenmonfangmeimcqui  plus  eft,S. Marc  dit  que  Iefus  Chrift  prononça  les  paroles  M-»«i4 
de  lacouppe  après  qu'ils  eurétbeu  le  vin. Par  quelles  paroles  donc  ftittralfubltantié  le 
vin,puis  que  fans  la  prononciation  des  paroles  le  vin  n'eft  que  vin?iedemande(dMc)pai" 
quelles  paroles  lacouppefurcôiacrce.ÈrafmcdcmeurelàtouccourtenlêsAnnotatiôs,  ErafmC  x 
&yappcrçoit  qucrquechoiépliisquilnaofédire.Qy  1  eft  celuy  donc  qui  ne  voit  bien  Plus  coKn« 
que  l'egliie  Romaine  levante  en  vain  defonvnité, que  l'on  atouiiours  tenu  ce  qu'elle  ^  vJ"nz 
tient  des  Sacremcns?  CFn  après,  oyons  cornent  plufieurs  des  docteurs  de  la-dite  eglifc  vouluefoi- 
parlent  delà  traniîubftantiation, de  laquelle  on  fait  Ci  grand  cas, voire  ii  grand,  que  ii  vn  re' 
Chreftientientck  croit  entièrement  touteeque  Dieu  a  commandé  en  la  Parole,  &:  il 
ne  croit  la  traniîubftantiation,  fera  iuge  pourheretiquedigne  d'eftre  bruilé.  Les  nou-  Tranflùb- 
ueaux Théologiens deceftenouuellceglifedifent,quela  traniîubftantiation  eft  de  la  ftjl,0ition: 
ParoledeDieu.  Alencontre  decefteopinion , i'oppofc  leurs  propres  docteurs, à  fin 
qu'ils  voyent  commeilsfontd'accord,ienedipas  auec  la  Parole  de  Dieu, mais  me  (mes 
auec  leurs  propres  Percs&:  docteurs.  En  premier  licu,voilaIoannesScotus  leur  docteur 
fablWjnfententU  1  1  .///>. 4.        5. lequel manifeftement  confeile  quel'arcicle  de  la  tranf-  Comivcn  .j 
fubftantiation  n'eft  pas  du  Symbole  des  Apoftres,ny  es  fubfequcns  Symboles  :  mais  y  a  que  u 
queccftarticleaeftéfinalcmentdeclarc&defîni  par  l'Eglife,  (il  parle  ainiî  entendant  jf—J*^ 
par  ce  mot  deglifc,regIifeRomaine)fous  le  Pape  Innocent  rroiiîeme  au  concile  de  La-  "diéhluro 
tran,l'an  m.c  c.x  y  Jndecretts^Defurnmatriniute^fidecatholicjUd^cap.firmite^  ce:&par 
iUqu'ondoiteftreefmcuàreccuoircefte  féntence,  principalement  poureequ'on  doit  Sfcot  Prc 
tenitdes  Sacremcns  comme  la  fainde  eglife  Romaine.    Or  icelle  tient  que  le  pain  fcrelcsords 
eft  tranflubftantié  au  corps  de  Chrift,  &:  le  vin  en  fonfang:&ainii  ceplaiiant  ôc  fubtil  jjt"^  ^ 
docteur  après  qu'il  a  confefteque  la  traniTubftantiation  n'eft  comprinie  ésfommaires  Paroiede 
de  la  fby,dit  qu'il  en  faut  croire  ainiî  que  l'eglife  Romaine  en  adeterminé:  comme  iila  ç^riélBk! 
foyne  deuoit  pas  venir  par  la  parole  de  Dieu,  (comme  parlefainct  Paul)  &  non  pas  par  fur  Zavô 
les  ordonnances  &conftitutions  des  hommes.    Puis  après  voicy  encores  vn  autre  de  dcjaMcflc, 
leurs  doctcurs,nommé  Gabriel  Bicl,dit,On  doit  noter  que  iaçoit  qu'il  foit  expreflemet  ^Sç™ 


Liurc^  VIII.  Efcrits  de  (juy  De  Bres. 


nuin 
v  cri  te, 


demonftic  par  l'F.fcriture  que  le  corps  de  Chrift  eftvraycment  contenu  fous  lesefpc- 
cesdu  pain,&  eft  receu  des  fîdeles-.cc  pendant  de  pouuoir  dire  ou  cognoiftre  comment 
lecorps  de  Cbrill  y  cft,  à  fçauoir  s'il  y  cft  parla  mutation  de  quelque chofe  en  foy, ou 
nia  le  corpsdeChriftcommenccàeftrc  aueclepain,y  demeurant  la  fubftance  &  les 
accidensdu  pain>on  ncletrouuepoint  cxpreiTcment  en  la  Bible  rtoutesfois  d'autant 
qu'il  faut  rcnirdesSacrcmens  comme  la  lainclccglife  Romaineen  tient,  comme  il  eft 
contenu  Dchxriticvi^cap.aànl  ;/cv«/«w: maintenant îccllecglife  ticnt&:  a  déterminé  que 
Cameraccn  'c  Paui  cft  tranfTubftantié  au  corpsde  Chrift, &:  le  vin  en  Ion  fang.  ^Jt  em  vnautredo 
15,  doreur,  tu-tir  de  leur-dite  eglife, nomme  Cameracéiis,dn'putantdcceschoIesdit,Qu'ileit  plus 
CO"C  icé-  probables  mieux  accordant  «a  la  vérité, il  nous  affermons  qu'en  l'Euchariftie  demeure 
«  preferc  vray  pain  &:  vray  vin,&  non  pas  les  accidens  :  n'eftoit  que  1  eglife,  vefl  à  fçauoir  Romaine, 
le8-il<:  f  °a  cn  a  détermine  le  contraire.    Voila  le  dire  de  ces  docteurs  dc-l'eglilc  catholique  H 

mainc.    Et  louéfoit  Dieu  qu'ils  ibnc  contraints  de  confefTerqueceft  vnenouucllc  do 
drine  forgée  par  Innocent  i  n.de  ce  nom  rlaquclle  les  eglifes  Orientales(quiibnt  celles 
ftitlaci'ôfor  defquelles  la  lumière  cft  paruenue  iufqucsà  nous)  iamais  n'ont  voulu  receuoir.    E  r 
geepar  m-  cju  ainu*  loit,il  appert  par  la  fincfle  &  ruze  du  Pape  Eugène  k~iu.au  Concile  deFloi  cn- 
Boccncm.  cc(Iequel fut  aiîcrnblc  pour  vnir  &  accorder  enfembic  fcglife  Grecque  auec  fcgldè 
Latine, touchant  le  différent  du  lainct  Efprit)cftans  les  Grecs  &  Latins  accorde  /  fur  ce 
Rufc du  Pa  poinci,ie  Pape  auec  les  liens  fit  tous  les  efrorts  d'amener  les  Grecs  à  receuoir  l'artu  ic  de 
pc  pour  in-  huranlfubîtantiation  du  pain  $C  du  vin  de  l'Euchanftie  au  corps  &:  fang  naturel  de 
Ic'crcce *a  Chrift:lcqud  article  Innocent  i 1  î.auoit  parauantaduxifté&rcoufu  auecles  douze  ar- 
rcccuoir  la  ciclcs  delà  foy  au  Symbole  des  A  poltres,en  failanr  treze  ai  ticles.Mais  les  Grecs  ne  peu- 
doclxme.    rem  ,amais  cftix  attirez  à  la  receuoir  ne  par  raifons,ne  par  aucuns  argumens.tant  cefte 
tranifubrtantiation  leur  fembloit  nouuellc,  effrange,  &c  du  tout  contraire  aux  cicrits 
Prudécc/cr  Apoftoliques,aux  anciens  Percs,&:  contre  toute  raifon,  attirât  vn  monde  d'abfurditcz 
Jliïc  dcl'c  aPrcs^°y-^tcom  mc  ^es  ^rccs  eftoyent  d'accord  auec  1  eglife  Latine  touchant  d'où  pro- 
glifedc  Grc  cède  le  fainCt Eiprir,ils  prindren t  de  presgardc,qu'on  ne  meflaft  parmi  la  lettrede  leur 
«■         accord, aucune  chofe  decefte  tranilubftantiationrcomme  il  appert  pat  la  bulle  du  Pape 
Eugène  ç[ml~ccomm€nce>Exultentc*lt&*l£tetHr  terra.  IOk  il  appert  que  les  Grecs,  en- 
fembic toutes  les  egliics  d'Orient,  n'ont  point  voulu  recognoiftre  celte  nouuellc  do- 
ctnnclaquelleils  n  enflent  refufe  II  la  parole  de  Dieu  l'euft  enfeigné  &:  les  Anciens. On 
doiticy  noter quelePape ncreicttepas  les Grecscomme  hérétiques  pour  ne  vouloir 
i!.u>pertky  receuoir  ceft  article,  mais  le  coniointaucceux  :6«:dc  ioyequ'ila  d'eftre  accordez  tou- 
foi*         cnant  le  différent  du  S.Efprit,ilcricqueles  cieux  ic  reiïouiifent  &  que  la  terre  meinc 
Papale  n'a  lielfe,&:c.Et  auiourd'huy  tous  ceux  c]iu  ne  veulent  croire  celte  nouuellc  doctrinc,on  les 
menr  pair  ncnc  P*rcs  q  chien  s,  dignes  du  feu  &:  du  gibet:&:  cefte  doctrine  cft  maintenue  par  force 
«utéceux   6c  tyianic côtretout droit &c  raifon.    Vous  pouuczdonc,  mes  trelchers  frères, facile- 
(]ui  n'ont   ment  apperecuoir  que  c'elc  de  1  eglife  Romaine  ôc  de  fa  doctrine.  Elle  a  beau  entonner 
uoir  fa  do-  &  auoir  toujours  en  la  bouche  ces  gros  mots,  L'ancienne  Religion  jEgbfc  Catholique  &  Ro~ 
ftnnc.      mainc:c\lc  n'en  fera  pas  d'vn  iour  plus  ancienne  ne  meilleure.  En  après  pource  que  nous 
ne  voulons  croire  comme  eux  que  le  pain  &:  le  vin  font  vrayement  tranlfubftanticz  au 
MoyC  pour  propre  corps  6c  fang  de  lefusChrift,de  forte  que  là,Ie  pain  n'eft  plus  pain  ,ny  le  vin  n'eft 
tugcrquellc  pjus  vin,ils  nous  condamnent  :  mais  voycz,mes  frères,  Jefqucls  de  nous  deux  tiennent 
«inouucSc  1  ancienne  doftrinetouchant  ce  poinit.  Us  afferment  de  leur  cerueau ,  qu'après  leurs 
doftrine.    cinq  paroles  le  pain  n'eft  plus, le  vin  n'eft  plus.Or  ieprouuc  le  contraire  par  la  parole  de 
Dieu  ,&  par  les  anciens  Docteurs.    Premièrement  il  eft  tout  euident  que  les  Euangc- 
Mattnirf   liftes  difent  que IefusChrift  print  du  pain,  le  rompit  Se  le  donnaà  Tes  diiciplcs.  S.Paul 
Marc  14     par  cinq  fois  l'appelle  pain  :  Le pain^dit-iU  i. Cor. i  o. que  nous  rompons  ,n'eft-ce  pas  la 
Lllcli      communion  du  corps  de  Chrift:  ItcmjNous  pluficursquiauons  mange  dynpain,  fem- 
mes vnpain  Su  vn  corps  au  Seigneur. Item  i  .Cor.i  i .  Toutes  les  fois  que  vous  mangerez 
ilc  ce  pain  vous  annoncerez  la  mort  du  Seigneur  iufques  à  ce  qu'il  vienne.  Item,Qu,icon- 
que  mangera  de  ce  pain,&£  beuura  la  couppeâu  Seigneur  indignement,  1er  a  coulpable  du 
corps  &c  du  lang  du  Scigncur  Finnlcment  que  l'homme  s'eiprouue  foymefmc,&:  ainf] 
Aftcs  i     qu'il  mange     ce  pain  6c  boiuc  de  ccfltcouppe.  Et  faind  Lucaux  AclieSjditjQi^e  lesdifci- 
Ates  io    ^CS  l)Cllcut-rovcnccn  ^a  doctrine  des  Apollrc:s,en  la fraëlton  du  pain,  en  la  communion  6C 
en  oraifon.   Etaux  mefmes  Adcs,il  dit,Vn  iour  du  Sabbath,Ies diiciplcs  eftans  aifem- 
blcz  pour  rompre  le  p.vn,6Lc.Qiic(ï-cç  que  laindt  Luc&lainft  Paul  appellent  ïkrompre  le 

pairil 


^Idinifire  de  ceux  de  Vallencennes.  677 

jttw'nous  nedeuons  pas  eftimer  que  l'ECcriturc  fain&e  parleainfi  clairemec  pour  nous 
deceuoir& tromper.  Il  eft  donc  cuident  que  c'eft  pain  naturels  ces  paroles  Ibnc  fi  fer- 
mes que  fi  vn  Apoftre,  voire  vn  A  nge  du  ciel  annonçoit  autremen  t,fàinrt  Paul  ofe  pro-  Gj,at  I- 
nonçerqu'ilfoitmaudit,ceftà  direexecrable,abominable.OR  cotre  cefte  tac  claire  &c  ies  aducr. 
manifefte  vérité,  les  aducrfaircs  ofcnt  bien  répliquer  en  ceftc  manière,  Le  corps  de  fairesnepeu 
Chrift  eftlàappelé^Wjpourcequedeuantlaconrecrationc'eftoicdupain^pourcclV  J^fi1* 
occafion(difent-ils)le  nom  de  pain  luy  demeure,  comme  Adam  de  terre  eftant  conuerti  Dieu, 
en  chair,eft  encore  appelé  terre,ainfi  qu'il  luy  fut  dit:  Tu  es  terre,  &  en  terre  tu  retour- GcnclJ 
neras.&  cepédant  on  vit  qu'il  n'eftoit  plus  terre,mais  vraye  chair.  &:  Eue  pareillement, 
pourec     elle  a  efté  prife  de  la  chair  &:  des  os  d'Adam ,elie  eft(difent  ils)appelée  os  de  fes  Gencfe  i 
os &c chairde  fa chair.I l  s  allèguent  auflî  q  la  verge  d' Aaron  a  efté  conuertie  en  ferpenr, 
&cependantl'Efcnture  l'appelle  encore  du  nô  de  verge,côbien  qu'elle  foitcôuertie  en  £xoJc  + 
ferpéç.  Mais  ces  côparaifons  font  impertinétes:  car  nous  oyons  qî'Efcriture  dit,  qu'Eue 
a  efté  faite  des  os  &de  la  chair  d'Adam.Quant  à  la  verge  d' Aaron  ,laqlle fut  couertie  en  ifcfte rCfPô 
ferpét:ie  les  prie  qu'ils  nous  monftrét  en  l'Eferiture  où  il  foitditq  lepaincftcôuertiau  fe&bléPro 
corps  de  Chrift,  &  le  vin  au  fangd'iceluy.Et  quadTEfcritureappclle  Ada  terrc,on  voy-  futer  ksfo- 
oitq  c  eftoit  vraye  chair:  au  tât  en  eft-ild'Eue:&:  delà  verged'Aarô:on  voyoit  qu'elle  n'-  Phiftcs- 
cftoiç  plus  verge,  mais  ferpet,iointaufsi  qu'elle  deuoit  bien  toft  après  retourner  en  fon  "n 
premier  cftat  de  verge.  Quelle  apparence  y  a-il  d'alléguer  telles  fimilitudes?  Or  après 
qu'ils  ont  parlé  du  pain,  ils  n'oubjient  pas  aufli  d'amener  vne  fimilitude  de  la  bouteille, 
&du  vin  qui  fera  dedans.  Voila,  difent-ils,  vous  m'auez  baillé  vne  bouteille  pleine  de 
vin:iladuiendraquele-dit  vin  fera  conuerti  en  vinaigre,  quand  ic  le  vous  rcndray,ie 
vous  diray, Voila  voftre  vin:&  cependant  ce  n'eft  point  vin,mais  vinaigrc:ainu"  (difent-  vin  trâffub 
ils)cn  prent-il  du  Sacrement,  il  cft  appelle  de  fon  premier  nom,àfçauoir  du  paih,&c.  «éenvinai- 
Mais  cela  eft  tant  fot,  qu'il  ne  mérite  aucune  refponfe  queparlefens  du  gouft.Sur  ce  grc' 
aucuns  d'entre  eux  penfènt  bien  vuider  cefte difEcultéjquandils  difent  que  fain£b  Paul 
parle  non  pas  du  pain  matériel,  mais  du  corps  de  Chrift,  comme  Iefus  Chrift  mcfme 
appelle  foncorpsf*/»,difanten{àin&  Iean,Iefuis  le  pain  vif,  &c.  Et  voila,  difent-ils,  la  193,1  * 
caufe  pourquoy  faind  Paul  dic,Qui  mangera  de  ce  pain,  voulant  mon ftrer  qu'il  eft  au- 
tre que  matériel:  mais  telle  fophifterie  ne  peut  auoir  lieu.  Voila  S.Paul  qui  dit,Ze  pain  .Cono 
que  nous  roptis  neftce  pas  la  comumon  du  corps  de  CfenffîEftre  rôpu  ôC  brifé  eft  ch  ofe  qui  ne  peut  £ 
conucnirau  corps  de  Chrift  .'attendu  qu'il  eft  eferit  de  luy,  Vous  ne  romprez  nul  de  fes  lani^ 
os.Ils  répliquent,  qu'on  rompt  feulement  les  accidens,&nonpas  le  corps.  Mais  puis 
qu'ils  font  fi  prefomptucux  d'affermer  qu'il  n'y  a  là  plus  de  pain  ne  de  vin,  quand  ils  ont 
foufflé  deiTus,d'où  vient  que  leurs  hofties  confacrees  fc  corrompent  dedans  leurs  boet- 
tes?Lçs  accidens  fans  fubftancc  ne  fepeuuentcorrorhprc:&:  quand  les  vers  s'y  engeri-D'où  vient 
drentjde quelle  fubftance font-ils  engendrez? car  ils  font  fubftantiels,  c'eft  à  dire,  ils  jj^orh™P^ 
ontfubftâce.Ilsn'ofentdireqcefoitdelafubftacedu  corps  de  Chrift:dc dire auffi  que confierce^ 
cefoitdesaccidens,ilsfecontrediroyent.De quelle fubftancedonc  font  engendrez  ces 
vers?Là  deflus  ils  difent  qu'il  fe  fait  vn  miracle  :  c'eft,  que  le  corps  de  Chrift  s  efiianouit, 
&  la  fu  bftanccdu  pain  retourne  après  q  le  corps  de  Chrift  s'eft  deffait  .  Mais  q.  leur  a  re- 
udécebeau  miracle  fait  jilahafte,&  tant  fubitement?  Qu'ils  me  difent  vh  peu,  Quand 
les  ratsrles  fouris,lcs  araigncs(comme  parlcleur  cautclle  de  la  MefTc)  viennent  à  le  man 
ger.mangent-ils  le  corps  de  Ghrift?le  Seigneur  dit,  Qui  mange  ma  chair  &  boit  mon  fang  il  a  ^ 
LtvieeterneÛ£.û\cs  befteslcmangent.ellesaurontla  vie  cternelle.Ils  difent  qu'elles  man- 
gent feulement  les  accidcns,àfçauoir  grandeur,blancheur  &efpefleur  fans  fubftance. 
Mais  ie  di  que  les  beftes  s'en  nourriftcnt,SC  quand  quelques  fois  on  brufle  le  refte  du  Sa- 
cremenr  au  feu,les  cendres  qui  font  fubftantielies,font  elles  cèdres  du  corps  de  Chrift: 
ou  des  accidens  fans  fubftance?Ne  voit-on  pas  cuidemment  vne  beftife  plus  que  br  uta- 
leîmais  qui  veut  voir  l'expérience  de  leur  belle  doctrine ,  qu'on  baille  vn  lot  de  vin  ou 
plusàconfacrcràvnpreftre,cenefera  plus  de  vin,car  tout  fera  côuerti  au  propre  fàng  Si  le  vin  con 
delefusChriftipuis^uecepreftreleboiuej&onverras'ilen  fera  yure.  le  demande  :  fi  œc"rJ™ç 
les  accidens  fans  fubftanccpcuuentenyurcr.il  eft  certain  que  non:  on  ne  s'enyure  pa.s 
auffi  de fang:il  faut  donc  que  cefoit  de  vray  vin  naturelapres  la  confection,  puis  qu'il 
peutcnyurer.Iefuis  contraint  de  parler  ainfigroffierement, pourec  que  l'opinion  de 
ceux  qui  tiennent  le  contraire  cft  fi  groffiere  &lourde:&  toutesfois  ils  ne  m'ont  ia  mais 
fceu  donnet  aucune  refponfe  fur  cela,  paflans  la  chofe  par  rifee.  Quand  ie  leur  ay  dit  que 


L/Wo  VIII-  E fcrits  de  Cjuy  De  "Bres, 

\  iâorànpa  ViutoriuscucfqucdeRomeaefté  empoifonnéenreceuantle  Sacrement:  comme  aufli 
cmp.  empoî  pareillement  l'empereur  Henry  fut  empoilbnnc  de  la  foire  :  aulîî  peu  m'ont-ils  refpon- 
fonnez  par  du.Maisreucnons  à  la  pure  &:  fimple  parole  de  Dien,qui  dit  que  c'eft  pain,  &:  qui  appel 
'"j!hc*  lcccquieiloiten  lacouppc/>wcr  devigne,&  croyons  pluftoft  à  ieellequa  vn  cas  de  fo- 
phifteries&badinages  qu'ils ameinent. Nous auons  pareillemct  les  anciens  Docteurs 
(iedi  mefme  tous  les  plus  anciens)lefquels  ont  fenti  comme  nous,  à  fçauoir,  qu'en  ce 
C-ftà  fuix  Sacrement  le  pain  matériels  le  vin  demeurent. En  quoy  tous  ceux  qui  fedifent  eftrc 
wreque  l'cChrelhenspcuuent  facilement  iuger  que  reghieRomainefc  vante  en  vain  de  fon  an- 
gliic  Ronui  tiquïté,  entant  qu'elle  tient  vne  doctrine  touce  nouuclle,  laquelle  aeftéincognueaux 
de  pjiulqul  plus  doctes  Se  anciens  Do&eurs.Etquainii  l'oit,  nous  en  produirons  quelques  vns. 
té.  Premierementvoila vn  crel-ancien  Docteur,àfçauoir Ircnee,euelquc  de  Lyon,pro- 

quedeLyô" chain  dutempsdes  Apoftres,lcquelefcriuant  contre  les  herefies  liu.4. chap.34.dit, Le 
pain  par lequclgraccs font rcnducSiCombienquiljbit  de  U  terre  jrecemnt  la  vocation  de  Dicu^ilneft  a- 
lors pain  commun  jnati  eucharistie  confîftant  en  deux  chofes  ,terreftrc ,  &*  celefte.  Notez  qu'il  die 
qu'après  que  le  pain  terreftre  a  receu  fa  vocation  du  Seigneur  (c'en:  à  dire,  ordonne  de 
par  le  Seigneur  pour  lignifier  &  reprefenter  fon  corps)alors  ce  n'eft  plus  pain,  ains  t  cft 
î'euchariftie,c'cft  àdire  pain  d'action  de  grâces.  Nous  ne  difons  pas  aufli  que  le  pain  de 
i.Cor.n     laCcnefoitvnpain  commun,ouprofane,ainsauecS.Paulnous  l'appelions  le  pain  du 
Seigneur, pain  fanctifié,&:euchariftie. Le  mefmclreneedit  dauantage,  quenoscorps  rece- 
uans  l 'euchariflie  ne font  pu  corruptibles,ayans  ejperance  de  krepm#/o«:  par  lelquclles  paroles  il 
met  vn  changement  à  nos  corps,&:  l'elgale  au  changement  de  l'euchariftie,  difanc,  co- 
rne ce  pain  commun,aufti  nos  corps  ne  fonr  plus  corruptibles.  Et  combien  que  ce  Do- 
cteur parle  fi  clairement,toutesfois  nos  aduerfaires  à  tort  &  à  trauers  veulent  de  ce  paf- 
fage  d'Irenee  tirer  leur  traiTubftantiation,pource  qu'il  dit  que  le  pain  terrien  eft  fait  eu- 
chariftie:  mais  en  cela  ils  môftrent  bien  qu'ils  n'ont  entédu  ny  n'entendent  le  dire  &  in- 
tention de  ce  Docteur,lequel  n'a  iamais  penfe'  parler  de  leur  trâiiubftantiatiomains  feu 
Iement(par  fon  dire)fait  lechangemet  de  nos  corps  cfgalemét  à  celuydu  pain.il  n'y  a  ce- 
luy  qui  ne  fâche  bien  que  nous  ne  fommes  pas  tranflubftatiez,  mais  q  nous  demeurons 
toufiours  ce  que  nouseftions,eftans  feulement  changez  de  qualité  :  Se  ainfi  fe  doit  en- 
tendre le  changemcntdupain.il  demeure  terreftre  (ce  qu'il  eftoit  auparauant)mais  il 
eft  mue'  en  vne  autre  quai  ité,à  fçauoir  en  pain  d'action  de  graccs-.ee  qu'il  n'eftoit  pas  au- 
Oii^cnc    parauant.  Oyons  Origene, qui  eft  aufli  des  plus  anciens. il  dit  fur  fainct  Matthieu  cha- 
pitre x  v  :  5/  toutee  qui  entre  par  la  bouche  dépend  auvcntrc,&  eft  ietté au  retrait^cefte  viande  quteft 
fancltfiec  parla  Parole  de  Dieu  &  par  Oraifon,  félon  ce  quelle  a  de  matière,  défend  auventre,&eft 
tetteeau  retraif.mau  félon  la  prière  quty  eft  adiouftce,elIe  eft  faite  vtile,pour  proportionner  la  foyjaifant 
que  l'entendement  deuient  plus  clair-voyant^regardant  a  ce  qui  eftvtiltr.  &  ce  n  eft  pas  la  matière  du  pain 
qui  profite, mais  la  parole  quiy  eft prononcee^a  celuy  qui  ne  le  mange  indignement  au  Seigneur.  Nous 
voyons  qu'il  met  tout  le  profit  en  la  parole  :&nonen  lamacieredu  pain.  Et  à  fin  qu'on 
entende  qu'il  neparle  là  d'autre  viandeque  du  Sacrement  de  la  Ccne,  il  adioufte,  Cecy 
foit  dit  du  corps  myttique  &  fymbolque.  Or  nous  deuons  noter  qu'il  nedit  pas, les  accidens 
defeen dent  par  digeftion  au  ventre  &fortenc  par  bas:il  ne  dit  pas  aufli  que  le  corps  de 
Chrift  defeende  làrmais  il  dit,quec'eft  la  viande,felon  qu'ellea  de  matériel, qui  defeend 
Lesaducr-  par  bas.  Parquoy  onvoitquela  macierc&:  nature  du  pain  demeurent.  Les  aduerfaires 
Ciircsicvo-  m'ont  dit,qu'Origene  peut  tien  auoir  erré  en  cela  aufli  bien  qu'en  d'autres  choies: 
pu  VsPc'  -  mais  qui  eft  celuy  qui  ne  voye  bien  queeequ'ils  difent  n'eft  qu'cfchappatoire?Car  nous 
fcritxdcsDofçauonsqu'Epiphanius,&:S.Icrofme,&:aurres  ont  diligemment  noté  les  erreurs,  &c  ce- 
^rsn?"n"t  pendant  nefontàucune mention  qu'il  ait mallc  nti  delà Cene. Ils  ont  bien  remarqué 
awtrccfclup  de  plus  petites  chofes  fans  comparaifon,tellemét  qu'il  n'eft  vray-femblable  qu'ils  I'cuf- 
Scdirc      ^entouD^e-    Oyons  auffi  ce  que  dit  Theodoretus  en  fon  premier  Dialogue  intitulé 
iboiu  erré.  Immuables  la  huitième  page. Il  propofe là  l'Hérétique  &:  le  Fidèle  parlans  l'vn  après 
l'autre. LeFideledit,quenoftreSeigneurluy-mefme  a  changé  le  nom  des  fignes,&a 
mftsdhio  d°nnélenomdufigncâlbncorps-.&:au{ignclenomdcfon corps. En  cefte  mefme  fa- 
gues.       çon  s,cftantappcléfby-mefme'v^>jr,ilamefmcnommélc  ûgne  fâng.  Puis  l'Heretiquc 
demande, le  voudroye  bien  fçauoir  la  caufepourquoy  les  noms  font  changez:le  Fidèle 
refpond,Le  but  eft  cuidemment  propofé  à  tous  ceux  qui  font  appelez  à  ce  myftere. Car 
il  a  voulu  queceux  qui  font  appelezà la participatiô  des  myfteres  facrez,  ne  s'arreften t 
point  à  la  nature  des  chofes  qui  fe  voyentemais  que  par  la  mutation  &:  changement 

des 


^linifire  de  ceux  de  Vdlencennes.  6 7$ 

des  noms  ils  croyenc  à  la  tranfmu  tation  qui  eft  faitepar  grâce. Car  celuy  qui  appelle  Ton 
corps  naturel/rowew  &pain:\c  mefmeaullî  s'eft  nôme  U  vigne.  Luy-mefme  aufïi  a  fait Ican  IT 
ce  ft  hôneur  aux  lignes  qui  apparoilîent  deuat  les  yeux, de  les  appeler fion  corps  &  fion  fiang: 
non  pas  qu'ils  ayét  châgé  de  nature,  mais  ayât  adioufté  fa  grâce  à  la  n  aturc.Puis  au  mell 
me  lieu  il  dit  encore:  Les  fignes  myfHques,apres  la  fitnfiificatio  ne  fiorttt  pat  de  leur  nature  :  car  ils  de- 
meurent en  leur  première  fiubft ace, figure  &  forme,  &  fie  peuuct  voir  <&  toucher  corne  auparauant.  line 
dit  pas  en  la  première  fenteeeq  le  pain  &  le  vin  font  trâilbbftâticz:mais  que  le  pajn  &: 
le  vin  font  muez&:  changez  quât  aux  noms. Ils  (ont  appelez  corps&  fang  de  IefusChrift, 
qu'ils  n'eftoyétpasauparauantnômezJlditauifiquelanaturedupain  n'eft  pas  chan- 
gee,ains  que  la  grâce  eft  adiouftee  à  la  nature. Celademonftreclairemet  que  le  pain  de- 
meurcauSacrement,pain:&femblablement  le  vin,vin.Ccdo£teurTheodorerus,euef- 
que  de  Cyprcjhomme  de  grand  fçauoir  &:  fain£teté,eftoit  du  temps  de  Cyrille,  &:  a  efté 
auecluy  au  Concile  d'EphefeSc  de  Calcédoine,  &  le  liurc  lequel  il  a  eient  de  cefte  ma- 
tiere-cy,a  efté  imprimé  à  Rome.^Efcoutcz  aufîi  côme  parle  Chryfoftome  de  cefte  ma-  Po- 
tière,efcriuat  à  Ccfar  moine.Deuant  la  fanclificatw(du  pain)«o«*  l'appelons  pain  :  mais  quand  la  Sa'u 
grâce  diurne  l'a  fiancfifie par  le  moye  du  preftrejl  eft  alors  deliuré del 'appellationdu  nom  de  pain>&eft  e-  chap.itf. 
fieuéàCappeUatioduno  du  corps  du  Seigncur^cncore  que  la  nature  du  pamy  demeure.  Notez  qu'il  dit 
q  lanaturcdupaindemeureapresla  fan&ifîcatio.Efcoutezauiiîce  q  ledit  Chrylofto- 
me dit: Quand  Chriftdona  ce myflere^ildona  duvin  : fiemblablemet après fia  refutreClio en  la  table  nue 
des  myttercsjla  vfiéde  dons:ila  -v/e,  dit-il,  de  U  génération  delà  vigne,  la  ruelle  produit  du  vin  &  non 
pas  deïeau.  Cyrille  fur  S.Iean,liu.4.chap.i4.Chrift  a  donné  à  les  diiciples  des  pièces  (ou  £j^e, 
morccaux)de  pain,difant, Prenez  &  mangez:cccy  eft  mon  corps. Il  dit  que  ce  que  le  Sei-  ^dup.^.' 
gneur  donna  eftoyét  des  pièces  de  pain, mais  il  ne  dit  pas  que  ces  pièces  de  pain  fuifent 
le  corps  de  Chrift .Sainft  Cyprien  efcriuant  ad  Magnium  liu.  i  -Epift .6 .  Le  Seigneur  ap-  s  Cy    c  j 
pelle  le  pain(lequeleftamaiîe&  fait  de  plu(ïeurs  grains)  fon  corps,  &  le  vin  (lequel  eft  diucrs  lieux 
prefledcplulîeursraifins&reduitcn  vin)fonfantr.  Il  dit  que  le  pain  fait  de  plufieifrs d^fescf"i:s 

*  ,r         .  .,  i    r   •  -il-  >ti    r      \t         ■   *        •  i  i.Connch.io 

grains  eft  appelé  le  corps  du  Scigneur,il  ne  dit  pas  qu  il  le  ioit  a  la  vente:  mais  par  appel- 
lation. Le  mcfmc  Docteur  au  fermon  delà  Ccnc  du  Seigneur,  Le  pain  fianclifiè,  diz-i\,  eft 
tf»ryr/Ê,»/4^o«cl7c/>o//«e.ilneditpasIcpaintranilubftantié)ou  ce  qui  eftoitpain,  ou  les  ac- 
cidens  fans  fubftancc:mais  il  dit,le  pain  fan&ifîé.  Le  mel'mc,au  fermon  des  pécheurs 
repentans  dit, Le  breuuagefan&ifié  au  fangdu  Seigneur,eft  forti  des  entrailles  pollues, 
il  dit  ceci  à  raifon  d'vne  certaine  fille  qui  auoit  vomi  le  Sacrement.  Or  il  dit  notamméc 
lebreuuagefan&ifiéaufang:ilncditpointlcfang.  Saindt  Hilaire  disl.i.  dic,Le  corps jjJ'^J* 
de  Chrift  lequel  on  prent  de  l'autel:  c'eftvne  figure  quand  extérieurement  on  voit  le  Poîcîcts.  C 
pain&le vin:la  vérité, quandinterieuremcntoncroitlccorps  &le  fang  de  Chrift  en 
vérité. Il  ne  dit  pas  qu'on  voit  extérieurement  les  accidens,mais  le  pain  &:  le  vin.  Sainc~t 
Auguftinfur  S. Iean,homel.i6,  Approche toy  hardimcnt(dit-il)c'eft  du  pain,&  non  pas 
du  venin.  Le  mefmc  au  fermon  qu'il  fait  aux  enfans  ;  Ce  que  vous  auez  c'eft  pain  :  &  le 
calice  auffi  c'eft  que  vosyeux  vous  dcmonftrcnt,  mais  ce  que  voftrefoy  demande  c'eft 
d'eftre  inftruitcde  pain  eft  le  corps  de  Chrift,&  lecalice  fon  fang.  Puis  après  il  adioufte: 
Chrift  efleuafon  corps  au  cielà  la  dextre  de  Dieu.  Commet  donc  eft  le  pain  fon  corps, 
&  le  calice(ou  ce  qui  eft  contenu  au  calicc)commét  eft-cc  fon  fang?Mes  frères,  ces  cho- 
fes-cypourautantfont  dites  Sacrement, pource  qu'en  icelles  eft  veuc  vnechofe:&: 
vne  autre  entcndue.Notez  qu'il  dit  apertement  du  Sacrement  que  v  eft  pain  :&  que  ce 
qui  eft  dedans  la  coupipc,c  eft  du  vin  naturel,  te  non  pas  des  accidens  fans  fubftance.  Puis 
il  dit  que  c'cft-vtfwjytfm^d'aurantqu'vncchofey  eft  vcué',&:  vne  autre  entenduedacho- 
fe  quiy  eft  veuê,c'cft  le  pain  &:  le  vin:&:  la  chofe  cntendue,cft  le  corps  &  le  fang  de  Iefus 
Chrift.  GelafcEuefquedeRome,contreEutychcs,&Neftorius,dit:LesSacremens 
du  corps  &  du  fang  du  Seigneur  Iefus  Chrift  que  nous  prenons,  cefbntchofcs  diuines: 
parquoy  par  iceux nous fommes faits participans  de  la  nature diuine,&  cependant  la  i.pimci 
fubftance&:  la  nature  du  pain  ne  biffent  pas  d'y  eftrc:&:  certes  l'image  3c  la  fimilitude 
du  corps  &  du  fang  de  Chrift  font  célébrez  en  l'actiondes  myftercs.  Ccft  Eucfque  de 
Romedit  ouucrtement,quc  la  fubftance&  naturedu  pain  &  du  vin  demeurent  aux  Sa- 
cremens, encore  qu'ils  foyentchofesdiuincs:&:  outre  ce,il  dit  que  la  fimilitude  &:  ima- 
gc  du  corps  de  Chrift  eft  célébrée  enl'a&ion.Meime&Gelafecn  ce  lieu  déduit  fon  ar- 
gument contre  Eutyches,  de  la  conion&ion  du  pain  auec  le  corps  de  Iefus  Chrift  :  Et 
pour  cela,  dit-il,  les  natures  ne  lauTent  pas  de  demeurer  en  leur  entier,  tout  ainli  com- 

YYy.ii. 


Liurc^j  VI IL  Efcrits  de  Çuy  de  Bres, 

me  les  deux  natures  conjointes  &:vnics  en  Chrift,àfçauoir  la  nature  diuine  &:  humai- 
ne, y  demeurent.  La  nature  humaine  pour  eftre  coniointe  à  la  nature  diuine,  ne  lailTe 
pas  dedemeurer  en  fa  propre fubftance,&£  n'eft  pasconuerticnetraniïubftaïuiee  cnla 
nature  diuine  :  ainfi,  dit-il,  demeurent  les  natures  &  lubftanccs  du  pain  &  du  vin  com- 
meils  eitoyent  auparauant.    Il  veut  dire  que  comme  la  naturediuinc  6c  humaine  c- 
ftansconiointesdemeurcntenleurekre,&:  l'vnen'eft  conuertieen l'aucre:ainii  au  Sa- 
tremcntjes  natures  du  pain  Se  du  vin>&  lecorps  6c  le  fang  de  Chrift  demeurent  en  leur 
eftre.Et  fuyuantcepropos,Sain&Cypnendit  ainii ,  Cefioh  vtn  ce  que  le  Seigneur  auoit  du 
eftre  [on  fang.  Que  pouuoit-on  dire  plus  clair  que  cela?  Ilditauffi  au  meime  heu.  L'eau 
ne  peut  pu  exprimer  le  Janç  de  Chnfl.  Item  encore  au  melme ,  Non*  yoyons  <jtie  le  peuple  tft 
Ad  Cxciliû  entendu  parteau,&  cjue  le  [an^dc  hfus  Chrtjl  ejl  demonfh-é  auvin.  Il  veut  dire  &  monftrerque 
lib*.Epift.3  Commc  le  peuple  efloic  entendu  par  l'eau  qu'on  auoit  accouftumé  de  nieller  aucc  le 
vin,cn  ion  temps,ainfilcfangdc  Chrift  eftoit  demonftréau  vin  ou  par  le  vin.    Or  qui 
eftceluy  qui  ne  fâche  bien  que  l'eau  n'eftoit  pas  tranfîubftatieeau  peuple?ainii  en  cft-il 
du  vin  au  fàng,àfçauoir  quelà  demeure  le  vm  pour  reprefenrer  &:  figurer  le  langdii  Sci- 
fc^kn«niine  gneur-  Bertramus  diX)Sicevin<]ui  eflfanchfié 'part  office  des  Minières  eft  converti  corpottlltn n  nt 
Dcunini.     au  fang  de  Chriftjl  eft  donc  neceffatre  aufh  de  prendre  Spirituellement  ce  qui  eft  dit  du  fan*  de  C  hrift  au 
■vin.    Voilavne{cntcncetantc]aire&:  tant  manifefte,qu'clle  n'a  befoin  de  déclaration. 

Heiichius,fur  le  Leuit]que,liu.2xhap.8.Po«r«y?ef<r«yÉ>,dit-il,//rffoww(r«Jt,'tlc'  manger  les 
chairs  auec  les  pains ,<i  fin  oue  nous  entendions  tela  ejlre  dit  de  ce  myftere  qui  efl  enfemble  pain  chair. 

Il  met  deux  chofes  au  Sacremcnt,lepain  &:  la  chair  du  Seigneur  figurée  par  le  pain:  il 
ne  dit  pas  les  accidens  du  pain, mais  le  pain. Si  ie  me  vouloyearrefter  à  produire  6c  met- 
L  t  fin  '  trecnauant  tous'cs  telmoignagcs  desanciensquidifent  quele  pain &levindemcu- 
gnlgcj  des  rcnt  au  Sacrcment,ic  n'auroye  jamais  fait.  Parquoy  qu'il  vous  lurfife,  mes  bons  frères, 
ancjéscômc  deceux  que  i'ay  cy  de/lus  fidèlement  amené  &  recité  de  mot  à  mot,  comme  ils  font 
ènTcunTîi-  eferits  en  leurs  liures,&:  ceqnei'ay  eicrit  vous  férue  pour  vous  confirmer  Se  corroborer 
urts.fontici  en  la  vrayefoy  de  ce  S.Sacrcment  :  cognoilfans  que  toute  la  parole  de  Dieu  fait  pour 
n»rSc!e  nous  ^urceP0'n^'comniccydc^ll,;'e^ay  monftré. pour  nous  auffi  eft  toute  l'Eglilean- 
metamenez  cienne  côme  vous  oyez.Parqncy  il  appert  que  ceux  del'eglifeRomaincauec  leurnou- 
îm'le  c'fir  l,c^c  do&rinc  de  la  tranifubftantianon  fevantenten  vain  de  l'antiquité,  veu  que  cefte 
nunonde'  do&rine, comme  cy  deiïus  a  eftédit;futdecrcteeauconcilcdeLatranparlepapeIn- 
poflrcfoy.  nocenttroifiemc,l'an  m.c  cxv.  Quant  6c  quant  notez  que  la  douceur  de  ce  Sacre- 
ment nous  eft  oftec  par  cefte  tranlîi.bftamiation,àfçauoir,quc  comme  le  pain  nourrit 
Se  fortifie  le  corps  de  l'homme  &:  entretient  fa  vie  terreftre,aulfi  véritablement  le  corps 
propre  du  Fils  de  Dieu  nourrit  Se  fortifie  en  vie  éternelle,  la  vie  fpirituclle  de  nos  e- 
fprits.Icdile  mefmcdu  vin  Se  du  fang:defortequela  vérité  du  pain  Se  du  vin  nous  ren- 
dent affeurez  qu'en  ce  Sacrement  Dieu  ne  nous  veut  pas  amener  après  des  ombres  vai- 
nes qui  s'efuanouifTent,  mais  pour  eftre  participans  defonvray&  propre  corps  natu- 
rel, Se  de  fon  propre  fang. Or  cefte  afTeurance  fc  perd  fi  nous  n'auons  quclcs  accidens 
fans  fubftance:  &:  cefte  tranffubftantiation  eft  contraire  à  la  nature  de  tout  Sacrement. 
Voila, au  Sacrement  du  Baptefme  l'eau  naturelle  demeurelà,&  n'eft  pas  tranftubftan- 
tice  félon  la  doârinedeceux-mcfme  de  l'eglife  Romaine  :Sc  cefte  eau  eft  la  figure  du 
fang  de  Chrift,&:  nos  ames  n'y  font  pas  moins  véritablement  lauees  &:  nettoyées  de  pé- 
ché par  le  propre  naturel  fang  de  Chrift,  qu  elles  font  entretenues  en  laCcne  du  fang 
d'iceluy,commc  dit  fainét  Pierre, i.Pier.i, Que  les  Chrcftiens  font  arroufez  du  fang  de 
IcfusChrift.  Cefang-làdontilparle,cftlemefme  duquel  les  fidèles  font  participans 
au  Sacrementdulauementquenousauonsaufangdu  Seigneur,  ainfidilons-nous  que 
le  pain  Se  le  vin  vrais  &  naturels  demeurent  au  Sacrement  de  la  Ccne.Et  ne  faut  pas  ré- 
pliquer cjue  Chrift  n'a  pas  dit  de  l'eau,  Ceci  eft  mon  fang,  commeiladitdu  pain  Se  du 
vin,Cecyeft  moncorps,Cecy  eft  mon  fang.  car  ierefpondy  à  ceux  qui  m'obiectoyent 
ccla,qu'au  Baptefme  l'eau  n'eft  pas  m  oins  Sacrement  du  iàng  que  le  vin.Ioint  auflîquc- 
i.Cor.a     l'Apoftrc  côioint ces  deux Sacremés  enfemble  quad  il dir,Nous  fommes  tousbâptifez 
en  vn  mefmeEfprit,&:  auôseftcabbreuuczpar  vnmefmeefprit.  il  les  côioint  Vôlontier 
cnfemble,à  cauie  que  les  frui&s  fe  rencontrent,  Se  fe  rcffcmblent  :  l'vn  laue  fpirituelle- 
Tîrc  3       mcnr,&  l'autre  abbreuue  fpiritucllcmcnt.  Quant  au  nom  (à  fçauoir  de  l'eau  du  Baptef- 
me)rEipritdeDieuraappelé/<r^/«»deregencrat!on.lemefme  Efprit  dit  par  S.Paul, 
Cfcîat.j      que  nous  y  veftons  Chrift  :  faudra-il  pourtant  dire  que  l'eau  foittranffubftantiec  en  no- 

ftre 


AîiniJiredeceuxdeVallencenes.  é/p 

ftrercgeneratio«,ou  au  corps  de  Chtift?il  n'y  a  nulle  raifon.Parquoy  ie  dy,  que  comme 
l'eau  n'eft  pas  tranflubftantiee  au  làng  de  Chrift  duquel  elle  cft  Saeiemcnt.ainfi  Je  pain 
&.  le  vin, Sacrement  du  corps  &  du  fang  du  Seigncur,demeurent  en  leur  propre  nature 
fcfubftancc.  Venons  maintenant  à  l'intelligence  desparoles  de  lefus  Chrilt  qui  adir, 
Cecyeft  mon  corps, &c.  Ceux  de  l'cglile  Romaine,  qui  lont  les  plus  grans  glolateurs 
de»Eicnturcsfaincl:es>&:mefmc  qui  veulent  attirer  les  hommes  à  croire  ce  qui  n'eft 
point  enrEicriturc,demeurent  icy  attachez  à  trois  ou  quatre  petits  mots,  fans  y  vou- 
îoir  ad  mettre  ou  receuoir  aucune  expofition  :&:  maintiennent  leur  opinion  par  fer  &: 
feu,fe  vantans au (îifaulement (comme  deiîa  nous auons dit)  dci'antiquite  enceft  en- 
droit .  Or  nous  deuons  noter  en  premier  lieu  ,  que  nos  aduerfaires  difent  que  noftrc 
Seigneur  a  dit,Lepain  que  ie  donneray,c'eft  ma  chaii,laquellc  ie  donneray  pour  la  vie 
du  monde.Ilsdifentlàdelius,que  le  Seigneur  promet  de  donner  du  pain,  &c  dit  que  ce 
pain  eft  fa  chair  :  Quand  (difent-ils)  il  adonné  du  pain,  n'a-ce  pas  cité  en  là  Cene,  lors 
qu'il  a  dit  du  pain  qu'il  donnoir,que  c'eftoit  fon  corpsfMais  les  bonnes  gens  fe  trompée 
trelgrandement  en  ce  qu'ils  ne  coniiderent  pas  les  paroles.  C'eftchofe  claire  qu'il  ap- 
pelle la  chair  pain  en  ce  partage  :  Si  veut  dire  qu'il  la  donnera  à  la  mort  pour  la  vie  du 
monde. Or  que  ce  partage  ne  fe  peut  rapporter  au  Sacremcnt,ileft  manifefte.  Premiè- 
rement il  dit,  Le  pain  que  ie  don  neray,c'eft  m  a  chair,  il  vfed'vn  vcrbc(àfçauoir,  cft)  du 
temps  prefent,  S'il  euft  parlé  de  fa  Cene,  il  euft  vfé  du  verbe  futur,  &:  euft  dit,  Le  pain 
qucïe  donneray  ,ce/êr4  ma  chair:  mais  puis  qu'il  vfed'vn  verbe&  mot  lequel  dénote  le 
temps  futur.ainfi  que  feroit  ce  mot,$«tf:&  outrc,ce  qu'il  eft  tout  certain  par  le  récit  des 
quatre  Euangeliftes,quc  Icfus  Chrift  n'a  inftitué  la  Cene  linon  vn  peu  deuant  fa  mort: 
il  cft  tout  feur  queecs  parolles  du  chap.6.  de  fain&  Iean  nefc  peuuent  aucunement  en- 
tendre  de  la  Cene,ains  feulement  de  la  mort    paflion.Voulantdonclors  Iefus  Chrift 
donner  à  entcndrc,que  comme  par  le  pain  matériel  la  vie  du  corps  eft  entretenue,  qu'- 
auffipar  fa  mort&  paffîon  (en  laquelle  làchair  fouffriroit  pour  nous) la  vie  éternelle 
nous  feroit  donnée  &:  maintenue,il  dit  que  fa  chair  eft  comme  le  pain:  Le  pain,  dit-il, 
queic  donneray  c  eft  ma  chair:monftrant  qu'il  donne  le  nom  de  pain  à  fa  chair,  non  pas 
qu'ellcfoit  traniïubftantieeenpain.  Ainfi  pareillement  en  fafaintte  Cene ,  il  change  le 
nom  du  pain,&:luy  donne  le  nom  de  ion  corps:  en  quoyiln'y  anonplus  detranlfub- 
ftantiation.Et  d'auanrage  chacun  fait  bien  auflî  que  ie  pain  de  la  Cene  n'eft  pas  don- 
né pour  la  vie  du  monde.    En  après,  il  eft  tout  cuidenc  qu'en  ce  partage  il  n'eft  par- 
lé de  la  Cene  par  ce  qui  eft  là  dit,  Qui  ne  mange  ma  ch  air ,  &  boit  mon  ftng>  il  n'aura  point 
layie  éternelle  ,il  s'enfuyuroit  que  tous  ceux  qui  n'auroyent  fait  la  Ceneferoycnr  dam- 
ncz:ce  que  nos  aduerfaires  ne  veulent  dire  :  mais  il  n'eft  là  queftion  que  de  fa  chair,qu'il 
appelé  du  nom  du  pain  ,&  du  breuuagede  fon  fang  qu'il  donnoit  dés.  lors  pour  la  vie 
des  hommes.     Depuis  en  fa  Cene  il  a  adioufté  à  cefte  manducation  fpinruellele  pain 
&:  le  vin,poui  afleurer  les  hommes, qu'aufii  vrayement  qu'ils  rcçoyuenc  ce  pain  &.  ce 
vin,auflî  le  manger  de  là  chair  &c  le  brcuuage  defon  fanglcureft  donne.    Et  pource 
toutainfi  qu'au  rroifieme  chap.de  S.Iean,iln'eft  parlé  du  Sacrenet  du  Baptefme,  mais 
de  la  vérité  du  Baptcfmc:ainIiaufixiemedeS.Iean,iln'eft  pas  parlé  de  l'inftitution  de 
la  Cene,ainsdelavcnté  d'icellc.  Or  Icdebat  de  nos  aduerfaires  luec  nous  eft  pour  ces 
paroles, Cccy  eft  mon  corps:  Nous  les  recognoiflons  vrayes  paroles  de  Chrift:  mais 
nous  diibns  qu'il  faut  entendre  cequ'il  veut  dire,veu  que  luy-mefme  a  commandédi- 
l.mt,^///r/V»rtwk.Etnousdifons  femblablementauccS.Auguft.au  liu.de  la  do&rineSentcccno- 
Chreftienne  (pïtlnefaut  point  expoferyn  pafjàge  pour  le faire  contredire  à  beaucoup  S autrcs-.m au  il  lel^u  dc  S' 
faut  tellement  interpréterait il  s'accorde  auecplufieurs  autres.  Et  S.Paul  baille  cefte  règle  en  l'Epi- 
ftreaux  Romains, chap.n. parlant  de  l'interprétation  des  Efcritures,laquelle  doiteftre 
faire  felô  l'analogiede  la  foy.Et  ne  faut  pas  s'arrefter  aux  paroles, mais  au  fensxôme  auf-  J^J"^16 
il  il  fe  faut  bien  dôner  garde  de  dire,Les  lettres  fontainfi  couchees:autrement  fi  vn  héré- 
tique Antropomorphitedifputoit  cotre  nous,difant  que  Dieu  a  vn  corpshumain,dîau  Gcncfc  t 
tant  qu'il  cft  eferit,  Faifons  l'homme k  nojire image  &*  femblance.  que  dirons-nous  s'il  nous 
dit,  Voila  l'Efcriture  toute  claire: Ne  luy  dirions-nous  pas  que  cefte  image  6c  femblance 
deDiciienrhomme,n'eftpasaucorps,maisenrefpritqui  eftoit  créé  en  iuftice,  inno- 
cence^ fainfteté:&:  que  Dieu  eft  cfprir,&  qu'vn  efpritn'any  chair  ny  os?  Et  ainfi  nous Iean  4 
interprétons  vn  partage  par  d'autres. Si  vn  hérétique  Arrian  nousvouloit  prouucr  parlcill  ,4 
ce  partage  de  S.le^Mon  Pere  eft  plut  grand  ftemoy^ue  Chrift  eft  moindre  que  le  Perc  en 

YYy.iii. 


Liurc^j  VU L        (juy  délires,  mec Peregrin de MCj range. 

la  diuinité:n'alleguerions-nous  pas  d'autres  partages  pour  monftrer  que  cela  fe  rappor- 
te à  l'on  humanité?  Et  ainii  confequemment  détoure  autre Efcriturc qu'on  amènera 
répugnante  à  la  foy.il  faut  bien  coniidcrer  &  bien  poifcr-  les  paroles  du  Fils  de  Dieu:car 
fcanf       il  a  dit,Z«  paroles  que  leyous  défont  efj>rtt&  y ie.    Nicodeme(comme  il  eft  cfcrit  en  laind 
Iean,chap.3)oyant  la  parolede  Chnil,difanr,E»  vcrité,en vente\ie te di,ft aucun  ntft  nay  de- 
rechef yii  ne  peut  y  otr  le  Royaume  des  cteux.    Là  dciTus  Nicodeme  dodeur  de  la  Loy ,  prend 
les  parole  s  charnellement:&:  dit,  Comment  pourra  l  homme  quteft  defu  ancien  rentrer  dercdicf 
auyentre  de  fa  mere,  &  natihe  de  nouucau\\\  n'entendoit  pointquil  parloir  d'vnenatiuité 
kan4      ipirituelle.il  demeure  là  orfcnie  en  celle  lourde  &:groffierc  opinion.    La  Samaritaine 
oyantqueChriftluy  promcrtoit  del'eau  yiue  :  elle  cntendoitquecc  deuft  cftrede  l'eau 
Mat  16.      du  puits.  Iefus  Chnft  difoità  les  kpodics^Donne^-you^garde  duleuain  des  Phanjîens  :  eux 
Marc 5,     entendoyent qu'ildifoit  cela,pource qu'ils  n'auoyent  pnns des  pains  matériels:  mais  f- 
Lucu'      Euangelifte dit, qu'il  parloit de ladodrinedesPhariliens.  Iefus  Chrift  dilbit  auxluifs, 
Ieam,       Deftrwfeç^ce  temple-çy,&  entroys  tours  te  le  reedtfîeray ,  Les  Iuifscntendans  cedirede  Chrift 
Mat.i<r,     du  temple  matériel  qu'auoit  fait  faire  Salomon,  s'en  nioquoyentr&toutesfois  faind 
i7-Marc  14  jcana(jjpUftC  qUC  ie(us  Chrift  difoit  cela  du  tcmplcdefon  corps.  Item  il  difoir,  Lxxjkc 
nojlreamy  fart  :  les  difciples  entendans  mal  ces  paroles ,  difoyent ,  S'il  dort,  il  fera  gue- 
Icjiih       ri.  Item,  Celuy  tjui gardera  ma  Parole^  dit  Iefus  Chrift,  neyerra pointla  mdrt éternellement, 
Icjnf  Les  îiyfs  çptendpycnt  qu'il  parloit  de  la  mort  corporelle  :  mais  il  entendoitde  la 

moït  fpirùuclle,  Parquoy  il  fc  faut  donner  garde  de  prendreles  paroles  du  Seigneur 
par  les  çfaeueux, comme  on  dit>&  dire  à  la  volcc,fans  iugement  nydiferction, Ce- 
la eft  eferit ,  il  eft  clair  :  mais  il  faut  prudemment  regarder  à  ce  qu'il  veut  dire. 

Ivsq.vï  s  icy ,  mes  frères  bien  aymez,  tant  pour  le  zelc  de  voftrcfalut,  que  pour 
raraitiéqu.e  ievous  portc,&:  porteray  tant  qu'il  plaira  au  Seigneur  me  conferuerla  vie) 
iemefuisçlFQrce'Jelonla  mefuredegraecque  i'ay  receu  d  cnhaur,de  vous  faire  enten- 
CcfiddcMi  dre^tant  par  la  parole  de  Dieu  que  par  les  elerits  des  plus  anciens  Dodeurs,  le  vray  fens 
ïfmewtï1  de  ces  paroles, Cccj  eftmonco>p.  Et  ceay-iefait,d'autant  que  par  faute  de  les  bien  enten- 
cft  efforce  dre,eireurs  &:  abus  infinis  ont  efté  introduits  en  rEgufeChreftienne.Que  fi  par  le  pafîé 
^aid'^aux  &cnC0rcPo,jr  cc  iourd'huyon  euft  receu  ces  paroles  félon  1  intention  que  Chrift  les 
brebîf  de  ic  a  proferees»&:  félon  l'expolition  &:  interprétation  des  bons  anciens  Dodeurs,  il  eft  cer- 
fus Chrift  le  uin  qu'vn  feul  Dieu  feroit  ferui  6c  adore  en  efprit  &  verité,&  toutes fuperftitions  &c  ido 
cwparolles!  latries  mifes  fous  le  pied. Et  à  fin  que  ie  vous  puiffe  encore  d'auantage  &  plus  facilemet 
Matth.4    donner  l'intelligence  d'iceiles  paroles,  Cer?  eft mon  corpsy  Outre  ce  que  ie  vous  ay  îa  mis 
Rd  lcà     en  auant,Notcz  que  quand  noftre  Dieu  à  fait  quelque  promciîe  notable  &  de  grande 
obicrucr.    importance  à  l'homme,  iladecouftumeoudadioufter  quelque  ferment  ou  quelque 
ligne  viiible,  pour  plus  afleurcr  les  hommes  de  fa  promeife.  Comme  pour  exemple: 
Gcn"     voila,Dieu  qui  donna  la  vieàrhomme,&:  pour  figne&:  Sacrement  de  celle  vie  il  donna 
l'arbre  de  vie.  ce  Sacrement  eft  appelé  *Arbre  de  yie:  non  point  que  ccft  arbre  fuftla  vie, 
Gcnc.5>      maiscnccqu'ileneftoitlefigne&:  legage.AufïiàNoeaprcsle  déluge  Dieu  donna  lare 
du  ciel  pour  l'alfeurcr  de  fa  bienuueillance:&  faifant  alliance  auec  Abraham,il  luy  donna 
Koml       C  ;rco»c//îo»  pour  vn  ligne  delà  iufticc  delà  foy,&:  a  appelé  la  Circoncifion  du  nom  de 
txod.it     l'alliance. Puis  delmrant  les  enfans  d'Ifrael  du  palTage  de  l'Ange:  il  ordonna  yn  Agneau 
poureftre  mangé:  Or  t agneau  cftoit  appelé  le  pafTage:mcfmeencorque  ce  nefuft  que 
i.Cor.10     je  $acrerïlcnc  ^  ]e  {jgne:Et  la  Pierre  eft  appcllce  Chrift.  Et  ne  faut  icy  rien  dcfguifer,com 
me  aucuns  qui  difent  que  les  Sacremcns  anciens  ont  porté  les  noms  de  leur  vente  défia 
palTee  :  &c  qu'au  nouucau  Tcftamét  les  Sacremés  ne  portét  pas  les  noms  de  leur  vérité, 
mais  bié  la  vérité  pred  le  nom  du  ligne.  Ainfi  parle  M.l'Euefque  d\Arras,mais  ienc  fçay 
où  il  a apprins  celle  rciglegencrale  :  l'Efcriturc  &C  tous  les  anciens  Dodeurs  difcftf  tout 
autrement.  le  confefTc  bien  que  combien  que  les  Sacrcmens  anciens  fuflent  figures  de 
Chrift,neantmoins  ne  font  appelez  Chrift,ny  du  nom  du  corps  de  Iefus  Chrift,c3£  la  rai- 
fon  en  eft  claire  par  ce  que  les  Sacrcmens  anciens  eftoyent  fans  comparaifbn  plus  ob- 
feurs  &:  plus  ombragenx  que  les  noftres  du  nouucau  Teftament  :  &:  principalement  en 
l'appellation  du  nom,  &  en  plus  grande  facilité.  Or  ie  retourne  à  mon  propos,  Noftrc 
Bonté  de   Seigneur  voyant  que  les  hommes  eftoyent  difficilement  attirez  à  luy  par  beaucoup  de 
Dicufup-   bénéfices,  cftans  toufîours  incrédules  en  leur  naturel ,  a  voulu  donner  des  fignes  vifî- 
SrTîudeffê  ^cs  pour  fupporter  leur  debilitérà  ce  quc(par  manière  de  parler)ilrcndift  vilîblc  par  le 
&iniïrrnirc.  ligne  vifiblc,cc  qu'il  leur  promcttoit.  Voila  la  çaufcpourquoy  le  Seigneur  ayant  cfpan- 

du 


^Minifirès  des  Bgltfcs  du  Tais-bas.  680 

dufonfangpourlauernosamcs,iladonncle  iigncdcft  /^cwc^en  eau  matérielle, cô-  ApocJ.r: 
me  cy  deiîus  i'ay  dit:Ô£  donnant  fon  corps  6ç  fonfang  pour  la  nourriture  de  nos  ames  ,iJa 
donné  du  pain  6c  du  vin,  les  appelant  du  nom  de  ion  corps,&:  de  Ton  fangrpour  nous  al- 
feurer  qu'aulli  véritablement  que  noftre  corps  eft  nourri  6c  (ubftaté  du  pain  &:  du  vin,  Pfeau 
aufli  véritablement  le  corps  6c  le  fang  de  Chnft  rçceus  par  foy,  nourrirent  &  viuificnc 
noftre  efprit.  Or  fur  cecy  il  faut  tou  iiouts  bien  retenir  que  l'hom  me  a  deux  parties,à  fa-  Deux  vies, 
uoir  le  corps  6c  l'efprit,  &:  qu'il  y  a  deux  vies  en  Iuy,  à  (auoir  la  vie  terreftre  &  corporelle,  'Avr"c  terrc- 
laquelle  il  apporte  en  ce  monde:&  la  vie  fpirituelle  qui  eft  donnée  à  l'efprit  par  regene-  parîS^J 
ration  fpirituelle.  Ces  deux  vies  ontleur  nourriture,  lavieterreflrealepamO*  levinque  corPs>l'au- 
la  terre  a  produ  it  :  6c  la  vie  Tptntmlle  &  celesle  qui  eft  en  Pe/prit,  aie  corps  &>  le  fang  de  noflre  Sei-  "\\c 
^wewrquieft  lepainceiefte.  Le  cotps& le  fàngde  Chrift  ne  nous  fontpasdonnez  pour  ftc.tpcon" 
entretenir  noftre  vie  terrcftre:car  quand  iamaisnous  ne  le  receurions,nous  ne  laiiferiôs       1  c~ 
de  viure:comme  il  appert  des  Turcs  6c  Iuifs,  lefquels  ne  le  reçoy uent  pas  :  &:  cependant  " 
vjucnt  de  la  vie  temporelle.  le  dy  donc  que  puis  que  le  corps  6c  le  fang  font  dônez  pour 
nourrir  noftre  efprit,qu'illcs faut  receuoirfpirituelkment.Lecorps&léiàngdcChrift 
font  fubftantiels  &  corporels  :  mais  le  moyen  que  noftre  efprit  a  pour  en  iouir,eft  fpiri^ 
tuel&  par foy.  Enaprcs,  comme  i'ay  dit cydeiius,queChift  adonné  deuxehofes  en  ce 
Sacremétji  fauoirle  pain&:le  vin,&  fon  corps  8.:  fonfang:auflï  ie  dy  que  c'cftlacouftu- 
mc  de  J'Efcrjture  de  donner  au  figne  le  nom  de  la  chofe  lignifiée  par vne  figure  nômee 
metmimie.  Aucunefois  l'Efcriture  parlant  d'vne  partie  comprend  letoutpar  vne  figure 
appelée  Smecdoche^  à  fauoirle  tout  pour  vnepartie,  ou  vne  partiepour  le  tout.  Et  quand 
nous  déclarons  ainfU'Efcricure,  ceuxdel'cgliic  Romaine  difent  que  c  eft  ouurirla  por- 
te aux herefies:car,difcnt-ils,les  hérétiques  voudront'interpreter  l'Efcriture  à  leur  fan- 
taûe.  Mais  au  contraire,  iedy  que  finous  n'admettons  quelque  cxpofîtion ,  nous  ou-  Foureuiter 
urons  là  porte  aux  hérétiques  pour  maintenir  leurs  erreurs:  car  foudain  qu'ils  rencon-  tousiucon- 
trent  quelque  partage  difficile  de  rEfcriture,ils  dirôt ,  Voila  l'Efcriture,  il  ie  faut  là  arre- 
fter.  Pour  euiter  donc  tous  inconueniens,  il  faut  regarder  que  l'Efcriture  (corne  cydef  /eurement 
fus i'ay  dit)admet  des  figures:&:  fouuent  appelé  le  fignc,du  nom  de  Ja  chofe  fignifiee:  6c  £?ofcr rE- 
qu'ainfî  foit,ie  vo9  prie,  S.  Paul  n'appelé  il  point  la  Pierre  Cbriftîll  eft  vray  que  les  aduèrfài-  pafoscdoïc 
res  péfent  efchapper,diiàns  que  l'Apoftre  le  reftraint  à  la  pierre  fpiricuelle,  qui  eft  Chnft  ^{^cr. 
àlaverité&nonpar  figurermais  ieleuroppofcOngene  &  fain et  Auguftin,  lefquels  I  -  l'- 
ont ainfi  entendu,difans  que  L pierre figmfioit  chnfl:  6c  non  point  qu'elle  fut  Chrift  à  la  ve-  Éfcmure 
rité.Dauantage,fitouslesPercsq.uieftoyentau  defert  auoyent  beud'vn  mefmc  breù-  J^J: 
uagefpirituel  comme  nousjcommentferoit  vray  ce  que  dit  Chrift ,  VosVeresontmangéL 
manne  au  defert&* font  mortstmùs  quimàngeralepain  queie  donneray  ne  mourra  point 
éternellement.  Ceux  qui  auoyent  mangé  la  manne  ,&  ceux  qui  auoyent  le  corps  de 
Chrift,  tant  les  vns  quelcs  autres  mouroyent  de  la  mort  corporelle,  mais  on  doit  enten- 
dre qu'il  parle  de  la  mort  fpirituelle,  l'oppofant  à  la  vie  fpirituelle,  qucreceuoyent  ceux 
qui  mageoyent  par  foy  le  corps  du  Seigneur.  Ainfi  iedy,que  ce  manger  & ce  boire  fpi- 
rituel  des  Peres,duquel  fain£l  Paul  parle,  ne  fe  doit  feulement  rapporter  à  Chrift ,  mais 
aufli  à  la  pierre  qui  en  eftoit  le  ligne,&:  laquelle  mefmement  (comme  ianou  s  auons  dit)  1C0r.ro. 
l'Apoftre  appelle  Chnfl.  U  eft  pofiible  que  les  eaux  découlantes  de  ce  rocher  fuyuoyen  t 
les  enfans  d'Hrael,  6c  ceftecau  de  lapierre,  d'autant  que c'eftoit  vn  Sacrement,  eftoit  dite 
^W/f.comme  nous  appelons  viande  celefte  &:  fpirituelle  le  pain  6c  le  vin  delaCene,  Matlh 
6c  comme  le  Baptefme  d'eau  que  Iean  donnoit,e(t  dit  eftre  duael.Età  fin  qu'on  ne  trouuc 
mauuaife  l'expofition  que  nous  donnôs  aux  paroles ,  Cecy  eft  mon  corps, on  doit  fauoir 
que  l'Efcriture  parle  ordinairement  ainfi-.Dieu  dit  à  Abraham, Mon  alliance  fera  engra-  Gcn.17. 
uee  en  voftre  chair,&c.  6c  cependant  la  Circoncilion  n'eftoit  pas  fallianccmais  c'en  e- 
itoit  le  ligne.  Et  en  Genefe,  il  eft  dit  que  Iacob  édifia  vn  autel,  lequel  il  appela  lepuiffànt  Gen.33. 
Dieud'lfrael\6c  toutesfois  il  eft  certain  que  c'eft  autel  n'eftoit  pas  Dieu,encorcs  qu'il  fuft 
ainfiappelé.  Moyfe  ayant  obtenu  la  vi&oirc  contre  les  Amalecites*  il  édifia  vn  autel,  &  E*od.i7. 
appeiafon  nom  lehoua-NifiM  Seigneur  eft  mon  exaltation  ou  ma  bannière.  Et  Iercmie 
difoit  de  la  citc,qu'il  la  falloit  appeler  l'Eternel  no  flrciufîice.  L'Arche  de  l'alliance  qui  n'e- 
ftoit qu'vn  cofTre,eftoit  appelé  du  nom  du  Dieu  des  armées. Et  la  raifon  de  ces  noms  eft, 
qu'ils  expriment  6c  reprefentent  la  prefenec  de  la  maiefté  de  Dieu.  Serablablemét  auffi  Mm 3. 
fainct  Iean  Baptifte  appelle  la  colombe  qui  apparut  au  Baptefme,du  nom  dcl'Efprit:&  Jj^*. 
cependant  il  n'y  a  lî  iîmplc  qui  n'entende  bien ,  &:  qui  ne  fâche  auffi  que  ce  n'eftoit  pas 

YYy.iiii. 


Liurc^  VI IL  Difputes  de  Cjuy  De  Bres. 

là  le  S.  E{ brirrcar  vn  cfprit  n'a  ne  chair  ny  os  :mais  pource  que  cefte  colombe  eftoit  vn  li- 
gne certain  du  S.  Elprit,  pour  ceftc  caufe  eft-il  appelé  du  nom  de  la  choie  lîgnificc. 

D  I S  PVT  E  S  &  conférences  tenues  a  Vallencenes  ennc  Guy  àt  Bres  0*  François 
Richard  ot  euefque   cirrus ,  O*  antres  mentionne\en  iccllcs. 

'Autant  que  le  furplus  du  difcours  précèdent  que  Guy  efcriuit  pendat  fon  empri- 
sonnement pour  contermer  les  liens  en  la  vraye  &:  ancienne  dodiinc  desSacre- 
mcnsUftcôtenu  pleinement  au  liuredefia  mis  en  lumière,  Jes  Lecteurs  y  aurôtrecoui s, 
à  fin  de  dôner  lieu  en  celle  hiftoire  à  l'extrait  de  certaines  dilputes  que  ce  iaind  perl'on- 
nage  euft  contre  plulicurs  aduerfaires.  ^"En  premier  lieu  M.François  Richardot  hom- 
me lut  cil  (ayat  îadis  fait  profelïion  de  cognoiftre  la  vérité  de  l'Euâgilc,  lors  que  couuert 
Richardot  du  manteau  d'Auguftin,il  s'mlinuoic  aux  Cours,& depuis  deuenu  Euefque  d' Atras  )  fc 
cucfquc  d'-  tlouoaà  Valencencsle  x  v  1 1  i.d'Aunl  pour  conférer  (comme  il  difoit)auec  Guy.  Ceft 
AmS"       Euefque  à  fa  façon  blandilfantc  d'abord  via  de  cefte  rhétorique,  Qu,'ilauok  bonneopi- 
nion  de  Guy,ayant  ouy  dire  qu'il  n'cftoit  pas  colere,mais  railbnnable  ;  dont  il  fc  perfua- 
doit  qu'il  auoitvnzelçtle  Dieu ,Ôivnfoindefon  falut.Et  fur  cela  il  le  pria qu'il  ne le>  euft 
point  en  horreur,encores  qu'ils  fartent  d'autre  profertion  que  laliennc:&  qu'aulii  pour 
cela  il  ne  reietaft  les  remonftrances qu'ils  luy  feroyent.  ^A  ces  propos  Se  autres  fembla- 
bles  Guy  refpondit  que  leur  opinion  en  cela  eftoit  vraye,  &:  que  de  fait  il  auoit  le  zele  de 
Dieu, félon  qu'il  luy  en  auoit  fait  la  grâce  :  Tefmoinsi  dit-il ,  en  fonif  tous  mes  trauaux, 
peincs,&:  périls  cfquels  i'ay  chemine  par  longue  efpace  de  temps.  Cela  parte  l'Euéfque 
luy  demanda  de  quel  poind  ils  traiteroycnt:  Guy  dit,  fur  celuy  qu'illuy  plairoit:  Ô  r  lus 
donc,dit  rEuefque,parlôs  du  facrifice  de  la  MeiTe.Ic  penfe  que  vous  autres  auez  accou- 
ftumé  d'alléguer  contre  iceluy  ce  que  dit  Y  Apoftrc  aux  Hebrieux,  chap.  té.  Si  nota pechoi 
volontairement  après  la  co«noiffance  de  verité^l  ne  refiepba  de  facrifice  pour  lespeche\.  Or  l' A  poftre 
parle  en  ce  lieu  du  péché  irremiflîble,  pour  lequel  il  dit  n'y  auoir  de  facrifice. Cependac 
vous  confortez  bien  que  le  facrifice  de  Chrift  eft  touliours  vallablc  pour  les  autres  pe* 
chez.  y.  Monlieur,dit  Guy,yous  plaift-il  commencer  par  la  première  inftitution  delà 
Mefle:pour  fauoir  qui  l'a  ordonnee,ô£  quand.  Car,  monlîeur,ic  n'en  puis  rientrouuer 
aux  lettres  diuines.Iay  bien  leu  que  S.  Luc  qui  a  couché  par  eferit  les  faits  des  Apoftres, 
au  fécond  des  Actes  fait  vne  défeription  de  l'exercicede  TEglife  primitiue,  difant,  Quils 
perfeueroyent  en  lu  doctrine  des  ^Jpoflres,  en  la  communication,  en  la  fraction  du  pain ,  &  en  oraifon. 
On  fait  quelle  eft  U  doctrine  des  Apoftrcs.fain&  Luclemonftrepar  les  fermons  qu'il  en 
Exercices    a  couche  par  eferit  Vrayeftquece  qu'il  en  a  eferit  eft  comme  vn  fommairc  de  toute 
de  TEglife  |eur  dot\\  inc.  La  communication  font  lesaumofnes,commerApoftrelcsappele,difantaux 
Apoftrtsf"  Hebrieux,  N  oubliez  la  beneficence  de  la  communication,  Sec.  Par  la  fraCtion  du  pain ,  il 
entéd  la  faincte  Cenc:&:  par  C oraifon  il  entend  les  prières.  Or  fi  la  Méfie  eftoit  en  ce  téps- 
Hebr.13.    la,  S.  Luc  ne  s'en  dcuoit  taire,  veu  quec'eft  vn  facnfîce  profîtant(commc  dit  l'eglife  Ro- 
maine )  aux  vifs  Se  aux  mors.  Cela  n'euftgueres  courte  d'efcrireàS.  Luc,  lequelabicn 
parlé  de  plulicurs  choies  fans  côparailon  moins  necclfaircs  que  la  Mefle,voire  li  elle  eft: 
fi  fain&e& valable  comme  on  dit.  C  L'Euéfque  dit  fur  cola  ,-quc  la  Meflc  ne  lailîbit  pas 
d'eftrealors,carc'eftoit  la  Cene:&  les  Apoftres  ne  l'ont  voulu  appeler  du  nom  deSacri- 
fice,de  peur  qu'on  ne  penfaft  qu'ils  eullent  encore  voulu  retenir  le  peuple  es  facrifices 
ancies  de  la  Loy,mais  que  pour  cela,la  Cene  ne  laiflbic  pas  d'eftre  facrifice.  G  v  y  .  Mon- 
fieur,li  pour  ce  refpeft  les  A  poftrcs  n'ôt  ofé  appeler  la  Cene  Sacrifice, pourquoy  a  faincl: 
Paul  donné  le  nom  de  la  Ctrconàfion  au  Baptefme ,  Se  appelé  la  viande  de  noftre  Cene  du 
nom  dePafqueancienne^.Lcsûdclcsfont^^clcztempledeDieuiYEglitceiïi^elcc  du  nom 
Cobf.x.     de  / 'ancienne Ierufalem>de  Sion.  Chrift  eft  appelé  noftre  ^utc/.Et  tant  s'en  faut  que  la  Cene 
ï.Cor.6.     cftant  appelée  du  nom  des  Sacrifices  ancicns,cuft  fait  quelque  rerardement  aux  fide- 
Hebr,i3.     jCS)  qucc'euft  pluftoft  efté  quelque  moyen  pour  les  attirer,  quad  ils  eullent  ouy  fonner 
en  leurs  aureillcs,  ce  nom  de  Sacrifice,  lequel  leur  eftoit  fort  plailant:  ie  dy  tât  aux  Iuifs 
qu'aux  Gentils.  L*  Euefque  luy  dit  que  les  anciens  trejprochains  du  temps  des  apoftres ,  auoyentap- 
peléla  Cene  Sacrifice.  U  eft  vray,dit  Guy ,  c'eftoit  à  caufe  du  lacrificc  d'adtion  de  grâces  qui 
Pourquoy  s'y  faifoit tSc  aulsi  des  aumofnes  :  ioint  que  les  fidèles  s'offrent  cux-mcfmes  en  facrifice  à 
ont^pdé  Dieu,  fc'on  qu'à  ce  faire  les  exhorte  l'A  poftre:  mais  auez-vous  leu  qu'aucuns  de  cesan- 
1»  Cene  Sa-  cicns-la  ayent  vfé  de  ces  m  ots,  Nous facrifions  le  propre  corps  de  Chrift>  &*  t  offrons  a  Dieu ,  pour 
crificeî      appliquer  aux  yiuans  &*  aux  morts  U  mérite  de  la paÇton  du  Seigneur 3  L'Euéfque  luy  dit,  Et  quad 

vous 


Difputts  de  Cjuy  de  %es.  681 

vous  faites  la  Cene,  en  vos  prières  vous  oificz  Icfus Chrift  ôde  mérite  de  fa  paffion  à 
Dieu  le  Pcrcpourrecompcnfe  détoures  vos  fautes. G  v  y.  Monfieur,  nous  faifons  ordi- 
nairement cefte  prière  à  Dieu,  &non  pas  feulement  en  la  Cene:demandans  à  Dieu 
qu'il  ne  regarde  pas  en  nous,mais  en  la  face  de  fon  Chrift.  Or  quant  à  vous,  &:  ceux  de 
voftreeglile  Romaine,  n'ofFrez-vous  pas  autrement  Chrift  en  la  Méfie?  Si  vous  ne  l'of- 
frczautrcmcnt,pourquoy  donc  dit-on  qu'on  l'offre  en  chair &:  en  os,aulîîgrâd&:  gros 
qu'il  fut  iamais:  Sur  ce  l'Euefquc  rc(pondir,Qu  ils  n'orfroyent  rien  autre  choie  finon  le 
mefme  facrifice  que  le  Fils  de  Dieu  auoit  fait,  &  queceftuyla  mclme  eftoit  offert  par 
eux.G  v  y  reliqua,Ccft  donc  vne  chofe  fanglantc  que  vous  offrez:  car  Chrift  au  facrifi- 
cc  qu'il  a  fait  en  la  croix,  a  efpandu  fbn  fang,&:  vous  oftrcz(ditcs  vous)  ce  mefme  facrifi- 
ce:il  s'enfuit  qu'il  eft  fanglant:  ou  autrement  ce  n'eft  pas  le  mefme.  L'Euefque  demeu- 
rant là  deffusafiez  court,  dit,quibojfroyent  le  propre  corps &JangdeChrift.  G  v  y  refpôdit:Si 
le  corps  &:  le  fàng  font  offerts  en  la  MeiTe,  c'eft  donc  vn  facrificc  fanglant.  Et  quand  les 
Anciens  ont  parle  d'vne  hoftie  fans  fang,  ils  entendoyent  que  c  eftoit  vn  Sacrement,  v- 
ne  figure  de  fhoftiefangla  te  qui  auoit  efte  vne  fois  offerte  en  la  croix. G  v  y  en  après  in- 
iifta  allez  long  temps,à  lauoir  fi  le  nom  de  facrificc  eftoit  donné  proprement  à  la  Cene: 
car  fi  c'eft  proprement,  fienfier  eft  tuer,  comme  il  appert  au  fàcnfîce  d'Abraham  :luy 
cftant  commandé  de  facrifîerlfaac,  Abraham  entend  qu'il  le  faut  tuer:comme  auffi  Gcncfc 
ïephté  faifant  vœu  au  Seigneur,que  s'il  luy  donnoit  en  main  les  enfans  d' Ammon,qu'il 
facrifîcroit  en  holocauftc,le  prem  îcr  qu'il  rencontreroit.  Si  la  Cene  eft  proprement  ap 
pelée  Sacrifîce,il  s'enfuyura  que  Chrift  y  fera  occis.  Or  pu is  que  Chrift  n'y  eft  point  oc- 
cis,c'eft  dôcimpropremet  qu'on  l'appelle  Sacrifice,commele  Baptefme  eft  impropre- 
ment appelé  Circoncifion.  ^Làdcffus  ils  le  trouuerent  bien  empefchez.Et  eux  ne  pou  Co  0 
uansfatisfaire,rompans ce propos,entrerentenvn autre. C'eft  qucl'Euefqucvintàla 
diftin&ion  delaparolcde  Dieu  efcritc,&:  non  efcrite:&  dit  que  toutes  les  EpiJtres  des^po» 
Jhresncjont  pastrov.uees  %&  qu  il  eftvrayJembUble  que  les  apoftres  en  ont  ef&itdauantage  que  nous 
nauonsaprejent^jquellesils  peuucnîduoir  eferit  d'autreschojès. G  r  y.  le  ne  trouue  qu'vne  Epi- 
ftredefaind  Paul  perdue, afTauoir  celle  qu'il  efcriuoit  aux  Laodiciens:  de  laquelle  il  eft 
parle  aux  Coloflicns^  Il  eft  vray  qu'il  s'en  treuue  vne  de  ce  titrc,mais  elle  eft  fuppofee. 
Et  ores  que  les  A  poftres  euffent  eferit  dauatage  que  ce  que  nous  auons,il  faut  que  tout 
ce  qu'on  dira  cltrc  procédé  d'eux,  s'accorde  auec  ce  qu'ils  ont  eferit:  autrement  fi  on 
tact  enauantquelquechofequifoitdifcordantcàcequ  îlsont  e(erit,à  qui  fera-on  ac- 
Croire  que  cela  foit  des  Apoftres?  Quand  l'Ange  eut  commandé  a  Corneille  centenicr,  *a  IO,& 
d  enuoycr  en  Ioppe  quenr  Simon  Pierre,pour  luy  dire  les  paroles  par  lefquelles  ilferoit 
fauué  luy  &:  toute  fa  familleren  toutes  ces  paroles,  il  ne  luy  parla  aucnncmét  delà  Mef- 
fe,ncd'autrc  facrificc  que  de  ce  grand  facrifice  que  le  Seigneur  Iefus  auoit  vne  fois  fait 
en  la  croixme  d'application  finon  par  foy.  Vn  Cordelicr  là  eftant  allégua,  Que  comme 
le  facrificc  de  la  Loy  Mofaiqucferuoit  pour  appliquer  la  mort  de.Chrift  aux  hommes  : 
qu'ainfilefàcrificedelaMefieferuoitpour  appliquer  la  mortdu  FilsdeDieuaux  gens. 
G  v  y  refpondit  quecen'eftoitpasvnargumét: déchoies  fcmblables:Lesfacrificesde 
la  Loy  eftoyent  ordonnez  par  la  parole  de  Dieu  ,lel'quels  cepédant  ne  pouuoycnt  ofter 
les  pechez-.la  Meflcne  fc  trouuenon  plus  au  vieil  qu'au  nouueau  Teftament,commenc 
donc  nous  pourra-elle  appliquer  la  mort  de  Chrift  ?  L'Euefque  dit  fur  cela  que  les  apo- 
ftres vfoyent  de  liturgies,  <&  que  les  Grecs  appellent  la  Mefjc  Z/ft»g/c.CeIa,dit  G  uy,  eft  aux  A  îles  Actes  g.1 
des  Apoftres,  Que  les  Prophètes  &:  Do&eursde  l'Eglifc  d'Antiocheminiftroyent  au 
Seigneur,&  îufnoyenr.ie  demande  donc  s'il  entendoit  que  là  il  fuft  parlé  du  facrifice  de 
laMcfie. Le Cordelwr  rcfpondit,qu'Erafmel'auoitainfi  traduit.Commcnt(dit  Guy)pour 
facrifice  de  la  MefTc.?Il  rcfpondit,pour  facrifice.    Monfieur,  dit  Guy,vous  fauez  que  ce 
mot  GrccdeZ/r«r£/e,fcpréd  ordinairement  pour  Adminiftration,  de  quelque  forte  que  Liturgie.' 
ccfoit,  comme  on  voit  en  l'Epiftreaux  Romains  treizicmecha.  où  il  eft  parlé  du  Magi- 
ftrat,qu'il  eft  miniftrede  Dieu:  ce  mefme  mot  duquel  vfe  faincl:  Luc  aux  A&es,  eft  auffi 
eferit  en  la  mefme  Epiftre  aux  Rom.    Item  en  celle  aux  Hebricux  premier  chapitre, 
rApoftrevfedecemcfme  mot  de  Liturgie,quandilditqueles  Anges  font  cfprits  ad 
miniftratcuts:dira-on  pourtant  que  le  Magiftrat  doiue  chanter  la  Méfie,  &:  les  Anges 
pareillement?  le  fay  bien  que  ce  nom  eft  donné  au  pere  de  Iean  Baptiftc,lequel  eftoit  fa 
crificateur:  mais  îlfaudroit  prouuerquç  les  Apoftres  eftoyent facrificatcurs ,  deuant  Luccha. 
qu'on  les  puifTc  tirer  &  admettre  à  ceft  office.    Or  on  ne  les  prouuera  iamais  tels ,  car 


Liurts  VIII.  Difputes  de  Cjuy  de  Bres. 

Chrift  ne  lcuranoit  pas  conimandé(quand  il  les  cnuoya)d'aller  chanter  la  Mcflcrmais 
de  prefeher  l'Euangile.  Et  ainfi  ce  mot  de  Liturgie,  qui  eftlà  couché,  doit  eftreprins 
pour  la  charge  Ôc  adminiftration  des  Apoftres,  qui  eftoit  de  prefeher,  faire  prières,  &cc. 
&nonpas{acrifier.Queleshornmcs,dicS.Paul,eftiment  de  nous  comme  de  miniltres 
de  Chrift,&  difpenfateuts  des  fecrecs  de  Dieu.  Il  ne  dit  pas  (acrificaceurs.  ^  Guy  dc- 
mandaderechef  à  lTucfquc,s'il  eftimoitquelcs  Apoftres  euiTenc  chante  quelqueMef- 
fe:il  refpondit  que  non:mais qu'il  cftimoit  qu'ils  faifoyenc  la  Cene,&:c.  ^  O  R  la  dil'pu- 
tefepaiîaauecbeaucoup  de  femblables  propos  ,  le  tout  amiablement  &c  fans  colère. 
L'Euefqueluy  monftroitgrandeamitié,promcttant  de  le  venir  encore  vi/iter.Ôi  Guy 
le  remercia  treshumblemcnt  de  la  peine  qu'il  prenoit:&:  qu'il  fera  toufiours  le  bien  ve- 
nu. &l  fur  cela  on  fe  partit  les  vns  des  autres. 

VOil  a  cnfommeccqueRichardotaccompaigncdc  plufieurs  autres  fes  fem- 
blablcs  traita  aucc  M. Guy, en  la  première  difpute,cxtraitedcs  eferits  qui  en  ont 
efté  faits,&  publiez  par  imprefsion.En  fin  deiquels  cefte  côclufion  fut  par  iceluy  eferi- 
teaux  fidèles  de  Vallencéncs  ainfi  que  s  cni'uit-.Mesbrebiettes  faites  voflrc profit  de  ces  (hofèst 
&  de  toute  la  doctrine  que  ie  yous  ay  prefcheeja  reduifant  fouuent  en  yoftre  entendement. Prie\Jbuu 
fans  ceffe  pour  y  oflreperfeuerance,^* pour  la  fortification  des  infirmes  &  débiles  en  lafoy.  Et  notam- 
n  fait  ai-  ment  ne  m  oublteTi  pas  en  y  os  prières  tant  que  ie  feray  en  cecombat:  carcefl  pour  yous      pour  yoftre 


J"'!?du  f*J-  f°y  ^Me'e  bataille,  &  pour  laquelle  {fi  le  Seigneur  le  y  eut)  volontiers  deTpendray  *  &  feray  dépendu. 


gert 


w'nncm'i!  quant  amoyie  ne  vows  oublieray  iamavi,  tant  que  ie  feray  en  ce  bas  monde.  le  yous  ay  efcrit 

u  menafib-  affe\,aulongde  cefte  matière  de  la  Cene  &*  De  la  M  effe,dï  autant  que  ce  font  les  points  principaux  fur 
lefquels  à  prefent  ceux  de  l'egltfe  Romaine  infftent.  Et  cela  ay-ie fait  pour  le foing  que  iay  de  voftre falut. 

^ÎVTRES  dijputes  tenues  le  X  X I 1.de  May.M.  D.  L  XV 2 1  l.enla  fille des 
prtfons  ie  Vallencennes. 

Nv  i  r  o  n  les  huit  heures  du  matindu  fufditiour,pour  la  féconde  fois  l'euefque 
j'd'Arras  reuintaccompagnédcgrandnombredGpreftres,  &degens  qu'on  ap- 
pcHe  Ecclefiaftiques,&:  autres,vcrs  lefquels  G  v  y  fut  mene':&  après  les  falutations  fài  - 
tes  d'vne  part  &:  d'autre,  l'Euefquc  fit  approcher  Gv  y  près  de  la  table,  àc  afleoir  vis 
à  visdeluy:&:tous  les  autres  eftoyent  à  l'cntour  de  ladite  falle  :&:  eurent  plufieufs 
propos  de  la  Méfie  &:  de  la  Cene.  ^Or  les  propos  d'eux  furent  tels.  llEuefque,  Et 
bien, M. Guy, depuis  que  nous  parlaimes  dernièrement  enfemble,  comment  vous 
eftes-vous  trouué.?Eftes-vous  toufiours  en  vn  mefme  eftatrN'aucz-vous  pas  penfé  aux 
propos  que  nous  eufmes  dernièrement  enfemble?  G  v  y  ,  Mon  fieur,  ie  loue  mon  Dieu 
&Perede  ce  qu'il  luyplaift  cfpandrc  fa  mifericorde  paternelle  fur  moy,  me  confolant 
&:  fortifiant  d'vne  merueillcufe  façon  en  mes  liens  &  afflictions:  en  quoy  i'apperçoy  à 
l'œil  &  touche  à  la  main  la  fermeté  &  fidélité' de  fes  promeltes:  dont  ie  le  remercie  de 
tout  mon  cccur,luy  priant  de  continuer  iufques  à  la  fin  de  ma  vie:&:  au  refte  ie  me  fens 
toufiours  de  mcfmc,&:  d'vn  mefme  cftat.Z'£«e/^«e, Commentée  vous  penfoye  trouuer 
du,tout  changé,  félon  l'cfpcrancc  que  i'en  conecu  dernièrement.  Vous  voulez-vous 
clorre&:  ferrer  à  l'encontre  de  la  vérité  ?  O  monfieur  Guy, mon  frère  &:  amy,  ie  vous 
prie  de  ne  vous  point  opiniaftrer  en  voftre  fens,  &  ne  point  préférer  voftre  iugement 
au  iugement  de  toute  l'cglifc, 6V:  de  tant  de  fauans  perfonnages  qui  ont  eftédeuant 
nous.  ^"Noustraitafmcs  dernièrement  du  facrifice  du  corps  &:  du  fang  du  Seigneur 
Icfus  Chnft  en  la  Meife,  lequel  les  Anciens  difent  auoir  efté  en  vfage  du  temps  des 
Apoftres,  difans  fouuent ,  Nous  offrons ,  parlans  del'Euchariftic.  C'eft  mcrucille  com- 
ment vousaimez  mieux  croire  à  vnc  doctrine  qui  a  commencé  depuis  quarante  ans 
ouenuiron,afauoirproduitc&  mifeenauantpar  OEcolampade  &:  Caroloftade,  qui 
en  ont  efte  les  premiers  autheurs.  Certes  il  me  femble  qu'on  doit  pluftoft  croire  aux 
Anciens  qui  difent  que  l'Euchariftie  eft  facrifice,  qu'à  vous  autres  difans  le  contraire. 
Iefay  bien  quelle  chofe  vous  me  refpondrez,  que  fainft  Paul  aux  Hebr.dit  que  Chrift 
s'eft  offert  vne  feule  fois:maisie.vousrcfpondray,  que  ce  que  nous  faifons  en  la  Méfie 
n'eft  pas  vn  autre  facrifice  que  celuy  qu'il  a  défia  fait:  nous  n'en  faifons  point  auiour- 
d'huy  vn  &  demain  vn  autre:  c'eft  toufiours  le  mefme  lequel  nous  offrons,  non  pas 
comme  il  s'eft  offert  en  la  croix.car  là  il  s'eft  offert  pzrpreftationdemerites.mais  nous  l'of- 
frons comme miniftres&  exécuteurs  de  fonTcftament  par  application  dudit  meri- 

te.Et 


Bifputes  de  Çuy  de  %es.  682 

tc.Et  m'cfbahi  comment  vous  trouucz  cela  cane  eftrange.  Nous  difons  que  nous  of- 
frons Ielus  Chrift  à  Dieu  le  Pere  pour  nos  péchez:  en  voftre  Ccnc  ne  preièneez-vous 
pas  lefus  ChriiH  Dieu  pour  vos  pechez?neluy  priez- vous  pas  qu'il  vous  applique  les 
indices  de  la  mort  Se  paillon  de  (on  FilsrG«y,Monfieur,ie  ne  fay  quelle  efperance  vous 
auiez  dernièrement  conceu  de moy:fi  vous  auezpcicdemegaignerà  voftre  religion, 
ie  ne  penfe  pas  vous  en  auoir  donné  occafion:ii  ce  vieil  que  vous  l'ayez  ainli  penfc,  de 
ce  que  i'ay  dit(&  encore  le  dy  à  prefent)à  fauoir  que  ie  n'ay  iamais  efté  opiniaftre  pour 
me  clon  e  &c  fermer  contre  droit  &raifon.Maisiufques  à  prefentien'ay  rien  apperecu 
de  tout  ce  que  i'ay  ouy  quifoitfolide  &  ferme  pour  m'arrefter  là  deflus,&:  quitter  le 
certain  pour  l'incertain.fur  quoy  à  bon  droit  ie  fuisencore  au  mefme  eltat  que  i'ay  efté, 
iuiquesàcequcparvifstefmoignagcsdela  parole  de  Dieu,  vous  m'ayez  fait  appaioi- 
ftre  le  contraire.  Au  refteie  ne  fuis  pas  opiniaftre  :&  ne  préfère  pas  mon  iugement  au 
iugemenc  dei'Eglife.Mais  bien  ie  préfère  à  bon  droic  &  à  iufte  cauic  l'Egliie  ancienne 
&  primitiue,cn  laquelle  les  Apoftres  auoycnt  dreifé  toutes  chofes  ielon  l'ordonnance 
deChrift,à  l'eglifede  noftre  temps, laquelle  eft  chargée  d'vne  infinité  de  traditions 
humaines,&laquelIes'e{labaftardied'vnemerucilleulèfaçondecefteancienne  Egli- 
fe:à  bon  droit,dy  ie,ie  me  tiensàce  que  la  première  a  receu  parles  Apoftres.  Car  Ictus 
Chrift  enl'Apoc.chap.z.ditàceuxdeThyatire,  quidifoycntnc  cognoiftre  les  crom- 
peries  profondes  de  Satan, pour  fe  pouuoir  garder  delà  faune  do6lrine:Ie  n'enuoveray 
pas  fur  vous  autres  charges:  feulement  ce  que  vous  auez,  tenez-le  iufques  à  ce  que  ic 
vienne. Il  n'euft  pasainii  parlé,s'ileuftfaliïreceuoir  tout  ce  que  l'eglile  Romaine  a  for- 
gé. ^ Quant  eft  du  facrifice  de  la  Meiîc,que  les  Anciens  (félon  voftre  dire)diienc  auoir 
cfté  en  vfage  du  temps  des  Apoftres, ie  vous  prie,  moniieur,  m'en  nommer  vn  leul  qui 
ait  dit  ce  que  vous  ditcs,&  vous  me  donnerez  matière  d'y  penfcr.Ie  fay  bien  qu'Irenee 
cucfque  de  Lyon  qui  eft  des  plus  anciens  après  les  Apoftres,  dit,  <\ue  nom  offrons  a  Dieu  [J^0^. 
les  chôfes  qui  font  k  luy,prefchans  continuellement  la  communication  vmtéde  la  chair  &  de  ïeffrit.  34. 
Car  quand  au  pain,qui  eft  de  la  ter><e,precedc  la  yocation  de  Dieu,cen\ft  alors  plus  pain  commun,  mais 
T.uchariihe  confiftanten  deux  chofes,à  fauoir  terrienne  &  celefte.ainfinos  corps  receuans  /'  Euchariftie 
nefbntplm  défia  corruptibles  ^  ansl  'efterance  de larefurreilion.  Or  nom  luy  offrons  non  pas  comme 
a  aucun  qui  iftindi*cnt>maisrcndans grâces  a  fa  domination  fancltfians  Ltcreature.  Voila  les  pro- 
pos d'Irenee,  lequel  appelle  le  pain  delà  Cene  Euchariftie,  c'eft  h  dire  a&ion  de  grâces,  hCeme 
combien  que  ce  foit  improprement:  car  ce  n'eft  pas  l'a&ion  de  grâces,  maisl'inftru-  «ômecEu 
ment  par  lequel  nous  rendons  grâces.  Car  on  ne  fe  preiénte  pas  à  cefte  fain&e  table  chariitlc' 
pour  prefenter  &:  donner  quelquechoieà  Dieu  lequel  n'a  faute  de  rien  :  ains  nous  po- 
urcs&indigens3venonspourprendre&:  receuoir  ceque  Dieu  nous  y  prefente  6c  of- 
fre.Puis  il  reçoit  pour  aggreable  le  facrifice  de  louange  que  nous  luy  prefentons.  Voila 
bien  ceque  dit  ce  faind  perfonnageIrenee,mai5  que  fait  cela  pourlaMeiTe?Moniîeur, 
fî  vous  auez  quelcun  des  Anciens  quiaitvefcu  prochain  des  Apoftres,qui  ait  dit  que 
les  Apoftres  facrifioyent  le  corps  de  Chrift,  ou.  Nous  facrifions  le  corps  du  Seigneur 
pour  la  remiflîon  des  péchez  en  la  Cene,  vous  me  ferez  vn  fingulier  bien  de  le  me  met- 
tre en  auanr.car  i'ay  leu  diiigêment  Irenee,Iuftin,Tcrtullian,&:  Origene,qui  font  les 
plusanciens.Maisicn'ay rienleudecequevousdites.Quantàce  que  vous  dites  que 
iemctienspluftoftàvn  OFcolampade,ou  Caroloftade  :  Iecognoy  le  premier  pour 
vn  grand  icruitcur  de  Dieu, lequel  ne  doit  eftre  noté  d'auoir  mis  en  auanc  vnc  nouuel- 
lc  do£trinc,cnenfeignant  de  faire  toutes  choies  en  1  Eglife  comme  les  Apoftres  l'auo- 
ycntenfeignéenreglifeprimitiue,&:dequiccer  toutes  les  nouucautez  que  les  hom- 
mes auoyent  inuétees.  Vous  dites  que  vous  offrez  lefus  Chrift  en  la  Meile  comme  mi- 
niftrcs  de  Dieu,&  par  application  démérite.  Ievous  refpondray  tancoften  lieu  propre, 
feulement  ie  vous  di  fur  ce  dernier  poincl  de  voftre  harcngue,qui  eft, que  vous  deman- 
dez finous  n'offrons  pas  lefus  Chrift  en  noftrc  Ccne.Certcs  nous  ne  l'offrons  pas,  mais 
Dieu  nous  l'offre  pour  noftre  nourriture  fpirituellc.  Parquoy,  monfieur,  derechef  ie 
vous  prie,fi  vous  auez  quelque  tcfmoignage  que  les  Apoftres  ayenc  appelé  la  Cene  fa- 
crifice, ou  qu'ils  ayent  dit,  Nous  offrons  Chrift  à  Dieu  fbn  Pere,ou  que  quelcun  des 
plus  anciens  Docteurs  ayent  ainli  parlé,que  me  le  mettiez  en  auant.Z'£w^«e,Ie  n'ay 
pas  fort  bon  loifir  de  fueilleter  les  hures  des  Ancicns,tant  y  a  neantmoins  qu'il  fe  trou- 
vera qu'ils  ont  appelé  la  Cene,facrifice,&:  entre  autres  Chryfbftome. Quant  aux  Apo- 
ftres ie  ne  trouuc  pas  qu'ils  l'ayent  nommée  facrifice,  de  peur  de  fcandalifer  lesChre- 


Liurc^  VIII'  Difputes  de  G uy  de  Bres. 

fticns,&:  qu'on  euft  penfc  qu'ils  cuiïent  voulu  mcflcr  les  faciifices  de  la  Loy  parmi  l'E- 
uangile.Voila,ce  me  iemble,la  caufe  pourquoy  ils  ont  fait  difficulté  de  la  nommer  de 
ce  nom,combié  que  fainet  Paul  aux  Hebr.chap.  1 3  .appelle  la  table  de  la  Cene  du  nom 
Grec  Tijiajltnon^ui  lignifie  autel. Etcertcsilmefemble  que  ce  feroit  en  vain  que  les 
Anciens  einTent  appelle  les  miniftres  de  l'eglife  de  ce  nom,  Sacerdotes^  qui  vaut  autant 
que  lacrificateur,s'ilsn'eftoyét  quelque  choie  en  l'Eglife.  G«7,Iefay,Mon(ieur,  qu'au- 
cuns des  Anciens  ont  appelé  la  Cene  du  nom  defacrifice,maisc'eftcn  la  lignification 
deifuldice,à  lauoir  à  caufe  qu'on  y  offre  action  degraces,&  aufTi  à  caufe  qu'en  reccuanc 
le  pain  &:  le  vin, qui  font  Sacrement  du  corps  &:  du  làng  du  Seigneur,  on  y  faifoit  mé- 
moires: recordation  du  facrifice  quiauoitvne  fois  efté  fait  en  la  croix  :&:  de  cela  ic 
peux  produire  plusieurs  Anciés, entre  autres  ceux  cy,àfauoir,IuftinMiicyr, lequel  cft 
trel'ancien  .Loblation,dit-il,laquelle  eft  baillée  afin  qu'elle  loit  offerte  pour  celuy  qui 
eft  nettoyé  de  la  lepre,a  efté  figure  du  pain  de  l'Euchariftie,  lequel  noftre  Seigneur  Ic- 
ius  Chnft  a  commandé  faire  en  mémoire  &c  commémoration  de  fa  paflîon,  laquelle  il 
a  foufïert  pour  purger  les  hommes  en  leurs  ames  de  tous  vices,à  fin  qu  enlcmblc  nous 
cuchanftifsions,c'eft  à  dirc,que  nous  rendions  grâces  à  Dieu,tanr  à  caufe  qu'il  a  ci  ce  le 
monde  auec  toutes  les  chofes  qui  font  en  iceluy  pour  l'homme,  &:  à  caufe  qu'il  nous  a 
deliu  ré  de  nos  vices  &:  pechczefquels  nous  eftions,&  que  par  vne  parfaite  deftriktion 
iladeftruitlesprincipautcz&les  puiffanecs  par  celuy  qui  a  efté  fait  paisible  îelon  ion 
confeil.  Voila  ce  trefancien  perfonnage  qui  dit  que  l'oblation  du  ladre  ncttoyc,  eftoie 
figure  du  pain  de  la  Cenc,lequclle  Seigneur  a  commandé  receuoir  &  prendre  en  la 
memoire&  commémoration  du  facnfice  qui  a  efté  offert  pour  nous  purger  de  nos  pé- 
chez^ pourtant  il  ditjNous  Euchariftiifions,c'eft  à  dire  nous  rendions  grâces  à  Dieu. 
Il  ne  dit  pas, Nous  offrions  Iefus  Chrift  au  Pere  pour  nos  péchez. Sainct  Auguftinefcri 
uantco»rrrfF^/?«w,liureio.chap.i8.dit,Les  Hebrieuxfacrifians  les  belles  brutes  s'exer 
çoyent  en  la  prophétie. L'hoftie  que  Iefus  Chrift  a  ofFerr,&:  maintenant  les  Chreftiens 
en  l'oblation  &  communion  du  corps  de  Iefus  Chrift  célèbrent  la  mémoire  du  facrifi~ 
ce  dcfia  parfait.  Il  ne  dit  pas  qu'ils  offrent  realcment  Iefus  Chrift  à  Dieu  pour  les  pe- 
chcz:mais  que  feulement  en  la  communion  il  s'y  fait  mémoire  du  facrifice  défia  par- 
fait.Puîs  après  le  mefmc  Auguftin  o)«rr4Frf«/?«w,liurcio.chapitre2i.dit, La  chair  8c  le 
fang  de  ce  facnfice  eftoyen  t  promis  deuant  l'aduencment  j>ar  les  victimes  des  fimilitu- 
des:cn  la  pafsion  de  Chrift  ils  ont  cité  rendus  parla  vérité  mefme:apres  l'afcenfîon  de 
Chrift  on  les  célèbre  par  le  Sacrement  de  mémoire.  Puis  qu'il  dit  que  cela  fe  célèbre 
par  le  Sacrement  de  mcmoire,il  monftrc  clairement  que  la  vraye  chair  &  le  vray  fang 
du  Seigneur  eft  efpandu  à  la  vérité  en  la  croix:  mais  qu'en  la  Cene  cela  fe  fait  par  mé- 
moire^ non  pas  règlement.  Ceftefentence  me  fcmble  fort  claire.  Quant  à  Chryfo- 
ftome,lafentence  que  vous  voulez  alléguer  d'iceluy,cft  eferite  en  l'homélie  17.  fur 
Ckvf  flnf  ^P'ft-^X^k'OÙilditainfi,  N'oj^^  certes  noHS  offrons  >mais 

me  HomeL  n0M  ^ faifons  en  recordation  de famort\&*  ctfle  hoslie  eftyney& non plufieurs  :  & pottree  que  cesle 
17.  fur  les  hofiie  a  efié offerte  vne Jêulefot6,elIe  a  efté offerte  au  lieu  tre ffain^\  or  ce  facrifice -cy  eft  exemplaire  &* 
*****       figure  iïiceluy. te  vn  peu  après  il  dit,  Noftre  grand  Sacrificateur  eft  celuy  quinous  a  offert  l'hoftie  net- 
toyantc,&  icellc  eft offerte  par nous  qui fut lors  offert e,  &qui  ne  fe  peut  confumer.  Ce  donc  que 
nous  faifons  cft  fait  en  recordation  de  ce  qui  a  efté  fait,car  il  dit,Faitcs  cecy  en  mémoi- 
re de  moymous  ne  failbns  pas  vn  autre  facrifice  comme  le  facrificateur,  ains  nous  fai- 
tj         fonstoufioursceftuy  la  mefme.  &:  pour  mieux  dire  nous  faifons  la  mémoire  du  facrifi- 
ûeSur  îê  ce  qui  a  efté  fait.  Theophy lacté  fur  le  io.chapitredes  Hcbr.cn  dit  autant,  Nous  auons 
io.dcs  Hcb.  ync  oblation  &  nonplufieurs^combien  que  ce  foiticelle  mefme  quia  efté  offerte  ynefots.  Nous  offrons 
toufiours  teelîe  mefme,  ou  plusloft  nous  faifons  mémoire  dt fon  oblation ,  comme fi  maintenant  il  efloit 
immolé  au  teps  prefent-.par  oh  il  appert  que  noftre  facrifice  eftvn,&*  quen  la  Loy  ily  en  auoit  plufîeurst 
qui  s'offroyentfouuentyh  fin  quils  profitaffent  plus  c£*  à  plufieurs  :  mats  le  noslre  eft  vnique      y  ne  fou 
vffertS.  Cyprianfait  aufsi  pour  nouSjliu.t.Epift.j.à  Cecilc,difant que  c'eft  lapafiion  de 
s.Cyprun  it fus  chnft  que  nous  offrons.lc  vous  pric,qui  cft  l'homme  tant  ignorant  qui  ne  fâche  bien 
Epift.3.  lu.       ja  pafsjori  ju  Seigneur  n'eft  pas  là  prefènte  dedanslcs  mains  du  Miniftreîll  y  a  long 
temps  qu'il  a  enduré, mais  c'eft  la  memoirc&:  la  recordatiô  qui  en  eft  faite.  Puis  action 
Profpcrfur  de  grâces  font  rendues  pour  lçgrand  bénéfice. EtProfperinfcntentiis  dit,  Le  pain  celcfte  qui 
lesfenten.   cftUc\utr  de  chrisl ,  pion  fa  façon  &  mode  eft  appelé  le  corps  de  Chrifl ,  combien  qu'à  la  y  cri' 
té  ce  foit  le  Sacrement  du  co>ps  de  Chnsl.  Et  ce  qui  fe  fait  par  les  mainsdu  preftre  cft  appelle 

icclle 


DifputesdeCjuy  Degrés.  683 

icclle  immolation  de  la  chair,&:  pa&ion,la  mort  &  le  crucifiement  de  Chrift,non  pas  à 
la  vérité, mais  par  myftercs  fignifians.Touces  les  fcnccnccs  dcsdo&eurs  de  l'Eglife  an- 
ciénefonc  crefclaires,  &:  n'ont  befoin  d'explicarion:ainfifaifons-nous  en  noftre  Cene. 
Nous  receuons  le  Sacrement  du  corps  &:  du  fang,en  faifant  mémoire  &:  commémora- 
tion du  facrifice  quia  eftévnc  fois  fait  en  la  croix  :  &  par  ce  moyen  nous  eft  appliqué 
non  feulement  le  corps  &  le  iâng  du  Seigneur,maisaufsi  les  mérites  de  fa  mort  &  paf- 
fion.Conûderez  donc  iî  nous  ne  faifons  pas  comme  Chrift  a  commandé,  difant  de  fa 
CeneyFaites  cecy  en  mémoire  de  moyy& non  pas,  facrifîezcecy  pour  vos  péchez,  &  fi  nous 
n'enluiuons  pas  entièrement  l'ancienne  Eglifepas  à  pas.  Voila  comment  les  anciens 
ont  appelé  la  Ccncfacrifice,  qui  eft  bien  différence  à  ce  que  fait  l'eglifc  Romaine  au- 
iourd'huy,difant,  Nous  offrons  le  propre  corps  &  fangàe  Chriflen  chair  &  en  os  realcmcut  pour  U 
remifiondespeche^.  ^"Puis  après, quanr  à  l'exciile  que  vous  donnez  de  ce  que  les  Apo- 
ftres n'ont  appelé  la  Cene  facrifice,  de  peur  doffenfer  les  fidèles, &  qu'ils  neuflenc 
penfé  qu'ils  vouloyent  meiîer  les  facrifices  delà  Loy  parmi  l'Euangile:  iene  voy  aucu- 
ne raifon  en  cela:  veu  que  fain&Paulne  fait  pas  difficulté  d'appeler  le  Baptefme  du 
nom  deCirconcilion,àcaufequ'ileft  entré en  laplaced'iceile:&illcfait  tout  exprès 
pour  retenir  les  Colofsiens  en  la  foy.tant  s'en  faut  qu'il  ait  craint  de  les  offenfer  aucu- 
nement.Les  faux- Apoftrcs  leurs  difoyent  qu'ils  ne  pouuoycnt  eftrefauucz  s'ils  n'efto- 
yent  circoncis:  au  contraire  fain£t  Paul  leur  difoit  qu'ils  eftoyent  circoncis  d'vne  cir- 
concilion  faite  fans  main,  qui  eft  la  citeoncifion  de  Chrift&  non  de  Moyfe,&:  que  là 
le  prépuce  de  la  chair  n'eft  pas  couppé,ains  le  corps  de  péché  y  eft  defpouillc.  Le  nom 
delà  Circonçifion  donné  au  Baptefme  a  grandement  ferui  aux  Colofsiens:&:  combien 
plus  euftferui  le  nom  de  facrifice  donné  àla  Cene,  fi  de  fait  c'euftefté  vn  facrifice  real 
du  corps  de  Chrift,&:  félon  le  commandement  d'iceluyîCe  nom  de  facrifice  eftoic  vfité 
entre  les  Iuifs  &  entre  les  Gentilsxar  leur  feruice  diuin  cofiftoit  en  facrifices,&  le  nom 
leur  cftoit  fort  plaifant  &:  agréable.  Par quoy  il  n'eft  nullement  vray-iemblable  que 
les  Apoftres  ayenc  faic  difficulté  d'appcller  la  Cene, facrifice, pour  crainte  d'offenfer 
aucun  par  le  nom.Mais  eux  cognoiffans  que  la  Cene  n'eftoit  pas  facrifice,  entant  que 
leur  Maiftre  leur  auoit  dityPrene^mange^&c  non  pas,Prencz,  &:  facrifiez,  ils  ne  luy  ont 
aufsi  voulu  donner  ce  nom:car  il  n'eft  nullement  croyable  que  les  Apoftrcs  euffenc 
iamais  facrifié  Iefus  Chrift,  d'autant  qu'ils  n'eftoyent  facrificatcurs  ,  6c  qu'ils  n'a- 
uoyent  aucun  commandement  n'exemple  de  ce  faire.  Et  s'ils  l'auoyent  fait, 
ilsn'euffent  pas  oublié  de  coucher  par  eferit  vne  fi  grande  ceuure,  tant  profitable  &: 
neceffaire  à  falut,  comme  on  la  dit  auiourd'huy.  le  confefle  bien  que  l'Apoftre 
aux  Hebrieux  13.  dit,  Que  nous  auons  vn  autel  duquel  n'ont  point  puiffance  de 
manger  ceux  qui  feruent  aux  tabernacles:mais  ic  ne  voy  nulles  raifons  de  prendre  ceft 
auceLfom  \sl  table  de  la  Cene-.&c  mefmecela  contredit  à  voftre  coniecïure,  que  vous  dite* 
queles  Apoftres  n'oncofé  appeler  la  Cene, facrifice, craignans  doffenfer  aucuns.  Y 
cuft-ileu  plusde  dangerde  l'appeler  facrifice,  que  d'appeler  la  table,  autel,  fur  laquelle 
elle  eftoic  celebree?cerces  cela  bacaille  du  cout  contre  iby-mefme.  Mais  quant  à  moy,  il 
me  ièmble  que  l'Apoftreau  paffage  preallegué  neparlc pas  de  la  Cene  :  ains  par  l'autel, 
il  entend  tout  le  feruice  que  nons  faifons  àChrift,auquel  feruice  ceux  quifont  détenus 
fous  les  cérémonies  de  la  Loy  n'ont  nulle  part. Et  que  ce  foit  le  vray  fens,ce  qui  fuit  a- 
près  le  dcmonftre.Car  comme  il  auoit  vfé  du  nom  dWc/par  metaphore,il  monftre  de 
quel  ieruice  il  entend  parlenà  fin  qu'on  n'entende  pas  qu'il  parle  d'vn  feruice  charnel. 
Nous  offrons  donc(dit-il)par  luy  facrifice  de  louange  toufiours  à  Dieu,c'eft  à  dire,  le 
frui&des  leures  confeffances  fon  nom.il  nomme  aufsi  après  les  aumofncs,facrifices  :  & 
voila  ce  qu'il  encend  par  ïautelfic  non  pas  qu'on  offre  &{acrifîe  Iefus  Chrift  fur  iceluy. 
Comme  le  facrifice  delouange  eft  vne  chofe  fpiricuelle:ainfi  faufil  prendre  l'aucel.  Et 
quanc  à  ce  qu'aucuns  Anciens  onc  appelé  les  miniftres  de  l'EglïCc  Sacerdotes,Cc(l  à  dire, 
facrificaceurs,iccroy  qu'ils  l'onc  faic  de  mefmc  raifon,  comme  ils  onc  appelé  la  Cene, 
facrifice,&:laTable,avicel,àfauoirimpropremenc.L'JE:«e/^«c,Maislafencencede  Chry- 
foftome doic  bien  eftre  nocee:car il  n'euft  poinc dic,2Vo*#  offrons iournellement,s\\riy  euft 
eu  quelque  facrifice  real  auquel  l'Eglife  fe  fuft  iournellemenc  exercée. Guy, le  confciîc 
queChryfoftomeparleainfienfafencence:mais  confiderez,ie  vous  prie,  comme  il  fe 
corrige  puis  après.  Il  die  que  le  facrifice  qu'ils  faifoyenc  eftoic  l'exemplaire  &c  la  figure  de  ee- 
luy  que  Iefus  Chrift  auoic  vne  fois  fait:&  puis  il  dit  que  nous  offrons  le  mefmc  qui  a  cfté 

ZZz.i, 


Liurc^j  VI IL  Difputes  de  Çuy  de  Bres. 

vnc  fois  fait  pournous-.ce  donc  que  nous  faifons,dit-iI,cftfait  cnrecordationdccctpti  a  efïè 
/rf/ncar  il  dit,  Faites  cecy  en  mémoire  de  moy  :  nous  ne  faifons  pas  vn  autre  facrifice 
comme  le  facrificateur,ainsnousfaifonstoufioursceftuy-la  mefmecpuis  après  il  adiou- 
ftepourexpolitiôde  les  hypcrboles,c'eftàdirc,rnaniercsdcparlerexcefsiues:Et  pour 
mieux  dire,  nous  faifons  U  mémoire  dufacrifice  qui  a  efléfait.  Et  à  la  vérité,  en  noftre  Cenc 
nous  y  offrons  vne  telle  forte  de  facnfice,à  fauoir,nou  s  faifons  la  mémoire  &  recorda- 
tiondulacrificeque  Iefus  Chrift  a  fait  en  la  croix  pour  nons,comeilnous  a  comman- 
dé, Faitcscecy  en  mémoire  de  moy,c'eft  à  dire,  en  mangeant  5i  beuuant  nous  le  fai- 
fons en  fa  memoire.Tout  cela  ne  peut  feruir  au  facrificede  la  Mefle:car  d'autant  qu'on 
dit  que  ce  n'eft  pas  vne  figure,  mais  le  vray  Seigneur  Iefu  s  Chrift,  comment  peut-on 
offrir  Iefus  Chrift  en  mémoire  &C  recordation  de  Iefus  Chrift  &C  de  fa  mort  ?  C'cft  autre 
chofe  de  la  mémoires  recordatio  d'vne'chofe,entre  celle  de  laquelle  on  fait  mémoire. 
Si  félon  Chryloftomevous  offrez  lemefme  lacnfîce  en  la  Melfc,voftre facrifice  (croie 
ianglant,quiferoit  du  tout  contraircà  la  diftinction  que  vous  faites  de  fiûtfiaum  ourn^ 
f«w&mo»e»f«w,c'eft  à  dire,de  facrifice  fan  glant&  fans  fang.  Vous  dites  que  le  facrifi- 
ce quia  efté  fait  en  la  croix  eftoitfanglant,  mais  que  ecluy  que  vous  faites  en  la  Men*ê 
eft  fans  fang:&:  vous  oyez  que  Chryfoftome  dit  qu'ils  ofFroycnt  le  mefmc  facrifice  qui 
aefté  vne  fois  fait:c'eft  donc  celuy  qui  eft  fanglant.  Et  puis  monftrant  clairement  fon 
intention  il  dit,Ou  pour  mieux  dire,nous  en  faifons  la  mémoire  &  recordation  en  la  com- 
munion.   EtProfpcrenfesfentcnces,ditqucce  queleprcftre  fait  eft  appelé  /wmo- 
i<f/o»dclachair,lapafsion,îamort&:cruciflemcntdeChrift,maisnonpas  à  la  vérité, 
ains  par  myftere  llgnifianr.il  s'enfuit  que  la  preftrife  eft  de  mcfme.Et  par  ainfi  ie  dy  que 
rEglifea(on(acrificcpours'cxcrccr,àfauoirleSacremcntducorps&  du  fang  du  Sci- 
gnenr,en  la  receptiô  duquel  on  fait  mémoire  du  facrifice  qu'il  avnefoisfait.Iointaufsi, 
moficur,que  vous  fauez  que  les  Anciens  ont  vfé  du  mot  d'offrir  pour  prefentcr,cômeS. 
Cyprian  au  fermon  <fcl*/>/u,ditquele  Diacre  commencera  à  offrir  le  calice  au  peuple 
qui  eftoit  prefent.Et  Sainéfc  Auguftin  en  l'epiftrc  à  Ianuarius  epiftre  i  i8.dit,qu'aucuns 
ont  prinsplaifit  à  vne  certaine  apparente  raifon,qu'vn  certain  iour  de  Tan,  auquel  le 
Seigneur  a  fait  la  Cenc,il  fuft  loifible  qua  le  corps  &  fang  du  Seigneur  fuiîcnt  offerts  èC 
receusapresfoupper  pour  vne  plus  notable  commémoration.  offrtrCc  prend  là  pouc 
prefenrer  &:  dôner  au  peuple. Et  de  chtkateDei  liur.  io.tefmoignc  que  toutes  opérations 
par  lefqueîlcs  nous  fommes  conioints  &  arTociez  auec  Dieu,  font  appelées  facrifice  és 
eglifes.  Voila  comment  les  Anciens  ontencor  vfé  du  mot  o^w-jpour  prefen ter  au  peu- 
ple^ non  pas  offrir  à  Dieu:&  mefmeienepenfe  pas  que  vous  preniczlc  mot  âc  facri- 
fice en  voftre  Meffe  en  fa  propre  fignification.Z'£«e/^«*,Ie  confefle  que  les  Anciens  ont 
appelé  facrifice  toutes  opérations  par  lefquelles  nous  fommes  conioints  à  Dieu  :  mais 
cela n'empefchepasquel'Eglife n'ait  vnfacriflce  real  du  corps  du  Seigneur,  non  pas 
que  le  mot  de  facrifice  foitprins  en  fa  propre  fignificationtcar  il  fignific  tuer  cor  nous 
ne  tuons  pas  Iefus  Chrift  en  la  MefTè:ée  c'cft  la  caufe  pourquoy  les  Anciens  ont  appelé 
Tiofa  cfacxihcC) facrifice  fans  fang.Guy,l[eÇk.  bien  certain  que  les  Anciens  ont  parle  cfvn 
facrifice  fans  fang,mzis  il  faut  fauoir  leur  intétion. Ils  ont  ainfi  parlé  voulans  demonftrcr 
la  nature  des  Sacremens-.&  n'ont  fait  difficulté  de  dire  qu'vne  hoftie  fans  fang  eftoit 
icy  offerte  en  facrificc,pourdiftinguer  le  ligne  de  la  vérité.  Comment  pourra-on  ac- 
corder à  cela  eeque  ditl'cglife  Romaineîà  làuoir  qu'en  fon  hoftie  le  vray  fang  naturel 
ôc  corporel  eft  contenu.Iefày  bien  qu'on  r cfp on d  que  l'hoatic  eft  dite  cftre  fans  fang, 
àraifon  que  Iefus  Chrift  n'y  eft  point  mis  à  mort,  &:  que  fon  fang  n'y  cftpas  efpandu: 
tantyaneantmoins  que  vous  tuezee  quevous  facrifiez,&:  vn  facrifice  ne  fe  fait  pas 
fans  fang.  Car  vous  dites  qu'en  l'hoftie  le  fang  y  eft  contenu  corporcllcment  auec  le 
corps:crgo  ce  n'eft  pas  vne  hoftie  fans  fang. En  outre  vous  dites  que  vous  ne  prenez  le 
mot  de  facrifice  en  fa  propre  lignification  en  la  MclTe,  d'autant,(dites  vous)que  facri- 
ficr  eft  tucr.Or  là  deffus  i  argu  menteainfi:  Le  mot  de  facrifice  fignific  tuer  :  eh  la  Meffc 
vous  facrifîcz  Iefus  Chrift  à  Dieu  fon  Pcrc:ergo  il  s'enfuit  que  vous  le  tuez  en  la  Mcflê. 
Or  vous  refpondez  que  vous  ne  le  tuez  pas. Et  là  dcfTus  ie  dy  auec  vous  que  facrifier  eft 
tuer: vous  ne  tuez  pas  Iefus  Chrift  enla  Meffc-.ergo  vousne  faites  pas  de  facrifice. 

L'Euefifue^  C'cft  merueille  comment  vous  trouucz  mauuaife  vne  fifain&eceuurc» 
rantlouablc  &  profitable  à  l'Eglife.  Qxjjand  ie  célèbre  la  MefTe,  ie  prie  Dieu  qu  il  hiy 
plaifcreceuoir  le  corps  &lc  fangdcfonFils,lequel  icluy  offre  làà  l'autel,  Se  qu'H  le  rc- 

çoyuc 


Difputes  de  Çuy  délires.  68  ^ 

çoyue pour  tous  nos  péchez.  Nous  ferions trefmal  logez  fi  nous  ne  faiiîons  ainfi 
cnprcfcntantlcFilsbien-aimcau  Pere.  Pourquoy  trouuezvouscela  mauuais?  Guy, 
Ieneùuroyeiamaistrouuer  que  treflaind  Se  tresbon  de  faire  ainfi  que  vous  faites , fi 
Dieu  nous  l'auoit  commandé  :  mais  de  faire  des  chofes  à  noftre  fantafie  ,  quand  il 
eft  queftion  du  feruice  de  Dieu  ,  cela  n'eft  pas  fainét  ,  mais  vne  profanation  des 
fainfits  Sacrcmens,  comme  il  futtresbien  dit  à  Saul,  au  premier  de  Samuel  quinzie- 
mechapicre,lequel  vouloir  faire  facrifice  de  ce  que  Dieu  ne  luyauoit  commandé.  Sa- 
muel luy  dit  ,  Cuides-tu  que  le  Seigneur  prenne  plaifirauxholocauftcs  Se  facrifices 
commedobeiràfavoix?  Voila  obeifiance  vaut  mieux  quefàcrifice,&:  efeouter  vaut 
mieux  que  graifle  de  moutons  :  car  rébellion  cft  comme  le  pèche'  des  deuins ,  Se  tranl- 
grefsion  eft  iniquité  Se  idolatrie.C'eft  à  d  ire,fuiure  fon  fens  &:  fon  aduis  contre  la  parole 
deDieu,n'eft  pas  moindre  péché, que  le  péché  des  idolâtres  &:  deuins. 

Or  en  la  Ccne  voila  Chrift  le  Maiftre  qui  commande ,  difant ,  Prenez,  mangez^:  6c  on 
trouue  meilleur  défaire  autrement,  à  fçauoir  le  prendre  &lefacrifierlansaucuneor- 
donnanccdeDieu.  Ccquifutdit  à  Saul  a  icy  lieu  ,  contre  tous  ceux  qui  font  autre- 
mentqueChriftn'afait&commandé.  Vous  dites  qu'en  la  Méfie  vous  priez  à  Dieu 
qu'il  rcçoyuelcfus  Chrift,  lequel  vous  luy  offrez  pour  les  péchez  des  hommes.  Nous 
ferions  tantoft  d'accord  fi  vous  me  pouuiez  monftrcr  que  vous  auez  charge  Se 
commandement  de  ce  faire .  Iufqucs  à  prefent  vous  prefuppofez  toufiours  eftre  vray, 
ceque  nous  n'auons  pas  encore  debatu,  à  fçauoir,  que  ce  que  le  preftre  tient  Se  offre 
en  la  Méfie  ,  eft  le  vray  corps  real  Se  naturel  de  Chrift .  Car  quant  à  moy ,  ie  tiens 
que  le  pain  Se  le  vin  de  la  Cene  demeurent .  En  après  il  s'enfuit ,  puis  que  vous  offrez 
&facrifiez,  que  vous  eftes  facrificateurs  :  Se  ie  voudroyc  bien  fauoir  félon  quel  or- 
dre vous  l'eftes.  Car  en  rEfcrirurc  tant  du  vieil  que  du  nouueau  Teftament  ie  n'y 
trouuc  que  deux  fortes  de  Sacrificateurs ,  à  fçauoir  de  Melchifedech  ,  Se  de  Leui. 
Dites-moy,ie  vous  prie,fi  vous  l'eftes  de  l'vne  deces  deux  fortes-la  :  ou  d'vncauttc  troir 
fiemede  laquelle  mention  n'eft  faite  en  l'Efcriture.  Outreplus ,  que  vous  dites  que 
la  Méfie  eft  la  Cene  du  Seigneur  Iefus  Chrift  ,  ie  voudroyc  bien  fauoir  pourquoy 
le  preftre  fait  autrement  que  Chrift  n'a  fait  Se  commandé  de  faire  .  Chrift  eftoie 
afsis  à  table  auec  fes  difciplcs  :  il  prefche  &c  admonnefte  de  la  parole  de  Dieu  :  il 
n'eft  point  dcfguifé  d'accouftrement  comme  le  preftre  :  il  ne  parle  pas  en  langue 
incognue  :  il  prent  le  pain  ,  Se  après  auoir  rendu  grâces  à  Dieu,  il  le  rompt  Se  le 
diftribue  à  fes  difciples  :6c  pareillement  lacouppc,difant,Be««c;^e»fo»*  .  Il  n'a  point 
d'autel,mais  vnetable:il  ne  facrifie  pas,mais  mange  6e  commande  de  manger .  le  vous 
prie,de  me  donner  refponfe  fur  ces  trois  poin&s. 

L'Euef<jue,  Vous  propofez  ici  trois  queftions  aufquelles  ie  vous  refpondray.  Premiè- 
rement, fbit  que  vous  teniez  que  le  pain  Se  le  vin  demeurent  :  cependant  ie  ne  croy 
pas  que  vous  foyez  d'opinion  que  ce  foyent  fignes  nuds  ,  ains  qu'ils  ont  auec  eux 
ce  qu'ils  fignifient  :  Se  par  ainfi  on  ne  laiffcra  pas  d'offrir  le  corps  Se  fang  de  Iefus 
Chrift  ,  d'autant  que  le  figne  n'eft  pas  feparé  de  fa  vérité .  Laifibns  latraniîubftan- 
tiation  fans  y  entrer .  Quant  au  fécond ,  vous  demandez  de  quelle  facrificature  nous 
fommes  :  ie  vous  dy  que  ce  n'eft  pas  félon  l'ordre  de  Melchifedech  ,  ne  félon  l'or- 
dre de  Leui ,  qui  eft  aboly .  Car  en  l'ordre  de  Melchifedech  ,  Iefus  Chrift  y  eft  feul 
entré  ,  &c  deuant  luy  6c  après  luy  nul  n'y  cft  entre.  Il  eft  feul  Sacrificateur  félon  l'or- 
drede  Melchifedech,  comme  Dieu  luy  iure  au  Pfeaumeccnt&:  dixième.  Et  pourtant 
dit  iainft  Paul  aux  Hebrieux  feptieme  chapitre  qu'il  eft  fans  pere, fans  merc,& fans 
généalogie,  fans  commencement  de  iours,ne  fin  de  vie  .  Cefte  facrificature  ne 
vient  point  par  fuccefsion  ne  par  génération  comme  celle  de  Leui .  Il  eftfeulcnceftç 
facrificature:  combien  qucHofius  dit  qu'il  cft  entré  en  celle  de  Leuifèmblablemenr. 
Mais  il  ne  luy  dcfplaira  point:  &c  fauf  fon  fauoir  ,  cefte  opinion  eft  â  reietter  :  mais 
au  furplus  nous  fommes  miniftres  des  chofes  faindes .  Et  ie  vous  prie  ,  preftez- 
moy  l'oreille  ,  6c  entendez  ce  que  ie  veux  dire.  Ne  fauez-vous  pas  bien  que  faind 
Paul  appelle  Iefus  Chrift  en  Grec  ~4rchiereus  ,  qui  eft  à  dire  ,  prince  des  preftres&: 
fouucrain  Sacrificateur?  Or  ne  peut-il  eftre  fouuerain  Sacrificateur  qu'il  n'y  en  ait 
des  autres  fous  luy  qui  foyent  moindres  6c  inférieurs  à  luy  :  car  le  mot  de  grand, 
principal  Se  fouuerain  prcfuppofe  qu'il  y  en  a  d'autres  fous  luy .  le  vous  prie ,  qui  font  ces 

ZZz.ii. 


Lturc^  VIII-  D  if  put  es  de  Cjuy  de  Bres. 

faerificateurs  qui  font  ions  Chrift,  &defqucls  Chrift  eftle  Souuerain?  Certes  il  faut 
bien  dire  que  ce  lontlesminilhcsdcrHglii'c.Qjiintautroiricmepoinddc  voftrcpro- 
pofition  ,  ie  dy  que  ce  feroit  vnc  choie  grandement  louablc,que  toutes  les  fois  que 
la  McfTe  le  dit  ,  que  la  communion  le  riit  :  ie  le  defireroye  bien.  Et  fi  quelcun  la 
demandoit  ,  on  ne  luy  refuferoit  pas .  Mais  faudra-il  que  le  preftre  qui  a  deuotion 
de  célébrer  ,  foit  fruftré  de  ce  bien,pource  qu'il  n'y  a  nuls  communians?  il  n'y  au- 
roit  point  de  raifon.  Et  certes  vous  elles  grandement  à  condamner  de  cruauté  &c 
inhumanité  .  Pardonnez-moy  que  ie  parle  ainfi  de  ce  que  vous  refafez  le  Sacre- 
ment aux  poures  malades,qui  eft  vne  choie  du  tout  répugnante  à  charité  fraternelle,& 
à  la  façon  ancienne  de  l'Eglifc  ,  qui  le  donnoit  pour  porter  aux  malades .  Voila  ce 
que  ie  vouloye  dire. 

G  v  y  ,  Monfieur,  vous plaift-il  medonner  congé  déparier  &:  audience?  L* Eutf<juc% 
Ouy,c'eft  railbn:parlcz>ie  vous  orray. 

G  v  y  ,  Premièrement  vous  dites  qu'encore  que  ie  croye  que  le  pain  demeure 
pain  ,  &  le  vin  ,  vin  :  neantmoins  puis  que  ie  ne  tien  les  lignes  pour  (ignés  nuds, 
mais  qu'ils  ont  leur  vérité  coniointe  auec  eux,  on  a  lefus  Chrift  qui  eft  la  vente  du 
Sacrcmenten  main  pour  le  facrifier  .1  le  confeflé  que  les  lignes  des  Sacrcmens  ne 
font  point  nuds,  mais  que  Dieu  nous  exhibe  &:  donne  à  la  vérité,  ce  que  par  eux  il 
nous  lignifie  &: rcprcfcntc .  Maiscependant ,  comme  ie  ne  fuis  point  du  nombre  des 
tranllubftantiateurs  ,  ainfi  ne  fuis-ie  pas  du  nombre  des  confubftantiatcurs  :  ains  ie 
croy  que  comme  le  corps  &:Iang  de  Chrift  demeurent  vray  corps  &:  vray  fang  en  tou- 
tes leurs  proprictez,  aufsi  dcmeurcntle  pain& le  vin  ,non  que  fous  le  pain,  dedans  le 
pain,ou  auec  le  pain  le  corps  foit  là  enclos ,  attaché  ou  caché ,  pour  cftre  leué ,  haufie, 
rabaiifé,  ou  pourentrerdedansnouspar  labouche.  Mais  le  corps  de  Chriftfàns  bou- 
ger du  ciel  où  il  eft ,  fe  communique  à  nous  pour  nous  eftre  en  nourriture fpirituelle  de 
nos  ames.commc  le  pain  nourrit  noftre  corps. Et  quand  mefme  le  corps  feroit  au  pain, 
il  nes'entiiiuroit  pas  pourtant  qu'il  y  feroit  pour  le  facrifier  :  car  il  n'y  a  exemple  ne 
commandement  de  ce  faire .  Quant  au  fécond  poincl  que  ie  demande,aiTauoir  félon 
quel  ordre  vous  cftes  faerificateurs ,  vous  refpondez  quecen'eft  point  félon  l'ordre  de 
Melchifedech  ,  d'autant  que  lefus  Chrift  y  eft  feulentré:&:  que  ce  n'eft  pas  aufsi  félon 
l'ordre  de  Leui ,  d'autant  qu  à  la  venue  de  lefus  Chrift  il  a  efté  aboly  .  Mais  que 
vous  eftes  miniftres  de  Dieu  &  des  choies  fain&es.  Et  puis  ,  vous  dites  que  Ielus 
Chrift  eft  appelé  fouuerain  ou  noftre  grand  Sacrificateur  ,&:  de  là  vous  inferez  qu'il 
y  doit  auoir  des  làcrifîcateurs  qui  foyent  moindres:  autrement  que  Chrift  ne  feroit 
point  fouuerain  ou  grand  pontife.  Mais  ierefpon  qu'il  ne  s'enfuit  pas  pourtant  qu'il 
y  ait  des  moindres  làcrifîcateurs .  Comme  ,  pour  exemple ,  nous  difons  que  Dieu, 
eft  noftre  fouuerain  Dieu  :  s'enfuit-il  pourtant  que  nous  ayons  des  petis  dieux  &: 
moindres  que  luy  ?  Ncnny  .  D'auantage  nous  deuons  noter  à  qui  l'Apoftre  eferit 
l'epiftre  aux  Hebricux  .  Il  eft  certain  qu'il  eferit  aux  Iuifs,lcfquels  auoyent  vn  fou- 
uerain Sacrificateur  ,  &C  d'autres  làcrifîcateurs  moindres,  lefqucls  faifoyent  leurs 
facrifices .  Et  l'Apoftre  les  voulant  retirer  de  leur  fouuerain  Sacrificateur  &  de  leurs 
facnfiecs  ,  il  leur  monftre  que  lefus  Chrift  eft  leur  fouuerain  Sacrificateur^  qu  ils 
ne  doyucnt  faire  difficulté  de  quitter  la  figure  pour  prendre  la  vérité.  Ainii  donc 
l'Apoftre  parle  de  fouuerain  Sacrificateur  au  regard  des  Iuifs  qui  en  auoyent  vn, 
comme  il  parle  aufsi  de  leurs  facrifices .  Mais  on  ne  peut  de  là  iuger  que  nous  au- 
tres qui  fommes  Gentils,&  qui  n'auions  rien  des  choïes  que  les  Iuifs  auoyent,  nous 
ayons  à  prêtent  des  petits  làcrifîcateurs  :  cela  eftoit  propre  aux  Iuifs  au  (quels 
il  eferit.  Mais  en  cecy  il  me  femble  qu'il  y  a  grande  contradiction  en  vos  paroles: 
car  vous  auez  dit  qu'en  la  Sacrificature  de  Melchifedech  ,  en  laquelle  lefus  Chrift 
eft  entré  ,  il  y  eft  entré  luy  feul  ,  Se  n'y  a  perfonne  de  cefte  facrificature  ,  ny 
aufsi  de  l'ordre  de  Leui ,  laquelle  vous  dites  eftre  abolie  .  Et  cependant  de  l'or- 
dre de  Melchifedech, en  laquelle  Chrift  eft  feul  entré  ,  on  n'y  peut  trouuer  de  fou- 
uerain Sacrificateur  ,  félon  voftre  dire,d'autant  qu'il  eft  feul  :  &:  que  grand  &c  fou- 
uerain Sacrificateur  prefuppofe  qu'il  yen  doit  auoir  des  moindres  fous  iceluy. Le  fou- 
uerain Sacrificateur  en  la  Loy  eftoit  de  l'ordre  Leuitique  Chrift  n'eft  pas  decefl: 
ordre,  ny  les  preftres.  Aufsi  ie  voudroyc  bien  fauoir  comment  Chrift  eft  félon  l'ordre 


Difputes  de  Çuy  de  %  es.  68  j 

de  Mclchifedcch  ,  &:  que  vous  autres  n'en  foyez  point  :  &:  cependant  vous  eftes 
facrificateurs  fbusluy.  Cela  certes  ne  peut  nullement  rencontrer  .  Ioint  aufsi 
que  l'offrande  que  Chrift  a  fait  de  foy-mefme  ,  a  efté  faite  en  la  faciificature 
lclon  Tordre  de  Melchifcdech  .  Pour  offrir  en  la  MefTc  l'offrande  que  lefus 
Chrift  a  offert  en  ceft  ordre  ,  il  faudroit  que  vous  fuffiez  facrificateurs  félon  l'or- 
dre de  Melchifedech  ,  de  laquelle  vous  vous  niez  d  eftre  :  car  cefte  offrande  n'ap- 
partient qu'à  cefte  facrifïcateure  .  'Il  eft  vray  que  vous  dites  que  vous  eftes  mi- 
niftresdc  Dieu  &dcs  chofesfain&es  .  Saincl  Paul  en  la  première  aux  Corinthiens 
quatrième  chapitre  parle  quafien  cefte  forte,  difant ,  Que  l'homme  eftime  de 
nous  comme  de  miniftres  de  Chrift  &:  difpcnfateurs  des  f'ecrets  de  Dieu  ,  Mais 
deuant  que  cela  vous  peuftfciuir  ,  il  vous  faudroit  prouuer  que  Miniftrc  de  Chrift 
foit  à  dire  eftre  facrifîcateur  :  ce  que  jamais  on  ne  pourra  prouuer.  Car  fainft 
Paul  ne  dit  pas,  Que  l'homme  eftime  de  nous  comme  de  facrificateuts  de  Chrift 
&  difpenfateurs  des  fecrets  de  Dieu .  rien  de  tout  cela  .  Partant  cela  ne  vous 
fert  de  rien .  Et  vous  ne  trovmcrez  pas  ce  mot  facerdos ,  c'eft  à  dire  ,  facrifîcateur, 
en  tout  le  nouueau  Teftament.  Ainfi  à  bon  droit  ic  defire  de  fauoir  félon  quel  or- 
dre vous  eftes  facrificateurs ,  à  fin  que  ie  puiffe  auoir  certitude  de  voftre  voca- 
tion .  Vous  dites  que  vous  ne  l'eftes  pas  félon  Tordre  de  Melchifedech ,  ny  félon 
l'ordre  de  Leui .  Et  il  n  eft  parlé  que  de  ces  deux  ordres  en  toute  TEfcriture  une 
du  vieil  que  du  nouueau  Teftament  :  il  s'enfuit  que  voftre  ordre  n'eft  point  or- 
donné de  Dieu ,  &  n'a  point  de  tcfmoignage  par  les  Efcritures  diuines ,  mais  que 
c'eft  vn  troifieme  ordre  inuenté  des  hommes  hors  TEfcriture  faincte .  quelle  cer- 
titude auez-vous  donc  de  voftre  vocation?  vous  faites  ce  à  quoy  vous  n'eftes point 
appelez  de  Dieu.  Que  fi  vous  eftes  miniftre  de  Dieu  du  nouueau  Teftament, 
vous  fauez  que  ceft  office  n'eft  pas  de  facrifier ,  mais  d'adminiftrer  la  parole  de 
£>ieu  fidèlement ,  Se  les  fain&s  Sacremens  en  pureté, fans  rien  adioufter  ne  dimi- 
nuer ,  faire  prières  &:  oraifons.  Et  voila  la  charge  d'vn  Miniftrc  félon  les  Efcritu- 
res fain&cs.  Et  faifant  ainfi  on  applique  les  mérites  de  Chrift  au  peuple  qui  re- 
çoit les  Sacremens ,  quand  il  les  reçoit  en  foy.  Quant  au  troifieme  poind  ,  qui 
eft,que  le  preftre  fait  tout  autrement  en  fa  Mcffe  que  Chrift  n'a  fait  en  la  Cene, 
vous  dites  que  ce  feroit  vne  chofe  louable  que  la  communion  fe  fift  quand  la  Mef- 
fe  fe  dit ,  &c  que  lé  |>eupic  reéeuft  le  Sacrement  auec  le  preftre.  Il  n'eft  pas  que- 
ftion  fi  cela  feroit  louable  ou  non  ,  ne  fi  vous  le  diftribuez  bien  .  Mais  la  quefti- 
on  eft  ,  s'il  eft  loifiblc  de  le  faire  ainfi  :  car  il  eft  certain  que  quand  Chrift  a  dit  en 
faifant  fa  Cene  ,  Faites  cecy  ,  qu'il  ne  faifoit  pas  ce  que  le  preftre  fait, ,  mais  chofe 
entièrement  contraire  ,  comme  defia  i'ay  dit.  Chrift  en  la  table  de  la  Cene  offre 
&  prefente  fon  corps  &  fon  fang  à  fes  difciples  pour  leur  nourriture  fpirituellc  :  &C 
le  preftre  à  fon  autel  offre  &;  prefente  à  Dieu  le  corps  &  le  fang  de  Chrift  ,  com- 
me il  dit ,  pour  la  reniilfion  des  péchez  :ce  qui  eft  du  tout  répugnant  à  Tintcn- 
tion  du  Maiftre.  Et  certes  en  ce  que  le  preftre  mange  tout  feul  en  fa  Méfie, c'eft 
vne  chofe  non  feulement  indécente ,  mais  du  tout  derogante  à  la  nature  de  ce 
faind  Sacrement .  Sainct  Paul  l'appelle  Communion  en  la  première  Epiftre  aux 
Corinthiens  chapitre  10.  Or  ce  ne  peut  eftre  communion  là  où  il  n'en  y  a  qu'vn 
feul  qui  communique.  Icfus  Chrift  crie  haut  &  clair,  Prenez ,  mangez^  :  Il  ne  dit 
pas ,  Pren  O*  mange  pour  tous  les  autres.  Les  anciens  ont  appelé  la  Cene  Synaxin 
en  Grec  ,  qui  eft  à  dire  communion  de  plufieurs.  Et  faintt  Paul  efcriuant  aux  Co- 
rinthiens les  reprend  de  ce  qu'ils  n'attendoyent  point  Tvn  l'autre  ,ains  vn  chacun 
mangeoit  fa  Cene  en  particulier.  Et  làdcfTus  TApoftre  dit,  Ce  n'eft  pas  la  Cene  du 
Scigneut  :&lesrameinc  à  la  première  ordonnancedu  Maiftre, difant,Quantà  moy, 
i'ay  reccu  du  Seigneur  ce  qu'aufsi  ie  vous  ay  baillé.  Et  les  Grecs  encore  auiour- 
d'huy  ne  font  point  de  MeiTe  que  les  Dimanches  &  les  feftes:  ôc  lors  tout  le  peuple 
communique  au  Sacrement  fous  les  deux  cfpcces  auec  le  Miniftre.  A  uiourd'huy  tout 
cela  eft  renuerfé,  le  peuple  reçoit  le  Sacremét  par  procureur,  entât  que  le  preftre  man- 
ge &boit  à  l'autel  pour  le  peuple  qui  eftprefent.  Et  comme  le  preftre  ne  peut  rece- 
uoir  le  Sacrement  du  Baptefme  pour  vn  autrc,aufsi  nepeut  il  receuoir  la  Cene  pour  vn 
autre.  le  ne  puis  pas  viure  dece  qu'vn  autre  mâgera  pour  moy,aufsi  ne  puis-ic receuoir 
aucun  profit  de  ce  qu'vn  autre  receura  le  Sacremét  pour  moy.  Eticvousprie,combierv 

ZZz.iii.. 


Liurcj  VI  IL  Difputes  de  Cjuyde  Bres. 

eft  la  cliofe  exorbitante ,  de  voir  là  vingt  ou  trente  preftres  en  vn  temple ,  Se  chacun  fe- 
ra fa  Cenc  à  parc(voirc  s'il  la  faut  ainli  appeler)&:  chacun  enclos  en  fa  chapelle  mangera 
tout  feul  ?  Que  diroit  fainft  Paul  s'il  voyoit  cela ,  luy  qui  en  a  rcpnns  h  grandement  les 
Corinthiens  démanger  à  parciEt  la  corruption  eft  venue  fi  auantquelaMefle  parocia- 
lc,en  laquelle  par  cy-deuant  le  peuple  communioic,  n'eft  quafi  différence  aux  Méfies 
priueesquiontcômencédu  tcps  de  Grégoire.  Etvousauez  beau  dire  qu'il  ne  faut  pas 
que  lcpreftre  foit  empefché  de  communier  en  fa  Méfie  tout  feul ,  combien  quele  peu- 
ple ne  s'approche  pour  communiquer: car  l'intention  du  Seigneur  lefus  Chrift  con- 
damne tout  cela,commetresbiéfainctCyprian  Do&eurtrefàncicn&;  martyr  de  Chrift 
enfeigne  en  U troifcme  epifoe  burez.ad  C<ra/«ww:Si,dit-il,au  facrifice  de  Chrift,il  ne  faut  fui- 
lire  que  Chrift ,  pour  certain  il  nous  faut  ouyr  &:  faire  ce  que  Chrift  a  fait  6c  comman- 
dé de  faire  :  veu  qu'il  dit  en  fon  Euangile,  Si  vous  faites  ce  que  ie  vous  commandc,ie  ne 
vous  appclleray  plus  mes  feruiteurs,ains  mes  amis.  Et  que  lefus  Chrift  doyue  eftre  feul 
ouy,  lePeremcfmeenarendu  tcfmoignagedu  ciel,difant,  Ceftuy  eft  mon  Filsbien-ai- 
mé,auquel  i'ay  prins  mon  bon  plaifir  :  efcoutez-le.  Parquoy  fi  Chrift  doit  eftre  feul  ouy, 
nous  ne  dcuons  point  regarder  à  ce qu'vnaurre aura penfc  deuant  nous eftre  bonde 
faire:mais  à  ce  que  celuy  qui  eft  deuant  tous,à  fçauoir  Chrift,a  fait  le  premier.  Car  il  ne 
faut  pas  fuiure  la  couftume  d'vnhommc,mais  la  vérité  de  Dieu  :  veu  qu'il  dit  par  fon 
Prophète  Efaie,Ils  m'honorent  en  vain,cnfeignans  ordonnances  &:  doctrines  des  hom- 
mes. Et  le  Seigneur  répète  icy  melme  en  i'Euangilc,difant,  Vous  reiettez  le  comman„ 
dément  de  Dieu  pour  eftablir  voftre  ordonnance  Se  tradition. Mais  encore  il  a  dit  en  vn 
autrelicu,  Quia  rompu vnde  cestrefpetitscommandemens,&auraainiienfeignéles 
hommes,il  fera  trefpetit  au  royaume  des  cieux .  Que  s'il  n'eft  point  licite  de  rompre  le 
plus  petit  de  tous  Jes  commandemens  de  Dieu  :  combien  moins  fera-il  licite  d  enfrein- 
dre ceux-cy  tous  tant  grands,tant  cxccllens ,  &:  tant  proprement  appartenans  aux  Sa- 
cremens,mefme  de  la  pafsion  du  Seigneur  &  de  noftre  rédemption,  ou  les  changer  pat 
ordonnance  Sz  tradition  humaine,  à  vneautre  chofequ'à  celle  à  laquelle  ils  ont  efte 
diuinementinftituez.Voilacommecebonperfonnage  parle contreceux  quicorrom- 
poyentl'inftitution  de  ceS.Sacrement.  Etiamaisonne  pourroitexcufercecy.&pour 
corriger  tous  ces  abus  il  faudroitfairccommefain&Paul,  lequel  voulant  corriger  les 
1C0r.11.     Corinthiens  en  l'abus  de  ce  Sacrement,  il  leur  dit,  I'ay  receu  du  Seigneur  ce  qu'auC 
fiievousay  baille:  &:  les  reforme  félon  la  première  inftitution  du  Sacrement:  com- 
me aufsi  Chrift  voulant  corriger  l'abus  du  mariage  touchant  lesdiuorces  quifedon- 
noyent ,  il  dit ,  Au  com mencement  il  n'eftoit  point  ainfi .  Ne  leuftes-vous  iamais  que 
celuy  qui  créa  lhom  m  eau  commencement,crea  le  malle  & la  fcmelle?Et  aufsi  pour  re- 
former les  abus  de  la  Meife ,  il  faudroit  mettre  en  auant  l'ordonnance  de  la  Cene,  com- 
me Chrift  &c  fes  Apoftres  nous  ont  enfeigne.  Quant  à  ce  que  vous  nous  notez  d'inhu- 
manité de  ce  que  nous  ne  donnons  le  Sacrement  aux  malades  ,  ie  confelTe  qu'on  en  a 
vfé  quelque  fois  par  cy  deuant.  Mais  à  fçauoir  h  cela,  eft  louableiie  n'y  voy  pas  grand'  raî- 
fon ,  fuiuant  ce  que  ie  vien  de  dire,  quece  n'eft  pas  vn  Sacrement  pour  donner  à  vn,  en- 
tant que  c'eftvne  communion  de  pluficurs  qui  le  doyuent  rcceuoir,& non  pas  d'vn 
feul.  Cependant  ie  ne  lèray  tant  rigoureux  fi  quelque  fidèle  citant  malade  requeroic 
dereceuoir  ce  Sacrement,&:  que  là  plulieurs  fuflènt  dilpofez  pour  le  reccuoir  auec  ledit 
requérant,  Se  que  cefte  eghic  eut  cette  couft'umc:ie  ne  voudroye,dy-ie,condamncr  v- 
netellecouftume.    L'Euepjuc  ,  Surnoftrepremierpoin£tvousditcsquevousne  pou- 
uez  admettre  la  tranflubftantiation  .    Et  certes  ie  vous  veux  bien  confe/Tercela ,  que 
fi  ie  vouloyc  croire  à  mon  iugement&  à  maraifon,ie  ne  la  croiroye  pas.Etlèmble  bien 
que  ceux  qui  ne  la  croyent  pas ,  approchent  de  plus  près  ce  qui  eftvray  ,  &c  rencontre 
mieux  l'Efcriture  fainde.  Mais  quoy  ?  puis  quel'Eglife  l'a  ainfi  déterminé  &  arrefté,oci 
le  doit  croire  fimplement .  Et  certes  i'ay  plus  trauaillé  tout  le  temps  de  ma  vie  à  capti- 
uermesfens  à  croire  &  tenir  ce  que  l'eglife  Romaine  croit,  qu'à  mille  autres  eftudes. 
Et  fur  voftre  fécond  poinct ,  ie  confefle  volontiers  que  le  nom  dcS<tcerdos>qm  eft  fa- 
crificateuroupreftre,n'eftpasentout  Jcnouueau  Teftament.  Mais  il  ne  s'enfuifcpas 
pourtant  que  nous  ne  deuons  pas  facrificr  le  corps  Se  le  lang  de  lefus  Chrift .  Vous  de- 
mandez qui  nous  a  commandé  de  ce  faire .  Mais  ie  vous  demanderay,  fi  vous  ne  m'ac- 
corderez pas  volontiers,  que  noftre  Seigneur  lefus  Chrift  nous  a  ordonné  &c  comman- 
dé de  faire  le  mcfmc  qu'il  a  fait  en  l'inftitution  de  ce  faindt  Sacrement,  û  ie  vous  nvon- 

ftre 


Di/put€sde(jUjT>e<jBr€st  686 

ftre  qu'il  ait  offert  quand  il  l'inftitua. 

G*7,Certes,monfieur,vous  me  ferez  vn  fingulier  bien ,  &  m'accorderay  facilement 
auccvous,&:  feray  des  voftres.Ie  vous  priedonc,monfieur,mcle  monftrer.  L'euefae  ,  le 
levousmonftreray:enccndcz.  Vous  fauez  bien  que  les  anciens  Pères  auoyent  decou- 
ftume  de  ne  faire  iamais  aucun  banquet  folénnel,  fignamment  en  chofes  religieufes, 
que  premier  deuant  qu'y  toucher,la  première  part  d'iceluy  eftoit  offerte  à  Dieu.  Cecy 
fe  peut  monftrer  par  vne  infinité'  de  paffages  del'Efcriture.  le  vous  allegueiay  le  feftin 
de  cebonperfonnage  lob,  qu'il  faifoit  auccfesenfans:il  ne  le  faifoit  fans  facnficr  pour 
eux*  Le  congé  &  l'adieu  de  Iacobd'auecfbn  beau-pere  Laban,nele  fit  point  fans  la* 
icrifice.  _QuandMoyfe&:Iethrofon  beau-pcrefcfeftoyerent:  fut-ce  fans  faire  lacrifi- 
ce.?  Voila  lacouftumedes  Anciens  en  leurs  banquets.  le  penfe  que  vous  n'oferez  nier 
que  Melchifedech  n'ait  fait  le  mcfmcs,quandil  vint  au  deuant  d'Abraham.&  de  les  ges 
auec  pain  &:  vin. le  ne  debatray  pas  de  la  lignification  du  verbe  Hcbraique/fo//,duquci 
rEfcriturcvfc  là,  lequel  verbe  fignifie  offrir  &;  prefenter.  Iln'eftpas  àcroire  que  Mel- 
chifedech  en  vn  a&c  tant  religieux  ait  oublié  fon  deuoir&r  office  d'offrir.  Cela,di-ie,ne 
fc  peut  nier  fans  vnelourdeopiniaftreté,mefmemcnt  veu  querEfcriturcl'appellefacri- 
ficateur  du  treshaut  Dicu,pout  môftrer  qu'il  fit  lors  office  non  de  viuandier,  panetier, 
ou  bouteillier,mais  de  facrificateur;  &:  qu'Abraham  ne  les  fiens  ne  prindrent  leur  réfe- 
ction de  ce  qu'il  leur  fut  apportc,quc  premièrement  Dieu  n'en  fuft  ferui  par  le  minifte- 
redcccgrandfacrificateur,tantparoblation,benedidion,qu'a£tiondegraccs.  le  tien 
que  ce  fainct  facrificateur  a  fait  fon  oblation  par  action  de  grâces  &:  par  fa  bénédiction, 
recognoifTant  ce  pain  &:  ce  vin  comme  dons  de  Dieu,&  inuoquant  fon  làinâ  nom  def- 
fuspoureftre  profitable  à  tous  ceux  qui  en  reccuroyent  auec  louange  Se  gratitude. 
Autrement  comment  auroit-il  fait  officede  preftre  en  ceftepçodu&ion  de  pain  Se  de 
■vin?  Etpourquoy  luyauroit  Abraham  baillé  la  décime  de  toute  defpouille  qu'ils  a- 
uoyent  rapporté , s'il  ne  le  recognoiffoit  pour  fouuerain  preftre  de  Dieu,&:  s'il  ne  re- 
cognoiffoit ce  qu'il  faifoit  pour  œuure  facerdotalc  ,  en  laquelle  Abraham  pro- 
phétiquement recognoiffoit  la  facrificature  de  Iefus  Chrift  noftre  vray  Melchi- 
fedech ,  6c  loblacion  de  fon  corps  &c  de  fon  fang  fous  les  efpeces  de  pain  &:  de 
vin  ?    Or  comme  Melchifedech  fut  au  patriarche  Abraham  comme  gage  &c  feu- 
reté  de  la  facrificature  de  Iefus  Chrift, te  que  luy-mcfme  s'appelle  facrificateur  fé- 
lon l'ordre  de  Melchifedech  ,  certes  c'eft  trop  peu  fentir  de  la  dignité  facerdotale 
de  noftre  rédempteur  Iefus  Chrift,  fi  nous  ne  croyons  qu'en  l'inftitution  de  ce  fainct  fà- 
cré  bâquet,lequel  il  inftituoit  pour  toute  fon  Eglife ,  il  ait  fait  le  mefme  qu'a  fait  ce  grad 
preftre  Melchifedech.  Tellement  que  quand  nous  n'aurions  nuls  argumens  des  Efcri- 
tures,pour  croire  que  Iefus  Chrift ,  comme  noftre  grand  preftre  &c  facrificateur ,  ait ,  a- 
uant  toutes  chofes ,  en  l'inftitution  de  ce  Sacrement  offert  à  Dieu  ce  qu'il  vouloit  dé- 
partir à fes  difciples  :  fi  cft-il  plus  que  raifonnablc  que  nous  tenions  certainement  qu'il 
a  en  chofe  tant  excellente  &augufte,  gardé  Tordre  &l'vfance  des  fain&s  Percs  :  voire 
qu'il  ait  fait  le  mefme  en  ce  Sacrement  qui  fe  faifoit  en  l'agneau  Pafcal, lequel  on  im- 
moloit  premièrement  que  le  manger.  Et  ne  doute  que  par  ces  paroles,  defqudles  vfent 
les  Euangeliftcs,qui  font  actions  de  graces,benediclions  &r  fractions  du  pain, ne  foie  en- 
tendu oblation  qu'il  faifoit  à  Dieu  de  fon  corps  &  de  fon  fkng ,  le  vouant  &  baillant  à  la 
fouffrancedela  mort,  pour  victime  en  la  remifsion  des  péchez.  Et  pourtant  il  dit, 
Vota  mon  corps,  qui  efl  pourvousùuré .  Il  commença  lors  la  faincte  action  facerdotale,  &C 
l'oblation  de  fon  corps  &c  de  fon  fang,lequel  il  accomplit  en  fa  mort .  Et  au  refte  fur  le 
troificmc  poinct  vous  dites  que  le  preftrcmâgeant  tout  fcul  le  Sacrement,  le  peuple  re- 
çoit le  Sacrement  par  procurcur:ccqueienie,carily  communique  parfoy. 

G  v  y  ,Monficur,ie  fuis  ioy  eux  d'entendre  de  vous  fur  noftre  premier  poinct,que  vo- 
ftrefens&iugcment  répugne  à  la  Tranffubftantiation ,  &:  que  ceux  qui  ne  lacroyent 
pas  fcmblent  de  plus  près  fuiurc  l'Efcriture,&:  ce  qui  eft  veritable:mais  vous  dites  qu'il 
la  faut  croire  fimplement,d'autant  que  l'eglifeen  a  ainli  déterminé .  le  fay  qu'il  y  a  plu- 
fïeurs  de  vos  docteurs  qui  parlent  ainfi.  Et  certes  ie  m'eftonne  grandement  d'ouyr  ain- 
li parler .  Vous  confeffez  que  la  tranffubftantiation  ne  fe  peut  prouue/  par  l'Efcriture 
fain&c,ny  parraifons  humaines:  mais  que  cependant  il  la  faut  croire  fi  mplement, d'au- 
tant queî'Èglifc  en  a  ainfi  déterminé .  Sainct  Paul  Rom.  i  o  .m'aapprins  que  la  foy  viét 
par  l'ouyc  de  la  parole  de  Dieu  :  àc  vous  dites  qu'il  la  faut  croire  fimplement  à  caufe  du 

ZZz.iiii. 


LiuTC^VHL  v  TUfputes de Çuy Degrés. 

décret  de  l'Eglifc:  il  s'enfuiuroit  que  la  foy  viwidroit  du  décret  &  ordonnance  dcTEgli» 
fc .  Or  ie  dy  que  l'Eglifc  ne  peu  t  rien  déterminer  quant  à  lafoy ,  fans  l'Efcriture  fain&e. 
Or  cefte  doctrine  de  la  tranlfu  bftaatiation  cft  toute  nouuelle,ordonnee  par  le  Pape  In- 
nocent 3 .  au  concile  de  Latran ,  ily  a  enuiron  trois  cens  ans  :  &  Ta  adiouftee  aux  douze 
articles  de  la  foy  pour  le  trezicme  article ,  chofe  certainemet  du  tout  répugnante  à  l'Ef- 
criture fain&c  &  aux  anciens  Docteurs  de  l'Eglifc .  Voila  les  Euangeliftes  qui  difenc 
tous  d'vn  commun  accord,  que  comme  ils  mangeoyent  Iefus  print  du  pain,&  après  a- 
uoir  rendu  grâces  le  rompit,&  le  donna  àfesdifciples,&dit  ,  Prene^mangezj.  cecy  efl  mon 
corps.  Il  ne  fait  pas  de  metion  quclc  pain  fuft  tranflubftantic  au  corps  naturel  de  Chrift. 
Et  de  la  cou  ppe  l'Efcriture  dit,  que  Chrift  appelle  encore  génération  de  vigne,  ce  que 
les  Apoftres  auoyent  beu,  difant,Iencbeuuray  plus  d'orefenauant  de  cefte  génération 
de  vigne.  Actes  i.  ileftdit  quelesdifciplcspcrfeueroyent  en  lado&rine  des  Apoftres, 
en  la  communication  &  fraction  du  pain,  &cn  oraifon.  Nous  oyons  que  l'Efcriture 
dit  que  c'eft:  pain,  que  c'eft  vin.  Actes  io,  VniourdcSabbathnous  eftions  affemblez 
pour  romprclcpain.  Et  Paul  dit,  i.Cor.io,  Le  pain  que  nous  rompons,  n'eft-ce  pas  la 
communion  au  corps  de  Chrift  ?  Nous  qui  auons  mangé  d'vn  pain,fommcs  vn  pain  &c 
vn  corps  au  Seigneur.  Et  i .Cor. 1 1  .par  trois  fois  l'appelle  pain.  L'Efcriture  parlant  ainfi 
ne  nous  veut  point  tromper,  difant  que  c'eft  pain  *  &  ce  n'en  feroit  point.Et  les  anciens 
docteurs  en  bon  îangagedifentique  c'eft  pain  &  vin  après  la confecrarion .  Voila  Ori- 
gene  qui  eft  des  plus  proches  du  temps  des  Apoftres  furie  1 5.chap*defain&  Matthieu, 
expofant  ces  paroles,  Tout  ce  qui  entre  en  la  bouche  s'en  va  au  ventre,&  fort  hors  par 
bas,ditâinfi ,  Cefte  viande  qui  eftfanftifiee  par  la  parole  de  Dieu,  &*  par  prière ,  félon  cequelleade 
matenelyerttre  dedans  leyentre^  eftietteehorsparbas.  Et  foudain  après  il  dit,  Ceneftpas  lanut- 
tiere  dupain  oui  profite,  mais  c eft  la  parole qui  eft récitée  deffus.  Et  afin  qu'on  n'entende  ces  pa- 
roles eftre  dites  d'autre  pain , que  ecluy  de  la  Ccne ,  il  dit ,  Cecy  foitdit  du  corps  myftique& 

Origene  jymholique.  Iamais  Origene  n'aefté  noté  d'auoir  malfenti  de  la  Ccne.  Pattant  il  en  parle 
félon  qu'en  tenoit  l'Eglifc  de  fon  temps .  Cefte  fentenec  nous  monftretrcfcîairc- 
mcntqùc  la  fubftance  &:  matière  du  pain  demeure  en  la  Ccne  félon  la  do&rine  de  1  an- 

TemilUia  cienneEgluc.  Tcrtullianaufsitrefancienau  i.liure,contreMarcion,dir,  chriftnapoint 
reprouué  le  pain  par  lequel  tla  prefemé fon  corps.  Et  au  pliure  contrcledithcretiquc,il  dit  qu'il 
a prins  le  pain  &  l'a  diftribuc  à  fes  difciples  ,  le  faKànt  fon  corps  en  difant ,  Cecy  eft  mon 
cor/»i,c'eft  à  dire,lc  figne  de  mon  corps.  Ce  ne  peut  eftre  vne  fïgure,s'il  n'y  a  vn  corps  de 
verité,ou  vray  .En  outre  vne  chofe  vuide  Se  vaine,qui  eft  vn  fanrofmc,ncpcut  reccuoir 

Cypùrn  aucune  figure .  Saind  Cyprian  martyr  de  Chrift ,  en  la  troifieme  Epiftte  liure  deuxiè- 
me à  Cccilian  ,  dit  que  le  fang  du  Seigneur  cft  dcmonftré  au  vin .  Item  au  mefmc 
lieu,  C'esloitvinceque  leScigneur  difott  eftre  fon  fang.  le  vous  prie,  monfieur,  notez  bien 
cela.  Item  encore,  L'eau  ne  peut  exprimer  le  fang  de  Chrift  :  &  nous  voyons  que 
le  peuple  eft  entendu  par  l'eau,  &:  que  le  fang  de  Chrift  cft  dcmonftré  au  vin:  il  s'en- 
fuit que  le  vin  demeure  ,  puis  qu'il  fert  pour  exprimer  &dcmonftrer  le  fang  .  Et 

fcriramu»  Bertramus  parlant  quaii  en  femblablc  fentenec,  dit  au  liure  du  corps  &  du  fang  du  Sei- 
gneur :  Si  ce  vin-la  qui  eft  fan&ifié  par  l'officcdu  Miniftrc,  eft  conuerti  corporcllcmenc 
au  fang  de  Iefus  Chrift,  il  eft  neceflaire  aufsi  que  l'eau,  qui  eft  m cflee,  pareillement  foie 
conuertie  corporellemcnt  au  fang  du  peuple  croyant.  Car  là  où  tlny  a  quvne  fanttificâtton, 
Unes  'enfin quvne opération:^  là  où  ily a  pareille  raifonjl  s 'enfuit aufsipareil  mystère.  Or  nous  vo- 
yons qu'en  l'eau  il  n'y  a  rien  de  conuerti  félon  le  corps ,  confequemment  donc  il  n'y  eft 
rien  dcmonftré  au  vin  corporellemct.  Ce  qui  eft  fignifié  du  corps  du  peuple  en  leau,fe 
prendfpirituellcmenttil  cft  donc  ncccfTaire  de  prendre  fpiritucllcmét  cequi  eft  démo- 
lir é  du  fang  de  Chrift  au  vm.L'Euefque.Quoyfcpic  dites-vousîS.Cypriâ  dit-il  tout  ce  que 
vous  dites  icy?  Guy.  Non  pas,  monfieur.  Mais  ie  dy  que  Bertramus  traite  ces  paroles  de 

Expofitjon  S.Cy  prian,&  les  expofe  ainfi  mot  à  mot,comme  ie  les  ay  récitées.  Or  S.Cy  priai»  dit  bie 

jjs^f£dauantage  contre  les  ^iquariftes,  que  file  vin  défaut  d'eftre  au  calice ,  que  le  (âng  de 
Chrift  n'y  peut  eftre  veu,&  n'y  peut  eftre  entendu.  Si  le  vin  cft  tranfTubftantié,ildelaif- 
fe  d'eftre  vin.Et  par  ainfi  félon  fainâ:  Cyprian,le  fan^  de  Chrift  n'y  peut  eftre  entendu. 

•Au  fermoa  Le  mefme  *  doreur  du;  que  le  pain  fanftific  eft  entre  en  la  bouche  pollue.  Item  au  fer- 

Jj^^Jj"*  mon<fel4/>yîf,(iit,parlantdclaieuncfîllequiauoit  vomileSacrcmcnr,Z*&ir»^^yW7i- 
fié  aufangdu  Seigneur  eslfirti  des  entrailles  pollues.Uric  dit  pas  ,1e  pain  &  le  brcuuagetranf- 
fubft  amicz,mais  le  pain  &  le  vin  lànetincz  au  corps  &:  au  fang  du  Seigneur.  E  t  fem  bla- 


Di/putcsdeCjuyDecBres.  68/ 

t>lcment  Theodoretus,qui  viuoitdu  temps  de  Cyrille,  &  qui  flic  auec  luy  au  concile  Tfceodorct, 
d'Ephefe  &:  de  Calcedone, homme  trefdocte,le  liure  duquel  a  cité  imprime  à  Rome  en  Jv^jjjjjjtae 
Grecdit  ainli  au  premier  dialogue,  propofanc  deux  perfonnages, le  Fidèle  &:  THereti-  temp,. 
que:le  fidèle  c\\t,Noftrc  Sauueur  luy-mcfme  a  changé  les  noms  dupain  &  du  vin,  &  a  donné  le  nom 
dit  figne  a  fon  corps,      aufigne  le  nom  defon  corps:enccslcmefme  façon  s" cftant  appelé fay-mefmc 
-vigne,  il  a  mefmc  nommé  le  fgnefang.  Puis  l'herctique  demande  :  Mais  ic -foudroyé  bien  j'amir 
Lawfepourquoy  les  noms  font  change^,  Le  fidelc  refpond,  Lebuteft  propofé  euidemment  à  tous 
ceux  qui  font  appelé^  au  myfterc.  Car  il  a -voulu  que  ceux  qui  font  appelé^  à  /a  participation  des  my- 
fieres  facrez^ne  s'arreftaffent  point  à  la  nature  dcsihofes  qui Je  voyenr.mats  que  par  la  mutation  ou  chan-  Chngemct 
gement  des  noms,ils  o-ôyent  à  la  tranfmutation  qui  cfl  faite  par  grâce.  Car  celuy  qui  appelle  fon  co)-ps  fro-  Jci  noœs' 
ment&painjemefmeaufîi  s  e(l  nommé  le  cep  delayigneduy-mefmc  aufU  a  fait  ceft  honneur  aux  f- 
gnesquiapparoiffentdeuantles  y  eux, de  les  appeler  fon  corps  &  fon  fang,nonpas  quilait  change  la  na- 
ture,maus ayant  adiousléftgrace à  la  nature.  Puis  au  mefmc  lieu  il  dit  encore,  Les  ftznes  my- 
Jltques  après  la  fandijkation  ne  fortent  pas  de  leur  nature.  Car  ils  demeurent  en  leur  première fub- 
ftance>fi^re&,forme,&*fepeuuentvoir& toucher  comme  auparauant.  Il  ne  dit  pas  en  la  pre- 
mière Icntence,  que  le  pain  &:  le  vin  font  traniîubftanriez:  mais  quelepain  &:  le  vin  LcF''n&  le 
font  muez &;  changez  quant  aux  noms. Ils  font  appelez  corps  &c  fang  de  Chrift,  ce  qu'ils  qlLÏ^Eï 
n cftoyent  pas  auparauant  noramez:&  dit  que  la  nature  du  pain  n  eft  pas  changée,  ains  noms- 
que  lagracc  cft  adiouftee  à  la  nature.Cela  demonftre  clairement  com  me  le  iour,que  le 
pain  demeure  au  Sacrement,  ôc  femblablement  le  vin. 

1  Ar  ces  difputes  dônecs  ci  deflus  par  extrait  de  plus  amples  que  Guy  eut  auec  Ri- 
êchardot  cuefqued'Arras,onpeutcognoiftrccôbien  ceux  font  dangereux  ,  voire 
'pernicieux,qui  par  ambition  &  auarice  s 'eftâs  deftournez  de  la  verité  cognue,  fe  feruét 
de  tous  moyens  par  fubtilitez&rufcs  pour  cfbranfler  la  foy  des  poures  fidcles.  Ilauoit 
parauant  triomphe  publiquement  d'vn  poureMenuficrpriionnierenla  ville  de  Dou-Ce  mefmc 
ay,  pour  rauoirconuerti(commetelsapoftatsparlent)oupluftoftdiuertidu  vray  che-E"^ue  2 
min  -maisilatrouué  cncesfcruiteursde  Dieu  prifonniers  à  Vallcncenncs  vne  vcritëimprdsion 
puiflantc,s'il  en  vouloit  parler  (elon  fa  confciencc  ce  qu'il  en  fait.  fes 

Il  y  eutencoresplufieurs  autres  aduerlâires  qui  airaillirentGuy&DelaGrâge  au 
mefme  mois  de  May  lu(dit:entre  lefquels  vn  certain  Cordclicr,qui  auoit  autre  fois  con 
f  eré  auec  eux  auant  cefte  perfècution  cftans  libres, les  vint  vifiter  en  la  prifon.Iccluy  ac- 
compaigne  d'autres  aborda  Guy,en  luy  difant  qu'il  eftoit  bié  marri  de  la  prifon,  &  qu'il 
Juydefiroittouteprofpcritc&fonfalutrEtàccsfînsjGuy  mon  amy(dit  le  Cordelier)  corddiervi 
ie  vous  vie  vifiter,vous  priant  d'eftimer  de  nous  que  nous  auons  foing  de  noz  ames,  voi-  foanc  kspri 
rede  maintenir  la  vraye  religion  &  la  gloire  de  Dieu. Et  fi  autrement  eftoit,  quel  befoin  yïicuc  dC 
meferoit-il(difoit  le  Cordelier)de  viùrc en  ceft  habit,pour  cftrccn  rifec  &  moquerieau 
niondc?ic  fuis  viuantenlblitude-.  iene  manie  point  d'argent  rie  feroyc  bien  mieux  à 
mon  aifcd'eftre  marie:i'auroycdel'argcnt:iefcroye  bien  venu  au  monde  comme  vous 
eftes.Sur  ce  Guy  rcfpondit,Monfieur,ie  vous  mercic  du  bien  que  dites  me  defirer:  iene 
vous  en  defire  pas  moins  de  ma  part.mais  ieloue  Dieu  de  ce  qu'il  luy  plailt  m'enuoyer, 
fâchant  que  c'eft  pour  mon  grand  bien  &:  falut.  Et  quant  à  ce  que  dites  eftre  foigneux  Refponfe 
de  maintenir  la  vraye  religion,cela  ne  peux-ieapperceuoir:&  voftre  habit  eftrange  & 
defguifé ne mo peut  perfuader cela.  Ieconfefle  bien  quevouseftes en  moquerie  &  ri- lier. 
feeàplufieurs.maislacaufcvicntdevous,qui  vousexpofez  vous-mefmes  à  tel  oppro- 
bre. Et  quant  à  mal-aifc  que  vous  endurez  en  voftre  conuent,cela  ne  peut  feruir  dindi- 
cefuffîfant  pour  prouuer  que  vous  maintenez  la  vraye  religion.  Car  en  mal-aile  que 
vous  dites,  vous  y  auez  tellement  vos  aiies  &:  vos  plaifirs,  que  fi  ie  vouloye  viure  à  mon 
aife,ie  me  voudroyc  rendre  Cordelier,ô£  voùdroye  prendre  la  beface  de  S.François,  la- 
quelle vaut  mieux  que  la  croix  de  S.  Benoit,comme  on  dit.  Vous  dites  que  pour  cercher 
vos  aifes  vous  prendriez  fcmmc,&:  vous  marieriez,  le  conferlc  que  celuy  qui  cft  bien 
marié,a  vne  grande  commodité:tant  y  a  neantmoins  quela  (entence  de  fainct  Paul  de- 
meure vraye,  que  ceux  qui  font  matiez  auront  tribulàtion  en  la  chair:  mais  vous  qui 
dormez  à  voftre  aife,vous  n'auez  pas  les  petits  enfans  qui  vous  em  pefchent  le  repos  de  £e  mal-aifc 
la  nuit,  vous  n'auez  pas  les  ordures  &  infections  d'eux  corne  ceux  qui  font  mariez:  vous  a^foj^ 
n'auez  pas  le  foing  dequoy  vous  les  nourrirez  &  efleucrcz.Et  s'il  cft  vray  ce  que  vous  di-  ré. 
tes  que  vous  ne  maniez  point  d'argent  (tous  ceux  de  voftre  ordre  ne  font  pas  fi  con- 
fcicnticux)&  ie  dy  que  vous  eftes  d'autant  plus  à  voftre  aife.Plufieurs  font  en  fort  grand 


Liurc^j  VI  IL         G  uy  De  Bres,  auec  Peregrin  delaG  range. 

danger  ôc"  pcril  pour  l'or  &:  l'argent,  &:  en  m ille  mal-aifes  :  voire  fouuent  l'or  &C  l'argent 
eft  caule  de  la  ruine  des  pofledans.  ^Ce  l  a  dit  on  commença  entrer  bien  auant  eu 
♦  Remwy  de  difpute  de  la  primauté  du  Pape:mais  d'autât  que  la  queftion  eft  de  chofe  toute  cognue, 
£Duï"tcfu!  6cnocoirc,nous  renuoyons  derecheflcs  lecteurs  au  liure*quiaefté  publié  par  impref- 
Jj  Pape  au  li  lion  des  ekrits  deGuy,apres  la  mort.Toutcfois  pour  mieux  cognoiftre  ce  Cordelier,&; 
"mpr.ml-  'lîcntcndrc,commecnpaHànc,quclseftoycnt  plufieurs  exercices  que  fouftenoyent  lef- 
torme  de  8.  j -£S  (juy  ^  rje  |a  Grange,durât  la  liberté  de  leur  miniftcre  en  la  ville  de  Vallencénes,  il 
ne  fera  impertinent  de  toucher  par  forme  d'hiftoire  la  difpute  que  tous  deux  eurent 
contre  ledit  Cordelier  en  la  maifon  de  la  dame  de  la  Tour,  prefent  plufieurs  bourgeois 
îSrifdZw  ^  habicansen  ladite  ville.Cc  Cordelier  peu  après  la  fractionne  abat*  des  images  pref- 
lîu  «n  rw-  ques  gênerai  par  tout  le  Pais-bas,(ctrouuaen  ladite  mailbn  en  habit  feculier  (comme 
',0'rf'       ils  parlent)pour  cftrc  defguifé.Il  auoit  madé  par  efpecial  qu'on  luy  fit  venir  De  la  Gran- 
ge,àfauoii  le  pctitMiniftrc, comme  ille  nommoit:voulantnullementdu  grand, à  fa- 
lloir de  Guy,côme  il  dit  à  ceux  aufqucls  il  donna  cefte  charge.  Peregrin  De  la  Grange 
eftant  venu  vcrsluy,&:  ne  pouuatauoir  audience  deuant  ce  Cordelier,  abulant  par  ion 
babil&audacedeladouceur&  modeftie  dudit  De  la  Grange: quelcun  des  frères  là 
eftant  s'aduifa  d'aller  versGuy,&  le  prier  de  fe  trouucr  à  ladite  difpute.Guy  donceftant 
Guy  &  La  furuenu,entra,&:  plufieurs  autres  quât&luy.Il  trouua  fon  compaignonLa  GrangeôC 
Grangcdif-  le  Cordelier  difputans  de  la  Cene.La  Grange  laifia  parler  fon  côpaignon:&:  après  plu- 
ScTc'cordc  ficurs  propos  qui  feroyent  trop  longs  àreciter,  le  Cordelier  fut  contraint  de  confellcr 
lier.        haut &:  clair,(lalibertécftât  lors  au  Pais)qu'ilnefauoit  comment&  en  quelle  forte  le 
corps  de  Chrift  eftoit  en  la  Cene,  s'il  y  eftoit  corporellemcnt  ou  Ipirituellement.  Sur- 
quoyvn  des  Bourgeois  qui  là  eftoyentluy  dit,Cômenr>monfieur,eft-ilpofsible  eclarie 
vous  ay  plufieurs  fois  ouy  prcfcher,qu'il  faloit  croire  qu'il  y  eftoit  corporcllement,char- 
ncllemét,aufsi  grande  gros  qu'il  eftoit  enlacroix:&:  qu'il  le  faloit  croire  ainfi  fur  peine 
de  dânation  eternelle:mcfme,s'il  vous  plaift,ie  vous  monftreray  quelque  lettre  de  vo- 
ftre  propre  main  eferite  à  vne  certaine  femme  de  la  villc,en  laquelle  vous  luy  cfcriuez 
qu'elle  le  doit  ainfi  croire  &c  y  mourir.ee  qui  m'eftonne  grandemet  à  prefent.  LeCorde- 
lier  refpondit,Il  faut  entédre  ce  qu'on  prcfche,&  ce  qu'on  elcrit  :  ie  ne  l'cnten  pas  ainfi. 
Ce  Bourgeois  repliqua,Lcpoure  peuple  cependant  qui  vous  a  ainfi  ouy  prefchcr,dit 
qu'il  veut  viure  éc  mourir  en  cefte  foy,commc  vous  leur  auez  prefché:  vous  leur  deuiez 
donc  auoir  dit  voftre  intention  ouuertement,commc  vous  le  dites  icy,  que  vous  ne  fa- 
uez  pas  comment  il  y  cft,à  fin  qu'ils  l'apprinfent  de  ceux  qui  le  fauent  mieux.  Apres  ce- 
la le  Cordelier  iafant  delaMeuc,Guy  demanda  s'il  eftoit  facrificateur.  Il  ne  rcfpondic 
rïcnj&faifoitquelquedifncultédedireouy.Guyluy  dit  qu'il  parlaft  hardiment  &c  fans 
fiSt^ra"!  cramcc>&  qu'il  n'y  auoit  aucun  danger  ne  pcril.Lorsdit,qu'il eftoit  facrificateur.  Et  de 
kuoir  d«  Le  quel  ordre>(dit  G  uy  )de  Lcui,ou  de  Melchifedech?car  en  toute  l'Efcriturc  faincte  il  n'eft 
ài  fcdec^1  Par^  clue  ^c  ces  deux  ordres. Le  Cordelier  refpondit  qu'il  eftoit  facrificateur  félon  l'or- 
1  ec  '  dre  de  Melchifedech.Sur  ce  Guy  luy  dit  qucl'Apoftre  aux  Hcbrieux  déclare  qu'il  n'y  a 
que  Iefus  Chrift  feul  qui  foit  entré  en  ceft  ordrc:&monftrc  euidemment  que  celte  fa- 
crificature  n'eft  pas  comme  celle  de  Leui,laquellc  eftoit  par  pere,  par  mere,  &  par  ge- 
nealogie,dontlesfacrificatcursauoyentcommencemcnt  de  iours  &c  fin  de  vie.  Mais 
qu'en  la  facrificature  de  Melchifedech  en  laquelle  Chrift  eft  en  cré,il  n'y  a  point  de  gc- 
ncalogie,ceft  à  dire,  on  n'y  entre  pas  par  fuccefsion,  d'autant  que  Chrift,qui  y  eft  feul 
entré,vit  éternellement:^  ayant  acquis  rcdcmption,cft  viuant  à  toufiours,  ayant  puif- 
fance  de  fauucr  tous  ceux  qui  s'approchent  de  Dieu  par  luy.   Les  Miniftres  donc  lors 
declarerent,puis  que  Chrift  vit  à  toufiours, que  le  Cordelier  fc  trompoit  grandement 
dcpcnfereftredeccftc  facrificature: car  il  n'eft  pas  comme  le  fouucrain  Sacrificateur 
de  la  Loy,lequel  attiroit  vne  grande  troupe  de  facrificateurs.  Déclarèrent  en  outre  que 
Chrift  eftoit  feul  plus  que  lu  tri  fane  pour  faire  parfaitement  le  lalut  éternel  des  fiens  par 
le  feul  facrifice  de  là  mort  en  la  croix,fans  qu'on  face  encore  le  mcfmc. 

S" E  NSVTVENT  quelques  lettres  efcritespAr  Guy  de  Bres  de  fi  prifon  de  Vallencennes. 

|Ov  $  auons  vcu  iufqu'icy  de  quellcforce&:  doctrine  ce  feruitcur  de  Dieu  a  efté 
ggçj  muni  denhautpourfurmontcr  les  premiers  combats  de  l'emprifonnement:  Se 
puislesfubciUcœ&rufesdesaduerfcircsle  prouoquans  endifputç:oyons  maintenant 

quelle 


Lettres  fonfolatoires.  688 

quelle  affection  &  foingChreftié  il  a  porté  aux  ficns:&  premièrement  à  fa  femme  Ca- 
therine Ramon, à  laquelle  entre  autres  lettres,  celle  qui  s'enfuit  cft  digne  d'eftre  confer 
uce.  Ma  chère  &bien-aimec  efpoufe,&:  fœur  en  noftre  Seigneur  Iefus,  voftre 
angoiflfc&:  douleur  troublant  aucunement  ma  ioyc  &lieffe,caufequeie  vous  eferi  la 
prefente,tancpourvoftreconfolation  quepourla  mienne :ie  dy  notamment  pour  la 
voftrc,d'autant  que m'auez  toufiours  aimé  d'vne  affe&ion  treferdente,  &  qu  a  prefenc 
il  plaift  au  Seigneur  que  la  feparation  fe  face  de  nous  dcux.pour  laquelle  feparation  ic 
fens  voftre  amertume  plus  que  la  mienne.  Et  vous  prie  autant  que  ie  puis  de  ne  vous 
troubler  outre  mefure,  craignant  d'offenfer  Dieu.  Vous  fauez  allez  que  quand  vous  h,  <'U€,le 

,  r       r'  ■  i  i          i         •    •  .1  côditioo  la 

mauezeipoule,vousauezpnnsvn  mary  mortel,lcqud  cftoit  incertain  de  viurc  vne  femme  cf. 
minute  de  tcmps:&:  cependant  il  a  pieu  à  noftre  bon  Dieu  nous  laiflcrviure  cnfemble  Poufc  fan 
l'cfpaccdcnuironfcptansjnous  donnant  cinq  enfans.  SilcSeigneur  euft  voulu  nous  mary" 
laufer  viureplus  long  temps  enfemble,  il  en  auoit  bien  le  moyen.mais  il  ne  luy  plaift 
pas:parquoy  fon  bon  plaiiir  foit  fait,&  vous  foit  pour  toute  raifon.  D'autrepart  confi- 
nerez que  ienefuis  pas  tombé  entre  les  mains  de  mes  aduerfaires  par  cas  fortuit,  mais 
parlaprouidenccde  mon  Dieu,  laquelle  conduit  &  gouuerne  toutes  choies  tant  pe- 
tites que  grandes,comme  il  appert  par  ce  que  Chrift  dit,' Ne  craignez  point:  vos  che- 
ueux  font  nombrez.  Deux  paifereaux  ne  font-ils  pas  vendus  vne  maille.' &:  vn  d'i- Matt-10- 3°« 
ceux  ne  cherra  point  fur  la  terre  fans  la  volonté  de  voftre  Pcre.  Ne  craignez  point 
donc,  vous  eftes  plus  excellents  que  beaucoup  de  paffereaux.  Qu'y  a-il  qui  (oit  eftime 
denous  moindre  qu'vn  chcueuî&:  cependant  voila  la  bouche  de  la  fapience  diuinc  qui  Dieu  tient 
dit  que  Dieu  tient  enregiftré  le  nombre  de  mes  cheueux.  Commentpourra  donc  mal^f'1^.0^ 
ou  aduerfité  aduenir  à  ma  perfonnc,fans  l'ordonnance  &:  prouidence  de  Dieu  î  cela  ne  cheueux. 
peut  nullement  eftre,fi  on  ne  veut  dire  que  Dieu  ne  foit  plus  Dieu.  Et  voila  pourquoy 
le  Prophète  dit,Il  n'y  a  aduerlité  en  la  cité  que  le  Seigneur  n'ait  fait.Et  en  cefte  doctrine  Amos^€' 
nous  voyons  que  tous  les  fàin&s  perfonnages  qui  ont  cfté  deuant  nous,fe  font  confolez 
en  toutes  leurs  affligions  fie  tribulations.  Iofephcftant  vendu  par  fes  frères  pour  eftreGeacfjo. 
mené  en  Egypte  dit,  Vous  aucz  fait  vne  mauuaifc  œuure,mais  Dieu  l'a  conuertic  à  vo- 
ftre bien:Dicu  m'a  enuoyc  deuant  vous  en  Egypte  pour  voftre  profit.  Autant  en  a  fait 
Dauid  à  l'endroit  de  Semci  qui  le  maudiflbit.  Le  mefmc  a  fait  Iob:&:  ainfi  confequem- 
ment  tous  les  autres.  Etc'eftlacaufe  pourquoy  les  Euangeliftes  traittans  fi  diligem- 
ment des  foufrranecs  &  de  la  mort  de  noftrc  Seigneur  Iefus  Chrift,  adiouftent,  Et  cecy  a 
eJléfanjàfinqueJyJlacmmpLceejuiefloiteJbitdeluy.  Le  mefmc  doit  eftre  rapporté  à  tous  les  u  raybh 
membres  dïceluy.Ileft  bien  vray  que  la  raifon  humaine  bataille  contre  cefte  doctrine,  ,,uma|ne  m 
&  y  refîftc  tant  qu'elle  pcut,&  ie  l'ay  tresfort  expérimenté.  Lorsque  ie  fu  appréhendé  uT\x\xZ 
iedifoyeen  moy-mefme,Nousauonsmal  fait  de  cheminer  lî  grande  troupe  enfemble:  »"<fcncc  de 
nous  auons  cfté  defcouuers  par  vn  tel  &  par  vntehnous  ne  deuionsarrefter  nulle  part.  Dieu' 
&:  fous  telles  cogitations  ie  demeuray  là  tout  accablé  enmespenfees,iufquesà  ce  que 
i'eu  eflcué  mon  cforit  plus  haut  àla  méditation  delà  prouidencede  Dieu.  Adonc  mon 
cœur  commença  a  fentir  vn  merucilleux  repos  :ie  commençay  lors  à  dire,  Mon  Dieu, 
tu  m'as  fait  naiftre  au  temps  &  à  l'heure  que  tu  auois  ordonnée  durant  tout  ce  temps 
de  ma  vie,tu  m'as  gardé  &prefcrué  en  des  mcrueilleux  dangers,  &  m'en  as  deliuré  du 
toun&  fi  àprefent  mon  heure eft  venue  que  icdoy  parler  de  cefte  vie  à  toy,ta  bonne 
volonté  foit  faitCjic  ne  puisefehapper  de  tes  mains.  Et  quand  ie  pourroye  ie  ne  vou- 
droye,  d'autant  que  c'eft  toute  ma  félicité  de  me  conformer  à  ta  volonté.  Toutes  ces 
confiderations  ont  rendu  &c  rendent  encore  mon  cœur  trefalaigre  &c  difpos.  E  t  ie  vous 
prie,  ma  chère  &:  fidèle  compagne,  de  vous  en  refiouirauccmoy,&  remercier  ce  bon 
Dieu  de  ce  qu'il  fait.  Car  il  ne  fait  rien  qui  ne  foit  iufte  &  trcfequitable,&  principale- 
ment vous  vous  en  deuezrcfiouir,  d'autant  que  c'eft  pour  mon  bien  &c  pour  mon  ^-^y^- 
pos.Vous  aucz  alTezapperceu&rcfenti  mes  labcurs,croix,  perfecutions  6c  afrii&ions, 
lefquelles  i'ay  enduré:&:  mefmes  en  aucz  cfté  participante  quâd  vous  m'auez  fait  com  -<fc  Guy  De 
pagnieen  mes  voyages  durantletemps  démon  exil.&  voicy  à  prefent  mon  Dieu  quiBrcî* 
me  veut  tendre  la  main  pour  me  recueillir  en  fon  Royaume  bien-heureux.  le  m'en  voy 
deuant  vous:&  quand  il  plaira  au  Seigneur  vous  me  fiiyurezrce  ne  fera  point  pour  tout 
temps  que  la  feparation  fc  fera.  Le  Seigneur  vous  recueillira  aufsi  pour  nous  con-j^^1^ 
ioindre  enfemble  à  noftrc  chef  Iefus  Chrift.  Ce  n'eft  pas  icy  le  lieu  de  noftre habita-  aucicL 
tion,il  eft  au  ciel:  c'eft  icy  le  lieu  de  noftre  pérégrination.  Parquoy  afpirons  après  no- 


Liurc^j  FI  IL  Lettres  confolatoires. 

ftrc  vrav  pays  qui  elt  le  ciel,&:  defirons ku-toucd'cilrcicceusenlamaKon dciiaflrt 
Perecelefte, pourvoir noltre  Frère, Chef,  &:  Sau  u  eu  r  Iefus  Chtift , pourvoir latreino- 
ble  compagnie  des  Patriarches,  Prophètes,  Apoftres,&:  tant  de  milliers  de  Martyrs ,  en 
la  côpagnie  deiquels  l'efpere  eftrereceuilli quand i'auray  achcuelecoursdel'admini- 
itration,laquellei'ay  receuë  démon  Seigneur  Icfus  .levons  prie  donc,  ma  bien-aimee, 
que  vous  vous  confoliez  en  la  médication  de  ces  choies. Conlidcrez  à  bô  clcient  l'hon- 
neur que  Dieu  vous  tait,  de  vous  auoir  donne  vn  mary  qui  loir  non  Seulement  Miniftrc 
dufainct.Euangile,maîs  aufsi  qui  cft  tant  eltime  &:  prile  de  Dieu,  qu'il  le  daigne  taire 
Quel  non-  participant  de  la  couronne  des  Martyrs. C  elt  vn  tel  honneur  que  Dieu  n'en  fait  pas  de 
SvftreMar-  femblable  à  fes  Ànges.Ieluisioyeux,moncœureltalaigre:ilneme  de  but  rien  en  mes 
tyr  du  Sù-  afflictions .  Ieiuisrempliderabondancedesricheifcs démon  Dieu,  voire  ie  fuis  celle- 
gncuf:       ment  confolé  quefen  av  allez  pour  mov  &c  pour  tous  ceux  aufquels  ie  pourroye  pai  1er. 

Pour  l.i  quelle  choie  ie  prie  mon  Dieu  qu'il  continue  enuers  mov  fon  pnfonnicr  fa  bon- 
té Se  bénignité:  ce  quaufsii'efpcre  qu'il  fera:  car  iefens  bien  par  expérience  qu'il  n'a- 
bandonne iamais  ceux  qui  efperent  en luy.  le  n'eurle  iamais  pcnlé  que  Dieu  cuit  cité 
LuSwcs>S  tant  débonnaire  enuer  s  vne  iipoure  créature  que  ie  luis .  ïefens  a  prefent  la  fidehtc  de 
qui  «c  Ce  lîlon  Seigneur  Iefus  Chrift.  le  pratique  a  pnjent  ceqitei'ay  tant  prejehé  aux  autres.  F.tccrtc<  tljaut 
cTTimcfCZ  ^uc  ieconfcfji  icLt,à  jçauoirquv  quand  tay  prefché-,  ieparloye  comme  vn  aueugle  dis  i  oulearsy  au  regard 
dece  que  iejéns  à  prefent  par  pratique,  l'ay  plus  profité  &:apprins  depuis  queie  iuisprilon- 
nier  que  ienay  fait  toute  ma  vic:ie  fuis  en  vne  tresbonneefcole:  l'ay  lefainciEfprit  qui 
ni'inlpirc  continuellement,  &  qui  m'enfeigne  à  manier  les  armes  en  cccôbat.  1  >  autre 
coite  Satan  l'aducriaire  de  tous  les  enfans  de  Dieu,  qui  elt  comme  vn  lyon  bruyant  &£ 
rugi  liant ,  me  circuit  de  toutes  pars  pour  menaurer.  Maisceluy  qui  m  a  dit,  Ne  craia 
point ,  i'ay  vaincu  le  monde ,  me  rend  victorieux  .  Ht  délia  ie  voy  que  le  Seigneur  brile 
Satan  defîbus  mespiedst&fenslapui/Tancede  Dieu  parfaite  en  mon  infirmité.  Noltre 
Seigneur  me  fait  fentird'vn  collé  mon  infirmité  8>C  ma  pctitelfc,quc  ie  ne  luis  qu'vn 
poure  vaiifeau  de  terre,fragille  au  pofsible,à  fin  que  ie  m'humilie,  &  que  toute  la  gloire 
delà  victoire  luy  foit  donnée.  Del'autre  collé  il  me  fortifie  &  me  conlbled'vne  façon 
incroyable:mefmeie  fuis  mieux  a  mon  aife  que  les  ennemis  del  bluangile.  le  mâge,bov, 
&:  repofe  mieux  qu'eux.  le  fuis  loge  en  la  plus  forte  prifon  &c  la  plus  mefehante  qui  Ibit, 
Brunjin.pri  obfcure  &  tenebreule ,  laquelle  pour  fon  obfcurité  on  nomme  Brunatn  :  &  n'ay  l'air  que 
Ici.3        Par  vn  Pet'c  trou  Puanc>^  ou  on  iettc  lcs  infedtionsaay  des  fers  aux  pieds  &:  mains-gros 
&C  pelans,  qui  meferuent  d'vncgehenne  continuelle,  mecauansiulques dedans  mes 
pourcs  os:apres  le  Preuoft  des  marefehaux  viét  viiîtcr  mes  fers  deux  ou  trois  fois  le  iour, 
craignant  que  ie  nefehappe:  &  d'abondant  ils  ont  mis  trois  gardes  de  quarantehom- 
Lccapitainc  rnesdeuant  la  porte  de  la  prifon  .  l'ay  aufsi  les  vifi tarions  de  monlîeur  deHamaide,  le- 
fcsTonfolS  quel  me  vient  voir,pour  me  confoler&:  exhorter  à  paticnce,comme  il  dit  :  mais  il  vient 
rioHï.       volontiers  après  diiher,  après  qu'il  a  le  vin  en  la  telle  Se  le  ventre  farcy.  Vouspouuez 
penfer  quelles  font  fes  conlblations  :  ii  me  donne  force  menaces,  &C  m'a  dit  que  li  ie  tay 
le  moindre  ligne  du  monde  de  vouloir  efchapper,  qu'il  meferaenchainer  par  le  col ,  le 
corpsôe  lesiambes,defortequciencpourraymouuoirvn  doigt:  &;  beaucoup  d'au- 
tres femblables  propos. Mais  pour  tout  cela  mon  Dieu  ne  laille  pas  de  tenir  fa  prome/fe 
&:  conloler  mon  cceur,me  donnant  trelgrand  contentement.  Veu  donc  que  les  choies 
font  telles,  ma  bonne  feeur  &  fidèle  efpoufe ,  ie  vous  prie  de  vous  confolcr  au  Seigneur 
en  vos  afrlictions,6c  remettre  en  luy  &:  vous &:  vos  affairesnl  elt  le  mary  des  vefues  fidè- 
les, &:  le  peredes  poures  orphelins:  il  ne  vous  delailfera  iamais.  àc  de  cclaie  vous  alfeu- 
re.  Portez-vous  toufiours  corne  vne  femme  Chrefticne  &:  fideieen  la  crainte  de  Dieu, 
comme  toufiours  vous  auez  fait,  &c  honorez ,  entant  qu'en  vous  fera,  par  voltrc  bonne 
vie  &;  conucrfation,Iadottrine  du  Fils  de  Dicu,laquelle  voftre  mary  a  prefché:  &;  com- 
me toufiours  vous  m'auez  aime  trenrancectueufement,ie  vous  prie  de  la  continuer  en- 
uers nos  petits  enfans:inlîruifezdes  en  la  cognoiifance  du  vray  Dieu  &C  de  L'on  Fils  Iefus 
Chrift.  Soyez  leur  perc&  merc ,  &:  regardez  qu'ils  foyent  traitiez  honneftemét  d  u  peu 
que  Dieu  vous  a  donné.  Si  Dieu  vous  fait  la  grâce  de  viurc  après  mon  trefpas  en  vidui- 
té  auec  vos  petits  enfans,  vous  ferez  fort  bien  .  Si  vousnepouuez,&:  que  les  moyens 
vous  defaillcnt,rcgardez  que  vous-vous  alliez  à  quelque  homme  de  bien,fidele&:crai- 
gnant  Dieu,  duquel  on  ait  bon  tefmoignagc.  Et  quand  i'auray  les  moyens  i'eicriray  à 
nos  amis  qu'ils  ayent  foing  de  vous ,  côme  ie  croy  qu'ils  ne  vous  defaudrôt  point.  Vous 

vous 


Lettres  confolatoires.  68  ? 

vous  pourrez  remettre  en  voftre  premier  train,  après  que  le  Seigneur  m'aura  retiré. 
Vous  au  ez  noftre  fille  Sara  ,  qui  fera  tantoftefleuee  :  elle  vous  pourra  tenir  copagnie, 
&vous  afsifterenvosafflidions,ôi  vouscôfoler  en  vos  tribulations:^:  le  Seigneur  fera  Ajmon;ti5s 
toujours  auec  vous.  Saluez  tous  nos  bons  amis  en  mon  nom,  Se  qu'ils  prient  Dieu  çarricuhcres 
pour  moy,à  ce  qu'il  me  donne  force,bouche,&:  fâpienec  telle  pour  maintenir  la  vérité  a*a  fcnun& 
duFils  de  Dieu  iufques  àla  fin,&  iniques  au  dernier  foufpir  de  ma  vie.  A-dieu  Catheri- 
ne,ma  tres-bonne  amie.  le  prie  monDieu  qu'il  vous  vueille  côfolcr,&:  donner  contéce- 
ment  de  fa  bonne  volonté.  I'efpere  que  Dieu  me  tera  la  grâce  de  vous  eferire  d'auanta- 
ge,s'il  luy  plaift,  pourvoûsconfolcr  tant  que  ieièray  en  cepoure  monde-  &  gardez  ma 
lettre  pour  fouuenance  de  moy  :  elle  eft  bien  mal  eferite ,  mais  c'eft  comme  le  puis ,  6c 
non  pas  commeie  veux. le  vous  prie  de  me  recommander  à  ma  bonne  met e.  I'efpere  de 
luy  eferire  quelque  confolation,  s'il  plaift  à  Dieu. Saluez  aufsi  ma  bonne  iceur,&:  qu'elle 
prenne  de  Dieu  ion  affliction. Bien  vous  foit.  Voftre  fidèle  maryGuydc  Brcs,miniftrc 
de  la  Parole  de  Dieu  à  Vallencennes,&  à  prefent  prifbnnier  pour  le  Fils  de  Dieu. 

A  V  T  R  E  lettre  dudit  de  Bres,par  laquelle  il  conlolc  fa  mere  en  fon  affliaion. 

Abonne&:  bien-aimeemere,quandieconiiderc  à  partmoy,  combien  mon  em- 
_^  prifonnement  vous  eft  grief  &  difficile  à  porter,  à  eaufe  de  la  grade  affection  ma- 
ternelle que  nfauez  touliours  porté:  il  ne  fe  peut  faire  que  mon  cceui  ne  ibit  tranfpei  cé 
de  do  uleur,&:  que  mes  entrailles  n'en  foyent  grandement  cfmeués.  Et  certes  iepuis  a 
prefent  bié  dire  par  experience,quc  c'eft  vneduredefpartie  de  la  mere  &  de  fon  enfant.  pa1^  ^  jA 
Mais  quoy?quandicconfiderequeladelpartieeftfanscomparaifon  plusdurc,quandil  mere  &.  de 
faut  que  l'home  defparte  de  fon  Dieu,  &:  quitte  la  félicité  éternelle  :  ie  me  ièns  aucune- fon  ent'lm* 
men  t  releuc  de  ma  peine,pour  regarder  à  ma  vocation,&  à  la  caufe  du  Fils  de  Dieu,  la- 
quelle il  faut  que  ic  maintienne  deuant  les  hommes .  Il  mefemblequei'oy  Icfus  Chrift 
mon  Maiftre,parlant  de  viue  voix,&  me difant, Quiconqueaimera  ion  pere  &  (a  mere  Mm*  '°-37 
plus  que  moy,il  n'eft  point  digne  d'eftre  des  miens.  Puis  il  me  dit,  le  vous  di  en  veritc,il  Mattlu<?.ij> 
n'yanulquiaitdelaifléfarnaiibn,ou  parens,ou  frères,  ouenfans  pour  le  royaume  de 
Dieu,qu'iln'en  reçoiue  beaucoup  plus  en  cetéps-cy,&au  fiecleaducnir  la  vie  éternelle. 
Telles  paroles  certes  me  font  mettre  toutes  chofes  en  arrière,  ôc  me  font  bôdir  le  c  œur 
deioyeen  mes  entrailles,  quand  icpenlèàla  fermetés  veritédeceluyqui parle  ainfî 
à  mov.  le  dy  donc  hardiment  auec  faind  Paul,  I'eftime  toutes  chofes  comme  fiente,  &  PH%3-8- 
Icsrcpute  pour  dommage,  pour  l'excellence  de  la  cognohTancede  mon  Seigneur  Icfus 
Chnft.  Vous  aufsi  ma  bien-aimee,  furmontez  vos  douleurs  par  la  confédération  du  bon 
vouloir  de  Dieu  ,  lequel  veut  ainfi  difpofer  de  ma  perfonne  pour  eftre  glorifié  en  moy 
pourc  vaifleau  fragile. Rcduifez  en  voftre  entendemét  comme  il  a  pieu  à  Dieu  de  m'ap- 
peler  à  fon  feruice  contre  toute  efperance  humaine:  voire  &c  quand  feftoye  encore  por- 
té en  voftre  ventre,vous  couriez  par  la  ville  de  Mons  après  vn  certain  Iefuifte  Italienne- 
quel  prefehoit  parles  rues  .  Vous  dites  lors  en  priant  Dieu,  Mon  Dieu  que  ne  m'as-tu  fa°^  fc 
donné  vn  tel  enfant?  Et  que  n'eft  ljenfant  que  ie  porte  en  mon  ventre,  vn  enfantpour  Guy  de 
pref  cher  ta  Parole?  Vous  le  dites,&  Dieu  vous  exauça:  voire  félon  qu'il  eft  riche  en  mi-  Brcs- 
ferk  orde,  &  qu'il  peut  faire  toutes  chof  es  plus  abondamment  que  nous  n'oferions  de- 
manderai vous  a  donné  plus  queneluy  demandiez.  Vous  demandiez  que  l'enfant  que  Lafefte  des 
vous  port  iez  fuft  tel  que  ce  Iefuifte:il  l'a  bien  fait  Iefuifte,  mais  no  pas  de  ces  fe&es  nou-  JefuiiWf- 
uclles  qu'on  appel  le  Iefuiftcs.  Ainsmefaifant  eftre  vray  imitateur  de  Icfus  Fils  de  Dieu,  C 
m'a  appelé  aulàin£tMiniftere,non  point pourprefeher la dodrinedes hommes, mais 
lapure&  fimple  Parole  delefus&  defes  Apoftres  :ceque  i'ay  fait  iufques  à  prefent  en 
bon  n  e  &:  faine  confeien  ce,ne  cerchan  t  au  tre  chofe  que  le  falut  des  hom  m  es, non  pas  ma 
gloire,ne  mon  profit  particulier.  Tefmoin  le  zele  de  Dieu  qui  a  cfté  en  moy,  accompa-  Zele  de 
gnéde  beaucoup  decroix ,  afflictions  &:  trauaux ,  &c  non  par  vn  petit  nombre  deiours, D,eu  arcom 
mais  par  beaucoup  d'années. Toutes  ces  chofes  vous  doyuent  retourner  au  deuat  pour  J^fjjjf  dc 
voftre  confolation,&:vousreputerbien-heureufède  ce  que  Dieu  vous  fait  fhôneur  d'à- 
uoir  porté,nourri,&:  efleué  vn  de  fes  feruitcurs,  lequel  il  reçoit  à  la  courône  &  gloire  de 
martyre.  Qu'il  ne  vous  foit  point  grief,fi  mon  Dieu  me  veut  à  prefent  receuoir  en  facri- 
fice  de  bon  odcur,&  confermer  par  ma  mort  le  peuple  qu'il  a  elleu.  le  fuis  ioyeux  quac 
à  moy:&  vous  prie  de  vous  en  refiouir  auec  moy,fachant  que  cela  tournera  à  mô  grand 
bien  &:  falut.  le  me  fubmets  â  tout  ce  qu'il  luy  plaira  faire  de  moy,  fâchant  qu'il  ne  veut 

AAA.  i. 


Uuy^j  V  HL  Lettres  confolatoires. 

rien  faire  qui  ne  foie  iufte  &  raifonnablc.  Il  eft  mon  Dieu  &  mon  Pcre,n  ayat  point  fau- 
te de  bonne  volonté  enuers  moy ,  &C  de  puiflance  pour  me  deliurer ,  s'il  le  crouuc  bon. 
partant  ie  merepofe  du  tout  en  luy  .Que  s'il  trouue  bon  de  me  retirer  à  prefent  de  cefto 
poure  vie  tant  caduque  &laboricufc,il  me  retirera  en  lafleur  démon  aage,ayant  beau- 
coup labouré  &  femé  en  l'Eglife  de  fon  Fils  :  voire,&:  m'ayant  deiïa  fait  vok  de  mes  yeux 
le  fruitt  de  mes  labeurs  &  trauaux,beniflfant&:rendat  grandement  fructueux  monmi- 
niftere  :  de  forte  que  l'Eglife  s'en  refentira  longues  années  après  ma  mort .  le  ne  puis 
moins  que  de  me  tenir  contenté  ralTafié  d'auoir  veu  ce  quemon  Dieu  m'a  fait  voir.  11 
y  a  encore  beaucoup  de  bonnefemence,laquellci'ayfemee,quieftàprciènt  corne  enfe- 
uclicen  la  terrc.Maiscftant  arroufee démon  fang,clle croiftra&  fe manifeftera à  mer- 
ueilles.Qucdoy-ie  donc  maintenant  defirer,tinon  que  la  volonté  de  mon  Dieu  le  face, 
&:  que  ie  m'apprefte  à  moùTonner  au  ciel  en  gloire &incorruptiô  le  rruict  de  ce  que  l'ay 
*  rw£  femé  çà  bas  en  terre  auec  larmesaux  yeux  î  Et,ccrtcs,i  efpere  que  legrand  peuple  que 
le  fe  moîf-  j>ay  a<1jgnc  à  mon  Seigneur  Iefus  par  TEuangile ,  fera  ma  gloire  &:  ma  couronne  au  iour 
["cl"0  a"  dernier.  le  m'en  vay  donc  Se  marche  par  le  chemin  eftroit&:  difficile  qui  mené  à  la  vie: 
le  m'en  vay  le  chemin  par  où  ont  parte'  tous  les  Prophètes ,  &c  les  Apoftrcs,  voite  le  pro- 
pre Fils  de  Dieu  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift ,  Se  tant  de  milliers  de  Martyrs  qui  ont  ef- 
panduleur  fangpourleteimoignage  dcl'Euangile .  Ceft  la  voye  de  laquelle  Chrift  a 
parlc,dilanc, Entrez  par  la  porte  eftroitte  :  car  ie  vous  dy  que  plutieurs  tafeheront  d'en- 
Nbtcl».7.i3-  jrer  g£  n'entreront  point.  Ceft  le  chemin  trefeftroit  duquel  parle  Efdras,  lequel  n'eil 
4.EfdraS7.7  qu  vn  pas  dclarge,&  deftous  celte  planche  il  y  a  vn  grand  fleuuc,&  vn  feu  lequel  deuo- 
rc  ceux  qui  choppent  &c  treibuchent .  Cependant  cefte planche  mené  àla  cité  remplie 
de  tous  biens,  qui  eft  la  vie  bien-heureufe ,  où  les  enfans  de  Dieu  n'auront  faute  de  rien. 
Que  me  profiteroit  de  cheminer  auec  le  monde  par  la  voye  large&  fpatieufe  pour  tref- 
bucher  à  la  fin  en  ruine  &  perdition  éternelle?  Ic  fay  bien  que  fi  ie  vouloyc  renoncer 
mon  bon  Seigneur  Iefus,  &:  retourner  en  mon  immondicité  &  fouillure  de  cefte  vie,le 
monde  m'embracheroit,  &:  feroit  eftime  de  ma  perfonne .  Mais  à  Dieu  ne  plaii'e  que  ie 
renonce  mon  Sauueur,pour  mettre  des  idoles  en  faplace,Ô£  deschofes  profanes,au  lieu 
de  fon  fang  pretieux.  le  luy  ay  défia  ferui  plus  de  vingt  ans,&  iamais  il  ne  m'a  défailli  en 
aucune  choie:  ains  m'a  toufiours  môftré  vnedile&ion,furmontant  tout  entendement 
des  homes:outrecegrandbeneficc  qu'il  s'eft  donné  àlamortignominieufe  de  lacroix, 
pour  me  donner  la  vie  éternelle.  Quoy  doncîdelaiiferoy'-ie  le  viuant  pour  auoir  refuge 
aux  morts'ïLaiiferoy'-iele  ciel  pour  prendre  la  terre;  les  chofes  éternelles  pour  les  tem- 
porelles? Abandonneroy'-iela  vraye  vie  pour  la  mort  corporelle  ?  Celuy  qui  feu  1  eft;  ma 
force  &  mon  rocher,m,cnvueillegarder,&  femonftreaiibefoineftremongarant,mon 
bouclier  &:  defenfeur,&  la  force  de  ma  vie  en  ma  petitefTc&:  infirmité. le  puis  dire  auec 
(aintt  Pierre,  quand  Chrift  luy  demanda,  après  quegrand  nombre  de  fes  difciples  l'a- 
uovent  abandonné  &  s'eftoyent  reuolt ez  de  luy, Et  vous,dit-il,vous  en  voulez- vous  pas 
\an6.67   ftu^.  aller  comme  içS  autres  ?  Pierre  refpondit,  Seigneur ,  à  qui  irions-nous  ?  car  deuers 
tovfont  les  parolesdevie  éternelle.  Le  Seigneur  mô  Dieu  ne  melaiflcpas  venir  iufqucs 
là,queie  quitte  auec  le  monde  les  fontaines  d'eau  viue,pour  fouir  &  cauer  des  eifternes 
qui  ne  contiennét  point  d'eauxomme  Dieu  à  bon  droict  fe  coplaint  par  fon  Prophète 
lcrcm.ia3.  jcrcrnie  ^c  fon  pCU  ple  d'Ifrael.  Or  ie  croy  fermement  que  ie  ne  fuis  pas  fils  de  fubftra- 
ction  pour  aller  à  pcrdition,ains  de  foy  en  acquifition  de  lame. Quant  à  moy,ie  dy  har- 
dimctauecMoyfe,  que  i'ayme  mieux  cftre  affligé  auec  le  peuple  de  Dieu,  que  de  iouir 
Hcbr.iwj-       ^     tem^s  des  délices  de  péché,  eftimant  l'opprobrede  Chrift  plus  grandes  richef- 
fes  que  tous  les  threfors  du  mondc-.carie  regarde  à  la  rémunération,  &  fefpere  que  la 
vertu  de  la  foy  ne  fera  point  vaine  en  moy  au  befoin.    Et  défia  par  icelle  ie  furmon  te  le 
mondcSc  tous  mes aduer£aires:commerApoftrememonftrc&cnfeigne,Que les  fidà 
les  del'ancien  Teftamcnr,  ayans  la  mefmc  foy  ont  furmonté  en  leurs  afflictions  :  difant 
Htbr.n.?î.  qu'aucuns  ont cftécftendus  comme tabourins , ne tenans conte deftre  deliurez,àfin 
•    qu'ils  trouuaftentvne  meilleure  refurrection:&:  les  autres  ont  efté  moquez&batus:en 
iifiXtroutreontcftéliez&misenprifon:ilsonteftélapidcz:ilsont  eftéfcicznls  ont  efté  ten- 
du vicilTc-  ceZ:jlSont efté  misa  mort  par occifiôdeglaiue:ils ont  cheminé  çà&  là  veftus de  peaux 
1Uum'    de  brebis  U  de  cheurcs:cn  indigence,tm  angoifîe ,  opprefléz  Se  affligez,  deiquels  le  mo- 
de n'eftoit  pas  digne:  en  ans  aux  deferts,  aux  montagnes,  fofTes  &  cauernes  de  la  terre. 
Tous  ces  faincts  perfonnages  ont  vaincu  le  monde  par  foy  en  mourant ,  &:  eftans  corn 


BcneHccsdc 
Dieu  incô- 
paublcs. 


me 


Lettres  confolatoires.  6  $  0 

me  veincus&:  exterminez  des  hommes.  Que  diray-iedonc  maintenant  quand  mon 
Dieu  me  propofe  deuantles  yeuxvne  fi  grande  nuce  detefmoins&:  vaillans  cham- 
pions? Certes  îereiettc  loin  de  moy,  tant  que  ie  puis,  le  fardeau  de  péché  qui  m'enui- 
ronne,pour  eftrc  plus  alaigre  à  la  luitte ,  &c  que  ie  coure  par  patience  au  côbat  qui  m'eft 
propofé,  regardant  au  chef  de  la  foy  &:  confummateur  Iefusdequel  quand  la  gloiic  6c  la  Hebr.ua; 
croix  luy  ont  elle  propolees,  a  choifi  6c  efleu  pluftoft  la  croix ,  en  melprilant  confulion: 
&eftaflis  àladextreduficgede  Dieu.  Et  penfe&:  repenlcàccJuyquia  fouftert  telle 
contradiction  de  pécheurs  contre  foy-mefme,à  fin  queieneloycennuyé  pour  défaillir 
en  mon  courage.  le  conlidere  que  ien'ay  pas  encore  refifté  contre  le  péché  iulques  au 
fang  lldoitfuffin(dit  Ielus  Q\\ù^)quandle ferutteur  ijl  aufibien  traité  que  fon  maifire-.car  le  ferai-  Macr.10.z4. 
teurrieftpas  fins  grand,  qmfon  fèigneur.  I'ay  bien  matière  de  me  refiouir  grandement,quad  &  15 
ievoyquemon  Maiftre  Ielus  Chrift  me  fait  l  lionneur  de  me  faire  Icoirauecluy  à  fa 
table  y  me  faiiant  ma  fouppe  de  l'on  mcfmc  pain ,  &  me  fanant  boire  à  l'a  propre  coup- 
pe,6V:en  fon  hanap.  Eft-celàpeude  chofedefuyurc  vntel  Seigneur?C'cft  luy  qui  a  fait 
leciel&  lacerredericn  par  fa  parole  vcrtueufe.Ceft  luy  deuât  la  face  duquel  les  Anges 
6c  Archanges  couin  ent  leurs  faccs,&:  tremblent  deuant  luv  :  6c  voicy  moy  vn  poure  ver 
de  terre  enuironne  d'infirmité,  il  luy  plaift  m'appelerfon  amy,  6c  non  pas  (eruiteur.  O  ^jrtlnû, 
quel  honneur!  Il  ne  lait  pas  mefmeceft  honneur  à  les  Anges  delesadmettreà  fouffrir  lurmomc  U 
pour  fon  nom.    Et  qui  fuis-ie  moy  pour  receuoir  vn  tel  honneur  de  mon  Dieu  ?  Cer-  ^"a^'odts 
tes  ie  fuis  raui  au  ciel ,  quand  ie  conlidere  ces  choies.  Et  comme  li  c'eftoit  peu  de  tout 
cela ,  il  me  conl'ole  fans  celle  en  mes  combats,il  eft  icy  prifonnier  auec  moy  :  l'enten  Ie- 
fus  ChriftmonMaiftre.Ielevoy,parmaniercdedire, enclos  6c  enferré  en  mes  fers  6c 
liens.  le  le  voy  des  yeux  de  mon  cl  prit  enclos  en  ma  prifon  obfcure&  çenebreufe,com- 
jne  il  m'a  promis  par  fa  parole  très  véritable d'eftre auec  moy  tous  les  iours  iniques  à  la 
fin.  Il  dit  que  quand  fvn  de  lés  plus  petits  dilciples  eft  pnlbnnier,  que  ceft  luy-mefme,^attIliS' 
difant,iVy  ejléprifonnier&voiu  mauexyifité.W  difoit  à  Saul,  Saut,  Saul,  pourquoyme  perfecu-  Matt.15.3er. 
tes-tu?6c  cependant  il  neperfecutoitunon  les  poures  fidèles:  mais  Chrift  dit  que  c'eft  àAa,M- 
luy  qu'il  s'attachoit.  Il  a  dit  par  fon  prophète  Zacharie,  Qui  vous  touche,  il  touche  Uprunel-  ~  ,  ? 
le  de  monveil.  qu'y  a  il  de  plus  précieux  6c  de  plus  près  gardé  que  l'œil  :  &c  cependant  voila 
mon  Seigneur  qui  dit,  que  le  mal  &c  les  afflictions  qu'on  me  fait  luy  redondent  droit  en 
la  prunelle  de  l'œil.  O  quel  Maiftre!  6  quel  Seigneur  mon  Dieu  mafaittrouuerlTrou- 
uera-on  beaucoup  demaiftresqui  parleront  ainll  de  leurs  leruiteurs?ie  ne  lecroy  pas.  Il 
eft  icy  auec  moy  auec  vne  infinité  d'Anges,  me  conlolant& fortifiant,  &:faifant  Ton- 
ner celte  tant  douce  mélodie  des  paroles  de  fa  bouche  en  mes  oreilles,  me difant,  le  ApocaU.7. 
donneray  à  celuy  qui  veinera ,  à  manger  de  t arbre  de  vie ,  lequel  efi  au  milieu  du  paradis  de  mon  Dieu. 
\ï.cu\,lecognoyta  irilmUtion&tapoureté^maistuesriche.TuesbUfmédeceu  p 
&nele font point:  m au  font  la  fynagogue  de  Satan.  Ne  crainles  chofesquetu  as  a  fouffrir  wouy  le 
diable  doit  enuoyer  aucuns  de  vous  en  pnfon.  Puis  il  me  dit,  Sois  fidèle  iufques  à  la  mort  ,<&iete  don-  Apoc.i .10. 
neray  la  couronne  dévie.  O  quelle  confolacion:  Mon  cœur  bondit  dedans  mes  entrailles , 
quand  ces  paroles  Ibnncnt  à  mes  aureillcs.  Cen'eft  pas  vn  menteur  ou  trompeur  qui 
parle  ainli  :  mais  c'eft  le  Fils  de  Dieu,  la  bouche  lins  fraude  ,1a  vérité  infaillible.  Eftâc 
donc  ainliconfolé,  fortifié  ,  &difpolé  par  laconfolation  diuine  ,  ie  combats  en  mes 
liens,  me  tenant  millcfois  bien-heureux  d'auoir  part  &:  communion  auxlbufFrances&S 
arHidions  de  Chrift  :  fâchant  bien  queienefouffre  point  pour  auoir  tait  tort  6c  extor- 
(îon  àperlonne.  I'ay  procuré  le  falut  de  tous  hommes,  entanc  qu'en  moy  a  efté:i'ay  an-  0  ,czccci 
noncélapaixàtous.    Etnclbuffrcpour  aucrechofe,  linon  pour  auoir  prefché  IefuSpeticcuteurî 
Chrift  crucifié  pour  le  falut  des  hommes. Et  de  cela  l'en  appelle  en  tefmoignage  la  con-  J« vnis  Mi 
feiencedeceuxqui  me  tiennent  icy  enferré  comme  mal-faicteur.  Partantàbon  droit"'  s* 
iemerefiouyde  foufFrirpour  Chrift, pour  la  vérité,  pouriuftice,  fachant,comme'  dit 
faind  Pierre,  que  TElprit  de  la  gloire  de  Chrift  repofe  fur  moy  :  ie  fuis  content:  ie  fuis  iPicr.4.  ï4; 
rempli  de  biens.  le  n'ay  faute  de  rien,  tant  bien  le  Seigneur  me  remplit  de  fes  biens. 
Que  diray-ic  donc  î  puis  que  mon  Dieu  m'a  fait  voir  le  royaume  de  fon  Fils  florir  en  la 
terre  de  ma  natiuité,  6c  que  maintenant  il  m'appelle  au  repos,  certes  ie  dy  de  bon  cœur 
auec  Simeon  le  bon  vieillard ,  embraflant  Ielus  Chrift  comme  nouueau  nay  entre  mes 
bras ,  diiant,  Or  LujJès,Createur,  en  paix  ton ferutteur,  enfuyuant  ta  promejjè.  le  fuis  content  de  Luc  2i^; 
départir  de  cefte  vie  m  ortcllc,  pour  entrer  au  repos  de  mon  Dieu.  Ainli  donc,  ma  bon- 
ne mere,  puis  que  vous  me  voyez  ainfi  bien  difpos&  alaigre,  foyez contente >6c  vous 

A  A  A.  li. 


Liurtu  VIII-  Lettres  confoUtoires. 

refiouiffez auec  moy  de  l'honneur  que  Dieu  vous  faic.  Dieu  vous  adonné  vn  fils  pref- 
cheur  de  la  parole,  encore  que  vous  encendiez  demander  vn  qui  prefehaft  les  doctri- 
nes humaines.  Et  comme  les  croix  &  perfecutions  accompagnent  volontiers  la  paro- 
le de  Dicu,  l'en  fuis  fait  participant.  Netrouuezpascela  ellrangc:  carfoit  moy,foit 
i.Tirooth.}.  qui  que  ce  foit  ^Quiconque voudra  Viure  fidèlement  en  IefusChriJlfouffrtra  perfecutton  ,  comme 
w"         fainâ  Paul  tefmoigneà  tous. Soyez  donc  contente:  Dieu  vous  a  fait  voir  tous  vos  en- 
fans  mariez  :  &c  auez  veu  leurs  lignées.  Vous  auez  vefeu  en  bonne  vicillelfe  :  &  félon  le 
cours  de  nature  vous  ne  pouuez  pas  long  temps  viure  après  moy .  le  m'en  vay  deuant, 
&  vous  me  fuiurez  après  que  vous  aurez  accôpli  vos  iours.  Il  ncfautpass'arrcfter  aux 
fouffrances  de  la  vie  pretente ,  pout  demeurer  là  tout  coy  en  les  contemplant:tout  ce- 
la ne  fait  que  tirer  larmes  des  yeux  ,  &:  eftonner  les  perlonnes.  Mais  il  faut  confiderer 
quetoutlepalferahaftiuemenr,&;laioye  qui  fuyurapuis  après  fera  éternelle  &  per- 
manente. Et  les  perfecuteurs  ne  feront  autre  choie  fincnamafler  fur  eux  l'ire  de  Dieu 
qui  les  ruinera  &  accablera  à  la  fin.  Ne  voyez-vous  pas  bien  qu'vne  génération  pafle, 
&vne  autre  vient  ?&ainli  tout  palïc  légèrement  comme  le  vent  &  comme  la  fumée, 
fans  que  rien  Ibit  de  durée.  L'vn  meurt  auiourd'huy  &:  rautrcdcmainrl'vn  d'vnc  for- 
te, l'aune  d'vne  autre.    Il  n'y  a  nul  bien-heureux  en  celle  variétés  inconftance  de  ce 
ficelé,  linon  ceux  qui  font  appuyez  lur  le  ferme  fondement  qui  cft  Icfus  Chrift.  Piopo- 
fez-vous  deuant  vos  yeux  lcxemplede  celte  vertueufe  mere  donrileft  parle  aux.  liu. 
i.Maclub.  dcsMachabecs,iaqiicllevoyantmartyrizer  leslcptfilsen  vneiournee,  voire  les  voyâc 
mourir  d'vne  trefcruelle  mort ,  la  langue  couppee,la  tefte  efeorchee,  les  bras  &  les  iam 
bescouppez,  puis  élire  roftis  dedans  vne  paelle  fur  lefeu:  elle  voyantee  piteux  fpc- 
ctacle  deuant  l'es  yeux,  monlira  vn  cœur  vrayement  virile,  conlblant  &  fortifiant  fes 
propres  enfans,  pour  endurer  la  mort  pour  la  Loy  de  Dieu.  Etoùlcplusieune  elloit 
îî"«  &  di!  commcelbranlé  par  les  promefles  du  tyran,e!le  le  rencouragea  à  IbufFrir  conftammét, 
gn«  d'eftre  &:  àmarcherle  chemin  de  fes  frètes,  luydifanr  qu'il  donnait  volontiers  làvie&fon. 
JJJkJJJJ*  corps  pour  la  Loy  de  DieUj&quil  luyferoit  renduen  la  refurre&ion.  lime  fouuient 
'  aufli  d'auoir  leu  aux  hiftoires  Ecclefiailiques ,  que  du  remps  des  grandes  perfecutions, 
quifefaifoyentiadis,  Les  pourcsChreftienss'elloyentalTemblcz  hors  de  quelque  vil- 
le,  pout  là  ouyr  la  parollede  Dieu.Ilyeut  vncertaingouuerneurqui futenuoyé  pour 
aller  mettre  à  mort  tous  ces  poures  fidèles.  Orcommecc  gouucrncurmarchoit  pour 
exécuter  fa  mefchantecommilfion,le  bruit  en  paruintiufqucs  aux  oreilles  d'vne  bône 
femme  fidelleôi  vrayement  Chrellienne,  laquelle  fehafta  bien  ville  decouriren  la- 
dite afifemblee,  prenant  fon  petit  enfant  entre  fes  bras.  Or  comme  ellcapprocha  de  la 
trouppe  des  tyrans,  cllefe  fourra  au  trauers  d'eux  par  violence  pourfe  faire  palfage. 
Leditgouucrneur  la  voyant  ainlî  courir  &efchaufree,  la  fit  appeler  ,  &:luy  demanda 
où  elle  couroit  tant  halliuc  ment.Elle  rcfpôdit  promptement,  qu'elle  s'en  alloit  en  l'af- 
femblee  des  Chrellicns.  Lors  il  luy  dit,N'as-tu  pas  entendu  la  charge  &  la  commilfion 
qui  m'eft  donnée  de  mettre  tout  à  mort  ?  Elle  refpondit ,  Si  ay  :  &:  c'elt  pour  cela  que  ie 
cour  tant  villcment,  à  fin  d'élire  fi  heureufequedefourTrir  auec  les  autres.  Puis  il  luy 
dem  anda,  Et  que  veux-tu  faire  de  ce  petit  enfant  ?  le  le  porte  auec  moy ,  dit-elle ,  à  fin 
qu'ilfoit  patticipantdela  couronne  de  martyre  auec  lesautres.    Lctyran  ayant  le 
cœur  naure  des  paroles  de  cellefemme,  retourna  à  Ion  maiftre,  fans  exécuter  fon  en- 
treprinfe.    Voilacertcsvncœur  merueilleufement  enflamblé  dczelcde  l'amour  de 
Auueeïcm  Dicu:c'cll  vn  cœur  digne  d'eftre  propofé  à  toutes  femmes.  Il  me  fouuient  encore  d'vnc 
SoireEc?"  autre  mere  &:  de  fon  fils ,  du  temps  que  Romain  fut  martyrizé,on  vouloit  qu'il  adorait 
«lefiaiHquc.  quelques  images:  il  dit  haut  &  clair  au  lieu  publique,  qu'il  n'adoroit  qu'vnfcul  Dieu 
par  Icfus  Chrift  fon  Fils,  Se  que  celle  do&rine  eftoit  tant  certaine^  vraye,que  fi  on  luy 
propofoitvn  petit  enfant  de  fept  ans  qui  n'eft  encore  préoccupe  d'affection  particu- 
lière, &:  il  luy  demandait  de  ces  chofes,ilen  refpondroit.  Ainlilors  onprint  quelque 
petit  enfant  d'enuiron  fept  ans  ,  lequel eftant  mis  en  publique,  Romain  luy  deman« 
Exi*  lcsmc  da,difant,  Viençàmon  fils,  faut-il  adorer  plulieurs  dieux,  ou  s'il fautadorervnfeul 
morables    Dieu  par  Iefus  Chrift  ?    L'enfant  lui  replbndit,  Entre  nom  petits  enfansynout  necognoijfons 
S°Ur  ercî  <pyn\eulDicu.  Lors  le  tyran  fitapprehendcrla  mere,ôô<iefchirerde  verges  le  petit cn- 
fiadts""  fantcnlaprefencedefamere.  L'enfant  demanda  à  bpirc  à  fa  mere.  Laquelle  luy  re- 
fpondit, Helas  monenfantyie  nay  point de  quoy  tedonner  a  boire ,  mais ya  mon fils ,  boy  au  calice 
de  martyre  auec les  petits  enf ans  quHerodes  fit  oeàr.  Puis  l'enfant  fut  décolle.  Tels  exemples 

font 


Difjtutes  de  1*eregrw  de  U  (jrangt^j.  6 p  , 

•  font  laùTez  comme  miroirs  pour  y  voir  les  triomphes  de  Dieu  en  l'infirmité  des  fiens: 
afin  que  tous  d'vn  cœur  fcjd'vne  volôte  luy  rendions  îacrificcs  de  grâces  &c  de  louanges: 
&en  racontant  en '-nos  frères  &  fœurs  fes  vi&oires,  nous  luy  chantions  nouucau  canti- 
que ,  lequel  refonant  par  route  la  terre,  incite  toutes  les  créatures  vojre  les  Anges  mef- 
mesàglorificr  fonfain&nometernellemenr.    Ainii  foit-il... 

S'EN  S  V IT  vn  extrait  de  quelques  efents  de  Peregrin  de  la  Grange  Jonchant  les 
propos dr  difputes  tenues  auec  l'Euefqu<LJ  d'Arras  cy  dejfus fouuenf  nommé. 

vy  deBrestrauaillant  ainiî  en  l'ceuuredu  Seigneur  par  les  moyens  côuenables 
àfavocation,  Peregrin  de  la  Grange  fon  compagnon  n'en  fai(oic 
pas  moins  de  Ton  cofté.  Richardot  eue) "que  d'Arras  eftant  à  Vallencennes  l'ef- 
fàyaauffien  difputes  >defqucllesieraconuenable  aces  Mémoires  en  donner  quelque 
extrait.  D'entrée  ledit  Euefque  s  eftant  informé  du  nom  &  des  qualitez  doulccs  qui 
eftoyent  en  ce  prifonnicr,raborda  de  cefte  façon: 

lime  defplaiH  grandement jnonfieur  de  la  Grange,devous  voir  en  ce  piteux  eïiat.pour  lebon  l'eve 
raport  qu'on  me  fait  de  vous:  ejr  defireroye  que  vojke  condition  &  f  ortement fujl autre  qu'Un  eft. 

Monlieui  ,1e  vous  remercie  bien  humblement  de  la  bône  &  (inguheie  affection  que  la  «ran 
dites  me  porter,  ne  l'ayant  mcntècn  voftre  endroit  .Et  quant  à  ce  piteux  eftat  auquel 
me  voyez,  Dieu  ma  tellement  coufolé  parfagraccj  que  facilement  6c  d'vncipritpaiii- 
ble  l'endure  ce  qu'il  iuy  a  pieu  m'enuoyer:&:  meimeie  le  loue&r  remercie  de  ce  qu'il  ae- 
gallélapcfantcurdelacroix&:amidion,àla  force  des  efpaulcs  qu'il  mcdonnc,àceque 
ic  ne  fuccôbefoubs  la  pelanteur  du  fardeau:  faiiant  abonder  les  confolatignspai  Chtift 
ainfi  que  les  (ouffrances  d'iceluy. 

Cette  manière  de  parler  ejtvfttêe  entre  vous  autres  -.car  tout  incontinent  queftes  affligez., vous  t*£  VEsq^ 
dites  que  ce  font  les fuff tance  s  de  Chrtjl  :  &  quand  on  fait  mourir  quelcun  d'entre voui  yon  met 
en  atiant  que  ceflpour  la  vérité  de  Dieu.ejr  neantmoins  quand  la  chofe  eft 'examinée  de  bien  près 
on  truuue  tout  le  contraire. 

Moniieur,quant  à  ceux  qu'on  a  fait  mourir  pour  la  doctrine  pour  laquelle  ie  fuis  en-  tA  cran. 
chaîne  ayant  les  fers  aux  pieds,  l'eftimc  qu'ils  ont  t  tdu  telle  raifon  de  leur  foy  que  ceux 
qui  lifcntauiourd'huy  leurs  refpbnfes,  &les  confideiem  auecques  jugement  e/loigné 
d'affection  particulicre.n'cn  iugent  point  aucrement  que  nous.  Et  quant  à  moy,iefuis 
preft  de  donner  à  entendre  deuant  qui  il  appartiendta,quc  la  doit)  ine  que  ie  tiens  &:  ay 
enfeignee ,  eft  la  pure  venté  de  Dieu  prinicdcsfaincrcs  Eicrituresfansaddition,dimi- 
nution, ou  changement. 

Tout  le  monde  de  tout  temps  s* eft  emparé  du  filtre  de  la  paro/le  de  D;eu  : de forte  me  fine  que  tou-  1 1 v  E  $<*- 
tes  les  hereftes  ancienne  s  fie  font  voulu  orner  de  ce  nom  ejr  filtre  :  &  eft  fort  requis  qu'on fe  donne 
garde  ,de  peur  que  foubs  cefte  couleur  ey  taptjferie  on  ne  fe  trompe. 

le  n'ignore  point,Monfieur,  que  Satan  nefc  iras  figure  en  angedelumiete, pour  don  gran. 
ncrplace  à  (es  tenebres,eftabliilant  mefongeau  lieu  de  vérité:  mais  le  S.  Efpnt  y  a  pour- 
lieu  de  telle  forte,  que  nul  n'y  peut  eftre  trompé  qu  a  ion  efcicnr  fermant  les  yeux  au 
foleil de  veritéluilàntcommeen  plein midy. 

Auez.-vous  quelque  déclaration  du  S.EJprit par  laquelle  la  venté  vous  ait  efté 'déclarée ,& non  l'e  vesoJ 
point  aux  autres^ 

Iene  fuis  poinr,  Monfieur,comme  ces  ionge-creux  qui  fe  vantet  auiourd'huy  de  par-  c*Ar^[ 
ticulicresrcuelationsdu  S.  Efprit;  mais  ie  parle  de  la  reuelation  ordinaire  &  gcncrallc  nabjptiiie» 
qui  a  efté  faite  amiî  qu'elle  eft  contenue  en  la  Bible  que  nous  appelons  la  laincte  Eicri-  &  leurs  se. 
ture,rcueléc  degrace  finguliere  &£  don  particulier  par  les  Prophètes  &C  Apoftrcsaux  bljbics- 
hommes, à  ce  qu'ils  n'erraflenten  leur  tencbres:5c  prinfent  menfonge  pour  vérité. 

^  OrTut  ce  poind(pourvierde  brefuete  )  La  Grange  luy  déclara  entièrement  que 
ccftoitdcla Ccne:cômétéV  pourquoy  elle auoit  efté  inftiruéede  Dieu  par  Ieiiis  Chnft 
fon  Fils:  lcfruict  que  nous  en  receuons:&  le  moyen  par  lequel  nous  iommes  vnis  &c  par- 
ticipons à  fa  chair  &l  à  fon  fang  en  vie  éternelle .  Ce  fut  en  eftect  tout  le  propos  renu  la 
première  fois  que  1  Euefque  le  vint  trouuer ,  en  laquelle  lediâ  Euefque  dit  deux  ou 
trois  fois  aux  Commis  du  Roy,qu'il  ne  les  vouloir  de  ftoui  ber  dauantage.  Lors  Peregrin 
de  laGrange  eftât  appelle  en  vn  autre  lieu  pour  eftre  interrogue  dcldirs  Commis, print 
congé  de  l'Euefquct&  le  pna(pour  l  aflCiftacc  qu'il  prc(enroir)dc  vouloir  obtenir  que  les 
«fer* luy  fufTentoftçz  des  pieds ,v eu  qu'il  eftoit  en  vnefortepnlon,&:  bien  gardé.  ^La 

A  A  A.iii. 


Uwf*->  VIII.  Dilates  de  Teregrin  de  la  Grange 

féconde  fois  qu'ils  furet cnfemblc,  l'Euefque  dcprôpte  mémoire  récita  coude  difeourt 
des  propos  qui  auoycnt  cfté  tenus  la  iournée  précédente:  &puis  il  luy  dit, 
L'ivisqu  Veuyquece  que  nous  tenons  de  ce  point? ,  eft  félon  la  faintfe  Efcriture  confirme par tant  d'aages 
ejr  consentement  de  tous  les  anciens  DocJeurs  &  fanants  perfonnages  }pourquoy  ri  efies-vous  de 
me  fine  opinion  que  nous*.  Aimez,-vous  mieux  vous  tenir  a  t  opinion  muuellefiit  Caluinific  ,ou  de 
la  Confefiion  et  A  us  bourg? 

a*  «ah.  Monfieur,icnc  fuis  neCaluiniftencPapiftc,icfuisChrcfticn:  ce  que  ie  tiens  en  la 
Religion ,  eft  prins  de  la do&rine  de  celuyqui  eft  l'vniquc  Do&eur.Ce  que  Caluin  a  di£t 
conforme  à  la  parollc  de  Dieu,ie  le  tiens,&:  nôautrcmct.  Quant  à  ce  que  vous  vous  em- 
parez de  laS.Efcriturc,  des  anciens  Doreurs,  &  delà  preferipeion  de  temps,  cela  ne 
m'csbranlc  point, &:  ne  m'eft  cftrangc  que  vous  aceufez  la  doctrine  que  nous  te- 
nons,dc  nouucauté:vcu  que  le  perc  des  calomnies  a  dés  long  temps  forgé  ccftc-cy  pour 
diffamer  la  verité,arîn  d'eftablir  lcgvand  nombre  demenfonges  &c  d'abfurditcz  de  vo_ 
ftre  do&rinc .  Corne  en  la  queftion  prefente ,  Icfus  Chi ift  ayant  tefmpignéque  ce  qu'il 
donnoità  fes  difciples  cftoit  fon  corps,on  a  forgé  que  le  paindeuenoit  le  corps  de  Icfus 
Chnft,commcficncesparollcs,CECi  est  mon  coRPS,le  verbe  es  Tfignifioiccftrc 
conuerti  en  autre  fubftanccrqui  ne  fe  trcuuc  en  nulle  langue. 

a  »  ▼»  Nous  ne  maintenons  point  la  tranjfubftantiation  du  pain  par  ce  verbe  e  s  t ,  fâchants-bien  que 
les  Hebrieux  vfent  du  Participe  du  temps prefint au  lieu  du  Verbe:  mais  nous  la  maint erios  par  ce 
que  Iefus  Chrift  a  dicl ,Ceci  eft  mon  corps. 

&a  »a>n.  le  vousay  ditquelefusÇhriftenfaCenedonnefon  corps  qui  a  efte'  conceuduS.E.. 
fprit  au  ventre  de  la  vierge  Marie,qui  a  cfté  crucifié,mort  &  cnfcucly,rcirufcicé,&:  mon 
te  és  cieux  :  mais  nous  nions  qu'il  y  ait  quelque  changement  de  fubftancc  au  pain ,  &:  fi 
on  veut  que  nous  le  croyons ,  qu'on  en  monftrcquclque  paflageen  l'Efcriturc. 

a*»  vs  i  <vi  Proprement  le  changement  de  la fub fiance  du  pain  ne fe  peut  maintenir  par  la  parolle  de  Dteu, 
mais  nous  le  croyons  pour  la  raifon  cy  deffus  difie. 

n  •ran.  Lavantericdonc^ucsQue  la  parollc  de  Dicu-eftoitdcvoftrecofté,  eft  anéantie:  te 
ncantmoins  c  eft  ce  pourquoy  on  abruflé  tant  degcns.Dc  noftre  cofté  nous  ferions  bic 
marris  d'affermer  que  la  fubftance  du  pain  demeure,  fi  nous  ne  le  prouuions  par  le  ré- 
cit de  l'inftitutiô  delà  Ccnc:en  laquelle  ce  que  Icfus  Chrift  print  cftoit  du  pain,cc  qu'il 
rompit  ayant  rendu  grâces  cftoit  pain,cc  qu'il  donna  àfes  difciples  cftoit  pain. Et  fain£t 
Paul  après  auoir  reciré  l'ordonnance  du  Scigncur,ditpar  trois  fois  qu'en  icellcnous  ma 
geons  &c  rompons  le  pain. 

s.  W«  eu  Vous fauezy  La  Grange  ,qu'en  la  langue  Hebraique  le  pain fe  prend pour  le  demeurant  des  via- 
des:  &  en  ce  pajfage  de  S.  Paul  il  eft  parlé  des  viandes  qucj  les  Corinthiens  mangeoyent  en  leurs 
banequets  .reprenant  leur  façon  de  faites.  Etainfi  combien  qu'il foit parlé du  pain,  &  me  fine  s  aux 
Acl es foit  dttt  guon  rompoit  le pain, ce  la  ne  peut feruir  à  vojtre  propos. 

la  chah.  11  eft  vray  qu'en  l'Efcriturc  le  mot  de  Pain  fe  prend  ainfi  :  mais  nommât  le  pain  pour 
lerefte  des  viandes^  n'eft  pas  di&  que  fa  fubftancc  fut  perdue  ou  changée  en  autres  vi- 
andes. Et  n  eft  point  fans  caufe  que  l'Efcriturc  metenauant  la  fra&ion  du  pain,quand 
i  il  eft  queftion  de  la  Ccne,à  ce  qu'on  fâche  que  ce  n'eft  point  vn  figne  en  apparence  feu- 
lcmenr,mais  véritable  en  fa  fubftancc- 

*'»v»»<^  £luoy  qu'il  en  foit ,  nous  nous  tenons  fermes  aux  parolles  de  Iefus  Chrift  prononçant  Ceci  eft 
mon  corps:^  croyons  ainfi que  nous  difons  .le  n'cjtimepoint  faillir  en  ceft  endroit ,  ni  debuotr 
eftre  reprins  deuatDieu  ni  deuant  les  hommes  .  cardeuant  Dieu  ie  diroye»Seigneur  tu  tas  dit  ejr  ie 
l'ay  creu. 

la  «*am.  Nous  nous  y  arreftons  aufli ,  mais  ceft  en  regardant  à  l'intention  du  Seigneur  qui  c- 
ftabliffoit  vn  facrement:&  ainfi  nous  receuons  ces  parolles  facramentcllcment  pronô- 
cées>où  le  facremenc  exrerjcur,rcçoic  le  nom  de  la  chofe  qu'il  figniflc. 

l'aria^  '  Nous  tenons  que  les  Sacremes  du  vicilTcfiament,{qui  auoycnt  leur  efié due  &  durée  iufque  s  a 
la  venue  de  Iefus  Chrift  &  non plus,)portoyent  le  nom  de  la  chofe  fignifiéepariceux  :  &  ainfi tA~ 
gneaupafchalejloit  appelle le  pajfage:  &  la  Circoncifion  eftoitappellée  l'alliance  de  Dieu  combien 
qu'elle  en  fut  le  figne  .mais  ce  n'eft  point  ainfi  des  Sacremes  du  nouueau  T eflament,q*i  ont  leur  du 
rée  iufque  s  a  la  fin  du  monde,  ejr  contiennent  en  foy  la  chofe ftgnifiée. 

&a  «ran.  Voftre  diftinétionicracogncuë  vainc  fi  nous  regardons  les  facremensdu  nouueau 
'  Teftamcnt.qui  font  deux  en  fomme(combicn  que  l'eglife  Romaine  en  tient  fcpt)le  Ba 
ptcfmc  &:  la  Ccnc.  L'Efcriturc  appelle  le  Baptcfmç  lauement  de  rcgcDcrauon,d'autant 

qu'il 


Contre^  tSue/quc^d'Arras.  691 


qu'il  en  eft  figneportattoutesfois  le  nom  de  ce  qu'il  n"gnine:  &ncfetrouue  encore  nul 
d'entre  vous  qui  ait  eferic  que  l'eau  du  Baptféfrnc  foie  changécau  fang  de  Icfus  Chrift, 
quieftveritablementlclauemetdcregencration.Itcm,la  Coupe  cftappcllceLanou- 
uclle alliance, d'autant qu'elle cft le figne.  oferiez-vous  bien  dire  qu'elle  foie  l'alliance 
mefme*  Mais  s'il  vous  plaid  de  venir  aux  anciens  Docteurs,pour  môftrcr  qu'ils  ne  nous 
font  Ci  contraires  que  vous  aucz  dit,nous  ferons  purgez  par  ce  moyen  du  crime  de  nou- 
Ueauté,duquclonnousblafmc:  &  par  après  on  pourroit  toucher  les  inconueniens  &: 
abfurditez  qui  fourdent  de  voftre  doctrine.  L'e  v  e  st^v  e  ayant  donne  rcfponfe  qu'il  en 
eftoit  content,  la  Grange  amena  ce  que  s'cnfuit.Gelafius  qui  eftoit  ancien  docteur 
&  mefme  Pape,dit  en  vn  concile  de  Romc,Que la  fubftâcc &  nature  du  pain  &  du  vin 
demeurent  au  facrcmcnc  de  la  Ccnc ,  comme  la  nature  humaine  demeure  en  noftre 
Seigneur  cftant  conioincte  auccques  fon  eïlcnce  dmine .  Chry  foftome  ancien  docteur 
nie  (en  fon  œuure  imparfait  fur  fainct:  Matthieu)qù'au  facrement  de  laCcne  fousle  pain 
lôit  enclos  le  corps  de  Chrift,mais  que  feulement  c'eft  vn  myfterede  ion  corps. 

Vay  autre  fois  notélafentence  de  Gelafius,&  dit qu'Un 'apoint efté philofophe & ri 'apoint di-  l'BVBS<*-j' 
Jputé fubfiantieUement  de  la fubftance  du  pain:  à1  eftime  qu'il  ri  a  point  entendu  que  <?  eftoit  de fub~ 
fiance: entendant par  ce  mot,ce  aue  nom  appelions  accident:^*  quelque fois  par  ce  mot  accident 
nous  entendons  la fubftance Jtcfmoin  Julien  qui  le  prent  en  cefte forte. 

Ienepcnfepoint,Môficur,quecebon  Ancien  ait  efté  fi  ignorant  qu'il  n'ait  entédu  tA  Cluw* 
que  c'eftoit  de  la  fubftance  du  pain,ou  pour  le  moins,la  nature  d'iceluy,vcu  qu'il  en  ma 
geoit  tous  les  iours.  S.  Auguftin  eftoit  ancien  docteur  qui  dit  fur  le  troifieme  Pfeaume, 
Que  Iefus  Chrift  aefté  admirable  en  patience  receuant  Iudas  au  conuiue  auquel  il  in- 
ftituoit  &:  donnoit  à  fes  difciplcs  le  figne  de  fon  corps  &  de  fon  fang. 

Jette  doubte  point  que  S.  Auguftin  riait fait  beaucoup  de  telles  fentences  quifemblentfauo- 
tiferavoftre  opinion  ,comme  quand il  dit contre Adimantum  Manhicn<%ue  Jefus  Chriftn'a  point 
fait  de  difficulté  de  nommer fin  corps ,  combien  qu'il  en  donaft  le  figne:  mais  il  faut  entendre  telles 
manières  de  parlera*  expofantvnlieupar  l'autre. 

Si  cela  fe  faifoit,  on  ne  trouueroit  point  que  S.  Auguftin  ait  eu  cefte  lourde  opinion  tA  0RA>v 
de  laquelle  vous  auez  dit  que  tous  les  anciens  docteurs  nous  eftoyent  contraires  :  veu 
qu'il  eft  ainfi  que  la  plus  grande  partie  eft  de  noftre  cofté. 

Mais  venons  aux  inconueniens  cr  abfurditez,  que  vous  dites  fortir  de  nofire  doctrine.  t  e  v  B  »  q^. 

Entre  les  abfurditez  ie  mettray  en  auat  cefte-ci,  qui  cft  Que  par  voftre  doctrj ne  vous  *•*  cran. 
feparez  ce  qui  en  foy  cft  conioinct  ÔC  vni.Le  Fils  de  Dieu  en  la  Ccnc  donc  fa  chair  pour 
viandc,&fon  fang  pourbrcuuage,qui  en  foy  font  conioincts  par  facremens  extérieurs, 
aftauoir  le  pain  &  le  vin  :  &  félon  vbftre  doctr inclc  pain  eft  côuerti  en  chair,&  le  vin  en 
fang:&:  feparez  la  chair  d'aucc  le  fang  de  Iefus  Chrift. 

Nous  ne feparons point la  chair  et  auecle fangyd 'autant  que  par  cocomitance  la  chair  ri  eft  point  i'*vss<^. 
fanslefangyCr  lefangfans  la  chair. 

Si  ainficftoit,on  reccuroit  deux  fois  en  vne  mefme  action  la  chair  &  le  fang  de  Iefus tA  ***** 
Chrift.  Car  prenant  le  pain  que  vous  dites  cftrc  chair  accompagnée  du  (an£  par  voftrc 
eoncomirance ,  vous  receuriez  Iefus  Chrift  tout  entier  vne  fois  en  chair,  &  vne  fois  en 
fang:&  ainfi  receuriez  deux  fois  la  chair  &  deux  fois  le  fang. 

guelinconuenienty  a-il  de  les  receuoir par  deux fois  en  vne  mefme  acJionî  1  BVBiqti 

'.Le  Fils  de  Dieu  n'a  point  inftitué  fa  Ccnc  pour  la  receuoir  deux  fois  en  vne  mefme  a- 
ctiomdifant  en  nom  bre  finguîicr,  Ceci  eft  mon  corps  >prcnez,magez, .  Il  n'a  pas  dit  au  nom- 
bre plurier,  Ceux  ci  font  mes  corps. Cc&c  feule  abfurdité,quand  il  n'y  en  auroit  point  d'au 
très,  vous  meinc  hors  dcl'inftitution  de  Iefus  Chrift.      ^  Icy  l'Euefque  ne  rebondit  rien. 

S'il  eft  queftion  de  venir  aux  parolles  de  Iefus  Chrift,on  cognoiftra  les  ablurditcz  de  LA 
voftre  doctrine  contraireà  ce  commandement,  Mangez,:  car  quemangez- vous  en  ce  fa 
crement  ?  L'e  v  e  s.  L'ejfece  du  pain,  la  GR.ANGE,Ncmangez  vous  autre  chofe  que 
l'cipccc?  il  eft  dit,  Mangez,,ceci  eft  mon  corps.  L'e  v  es.  Nous  receuons  ejr  le  corps  &  le fang. 
"  Quand  vous  mâgez  le  corps,ne  le  brifez- vous  point?  L'e  v  es.  N on ,car Jefus Chrift  t*  «ru*. 
d  vn  corps  impafiible:  &  quand  nous  mangeons  ou  rompons  l'hoftieje  corps  pourtant  n' eft  point  ro 
fusains  les  ejpeces:  le  corps  n'eftdefmembré^ns  en  vne  chacune  pièce  efile  corps  de  Iefus  Chrift. 

Monficur,  vous  tomberiez  toujours  en  la  mefme  abfurdité  que  par  cMcuant .  Car  14  *** 
faifant  trois  pièces  de  voftre  hoftie  en  la  Mcffe  ,&c  en  chacune  d'icelle  le  corps  tout  cn- 
tierzil  s'enfuit  que  prenant  ces  trois  pièces, vous  auallez  trois  corps  de  Iefus  Chrift. 

AAA.iiù. 


Lmrcj  VIII.  Dictes  de  Teregiiri  de  la  Grange . 

l'iYBsqJ  il  nefautpoint  etrehet  ces  raifons  humaines  la  Grange,  Monficur>ceq^eicdy,eft 
clairôimanifcûcî&iànsmcflognerdclap^rollcdcDjcu ic veux monftrcr  fluecc que 
vous  dites  de  vos  cfpcees,nc4>cut  conucmr.Iefus  Chrift  ne  dit  point, Mangez  les  efteces, 
ains  Mangez,ce ci  eft mon  corps &v  nc.pcut-on  manger  qu'on  ne  mafche  auec  les  dents  en 
tmfant  ce  qu'on  mange^Si  vous  dites  quç.le  pain  qui  cft  chair  félon  vous ,  c£  mis  fur  la 
langue &c  doucement  aualléac  rcfpons  quece  n'eft  point  manger.,  mais  engloutir .  Car 
cHroït-on  que  quclcunraajpgeaft  quand  de  grand' faim  il  auallcroit  le  pain  &  la  viande 
fans  mafchcr>au  contraire,  on  diroic  qu'il  dcuore.  Dauanragc,iefauroye  volontiers, 
SUc  pain,qui  cft  chair  (Won  wus,eft  mis  en  la  bouche  &  auaUé:  comment  vous  refpon- 

Matt.1j.17.  drez  àeequedit  IefusChrifttnS.Matth.Quccequientrccnla  bouche dcfcend au  ve- 
rrez cft  rctté  au  retrait  &  bafTe-ç^ambroqu^on  appelle  icy. 

i'e  ves  q_.  '  il  faut f  rendre  ces  parolles  du  m4nger.»rdïwin,q%Uft  jette  (fauf  l'honneur  de  la  compagnie )i 
latbabreiajfe->eftant  entré  parla  hfi(het  la  G  juak.  Que deuiéï donc  cefte  chajr  aualléc? 

».  Bvas.ot  Les  efteces  du  pain  fontïonuerties  en  kelle,  &  U  tkair  de  lefus  Çhriftfe  perd-  il  ne  faut  point 
fonder  les  chofes  fi  carieufetiient.  la  Grange,  Ççftcidpôfcnepeutmbfiftcr,carlesac 
-Cidcns,quc  vous  appeliez  ^^i,ne  peuucnt  cftreconuertis  en  icclle  :  ç'cfl  lafubftance 
qùifc  conucrtit.Ma>s  venons  ï  quelque  argument  plus  ferme.  Par  voftre  doctrine  tous 

«•Cor.ii.ip  ccux  qui  rcçoiucnt  ce pain,que  vous  dites  chairvrecoiucnç  Iefus  Chrift.  Qu'cft-ildonc 
deccuxdoncparlcS.Paul,quimâgcntccpainindigncniét,fi^reçoiuent  leuriugcniétJ 

h  »vE$q^  c^  argument  a  quelque  pois  :  Vous  dites  ainjt,  Jguircçoit  lefusChrift  il  le  reçoit  a  vie  éter- 
nelle: Par noftre  dottrint tous  Ureçoiuent  en  UCené:C'eH  donc  a  vie  éternelle,  llest  vray  qu'ils 
le  reçoiuent  comme  porte  la  mineur  de  voftre  argument:  mais,  ie  nie  que  tous  le  reçoiuent  a  vie  eier 
ncUe, comme  la  proportion  contient.  Car  s'ils  ne  reçoiuent  la  chair  par  le  S.Eftrit  elle  ne  leurprou- 
fttederien.    la  G  rang,  l'ay  prins  la  première  de  ma  proportion  de  S.Iean,  où  lefus 

Ican  n*ï*  Chrift  dit  qu'il  eft  la  vie:  or  comme  oryje  peut  reccuoir  vne  herbe  fans  la  vertu  d'icclle: 
aih£  ne  peut  onreceuoirlc(us  Chrift  (ans  la  vie  contenue  en  iceluy,  autrement  on  reco 
uroit  vn  corps  mort,&;  non  pas  lefus  Chrift  qui  vit  éternellement .  Car  ce  Sacrement  si 
efté  inftitué  de  Dieu  paria  main  de  fon  Fils  pour  môftrer  fa  bonté  paternelle  en  noftre 
endroit:  en  ce  qu'il  ne  s'c&point  contenté  de  nous  auoir  reccus  en  fa  famille  par  le  Ba- 
ptefme,non  point  comme  fcruiteurs,ains  domeftiques  le  enfans  ;  mais  il  a  adioufté  ce 
fécond  Sacrement  de  fa  Cene ,  pour  nous  donner  en  fa  maifori  vraye  nourriture  conti- 
nuelle. Et  quant  au  S«Efprit,c'eft  Jernoye  par  lequel  nous  mangeons  la  chair  de  lefus  Chrift 
&  heumns  fonfang:  conioingnant  lés  chofes  qui  par  fi  grande  djftance  des  lieux  font  ic- 
parécsrfaifantque  tout  ce  que  lefus  Chrift  a&  pofTede,defccnd  iufques  à  nous  comme 
par  vn  canal,  nousapportant  la  vraye  cômunication  de  fa  chair  ôc  de  fon  fang.En  fomme 
quiconque  reçoit  lefus  Chrift,a  vie  éternelle, 

i/tvEicu    Moyennant  qu'il  1ère fâiuep4r  le  S.E/fritiautremet la  chair neproufte  derien\come  dit  S.lea. 

ia  cran.     Monfieur,lc  partage  que  vous  alléguez  fait  contrevous,  car  là  lefus  Chrift  reprend 

ic«  <r.«3-  fes  difciplesdc  ce  qu'ils  auoycnt  entendu  qu'il  falloit  manger  charnellement  fa  chair: 
commela  fuite  du  propos  le  môftre,difant,Lcs  parolles  que  ie  vous  dy  font  efprit&:  vie. 
Et  fi  nous  apperccuôns  que  le  folc'il  enuoyeicy  en  terre  par  fes  rayôs  fa  fubftance  aucu- 
nement pour  engendrer,  végéter  &  nourrir,  l'irradiation  &  lueur  de  l'Efprit  de  lefus 
Chrift  feroit-clle-de  moindre  efficace  pour  nous  apporter  la  vraye  participation  de  fa 
chair  &.  de  fon  fang? 

LorsjMonfieurrEucfqucfe  voulut  retirer  pource  qu'il  cftoit  tard:  &  àfautedeteps 
nousdemeurafmes  là.Monfieur  l'Euefque  merecommanda  à  Dieu,prcnant  congé:  de 
la  copagnic,ô£  moy  deluy.Voilaquci'aypcu  retenir  des  prppps  qu'au  on  s  eu  cnfcmble. 

Exercices  l^^f  n  peut  cognoiftre  de ceft extrait  deCfifpute,  vne  fain&c  hardieftp  attrempeo 
M^^ux '^BSÏ  de  douceur ,  de  laquelle  Dieu  aupit  doué  ce  lien  icruitcur  en  la  première 
S^^a  fleur  de  fa  icunefle ,  l'ayat  tire  de  fes  premiers  eftude*,*  lomg  du  lieu  de  (à, 
riainanec  pour  annoncer  fa  vérité  aux  Haynuyers ,  &  la  feelîer  finalement  de  foo, 
fang .  ^"Guy-de  Bres  aflbcié  en  ceft  cçutjrc,  ayant  défia  palTcpar  toutes  les  cautclles 
des  plus  rufez  de  fa  nation,ne  cefloit  d'exhorter  &  encourager  par  Lettres  les  liens  aux- 
quels il  portoit  vn  foin  fpecial.E  t  fur  tous  à  fa  mere  aagée  Se  dcbilc,ainli  que  nous  auons 
vcufcsEpiftres  précèdent cs,auffi pourles  dernières  confolatipns,illuy  recômandade 
fe  mirer  aux  exemples  des  mères  vc«ucufcs,dont  il  auoit  parlé.  C  £  3  miroirs, duou>jj, 

font  dignes 


Çuy  De  Trestf  Teregrin  Z>o  la  Cjrangc~>.         6 p$ 

font  dignes  d'eftrc  mis  deuant  vos  yeux,&  de  toutes  mères  fidèles,  &  ne  faut  pas  qu'el- 
les reflfcmblent  à  la  mère  desfilsdcZebedee  ,  laquelle  preientoit  bien  fes  deux  fils  à 
Chrift ,  mais  c'eftoit  pour  les  faire  grands  félon  le  monde:  le  veux,  Seigneur,  difoit-el- 
le,  que  mes  deux  filsioyentafsisrvnàtadextre^I'autreà  ta  feneftre  en  ton  royau- 
me-orelleentendoitvn  royaume  terrien.  Mais  Iefus  Chrift  les  renuoye  bien  toft  àla 
croixjdùanr^  PouueZj-vous  boire  la  couppe  laquelle  iebeuuray?  donnant  à  entendre,  que  pour 
entrer  en  fon  Royaume,  la  croix  &  les  foufFranccs  feruentcommed'efchclles:comme 
Chrift  a  foufterc&ainfi  eft  entre  en  là  gloire  par  beauçoup  de  tribulations  il  nous 
faut  entrer  au  royaume aes  deux.  C  Au  refte,  ma  bône  mcrc,ie  vous  prie  de  vous  mon- 
ftrer  femme  vercueufeen  voftre  affliction  porter  cefte ct'prcuue  que  Dieu  vous  cn- 
uoye  patiemment &alaigrement,  cognoiflantquec'cft  le  bon  plaiûr  dcDicu  contre 
lequel  il  ne  faut  nullement  renfter,  encore  meimequ'on  le  peut  faire.  Viuez  le  refte  de  Soîq 
vos  iours  en  la  crainte  dcDieu,  vous  fouuenant  de  moy ,  &c  comme  ie  fers  à  mon  Dieu  nd.° 
iufques  alamort.  le  vous  recommande  toufioursmapourc  fcmmc&:  mes  petitsen- 
fans  tant  que  vous  viurezen  ce  monde.  Us  perdent  leur  perc  en  leur  tendre  ieuneife* 
ie  prie  le  Seigneur  mon  Dieu  de  tout  mon  cœur  qu'il  leur  foir  pere  pitoyable  &L  miferi- 
cordieux,qu'il  leur  donnefon  faindt  Efpriç  dés  leur  enfance,  &c  les  face  cheminer  en  fa 
craintetout  le  temps  de  leur  vie. le  luy  demandefans ce/fe  qu'il  me  face  ce  bien,&  qu'il 
fedeclare  mary  de  mapourevefue,  labeniflant&luycftant  fauorabieà  roufiours.  le 
fuisioyeuxqu'ellecftretireeauecfesenfansàSedan:ce  m'eftvn petit  foulasôi  repos.  ^uDucdï6 
Et  combien  qu'elle  foit  eflongnce  de  vous  &  de  mes  frères,  ie  vous  prie  tous  de  ne  l'ou-  BuilW 
blier  iamais  :  mais  d'en  porter  le  foin,&  de  mes  petits.Ie  prie  le  Seigneur  mo  Dieu  qu'il 
luy  plaifc  vous  remplir  de  toutes  fes  grâces  &c  bénédictions  ecleftes,  &:  r^dre  de  plus  en 
plus  voftre  vieilleftchonnorable,  vousconfermant  en  tous  biens  ,  iufques  ace  qu'il 
vous  recueille  en  fonroyaumebien-heureùx  aucc  tous  fes  vrais  enfans.  le  vous  recô- 
mandcà.  Dieu  &  à  la  parole  defa  grâce,  laquelle  eft  puilTantcde  vous  édifier  &  donner 
héritage  entre  tous  les  iàn&ificz.  A-dieu  mamere,à-dicu  ma  bonne  mere:  le  Seigneur 
vous  vucilleconfoler  en  voftre  ttibulation.  Cei9.  de  May  1567.  Par  voftrefils,  le- 
quel vou^airae  trefcordialement ,  Guy  de  Bres  prifonnicr  &  enferré  pour  Iefus  Chrift 
le  Fils  de  Dieu. 

RE  CI  T  particulier  tant  de  la  vie  que  de  la  mort  defditzideux  Miniflres ,  &*  autres 
de  Vallencennes  cy -après  nommez^ 

L  n'y  arien,  après  la  pureté  de  la  doctrine ,  quitant  recommande  ceuxquifont 
^'appeliez  à  la  porter  6c  leeller  deuant  les  hommes,  que  la  fincerité  de  vie  conti- 
nue e  iufques  à  fa  fin  heureufe.    Ilreftedoncderouchcricienbrefquelseftoyentces  Lebicde  u 
perfonnagesen  leur  vie  &:  conueriàtion,  pour  magnifier  de  tantplusles  mifericordes  iù^uw"?" 
&  grâces  du  Seigneur  en  ces  fiés  feruiteurs.  Quant  à  G  V  Y  DE  BRESnatifdeMôs  fin  heureu- 
en  Hainaut  ayât  cfté  en  fa  premiet e  ieunefle fort  adonné  aux  fuperftitions  papiftiques,  fc* 
il  paruint  par  vUc  continuel  le  lecture  des  Eicritures,  à  la  vérité  de  l'Euangile.  Cefte co- 
gnoilfanceappoi  tâte  fon  fruict  en  fa  fàifon  nefut  poinr  reccuë  ncfoufFcrte  entre  ceux 
de  fa  nation. Guy  donedeparuft  de  Mons  après  auoir apprins  le  meftier depeintre  fur 
verre,&  fe retirai  Londres  lors  que  le  bon  Roy  Edouard  v  1.  euftdonné  port&  accès 
à  tous  fidèles  en  fon  Royaume  d'Angleterre.  Y  ayant  demeuré  quelque  temps,  &c  en- 
tendantque  rEuangileauoitquelqueaudicnceau  Pais-bas,  reuint  pour  aider  à  ceux 
de  fa  nation.  Ses  premiers  commencemensdtoyent  (impies  exhortations  qu'il  faifoic 
é$  lieux  où  il  trouuoit  quelque  nôbre  d  audireurs  rant  petit  qu'il  fuft.Sur  tous  il  s'adon- 
naà  ceux  de  la  ville  dcLifle  pourlamulritudc  descroyans  qui  ne  defiroyent  que  de  Affcaj^ 
s'aflembler  publiquement  pourouyria  prédication  de  l'Euangile.  Etdés-lors  com-  descroyans 
mécaauflivnefain&egucrre  contre  la  fette  des  Anabaptiftes  qui  s'eftoit  meflec  parmi  iLuk- 
Je  bon  grain  :  &:  côtinua  fon  train  iulques  à  la  perfecution  des  Oguyers(donr  a  efté  par-  »Aucomm£ v 
Ié*ci-deuanc)lorsqueletrouppeaû  cftant  en  difperfion  fe  retirant  à  Gand  ,  drcilale  cément  du 
liure  intitulé  Lcbafton  de  la  foy,exrrait  des  Do&cursanciens.Dcpuis,commeileftoit  jjjjj^J 
ftudieuxdefauoir  plus  amplement  ccquieftrequisau  Miniftere,  il  s'achemina  vers 
Laufanne&  Gepeue,.àcesfins&pour  apprendre  la  langue  Latine.  Apres  y  auoir  de- 
meuré quelque  temps,rcucnu  qu'il  fut  au  Pais-bas, redreffa  les  eglifes  à  Lifle,Tournay, 

A  A  A.  iii. 


Littrc^  VUL  Do  ceux  <k^>  Vallencennes. 

noit  le  ciel  &  la  terre  en  tefmoignagc. 

^Pev  après  on  amenaM.Guy,lequel  eftantarriuéaufupphcefe  proftcrna  voulac 
faire  fa  prière  au  pied  de  refchelle,mais  on  ne  luy  permit  d'acheuer,  car  le  releuans  le  fi- 
rent ibudain  môccr.Efcanc  fur  rcfchcllc,il  ferra  les  pieds  entre  les  eichellons,&exhorta 
lepeupleàporterreuerenceau  Magiftrat,remonftrant  qu'aucuns  ne s'eltoyent acqui- 
tezencedelcurdeuoir.  Puis  les  pria  de  vouloir  perfeuerer  en  la  doctrine  laquelle  il 
leur  auoit  annoncee:proteftant  qu'il  n'auoit  prefché  q  la  pure  vérité  de  Dieu.il  n'achc- 
ua  pas  du  tout  fonpropos,d'autant  que  les  Commis  firent  fignc  au  bourreau  de  leha- 
fter  ôidefpefcher. Incontinent  qu'il  tut  ictté  hors  de  i'efchelle,aduint  vn  tel  trouble  en- 
tre lesfoldats  eftans  en  armes  fur  le  marché,  qu'ils  fe  prindrent  à  courir  par  la  ville ,  la- 
FrayeursciK  fchans  leurs  harquebufes  fur  ceux  qu'ils  rencontroyent  tantPapiftes  qu'autrcs,s'cntre- 
Dieu"  dC  tuans  eux-mefmcs  en  piteux  fpe&acle:  de  manière  qu'il  y  en  eut  qui  tombèrent  bas 
morts  entre  plufieurs  naurez.&s'eftoyentainfiefmeusde  frayeur  fans  occaiion  quel- 
conque . 

TOVCH^NT  fij]ue  de  quelques  autres prifonniers  à  Vallencennesyhommes 
fidèles  &  notables . 

ESamcdyfufdit  dernier  iour  dcMay,les  deux  M  i  cheis  herlin* 
pere&fils,&  h  an  mahiev  furent  décapitez  fur  le  marché  de  Val- 
lencennes. Les  ennemis  à  tort  fondoycnt  la  côndemnation  de  ces  perfoti- 
_i  nages  d'auoir  cfté  chefs  du  refus  de  la  réception  des  garnifons  qu'on  vouloir 
mettre  en  ladite  ville:mais  la  vérité  du  fait  confîderé  de  plus  haut,  eft  tel. 

Apres  l'abat  des  images,la  démolition  des  autels,&:  les  troubles  enfuyuis,&dccla- 
te  Marquis  rez  cy-deuant ,  Ican  Marquis  de  Bergues ,  gouuerneur  de  Haynau  t  &:  Vallencennes,  a- 
dc  Bereues  uànt  que  partir  du  Pays-bas  pour  aller  vers  le  Royd'Efpagne  ,auecFlorisde  Montmo- 
de  Montu  ranfi,feigncur  de  Montigny  cnOftreuant,gouuerneur  du  paysdcTournefi,eftabliten 
gnytnuoy-  Vallencennes  trois  compagnies  prifesdes  bourgeois,  pour  maintenir  la  ville  en  feurc- 
«cn  Efpa-  |^  &  obenTancc.Michel  Herlin  le  pere  ayât  efté  elleu  &c  ordonné  capitaine  de  l'vne  def- 
^        dites  com,pagnies:voyant  plufieurs  dcfordres,demandaeftre  defchargédecefteftat .  Il 
ne  feut  onques  obtenir  cela,ains  fut  requis  en  la  maifon  de  ville  de  côtinuer  en  fa  char- 
ge,pour  vn  bien  &  tranquillité  plusgrande .  Orcommcdurant  le  fiege  il  n'auoit  voulu 
abandonner  la  ville ,  ne  tranfportçr  aucun  bien,  afin  de  nedcfcourager  perfonne  :  aufsî 
ne  voulut-il,la  ville cftant  prife,s'abfcnter: aliénant  aux  parens  &  am is  le  follicitan s  à  ce 
faire,qu'il  n'auoit  raitchofcdc  laquelle  il  ne  fuft  preftde  rendre  fufrifanteraifon&:  dé- 
claration. ^"Depuis  le  x  x  i  i  i.  de  Mars,  que  la  ville  fut  rendue, il  demeura  quel- 
que iour  en  liberté»  cependant  que  plufieurs  gentils-hommes  affamez  plumèrent  en 
trahifon  le  furplus  du  meuble  exquis  qu'il  auoit  en  la  vilJe:comme  ils  auoyentdeuant 
&  durant  le  fiege,rauy  entièrement  le  bien  des  champs  es  fcigncuries  qu'il  auoit.  Le 
xx  vi.enfuyuant  à  neuf  heures  du  foir,  commcilpenfoitfe  mettre  au  Iid,  Goini  gou- 
uerneur du  Quefnoy,accompagné  d'vn  nommé  Hamet  &:  de  plufieurs  autrcs,luy  vint 
lignifier  auoir  chargedu  Gouuerneur  delcconftituer  prifonnier  de  par  le  Roy. Et  Her 
linremonftrant  pourquoyil  auoit  tant  tardé  ,  ne  l'ayant  appréhendé  durant  le  iour: 
Goini  refpondir  qu'il  ne  luy  auoit  voulu  faire  ce  des  honneur .  Mais  Herlin  répliqua 
en  fc  veftant,  qu'il  ne  tenoit  cela  à  deshonneur,  veu  qu'il  n'auoit  fait  chofe  que  par  au- 
torité dcsMagiftrats&Côfcil  de  la  ville.Choififîcz,dirent-ils,oùil  vous  plaid  aile r,ou 
enlaprifon,ouen  la  maifon  que  vous  auezfurle  marché.   Ccm'eft  toutvn,refpondic 
Herlin:  mais  s'il  vous  plaifoir  melaifler  lecdrps  de  derrière  de  ce  logis  pour  prifon,auec 
telle  garde  que  bon  vous  femblcroit,cela  ne  porteroit  aucun  preiudice.  Goini  dit  qu'il 
en  parleroit  le  lendemain  au  Gouuerneur:&:  cepen  dant  il  le  mena  en  ladite  maifon  fur 
le  marché.    Plufieurs  Je  lEgliiefurent  appréhendez  ceftenui$>la,entrelcfquelsRo 
HoUndle   land  le  Bouc ,  co'ufin  delà  femme  dudit  Herlin,  endura  depuis  conftamment  la  mort, 
W»6!      comme  il  fera  ditenfon  lieu.    Or  Herlin  pendant  ceftemprifonnementprénoiteon 
folation  en  la  lecture  des  Pfeaumcs  joints  auec  les  Prières  fiç  Catechifme ,  qu'on  luy  a- 
uoitpermis  d'emporter  au  départir  de  famaifon.  Lefrui&auflides  prédications  a®0 
quelles  il auoitdiligcmment  aflîfté ,  depuis  qu'elles  furent  publiques,  amortit  en  luy 
les  regrets  que  tel  le  mutation  &xcaitcmcnt  pouuoitcaulcr.  JJ  y  eût  aufsi  (  qui  eft  à  no- 
ter) que  Dieu  pour  le  préparer  à  ces  combats,auoit,pcu  auparauât  la  ville  alsiegec, fait 
tomber  entre  les  mains  dudit  Herlin  par  le  moyen  d  vnuen  affin  logé  chez  luy ,  le  vo- 
lume 


JumeclesMartyrsràlale&ureduquel  il  s'adonna  tellement  &foir&matin,que  le  récit 
qu'ilcnfaifoit^manifeftoitaflezlefruid  qu'il  en  auoit  tiré  *  Illcmonftrapar  efFect  aux 
interrogatoires  qui  luy  furent  à  diuerfes  fois  reitcre'es  non  feulement  deuant  les  Gen- 
tils hommes  qui  auoyent  occupé  la  ville;  mais  auffi  deuant  le  Procureur  fifcal  de  Gad, 
&  autres  Commis  6c  députez  à  ces  fins.  On  le  follicita  de  la  part  de  quelques  parens  6c 
amis  d'entendre  à  fàdeliurance:&:  mcfmcvnrfien  bcau-frcrdÀduocatvcnu  d'Arras  i 
Vallcncéncs,drenra  vne  requefte  pour  porter  à  Bruxclles,remôftrant  qu'on  euft  efgard 
àraagc&îauxqualirczdufuppljât,  quiauoit  vefeu  corn  me  fes  anceftres  félon  leur  mè- 
re fain&c  eglife ,  &  y  vouloit  perfeuerer  iufqu  a  la  fin .  Cefte  requefte  eftant  communi- 
quée à  Michel ,  il  l'apoftilla  de  ces  mots  :  Mittezyquei'ay  ainfi  vefeu  dupaffe,  mais-que  ie 
n'y  veux  plus  retourner,  à  peine  de  perdre  lavie  &  les  biens .  Lesparens  furent  cftonnez  do 
cefte refponfe,  ou  pluftoft  d'vneafreuranceefmerucillablcenluy. 
,  Le  x  x  i  x.dc  May,ne  fâchant  ne  luy  n'aucun  des  fi* ns  qu'on  le  deuoit  exécuter  le  le- 
demain,rcquift  que  fa  femme  &  fes  enfans  vinflent  louppcr  auecluy .  En  fouppanc 
il  demanda  entre  autres  chofesàfa  fcmmc,cequelcfufditbcau-frereàfon  parte  ment 
auoit  dit.  EJlc  refpondit  qu'il  eftoit  bien  fafché  à  caufe  de  cefte  apoftille:  6c  neantmoins 
qu'il  auoit  dict  au  partir  qu'il  feroit  fon  mieux  en  la  Cour .  Sur  quoy  Michel  dit,  le  m'ef 
merueïlle  de  vous  qui  Us  croyez,:  ie  fuis  feur^veue  la  rejponfe  que  tay  efcrite,qùUs  ne  marcheront 
plus  vn feul  pas, puis  que  de  difimuleril  ne  H  queflUn  en  mon  endrotcJ  :  ne  de  promettre  ne  vingt 
ne  trente  mille  florins  pour  madeliurance.  Car  or  es  qu'on  obteinfl quelque chofe,  ce feroit fous pro- 
mejfede  viure  félon  leur  eglife  Romaine:  ce  que  ie  ne  feray  iamais  :  IoincJaufi  que  i'ay  bien  apper* 
ceu  que  la  Cour  ne  defire  autre  chofe  que  de  nous faire  mourirpourau$irnos  biens.  CMais  i'ay  bien 
tu  meilleur  aduertijfement  ce  iourd'huy  par  la  lecture  d'vn  texte  de  l'Efcriture,  ou  noflre  Seigneur 
a  prédit?  gue  nous  ferons  menez,  deuant  les  Rois  &  Princes  pour  fon  nom:  &  qu'en  la fin  ils  nous 
feront  mourir;  &  n'y  voy  autre  chofe. 

Des  le  xvii  .d' Aunl  il  auoit  eferit  en  fes  tablettes  par  forme  de  i  cftament  vne  recô- 
mandation  de  fes  quatre  fils  qu'il  laifîbit.  Et  comme  n'ayant  à  difpofer  d'autre  chofe  en 
ce  monde  que  d  eux,prioit  fes  frères  6c  fœurs  de  les  aider  en  leurs  ncccffitez,affignant  â 
chacun  le  fien  par  nom  6c  furnom.  ^  Apres  ce  dernier  foupper  il  dit,  Adicu,&  donna 
admonitions  paternelles  conucnablesà  tcldepart,recommandantce  qui  eftoit  le  plus 
expédient  &  neceiTairc. 

L  e  lcdemain,qui  eftoit  dernier  iour  de  May,à  trois  heures  6c  demie  du  matinée  Prc- 
uoft  des  bandes  vint  pour  luy  annoncer  fa  fentence  de  mort*,  qui  eftoit  d'auoir  la  tefte 
trenchéefur  le  marché.  TLtbien>à\i  Michel,,}  quelles  heures ferace_j\Lt  Preuoft  refpon- 
dit, Enuiron  les  fix  heures  du  matin.  I'ay  donc,dit  Michel^  viure  en  ce  mondes  deux  heu* 
res  drdemics.&ci'oudain  commença  dcfelcuer&veftnscftantgardédc  neuf  foldats.  Et 
après  que  le  Preuoft  fe  fuft  retiré,  il  enuoyafon  feruiteur  dôner  le  bon-iour  à  fa  femme, 
&  luy  lignifier  qu'il  auoit  reccu  fa  fentence: &  qu'elle fccôlblaftcôme  luy  au  Seigneur* 
Aucuns  ont  voulu  dire  qu'en  ces  entrefaites  ayant  prins  fa  robbe de  nuict  pour  aller  à 
la  baiTe-ehambre,Satan  ennemi  des  hommes  gaigna  ce  poinft  fur  luy,qu'eftât  en  ladfte 
bafle-ebambre  il  fe  donna  quelques  coups  d'vn  caniuetcnlapoictrinc,dontilreuint 
tout  foible  fe ictter  fur  fon  lid .  Quoy  qu'il  en  foit,fa  confblation  eftoit  de  lire  ou  ouir  en 
fon  affliction  quelque  chofe  de  la  faincte  Efcrituretfi  bien,qu'au  retour  de  fon  feruiteur 
qui  luy  apportoit  le  dernier  Adieu  de  fâ  femme(d'autant  que  nombre  dcfoldats  tenais 
le  marché  ne  permettoyent  qu'elle  lbrtift)illuy  fit  lire  les  prières  du  Dimanche  en  la 
prcfcncc  de  fes  gardes  .Son  affection  eftoir  tellement  en  prière  6c  inuoeation  du  nom 
de  Dieu,  qu'icellcs  acheuécs,il  les  fit  derechef  prononcer,iufques  à  ce  que  le  fufdit  Pre- 
uoft le  vint  quérir  pour  l'emmener.  Le  trouuant  foiblc&:  débile,  il  fut  porté  de  fa  mai- 
fon  au  lieu  du  fupplicc  affis  en  vne  chaire,  inuoquant  la  merci  de  Dieu  par  Iefus  Chnft. 
Oh  couppa  le  dcfliis  du  dos  de  la  chaire  afin  qu'il  n'empefehaft  le  coup  du  bourreau,  6C 
ainfi  dans  icelle  porté  fur  lefchaifautjfut  decapité,rcndantfon  efprit  au  Seigneur* 


e  an  M  ahiev"  notable  bourgeois  de  la  ville,  chenu  de  vicillefTe  honorable, 
fut  amené  au  fupplice  incontinent  après  les  fufditsMiniftres:&  que  l'émotion  JSJ-"""^ 
populaire,de  laquelle  a  efté  parlé,fuft  affopie.  Le  Preuoft  des  bandes  l'ayant  de  ^jujutoR 
bon  matin  aduerti  comme  les  autres,qu'ilfe  prcparaftàla  mort:  il  luy  rc  fpondit  prom-  «Lr  que r* 
ptemêV "Fous  autres foyez,  prejls,quatà  moy  ie  m'y  vay  diJj>ofcr,& me  treuuerez,  tout prefl.Lots^  JJjJ^ 1 

BBB. 


Liure  VI  IL  Des  Fidèles  de  Vallencenes. 

feleuant  de  la  couchette  aux  prifonniers  qui  eftoy  ent  auec  h\y,M  es  frères  prenons  coura- 
ge,ce  n'estrien  delx  morr.Et  en  figne  de  ioye  il  Comma  lcfdits  prifonniers  à  chater  quelque 
pfeaume  pour  a&ion  de  grâce  au  Seigneur.  On  ne  vit  oneques  ce  perfonnage  en  toute 
la  vie  plus  conftant:tantil  alla  alaigrementà  la  mort.  Quand  il  fut  paruenu  au  lieu  du 
(upplice,eftant  fur  l'efchaffautie ietta  à  genoux,  &:  leuant  les  yeux  au  ciel  fit  fa  prière  à 
Dieu  fur  vn  bout  dudit  efchafïaut  :  laquelle  acheuce ,  il  fe  prelènta  à  la  mort ,  &c  fut  de- 
capité  par  l'Exécuteur. 

ichel  HerlinIc  ieune  fut  puis  après  amené:  pour  auoir  part  aux  mefmes 
fouffrances.  Et  d'autant  que  fpecialement  ceux  eftoyent  recerchez  qui  auoyéc 
.  ..  eu quelque  charge ésEglifcs  reformées, ayant  confeiTé  d'au  oir  cité  du  Confi- 
ée sail!-"^  ftoirc  d' Anuers:on  luy  mit  au  deuant  la  iournée  &C  afîemblée  de  Sain-Tron  en  Brabat, 
Tron.  en  laquelle  il  s'eftoit  trouué  auec  ceux  qui  aduouërent  la  requefte  &c  compromis  de  la 
NoblefTe  &  Seigneurs  confedercz.Quant  aux  poin£b  de  fa  foy  on  ne  l'interroga  nulle- 
ment ,  car  il  en  faifoit  profeilion  ouuei  te  (  commeauili  les  autres  prifonniers)  en  vraye 
pureté  de  doctrine.  On  luy  demanda  les  caufes  &c  les  moyens  par  lcfquels  ceux  de  la  vil- 
le auoyent  fouftenufi  longuement  le  ficge.-ôirefponcit  fi  pertinemment  à  toutes  de- 
mandes,quelcs  ennemis  n'eurent  dequoy  charger  Ja  caufe  commune  6c  concernante 
touc  le  corps  de  ceux  de  Vallencenes. 

Cil  y  vint  delà  ville  dcl'Hle  deux  frères  de  fa  femme,  hommes  d'eftude,  lefqueh  fei- 
gnoyent  eftre  venus  pour  folliciter  la  deliuranec  de  leur  beau-frere:mais  l'iflue  demon- 
ftraquec'cftoit  pour  emmener  leur  fœur  àl'Ifle,  afin  de  ladiuertir  delà  cognoillance 
qu'elle  auoit  du  vray  feruice  de  Dieu  :&  du  debuoir  qu'elle  portoit  à  fon  mary  .  Us 
luy  firenraccroirequ'ilslamencroyentàlaCour  ,  &  qu'en  faueur  de  plufieurs  grands 
Seigneurs, ils  obtiendroyent  de  la  DucheiTcde  Parme  la  deliurâce  de  fon  mary:  mefme 
que  l'Euefqued'Arras  s'y  trouueroit  pour  les  aider.  La  ieune  femme  fe  doubtant  aucu- 
nement de  ce  qui  aduiendroit,  à  grand  regret  &  toute  defolée,  monta  fur  vn  chariot  a- 
Afmaion  p0fté:fabelle-mereprefcnte&:  redoublante  fes  douleurs  par  lamentations  &c  Adieux 
dowéia'5  pitoyables  :  &  ainfi  fut  emmenécà  l'Iik  .  Quelques  iours  après ,  quand  le  poure  mary 
prifonnier  eut  entendu  le  partement  de  fa  femme,  il  n'eft  poffible  d'exprimer  les  dou- 
leurs ne  les*regrcts  qu'il  en  ietta.  Sa  mere  le  venant  voir  pour  le  confoler,il  luy  fift  cefte 
côplainte,C  ommeK  T,ma  mere,i'auois  du  tout  cefte  fiâce,que  iamais  vous  ne  confen- 
tiriez  qu'elle  partift  arrière  de  vous,  ne  fauez-vous  pas  qu'il  y  a  prefquc  fix  ans  qu'ils  ont 
cfïâyécousmoyens  de  laretircràriilc,pourladiuerdr  de  la  Religion  en  laquelle  ils  la 
voyent  inftruite  &c  amenée  ?  Helas,  iamais  on  ne  la  pourra  retirer  de  leurs  mains .  A  la 
i  îienne  volonté  que  iefufle  feulement  vintquatrc heures  eflargipour  la  ramener  à  pei 
.ie  d'y  perdre  la  vie?  Auray-ie  perdu  tant  de  peines  que  fay  eu  àl'amener  où  elle  eft  par- 
venue par  vn  iingulicr  bénéfice  de  Dieu, pour  la  voir  replongée  en  la  fange  d'idolâtrie, 
Regrets  en  la  maifon  de  fa  mere?  Au  moins  que  n'attédoit-on  mon  trefpas,  fans  me«naurer  d'vn 
d'vn  mary  ennujc  qUj  m'eft  plus  grief  que  ma  mort  prochaine  ?  ^~S  a  mere  le  confortant  du  mieux 
c  a-ftico.  qU>ejiCpOUUOjtjiUydit,  Ayez patiéceMichcl,ie  vous  promets  d'enuoyerdemai  àl'Ifle 
pour  fauoir  s'ils  font  partis  pour  aller  en  Cour. que  s'ils  ne  font  partis,il  n'y  a  danger  qui 
me  retiene  que  ie  n'aille  la  requcrir.Ie  m'affeure  bien  qu'elle  retournera  auec  moy,  car 
ie  fav  la  trifteflé  &:  ennuit  qu'elle  auoit  de  vous  laifler,autant  que  iamais  euft  femme  :  & 
n'euft  oneques  bougé  d'icy  fi  fes  frères  &:  vn  Do&cur  nepueu  deMonficurd'Arrasnc 
luy  euiîent  promis  auec  ferment  que  c'eftoit  pour  aller  à  "Bruxelles  folliciter  voftrede- 
liurance:&:  que  fa  prefence  auec  fapetite  fille, perceroit  le  cœur  de  madame  la  Regétc. 

ENCéfte  forte  la  mere  rendoit  peine dadoulcir  ledefconfortdefon  fils:maisrappre 
henfion  qu'il  auoit  de  l'horreur  du  danger  de  l'ame  auquel  on  tafehoit  d'expofer  fa  po- 
ure femme  en  la  tendreté  &:  de  fon  aage  &  de  fa  cognoiflance,  furmontoit  toutes  remô 
ftrances  humaines.  Tant  y  a,que  Dieu  l'ayant  toufiours  foultenu  d'vne  force  &confo- 
lation  interieurc,fit  que  cefte  doleur  mefme  luy  feruit  de  préparant  à  la  deliuranec  par 
Ja  mort  qu'il  attendoit  de  iour  en  iour.  Car  le  Samedi  dernier  de  May  (  qui  eftoit  le  iour 
ordonné  à  la  mort  des  cinq  dont  nous  recitons  l'hiftoire)  après  que  le  Prcuoft  des  ban- 
des luy  euft  du  matin  comme  aux  autres  apporté  fa  fentence,il  monftra  de  faid  qu'il  s'y 
H*HirTaux  eftoit  préparé.  Et  ayant  obtenu  dudit  Prcuoft,  daller  voir  en  la  priibnauec  gardes  les 
papiers  autres  prifonniers ,  U  prendre  congé  d'eux;  il  fut  menç  vers  les  miniftres  Guy& laGra- 


De  Vallencenes,  Cambrefis,     &4rtois.  € 96 

ge  &  les  autres:  qui  s'eftoyentaufli  préparez  à  la  mort:&  de  ce  confort  mutuel  &  der- 
nier, leur  ioye&  confolation  en  fut  multiplie'e  &:  tefmoigne'c  par  action  de  grâces  &c 
Pfcaumcs  chantez. 

Qvand  on  l'cuft  ramené  chez  le  Preuoft,  il  commença  de  donner  aux  feruitcurs 
dcl'hoftelcequ'ilauoit  iufquesau coletdc  bufle&  pourpoint  qu'il portoit. Et faifoit 
ces  partages  de  fi  bonne  grâce  &:  fi  alaigrement,  que  plufieurs  foldats  &:  prifonniers  là  Vertu  cft 
mefme  détenus,  le  voyans  faire,  dirent ,  Nous  fommes  ici  prifonniers,  les  vns  pafle  vn  J 
mois,  les  autres  dauantagc:&  ayans  deferuilcs  peines,  on  nbusgardc,&  fait-on  mourir 
ces  gens  de  bien  ?  Il  n'y  auoit  fi  dur  qui  ne  pleuraft  ôc  defiraft  de  mourir,  voyant  la  con- 
ftance  &  faces  ioyeufes  de  fi  notables  perlbnnagcs.  Michel  déclara  par  plufieurs  fois  fa 
ioye  en  difant,Voicy,voicy  la  iournéeheurcufc,&  par  moy  tant  de  fois  defiréc:de  mou 
rir  auec  les  feruiteurs  de  Dieu.parlant  des  Miniftres,  qu'il  aymoit  dégrade  affection .  Il 
auoit  fuffifamment  monftré  ceft  amour  quand  il  futprins  auec  eux  parle  Maire  de 
Sainct-Amand:ne  les  ayant  voulu  abâdonner,combicn  qu'il  euft  le  moycn&lcsadref 
fes  de  fe  fauuer.  Il  dit  auffi  deuat  le  Preuoft  &  plufieurs  prilbnniers,  Il  eft  vray  que  nous 
fommes  auiourd'huy  condamnez  des  hom  mes:mais  il  faudra  que  ceux  qui  nous  ont  iu 
gez  com  paroiffent  deuant  la  face  de  noftrc  Dieu .  Et  ainfi  encouragé,  marchea  au  fup- 
plicc,aprcsauoir  demandé  fi  fon  perc  eftoit  mort.  Quand  il  vint  au  marché,  en  mon- 
ftrant  les  Iuges,dit  tout  haut,  Voila,voila  ceux  quinous  ont  condamnez:ie  prie  Dieu 
de  leur  vouloir  pardonner.  Eftant  fur  l'cfchaffaut ,  chacun  eftoit  efmerueillé  le  voyant 
fifermc&  confiant.  Là  fafentence,  (ou  calengc^  commeils  la  nomment)  fut  publiée: 
contenant  en  fomme  qu'il  auroit  la  tefte  trcnchée,&  que  tous  fes  biens  feroyent  confif- 
qucz,&c.Sur  ccla,affauoir  fur  la  côfifcation  de  fes  biens,  dit,  Voila  la  faulec  du  poiflbn:  Proucrbc 
donnant  à  entédre  qu'on  aualloit  la  mort  des  gens  de  bien  à  cefte  faulec .  Puis  fc  mettât  ™a^^ 
à  deux  genoux  fît  fa  prière  à  Dieu,leuant  la  face  &  les  mains  au  ciel  d'vnc  affection  ar-  greffe  de 
dente.  Les  plus  durs  furent  efmeus  à  compafîîon,  iufqu'au  bourreau  mefme  qui  efcou- cœur- 
toit  à  genoux  les  prières  qu'il  faifoit .  Et  telle  futfadifpofition  en  laquelle  il  finit  heu- 
reufement  fes  iours  à  la  gloire  du  Seigneur  &  édification  de  plufieurs  qui  eftoyent  pre- 
fcnsàfamort. 

Apres  cela  on  laiffa  les  corps  quelque  temps  en  fpc£tacle,afTauoir  ceux  des  deux  Mi- 
niftres pendans  au  gibct:&  les  corps  des  autres  furent  mis  aux  Halles  du  drap,  iufques 
à  l'apres-difnée  bié  tard.  Ainfi  qu'on  dcuoit  mener  tous  les  cinq  corps  au  Mont-d'azin 
(qui  eft  le  lieu  du  gibet  hors  la  vi!le)quelcun  s'aduifa  de  demâdcr  au  ficur  de  Hamet  & 
Commiflaires,que  les  corps  des  dcuxHcrlinsfufTentcnfeuelis.  Cequ'iccux  Hamet  8c 
Commiffaires  ottroycrent,Par  tel  fi  (dirent  ils)  que  ce  ne  foit  en  terre  fain&e,  d'autant 
qu'ils  font  morts  comme  hérétiques .  Les  corps  de  M.  Guy  &  de  M.  de  la  Grange  &  de 
Ican  Mahieu  furent  menez  au  Mont-d'azin:auqucl  lieu  on  enterra  les  corps  de  Guy& 
Mahieu  fi  peu  auant  en  terrc,qu'aux  belles  des  champs(felon  le  récit  qu'on  en  a  fait)ilz 
ont  elle  en  proyc  :quin'eft  pas  choie  nouucllc  aux  feruitcurs  de  Dicu,ains  prédite  &  pfcaUTne7, 
deferite.  Le  corps  de  M. delà  Grange ,  eftant  dépendu  du  gibet  du  marché,fut  répen- 
du hors  la  ville  au  gibet  de  Mont-d'azin:&  par  grand'opprobre&:  iniblence  tiré  d'har- 
quebufades  par  les  foldats:  &:  ce  pour  l'opinion  qu'on  auoit  de  luyd'auoirle  plusem- 
pcfché &c  retardé  la  reddition  tant  des  temples  que  delà  ville. 

^TO  V C  H A  NT  quelques  autres  Fidèles  depuis  executezfourvne  mefme  caufe 

en  la  ville  de  Vallencenes}Ç  ambre  fis  &  ailleurs. 

l  v  sievrs  autres  furent  traitez  de  mefmc,defquels  la  mémoire  fera  bénite  à 
toufioursenl'Eglifedu  Seigneur.  Matthievde  la  Haye  marchât  de  drap 
natif  de  Hauflî  village  vcrs.Cabrefi,qui  auoit  cfté  des  premiersAncicns  de  l'Eglife  à  Val 
lcncenes.  Pierre  de  la  Rve  le  icune,cirier,  auffi  Ancien  en  ladite  Eglife.  Ro- 
land le  Bovc  marchât, Diacre.  François  Pattov  mercicr,aufli Diacre. 
Iean  TiEViLLEj&autresbourgeoisnotablcsdelaville.  C  Etquipourroit  reciter 
les  cruautés  comités  contreccux  qui  eftoyent  des  Eglifcs  reformées,non  feulement  en 
ladite  ville  de  Vallencenes,  mais  auffi  en  Cabray  &  Chaftcau  en  Cambrefi,  Tournay, 
l'Ifle,  Audenardc,  Gand,  Malines,  BruxelleSj&:  autres  villes  &  bourgades  du  Pais-bas? 
Les  tourmens  que  les  aduerfaires  ont  fait  endurer  à  tant  de  pcrfonncs,font  encore 

BBB.ii. 


Livre  VIII.  Trefches publiques finis  au  Pays-bas. 

leanleScur  coutfanglans .  M.  Iean  le  Se  vr  d'Arras  pour  auoir  prefché  en  la  ville  de  Cha- 
fteau  en  Cambrcfi  l'Euangilc  de  Dieu,contrc  la  volonté  de  Maximilian  de  Bcrgues  ar 
chcucfquc  de  Cambray,aefté  tourmenté  horriblement.  Et  M.  Iean  C  a  tt  e  v,  fut 

leâoOtteu  trai&é  de  mcfmc  pour  auoir  adminiftré  la  parolle  de  vérité  à  Saint-Amandcn  Tour- 
nefi:ô£  pour  y  auoir  célébré  vnc  fois  la  Ccne  du  Seigneur .  On  ne  seft  pas  contenté 
vers  ces  deux-ci  de  les  auoir  pendus  &:  eftranglez:mais  auant  leur  mort  on  les  a  fait  lan 
guir  en  douleurs  U  opprobres  cxtremes,pource  qu'ayans  renoncez  à  leurs  cloiftres,  ils 
s'eftoyent  cm  ployez  au  vray  feruice  de  Dieu  &:  de  fon  Eglife. 

NicoUs  du    M.  Nicolas  dv  P  vis  natifd'Artoiseur  pareil  traittemct  par  autre  façon  de  fup 

Puw*  plicc.Car  ayant  cfté  conftitué  prifonnier,&:  détenu  long  tépsenlaville  dcDuaypour 
auoir  fouftenu  la  vraye  doctrine,  on  l'cnuoya  à  Saint-Omcr  ville  d'Artois,  vers  l'Abbé 
de  Saint- Bertin,qui  cftoit  des  Euefqucs  nouuellemen  t  forgcz:fous  lequel  il  cftima  gain 
de  pourrir  membre  à  membre  en  la  miferc  &c  infc&ion  extrême  de  faprifon,plus 
toft  qu'en  renonçant  l'Euangilcreprendrc  les  ordures  &vilainics  de  l'Abbaye  qu'il  a- 
uoit  quittées.  ^11  ycnaplufieurs  autres  dcfqucls  ores  que  la  mémoire  foit  encore  en 
obfcureté,la  mort  en  cft  neantmoins  precieufe  dcuantDicu  &  fes  Anges. 

^COMMENT  &  quand  Us  prefehes  publiques  de  ceux  de  la  Religion  cejftrent 
partout  le  Pais-boa. 

io  v  s  auons  veu  ci  de/Tus  par  quels  degrez  on  cftoit  paruenu  des  prédications  fc- 
crêtes  aux  publiques, desquelles  vnc  multitude  inct oyablc  de  gens  s'eftoyent 
monftrez  auditeurs  :  il  cft  befoin  maintenant  de  noter,  côme  chofe  pertinente 
auxdifcoursEcclefiaftiqucs,lc  iour  qu'elles  fînirét  au  grand  regret  des  vrays  fideles.Quji 
remarquera  de  près  toutes  les  procédures  deuât  mifes,il  trouucra  pour  chofe  notable, 
quelesPlacarts  rigorcux,  les  Euefqucs  nouucaux,  les  Inquifiteurs&femblablcs enne- 
mis ont  cfté  caufe,  maugré  leurs  intentions,  que  les  chofes  fc  font  aduancées  fi  auant. 
Cucoafti  -  Au  contraire ,  Qu'vne  grande  partie  des  Seigneurs  &:  de  la  Nobleftc,qui  par  leur  con- 
drcftrcoo!'  fédération  &côpromis auoycnt  fait ouucrtureà quelque libcrté,à caufé  par nôchallan- 
cé«.        ceouplustoft  mefprisd'vnfi  prccieuxtreforjquedc beaux cémcnccméslcs  ifluesen 
ont  cfté  triftes  &  lamétables.  Car  après  que  ceux  de  la  Religiô  reformée  curét  efté  en- 
tretenus de  iour  en  iour  en  diuerfes  efpcrâces,  finalement  la  refolu  tion  des  plus  grands 
Rcfolution  Seigneurs  aufqucls  on  s'eftoit  attédu,fut,Que  la  contribution  des  deniers  qu'ils  auoy- 
dC$Pa  "bas  cnt  demadez  cftant  faitc,&lors  qu'on  auroit  réduit  les  aduerfaires  de  l'Euagile  à  aiîcm- 
u  ay$     blerlesEftatsdupays,&faifcquclqucappoin(5kcmentàrauantagedcccuxdc  la  Reli- 
gion: la  plus  grande  feureté  qu'ils  pretendroyent  feroit,Que  remettant  le  toutau  iuge- 
mentde  l'empereur  Maximilian  &c  des  Princes  d'Allemaignc,ils  eftimeroyent  auoir 
faitgrand  bien  au  Pays,&  particulièrement  aux  Euangcliftcs,s'ils  obtenoyent  la  Con- 
c'fcffi-  d'  fc^on  d'Ausbourg  en  quelques  villes  .^"En  fin  &  fommc,on  trouua  au  lieu  de  confort 
Ausbourg.  cfperé,grand  defeonfort  par  tout. 

Les  prefehes  publiques  prindrent  fin  au  commencement  de  Ianuicr,  m.  d.lxvi. 
cnTournay  &Tournefi>lorsqucle  fécond  iour  de  ce  mois  quelques  bandes  entrè- 
rent par  le  Chafteau,&  fc  faifirent  de  la  villc,y  apportans  vn  changement  aufE  horrible 
quefoudain.Car  au  lieu  des  prédications  publiques,  blafphcmcs  du  nom  de  Dieu  &  de 
fa  doctrine  auec  outrages  exécrables  fuccederen  t. 

La  ville  de  Vallcnccnes  eut  les  derniers  prefehes  au  iour  de  fa  reddition,  qui  cftoit 
le  Dimanche  qu'on  appelle  des  Ramcaux,x  x  1 1  i.de  Mars:comme  il  a  cfté  dit  ci-deuât. 

^"Armcntiere>Ypre,Audenardc,Gand  &c  les  villes  &  bourgades  de  la  haute  &  bafle 
Flandre,furentpriuéesdecebien  les  vnes  après  les  autres  en  grande  dcfolation&  op- 
prcflion.Les  villes  de  Brabat,cclles  fur  tout  qui  font  prochaines  des  Cleuois,  &  le  pays 
de  Hollande  &  Zélande  eurent  quelque  refpit  d'auantage:  mais  finalement  elles  curét 
vnemefmeiflue. 

v  an  t  à  la  ville  d'Anuers,  qu'on  a  nommée  à  bon  droit  le  cœur  du  Pais-bal, 
I  depuis  la  prinfc  de  Vallencenes  ci  deftus  dcfcrite:&  après qu'vn  des  princi- 

 !  paux  Seigneurs  auquel  on  s'attédoit ,  euft  déclaré  qu'il  nevouloit  embrafler les 

afFaires,touteefperancedc  continuer  dauatagcfiit  perdue.- fingulicrement  eu  regard  à 
la  diuifxon  qui  cftoit  en  lavillc.Lcs  Miniftres  tant  des  V  Valons  queFlamcns  cra'gnoyct 

fort 


Ueîlat  des  Fidèles  fous  les  Vénitiens,  6 

fortdcnepouuoirpaifiblcmemprcfcherle  Dimanche  vid'Auril:  ce  que  toutesfois  Lc,Prcdic* 
ils  firent ,  voire&  le  Mercredy  fuiuant  i  x.  dudit  mois ,  qui  fut  la  dernière  des  predica- 
tionspubliques:auqueliourreclipfcdufoleiiremonftraenplcinmidy  autant  admira-  nées  en  vn 
ble  par  tout  que  de  long  temps  elle  ait  efté .  La  grande  prouidence  de  l'Eternel  e-  S^SS 
ftendantiufqucsàcciour-làleterme  d'icelles,  monftra  vifiblcmentqucfafain&ePa- ?C  *  °a 
rolle  eft  la  vraye  lumieredu  monde:&  qu'il  n'y  a  chofe  oppoféc,n'obieâ  tant  grand  qu'- 
il foit,qui  la  puhTe  entièrement  obfcurcir  n'efteindre. 

Le  lendemain  x.d'Auril  les  Minières  furent  appelez  deuant  les  Seigneurs  &Ma- 
giftrat  d'Artucrs,qui  les  exhortèrent  auec  prières  de  fe  retirer  des  pays  du  Roy  d'Efpa- 
gne,adiouftans  menaces  de  la  part  de  fa  Maieftc  s'ils  pourfuiuoycnt  de  prefeher.  Suiuat 
quoylesMiniftresconiideransles  circonftancesdes  chofcs,&:  que  tous  les  Députez 
fcplufieurs  des  Confiftoiress'eftoyentdcfia  retirez  mcfmeque  le Teigneur  Prince 
d'Auran^ecftoit  délibère'  départir  le  lendemain,ils  prindrét  refolution  de  Te  retirer,  a- 
yâs  dône  ordre  à  ce  qui  cftoit  de  leur  charge,pour  entretenir  le  furplus  des  fidèles  reftâs 
enl'afflidion  commune  du  pays.^~M  a  i  s  auant  que  pourfuiurc  la  retraite  de  ceux  qui 
fortirent du pays,&l'nTue  d'aucuns  qui  demeurèrent  &  lignèrent  de  leur  mort  lado- 
drinequilsauoyentapprife,nousauons  à  inférer  ieyeequi  s'eftfaità  Venife  prcfquc 
en  vnc  mef  me  faifon  pour  pareille  caufe,  &:  à  rinftancedel'Inquifition  Papale  en  tant 
de  régions  eftablie&desbordée. 


L'E  S  TA  T  des fidèles  en  la  ville  de  Venife de  quelques  vns  exécutez,  de 
mort  pour  la  Religion  reformée^. 

vrant  ce  temps  de  calamité,la  ville  de  Venife  affife  au  milieu  de  l'eau  au 
dernier  confin  de  la  mer  Adriatiquc,violalafranchifede  fa  République  a- 
Iendroit  de  quelques  vns  de  la  Religion  .    On  feait  alTcz  la  grandeur  de  la  ^  Scigne» 
feigneurie  qu'elle  a,à  caufe  des  deux  Mes  &  Royaumes  de  Cyprc&  deCâ  r£  dc  Vcni 
die,Ceraîonie  &  Zantc  tresfertiles  en  la  mer  Ionique  :  Corfou  fortcrciTc  de  gran  de  im- 
portance,&:  ifleau  commencement  de  fon  golfe. On  feait  aufîi  qu'elle  tient  vne  bonne 
partie  dc  la  Sçlauonie,Cattaro,Lefina,Sebenico,Spalato,Zarra  &  autres  terres  &:  vil- 
les fortes  :  fans  que  befoin  foit  faire  mention  dc  cel  les  qu'elle  a  en  Lom  bar  die ,  qui  font 
cognues  &  fréquentées  de  la  plus  grande  partie  de  l'Europe.  Mais  fur  tout  il  ne  faut  ou- 
blier ici  l'opinion  communequ'ona  dc  ladite  ville  prefquc  par  toute  l'Italie  :c'eft  que 
pour  fes  qualitez  rares,  &  pour  vne  liberté,  qui  a  efté  là  par  longue  efpace  de  tem  ps  ne  liberté 
s'afTuiettirTantpointàrinquifition  cruelle  du  Pape,ony  deuoit  voir  multiplication  dc^""*** 
Fidelesrcequin'eftoit  pas  fans  occafion,  d'autant  que  l'an  m.  d.  xxx.  iufqu'en  l'an  m. 
d.xl  i  i.  il  y  auoit  eu  telle  liberté  de  parler  &  traider  des  affaires  dc  la  Religion,  qu'on  y 
faifoit  prcfque  publiquement  des  aiîemblces,au  feeu  dc  plufieurs  nations  eftrangercs . 

O  r  telle  cfpcrancc  s'eft  d'autant  plus  efloignée ,  qu'elle  fembloit  eflre  prochaine.-  à 
caufe  que  l'autheur&:  perc  dc  méfongcs'eftanr  apperecu  dc  ccla,cômcnca  parle  moyé 
de  fon  Lieutenant,feantaufiegedeRome,d'infe&erde  Cardinautez,  Archeuefchez,  Moycmpar 
Eucfchez,Abbaycs,Chanoincrics,&:  autres  fiens  bénéfices,  la  NobleiîeVenitienne,où  Jcfquds  le 
la  plus  part  de  ceux  qui  eftoyent  des  premiers  à  iouir  des  honneurs  en  icclleRepubli-  fu\nCa"ies 
quc(à  caufe  dc  leur  vertus  &:  preudh6mic)&:defqucls  les  autres  dependoyent  aucune- grands  de 
ment  :  afin  que  puis  après  il  peuft  par  ce  moyen  introduire  plus  feurement  &  mainte- ccmoodc- 
nir  la  tyrannie  du  fiege  Papal  en  ladite  cite,  &  en  toute  fa  feigneurie. 

O  r  cft-iladuenu  de  cela  puis  après,  qu'ayant  là  demeuré  prefques  toufïours  vn 
grand  nombre  deFidelcs,quis'y  rcciroyentdcleur  bon  gré,  ou  bien  eftans  chaflezdc 
leurs  pays  pourl'Euangilc,  ont efte  contraints  dc  s'enfuir par  fucceffion  de  temps 
ily  en  aeu  bien  fouuent  quelques  vns  pnns  prifonniers,&;  cnuoyez  à  Rorne,comme on 
a  vcués  difeours  precedens.  Les  autres  par  vne  façôde  fupplice  quin'auoit  iamaisc- 
ftéaccouftumé,  ont  efteiettez  en  l'eau  &  noyez  au  fond  de  lamer,ainfi  qu'on  le  peut 
voir  en  l'hiftoire  prcfente.Si  eft-ecque  pour  tout  cela  plufîeurs  ne  laifîbycnr  pas  de  s'af 
fcmbler&:  fetrouueraux  lieux  a(figncz,pourcôferer&:  traider  deschofesfpirituelles, 
voire &dc  recueillir  quelques  collectes  pour  fubuenir  aux  pourcs  neceflitcux.  Etmcf- 

BBB.ui. 


Liure  VIII.  De  quatre  Fidèles  Jtaliens 

EjUfc  àve  mes  depuis  Tan  m.  d.  Lx.ilsauoyent  faift  venir  vnMiniftrc  delà  Parolle  de  Dicu,afin 
d'introduire  quelque  bon  ordre  d*Eglife:&  auoyent  défia  commencé  d'adminiftrer  la 
Dcfloyauté  faincleCcne  du  Seigneur. Mais  la  trahifon  & dénoyauté  d'aucuns  faux  frères  (lefquels 
defauxfrc-  foubsombre defaireprofeflionderEuangilc,faifoycntmeftierdaccufcrles  autres^ac- 
fté  caufe,  que  ces  chofes  eftans  defcouuertes ,  les  Veneticns  fe  font  oubliez  iufques  là, 
que  mefmcs  ils  ont  lanTé  d'obferuer  certaines  loix Se  ordonnancesfaires  par  eux,&:  paf 
fées  en  leur  grand  Confcil,Touchanc  la  procédure  iuridique  en  l'eftat  te  officede  l'In- 
quifition.Eftans  prefques  tous(commc  il  a  cfté  dit  )  beneficiers  &  obligez  au  fiegeRo- 
mainjOudependansdeceux-là,ils  ontfurfimples  aceufations  &  noms  donnez  par  e- 
fcritjcommencé  telle  Inquifition,quc  l'Antechrift  ne  la  pouuoit  defircr  plus  grade  ne 
Somme  an-  plushorrible.Dont  cft  aduenu,  que  tous  les  ans  le  Pape  enuoye  de  Rome  vncfomme 
nouchnde  <i,c^cus»au  ^cgc  ^c  l'Inquifition,pour  les  diftribuer  à  gens  qui  facent  l'office  d'efpions 
l'inquifidô.  &:  de  rapporteurs  fecrcts.Et  combien  qu'en  celle  hiftoirc  il  n'y  ait  que  quatre  nommez 
fi  eft-ceneantmoins  que  plufieurs  autres  ont  efté  icttez  en  l'eau  &:  noyez  -.aucuns  en- 
uoyez  àRome:&  d'autres  pour  le  long  tormét  qu'ils  ont  fouffert  és  prifons  (  qui  ne  font 
quefcpulchres)ont  fini  leurs  vics:tellemcnt  qu'on  n'a  iamais  peu  auoir  leurs  Confeffiôs 
par  cfcrit,nc  par  le  rapport  d'autruy,lefqucllcs  fonent  certaines. 

Ivles    G  v  irlavda,  Treuifan.         François  SEGA^deRomgo. 
Antoine    Ricett  otdeVincence.     François    S  p  in  o  la,  UiUnnoù. 

♦  Ivles  Guirlauda  Treuifan,  aagé  d  cnuiron  quarante  ans ,  eftant  détenu 
captif  àVenife(és  prifons  de  ceux  qu'on  appelle  chefs  dedix)pom  la  vérité 
de  rEuangile,perfecutéc  par  nouueaux  Ebionites:quclques  fidèles  iufqu- 
Acajfation  au  nôbrc  de  x  x  1 1 1.  partirent  de  Capo  d'Hiftria,&  s'embarquèrent  pour  al- 

ler paSer  l'hyuer  és  lieux  fubiects  i  rEmpire,où  il  y  a  feureté .  Mais  aucuns  de  la  Iufti- 
cc  firent  arrefter  la  barque ,  fous  prétexte  qu'vn  certain  du  pays  des  Grifons  ('auquel 
vnfrerc  de  miflerc  Nicolas  Bucella  de  Padoue  debuoit quarante  ducats)  lesvouloic 
retirer  dudiâ  Bucella:  ou  demifs.  Antoine  Ricetto  de  Vinccnccjors  aagé  enuiron  de 
X  li  1 1  ans,ou  de  miflere  François  Sega  de  Rouigo ,  aagé  pour  lors  d'enuiron  x  x  x  1 1 1 
ans.Tellcment  que  la  barque  eftant  à  la  riue,lcs  trois  fufdits  feulement  furent  menez  à 
la  Iuftiçe,&  tous  les  autres  fuy  uirent  leur  chemin  qu'ils  auoyent  commencé .  Ain  fi  ces 
trois  perfonnages  eftas  en  Iufticc,nicrcnt,comme  la  vérité  eftoit,qu'ils  deuflent  aucu- 
ne ebofe  à  ce  Grifon: lequel  eftant  defpité  de  cela,les  aceufa  deuat  le  Iuge,qu'ils  eftoyée 
heretiqucs,&  qu'ils  s'cnfuyoyét.Au  moyen  dequoy  ils  furent  conftituez  prifonniers,ô£ 
enuoycz  à  Venife  le  x  x  v  1 1  iour  d'Aouft,  m.  d.  l  x  i  i.  là  où  ils  fe  confolerent,&  fortifiè- 
rent au  Seigneur,eftans  auec  Iules  Guirlauda  fufdiéb  lequel  après  auoir  purement  cô-. 
feue  IefusChrift  U  fa  doctrine,  finalement  fuft  condamné  lexv  d'0£tobrc,&puis 
mené  hors  des  deux  Chaftcaux],  fut  noyé  dedans  la  mer.  Comme  il  eftoit  dcfTus  l'ais 
qui  eftoit  mis  entre  deux  gondoles,il  dit  au  Capitaine,  Iufqu'au  rcuoir  par-delà .  Et  in- 
continent les  gondoles  fc  retirât  l'vne  d'vn  cofté,&  l'autre  de  l'autre,  il  tomba  au  fond 
del'eau,eninuoquant  le  nom  du  Seigneur  &  Rédempteur  Iefus  Chrift. 

Tovchant  à  Bucella,  après  auoir  tafché  en  vain  d'efehapper  de  prifon  parle 
moyen  des  gardes  qu'il  auoit  ,delibera  de  renier  tout,&  fe  defdirc,nonobftant  les  admo 
nitions  de  fescôpagnons,côme  François  Sega  en  a  rendu  tefmoignage  par  fcs  efcrits. 
Ricetto  fol    Mais  AntoineRicctto6cSega,perfeucransconftammentenlaconfcfiîondclapu 
mc^defon  rc  doctrine  dcl'Euangile  l'efpacc  de  plus  de  deux  ans,  furent  à  la  fin  condamnez  à  la 
fils.        mort.Le  fils  dudit  Ricetto  aagé  de  x  1 1  ans,vifitant  fon  pere,  lepriaen  pleurant ,  félon 
que  fon  icuneaageportoit,  de  s'accorder  &  s'accommoder  auec  ceux  qui  lecondam- 
noyent,afin  qu'il  ne  le  delaifiaft  point  orphelin.Le  pere  luy  refponditjquclcvrayChrc- 
ftien  eftoit  tenu  &C  obligé  de  ne  faire  côte  de  fon  bicn,dc  fes  enfans ,  ne  de  fapropre  vie, 
au  regatd  de  l'honneur  &c  gloire  de  Dieu:&  qu'à  cefte  caufe  il  eftoit  du  tout  refolu  d'en 
durerla  mort  pour  la  maintenir. 

Les  Seigneurs  de  Venife  offrirent  de  luy  remettre  entre  mains  fon  patrimoine, 
qui  eftoit  en  partie  engagé,^  en  partie  vendu,s'il  fe  vouloir  accorder  auec  l'Egtifc  Ro- 
integrité  de  mainermais  il  refufa  toutes  les  conditions  qu'on  luy  prcfcnra.Lcs  prifonnicrs\qui  elloy 
mlndéc"1  0X11  aucc  W  » &  principalement  vn  M.  Iules  Forlan ,  reciten  t  grand's  chofes  de  l'ab- 
nun  cc'  ftinenec 


ExecuteT^de mort  à  Venifc^.  6 pS 

ftincnce,  patience  &  fain&cté  de  ce  petfonnagc,&  de  fon  compagnon,iufques  à  les  cô- 
parer  à  S.lean  Baptiftc. 

L  e  x  v.iour  de Feburier  m.  d.  l x  v  (qui  eft  à  noftrc fupputation  m.  d.  l  x  v  i.  )  le  Ca- 
pitaine Clairemontvinc  à  la  prifonenuiron  deux  heures  denui&,&:  ayant  tire  dehors 
Fr.Sega,luy  demanda  s'il  ne  vouloitpas  eftre  obeiiTant:  lequel  rcfpondant  Qu'ouy,  *ceiuy<joi» 
rut*renuoyé  en  prifon .  ^"Puis on feit  venir  Ricetto, auquel  le  Capitaine  dit,  que  Se-  ftjjfS 
gan  eftoit  pas  autrement  délibéré  de  mourir,  mais  d'obéir  à  Iuftice.  Soudain  Ricetto  JJ-^'JJJ 
luy  rcfponditjQijay-iequc  faire  auec  Sega?  ie  veux  faire  mon  debuoitenuers  le  Sei-  towvnan» 
gneut  mon  Dieu,  &*infi  il  fut  mis  lié  &  garrotté  en  vne  gondole .  Il  y  auoit  vn  certain  fept  m0|fc 
Preftre  qui  alloit  aueccux,lequel  luy  prefentant  vn  crucifix  de  bois  à  baifer ,  l'admonc- 
ftoitdefcrcdyire,pourmourircnlagracede  Dieu,cnferecôciliantàla  faincte  efpoufe 
de  Iefus  Chrift,aflàuoirreglifcRomaine.Mais  Ricetto  reiettatle  bois,pria  lepourc  Pre- 
ftre,^ les  autres  delà  côpagnie,àfcdepeftrer  des  laqs  du  Diablc,&  venir  à  Iefus  Chnft 
pour  viure  félon  i'cfprit,&  non  félon  la  chair.  Et  fur  cela  il  leur  difoit,  Si  vous  faites  au- 
trcrnét,vous  paruiendrez  par  voftre  infidelitéau  feu  qui  ne  s'efteint  iamais:  pourec  que 
côfefTans  de  bouche  que  vous  cognohTez  Iefus  Chrift,non  feulemét  vous  le  reniez  par 
effe&jmaisvousleperfecutez^ftansfeduits&cnforcelezdu  Pape, lequel  eft  ennemi 
tout  ouu  ert  de  Iefus  Chrift. 

Qvand  ils  furet  arriuez  auprès  des  deux  Chaftcaux, le  Capitaine  luy  lia  les  mains:  Les  deux 
&  d'autant  qu'il  faifoit  bien  froid  pour  lors ,  il  pria  qu'on  luy  rendift  fon  manteau  qu'on  chafte»ul« 
luy  auoit  oftc.La  defTus  celuy  qui  menoit  la  gondole  luy  refpondit,Crains-tu  maintenat 
vn  peu  de  froidîque  feras-tu  au  fond  de  la  mer?pourquoy  ne  cerches-tu  de  fauuer  ta  vie? 
ne  vois-tu  pas  que  iufqu'aux  puces  mefmcs ,  elles  fuyent  la  mort  ?  Auquel  il  replicqua, 
Et  moy,  ieruis  la  mort  éternelle. 

E  s  t  ans  paruenus  au  lieu  du  fupplicc,lc Capitaine  le  lia  d'vnechaine  par  le  corps, 
auec  vne  pierre  fort  pefantc.Et  fur  ce  Ricetto  hauflant  les  yeux  au  ciel  dit,Pere,pardô- 
ne à  ccux-cy,quinefçaucnt  ce  qu'ils font.Et  citant  misfurl'ais,  il  dit,  Seigneur  Dieu  ie 
recommande  mon  efpri t  en  tes  mains  :  &  tira  après  foy  ce  poix  fi  pefan  t ,  fans  attédre 
que  les  gondoles  s'en  allaitent  d'vn  cofté  &c  d'autre ,  comme  en  tels  fupplices  &  genre 
de  mort  on  auoit  accouftumé  de  faire.Et  ainfi  ce  perfonnage  dormit  au  Seigneur:  dont 
turent  gradementesbahis  ceux  de  la  Iuftice,  lcfquelsn'auoyent  point  veu  auparauant 
en  autre  quelconque,  vne  fi  ferme  confiance  en  mourant. 

,  EL  a  ainfi  cxccutéjle  Dimache  fuiuant  M.François  SpinolaMilanois,  aagé  pour  Francefco 
ilors  d'enuirô  xl  v  i  ans, fut  prins  &  mené  és  prifonsfufditcs  des  Chefs de dix •,  là  où  pm0 
cftoit  aufli  le  pourc  Fr. Sega . Deux iours après  (qui  eftoit  le  xxviu  de  Feburier) 
Spinola  fut  mené  deuant  les  luges,  &  là  luy  tut  mis  entre  les  mains  vn  petit  traicté  De 
la  Genc  de  Iefus  Chrift,lequcl  il  auoit  eferit  luy-mefme ,  comme  il  le  confefTa  franche- 
mét:&  dit,Qu'il  eftoit  de  l'opinion  laquelle  eftoit  déclarée  en  ce  trai£té,affauoir,que  le 
pain  U  le  vin  font  Sacrcmens  tant  feulement,  &  non  pas  la  chofefacrée:  &  pourtant,  ^ 
qu'il  ne  doit  eftre  adoré.  Il  fut  interrogué  touchant  la  puifTance  du  Pape,lcferuicc  des  fucrs  j^eia 
SainctSjfic  du  Purgatoire:  A  quoy  il  refpondit,qucla  puifTance  du  Pape  eftoit  humaine,  Spinola  eft 
laquelle  luy  auoit  efté  donnée  du  confiftoire  Romain,  &:  des  Princes:  mais  qu'à  Iefus  imcrr0Sué' 
Chrift,commeauchefderEglifc,lePerecclefteauoit  donné  toute  puifTance  au  ciel&:  Marchés 
enlaterre.QuicftPierrc?QuieftPaul?&c.II  adioufta  qu'il n'adoroit  &  n'inuoquoitfi- 
nonvnfcul  Dieu,  félon  qu'il  eft  cfcrit-.com  bien  que  la  mémoire  des  Sain&s  luy  fuft 
aggreablc,  comme  de  ceux  qui  eftoyent  des  vrays  fermens  en  la  vigne,c'eft  à  dire  en  le-  can  IT* 
fus  Chrift  .Et  ne  recognoifToit  point  autre  Purgatoire  que  le  fang  du  Fils  de  Dicu,com-  Hebr.  i. 
me  TApoftre  en  l'Epiftrc  aux  Hebrieux,&  Saind  Iean  l'enfcignent.  lIcan  u 

Apres  ccla,comme  Spinola  rctournoit  en  prifon,  Sega  qu'il  ne  cognoifToit  point, 
lattédoit  auec  vne  chadeile  en  la  main  :&  pafTant  auec  fa  garde,  il  le  falua  par  fon  nom: 
dont  aduint  qu'ils  communiquet en  t  enfcmble  de  la  do&rine  de  falut.  Et  combien  que 
Sega  fuit  d'autre  opinion  que  Spinola  touchant  le  nombre  des  Sacrcmens,  ncâtmoins 
il  s'en  rapportoitau  iugementdel'Eglife  du  Seigneur. Mais  ayant  entendu  que  Spino-  rCncontrc  à 
la  auoit  confefTé  la  vérité  conftament,il  fe  conforta  &  confola  grandement,  difant  que  Sega, 
jjieu  l'auoit  referpé  iufqu'à  ce  iour-là,pour  le  faire  participant  d'vne  fi  grande  con fola- 
tion .  Ilefcriuic  donc  lettres  confolatoires  à  Spinola , luy  recommandant  fes  eferits, 

BBB.iiii. 


Liure  VI  IL 


F.  Spinola.  Tachard. 


defquels  aucuns  ont  efté  preferuez,les  autres  cfgarez  par  la  defloyauté  d'vn  faux-frere. 

Finalemen^  le  xxiii  deFeburier  les  gardes  de  la  prifon  dirent  à  Sega  qu'enui- 
ron  vne  heure  de  ntiid  on  le  feroit  mourinlequel  pria  Spinola  de  faire  oraifon  aucc  luy. 
En  priant ,  Sega  ayant  dit  que fon  amc  eftoit  trifte  iufqu  a  la  mort,  Spinola  refpondit, 
Tantoft  elle  fera  ioyeufe  pour  iamais .  Il  fut  donques  tiré  hors  de  la  prifon  obfcure  en- 
uiron  deux  heures  denui£r.:&  en  fortant  fe  recommanda  à  Spinola  &  aux  autres  prifon- 
niers. Or  citant  en  la  barque,  vn  certain  Moync  luy  voulant  perfuader  qu'il  rctournaft 
au  bon  chemin  :  Sega  luy  refpondit  qu'il  eftoit  au  bon  chemin  de  noftrc  Seigneur  Iefus 
Chrift.&  ainfi  allant  inuoquoic  le  nom  de  Dieu.  Il  ne  fe  fafcha  point  quad  on  luy  lia  les 
u  monde  mains,  mais  bien  quand  on  luy  ferra  le  corps  d'vncchaine.  Toutesfois  il  rcuintincon- 
tinent  à  cefte  feure  confiance  des  Chreftiens,de  prendre  toutes  peines  en  patience. 

Ainfi  qu'il  fut  mis  deiTus  lais,  il  fe  recommanda  à  Dieu  :&delaifTé  des  deux  gondo- 
lesf  fur  le  bord  dcfquelles  l'ais  eftoit  appuyé)  l'vne  tirant  deçà ,  l'autre  delà ,  il  tomba  au 
fepulchre  de  la  mer,&  mourut  paifiblement. 

Spinola  puisapres  fut  prefenté  pour  la  féconde  fois  à  la  Iuftice.,  aflauoir  lex.de 
•Affaaoirpie  Mars  :  là  où  il  reprint  le  Légat  du  Pape  *  auec  ceux  du  Clergé  qui  eftoyent  prefens,&: 
Mpar«îî"  quelques  Seigneurs  Vénitiens  qui  prefidoyent,  de  ce  qu'il  perfecutoyent  fi  dcfefperé- 
SxM!En.A"  l"enc  la  vérité  de  Dieu:(tout  ainQ  qu'il  auoit  fait  la  première  fois  qu'il  fut  mené  deuant 
euxjles  appelant  Race  Se  fuccefTeurs  de  Cay  phe,  des  Pharifiens  Se  des  Payens,  qui  tuez 
maintenat(dffoit-il)Iefus  Chrift  en  fes  mébres.  ^"Le  x  x  i  x  de  ce  mois  on  le  mena  pour 
latroifiemefoisenIufticc:oùil  luy  fut  demandé  s'il  ne  vouloit  pas  renoncer  à  fes  im- 
pietez.il  refpondit,que  ce  qu'il  maintcnoit,n'eftoyent  point  impietez,ains  la  pure  véri- 
té qui  eftoit  tirée  de  la  doctrine  que  Iefus  Chrift  Se  fes  A  poftres  ont  prefchée,&  pour  la- 
quelle tous  les  Martyrs  tant  anciens  que  de  noftre  temps  ont  volontairement  expofe 
leurs  vies,&  enduré  la  mort. 

Apres  toutes  ces  chofes,  Spinola  tomba  en  telle  infirmité',  qu'il  délibéra 
de  caler  le  voile,  comme  on  dit:  Se  de  s'accommoder,  ayant  efté  induit  à  ce  fai- 
re par  quelques  vns ,  faifant  femblant  de  confentir  à  la  Iuftice ,  afin  par  ce  moyen  d»e- 
fchapper  de  leurs  mains .  Mais  enuiro  la  minuict  d'entre  le  dixième  Se  onzième  iour  de 
Septembre  s'apperceuant  deceftctromperie,ilreuintà(by-mefmes,&  proteftadeuâc 
tous,qu'il  vouloit  mourir  en  la  Côfeffion  qu'il  auoit  faite  iufqu'au  premier  iour  d'Auriî 
precedcnt.Parquoylcxixd'Aouft  il  fut  mené  deuant  les  luges,  où  il  conferma  tout 
le  mefme.Ces  luges  luy  dirent,qu'ils  le  feroyet  noyer ,ou  brufler  tout  vif.  Se  ainiî  le  x  x  x 
La  mon  de  iour  de  Ianuier  m.d.lxvi  félon  que  content  les  Vénitiens  (qui  feroit  m.  d.  l  x  v  i  i)  vn 
Spmola.    Icudy  matin  ayant  efté  mené  deuarit  le  Tribunal,  fa  fcntcncc  luy  fut  prononcée  qu'il 
feroit  noyé  comme  vn  hérétique.  A  quoy  il  refpôdir,  le  fuis  feruiteur  de  Iefus  Chrift  Se 
non  point  hérétique.  Alors  le  Légat  du  Pape  luy  commanda  qu'il  fe  teuft,  en  lu  y  difant 
qu'il  auoit  menti .  ^  Le  lendemain  au  matin(qui  eftoit  lcdernierdcIanuier)iJfut  me- 
feoifeS'i  né  au  *  Chaftcl  ,&  fut  là  degradé^pourceqiî'il  auoit  efté  preftre:  Se  la  nui&  fuiuante  on 
arche  demeu  |c  mcna  àlamcr,&:fut  noyéau  lieu  accouftumé  :  cependant  qu'il  louoit  Se  bcniiToit 


pVueUlui|ai  Dieu  d'vne  conftance  admirable. 

rement  5. Pif 


MARTIN    TACHARD,  de Montattbanen guercy. 

O  N  peut  ici  confidercr  en  quelles  difficulté!  fe  trouue  le  Minière  qui  veut  pourfuiure  fa  vocation  lors  que 
toutes  confuiïon'i  horriblcs.dangers  extrcmcs.faux  b!afmes,&  trahilons  l'enuironnctinc  trouuant  lieu  de 
feureté  auquel  il  puùTc  parquer  le  trouppeau  qu'il  a  en  charge. 

'exercice  de  la  vrayeReligioncontinuoiten  la  France nonobftant  les 
ciuautczouuertcs  &:  les  confpirations  du  complot  qu'on  exerçoit  conrre 
ceux  qui  faifoyêt  profefîïon  d'icelle.Sur  rout  le  Parlement  de  Tholoufe  fou 
ucrainau  pays  de  Lâgucdoc,s'eft  efforcé  en  ces  dernières  années*dcdifîlper 
métdeTho  toutes  lesEglifes  reformées  qui  eftoyent  de  fon  refTort:&  pour  ceftefFc&ataiché  d'ex 
IcTfÏÏ^  cerminer  les  Miniftrcs  d'icellc  autant  qu'il  luy  a  efté  poffible .  Outrc,lc  grand  nombre 
des  Miniftres  qui  ont  efté  mis  à  mort  par  ceux  de  ce  Parlement,M.MartinTachard  mi- 
Lcspremi-  niftre  de  la  parollc  de  Dieu  à  Montauban  lieu  de  fa  naiiTance(où  il  prefehoir  pendant 
de  France? 'cs  premiers  troubles  de  France  en  l'an  m.  d.  lx  1 1.)  n'a  peu  efchappcr  leur  iniufticc  Se 

felonnic. 


m  d.lxvii 

Voyezcy 
deflus  les 
procédures 
de  ce  Parle 


<£klartin  Tachard.,  fpp 

fclopnic.Carfercfouuenans  encore  de  ce  que  les  habirans  deTholoufc  auoyent  du 
temps  des  troubles  afliegé  Montauban  pourpenfer  ruiner  les  Fidèles  qui  y  eftoyent, 
n  eftans  paruenus  à  leur  defleins ,  ils  ont  allez  monftré ,  quand  ils  en  onc  peu  auoir 
le  nioyen,que  la  haine  qu'ils  portoyent  à  ce  bon  perfonnage  n  eftoit  efteinte,  le  faifans 
mourir  ainû  qu'il  fera  récite  ci  après .  Tachard  donc  eftant  dédié  du  tout  à  lœuurc  du 
Scigneur,futcnl'anM.D.LXVi.  enuoyé  pour  exercer  Ton  miniftere  au  lieu  d'Acier  en  Rcmucm& 
Qucrcy,  où  il  fut  aducrtideladilfipationde  l'Eglifcquieftoità  Pamies  ville  prochai-  <le  ville  en 
ne,de  laquelle  il  auoit  cfté  pafteur  auparauant.  Elle  futdiflïpc'e  parvne  cfmotion  &:  J^*  j£„ 
fcdition  qui  furuint  au  mois  de  Iuin  audit  an,cn  forte  que  les  pourcs  Fidèles  furent  cô- 
traints  de  fe  retirer  en  vn  autre  lieu  pour  feurcté  de  leur  vie.Tachard  ne  voulant  delaif- 
fer  fa  charge,fît  tant  qu'il  ramafla  fes  brebis  efgarces  à  Caria  au  comte  de  Foix  qui  n'eft 
defort  loin  diftant  de  Pamies .  Là  eftant,il  fut  aduerti  que  les  gcnf-d'armes,qui  depuis 
furent  mis  de  par  le  Roy  en  garnifon  à  Pamies,faifoyent  leur  conte  devenir  bien  toit  au 
lieu  de  Carla,pour  ofter  l'exercice  de  la  Religion  qui  cômençoit  d'y  fructifier.  Parquoy  Mandcmét 
Tachard  craignant  quelque  ruine  totale  de  fes  auditeurs ,  après  auoir  meurement  de-  Joyne'de* 
libère  tous  cnfemblc  ,fut  côclu  que  le  meilleur  moyen  eftoit  d'euiter  ce  danger  de  bô-  Naiurre. 
ncheure.  Et  pour  ceft  efTc&  l'Eglifcfut  tranfportéc  au  lieu  du  Mas  d'Azils:  mais  elle 
y  fut  en  repos  bien  peu  de  tcmps.Car  le  Roy  manda  à  la  Royne  de  Nauarr  c,qu'ellc  en- 
uoyaftvn  perfonnage  capablccn  fon  côté  de  Foix  pour  s'informer  par  toutes  les  villes 
&  Lieux  d  iceluy,commcron  y  viuoit,&  côme  Ces  Edi&s  y  eftoyent  obferucz.La  Royne 
de  Nauarrcfuiuant  le  mandement  du  Roy ,  enuoya  incontinent  le  fieur  de  Boryes  lieu 
tenant  de  la  compagnie  &  gendarmerie  du  Prince  dcNauarrefbn  fils,  vifîccr  tout  le 
comté  deFoix,pour  reprimer  les  rebelles  quelque  part  qu'ils  fuflent  trouucz.Cequ'e-  Le  fieur  <fe 
ftant  entendu  par  le  Miniftre  Tachard,  pour  nedonneraucun  foupçonde  rébellion,  ^"u" 
(craignant  d'eftre  taxé  damafTer  quelques  gens  fuitifs  &dechaflez  pour  en  mal  vfer,)  Royne  de 
fc  retira  en  vn  autre  lieu  auec  fon  eglife,  qui  le  fuiuoit.  Et  combien  que  pour  cefte  eau-  Nauarre- 
fe  il  n'euft  iamais  cfté  reprins  dudit  licur  de  Boryes  commis  de  la  Royne( eftant  de  long  [  cs  Cjb4. 
temps  cefte  fain&c  Dame  du  toutdcfdiée  au  purferuicede  Dicu)(îeft-ce  qu'il  remuai- 
fon  troupeau  en  vn  petit  lieu  ou  bourgade  di&c  des  Cabanes,  prochaine  des  monts  Py 
rcnécs,pourcôtinuerfes  exhortations  auecplusgrande  feurcté.^"  Aduint  certain  efpa- 
ce  de  temps  après  que  pour  la  querelle  particulière  qu'auoyent  cnfemblc  les  (leurs  de 
Solan  &  Roqucmaurcl  à  caufe (comme  ondifoir)  de  quelque oyfcau  deproyc,ilstin- 
drent  bandes  l'vn  cotre  l'autre  au  pays  de  Cumcnge  haut&  bas  pays  limitrophe  dudit 
comté  de  Foix:dont  il  y  eut  des  mcurtrcs,bruflcmens  &  autres  defordres  d'vn  coft  é  & 
d'autre.  Ce  qu'eftant  paruenu  iufqucs  au  confeil  du  Roy ,  fut  mandé  par  lettres  paten-  Occafiô  ne 
tes  au  feigneur  de  Montluc  lieutenant  en  ce  pays, en  l'abfcnccdu  Prince  de  Nauarre,  defaut  Poif 
de  fc  tranfportcr  furies  lieur  auec  le  canon  &  autres  forces  s'il  eftoit  befoin  , pour  pu-  veulent  gre 
nir  les  coulpablcs .  ucr- 

O  Rce  defordre  apporta  occafion  à  ceux  dcTholoufe,pour  faire  les  bon  s  feruitcurs, 
de  rcccrchcr  les  Fidèles  de  l'Eglife  de  Pamies,  qui  s'eftoyét  retirez  pour  euitcr  la  fureur 
de  leurs  cnncmis.Car  cftas  deputezCômi/Taires  par  le  Roy^ffauoir  M.Iean  d'Affi s  pre 
micr  prcfidcnt,&  fix  Confcillers  de  la  Cour  deTholoufe,ils  ne  s'enquirent  pas  comme 
ils  deuoycnt,  des  auteurs  de  la  fedition  de  Pamiesrcncorc  moins  delà  querelle  des  Gé-  uUtfcd!uon 
tils-homm  cs:ains  fuiuans  leurs  hayncs  accouftumées  cotre  ceux  de  la  Rcligion,ils  pen  admis  en  tcf 
fcrcnt(pource  qu'ils  s'eftoyent  retirez  de  leurs  maifons)  qu'eux  fans  autres  fu/Tcnt  les  mo,gna§e- 
principaux  complices  de  la  fedition .  Et  pour  mieux  couurir  leur  fai6t,  ils  prenoyent  le 
tcfmoignagedeceuxmcfmes  qui  eftoyent  la  feule  &  principale  caufe  de  l'efmotion 
publiquc,làns  ce  que  perfonne  parlaft  pour  les  poures  Chrcftiens  abfcns  &  dechalTcz. 
Vray  eft  qu'aucc  eux  s'eftoyent  retirez  quelques  vns  qui  auoyet  fuyui  les  querelles  des 
gcntils-hommes,mais  les  Fidèles  en  eftoyent  ignorans.  Et  cependant  eftans  fauiTemét 
acculez  côme  les  autres  qui  sc(tx>yent  retirez  au  lieu  des  Cabanes,  ils  furent  fous  cefte 
couucrture  perfecutez. 

Povr  ce  faire  ces  CômiiTaircSjfeirentaflembler  iufquesàcinq  cens  hommes  des 
plus  renommez  garnemés  du  pays,  y  eftans  pour  chefs  &c  conducteurs  lefieur  deTilla- 
det  &  autres  Capitaines ,  accôpagnez  des  maflacreurs  de  Foix,&  des  enuirôs  auec  plu  Maflâ- 
ficurs  bâdoliers&  bannis .  Et  ne  faut  douter  qu'en  ce  nôbre  il  n'yeuft  mefmesdeceux  £™"de 
qui  eftoyét  ennemis  îurtz  desFidcles  fortis  de  Pamycs. Cefte  bâcle  fît  tel  deuoir  de  mar 


Liure  VI IL  &lartin  Tachard. 

cher  iour&nuid,qu'vn  matin  xxv.dc  May  en  l'an  m.d.lxvii.cIIc  arriua  audit  lieu 
de  Cabanes,  où  elle  feit  en  vn  inftant  plufieurs  meurtres,  pillerics,  faccagemens,  rauif- 
fcmens&:  violemens  de  femmes  &  filles.Chofe  degrande  lamentation. 

L  e  MiniftrcTachard  voyat  en  ce  dcfordrc,la  dcfolation  te  difpcrfion  du  peuple  qu'il 
JfCi&mc  cn^cignoit»Pcn^a'commcnt  ^  kpourroit  fauucr.  Et  de  faid  il  fe  vouloit  retirer  (ecrete- 
né  ^prifon-  ment  quand  deux  payfans  le  prindrcnt,&  l'amenèrent  auditTilladetdequcl  s'en  cftanc 
nier  en  de-  faify  le  traidaen  toute  cruauté  te  derifion.  Car  après  auoir  fouillé  fes  hardes,&  prins  ce 
rifion.  ^on  jUy  fcmDi0it)ie  fcjt  marcher  par  mocquerie  portât  des  grolîes  patinoftrcs  à  fon 

col.  Plufieurs  autres  furent  pris  alors, lefquels  furent  deliurez  en  payant  rançon ,  mais 
Tachard  ne  peut  fortir  de  Ces  mains  par  rançon, ny  autrement.  Et  pourtant  il  fuc  mené 
par  le  commadement  dudit  Tilladct  à  Tholoufe  auec  quatre  autres  prifonniers,vn  vc 
dredy  v  i.dc  Iuin.On  le  mit  en  la  côcicrgcriedu  Palais  tout  feul  en  vne  baffe  foflc,auec 
de  gros  fers  aux  iambes,fans  permettre  qu'aucû  parlait  à  luy.  Il  fut  trouuc  faify  de  quel- 
ques mémoires  drelfées  pour  l'ordre  tant  de  fon  Eglife  que  des  circonuoifines,  corne  le 
iuwrroguc  (oin&c  diligécc  de  ce  petfonnage  s'eftédoit  par  tout.^Le  v  1 1 1. dudit  mois  il  fut  interro- 
gué  par  deux  Confeillcrs  déléguez  en  ce  temps  par  le  Roy  au  parlement  de  Tholoufe. 
Maintiét  U  ^ais  auant  cluc  refpôdre,il  les  fuppliade  luy  permettre  qu'il  priaft  Dieu .  ce  qui  luy  fut 
▼crité  de    ottroyé .  Sa  conftance  fut  telle  qu'en  tout  te  partout  il  confefla  la  pure  vérité  con- 
Dicu-      tenue  en  la  fainde  Efcriture,&  tout  ce  qui  appartiét  àfalut .  &:  pourtant  fut  incontinec 
renuoyé  en  la  prifon.Puis  cftant  aduerti  fecrettement  que  la  plufpart  de  fesluges  eftoie 
bandée  contre  luy, il  prcfcntarcqucftc  pour  reeufer  les  Preiidcns,Côfcillcrs,  l'Aduocac 
Se  deffend  ^  Procurcur  généraux  du  Roy,les  greffiersCiuil6£  Criminel  delà  Cour  de  Parlement, 
par  droift.  Mais  combien  que  les  caufes  d'icelle  requefte  fuflent  pertinentes  &:  percmptoires,& 
particulièrement  propofées  contre  eux:à  raifon  de  la  haine  qu'ils  auoyent  contre  luy, 
pource  qu'il  auoit  prcfché  l'Euangile  en  la  ville  dcMontauban  :  ncantmoins  il  fut  dé- 
bouté de  l'interinement  d'icclle,par  Arcft  donné  par  eux  mcfmes  le  x  x  v  1 1  i.dc  Iuin. 
Tachard  dôcques  voyant  que  ce  moyen  n'empefeheroit  qu'il  ne  fuft  bien  toit  iugé  par 
fes  mortels  ennemis,  il  fut  aduifé ,  pour  euiter  ceft  inconuenient ,  de  dreffer  autre  re- 
quefte contre  les  Prefidens  te  Confeillers  de  la  grand'  Chambre  te  Tournclle,  fort  fu- 
fpeds  :  laquelle  contenoit  caufes  vallables  te  pertinentes  pour  les  reprocher  .  Mais  il 
wut«  téfc«  en  ^uc  Pareillement  débouté  le  1 1 1  i.dc  Iullet  cnfuiuant.combicn  que  plufieurs  reque- 
rc<jucftcs.  ftes  de  plus  petite  importance ayent  efté  fouucnt  renuoyées  au  Roy.  Il  y  eut  quelque 
queftion  entre  les  luges ,  pour  fçauoir  qui  condamneroit  ce  pourc  patient.  Mais  ce 
débat  ne  dura  guercs,  côme  Satan  fçait  bien  conioindre  fes  miniftres  quand  il  eft  que- 
ftion de  perfecuter  les  enfans  de  Dicu .  Il  fut  doneques  arefté ,  Que  fans  auoir  efgard  à 
tout  ce  que  Tachard  auoit  mis  en  auant ,  encores  qu'il  eut  appcllé  du  droid  dénié  fur 
les  caufes  de  reeufation  prcfentécs,qu'il  feroit  procédé  à  la  confection  du  procès. 

L  e  v.du  mois  de  Iullet  il  fut  amené  deuant  les  luges  des  deux  chabres  qui  cftoyent 
xxi. en  nom  brc:où  cftant  venu  ils  le  firent  afleoir  fur  la  fcllctte,  pour  rcfpondrc  aux 
demandes  qui  luy  feroyent  faides.Mais  (comme  il  auoit  de  couftume)  il  requift  la  com 
Prière  con-  pagnic  luy  permettre  de  prier  Dicu  auant  toutes  chofes.  Ce  que  luy  cftant  permis  feie 
tenant  rc-  vne  prière  fainde  te  pleine  d'exhortations,prcnant  argument  fur  la  création  de  l'hom- 
T^Satdc  McJ'mgratitude&mefcognoifTanccd'iceluyjaimant^  ténèbres  te  i- 

Tholouft.  gnoranecquen  la  lumière  te  cognoiffance  de  la  parolle  de  Dicu.  Eftant  doneques  de- 
rechef interrogué  il  rcmonftra  que  les  caufes  dereeufation  qu'il  auoit  propofécs,eftoy- 
ent  fuffifantcs,&  partant  qu'il  n'eftoit  tenu  de  refpôdre.  Mais  il  fut  prefTé  par  plufieurs 
menaccs:&  en  fin  luy  fut  dit,quc  fur  peine  d'eftre  pendu  &  eftranglé,il  eut  à  obéir  te  re 
fpondre  à  leurs  interrogations.  Lors  il  rcfpondit  fagcment&  prudemment,  te  n'oublia 
rie  du  dcuoir  requis  à  l'cftat  d'vn  vray  C  hrefticn,qui  cft  de  confefler  le  grand  &:  vnique 
fauueur  Icfus  Chrift  deuant  les  hommes:&  mcfmes  deuant  les  luges  te  les  Roys ,  quad 
il  luy  plaift  d'y  appcller  les  ficns:&  pour  cefte  caufe  il  fut  renuoyé  à  la  Conciergerie. 
*Cefontlcs     Le  v  i  i.de  Iullet  audit  an  m.d.lxvi  i.fuiuant  les  opinions  de  ces  Iuges(ou  pluftoft 
tiirr«  dont  parties  te  ennemis  manifeftes  de  Tachard)les  deux  Confeillers  commiflaircs  déléguez 
en'ecs  dir"  du  Roy^flaiioir  Buct  te  Rudclle  allèrent  à  la  Conciergerie  luy  lignifier  l' Arcft,  duquel 
nieri  juge-  la  teneur  cftoit,fclon  la  forme  extraide  des  regiftres  du  Parlement  deTholoufe: 
dcC  u  v"yc     ENTRE  le  procureur gêner d  du  Roy  demadeur  en  tas  d excès,  *  conjpir étions yfeditions ,  en- 
Religion.  trcfrifes,&  contrauentions  aux  Ediffs  ér  ordonnances  du  Roy  ct'vnefATt.EtmaiJht  MArtin  T a- 

ebard 


'Retraite  des  Fidèles  en  ^Angleterre \  700 

thardfoy  difantminiflre,pnfonniercn  la  Conciergeries  défendeur  d'autre^>,  VE  V parla  Cour 
leproces faictpar  authoritéd'icclle  audit  T  achard  .article  s par  luy  eferits  iowmeçans,\\  faut  tenir 
ceit  ordre  qu'en  chacun  Euefché  flic,  lettres  mifiues  de fquclle  sa  eflé  trouué fa: fy, le  tout  par 
iceluy  T achardaduoué &  recognu:  charges, &  informations  contre  luy  fuclesfon  audition  ejr  re- 
jponfe,cnfembl<LJ  le  dire_j  &  conclufions  dudtt  Procureur  gênerai  du  Roy  baillé  es  par  cfcrit;  &  t- 
ccluy  T  achard  ouy  en  la  grand'  Chambrer furies  crimes  &  excès  a  luy  impofez, .  D ICT  a  eFlé 
que^  ladite  Courp our réparation  des  excès  &  crimes  par  ledit  T  achard  commis  refultans  dudit 
procès  &  confefiond'a  condamné  &  codamne  a  eflre  deliuré  és  mains  de  l'Exécuteur  de  la  haute 
tu(t"ice_jy  lequel  luy  fera fairc^  le  cours  par  les  rues  &  carrefours  accou/lumez  dt  la  pre fente  cité  de 
Tholoufè-j,  monté  fus  vn  tombereau  ou  charette, ayant  La  h  art  au  cof  l'amènera  en  la  placepubli- 
qtirç_j  de  Sainct  Gcorge_j,ou  en  vne  potences  qui  à  ces  fins  y  fera  dreffe^fera  pendu  &  eftr angle 
fes  biens  conff/uez,  au  Royy&c.  Prononcé  àTholoufe  en  Parlement  le  v  i  i.iour  de  Iullet, 
m.d.lxvii.        Ainii  (igné,    La  Croix. 

Cela  faid,au(H  toft  Tachard  commençai  chanter  en  latin  le  Pfeaumc  1 11.  com- 
mençant, L&tatu-s fim  in  his  qudt  dic7afint3(jrc.  d 'autan  t  qu'il  cit oit défendu  de  chanter  c n  ÇjSouî? 
François  dedans  les  priions .  Apres  il  commença  à  leconfolcrgrandcment,&f  piocelta  de  louer 
qu'ilalloitàlamortinnocentdesconfpirations^&leditionsdont  on  fauoft  fauiTemêt  pieu  ™ 
charge,ainii  qu'il  cft  contenu  en  fon  Arcfr.  il  conlbla  aulîî  par  vnefaincleexhortacion  tix^0is' 
tous  ceux  qu'il  voyoit  trilles, à  caufede  facondemnation. 

L'h  evre  venue  pour  le  mener  au  lupplice.e  (tant  prefl  à  monte  r  en  la  charrette ,  il 
priales  îngcs  de  luy  vouloir  taire  ofter  les  fers  des  pieds:  Car  ie  fèray(difoit-il)plus allè- 
gre pour  aller  auec  mon  Dieu  auiourd  huy  s'il  luy  plaift.Mais  cela  luy  fut  dénié .  D'au- 
trepart,le  commun  peuple  rude  &ignorat&  plongé  en  toute  idolâtrie  via  par  les  rues  fo.X'^mic 
degrandes  infolcnces&  outrages,  contre  ce  (aintr  pcrfonnage,fans  ceque  les  luges, la  auxchefc. 
prefens,reprimairentce  tort  en  aucune  façon  .  Eitantdoncqucsamenéaulitu  dufup- 
plice,à la  place  faillit  George, il  monta allaigrement  fur  rcfchclle,&  tout  hautement 
inuoqua  Dieu  au  nom  de  nollrc  Seigneur  Iefus  Chriit,d'vn  grand  zele:&  prononça  di- 
ftinctement  l'oraifon  Dominicale,  auec  brefue paraphrafcluricclle pleine degran- 
deintf  ruction. Finak  ment  en  récitant  le  Symbole  des  Apoftrcs,fur  ce  dernier  ver!etD<r 
la  viendra  tugerles  vifs  cr  les  morts-,  le  bourreau  le  ietta:&  dit-on  que  ce  fuit  par  comma- 
dement,ou  par  ligne  qui  luy  fut  fàic.Etcontrela  coullume,on  le  laiiîa  pendu  en  la  po- 
tence iufqucs  au  lendemain  midy. 

M 

•  L'E  ST  AT de  la  liberté  données  à  ceux  delà  Religion  en  ^4r.gleterre_j  ,esf  icy 
déduit  a  l'occafion  que^  la  plus  part  delà  dijpcrfion  des  Eideles  du  Pays-bas  s'yreti- 
rapourfeurcté. 

2i-'@'î.v  R  la  fin  du  gouucrnement  de  Marguerite  d'Auftrichc,duchefle  de  Parme, re- 
5^jfc§gcntedes  Pavs-bas.-ceux  delà  Religion  reformée  furet  dilperlez  ça  &  là.  Le  pays 
a^^du  Du  c de  Clcucs  &:  plufieurs  villes  delà  baiTc  Aliemaigne,rcccurent  grand  nô- 
bre  d'iceux.On  donna  lettres  de  faufcôduitaux  Miniftres  d'Anuers  par  la  cômiflîon  de 
ladite  Dame  pout  forcir  du  Pays  en  fix  iours.lefqucls  ils  anticiperét  titans  aduertis  des 
dangers  préparez.  Les  plus  grand's  trouppes  paiTcrentla  mer  pour  paruenir  en  An- 
gleterrc,non  feulement  pour  la  liberté  delaReligion,maisai-;lii  pour  la  commodité  de 
la  traffique&:  negotiation  vfitée.  Or  d'autant  que  celte  fois  n'eft  pas  la  première  reee- 
ptionde  ceux  du  Pays-bas  (comme  les  precedens  difeours  en  font  foy  )  louuenons- 
nous  par  quels  moyens  &  degrez  ce  Royaume  cit  paruenu  à  celte  liberté  de  donner 
port, de  tendre  la  main  &  recueillir  les  poures  affligez  ôefuitifs  poui  rEiiangile,afin  d'y 
recognoillrc  vne mifericorde  du  Seigneur  admirable  au  milieu  de  les  iuftes  iugemens. 

Le  Roy  Henry  v  111.  de  ce  nom,rctênant  les  cérémonies  delà  religion  ratifie, voiic  Henry 
la  MeiTe& autres  pollutions  du  vrayfcruice  de  Dieu, fit  ce  bien  d'ofler  les  Moinerics&: 
ordres  des  Mendians,dc  fondre  les  reliquaires, d'abolir  vœux  pelcrinsgcs&  fcmbJa- 
bles  impiété?  dcsblcanc  par  ce  moyen  ce  qui  eult  retarde  à  i'aducnir  les  fonderoens  d'- 
vn  bon  baftiment.  Il  ficauffi  fur  la  fin  de  fon  règne  que  la  Bible  fui  in  primée  en  vulgai 
rc  du  pays,&  penruleà  vn  chacun.  Il  commanda  que  les  Prcftics  récitaient  lorailon 
Dominicale,  le  Symbole  des  Apoitres,les  Dix  commandèmtns  de  Dieu,  rEuangilcfic 


lÀutt  VI IL  T ouchént  les  Eglifes  XsAngleterre^. 

l'Epi  ft  re  des  iours  en  langue  Àngloifc  .Tels  furent  les  corn  m  encemens  (bus  le  Roy  Hcn 

ryen  Angleterre. 

<  .  À  p  r  £  s  la  mort>  E  d  v  a  r d  Ton  fils,Roy  d'heureufe  memoirc>ayant  fait  appcllcr  tous 
t*,,,Tf*  les  nobles  &fauans  du  Royaume,  par  leur  confcil&aduis  commença  de  reformer  l'E- 
glife,&  commanda  par  tout  que  toutes  ftatues&  idoles  fuflent  miles  bas.  Celafaitt,il 
défendit  que  la  Méfie  nefe  dit  en  langage  eftrange &:  incognu .  Il  ordonna  que  le  peu- 
ple euft  en  la  Cene  les  deux  cfpeces,ceft  aflauoir  le  pain  te  le  vin.  Il  ba  il  la  vn  formulai- 
re de  prières  Ecclefiaftiques  en  langue  Angloife,qui  ne  difFeroit  guer  es  de  celles  au'on 
auoit  vfitées  en  Latin  .  L'adminiQration  des  Sacremens  fe  refentoit  d'vne  façon 
efloignéc  de  la  pureté  d'iceux.  Les  Mïhiftres  curent  puifiance  de  fc  marier,&:  leurs  en- 
fans  par  vneloy  qu'il  ordonna  furent  légitimez.  Les  autcls,Ies  orgues,  chappes,furpc- 
lis  &:  chofes  icmblables  furent  retenues  pour  l'ornement  des  temples  &c  des  Miniftres. 
Mais  après  voyant  combien  on  cftoit  cfloigné  du  but  d'vne  reformation  entière,  il  infti 
tua  vne  plus  fain&c  forme  de  prières  publiques,  &  ofta  beaucoup  de  fu  perditions  &  a- 
bus,  excepté  de  quelques  veftemens  de  Preftrcs ,  agenouillemens  à  la  Cene,  le  Baptef- 
mc  des  femmes  en  cas  de  ncccflité,comme  ils  difent.  Ce  bon  Roy  vrayement  craignât 
Dieu,  afpirant  de  vraye  affection  à  vne  pure  &  entière  repurgation  de  fon  féruice,  vou- 
lut pour  la  dernière  fois  y  mettre  la  main.  Et  à  ce  fairc,le  Parlement,ceft  aflauoir  les  E- 
ftats  du  Royaume  cftans  publiez  &:  conuoquez ,  on  cfpcroit  beaucoup  par  telle  altern- 
bléc:  n'euft  efté  qucle  Seigneur  retirant  du  monde  cefte  precieufe  perle  des  Rois,  don- 
na à  cogniftre  que  l'ingratitude  des  homes  eftoit  digne  que  cefte  félicité  ne  continuai!; 
fucccflïucment. 

Marie  fafœufficluyfuccedaqu'enla  couronne,  car  au demeurantelle changea 
entièrement  tout,&  reftitua  le  Papifme .  Mais  au  milieu  des  perfecutions  (qu'on  a  veu 
»  Au  Liure  Cl  deflus  *  deferites)  combien  qu'il  femblaft  que  les  Eglifes  des  Fidèles  fuflent  extermi- 
HIL.*  V.  n^CSjVn  Don  nombre  ne laùTa  de  s'aflcmbler  à  Londres  fous  le  miniftere  de  l'Euangile: 
fi  bicn,quela  vérité  de  Dieu  y  regnoit  fous  la  croix  ,&:  la  gloire  de  Chrift  y  reluifoit  plus 
magnifiquement,^:  en  fes  triomphes  beaucoup  plus  cxccllens,quc  fi  la  profpcrité  euft 
touïïours  continué. 

Eliiâbcà.  Marie  morte,la  Roy  ne  Elifabcth  auec  vne  grand' ioyc  du  peuple  commença  à  ré- 
gner. Lors  les  Fidclles  qui  cftoyent  és  prifons  à  caufe  de  la  Religion, furent  mis  en  liber 
té:&  ceux  qui  s'eftoyent  retirez  d'Anglcterre,ou  bannis,  retournèrent  en  pleine  aiTcu- 
race .  Le  Parlement  tenu  pour  la  reftauratiô  des  loix  du  Royaume,&:  pour  remettre  vn 
chacun  en  fon  bien ,  chafla  derechef  la  Papauté  :  &  les  Prières  fécondes  que  le  Roy  E- 
douardlaifla  dcuantfamort,furcnt  remifes&  reftablies  en  l'Eglife.  La  puifiance  fut 
permife  à  la  Royne  &  à  l' Archeucfquc  deCanturbie  fur  l'ordonnance  des  Cérémonies. 
Peu  de  temps  apres,au  lieu  de  pain  commun  auparauant  administré  en  la  Ccne,les  pe- 
tits pains  ronds  cuits  entre  deux  fcrs,furent  mis  en  vfage .  Il  fut  aufli  déclaré  que  cha- 
cun feroit  tenu  d'ofter  le  bônet  &  s'encliner  à  la  pronôciation  du  nom  de  Iefus.  ^Tous 
les  Euefques  Papiftes  déboutez  de  leurs  bénéfices ,  il  fut  queftion  d'en  fubftitucr  d'au- 
tres: tellement  que  plufieurs  de  ceux  qui  au  oy  en  t  efté  en  exil  furent  reccus  &  admis  en 
leur  lieu.  Ceux-ci  d'entrée  menez  d'vn  bon  zèle,  voulurent  ofter  les  cérémonies,  mais 
ayans  cogneu  que  leur  oppofition  feroit  le  moyen  pour  les  priucr  de  leurs  dignitez,  ils 
laifTerent  Cefte  entreprife  &  pourfuitte.  Cependant  aux  Miniftres  &  frères  fidèles  qui 
nefccontcntoycnt  point  de  la  nonchallancedes  Euefques,  on  donnoit  cfperance  de 
iour  en  iour  d'auoir  vne  pure  &  libre  adminiftratiô  en  l'Eglifclaquclle  fut  auflî  par  cer- 
tain temps  exercéc.Mais  Satan  ennemi  capital  de  cefte  pureté,  par  fes  rufes  inucterées 
ram  ena  quelques  débats  &:  diffères  pour  des  ccrcmonies:&  fit  que  plufieurs  clblouis  en 
îitFcrcnt  à  la  fplcndeur  de  tant  de  bicnsEcclcfiaftiques  qu'ils  pofiedoyentjOiiblierent  leur  deuoir, 
eaufe  des  &fe  donnèrent  loy  de  n'admettre  en  leur  diocefes  Preicheurs  ne  Miniftres  qui  ne  fuf- 
ceremonies  çcm  ±  jcur  dCUotion  choifis:voire  &  que  perfonne  n'euft  à  interpréter  f  Efcriture  és  pa- 
roifTes,fans  mandement  exprez  figné  de  leurs  cachets. 

L  E  Seigneur  cependant  entre  plufieurs  difficultez  donna  graccaux  poures  cftran- 
giers,tant  ceux  delà  langue  Flamendc  que Françoife ,  de  retenir  en  pureté  la  prédica- 
tion dcl'Euangilc,&  adminiftration  des  Sacremcns.Et  combien  qu'ils ayent  efté  quel- 
ques fois  agitez  de  qucftiôs  diuerfcs,fi  cft-ce  qu'elles  n'ont  empefché  entre  eux  le  cours 
&  exercice  du  Miniftçrc,ains  fc  font  cuanouies  auec  leurs  autheurs. 

«QVANT 


Tourfuittedes perfècutions  au  Pays-bas.  '  70/ 

a  nt  à  ceux  qui  s'eftoyent  retirez,  comme  diteft  ,  es  villes  de  la  bafle  Allema- 
gne, ils  ont  au/Ii  expérimente  la  grande  afsiftencc  de  Dieu,  qui  leur  donna  Villes 
2>ù  lieux  prochains  de  retraite:/!  que  faifans  f  ruiâ:  de  leur  exil, ils  ont  elle  confolez,trou- 
uansadrefleenleurdifperfion.L'Egl4fedcGeneue,qui  s  cittoufiours  employée,  tant 
chez  elle  que  dehors, d'aider  ceux  qui  endurent  pour  l'Euâgilc,  conlbJa  ceux-ci  par  let- 
tres au  temps  que  nous  difcouronsrcftant  requife  de  leur  donner  aduis,Comment  ils  fc 
deuoyent  conduire  au  milieu  des  peuples  &:  nations  qui  les  auoycnt.receus.  Etoutrc 
larefponfe&:  lolutiô  aux  difficultez  proposées, les  Miniftres  d'icclle  Eglife,lcur  mirent 
au  deuanc  commcils  deuoyent  porter  leurs  calamitcz ,  ayans  elle  aduertis  long  temps 
auparauant de lcuenemét d'icelles.EUe leur  fignifia  ceft  aduertiilcmentjtant  au  com- 
mencement qua  la  fin  deidites  lettrcs:en  la  manière  que  s'enf  uit, 

çJWes  ;  e  ■ ■•  rs  &  frères,  nom femmes  d'autant plm  contrifiez,  dupoure  tjr  miflrableeflat 
de  tant  d  Eglifes,  qu'il  nous femble  qu'vne  telle  difipation  a  eflé pluflofi: attirée ,qu  autrement  :  de 
forte  que  nous  ne  doutons  point  que  ce  ne feitvn fléau  de  Dieu ,  iuflement  irrité  en  beaucoup  de  for- 
tes JEt  pourtant  le  vray moyen  d  obtenir  foulagemet  fera  de  s'humilier  de uanticeluy  à  bon  efcient: 
fîr  qu'au  lieu  quon  s'ejl  voulu  par  trop  efgayer,ejr  qu'on  s' efl  fié  fur  le  bras  de  la  chatx/naintenant 
qu' on fe  contienne  en fa  petite  mefure,(jr  qu'on  regarde  du  tout  au  Seigneur }iufques  a  ce  qu'il  luy 
plaife  par fin  fiiincî  Nom,en  oubliant  tant  de fautes  pafjees  auoir  pitié  de  fin  poure  peuple ,  &  ti- 
rer la  lumière  des  ténèbres.  De  noflre  cofié,ily  a  longtemps  quepreuoyans  (  comme  il  n'efloit  dif- 
ficile )  ce  qui  vous  efl  maintenant  aduenu  :  nous  auons  foigneufement  inuoquéle  Seigneur, qu'il 
vous preparafla  ce  que  vous  expérimentez,  maintenat  a  nojhe grand regret-.ejr  a  chofes plus  dures 
encore  s  qui  vous  menacent.  Ce  que  nous faifons  encore  s  ce  tourd'huy,  &  ferons  continuellement, 
s'ilplaifiau  Seigneur,  comme  la  necefité  tointe  a  la  charité  le  nous  commande  :  non  feulenietfout 
*vom,mais  aufi pour  nous-mefmes,& pour  tant  d'autres  Eglifes  }puis  qu'ainfi  efl  que  nos  temon- 
ftrances  &  aduertiffemens  fouuetesfois  réitérez,,  n'ontpeu  empefeher  que  la  tempe/le  n'ait  efléef 
meu'e,qui  nous  enueloppe  maintenat  &  tant  d'autres  auec  vous. Or  loué ÇoitDieu  de  tout,érvùctl- 
le,fuyuant fes fàincJes  promejfes  ,doner  bonne  ijfue  à  cefle  efpreuue  comme  a  toutes  les  autre  s  y  nous 
fortifiant par fon  fiinc?EJprit,& rompant  tous  les  dejfeins  de  fes  ennemis. 

Et  à  la  fin  ac  Vepiftrc  les  Miniftres  fous  lignez ,  après  auoir  dôné  rcfponfe  &  folution 
à  quelques  demandes  &  difficultez ,  que  lefdits  du  Pays-bas  leur  auoyét  propofecs,ad- 
ioufterent  pour  conclufion:  T refehers fleurs  &  frères  ynous  vous  prions  deflreperfuadez,  que 
vos  affligions  font  Us  noflres,  comme  nous  vous  le  monflrerons  toufiours ,  Dieu  aidant,  en  tout  ce 
qu  'il  nom fera poflible  :  combien  que  nom  ne  diftmulions pas  que  nom  enflions  bien  voulu  qu'on 
tufl fuyui  tout  autre  confeil  que  ce  luy  qu'on  a  prins,dr  qui  caufe  a  prefent  tant  de  troubles  dr  mife- 
res.  Et  d'autant  qu  il  plaifl  à  Dieu  nom  menacer  par  le  mefme  efl>ritqutvousperfecutey&  ne fauos 
encore  quelle  fera  l'iffue  de  telles  entreprinfes  &  menaces ,  nous  vous prïos  qu'ayez,  aufliafltduel- 
lement fouuenance  de  nous  en  vos  prières:  afin  qtte  noflre  bon  Dieu  &  Pere  eftablijfe  le  Royaume 
de fon  Fils  trejpuijfammet  au  milieu  de  nousji  la  gloire  de  fon  fiinct  Nam, au falut  des flens  ,foit 
en  vtuant  foit  en  mourant: &  a  la  confufton  de  tous  ceux  qui  ne  luy  appartiennent. De  Geneue  ce^j 
x  1 1 1  /.lourde Iuin,  is<>7- 

Ces  lettres  donnèrent  confolatiô  &:  reiglement  à  ceux  de  la  difperfion  des  Pays-bas: 
lefquelsen  firent  G  heureufement  leur  profit,  que  leurs  Eglifesfe  font  depuis  entrete- 
nues bL  multipliées, nonobftant  les  efforts  non  ieulemét  de  la  régente  Marguerite  du- 
chefle  de  Parme,fur  la  fin  de  fon  gouucrnemcnt ,  mais  aufsi  du  duc  d'Alue  qui  luy  fuc- 
ccu..,comœe  fera  déclaré. 


M.  D. 
LWII. 


AJuerrilîc 
ment  nota- 
ble à  tous  ri 
dcles  du 
Pays-bai. 


Commu- 
nantéc*  il", 
fliétiom. 


Fin  du  gou 
uernement 
de  la  du- 
chctTedc 
Parme. 


^D  È  ce  qui  s' efl  démené  fous  le  gomernement  du  duc  d'Alue,  concer- 
nant le  fiucï  de  plufleurs  mis  a  mort. 

es  afflictions  de  ceux  delà  Religion  reformée  és  Pays-bas ,  multiplièrent 
celte  année  fous  legouucrnementdeFernandde  Tolède  duc  d'Alue.  On 
eftaffez informé  des  prccedétsdifcours ,  QuedelongtépsIcsEfpagnols, 
_  tafehans  de  preuenir  à  régenter  à  leur  appétit  lefdits  pays ,  n'ont  eu  moyen 
plusprompe  qu'en  y  plantant  leur  Inquilition.  pour  s'aflubiettir  les  vies ,  biens  &  hoft- 

ecc 


Lime  V 1 1 L  Deux  frère  s  de  Battembourg,  &  autres. 

l x  vin  ncurs  ^6C^acun-  La  noblefl*e,lcs  villes S£ cômunautcz s'y  cftoyent oppofez,&:  auoycc 
inftammcntrequisla  vcnuede  leurRoy ,  ace  que  fa  Maiefté  prefcntclcs  ouït  vncfois 
en  affaire  de  il  grande  importacc:à  l'exemple  de  l'Empereur  Charles  fon  pe;c,qui  pour 
beaucoup  moindre  occafiô,  s'eftoit  iadis  hazardé  de  paflcr  en  grande  diligence  au  tra- 
i.c  Lia  Je  uers  des  pays  de  (on  ennemi  peu  auparauantreconcilié.&:ce,pourdoner  ordre  à  qucl- 
Oind  tile-  q«cmutineried'vneleule  villcdcGand.  CesrcmonftrancesauoycntefmeufaMaie. 
gué  en  exé-  lté, de  promectre  par  pluficurs  lettres  la  venue,  mais  les  fuppofts  de  l'Inquiiîtiô  larom-i 
P!c-        pirenepour  mieux  venir  à  bout  delcurs  de/feins.  Au  lieu  doncdefaMaieftc,leducd'- 
Alueeftantenuoyé,  trouua  à  (on  entrée  les  priions  remplies  de  Gentils-hommes  au- 
tres perfônes  de qualité,quc luy  lailîa  la ducheflede Parmeà  fon departeraet.lls trem- 
pèrent long  cemps  en  cefte  captiuitc ,  cependant  que  le  duc  d'Alue  par  promeuves 
muloit  quelquedebonnaireté  naturelle: donnant  elpcrance  d'vn  pardon  gênerai  de  U 
clémence  du  Roy ,  afin  d'attirer  en  fes  retslcs  Seigneurs  &;  Gouuerneurs.  De  quoy  ne 
donnerctqu'vntrop  lamentable  telmoignage  les  feigneursLamoral  côte  d'Egmond, 
ncmaîtde"  prince de  Gaurc,gouuerneur  de  Flâdre&:  d'Artois ,  &c  Philippe  dcMontmorancy  con- 
deux  grans  tede  Homc^  Amiral  de  la  mer,&  tat  de  Gentils-homes  &;  autres  de  qualité,qui  fous  vai- 
deplufieure  nc  Perujaiion  ont  e^e  inhumainemét  mis  à  mort.  LesfcizcProuincescôprinfes  fous  lo 
Gcntils-hô-  Pays-bas,àiàuoirBrabant,Lembourg,Luxébourg>Gucldre:Flandre,Artois>Haynautil 
HollandejZelâdcNamu^ZutphenjFrifeîMalincs,  Vtrccht,Oucr-yfcl&:  Gruningue» 
fubmifesàce  nouueau  gouucrnemct,perdirent  leurs  priuilegcs&:  libcrtez anciennes: 
corne  il  eft  notoirepar  les  exploits  exécutez  depuis  l'an  m.d.lxvi  i.iufques  à  prêtent, 
par  le  nouueau  confeil  des  douze efleus  &:  eftablis  parle  Duc  ;  dcfqucls  Vergas  &c  Del- 
Rio  font  les  chefs,  &:  comme  Inquifiteurs  maieurs.  iceluy  confeil  vulgairement  non> 
mé  le  Confeil  de  làng. 

a  mort  des  deux  barons  de  Battembourg  Gysbrecht&Thierr  y, frères:  & 
de  certains  Gentils-hommes  exécutez,  vn  mejme  tour  a  Bruxelles. 

NTREplulieurs  Getils-hommes  Se  Capitaines  qui  furent  prins  après  la  defrou* 
<f]|f|f  tedelairemblcefaiteen  HolladcA'  leiqucls  la  Ducheflede  Parme  auoit  fait  fer- 
rer au  chafteau  de  Viluord,  les  deux  frères  de  Battébourg,  trefancienne  baronie  fituco 
furMcufe  ,  enuiron  deux  lieues  deNicmcgue,  monftrercnt  pardefTus  les  autres  com- 
bien leur  auoit  profite'  d'auoir  eftéinftruits  en  l'Eglifede  Geneuc.  L'aimé  de  ces  deux 
auoit  nom  Gyfbrecht,&:  l'autre  Diecrich  ou  Thierry.  qui  en  la  fleur  de  leur  ieunefle  ont 
conftamment  fouftcnu&:  conftfle  lapurcdoclrinedel'Euangilc. 

LEmardy  premier  iourdeluin  de  cefte  année  m.d.lxviii,  le  ducd'Aluccomen- 
çade  donner  déclaration  manifefte  delà  debonnaircté  contrefaite,  failant  mourir  le 
mefmeiour:à  fauoir  ces  deux  frères  de  Battembourg,&  les  fieurs  Pierre  Dandelot, Phi- 
lippe V  Vingle,  Maximiliam  Cock,  lean  Formault  ,&  autres  Gentils-hommes  Se  Ca- 
pitaines quiauoyent  luyuilefeigneurdc  Brederodc. 

Ils  furent  menez  de  la  mailon  du  Preuoft  Spcllen  au  marche  à  cheuaux  en  la  villede 
B  ruxelles,enuironnez  de  groflV  gardc&  de  pluficurs  tabourins  pour  empefeher  qu'on 
n'ouift  leurs  derniers  propos.  Allans  à  la  mort, l'aime  Battembourg  fembloit  eftrc  au- 
cunement tiifle:ôc  au  côrraircfon  fiere  Dietrichfort  allègre,  leconfoloitpar  ces  pro- 
pos: Quoy, mon  frère?  n'eft-cc  pas  ici  la  iourneeque  nous  auons  tant  defiree?  Il  n'eft  pas 
queftion  de  fecontriftencar  c'eft  le  plus  grand  bien&:  honneur  qui  nous  lauroitadue- 
nir,que  de  mourir  pour  la  doftrinc  du  Fils  de  Dieu.  S'il  vous  eft  griefpour  l'amour  quo 
me  portez  ,deme  voir  mourir  le  premier  ,iefuis  content  que  fortiez  de  ce  monde 
deuant  moy,ainfi  que  vous  y  eftes  entré  lepremier.  (inon,ce  m'eft  tout  vmcar  nous  al- 
Commeics  lonsànoftrc  Dieu  .  Gylbrecht  incontinent  luy  dit,  Ne  penfez-pas,  mon  frerc,  qu'au 
açux  frerc$  dedans  la  ioye  me  foitoftce,veu  que  i'approche  du  Seigneur,  allant  mourir  pour  fon 
Wg  fefët  k,n&  Nom .  Et  fur  cela ,  il  monta  fur  l'cfchafFaut ,  où  après  vne  prière  ardente  qu'il  fît, 
mutuelle-  le  bourreau  luy  ofta  la  tefte:&:  ainfi  trefpalTa  heureufement. 

folC«  coa"     S  o  n  frerc  le  fuyuit  de  près,  voire  d'vne  telle  vigueur  que  les  fpc&ateurs  enfurè'r.rbrç 
'      cfmcrueilkz.  Aucuns  difent  qu'il  voulut  voir  le  corps  de  fon  frerc, &: qu'en  voyant  la 
tefte il  s'efcria,Mon  frerc,iefcray  incontinétaucc  vous.  Etainfiapresfapricre,lamorjt 
foudain  le  rendit  vni  auec  fon  frerc.  Ceux  qui  ont  donne'  ce  recit,difcnt  quclcs  autrci 

Gentils- 


Pourfuitte  des perfecutionsau  Pays-bas.  702 

Gentils-hommes eurét  fepulturc,  &  queces deux frères  furent monftrcz en  fpe&aclc 
pendus  par  deflous  les  ailieUes:  pourcc  quêtant  le  matin  de  cciour  queparauâc,ilss'c- 
ftoyentoppo.  ?z  plaincmentauxidolatnesqu  onleurpropofoit. 

L  ESamedy  eniuyirarir,cinquicmeiour  de  Iuin, furent  décapitez  &c  mis  en  fpc£tacle  Lamortdes 
publique  les  Contes  d'Egmondâ:  de  Horne  :  defquels  le  dernier,  à  (auoir  le  Conte  de  Contes  j*e- 
Horne,donnagrandcapprobationd'vnevrayecognoi(fanceqiie  Dieu luy  anoit con-  ÇJ^J*  dc 
feree,Ô£  en  laquelle  fpecialement  ilauoit  eu  acaoïiTcment  en  ion  affiidion. 


es  Pais-bas:& nommé- 


Ç  La  pourfuitte  des  mefmes  perfeutions  contre  ceux  de  U  ReVgi 

mer,  t  d'vn  nommé  Iean  le  Grain,  natif  du  pays  d'Artois'. 

§3^5  E  confeil  des  Efpagnols  en  la  ville  de  Bruxelles  mandoit  force  commiflions 

d'emprifonner  gens  des  x  v  i.Prouinces  ci  deuat  nommées,  fous  aceufation  M.  d. 
pretcnduede  crime  de  Lefe-maiefté,&:  de  rébellion.  Mais  la  plus  part  d'i-  LxVIIi« 
3fjJ  ceux,  tantenprifon  qu'en  Icurmort,  ont  clairement  demonftré  que  telles 
acculations  n'auoycnt  apparence  ne  fubfiftencc  fur  ce  fondement  :  ains  procedoyent 
d'vne  haine  inueteree  alencontredeceuxde  Javraye  Religion  ,  comme  fource  dont 
de  tout  temps  font  decoulces  les  perfecutions. 

D  e  ceci  entre  pluiieurs  a  fait  foy  Iean  leGrai  N,du  quel  Ja  côfeflion  Chrcftien- 
nc  s'eft  monftrce  entre  ces  brouillarts  6V  fumec  dc  faux  blalmes.  U  fut  appréhendé  en 
la  ville  d'Anuers  par  le  Preuoft  des  foldats  AHcmans ,  le  mardy  x  x  v  1 1.  iour  d'Aurilde 
ceftanM.D.Lxviii:&mis  prifonnierchez  ledit  Preuoft; ,  quanti  quant  iettéfurla 
torture  prefent  le  Conte  Ladron,colonnel  dcfdits  Allemans  eftans  là  en  garnifon.       icâ le  G>ai« 

Ce  prifonnicr  eltoitaufll  du  nombre  de  ceux  qui  fcrcfelitoyent  de  la  nourriture  de  toxmé- 
l'EglilcdeGcneue,  &  qui  auo'ccftc  remarqué  pluiieurs  années  entre  les  premiers  fi- 
dèles des  Pays-bas.    Lacaufepourquoyainfi  on  legchcnnafut  ,quayatpieçaouuert 
hoftelerie  à  ceux  (pecialemét  qui  pour  l'Euangilc  eftans  fugitifs  fevenoyent rendre  en 
Anuers:on  pretendoit  (auoir  dc  luy  quelque  chofe  de  l'entrcpri(cd'vn  nommé  Iean  dc 
Beauuart,lequcl  cftoit  prifbnnicr  au  mefme  téps  à  Bruxelles,  pour  auoir  voulu  (  com- 
mclon  difoit)enroul!erdesgensde  guerreau  feruiceduPn'ncçd'Aurangc.  Eftant  0tcafli  d 
donc  fur  latorturc  interrogué  s'il  cognoi/Toit  Bcauflart,ilconfeiTaderauoirveu  vue  torturer  iJ 
fois  venant  en  fa  maifon  demander  où  demeuroit  vn  certain  homme  auquel  il  auoit  à  lc  G"»n- 
faire.&  qu'autre  cognoiftance  n'accointâceil  n'auoitonques  eu  auccluy,nefceu  cho- 
ie quelconque  de  fes  affaires.  Le  Grain  donc  demeurant  prifonnier  en  la  maifon  dudit 
Prcuoft/ans  qu'autre  euft  moyen  dc  parler  à  luy  qu'vne  ficnne  petite  fille ,  il  cfcriuit  eji 
langue  Fiarriengue  à  fa  femme  &  à  (on  beau-frere,  fur  quelques  morfeaux  depapier,à 
diuerfes  fois(commc  à  ladefrobee)  le  contenu  qui  (enfuit,  lequel  on  a  tranflaté  au  plus 
pies  qu'il  a  efté  poflible. 

Lettre  efcrite  a,  fa  femme. 

Apres  auoir  efté  interrogué  touchant  Iean  de  Bcauflart  (ce  qui  ne  vaut  pas  lcfcrire)  Haine  mor 
ils  me  menaflcnt  pour  auoir  efté  aux  preiches  &:  comuniqué  à  la  Cene  :  fur  laquelle  ils  «çllçdesen- 
ont  la  plus  mortelle  haine,&;  font  le  plus  enuenimez.  Le  Seigneur  foit  loué,ien'ay  ac-  ^c" 
cuféperfonne:fcfpcreaulîiquenulne  viendra  en  peinepourmoy.  L'Efpritde  Dieu  bratk>n  de 
me  vueille  confoler  par  fa  grâce.  Cc?c; 

tttre  eferit  a fa femme. 

Trefchere  femme,  ie  vous  fay  fauoir  par  la  prefente,  comme  nous  fommes  journel- 
lement ateendans  vn  autre  Commiflaire-de  Bruxelles,appcié  Iean  del  Rigo ,  par  lequel 
nous  attendrons  l'vn  ou  l'autre ,  ainfi  que  nous  dit  le  Preuoft.  Dieu  nous  veuille  dôner 
cequinouscftfalutaire.  Il  nous  conuient  le  prier .  Rccommandez-moy  à  mon  beau- 
frere,&  à  tous  ceux  qui  craignent  le  Seigneur. 

ÇLexviii.  dc  Iuin ,  il  manda  ce  que  fenfuit  dedans  des  tablettes,  l'adreiTant  à  fa 
femme  &:  à  fon  beaufrerc: 

N  o  v  s  ferons  menez  ce  iourd'huy  vers  Bruxelles,  ainfi  qu'on  nous  a  dit.  Ceftc  nuid  ^°jJir  m°' 
cft  venu  la  pofte:on  a  mandé  fur  cela  noftrc  Preuoft.  le  m'apprefte  pour  attendre  la  vo-  fonnicriaN 
lontcdc  Dieu ,  auquel  ie  vous  recommande,  &àfonfain&  Euangile.  Icvouspriede  jjjjjkj'k 
demeurer  en  paix  &  vnion  entre  vous,  raeditansaflîducllementla  fain&e  Efcrituredu  i^u"'"6 

ecc  ii.  - 


Liure  VIII*  Des  calamit  éludes  Tays-bas. 

Seigneur.  N'oubliez  point  dcdôner  à  chacun  de  mes  enfans  vne  Bible,  que  ie  leur  laif- 
fe  pour  Tcllament.  Trefcherefemme,ie  vous  prie  de  continuer  à  endoctriner  nos  en. 
fans  en  la  crainte  de  Drcurayant  touliours  cotentemenc  de  ce  qu'il  vous  donnera .  Fai. 
Tant  fin,  ie  dis  A  Dieu  trefeherc  femme ,  s'iladuientqueicne  vous  puiffe  plus  voir. 
Amies  auoir  c-nuoyé  ce  dernier  elerit  à  fa  femmes  à  fon  bcau-frerc,il  fut  mené  à 
m.  d.     Brr.-,.ejles  par  eau,lc  xix.de  Iuin,du  matin, par  le  Prcuolt  fufdit:  auec  fix  autres  lefquels 
tx  vi  ii.  e^Qycn[  priibnniers  pour  diuerfes  caufes.  Arriué  qu'il  fut  en  Bruxelles ,  fut  mis  en  vno 
tourappelee  Cavvenberchs&:gardé  par  des  foldars  E(paignols,fans  que  perfonne  euft: 
permilliôde  parler  à luy.iufqucs  lexxvin.  du  moisdcIuin,qinlfut  exécute  par  l'efpee, 
fcul  d'entre  ceux  qu'on  nommoic  criminels  pour  la  Religion.  L'exécution  fut  faite  en- 
uiron  les  fept  heures  du  foir  par  vn  bourreau  qui  eftoit  y  urc,  lequel  luy  donna  trois  ou 
quatre  coups  auant  que  luy  pouuoirà  moitié  trencher  la  celle  :  laquelle  il  parcouppa  la 
fcianrcngiand  martyre  du  poure  patient  jinuoquant  le  nom  du  Seigneur  iufques  au 
dernier  ioulpir  de  fa  vie. 

^£xtrait  d'vne  déclaration  de  Complainte  érproteflation  du  Prince  ctAurange 
&  Gentils-hommes  furies  oppre fions  des  Pays-bas. 

V  mois  de  Iuillct  de ceft  an,le  Prince  d'Auragc,Guillau me  de  Naflau,  accompa- 
gne de plulieurs Seigneurs  &:  Gétils-hommesdes  Pays-bas  faifans  profcfsion  de 
l'Euangile,  pour  obuier  aux  calomnies  &impolturcs  des  aduerfaires, publia  par  eferic 
vne  déclaration:  afin  de  rendre  à  tous  notoire  que  tant  s  en  faut  qu'ils  fc  foyée  oneques 
trouuez  coulpabJes  de  rebciliô,ou  de  lefe  Maieftc5qu'au  contraire  ils  ont  procuré  touf- 
ioursl'cnrretencmét  du  Roy  leur  Prince  6c  naturel  icigneur.  Maisquelcs  caufes  prin- 
cipales de  ladite  deelaratiô  éc  prinfe  d'armes  par  ledit  Prince, pour  la  defenfe  de  fa  per- 
fonne &;  des  fidèles  ,efl:oycnt  les  extorfions,les  connotations  des  corps  &c  biens, d  les 
continuelles  condemnations  de  mort,  voire  contre  les  plus  grans  Seigneurs  du  pays. 
Etpour  monftrcr  euidemment  riniu(licc&:  cruauté  dont  on  vfoit  contre  ceux  delà 
LcCarain.il  Religion,il  meteoit  en  auanc  les  grand's  rufes  du  Cardinal  de  Granuellc&:  autres ,  lef- 
dcGranuel-  quels  fous  le  manteau  de  la  Religion  prétendue  catholique ,  ne  cerchoyet  autre  chofe 
,c'  que  de  diminuer  Thoneur  de  Dieu,l'authoricé  du  Roy,  &  le  bien  du  cômun  peuplc.-rc- 
fpâdrclefang  de  tac  de  poures  Chrefticns, par  la  mort  defquelss'enfuyuroyent  des  con- 
nTcaciôs  qu'ils  sappliqueroyét  fous  couleur  de  iuftice.  Et  dautac  que  les  tortures,tour- 
mcns>banniiTemens,exccutions  par  feu  &:  eau, par  prifons,  glaiues  &:  gibets,  s'augmen- 
toyent  déplus  en  plus ,  quec'eftoit  bien  vne  iuftecaufede  prendreen  mainladefenfe 
de  tant  de  poures  peuples,  aufquels  la  DucheiTe  de  Parme  lors  gouuernante  pour  fa 
Maiefté,  auoit  exprciîement  permis  &:  accorde' les  prédications ,  pour  cuicer  les  périls 
&  dangers  qui  mcnaçoyentlefdits  Pays.  Et  commcledit  Prince  auoit  tant  fait  debons 
3£  fiuciesleruiccsàfaMaicfté,fans  efpargner corps  ny  biens, qu'encores il  defiroiede 
s'employer  mieux  queiamaisà  chofesfemblables. 

D  e  là  continuant  fon  propos,mcctoic  deuant  les  yeux  de  tout  le  monde,Qùe  le  duc 
d'Aluequi  deuoiteftrc,à  caufe de  la  dignité  en  laquelle  il  eftoir, comme  prorefteur  des 
CcntUs-hc- Gentils- hommes  &C  de  laNobleiTe,auroitfaitmourirplusdefoixante  Gentils-hom- 
mes mis  i  meS)  &  aucres  notables  &:  riches  perfonnages  &:  bourgeois  de  Bruxelles,  &  d'autres 
villes:  Que  fon  ambitiôcfleuce  en  cruauté  dcfmefuree,  auoit  bien  ofé  faire  mourir  les 
feuzillultres  Contes  d'Egmôd&:  de  Hornc,fans  ordre  &c  figure  légitime  de  procez:qui 
auoyentiî  fidellcmentieruicn  tant  deguen  cs  l'Empereur  Charles  de  treshaute  mé- 
moire. Ec  pour  rendre  plus  odieufclaNobleifedu  pays,quieftlefoufi:enementdefadi- 
Dcpbratio  &e  Maiellé,auroit  fait  drciTer  les  telles  defdits  Conces  fur  des  baftons  &  fourches ,  afin 
«kl'oppro-  qué  par  vn  tel  fpectable  lesparens  &:  amis  d'iceux  fulTent  chargez  d'opprobre  &dc 
d«ix^Côt2  blafmc.  Dauantage,que  ladite  exécution  fi  horrible  auoit  donné  telle  frayeur  à  plu- 
tl'Fgmond  ficurs,  qu'ils  s'en  feroyent  pour  cefte  caufe  fuis  du  pays,pour  euicer  l'opprçfsion.  Il  ad- 
& .  dç  Hor-  jouft0jc  pour  la  fin,Que  toutes  ces  choies  ne  tendoyetqu  a  l'extirpation  8cdeftru&ion 
de  lavraye  doctrine  de4'Euangilc,&  à  priuer  par  confequent  les  fidelcsiion  feulement 
de  tous  biens  fpirituels,mais  aufsi  des  temporels. 

^  E  t  pourtant  comme  Prince  cftant  membre  natifderEmpire,ilfefentoit tenu, 
du°QplirfcT  Pour  la  pitié  qu'il  doit  auoir  des  poures  Chrefticns,  leur  donner  fecours  U  aideten- 
d  Aurangc.  dante  à  l'augmentation  de  la  parole  de  Dieu,&  à  la  confolation  de  tant  de  bons  fubicts 
delà  maiefté  du  Roy  perfecutcz,opprclTcz&  prifonniers. 

Av 


dc^jla  ville  &  Du  chéde  Lembourg.  703 

A  v  mois  de  Nouembre  de  ceft  an  m.  d. l  x  v  i  i  i,entrc  plufieurs  vaillans  champions 
du  camp  du  Prince  d'Aurangcqui  moururenc  pour  la  querelle  du  Seigneur  ,  deux 
furent  pendus  en  la  ville  du  Liege:à  fauoir  M.Corneil  de  Lesenne  Miniftre,  8c 
M.  Charles  iadis  praticien  d'Auldenarde  en  Flandre.  Ils  furent  prins  pres  du  Lie-  Le  camp  du 
ge,reuenans  du  camp  dudic  ieigneur  Prince,lors  eftant  deuant  Teilemont.  Corneil  a-  Aurangc* 
uoiten  diuers  lieux  du  Pays-bas  prefchc  l'Euangileaux  V  Valons  de  fa  nation,cn  finec- 
ritcdedoctrinc,&:  fe  retiroir  vers  VVcfcl,oùeftoit  fa  famille.  M.  Charles  auoit  efté  em- 
ployé en  plufieurs  feruiecs  à  rEglifcFlamégueen  Angleterre:  d  où  il  fuft  enuoyé  à  Ge- 
neue  pour  quelqucsîdirFeïeris  furuenus  entre  ceux  de  la  nation  Flamenguc.Ils  ont  tcf- 
moignaged  eftre  morts  conftans  &  fidèles  à  IefusChrift. 

^  La  dippation  des  Fidèles  au  duché  de  Lembourg:  &  de  plufieurs  mis  a  mort  par  Us 
Commis  du  Duc  d 'A lue  en  la  ville  capitale  duditpays. 

E  vx  de  la  ville  de  Lebourg  tiendrôt  le  premier  rang  en  cefte  année  m.d.lxix,  m*>-  l*ix 
entre  les  fidèles  de  l'Eglife  reformeepour  auoir  à  l'entrée  de  Ianuierfccllé  de 
ÊSSii  leur  fàngla  vérité  de  TEuagiledu  Seigneur.  Cefte  ville  donc  le  nom  au  duché 
de  Lembourg  fur  la  riuicre  de  V  Vefcr,  loin  d' Aix  troisgrades lieues, &  quatre  du  Liè- 
ge. Entre  plulieurs  autres  commoditezfpeciales  dcmarchandifc,&outreleplomb& 
le  fer  qu'elle  fournift  aux  autres  natios, elle  eft  renommée  des  minières  dvne*pierrede  feZj?2^ 
caUminne jefembhnt plus  toft  à  métal  qu'à  autrechofe,  laquelle iaulnift&: augmente  ScCtd- 
tellemen  t  le  cuiut c,que  de  là  le  laidon  en  prouiét.  La  ville  a  efté  cfclairec  de  lôg  temps 
par  la  lumière  de  la  pure  parolle  de  Dieu ,  au  moyen  de  quelques  bôs  Pafteurs  &  Mini- 
ftres,&  des  Magiftrats  qu'elle  a  eu  bénins  &:  fauorablcs  depuis  quaranteans.  La  perfe- 
cutio  qu'elle  eut  l'an  m.d.xxxii,  par  les  Comiffaires  de  l'Empereur  Charles  le  quinc, 
augmenta  le  nombre  des  fidèles,  &  afîaifonna  leur  trop  long  repos  &  tranquillité.  On 
y  brufla  lors  d'vne  Famille  honorable,  fix  pcrfonncs:à fauoir  le  mari,la  femmc,&  leurs  ^"biedï 
deux  filles  aucc les  maris  d'icclles-.la mort  dcfquels  fut  precieufe deuâtDicu,&:  de  grad r«  «J3*-. 
fruid  deuant  les  fidelcs.Eftans  menez  au  dernier  fupplicc  à  la  montaigne  nômee  Rot- 
felt,lelongdu  chemin /enuiron  d'vne  licuëfrançoife  )onlcsoyoit  tous  fix  d'vnfaind 
accord chantans  quelques  Pfalmcs  ,&  feconfolans &c  fortifians  en  Icfus  Chrift ,  &  iuf- 
ques  au  dernier  de  leur  vie  inuoquans  le  nom  d'iccluy. 

La  prédication  publique  delà  pure  dodrine  ne  leura  cftc'oftec  qu'àla  venuedu 
Duc  d'Alue,lors  quela  meilleure  partie  des  bourgeois,  après  auoir  fait  déclaration  pu- 
blique en  leur  maifon  de  villc,detcnir  la  Religiô  reformec(fuyuant  la  requefte  qu'ils  a- 
uoyent  prefentee  auparauantàla  duchelTc  de  Parme  fur  lafindefongouuernemcnt) 
furent  contraints  defortir.  Abandonneeque  fut  la  villeàla  fanglantcdeuotiondcs 
Efpaignols,les  fieurs  Rcnhardt  à  Radclo  maire,  &  les  Bourgmaiftres,  Efcheuins,  iuges 
&:  officiers, furent  forcez  la  quitter,&:  le  fauucr  aucc  leurs  familles. 

A  v  mois  de  IanuierlcsCommisduducd'Alucy  firentdecapiter  Six  bourgeois:  en-  knuier. 
trelefquelseftoit  vn  nommé  Henry  Hv  es  CHjfilsd'vn  des  iuges  delà  ville  de  Lem- 
bourg:&:  tous  moururent  conftans  &:  perfeucrans  en  la  vérité  cogneuë. 

E  n  Feburier  fuyuant  on  en  décapita  pour  la  mcfmc  caufe  deuant  la  maifon  de  ville Feurien 
Trois  bourgeois-dont  lvn  cftoit  nommé^G  villavmeFreIci  N,aagé  enuiron  de  fe- 
ptante  ans  :  les  corps  Se  fang  defquels  furent  expofez  aux  chiens  par  opprobre  des  cn- 
nemis. 

Avmcfmcmois,  Franco  isNize,  &  Thomas  Tolm  ont  furent  bruflez 
vifsauecvntroificme.  Accux-ci,apres  auoir  enduré  de  grandes  tortures, on  leur  tira 
les  langues  aucc  fers  chauds,&:  fi  curent  les  bouches  ferrées  auec  inftrumens  à  la  façon 
d'Efpaigne.  Et  quand  ils  furent  demi  bruflez ,  les  exécuteurs  de  ces  cruautez  les  firent 
cftacher  hors  la  ville,  pour  eftrc  expofez  aux  belles  :  de  manière  qu'on  trouua  plufieurs 
de  leurs  membres  ça  Se  là  cfpars. 

V  n  nommé  I  e  an  van  A  k  s  n  ( pource  qu'il  eftoit  d'Aix  ville  Impériale )  ayant  efté 
appréhendé  à  Lembourg  fur  quelque  accufàtion,d'auoir  démoli  quelques  images  par 
le  commandement  du  ContcdcCullcmbourg,enfa  fcigneurie&  paysde  VVitthem, 
fut  mis  au  gibct:&  mourut  en  grande  conftancc&  inuoeation  du  nom  de  Dieu. 

En  Mars  vn  grand  nombre  de  prifonniers  reftans  en  cefte  ville  de  Lembourg  n'at-  M«* 

CCC.iù, 


Lime  V III-  Les  fidèles  Martyrs 

tendoit  que  de  iour  en  iour  eftrc  menez  au  dernier  fupplice.  De  ce  nombre-M.  G  v  i  l- 
l  a  vm  e  chirurgien  rendit  ample  confefsion  à  la  doctrine  de  l'Euangile,  &  fut  décapité 
cncemefmemoisdcMars  m.  d.  lxix. 


M. Pierre  Hamon,  de  Blois,eferiuain  &  feerctairedu  Roy, &  autres 
exécutez  en  la  ville  de  Paris. 


Nlapcrfccution&crucllcrecerchequc  ftiétence  remps  à  Paris  les  enne- 
mis de  la  Religion  reformee,plufieurs  fidèles  &  notables  perfonnages  furéc 
côftituez  prifonniers,  &  leurs  maifons  pillées  &c  faccagees.  Entre  autres  M. 
Pierre  Hamo  N,natifde  Blois,fort  excellent  cfcriuain  (côme  il  appert 
par  fes  exemples  d'eferiture  mis  en  lumière  )  ayant  eu  ceft  honneur  de  môftrer  à  eferi- 
re  par  quelque  bôneefpacc  de  temps  au  roy  de  France  Charles  i  x.  de  ce  nom, &:  auoir 
cftércceufecrctairedciachambre,futàrinftanccdcquelquesgransfeigncurs&  mal- 
vueillans,  prinsenfamaifon  csfaux-bourgsS.  Germain  des  prez  lez  Paris.  Quelques 
Capitaines  de  la  ville  s'cltans  aflfemblez  vn  certain  iour  dés  le  matin  aux  Mathunns 
pour  faire  ce  beau  chef-d'œuurc ,  apprehenderét  auiîî  tous  ceux  qu'ils  trouuercnt  eftâs 
de  la  Religion  aufdits  faux-bourgs  ;  du  nombre  defqucls  Hamon  nefut  exempt ,  quel- 
que pafle-port&:  fauue-gardc qu'il euft  delaMaieftéduRoy.  Et  ce  (comme le  bruit  c- 
ftoitXou  s  prétexte  de  quelques  papiers  qu'ils  auoyent  charge  de  cercherenla  maiibn 
dudit  Hamon,&:  qu'ils  difoyent  du  depuis  luy  auoir  elle  trouuez ,  concernans  pluueurs 
gentils  &  bons  propos  que  le  Roy  fon  maiftre  luyauoit  tenus  particulièrement,  les- 
quels il  auoit  rédigez  par  eicrit.  Et  entre  les  autres  papiers ,  vn  certain  fonnet  fait  fur  la 
deuucduRoy,PiETE  et  Ivsti  ce,  qu'ils  luy  vouloyent  faire  accroire  d'auoircom- 
pofé,aufsi  bien  qu'il  l'auoit  excellemment  eferit  de  fa  main,qui  cftoit  tel: 

Si  R  E,on  voit  bien  en  vous , fans  voir  voflre  deuifet 
Vn  amour  enuers  Dieuycjr  enuers  l'equite: 
Et fi  voflre  vouloir  efloit  exécuté 
Jecroy  qu'on  changer  oit  de  Police  &  d'Eglifc.- 

Mais  fuis  que  voflre  peuple  encore  Dieu  tne/prife, 
Veu  qu'il  a  en  horreur  la  pure  Vérité  > 
Puis  qu'au  lieu  de  Iuftice  on  fait  iniquité^ 
Et  que  vos  Jufliciers  iugenttout  a  leur  G  ay  fe: 

S  i  r  e  pardonnez,- m  oyfi  ie  di  rondement 
Que  vous  ne pouuez, pas  encore  bonnement 
Porter  ce  titre  beau->¥  iete^Ivstice, 

Si  vous  ne  reformez,  du  tout  premièrement 
La  grand'  Idolâtrie  &  le  grand  Parlement, 
L'vnpourïln\\>ictc /autre pour  Yltiiu&icc. 

Il  ne  faut  oublicr,qu'auant  que  lefdits  Capitaines  fuHTent  au  logis  de  M.Pierre  Ha- 
Trois  6ic  mon>pour  fc  faiûr  de  fa  pcrfonne,trois  autres  de  la  Religion  fort  remarqucz,s'y  cftoyet 
l*ét  îedan *  àl'mftant  fauuez  :  lcfquclsil  auoit  reccus  fi  humainement  &:  en  telle  feureté  te  fidélité, 
ger  par  le  qu'ils  efchapperét  fort  miraculeufemet  de  la  main  de  leurs  ennemisxe  qu'il  ne  pleut  à 
H«aouC  P*  Dieu  <lu'1^  ^  ^c  fa  Part>s  cn  voulant  *cruir  a    gloire .  Hamon  donc  fut  conftitué  pri- 
iW>a'   fonnier  en  la  Conciergerie  du  Palais,  où  furent  auiTimis  tous  les  autres  fidèles  defdits 
faux-bourgs,&:  de  la  villc,comme  le  ficur  Croquet,&:  les  fieurs  de  Gaftines,pere&  fil  s  : 
defquels  fubfecutiuemcnt  fera  parlé.  Et  quelques  lettres  miifiues  ou  patentes  du  Roy, 
cftat  lors  à  Mets,que  ledit  Hamon  peuft  obtenir  en  fafaucur,il  fut  quelque  mois  après 
exécuté  en  la  place  de  Greuc  à  Paris,  après  luy  auoir  fait  premièrement  bruflerenfa 
prefence  les  fufdits  prétendus  papiers,  &  fon  procez  mefmes:lcquel(comc  il  feeut  tref- 
bien  dire  &  declarcr)monftroit  allez  fon  innocence.  Il  pria  tres-inftamment  que  fi  au- 
cuns 


Do  U  ville  dz^j  Paris!  y  04. 

cuns  de  la  compagnie  afsiftente  à  fa  morc,fe  trouuoyct  à  la  Cour  du  Roy/ju'ils  luy  fuf- 
fenttefrooinscommeileftoitmorten  vraye  cognoiiTancc&  purcconfeisiondclafoy 
Chreftienne,&  bon  feruit  eur  du  Roy  fon  maiftre.  En  figne  &c  mémoire  de  quoy,il  ict- 
ta  fon  mouchoir deuant  touterafsiftence,n  ayant  autre  chofe  en  main.  Et  puis  le  con- 
folant  en  Dieu,commcDçadirc  quelque  Pfalme,comme  il  auoit  fait  au  fortir  de  la  pri- 
fon:8c  fut  incontinent  detpcfchc  Se  eftranglc,  non  fans  grand  regret  de  pluficurs  gens 
de  bicn,&:  refiouuTance  des  contraires. 

Nicolas  Croquet,  Philippe  ejr  Richard  dî  Gastines, 
pere ejr fils, march  ans  de  la  ville  de  Paris. 

Ecestrois  homes  la  preudhommic& intégrité  eftoit  aufsinotoiremëtcognuë, 
que  leur  pieté  &  profefsion  de  vrayeRcligiôhayedcsaduerfaircs.  Nicolas  Cro- 
chet auoit  ceft  auâcage  ,d'auoir  demeure'  bonne  efpace  de  temps  en  l'Eglife  de  Genc- 
uc,d'où  il  auoit  reporté  vne  ferme  cognoifTance  des  poï&s  de  la  iairi&c  Efcriturc.  Tous 
trois  demeuroyét  en  celle  fcrmcté,de  ne  fc  diuertir  nullemét  du  vray  feruice  de  Dieu: 
&  l'ont  manifestement  monftré,quand  les  ennemis  les  en  ont  voulu  forcer  par  violen- 
ce &c  rauiiTement  de  leurs  biens,  couuert  du  matcau  de  Iuftice.  Des  actions  particuliè- 
res durant  leur  emprisonnement,  combien  que  la  Cour  de  Parlement  fefoit  fort  gar- 
dée d'en  publier  queiqucchoi'e ,  fi  eft-ce  qu  elle  a  aflTez  manifefté  par  fentence  &:  areft, 
les  raifons  pour  lesquelles  on  les  a  fait  mourir ,  allauoir  pour  auoir  fuiuy  les  prefehes  &C 
communiqué  aux  Cènes  du  Seigneur.  Et  à  cefte  caufe  nous  l'auons  ici  inféré  de  mot  à 
motjcnteimoighagcnon  feulement  de  l'innocence  des  condamnez:  mais  aulli  delà 
fauiîe  &  inepte  dcuotion  des  condemnans  &c  partageurs  d'amendes. 

O  N  fait  aJfauoir{  d  i  t  Y  A  reft  )^ue  Nicolas  Croquet,  Philippe  s  ejr  Richard  de  Gafiines, pere  & 
fis  ciprefins, pour raifon  des  contraucntiôs,  prefehes,  alfemblees&:  Ctncs  par  eux  fait  es  Caufe* 
en  la  maifon  dudit  de  Gafiines fize  rue  S.  Denis ,  ou  pend pour  enfetgne  les  cinq  croix  blanches: 
ejr  autres  chofe  s  a  plain  contenues  &  déclarées  en  leurs procez  criminels  fur  ce  contre  eux  faits: 
Far  Arefi de  ladite  Cour  ont  efiécondânez  a  efire pendus  ejr  ejl rangiez,  chacun  en  vnepotcce,lef  Supr  ,c* 
quelles  pour  ce faire  ferot  mifes  ejr  platées  en  la  place  de  Greue,deuatl'hofiel  de  cejle  ville  de  Parts, 
lieu  plus  commode  pour  ce faire  :  Et  leurs  corps  morts  efire  portez,  &  conduits  depuis  ladite  G  reue 
tufques  au  gibet  de  cefi édite  ville  de  Paris.  Et  cependant  a  ladite  Cour  condamné  ejr  condamne 
lefdits  Croquet  &  de  G  afin  es  pourraifon  defdites  contrauentions  ,prefthes ,  ajfemblees  ejr  Cènes 
par  eux  faites  en  ladite  maifon  des  cinq  croix  blanches fize  rue  S.  Denis,  près faintfe  Opportune:à 
fauoir  lefdits  de  Gafiines  en  deux  mil  Hures  Parifis  et amende  appliquable  :  ajfauoir  aux  quatre  ^ 
Mendians  de  cefte  ville  de  Paru  200 .Hures  parifis:  Aux  enfans  de  la  Trinité ',  200.  liu.parif.  Aux  m™^*" 
filles  pénitentes  2  oo.li.parif  Aux  enfans  rouges, 2  00.  li.parif.Aux filles  de  V  Aue-maria,  200.  li. 
parif.Aux  enfans  du  S.  EJprit,  200.liparifEtles  autres  zooM.pariffaiJàns  lerefie  defdtts2000.lt. 
parif aux  pour  e$  enfans  orphelins  de  l'hofieUdieu  de  celle  ville  de  Paris.  ^  Et  ledit  Croquet  en 
2000.  lipanf applicable  s  comme  dejfus.  E  t  néanmoins  a  ladite  Courordoné  ejr  ordonne, que  la 
maifon  des  Cinq  croix  blanches  fize  rue  S. Denis ,cn  laquelle  lefdits  prefches,affemblees ,ejr  Cènes  JeeJJ2j"£ 
ont  efié faite  s  fera  rompue \demolie,&  rafieparles  charpentiers, maçons  ejr  a  ce  cognoijfans  }dont 
ladite  Cour  conuiendra.Et  cependant  a  ladite  Cour  ordonné  ejr  ordonne, que  le  bois  ejr  ferrures  de 
fer  qui  prouiendront  de  la  démolition  de  ladite  mai  fon , feront  vendus, pour  les  deniers  qui  en  pro- 
uiendront  efire  conuertis  ejr  employez,  a  faire  faire  vne  croix  de  pierre  de  taille -.audeffous  de  la- 
quelle croix fera  mis  vn  tableau  de  cuiure,  auquel  fera  efirit  en  lettres  grauee  s ,  les  caufespourlef  Bois  &  fer- 
q  ne  lies  ladite  maifon  a  efléainfi  démolie  &  razee.  Et  aufii  a  ladite  Cour  ordonné  &  or  donne, que  ™/r"ecs°çâ 
Us  provenant  defdits  bois  & ferrures  de fer fe  montas  a  plus  haut  pris  que  ladite  croix  ejr  tableau,  vne  croix 
fi  aucuns  en  y  a, feront  baillez  ejr  diftribuez  aux  poures  en  l 'honneur  de  Dieu.  Et  laquelle  maifon  dc  Picrrc* 
des  cinq  croix  blanches  afiife  rue  S.  Denis, appartenant  aufdits  des  Gafiines, feruir a  d'vn  lieu  pu- 
blique a  iamais.  Et  pour  à  cepouruoir3eff  prohibé ejr  défendu  à  toutes  perfonnes ,  de  quelque  quali- 
téou  condition  qu'ils  foyent,d'ypouuoirfaire  baftir  à  perpétuité, fur  peine  de  6000.  li.parif d'amen* 
de  appliquable  au  Roy,  &  punition  corporelle.  E  t  pour  la  commémoration  de  l'ame  defdits  Cro- 
quet &  de  Gafiines  ,a  ladite  Cour  ordonné  ejr  ordonne  qu'il fera  dit,chanté,ejr  célébré  à  perpétuité 
à  ladite  eglife faintfe  Opportune  de  cefiedite  ville, vne  grand LMeJfe  du  S.Sacremet  de  t  autel  tou- 
tes les  fepmaines,au  mefme  iour  que  ce  iourdhuy.  Et pour  l'entretenement  ejr  accompltjfement  du- 
quel feruice  qui  ainfi fera  dit,  a  ladite  Couradiugé  ejr  adiuge  a  ladite  Eglife  faintfe  Opportune  U 

CGC.  uiL 


Lime  V I  IL  Les  fidèles  Martyrs 

fomme  de  1000.  liu.parif  à  prendre  furies  btes  meubles  &  immeubles  defdits  Croquet  &  de  Ga- 
flines  reflans ,  après  auoirprms  les  fommes  que  deffus.  Neantmoins  a  ladite  Cour  confifqué& 
confifque  toits  &  chacuns leurs biens ,  tant meubles  qu'immeubles, a  qui  il  appartiendra,  fur  le f 
quels ferapreallablementpnns  la fomme  de  600.  liu.  t. en  rente  pour  les  femmes  &  enfxns  defdits 
de  Gaflines.  E  t  pour  les  rcparatws  des  prefches faits  par  ledit  Croquet  au  village  de  S.  Pris,a  la- 
dite  Cour  condamné  &  condamne  ledit  Croquet  enuers  les  C\targuilliers  de ladite  eglife  de  S. 
Tris  en  S  00. liu.parif  &  en  400  Mu.parif. enuers  le  Curé  de  ladite  eglife:  ejrés  defpensdu  procez,. 
Prononcé  auidits  Croquet  &dcGaftincs  eitansen  la  Chapi lledciatoncieigeiiedu 
Palais  à  Paris,  le  Ieudy  dernier  iour  de  Iuin  Tan  m.d.lxix. 

C  e  s  t  Areft  peftri  à  la  vieille  farine  du  Parlcmct  de  Paris,fut  exécute'  le  m  efme  iour 
N  Cr^uer aU  IiCU  &  plaC°  dc  Greue'  Crooiuct  &  lcs  deux  de  Galtines  ne  s'eftonerent  d'ouïr  vn  fi 
&'dcsTux  dlrange  partage  de  leurs  biens,ncd'auoir  tels  fucceffciirs,  s'eitans  dclôg  temps  prepa- 
dcGafti-  rez  à  quitter  volontairement  laccelTbirc  pour  retenir  le  principal.  Etlans  morts ,  les 
nc*'  corps  furent  del'pendus,&  emportezdans  vne  charette  au  gibet  de  Mont-faucon, pour 
accomplir  l'Areft  &c  fatisfaire  au  defir  fanguinairc  des  ennemis. 

Marc  de  La  no  y,  Tournifien,    Iean  le  G  ran  t>>  eï  Armentiere , 
G v illavme  Tovart  de l'/fle lez,  Flandre. 

Nvers  &c  Paris  fc  rencontrent  ccfte  annec,&  fuyuent  de  fi  près  leur  con- 
*  formité  en  faiîfc  de  pcrlccution,  que  ces  trois^narchans  d' Anuers  appariez 
aux  trois  fufdits  de  Paris,en  monftrent  les  pleins  effecls.  Nous  parlcrôs  de 
ces  trois  particulièrement  l'vn  après  l'autre,  quid'vn  mefme  iour,  aflTauoir 
le  Samedy  vi.d'Aouft,receurent  fentencedecondemnationdemorten 
Anuers  pour  vne  mefme  caufe  de  vraye  Religion. 

Et  quantàMARC  de  LANOY,quidelavillc"deTournayeftoit  venudemeurer 
en  Anuers,  aagé  enuiron  de  cinquante  quatre  ans ,  nous  auons  recueilli  defes  propres 
Marc  ac-  cfcrics  touchant  fa  prinfc,&:fes  interrogations  &rcfponfcs)cc  que  s'enfuit:  Deuxfcm* 
mes,  defquellcs  on  s'eftoit  ferui  à  faire  la  lexiuc  à  bucr  le  linge,furent  caufe  de  fon  em- 
.    prifonnement.  LeMarkgraue&dcuxdcsEfcheuins  d'Anuers,pour  luy  faire  fon  pro- 
gué       cez,layans  interrogue  toutprcmieremcnts  il  auoit  lettres  de  ion  Cure, luyuant  les  or- 
donnances du  duc  d'Alue:il  leur  rcfpondit  que  non:&:  allega  cefte  raifon,  D'autât,  dit- 
il,quc  quand  ie  forti  de  Tournay ,  ayant  payé  les  droits  de  la  ville ,  on  nc  parloit  lors  de 
lettres  de  Curé.  Apres  cela  ils  luy  demandèrent  s'il  auoit  cfté  à  Confefle  aux  Pafques 
parlées ,  enfuyuant  lesmefmcs  ordonnances,aufquelles  vn  chacun  eftoit  fubmis.  Il  rc- 
fpondit que  non.  Pourfuyuâs  leurs  interrogatoires,s'il  auoit  efté  aux  prefches,  &c  com- 
Surlcsprcf  muniqué  à  la  Cenc,ck:  combien  de  fois:il  leur  dit  qu'il  auoit  fréquenté  les  predicariÔs, 
municatiô  &  q11'1!  auoit  efté  àla  Ccne  du  Seigneur  deux  ou  trois  fois.  Or  en  toutes  fes  refponfes 
delà  Ccnc.  il  fe  donna  de  garde,autant  qu'il  luy  fut  polfible,dc  nommer  aucun  de  ceux  qui  demeu- 
royent  à  AnuerSjpourlemcttrccnpeinc  :  comme  on  peut  voir  par  ceft  extrait  de fes 
depofitions  mifes  par  eferit. 

S'il  auoit  fait  baptizer  fes  cnfansrcôment  ils  auoyét  efte  nommez:&  qui  eftoyent 
pîcfmc  Bdê  ^eurs  Parrms^  marrincs.  Qu'il  auoit  fait  baptifer  vne  fillette,  laquelle  fut  nom- 
ks  cafana?  mee  Sara  :  &:  que  le  parrin  s  appeloit  François ,  &cc.  &:  la  marrine  Marie,  Sic.  lcfquels  fe 
tenoyent  en  Angleterre.^.  S'il  en  a  eu  aucun  depuis  demi  an  cn-çà,&  où  il  l'auoit  fait 
baptifer:  &:  de  quels  parrins  &marrines.  Qu'il  en  auoit  eu  vn  que  luy-mefme  porta 
en  la  maifon  d'vn  nommé  Philippe,  lequelfut  parrin  au  baptefmeaucc  vnevcfucla 
marrine  demourans  à  prefent  à  Vvefel .  S'il  y  auoit  eu  exhortation  au  lieu  où  fe  fît 
le  Baptefmc.  (fc.  Que nô.  S'il  n  auoit  point  efté  aux  alTcmblecs.  @s.  Qu'ouy:deux  ou 
trois  fois,  ^.combien  il  y  auoit  d  auditeurs.  Il  rcfpondit  qu'il  y  en  auoit  enuiron  fix  ou 
fept.  Quels  ils  cftoyenf  :&  qui  fut  le  Miniftre.  Sur  quoy  fc  trouuat  en  perplexité,  &: 
ne  donnant  refponfe,on  le  fît  renfermer  iufques  au  lendemain. 

Le  iour  eftant  venu,  ils  luy  réitérèrent  la  mefme  demande  auec  menace  de  le  met- 
SolkWd'-  tre  fur  la  torture,  s'il  nc  nom  moit&  les  auditeurs  &C  le  Miniftre.  Il  leur  rcfpondit  qu'il 
autres"    ne  ^es  fauroit  nômer  finon  lcfufdit  Philippc,fa  femmc,fon  frcre,&:  Guillaume  Touarr> 
&quantau  Miniftrcqu'ilignoroitfonnom.  ^  Sur  ceci  ils  luy  firct  donner  la  queftion 

aflez 


jDo  la  'ville d'aAnuers.  yoj 

aflez  long  temps,  le  preflant  toufiours  de  les  nommer.  Scvoyantainfienangoiflc 
de  la  torture ,  &  ayant  crainte  de  mettre  quclcun  en  danger,  il  en  nomma  aucuns,fa- 
chanc  bien  qu'ils  elloyent  hors  de  la  ville.Mais  qiiant  au  Miniftre,  il  perfifta  toujours 
en  ce  qu'ilnelecognoi/To  itpoint.  Quoy  voyansfesiugcs,aprcs  rauoirforttourmétc 
le  firét  delîier:&:  fut  plus  de  trois  fepmaines  fans  pouuoir  marcher,  ^".Ilfut  auflî  enquis 
fi  dclong  temps  il  n'auoitefté  à  l'egiife  Romaine.  @E.  Qu'en  vingc  ou  trente  ansil 
n'auoit  cité  que  trois  ou  quatre  fois  à  la  MeiTe:&  que  toutcsrois  cinq  defesenfansy  a- 
uoyentefté  baptizez  ,  à  caufe  que  les  moyens  ne  feprefentoyent  lors  de  les  baptizer 
autrement.  ^Surquoy  ils  firent  fin  de  rinterrogucr.&:  depuis,  ne  parlèrent  plus  à  luy, 
finonvnefois  pour  luy  demander  à  qui  il  auoit  baillé  àlouage  la  chambre  d'enhauc: 
&  comment  on  lcnornmoir,&:  où  il  fetenoitdcprefcnt.  Il  le  leur  nomma  par  nom  & 
furnom:adiouftant  qu'il  elloit  allé  à  Francfort. 

Apres  auoir  foultenu  ces  durs  alTauts,il  y  eut  vn  Cordelier  qui  luy  demada  qui  le  M»cafli&- 
mouuoit à  fefaire ainfi  tourméter,&  fouftenircequ'iliouftcnoic  .Marcluy  mitau  de  corddîtx. 
uant  la  parole  de  Dieu.  Le  Cordelier  demanda  comment  il  fauoit  que  ce  fuft  la  paro- 
le de  Dieu,veu  que  c'eftl'Eglife  qui  en  dorme  aileurance.Marc  demanda  de  quelle  E- 
glife  il  entendoit.  Le  CordeLerluy  dit  qu'il  n'y  en  auoit  qu'vne ,  à  fauoir  Romaine:  Se 
de  là  tirant  vne  queftion  du  chef  de  l'Eglifc  :  Marc  luy  prouua  que  c'eftoit  Chrift ,  fans 
autrc.Le  Cordelier  paiîeoutre,&demandace  qu'il  croyoir  delà  Cent*.    (É.   CequeDe  **  Cc*. 
lefus  Chrift  en  auoit  ordonne  par  fa  fain&e  Parolle.  Le  Cordelier  répliqua, que  quand 
Iefus  Chrift  celtbroit  la  Cene ,  il  donnoit  ion  corps  entre  fes  deux  doigts, ainfi  que  le 
Preftre tient  l'hoftie,  &  amena  à  ce  propos  bien  extrauagât  pour  prccuue ,  le  v  i  .chap. 
de  S.Iean,où  Iefus  dit,Si  vous  mangez  ma  chair  &  beuuczmon  (ang,  vous  aurez  vie  en 
vous.(£.Mais  regardez, dit  Marc,cequi  (enfuie  là  mcfme,àiàuoii  Que  les  parolles  font 
efprit  &  vie:&  que  la  chair  ne  profite  ricn,&:c.Le  Cordehei  après  auoir  ouy  ces  rcipon 
les, le  parut  tout  falchc^  le  laiifa.  , 

Le  Icudy  v  1 1.  iour  deluillet,  Marc  fut  aiTailli  d'vn  autre,  qui  luy  vint  dire  d'eftre  en-  A{çMt ^ 
uoyé  par  le  Matkgraue  pour  luy  annôcer  qu'il  mourroit  le  lédemain,s'il  ncfecôuertif-  radïigcde 
foit  à  l'egiife  Romaine:&  que  partat  il  regardait  à  l'on  faicl.Marc  luy  déclara  prompte- raor1, 
ment  qu'il  eftoit  tout  côfeiilé:& qu'au  relte  ilfe  remettoit  à  la  pi  ouidece  de  Pieu,  à  ce 
qu'il  fift  de  luy  fa  bonne  volonté. Le  lendemain  le  mefmc  vin  t  dercchcf,&:  l'incita  plus 
que  parauant  depenferàfes  affaires,  Mârc  luy  vfa  d'vn  mefme  langage  qu'au  iour  de 
deuant,(ans  aucunement  sefFraycr  de  ce  melTagc  qu'il  luy  faifoit ,  Qu'on  ledepcfche- 
roit  dans  trois  ou  quatre  iours.  C  Voila  en  fomme  cc  que  nous  auôs  extrait  deseferits 
deceperlbnnage,&:  de  fes  actions  durant  fon  emprilonncrnent. 

I  l  eleriuit  à  ceux  del'Eglife  de  fa  propre  main ,  de  îus  de  noires  guines  (à  faute  d'en-  Efcm  è» 
crcjle  foir  du  iour  precedét  que  luy  &  les  côpagnons  receufset  fentécedemorr,  ce  que  Marc  d"L'~ 
le  n  lu  i  t  :  Mes  trefehers fer  es  au  Seigneur-,  nous  nous  recomandons  trefaffec~iueuÇemetyvous  priant  XuyScÇn 
que  ne  nous  oubliez  point  en  vos  prières \à  fin  que  Dieu  par  fa  grâce  nous  veuille fortifier,efians  en  côpagnoni. 
vnecotinuelle  bataille,  iufques  a  ce  qu 'il nous  aura fait  ce  bien  de  nous  appeler  en [on  Royaume,^ 
que  nous  aur os  obtenu  la  couronne  de  gloire  Jaquette  il  apreparee  a  tous  ceux  quifayment.  Or  fâ- 
chez.,mes  trefehers  frères  .que  nous  au  on  s  efléfept fepmaines  ences  liens  fans  auoirrecett  confia- 
tion  de  vous.Helas  ,vous fauez,  quejivn  corps  efiant longtemps  fans  manger  deuientfoible,com- 
bit  plus  l'eJprit?Parquoyfivous  nous  eufiezpeu  afifier  de  quelque  petit eportion  de  confort  pour 
noftre  efprit ,  vous  nous  eufiiez, fait  vn  grand  bien  ■  a  caufe  que  félon  nojlre  nature, nous  fonimes 
toufiours  débiles & fragile  s -.mais  nous  vous fupportos  »à  caufe  que  les  moyes  fe  trouuent  a  fi  gract 
peine.  Or  s' il  s* en  trouuc,  mes  frères,  nous  nous  recommandons .& fi  vous  me  faites  cebienjelts 
feray  aup  tenir  à  Guillaume  T ouart.  Prians  l'Eternel  qu'il  nous  face  perfeuerer  en  vraye  confia** 
cède  cœuriufquau  dernier foufcir  de  noflre  vies. 

Ce  peu  d'elcrit  cfmeut  grandement  les  freres,qui  toutesfois  ne  le  receurent  iufques  j°™maj.^ 
au  lendemain.  Et  fuyuant  iceluy  on  luy  referiuit  fommairementôd  à  fes  compagnons,  leuîfïire- 
Qu'il  elloit  heure  de  prier  ardemment  le  Seigneur,à  ce  qu'il  les  fortifiait  par  fon  fain&  fpondu. 
Elprit,pour  rclifter  aux  alîauts&:  embufehes  de  Satan:&:  qu'il  faloit maintenant  prat- 
iquer ce  qu'ils  auoyent  reccu  &  apprins  de  longue  main  en  l'fcole  de  noftre  Seigneur. 
Qu'ils  s'alTcuraiTent  cependant  des  promeiTes  de  Dicu,qui  n'abandonne  point  les  fiés 
au  befoin  &:  àrJa  neceflité:  mais  qu'il  feroit  toufiours  aucc  eux.&  qu'à  celle  caufe  ils  n'- 
auoyét  à  craindre  les  men  aces  de  Satâ  qui  eftoit  vaincu  par  Chriftmc  le  péché ,  qui  ne 
les  pouuoit  fouillcr,eftans  Jaucz  par  le  fang  de  l'Agneaumi  la  mort,qui  n'auoit  aucune 


Liure  VI  IL         M  Je  Lanoy,  Lie  Grand,  Çf  G.T  ouart. 

puifTance  fur  eux  cftans  en  Chrift  :  nilcstormens,  qui  pafleront  tantoft ,  &:  ne  fon*  à 
corn  parer  à  la  gloire  &c  ioyc  qu'ils  deuoycnt  incontinent  receuoir  aucc  lcgrand  Prmcc 
&  capitaine  des  Martyrs,qui  leur  faifoit  ce  grand  hôneur  de  fouffrir  pour  fon  Nom,  bc 
qui  mefme  les  attendoit  pour  les  faire  feoir  auec  luy  en  fon  thronc,&  leur  donner  parc 
au  Royaume  qu'il  leur  auoit  préparé  auantla  conftitution  du  monde.    Et  au  refte, 
rricr«dcs  on  les  aduertiffoit  qu'on  faifoit  prières  pour  euxenuers  Dieu,  ace  que  demeurans 
fideicspour  fermes  ils  fortifiafTent  les  foibles,&:  feruiflent  d'exemple  &  édification  à  l'Eglife  de 
nierT'  0n  l^Cus  Chrift .    ^  Les  prières  des  fidèles  furent  exaucées  de  Dieu  :  &  la  fin  heureufe 
qu'eurent  ces  trois  champions  ledemonftra  manifeftement ,  comme  il  fera  dit. 

Ie  an  le  G  ra  ND,drapicrd'Armentieres,aagêdei8.àtrentcans  js'cftantpour 
les  mcfmescaufes  que  Marc  de  Lanoy, retiré  en  Anuers,  futprins  parle  Markgraue, 
&faic  compagnon  des  liens  des  deux:  afTauoir  Lanoy  &c  Touart.  A  la  première  de- 
mande qui  luy  fut  faite, Pourquoy  il  eftoit  forci  d' Armentieres  :  il  refpondit  non  feule- 
ment que  c'eitoit  d'autat  qu'il  n'auoit  voulu  faire  ferment  à  l'cglife  Romainemiais  anf- 
(i  adioufta déclaration  delà  foy&:  religion  qu'il  tenoit.  A  pi  es  auoir  reccu  fenteneed'- 
eftre  bruflé  vif,  il  eut  cefte  confolatiô  de  voir  fa  fcmmc&:  fes  enfans  en  la  pnfon  :  &  les 
ayant  exhortéà  perfeuerer  conftammcnt,&:  prendre  bon  courage,  les  recommanda 
Mjrc&ie»  par  faintte&:  ardente  prière  à  la  fauue-gardc  du  Seigneur.    Cesdcux  ,àfauoirMarc 
le  Grâd  me-  q\c  Lanoy,  &:  lean  le  Grand ,  furent  menez  à  la  place  du  marché  par  le  Marlcgraue  ac- 
fUccï  U?  compagne  degrande  multitude  :&  furent  bruflez  vifs,  ayans  les  bouches  cmbaillon- 
nees  de  la  façon  inuentec  &:  preferite  par  flnquifition  des  Efpagnols. 

Gvillavme  Tovart,  marchant  mercier,natir*de  la  ville  de  rifle  lez  Flandre, 
receut  pareille  (entence  de  mort  d'eftre  bruflé  vif,  aucc  les  deux  fufdits  :  mais  Dieu  luy 
difpofa  nonobftant  ladite  fentenec  ,vneautre  cfpcce  de  fupplice,  pour  monftrer  le 
triôphcdes  liens  en  ladiucrlitédcs  peines  qu'ils  endurét.  Ce  perfonnage  eftoit  parue- 
nu  à  vnevieillefle honorabIe,&:  fa  maifon  auoit  Icrui  prcfqucrcfpacededouzeà  quin- 
Lcî  demeu  zc  ans  comme  d'eglileaux  fidèles  en  icelle  ville  de  l'Iflc.  EftantdechafTé&:  banni  d'i- 
TouirtCG  cellccnuiionlanM.  d.  Lxi,feretiraquelquctempsàTournay,d'oùilfutcontraints*- 
oftcr&:  aller  à  Amiens  &:  Mondidier  villes  de  Picardie,pour  iouir  du  bien  delà  prédi- 
cation de  l'Euangile. Depuis, retournant  aux  iîens,vint  demeurer  en  la  ville  d'Anuers: 
en  laquelle  après  auoir  refide  longue  efpace  d'annees,fut  finalement  conftitué  prifon- 
nier  auec  les  deux  fuldits.  ^  Entre  plufieurs  lettres  par  luy  eferites  durant  fon  empti- 
Lcttre  d*i-  fomement ,  nous  a  lions  extrait  celle-ci  qui  fenfuit:    Treschers  frères  &fceurs 
cciuy  aur  en  Icfus  Chrift,  le  remercie  grandement  noftrc  bon  Dicu,dc  luy  auoir  peu  tellement 
Amtaf'   me  fortifier  &;  cofoler,  que  ie  me  trouue  plus  allègre  en  ma  prifon  obfcure ,  que  ic  n'e- 
"fl  ftoye  en  marchant  fur  les  rues.  le  parle  félon  l'cfprit:  car  quant  au  corps,  ce  n'eft  plus 
„  quevapeui  &:  fumée.  Parquoy ,  mes  amis ,  s'il  aduient  que  foyezapprehendez  pour  le 
n  nom  de  C  hnft,  ne  craignez  point  la  prifon,ne  ceux  qui  tuent  les  corps  :  car  ils  ne  peu- 
„  uent  rien  dauantage.  Ne  vous  efpouuantez  point,  puis  que  c'eft  le  falairc  qui  cft  pro- 
„  mis  à  tous  bons  foldats  de  noftre  Capitaine  Icfus  Chrift.  Qui  tournera  le  dos,ne  gai- 
gnerarien-.maisqui  bataillera  vail!amment,obtiendra  finalement  vnccouronne,non 
pasd'oroud'argent,ainsdegloireimmorrelle.  Nous laiflbns cefte  vie caduque,pleine 
decalamitez&  fafcheries,pour  en  auoir  vnc  éternelle:  nous  defpouillôs  ce  corps  mor- 
tcl,pour  eftrc  reueftus  d'vn  immortel:  nous  quittons  vne  vie doloureufe  &  lamétable, 
„  pour  viure  en  ioye  &  félicité  éternelle.  Y-  a-il  châge  ou  proufit  plus  grad  que  ccftuy-ci? 
„  O  doux  martyre,que  tu  nous  faits  riches  &:  honnorables  maugré  noftre  propre  chair! 
Etqu'y-a-ildequoy  feplaindre,  puis  que  noftre  Seigneur  &  fouuerain  Maiftrc  l'a  pre- 
Mat.i^.  »  dit  tant  expreflement  aux  ficns:Me  voulez- vous  fuyurc,  qu'vn  chacun  renonce  à  foy- 
*4         mcfme,&  qu'il prennefacroix,&:  me fuyuc?Portôsdonc,portonsioycufementla croix 
Pliir    "  pour  eftre  viuifiezenlaprefencedu  Pere  celefte.  Il  ne  nous  eft  pas  donne  feulement 
*V  "  „  de  croire  en  Chrift,  mais  aufsi  d'endurer  &:  fouffrir  aucc  luy:  Et  lî  nous  fbuffrons  auec 
s      „  luy,  nous  régnerons  aufsi  auccluy.  Regardez,  mes  amis,  fa  bonté:  il  nenuoye  point 
ican ie  "  P*as  to^  ^C  trauaiMu'mc°cmcnt  ïc  frui&  ne  foit  prefent: Voftrc  triftefTe,dit-il,  fera  cô- 
i"" 1  »,  uertie  en  ioye.Reicttons  donc  de  nous ,  tous  les  empefehemés  de  cefte  vic:cncorc  que 
„  ce  fuflcntperes,mercs,  frères,  fœurs,man's,  femmes  &  enfans,  voire  noftre  propre  vie. 
„  Vendons  tout,pour  acheter  cefte  perle  tant  precieufe .  O,  que  ie  fenseftre  bien-heu- 
„  rcuxceux-la,qui  font  appelez  pour  foufirir&abandôncr  leur  vie  pourlaconfefliopdu 


*  lean  S orret,& autres.  706 

nom  de  IefusChrift/  le  Fils  éternel  conférera  auflï  leurs  noms dcuantfonPere&:  fcs  M 
Anges.  11$ lieront  reueftus  de  robbes  blanches,  &c  refplcndiront  comme  le  Soleil  au  ti 
royaume  de  Dieurtempiis  de  ioyeen  la  prefence dcl'Agneau  :  ils  poiTcderont  le  fr ui£t  M 
de  la  vie  eternellc^ui  leur  a  efté  préparée  dés  lafbndation  du  monde.  lettons  les  yeux  M 
fut  ces  grandes  promeiTes  de  Icfus  Chrift  à  tous  ceux  qui  perfeuererôt  iufqucs  à  la  fin.  t, 
O  que  nous  feros  heureux  eftansdeliurez  de  cecorps  demort,pour  viureaucc  Dieu.  <t 
Prions  donccontinucllcmét,à  fin  quelafoy  nous  foit  ici  augmentée.  Ornes  trefehers,  tt 
ayez  toufiours  fouuenance  de  moy (qui  fuis  aux  liens  de  rAntechriity  en  vos  prières  Se  tt 
oraifons:  Ayczcn  recommandation  les  prifonniers,commc  fi  vousl'eftiezvous-mef-  ti 
mes.  Priez>di-ie,fans  cefle:car  noftre  ennemi,  qui  eft  le  diable,  cft  toufiours  autour  de  it 
nous,pour  nous  faire  faillir  le  cœur:  vous  fçauez  auflî  que  noftre  chair  nous  cft  vn  mer-  it 
ueilleuxennemi:maisiecroy  fermement  que  mon  bon  Dieu  n'a  point  cômenccccft  it 
ceuure  en  moy,qu'il  ne  la  vucille  parfaire.  A  Dieu  foyez. 

L  a  vieillelle  de  ce  fain£t  perfonnage  inftruit  de  long  temps  en  tout  exercice  de  pic- 
té,  a  efté  en  confolation  à  ceux  qui  ont  cognu  faconuerfation.  Ilreceut  vncmefmc 
condemnationauccMarc&:  Iean  le  Granddeflusnômcz^àfauoird'eftrebruflé  vifau 
mefme  iour:  mais  quand  ce  vint  que  le  bourreau  luy  lia  les  mains  &:  mit  vn  baaillon 
en  la  bouehe,comme  aux  deux  autres,  auant  qu'aller  au  fupplicq:  Dieu  le  voulut  reti- 
rer par  autre  genre  de  mort.  Car  lors  tombant  en  foiblcfte,à  caufe  de  la  débilite'  de  fon 
corps  aagé  enuirô  de  quatre  vingts  ans,il  fut  remis  en  la  pnfon,&:  plongé  en  vn  cuucau 
plein  d'eau:&:  le  corps  porté  hors  la  villcau  lieu  dit  Berken, auquel  on  met  fur  roues  &c 
potences  les  corps  des  condamnez. 

SlSjPj  e  s  fpc&aclcs  de  corps  meurtris  par  l'Inquifition  fe  voyoyentprefquesen  tous 
îis^à  lieux  Spécialement  aux  villes  de  Tournay&:  Valcncenes,  pour  le  nombre  des 
croyans,tant  hommes  que  femmes  teicunescompaignons,  qui  auoycnt  long  temps 
trempez  es  pnfons  en  trefgrandemiferc  &pourete.Et  fans  oublier  ce  qu'au  commen- 
cement decefte  année  a  efté  faic"t,on  exécuta  en  Valcncenes,  cinquante  fcptpcrfon- 
xies,dôt  la  plus  part  eftoyent  bourgeois  de  la  ville  :  &  ce  pour  auoir  adhéré  àla  pure  re- 
ligion. Ce  carnage  fut  diftnbué  en  trois  iours  :  dix  furent  décapitez  le  lundy  x  x  1 1 1 1 .  Cinquante 
de  lanuier:  vingr,  le  mardy:&  autres  vingt  le  iour  fuyuant:&:  lesfept  fublècutiuemcnt:  fcff  ,f  lU* 
auec  cftonnement  &  lamentation  du  poure  peuple ,  &  refte  des  autres  bourgeois  d'i- 
celle  ville. 


IEAN  SORRET,^ Pays  et  Artois. 


LES  aducrfaîres  ont  beau  difsimuler  Se  couuriren  ces  temps  tempeflueux  leur  haine  contre  la  vraye  Religion,ils  font 
redarguez.  &  démentis  par  ics  aftes  3c  procédures  qu'ils  tiennent  au  raitt  de  l'Inquifition  dernière. 


V  milieu  du  déluge  de  ces  perfecutiôs  desbordees  és  Pays.bas,&  entre  tat  m.o 
"  de  fidèles,  dcfqucls  le  fang  a  efté  efpandu  commccau:&  dont  à  peine  pou-  cn 
uons-nous  auoir  les  noms  :  Dieu  a  faift  que  ce  ieune  compagnon, natif  du 
village  de  Cauron  prcs  Hefdin  au  pays  d'Artois,  ait  manifefté  par  fcs 
propres  elerit  s ,  la  procédure  contre  luy  tenue  par  les  aduerfaires.  Et  c'eft 
afin  de  monftrer  de  quelle  haine  ils  font  menez  con  tre  la  pure  Religiomcombicn  qu  - 
ores  par  tout  ils  facent  bouclier  de  punir  le  fai£t  de  rébellion  &c  l'édition  tant  feulemét. 
Sorret  auoit  demeuré  en  la  ville  de  Tournay  l'efpace  de  douze  ans,  quand  il  fut  confti- 
tué  pnfonnier ,  allant  fur  l'aagc  de  x  x  v  1 1 1 ,  à  x  x  i  x  ans.  Sa  conucrfation ,  tant  vers 
ceux  qu'il  auoit  ferui,  qu'autres  fous  lcfquels  il  auoit  trauaillé  de  fon  meftier ,  eftoit  en 
exempleàla  ieunefle:  tellement  que  la  feule  pourfuitte  de  ce  qu'il  femaintenoit  en 
vray  Chreftien,le  fit  mettre  prifonnier  à  Tournay,  vn  Samcdy  premier  iour  d'Octobre 
deceftan  M.D.LXix.Maisnous  entendrons  trop  mieux  par  l'extrait  de  fcs  efcrits,les 
rcfponfes  qu'il  fit  aux  demandes  des  iuges;  lèfquelles  il  cnuoy  a  à  ceux  de  la  religion  en 
ladite  ville  de  Tournay,commc  fenfuit: 

Frères  Ô£  fœurs,  afin  que  ne  foyez  ignorans  de  ma  prinfe ,  fçachez  que  le  Procu- 


LXIX. 
en  Odob. 


Linre  y  III.  IeanSorret. 

»»  rour  de  la  ville  eftant  venu  en  m5  logis  le  premier  d'O&obrcr  5  69.  furies  neuf  heures 
»»  du  foir,me  fit  mener  par  fes  officicrs(ie  me  fuflè  bien  defrobé  d'cux_,fi  bon  m'euft  fem- 
»>  blé)en  la  prifon  qu'on  appelle  Tannerie.  Le  lundy  fuyuant  fur  le  midy,  eftant  interro- 
*>  gué  par  NWs«curs,premieremcnc  démon  nom,&:  de  quel  lieu  ieftoyenatif:  Icleurdis 
»>  qu'on  in  appeioit  IeanSorret  ,&:  que  i'eftoye  natif  du  village  de  Cauron  près  Hefdin. 
»>  <gp.  Si  ie  ne  fouloye  point  aller  à  la  Meffe,ô£  fi  maintenatien  en  tenoye  rien:  (fc.Non. 
>»  <5p.  Combien  croyez-vous  de  Sacremcns.  (X.  Deux, aurant  que  Chrift  en  a  ordon- 
»»  né,lefquels  font  vne  vraye  marque  de l'Eglife:  aflfauoir  le  Baptcfmc&:  lafain&e  Ccne. 
»»  c2?-  Si  le  mariage  n'eftoie  point  Sacrement.  (*.  Non, combien  que  ccfoit  vne  chofe 
lateroga-  fâïn£te  &:  ordonnée  de  Dieu.  «^p.  Si  i'auoyeendo&riné  plufieurs  en  ma  religion  ,  &:lî 
t0u"'     ie  n'en  auoyc  point  autresfois  parle  à  mon  maiftre,  Antoine  du  B.  (X.  Non ,  &c  que 
quand  à  mon  maiftre,  ic  n'auoyc  point  encore  de  familiarité  auec  luy  :  d'autanequ'il 
n'yauoitgucrcsdetempsqueiem'eftoyemisenfonlogis.         Oùie  me.tcnoyeau- 
parauant.  (X.  En  la  paroiiîcS.Pierre.,enlamaifon  d'vn  nommé  Laurent.  Auec 
quelles  gens  ieconuerfoye  ordinairement.  (X.  Auec  ceux  dcmacognoiflance/elon 
9    que  l'occaûon  feprefentoit.  <£P.  Siienelcurparloye  pas  de  ma  religion.  (X.  Non. 
Ou  i  auoyc aprins  ceftedodrinc.  (X.  Au  prefchc,  durant  le  temps  de  la  liberté: 
Lcmartyre  combien  qu'au  parauant  i'en  auoye  bien  quelque  fentiment.  <g>.  Qui  m  auoit  enfei- 
•ftcTdcff"  gné  icelle  premièrement.  (X.  Vn  nomme  HugueDeftaillierj&IcanPicqucque  vous 
efcntfol.1"  auczfaid  mourir  par  le  feu.  Sionncfaifoitpoint  d'arTemblecenlavillc&fiic 

«jj.l4u.ru.  n'auoyc  pas  de  couftume  d'y  aller.  (X.  Non.       Toutefois  nous  fômes  bien  cerrains 
"  qu'il  s'en  fai£t.  çt.  le  n'y  ay  point  efté  depuis  la  liberté  ,combié  que  ft  on  en  euftfaift, 
M  i'y  eulTe  efté  pluftoft  qu'à  la  Méfie  :  voire  mcfme  de  nuid,  fi  le  temps  l'euft  ainfi  requis. 
"        Pourquoy  ien'alloye  point  au  fermon  en  l'eglife  Romaine,  iji.  D'autant  que  l'E- 
'»  uangilen'y  eft  point  purcmétannôcé:mais  bien  les  traditiôs  des  hommes.  <gp.  Com- 
»»  menteela?  rçt.  Ic  vous  diray  pour  exemple:  Au  lîcu  de  trauaillcrfixiours  la  îcpmainc, 
.*»  ils  commander  tant reftesjcommc fi  l'oifiueté  eftoit  plaifante  à  Dieu.& qui  plus  cft,ils 
»>  commandent  d'adorer  les  idoles,contre l'exprès  commandement  de  Dieu.  Ils  me  di- 
•>  rent  lors  qu'ils  ne  les  adoroyent  pas,mais  s'en  feruoyent  comme  de  rcmébrance:&  qu - 
»>  aurcftclcn'cntcndoyepointrEfcriturc.  Surquoyon  me  dit  qu'il  fcroitbô  que iepar- 
»»  lafle  à  quelque  hommcdcbien,afin  de  me  remettreau  droit  chemin.  On  me  deman- 
»»  da  aufsi  fi  ic  vouloye  ouir  quelque  Cordelicr,ou  bic  le  Cure  de  ma  parroiefle.  çt.  Non: 
»>  carie  fuis  biéa/ïeuré  de  môfalut.        Penfcz-vous  qu'ils  vous  voudroyétfeduire,  ou 
que  nous  voudrions  vous  faire  damner  à  noftreefcientî  fy.  le  ne  le  dis  pas,Mcfsicurs: 
car  peut  eftre  que  vous  le  faites  par  ignorance.  Surquoy  ils  feprindrét  à  rire,en  fe  moc- 
quant  de  moy,  &  mappelant  glorieux.  Voila,mes  frères,  les  premières  demandes.  Ic 
fus  encore  interrogué  le  foir  ;  mais  outre  ce  que  i'ay  en  partie  oublié ,  ie  n  ay  pas  de  pa- 
pier^ ne  le  fauroyc  à  qui  bailler, encore  que  iercuflccfcrit. 

Le  troificme  iour  dudit  mois  d'Odrobrc ,  ie  fus  derechef  interrogué  :  mais  d'autant 
que  i'eftoye  fort  troublé,  à  caufe  qu'ils  parloyent  deux  ou  trois  à  la  fois ,  i'ay  oublié  vno 
grande  partie  des  propos  qui  furet  tenus  pour  lors .  tou  tesfois  ie  vous  en  eferiray  quel- 
ques vns.  En  premier  lieu  monficur  le  procureur  me  demanda,  Si  ie  vouloye  perfeue- 
rer  en  mô  herefic.  çt.  Que  n'eftoye  point  hérétique  t  ains  defendoye  la  vérité  de  Dieu. 
DuMagU  gpm  SiienetcnoyerienduMagiftrar.  Çi.  Ic  di  que  fi:&:  fur  cela  ils  difoyent  entre  eux, 
quciefouftenoyclareligiôdcCaluin.  D.  Si  i'eftoye  receu  en  l'Eglife.  fy..  Ouy.  D.  Où 
a  efté  toufiours  cachée  cefte  Eglifc?cardeuat  Luther  &  Caluin  on  n'en  parloir  rien  du 
tout.  fy.  Elle  a  toufiours  efté:d'anrât  que  quad  il  n'y  en  auroit  quedeux  ou  trois  afiem- 
blez  au  nom  de  Iefus  Chrift ,  là  eft  fon  Eglife.  D.  Noftrc  eglife  n'cft-elle  pas  de  Dieu? 
y.  Non,d-'autant  qu'il  y  a  trop  d'idoles.  D.  Eft-cc  cela  qui  vous  empefchc  d'y  aller?  Ce 
font  les  liures  des  ignorans.  rçt.  Ic  ne  fuis  point  de  ces  ignorans-la  .•  carie  fçay  qu'il  fâuc 
efleuer  les  yeux  au  ciel,d'aurâr  que  Dieu  y  eft.  D.  Chrift  n'eft-il  pas  partout?  ijt.  Ouy 
quant  à  fa  diuinitc.  D.  Comment  cft-ce  donc  qu'il  eft  entré  en  la  chabreoù  eftoyent 
fes  difciples,attendu  que  les  portes  eftoyent  fermées  ?  le  leur  demanday  s'ils  eftimoyct 
que  Iefus  Chrift  quant  à  fon  corps,eftoit  par  tout  :  Ils  me  dirent  qu'ouy ,  d'autant  qu'il 
Aft4.ii.  cft  giorieuX:Mais  ie  dis  qu'il  eftoit  fculemen  t  au  ciel:  Car  il  faur,côme  parle  l'Efcriturc, 
qu'iceluy  le  contienne  iufques  à  Ta  confommatio  du  monde.  Ils  me  dirent  encore*  que 
i'eftoye  vn  orgueilleux.  D.  Eftcs-vous  point  le  Miniftrc,ou  bien  Diacre?  çt.  Non.co 

que  i« 


leanSorret.  707 

que  ic  dis  en  foufriantreat  i'eftime  qu'ils  me  demâdoycnt  cela  pour  fe  moquer  de  moy, 

d'autant  que  mes  refpon Tes  eftoyent  fort  (impies.  D.  Siievoulois  ouyr  vn  homme 

de  bien  &c  fauant.  (*.  Pefcouteroye  volontiers  vn  homme  de  bien  &:  (àuant:mais  non 

pas  tels  que  me  voulez  enuoyer.  Lors  le  procureur  me  tirant  à  part, me  dit  qu'il  mefal- 

loit  prier  Dieu,à  fin  qu'il  me  remift  au  droit  chemin  (X.  le  le  pric&  Je prieray,Môlîeur: 

car  ie  ne  demande  que  de  demeurer  en  la  droite  voyc.  Sur  quoy  on  me  fit  emmener  en 

vne  prifon  obfcure ,  qu'on  appelle  Pippegnie.  ^  le  fuis  marri  que  ie  n'ay  eu  le  moyen 

devousefcrirepluftoft.car  ien'euifepastât  oublié  dechofcs.toutesfois  vous  reccurez 

ce  que  vous  cnuoye,de  bonne  part  :  vous  priant  eftrc  fupporté  en  mes  (impies  rcfpon- 

fês.  le  vous  prie  aufsi  de  ne  monftrer  mes  interrogatoires  à  home  qui  loit ,  finon  après 

ma  mort  :  car  outre  ce  qu'elles  font  eferites  àgrand'hafte,il  y  a  celadauatage,quc  fi  on 

fauoit qu'aucuns m'euflent  baillé afsiftence,pour  vous Jes faire tenir,ils en  feroyent en  Defirfainft 

grand  danger,qui  me  tourneroit  à  grad  dueil,àcaufe  que  ie  les  cognoy  craignas  Dieu,  de  ne  mer- 

Au  refte,priez  le  Seigneur  qu'il  me  face  la  grâce  deperfeuerer  en  la  foy  de  Iefus  Chrift  epnerdf°£ 

iufqucsàlafin.  ger. 

^ A utre  lettre  de  Jean  Sonet  auxfreres  fidelesjcontenant  exhortation  a  vaquer 
fins  que  iamais  à  la  leiïure  des faincles  Efcritures. 

Treschers  frères  en  Chrift,  toutes  recommandations  faites,  ferez  aduertis  que 
combien  qu'auiourdhuy  monefpritaitefté  fort  troublé  par  les  interrogations  d'vn 
frere  gris  que  Mefsieurs  m'orçt  oppofé:  iefuis(graces  à  Dieu)bien  difpos^voire  d'efprit. 
Car  Dieu  par  fa  grâce  m'a  toufiouis  baillé  dequoy  refpondre  en  toute  (implicite  aux 
ennemis  de  la  Parolle.  Mais  cependant  ie  veux  bien  que  (àchiez,que  fi  iamais  il  fut 
tempsde prier  Dieu,  &delire  lafain&cEfcnture,  c'eft  maintenant.  Carilsfont  relle- 
ment  remplis  de  fin  elfes,  qu'il  faut  bien  élire  fur  fes  gardes  pour  cfchappcr  leurs  lacqs. 
I'ay  efté  interrogué  de  plufieurs  pefints  queie  vous  eferiroy'  volontiers  :  mais  d'autant 
quele  temps  me  dcfFaut,ie  toucheray  les  chofes  principales.  Premiercmct,apresauoir 
voulu  monftrer  de  degré  en  degré  qu'il  tenoit  lavraye  do£tnnc(  comme  vous  fauez  ^""dîn 
qvùis  fauent  fnre,)il  me  demanda  que  ie  tenoyedes  iepe  Sacremens:mais  en  telle  forte  Cordclier. 
qu'il  ne  fa  1  foie  autre  chofe  (Se  pareillement  Mefsieurs)  que  me  brocarder  fur  la  liberté 
des  Miniftres:  proférant  des  blafphcmes  exécrables  a  l'encontre  de  Dieu  ,Se  alléguant 
menfonge  fur  menfonge.  Sur  quoy  ie  refpondi,  quand  le  moyen  m'eftoit  baillé  de  re- 
fpôdre.  ^"Entre  autres,il  meditqueS.Pierreauoitelcritcn  (es  Epiftrcs,  Qu'il  prieroit 
pour  le  peuple  après  fon  trefpas.ee  que  ie  luy  niay  appertemet:  trop  biê,  Qu'il  pi  ieroit  y^^^ 
pour  eux  après  qu'il  feroit  departy  arrière  d'eux.  Il  me  répliqua  q  nos  docteurs  auoyét  ne  fcioucic 
tourné  fauiTeméc  ce  lieu:&  que  i'eftoyevn  pourchomc,de  croire  à  leurs  eferits.  (S.  le  J^egucr 
nerecognoy  point  de dodrine  d'homme, finon  entant  qu'elle côuient  à  celle  des  Pro- 
phètes Se  Apoftres.  ^11  me  dit  aufsi  de  mefme.mais  iladiouftoit  que  Ie(us  Chnft  n'a- 
uoit  pas  tout  dit  de  bouche  ce  qu'il  falloir  croire ,  ains  auoitenuoyé ,  mefme  après  les 
Apoftres, plufieurs  docteurs  pour  nous  enfeigner:voulant  donner  à  entendre  par  cela, 
qu'iceux  ont  fuppleé  au  défaut  de  Iefus  Chrilbqui  cft  vn  blafphcme  tour  ouuert.  Au  rc 
fte,ils  m'ont  fouuent  appelé  orgueilleux ,  d'autant  que  ie  me  difoyc  cftre  certain  Se  af- 
feuré  demafoy, voire  parl'EfpritdeDieu,qui  m'auoitainfi  enfeignc.Ils  m'alleguoyét, 
Que  Dieu  refifte  aux  orgueilleux  &  donc  grâce  aux  humbles:  eftimans  hûbles  ceux-la 
qui  confentet  facilementà  toutes  leurs  idolâtries  Se  fupcrftitions.  ÇApres  cela,  on  me 
demada  fi  ic  vouloye  efeouter  quclqueautre perfonnage.  le  les  remerciay  grandemét: 
Se  cufmes  plufieurs  autres  propos, mais  d'autant  qu'ils  ne  font  point  de  grande  édifica- 
tion i&C  queie  fuis  à  demi  troublé  des  blafphcmes  queie  leur  ay  ouy  prononcer,ie  ne 
vouseneferiray  point  dauantagepour  leprefent.  Dieu  fçait  combien  i'ay  pleuré  de  Se, 


rct  na- 

mef 


larmes,depuis  auoir  ouy  leurs  mefehas  propos.  Priez  le  Seigneur  auecmoy,à  fin  que  urédes  n 
ic  puilTe  perfeuerer  en  la  foy  de  Iefus  Chrift.  iufques  à  la  fin.  Quantàmoy,i'efpere  bien  ci^cf'£ 
toft  aller  à  Dieu:car  i'ay  délia  receu  en  moylcntécedemort.  Vous  fauez  quelle  eft  ma  Serfaire»; 
foy.ie  me  confie  que  le  Seigneur  me  fera  la  grâce  d'y  demeurer  ferme  à  iamais.  le  dis 
Adieu,mes  frères  Se  amis:ic  ne  fçay  fi  ce  fera  pour  la  dernière  fois:Dieu  le  fçait.  Le  i  x. 
d'O&obre  m.  d.  lxix. 

S  enfuyuent  autres  interrogations  du  vu  t.  tour  d'Octobre  m.d.lxix. 
c&  Il  faut  que  vous  côfefsicz  auec  qui  vous  auez  conuerfé  depuis  deux  ou  trois  ans 
^'  DDD. 


Luire  VIII.  IeanSorret. 

en-ça:  car  vous  n'aucz  point  cfté  fi  long  temps  en  la  vil  le,  que  n'ayez  eu  quelques  com- 
pagnons. (&.  Melsieurs,ienc  lefauroyedire.  <^'.  Oùalliez-vousdonqucspourme- 
ner  les  Dimanches  cependant  qu'on  chantoit  la  McJTe,&:auec  qui?  (£.  Icmepour- 
menoye  tout  fcul,  tantoft  en vn lieu , tantoit  en  vn  autre.  <gp.   Commcnt,tout  feul? 
nous  fommes  bien  aduertis  que  trois  ou  quatre  vous  venoyent  quciir  en  voftre logis, 
pour  aller  pourmcner&  deuifcr  de  voftre  doctrine,  rl.   Il  n'eft  point  ainfi,Melneurs. 
combien  que  j'en  foyc  bien  marry:car  fi  nous  euffions  faict  cela>i,cu(fe  plus  proufîté  en 
laparoledeDieu  queien'ay  faiâiufqucsàprefent.         Voulez- vous donques  touf- 
iours  demeurer  en  voftre  herefie?   (36.  le  nefouftien  nulle  hereiie:mais  ba  n  la  vérité. 
Z>.  Que  fauez-vous  fi  c'eft  la  vérité  ?  auez-vous parlé  à  Dieu?  p^.  Ôuy,Mefsieurs,cn 
deDicu'  ^aParo^e'         Et  où  eftcefte  parole?  gt.  Elle  eft  contenue  au  vieil  éc  nouu  eau  Tc- 
lC  "    ftament  <$f.  Ne  croyez-vous  point  qu'il  y  ait  autre  parole  de  Dieu  ,  que  celle  qui  eft 
contenue  aux  liures  ftifdits?  ijt  Non,pouraireurcrmonfalut.  Obferuczvou: 
leDimanche?  rçt.  Ouy.         Et  toutcsrbis  il  ne  vous  eft  pas  commandé  en  la  paroi- 
le  de  Dieu  de  le  garder,  ç>.  Il  nous  eft  commandéde  garder  leSabbat.  Ouy, 
ob'c&'on  ma's  le^bbat  venoit  par  vn  Samedy  ;  il  faut  doncquclcs  hommes  ayent  ordonne  i  e 
du  îour  du  iour  du  Dimanche .  &:  toutesfois  vous  auez  dit  que  vous  ne  voulez  pas  obéir  aux  hom 
Samedj  au  mes.  j^.,  l'y  veux  bien  obéir  y  quand  leurs  commandemens  couiennent  aucc  la  pa; 
Dimanche.  ^  ju  sejgneur:mais  non  autrement.   D.    Il  ne  vous  faut  donc  pas  garder  le  Diman 
chc,mais  bicnle  Samcdy:attédu  quelaparole  du  Seigneurie  comandeainli.  îjt.  Me{- 
fieurs,ie  ne  fuis  point  alTcz  (auantpour  vousrefpondtedece  poinft    D.  lelecroy 
bien^dit  le  procurcuncar  voftre  docteur  Mcrmier  n'en  a  leu  luy-mefmc  refpondrc:  Au 
regard  de  quoy  il  faut  que  vous  efeoutiez  ceux  qui  vous  veulent  enfeigner  la  vente. 
Sorrct  s'ar- ^-  lefuis  content  de  les  efcoutcr,pourueu  qu'ils  m'enieignent  la  vérité.  D.  Sinon* 
rertanc  lur  vous  enuoyons  vn  Cordelicr  làuant ,  ou  vn  Auguft in ,  ou  bien  vnCurc,  le  voudriez - 
fondtmciuî  vousefeouter?  (£.Non:d'autant  qu'ils  neferoyenr  que  troubler  môcfprit, en  mettanc 
ne  iefoucic  en  auant  des  menfonges.    D.    Voulez-vous  doneques  du  e  qu'ils  n'annoncent  point 
durefte.    la  vérité?  comment  le  prouueriez-vous?        La  chofe  eft  toute  manifefte:  carie  fçay 
qu'ils  nannonceroyent  quelaiuftincationparlesoeuurcs  :  qui  fuJÏit pour môftrer  leur 
Bôncs  œu- men(onge&:  impudence.  D.  Ne  faut-il  pas  doncraire  boues  ceuures?  (£.  Ouybicn: 
ares.       mais  nô  pas  pour  nous  (auuer  par  icelles  :  car  encore  que  nous  euiîîôs  faid:  ce  qui  nous 
Luc  i7.ia   c^  commandé,nous  ferions  touficurs  feruitcurs  inutiles. c'eft  donc  degrace  quenous 
lommes  fauuez.  D.  Nous  fauons  bien  que  c'eft  degrace  :  mais  nous  voyons  bien  que 
Let  aducr-  c'cft }  vous  aimez  mieux  croire  à  ces  coureurs  de  Miniftres ,  qu'à  ceux  qui  demandent 
vcuLwipc-  voftrefalut.  ijt.  le  ne  croy  point  aux  hommes:mais  à  Dieu, qui  habite  en  moy  p.. .  fon 
cuJemcnt  fainét  Efprit.  D    Vousauczdoncl'EfpntdcDieu.  y..  Ouy ,  Monfieur.  car leiénscn 
ftrcsMim"  nioy-mefmc  qu'il  me  fortifîe,&:  me  confole  de  iour  en  iour:  principaicmét  depuis  que 
ie  luis  entre  vos  mains.  £>.  Ce  n'eft  point  l'Efprit  de  Dieu,  monamy,  maispluftoftdu 
Rtfponfe   diable.  Hi.  Et  cornent  feroit-ce  le  diable  ,  attendu  queie  fuis  pouffé  parceft  Efprit,  à 
pluiloft  obéira  Dieu  qu'aux  homes?  le  Diable  ne  prendpoint  plaifiraubicn.  Cepen- 
dant l'endure  volontiers  vos  iniures ,  d'autant  que  les  mcfmcs  chofes  ont  cfté  dites  à 
mo  Seigneur  Iefus  Chnft, lors  mcfme  qu'il  fâifoit  quelque  miracle.  D.  Eftes-vous  auf- 
fi  gtad  maiftre  quelelus  Chnft?  ijt.  Non,n6,Me/ficurs,ic  me  côtente  bien  d'eftre  f  vn 
de  l'es  pctis&:pouresferuiteurs,fuyuâtau  plus  près  queie  peux  lés  traces.  D.  Croyez- 
vous  que  lespetisenfansfoyent  fauuez  après  qu'ils  ont  receu  le  Baptefmc?   y.,  le  les 
laifte  en  la  main  de  Dicu:car  ce  n'eft  pas  à  moy  d'en  iuger .  Lors  ils  parlèrent  enfemble 
Latin, pour  monftrer  qu'il  falloir  qu'ils  creuiîcnt  pour  eftrcfauuez, d'autant  qu'il  cftoit 
*Quîcredi-  ainii  eicrit.  Çi.  Iefus  Chnft  ne  parle  point  là  *dcs  petis  enfans,mais  de  ceux  qui  font 
capables  delà  fby.  Sur  cela  il  me  dit  >  Voila, mon  amy,pource  que  vous  n'entendez  pas 
l'Efcriture ,  tantoft  vous  parlez  d'vn,  &  tantoft  d'autre:  Les  Anabaptiftes  font  plus  fa- 
ges  que  vous  en  celte  matière.  Voulez-vous  eftrc  plus  aduilé  que  les  S. Pères  ?  Vous 
voyez  que  vos  Docteurs  font  contraires  les  vnsauxautres.  En  Allemaigne,  il  y  a  plus 
Caluinifccs.  de  trente  fortes  de  Luthériens,  il  y  aura  tâtoft  en  France  autat  defortes  de  Caluiniftes. 
i^.  Mafoy  nelt  point  appuyée  ne  fondée  fur  les  homes,  mais  fur  vnfcul  Dieu.  D.  Ne 
faut-il  pas  prier  les  Sainds?  fy..  Non:attcndu  que  l'Efcriture  le  défend.  D.  Pourquoy 
rricres  de»  ^onc  eft-ce  que  vous  priez  en  cefte  vie  les  vns  pour  les  autres?  Les  Sain&s  quifonten 
Saîn6î.     Paradis  n'en  font-ils  pas  autat  dignes  que  ceux  qui  font  cncorecncemondc?  ^.  Puis 

que  ce- 


notable. 


derit,& 
Marc  16.1'j 


Luthériens 


Jean  Sonet.  poS 

que  cela  ne  fe  peut  prouuer  par  rEfcriture,il  ne  le  faut  pas  faire,attédu  mefme  quePier- 
re,Paul&lcs  Anges  fe  font  courroucez,  quand  on  leur  a  faid  l'honneur  qui  appartient 
à  vn  feul  Dieu.  D.  Iefus  Chrift  na-il  pas  memoirede  nous?R> .  Voulez-vous  mettre  les 
Sainds  du  rég  de  Iefus  Chrift  :  Encore  qu'iceluy  ait  mémoire  de  nous,  fcnfuit-il  que  ce 
foit  le  mefme  des  Sainds  ?  Ils  l'ont  tous  femblables  à  luy ,  &  pourtant  il  les  faut  in- 
uoquer.  Rt .  Il  eft  eferit  au  i  x.de  rEcclefiaftc,Quc  les  morts  ne  lauét  pas  ce  qui  fe  faid 
furla  terre. Surquoy  ils  me  dirent  qu'il  n'eftoit  pas  vray:&  me  voulurent  faire  venir  vn 
hommelauant  (comme  ils  difoyenc)  furcepoind.  fà.  Si  l'auoyevnc  Bible,  ie  le  vous 
monftreroyeprefentement:  quant  à  l'hommefanant  que  me  voulez  faire  ouyr,  ie  vous 
remercie  grandement,  <0>.  Il  vous  mettra  en  la  droite  voye.  Iecroy  que  i  y  fuis. 
<£P.  Auez-vous  ouy  quelque  prefche  depuis  que  les  foldats  font  en  cefte  ville.  (£.  No. 
bien  eft  vray  que  ie  fus  à  Anuers ,  aux  feftes  dé  Pafques,  pour  ouyr  la  prédication  qui  y  J5£ïï?1 
cltoitencorc.  Vollre  pere&:  mere,  vousont-ilsenfcigné  celle doclrine?  (38.  Nô, 
Mefsieurs5car  ils  lont  ignoras  de  la  vérité.  <$p.  C'ell  mcrucille,  que  li  vollre  Eglilc  eft 
de  Dieu ,  comment  elle  a  elle  ainfi  cachée,  &:  pareillement  vollre  doctrine  nouuclle. 
(38.  Ellea  elle  toujours  Eglifc: quant  à noftre doctrine, elle  n'ett  pas  nouuelle  ,  mais 
bien  la  vollre, entant  qu'ellccft  inuentec  des  hommes.  Sur  cela,ils  me  dirent  derechef 
que  le  Dimanche  auoit  elle  inuenté  par  les  hommes ,  &:  que  toutesfois  ie  l'oblèriioye. 
VjL.  Il  vous  Ibuuient  touliours  de  ce  poind,  d'autant  que  Dieu  nem'a  point  faid  lagra-  Simp!c& 
ce  d'y  pouuoir  rcfpondrc.Ic  fçay  bien  que  ce  n'dl  pas  vn  article  defoy:  &  pourtatic  ne  lAindc  u 
m'cntoui  mente  point  beaucoup.  Vous  deuezenfuyure  vos  anceltres.  ri.  le  le  s"or"tK  " 
feroye  fort  volontiers, s'ils  m'euilent  bien  en  feigne':  mais  d'autant  qu'il  n'elt  eferit  qu'il 
faille  enfuyure  les  peres,ni  cheminer  félon  leurs  ordonnances,  voila  pourquoy  ielesay 
laifTez,&:mefuisarreftéàla  vérité,  g?.  Necroyez- vous  point  que  Dieu  cil  realeméc 
au  facrement  de  l'autel  î  (38.  Iecroy  que  Dieu  elt  au  ciel.  <^p.  Mais  ne  croyez-vous 
point  que  le  corps  de  Iefus  Chrifl  cil  par  tout?  (36.  Il  efl  au  ciel  quant  au  corps:  &c  n'en 
bougera  iniques  à  la  rellauration  de  toute  choie  :  ôc  pourtant  il  ne  peut  élire  par  tout. 

Ouy:maisilcftmaintcnantglorifié,&efttout-puiirant.  le  ne  dis  pas  le  con- 
traire: mais  iem'arrefte  à  fa  volonté', félon  laquelle  il  veut  élire  allîs  à  la  dextre  de  Dieu, 
iniques  à  ce  qu'il  vienne  îuger  les  vifs  &c  les  morts.  f  Pour  latin  ils  me  dirent  que  i  e.  ^q'"!^ 
ftoyegrandement  abuié:&  le  Cure  me  tirant  à  part,  médit,  que  ie  priaiTediligemmét 
Dieu,  à  fin  qu'il  me  rem  ift  en  la  droite  voye.  Icfis  rcfponfe  que  ielc  prioyeinccifam- 
ment ,  à  fin  que  ie  ne  me  dcuoyalfe  du  droit  chemin ,  auquel  l'elloye  :  &:  qu'au  relie,  ie 
prioyeleSeigncurqu'illcsaddreflaft  audroi'61  chemin  de  fa  vérité,  pour  élire  alfcurez 
corne  moy.  $j"Voilj,mcsfrcrcs,en  bref  mes  interrogatiôs:PriezleSeigneur  pour  moy. 

Il  efiriuit  U  lettre  qui  s'enfuit ,  quelques  iours  auparauant  lejûpplice ,  laquelle  ejl pleine  de 
confort  contre  les  efpouuantemeas  de  la  mort ,  &  contre  tout  ce  que  les  ennemis pourroyent  ma- 
chiner &  faire. 

Très  chère  fecur,  ie  ne  vous  fauroye  allez  remercier  delà  grande  charité 
qn'auez  eue  enuers  moy  lors  queielloy"  preïent:  ievous  prie  bien  fort  maintenant 
qu'en  priant  pour  moy  ,  aucc  touslcsfrercs  &  feeurs  en  Chrift  /vous  y  continuyez:à 
fin  que  le  Seigneur  Iefus  Chrift  paracheuant  ce  qu'il  acneommencé,  meface  la  grâce  DcfirChrs- 
de  luy  offrir  mon  corps  en  facrifkc  auec  vraye  conftance&  hardiclfe,  mettant  la  chair  fticB* 
fous  les  pieds  pour  combatte  vn  bon  combat,&:  obtenir  finalement  vicloire&:  la  cou- 
ronne de  gloire.  Ma  fceur,felonquemon  clpritmetefmoigne^ien'efpere  plusd'eftre 
longtemps  au  monde:  mais  pluftoft  de  quitter  celle  loge  terreftre.  Et  pourtant  pre- 
nanteonge'  devous,ievousdy,Adieu:icmblablementà  tous  les  frères  en  gênerai  de 
Tournay  ,  L'ille,  Valenccnes&:  Anuers ,  iufquesàcequenous-nousvoyonsenlalc-  L'Adieu  de 
rulalem  celefte,où  nous  ferons  tous  allîs  au  banquet  de  l'Agneau ,  cllas  aduouez  &:  re-  Sorrct- 
cognuz  deuat  Dieu  &:  les  faincts  Anges.  Au  refte,ic  vous  prie  au  no  de  noftre  Seigneur 
Iefus  Chrift,  que  vous  viuieztoufiours  en  ce  monde  faindement  de  irreprehenlible- 
ment,n'abandonnant  pour  chofe  qui  foit  la  parole  de  vérité.  Ne  foyez  efpouuanteeà 
caufe  des  priions, ne  mefme  de  la  mort:car  noftre  Dieu  eftant  auec  nous,&:  foulageant  Confolatio 
noftre  foiblefle  parla  vertru  defonlaind  Efprit,nons  ferafentirparexperiéce  que  la  efpoLuan- 
croix  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift, pelante  &:  difficile  à  la  chair,  nous  fera  légère  &:  temensde 
facileà  porter.Car  iceluy  nous  donnant  à  cognoiftre  les  promelfcs,&  nous  faifant  l'en-  "  mon' 

DDD.ii. 


Liure  VIII*  IeanSorret. 

tir  en  nous-mefmes  les  ioyes  celcftes,  fera  que  nous  n'aurons  point  crainte  de  ceux  qui 
ne  peuuent  autre  chofe  que  tuer  les  corps .  Vous  lauezqueparmout  de  croix  &  affli- 
gions il  nous  faut  entrer  au  Royaume  des  cieux  :  &:  pour  y  paruenir,il  ne  nous  faut  pas 
cercher  autre  chemin  que  ecluy  par  lequel  noftrc  Seigneur  Iefus  Chrift  a  marché  le 
premicr:finon  que  nous  nous  vucilliôs  fouruoyer  à  noftrc  eicient.  Seroit-ceraifon  que 
lcMaiftrc  ait  beu  ramcrtume,&:  que  nous  cerchions  la  liqueur  douce ,  attendu  que  le 

ieamf.*o  Maiftre  eft  plus  grand  que  fes  ieruiteurs  î  S'ils  m'ont  pet  iecuté ,  dit  Iefus  Chrift ,  auffi 
vous  pcrfecuterôt-ils:maisayez bon  courage,car  vous  elles  bien-heureux  û  pour  mon 
nom  vous  eftes  perfecutc^d'autat  que  l'Efprit  degloire  repofe fur  vous.  Certes  la  ioye 
eft  il  grande  en  cecy/]uc  facilement  elle  nous  fait  oublier  tous  les  tourments  du  mon- 
de. Car  quelle  ioye  cftàcompaior  à  celle  qui  eft  éternelle?  de  laquelle  auflî  parle  Ilàic 

ga.fM  difant^Qu'odl  n'a  pas  vcu,n'aurcille  ouy,&  n'eft  monté  au  cœur  d'homme,  la  ioye  que 
Dieu  a  préparée  à  ceux  qui  l'aimer.  Parquoy  ie  prie  le  Seigneur  que  fînalemét  il  nous 
mette  en  pofTcflîon  d'ïcellc,  Amen.  La  paix  de  Dieu  foit  auec  vous  éternellement. Ce 
v  1 1  i.d'Octobre  m.  d.  lxix.    I.  S. 

Depuis  auoire frit  ceflelettre^d  demeura  en  prifon  iufqu'au.  treiz  ième  enfuyuant.Jê confiant 
en  la  parole  Je  Dieu  :  de  laquelle  il  recommandoit  fpecialcment  la  leclure  ejr  méditation  conti- 
nuelle. Et  à  cepropos,  pour  fa  confolationjlen  fit  quelques  vers  en forme  de  chanfon^au  vulgaire 
de fin  paysycommençantainfi: 


Si  a  cela  qui  mefltofladuenu  Helas.mon  Dieu  jamais  ie  naygoujlé 

ïeuffepenfé-.bien  mejutfouuenu  Surmoy fi  bien  ta  grâce  &  ta  bonté 

De  lire  l'Efcriture:  Comme  fay  à  ce/le  heure! 

Ettresbien  meujl armé ficelle  la  leclure.  Cejtdc  ton  S.E/prit  quifaici  en  moy  demeure. 

Mais,parejfeux,ie  nay  pas  faitt  deuoir-,  0  mon  vray  Dieu  /il me  conuient  mourir 

Comme  de  Dieu  c'ejî oit  bien  le  vouloir*  Pour  ton  faincl  Nom^veuille  moy  fe courir: 

Délire  l'Euangile:  Et  mes  péchez  efface: 

Dontjielas^maintenantie  me  trouue  fragile.  Et  fay  que  dans  me  cœur  toufiours fente  ta  grâce. 

gui  guerroyer fous  Iefus  Chritt  voulez,  allons,  allons,  o  mon  cœur^vaillamment 

le  vous  fupply  ne  (oyez  point foulez.  ce  combat, mejprifant  le  tourment 

De  ce/le  vray  pajlure:  Decejle  chair  mortelle: 

Car  ç'ejl  de  no  s  ejprtts  la  propre  nourriture.  Car  Dieu feul  en fera  la  vengeance  éternelle. 

Si  appelez,  vous  eftei  pour fouffrir  Seigneur  mon  Dieu,en  ta  garde  ie fuis 

Ne  crargnez  point  de  vos  corps  luy  offrir:  Guide  mes pas:çjr  ainf  me  conduits 

Car  par  ferme  ejperance  En  cefie  petne  amere' 

Nous fommes  tout  certains  de  vraye  recopenfe.  Et  reçois  mon  e (prit  par  Ils  s  s  nofhrc frère. 

Le  iour  de  deuant  fa  mort ,  Dieu  le  mit  à  l'efpreuue  :  &  fouftint  vn  afprc  combat  dc- 
Lepenultic  uant  fes  iuges  &c  le  Prcuoft  de  la  ville  .Ils  le  foliciterent  par  pludeurs  remonft  rances  de 
me  affaut  quitter  quelquepcu  de  (on  obftination  &:  roidcur(ainfi  appeloyent-ils  fa  conftance)  la- 
&  Efche1'*  quc^c  nc  W  apporteroit  aucun  allégement ,  mais  rcdoublcroit  le  dernier  fuppliceen 
uins contre  peine efpouuantable.  Sorret demeurant  ferme  refpôdit  à  toutes  leurs  raifons, Qu'il  te- 
Sorrct.      nojc  ja  confellion  de  foy  qu'il  auoit  dite  &c  redite  deuant  eux,fclon  la  mefure  du  don  de 
Dicu,fi  véritable  que  les  portes  d'enfer  mefme  ne  pourroyentrien  à  lcncon tic  d'elle. 
Rcfponfe.  Et  qu'au  refte  il  cfperoitque  le  bon  Seigneur  parferoie  par  fa  grâce  ce  qu'il  auoit  en- 
commenec.  Qu'il  aimoit  mieux  aller  àla  vie  permanente  par  vn  feu  matériel,  voire 
par  tous  les  tor mens  de  ce  monde.,quc  d'entrer  par  vn  cou  p  d'efpee  au  feu  eternel,prc- 
paréàceuxquidefguiferontou  renonceront  la  vraye  doctrine  du  Fils  de  Dieu. 

^  Quand  le  Preuoft  &  ceux  de  la  Loy  virent  qu'ils  negaignoyent  rien  fur  luy,efton- 
nez  de  fa  refponfe,lercnuoycrcnt  en  pnfon.Le  lendemain,  qui  eftoit  le  x  1 1 1.  iour  du 
?*™)kcà  mois  d'O&obredc  cefteanneeM.  d.  LXix,ilfutamenéau  parquet  dcuatlefditsSci- 
bat  contre  gneurs:&  là  fa  fentenceluy  fut  prononcée:  de  laquelle  le  fupplice  eftoit  d'eftre  brufle 
la  r^diT  vifiauccpluficurs  autres  claufcsaccouftumces,enlapublicatiod'icelle.  Le  mefme  iour 
S.'cu  U  auffi  ferme  que  parauant,il  rendit  fon  ame  à  Dieu,lc  bcnûTan  t  au  milieu  des  flammes. 

Du 


Des  Fidèles  mis  à  mort3&  majfacre^. 


709 


D  V grand  nombre  des fidèles feruiteurs  de  Iesvs  Christ,  qui  far  dtuers  torwents  ejr  ejj>e~ 
ces  de  mort ,  ont  en  ces  dernières  années  ifipandu  leur fang  four  maintenir  la  vraye 
Religion,  &  defquels  les  noms  &  acles  demeurent  enfeuelis  en  ouhly. 

E  grand  nombre  de  ceux  qui  ont  endure  la  mort  en  ces  dernières  années, 
pour  le  nom  del'Euangilc,  eft  tel, qu'à  grâd* peine  vnc  petite  portion  en  cft 
venue  à  noftrecognoùfance.  En  quoy  on  peut  à  bon  droit  s'efmerueiller 
d'vnc  nonchalance  (dont  i  en  ay  par-cy  deuant  ietté  les  plaintes  es  Préfa- 
ces de  ces  Liures,)  de  plufieurs  qui  deuoycnt  auoir  fait  diligence  6c  deuoir  de  noter  les  Compljin- 
memoires  de  ccuxqu'ils  ont  cognus.Car  qui  eft-ceauiourdhuy  d'être  les  hdeles>quine  ^J.Jj"0] 
voit  côme  de  toutes  parts  il  y  a  des  Tefmoins  de  la  vérité  autant  exccllcns  que  iamais,  recueillir 
qui  nous  font  niisdeuât  lesyeux.àcequclesayanscôme  pre<;urfeurs,fuimonti5stou-  lestoemoi- 

1     i.<e     1  1  •  o.  r  >  i  l  resJesMar 

tes  difncultez  pour  alaigrement  &:  courageulement  nous  préparer  a  pareils  combats,  t..r$< 
à  la  gloire  de  noftrefouuerain  chef  IefusChrift  ?  Quant  aux  tourments  qu'ils  endutét 
ionrnellemenr,quieft-ce  qui  les  a  ouy  plus  horribles  que  de  ce  temps  prefent?  Et  de 
frefche  mémoire  la  France  nous  en  fournift  de  merueilleux  exéples,  qui  méritent  vne 
hiftoire  à  part. Le  Pays-bas  en  eft  fi  fertilc,qu  il  nous  en  donne  maintenant  aufllgran- 
deprouui'ion  queiamais:&de  nagueres  tant  degensnotables.,bourgeois&:  marchas, 
damoitclles,fillcs&:compag-nôs,  onteftc  exécutez  du  dernier  fupplice,quc  le  nombre 
en  furmonte  le  contc.Entre  lcfquels  vn  aduoeat  6c  confcillier  des  Doyens  d'icelle  ville 
nommé  M.Pierre  Cottree  L,nc  doit  eftre  ou  blic-.car  après  auoir  enduré  les  tor  JJi^J' 
mentz  de  la  longue  prifon,il  a  efté  crueiement  bruflé  vifjalangucluy  eftant  percce.Sa 
mort  ,afai£t  vn  tel  fruid,qu  a  iamais  il  en  fera  mémoire  entre  les  fidèles  à  édification. 

E  t  qui  nourroit  lufhfarnment  expliquer  tant  de  maux&:  oppreftions  qu'endurent 
par  tout  les  fidèles, le  fang  defquels  regorge  de  toutes  partsrles  corps  morts  baillez  aux 
beftes  de  la  terre  &:  aux  oifeaux  du  ciel  i  Combien  d'hommes ,  femmes ,  filles ,  &  petis 
en  fans, qu'on  a  tramez  à  tant  de  fortes  de  morts  cruelles  ?  combien  de  Miniftres  6c  Pa- 
lpeurs fidèlement  annonçans  la  pure  parole  de  Dieu_,y  ont  laifle  la  vie  i  defquels  la  mé- 
moire demeurera  precieufedeuâtDieu,&  lain&c  àtoutefon  Eglife.  Le  pere  non  feu- 
lement y  a  trahhmais  aufîîtuéfon  propre  fils  :  les  voifins,apres  auoir  meurtri  leur  voi- 
fîn  ,luy  ont  tiré  le  cceur  du  ventre  ,  &c  l'ont  découpé,  5c  mangé:  ne  pouuans  autre- 
ment, aftouuir  leur  cruautés  furieplus  que  barbare  6c  brutale.  Bref,dececiilya  v- 
ne  fi  ample  matière  à  deduire,que  fi  ceux  quien  peuuent  auoir  recueilli  les  Mémoires,  j^"ra£"* 
s'employent  diligemment  à  en  donner  l'hiftoirc ,  on  aura  chofe  autant  vtile  pour  ceux  de  ces  J«- 
qui  viuent  maintenant,que  neceffaire  à  ceux  qui  viendront  après  nous:  afin  qu'au  mi-  uic" tCPs' 
lieu  de  fi  horribles  &iuftes  iugemcntsdeDieu ,  fa  mifericorde  admirables*:  infinie  e- 
ftant  toufiours  recognue  à  l'endroit  des  fiens,  l'Eglife  delEsvsCHRisT  ibit  de  plus 
en  plus  certifiée  de  fa  conferuation,  lors  que  tout  le  monde  fc  fera  bandé  &:  auracon- 
fpiré  fa  dcfolation&:  ruine. 


CoNCLVSION. 


0 1  l  A  les  chofes  que  i'ay  peu  recueillir  touchât  l'hiftoire  des  Tefmoins  qui 
{'jM  ontfeellé  parleur  fang  la  vérité  de  la  do&rinedel'Euangile  deuant  ceux, 
quien  les  condamnant  ôifaifant  exécuter  ont  non  feulement  faift  paroi- 
ftre  leur  iniuftice  6c  cruauté:mais aufsi  ont  maugré  eux  ferui  d'inftrumcns, 
par  lcfquels  Dieu  à  fai&  reluire  la  foy  &:  confiance  de  fes  fufdits  fidèles  feruiteurs. 

Or  comme  Satan  eft  abondant  en  toutes  fortes  decruautez,Ô<:inuentetousles  Noùuéaus 
iours  nouueaux  moyés  pour  empcfcher  le  cours  delà  parole  de  Dieu, il  eft  aducnu  que  m0yés  oP- 
plufieurs  fidèles  ont  efté  maiîacrez(ainfi  qu  ila  efté  dit  ci  dcfTus)au  milieu  des  troubles  Polcz  JJj, 
&  guerres,  fufcitecs  contre  la  vraye  Religion  en  plufieurs  endroits  de  l'Europe,&:  mcf-  Eu"„gue." 
mes  au  royaume  de  France.  Vrayeft,quc  les  moyens  defquels  lesaduerfaires  del'E- 
uangile  ont  vfé  en  ces  dernières  années ,  font  aucunement  différents  de  ceux  dont  ils 

DDD.  iii. 


conclusion. 

vfoyentau  commcncemcntrmaistant  y  a  qu'ils  prouiennent  cous  d'vncmcfmefour- 
Staemcf  ceJa^auoirc^e  Ia  haine  qu'ils porcentau  règne  de  noftre  Seigneur  Iefus  Chrift:  parla- 
meiburec.  quelle  ils  le  bandenc  li  furieufemencconcreluy.Cadonqucs  elle  vnc  merueillcuferu- 
fe  du  diablc,en  cequene  pouuanc  efteindre  ceftegrande  lumière  qui  apparolToit  en  la 
côltanec  desMarcy  rs  execucez  par  les  lenteccs  &  arefts  des  iuges,ila  taiché  de  l'obfcur 
clr,les  faifanc  meurcrir  par  la  fureur  de  la  guerre/ous  preeexee  de  fedicion  &c  rébellion, 
dont  ils  ont  efté\&  (ont  cncoresfaulTcment  acculez  .    Mais  ceux  à  qui  Dieu  a  donne 
vmSus  les  ^cs  ycux,pcuucntaflez  facilement  voir  que  c'elt  la  feule  dodrine  à  qui  on  s'attache  :&: 
apperçoy  -  qu'on  la  voudroic  eitcindre,fi  on  pouuoic ,  par  la  more  de  ceux  qui  en  font  profefsion. 
ucot.       k-fquclseftans  accablez  par  les  armes  du  peuple, méritent  bien  d'eftre  mis  au  nombre 
deccuxquipar  cy  deuantontioufïerr  lamort,parriniuftecondamnationdesiuges. 
Ec  derechef  iedy,&:  m'alîeure,  que  Dieu  ne  permettra  pas  que  leur  mémoire  fbitenle- 
Hiitoirc  rc  uelic,mais  pluftollfufcitera  quelques  vns,qui  puiffent  fidèlement  reprefenter  à  la  po- 
dernierr"  fteruélcs  cruaucez  barbares ,  &  leshorribles  tourments  par  oùles  Egîifes  reformées 
tempi.      ont  paiTé,&;  où  encores  elles  font  à  prelenc  détenues  en  plulieurs  lieux. 

C  ar  li  nousappclons  Martyrsceux-laquionc  elle  exécutez  vnàvn p.tr Iuttice_jt 
cpu)T*'    ainii  qu'on  rappellcQueiera-cede  cane  de  milliers  d'exccllés  perfonnages  qui  ont  c 
lté  marcynfez  comme  tout  en  vn  coup,  lors  qu'en  lieu  d'vn  Bourreau  il  y  enacuinfi- 
infînubour  nis  &  quelcs  glaiues  desfoldats&du  peuple  ont  elle  lalov,leiuc:e&:  l'exécuteur  des 

veaux  pour  n.  fi'  '  i,r  ir 

vn.         plus  effranges  cruaucez  qui  ayenc  ïamais cire  exercées  contre  1  Eglile  ? 

A  vparavant  on  faifoit  mourir  les  fidèles  fous  couleur  d'herefic  maintenant 
îcTcSïSJ  on  les  accable  lous  pretexcede  rébellion:  mais  tourainfi  uieles  ennemis  de  l'Euangile 
aulicud'hc  appdoyëtJferetiques  ceux  quicroyencenla  pure  parole  de  Dieu,ainii  maintenantes 
rcllc-        appellent  Rebelles  ceux-laqui  delirans  obéir  &:fcruir  à  Dieu  félon  les  cômandemens, 

font  toujours  prefts  de  rendre  à  leurs  Princes  la  fubiedlrion  6c  obeilfance  qu'ils  leur 

doyuenc. 

Rufesinuc-     Ce  n'eft  decefte  heure  que  les  fuppolt  deSacan  oncvlé  du  mafque  de  Rébellion^ 
terecs.      pour  defpnfer  la  venré  de  l'Euangile:Car  outre  ce  que  les  Hiitoires  anciennes  en  réci- 
tent,nous  auons  veu  de  nollre  temps  qu'on  a  exécute  plulicurs  fidèles  fous  couleur  d- 
auoirrai£t  contre  les  placars,cdits  6c  ordonnances  des  Princes. 

E-rmeimes  en  l'an  m.  d.  LX,iladuincen  France,  qu'après  que  par  vn  edift  donné 
L'Ediâ  de  ùRemoraunn,  François  fécond  lors  régnant  cuit  renuoyé  la  caufe  delà  Religion  par 
Rcmorun-  ^euât  leurs  luges  EcclefiaJliquesjLÙttam  aux  luges  Séculiers  la  cognoiiïance  des  fedirieux: 
(aiali  appeloit-onceux  qui  s'adembloyent  pour  prier  Dicujlelquels  fa  Maielte' vouloir 
eltre  pendus  <S£  eltranglcz:  Alors  M. Gilles  Magiftri,qui  eftoiten  ce  cemps-la  premier 
Le  but  !    confeillerau  parlement  de  Paris, ne  fe  peulr.  tenir  de       >J£uHs  pendroyent les  fidèles  co- 
perfcciïtiôï  me feditieux}& les  eflrangleroyent  commet  hérétiques  :  rîefcouurât  allez  par  cela  que  quel- 
déclaré  par  qUCS  prétextes &C  delgutfcmens  de  noms  qu'ils  cerchent,ils  n'ont  autre  buten  tou- 
Magiftri^  Ms  leurs  perfccucions  qu'ils  font ,  que  d'abolir  la  doctrine  de  l'Euangile:&:  arracher  du 
ciel, s'il  elloit  poflîble,  celuy  qui  elîant  monte  par  de/fus  tous  les  cieux,rcgnera  au  mi- 
lieu de  fes  ennemis, iufques  à  ce  qu'il  les  fera  eltre  le  marchepied  de  fes  pieds, puniiîanc 
de  fa  mite  Vengeance  les  cruaurezcommil'es  contre  les  liens.  Alors  les  mentonges  6C 
calomnies  donneront  lieu  à  la  vcritc,&:  la  pacienec  des  fidèles  Martyrs  fera  couronnée 
d'vnc  éternelle  gloire  6c  félicité. 


LES 


L6S    J^OMS     DES    %M  A  R  T  T  R  S , 

def quels, ou  l'hijîoire  eft  contenue  en  ces  huit  Liures>ou  la 
mémoire  en  es!  exprejfement  faites. 

Le  nombre  est  félon  les  Pages  contenues  en  ce  Liure_j. 


Dam  de  Mets, a  M etsy  14  2 

vjfaj^AdamVVaâacc.Ffioffois  iç2.b 
Adolphe  Clarebach,Alemand,à  Coulogne  70 
Adrien  Daup,  dtt  Douliancourt,Picard,à  Pa- 
ris. 523 
Adrien  de  Lopphen,Flamen  39$ 
Adrien  le  Peintre .a.  Anuers  7/ 3 

vn  Affetfeur  de  cuirs ,  en  Angleterre  437. b 
Agnes  F aufler,  Angloife  423 
Agnes  George,  Angloife  437^ 
Agnes  Snode, Angloife  42  3. b 

Albigeois  bru  (lez.  s 
Alexandre  C anus,  autrement  Laurent  de^j  la 
Croix  .Normand  7  S 

Alexandre^  Datken  ,de  Brefacs  Ic^afeau 
éoo.b 

A  1/feSp  enfer  .Angloife  424 
Ammon  424 
André  Griffera  Dammartin  336 
André  Huet.Anglois  77 
André Michel,aueugle.de  Tournay  5$4-b 
M.  Angel pafteur,Zelandois  4s  9 

t^4nnc  du  bourg.confeiller  au  parlement  de  Pa 

ris  $2s.b 
Anne  Albrigt,  Angloife  423.b 
Anne  A fkeuc,  Angloife^  164 
Anne  Audeberty  Angloife  17 9  b 

Anne  P  otten,Anglotfe_j  423  b 

Antoine  Burvvard,  Anglais  36  5  .b 

Antoine  Caron.de  Cambray  617 
Antoine  Laborié,de£hterct.à  Chambery  3S& 
Antoine  cJW  agne.d'Auuergne  26 9 
Anthoine  Pcrfm.Anglois  106 
Antoine  Vcrdrickt.Flamen  .  /// 
Archambaut  Seraphon.dcLamoleyre  en  Baza- 

dois  4// 
Armeric  Prince. François'  s 
Arnaud  Diertx,  Flam  en  460 
Arnaud  Monter. Gaf on  /34<b 
Asken,  Angloife  437 -b 

Auguftin  Barbier.  Hainuyer  17  7 -b 

Auguftin  Marlorat»  minijhe  de  U parolier  de 

Dieu  a  Rouan  éti 
Aimond de  la  Voye. Picard  9  9  a? 

B  , 

Barlet,ou  Barthelet  Grenc.Anglois  424b 
Barthelemi  Andouin.dit de Beffa.pres  de  Bri- 


3<* 

3*7 


$2 
4>7-b 
42.b 
449 
S98-b 


gnôles  i76.b 
BarthelemïGrene.Anglois 
Barthelemi  II  cttor,Poitewn  .  437. b 

B arthelcmi  de  Hoye,  Liégeois  ^7 
Baudichon  Oguier.de  ifjle  en  Flandre  42 j  .b 
Beghard  Aleman.a  Erphurd  y 
Benoit  Romien,D 'Auphmois  4J  9 

Bernard  Seguin, dc~>  la  Reole^j  en  Bazadots 

20Q.b 

Bertrand  Bataillefiafcon) 
Bertrand  le  Biis.T ournifien 
Bouffon  le  Neu.T ournifien 
C 

la  Catelle,maijhejfe  d'cfcole  a.  Paris 
Catherine  H  ut,  Angloife 
Catherine  S  aube,  Lorraine 
Charte  Coninck^Gantoù 
Charle  Eltnc,de  Honfcote 
Charte  Faure  ,dc-J  Blanz,ac  enAngoulmois 
226 

Chrefiten  de  guckere,Flamen  $S9-b 
Chrifophe  de  Arellamo,  a  Se  utile  s 4  4  b 
Chrijîophe  Lyjler .Anglais  4,37. b 

Chrifophe  cI<lj  Lofida ,  médecin ,  à  Seuillç^f 
S44 

Chrifophe  Smith, de  Bruges 
Claude  de  la  Caneftere,P  ariften 
Claude^  du  Flot,d  Artois 
Claude  Mcnier,d A uuergne 
Claude  le  Peintre,  Part  fie  n 
Claude  Thierry,  de  Chartres 
Conjlantin  ejr  fis  compagnons ,en  Normandie 
106 

Corbtrley,Anglois  437.b 
vn  Cordonnier  Anglots ,  a  Maffeld  437. b.  à 

Morthampton 
Corneille  Bungaye,Anglois 
Corneille  Ualcwyn,à  Anuers 
Corneille  Volcard, a  Bruges 
Cornelia,à  Seuille 
vn  Couflurier,à  Paris 
Ccuvbrig.Anglois 
Croter,Anglois 
Cutbert  Stmfon.Auglois 
D 

la  Dame  de  Chafeatt 
Damian  Witcocq^Uainuyer 
Daniel  Galland,  F l amen 


63s 
38* 

(>Ô4.b 

1S2 
97-b 
I79.b 


437-b 
31 S  b 

SI2.b 

ipi.b 
$42 
178 
S6 
437 -b 
472-b 

S 

306 
S69 


Dev/t  PelocjHW,dcBlois 
D  enis  de  Rtettx.de  Rieux 
Bénis  le  Vair, Normand 
vt>  Diacre  ^Anglois,  à  Exford 
Bim/lerman,  Andois 
BrtanderEnftnas  ,Ejpaignol 
Bu  Roujfeau 

Bu/lotte  Chettenden, Anglois 
E 

Eckhard,a  Ueidelberg, 
Edmond  Hurft,  Anglois 
Edmond  P  dus, Anglois 
Bdmonde  Hurft 
Ehfabct  Paper^ngloife 
Eiifabet  T  haettel,Angloife 
Enz,inas,  dit  Briander,Ejpagnol 
Eftienne  b ourlet \  T  ournifien 
Eftienne  Brun,Bauphinois 
Efttennes  des  la  Forgea-,  T ournifien 


Noms  &  Surnoms  des  Martyrs. 

23p. b    Gaultcri,bruftéa*Aixen  Irouence       17 6.1 
70    Geoffroy  Varagle,Piedmontois  \^C6 
3P3    Geoffroy  Gtterin,Normand>aP'aris  4gS 
S  9  George  ^4mbroife,a  Londres  437. h 

361    George  Baynam,a  Londres 
J+S  .b    George  Bing,en  la  tour  des  Lolards        36 $.b 
4$i.b    Georges  Bradbridg,en  Newgat,  à  Londres 
437>b  36$.b 

Georges  Carp entier,  d'Emering,  a  Munkett 
6 9 

George  librairt,bruflêà  Vienne  en  -Auftriches 

67 

George  Marché,  Anglois,  a  VVeftceftre  317  M 
George  Catner,  en  Nevvgat  à  Londres  36^  .b 
George  mimjlre  de  Hall,  occi près  Afchembourg 


S 

437-b 

43-jb 
442 

437. y 

A37& 
ijS.b 

$2.b 

94.b 


Efttennes  Grauot,des  Gyan  fur  Loire ,  à  Lyon 
263.A 

Eftienne  Harvvod,  Anglois  36 4. b 

Eftienne  Knygt-,  Anglois  3is-b 
Eftienne  Mangin,à  Meaux  16 1 

Eftienne  Peloqutn,de  Blois  17 S 

Eftienne  Pouillot, Normand  17  0 .b 

Efttennes  le  Roy,de  Cheauffours  en  Beaujfes 
27  4. b 

F 

Fanino  Italien  17 9^ 

*une  Femme  aueuglc,Angloifc  417 -b 

la  Femme  de  Michel,  Anglotfe  42 3. b 

la  Femme  de  P olkins,  Anglotfe  4}7>b 
Ferdinand des  Sainft-iuan,  a  Seuilles  S4*-b 
Florent  V enot ,  de  Courginot  près  Sedanesen 

Brie  179 
Florentin  de  Coulogne  S7  $ 

Fortuné,  Anglois^  437 -b 

FrancifcadeChaues,àSeuille  .  544 

François  Brtbard  114 
François  du  Calu  et  âip.b 
François  le  Clerc,a  Meaux  iGo.b 
'François  Gamba,  Lombard  2pi.b 
François  Matthys,  de  Malines  38s 
François  Niz.e,de  Lembourg  7  03 

François  Rcbezies ,  sT^Aftaforten  Condonnois 

475>b 

François  des  Sant  Romain^  EJpagnol,en  An- 
uers  J3{b 
François  Varlut,T ournifien  600. b 

Frideric  Banuill<Sides  C  1er  on  en  Bearnfa, 
Paris  4$j.b 
G 

Gabriel Beraudin,  de  Lodunjbruftcà  Çhambe- 
ry  jSi 
GaftarTamber,  brufté  à  Vienne  en*Auftriche 
■  *7 


é2 

George  Egle,  Anglois  ^t.b 
G  eorge  Rop  er,  Anglois  37f.b 
George  Searles^  Anglois  437. b 

George  Tardif, a  Sens  en  Bourgongne  +$i.b 
George  Tankerfcld,  Anglois  362  .h 

Gilles  le  Court  ,de  Lyon  $2 j.b 

Gilles  Til/cman, Bruxellois  io2.h 
Gilles  Vcrdrickt,  F lamen  jap.b 
Gillot  Viuier,de  Saincl faune  184  .b 

Cuber  de  Battembourg,à  Bruxelles  7oi.b 
Godcfroy  de  H  amelles  ,dc  N  iuelles,aTûur»ay 
iSâ 

Grégoire  Painter^n^is 
Guy  de  Bres,de  Mons  en  Hatnau 
Guillaume  Aheral,miniftre  Anglois 
Guillaume  d'*Alençon,de  Mont-auban 
Guillaume  Alyn,r^Anglois 
Guillaume  André ,  Anglois 
Guillaume  Baume  for d, ^Anglois 
Guillaume  Butler,  Anglois 
Guillaume  Cocker,  Anglois 
Guillaume  Cornu,de  Haynaut 
Guillaume  Bigel,*Anglois 
Guillaume  de  Dongnon,Lymoftn 
Guillaume  F ofter, Anglois 
Guillaume  Frekin,de  Lembourg 
Guillaume  Gardiner,en  Portugal 
Guillaume  H ar le s ,-Anglois 
Guillaume  H 'opper, -Anglois  euefque 
Guillaume  Hunter,  Anglois 
Guillaume  Huffon,  François 
Guillaume  Leache, Anglois 
Guillaume  H  ierome, -Anglois 
Guillaume  Holivvel,<Anglois 
Guillaume  Michaut,a  Langres 
Guillaume  N eel,de  Normandie 
Guillaume  Sautree,preftre  Anglais 
Guillaume  Stere,*Anglois 
Guillaume  T aylour,  Anglois 
Guillaume  Touart,de  Lifte 
Guillaume  Thorp,preftre  Anglois 


jrjs-b 
673 
4376 

277 

3<>s-y 

3<SS* 
362  b 
32p 
36 '2, .b 
62s 
3i7 
H9 
437  ^ 
703 
'94 
36 4 -b 
362b 
317 
13* 
437-b 
p6.b 
437-b 
171 
269 
6 

362M 

4* 

yo4.b 
6 

Guillaume 


Noms  &  Surnoms  des  Martyrs 

Guillaume  T hrace,home d'armes  Anglois 72b 
Guillaume  Tyndal  Anglois, a  Viluord  8j.b 
Guillaume  T ymmes,mimflre  Anglois  437  b 
Guillaume  VVhyte  ou,le  Blanc  48. b 

Guillaume  VViffeman,  Anglois  3  7  s.b 

Gujraud  Tauran,de  Jguercy  338 
H 

Honon  le  Feure.de  Saintf-fauue près  T ournay 
/84b 

Heftor  Remiyde  Bouuigny  en  Artois 
Hemond  Picard,  bru  (lé à  Paris 


jod.a 

SS 

Henry  Adlington,  Anglois  437 -b 

II  enry  Butinot,a  M  eaux  j6o.b 
M.Hcnry,Flamcn,a  'T ournay  70 
Henry  le  Couturier -,a  A nuer s  s12 
Henry  Grunfilder,<^flcman  47  Jb 

Henry  Laurence,  Anglois  36 2. b 

Henry  Poille,de  Biie  S 2 

Henry  Pond,  Anglois  47 2. b 

Henry  Radtgeber,  Aleman  47 -b 

Henry  Sufphen.de  Dietmar  Ci.b 
Henry  Foi: z,,à  Bruxelles  jS.b 
Henry  VVte>  Anglois  437  .b 

H  enry  c  Adlington  40.2 
H  enrye  VV te gaufres  de  Stratfort  44* 
Herman  Ianffen,lî  olundois  $12. b 

Hier  orne  Cafabone,Biernois  440.b 
Hieromede  Prague  ,B  oh  emienfa  Confiance 
36.  a 

Hierome  SauanaroLt,  Italien 
Hirtpoole,  Anglois 
Hiftotre  de  l'an  des  Placars  de  Paris 
Hijloire  des  Perfecutions  de  Paris 
Hifioire  de  le  an  Zifca,  Bohémien 
Hijloired'vn  homme  demejtier,bruflé  en  <vn 
tonneau  en  Angleterre  auec  vne  confiance 
admirable,?  an  1 310  s.b 
Hubert  Burre, de  Bourgongne  178.0, 
Hubert  l Imprimeur,  à  B ruges  ipi.b 
Hugue  DeJlailleur,TourniJien  633 
Hugue  Foxe,chaujfetter  ^72^ 
Hugue  G  ramer, du  CM  aine,  a  Bourg  en  Brejfe 
239.* 

Hugue  Latimer,euefque  Anglois 
Hugue  Lauerok,  Anglois 
Hunfioy  Midelton  ,en  Angleterre 
Hunter  Buruovvood 
I 

James  G  crie,  Anglois 
laques  Abs,  Anglois 
laques  Bouchebec,a  CM  eaux 
laques  Boulereau,à  Langres 
laques  Bretenayji  Langres 
Jaques  ChobardyLorrain 
laques,  compagnon  de  Philippe  Cene3a  Dijon 
454 

M.  laques  DienJfard,Flamen  5S9'^ 


SS.o 
437 -b 

79 
474 

<\2.A 


382.4 

437 -b 
358. b 
3i6.b 

37S.b 
0,2 4.  a 
i6o.b 
171 
J7\.b 
iji.b 


laques  le  Feure,de  Santt-fàuue  près  T  ournay 
iS^.b 

laques  Liefe,  Anglois  36 j .k 

laques  de  Lo,de  t ijle  en  Flandre  s6 3 

laques  M  or  ton,  Anglois  jo.b 

laques  Pauane s, Boulenois  ét.b 

laques  Tuttye, Anglois  36 s.b 

le  an  Adlam,  Anglois  16 p 

le  an  A  Icok,  Anglois  317  .b 

le  an  Almaric,de  Prouence  49  ob 

le  an  Ajlon,  Anglois  s.  a 

lean  Barbeuille, Normand  514b 

leanBaudouinfaMeaux  léo.b 

lean  Beffroy,a  Paris  S*4'b 

lean  B  ertrand,  Vendofmois  43* -b 
lean  Beuerlau,minifirede  la  Parole,  Anglois 
J4.b 

lean  Bland,  Anglois  3s t 

lean  de  Bofiheres,de  Bruxelles  s&8.o 

lean  Briffèbarre,a  M  eaux  îôo.b 

lean  Bradfort,minifire  Anglois  3^  b 

lean  du  Bordel ,en  l' Ameruque  460. b 
lean  Brovvn, gentil-homme  Anglois  14}) 

lean  Brugiere,  Auuergnois  171b 

lean  Buron,du  bas  Poiclou  456. b 
lean  des  BuiJfons,à  Anuers  en  Brabant  s*9.b 

lean  de  Bucz,,Flamen  lyo.a 

lean  Caillou, de  T ours  en  Tour.  4  8i.b 

lean  Canel,  Anglois  437 -b 

lean  de  Carcquignan ,  a  Pignerol  S7 3& 

lean  Cardmakcr,  Anglois  321 

lean  Carels,  Anglois  4.37, h 

lean  Cafiellan,  Tourntjien  62 

lean  Catel,Flamen  ijo 

lean  du  Champyde  Bauay  4Po.b 

le  anClarcke,  Anglois  437 -b 

lean  Claydon  Anglois  ij.b 

lean  Clement,bofquillon, Anglois  4$7-b 

lean  Cornon,de  Brejfe  en  Sauoye  8/ 

lean  de  C  attirée,  de  Limons  73b 

lean  de  Gaz,es,Gafcon  434-b 

lean  de  Crues,  F  lame  n  $62.b 

lean  Dauus,  k^A nglois  472  b 

IeanDenys,  de  CÏfle  en  Flandre  S7* 

lean  Denleye,  Anglois  361 

lean  Denny, en  Angleterre  437 d? 

lean  F)  e frêne  aux 3  F  lame  n  664.0. 

lean  Deuenyfch,  Anglois  47*>b 

IeanDiaz>e,Efiagnol  isi.b 

lean  Dorefal,  Anglois  437 -b 

lean  Draendorf,de  Mifne  47  Jb 
lean  du  Bec, de  s  Ejfars ,  près  Sedan  en  Brie 
114b 

lean  du  B  ourg,marchant  à  Paris  82 

lean  Erdley,  Anglois  3X  p 
lean  Filleul,}  Saincl  Pierre  le  Mottftier  en  Ni 

uermis  28p.lt 


Lean  FlefiheJ  tàeaux 
Iean  F  lond, -Anglois 
Iean  Forman-.  Anglois 
lean  Frank  s,  Anglois 
Jean  Frytq, ^Anglois 
Jean  G  ode  au  Je  C  binon  en  Tour  aine 
Iean-Gonzalue,à.  Seuiile 
Jean  de  Gratte, Flamen 
Jean  le  Grain  J '.Artois 
Jean  Guyne,  Anglois 
Jean  le  Grand \d'  Arm entière 
'Iran  H  amon,  Anglois 
Jean  H  art. k^A nglois 
Jean  Harrifon,  A  nglois 
Jean  Ilernandesfa  Valdolit 
Jean  Hervvin,  Flamen, 
Jean  Hefh^x  Bruxelles 
Jean  Iloillyardc,miniJlre  Anglois 
Jean  Noopcr,eiiefque  Anglois 
Jean  H  orne  ■>  Anglois 
Iean  Huilier, pafteur  Anglois 
Jean  Hus, Bohémien 
Iean  Loery,  Albigeois 
Le  Seruitettr  de  Iean  Ioery\ 
Iean  lfabeau.de  Bar  fus  Aube 
Jean  Iudet,a  Paris 
Iean  Keifer, 

Jean  de  Lanoy,  à  T ournay 
Iean  LacelstAnglois 
Iean  Lander,  Anglois 
Iean  l' Anglois -.Bourguignon 
Iean  Laurent^  Anglois 
Iean  le  Clerc-.de  Meaux  en  Brie 
lean  Lavvmas, ^Anglois 
Iean  de  Leon->à  Seuiile 
Iean  Liefe-,  A  nglois 
Iean  Louys  Pafcal-.Picdmontoù 
Iean  de  Mxdocje  Languedoc 
Iean  Malo,  ILainuyer 
Iean  M arbek.  ^Anglois 
Iean  MarlarJ'Orchies près  de  Douay 
Iean  Maf'-.<^Anglois 
Iean  Mathefon,à  Meaux 
lean  Mord  Je  Caux  en  Normandie 
Iean  Mutonis-,Prouencal 
Iean  Nicolfon,dit  Lambert  ■»  Anglois 
Iean  Nevvmans^sf nglois 
Iean  Oldcaftel.feigncur  de  Cobham,Anglois 

Iean  ofewarde-,isf  nglois 
IcanPeintre,<^Anglois 
Iean  Pbilpotjocicur  ^Anglois 
Iean  Pic->Tourmficn 
lean  Piquer  y, a  féaux 
Iean  Powtet-.de  Sauoye 
lean  Porceau,FLainuyer 
lean  Porteur ^Anglois 


ISÎoms  &  Surnoms  des  Martyrs 

iôo.b 


437* 
3SS 
74 
SSi 

660 
702 
437-b 
704 
437* 
437 ^ 
47i.b 
S43-b 
Sôr.b 
jS.b 
437 
zçp.b 
437. b 
420 

i,a 

S36 
>3é.b 
S6% 
S77-0 
16g 
361 
VI 
3*S 
61 
423  b 
S43.b 

34 
S4S.A 
627.0. 
277 
106 
P7.b 

437^ 
iôo.b 
4PQ.b 
é2ô.b 
Sp.b 
364.t> 


437* 

J02.b 

59S  A 
633** 
jôo.b 
7S.b 
lot.b 

I02.b 


Iean  Puruey^n^ 
Iean  Rabecje  Normandie 
Iean  Roger  s -.^A nglois 
Iean  Ros,en  ^Angleterre 
Iean  Rothcyt^A nglois 
Iean  S la de ,U 'nglois 
Iean  Sorret,  d'Artois 
Iean  Sp enfer ^nglois 
Iean  Symfon -.^Anglois 
Iean  T affignm,a  Langres 


4oS.b 
I93.b 
424.x 
437.b 
47  2. h 
706 
437-b 

32Ç.O. 

171.0. 


b    Iean  T rigaletje  Laguedocfa  Chambery  358. > 


Iean  T ufcaen^Flamen  666.b 

lean  Tujlon ,  Anglois  42 3. a 

Iean  van  AkenjAix  70$ 

IeanVernouyPoiteuin  349.x 

Iean  Fpri/è,au eugle  ~A nglois  437. h 

1  e an  VVade ^nglois  3éj.x 

Iea  n  VVaren-,  -Anglois  32 1 .4 

le  anVFent, -Anglois  423.4. 

Iean  FFeb,  Anglois-  37 ,  b 

lean  FFicleff.  Anglois  1 

Iean  de  VVoij r\d\  Audenarde  dis.* 

Iean  de  l 'Fordejfollandois  Cù.b 

le  an  ne  B.iilly,a  Langres .  171 

leanne  Bêches, .Angloife  437-b 

leanne  de  Bohonhes-,a  Seuiile  ^2 
b  leanne  femme  de  Robert  Oguyer,à  Lifle  4Z8.X 


leanne  Graye  fille  du  duc  de  Sufolc, 
Ieannc  Ilorne.a  Londres 
leanne  Lashefôrt,à  Londres 
leanne  Peintcr.a  Canturbie 
lean  m  de  Salonnez,Flamcngue 
Ioanne  Seionrnan,a  Langres 
leanne  Soalle^ngloife 
leanne  de  Sylua, 
leanne Velafjue 
lofe  de  Cruel,  Flamen 
lfibella  de  Strada-.cn  Fjpaigne 
ifabel  de  V<ema,Fjpaignolle 
lulicn  H  ernandes-.  a  Seuiile 
lttlien  LetteilUyde  S  an  ferre 
lusle  Iusberg ,  de  Louuam 
L 

Lan  ce  lot,  fèrgent  royal, Anglais 
Lanutbûïha  Huntmglhon 
Laurent  Parmen-.a  Siratforde 
Laurent  Saunders,  miniflrc  à  Londres 
Laurent  de  Bruxelles,  a  M  on  s 
Léon  Coyxe,a  Stratforde 
Léonard  GalimardA'endomois 
Léonard  du  Pré,Limâfin 
Léonard  Kcifer^leman 
Lieuin  de  Bleekere 
Lollards  en  -Angleterre 
Louis  de  Berquin^gentil-homme 
Louis  Courtet 

Louis  de  MarfaCiBourbonnois 


26\.& 

437  b 
421* 
423  b 

SS9& 
171. X 

423Ù 

51$. * 
538.A 
6 s Ç. a 

S3S-b 

S^3.b 
2Sp.b 
9* 

102. b 
+72.b 
437-b 
3»9 

39S 

437. y 
179.x 
171.A 
ôs.y 
663 

s 

70.b 
92 

M 


M 

MacéMereau.à  T royes  en  Champaigne 
Marc  de  Lanoy.T ourmfien 
Marguerite  le  Riche.a  Paris 
Marguerite  Boulard,d  Orchie 
Marte  BecaudeUe,des  Effars 
Marie  de  Bohorche,a  Seuille 
Marie  de  Viroes 
^Marin  Marié  .Normand 
^Marin  Rouffeau.à  Paris 
Matthieu  Limon  et, de  Lyon 
Matthieu  Haguer,à  Berl  en  Allemagne 
Matthieu  Rycarbie.*A  nglois  ' 
Matthieu  Fermeil,en  la  terre  du  Brejïl 
Matthieu  FFethers.a  Londres 
CUatthinette  du  Buijfet,d' Orchie 
Matttrin  auecleanne  Ça femme 
Maundrelle.li  S  ait  sb  une 


jSiJf 
704  b 

S22.b 

97-b 
82. b 


(JMamice  Secerut.de  S, Saturnin  près  Colet  de 


Deze  en  Seuennes  1 S  s 

CMichel  CailIon}'a  M  eaux  léo.b 

Michel \dit  Miquelot,TourniJien  171 
Mtchelle  de  Caignoncle,*  Valencenes    184  .b 
N 

Nicaife  de  le  Tombe,  a  T ournay  6 '2$. a, 

Nicolas  d'Anuers.à  Anuers  6 1 

Nicolas  Balon.Poiteuin \  S2o.b 

Nicolas  B  elenian,  A nglois  169 

Nicolas  Ce  ne.  Normand  484 

Nicolas  Chamberlain ,  A  nglois  32  ç 

Nicolas  du  Chefne.Champcnois  38s 

Nicolas  Clinet.de Xaintonge  48  2. a 

Nicolas  Croquet.de  Paris  7  04 

Nicolas  l'Efcriuent, a  Arras  82. b 

Nicolas  François  I7ô.b 

Nicolas  If  ail, a  Rochefire  361 

Nicolas  H olden ^nglois  4 37 

Nicolas  de  Ienuillefa  Ienuille  48 2. b 

Nicolas  Matthys ,  a  M  aimes  s  8s 

Nicolas  N  ail, du  Mans  26S.b 

Nicolas  Ridiey  ,Euefquc  de  Londres  37 s. b 

Nicolas  du  Rouffeau.Angoulmois  4SS.A 

Nicolas  Sceterden  A  nglois  3_s8.b 
Nicolas  Valeton.de  N antes  en  Bretagne,  Si.b 

Nicolas  Fanpoule, F  lamen  130 
0 

Ociouten  Blondel.de  Tours  en  T ourame  174.4 

Ottho, ou  OefiCate line, Gantois  2S7.b 
P 

Taris  Panier, de  Salins  au  conté  dc^>  Bourzon- 

gne  2^7. b 

Patrice  H amelton,Efcoffois  71Û 

Patrice  Patinghan,  A nglois  362. b 

Paul  Cravv, Bohémien  48. b 

PaulMtlet.dit  Cheualier  6s S- b 

PhilibertHamelm.de  Tour  aine  4s  0. a. 

Philibert ,menujier3a  Bruges  j  pi,b 


Noms  &  Surnoms  des  Martyrs. 

Philippe  Cene.de  Normandie  454.* 
Philippe  de  Gafiines  -704 
Philippe  de  Lus.  damoifelle  du  Grauero  48y.a 
Philippe Parmentierfa  Paris  S2$.b 
Philippe  petit. à  M  eaux  ,  iôo.b 

Pierre  Annood,Flamen  $6 ç.  a 

Pierre  *Arondeau.  Angouhnois  323. b 

Pierre  Bergier,dc  Bar  fur  Seine  2  36. a 

Pierre  Bon-pain,  à  Paris  164 
Pierre  Bourdon.enl' Amérique  du  Brefil46o.b 
Pierre  Brully,miniflre.aTournay  '  134M 
Pierre  le  Clerc.a  M  eaux  i6o.b 
Pierre  Chapot.Dauphinois  16 p 
Pierre  Cheuet.de  Ftlle-parifi  316. b 

Pierre  Denocbcau,de  là  Beauffe  274Ù 
Pierre  Efcnuain,de  Boulongne^j  en  Gafiongne 

202.b 

Pierre  Flijlede,  allemand  7  0 

Pierre  Gabart,  l'oiteuin  484  .a 

Pierre  G  au  de  t, du  F  al  de  G  allie  *  an  chafleau  de 


S\2 
la  mefmc 
522 
S23.b 

2S2.b 

S4.b 

472.b 
4ôo.b 
^7  2. b 
io6 
S73.b 
437-b 


Penay  83.a 

Pierre  Hamon,de  Blois  7  o3.b 

Pierre  Le  petit, a  i  ijle  en  Flandre  S74>a 

Pierre  Milet.champenois  $24. a 

Pierre  Mioce,  T ourmfien  130. a 

Pierre  Nauiheres.de  Limoges  2ip.a 
M .Pierre,  Pajleur  a  Douay  en  Flandres  8 9. a 

Pierre  Piquery,a  Meaux  léo.b 

Pierre  le  Roux,à  Bruges  rpi.b 

Pierre  de  Rouffeau  d'Aniou  414 

Pierre  Serre  de  Languedoc  27 6. b 

Pierre  Toraw  allemand  47}} 

Pierre  de  la  F  au, de  Languedoc  2p3.b 

Pomponius  ^Algier.Neapolitain  36 s. b 

Popd'  Ayc.^A 'nglois  36. 4 

Quatorze  Martyrs, exécutez  à  Meaux  iâ3.b 
Quatre  cens  fidèles  brujlez  a  Paris, pour  main- 
tenir la  F  enté, l'an  M.  CC.X1.  6 
Quatre  Martyrs  exécutez  à  Louuainen  Bra- 


bant 


9J.t 


Quatre  vingts fidèles  aufquels  on  trecha  la  te- 
lle a  P  ans  pour  l  Euangil<LJ>  6,  a 
Quoquillard.A  Befançon  en  Bourgongne  82. b 
R 

Raulin  FFhygth,^Anglois  317.4 
Renaudme  de  Franqueuilleje  Cambray  éiô.b 

23p.b 
490,b 
472.b 
73-b 
36 2. b 
704 
.  A72.b 
261 
S6.A 
102 


René  Poyet.K^Angemn 
René  du  Seau  Je  Xantonge 
Reynod  Lauonder 
Richard  Bayfildj^A nglois 
Richard 'Coller, x^-f nglois 
Richard  de  Gajlines,de  Pari: 
Richard  H erris,K_A nglois 
Richard  Hork,~Anglois 
Richard  Hun.^f nglois 
Richard  Mekins,Anglois 


Richard  Nkhol,Angl<rU  437.6 

Richard  Smyth^nglois  365.6 

Richard  Spenfer,^Anglois  101.6 

Rkbard  Spurge^^Anglois  4j'7-^ 

Richard  Turmyn,^A  nglois  1 5 .6 

Richard  Wrigth  ^nglois  ^2. h 

Richard  le  Feure>de  Rouan  2-77-6 

Rôhert  Barnsydu  eontéde  Nordvvic  96.6 

Robert  Drakes, minifire ^A nglois  437*6 

Robert  Ferror^uefque  ^A nglois  3 14 

Robert  Glovver->CÀ r nglois  371 .6 

Robert  Oguier-,  de  Life  en  Flandre  415 

Robert  Samuel,^A 'nglois  3 64.6 

Robert  Smy  t  h  ,^Anglois  }6i.b 

Robert  Steuter-,^ nglois  365. 6 

iî^r*  Teflvvod,  t^A «g/fli*  1 06.4 

iW; ,  afc  5  rabant,execut  cen  Ejpaigne  1 3  4 

Jiodulphc  Iacfont\^A nglois  441 
Rogier  AcTon,chcualier  de  l' ordre,  A nglois  i^.b 

Rogier  Cirierj^A nglois  3  61 .6 

RogierDul  54.6 

RûgiefHolland,Anglois  /fji.b 

Rogier  du  Monade  Tournay  626 

Rogier.de  Nortfolc,  Anglais  164 

Roland  Taylot \  Anglais  3  0  <*  .6 
S 

Sanc~tinNiuet,dc  Mcattx 
le  Seruiteur  de  lean  Joeryy  Albigeois 
le  Seruiteur  d vn  marchant  o4  nglois 
Simeon  Jfermé,dc  l'ijle  en  Flandre 
Simon  Brofieren  Perigueux 
Simon  Gutliemin^de  Ï/Jle  en  Flandre 
Simon!  o'me,  ^A nglois 
Simon  Laloé,de  Soijfons 
Stmon  CMarcfbal,à  Langres 
Spencere>^A ngloife 
SpicerAnglois 
Spurdanc,^A nglois 

cr 

T aurin  Grauelle,de  Dreux  4S2M 

T hierry  de  B 'attembourg,a  Bruxelles  7oi.b 

T bornas  Abington,  cinglais  437 .6 
T homas^au vigie,  A  nglois             la  mefme 

Thomas  Bernard,  Anglois  io2.b 

Thomas  Bilnce \prefcheur Anglois  72.a 

437*b 


Noms  &  Surnoms  des  Martyrs. 

Thomas  Brovvn>Angtyis 

Thomas  Bugle^a  Londres  42. b 

Thomas  Calbergue,de  Tournay  2po.b 

Thomas  Cauflon, Anglais  3  / j.b 

Thomas  Çranmer primat  d'Angleterre  416 ut 
Thomas  Cromcl, conte  d'Ejfexe,  Anglois  ç zjt 


'73-6 
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437-6 
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171.É 

437-£ 
x  437-^ 
là  mefme 


T h  ornas  Bovver,  Anglois 


Thomas  Cobbe  Anglais 
Thomas  CaéyAngloss 
Thomas  de  Bongay,  A  nglois 
Thomas  de  SaincJ-faul,de  Soiffôns 
Thomas  Dokçe, ^Anglois 
Thomas  Disagat/u  Dungat,Anglois 
Thomas  Euerfôn ,A nglois 
Thomas  G  arc  et >  nglois 
Thomas  G  orway^^A nglois 
Thomas  M arland, ^Anglais 
Thomas  HauxyAnglois 
Thomas  H  ayvvar de  ^  Anglais 
Thomas  Honnoré,a  Meaux- 
Thomas  Hoode>minijtre  ^Anglois 
Thomas  Hyqby,^A nglois 
Thomas  Hytten^minijhe  ^Anglois 
Thomas  Monfarde,de  Valencenes 
Thomas  Tolmon^de  Lembonrg-, 
Thomas  MyU.es  ^minifire  A  nglois 
Thomas  Norys, Anglois 
Thomas  Ojmundc, Anglois 
Th  ornas  Par  et,  Anglois 
Thomas  Rauendale,  Anglais 
Thomas ,Re  de  ,*A nglois 
Thomas  S  cwth  an,  Anglais 
Thomas  Spurge,  ~A nglois 
Thomas  Tomkrns, Anglois 
Thomas  VVatelet,de  Francimoni 
Thomas  VVat  s  Anglois 
T h  ornas  VVithed,Anglois 
Thomas  VVttlé,mimfire  Anglais 
vn  Tijferand  A  nglois 
vn  Tifferandde  CouberonJ  Meaux 
vn  T ondeur de  drapybrujlc  à  Montpellier  277 
la  more  Trie ,  Angloifc 
V 

VVauldrue  Carlier,  Hainuyere 
William  H  ollivvel,  Anglois 
VVolfgang  Schuch,Aleman 
V  Voûter  0om}  d' A  nu  ers 


3*S.b 
3*S* 
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437 b 
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437 -b 
472.b 
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22p.a 
462  b 
421.  a 
437-b 
163. 


457 -b 
3oS.b 


442.* 
64.  a 

Ô24.b 


F  I  Kj 


Léon-E.  HALKIN 


Professeur  a  l'Université  de  Liège 


TABLE  ALPHABETIQUE 
DES  NOMS  DE  PERSONNES  ET  DE  LIEUX 
DU  MARTYROLOGE  DE  JEAN  CRESPIN 


CENTRE  NATIONAL  DE  RECHERCHES  D'HISTOIRE  RELIGIEUSE 

Liège 

1964 


Jean  Crespin  publia  la  première  édition  de  son  célèbre  Martyrologe  à  Genève,  en  1554. 
Sur  la  formation  de  l'ouvrage,  ses  éditions  diverses  et  sa  valeur  critique,  on  peut  consulter  : 
F.  Vander  Haeghen,  Th.  J.  L  Arnold  et  R.  Vanden  Berghe,  Bibliographie  des  Martyrologes  pro- 
testants néerlandais,  2  vol.  in-8°,  La  Have,  1890  ;  —  A.  Piagct  et  G.  Berthoud,  Notes  sur  le  Livre 
des  Martyrs  de  Jean  Crespin,  in-8°,  Neuchâtel,  1930  ;  —  L.-E.  Halkin,  Les  Martyrologes  et  la 
critique,  dans  les  Mélanges  historiques  offerts  à  M.  Jean  Meyhoffer,  p.  52-75,  Lausanne,  1952  ; 
—  G.  Moreau,  Contribution  à  l'histoire  du  Livre  des  Martyrs,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de 
l'histoire  du  protestantisme  français,  t.  103,  p.  173-199,  Paris,  1957. 

L'édition  de  1570,  —  dont  notre  Centre  a  fait  faire  la  reproduction  anastatique,  d'après  un 
exemplaire  aimablement  prêté  par  le  Musée  de  la  Réformation,  à  Genève,  —  fut  la  dernière  que 
Crespin  publia  lui-même,  deux  ans  avant  sa  mort.  Il  s'agit  là  d'une  œuvre  historique  sérieuse, 
mûrie  et,  par  ailleurs,  rarissime.  Les  éditions  ultérieures,  —  un  peu  mieux  représentées  dans  nos 
bibliothèques,  —  ont  supprimé  de  longs  passages  de  l'édition  de  1570  et,  en  s'éloignant  des  faits 
qu'elles  rapportent,  elles  n'ont  rien  gagné  en  autorité.  L'édition  de  1619  a  été  réimprimée  au  siècle 
passé  :  Histoire  des  Martyrs,  introduction  et  notes  de  Daniel  Benoît.  3  vol.  in-4°,  Toulouse,  1885- 
1889.  Si  méritoire  et  si  utile  que  soit  cette  publication,  elle  ne  répond  pas  adéquatement  aux  exi- 
gences de  l'érudition  contemporaine  ;  ce  n'est  pas  une  édition  critique  donnant  les  variantes  du 
texte,  précisant  ses  sources  et  éclairant  ses  problèmes.  Sans  doute  est-il  encore  trop  tôt  pour  une 
édition  critique  qui  exigerait  de  nombreux  travaux  préparatoires  et  entraînerait  une  comparaison 
approfondie  des  divers  Martyrologes  :  une  telle  entreprise  ne  pourrait  être  réalisée  que  par  le  con- 
cours d'une  équipe  internationale.  Dès  à  présent,  on  trouvera  dans  la  reproduction  du  Marty- 
rologe de  1570  un  élément  essentiel  et  une  base  solide  pour  le  travail  de  l'historien. 

Si  l'œuvre  de  Crespin  est  digne  de  foi,  malgré  ses  préoccupations  apologétiques,  son  éru- 
dition n'est  point  impeccable.  Des  erreurs  déparent  son  récit,  mais  il  reste  le  seul,  en  langue  fran- 
çaise, à  nous  donner  le  témoignage  irremplaçable  des  martyrs  de  la  Réforme. 

Nous  avons  voulu  rendre  plus  aisée  et  plus  sûre  la  consultation  du  Martyrologe  en  le 
munissant  d'une  table  alphabétique  très  complète.  Les  six  pages  de  tables  que  Crespin  lui-même 
a  ajoutées  à  son  livre  sont  nettement  insuffisantes,  comme  on  a  pu  le  constater  ci-dessus.  L'index 
historique  de  la  réimpression  de  1885-1889  est  plus  étoffé  et  nous  a  rendu  de  grands  services. 
Pour  les  martyrs  anglais,  nous  avons  consulté  aussi  les  tables  de  la  grande  édition  du  Martyrologe 
de  John  Foxe  (4e  édition,  par  Josiah  Pratt,  8  volumes  in-8°,  Londres,  sans  date). 

La  présente  table  comprend  tous  les  noms  de  personnes  et  de  lieux,  ainsi  que  leurs  va- 
riantes orthographiques.  En  outre,  pour  faciliter  les  identifications,  elle  cite  trois  fois  chaque  martyr  : 
à  son  nom,  à  son  prénom,  au  nom  du  lieu  de  sa  mort. 

Les  noms  de  personnes  et  leurs  prénoms  sont  imprimés  en  caractères  gras  ;  les  noms  de 
lieux  en  bas  de  casse.  Les  variantes  ou  graphies  anciennes,  imprimées  en  italiques,  renvoient  à  la 
forme  communément  admise.  Nous  ne  tenons  pas  compte  des  particules  dans  le  classement  des 
noms  de  personnes. 

Les  noms  de  personnes  sont  suivis,  autant  que  possible,  d'une  qualification  brève  :  martyr, 
condamné,  suspect,  théologien,  professeur,  docteur,  réformé,  etc.  Ceux  qui  sont  morts  en  prison 
pour  leur  foi  sont  indiqués  comme  tels,  mais  leurs  noms  sont  repris  dans  la  liste  des  martyrs  de 
la  ville  où  ils  sont  morts.  Les  martyrs  dont  Crespin  ne  donne  pas  le  nom,  ni  le  prénom,  sont 
rappelés  sous  la  lettre  N.  et  au  nom  du  lieu  de  leur  martyre.  Quand  Crespin  indique  seulement  la 
profession  du  martyr  ou  ses  liens  de  parenté,  nous  ajoutons  ces  indications.  Enfin,  lorsque  des 
martyrs,  non  identifiés  par  Crespin,  sont  connus  par  ailleurs,  leurs  noms  figurent  aussi  dans  la 
table.  Lorsqu'un  prénom  sert  de  patronyme,  ce  patronyme  est  placé  à  la  fin  de  la  série  correspon- 
dant au  prénom. 

Les  noms  de  lieux  sont  identifiés  par  la  précision  du  pays  et  de  la  région.  Quand  nous 
n'avons  pu  résoudre  les  difficultés  d'identification,  nous  confessons  notre  embarras.  Le  lecteur  voudra 
bien  excuser  les  erreurs  qui  ont  pu  se  glisser  dans  cette  table,  malgré  de  nombreuses  révisions. 

Ont  collaboré  à  la  confection  de  cette  table  :  Mn,PS  Geneviève  Moisse-Daxhelet  et  Paillette 
Pieyns-Rigo  ;  Mlle  Angèle  Williot  ;  MM.  Gérard  Moreau  et  Philippe  Muret.  Ils  ont  droit  à  toute 
notre  reconnaissance. 


3 


A 


Aaron,  Aoron,  personnage  biblique,  138,  205,  335  v°,  337, 

414  v°,  566  v°,  677. 
Aarschot,  Arscot,  Ascot,  duc  de,  176  v°,  177,  177  v°,  475  v°. 
Abacuc,  voir  Habacuc. 

Abbes,  Abs,  Abbus,  Jacques,  martyr  à  Bury-Saint-Ed- 

munds,  361,  423  v°-426. 
Abbus  Jaques,  voir  Abbes,  Jacques. 
Abdenago,  personnage  biblique,  505. 
Abel,  personnage  biblique,  138,  154  v°,  209,  210  v°, 

217  v»,  223,  245,  271  v°,  346  v°,  359  v°,  383  v°,  500. 
Abercromby,  Abercromy,  Jean,  196  v°. 
Abercromy,  voir  Abercromby. 
Abington,  voir  Avington. 
Abiron,  personnage  biblique,  138. 

Abraham,  personnage  biblique,  65,  75,  79  v°,  107  v°, 
108  v°,  138,  140  v°,  187,  189,  199  v°,  200  v°,  205, 
213  v°,  245,  272,  278  v°,  285  v»,  311  v°,  318  v°,  335, 
345,  350,  355,  360  v»,  430,  466  v°,  508,  534,  552,  559  v°, 
600,  610  v°,  612  v°,  614,  617  v»,  637  v",  640,  674  v°, 
679  v°,  680,  681,  686. 

Abs,  voir  Abbes. 

Absalon,  personnage  biblique,  346  v°. 
Achab,  roi  d'Israël,  VI  v°,  161,  357  v°,  473,  604,  655  v°. 
Achille  de  Harlay,  président  de  la  Tournelle  à  Paris,  516. 
Acier,  voir  Assier. 

Acle,  Eccles,  Erkek,  Angleterre,  Norfolk,  56. 
Acton,  Roger,  chevalier,  martvr  à  Londres,  VII  v°,  14  v°, 
15. 

Adam,  personnage  biblique,  75,  139,  189,  198  v°,  210, 
220,  271  v»,  275,  334,  334  v»,  351  v»,  369,  414  v»,  463, 
466  v",  572  v»,  599  v°,  605  v°,  608  v",  612  v°,  677. 

Adam,  martyr  à  Metz,  141  v°,  142. 

Adam  le  Conte,  de  Meaux,  161  v°  -  163  v°. 

Adam  Foster,  martyr  à  Bury-Saint-Edmunds,  437  v°. 

Adam  Wallace,  martyr  à  Edimbourg,  VIII  v°,  195  v°-197. 

Adams,  Adlam,  Jean,  martyr  à  Londres,  169. 

Adémar,  Pierre,  évêque  de  Maguelonne,  43  v°. 

Adhérait,  Aheral,  Guillaume,  martyr  à  Londres,  437  v°. 

Adimant,  théologien,  220  v°,  381,  495  v°,  508,  571,  692. 

Adlam,  voir  Adams. 

Adlington,  Henri,  martyr  à  Stratford,  437  v»,  441  v°,  442. 
Adolphe  de  Bourgogne,  seigneur  de  Wacken,  grand  bailli 

de  Gand,  670. 
Adolphe  Clarebach,  martyr  à  Cologne,  VII  v°,  70. 
Adolphe  de  Nieuwenaar,  Nieunar,  672  v°. 
Adrian,  voir  Adrien. 
Adriatique,  697. 

Adrien,  Adrian,  empereur  romain,  VI  v°,  479. 
Adrien,  couturier,  martyr  à  Tournai,  voir  Jacques  de 
le  Tombe. 

Adrien,  Adrian,  dit  le  Peintre,  martyr  à  Anvers,  512,  513  v°. 

Adrien  Daussi,  Douliancourt,  martyr  à  Paris,  523-523  v°. 

Adrien  Grongnet,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Adrien  van  Hamstede,  Amstedius,  ministre,  510. 

Adrien  de  Loppem,  Lopphen,  martyr  à  Ath,  395. 

Adrien  Vossenhole,  médecin,  649  v°. 

Adrisia,  voir  Aldridge. 

Aelmer,  Jean,  professeur,  264  v°. 

Aeneas  Sylvius  Piccolomini,  Pie  II,  pape,  42  v°. 

Aepinus,  Epin,  Hoeck,  Jean,  théologien,  58. 

Afrique,  Aphrique,  133,  133  v°,  399,  400,  405,  406,  444  v°. 

Agar,  personnage  biblique,  138,  312,  348  v°. 

Agenois,  province  de  France,  99  v°,  440  v°,  487. 

Aggée,  prophète,  II  v°,  III. 

Agnès,  voir  Jean(ne),  papesse. 

Agnès  Fawster,  voir  Isabelle  Foster. 

Agnès  Georges,  première  épouse  de  Richard  Georges, 
martyre  à  Stratford,  437  v°,  442. 

Agnès  (lire  Christiane)  Georges,  ou  N.,  épouse  de 
Georges,  seconde  épouse  de  Richard  Georges,  martyre 
à  Colchester  et  non  à  Norwich,  472  v°. 

Agnès  Hatheld,  Anne  Hatfeldam,  mère  de  Thomas  Cran- 
mer,  415  v°. 

Agnès  Potten,  Anne  Pottene,  martyre  à  Ipswich,  364  v°, 
365,  423  v°. 


Agnès  Snoth,  Snode,  martyre  à  Canterbury,  423  v°. 

Agostino  Trivulzio,  vice-légat  d'Avignon,  123,  123  v°. 

Agrippa,  roi,  391  v°. 

Agrippa,  Cornélius,  écrivain,  416. 

Aheral,  voir  Adherall. 

Aiello,  Italie,  Calabre,  549. 

Ailewarde,  Guillaume,  voir  Aleworth,  Jean. 

Aillens,  Alenc,  France,  Bouches-du-Rhône  ;  —  Jacques 

Reynaud,  seigneur  de,  116,  119. 
Ailly,  Pierre  de,  Aliaco,  Petrus  de,  évêque  de  Cambrai, 

19  v°-36. 

Aimé  de  Saint-Julien,  Sainct-Iulian,  second  président  du 

Parlement  de  Turin,  458,  466  v°. 
Aiston,  voir  Ashton. 

Aix-en-Provence,  France,  Bouches-du-Rhône,  115-131, 
176  v°,  470-472,  620.  —  Parlement,  115-131,  176,  415  v°, 
470,  472,  539,  540.  —  Évêque  :  Antoine  le  Filleul.  — 
Martyrs  :  Barthélémy  Audouin,  Honorât  Auldol, 
Gaulteri,  Benoît  Romyen. 

Aix-la-Chapelle,  Allemagne,  Rhénanie,  703. 

Aken,  Jean  van,  martyr  à  Limbourg,  703. 

Akeren,  voir  Ekeren. 

Akkergem,  Eckerberguen,  Eckerghen,  faubourg  de  Gand, 

Belgique,  Flandre  Orientale,  660,  662  v°. 
Alablaster,  Alebaster,  Edmond,  422. 
Alain,  voir  Lalaing. 
Alain  de  Chadeville,  augustin,  436  v°. 
Alane,  Alèse,  Alesius,  Alexandre,  réformateur  écossais, 

92  v°-94  v°. 
Alanus,  franciscain,  413  v°. 

Alba,  Martial,  martyr  à  Lyon,  VIII  v»,  197-236. 
Albe,  Alve,  Fernand  de  Tolède,  duc  de,  521  v°,  701, 

703,  704  v°,  709. 
Albert,  margrave  de  Brandebourg,  485  v°,  493. 
Albert  de  Brandebourg,  archevêque  de  Magdebourg, 

57  v°. 

Albert  Hartung,  réformé,  485  v°. 

Albert  de  Unicow,  archevêque  de  Prague,  16. 

Albert   Warentrape,    Warentrap,   doyen   de    Faculté  à 

Prague,  21. 
Albi,  Albic,  France,  Tarn,  5,  185  v°. 
Albic,  voir  Albi. 
Albin,  voir  Albinus. 

Albinus,  Albin,  Claudius,  général  romain,  477  v°. 

Albizzi,  Barthélémy,  de  Pisis,  voir  Pise. 

Albon,  Jacques  de,  Dalbon,  seigneur  de  Saint-André, 

maréchal  de  France,  289  v°,  618  v°. 
Albret,  Jeanne  de,  reine  de  Navarre,  580  v°,  587,  628, 
628  v°,  699. 

Albright,  Albryght,  Anne,  martyre  à  Canterbury,  423  v°. 

Albryght,  voir  Albright. 

Alcala,  duc  de,  546,  554,  554  v°. 

Alcanizes,  marquis  de,  538. 

Alcantara,  Espagne,  Estrémadure,  538.  —  Ordre  de,  538. 
Alcock,  Jean,  mort  en  prison  à  Londres,  317  v°. 
Aldham  Common,  près  de  Hadley,  Angleterre,  Suffolk. 

—  Martyr  :  Roland  Taylor. 
Aldridge,  Adrisia,  Robert,  évêque  de  Carlisle,  Cam.il,  297. 
Alemaigne,  voir  Allemagne. 
Alebaster,  voir  Alablaster. 
Alenc,  voir  Aillens. 
Alèse,  voir  Alane. 
Alesius,  voir  Alane. 

Alesme,  Jean,   conseiller  au  Parlement  de  Bordeaux, 

435  v°,  436. 
Alesme,  N.  de,  l'aîné,  commissaire,  435. 
Aleu,  voir  Alleu. 

Aleworth,  Jean,  Ailezvarde,  Guillaume,  mort  en  prison 

à  Reading,  361. 
Alexandre  V,  pape,  20,  20  v°. 
Alexandre  VI,  pape,  57. 

Alexandre  Alane,  Alèse,  Alesius,  réformateur  écossais, 
92  v°-94  v°. 

Alexandre  Canus,  dit  Laurent  de  la  Croix,  ministre, 
martyr  à  Paris,  VIII,  78-78  v°. 


4 


Alexandre  Dayke,  Daiken,  Dayken,  martyr  à  Tournai, 

600  v°-616  v°. 
Alexandre  Grapheus,  secrétaire  d'Anvers,  671  v°. 
Alexandre  le  Gruyer,  juriste,  593  v°. 
Alexandrie,  Égypte,  400  v°. 

Alexandrie,  CÏément  de,  Clément  Alexandrin,  saint,  379, 
445  v°. 

Alexandrin,  voir  Alexandrie,  Clément  de. 

Alexandrin,  cardinal,  futur  Pie  V,  555,  556. 
Alfonso,  voir  Alphonse. 
Algier,  voir  Algieri. 

Algieri,  Algier,  Pomponio,  martyr  à  Rome,  365  v°- 
371  v°. 

Aliaco,  Petrus  de,  voir  Ailly,  Pierre  de. 

Alice  Potkins,  Polkins,  morte  en  prison  à  Canterbury, 

437  v°. 

Alice  Spencer,  Alile  Spenser,  suspecte,  424. 
Alile  Spenser,  voir  Alice  Spencer. 
Alisius,  voir  Haies. 
Alkerton,  prêtre,  13. 
Allemagne,  Alemaigne,  passim. 
Allemans,  France,  Dordogne,  620  v°. 

Allen,  Alyn,  Guillaume,  martyr  à  Walsingham,  365  v°. 

Alleu,  Aleu,  Laleu,  pays  de,  France,  Pas-de-Calais,  672  v°. 

Allevert,  voir  Arvert. 

Allichamp,  France,  Haute-Marne,  594. 

Almaric,  Jean,  mort  en  prison  à  Paris,  490  v°. 

Almeric  de  Bena,  voir  Amaury  de  Bène. 

Alnewich,  Guillaume,  évêque  de  Norwich,  48  v°. 

Alonse  Perez,  prêtre,  538. 

Alost,  Belgique,  Flandre  Orientale,  636,  672.  —  Martyr  : 

André  Bardelots. 
Alphonse  de  Castro,  moine,  337  v°-338  v°. 
Alphonse  Diaze,  avocat,  151  v°,  153-159. 
Alphonse,  Alfonso,  de  Fonseca,  époux  d'Anne  Heniques, 

538. 

Alphonse  Versellis,  vicaire  général  de  Limoges,  328. 
Alphonsus,  voir  Alphonse. 
Aise,  voir  Saint-Asaph. 

Alsso  de  Wyskowits,  gentilhomme  morave,  42. 
Altdorf,  Autdorff,  Allemagne,  Bavière,  61  v°. 
Alve,  voir  Albe. 
Alyn,  voir  Allen. 

Amaury  de  Bène,  Almeric  de  Bena,  Armeric,  martyr  à 
Paris,  5,  530. 

Amboise,  France,  Indre-et-Loire,  IX,  55  v°,  557-559  v°. 
Ambrois,  Girard,  viguier,  539. 

Ambrois,  Ambroys,  Remy,  président  du  Parlement  d'Aix- 
en-Provence,  415  v°,  471  v°,  539-539  v°. 

Ambroise,  saint,  46,  93,  107  v°,  109,  111,  160,  219  v°, 
220,  221,  221  v°,  227  v°,  307  v°,  335  v°,  378,  396  v°, 
397  v°,  463,  466  v°,  532  v°,  571,  604,  638. 

Ambroise,  voir  Ambroise  Wille. 

Ambroise,  voir  Ambrose. 

Ambroise  Wille,  ministre,  608  v°. 

Ambrose,  Ambroise,  Georges,  martyr  à  Londres,  437  v°. 

Ambroys,  voir  Ambrois. 

Amédée,  duc  de  Savoie,  voir  Félix  V. 

Americ  Vespuce,  explorateur,  444  v°. 

Amérique,  IX,  442  v°-444. 

Amian,  diacre,  221. 

Amiens,  France,  Somme,  492,  693  v°,  705  v°. 
Ammon,  personnage  biblique,  681. 
Ammon,  suspect,  424. 

Amondant,  conseiller  du  duc  de  Lorraine,  627  v°. 
Amos,  prophète,  25,  166  v°,  588. 
Amstedius,  voir  Hamstede. 

Amsterdam,  Pays-Bas,  Hollande,  84  v°,  85,  512  v°,  513. 

Ananias,  personnage  biblique,  14,  325  v°. 

Anastase,  empereur  d'Orient,  VI  v°. 

Anaxagore,  philosophe,  40. 

Ancyran,  Ancyre,  voir  Ankara. 

Andalousie,  province  d'Espagne,  540,  541  v°. 

Andalnsie,  voir  Andalousie. 

Andelot,  Dandelot,  Pierre  de,  martyr  à  Bruxelles,  701  v°. 
Andrada,  Diego  Payva,  comte  de,  537. 
André,  saint,  420  v°. 
André,  Polonais,  35. 
André  Bardelots,  martyr  à  Alost,  672. 
André  du  Bois,  de  Colmars,  122  v°. 
André  Coiffier,  martyr  à  Dammartin,  536. 
André  Durie,  évêque  de  Galloway,  195  v°. 
André  la  Fon,  tailleur,  4,  33  v°,  464. 
André  Goullay,  procureur  du  roi  à  Craon,  456  v°. 
André  de  Guttenstein,  évêque  de  Prague,  24. 
André  Hewet,  Huet,  martyr  à  Londres,  77-77  v°.  —  Voir 
Hewet. 

André  Karlstadt,  Carolostade,  réformateur,  681  v°,  682. 
André  Maynard,  bailli  de  Mérindol,  condamné  par  con- 
tumace, 115,  115  v°,  121,  123-125  v°. 


André  Michel,  martyr  à  Tournai,  594  v°-596  v°,  610. 

André  Thijs  ou  Matthijs,  Diessen,  suspect,  385-385  v°. 

André,  Guillaume,  mort  en  prison  à  Londres,  365  v°. 

Andréas,  voir  André. 

Andronodore,  tyran  de  Sicile,  557  v°. 

Ange  Merula,  le  Merle,  van  Merle,  dit  Angel  Emphlitius, 

curé  de  Heenvliet,  martyr  à  Mons,  459-460. 
Angel  Emphlitius,  voir  Ange  Merula. 

Angers,  Angiers,  France,  Maine-et-Loire,  55  v°,  388, 
408  vO-415,  456  v°-457  v°,  539.  —  Évêque  :  Jean  de 
Rely.  —  Martyrs  :  Jean  Buron,  Jean  Rabec,  Pierre 
de  Rousseau. 

Angiers,  voir  Angers. 
Angleterre,  passim. 

Anglais,  Anglais,  Jean  le,  martyr  à  Sens,  55,  171. 
Anglois,  voir  Anglais. 

Angoulème,  Marguerite  de,  reine  de  Navarre,  79. 
Angoulmois,  voir  Angoumois. 

Angoumois,  Angoulmois,  France,  197,  226,  455,  525. 
Angous,  voir  Angus. 

Angrogne,  Angrongne,  Angronne,  Italie,  Turin,  VIII,  IX, 
87  v°,  114  v°,  438-440,  457  v°-458,  466,  466  v°,  469  v°, 
473,  573  v°-576  v°. 

Angrongne,  voir  Angrogne. 

Angronne,  voir  Angrogne. 

Anguien,  voir  Enghien. 

Angus,  Angous,  Écosse,  195  v°. 

Aniou,  voir  Anjou. 

Anjou,  Aniou,  France,  239  v°,  408  v°,  414,  415  v°,  456  v°, 

471  v°,  557  v». 
Ankara,  Ancyran,  Ancyre,  Turquie,  300  v°. 
Anne,  sainte,  217. 

Anne,  épouse  d'Antoine  Laborie,  346  v°,  347,  352  v°, 
354. 

Anne  Albright,  Albryght,  martyre  à  Canterbury,  423  v°. 
Anne  Askew,  Askeve,  martyre  à  Londres,  VIII,  164-169, 

373. 

Anne  Audebert,  martyre  à  Orléans,  178,  179  v°. 
Anne  de  Boleyn,  Boulen,  reine  d'Angleterre,  88  v°-90, 

92  v°,  97. 
Anne  de  Boulen,  voir  Anne  de  Boleyn. 
Anne  du  Bourg,  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  martyr 

à  Paris,  IX,  518  v°,  519,  521,  523,  525  v°-536,  558  v°. 
Anne  de  Bretagne,  reine  de  France,  55  v°. 
Anne  de  Clèves,  reine  d'Angleterre,  94  v°. 
Anne  Hatfeldam,  voir  Agnès  Hatfield. 
Anne  Heniques,  condamnée  à  Valladolid,  538. 
Anne  de  Montmorency,  connétable  de   France,  235, 

557  v°,  563,  618  v°,  621  v»,  656. 
Anne  de  Pisseleu,  duchesse  d'Étampes,  106  v°. 
Anne  Pottene,  voir  Agnès  Potten. 

Anne  Tree,  Trie,  Try,  martyre  à  East  Grinstead,  437  v°. 
Anne  van  de  Velde,  épouse  de  Jean  de  Bucq,  martyre 
à  Gand,  150. 

Annecy,  Annisi,  Annissi,  France,  Haute-Savoie,  78  v°,  92. 
—  Martyr  :  Louis  Courtet. 

Annisi,  voir  Annecy. 
Annissi,  voir  Annecy. 

Annood,  Pierre,  martyr  à  Dunkerque,  569-569  v°. 
Anselme  de  Neuningen,  évêque  d'Augsbourg,  16  v°. 
Anselme  de  Soubselles,  suspect,  557  v°-559  v°. 
Antarctique,  Antartique,  443  v°,  448,  460  v°. 
Antartique,  voir  Antarctique. 

Antioche,  ancienne  ville  d'Asie  Mineure,  19,  282  v°,  317  v°, 

403  v°,  406,  655,  681.  —  Patriarche  :  Wenceslas  Kralik. 
Antiochus,  roi  de  Syrie,  VI  v°,  557  v°. 
Antoine,  saint,  441,  547. 
Antoine,  prisonnier  à  Lyon,  390,  394  v°. 
Antoine,  le  Bon,  duc  de  Lorraine,  62-67. 
Antoine  du  B.,  maître  de  Jean  Sorret,  706  v°. 
Antoine  Basor,  condamné  à  Valladolid,  538  v°. 
Antoine  de  Bordes,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Antoine  de  Bourbon,  roi  de  Navarre,  499  v°,  559,  563, 

580  v°,  585  v°-587,  618  v°-620. 
Antoine  Brown,  Broum,  messager,  193. 
Antoine  Burward,  martyr  à  Canterbury,  365  v°. 
Antoine  Caraffa,  Caraffe,  cardinal,  554. 
Antoine  Caron,  martyr  à  Cambrai,  617. 
Antoine  Cavalier,  consul  à  Draguignan,  470. 
Antoine  de  Créquy,  évêque  de  Nantes,  491  v°-492. 
Antoine  Dominique,  condamné  à  Valladolid,  538  v°. 
Antoine  Duprat,  du  Prat,  chancelier  de  France,  473. 
Antoine  de  l'Église,  suspect,  525  v°. 
Antoine  Escalin  des  Aymars,  baron  de  la  Garde,  dit  le 

capitaine  Polin,  Paulin,  127,  127  v°,  129-130  v°,  175, 

540. 

Antoine  de  l'Eschaux,  bailli  de  la  ville  d'Aoste,  458  v°. 
Antoine  le  Filleul,  évêque  d'Aix-en-Provence,  116. 
Antoine  Fumée,  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  suspect, 
519. 


5 


Antoine  Gaudin,  maréchal  du  château  de  Roussillon,  123. 
Antoine  Ghénart,  Gninart,  inquisiteur,  617  v°-618. 
Antoine  de  Goignies,  Goini,  gouverneur  du  Quesnov, 

692  v°. 

Antoine  de  Huezuelo,  martyr  à  Valladolid,  538-538  v°. 

Antoine  Kitchin,  évêque  de  Llandaff,  300. 

Antoine  Kyngston,  chevalier,  304-304  v°. 

Antoine  Laborie,  martyr  à  Chambéry,  340-358. 

Antoine  de  Lalaing,  l'Alain,  Lalain,  comte  de  Hoog- 
straeten,  Haustrat,  177  v°,  184  v°,  672  v°. 

Antoine  de  Lescure,  procureur  du  roi  à  Bordeaux,  434  v°, 
435  v°,  436,  436  v°. 

Antoine  de  Levis,  évêque  d'Embrun,  95. 

Antoine  Magne,  martyr  à  Paris,  269. 

Antoine  Mellety,  religieux,  435  v°. 

Antoine  Michel,  de  Chorges,  122  v°. 

Antoine  de  Mouchy,  dit  Démocarès,  Démocharès,  inquisi- 
teur, 490,  521,  525  v°. 

Antoine  de  Mouvons,  voir  Antoine  de  Richieud,  seigneur 
de  M  au  vans. 

Antoine  Nicolimo,  554. 

Antoine  du  Pasquier,  apothicaire,  579. 

Antoine  Peerson,  Person,  martyr  à  Windsor,  106-106  v°. 

Antoine  Perrenot,  cardinal  de  Granvelle,  96,  569,  596  v°, 
658,  658  v°. 

Antoine  Prévost,  archevêque  de  Bordeaux,  580  v°. 
Antoine  du  Revest,  lieutenant  du  sénéchal  de  Draguignan, 

470  v",  539. 
Antoine  Ricaut,  libraire,  522  v°. 
Antoine  Ricetto,  martyr  à  Venise,  697  v°-698. 
Antoine  de  Richieud,  seigneur  de  Mauvans,  Mouvons, 

martyr  à  Draguignan,  IX,  538  v°-540. 
Antoine  Saunier,  ministre,  87  v°. 

Antoine  de  Scalingue,  Escalingue,  moine  et  vicaire-général 
de  l'abbaye  de  Pignerol,  439-440  v°. 

Antoine  Tallemant,  Talleman,  condamné  à  Tournai,  610. 

Antoine  Vaze,  martyr  à  Marseille,  620. 

Antoine  Verdrickt,  martyr  à  Bruxelles,  509  v°-512. 

Antoinette  de  Bourbon,  douairière  de  Guise,  578  v°, 
591,  593-594  v°. 

Antoinette  van  Roesmals,  martyre  à  Louvain,  95-98. 

Antoni,  le  Barbe,  ministre  vaudois,  438  v°. 

Antonin  le  Pieux,  empereur  romain,  474. 

Anvers,  Belgique,  Anvers,  VII,  58  v»,  85  v°,  131  v°-132  v°, 
134,  134  v»,  176  v°,  293  v°,  449,  490  v°,  491,  509  v°-513, 
543  v»,  565,  566,  568,  568  v°,  572,  577,  610,  614,  624  v°- 
625,  633,  635  v°,  637,  638  v°,  643  v°,  644,  648  v»,  649- 
650,  652  v°  653,  660,  661,  662,  667  v°,  668,  669-673, 

693  v",  695  v°,  696  v»,  697,  702,  704  v°-706,  708. 
—  Martyrs  :  Adrien,  dit  le  Peintre,  Henri  Bockhalt 
dit  le  Cousturier,  Jean  de  Boschere,  Jean  des  Buissons, 
Jean  du  Champ,  Jean  le  Grand,  Corneille  Halewijn, 
Baudouin  le  Heu,  Barthélémy  de  Huy,  Herman 
Janssen,  Jean  Keyser,  Marc  de  Lannoy,  Nicolas, 
Christophe  Smith,  Guillaume  Tovart,  Jean  de  Wolf, 
Wouter  Wrage  dit  Oom. 

Aoron,  voir  Aaron. 

Aoste,  Aougste,  Ost,  Italie,  Turin,  458-458  v°.  —  Martyr  : 

Nicolas  Sartoire. 
Aougste,  voir  Aoste. 
Aphrique,  voir  Afrique. 
Apollon,  Apollo,  336  v°. 
Appasel,  voir  Appenzell. 
Appenzell,  Appasel,  Suisse,  Appenzell,  84. 
Appius  Claudius,  héros  romain,  42  v°. 
Apprice,  U prise,  Jean,  martyr  à  Stratford,  et  non  à  Glou- 

cester,  437  v°. 
Apremont,  Aspremont,  France,  Vendée,  456  v°,  594  v°. 
Apt,  France,  Vaucluse,  115  v°,  130  v°.  —  Martyr  :  Colin 

Pallenq. 
Aquila,  saint,  368. 
Aquin,  voir  Thomas  d'Aquin. 

Arabie,  Pierre  de,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Arande,  Michel  de,  ministre,  68  v°. 
Arannsick  Douant  de  Poloniae,  gentilhomme  morave, 
42. 

Archambaut  Séraphon,  martyr  à  Dijon,  450-456  v°. 
Archer,  Jean,  tisserand,  mort  en  prison  à  Canterburv, 
437  v». 

Ardeley,  Erdley,  Jean,  diacre,  martyr  à  Rayleigh,  329. 

Ardisson,  Pierre,  consul  à  Draguignan,  470. 

Arduino,  Pirrone,  délégué  de  Bobbio,  576. 

Arellanio,  Christophe  de,  martyr  à  Séville,  544  v°. 

Aretin,  Léonard  Bruni,  dit,  humaniste,  39  v°-41. 

Argove,  voir  Argovie. 

Argovie,  Argove,  Suisse,  84. 

Argyle,  Argylle,  comte  de,  195  v°. 

Argylle,  voir  Argyle. 

Arimin,  voir  Rimini. 

Aristote,  philosophe  grec,  28,  501  v°. 


Arius,  423,  528  v». 

Arles,  France,  Bouches-du-Rhône,  116-117  v°,  130.  — 

Archevêque  :  Jean  Ferrer. 
Armagh,  Armaque,  Irlande,  309.  —  Archevêque  :  Hugues 

Goodacre. 

Armagnac,  Armignac,  Georges  de,  cardinal,  580  v°. 
Armant,  Guillaume,  procureur  de  Mérindol,  120,  124. 
Armaque,  voir  Armagh. 

Armentières,  France,  Nord,  601,  607  v°,  656,  696  v°, 

704  v»,  705  v». 
Armeric,  voir  Amaury  de  Bène. 
Armignac,  voir  Armagnac. 

Arnaud  Monier,  martyr  à  Bordeaux,  434  v°-437. 
Arnaud,  Pierre,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Arnobe,  écrivain  latin,  478. 

Arnok,  Jean  de,  serviteur  de  l'archevêque  de  Saint- 

Andrews,  195  v°. 
Arnoul,  Jean,  554. 

Arnould  Diericx,  martvr  à  Moerkerke,  en  Flandre,  460- 
460  v°. 

Arnould  Estalluffret,  dit  Mioce,Myoche,  martyr  à  Tournai, 
150-151. 

Arondeau,  Pierre,  martyr  à  Paris,  525-525  v°. 
Arques,  France,  Aude,  175  v°. 

Arras,  France,  Pas-de-Calais,  82  v°,  89  v°,  137  v»,  629-633, 
695.  —  Évêque  :  François  Richardot.  —  Martyrs  : 
Étienne  Bourlet,  Nicolas  dit  VEscrivent,  Jean  de  Pois. 

Arscot,  voir  Aarschot. 

Arthur,  Arthus,  prince  de  Galles,  frère  d'Henri  VIII, 
88  v°,  416. 

Arthur,  Artus,  Thomas,  suspect,  72-72  v°. 
Arthus,  voir  Arthur. 

Artois,  province  des  anciens  Pays-Bas,  70  v°,  82  v°,  89, 

95  v°,  114  v",  425,  629,  664  v°,  696  v°,  701  v°,  706. 
Artus,  voir  Arthur. 
Arundel,  Richard,  suspect,  44. 

Arundel,  Thomas,  archevêque  de  Canterbury,  chancelier 

d'Angleterre,  6-14  v°,  44-48. 
Arvert,  Allevert,  France,  Charente-Maritime,  450. 
Arzier,  voir  Azerailles. 
Asaphen,  voir  Saint-Asaph. 

Aschaffenbourg,  Aschembourg,  Allemagne,  Bavière,  62.  — 

Martyr  :  Georges,  ministre. 
Aschembourg,  voir  Aschaffenbourg, 
Ascherio,  Joseph,  554. 
Ascot,  voir  Aarschot. 

Ashton,  Aiston,  Aston,  Jean,  mort  en  prison  à  Londres  (  ?), 

3,  5,  7  v". 
Asie,  391,  399,  400,  479. 
Asken,  voir  Askin. 

Askew,  Askeve,  Anne,  martyre  à  Londres,  VIII,  164-169, 
373. 

Askew,  Askeve,  Guillaume,  père  de  la  précédente,  164. 
Askin,  Asken,  Thomas,  martyr  à  Newbury,  437  v°. 
Aslacton,  Aslocton,  Angleterre,  Nottinghamshire,  415  v°. 
Aslocton,  voir  Aslacton. 
Aspremont,  voir  Apremont. 
Asse,  voir  Saint-Asaph. 

Assendelf,  président  du  Conseil  de  La  Haye,  459  v°. 
Assens,  Haffinie,  Danemark,  Fionie,  287. 
Asses,  Claude  des,  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  473. 
Asset,  Pierre,  seigneur  de  Naves,  président  de  la  Chambre 

d'Artois,  629. 
Assier,  Acier,  France,  Lot,  699. 

Assis,  Jean  de,  président  du  Parlement  de  Toulouse,  699. 
Assise,  église  Sainte-Marie  de  la  Portioncule,  467  v°. 
Astaffort,  Astafort,  France,  Lot-et-Garonne,  485  v°,  487. 
Astafort,  voir  Astaffort. 
As  te,  voir  Ath. 
Aston,  voir  Ashton. 
Astorgas,  marquis  de,  537. 

Ath,  Aste,  Belgique,  Hainaut,  395.  —  Martyrs  :  Adrien 

de  Loppem,  Julien  van  den  Sweerde. 
Athanase,  saint,  398  v°,  442,  500,  506  v°. 
Athènes,  Grèce,  391. 

Atignan,  Jean,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v° 
Attancourt,  Estancourt,  France,  Haute-Marne,  593. 
Aubert,  commissaire,  185. 
Aubert,  Joseph,  539. 

Auberville-la-Campagne,  France,  Seine-Maritime,  170  v°. 
Aubery,  avocat,  176. 
Aubigny,  France,  Cher,  164. 

Audebert,  Anne,  martyre  à  Orléans,  178,  179  v°. 
Audenarde,  Belgique,  Flandre  Orientale,  IX,  625,  659  v°, 

663,  663  v°,  666  v°-667  v»,  696,  696  v»,  703.  —  Martyrs  : 

Lievin  de  Blekere,  Jean  Tuscaen. 
Audlé,  voir  Audley. 

Audley,  Audlé,  Thomas,  chancelier  d'Angleterre,  102. 
Audouin,  Barthélémy,  martyr  à  Aix-en-Provence,  176  v°. 
Auge,  pays  de,  France,  Normandie,  499  v°. 


6 


Auger,  Gaspard,  fermier,  95. 
Auguier,  voir  Oguier. 

Augsbourg,  Auguste,  Ausbourg,  Allemagne,  Bavière,  16  v°, 
58,  156-159,  588,  622  v°,  672  v°,  691  v°,  696  v°.  — 
Évêque  :  Anselme  de  Neuningen. 

Auguste,  voir  Augsbourg. 

Auguste  Ier,  duc,  électeur  de  Saxe,  493. 

Augustin,  saint,  9  v°,  10,  11,  22-23,  25,  39,  40  v°,  46,  60, 
73,  75-76  v°,  80,  90  v°,  91  v°,  93  v°,  107  v°,  108  v°, 
109-113  v°,  160,  176  v°-177  v°,  206,  219  v°-221  v°, 
227-229,  231,  276,  298,  306  v°,  307  v°,  310,  316  v°, 
321,  337-339,  366-369  V,  378-381,  399  v°-401,  404-408, 
433,  462  v°-464  v°,  466  v°,  468  v°,  486,  495  v°,  496  v°, 
500,  501  v°-503  v°,  507-508  v°,  532  v°,  565  v°,  570  v°, 
571,  583,  583  v°,  585  v°,  599,  604,  623  v°,  636,  637  v°, 
638,  673  v°,  674,  678  v°,  679,  680,  682  v°,  683  v»,  692. 

Augustin,  barbier,  voir  Augustin  Dumarchiet. 

Augustin  de  Caçalla,  martyr  à  Valladolid,  537  v°-538  v°, 
544. 

Augustin  Cooper,  Couper,  officier  de  la  ville  d'Oxford, 
382  v°. 

Augustin  Dumarchiet,  barbier,  martvr  à  Beaumont, 
176  v°-177  v°. 

Augustin  de  l'Église,  conseiller  au  Parlement  de  Turin, 
438. 

Augustin  Marlorat,  ministre,  martyr  à  Rouen,  534  v°, 
621-622. 

Augustin  Pakyngton,  Palzington,  marchand,  85  v°. 


Auldol,  Honorât,  dit  Bramaire,  martyr  à  Aix-en- Provence, 
539  v°-540. 

Aumale,  France,  Seine-Maritime,  589  v°,  591-591  v°. 

Aumale,  Claude  de  Lorraine,  duc  de,  589  v°-591  v°. 

Aurange,  voir  Orange. 

Ausbourg,  voir  Augsbourg. 

Aussonne,  voir  Auxonne. 

Autdorff,  voir  Altdorf. 

Autriche,  27,  635  v°. 

Autriche,  Marguerite  de,  régente  des  Pays-Bas,  700- 
702  v». 

Autun,  Authun,  France,  Saône-et-Loire,  119. 

Auvergne,  France,  VIII,  169  v°,  171  v°-173  v°,  269,  525  v°. 

Auxence,  évêque  arien  de  Milan,  337  v°,  478  v°. 

A'uxois,  Laussois,  France,  Côte-d'Or,  119. 

Auxonne,  Aussonne,  France,  Côte-d'Or,  451  v°,  455  v°. 

Avenelles,  N.  des,  avocat  à  Paris,  557  v°. 

Avignon,  France,  Vaucluse,  117-118  v°,  120  v°,  121  v°, 
123,  123  v°,  126,  129  v°,  130,  130  v°.  —  Martyrs  : 
Eustache  Marron,  dit  Étienne  le  Maroul,  N.,  libraire. 

Avington,  Abington,  Thomas,  martyr  à  Lewes,  437  v°. 

Avranches,  France,  Manche,  480  v°.  — ■  Évêque  :  Robert 
Ceneau. 

Axel,  Axele,  Pays-Bas,  Zélande,  660. 
Axele,  voir  Axel. 
Aye,  voir  Eye. 

Aymond  de  la  Voye,  martyr  à  Bordeaux,  99  v°-101  v°. 

Azerailles,  Arzier,  France,  Meurthe-et-Moselle,  627. 


B 


B.,  sieur  de,  348  ;  —  épouse  de,  348  v°. 
B.,  Antoine  du,  maître  de  Jean  Sorret,  706  v°. 
Baasa,  personnage  biblique,  473. 
Babel,  tour  de,  85,  427. 

Babou,  Philibert,  sieur  de  la  Bourdaisière,  évêque  d'An- 

gaulème,  455  v°. 
Babylone,  ancienne  ville  de  Mésopotamie,  97,  208,  233, 

257,  370,  413  v°,  499  v°,  607,  639,  642. 
Babyngton,  geôlier  à  Londres,  300  v°. 
Babraham  (  ?),  Pabram,  Angleterre,  Cambridgeshire,  429. 
Bacchus,  118  v». 

Bacheler,  Bachelier,  Pierre,  conseiller  au   bailliage  de 

Tournai,  387  v°. 
Bachelier,  voir  Bacheler. 
Bacon,  Jean,  carme,  5. 

Baczko  de  Convald,  gentilhomme  morave,  42. 
Bade,  voir  Bath. 
Baden,  voir  Bath. 

Badet,  Bernard  de,  conseiller  au  Parlement  d'Aix-en- 

Provence,  126  v°,  129  v»,  130,  130  v°,  175-176. 
Bagari,  conseiller  au  Parlement  d'Aix-en-Provence,  539. 
Bagé-le-Châtel,  Bagi,  France,  Ain,  239. 
Baget,  suspect,  323  v°. 
Bagi,  voir  Bagé-le-Châtel. 
Bagnacavallo,  Italie,  Ravenne,  180. 
Bagnols-sur-Cèze,  France,  Gard,  626  v°. 
Bailin,  voir  Baylen. 

Bailleul,  Belle,  Bellabacht,  France,  Nord,  562  v°-563.  - 

—  Martyr  :  Jean  de  Crues. 
Bailly,  Jeanne,  martyre  à  Langres,  170  v°,  171. 
Bakker,  voir  Pistorius. 
Balaam,  prophète,  415,  515. 

Balardi,  Jacques,  évêque  de  Lodi,  Londen,  28,  38,  38  v°. 

Bâle,  Basle,  Suisse,  Bâle,  56  v°,  57,  63  v°,  77  v°,  84,  115, 
152,  299,  518  v°. 

Baie,  Balee,  Baleus,  Jean,  John,  évêque  d'Ossory,  histo- 
rien, 47  v°,  48,  97  v°,  169,  408. 

Balee,  voir  Baie. 

Baleus,  voir  Baie. 

Baliste,  M.,  320  v°. 

Balbote,  Barbotta,  Italie,  Turin,  350. 

Ballon,  Nicolas,  martyr  à  Paris,  487,  520  v°-522. 

Baltazar,  voir  Balthasar. 

Balten,  Broedere  Balten,  dominicain,  649  v°. 
Balthasar  de  Cordes,  officiai  de  Tournai,  70. 
Balthasar  Hubmaier,  Hubmor,  anabaptiste,  83-84. 
Bambridge,  voir  Benbridge. 


Bamford,  Baumeford,  Guillaume,  alias  Butler,  martyr 

à  Harwich  et  non  à  Saint-Albans,  329,  362  v°. 
Bampoele,  Vanpoule,  Nicolas  van,  martyr  à  Gand,  150. 
Banbury,  Damburie,  Angleterre,  Oxfordshire,  317-317  v°. 

—  Martyr  :  Guillaume  Dighel. 
Bangor,  Bangore,  Angleterre,   Caernarvonshire,  408.  — 

Évêques  :    Jean    Bird,    Guillaume    Glyne,  Benoît 

Nichols. 
Bangore,  voir  Bangor. 
Baptista,  voir  Baptiste. 
Baptiste  Byomo,  juge,  555. 
Baptiste  Mantuan,  écrivain,  49. 

Baptiste  du  Mesnil,  avocat  du  roi  à  Paris,  481  v°,  526, 
528. 

Baptiste  Rolta,  docteur,  555-556. 

Bar,  voir  Bar-le-Duc. 

Barabbas,  personnage  biblique,  515  v°. 

Barath,  Jean,  carme  à  Valenciennes,  48. 

Barbe  Couppe,  épouse  de  Nicolas  Larchier,  suspecte, 

relaxée,  à  Mons,  176  v°-177. 
Barbe  Lestrée,  martyre  à  Tournai,  610,  617. 
Barberoux,  Léon,  condamné  par  contumace  à  Tourves, 

115,  115  v°. 

Barbes,  Denis,  conseiller  à  Blois,  432  v°-433  v°. 
Barbeville,  Jean,  martyr  à  Paris,  509  v°,  514  v°-515  v°, 
517. 

Barbosi,  juge  à  Draguignan,  471-472. 
Barbotta,  voir  Balbote. 
Bardelots,  André,  martyr  à  Alost,  672. 
Barge,  Barges,  Italie,  Coni,  466,  466  v°,  469  v°. 
Barges,  voir  Barge. 

Bargibant,  Jean  de,  martyr  à  Tournai,  150  v°. 
Barholt,  voir  Bergholt. 
Barle,  voir  Barlow. 

Bar-le-Duc,  Bar,  France,  Meuse,  VIII,  62,  151  v°,  591. 
Barlet  Grene,  voir  Barthélémy  Green. 
Barlovs,  voir  Barlow. 

Barlow,  Barle,  Guillaume,  évêque  de  Saint-David's,  puis 
de  Bath  and  Wells,  puis  de  Chichester,  321-321  v°, 
332  v°,  416  v° 

Barmy,  Barni,  juge  à  Limoges,  320  v°. 

Barnabas,  voir  Barnabé. 

Barnabé,  disciple  de  saint  Paul,  211  v»,  226  v°,  299  v°, 

317  v°,  375,  390  v°-392  v»,  566  v». 
Barne,  voir  Barnes. 

Barnel,  Thomas,  procureur  fiscal  de  Londres,  56  v°. 


7 


Barnes,  Barne,  Barns,  Robert,  martyr  à  Londres,  75  v° 

76,  90,  96  v°-97  v°. 
Barnet,  Angleterre,  Hertfordshire,  364  v°.  —  Martyr  : 

Guillaume  Haie. 
Barni,  voir  Barmy. 
Barns,  voir  Barnes. 

Baronis,  Philbert,  adjoint  du  lieutenant  du  sénéchal  de 

Draguignan,  470  v°. 
Barras,  notable  de  la  ville  de  Lille,  429. 
Barre,  Pasquier  de  le,  conseiller  à  Tournai,  martyr  à 

Vilvorde,  615. 
Barrois,  France,  589  v°. 

Barry,  Godefroid  de,  seigneur  de  La  Renaudie,  dit  La 

Forest,  chef  des  conjurés  d'Amboise,  557  v°-558  v°. 

Bar-sur-Aube,  France,  Aube,  536. 

Bar-sur-Seine,  France,  Aube,  171,  171  v°,  236. 

Barso,  dit  Hloderde,  Zeinicz,  gentilhomme  morave,  42. 

Barthélémy  Albizzi,  de  Pise,  Berthelemy  de  Pisis,  francis- 
cain, écrivain,  468. 

Barthélémy  Audouin,  martyr  à  Aix-en-Provence,  176  v°. 

Barthélémy  Chassanée,  Chassané,  président  du  Parlement 
d'Aix-en-Provence,  116,  119,  120  v°-121  v°,  125,  126. 

Barthélémy,  Berthelemy,  Emetiers,  président  du  Parle- 
ment de  Turin,  438. 

Barthélémy  Green,  Barlet,  Barthelet,  Bartlet  Grene, 
martyr  à  Londres,  423,  424-425. 

Barthélémy  Hector,  martyr  à  Turin,  IX,  437  v°-440  v°, 
458. 

Barthélémy  de  Huy,  Hoye,  martyr  à  Anvers,  577-577  v°. 
Barthélémy,  Berthelot,  Milon,  martyr  à  Paris,  81-81  v°. 
Barthélémy  Pascal,  frère  de  Jean-Louis,  555. 
Barthélémy  Platina,  historien,  548  v°,  635. 
Barthélémy,  Martin,  curé  à  Hulst,  660  v°,  661. 
Bartholmi,  Jacques,  messager,  123. 
Barthomier,  suspect,  482  v°. 
Baruch,  personnage  biblique,  9  v°,  10,  32. 
Basile,  saint,  108  v°,  160,  336,  467,  527  v°  ,  676. 
Basle,  voir  Bâle. 

Basor,  Antoine,  condamné  à  Valladolid,  538  v°. 
Basse-Fontaine,  ambassadeur  du  roi  de  France  en  Suisse, 
235. 

Bassigny,  Bassin,  France,  593  v°,  627. 

Bassin,  voir  Bassigny. 

Bassinet,  dominicain,  117,  117  v°,  118. 

Bastiane,  voir  Bastienne. 

Bastien,  de  Lyon,  388,  389. 

Bastienne,  Bastiane,  épouse  de  Thomas  Honnoré,  con- 
damnée à  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Bataille,  Bertrand,  martyr  à  Chambéry,  340-358. 

Batenburg,  Battembourg,  Gijsbrecht  de,  martyr  à  Bru- 
xelles, 701  v°. 

Batenburg,  Battembourg,  Thierry  de,  martyr  à  Bruxelles, 
701  v°. 

Bath,  Bade,  Baden,  Bathon,  Angleterre,  Somerset,  92  v°, 
93,  97,  321,  321  v°,  333,  333  v°  339,  339  v°,  398,  398  v°, 
408.  —  Évêques  :  Guillaume  Barlow,  Gilbert  Berkley, 
Gilbert  Bourne,  Jean  Clark. 

Bathon,  voir  Bath. 

Battembourg,  voir  Batenburg. 

Baudechon,  voir  Baudouin. 

Baudesson,  Jean,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Baudeivin,  voir  Baudouin. 

Baudouin,  Baudezvin,  Boutzon,  Le  Heu,  martyr  à  Anvers, 
512  v°. 

Baudouin  de  Lannoy,  bailli  de  Tournai  et  Tournaisis, 
387  v°. 

Baudouin,  Baudechon,  Oguier,  martyr  à  Lille,  425. 
Baudouin,  Jean,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Baufremés,  notable  de  Lille,  429. 

Bauldier,  Robert,  seigneur  de  La  Chapelle-Monthodon, 

suspect,  594. 
Baume,  Pierre  de  la,  évêque  de  Genève,  83. 
Baumeford,  voir  Bamford. 
Bavai,  Bavay,  France,  Nord,  490  v°. 
Bavay,  voir  Bavai. 
Bavière,  Allemagne,  635  v°. 
Bavière,  Louis,  duc  de,  30. 
Bayard,  Gilbert,  fonctionnaire  royal,  120. 
Bayart,  Martin,  martyr  à  Lille,  664  v°-665  v°. 
Bayeux,  France,  Calvados,  VII  v°,  49  v°,  292. 
Bayfield,  Bayfild,  Richard,  martyr  à  Londres,  73  v°. 
Bayfild,  voir  Bayfield. 
Baylen,  Bailin,  Espagne,  Badajoz,  541. 
Baynam,  Georges,  martyr  à  Londres,  73. 
Baynes,  Ralph,  évêque  de  Lichfield-Coventry,  372,  373  v°- 

375  v°,  399-401  v°. 
Bazadais,  Bazadois,  France,  Gironde,  197,  209  v°. 
Bazadois,  voir  Bazadais. 

Beach,  Bêches,  Jeanne,  martyre  à  Rochester,  437  v°. 
Béarn,  Bierne,  France,  440  v°,  485  v°. 


Beaton,  Béton,   David  (lire  :  Jacques),  archevêque  de 

Saint-Andrews,  VIII,  71  v°-72,  89. 
Beaubrueil,  L,  juge,  320  v°. 
Beauce,  Beausse,  France,  VIII  v°,  274  v°. 
Beaufort,  Henri,  évêque  de  Winchester,  Wynton,  45  v°, 

47. 

Beaujeu,  Beau-ieu,  France,  Basses-Alpes  ;  —  Beaujeu, 

seigneur  de,  116,  116  v°. 
Beaumont,  Belgique,  Hainaut,  176  v°-177  v°.  —  Martyr  : 

Augustin  Dumarchiet. 
Beaumont-en-Argonne,  Beaumont  en  Porcien,  France,  Ar- 

dennes,  385. 

Beaumont,  Etienne  de,  conseiller  de  la  cour  de  Bordeaux, 
436. 

Beaune,  I.,  juge,  320  v°. 
Beaupré,  abbaye,  627  v°. 
Beaussart,  Jean  de,  suspect,  702. 
Beausse,  voir  Beauce. 
Beauvarlet,  Étienne,  suspect,  616  v°. 
Bec,  Jean  du,  martyr  à  Troyes,  114  v°. 
Becaudelle,  Marie,  dite  Gaborite,  martyre  aux  Essarts, 
82  v». 

Beccles,  Beckels,  Angleterre,  Suffolk,  437  v°.  —  Martyrs  : 

Jean  Denny,  Edmond  Poole,  Thomas  Spicer. 
Becco,  Beko,  Belgique,  Liège,  617-618. 
Bech,  Etienne,  prévôt  de  l'église  de  Manchester,  339. 
Bechameil,  F.,  voir  Chameil,  F.  B. 
Bêches,  voir  Beach. 
Beckels,  voir  Beccles. 

Becket,  Beket,  Thomas,  chancelier  d'Angleterre,  73  v°. 

Becol,  voir  Leyde,  Jean  de. 

Beda,  Noël,  théologien,  71,  75  v°. 

Bednam,  suspect,  3. 

Begat,  conseiller  à  Dijon,  622. 

Bekensal,  voir  Bekinsaw. 

Bekinsaw,  Bekensal,  Thomas,  secrétaire,  300  v°. 
Beko,  voir  Becco. 

Beleniam,  Belenian,  Nicolas,  martyr  à  Londres,  169. 

Belenian,  voir  Beleniam. 

Belial,  personnage  biblique,  344,  533. 

Bellabacht ,  voir  Bailleul. 

Bellay,  Eustache  du,  évêque  de  Paris,  521,  525  v°,  528  v°, 
530,  530  v». 

Bellay,  Guillaume  du,  seigneur  de  Langey,  lieutenant 

du  roi  de  France  en  Piémont,  119,  119  v°. 
Bellay,  Jean  du,  cardinal,  évêque  de  Paris,  114-114  v°, 

473  v°. 
Belle,  voir  Bailleul. 
Belleville,  France,  Rhône,  252  v°. 
Bels,  Jean,  religieux,  561. 

Benbridge,  Bambridge,  Thomas,  martyr  à  Winchester, 
472  v°. 

Bène,  Amaury  de,  Almeric  de  Bena,  Armeric,  martyr  à 
Paris,  5,  530. 

Benedictinus,  inquisiteur  à  Paris,  485  v°-486  v°,  488-489, 

509,  515-515  v». 
Benedictus  P.,  voir  Benoît,  Pierre. 
Benette,  voir  Bennet. 
Benerlar,  voir  Beverley  (  ?). 
Benjamin,  personnage  biblique,  313. 
Benjamin  Dauzamilliers,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Bennet,  Benette,  Robert,  suspect  libéré  à  Windsor,  106  v°. 
Bennett,  Benoit,  docteur,  416. 
Benoist,  voir  Benoît. 
Benoît,  saint,  687. 

Benoît  XIII,  Pierre  de  Luna,  de  la  Lune,  pape,  20  v°,  36. 
Benoît,  Benoist,  Nichols,  évêque  de  Bangor,  46,  47. 
Benoît  Romyen,  martyr  à  Aix-en-Provence,  470-472. 
Benoît,  Pierre,  assesseur  de  l'official  de  Limoges,  319  v°, 
320. 

Benoit,  voir  Bennett. 

Beor,  personnage  biblique,  415. 

Beraudin,  Gabriel,  martyr  à  Chambéry,  181,  181  v°. 
Bérée,  Berrée,  Berrhoé,  Berroé,  Grèce,  Macédoine,  282  v°, 

391,  596  v°. 
Berengarius,  voir  Bérenger. 
Bérenger,  Berengarius,  496. 

Bergeron,  Jean,  lieutenant  criminel  de  Saint-Pierre-le- 

Moûtier,  290,  290  v°. 
Berghes,  Jean  de,  dit  Malo,  martyr  à  Mons,  277,  306. 
Berghes,  Bergue,  Jean,  marquis  de,  gouverneur  de  Hainaut 

et  Valenciennes,  672,  692  v°. 
Berghes,  Maximilien  de,  archevêque  de  Cambrai,  696  v°. 
Berghes,  Robert  de,  prince-évêque  de  Liège,  617  v°-618. 
Bergholt,  Barholt,  Angleterre,  Suffolk,  364  v°,  423  v°. 
Bergiban,  voir  Bargibant. 
Bergier,  Denis,  frère  de  Pierre,  236  v°. 
Bergier,  Pierre,  martyr  à  Lyon,  236-239,  254  v°,  255. 
Bergues,  voir  Berghes. 


Bergues-Saint-Winoc,  Bergues-Saint-Winock,  France,  Nord, 
561  v». 

Bergues-Saint-Winock,  voir  Bergues-Saint-Winoc. 
Berie,  voir  Bury-Saint-Edmunds. 
Berkley,  Gilbert,  évêque  de  Bath,  92  v°. 
Berktold,  voir  Berthold. 

Berlin,  Allemagne,  54  v°.  —  Martyr  :  Matthieu  Hager. 
Bernard,  saint,  4,  22,  22  v°,  25,  25  v»,  108  v",  637  v°. 
Bernard,  évêque  de  Castellamare,  Castelle,  17  v°,  21  v°. 
Bernard  de  Badet,  conseiller  au  Parlement  d'Aix-en- 

Provence,  126  v",  129  v°,  175-176. 
Bernard  Roger,  martyr  à  Bury-Saint-Edmunds,  437  v°. 
Bernard  Seguin,  martyr  à  Lyon,  VIII  v»,  197-236. 
Bernard,  Thomas,  martyr  à  Lincoln,  102  v°. 
Bernardin  Ochino,  Ochin,  ou  de  Sienne,  Sienes,  passé  à 

la  Réforme,  156,  156  v»,  466. 
Bernardin  Santacroce,  Sainte  Croix,  juge  à  Cosenza, 

548-574. 

Berne,  Suisse,  Berne,  57,  84,  115,  182,  197,  202  v»,  203, 
235,  236  v°,  239,  279  v°,  280,  340  v°-342,  344,  385, 
408  v°,  411  v°,  412,  438  v»,  458  v°,  621,  628. 

Berquin,  Louis  de,  martyr  à  Paris,  VIII,  70  v°-71. 

Berrée,  voir  Bérée. 

Berrhoé,  voir  Bérée. 

Berroé,  voir  Bérée. 

Bertelot,  Gilles,  prévôt,  163. 

Berthaud,  voir  Berthauld. 

Berthauld,  François,  augustin,  passé  à  la  Réforme,  79- 
79  v°,  81. 

Berthclemy  Emetiers,  voir  Barthélémy  Emetiers. 
Berthélemy  de  Pisis,  voir  Barthélémy  Albizzi. 
Berthen,  Berthene,  Bertheneau,  France,  Nord,  562  v°. 
Berthene,  voir  Berthen. 
Bertheneau,  voir  Berthen. 

Berthold,  Berktold,  Haller,  réformateur,  115. 

Berton,  Guillaume,  professeur,  2  v°. 

Bertram,  Bertramus,  Corneille-Bonaventure,  professeur, 

678  v°,  686  v°. 
Bertramus,  voir  Bertram. 
Bertran,  87. 

Bertrand  Bataille,  martyr  à  Chambéry,  340-358. 
Bertrand  Le  Blas,  martyr  à  Tournai,  VIII  v°,  387-388. 
Bertrand  de  Chandieu,  conjuré  d'Amboise,  557-559  v°. 
Bertrand  le  Hongre,  procureur  général,  627  v°. 
Bertrand,  Jean,  martyr  à  Blois,  432-434  v°. 
Bertrand,  voir  Bertrandi. 

Bertrandi,  Jean,  cardinal,  archevêque  de  Sens,  garde  des 
sceaux,  481  v°,  483  v°,  491,  492,  519,  530  v°,  558  v°. 

Besançon,  France,  Doubs.  —  Martyr  :  Pierre  Coquillard. 

Bessa,  voir  Besse-sur-Issole. 

Besse-sur-Issole,  Bessa,  France,  Var,  276  v°. 

Béthanie,  Palestine,  316  v°. 

Béthel,  Palestine,  404. 

Bethléem,  Palestine,  32. 

Bethsabée,  personnage  biblique,  751  v°. 

Béton,  voir  Beaton. 

Beukels,  Jean,  voir  Leyde,  Jean  de. 

Beuvry,  France,  Pas-de-Calais,  82  v°. 

Beverage,  dominicain,  martyr  à  Edimbourg,  89. 

Beverlau,  Jean,  martyr  à  Londres,  14  v°,  15. 

Beverley,  Benerlar,  Angleterre,  Yorkshire,  10. 

Bezançon,  franciscain  à  Troyes,  181  v°. 

Bèze,  Besze,  Théodore  de,  réformateur,  197  v°,  581, 
584  vO-588  v",  628  v°-629,  643  v». 

Biard,  conseiller  à  Blois,  433  v°. 

Bibra,  Laurent  de,  évêque  de  Wurzbourg,  58. 

Biel,  Biellus,  Gabriel,  théologien,  469  v°,  676. 

Biela,  Drliko  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Biellus,  voir  Biel. 

Bierne,  voir  Béarn. 

Biez,  Belgique,  Hainaut,  387. 

B  illuge,  voir  Bull  en. 

Bilnée,  voir  Bilney. 

Bilney,  Bilnée,  Thomas,  martyr  à  Norwich,  72-72  v°. 
Bing,  King,  Georges,  mort  en  prison  à  Londres,  365  v°. 
Bird,  Jean,   appelé  petit  vieillard,   évêque   de  Bangor, 

Chester,  puis  Londres,  325,  325  v». 
Bivero,  Blanche  de,  martyre  à  Valladolid,  537  v°-538  v°. 
Bivero,  Constance  de,  martyre  à  Valladolid,  537  v°-538  v°. 
Bivero,  François  de,  martyr  à  Valladolid,  537  v°-538  v°. 
Bivero,  Jean  de,  martyr  à  Valladolid,  537  v°-538  v°. 
Bivero,  Léonore  de,  exhumée  et  brûlée  à  Valladolid,  537  v°. 
Biaise,  saint,  56. 
Biaise,  voir  Bertrand  Le  Blas. 
Blanc,  voir  Whyte,  Guillaume. 
Blanc,  Lanteaume,  mercier  à  Draguignan,  470. 
Blanc,  Maurice,  Maurizi,  martyr  à  Mérindol,  127-130. 
Blanche  de  Bivero,  martyre  à  Valladolid,  537  v°. 
Bland,  Jean,  ministre,  martyr  à  Canterbury,  VIII  v°,  358. 
Blandine,  sainte,  164. 


Blandrata,  Georges,  antitrinitaire,  622  v°. 
Blanzac,  France,  Charente,  197. 

Blas,  Bertrand  le,  Biaise,  martyr  à  Tournai,  VIII  v°, 

387-388. 

Blekere,  Liévin  de,  martyr  à  Audenarde,  663. 

Blois,  Bloys,  France,  Loir-et-Cher,  131,  178,  179,  245  v°, 

252  v°,  432-434  v»,  557  v",  622,  703  v°.  —  Martyr:  Jean 

Bertrand. 

Blois,  Maximilien  de,  dit  Cock,  ou  Coq  van  Necrijnen, 

martyr  à  Bruxelles,  701  v°. 
Blois,  Nicolas  de,  conseiller  à  la  Cour  de  Bordeaux,  436. 
Blondel,  Octovien,  martyr  à  Paris,  174. 
Bloys,  voir  Blois. 

Bobbio-Pelice,  Bobio,  Italie,  Turin,  575-576. 

Bobio,  voir  Bobbio-Pelice. 

Bock,  Olivier,  professeur  à  Heidelberg,  636. 

Bockhalt,  Henri,  dit  le  Cousturier,  martvr  à  Anvers,  512, 

513  v». 
Boèce,  philosophe,  40. 

Bohème,  5  v°,  15  v°-37  v°,  41-42  v°,  120  v°,  529. 
Bohorches,  Jeanne  de,  morte  en  prison  à  Séville,  542- 
542  v». 

Bohorches,  Marie  de,  martyre  à  Séville,  542-542  v°. 
Bohunko  de  Wratisdow,  gentilhomme  morave,  42. 
Bois,  André  du,  de  Colmars,  122  v°. 
Bois,  Jean  du,  martyr  à  Wa?sy,  592  v°. 
Bois,  N.  du,  juge,  409  v°-411,  414  v°. 
Bois,  Thomas  du,  dominicain,  555. 

Bois-le-Duc,  Bolduc,  Pays-Bas,  Brabunt  Septentrional,  491. 
Boissoni,  voir  Boissony. 

Boissony,  secrétaire  criminel,  115  v°,  122  v°,  123. 
Bolduc,  voir  Bois-le-Duc. 

Bolengers,  Boullenaer,  Christophe  de,  conseiller  à  Sens, 
597  v°. 

Bolengers,  Boullenger,  N.  de,  fils  du  précédent,  martyr 

à  Sens,  597  v°. 
Boleyn,  Boulen,  Anne  de,  reine  d'Angleterre,  VIII,  88  v°, 

89,  90,  92  v°,  97. 
Bologne,  Italie,  Emilie,  56  v°,  400  v°. 
Bonaventure,  saint,  466  v°. 
Bond,  prévôt  de  Gloucester,  304-305  v°. 
Bonnette,  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  526,  528. 
Boner,  voir  Bonner. 

Bonesb  de  Frabenicz,  gentilhomme  morave,  42. 
Bongay,  voir  Bungay. 
Boniface,  saint,  76  v°,  220  v°. 
Boniface  Ier,  pape,  381,  381  v°,  466. 
Bonnello,  Jacques,  553. 

Bonner,  Boner,  Edmond,  évêque  de  Londres,  92-94  v°, 
102-102  v°,  165-168,  191  v°,  300,  303,  309  v°,  316  v», 
321  v°  334,  361-364  v»,  376,  395  v°-408,  422-423, 
441  v°,  560  v°-561. 

Bonnet,  La  Rua  de  Bonnet,  Italie,  Turin,  575-576. 

Bon-Pain,  Pierre,  martyr  à  Paris,  164. 

Booz,  personnage  biblique,  354. 

Borde,  Jean  de  la,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Bordeaux,  Boardeaux,  France,  Gironde,  99  v°-101  v°,  197, 
198-201,  319  v°,  434  v°-437,  440  v°-441  v»  449  v°- 
450  v°,  454,  519  v°,  580  v°,  620  v°.  —  Châteaux  : 
Hâ,  Trompette,  436  v°.  —  Églises  :  Saint-André,  101  v°, 
436,  436  v»,  450  v°  ;  —  Saint-Christophe,  100  v».  — 
Rue  :  Poitevine,  437.  —  Tour  des  Barons,  100  v°.  — 
Archevêques  :  François  de  Mauny,  Antoine  Prévôt. 
—  Martyrs  :  Jérôme  Casabonne,  Jean  de  Cazes, 
Philbert  Hamelin,  Arnaud  Monier,  Aymond  de  la 
Voye. 

Bordel,  Jean  du,  martvr  à  Fort-Coligny,  au  Brésil,  460  v°- 
465  v°. 

Bordes,  Antoine  de,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Bordes,  Nicole  de,  martyre  à  Wassy,  592  v°. 

Borel,  Georges,  geôlier,  87  v°. 

Boristhène,  voir  Dnieper. 

Borne,  Martin  de  la,  juge,  320  v°. 

Borschnitz,  Jean  de,  évêque  de  Lubusz,  17  v°,  21  v°. 
Boryes,  le  sieur  de,  699. 

Bosc,  Jean  du,  seigneur  de  Mandreville,  martvr  à  Rouen, 
621. 

Boschere,  Jean  le,  martyr  à  Anvers,  568-568  v°. 
Boston,  Tavernier  de,  musicien  à  Oxford,  74  v°. 
Bosves,  François  des,  dit  Ditmesnil,  capitaine  de  Saint- 

Dizier,  593-594. 
Bot  limes,  voir  Pôttmes. 

Botteler,  Jean,  huissier  du  roi  d'Angleterre,  45. 
Bouc,  voir  Boucq. 

Bouchebec,  Jacques,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Boucher,  Jean,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Boucher,  voir  Butcher,  Jeanne. 

Boucq,  Bouc,  Roland  le,  martyr  à  Valenciennes,  692  v°, 
696. 

Boudri,  voir  Boudry. 


g 


Boudry,  Boudri,  Suisse,  Neuchâtel,  239. 

Bouillon,  Buillon,  Buoillon,  Henri-Robert  de  La  Marck, 

duc  de,  693,  693  v°. 
Boulard,  Marguerite,  martyre  à  Douai,  97  v°-98,  106. 
Boulen,  voir  Boleyn. 
Boulenois,  voir  Boulonnais. 

Boulereau,  Jacques,  martyr  à  Langres,  170  v°,  171. 
Bouliers,  Françoise  de,  dame  de  Cental,  130,  175,  176. 
Bouliers,  Jean-Louis-Nicolas,  seigneur  de  Cental,  129  v°, 
130. 

Boullenger,  voir  Bolengers. 

Boulogne-sur-Gesse,  Boulongne,  France,  Haute-Garonne, 
197. 

Boulongne,  voir  Boulogne-sur-Gesse. 

Boulonnais,  Boulenois,  France,  VIII. 

Bouncer,  Oudard,  martyr  à  Rouen,  106. 

Bourbon,  Antoine  de,  roi  de  Navarre,  499  v°,  559-563, 

580  v°,  585  v°,  587,  618  v°-620. 
Bourbon,  Antoinette  de,  douairière  de  Guise,  578  v°, 

591,  593-594  v°. 
Bourbon,  Charles  de,  connétable  de  France,  129. 
Bourbon,  François  de,  seigneur  d'Enghien,  393  v°. 
Bourbon,   François   de,   duc   de   Montpensier,  prince 

dauphin,  519. 

Bourbon,  Louis  Ier  de,  prince  de  Condé,  559,  580  v°, 

594  v°,  598,  619,  621-622,  628,  656. 
Bourbon,  Monsieur  de,  voir  Bourbon,  Charles  de. 
Bourbon-Montpensier,  Charles  de,  prince  de  La  Roche- 

sur-Yon,  408  v°,  409,  410,  410  v°,  411,  519. 
Bourbonnais,  Bourbonnois,  France,  258,  289  v°. 
Bourbonnois,  voir  Bourbonnais. 

Bourdaisières,  Bourdoisière,  Philibert  Babou,  sieur  de  la, 

évêque  d'Angoulème,  455  v°. 
Bourdeaux,  voir  Bordeaux. 

Bourdeys,  Guillaume,  oncle  de  Guillaume  de  Don- 
gnon,  319  v°. 
Bourdoisière,  voir  Bourdaisières. 

Bourdon,  Pierre,  martvr  à  Fort-Colignv,  au  Brésil,  460  v°- 
465  v". 

Bourg,  Anne  du,  martyr  à  Paris,  IX,  518  v°,  519,  521, 

523,  525  v°-536,  558  'v°. 
Bourg,  Jean  du,  martyr  à  Paris,  82. 
Bourg-en-Bresse,  France,  Ain,  239.  —  Martyr  :  Hugues 

Gravier. 
Bourges,  France,  Cher,  269. 

Bourgogne,  Bourgongne,  France,  VIII  v°,  IX,  114  v°,  171, 
178,  278  v°,  385,  451,  455  v°,  481  v°,  597,  622. 

Bourgogne,  Adolphe  de,  seigneur  de  Wacken,  grand 
bailli  de  Gand,  670. 

Bourgoin,  François,  ministre  de  Genève,  237. 

Bourgongne,  voir  Bourgogne. 

Bourgues,  voir  Burgos. 

Bourguignons,  César  des,  évêque  de  Limoges,  320. 

Bourlet,  Etienne,  martyr  à  Arras,  82  v°. 

Bourne,  Burne,  Gilbert,  évêque  de  Bath  and  Wells,  330, 

330  v°,  331,  339  v°,  398,  398  v°,  408. 

Bourne,  Burne,  Bumo,  Jean,  secrétaire,  296  v°,  297,  306  v°, 

331  v°,  332. 
Boutignis-en-Gâtinois,  voir  Boutigny. 

Boutignv,  Boutig:iis-ei;-Gâîinois,  France,  Seine-et-Marne, 

523  v°. 
Boutzon,  voir  Baudouin. 

Bouvery,  Gabriel  de,  évêque  d'Angers,  408  v°,  411  v°, 

412,  412  v°,  414,  414  v°,  457. 
Bouvigny,  voir  Bouvines. 
Bouvines,  Bouvigny,  France,  Nord,  106. 
Bouvot,  commissaire,  499. 

Bovenkerken,   Guillaume  de  Keicken,   seigneur  de, 

maïeur  de  Malines,  385  v°-387. 
Bozver,  voir  Bowyer. 

Bowyer,  Bozcer,  Thomas,  martyr  à  Stratford,  437  v°, 

441  v-o-442  v°. 
Boxtale,  Jean  de,  661. 

Brabant,  province  des  anciens  Pays-Bas,  VII  v°,  VIII,  IX, 
59,  60,  85  v°,  95-96,  98,  103,  186,  293  v°,  385,  395,  491, 
601,  648  v°,  667  v»,  670,  695  v»,  696  v°,  701  v°. 

Brachot,  Claude,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Bradbrig,  voir  Brodbridge. 

Bradford,  Bradfort,  Jean,  ministre,  martyr  à  Londres, 

318  v»,  325,  329  v°-340,  373. 
Bradfort,  voir  Bradford. 

Braine-le-Château,  Brayne-le-Chasteau,  Belgique,  Brabant, 

600  v°-601,  610,  615. 
Brainford,  voir  Brentford. 

Braintree,  Braintrie,  Angleterre,  Essex,  316  v°.  —  Martyr  : 

Guillaume  Pygot. 
Braintrie,  voir  Braintree. 
Brumaire,  voir  Honorât  Auldol. 
Bran,  Charles  le,  martyr  à  Liège,  703. 
Brandebourg,  Allemagne,  voir  Albert,  margrave  de. 


Brandebourg,  Albert  de,  archevêque  de  Magdebourg, 
57  v". 

Brasbourg,  voir  Brasbridge. 

Brasbridge,  Brasbourg,  Guillaume,  seigneur  anglais, 
373  v». 

Bray,  Brès,  Guy  de,  ministre,  martyr  à  Valenciennes, 

427  v°,  429,  567  v",  673-694  v",  696. 
Brayne-le-Chasteau,  voir  Braine-le-Château. 
Brederode,  Henri,  de,  669,  672  v°,  673,  701  v". 
Brème,  Allemagne,  62,  131  v°. 
Brence,  voir  Brenz. 

Brentford,  Brainford,  Angleterre,  Middlesex,  472  v°.  — 
Martyrs  :  Etienne  Cotton,  Robert  Dynes,  Robert 
Milles,  Guillaume  Pikes,  Jean  Slade,  Etienne  Wight. 

Brentwood,   Burnowood,   Angleterre,   Essex,    316   v°.  — 

Martyr  :  Guillaume  Hunter. 
Brenz,  Brence,  Jean,  théologien,  154. 
Breron,  Jean,  chanoine  d'Angers,  410  v°,  412. 
Brès,  voir  Bray. 

Brésil,  442  V-446,  448  v»,  449,  460  v°-465  v°. 
Bresse,  France,  85,  239,  291  v». 
Brest,  France,  Finistère,  442  v°. 

Bretagne,  Bretaigne,  France,  VII  v°,  442  v°,  456  v°,  491  v°, 

557  v». 
Bretaigne,  voir  Bretagne. 

Bretenay,  Jacques,  martyr  à  Langres,  170  v°,  171. 
Bribard,  François,  martyr  à  Paris,  114-114  v°. 
Bricheras,  voir  Bricheros. 

Bricheros,  Briqueras,  Briquerds,  Italie,  Piémont,  457  v°. 
Briçonnet,  Guillaume,  évêque  de  Meaux,  68  v°-70  v°, 

82,  160  v°,  161,  162. 
Bridges,  Edmond,  304  v°. 

Bridges,  Brydges,  Jean,  Lord  Chandos,  Sandoiz,  Schan- 
doitz,  Shandon,  juge,  304  v°,  305,  401  v°,  402  v°,  419  v°. 
Bridges,  Brigge,  Thomas,  chevalier,  419  v°. 
Brie,  France,  VIII  v»,  114  v»,  160  v°,  170  v",  173  v°. 
Briel,  Guillaume,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Brigge,  voir  Bridges,  Thomas. 
Brignoles,  Brinolles,  France,  Var,  176  v°. 
Brinolles,  voir  Brignoles. 
Briquerds,  voir  Bricheros. 
Brischell,  N.,  gentilhomme  morave,  42. 
Brisgau,  Brisgoye,  Allemagne,  67  v°-68  v°. 
Brisgoye,  voir  Brisgau. 

Brissac,  Charles  de  Cossé,  comte  de,  maréchal  de  France, 
474. 

Brissebarre,  Jean,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Brissonet,  Nicolas,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Bristav,  voir  Bristol. 

Bristol,  Bristav,  Angleterre,  Gloucestershire,  194,  382  v°, 
383,  437  v°.  —  Évêque  :  Jean  Holyman.  —  Martyrs  : 
Édouard  Sharp,  tisserand,  N.,  charpentier  (et  non 
gantier). 

Britwel,  Brytzvel,  Thomas,  suspect,  4  v°,  7,  13  v°. 
Brodbridge,  Bradbridg,  Georges,  martyr  à  Canterbury, 
365  v°. 

Broedere  Balten,  voir  Balten. 
Brok,  voir  Brook. 
Bronzeval,  voir  Brousseval. 
Brook,  Brok,  seigneur  anglais,  493  v°. 
Brooks,  Jacques,  évêque  de  Gloucester,  398-399. 
Brossier,  Simon,  ministre,  martvr  à  Périgueux,  620  v°- 
621. 

Broun,  voir  Brown. 

Brousseval,  Bronzeval,  France,  Haute-Marne,  591  v°. 

Brown,  Broum,  Antoine,  messager,  193. 

Brown,  Broun,  Brun,  Jean,  chevalier,  martyr  à  Londres, 

VII  v»,  14  v°,  15. 
Brown,  Brovn,  Thomas,  martyr  à  Londres,  423. 
Browne,  Jean,  gentilhomme,  419  v°. 
Bruge,  voir  Bruges. 

Bruges,  Belgique,  Flandre  Occidentale,  191  v»,  268,  268  v°, 
395,  449-449  v°,  460,  569,  635  v°,  637.  —  Eselstrate, 
449  v°.  —  Martyrs  :  Charles  Coninck,  Philibert  de 
la  Haye,  Pierre  le  Roux,  Corneille  Volcart. 

Bruges,  Bruge,  Jean,  commandant  de  la  Tour  de  Londres, 
268  v°. 

Bruges,  Bruge,  N.,  frère  du  précédent,  268. 
Brugière,  Jean,  martyr  à  Issoire,  171  v°-173  v°. 
Brully,  Pierre,  ministre,  martyr  à  Tournai,  VIII,  134  v°- 
140. 

Brun,  Étienne,  martyr  à  Planuol  en  Dauphiné,  94  v°-95. 
Brun,  voir  Brown. 

Bruneau,  Jacqueline,  martyre  à  Tournai,  617. 
Brunerol,  Jean,  lieutenant  du  bailli  de  Mérindol,  125, 
125  v». 

Bruni,  Léonard,  dit  YAretin,  humaniste,  39  v°-41. 

Brunsvic,  voir  Brunswick. 

Brunswick,  Brunsvic,  duc  de,  57  v°. 

Bruny,  receveur  du  roi  à  Draguignan,  539,  539  v°. 


10 


Bruslard,  procureur  du  roi,  473. 
Brute,  N.  de  la,  capitaine,  129  v°. 

Bruxelles,  Belgique,  Brabant,  85  v°,  98,  99,  102  v°-103, 
104  v°-105  v°  135,  395,  509  v°-512  v»,  561,  568,  594  v°- 
595,  601,  610,  623,  624  v°,  666  v°,  669  v",  674,  692, 
695,  696,  702  v°.  —  Martyrs  :  Pierre  d'Andelot,  Gijs- 
brecht  et  Thierry  de  Batenburg,  Maximilien  de 
Blois  dit  Cock,  comte  d'Egmont,  Jean  Esch,  Jean 
le  Grain,  comte  de  Hornes,  Josse  Jusberg,  Jean  Ru- 
mault,  ( Formault) ,  Gilles  Tielemans,  Antoine  Ver- 
drickt,  Gilles  Verdrickt,  Henri  Voes,  Philippe  van 
Winghe. 

Brydges,  voir  Bridges. 

Brytan,  cousin  d'Anne  Askew,  165  v°. 

Brytwel,  voir  Britwel. 

Buendia,  comte  de,  537. 

Buathier,  voir  Buatier. 

Buatier,  Buathier,  vicaire  général,  officiai  de  Lvon,  197  v°, 

198,  203-206,  235,  253,  253  v°,  388,  391  v0.' 
Bubbiana,  Bubiane,  Italie,  Turin,  469  v°. 
Bubiane,  voir  Bubbiana. 
Bucella,  Nicolas,  réformé,  697  v°. 

Bucer,  Martin,  réformateur,  115,  134  v°,  152,  153  v°, 
154,  156  v°,  157,  191  v°,  307,  322  v°,  329,  v»,  488. 

Bucka,  Jean,  évêque  de  Litomysl,  18,  32,  32  v",  33  v°. 

Bucq,  Bucz,  Jean  de,  et  son  épouse  Anne  van  de  Velde, 
martrys  à  Gand,  150. 

Bucz,  voir  Bucq. 

Budé,  Guillaume,  maître  des  requêtes,  71  v°,  78. 

Budé,  Mathieu,  réformé,  151  v°. 

Buet,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse,  699  v°. 

Bugenhagen,  Jean,  théologien,  58. 

Bugle,  Thomas,  martyr  à  Londres,  48  v°. 

Buillon,  voir  Bouillon. 

Buis,  Jean  du,  comte  de  Sancerre,  gouverneur  de  Tours, 
557  v°. 

Buisset,  Matthinette  du,  épouse  de  Hector  Remy,  mar- 
tyre à  Douai,  106. 
Buisson,  voir  Le  Buisson-et-Braux. 


Buissons,  Jean  de,  martyr  à  Anvers,  569  v°-572. 
Bulinger,  voir  Bullinger. 
Bulingere,  voir  Bullinger. 

Bullen,  Billuge,  Thomas,  comte  de  Wiltshire,  416. 
Bullinger,  Bulinger,  Bulingere,  Henri,  réformateur,  85, 
488,  643  v». 

Bullingham,  Nicolas,  évêque  de  Lincoln,  92  v°-93. 
Bungay,  Bongay,  Thomas  de,  martyr  à  Norwich,  56. 
Bungaye,  voir  Bungey. 

Bungey,  Bungaye,  Corneille,  martyr  à  Coventry,  375  v°. 
Buoillon,  voir  Bouillon. 

Buren,  Philippe-Guillaume  de  Nassau,  comte  de,  672  v°. 
Burgensis,  Jérôme,  évêque  de  Châlons-sur-Marne,  589  v°- 
591  v". 

Burgos,  Bourgues,  Espagne,  Castille,  131  v°. 
Burie,  voir  Bury-Saint-Edmunds. 
Burne,  voir  Bourne. 
Burno,  voir  Bourne. 
Burmvood,  voir  Brentwood. 

Buron,  Jean,  dit  Le  Lanlernier,  martyr  à  Angers,  456  v°- 
457  v°. 

Burre,  Hubert,  martyr  à  Dijon,  178. 

Burward,  Antoine,  martyr  à  Canterbury,  365  v°. 

Bury,  Belgique,  Hainaut,  623. 

Bury-Saint-Edmunds,  Berie,  Burie,  Edmond-Burye,  Ed- 
mondsbury,  Angleterre,  Suffolk,  73  v°,  361,  424,  437  v°. 
—  Martyrs  :  Jacques  Abbes,  Jean  Fortune  ou  Cutler, 
Thomas  Spurdance  ;  —  trois  martyrs  exécutés  ensem- 
ble :  Roger  Bernard,  Adam  Foster,  Robert  Lawson. 

Busca,  Busqué,  Italie,  Coni,  466. 

Busqué,  voir  Busca. 

Butcher,  Boucher,  Cantie,  Contienne,  de  Kent,  Jeanne, 

martyre  à  Canterbury,  191  v°,  192,  310  v°,  402  v°. 
Butinot,  voir  Hutinot. 

Butler,  Guillaume,  voir  Bamford,  Guillaume,  alias 
Butler. 

Byland,  abbaye  cistercienne,  Angleterre,  Yorkshire,  7  v°. 
Byomo,  Baptiste,  juge,  555. 


C 


Cabanes,  voir  Les  Cabanes. 

Cabasse,  Raymond,  docteur  en  théologie,  43,  43  v°. 
Cabot,  Jean,  docteur  en  théologie,  435  v°,  436. 
Cabrie,  Jean,  ancien  de  Mérindol,  124  v°. 
Cabrierette,  France,  Vaucluse,  129  v°. 
Cabrière,  voir  Cabrières-d'Aigues. 
Cabrières,  voir  Cabrières-d'Aigues. 

Cabrière-d'Aigues,  Cabrière,  Cabrières,  France,  Vaucluse, 
VIII  v»,  114  v°,  123,  123  v»,  126-131,  174  v°-176  v°, 
470,  473,  539,  540,  551  v».  —  Martyrs  :  N.N.,  nom- 
breuses personnes  massacrées. 

Caçalla,  Augustin  de,  martyr  à  Valladolid,  537  v°-538, 
544. 

Cadenet,  France,  Vaucluse,  126  v°,  127,  129  v»,  130,  175. 

Caesar,  voir  César. 

Cahors,  France,  Lot,  340  v°,  619. 

Caiarc,  voir  Cajarc. 

Caillon,  Michel,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 

Caillot,  Nicolas,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Caillou,  Jean,  martyr  à  Tours,  481  v°-482. 

Caïn,  personnage  biblique,  34  v°,  62  v°,  151  v°,  154  v°, 

271,  359  v°. 
Caïphe,  Cayphe,  grand  prêtre  juif,  217,  667  v°. 
Cajarc,  Caiarc,  France,  Lot,  340. 
Cajetan,  Thomas,  cardinal,  58. 

Calabre,  Italie,  77  v»,  115,  544  v°,  545,  550  v°,  553,  554  v°. 
Calais,  Calets,  France,  Pas-de-Calais,  43  v°,  594  v°. 
Calbergue,  Thomas,  martyr  à  Tournai,  VIII  v°,  290  v°- 

291  V. 
Calcedone,  voir  Chalcédoine. 
Caleb,  personnage  biblique,  205,  655  v°. 
Calets,  voir  Calais. 
Caligula,  empereur  romain,  VI  v°. 
Calixte  Ier,  pape,  531  v°. 

Calvet,  François  du,  officiai  de  l'évêque  de  Montauban, 
martyr  à  Toulouse,  619-620. 


Calvin,  Jean,  77  v°,  82,  134  v°  197  v°,  228-229  v°,  233, 
251-252  v°,  254  v°-255  v°,  259-262,  269,  277  v°-279, 
340  v»,  350  v°,  353,  357,  394  v»,  401,  445,  461  v°,  466  v», 
468-469  v°,  486  v°,  487  v°,  496  v°,  499  v°,  503,  528  v°, 
529,  552,  555  v°-556,  560  v»,  568  v°,  587  v°,  595,  595  v°, 
602  v»,  605,  609,  631  v»,  632,  638  v°,  643  v°,  691  v°,  706. 

Calvinus,  voir  Calvin. 

Cam,  voir  Cham. 

Cambrai,  Cambrav,  France,  Nord,  IX,  19  v°,  21,  21  v°, 
23,  25-27  v°,  28  v»,  58  v°-60  v°,  135,  614,  617,  696, 
696  v°.  —  Évêques  :  Pierre  d'Ailly,  Maximilien  de 
Berghes,  Robert  de  Croy.  —  Martyrs  :  Antoine 
Caron,  Renaudine  de  Francville. 

Cambray,  voir  Cambrai. 

Cambrésis,  France,  5. 

Cambridge,  Cambrige,  Cantabridge,  Cantabrige,  Cantorbie, 
Angleterre,  Cambridge,  102  v°,  191  v°,  293  v°,  309, 
322  v°,  329  v°-331  v»,  376,  379,  382,  406  v»,  415  v°, 
416,  417  v°,  429-431,  437  v°.  —  Pembroke  Hall  et 
Université,  322  v°,  329  v°-331  v°,  376.  —  Martyr  : 
Jean  Huilier.  Bûchers  posthumes  :  Martin  Bucer,  Paul 
Fagius. 

Cambrige,  voir  Cambridge. 

Cambry,  Nicolas,  conseiller  du  bailliage  de  Tournai, 
387  v°. 

Camilla  Guarina,  épouse  de  Jean-Louis  Pascal,  545- 

549  v°,  553,  553  v°. 
Camille,  Marc  Furius,  héros  romain,  42  v°. 
Campagne,  Campaigne,  France,  Dordogne,  620  v°. 
Campaigne,  voir  Campagne. 

Campbel,  Jean,  député  de  la  justice,  195  v°,  196  v°. 
Campege,  Cardinal,  voir  Campeggio,  Laurent,  cardinal. 
Campeggio,  Campege,  Laurent,  cardinal,  évêque  de  Salis- 
bury,  86. 

Campo,  Christophe  del,  martyr  à  Valladolid,  538. 
Campo,  Jean,  juge  à  Dixmude,  559  v°-561. 


11 


Cana,  noces  de,  187,  187  v°. 
Canaries,  îles,  444  v°. 
Candace,  reine  d'Éthiopie,  213  v°. 
Candie,  voir  Crête. 

Canesière,  Claude  de  la,  martyr  à  Lyon,  3S8-395. 
Cantabridge,  voir  Cambridge. 
Cantabrige,  voir  Cambridge. 

Canterbury,  Cantorbérie,  Cantorbie,  Canturbie,  Angleterre, 
Kent,  VIII  v»,  1  v°-2  v°,  4  v°,  5,  8  v°,  13,  44,  44  v°, 
72,  90-90  v°,  92  v°-93  v»,  94  v°,  294,  306  v»,  325,  327  v°, 
339,  358-360  v°,  362  v°,  365  V,  375  v°,  376,  402  v», 
415  v»,  416  v°,  418,  423  v»,  434  v»,  437  v°,  560  v°,  561, 
700  v°.  —  Archevêques  :  Thomas  Arundel,  Thomas 
Cranmer,  Henri  Chicley,  Guillaume  de  Courtenay, 
Mathieu  Parker,  Simon  de  Sudbury,  Guillaume 
Warham.  —  Martyrs  :  Anne  Albright,  Jean  Archer, 
Jean  Bland,  Georges  Brodbridge,  Antoine  Burward, 
Jeanne  Butcher,  Georges  Catmer,  Jeanne  Catmer, 
Dunston  Chittenden,  Jean  Clarke,  Guillaume  Co- 
ker,  Richard  Colliar,  Guillaume  Foster,  Jean  Franks, 
Guillaume  Hopper,  Henri  Laurence,  Jacques  Leaf, 
Jean  Lomas,  Humphrey  Middleton,  Grégoire  Parke, 
Alice  Potkins,  Georges  Ropper,  Nicolas  Scheterden, 
Agnès  Snoth,  Jeanne  Sole,  Guillaume  Stère,  Robert 
Streater,  Jacques  Tutty,  Jean  Webbe,  Richard  Wright. 

Cantie,  voir  Kent. 

Cantie,  voir  Butcher,  Jeanne. 

Contienne,  Iane,  voir  Butcher,  Jeanne. 

Cantier,  voir  Kent. 

Cantorbérie,  voir  Canterbury. 

Cantorbéry,  voir  Canterbury. 

Cantorbie,  voir  Canterbury.  —  Lire  :  Cambridge,  f°  379. 
Canturbie,  voir  Canterbury. 

Canus,  Alexandre,  dit  Laurent  de  la  Croix,  ministre, 

martyr  à  Paris,  VIII,  78-78  v°. 
Capo  d'Istria,  voir  Kopar. 

Caraffa,  famille,  lignée  des  Caraffes,  Caraphes  Neapolitains, 

365  v°,  371  v°. 
Caraffa,  Caraffe,  Antoine,  cardinal,  554. 
Caraffa,  Caraffe,  Charles,  cardinal,  491. 
Caraffa,  Caraffe,  Giampetro,  voir  Paul  IV,  pape. 
Caraffe,  voir  Caraffa. 
Caraffes,  voir  Caraffa. 
Caraphes  Neapolitains,  voir  Caraffa. 
Carbonieri,  Valguichard,  Italie,  Turin,  575. 
Carcassonne,  France,  Aude,  619. 

Cardiff,  Cardiffle,  Angleterre,  Galles,  317  v°.  —  Martyr  : 

Rawlins  White. 
Cardiffle,  voir  Cardiff. 
Cardinal,  Jean,  628. 

Cardington,  Carlington,  Angleterre,  Shropshire,  10. 
Cardmaker,  Jean,  chanoine,  martyr  à  Londres,  297  v°, 

313,  321-322,  332  v°,  396. 
Careless,  Carels,  Jean,  mort  en  prison  à  Londres,  437  v°. 
Carels,  voir  Careless. 

Carignan,  Italie,  Turin,  573  v°.  —  Martyrs  :  Jean  de 

Carquignan,  Jeanne  et  Mathurin. 
Caria,  voir  Carla-Bavle. 
Carla-Bayle,  Caria,  Fr^ce,  Ariège,  699. 
Carleton,  Karleton,  Guillaume,  docteur,  46. 
Carlier,  Wauldru,  martyre  à  Mons,  308  v°. 
Carlington,  voir  Cardington. 

Carlisle,  Carnil,  Angleterre,  Cumberland,  297.  —  Évêque  : 

Robert  Aldridge. 
Carlos,  Charles,  fils  de  Philippe  II,  537. 
Carmarden,  voir  Carmarthen. 

Carmarthen,     Carmarden,     Angleterre,  Carmartenshire, 

314  v°.  —  Martyr  :  Robert  Ferrar. 
Carne,  Karmns,  docteur,  416. 
Carneys  Pradier,  juge,  320  v°. 
Carnil,  voir  Carlisle. 

Carnolis,  Jean  de,  prévôt  de  la  cathédrale  d'Aix-en- 

Provence,  117,  118. 
Carolostade,  voir  Karlstadt. 

Caron,  Antoine,  martyr  à  Cambrai,  616  v°,  617. 
Caron,  Claudine,  épouse  d'Antoine,  616  v°. 
Carondelet,  Jean,  archevêque  de  Païenne,  60  v°. 
Carpentier,  Georges,  martyr  à  Munich,  VII   v°,  69- 
69  v°. 

Carpentras,  France,  Vaucluse,  120  v°,  123,  123  v°.  — 

Évêque  :  Jacques  Sadolet. 
Carquignan,  Jean  de,  martvr  à  Carignan,  573  v°. 
Carthage,  Tunisie,  113  ;  —  concile,  113,  114,  227,  400, 

405  v°,  406,  468. 
Cartheny,  Cartini,  Jean  de,  prieur  des  carmes  à  Valen- 

cienne,  611. 
Cartini,  voir  Cartheny. 

Carver,  Dirick,  Harman,  Herman,  Diricke,  martyr  à 
Lewes,  361. 

Casa,  Jean  délia,  secrétaire  du  cardinal  Caraffa,  371  v°. 


Casabone,  Hierome,  voir  Casabonne,  Jérôme. 
Casabonne,  Jérôme,  Casabone,  Hierome,  martyr  à  Bor- 
deaux, 440  v°-441  v°. 
Cassius,  477  v°. 

Castalio,  voir  Castellion,  Sébastien. 
Castelain,  voir  Castellan. 
Castelane,  voir  Castellane. 

Castellamare,  Castelle,  Italie,  Naples,  17  v°,  21  v°.  — 

Évêque  :  Bernard. 
Castellan,  Castelain,  Chastellain,  Châtelain,  Jean,  martyr 

à  Vic-sur-Seille,  VIII,  62-63  v°. 
Castellane,  Castelane,    France,   Basses-Alpes,  539-540. 
Castellanus,  voir  Chastel. 
Castelle,  voir  Castellamare. 

Castellion,  Castalio,  Sébastien,  théologien,  493. 
Castelnau-Tursan,   Charles   de,   baron   de  Castelnau, 

conjuré,  martvr  à  Amboise,  557  v°-558  v°. 
Castille,  Espagne,  IX,  537,  540. 

Castro,  Alphonse  de,  moine  espagnol,  337  v°-338  v°. 

Catel,  Jean,  martyr  à  Lille,  653  v°-654. 

Cateline,  Otto  van,  Katelin,  Ottho,  Oest,  Georges  van, 
martyr  à  Gand,  VIII  v°,  287  v°-289  v°. 

Cateline,  Christine  van,  épouse  d'Otto,  288  v°,  289. 

Cateline,  Samuel  van,  fils  d'Otto,  289. 

Cateline,  Sara  van,  fille  d'Otto,  289. 

Catelle,  N.  La,  maîtresse  d'école,  martyre  à  Paris,  82. 

Cateux,  Catteu,  Jean,  martyr  à  Valenciennes,  696  v°. 

Catherine,  fille  de  Jean  Ricourt,  161  v°-163  v  . 

Catherine  d'Aragon,  reine  d'Angleterre,  88  v°,  90  v°, 
416,  416  v»,  417  v°,  418,  420. 

Catherine  Grey,  sœur  de  Jeanne  Grey,  267  v°-268. 

Catherine  Howard,  Havart,  cinquième  épouse  d'Hen- 
ri VIII,  94  v°. 

Catherine  Hut,  martyre  à  Londres,  437  v°. 

Catherine  de  Médicis,  reine  de  France,  178,  178  v°, 
580-581  v°,  585-588,  598,  598  V,  619. 

Catherine  Metsys,  martyre  à  Louvain,  95-98. 

Catherine  Ortega,  martyre  à  Valladolid,  538. 

Catherine  Romain,  martyre  à  Valladolid,  538. 

Catherine  Saube,  martyre  à  Montpellier,  VII  v°,  42  v°- 
43  v°. 

Catherine  Thys  ou  Matthijs,  Diessen,  épouse  d'André, 

suspecte,  385-386  v°. 
Catmer,  Catner,  Georges,  martyr  à  Canterbury,  365  v°. 
Catmer,  Painter,  Jeanne,  épouse  du  précédent,  martyre 

à  Canterbury,  423  v°. 
Catner,  voir  Catmer. 
Cattaro,  voir  Kotor. 
Catteu,  voir  Cateux. 

Caturce,  Caturco,  Jean  de,  martyr  à  Toulouse,  VIII, 

73  v°-74. 
Caturco,  voir  Caturce, 

Caudebec-en-Caux,  France,  Seine-Maritime,  170  v°. 
Caudebek,  voir  Caudebec-en-Caux. 
Cauron,  voir  Cavron-Saint-Martin. 

Causis,  Michel  de,  curé  à  Prague,  16  v°,  17,  19  v°,  24, 

27  v»,  33  v»,  34,  37  v». 
Causson,  voir  Causton. 

Causton,  Causson,  Thomas,  martyr  à  Rayleigh,  315-316  v°. 
Caval,  consul  à  Draguignan,  471  v°. 

Cavaillon,  France,  Vaucluse,  120  v°,  123-126,  129,  130, 

130  v°.  —  Évêque  :  Pierre  de  Ghinucci. 
Cavalier,  Cavalieri,  Antoine,  consul  à  Draguignan,  470, 

471  v°. 
Cavalieri,  voir  Cavalier. 

Cavel,  Caves,  Jean,  martyr  à  Londres,  437  v°. 

Caves,  voir  Cavel. 

Cavor,  voir  Cavour. 

Cavour,  Cavor,  Italie,  Piémont,  576. 

Cavron-Saint-Martin,  Cauron,  France,  Pas-de-Calais,  706, 
706  v°. 

Cawch,  Léon,  Coyxe,  Lyon,  martyr  à  Stratford,  437  v°, 

441  v°-442v°. 
Cayphe,  voir  Caïphe. 

Cazes,  Jean  de,  martyr  à  Bordeaux,  434  v°-437. 
Cécilian,  Cecilius,  évêque  de  Carthage,  478,  478  v°,  682  v°, 

685  v",  686  v°. 
Cefalonie,  voir  Céphalonie. 
Célestin,  pape,  658  v°. 
Celse,  Celsus,  philosophe  romain,  668  v°. 
Celsus,  voir  Celse. 
Cenalis,  voir  Ceneau. 

Cene,  Nicolas  le,  martyr  à  Paris,  484-485  v°. 
Cene,  Philippe,  martyr  à  Dijon,  450  v°-456  v°,  484. 
Ceneau,  Cenalis,  Robert,  évêque  d'Avranches,  480  v°. 
Cental,  Françoise  de  Bouliers,  dame  de,  130,  175,  176. 

—  Jean-Louis-Nicolas   de   Bouliers,    seigneur  de, 

129  v°,  130. 
Centfrancs,  voir  Claudin. 
Céphalonie,  Cefalonie,  île  Ionienne,  697. 


12 


Cephas,  personnage  biblique,  91. 

Cerisy-la-Forêt,  Cerisy-monpinson,  France,  Manche,  408  v°. 
Cerhy-monpinson,  voir  Cerisy-la-Forêt. 
César,  Cesarius,  moine,  300,  678. 
César,  colonel,  555. 

César  des  Bourguignons,  évêque  de  Limoges,  320. 

César  Cibo,  Ususmaris,  archevêque  de  Turin,  439. 

Cesarius,  voir  César. 

Chaalons,  voir  Châlons-sur-Marne. 

Chabot,  voir  Chapot. 

Chadeville,  Alain  de,  augustin,  436  v°. 

Chadsé,  voir  Chedsey. 

Chadsee,  voir  Chedsey. 

Chadsey,  voir  Chedsey. 

Chaillaud,  Jean,  chanoine  d'Angers,  457,  457  v°. 
Chalcédoine,  Calcedone,  ancienne  ville  d'Asie  Mineure, 

concile  de,  160,  307,  380,  400,  678,  687. 
Challes,  Jacques,  martyr  à  Rouen,  106. 
Challopin,  Raoul,  juge  de  la  prévôté  d'Angers,  412  v°, 

457  v». 

Châlons-en-Champagne,  voir  Châlons-sur-Marne. 
Châlons-sur-Marne,      Chaalons,  Châlons-en-Champagne, 

France,  Marne,  62,  521,  589  v°-591  v°.  —  Évêque  : 

Jérôme  Burgensis. 
Chalopin,  voir  Challopin. 
Cham,  Cam,  personnage  biblique,  583. 
Chamberlain,  Chambreland,  gentilhomme  anglais,  334. 
Chamberlain,  Chamberlayn,  Nicolas,  martyr  à  Colchester, 

329. 

Chamberlain,  Chamberlayne ,  Robert,  prieur  des  domini- 
cains à  Londres,  46  v°. 
Chamberlain,  Chambreland,  seigneur  de  Woodstock,  334. 
Chamberlayn,  voir  Chamberlain. 
Chamberlayne,  voir  Chamberlain. 

Chambéry,  France,  Savoie,  VIII  v°,  181,  181  v»,  340-358, 
458.  —  Martyrs  :  Bertrand  Bataille,  Gabriel  Berau- 
din,  Jean  Godeau,  Antoine  Laborie,  Jean  Lambert, 
Guyraud  Tavran,  Jean  Trigalet,  Jean  Vernou. 

Chambon,  Jean,  Jean-Pierre,  brigand,  martyr  à  Lyon, 
214  v°-218,  236,  236  v»,  237  v°-238  v°,  244,  244  v°. 

Chambreland,  voir  Chamberlain. 

Chameil,  F.B.,  Bechameil,  F.,  320  v°. 

Champ,  Jean  du,  martyr  à  Anvers,  490  v°-491. 

Champagne,  France,  114  v°,  171,  181  v°,  385,  444,  470  v°, 
536,  589  v»,  594  v°. 

Champoléon,  Champolion,  France,  Hautes-Alpes,  87  v°. 

Champolion,  voir  Champoléon. 

Champsaur,  Chansaur,  France,  Hautes-Alpes,  87  v°. 
Champy,  Marc,  lieutenant  criminel  de  Troyes,  181  v°. 
Chandieu,  Bertrand  de,  conjuré  d'Amboise,  557-559  v°. 
Chandos,  Sandoitz,  Schandoitz,  Shandon,  Jean  Bridges, 

Lord,  juge.  304  v°,  305,  401  v°,  402  v°,  419  v°. 
Changuyon,  Pierre,  suspect,  593. 
Chansaur,  voir  Champsaur. 
Chapelain,  Pierre,  inquisiteur,  89. 
Chappelle,  voir  La  Chapelle-Monthodon. 
Chapot,  Chabot,  Pierre,  martyr  à  Paris,  169-170  v°. 
Charles,  neveu  de  Jean-Louis  Pascal,  549  v°-550,  553  v°, 

555. 

Charlar,  Quintin,  chanoine  de  Tournai,  188,  191. 

Charlemagne,  empereur,  557  v°. 

Charles,  voir  Carlos. 

Charles  IV,  roi  de  Bohème,  21. 

Charles  V,  voir  Charles-Quint. 

Charles  VI,  roi  de  France,  659. 

Charles  VII,  roi  de  France,  57. 

Charles  VIII,  roi  de  France,  55,  55  v°,  56,  557. 

Charles  IX,  roi  de  France,  IX,  563,  576  v°,  580-588  v°, 

593  v°,  594  v",  597-598  v°,  618  v°,  621  v»,  658,  663  v°, 

703  v°. 

Charles  de  Bourbon,  connétable  de   France,  129. 

Charles  de  Bourbon-Montpensier,  prince  de  la  Roche- 
sur- Yon,  408  v°,  409,  410,  410  v°,  411,  519. 

Charles  Le  Bran,  martvr  à  Liège,  703. 

Charles  Caraffa,  Carafe,  cardinal,  491. 

Charles  de  Castelnau-Tursan,  baron  de  Castelnau,  con- 
juré d'Amboise,  557  V-558  v°. 

Charles  de  Cossé,  comte  de  Brissac,  maréchal  de  France, 
474. 

Charles  Coninck,  Le  Roy,  martyr  à  Bruges,  449. 
Charles  de  Croy,  évêque  de  Tournai,  135,  595. 
Charles  Elinck,  martvr  à  Hondschoote,  598  v°-600  v°. 
Charles  Favre,  martyr  à  Lyon,  VIII  v°,  197-236. 
Charles  Ferré,  seigneur  de  La  Gareye,  conjuré  d'Amboise, 
557. 

Charles  de  Guise,  cardinal  de  Lorraine,  178  v°,  475  v°, 

519,  521  v»,  527,  534  v°,  557  v°-558  v»,  577,  580  v°, 
585  vO-589  v»,  591-592  v»,  619,  622,  658. 
Charles  Joseph,  fonctionnaire  épiscopal,  56  v°. 


Charles  vander  Kauwe,  suspect,  560  v°. 

Charles  de  Lorraine,  cardinal,  voir  Charles  de  Guise, 
cardinal  de  Lorraine. 

Charles  Tisnacq,  Dissenac,  conseiller  impérial,  avocat 
fiscal  du  Brabant,  135. 

Charles  Truchet,  gentilhomme,  capitaine,  575. 

Charles-Quint,  empereur,  58,  88  v°,  95  v»,  106,  118,  129, 
132,  133,  134-135,  139  v»,  150  v°,  151  v°-153  v°,  171, 
177,  184  v»,  186,  191  v°,  277,  287  v°,  288,  292,  306, 
308  v»,  337  v°,  388,  416,  472  v°,  509  v»,  510  v»,  537  v», 
573  v°,  665  v°,  668,  701  v°,  702  v°,  703. 

Charles  le  Quint,  voir  Charles-Quint. 

Charlotte  d'Orléans,  92. 

Chartier,  Guillaume,  missionnaire  de  la  Réforme  en 

Amérique,  444,  446. 
Chartres,  France,  Eure-et-Loir,  274  v°-276  v°,  482  v°.  — 

Martyrs  :  Pierre  Denocheau,  Étienne  Le  Roy. 
Chassané,  voir  Chassanée. 

Chassanée,  Barthélémy,  président  du  Parlement  d'Aix- 

en-Provence,  116-119,  120  v°-121  v",  125-126. 
Chasteau-en-Cambresi ,  voir  Le  Cateau. 
Chasteau-Gautier,  voir  Château-Gontier. 
Chasteau,  dame  de,  martyre  à  Paris,  5. 
Chasteau-Briant,  voir  Châteaubriant. 
Chastellain,  voir  Castellan. 

Chasteler,  Jean  de,  seigneur  de  Maulbais,  Moidbay, 
lieutenant  du  château  de  Tournai,  602,  605,  608,  612, 
615  v°,  616,  674. 

Chastel,  Castellanus,  Pierre  du,  lecteur  de  François  Ier, 
évêque  de  Mâcon,  puis  d'Orléans,  120  v°,  178  v°,  473. 

Chastillon,  voir  Châtillon. 

Chate,  voir  Chatte. 

Châteaubriand,  Chasteau-Briand,  France,  Loire -Atlantique, 

473,  516-516  v°. 
Château-Gontier,    Chasteau-gautier,     France,  Mayenne, 

408  v°. 
Châtelain,  voir  Castellan. 

Châtillon,  famille  de,  619.  —  Voir  Coligny. 
Chatris,  voir  Sautre. 
Chatte,  Chate,  France,  Isère,  693  v°. 
Chaubmont,  voir  Chaumont. 
Chauffours,  France,  Eure-et-Loir,  274  v°. 
Chaidmont  en  Bassigny,  voir  Chaumont. 
Chaumont,  Chaubmont,  France,  Savoie,  92. 
Chaumont,  Chaulmont  en  Bassigny,  France,  Haute-Marne, 
593  v°. 

Chaumont,  Théodore  de,  abbé  de  Saint-Antoine-en- 

Viennois,  62,  67. 
Chaves,  Françoise,  Francisco,  de,  martyre  à  Séville,  544. 
Chay,  François,  procureur  de  Mérindol,  120. 
Chedsé,  voir  Chedsey. 

Chedsey,  Chadsé,  Chadsée,  Chedsé,  Guillaume,  chapelain 
de  l'évêque  Bonner,  303,  326-327,  401  v»,  403,  406, 
408. 

Chelmisford,  voir  Chelmsford. 

Chelmsford,  Chelmisford,  Chemsford,  Angleterre,  Essex, 
329,  432.  —  Martyrs  :  Georges  Eagles,  Thomas  Wats, 
N.,  N.,  deux  larrons. 

Chemsford,  voir  Chelmsford. 

Chen,  Jean,  chevalier,  44. 

Chêne,  François  du,  voir  Enzinas,  François  de. 
Chêne,  Ouercu,  Guillaume  du,  professeur  à  la  Sorbonne, 

70  v°. 
Chenée,  voir  Cheyney. 
Cherité,  voir  La-Charité-sur-Loire. 

Cheron,  Jeanne,  épouse  de  Louis  Coquemant,  condam- 
née à  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Chery,  lieu  non  identifié,  près  de  Blois,  France,  Loir-et- 
Cher,  179. 

Chesholm,  Guillaume,  évêque  de  Dunblane,  195  v°. 

Chesne,  Nicolas  du,  martyr  à  Gray,  385. 

Chester,  Chestre,  Westcestre,  Angleterre,  Cheshire,  317  v°- 

319,  416  v°.  —  Évêques  :  Jean  Bird,  Georges  Cotes. 

—  Martyr  :  Georges  Marsh. 
Chetford,  voir  Thetford. 

Chettenden,  Dustone,  voir  Chittenden,  Dunston. 
Chevalier,  Jean,  employé  de  Saint-Maurice  à  Angers, 

412  v°. 
Chevalier,  voir  Paul  Millet. 

Chevallet,  Pierre,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Chevet,  Pierre,  martyr  à  Paris,  516  v°-517  v°. 
Cheyney,  Chenée,  archidiacre  de  Hartford,  404. 
Chicestre,  voir  Chichester. 
Chichel,  voir  Chicley. 
Chichelé,  voir  Chicley. 

Chichester,  Cecestre,  Chichestre,  Cicestre,  Angleterre,  Sus- 
sex,  54  v°,  90,  92  v°,  93,  300,  300  v°,  303  v°,  336-337  v°, 
361,  408.  —  Évêques:  Jean  Christopherson,  Georges 
Day,  Renauld  Pecock,  Richard  Sampson.  —  Martyrs  : 
Thomas  Iverson,  Richard  Hook. 


13 


Chicley,  Chichel,  Chichelé,  Henri,  archevêque  de  Canter- 

bury,  47  v°,  48. 
Chien,  Robert  le,  réformé  de  Lille  et  son  épouse,  428. 
Chieri,  Quier,  Qitiers,  Italie,  Turin,  458. 
Chignet,  Simon,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Chinon,  France,  Indre-et-Loire,  181. 
Chittenden,  Dunston,  Chettenden,  Dastone,  mort  en  prison 

à  Canterbury,  437  v°. 
Chlum,  Jean  de,  gentilhomme  tchèque,  16-35  v°. 
Chobard,  Jacques,  marty  r  à  Saint-Mihiel,  151,  151  v°. 
Cholmley,  Chomlee,  Roger,  officier  de  justice,  396,  396  v°. 
Chomlee,  voir  Cholmley. 

Chonnette,  Thoinette,  Oguier,  fille  de  Robert  Oguier, 

425  v»,  427  v»,  428. 
Choré,  voir  Coré. 

Chorges,  France,  Hautes-Alpes,  122  v°. 
Chrestien,  voir  Chrétien. 

Chrétien,  Chrestien,  de  Quekere,  martyr  à  Furnes,  559  v°- 
561  v». 

Christiane,  Agnès,  Georges  ou  N.,  épouse  de  Georges, 
seconde  épouse  de  Richard  Georges,  martyre  à  Col- 
chester,  et  non  à  Norwich,  472  v°. 

Christieme,  voir  Christine. 

Christine,  femme  d'Otto  van  Cateline,  288  v°,  289. 

Christine  de  Danemark,  Christierne  de  Dannemarc,  du- 
chesse de  Lorraine,  67. 

Christofle,  voir  Christophe. 

Christoforson,  voir  Christopherson. 

Christophe,  Christofle,  bourreau,  628  v°. 

Christophe,  duc  de  Wurtemberg,  493,  619,  628. 

Christophe  de  Arellanio,  martyr  à  Séville,  544  v°. 

Christophe  de  Bolengers,  Boullenger,  conseiller  à  Sens, 
597  v°. 

Christophe  del  Campo,  marty  r  à  Valladolid,  538. 
Christophe  Colomb,  Christofle  Colon,  444  v°. 
Christophe  Daire,  député,  164,  164  v°. 
Christophe  Depincé,  lieutenant  criminel  à  Angers,  408  v°, 
412-413  v°. 

Christophe  Goodman,  ami  de  Barthélémy  Green,  424  v°. 
Christophe  Lyster,  martyr  à  Colchester,  437  v°. 
Christophe  de  Losada,  martyr  à  Séville,  544-544  v°. 
Christophe  de  Padilla,  martyr  à  Valladolid,  538. 
Christophe  de  Prive,  conseiller  du  roi  à  Angers,  457. 
Christophe  Salmon,  valet  de  chambre,  264  v°. 
Christophe  Smith,  ministre,  martyr  à  Anvers,  IX  v°, 

635  v°-653  v». 
Christophe  (et  non  Jean)  Wade,  martyr  à  Dartford,  361. 
Christophe,  François,  ministre  à  Saint-Nicolas,  578  v°, 

579  v». 

Christopher,  voir  Christophe. 

Christopherson,  Christoforson,  Jean,  doyen  de  Norwich, 

futur  évêque  de  Chichester,  408. 
Christophle,  voir  Christophe. 
Chrysostome,  voir  Jean  Chrysostome. 
Chypre,  île  de  la  Méditerranée,  697. 
Cibo,  César,  Ususmaris,  archevêque  de  Turin,  439. 
Cibot,  I.,  320  v°. 
Cicéron,  orateur  romain,  487. 
Cicestre,  voir  Chichest?r. 

Cigogné,  Ciguongnes,   France,   Indre-et-Loire,  432  v°. 
Ciguongnes,  voir  Cigogné. 

Ciret,  Jean  de,  conseiller  au  Parlement  de  Bordeaux,  436. 
Cirier,  Roger,  martyr  à  Taunton,  362  v°. 
Cisteaux,  voir  Cîteaux. 

Cisueras  de  Sareglio,  époux  de  Marina  de  Saiavedra, 

538. 

Cîteaux,  Cisteaux,  Citteau,  France,  Côte  d'Or,  452  v°, 

456  v». 
Citteau,  voir  Cîteaux. 

Claimond,  principal  de  collège  à  Oxford,  86  v°. 
Clairemont,  capitaine,  698. 
Clair-Lieu,  abbé  de,  67. 

Clarebach,  Adolphe,  martyr  à  Cologne,  VII  v°,  70. 
Clark,  Jean,  évêque  de  Bath,  97. 
Clarke,  Jean,  mort  en  prison  à  Canterbury,  437  v°. 
Claude,  saint,  56. 

Claude,  épouse  de  Maître  François  Orbouton,  réformée, 
390,  394  v°. 

Claude  des  Asses,  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  473. 
Claude  Brachot,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Claude  de  la  Canesière,  martyr  à  Lyon,  388-395. 
Claude  David,  juge,  92. 

Claude  Despense,  d'Espense,  professeur  à  la  Sorbonne, 

107,  587  v°,  588. 
Claude  Digoine,  soldat  du  duc  de  Guise,  593  v°. 
Claude  Favyer,  de  Tourves,  condamné  par  contumace, 

115,  115  v°. 
Claude  Ferault,  539. 

Claude  Le  Fèvre,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Claude  du  Flot,  martyr  à  Lille,  664  v°-665  v°. 


Claude  de  Hamaide,  Hamet,  prévôt  de  Valenciennes, 

688  v»,  696. 
Claude  Lejeune,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Claude  Lesain,  prévôt  de  Wassy,  591  v°,  593-594  v°. 
Claude  II  de  Lorraine,  duc  d'Aumale,  589  v°,  591- 

591  v». 

Claude  Maillart,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Claude  Monier,  martyr  à  Lyon,  182-184. 

Claude  Le  Peintre,  martyr  à  Paris,  97  v°. 

Claude  Petit-Pain,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Claude  Richart,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Claude  de  Sainctes,  chanoine  de  Saint- Augustin,  puis 

évêque  d'Évreux,  587  v°,  588. 
Claude  Simon,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Claude  Thevenin,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Claude  Thierry,  martyr  à  Orléans,  179  v°. 
Claude  Tondeur,  capitaine  de  Wassy,  593. 
Claudin,  dit  Centfrancs,  mutilé  à  Wassy,  594  v°. 
Claudine  Caron,  épouse  d'Antoine  Caron,  616  v°. 
Claudius,  Appius,  héros  romain,  42  v°. 
Clausse,  greffier,  176. 

Claydon,  Jean,  martyr  à  Londres,  15  v°. 

Clemanges,  Clemangis,  Nicolas  de,  recteur  de  l'Université 

de  Paris,  VII  v»,  49  v°-54  v°. 
Clemangis,  voir  démanges. 
Clément,  voir  Robert,  empereur,  36  v°. 
Clément,  saint,  527  v°. 
Clément  V,  pape,  51  v°,  53  v°. 

Clément  d'Alexandrie,  Alexandrin,  saint,  379,  445  v°. 

Clément  Marot,  écrivain,  107. 

Clément,  Jean,  martyr  à  Londres,  437  v°. 

Clepier,  procureur  fiscal,  203,  235. 

Clerc,  François  Le,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 

Clerc,  Jacques  Le,  mari  de  Michèle  de  Caignoncle,  184  v°. 

Clerc,  Jean  Le,  martyr  à  Metz,  VII  v°,  61,  74  v°. 

Clerc,  Nicolas  Le,  dit  le  Bleat,  martyr  à  Wassy,  594  v°. 

Clerc,  Pierre  Le,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 

Clerc,  voir  Clercq. 

Clercq,  Clerc,  Jacques  Le,  avocat  à  Tournai,  387  v°,  615, 
634  v". 

Clerici,  Nicolas,  doyen  de  la  Faculté  de  théologie  de  Paris, 
79,  169  v°. 

Clermont-en-Beauvaisis,  Beauvoisin,  ancien  comté  de  Fran- 
ce, 523. 

Clermont  en  Beauvoisin,  voir  Clermont-en-Beauvaisis. 
Clermont,  voir  Clermont-Ferrand. 

Clermont-Ferrand,     Clermont,     Montferrant-en- Auvergne, 

France,  Puy-de-Dôme,  171  v°-173  v°,  182. 
Clèves,  Allemagne,  696  v°. 

Clèves,  Anne  de,  quatrième  épouse  d'Henri  VIII,  94  v°. 
Clèves,  duc  de,  387,  700. 

Clinet,  Nicolas,  martyr  à  Paris,  482-482  v°,  483  v°-484, 

487  v». 
Clocestre,  voir  Colchester. 
Clotilde,  épouse  de  Clovis,  584  v°,  586. 
Clovis,  roi  des  Francs,  586. 
Clyfford,  Louis,  chevalier  anglais,  2,  4. 
Cob,  Cobbe,  Thomas,  martyr  à  Thetford,  365  v°. 
Cobbe,  voir  Cob. 

Coberley,  Corberley,  Guillaume,  martyr  à  Salisbury, 
437  v°. 

Cobham,  voir  Oldcastle,  Jean. 

Cock,  voir  Blois. 

Cocker,  voir  Coker. 

Cockshall,  voir  Coggeshall. 

Codet,  Nicolas,  de  Meaux,  161  v°-163  v». 

Coe,  Thomas,  voir  Coo,  Roger. 

Coggeshall,  Cockshall,  Angleterre,  Essex,  322  v°-329.  — 

Martyr  :  Thomas  Hawkes. 
Cohnam,  voir  Oldcastle,  Jean. 
Coifrier,  André,  martyr  à  Dammartin,  536. 
Coin,  N.  du,  receveur  du  cardinal  de  Châtillon,  598. 
Cointac,  Jean,  étudiant  de  Sorbonne  émigré  au  Brésil, 

445-446  v°,  447  v°. 
Coker,  Cocker,  Guillaume,  martyr  à  Canterbury,  362  v°. 
Col,  voir  Cole. 

Colas,  le  grand,  voir  Nicolas  Vaultherin. 

Colcestre,  voir  Colchester. 

Colchester,  Clocestre,  Colcestre,  Colchestre,  Angleterre, 
Essex,  106,  315  v°,  316  v°-317  v°,  329,  375  v°,  431  v° 
432,  437  v°,  472  v°.  —  Martyrs  :  Nicolas  Chamber- 
lain, Richard  Day  (Daye,  Jean  Daivs),  Christiane 
(Agnès)  Georges  (ou  N.,  épouse  de  Georges),  Jacques 
Gore,  Jean  Hamond,  Guillaume  Harris  (Richard, 
Jean  Harrison),  Henri  et  son  serviteur,  Simon  Joyne, 
Jean  Laurence,  Christophe  Lyster,  Jean  Mace,  Ri- 
chard Nichols,  Jean  Spenser. 

Colchestre,  voir  Colchester. 

Coldingue,  voir  Kolding. 

Cole,  Col,  Henri,  prévôt  du  collège  d'Eton,  archidiacre 


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et  doyen  de  Saint-Paul  à  Londres,  398  v°-399,  419- 

420  v°,  421  v°. 
Cole,  Jacques,  notaire,  46  v°. 
Colet  de  Deze  en  Savennes,  voir  Collet-le-Dèze. 
Colier,  voir  Collier. 

Coligny,  Colligny,  fleuve  du  Brésil,  actuellement  Janeiro, 

444  v°,  447  v°,  448  v°,  461,  464. 
Coligny,  Colligny,  Gaspard  de,  amiral  de  France,  557  v°, 

559,  563,  593,  621  v°. 
Coligny,  Odet  de,  cardinal  de  Châtillon,  580  v°,  598. 
Colin  Pallenq,  dit  du  Plan  d'Apt,  martyr  à  Apt,  115  v°. 
Colin,  F.,  conseiller  à  Angers,  457  v°. 
Colladon,  Nicolas,  ministre,  608  v°. 
Coller,  voir  Colliar. 

Collesson,  Collisson,  Jean,  martyr  à  Wassy,  592  v°,  593. 
Collet,  voir  Colley. 

Collet-le-Dèze,  Colet  de  Dèze  en  Savennes,  France,  Lozère, 
184  v°. 

Colley,  Collet,  franciscain,  618. 

Colliar,  Coller,  Richard,  martyr  à  Canterbury,  362  v°. 
Collier,  Colier,  prévôt  de  l'église  de  Manchester,  339. 
Colligny,  voir  Coligny  ;  voir  Coligny. 
Collins,  Collouse,  commissaire  du  diocèse  de  Canterburv, 

358  v°-359. 
Collisson,  voir  Collesson. 

Collonges,  Colonges,  France,  Ain,  197  v°,  202  v°. 
Collouse,  voir  Collins. 
Colmars,  France,  Basses-Alpes,  122  v°. 
Colonges,  voir  Collonges. 

Cologne,  Coulogne,  Couloigne,  Allemagne,  Rhénanie-West- 
phalie,  VII  v°,  37,  58,  70,  543  v°,  578-580,  635.  — 
Martyrs  :  Adolphe  Clarebach,  Pierre  Flistede. 

Cologne,  Corneille  de,  curé  à  Hulst,  660  v°,  661. 

Colomb,  Christophe,  Colon,  Christophle,  444  v°. 

Colon,  Christophle,  voir  Colomb,  Christophe. 

Côme,  Italie,  Lombardie,  291  v°-293.  —  Martyr  :  François 
Gamba 

Comelin,  Martin,  réformé  de  Douai,  97  v°. 
Comestor,  Pierre,  théologien,  676. 

Comines,  Commines,  Belgique,  Flandre  Occidentale,  672  v°. 
Comines,  voir  Commynes. 
Commines,  voir  Comines. 
Commode,  empereur  romain,  VI  v°. 
Commynes,  Philippe  de,  historien,  55,  55  v°. 
Compesières,  Suisse,  Genève,  83. 

Comtat  Venaissin,  conté  de  Venisse,  France,  118  v°,  123, 
126. 

Comte  palatin,  voir  Louis,  voir  Otto-Henri. 

Condé,  Louis  Ier  de  Bourbon,  prince  de,  559,  580  v°, 

594  v°,  598,  619,  621,  621  v°,  622,  628,  656. 
Condonnois,  France,  Gers,  485  v°,  487. 
Congnart,  Yves,   Yvon,  condamné  à  Meaux,   161  v°- 
163  v°. 

Coni,  Cunio,  Cttny,  Italie,  Coni,  544  v°,  547,  553,  555, 
556  v°,  557. 

Coninck,  Le  Roy,  Charles,  martyr  à  Bruges,  449. 
Coninckes,  voir  Jeanne  de  Salomez. 
Conliège,  Cornière,  France,  Jura,  287  v°. 
Connétable,  voir  Anne  de  Montmorency. 
Conrad,  Henry,  châtelain  de  Franchimont,  617  v°. 
Conrard  Sceitther,  vicaire  de  la  cathédrale  de  Munich, 
69  v°. 

Conrard  de  Vechta,  archevêque  de  Prague,  16. 
Constance,  Allemagne,  Bade,  concile  de,  VII  v°,  6,  14  v°- 

42  v°,  56  v°,  57  v°,  518  v°,  527,  530.  —  Martyrs  :  Jean 

Huss,  Jérôme  de  Prague. 

Constance,  voir  Coutances. 

Constance  de  Bivero,  martyre  à  Valladolid,  537  v°. 
Constant  Dialestini,  alias  Rembaldo,  syndic  de  Villaro, 
576. 

Constantin,  empereur  de  Byzance,  23,  48  v°,  111,  469  v°, 
473. 

Constantin  V,  empereur  d'Orient,  467. 
Constantin  VI,  empereur  d'Orient,  467. 
Constantin,  martyr  à  Rouen  avec  trois  autres  personnes 

(Oudard    Bouncer,    Jacques    Challes,  Guillaume 

Fonques),  106. 
Constantin,  voir  Constantine. 

Constantine,  Constantin  Georges,  officier  d'état-civil,  314. 
Constantinoble,  voir  Constantinople. 

Constantinople,  Turquie,  17  v°,  21  v°,  37  v°,  57,  108, 
113,  160,  174,  221,  221  v°,  307,  379  v»,  400,  400  v»,  467, 
623.  —  Évêques  :  Jean  Chrysostome,  Macedonius, 
Nectarius,  Nestorius,  Jean  de  la  Rochetaillée,  Jean 
le  Scolastique. 

Conte,  Adam  le,  de  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Convald,  Baczko  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Conventrie,  voir  Coventry. 

Coo,  Roger,  Coe,  Thomas,  martyr  à  Yoxford,  365  v°. 
Cook,  docteur,  77  v°,  396  v°. 


Cooling,  Coulyng,  Angleterre,  Kent,  45. 

Cooper,  Couper,  Augustin,  officier  de  la  ville  d'Oxford, 

382  v°. 
Cootse,  voir  Cotes. 
Copus,  suspect,  263. 

Coq  van  Necrijnen,  voir  Maximilien  de  Blois. 
Coquemant,  Louis,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Coquemant,  Pierre,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Coquillard,  Quoquillard,  Pierre,  martyr  à  Besançon,  82  v°. 
Corbeil,  Louis,  réformé,  254  v°. 
Corberley,  voir  Coberley. 
Corbis,  officier,  574. 

Cordes,  Balthasar  de,  officiai  de  Tournai,  70. 
Cordes,  Philippe  de,  procureur  du  bailliage  de  Tournai, 
387  v°. 

Coré,  Choré,  personnage  biblique,  138. 
Corfou,  île  grecque,  697. 

Corguilleray,  Philippe  de,  dit  du  Pont,  gentilhomme 
genevois,  444-445  v»,  446  v°-449,  461  v°. 

Corinthe,  Grèce,  Argolide-et-Corinthe,  280,  338  v°-339, 
363,  409,  562,  569  v°,  672  v». 

Corneil,  voir  Corneille. 

Corneille,  saint,  368. 

Corneille,  saint,  pape,  211  v°,  232  v°,  400  v°,  468,  566  v°. 
Corneille  Bungey,  Bungaye,  martyr  à  Coventry,  375  v°, 
681. 

Corneille  de  Cologne,  curé  à  Hulst,  660  v°,  661. 
Corneille  Halewijn,  martyr  à  Anvers,  512  v°-514. 
Corneille  de  Lesenne,  ministre,  martyr  à  Liège,  703. 
Corneille  Volcart,  Volkaert,  martyr  à  Bruges,  191  v°. 
Cornel,  Cornelia,  Marie,  martyre  à  Séville,  542-542  v°. 
Cornelia,  voir  Cornel,  Marie. 
Cornelis,  voir  Corneille. 
Cornélius  Agrippa,  humaniste,  416. 
Cornière,  voir  Conliège. 

Cornon,  Jean,  martyr  à  Mâcon,  VIII,  85,  94  v°. 
Cornu,  Guillaume,  martvr  à  Tournai,  610,  623-624  v°. 
655  v». 

Cortaillod,  Courtaillou,  Suisse,  Neuchâtel,  239. 

Cosenza,  Italie,  Cosenza,  544  v°-554.  —  Vicaire  général  : 

Zacharias  Delfinus,  évêque  de  Hvar. 
Cosins,  Cosin,  chapelain  de  Bonner,  évêque  de  Londres, 

398,  406  v°-408. 
Cossé,  Charles  de,  comte  de  Brissac,  maréchal  de  France, 

474. 

Coste,  voir  Lacoste. 

Coste,  Georges,  comte  de  la  Trinité,  555,  574-576. 
Cotes,  Cootse,  Georges,  évêque  de  Chester,  86. 
Coton  Cotton,  Noël,  martyr  à  Rouen,  621. 
Cotrel,  voir  Cottrel. 

Cotton,  Etienne,  martyr  à  Brentford,  472  v°. 
Cotton,  voir  Coton. 

Cottrel,  Cotrel,  Cottreel,  Pierre,  martyr  à  Tournai,  709. 
Coulogne,  voir  Cologne. 
Couloigne,  voir  Cologne. 
Coulyng,  voir  Cooling. 
Couper,  voir  Cooper. 

Couppe,  Barbe,  épouse  de  Nicolas  Larchier,  suspecte, 

relaxée,  à  Mons,  176  v°-177. 
Couraud,  voir  Courault. 

Courault,  Couraud,  Jean,  dit  Élie,  augustin,  passé  à  la 

Réforme,  79-79  v»,  81. 
Coureur,  voir  Georges  Eagles. 
Courrier,  juge  à  Lyon,  203  v°,  394. 
Courtaillou,  voir  Cortaillod. 

Courtenay,  Guillaume  de,  archevêque  de  Canterburv, 

2  v°,  3. 

Courtet,  Louis,  martyr  à  Annecy,  92. 

Courtin,  Philippe,  huissier  du  Parlement  d'Aix-en-Pro- 

vence,  126  v°. 

Courtrai,  Courtray,   Belgique,   Flandre   Occidentale,  70, 

653  v°. 
Courtray,  voir  Courtrai. 

Couserans,  Coserans,  France,  Ariège,  276  v°.  —  Évêque  : 

Hector  de  Ossuno. 
Cousturier,  voir  Couturier. 
Cousturier,  voir  Henri  Bockhalt. 
Coutances,  Constance,  France,  Manche,  408  v°. 
Couturier,  Thierry,  Théodore  Sartor,  anabaptiste,  84  v°. 
Couvertpuys,  Nicolas,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Coventrie,  voir  Coventry. 

Coventrv,  Conventrie,  Coventrie,  Angleterre,  Warwickshire, 
313  v°-314,  317  v»,  330  v»,  372,  373-375  v»,  399-401  v". 
—  Évêque,  voir  Lichfield.  —  Martyrs  :  Corneille 
Bungey,  Robert  Glover,  Laurent  Saunders. 

Coverdal,  Milo,  voir  Coverdale,  Miles. 

Coverdale,  Miles,  Coverdal,  Milo,  évêque  d'Exeter,  293  v°. 

Cowbridge,  Cozvbrig,  Guillaume,  martyr  à  Oxford,  86. 

Cowbrig,  voir  Cowbridge. 

Cox,  Léonard,  principal  du  collège,  Reading,  74  v°,  166  v°. 


15 


Cox,  N.,  gentilhomme,  193,  193  v°. 
Cox,  Richard,  évêque  d'Ely,  92  v°-93. 
Coyxe,  Lyone,  voir  Cawch,  Léon. 

Cranmer,  Thomas,  archevêque  de  Canterburv,  martvr 
à  Oxford,  VIII  v°,  75  v°-76,  90-90  v°,  110  v°,  306  v°, 
324  v°,  326,  339  v°,  376,  382,  382  v»,  401  v°,  402  v°. 
415  v°-422. 

Cranmer,  Thomas,  père  du  précédent,  415  v°. 
Craon,  France,  Mayenne,  456  v°,  457. 
Crassus,  conseiller  au  Parlement  de  Chambérv,  343,  349, 
349  v». 

Craw,  Paul,  martyr  en  Écosse,  48  v°. 

Créquy,  Antoine  de,  évêque  de  Nantes,  491  v°-492. 

Cresconius,  évêque  donatiste,  583. 

Crespin,  Jean,  151  v°,  608  v°. 

Cressi,  voir  Crissier. 

Cresvel,  Perseval,  voir  Creswell,  Percival. 
Creswell,  Percival,  Cresvel,  Perseval,  336. 
Crête,  Candie,  île  grecque,  697.  —  Duchesse  de,  55.  — 

Martyr  :  N.,  gentilhomme. 
Creux,  Jean  de,  dominicain,  433  v°. 
Crissier,  Cressi,  Suisse,  Vaud,  621. 
Croidon,  voir  Croydon. 

Croker,  Thomas,  martyr  à  Gloucester,  437  v°. 
Crom,  voir  Crome. 

Cromassona,  N.  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Crome,  Crom,  Cromel,  Edouard,  docteur,  165,  337  v°. 

Cromel,  voir  Crome. 

Cromel,  voir  Cromwell,  Thomas. 

Crompe,  Henri,  cistercien,  3. 

Cromwell,  Cromel,  Thomas,  chancelier  de  l'Échiquier 
et  secrétaire  d'Henri  VIII,  85  v°,  90,  91  v°,  92-94  v°, 
97-97  v°,  101  v°-102. 

Croquet,  Nicolas,  martyr  à  Paris,  703  v°-704  v°. 

Crouy,  voir  Croy. 

Croy,  Crouy,  Charles  de,  évêque  de  Tournai,  135,  595. 
Croy,  Jean  de,  comte  de  Rœulx,  gouverneur  de  Flandre, 
674. 

Croy,  Crouy,  Robert  de,  évêque  de  Cambrai,  135. 
Croydon,  Croidon,  Angleterre,  Surrey,  76. 


ruchot,  Vincent  de,  seigneur  de  Soquence,  Soccans, 
martyr  à  Rouen,  621. 
Cruciger,  Gaspard,  théologien,  58. 
Cruel,  Josse  de,  martyr  à  Renaix,  659  v°-660. 
Crues,  Jacques  de,  père  de  Jean,  562  v°. 
Crues,  Jean  de,  martyr  à  Bailleul,  562  v°-563. 
Cruninghen,  voir  Kruiningen. 
Crusson,  voir  Cucuron. 

Ctésiphon,  Zetrophone,  ancienne  ville  de  Mésopotamie, 
267  v°. 

Cucuron,  Crusson,  France,  Vaucluse,  129  v°. 

Cuenca,  Cuence,  Espagne,  Cuenca,  151  v°. 

Cuence,  voir  Cuenca. 

Cullembourg,  voir  Kuilenburg. 

Cumenge,  voir  Saint-Bertrand-de-Comminges. 

Cunio,  voir  Coni. 

Cuny,  voir  Coni. 

Curée,  seigneur  de,  gouverneur  du  Vendômois,  622. 
Curtop,  docteur,  399-401  v°. 

Curry,  Hugues,  porte-croix  de  l'archevêque  de  Saint- 
André,  196  v°. 
Cutbert,  voir  Cuthbert. 

Cuthbert  Symson,  Simon,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Cuthbert  Tunstall,  Tonstall,  évêque  de  Londres,  puis  de 

Durham,  85  v»,  91,  191  v°,  294  v°,  300,  306  v°,  307, 

408. 

Cutler,  voir  Fortune. 

Cuypere,  Pierre  de,  suspect,  562  v°. 

Cyprian,  voir  Cyprien. 

Cyprien,  Cyprian,  saint,  25,  108,  108  v°,  112  v°,  113, 
119  v°,  160,  221,  221  v»,  307  v°,  337,  339,  380  v», 
400  v°,  401,  403,  404,  405,  405  v»,  463,  468,  478,  496, 
501,501  v»,  504,  506,  508  v»,  509,  532  v",  583,  587  v°, 
642,  654,  676,  678,  682,  683  v»,  685,  686  v°. 

Cyriaque  Spangenberg,  théologien,  672  v°. 

Cyrille,  saint,  678,  687. 

Cysueras  de  Sareglio,  538. 

Czecko  de  Mossnow,  gentilhomme  morave,  42. 
Cziczow,  Jean  de,  gentilhomme  morave,  42. 


D 


D.,  maître  de  Claude  de  la  Canesière,  390  v°. 
D.  L.,  suspect,  433. 
Daij,  voir  Day,  Georges. 
Daiken,  voir  Dayke. 
Dalbon,  voir  Albon. 

Dalençon,  Guillaume,  martyr  à  Montpellier,  277-277  v°. 

Dalila,  personnage  biblique,  351. 

Dalveren,  voir  Malveren. 

Damas,  Syrie,  610  v°. 

Dambrughe,  voir  Anvers. 

Damburie,  voir  Banbury. 

Dame  de  la  Caille,  voir  Riche,  Marguerite  Le. 
Damian  Witcoq,  martyr  à  Mons,  306. 
Dammartin,  voir  Dammartin-en-Goële. 
Dammartin-en-Goële,  Dammartin,  France,  Seine-et-Marne, 

536,  591-591  v».  —  Martyr  :  André  Coiffier. 
Damme,  Belgique,  Flandre  Occidentale,  577  v°. 
Danau,  voir  Danube, 
Dandelot,  voir  Andelot. 
Danemark,  Dannemarc,  42  v°. 

Danemark,  Christine  de,  Dannemarc,  Christierne  de, 
duchesse  de  Lorraine,  67. 

Daniel,  prophète,  27  v»,  33,  34  v°,  208,  208  v°,  222,  256, 
267,  272,  325,  342,  370,  373,  374,  392,  431,  502,  502  v°, 
505,  515  v°,  546  v»,  560,  568  v°,  588,  610  v°. 

Daniel  Galland,  martyr  à  Dunkerque,  569-569  v°. 

Daniel  Quadra,  condamné  à  Valladollid,  538. 

Daniel  Thomas,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Dannemarc,  voir  Danemark. 

Danube,  Danau,  133,  153  v°. 

Danville,  Frédéric,  Frideric,  martyr  à  Paris,  485  v°-490  v°. 
Darbe,  voir  Derby,  comte  de. 
Darbie,  voir  Derby. 

Dardanus,  correspondant  de  saint  Augustin,  75. 
Dartford,  Dartforde,  Angleterre,  Kent,  361.  —  Martyr  : 
Christophe  (et  non  Jean)  Wade. 


Dasch,  Gaultier,  procureur,  3. 
Dathan,  personnage  biblique,  138. 
Daulphiné,  voir  Dauphiné. 
Daulphinois,  voir  Dauphiné. 

Dauphiné,  Daulphiné,  Daulphinois,  France,  VIII,  87  v°, 
94  v°-95,  114  v»,  169,  174,  279  v°-283  v°,  438,  470, 
470  v°,  673,  693  v°. 

Daussi,  Adrien,  dit  Douliancourt,  martvr  à  Paris,  523- 
523  v°. 

Dautricourt,  Desmarteloys,  Jean,  martyr  à  Lille,  664  v°- 
665  v°. 

Dauzamilliers,  Benjamin,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Dauzamilliers,  Girard,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
David,  roi,  passim. 

David  (lire  :  Jacques)  Beaton,  Béton,  cardinal-archevêque 

de  Saint-Andrews,  VIII,  71  v°-72,  89  v°. 
David,  Claude,  juge,  92. 
David  Gottre,  disciple  de  Wiclef,  7  v°. 
David  Joris,  Georges,  anabaptiste,  85. 
David  Whitehead,  Wythod,  théologien,  165. 
Dates,  Jean,  martyr  à  Norwich,  voir  Day,  Richard,  martyr 

à  Colchester,  et  non  à  Gloucester,  472  v°. 
Day,  Daij,  Georges,  évêque  de  Chichester,  90  v°,  92  v°, 

93,  300,  300  v»  336-337  v°,  376,  408. 
Day,  Dave,  Richard,  martyr  à  Gloucester  (lire  Colchester), 

472  v». 
Daye,  voir  Day. 

Dayke,  Daiken,  Dayken,  Alexandre,  martvr  à  Tournai, 

600  v-o-616  v°. 
Dayken,  voir  Dayke. 

Decius  ou  Dèce,  empereur  romain,  478  v°. 
Decize,  Désire,  France,  Nièvre,  289  v°. 
Decombis,  franciscain,  204. 

Dee,  Deye,  Jean,  juge  ecclésiastique,  404  v°,  405  v°. 
Delaenus,  Delenus,  de  Laene,  Pierre,  ministre  à  Londies, 
624  v». 


16 


Delaenus,  Delenus,  de  Laene,  Walter,  ministre,  père  du 

précédent,  509  v°. 
Delanda,  docteur  en  Sorbonne,  provincial  des  carmes, 

131,  131  v». 
Delatre,  voir  Latre. 
Détenus,  voir  Delaenus. 

Delestre,  François,  marchand  de  Cambrai,  616  v°. 
Delfînus,  Zacharias,  évêque  de  Hvar  (Lésina),  vicaire 

général  de  Cosenza,  546-554. 
Demetrian,  voir  Démétrien. 

Démétrien,  Demetrian,  évêque  d'Antioche,  478,  496. 
Démocarès,  voir  Antoine  de  Mouchy. 
Démocharès,  voir  Antoine  de  Mouchy. 
Demouchi,  voir  Mouchy. 

Denck,  Hans,  Denk,  Jean,  anabaptiste,  83,  84. 
Denée,  Madame,  suspecte,  167  v°. 
Denis,  Denys,  saint,  401,  527  v°. 
Denis  Barbes,  conseiller  à  Blois,  432  v°-433  v°. 
Denis  Bergier,  frère  de  Pierre,  236  v°. 
Denis  Guillot,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Denis  Le  Vayr,  martyr  à  Rouen,  293-293  v°. 
Denis  Morisot,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Denis  Peloquin,  prisonnier  à  Lyon,  martyr  à  Ville- 
franche-sur-Saône,  178,  239  v°-252  v°,  254  v°,  260-262. 
Denis  de  Raynel,  ministre,  martyr  à  Wassy,  594  v°. 
Denis  de  Rieux,  martyr  à  Meaux,  VIII,  70-70  v°. 
Denis,  Jean,  martyr  à  Lille,  572. 
Denk,  Jean,  voir  Denck,  Hans. 

Denley,  Denleye,  Jean,  martvr  à  Uxbridge,  361-362  v°, 

363  v»,  364  v°. 
Denleye,  voir  Denley. 

Denny,  De?ry,  Jean,  martyr  à  Beccles,  437  v°. 
Denocheau,  Pierre,  martyr  à  Chartres,  274  v°-276  v°. 
Dentier,  Pierre,  voir  Ennetières,  Pierre  de. 
Dentierre,  Pierre,  voir  Ennetières,  Pierre  de. 
Deny,  voir  Denny. 
Denys,  voir  Denis. 

Depincé,  Christophe,  Christophle,  lieutenant  criminel  à 

Angers,  412-413  v°. 
Derby,  Darbie,  Angleterre,  Derbyshire,  437  v°.  —  Martyre  : 

Jeanne  Waste,  aveugle. 
Derby,  Darbe,  Edouard  Stanley,  comte  de,  331  v°,  333, 

337  v°. 

Dergneau,  Dermeau,  Belgique,  Hainaut,  577  v°. 

Derifall,  Dorefal,  Dorefall,  Jean,  martyr  à  Stratford,  437  v°, 

441  v°-442  v°. 
Dermeau,  voir  Dergneau. 
Dernepont,  officier,  594  v°. 
Desbonnets,  franciscain  à  Lille,  656  v°,  658. 
Deschets,  Pierre,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Désire,  voir  Decize. 

Deslaw  de  Nakli,  gentilhomme  morave,  42. 
Desmarteloys,  voir  Dautricourt. 
Des-masures,  voir  Masures. 

Despense,  Claude,  professeur  à  la  Sorbonne,  587  v°-588. 
Despotz,  seigneur  français,  593  v°. 
Desreneaux,  Jean,  martyr  à  Lille,  664. 
Dessales,  prieur  de  Wassy,  591  v°,  592. 
Destailleur,  voir  Destailleurs. 

Destailleurs,   Destailleur,   Destaillier,   Hugues,  Huchon, 

martyr  à  Tournai,  633-635,  706  v°. 
Destaillier,  voir  Destailleurs. 

Destoubequin,  Michel,  Miquelot,  martyr  à  Tournai,  171. 
Deully,  seigneur  de,  627-627  v°. 
Deuville,  voir  Deuxville. 

Deuxville,  Deuville,  France,  Meurthe-et-Moselle,  627  v°. 
Devenish,  Devenysh,  Jean,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Devenysh,  voir  Devenish,  Jean. 

Devereux,  Walter,  vicomte  de  Hereford,  baron  Ferrers 

de  Chartey,  401  v°. 
Deye,  voir  Dee. 

Dialestini,  Constant,  Constantio,  dit  Rembaldo,  syndic  de 

Villars,  576. 
Diane,  personnage  mythologique,  82  v°. 
Diane  de  Poitiers,  duchesse  de  Valentinois,  178  v°. 
Diaze,  Alphonse,  frère  de  Jean,  VIII,  151  v»,  153-159. 
Diaze,  Jean,  martyr  à  Neubourg,  VIII,  148  v°,  151  v°- 

160  v». 

Didace  de  Moxena,  franciscain  espagnol,  17. 

Didier  Érasme,  de  Rotterdam,  58,  71,  77  v°,  379,  380, 

415  v»,  676,  681. 
Didier  Jacquemart,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Didier  Jobart,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Didier  la  Magdeleine,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Diensart,  voir  Dienssart. 

Dienssart,  Diensart,  Dieusart,  Jacques,  Jaques-Jean,  martyr 

à  Fumes,  559  v°-561  v°. 
Dieppe,  France,  Seine-Maritime,  131,  693  v°. 
Diericx,  Arnould,  martyr  à  Moerkerke,  en  Flandre,  460- 

460  v°. 


Diessen,  voir  Thijs. 

Dietmar,  voir  Dithmarschen. 

Dietrich,  voir  Thierry,  baron  de  Batenburg. 

Dieusart,  voir  Dienssart. 

Digel,  voir  Dighel,  Guillaume. 

Dighel,  Digel,  Guillaume,  martyr  à  Banbury,  317-317  v°. 
Digne,  France,  Basses-Alpes,  176  v°. 
Digoine,  Claude,  soldat  du  duc  de  Guise,  593  v°. 
Diion,  voir  Dijon. 

Dijon,  Diion,  France,  Côte-d'Or,  VIII  v°,  115,  171,  178, 
274-274  v»,  450  v°-456  v°,  484,  619.  —  Martyrs  :  Hubert 
Burre,  Philippe  Cène,  Jacques,  Simon  Laloé,  Pierre 
Masson,  Nicolas  du  Rousseau,  Archambaut  Séra- 
phon. 

Dimonet,  voir  Dymonet. 
Dingat,  voir  Dungate,  Thomas. 
Dioclétien,  empereur  romain,  VI  v°. 
Dion  Cassius,  historien  latin,  VI  v°. 

Dirick  Carver,  Diricke  Harman,  Herman,  martyr  à  Lewes, 
361. 

Diricke  Harman,  voir  Dirick  Carver. 
Dissenac,  voir  Tisnacq. 
Dithmarschen,  Dietmar,  Allemagne,  61  v°. 
Diwa  de  Spissnia,  gentilhomme  morave,  42. 
Dixmude,  Belgique,  Flandre  Occidentale,  559  v°. 
Dnieper,  Boristhène,  fleuve  d'Ukraine,  622  v°. 
Dob,  voir  Dobbe. 

Dobbe,  Dob,  gentilhomme  anglais,  suspect,  265. 
Dobbe,  Dobee,  Thomas,  mort  en  prison  à  Londres,  191  v°- 
192. 

Dobee,  voir  Dobbe. 

Dobessius  de  Tyssa,  gentilhomme  morave,  42. 
Dodington,  Dodyngtone,  Richard,  prieur  des  augustins 

à  Londres,  46  v°. 
Dodyngtone,  voir  Dodington. 
Doignies,  voir  Oignies. 

Dôle,  France,  Jura,  287  v°,  385.  —  Martyr  :  Paris  Panier. 
Doloplatz,  Kus  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Domicelli,  franciscain,  95. 
Dominique,  saint,  537  v°,  542. 

Dominique,  Antoine,  condamné  à  Valladolid,  538  v°. 
Domitien,  empereur  romain,  VI  v°. 
Donant  de  Poloniae,  Arannsick,  gentilhomme  morave, 
42. 

Donant  de  Poloniae,  Jean,  gentilhomme  morave,  42. 
Dongnon,  Guillaume  de,  martyr  à  Limoges,  319-321. 
Dordogne,  Dordoigne,  rivière  de  France,  99  v°. 
Dordoigne,  voir  Dordogne. 
Dorefal,  voir  Derifall,  Jean. 
Dorefall,  voir  Derifall,  Jean. 

Douai,  Douay,  Duay,  France,  Nord,  VIII,  89-89  v°,  97  v°, 
106,  134  v°,  137  v°,  602,  687,  696  v°.  —  Martyrs  : 
Marguerite  Boulard,  Mathinette  du  Buisset,  Jean 
Garcette,  dit  Pierre,  curé,  Jean  Marlar,  Hector  Remy. 

Douay,  voir  Douai. 

Doue -en -Brie,  Doux -en -Champagne,  France,  Seine-et- 
Marne,  524. 
Douliancourt,  voir  Daussy,  Adrien. 

Dounton,  Guillaume,  serviteur  de  Jean  Hooper,  301. 
Doux-en-Champagne,  voir  Doue-en-Brie. 
Draczdw,  Iessko  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Draczdw,  Steffko  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Draendorf,  Jean,  martyr  à  Worms,  47  v°. 
Dragonere,  Dragonera,  Italie,  Turin,  466  v°. 
Draguignan,  France,  Var,  470-472,  539-540.  —  Martyr  : 

Antoine  de  Richieud. 
Drakes,  Robert,  dit  Gien,  ministre,  martyr  à  Londres, 

437  v». 

Drazko  de  Hradeck,  gentilhomme  morave,  42. 
Dreux,  France,  Eure-et-Loir,  482  v°,  524,  621. 
Driander,  voir  Enzinas,  François  de. 
Drliko  de  Biela,  gentilhomme  morave,  42. 
Drouet,  Guillaume,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Drowry,  Thomas,  martyr  à  Gloucester,  437  v°. 
Duay,  voir  Douai. 

Duba,  Dube,  Wenceslas  de,  chevalier  tchèque,  16-21  v°, 

28,  32,  32  v°,  35,  35  v°. 
Dube,  voir  Duba. 
Dubois,  voir  Bois. 

Duc,  Jean  du,  conseiller  à  la  Cour  de  Bordeaux,  436. 

Duchesne,  voir  Enzinas. 

Dudlée,  voir  Dudley. 

Dudley,  Dudlée,  Maître,  373  v". 

Dudley,  Guilford,  époux  de  Jeanne  Grey,  265,  417  v°. 
Dudley,  Jean,  duc  de  Northumberland,  265,  417  v°. 
Dule,  Roger,  Rogier,  martyr  en  Angleterre,  54  v°. 
Dulle,  Hubert,  bourgmestre  de  Hulst,  660  v°-662  v°. 
Dumesnil,  voir  François  des  Bosves. 

Dunblane,  Ecosse,  Perth,  195  v".  —  Évêque  :  Guillaume 
Chesholm. 


17 


Duncan  Sympson,  prêtre,  martyr  à  Édimbourg,  89. 
Dunckercke,  voir  Dunkerque. 
Dunelme,  voir  Durham. 

Dunfermline,  Dunformelin,  Écosse,  Fife,  abbé  de,  195  v°. 
Dunformelin,  voir  Dunfermline. 
Dungat,  voir  Dungate,  Thomas. 

Dungate,  Dingat,  Dungat,  Thomas,  martyr  à  East-Grin- 
stead,  437  v°. 

Dunkerque,  Dunckercke,  France,  Nord,  569-569  v°.  — 
Martyrs  :  Pierre  Annood,  Daniel  Galland. 

Dunois,  ancien  comté  de  France,  432  v°. 

Duns  Scot,  L'Escot,  Jean,  théologien,  377  v°,  380,  415  v°, 
466  v°,  467,  544  v°,  676. 

Dunston  Chittenden,  Dustone  Chettenden,  mort  en  prison 
à  Canterbury,  437  v°. 

du  Pont,  voir  Philippe  de  Corguilleray. 


Duprat,  Antoine,  du  Prat,  chancelier  de  France,  473. 

du  Prat,  voir  Duprat. 

Dupré,  voir  Jean  du  Pré. 

Durance,  rivière  de  France,  129-130. 

Durant,  Pierre,  boucher  à  Aix-en-Provence,  130  v°,  131. 
Durham,  Dunelme,  Angleterre,  Durham,  91,  191  v°,  294  v°, 

300,  306  v°,  307,  331,  332,  337  v°,  376,  408. 
Durie,  André,  évêque  de  Galloway,  195  v°. 
Durieux,  Rien,  Jacques,  condamné  à  Valenciennes,  673. 
Dustone  Chettenden,  voir  Dunston  Chittenden. 
Dyat,  voir  Dyer. 

Dyer,  Dyat,  seigneur  anglais,  193  v°. 

Dymonet,  Dimonet,  Dimonets,  Matthieu,  martvr  à  Lvon, 

182  v°,  216  v»,  218,  252-258,  260  v°. 
Dynes,  Étienne,  martyr  à  Brentford,  472  v°. 


E 


Eagles,  Egle,  Georges,  dit  Trudgeover,  le  Coureur,  martyr 

à  Chelmsford,  431  v«-432. 
East  Grinstead,  Grenestade,  Angleterre,  Sussex,  437  v°.  — 

Martyrs  :  Thomas  Dungate,  Jean  Foreman,  Anne 

Tree. 

Eastland,  Reinald,  Lavonder,  Reynod,  martyr  à  Londres, 
472  v°. 

Eck,  Eckius,  Jean,  théologien  catholique,  58. 
Eberhard  de  Neuhaus,  archevêque  de  Salzbourg,  37. 
Eccles,  voir  Acle. 
Eckerberguen,  voir  Akkergem. 
Eckerghen,  voir  Akkergem. 

Eckhard,  dominicain,  martyr  à  Heidelberg  (  ?),  5. 
Eckius,  voir  Eck. 

Eclaron,  Esclairon,  France,  Haute-Marne,  591  v°,  593- 
594. 

Ecolampade,  voir  Oecolampade. 

Écosse,  passim. 

Écouen,  Escouen,  France,  Seine-et-Oise,  519  v°. 

Édesse,  ancienne  ville  de  Mésopotamie,  479. 

Édimbourg,  Edinbourg,  Écosse,  89,  195  v°-197.  —  Martyrs  : 
Beverage,  dominicain,  Thomas  Forret,  chanoine,  Ro- 
bert Foster,  gentilhomme,  Jean  Kelow,  dominicain, 
Duncan  Sympson,  prêtre,  Adam  Wallace. 

Edmond  Alablaster,  Alebaster,  422. 

Edmond  Bonner,  Edmond  Boner,  évêque  de  Londres, 
92-94  v»,  102-102  v°,  165-168,  191  v»,  300,  303,  309  v°- 
316  v°,  321  v°-334,  361-364  V,  376,  395  V-408,  422- 
423,  441  v°. 

Edmond  Bridges,  seigneur,  304  v°. 

Edmond  Grindal,  évêque  de  Londres,  560  v°-562. 

Edmond  Guest,  évêque  de  Rochester,  92  v°-93. 

Edmond,  Edmonde,  Hurst,  martvr  à  Stratford,  437  v°, 
441  v°-442  v°. 

Edmond  Poole,  Polus,  martyr  à  Beccles,  437  v°. 

Edmond  Scambler,  évêque  de  Peterborough,  93. 

Edmond  Teler,  officier,  362. 

Edmond-Burye ,  voir  Bury-Saint-Edmunds. 

Edmondsbury,  voir  Bury-Saint-Edmunds. 

Edmund,  voir  Edmond. 

Édouard  III,  roi  d'Angleterre,  1  v°. 

Édouard  VI,  roi  d'Angleterre,  VIII  v»,  88  v°,  191  v°, 
193  v»,  194  v°  264,  264  v°,  287,  287  v»,  293,  294,  299, 
300,  302  v»,  306  v»,  309,  314,  314  v»,  321,  322  v°-323  v», 
326,  329  v°-333,  365,  374-376,  395  v°,  402  V,  406  v°, 
417-418,  422,  431  v»,  693,  700  v°. 

Édouard  Crome,  Crom,  docteur,  165,  337  v°. 

Édouard  Foxe,  évêque  de  Hereford,  97. 

Édouard  Hall,  Haul,  commissaire  d'Edouard  VI,  165  v°. 

Édouard  Lee,  archevêque  d'York,  93,  97,  416. 

Edouard  Semer,  voir  Edouard  Seymour. 

Edouard  Seymour,  duc  de  Somerset,  191  v°,  192,  294, 

_  294  v°,  299. 

Édouard  Sharp,  martyr  à  Bristol,  437  v°. 
Édouard  Stanley,  comte  de  Derby,  Darbe,  331  v°,  333, 
337  v". 

Edridge,  bachelier  en  théologie  de  Londres,  404  v°,  405  v°. 
Êduard,  voir  Édouard  VI. 

Edwin  Sands,  Sand,  futur  évêque  de  Worcester,  puis  de 
Londres,  puis  archevêque  d'York,  358. 


Effretière,  voir  Guy  Lasnier. 
Egidius,  voir  Gil. 

Egle,  George,  voir  Eagles,  Georges. 
Église,  Antoine  de  1',  suspect,  525  v°. 
Église,  Augustin  de  1',  conseiller  au  Parlement  de  Turin, 
438. 

Egmond,  Pays-Bas,  Hollande  septentrionale,  60  v°. 
Egmond,  voir  Egmont. 
Egmonda,  voir  Egmont. 

Egmont,  Lamoral,  comte  de,  gouverneur  de  Flandre  et 

d'Artois,  martyr  à  Bruxelles,  670,  701  v°-702  v°. 
Egmont,  Egmonda,  Nicolas  de,  inquisiteur  des  Pays-Bas, 
59. 

Égvpte,  III  v°,  128  v°,  354,  456,  456  v°,  545,  557  v°,  607, 
639,  688. 

Ekeren,  Akeren,  Belgique,  Anvers,  577. 
Éléazar,  personnage  biblique,  267,  505. 
Élibertin,  voir  Grégoire. 
Elle,  voir  Ely. 

Élie,  Hélie,  prophète,  111  v»,  138,  218  v°,  310  v°,  327, 
336  v»,  354  v»,  373,  374,  383  v°,  560  v°,  565  v°,  604, 
624,  631  v»,  665  v°. 

Elinck,  Charles,  martyr  à  Hondschoote,  598  v°-600  v°. 

Elisabeth,  voir  Isabelle  la  Catholique. 

Élisabeth,  personnage  biblique,  383  v°,  409,  631  v°,  674  v°, 

Élisabeth  1ère,  Élisabeth,  reine  d'Angleterre,  89,  264,  431, 
472  v»,  543  v»,  548,  559  v°,  561,  700  v°. 

Élisabeth,  Isabelle  de  France,  reine  d'Espagne,  519,  521  v°. 

Élisabeth  Pepper,  Peper,  martyre  à  Stratford,  437  v°, 

_  441  v°-442  v°. 

Élisabeth  Thackvel,  Thaevel,  martyre  à  Londres,  437  v°. 
Élisabeth  Warne,  Varenne,  veuve  de  Robert  Lashford, 
épouse  de  Jean  Warne,  martvre  à  Stratford,  362  v°. 
Élisée,  prophète,  138,  325,  634.' 
Élisabeth,  voir  Élisabeth. 

Ellinck  van  Steelant,  échevin  à  Hulst,  660  v°. 
Elverseele,  Hilverseele,  Belgique,  Flandre  Occidentale,  511. 
Ely,  Elie,  Angleterre,  Cambridge,  92  v°-93,  416  v°.  — 

Évêques  :  Richard  Cox,  Thomas  Goodrich,  Thomas 

Thirlby. 
Emaus,  voir  Emmaiis. 
Embden,  voir  Emden. 

Embrun,  Ambrun,  France,  Hautes-Alpes,  95,  122  v°,  580  v°. 
—  Archevêques  :  Antoine  de  Levis,  François  de 
Tournon. 

Emden,  Embden,  Allemagne,  Saxe,  287,  288  v°,  449,  509  v», 
659  v°. 

Emetiers,  Barthélémy,  Berthelemy,  président  du  Parle- 
ment de  Turin,  438. 

Emmanuel  Ier,  roi  de  Portugal,  444  v°. 

Emmanuel-Philibert,  duc  de  Savoie,  gouverneur  des 
Pays-Bas,  519,  521  v°,  573  v°   574  v°-576. 

Emmaùs,  Emaus,  disciples  de,  339. 

Emphlitius,  voir  Ange  Merula. 

Eneuse,  Roardus  de,  voir  Tapper,  Ruard. 

Engarrande,  Jean  de,  dominicain,  435  v°. 

Enghien,  Anguien,  François  de  Bourbon,  seigneur  de, 
393  v°. 

Ennetières,  Dentier,  Dentierre,  Pierre  de,  lieutenant  du 
bailli  de  Tournai-Tournaisis,  387  v°,  608,  623-624  v°. 


13 


Ensinas,  voir  Enzinas. 

Enzinas,   Ensinas,   Chêne,   François   de,   dit  Driander, 

écrivain,  133,  134,  148  v°,  149. 
Enzinas,  Duchesne,  Driander,  Jacques  de,  martyr  à  Rome, 

148  v°-149. 

Éphèse,  Asie  Mineure,  conciles  de,  160,  262  v°,  307,  400, 

596  v°,  655,  678,  687. 
Ephraïm,  personnage  biblique,  167,  278  v°. 
Epin,  voir  Aepinus. 

Épiphane,  Epiphanius,  saint,  évêque  de  Salamine,  379, 

467,  677  v». 
Épiphanius,  voir  Épiphane. 

Érard  de  la  Marck,  Evrard  de  la  Marche,  prince-évêque 

de  Liège,  617. 
Érasme  de  Rotterdam,  58,  71,  77  v°,  379,  380,  415  v°, 

676,  681. 
Erdley,  voir  Ardeley,  Jean. 

Erfurt,  Erphurd,  Allemagne,  Saxe,  5.  —  Martyr  :  N., 

bégard. 
Erfurth,  voir  Hereford. 
Éric,  Érice,  roi  de  Danemark,  42  v°. 
Érice,  voir  Éric. 
Erkek,  voir  Acle, 
Erphurd,  voir  Erfurt. 

Errem,  François,  martyr  à  Valladolid,  538. 

Esaie,  voir  Isaïe. 

Escalingue,  voir  Scalingue. 

Ésaù,  personnage  biblique,  346  v°. 

Escau,  voir  Escaut. 

Escaut,  Escau,  Belgique,  388,  663,  667  v°. 
Esch,  Jean,  augustin,  martyr  à  Bruxelles,  VII  v°,  58  v°- 
60  v». 

Eschaux,  Antoine  de  1',  bailli  de  la  ville  d'Aoste,  458  v°. 
Esclairon,  voir  Eclaron. 
Escosse,  voir  Écosse. 
Escot,  1',  voir  Duns  Scot. 
Escouen,  voir  Écouen. 

Escrivain,  Pierre,  martyr  à  Lyon,  VIII  v°,  197-236. 

Escrivent,  voir  Nicolas. 

Esdras,  personnage  biblique,  689  v°. 

Ésope,  fabuliste  grec,  259  v°,  373. 

Espagne,  Les  Espagnes,  passim.  — •  Connétable  de,  537. 
Espense,  voir  Despense. 

Esprit  Vitalis,  conseiller  au  Parlement  d'Aix-en-Provence, 

539,  540. 
Essors  en  Poitou,  voir  Les  Essarts. 
Essars,  les,  voir  Les  Essarts-le-Vicomte. 
Essemaut,  voir  Essenault. 
Essenault,  Essemaut,  juge,  320  v°. 

Essex,  Essexe,  Essexie,  Angleterre,  91  v°,  92,  315,  316  v°, 
322  vo-323  v°,  328-329,  397,  431  v°.  —  Martyrs  :  Onze 
ou  douze  inconnus. 

Essex,  Monsieur,  voir  William  Parr,  duc  d'Essex. 

Essexe,  voir  Essex. 

Essexie,  voir  Essex. 

Estalluffret,  Arnould,  Pierre,  dit  Mioce,  Myoche,  martyr 

à  Tournai,  150-151. 
Estampes,  voir  Étampes. 
Estancourt,  voir  Attancourt. 
Estaple,  voir  Étaples. 
Estenay,  France,  Marne,  432  v°. 
Ester,  voir  Esther. 
Esther,  Ester,  3,  531  v°. 
Estienne,  voir  Étienne. 

Estouteville,  Guillaume  de,  archevêque  de  Rouen,  49. 
Estrada,  voir  Strada. 
Estroble,  voir  Étroubles. 
Êtampe,  voir  Étampes. 

Étampes,  Estampes,  Étampe,  France,  Seine-et-Oise,  106  v°. 

—  Anne  de  Pisseleu,  duchesse  de. 
Étaples,  Estaple,  France,  Pas  de  Calais,  68  v°. 


Étienne,  Estienne,  saint,  V,  40,  165  v°,  229  v°,  268,  271, 
_  335,  342,  358,  376  v°,  392,  431,  562,  570  v°,  647  v°,  652. 
Étienne,  Estienne,  ministre  en  Piémont,  438  v°. 
Étienne  Ier,  Estienne,  pape,  113. 

Étienne  Bech,  prévôt  de  l'église  de  Manchester,  339. 
Étienne  de  Beaumont,  conseiller  à  la  Cour  de  Bordeaux, 
436. 

Étienne  Beauvarlet,  suspect,  616  v°. 

Étienne  Bourlet,  martyr  à  Arras,  82  v°. 

Étienne  Brun,  martyr  à  Planuol,  Dauphiné,  94  v°-95. 

Étienne  Cotton,  martyr  à  Brentford,  472  v°. 

Étienne  de  la  Forge,  martyr  à  Paris,  82. 

Étienne  Gallois,  échevin  de  Wassy,  593. 

Étienne,  Stephen,  Gardiner,  dit  Marc-Antoine,  évêque 
de  Winchester,  chancelier  d'Angleterre,  76,  90-94  v°, 
97-106,  293  v°-299,  300-302  v»,  306  v°-307  v°,  315, 
376,  377  v»-378  v»,  380,  395  v°-396  v°,  402,  404  v°, 
416-417,  421  v»,  431. 

Étienne  Gravot,  martyr  à  Lyon,  263-264. 

Étienne  Harwood,  Harzcod,  Heroald,  martyr  à  Stratford. 
363,  364  v°. 

Etienne  de  Hmodorkat,  gentilhomme  morave,  42. 
Étienne   Knight,   Knyght,   martyr   à   Maldon,    316  v°, 
317. 

Étienne  Mangin,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Étienne  le  Maroul,  voir  Eustache  Marron. 
Étienne  Marmier,  Mermier,  ministre,  707  v°. 
Étienne  Négrin,  ministre  à  La  Guardia,  emprisonné, 
547  v°. 

Étienne  Noël,  ministre  à  Grenoble,  466  v°. 
Étienne  de  Palec,  Palets,  16-37  v°. 

Étienne  Peloquin,  martyr  à  Paris,  178,  179  v°,  239  v°, 

245  v°. 

Étienne  Penon,  procureur  à  Sens,  598. 
Étienne  Poulliot,  martyr  à  Paris,  170  v°. 
Étienne  Le  Roy,  martyr  à  Chartres,  274  v°-276  v°. 
Étienne  Wight,  martyr  à  Brentford,  472  v°. 
Eton,  Etone,  Angleterre,  Berkshire,  collège  de,  309. 
Etone,  voir  Eton. 

Étroubles,  Estroble,  Italie,  Aoste,  458  v°. 

Eugène  III,  pape,  4,  22  v°. 

Eugène  IV,  pape,  49,  56  v°,  57,  676  v°. 

Eugubio,  voir  Gubbio. 
Eureux,  voir  Évreux. 
Europe,  399,  400,  444  v°. 

Eusèbe,  historien  grec,  111,  164,  306  v°,  307,  399,  400, 
405  v°,  479. 

Eustache  du  Bellay,  évêque  de  Paris,  525  v°,  528  v°, 

530,  530  v°. 

Eustache  Marron,  Étienne  le  Maroul,  martyr  à  Avignon, 
150  v». 

Eustache  Vignon,  gendre  de  Jean  Crespin,  608  v°. 
Eutychès,  hérésiarque  grec,  380,  381  v°,  585  v°,  678. 
Évagre,  Évagrius,  401. 
Êvagrius,  voir  Evagre. 

Ève,  personnage  biblique,  309  v°,  334,  334  v°,  361,  612  v°, 
677. 

Everson,  voir  Iverson. 

Évrard  de  la  Marche,  voir  Érard  de  la  Marck. 
Évreux,  Eureux,  France,  Calvados,  269-274.  —  Évêque  : 

Gabriel  le  Veneur.  —  Martyr  :  Guillaume  Neel. 
Exmew,    Exmene,    Guillaume,    chartreux,    exécuté  à 

Londres,  77  v°. 
Exmene,  voir  Exmew. 

Eybl  de  Roissowan,  gentilhomme  morave,  42. 
Eve,  Aye,  Angleterre,  Suffolk,  56.  —  Voir  Pope. 
Eymar,  Joseph  de,  conseiller  à  la  Cour  de  Bordeaux, 
435  v°,  436. 

Ézéchias,  roi  de  Juda,  10,  344,  348  v°,  473,  474,  674  v°. 
Ézéchiel,  prophète,  8  v°,  53,  138,  210,  310,  325,  409, 
489,  531  v°,  532,  534,  551  v°,  587. 


F 


19 


F.  Bechameil,  voir  F.  B.  Chameil. 

F.B.  Chameil,  320  v°. 

F.  Lamy,  320  v°. 

Faber,  voir  Lefèvre  d'Étaples. 

Fabien,  voir  Fabyan. 

Fabri,  Smyth  dit,  voir  Smith. 

Fabyan,  Fabien,  Robert,  chroniqueur  anglais,  15-15  v°. 
Facy  le  Tourneur,  et  son  épouse,  condamnés  par  con- 
tumace, 115,  115  v°. 
Faence,  voir  Faenza. 

Faenza,  Faence,  Italie,  Ravenne,  179  v°. 
Fagius,  Paul,  exhumé  et  brûlé  à  Cambridge,  191  v°, 
322  v». 

Fanino  Fanini,  martyr  à  Ferrare,  VIII  v°,  179  v°-181. 
Fametin,  voir  Faventinus. 
Faragle,  voir  Varagle,  Geoffroy. 

Farel,  Guillaume,  réformateur,  VIII,  68  v°,  78,  79,  83, 

87  v°,  140-148  v»,  260-261  v°,  357  v°. 
Farvacques,   Nicolas   des,   conseiller   du   bailliage  de 

Tournai,  387  v°. 
Fasseau,  Jean,  martyr  à  Mons,  395. 
Faucigny,  Fossigny,  France,  Haute-Savoie,  92,  340  v°. 
Faucille,  N.  la,  receveur  des  marchandises  au  Fort  Co- 

ligny,  île  de  Villegagnon,  Brésil,  446  v°. 
Faucon,  Faulcon,  France,  Vaucluse,  127. 
Fauguerolles,  N.  de,  président  de  la  Cour  du  Parlement 

de  Bordeaux,  436. 
Faulcon,  voir  Faucon. 
Faur,  N.  du,  suspect,  519. 
Faure,  juge  de  Monflanquin,  441. 
Faustus,  de  Milève,  75  v°. 

Faventinus,  Fametin,  historiographe  italien,  55. 

Faversham,  Fenersam,  Angleterre,  Kent,  13. 

Favier,  Claude,  condamné  par  contumace,  115,  115  v°. 

Favre,  Charles,  martyr  à  Lyon,  VIII  v°,  197-236. 

Favster,  Agnès,  voir  Foster,  Isabelle. 

Fayence,  Fayense,  France,  Var,  539. 

Fayense,  voir  Fayence. 

Feckenham,  Fecknam,  Feknam,  Jean,  doyen  de  Saint- 
Paul  à  Londres,  abbé  de  Westminster,  265-266,  268, 
315  v°,  324  v",  325  v»,  326. 

Feknam,  voir  Feckenham. 

Félix  V,  pape,  56  v°,  57. 

Fenersam,  voir  Faversham. 

Fenestella,  voir  Fenestrelle. 

Fenestrelle,  Fenestella,  Italie,  Turin,  350. 

Feraud,  Jean,  consul  à  Draguignan,  470. 

Ferault,  Claude,  539. 

Ferdinand,  empereur  d'Allemagne,  618. 

Ferdinand  V,  le  Catholique,  roi  d'Aragon,  roi  d'Espagne, 

88  v°,  416,  444  v°,  536  v°,  541. 

Ferdinand  de  Sainct-Juan,  martyr  à  Séville,  542  v°-543- 
Ferdinand  de  Tricio,  évêque  d'Orense,  537  v°. 
Ferdinand  de  Valdes,  archevêque  de  Séville,  537-537  v°. 
Ferdinand,  Jean,  voir  Hernandes,  Jean. 
Ferdinand,  Julien,  voir  Hernandes,  Julien. 
Fernand  Rodrigue,  docteur,  543  v°. 
Fernand  de  Tolède,  voir  Albe,  duc  de. 
Fère-en-Tardenois,  Fère  en  Tretenois,  France,  Aisne,  170  v°. 
F'ere  en  Tretenois,  voir  Fère-en-Tardenois. 
Feret,  réformé,  79  v°. 

Fernando  Ortis,  époux  de  Constance  de  Bivero,  537  v°. 

Fernoël,  Formai,  France,  Puy-de-Dôme,  171  v°. 
Ferrar,  Ferror,  Robert,  évêque  de  Saint-David's,  martyr 

à  Carmarthen,  314-314  v°,  330  v°,  420. 
Ferrare,  Italie,  Ferrare,  56  v°,  180.  —  Martyr:  Fanino 

Fanini. 

Ferré,  Charles,  seigneur  de  La  Gareye,  conjuré  d'Am- 
boise,  557. 

Ferrer,  Jean,  archevêque  d'Arles,  116-117  v°. 
Ferrers,  voir  Walter  Devereux. 

Ferrier,  Maître,  avocat  général  à  Bordeaux,  435  v°,  436. 
Ferrières,  Jean  de,  seigneur  de  Maligny,  conjuré  d'Atn- 

boise,  557-559  v°. 
Ferror,  voir  Ferrar. 
Festus,  gouverneur  de  Judée,  391. 
Fèvre,  Claude  le,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Fèvre,  Hanon  le,  martyre  à  Valenciennes,  184  v°. 
Fèvre,  Jacques  le,  martyr  à  Valenciennes,  184  v°. 
Fèvre,  Jean  le,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 


Fèvre,  Michel  le,  martyr  à  Valenciennes,  184  v°. 
Fèvre,  Richard  le,  martyr  à  Lyon,    182  v°,  277  v°-287. 
Ficin,  Marsile,  théologien,  55. 

Figueroa,  Mencia  de,  condamnée  à  Valladollid,  538. 
Filleul,  Antoine  le,  évêque  d'Aix-en-Provence,  116. 
Filleul,  Jean,  martvr  à  Saint-Pierre-le-Moûtier,  289  v°- 
290  v". 

Filmer,  Finemor,  Henri,  martvr,  non  gracié,  à  Windsor, 
106. 

Finemor,  voir  Filmer. 
Fiscaula,  voir  Fuscaldo. 
Fischer,  voir  Fisher. 

Fisher,  Fischer,  Fyscher  Rossensis,  Jean,  John,  évêque  de 

Rochester,  72,  77  v°,  401,  404  v°,  420. 
Fit-William,  voir  Fitz-William. 
Fitzian,  voir  Fitz-Jarnes. 

Fitz-James,  Fvtzian,  Richard,  évêque  de  Londres,  44  \  °, 

45  V,  47,  50  v°. 
Fitz-William,  épouse  de,  167  v°. 
Flamand,  voir  Henri  de  Westphalie. 

Flandre,  province  des  anciens  Pavs-Bas,  VIII,  IX,  70  v°, 
95  v°-98,  114  v",  134,  288,  395",  425,  427  v",  449,  459- 
460  v°,  509  v°,  511,  559  v°-572,  577  v°,  598  v»,  600  v», 
636,  653  v»,  659  v°-670,  696  v°,  701  v°. 

Flesche,  Jean,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 

Fleschem,  voir  Flessingue. 

Flessingue,  Fleschem,  Pays-Bas,  Zélande,  544. 

Fleury,  Nicolas,  condamné  à  Meaux,  161  v°  -  163  v°. 

Fliste,  voir  Flistede. 

Flistede,  Fliste,  Pierre,  martyr  à  Cologne,  VII  v°,  70. 
Floisel,  N.  de,  528  v». 
Flond,  voir  Floyd. 

Florence,  Italie,  Toscane,  19  v°,  20  v",  41,  55,  56,  399.  — 
Archevêque  :  François  Zabarella.  —  Martyr  :  Jérôme 
Savonarole. 

Florent  de  Montmorency,  Floris  de  Montmoranci,  sei- 
gneur de  Montignv,  gouverneur  du  Tournaisis,  633, 
694  v°. 

Florent  Venot,  martyr  à  Paris,  179. 

Florentin,  dit  de  Cologne,  épinglier,  martvr  à  Saint-Xicolas- 

de-Port,  IX  V,  578-580,  627,  628  v». 
Floris,  voir  Florent. 

Floris  van  Pallandt,  comte  de  Kuilenburg,  Cullembourg, 

seigneur  de  Wittem,  703. 
Flot,  Claude  du,  martyr  à  Lille,  664  v°-665  v». 
Flower,  Guillaume,  dit  Branche,  martyr  à  Londres,  319. 
Floyd,  Flond,  Jean,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Fodrigal,  voir  Fotheringay. 
Foix,  France,  Ariège,  699. 

Foix,  N.  de,  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  suspect,  519. 

Fon,  André  la,  tailleur,  réformé,  463  v°,  464. 

Fond,  Fonte,  François  de  la,  second  président  du  Parle- 
ment d'Aix-en-Provence,  126  v°,  129  v°,  130,  175-176. 

Fonques,  Guillaume,  martyr  à  Rouen,  106. 

Fonseca,  Alphonse  de,  Alfonso,  époux  d'Anne  Heniques, 
538. 

Fontaine-bleau,  voir  Fontainebleau. 

Fontainebleau,  France,  Seine-et-Marne,  120,  559,  619. 
Fonte,  voir  Fond. 
Fontenay,  voir  Fontenay-aux-Roses. 
Fontenay-sous-Bagneux,  voir  Fontenay-aux-Roses. 
Fontenay-le-Comte,  Conte,  France,  Vendée,  82  v°. 
Fontenay-le-Conte,  voir  Fontenay-le-Comte. 
Fontenay-aux-Roses,      Fontenay-sous-Bagneux,  France, 
Seine,'  293. 

Forbin,  Gaspard  de,  seigneur  de  Villelaure,  130. 

Forbus,  seigneur  écossais,  195  v°. 

Forcalquier,  France,  Basses-Alpes,  119  v°. 

Foreman,  Formait,  Jean,  martyr  à  East  Grinstead,  437  v°. 

Forge,  Étienne  de  la,  martyr  à  Paris,  82. 

Forlan,  Jules,  suspect,  697  v°. 

Forman,  voir  Foreman,  Jean. 

Formai,  voir  Fernoël. 

Formault,  voir  Rumault. 

Fornier,  Jean,  banni  de  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Forret,  Thomas,  chanoine,  martyr  à  Edimbourg,  89. 

Fort-Coligny,  Brésil,  actuellement  île  de  Villegagnon,  baie 
de  Rio-de-Janeiro,  460  v°-465  v°.  —  Martyrs  :  Jean 
du  Bordel,  Pierre  Bourdon,  Matthieu  Vermeil. 

Fortunat,  Fortunatian,  manichéen,  583. 

Fortunatian,  voir  Fortunat. 


20 


Fortune  ou  Cutler,  Jean,  mort  en  prison  à  Bury-Saint- 

Edmunds,  437  v°. 
Fossan,  voir  Fossano. 
Fossano,  Fossan,  Italie,  Coni,  554. 
Fossigny,  voir  Faucigny. 
Foster,  magistrat  à  Ipswich,  365. 

Foster,  Adam,  martyr  à  Bury-Saint-Edmunds,  437  v°. 

Foster,  Guillaume,  mort  en  prison  à  Canterbury,  437  v°. 

Foster,  Isabelle,  Fawster,  Agnès,  martyre  à  Londres,  423. 

Foster,  Robert,  gentilhomme,  martyr  à  Edimbourg,  89. 

Fotheringhay,  Fodrigal,  Angleterre,  Northamptonshire,  309. 

Fouace,  Julienne,  Juliane,  épouse  de  Pasquier,  con- 
damnée à  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Fouace,  Pasquier,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Fournier,  Marion,  épouse  d'Augustin  Dumarchiet, 
martyre  à  Mons,  176  v°-177  v°. 

Foxe,  Edouard,  évêque  de  Hereford,  97. 

Foxe,  Hugues,  martyr  à  Londres,  472  v°. 

Foxe,  Jean,  Foxus,  John,  historien  anglais  de  la  Réforme, 
97  v",  164,  193,  472  v°. 

Foxus,  voir  Foxe. 

Frabenicz,  Bonesb  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Fraikin,  Frekin,  Guillaume,  martyr  à  Limbourg,  703. 
Framlingham,  Freminghamen,  localité  et  château,  Angle- 
terre, Suffolk,  264  v°. 
France,  passim. 

Francesco  Stancaro,  Stancarus,  théologien,  622  v°. 
Francfort-sur-le-Main,  Frankjort,  Allemagne,  Hesse,  335, 

493,  543  v»,  565,  600  v°,  625,  654,  705. 
Franche-Comté,  Franche-Conté,  France,  171. 
Franche-Conté,  voir  Franche-Comté. 

Franchimont,  Francimont,  marquisat  de,  ancien  pays  de 

Liège,  617-618. 
Francimont,  voir  Franchimont. 
Francisco,  voir  Françoise. 
François,  saint,  467  v°,  687. 
François,  suspect,  552,  552  v°. 
François,  réformé  de  Tournai,  704  v°. 
François,  commis  du  concierge  du  Parlement  de  Bordeaux, 

435. 

François  Ier,  roi  de  France,  IX,  70  v°-71  v°,  79,  79  v°, 
106  v°,  115-131,  161  v°  171  v°,  174  v°,  438  v°,  461  v°, 
486  v»,  492  v°,  537  v°,  586  v»,  659. 

François  II,  roi  de  France,  IX,  521,  521  v°,  534  v°,  557- 
559  v°,  563,  589  v°,  709  v°. 

François  Berthauld,  Berthaud,  augustin  passé  à  la  Ré- 
forme, 79-79  v°,  81. 

François  de  Bivero,  martyr  à  Valladolid,  537  v°-538  v°. 

François  des  Bosves,  dit  Dumesnil,  capitaine  de  Saint- 
Dizier,  593-594. 

François  de  Bourbon,  seigneur  d'Enghien,  393  v°. 

François  de  Bourbon,  duc  de  Montpensier,  prince 
dauphin,  519. 

François  Bourgoin,  ministre  de  Genève,  297. 

François  Bribard,  martyr  à  Paris,  114-114  v°. 

François  du  Calvet,  martyr  à  Toulouse,  619-620. 

François  Chay,  procureur  de  Mérindol,  120. 

François  Christofle,  ministre,  578  v°-579  v°. 

François  Le  Clerc,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 

François  Delestre,  marchand  de  Cambrai,  616  v°. 

François  Emin,  de  Manosque,  123. 

François  d'Enzinas,  Ensinas,  du  Chêne,  dit  Driander, 

écrivain,  133,  134,  148  v°,  149. 
François  Errem,  martyr  à  Valladolid,  538. 
François  de  la  Fond,  Fonte,  second  président  du  Parlement 

d'Aix-en-Provence.  126  v°,  175-176. 
François  Gamba,  martyr  à  Côme,  VIII  v°,  291  v°-293. 
François  van  der  Hulst,  inquisiteur,  59. 
François  du  Jon,  Junius,  ministre,  628. 
François  Lambert,  réformateur,  72. 

François  Landri,  curé  de  Sainte-Croix  à  Paris,  106  v°- 
107. 

François  de  Lorraine,  duc  de  Guise,  151  v°,  519,  578  v°, 
579,  589  v°,  591-594  v»,  618  v°-620,  658. 

François  de  Mauny,  archevêque  de  Bordeaux,  437. 

François  Maynard,  condamné  par  contumace,  115. 

François  Mestayer,  marchand  de  Bordeaux,  436  v°. 

François  de  Montmorency,  maréchal  de  France,  557  v°. 

François  Morgan,  juge  à  Londres,  300  v°. 

François  de  Morel,  ministre  à  Genève  et  à  Paris,  518  v°. 

François  de  Navarre,  évêque  de  Valence,  537  v°,  538. 

François  Nyset,  Nize,  martyr  à  Limbourg,  703. 

François  Olivier,  chancelier  de  France,  558  v°. 

François  Orbouton,  Maître  François,  réformé,  évadé  de 
Lyon,  390-390  v",  393  v°-394  v°. 


François  Pattou,  martyr  à  Valenciennes,  696. 
François  de  Pérussis,  seigneur  de  Lauris,  conseiller  au 

Parlement  de  Provence,  129  v°,  131,  470,  470  v°. 
François  Poncher,  archevêque  de  Sens  (et  non  de  Tours), 

473. 

François  Rebezies,  martyr  à  Paris,  485  v°-490  v°. 
François  Richardot,  évêque  d'Arras,  674  v°,  679  v°, 

680  v°-687,  691,  692,  695  v°. 
François  de  la  Rivière,  ministre  à  Francfort,  565,  566. 
François  de  Saint-André,  président  du  Parlement  de 

Paris,  487  v°-489,  525  v»,  530. 
François   de   Saint-Romain,   Sant   Romain,   martyr  à 

Valladolid,  131  v°-134. 
François  de  Scita,  prêtre,  547  v°. 
François  Sega,  martyr  à  Venise,  697  v°-698  v°. 
François  Spiera,  Spera,  martyr  à  Padoue,  449,  505. 
François  Spinola,  martyr  à  Venise,  697  v°-698  v°. 
François  Thijs  ou  Mathijs,  Diessen,  martvr  à  Mali  nés, 

VIII  v°,  385-387. 
François  de  Tournon,  cardinal,  archevêque  de  Lvon, 

106  V,  234  V,  235,  389,  530  v°,  581,  584  v»,  586  v». 
François  de  la  Tramerie,  Tramery,  baron  de  Roisin, 

673  v»,  674  v°. 
François  Varlut,  martyr  à  Tournai,  600  v°-616  v°. 
François  Varquis,  seigneur  de  Higueras,  époux  de  Jeanne 

de  Bohorches,  542. 
François  Zabarella,  cardinal,  archevêque  de  Florence, 

19  v»,  20,  24  v°,  27,  28  v». 
Françoise  de  Bouliers,  dame  de  Cental,  130,  175,  176. 
Françoise,  Francisco,  de  Chaves,  martyre  à  Séville,  544. 
Franconie,  Allemagne,  83  v°. 
Francs,  voir  Franks. 

Francville,  Renaudine  de,  martyre  à  Cambrai,  616  v°. 
Frankjort,  voir  Francfort-sur-le-Main. 

Franks,  Francs,  Jean,  ministre,  martyr  à  Canterbury, 

VIII  v°,  358,  360  v°. 
Frecht,  Martin,  théologien,  156  v°,  157. 
Frechtius,  voir  Frecht. 
Frédéric,  duc  d'Autriche,  27. 
Frédéric,  burgrave  de  Nuremberg,  19-25. 
Frédéric  II,  duc  de  Saxe,  électeur  palatin,  57,  57  v°. 
Frédéric  III,  dit  le  Pieux,  duc  de  Saxe,  électeur  palatin, 

534  v°,  617  v°. 
Frédéric,  Frideric,  Danville,  martyr  à  Paris,  485  v°-490  v°. 
Frekin,  voir  Fraikin. 
Freminghamen,  voir  Framlingham. 
Fressinière,  voir  Fressinières. 

Fressinières,  Fressinière,  France,  Hautes- Alpes,  114  v°. 
Fretière,  Effretière,  Guy  Lanier,  seigneur  de  la,  avocat 

à  Angers,  412,  412  v°. 
Fribourg  -  en  -  Brisgau,  Fribourg  -  en  -  Brigoye,  Allemagne, 

Bade-Wurtemberg,  36,  627  v°. 
Fribourg-en-Brigoye,  voir  Fribourg-en-Brisgau. 
Frideric,  voir  Frédéric. 
Frideswid,  voir  Frideswide. 

Frideswide,  Frideswid,  Fryszvid,  abbaye  à  Oxford,  actuel- 
lement Collège  du  Christ,  4  v°,  74. 

Frise,  province  des  anciens  Pays-Bas,  287,  287  v°,  449, 
460,  509  v°,  560  v»,  701  v°. 

Frise  Orientale,  Allemagne,  460. 

Frith,  Fryth,  Jean,  martyr  à  Londres,  74-77,  85  v°,  165  v°. 

Froyenne,  voir  Froyennes. 

Froyennes,  Belgique,  Hainaut,  171. 

Frysziid,  voir  Frideswide. 

Fryth,  voir  Frith. 

Fueillie,  voir  La  Feuillie. 

Fulgence,  écrivain  latin,  9  v°,  80,  108  v°,  638. 
Fulham,  Fullam,  Angleterre,  Londres,  324  v°,  441  v°. 
Fullam,  voir  Fulham. 

Fumée,  Antoine,  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  suspect, 

libéré,  519. 
Fundanus,  consul  romain,  479. 

Furbiti,  évêque  auxiliaire  de  Chambéry,  340  v°,  341. 
Furne,  voir  Furnes. 

Fumes,  Fume,  Belgique,  Flandre  Occidentale,  559  v°- 
561  v°.  —  Martyrs  :  Jacques  Dienssart,  Chrétien  de 
Quekere,  Jeanne  de  Salomez. 

Furstemberg,  Guillaume  de,  comte,  148  v°. 

Fuscaldo,  Fiscaula,  Italie,  Calabre,  545,  546,  547,  547  v». 

Fusse,  voir  Fust. 

Fust,  Fusse,  Thomas,  martyr  à  Ware,  364  v°. 

Fyscher,  voir  Fisher. 

Fyscher  Rossensis,  voir  Fisher. 

Fytzian,  voir  Fitz-James. 


G 


21 


G.,  Madame,  313  v°. 

G.,  L,  réformé,  342  v°. 

G.,  I.  d.,  réformé,  182. 

G.  Poylene  ou  Poileve,  juge,  320  v°. 

Gabart,  Pierre,  martyr  à  Paris,  484-485  v°. 

Gabonecz,  Jean  Dern  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Gaborite,  voir  Marie  Becaudelle. 

Gabriel,  seigneur  de  Lorges,  comte  de  Montgomery, 

521. 

Gabriel  Beraudin,  martyr  à  Chambéry,  181,  181  v°. 
Gabriel  Biel,  Biellus,  théologien  allemand,  469  v°. 
Gabriel  de  Bouvery,  évêque  d'Angers,  408  v°,  411  v°, 

412,  412  v°,  414,  414  v°,  457. 
Gabriel  de  Saconnex,  musicien  à  Lyon,  174. 
Gabriel  le  Veneur,  évêque  d'Évreux,  269,  273,  273  v°, 

274. 

Galars,  voir  Gallars,  Nicolas  des. 

Galatie,  Asie  Mineure,  562. 

Galilée,  Palestine,  187,  187  v°,  602  v°. 

Galimard,  Léonard,  martyr  à  Paris,  179. 

Galland,  Daniel,  martyr  à  Dunkerque,  569-569  v°. 

Gallars,  Galars,  Nicolas  des,  ministre  à  Genève,  455  v°. 

Galles,  Wallie,  Angleterre,  15,  47,  47  v°,  85  v°,  299,  314, 

314  v». 
Gallie,  voir  Galluis. 

Gallois,  Étienne,  Estienne,  échevin  de  Wassy,  593. 

Gallois,  Pierre,  suspect,  à  Wassy,  594  v°. 

Galloway,  Galowaye,  Écosse.  —  Évêque  :  André  Durie. 

Galluis,  Gallie,  France,  Seine-et-Oise,  83. 

Galowaye,  voir  Galloway. 

Galter,  voir  Wouter  Oom. 

Gamaliel,  personnage  biblique,  78,  469  v°. 

Gamba,  François,  martyr  à  Côme,  VIII  v°,  291  v°-293. 

Gamba,  frère  de  François  Gamba,  291  v°. 

Gand,  Gang,  Belgique,  Flandre  Orientale,  VIII  v°,  95  v°, 
149-150,  287  vo-289  v°,  449,  449  v°,  598  v°,  599,  660, 
662,  669,  670,  672  v°,  693,  695,  696,  696  v°,  701  v°. 

—  Akkergem,  660,  662  v°  ;  —  Brugschewalpoorte,  288  ; 

—  Le  Verlere,  Veerleplein,  149  v°  ;  —  Saint-Michel 
288.  —  Martyrs  :  Nicolas  van  Bampoele,  Jean  de 
Bucq,  Otto  van  Cateline,  Martin  Huerblocq,  Jean 
Onghena,  Anne  van  de  Velde,  épouse  de  Jean  de 
Bucq. 

Gand,  Jean  de,  duc  de  Lancastre,  Lanclastre,  1  v°-5. 
Gang,  voir  Gand. 

Gansfort,  Wessel,  Wesselius,  théologien,  492  v°. 
Gap,  France,  Hautes-Alpes,  95. 

Garcette,  Jean,  Pierre,  curé,  martyr  à  Douai,  89-89  v°, 
97  v». 

Garcia  de  Toledo,  s  igneur  espagnol,  537. 

Garde,  Antoine  Escalin  des  Aymars,  baron  de  la,  dit 

le  capitaine  Polin,  Poulin,   127,  127  v°,  129-130  v°, 

175,  540. 

Gardiner,  Étienne,  Stephen,  évêque  de  Winchester,  chan- 
celier d'Angleterre,  76,  90-94  v°,  97,  106,  191  v°,  293  v°- 
299,  300-302  v°,  310,  312,  312  v°,  313,  315,  321-322  v°, 
327  v»,  330,  332  v°,  334,  336  v»,  339  v»,  376,  377  v°- 
378  v»,  380,  395  v°-396  v",  402,  404  v",  416-417,  421  v°, 
422,  431. 

Gardiner,  Guillaume,  martyr  à  Lisbonne,  VIII  v°,  IX, 

194-195  v°. 
Garet,  voir  Garret. 

Garin,  Joseph,  martyr  à  Marseille,  620. 
Garnishé,  voir  Garnish. 

Garnish,  Garnishé,  Lord  et  Lady,  166  v°. 
Garrard,  voir  Garret. 

Garret  ou  Garrard,  Garet,  Thomas,  martyr  à  Londres, 

72  v»,  96  v°-97. 
Garsonnet,  avocat  du  roi  à  Aix-en-Provence,  122  v°. 
Gascogne,  Gascongne,  France,  197,  340,  483,  487. 
Gascogne,  Thomas  de,  écrivain,  47  v°. 
Gascongne,  voir  Gascogne. 

Gase,  paroisse  de  Luns,  diocèse  de  Périgueux,  483. 
Gaspar,  voir  Gaspard. 
Gaspard  Auger,  fermier,  95. 

Gaspard  de  Coligny,  Colligny,  amiral  de  France,  557  v°, 

563,  593,  621  v». 
Gaspard  Cruciger,  théologien,  58. 
Gaspard  de  Forbin,  seigneur  de  Villelaure,  130. 
Gaspard  van  der  Heyden,  Verheyden,  ministre  de  l'Église 

d'Anvers,  449,  509  v°. 


Gaspard  de  Renialme,  échevin  à  Anvers,  512. 
Gaspard  Signier,  viguier  de  Draguignan,  470. 
Gaspard  Tamber,  martyr  à  Vienne  en  Autriche,  67. 
Gaspard  Vivian,  procureur  de  la  foi  à  Turin,  439  v°,  440. 
Gastines,  Philippe  de,  martyr  à  Paris,  703  v°-704  v°. 
Gastines,  Richard  de,  martyr  à  Paris,  703  v°-704  v°. 
Gaudet,  Pierre,  martyr  à  Penay,  VIII,  83. 
Gaudin,  Antoine,  maréchal  du  château  de  Roussillon,  123. 
Gaudun,  Jean  de,  théologien,  1  v°. 

Gaulay,  Pierre  (lire  :  Jean)  de,  conseiller  au  bailliage 

de  Tournai,  615. 
Gaulteri,  avocat,  martyr  à  Aix-en-Provence,  176  v°. 
Gaultier  Dasch,  procureur,  3. 
Gaultier,  voir  Wouter  Oom. 
Gavinus,  voir  Gawand  Hamilton. 

Gawand,  Gavinus,  Hamilton,  doyen  de  Glasgow,  195  v°. 
Gayan,  Gayant,  Louis,  conseiller  au  Parlement  de  Paris, 

481  V,  526,  528. 
Gayant,  voir  Gayan. 

Gaye,  Graye,  Jean  de,  capitaine,  127,  130  v°. 
Gédéon,  personnage  biblique,  670. 
Geerstecoorne,  voir  Jean  Herwin. 

Gélase  Ier,  Gelasius,  saint,  pape,  109  v»,  220,  339,  379, 

381  v°,  506,  529,  678,  691. 
Gelasius,  voir  Gélase. 

Gemel,  Odoul,  martyr  à  Torre-Pellice,  Tour  (  ?),  574  v°. 

Genest,  Pierre,  pharmacien,  179  v°. 

Genève,  Suisse,  Genève,  III,  VIII,  78,  79,  83,  92,  97  v", 
151  v°,  152,  169-172,  176  v°-182  v°,  185,  185  v°,  187  v°, 
197  v»,  229,  236-239  v°,  252  v",  254,  258,  260,  261  v", 
268  v°,  274-274  v°,  276-280,  282  v»,  289  v°,  291,  291  v", 
293,  319  v°-321,  340-346  v»,  353  v",  388-390,  393  v°-394, 
401,  413  v°-414,  433,  435,  438-440  v°,  443-446  v°, 
450-457,  466,  466  v°,  470-471  v°,  473,  480  v»,  481  v°, 
484  v»,  486,  486  v°,  503,  503  v»,  506,  507,  508,  514  v», 
515,  519  v°-523,  539,  543-547  v°,  550  v°,  552  v°,  554- 
555,  568,  589,  591,  600  v",  601,  604,  606  v»,  610,  611  v°, 
614,  620  v°,  627,  628,  631  v°,  633,  693,  701.  — 
Église,  228,  237,  255  v°,  282,  282  v°,  354  v°,  357,  389- 
390,  452,  455,  455  v°.  —  Fidèles,  205  V.  —  Ministres, 
235,  260,  342,  342  v°,  347  v»,  349-350  v°,  452,  455, 
455  v°,  466,  469  v°.  —  Livres  imprimés  à,  172. 

Genevois,  France,  Savoie,  92. 

Genniense,  Jeanne,  suspecte  relaxée  à  Meaux,  161v°- 
163  v°. 

Gensson,  voir  Saint-Estève-Janson. 

Geoffroy  Guérin,  martyr  à  Paris,  493-499  v°,  515  v°. 
Geoffroy  de  Pikeringe,  Pakring,  religieux  de  Byland, 
7  v». 

Geoffroy  Varagle,  ministre,  martyr  à  Turin,  IX,  465  v°- 
469  v°. 

Geoffroy,  Simon,  martyr  à  Wassy,  592  v° 
Geoffroy,  voir  Goodrich. 

George,  voir  Georges,  Richard  ■  —  voir  Otto. 
Georges,  ministre  à  Hall,  martyr  près  d'Aschaffenbourg, 
VII  v»,  62. 

Georges,  de  Mayence,  martyr  à  Londres,  191  v°. 
Georges,  libraire,  martyr  à  Vienne  en  Autriche,  67. 
Georges  d'Armagnac,  Armignac,  cardinal,  580  v°. 
Georges  Ambrose,  Ambroise,  martyr  à  Londres,  437  v°. 
Georges  Baynam,  martyr  à  Londres,  73  v°. 
Georges  Bing,  King,  mort  en  prison  à  Londres,  365  v°. 
Georges  Blandrata,  antitrinitaire,  622  v°. 
Georges  Borel,  geôlier,  87  v°. 

Georges  Brodbridge,  Bradbridg,  martyr  à  Canterbury, 
365  V. 

Georges  Carpentier,  martyr  à  Munich,  VII  v°,  69-69  v°. 
Georges  Catmer,  Catner,  martyr  à  Canterbury,  365  v°. 
Georges  Constantine,  Constantin,  officier  d'état-civil,  314. 
Georges  Coste,  comte  de  la  Trinité,  555,  574-576. 
Georges  Cotes,  Cootse,  évêque  de  Chester,  86. 
Georges  Day,  évêque  de  Chichester,  90  v°,  92  v°,  93, 

300,  300  v°,  336-337  v°,  376,  408. 
Georges  Eagles,  George  Egle,  dit  Trudgeover,  le  Coureur, 

martyr  à  Chelmsford,  431  v°-432. 
Georges  de  Lichtenstein,  évêque  de  Trente,  16  v°. 
Georges  Marsh,  Marché,  prêtre,  martvr  à  Chester,  317  v°- 

319. 

Georges  Martin,  seigneur  de  Champoléon,  87  v°. 
Georges  Maurel,  ministre,  114  v°,  115. 
Georges  Maurice,  bourgeois  d'Orchies,  97  v°. 


22 


Georges  Monastier,  syndic  d'Angrongne,  576. 
Georges  Olivari,  martyr  à  Marseille,  620. 
Georges  des  Prez,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Georges  Ropper,  Roper,  martyr  à  Canterbury,  375  v°. 
Georges  Searles,  martyr  à  Stratford,  437  v°,  441  v°- 
442  v». 

Georges  Tankerfield,  Tankerfeld,  martyr  à  Saint-Albans, 
362  v°. 

Georges  Tardif,  martyr  à  Sens,  481  v°-482. 
Georges  Taylor,  fils  de  Roland  Taylor,  308. 
Georges,  Agnès,  première  épouse  de  Richard  Georges, 

martyre  à  Stratford,  437  v°,  441  v°,  442  v°. 
Georges,  Christiane,  Agnès,  seconde  épouse  de  Richard 

Georges,  martyre  à  Colchester  et  non  à  Norvvich,  472  v°. 
Georges,  un  nommé  George,  Richard,  suspect,  relaxé,  à 

Londres,  472  v°. 
Georges,  voir  Joris. 

Gérard  Haméricourt,  évêque  de  Saint-Omer,  696  v°. 
Gérard  Roussel,  Ruffy,  Girard  Rufi,  évêque  d'Oléron, 

chapelain  de  Marguerite  de  Navarre,  68  v°,  79,  79  v°, 

486  v°. 

Gerbéviller,  France,  Meurthe-et-Moselle,  627. 

Gerson,  Jean,  chancelier  de  l'Université  de  Paris,  20, 

26  v°,  30,  36  v",  48,  492  v°. 
Gerzê,  voir  Jersey. 

Ghénart,  Guinart,  Antoine,  inquisiteur  à  Liège,  617  v°- 
618. 

Ghinucci,  Pierre  de,  évêque  de  Cavaillon,  120  v°,  123- 

125  v»,  126. 
Gien,  Gyan,  France,  Loiret,  263. 
Gien,  voir  Robert  Drakes. 
Gijsbert  Rabat,  bailli  d'Hulst,  660. 

Gijsbrecht  de  Batenburg,  Battembourg,  martvr  à  Bru- 
xelles, 701  v°. 

Gil,  Egidius,  Jean,  évêque  de  Tortose,  exhumé  et  brûlé, 
542,  544. 

Gilbert  Bayard,  fonctionnaire  royal,  120. 
Gilbert  Berkley,  évêque  de  Bath,  92  v°. 
Gilbert  Bourne,  évêque  de  Bath  et  Wells,  398,  398  v°, 
408. 

Gilbert  d'Oignies,  Doignies,  vicaire  général,  puis  évêque 

de  Tournai,  595,  601,  626  v». 
Gillam,  vcir  Williams. 

Gilles,  Allemand,  martyr  à  Londres,  102  v°. 

Gilles  Bertelot,  prévôt,  163. 

Gilles  Le  Court,  martyr  à  Paris,  523  v°-524. 

Gilles  Lemaître,  Lemaistre,  Magistri,  président  du  Parle- 
ment de  Paris,  709  v°. 

Gilles  Le  Pers,  prévôt  des  maréchaux,  289  v°,  290,  290  v°. 

Gilles  Richebois  et  son  épouse,  martvrs  à  Sens,  597- 
597  v°. 

Gilles  Tielemans,  Tilleman,  Tilman,  martyr  à  Bruxelles, 

99-99  v»,  102  vo-105  v»,  510  v». 
Gilles  Verdrickt,  martyr  à  Bruxelles,  509  v°-512. 
Gillot  Vivier,  martyr  à  Valenciennes,  184  v°. 
Girard  Ambrois,  viguier,  539. 
Girard  Dauzamilliers,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Girard  Lucot,  habitant  de  Wassy,  592  v°. 
Girard  Rufi,  voir  Gérard  Roussel. 
Girard,  Jean,  imprimeur,  87  v°. 
Girard,  Pierre,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Givry,  Belgique,  Hainaut,  395. 
Glascow,  voir  Glasgow. 

Glasgow,  Glascow,  Glaskoiv,  Écosse,  195  v°. 
Glaskow,  voir  Glasgow. 

Glenluce,   Glenlus,   Angleterre,    Wigtownshire,  abbé  de, 

195  v°. 
Glenlus,  voir  Glenluce. 

Glocester,  voir  Gloucester,  Gloucestershire. 
Glocestre,  voir  Gloucester. 
Gloster,  voir  Gloucester. 

Gloucester,  Glocester,  Glocestre,  Gloster,  Angleterre,  Glou- 
cestershire, 86,  87,  293-306,  314,  382  v°-383,  398-399, 
437  v°.  —  Évêques  :  Jacques  Brooks,  Jean  Hooper. 
—  Martyrs  :  Thomas  Croker,  Richard  Drowry, 
aveugle,  Jean  Hooper.  —  Pour  Jean  Apprice  (Uprise) 
et  Hugues  Laverok,  voir  Stratford. 

Glouer,  voir  Glover. 

Glover,  Jean,  frère  de  Robert,  371  v°-372. 
Glover,  Robert,  martyr  à  Coventry,  371  v°-375  v°. 
Glyne,  Guillaume,  évêque  de  Bangor,  408. 
Gnapheus,  Guillaume,  professeur,  60  v°. 
Go,  Renaud,  suspect,  579. 

Godeau,  Jean,  martyr  à  Chambéry,  181,  181  v°. 
Godefroid  de  Barry,  dit  La  Forest,  seigneur  de  La  Re- 

naudie,  chef  des  conjurés  d'Amboise,  557-558  v°. 
Godefroid  de  Hamelle,  martyr  à  Tournai,  186-191. 
Godefroid  Lomé,  Lom,  suspect,  72  v°. 
Godefroy,  voir  Godefroid. 

Godescalc,  Hodscalc,  Rosemondt  inquisiteur,  59. 


Gohin,  P.,  conseiller  à  Angers,  457  v°. 

Goignies,  Goini,  Antoine  de,  gouverneur  du  Quesnoy, 

692  v». 
Goini,  voir  Goignies. 

Goldwell,  Thomas,  évêque  de  Saint-Asaph,  399,  399  v°. 
Goliath,  personnage  biblique,  188  v°,  208,  215,  502  v°, 
644  v°. 

Gombaud,  Jean,  compagnon  de  Benoît  Romyen,  470  v°. 
Gombaut,    Jean,    seigneur    d'Archimont,    conseiller  à 

Tournai,  611  v°,  615. 
Gomorre,  voir  Gomorrhe. 

Gomorrhe,  Gomorre,  ancienne  ville  de  Palestine,  54  v°, 

257  v»,  653  v». 
Gonçalo  Vaes,  martyr  à  Valladolid,  538. 
Gondrecourt,  lieutenant  du  bailli  de  Chaumont,  593  v°. 
Gonin,  Martin,  ministre,  martyr  à  Grenoble,   87  v°- 

88  v°,  114  v°. 

Gonzalve,  Jean,  théologien,  et  sa  famille,  martyrs  à  Séville, 
541  v°-542. 

Goodacre,    Gudaker,    Hugues,    archevêque  d'Armagh, 

primat  d'Irlande,  309. 
Goodman,   Christophe,  ami   de  Barthélémy  Green, 

424  v». 

Goodrich,  Geoffroy,  Thomas,  évêque  d'Ely,  416  v°. 
Gore,  Jacques,  Gorie,  James,  mort  en  prison  à  Colchester 
375  v». 

Goreway,  Goruay,  Thomas,  martyr  à  Lichfield,  365  v°. 
Gorie,  voir  Gore. 
Goruay,  voir  Goreway. 

Gorze,  Goze,  France,  Moselle,  62,  148  v°,  578. 
Gosmold,  voir  Gosnold. 
Gosnal,  voir  Gosnold. 

Gosnold,  Gosmold,  Gosnal,  Jean,  chevalier,  commissaire 

d'Édouard  VI,  297  v". 
Gotleben,  voir  Gottlieben. 
Gottlieben,  Gotleben,  Allemagne,  Bade,  30. 
Gottre,  David,  disciple  de  Wicleff,  7  v°. 
Goullay,  André,  procureur  du  roi  à  Craon,  456  v°. 
Goze,  voir  Gorze. 
Grâce,  voir  Grasse. 
Grafflenne,  voir  Gravesend. 

Grain,  Jean  Le,  martyr  à  Bruxelles,  702-702  v°. 
Graisivaudan,  Grésivaudan,  Grivodam,  France,  vallée  de 

l'Isère,  279  v°-287. 
Grand  Champ,  Grand  Chant,  N.  de,  juge,  320  v°. 
Grand  Chant,  voir  Grand  Champ. 
Grand  diblone,  voir  Gran  Dubbione. 

Grand-Saint-Bernard,  grand  saint  Bernard,  col  des  Alpes, 
458  v°. 

Gran  Dubbione,  Grand  diblone,  Italie,  Turin,  574. 
Grand,  Jean  Le,  martyr  à  Anvers,  704  v°,  705  v°,  706. 
Grange,  Pérégrin  de  la,  ministre,  martyr  à  Valencien- 
nes, 673-694  v°,  696. 
Granianus,  consul  romain,  479. 
Granvel,  voir  Granvelle. 

Granvelle,  Antoine  Perrenot  de,  cardinal,  96,  139  v°, 

569,  596  v°,  658,  658  v»,  672,  702  v°. 
Grapheus,  Alexandre,  secrétaire  d'Anvers,  671  v°. 
Grasse,  Grâce,  France,  Alpes-Maritimes,  626  v°. 
Gravelle,  Tavrin,  Taurin,  martyr  à  Paris,  482  v°-484, 

487,  487  v°,  489  v°. 
Graveron,  seigneur  du,  482,  483. 

Graveron,  Philippe  de  Luns,  dame  du,  martvre  à  Paris, 

482,  483-484,  499  v". 
Gravesend,  Grafflenne,  Angleterre,  Kent,  287. 
Gravier,  Hugues,  martyr  à  Bourg-en-Bresse,  239. 
Gravot,  Étienne,  martyr  à  Lyon,  263-264. 
Gray,  Gry,  France,  Haute-Saône,  385.  —  Martyr  :  Nicolas 

du  Chesne. 
Graye,  voir  Gaye. 
Graye,  voir  Grey. 

Greathead,  Robert,  évêque  de  Lincoln,  24. 
Grèce,  391. 

Green,  Grene,  Griné,  Barthélémy,  Barlet,  Barthelet, 
Bartlet,  martyr  à  Londres,  408,  423,  424-425. 

Grégoire,  Gregorius  Eliberitanus,  Elibertin,  évêque  d'Elvire, 
467. 

Grégoire  Ier,  saint,  pape,  8  v°,  10,  11,  25,  112,  113,  221, 

226,  276,  335  v»,  381  v»,  413,  658  v»,  676,  685  V. 
Grégoire  VII,  saint,  pape,  221. 
Grégoire  XI,  pape,  1  v°,  2  v". 
Grégoire  XII,  pape,  20  v°,  36. 
Grégoire  de  Nazianze,  306  v°. 

Grégoire  Parke,  Pointer,  martyr  à  Canterbury,  375  v°. 
Grene,  Barlet,  Barthelet,  Bartlet,  voir  Green,  Barthélemi. 

Grenestade,  voir  East  Grinstead. 
Greno,  suspect,  182  v°. 


23 


Grenoble,  France,  Isère,  87  v°,  279-283  v°,  341,  342, 
350,  350  v°,  539.  —  Porte  Troine,  87  v°,  279-280  v°.  — 
—  Martyr  :  Martin  Gonin. 

Grenut,  Jean,  grand  prévôt  de  Tournai,  626. 

Grésivaudan,  voir  Graisivaudan. 

Grey,  Catherine,  sœur  de  Jeanne  Grey,  267  v°-268. 
Grey,  Grave,  Jeanne,  Jane,  reine  d'Angleterre,  VIII  v°, 

265-268  v°,  315  v°,  417-418  v°. 
Grignan,  Louis-Adhémar  de  Monteils,  seigneur  de, 

gouverneur  de  Provence,  126,  126  v°,  129,  131. 
Grimoald,  docteur,  310  v°,  313  v°-314. 
Grindall,  Edmond,  évêque  de  Londres,  560  v°-561. 
Griné,  voir  Green. 
Grisons,  Suisse,  601,  697  v°. 
Grivodam,  voir  Graisivaudan. 

Grongnet,  Adrien,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Groningen,  voir  Groningue. 
Gror.inghe,  voir  Groningue. 

Groningue,  Groningen,  Groninghe ,  Gruningue,  province  des 

anciens  Pays-Bas,  84,  449,  701  v°. 
Grossi,  Jean  de,  juge  à  Apt,  115  v°. 
Gmf,  voir  Gruffy. 

Gruffy,  Gmf,  France,  Haute-Savoie,  470. 

Grunfelder,  Henri,  prêtre,  martyr  à  Ratisbonne,  47  v°. 

Gruningue,  voir  Groningue. 

Gruyer,  Alexandre  le,  légiste,  593  v°. 

Gry,  voir  Gray. 

Guarina,  Camilla,  épouse  de  Jean-Louis  Pascal,  544  v°- 

557. 

Gubbio,  Eugubio,  Italie,  Pérouse,  113. 
Gudaker,  voir  Goodacre. 
Gué,  P.,  juge,  320  v°. 
Gueillart,  sergent,  627. 

Gueldre,  province  des  anciens  Pays-Bas,  701  v°. 
Guenon,  Nicolas,  martyr  à  Paris,  520  v°,  521,  522. 
Guérin,  Geoffroy,  martyr  à  Paris,  493-499  v°,  515  v°. 
Guérin,  Guillaume,  avocat  général  à  Aix-en-Provence, 

126  v°,  129  vO-131,  176  v°. 
Guérin,  Joseph,  voir  Garin. 

Guérin,  Madame,  épouse  de  Guillaume,  130  v°,  131. 

Guernesey,  Guernezé,  Angleterre,  île,  293. 

Guernezé,  île,  voir  Guernesey. 

Guest,  Edmond,  évêque  de  Rochester,  92  v°-93. 

Gui  de  Brav,  Brès,  ministre,  martyr  à  Valenciennes, 

427  v»,  429,"  567  v°,  673-694  v°,  696. 
Guienne,  voir  Guyenne. 

Guilford  Dudley,  époux  de  Jeanne  Gray,  265,  417  v°. 
Guillaume,  frère  de  Robert  et  Jean  Glover,  372. 
Guillaume,  chirurgien,  martyr  à  Limbourg,  703  v°. 
Guillaume,  portier  de  la  prison  de  Lyon,  434. 
Guillaume  Adhérait,  Aheral,  martyr  à  Londres,  437  v°. 
Guillaume  Ailezvarde,  voir  Jean  Aleworth. 
Guillaume  Allen,  Alyn,  martyr  à  Walsingham,  365  v°. 
Guillaume  Alnewich,  évêque  de  Norwich,  48  v°. 
Guillaume  André,  mort  en  prison,  à  Londres,  365  v°. 
Guillaume  Armant,  procureur  de  Mérindol,  120,  124. 
Guillaume  Askew,  Askeve,  père  d'Anne  Askew,  164. 
Guillaume  Bamford,  Banmeford,  alias  Butler,  martyr 

à  Harwich  et  non  a  S-.i-.t-Albans,  329,  362  v°. 
Guillaume  Barlow,  évêque  de  Saint-David's,  puis  de 

Bath  and  Wells,  puis  de  Chichester,  321-321  v°,  332  v°, 

416  v°. 

Guillaume  du  Bellay,  seigneur  de  Langey,  lieutenant 

du  roi  de  France  en  Piémont,  119,  119  v°,  473  v°. 
Guillaume  Berton,  professeur  à  Oxford,  2  v°. 
Guillaume  Bourdeys,  oncle  de  Guillaume  de  Dongnon, 

319  v». 

Guillaume  Brasbridge,  Brasbourg,  seigneur  anglais,  373  v°. 
Guillaume  Briçonnet,  évêque  de  Meaux,  68  v°-70  v°, 

82,  160  v°,  161,  162. 
Guillaume  Briel,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Guillaume  Budé,  maître  des  requêtes,  71  v°,  78. 
Guillaume  Butler,  voir  Guillaume  Bamford,  alias 

Butler. 

Guillaume  Carleton,  Karleton,  docteur,  46. 
Guillaume  Chartier,  ministre  en  Amérique,  444,  446. 
Guillaume  Chedsey,  Chadsé,  Chadsée,  Chedsé,  chapelain 

de  l'évêque  Bonner,  303,  326-327,  401  v°,  403,  406, 

408. 

Guillaume  du  Chêne,  Quercu,  professeur  à  la  Sorbonne, 
70  v°. 

Guillaume  Chesholm,  évêque  de  Dunblane,  195  v°. 
Guillaume  Coberly,  Corberley,  martyr  à  Salisbury,  437  v°. 
Guillaume  Coker,  Cocker,  martyr  à  Canterbury,  362  v°. 
Guillaume  Cornu,  martvr  à  Tournai,  610,  623-624  v°, 
655  v°. 

Guillaume  de  Courtenay,  archevêque  de  Canterbury, 
2  v",  3. 

Guillaume  Cowbridge,  Cowbrig,  martyr  à  Oxford,  86. 
Guillaume  Dalençon,  martyr  à  Montpellier,  277-277  v°. 


Guillaume  Dighel,  Digel,  martvr  à  Banbury,  317-317  v°. 
Guillaume  de  Dongnon,  prêtre,  martyr  à  Limoges, 
319-321. 

Guillaume  Dounton,  serviteur  de  Jean  Hooper,  301. 
Guillaume  Drouet,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Guillaume  d'Estouteville,  cardinal,  archevêque  de  Rouen, 
49. 

Guillaume  Exmew,  Exmene,  chartreux,  exécuté  à  Lon- 
dres, 77  v°. 

Guillaume  Farel,  réformateur,  68  v°,  78,  79,  83,  87  v°, 

140-148  v»,  260  v-o-261  v°,  357  v». 
Guillaume  Flower,  dit  Branche,  martyr  à  Londres,  319. 
Guillaume  Fonques,  martyr  à  Rouen,  106. 
Guillaume  Foster,  mort  en  prison  à  Canterbury,  437  v°. 
Guillaume  Fraikin,  Frekin,  martyr  à  Limbourg,  703. 
Guillaume  de  Furstemberg,  comte,  148  v°. 
Guillaume  Gardiner,  martvr  à  Lisbonne,  VIII  v°,  IX, 

194-195  v». 
Guillaume  Glyne,  évêque  de  Bangor,  408. 
Guillaume  Gnapheus,  professeur,  60  v°. 
Guillaume  Guérin,  avocat  général  à  Aix-en-Provence, 

126  v°,  129  v°-131,  176  v». 
Guillaume  Haie,  Harles,  martyr  à   Barnet,  364  v°. 
Guillaume  Hallywel,  William  Holhvel,  martyr  à  Strat- 

ford,  437  v°,  441  v°-442  v°. 
Guillaume  Hanneton,  conseiller  à  Tournai,  596. 
Guillaume  Harris,  Richard  Harris,  Jean  Harrison,  martyr 

à  Colchester,  et  non  à  Norwich,  472  v°. 
Guillaume  Hopper,  martyr  à  Canterbury,  362  v°. 
Guillaume  Holt,  couturier,  75,  77,  77  v°. 
Guillaume  Horsey,  Horsee,  chancelier  de  l'évêque  Fitz- 

james,  56  v°. 
Guillaume  Houbrac,  ministre  à  Francfort,  565. 
Guillaume  Howard,  Havart,  seigneur  anglais,  295. 
Guillaume  Hunter,  martyr  à  Brentwood,  316  v°-317. 
Guillaume  Husson,  martyr  à  Rouen,  131,  131  v°. 
Guillaume  de  Keicken,  seigneur  de  Bovenkerken,  maïeur 

de  Malines,  385  v°,  386,  386  v°,  387. 
Guillaume  Jérôme,  Hierome,  martyr  à  Londres,  96  v°- 

97. 

Guillaume  Langlois,  lieutenant,  293. 
Guillaume  de  Laurencery,  condamné  à  Meaux,  161  v°- 
163  v". 

Guillaume  de  Maulde,  seigneur  de  Mansart,  lieutenant 

du  bailli  de  Tournai,  595-596  v°,  602-605,  607  v°,  608  v°, 

609,  611,  612,  615. 
Guillaume  Maynier,  Menier,  Mesnier,  père  de  Jean, 

conseiller  au  Parlement  de  Provence,  126. 
Guillaume,  Willhelme,  Meyns,  561. 
Guillaume  Michaut,  martyr  à  Langres,  170  v°,  171. 
Guillaume  Ming,  Minge,  mort  en  prison  à  Maidstone, 

340. 

Guillaume  Morel,  imprimeur,  502  v°. 

Guillaume  de  Nassau,  prince  d'Orange,  Aurange,  dit 

le  Taciturne,  670  v",  671,  672  v»,  673,  702-703. 
Guillaume  Neel,  martyr  à  Évreux,  269-274. 
Guillaume  Newil,  chevalier,  4. 
Guillaume  Nobis,  suspect,  594. 

Guillaume  le  Normand,  condamné  par  contumace,  115, 
115  v°. 

Guillaume  Paget,  baron  de  Beaudesert,  295. 

Guillaume  de  Paris,  dominicain,  492  v°. 

Guillaume  Parr,  duc  d'Essex,  166  v°. 

Guillaume  Paulet  de  Basing,  lord  Saint-John,  sieur  de 

Sainct  Jean,  marquis  de  Winchester,  401  v°. 
Guillaume  Pikes,  Pike,  martyr  à  Brentford,  472  v°. 
Guillaume  Piquery,  de  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Guillaume  Poyet,  chancelier  de  France,  121  v°,  239  v°. 
Guillaume  Pygot,  Pygat,  martyr  à  Braintree,  316  v°. 
Guillaume    le   Rat,    lieutenant-général    d'Angers,  412, 

412  v»,  413,  457  v°. 
Guillaume  Repps,  Repse,  évêque  de  Norwich,  92  v°-93, 

416  v». 

Guillaume  Sautre,  Sautree,  ou  Chatris,  martyr  à  Londres, 
VII  v»,  6,  7. 

Guillaume  Simons,  Symons,  homme  de  loi  à  Windsor, 
106  v°. 

Guillaume  Slech,  Leache,  mort  en  prison  à  Londres, 
437  v». 

Guillaume  Stère,  martyr  à  Canterbury,  362  v°. 
Guillaume  Tabbart,  660  v°. 

Guillaume  Taylor,  Tailleur,  Taylour,  martyr  à  Londres, 
48. 

Guillaume  Tessières,  religieux  de  Bordeaux,  435  v°. 
Guillaume  Thorpe,  Thorp,  mort  en  prison  à  Shrews- 

bury  (  ?),  VII  v»,  6-14  v°,  47  v°,  310  v°. 
Guillaume  Thrace,  exhumé  et  brûlé  à  Toddington,  72  v°- 

73. 

Guillaume  (lire  Jean)  Tooley,  Toulêe,  exhumé  et  brûlé  à 
Londres,  322-322  v». 


24 


Guillaume  Tovart,  martyr  à  Anvers,  704  v°,  705  v°. 
Guillaume  Tyms,  Tymmes,  martyr  à  Londres,  437  v°. 
Guillaume  Tyndale,  Tytidal,  martyr  à  Vilvorde,  6  v°, 

72,  73  v»,  74,  85  v°,  86,  293  v°. 
Guillaume  Venant,  franciscain,  433  v°. 
Guillaume  Warham,  Waram,  Wauram,  archevêque  de 

Canterbury,  72,  73,  416,  416  v°. 
Guillaume  Whyte,  le  Blanc,  prêtre,  martyr  à  Norwich, 

48  v°. 

Guillaume  Windsor,  Wynsor,  baron  de  Stanwell,  401  v°, 
402,  404  v°. 

Guillaume    Wiseman,    Wisseman,    mort    en    prison  à 

Londres,  375  v°. 
Guilleaume,  voir  Williams. 

Guillemette,  épouse  de  Léonard  le  Roy,  suspecte,  relaxée 

à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Guillemette,   épouse   de  Jean  Saillard,  condamnée  à 

Meaux,  161  v°-163  v°. 
Guilleminot,  Jeanne,  condamnée  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Guillot,  Denis,  condamné  à  Meaux,  161  v°-  163  v°. 
Guilmin,  Simon,  martyr  à  Lille,  572. 
Guinart,  voir  Ghénart. 
Guirlauda,  Jules,  martyr  à  Venise,  697  v°. 
Guise,  Guyse,  France,  Aisne,  589  v°.  —  Maison  de,  IX, 


521  v°,  557,  558  v",  559. 
Guise,  Guyse,  Charles  de,  cardinal  de  Lorraine,  178  v°, 

475  v»,  519,  521  v°,  525  v»,  534  v°,  557  v°-558  v»,  577, 

580  v°,  585  v°-589  v°,  619,  622,  658. 
Guise,  Guyse,  François  de  Lorraine,  duc  de,  151  v°, 

519,  578  v°,  579,  589  v°,  591-594  v°,  618  v°-620,  658. 
Guise,  Henri  Ier,  duc  de,  473. 

Guise,  Henri  II  de  Lorraine,  duc  de,  557  v°-558,  589  v°, 
621  v». 

Guise,  Guvse,  Louis  de  Lorraine,  cardinal  de,  archevêque 

de  Sens,  519,  580  v°,  597  v». 
Guise,  voir  Lorraine. 

Guttenstein,  André  de,  évêque  de  Prague,  24. 
Guy  de  Brès,  voir  Gui  de  Bray. 
Guyenne,  Guienne,  France,  559. 

Guy  Lasnier,  sieur  de  la  Fretière,  Effretière,  avocat  à 

Angers,  412,  412  v°. 
Guy  de  Lo,  frère  de  Jacques,  564,  565,  566. 
Guyne,  voir  Gwin,  Jean. 

Guyraud  Tavran,  martyr  à  Chambéry,  340-358. 
Guyse  voir  Guise. 

Gwin,  Guyne,  Jean,  martyr  à  Newbury,  437  v°. 
Gyan,  voir  Gien. 

Gyôr,  Raab,  Rabi,  Hongrie,  Gyôr,  42  v°. 


H 


Habacuc,  Abacuc,  prophète,  212,  374. 
Hacht,  Walter,  Hadon,  Valter,  maître  des  requêtes  ordi- 
naires en  Angleterre,  561. 
Hacquelebac,  garde,  55  v°. 
Hadlee,  voir  Hadleigh. 

Hadleigh,  Hadlee,  Hadley,  Haldey,  Angleterre,  Suffolk, 
73  v°,  306  v°-308  v°.  —  Martyr,  voir  Aldham  Common. 
Hadley,  voir  Hadleigh. 
Hadon,  voir  Hacht. 
Hadrien,  voir  Adrien. 

Haetzer,  Louis,  Hetzer,  Lodovik,  anabaptiste,  83,  84. 

Haffinie,  voir  Assens  (?). 

Hager,  Matthieu,  martyr  à  Berlin,  54  v°. 

Hainaut,  Haynaut,  Henaut,  province  des  anciens  Pays-Bas, 
VIII,  48,  176  v°-177  v°,  277,  306,  308  v°,  387-388,  395, 
425,  460,  490  v°,  601,  672,  673,  692  v»,  693,  693  v», 
701  v°.  —  Baillis  :  Jean,  marquis  de  Berghes  ;  Philippe, 
sire  de  Noircarmes.  —  Sénéchal  :  Pierre  de  Werchin. 

Haldey,  voir  Hadleigh. 

Haie,  Harles,  Guillaume,  martyr  à  Barnet,  364  v°. 
Haies,  Alisius,  Halesius,  Jacques,  juge  à  Londres,  264,  308. 
Halesius,  voir  Haies. 

Halewijn,  Corneille,  martyr  à  Anvers,  512  v°-514. 

Hall,  Allemagne,  Wurtemberg,  VII  v°,  62. 

Hall,  Hazol,  Edouard,  commissaire  d'Edouard  VI,  165  v°. 

Hall,  Nicolas,  martyr  à  Rochester,  361. 

Haller,  Berthold,  Berktold,  réformateur,  115. 

Hallywel,  Holhvel,  Guillaume,  William,  martyr  à  Strat- 

ford,  437  v°,  441  v°-442  v°. 
Hamaide,  Hamet,  Claude  de,  prévôt  de  Valenciennes, 

688  v°,  696. 
Hambourg,  Allemagne,  287. 

Hamelin,  Philbert,  martyr  à  Bordeaux,  449  v°-450  v°. 
Hamelle,  Godefroid  de,  martyr  à  Tournai,  186-191. 
Hamelman,  Herman,  théologien,  672  v°. 
Hamelton,  voir  Hamilton. 

Haméricourt,  Gérard,  évêque  de  Saint-Omer,  696  v°. 
Hamet,  voir  Hamaide. 

Hamilton,  Gawand,  Gavinus,  doyen  de  Glasgow,  195  v°. 
Hamilton,  Jean,  archevêque  de  Saint-Andrews,  195  v°- 
196  v°. 

Hamilton,  Hamelton,  Patrice,  martyr  à  Saint-Andrews, 

VIII,  71  v°-72,  89. 
Hamon,  voir  Hamond. 

Hamon,  Pierre,  martyr  à  Paris,  703  v°-704. 
Hamond,  Hamon,  Jean,  martyr  à  Colchester,  437  v°. 
Hampshire,  Hampton,  Angleterre,  395  v°,  403. 
Hampton,  voir  Hampshire. 

Hamstede,  Amstedius,  Adrien  van,  ministre,  510. 
Hanneton,  Guillaume,  conseiller  à  Tournai,  596. 
Hanon  Le  Fèvre,  martyre  à  Valenciennes,  184  v°. 


Hans  Denck,  Jean  Denk,  anabaptiste,  83,  84. 
Hans,  voir  Jean. 

Happe  de  Pappenheim,  grand  maréchal  de  l'empire,  30  v°. 
Harfleur,  France,  Seine-Maritime,  445. 
Harland,  Thomas,  martyr  à  Londres,  437  v°. 
Harlay,  Achille  de,  président  de  la  Tournelle  au  Parlement 

de  Paris,  516. 
Harles,  voir  Haie. 

Harman,  Diricke,  voir  Carver  Dirick. 

Harpole,  Hirtpoole,  Jean,  martyr  à  Rochester,  437  v°. 

Harpsfeld,  voir  Harpsfield. 

Harpsfield,  Harpsfeld,  Harpsfild,  Jean,  archidoyen  de 
Londres,  chancelier,  303,  324  v",  325,  327  v»,  334-336, 
338  v°,  363  v°,  397-398  v°,  404  v°,  405  v°,  406-407  v°,  408. 

Harpsfild,  voir  Harpsfield. 

Harrington,  Haryngthon,  Jean,  trésorier  des  camps  et 
des  bâtiments  royaux  à  Boulogne,  329  v°,  334. 

Harris,  Guillaume,  Harris,  Richard,  Harrison,  Jean, 
martyr  à  Colchester,  472  v°. 

Harris,  Richard,  martyr  à  Norwich,  voir  Harris,  Guil- 
laume, martyr  à  Colchester. 

Harrison,  Jean,  voir  Harris,  Guillaume. 

Hart,  Jean,  martyr  à  Mayfield,  437  v°. 

Hartford,  Hatford,  Angleterre,  Huntingdonshire,  404. 

Hartung,  Albert,  réformé  brandebourgeois,  485  v°. 

Harvig,  voir  Harwich. 

Harvich,  voir  Harwich. 

Harwich,  Harvich,  Harvig,  Angleterre,  Essex,  329,  432.  — 

Martyr  :  Guillaume  Bamfbrd,  alias  Butler. 
Harwod,  voir  Harwood. 

Harwood,  Harzcod,  Heroald,  Etienne,  martyr  à  Stratford, 

363,  364  v». 
Haryngthon,  voir  Harrington. 

Hasard,  Hasard,  Thomas,  franciscain  à  Tournai,  135  v°, 
137,  150,  426. 

Hasembourg,  Sbinco,  Zbynck,  de,  archevêque  de  Prague, 

20,  20  v°. 
Hasse,  voir  Hussey. 
Hatfeldam,  Anne,  voir  Hatfield,  Agnès. 
Hatfield,  Agnès,  Hatfeldam,  Anne,  mère  de  Thomas 

Cranmer,  415  v°. 
Hatford,  voir  Hartford. 
Haussi,  voir  Haussy. 
Haussy,  Haussi,  France,  Nord,  696. 
Haustrat,  voir  Hoogstraeten. 
Haute  Rue,  Laurent  de  la,  martyr  à  Mons,  395. 
Hauteville,  France,  Marne,  592  v°. 
Haux,  voir  Hawkes. 
Havard,  voir  Howard. 
Have,  Pierre,  martyr  à  Wassy,  594  v°. 
Havx,  voir  Hawkes. 


25 


Hawkes,  Haux,  Havx,  Thomas,  martyr  à  Coggeshall, 

322  vo-329. 
Hawl,  voir  Hall. 

Haye,  Jean  de  la,  chanoine  de  Tournai,  624. 
Haye,  Matthieu  de  le,  martyr  à  Valenciennes,  696. 
Haye,  Philibert  de  la,  menuisier,  martyr  à  Bruges,  191  v°. 
Hayes,  P.  des,  conseiller  à  Angers,  457. 
Haynaut,  voir  Hainaut. 

Hayward,  Haywarde,  Thomas,  martyr  à  Lichfield,  365  v°. 
Hayzuarde,  voir  Hayward. 
Hazard,  voir  Hasard. 

Heath,  Heth,  Hetee,  Nicolas,  évêque  de  Rochester,  puis 
de  Worcester,  puis  archevêque  d'York,  97,  300,  336- 
337  v°,  376. 

Hector  de  Ossuno,  évêque  de  Couserans,  276  v°. 
Hector  Remy,  martyr  à  Douai,  106. 

Hector,  Barthélémy,  martyr  à  Turin,  IX,  437  v°-440  v°, 
458. 

Heenvliet,  Pays-Bas,  Zélande,  459-460.  —  Seigneurs  de, 
voir  Jean  et  Joost  de  Kruiningen. 

Heidelberg,  Heildeberg,  Heydelberch,  Allemagne,  Wurtem- 
berg-Bade, 5,  37,  534  v°,  636.  —  Martyr  :  Eckhard, 
dominicain  (?). 

Heildeberg,  voir  Heidelberg. 

Hélène,  sainte,  326  v°. 

Hélène  Taylor,  fille  de  Roland  Taylor,  308. 

Hélène  Tylnee,  suivante  de  Jeanne  Grey,  268. 

Hélie,  voir  Élie. 

Hellesgnore,  voir  Helsingoer  (?). 

Helivegh,  voir  Heylweghen. 

Helsingoer,  Hellesgnore,  Danemark,  Sjaelland,  287. 
Hémond  Picard,  martyr  à  Paris,  55. 
Henaut,  voir  Hainaut. 

Heniques,  Anne,  condamnée  à  Valladolid,  538. 

Henri,  évêque  de  Saint- Andrews,  48  v°. 

Henri,  Henry,  et  son  serviteur,  martyrs  à  Colchester,  106. 

Henri  II,  roi  de  France,  VIII,  IX,  131,  174  v°,  178,  178  v°, 
186,  320  v°,  340  v°,  341,  344  v°,  346,  354  v°,  357  v°, 
411  v»-415  v°,  431  v»,  436,  436  v°,  438-438  v°,  440  v°, 
442  v°-444  v°,  446,  448  v°,  451  v°,  455  v°,  456,  457, 
458,  461  v»,  466,  469,  471,  471  v»,  473,  475-476,  481  v», 
482,  485  v°,  490,  491,  492,  515  v»,  518  v»-519  v°,  521, 
525  v°-529,  539,  557,  558  v°,  586  v»,  589  v°,  654  v». 

Henri  III,  duc  d'Orléans,  roi  de  France,  580  v°. 

Henri  IV,  roi  d'Angleterre,  5,  44. 

Henri  V,  roi  d'Angleterre,  5  vJ,  14  v°,  15,  44-45. 

Henri  VI,  roi  d'Angleterre,  48  v°. 

Henri  VII,  empereur,  677  v°. 

Henri  VIII,  roi  d'Angleterre,  VIII,  73,  88  v°,  90-92, 
94  v°,  97,  134,  164-169,  191  v°,  264,  294  v",  295,  298  v°, 
299,  309,  310,  326,  329  v°,  375,  415  v°-417,  418,  420, 
700-700  v°. 

Henri  Ier,  duc  de  Guise,  473. 

Henri,  Henrye,  Adlington,  martvr  à  Stratford,  437  v°, 

441  v°-442  v°. 
Henri  Beaufort,  évêque  de  Winchester,  Wynton,  45  v°,  47. 
Henri  Bockhalt,  Je  cousturier,  martyr  à  Anvers,  512, 

513  v°. 

Henri  de  Brederodc,  669,  672  v°,  673,  701  v°. 
Henri  Bullinger,  Bulinger,  Bulingere,  réformateur,  85, 
488,  643  v°. 

Henri  Chicley,  Chichel,  Chichelé,  archevêque  de  Canter- 

bury,  47  v°,  48. 
Henri  Cole,  Col,  archidiacre  et  doyen  de  Saint-Paul  à 

Londres,  prévôt  d'Eton,  398  v°-399,  419-420  v°,  421  v°. 
Henri  Conrad,  châtelain  de  Franchimont,  617  v°. 
Henri  Crompe,  cistercien,  3. 

Henri  Filmer,  Finemor,  martyr,  non  gracié,  à  Windsor, 
106. 

Henri  Grunfelder,  prêtre,  martyr  à  Ratisbcnne,  47  v°. 
Henri  Heusch,  Huesch,  martyr  à  Limbourg,  703. 
Henri  Hutinot,  Butinot,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Henri  Lacembok,  Latzembog,  chevalier  tchèque,  16-17. 
Henri  Laurence,  martyr  à  Canterbury,  362  v°. 
Henri  II  de  Lorraine,  duc  de  Guise,  557  v°-558  v°. 
Henri  Morgan,  évêque  de  Saint-David's,  406  v°. 
Henri  de  N.,  gentilhomme  morave,  42. 
Henri  de  Navarre  (Henri  IV),  699. 

Henri  de  Percy,  Perse,  comte  de  Northumberland,  1  v°. 
Henri  Pfeïffer,  Phifer,  anabaptiste,  83  v°. 
Henri  Philips,  Philippe,  dénonciateur,  85  v°. 
Henri  Poëlle,  martyr  à  Paris,  82. 
Henri  Pond,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Henri  Radtgeber,  prêtre,  martyr  à  Ratisbonne,  43  v". 
Henri  Sidney,  Sedvey,  gentilhomme  anglais,  264  v°. 
Henri  Supphen,  martyr  à  Meldorff,  VII  v°,  61  v°-62. 
Henri  Sydal,  Sidal,  professeur  à  Oxford,  418  v°,  419, 
421  v",  422. 

Henri  Tolzen,  Token,  chanoine  de  Magdebourg,  48  v°. 


Henri  Toussain,  substitut  du  procureur  général  en  Lor- 
raine, 578  v°. 

Henri  Veteris,  conseiller  au  Parlement  d'Aix-en-Provence, 
539,  540. 

Henri  Voes,  Voez,  martyr  à  Bruxelles,  VII  v°,  58  v°- 
60  v°. 

Henri  Ware,  officiai  de  Canterbury,  46. 

Henri  de  Westphalie,  dit  Flamand,  martyr  à  Tournai,  70. 

Henri,  Henry,  Henrye,  Wye,  Wie,  martyr  à  Stratford, 

437  v»,  441  v°-442-v°. 
Henri  de  Zrenanowicz,  gentilhomme  morave,  42. 
Henri-Robert  de  la  Marck,  duc  de  Bouillon,  693,  693  v». 
Henry,  voir  Henri. 
Henrye  Wie,  voir  Henri  Wye. 

Hepburn,  Patrice,  évêque  de  Morayshire,  195  v°. 
Hercule,  Hercules,  416  v°. 
Herdford,  voir  Hereford. 

Hereford,  Herford,  Herfurd,  Angleterre,  Herefordshire, 
44  v°,  92-94  v°,  97.  —  Evêques  :  Édouard  Foxe,  Robert 
Mascall  ou  Maschal. 

Hereford,  Herford,  Nicolas,  partisan  de  Wicleff,  3-7  v°, 

13  v°. 

Hereford,  Herdford,  Walter  Devereux,  baron  Ferrers 

de  Chartey,  vicomte  de,  401  v°. 
Herford,  voir  Hereford,  Hereford. 
Herfurd,  voir  Hereford. 

Herlin,  Michel,  martyr  à  Valenciennes,  673,  692  v°-696. 
Herlin,  Michel,  fils  du  précédent,  martyr  à  Valenciennes, 

673,  692  v°-696. 
Herman  Janssen,  martyr  à  Anvers,  512  v°-514. 
Herman,  Diricke,  voir  Carver,  Dirick. 
Herme,  Siméon,  martyr  à  Lille,  572-572  v°. 
Hermès  de  Winghene,  Wingle,   Wingles,  conseiller  du 

bailliage  de  Tournai,  387  v°,  602  v°,  609,  615,  616, 

623  v°. 

Hernandez,  Ferdinand,  Jean,  martyr  à  Valladolid,  543  v°- 
544. 

Hernandez,  Ferdinand,  Julien,   dit  le  Petit,   martyr  à 

Séville,  543-543  v»,  544  v°. 
Hernando  Piazo,  fiscal  de  Valladolid,  538. 
Heroald,  voir  Harwood. 

Hérode  Antipas,  Hérodes,  tétrarque  de  Galilée,  IV  v°, 
VI  v°,  140  v°,  208  v°,  363  v°,  390  v°,  596,  596  v»,  611  v°. 

Hérode  le  Grand,  Herodes,  roi  de  Judée,  IV  v°,  VI  v°, 
130  v°,  596  v°,  690  v°. 

Hérodias,  personnage  biblique,  626  v°. 

Herpfer,  Michel,  158  v°. 

Herrin,  Herring,  France,  Nord,  664  v°. 

Herwin,  Jean,  dit  Geerste-coorne,  martyr  à  Hondschoote, 
561  v°-562  v°. 

Hesdin,  France,  Pas-de-Calais,  706,  706  v°. 

Hesichius,  voir  Hesychius. 

Hesse,  Hessen,  Allemagne.  —  Philippe  le  Magnanime, 

landgrave  de,  72,  139  v°,  628. 
Hessel,  Jacques,  procureur  général,  288-289  v°. 
Hessen,  voir  Hesse. 
Hesychius,  Hesichius,  678  v°. 
Hetée,  voir  Heath. 
Heth,  voir  Heath. 

Hetzer,  Lodovik,  voir  Haetzer,  Louis. 
Heusch,  Huesch,  Henri,  martyr  à  Limbourg,  703. 
Heu,  Baudouin  le,  Baudewin,  Boutzon,  martyr  à  Anvers, 
512  v°. 

Hewet,  Huet,  martyr  à  Salisbury,  102  v°. 
Hewet,  Huet,  André,  martyr  à  Londres,  77-77  v°. 
Heyda,  voir  Heyden. 
Heydelberch,  voir  Heidelberg. 

Heyden,  Verheyden,  Gaspard  van  der,  ministre  à  Anvers, 
449,  509  v°. 

Heyden,  Heyda,  Jean  van  der,  dominicain,  562  v°,  569. 
Heylweghen,  Hehvegh,  Louis  van,  président  du  Conseil 

des  Flandres,  288  v°. 
Hiérome,  voir  Jérôme. 

Hierome  Savanarola,  voir  Jérôme  Savonarole. 
Hierosme,  voir  Jérôme. 
Hieron,  roi  de  Syracuse,  557  v°. 
Hiérusalem,  voir  Jérusalem. 

Higuera  la  Real,  Higueras,  Espagne,  Badajoz,  542. 
Higueras,  voir  Higuera  la  Real. 

Hilaire,  saint,  évêque  de  Poitiers,  107  v°,  111  v°,  337  v°, 

478  v°,  505,  552  v»,  571,  678. 
Hilverseele,  voir  Elverseele. 
Hirtpoole,  voir  Harpole. 

Hlud,  Odich  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Hmodorkat,  Étienne  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Hmrsdorfar,  Jean,  gentilhomme  morave,  42. 
Hochstraten,  Hocstrat,  Jacques  de,  inquisiteur  aux  Pays- 
Bas,  59. 
Hocstrat,  voir  Hochstraten. 
Hodscalc,  voir  Godescalc  Rosemondt. 


26 


Hoeck,  Johannes,  voir  Aepinus,  Jean. 
Hoeurblocq,  voir  Huerblocq. 
Hoffman,  Melchior,  anabaptiste,  85. 
Hoillyarde,  voir  Huilier. 
Hogard,  Milo,  voir  Huggard,  Miles. 
Holande,  voir  Hollande. 

Holden,  Nicolas,  martyr  à  Mayfield  (?),  437  v°. 
Holiday,  Holydaie,  Jean,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Holizvel,  William,  voir  Hallywel,  Guillaume. 
Holland,  Roger,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Hollande,  Holande,  province  des  Anciens  Pays-Bas,  84  v°, 

85,  459-460,  667  v°,  669,  673,  696  v°,  701  v°.  —  Voir 

aussi  Pays-Bas. 
Holsace,  voir  Holstein. 
Holstein,  Holsace,  Allemagne,  287. 
Holt,  Guillaume,  couturier,  75,  77,  77  v°. 
Holydaie,  voir  Holiday. 

Hondschoote,  Honscote,  Hontscote,  France,  Nord,  559  v°, 
561  v°,  562,  598  v°-601,  607  v°,  672.  —  Martyrs  :  Charles 
Elinck,  Jean  Herwin. 

Honneur,  France,  Calvados,  444  v°. 

Hongre,  Bertrand  le,  procureur  général,  627  v°. 

Hongrie,  42  v°,  70,  120  v°. 

Hongrie,  Marie  de,  gouvernante  des  Pays-Bas,  98  v°. 
Honnoré,  Thomas,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Honorât  Auldol,  dit  Bramaire,  martyr  à  Aix-en-Provence, 
539  v°-540. 

Honorât  Pastouret,  martyr  à  Marseille,  620. 

Honoré  de  Tributiis,  conseiller  au  Parlement  d'Aix-en- 

Provence,  124,  126  v°,  129  v°-130  v°,  175-176. 
Honscot,  voir  Hondschoote. 
Honscote,  voir  Hondschoote. 
Hontscote,  voir  Hondschoote. 
Hoode,  voir  Whood. 

Hoogstraeten,  Haustrat,  Antoine  de  Lalaing,  comte  de, 

177  v»,  184  v°,  672  v°. 
Hook,  Hork,  Richard,  martyr  à  Chichester,  361. 
Hooper,  Hopper,  Jean,  évêque  de  Gloucester  puis  de 

Worcester,  martyr  à  Gloucester,  VIII  v°,  299-306,  314, 

314  v»,  325,  374,  420. 
Hopkin,  voir  Hopkins. 

Hopkins,  Hopkin,  Nicolas,  seigneur  anglais,  373  v°. 
Hopper,  voir  Hooper. 

Hopper,  Guillaume,  martyr  à  Canterbury,  362  v°. 
Hopton,  Jean,  évêque  de  Norwich,  365. 
Hork,  voir  Hook. 

Horn,  Home,  Jean,  martyr  à  Wootton-under-Edge  (et 

non  à  Newent),  437  v°. 
Hornchurch,  Home,  Angleterre,  Essex,  328. 
Horndon,  Angleterre,  Essex,  316  v°.  —  Martyr  :  Thomas 

Hygby. 
Home,  voir  Horn  et  Horns. 
Horne,  voir  Hornchurch. 

Hornes,  Philippe  de  Montmorency,  comte  de,  martyr 

à  Bruxelles,  672  v»,  701  v°-702. 
Horns,  Jeanne,  martyre  à  Londres,  437  v°. 
Horry,  voir  Ory. 
Horsee,  voir  Horsey. 

Horsey,  Horsee,  Guillaume,  chancelier  de  l'évêque  Fitz- 

james,  56  v°. 
Hortense,  voir  Hortensius. 

Hortensius,  Hortense,  Lambert,  historien,  84  v°. 
Hosius,  Stanislas,  cardinal,  684. 
Houdart,  avocat  du  roi,  598. 
Houtkercke,  voir  Houtkerque. 

Houtkerque,  Houtkercke,  France,  Nord,  561  v°. 
Hovenden,  Thomas,  martyr  à  Londres,  48  v°. 
Howard,  Havart,  Catherine,  épouse  de  Henri  VIII, 
94  v". 

Howard,  Havart,  Guillaume,  seigneur  anglais,  295. 
Howard,  Thomas,  duc  de  Norfolk,  94  v°,  164. 
Howel  Kiffin,  Kyffin,  docteur,  46. 


Hoye,  voir  Huy,  Huy. 

Hradek,  Drazko  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Hradek,  Marc  de,  recteur  de  l'Université  de  Prague, 
18  v°. 

Hubert,  imprimeur,  martyr  à  Bruges,  191  v°. 
Hubert  Burre,  martyr  à  Dijon,  178. 
Hubmaier,  Hnbmor,  Balthasar,  anabaptiste,  83-84. 
Hubmor,  voir  Hubmeier. 

Huchier,  N.  Le,  conseiller  à  Blois,  433  v°. 
Huchon,  voir  Hugues. 

Huerblocq,  Hœurblocq,  Martin,  martyr  à  Gand,  149- 

149  v°. 
Huesch,  voir  Heusch. 
Huet,  voir  Hewet. 

Huezuelo,  Antoine  de,  martyr  à  Valladolid,  538-538  v°. 

Huggard,  Miles,  Hogard,  Milo,  tailleur,  328. 

Hugues  Curry,  porte-croix  de  l'archevêque  de  Saint- 

Andrevvs,  196  v°. 
Hugues,  Huchon,   Destailleurs,  Destailleur,  Destaillier, 

martyr  à  Tournai,  633-635,  706  v». 
Hugues  Foxe,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Hugues  Goodacre,  Gudaker,  archevêque  d'Armagh,  309. 
Hugues  Gravier,  martyr  à  Bourg-en-Bresse,  239. 
Hugues  Latimer,  évêque  de  Worcester,  martyr  à  Oxford, 

VIII  v°,  72,  92  v°-93,  166  v»,  310  v»,  324  v°,  326,  339  v°, 

374,  375  v°,  376,  382-384  v°,  401  v°,  416  v°,  418  v°,  421  v°. 
Hugues  Laverok,  martyr  à  Stratford,  et  non  à  Gloucester, 

437  v». 

Hugues  Pallenq,  condamné  par  contumace,  115,  115  v°. 
Hugues  Weston,  doyen  de  Westminster,  310  v°,  338  v°, 

339,  376,  382,  382  v°,  408,  418  v°. 
Huilier,  Hoillyarde,  Jean,  ministre,  martyr  à  Cambridge, 

429-431,  437  v». 
Hulst,  Pays-Bas,  Zélande,  660-662  v°.  —  Martyr  :  Jean 

de  Grave. 

Hulst,  François  van  der,  inquisiteur  aux  Pays-Bas,  59. 
Humbécourt,  Humbescourt,  France,  Haute-Marne,  594. 
Humbescourt ,  voir  Humbécourt. 

Humphrey  Middlemore,  Mydelmoy,  chartreux,  exécuté 

à  Londres,  77  v°. 
Humphrey   Middleton,   Hunfroy   Midelton,   martyr  à 

Canterbury,  192,  358-360  v°. 
Hunfroy  Midelton,  voir  Humphrey  Middleton. 
Hunt,  Martin,  mort  en  prison  à  Londres,  437  v°. 
Hunt,  Richard,  martyr  à  Londres,  56,  56  v°,  364. 
Hunter,  Guillaume,  martyr  à  Brentwood,  316  v°-317. 
Huntingdon,  Huntvngton,  Jean,  prêtre,  passé  à  la  Réforme, 

165. 

Huntington,  Angleterre,  Yorkshire,  472  v°. 

—  Martyr  :  Lawton. 
Huntlé,  voir  Huntley. 
Huntley,  Huntlé,  comte  de,  195  v°,  196. 
Hunteman,  Jean,  procureur,  3. 
Huntyngton,  voir  Huntingdon. 
Hurlault,  Jacques,  évêque  d'Autun,  119. 
Hurst,  Edmond,  martyr  à  Stratford,  437  v°,  441  v°-442  v°. 
Hus,  voir  Huss. 

Huss,  Hus,  Jean,  martyr  à  Constance,  VII  v°,  5  v°,  6, 

15-42  v°,  47  v°,  49,  57  v°,  345,  560  v°. 
Hussey,  Hasse,  docteur,  408. 

Husson,  Guillaume,  martyr  à  Rouen,  131,  131  v°. 
Hut,  Catherine,  martyre  à  Londres,  437  v°. 
Hut,  Jean,  Hans,  anabaptiste,  83. 

Hutchinson,  Huthchynson,  professeur  à  Cambrigde,  192. 
Huthchynson,  voir  Hutchinson. 

Hutinot,  Butinot,  Henri,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Huy,  Hoye,  Belgique,  Liège,  577-577  v°. 
Huy,  Hoye,  Barthélémy  de,  martyr  à  Anvers,  577-577  v°. 
Huycke,  Thomas,  docteur,  561. 

Hvar,  Lesena,  Lésina,  Pharen,  Yougoslavie,  Dalmatie,  546- 

554,  697.  —  Évêque  :  Zacharias  Delfinus. 
Hygby,  Thomas,  martyr  à  Horndon,  315-316  v°. 


I 


27 


I.  G.,  réformé,  342  v°. 

I.  d.  G.,  réformé,  182. 

Iacomel,  voir  Jacomeli. 

Iacomelly,  voir  Jacomeli. 

Iaquart,  voir  Jacquart. 

Jacques,  voir  Jacques. 

Iacson,  Rodulphe,  voir  Jackson,  Ralph. 

lames,  voir  James. 

Ianuario,  voir  Rio-de-Janeiro. 

Ianuarius,  voir  Janvier. 

Iberlingue,  voir  Uberlingen. 

Iconie,  voir  Iconium. 

Iconium,  Iconie,  Asie  Mineure,  392  v°. 

Idden,  officier  de  justice,  424. 

Iean,  voir  Jean. 

Jeanne  Contienne,  voir  Jeanne  Butcher. 
Ienkin,  voir  Jenkins. 

Ienon  Romane,  syndic  de  Mérindol,  124  v°-125  v°. 

Iephcot,  voir  Jephcot. 

Urémie,  voir  Jérémie. 

Iérusalem,  voir  Jérusalem. 

Iesabel,  voir  Jézabel. 

Iesseniz,  voir  Jesenice. 

Iessko  de  Draczdw,  gentilhomme  morave,  42. 

Ignace,  saint,  378  v°,  404. 

Iles  Canaries,  Isles  fortunées,  444  v°. 

Uliers,  France,  Eure-et-Loir,  269.  —  Doyen  :  Legoux. 

Illiricus,  Flacius,  théologien,  672  v°. 

Imerseele,  Immerselle,  Jean  de,  margrave  d'Anvers,  512  v°, 

671  v°. 
Immerselle,  voir  Imerseele. 
Indes  Méridionales,  443. 
Indes  Occidentales,  444  v°. 
Ingram,  habitant  de  Gloucester,  303  v°. 
Innocent  Ier,  pape,  405  v°,  406. 

Innocent  III,  pape,  63  v°,  108,  338  v»,  377  v°,  380,  467, 

469,  676,  678  v°,  686  v». 
Ioacim,  voir  Joachim. 
loanne,  voir  Jeanne. 
loannis,  voir  Joannin. 
Ioanson,  voir  Johnson. 
lob,  voir  Job. 
Ioery,  voir  Jory. 
Iohannes,  voir  Jean. 
Ioly,  laques,  voir  Joly,  Jacques. 
Ion  de  Tossawicz,  gentilhomme  morave,  42. 
Ionas,  voir  Jonas. 
Ionchère,  La,  voir  La  Jonchère. 
Ionienne,  mer,  697. 
Ionson,  voir  Johnson. 
Ioppe,  voir  Joppé. 
Iordain,  voir  Jourdain. 
Iork,  voir  York. 
losué,  voir  Josué. 
Ioyne,  voir  Joyne. 


Ipre,  voir  Ypres. 
lpsenytche,  voir  Ipswich. 

Ipswich,  Ipsezvvtchc,  Ipszvitch,  Ypsvige,  Angleterre,  Suffolk, 
56,  362,  364  v°-365  v»,  423  v°,  432.  —  Martyrs  :  Kerby, 
Nicolas  Peake,  Agnès  Potten,  Robert  Samuel,  Jeanne 
Trunchfield,  épouse  de  Michel. 

IpsKÙch,  voir  Ipswich. 

Irène,  Theodora  Irène,  impératrice  de  Byzance,  467. 
Irénée,  saint,  108  v°,  220  v°,  336,  337,  398  v",  400,  404, 

445  v»,  468,  508  v»,  532  v°,  677  v»,  682. 
Irlande,  309. 

Isaac,  personnage  biblique,  79  v°,  138,  140  v°,  189,  219  v°, 
224  v»,  278  v°,  285  v°,  318  v°,  346  v°,  369,  383  v°,  614, 
681. 

Isabeau,  Jean,  martyr  à  Paris,  536. 
Isabel,  voir  Isabelle. 
Isabelle,  voir  Élisabeth. 

Isabelle  la  Catholique,  reine  de  Castille,  536  v°,  541. 

Isabelle  Foster,  Agnès  Favster,  martyre  à  Londres,  423. 

Isabelle  de  Strada,  martyre  à  Valladolid,  538. 

Isabelle  de  Vaenia,  martyre  à  Séville,  542-542  v°. 

Isaïe,  Ésaie,  Isaye,  prophète,  9  v°,  10,  40,  77  v°,  101,  107, 
113  v»,  114,  118  v°,  138,  166  V,  270  v»,  272  v»,  328,  335, 
341  v,0  347,  349,  427,  428  v»,  487  v»,  531-532,  588,  596  v», 
674,  685  v°. 

Isaure,  Léon,  voir  Léon  III. 

Isaurien,  voir  Léon  III. 

Isaye,  voir  Isaïe. 

Isé,  voir  Iséo. 

Iséo,  Isé,  Italie,  Lombardie,  291  v°. 
Iser,  voir  Isère. 

Isère,  Iser,  rivière  de  France,  88. 
Isle,  voir  Lille. 

Isles  fortunées,  voir  Iles  Canaries. 

Ismaël,  personnage  biblique,  138,  140  v°,  346  v°. 

Israël,  peuple  et  rovaume  bibliques,  85,  112-113  v°,  184, 
272,  285  v°  311,  341  v°,  351,  354,  357,  401,  414  v°,  431, 
456  v°,  463,  534,  566  v»,  604  v°,  611  v»,  645,  674  v°, 
679  v°,  680,  689. 

Issoere,  voir  Issoire. 

Issoire,  Issoere,   France,  Puy-de-Dôme,   171   v°-173  v°, 

182.  —  Martyr  :  Jean  Brugière. 
Italie,  passim. 

Ithier,  Jacques,  l'épouse  et  les  filles  de,  martvres  à  Sens, 

597  v°. 
Iudas,  voir  Judas. 
Iules,  voir  Jules. 

Iulien  Ferdinand,  voir  Julien  Kernandes. 

Iulien  de  Lespe-darme,  voir  Julien  Van  den  Sweerde. 

Iuno,  voir  Junon. 

luppiter,  voir  Jupiter. 

Iuste  Iusberg,  voir  Josse  Jusberg. 

Iustin,  voir  Justin. 

Iustus,  voir  Juste. 

Iverson,  Everson,  Thomas,  martyr  à  Chichester,  361. 


J 


Jackson,  Ralph,  Iacson,  Rodulphe,  martyr  à  Stratford, 

437  v°,  441  v°-442  v°. 

Jacob,  personnage  biblique,  79  v°,  189,  219  v°,  278  v",  281, 
285  v°,  313  v°,  318  v°,  340  v°,  346  v°,  369,  383  v°,  552, 
564  v»,  614,  680,  686. 

Jacob,  Kautz,  Kautzi,  anabaptiste,  84. 

Jacomeli,  Iacomel,  Iacomelly,  Thomas,  inquisiteur  à  Turin, 

438  v°-440  v»,  574. 

Jacquart,  Iacquart,  Quentin,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jacqueline  Bruneau,  martyre  à  Tournai,  617. 
Jacquemart,  Didier,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 


Jacquemart,  Jean,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jacquemin  Maillote,  suspect,  579-579  v°. 
Jacques,  Iacques,  Jaques,  saint,  12,  34,  91,  102  v°,  110, 

113,  219  v°,  221,  270,  278,  342,  344  v»,  356  v°,  359  v°, 

368,  368  v°,  398,  410,  421,  442,  500  V,  506,  527  v°, 

560,  570,  623  v». 
Jacques,  laques,  martyr  à  Dijon,  450  v°-456  v°. 
Jacques,  prieur  des  augustins  d'Anvers,  voir  Jacques 

Praeposirus. 

Jacques  Abbes,  Abbus,  Abs,  martvr  à  Bury-Saint-Edmunds, 
361,  423  v°-424. 


23 


Jacques  d'Albon,  Dalbon,  seigneur  de  Saint-André,  maré- 
chal de  France,  289  v°,  618  v°. 
Jacques  Balardi,  évêque  de  Lodi,  Londen,  28,  38,  38  v°. 
Jacques  Bartholmi,  messager,  123. 

Jacques  (et  non  David)  Beaton,  Béton,  archevêque  de 

Saint-Andrews,  VIII,  71  v°-72,  89. 
Jacques  Bonnello,  553. 

Jacques  Bouchebec,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Jacques  Boulereau,  martyr  à  Langres,  170  v°-171. 
Jacques  Bretenay,  martyr  à  Langres,  170  v°-171. 
Jacques  Brooks,  évêque  de  Gloucester,  398,  398  v°,  399. 
Jacques  Challes,  martyr  à  Rouen,  106. 
Jacques  Chobard,  martyr  à  Saint-Mihiel,  151,  151  v°. 
Jacques  Le  Clerc,  mari  de  Michèle  de  Caignoncle, 
184  V. 

Jacques  Le  Clercq,  Clerc,  avocat  du  bailliage  de  Tournai, 

387  v»,  615,  634  v°. 
Jacques  Cole,  notaire,  46  v°. 
Jacques  de  Crues,  père  de  Jean,  562  v°. 
Jacques,    Jacques-Jean,    Dienssart,    martyr    à  Furnes, 

559  v°-561  v°. 
Jacques  Durieux,  condamné  à  Valenciennes,  673. 
Jacques  d'Enzinas,  martyr  à  Rome,  148  v°,  149. 
Jacques  Le  Fevre,  martyr  à  Valenciennes,  184  v°. 
Jacques  Gore,  James  Gorie,  mort  en  prison  à  Colchester, 

375  v». 

Jacques  Haies,  Alisius,  Halesius,  juge  à  Londres,  264,  308. 
Jacques  Hersel,  procureur  général,  288-289  v°. 
Jacques  de  Hochstraeten,  Hocstrat,  inquisiteur,  59. 
Jacques  Hurlault,  évêque  d'Autun,  119. 
Jacques  Ithier,  l'épouse  et  les  filles  de,  martyres  à  Sens, 
597  v°. 

Jacques  Joly,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jacques  Latomus,  inquisiteur,  59,  96. 
Jacques  Leaf,  Liefe,  martyr  à  Canterbury,  365  v°. 
Jacques  Lefèvre  d'É tapies,  Faber,  68  v°,  415  v°. 
Jacques  de  Lo,  martyr  à  Lille,  IX,  563-568. 
Jacques  Massyot,  conseiller  à  Bordeaux,  319  v°. 
Jacques  Maynard,  condamné  par  contumace,  115. 
Jacques  de  Moniot,  martyr  à  Wassy,  592  v°,  594  v°. 
Jacques  Morton,  martyr  à  Lincoln,  102  v°. 
Jacques  Nogaerus,  doyen  de  Vienne,  556-556  v°. 
Jacques  de   Pavanes,   Pavane,   martyr  à  Paris,  VIII, 

68  v°,  82,  160  v°,  161. 
Jacques   Praepositus,   prieur   des   augustins  d'Anvers, 

131  v°,  132. 

Jacques  Reynaud,  seigneur  d'Aillens,  116,  119. 
Jacques  de  Rien,  voir  Jacques  Durieux. 
Jacques  Sadolet,  cardinal,  évêque  de  Carpentras,  120  v°, 
123,  123  v°. 

Jacques  de  Sangre,  maître  d'école,  condamné  par  contu- 
mace, 115,  115  v°. 

Jacques  de  Savoie,  duc  de  Nemours,  92,  558-558  v°. 

Jacques  Le  Sevré,  habitant  de  Craon,  456  v°. 

Jacques  Sylvestre,  bourreau,  réformé,  274  v°. 

Jacques,  Adrien,  de  le  Tombe,  martyr  à  Tournai,  151. 

Jacques  Turmin,  voir  Richard  Turming. 

Jacques  Tutty,  Tuttye,  martyr  à  Canterbury,  365  v°. 

Jacques  le  Veau,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Jacques-Benoît  de  Largebâton,  Largebaston,  président 
du  Parlement  de  Bordeaux,  456. 

Jacquot,  Jean,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Jacson,  voir  Jackson. 

James  Gorie,  voir  Jacques  Gore. 

James,  voir  Jean. 

Jan,  voir  Jean. 

Jane,  voir  Jeanne. 

Janeiro,  voir  Coligny. 

Janssen,  Herman,  martyr  à  Anvers,  512  v°-514. 
Janvier,  lanuarius,  donatiste,  93  v°. 
Jaque,  voir  Jacques. 
Jaques,  voir  Jacques. 

Javelle,  Pierre,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Jean,  peintre,  martyr  à  Londres,  102  v°. 
Jean,  ministre,  martyr  à  San  Germano  Chisone,  574. 
Jean,  religieux  espagnol,  422. 

Jean,  fils  du  duc  Robert,  Clément,  du  Palatinat,  36  v°. 
Jean  Ier,  pape,  658  v°. 

Jean  XXIII,  pape,  15  V,  20  v»,  24,  25,  36. 
Jean  Abercromby,  Abercromy,  196  v°. 
Jean  Adams,  Adlam,  martyr  à  Londres,  169. 
Jean  Aelmer,  professeur,  264  v°. 
Jean  Aepinus,  Epin,  Hoeck,  théologien,  58. 
Jean  van  Aken,  martyr  à  Limbourg,  703. 
Jean  Alcock,  mort  en  prison  à  Londres,  317  v°. 
Jean  Alesme,  conseiller  au  Parlement  de  Bordeaux,  435  v°, 
436. 

Jean  Aleworth,  Guillaume  Aileivarde,  mort  en  prison  à 

Reading,  361. 
Jean  Almaric,  mort  en  prison  à  Paris,  490  v°. 


Jean  André,  libraire,  169  v",  185,  473. 
Jean  l'Anglais,  Anglois,  martyr  à  Sens,  55,  171. 
Jean  Apprice,  Uprise,  martyr  à  Stratford,  et  non  à  Glou- 
cester, 437  v°. 

Jean  Archer,  tisserand,  mort  en  prison  à  Canterbury, 
437  v°. 

Jean  Ardeley,  Erdley,  martyr  à  Rayleigh,  329. 
Jean  d'Arnok,  serviteur  de  Jean  Hamilton,  195  v°. 
Jean  Arnoul,  554. 

Jean  Ashton,  Aiston,  Aston,  mort  en  prison  à  Londres  (?), 
3,  5,  7  v". 

Jean  d'Assis,  président  du  Parlement  de  Toulouse,  699. 
Jean  Atignan,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Jean  Bacon,  carme,  5. 

Jean  Baie,  John  Balee,  Baleus,  évêque  d'Ossory,  historien 

anglais,  47  v°,  48,  97  v°,  169,  408. 
Jean  Barath,  carme  à  Valenciennes,  48. 
Jean  Barbeville,  martyr  à  Paris,  514  v°-516. 
Jean  de  Bargibant,  martyr  à  Tournai,  150  v°. 
Jean  Baudesson,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jean  Baudouin,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Jean  de  Beaussart,  suspect,  702. 
Jean  du  Bec,  martyr  à  Troyes,  114  v°. 
Jean  Beffroy,  martyr  à  Paris,  524  v°-525. 
Jean  du  Bellay,  cardinal,  évêque  de  Paris,  114-114  v°. 
Jean  Bels,  religieux,  561. 

Jean  Bergeron,  lieutenant  criminel  de  Saint-Pierre-le- 

Moûtier,  290,  290  v». 
Jean  de  Berghes,  Malo,  martyr  à  Mons,  277,  306. 
Jean  Bertrand,  martyr  à  Blois,  432-434  v°. 
Jean  Bertrandi,  cardinal,  archevêque  de  Sens,  garde  des 

sceaux,  481  v°,  483  v°,  491,  492,  519,  530  v°,  558  v". 
Jean  Beverlau,  martyr  à  Londres,  14  v°,  15. 
Jean  Bird,  appelé  petit  vieillard,  évêque  de  Bangor,  Chester, 

puis  Londres,  325,  325  v°. 
Jean  de  Bivero,  martyr  à  Valladolid,  537  v°. 
Jean  Bland,  ministre,  martyr  à  Canterbury,  VII  v°,  358, 

360  v». 

Jean  du  Bois,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jean  de  la  Borde,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Jean  du  Bordel,  martyr  à  Fort-Coligny  au  Brésil,  460  v°- 
465  v». 

Jean  de  Borschnitz,  évêque  de  Lubusz,  Libuss,  17  v°, 
21  v». 

Jean  du  Bosc,  seigneur  de  Mandreville,  martyr  à  Rouen, 
621. 

Jean  de  Boschere,  martyr  à  Anvers,  568-568  v°. 
Jean  Botteler,  huissier  du  roi  d'Angleterre,  45. 
Jean  Boucher,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jean  du  Bourg,  martyr  à  Paris,  82. 

Jean  Bourne,  Burne,  Burno,  secrétaire,  296  v°,  297,  306  v°, 

331  v°,  332. 
Jean  de  Boxtale,  661. 

Jean  Bradford,  Bradfort,  ministre,  martyr  à  Londres, 

318  v»,  325,  329  v°-340,  373. 
Jean  Brenz,  Brence,  théologien,  154. 
Jean  Breron,  chanoine  d'Angers,  412. 
Jean  Bridges,  Brydges,  lord  Chandos,  Sandoitz,  Schan- 

doitz,  Shandon,  juge,  304  v°,  305,  401  v",  402  v°,  419  v°. 
Jean  Brissebarre,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Jean  Brown,  Broun,  Brun,  chevalier,  martyr  à  Londres, 

VII  v°,  14  v°,  15. 
Jean  Brown,  gentilhomme  anglais,  419  v°. 
Jean  Brugière,  martyr  à  Issoire,  171  v°-173  v°. 
Jean  Brunerol,  lieutenant  du  bailli  de  Mérindol,  125, 

125  v". 

Jean  Bucka,  évêque  de  Litomysl,  18,  32,  32  v°,  35  v°. 
Jean  de  Bucq  et  son  épouse  Anne  van  de  Velde,  martyrs 

à  Gand,  150. 
Jean  Bugenhagen,  théologien,  58. 

Jean  du  Buis,  comte  de  Sancerre,  gouverneur  de  Tours, 
557  v°. 

Jean  des  Buissons,  martyr  à  Anvers,  569  v°-572. 
Jean  Buron,  dit  Le  Lanternier,  martyr  à  Angers,  456  v°- 
457  v». 

Jean  Cabot,  docteur  en  théologie,  435  v°,  436. 

Jean  Cabrie,  «  ancien  »  de  Mérindol,  124  v°. 

Jean  Caillou,  martyr  à  Tours,  481  v°-482. 

Jean  Calvin,  77  v»,  82,  134  v°,  197  v°,  228-229  v»,  233, 
251-252  v°,  254  v°-255  v»,  259-262,  269,  277  v°-279, 
340  v°,  350  v°,  353,  357,  394  v°,  401,  445,  461,  466  v°, 
468-469  v»,  486  v°,  487  v°,  496  v°,  499  v°,  503,  528  v», 
529,  552,  555-556,  560  v»,  568  v°,  587  v°,  595,  595  v°, 
602  v»,  605,  609,  631  v»,  632,  638  v°,  643  v°,  691  v°,  706. 

Jean  Campbel,  juge,  195  v°,  196  v°. 

Jean  Campo,  juge  à  Dixmude,  559  v°-561. 

Jean  Cardinal,  628. 

Jean  Cardmaker,  martyr  à  Londres,  321-322. 

Jean  Careless,  Carels,  mort  en  prison  à  Londres,  437  v°. 


29 


Jean  de  Carnolis,  prévôt  de  la  cathédrale  d'Aix-en-Pro- 

vence,  117,  118. 
Jean  Carondelet,  archevêque  de  Palerme,  60  v°. 
Jean  de  Carquignan,  martyr  à  Carignan,  573  v°. 
Jean  de  Cartheny,  Cartini,  prieur  des  carmes  à  Valen- 

ciennes,  611. 

Jean  délia  Casa,  secrétaire  du  cardinal  Caraffa,  371  v°. 
Jean  Castellan,  Castelain,  Chastellain,  Châtelain,  martvr 

à  Vic-sur-Seille,  VIII,  62-63  v°. 
Jean  Catel,  martyr  à  Lille,  653  v°-654. 
Jean  Cateux,  Catteu,  martyr  à  Valenciennes,  696  v°. 
Jean  de  Caturce,  Caturco,  martyr  à  Toulouse,  VIII, 

73  v°-74. 

Jean  Cavel,  Caves,  martyr  à  Londres,  437  v°. 
Jean  de  Cazes,  martyr  à  Bordeaux,  434  v°-437. 
Jean  Chaillaud,  chanoine  d'Angers,  457,  457  v°. 
Jean,  Jean-Pierre,  Chambon,  brigand,  martvr  à  Lvon, 

214  v°-218,  236,  237  v°-238  v°,  244,  244  v°. 
Jean  du  Champ,  martyr  à  Anvers,  490  v°-491. 
Jean   de   Chasteler,   seigneur   de    Moulbais,  Moulbay, 

lieutenant  du  château  de  Tournai,  602,  605,  608,  612, 

615  v°,  616,  674. 
Jean  Chawoy,  chevalier  anglais,  4. 
Jean  Chen,  chevalier  anglais,  44. 
Jean  Chevalier,  d'Angers,  412  v°. 
Jean  de  Chlum,  gentilhomme  tchèque,  16-35  v°. 
Jean  Christopherson,  Christoforson,  doyen  de  Norwich, 

puis  évêque  de  Chichester,  408. 
Jean  Chrysostome,  saint,   10,  11-12,  24,  76  v°,  108, 

109,  112,  219  v»,  306  v°,  307,  336  v°,  337  v°,  338  v°, 

367,  378-380,  407  v°,  501,  506,  508,  508  v°,  527  v°,  531  V, 

532  v°,  583,  584  v°,  588,  604,  655  v°,  676,  678,  682,  683, 

691. 

Jean  de  Ciret,  conseiller  au  Parlement  de  Bordeaux,  436. 

Jean  Clark,  évêque  de  Bath,  97. 

Jean  Clarke,  mort  en  prison  à  Canterbury,  437  v°. 

Jean  Claydon,  martyr  à  Londres,  15  v°. 

Jean  Clément,  martyr  à  Londres,  437  v°. 

Jean  Clerc,  professeur  à  Oxford,  74  v°. 

Jean  Le  Clerc,  martyr  à  Metz,  VII  v°,  61,  74  v°. 

Jean  Cointac,  étudiant  de  Sorbonne,  émigré  au  Brésil, 

445-446  v°,  447  v°. 
Jean  Collesson,  Collisson,  martyr  à  Wassy,  592  v°,  593. 
Jean  Cornon,  martyr  à  Mâcon,  VIII,  85,  94  v°. 
Jean  Courault,  Couraud,  dit  Élie,  augustin  passé  à  la 

Réforma,  79-79  v»,  81  v°. 
Jean  Crespin,  151  v",  375  v°-415  v°,  608  v°. 
Jean  de  Creux,  dominicain,  433  v°. 
Jean  de  Croy,  comte  de  Rœulx,  gouverneur  de  Flandre, 

674. 

Jean  de  Crues,  martyr  à  Bailleul,  562  v°-563. 
Jean  de  Cziczow,  gentilhomme  morave,  42. 
Jean  Dautricourt,  dit  Desmarteloys,  martyr  à  Lille,  664  v°- 
665  v°. 

Jean  Daivs,  martyr  à  Norwich,  voir  Richard  Day,  martyr 

à  Colchester,  472  v». 
Jean  Dee,  Deye,  juge  ecclésiastique,  404  v°-405  v°. 
Jean  Denis,  martyr  à  Lille,  572. 
Jean  Denk,  voir  Hars  Der.ck. 

Jean  Denley,  Denleye,  martyr  à  Uxbridge,  361-362  v°, 
364  v». 

Jean  Denny,  Deny,  martyr  à  Beccles,  437  v°. 

Jean  Derifall,  Dorefal,  Dorefall,  martyr  à  Stratford,  437  v°, 

441  V-442  v°. 
Jean  Dern  de  Gabonecz,  gentilhomme  morave,  42. 
Jean  Desreneaux,  martyr  à  Lille,  664. 
Jean  Devenish,  Devenysh,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Jean  Diaze,  martyr  à  Neubourg,  VIII,  148  v°,  151  v°- 

160  v». 

Jean  Donant  de  Poloniae,  gentilhomme  morave,  42. 
Jean  Draendorf,  martyr  à  Worms,  470  v°. 
Jean  du  Duc,  conseiller  à  la  Cour  de  Bordeaux,  436. 
Jean  Dudley,  duc  de  Northumberland,  265,  417  v°. 
Jean  Dans  Scot,  L'Escot,  théologien,  377  v°,  380,  415  v°, 

466  v°,  467,  544  v°,  676. 
Jean  Durandi,  conseiller,  commissaire  à  Mérindol,  123  v°, 

124  v»,  125,  125  v». 
Jean  Eck,  Eckius,  théologien  catholique,  58. 
Jean  d'Engarrande,  dominicain,  435  v°. 
Jean  Esch,  martyr  à  Bruxelles,  VII  v°,  58  v°-60  v°. 
Jean  l'Escot,  voir  Jean  Duns  Scot. 
Jean  l'Évangéliste,  saint,  passim. 
Jean  Fasseau,  martyr  à  Mons,  395. 

Jean  Feckenham,  Fecknam,  Feknam,  doyen  de  Saint- 
Paul,  abbé  de  Westminster,  265-266,  268,  315  v°,  324  v°, 
325  v°,  326. 

Jean  Feraud,  consul  à  Draguignan,  470. 

Jean  Ferrer,  archevêque  d'Arles,  116-117  v°. 

Jean  de  Ferrières,  seigneur  de  Maligny,  conjuré  d'Am- 
boise,  557-559  v°. 


Jean  Le  Fèvre,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jean  Filleul,  martvr  à  Saint-Pierre-le-Moûtier,  289  v°- 
290  v». 

Jean  Fisher,  John  Fischer,  Fvscher  Rossensis,  évêque  de 

Rochester,  72,  77  v°,  401,  404  v°,  420. 
Jean  Flesche,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v». 
Jean  Floyd,  Flond,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Jean  Foreman,  Formait,  martyr  à  East  Grinstead,  437  v°. 
Jean  Fornier,  banni  de  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Jean  Foxe,  John  Foxus,  historien  anglais  de  la  Réforme, 

97  v°,  164,  193,  472  v°. 
Jean   Franks,   Francs,   ministre,   martyr  à  Canterburv, 

VIII  v°,  358,  360  v°. 
Jean  Frith,  Fryth,  martyr  à  Londres,  74-77,  16  5  v°. 
Jean  de  Gand,  duc  de  Lancastre,  Lanclastre,  1  v°-5. 
Jean  Garcette,  Pierre,  curé,  martyr  à  Douai,  89-89  v°, 

92  v°. 

Jean  de  Gaudun,  théologien,  1  v°. 

Jean,  Pierre,  de  Gaulay,  conseiller  au  bailliage  de  Tournai, 
615. 

Jean  de  Gaye,  capitaine,  127,  130  v°. 

Jean  Gerson,  chancelier  de  l'Université  de  Paris,  20, 

26  v°,  30,  36,  36  v»,  48,  492  v°. 
Jean  Gil,  Egidius,  évêque  de  Tortose,  exhumé  et  brûlé, 

522,  544. 
Jean  Girard,  imprimeur,  87  v°. 
Jean  Glover,  frère  de  Robert,  371  v°-372. 
Jean  Godeau,  martyr  à  Chambéry,  181-181  v°. 
Jean  Gombaud,  compagnon  de  prison  de  Benoît  Ro- 

myen,  470  v°. 
Jean  Gombaut,  seigneur  d'Archimont,  Assimont,  conseiller 

à  Tournai,  611  v°,  615. 
Jean  Gonzalve,  et  sa  famille,  martyrs  à  Séville,  541  v°- 

542. 

Jean  Gosnold,  Gosmold,  Gosnal,  chevalier,  commissaire 

d'Edouard  VI,  297  v°. 
Jean  Le  Grain,  martyr  à  Bruxelles,  702-702  v°. 
Jean  Le  Grand,  martyr  à  Anvers,  704  v°,  705  v°,  706. 
Jean  de  Grave,  martyr  à  Hulst,  660-662  v°. 
Jean  Grenut,  grand  prévôt  de  Tournai,  626. 
Jean  de  Grossi,  juge  à  Apt,  115  v°. 

Jean  de  Guilloche,  conseiller  à  la  Cour  de  Bordeaux, 

435  v»,  436. 
Jean  Gwin,  Guyne,  martyr  à  Newbury,  437  v°. 
Jean  Hamilton,  archevêque  de  Saint-Andrews,  195  v°- 

196  v°. 

Jean  Hamond,  Hamon,  martyr  à  Colchester,  437  v°. 
Jean  Harpole,  Hirtpoole,  martyr  à  Rochester,  437  v°. 
Jean  Harpsfield,   Harpsfeld,   Harpsfild,   archidoyen  de 

Londres,  chancelier,  303,  324  v°,  325,  327  v°,  334-336, 

358  v°,  363  v°,  397-398  v»,  404  v°,  405  v»,  406-408. 
Jean  Harrington,  Haryngthon,  trésorier  des  camps  et  des 

bâtiments  royaux  à  Boulogne,  329  v°,  334. 
Jean  Harrison,  voir  Guillaume  Harris. 
Jean  Hart,  martyr  à  Mayfield,  437  v°. 
Jean  de  la  Haye,  chanoine  de  Tournai,  624. 
Jean  Hernandez,  Ferdinand,  martyr  à  Valladolid,  543  v°- 

544. 

Jean  Herwin,  dit  Geerstecoome,  martvr  à  Hondschoote, 
561  vO-562  v». 

Jean  van  der  Heyden,  Heyda,  dominicain  à  Ypres,  562  v°, 
569. 

Jean  Hmrsdorfar,  gentilhomme  morave,  42. 
Jean  Holiday,  Holydaie,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Jean  Hooper,  Hopper,  évêque  de  Gloucester,  puis  de  Wor- 

cester,  martyr  à  Gloucester,  VIII  v°,  299-306,  314, 

314  v",  325,  374,  420. 
Jean  Hopton,  évêque  de  Norwich,  365. 
Jean  Horn,  Home,  martyr  à  Wootton-under-Edge  (et  non 

à  Newent),  437  v°. 
Jean  Huilier,  Hoillyarde,  martyr  à  Cambridge,  429-431, 

437  v°. 

Jean  Hunteman,  procureur,  3. 

Jean  Huntingdon,  Huntyngton,  prêtre  passé  à  la  Réforme, 
165. 

Jean  Huss,  Hus,  martyr  à  Constance,  VII  v°,  5  v°,  6, 

15-42  v°,  47  v°,  49,  57  v°,  560  v°. 
Jean,  Hans,  Hut,  anabaptiste,  83. 
Jean  Isabeau,  martyr  à  Paris,  536. 
Jean  Jacquemart,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jean  Jacquot,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jean  de  Jesenice,  Iesseniz,  27. 

Jean  Jory,  loery,  et  son  serviteur,  martyrs  à  Toulouse, 

185  v°-186. 
Jean  Judet,  martyr  à  Paris,  536  v°. 
Jean  Juliot,  498  v°. 

Jean  Kelow,  dominicain,  martyr  à  Edimbourg,  89. 

Jean  Kempe,  Kemp,  docteur,  46. 

Jean  Kenyngham,  carme,  1. 

Jean  Keyser,  martyr  à  Anvers,  568  v°-569. 


30 


Jean  de  Kruiningen,  Cruninghen,  seigneur  de  Heenvliet, 
459. 

Jean  Kurde,  cordonnier,  martyr  à  Northampton,  437  v°. 
Jean  de  Kzymicz,  gentilhomme  morave,  42. 
Jean  de  Laistre,  de  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Jean  Lambert,  martyr  à  Chambéry,  92,  181. 
Jean  Langlois,  procureur  du  roi,  293. 
Jean  de  Lannoy,  martyr  à  Tournai,  577  v°-578. 
Jean  a  Lasco,  ministre,  287,  287  v°,  560  v°. 
Jean  Lascelles,  Lacels,  Lassel,  martyr  à  Londres,  168, 
169  v». 

Jean  de  Latre,  lieutenant  du  gouverneur  de  Douai,  97  v°. 

Jean  Launder,  Lander,  martyr  à  Steyning,  361. 

Jean  Laurence,  Laurent,  ministre,  martyr  à  Colchester, 

316  v»,  317-317  v". 
Jean  de  Laurencery,  l'aîné,  condamné  à  Meaux,  161  v°- 

163  v°. 

Jean  de  Laurencery,  le  jeune,  condamné  à  Meaux,  161  v°- 
163  v°. 

Jean  Lawder,  juge  ecclésiastique,  195  v°,  196,  196  v°. 

Jean  Leaf,  Liefe,  martyr  à  Londres,  330  v°,  340. 

Jean  Lechat,  dominicain,  126  v°. 

Jean  de  Léon,  martyr  à  Séville,  543  v°-544. 

Jean  de  Leyde,  Becol,  Beukels,  anabaptiste,  84  v°. 

Jean  de  la  Loge,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Jean  Lomas,  Loivmas,  martyr  à  Canterbury,  423  v°. 

Jean  Longland,  Longlands,  évêque  de  Lincoln,  92  v°- 

94  v»,  102  v°,  416. 
Jean  London,  chanoine  de  Windsor,  106  v°. 
Jean  de  Lorraine,  cardinal,  62-63  v°,  579. 
Jean  Mace,  Mase,  martyr  à  Colchester,  437  v°. 
Jean  de  Madoc,  ministre,  martyr  en  Lorraine,  IX  v°, 

580,  626  vo-629. 
Jean  Mahieu,  Mathieu,  martyr  à  Valenciennes,  695,  696. 
Jean  Mainerd,  mort  en  prison  à  Londres,  472  v°. 
Jean  Major,  Johannes,  John,  Maieur,  Mair,  Majeur,  histo- 
rien écossais,  15,  15  v°,  89. 
Jean  Malanotte,  délégué  des  Vaudois,  576. 
Jean  Marbeck,  Marbek,  condamné  puis  gracié  à  Windsor, 

106,  106  v°. 
Jean  Marlar,  martyr  à  Douai,  97  v°-98,  106. 
Jean  Mateflon,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Jean  Maundrel,  Maundrelle,  martyr  à  Sa'isbury,  437  v°. 
Jean  de  Maynier,  Menier,  Mesmer,  dit  le  Juif,  baron 

d'Oppède,  président  du  Parlement  de  Provence,  126- 

131  v°,  175-176  v°,  470,  470  v»,  473. 
Jean  Meran,  juge  ordinaire  d'Aix-en-Provence,  115  v°, 

129  v°-131. 

Jean  Milles,  prévôt  de  Wisson  (peut-être  Winston),  424. 
Jean  de  Moisi,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jean  de  Moniot,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jean  Montaigu,  chevalier  anglais,  4. 

Jean  Mordaunt  of  Turvey,  Mordant,  conseiller  de  Marie 

Tudor,  309  v°,  310,  364,  406  v°. 
Jean  Morel,  martyr  à  Paris,  490,  499  v°-509  v°,  514  v°. 
Jean  Moret,  224  v°. 

Jean  Morin,  lieutenant  criminel  de  la  prévôté  de  Paris, 

78,  81,  81  v»,  473. 
Jean  Morisot,  suspect,  594. 
Jean  Morton,  cardinal  d'York,  92  v°,  93. 
Jean  le  Moyne,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Jean  Mutonis,  martyr  en  Provence,  626  v°. 
Jean  de  Namur,  martyr  à  Liège,  618-618  v°. 
Jean  Newman,  Nevman,  martyr  à  Saffron-Walden,  361- 

362  v°,  364  v°. 
Jean  Nicolson,  dit  Lambert,  martyr  à  Londres  et  non  à 

Winchester,  89  v°-92. 
Jean  Oecolampade,  Ecolampade,  réformateur,  63  v°,  77, 

84  v°,  132,  337,  349  v°,  681  v°,  682. 
Jean  d'Oignies,   Ognie,   gouverneur  de  Tournai,  135, 

135  v°,  150  v». 
Jean  Oldcastle,  Oldecastel,  seigneur  de  Cobham,  Cohnam, 

martyr  à  Londres,  VII  v°,  4,  14  v°,  15,  43  v°-47  v°. 
Jean  Oswald,  Osewarde,  martyr  à  Lewes,  437  v°. 
Jean  Pallenq  et  son  épouse,  condamnés  par  contumace, 

115,  115  v0,  124  v°,  125. 
Jean  Pascal,  Pasquier,  inquisiteur,  59. 
Jean  Pataut,  martyr  à  Wassy,  592  v°-593. 
Jean  Patinostre,  628. 
Jean  Paul,  prêtre,  287  v°. 

Jean  de  Peterswald,  gentilhomme  morave,  42. 
Jean  Philpot,  martyr  à  Londres,  395-408. 
Jean  Picard,  docteur  en  Sorbonne,  163,  163  v°,  169  v°, 
514. 

Jean  Picque,  Pic,  martyr  à  Tournai,  633-635,  706  v°. 

Jean  Pieres,  ministre  à  Genève,  543. 

Jean  de  Pins,  de  Pinis,  évêque  de  Rieux,  118. 

Jean  Piquery,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 

Jean  Pistorius,  Bakker,  martyr  à  La  Haye,  VII  v°,  60  v°. 

Jean  Pointet,  martyr  à  Paris,  VIII,  78  v°-79. 


Jean  de  Pois,  martyr  à  Arras,  82  v°. 
Jean  Le  Poix,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jean  Polley,  martyr  à  Tunbridge  Wells,  361. 
Jean  de  Poltrot,  seigneur  de  Méré,  réformé,  621  v°. 
Jean  Pom  et  son  épouse,  condamnés  par  contumace,  115, 
115  v°. 

Jean  Ponce  de  Léon,  martyr  à  Séville,  541-541  v°. 

Jean  de  Pontac,  greffier  du  Parlement  de  Bordeaux,  437. 

Jean  Porceau,  martyr  à  Mons,  308  v°. 

Jean  Porter,  Porteur,  mort  en  prison  à  Londres,  102  v°. 

Jean  Poynet,  Ponet,  évêque  de  Rochester,  puis  de  Win- 
chester, 395  v°. 

Jean  du  Pré,  commissaire  royal,  126  v°. 

Jean  Purvey,  Purné,  martyr  à  Londres,  7,  7  v°,  47  v°,  48. 

Jean  Rabec,  martyr  à  Angers,  IX,  408  v°-414. 

Jean  Rabier,  juge  à  Saint-Maximin,  115  v°-131. 

Jean  Rastell,  Rastal,  beau-frère  de  Thomas  More,  75  v°, 
76. 

Jean  de  Rely,  évêque  d'Angers,  55  v°. 
Jean  de  Reychenberg,  gentilhomme  morave,  42. 
Jean  Ricourt,  de  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Jean  del  Rigo,  commissaire  de  Bruxelles,  702. 
Jean  Robin,  de  Wassy,  592  v°. 

Jean  de  la  Rochetaillée,  patriarche  de  Constantinople, 

17  v°-21  v°,  37  v°. 
Jean  Rogers,  Roger,  martyr  à  Londres,  192,  293  v°-299, 

302  v°,  303,  332  v°,  334,  339  v°. 
Jean  de  Roma,  inquisiteur  en  Provence,  121  v°,  125  v°, 

126,  473. 
Jean  Ross,  suspect,  424. 

Jean  Roussel,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Jean  Routh,  Rothe,  martyr  à  Stratford,  437  v°,  441  v°- 
442  v°. 

Jean  de  la  Rue,  suspect,  605  v°. 

Jean  Rumault,  Formatât,  martyr  à  Bruxelles,  701  v». 
Jean  Ruzé,  Rusé,  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  473. 
Jean  Sachet,  prêtre,  287  v°. 

Jean  de  Sainct-André,  ministre  de  Genève,  237,  237  v°. 
Jean  de  Saint-Gall,  San-Gal,  marchand  suisse,  234  v°, 
235. 

Jean  de  Sansot  (?),  487  v°  489  v°. 

Jean  de  Savigny,  dit  Lemon,  bailli  de  Nancy,  578  v°-580. 
Jean  Schats,  martyr  à  Louvain,  95-98. 
Jean  le  Scolastique,  évêque  de   Constantinople,  221, 
335  v°. 

Jean  le  Seur,  dit  Monsieur  Philippe,  ministre,  martyr  au 

Cateau,  696  v°. 
Jean  Sibert,  Sibrandt,  anabaptiste,  84  v°. 
Jean  Simson,  Symson,  martyr  à  Rochford,  329. 
Jean  de  Simusin,  gentilhomme  morave,  42. 
Jean  Slade,  martyr  à  Brentford,  472  v°. 
Jean  Sorret,  martyr  à  Tournai,  706-708  v°. 
Jean  Spaldyng,  56  v°. 

Jean  Spellius,  Spellen,  drossart  à  Bruxelles,  701  v°. 
Jean  Spenser,  martyr  à  Colchester,  437  v°. 
Jean  Spicer,  martyr  à  Salisbury,  437  v°. 
Jean  Stenyns,  notaire,  46  v°. 

Jean  Stokesley,  Stokislé,  évêque  de  Londres,  73  v°,  87, 
416,  416  v°. 

Jean  Story,  Stor,  commissaire  de  Marie  Tudor,  395- 

396  v°,  399-401  v°. 
Jean  Taffignon,  martyr  à  Langres,  170  v°,  171. 
Jean  Taylor,  Tayler,  futur  évêque  de  Lincoln,  mort  en 

prison  à  Londres,  90  v°. 
Jean  Tetzel,  Tekel,  dominicain,  57  v°. 
Jean  le  Thieullier,  Tieuille,  martyr  à  Valenciennes,  696. 
Jean  Thys  ou  Matthijs,  Diessen,  martyr  à  Malines,  386  v°. 
Jean,   Guillaume,   Tooley,   Toulée,   exhumé  et  brûlé  à 

Londres,  322-322  v°. 
Jean  Trigalet,  martyr  à  Chambéry,  340-358. 
Jean  Tudson,  Tuston,  martyr  à  Londres,  423. 
Jean  Tuscaen,  martyr  à  Audenarde,  666  v°-667  v°,  669  v°. 
Jean  Utenhove,  ministre,  287,  287  v°. 
Jean  Vanciennes,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jean  Vargas,  Vergas,  membre  du  Conseil  des  Troubles, 

701  V. 

Jean  de  Véga,  martyr  à  Marseille,  620. 
Jean  Vernou,  martyr  à  Chambéry,  340-358. 
Jean  Vicart,  martyr  à  Louvain,  95-98. 

Jean  de  Villa-Garcia,  Ville-Garcine,  dominicain  espagnol, 
418  v°-422. 

Jean  Vincent,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Jean  Volant,  de  Meaux,  161  v°,  163  v°. 

Jean  Wade,  mort  en  prison  à  Londres,  424. 

Jean  (lire  Christophe)  Wade,  martyr  à  Dartford,  361. 

Jean  de  Wallenrode,  évêque  de  Riga,  21,  27  v°. 

Jean  Warne,  Waren,  martyr  à  Londres,  321-322. 

Jean  Webbe,  Web,  martyr  à  Canterbury,  375  v°. 

Jean  Went,  martyr  à  Londres,  423. 


31 


Jean  White,  évêque  de  Lincoln,  puis  de  Winchester,  406- 
406  v». 

Jean  Whitehead,  Withead,  professeur  à  Oxford,  46. 
Jean  Wiclef,  Wicleff,  1-6,  7  v»,  14  v°,  38-39  v»,  48. 
Jean  Williams,  baron  de  Thames,  Vilian  de  Thamo,  419  v°, 
422. 

Jean  Witnam,  docteur  en  théologie,  46. 

Jean  de  Wolf,  martyr  à  Anvers,  625. 

Jean  Zischa,  gentilhomme  morave,  42-42  v°. 

Jean  de  Ziwla,  gentilhomme  morave,  42. 

Jean-Baptiste,  saint,  IV  v°,  4,  40,  210,  212,  213  v°,  230, 

231  v°,  232  v°,  291,  324  v°,  327,  362,  368,  369,  370, 

374  v°,  375,  383  v°,  407  v",  410  v°,  414,  505,  595  v°, 

609,  680,  681,  698. 
Jean-Dominique  Legras,  capitaine,  554. 
Jean -François  Pic  de  la  Mirandole,  55  v°. 
Jean-François  Pogge,  humaniste,  39  v°-41. 
Jean-Frédéric,  électeur  de  Saxe,  139  v°. 
Jean-Louis,  Loys,  Louys,  Pascal,   ministre,    martyr  à 

Rome,  544  v°-557. 
Jean-Louis-Nicolas  de  Bouliers,  seigneur  de  Cental, 

129  v°. 

Jean-Macchabée  Scotus,  Mac  Alpine,  Monsieur  Maccha- 
bée, théologien,  132. 

Jean-Martin  Trombaut,  habitant  de  Briqueras,  Bricheros, 
457  v». 

Jean-Philippe  Sleidan,  historien  allemand,  83  v°,  97  v°. 
Jean-Pierre,  voir  Jean  Chambon. 

Jeanne,  épouse  de  Mathurin,  martyre  à  Carignan,  573  v°. 
Jeanne,  épouse  de  Nicolas  Codet,  suspecte,  relaxée,  à 

Meaux,  161  v°-163  v". 
Jeanne,  épouse  de  Robert  Oguier,  martyre  à  Lille,  425- 

429. 

Jeanne,  épouse  de  Denis  Peloquin,  241  v°,  244  v°-245  v°, 

248,  248  v»,  250. 
Jeanne,  veuve  de  Macé  Rougebec,  suspecte,  relaxée,  à 

Meaux,  161  v°-163  v°. 
Jeanne,  épouse  de  Guillaume  Whyte,  48  v°. 
Jean(ne),  Agnès,  papesse,  25  v°,  26. 

Jeanne  d'Albret,  reine  de  Navarre,  580  v°-587,  628, 

628  v°,  699. 
Jeanne  Bailly,  martyre  à  Langres,  170  v°,  171. 
Jeanne  Beach,  Bêches,  martyre  à  Rochester,  437  v°. 
Jeanne  de  Bohorches,  morte  en  prison  à  Séville,  542- 

542  v». 

Jeanne  Butcher,  Boucher,  de  Kent,  Cantie,  Contienne, 
martyre  à  Canterbury,  191  v°,  192,  310  v°,  402  v°. 

Jeanne  Catmer,  Pointer,  martyre  à  Canterbury,  423  v°. 

Jeanne  Cheron,  épouse  de  Louis  Coquemant,  condamnée 
à  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Jeanne  Genniense,  suspecte,  relaxée,  à  Meaux,  161  v°- 
163  v°. 

Jeanne  Grey,  Graye,  reine  d'Angleterre,  martyre  à  Londres, 

VIII  v°,  265-268  V,  315  v°,  417-418  v°. 
Jeanne  Guilleminot,  condamnée  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Jeanne  Horns,  Home,  martyre  à  Londres,  437  v°. 
Jeanne  Lashford,  Lashefort,  alias  Warne,  belle-fille  de 

Jean  Warne,  martyre  à  Londres,  423. 
Jeanne  de  Portugal,  sœur  de  Philippe  II,  537. 
Jeanne  de  Salomez,  dite  Coninckes,  martyre  à  Furnes, 

559  v°-561  v°. 
Jeanne  Sejournam,  martyre  à  Langres,  170  v°-171. 
Jeanne  Sole,  Soalle,  martyre  à  Canterbury,  423  v°. 
Jeanne  de  Sylva,  condamnée  à  Valladolid,  538. 
Jeanne  Trunchfield,  épouse  de  Michel,  martyre  à  Ips- 

wich,  423  v". 
Jeanne  Velasquez,  martyre  à  Valladolid,  538. 
Jeanne  Waste,  aveugle,  martyre  à  Derby,  437  v°. 
Jeannette,  épouse  de  Nicolas  Thielemant,  martyre  à 

Wassy,  592  v°-593. 
Jenkins,  Ienkin,  prévôt  de  Gloucester,  304-305  v°. 
Jephcot,  Iephcot,  serviteur  du  chancelier  Dunning,  374  v°. 
Jephté,  personnage  biblique,  681. 

Jérémie,  prophète,  32  v°,  40,  50,  107,  111  v»,  138,  212, 
271,  271  v»,  341  v°,  347,  374,  501  v°,  531  v°,  532, 
565  v°,  604,  680,  689  v°. 

Jéroboam  Ier,  personnage  biblique,  106  v°,  474. 

Jérôme,  Hiérome,  Hiérosme,  saint,  11  v°,  12  v°,  25,  28, 
40  v°,  46,  109,  111,  113,  160,  211  v»,  220,  221,  227, 
280,  337  v°,  366  v»,  367,  368  v°,  379,  401,  467,  496, 
502,  506  v°,  534,  557  v°,  583,  676,  677  v°. 

Jérôme,  geôlier  à  Anvers,  650. 

Jérôme,  Hierome,  docteur  à  Groningue,  449. 

Jérôme  Burgensis,  évêque  de  Châlons-sur-Marne,  589  v°- 
591  v». 

Jérôme  Casabonne,  Hiérome  Casabone,  martyr  à  Bordeaux, 

440  v°-441  v°. 
Jérôme  de  Lasco,  ambassadeur  polonais,  70. 
Jérôme  de  Prague,  martyr  à  Constance,  VII  v°,  15,  21, 

28,  32,  33,  36-42  v°,  47  v»,  49. 


Jérôme  Purpurat,  président  du  Parlement  de  Turin, 
440  v°. 

Jérôme  Savonarole,  Hierome  Savanarola,  martyr  à  Flo- 
rence, VII  v°,  55,  55  v°. 

Jérôme,  Guillaume,  martyr  à  Londres,  96  v°-97. 

Jersey,  Gerzé,  île  anglo-normande,  293. 

Jérusalem,  VI,  1,  34  v°,  83  v°,  84  v»,  110  v°,  116  v°,  117  v°, 
280,  282  v»,  349  v°,  370,  370  V,  375,  384,  390  v°,  391, 
399,  400  v°,  404,  406,  466  v»,  501  v»,  527  v°,  570,  596  v°, 
610  v°,  650,  674  v°,  680  v". 

Jesenice,  Iessenis,  Jean  de,  27. 

Jésus,  le  Christ,  passim. 

Jethro,  personnage  biblique,  686. 

Jeune,  voir  Jonghe. 

Jezabel,  personnage  biblique,  VI  v°,  604. 

Joachim,  Ioacim,  de  Lalaing,  martyr  à  Tournai,  608  v°, 

609,  611  v",  612. 
Joachim  Portanier,  consul  à  Draguignan,  470. 
Joachim  Vadian,  consul  de  Saint-Gall,  83  v°,  84. 
Joan,  voir  Jeanne. 

Joannin,  loannis,  Pierre,  juge  à  Saint-Maximin,  131. 
Joas,  personnage  biblique,  670. 

Job,  personnage  biblique,  245,  311  v°,  325,  347,  362,  384  v°, 
389,  392  v°,  488  v°,  613  v°,  645  v°,  646  v°,  685  v°,  688. 
Jobart,  Didier,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Joël,  loel,  prophète,  481,  531  v»,  599. 
John,  voir  Jean. 

Johnson,  Ioanson,   Ionson,   greffier  de  l'évêque  Bonner, 

397,  406,  408,  422  v». 
Joinville,    Ienville,    France,    Haute-Marne,    481  v°-482, 

589  v»,  590  v»,  591,  593  v°,  594  v".  —  Martyr  :  Nicolas. 
Joly,  Jacques,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Jon,  Junius,  François  du,  ministre,  628. 
Jonas,  louas,  personnage  biblique,  565  v°. 
Jonas,  prophète,  208,  208  v°,  531,  567  v°. 
Jonas,  Juste,  Ionas,  Iustus,  théologien,  58,  306  v°. 
Jonathan,  personnage  biblique,  647. 

Jonghe,  Jeune,  Juvenis,  Roger  De,  ermite  de  Saint-Au- 
gustin à  Bruges,  569. 

Joost  de  Kruiningen,  Cruninghen,  seigneur  de  Heenvliet, 
459. 

Joppé,  loppé,  Palestine,  681. 

Joris,  Georges,  David,  anabaptiste,  85. 

Jory,  loery,  Jean,  et  son  serviteur,  martyrs  à  Toulouse, 

185  v°-186. 
Josaphat,  personnage  biblique,  474. 

Joseph,  personnage  biblique,  III  v°,  40,  208,  278  v°, 

313,  313  v°,  346  v°,  383  v°,  688. 
Joseph,  saint,  383  v°. 
Joseph  Ascherio,  554. 
Joseph  Aubert,  539. 

Joseph  d'Eymar,  conseiller  à   la   Cour   de  Bordeaux, 

435  v°,  436. 
Joseph  Garin,  martyr  à  Marseille,  620. 
Joseph  Parpaille,   vicaire   général   de   l'archevêque  de 

Turin,  439-440  v°. 
Joseph,  Charles,  fonctionnaire  épiscopal,  56  v°. 
Josèphe,  Flavius,  historien  juif,  VI  v°. 
Josias,  personnage  biblique,  473,  474,  501  v°,  584  v°, 

587. 

Josse  de  Cruel,  martyr  à  Renaix,  659  v°-660. 

Josse,  Iuste,  Jusberg,  van  Ousberghen,  martyr  à  Bruxelles, 

98-99  v»,  102  v°,  103  v°. 
Jossek  de  N.,  gentilhomme  morave,  42. 
Jossko  de  Sczitowicz,  gentilhomme  morave,  42. 
Josué,  losué,  personnage  biblique,  318  v°,  473  v°,  531, 

655  v». 

Jourdain,  Iordain,  fleuve  de  Palestine,  IV  v°,  213  v°. 
Joyne,  Ioyne,  Simon,  martyr  à  Colchester,  437  v°. 
Juan,  voir  Jean. 

Juda,  personnage  biblique,  501  v°,  641. 

Judas  Iscariote,  IV  v°,  11  v°,  22,  22  v°,  220  v»,  338  v»,  393, 

409,  533,  637  v°,  691. 
Judas  Maccabée,  Machabeus,  personnage  biblique,  534. 
Judet,  Jean,  martyr  à  Paris,  536  v°. 
Judith,  personnage  biblique,  128  v°,  505. 
Juif,  voir  Jean  de  Maynier. 
Jules  II,  pape,  57. 
Jules  III,  pape,  180,  473. 
Jules  Forlan,  suspect,  697  v°. 
Jules  Guirlauda,  martyr  à  Venise,  697  v°. 
Juliane,  voir  Julienne. 

Julien,  oncle  de  l'empereur  Julien,  VI  v°. 
Julien  l'Apostat,  empereur  romain,  VI  v°. 
Julien  Hernandez,  Ferdinand,   dit  le  Petit,    martyr  à 

Séville,  543-543  v»,  544  v°. 
Julien  Léveillé,  martvr  à  Saint-Pierre-le-Moûtier,  289  v°- 

290  v°. 

Julien  Van  den  Sweerde,  Iulien  de  Lespe-darme,  martyr 
à  Ath,  395. 


32 


Julienne,  Juliane,   épouse  de  Pasquier  Fouace,  con- 
damnée à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Juliot,  Jean,  498  v°. 

Julius  Palmer,  martyr  à  Newbury,  437  v°. 
Junius,  voir  Jon. 

Junon,  Iitno,  personnage  mythologique,  334. 
Jupiter,  luppiter,  personnage  mythologique,  334. 


Jusberg,  van  Ousberghen,  Josse,  Liste,  martyr  à  Bruxelles, 

98-99  v°,  102  v°,  103  v°. 
Juste  Jonas,  Iustus  Ionas,  théologien,  58,  306  v°. 
Juste  Menig,  Menhts,  Moenius,  ministre,  58. 
Justin,  Iustin,  Iustinus,  saint,  379,  445  v°,  477  v°,  655, 

682. 

Juvenis,  voir  Jonghe. 


K 


Karleton,  voir  Carleton. 

Karlstadt,  Carolostade,  André,  réformateur,  681  v°,  682. 
Karmus,  voir  Carne. 
Katelin,  voir  Cateline. 

Katrin  Phineas,  Phinées,  seigneur  anglais,  373  v°. 

Kautz,  Kautzi,  Jacob,  anabaptiste,  84. 

Kauwe,  Charles  vander,  suspect,  560  v°. 

Keiken,  Guillaume  de,  seigneur  de  Bovenkerken,  maïeur 

de  Malines,  385  v°-387. 
Keiser,  Léonard,  martyr  à  Raab,  VII  v°,  68  v°-69. 
Kelow,  Jean,  dominicain,  martyr  à  Édimbourg,  89. 
Kemp,  voir  Kempe. 
Kempe,  Kemp,  Jean,  docteur,  46. 
Kensington,  Kenyngton,  Angleterre,  Surrey,  45. 
Kent,  Cantie,  Cantier,  Angleterre,  48  v°,  191  v°,  315. 
Kent,  voir  Jeanne  Butcher. 
Kenyngham,  Jean,  carme,  1. 
Kenyngton,  voir  Kensington. 

Kerby,  Kyrbi,  couturier,  martyr  à   Ipswich  et  non  à 

Londres,  106. 
Keyser,  Jean,  martyr  à  Anvers,  568  v°-569. 
Kiev,  Kioff,  Ukraine,  622  v°. 
Kiffin,  Kyffin,  Howell,  docteur,  46. 
King,  voir  Bing. 

King's  Lynn,  Lynne,  Angleterre,  Norfolk,  97. 
Kioff,  voir  Kiev. 


Kirby-le-Soken    (ou    Kirby-Cross),    Kyrbie,  Angleterre, 
Essex,  422. 

Kitchin,  Antoine,  évêque  de  Llandaff,  300. 
Kleczam,  Zibilutz  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Knight,  Knyght,  Étienne,  martyr  à  Maldon,  316  v°-317, 
323. 

Knyght,  Estienne,  voir  Knight,  Étienne. 
Kolding,  Coldingue,  Danemark,  Jutland,  287. 
Kopar,  Capo  d'htria,  Yougoslavie,  697  v°. 
Kotor,  Cattaro,  Yougoslavie,  697. 
Kràlik,  Wenceslas,  patriarche  d'Antioche,  19. 
Kruiningen,  Cruninghen,  Jean  de,  seigneur  de  Heenvliet, 
459. 

Kruiningen,  Cruninghen,  Joost  de,  seigneur  de  Heenvliet, 

père  du  précédent,  459. 
Kuckh,  VVaczlals  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Kuilenburg,   Cullembourg,    Pays-Bas,    Gueldre,   703.  — 

Comte  de,  voir  Floris  van  Pallandt. 
Kurde,  Jean,  cordonnier,  martyr  à  Northampton,  437  v°. 
Kus  de  Doloplatz,  gentilhomme  morave,  42. 
Kyffin,  voir  Kiffin. 
Kym,  voir  Kyme. 

Kyme,  Kym,  époux  d'Anne  Askew,  166. 
Kyngston,  Antoine,  chevalier,  304-304  v°. 
Kyrbi,  voir  Kerby. 
Kyrbie,  voir  Kirby. 

Kzymicz,  Jean  de,  gentilhomme  morave,  42. 


L 


Laban,  personnage  biblique,  686. 

La  Bassée,  Bassée,  France,  Nord,  572. 

La  Baume,  Pierre  de,  évêque  de  Genève,  83. 

Laber,  juge  à  Avignon,  118  v°. 

La  Bigne,  serviteur  de  La  Renaudie,  558,  558  v°. 
Laborie,  Antoine,  martyr  à  Chambéry,  340-358. 
La  Branche,   adjoint  du  prévôt  du  Dauphiné,  279  v°. 
Labrosse,  soldat  du  duc  de  Guise,  591  v°,  593  v°. 
La  Canesière,  Claude  de,  martyr  à  Lyon,  388-395. 
La  Catelle,  N.,  martyre  à  Paris,  82. 
Lacédémone,  Grèce  ancienne,  535  v°. 
Lacets,  voir  Lascelles. 

Lacembok,  Latzembog,  Henri  de,  chevalier  tchèque,  16- 
17. 

La  Chapelle-Monthodon,  Chappelle,  France,  Aisne  ;  — 

Robert  Bauldier,  seigneur  de,  594. 
La  Charité-sur-Loire,  Chérité,  France,  Nièvre,  205  v°. 
La  Chaire,  voir  Saint-Amant-Tallende. 
La  Combe,  Italie,  Turin,  469  v°,  574. 
Lacoste,  France,  Vaucluse,  122,  123,  130  v°,  175. 
Lactance,  111,  227. 
Ladislas,  roi  de  Pologne,  16  v°. 
Ladislas  VI,  Vladislaus,  roi  de  Hongrie,  120  v°. 
Ladormilleux  (?),  lieu-dit,  près  de  San-Germano-Chisone, 

Italie,  Turin,  575  v°. 
Ladron,  comte,  prévôt  des  soldats  allemands  à  Anvers,  702. 


Laene,  voir  Delaenus. 

La  Feuillie,  Fueillie,  France,  Manche,  293. 
La  Fon,  voir  Fon. 

La  Forest,  voir  Godefroid  de  Barry. 
La  Fosse,  N.  de,  avocat,  598. 
La  Fueillie,  voir  La  Feuillie. 

La  Gareye,  Charles  Ferré,  seigneur  de,  gentilhomme 

breton,  conjuré  dAmboise,  557  v°. 
La  Grange,  Pérégrin  de,  ministre,  martyr  à  Valenciennes, 

673-692  v°,  695  v°,  696. 
La  Guardia,  Italie,  Calabre,  545-547  v°,  549-550  v°,  552, 

553  v»,  554  v°. 
La  Haye,  Pays-Bas,  Hollande  du  Sud,  60  v°,  459,  669. 

—  Martyr  :  Jean  Pistorius. 
Lainam,  voir  Lavenham  (?). 
Laistre,   Jean  de,  de  Meaux,  161  v°-163  v°. 
La  Jonchère,  Ionchère,  France,  Haute-Vienne,  319-320. 
Lalain,  voir  Lalaing. 

Lalaing,  Lalain,  Antoine  de,  comte  de  Hoogstraeten, 

Haustrat,  177  v»,  184  v°   672  v°. 
Lalaing,  Joachim  de,  martyr  à  Tournai,  608  v°,  609, 

611  v°,  612. 
Laleu,  voir  Alleu. 

Laloé,  Simon,  martyr  à  Dijon,  274-274  v°. 

La  Loge,  Jean  de,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

La  Magdeleine,  Didier,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 


33 


La  Marck,  Érard  de,  La  Marche,  Êvrard  de,  prince-évêque 
de  Liège,  617. 

La  Marck,  Henri-Robert  de,  duc  de  Bouillon,  693, 
693  v°. 

Lambert,  prieur  des  Augustins  à  Liège,  617  v°. 
Lambert  Hortensius,  Hortense,  historien,  84  v°. 
Lambert,  voir  Jean  Nicolson. 
Lambert,  François,  réformateur,  72. 
Lambert,  Jean,  martyr  à  Chambéry,  92,  181. 
Lamoleyere  en  Bazadais,  localité  non  identifiée,  France, 

Gironde,  450  v°,  451  V. 
La  Montagne,  maître  d'hôtel  du  duc  d'Aumale,  591  v°. 
Lamoral,  comte  d'Egmont,  martyr  à  Bruxelles,  701  v°- 

702  v°. 

La  mote,  voir  La  Motte-d 'Aiguës. 

La  Motte-d'Aigues,  La  mote,  France,  Vaucluse,  129  v°. 
La  Motte,  Louis  de,  maître  des  requêtes  du  duc  de 

Lorraine,  578  v°. 
Lamy,  F.,  juge,  320  v°. 
Lancastre,  Angleterre,  Lancashire,  334. 
Lancastre,  Lancaster,  duché  de,  Angleterre,  317  v°-319, 

329  v°. 

Lancastre,  Lanclastre,  Jean  de  Gand,  duc  de,  1  v°-5. 
Lancelot,  officier,  martyr  à  Londres,   102  v°. 
Lanclastre,  voir  Lancastre. 
Landave,  voir  Llandaff. 
Lander,  voir  Launder. 

Landri,  Landry,  François,  curé  de  Sainte-Croix  à  Paris, 

106  v°-107. 
Landry,  voir  Landri. 
Langeay,  voir  Langey. 

Langey,  Langeay,  Guillaume  du  Bellay,  seigneur  de, 
lieutenant  du  roi  en  Piémont,  119,  119  v°. 

Langlois,  Guillaume,  lieutenant,  293. 

Langlois,  Jean,  procureur  du  roi,  293. 

Langres,  France,  Haute-Marne,  VIII,  170  v°,  171.  — 
Martyrs  :  Jeanne  Bailly,  Jacques  Boulereau,  Jacques 
Bretenay,  Simon  Mareschal,  Guillaume  Michaut, 
Jeanne  Sejournam,  Jean  Taffignon. 

Langthon,  voir  Laughton. 

Languedoc,  France,  VIII  v°,  184  v°,  185  v°,  276  v°,  340, 

622,  627,  698  v°. 
Lannoy,  France,  Nord,  672  v°. 

Lannoy,  Baudouin  de,  bailli  de  Tournai  et  Tournaisis, 
387  v°. 

Lannoy,  Jean  de,  martyr  à  Tournai,  577  v°-578. 
Lannoy,  Lanoy,  Marc  de,  martyr  à  Anvers,  704  v°-706. 
Lannoy,  Lanoy,  Sara  de,  fille  du  précédent,  704  v°. 
Lanoy,  voir  Lannoy. 

Lanteaume  Blanc,  mercier  à  Draguignan,  470. 

Lanternier,  voir  Jean  Buron. 

Laodicée,  ancienne  ville  de  Syrie,  384. 

Larche,  localité  non  identifiée,  Italie,  Turin,  573  v°. 

Larchier,  Nicolas,  ministre,  martyr  à  Mons,  176  v°-177  v°. 

La  Renaudie,  Godefroid  de  Barry,  seigneur  de,  chef 

des  conjurés  d'Amboise,  557-558  v°. 
La  Réole,  France,  Gironde,  197,  209  v°. 
Largebaston,  voir  Largebâton. 

Largebâton,  Largebaston,  Jscques-Benoît  de,  président 

du  Parlement  de  Bordeaux,  456. 
La  Rochebeaucourt-et-Argentine,  Rochebœuf-Court,  France, 

Dordogne,  620  v°. 
La  Roche-sur- Yon,  Roche- Surion,  France,  Vendée,  408  v°. 

—   Charles   de   Bourbon-Montpensier,   prince  de, 

408  v°-411. 
La  Roque,  voir  La  Roque  d'Anthéron. 
La  Roque  d'Anthéron,  La  Roque,  France,  Bouches-du- 

Rhône,  130. 
La  Rua  de  Bonnet,  voir  Bonnet. 
La  Rue,  Jean  de,  suspect,  605  v°. 

Lascelles,  Lacels,  Lassel,  Jean,  martvr  à  Londres,  168, 
169. 

Lasco,  Jean  de,  ministre,  287,  287  v°,  560  v°. 
Lasco,  Jérôme  de,  ambassadeur  polonais,  frère  du  pré- 
cédent, 70. 
Lashefort,  voir  Lashford. 

Lashford,  Lashefort,  alias  Warne,  Jeanne,  belle-fille  de 

Jean  Warne,  martyre  à  Londres,  423. 
Lasnier,  Guy,  sieur  de  la  Fretière,  avocat  à  Angers, 

412,  412  v°. 
Lassel,  voir  Lascelles. 
Lastarig,  voir  Restalrig. 

Latimer,  Hugues,  évêque  de  Worcester,  martvr  à  Oxford, 
VIII  v°,  72,  92  v-o-93,  166  v°,  310  v»  324  v°-326,  339  v°, 
374,  375  v°,  376,  382-384  v»,  401  v°,  416  v°,  418  v°,  421  v°. 

Latimer,  Thomas,  chevalier,  4. 

Latomus,  Jacques,  inquisiteur  des  Pays-Bas,  59,  96. 
La  Tour,  voir  Torre-Pellice  (?). 

Latran,  concile  de,  57,  108,  162  v°,  214,  338  v°,  467,  509, 
527  v»,  530,  532  v°,  571. 


Latre,  Jean  de,  lieutenant  du  gouverneur  de  Douai,  97  v°. 
Laudiane,  voir  Lothian. 
Latzembog,  voir  Lacembok. 

Laughton,  Langthon,  Angleterre,  Leicestershire,  317  v°. 
Launder,  Lander,  Jean,  martyr  à  Steyning,  361. 
Laurence,  Henri,  martyr  à  Canterbury,  362  v°. 
Laurence,  Laurent,  Jean,  ministre,  martvr  à  Colchester, 

316  vO-317  v°. 

Laurencery,  Guillaume,  condamné  à  Meaux,  161  v°- 
163  v°. 

Laurencery,  Jean  de,  l'aîné,  condamné  à  Meaux,  161  v°- 
163  v°. 

Laurencery,  Jean  de,  le  jeune,  condamné  à  Meaux,  161  v°- 

163  v». 
Laurens,  voir  Laurent. 

Laurent,  Laurens,  saint,  49,  420  v°,  426  v»,  458  v°. 
Laurent,  réformé  de  Tournai,  706  v°. 
Laurent  de  Bibra,  évêque  de  Wurzbourg,  58. 
Laurent  Campeggio,  Campège,  cardinal,  évêque  de  Salis- 
bury,  86. 

Laurent  de  la  Croix,  voir  Alexandre  Canus. 
Laurent  de  la  Haute  Rue,  martyr  à  Mons,  395. 
Laurent  Maietto,  seigneur  italien,  550. 
Laurent  Parnam,  Parmen,  martvr  à  Stratford,  437  v°, 

441  v°-442  v°. 
Laurent  De  Ridder,  évêque  auxiliaire  d'Utrecht,  60  v°. 
Laurent  Saunders,  prêtre,  martyr  à  Coventry,  309-314, 

317  v°,  318,  321,  321  v»  373. 
Laurent  Valla,  Valle,  humaniste,  48  v°. 
Laurent,  voir  Laurence. 

Lauris,  Loris,  France,  Vaucluse,  127,  130. 

Lauris,  François  de  Perussis,  seigneur  de,  canseiller  au 
Parlement  de  Provence,  129  v°,  131,  470,  470  v°. 

Lausanne,  Suisse,  Vaud,  VIII  v°,  182,  197,  197  v°,  202  v», 
203,  205  v»,  228,  279  v»,  280,  341,  351,  385,  389  v", 
408,  410,  411  v°,  414,  451  v°,  458  v°,  544  v»,  693.  — 
Cinq  écoliers  de,  martvrs  à  Lvon,  VII  v°,  197-236, 
237  V-238,  243. 

Laussois,  voir  Auxois. 

La  Vau,  Pierre  de,  martyr  à  Nîmes,  293  v°. 
Lavenham,  Lainam  (  ?),  Angleterre,  Suffolk,  424. 
Laverok,  Hugues,  martyr  à  Stratford  et  non  à  Glou- 

cester,  437  v°. 
Lavonder,  Reynod,  voir  Eastland,  Reinald. 
La  Voye,  Aymond  de,  martyr  à  Bordeaux,  99  v°-101  v°. 
Lawder,  Jean,  juge  ecclésiastique,  195  v°-196  v°. 
Lawson,  Robert,  martyr  à  Bury-Saint-Edmunds,  437  v°. 
Lawton,  martyr  à  Huntington,  472  v°. 
Lazare,  personnage  biblique,  34  v°,  212  v°,  288  v°,  316  v°, 

327,  501  v°,  632,  679  v°. 
Leache,  voir  Slech. 

Leaf,  Liefe,  Jacques,  martyr  à  Canterbury,  365  v°. 
Leaf,  Liefe,  Jean,  martyr  à  Londres,  330  v°,  340. 
Le  Barre,  Pasquier  de,  conseiller  à  Tournai,  martvr  à 
Vilvorde,  615. 

Le  Blas,  Bertrand,  martyr  à  Tournai,  VIII  v°,  387-388. 
Le  Bleat,  voir  Le  Clerc. 

Le  Boschere,  Jean,  martyr  à  Anvers,  568-568  v°. 

Le  Boucq,  Bouc,  Roland,  martyr  à  Valenciennes,  692  v°. 

Le  Bran,  Charles,  martyr  à  Liège,  703. 

Le  Buisson-et-Braux,  Buisson,  France,  Marne,  594.  — 

La  grange  Collart,  lieu-dit,  594. 
Lebuss,  voir  Lubusz. 

Le   Cateau,   Chasteau-en-Cambresi,    France,    Nord,  696, 

696  v°.  —  Martyr  :  Jean  le  Seur. 
Le  Cene,  Nicolas,  martyr  à  Paris,  484-485  v°. 
Lecestre,  voir  Leicester. 
Lechat,  Jean,  dominicain,  126  v°. 

Le  Clerc,  François,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Le  Clerc,  Jacques,  mari  de  Michèle  de  Caignoncle, 

184  v». 

Le  Clerc,  Jean,  martyr  à  Metz,  VII  v°,  61,  74  v°. 
Le  Clerc,  Nicolas,  dit  le  Bleat,  martyr  à  Wassy,  594  v°. 
Le  Clerc,  Pierre,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Le  Clerc,  voir  Le  Clercq. 

Le  Clercq,  Le  Clerc,  Jacques,  avocat  à  Tournai,  387  v°, 

615,  634  v». 
Le  Court,  Gilles,  martyr  à  Paris,  523  v°-524. 
Le  Croisic,  Le  Croisil,  France,  Loire  Inférieure,  491. 
Le  Croisil,  voir  Le  Croisic. 

Lee,  Édouard,  archevêque  d'York,  93,  97,  416. 

Le  Fèvre,  Claude,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Le  Fèvre,  Hanon,  martyre  à  Valenciennes,  184  v°. 

Le  Fèvre,  Jacques,  martyr  à  Valenciennes,   184  v°. 

Le  Fèvre,  Jean,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Le  Fèvre,  Michel,  martvr  à  Valenciennes,  184  v°. 

Le  Fèvre,  Richard,  marty  r  à  Lyon,  182  v°,  277  v°-287. 

Lefèvre  d'Étaples,  Faber,  Jacques,  68  v°,  415  v°. 

L'Église,  Antoine  de,  suspect,  525  v°. 

Legoud,  doyen  d'Illiers,  269. 


34 


Le  Grain,  Jean,  martyr  à  Bruxelles,  702-702  v°. 
Le  Grand,  Jean,  martyr  à  Anvers,  704  v°,  705  v°,  706. 
Legras,  Jean-Dominique,  capitaine,  554. 
Le  Havre,  Le  Havre  de  grâce,  France,  Seine-Maritime,  443, 
443  v°. 

Le  Havre  de  Grâce,  voir  Le  Havre. 

Le  Heu,  Baudouin,  Baudezvyn,  Boutson,  Boutson,  martyr 

à  Bruxelles,  512  v°. 
Le  Huchier,  N.,  conseiller  à  Blois,  433  v°. 
Leicester,  Lecestre,  Licestre,  Lincestre,  Angleterre,  Leicester- 

shire,  4  v°,  7  v°,  14  v°,  437  v°.  —  Martyr  :  N.,  serviteur 

d'un  marchand. 
Leicestershire,  Leycestre,  Angleterre,  382. 
Leiden,  voir  Leyde. 
Leipzig,  Lipse,  Allemagne,  Saxe,  5  v°. 
Lejeune,  Claude,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Lemaître,    Lemaistre,    Magistri,    Gilles,    président  du 

Parlement  de  Paris,  525  v°,  535,  709  v». 
Le  Mans,  France,  Nord,  268  v°. 
Le  Mas-d'Azil,  France,  Ariège,  699. 
Lembourg,  voir  Limbourg. 
Lemon,  voir  Jean  de  Savigny. 

Le  Moyne,  Jean,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Le  Normand,  Guillaume,  condamné  par  contumace, 

115,  115  v". 
Léon  Ier,  pape,  113. 

Léon  III,  Ylsaurien,  Léon  Isaure,  empereur  d'Orient,  467. 
Léon  IX,  pape,  469,  533. 
Léon  X,  pape,  57,  69,  468. 

Léon  Barberoux,  condamné  par  contumace,  115,  115  v°. 
Léon  Cawch,  Lyon  a  Coyxe,  martyr  à  Stratford,  437  v°, 

441  v°-442  v». 
Léon  Isaure,  voir  Léon  III,  Ylsaurien. 
Léon,  Jean  de,  martyr  à  Séville,  543  v°-544. 
Léon,  Jean  Ponce  de,  martyr  à  Séville,  541-541  v°. 
Léon,  Roderic  Ponce  de,  comte  de  Baylen,  541. 
Léonard,  saint,  433. 

Léonard  Bruni,  dit  l'Aretin,  humaniste,  39  v°-41. 
Léonard  Cox,  principal  du  Collège  de  Reading,  74  v°, 
166  v°. 

Léonard  Galimard,  martyr  à  Paris,  179. 
Léonard  Keiser,  martyr  à  Raab,  VII  v°,  68  v°-69. 
Léonard  Morel,  ministre  à  Wassy,  591-593  v°. 
Léonard  Du  Pré,  martyr  à  Paris,  171,  171  v°. 
Léonard  Romillet,  martyr  à  Marseille,  620. 
Léonard  le  Roy,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Léonard  Schyker,  anabaptiste,  84. 

Léonore  de  Bivero,  exhumée  et  brûlée  à  Valladolid, 

537  v". 

Léonore  de  Lisueros,  condamnée  à  Valladolid,  538. 
Le  Peintre,  Claude,  martyr  à  Paris,  97  v°. 
Le  Petit,  Pierre,  martyr  à  Lille,  572. 
Le  Poix,  Jean,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Le  Quesnoy,  France,  Nord,  672. 

Le  Riche,  Marguerite,  Dame  de  la  Caille,  martyre  à 

Paris,  522  v°-523,  524. 
Le  Roux,  Pierre,  martyr  à  Bruges,  191  v°. 
Le  Roy,  Étienne,  martyr  à  Chartres,  274  v°-276  v°. 
Le  Roy,  Léonard,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Le  Roy,  voir  Coninck. 

Lesain,  Claude,  prévôt  de  Wassy,  591  v°,  593-594  v°. 
Les  Cabanes,  France,  Ariège,  699,  699  v°. 
Les  Costes,  Coste,  France,  Hautes-Alpes,  130  v°,  175. 
L'Escot,  Lescot,  voir  Duns  Scot. 

Lescure,  Antoine  de,  procureur  du  roi  à  Bordeaux, 

434  v°,  435  v°-436  v°. 
Lèse,  voir  Lezat-sur-Lèze. 
Lesena,  voir  Hvar. 

Les  Essarts,  Essars-en-Poitou,  France,  Vendée,  82  v°.  — 

Martyre  :  Marie  Becaudelle. 
Les  Essarts-le-Vicomte,  Essars,  France,  Marne,  114  v°. 
Lésina,  voir  Hvar. 

Lespe-darme,  voir  Sweerde,  Julien  van  den. 
Lestonna,  Richard  de,  conseiller  à  la  Cour  de  Bordeaux, 
436. 

Lestrée,  Barbe,  martyre  à  Tournai,  610,  617. 
Leuret,  F.,  conseiller  à  Angers,  457  v°. 
Le  Vayr,  Denis,  martyr  à  Rouen,  293-293  v°. 
Leveillé,  Julien,  martyr  à  Saint-Pierre-le-Moûtier,  289  v°- 

290  v». 

Le  Veneur,  Gabriel,  évêque  d'Évreux,  269,  273,  273  v°, 
274. 

Lévi,  personnage  biblique,  11,  11  v°,  383,  684,  685,  687  v°. 

Levis,  Antoine  de,  évêque  d'Embrun,  95. 

Lewes,  Angleterre,  Sussex,  361,  437  v°.  —  Martyrs  : 
Thomas  Avington,  Thomas  Harland,  Dirick  Carver 
(Herman),  Thomas  Miller,  Jean  Oswald,  Thomas 
Read,  Thomas  Whoode,  Richard  Woodman. 

Lexden,  Lexdovie,  Angleterre,  Essex,  317. 

Lexdovie,  voir  Lexden. 


Leycestre,  voir  Leicestershire. 
Leyde,  Leiden,  Pays-Bas,  Hollande,  84  v°,  85. 
Leyde,  Jean  de,  Becol,  Beukels,  anabaptiste,  84  v°. 
Lezat-sur-Leze,  Lèse,  France,  Ariège,  276  v°. 
Lhota,  Ulric  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Libourne,  France,  Gironde,  434  v°,  435  v°. 
Libuss,  voir  Lubusz. 
Licestre,  voir  Leicester. 

Lichfield,  Litchfeld,  Lychfild,  Lycofeld,  Lytchfeld,  Angle- 
terre, Staffordshire,  309,  365  v°,  374-375,  404  v°,  405. 

—  Évêque    de    Lichfïeld-Coventry  :    Ralph  Baynes. 

—  Martyrs  :  Thomas  Goreway,  Thomas  Hayward. 
Lichtenstein,  Georges  de,  évêque  de  Trente,  16  v°. 
Liefe,  voir  Leaf. 

Liège,  Belgique,  Liège,  IX,  577  v°,  579  v°,  618-618  v°, 
703.  —  Église  :  Saint-Lambert,  618.  —  Martyrs  : 
Charles  le  Bran,  Corneille  de  Lesenne,  Jean  de 
Namur,  Thomas  Watelet. 

Lier,  voir  Lierre. 

Lierre,  Lier,  Belgique,  Anvers,  669,  670. 

Liévin  de  Blekere,  martyr  à  Audenarde,  663. 

Liévin  Onghena,  Onghenaz,  réformé,  670. 

Lille,  Lisle,  L'Isle,  France,  Nord,  134  v°,  137  v°,  425-429, 
563-568,  569  v°,  572-572  v»,  601,  602,  607  v°,  614, 
653  v°,  654,  655  v°,  656,  656  v°,  658,  664-665  v°,  693, 
695,  696,  704  v°,  705  v°,  708.  —  Martyrs  :  Martin 
Bayart,  Jean  Catel,  Jean  Dautricourt,  Jean  Denis, 
Jean  Desreneaux,  Claude  du  Flot,  Simon  Guilmin, 
Siméon  Herme,  Jacques  de  Lo,  Paul  Millet,  dit 
Chevalier,  Bauduin  Oguier,  Jeanne  Oguier,  Martin 
Oguier,  Robert  Oguier,  Pierre  Petit,  Noël  Tourne- 
mine. 

Limbourg,  Lembourg,  province  et  ville  des  anciens  Pays- 
Bas,  IX  v°,  701  v°,  703.  —  Martyrs  :  Guillaume,  chirur- 
gien, Jean  van  Aken,  Guillaume  Fraikin,  N.N., 
plusieurs  personnes,  François  Nyset,  Thomas  Tol- 
mont. 

Limoges,  Lymoges,  France,  Haute-Vienne,  VIII,  171,  197, 
319-321.  —  Évêque  :  César  des  Bourguignons.  — 
Martyr  :  Guillaume  de  Dongnon. 

Limons,  France,  Languedoc,  73  v°. 
Limousin,   Lymosin,  France,  319,  319  v°. 
Lincestre,  voir  Leicester. 

Lincoln,  Lincolne,  Angleterre,  Lincolnshire,  1  v°,  7  v°, 
8  v»,  11,  13  v°,  90,  92  v°,  93,  102  v°,  164,  166,  294, 
382  v°-383  v°,  406,  406  v°,  416.  —  Évêques  :  Nicolas 
Bullingham,  Robert  Greathead,  Jean  Longlands, 
Jean  Taylor,  Jean  White.  —  Martyrs  :  Thomas  Ber- 
nard, Jacques  Morton. 

Lincolne,  voir  Lincoln. 

Lion,  voir  Lyon. 

Lipse,  voir  Leipzig. 

Lisbone,  voir  Lisbonne. 

Lisbonne,  Lisbone,  Portugal,  194-195  v°,  538.  —  Martyr  : 

Guillaume  Gardiner. 
Liset,  voir  Lizet. 
L'Isle,  Lisle,  voir  Lille. 

Lisueros,  Léonore  de,  condamnée  à  Valladolid,  538. 
Litchfeld,  voir  Lichfield. 
Litomis,  voir  Litomysl. 

Litomysl,  Litomis,  Lutomislen,  Tchécoslovaquie,  Pardubiec, 

18,  32,  32  v°,  35  v°.  —  Évêque  :  Jean  Bucka. 
Livonie,  114  v°. 

Livry,  France,  Seine-et-Marne,  163,  163  v°. 

Lizet,  Liset,  Pierre,  premier  président  du  Parlement  de 

Paris,  97  v°,  162,  169  v°,  171  v°,  173-174,  179,  473. 
LlandafF,  Landave,  Galles,  Glamorgan,  300.  —  Évêque  : 

Antoine  Kitchin. 
Lo,  Jacques  de,  martyr  à  Lille,  IX,  563-568. 
Lodi,  Londen,  Italie,  Milan,  28,  38,  38  v°.  —  Évêque  : 

Jacques  Balardi. 
Lodovick,  voir  Louis. 
Lodun,  voir  Loudun. 

Loge,  Jean  de  la,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Loire,  France,  263,  281  v°. 
Lom,  voir  Lomé. 

Lomas,  Lowmas,  Jean,  martyr  à  Canterbury,  423  v°. 
Lombard,  Pierre,  évêque  de  Paris,  544  v°,  676. 
Lombardie,  Italie,  17,  291  v°,  697. 
Lomé,  Lom,  Godefroid,  suspect,  72  v°. 
Londen,  voir  Lodi. 

London,  Jean,  chanoine  de  Windsor,  106  v°. 
Londre,  voir  Londres. 

Londres,  Londre,  1  v°-15  v°,  28,  38,  43  v°-48  v°,  56,  56  v°, 
73  v°-77,  85  v°-106  v»,  164  v°-169,  191  v°-194,  264  v°- 
268  v°,  287,  294-340,  361-365  v",  375-382  v»,  395-408, 
416-425,  437  v°-442  v°,  472  v»,  559  v°-561,  614,  624  v°- 
625,  693,  700  v°.  —  Églises  et  abbaye  :  église  des  Fla- 
mands, Flamenque,  287  v°,  561  v°  ;  —  Saint-Mary- 
Overy,  332  v°  ;  —  Saint-Paul,  10,  13,  46  v°,  48,  56  v°, 


35 


102  v»,  192,  322  v°,  324  v°,  326,  327  v°,  329  v°-330  v°, 
332  v°-333  v°,  398  v°,  418  ;  —  Saint-Pierre,  90  ;  —  West- 
minster, Westmoustier,  Westmunster,  265-268,  319,  323. 
—  Parlement,  327  v°,  397  v°,  399  v°,  405  v°,  416  v°, 
417.  —  Prisons  :  Charbonnière,  Coal-house,  397-401, 
404  v",  405,  422,  422  v°  ;  —  Compter,  Counter,  313, 
334,  337  v°,  340  ;  —  Fleet,  Fletien,  314  v»  ;  —  King's 
Bench,  437  v°  ;  —  Marshall,  191  v°,  332  v°  ;  —  New- 
gate,  Newgat,  Nouvelle  Porte,  Porte  Neuve,  100  v°,  102  v°, 
166  v»,  167  v°,  303,  303  v»,  317  v»,  327-330  v»,  340,  363  v°- 
365  v»,  423-425,  472  v°  ;  —  Tour  des  Lollards,  56  v», 
365  v°,  375  v»,  396,  396  v°  ;  —  Tour  de  Londres,  Grosse 
Tour,  101  v°,  167  v°,  168,  191  v°-193  v»,  268,  268  v°, 
417  v°-418  v°,  424  v°.  —  Rues,  places,  lieux-dits  : 
Breadstreet,  Bradstret,  313  ;  —  Champs-Saint-Gilles, 
15,  47  v°,  102  v°  ;  —  Charing-Cross,  Croix  de  Charing, 
322  ;  —  Lambeth,  Lambet,  2  v°,  13,  76  ;  —  Lincoln, 
73  v"  ;  —  Marché  aux  Chevaux,  87  ;  —  Smithfield, 
Smithfild,  Smythfield,  Smythfild,  15  v°,  77,  164-169, 
315,  321  v°,  330  v°,  340,  384  v°,  424  v».  —  Évêques  : 
Jean  Bird,  Edmond  Bonner,  Richard  Fitzjames, 
Edmond  Grindall,  Nicolas  Ridley,  Jean  Stokesley, 
Cuthbert  Tunstall.  —  Martyrs  :  Roger  Acton,  Jean 
Adams,  Guillaume  Adherall,  Georges  Ambrose, 
Guillaume  André,  Anne  Askew,  Robert  Barnes, 
Richard  Bayrield,  Georges  Baynam,  Nicolas  Bele- 
niam,  Jean  Beverlau,  Georges  Bing,  Jean  Bradford, 
Jean  Brown,  Thomas  Brown,  Thomas  Bugle,  Jean 
Cardmaker,  Jean  Careless,  Jean  Cavel,  Jean  Clay- 
don,  Jean  Clément,  Jean  Devenish,  Thomas  Dobbe, 
Robert  Drakes,  Reinald  Eastland,  Jean  Floyd,  Guil- 
laume Flower,  Isabelle  Foster,  Hugues  Foxe,  Jean 
Frith,  Thomas  Garret  ou  Garrard,  Georges,  Alle- 
mand, Gilles,  Allemand,  Barthélémy  Green,  Jeanne 
Grey,  André  Hewet,  Roger  Holland,  Jean  Holyday, 
Jeanne  Horns,  Richard  Hovenden,  Thomas  Hoven- 
den,  Martin  Hunt,  Richard  Hunt,  Catherine  Hut, 
Jean,  peintre,  Guillaume  Jérôme,  Lancelot,  officier, 
Jean  Lascelles,  Jeanne  Lashford,  alias  Warne,  Jean 
Leaf,  Jean  Mainerd,  Richard  Mekins,  N.,  artisan, 
N.,  fabricant  de  gibecières,  N.,  prêtre,  Jean  Nicolson, 
dit  Lambert,  Jean  Oldcastle,  Thomas  Parret,  Jean 
Philpot,  Henri  Pond,  Jean  Porter,  Jean  Purvey, 
Matthieu  Ricarby,  Rogers,  de  Norfolk,  Jean  Rogers, 
Guillaume  Sautre  ou  Chatris,  Guillaume  Slech, 
Richard  Smith,  Thomas  Southam,  Richard  Spurge, 
Thomas  Spurge,  Cuthbert  Symson,  Guillaume  Tay- 
lor,  Elisabeth  Thaevel,  Thomas  Tomkins,  Jean 
Tudson,  Richard  Turming,  Thomas  Tyler,  Guil- 
laume Tyms,  Jean  Wade,  Jean  Warne,  Jean  Went, 
Thomas  Wittle,  Guillaume  Wiseman,  Matthieu 
Wythers.  —  Bûcher  posthume  :  Jean,  Guillaume, 
Tooley. 
Longland,  voir  Longlands. 

Longlands,  Longland,  Jean,  évêque  de  Lincoln,  92  v°- 

94  v»,  102  v°,  416. 
Loppem,  Lopphen,  Adrien  de,  martyr  à  Ath,  395. 
Lopphen,  voir  Loppem. 
Lorge,  voir  Lorges. 

Lorges,  Gabriel,  seigneur  de,  comte  de  Montgomery, 
521. 

Lorges,  N.  de,  capitaine,  259,  521. 
Loris,  voir  Lauris. 
Lormarin,  voir  Lourmarin. 

Lorraine,  France,  VII  v°,  VIII,  134  v»,  140,  144  v°,  148  v°, 
151,  171,  557  v°,  578,  580,  626  v°,  627,  628,  628  v».  — 
Martyr  :  Jean  de  Madoc. 

Lorraine,  Antoinette  de  Bourbon,  duchesse  douairière 
de,  578  v». 

Lorraine,  Charles  de  Guise,  cardinal  de,  178  v°,  475  v°, 
519,  521  v°,  525  v°,  534  v»,  557  v°-558  v»,  577,  580  v», 
585  vO-589  v",  619,  622,  658. 

Lorraine,  Claude  II  de,  duc  d'Aumale,  589  v°,  591- 
591  v°. 

Lorraine,  François  de,  duc  de  Guise,  151  v°,  519,  578  v°- 
579,  589  v»,  591-594  v°,  618  v°-620,  621,  628,  658. 

Lorraine,  Henri  Ier  de,  duc  de  Guise,  473. 

Lorraine,  Henri  II  de,  duc  de  Guise,  557  v°-558  v°, 
589  v»,  621  v». 

Lorraine,  Jean  de,  cardinal,  62-63  v°,  579. 

Lorraine,  Louis  de,  cardinal  de  Guise,  archevêque  de 
Sens,  519,  580  v»,  597  v°. 

Lorraine,  Louis  de,  comte  de  Vaudémont,  578  v°. 

Lorraine,  voir  Guise. 

Losada,  Christophe  de,  martyr  à  Séville,  544-544  v°. 

Loth,  personnage  biblique,  III  v°,  272,  350,  627. 

Loth,  femme  de,  personnage  biblique,  257  v°,  372  v°. 

Lothian,  Laudiane,  Écosse,  195  v°. 

Lothon,  N.  de,  vice-légat  à  Avignon,  123,  123  v°. 


Loudun,  Lodun,  France,  Vienne,  181. 

Louis,  Louys,  suspect,  552,  552  v°. 

Louis,  comte  palatin  de  Heidelberg,  19-25. 

Louis,  fils  du  duc  Robert,  Clément,  du  Palatinat,  36  v°. 

Louis  XII,  roi  de  France,  57. 

Louis  de  Bavière,  empereur,  20  v°,  30. 

Louis  de  Berquin,  martyr  à  Paris,  VIII,  70  v°-71  v°. 

Louis  Ier  de  Bourbon,  prince  de  Condé,  559,  580  v°, 

594  v°,  598,  619,  621-622,  628,  650. 
Louis  Clyfford,  chevalier  anglais,  2,  4. 
Louis  Coquemant,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Louis  Corbeil,  réformé,  254  v°. 
Louis  Courtet,  martyr  à  Annecy,  92. 
Louis  Gayan,  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  481  v°, 

526,  528. 

Louis,  Lodovik,  Haetzer,  Hetzer,  anabaptiste,  83,  84. 
Louis  van  Heylweghen,  Helwegh,  président  du  Conseil 

des  Flandres,  288  v°. 
Louis  de  Lorraine,  cardinal  de  Guise,  archevêque  de 

Sens,  519,  580  v°,  597  v». 
Louis  de  Lorraine,  comte  de  Vaudémont,  578  v°. 
Louis  de  Marsac,  et  son  cousin,  martyrs  à  Lyon,  244  v°, 

248,  249  v",  251,  252,  252  v°,  254  v»,  258-264. 
Louis  des  Masures,  Des-Masures,  Maître  Louys,  ministre, 

387,  578-579. 

Louis  de  la  Motte,  maître  des  requêtes  du  duc  de  Lorraine, 
578  v°. 

Louis  Ortega,  capitaine,  538. 

Louis  Piquery,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Louis  del  Rio,  membre  du  Conseil  des  Troubles,  701  v°. 
Louis  de  Roxas,  condamné  à  Valladollid,  538. 
Louis  de  Vaine,  beau-frère  de  Jean  de  Maynier,  130  v°, 
131. 

Louis-Adhémar  de  Monteil,  seigneur  de  Grignan,  gou- 
verneur de  Provence,  126,  126  v°,  129,  131. 
Louise,  régente  de  France,  71. 

Lourmarin,  Lormarin,  France,  Vaucluse,  119  v°,  130. 

Louvain,  Belgique,  Brabant,  58  v»,  59,  60,  85  v°,  95-98, 
101  v»,  102  v»,  132  v°,  133,  377  v°,  385  v»,  459  v°,  460, 
510,  511,  614,  636.  —  Saint-Martin,  459  v°  ;  —  Saint- 
Pierre,  96  v°.  —  Martyrs  :  Catherine  Metsys,  An- 
toinette van  Roesmals,  Jean  Schats,  Jean  Vicart, 
N.,  épouse  d'un  apothicaire. 

Louvemont,  France,  Haute-Marne,  594. 

Louys,  voir  Louis. 

Louys,  Maître,  voir  Louis  des  Masures. 
Loumas,  voir  Lomas. 
Loys,  voir  Louis. 
Loyse,  voir  Louise. 
Lubec,  voir  Lubeck. 

Lubeck,  Lubec,  Allemagne,  Schleswig-Holstein,  287,  287  v°. 
Lubusz,  Libuss,  Pologne,  17  v°,  21  v°.  —  Évêque  :  Jean 

de  Borschnitz. 
Luc,  saint,  passim. 

Luc-en-Provence,  France,  Var,  490  v°. 

Lucianus,  voir  Lucien. 

Lucien,  Lucianus,  écrivain  grec,  668  v°. 

Lucot,  Girard,  habitant  de  Wassy,  592  v°. 

Luna,  Pierre  de,  de  la  Lune,  voir  Benoît  XIII. 

Lunéville,  France,  Meurthe-et-Moselle,  627-628  v°. 

Luns,  Philippe  de,  dame  du  Graveron,  martvre  à  Paris, 

482,  483-484. 
Luns,  France,  Périgord,  483. 
Luserna,  voir  Luserna-San-Giovanni. 

Luserna-San-Giovanni,  Luserna,  Luserne,  Sainct  Jean  de 
Luserne,  Italie,  Turin,  87  v°,  440,  440  v°,  457  v°,  458, 
466,  573  v°-575. 

Luserne,  voir  Luserna-San-Giovanni. 

Lusmicius,  voir  Luznice. 

Luther,  Martin,  VII  v»,  42,  56-60  v»,  62  v°,  68  v°,  70, 

70  v°,  77,  85  v°,  97,  98,  121  v»,  132,  337,  345,  349  v°, 
415  v°,  419,  461  v°,  528  v°-529,  555  v°,  560  v°,  632, 
635,  643  v°,  668,  706  v°. 
Lutomislen,  voir  Litomysl. 

Luttervorth,  Angleterre,  Leicestershire,  1  v°,  3. 

Luxembourg,  province  des  anciens  Pays-Bas,  701  v°. 

Luzerne,  voir  Luserna-San-Giovanni. 

Luznice,  Lusmicius,  Tchécoslovaquie,  fleuve,  42  v°. 

Lychfild,  voir  Lichfield. 

Lycofeld,  voir  Lichfield. 

Lynne,  voir  Kings-Lynn. 

Lymoges,  voir  Limoges. 

Lymosin,  voir  Limousin. 

Lyon,  France,  Rhône,  VIII  V,  78,  114  v°,  174,  182-184, 
187  v°,  197-239  v°,  240  v°,  242  v°,  243,  252-264,  277  v°- 
287,  335,  388-395,  435  v°,  438,  466  v",  479,  523  v°, 
530  v°,  580  v°,  581,  584  v°,  586  v°.  —  Archevêque  : 
François  de  Tournon.  —  Martyrs  :  Martial  Alba, 
Pierre  Escrivain,  Charles  Favre,  Pierre  Navihères, 


36 


Bernard  Seguin,  dits  les  Cinq  Écoliers  de  Lausanne  ; 
Pierre  Bergier,  Claude  de  la  Canesière,  Richard  le  Fè- 
vre,  Claude  de  Monier,  Matthieu  Dymonet,  Étienne 
Gravot,  Louis  de  Marsac,  N.,  cousin  de  Louis  de 
Marsac,  Étienne  Peloquin,  exécuté  à  Villefranche-sur- 
Saône,  Bernard  Seguin. 

Lyon  à  Coyxe,  voir  Léon  Cawch. 

Lyonnais,  Lyonnois,  France,  114  v°,  178. 


Lyonnois,  voir  Lyonnais. 
Lyra,  voir  Lyre. 

Lyre,  Lyra,  Nicolas  de,  franciscain,  337  v°. 

Lysse,  monsieur,  voir  John  Dudley,  comte  de  Warwick. 

Lyster,  Christophe,  martyr  à  Colchester,  437  v°. 

Lystres,  Asie  Mineure,  392  v°. 

Lytchfeld,  voir  Lichfield. 


M 


Macchabée,  voir  Jean  Macchabée  Scotus. 
Macchabée,  Machabeus,  Judas,  personnage  biblique,  281, 
534. 

Macchabées,  personnages  bibliques,  267  v°,  317,  318  v°, 
690  v». 

Machabeus,  voir  Macchabée. 
Macé  Moreau,  martyr  à  Troyes,  181  v°-182. 
Macé  Rougebec,  de  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Mace,  Mase,  Jean,  martyr  à  Colchester,  437  v°. 
Macédoine,  Grèce,  391. 

Macédonius,  patriarche  de  Constantinople,  496. 
Mâcon,  Mascon,   France,   Saône-et-Loire,  VIII  v°,  85, 

178  v°,  239.  —  Évêque  :  Pierre  du  Chastel.  —  Martyr  : 

Jean  Cornon. 
Maçonnais,  Masconnois,  France,  VIII,  78. 
Madoc,  Jean  de,  ministre,  martyr  en  Lorraine,  IX  v°,  580, 

626  v°-629. 

Magdebourg,  Allemagne,  Saxe,  48  v°,  57  v°.  —  Archevê- 
que :  Albert  de  Brandebourg. 

Magdeleine,  Didier  La,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Magistri,  voir  Lemaître. 

Magne,  Antoine,  martyr  à  Paris,  269. 

Maguelonne,  France,  Hérault,  43  v°.  —  Évêque  :  Pierre 
Adémar. 

Mahomet,  334,  349  v°. 

Mahieu,  Jean,  martyr  à  Valenciennes,  695,  696. 
Maidstone,  Maydeston,  Angleterre,  Kent,  47,  72,  340.  — 

Martyrs:  Guillaume  Ming,  mort  en  prison,  Thomas 

Hytten. 

Maietto,  Laurent,  seigneur  italien,  550. 

Maillart,  Claude,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Maillard,  Nicolas,  docteur  en  Sorbonne,  163,  169  v°, 

170,  170  v°,  185,  185  v°,  482-483,  490,  494  v»,  496  v°, 

497-498  v°,  521. 
Maillart,  Nicolas,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Maillot,  Malliot,  conseiller  à  Sens,  597  v°. 
Maillote,  Jacquemin,  suspect,  579-579  v°. 
Maine,  Meine,  France,  VIII  v°,  239,  621  v». 
Mainerd,  Jean,  mort  en  prison  à  Londres,  472  v°. 
Maieur,  voir  Major. 

Maioris,  personnage  non  identifié,  346  v°. 
Mair,  John,  voir  Major,  Jean. 
Majeur,  voir  Major. 

Major,   Maieur,   Mair,   Majeur,  Jean,   Johannes,  John, 

historien  écossais,  15,  15  v°,  89. 
Malachie,  prophète,  429  v°,  587  v°. 
Malanotte,  Jean,  délégué  des  Vaudois,  576. 
Maldon,    Maulden,    Angleterre,    Essex,    316    v°  317.  — 

Martyr  :  Étienne  Knight. 
Malemort-du-Comtat,  France,  Vaucluse,  120  v°. 
Malines,  Belgique,  Anvers,  VIII  v»,  385-387,  696,  701.  — 

Martyrs  :  François,  Jean  et  Nicolas  Thijs  ou  Matthijs, 

Diessen. 

Maligny,  Jean  de  Ferrières,  seigneur  de,  conjuré  d'Am- 

boise,  557-559  v». 
Malliot,  voir  Maillot. 
Malo,  voir  Jean  de  Berghes. 

Malvenda,  Pierre,  prêtre   espagnol,  152-154  v°,  158. 
Malveren,  Dalveren,  juge  ecclésiastique,  12-13  v°. 
Man,  Meinhard,  abbé  d'Egmond,  60  v°. 
Manassé,  personnage  biblique,  278  v°. 
Manasses,  personnage  biblique,  138. 
Mancestre,  voir  Manchester. 

Manchester,  Mancestre,  Angleterre,  Lancashire,  318  v°, 
329  v°,  330  v°,  339.  —  Prévôt  :  Étienne  Bech. 

Mandreville,  Jean  du  Bosc,  seigneur  de,  martyr  à  Rouen, 
621. 


Maneillan,  lieu  non  identifié,  Italie,  Turin,  575  v°. 
Manentrie,  voir  Manningtree. 
Manès,  Manichée,  571,  588. 

Mangin,  Étienne,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Mangin,  Marion,  suspecte,  relaxée,  à  Meaux,  161  v°- 
163  v». 

Mangin,  Perrette,  suspecte,  relaxée,  à  Meaux,  161  v°- 
163  v°. 

Mangin,  Pharon,  ministre  à  Orléans,  164. 
Manichée,  voir  Manès. 
Maningtree,  voir  Manningtree. 

Manningtree,  Manentrie,  Maningtree,  Angleterre,  Essex, 

329.  —  Martyr  :  Thomas  Osmond. 
Manoasco,  voir  Manosque. 
Manosque,  France,  Basses- Alpes,  123. 
Mansart,  Guillaume  de  Maulde,  seigneur  de,  lieutenant 

du  bailli  de  Tournai,  595-596  v°,  602-605,  607  v",  608  v°, 

609,  611,  612,  615. 
Mantuan,  Baptiste,  écrivain,  49. 

Marbeck,  Marbek,  Jean,  condamné  puis  gracié  à  Windsor, 

106,  106  v°. 
Marbek,  voir  Marbeck. 

Marbourg,  Marpurg,  Allemagne,  Hesse,  72. 

Marc,  saint,  passim. 

Marc-Antoine,  voir  Etienne  Gardiner. 

Marc  Champy,  lieutenant  criminel  de  Troyes,  181  v°. 

Marc  de  Hradec,  recteur  de  l'Université  de  Prague,  18  v°. 

Marc  de  Lannoy,  Lanoy,  martyr  à  Anvers,  704  v°-706. 

Marc  Usegli,  suspect,  546,  547  v»,  549,  552-553. 

Marc-Antonin,  voir  Marc-Aurèle. 

Marc-Aurèle,  Marc-Antonin,  empereur  romain,  VI  v°. 
Marcele,  voir  Massello. 

Marc  Furius  Camille,  héros  romain,  42  v°. 
Marche,  Évrard  de  la,  voir  Marck,  Érard  de  la. 
Marchenoir,  France,  Loir-et-Cher,  432  v°-433  v°. 
Marcion,  philosophe  et  théologien,  380  v°,  462  v°,  468  v°, 

495  v»,  508,  571,  686  v". 
Marck,  Érard  de  la,  Marche,  Évrard  de  la,  prince-évêque 

de  Liège,  617. 
Marck,  Henri-Robert  de  la,  duc  de  Bouillon,  693,  693  v°. 
Mareschal,  Simon,  martyr  à  Langres,  170  v°-171. 
Mareschal,  voir  Smith. 

Marguerite,  mère  du  roi  Henri  VII,  191  v°-192. 
Marguerite,  Lange  Margriet,  marchande  à  Anvers,  635  v°- 

636  v°,  638  v°,  641,  644. 
Marguerite,  épouse  d'Étienne  Mangin,  condamnée  à 

Meaux,  161  v°-163  v°. 
Marguerite,  épouse  de  Guillaume  Thrace,  73. 
Marguerite,  veuve  de  Jean  Volant,  suspecte,  relaxée,  à 

Meaux,  161  v°-163  v». 
Marguerite,  princesse  de  France,  duchesse  de  Savoie, 

519,  521  v°. 

Marguerite,  épouse  de  Girard  Lucot,  martyre  à  Wassy, 
592  v°. 

Marguerite,  messagère  de  Pierre  Brully,  135. 
Marguerite,  épouse  de  Jean  de  Laistre,  suspecte,  relaxée, 

à  Meaux,  161  v°-163  V. 
Marguerite  d'Angoulème,  reine  de  Navarre,  79. 
Marguerite  d'Autriche,  gouvernante  des  Pays-Bas,  700- 

702  v°. 

Marguerite  Boulard,  martyre  à  Douai,  97  v°-98,  106. 
Marguerite  de  Parme,  gouvernante  des  Pays-Bas,  666, 

669,  672  v°,  674,  693  v°,  695  v°. 
Marguerite  Rossignol,  épouse  de  Jean  Ricourt,  suspecte, 

relaxée,  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Marguerite  Le  Riche,  dite  Dame  de  la  Caille,  martyre 

à  Paris,  522  v°-523,  524. 


37 


Marguerite  de  Valois,  fille  de  Henri  II,  580  v°. 

Marie,  sainte,  9,  45  v°,  59,  70  v°,  108,  110  v»,  114,  211, 
222  v°-223  v°,  227,  240,  240  v»,  253,  270,  273  v»,  275, 
278,  279  v°,  280  v°,  307  v°,  319  v°-320  v°,  326  v°,  327  v°, 
336,  359,  361  v°-363  v°,  381  v»,  383  v°,  386,  388,  388  v°, 
408  v»,  409,  411,  413  v",  414,  432  v°,  435  v°,  439,  442, 
456  v»,  462,  468  v°,  469  v»,  470,  470  v°,  472,  483,  484  v°, 
485,  487,  489  v»,  490,  495,  498  v°,  499,  548,  560  v», 
583  v°,  585,  588,  617  v°,  631  v°,  661,  674,  691  v°. 

Marie,  réformée  de  Tournai,  réfugiée  en  Angleterre,  704  v°. 

Marie,  épouse  de  Paul  Millet,  656. 

Marie,  Madame,  amie  de  Jean-Louis  Pascal,  550  v°. 

Marie  Becaudelle,  dite  Gaborite,  martvre  aux  Essarts, 
82  v°. 

Marie  de  Boborches,  martyre  à  Séville,  542-542  v°. 
Marie  Cornel,  Cornelia,  martyre  à  Séville,  542-542  v°. 
Marie  de  Hongrie,  gouvernante  des  Pays-Bas,  98  v°. 
Marie  de  le  Pierre,  épouse  de  Jacques  de  le  Tombe, 

appelée  Marion,  martyre  à  Tournai,  151. 

Marie  de  Rojas,  condamnée  à  Valladolid,  538  v°. 

Marie  Stuart,  reine  d'Ecosse,  557  v°,  591,  591  v". 

Marie  Tudor,  reine  d'Angleterre,  VIII  v»,  IX,  88  v°, 
192,  193  v»,  264-265,  287,  299,  294  V,  295  v»,  296  v°, 
297,  298  v°,  299,  300,  301,  302  v»,  303  v»,  304,  305, 
306  v»,  308,  309,  309  v»,  310,  312  v»,  313  v",  314-315, 
319,  321-322,  323  v»,  327,  328,  330  v°-333  v»,  336  v°, 
339,  361,  363  v»,  364  v»,  365,  376,  382,  382  v»,  395  v°- 
404  v»,  406  v°,  408,  417-421,  423  v»,  424  v»,  431  v»,  437, 
437  v»,  441  v°,  449,  472  v°,  543  v»,  700  v». 

Marie  de  Viroes,  martyre  à  Séville,  542-542  v°. 

Marie,  Marin,  martyr  à  Paris,  522. 

Mariette  Oguier,  fille  de  Robert  Oguier,  425  v°,  427  v°, 

428. 

Marin  Marie,  martyr  à  Paris,  522. 
Marina  de  Saavedra,  condamnée  à  Valladolid,  538. 
Marion,  martyre  à  Tournai,  voir  Marie  de  le  Pierre. 
Marion    Fournier,    épouse    d'Augustin  Dumarchiet, 

martyre  à  Mons,  167  v°-177  v°. 
Marion  Mangin,  suspecte,  relaxée,  à  Meaux,  161  v°- 

163  v°. 
Marksem,  voir  Merksem. 

Marlar,  Jean,  martyr  à  Douai,  97  v°-98,  106. 
Marlorat,  Augustin,  ministre,  martvr  à  Rouen,  534  v°, 
621-622. 

Marmier,  Mermier,  Etienne,  ministre,  707  v°. 
Marot,  Clément,  poète  français,  107,  435  v°,  437. 
Maroul,  Étienne  le,  voir  Marron,  Eustache. 
Marpurg,  voir  Marbourg. 
Marquet,  suspect,  550  v°,  554  v°. 
Marquina,  Espagnol,  153,  153  v°. 

Marron,  Eustache,  Maroul,  Étienne  le,  martyr  à  Avignon, 
130  v°. 

Marsac,  Louis  de,  et  son  cousin  martyrs  à  Lyon,  244  v°, 
248,  249  v",  251,  252,  252  v°,  254  v»,  258-264. 

Marseille,  France,  Bouches-du-Rhône,  IX,  126  v°,  129- 
130  v°,  355  v°,  470,  620.  —  Martyrs  :  Joseph  Garin, 
Georges  Olivari,  Honorât  Pastouret,  Léonard  Ro- 
millet,  Antoine  Vaze,  Jean  de  Vega. 

Marsh,  Marché,  Georges,  prêtre,  martvr  à  Chester, 
317  v°-319. 

Marsile  de  Padoue,  théologien,  1  v°. 

Marsile  Ficin,  humaniste,  55  v°. 

Marthe,   épouse  du   libraire   Pomery,   condamnée  par 

contumace,  115,  115  v°. 
Martial,  pénitencier  de  Paris,  68  v°. 
Martial  Alba,  martyr  à  Lyon,  VIII  v°,  197-236. 
Martial  Navihères,  oncle  de  Pierre,  222,  224  v°,  225, 

225  v°. 
Martin,  saint,  500  v°. 
Martin  V,  pape,  368  v°. 

Martin  Bayart,  martyr  à  Lille,  664  v°-665  v°. 
Martin  de  la  Borne,  juge,  320  v°. 

Martin  Bucer,  réformateur,  115,  134  v°,  152,  153  v°,  154, 
156  v°,  157,  191  v°,  307,  322  v°,  329  v°,  488. 

Martin  Comelin,  réformé  de  Douai,  97  v°. 

Martin  Frecht,  Frechtius,  théologien,  156  v°,  157. 

Martin  Gonin,  ministre,  martyr  à  Grenoble,  87  v°-88  v°, 
114  v». 

Martin  Huerblocq,  Hœurbloc,  martyr  à  Gand,  149-149  v°. 
Martin  Hunt,  mort  en  prison  à  Londres,  437  v°. 
Martin  Luther,  réformateur,  VII  v°,  42,  56-60  v°,  62  v°, 

68  v°,  70,  70  v°,  77,  85  v°,  97,  98,  121  v»,  132,  337,  345, 

349  v°,  415  v°,  419,  461  v°,  528  v°-529,  555  v»,  560  v°, 

632,  635,  643  v»,  668,  706  v°. 
Martin  Maynard,  syndic  de  Mérindol,  condamné  par 

contumace,  115,  121,  123. 
Martin  Micron,  ministre,  287,  287  v°,  289,  509  v»,  560  v». 
Martin  Oguier,  Aughier,  Oguyer,   Waughier,  martyr  à 

Lille,  425. 

Martin  Rithove,  Rithovius,  évêque  d'Ypres,  600. 


Martin  Rousseau,  martyr  à  Paris,  523  v°-524. 
Martin  Tachard,   ministre,  martvr  à  Toulouse,  IX  v°, 
698  v°-700. 

Martin  Vian,  et  son  épouse,  condamnés  par  contumace, 
115,  115  V. 

Martin,  Georges,  seigneur  de  Champoléon,  87  v°. 
Martin  P.,  juge,  320  V. 

Martin,  Thomas,  commissaire  de  Marie  Tudor,  302  v°, 

321  v». 
Martine,  voir  Martinne. 

Martine,  épouse  de  Pierre  Le  Clerc,  condamnée  à  Meaux, 

161  v°-163  v°. 
Martinne,  Martine,  procureur  du  roi  à  Paris,  475. 
Martyr,  voir  Vermigli. 

Mascall,  ou  Maschal,  Robert,  évêque  de  Hereford,  44  v°. 
Mascon,  voir  Mâcon. 
Masconnois,  voir  Maçonnais. 
Mase,  voir  Mace. 

Massello,  Morcelé,  Italie,  Turin,  575  v°. 

Masson,  Michel  le,  procureur  du  roi,  412. 

Masson  Pierre,  ministre,  martyr  à  Dijon,  114  v°,  115. 

Massot,  Thomas,  notaire,  618. 

Massyot,  Jacques,  conseiller  à  Bordeaux,  319  v°. 
Masures,  Des  Masures,  Louis  des,  Maître  Louvs,  ministre, 
387,  578-579. 

Matefîon,  Matheflou,  Jean,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Matheflon,  voir  Matefîon. 

Mathias,  Matthis,  Remy,  diacre  à  Lille,  suspect,  656. 
Mathieu,  voir  Matthieu. 

Mathurin,  Matthieu,  Ory,  Horry,  Orri,  Orry,  inquisiteur 

général,  253,  253  v»,  255  v°,  272  v°-273  v»,  411  v°. 
Mathurin,  époux  de  Jeanne,  martyr  à  Carignan,  573  v°. 
Matthew,  voir  Matthieu. 
Matthieu,   saint,  passim. 
Matthieu  Budé,  réformé,  151  v°. 

Matthieu  Dymonet,  dit  Des  trois  frères,  martyr  à  Lvon, 

182  v»,  216  v°-218,  235,  236  v°,  252-258. 
Matthieu  Hager,  martyr  à  Berlin,  54  v°. 
Matthieu  de  le  Haye,  martyr  à  Valenciennes,  696. 
Matthieu  Horry,  Orri,  voir  Mathurin  Ory. 
Matthieu,  Mattheiv,  Parker,  archevêque  de  Canterburv, 

560  v°,  561,  700  v". 
Matthieu  Ricarby,  Ryccarbie,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Matthieu  Vermeil,  martyr  à  Fort-Coligny,   au  Brésil, 

460  v°-465  v°. 
Matthieu  Wythers,  Wethers,  mort  en  prison  à  Londres, 

472  v°. 

Matthieu,  Odet  de,  conseiller  de  la  Cour  de  Bordeaux, 
436. 

Matthijs,  voir  Thijs. 

Matthinette  du  Buisset,  épouse  de  Hector  Remy,  martyre 

à  Douai,  106. 
Matthis,  voir  Mathias  Remy. 
Maucervel,  sergent,  627  v°. 

Maulde,  Guillaume  de,  seigneur  de  Mansart,  lieutenant 
du  bailli  de  Tournai,  595-596  v»,  602-605,  607  v°,  608  v°, 
609,  611,  612,  615. 

Maulden,  voir  Maldon. 

Maundrel,  Maundrelle,  Jean,  martyr  à  Salisbury,  437  v°. 
Maundrelle,  voir  Maundrel. 

Mauny,  François  de,  archevêque  de  Bordeaux,  437. 
Maupair,  Pascal,  évêque  auxiliaire  d'Arras,  89  v°. 
Maurel,  Georges,  ministre,  114  v°. 

Maurice,  Maurizi,  Blanc,  martyr  à  Mérindol,  127-130. 
Maurice  Secenat,  martyr  à  Nîmes,  184  v°,  185. 
Maurice,  Georges,  bourgeois  d'Orchies,  97  v°. 
Maurizi,  voir  Maurice. 

Mauvans,  Mouvons,  dépendance  de  Vence,  France,  Alpes- 
Maritimes.  —  Mauvans,  seigneurs  de,  voir  Antoine  de 
Richieud,  Paul  de  Richieud. 

Maxence,  empereur  romain,  VI  v°. 

Maximien,  Maximin,  empereur  romain,  VI  V°. 

Maximiliam,  voir  Maximilien. 

Maximilien  Ier,  empereur  d'Allemagne,  57,  58. 

Maximilien  II,  empereur  d'Allemagne,  696  v°. 

Maximilien  de  Berghes,  archevêque  de  Cambrai,  696  v°. 

Maximilien  de  Blois,  dit  Cock,  martyr  à  Bruxelles,  701  v°. 

May,  Guillaume,  archevêque  d'York,  92  v°-93. 

Maydeston,  voir  Maidstone. 

Mayence,  Allemagne,  Rhénanie-Palatinat,  191  v°. 
Mayfield,  Mesfield,  Angleterre,  Sussex,  437  v°.  —  Martyrs  : 

Jean  Hart,  Nicolas  Holden  (?),  N.,  cordonnier,  N., 

corroyeur,  Thomas  Ravensdale. 
Maynard,  André,   bailli   de   Mérindol,   condamné  par 

contumace,  115,  115  v°,  121,  123-125  v°. 
Maynard,  François,  condamné  par  contumace,  115. 
S  aynard,  Jacques,  condamné  par  contumace,  115,  115  v°. 
Maynard,  Martin,  syndic  de  Mérindol,  condamné  par 

contumace,  115,  121,  123. 


33 


Maynard,  Michel,  condamné  par  contumace,  115  v°. 
Maynard,  Michelin,  syndic  de  Mérindol,  condamné  par 

contumace,  124  v°. 
Maynard,  Philippon,  condamné  par  contumace,  115, 

115  v°. 

Maynier,  Menier,  Mesnier,  Guillaume,  père  de  Jean, 
conseiller  au  Parlement  de  Provence,  126. 

Maynier,  Menier,  Mesmer,  Jean  de,  dit  le  Juif,  baron 
d'Oppède,  président  du  Parlement  de  Provence,  126- 
131  v»,  175-176  V,  470,  470  v°,  473. 

Mazères,  capitaine,  conjuré  d'Amboise,  557  v°. 

Meana  di  Suza,  Meane,  Meaune,  Italie,  Turin,  573  v°-576. 

Meane,  voir  Meana  di  Suza. 

Meaune,  voir  Meana  di  Suza. 

Mcaux,  France,  Seine-et-Marne,  VII  v°,  VIII,  61,  68  v°, 
70-70  v»,  82,  160  v°-163  v°,  170  v°,  173  v°-174,  516  v°.  — 
Évêque  :  Guillaume  Briçonnet.  —  Martyrs  :  Jean 
Baudouin,  Jacques  Bouchebec,  Jean  Brissebarre, 
Michel  Caillon,  François  Le  Clerc,  Pierre  Le  Clerc, 
Jean  Flesche,  Thomas  Honnoré,  Henri  Hutinot, 
Étienne  Mangin,  Jean  Matenon,  N.,  N.,  N.,  N.,  Phi- 
lippe Petit,  Jean  Piquery,  Pierre  Piquery,  Denis  de 
Rieux. 

Meaux  en  Brie,  voir  Meaux. 

Mécrin,  Mescrignes,  France,  Meuse,  151  v°. 

Médicis,  Catherine  de,  reine  de  France,  178,  178  v°, 

580-581  v°,  585-588,  598,  598  V,  619. 
Mediomatrices,  voir  Metz. 
Meinhard  Man,  abbé  d'Egmond,  60  v°. 
Mekins,  Mekyns,  Richard,  martyr  à  Londres,  102-102  v°. 
Mekyns,  voir  Mekins. 

Mélanchton,  Philippe,  réformateur,  58,  132,  486  v°,  508. 

Melchior,  franciscain,  618  v°. 

Melchior  Cano,  dominicain,  537  v°. 

Melchior  Hoffman,  anabaptiste,  85. 

Melchior  Rink,  Rinc,  anabaptiste,  83. 

Melchisédec,  voir  Melchisédech. 

Melchisédech,  Melchisédec,  personnage  biblique,  79  v°, 
109,  214  v",  282  v»,  345  v°,  414  v°,  438,  582  v°,  637,  684, 
685,  686,  687  v°. 

Meldorf,  voir  Meldorff. 

Meldorff,  Meldorf,  Allemagne,  Schleswig-Holstein,  VII  v°, 

61  v°-62.  —  Martyr  :  Henri  Supphen. 
Melier,  juge,  206. 
Mellety,  Antoine,  religieux,  435  v°. 
Melun,  France,  Seine-et-Marne,  619. 
Mencia  de  Figueroa,  condamnée  à  Valladolid,  538. 
Mende,  France,  Lozère,  185  v°. 
Menier,  voir  Maynier. 

Menig,  Menius,  Moenius,  Juste,  ministre,  58. 
Menin,  Belgique,  Flandre  Occidentale,  672  v°. 
Ménissier,  Nicolas,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Menius,  voir  Menig. 
Menno  Simons,  anabaptiste,  85. 

Menthon-Saint-Bernard,  Menton,  France,  Haute-Savoie, 
78  v°. 

Menton,  voir  Menthon-Saint-Bernard. 

Meran,  Jean,  juge  ordinaire  d'Aix-en-Provence,  115  v°, 

129  v°-131. 
Mérê,  voir  Poltrot  de  Méré. 

Mérindol,  France,  Vaucluse,  VIII  v°,  114  v°-131,  174  v°- 
176  v»,  470,  473,  509,  539,  540,  551  v".  —  Martyrs  : 
Maurice  Blanc,  N.,  jeune  paysan.  —  Habitants  de 
Mérindol  envoyés  aux  galères. 

Merksem,  Marksem,  Belgique,  Anvers,  577-577  v°. 

Merle,  voir  Merula. 

Mermier,  voir  Marmier. 

Meronne,  localité  non  identifiée,  Italie,  Turin,  573  v°. 
Merula,  le  Merle,  van  Merle,  Ange,  dit  Angel  Emphlitius, 

curé  de  Heenvliet,  martyr  à  Mons,  459-460. 
Mescrignes,  voir  Mécrin. 
Mesfield,  voir  Mayfield. 
Mesmer,  voir  Maynier. 

Mesnil,  Baptiste  du,  avocat  du  roi  à  Paris,  481  v°,  526, 
528. 

Mésopotamie,  479. 
Messine,  France,  Nord,  569. 

Mestayer,  François,  marchand  à  Bordeaux,  436  v°. 
Mets,  voir  Metz. 

Metsys,  Catherine,  martyre  à  Louvain,  95-98. 

Metz,  Mediomatrices,  Mets,  France,  Moselle,  VIII,  61, 
62-63  v°,  140-148  v»,  578-579  v»,  627,  703  v".  — 
Martyrs  :  Adam,  Jean  Le  Clerc,  N.,  N.,  N.,  un  homme 
et  deux  femmes. 

Meurchin,  France,  Pas-de-Calais,  665  v°. 

Mexico,  Mexique,  Mexique,  543  v°. 

Mexique,  voir  Mexico. 

Meyns,  Guillaume,  Willhelme,  561. 

Michaut,  Guillaume,  martyr  à  Langres,  170  v°,  171. 

Michée,  prophète,  111  v°,  218  v°,  655  v°. 


Michel,  prisonnier  à  Lyon,  247  v°,  248  v°. 

Michel,  dit  Miquelot,  voir  Michel  Destoubequin. 

Michel  d'Arande,  ministre,  68  v°. 

Michel  Caillon,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 

Michel  de  Causis,  curé  à  Prague,  16  v°,  17,  19  v°,  24, 

27  v»,  33  v»,  34,  37  v°. 
Michel,  Miquelot,  Destoubequin,  martyr  à  Tournai,  171. 
Michel  Herlin,  martyr  à  Valenciennes,  673,  692  v°-696. 
Michel  Herlin,  fils  du  précédent,  martyr  à  Valenciennes, 

673,  692  v°-696. 
Michel  Herpfer,  158  v». 

Michel  de  l'Hôpital,  chancelier  de  France,  576,  580  v°- 
581,  593. 

Michel  Le  Fèvre,  martyr  à  Valenciennes,  184  v°. 
Michel  Le  Masson,  procureur  du  roi,  412. 
Michel  Maynard,  condamné  par  contumace,  115  v°. 
Michel  du  Mont,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Michel  Raymondet,  délégué  de  Tagliaret,  576. 
Michel  Robiliart,  martyr  à  Tournai,  629-633. 
Michel  Servet,  exécuté  à  Genève,  343  v°,  622  v°. 
Michel  Trunchfield,  martyr  à  Ipswich,  423  v°. 
Michel,  André,  martyr  à  Tournai,  594  v°-596  v°,  610. 
Michel,  Antoine,  de  Chorges,  122  v°. 
Michèle  de  Caignoncle,  martyre  à  Valenciennes,  184  v°. 
Michelin  Maynard,  syndic  de  Mérindol,  124  v°. 
Micron,  Micronius,  Martin,  ministre,  287,  287  v°,  289, 

509  v°,  560  v°. 
Micronius,  voir  Micron. 

Middlemore,  Mydelmoy,  Humphrey,  chartreux,  exécuté 

à  Londres,  77  v°. 
Middleton,  Humphrey,  Midelton,  Hutifroy,  martyr  à  Can- 

terbury,  192,  358-360  v°. 
Midelton,  Hunfroy,  voir  Middleton,  Humphrey. 
Milan,  Italie,  Lombardie,   55  v°,  57,  291  v°,  292,  335, 

543  v°,  697  v°. 
Miles  Coverdale,  Milo  Coverdal,  évêque  d'Exeter,  293  v°. 
Miles  Huggard,  Milo  Hogard,  tailleur,  328. 
Milève,  concile  de,  366  v°. 
Milevitain,  concile,  voir  Milève,  concile  de. 
Milles,  Jean,  prévôt  de  Wisson  (peut-être  Winston),  424. 
Milles,  Robert,  martyr  à  Brentford,  472  v°. 
Milles,  Mylles,  Thomas,  martyr  à  Lewes,  437  v°. 
Millet,  Paul,  dit  Chevalier,  ministre,  martvr  à  Lille,  IX  v°, 

655  v°-658. 

Millet,  Pierre,  martyr  à  Paris,  524-524  v°. 
Milo  Coverdal,  voir  Miles  Coverdale. 
Milo  Hogard,  voir  Miles  Huggard. 

Milon,  Barthélémy,  Berthelot,  martyr  à  Paris,  81-81  v°. 
Minard,  Antoine,  président  du  Parlement  de  Paris,  494  v°, 
535. 

Ming,  Minge,  Guillaume,  mort  en  prison  à  Maidstone, 
340. 

Minge,  voir  Ming. 

Miquelot,  voir  Michel  Destoubequin. 
Miranda,  comte  de,  537. 
Mirecourt,  France,  Vosges,  578. 
Misac,  voir  Misach. 

Misach,  Misac,  personnage  biblique,  374,  505. 
Misne,  voir  Misnie. 

Misnie,  Misne,  ancienne  province  d'Allemagne,  5  v°. 
Mladonovice,  Mladonyewits,  Pierre  de,  notaire,  18-21  v°, 
37. 

Mladonyevnts,  voir  Mladonovice. 
Moenius,  voir  Menig. 

Moerkerke,  Monikeree,  Belgique,  Flandre  Occidentale, 
460  v°.  —  Martyr  :  Arnould  Diericx. 

Moirans,  Moran,  France,  Isère,  283  v°. 

Moïse,  Moyse,  personnage  biblique,  8,  9  v°,  10-11  v°,  20  v°, 
40,  66,  67  v°,  75,  128  v°,  138,  198  v»,  199  v°,  200  v»,  205, 
210  v°,  221,  226,  233  v°,  245,  250,  271  v»,  272,  281, 
318  v°,  335  v»,  338  v»,  343  v°,  347,  350  v°,  354,  369, 
383  v°,  390  v°,  392,  414  v°,  467  v",  545  v°,  566  v°,  587  v°, 
588,  607,  655  v»,  667,  674  v°,  680,  683,  686,  689  v°. 

Moisi,  Jean  de,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Mombaut,  N.  de,  gentilhomme,  et  son  serviteur,  martyrs 
à  Sens,  597  v». 

Mombelart,  594. 

Monastier,  Georges,  George,  syndic  d'Angrongne,  576. 
Monceaux,  France,  Seine-et-Oise,  619. 
Monflanquin,  France,  Lot-et-Garonne,  440-441  v°. 
Monica,  voir  Monique,  sainte. 

Monier,  Arnaud,  martyr  à  Bordeaux,  434  v°-437. 
Monier,  Claude,  martyr  à  Lyon,  182-184. 
Monikeree,  voir  Moerkerke. 

Moniot,  sergent  royal,  martyr  à  Wassy,  594  v°. 
Moniot,  Jacques  de,  martyr  à  Wassy,  592  v°,  594  v°. 
Moniot,  Jean  de,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Monique,  Monica,  sainte,  674  v°. 
Monroy,  prêtre,  525. 

Mons,  Monts,  Belgique,  Hainaut,  VIII  v°,  176  v°-177  v°, 


39 


277,  306,  308  v°,  395,  459-460,  673,  689,  693.  — 
Martyrs  :  Jean  de  Berghes,  dit  Malo,  Wauldru  Car- 
lier,  Jean  Fasseau,  Marion  Fournier,  Laurent  de 
la  Haute  Rue,  Nicolas  Larchier,  Ange  Merula,  Jean 
Porceau,  Damian  Witcoq. 

Mons,  Pierre  de,  curé,  320  v°. 

Mont,  voir  Mont-sur-Meurthe. 

Mont-sur-Meurthe,  France,  Meurthe-et-Moselle,  628. 
Mont,  Michel  du,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Mont,  Roger  du,  martyr  à  Tournai,  626-626  v°. 
Montaigu,  Jean,  chevalier  anglais,  4. 
Montalzat,  France,  Quercy,  619  v°. 

Montauban,  Montaulban,  France,  Tarn-et-Garonne,  185  v°, 

197,  277,  619  v°,  698  v°-699  v°. 
Montaulban,  voir  Montauban. 
Montbéliard,  France,  Doubs,  173  v°. 
Montdidier,  Mondidier,  France,  Somme,  616  v°,  705  v°. 
Monteil,   Louis-Adhémar  de,   seigneur   de  Grignan, 

gouverneur  de  Provence,  126,  126  v°,  129,  131. 
Montereau,  France,  Loiret,  176. 
Monteza,  seigneur  de,  537. 

Montferrant-en- Auvergne,  voir  Clermont-Ferrand. 
Montgomery,  Gabriel,  seigneur  de  Lorges,  comte  de,  521. 
Monthier,  voir  Montier-en-Der. 
Monthierander,  voir  Montier-en-Der. 

Montier-en-Der,  Monthier,  Monthierander,  France,  Haute- 
Marne,  591  v°,  594. 
Montigny,  seigneur  de,  voir  Montmorency. 
Montiscalle,  N.  de,  466  v°. 
Montluc,  seigneur  de,  699. 
Montmoransi,  voir  Montmorency. 

Montmorency,  Anne  de,  connétable  de  France,  235, 

557  v°,  563,  618  v°,  621  v°,  656. 
Montmorency,  Montmoransi,  Florent  de,   seigneur  de 

Montigny,  gouverneur  du  Tournaisis,  633,  694  v°. 
Montmorency,  François  de,  maréchal  de  France,  557  v°. 
Montmorency,  Philippe  de,  voir  Hornes,  comte  de. 
Montoire,  voir  Montoire-sur-le-Loir. 

Montoire-sur-le-Loir,  Montoire,  Montoire  en  Vendômois, 
France,  Loir-et-Cher,  432  v°,  620  v°. 

Montoire  en  Vendômois,  voir  Montoire-sur-le-Loir. 

Montpellier,  France,  Hérault,  VII  v°,  42  v°-43  v°,  277- 
277  v°.  —  Martyrs  :  Guillaume  Dalençon,  N.,  ton- 
deur, Catherine  Saube. 

Montpensier,  François  de  Bourbon,  duc  de,  prince,  519. 

Monts,  voir  Mons. 

Moran,  voir  Moirans. 

Moravie,  Tchécoslovaquie,  21,  31  v°,  41-42  v°,  84. 
Morayshire,    Monrraye,    Écosse,    195    v°     —   Évêque  : 

Patrice  Hepburn. 
Mordant,  voir  Mordaunt  of  Turvey. 
Mordaunt  of  Turvey,  Mordant,  Jean,  commissaire  de 

Marie  Tudor,  309  v°,  310,  364,  406  v°. 
Mordon,  religieux,  13. 

More,  Morus,  Thomas,  chancelier  d'Angleterre,  VIII, 
72,  72  v°,  74-77  v°,  85  v°,  92  v°,  420. 


Moreau,  Macé,  martyr  à  Troyes,  181  v°,  182. 
Morel,  Maître,  franciscain,  181  v°. 

Morel,  François  de,  ministre  à  Genève  et  à  Paris,  518  v°. 

Morel,  Guillaume,  imprimeur,  502  v°. 

Morel,  Jean,  martyr  à  Paris,  490,  499  v°-509  v°,  514  v°. 

Morel,  Léonard,  ministre  à  Wassy,  591-593  v°. 

Moret,  Jean,  224  v°. 

Morgan,  d'Oxford,  408. 

Morgan,  François,  juge  à  Londres,  300  v°. 

Morgan,  Henri,  évêque  de  Saint-David's,  406  v°. 

Morgan,  Philippe,  Philippes,  docteur,  46. 

Morin,  Jean,  lieutenant  criminel  de  la  prévôté  de  Paris, 

78,  81,  81  v°,  97  v°,  473. 
Morisot,  Denis,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Morisot,  Jean,  suspect,  594. 

Morlay,  Robert  de,  chevalier  anglais,  45  v°,  46  v°,  47. 
Morton,  Jacques,  martyr  à  Lincoln,  102  v°. 
Morton,  Jean,  cardinal  d'York,  92  v°,  93. 
Morus,  voir  More,  Thomas. 

Mossnow,  Czecko  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Morzilio,  moine,  martyr  à  Séville,  542  v°. 
Moselle,  Allemagne,  140. 
Mosnier,  voir  Musnier. 

Mouchy,  Antoine  de,  dit  Démocarès,  Démocharès,  inquisi- 
teur à  Paris,  480  v»,  490,  521,  525  v°. 

Moulbais,  Moulbay,  Jean  de  Chasteler,  seigneur  de, 
lieutenant  du  château  de  Tournai,  602,  605,  608,  612, 
615  v°,  616,  674. 

Moulbay,  voir  Moulbais. 

Mouqueron,  voir  Mouscron. 

Mourraye,  voir  Morayshire. 

Mouscron,  Mouqueron,  Belgique,  Flandre  Occidentale, 
653  v°. 

Moussy,  Nicolas  de,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Moutarde,  Thomas,  martyr  à  Valenciennes,  538  v°. 
Mouvons,  voir  Mauvans. 

Moxena,  Didace  de,  franciscain  espagnol,  17. 
Moyne,  Jean  le,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Moyse,  voir  Moïse. 

Mucius  Scaevola,  héros  romain,  41,  49,  315. 
Muncer,  voir  Miinzer. 

Munich,    Munchen,    Allemagne,    Bavière,    69-69   v°.  — 

Martyr  :  Georges  Carpentier. 
Munster,  Munstre,  Allemagne,  Westphalie,  84  v°,  85. 
Munstre,  voir  Munster. 

Mùnzer,  Muncer,  Thomas,  réformateur,  83,  83  v°,  85. 

Muret,  France,  Haute-Garonne,  276  v°. 

Muret,  M.  de,  juge  ecclésiastique,  320  v°. 

Musnier,  Mosnier,  lieutenant  civil,  483,  499. 

Mussière,  lieu-dit  en  Genevois,  France,  Haute-Savoie,  92. 

Mutel,  Nicolas,  réformé,  390,  393  v°. 

Mutins  Scevola,  voir  Mucius  Scaevola. 

Mutonis,  Jean,  martyr  en  Provence,  626  v°. 

Mydelmoy,  voir  Middlemore. 

Mylles,  voir  Milles. 


N 


N.,  libraire  étranger,  martyr  à  Avignon,  118-118  v°. 

N.,  tisserand,  martyr  à  Bristol,  voir  Edouard  Sharp. 

N.,  gantier  (lire  :  charpentier),  martyr  à  Bristol,  437  v°. 

N.,  serviteur  d'Henri,  martyr  à  Colchester,  106. 

N.,  gentilhomme,  martyr  en  Crête,  55. 

N.,  aveugle,  martyre  à  Derby,  voir  Jeanne  Waste. 

N.,  bégard,  martyr  à  Erfurt,  5. 

N.,  épouse  de  Michel,  martyre  à  Ipswich,  voir  Jeanne 
Trunchfield. 

N.,  serviteur  d'un  marchand,  martyr  à  Leicester,  437  v°. 
N.,  artisan,  martyr  à  Londres,  5  v°. 
N.,  fabricant  de  gibecières,  martyr  à  Londres,  73  v°. 
N.,  prêtre,  martyr  à  Londres,  5  v°. 

N.,  épouse  d'un  apothicaire,  martyre  à  Louvain,  96-96  v°. 

N.,  menuisier,  prisonnier  à  Lyon,  248  v°. 

N.,  cousin  de  Louis  de  Marsac,  martyr  à  Lyon,  258-264. 

N.,  cordonnier,  martyr  à  Mayfield,  437  v°. 

N.,  corroyeur,  martyr  à  Mayfield,  437  v°. 

N.,  tondeur,  martyr  à  Montpellier,  277,  277  v°. 

N.,  martyre  à  Newent  (lire  :  Wootton-under-Edge),  437  v°. 


N.,  cordonnier,  martyr  à  Northampton,  voir  Jean  Kurde. 
N.,  épouse  de  Georges,  martyre  à  Norvvich,  voir  Christiane 

Georges,  seconde  épouse  de  Richard  Georges,  martyre 

à  Colchester. 
N.,  diacre,  martyr  à  Oxford,  5. 
N.,  couturier,  martyr  à  Paris,  178-179. 
N.,  moine,  martyr  à  Prague,  67. 
N.,  archer,  martyr  à  Sens,  598. 
N.,  menuisier,  martyr  à  Sens,  597  v°. 
N.,  serviteur  de  Mombaut,  martyr  à  Sens,  597  v°. 
N.,  martvre  à  Séville,  542. 

N.,  enfant,  martyr  à  La  Tour,  Torre-Pellice  (  ?),  574  v°. 

N.,  serviteur  de  Jean  Jory,  martyr  à  Toulouse,  185  v°-186. 

N.,  ferblantier,  martyr  à  Valladolid,  538. 

N.,  ministre  à  Wassy,  590,  590  v°,  594  v°. 

N.,  crieur  de  vin,  martyr  à  Wassy,  591  v°-592. 

N.,  menuisier,  martyr  à  Wassy,  594  v°. 

N.,  prêtre,  martyr  à  Winchester,  voir  Saxy. 

N.N.,  deux  gentilshommes  moraves,  42. 

N.N.,  trois  (lire  :  quatre)  martyrs  à  Brentford,  voir  Étienne 


40 


Cotton,  Robert  Dynes,  Robert  Milles,  Etienne  Wight. 
N.N.,  trois  martyrs  à  Bury-Saint-Edmunds,  voir  Roger 

Bernard,  Adam  Foster,  Robert  Lawson,  et  non  Jean 

Fortune  et  Thomas  Spurdance,  autres  martyrs  de 

Bury-Saint-Edmunds. 
N.N.,    nombreuses    personnes    massacrées    à  Cabrières 

d'Aiguës,  130  v°. 
N.N.,  trois  (lire  :  cinq)  personnes  mortes  en  prison  à 

Canterbury,  voir  Jean  Archer  et  quatre  autres  déjà 

cités  nommément  :  Dunston  Chittenden,  Jean  Clarke, 

Guillaume  Foster,  Alice  Potkins. 
N.N.,  deux  larrons,  martyrs  à  Chelmsford,  43. 
N.N.,  cinq  personnes  martyres  à  Édimbourg,  voir  Beve- 

rage,  dominicain,  Thomas  Forret,  chanoine,  Robert 

Foster,  gentilhomme,  Jean  Kelow,  dominicain,  Duncan 

Sympson,  prêtre. 
N.N.,  plusieurs  martyrs  à  Limbourg,  dont  une  famille  de 

six  personnes,  703. 
N.N.,  quatre  martyrs  à  Louvain,  voir  Catherine  Metsijs, 

Antoinette  van  Roesmals,  Jean  Schats,  Jean  Vicart. 
N.N.,  un  homme  et  deux  femmes  tués  à  Metz,  142. 
N.N.,  quarante  martyrs  à  Narbonne,  VI  v°,  5. 
N.N.,  nombreux  martyrs  à  Paris,  6. 

N.N.,  nombreuses  personnes  massacrées  à  Pevpin-d'Aigues, 
129  v°. 

N.N.,  compagnons  de  Constantin,  martyrs  à  Rouen,  voir 
Oudard  Bouncer,  Jacques  Challes,  Guillaume  Fon- 
ques. 

N.N.,  boulanger  et  son  épouse,  martyrs  à  Sens,  597  v°. 
N.N.,  épouse  et  fille  d'un  épinglier,  martyres  à  Sens, 
597  v°. 

N.N.,  épouse  et  fille  d'un  médecin,  martyres  à  Sens, 
597  v°. 

N.N.,  plusieurs  personnes  martyres  à  Sens,  597-598  v°. 

N.N.,  trois  personnes,  martyres  à  Troyes,  594  v°. 

N.N.,  deux  hommes,  martyrs  à  Wassy,  592. 

N.  Brischell,  gentilhomme  morave,  42. 

N.  de  Cromassona,  gentilhomme  morave,  42. 

N.  de  N.,  gentilhomme  morave,  42. 

N.  Studenika,  gentilhomme  morave,  42. 

N.,  Henri  de,  gentilhomme  morave,  42. 

N.,  Jossek  de,  gentilhomme  morave,  42. 

N.,  N.  de,  gentilhomme  morave,  42. 

N.,  Wenceslaus  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Nabuchodonosor  II,  roi  de  Babylone,  52  v°,  546  v°,  610  v°. 

Nail,  Nicolas,  martyr  à  Paris,  268  v°. 

Nakli,  Deslaw  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Namiescz,  Parsifal  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Namur,  province  des  anciens  Pays-Bas,  701  v°. 

Namur,  Jean  de,  martyr  à  Liège,  618-618  v°. 

Nanci,  voir  Nancy. 

Nancy,  Nanci,  France,  Meurthe-et-Moselle,  64-67,  578- 

579  v°,  628  v°.  —  Martyr  :  Wolfgang  Schuch. 
Nantes,  France,  Loire  Maritime,  81  v°,  491  v°-492,  557  v°. 

—  Évêque  :  Antoine  de  Créquy. 
Nantouillet,  France,  Seine-et-Marne,  473. 

Naples,  Italie,  Sicile,  48  v°,  55  v°,  155  v°,  365  v°,  544  v°- 

547  v",  553-555. 
Narbonne,  France,  Aude,  VI  v°,  5.  —  Martyrs  :  N.  N., 

quarante  personnes. 
Naso,  voir  Naz. 
Nassau,  voir  Buren. 
Nassau,  voir  Orange. 

Navarre,  559,  563.  Reines  de  :  Jeanne  d'Albret,  580  v°, 
587,  628,  628  v°,  699  ;  Marguerite  d'Angoulème,  79. 

—  Roi  de  :  Antoine  de  Bourbon,  499  v°,  559,  563, 

580  v°,  585  v°,  586  v°,  587,  618  v°-620. 

Navarre,  François  de,  évêque  de  Valence,  537  v°,  538. 

Navarre,  Henri  de  (Henri  IV),  699. 

Navihères,  Martial,  oncle  de  Pierre  Navihères,  222, 

224  v°-225  v°. 
Navihères,  Pierre,  martyr  à  Lyon,  VIII  v°,  197-236. 
Naz,  Naso,  docteur,  21,  27,  27  v°,  37  v°. 
Nazareth,  Palestine,  IV  v°,  602  v°. 
Nazareth,  voir  Nezero. 

Nectaire,  Nectarius,  saint,  patriarche  de  Constantinople, 

221  v°. 
Nectarius,  voir  Nectaire. 

Neel,  Guillaume,  martyr  à  Évreux,  269-274. 
Négrin,  Étienne,  ministre  à  La  Guardia,  emprisonné, 
547  v°. 

Nemours,  France,  Seine-et-Marne,  92,  558-558  v°. 
Nemours,  Jacques  de  Savoie,  duc  de,  558-558  v°. 
Nemours,  Philippe  de  Savoie,  duc  de,  92. 
Nemrod,  personnage  biblique,  373. 
Népotien,  saint,  401. 

Néron,  empereur  romain,  VI  v°,  478  v°. 
Nestorius,  patriarche  de  Constantinople,  506,  678. 
Nèthe,  rivière  de  Belgique,  670. 


Neubourg,  Allemagne,  Bavière,  153  v°,  154  v°,  156  v°- 

158  v°.  —  Martyr  :  Jean  Diaze. 
Neuchastel,  voir  Neuchâtel. 

Neuchâtel,  Neuchastel,  Neuf-Chastel,  Neufchastel,  Suisse, 
Neuchâtel,  78,  79  v°,  89  v°,  144  v°,  239,  351,  451  v°. 
Neuf-Chastel,  voir  Neuchâtel. 
Neufchastel,  voir  Neuchâtel. 

Neuhaus,  Eberhard  de,  archevêque  de  Salzbourg,  37. 
Neuman,  voir  Newman. 

Neuningen,  Anselme  de,  évêque  d'Augsbourg,  16  v°. 
Nevers,  France,  Nièvre,  289  v°-290  v°. 
Nevman,  voir  Newman. 

Newbury,  Nuberie,  Angleterre,  Berkshire,  437  v°.  — 
Martyrs  :  Thomas  Askin,  Jean  Gwin,  Julius  Palmer. 

Newent,  Angleterre,  Gloucestershire,  437  v°.  —  Martyrs, 

voir  Wootton-under-Edge. 
Newdigate,   Nudigat,   Sébastien,   chartreux,   exécuté  à 

Londres,  77  v°. 
Newil,  Guillaume,  chevalier,  4. 

Newman,  Neuman,  Nevman,  Jean,  martyr  à  Saffron- 

Walden,  361-362  v°,  363  v°,  364  v°. 
Nia,  marquis  de,  537. 

Nicaise  de  le  Tombe,  martyr  à  Tournai,  625-625  v°. 
Niccoli,  Nicolas,  humaniste,  39  v°. 
Nice,  France,  Alpes-Maritimes,  544  v°. 
Nice,  personnage  non  identifié,  477  v°. 
Nice,  voir  Nicée. 

Nicée,  Nice,  Nicene,  Asie  Mineure,  concile  de,  23,  107  v°, 
108,  160,  298,  307,  368,  398  v°,  400,  400  v°,  405  v°, 
462  v°,  466,  500,  583. 

Nicene,  voir  Nicée. 

Nicéphore,  écrivain  ecclésiastique  byzantin,  379. 
Nichol,  voir  Nichols. 

Nichols,  Benoît,  évêque  de  Bangor,  46,  47. 

Nichols,  Nichol,  Richard,  martyr  à  Colchester,  437  v°. 

Nicodème,  saint,  500  v°,  679  v°. 

Nicolas,  cordonnier,  martyr  à  Joinville,  481  v°-482. 

Nicolas,  dit  YEscrivent,  martyr  à  Arras,  VIII,  82  v°. 

Nicolas,  inquisiteur  à  Prague,  15  v°-18  v°. 

Nicolas,  maître  des  finances,  42  v°. 

Nicolas,  martyr  à  Anvers,  VII  v°,  61-61  v°. 

Nicolas  II,  pape,  469. 

Nicolas  V,  pape,  57. 

Nicolas  Ballon,  martyr  à  Paris,  520  v°-521,  522. 
Nicolas  van  Bampoele,  Vanpoule,  martyr  à  Gand,  150. 
Nicolas  Beleniam,  Belenian,  martyr  à  Londres,  169. 
Nicolas  de  Blois,  conseiller  à  la  Cour  de  Bordeaux,  439. 
Nicolas  Brissonet,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Nicolas  Bucella,  réformé  de  Padoue,  697  v°. 
Nicolas  Bullingham,  évêque  de  Lincoln,  92  v°-93. 
Nicolas  Caillot,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Nicolas  de  Calonne,  sous-prévôt,  291. 
Nicolas  Cambry,  conseiller  de  Tournai,  387  v°. 
Nicolas  Le  Cene,  médecin,  martyr  à  Paris,  484-485  v°. 
Nicolas  Chamberlain,  Chamberlayn,  martyr  à  Colchester, 
329. 

Nicolas  du  Chesne,  martyr  à  Gray,  385. 

Nicolas  de  Clémanges,  Clemangis,  recteur  de  l'Université 

de  Paris,  VII  v°,  49  v°-54  v°. 
Nicolas  le  Clerc,  dit  le  Bleat,  martyr  à  Wassy,  594  v°. 
Nicolas  Clerici,  doyen  de  la  faculté  de  théologie  de  Paris, 

79,  169  v°. 

Nicolas  Clinet,  martyr  à  Paris,  482-482  v°,  483  v°-484. 
Nicolas  Codet,  de  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Nicolas  Couvertpuys,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Nicolas  Croquet,  martyr  à  Paris,  703  v°-704  v°. 
Nicolas  d'Egmond,  Egmonda,  inquisiteur  des  Pays-Bas, 
59. 

Nicolas  des  Farvacques,  conseiller  et  receveur  du  bailliage 

de  Tournai,  387  v°. 
Nicolas  Fleury,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Nicolas  des  Gallars,    des   Galars,   ministre   à  Genève, 

455  v°. 

Nicolas  Guenon,  martyr  à  Paris,  520  v°,  521,  522. 

Nicolas  Hall,  martyr  à  Rochester,  361. 

Nicolas  Heath,  évêque  de  Rochester,  puis  de  Worcester, 

puis  archevêque  d'York,  97,  300,  336-337  v°. 
Nicolas  Hereford,  Herford,  partisan  de  Wicleff,  3-7  v°, 

13  v°. 

Nicolas  Holden,  martyr  à  Mayfield  (?),  437  v°. 
Nicolas  Hopkins,  Hopkin,  seigneur  anglais,  373  v°. 
Nicolas  Larchier,  ministre,  martyr  à  Mons,  176  v°-177  v°. 
Nicolas  de  Lyre,  Lyra,  franciscain,  337  v°. 
Nicolas  Maillard,  docteur  en  Sorbonne,  163,  169  v°, 

170,  170  v",  185,  185  v°,  482-483,  490,  494  v°,  496  v°, 

497-498,  521. 
Nicolas  Maillart,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Nicolas  Menissier,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Nicolas  de  Moussy,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Nicolas  Mutel,  réformé,  390,  393  v°. 


41 


Nicolas  Nail,  martyr  à  Paris,  268  v°. 

Nicolas  Niccoli,  humaniste,  39  v°. 

Nicolas  Peake,  Pekus,  martyr  à  Ipswich,  56. 

Nicolas  du  Puis,  martyr  à  Saint-Omer,  696  v°. 

Nicolas  Ridley,  Ridlé,  Rydlé,  évêque  de  Londres,  martyr 
à  Oxford,  VIII  v°,  97,  294,  294  v°,  310  v°,  325  v,  329  v°, 
339,  339  v°,  375  v°-383  v°,  401  v°,  402  v°,  418  v°,  420, 
421  v». 

Nicolas  Robin,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Nicolas  du  Rousseau,  martyr  à  Dijon,  450  v°-456  v°. 

Nicolas  Sartoire,  martyr  à  Aoste,  458-458  v°. 

Nicolas  Shaxton,  Sharton,  évêque  de  Salisbury,  92v°- 

93,  167  v»,  169,  416  v». 
Nicolas  Scheterden,  martyr  à  Canterbury,  VIII  v°,  358- 

360  v». 

Nicolas  Simon,  réformé,  578  v°-579. 

Nicolas  Storch,  Stork,  anabaptiste,  83. 

Nicolas  Tallemant,  Talleman,  condamné  à  Tournai,  610. 

Nicolas  de  Tedeschi,  Panorme,  théologien,  298,  298  v°. 

Nicolas  Thibaut,  marchand,  129  v». 

Nicolas  Thielemant,  échevin  de  Wassy,  592  v°-593. 

Nicolas  Thijs  ou  Matthijs,  Diessen,  martyr  à  Malines, 

VIII  v»,  385-387. 
Nicolas  Valeton,  martyr  à  Paris,  81  v°-82. 
Nicolas  Vaultherin,  dit  Le  grand  Colas,  bonnetier,  181  v°. 
Nicolas  de  Villegagnon,  Ville gaignon,  amiral  français, 

442  v°-449,  461-465  v°. 
Nicole  de  Bordes,  martyre  à  Wassy,  592  v°. 
Nicole  Pothée,  docteur  en  théologie,  433  v°. 
Nicole  Savin,  inquisiteur  à  Metz,  62  v°. 
Nicolimo,  Antoine,  554. 

Nicolson,  Jean,  dit  Lambert,  martyr  à  Londres  et  non  à 

Winchester,  89  v°-92. 
Nicopole,  voir  Nikopol. 
Niemegue,  voir  Nimègue. 
Nieunar,  voir  Nieuwenaar. 

Nieuport,  Belgique,  Flandre  Occidentale,  559  v°. 
Nieuwenaar,  Nieunar,  Adolphe  de,  672  v°. 
Nieva,  comte  de,  537. 
Niger,  477  v°. 
Nikke,  voir  Nix. 

Nikopol,  Nicopole,  Bulgarie,  62  v°. 
Nil,  Égypte,  477  v°. 

Nimègue,  Niemegue,  Pays-Bas,  Gueldre,  701  v°. 

Nîmes,  Nismes,  France,  Gard,  115,  115  v»,  184  v°-185, 

293  v°,  340.  —  Martyrs  :  Maurice  Secenat,  Pierre 

de  la  Vau. 

Ninive,  ancienne  ville  de  Mésopotamie,  208  v°. 

Nismes,  voir  Nîmes. 

Nivelles,  Belgique,  Brabant,  186. 

Nivet,  Sainctin,  martyr  à  Paris,  173  v°,  174. 

Nix,  Nikke,  Nyx,  Richard,  évêque  de  Norwich,  72  v°. 

Nize,  voir  Nyset. 

Nobis,  Guillaume,  suspect,  594. 

Noé,  personnage  biblique,  III  v°,  138,  245,  325,  341  v°, 

346  v»,  374,  383  v»,  583,  679  v°. 
Noël  Beda,  théologien,  71,  75  v°. 
Noël  Coton,  Cotton,  martyr  à  Rouen,  621. 
Noël  Royauld,  prêtre,  319  v°. 

Noël  Tournemine,  martyr  à  Lille,  664  v°-665  v°. 
Noël  de  Venise,  procureur  des  carmes,  49. 


Noël,  Étienne,  ministre  à  Grenoble,  466  v°. 
Noémi,  Noemy,  personnage  biblique,  354. 
Noemy,  voir  Noémi. 

Nogaerus,  Jacques,  doyen  de  Vienne,  556-556  v°. 
Noircairme,  voir  Noircarmes. 

Noircarmes,  Noircairme,  Philippe,  sire  de,  gouverneur 

du  Hainaut,  672,  693  v°. 
Noisay,  France,  Indre-et-Loire,  5£  v°. 
Nola,  Noie,  Italie,  Naples,  365  v°. 
Noie,  voir  Nola. 

Nomeny,  Nommeny,  France,  Meurthe-et-Moselle,  62-63  v°. 
Nommeny,  voir  Nomeny. 
Nonancourt,  France,  Eure,  269. 
Noorde,  voir  Norden. 

Norden,  Noorde,  Allemagne,  Saxe  Inférieure,  509  v°. 
Nordvic,  voir  Norwich. 
Noremberg,  voir  Nuremberg. 

Norfolk,  Northfolc,  Northfolch,  Angleterre,  56,  92  v°,  164, 

364,  417  v°,  431  v». 
NorfoUi,  Thomas  Howard,  duc  de,  94  v°,  164. 
Normand,  Guillaume  le,  condamné  par  contumace,  115, 

115  v». 

Normandie,  France,  VIII  v°,  106,  129  v°,  130,  269,  273  v°, 
274,  293,  408  v°,  444,  454,  456,  484,  514  v»,  519  v°, 
621  v». 

Nortampton,  voir  Northampton. 

Northampton,  Nortampton,  Angleterre,  Northamptonshire, 
309  v°,  437  v°.  —  Martyr  :  Jean  Kurde,  cordonnier. 

Northfolc,  voir  Norfolk. 

Northfolch,  voir  Norfolk. 

Northomberland,  voir  Northumberland. 

Northumberland,  Guilford,  fils  de  Jean,  duc  de,  417  v°. 

Northumberland,  Northomberland,  Jean  Dudley,  duc 
de,  264-265,  314  v°,  417  v°,  420.  —  Voir  Percy. 

Norvich,  voir  Norwich. 

Norwic,  voir  Norwich. 

Norwich,  Norvich,  Norwic,  Norwicht,  Nozvic,  Angleterre, 
Norfolk,  48  v°,  56,  72  v°,  90,  92  v°,  93,  97,  365,  416  v°, 
424,  472  v°.  —  Évêques  :  Guillaume  Alnewich,  Jean 
Hopton,  Richard  Nix,  Guillaume  Repps.  —  Martyrs  : 
Thomas  Bilney,  Thomas  de  Bungay,  Thomas  Norys, 
Pope,  tisserand,  Thomas,  prêtre,  Guillaume  White, 
Thomas  Whitehead.  N.B.  Three,  martyr  à  Norwich, 
472  v°,  est  une  erreur.  Il  s'agit  du  nombre  trois.  Il  existe, 
en  effet,  un  groupe  de  trois  martyrs  à  Norwich,  oubliés 
par  Crespin  (Thomas  Carman,  Thomas  Hudson  et 
Guillaume  Seaman),  tandis  que  les  noms  de  Richard 
Harris,  Jean  Daws  et  N.,  femme  de  Georges  sont  une 
redite  fautive  de  trois  martyrs  de  Colchester  :  Guillaume 
Harris,  Richard  Day  et  Christiane  (Agnès)  Georges. 

Norys,  Thomas,  martyr  à  Norwich,  56. 

Notingam,  voir  Nottingham. 

Nottingham,  Notingam,  Angleterre,  Nottinghamshire, 
415  v». 

Nouvelle  Espagne,  colonie  d'Amérique,  543  v°. 
Nowich,  voir  Norwich. 
Nuberie,  voir  Newbury. 
Nudigat,  voir  Newdigate. 

Nuremberg,  Noremberg,  Allemagne,  Bavière,  16,  19,  25. 
Nyset,  Nize,  François,  martyr  à  Limbourg,  703. 
Nyx,  voir  Nix. 


O 


Ochin,  voir  Ochino. 

Ochino,  Ochin,  Bernardin,  de  Sienne,  Sienes,  religieux 

passé  à  la  Réforme,  156,  156  v°,  466. 
Octavius,  478. 

Octovien  Blondel,  martyr  à  Paris,  174. 
Odet  de  Coligny,  cardinal  de  Châtillon,  580  v°,  598. 
Odet  de  Matthieu,  conseiller  à  la  Cour  de  Bordeaux, 
436. 

Odich  de  Hlud,  gentilhomme  morave,  42. 
Odoul  Gemel,  martyr  à  Torre-Pellice  (?),  574  v°. 
Oecolampade,  Ecolampade,  Jean,  réformateur,  63  v°,  77, 

84  v°,  132,  337,  349  v°,  681  v°,  682. 
Oedipe,  Oedipus,  personnage  mythologique,  378  v°,  479. 
Oedipus,  voir  Oedipe. 


Oest,  voir  Otto. 

Ognies,  voir  Oignies,  Jean  de. 

Oguier,  Aughier,  Oguyer,  Waughier,  Baudouin,  Baudechon, 

martyr  à  Lille,  425,  693. 
Oguier,  Aughier,  Oguyer,  Waughier,  Chonnette,  Thoin- 

nette,  fille  de  Robert  Oguier,  425  v°,  427  v»,  428. 
Oguier,  Aughier,  Oguyer,  Waughier,  Jeanne,  femme  de 

Robert  Oguier,  martyre  à  Lille,  425-429,  693. 
Oguier,  Aughier,  Oguyer,   Waughier,  Mariette,  fille  de 

Robert  Oguier,  425  v°,  427  v°,  428. 
Oguier,  Aughier,  Oguyer,  Waughier,  Martin,  martyr  à 

Lille,  425,  693. 
Oguier,  Aughier,  Oguyer,  Waughier,  Robert,  martyr  à 

Lille,  425-429,  564,  566,  693. 


42 


Oguier,  Augkier,  Oguyer,  Waughier,  Robert,  un  fils  de, 
428. 

Oguyer,  voir  Oguier. 
Oignie,  voir  Oignies. 

Oignies,  Doignies,  Gilbert  de,  vicaire  général,  puis  évêque 

de  Tournai,  595,  601,  626  v°. 
Oignies,  Ognies,  Jean  de,  gouverneur  de  Tournai,  135, 

135  v°,  150  v». 
Oldcastel,  voir  Oldcastle. 

Oldcastle,  Oldcastel,  Oldecastel,  Jean,  seigneur  de  Cob- 
ham,  Cohnam,  martyr  à  Londres,  VII  v°,  4,  14  v°,  43  v°- 
47  v»,  310  v». 

Oldecastel,  voir  Oldcastle. 

Oléron,  France,  Charente-Maritime,  485  v°,  486  v°.  — 

Évêque  :  Gérard  Roussel. 
Olivari,  Georges,  martyr  à  Marseille,  620. 
Olivet,  France,  Loiret,  621  v°. 

Olivier,  François,  chancelier  de  France,  522,  558  v". 
Onghena,  Jean,  frère  de  Liévin,  martyr  à  Gand,  670. 
Onghena,  Liévin,  condamné  à  Gand,  670. 
Ooliba,  nom  symbolique  de  Samarie,  53. 
Oolla,  nom  symbolique  de  Jérusalem,  53. 
Oom,  voir  Wouter  Wrage. 
Oostlande,  659  v". 
Opede,  voir  Oppède. 

Oppède,  Opede,  France,  Vaucluse,  125  v°,  126,  129-130  v°. 

—  Voir  Jean  de  Maynier. 

Orange,  Guillaume  de  Nassau,  prince  de,  670  v°,  671, 

672  v°,  673,  697,  702-703. 
Orbouton,  François,  Maître  François,  réformé,  évadé  de 

Lyon,  390-390  v°,  393  v°-394  v°. 
Orchies,  France,  Nord,  89,  97  v°,  106. 
Orense,  Espagne,  537  v°.  —  Évêque  :  Ferdinand  de 

Tricio. 

Origène,  306  v»,  379,  379  v°,  677  v",  680,  682,  686  v». 
Orknay,  voir  Orkney. 

Orkney,  Orknay,  archipel  du  Royaume-Uni,  195  v°-196  v°. 

—  Évêque  :  Robert  Reid. 
Orléac,  voir  Orliac. 


Orléans,  France,  Loiret,  164,  178,  179  v»,  473,  525  v°, 
527  v°,  557  v°,  559-563,  598,  598  v»,  600  v°,  614,  616  v», 
619,  621  v°,  656,  659.  —  Évêque  :  Pierre  du  Chastel. 

—  Martyrs  :  Anne  Audebert,  Claude  Thierry. 
Orléans,  Charlotte,  duchesse  de,  92. 

Orléans,  duc  de,  voir  Henri  III. 
Orliac,  Orléac,  France,  Dordogne,  269. 
Orri,  inquisiteur,  voir  Ory. 

Ory,  Horry,  Orri,  Orry,  Mathurin,  Matthieu,  inquisiteur 

général,  253,  253  v»,  255  v°,  272  v°-273  v°,  411  v°. 
Orry,  voir  Ory. 

Ortega,  Catherine,  martyre  à  Valladolid,  538. 
Ortega,  Louis,  capitaine,  538. 

Ortis,  Fernando,  époux  de  Constance  de  Bivero,  537  v°. 
Osée,  prophète,  393  v°,  463,  531  v°,  596  v°. 
Osewarde,  voir  Oswald. 

Osmond,  Osmunde,  Thomas,  martyr  à  Manningtree,  329. 
Osmunde,  voir  Osmond. 
Osorno,  comte  de,  537. 

Ossuno,  Hector  de,  évêque  de  Couserans,  276  v°. 
Ost,  voir  Aoste. 
Ostrevant,  France,  692  v°. 

Oswald,  Oseivarde,  Jean,  martyr  à  Lewes,  437  v°. 
Ottho,  voir  Otto. 

Otto,  Ottho,  Oest,  George,  van  Cateline,  Katelin,  martyr 

à  Gand,  VIII  v",  287  v°-289  v°. 
Otto-Henri,  comte  palatin,  153-154  v»,  158  v°,  490,  493, 

628. 

Oudard  Bouncer,  martyr  à  Rouen,  106. 

Ousberghen,  Josse  van,  voir  Jusberg,  Josse. 

Over-Ysel,  province  des  anciens  Pays-Bas,  701  v°. 

Owen,  médecin  d'Henri  VIII,  264  v°. 

Oxford,  Oxone,  Angleterre,  Oxford,  ville  et  université, 
1,  2  v°,  3,  4,  5,  13,  27  v°,  48,  56  v°,  74,  85  v°-86  v°, 
191  v»,  299,  322  v°-325,  326,  329,  375-384  v°,  395  v», 
396,  398,  405  v",  406  v°,  407  v»  408,  415  v°-422,  424  v°. 

—  Martyrs  :  Guillaume  Cowbridge,  Thomas  Cran- 
mer,  Hugues  Latimer,  N.,  diacre,  Nicolas  Ridley. 

Oxone,  voir  Oxford. 


P 


P.  Benedictus,  voir  Pierre  Benoist. 
P.  Gohin,  conseiller  à  Angers,  457  v°. 
P.  Gué,  juge,  320  v°. 
Pabram,  voir  Babraham  (  ?). 
Pacquot,  capitaine,  112. 

Padilla,  Christophe  de,  martyr  à  Valladolid,  538. 
Padoue,  Italie,  Vénétie,  365  v°-367,  371  v»,  395  v°,  400  v», 

449,  505,  697  v°.  —  Martyr  :  Francesco  Spira. 
Padoue,  Marsile  de,  théologien,  1  v°. 
Paerdus  Zwiranowicz,  gentilhomme  morave,  42. 
Paget,  marchand,  194. 

Paget,  Guillaume,  baron  de  Beaudesert,  295. 
Pointer,  voir  Catmer. 
Pointer,  voir  Parke. 
Pais-bas,  voir  Pays-Bas. 
Pakring,  voir  Pikeringe. 

Pakyngton,  Palzington,  Augustin,  marchand,  85  v°. 
Palec,  Palets,  Etienne  de,  16-37  v°. 

Palerme,     Italie,    Sicile,    60    v°.    —    Évêque  :  Jean 

Carondelet. 
Palets,  voir  Palec. 

Pallandt,  Floris  de,  comte  de  Kuilenburg,  Cidlembourg, 
seigneur  de  Wittem,  703. 

Pallenq,  Colin,  dit  du  plan  d'Apt,  martyr  à  Apt,  115  v°. 

Pallenq,  Hugues,  condamné  par  contumace,  115  v°. 

Pallenq,  Jean,  ancien  de  Mérindol,  et  son  épouse,  con- 
damnés par  contumace,  115,  115  v°,  124  v°,  125. 

Pallenq,  Thomas,  dit  du  plan  d'Apt,  condamné  par  con- 
tumace, 115,  115  v°. 

Palmer,  Julius,  martyr  à  Newbury,  437  v°. 

Palmer,  Thomas,  franciscain  à  Londres,  46. 

Palzington,  voir  Pakyngton. 

Pamele-lez-Audenarde,  Belgique,  Flandre  Orientale,  663- 

663  v°,  667. 
Pamies,  voir  Pamiers. 
Pamiers,  Pamies,  France,  Ariège,  699. 


Pandelton,  voir  Pandleton. 

Pandleton,  Pandelton,  docteur,  334,  339,  399-401. 

Panier,  Paris,  martyr  à  Dôle,  287  v°,  385. 

Pannet,  Pierre,  prieur  des  carmes  d'Ypres,  559  v°. 

Panorme,  voir  Nicolas  de  Tedeschi. 

Pantillac,  voir  Paulhiac. 

Paphnuce,  Paphnutius,  saint,  298,  307. 

Paphnutius,  voir  Paphnuce. 

Pappenheim,  Happe  de,  grand  maréchal  de  l'empire, 
30  v°. 

Pardaillan,  Perdillan,  gentilhomme  français,  557-559  v°. 
Parfew,  Purfoy,  Robert,  alias  Warton,  évêque  de  Saint- 

Asaph,  97. 
Paret,  voir  Parret. 

Paris,  VIII,  VIII  v°,  5,  37,  57,  79-82,  101  v»,  151  v»,  152, 
160  v°,  164,  169-171  v»,  173  v°-179  v°,  185,  185  v°,  206, 
222,  268  v°,  269,  277  v°,  281  v°,  287,  380-391  v»,  444, 
446,  446  v»,  451,  451  v°,  453,  454-455  v°,  473-475  v», 
482-491,  494-499,  508,  514-530  v°,  591,  594  v°,  597, 
621  v°,  656,  703  v»,  704  v°.  —  Abbayes,  cime- 
tières, églises  et  chapelles,  hôpitaux  :  Hôtel-Dieu, 
268  v»,  557  v°  ;  —  Notre-Dame,  441,  441  v»,  498  v°, 
509  v°  ;  —  Saint-André-des-Arts,  79  ;  —  Saint-Benoît, 
474  v°  ;  —  Saint-Crépin,  55  ;  —  Saint-Eustache,  492, 
514  ;  —  Saint-Hilaire,  522  v°  ;  —  Saints-Innocents, 
514,  519  ;  —  Saint-Jean,  178,  536  ;  —  Saint-Merry, 
Marry,  527  v°  ;  —  Sainte  Chapelle,  55  ;  —  Sainte- 
Croix,  106  v°-107.  —  Lieux-dits,  rues,  places  :  Château- 
Renard,  178,  179  v°  ;  —  Grève,  68  v»,  71  v°,  178  v», 
525,  525  v»  ;  —  Halles,  499  ;  —  Maubert,  78,  97  v°, 
114  v»,  170  v°,  178  v°,  179,  185  v",  268  v°,  269,  484, 
488,  489  v°,  494  v°,  498  v°,  506,  522,  525,  536  v°  ;  — 
Montfaucon,  514,  704  v°  ;  —  Pré-aux-Clercs,  492  ;  — 
Saint-Antoine,  178  v°,  521  ;  —  Saint-Germain,  483, 
484  v»,  485  v°,  499  v°,  523  v°,  524,  703  v°  ;  —  Saint- 
Jacques,  458  v°,  474,  514,  516  ;  —  Saint-Marceau, 


43 


97  v°  ;  —  Seine,  523  v°  ;  —  Temple,  535.  —  Parle- 
ment, IX,  82  v»,  161-163  v°,  171  v°,  175  v°,  176,  178, 
179  v°,  276  v°,  290  v°,  389  v°,  391  v°,  411  v°-413,  415  v°, 
433  v°,  434,  473,  481  v°-491,  516,  516  v°,  557  v°-559, 
576  v°,  585,  594.  —  Prisons  :  Bastille,  519,  521,  525  v°, 
527,  529  vO-530  v°  ;  —  Châtelet,  97  v°,  185,  475,  475  v°, 
482  v°,  484  v°,  485  v°,  487,  489  v°,  505  v»,  517,  521, 
523  v°,  525,  593  v°  ;  —  Conciergerie,  114  v°,  170  v°, 
171  v»,  482,  485  v°,  490,  490  v°,  493-499,  514-525  v°, 
536  v°,  557-559,  704  v°  ;  —  Four-l'évêque,  504,  504  v°; 
—  Tournelle,  490  v°,  494  v°,  505  v°,  521  v°,  535.  — 
Sorbonne,  106-114,  124-126  v°,  172,  284-285,  388  v°, 
416,  437,  445,  446,  474,  480  v°,  482-485  v°,  488,  488  v°, 
492-500,  580  v°,  588.  —  Évêques  :  Eustache  du  Bellay, 
Jean  du  Bellay,  Pierre  Lombard.  —  Martyrs  :  Pierre 
Almaric,  Pierre  Arondeau,  Nicolas  Ballon,  Jean 
Barbeville,  Jean  Beffroy,  Amaury  de  Bène,  Louis 
de  Berquin,  Octovien  Blondel,  Pierre  Bon-Pain, 
Anne  du  Bourg,  Jean  du  Bourg,  François  Bribard, 
Alexandre  Canus,  N.  La  Catelle,  Nicolas  le  Cène, 
Pierre  Chapot,  N.  de  Chasteau,  Pierre  Chevet, 
Nicolas  Clinet,  Gilles  le  Court,  Nicolas  Croquet, 
Frédéric  Danville,  Adrien  Daussi,  dit  Douliancourt, 
Étienne  de  la  Forge,  Pierre  Gabart,  Léonard  Gali- 
mard,  Philippe  de  Gastines,  Richard  de  Gastines, 
Tavrin  Gravelle,  Nicolas  Guenon,  Geoffroy  Guérin, 
Pierre  Hamon,  Jean  Isabeau,  Jean  Judet,  Philippe 
de  Luns,  Antoine  Magne,  Marin  Marie,  Pierre  Millet, 
Barthélémy  Milon,  Jean  Morel,  N.,  couturier,  N.N., 
nombreux  martyrs  anonymes,  Nicolas  Nail,  Sainctain 
Nivet,  Philippe  Parmentier,  Jacques  de  Pavanes, 
Claude  le  Peintre,  Étienne  Peloquin,  Hémond  Pi- 
card, Henri  Poille,  Jean  Pointet,  Étienne  Poulliot, 
Léonard  du  Pré,  François  Rebezies,  Marguerite 
Le  Riche,  Martin  Rousseau,  Thomas  de  Saint-Paul, 
René  du  Seau,  Nicolas  Valeton,  Florent  Venot. 

Paris  Panier,  martyr  à  Dôle,  287  v°,  385. 

Paris,  Guillaume  de,  dominicain,  492  v°. 

Parke,  Pointer,  Grégoire,  martyr  à  Canterbury,  375  v°. 

Parker,  Mathieu,  archevêque  de  Canterbury,  560  v°,  561, 
700  v°. 

Parker,  Thomas,  docteur,  chancelier  du  diocèse  de  Wor- 
cester,  73. 

Parme,  Marguerite,  duchesse  de,  gouvernante  des  Pays- 
Bas,  666,  669,  672  v°,  674,  693  v°,  695  v°. 

Parmen,  voir  Parnam. 

Parmenian,  évêque  de  Carthage,  507  v°. 

Parmentier,  Philippe,  martyr  à  Paris,  523  v°-524. 

Parnam,  Parmen,  Laurent,  martyr  à  Stratford,  437  v°, 
441  v°-442. 

Parpaille,  Joseph,  vicaire  général  de   l'archevêque  de 

Turin,  439-440  v°. 
Parr,  Guillaume,  duc  d'Essex,  166  v°. 
Parret,  Paret,  Thomas,  mort  en  prison  à  Londres,  437  v°. 
Parsifal  de  Namiescz,  gentilhomme  morave,  42. 
Pas,  Pas-en- Artois,  France,  Pas-de-Calais,  82  v°. 
Pas-en- Artois,  voir  Pas. 

Pascal  Maupair,  évêque  auxiliaire  d'Arras,  89  v°. 
Pascal,  Barthélémy,  frère  de  Jean-Louis  Pascal,  555. 
Pascal,  Camilla  Guarina,  épouse  du  martyr,  544  v°-557. 
Pascal,  Charles,  neveu  de  Jean-Louis  Pascal,  549  v°- 

550,  553  v°,  555. 
Pascal,  Jean-Louis,  ministre,  martyr  à  Rome,  IX,  544  v°- 

557. 

Pascal,  Pasquier,  Jean,  carme,  inquisiteur,  59. 

Pascal,  Pierre,  représentant  vaudois,  576. 

Pasquette,  veuve  de  Guillaume  Piquery,  condamnée  à 

Meaux,  161  v°-163  v°. 
Pasquier,  voir  Pascal. 

Pasquier  de  le  Barre,  conseiller  à  Tournai,  martvr  à 
Vilvorde,  615. 

Pasquier  Fouace  et  son  épouse  Juliane,  condamnés  à 

Meaux,  161  v°-163  v°. 
Pasquier,  Antoine  du,  apothicaire,  579. 
Passau,  Passaiv,  Allemagne,  Bavière,  68  v°-69. 
Passaiv,  voir  Passau. 

Pastouret,  Honorât,  martyr  à  Marseille,  620. 
Pataut,  Jean,  martyr  à  Wassv,  592  v°,  593. 
Pâtes,  Richard,  évêque  de  Worcester,  294  v°,  398,  398  v°, 
399,  408. 

Pathingham,  Patinghan,  Patrice,  martyr  à  Uxbridge, 
362  V. 

Patinghan,  voir  Pathingham. 
Patinostre,  Jean,  628. 

Patrice  Hamilton,  Hamelton,  martyr  à  Saint-Andrews, 

VIII,  71  v°-72,  89. 
Patrice  Hepburn,  évêque  de  Morayshire,  195  v°. 
Patrice   Pathingham,    Patinghan,    martyr    à  Uxbridge, 

362  v°. 

Pattou,  François,  martyr  à  Valenciennes,  696. 


Paul,  saint,  passim. 
Paul  III,  pape,  180,  659  v°. 
Paul  IV,  pape,  VIII  v°,  556,  601,  635. 
Paul,  le  barbe,  ministre,  350,  438  v°. 
Paul  Craw,  martyr  en  Écosse,  48  v°. 
Paul  Fagius,  exhumé  et  brûlé  à  Cambridge,  191  v°,  322  v°. 
Paul  Millet,  Chevalier,  ministre,  martyr  à  Lille,  IX  v°, 
655  v°-658. 

Paul  de  Richieud,  seigneur  de  Mauvans,  539. 
Paul,  Jean,  prêtre,  287  v°. 

Pauline,  Poline,  veuve  d'Adam  le  Conte,  suspecte,  relaxée, 

à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Paulhiac,  Pantillac,  France,  Lot-et-Garonne,  293  v°. 
Pavane,  voir  Pavanes. 

Pavanes,  Jacques  de,  martyr  à  Paris,  VIII,  68  v°,  82, 
160  v»,  161. 

Pavlowicz,  Wolffart  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Pavs-Bas,  Pais-Bas,  101  v»,  106,  385,  425,  459,  573,  594  v°, 

600,  622  v°. 
Peake,  Pekus,  Nicolas,  martyr  à  Ipswich,  56. 
Pecock,  Renauld,  évêque  de  Chichester,  54  v°. 
Pedrosa,  voir  Pedroso. 

Pedroso,  Pedrosa,  Espagne,  Séville,  538-538  v°. 
Peerson,  Person,  Antoine,  martyr  à  Windsor,  106-106  v°. 
Peintre,  Claude  le,  martyr  à  Paris,  97  v°. 
Peintre,  voir  Adrien. 
Peiron,  voir  Peyron. 
Pekus,  voir  Peake. 

Pélage,  Pélagius,  366  v»,  369  v°,  466  v°. 
Pelagius,  voir  Pélage. 

Peloquin,  Denis,  prisonnier  à  Lyon,  martyr  à  Ville- 
franche-sur-Saône,  178,  236  v°,  238  v°,  239  v°-252  v°, 
254  v°,  260,  260  v°,  261  v°,  262. 

Peloquin,  Étienne,  martvr  à  Paris,  178,  179  v°,  239  v°, 
245  v*. 

Peloquin,  Jeanne,  épouse  de  Denis,  241  v°,  244  v°- 

245  v°,  248,  248  v°,  250. 
Peney,  Penay,  Suisse,  Genève,  83.  —  Martyr  :  Pierre 
Gaudet. 

Penon,  Étienne,  procureur  à  Sens,  598. 
Peper,  voir  Pepper. 

Pepper,  Peper,  Elisabeth,  martyre  à  Stratford,  437  v°, 
442. 

Percival  Creswell,  Perseval  Cresvel,  336. 

Percy,  Perse,  Henri  de,  comte  de  Northumberland,  1  v°. 

Perdillan,  voir  Pardaillan. 

Pérégrin  de  la  Grange,  ministre,  martyr  à  Valenciennes, 

673-694  v°,  696. 
Perez,  Alonse,  prêtre  de  Valence,  538. 
Peries,  voir  Periers. 
Periers,  Peries,  France,  Manche,  293. 
Périgord,  Périgort,  France,  557  v°. 
Périgort,  voir  Périgord. 

Périgueux,  France,  Dordogne,  441,  483,  620  v°-621.  — 

Martyr  :  Simon  Brossier. 
Péronne,  France,  Somme,  616  v°. 
Péronne  Rousseau,  réformée  de  Tournai,  610. 
Perosa  Argentina,  Perosse,  Perouse,  Italie,  Turin,  87  v°, 

458,  474-476. 
Perosse,  voir  Perosa  Argentina. 
Perouse,  voir  Perosa  Argentina. 

Perrenot,  Antoine,  cardinal  de  Granvelle,  96,  569,  596  v°. 
Perrette  Manguin,  suspecte,  relaxée,  à  Meaux,  161  v°- 
163  v». 

Perrier,  N.  du,  gentilhomme  du  Piémont,  438. 

Pers,  Gilles  le,  prévôt  des  maréchaux,  289  v°-290  v°. 

Perse,  voir  Percy. 

Perse,  voir  Persey. 

Perseval  Cresvel,  voir  Percival  Creswell. 
Persey,  Perse,  serviteur  de  Ralph  Baynes,  374  v°. 
Person,  voir  Peerson. 

Pertuis,  France,  Vaucluse,  126  v°,  129  v°. 

Pérussis,  François  de,  seigneur  de  Lauris,  conseiller  au 
Parlement  de  Provence,  129  v°,  131,  470,  470  v°. 

Peterborough,  Angleterre,  Northamptonshire,  93.  —  Évê- 
que :  Edmond  Scambler. 

Peterswald,  Jean  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Petit,  Philippe,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v». 

Petit  Julien,  voir  Julien  Hernandes. 

Petit,  Pierre,  martyr  à  Lille,  572. 

Petit-Pain,  Claude  ou  Pierre,  condamné  à  Meaux,  161  v°- 
163  v°. 

Petrus  de  Aliaco,  voir  Pierre  d'Ailly. 

Petrus  Castellanus,  voir  Pierre  du  Chastel. 

Peypin-d' Aiguës,  Pupin,   France,  Vaucluse,   129  v°.  — 

—  Martyrs  :  nombreuses  personnes  massacrées. 
Peyron,  Peiron,  Roy,  condamné  par  contumace,  115  v°, 

121,  123,  124. 
Pfeiffer,  Phifer,  Henri,  anabaptiste,  83  v°. 
Phalaris,  tyran  d'Agrigente,  535  v°. 


44 


Pliaren,  voir  Hvar. 

Pharon  Mangin,  ministre  à  Orléans,  164. 
Phifer,  voir  Pfeiffer. 

Philbert  Baronis,  adjoint  du  lieutenant  du  Sénéchal  de 

Draguignan,  470  v°. 
Philbert  Hamelin,  prêtre,  martyr  à  Bordeaux,  449  v°- 

450  v°. 
Philebert,  voir  Philibert. 

Philibert,  Philebert,  de  la  Haye,  menuisier,  martyr  à 

Bruges,  191  v°. 
Philibert  Babou,  sieur  de  la  Bourdaisière,  évêque  d'An- 

goulème,  455  v°. 
Philibert-Emanuel,  voir  Emmanuel-Philibert. 
Philippe,  calviniste  à  Tournai,  704  v°. 
Philippe,  frère  d'Hérode,  IV  v°. 
Philippe,  saint,  362,  368,  407  v°,  548  v°. 
Philippe  II,  roi  d'Espagne,  322,  337  v°-338  v°,  387  v°, 

418  v°,  419,  421,  425  v°,  437  v°,  458  v°,  491,  510  v», 

519-521  v°,  543  v°-544,  559  v°,  561,  563,  568  v°,  572  v°, 

578,  595,  608,  614  v°,  615,  623,  666,  668,  670  v°,  671- 

672  v°,  692  v°  693  V,  701  v°. 
Philippe  Cène,  martyr  à  Dijon,  450  v°-456  v°,  484. 
Philippe  de  Commynes,  Comines,  chroniqueur  français, 

55,  55  v». 

Philippe  de  Cordes,  conseiller  au  bailliage  de  Tournai, 
387  v°. 

Philippe  de  Corguilleray,  dit  du  Pont,  gentilhomme 
genevois,  444-445  v°,  446  v°-449,  461  v°. 

Philippe  Courtin,  huissier  du  Parlement  d'Aix-en-Pro- 
vence,  126  v°. 

Philippe  de  Gastines,  martyr  à  Paris,  703  v°-704  v°. 

Philippe  de  Luns,  dame  du  Graveron,  martyre  à  Paris, 
482,  483-484. 

Philippe  le  Magnanime,  landgrave  de  Hesse,  72,  139  v°, 
628. 

Philippe  Melanchton,  réformateur,  58,  508. 
Philippe  de  Montmorency,  voir  Hornes,  comte  de. 
Philippe  Morgan,  docteur,  46. 
Philippe  Parmentier,  martyr  à  Paris,  523  v°-524. 
Philippe  Petit,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Philippe  de  Repington,  Repvngton,  abbé  de  Leicester, 

3,  4-5,  7,  7  v°. 
Philippe  de  Savoie,  duc  de  Nemours,  92. 
Philippe  de  Savoie,  seigneur  de  Raconis,  574-576. 
Philippe  Turpin,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Philippe  van  Winghe,  Wingle,  martyr  à  Bruxelles,  701  v°. 
Philippe,  voir  Philips. 
Philippe-Auguste,  roi  de  France,  530. 
Philippe-Guillaume  de  Nassau,  comte  de  Buren,  672  v°. 
Philippes,  Grèce,  Macédoine,  339,  562,  596  v°. 
Philippes,  voir  Philippe. 
Philippes,  Monsieur,  voir  Jean  le  Seur. 
Philippon   Maynard,   condamné   par   contumace,  115, 

115  v°. 

Philips,  Henri,  Philippe,  dénonciateur,  85  v°. 

Philpot,  Jean,  martyr  à  Londres,  395-408. 

Philpot,  Pierre,  chevalier,  père  de  Jean  Philpot,  395  v°, 

403. 

Phinéas,  Phinées,  Katrin,  seigneur  anglais,  373  v°. 

Phinées,  personnage  biblique,  75. 

Phinées,  voir  Phinéas. 

Phrygie,  Grèce,  479. 

Piat,  de  Cambrai,  suspect,  616  v°. 

Piazo,  Hernando,  fiscal  de  Valladolid,  538. 

Pic,  voir  Picque. 

Pic  de  la  Mirandole,  Jean-François,  55  v°. 
Picard,  Hémond,  martyr  à  Paris,  55. 

Picard,  Jean,  docteur  en  Sorbonne,  163,  163  v°,  169  v°, 
514. 

Picardie,  France,  99  v°,  620,  705  v». 

Pichon,  la  veuve  de,  à  Bordeaux,  437. 

Picque,  Pic,  Jean,  martyr  à  Tournai,  633-635,  706  v°. 

Pie  II,  Aeneas  Svlvius,  pape,  42  v°. 

Pie  IV,  pape,  574. 

Pie  V,  cardinal  Alexandrin,  pape,  555,  556. 
Piedmont,  voir  Piémont. 

Piémont,  Piedmont,  Italie,  VIII  v°,  IX,  87  v°,  114  v°,  119, 
119  v»,  126  v°,  127,  129-130,  438,446  v°,  457  v»,  458,466, 
469  v°,  474,  544  v°,  546,  547,  551  v°,  573  v»,  576  v°. 

Pieres,  Jean,  ministre  à  Genève,  543. 

Pierre,  saint,  passim. 

Pierre,  prêtre,  381. 

Pierre,  infant  de  Portugal,  42  v°. 

Pierre,  notaire,  voir  Pierre  de  Mladonovice. 

Pierre,  secrétaire,  294. 

Pierre,  curé,  voir  Jean  Garcette. 

Pierre,  dit  Mioce,  Myoche,  voir  Arnould  Estallufret. 
Pierre  Adémar,  évêque  de  Maguelonne,  43  v°. 


Pierre  d'Ailly,  Petrus  de  Aliaco,  évêque  de  Cambrai, 
19  v°-36. 

Pierre  Annood,  martyr  à  Dunkerque,  569-569  v°. 
Pierre  d'Andelot,  Dandelot,  martyr  à  Bruxelles,  701  v°. 
Pierre  d'Arabie,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Pierre  Ardisson,  consul  à  Draguignan,  470. 
Pierre  Arnaud,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Pierre  Arondeau,  martyr  à  Paris,  525-525  v°. 
Pierre  Asset,  seigneur  de  Naves,  président  de  la  Chambre 
d'Artois,  629. 

Pierre  Bacheler,   Bachelier,    conseiller  au   bailliage  de 

Tournai,  387  v°. 
Pierre  de  la  Baume,  évêque  de  Genève,  83. 
Pierre  Benoist,  assesseur  de  l'official  de  Limoges,  319  v°, 

320. 

Pierre  Bergier,  martyr  à  Lyon,  216  v°-218,  236-239, 

254  v°,  255. 
Pierre  Bon-Pain,  martyr  à  Paris,  164. 
Pierre  Bourdon,  martyr  à  Fort-Colignv,  au  Brésil,  460  v°- 

465  v°. 

Pierre  Brully,  martyr  à  Tournai,  VIII,  134  v°-140,  150 
150  v°. 

Pierre  Changuyon,  suspect,  593. 
Pierre  Chapelain,  inquisiteur,  89. 
Pierre  Chapot,  martyr  à  Paris,  169-170  v°. 
Pierre  du  Chastel,  Castellanus,  lecteur  de  François  Ier, 
évêque  de  Mâcon,  puis  d'Orléans,  120  v°,  178  v°,  473. 
Pierre  Chevallet,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Pierre  Chevet,  martyr  à  Paris,  516  v°-517  v°. 
Pierre  le  Clerc,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Pierre  Coquemant,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Pierre  Coquillard,  Quoquillard,  martyr  à  Besançon,  82  v°. 
Pierre  Cottrel,  Cotrel,  Cottreel,  martyr  à  Tournai,  709. 
Pierre  de  Cuypere,  suspect,  562  v°. 

Pierre  Delaenus,  Delenus,  de  Laene,  ministre  à  Londres, 
624  v°. 

Pierre  Denocheau,  martyr  à  Chartres,  274  v°-276  v°. 
Pierre   Dentier,  voir  Pierre  d'Ennetières. 
Pierre  Dentierre,  voir  Pierre  d'Ennetières. 
Pierre  Deschets,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Pierre  Durant,  boucher  à  Aix-en-Provence,  130  v°,  131. 
Pierre  d'Ennetières,  Dentier,  Dentierre,    lieutenant  du 
bailli  de  Tournai-Tournaisis,  387  v",  608,  623-624  v°. 
Pierre  Escrivain,  martyr  à  Lyon,  VIII  v°,  197-236. 
Pierre  Flistede,  Fliste,  martyr  à  Cologne,  VII  v°,  70. 
Pierre  Gabart,  martyr  à  Paris,  484-485  v°. 
Pierre  Gallois,  suspect,  à  Wassy,  594  v°. 
Pierre  Gaudet,  martyr  à  Peney,  VIII,  83. 
Pierre  de  Gaulay,  voir  Jean  de  Gaulay. 
Pierre  Genest,  pharmacien,  179  v°. 

Pierre  de  Ghinucci,  évêque  de  Cavaillon,  120  v°,  123- 

125  v°,  129. 
Pierre  Girard,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Pierre  Hamon,  martyr  à  Paris,  703  v°-704. 
Pierre  Have,  martyr  à  Wassy,  594  v°. 
Pierre  Javelle,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Pierre  Joannin,  loannis,  juge  à  Saint-Maximin,  131. 
Pierre  Lizet,  Liset,  premier  président  du  Parlement  de 

Paris,  97  v°,  162,  169  v°,  171  v",  173  v°,  174,  179,  473. 
Pierre  Lombard,  évêque  de  Paris,  544  v°,  676. 
Pierre  de  Luna,  voir  Benoît  XIII. 
Pierre  de  la  Lune,  voir  Benoît  XIII. 
Pierre  Malvenda,  prêtre  espagnol,  152-154  v°,  158. 
Pierre  Martyr  Vermigli,  théologien,  191  v°,  322  v°,  339, 

418,  424  v°.  —  Son  épouse,  exhumée  et  brûlée  à  Oxford, 

322  v°. 

Pierre  Masson,  ministre  des  Vaudois  de  Provence,  martyr 

à  Dijon,  114  v°. 
Pierre  Milet,  martyr  à  Paris,  524-524  v°. 
Pierre  de  Mladonovice,  Mladotivewits,  notaire,  18-21  v°, 

37. 

Pierre  de  Mons,  curé,  320  v°. 

Pierre  Navihères,  martyr  à  Lyon,  VIII  v°,  197-236. 
Pierre  Pannet,  juge,  prieur  des  carmes  d'Ypres,  559  v°. 
Pierre  Pascal,  représentant  vaudois,  576. 
Pierre  Petit,  martyr  à  Lille,  572. 

Pierre  ou  Claude  Petit-Pain,  condamné  à  Meaux,  161  v°- 
163  v°. 

Pierre  Philpot,  chevalier,  père  de  Jean,  395  v°,  403. 
Pierre  Piquery,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Pierre  Richer,  carme,  réformé,  444-449,  461  v°. 
Pierre  de  Rousseau,  martyr  à  Angers,  414-415  v°. 
Pierre  le  Roux,  martyr  à  Bruges,  191  v°. 
Pierre  de  le  Rue,  martyr  à  Valenciennes,  696. 
Pierre  de  Saint-Ange,  voir  Pierre  degli  Stephaneschi. 
Pierre  Sarmiento,  condamné  à  Valladolid,  538. 
Pierre  de  Sczitowicz,  gentilhomme  morave,  42. 
Pierre  Séguier,  président  du  Parlement  de  Paris,  516, 
516  v°,  518  v°. 


45 


Pierre  Serre,  martyr  à  Toulouse,  276  v°-277. 

Pierre  degli  Stephaneschi,  Pierre  de  Saint-Ange,  cardinal 

de  Saint-Ange,  24. 
Pierre  Stephay,  licencié  en  théologie,  433  v°. 
Pierre  Stockis,  carme,  promoteur,  4  v°. 
Pierre  Thomas,  carme,  archevêque  de  Crête,  55. 
Pierre  Titelmans,  doyen  de  Renaix,  inquisiteur  général 

des  Pays-Bas,  511,  560  v°,  562  v°,  598  v°-600,  659  v°, 

661,  662  v°,  663. 
Pierre  Toraw,  martyr  à  Spire,  47  v°. 
Pierre  de  la  Vau,  martyr  à  Nîmes,  293  v°. 
Pierre  Valdo,  hérésiarque,  114  v°,  121  v°. 
Pierre  Vermaerts,  509  v°. 

Pierre  Viret,  écrivain  réformé,  87  v°,  197  v°,  228,  229  v°- 

233,  255  v°-258,  350,  553  v°. 
Pierre  de  Werchin,  sénéchal  de  Hainaut,  gouverneur  de 

Tournai  et  du  Tournaisis,  291,  291  v°,  387,  387  v°,  388. 
Pierre,   dit   Nieniczk,    de   Zaltoroldeck,  gentilhomme 

morave,  42. 

Pierre,  Marie  de  le,  Marion,  épouse  de  Jacques  de  le 

Tombe,  dit  Adrien,  martyre  à  Tournai,  151. 
Pierreport,  voir  Pont-Pierre. 
Piggot,  voir  Pygot. 
Pignaranda,  Espagne,  Séville,  538. 

Pignerol,  Pinereul,  Italie,  Turin,  438-439,  458,  573  v°, 
574. 

Pikeringe,  Pakring,  Geoffroy  de,  moine  de  Byland,  7  v°. 

Pikes,  Pike,  Guillaume,  martyr  à  Brentford,  472  v°. 

Pilate,  voir  Ponce  Pilate. 

Pinachia,  voir  Pinasca. 

Pinasca,  Pinachia,  Italie,  Turin,  575  v°. 

Pinereul,  voir  Pignerol. 

Pindar,  voir  Pindare. 

Pindare,  Pindar,  professeur  à  Cambridge,  192. 
Finis,  voir  Pins. 

Pins,  de  Pinis,  Jean  de,  évêque  de  Rieux,  118. 
Piollenc,  Pyolenc,  Pyolenq,  Thomas  de,  procureur  général 

du  roi  à  Aix-en-Provence,  115,  120,  122  v°,  126,  126  v°, 

129  v°. 

Piquery,  Jean,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Piquery,  Louis,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Piquery,  Guillaume,  de  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Piquery,  Pierre,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 
Pirebbor  de  Tirczewicz,  gentilhomme  morave,  42. 
Pirrone  Arduino,  délégué  de  Bobbio,  576. 
Pise,  Italie,  55  v°,  57. 

Pise,  Barthélémy  Albizzi  de,  Berthelemy  de  Pisis,  francis- 
cain, 468. 

Puis,  Berthelemy  de,  voir  Pise,  Barthélémy  Albizzi  de. 
Pisseleu,  Anne  de,  duchesse  d'Étampes,  106  v°. 
Pistoris,  dominicain  à  Gand,  288. 

Pistorius,  Jean,  Bakker,  Jan  de,  martyr  à  La  Haye,  VII  v°, 
60  v°. 

Plan,  Planuol,  France,  Isère,  95.  —  Martyr  :  Etienne 

Brun. 
Planuol,  voir  Plan. 

Plata,  rio  de  la,  rivière  de  Plate,  Argentine,  448,  461  v°. 

Plate,  rivière  de,  voir  Plata,  rio  de  la. 

Platina,  Barthélémy,  historien  italien,  548  v°,  635. 

Platine,  voir  Platina. 

Platon,  philosophe,  40,  478. 

Pleski,  voir  Polotsk. 

Pline  le  Jeune,  Pline  second,  398,  477. 

Pogge,  Jean-François,  humaniste,  39  v°-41. 

Poictiers,  voir  Poitiers. 

Poictou,  voir  Poitou. 

Poiet,  voir  Poyet. 

Poileve,  voir  Poylene. 

Poille,  Henri,  martyr  à  Paris,  82. 

Pointet,  Jean,  martyr  à  Paris,  VIII,  78  v°-79. 

Pois,  Jean  de,  martyr  à  Arras,  82  v°. 

Poissv,  France,  Seine-et-Oise,  IX,  577,  580,  580  v°,  588  v°, 
589  v°,  621. 

Poitiers,  Poictiers,  France,  222,  225,  340,  438-440,  520  v°, 
521. 

Poitou,  Poictou,  France,  456,  456  v°,  484  v°. 
Poix,  Jean  le,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Pol,  voir  Pôle. 

Pôle,  Pol,  Polus,  Réginald,  cardinal,  légat,  IX,  294  v°, 

322  v°,  382  v°,  472  v°. 
Polin,  Poulin,  Antoine  Escalin  des  Aymars,  baron  de 

la  Garde,  dit  le  capitaine,  127,  127  v«,  129-130  v°,  175, 

540. 

Poline,  voir  Pauline. 
Polkins,  voir  Potkins. 

Polley,  Jean,  martyr  à  Tunbridge  Wells,  361. 
Pologne,  Poloigne,  IX  v°,  16  v°,  18,  27,  28,  31  v°,  115, 

400,  622. 
Poloigne,  voir  Pologne. 
Polotsk,  Pleski,  PolotsH,  Lithuanie,  622  v°. 


Polotski,  voir  Polotsk. 

Poltrot  de  Méré,  Jean  de,  621  v°. 

Polus,  voir  Pôle. 

Polus,  voir  Poole. 

Polydore  Virgile,  historien  italien,  14  v°,  15. 
Pom,  Jean,  et  son  épouse,  condamnés  par  contumace, 
115,  115  v°. 

Pomery,  libraire,  condamné  par  contumace,  115,  115  v°. 
Pomery,  Marthe,  épouse  du  libraire  Pomery,  condamnée 

par  contumace,  115,  115  v°. 
Pomponio  Algieri,  Pomponius  Algier,  martyr  à  Rome, 

365  v°-371  v°. 
Pomponius  Algier,  voir  Pomponio  Algieri. 
Ponce  de  Léon,  Jean,  martyr  à  Séville,  541-541  v°. 
Ponce  de  Léon,  Roderic,  comte  de  Baylen,  541. 
Ponce  Pilate,  personnage  biblique,  IV  v°,  23  v°,  29  v°, 

189  v»,  344,  363,  452  v°,  535,  667  v°. 
Poncher,  François,  archevêque  de  Sens  et  non  de  Tours, 

473. 

Ponchet,  bourreau  à  Issoire,  173  v°. 
Pond,  Henri,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Ponet,  voir  Poynet. 

Pont-Audemer,  Ponteau-de-mer ,  France,  Eure,  493. 
Pont-Saint-Esprit,   Saint-Esprit,   France,   Gard,   520  v°, 
626  v". 

Pontac,  Jean  de,  greffier  civil  et  criminel  au  Parlement 

de  Bordeaux,  437. 
Ponteau-de-mer,  voir  Pont-Audemer. 

Pont-pierre,  Pierreport,  Monsieur  de,  juge,  409,  411, 
411  v°. 

Poole,  Polus,  Edmond,  martyr  à  Beccles,  437  v°. 
Pop  d'Aye,  voir  Pope. 

Pope,  Pop  d'Aye,  Eye,  tisserand,  martyr  à  Norwich,  56. 

Porceau,  Jean,  martyr  à  Mons,  308  v°. 

Porphyre,  philosophe,  668  v°. 

Port,  voir  Saint-Nicolas-de-Port. 

Portanier,  Joachim,  consul  à  Draguignan,  470. 

Porter,  Porteur,  Jean,  mort  en  prison  à  Londres,  102  v°. 

Porteur,  voir  Porter. 

Portille,  Robert  de,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Portugal,  IX,  194-195,  442  v°-444  v°,  446,  461  v°,  635. 
Pothée,  Nicole,  docteur  en  théologie,  433  v°. 
Potkins,  Polkins,  Alice,  morte  en  prison  à  Canterbury, 
437  v°. 

Potten,  Pottene,  Agnès,  Anne,  martyre  à  Ipswich,  364  v°, 

365,  423  v°. 
Pottene,  voir  Potten. 

Pôttmes,  Bothmes,  Allemagne,  Bavière,  157,  158  v°. 

P ouille,  voir  Pouilles 

Pouilles,  Fouille,  Italie,  87  v°,  115. 

Pouiz,  gouverneur,  47  v°. 

Poulain,  voir  Antoine  Escalin  des  Aymars. 

Poulin,  voir  Antoine  Escalin  des  Aymars. 

Poullet,  prévôt,  197  v°. 

Poulliot,  Etienne,  martyr  à  Paris,  170  v°. 

Pourrières,  Pourriers,  seigneur  de,  127,  129  v°. 

Pourriers,  voir  Pourrières. 

Poyet,  Guillaume,  chancelier  de  France,  121  v°,  239  v°. 

Poyet,  René,  martyr  à  Saumur,  239  v°. 

Poylene,  ou  Poileve,  G.,  juge,  320  v°. 

Poynet,  Ponet,  Jean,  évêque  de  Rochester,  puis  de  Win- 
chester, 395  v°. 

Poza,  marquis  de,  538. 

Pra  del  Torno,  Italie,  Turin,  575. 

Pradier,  Carneys,  juge,  320  v°. 

Pragela,  voir  Pragelato. 

Pragelato,  Pragela,  Italie,  Turin,  474. 

Praepositus,  Jacques,  prieur  des  Augustins  d'Anvers, 
131  v",  132. 

Prague,  Tchécoslovaquie,  VII  v°,  5  v°,  6,  15  v°-42  v°,  47  v°, 
49.  —  Archevêques  :  Sbinco  de  Hasembourg,  Albert 
de  Unicow,  Conrad  de  Vechta.  —  Martyr  :  N.,  moine. 

Prague,  Jérôme  de,  martyr  à  Constance,  VII  v°,  15,  21, 
28,  32,  33,  36-42  v°,  47  v»,  49. 

Prat,  N.  du,  voir  Duprat. 

Pré,  Jean  du,  commissaire  royal,  126  v°. 

Pré,  Léonard  du,  martyr  à  Paris,  171,  171  v°. 

Prévost,  Antoine,  archevêque  de  Bordeaux,  580  v°. 

Prez,  Georges  des,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Priscille,  sainte,  368. 

Prive,  Christophe  de,  conseiller  du  roi  à  Angers,  457. 

Prosper  d'Aquitaine,  saint,  682  v°,  683  v°. 

Provence,  France,  VIII,  IX,  87  v»,  114  v»,  115,  116,  118  v°- 
121  v°,  122  v°,  123-126  v»,  129,  174  v°-175  v°,  176  v°, 
415  v°,  470,  473,  490  v°,  538  v°-540,  551  v»,  622.  — 
Martyr  :  Jean  Mutonis. 

Psateska  de  Wikleck,  gentilhomme  morave,  42. 

Puis,  Nicolas  du,  martyr  à  Saint-Omer,  696  v°. 

Puis,  voir  Puy. 

Pupin,  voir  Peypin-d'Aigues. 


45 


Pitrfoy,  voir  Parfew. 
Purné,  voir  Purvey. 

Purpurat,  Jérôme,  président  du  Parlement  de  Turin, 

440  v°,  466  v°. 
Purvey,  Purné,  Jean,  martyr  à  Londres,  7,  7  v°,  13  v°, 

47  v°,  48. 

Puy,  Puis,  N.  du,  lieutenant  à  Lyon,  234  v°,  235,  388. 


Pygat,  voir  Pygot, 

Pygot,  Piggot,  Pygat,  Guillaume,  martyr  à  Braintree, 

316  v»,  323. 
Pyolenc,  voir  Piollenc. 
Pyolenq,  voir  Piollenc. 
Pyrénées,  France,  699. 


Q 


Quadra,  Daniel,  condamné  à  Valladolid,  538.  Quesnoy,  voir  Le  Quesnoy. 

Quatreveaux,  seigneur  de,  lieutenant  des  arquebusiers,  674.  Quier,  voir  Chieri. 

Quekere,  Chrétien  de,  martyr  à  Fumes,  559  v°-561  v°.  Quiers,  voir  Chieri. 

Quentin  Jacquart,  martyr  à  Wassy,  592  v°.  Quintin  Charlar,  chanoine  à  Tournai,  188,  191. 

Quercu,  voir  Chêne.  Quoquillard,  voir  Coquillart. 

Quercy,  France,  197,  340,  340  v°,  698  v°. 


R 


Raab,  Raub,  Autriche,  Haute- Autriche,  VII  v°,  68  v°-69. 

—  Martyr  :  Léonard  Keiser. 
Raab,  voir  Gyôr. 

Rabat,  Gijsbert,  bailli  d'Hulst,  660. 

Rabec,  Jean,  martyr  à  Angers,  IX,  408  v°-414. 

Rabi,  voir  Gyôr. 

Rabier,  Jean,  juge  à  Saint-Maximin,  131. 
Racdaw,  Ulric  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Raconis,  Philippe  de  Savoie,  seigneur  de,  574,  576. 
Raczeck  Zawskalp,  gentilhomme  morave,  42. 
Radelo,  voir  Ratloe. 

Radtgeber,  Henri,  martyr  à  Ratisbonne,  47  v°. 
Rahab,  personnage  biblique,  350. 
Raile,  voir  Rayleigh. 

Ralph  Baynes,  évêque  de  Lichfield  et  de  Coventry,  372, 

373  v°-375  v°,  399-401  v». 
Ralph  Jackson,  Rodulphe   Iacson,   martvr  à  Stratford, 

437  v°. 

Ramon,  Catherine,  épouse  de  Guy  de  Bray,  688-689. 
Raoul  Challopin,  juge  à  Angers,  412  v°. 
Raoul  Surguin,  juge  à  Angers,  412. 
Rastal,  voir  Rastell. 

Rastell,  Rastal,  Jean,  beau-frère  de  Thomas  More,  75  v°, 

76. 

Rat,  Guillaume  le,  lieutenant   général    d'Angers,  412, 

412  v°,  413,  457  v°. 
Ratisbonne,  Reinsbourg,  Allemagne,  Haut-Palatinat,  47  v°, 

132  v°,  133,  152-156  v°.  —  Martyrs  :  Henri  Grun- 

felder,  Henri  Radtgeber. 
Ratloe,  Renard,  a  Radelo,  Renhardt,  maïeur  de  Limbourg, 

703-703  v°. 
Raub,  voir  Raab. 

Raulin  Whyght,  voir  Rawlins  White. 

Raunay,  Renay,  baron,  conjuré  d'Amboise,  557  v°. 

Ravendale,  voir  Ravensdale. 

Ravensdale,   Ravendale,   Thomas,   martyr   à  Mayfïeld, 
437  v°. 

Rawlins  White,  Raulin  Whyght,  martyr  à  Cardiff,  317- 
317  v°. 

Rayleigh,  Raile,  Rayly,  Angleterre,  Essex,  316  v°,  329.  — 

Martyrs  :  Jean  Àrdeley,  Thomas  Causton. 
Rayly,  voir  Rayleigh. 

Raymond  Cabasse,  théologien,  43,  43  v°. 

Raymond  Rebezies,  Remond  Rebezies,  père  du  martyr 

François  Rebezies,  487. 
Raymond  Varlut,  père  du   martvr  François  Varlut, 

614  v°. 

Raymondet,  Michel,  délégué  de  Tagliaret,  576. 


Raynel,  Denis  de,  martyr  à  Wassy,  594  v°. 
Ré,  France,  île,  499. 

Reade,  Rede,  Thomas,  martyr  à  Lewes,  437  v°. 
Reading,  Rheding,  Angleterre,  Berkshire,  74  v°,  361.  — 

Martyr  :  Jean  Aleworth. 
Rebezies,  François,  martyr  à  Paris,  485  v°-490  v°. 
Rebezies,  Raymond,  Remond,  père  du  précédent,  487. 
Rede,  voir  Reade. 
Rege,  voir  Reggio  di  Calabria. 
Reggio  di  Calabria,  Rege,  Italie,  Calabre,  113. 
Reginald  Pôle,  Pol,  Polus,  cardinal,  légat,  IX,  294  v°, 

322  v»,  382  v°,  472  V. 
Reid,  Robert,  évêque  d'Orkney,  195  v°-196  v°. 
Reims,  France,  Marne,  385,  591. 

Reinald  Eastland,  Reynod  Lavonder,  martyr  à  Londres, 
472  v°. 

Reinsbourg,  voir  Ratisbonne. 

Rely,  Jean  de,  évêque  d'Angers,  55  v°. 

Rembaldo,  voir  Constant  Dialestini. 

Remi  Ambrois,  Remy  Ambroys,  président  du  Parlement 

de  Provence,  415  v°. 
Remond,  voir  Raymond. 
Remorantin,  voir  Romorantin. 
Remy,  Hector,  martyr  à  Douai,  106. 
Remy,  Mathias,  Matthis,  diacre  à  Lille,  suspect,  656. 
Remy,  voir  Remi. 
Renais,  voir  Renaix. 

Renaix,  Renais,  Renay,  Ronse,  Belgique,  Flandre  Occiden- 
tale, 510,  511,  560  v",  562  v»,  569,  577  v»,  598  v°,  659  v°, 
660.  —  Martyr  :  Josse  de  Cruel. 

Renard  Ratloe,  Renhardt  a  Radelo,  maïeur  de  Limbourg, 
703-703  v°. 

Renaud  Go,  suspect,  579. 

Renaudine  de  Francville,  martyre  à  Cambrai,  616  v°- 
617. 

Renauld  Pecock,  évêque  de  Chichester,  54  v°. 
Renay,  voir  Renaix. 
Renay,  voir  Raunay. 
René  Poyet,  martyr  à  Saumur,  239  v°. 
René  du  Seau,  mort  en  prison  à  Paris,  490  v°. 
Renhardt  a  Radelo,  voir  Renard  Ratloe. 
Renialme,  Gaspard  de,  échevin  à  Anvers,  512. 
Réortier,  France,  Hautes-Alpes,  95. 

Repingdon,  Repyngton,  Philippe  de,  abbé  de  Leicester, 

3,  4-5,  7,  7  v°. 
Reps,  Repse,  Guillaume,  évêque  de  Norwich,  92  v°-93, 

416  v°. 
Repyngton,  voir  Repingdon. 


47 


Restalrig,  Lastarig,  Écosse,  196  v°,  197. 
Retel,  voir  Rethel. 

Rethel,  Retel,  France,  Ardennes,  385. 
Reu,  voir  Rœulx. 

Revest,  Antoine  du,  lieutenant  du  sénéchal  de  Dragui- 

gnan,  470  v°. 
Reychenberg,  Jean  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Reynaud,  Jacques,  seigneur  d'Aillens,  116,  119. 
Reynod  Lavonder,  voir  Reinald  Eastland. 
Rheding,  voir  Reading. 

Rhedon,  Thomas,  martyr  à  Rome,  VII  v°,  49. 
Rhin,  30  v»,  39,  62,  543  v°,  578. 
Rhodes,  île  grecque,  83. 
Riant,  avocat  du  roi,  176. 
Ribadio,  comte  de,  537. 
Ribérac,  Riverac,  France,  Dordogne,  100. 
Ricarby,  Rycarbie,  Matthieu,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Ricaut,  Antoine,  libraire,  522  v°. 
Ricetto,  Antoine,  martyr  à  Venise,  697  v°-698. 
Rich,  Rych,  Richard,  baron  de  Leeze,  chancelier  d'An- 
gleterre, 167  v°,  328  v»,  401  v°-404. 
Richard,  moine  espagnol,  422. 
Richard,  voir  Richard  le  Fevre. 
Richard  II,  roi  d'Angleterre,  1  v°,  3  v°,  43  v°,  44. 
Richard  Arundel,  comte,  44. 

Richard  Bayfield,  Bayfild,  martyr  à  Londres,  73  v°. 
Richard  Colliar,  Coller,  martyr  à  Canterbury,  362  v°. 
Richard  Cox,  évêque  d'Ély,  92  v°-93. 
Richard  Day,  Daye,  Jean  Daws,  martyr  à  Colchester  et 

non  à  Norwich,  472  v°. 
Richard  Dodington,  Dodyngtone,  prieur  des  augustins  à 

Londres,  46  v°. 
Richard  Le  Fèvre,  martyr  à  Lyon,  182  v°,  277  v°-287. 
Richard  Fitzjames,  Fitsian,  évêque  de  Londres,  44  v°, 

45  v»,  47,  56  v°. 
Richard  de  Gastines,  martyr  à  Paris,  703  v°-704  v°. 
Richard  Georges,  un  nommé  George,  suspect,  relaxé,  à 

Londres,  472  v°. 
Richard  Harris,  martyr  à  Norwich,  voir  Guillaume  Harris, 

martyr  à  Colchester,  472  v°. 
Richard  Hook,  Hork,  martyr  à  Chichester,  361. 
Richard  Hovenden,  martyr  à  Londres,  48  v°. 
Richard  Hun,  martyr  à  Londres,  56,  56  v°,  364. 
Richard  de  Lestonna,  conseiller  à  la  Cour  de  Bordeaux, 

436. 

Richard  Mekins,  Mekyns,  martyr  à  Londres,  102-102  v°. 
Richard  Nichols,  Nichol,  martyr  à  Colchester,  437  v°. 
Richard  Nix,  Nikke,  Nyx,  évêque  de  Norwich,  72  v°. 
Richard  Pâtes,  évêque  de  Worcester,  294  v°,  398,  398  v°, 
399,  408. 

Richard  Rich,  baron  de  Leeze,  chancelier  d'Angleterre, 

167  v»,  328  v°,  401  v°-404. 
Richard  Sampson,  Sanson,  évêque  de  Chichester  et  non 

de  Chester,  puis  de  Lichfield-Coventry,  416  v°. 
Richard  Smith,  Fabri,  Smvth,  doyen  de  Faculté  à  Oxford, 

86,  299,  300  v°,  328. 
Richard  Smith,  Richerd  Smvth,  mort  en  prison  à  Londres, 

365  v». 
Richard  Spenser,  423. 

Richard  Spenser,  martyr  à  Salisbury,  102  v°. 

Richard  Spurge,  martyr  à  Londres,  437  v°. 

Richard  Stur,  chevalier  anglais,  4. 

Richard  Southwel,  Suthvel,  chevalier,  296  v°. 

Richard    Thornton,    Theonden,    évêque    auxiliaire  de 

Douvres,  418. 
Richard  Thrace,  72  v°-73. 

Richard,  Jacques,  Turming,  Turmin,  Turmyn,  martyr  à 

Londres,  VII  v°,  15  v°. 
Richard  Warwick,  Varnic,  comte,  44. 
Richard  Woodman,  Wodman,  martyr  à  Lewes,  396. 
Richard  Wright,  martyr  à  Canterbury,  362  v°. 
Richardot,  François,  évêque  d'Arras,  674  v°,  679  v°, 

680  v°-687,  691,  692,  695  v°. 
Richart,  Claude,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Richebois,  Gilles,  et  son  épouse,  martvrs  à  Sens,  597- 

597  v°. 

Richer,  Pierre,  réformé,  émigré  au  Brésil,  444-449,  461  v°. 

Richerd  Smyth,  voir  Richard  Smith. 

Richieud,  Antoine  de,  seigneur  de  Mauvans,  martyr  à 

Draguignan,  538  v°-540. 
Richieud,  neveu  d'Antoine  de  Richieud,  539  v°. 
Richieud,  Paul  de,  seigneur  de  Mauvans,  539. 
Richmond,  Rychmonde,  Angleterre,  Surrey,  297  v°,  301. 
Ricourt,  Jean,  de  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Ridder,  Laurent  De,  évêque  auxiliaire  d'Utrecht,  60  v°. 
Ridlé,  voir  Ridley. 

Ridley,  Ridlé,  Rvdlé,  Nicolas,  évêque  de  Rochester,  puis 
de  Londres,  martvr  à  Oxford,  VIII  v°,  97,  294,  294  v°, 
310  v»,  325  v",  329  v°,  339,  339  v°,  375  v°-383  v°,  401  v°, 
402  v»,  418  v»,  420,  421  v". 


Rieu,  voir  Durieux. 

Rieux,   France,   Haute-Garonne,   70,    118.   —  Évêque  : 

Jean  de  Pins. 
Rieux,  Denis  de,  martyr  à  Meaux,  VIII,  70-70  v°. 
Rieux-en-Mulcien,  voir  Rieux. 
Riez,  France,  Basses-Alpes,  539. 

Riga,  Riçen,  Lettonie,  21,  27  v°.  —  Évêque  :  Jean  de 
Wallenrode. 

Rigen,  voir  Riga. 

Rigo,  Jean  del,  commissaire  de  Bruxelles,  702. 
Rimini,  Arimin,  concile  de,  583. 
Rinc,  voir  Rink. 

Rink,  Rinc,  Melchior,  anabaptiste,  83. 

Rio,  Louis  del,  membre  du  Conseil  des  Troubles,  701  v°. 

Rio-de-Janeiro,  Ianuario,  Brésil,  444  v°. 

Riom,  Rion,  France,  Puy-de-Dôme,  169  v°. 

Rion,  voir  Riom. 

Ripaille,    château   à   Thonon-les-Bains,    France,  Haute- 
Savoie,  56  v°. 
Ripet,  secrétaire  à  Aoste,  458  v°. 
Rithove,  Rithovius,  Martin,  évêque  d'Ypres,  600. 
Riverac,  voir  Ribérac. 

Rivière,  François  de  la,  ministre,  565,  566. 

Roanne,  Rouane,  Rouanne,  France,  Loire,  206,  219,  234, 

235  v»,  238,  248  v",  262,  263,  263  v»,  283  v»,  285  v», 

394  v°. 

Roardus  d'Eneuse,  voir  Ruard  Tapper. 
Roardus  Tappaert,  voir  Ruard  Tapper. 
Robert,  avocat,  176. 

Robert,  dit  Clément,  duc  du  Palatinat,  empereur,  36  v°. 
Robert  Aldridge,  évêque  de  Carlisle,  297. 
Robert  Barnes,  Barns,  martyr  à  Londres,  90,  96  v°- 
97  v°. 

Robert  Bauldier,  seigneur  de  La  Chapelle-Monthodon, 
suspect,  594. 

Robert  Bennet,  Benette,  suspect  relaxé  à  Windsor,  106. 
Robert  de  Berghes,  prince-évêque  de  Liège,  617  v°- 
618. 

Robert  Ceneau,  Cenalis,  évêque  d'Avranches,  480  v°. 

Robert  Chamberlain,  Chamberlayne,  prieur  des  domi- 
nicains à  Londres,  46  v°. 

Robert  le  Chien,  réformé  de  Lille,  428. 

Robert  de  Croy,  évêque  de  Cambrai,  135. 

Robert  Drakes,  dit  Gien,  ministre,  martvr  à  Londres, 
437  v». 

Robert  Dynes,  martyr  à  Brentford,  472  v°. 

Robert  Fabyan,  Fabien,  chroniqueur  anglais,  15-15  v°. 

Robert  Ferrar,  Ferror,  évêque  de  Saint-David's,  martyr  à 

Carmarthen,  314-314  v»,  330  v°,  420. 
Robert  Foster,  gentilhomme,  martyr  à  Édimbourg,  89. 
Robert  Glover,  frère  de  Jean,  martyr  à  Coventrv,  371  v°- 

375  v°. 

Robert  Greathead,  évêque  de  Lincoln,  24. 
Robert  Lawson,  martyr  à  Bury-Saint-Edmunds,  437  v°. 
Robert  Mascall  ou  Maschal,  évêque  de  Hereford,  44  v°. 
Robert  Milles,  martyr  à  Brentford,  472  v°. 
Robert  de  Morlay,  chevalier  anglais,  45  v°,  46  v°,  47. 
Robert  Oguier,  martyr  à  Lille,  425-429,  564,  566. 
Robert  Parfew,  Purfoy,  alias  Warton,  évêque  de  Saint- 
Asaph,  97. 

Robert  de  Portille,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Robert  Reid,  évêque  d'Orkney,  195  v°-196  v°. 
Robert  Rygge,  Ryg,  chancelier  d'Oxford,  3,  4  v°,  5. 
Robert  Samuel,  ministre,  martyr  à  Ipswich,  364  v°- 

365  v°,  423  v°. 
Robert  Smith,  Smvth,  martvr  à  Uxbridge  et  non  à  Staines, 

362  v°-364  v°. 

Robert  Streater,  Steuter,  martyr  à  Canterbury,  365  v°. 
Robert  Stuart,  Stuard,  gentilhomme  écossais,  557-559  v°. 
Robert  Tesrwood,  martyr  à  Windsor,  106-106  v°. 
Robert  Wombewel,  curé  de  Saint-Laurent  à  Londres, 
46. 

Robert-Magnil,  Robert-Magny,  France,  Haute-Marne,  594. 

Robert-Magny,  voir  Robert-Magnil. 

Robillart,  Michel,  martyr  à  Tournai,  629-633. 

Robin,  Jean,  de  Wassy,  592  v°. 

Robin,  Nicolas,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

Robinson,  docteur,  166  v°. 

Roccapialla,  Roccapiata,  Italie,  Turin,  575-576. 

Roccapiata,  voir  Roccapialla. 

Rocestre,  voir  Rochester. 

Roch,  martyr  à  San  Lucar,  près  de  Cadix,  134,  134  v°. 

Roche-sur- Yon,  Roche-Surion,  voir  La  Roche-sur- Yon. 

Rochebœuf -court,  voir  La  Rochebeaucourt-et- Argentine. 

Rocheford,  seigneur  de,  frère  d'Anne  de  Boleyn,  89. 

Rochefurt,  voir  Rochford. 

Roche-Surion,  voir  La  Roche-sur-Yon. 

Rochester,  Rocestre,  Rochestre,  Roffens,  Roffensis,  Angle- 
terre, Kent,  44  v»,  45,  72,  74,  75  v°-77  v°,  92  v°,  93, 
97,  331  v°,  361,  376,  399,  401,  404,  404  v»,  437,  437  v°.  — 


48 


Évêques  :  Jean  Fisher,  Maurice  Griffith,  Edmond 
Guest,  Nicolas  Heath,  Jean  Poynet,  Nicolas  Ridley. 
—  Martyrs  :  Jeanne  Beach,  Nicolas  Hall,  Jean  Har- 
pole. 

Rochestre,  voir  Rochester. 

Rochetaillée,  Jean  de,  patriarche  de  Constantinople,  17  v°- 
21  v»,  37  v°. 

Rochford,  Rochefurt,  Angleterre,  Essex,  329.  —  Martyr  : 

Jean  Simson. 
Roderic  Ponce  de  Léon,  comte  de  Baylen,  541. 
Rodoret,  Italie,  Turin,  575  v°. 
Rodrigue,  Fernand,  docteur,  543  v°. 
Rodulphe  lacson,  voir  Ralph  Jackson. 
Roesmals,  Antoinette  van,  martyre  à  Louvain,  95-98. 
Rœulx,  Reu,  Jean  de  Croy,  comte  de,  gouverneur  de 

Flandre,  674  ;  —  comtesse  de,  673  v°. 
Roffens,  voir  Rochester. 
Rojfensis,  voir  Rochester. 

Roger  Acton,  chevalier,  martyr  à  Londres,  VII  v°,  14  v°, 
15. 

Roger  Bernard,  martyr  à  Bury-Saint-Edmunds,  437  v°. 
Roger  Cirier,  martyr  à  Taunton,  362  v°. 
Roger  Coo,  Thomas  Coe,  martyr  à  Yoxford,  365  v°. 
Roger,  Rogier,  Dule,  martyr  en  Angleterre,  54  v°. 
Roger  Holland,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Roger  de  Jonghe,  le  Jeune,  Juvenis,  ermite  de  Saint- 
Augustin  à  Bruges,  569. 
Roger  du  Mont,  martyr  à  Tournai,  626-626  v°. 
Roger,  voir  Rogers. 

Rogers,  Rogier,  magistrat  de  Coventry,  374. 

Rogers,  du  Norfolk,  martyr  à  Londres,  164. 

Rogers,  Roger,  Rogier,  Jean,   martyr  à   Londres,  192, 

293-299,  302  v°,  303,  315,  332  v°,  334,  339  v°. 
Rogers,  N.,  épouse  de  Jean,  297  v°,  299. 
Rogier,  voir  Roger. 
Rogier,  voir  Rogers. 

Roissowan,  Eybl  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Rojàs,  Marie  de,  condamnée  à  Valladolid,  538  v°. 
Rojàs,  marquis  de,  538  v°. 

Roland  le  Boucq,  Bouc,  martyr  à  Valenciennes,  692  v°, 
696. 

Roland  Taylor,  martyr  à  Aldham  Common,  près  de  Had- 

leigh,  306  v°-308  v». 
Roma,  Jean  de,  inquisiteur  de  Provence,  121  v°,  125  v°, 

126,  473. 
Romagne,  Italie,  179  v°,  180. 
Romain,  saint,  690  v°. 

Romain,  Catherine,  martyre  à  Valladolid,  538. 

Roman,  Thomas,  délégué  de  San-Germano-Chisone,  576. 

Romane,  Ienon,  syndic  de  Mérindol,  124  v°-125  v°. 

Rome,  Roma,  VIII  v»,  3,  48-49,  53,  55,  97,  112-113,  123, 
123  v°,  144,  145  v°,  148  v»,  149,  153-155  v°,  212  v°-214, 
265,  268  v»,  295,  326,  338,  343  v»,  365  v°-371  v°,  395, 
399-401,  405  v»,  406,  416,  416  v°,  419,  445  v°,  466,  466  v°, 
510  v°,  541  v°,  545,  546,  546  v»,  553,  554-555,  556- 
557  v»,  562,  565,  576,  599  v»,  601,  607,  622,  623-623  v°, 
659  v°,  678,  687,  691,  697  v°.  —  Marty  rs  :  Pomponio 
Algieri,  Jacques  d'Enzinas,  Jean-Louis  Pascal,  Tho- 
mas Rhedon. 

Romford,  Rondine,  Angleterre,  Essex,  328. 

Romillet,  Léonard,  martyr  à  Marseille,  620. 

Romorantin,  Remorantin,  France,  Loir-et-Cher,  559,  709  v°. 

Romyen,  Benoit,  martyr  à  Aix-en-Provence,  470-472. 

Ronay,  voir  Rosnay-l'Hôpital. 

Rondine,  voir  Romford. 

Ronse,  voir  Renaix. 

Roper,  commissaire  de  Marie  Tudor,  395  v°-396  v°. 
Roper,  voir  Ropper. 

Ropper,  Roper,  Georges,  martyr  à  Canterbury,  375  v°. 


Roquemaure,  Roquemaurel,  France,  Gard,  699  ;  —  seigneur 

de,  699. 
Roquemaurel,  voir  Roquemaure. 
Rora,  voir  Roreto. 
Roreto,  Rora,  Italie,  Turin,  575. 

Rosemondt,  Godescalc,  Hodscalc,  inquisiteur,  59. 
Rosières,  Rozières,  France,  Haute-Marne,  594. 
Rosnay-l'Hôpital,  Ronay,  France,  Aube,  589  v°. 
Rosoay  en  Brie,  voir  Rozoy. 
Ross,  Jean,  suspect,  424. 

Rossignol,  Marguerite,  épouse  de  Jean  Ricourt,  suspecte, 

relaxée,  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Rossillon,  voir  Roussillon. 
Rothe,  voir  Routh. 
Rotta,  Baptista,  docteur,  555-556. 
Rouan,  voir  Rouen. 
Rouanne,  voir  Roanne. 

Rouen,  Rouan,  France,  Seine-Maritime,  IX,  106,  131, 
131  v°,  277  v»,  293-293  v»,  519  v°,  600  v»,  621,  655  v<>.  — 
Église  :  Notre-Dame,  293  v°.  —  Archevêque  :  Guil- 
laume d'Estouteville.  —  Martyrs  :  Jean  du  Bosc, 
Oudard  Bouncer,  Jacques  Challes,  Constantin,  Noël 
Cotton,  Vincent  de  Cruchot,  Guillaume  Fonques, 
Guillaume  Husson,  Augustin  Marlorat,  Denis  Le 
Vayr. 

Roulland,  procureur,  suspect,  619  v°. 
Rougebec,  Macé,  de  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Rousseau,  Martin,  martyr  à  Paris,  523  v°-524. 
Rousseau,  Nicolas  Du,  martyr  à  Dijon,  450  v°-456  v°. 
Rousseau,  Péronne,  réformée  de  Tournai,  610. 
Rousseau,  Pierre  de,  martyr  à  Angers,  414-415  v°. 
Roussel,  Rufi,  Ruffy,  Gérard,  Girard,  évêque  d'Oléron, 

68  v°,  79,  79  v°,  486  v». 
Roussel,  Jean,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Roussillon,  Rossillon,  France,  123. 

Routh,  Rothe,  Jean,  martyr  à  Stratford,  437  v°,  441  v°- 

442  v». 

Roux,  Pierre  le,  martyr  à  Bruges,  191  v°. 
Rovigo,  Italie,  Vénétie,  697  v°. 
Roxas,  Louis  de,  condamné  à  Valladolid,  538. 
Roy,  voir  Coninck. 

Roy,  Peyron,  Peiron,  condamné  par  contumace,  115, 
115  v°,  121. 

Roy,  Étienne  Le,  martyr  à  Chartres,  274  v°-276  v°. 
Roy,  Léonard  Le,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Royauld,  Noël,  prêtre,  319  v°. 
Rozoy,  Rosoay  en  Brie,  France,  Seine-et-Marne,  61. 
Rozières,  voir  Rosières. 

Ruard  Tapper,  Roardus  Eneuse,  Ruardus  Tappaert,  in- 
quisiteur général  des  Pavs-Bas,  59,  60  v°,  96,  385  v°, 
459,  459  v°. 

Ruardus  Tappaert,  voir  Ruard  Tapper. 

Rudelle,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse,  699  v°. 

Rue,  Pierre  de  le,  martyr  à  Valenciennes,  696. 

Ruffy,  Gérard,  voir  Roussel,  Gérard. 

Rufi,  Girard,  voir  Roussel,  Gérard. 

Rumault,  Formatât,  Jean,  martyr  à  Bruxelles,  701  v°. 

Rupert  Taylor,  fils  de  Roland  Taylor,  308. 

Rupilius,  40. 

Rusé,  Jean,  voir  Ruzé,  Jean. 

Ruth,  personnage  biblique,  353  v°,  354. 

Ruzé,  Rusé,  Jean,  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  473. 

Rycarbie,  voir  Ricarby. 

Rych,  voir  Rich. 

Rychmonde,  voir  Richmond. 

Rydlé,  voir  Ridley. 

Ryg,  voir  Rygge. 

Rygge»  Ryg,  Robert,  chancelier  d'Oxford,  3,  4  v°,  5. 
Rynald  de  Ticzewicz,  gentilhomme  morave,  42. 


49 

S 


Saale,  Sala,  fleuve  d'Allemagne,  83. 

Saavedra,  Marina  de,  condamnée  à  Valladolid,  538. 

Sabellicus,  Sabellie,  Marc-Antoine,  historien  italien,  635. 

Sabellie,  voir  Sabellicus. 

Sachet,  Jean,  prêtre,  287  v°. 

Saconnex,  Gabriel  de,  musicien  à  Lyon,  174. 

Sacy,  France,  Marne,  162. 

Sadolet,  Jacques,  cardinal,  évêque  de  Carpentras,  120  v°, 
123,  123  v°. 

Saffron-Walden,    Safronwal,    Safronwalden,  Angleterre, 

Essex,  32,  364  v°.  —  Martyr  :  Jean  Newman. 
Safronwal,  voir  Saffron-Walden. 
Safronwalden,  voir  Saffron-Walden. 

Saillard,   Guillemette,   épouse  de  Jean,  condamnée  à 

Meaux,  161  v°-163  v°. 
Saiavedra,  voir  Saavedra. 
Sainct-Albons,  voir  Saint-Albans. 

Sai?tct-Amand  de  Talande,  voir  Saint-Amant-Tallende. 
Sainct- André ,  voir  Saint-André  et  Saint-Andrews. 
Sainct-André,  Jean  de,  ministre  à  Genève,  237,  237  v°. 
Sainct-Aubin,  voir  Saint-Albans. 
Sainct-Barthelemy,  voir  Saint-Barthélemy. 
Sainct-dauberville,  voir  Auberville-la-Campagne. 
Sainct-David,  voir  Saint-David 's. 
Sainct-Dizier,  voir  Saint-Dizier. 
Sainct-Edmunds  Bury,  voir  Bury-Saint-Edmund's. 
Sainct-George,  voir  Saint-Georges-sur-Eure. 
Sainct-George  lez  Montagu,  voir  Saint-Georges-de-Mont- 
aigu. 

Sainct-Germain,  voir  Saint-Germain-en-Laye. 
Sainct-Germain,  voir  San-Germano-Chisone. 
Sainct-Ioery,  voir  Saint-Jory. 
Sainct- Iulian,  voir  Saint-Julien. 

Saine t-Juan,  Ferdinand  de,  martyr  à  Séville,  542  v°-543. 
Sainct-Jean,  voir  Luserna-San-Giovanni. 
Sainct-Jean,  sieur  de,  voir  Saint-John. 
Sainct-Jean  de  Luseme,  voir  Luserna-San-Giovanni. 
Sainct-Marcelin,  voir  Saint-Marcellin. 
Sainct-Martin,  voir  Saint-Martin-de-la-Brasque. 
Sainct-Martin,  voir  San  Martino  di  Perrero. 
Sainct-Maximin,  voir  Saint-Maximin-la-Sainte-Baume. 
Sainct-Mihiele,  voir  Saint-Mihiel. 

Sainct-Nicolas  en  Lorraine,  voir  Saint-Nicolas-de-Port. 
Sainct-Paul,  Thomas  de,  martyr  à  Paris,  185,  185  v°. 
Sainct-Pere  (?),  abbaye  près  de  Sens,  597. 
Sainct-Pierre  sur  Dyve,  voir  Saint-Pierre-sur-Dives. 
Sainct-Pierre-le-Moustier,  voir  Saint-Pierre-le-Moûtier. 
Sainct-Remi,  voir  Saint-Remi. 
Sainct-Rouffy,  voir  Saint-Osyth. 
Sainct- Saturnin,  voir  Saint-Saturnin. 
Sainct-Sauve,  voir  Saint-Saulve. 
Sainct-Sixt,  voir  San-Sisto. 

Saincte-Foy-la-grand,  voir  Sainte-Foy-la-Grande. 

Saincte-Marie,  voir  Sainte-Marie-aux-Mines. 

Sainctes,  Claude  de,  chanoine  de  Saint-Augustin,  puis 

évêque  d'Évreux,  587  v°,  588. 
Sainctin  Nivet,  martyr  à  Paris,  173  v°-174. 
Sainctonge,  voir  Saintonge. 
Saingal,  voir  Saint-Gall. 
Sain-milion,  voir  Saint-Émilion. 

Saint-Albans,  Sainct-Albons,  Sainct-Aubin,  Angleterre, 
Hertford,  313  v°,  362  v°.  —  Martyr  :  Georges  Tanker- 
field.  —  Guillaume  Bamford,  Baumeford,  alias  Butler, 
est  martyr  à  Harwich. 

Saint-Amand-les-Eaux,  Saint- Amand,  France,  Nord,  617, 
672,  673,  674  v°,  696,  696  v°. 

Saint-Amant-Tallende,  Sainct- Amand-de-Talande,  France, 
Puy-de-Dôme,  182. 

Saint-André,  voir  Saint-Andrews. 

Saint-André,  maréchal  de,  voir  Albon. 

Saint-André,  Sainct-André,  François  de,  président  du 
Parlement  de  Paris,  487  v°-489,  525  v°,  530. 

Saint-Andrews,  Saint-André,  Écosse,  Fife,  VIII,  71  v°- 
72,  89,  195  v°-196  v°.  —  Archevêques  :  Jacques  (David) 
Beaton,  Jean  Hamilton.  —  Martyr  :  Patrice  Hamil- 
ton. 

Saint-Ange,  voir  Stephaneschi. 

Saint-Asaph,  Asaphen,  Aise,  Asse,  Angleterre,  Flint,  97, 
399,  399  v°.  —  Évêques  :  Thomas  Goldwell,  Robert 
Parfew. 


Saint-Barthelemy,  Italie,  Turin,  575-576. 
Saint-Bertin,  France,  Pas-de-Calais,  696  v°. 
Saint-Bertrand-de-Comminges,  Cumenge,  France,  Haute- 
Garonne,  699. 
Saint-Cloud,  France,  Seine,  83. 

Saint-David's,  Sainct-David,  Angleterre,  Galles,  314, 
314  v°,  330  v°,  406  v°,  416  v°.  —  Évêques  :  Guillaume 
Barlow,  Robert  Ferrar,  Henri  Morgan. 

Saint-Dizier,  France,  Haute-Marne,  593-594  v°. 
Saint-Émilion,  Sain-milion,  France,  Gironde,  433  v°. 
Saint-Esprit,  voir  Pont-Saint-Esprit. 

Saint-Estève-Janson,  Gensson,  France,  Bouches-du-Rhône, 
130. 

Saint-Flour,  France,  Cantal,  diocèse  de,  172. 
Saint-Gall,  Saingal,  Suisse,  Saint-Gall,  83  v°,  84. 
Saint-Gall,  San-Gal,  Jean  de,  marchand  suisse,  234  v°, 
235. 

Saint-Georges-sur-Eure,  Sainct-George,  France,  Eure-et- 
Loir,  274  v». 

Saint- Georges-de-Montaigu,  Saint -George -lez -Montagu, 

France,  Vendée,  484  v°. 
Saint-Germain-en-Laye,   France,   Seine-et-Oise,    106  v°, 

485  v»,  577,  580  v°,  587,  588  v°,  594  v°,  658. 
Saint-Hippolyte,  France,  Doubs,  VIII,  64-67. 
Saint-Jean  de  Luserne,  Sainct  Jean  de  Luseme,  voir  Lu- 

serna-san-Giovanni. 
Saint-John,    Guillaume   Paulet   de   Basing,   sieur  de 

Sainct-Jean,  marquis  de  Winchester,  lord,  401  v°. 
Saint-Jory,  Sainct-Ioery,  France,  Haute-Garonne,  185  v°. 
Saint-Julien,  Sainct-Iulian,  Aimé  de,  second  président 

du  Parlement  de  Turin,  458,  466  v°. 
Saint-Léger,  Sainte-Liège,  France,  Gironde,  101  v°. 
Saint-Léonard,    Sainct  Léonard,    France,  Haute-Vienne, 

319  v»,  321. 
Saint-Marcellin,  France,  Isère,  693  v°. 
Saint-Martin-de-la-Brasque,  Sainct-Martin,  France,  Vau- 

cluse,  129  v°. 

Saint-Maximin-la-Sainte-Baume,  Sainct-Maximin,  France, 
Var,  115  v»,  131. 

Saint-Mihiel,  Sainct-Mihiel,  France,  Meuse,  151  v°,  578. 
—  Martyr  :  Jacques  Chobard. 

Saint-Nicolas-de-Port,  Sainct  Nicolas  en  Lorraine,  France, 
Meurthe-et-Moselle,  578-580,  625.  —  Martyr  :  Flo- 
rentin. 

Saint-Omer,  France,  Pas-de-Calais,  696  v°.  —  Évêque  : 
Gérard  Haméricourt.  —  Martyr  :  Nicolas  du  Puy. 

Saint-Osyth,  Sainct-Rouffy,  Angleterre,  Essex,  432. 
Saint-Pierre-sur-Dives,    Dyne,    Dyve,    France,  Calvados, 
454,  484. 

Saint-Pierre  sur  Dyne,  voir  Saint-Pierre-sur-Dives. 
Saint-Pierre-le-Moûtier,  Sainct-Pierre-le-Moustier,  France, 

Nièvre,   289  v°-290  v».  —  Martyrs  :  Jean  Filleul, 

Julien  Léveillé. 
Saint-Quentin,  France,  Aisne,  458  v°,  473,  474  v°,  514. 
Saint-Remi,  Sainct-Remi,  Italie,  Turin,  458  v°. 
Saint-Romain,  Sant  Romain,   François  de,  martyr  à 

Valladolid,  131  v°-134. 
Saint-Saturnin,  Sainct- Saturnin,  France,  Hérault,  184  v°. 
Saint-Saulve,  Sainct-Sauve,  France,  Nord,  184  v°. 
Saint-Trond,  Belgique,  Limbourg,  695  v°. 
Sainte-Croix,  voir  Santacroce. 

Sainte-Foy-la-Grande,      Saincte-Foy-la-grande,  France, 

Gironde,  99  v°-100. 
Sainte-Liège,  voir  Saint-Léger. 

Sainte-Marie-aux-Mines,  Saincte-Marie,  France,  Haut- 
Rhin,  579  v°. 

Saintes,  France,  Charente-Maritime,  450. 

Saintonge,  Sainctonge,  Xantonge,  France,  197,  435  v°,  450, 
482,  490  v°. 

Sala,  voir  Saale. 

Salamine,  Grèce,  467. 

Salbure,  voir  Salisbury. 

Salins,  voir  Salins-les-Bains. 

Salins-les-Bains,  Salins,  France,  Jura,  287  v°. 

Salins,  N.,  dominicain,  181  v°,  182. 

Salisbourg,  voir  Salzbourg. 

Salisburie,  voir  Salisbury. 

Salisbury,  Salbure,  Salisbur,  Salisbure,  Salisburie,  Salopie, 
Sarisbur,  Sarisbure,  Angleterre,  Wiltshire,  4,  86,  92-93, 
102  v°,  416  v°,  437,  437  v°.  —  Évêques  :  Laurent 
Campeggio,  Nicolas  Shaxton.  —  Martyrs  :  Guil- 


50 


laume  Coberley,  Hewet,  Jean  Maundrel,  Richard 

Spencer,  Jean  Spicer. 
Salmon,  Christophe,  valet  de  chambre,  264  v°. 
Salomez,  Jeanne  de,  dite  Coninckes,  martyre  à  Furnes, 

559  v°-561  v». 

Salomon,  roi,  II,  9  v°,  10,  110  v°,  146  v°,  313,  324,  325, 

328  v°,  329,  398,  408,  409,  414  v°  679  v°. 
Salop,  voir  Shropshire. 
Salopie,  voir  Shropshire. 
Salopie,  lire  Salisbury,  92  v°-93. 
Salsa,  voir  Salza-di-Pinerolo. 
Saltwod,  Angleterre,  Kent,  6  v°. 
Salubry,  voir  Selivri. 

Salvator  Spinello,  seigneur  italien,  545-546. 
Salza-di-Pinerolo,  Salsa,  Italie,  Turin,  575  v°. 
Salzbourg,    Salisbourg,    Autriche,    37.    —   Archevêque  : 
Eberhard  de  Neuhaus. 

Samarie,  Palestine,  53,  112  v°,  368. 
Samora,  voir  Zamora. 

Sampson,  Sanson,  Richard,  évêque  de  Chichester  et 
non  de  Chester,  puis  de  Lichfield-Coventry,  416  v°. 

Samson,  personnage  biblique,  209,  351  v°,  642. 

Samuel,  personnage  biblique,  8  v°,  25,  531  v°,  684. 

Samuel  van  Kateline,  fils  d'Otto  van  Kateline,  289. 

Samuel  Saunders,  fils  de  Laurent  Saunders,  309,  312, 
313  v°. 

Samuel,  Robert,  ministre,  martyr  à  Ipswich,  364  v°- 

365  v°,  423  v°. 
Sancerre,  Sanserre,  France,  Cher,  289  v°,  557  v°.  —  Comte 

de,  voir  Jean  du  Buis. 
Sand,  gentilhomme  anglais,  conseiller,  303  v°. 
Sand,  voir  Sands. 
Sandoitz,  voir  Chandos. 

Sands,  Sand,  Edwin,  futur  évêque  de  Worcester,  puis 

de  Londres,  puis  archevêque  d'York,  358. 
San-gal,  voir  Saint-Gall. 

San-Germano-Chisone,  Sainct-Germain,  Italie,  Turin,  574, 
575  v°,  576.  —  Martyr  :  Jean,  ministre. 

Sangre,  Jacques  de,  maître  d'école,  condamné  par  contu- 
mace, 115,  115  v°. 

San-Lucar,  Sant-Lucar,  Espagne,  Cadix,  134,  134  v°.  — 
Martyr  :  Roch. 

San-Martino  di  Perrero,  Sainct-Martin,  Italie,  Turin, 
87  v»,  438,  440,  440  v°,  457  v»,  458,  575-576. 

Sanserre,  voir  Sancerre. 

San-Sisto,  Sainct-Sixte,  Italie,  Calabre,  545,  547  v°,  550- 

551  v°,  553-554  v». 
Sanson,  voir  Sampson. 
Sansot,  Jean  de  (?),  487  v°,  489  v°. 

Santacroce,  Sainte-Croix,  Bernardin,  juge  à  Cosenza, 

548  v°-574. 
Sant-Lucar,  voir  San  Lucar. 
Sant  Romain   voir  Saint-Romain. 
Saône,  France,  205  v°,  252  v°. 
Saphira,  personnage  biblique,  325  v°. 
Sapor,  Sapores,  roi  de  Perse,  267  v°. 
Sapores,  voir  Sapor. 

Sara,  personnage  biblique,  138,  348  v°. 

Sara  de  Bray,  fille  de  Guy  de  Bray,  689. 

Sara  van  Kateline,  fils  d'Otto  van  Kateline,  289. 

Sara  de  Lannoy,  Lanoy,  fille  de  Marc  de  Lannoy,  704  v°. 

Sardaigne,  Italie,  618  v°. 

Sareglio,  Cysueras  de,  époux  de  Marina  de  Saavedra, 

538. 

Sarisbur,  voir  Salisbury. 
Sarisbure,  voir  Salisbury. 
Sarmatie,  114  v°. 

Sarmiento,  Pierre,  condamné  à  Valladolid,  538. 
Sarria,  marquis  de,  537. 

Sartoire,  Nicolas,  martyr  à  Aoste,  458-458  v°. 
Sartor,  Théodore,  voir  Thierry  Couturier. 
Saserson,  voir  Saverson. 
Saturne,  personnage  mythologique,  50  v°. 
Saube,  Catherine,  martyre  à  Montpellier,  VII  v°,  42  v°- 
43  v°. 

Saùl,  personnage  biblique,  8  v°,  25,  208,  510,  644  v°,  684. 

Saul  de  Tarse,  voir  Paul,  saint,  passim. 

Saumur,  Saulmur,  France,  Maine-et-Loire,  VIII  v°,  239  v°. 

—  Martyr  :  René  Poyet. 
Saunders,  Laurent,  martyr  à  Coventry,  309-314,  317  v°, 

318,  321,  321  v»,  373. 
Saunders,   Samuel,   fils   de   Laurent   Saunders,  312, 

313  v». 

Saunier,  Antoine,  ministre,  87  v°. 

Sautre  ou  Chatris,  Sautree,  Guillaume,  martyr  à  Londres, 

VII  v°,  6,  7. 
Sautree,  voir  Sautre. 

Savanarola,  Hierome,  voir  Savonarole,  Jérôme. 
Saverne,  France,  Bas-Rhin,  619. 
Saverson,  Saserson,  docteur,  399-401  v°. 


Savigny,  Jean  de,  dit  Lemon,  bailli  de  Nancy,  578  v°-580. 

Savin,  Nicole,  inquisiteur  à  Metz,  62  v°. 

Savoie,  Savoye,  duché  de,  VIII,  IX,  78-79  v°,  83,  87  v°, 

92,  181,  340  v»,  458,  557  v°. 
Savoie,  Emmanuel-Philibert,  duc  de,  gouverneur  des 

Pays-Bas,  519,  521  v°,  573  v°,  574  v°-575  v°. 
Savoie,  Jacques  de,  duc  de  Nemours,  92,  558-558  v°. 
Savoie,  Philippe  de,  duc  de  Nemours,  92. 
Savoie,  Philippe  de,  seigneur  de  Raconis,  574-576. 
Savonarole,  Jérôme,    Savanarola,    Hierome,    martyr  à 

Florence,  VII  v»,  55,  55  v°. 
Savoye,  voir  Savoie. 

Saxe,  Allemagne,  21,  58,  83,  139  v°,  295  bis  v°,  493.  — 
Électeurs,  voir  Auguste  I?r,  Jean-Frédéric. 

Saxy,  prêtre,  martyr  à  Winchester,  106-106  v°. 

Sbinco,  Zbvnck,  de  Hasembourg,  archevêque  de  Prague, 
20,  20  v°. 

Scœvola,  Mucius,  héros  romain,  49,  315. 

Scalingue,  Escalingue,  Antoine  de,  moine  et  vicaire- 
général  de  l'abbaye  de  Pignerol,  439,  439  v°,  440,  440  v°. 

Scambler,  Edmond,  évêque  de  Peterborough,  93. 

Scapula,  proconsul  d'Afrique,  477  v°. 

Sceitther,  Conrard,  vicaire  de  la  cathédrale  de  Munich, 
69  v°. 

Scevola,  voir  Scaevola. 

Schaffouse,  Suisse,  Schaffouse,  36. 

Schaffuse,  voir  Schaffouse. 

Schandoitz,  voir  Chandos. 

Schats,  Jean,  martyr  à  Louvain,  95-98. 

Schetersen,  Nicolas,  martyr  à  Canterbury,  VIII  v°,  358- 
360  v°. 

Scholastique,  Scolastique,  Jean  le,  évêque  de  Constanti- 

nople,  221,  335  v». 
Schuch,  Wolfgang,  ministre,  martyr  à  Nancy,  VIII,  64- 

67,  151. 

Schyker,  Léonard,  anabaptiste,  84. 
Schyker,  Thomas,  anabaptiste,  84. 
Scita,  François  de,  prêtre,  547  v°. 
Scolastique,  voir  Scholastique. 
Scotus,  Joannes,  voir  Duns  Scot. 

Scotus,  Mac  Alpine,  Jean  Macchabée,  Monsieur  Mac- 
chabée, théologien,  132. 

Sczitowicz,  Jossko  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Sczitowicz,  Pierre  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Searles,  Georges,  martyr  à  Stratford,  437  v°,  441  v°- 
442  v». 

Seau,  René  du,  mort  en  prison  à  Paris,  490  v°. 

Sébastien,  curé  à  Anvers,  643  v°-644. 

Sébastien  Castellion,  théologien,  493. 

Sébastien    Newdigate,    Nudigat,    chartreux,   exécuté  à 

Londres,  77  v°. 
Sebenico,  voir  Sibenik. 

Secenat,  Maurice,  martyr  à  Nîmes,  184  v°-185. 
Seclin,  France,  Nord,  664  v°. 
Sedney,  voir  Sidney. 

Sega,  François,  martyr  à  Venise,  697  v°,  698  v°. 

Ségor,  Palestine,  III  v°. 

Seguier,  Pierre,  président  du  Parlement  de  Paris,  516, 

516  v°,  518  v°. 
Seguin,  Bernard,  martyr  à  Lyon,  VIII  v°,  197-236. 
Seille,  Seine,  rivière  de  France,  140. 
Seine,  fleuve  de  France,  106  v°. 

Sejournam,  Jeanne,  martyre  à  Langres,  170  v°-171. 
Séleucie,  Seloma,  ancienne  ville  de  Mésopotamie,  267  v°. 
Selivri,  Salubry,  Turquie,  Constantinople,  89  v°.  —  Évê- 
que :  Pascal  Maupair. 
Seine,  voir  Seille. 
Seloma,  voir  Séleucie. 
Semeï,  personnage  biblique,  138,  688. 
Semer,  voir  Seymour. 

Senas,  France,  Bouches-du-Rhône,  116,  116  v°. 
Senes,  voir  Sienne. 

Seninghen,  Se?iigan,  Seniguen,  comtesse  de,  475  v°,  481  v°, 
499. 

Seniguen,  voir  Seninghen. 

Sens,  France,  Yonne,  IX,  171,  473,  481  v°-483  v°,  519, 
522,  523,  530  v°,  597-598  v»,  619.  —  Archevêques  : 
Jean  Bertrandi,  Louis  de  Lorraine,  cardinal  de  Guise, 
François  Poncher.  —  Martyrs  :  Jean  l'Anglais,  N. 
de  Bolengers,  N.,  archer,  N.N.,  boulanger  et  son 
épouse,  N.N.,  épouse  et  fille  d'un  épinglier,  N.N., 
épouse  et  fille  d'un  médecin,  N.N.,  épouse  et  fille  de 
Jacques  Ithier,  N.,  menuisier,  N.,  serviteur  de  Mom- 
baut,  N.N.,  plusieurs  personnes  martyres,  Gilles  Riche- 
bois  et  son  épouse,  Georges  Tardif. 

Séraphon  Archambaut,  martyr  à  Dijon,  450  v°-456  v°. 

Serenus,  10. 

Serre,  Pierre,  martyr  à  Toulouse,  276  v°-277. 
Servet,  Michel,  exécuté  à  Genève,  343  v°,  622  v°. 


51 


Seur,  Jean  le,  dit  Monsieur  Philippes,  ministre,  martyr 
au  Cateau,  696  v°. 

Séville,  Espagne,  Séville,  IX,  134,  335,  537-537  v°, 
540-544  v°.  —  Archevêque  :  Ferdinand  de  Valdes.  — 
Martyrs  :  Christophe  de  Arellanio,  Jeanne  de  Bo- 
horches,  Marie  de  Bohorches,  Françoise  de  Chaves, 
Marie  Cornel,  Jean  Gonzalve  et  sa  famille,  Julien 
Hernandez,  Jean  de  Léon,  Christophe  de  Losada, 
Morzilio,  N.,  jeune  fille,  Jean  Ponce  de  Léon,  Ferdi- 
nand de  Sainct-Juan,  Isabelle  de  Vaenia,  Marie  de 
Viroes. 

Sèvre,  Jacques  le,  habitant  de  Craon,  456  v°. 
Seymour,  Semer,  Édouard,  duc  de  Somerset,  protecteur 

du  royaume  d'Angleterre,  191  v°-193  v°,  294,  294  v°,  299, 

314,  314  v°,  417,  417  v°. 
Seymour,  Semer,  Thomas,  amiral,  192,  193  v°. 
Shandon,  voir  Chandos. 
Sharp,  Édouard,  martyr  à  Bristol,  437  v°. 
Sharton,  voir  Shaxton. 

Shaxton,  Sharton,  Nicolas,  évêque  de  Salisburv,  92  v°- 

93  v",  167  v°,  169,  416  v°. 
Shrewsbury,    Angleterre,    Shropshire,    93.    —    Martyr  : 

Guillaume  Thorpe  (?). 
Shropshire,  Salop,  Salopie,  Angleterre,  7  v°,  8,  9,  10,  11  v°. 
Sibenik,  Sebenico,  Yougoslavie,  697. 
Sibert,  Jean,  Sibrandt  (?),  anabaptiste,  84  v°. 
Sibrandt,  voir  Sibert. 
Sicile,  Italie,  544  v°,  557  v°. 
Sidal,  voir  Sydal. 

Sidney,  Sedney,  Henri,  gentilhomme  anglais,  264  v°. 

Sidon,  Phénicie,  653  v°. 

Sidrach,  personnage  biblique,  505. 

Sienes,  voir  Sienne. 

Sienes,  Bernardin  de,  voir  Ochino,  Bernardin. 
Sienne,  Senes,  Sienes,  Italie,  Toscane,  466,  635. 
Sigismond,  empereur,  6,  15  v°-42  v°. 
Sigismond  Ier,  roi  de  Pologne,  622,  622  v°. 
Sigismond  II,  roi  de  Pologne,  622. 
Signier,  Gaspard,  viguier  de  Draguignan,  470. 
Silas,  compagnon  de  saint  Paul,  282  v°. 
Silésie,  21. 

Siméon,  personnage  biblique,  341  v°,  616,  665  v°,  690. 
Siméon,  saint,  267  v°. 

Siméon  Herme,  martyr  à  Lille,  572-572  v°. 
Simon,  curé  à  Anvers,  636,  644. 
Simon,  voir  Simon  le  Magicien. 

Simon  Brossier,  ministre,  martyr  à  Périgueux,  620  v°- 
621. 

Simon  Chignet,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Simon  Geoffroy,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Simon  Guilmin,  martyr  à  Lille,  572. 
Simon  Joyne,  loyne,  martyr  à  Colchester,  437  v°. 
Simon  Laloé,  martyr  à  Dijon,  274-274  v°. 
Simon  le  Magicien,  11  v°,  33,  50  v°,  369  v°,  565  v°. 
Simon  Mareschal,  martyr  à  Langres,  170  v°-171. 
Simon  de  Sudbury,  Sutburie,  archevêque  de  Canterbury, 
2  v»,  34  v°. 

Simon  Vigor,  pénitencier  d'Évreux,  269,  269  v°,  274. 
Simon,  Claude,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Simon,  Nicolas,  réformé,  578  v°-579. 
Simons,  Symons,  Guillaume,  homme  de  loi  à  Windsor, 
106  v°. 

Simons,  Menno,  anabaptiste,  85. 

Simson,  voir  Symson,  Cuthbert. 

Simson,  Symson,  Jean,  martyr  à  Rochford,  329. 

Simusin,  Jean  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Sion,  voir  Jérusalem. 

Sirach,  personnage  biblique,  362. 

Sixte  IV,  pape,  541. 

Skitzynye,  Wldko,  gentilhomme  morave,  42. 
Slade,  Jean,  martyr  à  Brentford,  472  v°. 
Slech,  Leache,  Guillaume,  mort  en  prison  à  Londres, 
437  v°. 

Sleidan,  Jean-Philippe,  historien  allemand,  83  v°,  97  v°. 

Smalcalde,  voir  Smalkalde. 

Smalkalde,  Smalcalde,  Allemagne,  Hesse,  97. 

Smith,  Smit,  Mareschal,  Christophe,  ministre,  martyr  à 

Anvers,  IX  v»,  635  v°-653  v°. 
Smith,  Richard,  Smyth,  Richerd,  mort  en  prison  à  Londres, 

365  v°. 

Smith,  Smyth,  Fabri,  Richard,  doven  de  Faculté  à  Ox- 
ford, 86,  299,  300  v°,  328. 

Smith,  Smyth,  Robert,  martyr  à  Uxbridge  et  non  à  Staines, 
362  v°-364  v°. 

Smithfield,  voir  Londres. 

Smithfild,  voir  Londres. 

Smyth,  voir  Smith. 

Smyth,  Richerd,  voir  Smith,  Richard. 

Smytfield,  voir  Londres. 

Smythfild,  voir  Londres. 


Snode,  voir  Snoth. 
Snoeckaerts,  de  Bruges,  644. 

Snoth,  Snode,  Agnès,  martyre  à  Canterbury,  423  v°. 
Soalle,  voir  Sole. 

Sobna,  personnage  biblique,  77  v°. 
Soccans,  voir  Soquence. 
Socrate,  philosophe  grec,  40,  41. 

Sodome,  ancienne  ville  d'Asie  Mineure,  III  v°,  54  v°, 

257  v»,  272,  601. 
Soissonnais,  France,  VIII  v°. 
Soissons,  France,  Aisne,  170  v°,  185,  274. 
Solan,  seigneur  de,  699. 

Sole,  Soalle,  Jeanne,  martyre  à  Canterbury,  423  v°. 
Soliman,  Solyman,  empereur,  70. 
Solyman,  voir  Soliman. 

Somerset,  Sommerset,  Édouard  Seymour,  Semer,  duc  de, 
protecteur  du  rovaume  d'Angleterre,  191  v°-193  v°,  294, 
294  v°,  299,  314,  314  v°,  417,  417  v». 

Sommenoire,  voir  Sommevoire. 

Sommerset,  voir  Somerset. 

Sommevoire,  Sommenoire,  France,  Haute-Marne,  594. 
Sonthwork,  voir  Southwold. 
Sophonie,  prophète,  676. 

Soquence,  Soccans,  Vincent  de  Cruchot,  seigneur  de, 

martyr  à  Rouen,  621. 
Sorret,  Jean,  martyr  à  Tournai,  706-708  v°. 
Sosthène,  Sosthenes,  saint,  409. 
Souabe,  Suaube,  Allemagne,  32,  35  v°,  83  v°. 
Soubselles,  Anselme  de,  suspect,  557  v°. 
Southam,  Sozvthan,  Thomas,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Southampton,   Angleterre,   Hampshire,  15. 
Southampton,  Thomas  Wriothley,  Wriothesley,  comte 

de,  chancelier  d'Angleterre,  166-167  v°. 
Southzvel,  voir  Southvvell. 
Southwell,  Southvel,  Richard,  sir,  331  v°. 
Southwold,  Sonthwork,  Angleterre,  Suflfolk,  423. 
Sozvthan,  voir  Southam. 
Spaldyng,  Jean,  56  v°. 
Spalato,  voir  Split. 

Spangenberg,  Cyriaque,  théologien  672  v°. 
Spellen,  voir  Spellius. 

Spellius,  Spellen  Jean,  drossart  à  Bruxelles,  701  v°. 
Spencere,  une  femme  nommée,  voir  Spicer,  Thomas. 
Spencer,  Alice,  Spenser  Alile,  suspecte,  424. 
Spenser,  Jean,  martyr  à  Colchester,  437  v°. 
Spenser,  Richard,  martyr  à  Salisbury,  102  v°. 
Spenser,  Richard,  423. 
Spera,  voir  Spiera. 

Spicer,  Jean,  martyr  à  Salisbury,  437  v°. 
Spicer,  Thomas,  Spencere,  martyr  à  Beccles,  437  v°. 
Spiera,  Spera,  François,  martyr  à  Padoue,  449,  505. 
Spilman,  monsieur,  165  v°. 
Spinello,  Salvator,  seigneur  italien,  545-546. 
Spinola,  François,  martyr  à  Venise,  697  v°-698  v°. 
Spire,  Allemagne,  15  v°,  47  v°,  153  v°.  —  Martyr  :  Pierre 
Toraw. 

Spissnia,  Diwa  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Split,  Spalato,  Yougoslavie,  697. 
Spurdanc,  voir  Spurdance. 

Spurdance,  Spurdanc,  Thomas,  martyr  à  Bury-Saint- 

Edmunds,  437  v°. 
Spurge,  Richard,  martyr  à  Londres,  437  v°. 
Spurge,  Thomas,  martyr  à  Londres,  437  v°. 
Staines,  Stanes,  Angleterre,  Middlesex,  364  v°.  —  Martyr  : 

voir  Uxbridge. 
Stancaro,  Stancarus,  Francesco,  théologien,  622  v°. 
Stancarus,  voir  Stancaro. 
Stanes,  voir  Staines. 
Standonc,  officier  de  justice,  55. 

Stanislas  de  Znojmo,  Stanislaus  de  Znoyme,  professeur 

à  Prague,  16,  25  v»,  27. 
Stanislaus,  prêtre,  27. 

Stanley,  Édouard,  comte  de  Derby,  Darbe,  331  v°,  333, 
337  v°. 

Stanislaus  de  Znoyme,  voir  Stanislas  de  Znojmo. 
Stanwell,  voir  Windsor. 
Steenwerck,  voir  Steenwerque. 

Steenwerque,  Steenwerck,  France,  Nord,  559  v°,  560  v°. 
Steffko  de  Draczdw,  gentilhomme  morave,  42. 
Stenning,  voir  Steyning. 
Stenyns,  Jean,  notaire,  46  v°. 

Stephaneschi,  Pierre  degli,  cardinal  de  Saint-Ange,  24. 
Stephay,  Pierre,  licencié  en  théologie,  433  v°. 
Stephen,  voir  Étienne. 

Stère,  Guillaume,  martyr  à  Canterbury,  362  v°. 
Steuter,  voir  Streater. 
Stevenyg,  voir  Steyning. 

Steyning,  Stenning,  Stevenyg,  Angleterre,  Sussex,  361.  — 
Martyr  :  Jean  Launder. 


52 


Stokesley,  Stokislé,  Stokislée,  Jean,  évêque  de  Londres, 

73  v°,  77  v°,  87,  91,  416,  416  v°. 
Stokis,  Pierre,  carme,  promoteur,  4  v°. 
Stokislé,  voir  Stokesley. 
Stokislée,  voir  Stokesley. 
Stor,  voir  Story. 

Storch,  Stork,  Nicolas,  anabaptiste,  83. 
Stork,  voir  Storch. 

Story,  Stor,  Jean,  commissaire  de  Marie  Tudor,  395  v°- 

396  v»,  399-401  v°. 
Strada,  Isabelle  de,  Estrada,  martyre  à  Valladolid,  538. 
StradforboKe,  voir  Stratford. 
Stradford,  voir  Stratford. 
Stradforde,  voir  Stratford. 

Stratford,  Stradforbowe,  Stradford,  Stradforde,  Stratford- 
le-Boive,  Angleterre,  Londres,  362  v°-364  v°,  437  v°, 
441  v°-442  v°.  —  Martyrs  :  Henri  Adlington,  Jean 
Apprice  (U prise),  Thomas  Bowyer,  Léon  Cawch, 
Jean  Derifall,  Agnès  Georges,  Guillaume  Hally- 
well,  Etienne  Harwood,  Edmond  Hurst,  Ralph  Jack- 
son, Hugues  Laverok,  Laurent  Parnam,  Elisabeth 
Pepper,  Jean  Routh,  Georges  Searles,  Elisabeth 
Warne,  Henri  Wye. 

Stratford-le-Bowe,  voir  Stratford. 

Strasbourg,  France,  Bas-Rhin,  84,  115,  115  v°.  134  v°, 
139  v»,  152,  152  v°,  161,  191  v°,  274  v°,  355  v°,  544, 
579  v°,  600  v°,  619,  625. 

Streater,  Steuter,  Robert,  martyr  à  Canterbury,  365  v°. 

Stuard,  voir  Stuart. 

Stuart,  Stuard,  Robert,  gentilhomme  écossais,  557-559  v°. 
Studenika,  N.,  gentilhomme  morave,  42. 
Stur,  Richard,  chevalier  anglais,  4. 
Suaube,  voir  Souabe. 

Sudbury,  Sutburie,  Simon  de,  archevêque  de  Canterburv, 
2  v°,  34  v". 


Suétone,  historien  latin,  VI  v°. 
Suffolc,  voir  Suffolk. 
Suffolch,  voir  Suffolk. 
Suffole,  voir  Suffolk. 

Suffolk,  Suffolc,  Suffolch,  Suffole,  Angleterre,  56,  167  v°, 
264-265,  299  v°,  306  v°,  308,  308  v»,  364  v°,  417  v», 
423  v»,  431  v°,  437  v°. 

Suffolk,  Suffolc,  duc  de,  264,  265,  299  v°. 

Suffolk,  duchesse  de,  167  v°. 

Suffolk,  Suffolc,  Jeanne,  fille  du  duc  de,  264,  264  v°. 

Suisse,  passim, 
Sultzbrach,  voir  Sulzbach. 

Sulzbach,  Sultzbrach,  Allemagne,  Haut-Palatinat,  36  v°. 
Supphen,  Henri,  martyr  à  Meldorf,  VII  v°,  61  v°-62. 
Surguin,  Raoul,  juge  à  Angers,  412. 
Suse,  voir  Suza. 
Sussex,  comtesse  de,  167  v°. 
Sutburie,  voir  Sudbury. 
Suza,  Suze,  Italie,  Turin,  573  v°. 
Suzanne,  personnage  biblique,  34  v°,  40. 
Suzanne  Taylor,  fille  de  Roland  Taylor,  308. 
Sweerde,  Julien  van  den,  lulien  de  Lespe-darme,  martyr 
à  Ath,  395. 

Sydal,  Sidal,  Henri,  professeur  à  Oxford,  418  v°,  419, 
421  v°,  422. 

Sylva,  Jeanne  de,  condamnée  à  Valladolid,  538. 
Sylvestre  II,  pape,  624. 

Sylvestre,  Jacques,  bourreau,  réformé,  274  v°. 
Sylvius,  Aeaneas,  voir  Pie  II. 
Symons,  voir  Simons. 

Sympson,  Duncan,  prêtre,  martyr  à  Edimbourg,  89. 
Symson,  Simson,  Cuthbert,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Symson,  voir  Simson. 
Syrie,  391. 


T 


T.,  ami  de  Claude  de  la  Canesière,  390. 
Tabbart,  Guillaume,  660  v°. 

Tabor,  Thabor,  Tchécoslovaquie,  42  v°. 
Tachard,  Martin,  ministre,  martyr  à  Toulouse,  IX  v°, 
698  v°-700. 

Taffignon,  Jean,  martyr  à  Langres,  170  v°,  171. 
Tagliaret,  Tailleret,  Italie,  Turin,  574-576. 
Tailleret,  voir  Tagliaret. 
Tailleur,  voir  Taylor. 
Taler,  voir  Tayler. 
Talleman,  voir  Tallemant. 

Tallemant,  Talleman,  Antoine,  condamné  à  Tournai,  610. 

Tallemant,  Talleman,  Nicolas,  condamné  à  Tournai,  610. 

Tamber,  Gaspard,  martyr  à  Vienne,  67. 

Tamié,  Tamis,  col  de,  France,  Haute-Savoie,  340  v°. 

Tamis,  voir  Tamié. 

Tankerfeld,  voir  Tankerfield. 

Tankerfield,  Tankerfeld,  Georges,  martvr  à  Saint-Albans, 

362  v». 

Tantale,  personnage  mythologique,  674. 

Tappaert,  Roardus,  voir  Tapper,  Ruard. 

Tappaert,  Ruardus,  voir  Tapper,  Ruard. 

Tapper,  Ruard,  Eneuse,  Roardus  de,  Tappaert,  Ruardus, 

Ruivard,  inquisiteur  général  des  Pays-Bas,  59,  60  v°,  96, 

385  v°,  459,  459  v». 
Tardif,  Georges,  martyr  à  Sens,  481  v°-482. 
Tarantaise,  voir  Tarentaise. 

Tarentaise,  Tarantaise,  France,  Savoie,  340  v°,  341,  342, 

344,  344  v». 
Tarquin  le  Superbe,  557  v°. 

Taunton,    Tautone,    Angleterre,    Somerset,    362    v°.  — 

Martyr  :  Roger  Cirier. 
Taurin,  voir  Tavrin. 
Tautone,  voir  Taunton. 

Tavernier  de  Boston,  musicien  à  Oxford,  74  v°. 
Tavran,  Guyraud,  martyr  à  Chambéry,  340-358. 
Tavrin,  Taurin,  Gravelle,  martyr  à  Paris,  482-484,  487. 
Tayler,  Taler,  professeur  à  Cambridge,  192. 
Tayler,  voir  Taylor. 

Taylor,  Tailleur,  Taylour,  Guillaume,  martyr  à  Londres, 
48. 


Taylor,  Georges,  fils  de  Roland  Taylor,  308. 

Taylor,  Hélène,  fille  de  Roland  Taylor,  308. 

Taylor,  Tayler,  Jean,  évêque  de  Lincoln,  mort  en  prison 

à  Londres,  90,  294. 
Taylor,  N.,  épouse  de  Roland  Taylor,  308. 
Taylord,  Roland,  martvr  à  Aldham  Common  près  de 

Hadleigh,  306  v°-308  v°. 
Taylor,  Rupert,  fils  de  Roland  Taylor,  308. 
Taylor,  Suzanne,  fille  de  Roland  Taylor,  308. 
Taylor,  Zacharie,  fils  de  Roland  Taylor,  308. 
Taylour,  voir  Taylor. 

Tedeschi,  Nicolas  de,  Panorme,  théologien,  298,  298  v°. 

Teilemont,  voir  Tirlemont. 

Tekel,  voir  Tetzel. 

Teler,  Edmond,  officier,  362. 

Tempsey,  Temsée,  chanoine  de  Lichfield,  374  v°. 

Temsée,  voir  Tempsey. 

Tenremonde,  voir  Termonde. 

Térence,  poète  latin,  379. 

Termonde,  Tenremonde,  Belgique,  Flandre  Orientale,  672. 
Tertullian,  voir  Tertullien. 

Tertullien,  Tertullian,  père  de  l'Église,  109,  160,  220  v°, 
379,  380  v°,  445  v°,  462  v°,  473  v°,  476  v°,  495  v°,  496  v°, 
501  v°,  502,  506  v°,  508,  532  v°,  571,  587  v°,  638,  655  v°, 
682,  686  v°. 

Tessières,  Guillaume,  religieux  de  Bordeaux,  435  v°. 
Testwood,  Robert,  martyr  à  Windsor,  106-106  v°. 
Tetzel,  Tekel,  Jean,  dominicain,  57  v°. 
Thabitha,  personnage  biblique,  501  v°. 
Thabor,  mont  de  Palestine,  605. 
Thabor,  voir  Tabor. 

Thackvel,  Thaevel,  Élisabeth,  martyre  à  Londres,  437  v°. 
Thaevel,  voir  Thackvel. 

Thames,  Jean  Williams,  Thamo,  Vilian  de,  baron  de, 

419  v°,  422. 
Thamo,  Vilian  de,  voir  Thames. 
Theodora  Irène,  voir  Irène. 

Théodore  de  Bèze,  Besze,  réformateur,  581,   584  v°, 

585-588  v°,  628  v°-629. 
Théodore  de   Chaumont,   abbé  de  Saint-Antoine-en- 

Viennois,  62,  67. 


53 


Théodore  Sartor,  voir  Thierry  Couturier. 

Théodoret,  Théodorite,  évêque  de  Cvr,  379,  380,  677  v°, 
678,  687. 

Théodoric,  roi  des  Ostrogoths,  109. 
Théodorite,  voir  Théodoret. 
Théodose,  empereur  d'Orient,  109. 
Théophilacte,  voir  Théophylacte. 

Théophylacte,    Théophilacte,    théologien    grec,    405  v°, 

682  v°. 
Theorden,  voir  Thornton. 
Thessalonique,  Grèce,  282  v°,  339. 

Thetford,  Chetford,  Angleterre,  Norfolk,  365  v°.  —  Martyr  : 

Thomas  Cob. 
Thevenin,  Claude,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Thibaut,  Nicolas,  marchand,  129  v°. 
Thielemant,  Nicolas,  échevin  de  Wassy,  592  v°-593.  — 

Jeannette,  épouse  de  Nicolas,  martyre  à  Wassy,  592  v°- 

593. 

Thierry  de  Batenburg,  Battembourg,  martyr  à  Bruxelles, 
701  v». 

Thierry  Couturier,  Théodore  Sartor,  anabaptiste,  84  v°. 

Thierry,  Claude,  martyr  à  Orléans,  179  v°. 

Thieullier,  Tieuille,  Jean  le,  martyr  à  Valenciennes,  696. 

Thijs  ou  Matthijs,  Diessen,  André,  385-385  v°. 

Thijs  ou  Matthijs,  Diessen,  Catherine,  épouse  du  précé- 
dent, suspecte,  385-386  v°. 

Thijs  ou  Matthijs,  Diessen,  François,  martvr  à  Malines, 
VIII  v»,  385-387. 

Thijs  ou  Matthijs,  Diessen,  Jean,  martyr  à  Malines,  386  v°. 

Thijs  ou  Matthijs,  Diessen,  Nicolas,  martyr  à  Malines, 
VIII  v°,  385-387. 

Thijs  ou  Matthijs,  Diessen,  N.,  sœur  du  précédent,  suspecte, 
385-387. 

Thijs  ou  Matthijs,  Diessen,N., frère  des  précédents,  suspect, 
385-387. 

Thirlby,  Thomas,  évêque  d'Ely,  296  v°. 

Thoinnette,  voir  Chonnette. 

Tholoiise,  voir  Toulouse. 

Thomas,  prêtre,  martyr  à  Norwich,  56. 

Thomas  d'Aquin,  saint,  9  v°,  93  v°,  204,  469,  499,  544  v°. 

Thomas  Arthur,  suspect,  72-72  v°. 

Thomas  Arundel,  archevêque  de  Canterburv,  chancelier 

d 'Angleterre,  6-14  v»,  44-48. 
Thomas  Askin,  Asken,  martyr  à  Newbury,  437  v°. 
Thomas  Avington,  Abington,  martyr  à  Lewes,  437  v°. 
Thomas  Barnel,  procureur  fiscal  de  Londres,  56  v°. 
Thomas  Becket,  Beket,  chancelier  d'Angleterre,  73  v°. 
Thomas  Bekinsaw,  Bekensal,  secrétaire,  300  v°. 
Thomas   Benbridge,   Bambrige,   martyr  à  Winchester, 

472  v°. 

Thomas  Bernard,  martyr  à  Lincoln,  102  v°. 
Thomas  Bilney,  Bilnée,  martyr  à  Norwich,  72-72  v°. 
Thomas  du  Bois,  religieux,  555. 

Thomas  Bowyer,  Bower,  martvr  à  Stratford,  437  v°, 

441  v°-442  v°. 
Thomas  Bridges,  Brigge,  chevalier,  419  v°. 
Thomas  Britwel,  suspect,  7. 

Thomas  Brown,  Broun,  martyr  à  Londres,  423. 
Thomas  Bugle,  martyr  à  Londres,  48  v°. 
Thomas  de  Bungay,  Bongay,  martyr  à  Norwich,  56. 
Thomas  Cajetan,  cardinal,  58. 

Thomas  Calbergue,  martyr  à  Tournai,  VIII  v°,  290  v°- 
291  v». 

Thomas  Causton,  Causson,  martyr  à  Rayleigh,  315- 
316  v». 

Thomas  Cob,  Cobbe,  martyr  à  Thetford,  365  v°. 
Thomas  Coe,  voir  Roger  Coo. 
Thomas  Cranmer,  père  de  l'archevêque,  415  v°. 
Thomas  Cranmer,  archevêque  de  Canterbury,  martvr 

à  Oxford,  VIII  v°,  75  v°,  76,  90-90  v»,  192,  294,  294  v°, 

306  v°,  376,  382,  382  v»,  402  V,  415  v°-422. 
Thomas  Croker,  martyr  à  Gloucester,  437  v°. 
Thomas  Cromwel,  Cromel,  chancelier  de  l'Échiquier  et 

secrétaire  d'Henri  VIII,  85  v°,  90,  91  v°,  92-94  v°, 

97-97  v°,  101  v°-102. 
Thomas  Dobbe,  Dobee,  mort  en  prison  à  Londres,  191  v°- 

192. 

Thomas  Drowry,  aveugle,  martyr  à  Gloucester,  437  v°. 
Thomas  Dungate,  Dingat,  Dungat,  martyr  à  East  Grin- 

stead,  437  v°. 
Thomas  Forret,  chanoine,  martyr  à  Édimbourg,  89. 
Thomas  Fust,  Fusse,  martyr  à  Ware,  364  v°. 
Thomas  Garret,  Garet,  Garrard,  martvr  à  Londres,  72  v°, 

96  v°-97. 

Thomas  de  Gascogne,  écrivain,  47  v°. 
Thomas  Goldwell,  évêque  de  Saint-Asaph,  Aise,  Asse, 
399,  399  v°. 

Thomas  Goodrich,  Geoffroy,  évêque  d'Ely,  416  v°. 
Thomas  Goreway,  Goricay,  martyr  à  Lichfield,  365  v°. 
Thomas  Harland,  martyr  à  Lewes,  437  v°. 


Thomas  Hasard,  Hazard,  franciscain  à  Tournai,  135  v°, 
137,  150,  426. 

Thomas  Hawkes,  Haux,  Havx,  martyr  à  Coggeshall, 
322  v<>-329. 

Thomas    Hayward,    Hayivarde,    martvr    à  Lichfield, 
365  v». 

Thomas  Honnoré,  martyr  à  Meaux,  160  v°-163  v°. 

Thomas  Howard,  duc  de  Norfolk,  94  v°,  164. 

Thomas  Huycke,  docteur,  561. 

Thomas  Hygby,  martyr  à  Horndon,  315-316  v°. 

Thomas  Hytten,  martyr  à  Maidstone,  72. 

Thomas  Iverson,  Everson,  martyr  à  Chichester,  361. 

Thomas  Jacomeli,  Iacomel,  Iacomelly,  inquisiteur  à  Turin, 

438  v°-440  v»,  574. 
Thomas  Latimer,  chevalier,  4. 

Thomas  Martin,  commissaire  de  Marie  Tudor,  302  v°, 
321  v». 

Thomas  Massot,  notaire,  618. 

Thomas  Milles,  Mylles,  martyr  à  Lewes,  437  v°. 
Thomas  More,  Morus,  chancelier  d'Angleterre,  VIII, 

72,  72  v»,  74-77  v»,  85  v»,  92  V,  420. 
Thomas  Moutarde,  martyr  à  Valenciennes,  538  v°. 
Thomas  Munzer,  Muncer,  réformateur,  83,  83  v°,  85. 
Thomas  Norys,  martyr  à  Norwich,  56. 
Thomas  Osmond,  Gsmunde,  martyr  à  Manningtree,  329. 
Thomas  Pallenq,  du  plan  d'Apt,  condamné  par  contumace, 

115,  115  v°. 
Thomas  Palmer,  franciscain  à  Londres,  46. 
Thomas  Parker,  docteur,  chancelier  de  Worcester,  73. 
Thomas  Parret,  Paret,  mort  en  prison  à  Londres,  437  v°. 
Thomas  de  Piollenc,  procureur  général  du  roi  à  Aix- 

en-Provence,  115,  120,  122  v»,  126,  126  v°,  129  v». 
Thomas   Ravensdale,   Ravendale,    martvr   à  Mavfield, 

437  v°. 

Thomas  Reade,  Rede,  martyr  à  Lewes,  437  v°. 
Thomas  Rhedon,  martyr  à  Rome,  VII  v°,  49. 
Thomas  Roman,  délégué  de  San-Germano-Chisone,  576. 
Thomas  de  Sainct-Paul,  martyr  à  Paris,  185,  185  v°. 
Thomas  Schyker,  anabaptiste,  84. 
Thomas  Seymour,  Semer,  amiral,  192,  193  v°. 
Thomas  Southam,  SoKthan,  martyr  à  Londres,  472  v°. 
Thomas  Spurdance,   Spurdanc,   martyr  à  Bury-Saint- 

Edmunds,  437  v°. 
Thomas  Spurge,  martyr  à  Londres,  437  v°. 
Thomas  Thirlby,  évêque  d'Ely,  296  v°. 
Thomas  Tolmont,  martyr  à  Limbourg,  703. 
Thomas  Tomkins,  martyr  à  Londres,  315,  363  v°. 
Thomas  Tylar,  Tyler,  mort  en  prison  à  Londres,  472  v°. 
Thomas  Walden,  Waldenus,  prieur  des  carmes  à  Londres, 

46  v°. 

Thomas  Watelet,  Watlet,  martyr  à  Liège,  617-618. 
Thomas  Wats,  martyr  à  Chelmsford,  329. 
Thomas  Wendy,  Wendie,  médecin  d'Henri  VIII,  264  v°. 
Thomas  Whitehead,  Withed,  martyr  à  Norwich,  472  v°. 
Thomas  Whittle,  Witlé,  martvr  à  Londres,  397,  422- 

423,  424,  425. 
Thomas  Whood,  Hoode,  martyr  à  Lewes,  437  v°. 
Thomas  Williams,  Gillam,  Guilleaume,  ministre,  maître 

de  Knox,  165. 
Thomas  Wolsey,  Vulsé,  archevêque  d'York,  chancelier 

d'Angleterre,  72-72  v°,  74-74  v°,  86,  92  v°. 
Thomas  Wriothley,  Wriothesley,  comte  de  Southampton, 

chancelier  d'Angleterre,  166-167  v°. 
Thomas  Wrothe,  Vrots,  gentilhomme  anglais,  264  v°. 
Thomas,  Daniel,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 
Thomas,  Pierre,  carme,  archevêque  de  Crête,  55. 
Thon,  voir  Thonnance-les-Moulins. 

Thonnance-les-Moulins,  Thon,  France,  Haute-Marne, 
593  v°. 

Thoret,  N.  le,  capitaine,  446  v°. 

Thornton,  Theonden,  Richard,  évêque  auxiliaire  de  Dou- 
vres, 418. 
Thorp,  voir  Thorpe. 

Thorpe,  Guillaume,  mort  en  prison  à  Shrewsbury  (  ?  ), 

VII  v»,  6-14  v»,  47  v»,  310  v". 
Thou-en-Lorraine,  voir  Toul. 
Thoulouse,  voir  Toulouse. 

Thrace,  Guillaume,  exhumé  et  brûlé  à  Toddington, 

72  v-o-73. 
Thrace,  Richard,  72  v°-73. 

Three,  martyr  à  Norwich,  472  v°  ;  erreur  :  il  s'agit  du 
nombre  trois.  Il  existe,  en  effet,  un  groupe  de  trois 
martyrs  à  Norwich,  ignorés  par  Crespin  (Thomas 
Carman,  Thomas  Hudson  et  Guillaume  Seaman), 
tandis  que  les  noms  de  Richard  Harris,  Jean  Dazcs  et 
N.,  femme  de  Georges,  sont  une  redite  fautive  de  trois 
martyrs  de  Colchester  :  Guillaume  Harris,  Richard 
Day  et  Christiane  Georges. 

Thurin,  voir  Turin. 

Thyatire,  ancienne  ville  d'Asie  Mineure,  682. 


54 


Thyeste,  personnage  mythologique,  479. 
Tibre,  Tybre,  Italie,  477  v»,  557. 

Tielemans,  Tilleman,  Tilman,  Gilles,  martvr  à  Bruxelles, 

99-99  v°,  102  v°-105  v°,  510  v°. 
Tieuille,  voir  Thieullier. 

Tignac,  lieutenant  de  Lyon,  235  v°,  283  v°-285  v°. 
Tillac,  N.  de,  réformée,  251. 

Tilladet,  N.,  seigneur  de  Saint-Orans,  capitaine,  699, 

699  v°. 
Tilleman,  voir  Tielemans. 
Tilman,  voir  Tielemans. 

Timothée,  saint,  65  v°,  139  v°,  200,  213,  226  v°,  241, 
307  v°,  343,  346,  366,  368,  370,  463  v°,  487  v°,  489, 
507  v°,  564,  565,  590  v°,  602  v°,  623  v°,  655,  703. 

Ticzewicz,  Rynald  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Tirczewicz,  Pirebbor  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Tisnacq,  Dissenac,  Charles  de,  conseiller  impérial,  pro- 
cureur fiscal  de  Brabant,  135. 

Tite,  saint,  307,  307  v°,  363,  368,  370,  489,  602  v°,  655. 

Titelmans,  Pierre,  doyen  de  Renaix,  inquisiteur  général 
des  Pays-Bas,  510,  511,  560  v°,  562  v°,  598  v°,  599,  600, 
659  v°,  661,  662  v°,  663. 

Tobie,  personnage  biblique,  420. 

Toddington,  Todyngton,  Angleterre,  Gloucestershire,  Glo- 
cestre,  72  v°-73.  Bûcher  posthume  :  Guillaume  Thrace. 
Todyngton,  voir  Toddington. 
Token,  voir  Tolzen. 

Tolède,  Toledo,  Tolete,  Espagne,  Tolède,   151   v°,  537, 

622  v°,  658  v». 
Tolède,  Fernand  de,  voir  Albe,  duc  de. 
Toledo,  Garcia  de,  seigneur  espagnol,  537. 
Toledo,  voir  Tolède. 
Tolete,  voir  Tolède. 

Tolmont,  Thomas,  martyr  à  Limbourg,  703. 
Tolzen,  Token,  Henri,  chanoine  de  Magdebourg,  48  v°. 
Tombe,  Jacques,  Adrien,  de  le,  martyr  à  Tournai,  151. 
Tombe,  Nicaise  de  le,  martyr  à  Tournai,  625-625  v°. 
Tomkins,  Thomas,  martyr  à  Londres,  315,  363  v°. 
Tondeur,  Claude,  capitaine  de  Wassy,  593. 
Tonstal,  voir  Tunstall. 
Tonstall,  voir  Tunstall. 

Tooley,  Jean,   Toulée,    Guillaume,   exhumé   et   brûlé  à 

Londres.  322-322  v°. 
Toraw,  Pierre,  martyr  à  Spire,  47  v°. 
Toro,  Espagne,  Zamora,  538. 
Torquoin,  voir  Tourcoing. 

Torre-Pellice,  La  Tour  (?),  Italie,  Turin,  574  v°-576.  — 

Martyrs  :  Odoul  Gemel,  N.,  enfant. 
Toscane,  Italie,  635. 

Tossawicz,  Ion  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Toul,  Thou-en-Lorraine,  Tulles,  France,  Meurthe-et-Mosel- 
le, 43,  62,  140,  579  v°. 

Toulée,  Guillaume,  voir  Tooley,  Jean. 

Toulouse,  Tholouse,  Thoulouse,  Toidouze,  France,  Haute- 
Garonne,  VIII,  IX,  73  v°-74,  185  v°-186,  197,  276  v°- 
277,  293  v°,  319  v°,  482  v°,  558  v°,  618  v°-620,  698  v°- 
699  v°,  700.  —  Martyrs  :  François  du  Calvet,  Jean 
Caturce,  Jean  Jory  et  son  serviteur,  Pierre  Serre,  Mar- 
tin Tachard. 

Toulouze,  voir  Toulouse. 

Tour,  voir  Torre  Pellice  (?). 

Touraine,  France,  VIII,  174,  181,  449  v°,  450,  481  v°. 

Tourcoing,  Torquoin,  France,  Nord,  664. 

Tournai,  Tournay,  Belgique,  Hainaut,  VII,  VIII  v°,  IX, 
62,  70,  82,  82  v°,  134  v°-140,  150-151,  171,  176  v»,  184  v», 
186-191,  290  v°-291  v°,  387-388,  577  v°,  578,  594  v°- 
596  v°,  600-617,  620,  623-625  v°,  629-635,  656  v°-658, 
667  v»,  669,  672  v°-674  v°,  693,  696,  696  v°,  704  v°- 
706  v°.  —  Prison  :  Pepignie,  625  v°.  —  Évêques  : 
Charles  de  Croy,  Gilbert  d'Oignies.  —  Martyrs  : 
Jean  de  Bargibant,  Bertrand  le  Blas,  Pierre  Brully, 
Jacqueline  Bruneau,  Thomas  Calbergue,  Guillaume 
Cornu,  Pierre  Cottrel,  Alexandre  Dayke,  Hugues 
Destailleur,  Michel  (Miquelot)  Destoubequin,  Ar- 
nould  Estallufret,  Godefroid  de  Hamelle,  Joachim 
de  Lalaing,  Jean  de  Lannoy,  Barbe  Lestrée,  André 
Michel,  Roger  du  Mont,  Jean  Picque,  Marie  de  le 
Pierre,  Michel  Robillard,  Jean  Sorret,  Jacques  de  le 
Tombe,  Nicaise  de  le  Tombe,  François  Varlut, 
Henri  de  Westphalie. 

Tournaisis,  Tournesi,  Tournesis,  Tournesy,  province  des 
anciens  Pavs-Bas,  171,  387,  387  v°,  673,  674,  692  v°, 
696  v°. 

Tournay,  voir  Tournai. 

Tournemine,  Noël,  martyr  à  Lille,  664  v°-665  v°. 
Tournesi,  voir  Tournaisis. 
Tournesis,  voir  Tournaisis. 
Tournesy,  voir  Tournaisis. 

Tourneur,  Facy  le,  et  son  épouse,  condamnés  par  contu- 
mace, 115,  115  v°. 


Tournon,  France,  Ardèche,  106  v°,  580  v°,  581,  584  v°, 
586  v°. 

Tournon,  François  de,  cardinal-archevêque  de  Lyon, 

106  v»,  118  v°,  126  v",  234  v°,  235,  236  v°,  389,  530  v°, 

580  v°,  581,  584  v°,  586  v°. 
Tours,  France,  Indre-et-Loire,  IX,  174,  450,  473,  481  v°- 

482,  536,  557  v°,  558,  621  v°-622.  —  Martyr  :  Jean 

Caillou. 

Tourves,  France,  Var,  115,  115  v°,  131. 

Toussain,   Henri,   substitut   du   procureur   général  en 

Lorraine,  578  v°. 
Tovart,  Guillaume,  martyr  à  Anvers,  704  v°,  705  v°. 
Traian,  voir  Trajan. 

Trajan,  Traian,  empereur  romain,  VI  v°,  477. 
Tramerie,  Tramery,  François  de  la,  baron  de  Roisin, 

673  v°,  674  v°. 
Tramery,  voir  Tramerie. 
Tran,  voir  Trans. 

Trans,  Tran,  marquis  de,  gendre  de  Bertrandi,  483  v°. 
Tree,  Trie,  Try,  Anne,  martyre  à  East  Grinstead,  437  v°. 
Trente,  Italie,  Trentin,  16  v°,  152  v°,  155  v°,  186,  340  v°, 

459,  585  v°,  622,  658-659  v°.  —  Évêque  :  Georges  de 

Lichtenstein. 
Très-Émines,  Trézemines,  France,  Vaucluse,  130. 
Trêves,  Allemagne,  Rhénanie-Palatinat,  140. 
Trévise,  Italie,  Vénétie,  697  v°. 
Trézemines,  voir  Très-Émines. 

Tributiis,  Honoré  de,  conseiller  au  Parlement  de  Pro- 
vence, 124,  126  v°,  129  v°-130  v°,  175-176. 
Tricio,  Ferdinand  de,  évêque  d'Orense,  537  v°. 
Trie,  voir  Tree. 

Trigalet,  Jean,  martyr  à  Chambéry,  340-358. 
Trigonel,  homme  de  loi,  416. 

Trinité,  Georges  Coste,  comte  de  la,  555,  574,  574  v°, 
576. 

Trivulzio,  Agostino,  vice-légat  d'Avignon,  123,  123  v°. 
Trois-Fontaines,  voir  Troisfontaines. 

Troisfontaines,  Trois-Fontaines,  France,  Marne,  592  v°. 
Trombaut,  Jean-Martin,  habitant  de  Briqueras,  Bricheros, 
457  v°. 

Trosnovie,  lieu  non  identifié,  42  v°. 
Troye,  voir  Troyes. 

Troyes,  Trove,  France,  Aube,  114  v°,  181  v°,  182,  470  v°, 
536,  589  v°-591,  594  v°.  —  Martyrs  :  Jean  du  Bec, 
Macé  Moreau,  N.N.,  trois  habitants  de  Wassy. 

Truchet,  Charles,  capitaine,  575. 

Trudgeover,  voir  Georges  Eagles. 

Trunchfield,  Jeanne,  épouse  de  Michel  Trunchfield, 

martyre  à  Ipswich,  423  v°. 
Trunchfield,  Michel,  d'Ipswich,  423  v°. 
Try,  voir  Tree. 
Tryphon,  477  v°,  478. 

Tudson,  Tuston,  Jean,  martyr  à  Londres,  423. 
Tule,  voir  Tulle. 

Tulesia,  N.  de,  conseiller  au  Parlement  de  Turin,  458. 

Tulle,  Tule,  France,  Corrèze,  454. 

Tulles,  voir  Toul. 

Tumbridge,  voir  Tunbridge  Wells. 

Tunbridge  Wells,  Tumbridge,  Angleterre,  Kent,  361.  — 

Martyr  :  Jean  Polley. 
Tunstall,  Tonstal,  Cuthbert,  évêque  de  Londres,  puis  de 

Durham,  85  v°,  91,  191  v°,  294  v°,  300,  331,  332,  337  v°, 

376,  408. 

Turin,  Thurin,  Italie,  Piémont,  IX,  437  v°-440  v°,  458, 
465  v°-469  v°.  —  Archevêque  :  César  Cibo.  —  Martyrs  : 
Barthélémy  Hector,  Geoffroy  Varagle. 

Turmin,  voir  Turming. 

Turming,  Turmin,  Turmyn,  Richard,  Jacques,  martyr  à 

Londres,  VII  v°,  15  v°. 
Turmyn,  voir  Turming. 

Turpin,  Philippe,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Tuscaen,  Jean,  martvr  à  Audenarde,  666  v°-667  v°, 
669  v°. 

Tuscaen,  Simon,  père  de  Jean  Tuscaen,  666  v°. 

Tuston,  voir  Tudson. 

Tutty,  Tuttye,  Jacques,  martyr  à  Canterbury,  365  v°. 
Tuttye,  voir  Tutty. 
Tybre,  voir  Tibre. 

Tylar,  Tyler,  Thomas,  mort  en  prison  à  Londres,  472  v°. 
Tyler,  voir  Tylar. 

Tylnée,  Hélène,  suivante  de  Jeanne  Grey,  268. 
Tymes,  Tymnes,  Guillaume,  martyr  à  Londres,  437  v°. 
Tymnes,  voir  Tymes. 
Tyndal,  voir  Tyndale. 

Tyndale,  Tyndal,  Guillaume,  martyr  à  Vilvorde,  6  v°, 

72-74  v",  85  v°,  86,  293  v°. 
Tyr,  Phénicie,  653  v°. 

Tyssa,  Dobessius  de,  gentilhomme  morave,  42. 


u 


Uberlingen,  Iberlingue,  Allemagne,  Constance,  36. 
Ulm,  Ulme,  Allemagne,  Wurtemberg,  156  v°,  157. 
Ulme,  voir  Ulm. 

Ulric  de  Lhota,  gentilhomme  morave,  42. 

Ulric  Zwingli,  Zuingle,  Zvingle,  réformateur,  83  v°, 

349  v°,  419,  560  v°. 
Ulricus,  voir  Ulric. 
Ultrecht,  voir  Utrecht. 

Unicow,  Albert  de,  archevêque  de  Prague,  16. 
Uprice,  voir  Apprice. 
Urbain  IV,  pape,  3,  3  v°. 


Urbain  V,  pape,  635. 
Ursetto,  suspect,  549  v°. 

Usegli,  Marc,  suspect,  546,  547  v°,  549,  552-553. 

Ususmaris,  voir  César  Cibo. 

Utenhove,  Jean,  réformé,  287,  287  v°. 

Utrecht,  Ultrecht,  province  des  anciens  Pays-Bas,  60  v°, 

85,  459,  459  v°,  701.  —  Évêque  auxiliaire  :  Laurent 

De  Ridder. 

Uxbridge,  Angleterre,  Middlesex,  362,  362  v*.  —  Martyrs  : 
Jean  Denley,  Patrice  Pathingham,  Robert  Smith. 


V 


V.,  moine,  354. 

Vadian,  Joachim,  consul  de  Saint-Gall,  83  v°,  84. 

Vaenia,  Isabelle  de,  martyre  à  Séville,  542-542  v°. 

Vaes,  Gonçalo,  martyr  à  Valladolid,  538. 

Vaillant,  procureur  général  du  roi  à  Turin,  438  v°,  440. 

Vaine,  Louis  de,  beau-frère  de  Jean  Maynier,  130  v°,  131. 

Vaisoy,  voir  Wassy. 

Vaissi,  voir  Wassy. 

Valcourt,  Vallecourt,  France,  Haute-Marne,  594. 
Valdes,   Ferdinand   de,   archevêque   de    Séville,  537- 

537  v°. 

Valdo,  Pierre,  114  v°,  121  v°. 

Valdolit,  voir  Valladolid. 

Valence,  Espagne,  Valence,  537  v°,  538.  —  Évêque  : 
François  de  Navarre. 

Valenciennes,  Vallencenes,  Vallenciennes,  France,  Nord, 
IX,  48,  134  v°,  137  v°,  140,  184  v°,  538  v°,  601,  602, 
607  v",  614,  615,  623,  623  v°,  655  v°,  656,  667  v°,  672  v°- 
696  v°,  706,  708.  —  Martyrs  :  Roland  le  Boucq,  Guy 
de  Bray,  Michèle  de  Caignoncle,  Jean  Cateux,  Hanon 
le  Fèvre,  Jacques  le  Fèvre,  Michel  le  Fèvre,  Péré- 
grin  de  la  Grange,  Matthieu  de  le  Haye,  Michel 
Herlin,  Michel  Herlin,  junior,  Jean  Mahieu,  Thomas 
Moutarde,  François  Pattou,  Pierre  de  le  Rue,  Jean 
le  Thieullier,  Gillot  Vivier. 

Valens,  empereur  romain,  479. 

Valentier,  président  du  sénat  de  Chambéry,  345  v°. 
Valentinian,  voir  Valentinien. 

Valentinien,  Valentinian,  empereur  romain,  397  v°. 

Valeton,  Nicolas,  martyr  à  Paris,  81  v°-82. 

Valguichard,  voir  Carbonieri. 

Valla,  Valle,  Laurent,  humaniste,  48  v°. 

Valladolid,  Valdolit,  Valledolid,  Espagne,  Valladolid,  536  v°- 

538  v°,  540,  544.  —  Martyrs  :  Blanche  de  Bivero, 
Constance  de  Bivero,  François  de  Bivero,  Augustin 
Caçalla,  Christophe  del  Campo,  François  Errem, 
Jean  Hernandez,  Antoine  de  Huezuelo,  N.,  ferblan- 
tier, Catherine  Ortega,  Christophe  de  Padilla,  Alonse 
Perez,  Catherine  Romain,  François  de  Saint-Romain, 
Isabelle  de  Strada,  Gonçalo  Vaes,  Jeanne  Velasquez. 

Valle,  voir  Valla. 
Vallecourt,  voir  Valcourt. 
Valledolid,  voir  Valladolid. 
Vallencennes,  voir  Valenciennes. 
Vallenciennes,  voir  Valenciennes. 
Valleron,  capitaine,  127. 

Valois,  Marguerite  de,  fille  de  Henri  II,  780  v°. 
Valter,  voir  Walter. 

Vancienne,  Jean,  martyr  à  Wassy,  592  v°. 

van  den  Sweerde,  Lespe-darme,  Julien,  martyr  à  Ath,  395. 

van  der  Heyden,  Verheyden,  Gaspard,  ministre  à  Anvers, 

449,  509  v°. 
van  de  Velde,  Anne,  martyre  à  Gand,  150. 
Vanpoule,  voir  Bampoele,  Nicolas  van. 


Varagle,  Faragle,  Geoffroy,  ministre,  martyr  à  Turin,  IV, 
465  v°-469  v°. 

Varangeville,  Warengeville,  France,  Meurthe-et-Moselle, 
578. 

Varenne,  veuve,  voir  Warne,  Elisabeth. 
Vargas,  Vergas,  Jean,  membre  du  Conseil  des  Troubles, 
701  v°. 

Varlut,  François,  martyr  à  Tournai,  600  v°-616  v°. 
Varlut,  Raymond,  père  du  précédent,  614  v°. 
Varnic,  voir  Warwick. 

Varquis,   François,   seigneur   de    Higueras,    époux  de 

Jeanne  de  Bohorches,  542. 
Vases,  rivière  des,  Amérique  du  Sud,  461. 
Vaissy,  voir  Wassy. 
Vassy,  voir  Wassy. 

Vau,  Pierre  de  la,  martyr  à  Nîmes,  293  v°. 
Vaudémont,  Louis  de  Lorraine,  comte  de,  578  v°. 
Vaulgine,  capitaine,  127. 

Vaultherin,  Nicolas,  Le  grand  Colas,  bonnetier,  181  v°. 

Vau-Luzerne,  voir  Luserna-San-Giovanni. 

Vayr,  Denis  le,  martyr  à  Rouen,  293-293  v°. 

Vaze,  Antoine,  martyr  à  Marseille,  620. 

Veau,  Jacques  le,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Vechta,  Conrad  de,  archevêque  de  Prague,  16. 

Vega,  Jean  de,  martyr  à  Marseille,  620. 

Velasquez,  Jeanne,  martyre  à  Valladolid,  538. 

Velde,  Anne  van  de,  épouse  de  Jean  de  Bucq,  martyre 

à  Gand,  150. 
Venant,  Guillaume,  franciscain,  433  v°. 
Vendôme,  France,  Loir-et-Cher,  179. 
Vendômois,  Vendosmois,  France,  432  v°,  622. 
Vendosme,  voir  Vendôme. 
Vendosmois,  voir  Vendômois. 
Vendy,  seigneur  de,  628. 

Veneur,  Gabriel  le,  évêque  d'Évreux,  269,  273,  273  v°, 
274. 

Venise,  Italie,  Vénétie,  IX,  49,  121  v°,  365  v»,  367,  370, 
371,  371  v°,  395  v°,  400  v°,  697-698  v°.  —  Martyrs  : 
Jules  Guirlauda,  Antoine  Ricetto,  François  Sega, 
François  Spinola. 

Venise,  Noël  de,  procureur  des  carmes,  49. 

Venisse,  voir  Comtat  Venaissin. 

Venot,  Florent,  martyr  à  Paris,  179. 

Verceil,  Italie,  Novare,  469,  574  v°. 

Verdrickt,  Antoine,  martyr  à  Bruxelles,  509  v°-512. 

Verdrickt,  Gilles,  martyr  à  Bruxelles,  509  v°-512. 

Verdun,  France,  Meuse,  62,  140. 

Vergile,  voir  Virgile. 

Vergas,  voir  Vargas. 

Verheyden,  Gaspar,  voir  van  der  Heyden,  Gaspard. 
Vermaerts,  Pierre,  509  v°. 

Vermandois,  France,  458  v°. 

Vermeil,  Matthieu,  martyr  à  Fort-Coligny  au  Brésil, 
460  v°-465  v». 


56 


Vermigli,  Pierre  Martyr,  théologien,  191  v°,  322  v°,  339, 
418,  424  v°.  —  Son  épouse,  exhumée  et  brûlée  à  Oxford, 
322  v». 

Vernet,  N.  du,  pédagogue,  176  v°. 
Vernou,  Jean,  martyr  à  Chambéry,  340-358. 
Versellis,  Alphonse,  vicaire  général  de  Limoges,  320. 
Vesdre,  Weser,  rivière,  Belgique,  703. 
Vespasian,  voir  Vespasien. 

Vespasien,  Vespasian,  empereur  romain,  478  v°. 
Vespuce,  Americ,  navigateur,  444  v°. 
Vesulus,  voir  Viso. 

Veteris,  Henri,  conseiller  au  Parlement  d'Aix-en-Pro- 

vence,  539-540. 
Vevay,  voir  Vevey. 
Vevey,  Vevay,  Suisse,  Vaud,  621. 

Vian,  Martin,  et  son  épouse,  condamnés  par  contumace, 

115,  115  v°. 
Viane,  voir  Vianen. 

Vianen,  Viane,  Pays-Bas,  Hollande  du  Sud,  673. 
Vic-sur-Seille,   France,  Moselle,  62-63  v°.  —  Martyr  : 

Jean  Castellan. 
Vicart,  Jean,  martyr  à  Louvain,  95-98. 
Vicenza,  Vincence,  Italie,  Vénétie,  697  v°. 
Vico,  marquis  de,  550. 
Victor  Ier,  Victorius,  pape,  337,  400. 
Victor  III,  Victorius,  pape,  677  v°. 
Victorius,  voir  Victor  Ier,  Victor  III. 
Victrimont ,  voir  Vitrimont. 
Victry,  voir  Vitry-le-François. 

Vienne,  Autriche,  67,  70,  283  V,  416,  556,  556  v°.  — 

Martyr  :  Georges,  Gaspard  Tamber. 
Vienne,  France,  Isère,  479. 
Vigilius,  évêque  de  Trente,  585  v°. 
Vignon,  Eustache,  gendre  de  Jean  Crespin,  608  v°. 
Vigor,  Simon,  pénitencier  d'Évreux,  269,  269  v°,  274. 
Vilards,  juge,  204. 
Vilian  de  Thamo,  voir  Jean  Williams. 
Villabert,  sieur  de,  gentilhomme,  598. 
Villa-Garcia,  Jean  de,  Ville  garcine,  dominicain,  418  v°- 

419  v°,  421  v°,  422. 
Villar-d  Arène,  voir  Villars  d'Arennes. 
Villar-Pellice,  Villaro,  Villars,  Italie,  Turin,  574  v°. 
Villaro,  voir  Villar-Pellice. 

Villars  d'Arennes,  Villar  d'Arène,  France,  Hautes-Alpes, 
470. 

Villars,  voir  Villar-Pellice. 

Ville-france,  voir  Villefranche-sur-Saône. 

Villefranche-sur-Saône,      Ville-france,     France,  Rhône, 

VIII  v°,  239  v°,  240  v°,  248  v°,  252  v»,  262.  —  Martyr  : 

Denis  Peloquin,  prisonnier  à  Lyon. 
Villefranquon,  N.  de,  lieutenant  du  gouverneur  de  Dijon, 

455  v°. 

Villegagnon,  île  dans  la  baie  de  Rio-de-Janeiro,  Brésil, 

voir  Fort-Coligny. 
Villegagnon,  Villegaignon,  Nicolas  de,  amiral  français, 

442  v°-449,  461-465  v°. 
Villegaignon,  voir  Villegagnon. 
Ville-garcine,  voir  Villa-Garcia. 

Villelaure,  France,  Vaucluse,  130.  —  Seigneur  de,  voir 
Gaspard  de  Forbin. 


Vile-Mongie,  voir  Villemongis-Briquemaut. 
Villemongis  -  Briquemaut,  Ville  -  Mongie,  gentilhomme 

français,  558  v°. 
Villeneuve-lez-Avignon,  France,  Gard,  626  v°. 
Ville-Parisi,  voir  Villeparisis. 

Villeparisis,  Ville-Parisi,  France,  Seine-et-Marne,  516  v°. 
Viller  (?),  dép.  Lunéville,  France,  Meurthe-et-Moselle, 
627. 

Villette,  Suisse,  Vaud,  621. 
Villevord,  voir  Vilvorde. 
Vilvord  voir  Vilvorde. 

Vilvorde,  Villevord,  Vilvord,  Wilvord,  Belgique,  Brabant, 
58  v°-60  v°,  85  v°.  —  Martyrs  :  Pasquier  de  le  Barre, 
Guillaume  Tyndale. 

Vincence,  voir  Vicenza. 
Vincennes,  France,  Seine,  557  v°. 
Vincent,  saint,  564. 

Vincent  de  Cruchot,  seigneur  de  Soquence,  Soccans, 

martyr  à  Rouen,  621. 
Vincent,  Jean,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 
Vincestre,  voir  Winchester. 
Vindan,  voir  Windham. 
Vire,  France,  Calvados,  239,  408  v°. 
Viret,  Pierre,  écrivain  réformé,  87  v°,  197  v°,  228,  229  v°- 

233,  255  v°-258,  350,  553  v°. 
Virgile,  Vergile,  poète  latin,  674. 
Virgile,  Polydore,  historien  italien,  14  v°,  15. 
Viroes,  Marie  de,  martyre  à  Séville,  542-542  v°. 
Vismare,  voir  Wismar. 

Viso,  Vesulus,  massif  montagneux,  Italie,  87  v°. 
Vitalis,  Esprit,  conseiller  au  Parlement  d'Aix-en-Provence, 
539,  540. 

Vitrimont,  Victrimont,  France,  Meurthe-et-Moselle,  628. 
Vitry-h-François,  Victry,  France,  Marne,  593  v°. 
Vitry-en-Partois,  voir  Vitry-en-Perthois. 
Vitry-en-Perthois,  Vitry-en-Partois,  France,  Marne,  62. 
Vivian,  Gaspard,  procureur  de  la  foi  à  Turin,  439  v°-440. 
Vivier,  Gillot,  martyr  à  Valenciennes,  184  v°. 
Vladislaus,  voir  Ladislas  VI. 

Voes,  Voez,  Henri,  martyr  à  Bruxelles,  VII  v°,  58  v°- 

60  v°. 
Voez,  voir  Voes. 

Vogize,  Bohême,  non  identifié,  42  v°. 
Voileconte,  voir  Voillecomte. 

Voillecomte,   Voileconte,  France,  Haute-Marne,  594. 

Volant,  Jean,  de  Meaux,  161  v°-163  v°. 

Volcart,  Volckaert,  Corneille,  martyr  à  Bruges,  191  v°. 

Volckaert,  voir  Volcart. 

Vossenhole,  Adrien,  médecin,  649  v°. 

Vouvray,  Vouvrey,  France,  Indre-et-Loire,  92. 

Vouvrey,  voir  Vouvray. 

Voye,  Aymond  de  la,  martyr  à  Bordeaux,  99  v°-101  v°. 

Vozioine,  N.  de,  capitaine  129  v°. 

Vrots,  voir  Wrothe. 

Vuincestre,  voir  Winchester. 

Varcebourg,  voir  Wurzbourg. 

Vulsé,  voir  Wolsey. 


w 


Wacke,  voir  Wacken. 

Wacken,  Wacke,  Adolphe  de  Bourgogne,  seigneur  de, 

grand  bailli  de  Gand,  670. 
Waczlals  de  Kuckh,  gentilhomme  morave,  42. 
Wade,  Christophe  (et  non  Jean),  martyr  à  Dartford,  361. 
Wade,  Jean,  mort  en  prison  à  Londres,  424. 
Walace,  voir  Wallace. 

Walden,  Waldenus,  Thomas,  prieur  des  carmes  à  Londres, 

3,  15,  46  v°,  48  v°. 
Waldene,  voir  Walsden. 
Waldenus,  voir  Walden. 

Waldkirchen,  Weldkirchen,  Allemagne,  Bavière,  157  v°. 
Wallace,  Adam,  martyr  à  Edimbourg,  VIII  v°,  195  v°- 
197. 

Wallenrode,  Jean  de,  évêque  de  Riga,  Rigen,  21,  27  v°. 


Wallie,  voir  Galles. 

Walsden,  Waldene,  Angleterre,  Yorkshire,  330  v°. 
Walsingan,  voir  Wolsingham. 
Walsingham,  voir  Wolsingham. 

Walter  Delaenus,  Delenus,  de  Laene,  ministre,  509  v°. 

Walter  Devereux,  vicomte  de  Hereford,  baron  Ferrers 
de  Chartey,  401  v°. 

Walter  Hacht,  Valter  Hadon,  maître  des  requêtes  ordi- 
naires en  Angleterre,  561. 

Waran,  voir  Warham. 

Ware,    Angleterre,    Herfordshire,    364  v°.   —  Martyr  : 

Thomas  Fust. 
Ware,  Henri,  officiai  de  Canterbury,  46. 
Waren,  voir  Warne. 
Warengeville,  voir  Varangeville. 


57 


Warentrap,  voir  Warentrappe. 

Warentrappe,  Warentrap,  Albert,  doyen  de  Faculté  à 
Prague,  21. 

Warham,  Waran,  Wauran,  Guillaume,  archevêque  de 

Canterbury,  72,  73,  416  v°. 
Warne,  Varenne,  Elisabeth,  veuve  de  Robert  Lashford, 

épouse  de  Jean  Warne,  martyre  à  Stratford,  362  v°. 
Warne,  Waren,  Jean,  martyr  à  Londres,  321-322. 
Warne,  voir  Lashford. 

Warneton,  Belgique,  Flandre  Occidentale,  672  v°. 

Warton,  voir  Paiîfew. 

Warwick,  Varnic,  Richard,  comte,  44. 

Wassv,  Vaisoy,  Vaissi,  Vaissy,  Vassi,  Vassy,  France,  Haute- 
Marne,  IX,  589-594  v°,  597,  619,  622.  —  Martyrs  : 
Pierre  Arnaud,  Jean  Baudesson,  Jean  du  Bois, 
Antoine  de  Bordes,  Nicole  de  Bordes,  Jean  Boucher, 
Claude  Brachot,  Guillaume  Briel,  Nicolas  Brissonet, 
Nicolas  Caillot,  Simon  Chignet,  Nicolas  le  Clerc, 
Jean  Collesson,  Nicolas  Couvertpuys,  Benjamin 
Dauzamilliers,  Girard  Dauzamilliers,  Pierre  Des- 
chets,  Guillaume  Drouet,  Claude  le  Fèvre,  Jean 
le  Fèvre,  Simon  Geoffroy,  Pierre  Girard,  Pierre 
Have,  Quentin  Jacquart,  Didier  Jacquemart,  Jean 
Jacquemart,  Jean  Jacquot,  Jeannette,  épouse  de  Ni- 
colas Thielemant,  Didier  Jobart,  Jacques  Joly,  Claude 
Lejeune,  Jean  de  la  Loge,  Girard  Lucot,  Marguerite 
Lucot,  Didier  la  Magdeleine,  Claude  Maillart,  Nico- 
las Maillart,  Nicolas  Menissier,  Jean  de  Moisi,  Mo- 
niot,  Jacques  de  Moniot,  Jean  de  Moniot,  Denis 
Morisot,  N.,  crieur  de  vin,  N.,  menuisier,  N.N.,  deux 
hommes,  Jean  Pataut,  Jean  le  Poix,  Robert  de  Portille, 
Denis  de  Raynel,  Claude  Richard,  Nicolas  Robin, 
Claude  Simon,  Claude  Thevenin,  Daniel  Thomas, 
Jean  Vancienne. 

Waste,  Jeanne,  aveugle,  martyre  à  Derby,  437  v°. 

Watelet,  Watlet,  Thomas,  martyr  à  Liège,  617-618. 

Watlet,  voir  Watelet. 

Wats,  Thomas,  martyr  à  Chelmsford,  329. 
Waughier,  voir  Oguier. 

Wauldru  Carlier,  martyre  à  Mons,  308  v°. 
Wauran,  voir  Warham. 
Web,  voir  Webbe. 

Webbe,  Web,  Jean,  martyr  à  Canterbury,  375  v°. 
Weldkirchen,  voir  Waldkirchen. 

Weldour,  Wolfang  de  Zweibriicken,  comte  de,  493. 
Wellen,  voir  Wells. 

Wells,  Wellen,  Angleterre,  Somerset,  321. 
Wenceslas,  saint,  20  v°,  42  v°. 

Wenceslas,  Wenceslaus,  roi  de  Bohème,  empereur,  20  v°, 
42,  42  v°. 

Wenceslas  de  Duba,  Dube,  chevalier,  16-21  v°,  28,  32, 

32  v°,  35,  35  v°. 
Wenceslas  Kralik,  patriarche  d'Antioche,  19. 
Wenceslaus  de  N.,  gentilhomme  morave,  42. 
Wenceslaus,  voir  Wenceslas. 
Wendie,  voir  Wendy. 

Wendy,  Wendie,  Thomas,  médecin  d'Henri  VIII,  264  v°. 
Went,  Jean,  martyr  à  Londres,  423. 

Werchin,  Pierre  de,  sénéchal  de  Hainaut,  gouverneur 
de  Tournai-Tournaisis,  291,  291  v°,  387-388. 

Wervicq,  Belgique,  Flandre  Occidentale,  672  v°. 

Wesel,  Allemagne,  Prusse  rhénane,  387-388,  625-625  v°, 
703,  704  v°. 

Weser,  voir  Vesdre. 

Wessel  Gansfort,  Wesselius,  théologien,  492  v°. 

Wesselius,  voir  Wessel. 

Westcestre,  voir  Chester. 

Westmunster,  voir  Londres,  Westminster. 

Weston,  Hugues,  doyen  de  Westminster,  310  v°,  338  v°, 

339,  376,  382,  382  v°,  408,  418  v». 
Westphalie,  Allemagne,  84  v°. 

Westphalie,  Henri  de,  dit  Flamand,  martyr  à  Tournai,  70. 
Wethers,  voir  Wythers. 

White,  Jean,  évêque  de  Lincoln,  puis  de  Winchester, 
406,  406  v°. 

White,  Rawlins,  Whyght,  Raulin,  martvr  à  CardifT,  317- 
317  v». 

Whitehead,  Wythod,  David,  docteur,  165. 
Whitehead,  Jean,  professeur  à  Oxford,  46. 
Whitehead,  Withed,  Thomas,  martyr  à  Norwich,  472  v°. 
Whittle,  Witlé,  Thomas,  martyr  à  Londres,  397,  422- 

423,  424,  425. 
Whood,  Hoode,  Thomas,  martyr  à  Lewes,  437  v°. 
Whyght,  Raulin,  voir  White,  Rawlins. 
Wicks,  Wik,  gentilhomme  anglais,  303  v°. 
Wiclef,  Wicleff,  Wicliff,  Jean,  VII  v°,  1-6,  7  v»,  14  v», 

15  vO-36,  38-39  v°,  43  v°,  48,  48  v°,  310  v°,  345,  560  v». 
Wicleff,  voir  Wiclef. 
Wicliff,  voir  Wiclef. 
Wie,  voir  Wye. 


Wight,  Etienne,  martyr  à  Brentford,  472  v°. 
Wigorne,  voir  Worcester. 
Wik,  voir  Wicks. 

Wiklek,  Psateska  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Willaerts,  Jean,  brasseur  à  Hulst,  662. 
Wille,  Ambroise,  ministre,  608  v°. 
Willhelme,  voir  Guillaume. 
William,  voir  Guillaume. 

Williams,  Jean,  baron  de  Thames,  Vilian  de  Thamo, 
419  v°,  422. 

Williams,  Gillam,  Guilleaume,  Thomas,  ministre,  maître 

de  Knox,  165. 
Wilvord,  voir  Vilvorde. 
Wincestre,  voir  Winchester. 

Winchester,  Wincestre,  Wynton,  Angleterre,  Hampshire, 
3,  45  v",  47,  72  v°-74  v»,  75  v°,  76,  90,  91-93  v»,  94  v°, 
97,  106,  166  v°,  169,  191  v°,  300,  310,  315,  321,  321  v°, 
327  v°,  330  v°,  376-378  v°,  380,  395  v°,  407  v°,  416-417, 
421  v°,  422,  431,  472  v».  —  Évêques  :  Henri  Beaufort, 
Etienne  Gardiner,  Jean  Poynet,  Jean  White.  — 
Martyrs  :  Thomas  Benbridge,  Saxy,  prêtre.  —  Voir 
Londres  pour  Jean  Nicolson,  dit  Lambert. 

Windham,  Vindan,  Angleterre,  SufFolk,  265. 

Windsor,  Winsor,  Angleterre,  Berkshire,  106-106  v°.  — 
Martyrs  :  Henri  Filmer,  Antoine  Peerson,  Robert 
Testwood. 

Windsor,  Winsor,  Wynsor,  Guillaume,  baron  de  Stan- 

well,  401  v°,  402,  404  v°. 
Winghe,  Wingle,  Philippe  van,  martyr  à  Bruxelles,  701. 
Winghene,  Wingle,  Wingles,  Hermès  de,  conseiller  au 

bailliage  de  Tournai,  387  v°,  602  v°,  609,  615,  616, 

623  v°. 

Wingle,  voir  Winghe,  Winghene. 
Wingles,  voir  Winghene. 
Winsor,  voir  Windsor. 

Winston  (?),   Wisson,  Angleterre,  Suffolk,  424. 
Wirtemberg,  voir  Wurtemberg. 

Wiseman,    Wisseman,    Guillaume,   mort   en   prison  à 

Londres,  375  v°. 
Wismar,  Vismare,  Allemagne,  Mecklembourg,  287,  287  v°. 
Wisseman,  voir  Wiseman. 
Wisson,  voir  Winston  (?). 
Witcoq,  Damian,  martyr  à  Mons,  306. 
Witembergue,  voir  Wittemberg. 
With,  voir  White. 
Withead,  voir  Whitehead. 
Withed,  voir  Whitehead. 
Witlé,  voir  Whittle. 
Witnam,  Jean,  docteur,  46. 

Wittem,  Witthem,  Pays-Bas,  Limbourg,  703.  —  Seigneur 

de,  voir  Floris  van  Pallandt. 
Wittemberg,  voir  Wittenberg. 

Wittenberg,   Witembergue,   Wittemberg,  Allemagne,  Saxe- 

Anhalt,  48,  68  v»,  97,  293  v°. 
Witthem,  voir  Wittem. 

Wlko  Skitznye,  gentilhomme  morave,  42. 
Wodman,  voir  Woodman. 
Wodstoken,  voir  Woodstock. 
Woerden,  Worden,  Pays-Bas,  Hollande,  60  v°. 
Wolf,  Jean  de,  martyr  à  Anvers,  625. 
Wolffart  de  Pavlowicz,  gentilhomme  morave  42. 
Wolfang  de  Zweibriicken,  comte  de  Weldour,  493. 
Wolfgang  Schuch,  ministre,  martyr  à  Nancy,  VIII,  64- 
67,  151. 

Wolsey,  Vulsé,  Wulse,  Thomas,  cardinal,  archevêque 
d'York,  chancelier  d'Angleterre,  VIII,  72-72  v°,  74, 
86,  92  v». 

Wolsingham,  Walsingan,  Walsingham,  Angleterre,  Durham, 
10,  365  v°.  —  Martyr  :  Guillaume  Allen. 

Wombewel,  Robert,  curé  de  Saint-Laurent  à  Londres,  46. 

Woodman,  Wodman,  Richard,  martyr  à  Lewes,  396. 

Woodstock,  Wodstoken,  Angleterre,  Oxfordshire,  334. 

Wootton-under-Edge,  Angleterre,  Gloucestershire  (et  non 
Newent,  437  v°).  —  Martyrs  :  Jean  Horn,  N.,  femme. 

Worcester,  Wigorne,  Worcestre,  Angleterre,  Worcestershire, 
92  v°-93,  294  v°,  295  v°-296  v°,  300,  332,  376,  382, 
398-399,  408,  416  v»,  418  v°.  —  Évêques  :  Nicolas 
Heath,  Jean  Hooper,  Hugues  Latimer,  Richard  Pâtes, 
Edwin  Sands. 

Worcestre,  voir  Worcester. 

Worden,  voir  Woerden. 

Wormes,  voir  Worms. 

Worms,  Wormes,  Allemagne,  Hesse,  47  v°,  69,  84,  139  v°. 

— ■  Martyr  :  Jean  Draendorff. 
Wouter,   Galter,   Gaultier,   Wrage,   dit   Oom,  martyr  à 

Anvers,  624  v°-625. 
Wrage,  Wouter,  Galter,   Gaultier,  dit  Oom,  martyr  à 

Anvers,  624  v°-625. 
Wratisdow,  Bohunko  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Wright,  Richard,  martyr  à  Canterbury,  362  v°. 


53 


Wriothesley,  voir  Wriothley. 

Wriothley,  Wriothesley,  Thomas,  comte  de  Southamp- 

ton,  chancelier  d'Angleterre,  166-167  v°. 
Wrothe,  Vrots,  Thomas,  gentilhomme  anglais,  264  v°. 
Wulse,  voir  Wolsey. 

Wurtemberg,  Wirtemberg,  Christophe,  duc  de,  493,  619, 

628. 

Wurzbourg,  Vurcebourg,  Allemagne,  Bade,  58.  —  Évêque  : 
Laurent  de  Bibra. 


Wye,  Wie,  Henri,  martyr  à  Stratford,  437  v°,  441  v°- 

442  v°. 
Wynsor,  voir  Windsor. 
Wynton,  voir  Winchester. 

Wyskowits,  Alsso  de,  gentilhomme  morave,  42. 
Wythers,  Wethers,  Matthieu,  mort  en  prison  à  Londres, 

472  v°. 
Wythod,  voir  Whitehead. 


X 


Xantonge,  voir  Saintonge. 


Y 


Yeres,  voir  Yerres. 

Yerres,  Yeres,  France,  Seine-et-Oise,  470  v°. 
Yexford,  voir  Yoxford. 

Yonge,  mère  de  la  dame  de,  martyre  en  Angleterre,  55. 
Yorc,  voir  York. 

York,  Yorc,  Angleterre,  Yorkshire,  VIII,  92  v°,  93,  97, 
336-337  v°,  416.  —  Archevêques  :  Nicolas  Heath, 
Edouard    Lee,    John    Morton,    Thomas  Wolsey. 


Yoxford,  Yexford,  Angleterre,  Suffolk,  365  v°.  —  Martyr  : 

Roger  Coo  (et  non  Thomas  Coe). 
Ypre,  voir  Ypres. 

Ypres,  Ypre,  Belgique,  Flandre  Occidentale,  559  v°, 
562  v°-563,  569,  600,  601,  607  v°,  696  v°.  —  Évêque  : 
Martin  Rithove. 

Ypsvige,  voir  Ipswich. 

Yves,  Yvon,  Congnart,  condamné  à  Meaux,  161  v°-163  v°. 


z 


Zacharias  Delfinus,  évêque  de  Hvar,  vicaire  général  de 

Cosenza,  546-554. 
Zacbarie,  personnage  biblique,  108  v°,  278,  383  v°,  409, 

420,  588,  690. 
Zacharie  Taylor,  fils  de  Roland  Taylor,  308. 
Zadar,  Zarra,  Yougoslavie,  697. 

Zaltoroldeck,  Pierre  de,  dit  Nienicsk,  gentilhomme  mo- 
rave, 42. 

Zamora,  Samora,  Espagne,  Zamora,  538. 
Zante,  île  grecque,  697. 
Zarra,  voir  Zadar. 

Zawskalp,  Raczeck,  gentilhomme  morave,  42. 
Zbynck,  voir  Sbinco. 

Zébédée,  personnage  biblique,  3  v°,  693. 

Zeinicz,  Barso,  dit  Hloderde,  gentilhomme  morave,  42. 

Zélande,  province  des  anciens  Pays-Bas,  459,  544,  667  v°, 

669,  701  v». 
Zénon,  philosophe,  40. 
Zetrophone,  voir  Ctésiphon. 


Zibilutz  de  Kleczam,  gentilhomme  morave,  42. 

Zischa,  Jean,  gentilhomme,  42-42  v°. 

Ziwla,  Jean  de,  gentilhomme  morave,  42. 

Znojmo,  Znoyme,  Stanislas,  professeur  à  Prague,  16, 

25  v°,  27. 
Znoyme,  voir  Znojmo. 

Zodoni  de  Zwyetzick,  gentilhomme  morave,  42. 

Zofinge,  voir  Zofingen. 

Zofingen,  Zofinge,  Suisse,  Argovie,  84. 

Zrenanowicz,  Henri  de,  gentilhomme  morave,  43. 

Zuingle,  voir  Zwingli. 

Zurich,  Suisse,  Zurich,  83  v°,  509  v°. 

Zutphen,  province  des  anciens  Pays-Bas,  701  v°. 

Zvingle,  voir  Zwingli. 

Zweibriicken,  Wolfang  de,  comte  de  Weldour,  493. 
Zwingli,  Zuingle,  Zvingle,  Ulric,  réformateur,  83  v°,  337, 

349  v°,  419,  560  v°. 
Zwiranowicz,  Paerdus,  gentilhomme  morave,  42. 
Zwyetzick,  Zodoni  de,  gentilhomme  morave,  42. 


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